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Full text of "Histoire d'Héraclius"

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HISTOIRE D'HERACLIUS 

PAR L'ÉVÊQUESEBÈOS 

TRADUITE DE L'ARMÉNIEN ET ANNOTÉE 



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PARIS 

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ERNEST LEROUX, ÉDITEUR, RUE RONAPARTE, 28 



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HISTOIRE D'HÉRACLIUS 

PAR L'ÉVÉQUE SEBÊOS 



HISTOIRE D'HERACLIUS 

PAR L'ÉVÊQUE SKBÉOS 

TRADUITE DE L'ARMÉNIEN ET ANNOTÉE 



PAR 



FREDERIC MAGLËR 




PARIS 
IMPRIMERIE NATIOINALE 



ERNEST LER(> X, KDITELR, RIE RONAPARTE, 28 



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À LA MÉMOIRE 



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AUGUSTE CARRIÈRE 

PI10PR8SIUB 4 L'icOLI DR8 L4NQUIS 01IINTALR8 yiYàNTES 
DIMGTRUR D'RTUORS A L'RGOLR DR8 HAUTRg-iTUDRS 



INTRODUCTION. 

L'évêque Sebêos est le seul écrivain arménien du >ii^ sièc le 
qui raconte les premières invasions des Arabes en Arménie; 
contemporain de ia chute des Sassanides, il en trace le tableau 
avec lautorité d'un historien qui a assisté à la plupart des évé- 
nements qu'il relate; il les expose, il est vrai, sans les discuter, 
sans les soumettre à un examen critique; ce faisant, il se con- 
formait à Tusage courant de son temps, soit qu'il s'agisse des 
chronographes byzantins ou des annalistes arabes. 

Retraçant, pour une bonne part, des événements auxquels 
il a assisté, ou dont il pouvait tenir le récit de témoins ocu- 
laires, Sebéos ne donne aucune indication de sources écrites 
où il aurait puisé; son livre est lui-même une source à laquelle 
ses successeurs viendront recueillir leurs renseignements. 
Toutefois, à en juger par le style, par la façota de narrer, il 
semble bien que Sebéos se soit inspiré, et, sans doute aussi, 
servi des auteurs byzantins; il adopte leur manière de citer les 
faits sans les commenter, de passer d'un sujet à un autre sans 
transition apparente; il conte les événements au petit bonheur, 
suivant qu'ils se présentent à sa mémoire. 

Notre intention n'est pas de présenter une étude historique 
sur l'Arménie au vi' et au vu*' siècle, ni d'en esquisser un 
tableau d'ensemble, tracé même à grands traits; notre but 
est beaucoup plus modeste : donner une traduction de l'ouvrage 
de Sebéos, en l'accompagnant des notes historiques et philolo- 
giques, jugées indispensables pour Tintelligence du texte. 
Aussi, nous en tenant à ce strict programme, n avons-nous 
pas h faire la critique historique du texte arménien do Sebéos. 



VIII INTRODUCTION. 

L'ouvrage est intitule : Histoire HHéraclim^ expression assez 
impropre, en ce sens que l'auteur narre bien d'autres ëvëne- 
ments; mais qui, d'autre part, convient dans une certaine 
mesure, car le rëcit pivote autour des guerres de l'empereur 
Hëraclius avec Xosrov II'*'. On y trouve des détails très intéres- 
sants sur les prédécesseurs, sur les contemporains et sur les 
successeurs de ces deux princes. La fin de l'ouvrage retrace 
en quelques pages l'invasion arabe en Perse, en Arménie, dans 
l'empire gréco-byzantin. Le récit prend à la fin du v^ siècle et 
s'étend jusqu'à l'avènement au trône du khalife Moavia (661). 

L'œuvre de Sebêos est avant tout celle d'un prêtre, et dans 
ses défauts comme dans ses qualités, elle se ressent du carac- 
tère de son auteur. L'historien de l'Eglise aura peut-être plus 
à glaner dans ÏHisloire d'Héraclxus que l'historien politique. 
L'époque qui vit naître et mourir Sebêos, le vu* siècle, fut par- 
ticulièrement agitée, au point de vue religieux'^'. Chrétiens, les 
Arméniens ne voulaient à aucun prix subir le joug des adeptes 
du zoroastrisme,, qui leur infligèrent , de ce chef, mainte per- 
sécution. Les relations avec Byzance n'étaient pas plus amicales. 
La lutte et les querelles religieuses ne tardèrent pas à éclater 
entre Grecs et Arméniens, au sujet du concile deChalcédoine; 
la (|uestion du monophysisme trancha en deux camps bien 
distincts le christianisme oriental, et la scission, une fois 
opérée, alla s'affirmant et s'accroissant tous les jours davan- 
tage; la politique arménienne de cette époque en subit le 

^^) Nous orlbographioDR ainsi ce par Sebêos et qu'aucune de ces nom- 
nom (au lieu de Chosroès) pour breuses grapbies ne l'emporte sur 
nous conformer au système de tran- l'autre. 

scription adopte dans le courant t^) Sebêos écrivit son bistoire dans 

de Touvrage. Nous conservons la le troisième quart du vu* siècle. CF. 

forme Hëraclius, pnrce que ce nom A. Baumgartner, Uéher dos Buch ttDie 

est orthographie très diversement CAr/r--, I^eipzig, 1886, p. 466-4(57. 



INTRODUCTION. 



n 



contre-coup et les desceûdants de Hayk furent sans cesse 
ballotés entre Byzantins et Perses jusqu'au jour où les Arabes 
semparèrent du pays qui avait constitue jadis le royaume 
d'Armënie. Ces luttes, ces querelles, ces guerres incessantes 
sont racontées avec beaucoup de détails par Tévéque Sebéos* 
Les traits distinctifs de son ouvrage, ses mérites, ses défectuo- 
sités ont été analysés et relevés avec soin par M. H. Hûbsch- 
mann'*'; il n'y a pas à y revenir. 

\j Histoire d^Heraclius, par Sebéos, est citée par Etienne 
Asotik de Taron , entre Fauste de Byzance et Léonce le Prêtre ^^\ 
puis par Giragos de Gandzak^^^ et par Tchamtchean dans la 
préface de son histoire (^). Les deux éditions qu on en possède 
ont été faites sur un manuscrit unique de la bibliothèque 
JEtchmiadzin, qui fut signalé par Brosset, en 18&8, dans ses 
liapporU 9ur un voyage en Géorgie el en Arménie (3* rapport, 
p. 65 et suiv.)^^^ La première édition fut donnée en i85k è 
Constantinople,parTbaddée Mihrtad Mihrtadiantz^^^ Quelques 
années plus tard, des extraits de cette chronique furent traduits 
par E. Dulaurier^). En 1869, un savant arménien de Russie, 
K. Patkanian (en russe Patkanov) donna une traduction russe 
de rbistoire de Sebéos^^'. 11 se servit des matériaux ainsi réunis 



(I' Zur Getehieke ArmenieHi und der 
mien Kriege der Araber. . . , p. 1-10. 

(^) Cf. Hiitoire universdiey par 
Etienne Açoglfig de Daron, traduite 
de Tarmënien et annotée par E. Du- 
laurier . . . , i'* partie. Paris, i883, 
p, A. Etienne de Taron est du x* siècle. 

{»^ Éd. de Venise, 1 865, p. 3. 

'*) T.I,p. 18. 

'^' Cf. V. Langlois, CoUecùon des 
hi$:o:lfnt aneimn et modernes de VAr- 
mrttir. . .1. I, p. 190, n. i. 



^•«/b f Z^lrptÊÊ^tjù , . , Constantinople, 
i85i. 

("^^ Recherchée sur la Chronologie ar- 
ménienne ^ technique et historique. . . , I. 
Paris, 1869, passim. 

(^) Comme nous ne savons pas le 
russe, cette traduction ne nous a été 
d*aucune utilité; en voici le titre: 
HcTOpiii BMnepaTopa Hpftsja, aepeaoAi» 
orb apMJiHCBaro, Saint-Pétersbourg, 
i86!2 (la préface est sign(^> de K. 
l*atkanov, dont le nom ne figure pas 
sur le titre). 



X INTRODUCTION. 

pour les joindre aux reuseignemenls puisés chez d'autres auteurs 
arménieDS et écrivit une histoire des Sassanides'^'. Langlois a 
donné dans sa CoUecttan. . ., I,p. igB-soo, la traduction d'un 
passage faussement attribué à Sebéos et qui Ggure sous le nom 
de Pseudo-Âgathange. L'ouvrage de Sebéos a été mis à contri- 
bution par L. Drapeyron, dans une note de son Empereur Hén,- 
cltus, note que nous croyons devoir reproduire intégralement*-'. 

Le savant professeur M. H. Hûbschmann traduisit en alle- 
mand quelques chapitres de Sebéos, relatifs aux invasions des 
Arabes^^). En6n Patkanian donna une seconde édition du texte 
arménien, en 1879*^'. ^'^^^ ^"^ ^^^^^ édition qu'a oté faite la 
présente traduction. 

Les deux éditions de VHisloire d'HéracUus, par l'évéquc 
Sebéos, sont divisées en trois parties ou livres ('|^iy/""-^A'^*')- 
La première partie a été traduite par Langlois*'^', sons le nom 
de Pseudo-Âgathange; elle n'est manifestement pas de Sebéos 
et ne doit pas figurer parmi les œuvres de cet auteur^^l La 
deuxième partie est une compilation de Moïse de Xoren et 
d'Etienne de Taron; or ce dernier écrivit jusqu'en loo'i; son 



(^^ Esêoi d'une hiitaire âe la dynastie 
des Sassanides, d'après les renseigne^ 
ments fwamis far les historiens armé- 
niens, par M. K. Patkanian; traduit 
du russe par M. Évariste Prud'homme, 
dans le Journal asiatique, 1866, I, 
p. ioi-a38. 

(^) L'empereur Hèradius et Fempire 
byzantin au m' siècle, par L. Dra- 
peyron. . . Paris, 1869, p. i3, n. 1 : 
(f Plusieurs passages sont cités dans la 
Chronologie arminienne, de M. Duiau- 
rier, qui nous a éié d'un puissant 
secours. En ou Ire, ce savant membre 
do rinsliliil a hipfi vaulu Iri^diiire à 



noire intention des extraits d*un haut 
intérêt, dont nous avons profité avec 
reconnaissance. Notre ami M. Picot, 
aujourd'hui consul de France à Tomes- 
var, a (fcrit sous la dictée de M. Du- 
laurier, et nous a transmissa version, n 
(^) Zur Geschichte Arméniens . . . , 
p. 10-44. 

uiau/i f ^ùg,uii0[h. . , Saint-Péters- 
bourg, 1879. 

(5) Collection, . ., I, p. 195-900. 

(^*î Cf. Adolf Baunigarlner, Vebcr 
das Burh rt Die Chrie^^ Lci|)/.ig, i88(î, 
p. 4Cfi, n. K 



INTRODUCTION. xi 

ouvrage est donc de trois siècles postérieur à Sebéos; il n y a 
également pas lieu de traduire ici ce livre II. 

Le livre III constitue i lui seul Thistoire de Sebéos et est 
renfermé de la page 99 à la page i53 de l'édition de Patka- 
nian. G est la traduction de ce livre qui fait Tobjet du présent 
travail. 

Pendant quelques années, Carrière avait songé h donner 
lui-même une traduction de Tœuvre de Sebéos; dans cotle 
intention, il avait traduit les premières pages du livre II et le 
passage relatif aux généraux persans. La mort ne lui laissa pas 
le temps de mettre son projet à exécution. G est alors quo 
M. Meillet nous conseilla d achever Tœuvre à peine ébauchée 
par notre maître commun et de donner une traduction annotée 
de YHiêioire d'Héracltuê, par Tévéque Sebéos. Si tentant quo 
fût le projet, nous ne nous dissimulions pas les difficultés de 
tout genre qui nous attendaient à chaque page. Mais la pensée^ 
de continuer et d'achever Tœuvre du maître vénéré qui avait 
dirigé nos premiers pas dans les études arméniennes nous fut 
un stimulant des plus précieux et nous donna la force de menor 
& terme une entreprise aussi ardue. Nous fûmes aidé dans celle 
tâche par notre ami et maître, M. Meillet, qui voulut bien revoir 
la traduction en manuscrit et en épreuves, et à qui nous 
exprimons notre vive gratitude. Nous tenons Clément ù 
remercier M. Archag Tchobanian, le poète et publiciste armé- 
nien bien connu, à la science duquel nous avons eu plus d'un.) 
fois recours. 

Paris, ce 19 mai 190^1. 

F. M. 



-_/^ 



LISTE 

DES PWNCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS. 

Barbibb db Mbtii4BD (C). Dielùmnaire géographique, kinionque et littéraire de la Perte 
et des eontréee adjacentes, extrait du Modjem el-Bauldan de Yaqout, et eampUté à 
raide de documents arabes et pemans, pour la plupart inidiis. Paris, 1861. 

Bauhoabthbb (Adolf). Ueberdas Buch nDie Chrie^t. Leipzig, 1886. 

Dbapition (L. ). L'empereur HèracUus et Vemipire byzatUin'au wn' siècle. Paris , 1 %6g. 

DuucBiBB (Edouard). Beeherekes sur la chronologie arménienne tedmique et historique, 
ouvrage formant les prolégomènes de la collection intitulée ^Bibliothèque historique 
ar m éni e nn e. . .«. Tome I*'. Chronologie techmque. Paris, 1889. 

(«HAziBiAN (H). Arménien unter der arabischen Uerrschaft bis lur Entstehung des Bagra- 
tidenreiehes , ttaeh arabischen und armeuisehen QuèUen bearbeitet, dans Zcitschrijl 
fur armenische Philologie, . . IL p. 169 et saiv., et 161 et suiv. 

Ghbvond. Histoire des guerres et des conquêtes des Arabes en Arménie, par Pétninent" 
Ghévond, vardabed arménien, écritain du tnf siècle, traduite par Garabed V. CÀah- 
nazarian, et enrichie de notes nombreuses, Paris, i856. 

UôBflCBHAim (H.). Armenische Grammatik. I. Theii. Leipzig, 1896 et 1897. 

— Zur Gesehichte Arméniens und der ersten Kriege der Araber, aus dem Armenischen des 
Sebéoe. .. (S. I. n. d.) 

LL^OLOffi (Victor). (loUechon des historiens anciens et modernes de P Arménie, jmbliee 
en français sous les auspices de Son Excdknce Nubar-Pacha. . . Tome I (et II ). 
Paris, 1867 et if 



Lnici (H.-F.-B.). Armenia. Tnwels and Studies. . . Londoo, 1901. !i vol. in- 8*. 

Mabqcabt {Dr S.). Erànsahr nach der Géographie des Ps. Moses Xorenac'i. Mit hix" 
torisd^-Jcritischem Kom$nentttr und historischen und topographischen Exeursen, Ber- 
lin, 1901. 

Mbillbt (A.). Sor un système de transcription de lalphabet arménien, liaiw ; Banasér, 
revue littéraire et scientifique, aoât-^eplembre 1909. Paris. 

Mobalt (Edouard i^k). Essai de ehronographie byzantine pour servir à l'examen des 
anmJes du Bas-Emfire et particulièrement des ehronographes slavons de 3g3 à 1 0J7. 
Saint-Pétersbouig, i855. 

— Essai de ehronographie btf tontine, toô'j'iiôH. BAle et Genève. 1871. 



XIV LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTES. 

NôLDEKB (Th.). Ge9ckiehle der Perter wul Araher zur Zeit der Sosanûfen. Aus der 
araUiehen Chnmik des Tabari ûbertetU wkl mit ausfuhrliehen ErUulenmgen und 
Ergânzwigen veneken, Leyden , 1 879. 

Patkanian (K.). Eêsai d*une hUloire de la djfmuUe de$ Satsanides d'après les rensei" 
gnementg fntmiê par les Ustorietu arméniens . . . traduit du russe par M. Evariste 
Prud'homme, dans Journal asiatique , février-mars 1866. 

SAiifT-MAHTU (J.). Mémoires historiques et géographiques sur V Arménie. Pai*». l. l, 
1818; t. IL 1819. 

— Éditeur de Libiau, Histoire du Bas^Empire. . . Paris, 1899. 

Tbr-Mikbuaii (D' Arâak). Die'armeniêehe Kirehe in ihren Beziehmigen zur bjftantimsehen 
(vom IV. bis zum XIII. Jahrhundert). Leipzig, 189a. 

Thopdschian (H.). Arménien vor uni wâhreni der Arabeneit, daos Z^m'ùt^-i^tÊ i^»»^ 
^mmî4^kuhi. Zeitschrift fur armenische Philologie, herausg^beu von Agop 
Maoandian «... Fraoz Nikolaus Finck und Esnik Gjandshezian . . . Marboig 
(Hessen), igoS. 9* vol., p. 50-79. 

Wbbbe (Simon). Die katkalisehe Kirehe m Arménien. Ihre Begrûniung und EnteMBelung 
vor der Trennung. . . Freibaig im Breisgau, 1903. 

Wroth (Warwick). Catahgue ofthe coins ofParAia. London, 190$. 



TRANSCRIPTION ALPHABÉTIQUE. 



\y 



Pour la transcription des mots arméniens, nous adoptons le système 
proposé par M. A. Meillet, dans la revue arménienne paraissant à Paris, 
Banasér, igoti, n** 8-9, p. 9 55 -a 56. Toutefois, afin de ne pas dérouter 
le lecteur, nous avons conservé la forme des noms usuels non arméniens, 
tels que Constantin, Héraclius, Jean, qu'il faudrait nommer : Kostandin, 
Eraklos, Yovhannés, si Ton transcrivait purement et simplement le texte 
arménien. 

Voici lalphabet arménien, avec la transcription de M. Meillet : 



ai 


a 


A 


1 


J 


y 


•L 


V 


t^ 


b 


L 


/ 


"i. 


n 


•m 


i 


t 


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J- 


m 


u 


< 







'' A |ieii près e muet français. 

'^ Lcy français de yamoM. 

"* Spirante gutturale soiutic (à |m;u 
près le ck aiiemaad de oiieA). 

^*^ En ancien arménien, équivaut à / 
du fiolonais, / dur du russe (clans io); 
se prononce actudlemenl comme une spi- 
rante \éiairs (à peu près comme le g final 
de rallemand Tag). 

^*^ Prononcer comme anglais ek , ou ita- 
lien € daas et (on noterait îek en français). 



^*^ Le ek français de ckaud. 

^^^ c aspiré, exactement comme tk est l 
aspb'é (1 suivi d'un souffle, prononcé 
comme t allemand), comme pA est p as- 
piré, ei kkf k aspiré. 

^*) En cas de «- majuscule initial, ou 
transcrit par A (r majuscule italique), 
paiTe que le P grec se confond avec P. — 
C*est un r plus roulé que /», transcrit 
par r. 

^•^ e aspiit). 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS 

PAR L'ÉVÊQUE SEBÊOS"» 



PROLOGUE. 

Au moment où Tère de la dynastie arsacide prit fin en Arménie, 
lorsque la royauté du roi Vpamsapuh fut abolie, régna sur ce [pays 
arménien] la nation de la puissance Karkhedovmayecbi(^), qui, sui- 
vant un dessein terrible et redoutable, de concert avec les mages 
au souffle amer et les grands, et avec tous les principaux naxarars 
du royaume , [conçut le projet] de supprimer en Arménie les fruits 
de la piété : ce dessein ne réussit nullement, mais ils subirent de 
grands dommages, et la piété, de plus en plus florissante, atteignit 
son plein épanouissement. 

Or, en ce qui concerne le règne du malfaisant Yazkert, comment 
il voulut détruire Tordre divin et comment les braves naxarars 
d'Arménie ainsi que le [défenseur] zélé de Dieu, le patriarche de la 
maison des Mamikoniens, Vardan, surnommé le Rouge, avec leurs 
compaguons d'armes, armés de pied en cap, tous unis, avec 
leurs soldats, se liguèrent pour la guerre en prenant en main le 
bouclier de la foi et en se revêtant, comme d'une forte armure, du 
zèle pour la parole divine, comme s'ils avaient devant les yeux, en 
face d'eux, la couronne qui leur était envoyée d'en haut, — car 
pour cette raison, ils méprisaient la mort et choisissaient la mort 
sur la voie divine; — comment les soldats persans marchaient 
contre eux avec une grande violence, ou bien comment, marchant 
à leur rencontre, ils ont, eux, accompli leur martyre; ou comment 
les saints témoins, tombés aux mains des païens, ont accompli leur 

^'^ Ce titre est eo téie de lou\iiige dans l'édition de Constantinopie. — ^*' Voir 
rindex. 

■ifT. riiiAcuos. t 



2 HISTOIRE D*HÉRAGLIUS. 

martyre à Âpr ^ahr, près de la ville de Nîsapuh'^), à l'endroit qui 
s'appelle Théarkhuni, — tout ceci a été écrit de la main des autres 
[auteurs], comme l'atteste la même histoire (^). 

Mais tous les maux qui sont survenus sous Peroz, Tinsurrection 
de Vardan contre Xosrov, la révolte de l'armée perse contre Or- 
mizd, la mort d'Ormizd et l'avènement de Xosrov, la mort de 
Maurice et l'avènement de Phocas, la prise de l'Egypte, le massacre 
d'Alex&ndr[i]e, l'expédition d'Héraclius du côté du Nord, vers le 
roi des Thètals, l'envoi d'une immense multitude de nations, rin- 
vasion des Grecs en Atrpatakan, le butin fait, le retour à Phayta- 
karan, l'arrivée de l'armée perse venant d'Orient pour lui faire 
face, la guerre au pays des Aluans, le retour de l'empereur à la 
ville de Naxfawan et le combat d'Arcêâ, le retour de l'empereur 
dans son pays et sa marche nouvelle contre Xosrov, la bataille près 
de Ninive, l'attaque de la ville de Tizbon, le retour dans TAtrpa- 
takan, la mort de Xosrov, l'avènement de Kawat, le traité de paix 
entre les deux rois, l'abandon des frontières grecques, le retour de 
la croix divine dans la ville sainte; après cela, l'éveil d'une immense 
colère et les derniers méfaits du bandit dans les régions du sud; 
comment les armées d'ismaël se sont mises subitement en mouve- 
ment, et en un instant, chassant la puissance des deux rois, ont 
occupé depuis l'Egypte jusqu'en deçà du grand fleuve Euphrate 
(»t jusqu'à la frontière d'Arménie, et des rivages de la grande mer 
occidentale jusqu'à la Porte du royaume des Perses, toutes les 
villes de la Mésopotamie syrienne, Tizbon, Veh Artaàir, Marand, 
Hamatan, jusqu'à la ville de Gandzak et à la grande ville de Hrat, 
qui est dans le district d'Atrpatakan : voilà ce que j'ai voulu vous 
raconter sommairement dans le présent ouvrage. 

^') Ahrasakr,ancien nom de Ntchapour, Le ms. qui renferme l^iiistoire de Sebéos 

ou plutôt de la r^ion ou se trouve cette contient ^[alement Lazare de Pharhe. 

ville. Cf. Tab. Nôld., p. 17, t&5. Sebéoe doiuierait-3 son ouvrage comme 

(') Ce passage est incomprëhensîMe. une suite? 



CHAPITRE I. 



CHAPITRE I. 

Vahan se révoH» eoatre Peroi, e'empare an pouvoir et remporte la victoiiie. - Mort 
de Peroi. - Règae de Kawat qui honore Vahan des fonctions de mai*zpan. 
- Mort de Kawat et règne de Xosrov, surnomme AnuS 3puan. - Révolte de 
Vardan et aoumission des Arméniens ani Grecs. > Xoarov fidt la guerre et est 
battu. 

Au temps de Peros^^), roi de Perse, toutes les dignités, les insti- 
luttons et les lois de la religion chrétienne furent abolies. L oppres- 
sion, les persécutions, les outrages pesaient à tel point sur les 
seigneurs arméniens, quils secouèrent le joug de la servitude, 
et que Vahan le Mamikonien, s'étant révolté, chassa les Perses et 
s empara du pouvoir par la force. 

Le roi Peroz envoya aloi*s contre lui une nombreuse armée de 
//iim(^), et donna Tordre rigoureux de mettre à mort le rebelle et 
de passer tous les mâles au fil de Tépée. Le sparapet Vahan, marche 
en hâte à sa rencontre avec trente mille guerriers d'élite. On range 
troupe contre troupe, front contre front, et les deux armées se pré- 
cipitent Tune sur Tautre, au son des trompettes, dans la plaine de 
Geran. 

Le Verbe de Dieu vint au secours des Arméniens; il souleva 
un vent violent, répandit sur Tarmée persane des tourbillons de 
poussière et Tenveloppa de ténèbres en plein midi. Le carnage fut 
affreux des deux côtés; il ny avait plus moyen de reconnaître 
les cadavres de ceux qui tombaient, de savoir si c'était un Perse ou 
un Arménien. Cependant les Arméniens prirent le dessus, défirent 
et massacrèrent l'armée persane, mirent en fuite et poursuivirent 
les survivants, et remportèrent une grande victoire. 

Ce Vahan recueillit les tributs du pays d' Arménie et reconstruisit 

^*^ 467-48'i. et faut -il corriger en ^^ft. "t^'V 

'' Les deux «Uitioug portent : ^^f«f. ^mfm^g frPeroz, roi de Perse*, dapiièt) 

«V^^ A^f^^»*^ fr Peroz, roi des Huns^; p. si, i i& et |i. aS, I. 8 de rMition 

peut-être y a-t-il une faute de copiste, Patk. 



ft HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

les très grandes églises que les Perses avaient détruites à Valar- 
sapat, à Dwin, à Mzraykh et en beaucoup d'autres lieux. Il organisa 
et restaura le pays. 

Peroz, le roi de Perse, voulait envoyer de nouveau des troupes 
contre rArménie; mais il nen eut pas le temps, car il apprit que 
des hostilités avaient lieu du côté du pays des Khusans; à cette 
frontière, le roi des Khusans en personne marchait contre lui avec 
une puissante armée. Il rassembla donc ses troupes et marcha en 
toute hâte contre lui. a Je vais d'abord chasser celui-ci ^ , se disait-il ; 
(rpuis, à mon retour, j aurai le temps de marcher contre les Ar- 
méniens, et mon épée n'épargnera chez eux ni les hommes ni les 
femmes 1). 

Il partit donc en personne et atteignit rapidement l'ennemi vei*s 
Test. Il y eut une bataille acharnée, dans laquelle les Khusans dé- 
firent et écrasèrent la multitude de l'armée persane, si bien qu'il 
ne put pas échapper un seul fugitif. Le roi Peroz périt (0 dans le 
combat avec les sept hls [qu'il avait avec lui]. 

Après lui , son fils' Kawat régna sur la Perse ^^) ; mais comme la 
puissance de ses armées était brisée, il ne voulut la guerre avec 
pei*sonne et fit la paix avec tous ses voisins. 11 fit aussi un accommo- 
dement avec les Arméniens, appela Vahan à la Porte, et le combla 
d'honneurs. Il lui donna le gouvernement de l'Arménie, avec le 
niarzpanat, ainsi que la seigneurie des Mamikoniens, et après avoir 
reçu seiment de pleine soumission, il le renvoya cordialement dans 
son pays. 

Après Vahan, son frère Vard Patrik occupa l'isxanat, mais il 
mourut au bout de peu de temps. Des marzpans persans lui suc- 
cédèrent, sans toutefois que les Arméniens pussent engager la 
guerre : ils restèrent dans l'obéissance jusqu'au temps du marzpan 
Surèn et de Vardan, seigneur des Mamikoniens. 

La quarante et unième année du règne de Xosrov^^\ fils de 

''^ En Û84. — ^*J Kawat I. & 88-53 1. Sebéo» ne mentionne pas Baias, qui régna 
quati-e ans (484-487). — ^'^ Khosroës I Anosarvâa, 53i-578. 



CHAPITRE I. 5 

Kawat, Vardan se révolta, et, d accord avec tous les Arméniens, 
secoua le joug de la royauté persane. Les rebelles tuèrent à Tim- 
proviste le marzpan Surén(^) dans la ville de Dwin; ils recueil- 
lirent un riche butin et se rangèrent sous la domination des 
Grecs W;, 

Un peu avant ces événements, un nommé Vahan, iàxan du pays 
de Siunie, s'était écarté et séparé des Arméniens. Il demanda 
à Xosrov'*), roi de Perse, de transporter les archives'*' du pays 
de Siunie, de Dwin à Phaytakaran et d'ériger cette ville en 
métropole (^' de TAtrpatakan, de telle sorte qu*on ne donnât 
plus aux Siuniens le nom d'Arméniens. Et l'ordre fut exé- 
cuté. 

L'empereur des Grecs (^) s'engagea par serment (^) vis-à-vis des 
Arméniens, renouvela l'alliance conclue jadis entre ces deux grands 
rois, le bienheureux Trdat et Constantin, et envoya à leur 
secours des troupes impériales, et eux, après avoir reçu ce renfort, 
marchèrent contre la ville de Dwin, l'assiégèrent, la ruinèrent et 
chassèrent l'armée persane qui s'y trouvait. 

Mais il se produisit tout à coup contre eux(^) un violent tumulte 
parce qu'ils avaient incendié l'église de saint Grégoire, bâtie près 
de la ville et transformée par les Perses en magasin. De là contre 
eux un violent tumulte. 

Ensuite, Mihran Mihrewandak vint attaquer Vardan avec une 
armée de vingt mille hommes et de nombreux éléphants. Une 
grande bataille eut lieu dans la plaine de Xalamax, et les Armé- 
niens infligèrent une sanglante défaite aux troupes persanes qu'ils 

^'' Cf. Tab. Nôld. i. v., p. 487 et s. pression «oinfuir a Vullere, s, p. jU: lilier 

'*) En 571. rationum, compniaiio {Erâtiiahr, p. 19a 

'ï Xosrov F. et n. 3). 

^*' LcJiwan, c*est4-<lire ^administra- <*' Justin II. 

tion, le centre de Tadministration. ^^^ I^a construction du texte mm, ^m^ 

^** Cf. Seb^, éd. Patk., p. 197. #. r. jmy irp^mjii est très incorrecte. Il y a 

^m^fJmf, Marquart traduit : ^und dass qad({ue corruption du texte dans co |)as- 

er die Stadt snordne der atrpatakanisrben sage. 

Pmvinxflchat<nng« et renvoie, pour l>x- ^*^ Contre les Grecs. 



6 HISTOIRE DHÉRACLIUS. 

passèrent au fil de FépéeC); ils prirent en même temps tous les 
éléphants. Mihran, échappé avec un petit nombre d'hommes, s'en 
retourna dans son pays. 

Ce fut contre ce même Yardan que vint en personne le roi de 
Perse Xosrov, surnommé Anuâ 3puan, avec une immense armée 
et des éléphants en grand nombre. Il prit par le canton d'Artaz, tra- 
versa le Bagrewand, passa par la ville de Karin, et, poursuivant son 
chemin (^), arriva en un }ieu(^) où il dressa son camp vis-à-vis de lui(^^ 

Dès le matin du jour suivant, on se hAta de part et d'autre de 
ranger troupe contre troupe, front contre front, et la bataille s'en- 
gagea. La mêlée fut ardente et l'on se battit avec acharnement. 
Mais le Seigneur livra à la défaite le roi de Perse et toute son 
armée. Les Perses furent écrasés par leurs ennemis et mis en une 
déroute complète : ne connaissant pas les chemins par où ils au- 
raient pu fuir, ils allèrent se fortifier sur les bords du grand fleuve 
nommé Euphrate. Mais les eaux étant venues à grossir emportèrent 
la multitude des fuyards comme une nuée de sauterelles; bien peu 
purent se sauver ce jour-là. Cependant le roi, échappé à grand' 
peine avec un petit nombre d'hommes, trouva un refuge au milieu 
de ses éléphants et de sa cavalerie , et s'enfuit à travers la province 
d'Atdznikh jusqu'à sa résidence. 

Les vainqueurs s'emparèrent de tout le camp et du trésor 
royal ^^l Ils prirent la reine des reines et les femmes du roi'*). Ils 



^*) Pour la victoire des Arméniens 
dau» la plaine de Xalamax, cf. Jean Ca- 
tholico9,p. 37 (ëd. Emin), et traduction, 
p. 54. Cf. ^dément Lebeau (Saint- 
Martin), op, eit, t. X, p. 9a, oii le g^ 
nérai est nommé Deren pour Mihran. 
Saint -Martin aura probablement pns ce 
nom de Deren dans ï Histoire d'Arménie 
de Tchamtchian, t. II, p. a86. 

t*> Cf.Lebeau,op.ci(.,t.X,p.i35J.a. 

^'^ Au lieu de f u,h^n^ if^ en un lieu, 
nous proposons de lire : IpA-^ ^w/l [>«4^] . 



à Métitène. Dans la note 78 de sa tra- 
duction, Patkanian a déjà signalé qn1l 
s'agit ici de la bataille de Mélitène 
(576); cf. Lebeau, op, ai,, t. X, p. i3.S- 
187. 

^*^ Vis-à-vis de Vardan. 

<') Cf. Jean d^Éphèse, p. SgS delà Irad. 

t*^ Au lieu du second ifum%uÊpt (texte 
éd. Patk. , p. 97, 1. 1 8), il faudrait , d après 
Carrière, lire ffum'k,mL.^t, (?), signifiant : 
dames ( v. Hûbschmann , Armeniseke Gram- 
maùk, I, 1 17). 



CHAPITRE IL 7 

enlevèrent la tente^*> consacrée*au harem l'oyal, et la litière d'or^^', 
d'un grand poids, ornée de pierres précieuses et de perles, que les 
Perses appellent la « glorieuse litière v ('). Fut pris également le hrat(^ ) 
que le roi faisait toujours transporter avec lui comme un puissant 
auxiliaire, qui était réputé plus auguste que tous les autres autels 
de feu , et que les Perses appelaient Athaà : il fut englouti dans le 
fleuve avec le movpet des movpets^^' et beaucoup d'autres prison- 
niers. Dieu soit à jamais béni. 

CHAPITRE 11. 

An»» 3paan croit eo Christ et est baptim^ par IVvéqne; 8a mort. - Règne d^Ormizd. - 
Vahram bat rarmëe desThëtais, puis fait la guerre au roi des Maiguths et le 
tue. - Lann<fe de Vahram se n^volte contre Xosrov, qui senfuit. - Arrivé» 
de Vahram. - Xosrov demande secours à Temperenr Maurice. 

Pendant son règne , avant la révolte dont nous venons de parler, 
Xosrov, surnommé Anuâ 3puan, avait affermi la prospérité de ses 
Etats, car il était paciGqueet gouvernait pour le bien public. Lors- 
que cette révolte éclata, il entra dans une violente colère, car il se 
croyait à l'abri de tout reproche, r J'étais, disaitnl, le père de tout 
le pays, et non pas son mattre. Je les ai tous traités comme des fils 
et des amis. Maintenant, ajoutaitril, Dieu leur demandera compte 
du sang répandu, t Pendant son règne, Xosrov ferma le défilé do 
Cor et des Atuans; il fit prisonnier le roi d'Eger. Il prit de vive 
force Antioche de Pisidie^^) et transporta les captifs près de sa 

<*) Le tarte fautif porte :«/s»25i»ififr/»aMA», <*> Ap*'^ (rbâcbem, mot armënien 

qnii but lire dml^mifirf2fmki', cf. H. traduisant le penao JjT-^ÊÊÊfim^. Cf. 

Hôfaschmann, AnÊmi$ehe Gnrnmniik, Sebéos, éd. Patk., «. p. 4#«mi», p. i^y. 

I , p. 199 et les référencer. <*' Cf. Darmesteter, Zetid Avegta^ I , 

^) Cf. Lwre in Baie, VII, p. 108 : p. 3o et suiv. sur le Mobed des mo- 
ndes litières d*or avee des housses om<fes beds. 
de pierreries royales, etc.*. ^'^ Erreur due k une réminiscence du 

C) foQrYexpmnon^ir»„^m^^mÊm,mjf, Nouveau Testament, Actes, )iiii. lA : 

cf. le syriaque «uMf lA^^v». dan» jYfitm/tm^ ^^/t^lmgf. KnlUith^ fui friae 

Bedjan, AcH Smneêontm, etc., t. ill, en juin .S4o, cf. Tab. V»bl., p. 16.^, 

p. ^98,1. to. n. 9. 



8 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

résidence royale, où il bâtit [pour eux?] une ville quil nomma Yeh 
Andzatokh Xosrov(^), et qui est également appelée Sahastan d'Okin. 
Il s'empara encore de Dara et de Gallinique, et se saisit même» dans 
une expédition, des frontières de la Cilicie. 

[Xosrov] régna quarante-huit ans. A l'heure de sa mort, la 
lumière de la Parole divine resplendit autour de lui, car il crut en 
Christ et parla en ces termes : (r Je crois en un seul Dieu, celui 
qui a créé les cieux et la terre et que les chrétiens font profession 
de servir. Père, Fils et Saint-Esprit. Il est le seul Dieu, et il n'y 
en a point d'autre que celui qu'adorent les chrétiens, y^ 

Il ordonna à ses serviteurs d'envoyer pour affaire dans quelque 
endroit éloigné le chef des mages du palais, écarta les autres de 
la résidence royale et appela le chef des évèques, qui portait le 
titre de Eran Kathulikost^). Il fut baptisé par lui, ordonna de célé- 
brer l'office divin dans sa chambre, fit lire les oracles de l'évangile 
du Seigneur et communia en la chair et au sang du Seigneur. Puis 
il prit congé du catholicos, qui portait l'évangile du Seigneur, et 
le renvoya W chez lui. 

Peu de jours après, [Xosrov] s'endormit dans son heureuse 
vieillesse ; les chrétiens levèrent son corps et le déposèrent dans le 
sépulcre des rois. Son 61s Ormizd(^) lui succéda (^). 



^*^ Après la prise cl*Aatioche, Xosrov 
fit coQStniire une ville absolument iden- 
tique à Antioche, que Tabari nomme : 
Rûmija (la Romaine). M. Nôldeke propose 
de ridentifîer avec Onki (?) ou Jonki (?) 
tria Grecque n; d'après lui, le nom de la 
ville aurait été Wen-Antioeh-Choirau, ce 
qui explique le Weh-Andl[at]oq'Chasrô de 
Scbéos et le Antioch-Churôn » yoti'^i^.il 
du syriaque dans Land , Ànecd., 1 , 1 5. Cf. 
Tab. Nôld., p. i65-i66 et les notes, et 
p. 989; dans ce dernier passage, les 
habitants d'Antioche sont emmènes à 
SawAd, près de Ctësiphon; Tabari rap- 
plie que la ville s'appelle RAmija. 



^ C'est-à-dire l'ëvéque suprême de 
Perse. Cf. H. Hi'ibschmann , Armenitehe 
Grammaiik, I, p. 89. 

(') uÊfA^u^à^ est évidemment fautif. 

^*^ Ormiid IV, SyS-Sgo. 

^'^ Le texte est ici coupé par une in- 
terpolation renfermant la Ibte des géné- 
raux persans qui envahirent TArménie 
depuis le meurtre de Suren ( Sy 1 ) jusqu'à 
Tavènement de Xosrov II Parwèc. Le 
texte de cette intercalation est donné 
dans l'édition Patkanian, p. 99, I. 1 1 — 
p. 3o, L 9 et p. 3&, I. 7-39. Notre 
traduction donne ici le morceau en 
entier. 



CHAPITRE II. 9 

Voici aiaintenanl les généraux du roi de Perse qui vinrent l'un 
après Tautre au pays d'Arménie depuis la révolte de Vardan, sei* 
gneur des Mamikoniens, fils de Yasak, jusqu'à aujourd'hui. Quel* 
ques-uns périrent dans des combats, d'autres furent vaincus (^), 
d'autres remportèrent la victoire et s'en retournèrent. 

L'année même où les Arméniens tuèrent le marzpan Suren^*^), 
vint Vardan Vànasp, qui ne fit rien , resta un an et s'en retourna. 

Puis vint Goïon Mihran avec vingt mille hommes armés de toutes 
pièces et beaucoup d'éléphants^^). Il avait aussi avec lui de nom- 
breux auxiliaires pris dans la foule des peuples innombrables au 
milieu desquels habite, dans la région montagneuse du (Caucase, 
la nation des Huns. Il avait reçu du roi l'ordre d'exterminer la 
population de l'Arménie, de détruire, d'abattre, de raser, en un 
mot de ruiner sans pitié le pays. A son arrivée, à part ceux qui 
sauvèrent leur vie en restant en quelque retraite inaccessible des 
montagnes, et ceux qui se réfugièrent en quelque pays éloigné; 
la plupart ne purent échapper, car l'ennemi passait au fil de Tépéo 
tous ceux qu'il trouvait. [Golon Mihran] fit la guerre en Géorgie 
et fiit défait; puis il vint en Arménie et s'empara d'Ankt au moyen 
d*un faux serment. • . 

Philippe, seigneur de Siunie. . . [Golon Mihran?] attaqua la 
ville de Xatamax^^) et livra bataille dans le canton de Vanand, dans 
le village d'Uthmust^). Dans ces deux occasions il fut défait. 11 resta 
sept ans [en Arménie] et s'en retourna. 

Puis vint le roi Xosrov Anu& Spuan'^') en personne, qui livra une 
grande bataille à Mélitène, fut battu et s'en retourna (^^ 

<') Nous proposons de lire ifMyiM'ffiiA' , ^'^ Noos passons, dans le texte arme- 

an lieu de mimmkpmqjkg»tht «firent la nien, de la page 3o, I. a, à la page Zh . 

guerre^. I. 7, éd. Patkanîan. 

<*) En 571. ^^ Le sujet de la phrase doit éln) 

^) Deaxième expédition. Cf. LeiK'au, Xosrov I Anuft 3pnan, qui Ait battu 

t X, p. toi eisoiv. en personne {fk^% p. 3o, 1. 1) à M<^ 

<*) Texte :Mf«i|r («./(t. 4|Arf.^M»ftagi litène (576) par Justinien, général 

4 /Arf. Yfm^mHTmim^. de ribèfe. Cf. Lebcau. I. \, p. i36 M 



(») 



Uthnuis,cf. Asolik,p.7 9,8 1 , 1 00, io5. soiv. 



10 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



Puis vint Tam Xosrov(^), qui livra deux combats : l'un h Bolora- 
pahak, dans le pays de Basean, au confluent du Murch et de TAraxe , 
l'autre à Kathin^dans le Bagrewand. Chaque fois, il remporta une 
grande victoire. Il resta deux ans et s'en retourna. 

Puis vint VarazW Vzur, qui livra bataille dans le canton de 
Vanand, dans le village d'Uthmus; d abord repoussé, il finit pnr 
vaincre. 11 resta un an et s'en retourna. 

' Puis vint le grand aspet parthew et pahlaw^^', qui livra bataille 
dans le village de Sirak et triompha. Il resta sept ans et s'en re- 
tourna. 

Puis vint le marzpan Hrahal(*\ qui alla à Nisibe^^' porter secours 
aux siens : ceux-ci, d'abonï vaincus , remportèrent ensuite la vic- 
toire. A son retour, il livra bataille à Gatkadzur, dans le pays 
des Bznunîs, et fut vainqueur. Il resta quatre mois et s'en re- 
tourna. 

Puis vint le marzpan Hrartin Datan. Depuis lors, les Perses ne 
purent plus tenir tète aux armées des Grecs. De son temps, Ormizd 
fut tué(^) et son fils Xosrov monta sur le trône. Il resta deux ans cl 
s'en retourna. 

Puis vinrent des stJimanalcak^'^^ perses jusqu'à l'expiration i^e la 
paix conclue entre les Perses et les Grecs, entre les deux souve- 
rains Maurice et Xosrov. 

Et ensuite Vandatakan(^). Puis Xorakan. Gelui-ci fut tué à Gapni 



(') Ta^)(papA bai les Romains en Ar- 
ménie (577); cf, I^beau, X, p. i45. Sur 
Tam (S'"-'') «^fort, sterk^», cf. Tab. Nôid.. 
p. A&S, n. 1. 

^•ï Varaz - le sanglier ; cf. Tab. Nôld. , 
p. 960, n. 1. 

^'^ Sur l'idenlilé de Partkew et Paklaw, 
ef. H. Hûbschmann, Armernscke Gram- 
tnatik, I , p. 63 et suiv. , qni donne la da(e 
du manpanat du grand aspet, 58 1 -58 9. 
Cf. HiiWb., op. eiu, p. 65, n. 1, 

^*' Patk. (p. 3&) identifie ce manspan 



avec *>^/, Aphraatès; cf. Lebeau, t. X, 
p. 374-376 et les notes rdatives au pas- 
sage correspondant de Th<^ph. Sinioc., 
1. 3, c. 5. 

w U texte : t Jf'p^mCù^. Cf. J. Mar- 
quart, Erâniakr, p. 16a. 

<•) En 590. 

(') miÊÊitnm^m{tmi^ est la traduction ar- 
ménienne du mot d'origine iranienne 
JSw^^^uAf (t gardien des marches n. 

^•> Cf. p. 70, 1. i5 et suiv. du texte, 
éd. Patk. 



CHAPITRE II. 



Il 



pflr les troupes perses qui, s'étant révoltées, s'en allèrent dans le 
pays de 6e)um(^). Puis Merakbut. Puis Yazdén. Puis Bulmah. Puis 
Hoyiman. 

. . . [Ormizd]''^ . . qui, après avoir fait enchaîner Vndoy, le 
jeta dans le Gruairdakan, tandis que Ystam put s'échapper et s'en- 
fuir; celui-ci souleva en ce temps-là de nombreuses guerres autour 
de luiW. 

11 y avait en ce temps*là(^) un certain Vahram Merhewandak^^^ 
gouverneur des provinces orientales de la Perse. Il avait battu par 
sa vaillance Tarrnée des Thétals et conquis par les arme» Bahl et 
tout le pays des Khuàans, jusqu'au delà du grand fleuve nommé 
Vehpot(^) et jusqu'à l'endroit nommé Kazbion(^). '11 avait donc 
dépassé la lance du valeureux spandiat, au sujet de laquelle les 
Barbares disent : «r Parvenu en combattant jusqu'à cet endroit, il y 
ficha sa lance dans le soI.t) 



^^ A cAtë de <|>ff c«r, on a la forme 
ia^f5«.j; Ddam, Ddam. a. Tab. Nôld. . 
p. &79 et H. Hûbachmann , Arm. Gramm., 
I , p. 3&. Lea taavagea habitants duGdnm 
campaient dans les montagnes an sud- 
ouest de la mer Caspienne. 

^ Nous reprenons id le récit inter- 
rompu dans le texte par Tinterpolation 
eoneemant les généraux persans. D y a 
une laeune dans le texte que nous eom- 
hions par le moi : Ormixi, qui figure 
entre parenthèses dans Yéd. Patk., et 
qni n*est pas mentionné dans Téd. de 
Constantinople. Patk;, p. 3o, 1. a. (Tétait 
Qrmiad qui avait fait emprisonner Vndoy ; 
cf. iNôldeke, Skizzem, p. laa. 

^^ Sur Bindoê et KstAm, cf. Tab. 
Nôld.,p.973,etLebeau,X,p.99ietsuiv. 

<*} Le texte, fautif, porte :^ ^JSm%m^ 

^^^ Connu aussi sous le nom de Bah- 
ram-Tchoubin, originaire de la famille 
Mihran, deseendant des Arsacides. Cf. 
Theoph. Simoc., III, xviu. 



^•^ Nom iranien de l'Cxus (fc JUuve 
ffhrkux), •>!; «?, TAmou-Dareia d au- 
jourd'hui; cf. Pitkanian, Jouma* oêia- 
tique, i866, 1, p. 187, n. 3. 

^ Vahram foi envoyé par Ormizd, 
avec 1 9,000 hommes, contre Sàba, it>i 
des Turcs; après [dusieurs combats, il le 
tua d'un coup de flèche (ou de lance?). 
On attribue k Vahram un traité sur fart 
de lancer les flèches. Ce Vahram est de- 
venu le héros de poèmes et de romans 
fiersans. Cf. Tab. Nôkl., p. 970-979. Ta- 
îiari ne die pas de nom approchant de 
Spandiat ; son pass^ ( Tab. Nôld. , p. ^ 7 1 ) 
vaut d'être dié : irNach alleriei VeHiantl- 
lungen nnd Kâmpfen zwischen beideii 
Thdien tôdtete BabrAm den Si\ba dureh 
einen PCeilschuss. — Wie man sagt, tha- 
ten sich im pernschen Reiche 3 Mânner 
durch berûhmte Schûsse her\'or : man 
mdnt damit den Schuss des ArissAtiii 
im Kriege zwischen ManAéihr nnd FrA- 
sijAt, den Schuss des SôehrA im Tûrken- 
kriege und diesen Schuss des BahrAm.*" 



12 HISTOIRE D*HÉRACLIUS. 

Ce Vahram, ayant alors livré bataille au puissant roi des Max- 
khuths qui se trouvait en cette région, de l'autre côté du grand 
fleuve, battit sa nombreuse armée et tua le roi dans le combat. 
11 s'empara de tous les trésors de ce royaume et les enleva. 

Puis il envoya au roi de Perse, par ses messagers, un rapport 
annonçant la bonne nouvelle, avec une petite partie de Timmense 
butin provenant de l'expédition, quelques objets de prix, pour 
témoigner de sa fidélité au souverain. Quant aux trésors, il les dis- 
tribua aux troupes, selon les mérites de chacun. 

Lorsque le roi Ormizd vit les messagers de la bonne nouvelle , 
lorsqu'il eut pris connaissance des lettres relatives au bon étal de 
larmée et qu'ii eut reçu les présents, part du butin prélevée sur 
les précieux trésors du roi [des Mazkhuths], il se montra satisfait 
[en apparence] et complimenta les porteurs. Mais au fond il était 
violemment irrité (^) et se disait : (rLe souper a été autrement 
plantureux, je le vois bien aux restes (^); sur un aussi riche 
butin, il n'était pas convenable de prélever si peu pour le trésor 
royal. i> ^ 

Puis, comme réponse à la lettre de bonne nouvelle, il fit écrire 
à [ Vahram] en termes courroucés et envoya à l'armée des officiers 
et soldats de sa garde pour recueillir le reste du trésor. Ceux-ci 
aussitôt arrivés manifestèrent leurs exigences; mais l'armée entière 
se souleva. Les troupes massacrèrent les envoyés du roi(^), cessèrent 
de reconnaître l'autorité d'Ormizd, décernèrent la royauté à 
Vafiram et lui prêtèrent serment selon leurs rites. Puis elles s'en- 
tendirent pour quitter l'Orient et marcher sur l'Asorestan, afin de 
mettre à mort leur roi Ormizd, d'anéantir la dynastie sassanide et 
de faire asseoir Vahram sur le trône. Elles furent bientôt réunies 

<*^ Nous proposons de iirc ^mp^^k-i^ (•) La lecture d*Asotik, qui reproduit 

(irrité), au lieu de |MÉr^pjâ»iL^uf£^. Cf. le SeWos, p. ii5. 1. 4 du texte, parait 

passage parallèle dans : Hiêtoire univer- préférable; lire uiutmmm.mfÊi au lieu de 

êdk, par Etienne Asolik de Taron, tra- ,fnu,mm,^mju (Noie de Patkanian). 
duite |iar E. Diilaurier, Paris, i883, ^^^ Au lieu de <M«.ivâ»M»^/k«/Sr, le résumé 

p. l 'i I . d'AsoKk , p. 1 1 5, i>orte ^^-tH^^lf*'* 



CHAPITRE 11. 13 

et amenèrent avec elles un grand nombre de vaillantes et belli- 
queuses nations de TOrient. 

Pendant que la Perse était dans une situation aussi troublée, le 
palrice Jean et Tannée grecque bloquaient et assiégeaient la ville 
de Dwin; ils lattaquaient avec des machines de guerre et étaient 
sur le point de faire crouler le rempart. Mais dès que ces nouvelles 
leur parvinrent, ils levèrent le siège et prirent le chemin de TAtrpa- 
takan. Ils ravagèrent (') toute la contrée, passant les habitants, 
hommes et femmes, au fil de Tépée, et rentrèrent dans leur pays 
avec un riche butin et de nombreux captifs. 

Mais lorsque la nouvelle de cette sédition arriva à la Porte des 
Sassanides et parvint à Ormizd, roi de Perse, une grande terreur 
lassiégea. Il convoqua les nobles qui se trouvaient à la Porte royale, 
l'assemblée de ses officiers et de ses gardes. Il fut résolu qu on 
emporterait le trésor du royaume, qa on emmènerait le personnel 
de la Porte, et quon passerait de Tautre c6té du grand fleuve le 
Tigre par le pont de bateaux qui mène à Veh Kawat''^^. Une fois 
passés, ofi couperait les cordages des ponts. Ormiid songeait à se 
faire protéger par les nombreuses troupes du roi des Taciks. 

Ce ne fiit pas ainsi que les choses se passèrent. En eflet, les con- 
seillers ('), les officiers et les gardes du roi prirent la résolution de 
tuer Ormizd et de mettre à sa place son fils Xosrov;. . . ils déci- 
dèrent également de le^^) dj^livrer, de faire de lui leur chef et de 
le mettre è la tète de l'entreprise. Et étant allés à la forteresse 
de 6ruandakan(^), ils le(^) délivrèrent et, avec lui, tous les autres 
prisonniers. Puis ils envoyèrent un messager fidèle monté sur les 

^*> imumltgfù. dans le te\te. Il ae peut être questioo ici 

^^ Veh Kawat parait être Sâeucie, que de Vndoy, comme le fait remarquei* 

restaurée par Kawat, sar la rive droite Patkanian, p. 3a, note i, de son édi- 

do Tigre, en face de Ct^^ipbon. Cf. tion. 

Patkanian, Jawmal asiaiique, 1866, I, '*^ «r Prison située dans Clësiphon, oii 

p. 188. Ion enfermait les eriminds poKti^pesi». 

^) Littéralement : /es hommei de la Cf. Patkan., Journal asiatique, 1866, I, 

pehiie. p. 189. 

^*) Il y a probablement une lacune ^*^ Vndoy. 



l/i HISTOIRE D^HÉRACLIUS. 

chevaux les plus rapides avec une lettre pour son frère Ystam, lui 
demandant de se rendre au plus vite sur le théâtre des événements. 
Il ne tarda pas à arriver. 

Tous les grands, les chefs de Tarmée, les troupes qui se trou- 
vaient en ce moment [à Tizbon], se rassemblèrent dans la salle 
royale; puis ils pénétrèrent dans la chambre du roi, s emparèrent 
d'Orraizd, lui crevèrent aussitôt les yeux et ensuite le tuèrent. Ils 
))roclamèrent roi de Perse son fils [Xosrov]'^) et commencèrent à 
préparer la fuite de l'autre côté du grand fleuve du Tigre. Peu de 
jours après, Vahram arriva, aussi rapide que Tai^e qui fond sur 
sa proie. 

Gomme Xosrov, au moment de son avènement au trône, était 
encore tout jeune, ses deux oncles maternels, Vndoy et Ystam, le 
prirent et passèrent de l'autre côté du grand fleuve du Tigre par 
le pont de bateaux; ils coupèrent ensuite les cordages qui rete- 
naient le pont. A son arrivée, Vahram prit possession de toute la 
maison, du trésor et des femmes du roi et s'assit sur le trône. 
Puis il ordonna de former des radeaux en liant ensemble des 
pièces de bois, et traversa le fleuve pour s'emparer de Xosrov. 
Mais la crainte avait empêché ce dernier de demeurer. Aussitôt 
qu'ils eurent passé, lui et les siens continuèrent de fuir, se deman- 
dant en chemin ce qu'il y avait de mieux à faire , d'aller trouver le 
roi des Ta6iks ou de se rendre auprès de l'empereur des Grecs. 

Enfin, ils jugèrent préférable de chercher leur appui auprès de 
l'empereur de Grèce. (tBien qu'il y ait de l'hostilité entre nous, se 
dirent-ils, cependant ils sont chrétiens et miséricordieux; et lorsque 
les chrétiens prêtent un serment, ils ne peuvent pas se parjurer?). 
Ils s'en allèrent donc tout droit vers l'occident et arrivèrent à la 
ville de Xalab , où ils s'arrêtèrent. 

[Vahram], tout en ayant franchi le fleuve, ne put donc atteindre 
[Xosrov]; et il retourna à Tizbon. 



(I) 



Avèoenieat de Xosrov II Pai-wèz (690). 



CHAPITRE II. 15 

Le roi Xosrov euvoya alors à Tempereur Maurice des person- 
nages de haut rang avec des présents, et lui écrivit^^) en ces termes : 
(T Rends-moi le trône et Tempire de mes pères ^^^^ et de mes an- 
cêtres; envoie à mon secours une armée avec laquelle je puisse 
battre mon ennemi; rétablis mon autorité, et je serai pour toi un 
fils. Je te céderai : le pays de Syrie, tout TAruastan jusqu'à la ville 
de Nisibe; du pays d'Arménie, le territoire et la principauté Tanu- 
terakan, jusqu'à TArarat et à la ville de Dwin, jusqu'au bord de 
la mer des Bznunis et à l'Apestawan; et aussi la plus grande 
partie de la Géorgie jusqu'à la ville de Tphxis. Nous conclurons 
un ti*aité de paix qui durera jusqu'à la mort de chacun de nous, 
et le serment solennel que nous aurons prêté liera aussi nos fils 
qui régneront après nous, d 

L'empereur convoqua aussitôt tout les sénateurs pour leur 
demander leur avis et leur dit : a Les Perses ont tué leur roi Ormiid 
et ont mis son fils à sa place. Mais les armées du royaume ont 
proclamé dans les provinces orientales un autre roi qui est venu 
avec des troupes nombreuses et s'est emparé du pouvoir. Quant 
au jeune fils d'Ormizd, il est arrivé chez nous en fugitif; il demande 
le secours de nos troupes, et promet de nous accorder telles et 
telles choses. Maintenant, que faire? Allons-nous accepter? Faut-il 
ou non accepter? 1? Les sénateurs répondirent : trll ne faut pas 
accepter, car les Perses sont une nation sans foi ni loi; dans la 
détresse ils font des promesses et une fois sortis d'embarras ils se 
parjurent Ils nous ont fait beaucoup de mal. Qu'ils se détruisent 
les uns les autres, et nous serons tranquilles. ?) 

Cependant le roi Xosrov se trouvait en grand danger. Il voyait la 
mort devant lui, car il s'était tiré de la gueule du lion pour tomber 
entre les mains d'ennemis auxquels il ne pouvait échapper. 

Mais l'empereur ne tint pas compte de l'avis des sénateurs. 
Il envoya lui-même son gendre Philipikos porter à Xosrov une 

'*' ThAiph. Simoc. J. IV, 1 1 , donne une tout autre lettre de Xoerov. — ^ Au lieu de 
{«ifj, ptret, ii but probablement Kre {^«f, Armémenê, Cf. éd. de Patk., p. 33, n. i. 



16 



HISTOIRE D^HÉRACLIUS, 



réponse favorable (^^; il reçut son serment et envoya à son aide 
une armée impériale, le patrice Jean(^), du pays d'Arménie, et le 
général Nersês, de la Syrie, [et le vaillant Musel]^'); et leurs 
troupes, qui, passées en revue, s'élevaient à trois mille cavaliers, 
par centaines, milliers et légions, selon leurs étendards'^). 

Or, comme la mère de oapuh était fille de cet asparapet, chef 
de la maison des Parthes, qui étaient morts (^), et sœur de Vndoy 
et de Vstam; et que Vndoy était lui-même un homme sage et pru- 
dent, valeureux ainsi que je Fai dit. . . (^). 



^'^ Cf. Lebeau, X, p. 399. 

(') JeanMy8UcondeLebeau,X,p.3a9 

^*' Nous croyous devoir ajouter : et le 
MUiam Mhs^, diaprés Thomas Arcruiii , 
p. 86, 1. ti; saas quoi la suite ne se 
comprendrait pas (Patkanian). 

^*) Xa suite du récit est interrompue 
par un tout autre ordre d'idées. Le i^it 
semble se continuer dans le texte (éd. 
Patk.),p. 36J. 3&. 



^^^ Le texte porte bien lo plurid; mais le 
singidier semble ici nécessaire : c est las- 
parapet qui iiak morL Le texte est trop 
mutilé pour qu'on songe à le reconstituer. 

^'^^ La phrase est inachevée; il y a 
manifestement une lacune. Les paragra- 
phes qui suivent cette phrase font partie 
de la liste des généraux persans qui 
en^Ùiirent T Arménie, et font suite dans 
le texte à p. 3o, I. 9, et dans notre tra- 
duction, p. 8 et suîv. 



LIVRE CHRONOLOGIQUE. 



HISTOIRE ROYALE. 

Récit héroïque ^*\ invasion nniverselle, brigandage sassanidc dans la personne d*Apruéx 
Xosrov, qui enflamma et incendia tout {Intérieur, ébranlant ia mer et la terre, 
pour provoquer la mine sur Tunivers entier. 

Et maintenant, racontant ce qui s'est passé sur ia terre, je vais 
dire les événements relatifs à sa destruction , Téveil de l'indignation 
d'en haut, et de la colère enflammée en bas, le ruissellement 
torrentueux du feu et du sang, les incursions des brigands, l'invasion 
meurtrière, les clameurs des démons et les cris des dragons, des 
races de mages et des hommes issus des géants, des braves tout 
armés, des cavaliers [s'élançant] de l'orient vers l'occident, du 
nord vers le sud; et ceux du sud s'éveillant avec une grande fureur, 
s'altaquant les uns les autres; l'accomplissement des ordres du 
Seigneur irrité sur toute la terre; les hommes du sud, comme un 
vent de tempête, s'envolent, faisant rage, s'élancent pour détruire 
tout ce qui se trouvait en bas, pour ravager les montagnes et les 
collines, déchirer les plaines et briser les rochers et les pierres 
sous les sabots de leurs chevaux : maintenant, je raconterai l'his- 
toire du destructeur et dévastateur Xosrov, maudit par Dieu. 

CHAPITRE m. 

Valiram marclie contre Xosrov. - Deux lettres à MuAei, qui i*cste fidèle à Xosniv. - 
(irand combat. - Débite des révoltés. — Ingratitude de Xosrov envers MuAel : 
celui-ci conçoit alors le projet de tuer le roi; il écrit avec les généraux grecs une 
lettre accusatrice k Tempereur. - Mécontentement de Tempereur k ce 8ujet : lettre 
aux généraux et h Xosrov. - Renvoi de f armée grecque. - Mu*(el est mandé par 
Tempereur au Palais. 

Après ia mort de Xosrov. (ils deKawat, Ormizd, son fils, devint 
roi de Perse. Sa mère, femme de Xosrov, son père -\ était fille du 

(*) mf^^ÊJl^ signifie clément *ira- ^'^ Ce passage est difficile & traduire à 

nîen". cause du peu de certitude que pnWnto 

■itr. a*siiACLivft. 'j 



18 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

grand Xakhan, roi des Thètals, et se nommait Kayèn. Bien qu'il 
eût hérité de son père un caractère hautain, il tenait du c6té de 
sa mère plus dWgueil encore et de férocité (^l 

En effet, il extermina, dans le royaume de Perse, tous les 
grands, les chefs des vieilles maisons nobles. Il fit mourir le grand 
asparapet parthew et pahlaw, qui descendait de cet Anak(^) le meur- 
trier dont un fils, arraché par ses nourrices à la fureur des soldats 
de Xosrov, roi d'Arménie, avait été apporté par elles à la Porte 
royale, dans le pays des Perses : le roi lui accorda tout ce qu'il avait 
promis à son père Anak, lui rendit ce qui appartenait (^) primitive- 
ment aux Parthes et auxPahlawiens, lui fit ceindre une couronne, 
le combla d'honneurs et lui donna la seconde place dans son 
royaume. 

Ce sparapet avait deux fils, dont le premier se nommait Vndoy, 
le second Vstam**'. 

lls(^) réunirent, pour entrer en campagne, toutes les troupes 
du pays d'Arménie qui se trouvaient alors disponibles, et les 
passèrent en revue; c'étaient les troupes de tous les naxarars, 
et elles formaient environ quinsie mille hommes, par centaines, 

le texte: <«m^ mm^m aÊ^mcii Ifi^tt' est p. 967 : (rWie man sagt, war HormiMl 

pwbablement une glose; de plus, on si^greich und rahmvoU, erlangte ailes, 

pourrait lire i«»H» «» Mea <•« <^W» et wonach er seine Hand ausstreckte, war 

comprendre : le nom de sa mère [était] daia feingebildet, aber schiau, boahaft 

Kayén. Cf. Tab. Nôld. , p. loi, 167, 959 und in seinem Naturell den Tûrken abn- 

et 96a. La mère d^Ormixd était «rdie lich, von welchen'er durch seine Mutter 

Tochter des GbéUn und der GfaAtAnt) abstammte.^ 

(Tab. Nôld., p. 959 ); ChAtân est le nom <*) Anak éUit de la famille Suren Pah- 

de la reine ebez les Turcs et les babitants law. Cf. Xoreu. , II, 76. 
de la Haute Asie (Tab. Nôld, p. 10&, (*> Le texte porte »tm^m,.glrmi^ qu'il 

n. 9); Vabram fit de la CbAtAn, feomie faut probablement lire ^mplmt^g^m^^. 
du ChAkin , une servante du temple (Tab. ^^^ La suite de cette pbrase a été donnée 

Nôld., p. io4). D'nprès Mas., If, 911, plus haut, p. 16, frOr, comme la mère 

Nôld. (p. 96a, n. A) propose délire de Sapuh était fille de cet asparapet. .. «, 

Qdtpn, comme nom delà mère d'Ormicd. p. 3&, 1. & du texte, éd. Patk. 
Cf. Cément Patkanian, Journal am- ^^ Ce passage fidl suite à p. 3&, 1. 3 

tique, 1866, 1, p. 189. du texte, éd. Patk., et p. 16 de notre 

^^) Un portrait analogue d*Ormizd nous traduction, où il est question de troupes 

est fourni par Tabari dans Tab. Nôld., passées en revue. 



CHAPITRE m. 19 

iiiiiliei*s et légions, rangés suivant leurs enseignes. Tous étaient 
des guerriers d^élite, complètement armés; enflammés d'ai*deur, 
qui ne craignaient rien et ne tournaient jamais le dos. Leur 
face était pareille à celle des lions; la légèreté et la rapidité de 
leurs pieds égalaient celles des chevreuils courant dans les 
plaines. Ils se mirent en route avec docilité et en toute obéis- 
sance. 

Le révolté mihranien réunit aussi ses troupes, ses éléphants et 
tous les trésors royaux; il se mit en route et arriva dans TAtrpata- 
kan. Les deux armées campèrent à peu de distance l'une de l'autre, 
dans le canton de Vararat. 

Yahram écrivit alors à Muàel et aux autres naxarars arméniens 
une lettre conçue en ces termes : 

(rJe croyais qu'en me voyant combattre vos ennemis, vous, de 
votre côté, vous viendriez à mon aide et que nous pourrions sup- 
primer, en réunissant nos efforts, ce fléau de l'univers, la maison 
de Sassan. Or, voici que vous avez pris les armes pour marcher 
contre moi et porter secours à Xosrov. Quant à moi, je ne crain- 
drai pas les vétérans romains qui sont venus pour m'attaquer. 
Mais vous. Arméniens, qui montrez si mal à propos votre fidélité à 
votre maître, n'est-ce point la maison des Sassanides qui a dévasté 
votre pays et rais fin à votre indépendance? Ou bien, pourquoi vos 
pères se sonirils soulevés contre eux, pourquoi ont-ils secoué leur 
joug et combattu jusqu'à ce jour pour votre pays? Et maintenant 
il marche contre moi pour détruire le fruit de tant d'efforts! 
En effet, si Xosrov est vainqueur, lui et l'empereur (') s'uniront pour 
\uus anéantir. Mais s'il vous semble bon de vous écarter d'eux, de 
vous unir à moi et de me tendre la main en me secourant, au cas 
où je serais victorieux, je jure par le grand dieu Aramazd, par le 
Seigneur Soleil et par la Lune, par le Feu et par FEau, par Mlhr 
et par tous les dieux, que je vous donnerai le royaume d'Arménie. 

^'' Mot à. mot : "^ces ileux-ci'». 



20 HISTOIRE D'HERACLIUS. 

Vous prendrez pour roi qui vous voudrez. Je vous laisserai tout le 
pays d'Arménie jusqu'au Caucase et à la Porte des Âtuans; et du 
côté de la Syrie, TAruastan^^) et le nouveau Sirakan, jusqu'aux 
confins des Taciks, car [ces pays] vous ont appartenu, dès le 
temps de vos aïeux; et à loccident jusqu'à Gésarée deCappadoce. 
De mon côté, je ne me permettrai pas de franchir l'AraspW; et 
le trésor du royaume des Iraniens sera considéré comme suffisant 
pour moi et pour vous; il vous suffira jusqu'à l'établissement de 
votre royaume.!) 

Selon l'usage iranien, du sel fut empaqueté et scellé avec le 
message. 

Quand les [chefs Arméniens] eurent reçu le message et l'eurent 
lu, ils ne répondirent pas et n'en parlèrent qu'à peu d'entre eux, 
de peur de provoquer un désaccord. 

Alore [Vahram écrit] f^) une seconde lettre : tr Je vous ai écrit de 
ne pas demeurer avec eux, car ce pays et les trésors de ce royaume 
sont suffisants pour vous et pour moi; mais vous ne voulez pas 
m'écouler, puisque vous n'avez pas répondu à mes paroles; je vous 
en ferai repentir, dit-il; demain même je vous montrerai des élé- 
phants harnachés et, montée sur ceux-ci, une armée de soldats 
braves complètement armés, qui feront pleuvoir sur vous des ja- 
velots en fer lancés avec la main et des traits en acier trempé, avec 
des flèches lancées par des arcs fortement tendus, des hommes 
jeunes, vigoureux, armés de toutes pièces, ainsi que des chevaux 
arabes rapides, des haches et des épées en acier trempé, des coups 
tant qu'il en faudra pour Xosrov et pour vous. •» 

^'' Tliom.Arcruniella traduction russe verse T Arménie et se jette daiis le Kur 

ajoutent 5t.U^^pA^« Tëdition de Conslan- ou Cyrus. Cf. Saint-Martin, MimoireM.,,, 

tinople y qJPpi^uÊ. fii. I , p. 3^8-89 , et Langlois , Collation, . ., 1. 1 , 

■^ lie texte d'Arcnmi porte Wputufu . p. ao. 
Ara»x; ii s'agit probablement de l'Ara\«\ '^' \je texte porte At_ «i«/tY ^i»Vi» . . . 

l^tun/ii — Erasx , qui prend sa soiu-ce •? et aloi-s ils e'ciivenl . . . - , qui ne se coni- 

dans len montagnes du Biug-Gueul , tra- pi-eud pas. 



CHAPITRE III. 21 

Muset lui répond : (rll en est ce qu'il plait à la miséricorde do 
Dieu(^); il a donné à qui il a voulu; c'est de toi-même que tu devi*ais 
avoir pitié et non de nous; je te sais fanfaron et ce n'est pas sur 
Dieu que tu comptes, mais sur la bravoure et sur la force de tes 
éléphants. Je t'assure que, si Dieu le veut, demain (^), une guerre de 
braves'^) t'enveloppera; ils fondront sur toi et sur la multitude 
de tes éléphants, comme les nuages du ciel, plus terribles que tout. 
D'en haut se rueront sur toi, éclatant et flamboyant terriblement, 
des héros armés, [montés] sur des chevauit blancs et [armés] de 
lances puissantes, ils passent à travers la foule comme les éclairs 
[sillonnent] les forêts vertes [ou] desséchées par le feu de la 
foudre qui tombe du ciel sur la terre et consume les broussailles 
des plaines. Car, si Dieu le veut, un vent violent emportera ta 
puissance comme la poussière et le trésor royal reviendra au 
roi.Tï 

Avec lui étaient ce Vndoy et Vstam, que j'ai mentionnés plus 
haut, et environ huit mille cavaliers persans. Le lendemain matin, 
lorsque le soleil commença à poindre, ils se rangèrent front contre 
front et se ruèrent les uns sur les autres. Une mêlée violente se fit 
et un massacre terrible eut lieu dans ce remous. Le combat dura du 
matin jusqu'au soir, et harassa les hommes des deux partis. 

Le carnage fut tel que d'énormes ruisseaux de sang coururent 
et arrosèrent tout le champ de bataille; l'armée des révoltés ne put 
tenir et prit la fuite devant l'armée grecque; celle-ci, jusqu'à la 
nuit noire, les poursuivit et les dispersa, [semant] de cadavres 
les plaines et les routes; ils en exterminèrent beaucoup avec 
leurs épées; ils en firent prisouniei's beai coup d'autres et, leur 
ayant attaché les mains derrière le dos, ils les conduisirent devant 
le roi. 

'*^ lie keite primitif devait porter ^'^ Le fexte de Thom. Arcnini préciae 

fkÊffMn.mfmi49^\0 ii4i»fnf.^si^^i ^ OU plotAt daVODUge : ^Mibfjb ^iw^Ai. ufjK.<ir«_«»i.M««.)« 

WSi^4|f«A* fhmt^umpmup^tX , Cf. Dao. rrcar demain matio. . . •. 

(armën.), iv, 1 4, 39; (Iiëbr.) iv, 17, 3a, '*' ^H*^^ estauasi employé pour d«'si- 

et Arrr. (Seb^. ëd. Patk.), p.iSô, I. 9. giier les génies tntélaires. 



22 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

Les nombreux éléphants couraient furieusement; les nobles per- 
çaient de bas en haut ceux qui étaient montés sur le dos des élé- 
phants et se battaient intrépidement. Ils exterminèrent une grande 
quantité d'éléphants, de cavaliers, ainsi que les cornaks; ils mirent 
en déroute les hommes et leurs éléphants et vinrent les amener 
devant le roi. 

Puis ils se dirigèrent vers le camp de l'armée de Vahram ; il y 
avait sous la tente le trésor royal et tous les trésors du royaume, 
innombrables et précieux; ils les pillèrent tous et réduisirent en 
pièces, avec leurs épées, les nombreux sièges d'or d'un travail ma- 
gnifique et varié; ils s'en allèrent de différents côtés, phalange par 
phalange, avec beaucoup de chameaux et de mulets chargés de 
fardeaux; et tous furent comblés d'un butin aussi riche qu'abondant. 

Ensuite, les soldats persans réunirent la partie du trésor qui 
avait échappé au pillage et la remirent à l'administration royale; 
ce jour-là, le roi Xosrov, grâce à cette victoire, devint plus fort que 
tous ses ennemis. Et son trône fut affermi. 

Il ordonna de dévêtir les nombreux prisonniers montés sur des 
chevaux et sur des éléphants, de leur attacher les mains sur les 
épaules et de les faire piétiner par les éléphants; nulle part on ne 
put retrouver les traces de Vahram, car il s'était sauvé et s'était 
enfui; il tomba à Bahl dahasian et y fut tué par ceux-ci [les gens 
du pays?] sur l'ordre de Xosrov. 

Quelques jours après cette grande bataille, tandis que le roi 
Xosrov était assis sous sa tente et que les soldats persans étaient 
campés autour de lui, les soldats grecs [se trouvaient] éloignés 
d'eux d'une étape, campés séparément en une troupe nombreuse, 
avec leur énorme butin; tous les grands de la cour se tenaient de- 
vant le roi. 

Le roi se mit à parler et dit : crÂ-t-il jamais existé un roi au 
monde qui, ayant pu saisir un autre roi, son ennemi et le dévasta- 
teur de son royaume, ne Tait pas tué et n'ait pas détruit tous les 
mâles de son pays, mais l'ait adopté, lui ait ceint la couronne et 



CHAPITRE HI. 23 

Tait revêtu de pourpre, ait chassé ses ennemis, 1 ait rétabli sur son 
trône et, lui faisant un trésor royal de son propre trésor, lui ait 
permis de suivre en paix sa voie ? Telles sont pourtant les faveurs 
que ma accordées le roi Maurice, un père pour moi, [faveurs] 
que personne, parmi les hommes, ne peut accorder à un fils chéri. ^ 
Quelques-uns des grands firent la réponse suivante : (r Sire , vis à 
jamais; nous ne savons pas s'il convient de témoigner de la recon- 
naissance ou non, car un royaume ne subsiste que par son trésor; 
les Grecs ont pillé tous les trésors de la couronne, -n 

Le roi répondit : « Les trésors de ma couronne, je les arracherai 
à leurs flancs avec ceux qu'ils ont amassés, car tout cela m'appar- 
tient; mais, ce qui m'inquiète, c'est que le traître se soit sauvé et 
ait échappé; il est brave, et il peut rassembler, une fois encore, 
une armée avec les braves nations d'Orient, n 

Ils lui répondirent : cr Ce sont eux qui ont sauvé ce rebelle , car 
nous avons vu de nos propres yeux Muâet Mamikonien le saisir, 
lui donner un cheval et un équipement et le laisser aller, t) Ils 
parlaient ainsi, parce qu'ils lui voulaient du maL En voyant (') 
ses. . . (?) cruels, leurs cœurs épouvantés se détournèrent de lui. 
Le roi, jeune et inexpérimenté, ne s'en aperçut pas. Il ne se rappela 
pas la révolte de ses soldats, mais fixa son esprit sur ses paroles de 
mensonge et dit : tr Qu'on mande ici Muâel, qu'on lui lie les pieds 
et les mains jusqu'à ce que j'instruise l'empereur à son sujet 79. 

A la même heure il ordonne d'écrire un message et il envoie un 
de ses courriers à Muàet : (r Viens de suite, disait-il; il arrive une 
affaire très importante. ^ Puis il donna l'ordre suivant à ses aides 
de camp : «r Lorsqu'il sera venu et que je vous ferai signe avec la 
main, soyez prêts à lui mettre les mains derrière le dos avant qu'il 
ne s'y attende et à les attacher ; mais tenez-vous prêts, car c'est un 
brave, et il pourrait ou être tué ou me tuer; si c'est lui qui est tué, 
j'en serai responsable moi-même vis-à-vis de l'empereur.?) Il donna 

^'^ La phrase «^iviEffA mkum^kim^^ f{iML«»;if. . . (ëd. Palk., p. A t, I. 7) est franche- 
ment iDÎnlelligible. 



24 HISTOIRE D'HÉRACLHIS. 

les mêmes instructions aux huissiers et dit : crMuset arrivera à la 
porte de ma tente, prenez bien soin de lui détacher sa ceinture 
et son épée en disant qu il n est pas d'usage de se présenter en 
armes devant le roi. -n 

Or tandis que [Muset] passait en revue ses soldats, pour se rendre 
compte du nombre des vivants et de celui des hommes qui avaient 
succombé dans la guerre, le courrier vint se présenter devant lui et 
lui dit : (T Salut ^, en lui tendant la lettre. Mu§ei le prit et deman- 
da : (T Est-ce un salut de paix?^ Le courrier répondit : trCIn salut 
de paix, et je ne sais rien, sinon qu'on ma ordonné de te mander 
immédiatement?). De suite, il se prépara comme pour un combat; 
il pensait en effet que peut-être il y avait une bataille, ou quil 
allait recevoir comme faveur un cadeau pour prix de sa peine. 
Il prend avec lui deux mille hommes armés tant nobles que non 
nobles, ceux qu'il considérait comme méritant des honneurs et 
qu il connaissait pour de bons cavaliers. 

On avait aussi écrit à son sujet au patrice Jean, pour qu'il 
le fit partir; celui-ci lui donna donc aussi l'ordre de se rendre 
près du roi tout équipé et il commanda à tous de se revêtir de leurs 
armes (*); ils se préparèrent et se mirent en route. 

Lorsqu'ils furent entrés dans le camp et qu'ils furent près du 
maskaperèan (^) royal, on leur fit dire de ne pas s'avancer en si 
grand nombre; [Musel] devait laisser à distance [ses hommes] et 
ne venir se présenter devant le roi qu'avec peu de monde. 

11 ne s'y prêta pas et se rendit avec tous ses soldats près de la porte 
de latente royale; les soldats persans se tenaient autour de la tente, 
complètement armés ; [Muâel] descendit de son cheval et alla à la 
porte de la tente avec quarante hommes. Les soldats restèrent 
armés, chacun sur son cheval. Le roi fut épouvanté, ainsi que 
tous ses soldats ; mais ils masquèrent leur perfidie. Lorsque [Mu&el] 

(') ... uip^u0i. L fk^ qui'ùAutJp. fat^u,^ sage parallèle dans Yéd, de Constantiiiople. 
i«.iÉ»^»i./0^<j|r, oniùpar 8uiled*homaio- ^^ La teote du roi de Perse; cf. 

teleiiton dans Yéd, de Patkanian : cf. le pas- H. Hûbschmann , Arm, Gramm,, I , p. 1 9s. 



CHAPITRE III. 25 

arriva devaal la porlede la lente, les huissiers s'approclièrent de lui 
et lui dirent: «r Dénoue ta ceinture et ton épée, quitte toutes tes 
armes, car il n'est pas d'usage d'entrer devant le roi [avec des 
armes] D. Le soupçon entra dans son cœur et il avisa au moyen de 
se sauver. Il répondit aux huissiers en ces termes : trDès mon enfance 
j'ai été élevé avec des rois, comme mes ancêtres et mes aïeux; 
maintenant je suis venu à la porte royale, au lieu de la solennité, 
et je dois quitter toutes mes armes, dénouer mon baudrier et mn 
ceinture, alors que je ne [les] dénoue même pas chez moi pour 
me divertir 1 Ai-je besoin d'apprendre à connaître la méchanceté 
des Perses?^ U ordonna à l'un des pages de courir et d'appeler 
les soldats à son secours. Et lui se retourna pour s'en aller. 

On informa le roi que [Muâet] ne voulait pas entrer ainsi, mais 
qu'il s'était retourné et était parti. Le roi dissimula sa méchanceté 
et dit : cr Abandonnons maintenant ce dessein; qu'il vienne comme 
il voudra t). Il était jeune et la puissance de son armée était petite 
et limitée. On rappela [Musel] et on lui dit : (tU a ordonné de te 
faire entrer comme tu voudrais. ?) [Muàet] revint en arrière et dit : 
<r Voyons quelle faveur veut m'accorder le roi des rois, y) 

[Muâel] entra dans la tente du roi avec sept personnes, se pros- 
terna, baisa la terre [devant] le roi et se releva. Le roi ne lui tendit 
pas la main, comme auparavant (*), pour l'accueillir et le saluer; 
mais il avait une attitude hostile, ils restèrent ainsi en une attitude 
d'hostilité. 

Le roi prit peur, hésita, et ne parvint pas à donner l'ordre qu'il 
avait projeté; la crainte l'empêcha de prononcer [un mot], grand 
ou petit. [Muàel] sortit immédiatement de la tente; on lui présenta 
son cheval; il monta et partit A cette vue, le roi fut pris d'une 
grande crainte et voulut réparer son tort ; il se leva de son trône et 
courut à la porte de la tente, sortit et envoya après [Musel] un 
de ses principaux naxarars, [le chargeant de lui porter] du sol 

^'^ Mot k mot : commf Aierff araiil-Arer» correspondant à rhëbraïftme o)^bp '^^Or^?; 
cf. Genèse, xxu, a. 



26 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

cacheté [en signe de] serment, de le rappeler et de lui dire : crNe 
pars qu'avec les honneurs et égards qu'il faut; ne crois pas que 
Ton songe ici à autre chose à Ion égard, ^n 

[Musel] ne voulut pas [revenir] et poursuivit sa route. Or il 
songeait à marcher contre la tente et à le tuer (Xosrov?); et 
il donne des ordres en ce sens à sa troupe qui entourait la tent^^. 
Mais sa troupe revint à la raison, calma le trouble de sa pensée el 
partit (0. 

Gomme ils allaient, ils rencontrèrent un des gardes du corps du 
roi ; ils se saisirent de lui et le prirent avec eui. Muâet le menaça, 
lui jurant de le tuer s'il ne lui racontait le complot qu'on avait 
forgé contre lui. 

[L'aide de camp] fit jurer [Mu^t] qu'il ne le livrerait pas aux 
mains du roi et lui raconta tout. Le lendemain matin [Muset] se 
rendit à la porte du palrice Jean; il le vit et lui dit tout les mauvais 
desseins, ayant devant lui l'aide de camp qui répéta les paroles 
prononcées. Les princes et toute l'armée furent troublés. Mais se 
rappelant le serment et le trouble de l'empereur, ils ne divulguè- 
rent pas ces paroles. Ils dirent d'écrire au roi et de lui faire 
connaître tout le complot. Muâet dit devant tout le monde : 
(rSi cet homme -là n'est pas tué, il fera périr tout l'empire 
romain, fi 

Alors ils préparèrent un riche cadeau, part du butin de leur sou- 
verain: des couronnes et une mitre sertie d'émeraudes et de peries, 
de lor et de l'argent en grande quantité, des pierres précieuses 
rares, des habits d'apparat de la garde- robe du roi de Perse, des 
chevaux royaux, avec le harnachement royal. 

Après avoir préparé ces pré^^ents, ils [les] envoient avec un mes- 
sage de bonne nouvelle, contenant également 1' [acte d'] accusation 

^') Passage très obscur : le >«n9«r de Mr/vif. ^«v fmmp^ltiÊÊiymgiu fM»^» ne semble avoir 
aucun sens; le tlif»»^ ff, par où commence la dernière phrase de Talinéa, n^esl pas non 
plus traduit ci - dessus. 



CHAPITRE III. il 

contre Xosrov; et Us font accompagner le présent par quatre cents 
cavaliers. Xosrov en est informé, tr On a donné à emporter de tes 
trésors un trésor comme part de butin de leur roi, et ils ont écrit 
à ton sujet une [lettre d'] accusation, t) Xosrov sursauta irrité et 
envoya derrière Muset des soldats pour qu ils te rejoignissent en route 
et le fissent périr subitement et secrètement, et que, reprenant le 
trésor royal, ils le lui fissent parvenir immédiatement. Les princes 
grecs, instruits également de ces choses, envoyèrent après eux des 
troupes plus fortes, qui, aussitôt arrivées, n'en laissèrent aucun 
vivant Le fait ne fut pas ébruité ; et ils firent parvenir heureuse- 
ment au Palais les troupes qu'ils conduisaient. 

Le roi reçut les présents et envoya une mission avec beaucoup 
de remerciements par l'intermédiaire d'un ambassadeur; il leur 
écrivit d'abandonner le dessein d'accuser [le roi de Perse] : tr Si vous 
ne prenez pas garde à sa personne, vous en répondrez t). H écrivit 
aussi au roi de donner satisfaction à tout le monde. 

Alors le roi Xosrov fit des cadeaux suivant la mesure qui con- 
venait à chacun, et il les congédia. Puis, partant de l'Atrpalakan . 
il se rendit dans l'Asorestan, dans sa propre demeure royale; il 
s'affermit sur son trône ; puis (^) il remit à l'empereur ce qu'il lui 
avait promis : il donna l'Aruastan tout entier jusqu'à Nisibe; la 
partie de l'Arménie qui était sous sa domination ; la maison Tanute- 
raka jusqu'au fleuve Hurazdan et le district de Kotekh jusqu'au 
bourg de Gapni et jusqu'au bord de la mer des Bznunis; l'Apes- 
tawan et jusqu'au district de Gogovit, jusqu'à Hachiwn et à Maku ; 
la région du régiment de Vaspurakan était au service du roi des 
Perses; parmi les naxarars d'Arménie, beaucoup étaient du côté 
des Grecs et quelques-uns seulement du côté des Perses, il donna 
aussi la plus grande partie de la Géorgie jusqu'à la ville de Tiflis. 
Quanta Muàel l'empereur l'appela au palais, et il ne revit plus sa 
patrie. 

•''Ce pa88a({[e , jiiiv{ii*aii mot TiJIiM, a Mé Inidait par M. Geixer, Georgiu» CtfpriuM, 
praef., p. 5i. 



iS 



FirSTOlRE D'HÉRACLIIIS. 



CHAPITRE IV. 

Pieté de la reine Sirio , femme chëlienne dn roi Xoarov ; 



décret de Xostov. 



[Xosrov] avait plusieurs femmes, selon la loi des mages qui était 
la sienne; il prit pour femmes des chrétiennes; une femme chré- 
tienne, nommée Sirin, très belle, originaire du Xuzastan, était la 
reine des reines; elle bâtit un couvent et une église près de la rési- 
dence royale, et elle y établit des prêtres et des serviteurs ecclésias- 
tiques; elle leur assigna sur le trésor royal des salaires et des frais 
d'entretien et les orna d'or et d'argent. Elle prêchait l'i'vangile du 
royaume [des cieux] dans le palais royal, avec hardiesse et la tête 
haute; et aucun mazdéen, pas même les grands, n'osait ouvrir la 
bouche ni dire quoi que ce fût contre un chrétien. 

[Mais dans la suite , loraque les jours furent accomplis et qu'on fut 
arrivé à l'achèvement du temps, beaucoup de mages, qui s'étaient 
faits chrétiens, subirent le martyre en plusieurs endroits] (*). 

[Xosrov] donna l'ordre suivant : «Qu'aucun infidèle ne se fasse 
chrétien et qu'aucun chrétien ne devienne infidèle; chacun doit 
demeurer ferme dans la loi de ses pères. Quiconque ne tiendra pas 
h la religion de ses pères et s'insurgera contre les lois de ses pères, 
mourra W.D A la grande fête des Rameaux W, ceux qui venaient du 
monastère de dirin et les autres chrétiens allaient à la porte de la 
chambre du roi, lisaient l'Evangile en cérémonie, recevaient des ca- 
deaux du roi et s'en retournaient. Et personne n'osait leur rien dirfe (*^ 



^*) Cet alinéa est évidemment inter- 
polé ; le récit est incohérent. 

('^ 11 y a une nuance dans le récit pa- 
rallèle de Tabari (Tob. Nôld., p. 987- 
988) : (rWie man sagt, slellte Parwéz 
den Chrislen ein Schreiben aus , worin er 
ihnen erlaubte, dass sie ihre Kirchen 
herstellten und dass xu ihrer Religion 
ubergehn kônnte, wer da woUe, mil Aus- 
nalime der Magier.^ Les apostals du maz- 
déisme étaient , en général , punis de mort. 



^^' Sur Torigine du mot arménien 
désignant le dimanche des Rameaux, 
nqaÊf-atikiJù = etikoyYffiévtf , cf. Sebéos, éd. 
Patk., p. 198, s. t., et H. Hûbschmann, 
Arm. Gramm,, 1, p. 368. 

^^) Sur le rôle de Sirin dans la l^ende 
et les traditions populaires, voir entre 
autres le conte : Mâle ou femelle, dans Le» 
Mille nuits et vm nuit, trad. Mardrus, 
t. VII, p. 195 etsuiv. 



CHAPITRE V. 



39 



CHAPITRE V. 

l/emperear Maurice demande aa roi Xosrov le corps de Daniel. 

Vei*s ce temps-là, Tempereur grec demanda au roi de Perse le 
corps de ce mort qui était conservé à daws, dans un bassin de cuivre 
déposé au trésor royal ^^\ que les Perses nommaient Kaw Xosrov et 
que les chrétiens disaient être le corps du prophète Daniel. Le roi 
Xosrov ordonna d accéder à cette demande. Mais la reine Sirin en 
ressentit une vive douleur, et, comme elle ne pouvait faire revenir 
le roi sur sa décision, elle invita tous les chrétiens du pays à implorer 
le Christ par des jeûnes et des prières, pour qu'une telle source de 
grâces ne leur fût point enlevée. 

Tous donc, réunis en cet endroit, adressaient au Christ leurs plus 
aitlentes prières et le suppliaient, en mêlant à leurs larmes des cris 
et des gémissements, d'empêcher la chose. Cependant on amène 
des mulets, on charge le corps sur une voiture royale (^) et Ion 
part. Mais à peine Tescorte a-t-elle franchi les portes de Sawà que 
tarissent les sources qui jaillissaient au milieu de la ville et se 
répandaient au dehors. Toute la population suivait, en faisant 
entendre des clameurs et des lamentations. 



<*> D'âpre Tabari, le cercueil et le 
corps de Daniel se trouvent dans une for- 
teresse près de Suse. Cf. Tab. Nôld., 
p. 58. Une vue du tombeau actuel de 
Danid a été donnée dans La Perte, la 
CkaUée et la Sumane. . ., Paris, 1887, 
p. 6S9, par M"* Jane Dieulafoy, qui fait 
du monument la description suivante 
(p. 660) : (vLe tombeau de Daniel se 
présente au pied et h droite de la haute 
terrasse désignée dans le pa>H sous le 
nom de Kalè Chous (forteresse de Suse). 
Un ODura d*eau marécageux, le Chaour, 
qui jaillit de terre à quelque dix farsakhs 
en amont et va se perdre dans TAb- 
Dixfonl, baigne les murs du saint édi- 
cule... (p. 668-'66<i). La pièce, d« 



dimensions restreintes, blanchie k la 
chaux , couverte d*une voâte, contient une 
construction rectanguinire en forme de 
sarcophage. Le tombeau est entouré d'un 
de ces grillages autour desquels se pro- 
mènent pieusement les mains des fidèles. 
Aux quatre an^es luisent des boules volu- 
mineuses, polies par Tattouchemenl des 
fronts respectueux. Rien do plus, rien de 
moins dans la dernière demeure de 
Daniel. . . <» Une autre vuedudit tombeau 
de Daniel a été donnée dans La Bible 
annotée par une ioeiéti de théologiens 
et de pastewa. Ancien Testament. Les 
Prophètes, II. Paris - Neiichatel (s. d.^, 
|>. 334. 

'-) 'i^éifi^uf^p ff litière , voiture couverte- . 



30 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



I^orsqu on fut arrivé (^) à trois asparèzs de ia ville , les mulets attelés 
au char s arrêtèrent subitement, et il fut impossible de les faire 
avancer'^). Tout à coup ils se mirent à lancer des ruades et, se 
frayant violemment un passage à travers la foule et lescorte, ils 
reprirent leur course vers la ville ; lorsqu'ils en franchirent de nou- 
veau la porte, Teau de la rivière recommença à couler et se répandit 
au dehors en bouillonnant comme auparavant. 

Ces faits furent immédiatement portés à la connaissance de l'em- 
pereur qui ordonna de présenter des offrandes [au saint] et de se 
conformer à sa volonté. [Les Grecs] laissèrent donc là le corps [de 
Daniel] et s'en retournèrent. 



CHAPITRE VI. 

Maurice ëerit à Xosrov pour se plaindre des chefs arniéoiens et de leurs troupes et lui 
propose d^euvoyer en Tliraoe ceux de la partie grecque du pays pendant que ceux 
de la pallie pei'sane seraient envoyés en Orient. - Les chefs de rArmënie grecque 
se réfugient en Perse. - Xosrov envoie le hamanJcar dans la partie grecque avec 
une forte somme d'ai'gent pour attirer de son côte un grand nombre d'Arméniens. 
- Les chefs arméniens enlèvent Tai^nt. - Préparatifs de combat; pourparlers; 
rupture entra les chefs : les uns se rangent du côté des Grecs, les autres du côté 
des Perses. 

En ce lenips-là, l'empereur grec Maurice fit écrire au roi de 
Perse une lettre de plaintes contre tous les chefs arméniens et leurs 
troupes : «r C'est une nation (*) fourbe et indocile, disait-il; ils se 
trouvent entre nous et sont une cause de troubles. Moi, je vais 
rassembler les miens et les envoyer en Thrace ; toi , fais conduire 
los tiens en Orient. S'ils y périssent, ce sont autant d'ennemis cjui 



^•^ Cf. Agalh. (éd.Tiflis),p. 470. 

^""^ Il en est de rattachement des corps 
des sainU pour tel ou tel sanctuaire comme 
de celui des statues. Cf. ce qui arriva k 
une statue que les Français voulaient em- 
porter d'Altengônna, après la bataille 
d*Iéna , dans : Witsschel , Sagen , Sitten uni 
Gebrâuche mu Thwringen. Yienne, 1878, 
in-8*, p. 108, cité imrRené Basset dans 



Hevue des Traditùms populmres , uovembiv 
1903, p. &95. En réalité, rattachement 
ne se produit pas pour tel ou tel sanc- 
tuaire, mais pour tel ou tel lien. Le 
déplacement du fétiche n*a aucune im- 
portance, son eidèvement est grave, car 
le fétiche concentre en lui laclivitc 
vitale. 

^'^ Lire aff^ au lieu de «»fji . 



CHAPITRE VI. 3i 

inouiTout; si, au contraire, ils tuent, ce sont des ennemis qu'ils 
tueront; et quant à nous, nous vivrons en paix. Mais s'ils restent 
dans leur pays, il n y a plus de repos pour nous. ^ 

Les deux rois s'étant mis d'accord, l'empereur donna aussitôt 
l'ordre de réunir tous les siens et de les envoyer en Thrace, et il 
pressa vivement l'exécution de cet ordre. Alors, les Arméniens 
commencèrent à s'enfuir du territoire grec pour aller se soumettre 
aux Perses, en particulier ceux dont les terres se trouvaient sous la 
domination persane. [Xosrov] les recevait tous avec honneur et 
leur faisait des présents plus considérables que l'empereur, mon- 
trant d'autant plus d'empressement à les attirer de son côté qu'il 
les voyait abandonner l'empereur. 

Dès qu'il vit l'empereur grec ainsi abandonné, le roi de Perse 
envoya en Arménie le vaspurakanhamarakar (^) avec de riches 
trésors et de grandes marques de distinction pour attirer les Armé- 
niens à son service. Le hamarakar partit avec de nombreux cha- 
meaux qui portaient l'argent. 

Or, Samuel Vahewuni, et, avec lui plusieurs de ses compagnons, 
allèrent à sa rencontre, et, l'ayant trouvé sur les frontières de 
l'Atrpatakan, ils enlevèrent le trésor; quant au hamarakar, ils lui 
iirent grâce de la vie. Il y avait là Alat Xorxopuni, Samuel Vahe- 
wuni, Mamak Mamikonien, Stephannos de Siunie, Kolit seigneur 
des Amatunis, Théodos Trpatuni et environ deux mille cavaliers. 
Ils avaient l'intention, avec ce trésor, de se rendre maîtres de l'Ar- 
ménie; ils comptaient y trouver le moyen de combattre les deux 
rois et de mettre sous leur autorité tout leur pays. Mais, arrivés 
à la ville de Naxcawan, leur union se brisa; ils n'eurent plus 
confiance les uns dans les autres, partagèrent le trésor et établi- 
rent leurs camps dans la plaine de roseaux que l'on appelle Cahuk. 
De son côté, le hamarakar se rendit à la Porte, raconta au roi tout 
ce qui était arrivé, et les paroles de l'empereur furent justifiées. 

Le roi Xosrov commanda alors d'écrire une lettre à l'empereur 

^'' Le pareepteur du Vagpurakan ; cf. H. Hûbschinaïui.ylnii. GmiiMi., I,p. 80. 



32 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

pour lui demander un secours de troupes, et il envoya en Arménie 
le vaspurakanhamarakar. Aussitôt [l'empereur] ordonna au général 
Héraclius, qui se trouvait alors en Arménie, de prendre son armée 
et de marcher contre les révoltés. Les troupes des deux rois firent 
leur jonction àNaxrawan, et pendant quelles se préparaient à agir 
contre les rebelles, on engagea des pourparlers avec ceux-ci pour 
éviter un combat et TelTusion du sang entre chrétiens; on les enga- 
geait à renoncer à leur mutinerie et à se soumettre de nouveau au 
roi, en leur assurant sous la foi du serment qu'ils n'auraient rien à 
craindre du roi. Le hamarakar lui-même disait : cr Le roi des rois 
m'a envoyé vers vous; c'est pour vous-mêmes que j'ai apporté 
le trésor; vous n'avez donc rien à craindre du roi des rois.*» Et il le 
jurait devant eux suivant leur loi [mazdéenne]. 

La division pénétra alors parmi les Arméniens. Mamak Mami- 
konien, Kotit, seigneur des Amatunis, et Stephannos, ainsi que 
plusieurs autres, se séparèrent de leurs compagnons pour venir se 
justifier devant le hamarakar et mirent leurs troupes au service 
du roi des rois. Mais AtatXorxopuni et Samuel Vahewuni s'enfuirent 
avec leurs soldats vers la ville ouverte appelée Soday et atteignirent 
l'Albanie, en se dirigeant du côté des Huns. Ils traversèrent le 
fleuve appelé Kur, ils campèrent sur la rive. 

Leurs adversaires arrivèrent aussi au bord du fleuve et cam- 
pèrent sur l'autre rive. Et comme les révoltés ne purent se confier 
à la nation des Huns^^), ils demandèrent un serment au roi des 
Grecs et allèrent se mettre à son service. Quelques-uns se rendirent 
auprès du hamarakar et rentrèrent immédiatement dans leurs do- 
maines. Le hamarakar réunit alors tous les nobles et toutes les 
milices de l'Arménie persane, et les ayant ramenés à des senti- 
ments de fidélité par de pressantes exhortations et des paroles bien- 
veillantes, il les divisa en corps de troupe. Puis il les laissa dajis le 
pays avec un petit nombre [de Perses] et s'en retourna après leur 
avoir dit d'attendre qu'il eût rendu compte des événements et que 

'"' Sur le mol 2i""^p"'e ffl^ger«, cf. H. Hiibsclimaim, Arm, Gramm,,l.f. 1 86-187. 



CHAPITRE VU. 33 

l*ordre leur parvint de là-bas de demeurer où ils étaient. Ce qu'il 
avait en vue en agissant ainsi, c'était datlirer à eux les autres 
Arméniens et d'augmenter le nombre [des sujets de la Perse]. 

Quant h Atat Xorxopuni , l'empereur le manda aussitôt au Palais 
avec sa troupe, le combla d'honneurs et de dignités, lui (it de grands 
présents et l'envoya en Thrace. 

CHAPITRE VII. 

Certain» chefs de TAnnënie gi^ecque ^ l'ëvolleiil. 
Combat. - Quelques-uns meureat dans le combat; deux autit» sont décapités. 

Les nobles (*) des Vahewunis se révoltèrent à leur tour contre les 
Grecs; c'étaient Samuel, dont j'ai déjà parlé, Sargis, Varaz Nersèh, 
Nersès, Vstam et Thêodoros Trpatuni. Leur projet était de tuer 
le korator pendant qu'il se trouvait aux eaux, près de la ville de 
Karin, pour se guérir d'une maladie. Mais celui-ci, prévenu, se 
réfugia dans la ville, et les conjurés ne le trouvèrent pas lorsqu'ils 
envahirent la station de bains. Alors ils mirent au pillage tout ce qui 
leur tomba sous la main , firent un riche butin , puis se retirèrent vers 
le pays fortifié des Kordus avec l'intention d'occuper les forts. 

Larmée grecque se mit à leur poui*suite, avec le général Héra* 
clias et Hamazasp Mamikonien. Les Arméniens étant arrivés près 
de la forteresse (^), traversèrent le fleuve D/ermay sur le pont nommé 
Pont de Daniel; puis ils déti*uisireiit le pont, se fortifièrent dans 
le défilé et restèrent à garder le passage. [Les Grecs] étaient sur 
l'autre rive, se demandant ce qu'il y avait à faire. Ils ne trouvaient 
pas de gué et voulaient déjà s'en retourner lorsque tout à coup ils 
rencontrèrent un prêtre itinérant dont ils se saisirent : (r Montre- 
nous, lui dirent-ils, le gué de la rivière ; sinon, nous allons te tuer. ^ 
Il prit alors la télé de l'armée et leur montra le gué un peu plus 

^'' Le mol arménien «^ifiit.^ désigne , spéciale. Est-ce ct'lle de ZHiel, qui, dnuH 

parmi les nobles, ceux qui ne sont pas Thomas Arcnini, fait prlie du canton 

chefs de famille. de Dzermacor. [Cî. Th. Aixrr. trad. 

^*' Il esl ici question d'uno loiiiM^se p. îIîi4). 

aisT. a«ai8ACuc9. 3 



34 HISTOIRE DHERACLILS. 

bas. Toute Farmée passa ainsi de Taotre côté du fleuve : les uns 
allèrenl bloquer la forteresse par derrière, d^autres occupèrent la 
tète du pont et le débouché de la vallée; le reste, pénétrant dans 
ia forteresse, engagea le combat avec les révoltés. 11 y eut un hor- 
nble carnage, mais ceui-ci Bnirent par être exterminés. 

Nersés, Vstam et Samuel , après avoir fait un grand carnage autour 
d'eux , périrent dans le combat; mais Sargis et Varaz Nersèh ainsi que 
quelques autres, furent faits prisonniers, conduits dans la ville de 
Karin et enfin décapités. Lorsqu'ils allaient être exécutés, Varaz Ner- 
sèh dit à Sargis : r Tirons au sort à qui sera le premier mis à mort, 'n 
Mais Sargis lui répondit : cr Je suis un vieillard et un pauvre pécheur; 
je t'en prie, fais-moi la grâce de m accorder un peu de repos, et 
que je ne sois pas témoin de ta mort, -n Et il fut décapité le premier. 

Quant à Thèodoros Trpatuni, il put s'échapper et se réfugia à la 
cour du roi de Perse. Mais celui-ci ordonna de le charger de chaînes 
et de le livrer à ses ennemis^', afin qu'il mourût; il lui fit souffrir 
de grands tourments. 

Les ennemis -' qui venaient du côté de la Thrace désolaient et 
ravageaient l'empire avec leurs armées innombrables et en entre- 
prenant des gueiTes incessantes ils voulaient détruiiH? la nation et 
l'empire romains pour régner eux-mêmes souverainement sur la 
résidence impériale. 

CHAPITRE VIIL 

L enij)ei*eui' donue à se« troupes d'Orient et à celJes d Ai-niéiiie I oixlre de «e rassembler, de 
passer ia mer et d'aller faire la guerre à Tennemi en Thrace ^*K - Muâei e»t chois 
comme gênerai. - Victoire, puis défaite. - Musei est fait prisonnier et mis i mort. 

L'empereur des Grecs ordonna alors à ses troupes des provinces 
orientales de se rassembler parce que l'on était en paix et qu'il 

^'^ Les Grecs. Le gënitiDriv/»!» du début ^'^ Le récit de la cani|)agfie dirigée 

de la phrase est faulif. par Maurice contre les Avares, Sgi- 

('^ Col alinéa appartiendrait plutôt au 5 98, est donné avec beaaooup de dé- 
chapitre suivant, auquel il sert d'intro- tails dans Théoph. Simoc., Y, passîm, 
duction. et reproduit par L^elieatt, X, 35i et suiv. 



GHAPITRK VIII. 35 

n avail plus de difficultés avec Tempire perse au sujet de la Syrie. 
il donna Tordre de leur faire passer la mer et de les diriger vers la 
Thrace pour les employer contre Tennemi. 11 ordonna aussi de ras- 
sembler toute la cavalerie arménienne et en même temps tous les 
nobles naxarars habiles à la guerre et maniant bien la lance dans le 
combat. Il ordonna, en outre, de lever en Arménie une armée 
nombreuse, avec des soldats de bonne volonté et de belle taille, de 
les organiser en corps réguliers, de les armer et de les faire tous 
passer en Thrace pour combattre l'ennemi, sous le commandement 
de Muàet Mamikonien. 

Geux*ci marchèrent contre les nations qui occupent les régions 
occidentales, au bord du grand fleuve nommé Danube. Une bataille 
acharnée fut livrée dans ce pays, et les forces de l'ennemi furent 
défaites par l'armée grecque, mises en fuite et rejetées de l'autre 
côté du Danube. 

Après cette grande victoire, l'armée grecque envoya des mes- 
sagers pour porter en toute hâte la bonne nouvelle à l'empereur et 
à toute la cour. 

Puis l'armée grecque envahit le territoire ennemi, franchit 
des défilés et commença à dévaster tout le pays. Mais ses adversaires 
firent front (^' et une grande bataille eut lieu, dans laquelle ils 
battirent les Grecs, les défirent complètement et les mirent en 
fuite. Ils chassaient les fuyards devant eux et les poursuivaient 
l'épée dans les reins, après leur avoir coupé la retraite en occu- 
pant les défilés. Ceux qui purent échapper se réfugièrent à grand 
peine dans les forteresses de la Thrace. Musel Mamikonien fui fait 
prisonnier, attaché à un grand arbre de la forêt et mis à mort. 
Un grand nombre de nobles et de soldais arméniens périrent ce 
jour-ià. 

L'empereur, ayant réuni une autre armée, ordonna aux troupes 
de se borner à se tenir sur leurs gardes. 

*' Peiit-élre faul-il corriger s***^"*!^ Ju lexle en <ai|»£^«i#/ ? 

3. 



30 HISTOIRE D'HEKACLILS. 



CHAPITRE IX. 

LVmpereur Maurice ordonne de prêcher en Arménie 
la doctrine du concile de Chalcédoine. - Division du sié^ patriarcal. 

Par un nouvel édit de l'empereur, il fut ordonné de prêcher la 
doctrine du concile de Chalcédoine dans toutes les églises d'Arménie, 
et d'unir les Arméniens dans la communion des troupes impériales. 
Les fils delà foi de l'église arménienne s'enfuirent et se retirèrent à 
l'étranger. Beaucoup de prêtres, ne tenant aucun compte de l'édit, 
restèrent et demeurèrent inébranlables ^ pendant que d'autres, mus 
par l'ambition , s'unirent [avec les Grecs] par la sainte communion ('). 
Le siège patriarcal fut partagé entre deux catholicos, l'un nommé 
Moïse, l'autre Jean; le premier pour l'Arménie persane, le second 
pour l'Arménie grecque. 

Jean admettait les Grecs à sa communion, mais Moise ne voulut 
avoir aucun rapport avec eux. Tous les vases sacrés de l'église de 
Saint-Grégoire à Dwin furent emportés [par Jean]^'^) et gardés dans 
la ville de Karin, d'où plus tard Jean lui-même fut emmené en 
captivité pour être transporté en Perse dans la résidence royale 
d'Ahmatan. 

CHAPITRE X.^ 

Nouvel ordi% de Tenipei-eur de recruter de la cavalerie eu Arménie; Sahak Mamikonieii 
el Smbat Bagratuni conduisent les troupes; retour de Smbal en Armënie; conseil 
des uaxarars d'Arménie; Smbat se rend auprès de rem})ereur en compagnie de 
sept personnes. - 11 est jeté à Tarène. - Bravoure que Smbat y montre. ~ Il s'en 
tire sain et sauf et est exile en Afrique. 

En ce temps-là, l'empereur donna Tordre de chercher et de lever 
au pays d'Arménie des cavaliers excellents, complètement armés, 

^*^ Nous lisons tiit.ppi»un.^ , au lieu de sens.Le/^V^^qui suit presque immédiate- 

uiL(tfi,uiu ngt^ . ment parait rendre nécessaire fintroduction 

^*^ Nous lisons ifnp uiiup\u0i. ({«f y^JmV# , du nom de Jean dans la pbrase. Cf. le texte 

au lieu de y/* u»utpu/i» , qui ne donne aucun de ce chapili-e et éd. Patk. , p. 77 , 1. 3 du bas. 



CHAPITRE X. 37 

au nombre de deux mille, de les confier à deux personnes sûres et 
de les faire partir en toute hâte. 

Alors on se mit à rechercher et on choisit deux mille hommes 
d'armes; on les confia à deux personnes sûres; mille à Sahak 
Mamikonien et mille à Smbat Bagratuni , fils de Manuel. Ils prirent 
des chemins différents; on fit passer Sahak Mamikonien avec ses 
mille cavaliers par Sébaste, et Smbat Bagratuni avec Tautre millier 
par le pays des Xahis. Sahak conduisit les troupes jusqu'au palais 
et se présenta au roi. 

Quant à Smbat, une fois arrivé au pays des Xahis, il s y for- 
tifia, car les troupes avaient été prises de crainte en route et ne 
voulaient pas aller là où l'empereur leur demandait de se rendre; 
l'empereur l'ayant appris, promet sons serment, par des messages 
et par des ambassadeurs fidèles, de le renvoyer dans son pays 
avec de grands honneurs. [L'empereur] promettait aux soldats 
beaucoup d'honneurs et de biens; et, les fléchissant ainsi, il les 
amena à capituler. Ils se rendent ensemble et se présentent devant 
le roi. Celui-ci arme les soldats, les équipe et les rassemble sur les 
frontières de Thrace; quant à Smbat, il lui accorde de grands 
honneurs et le renvoie en Arménie, avec beaucoup de biens. 

Les naxarars d'Arménie qui étaient restés se concertèrent de 
nouveau (*! pour demander à être exemptés de servir l'empereur des 
Grecs et pour se donner un roi, afin qu*il ne leur arrivât pas do 
mourir dans les régions de Thrace, et qu'ils pussent vivre et mourir 
dans leur propre pays. Mais leurs conciliabules n'aboutirent à 
aucun accord ferme. Quelques-uns d'entre eux dénoncèrent traî- 
treusement ces desseins et les firent parvenir aux oreilles du roi; et 
d'eux-mêmes ils se dispersèrent et s'enfuirent de divers côtés. 

En ce temps-là arrivèrent les ambassadeurs du roi avec des 
décrets; ils arrêtèrent Smbat avec sept autres personnes et les 

^'^ Cel ëvéneroeiit est placé parSimo- Xosrov 11. Cf. Theophyl. Stmoc. III, 8; 
eaUfl avant la mort de Hormiid, dans Lebeaa, t. X, p. a8& et suiv.; de Murait, 
roninV* qui pi-éffkla Fav^nement de I,p. 9i>o. 



38 HISTOIRE DHÉRACLIUS. 

conduisirent devant le roi. On les interrogea au milieu de la place, 
devant tout le monde , et Tordre fut donné de les déshabiller et 
de les jeter à larène^^'. [Smbat] était puissant de stature et beau 
d'aspect; il était haut et large, vigoureux el sec. Combattant re- 
doutable, il avait déjà^^- montré dans mainte guerre sa bravoure et 
sa vigueur. Sa force était telle que, traversant des forêts touffues 
de cèdres et de grands arbres, monté sur son cheval robuste et vi- 
goureux, il se jetait sur la branche d'un arbre, la saisissait, et, 
serrant entre ses cuisses et ses jambes les flancs de son cheval, il le 
soulevait de terre avec ses jambes, tandis que tous les soldats, à 
cette vue, étaient frappés d'étonnement. 

Ensuite, on le dévêtit, on lui fit mettre une culotte de lutteur 
et on le jeta à Tarène, pour qu'il devint la proie des bêtes. On 
lança sur lui un ours; lorsque Tours fondit sur lui, [Smbat] 
poussa un grand cri et se rua sur [1 animal]; il lui frappe le crâne 
de son poing et l'assomme sur place. — Ensuite, on lâcha sur 
lui un taureau; [Smbat] saisit les cornes du taureau, pousse un 
cri puissaut el, le taureau se fatiguant dans la lutte, il lui tord le 
cou et lui brise les deux cornes sur la tête. Le taureau faiblit et, 
reculant, prend la fuite. [Smbat] le poursuit, lui saisit la queue et 
le sabot d'un des pieds. Le sabot cède et reste dans sa main, tandis 
que le taureau s'enfuit, boitant de son pied mutilé. Une troisième 
fois, on lança sur lui un lion; lorsque le lion se précipita sur lui, 
le Seigneur lui donna un tel succès qu'en saisissant le lion par 
l'oreille, [Smbat] monta dessus, le prit au larynx, l'étrangla el le 
tua. Alors les cris de la foule nombreuse remplirent toute la terre 
et on demandait au roi grâce pour lui. 

Fatigué par la lutte, [Smbat] s'assit sur le lion mort pour se 
reposer un peu. La reine elle-même, tombant aux pieds du roi, 

^'^ Lebeau, d'après Simocalta, raconte xvvriytav, Thierhetzercf. H. Hûbschniann, 

plus sohremont que Sebéos la condamna- Ann, Gramm,, 1, p. SSy. 
lion de Smbat à ^Ire déchire par les bêles •*' H faut peut - être Mve yuÊfùém»r 

flan«t TamphitliëAtre , et la clémence de ("'jusque-là^)), au lieu do j*»/'*^ 

Maurict». VX, lielieau , X , p. 985. lfl>i^>^i(it , ( r alom^ ). 



CHAPITRE XI. 39 

demande grâce pour lui; car cet homme était auparavant aimé du 
roi et de la reine, qui lavaient choisi comme (ils adoptif. [Le roi] 
étonné de la force et de la vigueur de cet homme, et écoutant les 
supplications de sa femme et de toute la cour, ordonna de lui faire 
grâce (^). 

Ensuite, on le conduisit au bain pour le laver; on le lava, on 
rhabilla et on le convia au repas royal; on prit soin de lui [en lui 
servant] des mets [délicats]. Peu de temps après, non par la mau- 
vaise volonté du roi, mais à la suite des médisances d'envieux, [le 
roi] donna Tordre de le mettre dans un bateau [lui et ses compa- 
gnons], et de les exiler dans des îles lointaines. Puis, de là, il 
ordonne de les faire passer en Afrique . . . (^' et de l'incorporer 
aux troupes qui y étaient campées. 

CHAPITRE XI. 

\je» natarars ïaitêé» par le hamarakar sont appelés eu Asorestan et honores 
par le roi Xosrov; leurs li^oupes campent k Aspahan. 

Quant aux naxarars de la partie persane [deTArménie] et à leurs 
troupes, dont j'ai dit plus haut que le hamarakar les avait laissés 
et était parti, jusqu'à l'arrivée de l'ordre royal, les pésaspiks vinrent 
avec des décrets pour les convoquer tous ensemble à la cour royale. 

Voici les noms des naxarars et des ofliciers qui se rendirent 
ensemble, chacun avec ses troupes et son drapeau, à la cour royale 
du roi des Perses Xosrov, la G* année de son règne : i" Gagik 
Mamikonien, fils de Manuel; s"* Pap Bagratide, fils d'Aâot l'aspet; 
3** Xosrov, seigneur des Vahcwunis; /i** Vardan Arcruni; 5** Ma- 
mak Mamikonien; 6® Stephannos Siwni; 7® Kotit, seigneur des 
Aroatunis. Avec eux, [il y avait] d'autres naxarars. Arrivés en 

^'' 1^ di^ence de Maurice est ra- ndanatique, 1866, t. I. p. 19^ et 196. 

conlëe avec moins de détails merveil- '' l^es mots «rj^krA-/ %t»gêÊÊ u0h»f fr •/{} 

lein dansLebeau, X« p. 9 8r>, et n'est ^'"s*^^ partiellement répéU*s dans le 

|His mentionn<^ dans Palknnian. Jovr- nu>mbre de phraf^e suivant « sont olisctii*s. 



40 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

AsorestaiK à ia demeure royale, iis se présentèrent au roi. Celui-ci 
les reçut avec joie et les combla d'honneurs extraordinaires. Il 
ordonna de garder les grands seigneurs au palais, de leur assigner 
des pensions sur le trésor royal, pour chacun d'entre eux, et de les 
inviter chaque jour à la table royale. Il donna Tordre à leurs 
troupes de camper à Spahan, [recommandant] quon les traitât 
d'une manière cordiale et avec toutes sortes de complaisances. 

CHAPITRE XII. 

XosroY jiige ses oncles; meartre de Vndoy ; Vstam Bienfait, &it la guerre contre Xosrov 
et règne dans le pays des Parthes. 

En ce temps-là , le roi Xosrov se proposa de venger la mort de 
son père sur les naxarars qui l'avaient tué. Et d'abord, il veut juger 
ses oncles maternels. 11 ordonna d'arrêter Vndoy, — celui dont j'ai 
parlé plus haut, — de l'enchaîner et de le mettre à mort. Quant 
à son frère Vstam (^), il ne se trouva pas à la cour à ce moment^là. 
Bien qu'on l'eût appelé en lui adressant des paroles trompeuses et 
des flatteries, — comme s'il ne devait pas avoir eu vent de la mort 
de son frère, — lui qui avait été par quelque moyen mis au 
courant des événements, ne tomba pas dans le piège; il se révolta 
et se réfugia dans le pays fortifié de Gelum^*'^), dont il rassembla et 
mit sous ses ordres 1 armée tout entière. 

Il fit une expédition du côté de /?ehf^), et pilla entièrement de 
nombreuses contrées du royaume de Perse. Alors le roi Xosi*ov 
rassembla ses troupes et marclia contre lui; il avait avec lui une 
armée de l'empereur. Le combat eut lieu dans le pays de Aeh. Dans 
cette bataille, les troupes arméniennes se comportèrent avec une 
bravoure que le roi eut occasion de voir et d'admirer. 

^*^ Sur la révolte de Vstam, cf. Tab. mot est orlliographië une fois ft*^ cl 

tSôld., p. /178 et suiv. une fois Q^k; cf. H. Hribsdimann , 

^*^ Sur la forme D^lam (Wlem), cf. Arm. Gramm., I, p. 70. Il s'agit ici 

Tab. Nôld., p. 167, 678, 48o» 484. d'une conlréi» située entre rAtr|Mtakan 

<^^ Dans ce même paragraphe, ce et le Geinm. 



CHAPITRE XIII. ^1 

Gomme le révolté ne pouvait résister, il se réfugia dans les mon* 
lagnes et s y fortifia. Et ainsi ils rentrèrent chacun chez soi sans que 
personne n eût remporté la victoire. Le révolté Ystam alla au pays 
fortifié de Gelum; et de là il passa dans les régions des Parthes, 
qui étaient son véritable domaine, afin de prendre le commande* 
ment des troupes de ces régions et de revenir ensuite. 

Le roi, parti pour TAsorestan, arriva dans sa demeure royale 
accompagné des princes naxarars arméniens. 

CHAPITRE XIII. 

Mort des isxans annëuîens; insurrection de ieura troupes à Spahan. 
Ravage du pays, pillage du trésor et marche contre Vstam. 

Les i&xans arméniens moururent alors : Gagik Maroikonien et 
Xosrov, seigneur des Vahewunis moururent de mort naturelle dans 
le palais royal. Mamak Mamikonien, envoyé en Arménie pour les 
affaires de larmée, à peine arrivé à Dwin, y mourut au bout de 
quelques jours. Stephannos de Si unie se querella avec son oncle 
paternel Sahak au sujet d'une seigneurie qui appartenait à ce der- 
nier. Sahak écrivit contre lui une accusation capitale, qu il scella 
de son sceau, de celui de Tévêque de sa maison et de ceux des 
autres piînces de Siunie, en rappelant au roi la faute qu'avait 
commise [Stephannos] en s*insurgeant [avec ses compagnons]. 

Alors le roi ordonna de lier Stephannos et de le mettre en pri- 
son; on le décapita dans le grand carême, dans la semaine de 
Pâques ('^ Quant à Kotit [le roi ï] envoya à Mrcuin('^) comme am- 
bassadeur et ordonna à des cavaliers de se mettre en embuscade 
dans la campagne; ayant fondu sur lui comme des brigands, ils le 
tuèrent en route. Les troupes [des naxarars]^'', qui étaient campées 
à Spahan , en apprenant ce qui était survenu , se répandirent dans 

('^ C'eat-à-dire la semaine aMNl Pâques. =» «rà Nisibe^ ; cf. J. Marquart, Erâninhr. 
(*> lie texte porte ^ \f^fhmé,fr, qu*ii p. 169. 
faut proKaUenient lire /b W^rF^ ^^^ De Kotit et d'Ktionne. 



42 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

la contrée el la ravagèrent; elles prirent le trésor royal, qui était 
dans la maison du hamavai;ai\ trésor constitué par les impôts pré- 
levés dans ce pays; elles se mirent en route et allèrent à la forte- 
resse de Gehim. L armée de Peroz <*) les poursuivit; elle en tua 
quelques-uns par Tépée; d'autres se donnèrent la mort pour 
n'être pas farts prisonniers; d'autres, échappés à grand' peine, se 
précipitèrent dans la forteresse de Gelum. Comme ils n'y trou- 
vèrent pas Vstam, il se mirent en route et allèrent au pays des 
Parthes; une fois arrivés, ils se présentèrent à lui. 



CHAPITRE XIV^ 

XosroT donne le marzpanat du Vrkaa à Smbat Bagratuni et Thonore beauooap^*^ 
Smbat organise le pays du Vrkan au point de vue religieux et politique. 

En ce temps-là, Smbat Bagratuni plut au roi Xosrov; celui-ci 
lui donna la dignité de marzpan du Vrkan; il le nomma gouvep- 
neur de tout ce pays et lui accorda beaucoup d'honneurs et de 
pouvoirs. 11 le combla d'or et d'argent et le revêtit d'habits précieux 
ol magnifiques. Il lui donna la ceinture et l'épée de son propre 
père Ormizd, lui remit le commandement des troupes persanes et 
arméniennes et lui ordonna de se rendre dans son gouvernement. 

A cette époque, les pays portant les noms d'Amal, de floyean, 
de Dzréèan et de Taparastan étaient insurgés contre le roi de 
Perse: il leur fit une guerre victorieuse, les frappa de l'épée et les 



('^ Le texte {éA, Patk. , p. 58) porte 
bien fun^'k* Ê^h-puiim^iAÊ irramif^ de Pe- 
rozn, ce qui ne donne pas un sens satis- 
faisant; peut-étœ faut-il y voir une faute 
de copiste et comprendre : Tarinée des 
Perses , ou plutôt voir dans perozakan un 
adjectif signifiant t7ictonftu?, d'après Peroz 
^vainqueur: cf. H. Hubschmann, Arm, 
(iramm,, I, p. 68. Ce mot n existe pas 
dans cfantres passages avec le sens «pie 
nous lui attribnons. 



('^ Ce chapitre semble avoir ëtë utilise 
par Samuel d*Ani, Chrm., s. a. 696. 

'^ Smbat Bagratuni eut le maripanat 
du Vrkan de SgS-Goa. Sur Fidentitëde 
Vrkan = tpxarioi = pers. Gui^n, cf. 
H. Hûbschinann, iirm. (rramm.9l,p.86, 
et J. Marquart, Erânsakr, p. 79. Un 
quartier de Niçabour était appeif' WerkAm ; 
cf. C. Barbier de Meynard, DietiaiuMÎrt 
géographique. . , de fn Perse, ... p. 588, 



CHAPITRE XV. 43 

mit sous la domination du roi de Perse; il restaura le pays entier 
de son marzpanat, car la contrée était ruinée. 11 y avait dans cette 
région des captifs arméniens, campés sur la lisière du grand désert , 
du côté du Thurkhastan et du Delhastan. Us avaient oublié leur 
longue, ignoraient récriture (^) et n'avaient pas de prêtres. Il y avait 
aussi des Kodreens, qui avaient été faits prisonniers avec les nôtres; 
il y avait également beaucoup d'hommes de l'empire grec et de la 
région syrienne. 

Les Kudreens étaient païens, mais une grande lumière brilla 
sur les chrétiens; ils raffermirent leur foi, apprirent l'écriture et 
leur langue et établirent comme prêtre de leur pays l'un d'entre 
eux nommé Abel. 

CHAPITRE XV. 

ArriY<^ de Vstom en Asorestan pour taer Xosrov et prendre son royaume. — Pariovk , 
roi des Khii^ns, le fait mourir par ruse. Petite guerre au pays du Vrkan. 

En ce temps-là (*-*', Vstam soumit à son autorité les deux rois des 
Khuàans, Sawg et Pariovk; il rassembla toutes les troupes de la 
ri'gion orientale, et marcha sur l'Asorestan avec une armée forte 
et puissante, pour tuer Xosrov(^) et s'emparer de son myaume. 
Ses troupes étaient campées à l'écart, à droite et à gauche. Le roi 
des KhuAans, Pariovk, était derrière lui. Alors, en traître, le roi des 
Khusans conçut une ruse, il passa devant [Vstam] avec peu 
d'hommes; puis, descendant de cheval, il se prosterna contre terre 
sept fois. [Vstam] s'avança et lui ordonna de remonter de suite à 
cheval ; or une embuscade était tendue sur la route. Pariovk dit : 
<r Ordonne à l'escorte de s'écarter de toi, car j'ai une communication 
à faire an roi.T» Le roi, qui ne soupçonnait pas de fourberie, com- 
manda aux gens de s'écarter. Comme ils [Vstam et Pariovk] mar- 
chaient et parlaient, les hommes embusqués sortirent subitement 

" Le mot fÊ^f»t,pfn^» est ambigu; il ^'^ En 595;cf. J. Marquart, Ërânkahr, 

signifie^alementrrrtfvrfet^i^ri^iifmeiil, p. 65. 
tùMmntmtf de la doctrine (reliffiettnef), t*' Xosrov II. 



HH HISTOIRE D HER.ACLUS. 

de leur cachette, ils frappèrent et tuèrent Vstam. Pariovk avait 
fixé un rendez -TOUS à ses troupes; il leur donna rapidement 
la nouvelle; ses soldats s'élancèrent en tonte hâte à sa suite, et 
eulevèrent la femme de Vstam, tous ses biens et tons ses meubles; 
puis ils se hâtèrent de revenir et de s'éloigner. 

Ce nest que plus tard, quelques jours après, que toutes les 
troupes apprirent ces événements; se trouvant ainsi abandonnées, 
elles se séparèrent et chacun rentra chex soi. Et s en allèrent aussi 
les troupes de Getum, qui étaient avec lui; elles arrivèrent rapide- 
ment dans les forteresses de leur pays. De même, ces Arméniens, 
qui s'étaient insurgés contre Smbat et s'étaient rendus chez Vstam , 
étaient avec eux. Lorsqu'ils vinrent au pays appelé Komâ (^), situé 
de l'autre côté du Vrkan, dans la région de la montagne qui sépare 
ces deux pays, ils arrivèrent au village appelé Xekewand. 

Sahr Vahric et le marzpan Smbat du Gurkan, avec beaucoup 
de monde, marchèrent à leur rencontre. Les troupes de Gelum 
ne comptaient pas plus de deux mille hommes. Il y eut une ba- 
taille dans celte contrée; [ces troupes] massacrèrent les troupes 
persanes, les mirent en fuite et les poursuivirent, en tuant beau- 
coup et en capturant un grand nombre; ensuite ils s'en retournèrent 
et campèrent près du lieu du combat, toujours en compagnie des 
Arméniens [révoltés]. Beaucoup de soldats et d'Arméniens qui 
étaient avec le marzpan Smbat périrent dans cette affaire. 

CHAPITRE XVL 

Découverte d'un morceau de la crois. 

lin homme, nommé Yosèph, avait eu un songe trois mois avant 
ce combat : trUn homme, dit-il, d'un aspect merveilleux, s'étant 
approché me dit : il y aura une guerre dans trois mois; beaucoup 
succomberont dans le combat, mais toi, tu iras sur le lieu du 

^'^ Var. Koim, R^ion au md du TabarisUn. Cf. tii/r/i , Tlndex, s. v. 



CHAPITRE XVn. 



&5 



combat; et voici quel signe tu observeras : loi*sque tu verras un 
homme tombé à terre, dont le corps brillera parmi tous les cadavres , 
alors tu iras et tu prendras avec toi ce que tu trouveras sur lui. 
Fais attention, dit*il , n oublie pas ; car c'est un miracle. y> Yosèph se 
leva et partit; et lorsqu'il fut arrivé à Tendroit [désigné], il trouva 
ce qui lui avait été annoncé dans la vision qu'il avait eue, après 
avoir déshabillé [l'homme en question] et tous les cadavres. Cet 
homme avait une bougette'^) en cuir sous l'épaule ; son corps était 
parmi les cadavres; Yosèph s'approcha, prit la bougette, vit qu'il 
y avait une botte en argent et une croix à l'intérieur, dans laquelle 
se trouvait un grand morceau de la croix de Notre-Seigneur (^). 11 
s'en signa, et, après l'avoir pris, il rejoignit ses camarades. 

Toutes les troupes paitirent du champ de bataille et arrivèrent 
aux forteresses de leur pays. Alors le roi manda auprès de lui 
Vahric et envoya à Smbat de [grandes marques] de reconnais- 
sance, car il avait été repoussé en combattant loyalement et n'avait 
pas déserté son poste; il n'avait pris la fuite qu'après tous les 
autres. 

CHAPITRE XVII. 

Guerre de Smbat contre ses ennemis ; il est victorieux et reçoit des honneurs plus 
grands et des cadeaux plus magnifiques que tous les manepans. Le Ois de Smbat, 
Varaxtiroch, est nomme ëehanson du roi. Construction de réjgiise de Saint- 
Gr^ire : avènement d*un cathoUcos. 

L année suivante, toutes les troupes des ennemis se réunii*ent; 
elles allèrent s'établir ^) dans le canton de Taparastan; Smbat 
réunit, lui aussi, toutes ses troupes et partit en guerre contre eux. 



'') Le mot 2fr^^P ^ synonyme de 
JmfmÊi; cf. Guy de Lusignan, Noweam 
Dielimmaire ilhuiri /rançaU- arménien, 
Paris, 1900, 1, p. 3o5, s. v, bougette. 

^ Un morceau du bois de la vraie 
croix se trouve au monastère de Hachu- 
neadi daSd, près de Naxèawan; il y fut 
placé par une princesse de Siunic, après 
qu*Hëraciiu8 eut dâivré la croix de Tes- 



clavage des Persans. Cf. Saint -Martin, 
Mimoire$. . . tur l'Arménie, II, p. iaS. 
On consultera avec fruit sur celte ques- 
tion : F. de Mély, Reliquei de ConêlanH" 
nopky dans Heme de l'art dlréfiai, jan- 
vier 1897. 

^'^ Le texte porte : fiêml^lsfù (relies de- 
meuraient n : peut-être Mcraii-il prëff^blc 
de lire |iM»>'M'f t^ ^r elles cam|Hiienl«>. 



46 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS. 

Le Seigneur Dieu livra 1 armée des ennemis aux mains de Smbal, 
qui extermina tout avec Tépée. Les survivants s'enfuirent en dé- 
route dans leur pays. Ceux qui étaient avec (^) eux demandèrent un 
serment et des garanties ; ils vinrent se présenter devant Smbat. 
Yosêph, dont nous avons parlé, était avec eux. Ensuite Yosèph 
lui présenta sa trouvaille (^) et lui raconta sa vision ; puis il ra- 
conta également les nombreux miracles quil avait faits parmi les 
païens. Alors Smbat se leva, puis s'agenouilla devant [le mor- 
ceau de la croix]; et Tayant pris, il s'en signa; puis il le remit 
aux mains de Mibrui^^^ homme pieux qu'il avait établi [comme 
intendant] sur sa maison, fidèle, obéissant, de la famille Dimakii- 
sean(^); il le déposa dans Tégiise qu'administraient les prêtres de 
sa cour. 

Alors le roi lui adresse un décret, [lui exprimant] sa grande 
satisfaction, par lequel il le comble d'honneurs, lui accordant un 
rang plus élevé que tous les marzpans de son royaume ; il lui en- 
voie des coupes d'échausons toutes en or et des vêtements royaux, 
des tiares dorées , des jambarts*^) ornés de diamants et de perles W; 
il nomme échanson servant le vin au roi le fils [de Smbat], Varaz- 
tiroch, qu'il avait élevé comme un de ses fils et qui était haute- 
ment considéré par toute la cour ^"'. 

Smbat exerça le marzpanat sur ce pays pendant huit ans^^^. 



^'' Les Amiëniens qui s'étaient joints 
nux ennemis du roi de Perse. 

'*^ Le ÛTigment de ia vraie croix dont 
il a été question au chapitre précédent. 

'^'^ Le pcrs. MiÀrôî de Nôld., Siud., 
I, s 3. Cf. H. Hfibschmann , Artn. Gramm,, 
I, p. 54. 

'*) Sur cette famille et le sens du mot 
(= Balafré), cf. Moïse de Xoren, His- 
taire d'Arménie, II, 4 7, et la trod. dans 
Langlois, CA>lleetwn, . .^ II, p. 10&, n. a. 

^'"^ Le mot fiiAr^piiayuAf d'oH^ue ira- 
nienne et désignant littéralement «rgarde* 
jambes « est difficile à traduire; on le 



rend par ^r caleçons, pantalons ,jambartsr. 
Il désigne la partie du vêtement adhé- 
i*enteaa corps. Cf. Daniel, m, p. 91, et 
H. Hûbschmann, Arm, Gratnm., I,p. 1 69. 
C'est la xrepiKVïffiis des Grecs. 

^*' Cf. Dulaurier , Ckroml. armén. , 
p. 317. 

^^^ Sur rhabitude qu'on avait, à la 
cour des Sassanides comme à celle des 
Achéménides, de faire élever les jeunes 
nobles sous la direction d*un fonction- 
naire supérieur, cf. Tab. Nôld., p. SBq 
et hki. 

^'^ Cf. «tipra, chap. xiv, u. 3. 



CHAPITRE XVIII. 47 

Après ceia, l'ordre vint de l'inviter, avec de grands égards, à la 
cour royale; puis il l'autorisa h se rendre dans son pays, l'an 18 
de son règne 

Or [Smbat] demanda au roi l'autorisation de reconstruire 
l'église de Saint-Grégoire, qui était dans la ville de Dwin. Comnic 
le bienheureux catholicos Moise (^) était décédé et qu'il n y avait pas 
de vardapet dans cet endroit, il s'empressa de demander encore 
une fois au roi la permission; l'ordre étant arrivé dans sou pays, 
il demande à ce qu'on établit sur le siège suprême un directeur 
qui prît soin de l'église et dirigeât son salut. On établit Abraham ('^' 
Tévèque des Astunis, sur le siège patriarcal, puis on se mit à poser 
les fondements de l'église; il rassembla des artisans pour la pierre 
et mit à leur tète des surveillants fidèles ; il donna l'ordre de mener 
à bonne fin, en hâte [l'entreprise]. Le gouverneur de la forte- 
resse et le marzpan écrivirent une dénonciation au roi : « [ L'Eglise] 
est trop près de la forteresse et il en peut résulter un danger du 
cAté de l'ennemi, j* 

Le roi ordonna que «la forteresse serait détruite et l'église 
reconstruite au même endroit, n Amen. 



CHAPITRE XVIIL 

Sabai est appelë à h cour de Perse : il est élevé au rang seigneurial, qui e»i appeh* 
Xosrov Snum. Il poursuit les Xhunans: meurtre de Datoyean; Snibat va encore 
attaquer avec les naxarars d* Arménie la nation des KhuAans et des Hephtha- 
lîtes; combat singulier: Smbat triomphe et se rend en grande pomp^ à la cour. 

Lorsque l'hiver fut passé, à l'arrivée du printemps, les cour- 
riers apportèrent des décrets invitant [Smbat] à [se rendre] en 
grande pompe à la cour royale. Il alla se présenter devant le roi 



^'^ Moïse IL palriacbe de 55 1 à Bgi; ^*' Abraham I, succéda à Moïse II eu 

en 58t, à cause de son grand âge, il SgA et occupa le siège patriarcal jus- 

s'adjoignit comme coadjuteur Vertanès; ({uVn 600: cf. Saint-Martin. MémoircM, 

cf. Sunt-Martin, Mimoireê, L p. 438. I, p. 638. 



M HISTOIRE D^HÉRACLIUS. 

dans le grand palais appelé dastakerij puis se rendit dans la salle 
de réception et il s'assit sur le bob(^) et le pahtak. 

Alors le roi lui donne la dignité seigneuriale qui s appelle Xosrov 
Snum(*^), le pare richement d'une tiare et d'une tunique en bysse 
dorée; il l'honore grandement dans une tente ornée de diamants, 
par un bataillon et un trône d'argent. • J^\ 

Il lui donne des trompettes à quatre voix et des gens de la suile 
royale pour lui servir de gardes à sa porte ; il rassemble pour lui 
une armée grande et terrible [pour aller] en Orient, au pays des 
Khusans et lui ordonne de nommer marzpan qui il voudra. 

[Smbat] partit et arriva à Koms, le pays le plus proche de sa 
seigneurie; il appela auprès de lui, du Yrkan, Tarmée de ses 
compatriotes, et alla tout droit en Orient. 

Voici les isxans naxarars d'Arménie qui allèrent avec lui , cha- 
cun avec sa troupe et son drapeau : Yarazsapuh Arcruni, Sargis 
Tayechi, Artawazd, Ystam et Hmayeak Apahuni, Manuel, seigneur 
des Apahunis, Vpam, seigneur des Gohhieus, Sargis Dimakhsean, 
Sargis Trpatuni et d'autres naxarars; puis ses propres soldats, 
environ deux mille cavaliers de ce pays. Il vit que les troupes des 
Khusans s'étaient répandues sur tout le pays et le ravageaient; 
lorsqu'ils apprirent son arrivée, ils se rassemblèrent et partirent. 
Et lui, se pressant à leur poursuite, les rejoignit bientôt. Quant à 
eux, en le voyant les rejoindre, ils se retournèrent et firent front; 
il y eut une bataille; les troupes des Khusans se mirent en fuite et 
furent défaites par les troupes de Xosrov Snum ; beaucoup furent 
tués, un grand nombrç^ échappèrent par la fuite. Smbat revint 

(*) |iM|K == lapis, coussin , cf. H. Hûbsch- tuni par le roi Xosrov II, et signifiant : 

mann , Armen, Gramm, ^ 1. 1 , p. 1 9 1 ; le tr Joie de Xosrov n . Cf. H . HûbschniQnn , 

second mot, visiblement iranien comme Ann. Gramn., I, p. ai&. 

le premier, n'est pas identifie; Patkanian ^^^ Le passage iÊipSui^mL. ^ ^a» ^5^- 

écrit |m»<ftt»f an lieu de mim^fui^^ sans 2Cmm!ù . . . miinÊÊpifki (éd. Pad, p. 65, 

donner de raison. 1. 5 ) est incompréhensible. M. MeiUet nons 

^*^ Snum k cAté de la variante ium; signalequePatkanian a renoncé à traduire, 

litre honorifique accordé h Smbat Bagra- Cf. H. Hiibschmann, Arm» Gram,, I, p. i3o. 



CHAPITRE XVIIL 



ti9 



camper à Apr Sabr^*) et dans le canton de Tos*^); et s'établit lui- 
même avec trois cents hommes au bourg qui s'appelle Xpoxt'^). 

Alors les rois des Khuâans demandèrent des secours au grand 
Xakhan, roi des régions du Nord. Une armée de trente mille 
hommes arriva à leur secours, en traversant le fleuve nommé 
Vehpot, qui sort du Thurkhastan, du pays d'Ewitat [passe] par 
Dionos ephesteay, §amn et Bramn et va couler aux Indes (^). Ils 
demeurèrent sur les bords du fleuve et envoyèrent des bandes 
pillardes vers l'occident ; puis, survenant soudain, ils assiégèrent 
le bourg qui était entouré d'un rempart fortifié. 

Alors Smbat ordonne à ses trois cents hommes de se retirer 
dans la petite forteresse qui se trouvait au milieu du bourg. Il 
monta à cheval avec trois hommes dont les noms étaient : Sargis 
Dimakhsean , Sargis Trpatuni et un des porteurs d'armes à cheval 
du village nommé Smbatik. Se ruant subitement vers la porte, 
ils fendirent la troupe qui gardait et s'en allèrent. Les trois cents 
qui étaient barricadés dans la forteresse, au milieu du bourg, 
résistèrent aux soldats [du Xakhan]. Or le commandant de cette 
troupe était un prince persan, nommé Datoyean, par ordre royal. 



<*> Cf.Tab. Nôld,p. 17. 

<*> Cr. Thons, dans : Barbier de Mey- 
nard, Diaiomiaire géographique . , , de la 
Pêne, . ., p. SgS-Sgô : irViOe du Klio- 
raçftn, à 10 farsaklis environ de Niça- 
bour; elle est formée par deux villes, 
Thaherén et Nouqdn; plus de mille bour- 
gades dépendent de son territoire. « 

^^ Komopolts ; cf. J. Marquart, Erân- 
iakr, p. 66. Le manuscrit porte : 

\iffafmmm = XrOXOt. 

<*) Pour ce passage assez obscur, cf. 
J. Maïqnart, Èrâniahr, p. 1&8 : ...«rsie 
uberschritten den Flnss, wdcher Wehrol 
heisst, wdcher ans dem Lande Turk as- 
tan entspringt und das Land Evitât, 
Dîoiiof qi'esleafl' (Aïoir^ov i^étflta), 
die Bnddhîsten (Somii) und Brahmanen 

nirr. vni^ncxits. 



{Bramn) umfliesct und in Indien mûndet. 
Dionos ep'esteajk d. i. Aiof^ov é^éalia 
ist Nûffc, die Grûndung des Dionysos 
unter dem Berge Meru . . . Wir haben 
hier also bereits die Idenlifikation des 
Phison, der das Land liawîlâ {EùetXàr) 
umfliesst (Gen. , ti , 11), mit dem Wêli- 
rot und dem Indus oder Ganges. Vgl. 
unsem Geographen, p. &3 : frUnd Ptlo- 
mSos zeigt, dass es 7 FliJsse gibt mit 
eigenen Nameu, die vereinigt Pison 
heisseu, bei den Gymnosophisten . . . 
Und die Perser nennen sie das Volk 
Samn und Bramn.^ Ëvilat wurde schon 
frùhieitig mit dem Lande der Gymno- 
sophisten gleichgeselzt . . . «. — Cf. H. 
Hiibschmann, Armenische Grammatik, 
t. I, p. 8&. 



50 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

Or, quoique Smbat, c est-à-dire Xosrov Snum, lui envoie foitlre 
de fuir, lui, ne voulant pas suivre cet ordre, gagne la bataille 
contre eux; mais ceux-ci battent les soldats persans et mettent en 
fuite Datoyean. Et se répandant en bandes pillardes, ils firent 
irruption jusqu'aux confins de Reh et du canton d'Aspahan. Us 
ravagèrent tout le pays et revinrent à leur campement. L'ordre 
étant arrivé du grand Xakhan à Gembux ('), ils traversèrent le 
fleuve (^) et revinrent chez eux. Ensuite un envoyé de la cour arriva 
pour faire une enquête sur Smbat et Datoyean; [c'était] un naxarar 
en chef, dont le nom était Sahrapan Bandakan. Tout le reste de 
Tannée justifia Smbat; Datoyean, conduit à la cour et enchatné, 
fut mis à mort par [ordre du] roi. Alors Smbat rassemble les sol- 
dats, réunit et arme d'autres troupes nombreuses pour l'assister 
et il marche contre la nation des Khusans et le roi Hephthalite('). 
Celui-ci part contre lui avec de grandes forces ; ils arrivèrent au 
lieu du combat et se rangèrent en bataille les uns contre les autres. 
Alors, le roi des Khusans envoie un messager à Smbat et [lui] 
dit : (T A quoi bon faire la guerre ainsi en grand nombre et 
épuiser nos armées? En quoi connattra-t-on par là ma vaillance 
et la tienne? Viens, moi et toi nous nous battrons seuls. Je serai 
le champion de mon côté, et toi du tien. Et aujourd'hui tu con- 
naîtras ma bravoure.?) [Smbat] mettant la main sur sa poitrine, 
dit : ffJe suis prêt à mourir, t) De part et d'autre, ils se ruent l'un 
sur l'autre avec une grande fureur et arrivent en face l'un de 
l'autre; entre les deux fronts de bataille, ils luttèrent et, pendant 
un temps, ne purent se vaincre l'un et l'autre, car tous deux étaient 
des hommes forts et solidement armés. Par un secours d'en haut, 
la lance de Smbat déchire la cote de mailles et l'armure solide du 
roi des Khuàans; il le frappe de toutes ses forces et le renverse 
par terre. Les soldats du roi, le voyant ainsi, furent épouvantés et 

^*^ Le général en chef des Turcs; cf. ('> Qui est aussi appdé roi des 

J. Marquart, Erâniakr, p. 66, S&7. Khudans. Cf. J. Marqoart, Briniakr, 

^'^ Le Vehpot ou Oxus. p. 66. 



CHAPITRE XIX. 51 

se mirent à fuir; ceux [de Sihbat] les poursuivirent et arrivèrent, 
en pillant, jusqu'à Bahi Sahastan des Khusans, ravageant tout le 
pays, Har et YatagèsO, tout le Toxorostayn et le Talakan, ils 
semparèrent de nombreuses forteresses, les démolirent, puis 
revinrent en grande victoire, avec beaucoup de butin et ils allèrent 
habiter dans les cantons deMarg et de Marg|Oot(^). 

Alors les messagers de bonne nouvelle arrivèrent en hâte auprès 
du roi Xosrov et racontèrent en détail les exploits accomplis. Le 
roi Xosrov éprouva une grande joie et ordonna de parer un grand 
éléphant et de l'amener dans la salle de réceptionnai Puis il 
donne Tordre de faire monter dessus Yaraztiroch, fils [de Smbat], 
que le roi appelait Dzavitean Xosrov (^). Il commande de distribuer 
des trésors à la foule et il écrit à [Smbat] un décret de grande sa- 
tisfaction, l'invitant à sa cour [pour y être reçu] en grand hon- 
neur et magnificence. 

CHAPITRE \l\ 

Siubat meurt en lempH de paix. Len iiaxarars d'Arménie s'insurgent contre les PerM» 
* et se mettent au »ervioe du Xakhan, roi du Nord. 

Lorsque [Smbat] ne fut plus qu'à une étape delà cour royale, le 
roi donna Tordre à tous ses naxai*ars et à ses soldats d aller au- 
devant de lui; il ordonna également aux auxiliaires de lui conduire 
un cheval de Técurie royale, avec un harnachement royal. [Smbat] 
se présenta ainsi devant le roi en grande pompe et magnifi- 
cence. 



^^^ Le texte porte f.A'^r ^ filimi»^» 
qa'il faut lire z-Harev z Vatagêt. Z^^^ 
Hrev, ville et pays , actuellement lierai; 
cf. H. Hûbflchmann. Arm, Gramm,^ l, 
p. &8 Pi J. Marquail, Brâtiiakr, p. 7O 
etsuiv. 

"^ Merw er-roud et Merw ctich-SfLa- 
liidjàn ; cf. Bai^bier de Me)uard, Dielion" 
maire giograpkique . , , de la Pêne. . . , 



p. 095 et suiv., et H. Hôbschmann, Aîtr. 
Gramin., I, p. 5i. 

(') 'Y^i,è2t (dahliè), naalo^ptop, 
Zelle, HaUe, Vorhalle; cf. H. Hfibech- 
mann, Arm. Gramm,, 1, p. i33. 

^*' «rËtemel-Xosrovn , titre honorifique 
donne à Yaraztiroch par Xosrov II. Cf. 
H. Hûbschmaiin , irmenittche Gramm. , I, 
p. 68. 



4. 



52 



HISTOIRE D HERÂGLIIJS. 



[Le roi] le voyant, le reçut avec joie, et étendit vers lui sa 
main; [Smbat] la baisa et se prosterna. Alors le roi lui dit : (tTu 
as agi avec loyauté, et nous sommes très content de toi; désormais, 
ne te fatigue plus à faire la guerre; reste ici près de nous; prends, 
mange et bois, et partage notre joie.?) Il était le troisième naxarar 
dans le palais du roi Xosrov. Peu de temps après, il mourut, la 
*j8'' année du règne [de Xosrov^^']. Quanta son cadavre, on le trans- 
porta en Arménie, dans son propre caveau; on le déposa dans une 
tombe, au village de Dariwn(^), dans le canton de Gogovit(^). 

Ensuite [les Arméniens?] s'insurgèrent et allèrent se mettre au 
service du grand xakhan, roi des régions du Nord, conduits par 
Gépetux le Chinois (^); puis, se rendant de l'est vers louest, dans 
les régions septentrionales, ils se mêlèrent aux soldats de ce Gé- 
petux, sur Tordre de leur roi le xakhan. Sortant avec une grande 
multitude de soldats par la porte de Cor(^), ils se portèrent au 
secours de l'empereur des Grecs f*^'. 



<*> (rSempad, après avoir rendu de 
nouveaux services au roi de Perse dans 
ses guerres conire les peuples du Tur- 
kestan, mourut, en 601, à Madaïn, ca- 
pitale de la Perse, d*on on le transporta 
en Arménie , à Taronk'h , dans la province 
de Gok, pour le déposer dans le tom- 
beau de ses aïeux. d Cf. J. Saint-Martin, 
Mémoires hUtoriques et géographiques sur 
r Arménie, l, p. 333. En 617, d*après 
Patkanian , Journal asiatique, 1866, I, 
p. 196. 

^*' Nommé aussi Taronkh, ancienne 
forteresse de la province de Gok. Pour les 
variantes de ce norn , cf. J. Saint-Martin , 
op, ciL, II, p. &61, n. 5o. 

^^) Un des 19 cantons de la province 
Ararat. Cf. J. Saint- Martin , op. cit, II, 
p. 367. 

^* îJfr'fcwttwfiit'ii signifie proprement la 
Chine; cf. H. Hûbschmann , Arm, Gramm., 
I, p. 49. 

^^ (ionnue aussi sous le nom de Porte 



de Derbend et qui se trouve à Tendroit 
où le Caucase aboutit à la Caspienne. 
Langlois {CoUection des historiens. . . de 
l'Arménie, t. II, p. 11&, n. 7) identifie 
ce défilé avec la Porte des Alains, que 
Saint-Martin {Mémoires, . . , t II, p. 193* 
19&) identiGe avec la Porte de Dariel, 
les Portes caucasiennes ou Portes cas- 
piennes, crdéGlé situé au milieu du mont 
Caucase et qui donne entrée dans la 
Géorgie 9>. Pour plus de renseignements, 
cf. J. Marquart, EràMohr, t. r. C'est la, 
d'après la l^nde, qu'Alexandre aurait 
fait construire une porte de fer, connue 
aussi sous le nom de Porte des Huns. Cf. 
Extraits de la chronique de Maribas Kal- 
doyo. . . , dans Journal asiatique, mai- 
juin 1903, p. 539, n. 9. 

^*) C'est le seul endroit où Sebéos 
parle des secours que les Khaxars four- 
nirent h Iléraclius lors de sa guerre 
contre Xosrov II. Cf. Patkanian , /ewriNit 
asiatique, 1866, p. s 96, n. h. 



CHAPITRE XX. 53 



CHAPITRE XX. 

Insurrection du grand patrice Atat Xorxopuni; sa mort. 
Les sabmanakals de» Perses et des Grecs. 

Et maintenant, que dirai-je de la nouvelle insurrection d\Atat 
Xorxopuni? Il était grand patrice; pour cette raison, le roi ordonna 
de le mander au palais; il 8*y rendit avec 70 hommes; [le roi] 
rhonora beaucoup, lui et ceux de sa suite, et lui fit une réception 
comme il convenait. Il lui donna des vases en or et en argent et 
beaucoup de trésors. 

Puis il lui ordonna d'aller à Thirak(^) rejoindre son armée; 
[Atat] prit congé du roi et partit. Pendant quil était en route, il 
conçut le projet de se révolter et de se rendre auprès du roi de 
Perse. Après 8*ètre détourné de son chemin, il alla au bord de la 
mer où il rencontra un navire; il dit aux marins : cr Passez-moi de 
Tautre cAté, car je suis envoyé par le roi pour une affaire impor- 
tante.^ II gagna quelques marins, qui le firent passer et il partit 
rapidement ; il fit diligence et arriva en Arménie. Personne ne sa- 
vait le chemin qu'il prendrait, jusqu'à ce qu'il fut éloigné de la 
merde plusieurs étapes. Lorsqu'on sut où il allait, les armées de 
quelques villes s'opposèrent à lui, mais elles ne purent l'arrêter; il 
leur livra bataille huit ou dix fois sur sa route et fut toujours vic- 
torieux. Quoique le nombre de ses soldats diminuât, il arriva tout 
de même rapidement à Naxcawant^). Les Perses le reçurent et il 
se fortifia dans la forteresse. Alors lestratelat(^) rassembla toutes ses 
troupes et alla investir et assiéger la forteresse. 

Le roi Xosrov, l'ayant appris, envoya contre eux Parsayenpet 
avec l'armée; lorsque celle-ci fut arrivée, [les soldats du stratelat] 

•*) Le leite porte bien t Shh'^i (^ ^^' H 8*agit proi)ablenient de Nersès 

Tbirak), probablement en Tkrace. Stratelat de Syrie, un des gënëraiu en- 

'*) Celte ville renferme le tombeau de voyés par Maurice au secours de Xosro\ . 

Noë. Cf. Saint-Martin, Mhmtrtt. . . «ifr Cf. Patkanian, Journai ttiiatiquf, i8(>6 , 

tArméme^ H, p. 4<)3. p. i()3. 



5^1 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



quittèrent le siège delà ville et s en allèrent. [Âtat] se hâta d'aller 
chez le roi de Perse, qui le reçut amicalement, Thonora beaucoup, 
lui donna des trésors et lui assigna un traitement sur le trésor 
royal. 

Un an après, Maurice mourut W et Phocas régna. Alors [Atat] 
conçut le projet de se révolter et d'aller chez l'empereur des Grecs; il 
commença à préparer des chevaux arabes et à tenir pièt l'équi- 
pement; puis il engagea auprès de lui des brigands. Le roi l'apprit; 
il ordonna de lui lier pieds et mains et de le faire périr sous les 
coups. 

Voici les [noms des] sahmanakals du royaume de Perse, Tannée 
[où fut rétablie] la paix en Arménie, à Dwin : Vandatakan'^), 
Nixawrakan^'), qui fut tué par l'armée persane à Dwin (et celle-ci, 
après s'être révoltée, était allée à Gelum). Ensuite MerkutW, Yaz- 
dèn^^), Butmah(^), Yemann^'^); du côté grec, d'abord lepatrice Jean, 
ensuite Heraki(^) et le général Surèn. [Et ceci] pendant les treize 
années que dura la paix. 

L'empereur promulgua cet édit : (r II me faut 3 0,000 cavaliers, 
comme tribut [prélevé] sur l'Arménie; or, il faut que 3o,ooo fa* 
milles se réunissent et qu'elles s'établissent en Thrace. t) Il envoya 



<*) En 609; 3 s'enfuit de Gonstanti- 
nople le a 3 novembre et (ut décapite par 
ordre de Phocas, au port d'Eutrope, 
près de Cludcédoine, le 97 novembre. 
Cf. de Murait, Ckronogr, byz., l, p. 969- 
963. 

^) Cf. H. Hûbschmann , Arm. Gramm. , 
I, p. 85. 

(') Le texte porte "i^/bâiri^itffuAr, qu'il 
faut lire Nixorakan , d'après le nom de ^ 
famille •ii/t^'»/» = Nixor. Cf. H. Hûbsch- 
mann, Arm, Gramm,, I, p. 67. 

^^^ Merkut est une fM)rruption de Me- 
rakbut, d après H. Hûbschmann, ap, eit,, 
I, p. 53, d'une racine persane incon- 
nue. 

^*' Delà racine (}aif^. T/icrf, (Horn, 



Sieg) qui entre dans la formation des 
mots Yazdegird, Yazdpanâh, etc. Cf. H. 
Hûbschmann, op, eit.,l^ p. 55. 

^•^ H. Hûbschmann {Arm. Gramm.,l^ 
p. 33) rapproche ce mot de Mâkbût en 
proposant comme explication une meta- 
thèse. Cf. Mtft»)7ff, .^fo^^, dansTab. 
Nôld.,p. 960. 

^^ Texte : QifJà»Vb = Yemann; dans 
rëd. Palk., p. 3&, le gouvemeor men- 
tionne après Butmah porte le nom de 
Z^ty^tÊm^ù = Hoyimann, aussi inexpli- 
cable que le premier. 

^'^ Forme arménienne du mot Hëra- 
dius; il s'agit ici du père de l'empereur 
Hëraclius, commandant de la province 
d'Égyple. 



CHAPITRE X\I. 



55 



Prisko8 en Arménie à cet effet, tandis que le bruit d'une grande 
insurrection arrivait [au roi]. Et Priskos partit en toute hâte. 



CHAPITRE XXI 



(1) 



Meartre de Tempereur Maurice. - Avènement de PhocAs. ~ Rëvoltes du gënëral Hëra- 
eliu0 À Alexandrie et du généra Nenès dans la Mésopotamie syrienne. - Siège 
d^Édesee par les Grecs; si^e de Dara par Xosrov. Cdui-ci rassemble des troupes 
en Arménie et met k leur tète le seigneur Dzuan Veh. Il marche contre Édesse 
et prend avec lui Théodaae; puis il revient ]N>ur détruira Dara. - Prise d^Edesse 
par les Grecs; le général Nersès est mis à mort. 

La quatorzième année du règne de Xosrov (') et la vingtième du 
règne de Maurice, Tarmée grecque, qui se trouvait en Thrace, se 
révolta contre l'empereur et se donna pour roi un certain Pbocas. 
Toutes les troupes marchèrent d'un commun accord sur Gonstan- 
tinople, firent mourir Tempereur Maurice et ses fils, et placèrent 
Phocas sur le trône impérial; puis elles retournèrent en Thrace 
pour y combattre lennemi. 

L'empereur Maurice avait un fils nommé Théodose. Le bruit se 
répandit dans tout le pays que Théodose avait échappé au mas- 
sacre et s'était réfugié auprès du roi de Perse (^). 

Il y eut alors de grands troubles dans l'empire romain, dans la 
capitale, à Alexandrie d'Egypte, à Jérusalem, à Antioche. Partout 
on prenait les armes pour s'entre-tuer. 

L'empereur Phocas donna l'ordre de mettre à mort tous les re- 
belles, qui refusaient de reconnaître son autorité. Il y eut de nom- 
breux massacres dans la résidence impériale. Puis Phocas^^) envoya 



<*) Pour tout ce qui concerne ce cha- 
pitre, cf. Tab. Nôld., p. 990 et suiv. 

^ En novembre 609. Mais la guerre 
ne commença que pendant Tété 60&. 

^'^ Nôldeke (Tab. Nôld., p. 990, n. 9) 
croit que Théodose a vraiment été mis à 
mari et que Xoarov avait è sa disposition 
un prinee qui était censé le représenter. 

<*' Ce passage, renferme des eri^urs au 
piint de vue historique. Xosrov, en ap- 



prenant la mort de Maurice, pour venger 
sa mort , rompit la paix qui existait avec 
Byzance; d'après Tabari, il prit le Gis de 
Maurice, le couronna et il envoya avec lui 
trois généraux. Le premier s'appelait Ro- 
miuiàn ; il alla en Syrie , soumit le pays et 
atteignit Jérusalem. Cette prise de Jéru- 
salem et renvoi de la Groiv à Xosrov eut 
lieu en juin 61 &. Cf. Tab. Nôld. , p. 990- 
99 1 et les notes. 



56 



HISTOIRE D'HÉRAGLIIIS. 



un seigneur nommé Bonos^^) avec une armée contre les villes 
d'Antioche et de Jérusalem, et contre d autres lieux. Gelni-ci partit, 
châtia par le glaive Ântioche et Jérusalem, et ruina nombre de 
villes de la région. 

Ce fut alors que se révolta contre Phocas le général Héraclius^^) 
qui occupait avec son armée le territoire d*Alexandrie ; il s'empara 
par la force du pays d'Egypte. Du côté de la Syrie, le général 
Nersès, qui commandait dans la Mésopotamie syrienne, en fit 
autant; il entra avec son armée dans la ville d'Ëdesse'^) et en prit 
possession. Mais une autre armée qui avait marché contre lui vint 
assiéger la ville et le tint bloqué avec ses troupes (^l 

Lorsque le bruit de ces événements parvint au roi Xosrov, il 
réunit toutes ses forces et se dirigea vers l'occident (*'; arrivé à la 
ville de Dara, il l'investit , l'assiégea et se mit à diriger des attaques 
contre elle. 11 envoya des troupes en Arménie, en leur donnant 
pour chef un grand seigneur nommé Dzuan Yeh. Puis le roi 
Xosrov divisa son armée en deux corps; il laissa le premier autour 
de la ville de Dara, et marcha lui-même avec le second contre 
Taiinée qui bloquait et assiégeait Ëdesse. Etant tombé sur l'en- 
nemi au point du jour, tout à fait à l'improviste, il en tua un cer- 
tain nombre et mit les autres en fuite. [Parmi ces derniers], les 
uns se réfugièrent sur le fleuve Euphrate et périrent (^); les autres 



^*^ Ce Bonos est, selon toute appa- 
rence, ie patriee Bonus à qui Hëraclius 
confia la vBle de Constantinopie .lorsqu'il 
partit pour la guerre de Pers^, le 5 avril 
639. Cf. de Murdt, Cktrmogr. bjfzant,, 
I,p. 977. 

^*^ Hé^cltus, père de Tempereur du 
même nom, se révolta parce qu'il se re- 
fusait è reconnaître le nouveau gouver- 
nement de Phocas. 

^'^ L'évéqiie de cette ville, Sëvëre, lut 
lapidé pour avoir voulu s'opposer h la 
révolte. Cf. Lebeau, X, p. iig. 

^*^ Phocas envoya une armée sous le 



commandement de Gennain pour asaî^i^r 
Ëdesse et en faire sortir Nersès. Cf. Le- 
beau, X, p. &19. 

(^^ Sur les campagnes de Xosrov et de 
ses généraux, cf. Lebeau, X, p. &18 et 
suiv.; Tab. Nôld., p. 990 6t soiv. 

(*) D'après Théophane, cité par Saint- 
Martin dans Lebeau, X, p. &90, n. 9, la 
rivière près de laquelle fut livrée cette ba- 
taille se nomme Arzamon : Ô là \a<rpôffç 
<rùv Toh Po^iialoiç ylvtroi êU rà kpiafiow. 
L' Arzamon prend sa source dans les mon- 
tagnes qui s'étendent au nord de Nisibe 
et de Dara. Cf. Lebeau, X,p. 933, 9. n. 



CHAPITRE XXII. 57 

se retirèrent eu pleine déroute. Puis le roi Xosrov se présenta de- 
vant la porte de la ville, demandant qu'on lui ouvrit, et quon le 
laissât entrer; ce qui fut fait. Nersés, qui avait paré un jeune 
homme de vêtements royaux et lui avait mis une couronne sur 
la tète, ramena alors devant le roi et lui dit : cr Voici Théodose, le 
fils de l'empereur Maurice; sois pour lui miséricordieux, comme 
son père le fut jadis pour toi. yt 

Le roi Xosrov laccueillit avec une grande joie; puis il retourna 
à Dara, gardant auprès de lui le jeune homme auquel il faisait 
rendre des honneurs royaux. Il resta devant Dara un an et demi. 
Enfin, les Perses creusèrent une mine sous le rempart, le renver- 
sèrent, et, après s'être emparés de la ville, ils firent passer tous 
les habitants au fil de Tépée. Puis, emportant le produit du 
pillage, ils s'en retournèrent à Tizbon, car l'armée de Xosrov 
était fatiguée et démoralisée par [la longueur du] siège [de 
Dara]. 

Une autre armée grecque arriva devant la ville d'Edesse, l'at- 
taqua et la prit. Nersés, fait prisonnier, fut mis à mort et son sau}; 
répandu *; 

CHAPITRE XXII. 

lie» Pênes batlent les Grées dans la plaine de Sirak , pois dans le [canton de] Gaikotn. 
Thëodose Xoraopani se rend et livre h forteresse anx Perses; sa mort 

Dzuan Veh, envoyé en Arménie avec son armée (^), arriva dans 
le pays d'Ararat et dans la ville de Dwin; il y prit ses quartiers 
d'hiver et laissa reposer ses troupes jusqu'au printemps. 

De leor c6té, les Grecs avaient aussi réuni une armée et s'étaient 
concentrés dans le bourg d'Etevard, où l'armée des Perses vint 
les attaquer. Le combat se livra dans la plaine d'Etevard et les 
Perses subirent une sanglante défaite : leur général fut tué dans la 

^'^ D*après Lebcan , t. X , p. & 1 9-4 ao , aarait eu peur et se serait eofni d*Édesse 
Pbocas envoya le chef de ses eunuques, a Hiërapolis pour s'y mieu\ dëlendrp. 
Léonce, bire le siège d'Edesse : Nersés ^'^ En 6o.3 ou 60&. 



58 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

bataille el ceux qui avaient échappé au massacre furent mis 
en fuite et poursuivis. Les Grecs emportèrent le butin pris 
dans le camp des Perses et retournèrent dans le leur, situé au 
bord de la rivière, quon appelait Hopomoch marg(*) (pré des Ro- 
mains). 

L'année suivante, pendant que Xosrov assiégeait Dara, une nou- 
velle armée persane envahit l'Arménie, sous le commandement 
de Datoyean(^). Les troupes grecques se réunirent dans la plaine de 
Sirak, dans le village de Sirakawau, s'y établirent el y restèrent 
quelques jours. Epuisées déjà par la guerre civile, elles redoutaient 
l'attaque de l'ennemi étranger. L'armée perse arriva sur elles avec 
la rapidité de l'aigle qui fond sur sa proie. Les Grecs abandon- 
nèrent alors leur camp et passèrent de l'autre cdté de la rivière, 
dans une plaine nommée Akanich, où ils furent suivis et rejoints 
par les Perses. Le combat s'engagea au village de Getik. Or, pen- 
dant que les Perses rangés en bataille marchaient pour se rappro- 
cher de l'ennemi, un grand nombre de jeunes gens sortis de la 
forteresse d'Erginay, où s'étaient réfugiés les habitants du pays, tom- 
bèrent sur leurs derrières avec des faux et des instruments tran- 
chants'^), et leur causèrent un grand dommage. Puis, laissant les 
blessés sur le terrain , ils rentrèrent dans le fort avec le butin qu'ils 
avaient fait. 

Cependant [les Perses] livrèrent bataille, et l'armée grecque 
prit la fuite devant eux. Ils la poursuivirent en massacrant ceux 
qu'ils atteignirent , et semèrent de cadavres les plaines et les che- 
mins. Bien peu de Grecs parvinrent à se s'enfuir. [Les Perses] 
ramassèrent alors le butin et rentrèrent dans leur camp. Mais, 
lorsqu'ils s'aperçurent du mal qu'on leur avait fait, ils se jetèrent 
en masse sur la forteresse et la prirent. Une partie de la garnison 

<'^ Marg(J2i7t^)frprairieT», mot iranien ^*^ C{.Jià\â.Stud.,l,ii,iS,s.v.àmUn^. 

qui a aussi passe en syriaque (K^'^D) et ^^^ Le texte (éd. Patkan., p. 7/1, 1. 5) 

en arabe ; nr. mardj\ comme nom de lieu , porte ^ ^^âtAr^^i.^ L mp^uSbuii.^ . Le mot 

est très commun ; voir H . Hnbschmann , up^mu ne figure pas an dictionnaire ; il doit 

Arm, Grnmm. ,1,193. dériver du verbe «r^I. «^ aiguiser, aCR&ter». 



CHAPITRE XXII. 59 

fui passée an fil de l'épée; d'autres, affolés de crainte, se préci- 
pitèrent du haut des murailles; quelques-uns, sortant par une 
porte qui donnait du côté de la rivière, parvinrent à s'échapper; 
tout le reste fut emmené en captivité. Ce jour-là, furent pris 
dans la forteresse [les habitants de] trente-trois villages. [Les 
Perses] enlevèrent tous les captifs indistinctement, et, prenant 
avec eux les dépouilles du pays, ils s'en retournèrent dans TAtrpa- 
Iakan. 

Puis vint Senitam Xosrov(^). L'armée grecque réunie campait 
dans le canton de Gatkotn, près du village d'Angtn, par lequel passe 
le fleuve Âracani^^). Elle avait détruit un côté du village, et s'était 
entourée d'une ligne de retranchements. C'était Théodos Xorxopuni 
qui la commandait L'armée perse vint dresser son camp dans le 
voisinage des Grecs, les prenant à revers. Ceux-ci, effrayés, com- 
mencèrent à engager des pourparlers pacifiques; ils ne voulaient 
pas combattre, disaient-ils, mais quitter la forteresse et s'en aller 
en paix. Puis, d'un commun accord, ils ne tinrent pas leur parole, 
et, pleins de confiance dans la force de leurs position, songèrent 
à tenter quelque chose. Mais, dès le lendemain, l'armée perse les 
attaqua, lorsque aucun d'eux n'avait encore revêtu son armure ni 
sellé son cheval. Et si quelqu'un s'armait ou sellait son cheval , les 
valets des chefs arrivaient qui lui arrachaient l'armure, la jetaient 
par terre, et le maltraitaient horriblement; en même temps, ils 
coupaient avec leur épée les sangles des chevaux. 

Cependant l'armée persane était venue se ranger en face des 
Grecs, à petite distance, du côté de la plaine; ses archers avaient 
commencé à tirer et, vidant leurs carquois sur l'ennemi, ils per- 
çaient à la fois de leurs flèches hommes et chevaux. Ces derniers, 
attachés aux mangeoires à l'entrée des tentes, se cabraient, [bri- 
saient leurs liens], foulaient aux pieds et écrasaient les tentes et 

<*^ Général persan aoaa Xosrov IL Cf. <*> Cf. Psendo-Callisthène, p. 89. 3i. 

H. HâlMehniann, Armeu» Gramm., t. I, et A. Baomgariner, Ifeberdan Rueh ^Die 
p. 73. Chrieii , p. .SoA. 



60 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

tout se qui se trouvait dans le camp. Les Perses forcèrent alors le 
retranchement, pénétrèrent dans le camp, et un horrible massacre 
commença; mais les Grecs, s'étant ouvert un passage, les uns à 
pied, les autres montés à poil(^) sur des chevaux, sortirent et pri- 
rent la fuite. Thèodos Xorxopuni se réfugia dans la forteresse, et 
les Perses passèrent cette nuit-là dans le camp des Grecs. Au 
matin , ceux-ci envoyèrent demander qu'on les laissât évacuer la 
forteresse et s*en aller avec leurs biens et tous leurs équipages. Les 
Perses y consentirent, et le troisième jour ils ouvrirent la porte et 
sortirent tous pour s*en aller, selon la parole donnée. Mais le gé- 
néral perse fit appeler Théodos Xorxopuni et lui dit : «r Je n*ai pas 
le droit de te laisser aller sans un ordre royal. Je vais donc te faire 
conduire à la Porte et j'écrirai en la faveur une lettre de recom- 
mandation au roi , lui disant comment tu as agi en loyal et fidèle 
sujet, lorsque tu as livré de la manière que nous savons l'armée 
grecque entre nos mains. J'ajouterai comment tu nous a rendu la 
forteresse sans qu'il nous en coûtât aucun effort, et comment tu 
es venu de ton plein gré faire ta soumission avec les tiens t). U 
écrivit en effet dans ce sens et fit conduire [Thèqdos] à la Porte, 
où le roi Xosrov le reçut avec bonté et lui accorda sur le trésor 
royal une pension et de l'argent pour son vêtement. Mais au bout 
d'un certain temps, il lui vint le soupçon que [Thèodos] le trom- 
pait, et il ordonna de le mettre à mort. 

Quant au général persan , il établit un gouverneur dans la forte- 
resse d'Angl, réunit ses troupes et, pénétrant plus avant, soumit 
le pays. Il eut encore à livrer une autre bataille dans le pays de 
Basean; il battit les Grecs, les chassa devant lui, les mit en fuite et 
les rejeta sur leur territoire. 11 prit les villes d'Ange, de Gaylatukh, 
d'Erginay et, dans le Tarayin (Taron), la ville deCxnkert^^). Puis, 
sur un ordre du roi, il s'en retourna. 

'^ Peut-être, au Heu du textejMAif'"-- ^*^ I^ *cxte porte : it f j^êmgHÊyfit 

'^^2h fAut-il lire un mot comme : f^t^v^^"^ ^lA^^^fm^ qu'il faut peut- 
J^êi%^mfJf^'^ étrc Kre : }j«*r'*'«-*'A- • • 3A*-M^'r*"« 



CHAPITRE XXIII. 



61 



CHAPITRE XXIII. 

Xusrov envoie le géaML Spazmaii Xopeam dans TAsorestau avec uue nombreuse 
armée, et en Arménie Aétat Yeztayar, accompagné de Tempereur Théodose. - 
Tonte ia M^potamie se sonmet à Spazman Xopeam. - Astat livre bataSle aux 
Grecs et soumet le canton de Karin. - Sakân remporte la victoire sur les Grecs. - 
Les habitants de Karin sont transportés à Ahmatan Sahastan. - Mort des àen\ 
catholicos. - Vasak Arcruni est tué. 

Le roi Xosrov revînt alors de Dara, et fit de nouveau reposer 
ses troupes; il en leva et rassembla d autres eu grand nombre ('l 
Puis il envoya du côté de TAsorestan une armée nombreuse et 
très puissante , sous les ordres du général Xopeam , titré Spazman ^^l 
Voici les instructions qu'il lui donna : «r Accueille avec bienveillance 
ceux qui viendront faire leur soumission; garde-les en paix et en 
prospérité. Mais ceux qui résisteront et voudront combattre, tu 
les feras périr par Tépée. Jt II envoya aussi dans le pays d'Arménie 
Astat Yextayar avec une grande armée, à laquelle il attacha Tem- 
pereur Tbéodose, le prétendu fils de Maurice. 

Xopeam, accompagné de sa nombreuse armée, partit pour 
TAsorestan, pénétra dans la Mésopotamie syrienne, mit le siège 
devant Edesse et attaqua la ville ('). Effrayés de la supériorité des 
forces de Tennemi et ne voyant pas d'où pourrait leur venir la 
délivrance, les habitants firent des propositions de paix et deman- 
mandèrent que les Perses s'engageassent par serment à ne pas 
détruire leur ville. Puis ils ouvrirent les portes et firent leur sou- 



<*> En 6o4 ou 6o5. Cf. Patkanian, 
Jimmtd 4ui0lique , 1866, p. 197. 

^^ Tabari nomme ce premier générai 
RcMniuiAn, qui se rendit en Syrie, pe- 
ndra en Palestine et 8*empara de Jéru- 
salem. Ce BomiuzàH est le Romizdn de 
Barfaebraeus et le Pw^iudiav de Théo- 
pbane. D est identîBé avec Sahrbartz 
(Sap€bep6« on Sop^ps^dt^ des antenrs 
grecs), qui s*empara en effet de Jéru- 



salem en juin 6t i , sous le patriarcat de 
Zacharie. Cf. fëiktmkn,JimrMla$intiqHe, 
i866,p. 197; Tab.Nôld, p. 990-2191 et 
H. Hiibschmann , Arm. Gramm. > I , p. 69, 

^^) Cf. Patkanian, Jowrmd «mlî^, 
1866, p. 198. Rubens Duval, Hittoirt 
d'Udeue, p. 9^3, n. 9, cherche a éta- 
blir que la vraie date de la prise d^Édes jc 
est 609. 



62 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



mission. Amith, Thela, Aaàayenay(^) et toutes les villes de la Méso- 
potamie syrienne firent de même; elles se soumirent volontaire- 
ment et furent maintenues en paix et en prospérité. [Xopeam] 
s'étant avancé jusqu'à Ântioche, les habitants se soumirent aussi 
de leur plein gré, ainsi que beaucoup d'autres villes et leurs habi- 
tants qui cherchaient à fuir Tépée de Phocas. 

Aâtat Yestayar pénétra en Arménie la dix-huitième année du 
règne [de Xosrov](^). Les Grecs rassemblèrent leur armée dans le 
canton de Basean, marchèrent contre lui et l'attaquèrent avec 
vigueur. Un grand combat eut lieu à Du et à Ordru'^), dans lequel 
les Grecs éprouvèrent une sanglante défaite. Un grand nombre 
d'entre eux périt dans la bataille; on ne pouvait compter les morts 
étendus dans la plaine. [Aâtat] les poursuivit jusqu'à Satat(^), et 
lui-même (^) vint mettre le siège devant la ville de Karin. Il com- 
mença l'attaque, mais les assiégés résistaient de leur mieux, et les 
assiégeants éprouvaient des pertes sensibles. Ce fut alors que l'em- 
pereur Théodose s'approcha de la ville et dit aux habitants : cr Je 
suis votre roi.7) Ils consentirent à ouvrir; les chefs de la ville sor- 
tirent et se présentèrent à lui; puis, quand ils furent rentrés, ils 
persuadèrent à leurs concitoyens que c'était bien Théodose, le fils 
de Maurice. Ils ouvrirent donc les portes de la ville et firent leur 
soumission. Astat y laissa une garnison, et alla prendre les villes de 
Dzithapic^^), dans le Haàteankh, de Satat, d*Aj9astiay et de Nikopolis. 
Puis il s'en retourna. 



(^) Cf. Marqaart, Erâniakr,p. lAi, 
«. V. Aaâaina, vUle près de laquelle le 
fleuve K*aboraD prend sa source. Le 
Khâbour pread sa source à plus de i oo 
kilomètres de Ras^-*Aîn. Cf. également 
Ras el- Aîn et Besen dans Extrait» de la 
chronique de Maribas Kaldoyo, in Journal 
amatique, mai-juin i9o3,p. 97-98. 

•> En 607-608. 

^'^ lie texte porte : 4 Qw/r^mL qu'il 
faut lire : Lj(\gni^tiL. , comme Ta dëjè vu 
Patkanian. 



^*^ Est peut-être à identifier avec Satax, 
\juÊmuM/Êt , une des subdivisions de la qua- 
trième Arménie ; ce nom commence à être 
en usage au début du vu' siècle, sous le 
règne de Tempereur Héraclius. Cf. Saint- 
Martin, op. ei^^ Il ,p. 3i 1. Les habilants 
de Sata) reconnurent le prétendu fils de 
Maurice. Cf. Tab. Nôld, p. 998, n. 1. 

^'^ Lui-même, c'est-à-dire Astat Yci- 
tayar accompagné de Théodose, le pré- 
tendu fils de Maurice. 

^•^ SiirlesecondtermeMi«./fr2rou«»«/kia; 



CHAPITRE XXIII. 



63 



Après lui vint Sahén(') Patgosapan(^^), qui laissa de c6té la ville 
de Karin; et oahrayeanpet(^) vint comme marzpan dans la ville capi- 
tale deDwin. A son arrivée, Sahèn rencontra des troupes grecques 
dau8 le 'Mhton de Karin. U leur livra bataille , leur ût éprouver 
une sanglante défaite, les mit en fuite et les chassa du pays. 

La vingt-unième année de son règne (^), Xosrov ordonna de dé- 
porter les habitants de la ville de Karin, et de leur assigner comme 
demeure la résidence royale de Ahmatan(^). Le bienheureux vieil- 
lard, le catholicos Jean fut pris avec eui et emmené en captivité 
avec tous les vases sacrés de son église. Il mourut à Ahmatan et 
son corps fut rapporté au village d*Awan et déposé dans Téglise 
que lui-même avait fait bâtir. 

La même année mourut le bienheureux catholicos Abraham, 
auquel succéda sur le siège patriarcal Kumitas, évèque de Taron, 
originaire du village d'Atchkh^^). Sous son pontificat fut achevée 
la construction de Téglise de Saint-Grégoire. 

I^ vingtième année du roi Xosrov (''), àahén se mit en cam- 
pagne, dirigeant ses incursions du côté de Toccident, et parvint 
jusqu'à Gésarée de Gappadoce. Geux des habitants qui professaient 
la religion chrétienne quittèrent la ville et se retirèrent; mais les 
Juifs allèrent au-devant des envahisseurs et firent leur soumission. 
Sahèn resta à Gésarée pendant un an. 



cf. Patkanian, éd. Sebéos, p. aoo, $. v, 
Q/fpmffJf (mp), et H. Hûbechmann, 
Arm.Grmmm,, I, p. 1 1 3, 9.v, fK^r^MyatML/bX 
Après ranéantiasenieiit da royaume des 
Hephthdites par les Turcs, un petit ÉUt 
subsista, sous le nom de Jik-tak; cf. 
J. Marquart, ÊrânUkr, p. 9&0. 

^') Un des généraux de Xosrov U. 

^ Voir rbdex et les références; sur 
le rAle exact de ce personnage, cf. parti- 
culièrement Tab. Nôid., p. i5i, iSa, 
i53, 990-999. Tabari insiste plus spé- 
cialement sur Texpédition de Sabén en 
Egypte et en Nobie. 



^'^ «rin das Ostan von Dvin kam staU 
des Sahrmfonpet der Paneatipet. . . Sahr- 
àyëthpet nnd Pân-âyën-pet von Sahr 
Land, Kreîs, Persis, àyên » Regel. . ., 
per^chef.* Cf. H. Hûbschmanti, Arm. 
Grofum,, I, p. 89. 

^*^ en 610-611. 

Hamadan Schabastan =:Ecbatane; cf. Patka- 
nian, yoiniia/asîaliîiTMtf^ 1866, 1, p. 198. 

^*^ |lfp#,cf. hidjidj^imi.aii^.^p.ft&o 
d'après lequel ce village existerait encore 
sous le même nom. 

^ En 609*610. 



6& 



HISTOIRE D HÉRACLIUS. 



[Les Perses] prirent Vasak Ârcruui, fils de Sahak(^), prioce 
des Arcrunis, et le crucifièrent devant la porte de la ville [de Gé- 
sarée](^). Il avait fait bien du mal à Tannée des Perses, et cepen- 
dant iis déplorèrent tous sa mort à cause de son courage et de sa 
vaillance, et parce qu'il était vigoureux et de belle taille. De plus^ 
il avait été élevé au milieu deux, recevant la même éducation 
qu eux. Tel fut son sort. * 

CHAPITRE XXIV. 

HëradiuB se dirige sur l^Asorestan et marche coDtre les Perses. - Grande bataille 
près de la ville d\4ntioche ; dë&ite des Grecs. - La Palestine est soumise par les 
Perses. - Un goavemenr perse est établi k Jâvsalem: il est tuë. Les Perses font 
un grand massacre k Jérusalem et brAlent la ville. - Captivité de la Sainte Croix. 

22' ANNÉE DE X08R0V; l** DHÉR&GLIUS. 

En ce temps-là, la vingt-deuxième année (') du règne de Xosrov, 
Héraclius (^), qui commandait en Egypte, rassembla ses troupes, 
leur fit traverser la mer, arriva à Gonstantinople^'), et, après avoir 
tué Phocas(^), fit asseoir son fils Héraclius sur le trône impérial. 
Il rétablit la paix dans tout le pays. 



(*) Sebéos ne parle nulle part ailleui*s 
de Vasak et de Sahak Arcruni. Pour les 
formes Vasaoes, O^ot^éxiffç et BaffaéxTfç, 
cf. H. Httbschniann, Arm, Gramm., I, 
p. 80 et les références. 

^'^ lie texte porte : «r On le fit mourir 
siu* le bois«. 11 peut s'agir de la cruci- 
fixion, comme aussi de la pendaison. 

^*) Héraclius fut proclamé le 7 oc- 
tobre 610; Xosrov étant monté sur le 
trdne en 890, Tavènement d'Héraclius cor> 
respond donc à la 3 1* année de son règne. 

^*^ C'est pour ne pas dérouter le lec- 
teur que nous maintenons Torthographe 
Héraclius, comme noms du père et du 



fils. Héradius , commandant de la pm- 
vince d*Égypte, est orthographié par les 
auteurs arméniens X^t^ki^ (Endd) (*t 
Tempereur son fils se nomme générale- 
ment 4^irpm^ifmÊi (HéraUos). 

^*^ Héraclius aborda au port de Sophie 
le & octobre 610. Cf. de Murait, Ckromtf. 
btfz., 1, p. 969. 

^*^ Phocas, après avoir fait empri- 
sonner la mère et la fiancée d*Héracliu8, 
fut vaincu et amené devant Ué^ius par 
Probus et par Photius, dont il avait violé la 
femme. Il eut la main droite et la tète cou- 
pées; on briUa ensuite ses restes, le 6 oc- 
tobre 6 1 o. Cf. de Mnrak , t^. eiu J , p. 969. 



CHAPITRE XXIV. 65 

Aussitôt courooiié(^), Héraclius envoya des arobassadeui*s avec 
de grands présents et des lettres auprès du roi Xosrov pour lui 
demander instamment la paix. Mais celui-ci ne voulut rien entendre 
et dit : «r Cet empire est à moi, el j'y ferai régner Théodose, fils de 
Maurice. Héraclius est venu prendre la couronne sans mon autori- 
sation, et ce sont mes trésors qu'il m'envoie en présent; mais je ne 
prendrai pas de repos que je ne le tienne en mon pouvoir, n Et après 
s'être emparé des trésors, il ordonna de mettre à mort les ambas- 
sadeurs, et ne fit aucune réponse aux propositions de l'empereur. 

Héraclius (''^) réunit alors ses forces, dressa son camp autour de 
la ville [de Césarée?] et arrêta les incursions des Perses. Puis il 
remit l'armée aux mains d'un korator^^), ordonna de faire bonne 
garde et retourna dans sa résidence. 

Les [Grecs] assiégèrent la ville de Césarée pendant un an(^). Les 
Perses souffraient du manque de nourriture et n'avaient plus de 
foin pour leurs chevaux. Mais lorsqu'on arriva aux chaudes jour- 
nées de l'été etque la campagne se fut couverte d'herbe verdoyante, 
ils incendièrent la ville, sortirent et se frayèrent un passage de vive 
force, laissant derrière eux l'armée grecque battue et dispersée. Ils 
se retirèrent en Arménie où ils prirent leurs quartiers d'hiver'*). 

Sahên fut immédiatement appelé à la Porte royale, et reçut 
Tordre du roi de marcher de nouveau et sans retard du côté de 
l'Occident. Il prit donc son armée au retour de l'été et gagna 
d'abord la ville de Karin; de là il se dirigea vers Mélitène dont il 
s'empara et qu'il força de se soumettre; puis, poussant plus avant, 
il fit sa jonction avec l'armée de Xopeam qui était du côté de la 
Pisidie et dans l'Ostan de Dwin. 

^'' Héradim fat couroono par le pa- phiqae en question n'est pas constante, 
triarche Sefge le 6 octobre 610, à 9 ^'^ Le caraieur qui fat envoyé en Cap- 
heures, dans la grande église. Cf. de Mu- padoce était Priscus; il calomnia Héra* 
fait, op. eiu, I, p. 970. clius; cf. de Murait, op. cù., I, p. 971. 

^*^ Le texte a l^f i/f. c'est-à-dire II était patrice et comte des excobiteurs. 
lorthographe du nom d*Héraclius le '^^ S'^el' '9'y <^f- Sebéos, éd. Patk., 

père; mais il semble qu'il s agisse ici p. 78 , 1. 1 o. 
de rempereur; la distinction orthogra- ^*- 611-619. 

■iST. rRéiACLios. r> 



larktaftMl ■«rioiAU. 



66 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS. 

Âlaplace(^) de ^ahrayeupet^^) vint [comme marzpan] dans ia 
ville capitale de Dwin Parseanpet Paràanazdatt'); puis Namgarun So- 
nazp(^); puis §ahraptakan(^), qui livra une bataille en Perse et fut 
victorieux; puis GpoèVehanW, qui poursuivit l'empereur Héraclius 
en Arménie jusque dans TAsorestan, jusqu'au jour où il tomba, lui 
et toute son armée, dans une grande bataille livrée à Ninive. 

Cependant l'empereur Héraclius mit à la tète de son armée un 
prêtre nommé Philippique; c'était ce même Philippique qui, 
gendre de l'empereur Maurice, avait longtemps commandé les 
années et remporté mainte victoire f'), mais qui, un beau jour, en- 
core du vivant de l'empereur Maurice, s'était imaginé de se faire 
raser les cheveux, de revêtir la prêtrise et de servir dans la milice 
de l'église. Héraclius, usant de contrainte à son égard, le nomma 
général et l'envoya dans les régions de l'Orient avec des troupes 
nombreuses. [Philippique] se dirigea vers Gésaréede Gappadoce, 
entra en Arménie, dans ia province d'Ararat et vint camper dans 
la plaine qui entoure la ville de Valaràapat. Mais aussitôt arriva 
un ordre du roi [de Perse], apporté en toute hâte par des cour- 
riers rapides , et enjoignant à ses troupes de marcher sur les Grecs 
et de détruire leur armée jusqu'au dernier homme. Les Perses 
se mirent donc en route, pénétrèrent à marches forcées dans la 



^^) Cequisuitsembleétrebcontinuation 
d'ime source déjà vue p. 3â et 70, éd. Patk. 

^^ Pour fa variante Sahrayeanpet, cf. 
H. Hnbschmann , Arm, Gramm, ^ I , p. 69. 

^'^ Générai perse sons Xoarov il; cor- 
mpond à Nni^tfns d'Eslher, ix, 5. 
Cf. H. Hûbschmann, Armen, Gramm., I, 
p. 59 et 67. 

<*> Général de Xosrov II. Cest le Nâm- 
dâr-Guiinasp , fils de Âdbar-Gusnasp, de 
Tab. Nôld., p. 387-388 et n. 1. 

'^) Général persan , le ^apa^Xctycls de 
Tlieophane, p. ^78 ets.^quil ne faut pas 
confondre avec un autre général persan , 
Sahrwarâz, dont Torthographe est des 
plus flottantes. Cf. Tab. Nôld. , p. 99s , n. 9. 



^*) Cpoô Vehan, général persan qui 
succomba à ia iMtaiiie de Ninive. Uôbach- 
manu {Arm. Gramm., I, p. 70) corrige 
ce nom en Aoè^Vehan ( ff^^r t|^<«iAr) et 
explique que ^der eigentlicbe Name des 
Mannes war aiso pers. Râhxâ), sein 
Eiu-enname Rdzbikànyi. Sur sa campagne 
n^n Assyrie, cf. Tab. Nôld. , p. 996-996. 

<") Cf. de Murait, Ckrrmogr. byt., I, 
p. 9&&-9â5. D'après ce même passage et 
d'après Lebeau , t. X , p. 1 98- 1 99 , Pliilip* 
pique serait le beau-irère de Maurice, 
puisqu'il avait épousé sa sœur aînée 
Gordia. Le mot arménien 4^t»*^ = gendre 
et c'est ainsi qu'a compris Patkanian, 
dans Journal asiaiique, 1 866 , 1 , p. 1 99. 



CHAPITRE XXIV. 67 

province d'Ararat et vinrent camper sur les bords de l*Araxe. Leur 
intention était d'engager le combat dès le lendemain. Or, au même 
moment, Philippe (^) levait le camp pendant la nuit, se dirigeait 
vers le canton de Nig, et, passant derrière la montagne d'Aragac, 
il rentrait sur le territoire grec à travers les cantons de Sirak et de 
Vanand, non loin de la ville de Karin. 

Les Perses étaient harassés d'avoir fait une route longue et aussi 
précipitée; beaucoup d'hommes étaient morts en chemin; beau- 
coup d'autres, par suite de la perte de leurs chevaux, étaient 
obligés d'aller à pied. Us ne purent donc se mettre rapidement à 
la poursuite des Grecs; ils prirent quelques jours de repos, puis, 
marchant à petites journées, ils passèrent dans l'Asorestan et re- 
gagnèrent leur ancien camp. De lÀ ils se répandirent à droite et à 
gaueke, dévastèrent et conquirent toute la région ('^). 

En ce temps-ià(^), Héraclius Gt couronner son fils Constantin, 
le confia au Sénat, le recommanda aux grands de son palais, et le 
fit asseoir sur le trône de son empire. Quant à lui, il prit le titre de 
chef de l'armée avec son frère Théodose, réunit des troupes nom- 
breuses et passa en Asorestan, dans la région d'Antioche. Il y eut 
alors un grand combat en Asie, et le sang des guerriers fut versé 
à flots sous les murs d'Antioche. La mêlée fut terrible et accom- 
pagnée d'un effroyable massacre, et des deux côtés, la fatigue fit 
cesser le combat. Mais les Perses, s'étaut renforcés, mirent en 
fuite les Grecs, les poursuivirent et remportèrent la victoire grâce 
à leur bravoure. Un autre combat eut lieu près du défilé qui donne 
accès en Cilicie. Les Grecs battirent en bataille rangée les Perses au 
nombrede huit mille hommes arm(*s. Mais ils durent eux-mêmes se 
retirer et s'enfuir; les Perses reprirent le dessus; ils vinrent s'emparer 
de la ville de Tarse et de tous les habitants du district de Cilicie. 

^*^ Le ieite porte ici Philippos, aa lieu ans. Cf. Palkanian , dans Journal oiuatiqHe , 

de la forme PhiUpUn* du commencement 1866, 1. 1, p. 199. 
de ralioëa. '^ En avril G^a. Cf. de Maralt, Chro- 

^*^ CeUe guerre dura à peu pr^ sept fM^.6y£.>I,p. âyy^elTab. Nôid.,p.99â. 



68 



HISTOIRE D UÉRACLILS. 



Alors toute la Palestine se soumit volontairement à la domina- 
lion du roi des Perses; surtout les restes de la nation hébraïque, 
insurgés contre les chrétiens; par jalousie patriotique, ils commets 
taient de grands crimes et méfaits contre la communauté des ariens; 
ils allèrent et s'unirent [aux Perses?] faisant cause commune avec 
eux. Les troupes du roi des Perses campaient alors à Gésarée 
de Palestine; leur général, Razmiozan(^), c'est-à-dire Xopeam, dit 
aux Jérusalémitains que s'ils se soumettaient de leur propre gré, 
ils seraient conservés en paix et en prospérité. 

D'abord, ils se soumirent tous ensemble et offrirent au com- 
uiandant et aux princes de grands présents; puis, ayant demandé 
des ostikans fidèles, ils les établirent chez eux pour garder la ville. 
Quelques mois après, alors que toute la populace était réunie « 
les jeunes gens de la ville tuèrent les ostikans du roi ^ des Perses, 
s'insurgèrent, et se dérobèrent à son service. Alors un combat 
eut lieu entre les habitants de la ville de Jérusalem, entre Juifs et 
chrétiens; la foule des chrétiens prit le dessus, elle frappa et exter- 
mina beaucoup de Juifs; les autres, sautant par-dessus les mu- 
railles, se rendirent auprès des troupes persanes. Alors Xopeam, 
c'est-à-dire 3pazmiozan, rassemblant ses soldats, alla camper au- 
tour de Jérusalem, l'assiégea et, pendant dix-neuf jours, la main- 
tint en état de siège. Ils sapèrent les fondements de la ville et 
démolirent la muraille; le dix-neuvième jour du mois demargach^ 
qui était le vingt-septième jour du mois, l'an ^5*" de la royauté 
d'Apruéz Xosrov^^), dix jours après Pâques, les soldats persani 
s'emparèrent de Jérusalem W; pendant trois jours, ils détruisirent 



''} Cf. Tab. Nôld., p. 990-991. 

'^^ La correction proposée par Patka- 
niuu. Journal oêtatupte y 1866, 1, p. 900, 
n. 1 , se rapporte au teitc de Sebéos de 
TëditioQ de Constantioople. Dans foq édi- 
lion de Seb<V)8 (1879), le même savant 
a corrigé Terreur du copiste (p. 89). 

^^^ Sur la prise de Jérusalem par les 
Perses en ti 1 & , il Taut citer en premier 



Alph. Conret, La Paltêint êou$ k$ em- 
pereun grecs {3 a 6 -636)^ Grenoble. 
1869, P* 3 39-953, et surtout du même 
auteur, La priée de Jinuaïtm far In 
Perses en 6t6, Orléans, 1896. Le docu- 
ment arabe que M. Couret publie d après 
la traduction de M. Broydé a été revu et 
commenté par M. Clermont-Ganneau , 
Recueil d'archéologie orienlaie, t. il, p. 1 87- 



CHAPITRE XXIV. 



69 



avec l'épée tous les habitants de la ville; ils s'y établirent et la 
livrèrent aux flammes. Puis ils donnèrent l'ordre de compter les cada- 
vres de ceux qui avaient succombé; ce nombre s'élevait à 67,000; 
ceux qu'ils firent captifs, vivants, étaient de 3 5, 000 hommes. 
Rs prirent aussi le patriarche Zacharie et le gardien de la croix 
et se mirent à les torturer après avoir recherché la croix vivi- 
fiante. Ils exterminèrent sur-le-champ la plupart des ministres [de 
rÉglise] en leur coupant la tète. On leur montra l'endroit où 
était cachée [la croix], et, la prenant, ils l'emportèrent en capti- 
vité; puis ils rassemblèrent l'argent et l'or de la ville et les appor- 
tèrent à la Porte du roi(^); celui-ci donna l'ordre d'avoir pitié des 
captifs, de reconstruire la ville et de les y rétablir chacun à sa 
place; il oi*donna ensuite de chasser de la ville les Juifs; et l'on 
accomplit immédiatement l'ordre royal. Ils élurent sur la ville un 



160, et t III, p. 55*57. (^f- Pi*- ^' ^^^ 
tiH^, 0. P., Aftwe bibÙque internationale, 
1897, p. &58-&63, et S. Vaîlhë, La 
frise de Jiruealem par les Perses en Si à, 
dans Aeove de tOrient ehréden, 1901, 
p. 6i 3 et 8. De Murait {Ckronogr. ïyz., 
1. 1, p. 979) fixe eo juin 61 4 la prise de 
Jënualem par lea Perses, sous les ordres 
de Sdbaras. Tab. Nôld., p. 991, n. 1, 
aeœpte la même date, ea se basant sur- 
tout sur les données de la Ckron. Pasek. 
Le récit de Thomas Arcrani (x* siècle) 
offre qodqaes divergences avec eehii de 
Sebéos. tr Enfin le dix-neavième jour, qui 
était le 98 du moisdemailats,la 95' an- 
née da règne de Khosrov, surnommé 
Pervii (Abér\és), et dix jours après la 
PAqne, il se rendit maître de Jérusalem. 
Les Perses, ayant mis Tépée à la main, 
en exterminèrent tons les habitants. 
Après y être restés vingt-un jours, ils en 
sortirent pour aller camper hors des 
murs, et mirent le feu à la ville. L*ordre 
ayant été donné de compter k s cadavres, 
on trouva qu*il avait péri 57,000 per- 



sonnes. 1» ce Dulaurier, Ouranol. arm., 
p. 999. A la page suivante, Diilanrier 
diseate la date du 98 de margach, qui 
correspondit cette année-là au 96 mai. 
11 maintient cette date comme se rap- 
prochant le plus de celle fournie pnr 
la Ckranique Pasek, Le même savant 
(Ckronol. armén., p. 356, n* IX, n. 3) 
rappelle que, d*après Sebêos, les Perses 
massacrèrent 1 7,000 personnes et firent 
35,000 prisonniers. Ce renseignement 
est pris dans l'édition de Constantinople. 
Le mois de mai^ch était le 1 1 * de Tannée 
arménienne. 

<*^ La sainte éponge et la sainte lance 
furent emportées à Constantinople etex- 
|)08ées dans la grande église. 1^ sainte 
lance fut vénérà? le mardi et le mercredi 
par les hommes, le jeudi et le vendredi 
parles femmes. Cf. de Murait, Ckronogr. 
btfz. , 1, p. 973. Cf. ^dément F. de Mély, 
Exnciœ êaerm eanslatUinopoKtanœ. La 
Croix despremien croiser, La sainfe lance. 
La sainie couronne. Paris, 1906. In-8*, 
passim. 



70 



HISTOIRE D'HÉRAGLIUS. 



archiprétre du nom de Modestos*'), qui écrivit à l'Ârménip ce qui 
suit : 

CHAPITRE XXV. 

Leltre du prêtre Modestos aa seignear Kumitos. - Réponse do eatholioos Komitas i 
Modestos. - Reronstniction de T^liso de Sainte-Hpiphsimay par le catholicos 
Kuinita». 

4U SEIGNEUR KDMITAS". 

<rA mon très excellent et bienheureux Seigneur, au pieux Ku- 
mitas, archevêque et métropolite du pays d'Arménie, Modestos, 
humble prêtre et vicaire de Jérusalem. 

(r Béni sait Dieu, U père de NotreSeigneur Jésus-Christy le pè*e de$ 
miséricordes et le Dieu de toutes les consolations, qui nous a consolés 
de sa puissante consolation dans toutes nos afflietians^^\ par la ve- 
nue de votre troupeau. Ne nous a-t-il pas en effet consolés par la 
venue de ceux-ci? D*abord en nous rappelant les précédents pèle- 
rinages'*' qu'ils venaicnl faire aux saints lieux de Jérusalem, ensuite 
il nous a réjoui le cœur par leur venue, et nous avons reconnu que 
Dieu no nous avait pas complètement rejetés. En effet, ce Dieu qui 



('^ Modestos était abbé dn monastère 
de Saint-Théodore. Un de ses premiers 
soucis fut de rétablir les lieux saints. Cf. 
Patkanian, Journal asiatique , 1866, t. I, 
p. 900, n. 3. 

^*^ Kumitas ( (romidas , Koumitas ) , «r né 
à Alchich, dans le canton d'Aragacoln^, 
occupa le catholicosat de 617 à BaS. Cf. 
la liste des patriarches d* Arménie, dans 
Saint-Martin, Affmoire«... 1. 1, p. &38. 

<*) II Car., 1,3 ei à. 

^*^ Allusion au pèlerinage annuel que 
les pèlerins d'Orient font à Jérusalem 
k Tépoque de Pâques. De nos jours 
encore cette coutume s'est pieusement 
conservée et quelques semaines avant 
Pâques les couvents prennent un aspect 
nouveau, dû aux préparatifs que Ton fait 



pour recevoir les p^erins. C'est égtie- 
ment ce que mentionne une inscription 
arménienne, cataloguée sous le n* 963 
du musée du séminaire arménien de Jé- 
rusalem. L'intérêt cpi'elle présente n'est 
|)as suffisant pour l'éditer; voici ce qu'elle 
contient en essence : En 1 163 (« 1716 
de J.-C. ) , les pèlerins venant de Constan- 
tinople furent engloutis dans la mer, re- 
ligieux et laïques, hommes et femmes; 
en commémoration, Krikor (Gr^ire) le 
patriarche a fait ériger une croix pour le 
salut de leurs Ames; et grava cette in- 
scription : que ceux qui la liront disent : 
Dieu ait pitié de leurs Ames! — Cette 
inscription est en bon état; il faut signa- 
ler néanmoins qu'elle est fendue par le 
milieu. 



CHAPITRE XXV. 



71 



est nôtre, est parmi nous, nous montrant par ces choses ses grands 
[miracles] accomplis dès avant l'^^ternité jusqu'à présent. Bénissant 
sa force et ses miracles, disons avec Paul : Seigneur I que tes 
(guvres sont grandesl tu les as toutes faites avec sagesse^^l En vérité, 
ses jugements sont impénétrables et ses voies sont incompréhensibles. 
Car y qui a connu la pensée du Seigneur^ ou, qui a été son conseiller? 
Ou, qui lui a donné lepremiery et il lui sera rendu? Car toutes choses sont 
de lui et pai' lui et pow^ lui: à lui la gloire dans tous les siècles I Amen'^\ 
Or, comme il a changé en amis nos adversaires et qu'il nous à 
accordé sa pitié et sa miséricorde ('', devant tous nos tyrans, les 
meurtriers du Seigneur et les Juifs'*), qui pensaient, en torturant 
celui-ci, outrager une fois encore celui qui fut torturé pour nous'*), 
^otre-Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu; eux qui ont osé faire 
la guerre et qui ont brûlé cette place véritable, la clémence de 
Dieu a bien voulu les bannir de sa sainte ville de Jérusalem; eux 
qui désiraient s'en rendre les habitants, ils entendent [l'ordre] de ne 
plus y demeurer'^); ils ne sont pas jugés dignes de voir la passion 
vénérable et adorable, ni le tombeau saint et qui a enfermé la vie, 
ni le saint Golgotha, glorieusement renouvelé''). [Car toutes ces 
choses] voient'*) que leur gloire leur est rendue, ainsi que loffice 
divin dans tout son éclat, et Sion, la mère des Eglises, qui est ré- 
édifiée. En apprenant que tous ces endroits adorables sont res- 
taurés, ils enragent de jalousie, non de la bonne jalousie, mais 



<'> P8.,CIT, «4. 

('> Rom. , XI, 33-36. L'auteur, citant de 
mteoire, aura confondu avec un verset 
du paaume ie commencement de la cita- 
tion de Paul. 

^^ AHosion à Tordre royal qui enjoi- 
gnait aux floidata persans de faire grAce 
aux dirétiens de Jâvsalem , de rebAtir la 
ville et de laisser chacun dans sa position. 
Cf. Dulaurier, Qrono/. arm., p. a a 3. 

(') Le texte (ëd. Patk., p. Sh.l a) est 

inintelligible Imp'qm^pmmi^iÊ^ÙifJkii» k. f^' 



(*) Ce passage est très obscur et fait 
supposer une altëralion du texte. 

<*^ Les Juifs avaient d*abord pris parti 
pour les Perses et devinrent, au commen- 
cement, leurs prot^é»; mais ils furent 
bientAt expulsée de Jësusalem;ils tuèrent 
9,000 chrétiens avant et pendant ie siège. 
Cf. de Murait, CAroMi^. Âyz., 1.1, p. 979. 

^^^ Renouvelée par It» soins de Modestos 
lui-même. 

^*' M. Meiliet nous signale que Patka- 
nian déclare dans sa traduction russe cette 
phrase inintelligible. 



72 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

de la jalousie innée de leur ancêtre Gain. Us demandèrent à plu- 
sieurs reprises, en faisant de grands cadeaux, la permission de 
rentrer dans la ville sainte; mais ils n'en ont pas été jugés dignes., 
empêchés par Dieu, qui nous a châtiés, non pas selon nos œuvres, 
mais par sa charité paternelle, a6n de nous régénérer. 

(rMais en décrivant [cette chose] miraculeuse, nous te causons de 
la joie; la reconstruction de ces lieux adorables a lieu non par Tin- 
justice ou par la ruine, mais grâce à sa miséricorde, par laquelle il 
a sauvé le monde et [nous] a accordé la connaissance de lui-même. 

(rOr, ainsi quon te Ta dit, grâce à Dieu, par l'intermédiaire de 
vos saintes prières, toutes les églises de Jérusalem ont été réorga- 
nisées et on y célèbre le culte; la paix [règne] dans cette ville 
divine et aux alentours, comme on vous le dira personnelle- 
ment, et comme l'ont vu vos hommes pieux. Tout cela est l'œuvre 
du même créateur et c'est dans le corps seul que se trouvent les 
œuvres(^); la force n'est pas dans les mains humaines; car nul corps 
ne doit se vanter devant lui; il est notre paix, qui accomplit touU 
comme cela a été dit, et qui restaure; combattant comme à pré- 
sent, il nous réjouira par l'intermédiaire de vos saintes prières, en 
prêchant la paix des saintes églises et en nous accordant des pas- 
teurs de son église. Il vous rappellera de prier sans cesse pour nous 
et de ne jamais manquer à penser [à nous] et veiller sur nous et sur 
les pauvres de Jérusalem, à accomplir tout ce qui est nécessaire, 
et, si c'est possible, à faire converger votre amour jaloux pour 
Dieu vers l'assistance [requise] pour la construction du [Temple] 
de la Passion vivifiante; afin que nous soyons gratifiés de ces pré- 
sents, bons et désirables. Je prie aussi votre Sainteté paternelle de 
lire cette missive devant les saints évoques qui sont avec vous.i^ 

Voici la réponse à cette lettre, que les Arméniens à Jérusalem 
écrivirent à Modestos''^) : 

ff I^ voix annonciatrice de la grande trompette de Tânge nous crie 

(') Le leite est inintelligible. — ^*' Le ms. porte : u/m. l^uu^P == ^ Tempereur. (Noie 
(le Patkanian , dans son édition de Sebéos, p. 85.) 



CHAPITRE XXV. 73 

à travers cette lettre arrivée de votre cité divine, nous annonçant 
une grande joie; les cieux ^e réjouiront et la terre sera en liesse; 
TEglise en sa gloire et ses enfants seront dans la joie; et maintenant 
nous tous, d'une clameur unanime, nous entonnerons le Magnificat 
angélique, en disant : (t Gloire à Dieu dans les hauteurs, paix sur 
la terre et bonne volonté parmi les hommes**), t) 

RÉPONSE DE TER KUMITAS^ 

(T Par la grâce de Dieu , de ma part , à moi , chef des évèques , et do 
la part de tous les évèques orthodoxes, des prêtres, des diacres, 
des scribes et de tout le peuple arménien , à vous qui avez été per- 
sécutés et affligés, frappés de verges^^), éprouvés, et qui êtes pro- 
tégés et choyés, consolés et aimés par le Père céleste. 

(fA toi, excellent frère Modestos et à toutes les églises qui [se 
trouvent] à Jérusalem, que la grâce de Notre-Seigneur Jésus- 
Christ, que lamour de Dieu et la paix [vous] soient multipliés (^). 

(rD*abord je rends grâce à Dieu pour les consolations dont il nous 
a consolés, pour que vous-mêmes vous puissiez consoler ceux qui 
sont dans les peines (^); car voici que nous-mème, par votre conso- 
lation qui nous est parvenue, nous avons été consolés de beaucoup 
de chagrins et de peines violentes, et des tortures amères qui 
nous affligent. Mais Dieu est fidèle (^*), qui, par sa clémence pater- 
nelle a soulagé tous les troupeaux des croyants de cette façon 
et nous a fait oublier notre tristesse par la joie de cette nouvelle et 
par le bruit de la réédification et de la pacification de Jérusalem. 

ff Mais le prophète nous crie, nous clame et dit: «r Consolez-vous; 
rque mon peuple soit consolé, dit Dieu; prêtres, parlez au cceur de 
^Jérusalem (') et consolez-la , car elle fut pleine de souffrance. ^ Dieu 

^*^ Lac, u, i4. <^) Réminiscences de Aom., i, 7; \u, 

^'^ Sur la forme koft^Tdv» Koftirâ;, ai. 

cf. H. Hûbschmann, Armeiî. Gramm., I, '*^ U C^r., i. &. 

p. 336. (*' Rëminiflcences de / (Air,^ 1, 9: \, 

<*' Ri^miniseenoe de Actiê des Apôtrei, 1 3. 

XVI, 37, el // Cor., xi, a5. ^^ Es., xl, 1 el a. 



74 



HISTOIRE D HÉRACLIUS. 



s'approche de vous comme de ses Gis; car le Seigneur éprouve 
celui qu'il aime^^). Quel père ne conseillera pas son Gis? Nous 
avons été guéris par ses blessures ('^) et le conseil de notre paii [est] 
en lui. Mais sache toi-même ceci, ô frère bien-aimé. Ces voyages 
provoquaient une consolation non moindre chez notre peuple 
aussi, d'abord parce qu'ils oubliaient les douleurs et la tristesse 
de notre pays; a*" parce qu'ils lavaient leurs péchés par la péni- 
tence, le jeûne et la charité, en accomplissant ce voyage pénible, 
sans sommeiller, nuit et jour; 3"" parce que [les pèlerins] bapti- 
saient leurs corps dans l'eau de sainteté, dans les tourbillons en- 
flammés du Jourdain qui a jailli sur tout l'univers, en grâce divine. 
Car ils répandaient l'angoisse de leur cœur autour du mont Sinai, 
proche de Dieu au temps de Moise, se [disant] l'un à Tautre la 
parole du prophète: «r Venez, montons sur la montagne du Sei- 
<rgneur et dans la maison du Dieu de Jacob ^^Kt) Mais prononçons 
encore une plus grande [parole] selon la voix apostolique (*) : (rl'ar- 
(T rivée au mont de Sion et à la ville du Dieu vivant, dans la Jérii- 
rrsalem céleste ^^U, et auprès des armées innombrables des anges et 
des églises des aînés inscrits au ciel; la vision du siège de Dieu sur 
la terre, l'apparition de Dieu juge de tous, assis sur l'autel céleste 
et sur Tancre divine. Mais lorsque le Très-Haut détourna sa face 
de nous et nous(^) regarda avec l'ardeur du soleil, nos âmes indo- 
ciles n'ont pas obéi et nous avons été troublés : justice à Notice 



<"> Hihr., xn, 6; Prov., m, ai. 
'^ /Prer.,n, 9&;Es.,un,5. 
t'î Es.,ii,3,€tMichëe, nr, a. 
^*' iNoiis tradiiÎMiDs lîtlëndement gmm 

aÊm,mt^ê^ltm^ÊA JK«yV^= seion la VOIX «pO- 

stolique. On peut entendre par là que Ter 
Komitas tenait Tanteur de Tépltre aui 
Hébreai pour un r. pâtre, ou que la doc- 
trine de cette ëpttre était conforme à 
ceBe des apôtres. Cf. E. Mén^z , La Théo- 
hgie de rêpiirtëmx Hêfntmx.Vmny 189Â. 
Dans les cttalîons précédentes, que nous 
avons identifiées, Ter Kuinitas ne rite 



pas le nom de Tapôtre PaaI. Pent-étre 
âail-ii du nombre de ceux qui attribuent 
répttre aux Hébreux à saint Paid. L'auteur 
de cette épilre n^était pas anonyme pour 
les destinataires, puisqu'il leur annonce 
sa prochaine Wsite. L'était-eile en 61 & ou 
6 1 S, époque vraisemblable de la rédaction 
de la lettre de Ter Knmitas, c^est ce que 
nousigfnorons: il serait hasardé de tirer 
une conclusion de Targument ex eilemiio. 

'*' Hèhr.,%n, aa. a3. 

•• Var.^ ^4-^ «rvous-. Sebéos, édition 
Patk., p. 87, n. t. 



CHAPITRE XXV. 75 

Seigneur Dieu et honte à nos faces (à nous-mAmes^'^). Mais lorsque 
la miséricorde de Dieu voulut exercer sa douceur énergiquement 
bienfaisante sur nous qui étions déchus, ndus avons été engloutis dans 
la profondeur de sa majesté. Pour ce message de bonne nouvelle, 
bénissons de nos bouches, sans repos, de nos langues infatigables, 
Notre-Seigneur Jésus-Christ, le bienfaiteur, qui fait des miracles, 
le dispensateur des dons; car quoique le jour de carnage et d'in- 
cendie de ton jugement soit tellement terrible et violent, larclii- 
tecte sage qui vous a élus et purifiés comme de For au creuset^^) 
renouvellera de même sa gloire sur toi et te consolera merveilleu- 
sement. 

trMais notre bien-aimé(') nous a déjà dit tout cela, en racontant 
[comment celui qui] descendait de Sion à Jéricho tomba entre les 
mains des brigands qui le dépouillèrent et, Tayant chargé de 
blessures, le laissèrent à moitié mort et partirent; [comment] les 
prêtres qui voyageaient le virent et passèrent outre; [comment] 
les juib, les lévites et les païens le virent et passèrent outre; tandis 
que lui-même (^) s'approcha avec compassion, banda ses blessures, 
appliqua sur celles-ci sa miséricorde et son sang vivifiant; il com- 
manda de mettre sur [les blessures] de Thuile et du vin et de les 
bander, {>our les guérir; et voici qu'on vit [le blessé] conduit à 
l'auberge (^) et soigné; il donna trois piastres (^^ à l'aubergiste. Voici, 
tu as en main largement pour les remèdes. Tout ce que tu dépense* 
ras pour cet homme, il te le rendra quand il reviendra une autre fois. 

<rQue Sion ne se lamente plus désormais et que Jérusalem ne se 
revête plus de deuil, car voici que Christ le roi est arrivé pour 

^'^ Hëbraîanie. 3i ) ^ kfmtidemq des Arabes et des Turcs. 

(*> Cf. ZMharie, ix, 3; Apoeai. , m, <*> Texte: f^ft» T^^i^^. trois de- 

i8. oiers (oa piastres). Le texte grec porte : 

'^^ J^us^hrist, dans la parabole du Mo hfpéfta^ et le texte annënieo du 

bon Samaritein. Luc, x, So-Sy. N. T. a paiement : kg^^mê^ ^|.mÊ^^^m^lHÊ , 

^*' Ce passage doit être pntendu dans deux deniers. Kumitas cite de mëmoire 

un sens mystique et symbolique; Jésus et oublie ie chiffiie exact de deniers. Luc, 

est ligure ptor le Samaritain. x, 35. C'est peut-être aussi simplement 



(*i 



•fMAvfjvf .= «aipdo)^crov (Luc, X, une faute de copiste. 



76 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



sauver et consoler; la couronne de ta consolation sera arrondie 
avec sa passion fleurie, et sa mort sera un diadème de consolation 
sur ta tête. Les fils méchants des Juifs se rongeaient et se consu- 
maient, ô très cher, car les arbres du Christ qu'ils ont coupés avec 
les haches de leur fureur par la main de bûcherons insensés, voici 
qu'ils ont poussé des rejetons et qu'ils se sont multipliés. Le Très- 
Haut a rempli ces [endroits] d'oliviers et de palmiers, que tes enfants 
de ceux qui ont cruciGé ne seront pas même jugés dignes de voir. 

cr Mais vous, frères, selon la voix de lapâtre , soyez vivants dans le 
Seigneur, restez fermes, soyez consolés, soyez unis, faites la paix 
et que le Dieu de paix et d'amour soit avec vous('). Amen?). 

CONSTRUCTION DE Ll^.6LISE DE HAIPHSIMAY'''. 



En Tannée 28* du règne d'Apruêz XosrovW, le catholicos 
Kumitas démolit la chapelle (^) de sainte Hpiphsimay daus la ville 
de Valarsapat, car le bâtiment qu'avait construit le patriarche 
saint Sahak, le catholicos des Arméniens, le fils de saint Nei*sês, 
était trop bas et trop sombre. 

Or, tandis qu'il démolissait le mur de la chapelle, subitement 
apparut la perle royale, lumineuse et rare, c'est-à-dire le corps 
virginal de la sainte dame Hpiphsimay dont tous les membres 
avaient été détachés, qui avait été scellé de l'anneau du bienheu- 
reux saint Grégoire et de celui du bienheureux Sahak , catholicos 



^*^ // Cor., iiii, il. 

(') La I^nde de sainte Hpiphsimay 
(Ripaimë) est racontée dans tous ses dé- 
tails par Agathange. Cf. Victor Langlois, 
(hlketkm. . ., I, p. 187 et suiv. Kumitas 
et Nerees Snorhali ont composé des hymnes 
en l'honneur de Ripsimé et de ses compa- 
gnes. Langlois {CoUeetim, t. I, p. 187, 
n. 1) propose un rapprochement avec les 
aventures de Valéria ri de Prisca, et ren- 
voie à Lebeau (édit. Saint-Martin), 1 1, 
p. 1 4^1 et suiv. La chapelle de sainte Rip- 



simé existe encore à Valarsapat; elle est 
en parfait état de conservation; on en 
trouvera une description détaillée dans 
H. F. B. Lynch, Armeniay t. I, p. 969, 
et une excellente re|)roduction photogra- 
phique , tïûi. , fig S7. 
^'i En 618. 

(*) Sur le sens de êtêmammi^m, • JSM«v»t.«V 

{matupn) ^ chapdie de martyr = pMçnit- 
ptop, cf. H. Hiïbsehmann , Arm. Cramin. , 
tl,p. 363et36&. 



CHAPITRE XXVI. 77 

des Arméniens; [kumitas] n'osa pas ouvrir, et scella de son propre 
anneau, digne desceller une telle perle, troisième anneau de trois 
fidèles. perle, non point née de la mer, mais perle née de la 
race royale et nourrie dans le giron de la sainteté et vouée à 
Dieu, [toi] que désiraient voir les élus; et le bienheureux Kumitas 
s'attendrissait à ton amour ('). 

La mesure de la taille de la bienheureuse était de neuf pouces ('^) 
et (|uatre doigts, et toute la région du Nord ébranlée venait 
Tadorer et beaucoup de malades guérissaient de tous [leurs] maux. 
Il construisit Téglise et il laissa la bienheureuse en plein air, à 
cause de Thumidité du mur, jusquà ce que la chaux fut desséchée; 
puis elle fut recueillie dans sa demeure. Il fit enlever aussi la 
charpente de la cathédrale (^) sainte, il répara les murs ébranlés, 
il reconstruisit Touverture en pierre. Ceci fut fait du temps de 
Yovhanik, prêtre de la sainte cathédrale du couvent. 

CHAPITRE XXVI. 

Xopeam vient à Gbalcédoiae avec ane nombreuse armëe pour s^emparer de Constanii- 
nopie. ' Exhortation et préaeais de rempereor. - Lès Pertes se laissent convaincre 
et 8*âoigQent. Us reviennent vers Byxance. - Grand combat naval oti les Perses 
sont vaincus. Lettre de Xosrov à Hëradius. ~ Dëpart d*Hëraclins pour marcher 
contre les Perses. - Combat près de Tigranakert. - Héndius victorieux revient 
charge de butin à Cësarée de Cappadooe. - D marche de nouveau contre Xosrov. 
- BataiHe dans la plaine de Ninive et défaite des Perses. 

il arriva'*) dans ce temps-là (') que Xopeam se mit en marche 
avec une nombreuse armée, arriva à Chalcédoine et di^essa son 
camp(^) en face de Byzance. Il voulait passer [le détroit] et s'em- 
parer de la capitale. 

^' Allusion aux hymnes composées par 11. HiiiKtchmann, Arm. Gramm. , I, p. 353. 

le patriardie Kumitas en Thonneur des ^*' Cf. Thom. Arcruni, p. 89 et suiv. 

saintes Ripeimiennes. ^^^ En 6 1 7 : après la conquête de U 

^'^ fiMf.(rpalme, empan ft. Palestine. 

<*> Î|«»/94»<.fff4r el ^u0pm^|f^^k = KaSo- '*) Le texte porie|âr«»4ir5tiM., que nous 

hxif = r^{lise métropolitaine, la cathé- corrigeons en ^MArurfijim.. Cf. Seb^, 

drde, en particulier celle de Valarsapat. Cf. éd. Patk., p. 97, 1. 3. 



78 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

Lorsque Tempereur Héraclius vit la horde venue pour dé- 
truire son* empire (^), il les traita, bien malgré lui, en amis, les 
honora comme des hôtes méritants et bien aimés, alla au-devant 
d'eux avec des présents, et fit de riches cadeaux au général et aux 
principaux chefe(^). Il distribua des subsides aux troupes et leur 
donna pendant sept journées des vivres en abondance. Lui-même 
monté sur un navire [s'approcha du rivage] et leur tint ce discours : 
(rQue voulez- vous feire? Pourquoi ètes-vous venus dans ce pays? 
Prenez-vous la mer pour la terre, que vous voulez lutter avec elle? 
Sans doute Dieu peut la mettre à sec devant vous, si tefle eatsa 
volonté; mais prenez garde qu ii n'en agisse autrement et que les 
abîmes de la mer ne tirent vengeance de vous. Car ce n'est point 
à cause de votre piété qu'il vous a donné la victoire, mais à cause 
de notre iniquité. Ce sont nos péchés, non votre valeur, qui ont 
fait vos succès. Que demande donc de moi votre roi, qu'il refuse 
de faire la paix avec moi? Voudrait-il détruire mon empire? Qu'il 
ne le tente pas, car c'est Dieu qui l'a établi, et personne ne peut 
le détruire que si tel est le bon plaisir de Dieu, et alors que sa 
volonté s'accomplisse. Si votre mattre dit : (r J'établirai sur eux un 
roi^, qu'il fasse roi celui qu'il voudra et nous le recevrons. 
Désire-t-il venger la mort de Maurice? Mais Dieu a déjà tiré ven- 
geance de Phocas par la main de mon père Héraclius. Votre roi 
est toujours altéré de sang. Quand en sera-t-il rassasié? Les Romains 
ne pouvaient-ils pas le mettre à mort, et détruire en même temps 
l'empire des Perses, quand Dieu l'a livré entre leurs mains? Cepen- 
dant [Maurice] eut compassion de lui. C'est ce que je réclame 
aujourd'hui de lui, savoir paix et amitié. A vous, je demande trois 
choses; écoutez-moi : éloignez de notre pays le feu, l'épée et la 
captivité. Vous-mêmes tirerez profil de ces trois choses, car vous 
ne souffrirez plus de la famine et il n'y aura plus de perte sur les 
tributs destinés au trésor royal. Enfin j'enverrai à votre roi une 

<') Cf. Lel)eaii, t. XI, p. 1 5 et suiv. — (*> Cf. Patkanian, Janmai atiaiiquê , 1866, 

t. I, p. 901. 



CHAPITRE XXVI. 79 

letti*e(^) accompagnée de présents pour lui demander de conclure 
avec moi un traité de paix, -n 

Les Perses acceptèrent les présents et consentirent à ce que 
demandait lempereur, [(^) en attendant la réponse qui devait venir 
de leur souverain et les ordres qu'il donnerait à Taruiée. Leurs 
troupes s'éloignèrent donc de Ghalcédoine et allèrent prendre leurs 
quartiers d'hiver à Souria.] 

Le roi de Perse reçut les présents qui lui étaient apportés de la 
part de l'empereur, mais il ne laissa point repartir les ambassa- 
deurs. 11 donna en même temps à ses soldats Tordre de passer le 
détroit sur des barques et d'attaquer Byzance. Ceux-ci ayant affrété 
des bateaux, on &t les préparatifs pour attaquer Byzance par mer. 
Une armée de mer venue de Byzance alla à leur rencontre pour les 
combattre. Un combat naval eut lieu, et les soldats perses tour- 
nèrent le dos, couverts de honte. Quatre mille hommes y périrent 
avec les bateaux; et ils n'osèrent plus recommencer. 

La S/t"" année du roi Xosrov^^), il écrivit à Héraclius un décret 
ainsi conçu : 

(rXosrov, chéri des dieux, maître et roi de toute la terre, fils 
du grand Aramazd, à notre serviteur, imbécile et infime, Héra- 
clius. 

(cNe voulant pas accepter d'être mon serviteur, lu te nommes 
maître et roi et tu épuises mon trésor qui est entre tes mains; 
tu trompes mes serviteurs et, réunissant tes troupes de bandits, tu 
ne me laisses pas de repos. N'est-il pas vrai que j'ai anéanti les 
Grecs, et tu prétends compter sur ton Dieu. Pourquoi n'a-t-il pas 

<*) Oiympiiu P. P., Léonce P. U. et le tioo, qui eut le même «ort que la pre- 

sy ocelle de la grande ^se Anastase par^ mière, et il en serait ainsi tant que les 

tirent comme médiateurs de la paix, et Chrétiens n*auraient pas renié le Crueifii. 
porteurs d'une lettre <rdans laquelle toute ^ Lacune comblée d'après Th. Areruni, 

la bute était rejetée snrPhocasr. Cf. de p. 91, L 10 et suiv. (trad p. 8a); ci. 

Murait, Chrom^. hfumi,, L I, p. ayi. aussi le sommaire du présent cha- 

Le même savant, d'après des sources pitre, 
grecipies, menlionne une seconde léga- ^^ 693-6a4. 



80 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



sauvé (le mes inaius Gésarée, Jérusalem et ia grande Aleiandrie? 
A présent même, ne sais-tu pas que j'ai soumis la mer et la terre? 
Et crois-tu que Gonstantinople seule ne sera pas matée (^) par moi 1 
Mais je te pardonne toutes tes fautes; allons, prends ta femme et 
tes fils; viens ici et je te donnerai des fermes, des vignes et des 
oliviers, avec lesquels tu vivras, et nous te traiterons amicalement. 
Que votre espoir vain ne te trompe pas, car ce Christ qui ne put 
même pas sauver sa personne de la main des Juifs et qui fut tué 
par eux, attaché sur le bois, comment pourra-t-il te sauver de ma 
main ? Car si tu descendais même dans les abîmes de la mer, j'y 
allongerais ma main et je te saisirais (^). Et alors lu me verras tel 
que tu ne le désires pas.T) 

L'empereur Héraclius ayant reçu le message donna Tordre de le 
faire lire devant le patriarche et tous les grands; et pénétrant dans 
la maison de Dieu ^^), ils étendirent le message devant le saint autel 
et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le Seigneur et pleu- 
rèrent amèrement, pour qu II vît Içs outrages dont ses ennemis 
l'outrageaient. 

Il parut bon à Héraclius et à tous les sénateurs (^) de faire mon- 
ter sur le siège royal Constantin, le fils d'Héraciius, qui était un 
jeune enfant'^); Héraclius fit ses préparatifs, prit sa femme et se 
rendit en Orient; puis on affermit davantage Constantin dans la 
dignité royale, selon la première parole (^^ 

Héraclius fit donc ses préparatifs avec sa femme (^) et ses eunu- 
ques et les princes de sa cour; il célébra la pâque à Gonstantinople 



^'^ Texte : iv^Lî Arcruni : p^i»^£_. 
^*^ Rëminisceiice du Psaume cxixix. 
'"^^ Cf. Esaîe, xxxvi et xxx?ii. 

xXifroç ffséfïBi'n, et mtynXrfTatùs rrsëna- 
leur ?^ . Cf H. Hûbschm^on , Arm, Gramm. , 
I, p. 379-380. — Cf. Sebéos, éd. Pat- 
kan. , p. 80, 1. 39 et s. : . . . irm ^Vim (, 

^^^ Cf. Tab. Nôld. , p. S9& ; il mentioune 



le fait sans donner le nom du lik et suc- 
cesseur d^Héraclius : ^r • . . Hess eineu 
Sohn von sich als Stellvertreter in Cou- 
stantinopd zurûck , . .n 

(*) Ou bien : «r Conformément au pre- 
, mier récit n consigné dans Sebéos, éd. 
Patk.,p. 80 J. 39. 

<") Martina, Glle de Marie et d'Eu- 
trope (de Murait, CÀroiHigr. iy*., t. I, 
p. 97a). 



CHAPITRE XXVI. 81 

et, après Pâques, s embarqua pour Ghalcédoine <^). Il donna Tordre 
k ses soldats de se rassembler à Gésarée de Gappadoce, et lui- 
même pai*tant de Gbalcédoine vint à Gésarée. 11 dressa sa tente au 
milieu de Tannée et donna Tordre de convoquer toutes les troupes 
etde lire le message devant eux. Puis il [leur] raconta [la raison] de 
sa venue parmi eux. Les soldats, bien qu'ils fussent émus par ses 
paroles, furent remplis de joie par son arrivée; ils lui souhaitèrent 
la victoire et dirent : (r Partout où tu iras, nous sommes avec toi, à 
la vie et à la mort; et que tous tes ennemis deviennent de la terre 
sous tes pieds; que notre Seigneur Dieu les supprime de la face de 
la terre et quil abolisse [leurs] (^) outrages parmi les hommes.^ 
Héradius partit et s'en alla avec i s 0,000 [hommes], se rendant 
à la Porte du roi des Perses; prenant la route des régions du Nord ^^\ 
il se dirigea vers la ville de Karin et, arrivé à Dwin, dans la pro* 
vince de TArarat, il la ravagea ainsi que Naxcawan^ 

Marchant sur Gandzak, ce village vaillant (^), il renverse les autels 
du grand Pyrée, qui s'appelait Vànasp(^); et le roi Xosrov pressait 
ses troupes qui étaient sur le territoire grec d arriver à son secours. 
Gar bien qu*il eût organisé sa cavalerie et qu'il Teùt renûse aux 
mains de àahén Patgosapan (^), les troupes étaient peu nombreuses 
et ne purent résister : il réunit ses trésors à Tizbon et se disposa 
lui-même à prendre la fuite. Quant aux troupes perses, elles arri- 
vèrent en hâte à Mrcuîn. On annonce k Tempereur Héraciius que 
Xopeam est arrivé h Mrcuin. Il prend ses soldats et ses captifs et 



<*) n «mllirqiM le lendemain de Pâ- 
qaes, 5aml699 (Lebeau, XI, 91), aprè» 
avoir confie la ville, adon iea uns, k 
Sage et au patrioe Bonus; sdon d'autres 
i son iUs et au Xakhan comme tuteur; 
sekm d'antres encore, à la garde de la 
Sainte-Viei^. Cf. de Murah, CÀnmogr.^ 
éf*., I,p. «77. 

<•> Tcite : h^, 9€$. 

^'^ Il prit un autre chemin que celui 
par lequel était venu Sahrbarâs (Tab. 

■m. raiaAGLiuB. 



Nôid., p. a9&); il prend irla route de^ 
rives méridionales de la mer Noire et de 
rArménie « ; cf. Patkan. , Jomrtud atiatique , 

1866, I, p. SOI. 

'<*' Au Ueu de m^f f^<-t^ «sA'i k pas- 
sage parallèle de Thom. Arcruni porte 
\g^m^anmmm^tA^ (Gaudxak de TAtropa- 
lène); cf. Patk.,éd. Sebéos, p. 99, n. 1. 

<') Cf. H. Hubschmann , Arm. Gramm. , 
I. p. 86. 

^*> Cf. Tab. Nôld., p. i5t, n. a. 

6 



m r •!■■••« ■âTMIAU. 



CHAPITRE XXVL 83 

5oo [hommes]. 11 les massacre d'abord, et un cavalier échappé [à 
la mort] arrive à Arcéâ, annonce à Xopeam la mauvaise nouvelle 
que son ennemi s'est avancé contre lui et qu'ils ont massacré les 
soldats de l'avant^garde à Ali. Xopeam se mit en colère contre cet 
homme; il donna l'ordre de lui attacher les mains et les pieds et 
dit : (T Jusqu'à présent Héraclius nous fuyait; maintenant que je suis 
arrivé avec une telle force d*armes, ne me fuira-t-il pa8?i> Ces pa- 
roles étaient encore dans sa bouche que [les ennemis] arrivèrent 
à la hâte sur eux. Us cernèrent la ville de trois côtés, l'incendiè- 
rent et brûlèrent les troupes de soldats. Si l'un d'eux sortait de la 
ville pour fuir, on se saisissait immédiatement de lui et an le mas- 
sacrait. Et aucun d'entre eux ne put échapper à la mort, car le 
feu immense les dévora tous. Cependant Sahr Varaz se sauva, 
monté sur un mauvais cheval; ainsi sauvé, il se rendit auprès de 
ses troupes qu'il avait rassemblées dans le canton d'Atiovit. 

Quant à Héraclius, il prit le butin de leur armée, revint en 
grand triomphe et arriva dans la région de Césarée, taudis que 
Sahr Varaz le suivit promptement. Mais comme l'armée était fati- 
guée, il prit le parti de mettre plusieurs cantons entre [elle et 
l'ennemi], pour la laisser se reposer et se refaire; [les troupes] 
allèrent dans les régions des Asiatiques, s'y répandirent et y pri- 
rent leurs quartiers. 

Alors Héraclius, prenant ses soldats, revint en Arménie; il tra- 
verse le Sirak, arrive au gué du fleuve Araxe et passe le fleuve près 
du village de Vardanakert; puis il se répand dans le canton de 
Gogovit. Aorik Vahan et l'armée perse les croyaient ''en fuite. 
Quant à lui, passant ]>ar les cantons de Her et de Zarewand, il 
se dirigea vers Tizbon pour attaquer Xosrov. Lorsqu'il pénétra 
dans les confins du canton d'Atrpatakan, on en avisa Rov Vehan; 
celui-ci prit ses troupes'*! et le suivit dans la ville de Naxrawan; il 

^'' TlChosrau] schikte ziim Kampf (febot ihni, iuNinive^daszurSlJidt M<iKtil 
gvgen ihn einen seiner Heeriahrer Na- geliôrt , am Tigrisufer lu bieiben und don 
imms Râhiâdh mit 19,000 Mann and Rômera den Uebergang zu verwehren.i) 



1 



HISTOIRE D HÉRAGLIUS. 



marcha rapidement, nuit et jour, jusqu'à ce qu il Teùt rejoint; puis 
passant de Tautre côté du mont de Zarasp (^\ il tomba sur le pays 
des Assyriens; ceux-ci se jetèrent à leur poursuite et eux se diri- 
geant vers rOccident, s'en allèrent à Ninive. D'autres troupes arri- 
vèrent de la cour du roi au secours de Roc Vehan, les meilleurs 
[soldats] de tout le royaume. lis opérèrent leur jonction avec les 
autres [troupes] et poursuivirent Héraclius. Celui-ci les laissa venir 
jus(}uà la plaine de Ninive (^^ et là, faisant volte-face, il les attaqua 
avec une extrême violence. La plaine était couverte de brouillard, 
et les troupes perses ne connurent le retour d'Héraclius sur elles 
que lorsqu'on en était déjà aux mains. 

Le Seigneur manifesta tellement sa miséricorde sur Héraclius 
en ce jour-là que son armée extermina les ennemis comme un seul 
homme et qu'on tua leur général dans la bataille (^). Cernant le 
reste, [les soldats d'Héraclius] voulaient les massacrer tous. Mais 
eux criaient : (r Seigneur pieux et bienfaisant, aie pitié de nous?», 
alors Héraclius donna Tordre de les laisser aller, et Héraclius lui- 
même ordonna de faire invasion dans le pays. 

. CHAPITRE XXVIL 

Fuite de Xosrov; prise et incendie de Tizbon par Héraclius; sou retour dans TAtrpa- 
takan. - Meurtre de Xosrov et de ses quarante fils; avènement de kawat et paix 
avec les Grecs. - Délivrance des frontières. 

Quant au roi des Perses Xosrov, il alla se réfugier en franchis- 
sant le Tigre à Veh Kawat, après avoir coupé les cordes des ponts 
de bateaux. Héraclius vint camper aux portes de la ville de Tizbon 
et incendia tous les palais royaux autour de la ville >^^. Puis il se 

Tab. Nôld. , p. âg&agS. Cf. ibid, , p. q(j& , (*> Cf. Theophanes, p &88. 

n. 3 , où ce général est identifie avec ^' Ce général Roc Vehan -^ Razalès fut 

Palérrfç.Pvlènfs, f«?«<T7j7* des auteurs lue |)ar Héraclius le la décembre 627. 

gnecs et Rôtbehdn de Michel le Syrien Cf. de Murait, CÀronoffr. byzmiU., . . , \, 

et de Barhebraeus. p. a83. 

•' E. GeAtifiA , Die pershchen FeldiHge *^ En janvier 6 a 8. Cf. de Morjlt, 

des Kaisers Herakieios. Byz. Zs. III 869 et ». Ckronogr. ^z. , I , p. ti83. 



CHAPITRE XXVIL 85 

rendit dans TAlrpatakan avec tous ses bagages et toute son armée, 
car Héraclius redoutait Xopem. Or Xopeni ne vint pas au secours 
du roi Xosrov, mais ii resta là où il était, dans la région occiden- 
tale ('). I^e roi Xosrov revint chez lui et il donna Tordre de recon* 
slruire les ponts de bateaux; quant aux femmes et aux fils du roi ils 
étaientàVehKawatainsique son trésor etTécuriedes chevaux royaux. 

Xosrov se mit à rassembler les naxarars qui avaient échappé et 
leur parla en les jugeant sévèrement : «r Pourquoi n ètes-vous pas 
morts vous-mêmes sur le champ de bataille, plutôt que de venir 
près de moi ? Avez- vous donc cru que Xosrov était mort ? i» Alors 
ils se concertèrent entre eux et dirent : frBien que nous ayons 
échappé à nos ennemis, nous ne pourrons pas échapper aux mains 
de celui-là; mais venez, imaginons quelque chose./» Alors ils se liè- 
rent entre eux par un sorment, ils se rendirent nuitamment à Veh 
Kawal par le pont, ils se saisirent du pont et y mirent des gardes; 
ils prirent pour roi Kawat, fils de Xosrov et emmenèrent en 
cachette les chevaux avec lesquels Xosrov était venu à Tizbon. 

Et quand la mauvaise nouvelle de cet événement arriva à Xos- 
rov, il sursauta de frayeur, et dans son épouvante il chercha un 
cheval; on entra dans Técurie et Ion u en trouva pas. Le roi Kawat 
vint avec tous ses soldats; et le roi Xosrov se déguisa, entra dans le 
jardin royal et, pénétrant sous les arbustes touffus des parterres, 
s'y cacha et y demeura. Le roi Kawat donna Tordre de le chercher 
et, se rendant au jardin, on Ty trouva; on le saisit et on y amena 
un bourreau. Sur Tordre du roi Kawat on le tua(^). Quant aux fils 
de Xosrov, les naxarars disent : (rlls ne doivent pas vivre, car ils 
pourraient susciter des émeutes. *» Alors sur Tordre du roi Kawat, 
on tes tua tous à la même heure, au nombre de quarante'^-; il 
retint pour lui-même les femmes, le trésor et Técurie du roi. 

^'^ Cf. Patkanian , dans Jammal aêia- ^^' Sur le nombre des fils de Xosrov, 

Afiie, t866, I, p. S09. 4o. s5, 19, etc., cf. Patkaiiian, Jonmal 

'*' liO 95 février 6a8. Cf. de Murait. atiati^, 1866, I, p. 909, n* t H les 

Cknmogr, byi,, l, p. ûSH. n'fi^rences. 



86 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



Ensuite le roi Kawat(^) tint conseil avec les naxarai^s de son 
royaume : trll faut faire la paix avec lempereur et lui céder toutes 
les limites de son royaume, et de tibus côtés faisons la paix.i) D'un 
commun accord ils consentirent tous à agir de la sorte. Alors le roi 
Kawat donne Tordre d'écrire à Héraclius une adresse de salutation 
et lui cède toutes ses frontières; il fait porter avec son adresse du 
sel scellé; il charge un iâxan du nom de Aaà de confirmer cet accord 
par de grands présents. 

Or lorsque ce Aas arriva , annonçant la bonne nouvelle , présentant 
l'adresse et offrant les présents, l'empereur Héraclius et tousses sol- 
dats rendirent de grandes actions de grâce à Dieu(^>. Alors l'empereur 
Héraclius donna l'ordre de mettre en liberté les nombreux captifs 
et de renvoyer tout le butin; il écrit un témoignage de bénédic- 
tion et établit la paix sous serment. Ensuite il envoie un de ses 
principaux naxarars dont le nom était Yustath (^) avec de grands 
présents, et, après avoir comblé d'honneurs et de précieux trésors 
ce i?aà, il le congédie. Et lui rentra en paix chez lui. Yusdath^^) se 
rendant avec des présents devant le roi Kawat présente le décret 
et oflre les cadeaux. Le roi Kawat le reçut avec joie, lui confirmant 
à nouveau les paroles de paix et les frontières cédées par le 
serment des décrets, scellant le sel [avec Yusdat], suivant la tra- 
dition [comme faisaient d'anciens rois](^/. Devant lui, il donne 
l'ordre d'écrire à Sahr Varaz de rassembler ses soldats, de re- 
passer en Perse, évacuer les territoires des frontières grecques, 



^*) Ce roi Kawat II rëgna 6 à 8 mois, 
(h)nc jusqu'à ia fin'de 638. C'est le Si- 
rous, le Cabatas Sadasadasach de de Mu- 
rait , Ckronogr. i^z.,},f. 98&-â85 , et le 
Siroës, Cavades II de faik, ^Journal asia' 
iiqw, 1866, 1, p. aiS-âi8. 

^'^ Héraclius reçut les lettres de Kawat 
le i5 mars 698. Cf. de Murall, Chro- 
nogr, hjfz,, I, p. a8/t. 

^'} Eùalédioi dans la Chromqve Pas- 
cale, p. /ioi. 



(*^ YusUUk est la transcription du grec 
Eùalàdiot; cf. H. Hûbschmann, Arm. 
Gramm,, I, p. 899 ; la variante Tusdat 
indique la prononciation sourde du 7. et 
ne peut guère être attribuée qu'à un co- 
piste. 

^*^ Les mots ^QmgJn^Mim pum una.^ 

mff^ PuÊ^mc,npuÊg ne sont pas possibles 
à construire dans l'état actuel du texte 
de Sebéos. Cf. édition Patkanian, p. 97, 
1.6. 



CHAPITRE XXVIII. 87 

ordre auquel celuHci ne voulut du reste pas se conformer. 
Puis ils congédièrent Yusdat en le comblant de trésors; et il s'en 
alla. 

. CHAPITRE XXVIII. 



Varaxtiroch, fils de Smbat, devient manpan; Christapbor est élu eatholioos; sa 
déposition ; Ezr lui saccède ; mort de Kawat et avènement d'ArlaSir son fils. - 
Héradius ëerit k Xopeam et lui demande la sainte Croix; meortre d'Artaéir et 
avènement de Xopeam. - Meurtre de Xopeam et avènement de Bbor, fille de 
Xosrov; après die, [avènement] d'un certain Xosrov; après celui-ci, [avènement] 
d*Axarmiduxt, fiDe de Xosrov. - Après celle-ci, [avènement] d'Ormicd; ensuite 
avènement deYaxkert. 



Alors le roi Kawat mande Varaztiroch, fils de Smbat le Bagra- 
tide appelé Xosrov ânum (^), et lui donne le pouvoir de la seigneurie ; 
il le fait marzpan et len voie en Arménie avec tous les biens paternels, 
pour qu il maintienne en prospérité ce pays. Lorsqu'il vint en 
Arménie, tous les Arméniens le recuisent avec joie; mais comme le 
bienheureux catholicos Kumitas était mort(*^^ et que la place était 
sans titulaire, il tint conseil avec tout le monde pour chercher un 
homme digne. Alors sur la proposition du seigneur Théodoros 
Aètuni, ils élurent un anachorète de la maison d'Abraham (^), dont 
le nom était Christapbor ; ils l'établirent catholicos. Il advint que 
c'était un homme orgueilleux et arrogant, dont la langue était 
comme un glaive aigu. Celui-ci suscita beaucoup de troubles et 
sema la discorde entre Aspet et son frère par de méchants discours 
Il occupa le siège pontifical pendant deux ans (^), et la troisième 
année, on tança contre lui des accusations. Tous les évèques et les 
princes s'assemblèrent et firent une enquête ; deux hommes de sa 

<'' Sot la variante hum et Imm, titre Munis, de Sgi à 600. (if. Saint-Martin, 

honorifique de Smbat Bagratuni, cf. Mèmoireê, I, p. 438. 

ci-deaaus, p. &8. <^) ChrisU|^or (Christophe III), du 

^') D mourut en 696. Ct Saint-Martin , pays d'Apahuni, occupa le siège patriarcal 

MémoirtM, I, p. 438. de GaS k 698. Cf. Saint-Martin, Mimoirf9, 

^^ Abraham I, ëvéqiie du pays des 1, p. &38. 



88 



HISTOIRE D^HÉRAGLIUS. 



famille vinrent témoigner à son sujet devant tout le monde; en- 
suite on envoya quelques évèques, on lui enleva la mitre de la 
dignité pontiBcale, on le priva de son rang; puis on le chassa 
outrageusement. De suite, on établit comme catholicos Ezr(^\ du 
canton de Nig, qui, sous le bienheureux Kumitas, était gardien 
[de l'église] de Saint-Grégoire. C'était un homme humble et doux, 
qui ne voulait irriter personne, et de la bouche duquel ne sortait 
aucune parole mauvaise. 

Le roi Kawat songeait à la prospérité de son pays, désirant éta- 
blir la paix de tous côtés, mais il mourut(^) au bout six mois^'). On 
établit comme roi son fils Artasir, un enfant (^). Alors Héraclius 
écrit à Xo|9eam ce qui suit : (r Kawat votre roi est décédé et c'est 
à toi que revient le trône royal; quant à moi, je te le donne, et à 
ton fils après toi. S'il faut des troupes, j'en enverrai à ton secours 
autant qu'il t'en faudra; nous conclurons un pacte entre toi et 
moi, avec serment, par contrat écrit et scellé.^ Xopeam consentit 
aisément, quitta Alexandrie, rassembla en un seul endroit tous 
ses soldats, puis les quitta et se rendit avec un petit nombre 
d'hommes au rendez-vous désigné par Héraclius (^). En se voyant 
l'un l'autre, ils furent très heureux. Alors Héraclius lui fit ser^ 
ment de lui donner ce trône et le promit également à ses fils après 
lui; [il lui promit aussi] des soldats tant qu'U lui en faudrait. H lui 



(>) £jBr on Esdm, né k Phariiainakert, 
698-640. Cf. Saint-Martin, Mémoires, 
I,p.&38. 

^*^ Au eommencement de 699. Cf. de 
Murait, Ckrouog. bjfz., I, p. 985. 

^*^ Lire iuÊghmg_on lieu de ffyA-M»^. 
Cf. la forme fi^l'««'£.. SebAos, ëd. Patk., 
p. 98, 1. 18. 

'*) n avait sept ans, d*après Tab. Nôld., 
p. 386. 

') Patkanian (Jo«ni.aml., 1866, 1, 
p. 919) dit que Xopeam et Hëradius 
<r eurent une entrevue dans un lieu nommé 
Héraelin. C'est vraisemblablement une 



dusse interprétation du ^m^f^mAÊ^^^ 

mirffkÊ , mi^ mmmgà^miJ^ VflOr l^fM»^ de 

Sebéos, ëd. Patk., p. 98, I. 97 à 98. 
Nous n^avons pas trouve d'endroit portant 
le nom de Héraeli. En outre, l7f«4£A 
(Erakli) est une des nombreuses ortho- 
graphes du nom d*IIéradius, dans le texte 
de Sebéos. La forme EraUi est au génitif. 
M. Meilletnous signale que, dans sa tra- 
duction russe (1869), Patkantan a bien 
traduit : au rendes-vous qu'Héradius lui 
avait fixé. Le passage du imamal SMiiqwt 
susmentionné ne peut s'eipliquer que 
par une faute d^inattention de Tanteur. 



CHAPITRE XXVIII. 



89 



demandait en premier lieu la croix vivifiante qu'il avait prise à 
Jérusalem. Alors Xopeam fit serment et dit : (r Lorsque je serai 
arrivé à la cour royale, je ferai immédiatement chercher la croix 
et je te l'enverrai. Quant à la convention relative aux frontières, la 
limite sera celles que tu désireras. Confirme cela par écrit, par 
sceau et par sel. d II lui demanda encore quelques jours, puis ils se 
quittèrent et s'en allèrent. Xopeam se rendit avec toutes ses troupes 
à Tizbon ; sur son ordre quelques [soldats] tuèrent le jeune roi 
Artaàir (*) et [Xopeam] monta sur le siège royal; quant aux princi* 
paux de la cour ou de l'armée sur lesquels il ne pouvait compter, 
il donna l'ordre de les exterminer par l'épée; il en fit mener d'autres 
enchaînés auprès d*Héraclius. 

Alors le bienheureux Héradius envoya à Xopeam des hommes 
fidèles au sujet de la Croix du Seigneur. Et lui, la faisant chercher 
en grande hâte, s'empressa de la remettre aux hommes qui étaient 
venus (^). Ceux-ci l'ayant prise partirent immédiatement. Il leur 
donna beaucoup de biens et les congédia avec de grands honneurs 
et une grande joie. 

Un jour Xopeam avait revêtu ses habits royaux et, monté sur 
un cheval, il circulait parmi ses soldats pour se montrer. Tout à 
coup, on l'attaque par derrière, on le frappe et on le tue('). On 
fit monter sur \e trdne Bbor, fille de Xosrov qui était sa femme (^^; 
puis on établit commandant à la cour Xo|90X Ormiid, qui était 
riftxan de la région de TAtrpatakan. Or ce Xopox envoie quelqu'un 
à la bambiân : (r Deviens ma femme, t) Elle accepte et dit : <r Viens à 



^'^ AilaHirllIr^aflepimois^enOaQ; 
cf. de Maralt, Cknmogr. byz., I, p. s(86. 
D*aprèsTabtri (Tab. Nôld. , p. 388) ArtaSr 
aurait été aataasînë k 17 avril 63o, aprts 
un règne de ananel8ixnioi8.Patkanîan, 
Jmamal uêMfm, 1866, 1, p. 918-990, 
aMigne encore d^autres dates poor la dorée 
du rifpie de œ jeone roi. 

<*) Xopeam ^ SalurbarAs = Sariiar fut 
par Hëradins, è condition qu*il 



restitoecait la Sainte-Croix et toute» le» 
eonqnétes de tes prédëcesaenrs en Egypte 
et en Orient Cf. de Murdt, Chnimogr. 
iyt.9 I, p. 986. 

(') Ilavaitr^në quelques nioi8enC99. 
Cf. de Murait, Chtimogr. iyt,, l,p. 986; 
Tab. Nôld. , p. S88-390 ; Patkanian , dans 
le Journal Miatique, 1866, 1, p. 990-991. 

(^} La Semme de Xopeam et la fille de 
Xosrov II; cf. Tab. Nôld. p. 3^0. 



90 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS. 

minuit avec un seul homme et je ferai ta volonté ^^\ ^ Et eu se levant 
au milieu de la nuit il se rendit avec un seul jeune homme; lors^ 
qu il entra dans le palais, les gardiens de la porte se jetèrent sur lui 
et le tuèrent en le frappant. La bambi&n occupa le trône pendant 
deux ans et mourut. Après elle, un nommé Xosrov de la maison de 
Sassan. Après Xosrov, Azarmiduxt, fille de Xosrov^^). Après celle-ci, 
Ormizd(^), lepetit-fils de Xosrov, que les soldats de Xopeam avaient 
étrange. Ensuite règne Yazkert, fils de Kawat, petit -fils de Xosrov, 
qui régna dans la crainte, car les armées de la Perse s'étaient 
divisées en trois parties : une troupe du côté des Perses et de 
rOrient; une troupe de Xopeam, du côté de l'Asorestan, et une 
troupe du côté de l'Atrpatakan. Mais le siège de sa royauté était à 
Tizbon et tous à la fois l'honoraient d'un commun accord. 

CHAPITRE XXIX.^ 

Arrivée de la sainte Groii dans la sainte Jënisaiem. DâimiiatioD des frontières des deux 
rois. Acceptation par Ezr du concile de Chalcédoine, sons la pression de Miéz 
Gnuni. - Projet de Mzés avec Aatovm contre Taspet Varaztiroch. Fuite de Varaiti- 
roch. - Le roi lui prête serment; il se rend au palais et est reçu avec honneurs; 
mauvais desseins d'Alhalarikos avec les princes contre [son] père. Le dessein est 
dévoile et ils sont mis k mort Exil de Va aztifoch ; bravoure de David Sahapuni; il 
devient curopalate. Œuvres du seigneur Théodoros Astuni. 

Après avoir reçu la sainte Croix du Seigneur (^), le bienheureux, 
le pieux, l'heureux roi Héraclius rassemble son armée d*un cœur 
léger et joyeux; et se mettant en route avec toute la domesticité 
royale, honorant la découverte sainte, miraculeuse et céleste, il la 
fait parvenir à la ville sainte avec tout l'appareil ecclésiastique qui 

^^^ La même anecdote est racontée par pour plus de détails aux ouvrages sui- 

Tabari et par Mirkhond, mais rapportée vants : Tab. Nâid., p. 388-395 ; de Mu- 

à Azarmiduxt Cf. Tab. Môld., p. 896 , et ralt , Cknmogr. hyz,, l, p. 986 et sniv. ; 

Patkanian, Janmai (uiatique, 1866, 1, Jovmii/asmftfiM, i866,I, p. ssoeisniv. 

p. 993, n. 1. ('î Texte: ni'<'uA(Ormzdi) ^corriger 

(*) Toute la chronologie de cette période ^Q flr'f^f.'r 

troublée est très obscure. Nous renvoyons ^^^ En 619. 



CHAPITRE XXIX. 



91 



avait échappé aui mains des ennemis dans la ville de Byxance. 11 y 
eut beaucoup d'allégresse ce jour^là à leur entrée à Jérusalem : 
bruit des pleurs études soupirs, larmes abondantes, une immense 
flamme dans les cœurs, un déchirement des entrailles du roi, des 
princes, de tous les soldats et des habitants de la ville ; et personne 
ne pouvait chanter les hymnes du Seigneur à cause du grand et 
poignant attendrissement du roi et de toute la multitude. Il réta- 
blit [la croix] en son lieu et remit tous les objets ecclésiastiques, 
chacun à sa place (''; il distribua à toutes les églises et aux habitants 
de la ville bénédiction et prit de l'argent pour Tencens. 

Puis il se dirigea vers la Mésopotamie syrienne, pour s'en emparer 
et prendre possession des villes des frontières. Les limites furent 
rétablies telles qu'elles avaient été établies sous Xosrov et Maurice. 
La croix du Seigneur resta dans la ville sainte jusqu'à la seconde 
prise de Jérusalem par les j fils d'Ismaël, lors de laquelle elle revint 
trouver un refuge dans la ville royale avec tous tes objets ecclé- 
siastiques. 

Ensuite vint d'Arménie le général de la région grecque, Wài 
Gnuni, qui occupa tout le pays selon les limites susmentionnées. 
Il dit au catholicos Ëzr d'aller dans la région des frontières et de 
communier loyalement avec l'empereur, rr sinon, nous nous ferons 
un autre catholicos, et toi tu exerceras ton pouvoir sur les régions 
perses n. Comme le catholicos ne pouvait quitter le pays où s'exerçait 
son pouvoir, il demanda au roi une confession de foi et immédia- 
tement on lui envoya le livre écrit de la main du roi anathémati- 
sant Nestorius(^) et les hérésiarques; mais le concile de Ghalcédoine 



^*^ Héracfiiis remit entre les mains de 
Zicharie la Sainte Croix; pois il bannit 
de Jéniaaiem tons les Juifs, au commen- 
eement de Tan 69<j. Cf. de Murait, 
fJkron^. hft., I, p. 986. ' 

^*^ Sur la doctrine de Nestorius, nous 
renvoyons aux différent» manuels de dog- 
matique. Voici, en deux mots, le résume 



de sa doetriue. Nestorius, dif^le de 
Théodore de Hopsueste, refusait k la 
vierge Marie le nom de mère de Dieu , et 
enseignaitia juxtaposition desdeux natui*es 
en Christ : Jésus-Christ aurait conservé 
chacune de ses deux natures distincte*. 
Nestorius a été combattu surtout par Cy- 
rille d* Alexandrie, mort en &6A. 



92 HISTOIRE D^HÉRAGLIUS. 

n était pas anathématisé (^). Le catholicos se rendit en Asorestan, 
vit le roi et négocia avec lui, selon Tordre [quil avait reçu], li 
demanda au roi pour présent les salines de Ko}b ; après avoir reçu 
le présent, il rentra chei lui en grande pompe. Dans la suite il 
demeura au milieu du camp des Grecs, et le général se prétait 
volontiers à ses désirs. 11 disposait des distinctions dans l'armée et 
[présidait à] la distribution des greniers sur tout le pays. 

L'aspet Varaztiroch, nommé par le roi Dzavitean Xosrov, fils 
du grand Xosrov Snum, embellit beaucoup le pays des Arméniens; 
mais il ne se soumit pas et n'obéit pas au grand iàian qui était dans 
le pays de l'Atrpatakan et que Ton appelait Xopox Ormizd^^), non 
plus qu'à son fils Hostom^') après lui, qui était iâxan dans la région 
de l'Atrpatakan. II y eut une grande querelle entre les deux. Ensuite 
le général de la région grecque, Mzèz, se mit à calomnier l'aspet 
auprès de l'iâxan Aostom, qui était dans le pays de l'Atrpatakan. 
(T Qu'il ne reste pas en Arménie, sinon il y aura un grand 
trouble entre les deux rois. ^ H envoya son frère Garikhpet hiverner 
à Dwin, afin de se saisir de laspet et de l'amener. Or comme 
toutes les troupes perses aimaient l'aspet, un des iâxans l'avertit et 
lui dit : (T Prends garde à toi, car demain on va t'arrèter.D L'aspet, 
prenant sa femme et ses fils, s'enfuit nuitamment et se rendit à 
Taron. Arrivé là, il rassembla ses soldats et demanda au roi Héra- 
clius de lui faire serment de ne pas l'éloigner de son pays ; ayant 
reçu le serment il alla se présenter devant lui dans le pays d'Aso- 
restan. Alors le roi Héraclius lui fit serment et dit : «rTu resteras 
près de moi quelque temps; puis je te renverrai en grand hon- 
neur dans ton pays.?) Il l'éleva plus haut que tous les patrices qui 
étaient dans son royaume et, se rendant au palais, il lui donna une 

^'^ Le ooncile œeuméniqae de Ghalcë- row, é^pMvs^ Atoipivft, dlx^p^ttw. 

doiae, &5i, annale les dëcirioM da con> ^*^ Le prétendant k la main de Bbor. 

ciied*Éphè9e, &49;ilëtaUitladualitë de Cf. wpra, p. 89, et H. Hûbechniann, 

la nature et riinîtë de la personne. Dans le Arw. Gramm. ^ I , p. 4 3. 

Ghrint^lesdeaxnataresnesontnimélëes, ^^^ Sur les variantes de ce nom, cf. 

ni confondues, ni séparées. éavy)(jlà- H. Hfibschmann, ilmi. CrmNM., I,p. 71. 



CHAPITRE \XIX. 93 

i*é8Îdence royale, des sièges d argent et beaucoup de trésors. Son 
Gis Smbat était aimé du grand chambellan d'Héraclius^ 

Voici le crime commis par le fils de Tempereur Héraelius, dont 
le nom était Athalarikos; il blessa profondément le cœur de son 
père, déchira sa personne merveilleuse et la beauté de son visage 
et fut cause [de la perte] de sa propre personne et de plusieurs 
[autres]. De concert avec son frère Théodoros, fils d^Héraclius, sor- 
nomraé Magistros, avec beaucoup de grands de la ville et Vahao 
Xorxopuni, ils tinrent conseil tous pour tuer Héraclius et élever 
Athalarikos son fils sur le siège royal (^). Dans ce conseil se trouva 
Varastiroch, fils de Xosrov Snum, Smbat; mais il n avait pas été 
d*accord avec les fils [d'Héraclins] pour tuer le roi ; il dit : «r Vous 
les appelei lieutenants de Dieu; il ne faut donc pas être dans cetle 
affaire-là; pour moi, je ne suis pas d accord avec vous dans ce 
dessein, ri Les termes du conseil furent rapportés en entier aux 
oreilles du roi par un korator, qui avait assisté au conseil. Le roi , 
apprenant la chose avec certitude, donna Tordre d'arrêter de bon 
matin son fils, son neveu et tous ceux qui étaient avec eux, de 
leur couper à tous le nei et la main droite. En envoyant un message 
à Taspet, il dit : <rEn échange de ce que tuas agi ainsi envers moi 
et de ce que tu n as pas voulu verser mon sang et celui de mes fils,' 
je ne verserai pas non plus le tien ni celui de tesfib. Va, reste où je 
te l'ordonnerai , et je t'épargnerai, -n Bien que plusieurs fois les con- 
seillers eussent crié : «r Qu'il meures), il ne voulut pas les écouter. 
Il ordonna de le transporter avec sa femme et ses fils dans une 
tle et dans une ville de rélégation qu'on appelle Akhsor^'^^ 

A ce complot avait pris part aussi David Sahapuni; Mzè/. l'arrêta 

(*) Les conspiraiears Alhaiarikos et fMAgi) frexil?», d*où«(|i«*fA-|^irenl6rD;il 

TheodoTM forent mutiles puis bannis, estempnintéaugreel&p/«,peat-ètrepai 

635. Cf. de Murait, Cknmogr. byz., I, Tinteirôëdiaire du syriaque (v. H. Hûbsdi- 

p. 989. mann, Arm. Gramm., I. 3oi). Le Keu 

^^ lie mot mi^mm^ semUe employé ici d'eiil en question est peut-être TAlnque. 

nom propre :d*ordinaire il ne 8*em- Cf. Sebéos, éd. Patk., p. tii, I. 18. f*t 



ploie qn*au pinrid : «^««vf^ (ou m^»m^ ù^, p* 106. 



1 



94 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

et t'envoya au palais. En route, il brisa ses fers et tua les hommes 
qui raccompagnaient; il revint et s'attacha les troupes armé- 
niennes. Il attaque Mzéz Gnuni, général de la province gi*ecque, 
frappe à mort, lui et Vara^t*) Gnel Gnuni; puis il revêt la di- 
gnité de général avec Tassentiment et la bonne volonté de tous les 
soldats. 

Le roi, sur la demande des isxans, le nomme iàxan lui-même 
sur tous ces pays-là , lui décerne l'honneur du curopalatat et l'attache 
à son service. Il conserva le pouvoir pendant trois ans avec grande 
magniBcence. Ensuite, les soldats lui enlevèrent son pouvoir et le 
chassèrent; les nobles, par leur désunion, pei*dirent le pays d'Ar- 
ménie. Seul, le pieux iâxan du canton des Aâtum's, Thêodoros, te- 
nait en ordre les soldats de sa région et restait sur ses gardes nuit 
et jour, selon sa profonde sagesse; il faisait beaucoup de mal aux 
ennemis. En organisant Vue d'Althamar, il sauva plusieurs cantons. 

CHAPITRE XXX^^ 

Chute des Sassanides après une dominatiou de 5&9 ans. - Apparition de Mahomel. - 
Invasion des enfants d'bmaël dans le pays des Arméniens. - Mort d'Hffradius et 
avènement au tr6ne de Gonstanliii. 

Je paderai du descendant d'Abraham, non du fils libre, mais 
de celui qui naquit de l'esclave et en qui se réalisa véritablement 
cette parole de Dieu : crSa main [sera] contre tous, et la main de 
tous [sera] contre lui. t) W 

A cette époque, des Juifs des douze tribus vinrent et se ras- 
semblèrent dans la ville des Edesséniens (^). Lorsqu'ils virent 
que l'armée perse s'était retirée et avait laissé la ville en paix, ils 

^'^ Sur le sens de Varaz = Sanglier, et par H. Hiibschmann, Znr Gtseki€hte Ar- 

les composes, cf. H. Hûbschmann, Arm. meniens uni der erfteii Kriefeier Araber, 

Gramm.f I, p. 81. p. lo et suiv. 

^*'' Ce chapitre a ët^ traduit en partie ^*^ Genèse, ivi, 19. 

par E. Dulaurier, RecherckeM sur la chro- ^^^ Cf. Brosset, CoUeetkm, t. I, p. 88, 

nobffie armèmenney p. 910 et suiv., et note. 



CHAPITRE XXX. 95 

fermèrent les perles, s'y fortifièrent et n y laissèrent pas entrer 
les troupes du royaume romain. L^empereur grec Héraclius donna 
alors Tordre de Tassiéger. [Les Juifs] reconnaissant qu'ils ne pou- 
vaient pas résister dans la lutte, firent des propositions de paix 
à [l'empereur], ouvrirent les portes de là ville et vinrent se pré- 
senter devant lui. Il leur ordonna de se retirer et de rester chacun 
chez soi ; et ils se mirent en route. Ils prirent le chemin du désert 
et arrivèrent en Arabie, chez les enfants d'Ismaël; ils les ap- 
pelèrent à leur secours et leur firent savoir qu'ils étaient pa- 
rents, d'après la Bible. Bien que ceux-ci crussent volontiers à cette 
parenté rapprochée, [les Juifs] ne purent cependant pas con- 
vaincre toute la masse du peuple, parce que leurs cultes étaient 
différents. 

A cette époque, il y avait un des enfants d'Ismaêl, du nom de 
Mahomet, un marchand(^); il se présenta à eux comme sur Tordre 
de Dieu, en prédicateur, comme étant lechemin delà vérité, et leur 
apprit à connaître le Dieu d'Abraham ; car il était très instruit et très 
vei*sédan8 l'histoire de Moise(^). Gomme Tordre venait d'en haut, 
ils se rallièrent tous, sur Tautorité d'un seul, à l'unité de loi et, aban- 
donnant les cultes de vanité, retournèrent au dieu vivant qui s'était 
révélé à leur père Abraham. Mahomet leur prescrivit de ne manger 
la chair d'aucun animal mort [naturellement], de ne pas boire de 
vin, de ne pas mentir et de ne pas forniquer. H ajoutait : «rDieu a 
promis par serment ce pays à Abraham et à sa postérité après lui 
en toute éternité; il a agi selon sa promesse, lorsqu'il aimait Israël. 
Or vous, vous êtes les fils d'Abraham et Dieu réalise en vous la 
promesse laite à Abraham et à sa postérité. Aimez seulement le 
dieu d'Abraham, allez vous emparer de votre territoire, que Dieu 

<^) Le mol «nnénien est fitÊi^^tÊi^^MÊf chand», qui vient lui-iiièiiie de r«niiiiëen 

(Awniumgar)^ qui chex Thomas ArcruDi foggér. Nous avons dooc : fim%{iÉàt^êmfi 

et Vartao est orthographie thtmgar. Ce mot, - PêA^sêêp =|£^l -^K inP* Cf. H. Hfibsch- 

d'après Fleischer, cité par H. Hnbsch- mann, Arm. Grmmm,, I, p. 3o3. 
rnênn, Zmt Ge$Mekte Armemefêt.,, ,p,ti. ^*^ Cf. Samuel d'An! cite par Dulau- 

n. 1, correspond à Tarabe tâjir '^mar- rier, CÀnm. Arm,, p. 35&, n* vui, t. 



96 HISTOIRE D^HÉRACLIUS. 

a donné à votre père Abraham, et personne ne pourra vous résister 
dans le combat, car Dieu est avec vous.t) 

Alors ils se rassemblèrent tous, depuis Ewiwiav jusqu'à Sur et 
en face de TEgyptet^); ils sortirent du désert de Phupan répartis en 
douze tribus, d après la race de leurs patriarches. Ils répartirent 
parmi leurs tribus les douie mille enfants d'Israël '^^ mille par tribu , 
pour les guider dans le territoire d'Israël ('). Ils partirent, campe- 
ment par campement, d'après Tordre de leurs patriarches^^) : Na- 
bèuth, Kedar, Abdiwl, Mosamb(^), (Mast,) Masmay, Idovmay, Masè, 
Kholdat, Theman, Yetur, Naphês et Kedniay. Ce sont là les tribus 
d'IsmaëL Ils se rendirent à Spaboth Moab(^) dans le territoire de 
Ruben. Car l'armée des Grecs campait en Arabie. Ils les atta- 
quèrent à l'improviste, les passèrent au fil de l'épée, mirent en 
fuite Thèodo[ro]s(^), le frère de l'empereur Héraclius et revinrent 
camper en Arabie. 

Tout ce qui restait des peuples enfants d'Israël vint s'unir à eux et 
ils formèrent une grande armée. Puis ils envoyèrent une ambassade 
à l'empereur des Grecs, disant : «r Dieu a donné en héritage ce pays à 
notre père Abraham et à sa postérité après lui; nous sommes les 
enfants d'Abraham; tu as assez longtemps possédé notre pays; cède- 
le nous pacifiquement, et nous n'envahirons pas ton territoire; sinon, 
nous te reprendrons avec usure ce dont tu t'es empai'é.^ L'em- 
pereur refusa et, sans leur donner de réponse satisfaisante, dit: crCe 
pays est à moi; ton héritage, c'est le désert; va en paix dans ton 
pays. 7} 11 se mit à lever des troupes, environ 70,000 hommes, qu'il 
plaça sous le commandement d'un de ses fidèles eunuques et leur 
ordonna de se rendre en Arabie. Il leur commanda de ne pas livrer 

(') Gen., XXV, 18. H. Uûbschmann, Zur (TesdUcile i4fMe- 

^') Nombres, xxxi, 3 et suiv. nien$. • ., p. 19, a. 1. 

^') De Jërasalem, dans Dul., Ckron. <*> Rabbath Moab, à Test de la mer 

arm,, p. 911, et H. Hûbsehm., Zur Ge- Morte. 

schiehte. . ., p. 19. ^'^ Cf. H. Hûbsdunann, Zw Geuih. 

^^' Gen. XXV, 1 3~i A. Armen. . ., p. 1 9, n. 3 ;de Goqe, Mémmre 

^*^ Pour la oorrectiou en Mabsam, cf. sitr k conquête de Syrie*, p. 35. 



CHAPITRE XX\. 



97 



bataille contre ceux-ci (les Arabes), mais de se tenir sur la défen- 
sive, jusqu'à ce qu'il eût réuni d'autres troupes pour les envoyer à 
leur secours^^L 

Arrivés au Jourdain ^'^), [les Grecs] le franchirtMit et pénétrèrent 
en Arabie; laissant leur campement au bord du fleuve, ils allèrent 
à pied contre lacmée [ennemie]. [Les Ismaélites] postèrent une 
partie de leur armée en embuscade, de ci, de là , et disposèrent la 
masse de leurs tentes tout autour du campement. Puis ils placèrent 
les troupeaux de chameaux autour du camp et des tentes, et ils 
leur lièrent les pieds avec des cordes. Tel était le retranchement 
de leur campement. Quant aux Grecs, fatigués par 1h marche, 
ils ne purent qu'avec peine entamer le retranchement du camp; ils 
commençaient à tomber sur [les Ismaélites], lorsque ceux qui 
étaient embusqués sortirent subitement de leur retraite et fondirent 
sur eux. Une frayeur inspirée par le Seigneur s'empara de l'armée 
des Grecs; ils tournèrent le dos pour fuir devant eux^^). Mais 
ils ne pouvaient fuir à cause de l'épaisseur du sable, dans lequel ils 
enfonçaient jusqu'au genou ^*), tandis que l'ennemi les poursui- 
vait i'épée dans les reins et qu'ils étaient fort incommodés par 



(') Cf. de Mundt, Ckromigr. byt., l, 

^'^ La bataille du Yannouk se livra , en 
effet, non loin du point oii cette rivière 
se jette dans le Jourdain. D après Tb<k>- 
phâne, la bataille a engagea le 9 3 juillet 
636, mais la déroute des Grecs ne fui 
<lëd«ive que le 9o aodt. Cf. de Goeje, 
jtffVn. fifT la campiête de Syrie* y p. 107 
et sniv. Dans Tarmëe grecque figurait 
un contingent armi^nien sous le comman- 
dement de Georgius. I^ di^fection de ce 
dernier entraîna, diaprés un auteur mu- 
sulman, la d<^faite des troupes dllëra- 
clius. Cf. de Goeje, iM.» p. 106, 118 et 

199. 

^^^ Bien qu*il ne le dise pas explicite- 
ment, Sebëos considère Pinvasion des 



Arabes comme on cbâtîment envoyt^ par 
Dieu contre les Grecs, parce qu'ils nonl 
pas persëvt^ri^ dans la communauté de la 
foi avec les Arméniens. Sebéos a tout à 
fait la conception biUique de Thistoire et 
ce trait peut être relevé k plusieurs re- 
prises dans son ouvrage. 

^^) M. de Goeje, ioe, cU», p. 119. a 
trouvé dans ce passage de Sebéos une con- 
firmation du VVàdi ar-Ramâd d'Eutychius, 
AnmdeM, II , p. 973 et suiv. Il y a lieu ce- 
pendant de se demander si le nom de la 
rivière donné par Eutychius n*a pas été 
déformé par une faute de copiste et s^il 
ne convient pas de lire : WAdl ar-Rouq- 
qAd ; cf. R. Dussaud et F. Macler, Mientm 
dan» les région* ditertiqwM de la Syrie 
f, p. /^7, n. 1. 



Hisr. méiiACuus. 



i«r«ia&Mt RAtMaAu 



98 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

lardeur do soleil. Tous les officiers tombèrent et succombèrent. 
Le nombre des morts dépassa â,ooo [hommes] (^). Qaelqnes-uns 
seulement réussirent à se sauver par la fuite et à trouver quelque 
refuge. 

Les [Ismaélites], après avoir franchi le Jourdain, campèrent à 
Jéricho. La terreur qu'ils inspiraient gagna les habitants du pays, 
qui firent tous leur soumission. Cette nuit-là les habitants de 
Jérusalem mirent à Tabri la croix du Seigneur et tous les usten- 
siles des églises de Dieu ; ils les embarquèrent et les emmenèrent 
sur des vaisseaux au palais de Constantinople'^); puis lis deman* 
dèrent [aux Ismaélites] la garantie d un serment et leur firent leur 
soumission. 

L empereur des Grecs ne put plus dès lors opposer de troupes 
[aux Ismaélites] en rase campagne. Ceux-ci divisèrent leur armée 
en trois corps. Une partie se dirigea vers TEgypte et s*en empara 
jusqu'à Alexandrie; la deuxième se porta vers le Nord contre Tem- 
pire grec et s'empara en un clin d œil du pays [s'étendant] des 
rives de la mer jusqu'aux bords du fleuve Ëuphrate, et en deçà 
du fleuve [ils prirent] Ëdesse et toutes les villes de la Méso- 
potamie. La troisième partie marcha vers l'est contre l'empire 
perse. 

Alors disparut le royaume des Perses ainsi que son armée di- 
visée en trois parties. L'armée des Ismaélites qui avait été rassem- 
blée en Orient vint assiéger Tizbon, où résidait le roi des Perses. 
Les troupes des Mèdes, portées au chiflre de 80,000 honmies 
armés par le général iîstom , marchèrent contre [les Ismaélites]. 
[Les Pei'ses] quittèrent alors la ville et passèrent de l'autre côté 
du Tigre. A leur tour, [les Arabes] traversèrent le fleuve, les pour- 
suivirent en toute hâte, et [les Perses] ne s'arrêtèrent pas avant 

(^) Sur Texagëration da nombre des Arabes sous les ordres d'Omar, la Sainte 

combattants, cf. H. Hûbschmann, Zur Croix fut apportée à Constantinopleetreçiie 

Gesekiekk. . ., p. i3, n. 1. parSergiusdansr^sedelaSainte Vierge. 

^'^ Eu 635 , par suite des invasions des Gf.de Murait, Cknmogr. byt., I, p. 989. 



CHAPITRE XXÎL «9 

d avoir atteint leur pays, dans un village nommé Herthican. [Les 
Arabes] les poursuivirent et campèrent dans la plaine. Là se trou- 
vaient Musel, Mamikonien, fils de David, commandant 3,ooo Ar- 
méniens armés de pied en cap, et le prince Grégoire, seigneur de 
Siunie, avec 1,000 hommes. 

L'action s'engagea et Tarmée des Perses prit la fuite devant les 
Arabes, qui les poursuivirent et les passèrent au fil de Tépée. Là 
périrent les naxarars les plus considérables, ainsi que le général 
/{stam(^), Muâe) avec ses deux neveux, et Grégoire, seigneur de 
Siunie, avec un de ses fils. Les autres échappèrent et s'enfuirent 
dans leur pays. 

Loraque les débris de farmée perse furent arrivés dans TAtrpa- 
takan, ils se réunirent en un lieu et se donnèrent pour chef Xo/xh 
xaiat^^l Celui-ci se hâta d accourir à Tizbon, s'empara de tous les 
trésors du royaume et des habitants des villes, ainsi que de leur 
roi, et s'empressa de les diriger vers TAtrpatakan. Us s'étaient à 
peine mis en route et éloignés, que l'armée des Ismaélites fondit 
à l'improviste sur eux. Épouvantés, [les Perses] abandonnèrent les 
trésors et les habitants des villes et s'enfuirent A son tour, leur 
roi s'enfuit et se rendit à l'armée du sud. Mais les Ismaélites s'empa- 
rèrent de tous les trésors, retournèrent à Tizbon, firent prisonniers 
les habitants et dévastèrent tout le pays('). 

A cette époque, le bienheureux Héraclius acheva sa vie, à un 
Age avancé, après avoir régné 3o ans^^). Il fit jurer à son fils 
(jonstantin d'user de miséricorde envers tous les criminels qui 
avaient été bannis par son ordre, et de laisser chacun réintégrer 
son foyer. Il lui fit également jurer de ramener Taspet avec sa 
femme et ses enfants et de le rétablir dans ses anciennes fonctions. 
crEt s'il veut aller dans son pays, je le lui ai promis par serment. 

<') Ce fat à la baUiUe de Kad^ia que ^'^ Cf. E. Dulaorier, Chnm. arm., p. a 1 i. 

/feuttoiii fiittn^(636). ^'^ Héraclius niounit d^hydropisic le 

('' Sur ee racoeseeur de Rouatem, cf. 11 mars 6&1, àj^^t^ de 66 ans, après 

H. Hôbschmann, Armen. Gramm,, 1. 1, 3o ans 10 mois et 5 jours de règne. Cf. 

p. &3. de Murait, VÀrmogr. byt., I, p. 999. 



100 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

Que mou serment ne soit pas faux. Laisse-lui la faculté d'aller en 
paix.^ Héraclius mourut^^) et 8on fils Constantin devint le raattre<'^). 
En Arménie, aucun général ne fut élu^ parce que lesisxans, dés- 
unis, se tenaient éloignés les uns des autres. 

L'armée dévastatrice [des Ismaélites] partit de i'Asoreslan par le 
chemin de Dzor [pour aller] dans la contrée de Tarôn. Ils s'en 
emparèrent ainsi que de Bznunis et d'Atiovit; puis ils se dirigèrent 
vers la vallée de Berkri^*) par Ordspoy et Gogo vit, et se répan- 
dirent dans l'Ararat. Aucun des soldats arméniens ne put apporter 
la triste nouvelle dans la ville de Dwin, sinon trois iâxans, qui arri- 
vaient pour rassembler les troupes dispersées; [c'étaient] Thèodoros 
Yahewuni, Xachean Apawelean et oapuh Amatuni, qui se hâtèrent 
de fuir à Dwin. 

Arrivés au pont du Mecamawr^*), ils le détruisirent derrière eux 
et arrivèrent pour apporter dans la ville la triste nouvelle. Ils 
rassemblèrent dans la forteresse tons les gens du pays, venus là 
pour la vendange du vignoble. Quant à Thèodoros, il s'était rendu 
dans la ville de Naxcawan. 

Lorsque les ennemis eurent atteint le pont du Mecamawr, ils 
ne purent pas le traverser; mais guidés par Vardik, prince de 
Mokkh, surnommé Aknik, ils franchirent le pont, pillèrent toute 
la contrée, firent beaucoup de bulin et de captifs et vinrent 
camper au bord de la forêt de Xosrakert(^). Le cinquième jour (^*), ils 
assaillirent la ville '^), qui tomba en leur pouvoir. Ils l'avaient enve- 
loppée de flammes, et ils repoussèrent les défenseurs des remparts 
par la fumée et à coups de flèches; ils apposèrent ensuite des échelles, 
escaladèrent les murailles, et pénétrèrent dans la ville, dont ils 
ouvrirent la porte. L'armée ennemie fit irruption et détruisit la 
population de la ville. Après avoir pillé la ville, ils l'abandonnèrent 

^^^ Cf. E, Dulaurier, ChronoL arm,, tin, Jlémoû-e«, I, p. &o, 117; II, p. &09. 
p. 397 et suiv. ^*) Cf. Xosrovakert dans H. Hûb^^h- 

^'^ Le la mai-s G&i. mann, Arm, Granm., I, p. i4. 
^^^ Dans le Vaspurakaii. *^ Le jeudi. 

'*^ Surlarivièn;Mecainor,cf.Saint-Mar- ''> Dwin. 



CHAPITRE XXX. 101 

et regagnèrent leur campement. Ceci arriva ie âo du mois de Tr^^'), 
un vendredi. 

Après avoir pris quelques jours de repos, [les Ismaélites] re- 
prirent le chemin par lequel ils étaient venus, emmenant avec eux 
une foule de captifs, 35,ooo personnes. Le prince des Arméniens 
Aàtunis, qui s'était mis en embuscade avec quelques troupes 
dans le district de Gogovit, fondit sur eux; mais il eut le dessous 
et dut fuir devant eux. Les Arabes les poursuivirent, en tuèrent 
beaucoup et se dirigèrent vers l'Asorestan. Ceci se passait à Tépoque 
du catbolicos Ezr. A la suite de cette guerre, Théodoros, seigneur 
des /{§tunis, fut nommé général en chef par l'empereur, et il reçut 
la dignité de patrice. Cet événement eut lieu à l'instigation du ca- 
tbolicos Nersés^'^) qui, la même année, succéda à Ezr sur le siège 
catholicosal. 

Lorsque les enfants d'ismaël s'étaient dirigés du désert de Sin 
vers l'Orient, leur roi Omar^'i n'était pas allé avec eux; mais, après 
qu'ik eurent remporté des victoires et qu'ils eurent anéanti les 
deux empires, il s'était emparé du pays depuis TEgypte jusqu'au 
grand Taurus et depuis la mer occidentale jusqu'en Médie et en Xu- 
zastan (^). Puis avec les campements militaires royaux ils entrèrent 
dans le pays qui constitue proprement les possessions d'ismaël. 

Le roi donna l'ordre de réunir des navires et de les équiper de 
beaucoup de matelots pour se diriger par-delà la mer vers le sud 
et vers l'est, vers Pars, Sagastan, Sdnt, Srman, dans le pays de 
Turan et Makuran, jusqu'aux frontières de l'Inde. Lorsque les 
troupes furent prêtes, après avoir fait diligence, elles accomplirent 
l'ordre [reçu] el mirent le feu à l<u1e la teiie, pillcient et dévas- 
tèrent, et retournèrent dans leur pays, en traversant la mer. 

^*^ La prise de Dwin eut lieu le 6 oc- ^'^ Neraés III, palriarche de 6&0-6A9 

lobre 6i9.Cr. E. Dulaurier, CÀrmol, arm., surnomme Sinowl (le constnicteur). Cf. 

p. 1 3 1 . Dans la Ckrmùqw de Denifs de TeU- Sain (-Martin , Mémoires , 1 , p. A 38. 
Makré, trad. Chabot, p. 6, il est dit que ^'^ Texte : Q-/s^ ■= Aiiip. 

celte ville tomba en 66 1 au pouvoir des Ara- ^*' l^a Susione. 

lies, et iâ,ooo Armi^niens auraient |H^ri. 



103 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

Nous avons appris ces faits de prisonniers [venus] d'Arabie''', 
qui en ont été témoins oculaires et nous les ont racontés. 

CHAPITRE XXXI. 

Des Juifs el de leurs mauvais desseins. 

Je dirai encore les desseins des Juifs insurgés qui, ayant ren- 
contré un certain temps Fassistauce des Hagarachs(^\ conçurent 
le dessein de réédifier le temple de Salomon; ayant découvert l'en- 
droit qui s'appelle Saint des Saints, ils y construisirent avec les 
fondations et le bâtiment un lieu de prières pour eux-mêmes. Les 
Ismaélites, jaloux d'eux, les repoussèrent de cet endroit et appe- 
lèrent ce lieu leur [maison] de prières. [Les Juifs] construisirent 
dans un autre endroit, près du temple, un autre lieu de prières 
pour eux-mêmes; et se proposant un mauvais dessein, ils voulurent 
remplir Jérusalem d'un bout à l'autre de sang et y détruire tous 
les chrétiens. Or, l'un d'entre les grands d'ismaël allait se prosterner 
au lieu de prières qui leur était réservé. Trois d'entre les principaux 
Juifs vinrent au devant de lui ; il avaient tué deux porcs et les 
avaient portés et posés dans le lieu de prières, et avaient versé le 
sang sur les murs et sur le parquet de la maison (^>. Lorsque cet 
homme les vit, il s'arrêta et s'entretint avec eux. Eux lui répon- 
dirent, passèrent outre el s'en allèrent. Quant à lui, entrant de 
suite à l'intérieur pour prier, il vit le méfait [commis] et revint 
sur-le-champ pour arrêter ces hommes. Gomme il ne les trouva 
pas, il se tut et s'en retourna chez lui. Ensuite plusieurs y en- 
trèrent, virent le méfait et répandirent la mauvaise nouvelle dans 
toute la ville. Les Juifs informèrent le prince que les chrétiens 
avaient souillé le lieu de prières; le prince donna l'ordre de réunir 

^'^ Sur Texpression t |v«i-^<iMr«»Wfe danls (PAgar. h concubine JAbriham. 
§tf»2ff tt«f#mivb^, cf. H. Hûbschmann , Zur ^^^ Cf. nne histoire analogue dans Mi- 

Gesekichte. . ., p. 18. n. 3. ehand, HiêUnre det Crffuaie$, I, p. $7 

^*^ Les Arabes, en tant que descen- (5* Al.). 



CHAPITRE XXXII. i03 

lou8 les chrétiens « et comme ou allait les passer tous au fil de Tépée, 
Thomme vint, se présenta et dit : cr Pourquoi versez-vous tant de 
sang innocent? Donnez Tordre de rassembler tous les Juifs et je 
vous montrerai ceux qui méritent la mort, r Lorsqu'on les eut tous 
rassemblés, il pénétra parmi eux, reconnut les trois hommes qu'il 
avait rencontrés. On les saisit et on les soumit à un jugement 
sévère jusqu'à ce qu'ils eussent révélé le complot. Gomme leur 
prince était de ces Juifs, il ordonna de tuer six hommes, les chefs 
du complot, et il permit aux autres de rentrer chez eux. 

CHAPITRE \\\W\ 

Constantin meurt par la fourberie de sa mère. - Domination d*Eraklos, le fils de la 
deuxième femme d*Hëraelitis. - Le général Valenlin se rend à Constantinople et 
iait régner Constance, le fils de Constantin. - Les Perses font la guerre aux Ismaé- 
lites et sont vaincus. - L aspet Varaztirocli revient de captivité, ainsi que beaucoup 
d^antres. - Les Ismaélites se rendent dans TAlrpatakan et se partagent en trois 
bandes; ib s'emparent de la forteresse d'Areaph après une incursion dans le 
Sepbhakan-Gund. 

A la mort d^Héraclius^^', sou fils Constantin régna et il établit 
générai de ses troupes Yalentin, surnommé TArsacide. Il ordonna 
aux siens de se rendre en Orient. 

Constantin ne régna que quelques jours et mourut [victime] de 
la fourberie de Martina, Tépouse d*Hérac{ius('). Alors régna Era- 
klos(^^ le fils d*Héraclius et de Martina^^) Augusta; car Constantin 
était de la première femme •'^^ Valentin marcha avec son armée 
contre [Éraklos] à Constantinople. Il s'empara de Marlina, lui 
coupa la langue et la mit à mort ainsi que ses deux fils^^). Il établit 

(>) Traduit en partie par H. Hfibach- <*> Héracléonas, 6&i. 

mann, Zur Geêekiekie ArwÊeniem, . . , p. 1 9 ^*^ Le texte porte / JpmKffitkmf qui 

et Buiv. est manifestement une faute d*împresëion 

^^ Ijs tt mars 64 1. Cf. de Murait, fonrp Jptmpmfpt&tmj. 
Ckrmogr. itfz., 1, p. 999. ^*^ Eudoxie. 

t') n régna du 1 9 mars au 93 (?) juin ^'^ 1) après de Murait, op. eit. , p. 99^ , 

66] et serait mort empoisonné par Mar- le Sénat fit couper la langue à Martina 

tina. Cf. de Murait. Md., p. 998. et le nés èi son Gis. 



10& HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

comme empereur Kostas, fils de Constantin, et le nomma Constan- 
tin, du nom de son père. Puis il rassembla ses troupes et marcha 
vers rOrient. 

La première année de Constantin (^), empereur des Grecs, et la 
dixième de Yazkert, roi des Perses, les troupes perses, fortes de 
60,000 hommes, bien préparées et armées, furent rassemblées 
pour aller combattre les Ismaélites. Loi*sque les Ismaélites, [foris 
de] /io,ooo hommes, Tépée nue à la main, se furent rangés 
contre elles en ordre de bataille, ils luttèrent entre eux dans le 
canton de Marsds ^), jusqu'à ce que, le combat ayant duré trois 
jours, Tinfanterie des deux côtés fut anéantie. Tout à coup l'armée 
persane apprit que les Ismaélites avaient reçu des troupes de ren- 
fort. Alors les troupes persanes s'enfuirent du camp pendant toute 
la nuit; le lendemain matin, lorsque le reste de l'armée ismaélite 
se dirigea contre eux , ils ne trouvèrent personne dans le camp. Ils 
envahirent toute la contrée et passèrent au fil de l'épée hommes et 
bêtes. Ils s'emparèrent de vingt-deux forteresses et mirent à mort 
tous les êtres vivants qui s'y trouvaient. 

Mais qui pourrait raconter l'horreur de l'invasion des Ismaélites, 
qui embrasèrent la mer et la terre? Le bienheureux Daniel a prévu 
et prophétisé de pareils maux, qui survinrent sur la terre, lui qui 
symbolise par quatre bêtes fauves les quatre royaumes qui devaient 
s'élever sur la terre. Et tout d'abord, la bête à forme humaine, 
le royaume d'Occident, qui est celui des Grecs; et cela est évident 
par ce qu'il dit : cr Ses ailes tombèrent et il fut effacé de la terre, v 
Il indique la destruction de l'idolâtrie diabolique, cr Et il se tint 
debout comme sur des pieds humains, et un cœur d'homme lui 
fut donné. 7) Et voici la deuxième bête semblable à un ours; il 
se tint d'un côté, du côté de l'Orient. Il désigne le royaume des 
Sassanides. a Et en ayant à la bouche trois côtes?), [il veut dire] le 
royaume des Pei*ses, des Mèdes et des Parthes. Et cela est évident 

('J 1" année de Constant II, 64i-668. — «*> Cf. Seb^, éd. Palk., p. aoa, el 
H. IIiil)9climann, Zur Geschiehte Arméniens. . .^ p. 90, n. 1. 



CHAPITRE XWII. 105 

par le fait quon iui disait: tr Alions, dévore les corps de plusieurs t^. 
Comme d'ailleurs il a dévoré eiïeclivement au su de tout le monde. 
(rEt la troisième béte, comme un léopard; et quatre ailes d'oiseau 
sur lui; et quatre têtes de fauves?). Il veut dire le royaume du 
Nord, Gog et Magog, et leurs deux compagnons, auxquels fut 
donné le pouvoir de voler avec force en leur temps du côté du Nord. 
crËtla quatrième bète, terrible, étonnante; ses dents, en fer; ses 
serres, en cuivre; elle mangeait et broyait et foulait au pied le reste '^. 
Il dit : cette quatrième se levant pour sortir du côté du sud [est] le 
royaume dlsmaèl, comme Tarchange Ta expliqué : «La bête du 
quatrième royaume se lèvera, qui sera plus puissante que tous les 
royaumes et mangera toute la terre. Ses dix cornes, ce sont les dix 
rois qui s'élèveront; et ensuite il s'en élèvera un autre qui dépas- 
sera en méchanceté tous les précédents d, et tout ce qui est dans 
le passage (^). 

La deuxième année de Constantin (^), petitrfîls du bienheureux 
lléraclius, Yalentin conçut le projet de tromper habilement le 
Sénat et de s'élever à la dignité royale, a6n que, ainsi couronné, 
il eût le commandement suprême de l'armée. Il appesantit le joug 
de servitude sur les habitants de la ville, il s'attacha les 3,ooo sol- 
dats réguliers, qu'il conduisait avec lui, ainsi que beaucoup d'autres, 
et il fit d'eux son appui. Alors les hommes de la ville se rassem- 
blèrent dans la sainte église de Dieu, auprès du patriarche; ils 
l'invitèrent à enlever le poids de la servitude, et mandèrent à \a- 
lentin de les affranchir de cette servitude. Mais il ne voulut rien 
entendre. Alors l'un des chefs, du nom d'Antoninos, dit à Valenlin : 
crQue signifie l'alliance et le conseil de ceux*ci et comment peuvent- 
ils oser te communiquer si impudemment un pareil dessein ? Si 
tu m'en donnes l'ordre, j'irai briser leur alliance et anéantir leur 
projet Je les renverrai tous chez eux, afin que ta volonté soit 
accomplie.!) Il lui dit : (r Va et agis selon ta parole. ^^ Il partit avec 



106 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

mille hommes et, lorsqu'il vint dans Téglise, il commença à faire 
battre les principaux, en guise de châtiment. Le patriarche se leva 
et dit : (t 11 est tout à fait illégitime d'accomplir de tels actes en ce 
lieu. 7) Antoni[nos] se rua sur lui , lui souffleta le visage et dit : cr Reste 
tranquille. 7) La foule exaspérée se précipita sur lui. On le saisit, on 
le traîna par les pieds au milieu de la ville et on le brûla. A cette 
nouvelle, Valentin fut saisi d'horreur. Mais la foule se porta aussi- 
tôt vers lui, on le tira du palais, on le décapita et on lamena à 
l'endroit où on avait brûlé Antoninos(^). On le brûla également 
là. On plaça Constantin sur le trône de l'empire et on nomma 
chef de l'armée Théodoros, un des Sdèles princes arméniens, de 
ceux de l'Arménie grecque. 

Lorsque celui-ci eut pris le commandement de l'armée, il de- 
manda au roi, avec instance, comme une faveur, de se montrer 
miséricordieux à l'égard de ceux qui avaient été bannis en 
Afrique (^), particulièrement à l'égard de faspet^^), fils de Xosrov 
Snum, nommé Smbat. Dieu adoucit le cœur de Tempereur, qui or- 
donna de les amener dans la ville impériale. Il les reçut comme 
des amis de l'empire et nomma le fils de l'aspet, Smbat, premier 
spathar^^) entre tous les spathars et candidat. 11 le rétablit dans sa 
dignité première, dans la cinquième année de son règne (^), ainsi 
que Vahan Xorxopuni et les autres. 

11 envoya en Arménie uu chef du nom de Thuma. Celui-ci, ne 
voulant pas violer le traité [existant] entre l'empereur et le chef de 
la Médie, s'aboucha avec tous les chefs, se rendit auprès de celui 
des Mèdes et négocia avec lui au sujet de la paix. 11 en reçut beau- 
coup de cadeaux et s'engagea par serment à faire amener au palais 
Théodoros, enchaîné, car il était le chef de l'Arménie. Puis il 
retourna à l'armée d'Arménie. Lorsqu'il arriva dans le pays des 

''J Texie : fC>mn%fn%mii. (*) Il s'agit de Varaitiroch. 

^*^ Ce passage explique le »pnu>r (*î "Lisadà^tas, cf. H. Hiibsclimann , 

Y^^nmpb liitiêfi» de SeWos, éd. Pa!k., Arm. Gram,, I, 38o. 
p. io3, 1. 10, Htt^a, p. 93. ^^^ 665-6&6. 



CHAPITRE XXXII. 107 

Kotëens, ils tombèrent à Fimproviste sur lui [sur Théodoros], le 
firent prisonnier, le lièrent et le firent conduire devant l'empereur. 
Loi-sque Constantin apprit ces choses, il en Fut très troublé; car il 
n'avait pas donné Tordre de Tenchainer. Il ordonna donc de le 
délivrer de ses liens et de lire les lettres d'accusation. Lorsqu'il 
eut reconnu la fourberie, il manda auprès de lui [Théodoros], le 
reçut amicalement et avec les honneurs dus à son rang; puis il fixa 
pour lui une pension annuelle sur la cassette royale (^). Ensuite il 
fit appeler Thumas, mais lui interdit l'accès du palais, et fit pour- 
suivra l'enquête hors [du palais]. On justifia Théodoros, le sei- 
gneur des /tetunis, dans ses actes, et justice lui fut faite. Thuma 
fut déchu de ses honneurs et dignités. Alors l'a^et et Théodoros, 
le seigneur des Aàtunis, se virent et ils répandirent des larmes en 
s'embrassant, car ils avaient été élevés ensemble à la cour du roi 
de Perse Xosrov. Maïs Taspet ne pouvait pas se soumettre à la domi- 
nation grecque; il médita une fourberie. 11 demanda à l'empereur 
Constantin la permission d'envoyer en Arménie quatre personnes 
de sa maison pour lui chercher ses biens. L'empereur lui en fit donner 
l'autorisation. 11 se déguisa, prit avec lui trois hommes et, lorsqu'il 
arriva au bord de la mer, montra l'autorisation impériale, se rendit 
sur un navire, traversa la mer et arriva, rapide comme an oiseau, 
à Taykb. 11 s'y réfugia, car les Tayens le reçurent avec joie. 

Alors un grand trouble survint en Arménie. L'empereur se hâta 
d'envoyer an général des Arméniens Tordre d'occuper tous les pas- 
sages et de faire des recherches dans les forteresses du pays. Mais 
lorsque la nouvelle arriva que [l'aspet] s'était réfugié chex les Ar- 
méniens, À Taykh , le général des Grecs, Théodoros, d'accord avec 
les chefs de l'armée et les naxarars des Arméniens, ordonna d'en- 
voyer à l'aspet le calholicos Nersés et de lui porter le serment de 
fidélité, s*il prétendait à Tiàxanat de la région, ainsi que [l'offre] 
de lui amener sa femme et ses enfants. Le cntholicos y alla et lui fit 



(«) 



fS^tf mC^timê^^C^. 



108 HISTOIRE D'HERACLIIJS. 

prêter serment de ne passe diriger ailleurs; puis il revint[chez lui]. 
Ceux-là écrivirent à l'empereur Constantin que, conformément au 
serment, il remplirait sa promesse à son égard. Car l'aspet avait 
écrit en ces termes à 1 empereur : «Je suis ton serviteur et je ne 
quitterai pas ton service. Mais, comme quelques-uns me disaient: 
— tu retourneras de nouveau là d'où tu es venu(*^ — j'ai eu peur 
et je me suis enfui. Mais si vous m'en jugez digne, je travaillerai, 
je vivrai et mourrai à votre divin service, n Alors l'empereur Con- 
stantin ordonna de le nommer curopalate(^), de lui accorder la 
couronne d'honneur et de lui conférer l'iâxanat du pays. Puis il lui 
fit envoyer en grande pompe sa femme et ses enfants et lui fit re- 
mettre des sièges en argent ainsi que d'autres riches présents. 
Tandis quon lui transmettait l'écrit et la marque honorifique, et 
sa nomination de curopalale, il tomba subitement malade et mourut. 
On prit son cadavre et on l'ensevelit auprès de son père à Dariwnkh. 

L'empereur promut au rang de son père son fils aîné, nommé 
Smbat, tout en lui octroyant la dignité héréditaire de général 
en chef dans la dignité d'aspet et il le nomma druugar^^) de 
ses troupes. Il lui donna une femme de la maison des Ârsacides, ses 
parents, et l'envoya au camp auprès de son armée. Puis il envoya 
en Arménie Thêodoros, le seigneur des /{stunis, avec de grands 
honneurs et le promut également à la dignité de général en chef. 
Et que les chefs arméniens y consentissent ou non, celui-ci vint et 
prit le commandement. 

L'année suivante''^), l'armée ismaélite passa en Atrpatakan et se 
divisa en trois corps. Une partie alla vers l'Ararat, une autre 
dans le territoire des Sephhakan-Gund^^) et la troisième dans le 

( * ^ C'esl-à-dire i elourner en exil en culiaris , seleclus , proprius , gund « cohoi's. 

Afiique. Etwas nâheres ûber dièse kann ich nichi 

(^) K vpovoLXarrfs, fînden. Darf man die Sepfahakan Gund 

'^^ Ipovyyéptos, mit der TanuUrakan Gond identiGciren . 

•*^ En 643. so war ihr Gebiet die Disirikte Dzopbq im 

^*' Cf. H, Hubsclimann, Zur Gewh. vierten Arménien .flashteanq und Arhbe- 

Annen, . . , p. q& , n. o : ^Sephliakan = pe- rani'). 



CHAPITRE XXXIll. 109 

pays des Atuaus. Ceux qui s^étaienl reudus dans le domaine des 
Sephhakan-Gund, s'y répandirent à leur arrivée, détruisirent avec 
Tépéc et firent du butin et des prisonniers. Ensuite ils marchèrent 
ensemble sur Erewan et attaquèrent la forteresse , mais ils ne purent 
s'en emparer. Ils partirent et vinrent à Ordspu, mais là encore ils 
ne purent rien faire. De là ils allèrent camper près d'ÂrcapliC), en 
face de la forteresse, au bord de Teau. Ils commencèrent à attaquer 
la forteresse, mais ils éprouvèrent de grandes pertes. Il y avait par 
derrière une issue par où Ton pouvait sortir du côté de la Syrie, 
que Ton nomme Kaxanaktuch. Quelques hommes descendirent de 
la foiieresse par ce chemin pour chercher du renfort à la forte- 
resse de Darawn. Smbat Bagratuni, le fils de Yaraz Sahak, leur 
donna quarante hommes. Us partirent ^^) de nuit et sortirent de 
la forteresse; mais ils ne furent pas assez prudents. Les Ismaélites 
aperçurent l'endroit et, en suivant leur trace, montèrent dans la 
citadelle; ils occupèrent cet endroit au cours de la nuit. Ils se 
saisirent de dix hommes, préposés à la garde de rendroit,qui dor- 
maient, et les mirent à mort. 

CHAPITRE XXXIll ^ 

Le Seiguoiir délivre i(*H prinonniere et anéantit les Ismaélites. ~ Les troupes qui sentaient 
répandues dans I^Ararat, mettent en déroute ies Tayous, les Géorgiens et les 
Aluans. - Bataille navale des Ismaélites contre les Grecs. - Pit>kop se rend aupr^ 
de Moavia, chef des Ismaélites. -Traité avec les Grecs. - Actes du catholicos 
Nersés. - Querelle religieuse avec les Arméniens. - Réponse des Arméniens à 
fempereur Constantin. 

La deuxième année du règne de Constantin, le !)3' jour du 
mois de hopi, un dimanche matin (^), les Ismaélites poussèrent de 
grandes clameurs tout autour de la citadelle , et passèrent ceux-ci Qes 

<*) Passage traduit et annoté par Du- qu'on trouve deui lignes plus loin, 
borier, (^M. orm.^p. a3i (noies 357). *' En partie traduit par H. Hûbsch- 

^^ Le sens exige qn*on lise A-|^ ^ mann,Zirr Ge$ekiehle. . ., p. oS-^iS. 
fi^ni^ au lieu de /^ p^rr*^; le ^'^ Le 10 aoât 6i3. Cf. E. Dulaurier. 

copiste rqiroduit le A^ifi» f i^rt^ ChronoLarm., p. a3t et suiv. 



110 HISTOIRE D*HÉRACLIUS. 

défenseurs] au fil de Tépée. Beaucoup se précipitèrent en bas de» 
murailles et périrent. On fit descendre de la citadelle les femmes et 
les enfants pour les tuer. On fit une quantité innombrable de prison- 
niers et un grand butin de bestiaux. Mais le lendemain matin le chef 
de l'armée arménienne arriva contre les ennemis et leur infligea 
une grave défaite. De trois mille hommes bien armés, Tâite des 
troupes ismaélites, il n'en échappa aucun, sauf quelques fan- 
tassins, qui réussirent à gagner Samb et à s'y retrancher. En ce 
jour-là, le Seigneur délivra les nombreux prisonniers des mains 
des Ismaélites et anéantit Ismaël par une grande défaite. Deux des 
chefs ismaélites, Othman etOgomay ('^ périrent. Ce fut une grande 
victoire pour le général arménien [Thèodoros]. Celui-ci envoya à 
Constantin, comme présent provenant du butin de la bataille, 
cent superbes chevaux de courses; l'empereur s'en réjouit avec 
toute sa cour et lui fit exprimer sa reconnaissance. 

Le corps d'armée qui était dans l'Ararat pénétra l'épée à la main 
jusque sur le territoire des Tayens, des Géorgiens et des Atuans et 
fit du butin et des prisonniers. Puis ils se dirigèrent vers Naxfawan 
contre l'armée qui assiégeait la ville de Naxcawan, sans pouvoir la 
prendre. Cependant ils prirent la ville de Xram, tuèrent la gar- 
nison et emmenèrent en captivité les femmes et les enfants. 

Enfin le [chef du corps] qui était en Palestine W fit équiper une 
grande flotte. Il s'embarqua et commença la guerre contre Constaiw 
tipople. Mais la guerre maritime ne lui réussit pas. Car beaucoup 
de troupes s'embarquèrent contre [ses hommes] les firent sombrer 
dans les profondeurs de la mer, les chassèrent parle feu (grégeois) 
et en mirent beaucoup en fuite. Néanmoins l'empereur effrayé jugea 
plus prudent de payer tribut et d'envoyer des ambassadeurs pour 
conclure un traité. Mais comme l'empereur grec Constantin était en- 
core un enfant, il ne put accomplir la chose sans le consentement 

^') C'est r Arabe t)klMi,d après Levond <*) Moavia, dont Sebéos ëcril le nom 

et Indjidjian, dtës par H. Hûbschmann , Matrias (|PâM./baiMr). 
Zur GescUchtê. . ., p. 5i5, n. 3. 



CHAPITRE XXXIII. 



111 



de lariuée et il manda à Prokop d'aller avec cette armée à Damas 
vers Moavia, le chef de Tannée ismaélite, et de conclure le traité 
de paix avec lassentiment de Tarmée. Lorsque Prokop eut reçu 
Tordre impérial et consulté les soldats, il se rendit avec eux vers 
Moavia, le chef de l'armée ismaélite k Damas, indiqua le chiffre 
du tribut, détermina la frontière, obtint le traité et s'en alla(^).^ 

En ce temps-là, le catholicos arménien Nersés conçut le plan 
de se bâtir une demeure près des saintes églises de la ville de 
VatarèapatW, sur la route où, suivant la tradition, le roi Trdat 
alla à la rencontre de saint Grégoire. Il y construisit aussi une 
église au nom des anges (') du ciel, des milices célestes , qui étaient 
apparues en songe à saint Grégoire. Il bâtit Téglise, avec de 
hautes murailles et toutes sortes de merveilles, dignes de l'hon- 
neur divin auquel il les consacrait. Il amena Teau de la ri\ière<^), 
rendit cultivable tout ce pays pierreux, planta des vignes et des 
vergers d'arbres fruitiers et entoura la maison d'habitation d'un 
haut et beau mur, à la gloire de Dieu. 



<'> En 669. Cr. de MunH, Ckromtgr. 
4jf^., I, p. «98. 

<*) cr. Aliaiian, AranU, p. a&5; v. 
Thidinann, Strmfxêgt tm KwêIuumm. . » 
p. 1&7 etMiiv. 

(') Il s'agit ëyidemment de T^se de 
Zoarthnoch dont il salMiste des raines 
coosidérables ; v. une élude détaillée : Mec- 
peai> Tepb-MoacecîsH'b , Pacmoiuoi poMo^aii» 
U0p»tmk eé, rpoMOffU, dans les Hm. nmn. 
apgêoA, moM., 7* eahier de Tannée 1908; 
noas n^avons pa prendre connaissance 
de ce travail. Notre ami et condisciple, 
M. Pierre Aubry, chai^ de mission au 
Caucase, an printemps de 1901, visita 
cette région an débat des fouilles. 11 a 
bien voulu mettre à notre disposition ses 
notes de voyage qa*il n*a pas encore pu- 
bliées. Lors de son passage, on remar- 
(juait trois périodes dans les fouilles, 
période cunéiforme uUestëe par une in- 



scription euttéiforme, période du temple 
païen d'Ieraxamoin , période de T^^Ûse 
de saint Gr^foire. M. Aubry compta 
6& ccdonnes engagées, 5 entrées, 4 petits 
auteb, 1 awag autd orienté au Levant, 
h aigles [dacés sur les chapiteaux des co- 
lonnes devant les quatre petits autels; le 
monogramme du catholicos Nersès est en 
grec; la croix est en forme de lys: c*est 
probablement le plus ancien type de croix 
arménienne; TédiGce était peint en divers 
endroits; il reste des traces de peinture 
sur les aigles ; nombreux ^ij^fi en diffé- 
rentes langues; on avait déjà découvert 
beaucoup d*objeU,dépoaéB an musée de Ten- 
droit : fragments de mosaïque , de faïences 
polychromes, de charpentes; monnaies, 
osselets, ivoires, porte-lampes, etc. 

(^) Du Qasakh. affluent de rAraxe. Cf. 
H.Hiikiclimann. Xw GeêcUekkArm. . ., 
p. 97, n. a. 



112 HISTOIRE D HÉIIACLIUS. 

Mais le dra;ron rebelle ne s'arrêta pas; il voulut avec sa ruse 
combattre Dieu; il s'efforçait de susciter des persécutions contre 
les églises d'Arménie. Car sous le roi Constantin , petit-fils d'Hé* 
radius, il mit en œuvre la ruse de sa méchanceté, il prit pour 
satellites les soldats qui étaient dans le pays des Grecs. Car les 
Arméniens n'acceptaient jamais de communier avec les Grecs au 
corps et au sang du Seigneur. Et voici qu'ils (les soldats) écrivent 
une [lettre d'jaccusation à Constantin, l'empereur des Grecs et au 
patriarche : (tNous sommes considérés comme des impies dans ce 
pays ; car ils considèrent le concile de Chalcédoine et le tumar de 
Léon (') comme des outrages au Dieu Christ et ils les anathéma- 
lisent. Tî 

Alors le roi, d'accord avec le patriarche, donna un ordre cl 
on écrivit un décret aux Arméniens pour qu ils fissent union de la 
foi avec les Grecs et qu'ils ne repoussassent pas ce concile et ce tu- 
mar. Il se trouvait là un homme du village de Bagrawan qui avait 
étudié l'art de la philosophie et dont le nom était Dawith; il donna 
l'ordre de l'envoyer en Arménie pour y faire cesser l'antagonisme. 
Tous les évèques et les naxarars des Arméniens se réunirent à 
Dwin W auprès du catholicos christophile Nersês et du pieux gé- 
néral arménien, Thêodoros, seigneur des /?stunis. Ils virent les 
ordres du roi et ils entendirent les paroles du philosophe, qui 
enseignait la Trinité, d'après la décision du tumar de Léon. Et 
apr<*s l'avoir entendu, ils ne consentirent pas à changer la véri- 
table doctrine de saint Grégoire, selon le tumar de Léon. Il 
semble convenable à tous de répondre à la lettre [de l'empe- 
reur]. 

Texte de la réponse à la lettre arrivée en Arménie de la part 
de Constantin, empereur des Grecs, qu'ont écrite les évèques 
d'Arménie et le catholicos Nersês, de concert avec les naxarars et 
le général Thêodoros, seigneur des /îstunis. 

^^^ Sur la lettre de Ijëoa, cf. H. Hûbschinann, ZurGesckickit, . . , p. Q7. — ^*^ Diaprés 
Saint-Martin, le sixième concile de Dwin eut lieu eu 6&8. 



CHAPITRE XXXIII. 113 

Véritable et orthodoxe lettre nîcéenne. 

Je te prie, lis cela, toi qui as la foi chrétienne, ô [homme] 
pieux ! 

Nous avons le commandement des prophètes inspirés et des 
apôtres du Ghrisl('), de faire des prières pour ton pieux royaume 
et tous [tes] princes et soldats, et pour tout ton palais gardé par 
Dieu, où repose lamour divin et où se montre la grâce des faveurs 
divines sur vous. 

Car voici un royaume plus grand et plus puissant que tous les 
royaumes, couronné non par la main des hommes, mais par la 
droite de Dieu, que personne ne pourra remplacer, hormis le 
royaume du Christ; [il en est] de même du saint patriarcat, par 
la grâce de Dieu. 

Naxarars et soldats christophiles, nous aussi, fiers de la splen- 
deur de [ton] pieux royaume, nous sommes restés inébranlables 
au milieu des méchants et impies rois perses, lorsqu'ils ont sup- 
primé le royaume et qu'ils ont fait périr toutes les troupes de 
l'Arménie, et qu'ils ont emmené en captivité les hommes et les 
femmes, et que, mettant et faisant briller leur épée sur ceux qui 
restaient, ils ont tenté de les induire en erreur, mais n'ont pu 
les ébranler : t Les impies ont eu honte aussi dans leur vanité (''.d 
Jusqu'à ce que le roi Kawat et son fils Xosrov donnèrent l'ordre 
suivant : ftque chacun garde sa foi et que personne ne se permette 
plus de vexer les Arméniens ; car ils sont tous nos serviteurs de corps ; 
mais pour les âmes, cela regarde celui qui juge l'âme, t» Ensuite 
Xosrov fils d'Ormizd, après la captivité de Jérusalem , donna l'ordre 
à tous les évèques de la région d'Orient etd'Asorestan de se réunir à 
la Porte royale (') et il dit : rrj entends qu'il y a deux partis parmi les 
chrétiens, et l'un anathématise l'autre; qu'estrce qu'ils jugent comme 
étant le juste ? Or, qu'ils se réunissent tous à la Porte royale pour 

' Cf. Asotik, p. 99. — (*' Ps, xwv. k. — (*J à Ctësiphonî 

uiratatau «atioiau. 



11& HISTOIRE D*HÉRAGLIUS. 

qu ils coiidrment ce qui est droit et qu ils repoussent ce qui est 
faux. 7) Tous les évoques et les prêtres (*', et tous les fidèles de cette 
région se réunirent, et il mit sur eux comme ostikan Smbat Ba- 
gratuni, surnommé Xosrov Snum, et le médecin en chef de la cour*^'. 
Il y avait aussi là, parmi les captifs, le patriarche Zacharie de Jé- 
rusalem, et de nombreux autres philosophes, qu il avait faits pri- 
sonniers dans la ville d'Alexandrie; le roi Xosrov leur donna 
Tordre d'examiner en toute justice et de faire connaître la vérité 
au roi. Tous se réunirent dans le dahlic royal, et il y eut du bruit; 
car quelques-uns étaient de la foi orthodoxe, selon Técrit et le 
'^ceau des anciens rois; d'autres, nestoriens; puis, toutes sortes de 
gens. Le patriarche (^^ lui-même s'avança et dit : crGet homme ne 
sera pas appelé Dieu, n Et on fit connaître ces paroles au roi. 

Le roi répondit et dit : <rSur l'ordre de qui est-il venu en cet 
eudroil? Or, qu'il soit battu de verges et qu'il s'en aille ;î) de 
même, il donna l'ordre de faire sortir du tribunal de nombreuses 
autres sectes ; il ordonna d'examiner seulement [les doctrines de] 
Nicée, de Gonstantinople, d'Ephèse et de Ghalcédoine. Il y avait 
là deux évêques d'Arménie, hommes fidèles, qui avaient été en- 
voyés pour instruire le roi de la tyrannie qui pesait sur le pays, 
Kumitas, évêque des Mamikoniens et Matthêos [évêque des] Ama- 
tunis. Ils avaient avec eux l'écrit de saint Grégoire. Le roi donna 
l'ordre de demander : et Sous quels rois ces conciles ont-ils eu lieu? 
Ils répondirent : trLe concile de Nicée s est réuni sous Gonstantin; 
celui de Gonstantinople sous Théodose le Grand ; celui d'Ephèse 
sous Théodose le Petit; celui de Ghalcédoine sous Mareien.^ Le 



<*) Cf. Michel le Syrien, Histoire, k se fidre Nestoriens. Cf. Lebeau , t. XI, 

ëd. de Jârusaiein, 1871, p. 986 et p. 111, et H. Hûbschmann, Zw Ge- 

suiv. sehichte. . .> p. 98, n. 1. 

^ Sur le conseil de son médecin Jo- ^'^ Il y a manifestement une lacune 

uau, Xosrov ordonna de massacrer les dans ce passage; on ne peut songer à b 

Édesséniens qui ne se feraient pas Jaco- combler au moyen du parallèle d*Aaolik, 

bites. Cf. Lebeau, t.X, p. A & 9. Plus tard, dont le texte est ^lemenl corrompu en 

Xosrov contraignit les chrétiens de Perse cet endroit. 



CHAPITRE XXXIII. 115 

roi répondit et dit : et Les ordres de trois rois semblent être plus 
vrais que ceux d'un seul.*» Et le roi ayant appris qui était Nesto- 
nus, doù il était, à quel concile [il avait pris part] et ce qu'il 
avait dit, ordonna de faire sortir du tribunal les Nestoriens. De 
même il demanda pour le concile de Chalcédoine : a Qui étaient 
les cheGs? D On lui fit connaître et on lui dit que, à Nicée et à 
Gonstantinople, c'étaient les rois eux-mêmes, Constantin et Théo- 
dose le Grand; à Ephèse, c'était Cyrille, l'évêque d'Alexandrie, 
et à Chalcédoine, l'évêque Theodoretos, qui partageait les idées 
de Nestorius. 

Il y avait là le catholicos Eran , et d'autres évêquesde l'Asorestan, 
de l'Aruastan, du Xuzastan et d'autres pays; le roi Xosrov donna 
Tordre de démolir toutes leurs églises et de les passer tous au fil 
de Tépée, s'ils ne se détournaient de l'erreur; et s'ils ne suivaient 
la route royale • . . Tenaient le parti de Chalcédoine le catholicos 
de Géorgie et d*Albanie avec beaucoup d'évêques de la région 
grecque et des chefs qui étaient venus au service du roi de Perse(^); 
il leur fit offrir la discussions^). Il demanda un rapport des deux 
partis, sur le concile de Nicée sous Constantin, sur celui de Con* 
stantinople sous Théodose le Grand, sur celui d'Ephèse sous Théo- 
dose le Petit et sur celui de Chalcédoine sous Marcien pour 
examiner tout et le bien approfondir. Lorsqu'il connut tout exac- 
tement etquil en eut une idée véritable, il les interrogea et dit : 
'^Ces trois-là, pourquoi n'ont-ils pas dit : deux natures séparées, 
comme celui-ci 1 il est évident qu'il faut nous diviser nous-mêmes 
en deux, et dire qu'il y a deux rois, et non pas un. Car moi-même, je 
suis de deux natures, et de père et de mère, et d'âme et de corps. 
Mais si la divinité n'est pas partout, et si elle ne peut pas devenir 
ou faire tout ce qu'elle veut, qu'est la divinité? i) Puis il donna 

^'^ Passage coi rompu, traduit d'après un mot d origine persane; le ^ au 

le sens général. lieu de i^ est relativement rëcent: 

^'^ Lire f^tm^imp; ^•^^f»'p est une cf. H. Hnbschmann. Arm, Gramm., I, 

autre maniire d^écrire i^i^c^Mf , qui est p. 930. 

8. 



116 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

Tordre d'interroger Zacharie, patriarche de Jérusalem, et le philo- 
sophe d'Alexandrie, avec promesse de dire la vérité sous serinent 
lis répondirent et dirent : «r Si nous n'avions pas dévié de Dieu , il 
n'aurait pas lui-même avec colère dévié de nous; mais maintenant 
craignant Dieu, nous dirons la vérité devant vous : La foi véritable 
est celle qu'on a proclamée à Nicée sous le bienheureux Constan- 
tin, et celle de Gonstantinople et d'Ëphèse, d'acC/Ord avec elle; et, 
d'accord avec elle, la foi véritable des Arméniens. Quant à ce qui 
a été dit en Ghalcédoine, cela n'est pas d'accord avec elle, comme 
Votre Bienfaisance le sait, v Le roi ordonna de chercher dans le 
trésor et on trouva la véritable foi de Nicée, écrite, et il examina 
la concordance avec la foi des Arméniens, qui était scellée avec 
l'anneau du roi Kawat et de son fils Xosrov ; sur quoi le roi Xosrov 
donna l'ordre suivant : <rQue tous les chrétiens qui sont sous mon 
pouvoir aient la foi des Arméniens. Et de même ceux qui ont la même 
foi que les Arméniens dans les régions de l'Asorestan, Kamyisov (') 
le métropolite et dix autres évêques, et la pieuse reine Sirin(^), et le 
brave Smbat et le grand médecin en chef, v Le roi Xosrov ordonna 
de sceller un exemplaire de la confession véritable avec son anneau 
et de le mettre dans le trésor royal. 

Et maintenant, puisque Dieu nous a fait sortir du service du 
pouvoir des ténèbres et nous a accordé [de faire pai*tie de] votre 
royaume de la cité céleste, avec combien plus d ardeur ne devons- 
nous pas demander au Christ-Dieu de conserver éternellement 
inébranlable votre royaume pieux et ami de Dieu et qu'il [jouisse] 
comme dés jours du ciel sur la terre ^^^ avec de nombreuses vic- 
toires, dominant sur tout l'univers, sur mer et sur terre ; bien que 
par le corps vous soyiez de la race humaine, vous prenez place au 
rang divin, et la lumière glorieuse de votre pieux royaume remplit 



^'^ Mëtropoliie de Syrie ; cf. H. H&bsch- ^'^ Femme de Xofirov H , Aramëenne des 

matin, Arm, Gramm., l, p. agA. Sur environs de ce qui fut plus tard Basra. Cf. 

Kamjeifu, cf. Seb<k)8, éd. Patk., p. laS, H. Hidrachmanu , Arm, Gramm., I,p. 69. 

n. I . ('^ Fin de la citatiou dans Asolik. 



CHAPITRE XXXni. 117 

tout sur la terre; vous qui êtes couronné par le ciel, vous Tobjet 
de la gloire de tous les chrétiens, par la puissance du signe de la 
Croix divine, [vous] qui ressemblez à votre père le bienheureux 
Héradius, qui aimait Dieu, qui adorait Dieu, que Dieu a béni, le 
brave, le victorieux, le libérateur. Et maintenant que le Dieu Glirist 
[t'jaccorde la même faveur par Tentremise de ta piété. 

Au sujet d^ Tifnion de la foi, nous avons reçu Tordre d exa- 
miner la question , et le rescrit touchant la piété de la confession 
nous a été envoyé à nous, indignes serviteurs. En le voyant, nous 
nous sommes prosternés, et avec grande allégresse, nous avons 
glorifié le Christ et nous avons béni le bienfait. Et maintenant , voici 
comment nous avons appris la vérité de la foi. L'évangéliste Jean 
dit : f( Au commencement était le Verbe , et le Verbe était auprès 
de Dieu et le Verbe était Dieut^l?) Et le même [Jean] dit encore 
dans son [épltre] catholique : «r Ce qui était dès le commencement, 
ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce 
que nous avons contemplé et que nos mains ont louché, con- 
cernant la parole de vie'^U, r Voici le Verbe a été fait chair t'U, 
<ret la vie a été manifestée, et nous avons vu, et nous rendons 
témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était 
avec le Père et qui s'est manifestée à nous^^U. Le même Jean dit 
dans Tévangile : (r Personne na vu Dieu^^^T). Et Paul dit : r Celui 
que personne parmi les hommes na vu et ne peut voir'^*)^. Or, 
pourquoi ditril que «rnous Tavons vu de nos propres yeux^^)i) et 
fr celui que nous avons vu et que nos mains ont louché fut le Verbe 
de la vie^, et tr celui qui était auprès du Père et qui nous est 
apparu ('^)t), celui-là très terrible, comme cela convient aussi selon 
la divinité; et celui-ci très hunible et très charitable, selon la 
nature humaine. Mais il est évident qu'il raconte Tincamation de 

'*) Jean, i, i. <*) I Jean, iv, 19. L*Évniigile, i, 18, 

^*^ I Jean, 1, 1. dil : f l>-»<t«.ti»* »^«v ^-•^» ^rpt^« 
t") Jean, i, 1 4. Le texte du ^. T. porte ^•^ ÎTim., n, t6. 

1^ ^^V «A^^b A^^. :'} I Jean, 1, 1. 

') I Jean, 1, q. * 1 Jean, 1, 9. 



118 HISTOIRE D'HÉRACLIUS, 

1)ieu, comme le Verbe du Seigneur raconle que ff celui qui m'a 
vu a vu le Père(^)^. Il a dit : me^ comme ?m, et non pas not/^ 
comme detujc. Là il parlait seulement de la divinité : (r Celui qui 
seul a l'immortalité et qui demeure dans la lumière terrible et 
inaccessible (^) 7). Et maintenant [il parle] de l'humanité et de la 
divinité ; car l'invisible ne paraissait pas ; mais dans le visible on 
voyait l'invisible ; dans le visible, la paternelle nature divine et 
la maternelle nature humaine ; car la nature du père s'est unie à 
la nature humaine, en une unité immuable. Et [ainsi] il est né d'une 
seule nature [à la fois] Dieu et homme, comme la lumière. L'apAtre 
de Tarse raconte : (rDieu, dit^il, est un, et un l'intermédiaire 
entre Dieu et les hommes^*'. ti «rOr il n'y a pas d'intermédiaire d'un 
seul (^). T Car l'union ne se fait qu entre deux : comme d'Abraham 
et de Sara ensemble naquit Isaac ; ainsi le Christ est né de l'Esprit 
saint et de Marie, avec une nature une, d'une unité non mêlée et 
non confondue, indicible, selon Dieu, [en tant qu'il vient] du Père, 
car la virginité [de la mère] n'a pas été brisée. 

Or le Seigneur Jésus-Christ, Dieu et homme, est un, viesu^ 
pendue au bois sous les yeux [de tout le monde], par les meurtris- 
sures duquel nous avons été tous guéris, selon la voix du premier 
prophète <^). Ainsi le bienheureux Jean raconte l'union dans son 
[épitre] catholique, en disant: (r C'est celui qui est venu avec l'eau 
et avec l'esprit^^) et avec le sang, lui Jésus-Christ; non seulement 
avec l'eau, mais avec le sang et l'eau; et c'est l'Esprit qui rend 
témoignage, car TEsprit est la vérité t'I Car ils sont trois qui ren- 
dent témoignage : l'Esprit, l'eau et le sang; et ces trois sont un. 



^'' Jean, xiv, 9. témoins, I Jean, v, 7 rrCar ii y en a trois 

^'^ I Tim., VI, t6. qui rendent témoignage dans le ciei : ie 

^') l Tim., H, 5. Père, la Parole et le Saint-Esprit: et ces 

^^) Gai., ni, 90. trois-Ui sont un 9). Sur les ratures dont ce 

^'^ Es., LUI, 5. passage a été Tobjet, voir un ms. amié- 

(*) Z^ni^nil manque dans le grec , nien du xii' siècle de la Bibliothèque na- 

mais se trouve dans larménien. tionale de Pans , ancien fonds arménien 9 . 
-^ Manque ie célèbre passage des trois fol. 99 et suiv. Cf. note de Zohrab. 



CHAPITRE XXXIII. 119 

Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de 
Dieu est d'un plus grand poids, [et cest le témoignage] quil a 
rendu de son GIs^'t^). Or acest ici mon fils bien-aimé, en qui 
j*ai mis mon affection ; écoutez-le ^^'.t) 11 na pas divisé eu deux na- 
tures, en deux personnes et en deux esprits; mais en disant : cest 
celui-ci, il a révélé lunion. G est ce qu'exprime le même évangéliste, 
en disant : <r L'Esprit, l'eau et le sang; tous les trois sont uu(^).t) 
Ailleurs, il dit : trËt le sang de Jésus son fils nous lave de tous les 
péchés^^)^. Voici que Jésus-Christ est fils de Dieu et fils de l'homme, 
et tous les deux ensemble [sont] une seule nature. Or il est évident 
à tous que la divinité est incorporelle et immortelle ; mais ce qui 
est plus merveilleux et plus bienfaisant, plus admirable et sym- 
bolisant plus de miséricorde , c est que l'incorporel s'est incarné et 
que l'invisible est devenu visible; l'impaipable, palpable; l'éternel a 
eu un commencement, le fils de Dieu est devenu fils de l'homme 
et a mêlé son humanité à sa divinité. Or, au sujet de son abaisse- 
ment jusqu'à la mort et à la mort sur la croix, l'apêlre de Dieu 
dit : vr Alors que nous étions des ennemis, nous avons été récon- 
ciliés avec Dieu par la mort de son Gls<^).^ Et il dit encore : ftQui 
n'a pas épargné son fils, mais l'a livré pour nous tous(^). i) Et encore : 
(rSi [la sagesse de Dieu] avait été connue, on n'aurait pas crucifié 
le seigneur de gloire (^).t) Et encore : rrDieu envoya son fils sous la 
ressemblance du corps pécheur, et pour les péchés [du monde] il 
a condanmé les péchés dans ce corps-là ^^K ^ Que veut dire : il a 
condamné ? Gela signifie qu'il a vaincu celui qui avait le pouvoir 
de la mort, c'est-à-dire le diable. Et comme aux serviteurs de la 
vigne, le Seigneur dira : tr Comme '^^ la saison des fruits était 
proche, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir 
les fruits de la [vigne]. Mais les vignerons, s'étant saisis de ses 

('> Cf. I Jean, v, 6 et suiv. <') Rom., v, lo. 

(*} Combinaison de Marc, i, 1 1 ; ix.7; ^*^ Rom., tiii, Sa. 

et les parallèles. ^ I Cor. , 11, 8. 

w IJean,v,8. w Rom.,viii,3. 

•' I Jean, i, 7. «'J Matlh., \xi. 34 et saiv. 



120 HISTOIRE D^HÉRACLIUS. 

serviteurs, battirent les uns, maltraitèrent les autres et en tuèrent 
(i*autres(^). Enfin il envoya son fils, disant : ils auront du respect 
pour mon fils. Mais lorsque les vignerons virent le fils, ils disent : 
(T Celui-ci est l'héritier ; venez, tuons-le, et Théritage sera à nous. 
Et l'ayant mis hors de la vigne, ils le tuèrent t^).*» Or non seule- 
ment le Verbe est fils de Dieu , mais, est Verbe et corps, et le corps 
[est] ensemble avec le Verbe; car bien que le corps soit homme, 
il est aussi Dieu. Or ceux qui, dès le commencement, ont été 
témoins oculaires et serviteurs du Verbe , ont enseigné évidem- 
ment à leurs disciples, et ceux-ci encore ont enseigné la même 
chose à leurs disciples , puis ils ont établi la môme tradition 
par TEcriture. Et beaucoup parmi les apôtres ont reçu Tim- 
position des mains épiscopale, comme Yustianos, Ënauklitos et 
Klementos à Rome; Ananias à Alexandrie; àmawon (Siméon) 
Klèovpeanch (') à Jérusalem; Dionéàios Arispagachi à Athènes; et 
l'autre Dionèsios à Gorinthe; et l'autre Timotheos à Ephèse; 
et Titos en Crète ; Polikarpos à Smyrne d'Asie, et Ewodia, qui est 
Pierre, à Antioche ; Erenios de Galilée, disciple de Polikarpos 
dans l'église des Laodicéens; et d'autres, innombrable multitude 
d'admirables évèques, de prêtres et d'orateurs inspirés, de philo- 
sophes et d'admirables fils de l'Église, qui ont gravé par écrit, 
sur chaque é^ise, selon la voix apostolique, la véritable foi de 
l'Eglise. 11 est connu par le concile de Nicée que tous ceux-là 
étaient pleinement des disciples, qui ont reçu des apêtres et ont 
établi la même chose à Nicée. Car ils ont dit du fils : trMême nature 
avec le Père, par lequel tout fut créé dans le ciel et sur la terre, 
qui, pour nous, devint homme (^) et pour notre salut <^). d Ainsi 

^*) Manque le verset 36. ^^^ Le texte porte ici Ju^f^mgmn^ (p. 

(*) Cf. MaUh., XXI, Zh et suiv. Le 197, 1. 6), tandis que le texte de Nicée 

texte porte, p. 196,1. i9-i3(ëd.Patk.): porte : i/s«fir4'*'^ (p* i^Ot L !&)• Nous 

^mtL.iÊ0fu fup ^mm.[»iîuÊ^Mi imil] ^jpa.^. . . cToyous néaniuoins devoîr garder la leroii 

L omission est facile h expliquer. de notre passage. 

^') Frère de Jacques le Mineui* et til» <*) Cf. la formule de Nioëe, p. 199, 

de Klëopas, Tun des deux disciples d*Em- 1. 1 & et suiv. (éd. Patk.). 
maûs, d'après la tradition. 



CHAPITRE XXXIIl. 121 

encore saiut Grégoire nouB a prêché ce qu'il avait appris de ses 
prédécesseurs : (rCeux qui ont cru au corps, il leur a fait con- 
naître sa divinité, et ceux qui n ont pas cru au corps ont renié sa 
nature. Car il s est incarné en une seule nature, et il a mêlé et 
uni Thumanité avec sa divinité, Timmortel avec le mortel, car il 
rendra tous les hommes indétachables de son immortelle divinité. ^^ 
Or nous avons une foi, qui na pas été définie récemment, mais 
telle que nous lavons reçue des saints apôtres par lentremise de 
notre pontife saint Grégoire, qui a prêché au roi Trdat et aux 
chefs d*Arménie, environ trente ans avant Constantin. Et saint 
iiewond, le grand archevêque de Gésarée, où saint Grégoire fut 
élevé et instruit, et qui le sacra pontife, lui aussi a établi la même 
tradition (^). Une deuxième fois, les saints et véritables pères se sont 
encore réunis à Nicée sur l'ordre du pieux roi Constantin , et ils 
ont rejeté la fureur de la secte impie et ils ont semé la véritable 
foi dans tout lunivers. Et notre saint Astakês, fils de saint Gré- 
goire, y assista et reçut du saint concile les ordres de la foi et du 
grand roi Constantin; il les apporta et les offrit au roi Trdat qui 
aimait le Christ et au saint pontife Grégoire, avec les ordres du 
bienheureux Constantin. Nous restons établis sur ces [données], et 
nous les considérons comme suffisantes dans la doctrine de la véri- 
table foi, suivant ce qui a été dit : <rNe change pas les limites di* 
la foi qu'établirent tes pères t^).?) 

Et encore une autre fois(^\ lorsque le roi Trdat fit ses prépa- 
ratifs et prit avec lui le saint évèque Grégoire et son fils Tévêque 
Astakês, et que, avec Tescorte militaire des quatre gaheréch de so:i 
palais; et 70,000 pei^onnes choisies parmi les principaux de tons 
ses États, il se rendit à Rome pour voir Constantin ^^ . Dès qu ils 

<• P. 197.1. i7et8niv.,del'éd.Patk., '' P. lay, I. 34 et suiv., de l*édilion 

fremiere confirmation de la foi armé- Potkanian, troisième confirmalion par 

nienne par Léonce. Constantin. II faut donc changer Itf^fmft^ 

^^ P. iS7, 1. 90-3t, de redit Patk., dn texte en ^pfet ^^ K>^ îroitième au 

dmotihmê confirmation par le concile de lieu de deuxième, 
Nicée, ^*^ Cf. Agath., p. aoa et huîv. 



122 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

saperçurent, Con8tantin vint au-devant de saint Grégoire et 
s'inclina à ses pieds pour être béni par Itn^^K Alors ils prirent pour 
intermédiaire la foi qui [est] en le Seigneur Jésus-Christ; et, sous 
serment, les deux rois s'unirent, en consolidant la paix ensemble, 
pour toujours, entre les deux rois; et ils ont établi pour nous la 
vérité de la foi , que le saint Esprit établit pour nous. 

Nous ignorons les autres conciles, réunis en divers endroits, et 
nous considérons que ce [que j'ai énuméré] contient les fondements 
de la foi de ton pieux palais, du bienlieureux Constantin et du 
concile de Nicée. Et quiconque en a davantage, quand même ce 
serait un ange du ciel, qu'il soit anathème'^M Or tous les docteurs 
•de l'Eglise, qui ont excellé dans l'art de la philosophie et se sont 
initiés à la révélation divine, ayant reçu des saints apôtres le véri- 
table fondement [de la foi] sont partis de chez vous et l'ont prêché 
dans l'univers tout entier. Notre saint et véridique catholicos Gré- 
goire, élevé et instruit à Césarée de Cappadoce nous a enseigné la 
doctrine sur laquelle étant fondés, nous restons inébranlables jus- 
qu'aujourd'hui ; et avec lui, nous avons comme docteurs les saints 
pères véridiques qui tous ont parlé à Nicée : Yustianos, Dionèsios 
et Bektovr, évéques de Rome ; Dionèsios d'Alexandrie ; Pierre le 
témoin ; Théophilos et Athanase et Tévéque Cyrille d'Alexandrie et 
l'évéque Basile de Césarée, et Grégoire de Nazianze, et le thauma- 
turge Grégoire de Néocésarée, et Grégoire de Nysse'*), frère de Ba- 
sile, et d'autres pasteurs orthodoxes en quantité innombrable qui 
parlent de la même manière qu'eux, et dont l'histoire est connue. 

Or comme les ennemis de la piété, en faisant invasion plusieurs 
fois, ont perdu notre pays, et comme les hommes ont perdu le 
pays ils ont également détruit les testaments de l'Eglise et les var- 
dapets; il n'y a plus de testaments ni de vardapets; nous ne con- 
naissons plus notre littérature et notre culture ; mais dans la mesure 
où est restée en divers endroits une histoire des doctrines, elle 

("^ Cf. Agalh., p. 5o4, 1. i4 et suiv. — '> Cf. Gai., i, 8. — ^'> Auteur de la pre- 
mière dogmatique spéculative, intitulée : Xàyos xcnifxjT^'^^^ ^ \Uy^^* 



CHAPITRE XXXIII. 123 

nous enseigne de cette manière ia vérité de la Foi qui Fut [iroclaniée 
à Nicée, lumière vers laquelle s'empressait d'arriver Astakès, (ils do 
saint Grégoire. Et ainsi Fut publiée la parole du concile synodal 
de Nicée : 

CREDO DU CONCILE DE NICÉE'. 

f^Nous croyons en un seul Dieu, père, tout-puissant, créateur du 
ciel et de la terre, tant des choses visibles que des invisibles; et en 
un Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, né de Dieu le père, unique, 
c'est-à-dire de Tessence du Père, Dieu de Dieu, lumière de \b 
lumière, dieu véritable du Dieu véritable, engendré et non créé, 
de même nature que le père, par qui tout a été [créé] au ciel et 
sur la terre, tant les choses visibles que les invisibles; qui, pour 
nous et pour notre salut, descendant [sur la terre] s'incarna, se fit 
homme, naquit absolument de Marie, la sainte Vierge, par le saint 
Esprit, et qui reçut âme, corps, esprit et tout ce qui est dans 
l'homme, véritablement, et non en apparence; qui Fut torturé, 
c est-à-dire crucifié, enseveli, et au troisième jour ressuscita, monta 
au ciel avec le même corps [et il s'assit à la droite du père; il 
viendra avec le même corps et] avec la gloire du père juger les 
vivants et les morts; il n'y a pas de fin à son règne. Nous croyons 
aussi au Saint-Esprit, non créé, parFait, qui a parié dans la loi, 
dans les prophètes et dans les évangiles, qui descendit au Jourdain, 
prêcha par les apAtres et habita dans les saints. Nous croyons aussi 
à l'unique Eglise universelle, à un seul baptême, à la pénitence, à 
la rémission des péchés, à la i*ésurrection des morts, au jugement 
étemel des âmes et des corps, au royaume des cieux et à la vie 
éternelle. Quant à ceux qui disent qu'il était un temps où le 
Fils n'existait pas, ou bien qu'il était un temps où le Saint-Esprit 
n'existait pas, ou qu'ils Furent créés du néant, ou qui disent que le 
Fils de Dieu ou le Saint-Esprit sont d'une autre essence ou existence, 

^" Cf. Dr. Artek Ter-Mikeiian, Die Armeniseke Kirche in ikren BezirkwigeH zur By- 
zantiniscken (vom IV. bis zum XIII. Jahrbunderl). Leipzig, 1K9Q, p. 09 H siiiv. 



124 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS. 

ou variable, ou altérable, nous les anathémalisons, car l'Eglise uni- 
verselle et apostolique les anathématise. 

crEt nous glorifions celui qui était avant l'éternité, en adorant la 
sainte Trinité et la divinité simultanée du Père, du Fils et du ^aint- 
Esprit, maintenant et toujours et dans les éternités des éternités. 
Amen, n 

Et ensuite ils furent appelés à Rome et se présentèrent devant 
le roi Constantin et lui enseignèrent la foi véritable et posèrent par 
leur témoignage le fondement dé la foi. 

En Tan (s8/i)(^^ de notre Sauveur Jésus-Christ qui nous a donné 
la vie, Dioclétien régnait avec ses trois collègues du royaume des 
Romains. [El] il suscitèrent des persécutions contre les chrétiens, 
ils dévastèrent toutes les élises dans tout leur empire. Et en l'année 
7 5^ [de sa vie] mourut Constantin, et son fils Constantin régna en 
Gaule et en Espagne. 11 livra bataille à Maximien, à Maximintos son 
fils, à Likianos et à Marcien; il les vainquit et les tua, car il crut 
en un seul Dieu, maître de tout, et en son fils Jéisus-Christ. II 
comprit que c'est lui qui lui avait donné la victoire, et il donna 
l'ordi^e aux chrétiens de construire des églises et de délivrer les 
endroits où les martyrs étaient déposés, et il combla de grands 
honneurs les chrétiens. Il donna l'ordre à tous les évèques de 
se réunir dans la ville de Nicée ; les évéques et de nombreux saints se 
réunirent. Us restèrent là pendant quinze jours, puis il les fit entrer 
dans le palais, et tandis qu'ils se tenaient réuuis tous ensemble 
dans une salle dorée, il entra et se tint au milieu d'eux. Il fit cette 
profession [de foi] : Je suis chrétien et serviteur du Dieu tout 
puissant et de son fils bien-aimé Jésus-Christ. Et une enquête sur 
la foi fut faite par tous les évéques, devant le roi Constantin. Ils 
examinèrent les livres et écrivirent la foi véritable qui nous fut 



(>) 



q8^i est une correction proposée par Patkanian, éd. Seb^, p. i3o. 



CHAPITRE XWIII. Iâ3 

proclamée à Nicée, [foi qui a duré] depuis l'empereur Néron jusqu'au 
bienheureux Constantin, et de Constantin jusqu'au roi Marcien, 
qu'ont eue tous les docteurs, les principaux guides de l'Eglise, 
depuis le vaillant Théophile (^), le grand architecte des belles villes 
d'Egypte, d'Alexandrie, de Rome, de Gonstantinople, d'Athènes, 
de Cilicie, tous les docteurs de l'Église jusqu'aux jours deMarcien, 
jusqu'au tutnar^'^^ de Léon,deThéodoritos, chef du concile de Chal- 
cédoine, que [Léon] a confirmé d'une manière hétérodoxe. (rEt 
nous, nous ne devons nous glorifier qu'en la croix de notre Sei- 
gneur Jésus-Christ (^). 7) David aussi lui-même se glorifie par la croix 
de son fils; elle ne fut pas considérée comme un outrage à la divi- 
nité, mais le Seigneur l'a parfois appelée : Chars de Dieu, parfois : 
Mont Sinaï, et parfois : Hauteur du ciel. Car il dit : tr Chars de Dieu 
par myriades, des milliers de conducteurs, et le Seigneur en eux, 
sur le Sinaï de sainteté. Il monta sur les hauteurs et captura les 
capti&f^U; et encore : tr Chars de Dieu par myriades, des milliers 
de conducteurs, et le Seigneur en eux?». Car c'est par myriades de 
myriades que se compte la puissance et la gloire de la croix 
du Christ, qui porte le créateur du ciel et de la terre. Les mil- 
liers de Juifs l'ont élevé : » Et le Seigneur en eux sur le saint SinaL i) 
Y aurait-il quelque espoir pour eux ? Cela est évident par la puis- 
sance infiniment grande et la gloire de la croix, par laquelle il a 
délivré les captifs; et c'est pourquoi nous n'avons pas honte de dire 
au fils de Dieu : cr Saint et immortel, qui fus crucifié pour nous, 
aie pitié de nous, y^ 

(}uant au sacrement du Seigneur, que nous distribuons avec 
grande prudence, il en est de même ; nous n'avons pas le pouvoir de 
fournir le pur aux impurs'^). Car nous avons les canons [renfermant] 

<•» Luc, 1,3. <*) P». Lxviii, i8, 19. 

^ mmL^JêÊÊf. Sur la lettre du pape '^^ I^a së\éritë de T^giise armënienne 

Léon I*' k Flavien et la faute de traduc- en niatière d eni|)èclienient« de mariage 

tjon commise par le copiste, é. La Cdh- ent dne en grande part k Tantu^nûsme 

feaiif (in Afoatîit, i855, p. 953et sniv. entre T^ise grecque et F^ûe armé- 

^^ Gai., Ti, i&. nieone. 



126 HISTOIRE D^UÉRÂGLIUS. 

des règles et des lois universelles, pour les hommes et pour les 
femmes; ceux qui s'unissent étant vierges peuvent jouir sans honte 
du corps du Seigneur; selon ce qui a été dit : trLe mariage est 
honorable en tout, et le lit sans souillure (^). 79 Quant aui secondes 
[noces], même si Tun des conjoints est vierge et Tun seulement déjà 
marié, il est ordonné que tous les deux fassent pénitence durant 
trois ans, et ils doivent ensuite se conformer aux Ichs. Qttant aux 
troisièmes et quatrièmes [noces], TËglise ne les admet pas, et Ton 
n ose même pas prononcer alors le mot de communion, selon ce qui 
a été dit : <r Qui mange et boit avec indignité, mange et boit sa 
propre condamnatiou , car il ne discerne pas le corps du Seigneur^'), "n 
Et la voix divine proteste de et ne pas donner les choses saintes aux 
chiens '''. Ji 

Sur les tablettes de pierre aussi» il a écrit de son doigt un des dix 
oracles : «rNe commets pas adultérerai, n Mais nous voyons que, chez 
les anciens et chez les premiers philosophes, la fornication était con- 
sidérée comme impure et répugnante. Car Solon TAthénien a établi 
des lois pour les Athéniens, leur prescrivant de se tenir à Técart de 
la fornication (^) et de ne pas admettre le fils de la prostituée à l'hé- 
ritage. Lycurgue le Lacédémonien ordonna aussi dans sa législation 
aux Lacédémoniens de se tenir à l'écart de la fornication, et même 
de ne pas enterrer les fils de prostituées. 

On demandait à une femme nommée Thèanov ('*), élève de Pytha- 
gore : Combien de jours après s'être approché d'une femme, 
est-il permis d'aller à la cour? Elle répondit : a Si c'est de sa femme, 
on peut [toujours] entrer, si c'est d'une autre, on ne le peut 
jamais, v 

(^) Hébr., XIII, 4. p. 1 3a Je ms. porte Thèanov, leçon con- 

(*^ I Cor., XI, 39. firmëe par le texte de ia Rhétorique de 

(^^ Maith., VII, 6. Moïse de Khoren (p. 359 ), d*où le pas- 

I ^^' Exode, XX, lÂ. sage est tiré. Voir le grec ap.Baamgai'tner. 

^'^ Cf. Baumgartner, />!> 6Vi>^ p. 667 Cf. Baumgartner, Dit Chrie, p. &65; 

et suiv. Dashian, SecttmUu, p. 96. Le texte, édît. 

^^^ Daptiès une note de Palkauian, Patk.,p. i39, 1. i5, porte Athéaoov. 



CHAPITRE XXXIII. 127 

Oi% si ceux-là même [les païens] embrassaient de cette façon la 
continence, combien davantage devons-nous accomplir avec cmnte 
la parole apostolique : cr Fuyez la fornication (^) n , car bien qu il n y ait 
pas de juste, pas même un seul^^^ il ne faut pas outrager le corps 
divin audacieusement Gomment la bouche impure s'approchera- 
t-elle? Ou bien comment le tremblement ne saisirait-il pas celui 
qui communie s*il approchait sans respect le feu vivant? Même 
avec des pinces, le prophète lui-même ne méritait pas de le 
goûter; mais seulement, en s'approchant de ses lèvres, il reçut 
la pureté W, 

Kt maintenant, convient-il à un homme impur et souillé doser 
[se présenter] à la cour? Qui [lui] permettra d'entrer? Ou bien 
ne s'enfuira-il pas, chassé? surtout s il désire goàter a la table 
royale; à plus forte raison, combien faut-il avoir d audace pour 
enlrer à la cour du roi céleste sans avoir le vêlement de pureté, 
pour s'approcher du feu vivant avec une insolence téméraire, pour 
goûter à la table royale et céleste, et pour ne pas être chassé et 
poussé dehors, selon ce qui a été dit : a Allez loin de moi, vous tous 
ouvriers d'iniquité (JL^ 

Voilà ce que nous avons reçu de saint Grégoire et des pieux rois 
Gonslantin et Trdat, et après cela, la lumière de Nicée nous a été 
octroyée par l'entremise du même bienheureux Gonstanttn; nous 
restons fondés sur la même tradition, nous ne nous en détournons 
pas, ni à droite ni à gauche. 

Et pour les autres conciles, comme nous l'avons dit plus haut, 
nous ne les connaissons pas en vérité ; mais tandis que les anciens 
docteurs ont dénommé saint et véritable le concile qui s'est réuni à 
Gonstantinople pour condamner Nestorius, ils n'ont pas dit que le 
concile de Ghalcédoine fût véritable, car les directeurs du concile 
d'Ephèse avaient l'esprit de Nestorius, mais n'osaient pas le 
manifester. Et quoiqu'ils aient réuni le concile [contre] l'impiété 

^'^ I Cor., VI, 18. — >^' Rom., m, 10, d^api'ès IV, xiv. — ^^^ Aiiusîoo h EiMÛe.vi, 
6-7. — <*> P8.,VI,9. 



128 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

d'Ëutycbès, pareils à sa monstruosité, ils ont établi leur propre 
hétérodoxie, car Eutychès égaré disait : crLe Christ a apporté son 
corps du ciel'*'. 7) 

Le Christ qui était un, après Tunion du Verbe et du corps, ils 
Tont divisé en deux natures et ils ont prêté à penser que la sainte 
Trinité était une quaternité. Car trouvant le tumar de Léon, 
comme monument de leur hétérodoxie, ils ont établi leur scéléra* 
tesse sur [le tumar] et ils ont dit : Le Seigneur Jésus-Christ avait 
deux natures, sans supprimer la différence des deux natures; pour 
les unir, ils ont purifié encore plus la puissance des deux natures, 
et unir chacune avec sa forme propre, ne pas donner à la nature 
divine la bassesse de la nature humaine, ni à la nature humaine la 
richesse de la nature divine'^). 

[Il faut] considérer comme indigne et impossible pour Dieu de 
devenir homme et de naître d'une femme, d'éprouver toutes les 
passions humaines, d'être cloué sur la croix et de mourir. 

Or, si tout cela était impossible , selon le corps , au Verbe de Dieu , 
il était donc impossible à la Vierge de concevoir sans homme, et 
de donner naissance, tout en restant immaculée, à Dieu devenu 
homme, et il était impossible à Thomme de nourrir les 5,ooo [per- 
sonnes] avec 5 pains et de changer leau en vin, et d ouvrir les 
yeux de Taveugle avec de la salive, de marcher sur Teau, de chasser 
les démons, de ressusciter les morts, et d'autres [choses] encore. 
Quant à nous et à tous ceux qui confessent la vraie [foi], [nous 
croyons] que ce n'était pas le corps humain , mais la divinité dans 
le corps. Quant à ceux qui après l'union déchirent en divisant, nous 
les repoussons et nous les anathéma tisons, selon le bienheureux 
Cyrille d'Alexandrie <'), qui dit : tr Si quelqu'un ne confesse pas 
qu'Emmanuel est Dieu en vérité, par conséquent que la Vierge 

('^ Eutychès se plaint qu on lui impute let nous signale que Patkanian a renoncé 

ce blasphème, 6ri y 9 S)) éS oùpopw t^ à traduire cette fin, qui lui semble défi- 

tri(nt% à ^tàs Xàyof xaxtvifvoxj^. Cf. gurée par les altérations du texte. 
Gieseler, Ktrchengtxehichte , I, 9, p. i66. '^^ Sur les anathèmes de Cyrille, cf. 

^'^ Ce passage est très obscur: M. Moil- Hefele, (Ame, Geneh,, II, p. iS&etsuiv. 



CHAPITRE XXXIV. 129 

Marie, mère de Dieu, a donné naissance non seulement au corps, 
mais au verbe divin incarné, qu'il soit anathématisé (^). d — cr Si 
quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu s'unit à la nature 
du corps, et que le Christ est un. Dieu avec le corps, et en même 
temps homme, qu'il soit anathématisé (^). n — a Si quelqu'un divise 
le Christ un en deux figures, après lunion, et s'il dit qu'il n'y a que 
rapprochement et liaison, comme ayant trouvé la puissance avec 
l'honneur et la richesse, et non pas union par la nature, qu'il soit 
anathématisé (^). v Et la voix du Seigneur nous proteste : ff Que votre 
lumière luise ainsi devant les hommes t), c'est-à*dire la vérité de 
la foi, (T afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre 
père qui est dans les cieux (^). n 

Quant à nous, comme nous avons reçu les ordres de ta céleste et 
pieuse royauté, 6 vaillant roi Constantin, nous avons préféré faire 
connaître par un acte à ta pieuse royauté amie de Dieu , au moyen 
de cette lettre, la constitution de la foi orthodoxe que nos pères ont 
reçue des premiers docteui*s. Que Dieu accorde k notre indignité 
de demander la connaissance du bien et qu'il bénisse ta pieuse et 
bienfaisante puissance, pour que tu règnes éternellement sur le 
monde entier, sur mer et sur terre, toujours victorieux. 

CHAPITRE XXXIV. 

Allmiiie de» dfttrendanls d'Hagar. - De quelques ëvënenicnts flans Tempire grec. 

Je continuerai en racontant les maux arrivés en notre temps, au 
sujet du déchirement du voile de l'ancienne foi, et du simoun 
brAlant et mortel qui souffla sur nous et brûla les grands et beaux 
arbres, jeunes et feuillus, des jardins. Et nous l'avions mérité, car 
nous avons péché contre; le Seigneur et nous avons courroucé le saint 
d'Israël. ffSi vous prenez plaisir h m'écouter, dit-il, vous goAterez 

^'* Premier aiiathème. — "^ Deiixiènw» anallièine. — ^■' Troisième anath^nie. — 
*> MaUh.,T, 16. 

■isT. 0'aéftAcuo«. g 



i&Mt »Atl«««t«. 



130 HISTOIRE D^HÉRACLIUS. 

les biens de la terre; mais si vous ne voulez pas m'écouler, Tépée 
vous dévorera, car la bouche du Seigeur a ainsi parlé. ?> 

La tempête dont il est question passa sur Babylone, mais elle 
se déchaîna aussi sur tous les pays; car Babylone est la mère 
de toutes les nations, et son royaume est le royaume des régions du 
Nord; et aussi au sud , c'estrà-dire sur les Hindous et sur les nations 
qui habitent de leur côté dans le grand désert, ou les fils d'Abra- 
ham, qui sont nés d'Hagar(^) et de Kétur(^) : Ismaël, Amram, 
Médan, Madian, Héqsan, Hésbok, Mélisavè; et les fils de Lot : 
Amon etMoab; et les fils d'Esaû, c est-à-dire Ëdom; et d'autres 
aussi qui étaient dans les pays méridionaux, au nord de ces mêmes 
Hindous. Elle venait du grand et énorme désert, où avaient habité 
Moise et les fils d'Israël , suivant la parole du prophète : a Gomme 
un ouragan, il viendra du sud, venant du désert, d'un endroit 
redoutables, c'est-à-dire du désert grand et terrible, d'où l'orage 
de ces nations-ci surgit et occupa toute la terre, la conquit et la 
battit. Et ce qui avait été dit fut accompli : (cLa quatrième bête 
sera le quatrième royaume sur la terre, qui est plus funeste que 
tous les royaumes, qui changea en désert toute la terre W.tî 

Et maintenant, je dirai aussi le trouble du royaume des Grecs 
et les calamités de destruction qui ne cessèrent jamais dans la 
guerre intestine, l'effusion du sang et le massacre des princi- 
paux personnages et des conseillers du royaume, auxquels on 
attribua le dessein de tuer le roi; pour cette raison, on massacra 
tous les notobles, et pas un conseiller ne resta dans le royaume, 
car les habitants du pays furent massacrés sans exception; ils 
furent anéantis, ainsi que les princes qui se trouvaient dans le 
royaume. On tua aussi George Magistros, et Manuel, l'homme 
vertueux qui était le beau-père du chevalier Smbat, fils du grand 

^'^ Concubine (rAhrahani, conteiApo- Hpirë du livre biblique de Daniel, rap- 

raine de Sara. Cf. Genèse, xvi. pelle les nombreuses apocalypses apocry- 

^'^ Femme Intime d^Abraham après phes du moyeu Age, qui out étë si en 

la mort de Sara. Cf. Genèse, xxy, i-6. faveur dans les ^[Usesjoive et chrétienne, 

^^^ Cf. Dan., vu, aS. Ce passage, in- et même chez les Musulmans. 



CHAPITRE XXXV. 131 

Smbat, appelé Xosrov ànum, au sujet duquel quelques-uus oui dit 
qu on voyait des lumières allumées la nuit sur le lieu où il avait été 
tué. Et on envoya Smbat en exil, car ses propres troupes le con- 
damnèrent et se soulevèrent, après les événements [que voici] : 
car on rapporta de lui au roi qu il disait : « Il faut venger le sang 
de Magistros. n Le chef de l'armée qui [était] de ce côté était cher 
à tous les soldats. Or Smbat était chef des troupes des chefs de 
Thrace, et Manuel exerçait à Gonstantinople la fonction de Magis- 
tros. Le roi n appela pas Magistros, ouvertement et avec autorité, 
craignant la rébellion des troupes; mais il appela à lui laspet 
Smbat, et lui fit jurer sur la croix du Seigneur, qui était sur sa 
personne, de ne révéler à personne ses paroles; puis il le ren- 
voya parmi ses soldats, pour parler à Magistros de manière paci- 
fique et ramener en le trompant. Il s'y rendit, mais ne put le 
tromper, d autant que la chose ne lui était pas restée cachée; puis 
il parla à tous les chefs de Tarmée, et il lui [à Magistros] commu- 
niqua Tordre royal. L'armée, ne pouvant s'opposer à l'ordre royal, 
le livra entre les mains [de Smbat], et, l'ayant arrêté, on le 
conduisit en présence du roi; c'est pour cette raison que les troupes 
des chefs de Thrace complotèrent la mort [de Smbat], et dirent 
de lui qu'il était la cause de l'insurrection projetée, pour qu il fût 
mis à mort; mais le roi l'épargna et en le séparant de l'armée il le 
sauva. 

CHAPITRE XXXV\ 

Gtien'e eiili*e les hmaélîtes et tes Perses; niiae de ia domination irene, - MoK de 
Ya/.kei-t. - Les Mèdes et les Arméniens se soumetlent aox Ai*abes. - Gonstautiii 
va en Arménie. - Préparatift des Ismaélites contre les Grecs. - Et au sujet de 
Nersès, catholicos des Arméniens. 

La ao"^ année du roi de Perse Yazkert, la 1 1"" année de l'empe- 
reur Constance, qui fut nommé du nom de son p^re, Constantin, 

'*' Ce cliapilre a été traduit en |)artie \tav H. Hubschmanu, Zur GesckUku Ar- 
. , p. 99 et suiv. 



132 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



la 19^ année de la domination des Ismaélites (^), Tarmée arabe, qui 
se trouvait dans le Fars et le Xu^astan, marcha à Torient dans le 
pays nommé Palhaw, qui était le pays des Parthes, contre Yazkert 
le roi de Perse. Et Yazkert s enfuit devant eux, mais il ne put 
échapper, car ils l'atteignirent à la frontière desKhusans, et anéan- 
tirent toutes ses troupes. Il s'enfuit et se rendit auprès des troupes des 
Thé tais, qui étaient venus de leur pays à son secours. Le chef 
desMèdes, qui, comme je Tai dit plus haut, avait envahi les régions 
orientales pour se joindre au roi, fit défection, se fortifia dans un 
[certain] endroit, fit alliance par serment aux Ismaélites et s'en alla 
dans le désert sous leur domination. Mais l'armée des Thétals fit 
prisonnier Yazkert et le tua; il avait régné vingt ans(^). Ainsi fut 
détruite la domination des Perses et celle de la race de Sassan, qui 
avait régné 54 3 ans^^'. 

Lorsque le roi ismaélite (^) vit que la victoire lui était favorable, et 
que l'empire des Perses était détruit, il ne voulutplus, à l'expiration 
des trois ans du traité de paix , vivre plus longtemps en paix avec l'em- 
pereur des Grecs; mais dans la 1 ^^ année du règne de Constantin'^), 
il donna l'ordre à ses troupes de commencer la guerre sur terre et 
sur mer, pour anéantir aussi cet empire de dessus la terre. 

La môme année, les Arméniens se détachèrent et s'affranchirent de 
la domination des Grecs et passèrent sous celle du roi ismaélite'^'). Ils 
firent un accord avec la mort et conclurent une alliance avec l'enfer ("), 



(') En 651-6551. 

<*) 63a-659. 

^'^ Sur la durée de la domination sai^ 
sauide (996-659 ), cf. Tab. Nôld., p. A35, 
Anhang A. Cf. Clément Extraits de la 
chronique de Maribas Kaldoyo . . . , in Jour- 
nal oiiaiique, mai-juin 1 908 , p. 5 &3 , et 
Histoire des guerres et des conquêtes des 
Arabes en Arménie, par. • . Ghévond . . . , 
Irdduite par Garabed V. Chahnazarian , 
p. & , qui aliiibue &81 ans k la durée du 
rayaunie de Pei-se. 

('^ Olhinan. 



^*^ En 653. C^est paiement au mois 
de juillet de cette année que Moavia 
s empara de Rhodes et en renversa le co- 
losse, i,36o ans après son érection. Cf. 
de Murait, Œronogr. b^i,, I, p. 999. 

('} En 65i , d>rès de Murait, CÀro- 
nogr.bifz., 1, p. 999. 

^^ Cf. la traduction du passage paral- 
lèle de Jean Catholicos , cité par Hiîbsch- 
manu, Zur Gesckickte Armen. • ., p. 3o, 
n. 3 : (tUs fii^ut un serment k la mort, 
jurèrent fidélité aux enfers et se séparè- 
rent de Tempereur.t) 



CHAPITRE XXXV. 133 

à savoir Théodoros, seigneur des Astunis et tous les Armé- 
niens, en rejetant Tailiance de Dieu. Le chef ismaélite négocia 
avec eux et dit : tr Qu'il y ait accord entre moi et vous, pour autant 
d'années que vous voulez; je ne lèverai aucun tribut sur vous pen- 
dant sept ans. Mais, conformément au serment, vous donnerez 
autant que vous voudrez, et vous entretiendrez quinze mille hommes 
de cavalerie dans votre pays; vous en livrerez du pain, et jen tien- 
drai compte dans le tribut royal. Je ne demanderai pas que la cava- 
lerie vienne en Syrie. Mais partout ailleurs où je lui ordonnerai 
d aller, vous devez être prêts à agir. Je n'enverrai pas d'émirs dans 
vos forteresses, pas d'officier arabe et pas un seul cavalier. Aucun 
ennemi ne doit venir en Arménie ; et si les Grecs marchent contre 
vous, j'enverrai des troupes à votre secours, autant que vous vou- 
drez. Et je jure par le grand Dieu que je ne mens pas. t) Ainsi lui, 
le grand allié de TAntichrist^^), les détacha des Grecs; car quoique 
l'empereur leur eût écrit avec beaucoup de prières et de suppli- 
cations, et les eût appelés à lui, ils ne voulurent pBs l'écouter. H 
disait : a Je viens dans la ville de Karin(^); venez à moi; ou bien je 
viens à vous, et je vous assisterai par une solde et nous délibérerons 
ensemble sur ce qu'il y a à faire. ?> Mais ils ne voulurent pas 
l'écouter. 

Toutes les troupes grecques se plaignirent et murmurèrent 
devant leur empereur contre le seigneur des Aàtunis et les Armé- 
niens, à propos des défaites subies. . . ^^\ car ils disaient : crlls se 
sont alliés aux Ismaélites; c'est contre nous qu'ils ont agi, certai- 
nement; ils ont fait disperser notre armée par l'invasion dans 
TAtrpatakan; ils ont conduit ensuite les Ismaélites contre nous à 
Timproviste et nous ont laissé terrasser. Tout ce que nous avions 
a péri. Eh bien ! allons en Arménie, tirons vengeance de tout cela, t 



(*^ Sur ie sens de Antichrist *» nem '^^ Ce passage estcorrompneiM.Meii- 

-= Nëron, cf. P. Macler, Les Apoealypies iet nous signale que Palkanian, <lans sa 

apoerypkeê de Daniel, p. 85, n. t. traduction nisse, ne comprend pas Jm^ 

^^ Erzeronm. q^sk". 



134 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

Alors i*empereur Constantin se laissa persuader de faire la 
volonté de l'armée. H prit son armée et alla en Arménie avec 
100,000 hommes. Lorsqu'il arriva à Derdxan'^), les Ismaélites 
s'avancèrent devant lui et lui présentèrent une lettre de leur chef, 
conçiie en ces termes : «r L'Arménie est à moi, n'y va pas. Si tu 
y pénètres, je marcherai contre toi et je t'arrangerai de telle façon 
que tu ne pourras pas t'enfuiri). L'empereur Constantin dit : «rLe 
pays m'appartient et j'y irai; si tu marches contre moi. Dieu 
jugera dans sa justice?). iJi-dessus il se rendit à Karin, dans la 
la*" année de son règne, et dans la ao^ de la domination ismaé- 
lite (^). 

L'empereur Constantin séjourna quelques jours à Karin; il y 
fut rejoint par les chefs et les soldats de l'Arménie dite quairièine, 
et toutes les autres troupes et les chefs qui étaient partis du terri- 
toire des Aâtunis. Vinrent aussi devant lui ceux de Sper, les chefs 
des Bagratunis, ceux de Manah et ceux de Daranah, ceux du can- 
ton d'Eketeach, avec tous les soldats de ces endroits; puis ceux 
de Karin , de Taykh et de Basean. Vinrent également les iâxans de 
Vanand avec leurs troupes, ceux de oirak, les Xorxopunis^') et les 
hommes de la maison des Dimakhséens. Vinrent aussi MuSet le 
Mamikonien avec ses parents et quelques autres isxans, et des 
troupes de la province d'Ararat; les Apaweteans, les Apaneans, les 
Varaznunis, les Gnthunis, les Spandunis et d'a^ulres avec eux. Se 
rendit aussi auprès de lui le catholicos Nersès, venu de Taykh. Et 
tous les chefs racontèrent à l'empereur quel était le sens et le but 
de la défection du seigneur des Aslunis, et comme les envoyés des 
Ismaélites avaient été prompts à venir et à partir. Alors l'empereur 
et tous ses soldats maudirent le seigneur des /?âtunis; ils lui enle- 
vèrent les honneurs et dignités, et envoyèrent à sa place un autre 
et quarante autres avec lui. Mais lorsque ceux-ci arrivèrent, il les 

<*) District de la Haute Amic^nie, au ^'^ Eu 653. 

8ud>ouest (le Karin ; cf. H. Hûbschmann , ^'^ Au Nonl du lac de Van; cf. H. 

Ztn* Geschichie . . . , p. 3 1 , n. .5. Hi'il>schmann, Ziir Gesekfckte, . ., p. Sa , n.a . 



CHAPITRE XXXV. 185 

lit prendre, lier et conduire les uns dans la forteresse de Batès; 
el (|nelques autres dans Ttle des Bznunis. Lui-mAmese rendit dans 
l'île d'Ahhamar. Il donna ordre aux troupes qui se trouvaient dans 
ces régions d'aller et de se fortifier dans leurs pays respectifs. Les 
(léorgiens, les Ahians, les Siuniens, qui étaient alliés avec lui, 
retournèrent dans leurs pays, conforméoient à sontbrdre, et s'y 
fortifièrent. Mais^ Tliéodoros, le seigneur des Vahewunis, prit la 
forteresse d'Arphay. Son fils Grégoire, le gendre du seigneur 
des /istunis, et Varaz Nerséh Daslkarin se fortifièrent dans cette 
place publique et s'emparèrent des trésors. Car là se trouvaient 
tous les trésors du pays, de l'Eglise , des chefs et des mar- 
chands. 

Lorsque l'empereur Constantin l'apprit, il voulut faire piller [le 
pays] par la foule de ses soldats et hiverner en Arménie, pour 
ruiner le pays. Alors le catholicos et Muset avec tous les chefs 
arméniens tombèrent la face contre terre et [le] prièrent, avec 
beaucoup de supplications et des prières entremêlées de larmes 
d'avoir compassion et de ne pas s'irriter contre tous et de ne pas 
dévaster le pays à cause de la faute de ceux-là. L'empereur prêta 
l'oreille à leurs prières et il licencia de nouveau la grande foule 
de ses troupes. Il se rendit lui-même avec a 0,000 hommes dans 
l'Ararat et, arrivé à Dwin, il s'installa dans la maison du Catho- 
licos; il nomma Muset, le seigneur des iMamikoniens, chef de la 
cavalerie arménienne et l'envoya avec 3, 000 hommes du côté 
où était l'armée des nobles (oiniifi.^). Il envoya aussi des troupes 
en Géorgie, eu Albanie et en Siunie, pour détacher ces pays de 
l'alliance [de Thêodoros]. Les autres troupes campèrent autour du 
roi, dans la montagne et dans la plaine; et quoiqu'elles ne vou- 
lussent pas se soumettre pendant un temps assez long, elles furent 
cependant ramenées sous la domination [de Tempereur]. Mais 
ceux d'Albanie et de Siunie et l'armée noble ne se soumirent 
pas; c'est pourquoi ils pillèrent leur pays, emportèrent ce qu'ils 
trouvèrent et s'en retournèrent vers [leur] roi. 



136 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



AU SUJET DE NERSÊS, CATHOLIGOS D* ARMÉNIE. 

Maintenant je vais parier un peu de Nersés^'^ catholicos d*Ar- 
ménie. Hélait natif du Taykh, du village qui s appelle làxan, et 
nourri dès Tenfance dans le pays des Grecs ; il avait étudié la langue 
et les lettres des Romains. Et il avait voyagé dans ces pays en se 
livrant aux occupations delà guerre; il avait adopté avec conviction 
les doctrines du concile de Ghalcédoine et du(tfifk?r'>)deLéon; il ne 
révéla à personne ses desseins impies avant d'être parvenu h 
Tépiscopat du pays; et ensuite au siège du catholicosat. C'était un 
homme à la conduite vertueuse, jei\nant et priant; mais il tenait 
cachés en son cœur les poisons de l'amertume et il songeait à 
faire adhérer au concile de Ghalcédoine les Arméniens; il nosa pas 
dévoiler la chose, jusqu'à ce que vint l'empereur Gonstantin et 
qu'il descendit dans la maison du catholicos; le jour de dimanche, 
dans l'église de saint Grégoire, le concile de Ghalcédoine fut prêché; 
la messe fut célébrée à la romaine par un prêtre romain; l'em- 
pereur, le catholicos et tous les évêques,les uns de gré, les autres 
malgré eux, communièrent; et ainsi le catholicos ébranla la foi de 
saint Grégoire, qui avait été tenue par tous les catholicos, solide- 
ment fondée dans la sainte église, depuis saint Grégoire jusqu'ici ('). 
Il troubla les eaux de la source pure, claire et limpide, ce que le 
catholicos avait depuis longtemps dans son esprit et qu'il n'avait osé 
révéler à personne jusque-là; et plus tard, trouvant le temps [pro- 
pice] , il accomplit sa volonté; il trahissait un à un les évêques, et 
les terrorisait; à tel point que par peur de la mort, tous exécutaient 

^^^ îienèBlll.sumommèkQmstrueteur, ^^^ Gesik ceUe ëpoque (65&) que fut 

ne à Uxanach-awan , occupa le siège ca- Tondëe par Constantin, surnomme Syl- 

tfaolicosal en 6âo; en 6^9, les invasions vain, la secte célèbre des Pauliciens; cf. 

des Arabes le forcèrent k s'enfuir. Cf. de Murait, Chronogr» byz,, I, p. 3oo, et 

Saint-Martin, Mémoires, I, p. A38. Fi*ed. C. Conybeare, Tke key of (ntfA, a 

^*^ Sur la lettre de liëon, cf. sypra, manual of tke pavHeian churck îii Arme- 

p. laf). lUA. . . , Oiford, 1898, passim. 



CHAPITRE XXXV. 137 

les ordres quii donnait, d autant plus que les bienheureux qui 
étaient les plus fermes étaient moils; mais un évèque lui ferma la 
bouche devant Tempereur, car le catholicos avec les autres évéques 
avait pris part à lanathème prononcé contre le concile de Ghalcé- 
doine et le tuMiar de Léon; il avait repoussé la communion du 
Grec; on Tavait scellé avec l'anneau du catholicos et avec la bague 
de tous les évèques el de tous les grands seigneurs, et on le lui avait 
doimé pour qu'il le gardât dans l'église. Quand la messe fut cé- 
Uhvée et que tous les évéques communièrent, l'évèque que j'ai 
mentionné plus haut ne communia pas, mais descendit de l'autel 
et se cacha dans la foule. 

Lorsqu'ils eurent achevé l'œuvre de la communion et que le 
roi rentra dans son appartement, le catholicos s'approcha avec 
tous les évèques grecs et ils dénoncèrent cet évèque-là, en disant : 
((Il ne s'est pas assis sur le siège, il n'a pas communié avec nous; il 
nous a considérés comme indignes, nous et vous; il est descendu 
de l'autel et il s'est caché dans la foule?). L'empereur se troubla et 
donna l'ordre à des hommes de l'arrêter et de le conduire devant 
lui dans son appaitement. L'empereur répondit et dit : cr Es-tu 
prêtre? T) L'évèque dit : « Avec le consentement de Dieu et de votre 
gloii*o. L'empereur dit : rEt qu'es-tu, que moi étant ton roi, et 
celui-là ton catholicos et notre père, tu ne me considères pas comme 
digne, ainsi que celui-là, de communier avec toi ?^. L'évèque dit : 
«r Je suis un homme pécheur et indigne, je ne mérite pas de com- 
munier avec vous; mais si Dieu me rendait digne [de communier] 
avec vous, j'aurais supposé que j'ai goûté avec le Christ de sa table 
et de ses propres mains?). L'empereur dit : rr Laisse là, et dis-moi 
ceci : celui-là est-il ou non catholicos des Arméniens ? ?). L'évèque dit : 
(f Autant que saint Grégoire??. L'empereur dit : «rLe considères-tu 
toi-même comme catholicos??) — a Oui, dit-il?). L'empereur dit : 
(T Communies-tu avec lui??) 11 dit: a Ainsi qu'avec saint Grégoire?). 
L'empereurdit: (rEt aujourd'hui, pourquoi n'as-tu pas communié??? 
Il dit : (rRoi bienfaiteur, lorsque nous te voyions peint sur le mur. 



138 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

le tremblement nous saisissait et maintenant nous te voyons face 
à face, nous parlons bouche à bouche; nous sommes des gens 
ignorants et stupides; nous ne savons ni langue ni lettres; il y a 
quatre ans, il a convoqué une assemblée, il a réuni ici tous les 
évéques, il a fait écrire un écrit pour la foi, il a scellé d'abord 
de son anneau, puis du nôtre, puis de l'anneau de tous les chefis^'). 
Et récrit est à présent auprès de lui. Donne Tordre qu'on le 
cherche, et vois-le. Et lui restait interloqué. L'empereur sachant sa 
perfidie, lui fit des reproches nombreux dans sa langue. L'empereur 
[lui] ordonna d'aller communier avec le catholicos. Et lorsque 
l'évèque eut accompli l'ordre de l'empereur, il dit : crQue Dieu 
bénisse pour toujours ton règne bienfaisant et pieux, régnant sur 
toute la mer et la terre avec de nombreuses victoires?). L'empereur 
bénit aussi l'évèque et dit : ^ Que Dieu te bénisse; tu as agi comme 
il sied à ta sagesse, et je t'en remercie.^ 

On fit partir en grande hâte l'empereur à Gonstantinople('), pour 
qu'il y arrivât de suite. Et il partit immédiatement. 11 nomma 
chef des Arméniens un nommé Morianos, avec les troupes armé- 
niennes se trouvant dans ces régions. 

Lorsque l'empereur Constantin se rendit à Dwin, le catholicos 
alla avec lui; il demeura àTaykh et ne revint plus chez lui, car le 
chef des iîàtunis et les autres chefs qui étaient avec lui étaient 
pleins d'une colère extrême contre lui. Thêodoros, le seigneur des 
/?&tunis se mit à l'aiTût dans l'ile d'AHhamar avec son gendre 
Hamasasp, seigneur des Mamikonieus, et demanda des soldats aux 
Ismaélites; 7,000 hommes vinrent à son secours, et il les fit établir 
à Aliovit et chez les Bznunis et lui demeurait parmi eux. 

Lorsque les jours de l'hiver passèrent et que la grande pâque 
approcha, HopomW s'enfuit et tomba à Taykh, et on l'en fit sortir; 

^') Le sixième concile de Dwin eut t. II, p. 716 et suivantes, (a* éd., 1875). 
donc lieu en 6^849; cf. H. Hiibsch- ^'^ Cf.Lebeau^XI^p.Sâg-SSoelbcor- 

mann, Zur Gesekichte. , ,, p. 3&, n. 1. reclion à ce passage proposée par Hûbsclh 

Sur les 38 canons du concile de Dwin mann, Ztrr Geschickie, . ., p. 3&, n. 9. 
en 597, cf. Hefele, ConeUiengnehiekte , ^^^ Xje» Grecs. 



CHAPITRE XXXVr. 139 

nuHeparl il ne put s'établir; mais ils s'enfiiirenl jusque près du 
bord de la Q)er; et ilst^) ravagèrent tous le pays; ils prirent la 
ville de Trébizonde et ils emmenèrent beaucoup de butin et 
de captifs. 

Après cela, Thèodoros, seigneur des /?stunis, se rendit auprès 
de Moavia , chef d'Ismaël à Damas et le vit avec de grands pré- 
sents. Le chef dlsmaël lui donna des vêtements d'or et en Bis d'or, 
et une bannière de la même façon; il lui donna le pouvoir sur 
l'Arménie, la Géorgie, l'Albanie et la Siunie, jusqu'à Kapkoh 
et au Parhak de Gor(^); puis il le congédia avec de grands bon- 
neurs. Il lui avait posé comme condition d'amener le pays à sou 
service. En l'an ii*" de Constantin (^), la paix se rompt, qui était 
entre Constantin et Moavia le chef d'Ismaël. Le roi d'Ismaël (^) donna 
l'ordre de réunir tous ses soldats du c6té de l'Occident et de faire 
la guerre contre l'empire des Grecs, pour s'emparer de Constan- 
tinople et supprimer ce royaume-là aussi ^^). 

CHAPITRE XXXVI^ 

Lettre do roi des bmiiëliteb à i'emperenr des Grecs, Constantin. - Moavia, cher des 
Ismadites, vient h Chalcëdoine. - D est vaincu par le Seigneur. 

«Si tu veux vivre en paix, disait-il, renonce à ta vaine religion, 
dans laquelle tu as été élevé dès ton enfance. Renie ce Jésus et 
convertis-toi au grand Dieu que je sers, le dieu de notre père 
Abraham. 



<*) Les Arabes. (') l^u^f^u^jt. /^..js^ClA, I^^ roi i'h^ 

<*) Sur les dëClës du Caucase (Poi*te inaèl, était le khalife Olhman. 

des Alains, Porte de Bahl, Porte de Djor ^^^ Sur les divei^gences du récit de 

ou des Huns), cf. Victor Langlois, (loi- Théophanes, cf. H. Hûbschmann, Zur 

ketioH, II, p. i85, n. 9. Genehkhie» . ., p. 35, n. 3. 

^'^ La 1 1* année de Constantin ^65 1 (*' H. Hûbschmann, Zur GemrAtciUf..., 

(Blair). Murait fait an contraire dater la p. 35 etsuiv. 
paix de cette 1 1* année. 



140 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

(T Licencie la multitude de tes soldats et renvoie-les dans leur 
pays; et je ferai de toi un grand chef dans ces pays. J'enverrai des 
ostikans dans ta ville; je rechercherai tous les trésors et les ferai 
partager en quatre parts : trois pour moi et une pour toi. Je te 
donnerai aussi des troupes autant que tu voudras et prélèverai 
sur toi le tribut que tu pourras donner. Sinon, comment ce Jésus 
que tu nommes Christ, qui n'a pas pu se sauver lui-même des 
Juifs, pourrait-il te sauver de mes mains? 7? 

Toutes les troupes de l'Orient, de la Perse et du Xuzastan, du 
lemtoire des Indes, de l'Aruastan et du territoire de l'Egypte se 
rassemblèrent auprès de Moavia, le chef de l'armée qui résidait 
à Damas. On construisit des vaisseaux de guerre à Alexandrie et 
dans toutes les villes du littoral de la mer, et on les munit d'armes 
et de machines de guerre : en tout 3oo grands vaisseaux, dont 
chacun fut monté par 1,000 hommes des meilleurs cavaliers, et 
5,000 vaisseaux légers, sur chacun desquels montèrent seulement 
une centaine d'hommes, à cause de leur légèreté, afin de pouvoir 
évoluer rapidement sur les flots de la mer, autour des grands 
vaisseaux. Il leur fit prendre la mer et partit lui-même pour 
Ghalcédoine avec les troupes qui étaient auprès de lui. Les habi- 
tants de tous les pays où il arriva se soumirent à lui, aussi bien 
ceux qui habitaient sur [les bords de] la mer que ceux qui habi- 
taient dans les montagnes et dans la plaine. Mais l'armée princi- 
pale des Grecs se rendit à Gonstantinople pour défendre la ville, 
pendant que le destructeur entrait à Ghalcédoine, la 1 3^ année 
du règne de Constantin (^). Là, il rangea beaucoup de vaisseaux 
légers sur la côte, afin de pouvoir promptement porter secours 
aux vaisseaux lourds, lorsque ceux-ci arriveraient à Ghalcédoine (^). 
Alors ils (les Ismaélites) envoyèrent la lettre de leur maître dans 
la ville, à Constantin. 

L'empereur prit la lettre, entra dans la maison de Dieu, se jeta 

^*) C'est-À-dîre en 653 (Blair). — ^^ Sur les campagnes navales de Moavia, cf. Noël 
Desvergers, Arabie. . ., p. 274 et suiv. 



CHAPITRE XXXVl. 141 

la face sur la terre et dit : crVois, ô Seigneur, l'opprobre que ces 
Ismaélites te font Que ta compassion, ô Eternel, soit sur nous, 
comme nous espérons en toi. Couvre de honte leur visage, afin 
qu'ils recherchent ton nom, ô Seigneur. Quils soient honteux et 
confus d'éternité en éternité, et quils périssent d'une manière 
ignominieuse, qu'ils reconnaissent que ton nom est le Seigneur et 
que tu es le seul souverain sur toute la terre. ^ Il ôta la couronne 
de sa tète, se dépouilla de la pourpre, se couvrit d'un sac(^); il s assit 
sur la cendre et ordonna de publier un jeûne dans Gonstantinople, 
à l'exemple de NiniveW. 

Et voici qu'arrivèrent d'Alexandrie à Ghalcédoine les grands 
vaisseaux avec tous les petits navires, complètement équipés. Car 
sur les vaisseaux étaient installés des mangonneaux, des machines 
pour lancer du feu et des machines pour lancer des pierres; il s'y 
trouvait aussi des archers et des frondeurs, afin de pouvoir facile- 
ment monter sur les murs de l'extrémité des tours, lorsqu'ils s'en 
seraient approchés, et pénétrer dans la ville. [Moavia] fit ranger 
les vaisseaux en ordre de bataille et les fit diriger contre la ville. 
Lorsqu'ils furent à environ deux stades de la terre ferme, on put 
voir la puissance de la terreur [qu'inspire] le Seigneur; car le Sei- 
gneur déchatna du haut du ciel un vent très fort : le vent s'éleva en 
une grande tempête; la mer fut soulevée de ses profondeurs, les 
vagues s'amoncelèrent comme les sommets des plus hautes monta- 
gnes; l'ouragan rugit et retentit sur elles comme le tonnerre, et des 
abîmes [de la mer] s'éleva un [grand] fracas. Les tours tombèrent, 
les machines s'écroulèrent, les vaisseaux se fracassèrent et la grande 
armée fut engloutie dans les profondeurs de la mer. Ceux qui 
étaient restés accrochés à des planches furent dispersés sur les flots 
et jetés çà et là par les vagues qui montaient et qui descendaient; 

^*^ G« tmit est peut-être le point de à la viDe sainte; cf. F. Mader, Les apo- 

dëpart des nombreuses landes apoca- c/i/y/»e«4potfr)pAf«ifeDafi»e/, p. 97et8uiv.; 

lyplico-apocryphes dans lesquelles le roi et René Basset, Le* apocryphes ilkiopitm,.. 

des Romains, après la venue de TAnli- t. X, La sageue de Sibylle . p. yS e( suiv. 
christ, dëi)osera la couronne et montera ^*^ Jonas, ui, 7. 



1/^2 HISTOIRE D*HÉRAGLIUS. 

ils finirent par couler. Car la mer ouvrait sa gueule et les englou- 
tissait. Et aucun d'eux n échappa, pas même un seul. Ce jour-là 
Dieu sauva la ville en étendant son bras, grâce aux prières du pieux 
empereur Constantin. Durant encore six jours, la puissance du 
vent et l'agitation de la mer ne cessèrent pas(^). 

Lorsque les Ismaélites virent la main terrible du Seigneur, leur 
courage fut brisé. Ils quittèrent Ghalcédoine nuitamment et retour- 
nèrent dans leur pays. Les autres troupes qui se trouvaient dans 
la région de Gappadoce firent la guerre à l'armée des Grecs. 
Battues par ceux-ci, elles s'enfuirent du côté de l'Aruastan, en 
pillant la quatrième Arménie. Mais lorsque l'automne fut passé et 
que l'hiver fui proche, l'armée ismaélite arriva et prit ses quar- 
tiers à Dwin, avec l'intention de marcher contre les Géorgiens, 
et de les passer au fil de l'épée. Ils leur notiGèrent avec menaces, 
par des ambassadeurs, d'avoir à leur faire leur soumission, ou 
bien de quitter le pays et de s'en aller. Mais ceux-ci n'y étaient pas 
disposés et ils se préparèrent à la lutte. Alors les Ismaélites vou- 
lurent les envelopper par la guerre, pour les anéantir entière- 
ment. Mais lorsqu'ils se furent mis en marche, la rigueur et la 
neige de l'hiver les surprirent; ils s'en retournèrent promptement 
dans l'Asorestan, sans commettre de violences en Arménie. 

Les chefs des Arméniens grecs et des Arméniens arabes, Hama- 
zasp et Musel, et tous les autres, se réunirent en un lieu et s'ac- 
cordèrent pour faire cesser toute guerre et toute effusion de sang 
entre eux. Ils passèrent led joura de l'hiver en paix pour conserver les 
habitants du pays, car le seigneur des /?âtunis était tombé malade 
et il s'était rendu dans l'île d'Althamar. Il ne lui était pas possible 
de sortir et d'entreprendre quoi que ce fût; il partagèrent le pays 

^'^ Sur le long siège de Constantinople prend l*histoîre ; ce qui ie rapproche 

( 7 ans) , el sur le feu grégeois et les tem- beaucoup de son successeur comme écri- 

pétes qui détruisirent la flotte arabe, cf. vain, L^n ; cf. Histoire des guerres et des 

Nod Desvergers, Araiie. . ., p. 980 et conquêtes des Arabes en Arménie, par. . . 

suiv. Ce passage est une nouvdle preuve Ghëvoud. . . , trad. par. . . Chalinaiarian, 

de la façon biblique dont SebAos corn- p. i3. 



CHAPITRE XXXVII. I'i3 

d'après le nombre de leurs cavaliers et ils établirent des gens pour 
faire rentrer l'or et largent. 

Alors on put voir les tourments du désespoir, comme il arrive 
aux malades qui sont en proie à la douleur et ne peuvent parler; 
il arriva ici quelque chose d'analogue. Car il n y eut pas un en- 
droit où les hommes pussent s'enfuir et se cacher, pour échapper; 
mais ce fut comme lorsque quelqu'un tombe à la mer et ne peut 
en sortir. 

Lorsque le seigneur des Aàlunis vit cela, il demanda des 
troupes aux Ismaélites, pour battre les Arméniens, pour les 
chasser et pour pa^sser les Géorgiens au fil de l'épée. 

CHAPITRE XXXVir^ 

Soulèvement des Mèdes contre les bmaëliles. 

Dans cette année les Mèdes (Markh) se soulevèrent contre les 
Ismaélites et tuèrent le chef des collecteurs d'impôts du roi des 
Ismaélites; ils s'enfuii'ent et se retirèrent dans les forteresses de 
la Médie, dans les forêts aux gorges profondes, dans les abîmes 
et les rochers, dans les profondeurs horribles des vallées avoisi- 
nant le fleuve Gaz et les montagnes de Médie, et au milieu des 
courageuses et héroïques tribus qui y habitaient, le Del et le 
Delum. 

Car ils ne pouvaient pas supporter la servitude cruelle et dure, 
ni le poids du tribut qui pesait sur eux, parce qu'ils étaient obligés 
de payer chaque année 365 bourses de drachmes. Mais à ceux 
qui ne pouvaient les donner, pour chaque drachme, ils prenaient 
un homme. Ils anéantirent la cavalerie et la noblesse du pays. 
C'est pourquoi [les Mèdes], considérant leur situation, aimèrent 
mieux mourir que de vivre> et prirent la résolution d'obtenir l'un 
ou l'autre : ou la mort, ou l'alTranchissemenl de cette servitude 

'') Traduit par H. Ilûbsclimaiin, Znr GeêeUeku. . ., p. SSetsoiv. 



144 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

écrasante. Ils commencèrent à recruter le reste des troupes et à 
les organiser en corps, [pour voir] s'ils pourraient échapper peut- 
être aux dents du dragon et à la mort [provenant] d animaux au 
souffle violent. 

Lorsque Tarmée ismaélite vit que son action navait pas de 
résultat dans les fortes montagnes des Mèdes, — car ils ne purent 
pas réduire à leur domination le Kethrus et le Skiwtheay, les 
fleuves des Delums, avec tout le peuple qui habitait dans les 
lieux fortifiés — et que beaucoup [d'entre eux] succombèrent 
devant les forteresses et roulèrent dans les ravins, que beaucoup 
d'autres furent blessés par des flèches au milieu des touffes de 
roseaux difficiles à traverser, [que leur lançaient] les guerriers 
braves et courageux , alors ils s'éloignèrent de ces régions et se 
tournèrent vers le Nord, contre le peuple qui habite aux portes 
Gaspiennes. Ils arrivèrent au défilé de Cor(*), et lorsqu'ils eurent 
passé le défilé (Kapan), ils dévastèrent tout le pays au pied de la 
montagne et battirent les quelques troupes [qui formaient] la gar- 
nison du pays et qui étaient venues à leur rencontre de la Porte 
des Huns. 

Alors vint une autre armée du pays des ThèUls, et ils luttèrent 
entre eux avec grande bravoure. Mais l'armée ismaélite fut vaincue 
par les troupes des Thètals; ils furent battus et passés au fil de 
l'épée. Les débris de l'armée qui s'enfuyaient ne purent pas 
échapper par le défilé, parce qu'une autre armée fondit sur eux 
par derrière. Se tournant vers les régions impraticables de la 
grande chaîne du Caucase, ils atteignirent avec peine et difficulté 
les pentes de la montagne, et peu [d'entre eux] se sauvèrent, avec 
une peine extrême, sans vêtements et pieds nus, à pied et blessés, 
et ils arrivèrent, à travers le territoire de Tizbon, dans le pays 
qu'ils habitaient (^). 

-'^ Cf. H. Hûbschinaiin , Zvr Gesehtchte inann, Zur Guckichte. , ,, p. 4o, n. i . 
Artnen. . ., p. 89, n. 6. et les rëféreDcett y îndiquëes pour \e» 

^'^ Sur ceUe campagne, cf. H. Hûbscii- sources arabes. 



CHAPITRE XXXVlIi. 145 



CHAPITRE XXXVIII". 

Muset se sépare des Grecs et se soumet aax Ismaélîtes. - I^es Ismaélites comba lient les 
Grecs a Naxèawan et les anéantissent - Pillage de TArménie. - Les Arméniens se 
détachent de nouveau de la domination des Ismaélites et se soumettent aux 
Grecs. - Hamazasp, le seigneur des Mamikoniens, devient curopalate. - C'est 
pourquoi les Ismaélites tuent les otages. - Des dissensions éclatent dans Tannée 
dos Ismaélites. - lis se séparent, les uns des autres. - Moavia. leur chef, Tem- 
|)orte sur tous, devient roi et fait la paix avec tous. 

Cependant Muset, le seigneur des Marnikoniens, se détacha 
des Grecs et se soumit aux Ismaélites. La même armée, larmée 
ismaélite qui se trouvait en Arménie, s'empara de tout le pays, d*un 
bout à l'autre. Théodoi*os, le seigneur des Tîslunis, el tous les 
isxans se soumirent volontairement à eux et s'empressèrent d'ac- 
complir leur volonté en toutes choses, car la crainte d'une mort 
inévitable planait sur eux. 

Cette même année, l'homme béni, le pieux Artawazd Dimak- 
sean fut trahi par la jalousie de son frère et livré entre les mains 
de l'impitoyable bourreau, le général Habib, qui résidait à Arur 
Asnak, et qui lui fit subir une mort misérable. 

Lorsque les jours froids de l'hiver vinrent, les Grecs poussèrent 
[les Arabes], qui ne purent pas prendre les armes à cause du froid 
et combattre, et qui décampèrent et se retirèrent; car ils fran- 
chirent le ileuve (Araxe) et se retranchèrent à Zarehawan. Lorsque 
les Grecs virent cela, ils ne s'inquiétèrent plus d'eux, mais ils 
pillèrent la forteresse de Dwin, marchèrent sur Naxcawan, el assié- 
gèrent la forteresse pour la piller aussi. Le chef de l'armée des 
Grecs était un certain Môrianos, un homme que Ton disait sûr. 

Lorscpie la saison du printemps arriva, il se prépara h la guerre 
contre les Ismaélites. Mais Môrianos voulait auparavant achever 
complètement son entreprise. Aloi*s les Arabes tombèrent sur 

'^ Traduit par H. Hiibsclmiann, Zut' (leschicklc, • ., p. ^lo. 



r*i«iik<i «ittuMii 



U6 HISTOIRE D^HÉRACLIUS. 

les Grecs, qui assiégeaient la forteresse de Naxrawan, les bat- 
tirent, les massacrèrent et mirent en fuite ceux qui restaient. 
Môrianos, lui aussi, s'enfuit et se rendit en Géorgie. Mais Tarmée 
ismaélite se détourna d'eux, assiégea la ville de Karin et com- 
mença la lutte avec [la garnison]. Ceux-ci, ne pouvant pas offrir 
de résistance dans la lutte, ouvrirent les portes de la ville et se 
soumirent à eux. [Les Arabes] entrèrent dans la ville, en empor- 
tèrent lor, l'argent, toutes les richesses, pillèrent toute TÂrménie, 
l'Albanie, la Siuuie et dépouillèrent toutes les églises. Ils emme- 
nèrent comme otages les chefs considérables du pays, les femmes, 
les (ils et les filles de beaucoup d'entre eux. 

Théodoros, le seigneur des Aâtunis, avec ses parents, partit 
aussi avec eux. Us les amenèrent dans l'Asorestan. Là mourut (') 
Théodoros, le seigneur des Aàtunis. Son cadavre fut ramené dans 
sa patrie et placé dans le sépulcre de ses pères. 

Hamazasp, le seigneur desMamikoniens, filsdeDawith, un homme 
excellent à tous les points de vue, obtint le commandement du pays 
des Arméniens. Mais il aimait la vie de famille, était un ami de la 
lecture et de l'étude et n'était pas versé et expert, comme ses 
pères, dans le métier de la guerre. 11 n'avait encore assisté à au- 
cune bataille et n'avait pas encore vu l'ennemi en face. Alors il 
commença à imiter avec ardeur la bravoure de ses pères et à 
accomplir des actions viriles suivant l'exemple de ses ancêtres, en 
priant Dieu de le conduire et de donner succès à ses actes de bra- 
voure. 

Gomme je l'ai dit plus haut, le catholicos des Arméniens, Nersés, 
partit avec l'empereur et le suivit à Gonstantinople. Il y fut 
accueilli avec honneur, reçut des présents et fut ensuite renvoyé 
chez lui. Quand il y fut arrivé, il s'établit à Taykh jusqu'à la mort 
du seigneur des Astunis. Lorsque l'invasion des Arabes eut pris 
fin, six années après son expulsion, il retourna en son siège, se 

^'^ Théodoros mourut à Damas en 65 A ; cf. H. Hûbscbmann, Zur Ge$ckiekte Arme- 
nteiif. . . ,p. &9, n. i. 



CHAPITRE XXXVIII. 147 

fortifia sur le siège do catholicosat et s'empressa d'achever ]a con- 
struction de Téglise qu'il avait commencé à bâtir sur la route de 
la ville de Vataràapat(*). 

Or, bien que parlant vainement, je ferai défiler mes paroles 
selon l'ordre de cette histoire, suivant la faible pensée de mon 
esprit, et non selon la dignité de la science; en considérant 
l'ordre des amis de l'étude, je confirmerai la parole prophétique 
qui a parlé d'après l'ordre de Dieu. Dans les derniers [événements], 
jusqu'à la consommation des -siècles, comme il est arrivé dans 
les premiers, la parole du Seigneur s'accomplira, qui dit : irLe 
ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas(^).7) 
(rCar, dit-iU le feu de ma colère s enflammera ('); il brûlera et des- 
cendra jusqu'aux enfers intérieurs?). Et ce qu'il dit d'eux est connu : 
fT Us seront embrasés par le feu , les fondements de leurs montagnes 
s'enflammeront D, c'est-à-dire les violences des grands princes. Et 
(T j'amasserai tous les maux sur eux, et avec mes flèches, je les 
anéantirai, n Car, comme des flèches lancées du sein d'un homme 
vigoureux, par l'arc à la large courbure, vers le but, de même 
ceux du désert de Sin [s'élanceront] sur toute la terre [répandant] 
complète famine, épée et grande terreur. Il montre clairement par 
ceci que dans les régions du désert le feu s'enflamma : «rTu 
lanceras sur eux des flèches sans guérison : les fauves du désert 
qui les traîneront çà et là sur la terre, t) A ce propos, le prophète 
Daniel s'écrie que <rla béte fauve, terrible, étonnante et très 
puissante, dont les dents sont de Fer et les serres de cuivre, man- 
geait, broyait et foulait le reste aux pieds(^)i). Il dit encore à la fin 
de ces paroles : «r Le jour de leur perte est proche ^^), le Seigneur est 
arrivé sur eux avec des préparatifs, d Ce qui également s'accomplira 
eu son temps. 

•'' Cf. la noto rî-ffcwsuH, p. m. ^^' Jëi'énik', \\. th. 

'^ Math., x\i\, 35 et ie» |>arallèl«s ^' Daniel, vu. 7. 

dans les deux auli^eM synoptiques. ^^^ RéniiiiiMoeuce de Jéit^mie, klvi .as. 



l/i8 HISTOIRE D HÉRACLIUS. 

La même année, les Arméniens se détachèrent des Ismaélites et 
se soumirent de nouveau à Fempereur grec. L'empereur Constantin 
nomma Hamazasp, seigneur des Mamikoniens, curopalate^*^ lui fit 
cadeau de sièges d'argent et lui octroya le commandement du pays 
des Arméniens, en donnant aux autres chefs des places d'honneur 
et de l'argent aux troupes. 

Lorsque le roi ismaélite vit que les Arméniens s'étaient déta- 
chés de lui, il fit ])asserau fil de l'épéetous les otages qu'ils avaient 
emmenés du pays, environ 1,775 personnes. Les quelques autres, 
environ a 2, qui ne s'y trouvaient pas, furent les seuls à avoir la 
vie sauve. 

Mais Muset, seigneur des Mamikoniens, ne put pas se détacher 
des Ismaélites, parce qu'il avait quatre fils en otage chez eux. Il y 
avait parmi les otages trois [fils] [et] un frère d'Hamazasp. [Les 
Arabes] firent venir chez eux en Syrie ces derniers ainsi que 
d'autres chefs, avec leurs femmes. Par suite, [les Arméniens] per- 
suadés qu'il valait mieux mourir que de vivre, se séparèrent d'eux, 
et après des négociations hâtives, se soumirent à l'empereur grec, 
d'intelligence avec les chefs et les troupes des Aluans, et les 
chefs de Siunie avec leur pays. Ceux aussi qui s'étaient mis 
précédemment sous la protection de l'Atrpatakan, se soumirent 
de nouveau et s'allièrent aux Arméniens, lorsque l'empire perse 
fut renversé et que les Ismaélites furent arrivés à la domination. 
Ils firent prisonniers Muâel et les autres chefs, alliés avec lui. 

Mais l'empereur ordonna de mettre ces derniers en liberté et 
il manda auprès de lui Muset seulement. 

Dieu envoya une sédition parmi les armées des Ismaélites, dé- 
truisit leur accord; ils en vinrent aux mains entre eux cl se par- 
tagèrent en quatre partis W. L'un est dans l'Inde, le second 

'^ Kn 6f>4: cf. H. Hiibsolimann , Zur d'Abd-Aiiàh ibn az-Zobair; r**. Van 

GcHchichte, , ., \}. h"!».^ }\" ù. VIoU»n, Recherches sur In dom' nation 

^'' Les <]uatre partis eulra lesquels se anée, le chiitisme et les croyances mes- 

«li\lsuil rislAni éUiienl les Oniayya<l<?s, sianitptes sons le Umlifnt des Omiujijades, 

les Chiites, les KbÂriiljites et le |>arli p. 34. 



CHAPITRK XXXVIII. 1/i« 

occupe TAsoreslan et le Nord; le troisième tient TEgypte et le 
pays des TinHals; la quatrième, le pays des Arabes et un endroit 
qui est nommé Askarôn(^). Ils commencèrent à combattre entre eux 
et ils se tuèrent les uns les autres avec grande effusion de sang. 
Alors ceux qui étaient en Egypte et en Arabie s'unirent; ils tuèrent 
leur roiW, pillèrent les riches trésors et établirent un autre roi^. 
Eux-mêmes retournèrent dans leur pays. 

Lorsque le chef qui était dans TAsorestan, nommé Moavia, le 
second dans leur empire, eut connaissance de ce qui ét^iit arrivé, 
il persuada ses troupes, alla dans le désert et tua le roi qu'ils 
avaient établi. Puis il combattit contre l'armée (jui était en 
Arabie, lui infligea une grande défaite, et rentra victorieux dans 
l'Asorestan. Mais l'armée qui était en Egypte négocia avec l'em- 
pereur des Grecs, conclut la paix avec lui, et passa de son côté. 
Une foule de soldats, environ i5,ooo, crurent en Christ et furent 
baptisés. Beaucoup de sang coula dans les armées ismaélites par le 
massacre de grandes masses, parce que la triste œuvre de la guerre 
les forçait à s'entretuer. Et ils n'eurent de repos de l'épée, de la 
captivité, des violents combats sur terre et sur mer que loi*sque 
Moavia fut devenu puissant et les eut tous vaincus. Lorsqu'il se 
les eut soumis, il domina sur les possessions des enfants d'Ismaël, 
et fit la paix avec tous (Amen)(^). 

('} AskalonTcf. H. HûWhinann. Zur <') .41L 

f$e9chtckte. , ,, p. /i3 , n* 3. <*' En 661 ; fomlAtion de la dynnslio 

(*^ OUinian , 056. des OminaY<iHe >*. 



INDEX DES NOMS PROPRES. 

(lR8 noms GROr.RAPBIQCES SONT KN ITÀLIQVK,) 



Abdiwl , p. 96.' 

Abd, &3. 

Abnham,&7, 63, 87, 9&, 98,96, 118, 
t3o, 139. 

Abrakakr (voir Ajpr Sahr). 

Afrique f 39, 106. 

Akmatan, capitale de T Ancienne Mëdie 
(cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm., 
I, p. 17). C*e8t le KntpHK d'Esdras, ?i, 
9, où Ton découvrit Tédil de Cynis, 
Yky&LTova d*Hërodote, l*Ecbatane ac- 
tuelle, 36, 63. 

il*wM>* (Ut-Vj). 58. . 

AUuar, 93. 

Aknik, 100. 

Albame (mifuÊmpÇù \Xqf*-'^'^ès) 1 Sa , 1 1 5, 
i35, 139, 1&6. 

i4fe»ifN{rtif, 9, 55, 56, 80, 88, 98, 1 1&, 

11 5, 116, 190, 199, «95, 138, l&O, 
l&l. 

AidM{{\^^), 63. 

AUznM, 6. 

i(&\89,83. 

Atiavid (Urf-^*^) et ^^ovit ( IW^*-), 

89,83, 100, t38. 
i4Uamar, Ile dans le lac de Van, siège 

d*an cathoiicoa arménien, 9&, i35, 

i38, ià9. 
Atiian (l^^i.^'k»), 9, 90, 8>i. 109, 110, 

i35,i&8. 
Ahumê {Parte des), 7, 90. 
Anud, îa. 

A]natiinis(voir Kotil), 3i , 39, 11&. 
ilmtfiy ville de la quatrième Arménie. ^ Ci. 

St. Martin, Mémoireê, panfim, s, v. 

Amid), 69. 
Amram, i3o. 
Amon, i3o. 



Anak, 18. 

Ananias, 190. 

Angt, 60. 

Angbi (U>TirVt var. ^Jk^é^^), pays de 
la quatrième Arménie, Tlngilène des 
Grecs; cf. St. Martin, Métnoire», I, 
p. 97 et 9&4. Fauste de Byzance dit 
que les possessions de cette satrapie se . 
trouvaient dans le canton de Dzop, si- 
tué dans la quatrième Armt^nie; cf. 
V. Langlois, CoUecùon, I, p. 170, n' 1. 
fflngiiene, arm. Ai^^unn Haus Angt 
rrmit der alten Felsenbui^ Angî, gyr. 
Aggël entapricht . . . dem spâtem Gau 
Uiggik in Armenia IV, bei (leorgins 
Cyprius 960 KA/pia Ai^it^iv^^, und 
wiirde vom hair mardpel verwaltet, der 
Duch die Aufsicht iiber die Schalze des 
SchlossesBnabelinGross Cop'k' halte ii 
( cf. J. Marquart , Erânlakr, p. 1 7 1 ) , 59 . 

Antichrist, i33. 

Antioche, 7, 55, 56, 69, 67, 190. 

Antoninos, io5, 106. 

AnusSpuan, 6, 7, 9. 

Apahuni, A 8. 

Apftktmikh, 89. 

Ajn- Sfthr, 9, A9. 

Apraéz Xosrov, fils d^Ozmizd, petit- fils 
de Xosrov Aua^rvan. Aparwéz ou 
Parvét signifie «victorieux « en pen^an 
(cf. Tab. Nôld.,p. 975 et H. Hûbsch- 
mann , Arm. Gramm. , I, p. 9 1 ), 68, 76. 

Arabes (=Taeiks), 99, 101, iA5, i46, 
,'.9. 

Arabie [^UÊZf^iMvmuiit et l^jttapfut), 95, 

9<>. 97» «'*9- 
Aracnni (j^uti-uAél,) , affluent de TEu- 

phrate, qui est peut-être le Kara-wu 

des modernes. L'Aracani reçoit phi- 



153 



HISTOIRE D'HERACLIUS. 



siears rivières qui descendeot des mon- 
tagnes des Kurdes et traversent le 
Taron, actuellement Mous. L'Aracani 
serait TArsanias de Pline (VI, 9) 
(Cf. St. Martin, Mémoires, I, p. 5i et 
5a), 59. 
Aragae, montagne où plusieurs rivières 
prennent leur source, coulant du Nord 
au Sud , pour aller se jeter dans TAraxe 
(cf. St. Martin, Mémoires, I, p. 47), 

67. 

Aramazd, 19, 79. 

Ararat ( |^^/»<M^iir«f ) , 1 5 , 57, 66 , 67 , 8 1 , 
89, 100, 108, 110, i34, i35. 

Arasp, 90. 

Araxe (JJ^am^)^ 10, 67, 89, 83. 

Arcapk, 109. 

Arcruni, 64. 

Arce'i, 9, 89,83. 

Arménie ( ^«w/imw «hmA* , aui^mp^^ ^•"^ 

j'gy «lc)i t» 9i 3, 4, 9, i5, 16, 

18,19, 90,97, 3i, 39,35,36,37, 

4i, 48, 59, 53, 54, 55, 56, 57. 58, 

61,69, 65, 66, 70, 83, 87, 91, 99, 

94, 100, 106, 107, 108, 119, ll3, 

ii4, 191, i33, i34, i35, i36, 139, 
i49, i45, i46. 

Arméniens, 3, 4, 5, 9, 19, 3i, 39, 33, 
36.44,79,76,77,87,99,99,101, 
107, 111, 119, 11 3, 116, 1 39, 1 33, 
i36,i37, i38, i49, i43,i46,i48. 

Ai*phay, i35. 

Arsacide, 1, io3, 108. 

ArtaSir, 88, 89. 

Artawazd, 48, i45. 

Artaz, 6. 

Aruastan, i5, 90, 97, ii5, i4o, i49. 

Aryc Asnak, 1 45. 

Apaneans, i34. 

Apastiay (|^iLf»»ti*/tfir/) , probablement 
Arkesd, bourg du Touroupëran, près 
du lac Van (cf. St. Martin, Mémoires, 
I, p. 959), 69. 

Apaweteans, i34. 

Apestawan, i5, 97. 

Asiatiques, 83. 



Ane (/t ^^»i|JhA,u l\««^<rsr'^''^)f /)?• 

Askaron, 149. 

AsorestrtH, kaffvpia^ T Assyrie, à distin- 
guer de Asori-k, la Syrie. Compose de 
Asori' — kaavptoç et le persan -stàn 
(cf. H. Hubschmann, Arm. Gramm,, 
I, p. 99, «. 17. |\«it/f4-if«tiiAf), la, 97, 
4o, 4i, 43, 61, 66, 67,90, 99, 100, 
101, ]i3, ii5, 116, i49, i46. 
149. 

Aspahan, contrée de la Perse; k<rviiw^, 
qui a donné notre Ispahan (cf. 
H. Hubschmann, Arm. Gramm,, I, 
p. 91-99), 4o, 4i, 5o. 

Aspet. Le texte porte bien (éd. Patk., 
p. 98, I. 4) }\miÊih»m écrit comme un 
nom propre; il faut lire : laspet, c'est- 
h-dire Varaztiroch , 87. 

Assyriens, 84. 

Asot, 39. 

Astat Yeztayar, 61, 69. 

Atat Xorxopuni, 3 1, 39, 33, 53. 

Atbalarikos, 93. 

Athanase, 199. 

Albas, 7. 

Athéanov, voir Théanov. 

Aliènes, 190, 195. 

Athéniens, 196. 

Airpatakan, TAtropatène des Grecs, 
FAdherbeidjan actuel, 9, 5, i3, 19, 
97, 3i, 59, 83, 85, 89, 90, 99, 
99, 108, i33, i48. 

Awan (l\i.tt#Yf), bourg de T Ararat, dans 
la province de Kotaykh (cf. St. Mar- 
tin, Mémoires, II, p. 458), 63. 

Azarmidnxt, 90. 

B /« 

Babylone, i3o. 
Bagratunis, i34. 
Bagrawan, 119. 
Bagrevcand, 6, 10, 89. 
B«4/, 11. 

Bahl Sahnslan , capitale des Khusans (cf. 
J. Marquarl, Erânhhr, p. 87), 99 , 5i . 



INDKX DKS NOMS PROPRES. 



15» 



Rahlak (cf. p. /i8 et n* i : dans l'rd. Palk. , 
p. 6&, I. ult. <; r. f p^u^i^i). 

Baiéi, i35. 

Barbares, ii. 

Boêian, coDlrëe où TAraxe pr«^nd sa 
source, la Phasiane des Grecs, h Touest 
du Sirak, une des vingt provinces de 
iWrarat, à l*ëpoque arsacide (cf. St. Mar- 
tin, JIffmotrM,!, p. 107), 10,60, 6q, 
i3/i. 

liasile (J\-ir«»^0' •**^- 

Bbor, 89. 

Rektovr (f^^4<i>«yir), laa. 

Iterkri, 100. 

Boiompakak, 10. 

Bonos, 56. 

Bramm, 69. 

Butmah, 11, 5&. 

Byzanee, 77, 79, 91. 

Bznnnis, 10, i5, 97, 100, i3S, i38. 

C 
Caïn (\\mflfi,), 7Q. 

(Mimique [Xlmq^^^mm), 8. 

(laUcadïur, 10, 

(lalkotH [^uni^muA»)^ cant(« monta- 
gneux de la quatrième Arménie (cf. 
tiebeau, VI, p. 981, n. a), 59. 

ilappadoee, 1&9. 

(ÀispietmeM, i4&. 

(Imtcate (^«^iai« et liiMiy^ii^), 9, 90, 

fJni?ré«y 65 , 80 , 83 , 1 â 1 , 1 9a. 

Cjènarée de Cappadoee, 90, 63, 66, 81, 

199. 

Citarèt de Pakuine, 68. 

Ckalcidame, 77, 81, 11/1, it5, 116. 

1 Ao, i&i, 1&9. 
Chalcédoine (Concile de)« 36, 91, 119, 

195, 197, i36, 137. 
Chinois (2i^\»uftfmêM%) 59. 
Christ (^^Immnu)^ 8 , 99 , 75 , 76 , 8o , 

119. 1 13, 116, 1 17, 1 18, 1*11, 198, 

199, 137, 1^0, 1&9. 
Christaphon 87. 
Ciiieie, 8, 67, i95. 



Constance (I|m#iifjj#«), i3i. 

Constantin iV^auunM^i^^uhiUU ^ y^numuiU^ 

7 A*»» 1|w««»«**i»7-»«»), 5, 67, 80, 99, 
100, io3, 10&, io5, 106, 107, 108. 

109, 110, 119, 11&, ll5, 116, 191, 
199, 19 A, 195, 197, 1*19, l3l, l3*l, 

i3A, t35, i36, i38, 189, i4o, iVi. 

i48. 
Constantinople , 55, 6&, 80, 98, io3, 

110, 11 A, 1 15, 116, 190, 197, i3i, 

i38, 139, i4o, lAi, 1 46. 
CAfrintke, i9o. 
Costandes. Voir Constance. 
6rite (l|frit«i4«»), 190. 
Croix (Découverte d*uu morceau de la), 

44, 45. 
Croix (La Sainte), 89,90, 117. 
CtistpKon. Voir Tizhon, 
Ca-nkert (t^^V^A^^-r), 60. 
Cyrille (l|A«-f^t). i^^* *^*^» *^^- 

CahîJc{2i'^''i^i), 3i. 
Cembux, 5o. 

Cewiitan (= Chine et Chinois). 
Cepetux, 59. 

(]or (porte de) [Var. Dzor ^{«r. SelA)», 
éd. Patl., p. 108], 59. 

([|ibr (défilé de), 7,59, 1 39,1 44. 
Cpoè Vehan {'^m.mX\\hjiu.\)^ 66. 

DamoB {^YuÊJiêÊulimu) , lit, 139, 1 4o. 

Daniel, 99, 10 4. 

Daniel (Apocalypse de). 10 4, 1 47. 

Daniel (Pont de), 33. 

Danube, 35. 

Data, 8, 56, 57, 58, 61. 

Daranati, i34. 

Darawn, 109. 

Dfirivm et Dariwnkh , 59 , 1 08. 

Dastkarin, i35. 

Datoyean, 49, 5o, 58. 



15& 



HISTOIRE D*HÉRACLIUS. 



David (= Dawith, ^mt.^fi), 99, na,- 
lâS, 1&6. 

David Sahapani, 9«3. 

Dawith (voir David). 

Del, i43. 

DeOuiêtam, &3. 

Delum, t&3, i&&. 

Derdian, i3&. 

Dfflatk, Dom du Tigre, correspoodant au 
syr. n^pl et au fleuve Hiddekel de la 
Bible (cf. H. Hûbachmann, Armen. 
Gramm., I, p. 99a). 

Dieu, 1,3, 7, 8, 17,31,46,70,71,72, 
73, 74, 75, 76, 77, 78, 79,80, 81, 86, 
93, 94, 95,96, 98, io5, 106, 111, 
Iia,ii3,ii4,ii6,ii7, 118, 119, 
190, ia3, ia4, ia8, 199, i33, i34, 
137, i38, i4o, i42, i46, 147. 

Dimakhsean, 46. 

DimakhfléenB, i34. 

Dimakaean, i45. 

DioclëtieD, 19 4. 

Dionéaioa, lao, 199. 

Dionéaioa Ariapagachi (^'^mktl^^mu 

\J^fm^M0^jmjfP), lao. 

DionésioN d'Alexandrie, 199. 

Dnmos, 49. 

D«(1^c),69. 

Dwin {'\uÊufiÊ, 'bi^)i ^ sy>** <^« en 
grec A0dÂoretTiCro9(Proeop. de Bello 
penieo. Il , 94 ) , en arabe ^^j^ ou J«^ , 
ville située au nord d*Ardasat, sur la 
rivière Mecamor; fondée vers 35o par 
le roi d'Arménie Xosrov II, qui en fait 
sa capitale; pendant près de six siècles, 
elle fat considérée comme la capitale do 
TArménie ; les derniers Arsacides y rési- 
dèrent; les patriarches y établissent 
leur siège pontifical en 459 et y restent 
jusqu'en 994. En 639 (ou 64i?) Dwin 
fut prise par les Arabes, puis passa 
sous la domination bagratide. En 99 1 , 
Asol, fils de Sapuh, s'y fit dédarer roi 
et y n^na 1 5 ans. Ensuite Dwin fîil 
successivement conquise par les émirs 
musulmans, par les Turcs Seldjou- 



kides, par les émirs d'Ani, par les 
Géoi^giens, les Atabeks de FAdherbei- 
djan et les Mongols. Puis la ruine vint 
et elle n'est plus actuellement qu'un 
misérable boui^ (cf. St. Martin, Mé- 
moireê^ I, p. 119-190), 4, 5, i3, i5, 
36, 4i, 47, 54, 57, 63, 66, 66, 81, 
99, 100, 119, i35. i38, i4'i, i45. 

Dzùkaffie (^pu.«r^2r), 69. 

Dior, 100. 

Di ^ 

Dzavitean Xosrov, 5i, 99. 

Diemm^^ 33. 

Dlréean, 49. 

Dzuan Veh (sur la var. Dzuvan Veh, cf. 

H. Hiibschmann, Artnen, Gramm., i, 

p. 69), 56, 57, 

Ë h 

Eau(a^H'),i9- 

fiie«e(n'-r<'ïf),56, 67, 61, 98. 

Edesséniens, 94. 

Edom, i3o. 

Épr, 7. 

hgypte, 9, 55« 56, 64, 96, 98, 101, 
195, i4o, 149. 

Ekeleach, i34. 

bîevttrd {l^tlmpti. «= Eghivart) dans 
le canton d'Aragaeotn, patrie du pa- 
triarche Moïse II (cf. Saint-Martin, 
Mémoires, I, p. 438), 67. 

Emmanuel, 198. 

Ënankiitos, 190. 

liphèse, 1 1 4, ii5, 116, 117, 190, 197. 

Erakiés (bf-'fii^)* Voir Héradios. 

Erakli. Voii* Héraclius. 

Eraklos {Xff^^i»»). Voir Héraclius. 

Erakti. Voir Héraclius. 

Eran Kathuhkos, 8, 110. 

Erenios, 190. 

Erewan (|^4m»V), 109. 

Erginay (b^^â^), 58, 60. 

Esaû, i3o. 

Eepagne, 194. 



INDEX DE8 NOMS PROPRES. 



155 



56, 9»- 
Eatyehès, isS. 
Ewibi, &9. 

Ewiwlay {\^h-i^). 9^- 
Ewodia, lao. 
Exr, 88, 91, 101. 



2paboA Moah, 96. 
Spazmaii Xopeam, 61. 
Spaimioun^itasniîozan, 68. 



Fan, i39. 

Fea^A-H»), 19- 



G 



Gagik Manûkonieii, 89, &i. 

Gaklie, 190. 

Gmdzak, tflle de i*AtropatèDe, siège d'un 
étéchë (cf. J. Marqiutrt, ShbiiaAr, 
p. ti&), 9, 81. 

6anbwm, eaoton de rOadîe (cf. St Mar- 
tin, Mimoires, H, p. 365), 89. 

Garikhpet, 99. 

6«pit, 10, 97. 

Gimk, 194. 

GoyfalKM, 60. 

Gûz, 1&3. 

GdbR, 11, &o, &i, i9, &&, 54. 

George, i3o. 

Cfcryte (Uib*")' 9» *^' •?' ^*' **^' 
i35, 139, 1&6. 

Gëorgiena, 110, i35, i49, i&3. 

Getik (%AmH). 58. 

Gnthonis, i3&. 

Gog, io5. 

Gcgomt, 97, 59, 83, ion, 101. 

Golgotha {^fjt'^/f'v)^ 7*- 

Golon Mîhran, 9. 

Gohliienii, 48. 



Grec, 137. 

Grèce, i4. 

Grecs, 9,5, 10, 14.93,97,39,33, 34. 
35, 36, 37, 59. 54, 57. 58. 59, 60, 
69, 66, 67, 79, 99, 96. 97, 98, 
104,107. 119, i3o, i39, i33, i36, 
139, i4o, 'i49, i45, i46, 149. 

Gr^ire. Les périodiques arméniens. 
HmMi et L'Arménie (n" de mars et 
avril 1904) signalent un ouvrage du 
profiesseor J. Strzygowski. oii Tauteur 
soutient que la eathédnle d*Aix-la- 
(Jbapdle, r^ilise de Germiny-des-Prés 
(près d'Oriéans) ont pour prototypes 
de vieiiles églises arméniennes et en 
particulier ^e de Saint-Gr^ire, 
récemment déblayée par le P. I^dian 
(cf. Josef Stnygowski, HeUemêtiêeke 
tmd kopliêeke KunH m Atexandria. Naek 
Fvnim oui Aegyptm uni iem Elfen- 
hmrStfê der Domkantel zu Aaehen 
varg^iàrt wm . . . Wien, 1909. In-8% 
xi-99 p. , 69 fig. et 3 pi. — Klemasien, 
em NeuUtni der KuMlgesekiehie. Kir- 
dienayfiuJmen von J. W. Crowfoot und 
J. J. &mmov . . . Bearbeitet von Jo- 
sef Stnygowski .. . Leipzig, 1903. 
In-4*, Tiii-945 p., 169 fig.), 5, 36, 
47, 63, 76, 88, 99, 111, 119, ii4, 
i9t, 199, 193, 197, i36, i36, 137. 

Grégoire de Nananze, 199. 

Gré^ire de Néocésarée, 199. 

Grégoire de Nysse, 199. 

Grwmdaàan, 11, i3. 

Gurbm, 44. 

H < 

Habib, i45. 

Haekiwn (4|«9/^«^), 97. 

Hagar, i3o. 

Hagarachs (dans Texpression 4|«'t^r'*-' 

S^'^\ les descendants d'Agar la ('iopte . 

concubine d*Abraham,mère d'Ismaël). 

109. 
HawiaUm, 9. 



156 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



Hamazasp Mamikonien, 33, i38, i4â, 
i&G, i/i8. 

Har, 5i. 

Haêtetmkh [Zf*«2^^'^'kg) , province sur 
ies frontières du pays de Taron, à Test 
de ia Sophène, constituant le domaine 
particulier des princes m*8acide8 qui 
n*étaient pas destines à régner; (cf. 
St. Martin, Mémoires, I, p. (ja), 6â. 

Hephthalites, gr. È^aXhat, syr.'V^I, 
arm. ^iri^f^Êmti^, sont les Huns blancs, 
que Ton nomme aussi khusans (cf. 
J. Marquart, Erdniakr, p. 58 et 7Q.) 
f^ résidence de leurs rois était Bâ^ës; 
cf. Specht, EtHdes mr tAsie centrale 
d'après les kislariens chinois, p. aA), 
5o. 

Heqsan, i3o. 

Her, 83. 

Héraclius (<i^^«4p^, ^^i&^^urf^, hi"^i- 
W", l/f^t^» l?r"'4iAr«), a. 33, 33, 
54, 56, 64, 65, 66, 67, 78, 79, 80, 
81, 89, 83, 84, 85, 86, 88, 89, 
90, 9Q, 93, 95, 96, 99, 100, io3, 
io5, 119, 117. 

Hertkièan, 99. 

Hesbok, i3o. 

Hindous, i3o. 

Hroayeak Apahuni, 48. 

Hoyiman, 11. 

Hopom, i38. 

Hopomoch marg {^um.mtrmy <^r'f)i *^^* 

Hrahat ( =^ A pliraat(*s ) , 1 o . 

Hrartin Datan, 10. 

Hmi, a. 

Hrcemunkh, 8a. 

Hpiphsimay (4,"^A^«A«% = sainte Ri- 
psimé), 76. 

Huns, 3, 9,39. i44. 

llnrazian, 97. 

I b 

idovniay, 96. 

Indes {^'^'tH»), 49, 101, l'jo, i48. 

iraniens, 90. 



Isaac, 118. 

Ismaêl, a , 9 1 , 95 , 96 , 101, 109, t o5 , 

110, i3o, 139, 149. 
Ismaélites. 98, 99, 109. io4, 109, 110, 

i39,i33,i34, i38, i&9,i43,i45, 

i48. 
Israël, 95, 96, 199, i3o. 
I^xan, i36. 

j 

Jacob, 74. 

Jean (catholicos), 36, 63. 
Jean (révangéliste), 117, 118. 
Jean (le patrice), i3, 16, 94, 96, 54. 
Jéricho (l^fLf ni/), 75, 98. 
Jérusalem , 55 , 56 , 68 , 70 , 7 1 , 79 , 7^, 
74, 75, 80, 91, 98, 109, ii3, ii4, 

1 16, 190. 

Jérusalémitains , 68. 

Jésus-Christ, 70, 71,73, 75, 118, 199, 

193, 19^1, 195, 198, 139, i4o. 
Jourdain, 74, 97, 98. 
Juifs, 63, 68, 69, 71, 76, 80, 9'i. 

109, 103, 195. 

Kamyisov ( li'*"Ol'irt ) * 116. 

Kapkoh (mont) = Caucase, 139. 

Karin, Théodosiopolis , ville de la Haute 
Arménie, con'espond à rErzerouni de 
nos jours, 6, 33, 34, 36, 69,63, 
65 67, 81. i33, i34, i46. 

Karkhedovmayechi. Cet ethnique semble 
attribuer une origine carthaginoise ^ 
la dynastie sassanide. On sait, en ellet, 
qu'Annibal se réfugia en Bithynie, k 
la cour du roi Prusias. Serait-ce le point 
de départ de légendes ou de traditions 
historiques d'après lesquelles Annibal 
serait Tanc^tre des Sassanides? — L'a- 
|K)calypse arménienne de Daniel, à 
peu près contem{)oraine de Sebéos. 
semble identifier Carihage et le peuple 
de Perse (cf. F. Macler, Les Apocalffpses 
apocryphes de Daniel, p. 63 : nCar- 
t liage, et toi puple des Perses, tu ne 



INDKX DRS NOMS PROPRES. 



157 



sais pasi ce qui fcst n^rvé à la fia des 

jour* ... f , et p. 75 : «r ... le peuple 

des IVj'soî* à Carlhago), 1. 
Kaw Xosrov, 99. 
Kawal, a, 4, 5, 17,85,8(1. 87, 88, 

90, ii3, 116. 
KaxanaktHch, 109. 
Kayén, 18. 
kf.zblo/i , 1 1. 
keilar, 96. 
kedmay, 96. 
Kethrug, iiik, 
Keiur, i3o. 

Kholdat, 96. 

Khnéans, &, 11, 63, i8, A9, 5o, «5i, 

l39. 

Mémentos, 190. 

Kléovpeanch (lif^iffy^'Ay), lao. 

Kodreens («"ijf ^"<i>r^'^'^)« &3. 

AWi (1|i»f|i), boui^ et canton au noitl 
de la province Ararat; les salines en 
étaient célèbres. C'est le Koxb (^«^ik) 
actuel (cf. St Martin, Mémoires, I, 
p. 78), 9a. 

Kowi (ti"*/;.) onALoim (1i«^'/*), au sud 
du TobaristAn, le A'ômi! des Persans 
et des Arabes (j^^); dans celte pro- 
vince se trouvait la vieille capitale 
parllie Hekatompyio» ; elle appartenait 
de tout temps à la Parthie; c'est la 
liMiiunpnt de Strabon (cf. H. Hûbsch- 
mann, Arm, Gramm., I, p. &6 et 
J. Marquart, Erânsakr, p. 71), Vi, 
/18. 

kordns, 33. 

k(»s(as, 10^1. 

ktiliHHis ''kotaiq.nii Dislrikl der Pi-ovinz 
Airarat, westlicli \oni kleiiieni Soe von 
Oelamn (H. Hubschmann, Zur Ge- 
sehickte. . ., p. aa, n. 1), 107. 

Kotekh, 27. 

Kotit, 3i, 3â, 39, ^11. 

kumitas(l|nt.w^«'<tf»), 03, 70, 73, 7(1, 
77, 87,88, ii/i. 

kiir(l|''t/'), 3îi. 



I^cédémoniens, laG. 

Laodic(^ns, lao. 

Léon (ou Lewond ) , 1 1 a , 1 a5 , 1 98 , 1 36 , 

Likianos = Licinius , 1 9 &. 

Lot, i3o. 

Lune (X^KLMfii)^ 19, 

fiycurgiie le Lacédémonîen , 196. 

h{\) t 

Lewond ((]jA.#fYf^) («Léon et Léonce), 

191. 

M -T 

Madian, i3o. 

Magistros, 93, i3o, i3i. 

Magog, io5. 

Mahomet (|p«i»<«a^«»), 90. 

Maku, 97. 

Makuran, lot. 

Mamak Mamikonieu , 3 1, 39 , 39 , ^11. 

Mamikonien, 3, 93, i3â. 

Mamikoniens, 1, &, 9, 11&, i38. i^io, 

1&6, 1&8. 
Manali, i36. 

Manuel, 37, 39, 48, i3o, i3i. 
Morand y 9. 

Marcien, 11 4, ii5, 19^1, 196. 
Marff, 5i. 
Margpot, 5i. 
Marie, 118, 193, 199. 
Mars (= Mèdes). 
Marsas ( |p«»/»#/|t« ) , 1 o 4 . 
Martina, io3. 
Masé, 9O. 
Masmay. 9O. 
(Ma8t),9G. 
Matlhéos. 11 4. 
Maurice, 9, 10, i5, 93, 3o, 54, 5o, 

57, 61, O9, t»5. fifi, 78, 91. 
Maximien, ir)4. 
MaximintoK, 19 V 
Mazgulhn, 7. 



158 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



Mazkbuths, 19. 

Mcbin (voir : Mremn), 

Mfcanuiwr {Jipiri'miimt.p), 100. 

Medan, i3o. 

Mèdes, 89, 98, 104, 106, iSa, i&3, 
144. 

Médie, 101, 106, i43. 

Melisavé, i3o. 

Métitène et Mélitèn, 9, 65. 

Merakbut (voir Merkut), 11. 

Mercan (dans Texpression ^ |p^é>iiAr«^, 
à corriger eu UVl*!*'*^» Sebéos, éd. 
Patk., p. 9,1. 9). 

Merkut, 54. 

Mésopotamie, 98, 

MéfopoUmûeiyrieime, 3, 56, 61, 69, 91. 

Uihr, 19. 

Mihran Mihrewandak, 5, 6. 

Mihrewandak. Voir Mihran. 

Mîhnu, 46. 

Moab, i3o. 

Moavia (|pi*«.^i»«) , 1 1 1 , 1 39, 1 4o, 1 49. 

Modestos, 70, 79, 73. 

Moïse (le prophète hëbreu) , 74 , 95 , 1 3o. 

Moïse (catholicos), 36, 47, 

Mokkh ( dans Texpression ^^A*** IP^i^w)» 
100. 

MArianos, i38, i45, i46. 

Mosamb, 96. 

Mrcum (U>*i»4.^"V#), faui« de copiste qu'il 
faut corriger en Mcbin -^ Nisilte, capi- 
tale de l'Aruastan {WpmutmamuAi) ou 
Mésopotamie supérieure (cf. J. Mar- 
quart, Erâniakr, p. 169), 4i, 81. 

Murch iW-fs)^ 10- 

Musel, 19, 91, 93, 94, 96, 97, 35, 
99, i34, i35, i49, i45, i48. 

Mzraykk, 4. 

Mzéi Gnuni (|pi^t^<fSr«ai/fr), 91, 99, 

93, 9*- 

N i 

Nabéuth,96. 

Namganim Sonazp, qu'il faut lire d'après 

H. Hubschmann, Arm. Gramm., I, 

p. 56 , Namdar Vsnasp , 66. 



Naphés, 96. 

Naxiaman, canton el vifle du Vaspura- 
kan(cr.StMai1in,¥({More9,I,p.t96, 
967). Ce canton était ntoé sur les fron- 
tières de f Ararat, en face du mont 
Maris. La vifle s'étendait sur la rive 
gauche de l'Araxe, 3i, 39, 53, 81, 
89, 83, 100, 110, i45, i46. 

Naahwan, 9, 

Ifaziame, 199. 

Néœétarie, 199. 

Néron, i95. 

Nersés, 16, 33, 34, 56, 57, 76, 101, 
107, 111, 119, i34, i36, i46. 

Nestoriens, 11 5. 

Nestorins (*|>»ii'v)i 9*. «i5, 197. 

Nieée, ii4, ii5, 116, 190, i9i, 199, 
193, 194, 195, 197. 

Nieéenne (*|>î/^4-%), 11 3. 

Nig, un des 19 cantons de la province 
Ararat (cf. St Martin, Mémoires, II, 
p. 367), 67,88, 

NihopoUs (*|>4i>iy<iri-£^), 69. 

Ninive, 9, 66, 84, i4i, 

Nisibe (jpi-iiff^) , 10, i5, 97. 

Niiapuh. Voir Apr Sahr, 

Nixawrakan, 54. 

Nord, 9, 49, 59, 77t8i, 98, io5, i3o, 
i44, 149. 

Nouveau Sirakan {'{/'p C/P"'^**)- 

Vywf, 199. 







Occident, 65, 84, io4, 139. 

Ogomay, 110. 

0«n(?),8. 

Omar (ll«/5«-), 101. 

Ordru (Q^^^^-».-), 69. 

Ordspoy, 100. 

Ordspu, 109. 

Orient, 9, 19, i3, 93, 3o, 48, 66, 80, 

90, 98, 101, io3, io4, ii3, i4o. 
Ormizd, 9, 8, 10, 19, i3, i4, i5, 17, 

49, 90, ii3. 
Othman (U«^«'SA)i ito. 



INDEX DES NOMS PROPRES. 



159 



P i^et^ 

Pahlawiens, iS. 

Paihaw (4|«»^ <«»«.%, Sebéo8, éd. Patk., 
p. 137,1. 9), i3a. 

PakMÛne (Mr/* ^u,q&umfi,m^), 68, 
110. 

Pap.39. 

Péqneft, &i, 68, 81. 

Pariovk, 43, 44. 

Pars, 101. 

Parsayenpet, 53. 

Parseanpet, 66. 

Parfianasdat, 66. 

Parthes, 16, 18, 4i, &9, ]o4, iSa. 

Paol, 71, 117. 

Peroz, 9, 3, 4, 49. 

Perse, 3,4,5,6,9, 11, I9,i3,i4, 
t7, 18,96,99. 3o,3i, 34, 36, 4o, 
49, 43, 53, 54, 55, 66, 79, 86, 
90, 107, ii5, i3i, i39, i4o. 

Pênes, 9, 4, 5, 6, 7, 10, i5, 18, 95, 
97, 99, 3i, 89, 53, 57, 58, 60, 
61, 64, 65, 66, 67, 68, 78, 79, 
81, 84, 90, 98, 99, io4, i39. 

Phapan, 96. 

Phaytftkaran , capitale de la province du 
même nom, dans la province de Varta- 
nakert. An commencement da iv* siècle , 
Sanatrouk, qoi en ^tait gouverneur, 
8*y Gt nommer roi; cette ville était 
siluoe entre le Kor et TAraxe, et c'était 
Tane des principdes villes de TArménie 
orientale. Au débat du xiv' siède, elle 
était déserte; en i4o3, Tamerlan la 
rebâtit et fit erenser un canal pour y 
amener les eaux de TAraxe. C'est la ville 
actaelle de Baîhkan, presque en 
mine (cf. St. Martin, Mènoires, I, 
p. i54-i55), 9, 5, 89. 

Philippe, 9, 67. 

PUUppiqne {^it^n»'). 66. 

PhiKpikos, i5. 

Phocas, 9, 54, 55, 56, 69, 64, 78. 

Pierre (^A-yjt»), 190, 199. 

Pindie,6&. 



Poiikarpos, i90. 
Priskos, 55. 
Prokop, 111. 
Pylhagore, 196. 

R p 
Rameaux (Fête des) [fiff^^'^râiAr], 98, 
Ripsimé. Voir Hpiphsimay. 
Romains (A"*-''*^)* 78, i94, i36. 
Rome, (4v«-«</'), 190, 191, 199, 194, 

195. 

Ruben,96. 

R «.(p) 

Ba§(f>u«i,),86. 

Raiayenay (f^^ii»^^^.^), 69. 

AatOVm (fî^u^mm^), 90. 

Aazmiozan(f^f<4^«vf«Ar), 68. 

Reh (rH^<, IK), partie de la Médie 
située entre TAtrpatakan et le Getnni. 
C'est également le nom d'une ville (cf. 
H. Hubschmann , Arm. Grnmm, > 1 , 70 , 
t. p. n^), 4o, 5o. 

ffastoni (Qi£»M«ir)et Aastam {(\^umuttr\ 
général perse sous Yaskert; le même 
que Aoslom (cf. H. Hiibschmann , v4nit. 
Gramm., I, p. 71), 99. 

Roà Vehan {n*»2C \\iriiJh)^ le même 
qne Aodik Vahan, général perse de 
Xosrov II , qui succomba dans la bataille 
de Ninive. (Sur son nom et son titi*e 
honorifique, cf. H. Hûb<«chmann, Arm. 
Gramm., I, p. 70), 83, 84. 

Rù6k Vahan (rH^4 il^<<-Ar), 83. 

Aostom {(^•mummJ')^ ga , 98. 

Royean{n^irufki), 49. 
Astakês ((|wM«>f4^if), 191, 19 3. 
Asiom, 98. 

Aàtuni (fb^r'^V)* &7« 9^* toi , i33, 
i34, i35, i38, 139, i49, i43, i45, 
i46. 

S u 
Sagastan, 101. 
Sahak, 4i, 64, 76. 
Sahak Mamikonien, 37. 
, Salomon, 109. 



160 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



Samuel Vahewtini, 3 1, Sa, 33, 36. 

Sara, ii8. 

Sat*gis, 33, 3i. 

Sargis Dimakhsean, AS, 69. 

Sargis Tayechi , 48. 

Sargis Trpatuni, AS, 69. 

Sassaii, 19, 90, i3â. 

Sastanide, i3, 19, 10&. 

Satat, 6s. 

Sébasle, Sy. 

Seigneur, 8, 17, 19, 38, 45, 46, 71, 

74, 75, 76, 80, 81, 84, 90, yi, 

97, 98, 110, ita, 118, 119, 199, 

193, 194, 195, 196. 198, 199, 

i3o, i3i, i4i, i49, 147. 
Senitain Xosrov, 59. 
SppUudcan Gtind, 108, 109. 
Sant, 101. 
Sin, 101, 167. 
Stiiat (Moût), 74, 195. 
Sion (nHt.'k. et Ithl'^^ TU 7Û. 
^.75. 
Siuniey 5, 9, 4i, 99, i35, 139, i46, 

i48. 
Siuniens, 5, i35. 
Sfciwtheay, i44. 
Smbat, 44, 45, 46, 48, 49, 5o, 93, 

106, 108, 116, i3o, i3i. 
Smbat Bagralnni, 37, 49, 87, 109, 

ii4. 
Smbat (lurkan (texte: |J«/;pa.m<j^ffi.^^ii#ï#, 

ëd.Palk.,p. 61), 41 
Smbatik, 49. 
Smyme, i9o. 
Soday{\}uii^qu^), 39. 
Soleil {\\pA^^M^% tnl^p), 19. 
Solon r Athénien , 196. 
SfMhaH, Voir Aspfthnn, 
Sjtaudiat ,11. 
Spanrinnis, i34. 
Sper, i34. 
Srinan, 101. 

Slepliannos, 3i, 3a, 39, 4i. 
Slratelat, 53. 
Sur, p. 96. 
Surén, 4, 5, 9, 54. 



Suse (C^"'«-^_). Voir Sawi. 

Sifrie, i5, 16, 90, 35, 56, 109, i33, 

i48. 
Syriens(^ceuY de la région syrienne), 43. 



Sahastan, 8, 

Saiién, 63, 65, 81, 81. 

Salirapan Bandakan, 5o. 

Sahra{>}akau, 66. 

Sahrayeanpet, 63. 

Salirayenpet, 66. 

Salir Vahriè, 44. 

Sahr Vara«, 89, 83, 86. 

Samb ou Caknk, euti-e Dwin et Naxéa«vau 
(cf. H. Hiibsclimaim , Ztir Genchickte,., 
p. 95, n. 9), 110. 

Samn (fS*»»), 49. 

Sapuh, 16. 

Sapuh Amatuni, 100. 

^wg (Çoit.^), 43. 

Saws, 99. 

Sirak (et Nor À't'rtf^) , canton de la province 
d'Ararat. D après Marquant (Ertinsakr, 
p. 93 ) , Sirakan est le 'Ètpay arù9v mh^iiff 
de Theophyl. Sim., 5, 8, ^; G. HoflT- 
mann Pidentifie avec Nor-Sirakan , qui 
devait être situé dans le voisinage 
d'Ourmia. «rDie Landsciiaft Nor Sirak ^ 
Neu Sckirak Tgehûrle vor dem Frieden 
des Jovian zu Arménien und stand 
iiuter einem der vier Markgrafen, die 
den Titel bdeaix fiihrten und den ersten 
Platz im Palaste hatten Agathang., 
65o , 19. Aïs aber die Rômer im Frie- 
den des Jovian Arménien den Peraern 
preisgaben, welirten sicli zwar die Ar- 
nieuier liartmickig gegen die Verge- 
Haltigung, allein gegen Ënde der Re- 
gierung des Arsfik trat der bdeasx von 
Nor Sirakan gleich dem bdeasx von 
Gugark* und dem von Alznik* zu Sàpûr 
i'iber (Faustos, 4, 5o, p. iSg)". 10, 
90,58, 67,83, i31 

Sirakawan, 58. 



INDEX DES NOMS PROPRES. 



i&^ 



Sirin, a8, ag, 116. 
SmawoD (« Simëon ) , 1 a , 

T uietp 

Taèiks (= Arabes), i3, 16, ao. 
Tatakan; celte ville formait la frontière 

occidentale des Khunans contre la 

Perse (cf. Huan-ôuang, Mémoires sur 

les contrées occidentalps , trad. Stan. 

Julien, II, 35, et J. Marquart, Erânr 

sahr,f. 80), 5i. 
Tarn Xosrov, général persan en Arménie, 

an commencement du r^ne de Hor- 

mizd IV (cf. H. Hubsclimann, Arm. 

Gramm., I, p. 87), 10. 
Tnnuterakan (littéralement : seigneurial) , 

i5. ùj. 
Taparastan, contrée de la Médie (cf. H. 

Hûbschmann , Ann, Gramm. , I , p. 87 ) , 

Tarayin, 60. 

Taron, canton du Touronboran, 63, ga, 

100. 
Tarse, 67, 118. 
Taurus (S f^nu), toi, 
Tayens, 107, 110. 
Taykh; cette province était située au 

nord de la province d'Ararat ; elle formo 

le royaume actuel de Gouriel (cf. St. 

Martin, Mémoires, I, p. 7'i), 107, 

i3&, i36, i38, lie. 
Thianov, 196. 
TkhrkkuM, 9. 
Tkela, 69. 
Theman, 96. 
Theodoretos, 11 5. 
Theodoritos, i95. 
Théodoros, 93,9^1,96. loG, 107. i33. 

i35, i38, 139, 1^5. 1^16. 
Théodoros Pstuni, 87, 101, 107, 108, 

119. 

Théodoros Trpatuni, 33, 3^i. 
Théodoros Vahewuni, 100. 
Tbéodos Trpatuni , 3 1 . 
Théodos Xorxopuni, 09, 60. 



Théodose, 55, 67, 61, 69, 65, 67. 

Théodose le Grand, ii4, n5. 

Théodose le Petit, 116, 11 5. 

Théophile, laS. 

Theophilos, 199. 

Thétels, 9, 11, 18, i39, i44, 1^9. 

Thirak, 53. 

Tkrace, 3o, 3i, 33, 36. 35, 37, 54, 
55, i3i. 

Thuma et Thumas, 106, 107. 

Tkurkkastan (0viii.^^«M««fiâiff'fa), 43, 69. 

Tifliê. Voir Tphns, 

Tigranakert (^^nflu/k0U0^^rpm) , ville de la 
province d'Aljnik -^ Arzanène, que Ton 
identifie avec Amid; cette ville était 
entourée par le fleuve Nymphius ou 
Nymphaeus (cf. St. Martin, Mémoires, 
I, p. 171 et suiy.). ItypavÔM^a fut 
fondée par Tigrane II (H. Hûbschmann , 
Arm. Gramm. , I . p. 88) . Sur le sens de 
A*er/ = faH (cf. H. Hiibschmann, Arm. 
Gramm., I, p. 168), 89. 

Tigre {'httu.f^), i3, 16,84,98. 

Timotheos, tùo. 

Titos, 190. 

Tizbon (»Gtésiphon). Le texte de Sebéos 
orthographie indifféremment Tisboti et 
Tizbon, 9, i4, 57, 81, 83, 84, 85, 
89, 90,98, 99, i4'i. 

Tos, 49. 

Toxorostayn (lire Toxarastan), 5i. 

rjpAa:w(-=Tiflis), i5, 97. 

Trdat (-Tiridate),5, 111, i*u, 1^7. 

Trébiz4}nde, 139. 

Trinité, i94, 198. 

Turnn, 101. 



Utkmus, 9,10. 



V 



V i 



Vahan, 3, 4,5. 
Vahan Xorxopuni, 93, to6. 
Vahewunis, 33, 39, 4i, i35. 
Vahram, 19, i3, i4, 19, 99. 



BIBT. D'BéBiCLtl'S. 



162 



HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 



Vahram Merhewandak, 1 1 . 

Vahriè, 45. 

Valenlin, io3, io5, 106. 

Vaîariapat, ancienne capitale de TAr- 

mënie, au pied de TArarat; se confond 

de nos jours avec Etchmiadzin (cf. St. 

Martin, Afemotre^^ II, p. iig), 4,66, 

76, 111, 147. 
Vanand, un des 19 cantons de la province 

Ararat (cf. St. Martin, Mémoires, II, 

p. 367), 9, 10, 67, i34. 
Vararat, 19. 
Varaz Gnel Gnuni, 94. 
Varaz Nersêh, 33, 34, i35. 
Varaz Sahak, 109. 
Varaznunis, i34. 
Varazsapuh Arcruni, 48. 
Varaztiroch (ila#^a#^^/.»5), 46, 5i, 

87, 93,93. 
Varaz Vzur, 10. 
VardPatrik, 4. 
Vardan, a, 4, 5, 6, 9. 
Vardan Arcruni, p. 39. 
Vardan le Rouge , 1 . 
Vardan Vsnasp, 9. 
Vardanakert, 83. 
Vardik, 100. 
Vasak, 9. 

Vasak Arcnini, 64. 
Vaspurakan, grande province d'Arménie à 

l*est du iac Van (cf. H. Hiibschmann, 

Arm, Gramm., I, p. 80), 37. 
Vaiagês ou Bâdhgés, contrée du voisinage 

de Herat (cf. Tab. Nôld., p. 369 et H. 

Hùbschmann, Arm» Gramm., I, p. 79* 

80), 5i. 
Veh Andzatokh Xosrov, 8. 
Vch Artasir, 3. 

Vehkawat et Veh Kawat, 1 3, 84 , 85. 
Vehpot (= i'Oxus) [cf. J. Marquant, ^rân- 

sahr, p. 65], 11, ^19. 
Vandatakan, 10, 54. 
Vndoy, 11, 1 4, 16, 18, 31, 4o. 
Vrkan et Gurgan, l'Hyrcanie; la forme 

Gurgan, <J*if«./f^^Vr, se trouve dans 

Sebéos , éd. Patk. , p. 6 1 (cf. H. Hiibsch- 



mann, Arm, Gramm., I, p. 86). Ce 
royaume correspond à celui du roi 
Mazdai, mentionné dans les Actes apo- 
cryphes de Thomas (cf. J. Marquart, 
Erâniakr, p. 73), 43, 44, 48. 

Vmdiunik, 83. 

Vpam, seigneur des Gottliiens, 48. 

Vpamaapuh, 1. 

Vstam, 11, i4, 16, 18, ai, 33, 34, 
4o, 4i, 43, 43, 44,48. 

V§nasp, 81. 

X iu 

Xaèheau Apawdean , 100. 

Ja2a6(AIep, uJL^), i4. 

Xaîàimix, 5,9. 

Xaltis, 37. 

Xekewand{lo^i^"'''*q), 44. 

Xorakan, 10, 

Xorxopunis, i34. 

Xopeam , général de Xosrov II , portant les 
titres honorifiques de Sakr-Varaz et 
de Razmiozan (cf. H. Hiibschmann, 
Arm, Gramm., I, p. 49), 61, 65, 68, 
77,81,83,83,88,89,90. 

Xopem , même personnage que Xopeam ; 
cette forme provient de Xopemay, géo. 
de Xopeam (cf. H. Hiibschmann, Arm. 
Gramm., I,p. 43-43), 85, 

Xopox Ormizd (\{fnn.n^ dP't'Lt)^ ^9» 

Xopoxazat, 99. 

Xosrakert, 100. 

Xosrov (=Chosroè8), a, 4, 5, 6, 7, 9, 

10, l3, l4, l5, 17, 18, 19, 90, 99, 

37, 99, 31,39, 4o, 4i, 49, 43, 5i, 
5q, 53, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 63, 
64, 65, 79, 81, 89, 83, 84, 85, 

89» 90' 9*» *07» 1*3» **^»» ***^' 

116. 
Xosrov Sum, 48, 5o, 87, 93, 98, 106, 

ii4, i3i. 
Xosrov Vahewuni {voir Vahewunis, 

Xram, sur la rive méridionale de TAraxe , 



INDEX DES NOMS PROPRES, 



163 



cil face de Naxèawan (cf. St. Maiiin, 
Mémmres , I , p. 1 35 ) , 1 1 o. 

Xuldstan, a8, loi, ii5, i3ti, lAo. 

Y j 

Yazdén, ii, 56. 

Y'azkert, i. 90, 10^1, i3i« i3s. 

Yemann (QtJhAA), 5 A. 

Velur, 96. 

Vopépb, 4'i, 65, 66. 

Yovhanik (jii*«^* Qw^iâf'i»^a#"i#), 77. 



Vusdat ((J««-if7.i»m), 86, 87. 
ïustath(Qi»i.««"i'/»), 86. 
Yuslianos, lâo, i^a. 



Zacharle, 69, 1 1& 116. 

Zarasp, nioDlagne dans rAsoreslan (cf. 

H. HubslimaDii Arm. Gramm,, I, 

p. 60), 86. 
Zarehawaiij i65 
Zarcwand, 83. 



INDEX 
DE QUELQUES TERMES TECHNIQUES. 

Asparapel (ofut^iMÊfnumA-m) ^ voir sparapet. 

Asparéz (<«»«|u«/r4^f^), stade, hippodrome, ImrUpofios , KD^'lSDK; cf. H. Hûbschmann 

Arm. Gramm.y I, p. 109. 
Aspel (u#<#iyA-m) , comte, chevalier, cavalier, cf. H. Hûbschmann , Arm. Gramm, , I , p. 1 ocj. 
Bambisn {puiJpf^y), la reine, femme du roi de Perse; cf. H. Hûbschmann, Arm, 

Gramm,, I, p. 116. 
Dahliè {q.u0^i^2C), cdiule, cabinet, salon, Zelle, vaalo^piov; cf. H. Hiibschmann, 

i4rf». Grmnm., I, p. i33. 
Dastakert (f|.tÉtumu^^Lpu,)^ château, monument, ferme; cf. H. Hûbschmann, Arm, 

Gramm,, I, p. i35. 
Drungar [qpuiX^Mup)^ hpovyyiptos, chef d*un Ipoiiyyos (1,000 à 3,ooo hommes 

d*infanter!e); cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm,, I, p. Siy et Zur GesckicRte Arme- 

nieiu, . ., p. 93, n. 6. 
Erichapet (A^^/tj-w-^^m), grand prêtre, archiprétre. 
(laheréch (f.tÉt^irf>fr3) , président, premier; cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm., I, 

p. 195, «. r. 7tt»<, trône, siège, dignité. 
Hamarakar (^tuJuiput^iMtp) , régisseur, percepteur, caissier chef, Steuereinnehmer, ^2*1 DK ; 

cf. H. Hûbschmann , Arm. Gramm,, I, p. 178, et Pulkaniam , Journal asiatique , 1866, 

I, p. 11 5. 
isxan (A^^*^), prince, ministre, commandant en chef civil et militaire. 
Koralor {^^apiutnnp) , dignité grecque : xovpiToyp, curaior. 
Marzpan i^Juipuu^iÊht) ^ gardien des frontières, markgrave; cf. Patkanian, Jounutl ania- 

iiqne, 1866, I, p. 1 14 , et H. Hûbschnuinn, yirm. Gramm., I, p. 193. 
Maskaperdan [Jut2jiutuitrp^u:is) , la tente du roi de Perse; cf. H. Hûbschmann, op. cit„ 

I, p. 199. 
iMobed ^ movpet ^ moypet , movpetan movpet , le chef des mages dans le zoroastrisme ; 

cf. Patkanian, Journal asiatique, 1866, 1, p. ii5, H. Hûbschmann, Arm. Gramm., 

I, p. 195, et Frédéric Rosenberg, Le livre de Zoroastre (ZarAtushi Nâma) de Zar- 

tusht-i Bahrdm hen Pajdù. . . Saint-Pétersbourg, 1906, p. k. 
Naxarar i%tu^uipu»p)^ prince, seigneur, satrape; mix -^d*abonl; cf. H. Hûbschmann, 

op. cit., l, p. 900. 
Ostan {autnuJù), contrée ou ville appartenant k la couronne; cf. H. Hûbschmann, op. 

Cl/., I, p. 91 5. 
Oslikan («om^^uAf), administrateur, gouverneur, préfet; cf. H. Hûbschmann, ibîd. 
Patgosa|)an (-(UÊutifnuuti^afù), titre de Sahén; correspond à pâdhAspAne de Tab. iNuid. . 

p. iSi. La lecture exacte est (jtjLÉ9*>U ou jUk^U, et se compose de patgos * pro- 
vince» et /Min irgardien^) (H. Hûbschmann, Arm. Gramm,, 1, p. 993). C'est le xXi- 

fiarépxrf^ de Theophyl., A, 7. Il y avait ^ pAdhôspAne pour la Perse; le pAdhôspAn 

avait la direction suprême de ladministration civile; cf. Tab. Nôld., p. i59-i53 et 

le» nol«».* 



166 HISTOIRE D'HÉRACLIUS. 

Patrice (tjfu»mp^{)^ grande dignité; 'Oarplxtot, patricius; cf. H. Hûbectimaan , .irm. 

Gratnm., I, p. 871. 
Pé^aspik (<v^^j»"«yM}« courrier, précurseur; cf. H. Hfibschmann , Ann. Gramm., I, 

p. 93o. Le texte de Sebéos, él. Patk., p. 56, porte •Y^-^^cavAi' • 
Sahmanakal {uti»^Jù/k^u0^uilJ. Même sens que marzpan. 
Sepuh («ffifriyi»<.<), tout noble, cadet de famille, qui n'est pas compté au nombre des 

cbefs. 
Sparapet (»iYu#^iiriY^<»), chef suprême, épx,f^1pémfyos; cf. H. Hiibscbmann, Ann. 

Gramm., I, p. oâo. Même sens que asparapet. 
Spapazên {umatnLUifffli) , complètement prêt, armé; K^'IÇOK; cf. H. Hûbschmann, 

Ann. Gramm.y I, p. aSg. 
Spatbar [uuiuiputp)^ oTradàptoç, spatharius, Schwerttrager, Pailaschbewahrcr: cf. 

H. Hûbschmann, Arm. Gratnm.,l^ p. 38o. 
Tumar [mauJtu^ et mmiÔÊp)^ fragment d'un ouvrage, livre, encyclique, roiiàpiov-^ 

TÔfxoç; cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm., I, p. 384-385. 
Vardapet, le sens ancien est : maître, docteur, professeur. Dans Tétai actuel des choses, 

ce mot désigne tout homme qui appartient au clergé r^ulier. 
Xaèhapan, gardien de la Croix, p. 69. 
Xakhan (^oc^u/kf), le roi du Nord, le roi du Turkestan; cf. H. Hûbschmann, Arm. 

Gramm,, I, p. 159. Sa femme se nommait la Xatun; Vahram en Gt une servante du 

temple, probablement une courtisane sacrée; cf. Tab. Nôld., p. loA. 



TABLE DES MATIÈRES. 

Pagei. 

IirTRODUCTION VII 

LUTI DBS nUKCIPAUX OUTHAOBS GONSOLT^S XiU 

TbANSCBIPTION ALPHABiTIQrB XV 

HlSTOIBB D HtfftACUlS 1 

lllDEX DBS NOMS PROPEBS 101 

InDB\ de QCBLQUBS TBBMKS TPXHlIIQtES l()S 



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