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HISTOIRE D'HERACLIUS
PAR L'ÉVÊQUESEBÈOS
TRADUITE DE L'ARMÉNIEN ET ANNOTÉE
PAR
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HISTOIRE D'HÉRACLIUS
PAR L'ÉVÉQUE SEBÊOS
HISTOIRE D'HERACLIUS
PAR L'ÉVÊQUE SKBÉOS
TRADUITE DE L'ARMÉNIEN ET ANNOTÉE
PAR
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À LA MÉMOIRE
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AUGUSTE CARRIÈRE
PI10PR8SIUB 4 L'icOLI DR8 L4NQUIS 01IINTALR8 yiYàNTES
DIMGTRUR D'RTUORS A L'RGOLR DR8 HAUTRg-iTUDRS
INTRODUCTION.
L'évêque Sebêos est le seul écrivain arménien du >ii^ sièc le
qui raconte les premières invasions des Arabes en Arménie;
contemporain de ia chute des Sassanides, il en trace le tableau
avec lautorité d'un historien qui a assisté à la plupart des évé-
nements qu'il relate; il les expose, il est vrai, sans les discuter,
sans les soumettre à un examen critique; ce faisant, il se con-
formait à Tusage courant de son temps, soit qu'il s'agisse des
chronographes byzantins ou des annalistes arabes.
Retraçant, pour une bonne part, des événements auxquels
il a assisté, ou dont il pouvait tenir le récit de témoins ocu-
laires, Sebéos ne donne aucune indication de sources écrites
où il aurait puisé; son livre est lui-même une source à laquelle
ses successeurs viendront recueillir leurs renseignements.
Toutefois, à en juger par le style, par la façota de narrer, il
semble bien que Sebéos se soit inspiré, et, sans doute aussi,
servi des auteurs byzantins; il adopte leur manière de citer les
faits sans les commenter, de passer d'un sujet à un autre sans
transition apparente; il conte les événements au petit bonheur,
suivant qu'ils se présentent à sa mémoire.
Notre intention n'est pas de présenter une étude historique
sur l'Arménie au vi' et au vu*' siècle, ni d'en esquisser un
tableau d'ensemble, tracé même à grands traits; notre but
est beaucoup plus modeste : donner une traduction de l'ouvrage
de Sebéos, en l'accompagnant des notes historiques et philolo-
giques, jugées indispensables pour Tintelligence du texte.
Aussi, nous en tenant à ce strict programme, n avons-nous
pas h faire la critique historique du texte arménien do Sebéos.
VIII INTRODUCTION.
L'ouvrage est intitule : Histoire HHéraclim^ expression assez
impropre, en ce sens que l'auteur narre bien d'autres ëvëne-
ments; mais qui, d'autre part, convient dans une certaine
mesure, car le rëcit pivote autour des guerres de l'empereur
Hëraclius avec Xosrov II'*'. On y trouve des détails très intéres-
sants sur les prédécesseurs, sur les contemporains et sur les
successeurs de ces deux princes. La fin de l'ouvrage retrace
en quelques pages l'invasion arabe en Perse, en Arménie, dans
l'empire gréco-byzantin. Le récit prend à la fin du v^ siècle et
s'étend jusqu'à l'avènement au trône du khalife Moavia (661).
L'œuvre de Sebêos est avant tout celle d'un prêtre, et dans
ses défauts comme dans ses qualités, elle se ressent du carac-
tère de son auteur. L'historien de l'Eglise aura peut-être plus
à glaner dans ÏHisloire d'Héraclxus que l'historien politique.
L'époque qui vit naître et mourir Sebêos, le vu* siècle, fut par-
ticulièrement agitée, au point de vue religieux'^'. Chrétiens, les
Arméniens ne voulaient à aucun prix subir le joug des adeptes
du zoroastrisme,, qui leur infligèrent , de ce chef, mainte per-
sécution. Les relations avec Byzance n'étaient pas plus amicales.
La lutte et les querelles religieuses ne tardèrent pas à éclater
entre Grecs et Arméniens, au sujet du concile deChalcédoine;
la (|uestion du monophysisme trancha en deux camps bien
distincts le christianisme oriental, et la scission, une fois
opérée, alla s'affirmant et s'accroissant tous les jours davan-
tage; la politique arménienne de cette époque en subit le
^^) Nous orlbographioDR ainsi ce par Sebêos et qu'aucune de ces nom-
nom (au lieu de Chosroès) pour breuses grapbies ne l'emporte sur
nous conformer au système de tran- l'autre.
scription adopte dans le courant t^) Sebêos écrivit son bistoire dans
de Touvrage. Nous conservons la le troisième quart du vu* siècle. CF.
forme Hëraclius, pnrce que ce nom A. Baumgartner, Uéher dos Buch ttDie
est orthographie très diversement CAr/r--, I^eipzig, 1886, p. 466-4(57.
INTRODUCTION.
n
contre-coup et les desceûdants de Hayk furent sans cesse
ballotés entre Byzantins et Perses jusqu'au jour où les Arabes
semparèrent du pays qui avait constitue jadis le royaume
d'Armënie. Ces luttes, ces querelles, ces guerres incessantes
sont racontées avec beaucoup de détails par Tévéque Sebéos*
Les traits distinctifs de son ouvrage, ses mérites, ses défectuo-
sités ont été analysés et relevés avec soin par M. H. Hûbsch-
mann'*'; il n'y a pas à y revenir.
\j Histoire d^Heraclius, par Sebéos, est citée par Etienne
Asotik de Taron , entre Fauste de Byzance et Léonce le Prêtre ^^\
puis par Giragos de Gandzak^^^ et par Tchamtchean dans la
préface de son histoire (^). Les deux éditions qu on en possède
ont été faites sur un manuscrit unique de la bibliothèque
JEtchmiadzin, qui fut signalé par Brosset, en 18&8, dans ses
liapporU 9ur un voyage en Géorgie el en Arménie (3* rapport,
p. 65 et suiv.)^^^ La première édition fut donnée en i85k è
Constantinople,parTbaddée Mihrtad Mihrtadiantz^^^ Quelques
années plus tard, des extraits de cette chronique furent traduits
par E. Dulaurier^). En 1869, un savant arménien de Russie,
K. Patkanian (en russe Patkanov) donna une traduction russe
de rbistoire de Sebéos^^'. 11 se servit des matériaux ainsi réunis
(I' Zur Getehieke ArmenieHi und der
mien Kriege der Araber. . . , p. 1-10.
(^) Cf. Hiitoire universdiey par
Etienne Açoglfig de Daron, traduite
de Tarmënien et annotée par E. Du-
laurier . . . , i'* partie. Paris, i883,
p, A. Etienne de Taron est du x* siècle.
{»^ Éd. de Venise, 1 865, p. 3.
'*) T.I,p. 18.
'^' Cf. V. Langlois, CoUecùon des
hi$:o:lfnt aneimn et modernes de VAr-
mrttir. . .1. I, p. 190, n. i.
^•«/b f Z^lrptÊÊ^tjù , . , Constantinople,
i85i.
("^^ Recherchée sur la Chronologie ar-
ménienne ^ technique et historique. . . , I.
Paris, 1869, passim.
(^) Comme nous ne savons pas le
russe, cette traduction ne nous a été
d*aucune utilité; en voici le titre:
HcTOpiii BMnepaTopa Hpftsja, aepeaoAi»
orb apMJiHCBaro, Saint-Pétersbourg,
i86!2 (la préface est sign(^> de K.
l*atkanov, dont le nom ne figure pas
sur le titre).
X INTRODUCTION.
pour les joindre aux reuseignemenls puisés chez d'autres auteurs
arménieDS et écrivit une histoire des Sassanides'^'. Langlois a
donné dans sa CoUecttan. . ., I,p. igB-soo, la traduction d'un
passage faussement attribué à Sebéos et qui Ggure sous le nom
de Pseudo-Âgathange. L'ouvrage de Sebéos a été mis à contri-
bution par L. Drapeyron, dans une note de son Empereur Hén,-
cltus, note que nous croyons devoir reproduire intégralement*-'.
Le savant professeur M. H. Hûbschmann traduisit en alle-
mand quelques chapitres de Sebéos, relatifs aux invasions des
Arabes^^). En6n Patkanian donna une seconde édition du texte
arménien, en 1879*^'. ^'^^^ ^"^ ^^^^^ édition qu'a oté faite la
présente traduction.
Les deux éditions de VHisloire d'HéracUus, par l'évéquc
Sebéos, sont divisées en trois parties ou livres ('|^iy/""-^A'^*')-
La première partie a été traduite par Langlois*'^', sons le nom
de Pseudo-Âgathange; elle n'est manifestement pas de Sebéos
et ne doit pas figurer parmi les œuvres de cet auteur^^l La
deuxième partie est une compilation de Moïse de Xoren et
d'Etienne de Taron; or ce dernier écrivit jusqu'en loo'i; son
(^^ Esêoi d'une hiitaire âe la dynastie
des Sassanides, d'après les renseigne^
ments fwamis far les historiens armé-
niens, par M. K. Patkanian; traduit
du russe par M. Évariste Prud'homme,
dans le Journal asiatique, 1866, I,
p. ioi-a38.
(^) L'empereur Hèradius et Fempire
byzantin au m' siècle, par L. Dra-
peyron. . . Paris, 1869, p. i3, n. 1 :
(f Plusieurs passages sont cités dans la
Chronologie arminienne, de M. Duiau-
rier, qui nous a éié d'un puissant
secours. En ou Ire, ce savant membre
do rinsliliil a hipfi vaulu Iri^diiire à
noire intention des extraits d*un haut
intérêt, dont nous avons profité avec
reconnaissance. Notre ami M. Picot,
aujourd'hui consul de France à Tomes-
var, a (fcrit sous la dictée de M. Du-
laurier, et nous a transmissa version, n
(^) Zur Geschichte Arméniens . . . ,
p. 10-44.
uiau/i f ^ùg,uii0[h. . , Saint-Péters-
bourg, 1879.
(5) Collection, . ., I, p. 195-900.
(^*î Cf. Adolf Baunigarlner, Vebcr
das Burh rt Die Chrie^^ Lci|)/.ig, i88(î,
p. 4Cfi, n. K
INTRODUCTION. xi
ouvrage est donc de trois siècles postérieur à Sebéos; il n y a
également pas lieu de traduire ici ce livre II.
Le livre III constitue i lui seul Thistoire de Sebéos et est
renfermé de la page 99 à la page i53 de l'édition de Patka-
nian. G est la traduction de ce livre qui fait Tobjet du présent
travail.
Pendant quelques années, Carrière avait songé h donner
lui-même une traduction de Tœuvre de Sebéos; dans cotle
intention, il avait traduit les premières pages du livre II et le
passage relatif aux généraux persans. La mort ne lui laissa pas
le temps de mettre son projet à exécution. G est alors quo
M. Meillet nous conseilla d achever Tœuvre à peine ébauchée
par notre maître commun et de donner une traduction annotée
de YHiêioire d'Héracltuê, par Tévéque Sebéos. Si tentant quo
fût le projet, nous ne nous dissimulions pas les difficultés de
tout genre qui nous attendaient à chaque page. Mais la pensée^
de continuer et d'achever Tœuvre du maître vénéré qui avait
dirigé nos premiers pas dans les études arméniennes nous fut
un stimulant des plus précieux et nous donna la force de menor
& terme une entreprise aussi ardue. Nous fûmes aidé dans celle
tâche par notre ami et maître, M. Meillet, qui voulut bien revoir
la traduction en manuscrit et en épreuves, et à qui nous
exprimons notre vive gratitude. Nous tenons Clément ù
remercier M. Archag Tchobanian, le poète et publiciste armé-
nien bien connu, à la science duquel nous avons eu plus d'un.)
fois recours.
Paris, ce 19 mai 190^1.
F. M.
-_/^
LISTE
DES PWNCIPAUX OUVRAGES CONSULTÉS.
Barbibb db Mbtii4BD (C). Dielùmnaire géographique, kinionque et littéraire de la Perte
et des eontréee adjacentes, extrait du Modjem el-Bauldan de Yaqout, et eampUté à
raide de documents arabes et pemans, pour la plupart inidiis. Paris, 1861.
Bauhoabthbb (Adolf). Ueberdas Buch nDie Chrie^t. Leipzig, 1886.
Dbapition (L. ). L'empereur HèracUus et Vemipire byzatUin'au wn' siècle. Paris , 1 %6g.
DuucBiBB (Edouard). Beeherekes sur la chronologie arménienne tedmique et historique,
ouvrage formant les prolégomènes de la collection intitulée ^Bibliothèque historique
ar m éni e nn e. . .«. Tome I*'. Chronologie techmque. Paris, 1889.
(«HAziBiAN (H). Arménien unter der arabischen Uerrschaft bis lur Entstehung des Bagra-
tidenreiehes , ttaeh arabischen und armeuisehen QuèUen bearbeitet, dans Zcitschrijl
fur armenische Philologie, . . IL p. 169 et saiv., et 161 et suiv.
Ghbvond. Histoire des guerres et des conquêtes des Arabes en Arménie, par Pétninent"
Ghévond, vardabed arménien, écritain du tnf siècle, traduite par Garabed V. CÀah-
nazarian, et enrichie de notes nombreuses, Paris, i856.
UôBflCBHAim (H.). Armenische Grammatik. I. Theii. Leipzig, 1896 et 1897.
— Zur Gesehichte Arméniens und der ersten Kriege der Araber, aus dem Armenischen des
Sebéoe. .. (S. I. n. d.)
LL^OLOffi (Victor). (loUechon des historiens anciens et modernes de P Arménie, jmbliee
en français sous les auspices de Son Excdknce Nubar-Pacha. . . Tome I (et II ).
Paris, 1867 et if
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— Essai de ehronographie btf tontine, toô'j'iiôH. BAle et Genève. 1871.
XIV LISTE DES PRINCIPAUX OUVRAGES CONSULTES.
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araUiehen Chnmik des Tabari ûbertetU wkl mit ausfuhrliehen ErUulenmgen und
Ergânzwigen veneken, Leyden , 1 879.
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vor der Trennung. . . Freibaig im Breisgau, 1903.
Wroth (Warwick). Catahgue ofthe coins ofParAia. London, 190$.
TRANSCRIPTION ALPHABÉTIQUE.
\y
Pour la transcription des mots arméniens, nous adoptons le système
proposé par M. A. Meillet, dans la revue arménienne paraissant à Paris,
Banasér, igoti, n** 8-9, p. 9 55 -a 56. Toutefois, afin de ne pas dérouter
le lecteur, nous avons conservé la forme des noms usuels non arméniens,
tels que Constantin, Héraclius, Jean, qu'il faudrait nommer : Kostandin,
Eraklos, Yovhannés, si Ton transcrivait purement et simplement le texte
arménien.
Voici lalphabet arménien, avec la transcription de M. Meillet :
ai
a
A
1
J
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V
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b
L
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"i.
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J-
m
u
<
'' A |ieii près e muet français.
'^ Lcy français de yamoM.
"* Spirante gutturale soiutic (à |m;u
près le ck aiiemaad de oiieA).
^*^ En ancien arménien, équivaut à /
du fiolonais, / dur du russe (clans io);
se prononce actudlemenl comme une spi-
rante \éiairs (à peu près comme le g final
de rallemand Tag).
^*^ Prononcer comme anglais ek , ou ita-
lien € daas et (on noterait îek en français).
^*^ Le ek français de ckaud.
^^^ c aspiré, exactement comme tk est l
aspb'é (1 suivi d'un souffle, prononcé
comme t allemand), comme pA est p as-
piré, ei kkf k aspiré.
^*) En cas de «- majuscule initial, ou
transcrit par A (r majuscule italique),
paiTe que le P grec se confond avec P. —
C*est un r plus roulé que /», transcrit
par r.
^•^ e aspiit).
HISTOIRE D'HÉRACLIUS
PAR L'ÉVÊQUE SEBÊOS"»
PROLOGUE.
Au moment où Tère de la dynastie arsacide prit fin en Arménie,
lorsque la royauté du roi Vpamsapuh fut abolie, régna sur ce [pays
arménien] la nation de la puissance Karkhedovmayecbi(^), qui, sui-
vant un dessein terrible et redoutable, de concert avec les mages
au souffle amer et les grands, et avec tous les principaux naxarars
du royaume , [conçut le projet] de supprimer en Arménie les fruits
de la piété : ce dessein ne réussit nullement, mais ils subirent de
grands dommages, et la piété, de plus en plus florissante, atteignit
son plein épanouissement.
Or, en ce qui concerne le règne du malfaisant Yazkert, comment
il voulut détruire Tordre divin et comment les braves naxarars
d'Arménie ainsi que le [défenseur] zélé de Dieu, le patriarche de la
maison des Mamikoniens, Vardan, surnommé le Rouge, avec leurs
compaguons d'armes, armés de pied en cap, tous unis, avec
leurs soldats, se liguèrent pour la guerre en prenant en main le
bouclier de la foi et en se revêtant, comme d'une forte armure, du
zèle pour la parole divine, comme s'ils avaient devant les yeux, en
face d'eux, la couronne qui leur était envoyée d'en haut, — car
pour cette raison, ils méprisaient la mort et choisissaient la mort
sur la voie divine; — comment les soldats persans marchaient
contre eux avec une grande violence, ou bien comment, marchant
à leur rencontre, ils ont, eux, accompli leur martyre; ou comment
les saints témoins, tombés aux mains des païens, ont accompli leur
^'^ Ce titre est eo téie de lou\iiige dans l'édition de Constantinopie. — ^*' Voir
rindex.
■ifT. riiiAcuos. t
2 HISTOIRE D*HÉRAGLIUS.
martyre à Âpr ^ahr, près de la ville de Nîsapuh'^), à l'endroit qui
s'appelle Théarkhuni, — tout ceci a été écrit de la main des autres
[auteurs], comme l'atteste la même histoire (^).
Mais tous les maux qui sont survenus sous Peroz, Tinsurrection
de Vardan contre Xosrov, la révolte de l'armée perse contre Or-
mizd, la mort d'Ormizd et l'avènement de Xosrov, la mort de
Maurice et l'avènement de Phocas, la prise de l'Egypte, le massacre
d'Alex&ndr[i]e, l'expédition d'Héraclius du côté du Nord, vers le
roi des Thètals, l'envoi d'une immense multitude de nations, rin-
vasion des Grecs en Atrpatakan, le butin fait, le retour à Phayta-
karan, l'arrivée de l'armée perse venant d'Orient pour lui faire
face, la guerre au pays des Aluans, le retour de l'empereur à la
ville de Naxfawan et le combat d'Arcêâ, le retour de l'empereur
dans son pays et sa marche nouvelle contre Xosrov, la bataille près
de Ninive, l'attaque de la ville de Tizbon, le retour dans TAtrpa-
takan, la mort de Xosrov, l'avènement de Kawat, le traité de paix
entre les deux rois, l'abandon des frontières grecques, le retour de
la croix divine dans la ville sainte; après cela, l'éveil d'une immense
colère et les derniers méfaits du bandit dans les régions du sud;
comment les armées d'ismaël se sont mises subitement en mouve-
ment, et en un instant, chassant la puissance des deux rois, ont
occupé depuis l'Egypte jusqu'en deçà du grand fleuve Euphrate
(»t jusqu'à la frontière d'Arménie, et des rivages de la grande mer
occidentale jusqu'à la Porte du royaume des Perses, toutes les
villes de la Mésopotamie syrienne, Tizbon, Veh Artaàir, Marand,
Hamatan, jusqu'à la ville de Gandzak et à la grande ville de Hrat,
qui est dans le district d'Atrpatakan : voilà ce que j'ai voulu vous
raconter sommairement dans le présent ouvrage.
^') Ahrasakr,ancien nom de Ntchapour, Le ms. qui renferme l^iiistoire de Sebéos
ou plutôt de la r^ion ou se trouve cette contient ^[alement Lazare de Pharhe.
ville. Cf. Tab. Nôld., p. 17, t&5. Sebéoe doiuierait-3 son ouvrage comme
(') Ce passage est incomprëhensîMe. une suite?
CHAPITRE I.
CHAPITRE I.
Vahan se révoH» eoatre Peroi, e'empare an pouvoir et remporte la victoiiie. - Mort
de Peroi. - Règae de Kawat qui honore Vahan des fonctions de mai*zpan.
- Mort de Kawat et règne de Xosrov, surnomme AnuS 3puan. - Révolte de
Vardan et aoumission des Arméniens ani Grecs. > Xoarov fidt la guerre et est
battu.
Au temps de Peros^^), roi de Perse, toutes les dignités, les insti-
luttons et les lois de la religion chrétienne furent abolies. L oppres-
sion, les persécutions, les outrages pesaient à tel point sur les
seigneurs arméniens, quils secouèrent le joug de la servitude,
et que Vahan le Mamikonien, s'étant révolté, chassa les Perses et
s empara du pouvoir par la force.
Le roi Peroz envoya aloi*s contre lui une nombreuse armée de
//iim(^), et donna Tordre rigoureux de mettre à mort le rebelle et
de passer tous les mâles au fil de Tépée. Le sparapet Vahan, marche
en hâte à sa rencontre avec trente mille guerriers d'élite. On range
troupe contre troupe, front contre front, et les deux armées se pré-
cipitent Tune sur Tautre, au son des trompettes, dans la plaine de
Geran.
Le Verbe de Dieu vint au secours des Arméniens; il souleva
un vent violent, répandit sur Tarmée persane des tourbillons de
poussière et Tenveloppa de ténèbres en plein midi. Le carnage fut
affreux des deux côtés; il ny avait plus moyen de reconnaître
les cadavres de ceux qui tombaient, de savoir si c'était un Perse ou
un Arménien. Cependant les Arméniens prirent le dessus, défirent
et massacrèrent l'armée persane, mirent en fuite et poursuivirent
les survivants, et remportèrent une grande victoire.
Ce Vahan recueillit les tributs du pays d' Arménie et reconstruisit
^*^ 467-48'i. et faut -il corriger en ^^ft. "t^'V
'' Les deux «Uitioug portent : ^^f«f. ^mfm^g frPeroz, roi de Perse*, dapiièt)
«V^^ A^f^^»*^ fr Peroz, roi des Huns^; p. si, i i& et |i. aS, I. 8 de rMition
peut-être y a-t-il une faute de copiste, Patk.
ft HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
les très grandes églises que les Perses avaient détruites à Valar-
sapat, à Dwin, à Mzraykh et en beaucoup d'autres lieux. Il organisa
et restaura le pays.
Peroz, le roi de Perse, voulait envoyer de nouveau des troupes
contre rArménie; mais il nen eut pas le temps, car il apprit que
des hostilités avaient lieu du côté du pays des Khusans; à cette
frontière, le roi des Khusans en personne marchait contre lui avec
une puissante armée. Il rassembla donc ses troupes et marcha en
toute hâte contre lui. a Je vais d'abord chasser celui-ci ^ , se disait-il ;
(rpuis, à mon retour, j aurai le temps de marcher contre les Ar-
méniens, et mon épée n'épargnera chez eux ni les hommes ni les
femmes 1).
Il partit donc en personne et atteignit rapidement l'ennemi vei*s
Test. Il y eut une bataille acharnée, dans laquelle les Khusans dé-
firent et écrasèrent la multitude de l'armée persane, si bien qu'il
ne put pas échapper un seul fugitif. Le roi Peroz périt (0 dans le
combat avec les sept hls [qu'il avait avec lui].
Après lui , son fils' Kawat régna sur la Perse ^^) ; mais comme la
puissance de ses armées était brisée, il ne voulut la guerre avec
pei*sonne et fit la paix avec tous ses voisins. 11 fit aussi un accommo-
dement avec les Arméniens, appela Vahan à la Porte, et le combla
d'honneurs. Il lui donna le gouvernement de l'Arménie, avec le
niarzpanat, ainsi que la seigneurie des Mamikoniens, et après avoir
reçu seiment de pleine soumission, il le renvoya cordialement dans
son pays.
Après Vahan, son frère Vard Patrik occupa l'isxanat, mais il
mourut au bout de peu de temps. Des marzpans persans lui suc-
cédèrent, sans toutefois que les Arméniens pussent engager la
guerre : ils restèrent dans l'obéissance jusqu'au temps du marzpan
Surèn et de Vardan, seigneur des Mamikoniens.
La quarante et unième année du règne de Xosrov^^\ fils de
''^ En Û84. — ^*J Kawat I. & 88-53 1. Sebéo» ne mentionne pas Baias, qui régna
quati-e ans (484-487). — ^'^ Khosroës I Anosarvâa, 53i-578.
CHAPITRE I. 5
Kawat, Vardan se révolta, et, d accord avec tous les Arméniens,
secoua le joug de la royauté persane. Les rebelles tuèrent à Tim-
proviste le marzpan Surén(^) dans la ville de Dwin; ils recueil-
lirent un riche butin et se rangèrent sous la domination des
Grecs W;,
Un peu avant ces événements, un nommé Vahan, iàxan du pays
de Siunie, s'était écarté et séparé des Arméniens. Il demanda
à Xosrov'*), roi de Perse, de transporter les archives'*' du pays
de Siunie, de Dwin à Phaytakaran et d'ériger cette ville en
métropole (^' de TAtrpatakan, de telle sorte qu*on ne donnât
plus aux Siuniens le nom d'Arméniens. Et l'ordre fut exé-
cuté.
L'empereur des Grecs (^) s'engagea par serment (^) vis-à-vis des
Arméniens, renouvela l'alliance conclue jadis entre ces deux grands
rois, le bienheureux Trdat et Constantin, et envoya à leur
secours des troupes impériales, et eux, après avoir reçu ce renfort,
marchèrent contre la ville de Dwin, l'assiégèrent, la ruinèrent et
chassèrent l'armée persane qui s'y trouvait.
Mais il se produisit tout à coup contre eux(^) un violent tumulte
parce qu'ils avaient incendié l'église de saint Grégoire, bâtie près
de la ville et transformée par les Perses en magasin. De là contre
eux un violent tumulte.
Ensuite, Mihran Mihrewandak vint attaquer Vardan avec une
armée de vingt mille hommes et de nombreux éléphants. Une
grande bataille eut lieu dans la plaine de Xalamax, et les Armé-
niens infligèrent une sanglante défaite aux troupes persanes qu'ils
^'' Cf. Tab. Nôld. i. v., p. 487 et s. pression «oinfuir a Vullere, s, p. jU: lilier
'*) En 571. rationum, compniaiio {Erâtiiahr, p. 19a
'ï Xosrov F. et n. 3).
^*' LcJiwan, c*est4-<lire ^administra- <*' Justin II.
tion, le centre de Tadministration. ^^^ I^a construction du texte mm, ^m^
^** Cf. Seb^, éd. Patk., p. 197. #. r. jmy irp^mjii est très incorrecte. Il y a
^m^fJmf, Marquart traduit : ^und dass qad({ue corruption du texte dans co |)as-
er die Stadt snordne der atrpatakanisrben sage.
Pmvinxflchat<nng« et renvoie, pour l>x- ^*^ Contre les Grecs.
6 HISTOIRE DHÉRACLIUS.
passèrent au fil de FépéeC); ils prirent en même temps tous les
éléphants. Mihran, échappé avec un petit nombre d'hommes, s'en
retourna dans son pays.
Ce fut contre ce même Yardan que vint en personne le roi de
Perse Xosrov, surnommé Anuâ 3puan, avec une immense armée
et des éléphants en grand nombre. Il prit par le canton d'Artaz, tra-
versa le Bagrewand, passa par la ville de Karin, et, poursuivant son
chemin (^), arriva en un }ieu(^) où il dressa son camp vis-à-vis de lui(^^
Dès le matin du jour suivant, on se hAta de part et d'autre de
ranger troupe contre troupe, front contre front, et la bataille s'en-
gagea. La mêlée fut ardente et l'on se battit avec acharnement.
Mais le Seigneur livra à la défaite le roi de Perse et toute son
armée. Les Perses furent écrasés par leurs ennemis et mis en une
déroute complète : ne connaissant pas les chemins par où ils au-
raient pu fuir, ils allèrent se fortifier sur les bords du grand fleuve
nommé Euphrate. Mais les eaux étant venues à grossir emportèrent
la multitude des fuyards comme une nuée de sauterelles; bien peu
purent se sauver ce jour-là. Cependant le roi, échappé à grand'
peine avec un petit nombre d'hommes, trouva un refuge au milieu
de ses éléphants et de sa cavalerie , et s'enfuit à travers la province
d'Atdznikh jusqu'à sa résidence.
Les vainqueurs s'emparèrent de tout le camp et du trésor
royal ^^l Ils prirent la reine des reines et les femmes du roi'*). Ils
^*) Pour la victoire des Arméniens
dau» la plaine de Xalamax, cf. Jean Ca-
tholico9,p. 37 (ëd. Emin), et traduction,
p. 54. Cf. ^dément Lebeau (Saint-
Martin), op, eit, t. X, p. 9a, oii le g^
nérai est nommé Deren pour Mihran.
Saint -Martin aura probablement pns ce
nom de Deren dans ï Histoire d'Arménie
de Tchamtchian, t. II, p. a86.
t*> Cf.Lebeau,op.ci(.,t.X,p.i35J.a.
^'^ Au lieu de f u,h^n^ if^ en un lieu,
nous proposons de lire : IpA-^ ^w/l [>«4^] .
à Métitène. Dans la note 78 de sa tra-
duction, Patkanian a déjà signalé qn1l
s'agit ici de la bataille de Mélitène
(576); cf. Lebeau, op, ai,, t. X, p. i3.S-
187.
^*^ Vis-à-vis de Vardan.
<') Cf. Jean d^Éphèse, p. SgS delà Irad.
t*^ Au lieu du second ifum%uÊpt (texte
éd. Patk. , p. 97, 1. 1 8), il faudrait , d après
Carrière, lire ffum'k,mL.^t, (?), signifiant :
dames ( v. Hûbschmann , Armeniseke Gram-
maùk, I, 1 17).
CHAPITRE IL 7
enlevèrent la tente^*> consacrée*au harem l'oyal, et la litière d'or^^',
d'un grand poids, ornée de pierres précieuses et de perles, que les
Perses appellent la « glorieuse litière v ('). Fut pris également le hrat(^ )
que le roi faisait toujours transporter avec lui comme un puissant
auxiliaire, qui était réputé plus auguste que tous les autres autels
de feu , et que les Perses appelaient Athaà : il fut englouti dans le
fleuve avec le movpet des movpets^^' et beaucoup d'autres prison-
niers. Dieu soit à jamais béni.
CHAPITRE 11.
An»» 3paan croit eo Christ et est baptim^ par IVvéqne; 8a mort. - Règne d^Ormizd. -
Vahram bat rarmëe desThëtais, puis fait la guerre au roi des Maiguths et le
tue. - Lann<fe de Vahram se n^volte contre Xosrov, qui senfuit. - Arrivé»
de Vahram. - Xosrov demande secours à Temperenr Maurice.
Pendant son règne , avant la révolte dont nous venons de parler,
Xosrov, surnommé Anuâ 3puan, avait affermi la prospérité de ses
Etats, car il était paciGqueet gouvernait pour le bien public. Lors-
que cette révolte éclata, il entra dans une violente colère, car il se
croyait à l'abri de tout reproche, r J'étais, disaitnl, le père de tout
le pays, et non pas son mattre. Je les ai tous traités comme des fils
et des amis. Maintenant, ajoutaitril, Dieu leur demandera compte
du sang répandu, t Pendant son règne, Xosrov ferma le défilé do
Cor et des Atuans; il fit prisonnier le roi d'Eger. Il prit de vive
force Antioche de Pisidie^^) et transporta les captifs près de sa
<*) Le tarte fautif porte :«/s»25i»ififr/»aMA», <*> Ap*'^ (rbâcbem, mot armënien
qnii but lire dml^mifirf2fmki', cf. H. traduisant le penao JjT-^ÊÊÊfim^. Cf.
Hôfaschmann, AnÊmi$ehe Gnrnmniik, Sebéos, éd. Patk., «. p. 4#«mi», p. i^y.
I , p. 199 et les référencer. <*' Cf. Darmesteter, Zetid Avegta^ I ,
^) Cf. Lwre in Baie, VII, p. 108 : p. 3o et suiv. sur le Mobed des mo-
ndes litières d*or avee des housses om<fes beds.
de pierreries royales, etc.*. ^'^ Erreur due k une réminiscence du
C) foQrYexpmnon^ir»„^m^^mÊm,mjf, Nouveau Testament, Actes, )iiii. lA :
cf. le syriaque «uMf lA^^v». dan» jYfitm/tm^ ^^/t^lmgf. KnlUith^ fui friae
Bedjan, AcH Smneêontm, etc., t. ill, en juin .S4o, cf. Tab. V»bl., p. 16.^,
p. ^98,1. to. n. 9.
8 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
résidence royale, où il bâtit [pour eux?] une ville quil nomma Yeh
Andzatokh Xosrov(^), et qui est également appelée Sahastan d'Okin.
Il s'empara encore de Dara et de Gallinique, et se saisit même» dans
une expédition, des frontières de la Cilicie.
[Xosrov] régna quarante-huit ans. A l'heure de sa mort, la
lumière de la Parole divine resplendit autour de lui, car il crut en
Christ et parla en ces termes : (r Je crois en un seul Dieu, celui
qui a créé les cieux et la terre et que les chrétiens font profession
de servir. Père, Fils et Saint-Esprit. Il est le seul Dieu, et il n'y
en a point d'autre que celui qu'adorent les chrétiens, y^
Il ordonna à ses serviteurs d'envoyer pour affaire dans quelque
endroit éloigné le chef des mages du palais, écarta les autres de
la résidence royale et appela le chef des évèques, qui portait le
titre de Eran Kathulikost^). Il fut baptisé par lui, ordonna de célé-
brer l'office divin dans sa chambre, fit lire les oracles de l'évangile
du Seigneur et communia en la chair et au sang du Seigneur. Puis
il prit congé du catholicos, qui portait l'évangile du Seigneur, et
le renvoya W chez lui.
Peu de jours après, [Xosrov] s'endormit dans son heureuse
vieillesse ; les chrétiens levèrent son corps et le déposèrent dans le
sépulcre des rois. Son 61s Ormizd(^) lui succéda (^).
^*^ Après la prise cl*Aatioche, Xosrov
fit coQStniire une ville absolument iden-
tique à Antioche, que Tabari nomme :
Rûmija (la Romaine). M. Nôldeke propose
de ridentifîer avec Onki (?) ou Jonki (?)
tria Grecque n; d'après lui, le nom de la
ville aurait été Wen-Antioeh-Choirau, ce
qui explique le Weh-Andl[at]oq'Chasrô de
Scbéos et le Antioch-Churôn » yoti'^i^.il
du syriaque dans Land , Ànecd., 1 , 1 5. Cf.
Tab. Nôld., p. i65-i66 et les notes, et
p. 989; dans ce dernier passage, les
habitants d'Antioche sont emmènes à
SawAd, près de Ctësiphon; Tabari rap-
plie que la ville s'appelle RAmija.
^ C'est-à-dire l'ëvéque suprême de
Perse. Cf. H. Hi'ibschmann , Armenitehe
Grammaiik, I, p. 89.
(') uÊfA^u^à^ est évidemment fautif.
^*^ Ormiid IV, SyS-Sgo.
^'^ Le texte est ici coupé par une in-
terpolation renfermant la Ibte des géné-
raux persans qui envahirent TArménie
depuis le meurtre de Suren ( Sy 1 ) jusqu'à
Tavènement de Xosrov II Parwèc. Le
texte de cette intercalation est donné
dans l'édition Patkanian, p. 99, I. 1 1 —
p. 3o, L 9 et p. 3&, I. 7-39. Notre
traduction donne ici le morceau en
entier.
CHAPITRE II. 9
Voici aiaintenanl les généraux du roi de Perse qui vinrent l'un
après Tautre au pays d'Arménie depuis la révolte de Vardan, sei*
gneur des Mamikoniens, fils de Yasak, jusqu'à aujourd'hui. Quel*
ques-uns périrent dans des combats, d'autres furent vaincus (^),
d'autres remportèrent la victoire et s'en retournèrent.
L'année même où les Arméniens tuèrent le marzpan Suren^*^),
vint Vardan Vànasp, qui ne fit rien , resta un an et s'en retourna.
Puis vint Goïon Mihran avec vingt mille hommes armés de toutes
pièces et beaucoup d'éléphants^^). Il avait aussi avec lui de nom-
breux auxiliaires pris dans la foule des peuples innombrables au
milieu desquels habite, dans la région montagneuse du (Caucase,
la nation des Huns. Il avait reçu du roi l'ordre d'exterminer la
population de l'Arménie, de détruire, d'abattre, de raser, en un
mot de ruiner sans pitié le pays. A son arrivée, à part ceux qui
sauvèrent leur vie en restant en quelque retraite inaccessible des
montagnes, et ceux qui se réfugièrent en quelque pays éloigné;
la plupart ne purent échapper, car l'ennemi passait au fil de Tépéo
tous ceux qu'il trouvait. [Golon Mihran] fit la guerre en Géorgie
et fiit défait; puis il vint en Arménie et s'empara d'Ankt au moyen
d*un faux serment. • .
Philippe, seigneur de Siunie. . . [Golon Mihran?] attaqua la
ville de Xatamax^^) et livra bataille dans le canton de Vanand, dans
le village d'Uthmust^). Dans ces deux occasions il fut défait. 11 resta
sept ans [en Arménie] et s'en retourna.
Puis vint le roi Xosrov Anu& Spuan'^') en personne, qui livra une
grande bataille à Mélitène, fut battu et s'en retourna (^^
<') Nous proposons de lire ifMyiM'ffiiA' , ^'^ Noos passons, dans le texte arme-
an lieu de mimmkpmqjkg»tht «firent la nien, de la page 3o, I. a, à la page Zh .
guerre^. I. 7, éd. Patkanîan.
<*) En 571. ^^ Le sujet de la phrase doit éln)
^) Deaxième expédition. Cf. LeiK'au, Xosrov I Anuft 3pnan, qui Ait battu
t X, p. toi eisoiv. en personne {fk^% p. 3o, 1. 1) à M<^
<*) Texte :Mf«i|r («./(t. 4|Arf.^M»ftagi litène (576) par Justinien, général
4 /Arf. Yfm^mHTmim^. de ribèfe. Cf. Lebcau. I. \, p. i36 M
(»)
Uthnuis,cf. Asolik,p.7 9,8 1 , 1 00, io5. soiv.
10
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Puis vint Tam Xosrov(^), qui livra deux combats : l'un h Bolora-
pahak, dans le pays de Basean, au confluent du Murch et de TAraxe ,
l'autre à Kathin^dans le Bagrewand. Chaque fois, il remporta une
grande victoire. Il resta deux ans et s'en retourna.
Puis vint VarazW Vzur, qui livra bataille dans le canton de
Vanand, dans le village d'Uthmus; d abord repoussé, il finit pnr
vaincre. 11 resta un an et s'en retourna.
' Puis vint le grand aspet parthew et pahlaw^^', qui livra bataille
dans le village de Sirak et triompha. Il resta sept ans et s'en re-
tourna.
Puis vint le marzpan Hrahal(*\ qui alla à Nisibe^^' porter secours
aux siens : ceux-ci, d'abonï vaincus , remportèrent ensuite la vic-
toire. A son retour, il livra bataille à Gatkadzur, dans le pays
des Bznunîs, et fut vainqueur. Il resta quatre mois et s'en re-
tourna.
Puis vint le marzpan Hrartin Datan. Depuis lors, les Perses ne
purent plus tenir tète aux armées des Grecs. De son temps, Ormizd
fut tué(^) et son fils Xosrov monta sur le trône. Il resta deux ans cl
s'en retourna.
Puis vinrent des stJimanalcak^'^^ perses jusqu'à l'expiration i^e la
paix conclue entre les Perses et les Grecs, entre les deux souve-
rains Maurice et Xosrov.
Et ensuite Vandatakan(^). Puis Xorakan. Gelui-ci fut tué à Gapni
(') Ta^)(papA bai les Romains en Ar-
ménie (577); cf, I^beau, X, p. i45. Sur
Tam (S'"-'') «^fort, sterk^», cf. Tab. Nôid..
p. A&S, n. 1.
^•ï Varaz - le sanglier ; cf. Tab. Nôld. ,
p. 960, n. 1.
^'^ Sur l'idenlilé de Partkew et Paklaw,
ef. H. Hûbschmann, Armernscke Gram-
tnatik, I , p. 63 et suiv. , qni donne la da(e
du manpanat du grand aspet, 58 1 -58 9.
Cf. HiiWb., op. eiu, p. 65, n. 1,
^*' Patk. (p. 3&) identifie ce manspan
avec *>^/, Aphraatès; cf. Lebeau, t. X,
p. 374-376 et les notes rdatives au pas-
sage correspondant de Th<^ph. Sinioc.,
1. 3, c. 5.
w U texte : t Jf'p^mCù^. Cf. J. Mar-
quart, Erâniakr, p. 16a.
<•) En 590.
(') miÊÊitnm^m{tmi^ est la traduction ar-
ménienne du mot d'origine iranienne
JSw^^^uAf (t gardien des marches n.
^•> Cf. p. 70, 1. i5 et suiv. du texte,
éd. Patk.
CHAPITRE II.
Il
pflr les troupes perses qui, s'étant révoltées, s'en allèrent dans le
pays de 6e)um(^). Puis Merakbut. Puis Yazdén. Puis Bulmah. Puis
Hoyiman.
. . . [Ormizd]''^ . . qui, après avoir fait enchaîner Vndoy, le
jeta dans le Gruairdakan, tandis que Ystam put s'échapper et s'en-
fuir; celui-ci souleva en ce temps-là de nombreuses guerres autour
de luiW.
11 y avait en ce temps*là(^) un certain Vahram Merhewandak^^^
gouverneur des provinces orientales de la Perse. Il avait battu par
sa vaillance Tarrnée des Thétals et conquis par les arme» Bahl et
tout le pays des Khuàans, jusqu'au delà du grand fleuve nommé
Vehpot(^) et jusqu'à l'endroit nommé Kazbion(^). '11 avait donc
dépassé la lance du valeureux spandiat, au sujet de laquelle les
Barbares disent : «r Parvenu en combattant jusqu'à cet endroit, il y
ficha sa lance dans le soI.t)
^^ A cAtë de <|>ff c«r, on a la forme
ia^f5«.j; Ddam, Ddam. a. Tab. Nôld. .
p. &79 et H. Hûbachmann , Arm. Gramm.,
I , p. 3&. Lea taavagea habitants duGdnm
campaient dans les montagnes an sud-
ouest de la mer Caspienne.
^ Nous reprenons id le récit inter-
rompu dans le texte par Tinterpolation
eoneemant les généraux persans. D y a
une laeune dans le texte que nous eom-
hions par le moi : Ormixi, qui figure
entre parenthèses dans Yéd. Patk., et
qni n*est pas mentionné dans Téd. de
Constantinople. Patk;, p. 3o, 1. a. (Tétait
Qrmiad qui avait fait emprisonner Vndoy ;
cf. iNôldeke, Skizzem, p. laa.
^^ Sur Bindoê et KstAm, cf. Tab.
Nôld.,p.973,etLebeau,X,p.99ietsuiv.
<*} Le texte, fautif, porte :^ ^JSm%m^
^^^ Connu aussi sous le nom de Bah-
ram-Tchoubin, originaire de la famille
Mihran, deseendant des Arsacides. Cf.
Theoph. Simoc., III, xviu.
^•^ Nom iranien de l'Cxus (fc JUuve
ffhrkux), •>!; «?, TAmou-Dareia d au-
jourd'hui; cf. Pitkanian, Jouma* oêia-
tique, i866, 1, p. 187, n. 3.
^ Vahram foi envoyé par Ormizd,
avec 1 9,000 hommes, contre Sàba, it>i
des Turcs; après [dusieurs combats, il le
tua d'un coup de flèche (ou de lance?).
On attribue k Vahram un traité sur fart
de lancer les flèches. Ce Vahram est de-
venu le héros de poèmes et de romans
fiersans. Cf. Tab. Nôkl., p. 970-979. Ta-
îiari ne die pas de nom approchant de
Spandiat ; son pass^ ( Tab. Nôld. , p. ^ 7 1 )
vaut d'être dié : irNach alleriei VeHiantl-
lungen nnd Kâmpfen zwischen beideii
Thdien tôdtete BabrAm den Si\ba dureh
einen PCeilschuss. — Wie man sagt, tha-
ten sich im pernschen Reiche 3 Mânner
durch berûhmte Schûsse her\'or : man
mdnt damit den Schuss des ArissAtiii
im Kriege zwischen ManAéihr nnd FrA-
sijAt, den Schuss des SôehrA im Tûrken-
kriege und diesen Schuss des BahrAm.*"
12 HISTOIRE D*HÉRACLIUS.
Ce Vahram, ayant alors livré bataille au puissant roi des Max-
khuths qui se trouvait en cette région, de l'autre côté du grand
fleuve, battit sa nombreuse armée et tua le roi dans le combat.
11 s'empara de tous les trésors de ce royaume et les enleva.
Puis il envoya au roi de Perse, par ses messagers, un rapport
annonçant la bonne nouvelle, avec une petite partie de Timmense
butin provenant de l'expédition, quelques objets de prix, pour
témoigner de sa fidélité au souverain. Quant aux trésors, il les dis-
tribua aux troupes, selon les mérites de chacun.
Lorsque le roi Ormizd vit les messagers de la bonne nouvelle ,
lorsqu'il eut pris connaissance des lettres relatives au bon étal de
larmée et qu'ii eut reçu les présents, part du butin prélevée sur
les précieux trésors du roi [des Mazkhuths], il se montra satisfait
[en apparence] et complimenta les porteurs. Mais au fond il était
violemment irrité (^) et se disait : (rLe souper a été autrement
plantureux, je le vois bien aux restes (^); sur un aussi riche
butin, il n'était pas convenable de prélever si peu pour le trésor
royal. i> ^
Puis, comme réponse à la lettre de bonne nouvelle, il fit écrire
à [ Vahram] en termes courroucés et envoya à l'armée des officiers
et soldats de sa garde pour recueillir le reste du trésor. Ceux-ci
aussitôt arrivés manifestèrent leurs exigences; mais l'armée entière
se souleva. Les troupes massacrèrent les envoyés du roi(^), cessèrent
de reconnaître l'autorité d'Ormizd, décernèrent la royauté à
Vafiram et lui prêtèrent serment selon leurs rites. Puis elles s'en-
tendirent pour quitter l'Orient et marcher sur l'Asorestan, afin de
mettre à mort leur roi Ormizd, d'anéantir la dynastie sassanide et
de faire asseoir Vahram sur le trône. Elles furent bientôt réunies
<*^ Nous proposons de iirc ^mp^^k-i^ (•) La lecture d*Asotik, qui reproduit
(irrité), au lieu de |MÉr^pjâ»iL^uf£^. Cf. le SeWos, p. ii5. 1. 4 du texte, parait
passage parallèle dans : Hiêtoire univer- préférable; lire uiutmmm.mfÊi au lieu de
êdk, par Etienne Asolik de Taron, tra- ,fnu,mm,^mju (Noie de Patkanian).
duite |iar E. Diilaurier, Paris, i883, ^^^ Au lieu de <M«.ivâ»M»^/k«/Sr, le résumé
p. l 'i I . d'AsoKk , p. 1 1 5, i>orte ^^-tH^^lf*'*
CHAPITRE 11. 13
et amenèrent avec elles un grand nombre de vaillantes et belli-
queuses nations de TOrient.
Pendant que la Perse était dans une situation aussi troublée, le
palrice Jean et Tannée grecque bloquaient et assiégeaient la ville
de Dwin; ils lattaquaient avec des machines de guerre et étaient
sur le point de faire crouler le rempart. Mais dès que ces nouvelles
leur parvinrent, ils levèrent le siège et prirent le chemin de TAtrpa-
takan. Ils ravagèrent (') toute la contrée, passant les habitants,
hommes et femmes, au fil de Tépée, et rentrèrent dans leur pays
avec un riche butin et de nombreux captifs.
Mais lorsque la nouvelle de cette sédition arriva à la Porte des
Sassanides et parvint à Ormizd, roi de Perse, une grande terreur
lassiégea. Il convoqua les nobles qui se trouvaient à la Porte royale,
l'assemblée de ses officiers et de ses gardes. Il fut résolu qu on
emporterait le trésor du royaume, qa on emmènerait le personnel
de la Porte, et quon passerait de Tautre c6té du grand fleuve le
Tigre par le pont de bateaux qui mène à Veh Kawat''^^. Une fois
passés, ofi couperait les cordages des ponts. Ormiid songeait à se
faire protéger par les nombreuses troupes du roi des Taciks.
Ce ne fiit pas ainsi que les choses se passèrent. En eflet, les con-
seillers ('), les officiers et les gardes du roi prirent la résolution de
tuer Ormizd et de mettre à sa place son fils Xosrov;. . . ils déci-
dèrent également de le^^) dj^livrer, de faire de lui leur chef et de
le mettre è la tète de l'entreprise. Et étant allés à la forteresse
de 6ruandakan(^), ils le(^) délivrèrent et, avec lui, tous les autres
prisonniers. Puis ils envoyèrent un messager fidèle monté sur les
^*> imumltgfù. dans le te\te. Il ae peut être questioo ici
^^ Veh Kawat parait être Sâeucie, que de Vndoy, comme le fait remarquei*
restaurée par Kawat, sar la rive droite Patkanian, p. 3a, note i, de son édi-
do Tigre, en face de Ct^^ipbon. Cf. tion.
Patkanian, Jawmal asiaiique, 1866, I, '*^ «r Prison située dans Clësiphon, oii
p. 188. Ion enfermait les eriminds poKti^pesi».
^) Littéralement : /es hommei de la Cf. Patkan., Journal asiatique, 1866, I,
pehiie. p. 189.
^*) Il y a probablement une lacune ^*^ Vndoy.
l/i HISTOIRE D^HÉRACLIUS.
chevaux les plus rapides avec une lettre pour son frère Ystam, lui
demandant de se rendre au plus vite sur le théâtre des événements.
Il ne tarda pas à arriver.
Tous les grands, les chefs de Tarmée, les troupes qui se trou-
vaient en ce moment [à Tizbon], se rassemblèrent dans la salle
royale; puis ils pénétrèrent dans la chambre du roi, s emparèrent
d'Orraizd, lui crevèrent aussitôt les yeux et ensuite le tuèrent. Ils
))roclamèrent roi de Perse son fils [Xosrov]'^) et commencèrent à
préparer la fuite de l'autre côté du grand fleuve du Tigre. Peu de
jours après, Vahram arriva, aussi rapide que Tai^e qui fond sur
sa proie.
Gomme Xosrov, au moment de son avènement au trône, était
encore tout jeune, ses deux oncles maternels, Vndoy et Ystam, le
prirent et passèrent de l'autre côté du grand fleuve du Tigre par
le pont de bateaux; ils coupèrent ensuite les cordages qui rete-
naient le pont. A son arrivée, Vahram prit possession de toute la
maison, du trésor et des femmes du roi et s'assit sur le trône.
Puis il ordonna de former des radeaux en liant ensemble des
pièces de bois, et traversa le fleuve pour s'emparer de Xosrov.
Mais la crainte avait empêché ce dernier de demeurer. Aussitôt
qu'ils eurent passé, lui et les siens continuèrent de fuir, se deman-
dant en chemin ce qu'il y avait de mieux à faire , d'aller trouver le
roi des Ta6iks ou de se rendre auprès de l'empereur des Grecs.
Enfin, ils jugèrent préférable de chercher leur appui auprès de
l'empereur de Grèce. (tBien qu'il y ait de l'hostilité entre nous, se
dirent-ils, cependant ils sont chrétiens et miséricordieux; et lorsque
les chrétiens prêtent un serment, ils ne peuvent pas se parjurer?).
Ils s'en allèrent donc tout droit vers l'occident et arrivèrent à la
ville de Xalab , où ils s'arrêtèrent.
[Vahram], tout en ayant franchi le fleuve, ne put donc atteindre
[Xosrov]; et il retourna à Tizbon.
(I)
Avèoenieat de Xosrov II Pai-wèz (690).
CHAPITRE II. 15
Le roi Xosrov euvoya alors à Tempereur Maurice des person-
nages de haut rang avec des présents, et lui écrivit^^) en ces termes :
(T Rends-moi le trône et Tempire de mes pères ^^^^ et de mes an-
cêtres; envoie à mon secours une armée avec laquelle je puisse
battre mon ennemi; rétablis mon autorité, et je serai pour toi un
fils. Je te céderai : le pays de Syrie, tout TAruastan jusqu'à la ville
de Nisibe; du pays d'Arménie, le territoire et la principauté Tanu-
terakan, jusqu'à TArarat et à la ville de Dwin, jusqu'au bord de
la mer des Bznunis et à l'Apestawan; et aussi la plus grande
partie de la Géorgie jusqu'à la ville de Tphxis. Nous conclurons
un ti*aité de paix qui durera jusqu'à la mort de chacun de nous,
et le serment solennel que nous aurons prêté liera aussi nos fils
qui régneront après nous, d
L'empereur convoqua aussitôt tout les sénateurs pour leur
demander leur avis et leur dit : a Les Perses ont tué leur roi Ormiid
et ont mis son fils à sa place. Mais les armées du royaume ont
proclamé dans les provinces orientales un autre roi qui est venu
avec des troupes nombreuses et s'est emparé du pouvoir. Quant
au jeune fils d'Ormizd, il est arrivé chez nous en fugitif; il demande
le secours de nos troupes, et promet de nous accorder telles et
telles choses. Maintenant, que faire? Allons-nous accepter? Faut-il
ou non accepter? 1? Les sénateurs répondirent : trll ne faut pas
accepter, car les Perses sont une nation sans foi ni loi; dans la
détresse ils font des promesses et une fois sortis d'embarras ils se
parjurent Ils nous ont fait beaucoup de mal. Qu'ils se détruisent
les uns les autres, et nous serons tranquilles. ?)
Cependant le roi Xosrov se trouvait en grand danger. Il voyait la
mort devant lui, car il s'était tiré de la gueule du lion pour tomber
entre les mains d'ennemis auxquels il ne pouvait échapper.
Mais l'empereur ne tint pas compte de l'avis des sénateurs.
Il envoya lui-même son gendre Philipikos porter à Xosrov une
'*' ThAiph. Simoc. J. IV, 1 1 , donne une tout autre lettre de Xoerov. — ^ Au lieu de
{«ifj, ptret, ii but probablement Kre {^«f, Armémenê, Cf. éd. de Patk., p. 33, n. i.
16
HISTOIRE D^HÉRACLIUS,
réponse favorable (^^; il reçut son serment et envoya à son aide
une armée impériale, le patrice Jean(^), du pays d'Arménie, et le
général Nersês, de la Syrie, [et le vaillant Musel]^'); et leurs
troupes, qui, passées en revue, s'élevaient à trois mille cavaliers,
par centaines, milliers et légions, selon leurs étendards'^).
Or, comme la mère de oapuh était fille de cet asparapet, chef
de la maison des Parthes, qui étaient morts (^), et sœur de Vndoy
et de Vstam; et que Vndoy était lui-même un homme sage et pru-
dent, valeureux ainsi que je Fai dit. . . (^).
^'^ Cf. Lebeau, X, p. 399.
(') JeanMy8UcondeLebeau,X,p.3a9
^*' Nous croyous devoir ajouter : et le
MUiam Mhs^, diaprés Thomas Arcruiii ,
p. 86, 1. ti; saas quoi la suite ne se
comprendrait pas (Patkanian).
^*) Xa suite du récit est interrompue
par un tout autre ordre d'idées. Le i^it
semble se continuer dans le texte (éd.
Patk.),p. 36J. 3&.
^^^ Le texte porte bien lo plurid; mais le
singidier semble ici nécessaire : c est las-
parapet qui iiak morL Le texte est trop
mutilé pour qu'on songe à le reconstituer.
^'^^ La phrase est inachevée; il y a
manifestement une lacune. Les paragra-
phes qui suivent cette phrase font partie
de la liste des généraux persans qui
en^Ùiirent T Arménie, et font suite dans
le texte à p. 3o, I. 9, et dans notre tra-
duction, p. 8 et suîv.
LIVRE CHRONOLOGIQUE.
HISTOIRE ROYALE.
Récit héroïque ^*\ invasion nniverselle, brigandage sassanidc dans la personne d*Apruéx
Xosrov, qui enflamma et incendia tout {Intérieur, ébranlant ia mer et la terre,
pour provoquer la mine sur Tunivers entier.
Et maintenant, racontant ce qui s'est passé sur ia terre, je vais
dire les événements relatifs à sa destruction , Téveil de l'indignation
d'en haut, et de la colère enflammée en bas, le ruissellement
torrentueux du feu et du sang, les incursions des brigands, l'invasion
meurtrière, les clameurs des démons et les cris des dragons, des
races de mages et des hommes issus des géants, des braves tout
armés, des cavaliers [s'élançant] de l'orient vers l'occident, du
nord vers le sud; et ceux du sud s'éveillant avec une grande fureur,
s'altaquant les uns les autres; l'accomplissement des ordres du
Seigneur irrité sur toute la terre; les hommes du sud, comme un
vent de tempête, s'envolent, faisant rage, s'élancent pour détruire
tout ce qui se trouvait en bas, pour ravager les montagnes et les
collines, déchirer les plaines et briser les rochers et les pierres
sous les sabots de leurs chevaux : maintenant, je raconterai l'his-
toire du destructeur et dévastateur Xosrov, maudit par Dieu.
CHAPITRE m.
Valiram marclie contre Xosrov. - Deux lettres à MuAei, qui i*cste fidèle à Xosniv. -
(irand combat. - Débite des révoltés. — Ingratitude de Xosrov envers MuAel :
celui-ci conçoit alors le projet de tuer le roi; il écrit avec les généraux grecs une
lettre accusatrice k Tempereur. - Mécontentement de Tempereur k ce 8ujet : lettre
aux généraux et h Xosrov. - Renvoi de f armée grecque. - Mu*(el est mandé par
Tempereur au Palais.
Après ia mort de Xosrov. (ils deKawat, Ormizd, son fils, devint
roi de Perse. Sa mère, femme de Xosrov, son père -\ était fille du
(*) mf^^ÊJl^ signifie clément *ira- ^'^ Ce passage est difficile & traduire à
nîen". cause du peu de certitude que pnWnto
■itr. a*siiACLivft. 'j
18 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
grand Xakhan, roi des Thètals, et se nommait Kayèn. Bien qu'il
eût hérité de son père un caractère hautain, il tenait du c6té de
sa mère plus dWgueil encore et de férocité (^l
En effet, il extermina, dans le royaume de Perse, tous les
grands, les chefs des vieilles maisons nobles. Il fit mourir le grand
asparapet parthew et pahlaw, qui descendait de cet Anak(^) le meur-
trier dont un fils, arraché par ses nourrices à la fureur des soldats
de Xosrov, roi d'Arménie, avait été apporté par elles à la Porte
royale, dans le pays des Perses : le roi lui accorda tout ce qu'il avait
promis à son père Anak, lui rendit ce qui appartenait (^) primitive-
ment aux Parthes et auxPahlawiens, lui fit ceindre une couronne,
le combla d'honneurs et lui donna la seconde place dans son
royaume.
Ce sparapet avait deux fils, dont le premier se nommait Vndoy,
le second Vstam**'.
lls(^) réunirent, pour entrer en campagne, toutes les troupes
du pays d'Arménie qui se trouvaient alors disponibles, et les
passèrent en revue; c'étaient les troupes de tous les naxarars,
et elles formaient environ quinsie mille hommes, par centaines,
le texte: <«m^ mm^m aÊ^mcii Ifi^tt' est p. 967 : (rWie man sagt, war HormiMl
pwbablement une glose; de plus, on si^greich und rahmvoU, erlangte ailes,
pourrait lire i«»H» «» Mea <•« <^W» et wonach er seine Hand ausstreckte, war
comprendre : le nom de sa mère [était] daia feingebildet, aber schiau, boahaft
Kayén. Cf. Tab. Nôld. , p. loi, 167, 959 und in seinem Naturell den Tûrken abn-
et 96a. La mère d^Ormixd était «rdie lich, von welchen'er durch seine Mutter
Tochter des GbéUn und der GfaAtAnt) abstammte.^
(Tab. Nôld., p. 959 ); ChAtân est le nom <*) Anak éUit de la famille Suren Pah-
de la reine ebez les Turcs et les babitants law. Cf. Xoreu. , II, 76.
de la Haute Asie (Tab. Nôld, p. 10&, (*> Le texte porte »tm^m,.glrmi^ qu'il
n. 9); Vabram fit de la CbAtAn, feomie faut probablement lire ^mplmt^g^m^^.
du ChAkin , une servante du temple (Tab. ^^^ La suite de cette pbrase a été donnée
Nôld., p. io4). D'nprès Mas., If, 911, plus haut, p. 16, frOr, comme la mère
Nôld. (p. 96a, n. A) propose délire de Sapuh était fille de cet asparapet. .. «,
Qdtpn, comme nom delà mère d'Ormicd. p. 3&, 1. & du texte, éd. Patk.
Cf. Cément Patkanian, Journal am- ^^ Ce passage fidl suite à p. 3&, 1. 3
tique, 1866, 1, p. 189. du texte, éd. Patk., et p. 16 de notre
^^) Un portrait analogue d*Ormizd nous traduction, où il est question de troupes
est fourni par Tabari dans Tab. Nôld., passées en revue.
CHAPITRE m. 19
iiiiiliei*s et légions, rangés suivant leurs enseignes. Tous étaient
des guerriers d^élite, complètement armés; enflammés d'ai*deur,
qui ne craignaient rien et ne tournaient jamais le dos. Leur
face était pareille à celle des lions; la légèreté et la rapidité de
leurs pieds égalaient celles des chevreuils courant dans les
plaines. Ils se mirent en route avec docilité et en toute obéis-
sance.
Le révolté mihranien réunit aussi ses troupes, ses éléphants et
tous les trésors royaux; il se mit en route et arriva dans TAtrpata-
kan. Les deux armées campèrent à peu de distance l'une de l'autre,
dans le canton de Vararat.
Yahram écrivit alors à Muàel et aux autres naxarars arméniens
une lettre conçue en ces termes :
(rJe croyais qu'en me voyant combattre vos ennemis, vous, de
votre côté, vous viendriez à mon aide et que nous pourrions sup-
primer, en réunissant nos efforts, ce fléau de l'univers, la maison
de Sassan. Or, voici que vous avez pris les armes pour marcher
contre moi et porter secours à Xosrov. Quant à moi, je ne crain-
drai pas les vétérans romains qui sont venus pour m'attaquer.
Mais vous. Arméniens, qui montrez si mal à propos votre fidélité à
votre maître, n'est-ce point la maison des Sassanides qui a dévasté
votre pays et rais fin à votre indépendance? Ou bien, pourquoi vos
pères se sonirils soulevés contre eux, pourquoi ont-ils secoué leur
joug et combattu jusqu'à ce jour pour votre pays? Et maintenant
il marche contre moi pour détruire le fruit de tant d'efforts!
En effet, si Xosrov est vainqueur, lui et l'empereur (') s'uniront pour
\uus anéantir. Mais s'il vous semble bon de vous écarter d'eux, de
vous unir à moi et de me tendre la main en me secourant, au cas
où je serais victorieux, je jure par le grand dieu Aramazd, par le
Seigneur Soleil et par la Lune, par le Feu et par FEau, par Mlhr
et par tous les dieux, que je vous donnerai le royaume d'Arménie.
^'' Mot à. mot : "^ces ileux-ci'».
20 HISTOIRE D'HERACLIUS.
Vous prendrez pour roi qui vous voudrez. Je vous laisserai tout le
pays d'Arménie jusqu'au Caucase et à la Porte des Âtuans; et du
côté de la Syrie, TAruastan^^) et le nouveau Sirakan, jusqu'aux
confins des Taciks, car [ces pays] vous ont appartenu, dès le
temps de vos aïeux; et à loccident jusqu'à Gésarée deCappadoce.
De mon côté, je ne me permettrai pas de franchir l'AraspW; et
le trésor du royaume des Iraniens sera considéré comme suffisant
pour moi et pour vous; il vous suffira jusqu'à l'établissement de
votre royaume.!)
Selon l'usage iranien, du sel fut empaqueté et scellé avec le
message.
Quand les [chefs Arméniens] eurent reçu le message et l'eurent
lu, ils ne répondirent pas et n'en parlèrent qu'à peu d'entre eux,
de peur de provoquer un désaccord.
Alore [Vahram écrit] f^) une seconde lettre : tr Je vous ai écrit de
ne pas demeurer avec eux, car ce pays et les trésors de ce royaume
sont suffisants pour vous et pour moi; mais vous ne voulez pas
m'écouler, puisque vous n'avez pas répondu à mes paroles; je vous
en ferai repentir, dit-il; demain même je vous montrerai des élé-
phants harnachés et, montée sur ceux-ci, une armée de soldats
braves complètement armés, qui feront pleuvoir sur vous des ja-
velots en fer lancés avec la main et des traits en acier trempé, avec
des flèches lancées par des arcs fortement tendus, des hommes
jeunes, vigoureux, armés de toutes pièces, ainsi que des chevaux
arabes rapides, des haches et des épées en acier trempé, des coups
tant qu'il en faudra pour Xosrov et pour vous. •»
^'' Tliom.Arcruniella traduction russe verse T Arménie et se jette daiis le Kur
ajoutent 5t.U^^pA^« Tëdition de Conslan- ou Cyrus. Cf. Saint-Martin, MimoireM.,,,
tinople y qJPpi^uÊ. fii. I , p. 3^8-89 , et Langlois , Collation, . ., 1. 1 ,
■^ lie texte d'Arcnmi porte Wputufu . p. ao.
Ara»x; ii s'agit probablement de l'Ara\«\ '^' \je texte porte At_ «i«/tY ^i»Vi» . . .
l^tun/ii — Erasx , qui prend sa soiu-ce •? et aloi-s ils e'ciivenl . . . - , qui ne se coni-
dans len montagnes du Biug-Gueul , tra- pi-eud pas.
CHAPITRE III. 21
Muset lui répond : (rll en est ce qu'il plait à la miséricorde do
Dieu(^); il a donné à qui il a voulu; c'est de toi-même que tu devi*ais
avoir pitié et non de nous; je te sais fanfaron et ce n'est pas sur
Dieu que tu comptes, mais sur la bravoure et sur la force de tes
éléphants. Je t'assure que, si Dieu le veut, demain (^), une guerre de
braves'^) t'enveloppera; ils fondront sur toi et sur la multitude
de tes éléphants, comme les nuages du ciel, plus terribles que tout.
D'en haut se rueront sur toi, éclatant et flamboyant terriblement,
des héros armés, [montés] sur des chevauit blancs et [armés] de
lances puissantes, ils passent à travers la foule comme les éclairs
[sillonnent] les forêts vertes [ou] desséchées par le feu de la
foudre qui tombe du ciel sur la terre et consume les broussailles
des plaines. Car, si Dieu le veut, un vent violent emportera ta
puissance comme la poussière et le trésor royal reviendra au
roi.Tï
Avec lui étaient ce Vndoy et Vstam, que j'ai mentionnés plus
haut, et environ huit mille cavaliers persans. Le lendemain matin,
lorsque le soleil commença à poindre, ils se rangèrent front contre
front et se ruèrent les uns sur les autres. Une mêlée violente se fit
et un massacre terrible eut lieu dans ce remous. Le combat dura du
matin jusqu'au soir, et harassa les hommes des deux partis.
Le carnage fut tel que d'énormes ruisseaux de sang coururent
et arrosèrent tout le champ de bataille; l'armée des révoltés ne put
tenir et prit la fuite devant l'armée grecque; celle-ci, jusqu'à la
nuit noire, les poursuivit et les dispersa, [semant] de cadavres
les plaines et les routes; ils en exterminèrent beaucoup avec
leurs épées; ils en firent prisouniei's beai coup d'autres et, leur
ayant attaché les mains derrière le dos, ils les conduisirent devant
le roi.
'*^ lie keite primitif devait porter ^'^ Le fexte de Thom. Arcnini préciae
fkÊffMn.mfmi49^\0 ii4i»fnf.^si^^i ^ OU plotAt daVODUge : ^Mibfjb ^iw^Ai. ufjK.<ir«_«»i.M««.)«
WSi^4|f«A* fhmt^umpmup^tX , Cf. Dao. rrcar demain matio. . . •.
(armën.), iv, 1 4, 39; (Iiëbr.) iv, 17, 3a, '*' ^H*^^ estauasi employé pour d«'si-
et Arrr. (Seb^. ëd. Patk.), p.iSô, I. 9. giier les génies tntélaires.
22 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Les nombreux éléphants couraient furieusement; les nobles per-
çaient de bas en haut ceux qui étaient montés sur le dos des élé-
phants et se battaient intrépidement. Ils exterminèrent une grande
quantité d'éléphants, de cavaliers, ainsi que les cornaks; ils mirent
en déroute les hommes et leurs éléphants et vinrent les amener
devant le roi.
Puis ils se dirigèrent vers le camp de l'armée de Vahram ; il y
avait sous la tente le trésor royal et tous les trésors du royaume,
innombrables et précieux; ils les pillèrent tous et réduisirent en
pièces, avec leurs épées, les nombreux sièges d'or d'un travail ma-
gnifique et varié; ils s'en allèrent de différents côtés, phalange par
phalange, avec beaucoup de chameaux et de mulets chargés de
fardeaux; et tous furent comblés d'un butin aussi riche qu'abondant.
Ensuite, les soldats persans réunirent la partie du trésor qui
avait échappé au pillage et la remirent à l'administration royale;
ce jour-là, le roi Xosrov, grâce à cette victoire, devint plus fort que
tous ses ennemis. Et son trône fut affermi.
Il ordonna de dévêtir les nombreux prisonniers montés sur des
chevaux et sur des éléphants, de leur attacher les mains sur les
épaules et de les faire piétiner par les éléphants; nulle part on ne
put retrouver les traces de Vahram, car il s'était sauvé et s'était
enfui; il tomba à Bahl dahasian et y fut tué par ceux-ci [les gens
du pays?] sur l'ordre de Xosrov.
Quelques jours après cette grande bataille, tandis que le roi
Xosrov était assis sous sa tente et que les soldats persans étaient
campés autour de lui, les soldats grecs [se trouvaient] éloignés
d'eux d'une étape, campés séparément en une troupe nombreuse,
avec leur énorme butin; tous les grands de la cour se tenaient de-
vant le roi.
Le roi se mit à parler et dit : crÂ-t-il jamais existé un roi au
monde qui, ayant pu saisir un autre roi, son ennemi et le dévasta-
teur de son royaume, ne Tait pas tué et n'ait pas détruit tous les
mâles de son pays, mais l'ait adopté, lui ait ceint la couronne et
CHAPITRE HI. 23
Tait revêtu de pourpre, ait chassé ses ennemis, 1 ait rétabli sur son
trône et, lui faisant un trésor royal de son propre trésor, lui ait
permis de suivre en paix sa voie ? Telles sont pourtant les faveurs
que ma accordées le roi Maurice, un père pour moi, [faveurs]
que personne, parmi les hommes, ne peut accorder à un fils chéri. ^
Quelques-uns des grands firent la réponse suivante : (r Sire , vis à
jamais; nous ne savons pas s'il convient de témoigner de la recon-
naissance ou non, car un royaume ne subsiste que par son trésor;
les Grecs ont pillé tous les trésors de la couronne, -n
Le roi répondit : « Les trésors de ma couronne, je les arracherai
à leurs flancs avec ceux qu'ils ont amassés, car tout cela m'appar-
tient; mais, ce qui m'inquiète, c'est que le traître se soit sauvé et
ait échappé; il est brave, et il peut rassembler, une fois encore,
une armée avec les braves nations d'Orient, n
Ils lui répondirent : cr Ce sont eux qui ont sauvé ce rebelle , car
nous avons vu de nos propres yeux Muâet Mamikonien le saisir,
lui donner un cheval et un équipement et le laisser aller, t) Ils
parlaient ainsi, parce qu'ils lui voulaient du maL En voyant (')
ses. . . (?) cruels, leurs cœurs épouvantés se détournèrent de lui.
Le roi, jeune et inexpérimenté, ne s'en aperçut pas. Il ne se rappela
pas la révolte de ses soldats, mais fixa son esprit sur ses paroles de
mensonge et dit : tr Qu'on mande ici Muâel, qu'on lui lie les pieds
et les mains jusqu'à ce que j'instruise l'empereur à son sujet 79.
A la même heure il ordonne d'écrire un message et il envoie un
de ses courriers à Muàet : (r Viens de suite, disait-il; il arrive une
affaire très importante. ^ Puis il donna l'ordre suivant à ses aides
de camp : «r Lorsqu'il sera venu et que je vous ferai signe avec la
main, soyez prêts à lui mettre les mains derrière le dos avant qu'il
ne s'y attende et à les attacher ; mais tenez-vous prêts, car c'est un
brave, et il pourrait ou être tué ou me tuer; si c'est lui qui est tué,
j'en serai responsable moi-même vis-à-vis de l'empereur.?) Il donna
^'^ La phrase «^iviEffA mkum^kim^^ f{iML«»;if. . . (ëd. Palk., p. A t, I. 7) est franche-
ment iDÎnlelligible.
24 HISTOIRE D'HÉRACLHIS.
les mêmes instructions aux huissiers et dit : crMuset arrivera à la
porte de ma tente, prenez bien soin de lui détacher sa ceinture
et son épée en disant qu il n est pas d'usage de se présenter en
armes devant le roi. -n
Or tandis que [Muset] passait en revue ses soldats, pour se rendre
compte du nombre des vivants et de celui des hommes qui avaient
succombé dans la guerre, le courrier vint se présenter devant lui et
lui dit : (T Salut ^, en lui tendant la lettre. Mu§ei le prit et deman-
da : (T Est-ce un salut de paix?^ Le courrier répondit : trCIn salut
de paix, et je ne sais rien, sinon qu'on ma ordonné de te mander
immédiatement?). De suite, il se prépara comme pour un combat;
il pensait en effet que peut-être il y avait une bataille, ou quil
allait recevoir comme faveur un cadeau pour prix de sa peine.
Il prend avec lui deux mille hommes armés tant nobles que non
nobles, ceux qu'il considérait comme méritant des honneurs et
qu il connaissait pour de bons cavaliers.
On avait aussi écrit à son sujet au patrice Jean, pour qu'il
le fit partir; celui-ci lui donna donc aussi l'ordre de se rendre
près du roi tout équipé et il commanda à tous de se revêtir de leurs
armes (*); ils se préparèrent et se mirent en route.
Lorsqu'ils furent entrés dans le camp et qu'ils furent près du
maskaperèan (^) royal, on leur fit dire de ne pas s'avancer en si
grand nombre; [Musel] devait laisser à distance [ses hommes] et
ne venir se présenter devant le roi qu'avec peu de monde.
11 ne s'y prêta pas et se rendit avec tous ses soldats près de la porte
de latente royale; les soldats persans se tenaient autour de la tente,
complètement armés ; [Muâel] descendit de son cheval et alla à la
porte de la tente avec quarante hommes. Les soldats restèrent
armés, chacun sur son cheval. Le roi fut épouvanté, ainsi que
tous ses soldats ; mais ils masquèrent leur perfidie. Lorsque [Mu&el]
(') ... uip^u0i. L fk^ qui'ùAutJp. fat^u,^ sage parallèle dans Yéd, de Constantiiiople.
i«.iÉ»^»i./0^<j|r, oniùpar 8uiled*homaio- ^^ La teote du roi de Perse; cf.
teleiiton dans Yéd, de Patkanian : cf. le pas- H. Hûbschmann , Arm, Gramm,, I , p. 1 9s.
CHAPITRE III. 25
arriva devaal la porlede la lente, les huissiers s'approclièrent de lui
et lui dirent: «r Dénoue ta ceinture et ton épée, quitte toutes tes
armes, car il n'est pas d'usage d'entrer devant le roi [avec des
armes] D. Le soupçon entra dans son cœur et il avisa au moyen de
se sauver. Il répondit aux huissiers en ces termes : trDès mon enfance
j'ai été élevé avec des rois, comme mes ancêtres et mes aïeux;
maintenant je suis venu à la porte royale, au lieu de la solennité,
et je dois quitter toutes mes armes, dénouer mon baudrier et mn
ceinture, alors que je ne [les] dénoue même pas chez moi pour
me divertir 1 Ai-je besoin d'apprendre à connaître la méchanceté
des Perses?^ U ordonna à l'un des pages de courir et d'appeler
les soldats à son secours. Et lui se retourna pour s'en aller.
On informa le roi que [Muâet] ne voulait pas entrer ainsi, mais
qu'il s'était retourné et était parti. Le roi dissimula sa méchanceté
et dit : cr Abandonnons maintenant ce dessein; qu'il vienne comme
il voudra t). Il était jeune et la puissance de son armée était petite
et limitée. On rappela [Musel] et on lui dit : (tU a ordonné de te
faire entrer comme tu voudrais. ?) [Muàet] revint en arrière et dit :
<r Voyons quelle faveur veut m'accorder le roi des rois, y)
[Muâel] entra dans la tente du roi avec sept personnes, se pros-
terna, baisa la terre [devant] le roi et se releva. Le roi ne lui tendit
pas la main, comme auparavant (*), pour l'accueillir et le saluer;
mais il avait une attitude hostile, ils restèrent ainsi en une attitude
d'hostilité.
Le roi prit peur, hésita, et ne parvint pas à donner l'ordre qu'il
avait projeté; la crainte l'empêcha de prononcer [un mot], grand
ou petit. [Muàel] sortit immédiatement de la tente; on lui présenta
son cheval; il monta et partit A cette vue, le roi fut pris d'une
grande crainte et voulut réparer son tort ; il se leva de son trône et
courut à la porte de la tente, sortit et envoya après [Musel] un
de ses principaux naxarars, [le chargeant de lui porter] du sol
^'^ Mot k mot : commf Aierff araiil-Arer» correspondant à rhëbraïftme o)^bp '^^Or^?;
cf. Genèse, xxu, a.
26 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
cacheté [en signe de] serment, de le rappeler et de lui dire : crNe
pars qu'avec les honneurs et égards qu'il faut; ne crois pas que
Ton songe ici à autre chose à Ion égard, ^n
[Musel] ne voulut pas [revenir] et poursuivit sa route. Or il
songeait à marcher contre la tente et à le tuer (Xosrov?); et
il donne des ordres en ce sens à sa troupe qui entourait la tent^^.
Mais sa troupe revint à la raison, calma le trouble de sa pensée el
partit (0.
Gomme ils allaient, ils rencontrèrent un des gardes du corps du
roi ; ils se saisirent de lui et le prirent avec eui. Muâet le menaça,
lui jurant de le tuer s'il ne lui racontait le complot qu'on avait
forgé contre lui.
[L'aide de camp] fit jurer [Mu^t] qu'il ne le livrerait pas aux
mains du roi et lui raconta tout. Le lendemain matin [Muset] se
rendit à la porte du palrice Jean; il le vit et lui dit tout les mauvais
desseins, ayant devant lui l'aide de camp qui répéta les paroles
prononcées. Les princes et toute l'armée furent troublés. Mais se
rappelant le serment et le trouble de l'empereur, ils ne divulguè-
rent pas ces paroles. Ils dirent d'écrire au roi et de lui faire
connaître tout le complot. Muâet dit devant tout le monde :
(rSi cet homme -là n'est pas tué, il fera périr tout l'empire
romain, fi
Alors ils préparèrent un riche cadeau, part du butin de leur sou-
verain: des couronnes et une mitre sertie d'émeraudes et de peries,
de lor et de l'argent en grande quantité, des pierres précieuses
rares, des habits d'apparat de la garde- robe du roi de Perse, des
chevaux royaux, avec le harnachement royal.
Après avoir préparé ces pré^^ents, ils [les] envoient avec un mes-
sage de bonne nouvelle, contenant également 1' [acte d'] accusation
^') Passage très obscur : le >«n9«r de Mr/vif. ^«v fmmp^ltiÊÊiymgiu fM»^» ne semble avoir
aucun sens; le tlif»»^ ff, par où commence la dernière phrase de Talinéa, n^esl pas non
plus traduit ci - dessus.
CHAPITRE III. il
contre Xosrov; et Us font accompagner le présent par quatre cents
cavaliers. Xosrov en est informé, tr On a donné à emporter de tes
trésors un trésor comme part de butin de leur roi, et ils ont écrit
à ton sujet une [lettre d'] accusation, t) Xosrov sursauta irrité et
envoya derrière Muset des soldats pour qu ils te rejoignissent en route
et le fissent périr subitement et secrètement, et que, reprenant le
trésor royal, ils le lui fissent parvenir immédiatement. Les princes
grecs, instruits également de ces choses, envoyèrent après eux des
troupes plus fortes, qui, aussitôt arrivées, n'en laissèrent aucun
vivant Le fait ne fut pas ébruité ; et ils firent parvenir heureuse-
ment au Palais les troupes qu'ils conduisaient.
Le roi reçut les présents et envoya une mission avec beaucoup
de remerciements par l'intermédiaire d'un ambassadeur; il leur
écrivit d'abandonner le dessein d'accuser [le roi de Perse] : tr Si vous
ne prenez pas garde à sa personne, vous en répondrez t). H écrivit
aussi au roi de donner satisfaction à tout le monde.
Alors le roi Xosrov fit des cadeaux suivant la mesure qui con-
venait à chacun, et il les congédia. Puis, partant de l'Atrpalakan .
il se rendit dans l'Asorestan, dans sa propre demeure royale; il
s'affermit sur son trône ; puis (^) il remit à l'empereur ce qu'il lui
avait promis : il donna l'Aruastan tout entier jusqu'à Nisibe; la
partie de l'Arménie qui était sous sa domination ; la maison Tanute-
raka jusqu'au fleuve Hurazdan et le district de Kotekh jusqu'au
bourg de Gapni et jusqu'au bord de la mer des Bznunis; l'Apes-
tawan et jusqu'au district de Gogovit, jusqu'à Hachiwn et à Maku ;
la région du régiment de Vaspurakan était au service du roi des
Perses; parmi les naxarars d'Arménie, beaucoup étaient du côté
des Grecs et quelques-uns seulement du côté des Perses, il donna
aussi la plus grande partie de la Géorgie jusqu'à la ville de Tiflis.
Quanta Muàel l'empereur l'appela au palais, et il ne revit plus sa
patrie.
•''Ce pa88a({[e , jiiiv{ii*aii mot TiJIiM, a Mé Inidait par M. Geixer, Georgiu» CtfpriuM,
praef., p. 5i.
iS
FirSTOlRE D'HÉRACLIIIS.
CHAPITRE IV.
Pieté de la reine Sirio , femme chëlienne dn roi Xoarov ;
décret de Xostov.
[Xosrov] avait plusieurs femmes, selon la loi des mages qui était
la sienne; il prit pour femmes des chrétiennes; une femme chré-
tienne, nommée Sirin, très belle, originaire du Xuzastan, était la
reine des reines; elle bâtit un couvent et une église près de la rési-
dence royale, et elle y établit des prêtres et des serviteurs ecclésias-
tiques; elle leur assigna sur le trésor royal des salaires et des frais
d'entretien et les orna d'or et d'argent. Elle prêchait l'i'vangile du
royaume [des cieux] dans le palais royal, avec hardiesse et la tête
haute; et aucun mazdéen, pas même les grands, n'osait ouvrir la
bouche ni dire quoi que ce fût contre un chrétien.
[Mais dans la suite , loraque les jours furent accomplis et qu'on fut
arrivé à l'achèvement du temps, beaucoup de mages, qui s'étaient
faits chrétiens, subirent le martyre en plusieurs endroits] (*).
[Xosrov] donna l'ordre suivant : «Qu'aucun infidèle ne se fasse
chrétien et qu'aucun chrétien ne devienne infidèle; chacun doit
demeurer ferme dans la loi de ses pères. Quiconque ne tiendra pas
h la religion de ses pères et s'insurgera contre les lois de ses pères,
mourra W.D A la grande fête des Rameaux W, ceux qui venaient du
monastère de dirin et les autres chrétiens allaient à la porte de la
chambre du roi, lisaient l'Evangile en cérémonie, recevaient des ca-
deaux du roi et s'en retournaient. Et personne n'osait leur rien dirfe (*^
^*) Cet alinéa est évidemment inter-
polé ; le récit est incohérent.
('^ 11 y a une nuance dans le récit pa-
rallèle de Tabari (Tob. Nôld., p. 987-
988) : (rWie man sagt, slellte Parwéz
den Chrislen ein Schreiben aus , worin er
ihnen erlaubte, dass sie ihre Kirchen
herstellten und dass xu ihrer Religion
ubergehn kônnte, wer da woUe, mil Aus-
nalime der Magier.^ Les apostals du maz-
déisme étaient , en général , punis de mort.
^^' Sur Torigine du mot arménien
désignant le dimanche des Rameaux,
nqaÊf-atikiJù = etikoyYffiévtf , cf. Sebéos, éd.
Patk., p. 198, s. t., et H. Hûbschmann,
Arm. Gramm,, 1, p. 368.
^^) Sur le rôle de Sirin dans la l^ende
et les traditions populaires, voir entre
autres le conte : Mâle ou femelle, dans Le»
Mille nuits et vm nuit, trad. Mardrus,
t. VII, p. 195 etsuiv.
CHAPITRE V.
39
CHAPITRE V.
l/emperear Maurice demande aa roi Xosrov le corps de Daniel.
Vei*s ce temps-là, Tempereur grec demanda au roi de Perse le
corps de ce mort qui était conservé à daws, dans un bassin de cuivre
déposé au trésor royal ^^\ que les Perses nommaient Kaw Xosrov et
que les chrétiens disaient être le corps du prophète Daniel. Le roi
Xosrov ordonna d accéder à cette demande. Mais la reine Sirin en
ressentit une vive douleur, et, comme elle ne pouvait faire revenir
le roi sur sa décision, elle invita tous les chrétiens du pays à implorer
le Christ par des jeûnes et des prières, pour qu'une telle source de
grâces ne leur fût point enlevée.
Tous donc, réunis en cet endroit, adressaient au Christ leurs plus
aitlentes prières et le suppliaient, en mêlant à leurs larmes des cris
et des gémissements, d'empêcher la chose. Cependant on amène
des mulets, on charge le corps sur une voiture royale (^) et Ion
part. Mais à peine Tescorte a-t-elle franchi les portes de Sawà que
tarissent les sources qui jaillissaient au milieu de la ville et se
répandaient au dehors. Toute la population suivait, en faisant
entendre des clameurs et des lamentations.
<*> D'âpre Tabari, le cercueil et le
corps de Daniel se trouvent dans une for-
teresse près de Suse. Cf. Tab. Nôld.,
p. 58. Une vue du tombeau actuel de
Danid a été donnée dans La Perte, la
CkaUée et la Sumane. . ., Paris, 1887,
p. 6S9, par M"* Jane Dieulafoy, qui fait
du monument la description suivante
(p. 660) : (vLe tombeau de Daniel se
présente au pied et h droite de la haute
terrasse désignée dans le pa>H sous le
nom de Kalè Chous (forteresse de Suse).
Un ODura d*eau marécageux, le Chaour,
qui jaillit de terre à quelque dix farsakhs
en amont et va se perdre dans TAb-
Dixfonl, baigne les murs du saint édi-
cule... (p. 668-'66<i). La pièce, d«
dimensions restreintes, blanchie k la
chaux , couverte d*une voâte, contient une
construction rectanguinire en forme de
sarcophage. Le tombeau est entouré d'un
de ces grillages autour desquels se pro-
mènent pieusement les mains des fidèles.
Aux quatre an^es luisent des boules volu-
mineuses, polies par Tattouchemenl des
fronts respectueux. Rien do plus, rien de
moins dans la dernière demeure de
Daniel. . . <» Une autre vuedudit tombeau
de Daniel a été donnée dans La Bible
annotée par une ioeiéti de théologiens
et de pastewa. Ancien Testament. Les
Prophètes, II. Paris - Neiichatel (s. d.^,
|>. 334.
'-) 'i^éifi^uf^p ff litière , voiture couverte- .
30
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
I^orsqu on fut arrivé (^) à trois asparèzs de ia ville , les mulets attelés
au char s arrêtèrent subitement, et il fut impossible de les faire
avancer'^). Tout à coup ils se mirent à lancer des ruades et, se
frayant violemment un passage à travers la foule et lescorte, ils
reprirent leur course vers la ville ; lorsqu'ils en franchirent de nou-
veau la porte, Teau de la rivière recommença à couler et se répandit
au dehors en bouillonnant comme auparavant.
Ces faits furent immédiatement portés à la connaissance de l'em-
pereur qui ordonna de présenter des offrandes [au saint] et de se
conformer à sa volonté. [Les Grecs] laissèrent donc là le corps [de
Daniel] et s'en retournèrent.
CHAPITRE VI.
Maurice ëerit à Xosrov pour se plaindre des chefs arniéoiens et de leurs troupes et lui
propose d^euvoyer en Tliraoe ceux de la partie grecque du pays pendant que ceux
de la pallie pei'sane seraient envoyés en Orient. - Les chefs de rArmënie grecque
se réfugient en Perse. - Xosrov envoie le hamanJcar dans la partie grecque avec
une forte somme d'ai'gent pour attirer de son côte un grand nombre d'Arméniens.
- Les chefs arméniens enlèvent Tai^nt. - Préparatifs de combat; pourparlers;
rupture entra les chefs : les uns se rangent du côté des Grecs, les autres du côté
des Perses.
En ce lenips-là, l'empereur grec Maurice fit écrire au roi de
Perse une lettre de plaintes contre tous les chefs arméniens et leurs
troupes : «r C'est une nation (*) fourbe et indocile, disait-il; ils se
trouvent entre nous et sont une cause de troubles. Moi, je vais
rassembler les miens et les envoyer en Thrace ; toi , fais conduire
los tiens en Orient. S'ils y périssent, ce sont autant d'ennemis cjui
^•^ Cf. Agalh. (éd.Tiflis),p. 470.
^""^ Il en est de rattachement des corps
des sainU pour tel ou tel sanctuaire comme
de celui des statues. Cf. ce qui arriva k
une statue que les Français voulaient em-
porter d'Altengônna, après la bataille
d*Iéna , dans : Witsschel , Sagen , Sitten uni
Gebrâuche mu Thwringen. Yienne, 1878,
in-8*, p. 108, cité imrRené Basset dans
Hevue des Traditùms populmres , uovembiv
1903, p. &95. En réalité, rattachement
ne se produit pas pour tel ou tel sanc-
tuaire, mais pour tel ou tel lien. Le
déplacement du fétiche n*a aucune im-
portance, son eidèvement est grave, car
le fétiche concentre en lui laclivitc
vitale.
^'^ Lire aff^ au lieu de «»fji .
CHAPITRE VI. 3i
inouiTout; si, au contraire, ils tuent, ce sont des ennemis qu'ils
tueront; et quant à nous, nous vivrons en paix. Mais s'ils restent
dans leur pays, il n y a plus de repos pour nous. ^
Les deux rois s'étant mis d'accord, l'empereur donna aussitôt
l'ordre de réunir tous les siens et de les envoyer en Thrace, et il
pressa vivement l'exécution de cet ordre. Alors, les Arméniens
commencèrent à s'enfuir du territoire grec pour aller se soumettre
aux Perses, en particulier ceux dont les terres se trouvaient sous la
domination persane. [Xosrov] les recevait tous avec honneur et
leur faisait des présents plus considérables que l'empereur, mon-
trant d'autant plus d'empressement à les attirer de son côté qu'il
les voyait abandonner l'empereur.
Dès qu'il vit l'empereur grec ainsi abandonné, le roi de Perse
envoya en Arménie le vaspurakanhamarakar (^) avec de riches
trésors et de grandes marques de distinction pour attirer les Armé-
niens à son service. Le hamarakar partit avec de nombreux cha-
meaux qui portaient l'argent.
Or, Samuel Vahewuni, et, avec lui plusieurs de ses compagnons,
allèrent à sa rencontre, et, l'ayant trouvé sur les frontières de
l'Atrpatakan, ils enlevèrent le trésor; quant au hamarakar, ils lui
iirent grâce de la vie. Il y avait là Alat Xorxopuni, Samuel Vahe-
wuni, Mamak Mamikonien, Stephannos de Siunie, Kolit seigneur
des Amatunis, Théodos Trpatuni et environ deux mille cavaliers.
Ils avaient l'intention, avec ce trésor, de se rendre maîtres de l'Ar-
ménie; ils comptaient y trouver le moyen de combattre les deux
rois et de mettre sous leur autorité tout leur pays. Mais, arrivés
à la ville de Naxcawan, leur union se brisa; ils n'eurent plus
confiance les uns dans les autres, partagèrent le trésor et établi-
rent leurs camps dans la plaine de roseaux que l'on appelle Cahuk.
De son côté, le hamarakar se rendit à la Porte, raconta au roi tout
ce qui était arrivé, et les paroles de l'empereur furent justifiées.
Le roi Xosrov commanda alors d'écrire une lettre à l'empereur
^'' Le pareepteur du Vagpurakan ; cf. H. Hûbschinaïui.ylnii. GmiiMi., I,p. 80.
32 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
pour lui demander un secours de troupes, et il envoya en Arménie
le vaspurakanhamarakar. Aussitôt [l'empereur] ordonna au général
Héraclius, qui se trouvait alors en Arménie, de prendre son armée
et de marcher contre les révoltés. Les troupes des deux rois firent
leur jonction àNaxrawan, et pendant quelles se préparaient à agir
contre les rebelles, on engagea des pourparlers avec ceux-ci pour
éviter un combat et TelTusion du sang entre chrétiens; on les enga-
geait à renoncer à leur mutinerie et à se soumettre de nouveau au
roi, en leur assurant sous la foi du serment qu'ils n'auraient rien à
craindre du roi. Le hamarakar lui-même disait : cr Le roi des rois
m'a envoyé vers vous; c'est pour vous-mêmes que j'ai apporté
le trésor; vous n'avez donc rien à craindre du roi des rois.*» Et il le
jurait devant eux suivant leur loi [mazdéenne].
La division pénétra alors parmi les Arméniens. Mamak Mami-
konien, Kotit, seigneur des Amatunis, et Stephannos, ainsi que
plusieurs autres, se séparèrent de leurs compagnons pour venir se
justifier devant le hamarakar et mirent leurs troupes au service
du roi des rois. Mais AtatXorxopuni et Samuel Vahewuni s'enfuirent
avec leurs soldats vers la ville ouverte appelée Soday et atteignirent
l'Albanie, en se dirigeant du côté des Huns. Ils traversèrent le
fleuve appelé Kur, ils campèrent sur la rive.
Leurs adversaires arrivèrent aussi au bord du fleuve et cam-
pèrent sur l'autre rive. Et comme les révoltés ne purent se confier
à la nation des Huns^^), ils demandèrent un serment au roi des
Grecs et allèrent se mettre à son service. Quelques-uns se rendirent
auprès du hamarakar et rentrèrent immédiatement dans leurs do-
maines. Le hamarakar réunit alors tous les nobles et toutes les
milices de l'Arménie persane, et les ayant ramenés à des senti-
ments de fidélité par de pressantes exhortations et des paroles bien-
veillantes, il les divisa en corps de troupe. Puis il les laissa dajis le
pays avec un petit nombre [de Perses] et s'en retourna après leur
avoir dit d'attendre qu'il eût rendu compte des événements et que
'"' Sur le mol 2i""^p"'e ffl^ger«, cf. H. Hiibsclimaim, Arm, Gramm,,l.f. 1 86-187.
CHAPITRE VU. 33
l*ordre leur parvint de là-bas de demeurer où ils étaient. Ce qu'il
avait en vue en agissant ainsi, c'était datlirer à eux les autres
Arméniens et d'augmenter le nombre [des sujets de la Perse].
Quant h Atat Xorxopuni , l'empereur le manda aussitôt au Palais
avec sa troupe, le combla d'honneurs et de dignités, lui (it de grands
présents et l'envoya en Thrace.
CHAPITRE VII.
Certain» chefs de TAnnënie gi^ecque ^ l'ëvolleiil.
Combat. - Quelques-uns meureat dans le combat; deux autit» sont décapités.
Les nobles (*) des Vahewunis se révoltèrent à leur tour contre les
Grecs; c'étaient Samuel, dont j'ai déjà parlé, Sargis, Varaz Nersèh,
Nersès, Vstam et Thêodoros Trpatuni. Leur projet était de tuer
le korator pendant qu'il se trouvait aux eaux, près de la ville de
Karin, pour se guérir d'une maladie. Mais celui-ci, prévenu, se
réfugia dans la ville, et les conjurés ne le trouvèrent pas lorsqu'ils
envahirent la station de bains. Alors ils mirent au pillage tout ce qui
leur tomba sous la main , firent un riche butin , puis se retirèrent vers
le pays fortifié des Kordus avec l'intention d'occuper les forts.
Larmée grecque se mit à leur poui*suite, avec le général Héra*
clias et Hamazasp Mamikonien. Les Arméniens étant arrivés près
de la forteresse (^), traversèrent le fleuve D/ermay sur le pont nommé
Pont de Daniel; puis ils déti*uisireiit le pont, se fortifièrent dans
le défilé et restèrent à garder le passage. [Les Grecs] étaient sur
l'autre rive, se demandant ce qu'il y avait à faire. Ils ne trouvaient
pas de gué et voulaient déjà s'en retourner lorsque tout à coup ils
rencontrèrent un prêtre itinérant dont ils se saisirent : (r Montre-
nous, lui dirent-ils, le gué de la rivière ; sinon, nous allons te tuer. ^
Il prit alors la télé de l'armée et leur montra le gué un peu plus
^'' Le mol arménien «^ifiit.^ désigne , spéciale. Est-ce ct'lle de ZHiel, qui, dnuH
parmi les nobles, ceux qui ne sont pas Thomas Arcnini, fait prlie du canton
chefs de famille. de Dzermacor. [Cî. Th. Aixrr. trad.
^*' Il esl ici question d'uno loiiiM^se p. îIîi4).
aisT. a«ai8ACuc9. 3
34 HISTOIRE DHERACLILS.
bas. Toute Farmée passa ainsi de Taotre côté du fleuve : les uns
allèrenl bloquer la forteresse par derrière, d^autres occupèrent la
tète du pont et le débouché de la vallée; le reste, pénétrant dans
ia forteresse, engagea le combat avec les révoltés. 11 y eut un hor-
nble carnage, mais ceui-ci Bnirent par être exterminés.
Nersés, Vstam et Samuel , après avoir fait un grand carnage autour
d'eux , périrent dans le combat; mais Sargis et Varaz Nersèh ainsi que
quelques autres, furent faits prisonniers, conduits dans la ville de
Karin et enfin décapités. Lorsqu'ils allaient être exécutés, Varaz Ner-
sèh dit à Sargis : r Tirons au sort à qui sera le premier mis à mort, 'n
Mais Sargis lui répondit : cr Je suis un vieillard et un pauvre pécheur;
je t'en prie, fais-moi la grâce de m accorder un peu de repos, et
que je ne sois pas témoin de ta mort, -n Et il fut décapité le premier.
Quant à Thèodoros Trpatuni, il put s'échapper et se réfugia à la
cour du roi de Perse. Mais celui-ci ordonna de le charger de chaînes
et de le livrer à ses ennemis^', afin qu'il mourût; il lui fit souffrir
de grands tourments.
Les ennemis -' qui venaient du côté de la Thrace désolaient et
ravageaient l'empire avec leurs armées innombrables et en entre-
prenant des gueiTes incessantes ils voulaient détruiiH? la nation et
l'empire romains pour régner eux-mêmes souverainement sur la
résidence impériale.
CHAPITRE VIIL
L enij)ei*eui' donue à se« troupes d'Orient et à celJes d Ai-niéiiie I oixlre de «e rassembler, de
passer ia mer et d'aller faire la guerre à Tennemi en Thrace ^*K - Muâei e»t chois
comme gênerai. - Victoire, puis défaite. - Musei est fait prisonnier et mis i mort.
L'empereur des Grecs ordonna alors à ses troupes des provinces
orientales de se rassembler parce que l'on était en paix et qu'il
^'^ Les Grecs. Le gënitiDriv/»!» du début ^'^ Le récit de la cani|)agfie dirigée
de la phrase est faulif. par Maurice contre les Avares, Sgi-
('^ Col alinéa appartiendrait plutôt au 5 98, est donné avec beaaooup de dé-
chapitre suivant, auquel il sert d'intro- tails dans Théoph. Simoc., Y, passîm,
duction. et reproduit par L^elieatt, X, 35i et suiv.
GHAPITRK VIII. 35
n avail plus de difficultés avec Tempire perse au sujet de la Syrie.
il donna Tordre de leur faire passer la mer et de les diriger vers la
Thrace pour les employer contre Tennemi. 11 ordonna aussi de ras-
sembler toute la cavalerie arménienne et en même temps tous les
nobles naxarars habiles à la guerre et maniant bien la lance dans le
combat. Il ordonna, en outre, de lever en Arménie une armée
nombreuse, avec des soldats de bonne volonté et de belle taille, de
les organiser en corps réguliers, de les armer et de les faire tous
passer en Thrace pour combattre l'ennemi, sous le commandement
de Muàet Mamikonien.
Geux*ci marchèrent contre les nations qui occupent les régions
occidentales, au bord du grand fleuve nommé Danube. Une bataille
acharnée fut livrée dans ce pays, et les forces de l'ennemi furent
défaites par l'armée grecque, mises en fuite et rejetées de l'autre
côté du Danube.
Après cette grande victoire, l'armée grecque envoya des mes-
sagers pour porter en toute hâte la bonne nouvelle à l'empereur et
à toute la cour.
Puis l'armée grecque envahit le territoire ennemi, franchit
des défilés et commença à dévaster tout le pays. Mais ses adversaires
firent front (^' et une grande bataille eut lieu, dans laquelle ils
battirent les Grecs, les défirent complètement et les mirent en
fuite. Ils chassaient les fuyards devant eux et les poursuivaient
l'épée dans les reins, après leur avoir coupé la retraite en occu-
pant les défilés. Ceux qui purent échapper se réfugièrent à grand
peine dans les forteresses de la Thrace. Musel Mamikonien fui fait
prisonnier, attaché à un grand arbre de la forêt et mis à mort.
Un grand nombre de nobles et de soldais arméniens périrent ce
jour-ià.
L'empereur, ayant réuni une autre armée, ordonna aux troupes
de se borner à se tenir sur leurs gardes.
*' Peiit-élre faul-il corriger s***^"*!^ Ju lexle en <ai|»£^«i#/ ?
3.
30 HISTOIRE D'HEKACLILS.
CHAPITRE IX.
LVmpereur Maurice ordonne de prêcher en Arménie
la doctrine du concile de Chalcédoine. - Division du sié^ patriarcal.
Par un nouvel édit de l'empereur, il fut ordonné de prêcher la
doctrine du concile de Chalcédoine dans toutes les églises d'Arménie,
et d'unir les Arméniens dans la communion des troupes impériales.
Les fils delà foi de l'église arménienne s'enfuirent et se retirèrent à
l'étranger. Beaucoup de prêtres, ne tenant aucun compte de l'édit,
restèrent et demeurèrent inébranlables ^ pendant que d'autres, mus
par l'ambition , s'unirent [avec les Grecs] par la sainte communion (').
Le siège patriarcal fut partagé entre deux catholicos, l'un nommé
Moïse, l'autre Jean; le premier pour l'Arménie persane, le second
pour l'Arménie grecque.
Jean admettait les Grecs à sa communion, mais Moise ne voulut
avoir aucun rapport avec eux. Tous les vases sacrés de l'église de
Saint-Grégoire à Dwin furent emportés [par Jean]^'^) et gardés dans
la ville de Karin, d'où plus tard Jean lui-même fut emmené en
captivité pour être transporté en Perse dans la résidence royale
d'Ahmatan.
CHAPITRE X.^
Nouvel ordi% de Tenipei-eur de recruter de la cavalerie eu Arménie; Sahak Mamikonieii
el Smbat Bagratuni conduisent les troupes; retour de Smbal en Armënie; conseil
des uaxarars d'Arménie; Smbat se rend auprès de rem})ereur en compagnie de
sept personnes. - 11 est jeté à Tarène. - Bravoure que Smbat y montre. ~ Il s'en
tire sain et sauf et est exile en Afrique.
En ce temps-là, l'empereur donna Tordre de chercher et de lever
au pays d'Arménie des cavaliers excellents, complètement armés,
^*^ Nous lisons tiit.ppi»un.^ , au lieu de sens.Le/^V^^qui suit presque immédiate-
uiL(tfi,uiu ngt^ . ment parait rendre nécessaire fintroduction
^*^ Nous lisons ifnp uiiup\u0i. ({«f y^JmV# , du nom de Jean dans la pbrase. Cf. le texte
au lieu de y/* u»utpu/i» , qui ne donne aucun de ce chapili-e et éd. Patk. , p. 77 , 1. 3 du bas.
CHAPITRE X. 37
au nombre de deux mille, de les confier à deux personnes sûres et
de les faire partir en toute hâte.
Alors on se mit à rechercher et on choisit deux mille hommes
d'armes; on les confia à deux personnes sûres; mille à Sahak
Mamikonien et mille à Smbat Bagratuni , fils de Manuel. Ils prirent
des chemins différents; on fit passer Sahak Mamikonien avec ses
mille cavaliers par Sébaste, et Smbat Bagratuni avec Tautre millier
par le pays des Xahis. Sahak conduisit les troupes jusqu'au palais
et se présenta au roi.
Quant à Smbat, une fois arrivé au pays des Xahis, il s y for-
tifia, car les troupes avaient été prises de crainte en route et ne
voulaient pas aller là où l'empereur leur demandait de se rendre;
l'empereur l'ayant appris, promet sons serment, par des messages
et par des ambassadeurs fidèles, de le renvoyer dans son pays
avec de grands honneurs. [L'empereur] promettait aux soldats
beaucoup d'honneurs et de biens; et, les fléchissant ainsi, il les
amena à capituler. Ils se rendent ensemble et se présentent devant
le roi. Celui-ci arme les soldats, les équipe et les rassemble sur les
frontières de Thrace; quant à Smbat, il lui accorde de grands
honneurs et le renvoie en Arménie, avec beaucoup de biens.
Les naxarars d'Arménie qui étaient restés se concertèrent de
nouveau (*! pour demander à être exemptés de servir l'empereur des
Grecs et pour se donner un roi, afin qu*il ne leur arrivât pas do
mourir dans les régions de Thrace, et qu'ils pussent vivre et mourir
dans leur propre pays. Mais leurs conciliabules n'aboutirent à
aucun accord ferme. Quelques-uns d'entre eux dénoncèrent traî-
treusement ces desseins et les firent parvenir aux oreilles du roi; et
d'eux-mêmes ils se dispersèrent et s'enfuirent de divers côtés.
En ce temps-là arrivèrent les ambassadeurs du roi avec des
décrets; ils arrêtèrent Smbat avec sept autres personnes et les
^'^ Cel ëvéneroeiit est placé parSimo- Xosrov 11. Cf. Theophyl. Stmoc. III, 8;
eaUfl avant la mort de Hormiid, dans Lebeaa, t. X, p. a8& et suiv.; de Murait,
roninV* qui pi-éffkla Fav^nement de I,p. 9i>o.
38 HISTOIRE DHÉRACLIUS.
conduisirent devant le roi. On les interrogea au milieu de la place,
devant tout le monde , et Tordre fut donné de les déshabiller et
de les jeter à larène^^'. [Smbat] était puissant de stature et beau
d'aspect; il était haut et large, vigoureux el sec. Combattant re-
doutable, il avait déjà^^- montré dans mainte guerre sa bravoure et
sa vigueur. Sa force était telle que, traversant des forêts touffues
de cèdres et de grands arbres, monté sur son cheval robuste et vi-
goureux, il se jetait sur la branche d'un arbre, la saisissait, et,
serrant entre ses cuisses et ses jambes les flancs de son cheval, il le
soulevait de terre avec ses jambes, tandis que tous les soldats, à
cette vue, étaient frappés d'étonnement.
Ensuite, on le dévêtit, on lui fit mettre une culotte de lutteur
et on le jeta à Tarène, pour qu'il devint la proie des bêtes. On
lança sur lui un ours; lorsque Tours fondit sur lui, [Smbat]
poussa un grand cri et se rua sur [1 animal]; il lui frappe le crâne
de son poing et l'assomme sur place. — Ensuite, on lâcha sur
lui un taureau; [Smbat] saisit les cornes du taureau, pousse un
cri puissaut el, le taureau se fatiguant dans la lutte, il lui tord le
cou et lui brise les deux cornes sur la tête. Le taureau faiblit et,
reculant, prend la fuite. [Smbat] le poursuit, lui saisit la queue et
le sabot d'un des pieds. Le sabot cède et reste dans sa main, tandis
que le taureau s'enfuit, boitant de son pied mutilé. Une troisième
fois, on lança sur lui un lion; lorsque le lion se précipita sur lui,
le Seigneur lui donna un tel succès qu'en saisissant le lion par
l'oreille, [Smbat] monta dessus, le prit au larynx, l'étrangla el le
tua. Alors les cris de la foule nombreuse remplirent toute la terre
et on demandait au roi grâce pour lui.
Fatigué par la lutte, [Smbat] s'assit sur le lion mort pour se
reposer un peu. La reine elle-même, tombant aux pieds du roi,
^'^ Lebeau, d'après Simocalta, raconte xvvriytav, Thierhetzercf. H. Hûbschniann,
plus sohremont que Sebéos la condamna- Ann, Gramm,, 1, p. SSy.
lion de Smbat à ^Ire déchire par les bêles •*' H faut peut - être Mve yuÊfùém»r
flan«t TamphitliëAtre , et la clémence de ("'jusque-là^)), au lieu do j*»/'*^
Maurict». VX, lielieau , X , p. 985. lfl>i^>^i(it , ( r alom^ ).
CHAPITRE XI. 39
demande grâce pour lui; car cet homme était auparavant aimé du
roi et de la reine, qui lavaient choisi comme (ils adoptif. [Le roi]
étonné de la force et de la vigueur de cet homme, et écoutant les
supplications de sa femme et de toute la cour, ordonna de lui faire
grâce (^).
Ensuite, on le conduisit au bain pour le laver; on le lava, on
rhabilla et on le convia au repas royal; on prit soin de lui [en lui
servant] des mets [délicats]. Peu de temps après, non par la mau-
vaise volonté du roi, mais à la suite des médisances d'envieux, [le
roi] donna Tordre de le mettre dans un bateau [lui et ses compa-
gnons], et de les exiler dans des îles lointaines. Puis, de là, il
ordonne de les faire passer en Afrique . . . (^' et de l'incorporer
aux troupes qui y étaient campées.
CHAPITRE XI.
\je» natarars ïaitêé» par le hamarakar sont appelés eu Asorestan et honores
par le roi Xosrov; leurs li^oupes campent k Aspahan.
Quant aux naxarars de la partie persane [deTArménie] et à leurs
troupes, dont j'ai dit plus haut que le hamarakar les avait laissés
et était parti, jusqu'à l'arrivée de l'ordre royal, les pésaspiks vinrent
avec des décrets pour les convoquer tous ensemble à la cour royale.
Voici les noms des naxarars et des ofliciers qui se rendirent
ensemble, chacun avec ses troupes et son drapeau, à la cour royale
du roi des Perses Xosrov, la G* année de son règne : i" Gagik
Mamikonien, fils de Manuel; s"* Pap Bagratide, fils d'Aâot l'aspet;
3** Xosrov, seigneur des Vahcwunis; /i** Vardan Arcruni; 5** Ma-
mak Mamikonien; 6® Stephannos Siwni; 7® Kotit, seigneur des
Aroatunis. Avec eux, [il y avait] d'autres naxarars. Arrivés en
^'' 1^ di^ence de Maurice est ra- ndanatique, 1866, t. I. p. 19^ et 196.
conlëe avec moins de détails merveil- '' l^es mots «rj^krA-/ %t»gêÊÊ u0h»f fr •/{}
lein dansLebeau, X« p. 9 8r>, et n'est ^'"s*^^ partiellement répéU*s dans le
|His mentionn<^ dans Palknnian. Jovr- nu>mbre de phraf^e suivant « sont olisctii*s.
40 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
AsorestaiK à ia demeure royale, iis se présentèrent au roi. Celui-ci
les reçut avec joie et les combla d'honneurs extraordinaires. Il
ordonna de garder les grands seigneurs au palais, de leur assigner
des pensions sur le trésor royal, pour chacun d'entre eux, et de les
inviter chaque jour à la table royale. Il donna Tordre à leurs
troupes de camper à Spahan, [recommandant] quon les traitât
d'une manière cordiale et avec toutes sortes de complaisances.
CHAPITRE XII.
XosroY jiige ses oncles; meartre de Vndoy ; Vstam Bienfait, &it la guerre contre Xosrov
et règne dans le pays des Parthes.
En ce temps-là , le roi Xosrov se proposa de venger la mort de
son père sur les naxarars qui l'avaient tué. Et d'abord, il veut juger
ses oncles maternels. 11 ordonna d'arrêter Vndoy, — celui dont j'ai
parlé plus haut, — de l'enchaîner et de le mettre à mort. Quant
à son frère Vstam (^), il ne se trouva pas à la cour à ce moment^là.
Bien qu'on l'eût appelé en lui adressant des paroles trompeuses et
des flatteries, — comme s'il ne devait pas avoir eu vent de la mort
de son frère, — lui qui avait été par quelque moyen mis au
courant des événements, ne tomba pas dans le piège; il se révolta
et se réfugia dans le pays fortifié de Gelum^*'^), dont il rassembla et
mit sous ses ordres 1 armée tout entière.
Il fit une expédition du côté de /?ehf^), et pilla entièrement de
nombreuses contrées du royaume de Perse. Alors le roi Xosi*ov
rassembla ses troupes et marclia contre lui; il avait avec lui une
armée de l'empereur. Le combat eut lieu dans le pays de Aeh. Dans
cette bataille, les troupes arméniennes se comportèrent avec une
bravoure que le roi eut occasion de voir et d'admirer.
^*^ Sur la révolte de Vstam, cf. Tab. mot est orlliographië une fois ft*^ cl
tSôld., p. /178 et suiv. une fois Q^k; cf. H. Hribsdimann ,
^*^ Sur la forme D^lam (Wlem), cf. Arm. Gramm., I, p. 70. Il s'agit ici
Tab. Nôld., p. 167, 678, 48o» 484. d'une conlréi» située entre rAtr|Mtakan
<^^ Dans ce même paragraphe, ce et le Geinm.
CHAPITRE XIII. ^1
Gomme le révolté ne pouvait résister, il se réfugia dans les mon*
lagnes et s y fortifia. Et ainsi ils rentrèrent chacun chez soi sans que
personne n eût remporté la victoire. Le révolté Ystam alla au pays
fortifié de Gelum; et de là il passa dans les régions des Parthes,
qui étaient son véritable domaine, afin de prendre le commande*
ment des troupes de ces régions et de revenir ensuite.
Le roi, parti pour TAsorestan, arriva dans sa demeure royale
accompagné des princes naxarars arméniens.
CHAPITRE XIII.
Mort des isxans annëuîens; insurrection de ieura troupes à Spahan.
Ravage du pays, pillage du trésor et marche contre Vstam.
Les i&xans arméniens moururent alors : Gagik Maroikonien et
Xosrov, seigneur des Vahewunis moururent de mort naturelle dans
le palais royal. Mamak Mamikonien, envoyé en Arménie pour les
affaires de larmée, à peine arrivé à Dwin, y mourut au bout de
quelques jours. Stephannos de Si unie se querella avec son oncle
paternel Sahak au sujet d'une seigneurie qui appartenait à ce der-
nier. Sahak écrivit contre lui une accusation capitale, qu il scella
de son sceau, de celui de Tévêque de sa maison et de ceux des
autres piînces de Siunie, en rappelant au roi la faute qu'avait
commise [Stephannos] en s*insurgeant [avec ses compagnons].
Alors le roi ordonna de lier Stephannos et de le mettre en pri-
son; on le décapita dans le grand carême, dans la semaine de
Pâques ('^ Quant à Kotit [le roi ï] envoya à Mrcuin('^) comme am-
bassadeur et ordonna à des cavaliers de se mettre en embuscade
dans la campagne; ayant fondu sur lui comme des brigands, ils le
tuèrent en route. Les troupes [des naxarars]^'', qui étaient campées
à Spahan , en apprenant ce qui était survenu , se répandirent dans
('^ C'eat-à-dire la semaine aMNl Pâques. =» «rà Nisibe^ ; cf. J. Marquart, Erâninhr.
(*> lie texte porte ^ \f^fhmé,fr, qu*ii p. 169.
faut proKaUenient lire /b W^rF^ ^^^ De Kotit et d'Ktionne.
42 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
la contrée el la ravagèrent; elles prirent le trésor royal, qui était
dans la maison du hamavai;ai\ trésor constitué par les impôts pré-
levés dans ce pays; elles se mirent en route et allèrent à la forte-
resse de Gehim. L armée de Peroz <*) les poursuivit; elle en tua
quelques-uns par Tépée; d'autres se donnèrent la mort pour
n'être pas farts prisonniers; d'autres, échappés à grand' peine, se
précipitèrent dans la forteresse de Gelum. Comme ils n'y trou-
vèrent pas Vstam, il se mirent en route et allèrent au pays des
Parthes; une fois arrivés, ils se présentèrent à lui.
CHAPITRE XIV^
XosroT donne le marzpanat du Vrkaa à Smbat Bagratuni et Thonore beauooap^*^
Smbat organise le pays du Vrkan au point de vue religieux et politique.
En ce temps-là, Smbat Bagratuni plut au roi Xosrov; celui-ci
lui donna la dignité de marzpan du Vrkan; il le nomma gouvep-
neur de tout ce pays et lui accorda beaucoup d'honneurs et de
pouvoirs. 11 le combla d'or et d'argent et le revêtit d'habits précieux
ol magnifiques. Il lui donna la ceinture et l'épée de son propre
père Ormizd, lui remit le commandement des troupes persanes et
arméniennes et lui ordonna de se rendre dans son gouvernement.
A cette époque, les pays portant les noms d'Amal, de floyean,
de Dzréèan et de Taparastan étaient insurgés contre le roi de
Perse: il leur fit une guerre victorieuse, les frappa de l'épée et les
('^ Le texte {éA, Patk. , p. 58) porte
bien fun^'k* Ê^h-puiim^iAÊ irramif^ de Pe-
rozn, ce qui ne donne pas un sens satis-
faisant; peut-étœ faut-il y voir une faute
de copiste et comprendre : Tarinée des
Perses , ou plutôt voir dans perozakan un
adjectif signifiant t7ictonftu?, d'après Peroz
^vainqueur: cf. H. Hubschmann, Arm,
(iramm,, I, p. 68. Ce mot n existe pas
dans cfantres passages avec le sens «pie
nous lui attribnons.
('^ Ce chapitre semble avoir ëtë utilise
par Samuel d*Ani, Chrm., s. a. 696.
'^ Smbat Bagratuni eut le maripanat
du Vrkan de SgS-Goa. Sur Fidentitëde
Vrkan = tpxarioi = pers. Gui^n, cf.
H. Hûbschinann, iirm. (rramm.9l,p.86,
et J. Marquart, Erânsakr, p. 79. Un
quartier de Niçabour était appeif' WerkAm ;
cf. C. Barbier de Meynard, DietiaiuMÎrt
géographique. . , de fn Perse, ... p. 588,
CHAPITRE XV. 43
mit sous la domination du roi de Perse; il restaura le pays entier
de son marzpanat, car la contrée était ruinée. 11 y avait dans cette
région des captifs arméniens, campés sur la lisière du grand désert ,
du côté du Thurkhastan et du Delhastan. Us avaient oublié leur
longue, ignoraient récriture (^) et n'avaient pas de prêtres. Il y avait
aussi des Kodreens, qui avaient été faits prisonniers avec les nôtres;
il y avait également beaucoup d'hommes de l'empire grec et de la
région syrienne.
Les Kudreens étaient païens, mais une grande lumière brilla
sur les chrétiens; ils raffermirent leur foi, apprirent l'écriture et
leur langue et établirent comme prêtre de leur pays l'un d'entre
eux nommé Abel.
CHAPITRE XV.
ArriY<^ de Vstom en Asorestan pour taer Xosrov et prendre son royaume. — Pariovk ,
roi des Khii^ns, le fait mourir par ruse. Petite guerre au pays du Vrkan.
En ce temps-là (*-*', Vstam soumit à son autorité les deux rois des
Khuàans, Sawg et Pariovk; il rassembla toutes les troupes de la
ri'gion orientale, et marcha sur l'Asorestan avec une armée forte
et puissante, pour tuer Xosrov(^) et s'emparer de son myaume.
Ses troupes étaient campées à l'écart, à droite et à gauche. Le roi
des KhuAans, Pariovk, était derrière lui. Alors, en traître, le roi des
Khusans conçut une ruse, il passa devant [Vstam] avec peu
d'hommes; puis, descendant de cheval, il se prosterna contre terre
sept fois. [Vstam] s'avança et lui ordonna de remonter de suite à
cheval ; or une embuscade était tendue sur la route. Pariovk dit :
<r Ordonne à l'escorte de s'écarter de toi, car j'ai une communication
à faire an roi.T» Le roi, qui ne soupçonnait pas de fourberie, com-
manda aux gens de s'écarter. Comme ils [Vstam et Pariovk] mar-
chaient et parlaient, les hommes embusqués sortirent subitement
" Le mot fÊ^f»t,pfn^» est ambigu; il ^'^ En 595;cf. J. Marquart, Ërânkahr,
signifie^alementrrrtfvrfet^i^ri^iifmeiil, p. 65.
tùMmntmtf de la doctrine (reliffiettnef), t*' Xosrov II.
HH HISTOIRE D HER.ACLUS.
de leur cachette, ils frappèrent et tuèrent Vstam. Pariovk avait
fixé un rendez -TOUS à ses troupes; il leur donna rapidement
la nouvelle; ses soldats s'élancèrent en tonte hâte à sa suite, et
eulevèrent la femme de Vstam, tous ses biens et tons ses meubles;
puis ils se hâtèrent de revenir et de s'éloigner.
Ce nest que plus tard, quelques jours après, que toutes les
troupes apprirent ces événements; se trouvant ainsi abandonnées,
elles se séparèrent et chacun rentra chex soi. Et s en allèrent aussi
les troupes de Getum, qui étaient avec lui; elles arrivèrent rapide-
ment dans les forteresses de leur pays. De même, ces Arméniens,
qui s'étaient insurgés contre Smbat et s'étaient rendus chez Vstam ,
étaient avec eux. Lorsqu'ils vinrent au pays appelé Komâ (^), situé
de l'autre côté du Vrkan, dans la région de la montagne qui sépare
ces deux pays, ils arrivèrent au village appelé Xekewand.
Sahr Vahric et le marzpan Smbat du Gurkan, avec beaucoup
de monde, marchèrent à leur rencontre. Les troupes de Gelum
ne comptaient pas plus de deux mille hommes. Il y eut une ba-
taille dans celte contrée; [ces troupes] massacrèrent les troupes
persanes, les mirent en fuite et les poursuivirent, en tuant beau-
coup et en capturant un grand nombre; ensuite ils s'en retournèrent
et campèrent près du lieu du combat, toujours en compagnie des
Arméniens [révoltés]. Beaucoup de soldats et d'Arméniens qui
étaient avec le marzpan Smbat périrent dans cette affaire.
CHAPITRE XVL
Découverte d'un morceau de la crois.
lin homme, nommé Yosèph, avait eu un songe trois mois avant
ce combat : trUn homme, dit-il, d'un aspect merveilleux, s'étant
approché me dit : il y aura une guerre dans trois mois; beaucoup
succomberont dans le combat, mais toi, tu iras sur le lieu du
^'^ Var. Koim, R^ion au md du TabarisUn. Cf. tii/r/i , Tlndex, s. v.
CHAPITRE XVn.
&5
combat; et voici quel signe tu observeras : loi*sque tu verras un
homme tombé à terre, dont le corps brillera parmi tous les cadavres ,
alors tu iras et tu prendras avec toi ce que tu trouveras sur lui.
Fais attention, dit*il , n oublie pas ; car c'est un miracle. y> Yosèph se
leva et partit; et lorsqu'il fut arrivé à Tendroit [désigné], il trouva
ce qui lui avait été annoncé dans la vision qu'il avait eue, après
avoir déshabillé [l'homme en question] et tous les cadavres. Cet
homme avait une bougette'^) en cuir sous l'épaule ; son corps était
parmi les cadavres; Yosèph s'approcha, prit la bougette, vit qu'il
y avait une botte en argent et une croix à l'intérieur, dans laquelle
se trouvait un grand morceau de la croix de Notre-Seigneur (^). 11
s'en signa, et, après l'avoir pris, il rejoignit ses camarades.
Toutes les troupes paitirent du champ de bataille et arrivèrent
aux forteresses de leur pays. Alors le roi manda auprès de lui
Vahric et envoya à Smbat de [grandes marques] de reconnais-
sance, car il avait été repoussé en combattant loyalement et n'avait
pas déserté son poste; il n'avait pris la fuite qu'après tous les
autres.
CHAPITRE XVII.
Guerre de Smbat contre ses ennemis ; il est victorieux et reçoit des honneurs plus
grands et des cadeaux plus magnifiques que tous les manepans. Le Ois de Smbat,
Varaxtiroch, est nomme ëehanson du roi. Construction de réjgiise de Saint-
Gr^ire : avènement d*un cathoUcos.
L année suivante, toutes les troupes des ennemis se réunii*ent;
elles allèrent s'établir ^) dans le canton de Taparastan; Smbat
réunit, lui aussi, toutes ses troupes et partit en guerre contre eux.
'') Le mot 2fr^^P ^ synonyme de
JmfmÊi; cf. Guy de Lusignan, Noweam
Dielimmaire ilhuiri /rançaU- arménien,
Paris, 1900, 1, p. 3o5, s. v, bougette.
^ Un morceau du bois de la vraie
croix se trouve au monastère de Hachu-
neadi daSd, près de Naxèawan; il y fut
placé par une princesse de Siunic, après
qu*Hëraciiu8 eut dâivré la croix de Tes-
clavage des Persans. Cf. Saint -Martin,
Mimoire$. . . tur l'Arménie, II, p. iaS.
On consultera avec fruit sur celte ques-
tion : F. de Mély, Reliquei de ConêlanH"
nopky dans Heme de l'art dlréfiai, jan-
vier 1897.
^'^ Le texte porte : fiêml^lsfù (relies de-
meuraient n : peut-être Mcraii-il prëff^blc
de lire |iM»>'M'f t^ ^r elles cam|Hiienl«>.
46 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS.
Le Seigneur Dieu livra 1 armée des ennemis aux mains de Smbal,
qui extermina tout avec Tépée. Les survivants s'enfuirent en dé-
route dans leur pays. Ceux qui étaient avec (^) eux demandèrent un
serment et des garanties ; ils vinrent se présenter devant Smbat.
Yosêph, dont nous avons parlé, était avec eux. Ensuite Yosèph
lui présenta sa trouvaille (^) et lui raconta sa vision ; puis il ra-
conta également les nombreux miracles quil avait faits parmi les
païens. Alors Smbat se leva, puis s'agenouilla devant [le mor-
ceau de la croix]; et Tayant pris, il s'en signa; puis il le remit
aux mains de Mibrui^^^ homme pieux qu'il avait établi [comme
intendant] sur sa maison, fidèle, obéissant, de la famille Dimakii-
sean(^); il le déposa dans Tégiise qu'administraient les prêtres de
sa cour.
Alors le roi lui adresse un décret, [lui exprimant] sa grande
satisfaction, par lequel il le comble d'honneurs, lui accordant un
rang plus élevé que tous les marzpans de son royaume ; il lui en-
voie des coupes d'échausons toutes en or et des vêtements royaux,
des tiares dorées , des jambarts*^) ornés de diamants et de perles W;
il nomme échanson servant le vin au roi le fils [de Smbat], Varaz-
tiroch, qu'il avait élevé comme un de ses fils et qui était haute-
ment considéré par toute la cour ^"'.
Smbat exerça le marzpanat sur ce pays pendant huit ans^^^.
^'' Les Amiëniens qui s'étaient joints
nux ennemis du roi de Perse.
'*^ Le ÛTigment de ia vraie croix dont
il a été question au chapitre précédent.
'^'^ Le pcrs. MiÀrôî de Nôld., Siud.,
I, s 3. Cf. H. Hfibschmann , Artn. Gramm,,
I, p. 54.
'*) Sur cette famille et le sens du mot
(= Balafré), cf. Moïse de Xoren, His-
taire d'Arménie, II, 4 7, et la trod. dans
Langlois, CA>lleetwn, . .^ II, p. 10&, n. a.
^'"^ Le mot fiiAr^piiayuAf d'oH^ue ira-
nienne et désignant littéralement «rgarde*
jambes « est difficile à traduire; on le
rend par ^r caleçons, pantalons ,jambartsr.
Il désigne la partie du vêtement adhé-
i*enteaa corps. Cf. Daniel, m, p. 91, et
H. Hûbschmann, Arm, Gratnm., I,p. 1 69.
C'est la xrepiKVïffiis des Grecs.
^*' Cf. Dulaurier , Ckroml. armén. ,
p. 317.
^^^ Sur rhabitude qu'on avait, à la
cour des Sassanides comme à celle des
Achéménides, de faire élever les jeunes
nobles sous la direction d*un fonction-
naire supérieur, cf. Tab. Nôld., p. SBq
et hki.
^'^ Cf. «tipra, chap. xiv, u. 3.
CHAPITRE XVIII. 47
Après ceia, l'ordre vint de l'inviter, avec de grands égards, à la
cour royale; puis il l'autorisa h se rendre dans son pays, l'an 18
de son règne
Or [Smbat] demanda au roi l'autorisation de reconstruire
l'église de Saint-Grégoire, qui était dans la ville de Dwin. Comnic
le bienheureux catholicos Moise (^) était décédé et qu'il n y avait pas
de vardapet dans cet endroit, il s'empressa de demander encore
une fois au roi la permission; l'ordre étant arrivé dans sou pays,
il demande à ce qu'on établit sur le siège suprême un directeur
qui prît soin de l'église et dirigeât son salut. On établit Abraham ('^'
Tévèque des Astunis, sur le siège patriarcal, puis on se mit à poser
les fondements de l'église; il rassembla des artisans pour la pierre
et mit à leur tète des surveillants fidèles ; il donna l'ordre de mener
à bonne fin, en hâte [l'entreprise]. Le gouverneur de la forte-
resse et le marzpan écrivirent une dénonciation au roi : « [ L'Eglise]
est trop près de la forteresse et il en peut résulter un danger du
cAté de l'ennemi, j*
Le roi ordonna que «la forteresse serait détruite et l'église
reconstruite au même endroit, n Amen.
CHAPITRE XVIIL
Sabai est appelë à h cour de Perse : il est élevé au rang seigneurial, qui e»i appeh*
Xosrov Snum. Il poursuit les Xhunans: meurtre de Datoyean; Snibat va encore
attaquer avec les naxarars d* Arménie la nation des KhuAans et des Hephtha-
lîtes; combat singulier: Smbat triomphe et se rend en grande pomp^ à la cour.
Lorsque l'hiver fut passé, à l'arrivée du printemps, les cour-
riers apportèrent des décrets invitant [Smbat] à [se rendre] en
grande pompe à la cour royale. Il alla se présenter devant le roi
^'^ Moïse IL palriacbe de 55 1 à Bgi; ^*' Abraham I, succéda à Moïse II eu
en 58t, à cause de son grand âge, il SgA et occupa le siège patriarcal jus-
s'adjoignit comme coadjuteur Vertanès; ({uVn 600: cf. Saint-Martin. MémoircM,
cf. Sunt-Martin, Mimoireê, L p. 438. I, p. 638.
M HISTOIRE D^HÉRACLIUS.
dans le grand palais appelé dastakerij puis se rendit dans la salle
de réception et il s'assit sur le bob(^) et le pahtak.
Alors le roi lui donne la dignité seigneuriale qui s appelle Xosrov
Snum(*^), le pare richement d'une tiare et d'une tunique en bysse
dorée; il l'honore grandement dans une tente ornée de diamants,
par un bataillon et un trône d'argent. • J^\
Il lui donne des trompettes à quatre voix et des gens de la suile
royale pour lui servir de gardes à sa porte ; il rassemble pour lui
une armée grande et terrible [pour aller] en Orient, au pays des
Khusans et lui ordonne de nommer marzpan qui il voudra.
[Smbat] partit et arriva à Koms, le pays le plus proche de sa
seigneurie; il appela auprès de lui, du Yrkan, Tarmée de ses
compatriotes, et alla tout droit en Orient.
Voici les isxans naxarars d'Arménie qui allèrent avec lui , cha-
cun avec sa troupe et son drapeau : Yarazsapuh Arcruni, Sargis
Tayechi, Artawazd, Ystam et Hmayeak Apahuni, Manuel, seigneur
des Apahunis, Vpam, seigneur des Gohhieus, Sargis Dimakhsean,
Sargis Trpatuni et d'autres naxarars; puis ses propres soldats,
environ deux mille cavaliers de ce pays. Il vit que les troupes des
Khusans s'étaient répandues sur tout le pays et le ravageaient;
lorsqu'ils apprirent son arrivée, ils se rassemblèrent et partirent.
Et lui, se pressant à leur poursuite, les rejoignit bientôt. Quant à
eux, en le voyant les rejoindre, ils se retournèrent et firent front;
il y eut une bataille; les troupes des Khusans se mirent en fuite et
furent défaites par les troupes de Xosrov Snum ; beaucoup furent
tués, un grand nombrç^ échappèrent par la fuite. Smbat revint
(*) |iM|K == lapis, coussin , cf. H. Hûbsch- tuni par le roi Xosrov II, et signifiant :
mann , Armen, Gramm, ^ 1. 1 , p. 1 9 1 ; le tr Joie de Xosrov n . Cf. H . HûbschniQnn ,
second mot, visiblement iranien comme Ann. Gramn., I, p. ai&.
le premier, n'est pas identifie; Patkanian ^^^ Le passage iÊipSui^mL. ^ ^a» ^5^-
écrit |m»<ftt»f an lieu de mim^fui^^ sans 2Cmm!ù . . . miinÊÊpifki (éd. Pad, p. 65,
donner de raison. 1. 5 ) est incompréhensible. M. MeiUet nons
^*^ Snum k cAté de la variante ium; signalequePatkanian a renoncé à traduire,
litre honorifique accordé h Smbat Bagra- Cf. H. Hiibschmann, Arm» Gram,, I, p. i3o.
CHAPITRE XVIIL
ti9
camper à Apr Sabr^*) et dans le canton de Tos*^); et s'établit lui-
même avec trois cents hommes au bourg qui s'appelle Xpoxt'^).
Alors les rois des Khuâans demandèrent des secours au grand
Xakhan, roi des régions du Nord. Une armée de trente mille
hommes arriva à leur secours, en traversant le fleuve nommé
Vehpot, qui sort du Thurkhastan, du pays d'Ewitat [passe] par
Dionos ephesteay, §amn et Bramn et va couler aux Indes (^). Ils
demeurèrent sur les bords du fleuve et envoyèrent des bandes
pillardes vers l'occident ; puis, survenant soudain, ils assiégèrent
le bourg qui était entouré d'un rempart fortifié.
Alors Smbat ordonne à ses trois cents hommes de se retirer
dans la petite forteresse qui se trouvait au milieu du bourg. Il
monta à cheval avec trois hommes dont les noms étaient : Sargis
Dimakhsean , Sargis Trpatuni et un des porteurs d'armes à cheval
du village nommé Smbatik. Se ruant subitement vers la porte,
ils fendirent la troupe qui gardait et s'en allèrent. Les trois cents
qui étaient barricadés dans la forteresse, au milieu du bourg,
résistèrent aux soldats [du Xakhan]. Or le commandant de cette
troupe était un prince persan, nommé Datoyean, par ordre royal.
<*> Cf.Tab. Nôld,p. 17.
<*> Cr. Thons, dans : Barbier de Mey-
nard, Diaiomiaire géographique . , , de la
Pêne, . ., p. SgS-Sgô : irViOe du Klio-
raçftn, à 10 farsaklis environ de Niça-
bour; elle est formée par deux villes,
Thaherén et Nouqdn; plus de mille bour-
gades dépendent de son territoire. «
^^ Komopolts ; cf. J. Marquart, Erân-
iakr, p. 66. Le manuscrit porte :
\iffafmmm = XrOXOt.
<*) Pour ce passage assez obscur, cf.
J. Maïqnart, Èrâniahr, p. 1&8 : ...«rsie
uberschritten den Flnss, wdcher Wehrol
heisst, wdcher ans dem Lande Turk as-
tan entspringt und das Land Evitât,
Dîoiiof qi'esleafl' (Aïoir^ov i^étflta),
die Bnddhîsten (Somii) und Brahmanen
nirr. vni^ncxits.
{Bramn) umfliesct und in Indien mûndet.
Dionos ep'esteajk d. i. Aiof^ov é^éalia
ist Nûffc, die Grûndung des Dionysos
unter dem Berge Meru . . . Wir haben
hier also bereits die Idenlifikation des
Phison, der das Land liawîlâ {EùetXàr)
umfliesst (Gen. , ti , 11), mit dem Wêli-
rot und dem Indus oder Ganges. Vgl.
unsem Geographen, p. &3 : frUnd Ptlo-
mSos zeigt, dass es 7 FliJsse gibt mit
eigenen Nameu, die vereinigt Pison
heisseu, bei den Gymnosophisten . . .
Und die Perser nennen sie das Volk
Samn und Bramn.^ Ëvilat wurde schon
frùhieitig mit dem Lande der Gymno-
sophisten gleichgeselzt . . . «. — Cf. H.
Hiibschmann, Armenische Grammatik,
t. I, p. 8&.
50 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
Or, quoique Smbat, c est-à-dire Xosrov Snum, lui envoie foitlre
de fuir, lui, ne voulant pas suivre cet ordre, gagne la bataille
contre eux; mais ceux-ci battent les soldats persans et mettent en
fuite Datoyean. Et se répandant en bandes pillardes, ils firent
irruption jusqu'aux confins de Reh et du canton d'Aspahan. Us
ravagèrent tout le pays et revinrent à leur campement. L'ordre
étant arrivé du grand Xakhan à Gembux ('), ils traversèrent le
fleuve (^) et revinrent chez eux. Ensuite un envoyé de la cour arriva
pour faire une enquête sur Smbat et Datoyean; [c'était] un naxarar
en chef, dont le nom était Sahrapan Bandakan. Tout le reste de
Tannée justifia Smbat; Datoyean, conduit à la cour et enchatné,
fut mis à mort par [ordre du] roi. Alors Smbat rassemble les sol-
dats, réunit et arme d'autres troupes nombreuses pour l'assister
et il marche contre la nation des Khusans et le roi Hephthalite(').
Celui-ci part contre lui avec de grandes forces ; ils arrivèrent au
lieu du combat et se rangèrent en bataille les uns contre les autres.
Alors, le roi des Khusans envoie un messager à Smbat et [lui]
dit : (T A quoi bon faire la guerre ainsi en grand nombre et
épuiser nos armées? En quoi connattra-t-on par là ma vaillance
et la tienne? Viens, moi et toi nous nous battrons seuls. Je serai
le champion de mon côté, et toi du tien. Et aujourd'hui tu con-
naîtras ma bravoure.?) [Smbat] mettant la main sur sa poitrine,
dit : ffJe suis prêt à mourir, t) De part et d'autre, ils se ruent l'un
sur l'autre avec une grande fureur et arrivent en face l'un de
l'autre; entre les deux fronts de bataille, ils luttèrent et, pendant
un temps, ne purent se vaincre l'un et l'autre, car tous deux étaient
des hommes forts et solidement armés. Par un secours d'en haut,
la lance de Smbat déchire la cote de mailles et l'armure solide du
roi des Khuàans; il le frappe de toutes ses forces et le renverse
par terre. Les soldats du roi, le voyant ainsi, furent épouvantés et
^*^ Le général en chef des Turcs; cf. ('> Qui est aussi appdé roi des
J. Marquart, Erâniakr, p. 66, S&7. Khudans. Cf. J. Marqoart, Briniakr,
^'^ Le Vehpot ou Oxus. p. 66.
CHAPITRE XIX. 51
se mirent à fuir; ceux [de Sihbat] les poursuivirent et arrivèrent,
en pillant, jusqu'à Bahi Sahastan des Khusans, ravageant tout le
pays, Har et YatagèsO, tout le Toxorostayn et le Talakan, ils
semparèrent de nombreuses forteresses, les démolirent, puis
revinrent en grande victoire, avec beaucoup de butin et ils allèrent
habiter dans les cantons deMarg et de Marg|Oot(^).
Alors les messagers de bonne nouvelle arrivèrent en hâte auprès
du roi Xosrov et racontèrent en détail les exploits accomplis. Le
roi Xosrov éprouva une grande joie et ordonna de parer un grand
éléphant et de l'amener dans la salle de réceptionnai Puis il
donne Tordre de faire monter dessus Yaraztiroch, fils [de Smbat],
que le roi appelait Dzavitean Xosrov (^). Il commande de distribuer
des trésors à la foule et il écrit à [Smbat] un décret de grande sa-
tisfaction, l'invitant à sa cour [pour y être reçu] en grand hon-
neur et magnificence.
CHAPITRE \l\
Siubat meurt en lempH de paix. Len iiaxarars d'Arménie s'insurgent contre les PerM»
* et se mettent au »ervioe du Xakhan, roi du Nord.
Lorsque [Smbat] ne fut plus qu'à une étape delà cour royale, le
roi donna Tordre à tous ses naxai*ars et à ses soldats d aller au-
devant de lui; il ordonna également aux auxiliaires de lui conduire
un cheval de Técurie royale, avec un harnachement royal. [Smbat]
se présenta ainsi devant le roi en grande pompe et magnifi-
cence.
^^^ Le texte porte f.A'^r ^ filimi»^»
qa'il faut lire z-Harev z Vatagêt. Z^^^
Hrev, ville et pays , actuellement lierai;
cf. H. Hûbflchmann. Arm, Gramm,^ l,
p. &8 Pi J. Marquail, Brâtiiakr, p. 7O
etsuiv.
"^ Merw er-roud et Merw ctich-SfLa-
liidjàn ; cf. Bai^bier de Me)uard, Dielion"
maire giograpkique . , , de la Pêne. . . ,
p. 095 et suiv., et H. Hôbschmann, Aîtr.
Gramin., I, p. 5i.
(') 'Y^i,è2t (dahliè), naalo^ptop,
Zelle, HaUe, Vorhalle; cf. H. Hfibech-
mann, Arm. Gramm,, 1, p. i33.
^*' «rËtemel-Xosrovn , titre honorifique
donne à Yaraztiroch par Xosrov II. Cf.
H. Hûbschmaiin , irmenittche Gramm. , I,
p. 68.
4.
52
HISTOIRE D HERÂGLIIJS.
[Le roi] le voyant, le reçut avec joie, et étendit vers lui sa
main; [Smbat] la baisa et se prosterna. Alors le roi lui dit : (tTu
as agi avec loyauté, et nous sommes très content de toi; désormais,
ne te fatigue plus à faire la guerre; reste ici près de nous; prends,
mange et bois, et partage notre joie.?) Il était le troisième naxarar
dans le palais du roi Xosrov. Peu de temps après, il mourut, la
*j8'' année du règne [de Xosrov^^']. Quanta son cadavre, on le trans-
porta en Arménie, dans son propre caveau; on le déposa dans une
tombe, au village de Dariwn(^), dans le canton de Gogovit(^).
Ensuite [les Arméniens?] s'insurgèrent et allèrent se mettre au
service du grand xakhan, roi des régions du Nord, conduits par
Gépetux le Chinois (^); puis, se rendant de l'est vers louest, dans
les régions septentrionales, ils se mêlèrent aux soldats de ce Gé-
petux, sur Tordre de leur roi le xakhan. Sortant avec une grande
multitude de soldats par la porte de Cor(^), ils se portèrent au
secours de l'empereur des Grecs f*^'.
<*> (rSempad, après avoir rendu de
nouveaux services au roi de Perse dans
ses guerres conire les peuples du Tur-
kestan, mourut, en 601, à Madaïn, ca-
pitale de la Perse, d*on on le transporta
en Arménie , à Taronk'h , dans la province
de Gok, pour le déposer dans le tom-
beau de ses aïeux. d Cf. J. Saint-Martin,
Mémoires hUtoriques et géographiques sur
r Arménie, l, p. 333. En 617, d*après
Patkanian , Journal asiatique, 1866, I,
p. 196.
^*' Nommé aussi Taronkh, ancienne
forteresse de la province de Gok. Pour les
variantes de ce norn , cf. J. Saint-Martin ,
op, ciL, II, p. &61, n. 5o.
^^) Un des 19 cantons de la province
Ararat. Cf. J. Saint- Martin , op. cit, II,
p. 367.
^* îJfr'fcwttwfiit'ii signifie proprement la
Chine; cf. H. Hûbschmann , Arm, Gramm.,
I, p. 49.
^^ (ionnue aussi sous le nom de Porte
de Derbend et qui se trouve à Tendroit
où le Caucase aboutit à la Caspienne.
Langlois {CoUection des historiens. . . de
l'Arménie, t. II, p. 11&, n. 7) identifie
ce défilé avec la Porte des Alains, que
Saint-Martin {Mémoires, . . , t II, p. 193*
19&) identiGe avec la Porte de Dariel,
les Portes caucasiennes ou Portes cas-
piennes, crdéGlé situé au milieu du mont
Caucase et qui donne entrée dans la
Géorgie 9>. Pour plus de renseignements,
cf. J. Marquart, EràMohr, t. r. C'est la,
d'après la l^nde, qu'Alexandre aurait
fait construire une porte de fer, connue
aussi sous le nom de Porte des Huns. Cf.
Extraits de la chronique de Maribas Kal-
doyo. . . , dans Journal asiatique, mai-
juin 1903, p. 539, n. 9.
^*) C'est le seul endroit où Sebéos
parle des secours que les Khaxars four-
nirent h Iléraclius lors de sa guerre
contre Xosrov II. Cf. Patkanian , /ewriNit
asiatique, 1866, p. s 96, n. h.
CHAPITRE XX. 53
CHAPITRE XX.
Insurrection du grand patrice Atat Xorxopuni; sa mort.
Les sabmanakals de» Perses et des Grecs.
Et maintenant, que dirai-je de la nouvelle insurrection d\Atat
Xorxopuni? Il était grand patrice; pour cette raison, le roi ordonna
de le mander au palais; il 8*y rendit avec 70 hommes; [le roi]
rhonora beaucoup, lui et ceux de sa suite, et lui fit une réception
comme il convenait. Il lui donna des vases en or et en argent et
beaucoup de trésors.
Puis il lui ordonna d'aller à Thirak(^) rejoindre son armée;
[Atat] prit congé du roi et partit. Pendant quil était en route, il
conçut le projet de se révolter et de se rendre auprès du roi de
Perse. Après 8*ètre détourné de son chemin, il alla au bord de la
mer où il rencontra un navire; il dit aux marins : cr Passez-moi de
Tautre cAté, car je suis envoyé par le roi pour une affaire impor-
tante.^ II gagna quelques marins, qui le firent passer et il partit
rapidement ; il fit diligence et arriva en Arménie. Personne ne sa-
vait le chemin qu'il prendrait, jusqu'à ce qu'il fut éloigné de la
merde plusieurs étapes. Lorsqu'on sut où il allait, les armées de
quelques villes s'opposèrent à lui, mais elles ne purent l'arrêter; il
leur livra bataille huit ou dix fois sur sa route et fut toujours vic-
torieux. Quoique le nombre de ses soldats diminuât, il arriva tout
de même rapidement à Naxcawant^). Les Perses le reçurent et il
se fortifia dans la forteresse. Alors lestratelat(^) rassembla toutes ses
troupes et alla investir et assiéger la forteresse.
Le roi Xosrov, l'ayant appris, envoya contre eux Parsayenpet
avec l'armée; lorsque celle-ci fut arrivée, [les soldats du stratelat]
•*) Le leite porte bien t Shh'^i (^ ^^' H 8*agit proi)ablenient de Nersès
Tbirak), probablement en Tkrace. Stratelat de Syrie, un des gënëraiu en-
'*) Celte ville renferme le tombeau de voyés par Maurice au secours de Xosro\ .
Noë. Cf. Saint-Martin, Mhmtrtt. . . «ifr Cf. Patkanian, Journai ttiiatiquf, i8(>6 ,
tArméme^ H, p. 4<)3. p. i()3.
5^1
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
quittèrent le siège delà ville et s en allèrent. [Âtat] se hâta d'aller
chez le roi de Perse, qui le reçut amicalement, Thonora beaucoup,
lui donna des trésors et lui assigna un traitement sur le trésor
royal.
Un an après, Maurice mourut W et Phocas régna. Alors [Atat]
conçut le projet de se révolter et d'aller chez l'empereur des Grecs; il
commença à préparer des chevaux arabes et à tenir pièt l'équi-
pement; puis il engagea auprès de lui des brigands. Le roi l'apprit;
il ordonna de lui lier pieds et mains et de le faire périr sous les
coups.
Voici les [noms des] sahmanakals du royaume de Perse, Tannée
[où fut rétablie] la paix en Arménie, à Dwin : Vandatakan'^),
Nixawrakan^'), qui fut tué par l'armée persane à Dwin (et celle-ci,
après s'être révoltée, était allée à Gelum). Ensuite MerkutW, Yaz-
dèn^^), Butmah(^), Yemann^'^); du côté grec, d'abord lepatrice Jean,
ensuite Heraki(^) et le général Surèn. [Et ceci] pendant les treize
années que dura la paix.
L'empereur promulgua cet édit : (r II me faut 3 0,000 cavaliers,
comme tribut [prélevé] sur l'Arménie; or, il faut que 3o,ooo fa*
milles se réunissent et qu'elles s'établissent en Thrace. t) Il envoya
<*) En 609; 3 s'enfuit de Gonstanti-
nople le a 3 novembre et (ut décapite par
ordre de Phocas, au port d'Eutrope,
près de Cludcédoine, le 97 novembre.
Cf. de Murait, Ckronogr, byz., l, p. 969-
963.
^) Cf. H. Hûbschmann , Arm. Gramm. ,
I, p. 85.
(') Le texte porte "i^/bâiri^itffuAr, qu'il
faut lire Nixorakan , d'après le nom de ^
famille •ii/t^'»/» = Nixor. Cf. H. Hûbsch-
mann, Arm, Gramm,, I, p. 67.
^^^ Merkut est une fM)rruption de Me-
rakbut, d après H. Hûbschmann, ap, eit,,
I, p. 53, d'une racine persane incon-
nue.
^*' Delà racine (}aif^. T/icrf, (Horn,
Sieg) qui entre dans la formation des
mots Yazdegird, Yazdpanâh, etc. Cf. H.
Hûbschmann, op, eit.,l^ p. 55.
^•^ H. Hûbschmann {Arm. Gramm.,l^
p. 33) rapproche ce mot de Mâkbût en
proposant comme explication une meta-
thèse. Cf. Mtft»)7ff, .^fo^^, dansTab.
Nôld.,p. 960.
^^ Texte : QifJà»Vb = Yemann; dans
rëd. Palk., p. 3&, le gouvemeor men-
tionne après Butmah porte le nom de
Z^ty^tÊm^ù = Hoyimann, aussi inexpli-
cable que le premier.
^'^ Forme arménienne du mot Hëra-
dius; il s'agit ici du père de l'empereur
Hëraclius, commandant de la province
d'Égyple.
CHAPITRE X\I.
55
Prisko8 en Arménie à cet effet, tandis que le bruit d'une grande
insurrection arrivait [au roi]. Et Priskos partit en toute hâte.
CHAPITRE XXI
(1)
Meartre de Tempereur Maurice. - Avènement de PhocAs. ~ Rëvoltes du gënëral Hëra-
eliu0 À Alexandrie et du généra Nenès dans la Mésopotamie syrienne. - Siège
d^Édesee par les Grecs; si^e de Dara par Xosrov. Cdui-ci rassemble des troupes
en Arménie et met k leur tète le seigneur Dzuan Veh. Il marche contre Édesse
et prend avec lui Théodaae; puis il revient ]N>ur détruira Dara. - Prise d^Edesse
par les Grecs; le général Nersès est mis à mort.
La quatorzième année du règne de Xosrov (') et la vingtième du
règne de Maurice, Tarmée grecque, qui se trouvait en Thrace, se
révolta contre l'empereur et se donna pour roi un certain Pbocas.
Toutes les troupes marchèrent d'un commun accord sur Gonstan-
tinople, firent mourir Tempereur Maurice et ses fils, et placèrent
Phocas sur le trône impérial; puis elles retournèrent en Thrace
pour y combattre lennemi.
L'empereur Maurice avait un fils nommé Théodose. Le bruit se
répandit dans tout le pays que Théodose avait échappé au mas-
sacre et s'était réfugié auprès du roi de Perse (^).
Il y eut alors de grands troubles dans l'empire romain, dans la
capitale, à Alexandrie d'Egypte, à Jérusalem, à Antioche. Partout
on prenait les armes pour s'entre-tuer.
L'empereur Phocas donna l'ordre de mettre à mort tous les re-
belles, qui refusaient de reconnaître son autorité. Il y eut de nom-
breux massacres dans la résidence impériale. Puis Phocas^^) envoya
<*) Pour tout ce qui concerne ce cha-
pitre, cf. Tab. Nôld., p. 990 et suiv.
^ En novembre 609. Mais la guerre
ne commença que pendant Tété 60&.
^'^ Nôldeke (Tab. Nôld., p. 990, n. 9)
croit que Théodose a vraiment été mis à
mari et que Xoarov avait è sa disposition
un prinee qui était censé le représenter.
<*' Ce passage, renferme des eri^urs au
piint de vue historique. Xosrov, en ap-
prenant la mort de Maurice, pour venger
sa mort , rompit la paix qui existait avec
Byzance; d'après Tabari, il prit le Gis de
Maurice, le couronna et il envoya avec lui
trois généraux. Le premier s'appelait Ro-
miuiàn ; il alla en Syrie , soumit le pays et
atteignit Jérusalem. Cette prise de Jéru-
salem et renvoi de la Groiv à Xosrov eut
lieu en juin 61 &. Cf. Tab. Nôld. , p. 990-
99 1 et les notes.
56
HISTOIRE D'HÉRAGLIIIS.
un seigneur nommé Bonos^^) avec une armée contre les villes
d'Antioche et de Jérusalem, et contre d autres lieux. Gelni-ci partit,
châtia par le glaive Ântioche et Jérusalem, et ruina nombre de
villes de la région.
Ce fut alors que se révolta contre Phocas le général Héraclius^^)
qui occupait avec son armée le territoire d*Alexandrie ; il s'empara
par la force du pays d'Egypte. Du côté de la Syrie, le général
Nersès, qui commandait dans la Mésopotamie syrienne, en fit
autant; il entra avec son armée dans la ville d'Ëdesse'^) et en prit
possession. Mais une autre armée qui avait marché contre lui vint
assiéger la ville et le tint bloqué avec ses troupes (^l
Lorsque le bruit de ces événements parvint au roi Xosrov, il
réunit toutes ses forces et se dirigea vers l'occident (*'; arrivé à la
ville de Dara, il l'investit , l'assiégea et se mit à diriger des attaques
contre elle. 11 envoya des troupes en Arménie, en leur donnant
pour chef un grand seigneur nommé Dzuan Yeh. Puis le roi
Xosrov divisa son armée en deux corps; il laissa le premier autour
de la ville de Dara, et marcha lui-même avec le second contre
Taiinée qui bloquait et assiégeait Ëdesse. Etant tombé sur l'en-
nemi au point du jour, tout à fait à l'improviste, il en tua un cer-
tain nombre et mit les autres en fuite. [Parmi ces derniers], les
uns se réfugièrent sur le fleuve Euphrate et périrent (^); les autres
^*^ Ce Bonos est, selon toute appa-
rence, ie patriee Bonus à qui Hëraclius
confia la vBle de Constantinopie .lorsqu'il
partit pour la guerre de Pers^, le 5 avril
639. Cf. de Murdt, Cktrmogr. bjfzant,,
I,p. 977.
^*^ Hé^cltus, père de Tempereur du
même nom, se révolta parce qu'il se re-
fusait è reconnaître le nouveau gouver-
nement de Phocas.
^'^ L'évéqiie de cette ville, Sëvëre, lut
lapidé pour avoir voulu s'opposer h la
révolte. Cf. Lebeau, X, p. iig.
^*^ Phocas envoya une armée sous le
commandement de Gennain pour asaî^i^r
Ëdesse et en faire sortir Nersès. Cf. Le-
beau, X, p. &19.
(^^ Sur les campagnes de Xosrov et de
ses généraux, cf. Lebeau, X, p. &18 et
suiv.; Tab. Nôld., p. 990 6t soiv.
(*) D'après Théophane, cité par Saint-
Martin dans Lebeau, X, p. &90, n. 9, la
rivière près de laquelle fut livrée cette ba-
taille se nomme Arzamon : Ô là \a<rpôffç
<rùv Toh Po^iialoiç ylvtroi êU rà kpiafiow.
L' Arzamon prend sa source dans les mon-
tagnes qui s'étendent au nord de Nisibe
et de Dara. Cf. Lebeau, X,p. 933, 9. n.
CHAPITRE XXII. 57
se retirèrent eu pleine déroute. Puis le roi Xosrov se présenta de-
vant la porte de la ville, demandant qu'on lui ouvrit, et quon le
laissât entrer; ce qui fut fait. Nersés, qui avait paré un jeune
homme de vêtements royaux et lui avait mis une couronne sur
la tète, ramena alors devant le roi et lui dit : cr Voici Théodose, le
fils de l'empereur Maurice; sois pour lui miséricordieux, comme
son père le fut jadis pour toi. yt
Le roi Xosrov laccueillit avec une grande joie; puis il retourna
à Dara, gardant auprès de lui le jeune homme auquel il faisait
rendre des honneurs royaux. Il resta devant Dara un an et demi.
Enfin, les Perses creusèrent une mine sous le rempart, le renver-
sèrent, et, après s'être emparés de la ville, ils firent passer tous
les habitants au fil de Tépée. Puis, emportant le produit du
pillage, ils s'en retournèrent à Tizbon, car l'armée de Xosrov
était fatiguée et démoralisée par [la longueur du] siège [de
Dara].
Une autre armée grecque arriva devant la ville d'Edesse, l'at-
taqua et la prit. Nersés, fait prisonnier, fut mis à mort et son sau};
répandu *;
CHAPITRE XXII.
lie» Pênes batlent les Grées dans la plaine de Sirak , pois dans le [canton de] Gaikotn.
Thëodose Xoraopani se rend et livre h forteresse anx Perses; sa mort
Dzuan Veh, envoyé en Arménie avec son armée (^), arriva dans
le pays d'Ararat et dans la ville de Dwin; il y prit ses quartiers
d'hiver et laissa reposer ses troupes jusqu'au printemps.
De leor c6té, les Grecs avaient aussi réuni une armée et s'étaient
concentrés dans le bourg d'Etevard, où l'armée des Perses vint
les attaquer. Le combat se livra dans la plaine d'Etevard et les
Perses subirent une sanglante défaite : leur général fut tué dans la
^'^ D*après Lebcan , t. X , p. & 1 9-4 ao , aarait eu peur et se serait eofni d*Édesse
Pbocas envoya le chef de ses eunuques, a Hiërapolis pour s'y mieu\ dëlendrp.
Léonce, bire le siège d'Edesse : Nersés ^'^ En 6o.3 ou 60&.
58 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
bataille el ceux qui avaient échappé au massacre furent mis
en fuite et poursuivis. Les Grecs emportèrent le butin pris
dans le camp des Perses et retournèrent dans le leur, situé au
bord de la rivière, quon appelait Hopomoch marg(*) (pré des Ro-
mains).
L'année suivante, pendant que Xosrov assiégeait Dara, une nou-
velle armée persane envahit l'Arménie, sous le commandement
de Datoyean(^). Les troupes grecques se réunirent dans la plaine de
Sirak, dans le village de Sirakawau, s'y établirent el y restèrent
quelques jours. Epuisées déjà par la guerre civile, elles redoutaient
l'attaque de l'ennemi étranger. L'armée perse arriva sur elles avec
la rapidité de l'aigle qui fond sur sa proie. Les Grecs abandon-
nèrent alors leur camp et passèrent de l'autre cdté de la rivière,
dans une plaine nommée Akanich, où ils furent suivis et rejoints
par les Perses. Le combat s'engagea au village de Getik. Or, pen-
dant que les Perses rangés en bataille marchaient pour se rappro-
cher de l'ennemi, un grand nombre de jeunes gens sortis de la
forteresse d'Erginay, où s'étaient réfugiés les habitants du pays, tom-
bèrent sur leurs derrières avec des faux et des instruments tran-
chants'^), et leur causèrent un grand dommage. Puis, laissant les
blessés sur le terrain , ils rentrèrent dans le fort avec le butin qu'ils
avaient fait.
Cependant [les Perses] livrèrent bataille, et l'armée grecque
prit la fuite devant eux. Ils la poursuivirent en massacrant ceux
qu'ils atteignirent , et semèrent de cadavres les plaines et les che-
mins. Bien peu de Grecs parvinrent à se s'enfuir. [Les Perses]
ramassèrent alors le butin et rentrèrent dans leur camp. Mais,
lorsqu'ils s'aperçurent du mal qu'on leur avait fait, ils se jetèrent
en masse sur la forteresse et la prirent. Une partie de la garnison
<'^ Marg(J2i7t^)frprairieT», mot iranien ^*^ C{.Jià\â.Stud.,l,ii,iS,s.v.àmUn^.
qui a aussi passe en syriaque (K^'^D) et ^^^ Le texte (éd. Patkan., p. 7/1, 1. 5)
en arabe ; nr. mardj\ comme nom de lieu , porte ^ ^^âtAr^^i.^ L mp^uSbuii.^ . Le mot
est très commun ; voir H . Hnbschmann , up^mu ne figure pas an dictionnaire ; il doit
Arm, Grnmm. ,1,193. dériver du verbe «r^I. «^ aiguiser, aCR&ter».
CHAPITRE XXII. 59
fui passée an fil de l'épée; d'autres, affolés de crainte, se préci-
pitèrent du haut des murailles; quelques-uns, sortant par une
porte qui donnait du côté de la rivière, parvinrent à s'échapper;
tout le reste fut emmené en captivité. Ce jour-là, furent pris
dans la forteresse [les habitants de] trente-trois villages. [Les
Perses] enlevèrent tous les captifs indistinctement, et, prenant
avec eux les dépouilles du pays, ils s'en retournèrent dans TAtrpa-
Iakan.
Puis vint Senitam Xosrov(^). L'armée grecque réunie campait
dans le canton de Gatkotn, près du village d'Angtn, par lequel passe
le fleuve Âracani^^). Elle avait détruit un côté du village, et s'était
entourée d'une ligne de retranchements. C'était Théodos Xorxopuni
qui la commandait L'armée perse vint dresser son camp dans le
voisinage des Grecs, les prenant à revers. Ceux-ci, effrayés, com-
mencèrent à engager des pourparlers pacifiques; ils ne voulaient
pas combattre, disaient-ils, mais quitter la forteresse et s'en aller
en paix. Puis, d'un commun accord, ils ne tinrent pas leur parole,
et, pleins de confiance dans la force de leurs position, songèrent
à tenter quelque chose. Mais, dès le lendemain, l'armée perse les
attaqua, lorsque aucun d'eux n'avait encore revêtu son armure ni
sellé son cheval. Et si quelqu'un s'armait ou sellait son cheval , les
valets des chefs arrivaient qui lui arrachaient l'armure, la jetaient
par terre, et le maltraitaient horriblement; en même temps, ils
coupaient avec leur épée les sangles des chevaux.
Cependant l'armée persane était venue se ranger en face des
Grecs, à petite distance, du côté de la plaine; ses archers avaient
commencé à tirer et, vidant leurs carquois sur l'ennemi, ils per-
çaient à la fois de leurs flèches hommes et chevaux. Ces derniers,
attachés aux mangeoires à l'entrée des tentes, se cabraient, [bri-
saient leurs liens], foulaient aux pieds et écrasaient les tentes et
<*^ Général persan aoaa Xosrov IL Cf. <*> Cf. Psendo-Callisthène, p. 89. 3i.
H. HâlMehniann, Armeu» Gramm., t. I, et A. Baomgariner, Ifeberdan Rueh ^Die
p. 73. Chrieii , p. .SoA.
60 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
tout se qui se trouvait dans le camp. Les Perses forcèrent alors le
retranchement, pénétrèrent dans le camp, et un horrible massacre
commença; mais les Grecs, s'étant ouvert un passage, les uns à
pied, les autres montés à poil(^) sur des chevaux, sortirent et pri-
rent la fuite. Thèodos Xorxopuni se réfugia dans la forteresse, et
les Perses passèrent cette nuit-là dans le camp des Grecs. Au
matin , ceux-ci envoyèrent demander qu'on les laissât évacuer la
forteresse et s*en aller avec leurs biens et tous leurs équipages. Les
Perses y consentirent, et le troisième jour ils ouvrirent la porte et
sortirent tous pour s*en aller, selon la parole donnée. Mais le gé-
néral perse fit appeler Théodos Xorxopuni et lui dit : «r Je n*ai pas
le droit de te laisser aller sans un ordre royal. Je vais donc te faire
conduire à la Porte et j'écrirai en la faveur une lettre de recom-
mandation au roi , lui disant comment tu as agi en loyal et fidèle
sujet, lorsque tu as livré de la manière que nous savons l'armée
grecque entre nos mains. J'ajouterai comment tu nous a rendu la
forteresse sans qu'il nous en coûtât aucun effort, et comment tu
es venu de ton plein gré faire ta soumission avec les tiens t). U
écrivit en effet dans ce sens et fit conduire [Thèqdos] à la Porte,
où le roi Xosrov le reçut avec bonté et lui accorda sur le trésor
royal une pension et de l'argent pour son vêtement. Mais au bout
d'un certain temps, il lui vint le soupçon que [Thèodos] le trom-
pait, et il ordonna de le mettre à mort.
Quant au général persan , il établit un gouverneur dans la forte-
resse d'Angl, réunit ses troupes et, pénétrant plus avant, soumit
le pays. Il eut encore à livrer une autre bataille dans le pays de
Basean; il battit les Grecs, les chassa devant lui, les mit en fuite et
les rejeta sur leur territoire. 11 prit les villes d'Ange, de Gaylatukh,
d'Erginay et, dans le Tarayin (Taron), la ville deCxnkert^^). Puis,
sur un ordre du roi, il s'en retourna.
'^ Peut-être, au Heu du textejMAif'"-- ^*^ I^ *cxte porte : it f j^êmgHÊyfit
'^^2h fAut-il lire un mot comme : f^t^v^^"^ ^lA^^^fm^ qu'il faut peut-
J^êi%^mfJf^'^ étrc Kre : }j«*r'*'«-*'A- • • 3A*-M^'r*"«
CHAPITRE XXIII.
61
CHAPITRE XXIII.
Xusrov envoie le géaML Spazmaii Xopeam dans TAsorestau avec uue nombreuse
armée, et en Arménie Aétat Yeztayar, accompagné de Tempereur Théodose. -
Tonte ia M^potamie se sonmet à Spazman Xopeam. - Astat livre bataSle aux
Grecs et soumet le canton de Karin. - Sakân remporte la victoire sur les Grecs. -
Les habitants de Karin sont transportés à Ahmatan Sahastan. - Mort des àen\
catholicos. - Vasak Arcruni est tué.
Le roi Xosrov revînt alors de Dara, et fit de nouveau reposer
ses troupes; il en leva et rassembla d autres eu grand nombre ('l
Puis il envoya du côté de TAsorestan une armée nombreuse et
très puissante , sous les ordres du général Xopeam , titré Spazman ^^l
Voici les instructions qu'il lui donna : «r Accueille avec bienveillance
ceux qui viendront faire leur soumission; garde-les en paix et en
prospérité. Mais ceux qui résisteront et voudront combattre, tu
les feras périr par Tépée. Jt II envoya aussi dans le pays d'Arménie
Astat Yextayar avec une grande armée, à laquelle il attacha Tem-
pereur Tbéodose, le prétendu fils de Maurice.
Xopeam, accompagné de sa nombreuse armée, partit pour
TAsorestan, pénétra dans la Mésopotamie syrienne, mit le siège
devant Edesse et attaqua la ville ('). Effrayés de la supériorité des
forces de Tennemi et ne voyant pas d'où pourrait leur venir la
délivrance, les habitants firent des propositions de paix et deman-
mandèrent que les Perses s'engageassent par serment à ne pas
détruire leur ville. Puis ils ouvrirent les portes et firent leur sou-
<*> En 6o4 ou 6o5. Cf. Patkanian,
Jimmtd 4ui0lique , 1866, p. 197.
^^ Tabari nomme ce premier générai
RcMniuiAn, qui se rendit en Syrie, pe-
ndra en Palestine et 8*empara de Jéru-
salem. Ce BomiuzàH est le Romizdn de
Barfaebraeus et le Pw^iudiav de Théo-
pbane. D est identîBé avec Sahrbartz
(Sap€bep6« on Sop^ps^dt^ des antenrs
grecs), qui s*empara en effet de Jéru-
salem en juin 6t i , sous le patriarcat de
Zacharie. Cf. fëiktmkn,JimrMla$intiqHe,
i866,p. 197; Tab.Nôld, p. 990-2191 et
H. Hiibschmann , Arm. Gramm. > I , p. 69,
^^) Cf. Patkanian, Jowrmd «mlî^,
1866, p. 198. Rubens Duval, Hittoirt
d'Udeue, p. 9^3, n. 9, cherche a éta-
blir que la vraie date de la prise d^Édes jc
est 609.
62
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
mission. Amith, Thela, Aaàayenay(^) et toutes les villes de la Méso-
potamie syrienne firent de même; elles se soumirent volontaire-
ment et furent maintenues en paix et en prospérité. [Xopeam]
s'étant avancé jusqu'à Ântioche, les habitants se soumirent aussi
de leur plein gré, ainsi que beaucoup d'autres villes et leurs habi-
tants qui cherchaient à fuir Tépée de Phocas.
Aâtat Yestayar pénétra en Arménie la dix-huitième année du
règne [de Xosrov](^). Les Grecs rassemblèrent leur armée dans le
canton de Basean, marchèrent contre lui et l'attaquèrent avec
vigueur. Un grand combat eut lieu à Du et à Ordru'^), dans lequel
les Grecs éprouvèrent une sanglante défaite. Un grand nombre
d'entre eux périt dans la bataille; on ne pouvait compter les morts
étendus dans la plaine. [Aâtat] les poursuivit jusqu'à Satat(^), et
lui-même (^) vint mettre le siège devant la ville de Karin. Il com-
mença l'attaque, mais les assiégés résistaient de leur mieux, et les
assiégeants éprouvaient des pertes sensibles. Ce fut alors que l'em-
pereur Théodose s'approcha de la ville et dit aux habitants : cr Je
suis votre roi.7) Ils consentirent à ouvrir; les chefs de la ville sor-
tirent et se présentèrent à lui; puis, quand ils furent rentrés, ils
persuadèrent à leurs concitoyens que c'était bien Théodose, le fils
de Maurice. Ils ouvrirent donc les portes de la ville et firent leur
soumission. Astat y laissa une garnison, et alla prendre les villes de
Dzithapic^^), dans le Haàteankh, de Satat, d*Aj9astiay et de Nikopolis.
Puis il s'en retourna.
(^) Cf. Marqaart, Erâniakr,p. lAi,
«. V. Aaâaina, vUle près de laquelle le
fleuve K*aboraD prend sa source. Le
Khâbour pread sa source à plus de i oo
kilomètres de Ras^-*Aîn. Cf. également
Ras el- Aîn et Besen dans Extrait» de la
chronique de Maribas Kaldoyo, in Journal
amatique, mai-juin i9o3,p. 97-98.
•> En 607-608.
^'^ lie texte porte : 4 Qw/r^mL qu'il
faut lire : Lj(\gni^tiL. , comme Ta dëjè vu
Patkanian.
^*^ Est peut-être à identifier avec Satax,
\juÊmuM/Êt , une des subdivisions de la qua-
trième Arménie ; ce nom commence à être
en usage au début du vu' siècle, sous le
règne de Tempereur Héraclius. Cf. Saint-
Martin, op. ei^^ Il ,p. 3i 1. Les habilants
de Sata) reconnurent le prétendu fils de
Maurice. Cf. Tab. Nôld, p. 998, n. 1.
^'^ Lui-même, c'est-à-dire Astat Yci-
tayar accompagné de Théodose, le pré-
tendu fils de Maurice.
^•^ SiirlesecondtermeMi«./fr2rou«»«/kia;
CHAPITRE XXIII.
63
Après lui vint Sahén(') Patgosapan(^^), qui laissa de c6té la ville
de Karin; et oahrayeanpet(^) vint comme marzpan dans la ville capi-
tale deDwin. A son arrivée, Sahèn rencontra des troupes grecques
dau8 le 'Mhton de Karin. U leur livra bataille , leur ût éprouver
une sanglante défaite, les mit en fuite et les chassa du pays.
La vingt-unième année de son règne (^), Xosrov ordonna de dé-
porter les habitants de la ville de Karin, et de leur assigner comme
demeure la résidence royale de Ahmatan(^). Le bienheureux vieil-
lard, le catholicos Jean fut pris avec eui et emmené en captivité
avec tous les vases sacrés de son église. Il mourut à Ahmatan et
son corps fut rapporté au village d*Awan et déposé dans Téglise
que lui-même avait fait bâtir.
La même année mourut le bienheureux catholicos Abraham,
auquel succéda sur le siège patriarcal Kumitas, évèque de Taron,
originaire du village d'Atchkh^^). Sous son pontificat fut achevée
la construction de Téglise de Saint-Grégoire.
I^ vingtième année du roi Xosrov (''), àahén se mit en cam-
pagne, dirigeant ses incursions du côté de Toccident, et parvint
jusqu'à Gésarée de Gappadoce. Geux des habitants qui professaient
la religion chrétienne quittèrent la ville et se retirèrent; mais les
Juifs allèrent au-devant des envahisseurs et firent leur soumission.
Sahèn resta à Gésarée pendant un an.
cf. Patkanian, éd. Sebéos, p. aoo, $. v,
Q/fpmffJf (mp), et H. Hûbechmann,
Arm.Grmmm,, I, p. 1 1 3, 9.v, fK^r^MyatML/bX
Après ranéantiasenieiit da royaume des
Hephthdites par les Turcs, un petit ÉUt
subsista, sous le nom de Jik-tak; cf.
J. Marquart, ÊrânUkr, p. 9&0.
^') Un des généraux de Xosrov U.
^ Voir rbdex et les références; sur
le rAle exact de ce personnage, cf. parti-
culièrement Tab. Nôid., p. i5i, iSa,
i53, 990-999. Tabari insiste plus spé-
cialement sur Texpédition de Sabén en
Egypte et en Nobie.
^'^ «rin das Ostan von Dvin kam staU
des Sahrmfonpet der Paneatipet. . . Sahr-
àyëthpet nnd Pân-âyën-pet von Sahr
Land, Kreîs, Persis, àyên » Regel. . .,
per^chef.* Cf. H. Hûbschmanti, Arm.
Grofum,, I, p. 89.
^*^ en 610-611.
Hamadan Schabastan =:Ecbatane; cf. Patka-
nian, yoiniia/asîaliîiTMtf^ 1866, 1, p. 198.
^*^ |lfp#,cf. hidjidj^imi.aii^.^p.ft&o
d'après lequel ce village existerait encore
sous le même nom.
^ En 609*610.
6&
HISTOIRE D HÉRACLIUS.
[Les Perses] prirent Vasak Ârcruui, fils de Sahak(^), prioce
des Arcrunis, et le crucifièrent devant la porte de la ville [de Gé-
sarée](^). Il avait fait bien du mal à Tannée des Perses, et cepen-
dant iis déplorèrent tous sa mort à cause de son courage et de sa
vaillance, et parce qu'il était vigoureux et de belle taille. De plus^
il avait été élevé au milieu deux, recevant la même éducation
qu eux. Tel fut son sort. *
CHAPITRE XXIV.
HëradiuB se dirige sur l^Asorestan et marche coDtre les Perses. - Grande bataille
près de la ville d\4ntioche ; dë&ite des Grecs. - La Palestine est soumise par les
Perses. - Un goavemenr perse est établi k Jâvsalem: il est tuë. Les Perses font
un grand massacre k Jérusalem et brAlent la ville. - Captivité de la Sainte Croix.
22' ANNÉE DE X08R0V; l** DHÉR&GLIUS.
En ce temps-là, la vingt-deuxième année (') du règne de Xosrov,
Héraclius (^), qui commandait en Egypte, rassembla ses troupes,
leur fit traverser la mer, arriva à Gonstantinople^'), et, après avoir
tué Phocas(^), fit asseoir son fils Héraclius sur le trône impérial.
Il rétablit la paix dans tout le pays.
(*) Sebéos ne parle nulle part ailleui*s
de Vasak et de Sahak Arcruni. Pour les
formes Vasaoes, O^ot^éxiffç et BaffaéxTfç,
cf. H. Httbschniann, Arm, Gramm., I,
p. 80 et les références.
^'^ lie texte porte : «r On le fit mourir
siu* le bois«. 11 peut s'agir de la cruci-
fixion, comme aussi de la pendaison.
^*) Héraclius fut proclamé le 7 oc-
tobre 610; Xosrov étant monté sur le
trdne en 890, Tavènement d'Héraclius cor>
respond donc à la 3 1* année de son règne.
^*^ C'est pour ne pas dérouter le lec-
teur que nous maintenons Torthographe
Héraclius, comme noms du père et du
fils. Héradius , commandant de la pm-
vince d*Égypte, est orthographié par les
auteurs arméniens X^t^ki^ (Endd) (*t
Tempereur son fils se nomme générale-
ment 4^irpm^ifmÊi (HéraUos).
^*^ Héraclius aborda au port de Sophie
le & octobre 610. Cf. de Murait, Ckromtf.
btfz., 1, p. 969.
^*^ Phocas, après avoir fait empri-
sonner la mère et la fiancée d*Héracliu8,
fut vaincu et amené devant Ué^ius par
Probus et par Photius, dont il avait violé la
femme. Il eut la main droite et la tète cou-
pées; on briUa ensuite ses restes, le 6 oc-
tobre 6 1 o. Cf. de Mnrak , t^. eiu J , p. 969.
CHAPITRE XXIV. 65
Aussitôt courooiié(^), Héraclius envoya des arobassadeui*s avec
de grands présents et des lettres auprès du roi Xosrov pour lui
demander instamment la paix. Mais celui-ci ne voulut rien entendre
et dit : «r Cet empire est à moi, el j'y ferai régner Théodose, fils de
Maurice. Héraclius est venu prendre la couronne sans mon autori-
sation, et ce sont mes trésors qu'il m'envoie en présent; mais je ne
prendrai pas de repos que je ne le tienne en mon pouvoir, n Et après
s'être emparé des trésors, il ordonna de mettre à mort les ambas-
sadeurs, et ne fit aucune réponse aux propositions de l'empereur.
Héraclius (''^) réunit alors ses forces, dressa son camp autour de
la ville [de Césarée?] et arrêta les incursions des Perses. Puis il
remit l'armée aux mains d'un korator^^), ordonna de faire bonne
garde et retourna dans sa résidence.
Les [Grecs] assiégèrent la ville de Césarée pendant un an(^). Les
Perses souffraient du manque de nourriture et n'avaient plus de
foin pour leurs chevaux. Mais lorsqu'on arriva aux chaudes jour-
nées de l'été etque la campagne se fut couverte d'herbe verdoyante,
ils incendièrent la ville, sortirent et se frayèrent un passage de vive
force, laissant derrière eux l'armée grecque battue et dispersée. Ils
se retirèrent en Arménie où ils prirent leurs quartiers d'hiver'*).
Sahên fut immédiatement appelé à la Porte royale, et reçut
Tordre du roi de marcher de nouveau et sans retard du côté de
l'Occident. Il prit donc son armée au retour de l'été et gagna
d'abord la ville de Karin; de là il se dirigea vers Mélitène dont il
s'empara et qu'il força de se soumettre; puis, poussant plus avant,
il fit sa jonction avec l'armée de Xopeam qui était du côté de la
Pisidie et dans l'Ostan de Dwin.
^'' Héradim fat couroono par le pa- phiqae en question n'est pas constante,
triarche Sefge le 6 octobre 610, à 9 ^'^ Le caraieur qui fat envoyé en Cap-
heures, dans la grande église. Cf. de Mu- padoce était Priscus; il calomnia Héra*
fait, op. eiu, I, p. 970. clius; cf. de Murait, op. cù., I, p. 971.
^*^ Le texte a l^f i/f. c'est-à-dire II était patrice et comte des excobiteurs.
lorthographe du nom d*Héraclius le '^^ S'^el' '9'y <^f- Sebéos, éd. Patk.,
père; mais il semble qu'il s agisse ici p. 78 , 1. 1 o.
de rempereur; la distinction orthogra- ^*- 611-619.
■iST. rRéiACLios. r>
larktaftMl ■«rioiAU.
66 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS.
Âlaplace(^) de ^ahrayeupet^^) vint [comme marzpan] dans ia
ville capitale de Dwin Parseanpet Paràanazdatt'); puis Namgarun So-
nazp(^); puis §ahraptakan(^), qui livra une bataille en Perse et fut
victorieux; puis GpoèVehanW, qui poursuivit l'empereur Héraclius
en Arménie jusque dans TAsorestan, jusqu'au jour où il tomba, lui
et toute son armée, dans une grande bataille livrée à Ninive.
Cependant l'empereur Héraclius mit à la tète de son armée un
prêtre nommé Philippique; c'était ce même Philippique qui,
gendre de l'empereur Maurice, avait longtemps commandé les
années et remporté mainte victoire f'), mais qui, un beau jour, en-
core du vivant de l'empereur Maurice, s'était imaginé de se faire
raser les cheveux, de revêtir la prêtrise et de servir dans la milice
de l'église. Héraclius, usant de contrainte à son égard, le nomma
général et l'envoya dans les régions de l'Orient avec des troupes
nombreuses. [Philippique] se dirigea vers Gésaréede Gappadoce,
entra en Arménie, dans ia province d'Ararat et vint camper dans
la plaine qui entoure la ville de Valaràapat. Mais aussitôt arriva
un ordre du roi [de Perse], apporté en toute hâte par des cour-
riers rapides , et enjoignant à ses troupes de marcher sur les Grecs
et de détruire leur armée jusqu'au dernier homme. Les Perses
se mirent donc en route, pénétrèrent à marches forcées dans la
^^) Cequisuitsembleétrebcontinuation
d'ime source déjà vue p. 3â et 70, éd. Patk.
^^ Pour fa variante Sahrayeanpet, cf.
H. Hnbschmann , Arm, Gramm, ^ I , p. 69.
^'^ Générai perse sons Xoarov il; cor-
mpond à Nni^tfns d'Eslher, ix, 5.
Cf. H. Hûbschmann, Armen, Gramm., I,
p. 59 et 67.
<*> Général de Xosrov II. Cest le Nâm-
dâr-Guiinasp , fils de Âdbar-Gusnasp, de
Tab. Nôld., p. 387-388 et n. 1.
'^) Général persan , le ^apa^Xctycls de
Tlieophane, p. ^78 ets.^quil ne faut pas
confondre avec un autre général persan ,
Sahrwarâz, dont Torthographe est des
plus flottantes. Cf. Tab. Nôld. , p. 99s , n. 9.
^*) Cpoô Vehan, général persan qui
succomba à ia iMtaiiie de Ninive. Uôbach-
manu {Arm. Gramm., I, p. 70) corrige
ce nom en Aoè^Vehan ( ff^^r t|^<«iAr) et
explique que ^der eigentlicbe Name des
Mannes war aiso pers. Râhxâ), sein
Eiu-enname Rdzbikànyi. Sur sa campagne
n^n Assyrie, cf. Tab. Nôld. , p. 996-996.
<") Cf. de Murait, Ckrrmogr. byt., I,
p. 9&&-9â5. D'après ce même passage et
d'après Lebeau , t. X , p. 1 98- 1 99 , Pliilip*
pique serait le beau-irère de Maurice,
puisqu'il avait épousé sa sœur aînée
Gordia. Le mot arménien 4^t»*^ = gendre
et c'est ainsi qu'a compris Patkanian,
dans Journal asiaiique, 1 866 , 1 , p. 1 99.
CHAPITRE XXIV. 67
province d'Ararat et vinrent camper sur les bords de l*Araxe. Leur
intention était d'engager le combat dès le lendemain. Or, au même
moment, Philippe (^) levait le camp pendant la nuit, se dirigeait
vers le canton de Nig, et, passant derrière la montagne d'Aragac,
il rentrait sur le territoire grec à travers les cantons de Sirak et de
Vanand, non loin de la ville de Karin.
Les Perses étaient harassés d'avoir fait une route longue et aussi
précipitée; beaucoup d'hommes étaient morts en chemin; beau-
coup d'autres, par suite de la perte de leurs chevaux, étaient
obligés d'aller à pied. Us ne purent donc se mettre rapidement à
la poursuite des Grecs; ils prirent quelques jours de repos, puis,
marchant à petites journées, ils passèrent dans l'Asorestan et re-
gagnèrent leur ancien camp. De lÀ ils se répandirent à droite et à
gaueke, dévastèrent et conquirent toute la région ('^).
En ce temps-ià(^), Héraclius Gt couronner son fils Constantin,
le confia au Sénat, le recommanda aux grands de son palais, et le
fit asseoir sur le trône de son empire. Quant à lui, il prit le titre de
chef de l'armée avec son frère Théodose, réunit des troupes nom-
breuses et passa en Asorestan, dans la région d'Antioche. Il y eut
alors un grand combat en Asie, et le sang des guerriers fut versé
à flots sous les murs d'Antioche. La mêlée fut terrible et accom-
pagnée d'un effroyable massacre, et des deux côtés, la fatigue fit
cesser le combat. Mais les Perses, s'étaut renforcés, mirent en
fuite les Grecs, les poursuivirent et remportèrent la victoire grâce
à leur bravoure. Un autre combat eut lieu près du défilé qui donne
accès en Cilicie. Les Grecs battirent en bataille rangée les Perses au
nombrede huit mille hommes arm(*s. Mais ils durent eux-mêmes se
retirer et s'enfuir; les Perses reprirent le dessus; ils vinrent s'emparer
de la ville de Tarse et de tous les habitants du district de Cilicie.
^*^ Le ieite porte ici Philippos, aa lieu ans. Cf. Palkanian , dans Journal oiuatiqHe ,
de la forme PhiUpUn* du commencement 1866, 1. 1, p. 199.
de ralioëa. '^ En avril G^a. Cf. de Maralt, Chro-
^*^ CeUe guerre dura à peu pr^ sept fM^.6y£.>I,p. âyy^elTab. Nôid.,p.99â.
68
HISTOIRE D UÉRACLILS.
Alors toute la Palestine se soumit volontairement à la domina-
lion du roi des Perses; surtout les restes de la nation hébraïque,
insurgés contre les chrétiens; par jalousie patriotique, ils commets
taient de grands crimes et méfaits contre la communauté des ariens;
ils allèrent et s'unirent [aux Perses?] faisant cause commune avec
eux. Les troupes du roi des Perses campaient alors à Gésarée
de Palestine; leur général, Razmiozan(^), c'est-à-dire Xopeam, dit
aux Jérusalémitains que s'ils se soumettaient de leur propre gré,
ils seraient conservés en paix et en prospérité.
D'abord, ils se soumirent tous ensemble et offrirent au com-
uiandant et aux princes de grands présents; puis, ayant demandé
des ostikans fidèles, ils les établirent chez eux pour garder la ville.
Quelques mois après, alors que toute la populace était réunie «
les jeunes gens de la ville tuèrent les ostikans du roi ^ des Perses,
s'insurgèrent, et se dérobèrent à son service. Alors un combat
eut lieu entre les habitants de la ville de Jérusalem, entre Juifs et
chrétiens; la foule des chrétiens prit le dessus, elle frappa et exter-
mina beaucoup de Juifs; les autres, sautant par-dessus les mu-
railles, se rendirent auprès des troupes persanes. Alors Xopeam,
c'est-à-dire 3pazmiozan, rassemblant ses soldats, alla camper au-
tour de Jérusalem, l'assiégea et, pendant dix-neuf jours, la main-
tint en état de siège. Ils sapèrent les fondements de la ville et
démolirent la muraille; le dix-neuvième jour du mois demargach^
qui était le vingt-septième jour du mois, l'an ^5*" de la royauté
d'Apruéz Xosrov^^), dix jours après Pâques, les soldats persani
s'emparèrent de Jérusalem W; pendant trois jours, ils détruisirent
''} Cf. Tab. Nôld., p. 990-991.
'^^ La correction proposée par Patka-
niuu. Journal oêtatupte y 1866, 1, p. 900,
n. 1 , se rapporte au teitc de Sebéos de
TëditioQ de Constantioople. Dans foq édi-
lion de Seb<V)8 (1879), le même savant
a corrigé Terreur du copiste (p. 89).
^^^ Sur la prise de Jérusalem par les
Perses en ti 1 & , il Taut citer en premier
Alph. Conret, La Paltêint êou$ k$ em-
pereun grecs {3 a 6 -636)^ Grenoble.
1869, P* 3 39-953, et surtout du même
auteur, La priée de Jinuaïtm far In
Perses en 6t6, Orléans, 1896. Le docu-
ment arabe que M. Couret publie d après
la traduction de M. Broydé a été revu et
commenté par M. Clermont-Ganneau ,
Recueil d'archéologie orienlaie, t. il, p. 1 87-
CHAPITRE XXIV.
69
avec l'épée tous les habitants de la ville; ils s'y établirent et la
livrèrent aux flammes. Puis ils donnèrent l'ordre de compter les cada-
vres de ceux qui avaient succombé; ce nombre s'élevait à 67,000;
ceux qu'ils firent captifs, vivants, étaient de 3 5, 000 hommes.
Rs prirent aussi le patriarche Zacharie et le gardien de la croix
et se mirent à les torturer après avoir recherché la croix vivi-
fiante. Ils exterminèrent sur-le-champ la plupart des ministres [de
rÉglise] en leur coupant la tète. On leur montra l'endroit où
était cachée [la croix], et, la prenant, ils l'emportèrent en capti-
vité; puis ils rassemblèrent l'argent et l'or de la ville et les appor-
tèrent à la Porte du roi(^); celui-ci donna l'ordre d'avoir pitié des
captifs, de reconstruire la ville et de les y rétablir chacun à sa
place; il oi*donna ensuite de chasser de la ville les Juifs; et l'on
accomplit immédiatement l'ordre royal. Ils élurent sur la ville un
160, et t III, p. 55*57. (^f- Pi*- ^' ^^^
tiH^, 0. P., Aftwe bibÙque internationale,
1897, p. &58-&63, et S. Vaîlhë, La
frise de Jiruealem par les Perses en Si à,
dans Aeove de tOrient ehréden, 1901,
p. 6i 3 et 8. De Murait {Ckronogr. ïyz.,
1. 1, p. 979) fixe eo juin 61 4 la prise de
Jënualem par lea Perses, sous les ordres
de Sdbaras. Tab. Nôld., p. 991, n. 1,
aeœpte la même date, ea se basant sur-
tout sur les données de la Ckron. Pasek.
Le récit de Thomas Arcrani (x* siècle)
offre qodqaes divergences avec eehii de
Sebéos. tr Enfin le dix-neavième jour, qui
était le 98 du moisdemailats,la 95' an-
née da règne de Khosrov, surnommé
Pervii (Abér\és), et dix jours après la
PAqne, il se rendit maître de Jérusalem.
Les Perses, ayant mis Tépée à la main,
en exterminèrent tons les habitants.
Après y être restés vingt-un jours, ils en
sortirent pour aller camper hors des
murs, et mirent le feu à la ville. L*ordre
ayant été donné de compter k s cadavres,
on trouva qu*il avait péri 57,000 per-
sonnes. 1» ce Dulaurier, Ouranol. arm.,
p. 999. A la page suivante, Diilanrier
diseate la date du 98 de margach, qui
correspondit cette année-là au 96 mai.
11 maintient cette date comme se rap-
prochant le plus de celle fournie pnr
la Ckranique Pasek, Le même savant
(Ckronol. armén., p. 356, n* IX, n. 3)
rappelle que, d*après Sebêos, les Perses
massacrèrent 1 7,000 personnes et firent
35,000 prisonniers. Ce renseignement
est pris dans l'édition de Constantinople.
Le mois de mai^ch était le 1 1 * de Tannée
arménienne.
<*^ La sainte éponge et la sainte lance
furent emportées à Constantinople etex-
|)08ées dans la grande église. 1^ sainte
lance fut vénérà? le mardi et le mercredi
par les hommes, le jeudi et le vendredi
parles femmes. Cf. de Murait, Ckronogr.
btfz. , 1, p. 973. Cf. ^dément F. de Mély,
Exnciœ êaerm eanslatUinopoKtanœ. La
Croix despremien croiser, La sainfe lance.
La sainie couronne. Paris, 1906. In-8*,
passim.
70
HISTOIRE D'HÉRAGLIUS.
archiprétre du nom de Modestos*'), qui écrivit à l'Ârménip ce qui
suit :
CHAPITRE XXV.
Leltre du prêtre Modestos aa seignear Kumitos. - Réponse do eatholioos Komitas i
Modestos. - Reronstniction de T^liso de Sainte-Hpiphsimay par le catholicos
Kuinita».
4U SEIGNEUR KDMITAS".
<rA mon très excellent et bienheureux Seigneur, au pieux Ku-
mitas, archevêque et métropolite du pays d'Arménie, Modestos,
humble prêtre et vicaire de Jérusalem.
(r Béni sait Dieu, U père de NotreSeigneur Jésus-Christy le pè*e de$
miséricordes et le Dieu de toutes les consolations, qui nous a consolés
de sa puissante consolation dans toutes nos afflietians^^\ par la ve-
nue de votre troupeau. Ne nous a-t-il pas en effet consolés par la
venue de ceux-ci? D*abord en nous rappelant les précédents pèle-
rinages'*' qu'ils venaicnl faire aux saints lieux de Jérusalem, ensuite
il nous a réjoui le cœur par leur venue, et nous avons reconnu que
Dieu no nous avait pas complètement rejetés. En effet, ce Dieu qui
('^ Modestos était abbé dn monastère
de Saint-Théodore. Un de ses premiers
soucis fut de rétablir les lieux saints. Cf.
Patkanian, Journal asiatique , 1866, t. I,
p. 900, n. 3.
^*^ Kumitas ( (romidas , Koumitas ) , «r né
à Alchich, dans le canton d'Aragacoln^,
occupa le catholicosat de 617 à BaS. Cf.
la liste des patriarches d* Arménie, dans
Saint-Martin, Affmoire«... 1. 1, p. &38.
<*) II Car., 1,3 ei à.
^*^ Allusion au pèlerinage annuel que
les pèlerins d'Orient font à Jérusalem
k Tépoque de Pâques. De nos jours
encore cette coutume s'est pieusement
conservée et quelques semaines avant
Pâques les couvents prennent un aspect
nouveau, dû aux préparatifs que Ton fait
pour recevoir les p^erins. C'est égtie-
ment ce que mentionne une inscription
arménienne, cataloguée sous le n* 963
du musée du séminaire arménien de Jé-
rusalem. L'intérêt cpi'elle présente n'est
|)as suffisant pour l'éditer; voici ce qu'elle
contient en essence : En 1 163 (« 1716
de J.-C. ) , les pèlerins venant de Constan-
tinople furent engloutis dans la mer, re-
ligieux et laïques, hommes et femmes;
en commémoration, Krikor (Gr^ire) le
patriarche a fait ériger une croix pour le
salut de leurs Ames; et grava cette in-
scription : que ceux qui la liront disent :
Dieu ait pitié de leurs Ames! — Cette
inscription est en bon état; il faut signa-
ler néanmoins qu'elle est fendue par le
milieu.
CHAPITRE XXV.
71
est nôtre, est parmi nous, nous montrant par ces choses ses grands
[miracles] accomplis dès avant l'^^ternité jusqu'à présent. Bénissant
sa force et ses miracles, disons avec Paul : Seigneur I que tes
(guvres sont grandesl tu les as toutes faites avec sagesse^^l En vérité,
ses jugements sont impénétrables et ses voies sont incompréhensibles.
Car y qui a connu la pensée du Seigneur^ ou, qui a été son conseiller?
Ou, qui lui a donné lepremiery et il lui sera rendu? Car toutes choses sont
de lui et pai' lui et pow^ lui: à lui la gloire dans tous les siècles I Amen'^\
Or, comme il a changé en amis nos adversaires et qu'il nous à
accordé sa pitié et sa miséricorde ('', devant tous nos tyrans, les
meurtriers du Seigneur et les Juifs'*), qui pensaient, en torturant
celui-ci, outrager une fois encore celui qui fut torturé pour nous'*),
^otre-Seigneur Jésus-Christ, notre vrai Dieu; eux qui ont osé faire
la guerre et qui ont brûlé cette place véritable, la clémence de
Dieu a bien voulu les bannir de sa sainte ville de Jérusalem; eux
qui désiraient s'en rendre les habitants, ils entendent [l'ordre] de ne
plus y demeurer'^); ils ne sont pas jugés dignes de voir la passion
vénérable et adorable, ni le tombeau saint et qui a enfermé la vie,
ni le saint Golgotha, glorieusement renouvelé''). [Car toutes ces
choses] voient'*) que leur gloire leur est rendue, ainsi que loffice
divin dans tout son éclat, et Sion, la mère des Eglises, qui est ré-
édifiée. En apprenant que tous ces endroits adorables sont res-
taurés, ils enragent de jalousie, non de la bonne jalousie, mais
<'> P8.,CIT, «4.
('> Rom. , XI, 33-36. L'auteur, citant de
mteoire, aura confondu avec un verset
du paaume ie commencement de la cita-
tion de Paul.
^^ AHosion à Tordre royal qui enjoi-
gnait aux floidata persans de faire grAce
aux dirétiens de Jâvsalem , de rebAtir la
ville et de laisser chacun dans sa position.
Cf. Dulaurier, Qrono/. arm., p. a a 3.
(') Le texte (ëd. Patk., p. Sh.l a) est
inintelligible Imp'qm^pmmi^iÊ^ÙifJkii» k. f^'
(*) Ce passage est très obscur et fait
supposer une altëralion du texte.
<*^ Les Juifs avaient d*abord pris parti
pour les Perses et devinrent, au commen-
cement, leurs prot^é»; mais ils furent
bientAt expulsée de Jësusalem;ils tuèrent
9,000 chrétiens avant et pendant ie siège.
Cf. de Murait, CAroMi^. Âyz., 1.1, p. 979.
^^^ Renouvelée par It» soins de Modestos
lui-même.
^*' M. Meiliet nous signale que Patka-
nian déclare dans sa traduction russe cette
phrase inintelligible.
72 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
de la jalousie innée de leur ancêtre Gain. Us demandèrent à plu-
sieurs reprises, en faisant de grands cadeaux, la permission de
rentrer dans la ville sainte; mais ils n'en ont pas été jugés dignes.,
empêchés par Dieu, qui nous a châtiés, non pas selon nos œuvres,
mais par sa charité paternelle, a6n de nous régénérer.
(rMais en décrivant [cette chose] miraculeuse, nous te causons de
la joie; la reconstruction de ces lieux adorables a lieu non par Tin-
justice ou par la ruine, mais grâce à sa miséricorde, par laquelle il
a sauvé le monde et [nous] a accordé la connaissance de lui-même.
(rOr, ainsi quon te Ta dit, grâce à Dieu, par l'intermédiaire de
vos saintes prières, toutes les églises de Jérusalem ont été réorga-
nisées et on y célèbre le culte; la paix [règne] dans cette ville
divine et aux alentours, comme on vous le dira personnelle-
ment, et comme l'ont vu vos hommes pieux. Tout cela est l'œuvre
du même créateur et c'est dans le corps seul que se trouvent les
œuvres(^); la force n'est pas dans les mains humaines; car nul corps
ne doit se vanter devant lui; il est notre paix, qui accomplit touU
comme cela a été dit, et qui restaure; combattant comme à pré-
sent, il nous réjouira par l'intermédiaire de vos saintes prières, en
prêchant la paix des saintes églises et en nous accordant des pas-
teurs de son église. Il vous rappellera de prier sans cesse pour nous
et de ne jamais manquer à penser [à nous] et veiller sur nous et sur
les pauvres de Jérusalem, à accomplir tout ce qui est nécessaire,
et, si c'est possible, à faire converger votre amour jaloux pour
Dieu vers l'assistance [requise] pour la construction du [Temple]
de la Passion vivifiante; afin que nous soyons gratifiés de ces pré-
sents, bons et désirables. Je prie aussi votre Sainteté paternelle de
lire cette missive devant les saints évoques qui sont avec vous.i^
Voici la réponse à cette lettre, que les Arméniens à Jérusalem
écrivirent à Modestos''^) :
ff I^ voix annonciatrice de la grande trompette de Tânge nous crie
(') Le leite est inintelligible. — ^*' Le ms. porte : u/m. l^uu^P == ^ Tempereur. (Noie
(le Patkanian , dans son édition de Sebéos, p. 85.)
CHAPITRE XXV. 73
à travers cette lettre arrivée de votre cité divine, nous annonçant
une grande joie; les cieux ^e réjouiront et la terre sera en liesse;
TEglise en sa gloire et ses enfants seront dans la joie; et maintenant
nous tous, d'une clameur unanime, nous entonnerons le Magnificat
angélique, en disant : (t Gloire à Dieu dans les hauteurs, paix sur
la terre et bonne volonté parmi les hommes**), t)
RÉPONSE DE TER KUMITAS^
(T Par la grâce de Dieu , de ma part , à moi , chef des évèques , et do
la part de tous les évèques orthodoxes, des prêtres, des diacres,
des scribes et de tout le peuple arménien , à vous qui avez été per-
sécutés et affligés, frappés de verges^^), éprouvés, et qui êtes pro-
tégés et choyés, consolés et aimés par le Père céleste.
(fA toi, excellent frère Modestos et à toutes les églises qui [se
trouvent] à Jérusalem, que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-
Christ, que lamour de Dieu et la paix [vous] soient multipliés (^).
(rD*abord je rends grâce à Dieu pour les consolations dont il nous
a consolés, pour que vous-mêmes vous puissiez consoler ceux qui
sont dans les peines (^); car voici que nous-mème, par votre conso-
lation qui nous est parvenue, nous avons été consolés de beaucoup
de chagrins et de peines violentes, et des tortures amères qui
nous affligent. Mais Dieu est fidèle (^*), qui, par sa clémence pater-
nelle a soulagé tous les troupeaux des croyants de cette façon
et nous a fait oublier notre tristesse par la joie de cette nouvelle et
par le bruit de la réédification et de la pacification de Jérusalem.
ff Mais le prophète nous crie, nous clame et dit: «r Consolez-vous;
rque mon peuple soit consolé, dit Dieu; prêtres, parlez au cceur de
^Jérusalem (') et consolez-la , car elle fut pleine de souffrance. ^ Dieu
^*^ Lac, u, i4. <^) Réminiscences de Aom., i, 7; \u,
^'^ Sur la forme koft^Tdv» Koftirâ;, ai.
cf. H. Hûbschmann, Armeiî. Gramm., I, '*^ U C^r., i. &.
p. 336. (*' Rëminiflcences de / (Air,^ 1, 9: \,
<*' Ri^miniseenoe de Actiê des Apôtrei, 1 3.
XVI, 37, el // Cor., xi, a5. ^^ Es., xl, 1 el a.
74
HISTOIRE D HÉRACLIUS.
s'approche de vous comme de ses Gis; car le Seigneur éprouve
celui qu'il aime^^). Quel père ne conseillera pas son Gis? Nous
avons été guéris par ses blessures ('^) et le conseil de notre paii [est]
en lui. Mais sache toi-même ceci, ô frère bien-aimé. Ces voyages
provoquaient une consolation non moindre chez notre peuple
aussi, d'abord parce qu'ils oubliaient les douleurs et la tristesse
de notre pays; a*" parce qu'ils lavaient leurs péchés par la péni-
tence, le jeûne et la charité, en accomplissant ce voyage pénible,
sans sommeiller, nuit et jour; 3"" parce que [les pèlerins] bapti-
saient leurs corps dans l'eau de sainteté, dans les tourbillons en-
flammés du Jourdain qui a jailli sur tout l'univers, en grâce divine.
Car ils répandaient l'angoisse de leur cœur autour du mont Sinai,
proche de Dieu au temps de Moise, se [disant] l'un à Tautre la
parole du prophète: «r Venez, montons sur la montagne du Sei-
<rgneur et dans la maison du Dieu de Jacob ^^Kt) Mais prononçons
encore une plus grande [parole] selon la voix apostolique (*) : (rl'ar-
(T rivée au mont de Sion et à la ville du Dieu vivant, dans la Jérii-
rrsalem céleste ^^U, et auprès des armées innombrables des anges et
des églises des aînés inscrits au ciel; la vision du siège de Dieu sur
la terre, l'apparition de Dieu juge de tous, assis sur l'autel céleste
et sur Tancre divine. Mais lorsque le Très-Haut détourna sa face
de nous et nous(^) regarda avec l'ardeur du soleil, nos âmes indo-
ciles n'ont pas obéi et nous avons été troublés : justice à Notice
<"> Hihr., xn, 6; Prov., m, ai.
'^ /Prer.,n, 9&;Es.,un,5.
t'î Es.,ii,3,€tMichëe, nr, a.
^*' iNoiis tradiiÎMiDs lîtlëndement gmm
aÊm,mt^ê^ltm^ÊA JK«yV^= seion la VOIX «pO-
stolique. On peut entendre par là que Ter
Komitas tenait Tanteur de Tépltre aui
Hébreai pour un r. pâtre, ou que la doc-
trine de cette ëpttre était conforme à
ceBe des apôtres. Cf. E. Mén^z , La Théo-
hgie de rêpiirtëmx Hêfntmx.Vmny 189Â.
Dans les cttalîons précédentes, que nous
avons identifiées, Ter Kuinitas ne rite
pas le nom de Tapôtre PaaI. Pent-étre
âail-ii du nombre de ceux qui attribuent
répttre aux Hébreux à saint Paid. L'auteur
de cette épilre n^était pas anonyme pour
les destinataires, puisqu'il leur annonce
sa prochaine Wsite. L'était-eile en 61 & ou
6 1 S, époque vraisemblable de la rédaction
de la lettre de Ter Knmitas, c^est ce que
nousigfnorons: il serait hasardé de tirer
une conclusion de Targument ex eilemiio.
'*' Hèhr.,%n, aa. a3.
•• Var.^ ^4-^ «rvous-. Sebéos, édition
Patk., p. 87, n. t.
CHAPITRE XXV. 75
Seigneur Dieu et honte à nos faces (à nous-mAmes^'^). Mais lorsque
la miséricorde de Dieu voulut exercer sa douceur énergiquement
bienfaisante sur nous qui étions déchus, ndus avons été engloutis dans
la profondeur de sa majesté. Pour ce message de bonne nouvelle,
bénissons de nos bouches, sans repos, de nos langues infatigables,
Notre-Seigneur Jésus-Christ, le bienfaiteur, qui fait des miracles,
le dispensateur des dons; car quoique le jour de carnage et d'in-
cendie de ton jugement soit tellement terrible et violent, larclii-
tecte sage qui vous a élus et purifiés comme de For au creuset^^)
renouvellera de même sa gloire sur toi et te consolera merveilleu-
sement.
trMais notre bien-aimé(') nous a déjà dit tout cela, en racontant
[comment celui qui] descendait de Sion à Jéricho tomba entre les
mains des brigands qui le dépouillèrent et, Tayant chargé de
blessures, le laissèrent à moitié mort et partirent; [comment] les
prêtres qui voyageaient le virent et passèrent outre; [comment]
les juib, les lévites et les païens le virent et passèrent outre; tandis
que lui-même (^) s'approcha avec compassion, banda ses blessures,
appliqua sur celles-ci sa miséricorde et son sang vivifiant; il com-
manda de mettre sur [les blessures] de Thuile et du vin et de les
bander, {>our les guérir; et voici qu'on vit [le blessé] conduit à
l'auberge (^) et soigné; il donna trois piastres (^^ à l'aubergiste. Voici,
tu as en main largement pour les remèdes. Tout ce que tu dépense*
ras pour cet homme, il te le rendra quand il reviendra une autre fois.
<rQue Sion ne se lamente plus désormais et que Jérusalem ne se
revête plus de deuil, car voici que Christ le roi est arrivé pour
^'^ Hëbraîanie. 3i ) ^ kfmtidemq des Arabes et des Turcs.
(*> Cf. ZMharie, ix, 3; Apoeai. , m, <*> Texte: f^ft» T^^i^^. trois de-
i8. oiers (oa piastres). Le texte grec porte :
'^^ J^us^hrist, dans la parabole du Mo hfpéfta^ et le texte annënieo du
bon Samaritein. Luc, x, So-Sy. N. T. a paiement : kg^^mê^ ^|.mÊ^^^m^lHÊ ,
^*' Ce passage doit être pntendu dans deux deniers. Kumitas cite de mëmoire
un sens mystique et symbolique; Jésus et oublie ie chiffiie exact de deniers. Luc,
est ligure ptor le Samaritain. x, 35. C'est peut-être aussi simplement
(*i
•fMAvfjvf .= «aipdo)^crov (Luc, X, une faute de copiste.
76
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
sauver et consoler; la couronne de ta consolation sera arrondie
avec sa passion fleurie, et sa mort sera un diadème de consolation
sur ta tête. Les fils méchants des Juifs se rongeaient et se consu-
maient, ô très cher, car les arbres du Christ qu'ils ont coupés avec
les haches de leur fureur par la main de bûcherons insensés, voici
qu'ils ont poussé des rejetons et qu'ils se sont multipliés. Le Très-
Haut a rempli ces [endroits] d'oliviers et de palmiers, que tes enfants
de ceux qui ont cruciGé ne seront pas même jugés dignes de voir.
cr Mais vous, frères, selon la voix de lapâtre , soyez vivants dans le
Seigneur, restez fermes, soyez consolés, soyez unis, faites la paix
et que le Dieu de paix et d'amour soit avec vous('). Amen?).
CONSTRUCTION DE Ll^.6LISE DE HAIPHSIMAY'''.
En Tannée 28* du règne d'Apruêz XosrovW, le catholicos
Kumitas démolit la chapelle (^) de sainte Hpiphsimay daus la ville
de Valarsapat, car le bâtiment qu'avait construit le patriarche
saint Sahak, le catholicos des Arméniens, le fils de saint Nei*sês,
était trop bas et trop sombre.
Or, tandis qu'il démolissait le mur de la chapelle, subitement
apparut la perle royale, lumineuse et rare, c'est-à-dire le corps
virginal de la sainte dame Hpiphsimay dont tous les membres
avaient été détachés, qui avait été scellé de l'anneau du bienheu-
reux saint Grégoire et de celui du bienheureux Sahak , catholicos
^*^ // Cor., iiii, il.
(') La I^nde de sainte Hpiphsimay
(Ripaimë) est racontée dans tous ses dé-
tails par Agathange. Cf. Victor Langlois,
(hlketkm. . ., I, p. 187 et suiv. Kumitas
et Nerees Snorhali ont composé des hymnes
en l'honneur de Ripsimé et de ses compa-
gnes. Langlois {CoUeetim, t. I, p. 187,
n. 1) propose un rapprochement avec les
aventures de Valéria ri de Prisca, et ren-
voie à Lebeau (édit. Saint-Martin), 1 1,
p. 1 4^1 et suiv. La chapelle de sainte Rip-
simé existe encore à Valarsapat; elle est
en parfait état de conservation; on en
trouvera une description détaillée dans
H. F. B. Lynch, Armeniay t. I, p. 969,
et une excellente re|)roduction photogra-
phique , tïûi. , fig S7.
^'i En 618.
(*) Sur le sens de êtêmammi^m, • JSM«v»t.«V
{matupn) ^ chapdie de martyr = pMçnit-
ptop, cf. H. Hiïbsehmann , Arm. Cramin. ,
tl,p. 363et36&.
CHAPITRE XXVI. 77
des Arméniens; [kumitas] n'osa pas ouvrir, et scella de son propre
anneau, digne desceller une telle perle, troisième anneau de trois
fidèles. perle, non point née de la mer, mais perle née de la
race royale et nourrie dans le giron de la sainteté et vouée à
Dieu, [toi] que désiraient voir les élus; et le bienheureux Kumitas
s'attendrissait à ton amour (').
La mesure de la taille de la bienheureuse était de neuf pouces ('^)
et (|uatre doigts, et toute la région du Nord ébranlée venait
Tadorer et beaucoup de malades guérissaient de tous [leurs] maux.
Il construisit Téglise et il laissa la bienheureuse en plein air, à
cause de Thumidité du mur, jusquà ce que la chaux fut desséchée;
puis elle fut recueillie dans sa demeure. Il fit enlever aussi la
charpente de la cathédrale (^) sainte, il répara les murs ébranlés,
il reconstruisit Touverture en pierre. Ceci fut fait du temps de
Yovhanik, prêtre de la sainte cathédrale du couvent.
CHAPITRE XXVI.
Xopeam vient à Gbalcédoiae avec ane nombreuse armëe pour s^emparer de Constanii-
nopie. ' Exhortation et préaeais de rempereor. - Lès Pertes se laissent convaincre
et 8*âoigQent. Us reviennent vers Byxance. - Grand combat naval oti les Perses
sont vaincus. Lettre de Xosrov à Hëradius. ~ Dëpart d*Hëraclins pour marcher
contre les Perses. - Combat près de Tigranakert. - Héndius victorieux revient
charge de butin à Cësarée de Cappadooe. - D marche de nouveau contre Xosrov.
- BataiHe dans la plaine de Ninive et défaite des Perses.
il arriva'*) dans ce temps-là (') que Xopeam se mit en marche
avec une nombreuse armée, arriva à Chalcédoine et di^essa son
camp(^) en face de Byzance. Il voulait passer [le détroit] et s'em-
parer de la capitale.
^' Allusion aux hymnes composées par 11. HiiiKtchmann, Arm. Gramm. , I, p. 353.
le patriardie Kumitas en Thonneur des ^*' Cf. Thom. Arcruni, p. 89 et suiv.
saintes Ripeimiennes. ^^^ En 6 1 7 : après la conquête de U
^'^ fiMf.(rpalme, empan ft. Palestine.
<*> Î|«»/94»<.fff4r el ^u0pm^|f^^k = KaSo- '*) Le texte porie|âr«»4ir5tiM., que nous
hxif = r^{lise métropolitaine, la cathé- corrigeons en ^MArurfijim.. Cf. Seb^,
drde, en particulier celle de Valarsapat. Cf. éd. Patk., p. 97, 1. 3.
78 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Lorsque Tempereur Héraclius vit la horde venue pour dé-
truire son* empire (^), il les traita, bien malgré lui, en amis, les
honora comme des hôtes méritants et bien aimés, alla au-devant
d'eux avec des présents, et fit de riches cadeaux au général et aux
principaux chefe(^). Il distribua des subsides aux troupes et leur
donna pendant sept journées des vivres en abondance. Lui-même
monté sur un navire [s'approcha du rivage] et leur tint ce discours :
(rQue voulez- vous feire? Pourquoi ètes-vous venus dans ce pays?
Prenez-vous la mer pour la terre, que vous voulez lutter avec elle?
Sans doute Dieu peut la mettre à sec devant vous, si tefle eatsa
volonté; mais prenez garde qu ii n'en agisse autrement et que les
abîmes de la mer ne tirent vengeance de vous. Car ce n'est point
à cause de votre piété qu'il vous a donné la victoire, mais à cause
de notre iniquité. Ce sont nos péchés, non votre valeur, qui ont
fait vos succès. Que demande donc de moi votre roi, qu'il refuse
de faire la paix avec moi? Voudrait-il détruire mon empire? Qu'il
ne le tente pas, car c'est Dieu qui l'a établi, et personne ne peut
le détruire que si tel est le bon plaisir de Dieu, et alors que sa
volonté s'accomplisse. Si votre mattre dit : (r J'établirai sur eux un
roi^, qu'il fasse roi celui qu'il voudra et nous le recevrons.
Désire-t-il venger la mort de Maurice? Mais Dieu a déjà tiré ven-
geance de Phocas par la main de mon père Héraclius. Votre roi
est toujours altéré de sang. Quand en sera-t-il rassasié? Les Romains
ne pouvaient-ils pas le mettre à mort, et détruire en même temps
l'empire des Perses, quand Dieu l'a livré entre leurs mains? Cepen-
dant [Maurice] eut compassion de lui. C'est ce que je réclame
aujourd'hui de lui, savoir paix et amitié. A vous, je demande trois
choses; écoutez-moi : éloignez de notre pays le feu, l'épée et la
captivité. Vous-mêmes tirerez profil de ces trois choses, car vous
ne souffrirez plus de la famine et il n'y aura plus de perte sur les
tributs destinés au trésor royal. Enfin j'enverrai à votre roi une
<') Cf. Lel)eaii, t. XI, p. 1 5 et suiv. — (*> Cf. Patkanian, Janmai atiaiiquê , 1866,
t. I, p. 901.
CHAPITRE XXVI. 79
letti*e(^) accompagnée de présents pour lui demander de conclure
avec moi un traité de paix, -n
Les Perses acceptèrent les présents et consentirent à ce que
demandait lempereur, [(^) en attendant la réponse qui devait venir
de leur souverain et les ordres qu'il donnerait à Taruiée. Leurs
troupes s'éloignèrent donc de Ghalcédoine et allèrent prendre leurs
quartiers d'hiver à Souria.]
Le roi de Perse reçut les présents qui lui étaient apportés de la
part de l'empereur, mais il ne laissa point repartir les ambassa-
deurs. 11 donna en même temps à ses soldats Tordre de passer le
détroit sur des barques et d'attaquer Byzance. Ceux-ci ayant affrété
des bateaux, on &t les préparatifs pour attaquer Byzance par mer.
Une armée de mer venue de Byzance alla à leur rencontre pour les
combattre. Un combat naval eut lieu, et les soldats perses tour-
nèrent le dos, couverts de honte. Quatre mille hommes y périrent
avec les bateaux; et ils n'osèrent plus recommencer.
La S/t"" année du roi Xosrov^^), il écrivit à Héraclius un décret
ainsi conçu :
(rXosrov, chéri des dieux, maître et roi de toute la terre, fils
du grand Aramazd, à notre serviteur, imbécile et infime, Héra-
clius.
(cNe voulant pas accepter d'être mon serviteur, lu te nommes
maître et roi et tu épuises mon trésor qui est entre tes mains;
tu trompes mes serviteurs et, réunissant tes troupes de bandits, tu
ne me laisses pas de repos. N'est-il pas vrai que j'ai anéanti les
Grecs, et tu prétends compter sur ton Dieu. Pourquoi n'a-t-il pas
<*) Oiympiiu P. P., Léonce P. U. et le tioo, qui eut le même «ort que la pre-
sy ocelle de la grande ^se Anastase par^ mière, et il en serait ainsi tant que les
tirent comme médiateurs de la paix, et Chrétiens n*auraient pas renié le Crueifii.
porteurs d'une lettre <rdans laquelle toute ^ Lacune comblée d'après Th. Areruni,
la bute était rejetée snrPhocasr. Cf. de p. 91, L 10 et suiv. (trad p. 8a); ci.
Murait, Chrom^. hfumi,, L I, p. ayi. aussi le sommaire du présent cha-
Le même savant, d'après des sources pitre,
grecipies, menlionne une seconde léga- ^^ 693-6a4.
80
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
sauvé (le mes inaius Gésarée, Jérusalem et ia grande Aleiandrie?
A présent même, ne sais-tu pas que j'ai soumis la mer et la terre?
Et crois-tu que Gonstantinople seule ne sera pas matée (^) par moi 1
Mais je te pardonne toutes tes fautes; allons, prends ta femme et
tes fils; viens ici et je te donnerai des fermes, des vignes et des
oliviers, avec lesquels tu vivras, et nous te traiterons amicalement.
Que votre espoir vain ne te trompe pas, car ce Christ qui ne put
même pas sauver sa personne de la main des Juifs et qui fut tué
par eux, attaché sur le bois, comment pourra-t-il te sauver de ma
main ? Car si tu descendais même dans les abîmes de la mer, j'y
allongerais ma main et je te saisirais (^). Et alors lu me verras tel
que tu ne le désires pas.T)
L'empereur Héraclius ayant reçu le message donna Tordre de le
faire lire devant le patriarche et tous les grands; et pénétrant dans
la maison de Dieu ^^), ils étendirent le message devant le saint autel
et ils se prosternèrent sur leurs faces devant le Seigneur et pleu-
rèrent amèrement, pour qu II vît Içs outrages dont ses ennemis
l'outrageaient.
Il parut bon à Héraclius et à tous les sénateurs (^) de faire mon-
ter sur le siège royal Constantin, le fils d'Héraciius, qui était un
jeune enfant'^); Héraclius fit ses préparatifs, prit sa femme et se
rendit en Orient; puis on affermit davantage Constantin dans la
dignité royale, selon la première parole (^^
Héraclius fit donc ses préparatifs avec sa femme (^) et ses eunu-
ques et les princes de sa cour; il célébra la pâque à Gonstantinople
^'^ Texte : iv^Lî Arcruni : p^i»^£_.
^*^ Rëminisceiice du Psaume cxixix.
'"^^ Cf. Esaîe, xxxvi et xxx?ii.
xXifroç ffséfïBi'n, et mtynXrfTatùs rrsëna-
leur ?^ . Cf H. Hûbschm^on , Arm, Gramm. ,
I, p. 379-380. — Cf. Sebéos, éd. Pat-
kan. , p. 80, 1. 39 et s. : . . . irm ^Vim (,
^^^ Cf. Tab. Nôld. , p. S9& ; il mentioune
le fait sans donner le nom du lik et suc-
cesseur d^Héraclius : ^r • . . Hess eineu
Sohn von sich als Stellvertreter in Cou-
stantinopd zurûck , . .n
(*) Ou bien : «r Conformément au pre-
, mier récit n consigné dans Sebéos, éd.
Patk.,p. 80 J. 39.
<") Martina, Glle de Marie et d'Eu-
trope (de Murait, CÀroiHigr. iy*., t. I,
p. 97a).
CHAPITRE XXVI. 81
et, après Pâques, s embarqua pour Ghalcédoine <^). Il donna Tordre
k ses soldats de se rassembler à Gésarée de Gappadoce, et lui-
même pai*tant de Gbalcédoine vint à Gésarée. 11 dressa sa tente au
milieu de Tannée et donna Tordre de convoquer toutes les troupes
etde lire le message devant eux. Puis il [leur] raconta [la raison] de
sa venue parmi eux. Les soldats, bien qu'ils fussent émus par ses
paroles, furent remplis de joie par son arrivée; ils lui souhaitèrent
la victoire et dirent : (r Partout où tu iras, nous sommes avec toi, à
la vie et à la mort; et que tous tes ennemis deviennent de la terre
sous tes pieds; que notre Seigneur Dieu les supprime de la face de
la terre et quil abolisse [leurs] (^) outrages parmi les hommes.^
Héradius partit et s'en alla avec i s 0,000 [hommes], se rendant
à la Porte du roi des Perses; prenant la route des régions du Nord ^^\
il se dirigea vers la ville de Karin et, arrivé à Dwin, dans la pro*
vince de TArarat, il la ravagea ainsi que Naxcawan^
Marchant sur Gandzak, ce village vaillant (^), il renverse les autels
du grand Pyrée, qui s'appelait Vànasp(^); et le roi Xosrov pressait
ses troupes qui étaient sur le territoire grec d arriver à son secours.
Gar bien qu*il eût organisé sa cavalerie et qu'il Teùt renûse aux
mains de àahén Patgosapan (^), les troupes étaient peu nombreuses
et ne purent résister : il réunit ses trésors à Tizbon et se disposa
lui-même à prendre la fuite. Quant aux troupes perses, elles arri-
vèrent en hâte à Mrcuîn. On annonce k Tempereur Héraciius que
Xopeam est arrivé h Mrcuin. Il prend ses soldats et ses captifs et
<*) n «mllirqiM le lendemain de Pâ-
qaes, 5aml699 (Lebeau, XI, 91), aprè»
avoir confie la ville, adon iea uns, k
Sage et au patrioe Bonus; sdon d'autres
i son iUs et au Xakhan comme tuteur;
sekm d'antres encore, à la garde de la
Sainte-Viei^. Cf. de Murah, CÀnmogr.^
éf*., I,p. «77.
<•> Tcite : h^, 9€$.
^'^ Il prit un autre chemin que celui
par lequel était venu Sahrbarâs (Tab.
■m. raiaAGLiuB.
Nôid., p. a9&); il prend irla route de^
rives méridionales de la mer Noire et de
rArménie « ; cf. Patkan. , Jomrtud atiatique ,
1866, I, p. SOI.
'<*' Au Ueu de m^f f^<-t^ «sA'i k pas-
sage parallèle de Thom. Arcruni porte
\g^m^anmmm^tA^ (Gaudxak de TAtropa-
lène); cf. Patk.,éd. Sebéos, p. 99, n. 1.
<') Cf. H. Hubschmann , Arm. Gramm. ,
I. p. 86.
^*> Cf. Tab. Nôld., p. i5t, n. a.
6
m r •!■■••« ■âTMIAU.
CHAPITRE XXVL 83
5oo [hommes]. 11 les massacre d'abord, et un cavalier échappé [à
la mort] arrive à Arcéâ, annonce à Xopeam la mauvaise nouvelle
que son ennemi s'est avancé contre lui et qu'ils ont massacré les
soldats de l'avant^garde à Ali. Xopeam se mit en colère contre cet
homme; il donna l'ordre de lui attacher les mains et les pieds et
dit : (T Jusqu'à présent Héraclius nous fuyait; maintenant que je suis
arrivé avec une telle force d*armes, ne me fuira-t-il pa8?i> Ces pa-
roles étaient encore dans sa bouche que [les ennemis] arrivèrent
à la hâte sur eux. Us cernèrent la ville de trois côtés, l'incendiè-
rent et brûlèrent les troupes de soldats. Si l'un d'eux sortait de la
ville pour fuir, on se saisissait immédiatement de lui et an le mas-
sacrait. Et aucun d'entre eux ne put échapper à la mort, car le
feu immense les dévora tous. Cependant Sahr Varaz se sauva,
monté sur un mauvais cheval; ainsi sauvé, il se rendit auprès de
ses troupes qu'il avait rassemblées dans le canton d'Atiovit.
Quant à Héraclius, il prit le butin de leur armée, revint en
grand triomphe et arriva dans la région de Césarée, taudis que
Sahr Varaz le suivit promptement. Mais comme l'armée était fati-
guée, il prit le parti de mettre plusieurs cantons entre [elle et
l'ennemi], pour la laisser se reposer et se refaire; [les troupes]
allèrent dans les régions des Asiatiques, s'y répandirent et y pri-
rent leurs quartiers.
Alors Héraclius, prenant ses soldats, revint en Arménie; il tra-
verse le Sirak, arrive au gué du fleuve Araxe et passe le fleuve près
du village de Vardanakert; puis il se répand dans le canton de
Gogovit. Aorik Vahan et l'armée perse les croyaient ''en fuite.
Quant à lui, passant ]>ar les cantons de Her et de Zarewand, il
se dirigea vers Tizbon pour attaquer Xosrov. Lorsqu'il pénétra
dans les confins du canton d'Atrpatakan, on en avisa Rov Vehan;
celui-ci prit ses troupes'*! et le suivit dans la ville de Naxrawan; il
^'' TlChosrau] schikte ziim Kampf (febot ihni, iuNinive^daszurSlJidt M<iKtil
gvgen ihn einen seiner Heeriahrer Na- geliôrt , am Tigrisufer lu bieiben und don
imms Râhiâdh mit 19,000 Mann and Rômera den Uebergang zu verwehren.i)
1
HISTOIRE D HÉRAGLIUS.
marcha rapidement, nuit et jour, jusqu'à ce qu il Teùt rejoint; puis
passant de Tautre côté du mont de Zarasp (^\ il tomba sur le pays
des Assyriens; ceux-ci se jetèrent à leur poursuite et eux se diri-
geant vers rOccident, s'en allèrent à Ninive. D'autres troupes arri-
vèrent de la cour du roi au secours de Roc Vehan, les meilleurs
[soldats] de tout le royaume. lis opérèrent leur jonction avec les
autres [troupes] et poursuivirent Héraclius. Celui-ci les laissa venir
jus(}uà la plaine de Ninive (^^ et là, faisant volte-face, il les attaqua
avec une extrême violence. La plaine était couverte de brouillard,
et les troupes perses ne connurent le retour d'Héraclius sur elles
que lorsqu'on en était déjà aux mains.
Le Seigneur manifesta tellement sa miséricorde sur Héraclius
en ce jour-là que son armée extermina les ennemis comme un seul
homme et qu'on tua leur général dans la bataille (^). Cernant le
reste, [les soldats d'Héraclius] voulaient les massacrer tous. Mais
eux criaient : (r Seigneur pieux et bienfaisant, aie pitié de nous?»,
alors Héraclius donna Tordre de les laisser aller, et Héraclius lui-
même ordonna de faire invasion dans le pays.
. CHAPITRE XXVIL
Fuite de Xosrov; prise et incendie de Tizbon par Héraclius; sou retour dans TAtrpa-
takan. - Meurtre de Xosrov et de ses quarante fils; avènement de kawat et paix
avec les Grecs. - Délivrance des frontières.
Quant au roi des Perses Xosrov, il alla se réfugier en franchis-
sant le Tigre à Veh Kawat, après avoir coupé les cordes des ponts
de bateaux. Héraclius vint camper aux portes de la ville de Tizbon
et incendia tous les palais royaux autour de la ville >^^. Puis il se
Tab. Nôld. , p. âg&agS. Cf. ibid, , p. q(j& , (*> Cf. Theophanes, p &88.
n. 3 , où ce général est identifie avec ^' Ce général Roc Vehan -^ Razalès fut
Palérrfç.Pvlènfs, f«?«<T7j7* des auteurs lue |)ar Héraclius le la décembre 627.
gnecs et Rôtbehdn de Michel le Syrien Cf. de Murait, CÀronoffr. byzmiU., . . , \,
et de Barhebraeus. p. a83.
•' E. GeAtifiA , Die pershchen FeldiHge *^ En janvier 6 a 8. Cf. de Morjlt,
des Kaisers Herakieios. Byz. Zs. III 869 et ». Ckronogr. ^z. , I , p. ti83.
CHAPITRE XXVIL 85
rendit dans TAlrpatakan avec tous ses bagages et toute son armée,
car Héraclius redoutait Xopem. Or Xopeni ne vint pas au secours
du roi Xosrov, mais ii resta là où il était, dans la région occiden-
tale ('). I^e roi Xosrov revint chez lui et il donna Tordre de recon*
slruire les ponts de bateaux; quant aux femmes et aux fils du roi ils
étaientàVehKawatainsique son trésor etTécuriedes chevaux royaux.
Xosrov se mit à rassembler les naxarars qui avaient échappé et
leur parla en les jugeant sévèrement : «r Pourquoi n ètes-vous pas
morts vous-mêmes sur le champ de bataille, plutôt que de venir
près de moi ? Avez- vous donc cru que Xosrov était mort ? i» Alors
ils se concertèrent entre eux et dirent : frBien que nous ayons
échappé à nos ennemis, nous ne pourrons pas échapper aux mains
de celui-là; mais venez, imaginons quelque chose./» Alors ils se liè-
rent entre eux par un sorment, ils se rendirent nuitamment à Veh
Kawal par le pont, ils se saisirent du pont et y mirent des gardes;
ils prirent pour roi Kawat, fils de Xosrov et emmenèrent en
cachette les chevaux avec lesquels Xosrov était venu à Tizbon.
Et quand la mauvaise nouvelle de cet événement arriva à Xos-
rov, il sursauta de frayeur, et dans son épouvante il chercha un
cheval; on entra dans Técurie et Ion u en trouva pas. Le roi Kawat
vint avec tous ses soldats; et le roi Xosrov se déguisa, entra dans le
jardin royal et, pénétrant sous les arbustes touffus des parterres,
s'y cacha et y demeura. Le roi Kawat donna Tordre de le chercher
et, se rendant au jardin, on Ty trouva; on le saisit et on y amena
un bourreau. Sur Tordre du roi Kawat on le tua(^). Quant aux fils
de Xosrov, les naxarars disent : (rlls ne doivent pas vivre, car ils
pourraient susciter des émeutes. *» Alors sur Tordre du roi Kawat,
on tes tua tous à la même heure, au nombre de quarante'^-; il
retint pour lui-même les femmes, le trésor et Técurie du roi.
^'^ Cf. Patkanian , dans Jammal aêia- ^^' Sur le nombre des fils de Xosrov,
Afiie, t866, I, p. S09. 4o. s5, 19, etc., cf. Patkaiiian, Jonmal
'*' liO 95 février 6a8. Cf. de Murait. atiati^, 1866, I, p. 909, n* t H les
Cknmogr, byi,, l, p. ûSH. n'fi^rences.
86
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Ensuite le roi Kawat(^) tint conseil avec les naxarai^s de son
royaume : trll faut faire la paix avec lempereur et lui céder toutes
les limites de son royaume, et de tibus côtés faisons la paix.i) D'un
commun accord ils consentirent tous à agir de la sorte. Alors le roi
Kawat donne Tordre d'écrire à Héraclius une adresse de salutation
et lui cède toutes ses frontières; il fait porter avec son adresse du
sel scellé; il charge un iâxan du nom de Aaà de confirmer cet accord
par de grands présents.
Or lorsque ce Aas arriva , annonçant la bonne nouvelle , présentant
l'adresse et offrant les présents, l'empereur Héraclius et tousses sol-
dats rendirent de grandes actions de grâce à Dieu(^>. Alors l'empereur
Héraclius donna l'ordre de mettre en liberté les nombreux captifs
et de renvoyer tout le butin; il écrit un témoignage de bénédic-
tion et établit la paix sous serment. Ensuite il envoie un de ses
principaux naxarars dont le nom était Yustath (^) avec de grands
présents, et, après avoir comblé d'honneurs et de précieux trésors
ce i?aà, il le congédie. Et lui rentra en paix chez lui. Yusdath^^) se
rendant avec des présents devant le roi Kawat présente le décret
et oflre les cadeaux. Le roi Kawat le reçut avec joie, lui confirmant
à nouveau les paroles de paix et les frontières cédées par le
serment des décrets, scellant le sel [avec Yusdat], suivant la tra-
dition [comme faisaient d'anciens rois](^/. Devant lui, il donne
l'ordre d'écrire à Sahr Varaz de rassembler ses soldats, de re-
passer en Perse, évacuer les territoires des frontières grecques,
^*) Ce roi Kawat II rëgna 6 à 8 mois,
(h)nc jusqu'à ia fin'de 638. C'est le Si-
rous, le Cabatas Sadasadasach de de Mu-
rait , Ckronogr. i^z.,},f. 98&-â85 , et le
Siroës, Cavades II de faik, ^Journal asia'
iiqw, 1866, 1, p. aiS-âi8.
^'^ Héraclius reçut les lettres de Kawat
le i5 mars 698. Cf. de Murall, Chro-
nogr, hjfz,, I, p. a8/t.
^'} Eùalédioi dans la Chromqve Pas-
cale, p. /ioi.
(*^ YusUUk est la transcription du grec
Eùalàdiot; cf. H. Hûbschmann, Arm.
Gramm,, I, p. 899 ; la variante Tusdat
indique la prononciation sourde du 7. et
ne peut guère être attribuée qu'à un co-
piste.
^*^ Les mots ^QmgJn^Mim pum una.^
mff^ PuÊ^mc,npuÊg ne sont pas possibles
à construire dans l'état actuel du texte
de Sebéos. Cf. édition Patkanian, p. 97,
1.6.
CHAPITRE XXVIII. 87
ordre auquel celuHci ne voulut du reste pas se conformer.
Puis ils congédièrent Yusdat en le comblant de trésors; et il s'en
alla.
. CHAPITRE XXVIII.
Varaxtiroch, fils de Smbat, devient manpan; Christapbor est élu eatholioos; sa
déposition ; Ezr lui saccède ; mort de Kawat et avènement d'ArlaSir son fils. -
Héradius ëerit k Xopeam et lui demande la sainte Croix; meortre d'Artaéir et
avènement de Xopeam. - Meurtre de Xopeam et avènement de Bbor, fille de
Xosrov; après die, [avènement] d'un certain Xosrov; après celui-ci, [avènement]
d*Axarmiduxt, fiDe de Xosrov. - Après celle-ci, [avènement] d'Ormicd; ensuite
avènement deYaxkert.
Alors le roi Kawat mande Varaztiroch, fils de Smbat le Bagra-
tide appelé Xosrov ânum (^), et lui donne le pouvoir de la seigneurie ;
il le fait marzpan et len voie en Arménie avec tous les biens paternels,
pour qu il maintienne en prospérité ce pays. Lorsqu'il vint en
Arménie, tous les Arméniens le recuisent avec joie; mais comme le
bienheureux catholicos Kumitas était mort(*^^ et que la place était
sans titulaire, il tint conseil avec tout le monde pour chercher un
homme digne. Alors sur la proposition du seigneur Théodoros
Aètuni, ils élurent un anachorète de la maison d'Abraham (^), dont
le nom était Christapbor ; ils l'établirent catholicos. Il advint que
c'était un homme orgueilleux et arrogant, dont la langue était
comme un glaive aigu. Celui-ci suscita beaucoup de troubles et
sema la discorde entre Aspet et son frère par de méchants discours
Il occupa le siège pontifical pendant deux ans (^), et la troisième
année, on tança contre lui des accusations. Tous les évèques et les
princes s'assemblèrent et firent une enquête ; deux hommes de sa
<'' Sot la variante hum et Imm, titre Munis, de Sgi à 600. (if. Saint-Martin,
honorifique de Smbat Bagratuni, cf. Mèmoireê, I, p. 438.
ci-deaaus, p. &8. <^) ChrisU|^or (Christophe III), du
^') D mourut en 696. Ct Saint-Martin , pays d'Apahuni, occupa le siège patriarcal
MémoirtM, I, p. 438. de GaS k 698. Cf. Saint-Martin, Mimoirf9,
^^ Abraham I, ëvéqiie du pays des 1, p. &38.
88
HISTOIRE D^HÉRAGLIUS.
famille vinrent témoigner à son sujet devant tout le monde; en-
suite on envoya quelques évèques, on lui enleva la mitre de la
dignité pontiBcale, on le priva de son rang; puis on le chassa
outrageusement. De suite, on établit comme catholicos Ezr(^\ du
canton de Nig, qui, sous le bienheureux Kumitas, était gardien
[de l'église] de Saint-Grégoire. C'était un homme humble et doux,
qui ne voulait irriter personne, et de la bouche duquel ne sortait
aucune parole mauvaise.
Le roi Kawat songeait à la prospérité de son pays, désirant éta-
blir la paix de tous côtés, mais il mourut(^) au bout six mois^'). On
établit comme roi son fils Artasir, un enfant (^). Alors Héraclius
écrit à Xo|9eam ce qui suit : (r Kawat votre roi est décédé et c'est
à toi que revient le trône royal; quant à moi, je te le donne, et à
ton fils après toi. S'il faut des troupes, j'en enverrai à ton secours
autant qu'il t'en faudra; nous conclurons un pacte entre toi et
moi, avec serment, par contrat écrit et scellé.^ Xopeam consentit
aisément, quitta Alexandrie, rassembla en un seul endroit tous
ses soldats, puis les quitta et se rendit avec un petit nombre
d'hommes au rendez-vous désigné par Héraclius (^). En se voyant
l'un l'autre, ils furent très heureux. Alors Héraclius lui fit ser^
ment de lui donner ce trône et le promit également à ses fils après
lui; [il lui promit aussi] des soldats tant qu'U lui en faudrait. H lui
(>) £jBr on Esdm, né k Phariiainakert,
698-640. Cf. Saint-Martin, Mémoires,
I,p.&38.
^*^ Au eommencement de 699. Cf. de
Murait, Ckrouog. bjfz., I, p. 985.
^*^ Lire iuÊghmg_on lieu de ffyA-M»^.
Cf. la forme fi^l'««'£.. SebAos, ëd. Patk.,
p. 98, 1. 18.
'*) n avait sept ans, d*après Tab. Nôld.,
p. 386.
') Patkanian (Jo«ni.aml., 1866, 1,
p. 919) dit que Xopeam et Hëradius
<r eurent une entrevue dans un lieu nommé
Héraelin. C'est vraisemblablement une
dusse interprétation du ^m^f^mAÊ^^^
mirffkÊ , mi^ mmmgà^miJ^ VflOr l^fM»^ de
Sebéos, ëd. Patk., p. 98, I. 97 à 98.
Nous n^avons pas trouve d'endroit portant
le nom de Héraeli. En outre, l7f«4£A
(Erakli) est une des nombreuses ortho-
graphes du nom d*IIéradius, dans le texte
de Sebéos. La forme EraUi est au génitif.
M. Meilletnous signale que, dans sa tra-
duction russe (1869), Patkantan a bien
traduit : au rendes-vous qu'Héradius lui
avait fixé. Le passage du imamal SMiiqwt
susmentionné ne peut s'eipliquer que
par une faute d^inattention de Tanteur.
CHAPITRE XXVIII.
89
demandait en premier lieu la croix vivifiante qu'il avait prise à
Jérusalem. Alors Xopeam fit serment et dit : (r Lorsque je serai
arrivé à la cour royale, je ferai immédiatement chercher la croix
et je te l'enverrai. Quant à la convention relative aux frontières, la
limite sera celles que tu désireras. Confirme cela par écrit, par
sceau et par sel. d II lui demanda encore quelques jours, puis ils se
quittèrent et s'en allèrent. Xopeam se rendit avec toutes ses troupes
à Tizbon ; sur son ordre quelques [soldats] tuèrent le jeune roi
Artaàir (*) et [Xopeam] monta sur le siège royal; quant aux princi*
paux de la cour ou de l'armée sur lesquels il ne pouvait compter,
il donna l'ordre de les exterminer par l'épée; il en fit mener d'autres
enchaînés auprès d*Héraclius.
Alors le bienheureux Héradius envoya à Xopeam des hommes
fidèles au sujet de la Croix du Seigneur. Et lui, la faisant chercher
en grande hâte, s'empressa de la remettre aux hommes qui étaient
venus (^). Ceux-ci l'ayant prise partirent immédiatement. Il leur
donna beaucoup de biens et les congédia avec de grands honneurs
et une grande joie.
Un jour Xopeam avait revêtu ses habits royaux et, monté sur
un cheval, il circulait parmi ses soldats pour se montrer. Tout à
coup, on l'attaque par derrière, on le frappe et on le tue('). On
fit monter sur \e trdne Bbor, fille de Xosrov qui était sa femme (^^;
puis on établit commandant à la cour Xo|90X Ormiid, qui était
riftxan de la région de TAtrpatakan. Or ce Xopox envoie quelqu'un
à la bambiân : (r Deviens ma femme, t) Elle accepte et dit : <r Viens à
^'^ AilaHirllIr^aflepimois^enOaQ;
cf. de Maralt, Cknmogr. byz., I, p. s(86.
D*aprèsTabtri (Tab. Nôld. , p. 388) ArtaSr
aurait été aataasînë k 17 avril 63o, aprts
un règne de ananel8ixnioi8.Patkanîan,
Jmamal uêMfm, 1866, 1, p. 918-990,
aMigne encore d^autres dates poor la dorée
du rifpie de œ jeone roi.
<*) Xopeam ^ SalurbarAs = Sariiar fut
par Hëradins, è condition qu*il
restitoecait la Sainte-Croix et toute» le»
eonqnétes de tes prédëcesaenrs en Egypte
et en Orient Cf. de Murdt, Chnimogr.
iyt.9 I, p. 986.
(') Ilavaitr^në quelques nioi8enC99.
Cf. de Murait, Chtimogr. iyt,, l,p. 986;
Tab. Nôld. , p. S88-390 ; Patkanian , dans
le Journal Miatique, 1866, 1, p. 990-991.
(^} La Semme de Xopeam et la fille de
Xosrov II; cf. Tab. Nôld. p. 3^0.
90 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS.
minuit avec un seul homme et je ferai ta volonté ^^\ ^ Et eu se levant
au milieu de la nuit il se rendit avec un seul jeune homme; lors^
qu il entra dans le palais, les gardiens de la porte se jetèrent sur lui
et le tuèrent en le frappant. La bambi&n occupa le trône pendant
deux ans et mourut. Après elle, un nommé Xosrov de la maison de
Sassan. Après Xosrov, Azarmiduxt, fille de Xosrov^^). Après celle-ci,
Ormizd(^), lepetit-fils de Xosrov, que les soldats de Xopeam avaient
étrange. Ensuite règne Yazkert, fils de Kawat, petit -fils de Xosrov,
qui régna dans la crainte, car les armées de la Perse s'étaient
divisées en trois parties : une troupe du côté des Perses et de
rOrient; une troupe de Xopeam, du côté de l'Asorestan, et une
troupe du côté de l'Atrpatakan. Mais le siège de sa royauté était à
Tizbon et tous à la fois l'honoraient d'un commun accord.
CHAPITRE XXIX.^
Arrivée de la sainte Groii dans la sainte Jënisaiem. DâimiiatioD des frontières des deux
rois. Acceptation par Ezr du concile de Chalcédoine, sons la pression de Miéz
Gnuni. - Projet de Mzés avec Aatovm contre Taspet Varaztiroch. Fuite de Varaiti-
roch. - Le roi lui prête serment; il se rend au palais et est reçu avec honneurs;
mauvais desseins d'Alhalarikos avec les princes contre [son] père. Le dessein est
dévoile et ils sont mis k mort Exil de Va aztifoch ; bravoure de David Sahapuni; il
devient curopalate. Œuvres du seigneur Théodoros Astuni.
Après avoir reçu la sainte Croix du Seigneur (^), le bienheureux,
le pieux, l'heureux roi Héraclius rassemble son armée d*un cœur
léger et joyeux; et se mettant en route avec toute la domesticité
royale, honorant la découverte sainte, miraculeuse et céleste, il la
fait parvenir à la ville sainte avec tout l'appareil ecclésiastique qui
^^^ La même anecdote est racontée par pour plus de détails aux ouvrages sui-
Tabari et par Mirkhond, mais rapportée vants : Tab. Nâid., p. 388-395 ; de Mu-
à Azarmiduxt Cf. Tab. Môld., p. 896 , et ralt , Cknmogr. hyz,, l, p. 986 et sniv. ;
Patkanian, Janmai (uiatique, 1866, 1, Jovmii/asmftfiM, i866,I, p. ssoeisniv.
p. 993, n. 1. ('î Texte: ni'<'uA(Ormzdi) ^corriger
(*) Toute la chronologie de cette période ^Q flr'f^f.'r
troublée est très obscure. Nous renvoyons ^^^ En 619.
CHAPITRE XXIX.
91
avait échappé aui mains des ennemis dans la ville de Byxance. 11 y
eut beaucoup d'allégresse ce jour^là à leur entrée à Jérusalem :
bruit des pleurs études soupirs, larmes abondantes, une immense
flamme dans les cœurs, un déchirement des entrailles du roi, des
princes, de tous les soldats et des habitants de la ville ; et personne
ne pouvait chanter les hymnes du Seigneur à cause du grand et
poignant attendrissement du roi et de toute la multitude. Il réta-
blit [la croix] en son lieu et remit tous les objets ecclésiastiques,
chacun à sa place (''; il distribua à toutes les églises et aux habitants
de la ville bénédiction et prit de l'argent pour Tencens.
Puis il se dirigea vers la Mésopotamie syrienne, pour s'en emparer
et prendre possession des villes des frontières. Les limites furent
rétablies telles qu'elles avaient été établies sous Xosrov et Maurice.
La croix du Seigneur resta dans la ville sainte jusqu'à la seconde
prise de Jérusalem par les j fils d'Ismaël, lors de laquelle elle revint
trouver un refuge dans la ville royale avec tous tes objets ecclé-
siastiques.
Ensuite vint d'Arménie le général de la région grecque, Wài
Gnuni, qui occupa tout le pays selon les limites susmentionnées.
Il dit au catholicos Ëzr d'aller dans la région des frontières et de
communier loyalement avec l'empereur, rr sinon, nous nous ferons
un autre catholicos, et toi tu exerceras ton pouvoir sur les régions
perses n. Comme le catholicos ne pouvait quitter le pays où s'exerçait
son pouvoir, il demanda au roi une confession de foi et immédia-
tement on lui envoya le livre écrit de la main du roi anathémati-
sant Nestorius(^) et les hérésiarques; mais le concile de Ghalcédoine
^*^ Héracfiiis remit entre les mains de
Zicharie la Sainte Croix; pois il bannit
de Jéniaaiem tons les Juifs, au commen-
eement de Tan 69<j. Cf. de Murait,
fJkron^. hft., I, p. 986. '
^*^ Sur la doctrine de Nestorius, nous
renvoyons aux différent» manuels de dog-
matique. Voici, en deux mots, le résume
de sa doetriue. Nestorius, dif^le de
Théodore de Hopsueste, refusait k la
vierge Marie le nom de mère de Dieu , et
enseignaitia juxtaposition desdeux natui*es
en Christ : Jésus-Christ aurait conservé
chacune de ses deux natures distincte*.
Nestorius a été combattu surtout par Cy-
rille d* Alexandrie, mort en &6A.
92 HISTOIRE D^HÉRAGLIUS.
n était pas anathématisé (^). Le catholicos se rendit en Asorestan,
vit le roi et négocia avec lui, selon Tordre [quil avait reçu], li
demanda au roi pour présent les salines de Ko}b ; après avoir reçu
le présent, il rentra chei lui en grande pompe. Dans la suite il
demeura au milieu du camp des Grecs, et le général se prétait
volontiers à ses désirs. 11 disposait des distinctions dans l'armée et
[présidait à] la distribution des greniers sur tout le pays.
L'aspet Varaztiroch, nommé par le roi Dzavitean Xosrov, fils
du grand Xosrov Snum, embellit beaucoup le pays des Arméniens;
mais il ne se soumit pas et n'obéit pas au grand iàian qui était dans
le pays de l'Atrpatakan et que Ton appelait Xopox Ormizd^^), non
plus qu'à son fils Hostom^') après lui, qui était iâxan dans la région
de l'Atrpatakan. II y eut une grande querelle entre les deux. Ensuite
le général de la région grecque, Mzèz, se mit à calomnier l'aspet
auprès de l'iâxan Aostom, qui était dans le pays de l'Atrpatakan.
(T Qu'il ne reste pas en Arménie, sinon il y aura un grand
trouble entre les deux rois. ^ H envoya son frère Garikhpet hiverner
à Dwin, afin de se saisir de laspet et de l'amener. Or comme
toutes les troupes perses aimaient l'aspet, un des iâxans l'avertit et
lui dit : (T Prends garde à toi, car demain on va t'arrèter.D L'aspet,
prenant sa femme et ses fils, s'enfuit nuitamment et se rendit à
Taron. Arrivé là, il rassembla ses soldats et demanda au roi Héra-
clius de lui faire serment de ne pas l'éloigner de son pays ; ayant
reçu le serment il alla se présenter devant lui dans le pays d'Aso-
restan. Alors le roi Héraclius lui fit serment et dit : «rTu resteras
près de moi quelque temps; puis je te renverrai en grand hon-
neur dans ton pays.?) Il l'éleva plus haut que tous les patrices qui
étaient dans son royaume et, se rendant au palais, il lui donna une
^'^ Le ooncile œeuméniqae de Ghalcë- row, é^pMvs^ Atoipivft, dlx^p^ttw.
doiae, &5i, annale les dëcirioM da con> ^*^ Le prétendant k la main de Bbor.
ciied*Éphè9e, &49;ilëtaUitladualitë de Cf. wpra, p. 89, et H. Hûbechniann,
la nature et riinîtë de la personne. Dans le Arw. Gramm. ^ I , p. 4 3.
Ghrint^lesdeaxnataresnesontnimélëes, ^^^ Sur les variantes de ce nom, cf.
ni confondues, ni séparées. éavy)(jlà- H. Hfibschmann, ilmi. CrmNM., I,p. 71.
CHAPITRE \XIX. 93
i*é8Îdence royale, des sièges d argent et beaucoup de trésors. Son
Gis Smbat était aimé du grand chambellan d'Héraclius^
Voici le crime commis par le fils de Tempereur Héraelius, dont
le nom était Athalarikos; il blessa profondément le cœur de son
père, déchira sa personne merveilleuse et la beauté de son visage
et fut cause [de la perte] de sa propre personne et de plusieurs
[autres]. De concert avec son frère Théodoros, fils d^Héraclius, sor-
nomraé Magistros, avec beaucoup de grands de la ville et Vahao
Xorxopuni, ils tinrent conseil tous pour tuer Héraclius et élever
Athalarikos son fils sur le siège royal (^). Dans ce conseil se trouva
Varastiroch, fils de Xosrov Snum, Smbat; mais il n avait pas été
d*accord avec les fils [d'Héraclins] pour tuer le roi ; il dit : «r Vous
les appelei lieutenants de Dieu; il ne faut donc pas être dans cetle
affaire-là; pour moi, je ne suis pas d accord avec vous dans ce
dessein, ri Les termes du conseil furent rapportés en entier aux
oreilles du roi par un korator, qui avait assisté au conseil. Le roi ,
apprenant la chose avec certitude, donna Tordre d'arrêter de bon
matin son fils, son neveu et tous ceux qui étaient avec eux, de
leur couper à tous le nei et la main droite. En envoyant un message
à Taspet, il dit : <rEn échange de ce que tuas agi ainsi envers moi
et de ce que tu n as pas voulu verser mon sang et celui de mes fils,'
je ne verserai pas non plus le tien ni celui de tesfib. Va, reste où je
te l'ordonnerai , et je t'épargnerai, -n Bien que plusieurs fois les con-
seillers eussent crié : «r Qu'il meures), il ne voulut pas les écouter.
Il ordonna de le transporter avec sa femme et ses fils dans une
tle et dans une ville de rélégation qu'on appelle Akhsor^'^^
A ce complot avait pris part aussi David Sahapuni; Mzè/. l'arrêta
(*) Les conspiraiears Alhaiarikos et fMAgi) frexil?», d*où«(|i«*fA-|^irenl6rD;il
TheodoTM forent mutiles puis bannis, estempnintéaugreel&p/«,peat-ètrepai
635. Cf. de Murait, Cknmogr. byz., I, Tinteirôëdiaire du syriaque (v. H. Hûbsdi-
p. 989. mann, Arm. Gramm., I. 3oi). Le Keu
^^ lie mot mi^mm^ semUe employé ici d'eiil en question est peut-être TAlnque.
nom propre :d*ordinaire il ne 8*em- Cf. Sebéos, éd. Patk., p. tii, I. 18. f*t
ploie qn*au pinrid : «^««vf^ (ou m^»m^ ù^, p* 106.
1
94 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
et t'envoya au palais. En route, il brisa ses fers et tua les hommes
qui raccompagnaient; il revint et s'attacha les troupes armé-
niennes. Il attaque Mzéz Gnuni, général de la province gi*ecque,
frappe à mort, lui et Vara^t*) Gnel Gnuni; puis il revêt la di-
gnité de général avec Tassentiment et la bonne volonté de tous les
soldats.
Le roi, sur la demande des isxans, le nomme iàxan lui-même
sur tous ces pays-là , lui décerne l'honneur du curopalatat et l'attache
à son service. Il conserva le pouvoir pendant trois ans avec grande
magniBcence. Ensuite, les soldats lui enlevèrent son pouvoir et le
chassèrent; les nobles, par leur désunion, pei*dirent le pays d'Ar-
ménie. Seul, le pieux iâxan du canton des Aâtum's, Thêodoros, te-
nait en ordre les soldats de sa région et restait sur ses gardes nuit
et jour, selon sa profonde sagesse; il faisait beaucoup de mal aux
ennemis. En organisant Vue d'Althamar, il sauva plusieurs cantons.
CHAPITRE XXX^^
Chute des Sassanides après une dominatiou de 5&9 ans. - Apparition de Mahomel. -
Invasion des enfants d'bmaël dans le pays des Arméniens. - Mort d'Hffradius et
avènement au tr6ne de Gonstanliii.
Je paderai du descendant d'Abraham, non du fils libre, mais
de celui qui naquit de l'esclave et en qui se réalisa véritablement
cette parole de Dieu : crSa main [sera] contre tous, et la main de
tous [sera] contre lui. t) W
A cette époque, des Juifs des douze tribus vinrent et se ras-
semblèrent dans la ville des Edesséniens (^). Lorsqu'ils virent
que l'armée perse s'était retirée et avait laissé la ville en paix, ils
^'^ Sur le sens de Varaz = Sanglier, et par H. Hiibschmann, Znr Gtseki€hte Ar-
les composes, cf. H. Hûbschmann, Arm. meniens uni der erfteii Kriefeier Araber,
Gramm.f I, p. 81. p. lo et suiv.
^*'' Ce chapitre a ët^ traduit en partie ^*^ Genèse, ivi, 19.
par E. Dulaurier, RecherckeM sur la chro- ^^^ Cf. Brosset, CoUeetkm, t. I, p. 88,
nobffie armèmenney p. 910 et suiv., et note.
CHAPITRE XXX. 95
fermèrent les perles, s'y fortifièrent et n y laissèrent pas entrer
les troupes du royaume romain. L^empereur grec Héraclius donna
alors Tordre de Tassiéger. [Les Juifs] reconnaissant qu'ils ne pou-
vaient pas résister dans la lutte, firent des propositions de paix
à [l'empereur], ouvrirent les portes de là ville et vinrent se pré-
senter devant lui. Il leur ordonna de se retirer et de rester chacun
chez soi ; et ils se mirent en route. Ils prirent le chemin du désert
et arrivèrent en Arabie, chez les enfants d'Ismaël; ils les ap-
pelèrent à leur secours et leur firent savoir qu'ils étaient pa-
rents, d'après la Bible. Bien que ceux-ci crussent volontiers à cette
parenté rapprochée, [les Juifs] ne purent cependant pas con-
vaincre toute la masse du peuple, parce que leurs cultes étaient
différents.
A cette époque, il y avait un des enfants d'Ismaêl, du nom de
Mahomet, un marchand(^); il se présenta à eux comme sur Tordre
de Dieu, en prédicateur, comme étant lechemin delà vérité, et leur
apprit à connaître le Dieu d'Abraham ; car il était très instruit et très
vei*sédan8 l'histoire de Moise(^). Gomme Tordre venait d'en haut,
ils se rallièrent tous, sur Tautorité d'un seul, à l'unité de loi et, aban-
donnant les cultes de vanité, retournèrent au dieu vivant qui s'était
révélé à leur père Abraham. Mahomet leur prescrivit de ne manger
la chair d'aucun animal mort [naturellement], de ne pas boire de
vin, de ne pas mentir et de ne pas forniquer. H ajoutait : «rDieu a
promis par serment ce pays à Abraham et à sa postérité après lui
en toute éternité; il a agi selon sa promesse, lorsqu'il aimait Israël.
Or vous, vous êtes les fils d'Abraham et Dieu réalise en vous la
promesse laite à Abraham et à sa postérité. Aimez seulement le
dieu d'Abraham, allez vous emparer de votre territoire, que Dieu
<^) Le mol «nnénien est fitÊi^^tÊi^^MÊf chand», qui vient lui-iiièiiie de r«niiiiëen
(Awniumgar)^ qui chex Thomas ArcruDi foggér. Nous avons dooc : fim%{iÉàt^êmfi
et Vartao est orthographie thtmgar. Ce mot, - PêA^sêêp =|£^l -^K inP* Cf. H. Hfibsch-
d'après Fleischer, cité par H. Hnbsch- mann, Arm. Grmmm,, I, p. 3o3.
rnênn, Zmt Ge$Mekte Armemefêt.,, ,p,ti. ^*^ Cf. Samuel d'An! cite par Dulau-
n. 1, correspond à Tarabe tâjir '^mar- rier, CÀnm. Arm,, p. 35&, n* vui, t.
96 HISTOIRE D^HÉRACLIUS.
a donné à votre père Abraham, et personne ne pourra vous résister
dans le combat, car Dieu est avec vous.t)
Alors ils se rassemblèrent tous, depuis Ewiwiav jusqu'à Sur et
en face de TEgyptet^); ils sortirent du désert de Phupan répartis en
douze tribus, d après la race de leurs patriarches. Ils répartirent
parmi leurs tribus les douie mille enfants d'Israël '^^ mille par tribu ,
pour les guider dans le territoire d'Israël ('). Ils partirent, campe-
ment par campement, d'après Tordre de leurs patriarches^^) : Na-
bèuth, Kedar, Abdiwl, Mosamb(^), (Mast,) Masmay, Idovmay, Masè,
Kholdat, Theman, Yetur, Naphês et Kedniay. Ce sont là les tribus
d'IsmaëL Ils se rendirent à Spaboth Moab(^) dans le territoire de
Ruben. Car l'armée des Grecs campait en Arabie. Ils les atta-
quèrent à l'improviste, les passèrent au fil de l'épée, mirent en
fuite Thèodo[ro]s(^), le frère de l'empereur Héraclius et revinrent
camper en Arabie.
Tout ce qui restait des peuples enfants d'Israël vint s'unir à eux et
ils formèrent une grande armée. Puis ils envoyèrent une ambassade
à l'empereur des Grecs, disant : «r Dieu a donné en héritage ce pays à
notre père Abraham et à sa postérité après lui; nous sommes les
enfants d'Abraham; tu as assez longtemps possédé notre pays; cède-
le nous pacifiquement, et nous n'envahirons pas ton territoire; sinon,
nous te reprendrons avec usure ce dont tu t'es empai'é.^ L'em-
pereur refusa et, sans leur donner de réponse satisfaisante, dit: crCe
pays est à moi; ton héritage, c'est le désert; va en paix dans ton
pays. 7} 11 se mit à lever des troupes, environ 70,000 hommes, qu'il
plaça sous le commandement d'un de ses fidèles eunuques et leur
ordonna de se rendre en Arabie. Il leur commanda de ne pas livrer
(') Gen., XXV, 18. H. Uûbschmann, Zur (TesdUcile i4fMe-
^') Nombres, xxxi, 3 et suiv. nien$. • ., p. 19, a. 1.
^') De Jërasalem, dans Dul., Ckron. <*> Rabbath Moab, à Test de la mer
arm,, p. 911, et H. Hûbsehm., Zur Ge- Morte.
schiehte. . ., p. 19. ^'^ Cf. H. Hûbsdunann, Zw Geuih.
^^' Gen. XXV, 1 3~i A. Armen. . ., p. 1 9, n. 3 ;de Goqe, Mémmre
^*^ Pour la oorrectiou en Mabsam, cf. sitr k conquête de Syrie*, p. 35.
CHAPITRE XX\.
97
bataille contre ceux-ci (les Arabes), mais de se tenir sur la défen-
sive, jusqu'à ce qu'il eût réuni d'autres troupes pour les envoyer à
leur secours^^L
Arrivés au Jourdain ^'^), [les Grecs] le franchirtMit et pénétrèrent
en Arabie; laissant leur campement au bord du fleuve, ils allèrent
à pied contre lacmée [ennemie]. [Les Ismaélites] postèrent une
partie de leur armée en embuscade, de ci, de là , et disposèrent la
masse de leurs tentes tout autour du campement. Puis ils placèrent
les troupeaux de chameaux autour du camp et des tentes, et ils
leur lièrent les pieds avec des cordes. Tel était le retranchement
de leur campement. Quant aux Grecs, fatigués par 1h marche,
ils ne purent qu'avec peine entamer le retranchement du camp; ils
commençaient à tomber sur [les Ismaélites], lorsque ceux qui
étaient embusqués sortirent subitement de leur retraite et fondirent
sur eux. Une frayeur inspirée par le Seigneur s'empara de l'armée
des Grecs; ils tournèrent le dos pour fuir devant eux^^). Mais
ils ne pouvaient fuir à cause de l'épaisseur du sable, dans lequel ils
enfonçaient jusqu'au genou ^*), tandis que l'ennemi les poursui-
vait i'épée dans les reins et qu'ils étaient fort incommodés par
(') Cf. de Mundt, Ckromigr. byt., l,
^'^ La bataille du Yannouk se livra , en
effet, non loin du point oii cette rivière
se jette dans le Jourdain. D après Tb<k>-
phâne, la bataille a engagea le 9 3 juillet
636, mais la déroute des Grecs ne fui
<lëd«ive que le 9o aodt. Cf. de Goeje,
jtffVn. fifT la campiête de Syrie* y p. 107
et sniv. Dans Tarmëe grecque figurait
un contingent armi^nien sous le comman-
dement de Georgius. I^ di^fection de ce
dernier entraîna, diaprés un auteur mu-
sulman, la d<^faite des troupes dllëra-
clius. Cf. de Goeje, iM.» p. 106, 118 et
199.
^^^ Bien qu*il ne le dise pas explicite-
ment, Sebëos considère Pinvasion des
Arabes comme on cbâtîment envoyt^ par
Dieu contre les Grecs, parce qu'ils nonl
pas persëvt^ri^ dans la communauté de la
foi avec les Arméniens. Sebéos a tout à
fait la conception biUique de Thistoire et
ce trait peut être relevé k plusieurs re-
prises dans son ouvrage.
^^) M. de Goeje, ioe, cU», p. 119. a
trouvé dans ce passage de Sebéos une con-
firmation du VVàdi ar-Ramâd d'Eutychius,
AnmdeM, II , p. 973 et suiv. Il y a lieu ce-
pendant de se demander si le nom de la
rivière donné par Eutychius n*a pas été
déformé par une faute de copiste et s^il
ne convient pas de lire : WAdl ar-Rouq-
qAd ; cf. R. Dussaud et F. Macler, Mientm
dan» les région* ditertiqwM de la Syrie
f, p. /^7, n. 1.
Hisr. méiiACuus.
i«r«ia&Mt RAtMaAu
98 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
lardeur do soleil. Tous les officiers tombèrent et succombèrent.
Le nombre des morts dépassa â,ooo [hommes] (^). Qaelqnes-uns
seulement réussirent à se sauver par la fuite et à trouver quelque
refuge.
Les [Ismaélites], après avoir franchi le Jourdain, campèrent à
Jéricho. La terreur qu'ils inspiraient gagna les habitants du pays,
qui firent tous leur soumission. Cette nuit-là les habitants de
Jérusalem mirent à Tabri la croix du Seigneur et tous les usten-
siles des églises de Dieu ; ils les embarquèrent et les emmenèrent
sur des vaisseaux au palais de Constantinople'^); puis lis deman*
dèrent [aux Ismaélites] la garantie d un serment et leur firent leur
soumission.
L empereur des Grecs ne put plus dès lors opposer de troupes
[aux Ismaélites] en rase campagne. Ceux-ci divisèrent leur armée
en trois corps. Une partie se dirigea vers TEgypte et s*en empara
jusqu'à Alexandrie; la deuxième se porta vers le Nord contre Tem-
pire grec et s'empara en un clin d œil du pays [s'étendant] des
rives de la mer jusqu'aux bords du fleuve Ëuphrate, et en deçà
du fleuve [ils prirent] Ëdesse et toutes les villes de la Méso-
potamie. La troisième partie marcha vers l'est contre l'empire
perse.
Alors disparut le royaume des Perses ainsi que son armée di-
visée en trois parties. L'armée des Ismaélites qui avait été rassem-
blée en Orient vint assiéger Tizbon, où résidait le roi des Perses.
Les troupes des Mèdes, portées au chiflre de 80,000 honmies
armés par le général iîstom , marchèrent contre [les Ismaélites].
[Les Pei'ses] quittèrent alors la ville et passèrent de l'autre côté
du Tigre. A leur tour, [les Arabes] traversèrent le fleuve, les pour-
suivirent en toute hâte, et [les Perses] ne s'arrêtèrent pas avant
(^) Sur Texagëration da nombre des Arabes sous les ordres d'Omar, la Sainte
combattants, cf. H. Hûbschmann, Zur Croix fut apportée à Constantinopleetreçiie
Gesekiekk. . ., p. i3, n. 1. parSergiusdansr^sedelaSainte Vierge.
^'^ Eu 635 , par suite des invasions des Gf.de Murait, Cknmogr. byt., I, p. 989.
CHAPITRE XXÎL «9
d avoir atteint leur pays, dans un village nommé Herthican. [Les
Arabes] les poursuivirent et campèrent dans la plaine. Là se trou-
vaient Musel, Mamikonien, fils de David, commandant 3,ooo Ar-
méniens armés de pied en cap, et le prince Grégoire, seigneur de
Siunie, avec 1,000 hommes.
L'action s'engagea et Tarmée des Perses prit la fuite devant les
Arabes, qui les poursuivirent et les passèrent au fil de Tépée. Là
périrent les naxarars les plus considérables, ainsi que le général
/{stam(^), Muâe) avec ses deux neveux, et Grégoire, seigneur de
Siunie, avec un de ses fils. Les autres échappèrent et s'enfuirent
dans leur pays.
Loraque les débris de farmée perse furent arrivés dans TAtrpa-
takan, ils se réunirent en un lieu et se donnèrent pour chef Xo/xh
xaiat^^l Celui-ci se hâta d accourir à Tizbon, s'empara de tous les
trésors du royaume et des habitants des villes, ainsi que de leur
roi, et s'empressa de les diriger vers TAtrpatakan. Us s'étaient à
peine mis en route et éloignés, que l'armée des Ismaélites fondit
à l'improviste sur eux. Épouvantés, [les Perses] abandonnèrent les
trésors et les habitants des villes et s'enfuirent A son tour, leur
roi s'enfuit et se rendit à l'armée du sud. Mais les Ismaélites s'empa-
rèrent de tous les trésors, retournèrent à Tizbon, firent prisonniers
les habitants et dévastèrent tout le pays(').
A cette époque, le bienheureux Héraclius acheva sa vie, à un
Age avancé, après avoir régné 3o ans^^). Il fit jurer à son fils
(jonstantin d'user de miséricorde envers tous les criminels qui
avaient été bannis par son ordre, et de laisser chacun réintégrer
son foyer. Il lui fit également jurer de ramener Taspet avec sa
femme et ses enfants et de le rétablir dans ses anciennes fonctions.
crEt s'il veut aller dans son pays, je le lui ai promis par serment.
<') Ce fat à la baUiUe de Kad^ia que ^'^ Cf. E. Dulaorier, Chnm. arm., p. a 1 i.
/feuttoiii fiittn^(636). ^'^ Héraclius niounit d^hydropisic le
('' Sur ee racoeseeur de Rouatem, cf. 11 mars 6&1, àj^^t^ de 66 ans, après
H. Hôbschmann, Armen. Gramm,, 1. 1, 3o ans 10 mois et 5 jours de règne. Cf.
p. &3. de Murait, VÀrmogr. byt., I, p. 999.
100 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Que mou serment ne soit pas faux. Laisse-lui la faculté d'aller en
paix.^ Héraclius mourut^^) et 8on fils Constantin devint le raattre<'^).
En Arménie, aucun général ne fut élu^ parce que lesisxans, dés-
unis, se tenaient éloignés les uns des autres.
L'armée dévastatrice [des Ismaélites] partit de i'Asoreslan par le
chemin de Dzor [pour aller] dans la contrée de Tarôn. Ils s'en
emparèrent ainsi que de Bznunis et d'Atiovit; puis ils se dirigèrent
vers la vallée de Berkri^*) par Ordspoy et Gogo vit, et se répan-
dirent dans l'Ararat. Aucun des soldats arméniens ne put apporter
la triste nouvelle dans la ville de Dwin, sinon trois iâxans, qui arri-
vaient pour rassembler les troupes dispersées; [c'étaient] Thèodoros
Yahewuni, Xachean Apawelean et oapuh Amatuni, qui se hâtèrent
de fuir à Dwin.
Arrivés au pont du Mecamawr^*), ils le détruisirent derrière eux
et arrivèrent pour apporter dans la ville la triste nouvelle. Ils
rassemblèrent dans la forteresse tons les gens du pays, venus là
pour la vendange du vignoble. Quant à Thèodoros, il s'était rendu
dans la ville de Naxcawan.
Lorsque les ennemis eurent atteint le pont du Mecamawr, ils
ne purent pas le traverser; mais guidés par Vardik, prince de
Mokkh, surnommé Aknik, ils franchirent le pont, pillèrent toute
la contrée, firent beaucoup de bulin et de captifs et vinrent
camper au bord de la forêt de Xosrakert(^). Le cinquième jour (^*), ils
assaillirent la ville '^), qui tomba en leur pouvoir. Ils l'avaient enve-
loppée de flammes, et ils repoussèrent les défenseurs des remparts
par la fumée et à coups de flèches; ils apposèrent ensuite des échelles,
escaladèrent les murailles, et pénétrèrent dans la ville, dont ils
ouvrirent la porte. L'armée ennemie fit irruption et détruisit la
population de la ville. Après avoir pillé la ville, ils l'abandonnèrent
^^^ Cf. E, Dulaurier, ChronoL arm,, tin, Jlémoû-e«, I, p. &o, 117; II, p. &09.
p. 397 et suiv. ^*) Cf. Xosrovakert dans H. Hûb^^h-
^'^ Le la mai-s G&i. mann, Arm, Granm., I, p. i4.
^^^ Dans le Vaspurakaii. *^ Le jeudi.
'*^ Surlarivièn;Mecainor,cf.Saint-Mar- ''> Dwin.
CHAPITRE XXX. 101
et regagnèrent leur campement. Ceci arriva ie âo du mois de Tr^^'),
un vendredi.
Après avoir pris quelques jours de repos, [les Ismaélites] re-
prirent le chemin par lequel ils étaient venus, emmenant avec eux
une foule de captifs, 35,ooo personnes. Le prince des Arméniens
Aàtunis, qui s'était mis en embuscade avec quelques troupes
dans le district de Gogovit, fondit sur eux; mais il eut le dessous
et dut fuir devant eux. Les Arabes les poursuivirent, en tuèrent
beaucoup et se dirigèrent vers l'Asorestan. Ceci se passait à Tépoque
du catbolicos Ezr. A la suite de cette guerre, Théodoros, seigneur
des /{§tunis, fut nommé général en chef par l'empereur, et il reçut
la dignité de patrice. Cet événement eut lieu à l'instigation du ca-
tbolicos Nersés^'^) qui, la même année, succéda à Ezr sur le siège
catholicosal.
Lorsque les enfants d'ismaël s'étaient dirigés du désert de Sin
vers l'Orient, leur roi Omar^'i n'était pas allé avec eux; mais, après
qu'ik eurent remporté des victoires et qu'ils eurent anéanti les
deux empires, il s'était emparé du pays depuis TEgypte jusqu'au
grand Taurus et depuis la mer occidentale jusqu'en Médie et en Xu-
zastan (^). Puis avec les campements militaires royaux ils entrèrent
dans le pays qui constitue proprement les possessions d'ismaël.
Le roi donna l'ordre de réunir des navires et de les équiper de
beaucoup de matelots pour se diriger par-delà la mer vers le sud
et vers l'est, vers Pars, Sagastan, Sdnt, Srman, dans le pays de
Turan et Makuran, jusqu'aux frontières de l'Inde. Lorsque les
troupes furent prêtes, après avoir fait diligence, elles accomplirent
l'ordre [reçu] el mirent le feu à l<u1e la teiie, pillcient et dévas-
tèrent, et retournèrent dans leur pays, en traversant la mer.
^*^ La prise de Dwin eut lieu le 6 oc- ^'^ Neraés III, palriarche de 6&0-6A9
lobre 6i9.Cr. E. Dulaurier, CÀrmol, arm., surnomme Sinowl (le constnicteur). Cf.
p. 1 3 1 . Dans la Ckrmùqw de Denifs de TeU- Sain (-Martin , Mémoires , 1 , p. A 38.
Makré, trad. Chabot, p. 6, il est dit que ^'^ Texte : Q-/s^ ■= Aiiip.
celte ville tomba en 66 1 au pouvoir des Ara- ^*' l^a Susione.
lies, et iâ,ooo Armi^niens auraient |H^ri.
103 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
Nous avons appris ces faits de prisonniers [venus] d'Arabie''',
qui en ont été témoins oculaires et nous les ont racontés.
CHAPITRE XXXI.
Des Juifs el de leurs mauvais desseins.
Je dirai encore les desseins des Juifs insurgés qui, ayant ren-
contré un certain temps Fassistauce des Hagarachs(^\ conçurent
le dessein de réédifier le temple de Salomon; ayant découvert l'en-
droit qui s'appelle Saint des Saints, ils y construisirent avec les
fondations et le bâtiment un lieu de prières pour eux-mêmes. Les
Ismaélites, jaloux d'eux, les repoussèrent de cet endroit et appe-
lèrent ce lieu leur [maison] de prières. [Les Juifs] construisirent
dans un autre endroit, près du temple, un autre lieu de prières
pour eux-mêmes; et se proposant un mauvais dessein, ils voulurent
remplir Jérusalem d'un bout à l'autre de sang et y détruire tous
les chrétiens. Or, l'un d'entre les grands d'ismaël allait se prosterner
au lieu de prières qui leur était réservé. Trois d'entre les principaux
Juifs vinrent au devant de lui ; il avaient tué deux porcs et les
avaient portés et posés dans le lieu de prières, et avaient versé le
sang sur les murs et sur le parquet de la maison (^>. Lorsque cet
homme les vit, il s'arrêta et s'entretint avec eux. Eux lui répon-
dirent, passèrent outre el s'en allèrent. Quant à lui, entrant de
suite à l'intérieur pour prier, il vit le méfait [commis] et revint
sur-le-champ pour arrêter ces hommes. Gomme il ne les trouva
pas, il se tut et s'en retourna chez lui. Ensuite plusieurs y en-
trèrent, virent le méfait et répandirent la mauvaise nouvelle dans
toute la ville. Les Juifs informèrent le prince que les chrétiens
avaient souillé le lieu de prières; le prince donna l'ordre de réunir
^'^ Sur Texpression t |v«i-^<iMr«»Wfe danls (PAgar. h concubine JAbriham.
§tf»2ff tt«f#mivb^, cf. H. Hûbschmann , Zur ^^^ Cf. nne histoire analogue dans Mi-
Gesekichte. . ., p. 18. n. 3. ehand, HiêUnre det Crffuaie$, I, p. $7
^*^ Les Arabes, en tant que descen- (5* Al.).
CHAPITRE XXXII. i03
lou8 les chrétiens « et comme ou allait les passer tous au fil de Tépée,
Thomme vint, se présenta et dit : cr Pourquoi versez-vous tant de
sang innocent? Donnez Tordre de rassembler tous les Juifs et je
vous montrerai ceux qui méritent la mort, r Lorsqu'on les eut tous
rassemblés, il pénétra parmi eux, reconnut les trois hommes qu'il
avait rencontrés. On les saisit et on les soumit à un jugement
sévère jusqu'à ce qu'ils eussent révélé le complot. Gomme leur
prince était de ces Juifs, il ordonna de tuer six hommes, les chefs
du complot, et il permit aux autres de rentrer chez eux.
CHAPITRE \\\W\
Constantin meurt par la fourberie de sa mère. - Domination d*Eraklos, le fils de la
deuxième femme d*Hëraelitis. - Le général Valenlin se rend à Constantinople et
iait régner Constance, le fils de Constantin. - Les Perses font la guerre aux Ismaé-
lites et sont vaincus. - L aspet Varaztirocli revient de captivité, ainsi que beaucoup
d^antres. - Les Ismaélites se rendent dans TAlrpatakan et se partagent en trois
bandes; ib s'emparent de la forteresse d'Areaph après une incursion dans le
Sepbhakan-Gund.
A la mort d^Héraclius^^', sou fils Constantin régna et il établit
générai de ses troupes Yalentin, surnommé TArsacide. Il ordonna
aux siens de se rendre en Orient.
Constantin ne régna que quelques jours et mourut [victime] de
la fourberie de Martina, Tépouse d*Hérac{ius('). Alors régna Era-
klos(^^ le fils d*Héraclius et de Martina^^) Augusta; car Constantin
était de la première femme •'^^ Valentin marcha avec son armée
contre [Éraklos] à Constantinople. Il s'empara de Marlina, lui
coupa la langue et la mit à mort ainsi que ses deux fils^^). Il établit
(>) Traduit en partie par H. Hfibach- <*> Héracléonas, 6&i.
mann, Zur Geêekiekie ArwÊeniem, . . , p. 1 9 ^*^ Le texte porte / JpmKffitkmf qui
et Buiv. est manifestement une faute d*împresëion
^^ Ijs tt mars 64 1. Cf. de Murait, fonrp Jptmpmfpt&tmj.
Ckrmogr. itfz., 1, p. 999. ^*^ Eudoxie.
t') n régna du 1 9 mars au 93 (?) juin ^'^ 1) après de Murait, op. eit. , p. 99^ ,
66] et serait mort empoisonné par Mar- le Sénat fit couper la langue à Martina
tina. Cf. de Murait. Md., p. 998. et le nés èi son Gis.
10& HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
comme empereur Kostas, fils de Constantin, et le nomma Constan-
tin, du nom de son père. Puis il rassembla ses troupes et marcha
vers rOrient.
La première année de Constantin (^), empereur des Grecs, et la
dixième de Yazkert, roi des Perses, les troupes perses, fortes de
60,000 hommes, bien préparées et armées, furent rassemblées
pour aller combattre les Ismaélites. Loi*sque les Ismaélites, [foris
de] /io,ooo hommes, Tépée nue à la main, se furent rangés
contre elles en ordre de bataille, ils luttèrent entre eux dans le
canton de Marsds ^), jusqu'à ce que, le combat ayant duré trois
jours, Tinfanterie des deux côtés fut anéantie. Tout à coup l'armée
persane apprit que les Ismaélites avaient reçu des troupes de ren-
fort. Alors les troupes persanes s'enfuirent du camp pendant toute
la nuit; le lendemain matin, lorsque le reste de l'armée ismaélite
se dirigea contre eux , ils ne trouvèrent personne dans le camp. Ils
envahirent toute la contrée et passèrent au fil de l'épée hommes et
bêtes. Ils s'emparèrent de vingt-deux forteresses et mirent à mort
tous les êtres vivants qui s'y trouvaient.
Mais qui pourrait raconter l'horreur de l'invasion des Ismaélites,
qui embrasèrent la mer et la terre? Le bienheureux Daniel a prévu
et prophétisé de pareils maux, qui survinrent sur la terre, lui qui
symbolise par quatre bêtes fauves les quatre royaumes qui devaient
s'élever sur la terre. Et tout d'abord, la bête à forme humaine,
le royaume d'Occident, qui est celui des Grecs; et cela est évident
par ce qu'il dit : cr Ses ailes tombèrent et il fut effacé de la terre, v
Il indique la destruction de l'idolâtrie diabolique, cr Et il se tint
debout comme sur des pieds humains, et un cœur d'homme lui
fut donné. 7) Et voici la deuxième bête semblable à un ours; il
se tint d'un côté, du côté de l'Orient. Il désigne le royaume des
Sassanides. a Et en ayant à la bouche trois côtes?), [il veut dire] le
royaume des Pei*ses, des Mèdes et des Parthes. Et cela est évident
('J 1" année de Constant II, 64i-668. — «*> Cf. Seb^, éd. Palk., p. aoa, el
H. IIiil)9climann, Zur Geschiehte Arméniens. . .^ p. 90, n. 1.
CHAPITRE XWII. 105
par le fait quon iui disait: tr Alions, dévore les corps de plusieurs t^.
Comme d'ailleurs il a dévoré eiïeclivement au su de tout le monde.
(rEt la troisième béte, comme un léopard; et quatre ailes d'oiseau
sur lui; et quatre têtes de fauves?). Il veut dire le royaume du
Nord, Gog et Magog, et leurs deux compagnons, auxquels fut
donné le pouvoir de voler avec force en leur temps du côté du Nord.
crËtla quatrième bète, terrible, étonnante; ses dents, en fer; ses
serres, en cuivre; elle mangeait et broyait et foulait au pied le reste '^.
Il dit : cette quatrième se levant pour sortir du côté du sud [est] le
royaume dlsmaèl, comme Tarchange Ta expliqué : «La bête du
quatrième royaume se lèvera, qui sera plus puissante que tous les
royaumes et mangera toute la terre. Ses dix cornes, ce sont les dix
rois qui s'élèveront; et ensuite il s'en élèvera un autre qui dépas-
sera en méchanceté tous les précédents d, et tout ce qui est dans
le passage (^).
La deuxième année de Constantin (^), petitrfîls du bienheureux
lléraclius, Yalentin conçut le projet de tromper habilement le
Sénat et de s'élever à la dignité royale, a6n que, ainsi couronné,
il eût le commandement suprême de l'armée. Il appesantit le joug
de servitude sur les habitants de la ville, il s'attacha les 3,ooo sol-
dats réguliers, qu'il conduisait avec lui, ainsi que beaucoup d'autres,
et il fit d'eux son appui. Alors les hommes de la ville se rassem-
blèrent dans la sainte église de Dieu, auprès du patriarche; ils
l'invitèrent à enlever le poids de la servitude, et mandèrent à \a-
lentin de les affranchir de cette servitude. Mais il ne voulut rien
entendre. Alors l'un des chefs, du nom d'Antoninos, dit à Valenlin :
crQue signifie l'alliance et le conseil de ceux*ci et comment peuvent-
ils oser te communiquer si impudemment un pareil dessein ? Si
tu m'en donnes l'ordre, j'irai briser leur alliance et anéantir leur
projet Je les renverrai tous chez eux, afin que ta volonté soit
accomplie.!) Il lui dit : (r Va et agis selon ta parole. ^^ Il partit avec
106 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
mille hommes et, lorsqu'il vint dans Téglise, il commença à faire
battre les principaux, en guise de châtiment. Le patriarche se leva
et dit : (t 11 est tout à fait illégitime d'accomplir de tels actes en ce
lieu. 7) Antoni[nos] se rua sur lui , lui souffleta le visage et dit : cr Reste
tranquille. 7) La foule exaspérée se précipita sur lui. On le saisit, on
le traîna par les pieds au milieu de la ville et on le brûla. A cette
nouvelle, Valentin fut saisi d'horreur. Mais la foule se porta aussi-
tôt vers lui, on le tira du palais, on le décapita et on lamena à
l'endroit où on avait brûlé Antoninos(^). On le brûla également
là. On plaça Constantin sur le trône de l'empire et on nomma
chef de l'armée Théodoros, un des Sdèles princes arméniens, de
ceux de l'Arménie grecque.
Lorsque celui-ci eut pris le commandement de l'armée, il de-
manda au roi, avec instance, comme une faveur, de se montrer
miséricordieux à l'égard de ceux qui avaient été bannis en
Afrique (^), particulièrement à l'égard de faspet^^), fils de Xosrov
Snum, nommé Smbat. Dieu adoucit le cœur de Tempereur, qui or-
donna de les amener dans la ville impériale. Il les reçut comme
des amis de l'empire et nomma le fils de l'aspet, Smbat, premier
spathar^^) entre tous les spathars et candidat. 11 le rétablit dans sa
dignité première, dans la cinquième année de son règne (^), ainsi
que Vahan Xorxopuni et les autres.
11 envoya en Arménie uu chef du nom de Thuma. Celui-ci, ne
voulant pas violer le traité [existant] entre l'empereur et le chef de
la Médie, s'aboucha avec tous les chefs, se rendit auprès de celui
des Mèdes et négocia avec lui au sujet de la paix. 11 en reçut beau-
coup de cadeaux et s'engagea par serment à faire amener au palais
Théodoros, enchaîné, car il était le chef de l'Arménie. Puis il
retourna à l'armée d'Arménie. Lorsqu'il arriva dans le pays des
''J Texie : fC>mn%fn%mii. (*) Il s'agit de Varaitiroch.
^*^ Ce passage explique le »pnu>r (*î "Lisadà^tas, cf. H. Hiibsclimann ,
Y^^nmpb liitiêfi» de SeWos, éd. Pa!k., Arm. Gram,, I, 38o.
p. io3, 1. 10, Htt^a, p. 93. ^^^ 665-6&6.
CHAPITRE XXXII. 107
Kotëens, ils tombèrent à Fimproviste sur lui [sur Théodoros], le
firent prisonnier, le lièrent et le firent conduire devant l'empereur.
Loi-sque Constantin apprit ces choses, il en Fut très troublé; car il
n'avait pas donné Tordre de Tenchainer. Il ordonna donc de le
délivrer de ses liens et de lire les lettres d'accusation. Lorsqu'il
eut reconnu la fourberie, il manda auprès de lui [Théodoros], le
reçut amicalement et avec les honneurs dus à son rang; puis il fixa
pour lui une pension annuelle sur la cassette royale (^). Ensuite il
fit appeler Thumas, mais lui interdit l'accès du palais, et fit pour-
suivra l'enquête hors [du palais]. On justifia Théodoros, le sei-
gneur des /tetunis, dans ses actes, et justice lui fut faite. Thuma
fut déchu de ses honneurs et dignités. Alors l'a^et et Théodoros,
le seigneur des Aàtunis, se virent et ils répandirent des larmes en
s'embrassant, car ils avaient été élevés ensemble à la cour du roi
de Perse Xosrov. Maïs Taspet ne pouvait pas se soumettre à la domi-
nation grecque; il médita une fourberie. 11 demanda à l'empereur
Constantin la permission d'envoyer en Arménie quatre personnes
de sa maison pour lui chercher ses biens. L'empereur lui en fit donner
l'autorisation. 11 se déguisa, prit avec lui trois hommes et, lorsqu'il
arriva au bord de la mer, montra l'autorisation impériale, se rendit
sur un navire, traversa la mer et arriva, rapide comme an oiseau,
à Taykb. 11 s'y réfugia, car les Tayens le reçurent avec joie.
Alors un grand trouble survint en Arménie. L'empereur se hâta
d'envoyer an général des Arméniens Tordre d'occuper tous les pas-
sages et de faire des recherches dans les forteresses du pays. Mais
lorsque la nouvelle arriva que [l'aspet] s'était réfugié chex les Ar-
méniens, À Taykh , le général des Grecs, Théodoros, d'accord avec
les chefs de l'armée et les naxarars des Arméniens, ordonna d'en-
voyer à l'aspet le calholicos Nersés et de lui porter le serment de
fidélité, s*il prétendait à Tiàxanat de la région, ainsi que [l'offre]
de lui amener sa femme et ses enfants. Le cntholicos y alla et lui fit
(«)
fS^tf mC^timê^^C^.
108 HISTOIRE D'HERACLIIJS.
prêter serment de ne passe diriger ailleurs; puis il revint[chez lui].
Ceux-là écrivirent à l'empereur Constantin que, conformément au
serment, il remplirait sa promesse à son égard. Car l'aspet avait
écrit en ces termes à 1 empereur : «Je suis ton serviteur et je ne
quitterai pas ton service. Mais, comme quelques-uns me disaient:
— tu retourneras de nouveau là d'où tu es venu(*^ — j'ai eu peur
et je me suis enfui. Mais si vous m'en jugez digne, je travaillerai,
je vivrai et mourrai à votre divin service, n Alors l'empereur Con-
stantin ordonna de le nommer curopalate(^), de lui accorder la
couronne d'honneur et de lui conférer l'iâxanat du pays. Puis il lui
fit envoyer en grande pompe sa femme et ses enfants et lui fit re-
mettre des sièges en argent ainsi que d'autres riches présents.
Tandis quon lui transmettait l'écrit et la marque honorifique, et
sa nomination de curopalale, il tomba subitement malade et mourut.
On prit son cadavre et on l'ensevelit auprès de son père à Dariwnkh.
L'empereur promut au rang de son père son fils aîné, nommé
Smbat, tout en lui octroyant la dignité héréditaire de général
en chef dans la dignité d'aspet et il le nomma druugar^^) de
ses troupes. Il lui donna une femme de la maison des Ârsacides, ses
parents, et l'envoya au camp auprès de son armée. Puis il envoya
en Arménie Thêodoros, le seigneur des /{stunis, avec de grands
honneurs et le promut également à la dignité de général en chef.
Et que les chefs arméniens y consentissent ou non, celui-ci vint et
prit le commandement.
L'année suivante''^), l'armée ismaélite passa en Atrpatakan et se
divisa en trois corps. Une partie alla vers l'Ararat, une autre
dans le territoire des Sephhakan-Gund^^) et la troisième dans le
( * ^ C'esl-à-dire i elourner en exil en culiaris , seleclus , proprius , gund « cohoi's.
Afiique. Etwas nâheres ûber dièse kann ich nichi
(^) K vpovoLXarrfs, fînden. Darf man die Sepfahakan Gund
'^^ Ipovyyéptos, mit der TanuUrakan Gond identiGciren .
•*^ En 643. so war ihr Gebiet die Disirikte Dzopbq im
^*' Cf. H, Hubsclimann, Zur Gewh. vierten Arménien .flashteanq und Arhbe-
Annen, . . , p. q& , n. o : ^Sephliakan = pe- rani').
CHAPITRE XXXIll. 109
pays des Atuaus. Ceux qui s^étaienl reudus dans le domaine des
Sephhakan-Gund, s'y répandirent à leur arrivée, détruisirent avec
Tépéc et firent du butin et des prisonniers. Ensuite ils marchèrent
ensemble sur Erewan et attaquèrent la forteresse , mais ils ne purent
s'en emparer. Ils partirent et vinrent à Ordspu, mais là encore ils
ne purent rien faire. De là ils allèrent camper près d'ÂrcapliC), en
face de la forteresse, au bord de Teau. Ils commencèrent à attaquer
la forteresse, mais ils éprouvèrent de grandes pertes. Il y avait par
derrière une issue par où Ton pouvait sortir du côté de la Syrie,
que Ton nomme Kaxanaktuch. Quelques hommes descendirent de
la foiieresse par ce chemin pour chercher du renfort à la forte-
resse de Darawn. Smbat Bagratuni, le fils de Yaraz Sahak, leur
donna quarante hommes. Us partirent ^^) de nuit et sortirent de
la forteresse; mais ils ne furent pas assez prudents. Les Ismaélites
aperçurent l'endroit et, en suivant leur trace, montèrent dans la
citadelle; ils occupèrent cet endroit au cours de la nuit. Ils se
saisirent de dix hommes, préposés à la garde de rendroit,qui dor-
maient, et les mirent à mort.
CHAPITRE XXXIll ^
Le Seiguoiir délivre i(*H prinonniere et anéantit les Ismaélites. ~ Les troupes qui sentaient
répandues dans I^Ararat, mettent en déroute ies Tayous, les Géorgiens et les
Aluans. - Bataille navale des Ismaélites contre les Grecs. - Pit>kop se rend aupr^
de Moavia, chef des Ismaélites. -Traité avec les Grecs. - Actes du catholicos
Nersés. - Querelle religieuse avec les Arméniens. - Réponse des Arméniens à
fempereur Constantin.
La deuxième année du règne de Constantin, le !)3' jour du
mois de hopi, un dimanche matin (^), les Ismaélites poussèrent de
grandes clameurs tout autour de la citadelle , et passèrent ceux-ci Qes
<*) Passage traduit et annoté par Du- qu'on trouve deui lignes plus loin,
borier, (^M. orm.^p. a3i (noies 357). *' En partie traduit par H. Hûbsch-
^^ Le sens exige qn*on lise A-|^ ^ mann,Zirr Ge$ekiehle. . ., p. oS-^iS.
fi^ni^ au lieu de /^ p^rr*^; le ^'^ Le 10 aoât 6i3. Cf. E. Dulaurier.
copiste rqiroduit le A^ifi» f i^rt^ ChronoLarm., p. a3t et suiv.
110 HISTOIRE D*HÉRACLIUS.
défenseurs] au fil de Tépée. Beaucoup se précipitèrent en bas de»
murailles et périrent. On fit descendre de la citadelle les femmes et
les enfants pour les tuer. On fit une quantité innombrable de prison-
niers et un grand butin de bestiaux. Mais le lendemain matin le chef
de l'armée arménienne arriva contre les ennemis et leur infligea
une grave défaite. De trois mille hommes bien armés, Tâite des
troupes ismaélites, il n'en échappa aucun, sauf quelques fan-
tassins, qui réussirent à gagner Samb et à s'y retrancher. En ce
jour-là, le Seigneur délivra les nombreux prisonniers des mains
des Ismaélites et anéantit Ismaël par une grande défaite. Deux des
chefs ismaélites, Othman etOgomay ('^ périrent. Ce fut une grande
victoire pour le général arménien [Thèodoros]. Celui-ci envoya à
Constantin, comme présent provenant du butin de la bataille,
cent superbes chevaux de courses; l'empereur s'en réjouit avec
toute sa cour et lui fit exprimer sa reconnaissance.
Le corps d'armée qui était dans l'Ararat pénétra l'épée à la main
jusque sur le territoire des Tayens, des Géorgiens et des Atuans et
fit du butin et des prisonniers. Puis ils se dirigèrent vers Naxfawan
contre l'armée qui assiégeait la ville de Naxcawan, sans pouvoir la
prendre. Cependant ils prirent la ville de Xram, tuèrent la gar-
nison et emmenèrent en captivité les femmes et les enfants.
Enfin le [chef du corps] qui était en Palestine W fit équiper une
grande flotte. Il s'embarqua et commença la guerre contre Constaiw
tipople. Mais la guerre maritime ne lui réussit pas. Car beaucoup
de troupes s'embarquèrent contre [ses hommes] les firent sombrer
dans les profondeurs de la mer, les chassèrent parle feu (grégeois)
et en mirent beaucoup en fuite. Néanmoins l'empereur effrayé jugea
plus prudent de payer tribut et d'envoyer des ambassadeurs pour
conclure un traité. Mais comme l'empereur grec Constantin était en-
core un enfant, il ne put accomplir la chose sans le consentement
^') C'est r Arabe t)klMi,d après Levond <*) Moavia, dont Sebéos ëcril le nom
et Indjidjian, dtës par H. Hûbschmann , Matrias (|PâM./baiMr).
Zur GescUchtê. . ., p. 5i5, n. 3.
CHAPITRE XXXIII.
111
de lariuée et il manda à Prokop d'aller avec cette armée à Damas
vers Moavia, le chef de Tannée ismaélite, et de conclure le traité
de paix avec lassentiment de Tarmée. Lorsque Prokop eut reçu
Tordre impérial et consulté les soldats, il se rendit avec eux vers
Moavia, le chef de l'armée ismaélite k Damas, indiqua le chiffre
du tribut, détermina la frontière, obtint le traité et s'en alla(^).^
En ce temps-là, le catholicos arménien Nersés conçut le plan
de se bâtir une demeure près des saintes églises de la ville de
VatarèapatW, sur la route où, suivant la tradition, le roi Trdat
alla à la rencontre de saint Grégoire. Il y construisit aussi une
église au nom des anges (') du ciel, des milices célestes , qui étaient
apparues en songe à saint Grégoire. Il bâtit Téglise, avec de
hautes murailles et toutes sortes de merveilles, dignes de l'hon-
neur divin auquel il les consacrait. Il amena Teau de la ri\ière<^),
rendit cultivable tout ce pays pierreux, planta des vignes et des
vergers d'arbres fruitiers et entoura la maison d'habitation d'un
haut et beau mur, à la gloire de Dieu.
<'> En 669. Cr. de MunH, Ckromtgr.
4jf^., I, p. «98.
<*) cr. Aliaiian, AranU, p. a&5; v.
Thidinann, Strmfxêgt tm KwêIuumm. . »
p. 1&7 etMiiv.
(') Il s'agit ëyidemment de T^se de
Zoarthnoch dont il salMiste des raines
coosidérables ; v. une élude détaillée : Mec-
peai> Tepb-MoacecîsH'b , Pacmoiuoi poMo^aii»
U0p»tmk eé, rpoMOffU, dans les Hm. nmn.
apgêoA, moM., 7* eahier de Tannée 1908;
noas n^avons pa prendre connaissance
de ce travail. Notre ami et condisciple,
M. Pierre Aubry, chai^ de mission au
Caucase, an printemps de 1901, visita
cette région an débat des fouilles. 11 a
bien voulu mettre à notre disposition ses
notes de voyage qa*il n*a pas encore pu-
bliées. Lors de son passage, on remar-
(juait trois périodes dans les fouilles,
période cunéiforme uUestëe par une in-
scription euttéiforme, période du temple
païen d'Ieraxamoin , période de T^^Ûse
de saint Gr^foire. M. Aubry compta
6& ccdonnes engagées, 5 entrées, 4 petits
auteb, 1 awag autd orienté au Levant,
h aigles [dacés sur les chapiteaux des co-
lonnes devant les quatre petits autels; le
monogramme du catholicos Nersès est en
grec; la croix est en forme de lys: c*est
probablement le plus ancien type de croix
arménienne; TédiGce était peint en divers
endroits; il reste des traces de peinture
sur les aigles ; nombreux ^ij^fi en diffé-
rentes langues; on avait déjà découvert
beaucoup d*objeU,dépoaéB an musée de Ten-
droit : fragments de mosaïque , de faïences
polychromes, de charpentes; monnaies,
osselets, ivoires, porte-lampes, etc.
(^) Du Qasakh. affluent de rAraxe. Cf.
H.Hiikiclimann. Xw GeêcUekkArm. . .,
p. 97, n. a.
112 HISTOIRE D HÉIIACLIUS.
Mais le dra;ron rebelle ne s'arrêta pas; il voulut avec sa ruse
combattre Dieu; il s'efforçait de susciter des persécutions contre
les églises d'Arménie. Car sous le roi Constantin , petit-fils d'Hé*
radius, il mit en œuvre la ruse de sa méchanceté, il prit pour
satellites les soldats qui étaient dans le pays des Grecs. Car les
Arméniens n'acceptaient jamais de communier avec les Grecs au
corps et au sang du Seigneur. Et voici qu'ils (les soldats) écrivent
une [lettre d'jaccusation à Constantin, l'empereur des Grecs et au
patriarche : (tNous sommes considérés comme des impies dans ce
pays ; car ils considèrent le concile de Chalcédoine et le tumar de
Léon (') comme des outrages au Dieu Christ et ils les anathéma-
lisent. Tî
Alors le roi, d'accord avec le patriarche, donna un ordre cl
on écrivit un décret aux Arméniens pour qu ils fissent union de la
foi avec les Grecs et qu'ils ne repoussassent pas ce concile et ce tu-
mar. Il se trouvait là un homme du village de Bagrawan qui avait
étudié l'art de la philosophie et dont le nom était Dawith; il donna
l'ordre de l'envoyer en Arménie pour y faire cesser l'antagonisme.
Tous les évèques et les naxarars des Arméniens se réunirent à
Dwin W auprès du catholicos christophile Nersês et du pieux gé-
néral arménien, Thêodoros, seigneur des /?stunis. Ils virent les
ordres du roi et ils entendirent les paroles du philosophe, qui
enseignait la Trinité, d'après la décision du tumar de Léon. Et
apr<*s l'avoir entendu, ils ne consentirent pas à changer la véri-
table doctrine de saint Grégoire, selon le tumar de Léon. Il
semble convenable à tous de répondre à la lettre [de l'empe-
reur].
Texte de la réponse à la lettre arrivée en Arménie de la part
de Constantin, empereur des Grecs, qu'ont écrite les évèques
d'Arménie et le catholicos Nersês, de concert avec les naxarars et
le général Thêodoros, seigneur des /îstunis.
^^^ Sur la lettre de Ijëoa, cf. H. Hûbschinann, ZurGesckickit, . . , p. Q7. — ^*^ Diaprés
Saint-Martin, le sixième concile de Dwin eut lieu eu 6&8.
CHAPITRE XXXIII. 113
Véritable et orthodoxe lettre nîcéenne.
Je te prie, lis cela, toi qui as la foi chrétienne, ô [homme]
pieux !
Nous avons le commandement des prophètes inspirés et des
apôtres du Ghrisl('), de faire des prières pour ton pieux royaume
et tous [tes] princes et soldats, et pour tout ton palais gardé par
Dieu, où repose lamour divin et où se montre la grâce des faveurs
divines sur vous.
Car voici un royaume plus grand et plus puissant que tous les
royaumes, couronné non par la main des hommes, mais par la
droite de Dieu, que personne ne pourra remplacer, hormis le
royaume du Christ; [il en est] de même du saint patriarcat, par
la grâce de Dieu.
Naxarars et soldats christophiles, nous aussi, fiers de la splen-
deur de [ton] pieux royaume, nous sommes restés inébranlables
au milieu des méchants et impies rois perses, lorsqu'ils ont sup-
primé le royaume et qu'ils ont fait périr toutes les troupes de
l'Arménie, et qu'ils ont emmené en captivité les hommes et les
femmes, et que, mettant et faisant briller leur épée sur ceux qui
restaient, ils ont tenté de les induire en erreur, mais n'ont pu
les ébranler : t Les impies ont eu honte aussi dans leur vanité (''.d
Jusqu'à ce que le roi Kawat et son fils Xosrov donnèrent l'ordre
suivant : ftque chacun garde sa foi et que personne ne se permette
plus de vexer les Arméniens ; car ils sont tous nos serviteurs de corps ;
mais pour les âmes, cela regarde celui qui juge l'âme, t» Ensuite
Xosrov fils d'Ormizd, après la captivité de Jérusalem , donna l'ordre
à tous les évèques de la région d'Orient etd'Asorestan de se réunir à
la Porte royale (') et il dit : rrj entends qu'il y a deux partis parmi les
chrétiens, et l'un anathématise l'autre; qu'estrce qu'ils jugent comme
étant le juste ? Or, qu'ils se réunissent tous à la Porte royale pour
' Cf. Asotik, p. 99. — (*' Ps, xwv. k. — (*J à Ctësiphonî
uiratatau «atioiau.
11& HISTOIRE D*HÉRAGLIUS.
qu ils coiidrment ce qui est droit et qu ils repoussent ce qui est
faux. 7) Tous les évoques et les prêtres (*', et tous les fidèles de cette
région se réunirent, et il mit sur eux comme ostikan Smbat Ba-
gratuni, surnommé Xosrov Snum, et le médecin en chef de la cour*^'.
Il y avait aussi là, parmi les captifs, le patriarche Zacharie de Jé-
rusalem, et de nombreux autres philosophes, qu il avait faits pri-
sonniers dans la ville d'Alexandrie; le roi Xosrov leur donna
Tordre d'examiner en toute justice et de faire connaître la vérité
au roi. Tous se réunirent dans le dahlic royal, et il y eut du bruit;
car quelques-uns étaient de la foi orthodoxe, selon Técrit et le
'^ceau des anciens rois; d'autres, nestoriens; puis, toutes sortes de
gens. Le patriarche (^^ lui-même s'avança et dit : crGet homme ne
sera pas appelé Dieu, n Et on fit connaître ces paroles au roi.
Le roi répondit et dit : <rSur l'ordre de qui est-il venu en cet
eudroil? Or, qu'il soit battu de verges et qu'il s'en aille ;î) de
même, il donna l'ordre de faire sortir du tribunal de nombreuses
autres sectes ; il ordonna d'examiner seulement [les doctrines de]
Nicée, de Gonstantinople, d'Ephèse et de Ghalcédoine. Il y avait
là deux évêques d'Arménie, hommes fidèles, qui avaient été en-
voyés pour instruire le roi de la tyrannie qui pesait sur le pays,
Kumitas, évêque des Mamikoniens et Matthêos [évêque des] Ama-
tunis. Ils avaient avec eux l'écrit de saint Grégoire. Le roi donna
l'ordre de demander : et Sous quels rois ces conciles ont-ils eu lieu?
Ils répondirent : trLe concile de Nicée s est réuni sous Gonstantin;
celui de Gonstantinople sous Théodose le Grand ; celui d'Ephèse
sous Théodose le Petit; celui de Ghalcédoine sous Mareien.^ Le
<*) Cf. Michel le Syrien, Histoire, k se fidre Nestoriens. Cf. Lebeau , t. XI,
ëd. de Jârusaiein, 1871, p. 986 et p. 111, et H. Hûbschmann, Zw Ge-
suiv. sehichte. . .> p. 98, n. 1.
^ Sur le conseil de son médecin Jo- ^'^ Il y a manifestement une lacune
uau, Xosrov ordonna de massacrer les dans ce passage; on ne peut songer à b
Édesséniens qui ne se feraient pas Jaco- combler au moyen du parallèle d*Aaolik,
bites. Cf. Lebeau, t.X, p. A & 9. Plus tard, dont le texte est ^lemenl corrompu en
Xosrov contraignit les chrétiens de Perse cet endroit.
CHAPITRE XXXIII. 115
roi répondit et dit : et Les ordres de trois rois semblent être plus
vrais que ceux d'un seul.*» Et le roi ayant appris qui était Nesto-
nus, doù il était, à quel concile [il avait pris part] et ce qu'il
avait dit, ordonna de faire sortir du tribunal les Nestoriens. De
même il demanda pour le concile de Chalcédoine : a Qui étaient
les cheGs? D On lui fit connaître et on lui dit que, à Nicée et à
Gonstantinople, c'étaient les rois eux-mêmes, Constantin et Théo-
dose le Grand; à Ephèse, c'était Cyrille, l'évêque d'Alexandrie,
et à Chalcédoine, l'évêque Theodoretos, qui partageait les idées
de Nestorius.
Il y avait là le catholicos Eran , et d'autres évêquesde l'Asorestan,
de l'Aruastan, du Xuzastan et d'autres pays; le roi Xosrov donna
Tordre de démolir toutes leurs églises et de les passer tous au fil
de Tépée, s'ils ne se détournaient de l'erreur; et s'ils ne suivaient
la route royale • . . Tenaient le parti de Chalcédoine le catholicos
de Géorgie et d*Albanie avec beaucoup d'évêques de la région
grecque et des chefs qui étaient venus au service du roi de Perse(^);
il leur fit offrir la discussions^). Il demanda un rapport des deux
partis, sur le concile de Nicée sous Constantin, sur celui de Con*
stantinople sous Théodose le Grand, sur celui d'Ephèse sous Théo-
dose le Petit et sur celui de Chalcédoine sous Marcien pour
examiner tout et le bien approfondir. Lorsqu'il connut tout exac-
tement etquil en eut une idée véritable, il les interrogea et dit :
'^Ces trois-là, pourquoi n'ont-ils pas dit : deux natures séparées,
comme celui-ci 1 il est évident qu'il faut nous diviser nous-mêmes
en deux, et dire qu'il y a deux rois, et non pas un. Car moi-même, je
suis de deux natures, et de père et de mère, et d'âme et de corps.
Mais si la divinité n'est pas partout, et si elle ne peut pas devenir
ou faire tout ce qu'elle veut, qu'est la divinité? i) Puis il donna
^'^ Passage coi rompu, traduit d'après un mot d origine persane; le ^ au
le sens général. lieu de i^ est relativement rëcent:
^'^ Lire f^tm^imp; ^•^^f»'p est une cf. H. Hnbschmann. Arm, Gramm., I,
autre maniire d^écrire i^i^c^Mf , qui est p. 930.
8.
116 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
Tordre d'interroger Zacharie, patriarche de Jérusalem, et le philo-
sophe d'Alexandrie, avec promesse de dire la vérité sous serinent
lis répondirent et dirent : «r Si nous n'avions pas dévié de Dieu , il
n'aurait pas lui-même avec colère dévié de nous; mais maintenant
craignant Dieu, nous dirons la vérité devant vous : La foi véritable
est celle qu'on a proclamée à Nicée sous le bienheureux Constan-
tin, et celle de Gonstantinople et d'Ëphèse, d'acC/Ord avec elle; et,
d'accord avec elle, la foi véritable des Arméniens. Quant à ce qui
a été dit en Ghalcédoine, cela n'est pas d'accord avec elle, comme
Votre Bienfaisance le sait, v Le roi ordonna de chercher dans le
trésor et on trouva la véritable foi de Nicée, écrite, et il examina
la concordance avec la foi des Arméniens, qui était scellée avec
l'anneau du roi Kawat et de son fils Xosrov ; sur quoi le roi Xosrov
donna l'ordre suivant : <rQue tous les chrétiens qui sont sous mon
pouvoir aient la foi des Arméniens. Et de même ceux qui ont la même
foi que les Arméniens dans les régions de l'Asorestan, Kamyisov (')
le métropolite et dix autres évêques, et la pieuse reine Sirin(^), et le
brave Smbat et le grand médecin en chef, v Le roi Xosrov ordonna
de sceller un exemplaire de la confession véritable avec son anneau
et de le mettre dans le trésor royal.
Et maintenant, puisque Dieu nous a fait sortir du service du
pouvoir des ténèbres et nous a accordé [de faire pai*tie de] votre
royaume de la cité céleste, avec combien plus d ardeur ne devons-
nous pas demander au Christ-Dieu de conserver éternellement
inébranlable votre royaume pieux et ami de Dieu et qu'il [jouisse]
comme dés jours du ciel sur la terre ^^^ avec de nombreuses vic-
toires, dominant sur tout l'univers, sur mer et sur terre ; bien que
par le corps vous soyiez de la race humaine, vous prenez place au
rang divin, et la lumière glorieuse de votre pieux royaume remplit
^'^ Mëtropoliie de Syrie ; cf. H. H&bsch- ^'^ Femme de Xofirov H , Aramëenne des
matin, Arm, Gramm., l, p. agA. Sur environs de ce qui fut plus tard Basra. Cf.
Kamjeifu, cf. Seb<k)8, éd. Patk., p. laS, H. Hidrachmanu , Arm, Gramm., I,p. 69.
n. I . ('^ Fin de la citatiou dans Asolik.
CHAPITRE XXXni. 117
tout sur la terre; vous qui êtes couronné par le ciel, vous Tobjet
de la gloire de tous les chrétiens, par la puissance du signe de la
Croix divine, [vous] qui ressemblez à votre père le bienheureux
Héradius, qui aimait Dieu, qui adorait Dieu, que Dieu a béni, le
brave, le victorieux, le libérateur. Et maintenant que le Dieu Glirist
[t'jaccorde la même faveur par Tentremise de ta piété.
Au sujet d^ Tifnion de la foi, nous avons reçu Tordre d exa-
miner la question , et le rescrit touchant la piété de la confession
nous a été envoyé à nous, indignes serviteurs. En le voyant, nous
nous sommes prosternés, et avec grande allégresse, nous avons
glorifié le Christ et nous avons béni le bienfait. Et maintenant , voici
comment nous avons appris la vérité de la foi. L'évangéliste Jean
dit : f( Au commencement était le Verbe , et le Verbe était auprès
de Dieu et le Verbe était Dieut^l?) Et le même [Jean] dit encore
dans son [épltre] catholique : «r Ce qui était dès le commencement,
ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce
que nous avons contemplé et que nos mains ont louché, con-
cernant la parole de vie'^U, r Voici le Verbe a été fait chair t'U,
<ret la vie a été manifestée, et nous avons vu, et nous rendons
témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était
avec le Père et qui s'est manifestée à nous^^U. Le même Jean dit
dans Tévangile : (r Personne na vu Dieu^^^T). Et Paul dit : r Celui
que personne parmi les hommes na vu et ne peut voir'^*)^. Or,
pourquoi ditril que «rnous Tavons vu de nos propres yeux^^)i) et
fr celui que nous avons vu et que nos mains ont louché fut le Verbe
de la vie^, et tr celui qui était auprès du Père et qui nous est
apparu ('^)t), celui-là très terrible, comme cela convient aussi selon
la divinité; et celui-ci très hunible et très charitable, selon la
nature humaine. Mais il est évident qu'il raconte Tincamation de
'*) Jean, i, i. <*) I Jean, iv, 19. L*Évniigile, i, 18,
^*^ I Jean, 1, 1. dil : f l>-»<t«.ti»* »^«v ^-•^» ^rpt^«
t") Jean, i, 1 4. Le texte du ^. T. porte ^•^ ÎTim., n, t6.
1^ ^^V «A^^b A^^. :'} I Jean, 1, 1.
') I Jean, 1, q. * 1 Jean, 1, 9.
118 HISTOIRE D'HÉRACLIUS,
1)ieu, comme le Verbe du Seigneur raconle que ff celui qui m'a
vu a vu le Père(^)^. Il a dit : me^ comme ?m, et non pas not/^
comme detujc. Là il parlait seulement de la divinité : (r Celui qui
seul a l'immortalité et qui demeure dans la lumière terrible et
inaccessible (^) 7). Et maintenant [il parle] de l'humanité et de la
divinité ; car l'invisible ne paraissait pas ; mais dans le visible on
voyait l'invisible ; dans le visible, la paternelle nature divine et
la maternelle nature humaine ; car la nature du père s'est unie à
la nature humaine, en une unité immuable. Et [ainsi] il est né d'une
seule nature [à la fois] Dieu et homme, comme la lumière. L'apAtre
de Tarse raconte : (rDieu, dit^il, est un, et un l'intermédiaire
entre Dieu et les hommes^*'. ti «rOr il n'y a pas d'intermédiaire d'un
seul (^). T Car l'union ne se fait qu entre deux : comme d'Abraham
et de Sara ensemble naquit Isaac ; ainsi le Christ est né de l'Esprit
saint et de Marie, avec une nature une, d'une unité non mêlée et
non confondue, indicible, selon Dieu, [en tant qu'il vient] du Père,
car la virginité [de la mère] n'a pas été brisée.
Or le Seigneur Jésus-Christ, Dieu et homme, est un, viesu^
pendue au bois sous les yeux [de tout le monde], par les meurtris-
sures duquel nous avons été tous guéris, selon la voix du premier
prophète <^). Ainsi le bienheureux Jean raconte l'union dans son
[épitre] catholique, en disant: (r C'est celui qui est venu avec l'eau
et avec l'esprit^^) et avec le sang, lui Jésus-Christ; non seulement
avec l'eau, mais avec le sang et l'eau; et c'est l'Esprit qui rend
témoignage, car TEsprit est la vérité t'I Car ils sont trois qui ren-
dent témoignage : l'Esprit, l'eau et le sang; et ces trois sont un.
^'' Jean, xiv, 9. témoins, I Jean, v, 7 rrCar ii y en a trois
^'^ I Tim., VI, t6. qui rendent témoignage dans le ciei : ie
^') l Tim., H, 5. Père, la Parole et le Saint-Esprit: et ces
^^) Gai., ni, 90. trois-Ui sont un 9). Sur les ratures dont ce
^'^ Es., LUI, 5. passage a été Tobjet, voir un ms. amié-
(*) Z^ni^nil manque dans le grec , nien du xii' siècle de la Bibliothèque na-
mais se trouve dans larménien. tionale de Pans , ancien fonds arménien 9 .
-^ Manque ie célèbre passage des trois fol. 99 et suiv. Cf. note de Zohrab.
CHAPITRE XXXIII. 119
Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de
Dieu est d'un plus grand poids, [et cest le témoignage] quil a
rendu de son GIs^'t^). Or acest ici mon fils bien-aimé, en qui
j*ai mis mon affection ; écoutez-le ^^'.t) 11 na pas divisé eu deux na-
tures, en deux personnes et en deux esprits; mais en disant : cest
celui-ci, il a révélé lunion. G est ce qu'exprime le même évangéliste,
en disant : <r L'Esprit, l'eau et le sang; tous les trois sont uu(^).t)
Ailleurs, il dit : trËt le sang de Jésus son fils nous lave de tous les
péchés^^)^. Voici que Jésus-Christ est fils de Dieu et fils de l'homme,
et tous les deux ensemble [sont] une seule nature. Or il est évident
à tous que la divinité est incorporelle et immortelle ; mais ce qui
est plus merveilleux et plus bienfaisant, plus admirable et sym-
bolisant plus de miséricorde , c est que l'incorporel s'est incarné et
que l'invisible est devenu visible; l'impaipable, palpable; l'éternel a
eu un commencement, le fils de Dieu est devenu fils de l'homme
et a mêlé son humanité à sa divinité. Or, au sujet de son abaisse-
ment jusqu'à la mort et à la mort sur la croix, l'apêlre de Dieu
dit : vr Alors que nous étions des ennemis, nous avons été récon-
ciliés avec Dieu par la mort de son Gls<^).^ Et il dit encore : ftQui
n'a pas épargné son fils, mais l'a livré pour nous tous(^). i) Et encore :
(rSi [la sagesse de Dieu] avait été connue, on n'aurait pas crucifié
le seigneur de gloire (^).t) Et encore : rrDieu envoya son fils sous la
ressemblance du corps pécheur, et pour les péchés [du monde] il
a condanmé les péchés dans ce corps-là ^^K ^ Que veut dire : il a
condamné ? Gela signifie qu'il a vaincu celui qui avait le pouvoir
de la mort, c'est-à-dire le diable. Et comme aux serviteurs de la
vigne, le Seigneur dira : tr Comme '^^ la saison des fruits était
proche, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir
les fruits de la [vigne]. Mais les vignerons, s'étant saisis de ses
('> Cf. I Jean, v, 6 et suiv. <') Rom., v, lo.
(*} Combinaison de Marc, i, 1 1 ; ix.7; ^*^ Rom., tiii, Sa.
et les parallèles. ^ I Cor. , 11, 8.
w IJean,v,8. w Rom.,viii,3.
•' I Jean, i, 7. «'J Matlh., \xi. 34 et saiv.
120 HISTOIRE D^HÉRACLIUS.
serviteurs, battirent les uns, maltraitèrent les autres et en tuèrent
(i*autres(^). Enfin il envoya son fils, disant : ils auront du respect
pour mon fils. Mais lorsque les vignerons virent le fils, ils disent :
(T Celui-ci est l'héritier ; venez, tuons-le, et Théritage sera à nous.
Et l'ayant mis hors de la vigne, ils le tuèrent t^).*» Or non seule-
ment le Verbe est fils de Dieu , mais, est Verbe et corps, et le corps
[est] ensemble avec le Verbe; car bien que le corps soit homme,
il est aussi Dieu. Or ceux qui, dès le commencement, ont été
témoins oculaires et serviteurs du Verbe , ont enseigné évidem-
ment à leurs disciples, et ceux-ci encore ont enseigné la même
chose à leurs disciples , puis ils ont établi la môme tradition
par TEcriture. Et beaucoup parmi les apôtres ont reçu Tim-
position des mains épiscopale, comme Yustianos, Ënauklitos et
Klementos à Rome; Ananias à Alexandrie; àmawon (Siméon)
Klèovpeanch (') à Jérusalem; Dionéàios Arispagachi à Athènes; et
l'autre Dionèsios à Gorinthe; et l'autre Timotheos à Ephèse;
et Titos en Crète ; Polikarpos à Smyrne d'Asie, et Ewodia, qui est
Pierre, à Antioche ; Erenios de Galilée, disciple de Polikarpos
dans l'église des Laodicéens; et d'autres, innombrable multitude
d'admirables évèques, de prêtres et d'orateurs inspirés, de philo-
sophes et d'admirables fils de l'Église, qui ont gravé par écrit,
sur chaque é^ise, selon la voix apostolique, la véritable foi de
l'Eglise. 11 est connu par le concile de Nicée que tous ceux-là
étaient pleinement des disciples, qui ont reçu des apêtres et ont
établi la même chose à Nicée. Car ils ont dit du fils : trMême nature
avec le Père, par lequel tout fut créé dans le ciel et sur la terre,
qui, pour nous, devint homme (^) et pour notre salut <^). d Ainsi
^*) Manque le verset 36. ^^^ Le texte porte ici Ju^f^mgmn^ (p.
(*) Cf. MaUh., XXI, Zh et suiv. Le 197, 1. 6), tandis que le texte de Nicée
texte porte, p. 196,1. i9-i3(ëd.Patk.): porte : i/s«fir4'*'^ (p* i^Ot L !&)• Nous
^mtL.iÊ0fu fup ^mm.[»iîuÊ^Mi imil] ^jpa.^. . . cToyous néaniuoins devoîr garder la leroii
L omission est facile h expliquer. de notre passage.
^') Frère de Jacques le Mineui* et til» <*) Cf. la formule de Nioëe, p. 199,
de Klëopas, Tun des deux disciples d*Em- 1. 1 & et suiv. (éd. Patk.).
maûs, d'après la tradition.
CHAPITRE XXXIIl. 121
encore saiut Grégoire nouB a prêché ce qu'il avait appris de ses
prédécesseurs : (rCeux qui ont cru au corps, il leur a fait con-
naître sa divinité, et ceux qui n ont pas cru au corps ont renié sa
nature. Car il s est incarné en une seule nature, et il a mêlé et
uni Thumanité avec sa divinité, Timmortel avec le mortel, car il
rendra tous les hommes indétachables de son immortelle divinité. ^^
Or nous avons une foi, qui na pas été définie récemment, mais
telle que nous lavons reçue des saints apôtres par lentremise de
notre pontife saint Grégoire, qui a prêché au roi Trdat et aux
chefs d*Arménie, environ trente ans avant Constantin. Et saint
iiewond, le grand archevêque de Gésarée, où saint Grégoire fut
élevé et instruit, et qui le sacra pontife, lui aussi a établi la même
tradition (^). Une deuxième fois, les saints et véritables pères se sont
encore réunis à Nicée sur l'ordre du pieux roi Constantin , et ils
ont rejeté la fureur de la secte impie et ils ont semé la véritable
foi dans tout lunivers. Et notre saint Astakês, fils de saint Gré-
goire, y assista et reçut du saint concile les ordres de la foi et du
grand roi Constantin; il les apporta et les offrit au roi Trdat qui
aimait le Christ et au saint pontife Grégoire, avec les ordres du
bienheureux Constantin. Nous restons établis sur ces [données], et
nous les considérons comme suffisantes dans la doctrine de la véri-
table foi, suivant ce qui a été dit : <rNe change pas les limites di*
la foi qu'établirent tes pères t^).?)
Et encore une autre fois(^\ lorsque le roi Trdat fit ses prépa-
ratifs et prit avec lui le saint évèque Grégoire et son fils Tévêque
Astakês, et que, avec Tescorte militaire des quatre gaheréch de so:i
palais; et 70,000 pei^onnes choisies parmi les principaux de tons
ses États, il se rendit à Rome pour voir Constantin ^^ . Dès qu ils
<• P. 197.1. i7et8niv.,del'éd.Patk., '' P. lay, I. 34 et suiv., de l*édilion
fremiere confirmation de la foi armé- Potkanian, troisième confirmalion par
nienne par Léonce. Constantin. II faut donc changer Itf^fmft^
^^ P. iS7, 1. 90-3t, de redit Patk., dn texte en ^pfet ^^ K>^ îroitième au
dmotihmê confirmation par le concile de lieu de deuxième,
Nicée, ^*^ Cf. Agath., p. aoa et huîv.
122 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
saperçurent, Con8tantin vint au-devant de saint Grégoire et
s'inclina à ses pieds pour être béni par Itn^^K Alors ils prirent pour
intermédiaire la foi qui [est] en le Seigneur Jésus-Christ; et, sous
serment, les deux rois s'unirent, en consolidant la paix ensemble,
pour toujours, entre les deux rois; et ils ont établi pour nous la
vérité de la foi , que le saint Esprit établit pour nous.
Nous ignorons les autres conciles, réunis en divers endroits, et
nous considérons que ce [que j'ai énuméré] contient les fondements
de la foi de ton pieux palais, du bienlieureux Constantin et du
concile de Nicée. Et quiconque en a davantage, quand même ce
serait un ange du ciel, qu'il soit anathème'^M Or tous les docteurs
•de l'Eglise, qui ont excellé dans l'art de la philosophie et se sont
initiés à la révélation divine, ayant reçu des saints apôtres le véri-
table fondement [de la foi] sont partis de chez vous et l'ont prêché
dans l'univers tout entier. Notre saint et véridique catholicos Gré-
goire, élevé et instruit à Césarée de Cappadoce nous a enseigné la
doctrine sur laquelle étant fondés, nous restons inébranlables jus-
qu'aujourd'hui ; et avec lui, nous avons comme docteurs les saints
pères véridiques qui tous ont parlé à Nicée : Yustianos, Dionèsios
et Bektovr, évéques de Rome ; Dionèsios d'Alexandrie ; Pierre le
témoin ; Théophilos et Athanase et Tévéque Cyrille d'Alexandrie et
l'évéque Basile de Césarée, et Grégoire de Nazianze, et le thauma-
turge Grégoire de Néocésarée, et Grégoire de Nysse'*), frère de Ba-
sile, et d'autres pasteurs orthodoxes en quantité innombrable qui
parlent de la même manière qu'eux, et dont l'histoire est connue.
Or comme les ennemis de la piété, en faisant invasion plusieurs
fois, ont perdu notre pays, et comme les hommes ont perdu le
pays ils ont également détruit les testaments de l'Eglise et les var-
dapets; il n'y a plus de testaments ni de vardapets; nous ne con-
naissons plus notre littérature et notre culture ; mais dans la mesure
où est restée en divers endroits une histoire des doctrines, elle
("^ Cf. Agalh., p. 5o4, 1. i4 et suiv. — '> Cf. Gai., i, 8. — ^'> Auteur de la pre-
mière dogmatique spéculative, intitulée : Xàyos xcnifxjT^'^^^ ^ \Uy^^*
CHAPITRE XXXIII. 123
nous enseigne de cette manière ia vérité de la Foi qui Fut [iroclaniée
à Nicée, lumière vers laquelle s'empressait d'arriver Astakès, (ils do
saint Grégoire. Et ainsi Fut publiée la parole du concile synodal
de Nicée :
CREDO DU CONCILE DE NICÉE'.
f^Nous croyons en un seul Dieu, père, tout-puissant, créateur du
ciel et de la terre, tant des choses visibles que des invisibles; et en
un Seigneur Jésus-Christ, fils de Dieu, né de Dieu le père, unique,
c'est-à-dire de Tessence du Père, Dieu de Dieu, lumière de \b
lumière, dieu véritable du Dieu véritable, engendré et non créé,
de même nature que le père, par qui tout a été [créé] au ciel et
sur la terre, tant les choses visibles que les invisibles; qui, pour
nous et pour notre salut, descendant [sur la terre] s'incarna, se fit
homme, naquit absolument de Marie, la sainte Vierge, par le saint
Esprit, et qui reçut âme, corps, esprit et tout ce qui est dans
l'homme, véritablement, et non en apparence; qui Fut torturé,
c est-à-dire crucifié, enseveli, et au troisième jour ressuscita, monta
au ciel avec le même corps [et il s'assit à la droite du père; il
viendra avec le même corps et] avec la gloire du père juger les
vivants et les morts; il n'y a pas de fin à son règne. Nous croyons
aussi au Saint-Esprit, non créé, parFait, qui a parié dans la loi,
dans les prophètes et dans les évangiles, qui descendit au Jourdain,
prêcha par les apAtres et habita dans les saints. Nous croyons aussi
à l'unique Eglise universelle, à un seul baptême, à la pénitence, à
la rémission des péchés, à la i*ésurrection des morts, au jugement
étemel des âmes et des corps, au royaume des cieux et à la vie
éternelle. Quant à ceux qui disent qu'il était un temps où le
Fils n'existait pas, ou bien qu'il était un temps où le Saint-Esprit
n'existait pas, ou qu'ils Furent créés du néant, ou qui disent que le
Fils de Dieu ou le Saint-Esprit sont d'une autre essence ou existence,
^" Cf. Dr. Artek Ter-Mikeiian, Die Armeniseke Kirche in ikren BezirkwigeH zur By-
zantiniscken (vom IV. bis zum XIII. Jahrbunderl). Leipzig, 1K9Q, p. 09 H siiiv.
124 HISTOIRE D'HÉRAGLIUS.
ou variable, ou altérable, nous les anathémalisons, car l'Eglise uni-
verselle et apostolique les anathématise.
crEt nous glorifions celui qui était avant l'éternité, en adorant la
sainte Trinité et la divinité simultanée du Père, du Fils et du ^aint-
Esprit, maintenant et toujours et dans les éternités des éternités.
Amen, n
Et ensuite ils furent appelés à Rome et se présentèrent devant
le roi Constantin et lui enseignèrent la foi véritable et posèrent par
leur témoignage le fondement dé la foi.
En Tan (s8/i)(^^ de notre Sauveur Jésus-Christ qui nous a donné
la vie, Dioclétien régnait avec ses trois collègues du royaume des
Romains. [El] il suscitèrent des persécutions contre les chrétiens,
ils dévastèrent toutes les élises dans tout leur empire. Et en l'année
7 5^ [de sa vie] mourut Constantin, et son fils Constantin régna en
Gaule et en Espagne. 11 livra bataille à Maximien, à Maximintos son
fils, à Likianos et à Marcien; il les vainquit et les tua, car il crut
en un seul Dieu, maître de tout, et en son fils Jéisus-Christ. II
comprit que c'est lui qui lui avait donné la victoire, et il donna
l'ordi^e aux chrétiens de construire des églises et de délivrer les
endroits où les martyrs étaient déposés, et il combla de grands
honneurs les chrétiens. Il donna l'ordre à tous les évèques de
se réunir dans la ville de Nicée ; les évéques et de nombreux saints se
réunirent. Us restèrent là pendant quinze jours, puis il les fit entrer
dans le palais, et tandis qu'ils se tenaient réuuis tous ensemble
dans une salle dorée, il entra et se tint au milieu d'eux. Il fit cette
profession [de foi] : Je suis chrétien et serviteur du Dieu tout
puissant et de son fils bien-aimé Jésus-Christ. Et une enquête sur
la foi fut faite par tous les évéques, devant le roi Constantin. Ils
examinèrent les livres et écrivirent la foi véritable qui nous fut
(>)
q8^i est une correction proposée par Patkanian, éd. Seb^, p. i3o.
CHAPITRE XWIII. Iâ3
proclamée à Nicée, [foi qui a duré] depuis l'empereur Néron jusqu'au
bienheureux Constantin, et de Constantin jusqu'au roi Marcien,
qu'ont eue tous les docteurs, les principaux guides de l'Eglise,
depuis le vaillant Théophile (^), le grand architecte des belles villes
d'Egypte, d'Alexandrie, de Rome, de Gonstantinople, d'Athènes,
de Cilicie, tous les docteurs de l'Église jusqu'aux jours deMarcien,
jusqu'au tutnar^'^^ de Léon,deThéodoritos, chef du concile de Chal-
cédoine, que [Léon] a confirmé d'une manière hétérodoxe. (rEt
nous, nous ne devons nous glorifier qu'en la croix de notre Sei-
gneur Jésus-Christ (^). 7) David aussi lui-même se glorifie par la croix
de son fils; elle ne fut pas considérée comme un outrage à la divi-
nité, mais le Seigneur l'a parfois appelée : Chars de Dieu, parfois :
Mont Sinaï, et parfois : Hauteur du ciel. Car il dit : tr Chars de Dieu
par myriades, des milliers de conducteurs, et le Seigneur en eux,
sur le Sinaï de sainteté. Il monta sur les hauteurs et captura les
capti&f^U; et encore : tr Chars de Dieu par myriades, des milliers
de conducteurs, et le Seigneur en eux?». Car c'est par myriades de
myriades que se compte la puissance et la gloire de la croix
du Christ, qui porte le créateur du ciel et de la terre. Les mil-
liers de Juifs l'ont élevé : » Et le Seigneur en eux sur le saint SinaL i)
Y aurait-il quelque espoir pour eux ? Cela est évident par la puis-
sance infiniment grande et la gloire de la croix, par laquelle il a
délivré les captifs; et c'est pourquoi nous n'avons pas honte de dire
au fils de Dieu : cr Saint et immortel, qui fus crucifié pour nous,
aie pitié de nous, y^
(}uant au sacrement du Seigneur, que nous distribuons avec
grande prudence, il en est de même ; nous n'avons pas le pouvoir de
fournir le pur aux impurs'^). Car nous avons les canons [renfermant]
<•» Luc, 1,3. <*) P». Lxviii, i8, 19.
^ mmL^JêÊÊf. Sur la lettre du pape '^^ I^a së\éritë de T^giise armënienne
Léon I*' k Flavien et la faute de traduc- en niatière d eni|)èclienient« de mariage
tjon commise par le copiste, é. La Cdh- ent dne en grande part k Tantu^nûsme
feaiif (in Afoatîit, i855, p. 953et sniv. entre T^ise grecque et F^ûe armé-
^^ Gai., Ti, i&. nieone.
126 HISTOIRE D^UÉRÂGLIUS.
des règles et des lois universelles, pour les hommes et pour les
femmes; ceux qui s'unissent étant vierges peuvent jouir sans honte
du corps du Seigneur; selon ce qui a été dit : trLe mariage est
honorable en tout, et le lit sans souillure (^). 79 Quant aui secondes
[noces], même si Tun des conjoints est vierge et Tun seulement déjà
marié, il est ordonné que tous les deux fassent pénitence durant
trois ans, et ils doivent ensuite se conformer aux Ichs. Qttant aux
troisièmes et quatrièmes [noces], TËglise ne les admet pas, et Ton
n ose même pas prononcer alors le mot de communion, selon ce qui
a été dit : <r Qui mange et boit avec indignité, mange et boit sa
propre condamnatiou , car il ne discerne pas le corps du Seigneur^'), "n
Et la voix divine proteste de et ne pas donner les choses saintes aux
chiens '''. Ji
Sur les tablettes de pierre aussi» il a écrit de son doigt un des dix
oracles : «rNe commets pas adultérerai, n Mais nous voyons que, chez
les anciens et chez les premiers philosophes, la fornication était con-
sidérée comme impure et répugnante. Car Solon TAthénien a établi
des lois pour les Athéniens, leur prescrivant de se tenir à Técart de
la fornication (^) et de ne pas admettre le fils de la prostituée à l'hé-
ritage. Lycurgue le Lacédémonien ordonna aussi dans sa législation
aux Lacédémoniens de se tenir à l'écart de la fornication, et même
de ne pas enterrer les fils de prostituées.
On demandait à une femme nommée Thèanov ('*), élève de Pytha-
gore : Combien de jours après s'être approché d'une femme,
est-il permis d'aller à la cour? Elle répondit : a Si c'est de sa femme,
on peut [toujours] entrer, si c'est d'une autre, on ne le peut
jamais, v
(^) Hébr., XIII, 4. p. 1 3a Je ms. porte Thèanov, leçon con-
(*^ I Cor., XI, 39. firmëe par le texte de ia Rhétorique de
(^^ Maith., VII, 6. Moïse de Khoren (p. 359 ), d*où le pas-
I ^^' Exode, XX, lÂ. sage est tiré. Voir le grec ap.Baamgai'tner.
^'^ Cf. Baumgartner, />!> 6Vi>^ p. 667 Cf. Baumgartner, Dit Chrie, p. &65;
et suiv. Dashian, SecttmUu, p. 96. Le texte, édît.
^^^ Daptiès une note de Palkauian, Patk.,p. i39, 1. i5, porte Athéaoov.
CHAPITRE XXXIII. 127
Oi% si ceux-là même [les païens] embrassaient de cette façon la
continence, combien davantage devons-nous accomplir avec cmnte
la parole apostolique : cr Fuyez la fornication (^) n , car bien qu il n y ait
pas de juste, pas même un seul^^^ il ne faut pas outrager le corps
divin audacieusement Gomment la bouche impure s'approchera-
t-elle? Ou bien comment le tremblement ne saisirait-il pas celui
qui communie s*il approchait sans respect le feu vivant? Même
avec des pinces, le prophète lui-même ne méritait pas de le
goûter; mais seulement, en s'approchant de ses lèvres, il reçut
la pureté W,
Kt maintenant, convient-il à un homme impur et souillé doser
[se présenter] à la cour? Qui [lui] permettra d'entrer? Ou bien
ne s'enfuira-il pas, chassé? surtout s il désire goàter a la table
royale; à plus forte raison, combien faut-il avoir d audace pour
enlrer à la cour du roi céleste sans avoir le vêlement de pureté,
pour s'approcher du feu vivant avec une insolence téméraire, pour
goûter à la table royale et céleste, et pour ne pas être chassé et
poussé dehors, selon ce qui a été dit : a Allez loin de moi, vous tous
ouvriers d'iniquité (JL^
Voilà ce que nous avons reçu de saint Grégoire et des pieux rois
Gonslantin et Trdat, et après cela, la lumière de Nicée nous a été
octroyée par l'entremise du même bienheureux Gonstanttn; nous
restons fondés sur la même tradition, nous ne nous en détournons
pas, ni à droite ni à gauche.
Et pour les autres conciles, comme nous l'avons dit plus haut,
nous ne les connaissons pas en vérité ; mais tandis que les anciens
docteurs ont dénommé saint et véritable le concile qui s'est réuni à
Gonstantinople pour condamner Nestorius, ils n'ont pas dit que le
concile de Ghalcédoine fût véritable, car les directeurs du concile
d'Ephèse avaient l'esprit de Nestorius, mais n'osaient pas le
manifester. Et quoiqu'ils aient réuni le concile [contre] l'impiété
^'^ I Cor., VI, 18. — >^' Rom., m, 10, d^api'ès IV, xiv. — ^^^ Aiiusîoo h EiMÛe.vi,
6-7. — <*> P8.,VI,9.
128 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
d'Ëutycbès, pareils à sa monstruosité, ils ont établi leur propre
hétérodoxie, car Eutychès égaré disait : crLe Christ a apporté son
corps du ciel'*'. 7)
Le Christ qui était un, après Tunion du Verbe et du corps, ils
Tont divisé en deux natures et ils ont prêté à penser que la sainte
Trinité était une quaternité. Car trouvant le tumar de Léon,
comme monument de leur hétérodoxie, ils ont établi leur scéléra*
tesse sur [le tumar] et ils ont dit : Le Seigneur Jésus-Christ avait
deux natures, sans supprimer la différence des deux natures; pour
les unir, ils ont purifié encore plus la puissance des deux natures,
et unir chacune avec sa forme propre, ne pas donner à la nature
divine la bassesse de la nature humaine, ni à la nature humaine la
richesse de la nature divine'^).
[Il faut] considérer comme indigne et impossible pour Dieu de
devenir homme et de naître d'une femme, d'éprouver toutes les
passions humaines, d'être cloué sur la croix et de mourir.
Or, si tout cela était impossible , selon le corps , au Verbe de Dieu ,
il était donc impossible à la Vierge de concevoir sans homme, et
de donner naissance, tout en restant immaculée, à Dieu devenu
homme, et il était impossible à Thomme de nourrir les 5,ooo [per-
sonnes] avec 5 pains et de changer leau en vin, et d ouvrir les
yeux de Taveugle avec de la salive, de marcher sur Teau, de chasser
les démons, de ressusciter les morts, et d'autres [choses] encore.
Quant à nous et à tous ceux qui confessent la vraie [foi], [nous
croyons] que ce n'était pas le corps humain , mais la divinité dans
le corps. Quant à ceux qui après l'union déchirent en divisant, nous
les repoussons et nous les anathéma tisons, selon le bienheureux
Cyrille d'Alexandrie <'), qui dit : tr Si quelqu'un ne confesse pas
qu'Emmanuel est Dieu en vérité, par conséquent que la Vierge
('^ Eutychès se plaint qu on lui impute let nous signale que Patkanian a renoncé
ce blasphème, 6ri y 9 S)) éS oùpopw t^ à traduire cette fin, qui lui semble défi-
tri(nt% à ^tàs Xàyof xaxtvifvoxj^. Cf. gurée par les altérations du texte.
Gieseler, Ktrchengtxehichte , I, 9, p. i66. '^^ Sur les anathèmes de Cyrille, cf.
^'^ Ce passage est très obscur: M. Moil- Hefele, (Ame, Geneh,, II, p. iS&etsuiv.
CHAPITRE XXXIV. 129
Marie, mère de Dieu, a donné naissance non seulement au corps,
mais au verbe divin incarné, qu'il soit anathématisé (^). d — cr Si
quelqu'un ne confesse pas que le Verbe de Dieu s'unit à la nature
du corps, et que le Christ est un. Dieu avec le corps, et en même
temps homme, qu'il soit anathématisé (^). n — a Si quelqu'un divise
le Christ un en deux figures, après lunion, et s'il dit qu'il n'y a que
rapprochement et liaison, comme ayant trouvé la puissance avec
l'honneur et la richesse, et non pas union par la nature, qu'il soit
anathématisé (^). v Et la voix du Seigneur nous proteste : ff Que votre
lumière luise ainsi devant les hommes t), c'est-à*dire la vérité de
la foi, (T afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre
père qui est dans les cieux (^). n
Quant à nous, comme nous avons reçu les ordres de ta céleste et
pieuse royauté, 6 vaillant roi Constantin, nous avons préféré faire
connaître par un acte à ta pieuse royauté amie de Dieu , au moyen
de cette lettre, la constitution de la foi orthodoxe que nos pères ont
reçue des premiers docteui*s. Que Dieu accorde k notre indignité
de demander la connaissance du bien et qu'il bénisse ta pieuse et
bienfaisante puissance, pour que tu règnes éternellement sur le
monde entier, sur mer et sur terre, toujours victorieux.
CHAPITRE XXXIV.
Allmiiie de» dfttrendanls d'Hagar. - De quelques ëvënenicnts flans Tempire grec.
Je continuerai en racontant les maux arrivés en notre temps, au
sujet du déchirement du voile de l'ancienne foi, et du simoun
brAlant et mortel qui souffla sur nous et brûla les grands et beaux
arbres, jeunes et feuillus, des jardins. Et nous l'avions mérité, car
nous avons péché contre; le Seigneur et nous avons courroucé le saint
d'Israël. ffSi vous prenez plaisir h m'écouter, dit-il, vous goAterez
^'* Premier aiiathème. — "^ Deiixiènw» anallièine. — ^■' Troisième anath^nie. —
*> MaUh.,T, 16.
■isT. 0'aéftAcuo«. g
i&Mt »Atl«««t«.
130 HISTOIRE D^HÉRACLIUS.
les biens de la terre; mais si vous ne voulez pas m'écouler, Tépée
vous dévorera, car la bouche du Seigeur a ainsi parlé. ?>
La tempête dont il est question passa sur Babylone, mais elle
se déchaîna aussi sur tous les pays; car Babylone est la mère
de toutes les nations, et son royaume est le royaume des régions du
Nord; et aussi au sud , c'estrà-dire sur les Hindous et sur les nations
qui habitent de leur côté dans le grand désert, ou les fils d'Abra-
ham, qui sont nés d'Hagar(^) et de Kétur(^) : Ismaël, Amram,
Médan, Madian, Héqsan, Hésbok, Mélisavè; et les fils de Lot :
Amon etMoab; et les fils d'Esaû, c est-à-dire Ëdom; et d'autres
aussi qui étaient dans les pays méridionaux, au nord de ces mêmes
Hindous. Elle venait du grand et énorme désert, où avaient habité
Moise et les fils d'Israël , suivant la parole du prophète : a Gomme
un ouragan, il viendra du sud, venant du désert, d'un endroit
redoutables, c'est-à-dire du désert grand et terrible, d'où l'orage
de ces nations-ci surgit et occupa toute la terre, la conquit et la
battit. Et ce qui avait été dit fut accompli : (cLa quatrième bête
sera le quatrième royaume sur la terre, qui est plus funeste que
tous les royaumes, qui changea en désert toute la terre W.tî
Et maintenant, je dirai aussi le trouble du royaume des Grecs
et les calamités de destruction qui ne cessèrent jamais dans la
guerre intestine, l'effusion du sang et le massacre des princi-
paux personnages et des conseillers du royaume, auxquels on
attribua le dessein de tuer le roi; pour cette raison, on massacra
tous les notobles, et pas un conseiller ne resta dans le royaume,
car les habitants du pays furent massacrés sans exception; ils
furent anéantis, ainsi que les princes qui se trouvaient dans le
royaume. On tua aussi George Magistros, et Manuel, l'homme
vertueux qui était le beau-père du chevalier Smbat, fils du grand
^'^ Concubine (rAhrahani, conteiApo- Hpirë du livre biblique de Daniel, rap-
raine de Sara. Cf. Genèse, xvi. pelle les nombreuses apocalypses apocry-
^'^ Femme Intime d^Abraham après phes du moyeu Age, qui out étë si en
la mort de Sara. Cf. Genèse, xxy, i-6. faveur dans les ^[Usesjoive et chrétienne,
^^^ Cf. Dan., vu, aS. Ce passage, in- et même chez les Musulmans.
CHAPITRE XXXV. 131
Smbat, appelé Xosrov ànum, au sujet duquel quelques-uus oui dit
qu on voyait des lumières allumées la nuit sur le lieu où il avait été
tué. Et on envoya Smbat en exil, car ses propres troupes le con-
damnèrent et se soulevèrent, après les événements [que voici] :
car on rapporta de lui au roi qu il disait : « Il faut venger le sang
de Magistros. n Le chef de l'armée qui [était] de ce côté était cher
à tous les soldats. Or Smbat était chef des troupes des chefs de
Thrace, et Manuel exerçait à Gonstantinople la fonction de Magis-
tros. Le roi n appela pas Magistros, ouvertement et avec autorité,
craignant la rébellion des troupes; mais il appela à lui laspet
Smbat, et lui fit jurer sur la croix du Seigneur, qui était sur sa
personne, de ne révéler à personne ses paroles; puis il le ren-
voya parmi ses soldats, pour parler à Magistros de manière paci-
fique et ramener en le trompant. Il s'y rendit, mais ne put le
tromper, d autant que la chose ne lui était pas restée cachée; puis
il parla à tous les chefs de Tarmée, et il lui [à Magistros] commu-
niqua Tordre royal. L'armée, ne pouvant s'opposer à l'ordre royal,
le livra entre les mains [de Smbat], et, l'ayant arrêté, on le
conduisit en présence du roi; c'est pour cette raison que les troupes
des chefs de Thrace complotèrent la mort [de Smbat], et dirent
de lui qu'il était la cause de l'insurrection projetée, pour qu il fût
mis à mort; mais le roi l'épargna et en le séparant de l'armée il le
sauva.
CHAPITRE XXXV\
Gtien'e eiili*e les hmaélîtes et tes Perses; niiae de ia domination irene, - MoK de
Ya/.kei-t. - Les Mèdes et les Arméniens se soumetlent aox Ai*abes. - Gonstautiii
va en Arménie. - Préparatift des Ismaélites contre les Grecs. - Et au sujet de
Nersès, catholicos des Arméniens.
La ao"^ année du roi de Perse Yazkert, la 1 1"" année de l'empe-
reur Constance, qui fut nommé du nom de son p^re, Constantin,
'*' Ce cliapilre a été traduit en |)artie \tav H. Hubschmanu, Zur GesckUku Ar-
. , p. 99 et suiv.
132
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
la 19^ année de la domination des Ismaélites (^), Tarmée arabe, qui
se trouvait dans le Fars et le Xu^astan, marcha à Torient dans le
pays nommé Palhaw, qui était le pays des Parthes, contre Yazkert
le roi de Perse. Et Yazkert s enfuit devant eux, mais il ne put
échapper, car ils l'atteignirent à la frontière desKhusans, et anéan-
tirent toutes ses troupes. Il s'enfuit et se rendit auprès des troupes des
Thé tais, qui étaient venus de leur pays à son secours. Le chef
desMèdes, qui, comme je Tai dit plus haut, avait envahi les régions
orientales pour se joindre au roi, fit défection, se fortifia dans un
[certain] endroit, fit alliance par serment aux Ismaélites et s'en alla
dans le désert sous leur domination. Mais l'armée des Thétals fit
prisonnier Yazkert et le tua; il avait régné vingt ans(^). Ainsi fut
détruite la domination des Perses et celle de la race de Sassan, qui
avait régné 54 3 ans^^'.
Lorsque le roi ismaélite (^) vit que la victoire lui était favorable, et
que l'empire des Perses était détruit, il ne voulutplus, à l'expiration
des trois ans du traité de paix , vivre plus longtemps en paix avec l'em-
pereur des Grecs; mais dans la 1 ^^ année du règne de Constantin'^),
il donna l'ordre à ses troupes de commencer la guerre sur terre et
sur mer, pour anéantir aussi cet empire de dessus la terre.
La môme année, les Arméniens se détachèrent et s'affranchirent de
la domination des Grecs et passèrent sous celle du roi ismaélite'^'). Ils
firent un accord avec la mort et conclurent une alliance avec l'enfer ("),
(') En 651-6551.
<*) 63a-659.
^'^ Sur la durée de la domination sai^
sauide (996-659 ), cf. Tab. Nôld., p. A35,
Anhang A. Cf. Clément Extraits de la
chronique de Maribas Kaldoyo . . . , in Jour-
nal oiiaiique, mai-juin 1 908 , p. 5 &3 , et
Histoire des guerres et des conquêtes des
Arabes en Arménie, par. • . Ghévond . . . ,
Irdduite par Garabed V. Chahnazarian ,
p. & , qui aliiibue &81 ans k la durée du
rayaunie de Pei-se.
('^ Olhinan.
^*^ En 653. C^est paiement au mois
de juillet de cette année que Moavia
s empara de Rhodes et en renversa le co-
losse, i,36o ans après son érection. Cf.
de Murait, Œronogr. b^i,, I, p. 999.
('} En 65i , d>rès de Murait, CÀro-
nogr.bifz., 1, p. 999.
^^ Cf. la traduction du passage paral-
lèle de Jean Catholicos , cité par Hiîbsch-
manu, Zur Gesckickte Armen. • ., p. 3o,
n. 3 : (tUs fii^ut un serment k la mort,
jurèrent fidélité aux enfers et se séparè-
rent de Tempereur.t)
CHAPITRE XXXV. 133
à savoir Théodoros, seigneur des Astunis et tous les Armé-
niens, en rejetant Tailiance de Dieu. Le chef ismaélite négocia
avec eux et dit : tr Qu'il y ait accord entre moi et vous, pour autant
d'années que vous voulez; je ne lèverai aucun tribut sur vous pen-
dant sept ans. Mais, conformément au serment, vous donnerez
autant que vous voudrez, et vous entretiendrez quinze mille hommes
de cavalerie dans votre pays; vous en livrerez du pain, et jen tien-
drai compte dans le tribut royal. Je ne demanderai pas que la cava-
lerie vienne en Syrie. Mais partout ailleurs où je lui ordonnerai
d aller, vous devez être prêts à agir. Je n'enverrai pas d'émirs dans
vos forteresses, pas d'officier arabe et pas un seul cavalier. Aucun
ennemi ne doit venir en Arménie ; et si les Grecs marchent contre
vous, j'enverrai des troupes à votre secours, autant que vous vou-
drez. Et je jure par le grand Dieu que je ne mens pas. t) Ainsi lui,
le grand allié de TAntichrist^^), les détacha des Grecs; car quoique
l'empereur leur eût écrit avec beaucoup de prières et de suppli-
cations, et les eût appelés à lui, ils ne voulurent pBs l'écouter. H
disait : a Je viens dans la ville de Karin(^); venez à moi; ou bien je
viens à vous, et je vous assisterai par une solde et nous délibérerons
ensemble sur ce qu'il y a à faire. ?> Mais ils ne voulurent pas
l'écouter.
Toutes les troupes grecques se plaignirent et murmurèrent
devant leur empereur contre le seigneur des Aàtunis et les Armé-
niens, à propos des défaites subies. . . ^^\ car ils disaient : crlls se
sont alliés aux Ismaélites; c'est contre nous qu'ils ont agi, certai-
nement; ils ont fait disperser notre armée par l'invasion dans
TAtrpatakan; ils ont conduit ensuite les Ismaélites contre nous à
Timproviste et nous ont laissé terrasser. Tout ce que nous avions
a péri. Eh bien ! allons en Arménie, tirons vengeance de tout cela, t
(*^ Sur ie sens de Antichrist *» nem '^^ Ce passage estcorrompneiM.Meii-
-= Nëron, cf. P. Macler, Les Apoealypies iet nous signale que Palkanian, <lans sa
apoerypkeê de Daniel, p. 85, n. t. traduction nisse, ne comprend pas Jm^
^^ Erzeronm. q^sk".
134 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Alors i*empereur Constantin se laissa persuader de faire la
volonté de l'armée. H prit son armée et alla en Arménie avec
100,000 hommes. Lorsqu'il arriva à Derdxan'^), les Ismaélites
s'avancèrent devant lui et lui présentèrent une lettre de leur chef,
conçiie en ces termes : «r L'Arménie est à moi, n'y va pas. Si tu
y pénètres, je marcherai contre toi et je t'arrangerai de telle façon
que tu ne pourras pas t'enfuiri). L'empereur Constantin dit : «rLe
pays m'appartient et j'y irai; si tu marches contre moi. Dieu
jugera dans sa justice?). iJi-dessus il se rendit à Karin, dans la
la*" année de son règne, et dans la ao^ de la domination ismaé-
lite (^).
L'empereur Constantin séjourna quelques jours à Karin; il y
fut rejoint par les chefs et les soldats de l'Arménie dite quairièine,
et toutes les autres troupes et les chefs qui étaient partis du terri-
toire des Aâtunis. Vinrent aussi devant lui ceux de Sper, les chefs
des Bagratunis, ceux de Manah et ceux de Daranah, ceux du can-
ton d'Eketeach, avec tous les soldats de ces endroits; puis ceux
de Karin , de Taykh et de Basean. Vinrent également les iâxans de
Vanand avec leurs troupes, ceux de oirak, les Xorxopunis^') et les
hommes de la maison des Dimakhséens. Vinrent aussi MuSet le
Mamikonien avec ses parents et quelques autres isxans, et des
troupes de la province d'Ararat; les Apaweteans, les Apaneans, les
Varaznunis, les Gnthunis, les Spandunis et d'a^ulres avec eux. Se
rendit aussi auprès de lui le catholicos Nersès, venu de Taykh. Et
tous les chefs racontèrent à l'empereur quel était le sens et le but
de la défection du seigneur des Aslunis, et comme les envoyés des
Ismaélites avaient été prompts à venir et à partir. Alors l'empereur
et tous ses soldats maudirent le seigneur des /?âtunis; ils lui enle-
vèrent les honneurs et dignités, et envoyèrent à sa place un autre
et quarante autres avec lui. Mais lorsque ceux-ci arrivèrent, il les
<*) District de la Haute Amic^nie, au ^'^ Eu 653.
8ud>ouest (le Karin ; cf. H. Hûbschmann , ^'^ Au Nonl du lac de Van; cf. H.
Ztn* Geschichie . . . , p. 3 1 , n. .5. Hi'il>schmann, Ziir Gesekfckte, . ., p. Sa , n.a .
CHAPITRE XXXV. 185
lit prendre, lier et conduire les uns dans la forteresse de Batès;
el (|nelques autres dans Ttle des Bznunis. Lui-mAmese rendit dans
l'île d'Ahhamar. Il donna ordre aux troupes qui se trouvaient dans
ces régions d'aller et de se fortifier dans leurs pays respectifs. Les
(léorgiens, les Ahians, les Siuniens, qui étaient alliés avec lui,
retournèrent dans leurs pays, conforméoient à sontbrdre, et s'y
fortifièrent. Mais^ Tliéodoros, le seigneur des Vahewunis, prit la
forteresse d'Arphay. Son fils Grégoire, le gendre du seigneur
des /istunis, et Varaz Nerséh Daslkarin se fortifièrent dans cette
place publique et s'emparèrent des trésors. Car là se trouvaient
tous les trésors du pays, de l'Eglise , des chefs et des mar-
chands.
Lorsque l'empereur Constantin l'apprit, il voulut faire piller [le
pays] par la foule de ses soldats et hiverner en Arménie, pour
ruiner le pays. Alors le catholicos et Muset avec tous les chefs
arméniens tombèrent la face contre terre et [le] prièrent, avec
beaucoup de supplications et des prières entremêlées de larmes
d'avoir compassion et de ne pas s'irriter contre tous et de ne pas
dévaster le pays à cause de la faute de ceux-là. L'empereur prêta
l'oreille à leurs prières et il licencia de nouveau la grande foule
de ses troupes. Il se rendit lui-même avec a 0,000 hommes dans
l'Ararat et, arrivé à Dwin, il s'installa dans la maison du Catho-
licos; il nomma Muset, le seigneur des iMamikoniens, chef de la
cavalerie arménienne et l'envoya avec 3, 000 hommes du côté
où était l'armée des nobles (oiniifi.^). Il envoya aussi des troupes
en Géorgie, eu Albanie et en Siunie, pour détacher ces pays de
l'alliance [de Thêodoros]. Les autres troupes campèrent autour du
roi, dans la montagne et dans la plaine; et quoiqu'elles ne vou-
lussent pas se soumettre pendant un temps assez long, elles furent
cependant ramenées sous la domination [de Tempereur]. Mais
ceux d'Albanie et de Siunie et l'armée noble ne se soumirent
pas; c'est pourquoi ils pillèrent leur pays, emportèrent ce qu'ils
trouvèrent et s'en retournèrent vers [leur] roi.
136 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
AU SUJET DE NERSÊS, CATHOLIGOS D* ARMÉNIE.
Maintenant je vais parier un peu de Nersés^'^ catholicos d*Ar-
ménie. Hélait natif du Taykh, du village qui s appelle làxan, et
nourri dès Tenfance dans le pays des Grecs ; il avait étudié la langue
et les lettres des Romains. Et il avait voyagé dans ces pays en se
livrant aux occupations delà guerre; il avait adopté avec conviction
les doctrines du concile de Ghalcédoine et du(tfifk?r'>)deLéon; il ne
révéla à personne ses desseins impies avant d'être parvenu h
Tépiscopat du pays; et ensuite au siège du catholicosat. C'était un
homme à la conduite vertueuse, jei\nant et priant; mais il tenait
cachés en son cœur les poisons de l'amertume et il songeait à
faire adhérer au concile de Ghalcédoine les Arméniens; il nosa pas
dévoiler la chose, jusqu'à ce que vint l'empereur Gonstantin et
qu'il descendit dans la maison du catholicos; le jour de dimanche,
dans l'église de saint Grégoire, le concile de Ghalcédoine fut prêché;
la messe fut célébrée à la romaine par un prêtre romain; l'em-
pereur, le catholicos et tous les évêques,les uns de gré, les autres
malgré eux, communièrent; et ainsi le catholicos ébranla la foi de
saint Grégoire, qui avait été tenue par tous les catholicos, solide-
ment fondée dans la sainte église, depuis saint Grégoire jusqu'ici (').
Il troubla les eaux de la source pure, claire et limpide, ce que le
catholicos avait depuis longtemps dans son esprit et qu'il n'avait osé
révéler à personne jusque-là; et plus tard, trouvant le temps [pro-
pice] , il accomplit sa volonté; il trahissait un à un les évêques, et
les terrorisait; à tel point que par peur de la mort, tous exécutaient
^^^ îienèBlll.sumommèkQmstrueteur, ^^^ Gesik ceUe ëpoque (65&) que fut
ne à Uxanach-awan , occupa le siège ca- Tondëe par Constantin, surnomme Syl-
tfaolicosal en 6âo; en 6^9, les invasions vain, la secte célèbre des Pauliciens; cf.
des Arabes le forcèrent k s'enfuir. Cf. de Murait, Chronogr» byz,, I, p. 3oo, et
Saint-Martin, Mémoires, I, p. A38. Fi*ed. C. Conybeare, Tke key of (ntfA, a
^*^ Sur la lettre de liëon, cf. sypra, manual of tke pavHeian churck îii Arme-
p. laf). lUA. . . , Oiford, 1898, passim.
CHAPITRE XXXV. 137
les ordres quii donnait, d autant plus que les bienheureux qui
étaient les plus fermes étaient moils; mais un évèque lui ferma la
bouche devant Tempereur, car le catholicos avec les autres évéques
avait pris part à lanathème prononcé contre le concile de Ghalcé-
doine et le tuMiar de Léon; il avait repoussé la communion du
Grec; on Tavait scellé avec l'anneau du catholicos et avec la bague
de tous les évèques el de tous les grands seigneurs, et on le lui avait
doimé pour qu'il le gardât dans l'église. Quand la messe fut cé-
Uhvée et que tous les évéques communièrent, l'évèque que j'ai
mentionné plus haut ne communia pas, mais descendit de l'autel
et se cacha dans la foule.
Lorsqu'ils eurent achevé l'œuvre de la communion et que le
roi rentra dans son appartement, le catholicos s'approcha avec
tous les évèques grecs et ils dénoncèrent cet évèque-là, en disant :
((Il ne s'est pas assis sur le siège, il n'a pas communié avec nous; il
nous a considérés comme indignes, nous et vous; il est descendu
de l'autel et il s'est caché dans la foule?). L'empereur se troubla et
donna l'ordre à des hommes de l'arrêter et de le conduire devant
lui dans son appaitement. L'empereur répondit et dit : cr Es-tu
prêtre? T) L'évèque dit : « Avec le consentement de Dieu et de votre
gloii*o. L'empereur dit : rEt qu'es-tu, que moi étant ton roi, et
celui-là ton catholicos et notre père, tu ne me considères pas comme
digne, ainsi que celui-là, de communier avec toi ?^. L'évèque dit :
«r Je suis un homme pécheur et indigne, je ne mérite pas de com-
munier avec vous; mais si Dieu me rendait digne [de communier]
avec vous, j'aurais supposé que j'ai goûté avec le Christ de sa table
et de ses propres mains?). L'empereur dit : rr Laisse là, et dis-moi
ceci : celui-là est-il ou non catholicos des Arméniens ? ?). L'évèque dit :
(f Autant que saint Grégoire??. L'empereur dit : «rLe considères-tu
toi-même comme catholicos??) — a Oui, dit-il?). L'empereur dit :
(T Communies-tu avec lui??) 11 dit: a Ainsi qu'avec saint Grégoire?).
L'empereurdit: (rEt aujourd'hui, pourquoi n'as-tu pas communié???
Il dit : (rRoi bienfaiteur, lorsque nous te voyions peint sur le mur.
138 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
le tremblement nous saisissait et maintenant nous te voyons face
à face, nous parlons bouche à bouche; nous sommes des gens
ignorants et stupides; nous ne savons ni langue ni lettres; il y a
quatre ans, il a convoqué une assemblée, il a réuni ici tous les
évéques, il a fait écrire un écrit pour la foi, il a scellé d'abord
de son anneau, puis du nôtre, puis de l'anneau de tous les chefis^').
Et récrit est à présent auprès de lui. Donne Tordre qu'on le
cherche, et vois-le. Et lui restait interloqué. L'empereur sachant sa
perfidie, lui fit des reproches nombreux dans sa langue. L'empereur
[lui] ordonna d'aller communier avec le catholicos. Et lorsque
l'évèque eut accompli l'ordre de l'empereur, il dit : crQue Dieu
bénisse pour toujours ton règne bienfaisant et pieux, régnant sur
toute la mer et la terre avec de nombreuses victoires?). L'empereur
bénit aussi l'évèque et dit : ^ Que Dieu te bénisse; tu as agi comme
il sied à ta sagesse, et je t'en remercie.^
On fit partir en grande hâte l'empereur à Gonstantinople('), pour
qu'il y arrivât de suite. Et il partit immédiatement. 11 nomma
chef des Arméniens un nommé Morianos, avec les troupes armé-
niennes se trouvant dans ces régions.
Lorsque l'empereur Constantin se rendit à Dwin, le catholicos
alla avec lui; il demeura àTaykh et ne revint plus chez lui, car le
chef des iîàtunis et les autres chefs qui étaient avec lui étaient
pleins d'une colère extrême contre lui. Thêodoros, le seigneur des
/?&tunis se mit à l'aiTût dans l'ile d'AHhamar avec son gendre
Hamasasp, seigneur des Mamikonieus, et demanda des soldats aux
Ismaélites; 7,000 hommes vinrent à son secours, et il les fit établir
à Aliovit et chez les Bznunis et lui demeurait parmi eux.
Lorsque les jours de l'hiver passèrent et que la grande pâque
approcha, HopomW s'enfuit et tomba à Taykh, et on l'en fit sortir;
^') Le sixième concile de Dwin eut t. II, p. 716 et suivantes, (a* éd., 1875).
donc lieu en 6^849; cf. H. Hiibsch- ^'^ Cf.Lebeau^XI^p.Sâg-SSoelbcor-
mann, Zur Gesekichte. , ,, p. 3&, n. 1. reclion à ce passage proposée par Hûbsclh
Sur les 38 canons du concile de Dwin mann, Ztrr Geschickie, . ., p. 3&, n. 9.
en 597, cf. Hefele, ConeUiengnehiekte , ^^^ Xje» Grecs.
CHAPITRE XXXVr. 139
nuHeparl il ne put s'établir; mais ils s'enfiiirenl jusque près du
bord de la Q)er; et ilst^) ravagèrent tous le pays; ils prirent la
ville de Trébizonde et ils emmenèrent beaucoup de butin et
de captifs.
Après cela, Thèodoros, seigneur des /?stunis, se rendit auprès
de Moavia , chef d'Ismaël à Damas et le vit avec de grands pré-
sents. Le chef dlsmaël lui donna des vêtements d'or et en Bis d'or,
et une bannière de la même façon; il lui donna le pouvoir sur
l'Arménie, la Géorgie, l'Albanie et la Siunie, jusqu'à Kapkoh
et au Parhak de Gor(^); puis il le congédia avec de grands bon-
neurs. Il lui avait posé comme condition d'amener le pays à sou
service. En l'an ii*" de Constantin (^), la paix se rompt, qui était
entre Constantin et Moavia le chef d'Ismaël. Le roi d'Ismaël (^) donna
l'ordre de réunir tous ses soldats du c6té de l'Occident et de faire
la guerre contre l'empire des Grecs, pour s'emparer de Constan-
tinople et supprimer ce royaume-là aussi ^^).
CHAPITRE XXXVI^
Lettre do roi des bmiiëliteb à i'emperenr des Grecs, Constantin. - Moavia, cher des
Ismadites, vient h Chalcëdoine. - D est vaincu par le Seigneur.
«Si tu veux vivre en paix, disait-il, renonce à ta vaine religion,
dans laquelle tu as été élevé dès ton enfance. Renie ce Jésus et
convertis-toi au grand Dieu que je sers, le dieu de notre père
Abraham.
<*) Les Arabes. (') l^u^f^u^jt. /^..js^ClA, I^^ roi i'h^
<*) Sur les dëClës du Caucase (Poi*te inaèl, était le khalife Olhman.
des Alains, Porte de Bahl, Porte de Djor ^^^ Sur les divei^gences du récit de
ou des Huns), cf. Victor Langlois, (loi- Théophanes, cf. H. Hûbschmann, Zur
ketioH, II, p. i85, n. 9. Genehkhie» . ., p. 35, n. 3.
^'^ La 1 1* année de Constantin ^65 1 (*' H. Hûbschmann, Zur GemrAtciUf...,
(Blair). Murait fait an contraire dater la p. 35 etsuiv.
paix de cette 1 1* année.
140 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
(T Licencie la multitude de tes soldats et renvoie-les dans leur
pays; et je ferai de toi un grand chef dans ces pays. J'enverrai des
ostikans dans ta ville; je rechercherai tous les trésors et les ferai
partager en quatre parts : trois pour moi et une pour toi. Je te
donnerai aussi des troupes autant que tu voudras et prélèverai
sur toi le tribut que tu pourras donner. Sinon, comment ce Jésus
que tu nommes Christ, qui n'a pas pu se sauver lui-même des
Juifs, pourrait-il te sauver de mes mains? 7?
Toutes les troupes de l'Orient, de la Perse et du Xuzastan, du
lemtoire des Indes, de l'Aruastan et du territoire de l'Egypte se
rassemblèrent auprès de Moavia, le chef de l'armée qui résidait
à Damas. On construisit des vaisseaux de guerre à Alexandrie et
dans toutes les villes du littoral de la mer, et on les munit d'armes
et de machines de guerre : en tout 3oo grands vaisseaux, dont
chacun fut monté par 1,000 hommes des meilleurs cavaliers, et
5,000 vaisseaux légers, sur chacun desquels montèrent seulement
une centaine d'hommes, à cause de leur légèreté, afin de pouvoir
évoluer rapidement sur les flots de la mer, autour des grands
vaisseaux. Il leur fit prendre la mer et partit lui-même pour
Ghalcédoine avec les troupes qui étaient auprès de lui. Les habi-
tants de tous les pays où il arriva se soumirent à lui, aussi bien
ceux qui habitaient sur [les bords de] la mer que ceux qui habi-
taient dans les montagnes et dans la plaine. Mais l'armée princi-
pale des Grecs se rendit à Gonstantinople pour défendre la ville,
pendant que le destructeur entrait à Ghalcédoine, la 1 3^ année
du règne de Constantin (^). Là, il rangea beaucoup de vaisseaux
légers sur la côte, afin de pouvoir promptement porter secours
aux vaisseaux lourds, lorsque ceux-ci arriveraient à Ghalcédoine (^).
Alors ils (les Ismaélites) envoyèrent la lettre de leur maître dans
la ville, à Constantin.
L'empereur prit la lettre, entra dans la maison de Dieu, se jeta
^*) C'est-À-dîre en 653 (Blair). — ^^ Sur les campagnes navales de Moavia, cf. Noël
Desvergers, Arabie. . ., p. 274 et suiv.
CHAPITRE XXXVl. 141
la face sur la terre et dit : crVois, ô Seigneur, l'opprobre que ces
Ismaélites te font Que ta compassion, ô Eternel, soit sur nous,
comme nous espérons en toi. Couvre de honte leur visage, afin
qu'ils recherchent ton nom, ô Seigneur. Quils soient honteux et
confus d'éternité en éternité, et quils périssent d'une manière
ignominieuse, qu'ils reconnaissent que ton nom est le Seigneur et
que tu es le seul souverain sur toute la terre. ^ Il ôta la couronne
de sa tète, se dépouilla de la pourpre, se couvrit d'un sac(^); il s assit
sur la cendre et ordonna de publier un jeûne dans Gonstantinople,
à l'exemple de NiniveW.
Et voici qu'arrivèrent d'Alexandrie à Ghalcédoine les grands
vaisseaux avec tous les petits navires, complètement équipés. Car
sur les vaisseaux étaient installés des mangonneaux, des machines
pour lancer du feu et des machines pour lancer des pierres; il s'y
trouvait aussi des archers et des frondeurs, afin de pouvoir facile-
ment monter sur les murs de l'extrémité des tours, lorsqu'ils s'en
seraient approchés, et pénétrer dans la ville. [Moavia] fit ranger
les vaisseaux en ordre de bataille et les fit diriger contre la ville.
Lorsqu'ils furent à environ deux stades de la terre ferme, on put
voir la puissance de la terreur [qu'inspire] le Seigneur; car le Sei-
gneur déchatna du haut du ciel un vent très fort : le vent s'éleva en
une grande tempête; la mer fut soulevée de ses profondeurs, les
vagues s'amoncelèrent comme les sommets des plus hautes monta-
gnes; l'ouragan rugit et retentit sur elles comme le tonnerre, et des
abîmes [de la mer] s'éleva un [grand] fracas. Les tours tombèrent,
les machines s'écroulèrent, les vaisseaux se fracassèrent et la grande
armée fut engloutie dans les profondeurs de la mer. Ceux qui
étaient restés accrochés à des planches furent dispersés sur les flots
et jetés çà et là par les vagues qui montaient et qui descendaient;
^*^ G« tmit est peut-être le point de à la viDe sainte; cf. F. Mader, Les apo-
dëpart des nombreuses landes apoca- c/i/y/»e«4potfr)pAf«ifeDafi»e/, p. 97et8uiv.;
lyplico-apocryphes dans lesquelles le roi et René Basset, Le* apocryphes ilkiopitm,..
des Romains, après la venue de TAnli- t. X, La sageue de Sibylle . p. yS e( suiv.
christ, dëi)osera la couronne et montera ^*^ Jonas, ui, 7.
1/^2 HISTOIRE D*HÉRAGLIUS.
ils finirent par couler. Car la mer ouvrait sa gueule et les englou-
tissait. Et aucun d'eux n échappa, pas même un seul. Ce jour-là
Dieu sauva la ville en étendant son bras, grâce aux prières du pieux
empereur Constantin. Durant encore six jours, la puissance du
vent et l'agitation de la mer ne cessèrent pas(^).
Lorsque les Ismaélites virent la main terrible du Seigneur, leur
courage fut brisé. Ils quittèrent Ghalcédoine nuitamment et retour-
nèrent dans leur pays. Les autres troupes qui se trouvaient dans
la région de Gappadoce firent la guerre à l'armée des Grecs.
Battues par ceux-ci, elles s'enfuirent du côté de l'Aruastan, en
pillant la quatrième Arménie. Mais lorsque l'automne fut passé et
que l'hiver fui proche, l'armée ismaélite arriva et prit ses quar-
tiers à Dwin, avec l'intention de marcher contre les Géorgiens,
et de les passer au fil de l'épée. Ils leur notiGèrent avec menaces,
par des ambassadeurs, d'avoir à leur faire leur soumission, ou
bien de quitter le pays et de s'en aller. Mais ceux-ci n'y étaient pas
disposés et ils se préparèrent à la lutte. Alors les Ismaélites vou-
lurent les envelopper par la guerre, pour les anéantir entière-
ment. Mais lorsqu'ils se furent mis en marche, la rigueur et la
neige de l'hiver les surprirent; ils s'en retournèrent promptement
dans l'Asorestan, sans commettre de violences en Arménie.
Les chefs des Arméniens grecs et des Arméniens arabes, Hama-
zasp et Musel, et tous les autres, se réunirent en un lieu et s'ac-
cordèrent pour faire cesser toute guerre et toute effusion de sang
entre eux. Ils passèrent led joura de l'hiver en paix pour conserver les
habitants du pays, car le seigneur des /?âtunis était tombé malade
et il s'était rendu dans l'île d'Althamar. Il ne lui était pas possible
de sortir et d'entreprendre quoi que ce fût; il partagèrent le pays
^'^ Sur le long siège de Constantinople prend l*histoîre ; ce qui ie rapproche
( 7 ans) , el sur le feu grégeois et les tem- beaucoup de son successeur comme écri-
pétes qui détruisirent la flotte arabe, cf. vain, L^n ; cf. Histoire des guerres et des
Nod Desvergers, Araiie. . ., p. 980 et conquêtes des Arabes en Arménie, par. . .
suiv. Ce passage est une nouvdle preuve Ghëvoud. . . , trad. par. . . Chalinaiarian,
de la façon biblique dont SebAos corn- p. i3.
CHAPITRE XXXVII. I'i3
d'après le nombre de leurs cavaliers et ils établirent des gens pour
faire rentrer l'or et largent.
Alors on put voir les tourments du désespoir, comme il arrive
aux malades qui sont en proie à la douleur et ne peuvent parler;
il arriva ici quelque chose d'analogue. Car il n y eut pas un en-
droit où les hommes pussent s'enfuir et se cacher, pour échapper;
mais ce fut comme lorsque quelqu'un tombe à la mer et ne peut
en sortir.
Lorsque le seigneur des Aàlunis vit cela, il demanda des
troupes aux Ismaélites, pour battre les Arméniens, pour les
chasser et pour pa^sser les Géorgiens au fil de l'épée.
CHAPITRE XXXVir^
Soulèvement des Mèdes contre les bmaëliles.
Dans cette année les Mèdes (Markh) se soulevèrent contre les
Ismaélites et tuèrent le chef des collecteurs d'impôts du roi des
Ismaélites; ils s'enfuii'ent et se retirèrent dans les forteresses de
la Médie, dans les forêts aux gorges profondes, dans les abîmes
et les rochers, dans les profondeurs horribles des vallées avoisi-
nant le fleuve Gaz et les montagnes de Médie, et au milieu des
courageuses et héroïques tribus qui y habitaient, le Del et le
Delum.
Car ils ne pouvaient pas supporter la servitude cruelle et dure,
ni le poids du tribut qui pesait sur eux, parce qu'ils étaient obligés
de payer chaque année 365 bourses de drachmes. Mais à ceux
qui ne pouvaient les donner, pour chaque drachme, ils prenaient
un homme. Ils anéantirent la cavalerie et la noblesse du pays.
C'est pourquoi [les Mèdes], considérant leur situation, aimèrent
mieux mourir que de vivre> et prirent la résolution d'obtenir l'un
ou l'autre : ou la mort, ou l'alTranchissemenl de cette servitude
'') Traduit par H. Ilûbsclimaiin, Znr GeêeUeku. . ., p. SSetsoiv.
144 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
écrasante. Ils commencèrent à recruter le reste des troupes et à
les organiser en corps, [pour voir] s'ils pourraient échapper peut-
être aux dents du dragon et à la mort [provenant] d animaux au
souffle violent.
Lorsque Tarmée ismaélite vit que son action navait pas de
résultat dans les fortes montagnes des Mèdes, — car ils ne purent
pas réduire à leur domination le Kethrus et le Skiwtheay, les
fleuves des Delums, avec tout le peuple qui habitait dans les
lieux fortifiés — et que beaucoup [d'entre eux] succombèrent
devant les forteresses et roulèrent dans les ravins, que beaucoup
d'autres furent blessés par des flèches au milieu des touffes de
roseaux difficiles à traverser, [que leur lançaient] les guerriers
braves et courageux , alors ils s'éloignèrent de ces régions et se
tournèrent vers le Nord, contre le peuple qui habite aux portes
Gaspiennes. Ils arrivèrent au défilé de Cor(*), et lorsqu'ils eurent
passé le défilé (Kapan), ils dévastèrent tout le pays au pied de la
montagne et battirent les quelques troupes [qui formaient] la gar-
nison du pays et qui étaient venues à leur rencontre de la Porte
des Huns.
Alors vint une autre armée du pays des ThèUls, et ils luttèrent
entre eux avec grande bravoure. Mais l'armée ismaélite fut vaincue
par les troupes des Thètals; ils furent battus et passés au fil de
l'épée. Les débris de l'armée qui s'enfuyaient ne purent pas
échapper par le défilé, parce qu'une autre armée fondit sur eux
par derrière. Se tournant vers les régions impraticables de la
grande chaîne du Caucase, ils atteignirent avec peine et difficulté
les pentes de la montagne, et peu [d'entre eux] se sauvèrent, avec
une peine extrême, sans vêtements et pieds nus, à pied et blessés,
et ils arrivèrent, à travers le territoire de Tizbon, dans le pays
qu'ils habitaient (^).
-'^ Cf. H. Hûbschinaiin , Zvr Gesehtchte inann, Zur Guckichte. , ,, p. 4o, n. i .
Artnen. . ., p. 89, n. 6. et les rëféreDcett y îndiquëes pour \e»
^'^ Sur ceUe campagne, cf. H. Hûbscii- sources arabes.
CHAPITRE XXXVlIi. 145
CHAPITRE XXXVIII".
Muset se sépare des Grecs et se soumet aax Ismaélîtes. - I^es Ismaélites comba lient les
Grecs a Naxèawan et les anéantissent - Pillage de TArménie. - Les Arméniens se
détachent de nouveau de la domination des Ismaélites et se soumettent aux
Grecs. - Hamazasp, le seigneur des Mamikoniens, devient curopalate. - C'est
pourquoi les Ismaélites tuent les otages. - Des dissensions éclatent dans Tannée
dos Ismaélites. - lis se séparent, les uns des autres. - Moavia. leur chef, Tem-
|)orte sur tous, devient roi et fait la paix avec tous.
Cependant Muset, le seigneur des Marnikoniens, se détacha
des Grecs et se soumit aux Ismaélites. La même armée, larmée
ismaélite qui se trouvait en Arménie, s'empara de tout le pays, d*un
bout à l'autre. Théodoi*os, le seigneur des Tîslunis, el tous les
isxans se soumirent volontairement à eux et s'empressèrent d'ac-
complir leur volonté en toutes choses, car la crainte d'une mort
inévitable planait sur eux.
Cette même année, l'homme béni, le pieux Artawazd Dimak-
sean fut trahi par la jalousie de son frère et livré entre les mains
de l'impitoyable bourreau, le général Habib, qui résidait à Arur
Asnak, et qui lui fit subir une mort misérable.
Lorsque les jours froids de l'hiver vinrent, les Grecs poussèrent
[les Arabes], qui ne purent pas prendre les armes à cause du froid
et combattre, et qui décampèrent et se retirèrent; car ils fran-
chirent le ileuve (Araxe) et se retranchèrent à Zarehawan. Lorsque
les Grecs virent cela, ils ne s'inquiétèrent plus d'eux, mais ils
pillèrent la forteresse de Dwin, marchèrent sur Naxcawan, el assié-
gèrent la forteresse pour la piller aussi. Le chef de l'armée des
Grecs était un certain Môrianos, un homme que Ton disait sûr.
Lorscpie la saison du printemps arriva, il se prépara h la guerre
contre les Ismaélites. Mais Môrianos voulait auparavant achever
complètement son entreprise. Aloi*s les Arabes tombèrent sur
'^ Traduit par H. Hiibsclmiann, Zut' (leschicklc, • ., p. ^lo.
r*i«iik<i «ittuMii
U6 HISTOIRE D^HÉRACLIUS.
les Grecs, qui assiégeaient la forteresse de Naxrawan, les bat-
tirent, les massacrèrent et mirent en fuite ceux qui restaient.
Môrianos, lui aussi, s'enfuit et se rendit en Géorgie. Mais Tarmée
ismaélite se détourna d'eux, assiégea la ville de Karin et com-
mença la lutte avec [la garnison]. Ceux-ci, ne pouvant pas offrir
de résistance dans la lutte, ouvrirent les portes de la ville et se
soumirent à eux. [Les Arabes] entrèrent dans la ville, en empor-
tèrent lor, l'argent, toutes les richesses, pillèrent toute TÂrménie,
l'Albanie, la Siuuie et dépouillèrent toutes les églises. Ils emme-
nèrent comme otages les chefs considérables du pays, les femmes,
les (ils et les filles de beaucoup d'entre eux.
Théodoros, le seigneur des Aâtunis, avec ses parents, partit
aussi avec eux. Us les amenèrent dans l'Asorestan. Là mourut (')
Théodoros, le seigneur des Aàtunis. Son cadavre fut ramené dans
sa patrie et placé dans le sépulcre de ses pères.
Hamazasp, le seigneur desMamikoniens, filsdeDawith, un homme
excellent à tous les points de vue, obtint le commandement du pays
des Arméniens. Mais il aimait la vie de famille, était un ami de la
lecture et de l'étude et n'était pas versé et expert, comme ses
pères, dans le métier de la guerre. 11 n'avait encore assisté à au-
cune bataille et n'avait pas encore vu l'ennemi en face. Alors il
commença à imiter avec ardeur la bravoure de ses pères et à
accomplir des actions viriles suivant l'exemple de ses ancêtres, en
priant Dieu de le conduire et de donner succès à ses actes de bra-
voure.
Gomme je l'ai dit plus haut, le catholicos des Arméniens, Nersés,
partit avec l'empereur et le suivit à Gonstantinople. Il y fut
accueilli avec honneur, reçut des présents et fut ensuite renvoyé
chez lui. Quand il y fut arrivé, il s'établit à Taykh jusqu'à la mort
du seigneur des Astunis. Lorsque l'invasion des Arabes eut pris
fin, six années après son expulsion, il retourna en son siège, se
^'^ Théodoros mourut à Damas en 65 A ; cf. H. Hûbscbmann, Zur Ge$ckiekte Arme-
nteiif. . . ,p. &9, n. i.
CHAPITRE XXXVIII. 147
fortifia sur le siège do catholicosat et s'empressa d'achever ]a con-
struction de Téglise qu'il avait commencé à bâtir sur la route de
la ville de Vataràapat(*).
Or, bien que parlant vainement, je ferai défiler mes paroles
selon l'ordre de cette histoire, suivant la faible pensée de mon
esprit, et non selon la dignité de la science; en considérant
l'ordre des amis de l'étude, je confirmerai la parole prophétique
qui a parlé d'après l'ordre de Dieu. Dans les derniers [événements],
jusqu'à la consommation des -siècles, comme il est arrivé dans
les premiers, la parole du Seigneur s'accomplira, qui dit : irLe
ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas(^).7)
(rCar, dit-iU le feu de ma colère s enflammera ('); il brûlera et des-
cendra jusqu'aux enfers intérieurs?). Et ce qu'il dit d'eux est connu :
fT Us seront embrasés par le feu , les fondements de leurs montagnes
s'enflammeront D, c'est-à-dire les violences des grands princes. Et
(T j'amasserai tous les maux sur eux, et avec mes flèches, je les
anéantirai, n Car, comme des flèches lancées du sein d'un homme
vigoureux, par l'arc à la large courbure, vers le but, de même
ceux du désert de Sin [s'élanceront] sur toute la terre [répandant]
complète famine, épée et grande terreur. Il montre clairement par
ceci que dans les régions du désert le feu s'enflamma : «rTu
lanceras sur eux des flèches sans guérison : les fauves du désert
qui les traîneront çà et là sur la terre, t) A ce propos, le prophète
Daniel s'écrie que <rla béte fauve, terrible, étonnante et très
puissante, dont les dents sont de Fer et les serres de cuivre, man-
geait, broyait et foulait le reste aux pieds(^)i). Il dit encore à la fin
de ces paroles : «r Le jour de leur perte est proche ^^), le Seigneur est
arrivé sur eux avec des préparatifs, d Ce qui également s'accomplira
eu son temps.
•'' Cf. la noto rî-ffcwsuH, p. m. ^^' Jëi'énik', \\. th.
'^ Math., x\i\, 35 et ie» |>arallèl«s ^' Daniel, vu. 7.
dans les deux auli^eM synoptiques. ^^^ RéniiiiiMoeuce de Jéit^mie, klvi .as.
l/i8 HISTOIRE D HÉRACLIUS.
La même année, les Arméniens se détachèrent des Ismaélites et
se soumirent de nouveau à Fempereur grec. L'empereur Constantin
nomma Hamazasp, seigneur des Mamikoniens, curopalate^*^ lui fit
cadeau de sièges d'argent et lui octroya le commandement du pays
des Arméniens, en donnant aux autres chefs des places d'honneur
et de l'argent aux troupes.
Lorsque le roi ismaélite vit que les Arméniens s'étaient déta-
chés de lui, il fit ])asserau fil de l'épéetous les otages qu'ils avaient
emmenés du pays, environ 1,775 personnes. Les quelques autres,
environ a 2, qui ne s'y trouvaient pas, furent les seuls à avoir la
vie sauve.
Mais Muset, seigneur des Mamikoniens, ne put pas se détacher
des Ismaélites, parce qu'il avait quatre fils en otage chez eux. Il y
avait parmi les otages trois [fils] [et] un frère d'Hamazasp. [Les
Arabes] firent venir chez eux en Syrie ces derniers ainsi que
d'autres chefs, avec leurs femmes. Par suite, [les Arméniens] per-
suadés qu'il valait mieux mourir que de vivre, se séparèrent d'eux,
et après des négociations hâtives, se soumirent à l'empereur grec,
d'intelligence avec les chefs et les troupes des Aluans, et les
chefs de Siunie avec leur pays. Ceux aussi qui s'étaient mis
précédemment sous la protection de l'Atrpatakan, se soumirent
de nouveau et s'allièrent aux Arméniens, lorsque l'empire perse
fut renversé et que les Ismaélites furent arrivés à la domination.
Ils firent prisonniers Muâel et les autres chefs, alliés avec lui.
Mais l'empereur ordonna de mettre ces derniers en liberté et
il manda auprès de lui Muset seulement.
Dieu envoya une sédition parmi les armées des Ismaélites, dé-
truisit leur accord; ils en vinrent aux mains entre eux cl se par-
tagèrent en quatre partis W. L'un est dans l'Inde, le second
'^ Kn 6f>4: cf. H. Hiibsolimann , Zur d'Abd-Aiiàh ibn az-Zobair; r**. Van
GcHchichte, , ., \}. h"!».^ }\" ù. VIoU»n, Recherches sur In dom' nation
^'' Les <]uatre partis eulra lesquels se anée, le chiitisme et les croyances mes-
«li\lsuil rislAni éUiienl les Oniayya<l<?s, sianitptes sons le Umlifnt des Omiujijades,
les Chiites, les KbÂriiljites et le |>arli p. 34.
CHAPITRK XXXVIII. 1/i«
occupe TAsoreslan et le Nord; le troisième tient TEgypte et le
pays des TinHals; la quatrième, le pays des Arabes et un endroit
qui est nommé Askarôn(^). Ils commencèrent à combattre entre eux
et ils se tuèrent les uns les autres avec grande effusion de sang.
Alors ceux qui étaient en Egypte et en Arabie s'unirent; ils tuèrent
leur roiW, pillèrent les riches trésors et établirent un autre roi^.
Eux-mêmes retournèrent dans leur pays.
Lorsque le chef qui était dans TAsorestan, nommé Moavia, le
second dans leur empire, eut connaissance de ce qui ét^iit arrivé,
il persuada ses troupes, alla dans le désert et tua le roi qu'ils
avaient établi. Puis il combattit contre l'armée (jui était en
Arabie, lui infligea une grande défaite, et rentra victorieux dans
l'Asorestan. Mais l'armée qui était en Egypte négocia avec l'em-
pereur des Grecs, conclut la paix avec lui, et passa de son côté.
Une foule de soldats, environ i5,ooo, crurent en Christ et furent
baptisés. Beaucoup de sang coula dans les armées ismaélites par le
massacre de grandes masses, parce que la triste œuvre de la guerre
les forçait à s'entretuer. Et ils n'eurent de repos de l'épée, de la
captivité, des violents combats sur terre et sur mer que loi*sque
Moavia fut devenu puissant et les eut tous vaincus. Lorsqu'il se
les eut soumis, il domina sur les possessions des enfants d'Ismaël,
et fit la paix avec tous (Amen)(^).
('} AskalonTcf. H. HûWhinann. Zur <') .41L
f$e9chtckte. , ,, p. /i3 , n* 3. <*' En 661 ; fomlAtion de la dynnslio
(*^ OUinian , 056. des OminaY<iHe >*.
INDEX DES NOMS PROPRES.
(lR8 noms GROr.RAPBIQCES SONT KN ITÀLIQVK,)
Abdiwl , p. 96.'
Abd, &3.
Abnham,&7, 63, 87, 9&, 98,96, 118,
t3o, 139.
Abrakakr (voir Ajpr Sahr).
Afrique f 39, 106.
Akmatan, capitale de T Ancienne Mëdie
(cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm.,
I, p. 17). C*e8t le KntpHK d'Esdras, ?i,
9, où Ton découvrit Tédil de Cynis,
Yky<ova d*Hërodote, l*Ecbatane ac-
tuelle, 36, 63.
il*wM>* (Ut-Vj). 58. .
AUuar, 93.
Aknik, 100.
Albame (mifuÊmpÇù \Xqf*-'^'^ès) 1 Sa , 1 1 5,
i35, 139, 1&6.
i4fe»ifN{rtif, 9, 55, 56, 80, 88, 98, 1 1&,
11 5, 116, 190, 199, «95, 138, l&O,
l&l.
AidM{{\^^), 63.
AUznM, 6.
i(&\89,83.
Atiavid (Urf-^*^) et ^^ovit ( IW^*-),
89,83, 100, t38.
i4Uamar, Ile dans le lac de Van, siège
d*an cathoiicoa arménien, 9&, i35,
i38, ià9.
Atiian (l^^i.^'k»), 9, 90, 8>i. 109, 110,
i35,i&8.
Ahumê {Parte des), 7, 90.
Anud, îa.
A]natiinis(voir Kotil), 3i , 39, 11&.
ilmtfiy ville de la quatrième Arménie. ^ Ci.
St. Martin, Mémoireê, panfim, s, v.
Amid), 69.
Amram, i3o.
Amon, i3o.
Anak, 18.
Ananias, 190.
Angt, 60.
Angbi (U>TirVt var. ^Jk^é^^), pays de
la quatrième Arménie, Tlngilène des
Grecs; cf. St. Martin, Métnoire», I,
p. 97 et 9&4. Fauste de Byzance dit
que les possessions de cette satrapie se .
trouvaient dans le canton de Dzop, si-
tué dans la quatrième Armt^nie; cf.
V. Langlois, CoUecùon, I, p. 170, n' 1.
fflngiiene, arm. Ai^^unn Haus Angt
rrmit der alten Felsenbui^ Angî, gyr.
Aggël entapricht . . . dem spâtem Gau
Uiggik in Armenia IV, bei (leorgins
Cyprius 960 KA/pia Ai^it^iv^^, und
wiirde vom hair mardpel verwaltet, der
Duch die Aufsicht iiber die Schalze des
SchlossesBnabelinGross Cop'k' halte ii
( cf. J. Marquart , Erânlakr, p. 1 7 1 ) , 59 .
Antichrist, i33.
Antioche, 7, 55, 56, 69, 67, 190.
Antoninos, io5, 106.
AnusSpuan, 6, 7, 9.
Apahuni, A 8.
Apftktmikh, 89.
Ajn- Sfthr, 9, A9.
Apraéz Xosrov, fils d^Ozmizd, petit- fils
de Xosrov Aua^rvan. Aparwéz ou
Parvét signifie «victorieux « en pen^an
(cf. Tab. Nôld.,p. 975 et H. Hûbsch-
mann , Arm. Gramm. , I, p. 9 1 ), 68, 76.
Arabes (=Taeiks), 99, 101, iA5, i46,
,'.9.
Arabie [^UÊZf^iMvmuiit et l^jttapfut), 95,
9<>. 97» «'*9-
Aracnni (j^uti-uAél,) , affluent de TEu-
phrate, qui est peut-être le Kara-wu
des modernes. L'Aracani reçoit phi-
153
HISTOIRE D'HERACLIUS.
siears rivières qui descendeot des mon-
tagnes des Kurdes et traversent le
Taron, actuellement Mous. L'Aracani
serait TArsanias de Pline (VI, 9)
(Cf. St. Martin, Mémoires, I, p. 5i et
5a), 59.
Aragae, montagne où plusieurs rivières
prennent leur source, coulant du Nord
au Sud , pour aller se jeter dans TAraxe
(cf. St. Martin, Mémoires, I, p. 47),
67.
Aramazd, 19, 79.
Ararat ( |^^/»<M^iir«f ) , 1 5 , 57, 66 , 67 , 8 1 ,
89, 100, 108, 110, i34, i35.
Arasp, 90.
Araxe (JJ^am^)^ 10, 67, 89, 83.
Arcapk, 109.
Arcruni, 64.
Arce'i, 9, 89,83.
Arménie ( ^«w/imw «hmA* , aui^mp^^ ^•"^
j'gy «lc)i t» 9i 3, 4, 9, i5, 16,
18,19, 90,97, 3i, 39,35,36,37,
4i, 48, 59, 53, 54, 55, 56, 57. 58,
61,69, 65, 66, 70, 83, 87, 91, 99,
94, 100, 106, 107, 108, 119, ll3,
ii4, 191, i33, i34, i35, i36, 139,
i49, i45, i46.
Arméniens, 3, 4, 5, 9, 19, 3i, 39, 33,
36.44,79,76,77,87,99,99,101,
107, 111, 119, 11 3, 116, 1 39, 1 33,
i36,i37, i38, i49, i43,i46,i48.
Ai*phay, i35.
Arsacide, 1, io3, 108.
ArtaSir, 88, 89.
Artawazd, 48, i45.
Artaz, 6.
Aruastan, i5, 90, 97, ii5, i4o, i49.
Aryc Asnak, 1 45.
Apaneans, i34.
Apastiay (|^iLf»»ti*/tfir/) , probablement
Arkesd, bourg du Touroupëran, près
du lac Van (cf. St. Martin, Mémoires,
I, p. 959), 69.
Apaweteans, i34.
Apestawan, i5, 97.
Asiatiques, 83.
Ane (/t ^^»i|JhA,u l\««^<rsr'^''^)f /)?•
Askaron, 149.
AsorestrtH, kaffvpia^ T Assyrie, à distin-
guer de Asori-k, la Syrie. Compose de
Asori' — kaavptoç et le persan -stàn
(cf. H. Hubschmann, Arm. Gramm,,
I, p. 99, «. 17. |\«it/f4-if«tiiAf), la, 97,
4o, 4i, 43, 61, 66, 67,90, 99, 100,
101, ]i3, ii5, 116, i49, i46.
149.
Aspahan, contrée de la Perse; k<rviiw^,
qui a donné notre Ispahan (cf.
H. Hubschmann, Arm. Gramm,, I,
p. 91-99), 4o, 4i, 5o.
Aspet. Le texte porte bien (éd. Patk.,
p. 98, I. 4) }\miÊih»m écrit comme un
nom propre; il faut lire : laspet, c'est-
h-dire Varaztiroch , 87.
Assyriens, 84.
Asot, 39.
Astat Yeztayar, 61, 69.
Atat Xorxopuni, 3 1, 39, 33, 53.
Atbalarikos, 93.
Athanase, 199.
Albas, 7.
Athéanov, voir Théanov.
Aliènes, 190, 195.
Athéniens, 196.
Airpatakan, TAtropatène des Grecs,
FAdherbeidjan actuel, 9, 5, i3, 19,
97, 3i, 59, 83, 85, 89, 90, 99,
99, 108, i33, i48.
Awan (l\i.tt#Yf), bourg de T Ararat, dans
la province de Kotaykh (cf. St. Mar-
tin, Mémoires, II, p. 458), 63.
Azarmidnxt, 90.
B /«
Babylone, i3o.
Bagratunis, i34.
Bagrawan, 119.
Bagrevcand, 6, 10, 89.
B«4/, 11.
Bahl Sahnslan , capitale des Khusans (cf.
J. Marquarl, Erânhhr, p. 87), 99 , 5i .
INDKX DKS NOMS PROPRES.
15»
Rahlak (cf. p. /i8 et n* i : dans l'rd. Palk. ,
p. 6&, I. ult. <; r. f p^u^i^i).
Baiéi, i35.
Barbares, ii.
Boêian, coDlrëe où TAraxe pr«^nd sa
source, la Phasiane des Grecs, h Touest
du Sirak, une des vingt provinces de
iWrarat, à l*ëpoque arsacide (cf. St. Mar-
tin, JIffmotrM,!, p. 107), 10,60, 6q,
i3/i.
liasile (J\-ir«»^0' •**^-
Bbor, 89.
Rektovr (f^^4<i>«yir), laa.
Iterkri, 100.
Boiompakak, 10.
Bonos, 56.
Bramm, 69.
Butmah, 11, 5&.
Byzanee, 77, 79, 91.
Bznnnis, 10, i5, 97, 100, i3S, i38.
C
Caïn (\\mflfi,), 7Q.
(Mimique [Xlmq^^^mm), 8.
(laUcadïur, 10,
(lalkotH [^uni^muA»)^ cant(« monta-
gneux de la quatrième Arménie (cf.
tiebeau, VI, p. 981, n. a), 59.
ilappadoee, 1&9.
(ÀispietmeM, i4&.
(Imtcate (^«^iai« et liiMiy^ii^), 9, 90,
fJni?ré«y 65 , 80 , 83 , 1 â 1 , 1 9a.
Cjènarée de Cappadoee, 90, 63, 66, 81,
199.
Citarèt de Pakuine, 68.
Ckalcidame, 77, 81, 11/1, it5, 116.
1 Ao, i&i, 1&9.
Chalcédoine (Concile de)« 36, 91, 119,
195, 197, i36, 137.
Chinois (2i^\»uftfmêM%) 59.
Christ (^^Immnu)^ 8 , 99 , 75 , 76 , 8o ,
119. 1 13, 116, 1 17, 1 18, 1*11, 198,
199, 137, 1^0, 1&9.
Christaphon 87.
Ciiieie, 8, 67, i95.
Constance (I|m#iifjj#«), i3i.
Constantin iV^auunM^i^^uhiUU ^ y^numuiU^
7 A*»» 1|w««»«**i»7-»«»), 5, 67, 80, 99,
100, io3, 10&, io5, 106, 107, 108.
109, 110, 119, 11&, ll5, 116, 191,
199, 19 A, 195, 197, 1*19, l3l, l3*l,
i3A, t35, i36, i38, 189, i4o, iVi.
i48.
Constantinople , 55, 6&, 80, 98, io3,
110, 11 A, 1 15, 116, 190, 197, i3i,
i38, 139, i4o, lAi, 1 46.
CAfrintke, i9o.
Costandes. Voir Constance.
6rite (l|frit«i4«»), 190.
Croix (Découverte d*uu morceau de la),
44, 45.
Croix (La Sainte), 89,90, 117.
CtistpKon. Voir Tizhon,
Ca-nkert (t^^V^A^^-r), 60.
Cyrille (l|A«-f^t). i^^* *^*^» *^^-
CahîJc{2i'^''i^i), 3i.
Cembux, 5o.
Cewiitan (= Chine et Chinois).
Cepetux, 59.
(]or (porte de) [Var. Dzor ^{«r. SelA)»,
éd. Patl., p. 108], 59.
([|ibr (défilé de), 7,59, 1 39,1 44.
Cpoè Vehan {'^m.mX\\hjiu.\)^ 66.
DamoB {^YuÊJiêÊulimu) , lit, 139, 1 4o.
Daniel, 99, 10 4.
Daniel (Apocalypse de). 10 4, 1 47.
Daniel (Pont de), 33.
Danube, 35.
Data, 8, 56, 57, 58, 61.
Daranati, i34.
Darawn, 109.
Dfirivm et Dariwnkh , 59 , 1 08.
Dastkarin, i35.
Datoyean, 49, 5o, 58.
15&
HISTOIRE D*HÉRACLIUS.
David (= Dawith, ^mt.^fi), 99, na,-
lâS, 1&6.
David Sahapani, 9«3.
Dawith (voir David).
Del, i43.
DeOuiêtam, &3.
Delum, t&3, i&&.
Derdian, i3&.
Dfflatk, Dom du Tigre, correspoodant au
syr. n^pl et au fleuve Hiddekel de la
Bible (cf. H. Hûbachmann, Armen.
Gramm., I, p. 99a).
Dieu, 1,3, 7, 8, 17,31,46,70,71,72,
73, 74, 75, 76, 77, 78, 79,80, 81, 86,
93, 94, 95,96, 98, io5, 106, 111,
Iia,ii3,ii4,ii6,ii7, 118, 119,
190, ia3, ia4, ia8, 199, i33, i34,
137, i38, i4o, i42, i46, 147.
Dimakhsean, 46.
DimakhfléenB, i34.
Dimakaean, i45.
DioclëtieD, 19 4.
Dionéaioa, lao, 199.
Dionéaioa Ariapagachi (^'^mktl^^mu
\J^fm^M0^jmjfP), lao.
DionésioN d'Alexandrie, 199.
Dnmos, 49.
D«(1^c),69.
Dwin {'\uÊufiÊ, 'bi^)i ^ sy>** <^« en
grec A0dÂoretTiCro9(Proeop. de Bello
penieo. Il , 94 ) , en arabe ^^j^ ou J«^ ,
ville située au nord d*Ardasat, sur la
rivière Mecamor; fondée vers 35o par
le roi d'Arménie Xosrov II, qui en fait
sa capitale; pendant près de six siècles,
elle fat considérée comme la capitale do
TArménie ; les derniers Arsacides y rési-
dèrent; les patriarches y établissent
leur siège pontifical en 459 et y restent
jusqu'en 994. En 639 (ou 64i?) Dwin
fut prise par les Arabes, puis passa
sous la domination bagratide. En 99 1 ,
Asol, fils de Sapuh, s'y fit dédarer roi
et y n^na 1 5 ans. Ensuite Dwin fîil
successivement conquise par les émirs
musulmans, par les Turcs Seldjou-
kides, par les émirs d'Ani, par les
Géoi^giens, les Atabeks de FAdherbei-
djan et les Mongols. Puis la ruine vint
et elle n'est plus actuellement qu'un
misérable boui^ (cf. St. Martin, Mé-
moireê^ I, p. 119-190), 4, 5, i3, i5,
36, 4i, 47, 54, 57, 63, 66, 66, 81,
99, 100, 119, i35. i38, i4'i, i45.
Dzùkaffie (^pu.«r^2r), 69.
Dior, 100.
Di ^
Dzavitean Xosrov, 5i, 99.
Diemm^^ 33.
Dlréean, 49.
Dzuan Veh (sur la var. Dzuvan Veh, cf.
H. Hiibschmann, Artnen, Gramm., i,
p. 69), 56, 57,
Ë h
Eau(a^H'),i9-
fiie«e(n'-r<'ïf),56, 67, 61, 98.
Edesséniens, 94.
Edom, i3o.
Épr, 7.
hgypte, 9, 55« 56, 64, 96, 98, 101,
195, i4o, 149.
Ekeleach, i34.
bîevttrd {l^tlmpti. «= Eghivart) dans
le canton d'Aragaeotn, patrie du pa-
triarche Moïse II (cf. Saint-Martin,
Mémoires, I, p. 438), 67.
Emmanuel, 198.
Ënankiitos, 190.
liphèse, 1 1 4, ii5, 116, 117, 190, 197.
Erakiés (bf-'fii^)* Voir Héradios.
Erakli. Voii* Héraclius.
Eraklos {Xff^^i»»). Voir Héraclius.
Erakti. Voir Héraclius.
Eran Kathuhkos, 8, 110.
Erenios, 190.
Erewan (|^4m»V), 109.
Erginay (b^^â^), 58, 60.
Esaû, i3o.
Eepagne, 194.
INDEX DE8 NOMS PROPRES.
155
56, 9»-
Eatyehès, isS.
Ewibi, &9.
Ewiwlay {\^h-i^). 9^-
Ewodia, lao.
Exr, 88, 91, 101.
2paboA Moah, 96.
Spazmaii Xopeam, 61.
Spaimioun^itasniîozan, 68.
Fan, i39.
Fea^A-H»), 19-
G
Gagik Manûkonieii, 89, &i.
Gaklie, 190.
Gmdzak, tflle de i*AtropatèDe, siège d'un
étéchë (cf. J. Marqiutrt, ShbiiaAr,
p. ti&), 9, 81.
6anbwm, eaoton de rOadîe (cf. St Mar-
tin, Mimoires, H, p. 365), 89.
Garikhpet, 99.
6«pit, 10, 97.
Gimk, 194.
GoyfalKM, 60.
Gûz, 1&3.
GdbR, 11, &o, &i, i9, &&, 54.
George, i3o.
Cfcryte (Uib*")' 9» *^' •?' ^*' **^'
i35, 139, 1&6.
Gëorgiena, 110, i35, i49, i&3.
Getik (%AmH). 58.
Gnthonis, i3&.
Gog, io5.
Gcgomt, 97, 59, 83, ion, 101.
Golgotha {^fjt'^/f'v)^ 7*-
Golon Mîhran, 9.
Gohliienii, 48.
Grec, 137.
Grèce, i4.
Grecs, 9,5, 10, 14.93,97,39,33, 34.
35, 36, 37, 59. 54, 57. 58. 59, 60,
69, 66, 67, 79, 99, 96. 97, 98,
104,107. 119, i3o, i39, i33, i36,
139, i4o, 'i49, i45, i46, 149.
Gr^ire. Les périodiques arméniens.
HmMi et L'Arménie (n" de mars et
avril 1904) signalent un ouvrage du
profiesseor J. Strzygowski. oii Tauteur
soutient que la eathédnle d*Aix-la-
(Jbapdle, r^ilise de Germiny-des-Prés
(près d'Oriéans) ont pour prototypes
de vieiiles églises arméniennes et en
particulier ^e de Saint-Gr^ire,
récemment déblayée par le P. I^dian
(cf. Josef Stnygowski, HeUemêtiêeke
tmd kopliêeke KunH m Atexandria. Naek
Fvnim oui Aegyptm uni iem Elfen-
hmrStfê der Domkantel zu Aaehen
varg^iàrt wm . . . Wien, 1909. In-8%
xi-99 p. , 69 fig. et 3 pi. — Klemasien,
em NeuUtni der KuMlgesekiehie. Kir-
dienayfiuJmen von J. W. Crowfoot und
J. J. &mmov . . . Bearbeitet von Jo-
sef Stnygowski .. . Leipzig, 1903.
In-4*, Tiii-945 p., 169 fig.), 5, 36,
47, 63, 76, 88, 99, 111, 119, ii4,
i9t, 199, 193, 197, i36, i36, 137.
Grégoire de Nananze, 199.
Gré^ire de Néocésarée, 199.
Grégoire de Nysse, 199.
Grwmdaàan, 11, i3.
Gurbm, 44.
H <
Habib, i45.
Haekiwn (4|«9/^«^), 97.
Hagar, i3o.
Hagarachs (dans Texpression 4|«'t^r'*-'
S^'^\ les descendants d'Agar la ('iopte .
concubine d*Abraham,mère d'Ismaël).
109.
HawiaUm, 9.
156
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Hamazasp Mamikonien, 33, i38, i4â,
i&G, i/i8.
Har, 5i.
Haêtetmkh [Zf*«2^^'^'kg) , province sur
ies frontières du pays de Taron, à Test
de ia Sophène, constituant le domaine
particulier des princes m*8acide8 qui
n*étaient pas destines à régner; (cf.
St. Martin, Mémoires, I, p. (ja), 6â.
Hephthalites, gr. È^aXhat, syr.'V^I,
arm. ^iri^f^Êmti^, sont les Huns blancs,
que Ton nomme aussi khusans (cf.
J. Marquart, Erdniakr, p. 58 et 7Q.)
f^ résidence de leurs rois était Bâ^ës;
cf. Specht, EtHdes mr tAsie centrale
d'après les kislariens chinois, p. aA),
5o.
Heqsan, i3o.
Her, 83.
Héraclius (<i^^«4p^, ^^i&^^urf^, hi"^i-
W", l/f^t^» l?r"'4iAr«), a. 33, 33,
54, 56, 64, 65, 66, 67, 78, 79, 80,
81, 89, 83, 84, 85, 86, 88, 89,
90, 9Q, 93, 95, 96, 99, 100, io3,
io5, 119, 117.
Hertkièan, 99.
Hesbok, i3o.
Hindous, i3o.
Hroayeak Apahuni, 48.
Hoyiman, 11.
Hopom, i38.
Hopomoch marg {^um.mtrmy <^r'f)i *^^*
Hrahat ( =^ A pliraat(*s ) , 1 o .
Hrartin Datan, 10.
Hmi, a.
Hrcemunkh, 8a.
Hpiphsimay (4,"^A^«A«% = sainte Ri-
psimé), 76.
Huns, 3, 9,39. i44.
llnrazian, 97.
I b
idovniay, 96.
Indes {^'^'tH»), 49, 101, l'jo, i48.
iraniens, 90.
Isaac, 118.
Ismaêl, a , 9 1 , 95 , 96 , 101, 109, t o5 ,
110, i3o, 139, 149.
Ismaélites. 98, 99, 109. io4, 109, 110,
i39,i33,i34, i38, i&9,i43,i45,
i48.
Israël, 95, 96, 199, i3o.
I^xan, i36.
j
Jacob, 74.
Jean (catholicos), 36, 63.
Jean (révangéliste), 117, 118.
Jean (le patrice), i3, 16, 94, 96, 54.
Jéricho (l^fLf ni/), 75, 98.
Jérusalem , 55 , 56 , 68 , 70 , 7 1 , 79 , 7^,
74, 75, 80, 91, 98, 109, ii3, ii4,
1 16, 190.
Jérusalémitains , 68.
Jésus-Christ, 70, 71,73, 75, 118, 199,
193, 19^1, 195, 198, 139, i4o.
Jourdain, 74, 97, 98.
Juifs, 63, 68, 69, 71, 76, 80, 9'i.
109, 103, 195.
Kamyisov ( li'*"Ol'irt ) * 116.
Kapkoh (mont) = Caucase, 139.
Karin, Théodosiopolis , ville de la Haute
Arménie, con'espond à rErzerouni de
nos jours, 6, 33, 34, 36, 69,63,
65 67, 81. i33, i34, i46.
Karkhedovmayechi. Cet ethnique semble
attribuer une origine carthaginoise ^
la dynastie sassanide. On sait, en ellet,
qu'Annibal se réfugia en Bithynie, k
la cour du roi Prusias. Serait-ce le point
de départ de légendes ou de traditions
historiques d'après lesquelles Annibal
serait Tanc^tre des Sassanides? — L'a-
|K)calypse arménienne de Daniel, à
peu près contem{)oraine de Sebéos.
semble identifier Carihage et le peuple
de Perse (cf. F. Macler, Les Apocalffpses
apocryphes de Daniel, p. 63 : nCar-
t liage, et toi puple des Perses, tu ne
INDKX DRS NOMS PROPRES.
157
sais pasi ce qui fcst n^rvé à la fia des
jour* ... f , et p. 75 : «r ... le peuple
des IVj'soî* à Carlhago), 1.
Kaw Xosrov, 99.
Kawal, a, 4, 5, 17,85,8(1. 87, 88,
90, ii3, 116.
KaxanaktHch, 109.
Kayén, 18.
kf.zblo/i , 1 1.
keilar, 96.
kedmay, 96.
Kethrug, iiik,
Keiur, i3o.
Kholdat, 96.
Khnéans, &, 11, 63, i8, A9, 5o, «5i,
l39.
Mémentos, 190.
Kléovpeanch (lif^iffy^'Ay), lao.
Kodreens («"ijf ^"<i>r^'^'^)« &3.
AWi (1|i»f|i), boui^ et canton au noitl
de la province Ararat; les salines en
étaient célèbres. C'est le Koxb (^«^ik)
actuel (cf. St Martin, Mémoires, I,
p. 78), 9a.
Kowi (ti"*/;.) onALoim (1i«^'/*), au sud
du TobaristAn, le A'ômi! des Persans
et des Arabes (j^^); dans celte pro-
vince se trouvait la vieille capitale
parllie Hekatompyio» ; elle appartenait
de tout temps à la Parthie; c'est la
liMiiunpnt de Strabon (cf. H. Hûbsch-
mann, Arm, Gramm., I, p. &6 et
J. Marquart, Erânsakr, p. 71), Vi,
/18.
kordns, 33.
k(»s(as, 10^1.
ktiliHHis ''kotaiq.nii Dislrikl der Pi-ovinz
Airarat, westlicli \oni kleiiieni Soe von
Oelamn (H. Hubschmann, Zur Ge-
sehickte. . ., p. aa, n. 1), 107.
Kotekh, 27.
Kotit, 3i, 3â, 39, ^11.
kumitas(l|nt.w^«'<tf»), 03, 70, 73, 7(1,
77, 87,88, ii/i.
kiir(l|''t/'), 3îi.
I^cédémoniens, laG.
Laodic(^ns, lao.
Léon (ou Lewond ) , 1 1 a , 1 a5 , 1 98 , 1 36 ,
Likianos = Licinius , 1 9 &.
Lot, i3o.
Lune (X^KLMfii)^ 19,
fiycurgiie le Lacédémonîen , 196.
h{\) t
Lewond ((]jA.#fYf^) («Léon et Léonce),
191.
M -T
Madian, i3o.
Magistros, 93, i3o, i3i.
Magog, io5.
Mahomet (|p«i»<«a^«»), 90.
Maku, 97.
Makuran, lot.
Mamak Mamikonieu , 3 1, 39 , 39 , ^11.
Mamikonien, 3, 93, i3â.
Mamikoniens, 1, &, 9, 11&, i38. i^io,
1&6, 1&8.
Manali, i36.
Manuel, 37, 39, 48, i3o, i3i.
Morand y 9.
Marcien, 11 4, ii5, 19^1, 196.
Marff, 5i.
Margpot, 5i.
Marie, 118, 193, 199.
Mars (= Mèdes).
Marsas ( |p«»/»#/|t« ) , 1 o 4 .
Martina, io3.
Masé, 9O.
Masmay. 9O.
(Ma8t),9G.
Matlhéos. 11 4.
Maurice, 9, 10, i5, 93, 3o, 54, 5o,
57, 61, O9, t»5. fifi, 78, 91.
Maximien, ir)4.
MaximintoK, 19 V
Mazgulhn, 7.
158
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Mazkbuths, 19.
Mcbin (voir : Mremn),
Mfcanuiwr {Jipiri'miimt.p), 100.
Medan, i3o.
Mèdes, 89, 98, 104, 106, iSa, i&3,
144.
Médie, 101, 106, i43.
Melisavé, i3o.
Métitène et Mélitèn, 9, 65.
Merakbut (voir Merkut), 11.
Mercan (dans Texpression ^ |p^é>iiAr«^,
à corriger eu UVl*!*'*^» Sebéos, éd.
Patk., p. 9,1. 9).
Merkut, 54.
Mésopotamie, 98,
MéfopoUmûeiyrieime, 3, 56, 61, 69, 91.
Uihr, 19.
Mihran Mihrewandak, 5, 6.
Mihrewandak. Voir Mihran.
Mîhnu, 46.
Moab, i3o.
Moavia (|pi*«.^i»«) , 1 1 1 , 1 39, 1 4o, 1 49.
Modestos, 70, 79, 73.
Moïse (le prophète hëbreu) , 74 , 95 , 1 3o.
Moïse (catholicos), 36, 47,
Mokkh ( dans Texpression ^^A*** IP^i^w)»
100.
MArianos, i38, i45, i46.
Mosamb, 96.
Mrcum (U>*i»4.^"V#), faui« de copiste qu'il
faut corriger en Mcbin -^ Nisilte, capi-
tale de l'Aruastan {WpmutmamuAi) ou
Mésopotamie supérieure (cf. J. Mar-
quart, Erâniakr, p. 169), 4i, 81.
Murch iW-fs)^ 10-
Musel, 19, 91, 93, 94, 96, 97, 35,
99, i34, i35, i49, i45, i48.
Mzraykk, 4.
Mzéi Gnuni (|pi^t^<fSr«ai/fr), 91, 99,
93, 9*-
N i
Nabéuth,96.
Namganim Sonazp, qu'il faut lire d'après
H. Hubschmann, Arm. Gramm., I,
p. 56 , Namdar Vsnasp , 66.
Naphés, 96.
Naxiaman, canton el vifle du Vaspura-
kan(cr.StMai1in,¥({More9,I,p.t96,
967). Ce canton était ntoé sur les fron-
tières de f Ararat, en face du mont
Maris. La vifle s'étendait sur la rive
gauche de l'Araxe, 3i, 39, 53, 81,
89, 83, 100, 110, i45, i46.
Naahwan, 9,
Ifaziame, 199.
Néœétarie, 199.
Néron, i95.
Nersés, 16, 33, 34, 56, 57, 76, 101,
107, 111, 119, i34, i36, i46.
Nestoriens, 11 5.
Nestorins (*|>»ii'v)i 9*. «i5, 197.
Nieée, ii4, ii5, 116, 190, i9i, 199,
193, 194, 195, 197.
Nieéenne (*|>î/^4-%), 11 3.
Nig, un des 19 cantons de la province
Ararat (cf. St Martin, Mémoires, II,
p. 367), 67,88,
NihopoUs (*|>4i>iy<iri-£^), 69.
Ninive, 9, 66, 84, i4i,
Nisibe (jpi-iiff^) , 10, i5, 97.
Niiapuh. Voir Apr Sahr,
Nixawrakan, 54.
Nord, 9, 49, 59, 77t8i, 98, io5, i3o,
i44, 149.
Nouveau Sirakan {'{/'p C/P"'^**)-
Vywf, 199.
Occident, 65, 84, io4, 139.
Ogomay, 110.
0«n(?),8.
Omar (ll«/5«-), 101.
Ordru (Q^^^^-».-), 69.
Ordspoy, 100.
Ordspu, 109.
Orient, 9, 19, i3, 93, 3o, 48, 66, 80,
90, 98, 101, io3, io4, ii3, i4o.
Ormizd, 9, 8, 10, 19, i3, i4, i5, 17,
49, 90, ii3.
Othman (U«^«'SA)i ito.
INDEX DES NOMS PROPRES.
159
P i^et^
Pahlawiens, iS.
Paihaw (4|«»^ <«»«.%, Sebéo8, éd. Patk.,
p. 137,1. 9), i3a.
PakMÛne (Mr/* ^u,q&umfi,m^), 68,
110.
Pap.39.
Péqneft, &i, 68, 81.
Pariovk, 43, 44.
Pars, 101.
Parsayenpet, 53.
Parseanpet, 66.
Parfianasdat, 66.
Parthes, 16, 18, 4i, &9, ]o4, iSa.
Paol, 71, 117.
Peroz, 9, 3, 4, 49.
Perse, 3,4,5,6,9, 11, I9,i3,i4,
t7, 18,96,99. 3o,3i, 34, 36, 4o,
49, 43, 53, 54, 55, 66, 79, 86,
90, 107, ii5, i3i, i39, i4o.
Pênes, 9, 4, 5, 6, 7, 10, i5, 18, 95,
97, 99, 3i, 89, 53, 57, 58, 60,
61, 64, 65, 66, 67, 68, 78, 79,
81, 84, 90, 98, 99, io4, i39.
Phapan, 96.
Phaytftkaran , capitale de la province du
même nom, dans la province de Varta-
nakert. An commencement da iv* siècle ,
Sanatrouk, qoi en ^tait gouverneur,
8*y Gt nommer roi; cette ville était
siluoe entre le Kor et TAraxe, et c'était
Tane des principdes villes de TArménie
orientale. Au débat du xiv' siède, elle
était déserte; en i4o3, Tamerlan la
rebâtit et fit erenser un canal pour y
amener les eaux de TAraxe. C'est la ville
actaelle de Baîhkan, presque en
mine (cf. St. Martin, Mènoires, I,
p. i54-i55), 9, 5, 89.
Philippe, 9, 67.
PUUppiqne {^it^n»'). 66.
PhiKpikos, i5.
Phocas, 9, 54, 55, 56, 69, 64, 78.
Pierre (^A-yjt»), 190, 199.
Pindie,6&.
Poiikarpos, i90.
Priskos, 55.
Prokop, 111.
Pylhagore, 196.
R p
Rameaux (Fête des) [fiff^^'^râiAr], 98,
Ripsimé. Voir Hpiphsimay.
Romains (A"*-''*^)* 78, i94, i36.
Rome, (4v«-«</'), 190, 191, 199, 194,
195.
Ruben,96.
R «.(p)
Ba§(f>u«i,),86.
Raiayenay (f^^ii»^^^.^), 69.
AatOVm (fî^u^mm^), 90.
Aazmiozan(f^f<4^«vf«Ar), 68.
Reh (rH^<, IK), partie de la Médie
située entre TAtrpatakan et le Getnni.
C'est également le nom d'une ville (cf.
H. Hubschmann , Arm. Grnmm, > 1 , 70 ,
t. p. n^), 4o, 5o.
ffastoni (Qi£»M«ir)et Aastam {(\^umuttr\
général perse sous Yaskert; le même
que Aoslom (cf. H. Hiibschmann , v4nit.
Gramm., I, p. 71), 99.
Roà Vehan {n*»2C \\iriiJh)^ le même
qne Aodik Vahan, général perse de
Xosrov II , qui succomba dans la bataille
de Ninive. (Sur son nom et son titi*e
honorifique, cf. H. Hûb<«chmann, Arm.
Gramm., I, p. 70), 83, 84.
Rù6k Vahan (rH^4 il^<<-Ar), 83.
Aostom {(^•mummJ')^ ga , 98.
Royean{n^irufki), 49.
Astakês ((|wM«>f4^if), 191, 19 3.
Asiom, 98.
Aàtuni (fb^r'^V)* &7« 9^* toi , i33,
i34, i35, i38, 139, i49, i43, i45,
i46.
S u
Sagastan, 101.
Sahak, 4i, 64, 76.
Sahak Mamikonien, 37.
, Salomon, 109.
160
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Samuel Vahewtini, 3 1, Sa, 33, 36.
Sara, ii8.
Sat*gis, 33, 3i.
Sargis Dimakhsean, AS, 69.
Sargis Tayechi , 48.
Sargis Trpatuni, AS, 69.
Sassaii, 19, 90, i3â.
Sastanide, i3, 19, 10&.
Satat, 6s.
Sébasle, Sy.
Seigneur, 8, 17, 19, 38, 45, 46, 71,
74, 75, 76, 80, 81, 84, 90, yi,
97, 98, 110, ita, 118, 119, 199,
193, 194, 195, 196. 198, 199,
i3o, i3i, i4i, i49, 147.
Senitain Xosrov, 59.
SppUudcan Gtind, 108, 109.
Sant, 101.
Sin, 101, 167.
Stiiat (Moût), 74, 195.
Sion (nHt.'k. et Ithl'^^ TU 7Û.
^.75.
Siuniey 5, 9, 4i, 99, i35, 139, i46,
i48.
Siuniens, 5, i35.
Sfciwtheay, i44.
Smbat, 44, 45, 46, 48, 49, 5o, 93,
106, 108, 116, i3o, i3i.
Smbat Bagralnni, 37, 49, 87, 109,
ii4.
Smbat (lurkan (texte: |J«/;pa.m<j^ffi.^^ii#ï#,
ëd.Palk.,p. 61), 41
Smbatik, 49.
Smyme, i9o.
Soday{\}uii^qu^), 39.
Soleil {\\pA^^M^% tnl^p), 19.
Solon r Athénien , 196.
SfMhaH, Voir Aspfthnn,
Sjtaudiat ,11.
Spanrinnis, i34.
Sper, i34.
Srinan, 101.
Slepliannos, 3i, 3a, 39, 4i.
Slratelat, 53.
Sur, p. 96.
Surén, 4, 5, 9, 54.
Suse (C^"'«-^_). Voir Sawi.
Sifrie, i5, 16, 90, 35, 56, 109, i33,
i48.
Syriens(^ceuY de la région syrienne), 43.
Sahastan, 8,
Saiién, 63, 65, 81, 81.
Salirapan Bandakan, 5o.
Sahra{>}akau, 66.
Sahrayeanpet, 63.
Salirayenpet, 66.
Salir Vahriè, 44.
Sahr Vara«, 89, 83, 86.
Samb ou Caknk, euti-e Dwin et Naxéa«vau
(cf. H. Hiibsclimaim , Ztir Genchickte,.,
p. 95, n. 9), 110.
Samn (fS*»»), 49.
Sapuh, 16.
Sapuh Amatuni, 100.
^wg (Çoit.^), 43.
Saws, 99.
Sirak (et Nor À't'rtf^) , canton de la province
d'Ararat. D après Marquant (Ertinsakr,
p. 93 ) , Sirakan est le 'Ètpay arù9v mh^iiff
de Theophyl. Sim., 5, 8, ^; G. HoflT-
mann Pidentifie avec Nor-Sirakan , qui
devait être situé dans le voisinage
d'Ourmia. «rDie Landsciiaft Nor Sirak ^
Neu Sckirak Tgehûrle vor dem Frieden
des Jovian zu Arménien und stand
iiuter einem der vier Markgrafen, die
den Titel bdeaix fiihrten und den ersten
Platz im Palaste hatten Agathang.,
65o , 19. Aïs aber die Rômer im Frie-
den des Jovian Arménien den Peraern
preisgaben, welirten sicli zwar die Ar-
nieuier liartmickig gegen die Verge-
Haltigung, allein gegen Ënde der Re-
gierung des Arsfik trat der bdeasx von
Nor Sirakan gleich dem bdeasx von
Gugark* und dem von Alznik* zu Sàpûr
i'iber (Faustos, 4, 5o, p. iSg)". 10,
90,58, 67,83, i31
Sirakawan, 58.
INDEX DES NOMS PROPRES.
i&^
Sirin, a8, ag, 116.
SmawoD (« Simëon ) , 1 a ,
T uietp
Taèiks (= Arabes), i3, 16, ao.
Tatakan; celte ville formait la frontière
occidentale des Khunans contre la
Perse (cf. Huan-ôuang, Mémoires sur
les contrées occidentalps , trad. Stan.
Julien, II, 35, et J. Marquart, Erânr
sahr,f. 80), 5i.
Tarn Xosrov, général persan en Arménie,
an commencement du r^ne de Hor-
mizd IV (cf. H. Hubsclimann, Arm.
Gramm., I, p. 87), 10.
Tnnuterakan (littéralement : seigneurial) ,
i5. ùj.
Taparastan, contrée de la Médie (cf. H.
Hûbschmann , Ann, Gramm. , I , p. 87 ) ,
Tarayin, 60.
Taron, canton du Touronboran, 63, ga,
100.
Tarse, 67, 118.
Taurus (S f^nu), toi,
Tayens, 107, 110.
Taykh; cette province était située au
nord de la province d'Ararat ; elle formo
le royaume actuel de Gouriel (cf. St.
Martin, Mémoires, I, p. 7'i), 107,
i3&, i36, i38, lie.
Thianov, 196.
TkhrkkuM, 9.
Tkela, 69.
Theman, 96.
Theodoretos, 11 5.
Theodoritos, i95.
Théodoros, 93,9^1,96. loG, 107. i33.
i35, i38, 139, 1^5. 1^16.
Théodoros Pstuni, 87, 101, 107, 108,
119.
Théodoros Trpatuni, 33, 3^i.
Théodoros Vahewuni, 100.
Tbéodos Trpatuni , 3 1 .
Théodos Xorxopuni, 09, 60.
Théodose, 55, 67, 61, 69, 65, 67.
Théodose le Grand, ii4, n5.
Théodose le Petit, 116, 11 5.
Théophile, laS.
Theophilos, 199.
Thétels, 9, 11, 18, i39, i44, 1^9.
Thirak, 53.
Tkrace, 3o, 3i, 33, 36. 35, 37, 54,
55, i3i.
Thuma et Thumas, 106, 107.
Tkurkkastan (0viii.^^«M««fiâiff'fa), 43, 69.
Tifliê. Voir Tphns,
Tigranakert (^^nflu/k0U0^^rpm) , ville de la
province d'Aljnik -^ Arzanène, que Ton
identifie avec Amid; cette ville était
entourée par le fleuve Nymphius ou
Nymphaeus (cf. St. Martin, Mémoires,
I, p. 171 et suiy.). ItypavÔM^a fut
fondée par Tigrane II (H. Hûbschmann ,
Arm. Gramm. , I . p. 88) . Sur le sens de
A*er/ = faH (cf. H. Hiibschmann, Arm.
Gramm., I, p. 168), 89.
Tigre {'httu.f^), i3, 16,84,98.
Timotheos, tùo.
Titos, 190.
Tizbon (»Gtésiphon). Le texte de Sebéos
orthographie indifféremment Tisboti et
Tizbon, 9, i4, 57, 81, 83, 84, 85,
89, 90,98, 99, i4'i.
Tos, 49.
Toxorostayn (lire Toxarastan), 5i.
rjpAa:w(-=Tiflis), i5, 97.
Trdat (-Tiridate),5, 111, i*u, 1^7.
Trébiz4}nde, 139.
Trinité, i94, 198.
Turnn, 101.
Utkmus, 9,10.
V
V i
Vahan, 3, 4,5.
Vahan Xorxopuni, 93, to6.
Vahewunis, 33, 39, 4i, i35.
Vahram, 19, i3, i4, 19, 99.
BIBT. D'BéBiCLtl'S.
162
HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Vahram Merhewandak, 1 1 .
Vahriè, 45.
Valenlin, io3, io5, 106.
Vaîariapat, ancienne capitale de TAr-
mënie, au pied de TArarat; se confond
de nos jours avec Etchmiadzin (cf. St.
Martin, Afemotre^^ II, p. iig), 4,66,
76, 111, 147.
Vanand, un des 19 cantons de la province
Ararat (cf. St. Martin, Mémoires, II,
p. 367), 9, 10, 67, i34.
Vararat, 19.
Varaz Gnel Gnuni, 94.
Varaz Nersêh, 33, 34, i35.
Varaz Sahak, 109.
Varaznunis, i34.
Varazsapuh Arcruni, 48.
Varaztiroch (ila#^a#^^/.»5), 46, 5i,
87, 93,93.
Varaz Vzur, 10.
VardPatrik, 4.
Vardan, a, 4, 5, 6, 9.
Vardan Arcruni, p. 39.
Vardan le Rouge , 1 .
Vardan Vsnasp, 9.
Vardanakert, 83.
Vardik, 100.
Vasak, 9.
Vasak Arcnini, 64.
Vaspurakan, grande province d'Arménie à
l*est du iac Van (cf. H. Hiibschmann,
Arm, Gramm., I, p. 80), 37.
Vaiagês ou Bâdhgés, contrée du voisinage
de Herat (cf. Tab. Nôld., p. 369 et H.
Hùbschmann, Arm» Gramm., I, p. 79*
80), 5i.
Veh Andzatokh Xosrov, 8.
Vch Artasir, 3.
Vehkawat et Veh Kawat, 1 3, 84 , 85.
Vehpot (= i'Oxus) [cf. J. Marquant, ^rân-
sahr, p. 65], 11, ^19.
Vandatakan, 10, 54.
Vndoy, 11, 1 4, 16, 18, 31, 4o.
Vrkan et Gurgan, l'Hyrcanie; la forme
Gurgan, <J*if«./f^^Vr, se trouve dans
Sebéos , éd. Patk. , p. 6 1 (cf. H. Hiibsch-
mann, Arm, Gramm., I, p. 86). Ce
royaume correspond à celui du roi
Mazdai, mentionné dans les Actes apo-
cryphes de Thomas (cf. J. Marquart,
Erâniakr, p. 73), 43, 44, 48.
Vmdiunik, 83.
Vpam, seigneur des Gottliiens, 48.
Vpamaapuh, 1.
Vstam, 11, i4, 16, 18, ai, 33, 34,
4o, 4i, 43, 43, 44,48.
V§nasp, 81.
X iu
Xaèheau Apawdean , 100.
Ja2a6(AIep, uJL^), i4.
Xaîàimix, 5,9.
Xaltis, 37.
Xekewand{lo^i^"'''*q), 44.
Xorakan, 10,
Xorxopunis, i34.
Xopeam , général de Xosrov II , portant les
titres honorifiques de Sakr-Varaz et
de Razmiozan (cf. H. Hiibschmann,
Arm, Gramm., I, p. 49), 61, 65, 68,
77,81,83,83,88,89,90.
Xopem , même personnage que Xopeam ;
cette forme provient de Xopemay, géo.
de Xopeam (cf. H. Hiibschmann, Arm.
Gramm., I,p. 43-43), 85,
Xopox Ormizd (\{fnn.n^ dP't'Lt)^ ^9»
Xopoxazat, 99.
Xosrakert, 100.
Xosrov (=Chosroè8), a, 4, 5, 6, 7, 9,
10, l3, l4, l5, 17, 18, 19, 90, 99,
37, 99, 31,39, 4o, 4i, 49, 43, 5i,
5q, 53, 55, 56, 57, 58, 60, 61, 63,
64, 65, 79, 81, 89, 83, 84, 85,
89» 90' 9*» *07» 1*3» **^»» ***^'
116.
Xosrov Sum, 48, 5o, 87, 93, 98, 106,
ii4, i3i.
Xosrov Vahewuni {voir Vahewunis,
Xram, sur la rive méridionale de TAraxe ,
INDEX DES NOMS PROPRES,
163
cil face de Naxèawan (cf. St. Maiiin,
Mémmres , I , p. 1 35 ) , 1 1 o.
Xuldstan, a8, loi, ii5, i3ti, lAo.
Y j
Yazdén, ii, 56.
Y'azkert, i. 90, 10^1, i3i« i3s.
Yemann (QtJhAA), 5 A.
Velur, 96.
Vopépb, 4'i, 65, 66.
Yovhanik (jii*«^* Qw^iâf'i»^a#"i#), 77.
Vusdat ((J««-if7.i»m), 86, 87.
ïustath(Qi»i.««"i'/»), 86.
Yuslianos, lâo, i^a.
Zacharle, 69, 1 1& 116.
Zarasp, nioDlagne dans rAsoreslan (cf.
H. HubslimaDii Arm. Gramm,, I,
p. 60), 86.
Zarehawaiij i65
Zarcwand, 83.
INDEX
DE QUELQUES TERMES TECHNIQUES.
Asparapel (ofut^iMÊfnumA-m) ^ voir sparapet.
Asparéz (<«»«|u«/r4^f^), stade, hippodrome, ImrUpofios , KD^'lSDK; cf. H. Hûbschmann
Arm. Gramm.y I, p. 109.
Aspel (u#<#iyA-m) , comte, chevalier, cavalier, cf. H. Hûbschmann , Arm. Gramm, , I , p. 1 ocj.
Bambisn {puiJpf^y), la reine, femme du roi de Perse; cf. H. Hûbschmann, Arm,
Gramm,, I, p. 116.
Dahliè {q.u0^i^2C), cdiule, cabinet, salon, Zelle, vaalo^piov; cf. H. Hiibschmann,
i4rf». Grmnm., I, p. i33.
Dastakert (f|.tÉtumu^^Lpu,)^ château, monument, ferme; cf. H. Hûbschmann, Arm,
Gramm,, I, p. i35.
Drungar [qpuiX^Mup)^ hpovyyiptos, chef d*un Ipoiiyyos (1,000 à 3,ooo hommes
d*infanter!e); cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm,, I, p. Siy et Zur GesckicRte Arme-
nieiu, . ., p. 93, n. 6.
Erichapet (A^^/tj-w-^^m), grand prêtre, archiprétre.
(laheréch (f.tÉt^irf>fr3) , président, premier; cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm., I,
p. 195, «. r. 7tt»<, trône, siège, dignité.
Hamarakar (^tuJuiput^iMtp) , régisseur, percepteur, caissier chef, Steuereinnehmer, ^2*1 DK ;
cf. H. Hûbschmann , Arm. Gramm,, I, p. 178, et Pulkaniam , Journal asiatique , 1866,
I, p. 11 5.
isxan (A^^*^), prince, ministre, commandant en chef civil et militaire.
Koralor {^^apiutnnp) , dignité grecque : xovpiToyp, curaior.
Marzpan i^Juipuu^iÊht) ^ gardien des frontières, markgrave; cf. Patkanian, Jounutl ania-
iiqne, 1866, I, p. 1 14 , et H. Hûbschnuinn, yirm. Gramm., I, p. 193.
Maskaperdan [Jut2jiutuitrp^u:is) , la tente du roi de Perse; cf. H. Hûbschmann, op. cit„
I, p. 199.
iMobed ^ movpet ^ moypet , movpetan movpet , le chef des mages dans le zoroastrisme ;
cf. Patkanian, Journal asiatique, 1866, 1, p. ii5, H. Hûbschmann, Arm. Gramm.,
I, p. 195, et Frédéric Rosenberg, Le livre de Zoroastre (ZarAtushi Nâma) de Zar-
tusht-i Bahrdm hen Pajdù. . . Saint-Pétersbourg, 1906, p. k.
Naxarar i%tu^uipu»p)^ prince, seigneur, satrape; mix -^d*abonl; cf. H. Hûbschmann,
op. cit., l, p. 900.
Ostan {autnuJù), contrée ou ville appartenant k la couronne; cf. H. Hûbschmann, op.
Cl/., I, p. 91 5.
Oslikan («om^^uAf), administrateur, gouverneur, préfet; cf. H. Hûbschmann, ibîd.
Patgosa|)an (-(UÊutifnuuti^afù), titre de Sahén; correspond à pâdhAspAne de Tab. iNuid. .
p. iSi. La lecture exacte est (jtjLÉ9*>U ou jUk^U, et se compose de patgos * pro-
vince» et /Min irgardien^) (H. Hûbschmann, Arm. Gramm,, 1, p. 993). C'est le xXi-
fiarépxrf^ de Theophyl., A, 7. Il y avait ^ pAdhôspAne pour la Perse; le pAdhôspAn
avait la direction suprême de ladministration civile; cf. Tab. Nôld., p. i59-i53 et
le» nol«».*
166 HISTOIRE D'HÉRACLIUS.
Patrice (tjfu»mp^{)^ grande dignité; 'Oarplxtot, patricius; cf. H. Hûbectimaan , .irm.
Gratnm., I, p. 871.
Pé^aspik (<v^^j»"«yM}« courrier, précurseur; cf. H. Hfibschmann , Ann. Gramm., I,
p. 93o. Le texte de Sebéos, él. Patk., p. 56, porte •Y^-^^cavAi' •
Sahmanakal {uti»^Jù/k^u0^uilJ. Même sens que marzpan.
Sepuh («ffifriyi»<.<), tout noble, cadet de famille, qui n'est pas compté au nombre des
cbefs.
Sparapet (»iYu#^iiriY^<»), chef suprême, épx,f^1pémfyos; cf. H. Hiibscbmann, Ann.
Gramm., I, p. oâo. Même sens que asparapet.
Spapazên {umatnLUifffli) , complètement prêt, armé; K^'IÇOK; cf. H. Hûbschmann,
Ann. Gramm.y I, p. aSg.
Spatbar [uuiuiputp)^ oTradàptoç, spatharius, Schwerttrager, Pailaschbewahrcr: cf.
H. Hûbschmann, Arm. Gratnm.,l^ p. 38o.
Tumar [mauJtu^ et mmiÔÊp)^ fragment d'un ouvrage, livre, encyclique, roiiàpiov-^
TÔfxoç; cf. H. Hûbschmann, Arm. Gramm., I, p. 384-385.
Vardapet, le sens ancien est : maître, docteur, professeur. Dans Tétai actuel des choses,
ce mot désigne tout homme qui appartient au clergé r^ulier.
Xaèhapan, gardien de la Croix, p. 69.
Xakhan (^oc^u/kf), le roi du Nord, le roi du Turkestan; cf. H. Hûbschmann, Arm.
Gramm,, I, p. 159. Sa femme se nommait la Xatun; Vahram en Gt une servante du
temple, probablement une courtisane sacrée; cf. Tab. Nôld., p. loA.
TABLE DES MATIÈRES.
Pagei.
IirTRODUCTION VII
LUTI DBS nUKCIPAUX OUTHAOBS GONSOLT^S XiU
TbANSCBIPTION ALPHABiTIQrB XV
HlSTOIBB D HtfftACUlS 1
lllDEX DBS NOMS PROPEBS 101
InDB\ de QCBLQUBS TBBMKS TPXHlIIQtES l()S
ERNKST LEROUX, ÉDITEIR, 28, RUE BONAPARTE, VP
AUGUSTE CARRIÈRE.
Les origines du texte maeoréthique de l'Ancien Testament. Examen critique
d'une rëoente hypothèse, par A . Kdehbn , traduit du hollandais. Un vol. tn-8''. s fr. 5o
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& A"
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