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Full text of "Histoire du bréviaire"

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HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


TOME    II 


ÉDITION    ALLEMANDE 
APPROBATION  DE  L'ARCHEVÊQUE  DE  FRIBOURG 


ET 

DE  L'ARCHIABBÉ  DE  BEURON 


TRADUCTION   FRANÇAISE 

Nihil  obstal. 

f  Fr.  Ferdinandus  CABROL  . 
Abbas  s.  Michaelis. 
Fai-nburgi,  8  Sept.  1904. 


HISTOIRE 

DU  BRÉVIAIRE 


Dom  Suitbert  BAUMER 

BÉNÉDICTIN   DE  LABBWB   DB   BBUROS 


Traduction  française  mise  au  courant  des  derniers  travaux  sur  la  question 


Dom     Réginald     BIRON 

BÉNÉPICTIX  DE   LABBATE   DE    FAHNBOHOUGH 


TOME    SECOND 


PARIS 
LETOUZEY     ET     ANÉ,     ÉDITEURS 

76     BIS,     RVE    DES    SAINTS -PÈRES,     76    BIS 
lOOT) 


GHAPITRK   VI 


L'OFFICE   ROMAIN   DU   XP  AU   XIV»  SIECLE 


I.  Grégoire  VII  et  l'office  liturgique. 


Les  liturgisles  admettent  généralement  que  Grégoire  VII  éten- 
dit ses  réformes  à  la  liturgie.  Le  meilleur  liturgiste  de  cette 
époque,  et  même  de  tout  le  moyen  âge,  l'historien  Bernold  de 
Constance,  l'auteur  du  Micrologas  de  ecclesiaslicis  ohservatio- 
nibus,  note  d'une  façon  très  particulière  le  soin  avec  lequel  le 
pape,  «  élevé  dès  sa  jeunesse  à  Rome,  a  étudié  les  usages  et  les 
traditions  liturgiques  de  l'Eglise  romaine.  »  Ces  usages  sont  l'objet 
des  travaux  du  Micrologue,  et  il  les  donne  comme  types.  Aussi 
le  grand  pape  est- il  pour  lui  le  Doctor  pnecipuus  dans  les  ques- 
tions liturgiques.  11  laisse  entendre  qu'il  a  discuté  personnelle- 
ment avec  Grégoire  sur  ces  matières ,  et  que  plusieurs  évéques 
se  sont  fait  un  devoir  de  l'imiter*,  entre  autres  le  saint  évèque 
de  Lucques,  Anselme,  connu  comme  écrivain  et  réformateur  du 
clergé.  L'auteur  du  Micrologue  l'avait  connu  et  s'était  attaché  à 
lui  au  concile  de  Rome  de  1079". 


1  Nos  ab  apostolica  sede  polissimiim  formam  sumere  decrevimus ,  unde 
totius  christianœ  religionis  ordinem  et  originem  suscepimus.  Aam  et  illi 
sedi  nostro  ternpore  talem  Deus  gubernatorem,  reverendœ  inquani  mémo- 
rise Gregorium  papam  imposait,  qui  sab  decem  suis  antecessoribus  apuero 
Romse  nutritus  et  eruditus  omnes  apostolicas  tradiliones  diligentissime 
investigavit  et  investigatas  stadiosissime  in  actum  referre  curavit.  Hune 
ergo  doctorem  religione  et  auctoritate  prsecipuum,  immo  apostolicam  tra- 
ditionem  per  ipsum  in  consecrandis  mysteriis  potissimum  imitari  decre- 
vimus. Sicut  nos  ipsi  per  ipsum  et  per  episcopos ,  qui  cum  imitati  sunt, 
accepimus ;  imparem  numerum  observamus  [Microl.,  c.  xiv,  dans  Hittorp, 
Paris,  1610,  col.  739  e ). 

*  Quod  beatus  Anselmus ,  Lucencis  episcopus ,  ita  ab  eo  se  didicisse 
testatus  est  et  hoc  ita  semper  ohservavit ;  nobisque  itidem  observandum 
Brév.,  t.  II.  i 


2  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Certains  liturgistes  postérieurs  sont  allés  jusqu'à  faire  du  pon- 
tificat de  saint  Gi'égoire  VII  un  des  tournants  de  l'histoire  du 
rite  romain*.  Dom  Guéranger,  d'accord  avec  les  auteurs  anciens, 
notamment  Zaccaria,  qui  rapportent  au  temps  et  à  la  personne 
de  Grégoire  VII  ce  que  Raoul  de  Tongres^  dit  très  justement  de 
l'époque  postérieure,  affirme  ce  qui  suit  :  «  Saint  Grégoire  VII 
abrégea  Tordre  des  prières  et  simplifia  la  liturgie  pour  l'usage 
de  la  Cour  romaine.  »  Et  un  peu  auparavant  :  «  Les  travaux  qui, 
du  reste,  ne  paraissent  pas  s'être  portés  sur  le  Sacramentaire, 
aujourd'hui  Missel  romain ,  partie  la  plus  antique  et  la  plus 
immuable  de  la  liturgie,  eurent  pour  objet  la  réduction  de  l'office 
divin...  »  Et  quelques  lignes  plus  bas  dans  la  même  page  :  «  Mais 
depuis  lors  (c'est-à-dire  depuis  Grégoire  VII),  il  (l'office)  est 
resté,  à  peu  de  choses  près,  ce  qu'il  était  à  la  fin  du  xi**  siècle  ^.  » 
Et  dom  Guéranger  ajoute  :  «  La  réduction  de  l'office  divin, 
accomplie  par  saint  Grégoire  VII,  n'était  destinée,  dans  le  prin- 
cipe, qu'à  la  seule  chapelle  du  pape^.  »  Dans  mes  articles  Zur 


firniissime  inciilcavit  [ibid.,  c.  xvii;   loc.  cit.,  col.  741  h).  Cf.  Corp.  iur. 
can.,  éd.  Fricdberjï,  t.  i,  p.  1416. 

*  La  bulle  de  Pie  V,  Quod  a  nohis  (9  juillet  1568),  qui  est  en  tête  du 
Bréviaire  romain,  dit  :  Quœ  divini  officii  formula,  pie  olim  ac  sapienter... 
constituta,  a  Gregorio  autem  Septimo  reformata.  Grancolas  s'exprime  do 
la  façon  suivante  :  Gregoriiis  VII  postremam  illi  (se.  Officia  rom.  sive 
Breviario)  manum  imposuit  i  Commentar.  hist.,  t.  i,  c.  iv,  p.  7;  cf.  c.  v, 
p.  VIII ;  c.  xv,  p.  48).  Mérati  s'exprime  de  même  dans  Gavanti,  Thesaur. 
sacr.  rit.,  Veiiet.,  1744,  t.  ii,  p.  1  et  10;  et  Zaccaria  (Bibl.  rilualis, 
Romae,  1786,  t.  i,  p.  107)  dit  :  Hœc  autem  contractio  {se.  longioris  Officii 
antiqui  in  Brève  horarium  seu  Precum  Epitomen)  S.  Gregorium  VII... 
auciorem  habuit.  Récemment  aussi  Schober  a  appuyé  cette  opinion  : 
Extremam  autem  manum  imposuit  S.  Gregorius  VII  in  concilio  romano 
a.  1074  et  1076  habito ,  qui  0/ficium  divinum  in  meliorem  formam  redegit 
et  emendatum  pro  usu  universali  prœscripsit  unaque  sanxit,  ut  sic  stabi- 
litus  per  se  ordo  Lectionum  e  S.  Scripturis  et  psalmorum  {!?}  per  horas 
cantandorum  in  futurum  accurate  observaretur  (G.  Schober,  Explanatio 
critica  editionis  Breviarii  romani,  Ratisbonae,  1891,  p.  7-8). 

2  Zaccaria,  loc.  cit.,  p.  109.  La  propos,  xii  de  l'ouvrage  du  doyen  Raoul 
de  Rivo  ou  de  Tongres,  qui  y  est  citée,  doit  être  la  propos,  xxii.  Cf.  Hit- 
torp,  loc.  cit.,  col.  1149-1150.  Raoul  est,  à  ma  connaissance,  le  premier 
qui  signale  la  Capella  papalis  (  quoique  non  au  temps  de  Grégoire  VII  ) 
comme  en  possession  d'im  office  abrégé.  Zaccaria  appelle  (  loc.  cit.,  p.  109) 
Capella  pontificia  l'église  désignée  par  Abailard  sous  le  nom  de  Romani 
palatii  basilica.  Au  temps  de  saint  François ,  cet  office  s'appelle  la  Con- 
suetudo  curiœ. 

3  Inst.  liturg.,  t.  i  (l^'  éd.),  p.  294;  t.  i  (  2»^  éd.,  p.  282  sq. 
<  Ibid.,  p.  297. 


CHAPITRE  VI  3 

Geschïchte  des  Brei'iers,  parus  dans  le  Katholik  de  Mavence', 
j'ai  indiqué  d'autres  faits  historiques,  que  Ton  devait  prendre  en 
considération,  et  sur  ce  point  je  m'étais  trouvé  en  parfait  accord 
avec  les  liturgistes,  mes  prédécesseurs. 

Or,  dans  le  Bulletin  critique,  M.  BatilTol  prétend  que  dom 
Guéranger  et  moi  n'avons  apporté  aucune  preuve  à  l'appui  de 
nos  affirmations  :  «  Dom  Guérang-er  croyait  à  cette  prétendue 
réforme;  mais  il  n'en  a  pas  donné  une  seule  bonne  preuve,  et 
j'en  ai  cherché  vainement  dans  l'article  de  dom  Biiumer  consa- 
cré à  cette  même  question-.  » 

Prenant  note  de  ces  observations,  j'ai  à  nouveau  étudié  la 
question  et  me  suis  elTorcé,  en  faisant  abstraction  de  tous  les 
ouvrages  modernes,  de  recourir  aux  sources  et  aux  indications 
des  auteurs  de  l'époque,  lesquelles  sont  plutôt  rares,  et  j'en  ai 
fait  la  critique.  J  ai  notamment  fait  entrer  en  ligne  de  compte 
les  résultats  d'une  étude  des  liturgies  des  deux  siècles  antérieurs 
à  Grégoire,  qu'avait  nécessitée  la  préparation  du  présent  travail. 
Et  je  saisis  volontiers  l'occasion  qui  m'est  offerte  de  remercier 
M.  Batiffol  pour  m'avoir  déterminé  à  étudier  d'un  peu  plus  près 
l'opinion  que  Grégoire  VII  avait  écourté  l'oftice  «  pour  la  cha- 
pelle papale  ».  M.  Batiffol  l'appelle  avec  raison  «  une  erreur 
commune  et  ancienne  ».  Et  encore  que  l'ensemble  de  la  question 
de  l'état  de  l'office  romain  aux  xi*^  et  xii"  siècles  ne  me  paraisse 
pas  aussi  clair  et  sa  solution  aussi  simple  qu'à  M.  Batiffol,  je 
crois  pourtant  que  les  liturgistes  lui  doivent  savoir  gré  d'avoir 
placé  cette  question  difficile  sous  un  jour  nouveau. 

Mais  en  même  temps  il  me  semble  que  l'érudit  auteur  donne 
à  son  lecteur,  dans  l'exposition  qu'il  en  fait,  une  fausse  idée  de 
l'histoire  et  du  sort  de  l'office  divin  i  Rome,  au  temps  de  Gré- 
goire VII.  Si  dom  Guéranger  se  trompa  et  va  trop  loin  en  attri- 
buant au  XI®  siècle  et  à  Grégoire  VII  la  tâche  d'avoir  fixé  d'une 
façon  pratique  l'office  romain,  M.  Batiffol  se  trompe  aussi,  lors- 
qu'il déclare  l'office  stationnaire  et  ne  subissant  pas  de  modifica- 
tions du  IX®  au  xiie  siècle.  Il  est  donc  nécessaire  de  faire  appel 
encore  une  fois  ici  pour  un  moment  à  la  patience  du  lecteur, 
avant  de  passer  à  l'examen  intrinsèque  de  la  question.  Il  nous 


1  1890,  t.  II,  p.  385  sq. 

2  XIII«  année,  Paris,  pr  janvier  1892,  p.  12. 


4  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

faut  peser  et  apprécier  les  raisons  apportées  par  M.  Batiffol  en 
faveur  de  sa  thèse  :  «  L'office  romain,  tel  qu'il  était  constitué  à 
Rome  du  temps  de  Charlemagne,  se  maintint  à  Rome  même 
dans  l'usage  des  basiliques  sans  modification  sensible  à  travers 
le  x«  et  le  xi"  siècle  jusqu'à  la  fin  du  xn®  ^  ;  »  en  d'autres  termes, 
durant  toute  cette  période  de  trois  cents  à  quatre  cents  ans, 
l'office  romain  n'a  pas  eu  d'histoire,  et  de  fait,  dans  le  livre  de 
M.  Batiffol,  on  n'en  trouve  nulle  trace  pour  ce  laps  de  temps. 

Thèse  de  M.  Batiffol.  —  L'auteur  est  prêt  à  fournir  la  preuve  de 
cette  immobilité'^.  La  voici  : 

1.  La  première  preuve  est  l'Antiphonaire  ou  Responsorial  de  Saint- 
Pierre  du  xii^  siècle,  publié  pour  la  première  fois  par  Tommasi^. 
L'auteur  renvoie  à  des  indications  antérieures'*  de  son  livre,  qui 
prouveraient  suffisamment  que  cet  Antiphonaire,  dans  son  texte  et 
dans  ses  rubriques,  est  «  substantiellement  conforme  à  l'office  romain 
du  viu"  siècle  »^.  En  réalité,  cela  prouve  le  contraire.  Le  livre  en 
question  est  une  preuve  évidente  que  du  moins  pour  l'église  de  Saint- 
Pierre  il  y  a  eu  des  modifications.  Sans  m'engager  dans  une  discus- 
sion au  sujet  du  sens  du  mot  substantiellement ,  je  dois  :  a)  tout 
d'abord  renvoyer  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut,  page  400  et  suivantes, 
et  constater  que  ce  codex  de  la  basilique  vaticane  n'est  pas  un  ancien 
Antiphonaire  ou  Responsorial  romain  ou  purement  romain,  mais  un 
Antiphonaire  modernisé,  gallicanisé,  transformé  sur  le  modèle  d'Hé- 
lisachar  et  d'Amalaire,  ou,  si  l'on  préfère,  un  Antiphonaire  ou  Res- 
ponsorial romain  enrichi.  Ce  fait  paraît  avoir  complètement  échappé 
à  M.  Batifi'ol.  [i]  Puis  il  pourrait  suffire  de  voir  de  près  les  notes  du 
bienheureux  cardinal  Tommasi  et  du  second  éditeur  de  cet  Antipho- 
naire, Vezzosi,  pour  se  convaincre  que  d'autres  «  modifications 
récentes  »  se  sont  produites  et  qu'on  peut  les  trouver  dans  l'ouvrage. 
Et,  à  la  page  183  de  son  Histoire,  M.  Batifi'ol  appelle  lui-même  la 
pratique  non  romaine  des  Commemorationes  communes,  ou  suffrages 
aux  offices  des  Laudes  et  des  Vêpres,  une  nouveauté  que  présente 
l'Antiphonaire  de  Saint- Pierre.  Ma  tâche  n'est  pas  d'énumérer  en 
détail  tous  les  changements  réalisés  ;  qu'on  veuille  seulement  prendre 
la  peine  de  lire  les  cinquante  premières  pages  de  l'édition  de  Vez- 


'  Illst.  du  Brèv.  romain,  p.  142. 

2  C'est  là  une  proposition  dont  je  dois  fournir  toute  la  preuve  {loc.  cit. 
p.  143). 

'  Cf.  Opéra,  éd.  Vezzosi,  t.  iv,  p.  1  sq. 
*  C.  m  ;  cf.  par  exemple  p.  83. 
8  P.  144. 


CHAPITRE  VI  5 

zosietles  notes  qui  les  accompagnent;  Ton  y  verra  qu'outre  celles  que 
nous  venons  de  signaler,  il  y  a  une  foule  d'autres  modifications'.  Cet 
Antiphonaire  de  Saint-Pierre,  publié  par  Tommasi,  ne  prouve  donc  pas 
que  l'ancien  office  romain  du  viii®  siècle  fût  encore  intact  à  Rome  au 
XII*  ;  mais  bien  plutôt  que  dans  l'intervalle  il  avait  subi  un  certain 
nombre  de  modifications. 

Témoignage  d'Abailard.  —  M.  BatifTol  cite  ensuite  un  témoignage 
d'Abailard,  qui  ne  favorise  pas  sa  thèse.  Mais  écoutons  ses  propres 
paroles^  :  «  Une  lettre  célèbre  d'Abailard,  lettre  remontant  à  1140  en- 
viron,atteste  que  la  basilique  de  Saint-Pierre  n'était  pas  seule  à  prati- 
quer l'ancien  office,  puisque,  au  dire  d'Abailard ,  tel  était  également  le 
cas  de  la  basilique  du  Latran  :  Ecclesia...  Lateranensis,  fjuœ  mater  est 
omnium,  anliquum  offlcium  tenet.  Sans  doute,  et  nous  nous  empres- 
sons de  l'ajouter,  Abailard,  dans  ce  même  texte,  assure  que  la  basi- 
lique du  Latran  est  seule  à  observer  l'ancien  office  :  Sola  Ecclesia 
Lateranensis...  dit  le  texte  intégral.  Mais  cette  restriction  ne  tient 
pas,  vu  la  teneur  de  l'Antiphonaire  de  Saint-Pierre;  et  elle  s'explique, 
étant  donné  qu'Abailard  entend  prouver  l'universalité  de  l'office 
moderne;  il  reste  donc  que,  de  son  propre  aveu,  au  Latran,  c'était 
bien  encore  Yanliquum  offlcium  qu'on  observait-^.  » 

Nous  n'avons  pas  à  faire  remarquer  ici  que  ce  qui  est  dit  de  l'Anti- 
phonaire de  Saint -Pierre  repose  sur  une  méprise.  Mais  nous  devons 
examiner  le  témoignage  d'Abailard  dans  son  contexte.  Ses  indications 
sont  très  précises.  Les  voici  :  Antiquam  certe  RomanœSedis  consuetu- 
dinem  nec  ipsa  civilas  fsc.  Roma)  tenet,  sed  sola  Ecclesia  Laleranensirt, 
quœ  mater  est  omnium,  antiquum  tenet  officium,  nulla  filiarum  sua- 
rum  in  hoc  eam  sequente,  nec  ipsa  eliam  Romani  palatii  basilica*. 
De  ce  qu'Abailard  dit  ici  de  Y  Ecclesia  Lateranensis,  nous  ne  pour- 
rions attendre  une  confirmation  qu'en  consultant,  s'il  en  existe,  un 
Antiphonaire  ou  un  Responsorial  de  l'église  du  Latran  de  cette  époque. 


1  Cf.  par  exemple  p.  IS,  20,  22,  23,  36,  42.  Cf.  les  séquences  ou  tropes 
des  Vêpres  de  Pâques  et  de  la  Pentecôte  et  l'hymne  Veni  Creator,  p.  96 
et  114,  et  le  Recjina  cœli,  p.  100  et  103.  A  la  pag-e  160,  M.  BatifTol  parle 
des  offices  doubles  de  l'Eglise  romaine,  c'est-à-dire  de  la  coutume  d'après 
laquelle  on  chantait  à  Rome ,  dans  certaines  basiliques  et  pour  quelques 
fêtes,  deux  offices  complets;  il  les  donne  comme  preuves  d'identité  avec 
l'office  du  vni«  siècle.  Mais  déjà  Bernold  de  Constance,  contemporain 
de  Grégoire  VII  [Microl.,  c.  xlii;  Hittorp,  p.  731  e),  et  d'après  d'autres 
sources  Tommasi  [lac.  cit.,  t.  iv,  p.  39,  note  2;  cf.  ibid.,  p.  42,  131  et 
notes  et  p.  148  :  Tertiam  nocturnum  de  Dedicatione  \  montrent  qu'ici 
l'ancienne  coutume  romaine  avait  subi  une  modification. 

2  P.  143. 

3  Abailard,  Epist.  x. 

*  P.  L.,  t.  cLXXvni.  col.  340  b  c. 


6  H[STOIRE  DU  BREVIAIRE 

Dans  le  Bulletin  critique^  M.  BatifTol,  parlant  du  texte  d'Abailard,  dit 
qu'il  «  n'a  pas  grande  autorité  pour  parler  des  usages  romains  »;  je 
dois  remarquer  qu'au  contraire  la  force  démonstrative  du  texte 
d'Abailard  est  très  grande.  En  effet  :  a)  il  suffit  d'être  un  peu  fami- 
lier avec  les  écrits  de  cet  auteur  pour  savoir  que  ce  malheureux 
moine  était  non  seulement  un  habile  dialecticien  et  un  profond  phi- 
losophe, mais  aussi  un  critique  pénétrant,  qui  n'avait  pas  son  émule 
en  son  temps.  Avec  raison  on  l'a  appelé  le  créateur  d'une  solide 
méthode  critique.  Et  de  fait,  dans  le  texte  cité  plus  haut,  il  touche  à 
une  question  qu'on  pourrait  caractériser  d'un  mot  en  l'appelant  un 
problème  philosophique  dans  l'histoire  de  la  liturgie,  et  qui  consiste 
à  expliquer  les  efforts  sans  cesse  renouvelés  vers  l'uniformité  dans  le 
rite,  et  d'un  autre  côté  la  difficulté  toujours  renaissante  de  la  réaliser. 
Abailard  était,  comme  ses  autres  ouvrages  en  font  foi,  très  expert 
dans  les  questions  de  liturgie.  (5)  Abailard  écrivait  les  lignes  citées 
à  saint  Bernard  de  Clairvaux;  il  faut  admettre  qu'il  possédait  assez 
de  jugement  et  qu'il  était  suffisamment  instruit  par  de  désagréables 
expériences,  pour  se  montrer  exact  et  précis  dans  les  indications 
qu'il  fournissait  à  un  pareil  homme,  y)  Il  est  certain  qu'à  ce  moment 
(vers  H40)  les  rites  et  les  usages  des  églises  et  des  basiliques 
romaines  étaient  très  bien  connus  en  France,  puisque  plusieurs  cen- 
taines d'abbés  et  d'évêques  de  ce  pays  se  trouvaient  présents  au 
concile  de  Latran  de  1139'^.  Ainsi  donc  tout  nous  incite  à  tenir  le 
témoignage  d'Abailard  pour  très  important  et  comme  possédant  une 
grande  force  démonstrative;  de  plus,  l'exactitude  de  ses  affirmations 
au  sujet  de  l'église  de  Saint -Pierre  est  péremptoirement  confirmée 
par  l'Antiphonaire  ou  Responsorial  publié  par  le  bienheureux  Tom- 
masi.  Il  sera  plus  loin  question  de  la  Romani  palatii  hasilica. 

Les  Ordines  romani.  —  2.  «  Une  autre  (preuve)  est  fournie  par  les 
Ordines  romani  du  xii<^  siècle,  lesquels,  en  décrivant  le  cérémonial  pon- 
tifical, décrivent  en  diverses  occasions  l'office  tant  des  Vêpres  que  des 
Nocturnes  et  des  Laudes  solennelles,  au  même  titre  que  la  messe  elle- 
même.  Or,  leur  description  s'applique  à  un  ordo  de  l'office  qui  est 
substantiellement  Vordo  du  viii'=  siècle^.  »  La  description  qui  suit  des 
fonctions  papales  au  xiie  siècle''  est  très  intéressante  et  vivante.  Mal- 
heureusement elle  ne  saurait  nous  fournir  un  argument  décisif  qui 
nous  permette  de  résoudre  la  question  de  savoir  quel  était  le  con- 
tenu de  l'office.  Elle  prouve  seulement  qu'aux  six  jours  de  l'année 
où  le  pape  pontiQait  solennellement,  l'ancienne  coutume  d'une  Vigile 

'  Paris,  1892,  p.  12. 

2  D'après  Hefele ,  Conciliengeschichte ,  1"  édit.,  t.  v,  p.  368. 

3  Lnc.  cil.,  p.  1 53-  144. 
<  Ihid.,  p.  144-150. 


CHAPITRE  VI  7 

particulière  avant  la  grand'messe  était  encore  pratiquée  à  Rome. 
Puis  M.  Batiffol  poursuit  :  «  Qui  ne  voit  que  ce  cérémonial  du 
xiie  siècle  s'applique  à  un  Office  qui  est  le  même  que  celui  du 
VIII®  siècle?  On  dirait  ce  cérémonial  contemporain  de  Charlemagne*.  » 
C'est  un  fait  connu  de  quiconque  écrit  sur  la  liturgie  que  l'identité 
des  cérémonies  n'est  pas  une  preuve  de  l'identité  de  lofûce  ou  du 
texte  de  l'office.  Empruntons  un  cas  au  moyen  âge.  Lorsque  les  rites 
des  livres  d'office  de  Salisbury  furent  introduits  dans  l'Eglise  de 
Londres  et  ailleurs,  l'ancien  cérémonial  demeura  intact^.  Ou  si  Ton 
veut  un  exemple  plus  récent,  on  peut  constater  que  dans  plus  d'un 
cas  certaines  églises  de  France  qui  adoptèrent  les  livres  litur- 
giques de  Pie  V,  n'abandonnèrent  pas  pour  cela  l'ancien  cérémo- 
nial^. C'est  ce  qui  s'est  également  produit,  quoique  d'une  manière 
moins  frappante,  dans  les  diocèses  d'Allemagne.  En  un  mot,  encore 
que  là  où  le  cérémonial  ne  fut  pas  changé  l'office  ait  pu  rester  le 
même,  on  n'a  nul  droit  de  conclure  de  l'identité  des  cérémonies  à 
l'identité  de  l'office ,  quand  il  existe  des  raisons  de  croire  qu'il  s'est 
produit  des  modifications  intrinsèques  dans  le  texte  de  la  prière.  En 
réalité,  l'histoire  des  modifications  du  cérémonial  romain  a  dépendu 
de  facteurs  tout  autres  que  celle  des  transformations  de  l'office;  elle 
a  dépendu  des  absences  fréquentes  et  souvent  prolongées  du  pape 
et  de  la  curie  en  dehors  de  Rome,  au  xiie  et  plus  encore  au  xiiie  siècle, 
et  enfin  durant  l'exil  des  papes  à  Avignon.  Mais  c'est  là  une  ques- 
tion dans  laquelle  nous  ne  pouvons  entrer  ici  avec  plus  de  détails. 
On  peut  voir  par  ce  qui  précède  qu'examinées  de  près,  les  preuves 
alléguées  par  M.  Batiffol  en  faveur  de  sa  thèse  :  l'office  romain  est 
demeuré  le  même  sans  modification  sensible  de  Charlemagne  à  la  fin 
du  xiie  siècle ,  se  réduisent  à  néant.  Il  nous  faut  donc  envisager  et 
exposer  d'une  autre  façon  l'histoire  de  l'office  durant  cette  période**. 


*  Loc.  cit.,  p.  150-151. 

2  Cf.  W.  Maskell,  The  ancient  Uturgy  of  the  Chiirch  of  Enrjland , 
.3'^  édit.,  Oxford,  1882,  préface,  p.  lxvi-lxix. 

3  Cf.  par  exemple,  sur  la  collégiale  de  Saint -Amable  de  Riom,  où  toutes 
les  cérémonies  furent  maintenues,  malgré  l'introduction  des  livres  romains, 
le  manuscrit  de  la  Bibl.  nat.,  fonds  lat.  16199,  fol.  170  h. 

*  Ce  que  dit  M.  Batiffol,  p.  120  de  son  livre,  que  le  décret  de  Gré- 
goire VII  montre  que  les  Matines  avaient  la  même  ordonnance  que  celles 
que  décrit  Amalaire  vers  830  :  «  Et  j'en  conclus  que  Toffice  romain  du 
vni«  siècle  était  encore,  à  Rome,  au  xi«  siècle,  intact,  »  ne  prouve  rien; 
dom  Guéran^er  s'appuie  là-dessus  pour  montrer  que  «  le  Bréviaire  de  saint 
Grégoire  VII  était  conforme  à  celui  d'aujourd'hui  »  ' Inst.  lit.,  t.  i,  p.  295). 
Cet  office  n'a-t-il  donc  subi,  durant  mille  ans,  aucune  transformation  et 
aucune  modification  "7  La  vérité  est  que  les  Matines  décrites  par  Amalaire, 
les  Matines  prescrites  par  Grégoire  VII  et  les  Matines  du  Bréviaire  romain 
d'aujourd'hui,  sont  une  seule  et  même  chose  en  ce  qu'elles  ont  aux  jours 


8  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

II.  De  Grégoire  VII  à  Innocent  III. 

Pour  connaîlre  et  bien  comprendre  l'histoire  de  la  liturgie  à 
Tépoque  post-caroling-ienne,  il  faut  avant  tout  connaître  dans 
ses  grandes  lignes  la  suite  des  événements  et  des  transformations 
politiques  et  religieux.  Ce  n'est,  en  effet,  que  dans  cet  arrière- 
plan  que  les  modifications  apportées  aux  usages  liturgiques  nous 
apparaîtront  dans  leur  vrai  jour  et  à  leur  véritable  place. 

Nous  l'avons  précédemment  constatée  Les  souverains  caro- 
lingiens, et  après  eux  ceux  de  la  dynastie  des  Othons,  qui  prirent 
une  part  effective  au  grand  mouvement  de  réforme  intellectuelle 
et  religieuse  et  de  résurrection  de  l'esprit  chrétien  parti  de  Gluny, 
exercèrent  à  plusieurs  reprises,  consciemment  ou  inconsciem- 
ment, directement  ou  indirectement,  une  influence  décisive  sur 
la  formation  de  certains  rites  et  sur  l'emploi  de  textes  de  prières 
dans  la  liturgie.  Ils  devaient  cette  influence  à  leur  prédilection 
pour  la  splendeur  des  grandes  fonctions  liturgiques  et  à  l'estime 
qu'ils  accordaient  à  la  puissance  civilisatrice  de  la  liturgie  catho- 
lique. Comme  il  s'agit  de  l'histoire  de  la  liturgie  romaine,  notre 
étude  doit  surtout  porter  sur  les  événements  religieux,  politiques 
et  sociaux  de  Rome. 

Rome  au  x*  et  au  xp  siècle.  —  Alors  que  l'Allemagne  et  la 
Bourgogne  étaient  travaillées  à  cette  époque  par  une  activité 
intellectuelle  et  une  vie  religieuse  intenses,  comme  en  témoignent 
les  grandes  tentatives  de  réformes  monastiques  et  le  nombre 
relativement  considérable  des  saints  de  ces  pays,  tout  était  tris- 
tesse pour  l'Eglise  romaine.  Le  x^  et  le  xi^  siècle  virent  se  suc- 
céder sur  la  chaire  de  saint  Pierre  une  série  de  pontifes  inca- 
pables, imposés  pour  la  plupart  à  l'Eglise  par  des  tyrans  italiens 
d'origine  teutonne  ou  par  les  empereurs.  Durant  les  premières 
années  du  xi^  siècle,  les  principales  basiliques  de  la  ville  éter- 
nelle se  trouvèrent  dans  un  lamentable  état  d'abandon  au  point 
de  vue  des  cérémonies.  L'église  de  Saint-Pierre  elle-même,  cette 
maîtresse  et  souveraine ,  de  qui  presque  toutes  les  autres  églises 


de  fériés  douze  psaumes  et  trois   leçons,  aux  fêtes  neuf  psaumes  et  neuf 
leçons,  le  dimanche  dix-huit  psaumes  et  neuf  leçons.  Que  ne  peu. -on 
faire  dire  à  un  texte  ! 
1  P.  329  sq.  et  415  sq. 


CHAPITRE  VI  9 

ont  reçu  la  doctrine,  suivant  le  mot  d'un  pape  de  cette  époque, 
magistra  et  domina,  a  qiia,  pêne  omnes  Ecclesiœ  doctrinam 
acceperunt,  était  déserte  et  désolée  durant  les  jours  de  la  semaine 
sainte,  que  TÉg-lise  pendant  des  siècles  avait  célébrés  par  des 
offices  incomparables  et  par  des  cérémonies  si  bien  appropriées 
aux  mystères  de  ce  temps.  On  n'y  voyait  plus  la  solennelle  pro- 
cession des  Rameaux,  qui  jadis  représentait  d'une  façon  si  vivante 
à  la  foule  empressée  des  fidèles  l'entrée  du  Sauveur  à  Jérusalem 
et  le  début  de  la  Passion.  Le  jeudi  saint,  on  n'entendait  plus  le 
chant  joyeux  du  Gloria  in  excelsis,  qui  retentissait  au  milieu  des 
tristesses  de  la  grande  semaine  des  douleurs  et  faisait  de  ce  jour 
presque  un  jour  de  fête.  Les  offices  si  symboliques  et  si  pro- 
fonds du  vendredi  saint,  qui  déroulaient  et  expliquaient  d'une 
façon  si  saisissante  le  grand  mystère  de  la  Rédemption  et  les 
détails  émouvants  de  la  mort  de  notre  divin  Sauveur,  étaient 
accomplis,  comme  le  dit  le  pape,  «  d'une  manière  irrespectueuse 
et,  ajoute-t-il,  remplacés  par  un  office  mutilé  et  défiguré.  »  C'est 
le  pape  Jean  XIX  lui-même  qui  nous  trace  ce  tableau  dans  les 
derniers  jours  de  1026  *. 

Gui  d'Arezzo  à  Rome.  —  Mais,  dès  les  premiers  mois  de  cette 
même  année  1026,  le  même  passage  nous  révèle  un  vif  désir 
d'améliorer  la  célébration  de  l'office  divin.  Un  jour  du  printemps 
ou  au  début  de  l'été,  le  pape  avait  mandé  auprès  de  lui  à  Rome 
le  moine  Gui  d'Arezzo,  qui  vivait  alors  au  monastère  de  Pom- 
posa^.  Ce  fils  de  saint  Benoît,  connu  comme  inventeui'd'un  sys- 
tème de  notation  musicale,  enseignait  le  chant  grâce  à  une 
méthode  nouvelle  que  ses  disciples  pouvaient  facilement  s'appro- 
prier en  quelques  heures,  tandis  que  l'ancienne  méthode  exigeait 
une  application  et  une  persévérance  de  dix  années.  Il  apprenait 
à  des  enfants  des  mélodies  ou  des  pièces  de  chant,  qu'on  n'avait 
jamais  ouïes  auparavant.  «  Je  me  rendis  donc  à  Rome,  raconte 


1  Dans  Mabillon,  Musœum  ital.,  t.  ii,  p.  155,  dans  l'appendice  à  Ord. 
Rom.  XI. 

2  [Ce  célèbre  musicien,  que  plusieurs  anciens  catalogues  de  manuscrits 
nomment  Guido  Aucfensis,  est  probablement  originaire  de  la  ville  d'Eu, 
en  Normandie.  On  lui  donna  le  nom  d'Arezzo  en  raison  du  séjour  qu'il  fit 
dans  cette  ville.  Cf.  Henri  Stein,  Bulletin  de  la  Soc.  nat.  des  antiquaires 
de  France,  3^  trim.  1900,  p.  237.  Dom  Morin,  Revue  de  l'art  chrétien, 
1888,  fasc.  III.  Revue  bénédictine ,  1895,  p.  195.  —  Cf.  aussi  Viertel- 
jahresschrift  f.  Music  Wiss.,  1889,  p.  490.  Tr.  I 


10  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Gui,  avec  le  i^évérend  abbé  Grimoald  {Domnus  ahbas  Grimoal- 
diis)  et  Domnus  Pelrus,  prévôt  de  Tég^lise  d'Arezzo.  Le  pape  fut 
très  joyeux  de  notre  arrivée.  Il  nous  posa  un  grand  nombre  de 
questions,  s'enqult  de  différentes  particularités  et  considéra  notre 
méthode  comme  une  véritable  merveille.  Il  examina  TAntipho- 
naire  sous  toutes  ses  faces  et  le  feuilleta  longtemps,  jusqu'à  ce 
qu'il  se  fût  rendu  maître  des  règles  que  nous  y  avions  mises.  Il 
ne  voulut  pas  se  lever  du  siège  sur  lequel  il  était  assis  à  notre 
arrivée,  qu'il  n'eût  appris  à  chanter  un  verset,  qu'il  n'avait  jamais 
entendu  auparavant,  de  façon  à  faire  l'expérience  personnelle  de 
ce  qu'il  avait  eu  de  la  peine  à  croire,  sur  le  témoignage  d'autrui.  » 
Mais  Gui  n'était  pas  alors  en  état  de  mettre  à  exécution  l'œuvre 
que  le  pape  avait  résolu  de  lui  confier  :  enseigner  au  clergé 
romain  la  nouvelle  méthode  du  chant  des  psaumes  et  des 
antiennes.  Habitué  à  l'air  frais  des  montagnes,  il  ne  put  suppor- 
ter la  chaleur  de  l'été  romain,  tomba  malade  et  dut  quitter  les 
bords  du  Tibre.  Mais  le  pape  obtint  de  lui  la  promesse  de  reve- 
nir l'hiver  suivant  à  Rome,  pour  y  apprendre  au  clergé  de  la 
ville  éternelle  sa  nouvelle  méthode  de  chant*. 

Réforme  de  Jean  XIX.  —  Si  Gui  revint  à  Rome  avec  l'hiver, 
nous  l'ignorons.  Mais  le  17  (ou  31)  décembre  de  la  même  année 
1026,  le  pape  lançait  une  bulle,  qui  remplaçait  par  un  plus  digne 
cérémonial  la  triste  célébration  des  offices  de  la  semaine  sainte 
à  Rome.  Elle  réglait  comment  et  par  qui  devaient  être  célébrés 
le  dimanche  des  Rameaux  et  le  jeudi  saint  :  et  die  Parasceve 
super  ipsum  altare  maius  S.  Pétri  totum  Officium  reverenter, 
ut  decet,  vos...  facere  volumus,  etc.  Puis  elle  déterminait  l'orga- 
nisation des  éléments  nécessaires  :  ministres  et  clercs^. 

Si  nous  ne  nous  trompons,  ces  mesures  prises  par  le  pape 
Jean  XIX  s'expliquent  par  l'histoire  du  temps.  Au  commence- 
ment de  1026,  Conrad,  empereur  d'Allemagne  depuis  1024,  arri- 
vait en  Italie,  et  son  couronnement  comme  empereur  des  Romains, 
qui,  d'après  l'ancienne  coutume,  devait  avoir  lieu  dans  la  basi- 
lique de  Saint- Pierre,  avait  été  fixé  au  jour  de  Pâques  1027^. 

1  ^^'allerich,  Vilae  Rom.  ponlif.,  t.  i,  p.  710;  Pcz,  Thesaur.  anecd.,  t.  i, 
p.  223;  Gerbcrt,  Scriptores  de  musica,  S.  Blas.,  1784,  t.  ii,  p.  44. 

2  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  n,  p.  155. 

3  Ibid.,  p.  156  :  Simili  modo  ad  urijendum  consecrandumque  Imperato- 
rem  primiim  veslrum  et  veslrorum  successorum  episcoporum  fralernita- 
iem  convocamus. 


CHAPITRE  VI  11 

L'élu  devail  passer  la  semaine  sainte  à  Rome  avec  sa  pieuse 
épouse  Gisèle.  II  y  avait  encore  à  la  cour  papale  des  gens  qui 
avaient  été  témoins  de  la  surprise  éprouvée  par  son  prédécesseur, 
saint  Henri,  lorsqu'il  avait  assisté  à  l'exécution  des  rites  sacrés. 
Cette  surprise  avait  eu  pour  conséquence  l'adoption  par  Rome 
du  chant  du  Credo  à  la  Messe  *. 

Nous  n'avons  pas  à  constater  si  l'impulsion  des  mesures  prises 
par  Jean  XIX  vint  du  dehors,  comme  le  laisse  supposer  la  seconde 
recension  {secunda  recognilio)  du  document  en  question  faite  par 
Benoît,  évêque  de  Porto  [vice  Peregrini  Coloniensis  archiepis- 
copi),  ou  si  elle  eut  sa  première  cause  à  Rome  même.  Mais  il 
n'est  pas  douteux  que  cette  réforme  ou  cette  correction,  cette 
amélioration  de  l'office  de  Saint-Pierre  doive  son  origine  au  fait 
du  couronnement  de  l'empereur  qui  allait  avoir  lieu  prochaine- 
ment. Il  n'est  pas  impossible  que  l'appel  de  Gui  d'Arezzo  à  Rome 
ail  été  déterminé,  tout  au  moins  favorisé  par  Conrad  et  son 
entourage.  Car  le  monastère  de  Gui,  Poniposa,  et  celui  de  Saint- 
Sauveur  de  Pavie ,  duquel  il  relevait,  étaient  tous  deux  des  fon- 
dations de  prédilection  des  souverains  allemands,  et  avaient 
elfectivement  reçu,  au  printemps  de  10'26,  des  témoignages  de  la 
faveur  et  de  la  bienveillance  de  Conrad'-. 

Une  chose  est  sûre  :  si  Gui,  dans  l'hiver  de  1026-1027,  a  réelle 
ment  donné  au  clergé  romain  les  leçons  demandées  par  le  pape, 
le  texte  et  le  plan  de  son  Antiphonaire  devaient  avoir  pour  con- 
séquence plutôt  l'introduction  à  Rome  de  nouveautés,  paroles  ou 
mélodies,  que  le  maintien  du  statu  qiio  traditionnel.  On  peut  le 
conclure  de  la  description  que  lui-même  nous  donne  de  son  Gra- 
duel. En  elîet,  quelle  que  soit  la  perfection  avec  laquelle  il  a  res- 
tauré le  vieux  chant  authentique,  il  admit  des  «  enrichissements  •> 
sous  forme  de  séquences  et  de  tropes,  bien  en  honneur  en  ce  temps- 
là^.  Un  codex  écrit  à  Rome,  quelques  années  plus  tard,  mais  avant 
le  pontificat  de  Grégoire  VII,  et  qui  est  actuellement  dans  la  col- 
lection de  sir  Thomas  Philipps,  peut  nous  le  prouver.  Il  renferme 
un  grand  nombre  de  tropes  et  de  séquences  pour  la  Messe  ^. 


1  Cf.  plus  haut,  p.  41G. 

2  Mabillon,  Anal,  bened.,  lib.  LV,  c.  lxx.xiv,  ad  aun.  1026,  éd.  Lucœ, 
1739,  t.  IV,  p.  293  sq. 

3  Gei'bei't,  Scriptores  de  musica,  t.  u,  p.  54. 

*  Codex  Pliilippicus,  autrefois  Mediomoiitanus,  actuellement  Chelienham., 


12  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Rome  vit  dans  les  années  suivantes  le  clergé  se  relever  de 
l'état  de  décadence  et  d'abaissement  spirituels  où  il  se  trouvait 
alors  et  reprendre  une  vie  nouvelle.  La  conscience  des  grandeurs 
du  passé  favorisa  la  résurrection  religieuse,  si  même  par  un 
certain  sens  elle  ne  lui  donna  pas  le  branle.  Cette  restauration 
ne  devait  atteindre  son  parfait  épanouissement  et  devenir  un  fait 
palpable  pour  tous  que  sous  le  pontificat  de  Grégoire  VII.  On 
ne  peut  s'empêcher  de  constater  que  cette  renaissance  de  la  vie 
romaine  et  ce  réveil  de  la  conscience  religieuse  ont  été  accompa- 
gnés d'un  mouvement  dans  la  littérature.  Rien  d'étonnant  qu'il 
se  soit  traduit,  à  Rome  et  dans  le  génie  de  ce  peuple,  par  le 
désir  de  recueillir  les  monuments  de  la  vénérable  antiquité  (reli- 
quise  venerandœ  antiquilalis) ,  et  plus  spécialement  les  anciens 
canons  et  les  compilations  d'ordre  juridique,  comme  on  le  voit 
dans  Bonizo,  Anselme  de  Lucques,  Deusdedit  et  autres.  Mais  la 
reconstitution  de  ces  compilations  canoniques  exige  aussi  l'étude 
détaillée  des  Pères  et  de  l'Histoire  ecclésiastique  des  premiers 
siècles,  et,  ainsi  que  le  montre  le  texte  de  ces  recueils,  ces  études 
profitèrent  à  la  liturgie. 

Saint  Grégoire  VII.  —  Et  de  fait,  Hildebrand,  le  futur  Gré- 
goire VII,  qui  sans  doute,  à  l'époque  de  la  réforme  de  Saint- 
Pierre  (1027),  se  trouvait  à  Rome  dans  le  monastère  de  son  oncle, 
à  Sainte-Marie  de  TAventin,  fit,  comme  il  le  dit  expressément  lui- 
même,  de  la  mos  antiquus,  en  d'autres  termes  des  anciens  rites 
de  l'Église  romaine,  l'objet  particulier  de  recherches  approfon- 
dies * . 

Dans  ces  études  il  fut  guidé,  ainsi  que  ses  amis,  et,  dans  un 
ordre  d'idées  différent,  Cola  di  Rienzi  au  xiv®  siècle,  par  une 


n.  16059,  contenant  l'Antiphonaire  avec  des  neumes  guidoniens  (de  Gui 
d'Arezzo).  Un  des  rares  manuscrits  liturgiques  à  date  précise. 

1  Ordinem  romanum  investif/antes  et  antiqiium  morem  nostrse  Ecclesix 
{Corp.  iur.  can.,  édit.  Friedberg,  t.  i,  col.  1416  [De  consecr.,  v,  15J).  Cf. 
MicroL,  c.  xiv.  Jean  Cactani ,  moine  au  Mont-Cassin  sous  labbé  Didier, 
à  l'époque  de  Grégoire,  et  plus  tard  pape  sous  le  nom  de  Gélase  II,  est 
aussi  un  exemple  qui  montre  comment  on  s'efforçait  alors  de  ressusciter 
dans  le  langage  les  anciennes  formes  littéraires.  Urbain  II  l'appela  à  Rome 
et  lui  donna  la  direction  de  la  chancellerie  papale.  Le  chancelier  Jean 
rétablit  dans  le  style  des  lettres  papales  l'ancien  Cursus  Leoninus,  aux 
formes  rythmiques,  tombé  en  désuétude  depuis  longtemps.  Cf.  L.  Du- 
chesnc,  dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  chartes,  Paris,  1889,  mai- 
juin.  Papa  litteratissimus  fralrem  loannem  accivil ,   ut  per  eloquenliam 


CFIAPITRE  VI  13 

grande  et  noble  idée  :  la  résurrection  de  l'ancienne  g^randeur  de 
Rome,  ce  qui  naturellement  à  cette  époque,  et  chez  des  hommes 
animés  de  l'esprit  chrétien ,  ne  pouvait  signifier  autre  chose  que 
la  grandeur  et  l'éclat  de  l'Eglise  romaine.  Il  s'agissait,  en  d'autres 
termes,  de  purifier  cette  Eglise  du  levain  teuton  et  de  restaurer 
ainsi  la  magnificence  primitive  de  la  reine  de  l'univers  et  de 
l'Eglise  apostolique,  épouse  du  Christ,  pure  de  toute  tache.  Ce 
résultat  serait  obtenu,  entre  autres  moyens,  par  le  rétablissement 
de  Tancien  rite  romain  qui,  selon  l'expression  de  Grégoire,  avait 
été  corrompu  «  surtout  à  partir  du  moment  où  le  gouvernement 
de  notre  Eglise  fut  confié  aux  Teutons  »  ^ 

L'inconvénient  qui  jadis  s'était  déjà  fait  sentir  au  temps  de 
Grégoire  le  Grand  reparaissait  de  nouveau  en  première  ligne, 
je  veux  dire  le  fardeau  des  longues  Matines.  On  chercha  un 
moyen  de  rendre  ce  fardeau  plus  supportable.  Et  c'est  ainsi 
qu'on  introduisit,  du  moins  dans  quelques  églises  de  Rome  (un 
passage  de  saint  Pierre  Damien'^  semble  indiquer  que  cela  se  fit 
aussi  à  Saint- Pierre _  ,  la  coutume,  bientôt  imitée  volontiers,  de 
ne  réciter  aux  Matines  que  trois  psaumes  et  trois  leçons.  Si  nous 
en  croyons  Friedberg^  fet  il  n'existe  aucune  raison  pour  nous 
de  ne  pas  assigner  le  texte  à  l'année  marquée  par  lui,  mais  aussi 
il  n'en  existe  aucune  qui  nous  y  oblige  ) ,  Grég'oire  VII  saisit 
aussitôt  l'occasion   du  premier  synode  de  carême   qu'il  tint  en 


sihi  a  Domino  tradilani  antiqui  leporis  et  eleffantise  stilurn  in  sede  apo- 
stolica...  reformarel...  cursum  Leoninum  redaceret  [P.  L.,  t.  clxui, 
col.  476,  n.  2). 

1  Ce  passage,  que  d'ailleurs  on  trouve  dans  la  décrétale  de  Grégoire  VII 
et  dans  le  Corpus  iuris  can.;  de  consecr.,  v,  15,  est  effacé  du  texte  et 
relégué  en  note  dans  l'édition  de  Friedberg  {loc.  cit.);  mais  il  se  trouve 
dans  Veditio  romana,  dont  Friedberg  donne  les  variantes  au  même  endroit. 
Je  suis  d'avis  que  ces  mots  forment  une  partie  du  texte  authentique.  On 
doit  observer  que  le  texte  de  Veditio  romana  est  basé  sur  dix -neuf  ma- 
nuscrits, tandis  que  celui  de  Friedberg  n'a  pour  lui  qu'un  nombre  relati- 
vement restreint  de  codices;  de  plus,  ces  derniers  sont  de  provenance 
allemande.  L'édition  du  Corpus  iuris  canonici  de  Friedberg  ne  peut  pas 
toujours  être  regardée  comme  adéquate  à  la  vérité  et  suffisante  pour  le 
but  que  se  propose  l'hisloricn.  On  peut  facilement  comprendre  pour  quelles 
raisons  des  copistes  allemands  des  canons  suppriment  un  passage  comme 
celui-là.  Mais  il  est  à  remarquer  que  Raoul  de  Tongres  reproduit  le  pas- 
sage entier  dans  la  citation  des  Décrétales  (De  canon,  observ.,  prop.  10). 

*  Opusc.  XXXIV,  p.  II,  n.  4.  Cité  dans  BatifTol.  Hist.  du  Brév.  rom., 
p.  156,  note. 

3  Col.  1416,  note  128. 


14  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

1074,  pour  s'opposer  à  cette  pratique  nouvelle.  Ce  n'est  que  par 
dégoût,  ex  fastidio,  dit  le  pape,  qu'un  tel  relâchement  s'est  pro- 
duit. La  premièi^e  occasion  en  a  été  la  domination  des  Teutons 
dans  la  ville  sainte.  Il  ordonne  donc  que  les  Matines  des  jours 
ordinaires  [feriee]  se  composeront  de  douze  psaumes  et  de  trois 
leçons,  et  celles  des  jours  de  fêtes  de  neuf  psaumes  et  de  neuf 
leçons;  celles  des  dimanches  dans  l'année,  de  dix- huit  psaumes 
et  de  neuf  leçons.  Mais  pour  l'octave  de  Pâques  et  de  la  Pente- 
côte, où  la  liturgie  de  l'administration  du  Baptême  demande  plus 
de  temps  et  plus  de  forces  qu'à  l'ordinaire,  l'usage,  prescrit  déjà 
dans  VOrdo  romanus  I,  de  ne  réciter  que  trois  psaumes  (trois 
chaque  jour  des  dix- huit  ou  vingt  et  un  premiers  employés  aux 
Matines  du  dimanche)  et  trois  leçons,  sera  maintenu  à  l'avenir. 

Cette  ordonnance  des  Matines  est  d'ailleurs  en  partie  la  même 
que  décrit  Amalaire,  et  elle  s'est  conservée  jusqu'à  nos  jours  au 
Bréviaire  romain,  à  l'exception  de  l'ordonnance  des  psaumes  dans 
l'octave  de  Pâques.  Mais  pour  la  Pentecôte  Amalaire  '  mentionne 
un  ordo  de  Rome,  autre  que  celui  qui  est  cité  plus  haut,  c'est-à- 
dire  que  «  celui  que  nous  chantons  dans  les  autres  nuits  du 
dimanche  (quem solemus canere per  cèleras noctes dominicales)  ». 

Les  Quatre-Temps.  —  Au  synode  du  carême  de  1078,  Grégoire 
supprima  un  autre  abus  en  contradiction  avec  la  véritable  tradi- 
tion de  l'Eglise  romaine  et  qui  venait  également  des  «  Teu- 
tons ».  Au  concile  de  Séligensladt"  de  10'22,  les  évêques  de  la 
province  ecclésiastique  de  Mayence  avaient  décidé  qu'on  obser- 
verait l'ordre  suivant  pour  les  Quatre-Temps  :  en  mars,  les 
Quatre-Temps  devaient  tomber  dans  la  première  semaine  du  mois  ; 
en  juin,  dans  la  deuxième;  en  septembre,  dans  la  troisième;  en 
décembre,  dans  la  quatrième.  Si  le  l'""  mars  tombait  un  mercredi, 
ou  un  des  jours  précédents  de  la  semaine,  c'était  cette  semaine- 
là  qui  était  celle  des  Quatre-Temps,  sinon  c'était  la  deuxième 


1  De  ordin.  Anliph.,  c.  lvii.  Cf.  ibiJ.,  prolog.  :  Novem  (c.-à-d.  llespon- 
soria)  cantainus  ut  in  ceteris  dominicis  noctibus. 

2  Daprès  Yves  {Fanorm.,  lib.  II,  c.  clxxx;  /-*.  L.,  t.  clxi,  col.  1124), 
des  décisions  avaient  clé  portées  sur  le  même  point  dans  un  concile 
de  Mayence  [Décret,  concil.  Mofj.,  c.  xxxiv;  puis  ConciL.  Saligonstadl , 
c.  CLXXxi).  Le  Micrologue  (c.  xxiv  et  xxv)  le  nomme  un  concile  de  duo- 
deciin  episcopi  Mo(/itntiœ  coiigreyati  ou  concilium  Moguntiacense  lempore 
Henrici  II  imperàtoris  {l\  L.,  l.  cli,  col.  996-997).  Cf.  Mon.  Germ.  SS., 
t.  XI,  p.  146-148. 


CHAPITRE  VI  lo 

semaine  de  mars.  Si  le  P""  juin  tombait  un  mercredi  ou  un  des 
jours  précédents  de  la  semaine,  la  semaine  suivante,  c'est-à-dire 
la  deuxième  du  mois,  était  considérée  comme  semaine  des  Quatre- 
Temps  ;  sinon,  c'était  la  troisième  semaine. 

Grégoire,  au  concile  de  1078,  blâme  cette  ordonnance  comme 
une  nouvelle  coutume  qui  n'est  appuyée  sur  nulle  autorité,  et 
ordonne  la  chose  d'une  façon  qui  lui  semble  plus  conforme  à  la  pra- 
tique suivie  jusqu'alors  à  Rome.  Il  établit  une  fois  pour  toutes  que 
la  première  semaine  du  carême  et  la  semaine  de  la  Pentecôte 
seront  celles  des  Qaalre-  Temps.  Ce  décret,  découvert  tout  récem- 
ment par  M.  Ed.  Bishop,  et  publié  par  LœAvenfeld  dans  le  Neues 
Archiv^,  est  d'un  grand  intérêt.  Il  nous  fournit  un  intéressant 
exemple  de  la  façon  dont  on  peut  utiliser  les  études  historiques 
et  patristiques  pour  déterminer  la  pratique  liturgique ,  et  com- 
ment parfois  il  faut  chercher  la  solution  aux  questions  qu'elle 
soulève  dans  les  cercles  d'influence  de  la  politique  romaine  et  de 
l'administration  ecclésiastique.  Pour  appuyer  la  décision  papale, 
on  cite  dans  toute  leur  teneur  des  témoignages  originaux  des 
papes  Léon  le  Grand  et  Gélase;  on  en  appelle  à  la  pratique  de 
saint  Grégoire  le  Grand,  des  papes  Félix,  Sjmmaque  et  Simplice, 
telle  que  nous  la  font  connaître  les  notices  biographiques  du 
Liber  ponlificaUs.  C'est  dans  l'arsenal  de  l'antiquité  que  l'on  va 
chercher  les  armes  qui  doivent  servir  à  défendre  l'Eglise  dans  la 
lutte  ardente  qu'elle  engage  pour  la  revendication  de  ses  droits. 
La  restauration  liturgique  à  Rome  fit  partie  intégrante  et  même 
essentielle  de  cette  politique  religieuse,  et  le  célèbre  Microlor/ne 
de  Bernold  de  Constance,  ce  traité  où  les  principes  et  la  pratique 
de  la  résurrection  liturgique  sont  clairement  développés,  n'appa- 
raît sous  son  vrai  jour  que  si  on  le  rapproche  des  grandes  com- 
pilations canoniques  de  cette  époque  et  des  écrits  de  controverse 
recueillis  récemment  pour  la  première  fois  par  Dûmmler,  dans 
lesquels  cette  matière  brute  est  élaborée  en  détail.  Tous  procèdent 
du  même  mouvement  religieux,  sont  exécutés  d'après  la  même 
méthode  et  animés  du  même  esprit. 

Décrets  de  réforme.  —  La  suppression  de  la  liturgie  mozarabe 
et  le  décret  porté  par  Grégoire  VII ,  d'après  lequel  les  fêtes  des 
papes  romains  martyrs  devaient  être  célébrées  dans  toute  l'Église 


1  Neues  Archiv,  (.  xiv,  p.  620-622. 


16  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

comme  duplicia,  expliquent  cette  façon  d'agir  ^  Il  n'est  plus  pos- 
sible de  savoir  aujourd'hui  si  ce  décret  a  été  porté  par  un  des 
nombreux  synodes  de  carême  tenus  par  Grégoire  VII,  puisque  les 
Actes  de  ces  conciles  sont  malheureusement  perdus.  On  en  ren- 
contre çà  et  là  quelque  fragment  isolé,  épave  rare  de  tout  un 
ensemble  d'actes  législatifs  ou  réformateurs,  qui  étaient  sans 
doute  considérables.  Il  reste,  dans  le  registre  des  lettres  pontifi- 
cales, un  fragment  du  grand  concile  de  1078,  qui  indique  les 
mesures  à  prendre  pour  continuer  et  diriger  avec  succès  la  lutte 
engagée  avec  Henri  IV ^.  Un  autre  fragment,  dont  il  a  été  ques- 
tion plus  haut,  et  qui  règle  certains  détails  des  jeûnes  des  Quatre- 
Temps ,  ne  nous  est  parvenu  que  dans  le  recueil  de  documents 
ecclésiastiques  actuellement  appelé  Colleclio  Britannica.  «  Aucun 
mot,  dit  avec  raison  l'éditeur  Lœwenfeld,  ne  trahit  qu'il  date  de 
l'époque  où  se  débattait  le  sort  de  l'Allemagne  ^.  »  A  lui  seul ,  il 
pourrait  déjà  suffire  à  réfuter  l'opinion  de  ceux  qui  croient  que 
Grégoire  VII ,  engagé  qu'il  était  dans  une  lutte  titanesque  et 
dont  l'esprit  était  constamment  tenu  en  éveil  par  les  problèmes 
les  plus  graves  et  préoccupé  par  une  politique  d'une  étonnante 
portée,  n'a  eu  ni  le  loisir,  ni  le  temps,  ni  le  repos  d'esprit  suffi- 
sants pour  se  consacrer  aux  questions  en  apparence  insignifiantes 
de  l'administration  religieuse  et  aux  détails  de  l'observance  litur- 
gique. Ils  oublient  que  la  faculté  d'unir  la  direction  des  affaires 
les  plus  importantes  et  les  plus  graves  d'une  politique  qui  embrasse 
l'univers  entier  au  soin,  en  apparence  mesquin,  de  la  conserva- 
tion de  la  pureté  de  la  vie  liturgique ,  même  dans  les  choses  de 
peu  d'importance ,  et  du  maintien  des  observances  rituelles  les 
plus  infimes  est,  en  réalité,  la  marque  caractéristique  des  grands 
papes  et  des  grands  prélats  depuis  Grégoire  le  Grand  jusqu'à  nos 
jours. 

Même  en  nous  en  tenant  aux  fragments  si  rares  qui  nous  restent, 
on  ne  peut  douter  qu'il  n'en  ait  été  ainsi  pour  Grégoire  VII.  Celui 
qui  cherche  à  comprendre  à  fond  l'histoire  de  cette  époque  verra 
bientôt  qu'il  a  dû  aussi  en  être  ainsi  relativement  à  la  restaura- 
tion liturgique  de  Rome;  en  effet,  cette  restauration  était  un  élé- 
ment de  la  politique  générale,  si  nous  pouvons  ainsi  dire,  qui 


'  MicroL,  c.  xliii. 

2  Jafî(5,  Monum.  Gregor.,  Bcrol.,  1865,  p.  305  sq. 

3  Neues  Archiv ,  t.  xiv,  p.  618. 


CHAPITRE  VI  il 

régla  et  dirigea  ce  grand  mouvement  du  xi^  siècle ,  dont  Hilde- 
brand- Grégoire  est  pour  nous  la  personnification.  Par  suite,  sa 
position  dans  la  question  liturgique  était  déjà  marquée  néces- 
sairement. Son  œuvre  est  celle  d'un  restaurateur  de  traditions 
anciennes  et  vénérables  qui  veut  réparer  la  décadence  des  temps 
malheureux  du  siècle  précédent;  son  œuvre,  c'est  la  résurrection 
des  usages  indigènes ,  spécialement  des  usages  romains ,  qui  doit 
s'opposer  à  l'invasion  des  nouveautés  venues  de  l'étranger  et  qui 
sont  une  conséquence  de  la  domination  «  teutonique  ». 

Nous  ne  pouvons  dire  pour  le  moment  quel  fut  le  succès  de 
cette  restauration,  ni  jusqu'où  elle  s'étendit,  encore  que  des 
études  circonspectes,  bien  conduites  et  bien  informées,  des  manus- 
crits liturgiques  des  xi*  et  xn^  siècles  si  longtemps  négligés, 
eussent  pu  vraisemblablement  jeter  quelque  lumière  sur  des 
questions  si  obscures. 

Urbain  II  et  Pascal  II.  —  Les  successeurs  de  Grégoire  VII, 
Urbain  II  et  Pascal  II  surtout,  furent  aussi,  il  est  vrai,  les  héri- 
tiers de  ses  idées  dans  la  lutte  engagée  entre  l'Eglise  et  le  pou- 
voir séculier,  ou,  pour  mieux  dire,  entre  la  Papauté  et  l'Empire, 
et  ils  la  menèrent  heureusement  à  fin  au  milieu  des  douleurs  de 
l'exil  et  de  nombreuses  calamités.  Mais  ces  papes  n'étaient  pas 
de  la  race  des  hommes  qui  avaient  inauguré  avec  tant  d'enthou- 
siasme, par  la  liturgie  et  la  discipline,  les  débuts  de  la  grande 
régénération  romaine.  Ils  n'étaient  pas  non  plus  romains,  c'étaient 
des  Clunisiens,  des  Bourguignons.  D'ailleurs  les  temps  avaient 
changé.  Les  longues  et  fréquentes  absences  forcées  qui,  d'Ur- 
bain II  à  Clément  III  (1088  environ  à  1187  i,  tinrent  les  papes 
éloignés  de  Rome,  étaient  déjà  une  circonstance  très  propre  à 
mettre  en  péril  la  pureté  de  l'ancienne  liturgie  romaine.  Il 
n'est,  par  suite,  nullement  surprenant  que  quelques  années  plus 
tard  Abailard,  parlant  de  la  psalmodie  et  de  l'ordo  de  l'office 
des  basiliques  romaines ,  nous  dise ,  ainsi  que  nous  l'avons  vu 
plus  haut*,  que  vers  1140  l'ancien  ordo  romain  de  l'office  n'était 
plus  observé  que  dans  la  seule   basilique  du  Latran^,   tandis 


1  P.  438. 

2  II  est  très  possible  que  cette  fidélité  des  chanoines  du  Latran  à  l'an- 
cienne pratique  romaine  puisse  être  attribuée  à  la  reconstitution  de  leur 
chapitre,  accomplie  par  Alexandre  II,  sous  l'influence  d'Hildebrand.  Cette 
restauration  eut  lieu  au  moment  même  où  la  résurrection  liturgique   por- 

Brév..  t.  II.  2 


18  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

que  toutes  les  églises  avaient  adopté  un  office  «  modernisé  ». 
Le  témoignage  d'Abailard  a  une  importance  toute  particulière 
pour  nous  faire  connaître  le  développement  de  Toffice  ou  du 
Bréviaire  romain,  Abailard  nous  dit,  en  effet,  que  dès  ce  moment 
Toffice  de  la  basilique  du  palais  l'omain,  c'est-à-dire  de  la  cha- 
pelle papale  sise  à  l'intérieur  du  palais  de  Lalran,  différait  de 
l'office  de  la  grande  église  patriarcale ,  la  basilique  du  Latran  ou 
du  Saint-Sauveur,  qui  était  attenante  au  palais. 

Cérémonial  de  Benoît.  —  Le  Cérémonial,  rédigé  par  le  cha- 
noine Benoît,  et  qui  fut  sûrement  écrit  avant  1143,  nous  montre 
que  l'on  augurait  très  favorablement  du  nouvel  ordre  de  choses 
provoqué  par  le  triomphe  d'Innocent  II  et  son  retour  à  Rome. 
Pour  recueillir  ses  matériaux,  Benoît  s'est  aidé  en  partie  de  ses 
propres  observations  ou  des  informations  authentiques  puisées 
auprès  des  officiers  compétents  de  la  curie  ;  en  partie  aussi  il  a 
consulté  des  documents  écrits  plus  anciens  ^  Il  porte  toute  son 
attention  sur  les  grandes  solennités  pontificales,  et,  par  suite, 
ses  indications  ne  diminuent  en  rien  la  véracité  des  informations 
d' Abailard. 

Mais  le  nouveau  séjour  du  pape  à  Rome  n'était  que  transi- 
toire. 

Rite  romain,  rite  local.  —  Le  rite  romain,  tel  qu'il  exista  à  la 
cour  papale  jusqu'à  la  fin  du  xi^  siècle,  avait  un  caractère  essen- 
tiellement local  ;  il  était  le  produit  d'événements,  de  circonstances, 
de  besoins  locaux.  Tout  son  déploiement  dépendait  des  basi- 
liques et  des  églises  stationales  de  la  ville  aux  sept  collines,  dont 
on  visitait  en  procession  solennelle  tantôt  l'une,  tantôt  l'autre, 
et  dont  on  choisissait  tantôt  l'une,  tantôt  l'autre  pour  y  chanter 


tait  ses  fruits  à  Rome;  et  il  n'est  pas  invraisemblable  que,  ainsi  qu'il 
arrive  d'ordinaire  dans  les  monastères  et  les  chapitres  récemment  établis, 
le  clergé  nouvellement  constitué  de  la  basilique,  imprégné  de  l'esprit 
ambiant  de  l'époque  et  du  lieu,  se  soit  attaché  plus  fidèlement  que  les 
autres  corporations  aux  principes  traditionnels  qui  lui  étaient  inspirés  et 
se  soit  fait  un  point  d'honneur  d'exécuter  avec  le  plus  grand  soin  les 
prescriptions  et  les  rites  de  l'Eglise  éminemment  romaine,  tels  qu'il  les 
trouvait  dans  les  livres  authentiques  de  l'office  (cf.  Johan.  Diac,  Liber  de 
Ec.cl.  Lateran.,  dans  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  ii,  p.  568-569  :  Renovavit 
[Pascal  II  ou  Alexandre  II]  ordinem  canonicum  in  ista  Ecclesia). 

1  Mabillon  :  Quod...  per  multa  temporum  spatia  vidi,  et  a  sapientibus 
Cariai  audivi,  et  quod  alii  doctores  in  suis  scriptis  reliquerunt  [Mus.  ital., 
t.  II,  p.  119). 


CHAPITRE  VI  19 

l'office  canonial  ou  pour  y  célébrer  le  saint  sacrifice.  Les  évêques 
et  les  liturgistes  du  moyen  âge  reconnurent  parfaitement  la 
dépendance,  où  était  le  rite,  des  conditions  particulières  des 
églises  romaines.  On  devait  nécessairement  tenir  compte  de  ces 
conditions  spéciales  pour  organiser  l'office  et  la  Messe  et  com- 
biner le  système  des  stations.  Aussi,  lorsqu'on  transplanta  en 
France  au  A'ni<'  siècle  le  rite  romano- grégorien,  on  imita  cette 
façon  d'agir  dans  beaucoup  de  villes  épiscopales  en  deçà  des 
Alpes.  On  posa  les  conditions  préliminaires  qui  devaient  rendre 
possible  l'exécution  solennelle  du  rite  en  question,  en  créant, 
par  exemple  à  Mayence,  à  Trêves,  à  Besançon  et  ailleurs,  un 
système  d'églises  stationales,  où  le  clergé  de  la  cathédrale  se 
rendait  fréquemment  avec  le  prélat.  Ainsi  pouvait-on,  dans 
une  certaine  mesure  et  du  moins  dans  les  villes  épiscopales  de 
la  chrétienté,  accomplir  le  rite  qui  s'exécutait  à  Rome,  naturel- 
lement aux  différences  près,  qu'entraînaient  .avec  elles  la  situation 
de  la  curie  papale  comparée  à  celle  de  la  maison  épiscopale,  et 
celle  d'un  évoque  diocésain  comparée  à  celle  du  père  de  la 
chrétienté. 

Outre  cela,  les  rites  de  l'Église  romaine  étaient  réglés  par  la 
présence  dans  la  ville  éternelle  du  pape  et  de  son  cortège  de 
cardinaux  et  de  toute  la  maison  papale ,  beaucoup  plus  que  les 
rites  de  n'importe  quelle  autre  ville  n'étaient  déterminés  par  la 
présence  de  l'évêque.  Le  Cérémonial  du  chanoine  Benoît,  exécuté 
avec  beaucoup  de  soin,  était  à  peine  achevé  que  les  événements 
le  rendirent  complètement  inutilisable;  et  il  est  très  douteux 
qu'il  ait  servi  plus  d'un  an,  deux  ans  tout  au  plus,  de  guide 
pratique  pour  l'exécution  de  l'office  de  la  Curie. 

Les  successeurs  d'Urbain  II  et  de  Pascal  II.  —  Guido  de  Castello , 
cardinal  de  Saint-Marc,  à  qui  le  livre  est  dédié,  fut  élu  pape  en 
septembre  1143  et  mourut  dès  le  mois  de  mars  de  l'année  sui- 
vante. Son  successeur,  Lucius  II,  n'occupa  la  chaire  de  saint 
Pierre  que  onze  mois.  Ces  deux  papes  passèrent  leur  pontificat 
à  Rome.  Mais  leur  successeur,  Eugène  III,  dut  aussitôt  après 
son  élection  quitter  secrètement  et  de  nuit  la  ville  éternelle 
pour  mettre  sa  personne  en  sûreté,  et  il  fut  sacré  en  dehors  de 
Rome.  Durant  les  quarante-deux  années  qui  suivirent,  lui  et  ses 
successeurs  ne  passèrent  à  Rome  que  sept  ans  et  demi. 
Alexandre  III ,  durant  son  long  pontificat  de  vingt-deux  ans,  ne 


20  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

fut  à  Rome  que  vingt  mois  ou  un  peu  plus,  et  encore  son  séjour 
ne  fut-il  pas  continu ,  mais  partagé  entre  plusieurs  fois  avec  de 
longs  intervalles  d'absence.  La  cour  papale  n'avait  pas  de 
demeure  stable,  de  lieu  de  séjour  fixe;  elle  séjournait  tantôt, 
comme  durant  les  pontificats  d'Eugène  III  et  d'Alexandre  III , 
des  années  entières  dans  différentes  villes  ou  monastères  de 
France,  tantôt  dans  de  petites  villes  du  centre  de  l'Italie,  telles 
que  Viterbe,  Anagni,  Segni,  Bénévent,  ^'ellétri ,  tantôt  aussi, 
comme  au  temps  de  Lucius  III  et  d'Urbain  III,  dans  l'Italie  du 
Nord,  à  Vérone. 

Que  pouvait- on  attendre  de  cet  état  de  choses,  sinon  la  for- 
mation dans  la  curie  papale  d'un  rite  qui ,  comme  coutume  de 
la  chapelle  papale  [Consuetudo  capellœ  papalis),  s'écarterait 
en  nombre  de  points  des  vieilles  traditions  basilicales  des  grandes 
églises  de  Rome?  Et  si,  dès  avant  cet  exil,  l'office  de  la  Romani 
palatii  hasilica,  c'est-à-dire  de  la  chapelle  de  la  cour  papale, 
avait  commencé  à  se  différencier  de  l'office  de  la  basilique  du 
Latran,  cette  divergence  ne  pouvait  manquer  de  s'accentuer 
davantage  encore.  Peu  importait  que  l'office  de  la  chapelle  papale 
fût  identique  à  celui  qui  prédominait  dans  les  églises  de  Rome,  à 
l'exception  de  la  basilique  du  Latran;  il  était  évident  dans  tous 
les  cas  que,  par  suite  des  circonstances  de  temps,  le  rite  et  l'office 
de  la  chapelle  papale  devaient  prendre  un  développement  indé- 
pendant et  qui  leur  fût  propre.  En  exil  on  n'avait  aucune  céré- 
monie consacrée  par  le  temps,  on  ne  se  trouvait  pas  en  pré- 
sence de  lieux  ou  de  souvenirs  vénérables  qui  servissent  cons- 
tamment, avec  plus  ou  moins  de  fidélité,  comme  de  règle  fixe 
pour  les  fonctions  papales  ;  on  n'avait  pas  de  tradition  qui  fût 
représentée  par  les  grandes  basiliques  et  par  les  cérémonies 
liturgiques  qui  s'y  rattachaient.  Et  à  Rome  même,  l'absence 
du  pape,  c'est-à-dire  de  l'âme,  du  principe  historique  vivant 
des  anciennes  observances  liturgiques  romaines,  devait  amoin- 
drir l'autorité  et  l'importance  des  rites  célébrés  «  sans  pape  » 
et  leur  influence  sur  les  autres  églises.  Désormais  c'était  l'usage 
de  la  curie  qui  faisait  loi  pour  une  fonction  papale,  de  la  curie 
qui  ne  se  trouvait  pas  à  Rome,  mais  bien  là  où  séjournait  le 
pontife. 

Transformations  liturgiques.  —  Si  nous  accordons  volontiers 
qu'une  tendance  aux  nouveautés  et  un  mouvement  en  faveur  de 


CHAPITRE  VI  21 

changements  ou  d'accroissements  dans  Toffice  se  faisaient  peu  à 
peu  partout  sentir,  notamment  en  France^,  en  Italie,  le  sort  de 
la  curie  romaine  et  de  la  chapelle  papale  était  déjà  à  lui  tout  seul 
de  nature  à  transformer  le  rite  en  un  rite  difTérent  de  celui 
des  basiliques  romaines,  et,  vu  l'incertitude  des  événements,  à 
soumettre  ce  rite  à  des  influences  qui  devaient  favoriser  et  la 
rénovation  et  les  modifications. 

Clément  III.  —  Avec  l'élection  de  Clément  III  (décembre  1187), 
le  pape  fut  rendu  une  fois  encore  pour  quelque  temps  à  la  ville 
de  Rome.  Clément  et  son  successeur  Célestin  III  (jusqu'en  jan- 
vier 1198)  ne  quittèrent  presque  pas  la  ville  sainte.  Tout  aus- 
sitôt nous  trouvons  une  nouvelle  tentative  pour  régulariser  le 
Cérémonial  de  l'Eglise  romaine  et  le  faire  entrer  dans  le  cadre 
des  anciennes  traditions  :  c'est  VOrdo  romanus  XII,  écrit,  sinon 
composé  par  le  cardinal  Cencius  sous  le  pontificat  du  pape  Céles- 
tin IIP.  Mais  le  temps  était  passé  d'un  nouveau  remaniement  de 
l'office  par  un  retour  à  l'ancienne  tradition,  du  moins  relative- 
mentaux  points  qui  nous  intéressent  ici.  Les  papes  étaient,  il  est 
vrai,  de  retour  à  Rome;  mais  entre  temps  et  à  la  suite  de  leur 
longue  absence,  le  rite  de  la  chapelle  papale  s'était  constitué  et 
était  devenu  le  facteur  prépondérant  dans  le  développement  et 
l'histoire  future  du  Bréviaire  romain. 


'  Les  nouveaux  oi'dres  des  Prémontrés  et  des  Chanoines  réguliers  en 
général  représentaient  cette  tendance,  comme  on  le  voit  par  une  lettre 
de  l'évêque  de  Maguelonne.  Sur  saint  Norbert,  dans  Raoul  de  Tongres 
(prop.  VII,  Hittorp,  col.  1110)  et  dans  le  bref  Gelasii  II  ad  Richardum, 
prœpositum  de  Sprinffershach,  du  11  août  1118,  cf.  Katholik ,  1889,  t.  ii, 
p.  525,  et  Compte  rendu  des  séances  de  la  commission  royale  de  l'his- 
toire, Bruxelles,  5  oct.  1844,  t.  ix,  p.  102-103. 

*  Comparé  à  celui  du  chanoine  Benoît,  il  est  modernisé.  Ainsi,  par 
exemple ,  la  célébration  des  Vigiles  est  modifiée  par  la  suppression  des 
Vigiles  usitées  avant  les  Matines,  et  même  leur  terminologie  est  changée 
(cf.  par  exemple  l'ordonnance  de  la  fête  de  l'Assomption,  etc.,  à  Saint- 
Pierre,  dans  Mabillon.  Mus.  ital.,  t.  ii,  p.  149,  151,  153,  174  sq.  et  207  sq., 
210).  Benoît  est,  pour  ainsi  dire,  un  maître  des  cérémonies  antiquaire; 
Cencius  est  un  cérémoniaire  pratique,  qui  tient  compte  des  circonstances 
nouvelles. 


22  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


III.  Le  XlIIe  et  le  XI V^  siècle. 

Raoul  de  Tongres.  —  Nous  avons  vu  dans  quelles  circonstances 
l'office  de  la  chapelle  papale  ou  VUsus  {Ordo ,  consuetado 
romanse  Curise)  a  dû  se  former  dans  le  courant  du  xn^  siècle. 
Raoul  de  Rivo,  doyen  de  Tongres,  qui  écrivait  dans  les  dernières 
années  du  xiv*  siècle,  nous  dit  qu'il  se  transforma  de  la  façon  sui- 
vante :  «  Les  clercs  de  la  chapelle  papale ,  soit  sur  l'ordre  du 
pontife ,  soit  de  leur  propre  initiative ,  abrégèrent  constamment 
l'office  et  souvent  le  modifièrent,  suivant  les  convenances  des 
cardinaux*.  »  Le  doyen  de  Tongres  décrit  un  processus  qui  mon- 
tre que  le  Cérémonial  de  Pierre  Amelius,  VOrdo  romanus  XV, 
publié  par  Mabillon-,  était  encore  employé  de  son  temps  dans 
la  chapelle  papale,  et  «  comme  l'histoire  se  répète  constamment  », 
dans  les  choses  liturgiques  peut-être  plus  qu'ailleurs,  nous  ne 
nous  tromperons  pas  en  avançant  que  ce  processus  s'était  pro- 
duit lorsqu'au  xu®  siècle  se  forma  VUsus  romanse  Curix ,  VOffi- 
cium  capellse  papalis.  Du  moins  une  chose  est  sûre  :  l'office 
de  la  chapelle  papale ,  dans  les  premières  années  du  xni^  siècle , 
était  plus  court  que  celui  qui  se  célébrait  dans  les  autres  églises 
de  Rome  ;  c'était  un  office  romain  abrégé.  Et  Raoul  trouva 
encore  à  Rome  un  exemplaire  d'un  ordinaire  de  cet  office,  qui 
datait  du  pontificat  d'Innocent  III. 

Les  Franciscains  et  l'office  romain.  —  Ce  qui  assura  le  succès 
de  cette  forme  de  l'office  romain,  ce  qui  fit,  pour  ainsi  dire,  sa 
fortune  et  lui  valut  son  universelle  extension ,  ce  fut  son  adop- 
tion par  l'Ordre  récemment  fondé  des  Frères  Mineurs.  Dans  sa 
première  règle  écrite  vers  1213,  le  patriarche  de  cette  armée  de 
religieux  disait  simplement  :  «  Les  Frères  qui  sont  clercs  doivent 
réciter  l'office  comme  les  clercs,  ...  et  ils  peuvent  avoir  les  livres 


1  Nam  olim,  quando  romani  pontifices  apud  Lateranum  residebant,  in 
eorum  capella  servahatur  romanum  offîcium  non  ita  complète  sicut  in  aliis 
urbis  ecclesiis  collegiatis.  Immo  clerici  capellares ,  sive  de  mandato  papx 
sive  ex  se,  officium  romanum  semper  breviabant  et  sœpe  allerahant,  proul 
domino  papx  et  cardinalibus  congruehat  observandum.  Et  huius  officii 
ordinarium  vidi  Romse  a  iempore  Innocenta  III  recoliectum  (  Radulph. 
Tung.,  De  can.  observ.,  prop.  xxii,  éd.  Hittorp,  Paris,  1610,  col.  1149  c  ). 

2  Loc.  cit.,  p.  448  sq. 


CHAPITRE  VI  23 

nécessaires  à  cet  usage*.  »  Dans  la  deuxième  'ou  troisième) 
règle  écrite  vers  1223,  on  lit  quils  doivent  réciter  Toflice  divin 
selon  Vordo  de  la  sainte  Eglise  romaine,  à  l'exception  du  psau- 
tier, dès  qu'ils  pourront  avoir  des  Breviaria ;  peut-être  pour- 
rait-on traduire  :  pour  cette  raison,  ils  pourront  avoir  des  Bre- 
viaria'^. 

Etant  données  la  manière  de  vivre  et  les  obligations  des  Fran- 
ciscains, dont  le  premier  devoir  est  de  se  consacrer  aux  œuvres 
extérieures,  à  la  prédication  et  au  ministère  des  âmes,  il  était 
tout  naturel,  lorsqu'on  leur  laissa  le  choix  entre  un  office  plus 
long  et  un  office  abrégé,  qu'ils  se  décidassent  sans  hésiter  pour 
ce  dernier.  Et,  de  fait,  c'est  celui  qu'ils  choisirent;  ils  prirent 
l'office  tel  qu'on  le  récitait  dans  la  chapelle  ou  la  curie  papale, 
soit  que  c'eût  été  le  désir  de  saint  François  lui-même,  soit 
que  ses  fils  aient  choisi  de  leur  propre  initiative  entre  Toffice 
plus  long  et  l'office  abrégé  de  la  sainte  Eglise  romaine.  Les 
Frères  Mineurs  avaient  besoin  pour  leurs  nombreux  voyages 
d'un  petit  Bréviaire  qui  renfermât  l'office  entier,  d'un  Bréviaire 
analogue  à  celui  que  prescrivit  le  concile  de  Trêves  de  1227  : 
Breviaria  sua,  in  quihiis  possint  horas  suas  lec/ere,  quando  suul 
in  itinere^.  En  résumé,  l'office  adopté  par  les  Franciscains  ne  fut 
pas  celui  des  basiliques  romaines  de  cette  époque,  lequel  repré- 
sentait encore  assez  exactement,  du  moins  au  Latran,  «  la  tête 
et  la  mère  de  toutes  les  Eglises  de  l'univers ,  »  le  vieil  office  de 


'  Omnes  fratres ,  sive  clerici ,  siie  laici,  faciant  divinum  ofjicium ,  Lau- 
des et  orationes ,  secundum  quod  debent  facere.  Clerici  faciant  officium 
et  dicant  pro  vicis  et  pro  mortuis  secundum  consuctudincni  clei'icorum. 
Et  libros  necessarios  ad  implendum  eoriim  ofpciam  possint  habere  [Régula 
Minorum  prima,  c.  m,  dans  \\"addinjr.  Annales  Min.,  t.  i,  p.  68,  éd.  2, 
.T.  M.  Fonseca,  Romœ  ,  1731  \ 

2  Clerici  faciant  divinum  officium  secundum  ordinem  sanclœ  romanpe 
Ecclesiœ ,  excepta  psalterio ,  ex  quo  habere  poterunt  Breviaria  [Régula 
Minorum  secunda ,  c.  ni,  loc.  cit..  Annales,  t.  ii,  p.  63). 

3  Blattau,  Statuta  synodalia  Trev.,  Trier,  1814,  t.  i,  p.  4;  Roskovany, 
t.  V.  p.  37,  mon.  119.  Sur  les  Breviaria  portatilia ,  ainsi  cpi'ils  furent 
appelés  au  chapitre  général  des  Dominicains  tenu  à  Milan  en  1270  fMar- 
tène,  Thés,  novus  anecd.,  t.  iv,  p.  1737),  ou  Brev,  portiforia  (portipho- 
rium\  ainsi  qu'on  les  nomme  en  Anfrleterre,  du  moins  à  partir  de  la 
seconde  moitié  du  xiii«  siècle,  cf.  Ducauf^e,  à  ce  mot,  et  Maskell,  Mon. 
rit.  Eccl.  Anglic,  t.  i,  2«  édit.,  p.  xcix,  d'après  lequel  cette  dénomination 
était  déjà  employée  vers  1109  (porlifer,  portius).  Il  ne  convient  pas  de 
citer  ici  Infrolf,  puisque  son  Historia  Croylandensis  n'est  qu'une  compi- 
lation du  xv«  siècle. 


24  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

l'Église  romaine,  office  qui  avait  conquis  toute  la  chrétienté. 

Comme  l'indiquent  les  mots  à  l'exception  du  psautier,  du  pas- 
sage cité  ci-dessus ,  les  Franciscains ,  en  adoptant  le  Bréviaire  de 
la  curie  romaine ,  avaient  fait  une  exception  pour  la  version  du 
psautier.  A  Rome,  on  avait  le  psautier  romain,  la  première  cor- 
rection de  saint  Jérôme,  qui  se  rapprochait  davantage  de  Tltala, 
c'est-à-dire  de  l'ancienne  version;  dans  le  reste  de  la  chrétienté, 
on  se  servait  du  psautier  gallican,  la  deuxième  correction  de 
saint  Jérôme.  Les  Franciscains  unirent  ce  psautier  «  gallican  »  au 
cursus  des  offices  du  Bréviaire  de  la  curie. 

Le  Breviarium  Curiae.  —  Mais  bientôt  ils  se  virent  dans  la 
nécessité  d'apporter  au  Bréviaire  d'autres  modifications  réclamées 
par  les  circonstances.  Ce  fut  Haymon,  leur  général,  qui,  sur 
l'ordre  ou  avec  l'approbation  de  Grégoire  IX,  se  chargea  de  ce 
travail*.  Le  Bréviaire  de  la  curie  ainsi  revu,  comme  nous  dirions 
aujourd'hui,  et  corrigé  par  Haymon  et  ses  confrères,  fut  prescrit, 
d'après  Raoul  de  Tongres^,  par  Nicolas  III  (1277-1280),  qui 
appartenait  à  l'Ordre  des  Frères  Mineurs,  à  toutes  les  églises  de 
Rome.  Lors  du  séjour  du  pape  à  Avignon,  ce  Bréviaire  de  la 
curie  fut  aussi  introduit  dans  les  églises  de  la  ville  et  du  diocèse^. 
Mais  il  semble  qu'à  Rome  même ,  l'église  du  Latran  resta  obsti- 
nément fidèle  à  son  ancien  office ,  car  nous  voyons  le  pape  Gré- 


1  Observantia  moderni  officii,  qiiod  in  Breviariis  vestris  exaclâ  dili- 
gentia  correctum  a  nobis  (à  propos  de  a  nobis,  Sbaralea  remarque  :  ivssii 
Gregorii  IX,  sed  opéra  Haymonis)  ex  statuto  regiilœ  vestrœ  juxla  Eccle- 
sise  Romanse  morem,  excepta  psalterio,  celehrare  debetis ,  sitis  contenti 
perpétua...  vohis  auctoriiate  prœsentium  indulgemus  (bref  de  Grégoire  IX, 
Pio  vestro  callegio,  7  juin  1241,  dans  Sbaralea,  Biillarium  Franciscanum, 
Romae,  1759,  t.  i,  p.  296.  Cf.  le  bref  presque  identique  d'Innocent  IV  du 
20  juin  1244,  ibid.,  t.  i,  p.  344.  Pour  Grég:oire  IX,  voir  aussi  Potthast, 
Reg.  pontif.,  n»  1128). 

*  De  can.  ohserv.,  prop.  22. 

3  Ordinamus  atque  constituimus ,  quod  amodo  universi  et  singuli  cle- 
rici  ac  personse  ecclesiasticœ  prsedictœ  civitatis  et  diœcesis  a  consuetis 
officiis  liberi  et  immiines  existant  et  pristinis  veterum  codicum  rudimen- 
tis  omis.sis...  Officium  divinnm  diurnum  pariter  et  nacturnum  dicere 
valeant  iuxta  ardinem,  morem  seu  statutum,  qua  Ecclesia  utitur  et  Curia 
romana  supradicta...  in  universis  et  singulis  ecclesiis...  quarum  libri  ex 
aniiquiiaiis  incommoda  renovatianis  vel  reparationis  remédia  indigent, 
illi,  ad  quas  pertinent,  emant  seu  fieri  faciant  lihras  convenientes  et 
aptos ,  qui  dictse  Ecclesise  et  Curise  romanse  usui  caugruant  apportiino 
{Staiuta  synodalia  diœc.  Avenion.  et  Decretum  Benedicti  papse  XII,  61337, 
dans  Martène  et  Durand,  Tfiesaur.  nav.  anecd.,  t.  iv,  p.  557-558;  Rosko- 
vany,  t.  v,  p.  107,  mon.  216). 


CHAPITRE  VI  25 

goire  XI  (1370-1378)  prescrire  dans  sa  constitution  £'/5f/)rot7'c/e, 
qui  réglait  les  statuts  du  chapitre  des  chanoines  de  la  basilique  du 
Latran,  «  que  les  membres  devaient  se  conformer  au  chef,  que 
dans  l'église  du  Latran  l'office  de  nuit  et  de  jour  devait  être 
chanté  selon  la  rubrique ,  Vordo  ou  la  coutume  de  la  sainte  Eglise 
romaine  ou  de  la  chapelle  de  notre  seigneur  le  pape^  »  C'était 
la  première  déclaration  officielle  qui  imposait  la  coutume  ou 
l'ordo  de  la  curie  ou  de  la  chapelle  papale  comme  coutume  de 
la  sainte  Église  romaine,  et  qui  en  faisait  le  type  des  autres. 

A  partir  de  ce  moment ,  et  en  particulier  à  la  suite  de  l'exil 
d'Avignon,  l'ancien  office  romain,  en  tant  que  distinct  de  celui 
qui  avait  été  composé  dans  le  courant  du  xn^  siècle,  fut  tenu 
pour  une  chose  dupasse.  L'office  selon  Vordo  de  la  sainte  Eglise 
romaine,  comme  l'appelle  saint  François  d'Assise,  ne  pouvait 
plus  désormais  s'entendre  que  de  la  coutume  de  la  curie.  L'his- 
toire de  la  substitution  d'un  nouveau  Bréviaire  fut  oubliée,  et  à 
la  fin  du  xiv^  siècle  on  disait  généralement  que  les  seuls  Frères 
Mineurs  suivaient  Vordo  de  la  sainte  Eglise  romaine,  et  on  croyait 
que  seuls  leurs  livres  contenaient  cet  ordo.  La  raison  en  parais- 
sait d'une  clarté  évidente  :  «  C'est  parce  que  saint  François  pres- 
crit dans  sa  règle  que  les  clercs  de  son  ordre  doivent  réciter 
l'office  selon  l'ordonnance  romaine.  » 

Cependant,  des  hommes  doués  comme  Raoul  de  Tongres  du 
sens  critique ,  qui  n'acceptaient  pas  l'opinion  publique  sans  la 
discuter,  mais  qui  possédaient  quelques  notions  de  logique  et 
réfléchissaient  d'ordinaire  sur  les  faits ,  découvrirent  bientôt 
qu'il  en  était  autrement.  Raoul  affirmait,  en  effet,  et  prouvait 
que  les  Franciscains  avaient  tout  bonnement  adopté  la  coutume 
de  la  curie  ou  l'office  de  la  chapelle  papale.  Voici  comment  il 
raisonnait  :  w  Si  cet  office  doit  être  dit  Vordo  de  la  sainte  Eglise 
romaine,  [les  Franciscains]  ont  fait  ce  que  la  règle  ordonne,  mais 
si  ...  [sin  autem'^);  »  il  s'interrompt  ici,  attribuant  aux  Mineurs 

1  Ut  membra  capili  se  conforment ,  prsesenti  institutione  decernimus , 
quod  tant  nocturnum  quam  diurnum  in  Lateranensi  Ecclesia  cnm  nota 
dicatur  iiixta  rubricam,  ordinem  sive  morem  sanctse  romanœ  Ecclesise , 
seii  capellse  doniini  nosiri  papœ.  Ofjiciiim  vero  beaise  Mariœ  Virginis  sine 
nota,  aperte  tamen  et  spatiose  proferatur  {Constitutiones  lateranenses, 
c.  I,  dans  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  ii ,  p.  577). 

2  Si  dictum  officium  capellare  débet  dici  ordo  sanctse  romanœ  Ecclesise, 
feceriint  [Franciscani]  quod  régula  iubet,  sin  autem...  [De  can.  observ-, 
prop.  XXII.  Hiltorp,  col.  11  i9  d). 


26  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

une  logique  suffisante  pour  tirer  la  conclusion,  au  cas  où  l'autre 
alternative  serait  la  vraie. 

Raoul  était  d'autant  plus  porté  à  vérifier  la  prétention  des 
Franciscains  à  être  les  seuls  vrais  gardiens  de  Vordo  romain, 
que  «  les  autres  nations  du  monde  romain  [orbis  romanus) 
tiennent  leurs  livres  et  leurs  offices  directement  des  églises 
romaines  elles-mêmes,  non  de  la  chapelle  papale,  comme  on  le 
voit  avec  évidence  par  les  œuvres  d'Amalaire,  de  Walafried, 
par  le  Micrologue  et  d'autres  écrivains  liturgiques.  Voyons  donc 
qui,  des  Frères  Mineurs  qui  observent  un  usage  particulier  avec 
une  règle  particulière,  ou  des  autres  nations  et  des  autres  reli- 
gieux, approchent  davantage  de  l'office  divin  réglé  selon  Vordo 
de  la  sainte  Eglise  romaine  »'. 

On  voit  qu'il  s'agissait  ici  d'une  discussion,  dans  laquelle  la 
vanité  entrait  pour  une  large  part.  C'était  à  qui  se  montrerait  et 
se  prouverait  meilleur  Romain  et  possédant  mieux  l'esprit  de 
l'Eglise.  Raoul  aborde  la  question  sous  une  forme  et  avec  une 
suite  vraiment  logiques,  puis  il  passe  aux  faits.  Ceux-ci  sont 
importants  pour  nous  faire  connaître  la  différence  qu'il  y  avait 
entre  les  deux  formes  de  l'office.  Ils  se  sont  passés  à  une  époque 
où  cet  ordo  franciscain- curial  était  en  pleine  vigueur,  et  où  il 
était  encore  possible  de  le  comparer  avec  la  pratique  existante 
des  églises  et  des  ordres  religieux,  qui  se  vantaient  également 
d'avoir  emprunté  Vordo  de  leur  office  à  la  sainte  Eglise  romaine, 
et  qui  se  glorifiaient  d'avoir  reçu  leur  Bréviaire  ou  leur  office  de 
la  très  vénérable  mère  de  toutes  les  églises  de  Rome  et  de  l'uni- 
vers, c'est-à-dire  de  la  basilique  du  Lalran  et  de  l'église  de  Saint- 
Pierre. 

Additions  et  altérations  franciscaines.  —  Avant  tout,  il  est 
important  de  prendre  une  connaissance  exacte  des  pièces  que 
l'on  considérait  comme  des  nouveautés  des  livres  franciscains 
par  opposition  aux  anciennes  pièces  romaines.  Cela  nous  mettra 
à  même,  d'abord,  de  mieux  connaître  et  d'apprécier  avec  compé- 

'  Aliœ  autem  nationes  orbis  romani  lihros  et  officia  sua  habeiit  e  directo 
ah  ipsis  ecclesiis  romanis  et  non  a  capella  papœ,  sicul  ex  libris  et  tracta- 
tibus  Amalarii,  Walfredi,  Micrologi,  Gemmse  et  ceterorum  de  officio 
divino  scribenlium  colligitur  evidenler.  His  prsemissis  videamus  an  dicli 
fratres  qui  singularem  usum  cum  régula  servant  sinyulari,  an  cetene 
naliones  et  religiosi  magis  appropinquent  in  divino  officio  ad  ordinem 
sanctie  romanie  Ecclesiœ  (  prop.  xxii.  loc.  cit.). 


CHAPITRE  VI  27 

tence  le  vrai  caractère  et  limportance  de  la  réforme  accomplie 
par  le  pape  saint  Pie  V;  cela  nous  aidera  aussi  à  enlever  tout 
point  d'appui  à  cette  idée  vague,  que  les  modifications  apportées 
par  les  Franciscains  auraient  profondément  altéré  la  structure  de 
l'office  ou  son  essence,  ou  même  seulement  d'une  façon  impor- 
tante le  texte  de  cet  office,  en  particulier  les  éléments  primitifs 
de  ce  texte.  En  troisième  lieu  enfin,  dans  le  manque  d'un  ordi- 
naire, tel  que  celui  que  vit  Raoul  de  Tongres  de  l'époque  d'In- 
nocent III,  cet  examen  pourra  jeter  quelque  lumière  sur  l'état 
et  le  caractère  de  VOfficium  capellare,  qui  s'était  formé  dans  le 
courant  du  xn^  siècle.  Connaissant  le  zèle  du  doyen  de  Tongres 
pour  le  maintien  de  la  pureté  de  lu  liturgie,  nous  pouvons  déjà 
supposer  qu'il  n'a  rien  passé  sous  silence  de  ce  qui  était  de 
quelque  importance  sur  ce  point.  Et  de  fait  la  minutie  ,  pour  ne 
pas  dire  la  trivialité,  de  quelques-unes  de  ses  critiques  en  sont 
une  preuve  suffisante. 

Examinons  ces  dernières  tout  d'abord.  On  les  trouve  dans  la 
prop.  xxn  de  l'ouvrage  :  De  canonum  observantia^ . 

1.  Dans  l'ancien  Antiphonaire  romain,  saint  Nicolas,  saint 
Sébastien  et  saint  Maurice  avaient  un  office  propre,  tandis  que, 
dans  les  nouveaux  livres,  ils  ont  simplement  VOfficium  de  com- 
muni  sanctoriim. 

Remarquons  que  ces  indications  de  Raoul  ne  sont  pas  tout  à  fait 
exactes,  et  ne  sont  pas  confirmées  par  les  plus  anciens  manuscrits. 
Saint  Sébastien  avait  déjà  depuis  fort  longtemps  un  office  propre. 
Saint  Maurice  ne  l'eut  que  plus  tard,  lorsque  les  fivres  gallo- ger- 
mains de  Metz  ou  d'Amalaire  pénétrèrent  à  Rome.  Saint  Nicolas  ne 
fut  plus  particulièrement  honoré  que  sous  Urbain  II.  Il  est  intéres- 
sant de  voir  que  l'Antiphonaire  de  Saint-Pierre  a  pour  saint  Nicolas  ■■^, 
dans  le  Corpus  le  Commune,  et  en  supplément  un  Proprium. 

2.  Les  Franciscains  ont  abandonné  les  grands  répons  de  Tierce, 
Sexte  et  Xone,  durant  le  carême. 

De  même  ces  Besponsoria  marjna,  si  l'on  n'entend  pas  sous  ce  mot 
les  Preces,  semblent  avoir  été  dune  origine  relativement  tardive^. 

3.  Au  lieu  des  dix-huit  et  vingt  et  un  psaumes  des  Matines  du 


*  Dans  Hittorp,  col.  1150  sq. 
2  Tommasi ,  t.  iv,  p.  27,  159. 
•*  Cf.  Amalaire,  De  eccl.  off.,  lib.  III,  c.  iv. 


28  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

dimanche,  que  Ton  devait  distribuer  (  ainsi  que  le  porte  VOrdo 
romanus)  entre  les  sept  jours  de  l'Octave  de  Pâques,  les  Fran- 
ciscains répétaient  chaque  jour  aux  Matines  de  la  semaine  de 
Pâques  les  trois  premiers  psaumes. 

Les  Vêpres  de  Pâques.  —  4.  Le  caractère  particulier  des  belles 
Vêpres  de  Pâques,  qui  commençaient  par  le  Kyrie  eleison  chanté 
solennellement  neuf  fois,  a  été  mis  de  côté  par  les  Francis- 
cains. 

Cette  antique  pratique,  vraiment  romaine,  pour  ne  pas  dire  gré- 
gorienne, des  Vêpres  de  Pâques,  avec  procession  aux  fonts  baptis- 
maux, répons  et  parfois  double  ou  triple  Magnificat,  etc.,  fut  extrê- 
mement populaire  pendant  tout  le  moyen  âge;  on  la  trouve  dans  les 
manuscrits  romains  et  non  romains,  et  aussi  dans  le  premier  Ordo 
romaine  Amalaire  a  là -dessus  un  chapitre  spécial,  où  il  célèbre  cet 
ofûce  :  De  glorioso  officio,  quod  fit  circa  vespertinales  terminas  in 
paschali  hehdomada  in  romana  Ecclesia^.  En  Allemagne,  ces  «  Vêpres 
romaines  »  se  sont  maintenues  jusqu'à  nos  jours  à  Cologne  et  à 
Trêves. 

5.  Les  Franciscains  ont  aussi  supprimé  les  nombreuses 
antiennes  du  Benedicite  des  Laudes  du  dimanche. 

Peut-être  faut-il  songer  ici  à  ce  qu'on  appelait  iriumphare  Anti- 
phonas,  répétition  de  l'antienne  après  chaque  verset  des  psaumes  et 
des  cantiques;  cela  avait  lieu  autrefois  presque  pour  tous  les  psaumes, 
plus  tard  encore  au  Benedictus  et  au  Magnificat  des  jours  de  fêtes; 
toutefois,  Raoul  veut  vraisemblablement  dire  que  les  Franciscains 
disaient  la  même  antienne  au  Benedicite  tous  les  dimanches  d'été  et 
d'automne ,  tandis  que  l'Antiphonaire  romain  en  avait  toute  une  série 
qui  se  succédaient  pour  les  différents  dimanches^. 

6.  Puis,  en  beaucoup  d'endroits,  ils  ont  supprimé  différents 


'  Mabillon,  Mus.  ilal.,  t.  ii,  p.  36  sq. 

*  De  ord.  Antiph.,  c.  lu.  L'Antiphonaire  et  le  Responsorial  de  Saint- 
Pierre,  au  xii«  siècle,  ont  encore  cette  pratique.  Cf.  Tommasi,  t.  iv, 
p.  95. 

^  On  en  trouve  six  dans  Tommasi  (t.  iv,  p.  142)  pour  les  dimanches  du 
milieu  d'octobre  à  l'Avent.  Cf.  aussi  l'Ordo  rom.  XI,  n"  75  (Mabillon. 
loc.  cit.,  p.  152).  Mais  on  voit  par  les  antiennes  citées  de  Saint -Pierre, 
Tommasi,  t.  iv  (p.  21  :  Hoc  die  antiphonamiis),  p.  27,  33,  36,  37,  47, 
que  les  cantiques  Benedictus  et  Magnificat,  parfois  aussi  des  psaumes, 
étaient  souvent  encore  chantés  avec  intercalation  d'antiennes  entre  les 
versets  et  avant  et  après  le  Gloria. 


CHAPITRE  VI  29 

répons  et  antiennes  :  in  diversis  aliis  locis  diversee  Antiphonx 
et  Responsoria. 

Passons  maintenant  aux  griefs  plus  fondés.  Les  réclamations 
les  plus  importantes  et  les  principales  raisons  qui  militent  contre 
les  nouveaux  livres  franciscains  sont  les  suivantes  : 

Les  leçons  franciscaines.  —  7.  La  basilique  du  Latran  et  les 
autres  églises  de  Rome  avaient  dans  leurs  lectionnaires' ,  ainsi 
que  Raoul  le  dit,  et  même  en  grand  nombre,  pour  les  leçons  des 
Matines,  les  sermons,  les  homélies  et  les  passions  des  saints 
complets,  sennones  et  homilias  intégras ,  passionesque  sancto- 
riim.  Les  Frères  Mineurs,  eux,  suivent  la  pratique  de  la  chapelle 
papale  et  ont  en  partie  écourté,  en  partie  modifié,  en  partie  sup- 
primé ces  leçons,  et  souvent  ils  ne  lisent  qu'un  court  passage  de 
la  chronique  de  Damase  ou  du  Liber  pontificalis  :  vel  omise- 
riint  vel  alferaverunt  et  eoruni  modo  abhreviato  ssepius  legiint 
de  Sanctis  chronicas  Damasi  vel  ex  Pontificali. 

8.  Le  Saint-Siège  a  établi  quelques  fêtes  de  neuf  leçons  pour 
toute  l'Eglise.  Mais  pour  ce  qui  est  des  fêles  locales  ou  des  saints 
locaux,  il  en  a  laissé  l'organisation  à  la  compétence  des  ordi- 
naires. Par  suite,  tous  les  Ordres  religieux  et  tous  les  pays  n'ont, 
outre  les  fêtes  de  saints  du  calendrier  universel,  que  quelques 
offices  de  leurs  saints  propres  de  neuf  leçons;  pour  le  reste,  les 
fêtes  de  saints  n'ont  que  trois  leçons.  Par  contre,  les  Francis- 
cains ont  toujours  aujourd'hui  neuf  leçons  pour  tous  leurs  saints 
et  pour  les  jours  dans  les  grandes  Octaves,  et  jamais  ils  n'ont 
de  fête  de  trois  leçons  [et  nullos  sub  tribus).  De  là  dans  leur 
Ordo  officii  une  grande  confusion  produite  par  les  translations 
(ex  qua  observantia  eventi  in  iisu  eorum  continua  perturbatio 
et  magna  confusio  propter  transpositiones,  quas  tant  de  Domi- 
nicis  quam  de  Oclavis  faciunt)  ;  de  telle  sorte  que,  de  dix  loca- 
lités ou  de  dix  personnes  qui  suivent  leur  rite,  il  y  en  a  à  peine 
deux  qui  soient  d'accord  pour  la  célébration  d'un  saint  de  neuf 
leçons  au  même  jour.  Puis  Raoul  raconte  comment  les  Francis- 
cains avaient  arbitrairement  élevé  au  rang  de  fêles  de  neuf  leçons 
un  grand  nombre  de  fêtes  de  saints,  qui  dans  l'ancien  calendrier 
et  office   romains  n'avaient  que   trois  leçons,  peut-être   même 


1  On  en  trouve  un  mentionné  et  décrit  par  Azevedo  dans  la  préface  de 
son  édition  du  Vêtus  missule  romaniim  Laleranense ,  Roma?.  1752. 


30  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

quune  simple  commémoraison ,  et  comment  ils  avaient  enrichi 
leur  calendrier  par  Taddition  de  nombreux  saints  de  tous  pays, 
particulièrement  de  l'Italie  et  de  l'Orient,  leur  donnant  le  même 
rite  d'un  office  de  neuf  leçons.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  suivre 
ici  le  doyen  dans  les  détails  qu'il  nous  fournit. 

9.  Nous  remarquerons  seulement  encore  que  cette  organisa- 
tion supprimait  presque  entièrement  la  lecture  des  saints  livres 
à  l'office,  puisque  les  légendes  des  saints  étaient  divisées  en  neuf 
(ou  trois)  leçons  et  qu'elles  étaient  réparties  même  à  la  fin  sur 
les  Capitula,'  et  même  les  additions  à  l'office  férial,  telles  que 
psaumes  pénitentiaux,  Preces,  Office  des  Morts  n'étaient  que 
rarement  récitées  {et  septem  psalmos  et  cetera  ferialia  raro 
servant  et  sacram  Scripturam  omnimode  in  Officio  negliçjunt  et 
defunctis  similiter  in  Officio  eoruni  continuum  prœiiidiciuni 
faciunt). 

Conclusions.  —  Ce  qui  au  commencement  du  xii«  siècle,  avant 
son  adoption  par  les  Franciscains,  distingue  l'office  de  la  curie, 
l'office  de  la  chapelle  papale^  de  l'ancien,  c'est  surtout,  sinon 
exclusivement,  la  substitution  de  courtes  prières,  comme  morceaux 
de  lecture,  aux  longues  leçons  de  plusieurs  pages  et  de  plusieurs 
feuillets  qui  se  trouvaient  dans  les  anciens  lectionnaires;  ces 
leçons  de  l'office  de  la  curie  semblent  n'avoir  pas  été  fort  dissem- 
blables des  passages  de  l'Ecriture,  des  légendes,  des  homélies 
qui  sont  actuellement  au  Bréviaire  romain.  Il  est  vraisemblable 
que  déjà  aussi  on  avait  supprimé  quelques  antiennes  (et  répons), 
et  surtout  que  la  simplification  ci- dessus  mentionnée  dans  le 
numéro  5  avait  déjà  reçu  un  commencement  d'exécution  dans 
la  chapelle  papale.  Mais,  d'après  le  récit  de  Raoul,  la  somme  de 
ces  changements  était  très  restreinte;  ce  n'était  vraiment  que 
des  modifications  insignifiantes.  Raoul  rapporte  seulement 
encore  qu'Innocent  III  avait  dispensé  les  clercs  de  la  cha- 
pelle de  la  récitation  des  Preces  maiores ,  principalement  à 
Prime  des  jours  ordinaires;  ils  n'y  étaient  tenus  que  pendant  le 
carême  ■■'. 


'  Cf.  capellam  seqiiendo  (Radulphus,  loc.  cit.,  p.  1150  b). 

2  lidem  psalmi  (se.  pœnitentiales)  ahsolute  incipiuntur...  Deinde  pro- 
strando  Kyrie  eleison,  preces  maiores  cum  psalmo  Inclina  Domine...  hoc 
aulem  officium  dici  débet  post  primam...  ut  vidi  notatum  in  quodam 
Ordinario   romano.  Sed  Innocentius  III   mandavit  suis   capellaribus ,    ut 


CHAPITRE  VI  31 

Mais  les  Franciscains  étendirent  ce  plan  de  simplitication  et 
abrégèrent  encore  plus  les  leçons,  de  telle  sorte  que  celles-ci, 
comme  on  peut  encore  s'en  convaincre  par  quelques  manuscrits 
du  xni*  et  du  xiv^  siècle,  se  composaient  parfois  uniquement 
d'un  extrait  de  deux,  trois  ou  quatre  lignes  du  Liber  pon- 
(ificalis  ou  du  Martyrologe.  Toutefois  on  doit  ici  faire  une  res- 
triction et  remarquer  à  la  décharge  des  Frères  Mineurs  que  régu- 
lièrement, sinon  toujours,  ces  Bréviaires  aux  leçons  ainsi  écour- 
tées  étaient  réservés  pour  les  voyages  (Officiiim  in  itinere)  ou 
pour  la  récitation  privée;  dans  ces  cas,  en  effet,  il  n'était  pas 
possible  d'avoir  de  grands  livres.  Dans  le  couvent  ou  au  chœur, 
on  aA'ait  encore  de  longues  leçons,  du  moins  dans  les  premiers 
temps.  C'est  ce  que  Ion  peut  constater  par  les  manuscrits  des 
livres  franciscains  du  xni^  et  du  commencement  du  xiv^  siècle*. 

Ce  que  nous  avons  noté  sous  le  numéro  8  relativement  aux 
fêtes  de  neuf  leçons  eut  d'importantes  conséquences.  En  appa- 
rence il  s'agissait  d'un  changement  fort  insignifiant,  d'une  modifi- 
cation qui  concernait  plutôt  le  calendrier  ;  en  réalité  ce  fut  un  chan- 
gement d'une  haute  portée.  Jusque-là  les  fêtes  des  saints  avaient 
été  pour  la  majorité  de  rite  simple.  Les  Franciscains  les  firent 
toutes  de  rite  double  et  célébrèrent  les  simples  à  la  façon  des 
doubles,  avec  neuf  leçons;  de  plus,  ils  ajoutèrent  une  foule  de 
nouveaux  saints,  en  leur  donnant  le  rang  de  fêtes  doubles.  Puis  ils 
augmentèrent  considérablement  le  nombre  des  Octaves  et  éle- 
vèrent chaque  jour  de  l'Octave  au  rang  d'office  double.  De  la  sorte 
ils  donnèrent  à  l'office  des  jours  dans  l'Octave,  et  au  jour  de 
l'Octave  lui-même,  un  rang  et  une  importance  qui  jusque-là 
avaient  été  complètement  étrangers  au  rite  romain.  Pour  ce  qui 
est  de  l'office  des  Heures  canoniales,  en  effet  (abstraction  faite 
ici  de  la  Messe),  le  mot  Octave  signifiait  simplement  dans  le  rite 
romain,  du  moins  jusqu'au  xii^  siècle,  qu'on  faisait  à  l'office  du 
huitième  jour  une  simple  commémoraison  de  la  fête ,  tandis  que 
dans  les  jours  de  l'Octave  (dies  infra  Octavam)  il  n'y  avait  à 


solum   in  Quadraffesima   diceretur,   et    hoc  sequuntiir  Fratres   minores 
(Radulphus,  loc.  cit.,  prop.  21,  p.  1148  a). 

1  Cf.  par  exemple  cod.  G.  **^/,22  de  la  bibliothèque  du  chapitre  de  Monza, 
Breviarium  ordinis  minorum  Fratrum  secundum  consuetudinem  SS.  ro- 
manse  Ecclesiœ  [codex  ssec.  xni exeunlis  vel  srf  ineuntis ,  in  fol.  Pergam.), 
en  deux  colonnes,  avec  de  très  longues  leçons.  Un  semblable,  qui  se 
trouve  à  Naples ,  doit  être  plus  vieux  encore. 


32  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Toffice  aucune  mention  de  la  fête  ou  de  rOctave^  C'est  ce  qui  a 
lieu  encore  aujourd'hui  pour  sainte  Agnès,  dont  la  fête  se  célèbre 
le  21  janvier,  et  dont,  le  28,  on  fait  mention  seulement  à  Vêpres, 
à  Laudes  et  par  la  neuvième  leçon  (xii)  des  Matines  (ce  jour- là 
est  marqué  dans  les  anciens  livres  romains  :  Octava  S.  Agnelis), 
tandis  que  du  22  au  28  il  n'est  fait  nulle  mention  de  la  sainte. 
C'est  là  une  Octave  de  Sanciis,  dans  Tantique  sens  romain  du 
mot. 

Le  résultat  de  toutes  ces  élévations  de  fêtes  et  de  ces  additions 
d'Octaves  avec  rang  de  double,  ou  de  cet  accroissement  d'offices 
de  neuf  leçons,  fut  qu'on  ne  récita  plus  l'office  férial  que  très 
rarement;  de  plus,  la  récitation  du  psautier  entier  dans  une 
semaine  devenait  impossible.  Les  jours  de  férié  et  aux  fêtes  de 
trois  leçons,  on  récitait  pour  Matines  le  Nocturne  correspondant 
[ciirrenle  Psallerio) ;  de  même  aux  Vêpres,  les  psaumes  de  la 
férié.  Aux  offices  de  neuf  leçons  on  disait  les  psaumes  du  Com- 
mun des  saints,  qui  de  la  sorte  pouvaient  être  les  mêmes  cinq 
ou  six  fois  dans  la  semaine^.  Aussi  Raoul  se  plaint- il  que  les 
Franciscains  ne  récitaient  plus  que  rarement  les  psaumes  des 
Nocturnes  des  jours  <;le  la  semaine^.  De  même  la  lecture  des 
saintes  Ecritures  était  réduite  au  minimum,  puisqu'on  prenait 
dans  les  légendes  ou  dans  les  sermons  pour  la  fête  correspon- 
dante les  leçons  du  premier  Nocturne  des  fêtes  et  des  jours  de 
l'Octave  des  saints ,  leçons  qui  autrefois  étaient  empruntées  à 
l'Écriture  occurrente. 

On  voit  par  là  que  le  Bréviaire  lui-même,  à  l'exception  des 
leçons ,  de  quelques  rares  antiennes  et  d'autres  petites  pièces 
analogues,  comprenait  toutes  les  matières  qui  jusque-là  avaient 
été  partagées  entre  différents  livres,  Antiphonaire,  Psautier, 
Collectaire,  etc.  Le  changement  n'atteignait  pas  le  contenu  du 


'  luxla  romanam  aticlorilatein  nullorum  Sanctorum  Octavas  ohservare 
debemus,  nisi  unde  certam  aliquam  traditionem  a  sanctis  Palribus  hahe- 
mus.  Eorum  qiioque,  quorum  Octavas  celehramus ,  nullain  colidianam 
mentionem  per  inleriacentes  dies  aginius,  quia  nullam  auctorilalem  inde 
hahemus  {Microl.,  c.  xliv  :  De  octavis  Sanclorum,  Ilittorp.  col.  758  c). 

2  In  feslo  cuiuslibet  sancti  trium  Responsoriorum  Noclurnuni  non  di~ 
mitlimus;  Sanclo  lamen  Invilatoriuni,  Responsorium  ad  malutinales  Lau- 
des, el  aliud  usque  ad  finein  Missœ  concedimus.  Reliqua  (ainsi  notamment 
les  Vêpres 'l  de  ferialibus    Microl.,  loc.  cit.). 

3  Unde  raro  propler  hoc  Nocturnum  dicunt  (prop.  22,  col.  1150  c). 


CHAPITRE  VI  33 

livre ,  mais  la  façon  et  l'ordre  selon  lesquels  on  récitait  ou  on 
chantait  pratiquement  l'office.  Dans  le  rite  romain,  avant  son 
adoption  par  les  Franciscains,  on  récitait  régulièrement  tout  le 
contenu  des  livres  de  l'office  dans  le  courant  de  l'année  ;  on 
disait  très  souvent  tous  les  psaumes,  on  lisait  tous  les  livres  de 
la  sainte  Ecriture  dans  leurs  parties  principales  et  leurs  com- 
mentaires. Entre  les  mains  des  Franciscains,  l'office  qui  doit 
être  récité  est  pour  la  plus  grande  partie  limité  au  Commun  des 
saints ,  avec  quelques  leçons  empruntées  aux  légendes  ;  une 
grande  partie  du  texte  des  livres  de  l'office  n'est  jamais  récité. 
Pour  ne  pas  donner  une  idée  fausse  du  changement  produit 
par  l'introduction  des  nouveaux  livres  franciscains,  dont  se  plaint 
Raoul  de  Tongres  * ,  nous  devons  retenir  que,  à  part  les  leçons 
des  Matines,  la  divergence  entre  le  nouveau  et  l'ancien  Bré- 
viaire ne  consiste  pas  tant  dans  le  texte  du  livre  que  dans  son 
mécanisme  et  la  façon  différente  de  l'employer  ou,  si  nous  pou- 
vons ainsi  parler,  dans  la  non -utilisation  pratique  d'une  partie 
importante  du  Bréviaire. 

IV.  Amplifications  et  additions. 

Tandis  que  les  faits  que  nous  avons  décrits  dans  le  paragraphe 
précédent,  pages  30  et  31,  avaient  pour  résultat  de  réduire 
et  de  simplifier  l'office  romain,  un  autre  courant  parallèle  à 
celui-là  se  produisait,  qui  aboutissait  à  un  résultat  contraire.  Les 
changements  que  cette  tendance  créa  dans  le  Bréviaire  furent 
des  augmentations  dnpensum  quotidien,  par  l'adjonction  de  nou- 
veaux éléments  à  l'ancien  cursus  romain.  Cet  accroissement  con- 
sista en  partie  en  des  offices  subsidiaires,  tels  que  VOfficium  de 
heata  Maria  Virgine  ou  VOfficium  defunctorum,  en  partie  en 
des  prières  particulières,  telles  que  les  psaumes  de  la  Pénitence, 
les  psaumes  graduels;  enfin  en  des  hymnes  métriques,  et  de 
petites  prières  finales  en  l'honneur  des  saints  ou  du  roi  des 
saints,  telles  que  la  Commemoratio  crucis  et  les  Suffragia  san- 
ctorum. 


1  Unde  hodie  in  Roma  omnes  libri  sunt  novi  et  Franciscani  {loc.  cit., 
prop.  XXII,  col.  1151  d),  c'est-à-dire  depuis  la  mesure  prise  par  Nico- 
las III. 

Brév.,  t.  II.  3 


34  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Les  hymnes.  —  C'est  saint  Ambroise,  semble-t-il,  qui  le  pre- 
mier employa  les  hymnes  dans  Toffice,  à  Milan.  D'après  certains 
passages  des  écrits  des  Pères  du  v^  siècle,  quelques-unes  au 
moins  étaient  alors  en  usage  dans  l'office  liturgique,  dans  l'Italie 
du  Nord*.  Saint  Benoît  prescrit  dans  sa  règle,  chap.  ix  et  sui- 
vants, pour  chaque  office  canonial,  une  hymne  qu'il  appelle 
Ambrosianum.  Tandis  que  les  moines  et  les  religieuses,  d'après 
les  règles  de  saint  Benoît,  de  saint  Césaire  et  d'Aurélien,  chan- 
taient déjà  les  hymnes  dans  l'office,  le  concile  de  Braga,  dans  la 
péninsule  ibérique,  tenu  en  563,  les  proscrivait,  en  invoquant 
les  décisions  du  concile  de  Laodicée  (vers  361)".  Mais  bientôt 
après,  le  deuxième  concile  de  Tours  de  567  portait  une  prescrip- 
tion opposée  et  se  déclarait  en  faveur  des  hymnes  authentiques^. 
La  répugnance  à  admettre  les  hymnes  métriques  dans  l'office 
paraît  s'être  maintenue  en  Espagne.  C'est  pourquoi  les  Pères  du 
quatrième  et  célèbre  concile  de  Tolède  de  637  interviennent  plus 
énergiquement''.  Il  existe,  dit  le  concile,  des  hymnes  en  l'hon- 
neur de  Dieu  et  à  la  louange  des  Apôtres  et  des  Martyrs,  notam- 
ment celles  qu'ont  composées  saint  Hilaire  et  saint  Ambroise.  Si 
on  devait  les  rejeter,  ainsi  que  quelques-uns  le  font  sous  le  pré- 
texte qu'on  ne  doit  employer  dans  l'église  ou  la  liturgie  rien  autre 
chose  que  la   sainte  Ecriture,  on  devrait  également   rejeter  le 


1  S.  Ceelestini  pap.  I,  Sermo  in  conc.  Rom.  (P.  L.,  t.  l,  col.  i57);  Fausli 
Rheg.,  Ep.  ad  Grat.  {P.  L.,  t.  lviii,  col.  854);  Genuad.,  De  script.  eccL, 
c.  xciv. 

2  Placuit,  ul  extra  psalmos  vel  canonicarum  scripturarum  novi  et  vete- 
ris  Testamenti  nihil  poelice  composilum  in  ecclesia  psallatur,  sicut  et 
antiquis  canonibus  statutum  est  (can.  12,  dans  Hardouin,  Coll.  Conc, 
t.  ni,  p.  351;  Ilefele,  Concilieng eschichte ,  t.  m,  2"  édit.,  p.  19). 

3  Licet  hymnos  Anihrosianos  habeamus  in  canone,  tamen  quoniam  reli- 
quorum  sunt  aliqui,  qui  digni  sunt  forma  cantari,  volumus  libenter 
amplecti  eos  prœterea,  quorum  auctorum  nomina  fuerint  in  limine  prœ- 
notata  (can.  23,  dans  Hardouin,  loc.  cit.,  p.  365;  Hefelc,  op.  cit.,  p.  22). 

*  Hardouin,  loc.  cit.,  t.  m,  p.  583,  can.  13  :  Et  quia  nonnulli  hymni 
humano  studio  in  laudem  Dei  atque  Apostolorum  et  Martyrum  triumphos 
compositi  esse  noscuntur,  sicut  hi,  quos  beatissinii  doctores  Hilarius  atque 
Ambrosius  ediderunt  :  quos  tamen  quidam  specialiter  reprobant ,  pro  eo 
quod  de  Scripturis  sanctorum  canonum  vel  apostolica  Tradilione  non  exsi- 
stunt.  Respuant  ergo  et  illum  hymnum  ab  hominibus  composilum,  quem 
qaotidie  publico  privatoque  ofjîcio  in  fine  psalmorum  dicimus,  etc.  Sicut 
igitur  orationes ,  ita  et  hymnos  in  laudem  Dei  compositos  nullus  vestrum 
uUerius  improbet,  sed  pari  modo  Gallia  Hispaniaque  celebret;  excom- 
municatione  plectendi ,  qui  hymnos  reiicere  fuerint  ausi. 


CHAPITRE  VI  35 

Gloria  Patri,  le  Gloria  in  excelsis  et  un  grand  nombre  de  leçons. 
A  Rome  également,  les  hymnes  métriques  ou  Anihrosiani  ne  trou- 
vaient pas  toujours  encore  la  place  qui  leur  convient  dans  Toffice 
du  clerg-é  séculier.  Et  lors  de  l'introduction  de  l'office  romain 
dans  l'empire  carolingien,  elles  disparurent  aussi  pendant  un 
certain  temps  des  cathédrales  allemandes  et  franques.  En  effet, 
l'office  que  nous  décrivent  les  ouvrages  d'Amalaire  de  Metz  ou 
de  Trêves  et  les  auteui's  lyonnais  du  commencement  du  i.\«  siècle 
ne  les  connaît  pas. 

Mais  cela  fut  de  courte  durée,  et  on  y  revint.  Dans  le  supplé- 
ment du  quatrième  livre  d'Amalaire  :  De  officiis  ecclesiasticis, 
écrit  vers  le  milieu  du  ix*  siècle,  et  que  Mabillon  a  publié,  on  lit, 
en  effet,  que  le  clergé  séculier  imitait  les  moines  en  adoptant  les 
hymni  Amhrosiani ,  comme  les  moines  de  leur  côté  avaient 
adopté  quelques  parties  de  l'office  du  clergé  séculier'.  Le  prse- 
ceplor  Germanise,  Raban  Maur  (-j-  856),  pouvait  déjà  écrire  que 
la  pieuse  coutume  de  chanter  des  hymnes  à  l'office  était  géné- 
rale en  Occident'.  Ainsi  donc  les  hymnes  étaient  de  nouveau 
légitimées. 

Toutefois,  elles  demeurèrent  encore  longtemps  proscrites  de 
l'office  solennel  des  basiliques  romaines,  bien  que  les  moines  de 
ces  basiliques,  lorsqu'ils  chantaient  leur  office  chez  eux,  ne  sup- 
primassent point  les  hymnes  prescrites  par  la  règle  bénédictine. 
C'est  du  moins  ce  que  l'on  peut  conclure  par  analogie  avec  ce 
qui  se  passait  antérieurement,  comme  nous  le  voyons  par  une 
rubrique  du  Responsorial  de  Saint -Piei're  (xn*  siècle)  édité  par 
Tommasi^.  Le  Microloc;-ue  de  Bernold  de  Constance  et  les  Ordi- 


*  Sicut  mos  est  monachis  nohisciim...  sic  nos  solemus  eos  imilari  in 
Amhrosianis  hyninis  {Supplem.  ad  Amalar.,  lib.  IV,  n.  xlviii  ,  dans  Ma- 
billon, Vetera  Analecta,  éd.  Paris,  1723,  p.  99;  cf.  \\'alafi'id  Strabo,  De 
reh.  eccles.,  c.  xxv  ou  xxiv). 

2  Hymni  ex  eius  se.  S.  Amhrosii  episcopi]  nomine  Amhrosiani  vocan- 
tur,  quia  eius  tempore  primum  in  Ecclesia  Mediolanensi  celehrari  cœpe- 
runt;  cuius  celebritatis  devolio  dehinc  per  tolius  Occidentis  ecclesias 
observatur  (Rhab.  Maur.,  De  inst.  cLeric,  ii,  49;  P.  L.,  t.  cvii,  col.  362). 

"  In  choro  hune  hymnum  (se.  nunc  sancte)  non  dicimus,  sed  in  aliis 
oratoriis  decantamus  iTommasi,  éd.  Vezzosi,  t.  iv,  p.  168;.  Tommasi  dit 
{loc.  cit.),  en  s'en  l'apportant  à  Ulrich  {Consuel.  Cluniac,  t.  ii,  p.  52),  qui 
parle  des  hymnaires  de  l'Efflise  romaine  au  xi«  siècle,  et  à  une  inscription 
de  902  {loc.  cit.,  p.  358),  qui  parle  d'hymnaires  d'une  éjjlise  de  Rome, 
qu'on  doit  admettre  que  dans  quelques  églises  de  la  ville  éternelle,  notam- 
ment dans  les  monastères,  pourrions -nous  ajouter,  les  hymnes  étaient 


36  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

nés  romani  de  Benoît  et  de  Cencius  ne  parlent  pas  d'hymnes. 

Mais  au  xn«  siècle,  comme  le  prouvent  le  Responsorial  et  TAn- 
tiphonaire  de  Saint-Pierre,  il  y  en  avait  au  moins  quelques-unes, 
telles  que  le  Nunc  Sancte  nobis  Spiritus  à  Tierce,  le  Te  lucis 
anle  lerminuni  à  Compiles,  le  Veni  Creator  pour  les  Vêpres  de 
la  Pentecôte*.  Dans  l'église  de  Lyon,  qui  se  vantait  d'avoir  con- 
servé plus  pur  que  toute  autre  le  rite  romain  adopté  à  la  fin  du 
viiic  siècle^,  pendant  longtemps  encore  on  n'admit  pas  ces  hymnes 
et  même,  alors  qu'à  Rome,  comme  le  montrent  les  Breviaria 
Curise  du  xiv^  siècle  et  le  témoignage  de  Raoul  de  Tongres 
(prop.  13),  on  avait  adopté  déjà  d'une  façon  générale  l'usage  de 
les  chanter  à  l'office^,  à  Lyon,  comme  on  le  voit  par  le  commen- 
taire de  VOrdo  romanus  qu'a  donné  Mabillon,  on  s'en  tint  jus- 
qu'aux derniers  siècles  au  chant  d'une  hymne  à  Compiles.  Pour 
les  autres  Heures  de  Matines  à  Vêpres,  il  n'y  avait  pas  d'hymnes "*. 

Les  Bréviaires  selon  Yordo  de  la  curie  romaine  du  xni®  et  du 
XIV*  siècle  ont  tous,  pour  chaque  Heure,  une  hymne,  et  dans 
\e  Psalterium per  hebdomadam  et  VOfficiuin  de  tenipore,  à  très 
peu  d'exceptions  près,  ce  sont  les  mêmes  que  celles  d'aujour- 
d'hui, dans  l'état  où  elles  se  trouvaient,  avant  la  correction  d'Ur- 
bain VHI,  au  Bréviaire  de  saint  Pie  V.  Il  y  en  a  quelques-unes 
pour  les  fêtes  de  saints,  qui  manquent  actuellement  au  Bré- 
viaire romain,  et  qui  d'ailleurs  sont  de  médiocre  valeur.  Les 
antiques  et  superbes  hymnes  ambrosiennes,  telles  que  le  Veni 
Redemptor  gentium  (ou  Intende  qui  régis  Israël)  avant  Noël; 


chantées  à  l'office,  tandis  que  le  clergé  séculier  des   grandes   basiliques 
s'en  tenait  à  l'ancienne  ordonnance,  qui  ne  les  admettait  pas. 
1  Tommasi,  loc.  cit.,  p.  54,  114,  168. 

*  Reverenda  concilia  Patrum  decernunt  nequaquam  plebeios  psalmos  in 
Ecclesia  cantandos  et  nihil  poetice  compositum  in  divinis  laudibus  usur- 
pandum  (Agobard,  Ad  Cler.;  P.  L.,  t.  civ,  col.  327). 

3  Déjà  dans  l'Ordo  romanus  XIII,  qui  fut  écrit  peu  après  l'élection  et 
le  couronnement  de  Grégoire  X  (1271  ),  il  est  fait  mention  du  Breviarlum 
scil.  Curiœ  et  de  sa  disposition;  ses  hymnes  sont  désignées  comme  l'office 
convenant  aux  fonctions  papales  (Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  ii,  p.  233  sq.;. 
Plusieurs  fois  on  mentionne  expressément  les  hymnes,  loc.  cit.,  p.  239  sq. 

*  Mabillon,  loc.  cit.,  1.  II,  c.  cxxvni.  Pour  plus  de  détails  sur  l'auteur,  le 
rythme  et  la  valeur  des  hymnes  qui  se  trouvent  actuellement  au  Bréviaire, 
qu'on  nous  permette  de  renvoyer  à  notre  article  Hymne,  du  Kirchenlexi- 
con  de  Wetzer  et  Welte,  t.  vi,  2"  édit.,  p.  523  sq.  Cf.  les  ouvrages  cités 
au  début  de  Meyer,  Chevalier  et  Batiffol,  p.  166-180.  [Cf.  aussi  U.  Che- 
valier, Topo  -  bihliograpfiie  au  mot  Hymnus.  Tr.] 


CHAPITRE  VI  37 

Deus  Creator  omnium,  Poliqiie  Rector  vestiens  des  Vêpres; 
Illuminans  Altissimus  des  Matines  de  rÉpiphanie ;  Clarum 
decus  ieiunii  et  l'hymne  des  Compiles  Christe,  qui  lux  es  et  dies, 
et  plusieurs  autres  en  usage  en  Allemagne ,  en  France  et  en  Ita- 
lie du  ix^  ou  X®  jusqu'au  xvi^  siècle,  semblent  n'avoir  jamais  été 
employées  dans  VOfficium  capellare  ou  Curiœ  romanœ,  comme 
le  prouvent  les  Bréviaires  franciscains  des  xiii^,  xiv^  et  xv^  siècles. 
Il  semble,  du  reste,  d'après  une  remarque  de  Raoul,  que  beau- 
coup d'arbitraire  régnait  relativement  aux  hymnes'.  D'après 
VOrdo  romanus  XIII,  vers  le  milieu  du  xm^  siècle  l'usage  était  de 
chanter  des  hymnes  aux  Heures  canoniales;  déjà  à  Rome  la  règle 
était  si  bien  établie  que  saint  Thomas  d'Aquin,  lorsqu'il  composa 
VOfficium  Corporis  Christi  sur  Tordre  du  pape  Urbain  IV 
("j-  1264),  dut  aussi  en  composer  pour  les  principaux  offices,  c'est- 
à-dire  pour  les  Vêpres ,  Matines  et  Laudes ,  où ,  d'après  l'usage 
romain,  elles  varient  suivant  les  jours  de  la  semaine,  les  époques 
de  l'année  ou  les  fêtes  de  saints,  tandis  que  celles  des  petites 
Heures  (à  l'exception  de  Tierce  de  la  Pentecôte)  restent  cons- 
tamment les  mêmes. 

Offices  de  surérogation.  —  Quant  aux  autres  additions ,  elles 
sont,  presque  sans  exception,  d'origine  non  romaine;  ainsi  l'usage 
de  réciter  à  Prime  du  dimanche  le  Symbole  de  saint  Athanase 
Quicumque ,  les  suffrages  ou  Commemorationes  communes  des 
Vêpres  et  des  Laudes.  VOfficium  beatœ  Mariœ  Virginis  du 
samedi  et  VOfficium  parvum  B.  M.  V.,  qui  se  récitait  quoti- 
diennement, l'office  des  morts  ^,  qui  était  prescrit  à  certains  jours, 
les  psaumes  de  la  Pénitence,  les  litanies  et  les  psaumes  graduels 
durant  le  carême,  étaient  imposés  comme  prières  de  dévotion 
commune  aux  moines  dans  les  monastères  (clunisiens,  chartreux, 


i  De  hymnis  autem  metricis  valde  ciiranJiirn  est,  ne  canlentur  aliqui 
nisi  approhati  et  editi...  Reprohi  autem  ut  plurimum  nosci  possunl,  vel 
quia  non  sunt  générales,  vel  quia  melrum  habens  corruptum  (prop.  xiii, 
Hittorp.  col.  1126  a). 

*  Cf.  Batiffol,  Hist.  du  Brév.,  p.  181-192.  Mais  nous  chercherions  en 
vain  des  preuves  de  laffirmation  de  M.  BatifTol  :  que,  pour  trouver  VOffi- 
cium defunctorum  constitué .  il  faut  descendre  au  temps  cr.\malaire 
(p.  188)  ou  à  Rome  au  commencement  du  viii^  siècle  au  plus  lard  (p.  190). 
De  même  ce  qu'il  dit  de  Raoul  de  Tonj^res  (p.  200,  note  1),  qu'il  attribue 
au  pape  Innocent  III  rintroduction  dans  l'office  romain  de  l'office  quoti- 
dien de  la  Vierge  et  des  défunts  (in  prop.  xx  et  xxO,  ne  concorde  pas  avec 
l'édition  de  Raoul  que  j'ai  consultée. 


38  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

cisterciens).  C'est  ce  que  Ton  constate  dans  les  Ordinaires  donnés 
par  Martène  [De  antiquis  Ecclesiœ  monachorum  ritibus).  A  par- 
tir des  xii^  et  xni"  siècles  ces  prières  pénétrèrent  à  Rome,  ainsi 
que  le  montrent  les  Ordines  romani  postérieurs  et  la  Constitu- 
tion de  Grégoire  XI,  qui  se  trouve  dans  Mabillon  [Muséum  ita- 
licum,  t.  II).  On  peut  le  conclure  de  Raoul  de  Tongres,  toutes 
ces  pièces  étaient  presque  partout  en  usage ,  sinon  toutes  d'un 
usage  obligatoire  ^  Les  antiennes  finales  à  la  sainte  Vierge  s'ajou- 
tèrent à  Compiles,  d'abord  seulement  sous  la  forme  du  Salve 
Regina,  comme  nous  le  verrons  par  une  ordonnance  de  Gré- 
goire IX. 

La  piété  privée  de  prêtres  et  de  religieux  dévots  ne  se  con- 
tenta pas  de  tout  cela ,  elle  ajouta  au  pensum  de  l'office  d'autres 
offices,  tels  que  celui  de  tous  les  saints,  celui  de  la  sainte  Croix 
et  celui  du  Saint-Esprit^.  C'est  ce  qui  explique  qu'aujourd'hui 
encore,  on  trouve  nombre  de  livres  du  xiv^  et  du  xv^  siècle  qui 
contiennent  ces  offices  avec  ceux  de  la  sainte  Vierge  et  des  Morts 
fréquemment  réunis  au  psautier,  formant  ainsi  une  espèce  de 
bréviaire  laïque,  analogue  à  celui  qui  fut  composé  par  Alcuin 
(f  804)  pour  Charlemagne  et  auquel  fut  donné  pour  la  première 
fois  le  nom  de  Bréviaire^.  Cette  appellation,  à  partir  de  la  fin  du 
xi'^  siècle,  s'introduit  pour  désigner  le  livre  d'office  liturgique,  et 
à  partir  du  xn^  et  du  xiii^  siècle  elle  est  seule  employée. 

Comme  l'ordonnance  des  livres  d'office  du  xu*^  siècle  et  celle 
des  Breviaria  Curiœ  du  xiv^  et  du  xv'^  siècle  difîcrenl  en  plu- 


'  Officia  mortuorum  et  Virginis  gloriosœ  ohligatoria  siint  et  ab  omni- 
bus sercanda  (p.  20).  Dans  l'Ordo  roni.  XIII  (Mabillon,  Mus.  ilal.,  t.  ii, 
p.  232,  233,  2i0),  VOfficium  B.  M.  V.  était  aussi  oblifratoire  à  Rome  au 
temps  de  Grégoire  X.  Lnulabili  multorum  usu  servantur  etiam  cerlis 
temporihus  alia  particularia  officia  ut  psalmorum  pœnitentialium  et  gra- 
dualium,  et  ia  quadragesima  tolius  psalterii  et  si  qua  sunt  plura  (prop.  xxi, 
llittorp,  col.  1145  et  lliTj. 

2  C'est  ce  que  nous  avons  vu  plus  haut  par  saint  Ulrich,  relativement 
à  l'office  de  tous  les  saints  et  ù  l'office  des  morts.  Le  moine  Aelsinus,  de 
Newminslcr,  près  A\'inchester,  composa,  dans  les  années  1012-1020,  un 
Officium  S.  Crucis  i^our  son  doyen,  plus  tard  abbé  Aclfwin  (Springcr, 
Die  Psallerilluslrationen  des  friihen  Mitlelalters ,  dans  t.  vm  des  Ahhand- 
lungen  der  philos -historischen  Klasse  der  Uiinigl.  Gesellschafl  der  Wis- 
senschaften,  Leipzig,  18S0).  Saint  Edmond  de  Cantorbéry  récitait  quoti- 
diennement, a\'ec  l'office  du  jour,  celui  de  la  très  sainte  Vierge,  celui  du 
Saint-Esprit  et  VOfficium  defunclorum. 

3  II  se  trouve  dans  P.  L.,  t.  ci,  col.  1383-1116.  Cf.  à  ce  sujet  et  sur  ce 
qui  concerne  le  mot  et  la  chose  BatifTol,  p.  194-198. 


CHAPITRE  VI  39 

sieurs  points,  et  comme,  par  suite,  des  personnes  peu  exercées 
à  l'examen  des  manuscrits  liturgiques  pourraient  y  rencontrer 
certaines  difficultés,  je  me  suis  permis  de  donner  quelques  indi- 
cations qui  pourraient  leur  être  agréables  et  de  quelque  utilité. 

Il  est  évident  que  toutes  les  additions  que  nous  avons  men- 
tionnées plus  loin  sous  la  lettre  y  ne  sont,  à  l'exception  du  sym- 
bole Quicumque  vult  salvus  esse  et  d'une  partie  des  hymnes,  que 
des  branches  rattachées  artificiellement  et  peu  solidement  au 
tronc  ancien  de  l'office.  Elles  ne  forment  pas  une  partie  inté- 
grante, encore  moins  un  membre  essentiel  du  corps  du  Bréviaire, 
et,  par  suite,  ne  lui  sont  pas  incorporées;  parce  que  chacune  de 
ces  pièces  est  plutôt  un  ens  separatum ,  elles  sont  aussi  comme 
telles  rejetées  à  la  fin  du  livre,  et  lui  sont  ajoutées  comme 
Appendix,  à  peu  près  comme  les  notes  documentaires  d'un  livre 
de  sciences.  Elles  pourraient  donc  en  être  séparées,  sans  qu'il  se 
produise  une  dislocation  des  membres  du  vieux  corps  du  Bré- 
viaire. 

Nous  avons  ainsi,  jusqu'au  xiv^  siècle,  l'aperçu  historique  du 
développement  de  l'office  canonial  et  des  degrés  par  lesquels 
VUsus  romanœ  Curise  a  pris  la  place,  comme  règle  du  Bréviaire, 
de  l'ancien  office  de  l'Eglise  romaine,  de  VOrdo  romanœ  Eccle- 
siae.  Il  est  facile  d'entrevoir  le  développement  définitif  :  il  ne  s'est 
pas  produit  de  modification  au  point  de  vue  du  contenu,  mais  ce 
qui  se  modifia,  ce  fut  l'usage  ou  l'emploi  pratique  de  cet  office. 

Il  ne  nous  reste  qu'à  donner  quelques  détails  relatifs  au  texte 
des  prières  et  à  l'ordre  des  fêtes  de  cette  époque. 

Objet  détaillé  des  modifications. 

Leçons  de  la  semaine  sainte.  —  Déjà  le  plus  ancien  Ordo  romnnus, 
le  premier  de  ceux  qu'édita  Mabillon  et  qui  pourrait  remonter  en 
partie  à  saint  Grégoire,  contient  quelques  prescriptions  relatives  aux 
leçons  des  Matines  durant  la  semaine  sainte.  Ces  prescriptions  cor- 
respondent à  Fortfo  établi  par  le  patriarche  des  moines,  saint  Benoît, 
pour  les  dimanches  et  jours  de  fêtes,  d'après  lequel  on  devait  lire  au 
premier  Nocturne  des  extraits  des  livres  de  l'Ancien  Testament,  au 
deuxième  Nocturne  des  sermons  des  Pères  (Tractatus  tel  Sermones), 
au  troisième  des  extraits  du  Nouveau  Testament,  plus  précisément 
des  Epîtres  de  saint  Paul  et  de  l'Évangile  (la  péricope  de  l'évangile 
de  la  Messe  du  jour).  C'est  en  général  l'ordre  actuellement  encore 


40  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

observé.  D'après  le  témoignage  d'Hildemar  (cf.  plus  haut  p.  390) ,  on 
joignait  aussi  des  Commentaires  des  Pères  aux  extraits  du  Nouveau 
Testament,  Épîtres,  Évangile  ou  Histoire  de  la  Résurrection.  C'est 
pourquoi,  pour  le  samedi  saint,  où  autrefois  on  lisait  au  troisième 
Nocturne  des  extraits  de  l'Epître  aux  Hébreux,  VOrdo  romain,  après 
les  indications  sur  les  lectures  de  Jérémie,  donne  la  prescription 
très  générale  :  Leguntur  homilix  sanctorum  Patrum  ad  ipsum  diem 
pertinentes^.  Ce  qui  explique  qu'on  trouve  dans  divers  codices  du 
viiie  et  du  ixe  siècle,  qui  contiennent  le  Lectionarium  divini  officii, 
des  homélies  ou  des  sermons  marqués  pour  le  troisième  Nocturne 
du  samedi  saint*.  Un  grand  nombre  d'autres  Ordines  des  viii^,  ixe  et 
xe  siècles,  par  exemple  ceux  qu'a  publiés  Gerbert  dans  les  Monu- 
menta  vet.  liturg.  Alemannise  et  celui  de  Cologne  (Bibliothèque  de 
la  cathédrale),  renferment  des  prescriptions  plus  précises  pour  les- 
dits  jours.  Si  nous  les  comparons  avec  ceux  du  xiie  siècle,  nous  fai- 
sons les  constatations  suivantes  : 

Leçons  abrégées.  —  a)  Les  leçons  des  jours,  où  pour  chaque  leçon 
était  prescrit  un  morceau  précis  et  déterminé ,  et  surtout  celles  des 
nuits  d'hiver,  sont  considérablement  écourtées.  Dans  notre  office 
actuel  des  Ténèbres  ou  des  Matines  du  samedi  saint,  vingt-six  ver- 
sets des  Lamentations  de  Jérémie  forment  les  trois  leçons  du  pre- 
mier Nocturne  (neuf  versets  du  ch.  m,  six  versets  du  ch.  iv,  et 
onze  du  ch.  v);  jadis,  c'est-à-dire  avant  Grégoire  VU,  ces  trois 
leçons  ne  comptaient  pas  moins  de  quatre-vingts  versets,  ainsi  donc 
plus  du  triple  d'aujourd'hui 3,  Il  en  était  de  même  pour  le  jeudi  saint 
et  pour  le  vendredi  saint;  de  même  aussi  pour  les  sermons  de  saint 
Augustin  et  d'autres,  pour  les  épîtres  de  saint  Paul,  comme  nous  le 
voyons  par  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  la  cathédrale  de 
Cologne,  de  la  bibliothèque  municipale  de  Munich  et  de  la  biblio- 
thèque des  abbayes  de  Saint-Gall  et  d'Einsiedeln^.  Dans  les  canons 


1  Ordo  rom.  I,  n.  29-36;  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  n,  p.  19-2i;  P.  L., 
t.  Lxxviii,  col.  951-954,  où  est  également  ordonne  le  rite  actuel  de 
l'extinction  successive  des  cierg-es  après  chaque  psaume,  et  son  symbolisme 
saisissant. 

2  On  peut  voir,  outre  ceux  notés  plus  haut,  p.  397,  403,  410,  de  Reiche- 
nau,  Munich,  Paris,  les  cod.  S.  Gall.  225  et  M6,  cod.  Aurelianens.  131 
et  Parisinus  lat.  2322;  Delisle,  Catalogue  des  Mss.  de  J.  Desnoyers,  Paris, 
1888,  p.  10. 

3  Cf.  Ordo  rom.,  loc.  cit.,  n.  36. 

*  Cf.  codex  -138  delà  bibliothèque  du  chapitre  métropolitain  de  Cologne, 
renfermant  un  Ordo  rom.  de  la  fin  du  vni<=  siècle.  Puis  codex  S.  Galli 
n.  225;  ibid.  cod.  446  (x^  siècle);  cod.  Einsidlens.  n.  5;  bibliothèque 
nationale  de  Munich,  Clm.  14470,  fol.  73  a;  cf.  4564.  Gerbert  en  a  impri- 
mé un  autre  provenant  de  Rheinau  [Monum.  liturg.  aleman.,  t.  n,  p.  181- 


CHAPITRE  VI  41 

cités  ci-dessus  de  Grégoire  VII,  les  leçons  tirées  de  Jérémie  et  des 
épîtres  de  saint  Paul  sont  encore  un  peu  plus  longues  qu'actuelle- 
ment, mais  déjà  on  y  constate  des  abréviations  très  sensibles. 

Leçons  de  la  semaine  de  Pâques.  —  b)  Nous  trouvons  dans  la 
semaine  de  Pâques  une  autre  divergence  entre  le  nouvel  Ordo  et 
l'ancienne  organisation  des  leçons.  D'après  le  plus  ancien  Ordo  roma- 
nus^  et  rOrc/o /egrenf/oru/n  des  manuscrits  des  viii®,  ixc,  xc  et  commen- 
cement du  XI®  siècle  cités  en  note ,  on  lisait  les  Actes  des  Apôtres 
pendant  la  semaine  de  Pâques  ;  le  dimanche  de  Pâques ,  outre  une 
homélie  on  lisait  un  extrait  des  Épîtres  de  saint  Paul ,  mais  on  pou- 
vait joindre  encore  aussi  aux  leçons  des  Actes  des  Apôtres  une 
homélie  sur  l'évangile  du  jour  correspondant  dans  l'Octave  de  Pâques. 
Par  contre,  dans  le  canon  cité  de  Grégoire ,  la  lecture  des  Actes  des 
Apôtres  ne  commence  plus  comme  autrefois,  et  comme  déjà  à 
l'époque  de  saint  Augustin,  au  dimanche  de  Pâques,  mais  le  jour 
même  de  l'Octave  ou  le  dimanche  in  Alhis.  Au  Bréviaire  romain 
actuel,  elle  ne  commence ,  on  le  sait,  que  le  lundi  après  le  dimanche 
in  Albis,  tandis  qu'au  premier  Nocturne  de  ce'  dimanche  on  a  encore 
quelques  passages  de  l'épître  aux  Colossiens. 

Leçons  abrégées.  — c)  Dans  les  Ordinaires  du  xiie  siècle,  les  leçons 
quoique  plus  courtes  qu'auparavant  sont  encore  plus  longues  qu'au- 
jourd'hui ,  comme  on  le  voit  par  les  manuscrits  et  par  les  données 
imprimées  dans  Mabillon ,  Gerbert  et  Amort,  citées  dans  le  chapitre 
suivant.  Tandis  que,  par  exemple,  aujourd'hui  les  trois  leçons  du 
jeudi  saint  se  composent  de  la  P®  aux  Cor.,  ch.  xi,  v.  17-34;  autre- 
fois, ce  passage  était  lu  en  deux  leçons.  La  troisième  commençait  : 
De  spiritualibus  autem  (ch.  xii).  Et  dans  un  Bréviaire  suivant  l'ordo 
de  la  Curie  romaine  du  xiii®  siècle^,  que  nous  avons  en  main,  les 
leçons  en  question  sont  encore  plus  courtes  qu'aujourd'hui,  de  même 
que  dans  les  éditions  du  Bréviaire  suivant  l'ordo  de  la  Curie  romaine 
de  Venise,  1479  et  1483  3. 

Leçons  de  la  Pentecôte.  —  d)  Les  manuscrits  cités  ci -dessus,  en 
particulier  ceux  de  Cologne,  de  Munich  et  de  Saint-Gall,  ont,  pour 


182),  qui  doit  être  actuellement  à  Berne  ou  à  Zurich.  On  peut  voir  dans 
Gerbert,  op.  cit.,  p.  168-180,  d'autres  ordines ,  qui  servent  à  appuyer 
les  indications  que  nous  donnons.  Pour  les  xi«  et  xii«  siècles,  on  peut  con- 
sulter VOrdo  lecfendorum,  dans  les  codices  995  et  668  de  la  bibliothèque 
universitaire  de  Leipzig,  où  se  trouvent  quelques  variantes  sans  impor- 
tance. —  Communication  bienveillante  du  bibliothécaire,  D^  Fôrstemann. 
—  Cf.  aussi  le  codex  875  (xw  siècle)  de  la  bibliothèque  du  grand- duc  de 
Darmstadt. 

1  Mabillon.  Mus.  ilal.,  t.  n,  p.  28,  n.  47. 

2  Biblioth.  Beuronens.,  cod.  III. 

3  Biblioth.  municipale  de  Munich. 


42  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

le  jour  de  la  Pentecôte,  trois  leçons  de  Actibus  Apostolorum  : 
l)  Cum  complerentur,  jusqu'à  audivimus  eos  loquentes  nostris  linguis 
magnalia  Dei;  2)  Stupebant  autem  jusqu'à  qui  invocaverit  nomen 
Domini,  salvus  erit  ;  3)  Viri  Israhelilx  audite  jusqu'à  quoscumque 
advocaverit  Dnus  noster.  Puisque,  d'après  le  canon  15  (Dist.  5,  de 
consecr.),  l'ordonnance  de  la  Pentecôte,  depuis  Grégoire,  est  la 
même  que  le  jour  de  Pâques;  puisque,  d'après  le  canon  Sancta 
Bomana  Ecclesia  porté  par  lui ,  l'homélie  de  la  fête  de  Pâques  a  pris 
la  place  des  leçons  tirées  des  Actes  des  Apôtres  ;  enfin  puisque  les 
manuscrits  déjà  cités  et  d'autres  cités  plus  loin,  des  xiie  et  xiixe  siècles, 
ont  l'homélie  de  la  Pentecôte,  nous  devons  en  conclure  que  le 
jour  de  la  Pentecôte  a  également  reçu  l'ordre  de  ses  leçons  de 
Grégoire  VII. 

Réforme  de  Grégoire  VIL  —  e)  Une  comparaison  établie  entre  les 
documents  liturgiques  qui  datent  de  l'époque  antérieure  à  Gré- 
goire VII,  et  ceux  qui  viennent  après  lui  aux  xiie  et  xiiie  siècles, 
nous  édifiera  plus  amplement  sur  l'œuvre  de  la  réforme.  Il  faudra 
consulter  d'abord  les  Ordines  Romani  XI  et  XII  dans  Mabillon,  op. 
cit.  Puis  les  œuvres  des  écrivains  liturgistes  de  cette  époque ,  de 
Bernold  de  Constance  ou  d'Yves  de  Chartres  à  Raoul  de  Tongres. 
Les  rituels  des  différents  Ordres  ou  congrégations,  de  Cluny,  Farfa, 
Einsiedeln,  Hirschau,  Saint-Gall,  ceux  de  Rome,  des  Chartreux,  des 
Cisterciens,  des  Templiers,  des  Prémontrés,  des  Dominicains,  etc., 
ne  peuvent  être  utilisés  que  dans  une  mesure  plus  restreinte  et  avec 
précaution,  car  souvent  ils  conservaient  à  dessein,  avec  l'appro- 
bation expresse  ou  tacite  des  autorités  ecclésiastiques,  leurs  usages 
particuliers,  et  modifiaient  les  rites  romains.  Certaines  églises  épis- 
copales  s'en  tenaient  aussi  à  leurs  anciens  usages.  Les  Dominicains 
adoptèrent  la  liturgie  parisienne,  ou  plutôt  la  liturgie  romaine, 
telle  qu'elle  se  développa  sur  le  sol  français ,  dans  la  forme  presque 
généralement  régnante  au  xiiie  siècle.  Mais  les  rituels  des  Francis- 
cains, qui,  sur  l'ordre  de  leur  saint  fondateur,  adoptèrent,  non  le 
Bréviaire  des  basiliques  romaines,  mais  celui  de  la  Curia  papalis, 
sont  importants,  ainsi  que  les  Statuta  canonicorum  regularium  qui 
leur  sont  antérieurs  et  que  confirma  Pascal  II  en  1117  ;  enfin 
quelques  décrets  portés  par  Innocent  II,  comme  additions  au  dixième 
concile  œcuménique  ou  deuxième  de  Latran  de  1139,  méritent 
attention.  Ils  ont  été  publiés  par  Eusèbe  Amort,  d'après  un  manus- 
crit du  xii**  siècle,  avec  les  Statuts  ci-dessus  mentionnés  *.  La  lettre 
d'Abailard  à   saint  Bernard    a    sa   valeur,  relativement    à   quelques 


*   Vêtus  disciplina  canonicorum   regularium  et   sœcularium ,   Venetiis, 
1747,  p.  338  sq.,  383  sq.,  932  sq. 


CHAPITRE  VI  43 

points,  en  ce  sens  que  plusieurs  pratiques  de  l'office  des  Cister- 
ciens, divergentes  de  celui  de  toute  l'Église,  y  sont  stigmatisées 
comme  "  usage  particulier  u. 

Un  grand  nombre  de  manuscrits  liturgiques  de  divers  pays,  tels 
que  psautiers,  lectionnaires,  antiphonaires  ou  responsoriaux  et 
hymnaires  des  xie,  xne^  xnie  et  xive  siècles,  dont  nous  pouvons 
constater  la  provenance  avec  certitude,  offrent  les  matériaux  les 
plus  précieux.  Nous  en  avons  coUationné  un  grand  nombre,  soit  en 
les  examinant  personnellement  sur  place,  soit  en  nous  servant  des 
indications  précises  des  meilleurs  catalogues  de  manuscrits  des 
grandes  bibliothèques,  et  nous  les  avons  pris  pour  base  de  létude 
qui  suivra. 

Manuscrits  du  Mont-Cassin.  —  f]  Les  codices  de  l'abbaye  du  Mont- 
Cassin  des  x^,  xi«  et  xiie  siècles  sont,  sans  aucun  doute,  particulière- 
ment intéressants  à  ce  point  de  vue.  Comme  on  le  voit  par  Hergott' 
et  par  les  recueils  liturgiques  déjà  cités  de  Martène  et  de  Gerbert, 
le  Mont-Cassin  était ,  au  moyen  âge ,  et  déjà  dès  sa  restauration  par 
l'abbé  Pétronax  et  le  pape  Grégoire  II,  vers'730,  comme  une  senti- 
nelle avancée  de  la  liturgie  romaine  dans  l'Italie  méridionale, 
contre  la  pénétration  des  tendances  hellénisantes  qui  s'avançaient 
de  Sicile  sur  Naples.  L'office  célébré  dans  les  grandes  basiliques 
de  Rome  par  les  fils  de  saint  Benoît  passa  tel  quel  dans  l'archi- 
abbaye,  et,  à  ce  qu'il  semble,  pendant  un  certain  temps  sans  les 
modifications  ordonnées  par  saint  Benoît,  jusqu'à  ce  qu'enfin  les 
prescriptions  de  la  sainte  Règle  fussent  de  nouveau  exactement 
reprises  sur  le  désir  du  pape. 

Une  comparaison  des  codices  du  milieu  du  xie  siècle,  renfermant 
les  leçons  de  l'office,  avec  ceux  de  la  fin  du  xie  ou  du  commencement 
et  du  milieu  du  xii«,  fournit  à  ce  sujet  des  renseignements  curieux. 
Que  l'on  compare,  par  exemple,  les  codices  iOO  et  106  de  la  Biblioth. 
Cassinensis  ^  du  xe  et  du  commencement  du  xie  siècle  avec  les 
codices  99  et  101  ^  de  la  fin  du  xie  et  du  commencement  du  xiie  ;  puis, 
le  codex  4i7  '^  du  commencement  du  xi«  siècle,  avec  le  Breviariuni 
magnum,  codex  iiO^Ae  la  fin  du  xi°.  Les  leçons  de  la  sainte  Ecriture, 
aussi  bien  que  des  homélies  et  des  sermons,  y  sont  exactement  dis- 
tribuées entre  les  dimanches  et  les  fériés  de  toute  l'année,  et,  après 
chaque  leçon  ainsi  circonscrite  et  écourtée,  se  trouve  le  répons  cor- 


*  Yetus  disciplina  monastica ,  Paris,  1724. 

2  T.  n  (1875),  p.  403,  418. 

3  P.  397,  413. 

*  T.  ni,  p.  59. 

s  T.  ni.  p.  1-22. 


44  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

respondant.  Il  en  est  de  même  pour  les  jours  de  fêtes';  mais  les 
Passiones  ou  Legendœ  des  saints,  souvent  encore,  ne  sont  pas  divi- 
sées en  leçons.  La  même  ordonnance  se  retrouve  dans  le  codex  403 
de  la  bibliothèque  municipale  de  Douai,  manuscrit  du  xiie  siècle,  qui 
contient,  à  l'exception  des  psaumes,  l'office  entier  des  dimanches, 
jours  de  férié  et  fêtes  de  saints  ^.  Enfin  les  codices  229  et  230  du 
t.  IV  de  la  Bibliotheca  Cassinensis ,  en  particulier  pages  233  et  243^, 
sont  à  voir. 

Du  reste,  à  en  juger  par  quelques  codices  de  monastères  de  l'Italie 
du  Nord,  la  supposition  est  justifiée  que  déjà,  dans  le  courant  du  xe 
ou  au  début  du  xie  siècle,  on  avait  commencé  à  fixer  de  courtes 
leçons,  ce  qui  devait  être  fort  désiré  dans  un  monastère  où  un 
temps  déterminé  était  prescrit  pour  tous  les  exercices  réguliers.  II 
appartenait  à  l'abbé  de  fixer,  une  fois  pour  toutes,  la  longueur  des 
leçons,  et  de  régler  ainsi  Vordo  officii,  pour  prévenir  tout  arbitraire. 

Manuscrits  corrigés.  —  g)  Une  autre  particularité  mérite  d'être 
signalée,  car  elle  nous  montre  comment  on  appropriait  d'anciens 
lectionnaires  à  la  nouvelle  ordonnance.  Dans  un  grand  nombre  de 
manuscrits  des  ixe,  xe,  xie  et  xii^  siècles,  d'Allemagne  et  de  Suisse, 
de  Belgique  et  de  France,  nous  avons  trouvé  des  annotations 
ajoutées  plus  tard,  la  plupart  au  xiie  ou  au  xiiic  siècle;  elles  divisent 
les  longues  leçons  indéterminées  de  l'office.  On  a  simplement 
marqué  en  marge,  à  côté  des  longs  textes  des  saintes  Écritures,  des 
passions,  homélies,  légendes  ou  sermons,  un  chiffre  qui  indique  la 
partie  à  prendre  pour  la  première,  deuxième  et  troisième,  etc.,  jus- 
qu'à la  neuvième  ou  douzième  leçon,  tandis  que  le  reste  est  à  laisser 
de  côté.  On  peut  s'en  convaincre  en  se  rapportant  au  manuscrit  sui- 
vant :  codex  latinus ,  de  la  bibliothèque  municipale  de  Munich''.  On 
y  trouve  aussi  en  marge,  outre  les  chiffres  placés  près  de  l'homélie, 
la  note  Et  reliqua,  écrite  d'une  main  postérieure  après  les  premières 
phrases  de  l'évangile,  et  placée  auprès  de  l'évangile  de  la  fête.  Il  est 
permis  d'en  conclure  qu'à  partir  du  moment  où  se  fit  cette  addition , 
l'ancienne  coutume  (ixe  et  xc  s.)  de  lire  toute  la  péricope  de  l'évan- 
gile avant  l'homélie  disparut  et  fit  place  à  l'usage  actueP.  'Le  codex  83 


1  Loc.  cit.,  p.  21. 

2  Cf.  Catal.  général  des  manuscrits  départ.,  t.  vi,  Paris,  1878. 

3  T.  IV,  Monte  Cassino,  1880.  Le  codex  23-'>  contient,  à  la  pag^e  373  sq., 
la  Concordia  Epistularum  de  Peregrinus  ou  Priscillien ,  comme  le  codex 
Fuldensis  (éd.  Ranke,  Marbur^,  1868).  Cf.  Schepss,  Priscilliani  opéra, 
Vindobonae,  1889. 

*  Clm.  n.  14  629,  in  festo  SS.  Pétri  et  Pauli  (manuscrit  du  x^  siècle),  et 
Clm.  14479  (xi"  siècle),  notamment  fol.  44  b. 

s  Cf.  feuille  48,  et  Clm.  18091  [xi^  siècle,  fol.  67,  68,  69,  102  b  jusqu'à 


CHAPITRE  VI  45 

d'Einsiedeln  (xiie  s.)  contient  aussi  déjà,  outre  des  antiennes  et  des 
répons,  des  leçons  abrégées;  c'est  donc  un  Breviarium  magnum 
comme  celui  du  Mont-Cassin.  Les  codices  89,  AI  et  4i!  du  xie  siècle 
ont  les  homélies,  et  les  Sermones  Patrum  et  passiones  sanctorum, 
d'après  l'ancien  ordre  ;  il  semble  que  cela  aurait  été  pour  se  confor- 
mer à  un  ordo  romanus  qui  servit  de  base  aux  prescriptions  de 
Grégoire  VII  ou  qui  en  fut  tiré;  ainsi,  par  exemple,  pour  la  semaine 
de  Pâques.  Dans  les  deux  codices  de  Saint -Gall,  cités  en  note,  les 
leçons  se  trouvent  déjà  avec  le  répons  correspondant  après  chaque 
division;  mais  ces  leçons  sont  encore,  pour  la  plupart,  au  moins 
deux  fois  longues  comme  celles  d'aujourd'hui.  Nous  devons  aussi 
remarquer  que  ÏOrdo  romanus  XI  du  chanoine  Benoît  de  Saint- 
Pierre,  publié  par  Mabillon^  et  Migne  ^,  ne  concorde  pas  toujours 
avec  ces  codices.  11  est  donc  permis  de  supposer  que  la  façon 
d'écourter  l'office  à  Rome ,  à  la  fin  du  xie  siècle  ou  au  début  du  xiie, 
ne  trouva  qu'une  imitation  restreinte,  puisque  dans  quelques  églises 
on  le  laissait  tel  que  jadis;  dans  d'autres,  à  l'exemple  du  pape,  on 
l'abrégeait,  sans  pour  cela  s'en  tenir  strictement  au  type  de  la  Curia 
papalis^. 


194  b;  ihid.,  serm.  xcvui  et  cvii.  Puis  Clm.  7  953  {xu«  siècle).  Puis  codex 
Vaticanus  n.  S 835  (vine-ix«  siècle),  serm.  xv,  xxii,  xxiv,  lvi,  lvh;  et 
cod.  Vatic.  3  836,  serm.  xix.  Puis  cod.  lat.  I,  2  in -4»  de  la  bibliothèque 
du  prince  Wallerstein,  à  Maihingen  (x<=-xie  siècle),  passional,  à  ce  qu'il 
semble,  provenant  de  Trêves,  car  il  contient  Vitœ  aliquot  episcoporum 
Trevirensium,  fol.  90-120  (appartenant  au  viii«  siècle),  et  Vita  S.  Amhro- 
sii  a  Paulino  scripta,  Vita  S.  Hieronymi,  Passio  S.  Christophori  et  Passio 
SS.  Gordiani  et  Epiinachi.  Qu'on  consulte  aussi  le  codex  436  de  la  biblio- 
thèque de  Saint- Gall  et  le  cod.  San.- Gall.  412,  du  xiu«  siècle.  Aussi  le 
codex  1169  de  la  Nationale  (fonds  latin),  lectionnaire  de  Saint -Germain 
du  x«  ou  du  xi"  siècle,  avec  des  notes  marginales,  par  exemple  aux  fol.  170, 
171  sq.,  177,  du  xn«  ou  du  xui'^  siècle.  Puis  codex  Aurelianens.  J2'2  et  13t 
(xie  et  xue  siècles),  dans  L.  Delisle,  Notice  sur  plusieurs  manuscrits  de  la 
bibliothèque  d'Orléans,  Paris,  1883,  p.  14-15,  70  sq.  ;  et  codex  Einsid- 
lens.,  n.  5  (x»  siècle),  p.  4,  41,  60  sq.  ;  cod.  Einsidlens.,  n.  83  (xn«  siècle). 

1  Mus.  ital.,  t.  n,  p.  118  sq. 

2  P.  L.,  t.  Lxxvni,  col.  1030  sq. 

3  Comme  manuscrits  du  xii*  siècle  qui  ont  déjà  des  leçons  abrégées  et 
délimitées  avec  précision,  et  en  partie  aussi  les  répons  entre  elles,  les 
suivants  méritent  encore  une  mention  particulière  :  une  feuille  de  par- 
chemin (n.  IX )  aux  archives  de  la  ville  de  Wiesbaden;  puis  la  couverture 
et  la  reliure  en  parchemin  du  Codex  illuminatus  S.  Hildecfardis,  à  la  biblio- 
thèque royale  de  Wiesbaden;  la  couverture  en  parchemin  (xh«  siècle)  du 
codex  M.  G.  101  des  archives  de  la  ville  à  Coblentz,  et  le  codex  428  de 
la  bibliothèque  de  la  ville  de  Trêves,  in -12,  qui  contient  déjà  un  bré- 
viaire complet,  mais  différemment  ordonné  qu'actuellement.  Puis  codices 
XII  et  XIII  ou  LXII  de  Karlsruhe  (commencement  du  xni^  siècle),  et 
codex  55  de  la  bibliothèque  royale  publique  de  Stuttgart;  à  Saint -Gall, 


46  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Les  Breviaria  Curiœ. —  L'ordonnance  externe  des  Breviaria  Curiae 
aux  xive  et  xve  siècles ,  incomplète  encore  il  est  vrai ,  était  la  sui- 
vante '  : 

1.  Tandis  que  parfois  encore,  au  xii°  siècle,  le  Psalterium  et  le 
texte  des  Cantica  biblica,  du  Te  Deum,  Gloria  in  excelsis,  Quicumque 
vult,  Pater  noster,  Credo  in  Deum,  parfois  aussi  des  litanies  de  tous 
les  saints,  formaient  la  première  partie,  et  que  les  prières  suivaient 
dans  le  Colleclorium;  aux  xive  et  xve  siècles,  on  a  en  première  ligne 
le  Propriuni  de  tempore,  du  premier  dimanche  de  l'Avent  au  dernier 
dimanche  après  la  Pentecôte.  Il  commence  régulièrement  ainsi  : 
Incipit  Breviarium  secundum  consuetudinem  (  usum,  ordinem)  Romanw 
Curiae,  et  contient  avec  de  très  nombreuses  abréviations  les  an- 
tiennes,  versets ,  répons,  oraisons  et  les  courtes  leçons  des  Laudes 
et  des  Horse  minores;  parfois  aussi  les  hymnes,  à  moins  qu'elles  ne 
soient  placées  comme  partie  spéciale  après  le  Psalterium  [Ilym- 
narium). 

2.  Puis  suivent  plusieurs  feuilles  avec  des  règles  pour  l'office  des 
différentes  fêtes  et  des  dimanches,  correspondant  en  partie  à  nos 
«  rubriques  générales  ». 

3.  Comme  troisième  partie,  viennent  les  leçons  des  Matines  pour  le 
Proprium  de  tempore,  lesquelles  sont  parfois  déjà  unies  à  la  pre- 
mière partie.  Les  leçons  de  l'Écriture  pour  les  dimanches  et  les  jours 
de  la  semaine  ne  viennent  régulièrement  que  plus  tard. 

4.  Puis  vient,  dans  quelques  codices,  le  Psalterium,  qui  parfois 
aussi  se  trouve  à  la  fin  du  livre.    • 

5.  Puis  :  Incipiunt  feslivitates  sanctorum ,  le  Proprium  de  sanctis, 
que  suit  régulièrement  le  Commune  sanctorum  jusqu'à  la  Dcdicatio 
Ecclesiœ  inclusivement. 

6.  Parfois  le  Psalterium  ou  Ylli/mnarium  se  trouvent  à  la  fin. 

7.  On  a  de  plus  comme  préliminaires  le  calendrier,  la  tabula  pa- 
scalis,  la  tabula  f'eslorum  mobilium,  et  comme  supplément  ÏOf/icium 


les  codices  4i7 ,  428,  436 ,  et  particulièrement  416.  Ce  dernier  contient, 
comme  bréviaire,  des  antiennes,  des  hymnes,  des  leçons  et  des  répons. 
Le  cod.  lai.  I,  ",  2  in- l»,  de  la  bibHolhèque  du  prince  de  Wallerstein, 
à  Maihingen,  du  xi^  sinon  même  du  .\«  siècle,  bréviaire  bénédictin,  a  éga- 
lement déjà  des  leçons  abrégées,  divisées  avec  précision.  De  même  le 
cod.  XIV,  19,  de  la  Barberina,  à  Rome,  décrit  par  le  Dr  Ebner  dans 
YHistor.  Jahrhuch  der  Gôrres- Gesellschaf't,  1892,  p.  753.  Puis  cod.  a.  V,  24, 
du  monastère  de  Saint -Pierre  de  Salzbourg  (xu^  siècle),  bréviaire  assez 
complet  à  Texclusion  des  psaumes. 

1  Elle  n'est  pas ,  il  est  vrai ,  constamment  la  même  dans  tous  les  codi- 
ces, elle  est  de  temps  en  temps  modifiée  par  la  place  différente  du  psau- 
tier au  commencement  ou  au  milieu  du  codex. 


CHAPITRE  VI  47 

B.  M.   V.,  YOf/îcium  defunclorum ,  les  litanies  et  des  prières  parti- 
culières '. 

V.  État  de  l'office  à  la  fin  du  XII^  ou  au  début 
du  XIIP  siècle. 

Après  ce  qui  a  été  dit  jusqu'ici,  nous  pouvons,  pour  ce  qui  est 
de  la  forme  que  reçut  Toffice  de  la  chapelle  papale  et,  par  suite, 
le  fond  même  du  Bréviaire,  marquer  avec  une  certitude  approxi- 
mative ce  qui  suit  comme  étant  la  discipline  en  vigueur  au  xii' 
et  au  commencement  du  xiii^  siècle. 

Le  Bréviaire.  —  Le  mot  Breviariiim ,  qui  jusque-là  avait  dési- 
g'né  VOrdo  officiorum  per  totam  anni  decursionem  (sorte  de 
guide  détaillé,  où  étaient  indiqués,  avec  les  rubriques  ou  règles, 
les  premiers  mots  des  textes  à  réciter  ou  à  chanter),  fut  désor- 
mais appliqué  au  livre  qui  contient  l'office  entier,  tous  les  textes  : 
psaumes  et  antiennes,  leçons  et  répons,  hymnes,  versets  et  orai- 
sons. Il  avait  été  impossible  de  réunir  plus  tôt  ces  textes  dans 
un  livre  unique,  parce  que  les  leçons  embrassaient  tous  les  livres 
de  l'Ecriture  en  entier;  mais  maintenant  on  n'en  lisait  plus  qu'une 
petite  partie  à  l'office,  le  reste  était  lu  soit  au  réfectoire,  soit  le 
soir  à  la  Leclio  spiritualis  avant  Compiles"^.  On  n'avait  donc 
qu'à  copier  en  entier  ce  qui  autrefois  n'était  qu'indiqué,  à  com- 
bler les  lacunes  sans  changer  l'ordonnance  de  l'ancien  Brevia- 
rium  ou  Ordinarium.  De  là  sortit  un  livre  qui  contenait  tout 
l'office  et  qui  pourtant  était  un  abrégé ,  un  Breviarium,  par  rap- 
port à  l'ancien. 

Le  Psautier.  —  L'ancienne  division  traditionnelle  du  Psautier 
pour  les  Heures  canoniales  de  la  semaine,  Psalterium  per  heh- 
domadam  dispositum  (le  dimanche  neuf  à  dix  psaumes  pour 
Prime)  demeurait  intacte,  de  même  que  toute  la  structure  de 
l'office  avec  sa  belle  et  ingénieuse  succession  et  son  enchaîne- 
ment des  psaumes  et  des  antiennes,  des  hymnes  et  des  versets, 
des  leçons  et  des  répons  et  des  oraisons^. 

*  Cf.  les  manuscrits  cités  dans  notre  article  du  Kalholik,  1891,  f.  i, 
p.  64  et  65,  auxquels  nous  pourrions  en  ajouter  encore  une  vingtaine. 

2  D'après  Radulph.  Tungrens.,  De  can.  observ.,  prop.  11,  et  d'autres 
dans  Martène  et  Gerbert,  op.  cit.  Cf.  Revue  bénédictine,  janvier  189i. 

3  C'est  pourquoi  l'Ordo  romanus  XI  dit  :  Sicut  mos  est,  sicut  Ecclesia 
consuevit;  dans  Mabillon,  loc.  cit.,  p.  121. 


48  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

L'office  du  temps.  —  Dans  l'office  du  temps,  on  suivait  Tordre 
maintenant  établi  pour  Tannée  liturgique,  du  moins  durant 
TAvent.  Mais  d'après  VOrdo  romanus  XI,  n.  2,  5,  8,  on  chantait 
les  psaumes  des  premières  Vêpres  et  des  Laudes  du  premier 
dimanche  de  TAvent  et  de  toute  la  semaine  sous  une  seule  an- 
tienne :  In  die  illa,  stillabunt  montes;  de  même  pour  les  semaines 
suivantes*.  Les  dimanches  on  chantait  encore  le  Te  Deum;  au  troi- 
sième Nocturne,  avant  Thomélie  de  l'Evangile,  on  lisait  un  frag- 
ment des  Épîtres  de  saint  Paul.  Le  premier  des  dimanches  de 
TAvent,  dont  quatre  seuls  ont  été  conservés,  devait  avoir  l'évan- 
gile £'run^5i^na,  et  non  comme  auparavant,  où  il  y  en  avait  cinq, 
Tévangile  Cum  appropinquasset.  Le  Micrologue  combat  cela 
comme  une  innovation  et  croit  que  saint  Grégoire  le  Grand  n'a  pas 
établi  cet  ordre  dans  ses  Homélies,  mais  que  sans  égard  pour  Tévan- 
gile Cum  appropinquasset ,  il  a  commencé  pour  d'autres  raisons 
au  deuxième  dimanche,  en  négligeant  certaines  parties  de  Tévan- 
gile. Toutefois,  il  remarque  naïvement  qu'il  ne  prétend  par  cette 
observation  attenter  d'aucune  façon  à  l'autorité  du  Saint-Siège-. 
L'ancienne  ordonnance  de  cinq  ou  six  dimanches  ante  Natale, 
que  Ton  a  souvent  appelée  ordonnance  milanaise  et  gallicane, 
est,  d'après  le  Micrologue,  tout  aussi  romaine  et  peut-être  plus 
ancienne  que  l'actuelle^.  On  trouve  aussi  ïordo  représenté  par 
le  Micrologue  dans  beaucoup  de  codices  du  xii®  et  du  xm^  siècle'*. 
Les  suivants  offrent  un  intérêt  particulier  :  dans  la  Bihlioth. 
Cassinensis ,  t.  m,  les  codices  110,  1 1  6  ei  117,  qui  ont  Tordo 
romain,  QiVOrdo  divini  offîcii  Canonicorum  Regularium^.  L'au- 
teur de  ce  dernier  (des  premières  années  du  xn*^  siècle)  fait  remon- 
ter l'ordonnance  romaine  aux  Sacramentaires  de  saint  Gélase  et 
de  saint  Grégoire  le  Grand,  tandis  qu'il  attribue  l'ordonnance 
des  cinq  dimanches  à  saint  Jérôme  ou  à  l'auteur  du  Comes^,  et 
sur  ce  point  il  est  d'accord  avec  le  Micrologue. 


1  Cf.  Mabillon,  loc.  cit.,  p.  119,  121,  124. 

2  Microl.,  c.  XXX  et  xxxi  (P.  L.,  loc.  cit.,  t.  cli,  col.  1003). 

3  Cf.  resp.  Egredietur  Dominiis  de  Samaria,  au  deuxième  dimanche. 

*  Dans  le  cod.  Einsidlensis  83;  2^  partie  codex  S.  Gall.  436;  item  388, 
389,  413,  427 ,  Clm.  (biblioth.  municipale  de  Munich)  385. 

5  Dans  Amort.  p.  936.  Cf.  aussi,  à  la  biblioth.  Vatic.  de  Rome,  le  codex 
Palat.  428. 

6  P.  736. 


CHAPITRE  YI  49 

Septuagésime  et  Pâques.  —  D'après  Raoul  de  Tongres*,  l'or- 
donnance du  temps  de  la  Septuagésime  (Matines,  Vêpres, 
Laudes)  et  la  division  des  répons  [Historia  de  Genesi)  entre  les 
dimanches  de  la  Sexagésime  et  de  laQuinquagésime  ne  fut  arrêtée 
définitivement  qu'à  cette  époque  ;  mais  les  changements  apportés 
à  l'ort/o  jusque-là  existant  semblent  n'avoir  pas  été  très  impor- 
tants, ce  fut  plutôt  une  organisation  et  une  division  plus  ration- 
nelle qu'une  création  nouvelle.  A  ce  moment,  pendant  la  semaine 
de  Pâques,  on  récitait  chaque  jour  aux  Matines  les  mêmes 
psaumes,  tandis  qu'auparavant,  comme  dit  Raoul,  «  cette  semaine 
était  comptée  pour  un  jour,  )  et  chaque  jour  on  récitait  trois 
psaumes,  pris  du  i^"  au  xix^\  C'est  ce  que  prouve  aussi  le  pre- 
mier Ordo  romanus,  dans  Mabillon  [op.  cit.).  De  même  les 
Vêpres  pascales,  autrefois  triples,  sont  actuellement  simplifiées 
(prop.  16).  On  commence  à  lire  les  Actes  des  Apôtres  le  dimanche 
m  alhis.  Il  a  été  question  des  Quatre-Temps  ci-dessus. 

Division  des  leçons.  —  Comme  on  l'a  déjà  plusieurs  fois  remar- 
qué,  à  partir  de  cette  époque,  beaucoup  de  livres  liturgiques, 
Lectionnaires  ou  Bréviaires,  ont  à  VOfficiiim  de  tempore  les 
leçons  formant  des  parties  complètes,  c'est-à-dire  qu'on  n'y 
indique  pas  seulement  le  livre  qui  devait  être  lu,  mais  qu'on  y 
marque  avec  précision  les  versets  de  la  sainte  Ecriture  ou  le  pas- 
sage des  sermons, homélies,  légendes,  qui  devaient  former  la  leçon. 
Jadis,  avant  comme  après  saint  Grégoire,  c'était,  comme  le 
montrent  les  règles  de  saint  Benoît  et  de  saint  Césaire  et  les 
Ordines  romani  XI  et  XII,  le  président  du  choeur  qui  partageait 
les  leçons  comme  il  l'entendait  ^.  Mais  pour  éviter  un  inconvé- 
nient qui  devait  facilement  se  présenter,  lorsque  les  leçons  de 
la  sainte  Ecriture  étaient  trop  courtes,  on  supprima  au  deuxième 
Nocturne  des  dimanches  le  sermon,  qui  était  lu  jusque-là,  et  on 
emprunta  les  leçons  4,  5,  6  (ou  5,  6,  7,  8)  à  la  sainte  Écriture, 
en  reprenant  à  l'endroit  où  l'on  s'était  arrêté  au  premier  Noc- 
turne. De  cette  façon  il  fut  possible  de  lire  un  passage  plus 
étendu  des  saints  Livres^.  En  général  aussi  les  leçons  au  xn^  siècle 


1  Radulph.  Tungr.,  De  can.  observ.,  prop.  xvi. 

2  De  même  le  codex  S.  Gall.  225  (viiie  ou  ix«  siècle)  porte  à  la  paj^e  137, 
relativement  à  retendue  des  leçons  de  l'Ecriture ,  la  remarque  :  Siciit 
voluerit  Prior,  cui  proprium  est.  Cf.  Bibl.  Cass.  III,  cod.  117,  p.  59. 

3  C'est  ce  que  l'on  trouve  dans  le  cod.  S.  Gall.  413  (xi«  siècle),  416 
(xiie  siècle),  412  (  xiii^  siècle)  et  436  [\ui«  siècle),  Clm.  11013  (xin«  siècle), 

Brév.,  t.  II.  4 


50  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

paraissent  encore  plus  longues  qu'au  milieu  et  vers  la  fin  du 
xiii^  siècle,  époque  à  laquelle  les  Fi'anciscains  introduisirent  le 
Breviarium  CiiriœK  Bien  qu'en  dehors  de  la  curie  et  de  l'Ordre 
des  Franciscains  l'ancienne  coutume  des  longues  leçons  persiste-, 
on  voit  cependant  déjà,  en  lisant  les  Conslituliones  canonic.  Por- 
tuenses,  confirmées  en  1117  par  le  pape  Pascal  II  :  yEstivo  tem- 
pore  pro  parvitate  noctium  lectiones  hreviandx  sunt,  hyemali 
iempore  lectiones  prolongandas  censemus ,  nisi  pro  nimietale 
frlgoris  brevientur^,  par  quelles  portes  l'habitude  des  abré- 
viations pénétra  dans  les  églises  des  autres  réguliers  ou  des 
séculiers,  en  dehors  de  Rome. 

Leçons  de  la  Purification.  —  Pour  donner  un  exemple  de  la  liberté 
que  Ion  prenait  relativement  aux  leçons,  il  suffirait  de  renvoyer 
à  celle  de  la  fête  de  la  Purification.  D'après  certains  on  était 
libre  de  choisir  un  sermon  quelconque  des  Pères  pour  le  premier 
et  le  deuxième  Nocturne  de  ce  jour;  le  troisième  Nocturne  seul 
devait  être  l'homélie  connue  de  saint  Ambroise.  L'évangile  de  la 
fête  pouvait  encore  être  chanté  en  entier  au  troisième  Nocturne 
ou  à  la  fin  des  Matines ''.  Dans  d'autres  livres  qui  sont  aussi 
authentiques,  les  leçons  du  premier  et  du  deuxième  Nocturne 
sont  des  extraits  du  Cantique  des  Cantiques,  où  les  fragments 
sont  précédés  des  mots  :  Vax  Ecclesiœ  ou  Ecclesia  dicil;  vox 
Synagogse,  Sponsse,  Sponsi ,■  adolescentularum ,  vox  Christi  ad 
Ecclesiam  de  Synagoga,  vox  pacifie i  (=  Salomonis)^.  La  même 
unité  régnait  relativement  aux  Passiones  ou  Hisloria  sancto- 


Clm.  24 809 ;  l'usage  se  maintint  jusqu'à  la  fin  du  xv^  et  au  commencement 
du  xvi«  siècle,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  Breidarium  secundse  cor- 
reclionis,  Venetiis,  1481,  et  dans  les  bi-éviaires  de  la  Curie  de  1  i78  et  1  i82 
(  Incunables  de  la  bibliothèque  municipale  de  Munich  ). 
'  Cf.  Cod.  Suhlacens.  IV ,  du  xiii«  siècle. 

2  Alix  nationes...  et  Lateranensis  et  alise  romanœ  ecclesiœ  hahent  ser- 
mones  et  homilias  intégras  passionesque  sanctorum...  Sed  Fralres  mino- 
res causa  hrevitatis  Capellam  sequendo  hoc  alleraverunt  (Radulph.  Tungr., 
De  can.  ohserv.,  prop.  xxii). 

3  Amort,  Velus  discipl.,  p.  371. 

^  Cf.  codex  Cassin.  117,  lac.  cit.;  Concil.  Trecens.,  a.  1127,  dans  Har- 
douin,  t.  VI,  col.  135;  Sicardus  Cremon.,  Milrale,  IV,  2  {P.  L.,  t.  ccxni, 
col.  158);  loh.  Beleth,  Rat.,  c.  lxix  (P.  L.,  t.  ccii,  col.  76). 

5  Cf.  Bihl.  Cassin.,  t.  ii,  p.  392  sq.;  Amort,  loc.  cit.,  p.  1018.  Dans  un 
manuscrit  de  la  bibliothèque  municipale  de  Munich,  Clm.  14  470,  fol.  6  b 
(viii«  ou  ix^  siècle),  cette  pièce  ou  une  pièce  analogue  est  désignée 
comme  Commentarius  Insli  episcopi  ad  Sergium  papam  in  Canticum  Can- 
ticorum. 


CHAPITRE  VI  51 

rum:  souvent  le  troisième  Nocturne  perdait  Tévangile  et  rhomé- 
lie,  et  la  Passio  ou  la  légende  fournissait  les  leçons  des  trois  Noc- 
turnes. 

Offices  supplémentaires.  —  Les  grandes  fêtes  qui  n'étaient  pas 
régulièrement  célébrées  un  dimanche,  mais  un  jour  sur  semaine, 
comme  la  Nativité,  TEpiphanie,  l'Ascension,  saint  Pierre  et 
saint  Paul ,  l'Assomption  et  les  fêtes  de  patrons  particuliers, 
avaient  autrefois  un  office  de  nuit  très  chargé.  Il  est  vrai  que  les 
prières  surérogatoires  de  jadis,  telles  que  les  offices  de  la  sainte 
Vierge  et  des  Morts,  les  psaumes  graduels  et  de  la  Pénitence 
(Innocent  III  n'avait  rendu  ces  derniers  obligatoires  pour  la  cha- 
pelle papale  que  pour  le  carême  seulement*),  n'étaient  plus  réci- 
tées ces  jours-là.  Mais,  comme  nous  l'avons  déjà  vu  dans  Ama- 
laire"^,  et  comme  c'était  aussi  l'usage  chez  les  Grecs  pour  les  fêtes 
de  saints,  on  devait  réciter  deux  offices  ou  plutôt  des  Matines  et 
des  Laudes  doubles,  de  même  qu'aujourd'hui  encore  on  a,  pen- 
dant le  carême,  pour  les  Vigiles  et  pour  les  Quatre-Temps,  lors- 
qu'il y  a  concurrence  avec  une  fête,  deux  messes  conventuelles  : 
l'une  de  la  fête  après  Tierce,  l'autre  de  la  férié  après  None. 
Quelques  liturgistes  tirent  de  là  l'appellation  d'office  double 
(duplex  officium)  pour  signifier  une  fête  solennelle  ;  tandis  que 
jadis  c'était  l'opinion  générale  que  la  répétition  des  antiennes  à 
l'office  des  Matines ,  des  Laudes  et  des  Vêpres  des  grandes  fêtes 
avait  donné  naissance  à  cette  appellation.  On  récitait  ainsi  aux 
grands  jours  de  fêtes  deux  fois  Matines  et  Laudes.  Raoul  de 
Tongres  connaît  encore  cet  usage  et  dit  qu'on  récitait  les  pre- 
mières dès  la  veille,  quelque  peu  après  le  coucher  du  soleil  ;  on  y 
disait  sans  invitatoire  trois  psaumes  avec  antiennes  et  versets, 
trois  leçons  avec  répons  et  le  Te  Deum  ou  le  Te  decet  laus, 
pour  saint  Pierre  et  saint  Paul,  neuf  psaumes  et  neuf  leçons''. 
Puis  vers  minuit  venaient  les  deuxièmes  Matines,  celles  de  la 
fête  proprement  dite,  auxquelles  faisait  suite  de  très  bon  matin 
la  Messe,  lorsque  celle-ci  ne  les  avait  pas  précédées''.  Mais  dans 


*  Radulph.  Tungr.,  De  can.  ohserv.,  pi'op.  xx  et  xxi. 
2  De  ord.  Antiph.,  c.  xv. 

ï  Radulph.  Tungr.,  De  can.  observ.,  prop.  xxi  vers  la  fin.  D'où  plus  tard 
vint  l'usage  d'anticiper  dès  la  veille  au  soir  Matines  et  Laudes. 

*  Il  y  avait  interversion  de  l'ordre,  par  exemple  au  15  août,  comme  on 
le  voit  par  VOrdo  rom.  XI.  dans  Mabillon  [loc.  cil.,  n.  "2). 


52  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

VOrdo  romanus  XII  de  Gencius,  le  changement  peut  être  déjà 
constaté. 

Ce  que  le  chanoine  Benoît  dit  dans  VOrdo  romanus  XI,  n.  15, 
27,  60,  67,  72  des  doubles  Matines,  que  les  deux  offices  ne 
devaient  pas  être  récités  par  un  seul  et  même  chœur,  mais  par 
les  chanoines  de  l'ég-lise  où  le  pape  se  transportait  pour  y  tenir 
chapelle  [legunt  canonici  illius  Ecclesise),  aide  à  mieux  com- 
prendre cette  pratique;  on  terminait  par  la  bénédiction  papale. 
Puis  suivait  l'office  que  le  pape  récitait  avec  son  clerg-é  :  Primi- 
cerius  incipit,  Pontifex  incipit  — ■  Papa  cum  curiaK  Nos  offices 
actuels  des  Matines  pour  ces  jours  de  fêtes  sont,  comme  nous 
l'apprend  un  coup  d'œil  jeté  sur  VOrdo  romanus  XI et  dans  Tom- 
masi,  t.  IV,  des  pièces  formées  des  deux  Matines  de  jadis.  Ainsi 
s'explique  très  aisément  l'absence  de  l'invitatoire  le  jour  de  l'Epi- 
phanie. Lorsque  les  Matines  commençaient,  le  peuple  ayant  déjà 
pris  part  à  un  office  antéineur  n'avait  plus  besoin  d'une  invita- 
lion,  par  suite  plus  besoin  d'invitatoire.  Il  semble  ressortir 
d'Amort^,  que  pour  éviter  la  fatigue  fréquente  qu'occasionnait  la 
récitation  de  ces  deux  offices  de  nuit,  on  abaissa  d'un  degré  les 
fêles  de  saints,  à  l'exception  de  saint  Pierre  et  saint  Paul  et  de 
TAssomplion,  de  telle  sorte  qu'on  n'était  tenu  qu'à  la  récitation 
des  psaumes  de  la  férié  et  de  trois  leçons.  Mais  tout  cela  semble 
avoir  été  spécial  à  Rome ,  car  les  autres  sources  ne  parlent  pas 
de  cette  obligation  d'un  office  double  ou  n'en  parlent  que  comme 
d'un  usage  de  la  Ville  éternelle^. 

Matines.  —  Les  Matines  avaient,  à  quelques  exceptions  près 
qu'il  est  inutile  de  mentionner,  la  même  ordonnance  des  psaumes 
qu'aujourd'hui.  Souvent  encore,  comme  nous  l'avons  déjà  remar- 
qué plus  haut,  toute  la  péricope  de  l'Évangile  de  la  fête  était 
chantée*.  Le  nom  de  cet  office,  qui  jadis  s'appelait  Vigilise,  chan- 
gea :  désormais  on  réserva  le  nom  de  Viçjilia  aux  premières 
Matines  des  jours  de  fêtes  ^;  les  Matines  de  la  fête  s'appelèrent 
Matutinum  et  les  Laudes  souvent  encore  Malutinx  laudes;  plus 
tard  le  mot  Laudes  resta  seul  sans  Matutinœ.  Durant  l'Avent, 


1  Ibid.,  n.   15,  67,   72.    h'Ordo   romanus   XI  fut   écrit   vers   1135-1140. 
comme  on  le  voit  par  le  n"  19. 
»  Op.  cit.,  p.  1012-1015. 

3  Amort,  loc.  cit.,  p.  939  sq.  Radulph.  Tun^r.,  prop.  xxi  vers  la  fin. 
*  Amort,  loc.  cit.,  p.  944,  950. 
s  D'après  VOrdo  rom.  XI,  n.  7-10,  15,  67,  72. 


CHAPITRE  VI  K3 

Toffice  des  Matines  était  encore  beaucoup  plus  riche  qu'aujour- 
d'hui; les  répons  Aspiciens,  Aspicieham  et  Missus  est  avaient 
plusieurs  versets,  et  le  Gloria,  le  Te  Deum  et  le  Gloria  in  excel- 
sis  étaient  encore  chantés  à  Rome  les  dimanches  d'Avent.  Pour 
le  reste,  les  répons  ou  Historise  sont  ceux  que  nous  connaissons. 
Dans  les  basiliques  de  la  Ville  éternelle,  l'ancienne  ordonnance 
des  leçons  subsistait  encore  :  premier  Nocturne,  Ancien  Testa- 
ment; deuxième  Nocturne,  Sermon;  troisième  Nocturne,  Epîtres 
de  saint  Paul  et  homélie.  L'opinion  de  Mabillon*,  qui  entend  par 
Epistula  répître  de  saint  Léon  le  Grand  à  Flavien,  n'est  pas 
soutenable,  comme  le  montre  une  comparaison  entre  les  n"  3  et  6, 
9,  30,  37.  Pour  plus  de  détails,  on  peut  voir  VOrdo  romanus  XI 
cité^;  on  observera  seulement  qu'à  cette  époque  la  Ciiria  papalis 
connaissait  déjà  des  réductions  dans  l'office,  tandis  que  les  basi- 
liques conservaient  l'ancien  ordo.  Mais  dans  l'office  de  la  Sep- 
tuagésime  et  des  dimanches  suivants  on  trouve  aussi  des  lectures 
de  l'Écriture  au  premier  et  au  deuxième  Nocturne ,  d'après 
VOrdo  romanus^.  Saint  Bernard  et  Raoul  de  Tongres''  nous 
apprennent  que  les  livres  de  la  sainte  Ecriture  commencés  à 
l'église  devaient  être  continués  au  réfectoire,  comme  c'est  encore 
l'usage  dans  différents  monastères. 

Laudes.  —  Une  importante  réduction  pour  les  Laudes  consistait 
en  ce  que  très  souvent  tous  les  psaumes  de  cet  office  étaient  réci- 
tés sous  une  seule  antienne,  par  exemple  dans  la  première  semaine 
d'Avent,  comme  au  dimanche  précédent,  sous  l'antienne  :  In  illa 
die  stillahunt  montes  dulcedinem^.  Excepté  le  samedi,  où  l'on 
récitait  VOfficium  de  beata  Maria,  il  y  avait  chaque  jour  à  la  fin 
des  Laudes  une  commémoraison  de  la  sainte  Vierge  ;  en  Avent, 
antienne  :  Missus  est  Gabriel;  verset  :  Ave  Maria;  oraison  : 
Deus,  qui  de  heatœ  Marise  Virginis  utero.  Pendant  le  temps 
pascal  on  ajoutait  la  commémoraison  de  la  Passio  et  Resurrectio; 
antienne  :    Crucem  sanctam  subiit,  et  Noli  flere  Maria,  cuni 


'  Ad  Ordo  rom.  XI,  loc.  cil.,  p.  120,  dans  la  note  a,  au  n.  3. 

2  Dans  Mabillon,  Mus.  ilal.,  t.  ii,  et  P.  L.,  t.  Lxxvin. 

3  Ihid.,  n.  30,  31,  37,  59,  70. 
*  De  can.  ohsei-v.,  propos,  xr. 

•"'  Cf.,  outre  les  codice.t  déjà  cités  de  DiJsseldorf,  Munich,  Saint-Gall  et 
Bruxelles,  les  cod.  1,2,3,4  sq.  des  psautiers  et  Brcviar.  I  des  xii«  et 
.\iii«  siècles  de  la  bibliothèque  grand -ducale  de  Karlsruhe,  et  aussi  le 
cod.  309  de  Donaueschingen. 


U  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

versu  et  oratione^.  Du  reste,  les  antiennes  finales  à  la  Vierge  : 
Aima,  Ave  Regina,  Regina  cseli  et  Salve  Regina,  ne  faisaient 
pas  encore,  comme  on  le  voit  par  Raoul  de  Tong-res,  partie  essen- 
tielle de  Toffice.  Ce  fut  seulement  en  1239  que  Grégoire  IX  pres- 
crivit la  récitation  du  Salve  Regina  le  vendredi  après  Complies^. 
L'Office  des  Laudes  fut  encore  abrégé  en  ce  que  désormais  Tan- 
tienne  n'était  plus  répétée  au  cantique  Renedicite  et  au  Renedi- 
ctus,  ou  en  ce  que  différentes  antiennes  n'étaient  plus  intercalées 
après  chaque  verset,  les  dimanches  et  jours  de  fêtes;  usage  que 
nous  fait  connaître  pour  une  époque  antérieure  Tommasi,  et  qui 
subsista  encore  dans  quelques  églises  romaines  et  dans  des  églises 
étrangères,  sous  la  dénomination  de  triumphare  antiphonas^ . 
Souvent,  comme  aujourd'hui  aux  dimanches  du  temps  pascal,  on 
prenait  pour  le  Renedictus  l'antienne  du  Magnificat  des  premières 
Vêpres. 

Petites  Heures.  —  Il  n'y  a  pas  de  différence  entre  l'office  du 
xii^  siècle  et  celui  de  l'époque  antérieure  pour  Prime,  Tierce, 
Sexte  et  None.  On  doit  seulement  noter  ceci  :  Raoul  de  Tongres 
se  plaint  que  déjà  on  commençait  à  supprimer  souvent  les  cinq 
ou  six  psaumes  (xx-xxvi)  qui  devaient  se  réciter  le  dimanche  en 
plus  des  psaumes  ordinaires  (ps.  lui  et  commencement  du  ps.  cxvni 
avec  le  Confitemini^).  Mais  ici  il  ne  peut  rendre  responsables 
les  Frères  Mineurs,  qu'il  accuse  toujours,  car  ces  psaumes  se 
trouvent  encore  dans  les  Bréviaires  que  nous  possédons  des  xm*" 
et  xiv^  siècles. 

Vêpres.  —  De  même  les  réductions  ou  modifications  apportées 
aux  Vêpres  sont  sans  importance.  La  plupart  du  temps,  sinon 
toujours,  les  dimanches  et  jours  de  fête,  on  chantait  les  cinq 
psaumes  des  premières  Vêpres  sous  une  seule  antienne ,  comme 


*  Cf.  Or  do  rom.  XI,  n.  5  et  55. 

2  Cf.  Vila  Gregorii  IX,  p.  582,  dans  Felten,  Papsl  Grcyor  IX,  Frei- 
burg,  1886,  p.  309  (cf.  Mercati ,  dans  Rassegna  gregoriana ,  sett.-otlobre 
1903,  col.  436  sq.). 

3  Antiphonx  super  Benedicile  multiplie atse...  in  diversis  aliis  locis, 
Radulph.  Tungr.,  prop.  x.\ii ,  vers  le  milieu.  Cf.  de  Moléon  (pseudonyme 
pour  Lebrun -Desmarettes),  Voyages  liturgiques,  Paris,  1718,  p.  13, 
65,  205. 

*  Dans  TAntiphonaire  ou  Responsoinal  de  léglise  Saint -Pierre,  qui  fut 
écrit  sous  Alexandre  III  (1159-1181),  et  qui  a  été  publié  dans  Tommasi, 
Opéra,  t.  iv,  éd.  Vezzosi,  p.  1  sq.,  le  ps.  xxi  est  indiqué  pour  Prime  au 
lundi  après  le  dimanche  dans  l'Epiphanie  [toc.  cit.,  p.  53). 


CHAPITRE  VI  55 

on  le  fait  aujourd'hui  durant  le  temps  pascal  avec  Alléluia  (à 
partir  du  dimanche  in  Alhis).  Les  Dominicains  ont  conservé  cet 
usage.  Toutefois  l'antienne  en  question  n'est  pas  partout  la  même 
pour  la  même  fête;  en  effet,  VOrdo  romanus  XI,  n.  2,  de  1135, 
s'écarte  plusieurs  fois  de  VOrdo  divini  officii  du  commencement 
du  xn®  siècle*.  Si  une  fête  tombait  en  Avent,  en  Carême  ou  se 
rencontrait  avec  d'autres  feriœ  maiores,  celles-ci  n'avaient  qu'une 
simple  commémoraison'^.  Une  autre  simplification  concernait  le 
Magnificat,  qui  auparavant  était  chanté  triumphaliter  avec  un 
grand  nombre  d'antiennes.  Dans  la  plupart  des  églises,  l'ancienne 
ordonnance  resta  telle  quelle,  et  Lanfranc  prescrivait  dans  ses 
décrets,  où  pour  la  première  fois  il  appelle  fesla  duplicia  les 
grandes  fêtes,  de  répéter  trois  fois  l'antienne  à  certains  jours,  à 
d'autres  seulement  deux  fois^.  UOrdo  romanus  XI  et  XII  auclore 
Cencio  ^,  d'après  lequel  on  chantait  à  la  fin  du  troisième  Magni- 
ficat la  séquence  flâcrxa  lepov,  montre  qu'on. avait  aussi  conservé  à 
Rome,  au  xn^  siècle,  l'ancien  usage,  tel  que  nous  le  décrivent 
VOrdo  romanus  I  et  Amalaire  ^. 

Compiles.  —  Pour  les  Complies,  on  trouve  dans  les  sources 
indiquées  à  peu  près  la  même  ordonnance  qu'aujourd'hui,  sauf 
quelques  exceptions  insignifiantes.  Ainsi,  pour  les  fêtes  doubles 
on  ne  récitait  pas  plus  aux  Complies  qu'à  Prime  le  Paler  noster 
et  le  Credo,  parce  qu'ils  étaient  considérés  comme  une  partie  des 
Preces  de  l'office,  non  comme  une  introduction  ou  une  conclu- 
sion de  cet  office".  La  leçon,  actuellement  lectio  hrevis ,  qu'on 
disait  au  commencement,  n'était  pas  toujours  la  même  qu'aujour- 
d'hui :  Fratres ,  sobrii  eslote,  mais  elle  variait  selon  la  fête. 
Ainsi,  par  exemple,  on  avait  pour  Noël  dans  VOrdo  divini  officii 
Canonicorum  cité  ^  :  Ad  Collectam  in  claustro  anfe  Completo- 


1  Cf.  Amort,  loc.  cit.,  p.  938,  9i5,  993,  1000;  il  y  a  des  répons  pour 
les  Vêpres.  Cf.  codex  S.  Gall.  389,  416,  Â72 ,  des  xii'',  xiu«  et  xiv«  siècles, 
et  Clin.  Il  013  (xiii«  siècle),  avec  l'ordonnance  romaine. 

2  Amort,  foc.  cit.,  p.  938. 

3  Lanfranci  Décréta  pro  0.  S.  B.,  c.  \,  sect.  7,  8,  9  [P.  L.,  t.  cl, 
col.  451 ,    172,   475). 

<  Mabillon,  loc.  cit.,  p.  187. 

5  De  même  pour  la  Noël  (Amort,  loc.  cit.,  p.  915).  Cf.  l'Antiphonaire 
publié  par  Tommasi ,  p.  42,  avec  l'antienne  ou  le  trope  Virgo  hodie  fidelis. 

6  Codex  Beuron.  XI  (xiii»  siècle),  fol.  1  et  Buhricn  post  Paschn.  Mais 
voir  par  contre  ÏUsus  Cisterciens.,  ci -dessous. 

7  Dans  Amort,  loc.  cit.,  p.  913. 


56  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

rium  leguntur  sermones  usque  in  Ocfava  Epiphaniœ*.  Ad  Com- 
pletorium  Antiphona  «  Virgo  concepit  »;  nihil  aliud  mutamus, 
et  le  codex  Beuron.  A7Fdu  xiii^  siècle  prescrit  dans  les  rubriques, 
avant  la  Cœna  Domini,  que  la  lectio  «  Fratres  sohrii  »  doit  se 
réciter,  tandis  qu'aux  autres  temps  elle  n'était  récitée  c{\x  extra 
chorum.  Pour  le  reste,  voici  Tordo  :  Confiteor  après  la  lecture 
spirituelle,  puis  verset  Couverte  nos,  Deus  in  adiutorium,  quatre 
psaumes  avec  hymne,  qui  variait  suivant  le  temps;  capitule, 
répons  et  verset,  antienne  et  cantique,  Kyrie  eleison,  Pater  no- 
sler  et  Credo  avec  versets  [capitella),  sauf  pour  les  g-randes  fêtes  ; 
oraison  :  Illumina  ou  Deus,  qui  illuminas^  ;  puis  venait  la  béné- 
diction et  au  chœur  l'aspersion  avec  verset  et  oraison  :  Exaudi 
nos.  Le  Salve  Regina,  comme  nous  l'avons  vu  ci- dessus,  ne  fut 
ajouté  qu'en  1239,  et  saint  Louis  le  chantait  solennellement  tous 
les  soirs  dans  la  chapelle  du  palais,  ainsi  que  Thomassin  nous  l'a 
appris  dans  le  chapitre  précédent. 

Hymnes.  —  Il  semble^  que  dès  lors  les  hymnes  des  Heures  du 
jour  :  Prime,  Tierce,  Sexte,  None  et  Compiles,  étaient,  d'après 
l'usage  romain,  constamment  les  mêmes;  toutefois,  pour  les 
grandes  fêtes,  il  y  en  avait  de  particulières'',  par  exemple  aux 
Compiles,  On  cherchait  à  se  conformer  aux  habitudes  du  peuple, 
en  lui  conservant  pour  les  offices  auxquels  il  assistait  de  vieilles 


'  Dans  le  codex  109  (x^  siècle)  de  la  bibliothèque  du  chapitre  de  Vérone, 
la  leclio  hrevis  actuelle  {Fratres,  sohrii "^  est  appelée  alia  lectio,  ce  qui 
suppose  qu'une  autre  était  aussi  lue  ou  chantée  avant  les  Compiles.  Pri- 
mitivement, ce  passajre  de  l'épître  de  saint  Pierre  n'était  pas  prescrit 
pour  la  récitation  publique  des  Complies.  mais  pour  la  récitation  privée, 
où  l'on  ne  pouvait  se  permettre  une  lecture  plus  développée,  par  exemple 
en  voyage.  C'est  pourquoi,  dans  quelques  anciens  Bréviaires,  la  rubrique 
porte,  au  sujet  de  ce  passage  :  Lectio  hrevis  extra  conventum ,  chorum... 
Ainsi  dans  le  cod.  V  de  Beuron  (xin''-xiv«  siècle,  Diurnale).  Dans  le 
cod.  Downside  Bishop  (xv^  siècle,  Bréviaire  de  la  Congr.  S.  Justinœ ,  a 
papa  Eucjenio  IV  confîrmatum)  on  lit.  fol.  237  :  Sequens  lectio  dicitur 
extra  conventum  :  Fratres ,  sohrii,  etc.  Aujourd'hui  encore,  dans  quelques 
monastères,  par  exemple  dans  ceux  de  la  congrégation  anglaise,  au  lieu 
de  cette  lectio  hrevis,  on  fait  une  lecture  plus  longue  tirée  de  la  règle  de 
saint  Benoît  ou  d'un  livre  spirituel;  elle  commence  par  luhe  Domne  et 
Noctem  quietam.  En  France  (  Solesmes  et  ailleurs),  on  joint  encore,  à  la 
fin  de  cette  dernière  lecture,  la  lectio  hrevis  :  Fratres,  sohrii,  etc. 

2  Cf.  Abailard,  Epist.  X  ad  S.  Bern.  [P.  L.,  t.  clxxviii,  col.  339);  Amort, 
Vêtus  discipL,  p.  917-963. 

s  D'après  Amort,  loc.  cit.,  p.  937,  945,  963. 

^   Codex  Beuron.  XIV  et  XIX  (xiv^  siècle),  p.  379. 


CHAPITRE  VI  57 

hymnes,  connues  et  aimées  de  tous.  Ainsi,  on  lit  au  commence- 
ment du  xn*  siècle^  :  Ad  Completorium populi  dicitur  Hymnus  : 
Christe,  qui  lux  es  et  dies.  Après  les  Complies  que  l'hebdoma- 
dier  récitait  avec  ses  ministri  cum  populo,  le  chœur  de  son  côté 
récitait  les  Complies  :  in  quo  nunquam  a  nohis  mutatur  Hym- 
nus :  Te  lucis  ante  terminuni.  Chez  les  Cisterciens,  après  la 
bénédiction  du  même  office ,  suivaient  aussitôt  Pater  noster  et 
Credo  (sans  Ave  Maria).  Ainsi  donc,  il  n'y  avait  pas  encore  chez 
eux  d'antienne  à  la  sainte  Vierge,  comme  aujourd'hui^.  En  Alle- 
magne et  en  France  l'on  s'en  tenait  aux  anciennes  coutumes  ou 
on  développait  d'une  façon  plus  libre  celles  qui  étaient  venues 
de  Rome  ^. 

Somme  toute,  l'office  était  devenu  et  plus  précis  et  plus  court; 
les  fêtes  des  saints  formaient  déjà  dans  l'année  liturgique  une 
partie  qui  existait  non  plus  parallèlement  à  VOfficium  de  tem- 
pore ,  mais  qui  commençait  à  se  fusionner  avec  lui  pour  former 
un  tout  organique.  Les  petites  Heures  conservaient  leurs  psaumes 
et  leurs  hymnes  fixes  sans  que  l'on  tînt  compte  des  jours  de  fête. 
Ces  psaumes  et  ces  hymnes  ne  changeaient  plus  que  pour  les 
grandes  Heures.  Grâce  à  des  commémoraisons  ou  par  l'interca- 
lation  de  prières  ou  de  lectures  particulières ,  les  fêtes  des  saints 
étaient  comme  enchâssées  dans  les  cadres  de  VOfficium  de  tem- 
pore. 

Caractère  de  cette  réforme.  —  Le  trésor  du  pensum  liturgique, 
que  les  héros  de  l'époque  des  Pères,  les  Ambroise,  les  Damase, 
les  Célestin  P"",  les  Gélase,  les  Grégoire  le  Grand,  les  Grégoire  H 
et  in,  les  Adrien,  les  Léon  III  et  les  Grégoire  lY  avaient  légué 
à  l'Eglise,  était  donc  demeuré  intact  dans  son  ensemble,  en  dépit 
de  certaines  réductions  et  simplifications.  L'Eglise  n'abandonne 
pas  volontiers  ce  qui  est  une  fois  entré  dans  le  domaine  de  sa  vie 
grénérale  *. 


1  Dans  Amoi-t,  p.  963. 

2  Cf.  VUsus  Cisterc,  pars  III,  c.  lxxxii  (P.  L..  t.  clxvi  ,  col.  1457).  et  le 
codex  Dûsseldorpiens.  LX  ;xiii«  siècle). 

3  Nous  n'indiquons ,  parmi  un  grand  nombre  de  codices  du  ^xii^  ou 
xin^  siècle,  que  celui  de  Bamberg;  ;^bibl.  publique,  cod.  lai.,  éd.  3,  2.  Perg., 
xiii^  siècle). 

^  L'étude  de  VOrdo  divini  officii,  publié  par  Amort  et  que  nous  avons 
déjà  souvent  cité,  de  l'Ordo  romanus  XI  et  du  Responsoriale  el  Antipho- 


58  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

La  vénération  et  l'estime  pour  les  choses  du  passé  et  pour  la 
tradition  est  un  des  traits  distinctifs  de  l'Eglise  catholique.  Son 
imposante  dignité  et  la  persistance  de  sa  durée,  au  milieu  des 
vicissitudes  des  temps  et  des  révolutions  des  peuples,  ne  se 
révèlent  jamais  avec  plus  d'évidence  que  dans  le  zèle  de  ses  hauts 
dignitaires,  papes  et  évéques,  à  conserver  les  souvenirs  du  passé, 
dans  leur  fidélité  aux  usages  et  aux  institutions  liturgiques  de  la 
prière  canoniale  que  le  temps  a  consacrés,  et  dans  les  efforts 
persévérants  qu'ils  font  pour  les  maintenir.  Dans  les  questions 
de  liturgie  aussi,  le  depositum  ciislodi ,  qui  est  la  devise  de 
l'Eglise,  trouve  sa  raison  d'être,  encore  que  cette  tendre  mère,  en 
imposant  des  fardeaux  et  des  devoirs ,  sache  tenir  compte  des 
besoins  variables  des  temps,  des  exigences  réclamées  par  chaque 
nation  et  des  faiblesses  des  individus.  En  maintenant  ainsi  les 
pièces  et  les  dispositions  de  l'office  telles  que  nous  les  ont  léguées 
les  Pères,  elle  ne  fait  que  nous  découvrir  un  peu  de  cette  sollicitude 
avec  laquelle  elle  nous  conserve  le  trésor  de  son  héritage.  Aussi 
nos  livres  liturgiques,  nos  Bréviaires,  non  moins  que  nos  Missels, 
sont-ils  des  documents  de  notre  foi  de  la  plus  haute  importance; 
ils  possèdent  une  valeur  dogmatique  et  une  force  démonstrative 
quil  est  assez  difficile  de  retrouver  dans  n'importe  quel  autre 
document  des  premiers  temps,  du  christianisme.  Ils  renferment 
notre  Credo ,  ils  expriment  la  foi  de  l'Eglise  entière;  et  non  pas 
seulement  celle  de  l'Église  actuelle  qui  les  emploie,  mais  aussi 
celle  de  tous  les  siècles  passés  qui  s'en  sont  servis,  et  en  défini- 
tive la  foi  des  temps  apostoliques,  où  ils  ont  pris  leurs  i^acines  '. 
La  persistance  du  caractère  apostolique  et  l'infaillibilité  de  l'Eglise 
sont,  il  est  vrai,  des  faits  surnaturels,  que  l'on  ne  conçoit  pas 
sans  l'assistance  toute  spéciale  du  Saint-Esprit.  Mais  l'Eglise,  tout 


narium  S.  romanœ  Ecclesiœ ,  écrit  en  1181  sous  Alexandre  III,  destiné 
à  l'église  de  Saint -Pierre  et  publié  par  Tommasi ,  Opéra,  éd.  Vezzosi, 
t.  IV,  1,  rcsp.  17-170,  nous  révèle  qu'il  y  a  accord  essentiel,  sauf  pour 
le  système  des  leçons,  entre  le  présent  et  le  passé. 

^  Cf.  Zaccaria,  De  usu  libroruni  liturgicorum  in  rehus  theologicis , 
Bibl.  rit.,  Romie ,  1776,  t.  i,  p.  lv-lxxx;  et,  en  outre,  les  articles  du 
Katholik  :  Das  Alterthûmliche  im  katholischen  Kultas ,  et,  Der  dogma- 
lische  Werth  der  Liturgie,  l.  xvi,  1857,  p.  266  sq.,  453,  566  sq.,  et,  185S, 
p.  115  sq.,  152  sq.  On  y  voit  aussi  comment  les  papes  et  les  conciles, 
depuis  saint  Célestin  I«f  jusqu'à  Pie  IX,  ont  fait  usaji:e  de  la  liturgie  pour 
appuyer  les  thèses  dogmatiques.  Cf.  encore  les  articles  sur  les  hymnes  de 
l'Eglise  latine,  1859,  p.  987  sq.,  1577  sq. 


CHAPITRE  VI  59 

eu  restant  persuadée  qu'elle  ne  peut  compter  que  sur  le  secours 
divin,  emploie  tous  les  moyens  humains  pour  garder  la  voie  que 
lui  a  tracée  le  Saint-Esprit  et  pour  ne  se  point  fourvoyer.  La 
conservation  fidèle  de  la  liturgie  et  du  livre  de  la  prière  officielle, 
la  sollicitude  qu'elle  met  à  entretenir  et  à  communiquer  à  ses 
enfants,  comme  un  testament  précieux,  la  doctrine  et  les  usages 
des  Pères  dans  la  langue  et  les  institutions  du  passé,  dans  ses 
fonctions  vitales  les  plus  intimes,  c'est-à-dire  dans  le  culte,  ne 
sont  pas  les  derniers  des  moyens  dont  elle  se  sert  pour  se  main- 
tenir dans  son  intégrité. 

Les  distributions  nouvelles  n'avaient  été  déterminées  qu'en 
gros,  aussi  les  réductions  des  leçons  ne  trouvèrent-elles  pas  pen- 
dant un  certain  temps  beaucoup  d'imitateurs.  Les  usages  autori- 
sés des  chanoines  et  des  templiers,  aussi  bien  que  ceux  des  Cis- 
terciens, laissaient  encore  beaucoup  de  latitude  au  supérieur 
local*.  Même  dans  les  Ordines  romani  du  xn^  siècle,  l'étendue 
des  leçons  était  réglée,  comme  le  prouve  Mabillon'^,  par  le  bon 
plaisir  du  président  du  chœur. 

Nous  trouvons  dans  une  lettre  du  pape  Gélase  II,  du  11  août 
1118,  qui  semble  peu  connue,  une  preuve  que  les  papes  com- 
mençaient à  se  montrer  plus  sévères,  à  ne  plus  laisser  libre  cours 
à  l'arbitraire  qui  envahissait  fout,  et  qu'ils  visaient  à  obtenir  plus 
de  conformité  avec  la  liturgie  romaine  :  Ea  vero,  qux  de  officiis... 
scripta  sunt,  observari  non  passant,  quia  et  a  Romanse  et  a  cete- 
rariun  Ecclesiarum  consuetudine  discrepant,  siciit  et  in  Régula 
S.  Benedicti  queedam  de  officiis ,  de  lahore  manuum  ,  de  leiunio 
scripta  sunt,  quœ  nostris  temporibus  per  monasleria  longe  ali- 
ter fiant.  Neque  tnmen  enini  propter  hoc  monachorum  professio 
creditar  infirniari.  Prœcipimus  erqo,  ut  officiorum  celebrationes 
apud  vos  iuxta  communem  catholicœ  Ecclesiie  consueludinem 
ohserventur^. 


1  Cf.  S.  Stephan.  Harding.  Usas  Cisterc,  pars  II.  c.  l.wiii  (P.  L., 
t.  CLXvi,  col.  1440). 

*  Mus.  ital.,  t.  II,  p.  cxxviii. 

2  Epist.  Gelas.  II  P.  ad  Richard.  Prœpos.  de  Sprinyirshach  0.  S.  Ang., 
Romie,  ///  Id.  Auçjusl,  1118.  Cf.  Compte  rendu  des  sé:inces  de  la  Commis- 
sion royale  de  l'histoire,  t.  m,  Bruxelles,  5  octobre  1844,  p.  102-103. 


60  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Calendrier  des  Fêtes. 


Pour  ce  qui  est  de  Faugmentation  du  calendrier  de  l'Église  et 
des  fêtes,  nous  devons,  afin  de  ne  pas  entrer  dans  trop  de  détails, 
renvoyer  aux  sources  citées*,  à  Rupert,  à  Jean  Beleth,  et  à  l'ou- 
vrage anonyme  édité  par  Zazzera  (Rome  1785),  où  la  liturgie  et 
le  calendrier  du  xu®  siècle  sont  étudiés  autant  qu'il  est  nécessaire. 
On  a  déjà  vu  par  le  Micrologue  et  d'autres  sources  qu'à  partir 
de  Grégoire  VII  et  sur  sa  décision,  la  plupart  des  saints  papes 
pénétrèrent  dans  le  calendrier  de  l'Eglise  universelle.  On  nous 
permettra  d'ajouter  un  mot  seulement  sur  deux  fêtes  bien  con- 
troversées, qui,  quoique  ne  datant  pas  de  cette  période,  prirent 
à  ce  moment  une  extension  universelle. 

Fête  de  la  Trinité.  —  La  fête  de  la  très  sainte  Trinité,  éta- 
blie au  x^  siècle  à  Liège  sous  l'évêque  Etienne  (903-920),  rencon- 
tra l'opposition  des  papes  Léon  IX  et  Alexandre  II  {f  1073),  ce 
qui  explique  la  phrase  de  VOrdo  officii  divini^  :  A  Sede  aposto- 
lica  repelliliir.  Malgré  cela,  on  consacra  bientôt,  dans  les  pays 
les  plus  divers,  un  jour  spécial  à  la  célébration  de  ce  mystère; 
tantôt  on  choisit  le  dernier  dimanche  de  l'année  ou,  comme  on 
disait  alors,  Dominica  quinta  ante  Natale,  tantôt  le  premier 
dimanche  après  la  Pentecôte^.  Enfin  le  pape  Jean  XXII,  avant 
l'année  1334,  étendait  la  fête  à  toute  l'Eglise.  En  Belgique  et  peut- 
être  aussi  dans  quelques  parties  de  l'Angleterre,  la  fête  avait  une 
Octave  dès  1109,  comme  le  montre  un  acte  authentique  passé 
entre  «  ^gidius  le  Flamand  »  et  la  cour  royale  d'Angleterre ,  et 


*  Ordo  (liv.  off.  can.,  lib.  VII,  c.  i-xvi,  dans  Amort,  p.  1011  sq.,  et 
Ordo  rom.  XI. 

*  Dans  Amort,  p.  1009. 

3  Concile  de  Séligenstadt,  1022,  can.  9,  dans  Hartzheim,  Conc.  Germ., 
Colonia;,  1760,  t.  m,  p.  59.  Dans  le  Velus  Missale  Romaniim  monastic. 
Laleranense  (fin  du  xi»  ou  commencement  du  xn«  siècle),  éd.  Azevedo, 
Romaî,  1752,  p.  157,  le  Dominica  XIV  post  Penlecosten  est  appelé  Domi- 
nica Trinilalis;  Toraison  est  celle  d'aujourd'hui.  Reichenau,  vers  1030;  Cluny, 
avant  1091;  Angleterre,  par  S.  Thomas  Becket,  1162;  pour  tout  l'ordre 
cistercien,  1230;  France,  concile  d'Arles,  1250.  Cf.  le  prince  des  litur- 
gistes  du  xii«  siècle,  l'abbé  Rupert  de  Deutz  [De  div.  off.,  Ikb.   XI,  c.  i). 


CHAPITRE  Yl  61 

qui  se  trouve  dans  Wauters*.  On  voit  par  d'autres  chartes  du 
même  recueil,  notamment  du  comte  Baudouin  de  Flandre,  du 
15  juillet  1199  et  de  1224,  1226,  1233,  que  le  15  juillet  on  fêtait 
la  Divisio  apostolorum.  L'Officium  ou  le  Cursus  de  Trinilate, 
en  g^rande  partie  le  même  qu'aujourd'hui  au  Bréviaire  romain, 
avec  les  antiennes  et  les  répons  empruntés  à  ^^ictorinus  Afer, 
se  trouve  déjà  dans  le  codex  53  d'Einsiedeln,  du  xu^  siècle,  et 
dans  le  codex  54  de  la  bibliothèque  de  Dûsseldorf.  Mais  dans  ce 
dernier  manuscrit,  qui  est  du  xui^  siècle  et  qui  provient  du  monas- 
tère des  Cisterciens  d'Altenbourg-,  il  y  a  déjà  beaucoup  d'autres 
textes  entremêlés. 

L'Immaculée  Conception.  —  De  récentes  recherches  d'Edmond 
Bishop  et  du  P.  Boniface  WolfF,  0.  S.  B.,  ont  jeté  plus  de  lumière 
sur  les  origines  de  la  fête  de  l'Immaculée  Conception".  (Saint 
Bernard  reprochait  son  introduction  aux  chanoines  de  Lyon^.) 
D'après  ces  historiens,  la  fête  a  pris  naissance  en  Angleterre,  où 
elle  paraît  déjà  entre  les  années  1025  et  1050,  chez  les  Bénédic- 
tins de  Cantorbéry.  [Le  premier  calendrier  où  elle  figure  remonte 
au  temps  de  l'abbé  Aelfwin  (1034-57),  il  porte  au  8  décembre  : 
Conceptio  sanctse  genitricis  Mariœ.  Tr.]  En  1050  on  la  rencontre 
dans  le  monastère  bénédictin  de  A\'inchester,  et  bientôt  après  à 
la  cathédrale  d'Exeter  sous  l'évêque  Leofric  (-}-  1072) ,  et  partout 
au  8  décembre.  L'abbé  Anselme  d'Edmundsbury,  neveu  de  saint 
Anselme,  archevêque  de  Cantorbéry,  l'introduisit  dans  son  monas- 
tère en  1125.  Les  Bénédictins  de  ^^'estminster  et  de  Reading  la 
célébraient  certainement  en  1127  et  1130,  vraisemblablement  sur 
les  instances  de  l'abbé  Anselme  [et  d'Osbert  de  Clare,  moine  et 
plus  tard  abbé  de  ^^'estminste^.  Cette  fête  fut  formellement  sanc- 
tionnée dans  un  concile  dévêques  anglais,  tenu  à  Londres  en 
1129.  Tr.  .  Les  églises  de  Gloucester,  de  Winchcombe,  de  \\'or- 
cester  et  de  Saint-Alban  l'avaient  eue,  d'après  les  témoignages 


1  La  charte  est  datée  :  In  Octavas  S.  Trinitatis  (20  junii  1109^  dans 
Wauters,  Table  chronologique  des  chartes  et  diplômes  de  Belgique,  t.  m, 
Bruxelles,  1871;  cf.  ibid.  ad  an.  1225  et  1236.  En  1226,  la  fête  de  sainte 
Madeleine  fut  aussi  établie  à  Liège.  Charte  originale  dans  les  cU"chives  de 
la  ville  de  Liège,  chartrier  Saint -Jacques;  tandis  que,  d'après  Amort 
(p.  1028),  elle  existait  déjà  ailleurs  [i.  iv,  p.  609  et  311). 

2  Downside  Review,  1886;  Studien  und  Mitth.,  t.  i,  1885,  p.  21  sq.;  t.  ii, 
1886,  p.  108  sq. 

3  S.  Bern.,  epist.  clxxiv,  1-5    P.  L.,  loc.  cit..  t.  ci.xxxii,  col.  333). 


62  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

apportés  par  Bishop,  dès  l'année  1130,  ou  au  moins  avant  le 
milieu  du  xii"  siècle.  Mais  toutes  les  indications  laissent  supposer 
qu'elle  fut  célébrée  pour  la  première  fois  à  Winchester  et  qu'elle 
y  a  pris  naissance. 

La  lettre  de  saint  Bernard  aux  chanoines  de  Lyon  fut  écrite 
en  1140^  ;  ce  fait  prouverait  que  la  fête  était  célébrée  dans  cette 
ville  dans  la  première  moitié  du  xu"  siècle ,  et  comme  d'autre 
part  il  est  certain  que  saint  Anselme  de  Gantorbéry  vécut  long- 
temps en  exil  à  Lyon  durant  les  premières  années  du  xii^  siècle^, 
on  peut  supposer  que  c'est  par  lui  que  l'Eglise  lyonnaise  connut 
la  fête ,  et  que  son  exemple  incita  les  chanoines  de  Lyon  à  l'éta- 
blir. [Mais  déjà  elle  avait  été  reçue  en  Normandie  par  l'intermé- 
diaire d'Hugues  d'Amiens,  abbé  de  Reading  et  plus  tard  arche- 
vêque de  Rouen.  Elle  y  devint  si  populaire  qu'on  lui  donna  le 
nom  de  fête  des  Normands.  Egalement  saint  Vérémond  l'intro- 
duisit en  Navarre  (abbaye  d'Irach,  en  1090).  Tr.]  Après  s'être 
répandue  dans  la  suite  par  toute  la  France,  cette  fête  fut  aussi 
reçue  à  Rome  en  1246,  et  enfin  étendue  à  toute  l'Eglise  par  le 
pape  Sixte  IV  en  1496.  L'office  fut  copié  sur  celui  de  la  Nativité 
de  la  bienheureuse  Vierge  Marie;  on  remplaça  le  mot  Nativitas 
dans  les  antiennes,  les  versets  et  les  répons,  par  Conceptio.  L'orai- 
son commençait  ainsi  :  Deus  ineffabilis  miser icordi se...  Les  leçons 
étaient  formées  par  un  récit  évidemment  légendaire  de  la  créa- 
tion de  cette  fête^.  [Le  P.  Herbert  Thurston  est  tout  récemment 


>  Cf.  Vacandard,  S.  Bernard  et  la  fête  de  la  Concept,  de  la  Vierge 
(extrait  de  la  Science  caih.,  sept.  1893,  Paris-Lyon),  où  il  montre  que 
non  seulement  le  saint  abbé  était  l'adversaire  d'une  nouvelle  fête,  mais 
de  la  doctrine  de  l'Immacul.  Concept,  de  la  très  sainte  Vierge.  [  Cf.  aussi, 
du  même  auteur,  un  article  de  la  Revue  des  Quest.  histor.,  janvier  1897, 
intitulé  :  Les  origines  de  la  fête  de  la  Conception  dans  le  diocèse  de  Rouen 
et  en  Angleterre.] 

*  Eadmer,  Vila  S.  Anselmi,  lib.  II,  c.  vi  et  vu  (P.  L.,  loc.  cit.,  t.  clviii, 
col.  107-113).  L'abbé  Anselme,  pour  le  dire  en  passant,  introduisit  la 
fête  particulière  de  VExpectaiio  partus,  au  18  décembre,  qui,  on  le  sait, 
tenait  la  place  en  Espagne,  depuislevii«  siècle,  de  la  fête  de  l'Annonciation. 

3  Incip.  :  Tempore ,  ciuo  Domino  placuit  pietati  Anglorum  gentis...  glo- 
riosissimus  Norniannorum  dux  Wilhelmus,  etc.,  /.  Noct.  Puis  il  y  avait 
un  sermon  {Attendite ,  fratres  carissimi ,  ineffabilem  divinse  maiestatis 
erga  nos  clementiam ,  II.  Noct.)  et  l'homélie  de  S.  Jérôme  sur  l'Evangile 
de  S.  Matth.  [Liber  generationis.  Incip.  :  In  Isaia  legimus  :  Generationem 
eius  quis  enarrahit?  III.  Noct.)  Dans  une  addition  du  xiv»  ou  xv^  siècle 
au  Breviar.  ad  usum  Curise  rom.,  cod.  Beuron.  11  (xiii^  siècle),  et  dans 
beaucoup  d'autres  Bréviaires  de  ce  temps. 


CHAPITRE  Vl  63 

arrivé  à  des  résultais  nouveaux  sur  l'orig-ine  de  cette  fête.  Il 
semble  qu'elle  a  dû  être  introduite  en  Angleterre  vers  le  x^  siècle, 
et  même  on  peut  remonter  plus  haut,  car  on  trouve  un  calen- 
drier d'origine  celtique  du  ix^  siècle  qui  la  donne  au  commence- 
ment de  mai.  Ce  serait  donc  les  Irlandais  qui  l'auraient  célébrée 
les  premiers  en  Occident.  The  Month ,  mai  1904,  p.  449-465; 
The  irish  Origins  of  oiir  Lady's  Conception  Feast.  Trad.  dans 
la  Revue  du  clergé  français.  Tr.] 

VI.  L'Office  depuis  Innocent  III  et  Grégoire  IX 
(1198-1241). 

L'activité  du  grand  pape  qui  s'est  appelé  Innocent  III  embrassa 
sous  différentes  formes  presque  le  monde  entier.  Ce  pontife,  selon 
Hurter,  «  fut  par  sa  position  et  sa  personnalité  comme  le  cœur 
et  le  centre  de  la  vie  qui  circulait  à  travers  loutes  les  parties  de 
l'Europe;  avec  lui  la  Papauté  atteignit  sans  conteste  son  apogée, 
à  la  fois  dans  son  développement  interne  et  dans  ses  œuvres  du 
dehors.  »  Mais  les  sources  jusqu'ici  connues  ne  nous  disent  pas 
s'il  travailla  immédiatement  au  développement  de  l'office  des 
Heures  canoniales.  Il  n'est  toutefois  que  juste  de  consacrer  un 
chapitre  à  ce  pontificat  si  influent ,  car  c'est  encore  du  vivant 
d'Innocent  III ,  ou  dans  les  premières  années  de  son  successeur, 
que  saint  François  d'Assise  écrivait  dans  sa  règle  cette  clause 
importante  pour  le  temps  qui  suivra,  à  savoir  que  ses  fils  spiri- 
tuels devaient  s'en  tenir  au  Bréviaire  de  l'Eglise  romaine,  pour 
montrer  par  là  leur  union  étroite  avec  la  mère  de  tous  les  Eglises  '. 
Le  saint,  comme  nous  l'avons  indiqué  plus  haut,  fit  une  simple 
exception  pour  la  traduction  des  psaumes. 

Comment  et  pourquoi  le  Bréviaire  abrégé  de  la  curie 
fut  aussi  adopté  en  dehors  de  Rome. 

Diffusion  du  Bréviaire  par  les  Franciscains.  —  Le  résultat  le 
plus  immédiat  de  l'adoption  du  Bréviaire  de  la  curie  par  les  Fran- 
ciscains fut  sa  diffusion  rapide  et  universelle.  A  peine  dix  ans 
après,  au  chapitre  général  de  1219,  auquel  assistait  aussi  le  légat 

1  Cf.  plus  haut,  p.  23,  n.  2. 


64  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

papal  de  Florence,  le  cardinal  Hugolin,  qui  monta  plus  tard  sur 
le  siège  de  Pierre  sous  le  nom  de  Grégoire  IX,  le  patriarche 
d'Assise  comptait  déjà  cinq  mille  fils.  Et,  en  1265,  son  Ordre  com- 
prenait trente- trois  provinces,  huit  mille  couvents  et  deux  cent 
mille  membres*,  qui  inévitablement  prirent  à  cœur  de  répandre 
partout  la  forme  de  l'office,  dans  lequel  ils  voyaient  vme  garantie 
d'union  étroite  avec  la  chaire  de  Rome.  Cela  devait  d'autant 
mieux  réussir  qu'un  grand  nombre  d'entre  ces  Franciscains  furent 
appelés,  en  qualité  d'évéques,  au  gouvernement  d'églises  parti- 
culières. 

Transformations  des  livres  liturgiques.  —  Les  Franciscains 
étaient  aussi  dans  un  certain  sens  contraints  de  rompre  avec 
l'ancienne  liturgie  et  d'abandonner  le  système  des  livres  litur- 
giques d'apparat,  dont  on  se  servait  jadis.  Nous  avons  vu  précé- 
demment qu'aux  x^  et  xi^  siècles  la  célébration  de  l'office  exigeait 
toute  une  série  de  livres  :  psautier,  hymnaire,  lectionnaire,  sacra- 
mentaire,  martyrologe.  Au  xn®  siècle  on  cherchait  déjà  à  sim- 
plifier ce  système.  G'est  ainsi  que  nous  trouvons  en  Suisse,  en 
Italie,  en  Angleterre,  en  France  et  en  Allemagne,  des  Breviaria, 
des  livres  qui  contenaient  l'ordinaire  de  l'office  :  antiennes, 
hymnes,  répons  et  oraisons,  capitules,  etc.,  mais  la  plupart  du 
temps  à  l'exclusion  des  leçons,  et  des  psaumes^,  sauf  le  cas  cepen- 
dant où  ces  derniers  étaient  contenus  dans  un  appendice.  Les 
Franciscains  ne  vivaient  pas  comme  les  anciens  moines  dans  de 
grandes  communautés,  mais  seulement  en  petit  nombre  dans  des 
couvents  peu  vastes;  ils  ne  pouvaient  pas,  par  suite,  ou  ne  vou- 
laient pas,  comme  les  Cisterciens  et  les  Prémontrés,  ou  comme  les 
anciens  Bénédictins  et  les  nouveaux  Dominicains  (ces  derniers  se 
considérèrent  pendant  longtemps  comme  chanoines  ou  Augustins 


1  Felten,  Papst  Gregor  IX,  Freiburg,  1886,  p.  42.  Jos.  Knabeubauer, 
S.  J.,  dans  les  Slimmen  aus  M.  Laach,  1875,  t.  ix,  p.  250. 

2  Nous  avons,  de  la  fin  du  xii«  siècle,  un  bréviaire  complet,  format  in-12, 
dans  le  cod.  428  de  la  bibliothèque  municipale  de  Trêves,  contenant  des 
psaumes,  des  leçons,  des  antiennes,  des  répons,  des  oraisons,  des  hymnes, 
etc.,  dans  un  ordre  systématique;  puis  les  cod.  413  et  416  de  Saint -Gall, 
fin  du  xi«  et  commencement  du  xn^  siècle,  contiennent  tout  Toffice  depuis 
l'Avent  jusqu'à  la  fin  des  saints  de  Tannée  ecclésiastique,  à  l'exception 
des  psaumes;  de  même  le  cod.  83  d'Einsiedeln.  Cf.  aussi  le  cod.  Vati- 
can. 54i9,  provenant  de  Bénévent.  Cf.  cod.  B.  IV.  21  (nouvel  ordre  54', 
et  B.  II.  1  (ou  1907)  de  la  biblioth.  Casanatcus.,  à  Rome,  du  xi"  siècle; 
enfin  cod.  a.  V.  24  du  monastère  de  Saint -Pierre  de  Salzbourff,  xin*^  siècle. 


CHAPITRE  VI  65 

réguliers),  déployer  dans  leurs  églises  toute  la  pompe  de  Toffice 
et  de  Tancien  culte  liturgique.  Le  Frère  Mineur  n'était  pas  à 
demeure  dans  son  monastère ,  il  était  perpétuellement  en  route, 
tantôt  ici,  tantôt  là,  voyageant,  quêtant,  prêchant  d'un  coin  de 
l'Europe  à  l'autre  et  au  delà.  Les  magnifiques  et  volumineux 
livres  de  chœur  copiés  à  grands  frais  et  avec  une  application 
assidue  dans  le  scriptorium  monastique  ne  pouvaient  être  d'au- 
cune utilité  au  pauvre  moine  mendiant  et  errant;  peut-être 
devaient -ils  lui  sembler  en  contradiction  avec  la  pauvreté  qu'il 
avait  vouée,  peut-être  étaient -ils  même  pour  quelques  esprits 
étroits  une  pierre  d'achoppement.  Un  «  Bréviaire  »  dans  le  sens 
moderne  du  mot ,  un  livre  aussi  petit  que  possible ,  qui  contînt 
tout  ce  qu'il  avait  à  réciter  et  qu'il  pût  toujours  porter  avec  lui, 
lui  convenait  mieux;  un  multum  in  parvo  devait  être  son  idéal. 
Il  est  trop  clair  que  l'office  abrégé  de  la  curie  papale,  avec  des 
leçons  aussi  écourtées  que  possible  (qui  étaient  peut-être  même 
encore  adaptées  tout  exprès  à  ses  besoins  modestes  ^  ) ,  cet  office 
qui  se  laissait  enfermer  dans  un  petit  volume  devait  être  bien 
accueilli  par  le  Franciscain  missionnaire  ou  prédicateur.  Les 
Dominicains,  fidèles  aux  principes  de  leur  Ordre  et  de  leur  fon- 
dateur, suivirent  une  autre  voie;  ils  créèrent  une  riche  liturgie 
avec  des  cérémonies  splendides  et  eurent  more  anliquo  toute  une 
série  de  rituels  et  de  livres  d'offices  volumineux  et  de  formes 
diverses,  comme  autrefois  les  Cisterciens  et  les  Prémontrés.  C'est 
ainsi  qu'en  1254  ou  1253,  Humbert,  futur  général  de  l'Ordre,  se 


1  La  plupart  des  Bréviaires  franciscains  des  xiii« ,  xive  et  xv»  siècles  que 
nous  avons  étudiés  contiennent  des  petites  leçons  qui  ont  souvent  à  peine 
la  longueur  des  Lectiones  brèves  ou  des  Capitula  de  nos  petites  Heures; 
il  en  est  qui  n'ont  que  deux  ou  trois  lignes.  Les  livres  de  chœur  propre- 
ment dits,  comme  celui  de  Monza,  avaient  encore  dans  le  Bréviaire  fran- 
ciscain d'assez  longues  leçons;  de  même  il  y  a  une  différence  entre  les 
livres  de  la  fm  du  xu^  ou  du  commencement  du  xni«  siècle  et  ceux  de  la 
fin  du  xixi«  ou  du  commencement  du  xiv»  siècle.  Dans  ces  derniers,  d'après 
ce  que  nous  avons  pu  voir,  les  leçons  sont  plus  brèves  que  dans  les  pre- 
miers; comparez  par  exemple  cod.  Beuron.  XI  et  cod.  144  et  166  ascet., 
de  Stuttgart,  et  cod.  CCVI  de  Karlsruhe,  cod.  312  de  Donaueschingen, 
incunables  7  et  5  de  la  biblioth.  municipale  de  Munich  et  les  manuscrits 
suivants  de  la  biblioth.  Vatic,  déjà  cités  :  Codd.  Vatican.  Ulbi  et  4  75.3; 
60'29,  6255;  cod.  reg.  Saec.  153,  18-2,  1738  sq.  et  2050  sq.;  codd.  Ottobon. 
545  et  -/ 464 ;  Bréviaires  dominicains,  Ottobon.  137  et  Vatic.  4  75/;  pour  les 
basiliques  romaines  et  les  églises  hongroises,  cod.  Urbin.  i  et  5^7,  codd. 
III  et  112  et  codd.  Palat.  535,  -536,  847  et  850. 

Brév.,  t.  n.  S 


66  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

trouvant  au  grand  couvent  de  Saint-Jacques  de  Paris,  où  s'étaient 
rassemblés  les  sujets  les  plus  intelligents  de  l'Ordre,  rédigea 
comme  Breviarium  FF.  Prœdicatorum  Tancien  Bréviaire  romain 
partout  en  usage,  avec  addition  des  coutumes  de  Paris*. 

Transformation  des  écoles  épiscopales.  —  Il  est  encore  une  autre 
circonstance  à  noter,  qui  eut  une  grande  influence  sur  l'extension 
du  Bréviaire  abrégé.  Du  vi^  au  xii^  siècle,  le  centre  de  la  science 
liturgique  et  de  l'enseignement  théologique  c'était  le  cloître  et 
la  maison  de  l'évêque.  Les  principaux  monastères  de  l'Ordre 
bénédictin,  lequel  entre  les  années  600  et  1100  attira  à  lui  à  peu 
près  tout  ce  que  l'Occident  avait  de  plus  éminent  au  point  de 
vue  religieux  et  scientifique ,  furent  à  l'époque  des  Mérovingiens 
et  des  Carolingiens  les  boulevards  de  la  science  théologique  ^.  A 
côté  des  écoles  monastiques  furent  créées,  notamment  à  partir 
de  Chrodegang  et  de  Charlemagne,  les  écoles  épiscopales,  parmi 
lesquelles  celle  du  Latran  à  Rome  occupait  la  première  place;  il 
y  avait  aussi  le  Collegium  Saxonicum  fondé  par  le  roi  Ina,  ou 
plutôt  sorti  de  la  maison  de  pèlerins  établie  par  lui ,  et  restauré 
par  Alfred  le  Grand,  et  d'autres  établissements  analogues.  L'em- 
pire franc  et  allemand,  l'Angleterre  et  l'Espagne  possédaient 
comme  l'Italie  un  grand  nombre  d'écoles  épiscopales  ou  cathé- 
drales dont  les  travaux  furent  tous ,  comme  le  dit  Kraus ,  «  sur- 
passés par  les  fils  de  saint  Benoît,  à  l'Ordre  duquel  appartenaient 
aussi  la  plupart  des  évêques  éminents  par  leur  science  de  la  pre- 
mière moitié  du  moyen  âge.  »  C'est  aussi  dans  l'école  bénédic- 
tine du  Bec  que  se  développèrent  les  premiers  germes  de  la  sco- 
lastique^. 

Mais  à  partir  du  commencement  ou  du  milieu  du  xn^  siècle , 
les  écoles  épiscopales  disparaissent.  Dans  ce  siècle  et  plus  encore 
dans  le  suivant,  ce  xni^  siècle  si  admiré  (il  reste  à  savoir  si  c'est 
à  tort  ou  à  raison),  les  séminaires  semblent  devoir  perdre  jus- 


1  Luigi  Vinceiizo  Cassitto,  Liturgia,  dominicana,  spiegata,  t.  i,  p.  11; 
D.  Guéranger,  Inst.  lit.,  t.  i,  p.  339. 

2  Sur  ce  point  et  sur  ce  qui  suit,  cf.  Kraus,  Ueber  das  Studium  der 
Théologie  sonst  undjetzl,  2«  édit.,  Freiburg,  1890. 

3  [Cf.  Léon  Maître,  Les  écoles  épiscopales  et  monastiques  de  l'Occident 
depuis  Charlemagne  jusqu'à  Philippe- Auguste  (768-1180),  Paris,  1866; 
Desjardins,  S.  J.,  L'Eglise  et  les  écoles...  au  moyen  âge,  dans  Etudes  des 
Pères  Jésuites,  1872,  t.  i,  p.  364-407;  Berlière ,  O.  S.  B.,  Les  écoles  abba- 
tiales au  moyen  âge,  dans  Messager  des  fidèles  .  1889,  t.  vi,  p.  499-511.  Tr.] 


CHAPITRE  VI  67 

qu'à  leur  nom  et  disparaître  dans  l'Eglise.  Ce  ne  fut  qu'au 
XVI®  siècle  que  le  concile  de  Trente ,  par  ses  décisions  sur  l'édu- 
cation des  clercs,  les  rétablit  * .  Leur  organisation  par  saint  Charles 
Borromée,  et  avant  lui  la  création  de  semblables  institutions  par 
le  cardinal  Réginald  Pôle ,  enfin  la  fondation  du  Collège  germa- 
nique à  Rome  devinrent  le  type  de  ces  établissements,  que  l'Eglise 
éleva  partout  comme  très  utiles  et  relativement  nécessaires; 
mais  de  même  que  les  écoles  bénédictines ,  qu'elles  avaient 
copiées,  ces  institutions  durent,  à  partir  du  xm*  siècle,  céder  la 
place  aux  Universités. 

Les  évéques,  à  partir  du  xui^  siècle,  cessèrent  complètement 
de  s'intéresser  à  la  science  ecclésiastique  et  à  l'instruction  du 
clergé  ;  leur  influence  fut  presque  entièrement  paralysée.  Les 
progrès  de  la  vie  communale  et  en  même  temps  la  création  des 
Universités,  au  xni*=  siècle,  eurent  pour  conséquence  de  démo- 
cratiser en  quelque  sorte  le  clergé  et  la  science  théologique.  Les 
Ordres  mendiants,  surtout  populaires,  attirèrent  à  eux  les  talents 
les  plus  remarquables,  et  leur  entrée  dans  le  Studium  générale 
donna  bientôt  la  prépondérance  au  nouveau  système  d'éducation 
et  d'enseignement.  La  décadence  des  anciennes  écoles  qui  four- 
nirent encore,  il  est  vrai,  des  hommes  comme  saint  Thomas, 
élevé  au  Mont-Cassin,  était  dès  lors  irrémédiable. 

Les  anciennes  écoles  monastiques  et  épiscopales  avaient  un 
système  d'éducation  tout  particulier.  Les  jeunes  clercs  ou  les 
jeunes  étudiants  participaient  tous  les  jours  à  l'office  divin  quand 
la  chose  était  possible,  et,  tout  en  sinstruisant  dans  la  science, 
ils  étudiaient  au  chœur  la  vie  liturgique. 

Les  Universités.  —  Mais,  au  xn^  siècle,  les  études  prirent  une 
physionomie  toute  nouvelle.  Durant  la  période  qui  s'étend  de 
1231  à  1265,  Paris,  Bologne,  Oxford  virent  chaque  année  affluer 
dans  leurs  murs  souvent  vingt  mille  et  jusqu'à  trente  mille  étu- 
diants; une  activité  fiévreuse,  suscitée  par  les  sciences  nouvelles, 
semblait  s'être  emparée  de  tous  les  rangs  de  la  société.  Jadis  le 
nombre  restreint  des  étudiants  dans  les  écoles  permettait  de  se 
plier  à  l'individualité  de  chacun  et  de  compenser  dans  une  cer- 
taine mesure  les  bons  soins  des  parents  et  la  vie  de  famille  ;  on 
comprend  que  ces  avantages  ne  fussent  plus  possibles  dans  les 


1  Concil.  Tridenl.,  sess.  XXIII.  De  reforni.,  c.  xviii. 


68  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

nouvelles  écoles,  encore  que  plus  tard  Ion  tentât  d'y  remédier 
par  la  création  de  bourses  et  de  tutoria,  notamment  dans  les 
collèges  anglais.  L'activité  fiévreuse  des  Universités  ne  laissait 
point  aux  jeunes  clercs  et  aux  étudiants  en  théologie  (pour  la  plu- 
part élèves  des  Mendiants)  le  loisir  d'assister  à  l'office  divin,  qui 
se  célébrait  dans  les  cathédrales  à  l'ancienne  façon,  c'est-à-dire 
avec  grande  solennité,  et  qui  prenait  un  long  temps.  Les  volu- 
mineux livres  de  chœur,  que  jadis  les  écoliers  du  cloître  ou  du 
séminaire  épiscopal  trouvaient  toujours  prêts,  lorsqu'ils  arrivaient 
pour  la  célébration  de  l'office,  ne  leur  étaient  plus  d'aucune  uti- 
lité; la  nouvelle  génération  pouvait  se  contenter  d'un  petit  livre 
portatif  qui  contenait  tout  juste  l'indispensable  pour  lui  permettre 
de  remplir  son  devoir  et  de  s'acquitter  en  particulier  et  rapide- 
ment du  pensum  quotidien  de  la  prière  officielle.  Les  écoliers  le 
trouvaient  dans  le  Bréviaire  des  Franciscains,  ou  plutôt  dans  le 
Bréviaire  de  la  curie  papale  adopté  par  les  Franciscains  ;  et,  de 
la  sorte,  ils  emportaient  l'office  ou  le  Bréviaire  chez  eux  ou  dans 
les  églises,  cathédrales  ou  monastères  où  ils  étaient  appelés  à 
vivre.  De  même  maint  chanoine  ou  curé  affairé  put  être  bien 
aise  de  pouvoir  se  décharger  à  si  peu  de  frais  du  fardeau  quoti- 
dien. Beaucoup  d'ailleurs  des  églises  les  plus  importantes  demeu- 
rèrent attachées  à  leurs  vieux  usages,  comme  on  le  voit  par 
Raoul  de  Tongres  ^  ;  de  même  de  Moléon  -  rapporte  qu'à  Lyon , 
encore  aux  xvi^  et  xvn*  siècles,  on  disait  les  Capitules  et  d'autres 
parties  par  cœur,  et  notamment  là  où  l'on  ne  pouvait  pas  utiliser 
les  grands  livres.  Celui  qui  ne  savait  pas  ces  pièces  par  cœur 
devait  les  transcrire  sur  un  fragment  de  papier  ou  les  enfermer 
dans  un  petit  livre  ;  mais  il  n'y  avait  pas  de  petit  Bréviaire  officiel 
proprement  dit. 

Bréviaire  de  la  curie  et  des  Franciscains.  —  Si  les  Franciscains 
avaient  accueilli  avec  joie  l'office  abrégé  de  la  curie,  la  forme 
portative  qu'ils  visèrent  à  lui  donner,  les  simplifications  qu'ils  y 
introduisirent  encore  sur  l'un  ou  l'autre  point,  se  recommanda 
d'elle-même  aux  clercs  de  la  cour  papale ,  et  c'est  ainsi  que 
s'explique  cette  action  réciproque  du  Bréviaire  de  la  curie  sur 
la  liturgie  franciscaine,  et  à  leur  tour  des  livres  liturgiques  des 

'  De  can.  observ.,  prop.  22. 

2  Voyages  liturgiques ,  p.  'i3.  Cf.  en  outre  cod.  Vulic.  476:2,  manuel 
poui'  le  célébrant,  du  xiii«  ou  xiv  siècle. 


CHAPITRE  \'l  69 

Franciscains  sur  les  livres  romains  ;  influence  qui  forme  le  trait 
le  plus  saillant  de  Thistoire  du  développement  liturgique  du 
xiii^  siècle.  Mais  il  est  bonde  remarquer  que  le  synode  de  Trêves, 
en  1227,  prescrit  déjà  que  tous  les  ecclésiastiques  doivent  avoir 
un  petit  Bréviaire  pour  les  voyages  :  Breviaria  sua,  in  quibus^ 
possint  horas  suas  légère,  quando  sunt  in  itinere.  Porteforia, 
P  or  tues ,  Viatica,  telles  étaient  leurs  dénominations  lorsqu'ils 
servaient  pour  les  voyages  ;  on  les  appelait  Cameraria,  lorsqu'ils 
étaient  employés  dans  les  appartements  privés. 

Innocent  III.  —  Une  comparaison  établie  entre  VOrdo  roma- 
nus  XI  du  chanoine  Benoît",  déjà  souvent  cité  et  de  la  pre- 
mière moitié  du  xn®  siècle,  et  celui  du  cardinal  Cencius,  écrit 
entre  1192  et  1230,  Ordo  romanus  XII,  montre  que  quelques 
modifications  secondaires  ou  quelques  abréviations  ont  été  appor- 
tées à  l'office  sous  Innocent  III  ou  sous  ses  prédécesseurs  et  ses 
successeurs  immédiats.  Déjà  aussi  le  Te  Deum,  que  l'on  chantait 
le  le''  dimanche  avant  l'Avent,  est  supprimé^.  Une  remarque  de 
Raoul  de  Tongres''  est  à  signaler  :  Innocentius  III  mandavit  suis 
capellarihus,  ut  solum  in  Quadragesima  dicerentur  Preces  maio- 
res ,  cum  ps.  Inclina,  et  Psalnii  pœnitentiales,  graduâtes,  etc. 

Grégoire  IX.  —  Si  nous  nous  demandons  ce  que  Grégoire  IX  a 


'  Blattau,  Statata  synodalia  Trev.,  Trev.,  1844,  t.  i,  p.  4;  Roskovâny, 
t.  V,  p.  57,  Mon.  119.  On  doit  en  conclure  que,  dans  l'église,  l'office 
durait  plus  longtemps  et  que  l'on  se  servait  pour  le  réciter  des  grands 
livres  d'autrefois.  L'évoque  de  Worcester,  Walter  Cantilupe,  ordonna  au 
synode  diocésain  de  1240  que  chaque  église  devait  posséder  :  Missale,  Bre- 
viarium ,  Aniiphonale ,  Troparium ,  Maniiale ,  Psalterium  et  Ordinale 
(Wilkins,  Concilia  Magnœ  Britannix  et  Hihernise ,  Lond.,  17.3",  t.  i,  p.  666). 
Dans  l'inventaire  d'une  église  paroissiale  du  diocèse  de  Salisbury  de  1220 
se  trouve  :  Unum  Missale  novam ,  aliiid  vêtus  Missale,  in  qiio  leguntur 
Epistolœ ,  plénum,  sine  musica...  Bi-eviarium  vêtus  ahsque  musica,  sufji- 
ciens.  Antiphonarium  velus,  minus  sufficiens ,  et  aliud  novum  cum  psal- 
terio  in  principio.  Graduale  velus  cum  Tropario ,  Ordinale,  etc.  Dans  une 
autre  église  (  Rottescamp  )  du  même  diocèse,  en  1220  :  Missale  velus,  nul- 
lius  prelii;  Breviariiim  bonum  cum  Anliphonario  et  Ymnarium  et  Col- 
lectarium.  In  capella  de  Herst  :  Antiphonarium...  Unum  Breviarium  sci- 
licel  temporale  et  sanctorale  in  eodem  volumine  et  unus  sufficiens ,  etc. 
Cf.  Maskell,  Monumenta  ritualia  Ecclesiœ  anglicanx,  2^  éd..  Oxford,  1882, 
t.  I ,  p.  ccxxv  sq. 

2  Dans  Mabillon.  loc.  cit.,  et  dans  P.  L..  loc.  cit.,  t.  lxxvih  et  clxxix, 
col.  731. 

3  Ordo  rom.  XII,  n.  1,  dans  Mabillon.  Mus.  ital.,  t.  n.  p.  167. 
^  De  can.  observ.,  prop.  21. 


70  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

fait  pour  Toffice,  nous  devons  tout  d'abord  noter  qu'il  prescrivit 
de  réciter  ou  de  chanter  le  Salve  Regina.  le  vendredi  après  les 
Complies^.  Il  porta  cette  ordonnance  en  1239.  Il  prit  aussi  part 
à  la  composition  de  Toffice  de  saint  François,  dont  quelques  ves- 
tiges subsistent  encore  aux  Bréviaires  des  Franciscains  et  des 
Dominicains.  Sur  son  ordre,  Thomas  de  Celano,  l'auteur  du  Dies 
irse  [auteur  présumé,  car  il  est  certain  que  cette  séquence 
remonte,  dans  sa  forme  la  plus  ancienne,  aux  premiers  siècles 
du  moyen  âge,  tandis  que  la  rédaction  actuelle  semble  être 
l'œuvre  du  cardinal  Latino  Malabranca.  V.  Kraus,  Kircheng. 
Tr.],  en  avait  composé  la  vie  ou  la  légende.  Puis  Grégoire  fit 
plusieurs  hymnes  et  plusieurs  répons  pour  la  fête  du  saint 
patriarche;  entre  autres  l'hymne  Proies  de  cselo  prodiit  et  le 
répons  De paupertatis  horreo'-.  Toutefois  Wadding^  attribue  ces 
derniers  au  cardinal  Othon  de  Montferrat,  mais  il  concède  au 
pape  Grégoire  IX  les  antiennes  :  Sancte  Francisée  propera, 
Veni  Pater  accéléra  et  Plange  turba  paupercula. 

Fêtes  romaines  devenues  universelles.  —  Avec  l'extension  du 
Breviarium  Curiœ  un  grand  nombre  de  fêtes  spécialement 
romaines  ou  des  fêtes  de  saints  italiens  locaux  pénétrèrent  aussi 
dans  le  calendrier  de  l'Eglise  universelle.  Déjà  Grégoire  VII , 
comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  avait  ordonné  de  célébrer  la 
fête  des  saints  Papes  dans  toute  l'Eglise,  et,  à  ce  qu'il  semble,  la 
fête  de  saint  Pierre  aux  liens  vint  aussi  s'y  ajouter"*;  les  fêtes 
suivantes,  auparavant  en  usage  seulement  à  Rome,  devinrent 
universelles,  bien  que  l'une  ou  l'autre  jouît  déjà  d'une  plus 
grande  popularité^  :  Dedicatio   Ecclesiœ  B.    Mariœ  ad  Nives 


1  Gregor.  IX,  ann.  1239,  dans  Vita  Greg.,  p.  582,  clans  Felten,  Papst 
Gregor  IX,  Freiburg,  1886,  p.  309.  Cf.  aussi  Guil.  de  Nangis  (f  1502), 
O.  S.  B.  :  S.  Ludovicus  cum  piieris  cotidie  Completorio  aslitil...  in  fine 
Completorii  specialis  Ana  B.  M.  V.  alta  voce  canlahatur ,  quœ  exinde  (e 
capella  regia)  in  omnes  Ecclesias  propagata  est.  Bellolocus,  O.  Pr.,  con- 
fesseur de  Louis,  rapporte  la  même  chose,  d'après  Thomassin,  Vet.  et 
nova  discipL,  t.  i,  2,  c.  l.xxxvii,  n.  2,  p.  615  sq.,  preuve  que  Tusage  devint 
bientôt  général. 

*  D'après  Salimbene.  Chronik,  p.  194,  dans  Felten,  p.  382. 

3  Wadding,  ad  an.  1228,  78,  t.  ii,  p.  204. 

■5  D'après  Pierre  Babion,  dans  Caillau,  Supplem.  ad  opéra  S.  Augustini, 
déjà  en  1103.  S.  Aiirel.  Aug.  serin,  inedili,  Parisiis,  1842,  p.  111-112. 

5  D'après  Raoul  de  Tongres,  De  can.  observ.,  prop.  22,  et  les  calen- 
driers du  xni«  siècle,  comparés  avec  ceu.x  du  xiv«  et  du  xv«  siècle.  Hist- 
pol.  Blàttern,  t.  cm,  p.  617  sq..  et  t.  civ,  p.  646  sq.  Breviar.  Bisuntinurn, 


CHAPITRE  VI  71 

(5  aug.)i  Apparitio  S.  Michaelis  Arch.  (8  maii),  Dedicatio 
Basilicse  S.  Salvatoris  (9  nov.),  Dedicatio  Basilicarum  SS. 
Pétri  et  Pauli  (13  nov.),  Vincentius  et  Anastasius  (22  jan.), 
Symphorosa,  Erasmus,  Rufina  et  Secunda,  Susanna,  Praxedis 
et  Piidentiana,  Tryphon  et  Respicins,  Sahas  et  JEgidius  et  XII 
fratres ,  postquam  Urhanus  IV  mandavit  JEgidium  teneri  sub 
novem  lectionihus^.  Les  saints  de  l'Ordre  franciscain,  qui,  certes, 
méritaient  un  rang  plus  élevé  dans  un  Bréviaire  de  l'Ordre, 
grâce  au  fait  que  nous  avons  noté  ci-dessus,  obtinrent  aussi  dans 
le  calendrier  de  la  curie,  et  par  suite  de  l'Eglise  universelle,  un 
degré  de  fête  par  trop  élevé  par  rapport  aux  saints  anciens.  Les 
Bréviaires  secundum  usum  Romanœ  Curiœ  du  xiv^  et  du 
xv"  siècle,  que  nous  avons  consultés,  ont,  par  exemple,  la  fête 
de  saint  François  avec  une  Octave  privilégiée;  de  même  avec 
Octaves,  la  Translatio  du  même  saint  François  et  sainte  Claire, 
saint  Bernardin  et  plusieurs  autres,  qui  ne  se  trouvent  plus 
actuellement  dans  le  Bréviaire  romain.  A  ces  exceptions  près,  le 
vieux  tronc  grégorien  est  conservé  ^. 

Fêtes  du  Corpus  Christi  et  Stabat.  —  On  peut  encore  noter  que 
Urbain  IV,  comme  tout  le  monde  le  sait,  établit  en  1264  la  fête  du 
Corpus  Christi,  et  par  là  ranima  dans  toute  l'Eglise  l'amour  et  la 
dévotion  pour  le  mystère  sacré  de  nos  autels.  Saint  Thomas  d'Aquin 
composa  l'office  de  la  fête;  des  protestants  même  en  ont  admiré  la 
facture  sublime.  Des  séquences  qui  virent  le  jour  à  cette  époque, 
nous  ne  mentionnerons  que  le  Stabat  mater,  parce  qu'elle  a  été 
conservée  dans  l'office  ;  nous  n'avons  pas  à  nous  étendre  ici  sur  son 


Frauenfeld,  25  y ,  et  Breviar.  Brugense,  dans  V Académie  royale  de  Belg., 
sect.  d'fiistoire,  1890,  t.  xvi,  p.  283.  Un  calendrier  du  xive  siècle,  dans  la 
Bibl.  Cassin.,  Florileg-.,  t.  iv,  p.  224  sq.,  et  les  Statuts  de  Jean  de  Flandre, 
évêque  de  Liège,  1288,  dans  Martène,  loc.  cit.,  t.  iv,  et  Rachem  et  Polain. 
Coutumes  de  Liège,  Bruxelles,  1879,  t.  i,  p.  439  sq. 

1  Radulphus,  loc.  cit..  Colon.,  1618,  p.  251. 

2  Cf.  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  ii,  p.  243-443;  les  Constitutiones  Latera- 
nenses  de  Grégoire  XI,  dans  ce  même  ouvrage,  t.  n,  p.  576;  les  ordon- 
nances de  Paris  de  Crassis  et  d'Augustin  Piccoloniini,  ibid.,  p.  584  et  587; 
et  VOrdo  romanus  XIV d\x  cardinal  Jacques  Cajetan,  neveu  de  Boniface  VIII 
et  cérémoniaire  papal  sous  ce  pape  et  sous  ses  successeurs,  Benoît  XI, 
Clément  V  (f  1314),  Jean  XXII,  Benoit  XII  et  Clément  VI  (1342-1352). 
Beaucoup  de  détails  rappellent  encore  le  rite  des  Bénédictins  dans  les 
anciennes  basiliques  romaines  des  temps  antérieurs,  par  exemple  c.  lxv-lxx 
et  c.  xc.  VOrdo  rom.  XV,  composé  par  Pierre  Amelius  (f  1398),  dans 
Mabillon,  loc.  cit.,  contient  plusieurs  choses  relatives  à  l'office. 


72  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

auteur  déjà  nommé,  Thomas  de  Celano,  ou  sur  la  haute  valeur  poé- 
tique de  ce  chant  unique.  [Nous  ne  partageons  pas  l'opinion  de 
D.  Baumer  et  nous  restituons  à  Jacopone  de  Todi  la  paternité  du 
Stabat.  Cf.  Ozanam,  Les  Poètes  franciscains  en  Italie,  œuvres,  t.  v, 
Paris,  1859.  Cf.  aussi  Rev.  H.  T.  Henry,  The  two  Stabats,  dans  The 
American  Catholic  quarterly  Review,  january  1903,  p.  68-90,  et 
april  1903,  p.  291-310.  Tr.] 

Visitation,  Transfiguration  et  autres  fêles.  —  En  1298,  le  pape 
Boniface  VIII  ordonna  que  les  fêtes  de  tous  les  Apôtres  et  des  Évan- 
gélistes  et  des  quatre  grands  docteurs  de  l'Église  latine  :  Ambroise, 
Jérôme,  Augustin  et  Grégoire  le  Grand,  qui  reçurent  alors  le  titre 
de  Doclor  Ecclesiœ,  seraient  célébrées  dans  toute  l'Église  comme 
festa  duplicia  ^.  Ainsi  qu'on  l'a  remarqué  plus  haut,  Jean  XXII  étendit 
à  toute  l'Église  la  fête  de  la  très  sainte  Trinité.  La  très  sainte  Vierge 
vit  aussi  le  cercle  de  ses  fêtes  s'agrandir.  Sa  dignité  de  Mère  de  Dieu 
et  son  martyre  non  sanglant  au  pied  de  la  Croix  devinrent  l'objet 
d'un  culte  spécial.  La  fête  de  la  Visitation  fut  ajoutée  en  1389,  par 
Urbain  VI,  avec  un  office  rimé  qui  n'est  plus  actuellement  usité,  et 
la  fête  des  Sept-Douleurs  fut  établie  en  1423,  tout  d'abord  à  Cologne 
et  en  Allemagne;  l'abbé  Trithème  composa  pour  elle  divers  textes. 
Elle  ne  fut  admise  que  plus  tard  au  calendrier  de  l'Église  universelle. 
La  fête  de  la  Transfiguration  (6  août)  fut  créée  par  Calixte  III  en 
1457;  le  dominicain  Jacques  Gil  en  composa  l'office;  mais  ce  der- 
nier céda  la  place  à  un  autre,  sous  Pie  V,  et  les  hymnes  de  celui-ci 
sont  une  combinaison  de  strophes  de  Prudence  et  d'autres  chants^; 
la  Présentation  de  la  sainte  Vierge  fut  permise  à  l'Allemagne  en  1464 
par  Paul  II  ^. 

Parmi  les  autres  faits  qui  semblent  moins  connus  et  qui  offrent 
des  particularités  assez  importantes  pour  l'histoire  du  développe- 
ment de  l'office,  nous  mentionnerons  les  suivants  : 

a)  Chaire  de  saint  Pierre.  —  A  la  bibliothèque  municipale  de  Douai* 


1  C.  Gloriosus  in  VI  De  reliquiis  et  vener.  .innclorinn,  lib.  III,  tit.  xxn. 
Sur  les  qualités  requises  pour  le  titre  de  Doclor  Ecclesite  et  sur  l'impor- 
tance de  cette  dignité,  cf.  Benoit  XIV,  De  serv.  Deihealif.  et  healor.  canonis., 
lib.  IV,  p.  2,  c.  XI  etxn;  cf.  ihid.,  c.xui,  De Breviario  rom.  eiusqiie  auctorilate. 

2  Cf.  à  ce  sujet  notre  article  Hymne,  dans  le  Kirchenlexicon  de  Wetzcr 
et  Welle,  t.  vi ,  2»  édit.,  col.  519  sq. 

3  Cf.  Codex  Vatican.  6171 ,  fol.  100,  de  Sirlet. 

<  Cf.  Catalogue  général  des  manuscrits,  Paris,  1878,  t.  vi  ;  Douai, 
cod.  509.  [C'est  en  1352  qu'il  faut  lire.  Cf.  G.  Mercati.  Appnnli  per  In 
slorin  del  Breviario  romnno  nel  sec.  xiv-xv,  dans  Rnssegna  gregoriana, 
anno  2,  settembre-ott(jbre  1903.  col.  122.  Sur  Jean  de  Fayt  ou  de  Saint- 
Amand,  voir  J.  de  Saint-Génois,  dans  la  Bihlioffraphie  nationale,  publiée 
par  l'Ac.ad.  royale...  de  Belgique,  1888-1889,  t.  x,  p.   ili-il5.  Tr.J 


CHAPITRE  VI  73 

se  trouve  un  manuscrit  du  xiv^  siècle ,  qui  contient  les  œuvres  de 
Jean  de  Fayt,  abbé  de  Saint-Bavon  de  Gand.  A  la  page  300,  on  y  lit  : 
■<  Lorsque  je  prêchais,  le  mercredi  des  Cendres  1349,  devant  le  pape 
Clément  VI  (1342-1352)  dans  la  chapelle  papale  d'Avignon,  le  Souve- 
rain Pontife  fît  proclamer  les  règles  qui  dorénavant  tiendraient  lieu 
de  rubriques  pour  la  translation  de  la  fête  de  la  Chaire  de  saint 
Pierre  et  pour  la  préséance  du  jour  des  Cendres.  » 

^)  Fête  de  la  Lance  et  des  Clous.  —  Le  pape  Innocent  VI  (1332- 
1362)  institua,  à  la  demande  de  l'empereur  Charles  IV,  la  fête  des 
Lanceœ  et  Clavorum,  qui  devait  être  célébrée  le  deuxième  vendredi 
après  Pâques  dans  toute  la  nation  allemande  du  saint-empire  romain; 
en  même  temps  il  chargeait  l'archevêque  de  Mayence  de  faire  com- 
poser un  office  convenable  par  un  ecclésiastique  désigné  par  l'em- 
pereur. On  verra  plus  loin  quelle  fut  l'influence  du  séjour  des  papes 
à  Avignon  sur  le  développement  de  l'office  ^ 


"VU.  Offices  rimes. 

Nous  consacrerons  un  chapitre  spécial  et  uu  examen  détaillé 
à  une  création  de  cette  époque,  qui  concerne  le  Bréviaire  et  qui 
jusque  dans  ces  derniers  temps  a  été  trop  peu  connue  et  trop  peu 
étudiée.  C'est  une  branche  ou  mieux  un  tronc  à  plusieurs  rami- 
fications de  la  poésie  liturgique,  qui,  à  côté  des  hymnes  et  des 
séquences,  occupa  à  un  certain  moment  une  place  d'honneur. 
Nous  voulons  parler  des  offices  rimes.  Déjà,  il  est  vrai,  ils  étaient 
plus  ou  moins  connus ,  grâce  aux  Bréviaires  des  Franciscains  et 
des  Dominicains,  où  les  fêtes  de  saint  François,  de  saint  Domi- 


'  Bulle  Redemptor  noster ,  du  13  février  1353.  datée  d'Avig:non.  Cf.  à  ce 
sujet  Katholik,  1883,  t.  i,  p.  544  sq.  Comme  supplément  au  parag:raphe 
précédent,  on  peut  consulter  :  Chronique  et  cartulaire  de  l'ahbaye  de 
Bergues,  O.  S.  B.,  par  le  R.  P.  Alexandre  Pruvost ,  S.  J.,  Bruires,  1875, 
t.  I,  p.  3d.  On  y  lit,  à  propos  de  Ahhas  Germanus  1027-1041)  :  Hic  est, 
qui  composuit  multas  Sequentias  et  Responsoria ,  quihus  romana  utitur 
Ecclesia,  nimirum  prosam  de  Spiritu  sancto  :  Adsit  nohis  gratia.  Cf.  en 
outre  Ad.  Reiners,  Die  Tropen,  Prosen ,  Luxembourg,  1884,  p.  87.  Resp. 
ludsea  et  lerusalem,  de  Nativitaie:  Cornélius  cenlurio,  de  S.  Petro ;  Con- 
cède nobis  et  Constantia  Marlyrum,  de  SS.  Marlijrihus.  Ainsi  dans  le 
manuscr.  cod.  469  de  Dunkerque.  D'autres  attribuent  ces  pièces  au  roi 
de  France  Robert.  Dans  But,  Chronica  ahhatum  monasterii  de  Dunis, 
Brug-is,  1839.  p.  88,  on  lit  :  a.  I44S  Ahhas  Everardus  statuit  festum  Visi- 
tationis  Mariœ  dévote  celehrandum  cum  approprialis  Responsoriis  et  Anti- 
phonis;  longtemps  donc  après  la  proclamation  du  décret  royal! 


74  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

nique,  de  saint  Thomas,  de  sainte  Claire  et  d'autres  saints  reli- 
gieux avaient  de  ces  offices  versifiés  et  rimes,  grâce  aussi  aux 
Propres,  manuscrits  ou  imprimés,  de  différentes  bibliothèques 
rhénanes,  belges  et  anglaises'.  L'office  de  la  sainte  Lance  et  des 
Clous  du  vendredi  après  le  dimanche  de  la  Passion  est  aussi 
encore  en  partie  composé  de  rythmes  et  de  rimes.  On  était  donc 
déjà  à  même  d'avoir  une  vague  idée  de  cette  variété  d'offices. 
Découvertes  de  Brèves.  —  Mais  le  Père  Guido -Maria  Dreves, 
S.  J.,  qui  le  premier  a  publié  dans  le  cinquième  volume  ou  fasci- 
cule de  ses  Analecta  hymnica  un  grand  nombre  d'offices  rimes 
liturgiques  du  moyen  âge,  qu'il  a  découverts  dans  des  manus- 
crits et  des  incunables,  a  jeté  une  lumière  très  vive  sur  ce  champ 
de  la  poésie  liturgique,  particulièrement  riche  du  xnic  au  xyi"^ 
siècle'-.  Il  a  rendu  possible  l'étude  d'une  forme  de  poésie  soigneu- 
sement développée  et  dont  quelques  hymnologues  ont  à  peine 
soupçonné  l'existence.  Moue,  le  Père  Gall  Morel ,  bénédictin 
d'Einsiedeln,  Milchsack  et  Klemming  connaissaient  assurément 
ces  offices;  toutefois,  et  encore  que  Mone  les  ait  parfaitement 
caractérisés^,  on  peut  affirmer  ceci  :  Après  le  cardinal  Pitra,  le 
savant  bénédictin  de  Solesmes  qui,  par  son  immortelle  Hymno- 
graphie  de  V Eglise  grecque^ ,  ouvrit  un  horizon  tout  nouveau 
sur  les  richesses  hymnologiques  de  l'Église  et  transforma  les 
quelques  douzaines  d'hymnes  connues  avant  lui  en  autant  d'in- 
folios,  Dreves  a,  dans  un  certain  sens,  quoique  dans  une  mesure 
moindre  et  avec  une  puissance  créatrice  moins  grande,  fait 
quelque  chose  d'analogue  pour  l'hymnologie  latine.  Nous  savons  à 
présent  que,  de  même  que  dans  les  Heures  grecques  et  syriaques. 


1  Breviarium  Ehoracense .  Ihe  York  brevinry  editecl  by  Stephen  Lawley, 
Surtees  Society,  vol.  lxxi  ,  Durham,  1880,  avec  des  offices  rimes  de  Ri- 
chard de  Hampole,  après  1350;  aussi  de  l'évêque  John  de  Dalderby , 
en  1320,  dans  Archeeol.  Journal,  1883,  t.  xl,  p.  215  sq.  Codex  Mon. 
S.  Gerardi  Broniens.  (xiv«  siècle),  à  la  biblioth.  du  séminaire  de  Namur. 
Missale  et  Breinar.  Quelques-uns  se  trouvent  aussi  dans  le  recueil  d'hymnes 
de  Mone. 

'  Analecla  hymnica,  t.  v,  Litury.  Reimofficien,  Leipzig-,  1889  sq.  [De- 
puis ont  paru  plusieurs  autres  volumes  avec  des  offices  rimes.  Le  dernier 
volume  est  de  1903,  C.  Blume-G.  Dreves,  Analecla  hymnica  mcdii  xvi . 

t.    .XLII.] 

3  Lai.  Hymnen ,  t.  i,  p.  264. 

*  Rome,  18G7;  cf.  Analecla  .sacra,  t.  i,  Paris,  1876;  S.  Romanus,  vele- 
rum  melodorum  princeps ,  Romœ,  1888. 


CHAPITRE  VI  75 

à  peu  près  tout  l'office  se  compose  d"hymnes  et  de  prières  sous 
formes  d'hymnes  ,  à  côté  desquelles  trouvent  à  peine  place 
quelques  psaumes  et  une  lecture  de  l'Écriture,  de  même  en  Occi- 
dent à  partir  du  xiii^  siècle,  bien  que  ce  ne  fût  pas  à  un  degré  aussi 
excessif  qu'en  Orient,  il  existait  de  nombreux  offices  en  vers, 
qui  se  présentaient  comme  un  ensemble  bien  homogène;  c'étaient 
de  véritables  offices  liturgiques  où  non  seulement  les  hymnes 
proprement  dites,  mais  les  antiennes,  les  grands  répons  et  les 
répons  brefs,  les  versets,  etc.,  sont,  à  l'exception  des  leçons,  des 
psaumes  et  des  collectes,  rythmés  et  rimes  ^ 

Date  d'origine.  —  Les  textes  et  les  manuscrits  connus  jusqu'ici 
attribuaient  la  première  apparition  de  ces  sortes  d'offices  au 
milieu  du  xni^  siècle.  Mais  parmi  les  manuscrits  utilisés  par 
Dreves  il  s'en  trouve  plusieurs ,  dix  à  quinze ,  qu'il  croit  appar- 
tenir au  xiie  siècle.  Si  cette  hypothèse  est  vraie,  ce  que  nous 
n'avons  pu  encore  contrôler,  il  faut  antidater  d'un  siècle  1  ori- 
gine de  ces  offices.  De  plus,  il  faudrait  adjuger  le  diplôme  d'in- 
vention aux  grands  liturgistes  formés  aux  vieilles  écoles  béné- 
dictines, contemporains  de  saint  Hugues  de  Cluny  et  de  Pierre 
le  Vénérable,  de  Bernard  de  Morlaix  et  de  saint  Bernard  de 
Clairvaux,  des  chanoines  réguliers  Adam  et  Hugues  de  Saint-Vic- 
tor, de  l'abbé  Rupert  de  Deutz,  et  des  autres  un  peu  postérieurs, 
tels  que  Robert  Pullus,  Jean  Belelh  et  Sicard  de  Crémone.  Ce 
serait  l'époque  où  le  répertoire  liturgique  de  l'Eglise,  comme 
nous  l'avons  vu  ailleurs,  fut  enrichi  par  des  mélodies  et  des 
textes  si  puissants  à  la  fois  et  si  délicats.  Mais  nous  pourrions 
aller  plus  loin  que  le  Père  Dreves  et  reculer  la  date  d'au  moins 
un  office  rimé  jusqu'au  x^  siècle.  Dans  les  manuscrits  14.650- 
14.659  (du  xe  siècle)  de  la  bibliothèque  bourguignonne  ou  royale 
de  Bruxelles  se  trouvent,  sous  les  numéros  51-53,  une  \  ita  et 
un  Offîcium  de  saint  Lambert,  composés  par  l'évêque  Etienne 
de  Liège  (f  920),  le  même  qui  composa  YOfficium  Trinitaiis ; 
la  Vita  a  été  utilisée  par  Chapeaville  et  par  les  BoUandistes-. 

»  [Cette  comparaison  entre  ces  offices  rimes  et  les  offices  orientaux  ne 
doit  pas  être  prise  à  la  lettre,  les  liturgistes  le  comprendront.  Malgré 
quelques  analogies  de  forme,  le  système  liturgique  est  tout  diffé- 
rent. Tr.] 

-  Chapeaville,  Acta  SS.  Belg.,  t.  i,  p.  .350  sq.;  Acta  Sancl.  sept.,  t.  v, 
p.  518;  t.  VI.  p.  2^. 


76  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Voici  ranliemie  de  Magnificat  : 

Magna  vox  laude  sonora 
Te  decet  per  omnia , 
Quo  poli  chorea  gaudet 
Aucta  tali  compare', 
Terra  plaudit  et  résultat 
Digna  tanto  prxsule ; 
0  sacer  Lantberte  Marti/ r, 
Nostra  vota  suscipe. 

L'Invitatoire  est  le  suivant  : 

yEternum  trinumgue  Deum  laiidemus  et  unum, 

Qui  sihi   Lanthertum  transvexit  in  œthera   sanctum. 

La  première  antienne  des  Matines  est  ainsi  composée  : 

Orhila  solaris  prœsentia  gaudia  confert 
Prsesulis  eximii  Laniherli  gesta  revolvens. 

(Ps.  Beatus  vir.) 

Les  autres  antiennes  sont  empruntées  à  la  Vita  metrica 
d'Etienne,  qui  chanta  en  hexamètres  la  vie  et  les  miracles  de  son 
saint  prédécesseur  et  enrichit  aussi  son  office^. 

[Cet  office  de  saint  Lambert  ne  peut  être  simplement  dit  l'œuvre 
de  Tévêque  Etienne  de  Liège  -  Tongres ,  car  toutes  les  antiennes 
(les  l'épons  sont  en  prose,  sauf  Une  exception)  sont  empruntées  à 
une  Vita  metrica  anonyme.  Dreves  conjecture  après  Demarteau 
que  l'auteur  de  cette  dernière  pourrait  bien  être  Hucbald.  Les 
Gesta  episcoporum  Leodiensium ,  en  effet,  disent  simplement 
qu'Etienne  a  composé  les  répons  :  et  responsoria,  quœ  in  solem- 
nitate  eius  cantamus,  composuit  [Mon.  Germ.,  t.  vn,  p.  200,  n.  20). 
II  est  également  difficile  d'attribuer  à  cet  évêque  VOfficium  de 
S.  Trinitate.  Le  document  sur  lequel  s'appuient  les  Gesta  epi- 
scoporum Leodiensium  pour  avancer  cela  ne  le  disent  pas;  on  y 
lit  simplement  :  totumque  ad  plénum  officium  dulcissimœ 
modulationis  stahilire  curavit,  ce  qui  indique  plutôt  qu'il  le  fit 


*  Elle  a  été  publiée  pour  la  première  fois,  autant  que  nous  le  sachions, 
par  Joseph  Demarteau,  Vie  de  saint  Lambert  et  documents  du  J«  siècle, 
Liège,  1878.  Malheureusement  les  neumes  des  pièces  de  chant  ne  s'y 
trouvent  pas. 


CHAPITRE  YI  77 

composer  par  un  autre.  Cet  autre  est,  il  semble,  encore  Huc- 
bald  :  Idem  ipse  (c'est-à-dire  Stephanus)  ^  disent  les  Gesta,  res- 
ponsoriorum ,  quae  de  sancta  Trinitate  cantantur ,  auctor  fuit, 
quod  nos  quidem  ignorahamus,  credentes ,  quod  fama  habebat, 
nescio  quem  Huchaldum  ipsorum  fuisse  compositorem. 

Le  Père  Dreves  a  montré  depuis  qu'on  possédait  d'autres 
offices  rimes  du  x^  siècle  outre  celui  de  saint  Lambert ,  par  ex- 
emple VOffîcium  S.  Folquini  {Anal.,  t.  xiii,  p.  147  sq.  i,  composé 
par  Folquinus ,  abbas  Laubiensis  (968-990),  et  celui  de  sainte 
Rictrude  (ibid..  p.  "225  sq.),  composé  par  Hucbald.  Tr.j 

Les  Historiae.  —  On  désignait,  au  moyen  âge,  sous  le  nom  d'//?'- 
storia  cette  sorte  d'office  rythmé  et  versifié ,  comme  d'ailleurs 
tous  les  textes  de  l'office  qui  sont  accompagnés  de  riches  mélo- 
dies, tels  que  psaumes,  leçons  et  collectes,  et  qui,  par  consé- 
quent, appartiennent  à  l'Anliphonaire.  C'était  jadis  et  c'est  encore 
aujourd'hui  l'expression  technique  pour  désigner  les  répons  des 
dimanches  et  des  fêtes  de  saints ,  où  se  déroule  et  se  poursuit , 
souvent  sous  forme  lyrique,  l'histoire  du  livre  de  la  sainte  Ecri- 
ture déjà  commencée  dans  la  leçon,  ou  encore  la  Vila,  la  Passio, 
la  Legenda  d'un  saint.  On  en  rencontre  encore  des  exemples 
au  dimanche  de  la  Septuagésime  et  aux  suivants,  et  aux 
dimanches  après  la  Pentecôte,  où  les  répons  des  trois  Nocturnes 
semblent  la  continuation  des  leçons  du  premier  Nocturne.  De 
même  aux  fêtes  de  sainte  Agathe ,  de  saint  Laurent  et  de  cer- 
tains autres  saints,  où  la  légende  ou  les  Actes  se  continuent  dans 
les  répons.  Mais  ce  sens  primitif  se  perdit  complètement. 
On  donnait  désormais  à  ce  mot  une  signification  tout  à  fait 
générale,  et  on  disait  par  exemple  VHistoria  de  S.  Trinitate. 

Malgré  le  caractère  surtout  historique  des  antiennes  rimées, 
ces  pièces  ne  perdaient  pas  toujours  leur  caractère  original,  et 
elles  conservaient  encore  certains  rapports  avec  le  psaume 
qu'elles  accompagnaient  comme  antienne,  chant  alternatif  ou 
chant  dialogué.  Ainsi,  par  exemple,  pour  la  fête  de  la  sainte 
Lance\  la  première  antienne  des  Laudes,  qui  commencent  par 
le  psaume  xcn  (Dominus  reqnavit),  était  : 


^  Cf.  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut  sur  la  Festum  S.  Lancese  et  Cla- 
vorum.  L'office  est  toujours  dans  le  propre  de  la  jjlupart  des  diocèses 
d'Allemagne. 


78  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Hastsb  regem  glorise  Chrislum  cruentavit, 

Dum  Crucis  in  arbore  Dominus  regnavil.  Alleluja. 

Ps.  xcii.  Dominus  regnavit,  decorem  indutus  est. 
La  deuxième  : 

Hanc  tremendam  Lanceam  omnes  adoremus, 
Et  in  eius  laudibus  semper  iuhilemiis.  Alleluja. 

Ps.  xcix.  Juhilate  Deo,  omnis  terra. 

Puis  dans  Toffice  rimé  de  la  Visitation,  composé,  d'après  le 
Père  Gall  Morel,  par  le  cardinal  Adam  Easton,  la  première 
antienne  à  Vêpres  était  : 

yE terni  Patris  Filins  Mariant  concupivit , 

De  Sanctorum  splendorihus  in  matreni  introivit. 

Ps.  cix.  Dixit  Dominus...  in  splendorihus  Sanctorum  ex 
utero  ante  luciferum  genui  te^. 

On  peut  dire  de  ces  rythmes  et  des  offices  rimes  ce  qu'un  écri- 
vain de  mérite  a  écrit  à  propos  des  ti'opes  et  des  proses  rimées 
des  siècles  précédents  d'où  sont  sorties  ces  prières  poétiques  '^. 
«  Ces  monuments  littéraires  de  l'antiquité,  voix  mélodieuses  de 
l'office  liturgique  qui  parlent  vraiment  au  cœur  et  où  se  reflète 
de  façon  si  belle,  si  nette  et  si  fidèle,  l'esprit  populaire  dans  ses 
aspirations  et  sa  vie  de  tous  les  jours,  sont  sans  aucun  doute  une 
contribution  aussi  intéressante  qu'importante  et  instructive  à 
l'histoire  de  la  culture  intellectuelle  chez  nos  ancêtres.  Les 
auteurs  des  tropes,  des  offices  rimes  ou  versifiés ,  sont  pour  la 
plupart  inconnus,  parce  que  leur  objectif  était  moins  leur  propre 
renommée  que  la  glorification  de  Dieu  et  de  ses  saints^.  Mais  ces 


'  Voir,  à  la  fin  du  chapitre,  la  note  1 ,  sur  quelques  détails  et  exemples 
de  ces  offices. 

*  Reiners,  Die  Tropen-,  Prosen  -  iind  Prlifalionsgesànge ,  Luxem- 
bourg, 1888,  p.  22  et  i. 

3  Parfois  cependant  les  manuscrits  ou  les  incunables  dévoilent  le  nom 
d'un  auteur.  Ainsi,  par  exemple,  celui  de  l'office  de  la  Visitation  (cf.  ci  • 
dessus)  et  de  l'office  de  la  très  sainte  Trinité.  A  propos  de  ce  mystère 
fondamental  du  christianisme,  notons  que  les  manuscrits  et  les  incunables 
donnent  souvent  un  office,  dont  nous  citons  quelques  extraits  à  la  fin  du 
chapitre,  note  3.  On  le  trouve  dans  les  éditions  du  Breviarium  romanse 
Curiœ  de  Paris,  1509,  1518,  1519  et  1523,  et  de  Bâle,  1498,  qui  sont  à  la 
bibliothèque    grand -ducale    de    Darmstadt ,    sous   les    cotes    W.   5453   à 


CHAPITRE  VI  79 

auteurs,  encore  que  nous  ignorions  les  noms  du  plus  grand  nom- 
bre, nous  montrent  qu'à  ces  âges  d'or  de  la  prière,  les  hommes 
étaient,  pour  ainsi  dire,  les  porte -voix  de  l'Eglise,  et  qu'ils 
savaient  exprimer  dans  sa  langue  leurs  sentiments  les  plus  sacrés, 
les  plus  intimes*.  »  Beaucoup  de  ces  créations  poétiques  sont 
des  chants  d'une  verve  toute  lyrique.  Ce  sont  des  fleurs  de  la 
poésie  chrétienne  aux  couleurs  variées,  mais  d'un  parfum  égale- 
ment suave  et  délicieux,  de  cette  poésie  qui  chante  sur  terre  les 
mystères  du  ciel  et  nous  prépare  aux  mélodies  éternelles.  Cha- 
cune d'elles  a  ses  beautés  propres^.  (Voir  à  la  fin  du  chapitre  la 
note  2  sur  les  offices  rimes  des  Franciscains,  des  Dominicains  et 
d'autres.) 

NOTE  I 

Détails  et  exemples  d'offices  rimes. 

Souvent  rordonnance  des  ofûces  rimes  est  telle  que  les  antiennes 
développent  de  façon  continue  une  pensée  ou  un  trait  historique  aux 
premier,  deuxième  et  troisième  Nocturnes,  tandis  que  les  répons 
font  ressortir  un  autre  trait  saillant  ou  notent  un  fait  caractéristique, 
traitent  d'un  épisode  de  la  vie  ou  d'une  vertu  du  saint,  etc.  Les 
antiennes  se  transformaient  souvent  en  hymnes  très  considérables. 
Ainsi  les  antiennes  du  Benedictus  et  du  Magnificat  de  la  fête  des 
saints  Achatius  et  Barbon  (dans  Dreves,  p.  136-157)  n'embrassaient 
pas  moins  de  douze,  quatorze,  seize,  dix -huit  lignes  ou  vers,  et  le 
répons  soi-disant  href[  !  )  (p.  145)  compi-enait  à  lui  seul  dix-sept  vers. 
Dans  un  codex  du  xiii"*  siècle  à  Metz  3,  nous  avons  trouvé  écrit  par 
un  scribe  du  xiye  ou  du  xv^  siècle  l'office  des  Sept-Douleurs ,  dont 
quelques  passages  méritent  d'être  cités.  Ce  petit  livre  contient  un 


W.  54.5,5.  Les  éditions  de  1509  (fol.  117  h)  et  1519  (fol.  101-102)  domient 
la  note  :  Quod  quidem  Officium  cum  ipsis  lectionihus  [Incip.  :  Ingenui- 
tas  fidei  christianœ  terreuse  considerationis  indagini  suhiici  dedignatur  : 
cuius  ratio,  etc.)  composait  reverendus  magisler  Dominus  lohannes  de 
Peckamo  Anglicus  (-j-  1292);  quod  et  romana  Ecclesia  propter  excellen- 
tiam  cantandum  omnibus  tradidil. 

1  Wisemau,  Vermischte  Schriften,  t.  i,  p.  323. 

2  Cf.  Guéranger,  L'année  liturgique ,  t.  i,  préface  g^énérale;  Gerbert, 
Script,  mus.,  t.  i,  p.  340-343,  408  sq.;  Thomassin,  Vet.  et  nov.  Eccl. 
discipl.,  t.  II,  c.  Lxxx,  où  il  est  question  des  efforts  tentés  par  Charle- 
magne  en  faveur  de  la  liturgie,  de  la  distribution  des  leçons,  du  chaut,  etc. 

'  Actuellement  à  la  bibliothèque  du  grand  séminaire. 


80  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Diurnale  cum  Psalterio.  A  Vêpres,  les  cinq  psaumes  :  Credidi,  Ad 
Dominum ,  Eripe  me.  Domine  clamavi,  et  Voce  mea ,  sont  chantés 
sous  une  seule  antienne  que  voici  : 

Maria  stans  suh  cruce , 
Triumphante  Christo  duce, 
Per  morlem  turpissimam 
Corde  martyr  exstitisti ; 
Anceps  ensis,  quem  sensisti, 
Tua  m,  transit  animam. 
Dolor  cessit,  cum  surrexit, 
Nobis  vitse  spem  porrexit 
Prœsidens  in  gloria. 
Fac  nos  Virgo  suse  mortis 
Et  tui  doloris  fortis 
Fer  ver  e  memoria. 

Capitulum  :  Angustia  possedii  me...  stupe/'ecerunt  me. 
L'hymne ,  qui  commence  : 

Mentes  iuvet  fidelium 
Dolores  et  suspirium 
Matris  Christi  revolvere 
Cum  gratiarum  munere , 

pourrait  être  connue  par  d'autres  recueils. 
A  Magnificat  : 

lesu ,  nate  de  Virgine, 
Sine  virili  semine, 
Qui  mortem  crucis  pateris, 
Suffossus  plagis  asperis  : 
Amore  matris  anxiœ 
Nostrœ  parcas  miserise , 
Ac  eius  fletus  copia 
N^os  ducas  ad  cœlestia. 

Les  leçons  sont  empruntées  à  saint  Bernard. 

Et  non  seulement  des  antiennes,  de  grands  répons  et  des  versets, 
mais  aussi  les  formules  de  bénédiction  devaient  être  métriques, 
comme  c'est  encore  le  cas  en  partie.  Ainsi  nous  lisons  dans  un  Bre- 
viarium  ad  usum  insignis  Ecclesiœ  Sarum^  :  Omnipotens  Dominus  sua 
gratia  nos  benedicat.  —  Christus  perpetuse  det  nobis  gaudia  vitse, 
comme  aujourd'hui  encore.  —  De  cselo  missus  doceat  nos  Spiritus 
almus;  on   fait,    il   est   vrai,    parfois   violence   à   la   quantité.   Pour 


Salisbury,  de  153J  ,  nouvelle  édition,  Cambridge,  1882. 


CHAPITRE  VI  81 

lEvangile ,  on  a  la  bénédiction  :  Fons  Evangelii  repleat  nos  dogmate 
cseli.  Pour  le  Benedicamus  Domino  de  la  Nativité,  nous  y  trouvons  le 
trope  quemduoclerici  desuperiorigradu  insuperpelliceis  cantentsimul: 
Benedicamus  : 

Verbum  Patris  hodie 
Processit  ex  Virgine , 
Venit  nos  redimere , 
Et  cselesli  patriœ 
Voluil  nos  reducere. 
Vir tûtes  angelicœ 
Cuni  canore  iubilo 
Grates  agant  Domino  ! 
Puis  deux  autres  clercs  chantaient  : 

Deo,  qui  refulgens  pastorihus ,  etc. 
...  Redemptori  débitas  gratias. 
On  trouve  quelques  autres  proses  ou  tropes  de  ce  genre  dans  Rei- 
ners  et  Gautier,  mais  ils  sont  d'une  époque  antérieure. 

L'Invitatoire  était  aussi  rimé  et  se  composait  fréquemment  d'un 
distique  ou  aussi  de  deux  hexamètres  léonins,  comme  : 
Ad  Dominum  vigiles  cuncti  convertiCe  mentes  — 
Gregorium  vigilem  cœli,  qui  vexit  ad  arcem. 

Nous  devons  encore  mentionner  ici ,  en  Thonneur  de  l'archilitur- 
giste  Grégoire  le  Grand ,  ce  qui  suit  pris  dans  son  office ,  tel  que  le 
donne  le  Diurnal  de  1498'.  L'antienne  du  Magnificat  porte  : 

Gloriosa  sanctissimi 

Solemnia  Gregorii 

Toto  corde  catholica 

Suscipiat  Ecclesia , 

Cuius  doctrina  aurea 

Per  mundi  splendet  climala. 

Quam  meritis  et  precibus 

Christo  commendet ,  qaœsuiinis. 

Pour  les  Matines ,  les  antiennes  sont  empruntées  à  la  Vita  de  Jean 
Diacre,  mais  sont  également  rythmiques  : 

Aîia  I  ad  Matutinum  :  An  a  II  : 

Gregorius  vigiliis  Sese  struxit  in  Sicilia 

Confectus  et  ieiuniis  Vir  clarus  monasteria 

Se  macerabat  corpore ,  Et  infra  Urbem  septimum  , 

Ex  spe  vigebat  anima:.  In  quo  se  fecit  monachum.. 


1  Basilese,  dans  Jacob  de  Pforzen,  1192,  à  la  bibliothèque  grand-ducale 
de  Darmstadt,  W.  5453. 

Brév.,  t.  II.  6 


82  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Et  cela  se  poursuit  ainsi. 

Systèmes  métriques.  —  Parmi  les  offices  de  cette  sorte  les  plus 
travaillés,  on  découvre,  selon  les  fines  et  justes  observations  de 
Brèves',  que  nous  suivons,  un  double  courant  par  rapport  au  mètre; 
l'un  se  distingue  par  la  plus  grande  simplicité  possible  de  forme, 
l'autre  s'attache  à  la  plus  riche  variété.  «  Le  premier  se  rapproche 
davantage  de  notre  goût  moderne,  l'autre  exprime  d'une  façon  carac- 
téristique le  principe  romantique  du  moyen  âge;  c'est  un  double 
courant  qui  a  son  parallèle  dans  l'architecture.  Tandis  qu'aujourd'hui 
l'unité  artistique  semble  exiger  que,  du  moins  pour  les  fenêtres 
juxtaposées,  les  mêmes  dimensions  se  l'etrouvent  dans  toutes,  l'oeil 
d'un  Ervs'in  -  ne  reconnaît  dans  ces  dispositions,  au  lieu  d'unité,  de 
simplicité  et  de  sj^métrie,  que  pauvreté,  platitude  et  monotonie.  »  De 
même  que  les  cathédrales  et  les  principaux  édifices  civils,  réguliers 
seulement  dans  leurs  grandes  lignes,  s'efforçaient  d'échapper  à  la 
raideur  et  à  l'uniformité  par  l'ornementation  aussi  fouillée  que  pos- 
sible des  pièces  accessoires,  de  même  aussi  et  bien  plus  encore,  dans 
les  séquences  et  surtout  dans  l'office  rimé,  l'unité  cherchait  à  se 
cacher  sous  la  variété ,  et  les  contours  du  corps  à  se  dissimuler  sous 
le  relief  des  muscles  et  la  richesse  des  jets  de  draperies. 

Des  traités  sur  l'art  poétique ,  qui  nous  sont  parvenus  de  cette 
époque,  montrent  encore  maintenant  avec  quelle  régularité  inten- 
tionnelle on  composait.  Un  manuscrit  du  monastère  bénédictin  de 
Seitenstetten  [codex  401)  nous  donne  sur  l'art  de  la  construction 
des  strophes  employées  dans  l'office  rimé ,  et  notamment  dans  les 
répons,  les  renseignements  que  nous  pouvons  souhaiter.  Le  codex 
contient,  d'après  Dreves,  un  Tractatus  de  rithrnis  magistri  Tybini, 
où  l'on  distingue  quatorze  genres.  Pour  chaque  genre,  Tybinus 
donne  un  paradigme  où  il  explique  les  règles.  On  y  voit  qu'on  se 
souciait  moins  du  texte  poétique  que  de  la  forme.  On  ne  doit  donc 
pas  trop  s'attacher  à  la  critique  des  pensées  dans  ces  pièces  rimées. 
Il  suffira  d'indiquer  ici  les  noms  et  quelques-uns  de  ces  paradigmes  : 

1.  Cephalicus  (scil.  rythmus)  :  2.  Caudatus  : 

0  Donate,  Nicolae 

Martyr  Christi  Plus,  trahe 

Qui  fuisti  :  Nos,  Confesser  Domini, 

Confer  grate  Te  sequamur 

Tibi  datum  Et  donamur 

Cœli  statum.  Christo  summo  homini. 


*  Op.  cit.,  p.  12. 

*  Célèbre  architecte  allemand  du  moyen  âge. 


CHAPITRE  VI  83 

3.  Pyramidalis  :  4.  Convoluius  : 

Dorothea.  0  Margaretha, 

Virgo,  bea,  Tu  cselorum  angelorum 

Martyr  et  egregia  :  Nosti  sécréta  : 

Dele  rea,  Per  passionem 

Nova  créa  Quam  pateris  iustis  stateris 

Vitse  privilégia.  Per  confessionem. 

5.  Collateralis  : 

0  digna  Christ i  nuntia. 
Sis  solamen  peccatori, 
Félix  sancta  Barbara. 
Cui  pacem  nuntia , 
Hune  iunge  Creatori, 
Xe  plebs  laedat,  Barbara; 
Tua  sed  oratio 
Ad  gratiam 
Prosit  miserentis 
Hune  cœli  depalatio 

Sagaciam 
Juste  redimentis. 

Nous  devons  renvoyer  pour  plus  de  détails  aux  intéressantes 
études  du  P.  Dreves,  où  sont  indiquées  encore,  d'après  Tybinus,  les 
classes  suivantes  de  vers  :  6.  Laqueatus ;  7.  Catenatus;  8.  Triangu- 
laris  ;  9.  Excellens  ;  10.  Cruciferus  ;  11.  Cruciatus  ;  12.  Vehemens 
[consonantiœ  ibi  vehementer  sentiuntur,  facientes  sonuni  repentinum 
ut  aqux  vehementer  facientes  ictum);  13.  Interstitialis ;  14.  Labo- 
riosus. 

A  l'exception  de  ces  formes  artistiques,  beaucoup  de  ces  offices  se 
composent  moins  de  rimes  que  de  vers  classiques,  en  particulier 
d'hexamètres,  et  alors  chaque  antienne  contient  au  moins  deux,  sou- 
vent quatre  et  cinq  hexamètres  ;  les  répons  sont  encore  en  règle 
générale  sensiblement  plus  longs  ;  ainsi  dans  l'office  de  sainte  Ger- 
trude*,  dont  voici  l'Invitatoire  :  Sponso  Gertrudis  Christo  iubilemus 
in  astris  Virginibus  castis  qui  summos  praestat  honores.  L'antienne 
du  Magnificat  de  la  fête  de  sainte  Cécile  est  ainsi  composée  dans  le 
Diurnal  de  1498  : 

Oliva  fructifera  ,  Per  quam  cuncla  prospéra 

Mater  pietatis ,  Dantur  nobis  gratis: 

Fugans  mundi  scelera ,  Xos  tandem  in  aethera 

Stella  claritatis.  Transfer  cum  beatis. 

1  P.  181-1S4. 


84  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Il  est  à  peine  besoin  de  remarquer,  car  cela  va  de  soi,  que  tous  ces 
offices  versifiés  ou  rythmiquement  rimes  n'ont  pas  une  valeur  poé- 
tique extraordinaire.  Mais  il  n'est  pas  superflu  d'insister  encore  sur 
ce  point  que  ces  créations  de  la  fin  du  moyen  âge,  jusqu'ici  peu  esti- 
mées des  liturgistes  et  des  littérateurs,  sont,  pour  l'histoire  de  la 
poésie  liturgique  et  de  la  poésie  religieuse  en  général ,  d'une  impor- 
tance qui  n'est  pas  à  dédaigner.  A  côté  de  beaucoup  de  médiocrités, 
on  trouve  quelques  perles  précieuses,  et  d'ordinaire  toutes  respirent, 
avec  une  ingénuité  et  une  simplicité  naïves,  une  piété  profonde  et 
une  sainte  onction. 


NOTE  II 

Offices  rimes  des  Franciscains,  des  Dominicains, 
du  Bréviaire  romain. 

En  examinant  de  près  la  forme  et  le  texte ,  on  reconnaît  qu'un 
grand  nombre  d'offices  rimes,  notamment  ceux  qui  proviennent 
du  xive  et  du  xve  siècle,  sont  formés  sur  le  modèle  de  ceux  qui 
se  trouvent  aujourd'hui  encore,  pour  les  fêtes  de  saint  François 
et  de  saint  Dominique,  aux  Bréviaires  des  Frères  Mineurs  et  des 
Frères  Prêcheurs,  En  France  et  en  Allemagne,  on  emploie  encore 
l'office  de  la  sainte  Couronne  d'épines  tel  qu'il  était  au  temps  de  saint 
Louis,  et  celui  de  la  sainte  Lance  et  des  saints  Clous  tel  qu'il  existait 
à  l'époque  de  Charles  IV. 

Si,  dans  le  Bréviaire  romain  actuel,  on  ne  voit  aucun  exemple  d'un 
office  rimé  ou  versifié  complet,  du  moins  dans  le  corps  du  Bréviaire 
(c'est-à-dire  dans  le  Psautier,  le  Proprium  de  tempore  et  sanctis  et  le 
Commune  sanclorum),  il  y  avait  pourtant  de  ces  offices  dans  le  Bré- 
viaire d'autrefois  prescrit  pour  Rome  et  le  clergé  romain  urbi  et 
orbi,  bien  que  dans  une  proportion  moindre  que  dans  les  autres 
pays  et  les  autres  diocèses;  ils  ne  devaient  donc  pas  être  passés  sous 
silence  dans  l'histoire  du  Bréviaire  romain. 

Autrefois  le  Bréviaire  des  Dominicains  avait  un  magnifique  office 
rythmique  pour  la  fête  du  saint  Rosaire;  celui  qui  est  aujour- 
d'hui dans  le  Breviarium  Prœdicalorum,  et  auquel  le  nouveau  romain 
a  emprunté  quelques  parties  depuis  1888  (en  particulier  les  hymnes), 
ne  date  que  de  1834'. 


'  Guéran^er,  Inst.  lilurg.,  t.  i,  p.  326.  Pour  connaître  les  offices  rimes 
et  d'autres  pièces  qui  se  trouvaient  jadis  au  Bréviaire  romain  et  qui 
furent  employés  à  partir  des  xiv^  et  xvi"  siècles,   outre  les  manuscrits 


CHAPITRE   VI  85 

NOTE   III 

Extraits  d'un  office  rimé  de  la  sainte  Trinité. 

Il  commence  ainsi  : 

Ad  I  Vesperas.  Ana  I.  Ana  H. 

Sedenti  super  solium  Sequamur  per  suspirium, 

Congratulans  trisagium  Quod  rjerilur  per  çjaudium 

Seraphici  clamoris  :  In  sanctis  cseli  choris , 

Cum  Pâtre  laudat  Filium  Levemus  cordis  sludiuni 

Indifferens  principium  In  trinum  lucis  radium 

Reciproci  amoris.  Splendoris  et  amoris. 

Ps.  cix.  Dixit  Doniinus.  Ps.  ex.  Confilehor. 

De  même  pour  les  autres  antiennes. 

Capitule  :  0  altitudo  ;  ainsi  que  maintenant  Ihyrane  commence  : 

1.  In  niaiestalis  solio  3.  Imaginis  consortium 
Très  sedent  in  triclinio.  Nativus  prœbet  exifus  : 
Nam  non  est  consolatio  Consorsque  spirant  gaudium 
Perfecta  solitario.                               Ingenitus  et  genilus. 

2.  JEternse  mentis  oculo  i.  Hoc  gaudium  est  Spiritus, 
Dum  Pater  in  se  flectitur:  Quo  Patri  Natus  iungitur, 
In  lucis  suse  spécula  etc. 

Imago  par  exprimitur. 
En  tout  sept  strophes. 


déjà  mentionnes,  les  éditions  suivantes  du  Bréviaire  (en  partie  incunables) 
méritent  une  attention  spéciale  :  \Breviariam  secundum  morem  romanœ 
Curiœ,  Venetiis,  li77,  in-12;  item,  ibidem.  M7S,  in-folio,  tous  deux  à  la 
bibliothèque  municipale  de  Munich;  Breviarium  romanum  secundœ  cor- 
rectionis,  Venetiis,  1481,  dans  Dreves,  p.  181;  Breviarium  romanum, 
Venetiis,  1482.  bibliothèque  municipale  de  Munich;  Breviarium  ad  usum 
sancUe  romanœ  Ecclesiie  cum  multis  novis  offîcii.s  addilis  ac  diligentissime 
emendatum,  Venetiis,  1503,  exemplaire  très  mtéressant  de  la  bibliothèque 
des  Prémontrés  de  Averbode,  près  Louvain;  Breviarium  de  Caméra  secun- 
dum morem  romanœ  Ecclesiœ ,  Venetiis,  1521.  Ce  dernier,  sous  l'ancienne 
forme  usitée  avant  Pie  V,  fut  imprimé  à  Rome  en  1567  comme  Brevia- 
rium Curiœ  romanœ.  On  en  trouve  un  exemplaire  au  British  Muséum , 
à  Londres.  Avant  roffice,  la  rubrique  indique  seidcmcnt  qu'il  faut  réciter 
le  Pater  noster ;  il  n'est  questi(jn  ni  de  l'.lce  Maria,  ni  du  Credo.  Mais  un 
Breviarium  secundum  usum  romanœ  Curiœ,  imprimé  à  Paris  en  1510, 
a  déjà  le  Pater  noster  et  Y  Ave  Maria,  preuve  qu'encore  à  cette  époque 
des  coutumes  locales  de  divers  pays  furent  ajoutées  à  l'office  romain,  et 
que  plus  tard  elles  furent  introduites  à  Rome  même. 


86  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Voici  l'antienne  à  Magnificat  : 

0  seraphim  iocunditas , 

0  cherubim  limpiditas , 

Thronorum  robur,  Triniias, 

Fac  digne  te  laudemus  : 

Mémorise  sis  unitas 

No  t  it  iœqu  e  veritas , 

Te,  utriusque  honitas , 

Perenniter  amemus. 
Oralio  :   Omnipotens  sempiterne  Deus ,   comme  aujourd'hui,   puis 
commémoraison   du  premier  dimanche  après  la  Pentecôte,  absolu- 
ment comme  au  Bréviaire  romain. 
A  Matines,  voici  l'Invitatoire  : 

Regeni  trinum  et  simplicem  venite  adoremus, 
Trinumque  mentis  apicem  ter  uni  prœsentemus. 
Ps.  xcvi.   Venite  exsultemus  Dom. 

L'hymne  commence  ainsi  : 

1.  0  lux  heata  Trinitas 
Très  unum,  trium  unio , 
Imperialis  unitas 

In  trium  contuhernio. 

2.  0  Pater  innascibilis,  etc. 

Ant.  I  ad  I  Nocturnum  : 

Cselum  terramque  digitis 
Qui  tribus  appendisti, 
Proposuisti  cordilus 
Humanitatem  Chrisli. 

Ps.  VIII.  Domine  Dominus  noster. 

Ana  II.  Ana  III. 

De  Deo  Deus  prodiens  Leventur  cordis  oslia 

Se  fecit  viatorem  Memoria  Gignenti  ; 

Scanditque  cursum  finiens  Nato  intelligentia 

Distrihuens  calorem.  Voluntas  Procedenti. 

Ps.  XVIII.  Cseli  enarrant.  Ps.  xxiii.  Domini  est  terra. 


CHAPITRE    VII 


DU  DEBUT  DU  XIV«  SIECLE  AU  MILIEU  DU  XVI« 


I.  Le  XI V«  siècle. 

Notre  marche  à  trav^ers  les  phases  du  développement  de 
l'Office  romain  nous  a  conduits  jusqu'au  xiv^  siècle.  Ne  l'ou- 
blions pas ,  les  chang-ements  intrinsèques  et  extrinsèques  qui  se 
produisent  dans  le  culte  et  la  liturgie  sont  dans  les  rapports  les 
plus  intimes  avec  les  événements  qui ,  au  dehors ,  agitent  les  Etats 
et  l'Eglise.  C'est  ainsi  que  les  modifications  profondes  dont  le 
début  du  xiv-'  siècle  fut  le  témoin  dans  les  relations  entre  l'Eglise 
et  l'Empire,  dans  la  situation  de  la  Papauté  et  dans  toute  la 
hiérarchie  ecclésiastique;  les  luttes  qui  troublèrent  la  vie  scien- 
tifique et  politique  de  l'Eglise  ;  la  licence  effrénée  qui,  surtout 
à  l'époque  du  schisme,  envahit  le  clergé  et  sapa  le  respect  de 
toute  autorité  ;  en  un  mot,  les  nombreux  désordres  dans  la  poli- 
tique, l'Eglise  et  la  société  laissèrent  dans  la  liturgie  de  cette 
époque  des  traces  qu'il  est  impossible  de  méconnaître* . 

Conséquences  liturgiques  du  séjour  des  papes  à  Avignon.  —  Le 
fait  historique  de  cette  période  le  plus  fécond  en  tristes  consé- 
quences est  sans  contredit  le  transfert  des  papes  à  Avignon, 
durant  ce  que  l'on  a  appelé  l'exil  babylonien.  Il  donne  à  l'histoire 


'  Au  reste,  en  subissant  une  dégradation  dans  les  xiv^  et  xv^  siècles, 
la  liturgie  suivit,  comme  toujours,  le  sort  de  l'Eglise  elle-même.  L'abais- 
sement de  la  papauté  après  Boniface  VIII,  le  séjour  des  papes  à  Avignon, 
le  grand  schisme,  les  saturnales  de  Constance  et  de  Bàle,  expliquent  plus 
que  suffisamment  les  désordres  qui  servirent  de  prétextes  aux  entreprises 
de  la  prétendue  réforme.  Nous  plaçons  l'altération  de  la  liturgie  au  rang 
des  malheurs  que  l'on  eut  alors  à  déplorer.  Aussi  verrons -nous  le  saint 
concile  de  Trente  préoccupé  du  besoin  d'une  réforme  sur  cet  article, 
comme  sur  les  autres    Guéranger,  Inst.  lit.,  c.  xiii,  t.  i,  2«  édit..  p.  348). 


88  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

de  l'Eglise  à  cette  époque  une  physionomie  particulière,  et  il  a 
pour  résultat  le  grand  schisme.  Déjà  le  seul  fait  que  la  véritable 
basilique  du  Latran,  omnium  ecclesiarum  Urhis  et  Orhis  caput 
et  mater,  avait  cessé  d'être  avec  son  palais  le  théâtre  habituel  de 
l'office  pontifical*  ,  devait  amener  un  changement  dans  le  céré- 
monial de  la  curie  romaine,  et  par  suite  dans  le  rite  des  Heures 
canoniales.  A  Avignon,  il  n'y  avait  pas  de  basiliques  romaines  ; 
l'église,  qui  dans  cette  ville  était  destinée  à  voir  les  fonctions 
liturgiques  de  la  cour  romaine,  malgré  sa  grandeur  et  sa  beauté 
relative ,  n'était  en  comparaison  de  Saint-Pierre ,  de  Saint-Jean- 
de- Latran,  de  Saint -Paul,  de  Sainte -Marie -Majeure,  qu'une 
chapelle  improvisée.  Elle  ne  se  prêtait  pas  au  complet  déploie- 
ment et  à  la  magnificence  traditionnelle  d'un  rite  à  la  formation 
duquel  avaient  travaillé  depuis  mille  ans  les  meilleurs  d'entre 
les  artistes,  les  théologiens  et  les  canonistes  romains.  Les  céré- 
monies devaient  être  forcément  écourtées,  le  texte  sacré  tron- 
qué, les  grands  rites  appropriés  aux  circonstances  nouvelles, 
c'est-à-dire  abrégés,  et  cela  s'accomplit,  en  effet,  comme  on 
peut  le  voir  dans  les  Ordines  romani  et  les  Lihri  cœrimonia- 
rum  des  xiv^  et  xv^  siècles  ^. 

Le  XI V^  Ordo  romain.  —  En  comparant  les  prescriptions  du 
quatorzième  Ordo  romain  avec  les  précédents ,  on  ne  peut  pas 
se  soustraire  à  la  conviction  que  les  tentatives  des  Franciscains 
pour  appauvrir,  réduire  et  simplifier  autant  que  possible  la  litur- 
gie, commençaient  à  se  multiplier;  ce  «  minimisme  liturgique  », 
né  dans  le  xiiie  siècle ,  fut  favorisé  tout  naturellement  par  les  tristes 
vicissitudes  auxquelles  fut  en  butte  la  curie  papale  '.  On  voit  aussi 

'  On  sait  aussi  qu'au  ternie  de  l'exil  de  soixante -dix  ans,  les  papes  ne 
revinrent  pas  au  Latran,  mais  qu'ils  liabitèrent  le  Vatican,  où  le  voisinage 
de  la  citadelle  du  fort  Saint-Ang-e  leur  ^garantissait  un  réfugie  assuré;  c'est 
ce  que  firent  Urbain  V,  Grég-oire  XI  et  ses  successeurs.  L'église  du  Latran 
fut  incendiée  le  6  mai  1308,  mais  elle  fut  aussitôt  restaurée.  Cf.  Reumont, 
Geschichte  der  Stadl  Rom,  Berlin,  1867,  t.  ii,  p.  1005  et  1015  sq. 

2  J'ai  trouvé  un  Liber-  rilualis  vel  ceremonialis  Avenione  usurpatus  à  la 
Vaticane,  dans  le  codex  Vatic.  4973,  n.  19,  copie  de  Onuphre  Panvinius 
de  1564.  Cf.  aussi  Y  Ordo  romanus  XIV,  dans  Mabillon,  Mus.  ilal.,  t.  ii, 
p.  243;  et  Ordo  XV,  ibid.,  p.  444  sq.  Puis  P.  Ehrle,  S.  J .,  Zur  Geschichte 
des  piipstl.  Hofceremoniells  im  14.  Jahrhunderl.  Archic  f'iir  Lileralar  und 
Kirchengeschichle  des  Mittelallers ,  Freiburg,  1889-1890. 

3  Mabillon,  lac.  cit.,  p.  377,  c.  xcvni  :  Qiiibus  diehus  et  soUemnitalibus 
consueverunt  romani  pontifices  in  persona  celebrare.  Cf.  p.  378  :  Cum  est 
papa  Romœ ,  et  379  :  Sed  hodie  non  servatur ,   avec  les  prescriptions  de 


CHAPITRE  VU  89 

par  le  même  Ordo  que  le  calendrier  de  cette  curie  avait  déjà  un  grand 
nombre  de  saints  et  de  fêtes  qui,  auparavant,  n'étaient  célébrés 
que  «  dans  la  province  »,  ou  dans  les  pays  où  séjournèrent 
les  papes.  Citons  seulement  la  fête  de  la  très  sainte  Trinité, 
celles  de  saint  Martial,  de  saint  Gilles,  de  sainte  Anne  \  célé- 
brées dans  les  églises  voisines  d'Avignon  ;  de  même  la  Vigile  de 
la  Nativité  et  de  la  Visitation  de  la  Vierge^  et  la  «fête  de  laville»^. 

A  un  autre  point  de  vue  encore,  le  séjour  des  papes  à  Avi- 
gnon, l'abandon  de  l'Église  du  Latran  et  l'établissement  posté- 
rieur de  la  papauté  sur  la  colline  du  Vatican  eurent  pour  consé- 
quence une  déviation  de  la  liturgie  romaine  de  l'ancienne  ligne 
de  conduite  suivie  jusqu'alors.  De  cette  époque  date,  en  elTet,  la 
séparation  définitive  du  rite  de  la  curie  romaine  et  du  rite  de 
l'Église  romaine  ou  des  basiliques  de  Rome.  A  partir  de  ce 
moment  le  premier  s'écarte  toujours  plus  du  second,  mais  il  est 
aussi  souvent  plus  pauvre  que  le  rite  de  la  basilique  du  Latran, 
qui,  d'après  Raoul  de  Tongres,  a  une  origine  ancienne  et  est 
conforme  à  celui  qui  était  universellement  reconnu  jusqu'alors 
comme  étant  le  rite  romain''. 

Conséquences  du  grand  schisme.  —  Au  début  du  xv^  siècle, 
l'Église  est  comme  divisée  par  une  scissure  profonde.  Durant 
longtemps,  on  voit  deux  et  même  trois  papes  se  disputer  la  tiare. 
Un  seul  pouvait  être  le  légitime  successeur  de  Pierre.  Cette  scis- 
sion eut  pour  la  liturgie  les  résultats  les  plus  funestes.  Tant  que 
dura  le  schisme,  la  liturgie  de  la  cour  pontificale  ne  put  pas 
recevoir  un  déploiement  digne  d'elle.  A  la  cour  des  antipapes, 
Clément  VII  (1378-1394) ,  Benoît  XIII  (1394-1424) ,  Clément  VIII 

Y  Ordo  XII,  p.  203.  Puis  :  In  festo  S.  Laurentii,  p.  379;  in  ecclesia  cathe- 
drali  civitatis ,  p.  381.  Et  Ordo  XV,  p.  4S5  :  Si  papa  nolit  facere  manda- 
tum;  enfin  p.  513,  515,  540,  où  il  est  question  de  l'absence  du  pape  pour 
cause  de  maladie  et  où ,  dans  ce  cas ,  l'olTice  est  réduit.  Il  y  est  aussi  plu- 
sieurs fois  question  de  ce  qui  se  fait  en  deliors  de  Rome,  «  dans  la  pro- 
vince. » 

'  Dans  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  ii ,  p.  518  et  520. 

2  Dans  Mabillon,  p.  517  sq. 

3  Ibid.,  p.  388.  Cf.  aussi  Martène,  De  anl.  Eccl.  rii.,  t.  m,  p.  196.  Il  a 
été  déjà  un  peu  question  des  fêtes  qui  furent  introduites  à  cette  époque 
(par  Boniface  VIII  [1294-1303],  Benoît  XI,  Clément  V  [1305-1314], 
Jean  XXII  [1316-1334],  Benoit  XII  [1334-1342],  Clément  VI  [1342-1352]. 
Innocent  VI  [1352-1362],  et  par  le  bienheureux  Urbain  V  [1362-1370]). 
Nous  en  parlerons  plus  longuement  dans  la  suite  de  cette  étude. 

*  De  can.  ohsei'v.,  prop.  22. 


90  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

(1424-1429),  Félix  V*,  les  solennités  liturgiques  devaient  pré- 
senter un  triste  et  parfois  ridicule  tableau.  La  célébration  de  la 
fête  de  la  Chandeleur,  racontée  par  l'auteur  anonyme  des  Gesta 
Benedicti  XIII  Antipapœ  de  1406,  nous  fournit  un  exemple 
lamentable  de  la  décadence  dans  laquelle  était  tombé  le  rite 
papal  jadis  si  grandiose^.  Parmi  les  papes  et  les  antipapes  de 
cette  malheureuse  époque ,  Pierre  de  Lune  fut  encore  celui  qui 
attacha  le  plus  d'importance  à  l'observation  des  prescriptions 
liturgiques. 

La  liturgie  à  Rome.  —  A  Rome  même,  sous  les  papes  légitimes 
Grégoire  XI  (1370-1378)  et  Urbain  VI  (1389),  Boniface  IX  (1389-1404) 
et  leurs  successeurs,  les  choses  n'allaient  pas  beaucoup  mieux.  Que 
l'on  consulte  seulement  VOj^cIo  Bomanus  XV,  c.  xn,  où  il  est  dit  :  De 
Assumptione  B.  Marise  :  D.  Urbanus  VI,  anno  secundo,  in  I  Vesperis 
fecit  ante  se  sedere  loco  diaconorum  episcopos  Cremensem  et  Senigal- 
liensem,  quia  non  erat  nisi  Cardinalis  S.  Pétri.  Et  au  ch.  CLVin,  rela- 
tivement au  jeudi  saint  :  Cantatis  Vesperis  Cardinales  non  parati 
exsistentes  ante  altare  in  modum  circuli...  et  candelse  non  fuerunt 
proiectœ ,  ex  eo  quod  non  habebant  (!),  sed  solum  una  de  altari 
accepta.  On  voit,  par  le  ch.  clxvii  de  cet  Ordo,  que  les  cardinaux 
surtout  étaient  très  récalcitrants,  et  qu'il  n'était  pas  facile  de  les 
faire  participer  aux  cérémonies  de  l'office  divin,  lorsqu'une  ordon- 
nance du  pape  ou  du  maître  des  cérémonies  ne  convenait  pas  aux 
illustrissimes  :  Anno  Domini  1404,  domini  Bonifacii  P.  IX.  a.  12,  in 
Dominica  II.  Adventus  propter  frigus  ipse  non  venit  ad  Missam  cum 
pluviali  et  mitra  ;  et  quia  non  erat  indutus  more  solito,  domini  Car- 
dinales non  voluerunt  facere  reverentiam,  neque  diaconi  Cardinales 
voluerunt  stare  ante  Papam  ^.  Gomment  pouvait-il  en  être  autrement, 
alors  que  la  situation  matérielle  à  Rome  était  telle  que  nous  la 
dépeint  Muratori,  op.  cit.^,  lorsqu'il  parle  de  la  très  lamentable 
situation  des  États  de  l'Église,  de  l'Italie  et  du  peuple  romain,  comme 
aussi  de  la  conduite  des  cardinaux  après  la  mort  de  Grégoire  XI?  On 


*  Lorsque,  après  une  paix  de  dix  ans,  il  eut,  en  1439,  renouvelé  le  schisme 
pour  une  nouvelle  période  de  dix  ans,  il  se  soumit,  le  7  février  1449,  au 
pape  légitime  Nicolas  V. 

2  Dans  Muratori,  Berum  italicariim  scriptores ,  Mediolani,  1734,  t.  ui, 
part.  2,  col.  177  sq.;  en  particul.  col.  800. 

3  Mabillon,  Mus.  ilal.,  t.  u,  p.  519,  540,  544. 

■*  Romance  Ecclesise  provincix...  per  tyrannos  et  malos  officiales  maxime 
Gallicos  vel  nltramontanos  miserahiliter  subiugatœ  et  oppressée...  Eccle- 
sia  quoad  temporalia  ad  nihilum  manifeste  et  notarié  redacta  et  cxhausta 
(Muratori,  Rerum  ilal.  scriptores ,  t.  m,  part.  2,  col.  677  et  678). 


CHAPITRE  VU  91 

conçoit  qu'au  milieu  de  pareilles  conjonctures,  les  cérémonies,  le 
texte,  les  rites  et  les  formules  de  prière  des  fonctions  papales  aient 
été  simplifiés  dans  l'office  et  à  la  messe,  écourtés  et  réduits  au  strict 
nécessaire.  Les  cérémoniaires ,  de  tout  temps  minutieux,  n'allaient 
que  trop  loin  dans  leur  zèle  pour  le  principe  classique  du  droit  : 
Quod  principi  placuit  legis  hahet  vigorem,  en  transformant  en  loi 
générale  pour  l'avenir  une  décision  papale  due  à  des  circonstances 
particulières.  C'est  ainsi  qu'au  ch.  cxxiv  de  cet  Ordo  romanus  XV, 
on  voit  que  par  suite  du  fait  qu'en  1389  Urbain  VI  avait  célébré  la 
fête  de  la  Décollation  de  saint  Jean  le  dimanche,  et  que  l'office  du 
dimanche,  bien  qu'il  eût  Ilistoria  propria  et  perfecta  (c'est-à-dire 
que  tous  les  répons  correspondaient  aux  leçons  d'Ecriture  sainte  du 
premier  Nocturne,  et  que  ces  leçons  se  poursuivaient  dans  le  texte 
des  répons  et  des  antiennes),  avait  été  déplacé,  la  règle  s'établit 
bientôt  qu'une  fête  qui,  comme  celle  du  29  août,  avait  aliqua  Respon- 
soria  propria,  supplanterait  le  dimanche. 

Le  XV^  Ordo.  —  Qu'on  me  permette  encore  d'attirer  l'attention 
sur  quelques  particularités  intéressantes  de  VOrdo  XV.  D'après 
la  page  520,  on  avait  composé  un  nouvel  office  pour  l'Exaltation 
de  la  sainte  Croix  ;  la  procession  du  Corpus  Christi  semble 
avoir  été  supprimée  plusieurs  fois  :  Si  fîunt  processiones  (p.  513). 
D'après  la  page  514,  les  leçons  des  épîtres  de  saint  Paul  étaient 
distribuées,  pour  en  assurer  la  lecture,  entre  les  divers  jours  de 
la  semaine,  lorsqu'elles  ne  pouvaient  être  lues  le  dimanche. 
Mais  la  remarque  de  la  page  516  :  hœc  festivitas  (  Annuntiatio- 
m's  )  venil  die  liinse  anno  Domini  1  399,  non  hahuit  Vesperas 
prsecedentes  propter  magnum  frigus  (a  Rome,  à  cette  époque 
de  l'année  !  ),  sed  die  lunse  immédiate  post  Missam  fuerunt  can- 
tatse,  jette  une  vive  lumière  sur  les  libertés  que  l'on  se  permet- 
tait relativement  à  la  célébration  de  l'office  divin. 

Liturgie  des  autres  églises.  Fêtes  des  fous,  etc.  —  On  doit  pour- 
tant observer  que ,  tandis  qu'à  Rome  se  produisait  ce  rétrécisse- 
ment et  cet  amoindrissement  de  la  liturgie  ,  les  grandes  et  vieilles 
églises  des  autres  pays,  de  la  France,  de  l'Allemagne  et  de 
l'Angleterre,  se  dessaisissaient  d'autant  moins  des  riches  trésors 
liturgiques  du  passé,  qu'elles  n'y  étaient  pas  forcées  comme 
l'Eglise  mère  par  un  état  d'oppression  et  de  contrainte.  Elles 
tenaient  à  honneur  de  continuer  la  célébration  des  fonctions 
antiques  avec  une  régularité  ininterrompue  et  un  éclat  non  affai- 
bli. Les  cathédrales  de  Trêves,  sous  l'archevêque  Baudoin,  de 


92  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Cologne,  Mayence,  Meissen  et  Freising-en,  Paris,  Reims,  Metz, 
Cambrai  et  Chartres,  York  et  Salisbury  et  d'autres,  rivali- 
saient clans  l'org-anisation,  Tenrichissement  et  la  codification  de 
leur  répertoire  liturgique ,  tant  au  point  de  vue  des  textes  que 
des  règles  concernant  les  cérémonies  rituelles  ' .  C'est  sous 
l'influence  de  l'activité  vivifiante  des  grandes  métropoles  des 
divers  pays  que  le  rude  censeur  Raoul  de  Tongres  (-j-  1401) 
écrivait  son  ouvrage  maintes  fois  cité  De  canonum  ohservantia. 
Le  lecteur  ne  doit  pas  perdre  de  vue  ces  circonstances,  s'il  veut 
juger,  comme  il  convient,  la  liturgie  curiale  et  celle  des  basi- 
liques romaines  ou  extra-romaines. 

Nous  devons  aussi  à  cette  époque  des  parodies  de  fêtes  chré- 
tiennes, telles  que  la  fête  des  fous  et  la  fête  de  l'âne.  Nous  lui 
devons  aussi  les  tropes  extrêmement  libres,  des  exclamations 
ajoutées  au  texte  liturgique,  et  d'autres  formes  du  culte  d'une 
hardiesse  inconvenante^. 

.  L'Ordo  d'Amelius  et  les  Bréviaires  des  autres  églises.  —  Le  ten- 
dance et  le  caractère  de  l'évolution  et  de  la  modification  de 
l'office  à  la  cour  romaine  dans  la  seconde  moitié  du  xiv°  et  au 
début  du  xv^  siècle  ressortent,  comme  nous  l'avons  montré 
dans  l'article  précédent,  avant  tout  de  la  comparaison  établie 
entre  les  Bréviaires  qui  ont  précédé  cette  période,  et  les  Bré- 
viaires qui  l'ont  suivie,  mais  plus  encore  de  VOrdo  romain 
XV^ .  Il  fut  écrit  par  Pierre  Amelius,  ermite  de  Saint- Augus- 
tin, sacristain  du  bienheureux  Urbain  V,  sous  Grégoire  XI 
pénitencier  et  bibliothécaire  de  l'Eglise  romaine,  puis  évêque 
de  Sinagaglia,  archevêque  de  Tarente,  et,  plus  tard,  1391-1398 
ou  plus  tard  encore,  patriarche  d'Aquilée  [Gradensis).  Cepen- 


'  C'est  ce  que  montrent  les  manuscrits  et  les  éditions  de  Bréviaires  déjà 
cités  de  ces  églises,  les  conciles  de  cette  époque  cités  dans  Roskovâny, 
Cselib.  et  Brev.,  t.  v,  viii,  xi,  xiii,  et  une  série  d'autres  livres  liturgiques 
du  xive  et  du  xv^  siècle.  Il  y  eut  aussi  les  Ordinalia  et  Breviaria  eccle- 
siarum  extra  urbem,  que  nous  avons  déjà  mentionnés.  On  peut  consulter 
encore  D.  Martène,  De  ant.  Eccl.  rit.,  t.  m,  passim;  Daniel  Rock,  The 
Church  of  our  Fathers ,  London,  185.3,  t.  m,  p.  267  sq.  ;  Weale,  Bihlio- 
çfraphia  lit.  et  analecta  liturg.,  London,  18s8,  t.  i  et  ii,  et  The  Ecclesin- 
logist,  London,  1888,  p.  8  sq. 

2  Cf.  à  ce  sujet  Heuser,  dans  le  Kirchenlexicon  de  Wetzer  et  Weltc, 
t.  IV,  2«  édit.,  p.  1405  sq.  ;  de  mcnic  Ducange ,  Glossar.  med.  et  inf.  latin., 
au  mot  festum. 

3  Dans  Mabillon,  Mu.s.  ital.,  t.  ii,  p.  44.3  sq. 


CHAPITRE  VU  93 

dant  cet  Ordo  n'a  pas,  comme  les  précédents,  un  plan  suivi,  ce 
n'est  pas  un  recueil  systématique  des  lois  et  des  règles  en  usage 
pour  le  cérémonial  de  la  curie  et  de  l'église  papale ,  mais  bien 
une  série  de  notes  sur  la  façon  dont  ce  cérémonial  était  observé 
sous  tel  pape  dans  telle  ou  telle  circonstance.  Des  memoranda 
analogues  furent  introduits  dans  ce  journal,  après  la  mort  de 
Pierre  Amelius ,  par  ses  successeurs,  sacristains  ou  cérémo- 
niaires  de  Téglise  Saint-Pierre  [en  particulier  par  son  confrère 
et  successeur  Pietro  Assalbiti  (-{-  1440) M.  Les  plus  récents 
semblent  être  ceux  du  ch.  clxvi,  où  il  est  question  des  obsèques 
du  cai'dinal  de  Novare  en  1434,  et  du  ch.  Lxn,  où  on  lit  :  Et  sic 
venit  Papa  ad  Matutinum...  Et  istud  fuit  Elorentiee  tempore 
Eugenii  quarti.  —  Malheureusement,  le  manuscrit,  d'après 
lequel  Mabillon  a  publié  le  texte  actuellement  connu,  est  incom- 
plet, comme  on  le  voit  par  le  ch.  cxxni.  On  y  lit  :  De  sancta  Sa- 
hina...  fiât  per  se,  iuxta  formam,  quam  tradidi  in  principio 
huius  lihri  de  aliquo  Sancto  vel  Sancta  non  virgine  nec  martyre. 
Mais  il  n'est  nullement  question  de  cela  «  au  début  du  livre  »'^. 
Quelle  entreprise  importante  et  même  nécessaire  ne  serait-ce  pas 
de  publier,  dans  une  recension  exacte  et  authentique,  les  Ordines 
romani  jusqu'aux  xiv^  et  xv"  siècles  qui  nous  restent  et  auxquels 
on  n'a  accordé  jusqu'ici  que  trop  peu  d'attention!  Privée  de  ces 
instruments  de  travail,  notre  connaissance  de  la  véritable  histoire 
de  la  liturgie  et  en  particulier  du  Bréviaire  romain  et  d'une  foule 
d'autres  points  restera  pleine  de  lacunes^. 

De  nombreuses  causes ,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  précédem- 


1  Cf.  F.  Ehrle,  Historia  hihliotheca  RR.  Pontificum... ,  t.  i,  1890,  p.  452, 
723,  736  sq. 

-  A  moins  qu'on  veuille  voir  cela  dans  la  courte  notice  du  c.  ci,  p.  514, 
où  quelque  chose  d'analogue  est  déduit  d'une  extravagante  de  Clément  VI, 
que  nous  ne  trouvons  nulle  part. 

■J  Dans  la  préface  et  l'introduction  de  J.  B.  Gatticus,  Can.  Reg-.  Lateran., 
Acta  selecta  cserimonialia  sanctœ  romande  Ecclesise  ex  variis  mss.  codi- 
cihus  et  diariis  sœeuli  xv,  xvi,  xvii,  Romae,  1753  (le  deuxième  volume 
est  incomplet),  on  trouve  une  liste  des  manuscrits  sur  ce  sujet  de  la 
bibliothèque  A'aticane,  liste  qui  peut  encore  se  compléter  par  les  Com- 
mentaires de  Georgri  et  de  Catalani  sur  le  Cxrimoniale  episc.  Il  serait  par- 
ticulièrement important  de  savoir  au  juste  ce  que  sont  devenus  quelques 
ordines  avignonais  qui,  d'après  Zaccaria,  Bihliolheca  ritualis,  Romae,  1777, 
t,.  I,  Addenda  354,  se  trouvaient  dans  la  bibliothèque  du  marquis  de  Cam- 
boux  (ou  Cambis).  Zaccaria  s'en  réfère  au  catalogue  :  Catalogue  raisonné 
des  principaux  manuscrits  du  cabinet  de  M.  Joseph -Louis -Dominique  de 


94  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

ment,  avaient  concouru  à  faire  pénétrer  dans  d'autres  églises 
l'office  écourté  de  la  curie  papale  (les  papes  devaient  favoriser 
cette  tendance,  loin  de  la  gêner).  Toutefois  un  grand  nombre 
d'églises,  précisément  parce  que  Rome  n'avait  donné  aucune 
prescription  obligatoire,  conservèrent  quelque  chose  de  leurs 
anciens  usages  et  de  leurs  anciens  textes,  tout  en  adoptant  le 
Bréviaire  curial.  Il  s'agissait  surtout  d'offices  de  saints  nationaux 
ou  locaux  ,  mais  aussi  d'usages  particuliers  dans  l'Office  de  Tem- 
pore  ou  dans  les  fêtes  du  Seigneur  ;  ils  furent  insérés  avec  plus 
ou  moins  de  goût  dans  les  cadres  du  nouvel  office  romain.  On 
ajouta  aussi  et  on  fondit  avec  le  Breviarium  Curiœ  des  composi- 
tions nouvelles.  Un  grand  nombre  de  ces  Bréviaires  particuliers 
furent  imprimés  dans  le  courant  du  xv^  et  au  commencement  du 
xvi*'  siècle.  On  peut,  en  les  comparant  avec  les  Bréviaires  sec.  usum 
Curiœ,  saisir,  d'une  façon  précise,  l'état  de  l'office  à  cette  époque  ^ . 
Confusion  liturgique.  —  L'exil  d'Avignon  et  le  schisme  qui  le 
suivit  créèrent  dans  la  liturgie  (cette  partie  très  importante  de 
la  vie  de  l'Eglise),  et  spécialement  au  point  de  vue  de  la  récita- 
tion des  Heures  canoniales  du  Bréviaire,  une  situation  si  pleine 
d'incertitude  et  de  désordre,  que  finalement  personne  ne  savait 
plus  au  juste  quelle  était  la  vraie  règle,  et  que  chacun  tâchait  de 
se  composer  un  ordo  à  sa  fantaisie.  La  théorie  et  la  pratique  de 
la  nouvelle  ordonnance ,  d'après  laquelle  un  grand  nombre  de 
saints ,  dont  jusque-là  on  ne  faisait  que  commémoraison ,  devaient 
avoir  un  office  propre  [fiât  officium  per  se)^  et  certaines  fêtes 
pouvaient  jouir  d'une  translation  éventuelle^,  furent  tirées  d'un 
édit  du  pape  Clément  VI  :  Tenet  hiec  rubrica  per  extravagan- 
tem  Domini  démentis  Papx  Sexti ,  qui  ordinavit,  quod  non 
fiât  de  Sanctis  aliqiia  Conimenioratio^ ^  nec  in  Daplicibus.  Sed 
quodlihet  festuni  haheat  diem  suum.  Malheureusement  je  n'ai 


Cambis,  Avignon,  1770,  in-i",  p.  206,  208  et  392.  [M.  Mercati  a  suivi 
les  conseils  de  dom  Bauniei'  et  a  compulsé  quelques  livres  de  la  Vaticaue. 
Il  a  recueilli  quelques  résultats  que  nous  ne  pouvons  détailler  ici.  Que  le 
lecteur  veuille  bien  se  reporter  à  son  article  Appunti  per  la,  storia  del 
Breviario  romano  net  sec.  xiv-xv,  tratli  dalle  Rubricae  novae,  dans  Ras- 
segna  gregoriana,  settembre-ottobre  1903,  col.  397-444.  Tr.J 

*  Inventaire  dans  Zaccaria,  Bihl.  rit.,  t.   i,  et  Weale,  Ecclesiologisl. 
Voir,  à  la  lin  du  paragraphe,  la  note  sur  les  modiiications  du  Bréviaire. 

2  Ordo  rom.  XV,  dans  Mabillon,  loc.  cit.,  p.  513-523. 

3  Ordo  rom.  XV,  c.  ci  et  cxxvai  (Mabillon,  loc.  cil.,  p.  514  et  520). 


CHAPITRE  VII  95 

pu  jusqu'ici  découvrir  de  quelle  année  date  cette  extravagante , 
ni  dans  quel  recueil  on  pourrait  bien  la  trouver  ;  les  éditions  du 
Corpus  iuris  canonici  et  du  Bullarium ,  dont  je  dispose,  ne  la 
connaissent  pas,  et  pas  davantage  les  commentateurs  et  les  com- 
pilateurs tels  que  Fagnani,  Schmalzgrueber,  Schmier,  Engel, 
ReifTenstuel ,  Bôckhn  et  autres. 

On  voit  par  ce  qui  a  été  dit  que  la  situation  déplorable  faite  à 
l'office  et  telle  que  la  trouva  Pie  V,  que  tous  les  abus  contre 
lesquels  le  savant  théologien  Jean  d'Arze,  consulteur  du  concile 
de  Trente  et  si  instruit  dans  les  questions  de  patristique  et  de 
liturgie ,  tonnait  avec  raison  dans  le  mémoire  qu'il  adressa  aux 
cardinaux  légats  à  Trente  le  P''  août  1551,  étaient  déjà  au 
xv^  siècle  plus  qu'en  germe^.  Les  abus  qu'il  stigmatisait  peuvent 
se  ramener  à  trois  principaux  : 

a)  Suppression  à  peu  près  radicale  de  l'office  du  dimanche  et 
de  l'office  férial ,  si  bien  qu'il  ne  pouvait  plus  être  question 
d'une  récitation  de  tout  le  psautier  chaque  semaine,  et  que  cer- 
tains psaumes  n'étaient  jamais  récités  ou  chantés. 

P)  Accumulation  de  divers  offices  le  même  jour,  ce  qui  effa- 
çait le  caractère  de  solennité  précise  et  gâtait  la  joie  que  l'on 
pouvait  prendre  aux  simples  offices  du  temps.  Qu'on  songe  que 
le  petit  office  de  la  sainte  Vierge,  l'office  des  morts,  les  psaumes 
graduels  ou  pénitentiaux,  suivaient  régulièrement  l'office  férial. 

y)  Substitution,  aux  lectures  de  l'Ecriture,  de  légendes  et 
d'histoires  apocryphes  et  de  certains  autres  textes  de  valeur  très 
douteuse  pour  les  antiennes,  les  hymnes  et  les  répons. 

Multiplication  des  fêtes.  —  La  multiplication  des  fêtes  de 
saints  ne  pouvait  en  soi  que  tourner  au  profit  de  ceux  qui 
récitaient  le  Bréviaire,  puisque  ces  fêtes  excitaient  la  dévotion 
et  concentraient  autour  d'une  personnalité  concrète  la  louange 
divine,  les  demandes  de  grâces,  les  résolutions  d'imiter  ce  saint 
en  particulier,  et  d'autres  sentiments  de  ce  genre.  Les  canonisa- 
tions furent   très   nombreuses   durant   ces   siècles'^.  Il   était  par 


*  loannes  de  Arze  (ou  ab  Arze),  Consultatio  de  novo  Breviario  romano 
tollendo.  Cod.  Vatic.  4S7S  et  5  302;  item  cod.  Bibl.  Corsin.  363,  aujour- 
d'hui 39,  c.  III,  publié  dans  Roskovâny,  Cselib.  et  Brev.,  p.  635-720; 
cf.  cod.  XIV,  manuscr.  Bibl.  card.  Tamhurini,  0.  S.  B.,  à  la  biblioth.  de 
1  abbaye  de  Saint-Paul,  à  Rome. 

2  Comme  preuves,  que  l'on  veuille  bien  se  reporter  aux  bulles  du  Bul- 


96  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

suite  convenable,  et  cela  répondait  souvent  au  désir  du  peuple 
chrétien,  qu'on  organisât  une  solennité  liturgique  particulière 
pour  une  foule  de  saints  devenus  populaires.  On  conçoit  que  cet 
accroissement  de  fêtes  dût  affaiblir  le  caractère  de  Tannée  litur- 
gique, qui  est  une  représentation  des  enseignements,  des  souf- 
frances et  du  triomphe  de  l'Homme-Dieu.  Ce  danger  ne  fut  pas 
toujours  reconnu  ni  par  suite  évité.  Pie  II,  celui  de  tous  les 
papes  du  xv"^  siècle  qui  comprit  le  mieux  les  réformes  liturgiques^ 
peut  nous  servir  de  type  sous  ce  rapport.  Loi'squ'il  éleva  Cathe- 
rine de  Sienne  sur  les  autels,  le  29  avril  1461,  il  ordonna  de 
fêter  cette  sainte  vierge  le  pi^emier  dimanche  de  mai  '.  En  compa- 
rant les  Bréviaires  et  les  calendriers  du  commencement  du 
xiv^  siècle  avec  ceux  cités  ci-dessus  de  la  fin  du  xv°  et  du  com- 
mencement du  xvi«,  on  constate  les  tendances  marquées  à 
substituer  des  fêtes  de  saints^  aux  offices  des  dimanches  et  de 
la  îévie  ou  aux  offices  du  Proprium  de  Tempore. 

Nicolas  V  et  l'humanisme.  —  II  nous  faut  encore  jeter  un  coup 
d'oeil  sur  les  tentatives  faites  aux  xv^  et  xvi^  siècles,  dans  la 
mesure  où  elles  eurent  quelque  influence  sur  le  Bréviaire  et  la 
transformation  de  l'office  canonial,  puis  aussi  sur  les  divers 
essais  pour  organiser  un  nouveau  livre  de  prière  ou  un  nouvel 
office  approprié  à  la  fois  à  l'ancienne  tradition  et  au  goût 
moderne,  et  pour  le  faire  adopter  par  l'Eglise.  Ce  qui  précède 
nous  laisse  deviner  que  rien  ne  fut  fait  pour  le  Bréviaire  sous  les 
papes  Innocent  VII  (1404-1406),  Grégoire  XII  (1406-1415), 
Alexandre  V  (1409-1410)  et  Jean  XXIII  (1410-1415).  Rien 
d'important  non  plus  dans  les  années  suivantes.  Sous  les  papes 
légitimes,  en  effet,  Martin  V  (1417-1431  )  et  Eugène  IV  (1431- 
1447),  les  incursions  de  bandes  armées  et  les  soulèvements  des 
peuples  continuèrent  à  Rome  et  dans  les  Etats  de  l'Eglise;  on 
ne  pouvait  par  suite  songer  à  réformer  et  à  développer  l'office 
divin   et  à   faire  de  nouvelles  créations  dans  le  domaine  de  la 


lariuin  romanoj-.  ponlif.  (éd.   Goquelines),  Romte,   1741    et  17  43,  t.   m, 
part.  2,  p.  1271-M31,  et  part.  3,  p.  1431-1521. 

1  Cf.  la  bulle  de  canonisation,  dans  le  Bullar.  cit.,  t.  m,  part.  3, 
p.  105  sq. 

2  D'après  Roskovâny,  t.  v  (1068),  VOfficium  Visilationis  B.  M.  V.  aurait 
été  composé  par  Raymond  de  Vinci;  mais  il  n'est  pas  identique  à  celui 
d'aujourd'hui. 


CHAPITRE  VU  97 

liturgie*.  On  se  contenta  de  ce  qu'avaient  légué  les  siècles  pas- 
sés, jusqu'à  ce  que  la  paix  eût  amené  avec  elle  à  Rome  et  dans 
l'Italie  une  vie  nouvelle. 

L'élection  du  pieux  cardinal  Tommaso  Parentucelli  (Nicolas  V 
1447-1455)  marque  un  des  moments  les  plus  importants  de 
l'histoire  de  la  papauté^.  Avec  lui  la  renaissance  chrétienne 
monta  sur  le  trône  pontifical,  il  est  le  créateur  du  mécénat  pon- 
tifical. Nicolas  fut  aussi  enthousiaste  de  la  littérature  religieuse 
que  de  la  littérature  profane  ;  il  fut  un  particulier  admirateur 
de  saint  Augustin,  de  saint  Léon  le  Grand,  de  TertuUien  et  de 
saint  Thomas  dAquin.  Le  but  de  son  pontificat  fut  la  glorifica- 
tion de  l'épouse  mystique  du  Christ  par  les  œuvres  de  l'esprit  et 
de  l'art.  C'est  là  ce  qui  explique  la  haute  estime  et  l'amour  qu'il 
rencontra  de  tous  côtés,  même  chez  les  représentants  de  l'esprit 
nouveau. 

Abus  de  l'humanisme.  —  Mais  bientôt  l'humanisme  commença 
à  se  montrer  sous  un  autre  jour  ;  il  se  produisit  dans  son  sein,  à 
côté  des  tendances  religieuses,  un  courant  hostile  à  l'Eglise,  qui 
donna  ses  préférences  à  la  civilisation  païencie  de  l'antiquité  aux 
dépens  de  la  civilisation  chrétienne.  Calixte  III  (1455-1458)  et 
même  Pie  II  (1458-1464),  ^Eneas  Silvius  Piccolomini,  qui  dans 
sa  jeunesse  agitée  avait  sacrifié  à  la  Renaissance  au  delà  de  la 
juste  mesure,  devaient,  malgré  tout  leur  amour  de  la  vraie 
science  et  des  formes  séduisantes,  s'opposer  à  l'humanisme.  La 
distinction  entre  l'humanisme  chrétien  et  non  chrétien  apparaît 
nettement  sous  Paul  II  (1464-1471).  Admirateurs  et  imitateurs 
du  paganisme  s'efforcèrent  de  réaliser  par  la  violence  leurs  rêve- 
ries et  leurs  chimères  dune  république  pagano-romaine ,  et  ils 
ourdirent  une  conspiration  contre  le  Saint-Siège.  L'énergique 
intervention  du  pape  excita  la  haine  de  toute  cette  foule,  les 
humanistes  de  tous  les  pays  se  soulevèrent  plus  ou  moins  cons- 
ciemment contre  le  chef  de  l'Eglise  et  prirent  la  défense  des  pré- 
tendus «  persécutés  ». 


•  Pour  plus  de  détails,  voir  Reumont,  Geschichte  der  Stadt  Rom,  Ber- 
lin, 1867-1868,  t.  II  et  m,  et  notamment  la  bibliographie  dans  le  t.  ii, 
p.  1212  sq.  Puis  Hergenrôther ,  Kirchengeschichte ,  t.  u,  p.  288  sq.,  et 
tout  particulièrement  Pastor,  Geschichte  der  PUpste ,  t.  i,  p.  273  sq. ; 
t.  II,  p.  280  sq.  et  572  sq. 

2  Pastor,  op.  cit.,  t.  i,  p.  280  sq. 

Brév..  t.  II.  7 


98  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Paul  II  avait  pensé  obtenir  la  paix,  en  se  montrant  éner- 
gique contre  les  païens  modernes  et  les  philhellènes  (bannisse- 
ment de  Pomponius  Laetus  et  de  Platina,  dissolution  du  collège 
des  abréviateurs  et  de  l'Académie  romaine);  mais  bientôt  la 
faveur  pontificale  rayonna  à  nouveau  sur  l'humanisme.  Sous 
Sixte  IV  (1471-1484),  ses  représentants  autrefois  proscrits  rele- 
vèrent fièrement  la  tête,  et  leur  insolence  contre  tout  ce  qui  ne 
se  courbait  pas  devant  eux  ne  connut  plus  de  bornes.  Les 
étranges  nominations  de  cardinaux  faites  par  le  pape  eurent 
pour  conséquence  de  séculariser  de  plus  en  plus  le  Sacré  Col- 
lège*. Et  les  pontifes  qui  vinrent  ensuite,  Innocent  VIII  (-|-1492), 
Alexandre  VI  (f  1503),  Pie  III  (f  1503),  Jules  II  (1503-1513) 
et  surtout  Léon  X  (1513-1521  ),  le  pape  des  Médicis,  sous  lequel 
l'humanisme  célébra  son  triomphe,  n'étaient  pas  les  hommes  qui 
pouvaient  enrayer  les  maux  provenant  de  la  sécularisation  crois- 
sante de  la  science  et  de  la  vie  religieuses,  qui  se  faisaient  aussi 
sentir  sur  le  terrain  de  la  prière  liturgique.  Le  pieux  Adrien  VI, 
tout  rempli  d'excellentes  intentions,  ne  réussit  pas  dans  ses  ten- 
tatives de  réforme^. 

Il  serait  injuste  de  rejeter  comme  mauvaise  ou  nuisible  en  soi 
la  nouvelle  direction  que  prit  la  vie  littéraire.  Elle  remit  en 
honneur  les  études  philologiques  très  négligées  pendant  le 
moyen  âge,  surtout  depuis  le  xni*  siècle.  Les  papes,  les  évêques 
et  les  théologiens  qui  encourageaient  ce  mouvement  n'eurent 
manifestement  en  vue  que  le  bien  qu'ils  en  pouvaient  retirer.  Ce 
qu'il  faut  condamner,  ce  sont  les  fausses  directions  dans  lesquelles 
on  s'engagea  plus  tard ,  alors  qu'on  voulut  remplacer  la  théolo- 
gie par  la  philologie ,  et  se  dédommager  par  les  formes  sédui- 
santes de  la  précision  et  de  la  logique  scolastiques.  On  copia 
avec  passion  les    vieux    classiques,  on   s'imprégna   au  delà  de 


1  Pour  l'époque  de  Paul  II  ,  cf.  Pastor,  op.  cil.,  l.  ii,  p.  304  sq.  Pour 
l'époque  suivante,  les  détails  et  ce  qu'il  y  a  de  fondé  dans  le  verdict  sévère 
porté  sur  la  cour  papale  de  ce  temps,  comme  aussi  pour  la  justification 
du  pape  contre  d'injustes  accusations,  cf.  Pastor,  op.  cit.,  t.  u,  p.  424  sq. 
et  546-563. 

*  Son  austérité  déplut  aux  courtisans  et  ses  intentions  bienveillantes 
furent  raillées;  ce  qui  lui  fit  s'écrier  une  fois  :  Proh  dolor,  quantum  refert, 
in  quse  tempora  vel  optimi  cuiusque  virtus  incidat?  Ces  paroles,  qui  ornent 
son  tombeau  dans  l'église  Santa  Maria  dell'  Anima,  à  Rome,  sont  la 
devise  de  sa  vie. 


CHAPITRE  YIl  99 

toute  mesure  de  Tesprit  païen,  au  point  qu'un  Platon  était  poul- 
ies humanistes  au-dessus  d'un  saint  Paul ,  un  Cicéron  infiniment 
au-dessus  d'un  Augustin  ou  d'un  saint  Grégoire  le  Grand.  La 
beauté  naturelle  devait  remplacer  la  beauté  surnaturelle;  avec 
Técorce  de  chétive  apparence  sous  laquelle  cette  dernière  se 
présentait  on  rejeta  aussi  le  noyau  précieux  qui  donne  la  vie  ; 
les  formes  séduisantes  étaient  tout,  on  ne  tenait  nul  compte  de 
ce  qui  était  dessous;  le  résultat  fut  une  méconnaissance  des  rap- 
ports du  naturel  et  du  surnaturel.  «  Ce  temps,  comme  s'en  plaint 
Savonarole,  a  le  dégoût  de  la  nourriture  des  saintes  Ecritures.  » 
Des  hommes  tels  que  le  chanoine  florentin  Marsile  Ficin 
(-]-  1499),  Petrus  Pomponatius*  et  Bembo -,  demandent  que  l'on 
oblige  les  ecclésiastiques,  pour  remplacer  la  lecture  du  Bréviaire 
et  des  Pères,  à  la  lecture  des  classiques,  et  que  ces  derniers 
soient  même  recommandés  et  commentés  au  peuple  du  haut  de 
la  chaire^. 

Il  est  clair  que,  dans  une  telle  disposition  d'esprit  chez  les 
classes  dirigeantes,  on  ne  pouvait  rien  attendre  de  bon  pour  le 
développement  ou  l'amélioration  des  formes  du  culte  et  des 
textes  liturgiques.  Toutefois  des  hommes  pieux  et  éclairés  de 
cette  époque  élevèrent  de  vives  réclamations  contre  les  abus  les 
plus  criants  qui  s'étaient  glissés  dans  l'office;  rappelons-nous  les 
propositions  du  doyen  de  Tongres ,  Raoul  de  Rivo  ;  un  grand 
nombre  d'autres  voix  non  moins  énergiques  lui  firent  écho 
dans  des  ouvrages  liturgico-historiques  ou  dans  des  préfaces  aux 
nouvelles  éditions  des  livres  liturgiques^.  De  tous  côtés  un  cri 
retentit,  qui  réclame  une  réforme  dans  la  tête  et  les  membres. 


1  Professeur  à  Padoue  et  à  Bologne  (-J-  1526);  sa  doctrine,  d'après  laquelle 
l'immortalité  de  rame  serait  en  même  temps  fausse  philosophiquement 
et  vraie  théologiquement,  fut  condamnée  au  V<^  concile  de  Latran. 

2  II  fut  secrétaire  intime  de  Léon  X;  c'était  un  épicurien.  Plus  tard 
cardinal  sous  Paul  III,  il  fit  pénitence  de  sa  vie  passée  et  mourut  dans 
des  sentiments  de  repentir  en  1547. 

3  Sur  d'autres  témérités  des  humanistes  à  partir  de  Sixte  IV,  cf.  Pas- 
tor,  op.  cit.,  L  II,  p.  572  sq.  [Pastor,  op.  cit.,  t.  m,  1895,  Situation  reli- 
gieuse et  morale  de  l'Italie  à  l'époque  de  la  Renaissance.] 

^  On  en  trouve  des  exemples  dans  Hôynck,  Geschichte  der  kirchlicheti 
Liturgie  des  Bisthums  Augshurg ,  Augsburg,  1889,  p.  38  sq.;  puis  dans 
le  Breviarium  Trevirense  (Lyon,  1512-1515,  Bern.  Lescuyer),  de  la  bibl. 
privée  de  l'évêque  de  Trêves,  M9''  Korum  ;  et  aussi  cod.  315,  Brév. 
manuscrit  du  xiv  ou  xv«  siècle;  enfin  cod.  W.  .5  4.5.5  de  la  bibl.  du  grand- 
duc  de  Darmstadt,  Bréviaire  de  1518. 


100  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Nous  entendrons  les  plus  éminentes  de  ces  voix  dans  la  suite  de 
cette  étude. 

Modifications  du  Bréviaire.  —  Comme  la  diffusion  du  texte 
authentique  ne  se  faisait  pas  alors  d'une  manière  uniforme  par  la 
presse,  mais  qu'elle  était  l'œuvre  des  copistes,  une  foule  d'erreurs  et 
d'énormités,  d'usages  superstitieux,  de  légendes  baroques,  de  fables 
historiques  et  d'opinions  théologiques  insoutenables,  de  chants  et  de 
formules  de  prières  les  plus  étranges  et  d'autres  végétations  para- 
sites, ne  tardèrent  pas  à  se  glisser,  par  défaut  d'une  surveillance 
sévère,  dans  les  leçons,  les  antiennes  et  les  répons,  au  point  d'en- 
lacer en  maints  endroits  l'ancien  texte  liturgique  et  de  cacher  le 
tronc  jusqu'à  le  rendre  méconnaissable.  A  cela  doivent  s'ajouter  les 
célébrations  de  fêtes  de  mauvais  goût  et  qui  s'adressaient  surtout  au 
peuple  inculte,  composées  de  représentations  dignes  du  théâtre  et  de 
textes  indignes  de  la  sainteté  du  sanctuaire  ^  Un  coup  d'œil  jeté  sur 
les  décrets  des  conciles  provinciaux  du  xiv^,  du  xve  et  du  commen- 
cement du  xvie  siècle^,  laisse  suffisamment  voir  quels  abus  sur  ce 
terrain  l'Église  avait  presque  partout  à  blâmer  et  à  combattre.  Reve- 
nons maintenant  à  l'examen  de  l'office  spécialement  romain  ou  Bré- 
viaire selon  l'Ordo  de  la  Curie  romaine ,  pour  étudier  encore  trois 
points  importants  pour  la  formation  du  Bréviaire  et  la  récitation  de 
l'office. 

Fêtes  nouvelles.  —  On  s'était  presque  partout  fait  une  habitude  et 
une  loi  d'ajouter  au  pensum  quotidien  des  jours  de  la  semaine,  qui 
n'étaient  ni  festum  duplex,  ni  jour  d'octave  ou  de  temps  pascal,  toute 
une  série  d'offices  supplémentaires  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge, 
de  la  sainte  Croix,  du  Saint-Esprit,  pour  les  morts,  ou  les  psaumes 
de  la  pénitence  et  les  psaumes  graduels  avec  les  litanies,  etc.  Cette 
habitude  avait  rendu  l'office  du  chœur  une  charge  pénible  pour  ceux 
qui  étaient  appliqués  à  d'autres  travaux  de  la  vie  sacerdotale,  au 
ministère  des  âmes ,  à  l'enseignement  ou  à  l'étude.  L'unique  expé- 
dient pour  extirper  cet  abus  était  d'introduire  le  plus  possible  de 
fêtes  de  saints  d'un  rang  élevé,  comme  cela  se  fit  en  effet  dans  la 
suite  ^. 


1  Cf.  à  ce  sujet  .Ducang:e,  Glossarium  jnedise  et  infimse  lalinitalis ,  au 
mot  festum,  vers  la  fin;  Ed.  Henschel,  Paris,  184 i,  t.  m,  p.  255  sq. 

2  Dans  Roskovâny,  Cselib.  et  Brev.,  t.  v,  vni,  xi,  xin. 

3  Ainsi  les  Bréviaires  secund.  morem  rom.  Curise  de  1477  (bibl.  munie, 
de  Munich),  1481  et  1504  (tous  deux  à  la  bibl.  royale  publique  de  Stutt- 
gart), imprimés  à  Venise,  ont  une  fête  pour  presque  tous  les  jours  libres 
de  quelque  façon.  De  même  les  six  ou  sept  Bréviaires  de  la  bibl.  du  grand- 
duc  de  Darmstadt,  en  partie  manuscrits  et  incunables,  eu  partie  imprimés 
au  début  du  xvi"  siècle,  Paris,  1509,  1518,  1523. 


CHAPITRE  VII  101 

L'office  du  dimanche.  —  L'office  du  dimanche  ou  la  célébration 
du  mystère  du  dimanche  devenait  d'une  importance  secondaire. 
Jadis  un  office  dominical  avec  historia  propria,  avec  répons  corres- 
pondants à  la  lecture  de  FEcriture,  comme  le  prescrit  encore  le  XV*" 
Ordo  romain^,  ne  pouvait  être  supplanté  par  aucune  fête  de  saint; 
désormais  les  quelques  exceptions  deviennent  la  règle,  et  l'auteur  ou 
le  collecteur,  de  sa  propre  autorité,  explique  la  notion  de  Vhisloria 
propria  d'une  façon  qui  donne  à  entendre  que  dorénavant  tous  les 
dimanches,  même  les  dimanches  privilégiés,  devront  céder  aux  fêtes 
de  saints  de  quelque  rang  qu'elles  soient.  Ainsi  on  lit  p.  S25,  au 
ch.  cxLi  :  Sequuntur  ruhricœ  novse  et  earum  declaraliones...  Nulla  hi- 
storia propria  vocatur,  nisi  habeat  novem  lectiones  ad  minus  (!)  et 
novem  responsoria.  Mais  Amelius  n'est  pas  très  heureux ,  lorsqu'il 
veut  expliquer  cette  nouvelle  règle  et  l'excuser.  Comme  il  ne  peut 
citer  aucune  autorité  en  sa  faveur,  il  cherche  à  l'étayer  par  un  argu- 
ment de  raison  :  Ratio  est  quoniam  mille  imperfecta  non  faciunt 
unum  perfectum.  Le  quatrième  dimanche  d'Avent,  par  exemple ,  a, 
il  est  vrai,  une  historia  propria,  mais  elle  n'est  pas  perfecia;  ce 
dimanche  cédera  donc  à  l'office  de  la  fête  de  l'apôtre  saint  Thomas. 

Un  autre  passage  montre  aussi  que  même  les  fêtes  de  rang  inférieur 
disputaient  le  rang  au  dimanche,  et  que  les  fêtes  de  rang  supérieur 
l'emportaient  sur  lui;  que  toute  commemoratio  Dominicse  était  sup- 
primée, par  exemple,  pour  la  Toussaint  et  la  fête  de  saint  Jean- 
Baptiste^.  Ces  fêtes  s'appelaient  festa  mandationis,  de  mandare 
cardinales,  parce  que  le  pape  faisait  annoncer  aux  cardinaux  qu'ils 
devaient  assister  à  la  fête,  à  l'office  et  à  la  messe;  ou  bien  parce  qu'on 
prescrivait  quel  était  celui  d'entre  eux  qui  devait  prêcher,  quel 
était  celui  qui  devait  dire  la  grand'messe^. 

Au  ch.  cxxv  on  a  cette  indication  intéressante,  que  jadis  la  fête 
de  saint  Gilles  était  célébrée  «  en  province  »  '*  et  qu'actuellement,  d'après 
VOrdo  romanus ,  saint  Gilles  et  les  douze  frères  sont  fêtés  séparé- 
ment sive  in  provincia,  sive  alibi.  Ce  chapitre  et  les  suivants,  cxxvi- 
cxxx,  nous  font  voir  comment  on  s'efforçait  de  multiplier  les  fêtes  de 
saints  au  préjudice  du  dimanche;  la  Septuagésime  elle-même  com- 
mençait, comme  on  le  constate  par  le  ch.  civ,  à  céder  peu  à  peu  à 
la  fête  de  la  Purification.  Les  saints  dont  auparavant  on   faisait  sim- 


1  Dans  Mabillon,  p.  512  et  51». 

2  Ordo  romanus  XV,  loc.  cit.,  p.  513,  511,  517,  521. 

3  Ordo  rom.,  cit.,  c.  cxxvi,  p.  520.  On  chercherait  en  vahi  cette  signi- 
fication de  mandare  et  niandatio  dans  Ducange,  Glossar.  med.  et  inf.  lai., 
bien  que  l'expression  mandator  et  mandalorius ,  qu'il  traduit  par  Officium 
palatinum,  indique  déjà  cela. 

*  Peut-être  faut -il  lire  <<  en  Provence  »  .' 


102  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

plement  mémoire  devaient  désormais,  ex  quadam  extravagante  dé- 
mentis papse  sexti,  recevoir  une  fête  propre. 

Fériés  d'Avent  et  de  Carême.  —  La  règle  concernant  la  mémoire 
des  jours  de  la  férié  en  Avent  et  en  Carême ,  et  qui  existait  depuis 
des  siècles,  subit  une  étrange  interprétation.  On  sait  que  les  sept 
jours  avant  Noël  et  les  fériés  de  la  semaine  de  la  Passion  ont  des 
antiennes  propres  aux  psaumes  des  Laudes,  et  sont  considérés 
comme  feriœ  maiores;  ces  fériés  semblent,  en  effet,  avoir  été  privi- 
légiées. Des  fêtes  de  saints  devaient  leur  céder,  sauf  saint  Thomas 
au  21  décembre;  les  antiennes  qui  tombent  ce  jour-là  étaient  dites 
le  samedi.  Le  ch.  cxlix  du  XV^  Ordo  établit,  à  ce  qu'il  semble, 
une  règle  nouvelle;  c'est  qu'en  ces  jours  on  célébrera  aussi  des  fêtes 
de  saints.  Mais  on  récitera  encore  à  la  fin  de  Toffice  de  la  fête  les 
cinq  antiennes  des  Laudes  de  la  férié  et  les  psaumes  correspondants  ; 
pour  le  reste  la  prééminence  est  donnée  au  saint.  Cet  office  sans 
capitule,  sans  hymne  et  oraison  est  dans  tous  les  cas  une  nouveauté; 
la  parcimonie  des  indications  antérieures  et  aussi  la  pauvreté  des 
Ordines  plus  récents  ne  permettent  pas  de  marquer  s'il  a  été  copié, 
et  dans  quelle  mesure,  sur  l'usage  (connu  par  Amalaire  et  grâce  aux 
plus  anciens  Ordines  romani,  et  dont  nous  avons  parlé  plus  haut)  de 
réciter  à  certaines  fêtes  deux  offices  (deux  Matines  et  deux  Laudes). 
On  ne  se  trompera  peut-être  pas  en  admettant  que  cette  mesure  a  été 
prise  dans  l'intérêt  de  l'abréviation  et  de  la  simplification  du  pensum 
de  la  prière. 

Décadence.  —  Déjà  le  pape  Jean  XXII,  dans  la  célèbre  bulle  Docta 
sanctorum  patrum^  de  i.S22,  avait  porté  des  décisions  sur  la  façon 
de  dire,  de  réciter  ou  de  chanter  les  textes  sacrés  ;  elles  demandaient 
de  la  dignité  et  une  sainte  gravité  dans  l'office  divin,  et  bannissaient 
toute  musique  lascive  et  efféminée  et  toute  sorte  de  chant  mondain. 
La  bulle  laisse  deviner  de  grands  abus  qui  s'étaient  progressivement 
glissés  dans  la  célébration  de  l'office^. 


'  Kilravagantes  Coin.,  lib.  III.  lit.  i.  De  vila  et  tionest.  clericorum. 

2  In  divinœ  taudis  Offîciis ,  qux  dehito  servitutis  ohsequio  exhihenlur, 
cunctoriim  mens  vigilel,  sermo  non  cœspitet  et  modesta  psallenlium  gra- 
vilas  placida  modulalione  derantet...  Dulcis...  sonus  in  ore  psallenlium 
resonat,  cuin  Denm  corde  susripinnl ,  dum  loquuntur  verbis ;  in  ipsum 
quoque  cantibus  devotinnem  accendunt;  inde  etenim  in  ecclesiis  Dei  psal- 
modia canlanda  pneripilur,  ut  fîdelium  devolio  exciletur;  in  hoc  diurnum 
noclurninnque  Offuium  et  Missarum  celebritales  assidue  clero  ac  populo 
sub  inaluro  lenore  dislinclaque  gradalione  cantanlur ,  ul  eadem  dislin- 
c.lione  collibeant  et  malurilale  délectent.  Sed  novellœ  sclwlœ  discipuli, 
dum  temporibus  mensurandis  invif/ilant,  noris  notis  intendant,  fingere 
suas  quam  anliquas  cantare  malunt;  in  semibreves  et  minimas...  melo- 
dias  hoquetis  inlersecanl,  discanfibus  lubricanl ,  Iriijlis  et  motelis  vulga- 


CHAPITRE  VII  103 

On  voit  par  les  ordonnances  qui  précèdent  et  par  les  données, 
souvent  arbitraires,  du  XI V°  et  du  XFe  Ordo  romain,  plus  clairement 
que  par  tout  autre  document  (par  exemple  par  les  décisions  des 
conciles  de  cette  époque*),  par  quelle  voie  l'Office  et  le  Bréviaire 
romain  étaient  peu  à  peu  descendus  au  triste  état  où  le  trouvèrent 
les  Pères  du  concile  de  Trente.  Les  offices  de  la  férié  s'étaient  faits 
rares;  pour  les  fêtes  de  saints,  très  souvent  les  neuf  leçons  étaient 
empruntées  à  la  légende;  il  n'y  avait  plus  place  pour  les  leçons  de 
l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament,  pour  les  Officia  de  Teinpore  et 
pour  les  grands  mystères  de  la  vie  de  Jésus  et  de  sa  bienheureuse 
Mère,  en  un  mot  pour  tout  le  déploiement  de  l'année  liturgique. 

D'après  le  texte  des  «  anciennes  »  rubriques ,  l'office  du  dimanche 
avait  encore,  il  est  vrai,  la  prééminence;  mais  beaucoup  de  person- 
nages influents  de  la  cour  papale  donnaient,  ou  par  dévotion  particu- 
lière pour  certains  saints,  ou  pour  gagner  du  temps,  la  préférence 
au  «  Sanctoral  ».  De  plus,  le  pape,  dans  certains  cas,  donnait  de  vive 
voix  des  ordres  qui  favorisaient  l'esprit  du  temps,  et  les  cérémo- 
niaires,  comme  nous  l'avons  vu  dans  l'exemple  déjà  cité,  les  pre- 
naient pour  règle  dans  tous  les  cas  analogues,  et  considéraient, 
contre  l'intention  du  pape,  les  anciennes  rubriques  sur  ce  point 
comme  abrogées.  Qu'on  veuille  seulement  se  reporter  au  ch.  cxxx 
du  XV<'  Ordo^,  où  il  est  marqué  que  saint  Césaire  ne  devra  pas 
avoir  de  commémoraison  le  jour  de  la  Toussaint,  pas  plus  que  le 
dimanche,  quia  festum  S.  Csesarii  transfertiir.  Le  chapitre  suivant  de 
VOrdo  rapporte  aussi  qu'en  1428 ,  sous  Martin  V,  on  fit  un  change- 
ment parce  que  le  pape  n'assistait  pas  aux  Vêpres  :  Dominus  cardi- 
nalis  fecit  Vesperas  et  dixit  orationem  de  festo  cum  commemoratione 
S.  Cœsarii.  Qu'on  ajoute  aussi  le  ch.  cxlii  (p.  525),  où  on  lit: 
Prout  mandatum  est  (mais  par  qui?)  et  aussi  :  Ita  videtur  {\)  habere 
illa  ruhrica. 


ribns  nonnumqiiam  inciilcant ,  adeo  ut  interdiim  Antiphonarii  et  Gradualis 
fundamenta  despiciant.  —  Non  enim  frustra  ait  Boetius  :  <•  Lascivus  animus 
vel  lasciviorihus  delecfatur  modis  vel  eosdem  ssepe  audiens  emollilur  et 
frangitur...  »  Districte  prœcipimus,  ut  nullus  deinceps  talia  vel  liis  similia 
in  dictis  Offîciis  prseserlim  Horis  canonicis,  vel  cum  Missarum  sollemnia 
celebrantur,  attentare  prœsumat  (Guéranger,  Inst.  liturcj.,  t.  i,  p.  380). 

^  Dans  Roskovâny,  t.  v  et  vui, 

s  Mabillon,  p.  521. 


104  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


II.  Les  XVe  et  XVI^  siècles. 

Si  le  lecteur  a  bien  lu  ce  qui  précède,  il  ne  peut  s'étonner  que 
le  xv^  siècle  soit  très  pauvre  en  matériaux,  aussi  bien  pour  ce 
qui  regarde  les  études  liturgiques  que  Thistoire  du  Bréviaire, 
exception  faite  pour  quelques  fêtes  du  Seigneur  et  des  saints. 
On  avait  durant  cette  période  d'autres  préoccupations.  Les  pen- 
sées et  les  forces  du  clergé  et  des  laïques  étaient  à  ce  point 
absorbées  par  les  controverses  religieuses  et  politiques,  les 
troubles  de  l'hérésie  et  du  schisme,  la  crainte  des  Turcs,  la 
peste  et  d'autres  fléaux ,  d'autre  part  par  la  «  Renaissance  » , 
enfin  par  l'attente  toujours  plus  ardente  d'une  réforme  univer- 
selle dans  la  tête  et  les  membres,  que  la  vie  intime  de  l'Eglise 
perdit  forcément  beaucoup  de  sa  chaleur  et  de  sa  fraîcheur. 

Nous  divisons  cette  période  en  deux  parties  inégales  :  l'époque 
du  grand  schisme  et  des  premiers  essais  pour  améliorer  la  situa- 
tion de  l'Eglise,  en  particulier  en  Italie;  l'époque  de  la  recons- 
titution de  la  papauté,  du  relèvement  de  sa  position  dans  une 
Rome  nouvelle,  de  l'affermissement  de  son  crédit  au  point  de 
vue  religieux,  mais  surtout  au  point  de  vue  séculier. 

Époque  du  grand  schisme.  —  Pour  la  première  période,  on 
chercherait  en  vain  des  renseignements  importants  et  nombreux 
sur  l'état  ou  sur  des  tentatives  d'amélioration  de  l'office  cano- 
nial dans  les  œuvi'es  d'un  Gerson,  d'un  Pierre  d'Ailly,  d'un 
Nicolas  de  Glémangis.  L'ouvrage  le  plus  important  de  cette 
période,  appartenant  en  partie  encore  à  la  période  précédente, 
est  sans  contredit  le  livre  substantiel  du  doyen  de  Tongres, 
Radulphus  de  Rivo,  Raoul  de  Rivo  (-]-  1401)  :  De  observaniia 
Canoniim ,  déjà  maintes  fois  cité,  et  qui  fut  imprimé  à  plusieurs 
reprises  aux  xvi^  etxvii^  siècles  dans  les  collections  d'Hittorp,  de 
Margarin  de  la  Bigne,  et  dans  les  Bihliothecse  Palrum  de  Cologne 
et  de  Lyon. 

Tractatus  inédit  de  Raoul  de  Tongres.  —  Nous  devons  encore 
mentionner  un  autre  ouvrage  de  Raoul  de  Tongres,  d'autant 
qu'il  semble  avoir  échappé  jusqu'ici  aux  liturgistes  et  aux  histo- 
riens. Je  l'ai  trouvé  dans  un  manusci'it  de  la  Bibliothèque  bour- 
guignonne de  Bruxelles.  Son  titre  est  :  Tractatus  de  Psalferio 


CHAPITRE  VII  105 

ohservando^.  En  vingt-cinq  chapitres  Tauteur  dépeint  les  avan- 
tages et  les  beautés  des  psaumes,  le  but  et  la  manière  de  leur 
emploi  dans  l'office  canonial  et  le  devoir  de  s'en  tenir  avec  scru- 
pule aux  prescriptions  de  l'Église,  et  en  particulier  au  Statutum 
Apostolicum  Gregorii  Papse  VII  ad  Psalferium  ohservandum. 
Ce  statut,  que  nous  ont  déjà  fait  connaître  les  chapitres  précé- 
dents de  cette  étude,  réglait  la  division  des  psaumes  à  Matines, 
à  Vêpres,  à  Laudes  des  jours  de  la  semaine  et  des  dimanches  et 
aux  petites  Heures  :  Prime,  Tierce,  Sexte,  None  et  Compiles, 
c'est-à-dire,  il  recommandait  à  nouveau  l'ancienne  ordonnance 
qui  remontait  à  Grégoire  le  Grand.  L'auteur  montre  par  l'exemple 
de  gens  saints  et  pieux  de  l'époque  ancienne  et  contemporaine, 
et  par  des  motifs  théologiques ,  que  la  fidélité  à  observer  les  pres- 
criptions de  l'Eglise  est  une  source  de  bénédictions  ;  tandis  que 
le  mépris  qu'on  en  fait  est  un  péché  grave  :  et  quod  violatores 
illius  statuti  sacerdotio  indigni  pagani  et  hlasphemi  iudicandi 
sunt,  et  vindictam  divinam  poterunt  formidare. 

Statuts  monastiques  et  autres.  —  Mentionnons  encore  ici  une 
ordonnance  du  pape  Urbain  V,  qui  introduisit  au  Mont-Cassin 
et  en  Sicile  le  Psalterium  Gallicanum  au  lieu  du  Psalleniim 
Bomanum  employé  jusque-là^. 

Dans  quelques  statuts  diocésains  et  conciles  provinciaux  que 
l'on  trouve  dans  Marlène  et  Roskovâny^,  il  y  a,  il  est  vrai,  plu- 
sieurs  prescriptions  relatives  à  une  célébration  plus   digne   de 


1  Bibl.  royale,  cod.  2000  :  Tractaiiis  de  psalterio  observando,  auctore 
Radulpho  de  Rivo,  decano  Tungrensi.  Reliffiosis  patribus ,  prœposito  de 
Viridivalle  (couvent  de  chanoines  à  Graenendael,  près  Bruxelles),  priori- 
bus  de  Ruheavalle  (Rosendael,  près  Louvain  ,  etc.  II  commence  ainsi  : 
Mittile  in  dexteram  navigii  rele.  Il  se  termine,  à  la  fin  du  xxiv«  ou  du 
xxv«  chapitre,  par  ces  mots  :  Qui  vos  conservet  in  sua  gratia  et  anwre. 
Amen.  Explicit  tractatus  de  psalterio  obsei-vando.  Le  manuscrit  date  de 
la  fin  du  xiv«  ou  du  début  du  xv«  siècle;  il  est  donc  contemporain  de  l'au- 
teur ou  peu  postérieur  à  lui. 

2  Cf.  à  ce  sujet  le  P.  Pie  Schmieder,  O.  S.  B.,  dans  les  Sludien  und 
Mittheilungen  aus  dem  Benediktiner=  und  Cisterciensorden  .  1890,  t.  xi, 
fasc.  4,  p.  577.  Voir  aussi  pages  579  et  580,  au  sujet  de  la  multiplication 
des  fondations  d'anniversaires  et  des  obits,  qui  menaçaient  de  supprimer 
les  services  réguliers  du  chœur,  et  sur  la  fondation  du  monastère  ambro- 
sien  à  Prague  par  l'empereur  Charles  IV  ;le  fondateur  d'Emmaiis;,  pour 
l'observation  du  rite  milanais. 

3  Martène  et  Durandus,  Thesaur.  anecdol.,  Paris,  1717,  t.  iv;  iidem . 
Scripior.  veter.  amplissima  colleclio,  t.  vu.  Roskovâny,  Caelihatus  et  Bre- 


106  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

l'office  ;  mais  elles  sont  plus  éthiques  et  canoniques  qu'histo- 
riques et  archéologiques.  De  même,  on  constate  dans  les  pays 
de  langue  germanique,  comme  cela  avait  eu  lieu  peu  aupara- 
vant ou  presque  en  même  temps  en  Italie,  un  progrès  dans  l'ex- 
tension du  Hitus  Cun'œ  dans  les  monastères  de  l'Ordre  bénédic- 
tin. D'après  les  sources  indiquées  dans  la  note  1 ,  les  abbayes 
allemandes,  en  reprenant  leur  régularité  au  commencement  du 
xve  siècle,  immédiatement  après  le  concile  de  Constance,  adop- 
tèrent les  Consuetudines  Suhlacences,  plus  tard  aussi  les  Con- 
sueludines  Mellicences,  puis  celles  de  Bursfeld.  Louis  Barbo, 
abbé  de  Sainte-Justine  de  Padoue,  depuis  1421  président  de  la 
nouvelle  congrégation  bénédictine  d'Italie,  qui  reçut  plus  tard 
le  nom  de  Concjregatio  Cassi'nensis ,  avait  introduit  dans  ses 
monastères  un  rite  qui  se  rattachait  étroitement  à  l'ordo  sim- 
plifié de  la  liturgie ,  tel  que  l'employait  la  curie  papale.  Un  des 
monastères  les  plus  importants  de  la  congrégation  était  Subiaco. 
Nicolas  Seiringer  de  Matzen,  moine  de  Subiaco  et  prieur  de 
Mondragone,  travailla  à  répandre  dans  sa  patrie  allemande  la 
discipline  de  Subiaco  ou  de  Padoue.  Elle  prit  racine  à  Melk  et 
plus  tard  chez  les  Ecossais,  à  Vienne.  Des  abbés  et  des  moines 
zélés  pour  la  réforme  se  trouvèrent  réunis  au  synode  de  Bâle, 
où  Louis  Barbo  pendant  un  certain  temps  remplit  les  fonctions 
de  légal  papal  et  de  président  du  concile.  Parmi  eux  était  l'abbé 
Jean  Rode,  de  Saint-Matthias  de  Trêves.  Comme  l'avait  fait  celui 
de  Constance,  le  concile  de  Bâle  porta  plusieurs  décrets  de 
réforme  excellents,  dont  le  résultat  fut  l'union  de  Bursfeld,  qui 
adopta  la  liturgie  réformée  ou  abrégée  des  monastères  nommés 
plus  haut.  Jusque-là  les  statuts  de  Cluny,  de  Fructueux  et 
d'Hirschau,  avec  leur  riche  cérémonial,  avaient  presque  sans 
exception  fait  loi  en  Allemagne  ;  à  ce  moment,  la  liturgie  de  la 
cux-ie  romaine  prenait  leur  place  et  supprimait  dans  le  chant  et 
les  cérémonies  le  magnifique  déploiement  des  processions,  des 
séquences,  des  tropes  et  des  juhili^. 


viariiim,  Pesthini,  1856  et  1861,  t.  v  et  viii.  Plusieurs  autres,  du  xui»  au 
milieu  du  wi»  siècle,  sont  mentionnés  dans  Thomassin,  Velus  et  nova 
Ecclesiœ  disciplina,  part.  1,  lib.  II,  c.  i.xxxv,  §  1-10. 

*  Les  sources,  pour  ce  qui  précède,  sont  :  Martin  Senging,  Tuiliones 
pro  ohservunlia  reç/ulœ  S.  P.  Benedicti,  dans  Pcz,  Bihl.  ascet.,  t.  viii, 
p.  jOj  sq.,  en  particulier  p.  512-545;  Gerbert ,   LU.  aleman.   mon.,   t.   n, 


CHAPITRE  VII  107 

Un  moine  béuédictiu  de  Tabbaye  de  Melk,  Martin  de  Sen- 
ging,  dans  un  écrit  :  Tuiiiones  pro  observantia  requise,  défen- 
dit énergiquement  la  pui'eté  de  la  liturgie,  et  insista  surtout 
sur  la  nécessité  d'une  revision  des  leçons  du  Bréviaire.  Il  prouva 
de  même  Fimportance  des  accidentalia  pour  le  maintien  de 
l'observance  monastique.  En  1446  encore,  les  abbés  de  Bursfeld 
et  de  Rheinhausen  obtenaient  du  légat  du  concile,  Cbarles-Louis 
d'Arles,  certains  privilèges  relatifs  à  l'ordonnance  du  Bréviaire  ; 
puis  Jean  Hagen,  abbé  de  Bursfeld  (1439-1469)  et  supérieur 
d'un  grand  nombre  d'abbés  et  de  prieurs  réformés ,  entreprit  la 
composition  définitive  d'un  Ordinarium  officii  dans  le  sens  de  la 
liturgie  de  la  curie.  L'ordonnance  du  nouveau  Bréviaire,  simple 
adaptation  du  texte  du  Bréviaire  l'omain  à  la  forme  du  Bré- 
viaire monastique,  fut  approuvée,  malgré  les  réclamations  du 
prieur  Henri  de  Saint-Jacques  de  Mayence,  en  1452,  par  le  car- 
dinal-légat, Nicolas  de  Cuse,  qui,  le  7  juin  1451 ,  avait  confirmé 
de  l'autorité  papale  l'Union  de  Bursfeld,  et  qui  bientôt  après  lui 
conféra  de  riches  privilèges  ^ 

Le  pape  Pie  II  confirma  de  nouveau  en  1459,  par  une  bulle 
solennelle  datée  de  Sienne,  l'Union  de  Bursfeld  et  lui  accorda  les 
privilèges  que  la  congrégation  de  Sainte-Justine  avait  reçus 
d'Eugène  IX.  Par  les  bulles  Becfis  pacifîci  et  Inler  nosfri  cordis 
arcana,  il  chargeait,  en  1461  ,  lévèque  Jean  d'Eichstatt,  dans  le 
diocèse  duquel  se  trouvait  Castel,  de  réunir  en  une  seule  les 
trois  observances  de  Melk,  Bursfeld  et  Castel ^.  Cette  union  n'eut 
pas  de  consistance ,  mais  elle  aida  beaucoup  au  progrès  du  rite 
de  la  curie  (mutatis  mutandis)  ^  qui  bientôt  devait  rég-ner  seul. 

Statuts  de  Bâle.  —  Les  décrets  de  la  XXP  session  du  concile 
de  Bâle^  ne  parlent  pas  de  la  réforme  du  Bréviaire  et  du  texte 
ou  des  cérémonies  de  l'office  ;  ils  rappellent  seulement  le  devoir 


p.  224;  et,  d'après  une  communication  du  R.  P.  Pius  Schmieder,  le  cod. 
Lumhacens.  246  de  l'année  1428. 

'  P.  Schmieder,  dans  Sliidien  iind  Millheilunffen,  op.  cit.,  p.  592  sq. 

*  P.  Schmieder,  op.  cit.,  p.  593.  Cf.  aussi  p.  594  au  sujet  de  Breviatiira 
et  ordo  operis  Dei  secundiim  brevialuram  ohservantiœ  CasieUensis ,  dans 
le  monastère  de  MetLen. 

.  '  Dans  Hardouin,  Coll.  concil.,  t.  viii,  col.  1196-1199,  c.  iv,  v,  vi  : 
Quomodo  diviniim  officiiim  in  ecclesia  celehrandum  sit  et  qiialiler  horie 
canonicse  extra  chorum  dicendœ  sint.  Cf.  encore  les  conciles  cités  dans 
Thomassin,  loc.  cit. 


108  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

d'une  célébration  convenable ,  en  le  précisant  avec  plus  de  détails. 
Dom  Guéranger^  il  est  vrai,  dit  que  les  Allemands  à  ce  concile 
avaient  fait  régler  par  l'empereur ,  dans  l'article  12,  que  les  livres 
liturgiques,  le  Bréviaire  et  le  Missel  seraient  corrigés  et  que  tout 
ce  qui  n'était  pas  emprunté  aux  saintes  Ecritures  serait  rejeté  ; 
et  il  s'appuie  pour  cela  sur  Grancolas,  t.  i,  p.  20'^.  Mais  on 
chercherait  en  vain  dans  les  Actes  du  concile  le  schéma  en  ques- 
tion. Par  contre,  il  se  trouve  mot  à  mot  parmi  les  propositions 
que  l'empereur  Ferdinand  fit  parvenir  en  1561 ,  par  ses  envoyés, 
au  concile  de  Trente,  et  dans  le  Summariuni  pelilionum  Csesa- 
ris  super  reformatione  édité  par  D.  Martène^.  Celui-ci,  dans 
son  Thésaurus ,  donne  une  autre  prescription  relative  au  Bré- 
viaire, laquelle,  bien  que  se  rapportant  à  une  époque  antérieure, 
mérite  cependant  de  trouver  place  ici,  parce  que  par  voie  d'ana- 
logie elle  jette  une  certaine  lumière  sur  la  formation  antérieure 
du  Bréviaire.  Au  chapitre  général  des  Dominicains  de  1270,  il 
fut  décrété  que  les  leçons  de  certaines  fêtes  seraient  lues  au 
chœur  selon  l'ancienne  coutume,  comme  des  homélies  entières 
sans  divisions;  mais  que,  dans  la  récitation  privée  extra  chorum, 
on  prendrait  de  courtes  leçons  et  pour  les  fêtes  des  saints  celles 
du  Commun  :  In  Lectionario  inseranlur  Lectiones  deeorum  vila 
compilalx ,  quœ  in  Breviariis  portatilihus  de  Communi  fianlK 
Nous  citerons  encore  l'ordonnance  d'un  concile  tenu  à  Tortose 
en  Espagne,  en  1429,  sous  la  présidence  du  légat  du  pape, 
Pierre  de  Fuxo.  Au  4®  canon,  on  lit  que  tout  diacre  et  prêtre  est 
obligé,  sous  peine  grave,  de  se  procurer  ou  décrire  lui-même  un 
petit  Bréviaire,  pour  les  cas  où  il  ne  pourrait  pas  assister  à 
l'office  public,  afin  qu'il  n'ait  aucun  prétexte  de  se  dispenser 
des  Heures  canoniales  \ 


1  Insl.  lllurg.,  2'^  édit..  t.  i,  p.   il2. 

*  Breviaria  et  Missalia  expiirr/anda  resecandiique  onini.i,  quœ  non  ex 
Divinis  sinl  desumpln  Lilleris ,  et  tiediosam  prolixitatem  psalmorum  et 
orationum,  hahilo  deleclii ,  conlrahendum.  (ji-aiicolas  (dans  l'édition  latine 
de  son  Comment,  hist.,  Ant^veI•pi<E ,  1731,  lib.  I,  c.  v,  p.  10)  ne  nomme 
pas  expressément  Bâle,  mais  il  dit  simijlement  saeculo  decimo  qiiinto.  Je 
ne  possède  pas  l'édition  française  à  laquelle  D.  Guéranger  renvoie. 

'  Dans  Martène  et  Durandus,  Veleruni  script,  et  moniim.  amplissimn 
collectio,  Paris,  1733,  t.  viii ,  col.  Ii26,  art.  12. 

*  Martène  et  Durandus,  The.iaur.  anecdot.,  Paris,  1717,  t.  iv.col.  1757. 
s  Concil.  Dertosan.,  can.   i,  dans  Ilardouiu,  t.  vni ,  col.  1077. 


CHAPITRE  VII  ^09 

Fêtes  nouvelles.  —  Pour  ne  pas  interi'ompre  trop  souvent  le 
cours  de  l'Histoire  du  Bréviaire  au  xv^  siècle,  nous  parlerons  ici 
brièvement  de  quelques  fêtes  qui  furent  adoptées  par  toute 
l'Église  à  cette  époque.  Boniface  IX  institua,  le  9  novembre  1389, 
la  fête  de  la  Visitation,  se  basant  sur  une  bulle  d'Urbain  VI, 
écrite  quelque  temps  avant  sa  mort,  mais  non  publiée.  Il 
accorda  des  indulgences  particulières  pour  l'assistance  aux 
Matines,  à  la  Grand'Messe,  aux  Vêpres  et  aux  petites  Heures. 
[  Cependant  cette  fête  de  la  Visitation  avait  été  d'abord 
établie  dans  le  diocèse  de  Prague  par  l'archevêque  Jenstein 
et  fixée  au  28  avril  (S.  Vital  ).  Jenstein  composa  un  office  propre  : 
Exsurgens  Mafia  abiit  in  montana,  etc.,  qu'adoptèrent  un  grand 
nombre  de  Bréviaires  allemands.  Et  ce  fut  sur  les  instances  de 
Jenstein  qu'Urbain  VI  ou  Boniface  IX  la  rendirent  universelle, 
dans  le  but  d'obtenir  par  l'intercession  de  Marie  la  cessation  du 
schisme.  Le  cardinal  Adam  Easton,  surnommé  Anglicus ,  com- 
posa le  nouvel  office  pour  l'Eglise  romaine  :  Accedunt  laudes 
Virginis ,  que  plus  tard  l'humaniste  Wimpfeling  attaqua  dans 
un  ouvrage  spécial.  Naturellement,  la  fête  instituée  par  Boni- 
face  IX  ne  fut  pas  adoptée  par  l'obédience  française.  Ce  qui 
explique  que  plus  tard  le  concile  de  Bâle,  dans  sa  XLIII^  session, 
établit  encore  une  fois  la  fête  et  composa  un  troisième  office.  (Cf. 
Dreves  ,  Die  Hymnen  Johanns  von  Jenstein  [Prag.,  1886],  p.  23- 
46.)  Tr.  ]  La  fête  des  Sept-Douleurs,  qui  devait  se  célébrer  avec 
la  couleur  violette  le  vendredi  après  le  dimanche  de  la  Passion, 
fut  établie  en  Allemagne,  à  Cologne,  en  1423.  Elle  prit  plus 
d'extension  en  1668  et  1672,  et  fut  prescrite  pour  toute  l'Église 
en  1715'.  En  mémoire  de  la  victoire  des  chrétiens  sur  les  Turcs 
à  Belgrade  (S.  Jean  Gapistran),  Calixie  III  institua  la  fête  de  la 
Transfiguration  et  attacha  des  indulgences  à  ceux  qui  assisteraient 
ce  jour-là  à  l'office  canonial  ;  c'étaient  les  mêmes  que  celles  que 
l'on  gagnait  durant  l'Octave  de  la  Fête-Dieu^.  Sur  la  demande 
qu'en  fit  le  duc  Guillaume  à  Pie  II  et  Paul  H,  on  commença  à 


1  Bullar.  rom.  pontif.,  éd.  Coquelines,  t.  m,  2,  col.  378.  Cf.  Décret. 
S.  R.  C,  3  sept.  1672  et  25  janv.  1729.  [Le  cod.  B  54  de  la  bibl.  du  cha- 
pitre de  Padûue,  Bréviaire  franciscain  du  xiv<=  ou  xiii«  siècle,  marque  les 
deux  fêtes  de  la  Croi.v  comme  admises  au  Bréviaire  romain  par  Grégoire  IX 
et  fixe  la  date  de  leur  introduction  à  l'année  1377.  Tr.] 

-  Bullar.  cit.,  t.  m,  3,  col.  84. 


110  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

célébrer  une  fêle  de  la  Présentation  en  Saxe.  Sixte  IV ,  par  bref 
du  12  juillet  1472,  la  permit  au  21  novembre'. 

Après  le  grand  schisme.  Réforme.  —  L'aurore  d'une  période 
nouvelle  sembla,  dans  la  seconde  moitié  du  xv^  siècle,  se  lever 
sur  la  capitale  de  la  chrétienté  et  en  faire  de  nouveau  le  centre 
de  la  science,  de  Tart  et  de  la  vie  religieuse.  Quel  moment  plein 
d'éclat  pour  la  papauté  que  celui  où  Nicolas  V  (14.55)  créait  la 
Bibliothèque  vaticane,  réunissait  d'autres  collections  et  construi- 
sait de  superbes  édifices  dans  Rome'^!  La  Renaissance  commen- 
çait déjà  à  s'épanouir.  Les  efforts  du  pape  se  portèrent  à  prépa- 
rer en  Italie  et  dans  tous  les  pays  de  la  chrétienté  une  résurrection 
de  la  véritable  vie  chrétienne.  Il  envoya  chez  toutes  les  nations, 
qui  avaient  le  plus  souffert  des  troubles  des  dernières  années, 
des  légats  chargés  de  travailler  à  la  suppression  des  abus  ecclé- 
siastiques les  plus  enracinés.  S'il  se  trouvait  des  coupables,  ils 
devaient  expier  en  raison  de  leur  faute.  —  Qu'il  suffise  de  rap- 
peler ici  les  importants  et  fructueux  travaux  du  cardinal  Nicolas 
de  Cuse  et  de  saint  Jean  de  Capistran,  des  écrivains  et  prédica- 
teurs Torquemada,  Geiler  de  Keysersberg,  Roderic  Sanche 
d'Arevalo  et  Pierre  du  Mont. 

Mais  la  réforme  de  Nicolas  V  ne  dura  pas.  Son  entourage , 
par  crainte  de  perdre  ses  bénéfices,  si  les  abus  disparaissaient, 
lui  suscita  toutes  sortes  d'obstacles.  Et  l'on  comprend  dès  lors 
les  paroles  d'un  chartreux  contemporain,  Jacques  de  Jùterbogk, 
qui  vivait  à  Erfûrt  :  «  Nulle  nation  dans  la  chrétienté  n'oppose 
une  résistance  plus  obstinée  à  la  réforme  que  la  nation  italienne, 
parce  qu'elle  espère  des  profits  et  des  avantages  temporels,  et 
craint  de  perdre  les  dignités^.  » 


1  Je  dois  celte  communication  au  D'  F.  Schlecht,  du  Campo  Sanlo  de 
Rome,  aujourd'hui  professeur  à  Dillingen,  qui  a  eu  la  complaisance  de 
transcrire  le  bref  aux  archives  du  Vatican  (armar.  39,  t.  xiv,  fol.  320  u). 
Plus  tard  Sirleto  demanda  à  Grég-oii-e  XIII  de  la  rétablir;  Pie  V  l'avait 
supprimée.  J'ai  trouvé  celle  indication  dans  le  cod.  Vatic.  6171 ,  fol.  100. 
Elle  fut  établie  en  1372  ou  1375,  à  Avignon,  pour  la  France,  par  Pie  II 
et  Paul  III  (16  octobre  1464),  à  ce  qu'il  semble,  non  seulement  pour  la 
Saxe,  mais,  sous  certaines  conditions,  pour  toute  l'Eglise;  puis,  en  1585, 
Sixte  V  la  prescrivit  de  nouveau  et  fil  ainsi  ce  qu'aurait  fait  Pie  V,  si  la 
Providence  lui  avait  accorde  de  plus  longs  jours.  [Cf.  F.  Falk,  Zur  Ein- 
fûhrunçj  des  Fesles  Marili-  Opferung  in  der  Mainzer  Kirchenprovinz ,  1468 
{Der  Kalholik,  juin  1902,  t.  xxv,  p.  543-553).] 

-  Paslor,  t.  I,  p.  386-419;  cf.  p.  344  sq. 

3  De  seplem  Ecclesiœ  statibus,  dans  Paslor,  t.  i,  p.  304. 


CHAPITRE  Vil  111 

Calixte  III  et  Pie  II  firent  personnellement  d'héroïques  efforts 
pour  sauver  la  chrétienté  des  dangers  qui  la  menaçaient,  et  en 
particulier  de  l'invasion  des  Turcs.  Mais  l'indolence  des  Italiens, 
la  négligence  et  rintérét  personnel  des  princes  européens  et  le 
vent  d'épicurisme  qui  soufflait  à  travers  toutes  les  classes  diri- 
geantes de  la  chrétienté  latine  firent  avorter  les  meilleures 
intentions ^  Ce  n'était  pas  sans  raison  que  de  pieux  cardinaux 
comme  Domenico  Capranica  (-j- 1458)  et  son  frère  Angelo  Capra- 
nica  (-j-  1-478),  Ammanati  ("l-  1479)  tonnaient  contre  la  séculari- 
sation toujours  plus  envahissante  de  la  curie  et  de  la  Ville  éter- 
nelle; que  les  prédicateurs  blâmaient,  dans  les  autres  villes  du 
monde  chrétien,  la  corruption  des  mœurs  sans  cesse  croissante 
et  prophétisaient  le  jugement  de  Dieu  contre  les  peuples  et  leurs 
chefs,  qui  s'écartaient  du  bien.  Nulle  part  on  ne  prêtait  l'oreille 
à  ces  appels  à  l'amélioration  dans  la  discipline  et  l'administra- 
tion ecclésiastique,  à  cette  reformatio  in  capite  et  memhris  qui 
était  le  cri  de  guerre  général.  Il  est  vrai,  et  on  doit  le  dire  à 
l'honneur  de  l'Eglise,  bien  des  ecclésiastiques  de  haut  rang 
ou  de  rang  inférieur  et  bien  des  religieux  s'efforcèrent ,  dans  la 
mesure  de  leur  ardeur,  de  leur  talent  et  dans  leur  sphère  d'action, 
de  réformer  les  oeuvres  et  la  vie  du  clergé  et  par  là  de  fortifier 
son  influence.  La  tâche  constante  de  l'Eglise,  c'est  la  véritable 
réforme,  c'est-à-dire  la  formation  de  la  vie  de  ses  membres 
d'après  la  doctrine  divine  conservée  et  interprétée  par  elle.  Pour 
ce  qui  regarde  le  sujet  spécial  qui  nous  occupe,  on  trouve 
encore  dans  cette  période,  comme  dans  celle  qui  suit  immédiate- 
ment, plusieurs  cérémoniaires  pontificaux  tout  à  fait  dignes  de 
respect,  tels  qu'Augustin  Patrice  Piccolomini,  Paris  de  Grassis, 
Jean  Burchard  de  Strasbourg  ^,  qui  s'efforcent  de  leur  mieux 
de  recueillir  avec  soin  les  traditions  d'une  époque  meilleure  et 
de  les  maintenir  intactes. 

Origine  du  Cérémonial  des  évéques.  —  D'après  Mabillon  ^,  ces 


1  E.  Mûntz  {Les  arts  à  la  cour  des  papes  pendant  le  -Yre  et  le  xvie  siècle, 
3  vol.,  Paris,  1878-1882),  par  exemple,  ne  trouve  pas,  à  son  point  de 
vue,  un  nuage  dans  l'éclat  de  cette  période. 

2  Cf.  à  ce  sujet  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  ii,  p.  58 i- 592.  [C.  Constant, 
Deux  manuscrits  de  Burchard  :  Fragments  du  Diaire  (Ii92-li96),  Le 
Cérémonial  (Mélanges  d'archéol.  et  d'hist.,  Ecole  de  Rome,  1902,  t.  ii-iii, 
p.  209-250).  Tr.] 

S  Op.  cit.,  p.  586  et  587. 


112  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

trois  cérémoniaires  sont  les  auteurs  du  dernier  Ordo  romanus , 
publié  par  Martène' ,  et  qui  a  été  la  source  principale  du  Céré- 
monial des  évêques  y  où  sont  recueillis  les  rites  observés  par 
la  curie  et  la  chapelle  papale  et  plus  tard  transmis  à  d'autres 
églises  cathédrales  et  collégiales.  Paris  de  Grassis,  qui  avec  plu- 
sieurs cardinaux  avait  amèrement  blâmé  l'impression  du  Céré- 
monial (à  Venise,  1517),  parce  que,  d'après  lui,  c'était  exposer 
les  mystères  aux  regards  profanes  ^,  avait  pris  plus  de  part  à  la 
composition  de  l'Ordo  ;  les  deux  autres,  outre  qu'ils  avaient  tra- 
vaillé au  Cérémonial  papal,  qui  se  composait  de  trois  livres^, 
avaient  surtout  préparé  une  édition  nouvelle  et  corrigée  du  Pon- 
tifical ,  et  Burchard  de  son  côté  avait  entrepris  la  rédaction  des 
rubriques  générales  du  Missel''. 

Papes  de  la  Renaissance.  —  Mais  les  cerveaux  inquiets  ne 
suivaient  pas  volontiers  les  exemples  donnés  et  les  efTorts  ten- 
tés en  vue  d'une  réforme  dans  l'Eglise.  Beaucoup  même  parmi 
les  dignitaires  ecclésiastiques  paraissaient  être  préoccupés  de 
soucis  tout  autres  que  ceux  d'une  révolution  des  mœurs.  Il  y 
avait  peu  à  attendre  des  tentatives  de  réformes  liturgiques  de 
pontifes  tels  que  cet  indigne  Alexandre  VI  (1492-1503),  de  si 
funeste  mémoire  (Pie  III  mourut  peu  après  son  élévation,  1503), 


'  Marlène,  De  ant.  Eccl.  rit.,  l.  m,  c.  xxxiv,  p.  607  sq. 

«  Mabillon,  loc.  cit.,  p.  387. 

3  Le  premier  contient  les  cérémonies  pour  l'éleclion  et  le  couronnement 
du  pape,  le  couronnement  d'un  empereur,  la  canonisation  des  saints,  la 
création  des  cardinaux;  le  second,  le  rite  pour  l'office  des  Vêpres  et  de 
la  Messe,  des  autres  Heures  canoniales  de  toutes  les  fêtes  de  l'année; 
le  troisième,  quelques  règles  pour  la  célébration  de  l'office  (Mabillon, 
loc.  cit.,  p.  386). 

<  On  peut  voir  par  les  paroles  suivantes,  qui  se  trouvent  dans  la  pré- 
face et  la  dédicace  à  Innocent  VllI  (1484-1492),  quel  caractère  avait  le 
livre  des  cérémonies  ou  livre  de  l'office  de  Piccolomini  :  Tarn  ex  lihrLs 
mniorum,  quos  ex  archivis  romanœ  Ecclesiœ  compliires  deprompsi ,  quarn 
ex  cotidiano  usu  capellœ  apostolicse...  cœrimonias  omnes,  quitus  nostro 
tempore  uti  consaevernnt  romani  pontifices,  prœtermissis  superpuis  et 
antiquatis,  in  ordinem  redigerem...  Admirahuntur  fartasse  complures 
diserti  et  latinœ  linguœ  censores ,  quod  inm  proprietatemque  verborum 
latinorum  non  usquequaque  servaverimus  —  nova  vocabula  admiscueri- 
mus,  quie  tamen,  si  aliter  dicerentur ,  non  facile  ab  omnibus  intellege- 
rentur.  Secuti  sumus  terminos  a  superioribus  harum  rerum  scriptoribus 
iisurpatos...  arbitrati  sanctitatem  tuam  et  sacrum  senatum  non  tam  ver- 
borum lenocinia  qvam  rerum  ordinem  et  explicationem  a  nobis  exacturos 
(Mabillon,  loc.  cit..  p.  585  et  586  V 


CHAPITRE  VII  113 

Jules  II  (  1503-1513),  pape  plein  de  piété,  mais  embarrassé  dans 
le  tumulte  des  guerres,  et  enfin  Léon  X  (  1513-1521  ),  un  enthou- 
siaste des  idées  païennes.  Il  était  à  prévoir  que  tout  essai  de 
changements  ou  de  corrections  porterait  l'empreinte  des  préoc- 
cupations humanistes  du  moment.  En  parcourant  le  deuxième 
volume  de  Y  Histoire  des  Papes  depuis  la  fin  du  moyen  âge  de 
Pastor,  on  a  vite  fait  de  s'apercevoir  que,  plus  on  se  rapproche 
du  xvi^  siècle,  du  pontificat  de  Léon  X,  plus  les  affaires  à  Rome 
prennent  une  direction  qui  n'aboutit  à  rien  moins  qu'à  une 
réforme.  L'esprit  de  sécularisation  fait  des  progrès  rapides.  Les 
efforts  d'un  Pie  II,  d'un  Nicolas  de  Cuse,  d'un  Domenico  de 
Domenichi,  n'en  sont  que  plus  méritoires.  Pris  d'un  enthousiasme 
sérieux  pour  la  restauration  liturgique ,  ces  personnages  véné- 
rables proposèrent  certaines  réformes,  tracèrent  des  plans  qui 
permettaient  l'observation  plus  correcte  des  prescriptions  cano- 
niques, et  avant  tout  la  célébration  plus  digne  des  Heures  cano- 
niales. Leurs  tentatives,  il  est  vrai,  furent  sans  résultats  durables  ^ . 
La  sollicitude  que  Sixte  IV  (  1471-1484)  témoigna  pour  l'office 
solennel  et  le  chant  liturgique  (fondation  de  la  chapelle  Sixtine) 
n'exerça  aucune  influence  sur  le  Bréviaire  et  l'office.  Elle 
n'atteignit  que  la  façon  de  rendre ,  de  lire  ou  de  chanter  les 
textes  déjà  existants^. 


1  In  officio  et  servitio  divino  canones  servent...  si  visilatores  invenerini 
divinum  cultum  oh  hoc  neglectum,  quod  aliquis...  plura...  bénéficia  ha- 
het...  nos  divino  cultu  sic  neglecto  talia  vacare  decernimus...  Posthsec  ad 
divinum  cultum  in  urbe  romana  reformandum  visitatores per  superpositas 
reaulas  mannm  npponant  et  primo  princij)ales  papales  basilicas  adeanl, 
deinde  cardinalium  titulos.  Minute  de  Nicolas  de  Cuse  pour  une  bulle  de 
réforme  de  Pie  II,  dans  Dïix .  Der  deutsche  Cardinal  i\iholaus  von  Cusa 
und  die  Kirche  seiner  Zeit,  Regensburg,  J847,  p.  157  et  i6.'i.  Egalement 
Dominicus  de  Dominicis,  Eps.  Brix.,  Traclatus  de  ref'ormalione  romame 
Curiœ,  d'après  un  manuscrit  de  la  Bihliolheca  Vaticana ,  cod.  Ottobon. 
£473,  c.  V  vel  consideratio  V  :  Agit  de  divino  cultu  et  sacris  cœrimoniis 
ab  ipso  summo  ponlifice  servandis ;  VI  :  De  modeslia  et  silentio  servando 
a  cardinalibus  et  prœlatis  tempore  divinorum  officiorum,  et  nequisquam 
tune  perslrepet  aut  interturbet  divinum  cultum.  D'après  Pastor  (t.  ii, 
p.  191),  le  codex  Vatic.  5  6S9  contiendrait  un  texte  analogue  ou  identique; 
mais  cela  semble  être  une  erreur.  Nous  n'y  avons  trouvé  qu'un  extrait 
des  Annales  de  Baronius,  et  le  Tractatus  de  refer.  n'est  que  dans  le  ma- 
nuscrit Ottob.  cité. 

2  On  peut  voir  à  ce  sujet  Pastor,  t.  ii,  p.  537,  et  les  ouvrages  de  Haberl 
et  de  Schelle,  qui  y  sont  cités  dans  la  note  4. 

Brév.,  t.  II.  8 


114  HISTOIRE  DU   BREVIAIRE 

III.  Tentatives  de  réforme  isolées  avant  le  concile 
de  Trente. 


Sur  ces  entrefaites  le  besoin  de  réformes  liturg-iques  se  faisait 
de  plus  en  plus  sentir.  Deux  courants  se  formèrent  en  faveur 
d'une  transformation  du  Bréviaire  et  de  l'office.  On  les  a  com- 
parés, peut-être  sans  raison,  aux  deux  courants  qui  s'étaient 
parallèlement  établis  dans  le  g'rand  mouvement  intellectuel  de 
cette  époque ,  la  vraie  et  la  fausse  Renaissance.  Ils  sont  impor- 
tants pour  comprendre  les  tentatives  de  réforme  liturgique 
faites  de  Pie  II  à  Pie  V*. 

Tendance  humaniste.  —  D'un  côté,  nous  trouvons  l'école  des 
humanistes,  représentée  par  Bembo,  Ferreri,  Marsile  Ficin, 
Pomponace ,  Bessarion,  Paul  Cortèse,  Léon  X  et  d'autres,  pour 
les  oreilles  desquels  le  défaut  capital  du  Bréviaire  consistait 
dans  sa  langue  barbare  et  fruste.  L'idéal  d'un  Bréviaire,  pour  ces 
hommes  d'une  élégance  et  d'une  politesse  raffinées,  était  un  livre 
d'office  composé  dans  un  latin  cicéronien,  dont  les  hymnes 
autant  que  possible  auraient  l'harmonie  des  Odes  d'Horace.  On 
disait  des  prières  pour  la  rémission  des  péchés,  snperosque 
manesque  placare,    et    la    génération   éternelle   du  Verbe   était 


'  Jodocus  Gallus  de  RufTach  fut  chargé  en  1507,  par  révoque  Philippe  !«'' 
de  Spire,  de  corriger  le  Bréviaire  diocésain  et,  dans  ce  but,  d'emprunter 
les  changements  réclamés  aux  anciens  rituels  et  aux  Pères.  Mais,  de  son 
propre  aveu,  il  se  laissa  trop  guider  par  son  point  de  vue  subjectif  et  par 
ses  idées  personnelles.  Primuni  omnium  mendas  pro  meo  ingenio  ahstersi, 
deinde  ex  vetustioribns  Ecclesiœ  et  religlonis  dociimenlis...  Breviariis  et 
originalihus  sanctorum  Doclorum  niulta  immutavi  (Mone,  Lateinische 
Hymnen,  t.  i,  p.  vi).  Cette  tentative  de  réforme,  bien  que  digne  de  re- 
marque, comme  type  d'un  grand  nombre  de  travaux  analogues,  a  cepen- 
dant exercé  trop  peu  d'influence  sur  l'ensemble,  pour  qu'un  examen 
détaillé  en  puisse  paraître  nécessaire.  On  trouve  de  ces  Bréviaires  réformés 
en  grand  nombre  à  la  Nationale  de  Paris,  à  l'Angelica  et  à  la  Vallicellanc, 
à  Rome,  et  certainement  aussi  ailleurs.  [M.  Wickham  Legg  nous  dit  qu'il 
n'a  pu  trouver  qu'un  seul  Bréviaire  réformé,  celui  de  Pampelune,  à  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris.  Par  contre  il  n'en  a  pas  trouvé  (sauf  celui 
de  Quignonez)  à  l'Angelica,  qu'il  dit  avoir  visitée  en  1886.  Cf.  Some  local 
reform.i  of  the  divine  service  atlempled  on  the  continent  in  the  sixteenth 
ceniury ,  London,  1901,  p.  18,  n.  2.  On  pourra  consulter  cet  ouvrage  rela- 
tivement à  ces  tentatives  de  réforme  isolées.  Tr.] 


CHAPITRE  VII  115 

Minerva  Jovis  capile  or  ta.  Le  Saint-Esprit  était  une  aura  Zephyri 
cœlestis;  les  prêtres,  des  flamines;  les  cardinaux,  Patres  con- 
scripti,  ou  CoUegium  augurum',  les  religieuses  s'appelaient  des 
vestales;  la  très  sainte  Vierge  Marie,  la  Divapotens ,'  la  mort 
d'un  chrétien,  «  l'élévation  dans  des  sphères  célestes  plus  pures, 
pour  se  joindre,  dans  la  danse  mystique  de  Bacchus,  aux  dieux  de 
l'Olympe.  »  Bembo  nomme  la  Vierge  de  Loreile  Dea  Lauretana  ; 
Léon  X  est  d'après  lui  deorurn  immortalium  decretis  factus  pon- 
tifex;  d'après  Sannazar,  la  très  sainte  Vierge  est  spes  fida  homi- 
num  et  spes  fida  deorum.  Voici,  d'après  Vida,  comment  se  fit 
l'institution  de  l'Eucharistie  dans  la  dernière  cène  :  lamque 
héros  puras  fruges  properataque  liba  accipiens ,  frangens... 
mox  talia  fertur  :  Corporis  hœc  nostri,  hsec  est  vera  cruoris 
immago...  quem  fundam.  On  voit  comment  l'erreur  de  Calvin 
était  presque  contenue  dans  ce  classicisme'.  Le  divin  Platon  et 
Homère,  Virgile,  Cicéron  et  Sénèque  auraient  dû  trouver  place 
dans  un  pareil  Bréviaire  à  côté  des  Pères  et  des  épîtres  aposto- 
liques. Le  but  principal  était  en  effet,  ainsi  que  s'exprime 
quelque  part  Bembo,  d'écarter  maculam  illam  iam  per  fat  sx- 
cula  un  hominum  grenert  (c'est-à-dire  les  prêtres  et  les  religieux) 
inustam,  quod  scnhendi  non  calleat  elegantiam ,  et  par  consé- 
quent de  renouveler  le  stylus,  quo  meliora  nitehant  sœcula. 
Aussi  quelques  membres  du  haut  et  du  bas  clergé  avaient-ils 
déjà  commencé,  «  pour  ne  pas  corrompre  leur  bon  goût,  »  à 
réciter  l'office  en  grec,  les  psaumes  et  d'autres  pièces  en  hébreu. 
Tendance  traditionnelle.  —  D'un  autre  côté,  on  voit  des 
hommes  pieux,  au  sentiment  profondément  religieux  et  ferme- 
ment attachés  à  la  tradition  liturgique,  depuis  Raoul  de  Tongres 
(-j-1401)  jusqu'à  Burchard  de  Strasbourg,  Augustin  Patrice  Pic- 
colomini,  les  Théatins  avec  leur  pincipal  représentant  Caraffa, 
le  futur  pape  Paul  IV,  et  le  consulteur  du  concile  de  Trente, 
Jean  d'Arze,  que  nous  aurons  l'occasion  de  connaître  en  détail. 
Ces  défenseurs  des  anciens  rites,  des  formes  et  du  texte  du  culte 
ne  s'aveuglaient  nullement  sur  les  défauts  du  Bréviaire  à  cette 
époque  :  surcharge  de  fêtes,  ordonnance  embrouillée,  absence 
trop  fréquente  des  lectures  de  l'Ecriture  sainte ,  des  psaumes  du 
dimanche   et  de   la    férié,    légendes  apocryphes,   souvent  orai- 


•  Gaume,  La  Révolution,  t.  ix;  La  Renaissance,  Paris,  1858,  p.  106-107. 


H6  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

sons  mal  composées  et  hymnes  sans  beauté ,  plus  fi'équemment 
encore  antiennes  et  répons  défectueux  ;  mais  surtout  accumula- 
tion de  plusieurs  offices  le  même  jour  :  Office  de  la  fête  ou  de  la 
férié,  Officium  Marianum,  Office  des  Morls,  longues  Preces 
avec  Litanies,  Psaumes  graduels  ou  pénitentiaux'.  Mais  leur 
amour  du  passé  était  peut-être  excessif. 

École  de  juste  milieu.  —  Un  troisième  courant,  que  Ton  peut 
à  bon  droit  considérer  comme  une  troisième  école,  tenait  le 
milieu  entre  les  deux  que  nous  avons  nommées.  Il  doit  sa  forma- 
tion aux  éclairs  et  aux  sourds  grondements  de  tonnerre  qui,  par- 
tis de  TAllemag-ne ,  annoncèrent  au  delà  des  Alpes  l'imminente 
approche  d'une  désolation  sans  pareille.  Ses  représentants  étaient 
assez  éclairés  pour  reconnaître  que  leurs  contemporains  avaient 
à  payer  une  dette  accumulée  depuis  des  générations,  qu'ils 
devaient  donner  satisfaction  à  la  justice  lésée  sur  tous  les  terrains 
de  la  vie  chrétienne ,  dans  les  affaires  religieuses  comme  dans  la 
politique,  s'ils  voulaient  surmonter  la  crise  et  ne  pas  être  englou- 
tis dans  la  catastrophe  imminente.  Un  des  plus  illustres  d'entre 
eux  dans  le  domaine  de  la  liturgie  était  le  cardinal  François  Qui- 
gnonez,  du  titre  de  Sainte-Croix  de  Jérusalem,  Espagnol  et, 
avant  son  élévation  au  cardinalat,  général  des  Franciscains.  De 
son  côté  se  trouvaient  Réginald  Pôle,  Conlarini,  Sadolet  et  le 
bénédictin  Grégoire  Cortèse ,  cardinal  depuis  1542  ^.  A  eux  aussi 
le  classicisme  et  le  style  poli,  la  latinité  pure  et  les  belles  formes 
apparaissaient  comme  un  bien  de  tous  points  désirable;  mais  ils 
plaçaient  plus  haut  la  dignité  et  l'esprit  chrétiens.  Ils  étaient 
entièrement  pénétrés  de  la  divinité  de  l'Esprit  qui  gouvernait 
l'Eglise,  de  la  haute  importance  des  textes  sacrés  des  livres  révé- 
lés et  confiés  à  l'Eglise,  de  la  valeur  et  des  obligations  de  la 


*  Nous  renvoyons  ceux  qui  ne  sont  pas  à  même  de  consulter  des  Bré- 
viaires (secundum  normam  Curise)  du  xiv^  et  du  xv^  siècle  au  D' Schmid, 
Studien  iïber  die  lleform  des  rumischen  Breviers,  dans  Tûbingen  Theol. 
Quartalschrift,  18S4,  notamment  p.  452-460,  où  il  insiste  un  peu  sur  les 
défauts  et  Tindéniable  surcharge  de  l'office.  On  pourra  juger  de  l'accumu- 
lation des  fêtes  des  saints  et  du  caractère  des  offices  en  dehors  de  Rome 
par  les  calendriers  italiens,  allemands,  français,  anglais,  espagnols  et 
polonais  des  xv^  et  xvie  siècles,  donnés  par  James  Weale  dans  ses  Ana- 
lecta  lilurgica,  Londini,  1888-1890,  en  appendice  au  calendrier  réformé 
de  Pie  V,  p.  77  sq. 

2  On  peut  voir  à  ce  sujet  D.  Guéranger,  Ii\st.  liiurg.,  2"  édit.,  i.  u, 
p.  353  sq. 


CHAPITRE  VII  117 

charge  et  de  la  vocation  sacerdotales.  Nous  verrons  dans  la  suite 
si  les  tentatives  faites  dans  ces  trois  écoles  (  s'il  nous  est  permis 
de  les  nommer  ainsi)  pour  créer  un  nouveau  Bréviaire  réus- 
sirent ou  échouèrent,  et  dans  quelle  mesure. 

Réforme  humaniste  de  Ferreri.  Hymnaire.  —  Léon  X  inaugura 
la  première  tentative  de  correction  du  Bréviaire  par  l'intermé- 
diaire de  lévèque  de  Guarda  Alfieri,  dans  le  royaume  de  Naples, 
Zacharie  Ferreri,  qui  habitait  à  la  cour  papale,  et  qui  était  un 
humaniste,  chaud  partisan  des  formes  classiques.  Cet  homme 
n'avait  aucune  idée  de  la  force  et  de  la  souplesse  des  formes  du 
latin  populaire,  du  latin  d'église ^  Ferreri  débuta  par  un  Hym- 
naire, parce  que  les  hymnes  semblaient  aux  classiques  la  partie 
la  plus  dépourvue  de  goût;  le  Bréviaire  suivrait  immédiatement, 
et  il  était  «  à  peu  près  terminé  «,  comme  l'annonce  l'auteur, 
après  l'achèvement  de  T Hymnaire.  Mais  Léon  X  ne  devait  pas 
vivre  assez  pour  voir  l'apparition  du  nouvel  Hymnaire.  Imprimé 
en  1523,  il  ne  parut  que  le  l""  février  1525  ;  il  est  aujourd'hui 
très  rare.  L'exemplaire  qui  nous  a  servi  se  trouve  à  la  Biblio- 
thèque Corsiniann  à  Rome,  via  délia  Lungara^^  et  porte  le  titre 
suivant  :  Zachariae  Ferrerii  Vicent.  Pont.  Gardien.  —  Hymni 
novi  ecclesiastici  iuxta  veram  metri  et  latinitatis  normam  a 
Beatiss.  Pâtre  Clémente  VII.  Pontif.  Max.,  ut  iti  divinis  quis- 
que  eis  uti  possit  approhati  et  novis  Ludovici  Vicentini  ac  Lau- 
titii  Perusini  characteribus  in  lucem  traditi.  Sanctum  et  neces- 
sarium  opiis.  Puis  on  lit  :  Breviarinm  ecclesiasticum  ah  eodem 
Zach.  Pont,  longe  hrevius  et  facilius  reddiiuni,  et  ah  omni 
errore  purgatum,  propediem  exihif.  A  la  fin  du  volume  se 
trouve  la  note  :  Impressum  hoc  divinum  opus  (l)  Roniœ ,  in  œdi- 
hus  Ludovici  Vicentini  et  Lautitii  Perusini ,  non  sine  privilégia. 
Kal.  Febru.  MDXXV.  Sur  le  dernier  feuillet  est  placé  le  bref  du 
pape  Clément  Vn  à  l'auteur,  donné  à  Saint-Pierre  suh  annulo 
piscatoris  le  30  novembre  1523.  Il  débute  en  belles  phrases  cicé- 
roniennes  :  Etsi  a  teneris  annis  nohis  semper  cordi  vehementer 
fuerit  honarum  discipl inarum,  sacrœ  prœcipue  doctrinse  exer- 


1  On  peut  voir  le  D""  Karl  Stittl,  Was  ist  Vulgârlatein?  Verhandlungen 
der  40.  Philologenversammlung ,  Munchen,  1890,  p.  385  sq.  ;  et  G.  KofT- 
mane,  Geschichle  des  Kirchenlaleins,  Breslau,  1879  sq. 

2  Bibliotheca  Corsiniana ,  col.  89  F ,  6,  petit  volume  in -8"  de  cxv  feuilles 
(  ou  230  pages). 


118  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

cilia...  omni  studio  fovere,  et  il  concède  finalement  à  tout 
prêtre  la  faculté  de  se  servir  de  ces  hymnes,  dans  Toffice  et 
dans  la  récitation  du  Bréviaire  :  ut  quilihet  etiam  sacerdos  eos- 
dem  hymnos  etiani  in  divinis  légère  et  eis  uli  possit...  Auctori- 
tate  Apostolica  concedimus  et  mandamus.  Vient  ensuite  une 
approbation  du  «  rhéteur  »  de  l'Université  de  Padoue,  où  la 
magnificence  de  ces  chants  et  le  talent  céleste  de  Fauteur  sonl 
loués  en  termes  exaltés  ;  puis  la  préface  de  l'auteur  et  la  dédi- 
cace à  Clément  VII ,  où  il  explique  que  l'oncle  de  ce  dernier, 
Léon  X,  singulos  quidem  hymnos,  prout  a  me  quotidie  prodi- 
bant,  perlegit  ac  probavit,  et  se  défend  contre  ceux  qui  lui 
opposent  saint  Augustin  et  saint  Grégoire  le  Grand,  indignum 
vehementer  esse,  ut  verba  sacri  oraculi  suh  Donati  regulis  per- 
stringatur...  et  indecens  omnino,  si  sacras  liltcras  per  Quinli- 
liani  aut  Donati  aut  Prisciani  auctoritatem  et  regulam  inter- 
pretari  necesse  foret.  Il  y  répond  adroitement,  mais  sans  atteindre 
le  nœud  de  la  question  :  Si  vera  latinitas  et  norma  in  divinis 
haberi  possint,  ab  omni  ratione  alienum  est,  si  harbariem  et 
insulsam  orationem  amplectamur.  Si  enim  genimam  pretiosis- 
simam  auro  valemus  claudere,  cur  plumbo,  car  anrichalco  aut 
alio  inferioris  metalli  génère  circumdabimus? 

L'œuvre  correspond  entièrement  au  titre  pompeux  que  nous 
avons  donné  ci-dessus.  Tout  est  neuf,  rien  des  anciens  chants 
n'est  conservé.  C'est  à  peine  si  de  faibles  réminiscences  rappellent 
un  peu  les  anciennes  hymnes.  Cela  semble  à  un  esprit  sain,  mal- 
gré la  forme  classique  impeccable ,  une  fade  imitation  des  strophes 
puissantes  et  originales  d'une  époque  meilleure.  Qui  donc  hési- 
terait aujourd'hui  à  préférer  VAve  maris  slella  à  la  transforma- 
tion que  Ferreri  lui  a  fait  subir  ?  Il  s'exprime  ainsi  : 

Ave,  superna janua , 
Ave,  beata  semita, 
Salus  periclitantibus 
Et  ursa  navigantibus? 

Et  qui  n'aimerait  mieux  la  strophe  de  Prudence  sur  les  saints 
Innocents  et  le  rythme,  tout  heurté  qu'il  soit,  de  Paulin 
d'Aquilée  sur  les  princes  des  apôtres,  de  préférence  aux  vers 
polis  des  élégantes  strophes  saphiques  et  asclépiades  dans  les- 


CHAPITRE  VII  il9 

quelles  Ferreri  les  a  refondus  ?  Il  chante  au  28  décembre  : 

Hos  velut  flores  veniens  pruina 
Coxit  et  gratum  Superis  odorem 
Reddere  efTecit  meritoque  summis 
Condidit  astris. 

Et  pour  la  fêle  de  saint  Pierre  : 

Tu,  Petre,  et  reseras  cœlica  limina 
Et  claudis  sapiens  arbiter  omnium; 
Dum  terris  animas  solvis  et  alligas, 
Firmatur  super  aethera. 

Les  mystères  de  rincarnation  et  de  la  naissance,  des  souf- 
frances et  de  la  mort,  de  la  résurrection  et  de  la  gloire  du  Sau- 
veur divin,  la  fête  de  la  Pentecôte  et  le  mystère  du  saint  Sacre- 
ment (cette  dernière  fête  est  appelée  Festum  Eucharistise)^  les 
fêtes  de  la  sainte  Vierge  et  des  saints,  en  un  mot  tout  est  célébré 
en  odes  classiques,  qui  n'ont  rien  de  commun  pour  la  langue, 
l'expression  et  souvent  les  idées  avec  les  hymnes  de  saint 
Ambroise,  de  Prudence,  de  saint  Grégoire  le  Grand.  L'auteur  se 
sert  fréquemment  avec  une  naïveté  presque  incroyable  des 
expressions,  des  allusions  et  des  types  païens,  que  l'on  ne  ren- 
contre d'ordinaire  que  chez  le  joyeux  Horace  ou  le  superstitieux 
Tite-Live.  C'est  ainsi  que  la  sainte  Trinité  est  appelée  triforme 
numen  Olympi  j  on  lit  de  la  sainte  Vierge  :  Beluam  tristem 
Phlegethontis  atri  interemisli  superosque  nohis  conciliasli ,  et 
ailleurs  il  dit  aussi  d'elle  : 

Laudibus  cunctis,  quia  credidisti, 
Digna  es  et  felix  dea  (!);  quae  deorum 
Maximus  dixit  tibi  rector  (!),  in  te 
Perficientur. 

Mais  à  côté  de  cela  se  trouvent  des  strophes  vraiment  splen- 
dides,  où  des  figures  et  des  paraboles  des  saintes  Ecritures,  des 
traits  caractéristiques  de  la  vie  des  saints,  ou  encore  des  idées 
et  des  dogmes  chrétiens  brillent  comme  des  pierres  précieuses 
sous  la  parure  de  la  langue  classique  ;  dans  tous  les  cas  ces 
hymnes    comptent   parmi    les   meilleures   que   l'époque    de    la 


120  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Renaissance  ait  produites,  et  surpassent  toutes  les  autres  pro- 
ductions poétiques  qui  prirent  place  plus  tard  dans  le  Bréviaire 
romain  ou  dans  les  Bréviaires  des  époques  gallicane,  janséniste 
et  joséphiste.  Dom  Guéranger'  signale  comme  particulièrement 
simple  et  belle  parmi  les  hymnes  de  Ferreri  celle  du  Commune 
Apostolorum  et  Evangelistarum  : 

Gaudete,  mundi  principes, 
Qui  veritatis  dogmate 
Vita  profusa  et  sanguine 
Plantastis  omnem  Ecclesiani , 


et  vers  la  fin 


Favete  nobis,  maximi 
Patres,  favete,  qusesumus. 
Cum  iudicando  sœculum 
In  nubibus  sedebitis. 


Puis  l'hymne  à  la  sainte  Vierge 


O  noctis  illustralio, 
Quae  parturisti  splendidum 
Solem,  dearum  (?)  maxima, 
Tuis  vacamus  laudibus. 


Et  encore 


O  nympha  candidissima  (  !  ) , 
O  mater  illustrissima, 
O  virgo ,  dignes  effîce 
Nos  esse  summis  œdibus. 

Pour  cette  dernière  hymne,  nous  ne  partageons  pas  sans  res- 
triction Topinion  de  dom  Guéranger.  Les  deux  strophes  citées 
pourraient  suffisamment  justifier  notre  réserve.  La  strophe  ; 

Mémento,  salutis  auctor, 
Quod  noslri  quondam  corporis 
Ex  illibata  virgine 
Nascendo  formam  sumpseris. 


'  Iml.  lilurcj.,  !'•';  édit.,  t.  i,  p.  370. 


CHAPITRE  VII  121 

que  les  quatre  Jésuites  ,  sous  Urbain  VIII,  corrigèrent  ainsi  : 

Mémento,  rerum  conditor, 
Nostri  quod  olim  corporis 
Sacrato  ab  alvo  virg-inis 
Nascendo  formam  sumpseris, 

avait  reçu  de  Ferreri  la  correction  suivante  : 

Este  memor,  piissime 
Nostrse  salutis  artifex , 
Quod  nostra  membra  sumpseris 
Ex  illibata  virgine. 

Le  lecteur  peut  décider  lui-même   laquelle   des   deux  <*  correc- 
tions »  reste  plus  fidèle  à  la  pensée  originale  du  poète. 

Les  hymnes  sur  saint  Grégoire  le  Grand,  saint  Ambroise, 
saint  Augustin,  saint  Jérôme  et  saint  Benoît  sont  des  odes 
saphiques  modèles ,  bien  que  quelques  expressions  et  quelques 
idées,  par  exemple  Traianum  revocans  ah  orco,  etc.,  dussent 
être  modifiées.  C'est  ainsi  que  le  prœmium  de  Fode  sur  saint 
Grégoire  : 

Roma ,  quse  tantum  decus  edidisti, 
Quid  triomphales  meditaris  arcus? 
Cogita  magnum  peperisse  mundo 
Gregorium  te , 

peut  se  mesurer  avec  nimporte  quelle  ode  si  vantée  de  Balde'. 
Le  début  de  l'hymne  de  la  sainte  Trinité  est  splendide  : 

O  celsitudo  gloria? , 
O  maximum  mysterium , 
Sécréta  cœli  noscere 
Conceditur  mortalibus. 

Quae  non  valet  comprendere,  etc. 
Il  est  vrai  de  dire  que  cela  est  suivi  de  platitudes  versifiées.  — 


•  [Jacques  Balde,  poète  alsacien  (!'  «  Horace  allemand  »).  On  vient  de 
lui  ériger  une  statue  à  Ensisheim,  sa  ville  natale,  1901.  Cf.  R.  P.  Mury, 
S.  J.,  Jacques  Balde,  \otice  et  biographie ,  Strasbourg.  1900,  in-S»  de 
67  pages.  Tr.] 


122  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Beaucoup  d'hymnes ,  en  particulier  les  hymnes  en  vers  saphiques , 
sauf  celles  qui  sont  en  dimètres  ïambiques  et  en  tétramètres  tro- 
chaïques,  ont  des  débuts  de  strophe  alphabétiques.  Ainsi,  par 
exemple,  pour  le  temps  de  l'Avent  :  Axe  de  summo  veniens 
supernum  •  pour  la  Noël  :  Antequam  mandas  fieret,  manebat  ; 
pour  l'Epiphanie  (vers  choriambiques  ou  strophe  asclépiade)  : 
Apparens  hodie  visihilis  Deas;  puis,  pour  la  Purification,  pour 
le  temps  du  Carême  et  de  la  Passion  :  Tempore  agonis  et  mor- 
ds Chrisli,  partout  sapphicam  alpha heticam  '  pour  Pâques, 
TAscension  et  la  Pentecôte  :  Ahscessit  ahstinentiœ  tempus  ;  — 
Ascendit  in  sablimia  /  —  Altissimum  conscenderat  ;  —  iamhi- 
cam  alphabeticum  ;  pour  la  Fête-Dieu  : 

Arduum  nobis  hodie  et  profundum 
Ponitur  sacrum,  cibus  et  medela 
Mentis  ,  internes  superosque  firmum 
Pignus  amoris. 

Strophe  2. 

Balsamum  grato  superans  odore 
Niella  dulcore ,  ambrosiam  sapore 
Roborat,  pascit,  recréât, 
Medetur,  gaudia  confert. 

de  nouveau  sapphicam  alphabeticum.  Mais  pour  ranger  dans 
cet  ordre  les  strophes  finales  qui  doivent  commencer  parX,  Y,  Z, 
il  faut  faire  quelque  peu  violence  à  la  langue  latine  et  appeler  à 
son  aide  la  langue  grecque.  —  Un  examen  détaillé  du  texte  et  de 
la  forme  de  ces  prières  classiques  nous  forcerait  à  dépasser  les 
limites  de  ce  livre.  Pour  montrer  combien  les  types  païens  sont 
souvent  singés  aux  dépens  de  la  dignité  chrétienne  ,  on  pourrait 
citer  ,  en  forme  de  conclusion ,  la  strophe  où  le  poète  loue  le 
Magnificat  comme  le  chant  le  plus  beau  et  où  il  déprécie,  en 
quelque  sorte  sans  en  avoir  conscience ,  la  Vierge  sainte  en  la 
comparant  avec  son  idéal  païen. 

Natus  Eumolpho  lyricenque  Sappho 
Taie  non  umquam  cecinere  carnien  , 
Thracius  Orpheus. 

Dans  les  hymnes  des  saints  Anges  :  Inclyte  in  cœlo  décor 


CHAPITRE  Vil  123 

angelorum  et  Angeli,  nostrum  memores  amici ,  ne  trouvent  à 
côté  de  magnifiques  strophes  quelques  autres  strophes  à  la  cou- 
leur trop  classique,  où  il  est  fait  parfois  violence  au  dogme 
catholique.  Mais  la  suivante  sur  TEglise  est  excellente  : 

In  die  festo  Transfigurationis  f  Trochaicum). 

Aima  mater  christiani  Pandit  immortalitatis 

Germinis,  Ecclesia  ,  Candidatam  cycladem, 

Cuius  Sponsus  est  decorus  Qua  te  vestiet  beatam 

Forma  prœ  mortalibus  :  Glorioso  lumine, 

Plaude;  nam  se  transfigurât  Cum  sibi  te  copularit 

In  Thabor  cacumine.  In  supernis  nuptiis. 

Dum  resurges  a  sépulcre 
Lœta  in  fine  saeculi, 
Transformabit  111e  membra 
Tune  tua  in  cœlestibus 
Et  toga  divinitatis 
Te  iucundus  induet. 
Media  nocte  :  Hic  vetustae  legis  adsunt 

Bina  propugnacula... 
In  aurora  :  Petrus  amplse  amœnitatis 

Ebrius  dulcedine... 
Doxologia  :  Sit  tibi  splendor  perennis, 
O  suprema  Trinitas, 
Quœ  sub  una  mente  regnans 
Sic  distincta  permanes, 
Ut  Deus  sit  semper  unus 
Singulari  gloria. 

Comme  le  portent  le  titre  et  le  bref  qui  y  est  joint,  l'emploi 
des  nouvelles  hymnes  fut  permis  par  Clément  VII*  pour  la  réci- 
tation privée  du  Bréviaire. 

Bréviaire  de  Ferreri.  —  Sur  le  frontispice  de  VHymnaire  de 
Ferreri ,  on  faisait  entrevoir  aussi  comme  prochaine  Tapparition 
d'un  Bréviaire  rédigé  sur  un  nouveau  plan  par  le  même  auteur 
et  entrepris  également  sur  l'ordre  de  Léon  X  et  de  Clément  VII. 
Comme  caractère  distinctif  et  avantages  de  ce  Bréviaire,  on  van- 
tait la  «  brièveté  »,  la  commodité  et  l'absence  de  toute  erreur. 


1  Roskovâny,  Csel,  et  Breiiarium ,  t.  \  ,  p.  lvi  et  cxix  ;  D.  Guéranger, 
loc.  cit. 


124  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Le  plan  de  Ferreri  ne  devait  pas  être  mis  à  exécution.  On  n"a  pu 
savoir  clairement  jusqu'à  présent  si  les  manuscrits  et  les  travaux 
préliminaires  se  trouvent  encore  quelque  part  dans  la  poussière 
d'une  bibliothèque  romaine,  ou  s'ils  ont  servi  de  base  aux  tra- 
vaux de  Quignonez  et  ont  été  seulement  complétés  par  ce  der- 
nier. Cette  supposition  est  difficilement  admissible,  car  Quigno- 
nez  employa  de  longues  années  à  son  propre  travail,  et  il  s'écarte 
des  idées  de  Ferreri.  Puisse  un  savant  découvrir  bientôt  dans  les 
bibliothèques  romaines  les  actes  relatifs  à  ces  faits  !  Mais  nous 
craignons  qu'ils  n'aient  péri  lors  de  l'effroyable  sac  de  Rome 
par  les  troupes  impériales,  sous  la  conduite  du  connétable  de 
Bourbon,  en  mai  1527.  Cette  catastrophe,  sans  exemple  dans 
l'histoire,  ouvi'it  les  yeux  à  un  grand  nombre  de  ces  hommes, 
dont  Ferreri  disait  dans  la  préface  citée  :  Qui  hona  latinilale 
praediti  sunt  sacerdotes ,  dum  barharis  vocihus  Deiini  laudare 
cogunlur ,  in  risum  provocati  sacra  sœpenumero  conlemnuni. 
La  brillante  société  de  la  cour  des  papes  de  la  famille  des  Médi- 
cis  fut  dispersée,  et  ses  principaux  membres  commencèrent  à 
suivre  des  idées  plus  sérieuses  ;  l'orage  qui  avait  grondé  en  Alle- 
magne les  avait  déjà  réveillées  ailleurs.  C'est  ce  que  nous  révèle 
la  correspondance  du  cardinal  Sadolet  et  d'autres  personnages 
de  cette  époque'. 

Le  "V^  Concile  de  Latran.  —  Il  semble  qu'au  cinquième  concile 
de  Latran  annoncé  par  une  biille  de  Jules  II,  du  17  juillet  1511  , 
et  ouvert  le  2  mai  1512,  l'attention  des  Pères,  en  particulier 
celle  des  u  réformateurs  apostoliques  » ,  se  soit  portée  sur  la 
liturgie  et  qu'on  ait  recommandé  une  correction  du  Bréviaire. 
Léon  X  avait  ensuite  promis  de  prendre  lui-même  l'affaire  en 
main-.  Historiquement,  nous  ne  savons  rien  de  certain  sur  l'ac- 
complissement de  cette  promesse  du  pape,  en  dehors  de  ce  que 
la  préface  et  le  titre  de  l'Hymnaire  de  Ferreri  nous  ont  appris. 
Malheureusement,  l'époque  et  l'état  des  esprits  étaient  peu  faits 


'  Burkhai'dl,  Die  Cicilisalion  in  Italien  ziir  Zeil  der  Benaissance,  l.  i, 
dans  Baliffol,  p.  200  et  215. 

*  D'après  de  Falloux,  Histoire  de  saint  Pie  V,  3«  édit.,  Liège,  1852, 
t.  II,  p.  131,  c.  XXIII  (en  allemand,  Re^^ensburç ,  1870).  On  ne  découvre 
rien  dans  les  actes,  les  discours  des  évoques  et  des  thcolof^iens,  les  paroles 
du  pape,  dans  Hardouin,  Coll.  Conc,  t.  ix,  col.  1576,  1601,  1649,  1791- 
1856.  Peut-être  le  comte  de  Falloux  s'est-il  servi  d'autres  sources  qui  ne 
sont  pas  à  ma  disposition;  malheureusement  il  ne  les  indique  pas. 


CHAPITRE  VU  125 

pour  une  véritable  réforme  religieuse;  les  papes  eux-mêmes, 
notamment  Léon  X,  son  neveu  (ou  son  cousin?)  Clément  VII  et 
Paul  III,  subissaient  trop  Tinfluence  de  la  littérature  païenne, 
grecque  et  romaine ,  pour  goûter  les  beautés  originales  de  la 
liturgie  du  moyen  âge. 

Quignonez.  —  Après  la  mort  de  Ferreri,  le  pape  Clément  VII 
chargea  le  cardinal  François  Quignonez,  connu  sous  le  nom  de 
cardinal  de  Sainte -Croix  [Santa  Croce  in  Gerusalemme)  ^  de 
reprendre  la  réforme  projetée  du  Bréviaire.  Quignonez  était 
Franciscain,  natif  de  Léon  en  Espagne,  et  fils  de  Diego  Fernan- 
dez  de  Quignonez,  comte  de  Luna.  Il  s'était  distingué  dans  les 
différentes  charges  de  son  Ordre  par  sa  science,  non  moins 
que  par  son  talent  d'administrateur,  et  avait  été  élu  général 
en  1522.  En  1526  et  1527,  envoyé  pour  traiter  des  négo- 
ciations de  paix  avec  l'empereur  Charles-Quint,  il  rapporta  une 
lettre  impériale  au  pape  et  il  s'acquitta  de  sa  tâche  a\ec  un  tel 
succès,  que  le  pape  le  nommait  cardinal  en  1528,  quoiqu'il  ne 
promulguât  cette  nomination  qu'en  1529.  Quignonez  fut  l'ami 
particulier  et  le  confident  des  papes  Clément  VII  et  de  son  suc- 
cesseur Paul  III.  Il  acquit  bientôt,  grâce  à  sa  supériorité  intel- 
lectuelle, à  sa  science  et  à  sa  sagesse,  une  position  influente  dans 
la  curie  romaine'.  Il  était  du  petit  cercle  des  prélats  qui  s'effor- 
cèrent d'opérer  une  réforme  sérieuse  m  capite  et  memhris. 

La  tâche  qui  incombait  au  cardinal  de  Sainte -Croix  n'était 
point  facile.  Si  la  prière  liturgique  de  l'Eglise  militante  devait 
en  réalité  rivaliser  avec  les  splendides  chants  de  louange  des 
habitants  du  ciel,  comme  s'exprime  l'Eglise  dans  l'hymne  de  la 
Dédicace  à  Laudes:  Sed  illasedes  delitum  Semper  resullat  lau- 
dihus...  Illi  canenles  iangimur ,  Almse  Sionis  œmuli,  elle  devait 
aussi  se  placer  sur  le  pied  d'une  haute  perfection  quant  au  texte 


'  Cf.  à  ce  sujet  rexcellente  iDiographie  par  E.  Bishop,  clans  le  Tablel 
de  Londres,  12  mai  1888,  p.  762;  et  dans  Edward  VI  and  Ihe  Book  of 
Common  Prayer,  par  Francis  Aidan  Gasquet,  O.  S.  B.,  et  Edmund  Bi- 
shop, London,  1890,  p.  20,  28;  enfin  D""  Anton  Pieper,  Zur  Entsfehungs- 
geschichte  der  stiindigen  Nuntiaturen,  Freiburg,  1894,  p.  70  sq,  [Le  nom 
de  baptême  du  cardinal  était  François.  On  ne  voit  pas  pourquoi  le  D""  Neale 
rappelle  Fernandez  ou  Ferdinand  {Essays  on  Liturgiology ,  London,  1863, 
p.  3),  en  quoi  il  est  suivi  par  ^L  Frère,  dans  sa  nouvelle  édition  de 
YHistory  of  the  Book  of  Common  Prayer,  de  Procter,  London,  1901, 
p.  27.  Tr.l 


126  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

et  à  la  formel  Celui  qui  devait  lui  donner  cette  perfection  devait 
posséder  à  un  haut  degré  un  talent  critique,  un  goût  pur,  de  la 
profondeur  théologique,  de  la  chaleur  mystique,  de  l'onction,  du 
respect  envers  les  œuvres  des  saints ,  et  beaucoup  de  tact  dans 
le  choix  des  idées  des  théologiens  anciens  et  modernes  sur  l'ex- 
plication de  l'Ecriture  et  de  la  tradition.  Après  un  travail  de 
sept  ans  et  avec  le  concours  zélé  de  deux  Espagnols,  Diego 
Neyla ,  plus  tard  chanoine  de  Salamanque ,  et  Gaspard  de  Cas- 
tro*, Quignonez  put,  en  1535,  déposer  le  nouveau  Bréviaire  aux 
pieds  du  pape  Paul  III. 

IV.  Le  Bréviaire  du  cardinal  Quignonez 
ou  Breviarium  sanctae  Crucis. 

I.    GÉNÉRALITÉS 

En  février  ou  le  !«''  mars  1535  parut  à  Rome,  comme  bal- 
lon d'essai,  dirions-nous  aujourd'hui,  comme  publica  delibe- 
ratio ,  ainsi  que  s'exprime  l'auteur  lui-même^,  un  Breviarium 
Romaniim  ex  sacra  pofissimum  Scriptura  et  prohatis  sancto- 
rum  historiis  coUectum  et  concinnatum.  Cette  première  édition 
romaine  est  aujourd'hui  à  peu  près  introuvable.  Elle  reçut 
un  accueil  tel,  que  dans  l'espace  de  dix -sept  mois  (février  1535 
à  juillet  1536)  il  ne  fallut  pas  moins  de  huit  éditions  diffé- 
rentes*. Sur  le  type  de  la  deuxième  édition  romaine,  parue  en 
1536 ,  qui  se  présentait  comme  l'édition  définitive ,  et  dans  laquelle 
on  avait  tenu  compte  des  observations,  des  critiques  faites  à  l'au- 
teur au  sujet  de  sa. publica  deliheratio,  il  y  eut  jusqu'à  la  nou- 
velle ordonnance  de  Pie  V,  c'est-à-dire  dans  l'espace  de  qua- 
rante ans,  environ  cent  éditions  diverses^.  Nous  nous  sommes 


'  Bergel,  Die  Emendation  des  rômischen  Breviers  unter  Papst  dé- 
mens VIII  {Zeitschrift  fur  kathol.  Théologie,  188i,  t.  viii,  p.  290). 

*  Du  moins  d'après  Arevalo,  dans  Roskovény,  op.  cit.,  t.  xi,  p.  23  sq. 
Cf.  aussi  lo.  Genesii  Sepulvedae,  Cordubensis  epistularum  libri  septem , 
Salmantica;,  1557,  epist.  cm. 

3  Dans  la  préface  à  la  deuxième  édition  de  1536,  où  il  apporta  quelques 
modifications. 

*  Rome  2,  Venise  1,  Lyon  1,  Paris  3  (sinon  plus),  Anvers  1. 

^  Cf.  Gasquet-Bishop,  lac.  cit.,  p.  21,  et  Jo.  Wickham  hegg,  Brevia- 
rium romaniim  a  Francisco  cardinali  Quignonio  editum  et  recognitum 


CHAPITRE  VII  127 

servi  pour  cette  étude  d'un  exemplaire  de  la  première  édition 
romaine  de  1535,  que  possède  la  Bihliotheca  Angelica  de  Rome^ 
Ce  Bréviaire  n'aurait-il  exercé  aucune  influence  sur  la  forma- 
tion de  celui  qu'édita  Pie  V,  que  son  histoire  mériterait  pour- 
tant d'être  étudiée  avec  détails.  A  la  popularité  extraordinaire 
dont  il  jouit  pendant  une  génération,  succédèrent  les  critiques 
amères,  puis  l'aversion  et  finalement  l'oubli  complet.  Son  auteur 
assurait,  il  est  vrai,  n'avoir  pus  créé  un  Bréviaire  nouveau,  mais 
avoir  simplement  rétabli  l'ancien  ou  la  forme  primitive  de 
l'office.  Personne  toutefois  ne  niera  que  sa  réforme  n'ait  rompu 
d'une  façon  radicale  avec  la  tradition  et  avec  toute  l'antiquité. 
Et  même  la  forma  antiqua  ou  vêtus  sanctorum  patrum  et  conci- 
liorum  antiquorum  forma^ ,  à  laquelle  l'auteur  prétend  revenir, 
est  si  arbitrairement  imaginée ,  si  vague  et  si  obscurément  per- 
due dans  l'antiquité,  que  personne  ne  pouvait  se  représenter 
l'époque  à  laquelle  elle  se  rattache  et  quelle  ordonnance  d'Eglise 
elle  a  prise  pour  type^. 


iuxta  editionem  Venetiis  1535  impressam,  Gambridgfe,  1888,  praefatio. 
[C'est  une  réédition  faite  par  l'Université  de  Cambridge.  L'abbé  Ulysse 
Chevalier  disait  à  son  sujet  :  «  Je  ne  sais  s'il  serait  jamais  venu  à  un  catho- 
lique la  pensée  de  le  réimprimer,  malgré  sa  rareté  »  (La  renaissance  des 
études  liturgiques,  p.  20,  dans  le  Compte  rendu  du  quatrième  congrès 
scientifique  international  des  catholiques  tenu  à  Fribourg,  1898).  Mais 
Ms""  Batitlol  parle  différemment  :  »  Récemment  l'Université  de  Cambridge  a 
eu  la  bonne  pensée  d'en  donner  une  i-éimpression  »  [Hist.  du  Brév.  romain, 
Paris,  1893,  p.  222).  Ajoutons  que  la  préface  du  Common  Prayer  Book 
anglican  a  été  largement  influencée  par  le  Bréviaire  de  Quignonez.  Cf. 
Some  local  reforms  of  tfie  divine  service  attempted  on  ihe  continent  in 
tfie  sixteenth  century ,  par  ^^''ickham  Legg,  London,  1901,  p.  17.  Tr.] 

*  Cod.  I,  9,  S.  Cette  édition,  imprimée  à  Rome  d'après  l'inscription  du 
fol.  460,  verso  :  Apud  Antonium  Bladum  Asulanum  anno  Domini  mdxxxv, 
Kalend.  Martiis,  est  l'édition  originale,  et  non  pas  celle  qui  parut  à  Venise 
in  officina  Lucse  Anlonii  Juntœ  JiDXX.vr,  comme  le  marque  Rosenthal  dans 
son  catalogue  de  librairie  d'occasion.  La  vignette  du  titre,  l'inscription  et 
d'autres  particularités,  qu'il  serait  trop  long  de  détailler  ici,  sont,  dans 
l'édition  romaine  originale,  différentes  de  celles  de  l'édition  vénitienne 
parue  la  même  année.  Nous  nous  sommes  servi  aussi  des  éditions  de  Pa- 
ris, 1536,  chez  Thielmann  Kerwer  (de  la  bibl.  du  grand-duc  de  Darm- 
stadt,  W.  5459),in-4o;  Paris,  1539,  chez  Olivier  Mallard  (bibl.  de  Beu- 
ron),  in-12;  Lyon,  1543  (bibl.  de  Saint -Pierre  de  Salzbourg),  petit  in-8»; 
et  Lyon,  1546,  grand  in-4'>,  et  1559,  in-12  (bibl.  des  BoUandistes,  à 
Bruxelles). 

*  Prœf.  auctoris  ad  S.  P.  Paulum  III. 

*  Cf.  à  ce  sujet  un  article  de  E.  Bishop,  dans  le  Tablet  de  Londres, 
12  mai  1888,  p.  762,  auquel  nous  avons  emprunté  beaucoup  de  détails. 


d28  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Toutefois,  pour  ne  pas  condamner  ce  livre  en  bloc,  comme 
l'ont  fait  quelques  liturgistes  anciens  et  modernes ,  il  est  bon  de 
se  rappeler  que  Quignonez  ne  visait  nullement,  dans  la  rédaction 
originale  de  la  première  édition ,  à  composer  un  Bréviaire  qui 
dût  être  pour  Tusage  public  et  pour  le  chœur.  C'est  ce  que 
prouve  sa  préface  et  aussi  tout  l'ensemble  de  l'ouvrage ,  ainsi 
que  le  bref  de  Paul  III  qui  y  est  joint.  Son  instinct  historique 
avait  fait  reconnaître  à  l'auteur  qu'à  l'origine  les  antiennes, 
répons ,  versets  et  hymnes  avec  leur  refrain  n'avaient  été  com- 
posés que  pour  l'office  public ,  et  qu'ils  n'avaient  trouvé  place 
dans  cet  office  que  parce  qu'un  chœur  répondait  à  l'autre ,  ou  le 
chœur  entier  à  un  chantre.  Par  suite,  le  cardinal  les  avait  suppri- 
més dans  la  première  édition  (février  1535),  à  l'exception  de 
quelques  hymnes.  Ainsi  donc,  tout  en  poussant  un  principe  à 
l'extrême,  il  en  méconnaissait  totalement  un  autre,  à  savoir  que 
le  prêtre  récite  toujours  son  office  au  nom  de  l'Eglise,  que  la 
prière  du  Bréviaire  est  un  acte  du  culte  public ,  et  que  ce  n'est 
que  par  accident  qu'on  l'accomplit  privatim.  C'est  là  aussi  une 
règle  qui  s'applique  à  la  Messe;  elle  est  en  soi  un  office  public, 
AstTOupyia,  alors  même  qu'elle  est  célébrée  sans  ministres,  comme 
par  exemple  chez  les  Chartreux. 

Dans  sa  préface ,  Quignonez  expose  les  principes  qui  l'ont  guidé 
dans  la  composition  de  son  Bréviaire.  Il  indique  trois  raisons 
pour  lesquelles  l'Eglise  a  fait,  une  obligation  aux  prêtres  de  réci- 
ter le  Bréviaire  :  1°  l'ordination  du  prêtre  en  fait  l'intermédiaire 
officiel  entre  Dieu  et  le  peuple  ;  2°  le  prêtre  est  tenu  de  tendre 
par  tous  ses  efforts  à  la  vertu  et  à  la  sainteté ,  pour  servir 
d'exemple  au  peuple.  Et  la  prière  détourne  des  choses  passa- 
gères de  ce  monde  et  fixe  les  pensées  en  Dieu  et  dans  la  con- 
templation des  choses  éternelles  ;  elle  est  la  sauvegarde  la  plus 
puissante  dans  les  tentations  ;  3°  le  prêtre  doit  par  la  lecture 
quotidienne  de  la  sainte  Écriture,  de  l'histoire  ecclésiastique  et 
des  vies  des  saints,  se  rendre  apte  à  bien  remplir  ses  fonctions; 
il  doit  acquérir  une  science  compétente  et  une  diction  conve- 


Voir  aussi  Zaccaria,  Bibl.  ritualis,  lib.  I,  c.  iv,  n.  5-8;  Faustinus  Are- 
valo,  Historia  uherior  de  fatis  Breviarii  Qiiignoniani,  clans  VHymnodia 
Hispanica,  Romœ,  1786,  p.  .3Sn  sq.  Cette  dissertation  est  reproduite  dans 
Roskovâny,  Cœlibat.  et  Brei.,  t.  xi,  p.  3-47.  Cf.  Guéranger,  Inst.  liturg., 
2^  édit.,  t.  1,0.  xiii,  p.  3&8  sq. 


CHAPITRE  Vil  129 

nable,  afin  d'exhorter  dans  une  saine  doctrine,  selon  le  mot  de 
l'Apôtre,  et  de  convaincre  d'erreur  les  adversaires'. 

Dans  les  Bréviaires  alors  en  usage,  et  déjà  dès  le  xni^  siècle,  on 
avait  presque  entièrement  perdu  de  vue  ce  dernier  point,  bien 
que  pourtant  saint  Gélase  et  saint  Grégoire  le  Grand  aient  pres- 
crit la  lecture  annuelle  de  la  plus  grande  partie  de  la  sainte  Ecri- 
ture ou  même  de  la  Bible  entière.  Le  psautier  lui-même,  qui 
devait  se  réciter  une  fois  chaque  semaine,  ne  Tétait  presque 
jamais  entièrement  ;  certains  psaumes  revenaient  quotidienne- 
ment,  et  d'autres  étaient  complètement  laissés  de  côté.  Nous 
avons  déjà  vu  plus  haut  que  la  raison  de  ce  fait  doit  se  chercher 
non  dans  la  composition  du  Bréviaire ,  mais  dans  la  multiplica- 
tion des  fêtes.  Les  légendes  des  saints  et  quelques  hymnes 
étaient  des  récits  apocryphes ,  insupportables  quant  à  la  forme 
et  remplis  de  faits  invraisemblables  et  ineptes.  Au  lieu  de  retran- 
cher les  excroissances,  le  cardinal  réformateur  porta  la  cognée 
à  la  racine  de  l'arbre.  Il  rendit  responsable  de  tous  ces  abus  le 
fond  même  du  Bréviaire;  il  établit,  contrairement  à  la  tradi- 
tion, une  distinction  fondamentale  entre  la  récitation  publique 
m  choro  et  la  récitation  privée,  et  affirma  l'impossibilité  d'at- 
teindre le  triple  but  ci-dessus  indiqué  si  l'on  conservait  l'ancien 
Bréviaire.  Du  reste,  il  n'avait  pas  complètement  tort,  si  par 
cette  dernière  phrase  il  entendait  dire  que  l'ordonnance  technique 
des  Bréviaires  d'alors,  telle  que  l'avait  faite  la  pratique  des 
Franciscains,  en  rendait  la  récitation  difficile,  à  cause  du  peu 
d'ordre  des  textes  et  des  rubriques,  des  renvois  et  des  accumu- 
lations, et  s'il  prétendait  que  la  préparation  de  l'office  exigeait 
trop  de  temps  ^. 

Le  cardinal  se  proposait  un  triple  but  en  retranchant  les  par- 

1  Hoc  potissimum  {clej'icis)  negotiiim  dicinis  et  hiimanis  leyihiis  est 
iniunctum ,  ut  Deum  hahere  propitium  in  commissum  sihi  popnlum  ac  de 
se  hene  merentem  cunctis  rationihus  enitanlnr  :  Qiwd  non  solum  sacrifi- 
ciis  efficitur,  sed  etiam  precihus ,  quœ  a  pio  corde  proficiscantur...  Qui 
quanta  dicjniores  fuerint  tanto  facilius ,  pro  quitus  necessitatihus  cla- 
mant, exaudiuntur.  Quod  lestimonio probat  Jacobi  apostoli...  Orate  (inquit) 
pro  invicem,  ut  salvemini...  Assidua  precalione  Deum  alloquentes...  a 
caducarum  rerum  cogitationibus  subinde  avocati,  contemplalioni  divina- 
rum  assuescant...  minus  opportuni  reddantur  lentatori,  si  eos  invenerit 
occupatos  {Brev.  Quifin.,  Prsef.  auct.j. 

2  Accedit  tam  perplexus  ordo  tamque  difficilis  precandi  ratio,  ut  inler- 
dum  paulo  minor  opéra  in  requirendo  ponatur ,  quani  cum  inveneris  in 
legendo  [Brev.  Quign.,  Prœf.  auct.  ad  Pauhim  III). 

Brév.,  t.  II.  9 


130  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

lies  que  nous  avons  nommées,  et  en  opérant  quelques  autres 
modifications  ^  Tout  d'abord  la  récitation  de  tout  le  psautier 
chaque  semaine  serait  garantie  par  une  nouvelle  distribution  des 
psaumes  entre  les  différentes  Heures  canoniales;  en  second  lieu, 
la  sainte  Ecriture  serait  lue  une  fois  par  an ,  sinon  tout  entière, 
au  moins  dans  ses  parties  principales  ;  enfin  Toffice  serait  abrégé 
de  façon  qu'il  fût  à  peu  près  de  même  longueur  chaque  jour 
et  que  l'office  du  dimanche,  jusque-là  d'une  longueur  démesurée, 
ne  fût  pas  trop  onéreux  surtout  aux  prêtres  chargés  du  soin  des 
âmes  dans  les  paroisses. 

Il  atteignit  ce  but  de  la  façon  suivante  :  1^  Chaque  Heure  cano- 
niale se  composait  de  trois  psaumes,  auxquels  on  ajoutait  à  Laudes 
le  Benedictus,  à  Vêpres  le  Magnificat,  aux  Compiles  le  Nunc 
dimiltis.  A  Laudes,  au  lieu  du  troisième  psaume  on  avait  le 
Canticiim  qui,  dans  le  Bréviaire  romain  actuel,  vient  en  qua- 
trième lieu  à  chaque  jour  de  la  semaine.  2°  Les  psaumes  ou  par- 
ties de  psaumes  se  succèdent  à  chaque  Heure  et  chaque  jour, 
de  façon  à  ce  que  les  mêmes  psaumes  ne  se  représentent  pas 
deux  fois  dans  la  même  semaine.  3»  Les  leçons  sont  réduites  à 
trois;  les  lecliones  brèves  des  petites  Heures,  des  Laudes  et  des 
Vêpres  disparaissent  complètement.  Les  leçons  des  Matines,  qui 
sont  empruntées  la  première  à  l'Ancien  Testament,  la  deuxième 
au  Nouveau,  la  troisième  pour  les  fêtes  de  saints  à  la  légende 
ou  aux  actes,  pour  les  dimanches  et  les  fériés  et  les  fêtes  du  Sei- 
gneur ou  de  la  sainte  Vierge  aux  homélies  des  Pères  sur  l'évan- 
gile correspondant  ou  aussi  au  Nouveau  Testament  (Histoire 
de  la  Passion,  Actes  des  Apôtres,  Epîtres  et  Apocalypse),  étaient 
considérablement  plus  longues  qu'aujourd'hui.  Elles  étaient 
mesurées  de  telle  sorte  qu'on  récitait  la  plus  grande  partie  des 
livres  de  l'Ancien  Testament  et  le  Nouveau  tout  entier,  à  l'excep- 
tion de  quelques  chapitres  de  l'Apocalypse,  et  que  les  Epîtres 
de  saint  Paul  étaient  même  lues  deux  fois  par  an.  Quignonez 
faisait  un  choix  dans  les  légendes,  et  n'étaient  conservées  que 
les  pièces  d'auteurs  grecs  et  latins  dont  la  véracité  était  hors  de 
doute.   4"  Par  cette  nouvelle  organisation  on  obtiendrait  plus  de 


1  Sur  cela  et  sur  ce  qui  suit,  on  peut  cf.  Schmid,  Sludien  ûher  die 
Reform  des  lômischen  Breviers ,  dans  Tiibingen  theol.  Quartalschri/'t, 
1884,  p.  467  sq.;  Guéranger,  loc.  cit.,  p.  362,  381  sq.  ;  E.  Bishup,  dans 
Tablet,  loc.  cit.,  p.  762  sq. 


CHAPITRE  VU  131 

simplicité,  et  en  même  temps  la  fonction  de  la  prière  deviendrait 
moins  onéreuse.  Les  plus  importantes  parties  de  l'office  étaient 
réglées  pour  tous  les  jours  de  l'année,  jours  de  fêtes  ou  jours 
de  fériés.  La  différence  entre  l'office  du  dimanche,  l'office  férial 
et  l'office  des  saints  était  à  peine  sensible.  Les  seules  parties 
essentielles  variables  étaient  l'invitatoire ,  les  hymnes  de  Matines 
et  de  Vêpres,  les  antiennes  (à  partirde  1536)  des  Matines,  Laudes 
et  Vêpres  avec  l'oraison  et  la  troisième  leçon  des  Matines.  Par 
contre,  les  psaumes  ne  chang-eaient  jamais;  leur  choix  dépendait 
uniquement  du  jour  de  la  semaine  et  non  de  la  fête  du  saint  qui 
tombait  ce  jour-là.  L'auteur  considérait  comme  inutile  d'inter- 
rompre, à  cause  de  la  fête,  l'ordre  des  psaumes  une  fois  établi 
pour  la  semaine  ;  car,  pensait-il,  l'un  ou  l'autre  verset  contient 
une  allusion  au  mystère  de  la  fête.  Sur  ce  point,  il  se  plaçait  en 
manifeste  opposition  avec  la  plus  ancienne  tradition  de  l'Eglise , 
qui  datait  du  iv^  et  du  v^  siècle. 

Tout  le  reste  disparaissait,  tels  que  versets,  grands  et  petits 
répons,  capitules  et,  dans  la  première  édition  de  1535,  les 
antiennes  aussi.  Ces  dernières  cependant,  devant  la  désapproba- 
tion avec  laquelle  le  public  accueillit  cette  nouveauté  ,  réappa- 
rurent dans  la  seconde  édition,  quoique  incomplètement.  Dans 
le  but  d'abréger,  l'office  des  Morts  et  VOfficium  de  beata.  Maria 
Virgine  furent  restreints  à  quelques  rares  jours,  et  le  peu  de 
règles  encore  nécessaires  pour  un  Bréviaire  si  simplifié  furent 
réunies  sous  le  titre  de  Riibricœ  générales  parmi  les  prélimi- 
naires, au  début  du  li\re*. 

On  peut  penser  ce  que  l'on  voudra  de  cette  suppression  radi- 
cale; il  reste  cependant  à  noter  que  l'une  des  premières  autori- 
tés dans  les  questions  liturgiques,  le  cardinal  Joseph -Marie  Tom- 
masi,  déclaré  Bienheureux  par  Pie  MI,  dans  un  projet  pour  un 
nouveau  Bréviaire  destiné  à  l'usage  privé ,  fut  d'avis  que  le 
Saint-Siège  pouvait  sans  inconvénient  dispenser  le  clergé  de 
l'obligation  de  réciter  les  antiennes  et  les  répons  en  dehors  du 
chœur.  11  s'appuyait  sur  les  passages  connus  des  Constitutions 
apostoliques- ,  d'Amalaire^  et  de  quelques  autres  auteurs*.  Les 


^  Cf.  Schmid,  op.  cil.,  p.  ies,  468  sq.  ;  également  pour  la  suite. 

2  Lib.  VIII,  c.  XXXV  et  xxxvi. 

3  Prsef.  in  libr.  De  ordine  Antiphonarii. 

*  B.  Tommasii  Opéra,  éd.  Vezzosi,  t.  vu,  p.  64  sq. 


132  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

passages  cités  par  lui  perdent,  [il  est  vrai,  une  partie  de  leur 
force  probante,  puisque  avant  le  v^  et  le  vi^  siècles  la  psalmodie 
au  chœur  était  très  simple,  et  puisque  du  temps  d'Amalaire  et 
plus  tard,  Timpossibilité  de  se  procurer  les  livres  d'office  néces- 
saires était  une  excuse  pour  bien  des  négligences. 


II.  ÉTUDE  DÉTAILLÉE  DU  BRÉVIAIRE  DE  QUIGNONEZ 

Immédiatement  après  le  titre  vient  la  préface  de  luuteur  déjà 
mentionnée,  sous  forme  de  lettre  ou  pro  memoria  au  pape 
Paulin.  Puisla  Tabula  litterarum dominicalium,  V Aureus mime- 
ras et  le  Noviluniorum  canon.  Ensuite  le  calendrier,  qui  contient 
non  seulement  les  fêles  du  Christ  et  des  saints,  mais  aussi,  inter- 
calées d'une  façon  bizarre,  des  indications  concernant  les  lectures 
des  Matines  pour  les  jours  qui  n'ont  pas  de  fête.  Une  table  facilite 
un  coup  d'œil  général  sur  les  Incremenla  et  climiniitiones  dierum 
ac  noctium  in  decimuni  quemque  diem  cuiusque  mensis  ;  un 
index  des  [esta  mobilia  et  Doniinicœ  vac/antes  pro  viginti  octo 
annis.  Cette  invention  sans  utilité  des  Doniinicœ  vac/antes 
(que  Ton  ne  doit  pas  confondre  avec  le  Dominica  vacat  des 
anciens  livres  de  la  liturgie  grégorienne),  et  des  Doniinicœ  pas  l 
Adventum ,  qui  devaient  être  intercalés  entre  TEpiphanie  et  la 
Septuagésime,  ou,  d'après  les  besoins,  entre  le  vingt- troisième 
et  le  vingt- quatrième  dimanche  après  la  Pentecôte,  ou  encore 
durant  l'Avent,  contraste  fort  avec  la  clarté  qui  caractérise  ce 
Bréviaire  et  avec  le  principe  que  l'on  s'est  posé  de  simplifier  et 
d'écourler^  Puis  viennent  deux  tables  des  livres  de  l'Ancien  et 
du  Nouveau  Testament  avec  indication  des  chapitres  qui  doivent 
être  lus,  et  des  endroits  du  Bréviaire  où  on  les  trou^■e  ;  enfin,  un 
index  alphabétique  des  fêtes  des  saints  qui  possèdent  des  leçons 
propres.  Parmi  ces  dernières  fêtes  on  rencontre  différents  noms 
qui,  à  notre  connaissance,  n'avaient  pas  figuré  jusqu'alors  dans 
les  livres  de  la  liturgie  romaine,  tels,  par  exemple,  que  Asterius, 


*  By  this  needless  inienlion  Qiiinon  hnd  shoica  Ihe  conimon  ioe,tkness 
of  reforniers  for  novelties  al  once  (jraliiilous  and  offensive,  dit  E.  Bishop 
clans  le  Tahlet,  op.  cit.,  p.  763.  De  même  Everard  (îreen,  également  dans 
le  Tablet,  samedi,  21  juillet  188«,  p.  85-86,  où  il  s'approprie  les  paroles 
de  Bishop. 


CHAPITRE  VU  133 

Cointha,  Emetherius  et  Celedonius  (Espagnols),  Philéas  et  Phi- 
loromus  i  Egyptiens } . 

L'ordonnance  des  leçons ,  aussi  bien  que  le  titre  du  livre 
[Breviarium  ex  sacra  Scriptura  potissimum ,  etc.,  confectum), 
avec  l'avertissement  :  Scrutamini  Scripturas ,  etc.,  lo.,  5, 
indiquent  ce  à  quoi  visait  Quignonez.  Le  Bréviaire  devait  être 
pour  le  clergé  une  clef  le  jour  et  un  trésor  la  nuit,  et  il  devait 
produire  une  chaste  union  entre  le  prêtre  et  le  \'erbe  divin  ; 
d'après  saint  Jérôme ,  un  prêtre  ignorant  les  saintes  Ecritures 
ignore  aussi  le  Christ.  Seule  l'étude  assidue  qu'il  en  fait  main- 
tient les  fidèles  dans  le  droit  chemin  et  féconde  le  ministère  des 
âmes  ;  daprès  saint  Augustin,  il  n'y  a  pas  de  maladie  de  l'âme 
qui  ne  puisse  trouver  dans  les  saintes  Ecritures  le  remède  qui 
lui  convient  ^.  Les  intentions  de  Quignonez  pouvaient  être  fort 
louables  ;  il  a ,  dans  tous  les  cas ,  commis  une  faute  en  enlevant 
au  Bréviaire  presque  tous  ses  autres  ornements. 

A  la  liste  des  saints  et  des  Communia  sanctor^um  font  suite 
les  rubriques  générales  ou  Regulse  générales  ad  institutionem 
officii ,  onze  règles  ou  indications  pour  l'emploi  du  Bréviaire  ; 
c'est  le  premier  exemple  de  rubriques  générales  aussi  détaillées. 
Puis  vient  un  double  index  des  psaumes ,  un  Index  Invitatorio- 
riim  et  Hymnorum ,  qui  dicendi  sunt  per  totum  annum,  quando 
fit  officium  de  Dominica  vel  de  feria.  Le  Psalterium  disposifum 
in  dies  et  haras,  ordine,  quo  totum  singulis  hehdomadis  dicitur 
per  totum  annum.  Les  psaumes  sont  partagés  sans  égard  à 
l'harmonie  du  texte  et  au  caractère  du  jour,  de  telle  façon  qu'il 
y  ait  pour  chaque  jour  à  peu  près  le  même  nombre  ou  plutôt  la 
même  quantité.  Les  Matines  du  dimanche  se  composent  des 
psaumes  i,  ix,  xvn  et  du  Te  Deum,'  les  Laudes  des  psaumes  lxv, 
xcv  et  du  cantique  Benedicite  avec  le  Benedictus  ;  Prime, 
Tierce,  Sexte  et  None  du  dimanche  sont  à  peu  près  les  mêmes 
qu'aujourd'hui  :  psaume  un  et  les  vingt -deux  octonaires  du 
psaume  cxvni  avec  le  symbole  Quicumque  ;  les  Vêpres  com- 
prennent les  psaumes  cix  ,  ex ,  cxm  et  le  Magnificat  ;  Compiles ,  les 
psaumes  iv ,  xxx ,  versets  1-7 ,  et  psaume  xc  avec  le  cantique  Nunc 
dimittis.  —  Aux  Matines  du  lundi  se  trouvent  les  psaumes  xxx, 
XXXIII  et  civ  ;  aux  Laudes ,  les  psaumes  xcvii ,  cm  et  le  cantique 

'  S.  Aug:.,  In  ps.  x.xxvr. 


134  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Confilebor  du  chapitre  xii  d'Isaïe  avec  le  Benediclus.  A  Prime, 
les  psaumes  xxii,  xxm  etxxiv  avec  le  symbole  des  Apôtres,  Credo 
in  Deum  ;  à  Tierce,  les  psaumes  xiii,  xviii  et  xix  ;  à  Sexte,  les 
psaumes  xxxvni,  lxi,  cxiv  ;  à  None,  les  psaumes  lxxix,  xcviii  et 
cxxv  ;  à  Vêpres,  les  psaumes  lxxvi,  cxv  et  gxliii  avec  le  Magni- 
ficat ^  à  Complies,  les  psaumes  vu,  xiv  et  cxxiv  avec  le  Nunc 
dimillis.  Ainsi,  pour  les  Heures  de  toute  la  semaine  jusqu'aux 
Complies  du  samedi,  on  a  trois  psaumes  et  un  cantique.  A  la 
suite  des  critiques  publiques  de  1535,  une  courte  antienne  fut 
jointe  aux  petites  Heures  ;  les  grandes  Heures,  les  Matines,  les 
Laudes  et  les  Vêpres  ont  chacune  une  antienne  ;  elle  se  trouvait 
au  Proprium  de  Tempore,  auquel  Quignonez  donne  le  nom  de 
Dominicale. 

Le  Dominicale  commence  par  le  premier  dimanche  de  TAvent  ' . 
En  cet  endroit,  de  même  que  dans  les  Bréviaii'es  modernes,  se 
trouvent  imprimées  toute  l'ordonnance  de  l'office  et  les  prières 
qui  reviennent  plus  fréquemment  ;  ces  prières  sont  les  mêmes 
pour  toute  l'année,  à  la  seule  exception  des  trois  derniers  jours 
de  la  semaine  sainte.  Toutes  les  Heures  commencent  par  le 
Pater  noster  et  VAve  Maria ,  qui  se  termine  par  ces  mots  :  Sancta 
Maria,  Mater  Dei ,  ora  pro  nobis  peccatorihiis ,  Amen.  Aux 
Matines,  après  l'oraison  dominicale  et  la  salutation  angélique, 
vient  le  Confiteor ,  puis  :  Domine,  labia  mea  aperies,  Deus  in 
adiuiorium  et  l'invitatoire  qui  change  suivant  l'office  ou  la  fête. 
Ainsi  par  exemple,  en  Avent,  on  a  :  Domine,  preestolamur 
advenlum  tuum,  ut  cito  venias  et  dissolvas  iuffum  captivitatis 
nostrse.  Dans  la  rubrique,  on  fait  remarquer  que  l'invitatoire 
n'est  récité  que  deux  fois,  c'est-à-dire  avant  et  après  le 
psaume  xciv  (  Venile  exuliemus)  ;  dans  l'office  public,  le  chœur 
répète  l'invitatoire,  rubrique  qui,  dans  ce  cas,  est  aussi  la 
même  pour  le  Confiteor .  Cette  ordonnance  peut  servir  à  prou- 
ver que  le  compilateur  de  la  première  édition  pensait  que  le 
Bréviaire  enrichi  d'antiennes  pourrait  servir  également  au 
chœur  le  cas  échéant. 

Vient  ensuite  l'hymne,  qui  varie  selon  ï  Officia  m  de  Tempore 


'  Nous  citons  ici,  d'après  les  éditions  postérieures  :  Brev.  Quign.,  Pa- 
ris., 1539,  fol.  xuii  sq.,  éd.  Lugdunens.,  1543,  fol.  601  (cf.  Schmid,  Tûh. 
Quartalschrift,  1884,  p.  463  sq.).  La  première  édition  romaine  s'écarte  en 
plusieurs  points  de  celles-là. 


CHAPITRE  VII  135 

ou  la  fête  du  saint.  Comme  Quignonez  considérait  Matines  et 
Laudes  comme  un  seul  office,  il  transporta  l'hymne  des  Laudes 
aux  Matines  sans  donner  de  compensation  aux  Laudes.  Une 
antienne  suit  commune  aux  trois  psaumes,  puis  Pater  noster, 
Iiihe  Domine  henedicere  et  la  bénédiction  pour  la  lecture 
d'Isaïe  I,  1-16.  Voici  cette  bénédiction  :  Deiis ,  pater  omnipo- 
fens ,  sit  nohis  propithis  et  clemens.  La  deuxième  bénédiction 
est  :  Unicjenitus  Dei  Filins  nos  henedicere  et  adiuvare  digne- 
tur ,  que  suit  une  leçon  du  Nouveau  Testament,  c'est-à-dire  : 
Luc,  I,  1-25.  La  troisième  bénédiction  est  :  Spiritus  Sancti  gratia 
il  lu  minet  sensus  et  corda  nostra.  La  leçon  contient  le  commen- 
cement de  l'évangile  du  dimanche  :  Erunt  signa  in  sole  et  lima 
et  slellis,  et  in  terris  pressura  gentium  :  Et  reliqua,  avec  l'homé- 
lie de  saint  Grégoire  :  Lectioni  Sancti  Evangelii ,  quam  modo 
vestra  fraternitas  audivit,  jusqu'à  Nam  virtutes  cœlorum  move- 
buntur.  Il  n'y  a  pas  de  répons.  Une  rubrique  qui  suit  les  leçons 
porte  que  des  trois  bénédictions  mentionnées  les  deux  premières 
serviront  toute  l'année,  tandis  que  pour  les  fêtes  des  saints,  qui 
empruntent  leur  troisième  leçon  à  la  Vita  ou  à  la  légende,  la  troi- 
sième sera  :  Cuius  festum  colimus,  ipse  {^ipsa,  ipsi)  intercédât 
pro  nohis  ad  Dominum,  et  pour  les  fêtes  de  la  sainte  Vierge  : 
Per  Virginem  matrem  concédât  nohis  Dominus  salutem  et 
pacem.  b).  Amen.  Les  dimanches  etles  jours  de  férié  de  l'Avent,  et 
durant  tout  le  temps  de  la  Septuagésime  jusqu'au  jeudi  saint,  le 
psaume  Miserere  suivra  la  troisième  leçon.  Dans  les  autres 
temps  et  pour  les  fêtes  des  saints,  ce  sera  le  Te  Deiim.  Pour  les 
jours  de  férié  qui  n'ont  ni  évangile  propre,  ni  fête  de  saint,  la 
troisième  leçon  sera  tirée  du  sermon  d'un  Père  ou  des  épîtres  de 
saint  Paul. 

Après  le  Miserere  ou  le  Te  Deiim  vient  immédiatement  l'office 
des  Laudes  avec  Deus  in  adiiitorium,  intonation  de  l'antienne 
par  les  deux  premiers  mots,  Emitte  agnum,  puis  les  trois 
psaumes  ou  le  Canticum ,  selon  l'indication  du  psautier  ;  le  can- 
tique Benedictus  et  toute  l'antienne  :  Emitte  agnum,  Domine, 
dominatorem  terrée,  de  petra  deserti  ad  montent  filix  Sion... 
Puis  le  Domine,  exaudi  orationem  meam  (sans  Dominus  vohis- 
cum)  et  l'oraison  du  jour  :  Excita,  quœsumus ,  Domine.  Pas 
d'hymne,  mais,  à  l'exception  des  fêtes  doubles,  chaque  jour 
commémoraison  de  heata  Maria  Virgine  et  de  omnibus  sanctis. 


136  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

ou  de  Aposlolis  et  omnibus  sanclis,  comprenant  des  antiennes 
connues  avec  verset  et  une  oraison  ou  des  oraisons  :  Spirifus 
sanclus  superveniet,  ou  Suh  tuum  praesidium  avec  Toraison  Deus, 
qui  de  heatae,  ou  Concède  nos  famulos  et  Ecce  Dominus  veniet 
et  omnes  Sancti  eius  cum  eo,  ou  sancti  Dei  omnes  axec  Forai- 
son  Conscientias  nostras  ;  Exaudi  nos,  Deus  sahitaris  noster  et 
Apostolorum  tuorum,  etc.,  et  Omnes  sancti  tui ,  qusesumus , 
Domine,  nos  uhique  adiuvent,  ut,  dum,  etc.,  comme  aujourd'hui 
encore  à  VOfficium  parvum  B.  M.  V.,  au  Bréviaire  romain. 
L'office  se  termine  par  Benedicamus  Domino  et  Fidelium  anim.se. 

Prime  commence  par  Pater,  Ave,  Deus  in  adiutorium ,  et 
riiymne  demeure  toujours  la  même,  lajn  lucis  orto  sidère  ;  puis 
suit  une  antienne  et  trois  psaumes,  et  les  dimanches  il  y  a  de 
plus  le  symbole  d'Athanase^  avec  répétition  de  l'antienne; 
puis  :  f.  Domine,  exaudi  orationem  meam.  r).  Et  clamor,  etc. 
Oratio  :  Domine ,  Deus  omnipotens,  qui  ad  principium  huius 
diei,e{.c.  y.  Benedicamus  Domino.  Fidelium  animœ.  f.Pretiosa 
in  conspectu  Domini  mors  Sanctoru?n  eius.  Oratio  :  Sancta 
Maria  et  omnes  Sancti  intercédant  pro  nohis  ad  Dominum,  ut 
nos  mereamur,  etc.  f.  Dies  et  aclus  nostros  in  sua  pace  disponat 
Dominus  omnipotens.  ^.  Amen.  Aux  fêtes  simples,  avant  Pre- 
tiosa,  comme  commémoraison  du  saint  on  ajoute  :  Ora  pro  nobis 
S.  N.  Ri.  Ut  digni  efficiamur  promissionihus  Christi ,  avec  la 
collecte  du  saint  en  question.  • 

Tierce,  Sexte  et  None  ont  Pater,  Ave,  Deus  in  adiutorium  et 
les  hymnes  absolument  comme  aujourd'hui,  puis  l'antienne,  qui 
n'est  remplacée  par  une  antienne  propre  que  du  jeudi  saint  à 
l'Ascension  ;  trois  psaumes,  répétition  de  l'antienne.  Domine 
exaudi,  oraison  des  Laudes  du  jour,  Benedicamus  et  Fidelium. 

Au  Pater,  Ave  et  Deus  in  adiutorium  fait  suite  aux  Vêpres 
l'hymne,  puis  une  antienne  que  suivent  trois  psaumes  et  le 
Magnificat  ,•  répétition  de  l'antienne,  oraison  avec  Fidelium 
animœ. 

Les  Gomplies  commencent  par  Pater,   Ave,   Couverte   nos. 


*  [Dom  Baumer  ajoute  ici  cette  parenthèse  :  «  ou,  comme  on  doit  l'ap- 
peler, d'après  les  recherches  modernes,  le  symbole  d'Anastase;  »  mais  il 
s'est  trop  pressé  d'adopter  une  hj'potlièse  qui  n'est  pas,  croyons-nous, 
suffisamment  appuyée.  N'oyez  les  dernières  recherches  sur  ce  fameux  sym- 
bole, que  nous  avons  indiquées  ci-dessus,  t.  i,  p.  365,  n.  2.  Tr.] 


CHAPITRE  YII  137 

Deus  salutciris  noster  et  Deus  in  adiutorium  ;  vient  ensuite 
immédiatement  Thymne  :  Te  lucis  ante  terminum  ;  l'antienne 
Salva  nos,  puis  trois  psaumes  d'après  Tordre  du  psautier.  Nunc 
dimittis,  Antiph.  Salva  nos,  Domine,  vigilantes,  etc.  ;  Domine, 
exaudi  orationem  ,  etc.  Oratio  :  Visita,  quxsumus.  f.  Benedi- 
camus  et  Fidelium  animœ,  sans  bénédiction.  Salve,  regma 
misericordiœ^ ,  etc.,  avec  )^.  et  oraison  ei  Divinum  auxiliuni 
maneat  semper  nohiscum.  n).  Amen.  Mais  pour  le  temps  depuis 
Pâques  à  l'Ascension  le  Salve  Regina  est  remplacé  par  Regina 
cœli  avec  l'oraison  Graiiam  liiam  quœsujnus. 

Les  hymnes  et  les  oraisons  des  INIatines ,  des  Laudes ,  des 
Vêpres  et  des  petites  Heures  demeurent,  du  moins  pour  la  plus 
grande  partie  de  l'année  et  pour  les  grandes  fêtes  des  saints,  en 
général,  les  mêmes  qu'auparavant,  avec  cette  seule  différence, 
que  Quignonez  se  contente  d'une  seule  hymne,  tandis  qu'aupara- 
vant il  y  en  avait  deux  de  prescrites  pour  les  Matines  et  les 
Laudes. 

Pour  le  carême,  le  Proprium  Quadragesimœ ,  par  exemple 
rinvitatoire  Hodie  et  l'hymne  Audi,  bénigne  conditor  et  Ex 
more  docti  mystico,  commence  dès  le  mercredi  des  Cendres  ;  la 
rubrique  porte '^  que  le  mercredi  des  Cendres  on  récitera  les  sept 
psaumes  de  la  Pénitence  avec  les  litanies  de  tous  les  saints,  et 
les  vendredis,  à  l'exception  du  vendredi  saint  et  des  fêtes  doubles, 
alternativement,  une  fois  les  psaumes  de  la  Pénitence,  et  l'autre 
fois  les  Matines  et  les  Laudes  de  l'office  des  Morts. 

Au  Proprium  de  Tempore  augmenté  font  suite  un  très  petit 
Proprium  sanctorum  et  un  insignifiant  Commune  sanctorum, 
puis  VOfficium  sahhatinum  heatx  Mariœ,  Psalmi  pœnitentiales 
cum  Letania  ;  VOfficium  defunctorum  forme  la  conclusion. 
L'office  de  la  Vierge  et  l'office  des  Morts  sont  abrégés  à  la  façon 
des  autres. 


1  Recjina  misericordiœ:  ancienne  leçon  de  nombreux  manuscrits. 

2  Dans  l'édition  de  Paris,  1539,  fol.  xlvii  a,  et  l'édition  de  Lyon,  1543, 
fol.  151  h  el  152  a.  Il  semble  ressortir  de  quelques  légères  divergences, 
par  exemple  dans  les  rubriques,  qu'on  ne  reproduisit  pas  tout  à  fait  exac- 
tement l'édition  type  romaine;  ainsi  l'édition  romaine  a,  dans  la  deuxième 
strophe  de  V Ave  maris  Stella,  le  quatrième  vers  ainsi  changé  :  Mulans 
nomen  Eve;  tandis  que  celle  de  Lyon  a  Mvtans  Evœ  nomen.  Strophe  4  : 
Sumat  per  te  precem,  comme  rimant  avec  malrem,  de  même  que  dans  le 
codex  Vaiic,  du  xu«  siècle. 


138  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Tel  est  le  Bréviaire  réformé,  bien  discuté,  longtemps  l'efcherché, 
puis  mal  vu,  du  cardinal  Quignonez,  Bréviaire  froid  et  sec,  qui 
cependant  est  conçu  avec  talent  pour  la  distribution  des  lectures 
de  rÉcriture  (celles-ci,  en  effet,  paraissent  avoir  été  l'essentiel 
aux  yeux  de  l'auteur)  et  qui  a  conservé  dans  les  hymnes  et  les 
oraisons  mainte  fleur  précieuse  de  la  poésie  du  moyen  âge  et 
des  formules  de  prières  de  l'époque  patristique  et  classique. 
Pour  se  faire  une  idée  de  l'étrange  sécheresse  de  ce  livre  et  des 
dommages  qu'a  soufferts  l'ancien  office ,  qu'on  compare  l'office  de 
Noël,  les  Ténèbres  de  la  semaine  sainte,  les  Vêpres  de  Pâques, 
l'office  du  saint  Sacrement,  ceux  de  saint  André,  de  saint  Mar- 
tin et  de  sainte  Agnès  dans  les  anciens  Bréviaires.  Les  grandes 
antiennes  0  de  l'Avent  avaient  complètement  disparu  dans  la 
première  édition;  dans  la  deuxième  trois  d'entre  elles  seulement 
furent  accueillies.  Du  troisième  dimanche  de  l'Avent  jusqu'à  la 
Vigile  de  la  Nativité,  on  récitait  tous  les  jours  aux  Matines 
l'antienne  0  Oriens ,  aux  Laudes  0  rex  gentium,  aux  Vêpres  0 
Emmanuel.  Le  cardinal  semble  aussi  avoir  peu  senti  la  beauté 
mystique  de  la  disparition  et  de  la  résurrection  de  V Alléluia, 
comme  nous  le  montrent  les  premières  Vêpres  de  la  Septuagé- 
sime. 


III.  ACCEPTATION  DE  CE  BREVIAIRE  ET  DISCUSSIONS 

Une  nouveauté  liturgique  si  extraordinaire  souleva  naturelle- 
ment dans  la  chrétienté  latine  un  formidable  mouvement.  Une 
partie  du  clergé  salua  le  nouveau  Bréviaire  comme  la  délivrance 
souhaitée  d'un  fardeau  accablant,  une  autre  y  vit  le  premier  pas 
de  tentatives  de  réformes  heureuses,  tandis  qu'un  troisième 
groupe  le  tint  pour  une  nouveauté  inouïe,  pour  une  rupture  vio- 
lente avec  la  tradition  liturgique  ,  et  tâcha  d'empêcher,  aulantqu'il 
était  en  lui,  l'adoption  d'une  telle  anomalie.  Paul  III  avait  sans 
doute  permis  le  Bréviaire  de  Quignonez  aux  prêtres  séculiers, 
qui  s'adonnaient  aux  études  savantes  ou  à  d'autres  travaux  impor- 
tants; mais  jamais  il  ne  l'approuva  pour  toute  l'Eglise.  Le  clergé 
régulier,  les  Bénédictins,  Cisterciens,  Chartreux,  Gamaldules, 
Norbertins  et  Dominicains  demeurent  astreints,  après  comme 
avant,   à   leur    ancien    office.    C'est    pourquoi    dom    Guéranger 


CHAPITRE  VII  139 

appelle  cette  autorisation,  qui  ne  s'accorda  que  sur  des  demandes 
particulières  et  dans  des  cas  tout  à  fait  spéciaux,  «  une  appro- 
bation domestique  qui  ne  fut  jamais  promulguée  dans  l'Eglise.  » 
Il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  la  tendance  du  nouveau  Bré- 
viaire eut  pour  conséquence  d'éloigner  le  clergé  de  l'office  public , 
de  l'office  du  chœur,  et  de  faire  désormais  de  la  récitation  pri- 
vée la  règle,  tandis  que  jusqu'au  xvi"  siècle  elle  était,  même 
chez  le  clergé  séculier,  une  exception  rare. 

Bien  que  le  Bréviaire  réformé  parût  sous  le  couvert  de  l'appro- 
bation papale,  il  devait  rencontrer  une  forte  opposition.  En  1535 
encore,  paraissait  une  vigoureuse  censure  de  la  Sorbonne  de 
Paris*.  Personne,  disait-elle,  ne  pouvait  écarter  d'une  façon 
audacieuse  des  usages  consacrés  par  les  règles  des  Pères,  par 
plus  de  dix  siècles,  et  communs  à  toute  l'Eglise,  pour  les  rem- 
placer arbitrairement  par  d'autres.  La  suppression  d'un  si  grand 
nombre  de  parties  essentielles  du  Bréviaire,  saintes  et  salutaires, 
et  propres  à  exciter  la  piété  et  la  dévotion,  mérite  le  blâme 
le  plus  sévère.  La  suppression  des  antiennes,  des  répons,  des 
capitules  ou  des  Lecliones  brèves ,  la  disparition  de  l'office  de  la 
très  sainte  Merge  le  samedi  et  de  ïOffîcium  parviim  B.  M.  V., 
le  changement  de  l'ordre  des  leçons  et  de  la  série  des  lectures  de 
l'Ecriture,  du  rite  de  la  prière  et  en  particulier  la  distribution 
du  psautier  pendant  la  semaine,  se  trouvent  en  opposition  avec 
tous  les  rituels  de  l'Eglise;  une  rupture  si  radicale  avec  la  tradi- 
tion est  de  nature  à  livrer  accès  à  toutes  les  nouveautés  sur  le 
terrain  liturgique.  Bientôt  on  voudra  se  servir  de  ce  Bréviaire 
dans  les  églises  cathédrales  et  collégiales,  et  finalement  on  en 
arrivera  à  modifier  le  Missel  et  le  rite  de  la  distribution  des 
sacrements.  La  Sorbonne  n'avait  point  tort  sur  ce  point;  toute- 
fois Quignonez  fit  paraître  une  deuxième  édition  corrigée  de  son 
Bréviaire,  où  sur  quelques  points  (antiennes,  leçons  tirées  des 
Pères)  il  tenait  compte  des  observations  des  théologiens  de 
Paris  ^ 


1  Caroli  Duplessi  d'Argentré ,  Collectio  iudiciorum,  t.  ii,  Lutetite  Paris., 
1729,  p.  126.  La  censure  est  datée  du  27  juillet  1535  {loc.  cit.,  p.  121).  Les 
raisons  qui  devaient  être  soumises  au  Saint-Siège  cam  omni  humililate 
se  trouvent  p.  122-126. 

2  Elle  parut  en  juillet  1536.  Cette  prise  en  considération  semble  avoir 
flatté  les  théologiens  de  Sorbonne,  si  bien  qu'ils  rétractèrent  tacitement 
leur  protestation,  et  que  la  nouvelle  édition  put  paraître  quelques  années 


140  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Le  Bréviaire  reçut  aussi  les  critiques  et  la  désapprobation  de 
Dominique  Soto*  etde  Martin  de  Azpilkueta  [Doctor Navarrus'^). 
Le  premier  s'exprimait  ainsi  :  Abandonner  les  usages  et  les  pra- 
tiques de  l'antiquité  n'est  permis  que  lorsqu'il  en  doit  résulter 
un  bénéfice  éA'ident.  Ce  n'est  pas  le  cas  pour  le  Bréviaire  en 
question.  Tout  son  plan,  en  effet,  vise  à  l'étude  de  la  sainte  Ecri- 
ture, mais  ce  n'est  pas  là  le  but  du  Bréviaire.  Réciter  son  Bré- 
viaire, c'est  louer  Dieu,  et  c'est  précisément  dans  les  antiennes, 
versets,  répons  et  hymnes  écartés  par  Quignonez  que  cette 
louange  divine  se  trouve  surtout  exprimée.  Les  saints  Pères 
avaient  apporté  à  la  composition  de  ces  pièces  beaucoup  de  zèle 
et  une  pieuse  attention  ,  afin  que  la  pi^ière  du  prêtre  eût  quelque 
analogie  avec  les  chœurs  des  esprits  bienheureux.  Déjà  on  a  rem- 
placé le  chant  solennel  de  l'office  du  chœur  par  une  simple  réci- 
tation ;  il  est  à  craindre  que  l'autorisation  de  réciter  privatim  le 
nouveau  Bréviaire  ne  soit  pour  beaucoup  une  occasion  de  rester 
muets  au  chœur.  Mais  si  le  clergé  s'habitue  à  la  récitation  pri- 
vée, il  sera  incapable  de  réciter  l'office  public,  ayant  oublié 
l'ancien  Bpé>iaire.  Déjà  le  fait  qu'on  ne  récite  que  trois  psaumes 
aux  Matines  montre,  assez  clairement,  qu'une  telle  ordonnance 
n'aboutit  qu'au  dégoût  de  la  prière  et  à  la  négligence  dans  le 
service  de  Dieu.  Les  psaumes  ordonnés  d'après  les  fériés  sont 
distribués  de  telle  sorte  qu'ils  sont  en  désaccord  avec  les  fêtes 
qui  tombent  à  certains  jours.  C'est  ainsi  qu'on  trouve  le  vendredi 


après  avec  l'approbation  de  la  Sorbonne.  C'est  ainsi  que,  dans  quelques 
éditions  de  Lyon  (imprimées  chez  Thibaud  Payen),  on  trouve  une  Licen- 
lia,  datée  du  i  mars  1552,  de  Mathieu  Ory,  docteur  en  théologie  et  inqui- 
siteur général,  «  avec  aussi  l'approbation  de  la  Sorbonne.  »  Au  sujet  des 
modifications  ajjportées  aux  leçons,  on  peut  voir  The  quarterly  lîevieio, 
London,  JS89,  t.  xxvn,  p.  365  sq. 

*  Dominic.  Soto,  De  iuslilia  el  iure ,  lib.  I,  qucst.  vu,  art.  1;  etlib.X, 
quest.  IV,  art.  4.  Cf.  aussi  Schmid  (op.  cit.,  p.  472),  que  nous  suivons,  et 
Roskovâny  (t.  xi,  p.  17  sq..  Die  Ahhandlumj  des  Arevalo). 

*  Compendium  omnium  operum  eximii  viri  eriiditissimiqiie  doctoris 
D.  Martini  ah  Azpilcueta  Navarri...  alphahetico  ordine  accommodatum, 
Venctiis,  1598,  au  mot  Breviai'ium.  Ces  indications  sont  empruntées  à 
Schmid;  mais  cf.  aussi  Arevalo,  dans  Roskovâny,  op.  cit.,  t.  xi,  p.  18  et 
20  sq.,  on  particulier  p.  22.  Egalement  Zaccaria,  Bihl.  rit.,  t.  i,  p.  116  sq. 
On  ne  doit  pas  confondre  ce  Navarrus  avec  Emmanuel  Navarrus,  O.  S.  B., 
abbé  de  Sainl-Vinccnt  de  Salamanque  et  général  de  la  congrégation  béné- 
dictine anglo-espagnole,  qui  écrivit  entre  autres  ouvrages  :  Traclatus  de 
sacrosanclo  Trinitati.'i  mi/.s/er/o,  Salmanticœ,  1701,  in-fol. 


CHAPITRE  VII  141 

les  psaumes  xxi  :  Deus ,  Deus  meus,  respice  in  me,  qiiare  me 
dereliquisti?  lxviii  :  Salvum  me  fac,  Deus,  quoniam  intraverunl 
aquse  usque  ad  animam  meam ^  lxx  :  In  te,  Domine,  speravi. 
Lorsque  la  Nativité  ou  l'Assomption  tombent  un  vendredi ,  com- 
bien peu  ces  psaumes  s'accordent  avec  le  mystère  de  la  fête  ! 
D'un  autre  côté,  la  succession  des  psaumes  aux  Complies  est 
absurde,  tandis  que  les  psaumes  employés  jusque-là  étaient  si 
bien  faits  pour  implorer  le  secours  contre  les  embûches  de  l'esprit 
mauvais.  L'essentiel  n'est  pas  que  le  psautier  entier  soit  récité 
chaque  semaine  ;  il  est  plus  important  que  les  prières  corres- 
pondent au  temps  et  aux  besoins  de  l'Eg'lise. 

Le  deuxième  théolog-ien  que  nous  avons  nommé,  Xavarrus  ou 
Martin  de  Azpilkueta,  reconnaît,  dans  son  Commentarius  de 
oratione  et  horis  canonicis  atque  aliis  divinis  officiis,  que  Qui- 
gnonez  a  davantage  tenu  compte  de  la  sainte  Ecriture ,  qu'il  a 
supprimé  des  lég-endes  sans  fondement ,  écarté  le  désordre  qui 
provenait  de  la  translation  fréquente  des  fêtes,  distribué  les 
psaumes  d'une  façon  plus  variée  et  procuré ,  en  abrégeant 
l'office,  plus  de  temps  aux  savants  pour  leurs  études;  mais  par 
contre  il  lui  reproche  d'avoir  fait  disparaître,  sans  motif  suffi- 
sant, des  parties  d'une  haute  importance,  et  il  souhaite  qu'aucun 
prêtre  ne  cherche  à  obtenir,  sans  les  raisons  les  plus  graves,  la 
permission  de  faire  usage  de  ce  Bréviaire. 

L'œuvre  de  Quig'uonez  reçut  sa  condamnation  la  plus  éner- 
gique ,  et  en  même  temps  décisive  pour  les  Pères  du  concile  de 
Trente,  du  théologien  espagnol  Jean  d'Arze  ou  d'Arce'  de  Palen- 
tia.  Celui-ci  prit  part  comme  consulteur  à  la  deuxième  période  du 
concile  de  Trente,  et  le  V  août  1551  il  adressa  au  légat  du 
Saint-Siège  et  président  du  concile,  cardinal  Crescenzio,  et  à  ses 
collègues,  les  nonces  Sébastien  Pighini  de  Siponto,  archevêque 
de  Manfredonia  (auparavant  nonce  à  Augsbourg),  et  Aloigi  Lip- 
pomani,  évêque  de  Vérone,  un  mémoire  très  détaillé,  qui  por- 
tait cette  suscription  :  De  novo  Breviario  Bomano  toUendo  con- 
sultalio.  Illmo  et  Bmo  D.  D.  Marcello  Crescentio  lit.  S.  Marcelli 
Presh.  Cardinali  et  Sedis  Apostolicœ  ad  S.  Synoduni  a  latere 
Legato-.  Ce  mémoire  se  compose  d'une  préface,  de  dix-huit  cha- 


1  Cf.  sur  lui  Arevalo,  dans  Roskovàny,  op.  cit.,  t.  xi,  p.  39. 
*  Cette  pièce  se  trouve  à  la  bibliothèque  vaticane,  cod.  4S7S  (non  6S7S, 
comme  l'indique  par  erreur  Schmid,  p.  474,  note  1).  et  aussi  dans  le  cod. 


142  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

pitres  et  d'une  péroraison.  Dans  Tintroduction,  l'auteur  dit  qu'il 
est  prêt,  si  le  présent  travail  est  accueilli  avec  faveur,  à  en  pro- 
duire un  autre ^.  Une  époque  de  schisme,  dit  l'auteur,  alors 
surtout  que  des  hérésies  récentes  donnent  l'assaut  à  la  liturgie 
et  à  la  prière,  n'est  pas  le  moment  que  l'on  peut  choisir  pour 
introduire  des  nouveautés  dans  le  domaine  lilurj^ique. 

Avec  la  Sorbonne  et  Soto  il  reproche  à  Quignonez  d'abandon- 
ner témérairement  la  tradition  ecclésiastique  et  de  contrevenir 
aux  décisions  expresses  du  Saint-Siège.  Par  son  Bréviaire,  Qui- 
gnonez a  fait  tort  à  la  pinère  publique  et  il  a  ouvert  la  voie  aux 
autres  nouveautés  sur  le  terrain  liturgique^. 

Le  cardinal  de  Sainte-Croix  tient  trop  à  la  lecture  de  l'ï^^criture 


Vat.  5302  et  dans  le  cod.  Corsinianus  363  (actuellement  39,  c.  m),  d'après 
lequel  Roskovâny  Ta  publiée  parmi  les  Acla  el  scripta  congr.  sub  Be- 
ned.  XIV  pro  reformatione  Breviarii  depulatx ,  Cœlib.  el  Breviar.,  t.  v, 
p.  635-720.  Extraits  dans  Arevalo  [op.  cit.,  p.  39),  Schmid  (p.  474)  et 
Guéranger  (p.  369). 

1  Dahimus  el  alia pleraque  non  minus  Ecclesise  profnlura  :  ut  de  Erasmi, 
Thomse  Caietani  scandalo  tollendo  :  deqiie  Bihliis  riiLcjalis  a  lypographo- 
rum  iniuria  et  sciolorum  quorumdnm  audacia  et  f'allacihiis  scholiis,  anno- 
talionihnsque  el  castiqationibus  viiidicandis  :  deqne  aiiis  non  paucis  cum 
apud  Ilispanos  ineos  tum  apud  alios  niiper  oborlis  noxiis  zizaniis. 

2  On  lit  au  ch.  vin  :  Chori  ecclesiaslici  of'ficiuiii  int  rlurbat  ubique, 
partim  etiani  tollit  el  transformai...  In  quibu.sdain  choris  etiam  calhe- 
dralium  ecctesiarum  magna  ex  parte  mutatiim  vidimus  veterem  psallendi 
ritum  el,  ul  intérim  alias  omiltam,  in  Ilispania  1res  proferre  possum 
ecclesias,  quarum  una  est  metropoUs ,  dux  cathédrales ,  nempe  :  Csesar- 
augustanam,  Tyrasonensem  {Turiasonensem  vel  Tarraconensem) ,  Pal- 
lenlinain ,  in  qiiibns  chori  officiam  mutulnm  est  tam  in  nocturno  quant 
in  diurno  officio  :  et  adhuc,  refuganle  proprio  episcopo,  Albaricensis 
ecclesia  cathedralis ,  quse  Secobricensi  est  coniuncta,  eadem  novitalis  vesli- 
gia  nuper  imitata  est.  Quod  ipsemet  Secobric^nsis  episcopus  Caspar  Bosra 
Tridenti  nuper  conquestus...  Breviariorum  editiones  citra  auclorilatem 
summi  ponlificis  tentœ.  Quand,  durant  la  semaine  sainte,  le  peuple  de 
Saragosse  s'aperçut  du  changement,  il  entra  dans  une  telle  fureur  que  des 
troubles  sérieux  se  produisirent.  Cli.  x  et  xi  :  Mox  ad  Missalia  innovânda 
el  deformanda  polius  quam  reformanda  lirentia  h:ec  excurrit.  Quod  féli- 
citer successil ,  cum  iam  exslenl  Missalia  ad  instar  huius  Breviarii  con- 
sarcinala.  Le  ch.  xi  traite  de  ces  missels  {Missalis  liber  iuxta  ritum  novi 
Breviarii  romani,  portait  le  titre),  où  entre  autres  choses  les  leçons 
étaient  changées  et  réduites  à  une  pour  les  Quatre -Temps,  le  samedi 
saint  et  la  vigile  de  la  Pentecôte.  Enfin  on  lit  :  Excusa  sunt  huiusmodi 
Missalia  Lugduni  1550  eleganlibus  characlei  ibns.  Cnm  primum  exorta  est 
hn'c  novitas,  curalum  est  saltem  verbo  tenus,  ut  solis  occupatissimis  cle- 
ricis  licerel  ad  hune  mndum  psallere...  mox  ad  rudes  et  otiosos  clericos 
derivalum  est  hoc  institulum.  Ad  monachos  poslhœc,  quod  dolendum  est, 
pervenit,  qui  clam  et  furtive  insciis  pnelatis  propriis  hœc  medilabantur. 


CHAPITRE  Yll  i43 

sainte.  On  peut  lui  objecter  que  cette  lecture  entraîne  avec  elle 
de  nombreux  inconvénients,  notamment  pour  les  clercs  peu  let- 
trés ,  puisque  dans  le  nouveau  Bréviaire  les  épîtres  de  saint  Paul , 
si  difticiles  à  comprendre,  occupent  une  place  très  importante*. 
Le  but  principal  du  Bréviaire  n'est  pas  l'enseignement,  mais  la 
prière.  Lorsque  Quignonez  parle  de  brièveté  et  de  simplicité 
d'ordonnance,  on  pourrait  penser  que  c'est  dans  l'intention  de 
faire  honte  au  clerg-é  et  de  scandaliser  le  peuple,  puisque  c'est 
alors  que  les  revenus  augmentent,  qu'il  diminue  les  obligations 
quotidiennes.  Les  diverses  «  charges  »  du  clergé  ne  méritent  pas 
d'être  prises  en  considération.  On  sait,  en  effet,  que  ceux  qui 
sont  les  plus  zélés,  les  plus  appliqués  à  leurs  devoirs  dans  la 
charge  des  âmes,  dans  l'étude  ou  dans  l'enseignement,  trouvent 
encore  bien  du  temps  pour  la  prière  et  récitent  avec  une  véri- 
table joie  de  l'âme  les  antiennes,  les  capitules  et  le  reste.  Quelle 
ironie  (nous  nous  servons  de  la  traduction  de  Schmid^),  si  l'on 
vise  en  particulier  le  clergé  de  Rome  !  L'abréviation  du  Bré- 
viaire engendre  le  dégoût  pour  les  fonctions  du  culte  et  pousse  à 
les  restreindre  le  plus  possible.  On  doit  regretter  qu'avec  les 
parties  éliminées  du  Bréviaire  se  tarisse  une  source  non  seule- 
ment du  rite  liturgique,  mais  de  la  tradition  chrétienne^  ;  adop- 
ter officiellement  et  universellement  cette  œuvre ,  ce  serait  enle- 
ver au  Bréviaire  son  caractère  de  témoin  dogmatique  de  la  plus 
haute  antiquité.  Enfin,  Arze  reproche  au  cardinal  d'avoir  poussé 


1  C'est  là  une  raison  on  ne  peut  plus  étrange  et  qu'il  aurait  mieux  été 
de  laisser  de  côté,  puisqu'elle  abaissait  le  clergé  espagnol.  C'est  pourquoi 
Arevalo  dit  aussi  avec  raison,  p.  44  (dans  Roskovâny,  t.  xi)  :  Auctor 
doctrinit  eccleslaslicn  abundat,  splendide  Breviariiiin  vêtus  eiusque  ordi- 
nem  tuelur ,  sed  in  nnvo  inipiir/nniidu  debilis  est  inler  m;ic/nos  cldinores 
recliiisque  fecisset,  si  «  Declumationem  »  non  <(  Consullalionem  »  inscri- 
psisscl.  In  §  4  (Roskovâny,  t.  xi,  p.  45-47),  Arevalo  donne  le  calendrier 
de  la  première  édition  du  Bréviaire  de  Quignonez  de  1535,  chose  d'autant 
plus  importante  que  cette  édition  ne  se  trouve  plus  que  difficilement,  et 
que  Pogiani,  Lagomarsini  et  Zaccaria,  qui  n'ont  pas  eu  l'édition  de  1535, 
ont  seulement  donné  le  calendrier  des  éditions  postérieures  (Zaccaria, 
Bihl.  rit.,  t.  i,  p.  116  sq.).  Pour  excuser  les  remarques  d'Arze  sur  la  lec- 
ture des  Ecritures,  il  faut  savoir  qu'en  Espagne  existaient  des  règlements 
très  sévères  à  ce  sujet  (cf.  Schmid,  p.  475,  et  Reusch ,  Index  der  verbo- 
tenen  Bûcher,  Bonn,  1883,  p.  43  et  197). 

2  Op.  cit.,  p.  475. 

3  Pensée  qui  est  plus  développée  dans  l'article  déjà  cité  du  Katholik 
(t.  XVI  et  xvii),  Ueber  den  dogmalischen  Werth  der  Liturgie,  en  parti- 
culier t.  XVI,  p.  154,  où  il  est  question  de  Quignonez. 


144  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

trop  loin  la  critique  des  légendes  et  d'avoir,  par  un  zèle  rationa- 
liste et  naturaliste,  supprimé  tout  ce  qui  confine  au  surnaturel 
et  par  là  d'être  tombé  de  Charj'bde  en  Scylla'. 

On  voit  par  les  chapitres  xv  et  xvi  quel  accueil  peu  favorable 
le  nouveau  Bréviaire  trouva  non  seulement  chez  les  évêques 
zélés  pour  le  bien  des  âmes,  mais  aussi  chez  le  peuple;  ainsi 
auprès  de  l'évêque  de  Vérone,  Giovanni-Mattia  Giberti  (1542), 
et  de  son  successeur  Aloysius  Lippomani,  Dans  d'autres  diocèses, 
il  se  produisit  des  scissions  parmi  le  clergé  ;  on  fut  même  témoin 
de  discussions  et  de  querelles  dans  les  églises^.  Comme  on  peut 
le  voir  dans  Roskovâny^,  l'évêque  de  Hueska  ou  Oska'*,  en  par- 
ticulier dans  la  préface  au  nouveau  Bréviaire  dont  il  dota  son 
diocèse,  s'exprima  très  durement  au  sujet  des  nouveautés  litur- 
giques et  de  la  rupture  avec  la  tradition.  Les  Franciscains  et  les 
Hiéronymites  sollicitèrent  du  pape,  ou  plutôt  de  leur  chapitre 
général ,  la  défense  pour  tout  membre  de  l'Ordre  de  se  servir  du 
Breviarium  sanctœ  Crucis. 

En  dehors  des  théologiens  et  des  autorités  ecclésiastiques, 
certains  personnages  jouissant  d'un  renom  de  sainteté  entrèrent 
en  lice  pour  le  maintien  de  l'ancien  Bréviaire ,  tout  en  déclarant 
qu'il  avait  besoin  de  réforme  en  certains  points.  Ainsi  saint  Gaé- 
tan de  Thienne,  qui,  conservant  l'ancien  Bréviaire  avec  sa  com- 
munauté ,  fit  une  tentative  pour  l'améliorer  ;  de  même  saint  Fran- 
çois-Xavier, qui  donna  un  bel  exemple  de  respect  pour  l'ancien , 
en  s'en  servant  toujours,  malgré  la  dispense  qui  lui  avait  été 
accordée  pour  le  nouveau.  Comme  le  remarque  son  biographe 
avec  une  fierté  visible,  mais  excusable,  malgré  ses  nombreux 
travaux  il  récita  toujours  le  long  office  avec  ses  neuf  leçons^. 


1  Sur  le  Bréviaire  de  Qui^nonez,  sa  valeur  et  son  histoire,  cf.  encore 
Cancellieri,  Leltera  Utnrgico -hihliofjrafica  intorno  al  Breviario  del  card. 
Qiiinones ,  Roma,  1823. 

2  Cf.  Roskovàny,  t.  v,  p.  09-1-698,  et  p.  lix  et  222. 

3  T.  V,  p.  696. 

*  Dans  le  cod.  Trident.  108  des  archives  secrètes  du  Vatican  (fol.  266) 
se  trouve  une  lettre  de  cet  évcque  au  pape  au  sujet  du  nou\eau  Bréviaire. 
Le  7  novembre  1562,  saint  Charles  Borromée,  alors  secrétaire  d'Etat  de 
Pie  IV,  envoyait  les  desiderata  et  les  propositions  de  l'évêque  aux  légats 
du  concile  de  Trente,  d'après  le  cod.  Trident.  108,  archiv.  vatic,  fol.  265. 
J'ai  trouvé  l'original  de  cette  lettre,  écrite  de  la  main  du  saint,  à  la  bibl. 
Ambrosienne  de  Milan. 

5  Cf.   Silos,  Historinrum   clericoriim  regularium  a  conr/rer/alione  con- 


CHAPITRE  VII  145 

Pourtant  celte  antipathie  de  l'apôtre  des  Indes  ou  du  Japon  pour 
le  nouveau  Bréviaire  pourrait  bien  n'avoir  pas  été  si  accentuée , 
ses  objections  n'ont  peut-être  pas  été  si  fortes,  car,  dans  une 
lettre  à  saint  Ignace,  il  demande  pour  six  clercs  l'autorisation  de 
se  servir  du  nouveau  Bréviaire^. 

La  violente  opposition  que  rencontra  le  Bréviaire  de  Quigno- 
nez  ne  fut  cependant  pas  un  obstacle  à  sa  diffusion.  Le  grand 
nombre  des  éditions  qui  se  succédèrent  durant  les  trente  années 
suivantes,  et  dont  nous  avons  déjà  parlé,  en  est  une  preuve.  La 
dernière  parut  en  1567,  c'est-à-dire  immédiatement  avant  la 
prohibition  de  Pie  V,  semble-t-il.  Dans  la  bulle  Quod  a  nohis, 
du  9  juillet  1568,  que  l'on  trouve  dans  les  préliminaires  du  Bré- 
viaire actuel,  on  lit  :  Plurimi ,  specie  officii  commodioris  allecti, 
ad  brevilalem  novi  Breviarii  a  Francisco  Quigiiono  fit.  S.  Cru- 
els in  Hicrusalcm  Preshytero  Cardinali  composili  confugerunt. 
Dans  une  lettre  du  11  novembre  1562,  adressée  aux  légats 
du  concile  de  Trente ,  saint  Charles  Borromée  mentionne 
aussi  quelle  extension  rapide  avait  prise  le  nouveau  Bréviaire, 
et  par  suite  recommande  expressément  la  prompte  correction 
de   l'ancien  -.    Paul   III   avait  permis  la   récitation   du  nouveau 


dita  partes  III,  Roma,  1650,  t.  i,  p.  4  sq.  Et  son  biographe  dit  de  l'apôtre 
du  Japon  :  Insignem  vero  eius  in  hoc  génère  religionem  fecit  illorum 
licentia  lemporiim.  Nuper  novum  ternarum  lectionum  Breviarium ,  sanctœ 
Crucis  dicebalur,  ad  occupatorum  hominum  levamen  editiim  erat ,  eiiis- 
qiie  iisus  Francisco  propter  occiipationes  ah  inilio  concessus.  Ille  tamen, 
quamvis  inc/entihiis  curis  negotiisc/ue  distentus ,  nunqiiam  permissa  uti 
voluit  licentia,  vetusque  Breviariiim  novenarum  lectionum  haiid  paulo 
longius  perpétua  recitavit  (Tursellini  [Orazio  Torsellino],  Vila  S.  Franc. 
Xaverii,  Coloniœ  Agrippinae,  1621 ,  lib.  VI,  c.  v,  p.  520). 

1  Petrus  Possinus,  S.  Franc.  Xaverii...  Epistolarum  libri  septem,  Ro- 
mœ,  1667,  lib.  I,  epist.  vi ,  p.  35. 

2  Qaia  licentia  dicendi  officium  novum  eo  processit ,  ut  contra  Bullam 
Pauli  III,  quse  dicit,  dummodo  in  choi'o  cum  aliis  se  conforment ,  rece- 
ptum  sit  propria  auctoritale  in  regno  Aragonix  primum  quidem  in  eccle- 
sia  Csesaraugustana  metropolitana ,  deinde  vero  in  quatuor  ecclesiis  cathe- 
dralibus...  et  cum  iam  non  longe  absit,  ut  pervadat  ista  eadem  licentia  in 
alias  ecclesias...  idcirco  episcopus  Oscensis  nomine  totius  regni  Aragonise 
proponit  Synodo  et  ah  ea  enixe  petit ,  ut  velus  officium  romanum  ad  vete- 
rem  possessiouem  restituatur  iuxta  decrclum  Gregorii  VII ,  qui  suo  tem- 
pore  hoc  malum  correxit  missis  litteris  pluribus  ad  episcopos  Hispaniœ. 
Sic  ad  Sinieonensem  :  Romana  cupit  scire  Ecclesia,  etc.  ...Credimus  expe- 
dire,  poursuit  saint  Charles,  ut  antiquum  Breviarium  romanum,  quod 
fel.  rec.  Pauli  IV  consilio  et  auctoritate  cœptum  est  emendari,  repurgatis 
paucis,  c[uœ  iudicio  eiusdem  pontificis  per   ignorantiam   et  temeritatem 

Brév.,  t.  II.  10 


146  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Bréviaire  aux  prêtres  séculiers ,  à  la  condition  qu'ils  en  obtinssent 
du  pape  lui-même  une  autorisation,  motivée  par  leurs  études 
scientifiques  ou  d'autres  travaux  importants.  Mais  bientôt  les 
légats  et  les  nonces  des  divers  pays  furent  autorisés  à  accorder 
la  même  faveur.  Finalement  cette  licence  fut  confiée  à  la  secré- 
tairerie   et  à  la  daterie  papales  dans  la  marche  ordinaire  des 
affaires.  Comme  le  clergé  espagnol  sollicita  en  masse  le  privi- 
lège ,  un  grand  nombre  d'évêques  d'Espagne  profitèrent  de  la 
circonstance  pour  se  permettre  de  remanier  à  leur   gré,   sans 
l'autorisation  papale,  les  Bréviaires  particuliers  de  leurs  diocèses 
sur  le  type  de  celui  de  Quignonez.  A  Lyon  parut  même  un  Diur- 
nal  avec  des  passages  très  captieux,  et,  à  ce  qu'il  semble,  à  ten- 
dance hérétique  ^  Quelques   chanoines  crurent  que  leur  devoir 
n'était  pas  rempli,  s'ils  se  contentaient  de  prier  au  chœur  sans 
réciter  le  nouveau  chez  eux.  D'autres  se  turent  :  Muli  et  ulinam 
iam  attenti  quani  sseculares ,  dit  Soto'^.  Une  lettre  de  saint  Pierre 
Canisius  à  saint  Ignace  prouve   que  le  Bréviaire  de  Quignonez 
était  aussi  employé  en  Allemagne.  Canisius  obtint  pour  plusieurs 
prêtres  d'Ingolstadt    la   permission   de  s'en  servir.    Ce  que   la 
Sorbonne  avait  prédit  ne  devait  se  confirmer  que  trop  tôt.  Avec 
les  années,  le  «  Bréviaire  de  la  Croix  »  pénétra  peu  à  peu  dans 
les  cathédrales  et  dans  les  églises  collégiales,  et  même  dans  les 
monastères,  par  exemple    à  Saint-Berlin,  dans  la  Flandre  fran- 
çaise^. 

Toutefois  cette  extension  universelle ,  qui  faisait  tomber  en 
désuétude  les  Bréviaires  diocésains  et  locaux ,  préparait  indirec- 
tement la  voie  à  la  réforme  postérieure  de  Pie  V.  En  effet,  il  est 
à  remarquer  que  le  Breviarium  Pianum  n'aurait  pu  supplanter 
si  facilement  les  Bréviaires  particuliers  de  chaque  pays,  province 
ecclésiastique,  diocèse  ou  monastère,  dont  un  grand  nombre 
pouvaient  exciper  d'une  antiquité  de  300  à  500  ans,  si  déjà 
trente  ou  quarante  ans  auparavant  la  forma  hrevis  et  expedita 
et  methodus  facillima  de  l'office   de  Quignonez  n'avait  engagé 


miiltis  sseculis  sensim  irrepserant,  ad  finem  proxiinum  ordine  institnto 
perducatur  (Archiv.  vatic,  concil.  Trident.,  cod.  lOS,  fol.  267;  Toriginal 
est  à  Milan,  bibl.  Ambros.,  cod.  J.  1A0,  p.  406  sq.). 

>  D.  Gucranger,  p.  370;  Roskovàny,  t.  x,  p.  660  et  716. 

2  D'après  Constantin  Germanus,  Reformatorenbilder,  Freiburg,  1883, 
p.  305;  dans  Schmid,  dans  Tùb.  Qnartalschrifl ,  1884,  p.  470. 

î  Tahlet,  loc.  cit.,  p.  763. 


CHAPITRE  VII  147 

les  prêtres  et  les  évêques  à  renoncer  à  leurs  bréviaires  particu- 
liers. Parmi  ces  derniers,  il  y  en  avait  aussi  de  très  fastidieux  et 
qui  répondaient  peu  aux  exigences  d'une  saine  liturgie;  mais  ils 
avaient  pour  eux  la  tradition  et  pouvaient  prétendre  à  être  trai' 
tés  avec  égards  ou  à  être  tolérés.  Quelles  que  pussent  être  les 
intentions  de  saint  Pie  V  au  sujet  des  Bréviaires  locaux,  son 
tollimus  in  primis  et  aholemus,  qui  fut  prononcé  contre  le  Bré- 
viaire de  la  Croix,  devint  l'occasion  de  négliger,  avec  une 
grande  légèreté  de  coeur,  la  conservation  ou  le  rétablissement  de 
la  liturgie  particulière ,  pour  introduire  simplement  le  Bréviaire 
prescrit  par  lui. 

Supprimé  par  Pie  V,  le  Bréviaire  de  Quignonez  ne  mourut 
cependant  pas  ;  son  influence  se  fit  sentir  longtemps  encore. 
Dans  la  Relation  adressée  au  concile  de  Trente  et  qui  indique 
les  idées  à  examiner  et  les  raisons  qui  doivent  guider  dans  une 
revision  du  Bréviaire,  de  même  que  dans  le  rapport  sur  les 
actes  de  la  Commission  instituée  par  Pie  IV  et  Pie  V ,  se  retrouve , 
quoique  exprimé  en  d'autres  termes ,  ce  que  Quignonez  disait  au 
début  et  à  la  fin  de  sa  Prœfalio  sive  epistola  ad  Paulum  IIP.  Il 
n'est  pas  possible,  il  est  vrai,  de  démontrer  avec  précision  que 
Quignonez  a  été  pris  pour  type  par  les  «  correcteurs  »  pédan- 
tesques  et  les  faiseurs  de  Bréviaires  du  xvn«  et  du  xvni^  siècle , 
lesquels,  certes,  avaient  quelques  parties  ingénieuses,  comme 
par  exemple  les  Complies  du  Bréviaire  de  Toul,  et  des  formu- 
laires de  messe  composés  de  prières  et  de  passages  tirés  de 
l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament;  mais  on  ne  peut  nier  qu'ils 
n'aient  subi  son  influence.  Déjà,  en  1542,  un  Bréviaire  publié  à 
Orléans,  tout  en  maintenant  l'ancienne  distribution  romaine  ou 
grégorienne  des  psaumes  [psalmorum  per  hebdomadam)  et  en 
conservant  le  plus  grand  nombre  des  vieilles  antiennes  et  des 
vieux  répons,  modifiait  une  foule  de  détails,  en  se  basant  sur  le 
«  Bréviaire  de  Sainte-Croix  »  auquel  il  empruntait  un  certain 


1  Cette  Relatio  est  de  Jean  d'Arze  et  a  été  publiée  dans  Roskovâny , 
Cselib.  et  Breviar.,  t.  v,  p.  1120  et  p.  cix.  Les  desiderata  composés  par 
un  membre  de  la  commission  du  Pianum  (vraisemblablement  l'archevêque 
de  Lanciano)  se  trouvent  aux  archives  du  Vatican  sous  l'étiquette  Concil. 
Trident.  47,  fol.  312,  et  à  la  Bibl.  vaticane,  cod.  Vatic.  6i>l7,  fol.  202, 
et  aussi  à  la  Bibliotheca  Corsiniana,  cod.  39,  fol.  15-29  (en  italien);  une 
traduction  latine  peu  exacte  se  trouve  dans  Roskovâny  [Cselib.,  t.  v, 
p.  576). 


148  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

nombre  de  leçons  tout  en  en  supprimant  quelques  autres  [quod 
priorum  ac  doctorum  aures  offendere  poterat).  De  même,  les 
Humiliés  de  Milan  se  firent,  avec  l'autorisation  de  Paul  III  en 
1548,  un  nouveau  Bréviaire,  calqué  sur  celui  de  Quignonez, 
qui  abandonnait  l'ancien  Ordo  monastique  des  psaumes  et  adop- 
tait le  nouveau ,  en  tenant  compte  du  mois  ;  les  légendes  de  Qui- 
gnonez (de  la  deuxième  édition)  étaient  également  reproduites 
textuellement.  En  1751  encore,  alors  que  cette  dernière  congré- 
gation, ou  du  moins  la  branche  des  hommes,  était  supprimée 
depuis  déjà  longtemps,  parut  un  Breviarium  humiliatorum  ad 
usum  monialium  de  Milan,  conçu  sur  le  même  plan.  Un  cha- 
noine et  chantre  de  Notre-Dame,  qui  mourut  à  Paris  à  Tâge  de 
quatre-vingt-treize  ans,  et  à  l'ouvrage  duquel  la  plupart,  sinon 
tous  les  Bréviaires  réformés  français  empruntèrent  leurs  idées,  sans 
savoir  faire  le  départ  de  ce  qu'il  pouvait  y  avoir  de  bien,  mais 
en  propageant  avec  un  zèle  répréhensible  ce  qu'il  y  avait  de  cap- 
lieux,  fut  l'intermédiaire  qui  servit  à  faire  pénétrer  chez  les  galli- 
cans les  idées  de  Quignonez.  Il  écrivit  l'ouvrage  suivant  :  Claudii 
Joli  tractatus  de  reformandis  Horis  canonicis  ;  Parisiis  1644, 
editio  altéra  1675,  qui  adoptait  les  idées  de  Quignonez,  entre 
autres  la  récitation  hebdomadaire  du  psautier,  la  lecture 
annuelle  de  toute  la  Bible  et  la  réduction  de  l'office.  Il  faisait  de 
cette  triple  condition  la  base  nécessaire  de  toute  réforme  ^ 
Cette  idée  émise  par  Claude  Joly  parut  si  excellente,  que,  d'après 
le  codex  XIV  de  la  Bibliothèque  de  Saint- Paul  de  Rome,  plu- 
sieurs consulteurs  de  la  Commission  instituée  en  1741  par 
Benoît  XIV  pour  la  correction  du  Bréviaire  prirent  parti  pour 
elle,  de  même  qu'à  une  époque  plus  rapprochée  de  nous,  et 
notamment  au  concile  du  Vatican,  des  autorités  très  i^ecomman- 
dables  l'adoptèrent^. 


1  On  a  supposé  ijarfois  que  le  ministre  de  Louis  XIV,  Colbert,  avait, 
en  1G79,  fait  réimprimer  pour  son  usage  personnel  quelques  exemplaires 
du  Bréviaire  de  Quignonez.  Mais  cela  paraît  être  une  erreur  répandue 
dès  1739.  En  effet,  si  dans  le  Bréviaire  de  1679,  imprimé  pour  Colbert, 
quelques  parties  ou  même  la  majeure  partie  a  été  empruntée  au  Bréviaire 
de  Sainte- Croix,  on  ne  peut  cependant  pas  l'appeler  une  réimpression  ou 
même  seulement  une  édition  modifiée.  Cf.  Léopold  Delisle,  Bibliothèque 
de  l'Ecole  des  chartes,  Paris,  1882,  t.  xliii  :  Le  bréviaire  de  Colbert,  et 
The  cjiiarterly  Review,  London,  1889,  t.  xxvii,  n.  liv,  p.  359. 

^  On  jieut  A'oir  à  ce  propos  les  actes  de  ce  concile  dans  la  collection  do 
Laach,  Acta  et  décret,  sacror.  conc.  récent.,  Friburgi,  1890,  t.  vu,  p.  844; 


CHAPITRE  VU  449 

875,  n.  6;  881,  n.  1  et  2;  882,  n.  5.  Une  comparaison  entre  les  légendes 
ou  Lecliones  II  Nocturni  in  festis  sanctorum  ou  Lectiones  de  sancto  rit. 
simpl.  du  Bréviaire  de  Pie  V,  celles  du  Bréviaire  de  Sainte -Croix  et  celles 
de  l'ancien  Bréviaire  de  Curia,  montre  que  la  compilation  de  Quignonez 
ne  fut  pas  sans  exercer  une  influence  sur  le  nouveau  Bréviaire.  Déjà  le 
Breviariiim  romanœ  Cun'œ  (  Venetiis  apud  luntas,  1560)  a,  bien  qu'il  soit 
un  ancien  Bréviaire  romain,  emprunté  les  leçons  des  fêtes  des  saints  au 
Bréviaire  de  Quignonez,  et  même  la  fable  du  concile  de  Sinuessa  se  trouve 
dans  les  leçons  du  pape  saint  Martin.  Cette  fable,  très  heureusement  mise 
de  côté  depuis  1883,  avait  été  empruntée  par  Quignonez  aux  Vitœ  ponti- 
ficum  de  Platina. 


LIVRE    TROISIEME 

ÉPOQUE   MODERNE 

DEPUIS  LE  CONCILE  DE  TRENTE  JUSQU'AUX  RÉFORMES  DE  LÉON  XIII 

LE  BRÉVIAIRE  RÉFORMÉ 
OIT  BSEVIARIV3I  PIAyUM  SUPPLAÎs'TE  PEU  A  PEU  TOUS  LES  AUTRES 


CHAPITRE    I 

PRÉPARATION  PAR  LES  THÉATINS  DE  LA  RÉFORME 
DU  BRÉVIAIRE 

Le  Breviariiim  Sanclœ  Crucis,  malgré  là  popuLarité  qu'il  ren- 
contra dans  le  clergé  inférieur,  fut  en  haut  lieu  accueilli  avec 
de  très  grandes  réserves  ;  en  plusieurs  endroits  on  se  montra 
même  ouvertement  hostile  à  son  égard.  Ses  ennemis  pourtant, 
non  moins  que  ses  partisans,  étaient  convaincus  que  Tancien 
Bréviaire  romain  avait  besoin  d'une  complète  réforme.  L'adver- 
saire le  plus  acharné ,  le  plus  habile  et  le  plus  instruit  de  la  ten- 
tative de  réforme  de  Quignonez,  Jean  d'Arze,  s'explique  à  ce 
sujet  avec  toute  la  clarté  désirable.  Dans  le  rapport  déjà  cité,  il 
émet  les  vœux  suivants  :  qu'à  l'avenir  les  rubriques  soient  dis- 
posées d'une  façon  plus  claire,  l'ordonnance  entière  et  le  plan 
du  Bréviaire  simplifiés,  les  légendes  revues,  ainsi  que  les  offices 
des  dimanches  et  ceux  de  la  férié,  les  leçons  empruntées  aux 
saintes  Ecritures.  On  conserverait  cependant  toutes  les  parties 
essentielles  du  Ciusiis  ou  de  VOrdo  officii  observé  jusque-là,  et 
l'œuvre  de  la  réforme  ne  devrait  être  entreprise  par  des  hommes 
experts,  savants  et  pieux,  qu'après  le  plus  mûr  examen  et  après 
des  délibérations  sérieuses.  Ces  hommes  devraient  joindre  à  la 
connaissance  du  rite  une  intelligence  profonde  de  la  symbolique 
des  cérémonies. 

Travaux  préliminaires  d'une  réforme.  —  Lorsque  Arze  écrivait 
ces  lignes,  les  véritables  réformateurs  du  Bréviaire  dans  le  sens 


152  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

souhaité  étaient  déjà  trouvés.  Ils  avaient  commencé  sans  bruit, 
dans  le  silence  de  leur  cellule  monacale,  un  travail  qui  déjà  avait 
reçu  la  bénédiction  du  souverain  Pontife  et  qui  devait  servir  de 
base  aux  travaux  de  réforme  plus  tard  entrepris  sur  Tordre  du 
concile  de  Trente  et  de  saint  Pie  V. 

Avant  de  nous  étendre  avec  quelques  détails  sur  ce  travail 
préliminaire,  il  ne  sera  pas  superflu  de  remarquer  que  le  Saint- 
Siège,  en  butte  aux  très  vives  attaques,  aux  clameurs  et  aux 
réclamations  des  réformateurs  et  des  partisans  de  la  réforme, 
n'était  pas  demeuré  sourd  et,  du  moins  en  ce  qui  nous  concerne, 
avait  tenté  d'écarter  les  inconvénients  reconnus  et  de  commen- 
cer la  réforme.  On  peut  même  voir  dans  la  tentative  du  cardinal 
Quignonez  une  sorte  d'avance  qui  devait  donner  satisfaction  aux 
desiderata  formulés  par  les  Allemands  ^ 

Depuis  longtemps,  en  efl'et,  on  avait,  en  dehors  de  Rome  et 
dans  la  Ville  éternelle  elle-même,  provoqué  une  réforme  à  fond 
du  Bréviaire.  Cette  demande  de  réforme  avait  été  maintes  fois 
formulée  par  des  propositions  et  des  décisions  formelles  de  con- 
ciles provinciaux.  Ainsi  pouvons-nous  mentionner  les  synodes 
de  Bourges  (1528),  de  Sens  (1528),  de  Cologne  (1536),  de 
Mayence  (1549),  de  Cologne  (1550),  de  Reims  (1564)  et  de 
Cambrai  (1565),  et  tout  particulièrement  les  propositions  de 
réforme  du  synode  de  Salzbourg^,  qui  avait  pour  fondement  le 


1  Cette  cour  romaine,  si  attaquée  par  ces  violents  et  ces  idéologues, 
était  peut-être  le  milieu  catholique  le  plus  attentif  à  leurs  doléances,  le 
plus  prêt  à  les  entendre  et  à  répondre  à  leurs  reproches  par  toute  sa 
loyauté  (voyez  ce  que  dit  du  cardinal  Sadolct  Richard  Simon,  Lettres 
choisies,  Amsterdam,  1730,  t.  i,  p.  167  sq.).  Mais  il  est  loisible  aussi  de 
voir  dans  l'essai  tenté  par  le  cardinal  Quignonez  une  sorte  d'avance  indi- 
viduelle faite  à  l'esprit  allemand  (Batiffol,  Histoire  du  Bréviaire  romain, 
p.  221). 

*  On  trouve  les  décisions  des  conciles  cités  plus  haut  dans  Roskoyàny, 
t.  v,  p.  224  sq.  (cf.  aussi  D.  Guéranger,  loc.  cit.,  t.  i,  p.  111;  Benoît  XIV, 
De  canoniz.  sunctorum,  lib.  IV,  part.  2,  c.  xui;  le  Siimmariiim  petitionum 
Cxsaris  super  reforniatione,  n.  11  et  12,  dans  Martène,  Veterum  scriptor. 
amplissima  collectio,  t.  vin,  p.  1426).  Ces  projets  de  réforme  furent  pré- 
sentés sous  le  titre  :  Formula  reformationis ,  par  l'empereur  Charles- 
Quint  à  la  diète  d'Augsbourg,  14  juin  1548;  puis  revus  par  une  autre  diète 
tenue  à  Augsbourg-  sous  remf)ereur  Ferdinand  !«■■  (1559)  et  imprimés  sur 
son  ordre  à  Mayence  {typis  Francisci  Behem).  Sur  les  changements  qui 
y  sont  proposés,  on  peut  voir  Hartzheim,  Concilia  Germanise,  t.  vi, 
fol.  741  sq.  En  1562,  ils  furent  insérés  dans  la  Formula  reformationis 
ecclesiasticœ   universis  et  sin(/ulis  episcopis ,  sacerdotihus  et  clericis   in 


CHAPITRE  I  153 

libelle  de  l'empereur  de  1548,  déjà  cité.  On  vit  bientôt  qu'il 
était  plus  facile  de  signaler  et  de  censurer  les  inconvénients,  que 
de  mettre  la  main  à  Tœuvre  pour  les  faire  disparaître,  et  on 
décida  de  s'en  tenir  à  l'ancien  Bréviaire,  jusqu'à  ce  que  le  con- 
cile général  eût  tranché  la  question. 

Travaux  des  Théatins.  —  Mais,  en  attendant,  on  n'était  point 
demeuré  inactif  dans  la  Ville  éternelle.  Parallèlement  aux  tra- 
vaux entrepris  par  Ferreri  et  Quignonez,  on  avait  tenté  une 
réforme  du  Bréviaire  en  harmonie  avec  la  haute  sagesse  et  la 
dignité  du  Saint-Siège,  se  maintenant  dans  des  limites  discrètes, 
ne  renonçant  nullement  aux  traditions  bonnes  et  éprouvées.  Et 
cette  tentative  avait  déjà  reçu  un  commencement  d'exécution. 
Une  fois  de  plus  apparurent  ici  la  prudence  et  le  coup  d'œil  sûr 
et  étendu  de  ceux  qui  tiennent  le  gouvernail  de  l'Eglise.  Du  haut  de 
leur  chaire,  ils  aperçoivent  d'un  regard  clair,  limpide,  illuminé 
par  l'Esprit-Saint,  ce  qui  reste  caché  à  ceux  qui  sont  au-dessous 
d'eux.  Le  même  pape,  en  effet,  qui  avait  confié  au  cardinal  Qui- 
gnonez  la  tâche  de  créer  un  nouveau  Bréviaire,  Clément  VII 
(1523-1534),   fut    celui    qui  donna  l'ordre  au  fondateur  de   la 


metropoli  Salisburgensi  recens  proposita  et  publicata  (Goldast,  Imperat. 
constiiut.,  Francofurti,  1713,  t.  ii,  p.  326  sq.  ;  Le  Plat,  Monumenta  ad 
hist.  conc.  Trid.,  Lovanii,  1784,  t.  iv,  p.  73  sq.).  La  même  année  (1562), 
ils  furent  présentés  par  les  envoyés  impériaux  au  concile  de  Trente  (  Le 
Plat,  t.  V,  p.  617;  Roskovàny,  t.  v,  p.  226  et  227).  La  psalmodie  et  le 
Bréviaire,  et  les  pièces  qui  s'y  rapportent,  forment,  dans  le  schéma  de 
réforme  d'Au^sbourg,  le  ch.  iv,  dans  celui  de  Salzbourg  le  ch.  vi  :  Post 
sacrificium  Missœ  circa  ciiltum  divinum  in  ecclesia  primas  tenenl  preces 
canonicœ ,  quœ  in  sepiem  horas  sinrjulari  ratione  dislributœ  sunt...  2.  For- 
ma cantionum  et  precum  illarum,  ut  quondam  ab  antiquis  ecclesiœ  patri- 
bus  et  poslremo  a  beato  Grerjorio  aliisque  ecclesiœ  recloribns  piira  ac 
sincera  tradita  ordineqiie  prescripta  est,  observelur.  Etsi  aiilem  tam  in 
cantionibiis  quam  in  libris  orationum  et  Breviariis  qiiœdam  vitia  lenipore 
videntur  irrepsisse,  quœ  rneliora  reddi  possunt...  allamen,  quia  hiec  res 
difficullatis  multuin  hahet  et  lonqiorem  deliherationem  requirit,  placuit, 
ut  antiqua  canendi  forma  et  simul  Breviaria,  quœ  haclenus  in  singulis 
diœcesibus  in  usu  fuerunt,  tam  diu  retineanlur,  donec  huic  quoque  nego- 
tio  mature  consulatur...  3.  Sunt  prieterea  quidam  in  clero  zelum  quidtm 
hahentes ,  sed  non  secundum  scienliam...  Quodsi  in  hac  re  singulorum 
affectibus  indulgebitur,  tandem  anliquus  ritus  plane  evanescel...  et  ne 
ab  his  quœ  a  patribus  staLuta  et  ab  ecclesia  recepta  sunt,  longius  disce- 
datur ,  donec  iis  de  rébus  per  concilium  générale  stalualur,  cuius  consti- 
tutionem  hoc  tempore  ordinarii  moderate  exspectare  maluerunt,  quam 
temere  aliquid  innovare  (Knôpfler,  Die  Kelcfibewegung  in  Bayera  unter 
Herzog  Albrecht,  Mûnchen,  1891,  t.  v,  append.,  p.  39  et  40). 


154  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

congrégation  des  Théatins  ou  Congregatio  clericorum  regula- 
riiim,  saint  Gaétan  de  Thienne,  et  à  son  confrère  Jean -Pierre 
Caraffa,  le  futur  pape  Paul  IV,  de  travailler  de  leur  côté  à  un 
plan  d'amélioration  du  Bréviaire. 

L'historien  des  clercs  réguliers,  Jean-Baptiste  Tufo,  raconte  que 
J.-P.  Caraffa,  dans  son  désir  d'une  célébration  aussi  digne  que  pos- 
sible de  l'office  divin  et  de  la  Messe,  avait  sollicité  pour  lui  et  pour 
son  supérieur,  saint  Gaétan,  l'autorisation  de  corriger  le  Bréviaire 
et  de  pouvoir  essayer  dans  sa  congrégation  sa  propre  révision^.  Le 
20  janvier  1529,  le  pape  Clément  VII  accordait  le  bref  Exponi 
nohis,  où  il  était  tenu  comptQ  de  la  réclamation  des  deux  fon- 
dateurs, et  d'un  bref  antérieur  du  même  pape  du  24  juin  1524^. 
Dans  ce  dernier,  autorisation  leur  avait  été  déjà  accordée  de 
faire  quelques  ordonnances  et  constitutions  pour  la  célébration 
de  l'office  :  aliquos  ordinationes  et  constitudones.  Puis  on  lisait 
textuellement  :  u  Dans  votre  zèle  pour  le  culte  divin  et  pour 
l'honneur  de  la  religion,  vous  avez  conçu  le  dessein  de  ramener 
les  saints  mystères  et  les  offices  divins,  en  usage  dans  la  sainte 
Eglise  romaine,  à  une  forme  plus  décente,  mieux  appropriée 
aux  statuts  des  saints  Pères  et  des  canons ,  et  qui  pût  aider  à  la 
dévotion  des  auditeurs  et  des  célébrants.  Vous  désirez  que  nous 
examinions  ce  travail,  afin  que  dans  la  suite  nous  décrétions, 
s'il  y  avait  lieu,  qu'il  devînt  d'un  usage  public  dans  l'Eglise^.  » 


1  Desideroso  il  P.  D.  Giovan  Petro  CaralTa,  che  il  culto,  che  s'offerisce 
a  Dio  nelta  Messa  e  neU'Ufficio,  fosse  hen  ordinato...  fece  presentar  sup- 
pUcatione  a  papa  Clémente  setlimo  ianlo  in  siio  nomine  quanto  in  nome 
del  lî.  P.  D.  Gaetano  Thieni  e  degli  altri  compaçfni...  e  se  n'ottenne  il 
supracilaio  e  da  hasso  registrato  Brève  l'anno  lr)'29  nel  tempo,  ch'eglino 
dimoravnno  a  Ve:ietia,  dove  s'erano  ricoverati  dope  l'empio  e  lagrimevol 
sacco  di  Borhone.  E  in  virtù  délia  facoltà  lor  conceduta  si  diedero  alla 
composilione,  ritornando  in  uso  gli  antichi  e  disusati  riti  e  le  antiche 
Lettioni  e  Homilie  de'santi  Padri,  togliendo  via  le  Historié  apocrife  e  moite 
Homilie  d'Origene  e  d'allri  somigliante,  ordinando  nove  ruhriche  piii 
chiare  e  dislinte  di  quelle  ch'erano  all'ora  (Tufo,  Hisioria  délia  religione 
de'  Padri  Cherici  regolari,  Roma,  1009-1616,  t..  ii ,  c.  xcvi,  p.  8-13). 

*  Il  lîorte  celte  suscriplion  :  loanni  Petro  episcopo  Theatino  et  dilectis 
filiis  Caielano  preshgtsro  Vicentino  ac  eorum  sociis  et  successoribus,  cle- 
ricis  regularibus  nuncupatis  (Tufo,  loc.  cit.,  t.  u,  p.  12). 

3  Vos  religionis  ac  dirini  cultiis  honore  ac  fervore  succensi  Missas  et 
divina  Officia,  quihus  S.  B.  Ecclesia  nunc  iititur,  ad  certiim  modum... 
decentiorem,  SS.  Patruia  et  canonum  stalutis  conuenientiorem  magisque 
aptum  profectui  celebrantiam  et  devolioni  audientiiim  excogitastis  :  quem 
componere  desideratis,  Nobis  et  sedi  Apostolicœ  postea  offerendum,  ut  ex 


CHAPITRE  I  155 

Le  pape  déclarait  ensuite  qu'il  permettait  aux  clercs  réguliers  de 
se  servir,  dans  la  célébration  de  l'office  divin  au  chœur  ou  dans 
la  récitation  privée,  du  Bréviaire  ou  de  Toffice  corrigé  par  eux, 
afin  qu'ils  apprissent  mieux  par  la  pratique  ce  qui  convenait  et 
ce  qui  ne  convenait  pas.  Il  les  dispensait  pour  le  moment  de 
l'office  romain  et  de  l'obligation  d'employer  le  Missel  romain , 
comme  aussi  de  l'obligation  de  l'office  de  la  sainte  Vierge  et 
d'autres  offices  surérogatoires  attenta  occupatione  vestra;  mais  il 
défendait  pour  toute  autre  personne  l'usage  ou  la  lecture  de 
l'office  et  du  BréA^iaire  nouveaux  ou  corrigés,  avant  que  le  Saint- 
Siège  ait  pris  connaissance  de  l'affaire  et  lui  ait  donné  son 
approbation  canonique  ^ 

Muni  de  ce  privilège,  Garaffa  se  mit  courageusement  à 
l'œuvre.  Les  deux  historiens  des  clercs  réguliers,  Tufo  et  Silos, 
nous  renseignent  sur  la  méthode  qu'il  suivit  ;  le  premier  s'appuie 
sur  une  lettre  de  don  Geremia  da  Salô,  contemporain  de  Garaffa. 
On  y  voit  que  les  homélies  d'Origône  et  d'autres  analogues  furent 
mises  de  côté,  les  rubriques  remplacées  par  de  nouvelles,  mieux 
ordonnées  et  plus  claires.  De  plus,  les  bénédictions  «  peu  conve- 
nables ))  avant  les  leçons  furent  changées^.  On  ne  voit  pas  bien 
ce  qu'il  faut  entendre  par  ce  terme  de  «  changées  ».  Peut-être 
l'historien  ne  s'est-il  pas  rendu  exactement  compte  du  terme 
qu'il  employait ,  car  dans  la  plupart  des  Bréviaires  de  la  fin  du 
xve  siècle  et  du  début  du  xvi^,  je  pourrais  dire  dans  tous  ceux 
que  j'ai  eus  sous  les  yeux  et  qui  ont  été  donnés  comme  Brevia- 
ria  secundum  usum  ou  ritiim  romanœ  Curiœ,  les  Ahsoluliones 
Nocfurnorum  et  les  trois  ou  les  neuf  Benedictiones  ante  Lectio- 


illius  inspectione,  an  piihlico  ecclesiarum  usai  tradendus  sit ,  deceruere 
possimus  (Tufo,  loc.  cit.). 

1  Volumus  aulem  vohisque  in  virlule  sanctse  obedientise  inhibemus ,  ne 
dictum  moduni  per  vos  componenduni  nliciii  alteri  ad  utendum  et  legen- 
dum  iradatis,  antecjuam  ille  per  vos  ad  Nos  missus  et  a  Nobis  et  ab  hac 
sancta  sede  f'ueril  canonice  approhatus  Clemens  ^'II,  clans  Tufo,  loc  cit. 
Cf.  Silos,  Ilisloria  clericorum  regulariiim  a  conc/regatione  condita,  pars 
prior,   Romaj,  1650,  t.  i,  p.  94-97,  lib.  III,  ad  an.  1528  et  1529). 

2  Sua  Sanlilà  f  Paolo  IV)  mutô  a  Notlurni  le  heneditfioni  men  gravi  e 
aulentiche,  accommoda  le  rubriche  deU'Avvento ,  le  (juali  erano  assai  con- 
fusi,  abbrevio  ihora  di  Prima,  che  si  recitava  la  Domenica  sovarchia- 
mente  lunga,  sceinandone  cinque  salmi ,  e  sono  quel  che  sono  stati  repar- 
tili  nelle  ferie  fra  la  Settimana  nella  medesima  hora  di  Prima,  dispose 
meglio  la  Compléta,  stabili  che  délia  Domenica  la  commemoratione  almeno 
mai  non  si  lasciasse. 


156  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

nés  sont  absolument  les  mêmes  que  celles  que  nous  avons 
aujourd'hui  à  YOfficinm  de  tempore  aussi  bien  qu'à  VOfficium 
de  Sancds^.  Elles  ne  s'écartent  de  ces  dernières  que  dans  les 
Bréviaires  non  romains.  Caraffa  en  aurait-il  proposé  d'autres 
qui  plus  tard  furent  de  nouveau  supprimées  ?  Je  l'ignore.  Tufo 
ou  Salô  rapporte  aussi  que  GarafTa  avait  mis  en  ordre  et  ren- 
du claires  les  rubriques  pour  l'Avent,  jusque-là  passablement 
obscures,  notablement  abrégé  Prime  du  dimanche,  et  mieux 
((  disposé  )>  les  Compiles^. 

Lorsqu'un  autre  office  tombait  un  jour  de  dimanche,  la  com- 
mémoraison  de  ce  dernier  ne  devait  jamais  être  supprimée. 
Caraffa  donnait  des  homélies  de  saint  Léon  le  Grand  aux  deux 
offices  de  la  Groix  ;  à  celui  de  sainte  Agnès ,  il  attribuait  le  ser- 
mon de  saint  Ambroise ,  tiré  du  deuxième  livre  De  Vircjinibus, 
et  à  celui  de  saint  Thomas  de  Gantorbéry  le  récit  abrégé  de  son 
martyre.  Il  remplaçait  quelques  hymnes  par  d'autres  «  plus  har- 
monieuses »^,  notamment  celles  de  la  fête  de  la  Transfiguration 
et  de  la  fête  de  la  sainte  Trinité.  Il  proposait  encore  d'autres 
changements   qui   seraient   d'un  grand  profit  spirituel  pour  les 


1  Qu'on  compare,  par  exemple,  le  Breviariiim  secundum  consuet.  ro- 
manse  Curiœ,  Venetiis,  147S,  fol.  63  sq.  et  fol.  468  sq.,  ou  éd.  Pai-is,  1509, 
Propr.  de  Tempore,  fol.  1,  Propr.  Sanctoriim,  fol.  8,  item  Commune 
Sanctorum,  etc.,  avec  les  pièces  correspondantes  du  Breviariiim  roma- 
niim,  tel  que  nous  l'avons  aujourd'hui. 

2  On  ne  voit  pas  clairement  comment  Caralîa  put  mieux  disposer  les 
Complies.  En  effet,  on  trouve  dans  les  Bréviaires  de  la  Curie  romaine  du 
xv«  siècle  la  môme  disposition  que  dans  ceux  d'aujourd'hui.  Mais  l'hymne 
Te  Incis  unie  terminum,  qui  jadis  alternait  avec  la  belle  hymne,  Chrisle, 
qui  lux  es  et  dies,  est  seule  demeurée.  Il  est  vrai  que,  dans  les  Bréviaires 
des  autres  églises,  Complies  était  quelque  peu  différent.  Le  Breviarium 
Curiœ  avait  cependant  déjà,  à  ce  qu'il  semble,  abandonné  l'ancienne  pra- 
tique et  supprimé  aussi  l'hymne  Veni,  Redemplor  cjenlium,  la  veille  de 
la  Noël  et  aux  Compiles  de  l'Avent. 

3  Nella  Trasfiguratione  del  Signore  mutô  alicuni  Hinni,  che  non  erano 
hen  consonanti;  e  il  simiçjlianle  fece  ancora  in  quella  délia  santissima 
Trinità...  (Tufo,  lac.  cit.).  Silos  est  encore  plus  explicite  lorsqu'il  dit  : 
AhrogaliK  fuerunt  per  eum  qaamplures  martyrum  historiée,  inductse 
sanctorum  clarorumque  Palrum  homilix,  expunc.tis  iis ,  quœ  ex  Origene 
et  Eusehio  Emisseno  aliisque  suspecti  nominis  legebanlur.  Absona  huma- 
niorihus  aurihus  cum  vcrba  tum  hymnorum  metra  suis  numeris  et  ele- 
ganlite  reddita;  aptx  concinnœque  respondcntes  inter  sese  rubricœ  appo- 
sitœ;  denique  nihil  prius  fuit  quam  ut  opus  pêne  révoquèrent  (los.  Silos, 
Historia  clericor.  regular.,  t.  i,  p.  96.  Cf.  Bolland.,  Acla  sanct.,  Augusti  t.  it, 
die  7,  n.  50). 


CHAPITRE  I  157 

personnes  désireuses  de  rendre  dignement  à  Dieu  le  tribut  de  la 
prière  ^ . 

Le  travail  se  heurta  pourtant  à  beaucoup  de  difficultés.  CarafTa 
avait  hâte  d'en  finir.  Il  présenta  son  projet  à  la  curie  et  pria  à 
diverses  reprises  Giberti  d'activer  l'affaire  auprès  du  pape.  Tout 
fut  inutile.  Plein  de  circonspection,  Clément  VII  voulait  toujours 
entendre  de  nouveaux  conseils  avant  de  donner  une  décision.  Et 
de  la  sorte  cette  réforme  ne  put  pas  recevoir  de  son  viA^ant  de 
conclusion  satisfaisante^. 

Les  tendances  classiques  ou  humanistes  de  ses  successeurs, 
Paulin  (1534-1549),  sous  le  pontificat  duquel  parut  le  Breviarium 
Sanctœ  Crucis,  et  Jules  III  (1550-1555)  (Marcel  II  ne  régna  que 
quelques  semaines),  laissaient  peu  d'espoir  qu'une  suite  favorable 
fût  donnée  à  l'affaire  et  qu'on  aboutît  à  un  résultat  satisfaisant.  Ca- 
raffa,  fatig  ué  de  cette  longue  attente ,  pria  le  pape  (on  ne  sait  si  c'était 
Paul  III  ou  Jules  III)  de  le  dispenser  de  l'obligation  de  réciter 
l'ancien  office^.  Si  l'on  en  croit  quelques  auteurs  *,  il  se  serait 
accommodé  sur  ses  vieux  joui^s  de  réciter  le  Bréviaire  de  Qui- 
gnonez.  Ce  fait  paraît  peu  croyable.  Il  est  trop  en  opposition 
avec  la  façon  d'agir  antérieure  et  postérieure  de  l'évêque,  du 
cardinal  et  du  pape.  Il  serait  plus  juste  de  supposer  qu'il  avait 
demandé,  avec  la  «  dispense  de  l'ancien  Bréviaire  »,  l'autorisa- 
tion de  se  servir  de  sa  composition  personnelle  ou  d'un  exem- 


■•  E  nwll'altri  miylioranienti  ancora,  che  reciirono  molto  coniento  ed 
ajulo  di  spirito  aile  persone  desiderose  di  porger  a  Dio  sacrifie] ,  laudi  e 
preci  ordinale  (Tufo,  Hisloria  délia  relig.  de'  Padri  Cherici  reg.,  t.  n, 
p.  13).  Il  y  est  aussi  rapporté  que  la  cong^régation  des  Clercs  réguliers 
décréta  au  chapitre  général  tenu  à  Saint- Sylvestre,  à  Rome,  en  1561, 
c'est-à-dire  après  la  mort  de  Paul  IV,  que  sa  réforme,  bien  qu'elle  fût 
incomplète  {hen  che  non  fosse  interamente  conipiiila  ) ,  serait  maintenue 
provisoirement. 

2  Enimvero  ut  alibi  de  Clemenlis  VII  morihits  statuimus,  eius  illa 
indoles  fuit,  ut,  quantum  iudicii  perspicuitate  in  arduis  rehus  conci- 
piendis  valeret,  tantum  in  iisdem  expediendis  lentus  erat  incertusque 
aninii;  prolixa  consilia...  ac  morse.  Quod  patres  noslri  lucuhrarunt ,  gravi 
cuni  eorum  sensu,  domestica  intérim  lare  sinuque  delituit  (Silos,  loc.  cit., 
p.  96). 

3  Soi-disant  à  cause  de  la  faiblesse  de  son  âge  et  de  sa  maladie,  en 
réalité  à  cause  des  inepta  officia,  qu'il  ne  pouvait  supporter,  dit  Silos, 
loc.  cit. 

*  Schmid,  Sludien  iiher  die  Reform  des  rômischen  Breviers  und  Mis- 
sale  unter  Plus  V,  dans  Tûh.  Quartalschrift ,  1884,  p.  479,  480. 


158  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

plaire  corrigé  par  lui.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  ne  fut,  dans  tous  les 
cas,  que  pour  peu  de  temps.  En  effet,  à  peine  fut-il  monté  sur  le 
siège  de  Pierre,  sous  le  nom  de  Paul  IV  (1555-1559),  qu'il 
reprit  son  travail  avec  l'aide  de  ses  fidèles  conseillers,  en  parti- 
culier de  son  confrère  en  religion  ,  le  cardinal  Bernardino  Schotlo, 
évêque  de  Trani,  de  son  confesseur  Geremia  Isachino  et  de  Guil- 
laume Sirleto,  qu'il  créa  protonotaire.  Le  pape  prit  la  coutume 
de  réciter  l'office  dans  sa  chapelle  privée,  avec  les  trois  prélats 
que  nous  venons  de  nommer,  et  par  là  il  joignait  la  pratique  à 
la  théorie. 

Paul  IV  (Caraffa).  —  Dès  le  10  août,  peu  après  son  intronisa- 
tion, Paul  IV  adressait  un  décret  aux  autorités  ecclésiastiques 
de  Rome  et  aux  nonces  de  l'étranger  pour  leur  défendre  d'accor- 
der à  l'avenir  de  nouveaux  privilèges  relativement  à  l'office  et 
de  permettre  l'usage  du  Bréviaire  de  Quignonez.  Et,  de  fait, 
autant  qu'il  est  possible  de  le  constater,  il  ne  parut  plus  à  Rome, 
à  partir  de  cette  époque  (1556),  d'autre  édition  du  Breviarium 
Sanclœ  Crucis. 

Tufo  et  Silos  nous  ont  déjà  dit  en  quoi  consistaient  les  travaux 
du  pape,  qui  s'appliquait  sans  relâche  à  sa  réforme  liturgique. 
Ces  historiens  ont  en  vue.  dans  leurs  récits  le  Bréviaire  revu  par 
Paul  IV  et  adopté  par  le  chapitre  général  des  Théatins  de  1561  '. 
Leur  travail  n'entre  pas  dans  d'autres  détails.  Le  pape  mourut 
avant  d'avoir  pu  achever  et  publier  son  Bréviaire  réformé.  Il 
était  dans  les  plans  de  la  Providence  de  soumettre  les  projets  à 
un  plus  mûr  examen  et  de  les  faire  définitivement  admettre  et 
sanctionner  par  l'autorité  d'un  concile  œcuménique  et  d'un  saint 
pape. 

Cependant  un  acte  de  Paul  IV  relatif  au  Bréviaire  ou  au 
Calendrier  mérite  encore  une  courte  mention.  Le  14  janvier  1558, 
il  prescrivit  en  consistoire  solennel ,  et  sur  un  rapport  de  Guil- 
laume Sirleto,  que  désormais,  outre  la  fête  de  la  Cathedra  S. 


1  Cf.  Antonio  Carracciolo,  Vila  di  Paolo  IV  seu  loannis  Pelri  Caraffa 
(manuscrit  de  la  ^'aticane  en  trois  volumes),  codd.  Ottobon.  617,  6IS,  619. 
Puis  Vita  del  sommo  pontefice  Paolo  IV  e  Meniorie  d'allri  cinquanta 
Padri,  RaccoUe  di  P.  D.  J.  B.  Cartaldo,  Roma,  1615;  et  Tufo,  loc.  cit., 
supplem.  13.  Le  cod.  Ollobon.  3152  contient,  p.  54  et  suiv.,  un  estrallo 
del  Diario  di  Paolo  IV  de  Vincenzo  Belli.  [G.  Duruy,  Le  cardinal  Carlo 
Carafa  (1519-1561),  étude  sur  le  pontificat  de  Paul  IV ,  Paris,  1882. 
Tr.] 


CHAPITRE  I  159 

Pétri  du  22  février,  on  fêterait  aussi  la  Cathedra  Romana,  au 
18  janvier^. 


'  Cod.  Vatic.  6150  et  archives  consistoriales,  Constit.  Pauli  IV,  fol.  648. 
Cf.  les  détails  sur  ce  point  dans  Schmid  {op.  cit.,  p.  481,  n.  1  )  et  l'article 
du  Dr  W.  Esser,  dans  le  Katholik,  Mainz,  1890,  p.  321  sq.,  441  sq.  Aux 
codices  cités  par  Schmid,  qui  ont  une  festum  Cathedrse  au  18  janvier,  on 
pourrait  en  ajouter  un  grand  nombre  d'autres  plus  anciens,  par  exemple 
cod.  Parisinus  (Bibl.  nationale)  10  837,  fol.  iv,  qui  date  du  viii«  siècle; 
cod.  Ambrosian.  de  Milan,  D.  84  (du  x«  siècle),  fol.  260  b;  Sacramentar. 
Bobbiense ,  du  \n<^  siècle,  dans  Mabillon,  Mus.  ital.,  t.  i,  part.  2,  p.  273; 
et  Clm.  15818,  du  viii«  siècle,  de  la  bibl.  municipale  de  Munich.  Du  reste 
on  peut,  à  l'opinion  soutenue  par  de  Rossi  et  Stevenson,  qu'on  célébrait 
au  18  janvier  la  première  arrivée  et  la  première  pose  de  la  Cathedra  dans 
le  Cœmeterium  Ostrianum,  comparer  celle  de  Duchesne  (Origines  du 
culte  chrétien,  Paris,  1889),  d'après  laquelle  la  fête  du  22  février  aurait 
été  renvoyée  pour  la  première  fois  en  Gaule  au  18  janvier,  à  cause  du 
temps  quadragésimal. 


CHAPITRE    II 

LA  QUESTION  DE  LA  RÉFORME  DU  BRÉVIAIRE 
AU  SAINT  CONCILE  DE  TRENTE 


Comme  on  le  voit  par  le  rapport  de  Jean  d'Arze,  cité  plus 
haut  (p.  141  sq.) ,  les  théologiens  et  les  Pères  du  concile  de 
Ti'ente  s'occupèrent  de  la  question  des  réformes  liturgiques  et 
en  particulier  de  celle  du  Bréviaire  (parce  que  d'elle  dépendait 
la  correction  du  Missel),  dès  la  première  période  de  ce  concile 
(1545-1547)  et  dans  la  seconde  période  (1547-1551-1552) ^  Tou- 
tefois ce  ne  fut  que  dans  les  dernières  années  de  la  tenue  du 
concile  (18  janvier  1562  au  4  décembre  1563),  sous  Pie  IV, 
qu'on  les  étudia  plus  en  détail.  Saint  Charles  Borromée  en  par- 
ticulier fit  beaucoup  pour  l'avancement  des  travaux. 

Demandes  de  réforme.  —  L'empereur  Ferdinand  !«''  (1558- 
1564),  sur  la  demande  de  Charles-Quint  et  de  la  diète  d'Augs- 
bourg,  avait  fait  préparer  par  l'évêque  de  Gurk,  Urbain,  par 
les  conseillers  impériaux  Gienger,  Seld  et  Singkmoser,  et  par  les 
théologiens  Cithard  et  Staphylus ,  un  plan  de  réforme  et  l'avait 
fait  envoyer  à  son  ambassadeur,  qui  devait  le  communiquer  aux 
légats  du  concile.  Les  articles  xi  et  xn  de  cette  pièce,  déjà  publiée 
par  Edmond  Martène^,  réclament  avec  insistance  plus  de  piété  et 


1  D'après  Graucolas  (Commentarius  historicus  in  j^otnanum  Brevia- 
riiivi,  Antwerpiae,  1734,  lib.  I,  c.  v,  p.  10),  la  demande  adressée  d'Aug-s- 
bourg-  au  concile,  en  1548,  par  l'empereur  Charles- Quint,  portait  :  Bre- 
viarium  in  formant  precum  et  orationum  ah  antiquis  Ecclesise  Patribas  et 
Rectoribus  iraditam prsescriptamque  redigendum  esse.  Apocrypha  parum- 
que  ad  sincerum  cultum  pertinentia  a  Breviariis  resecanda,  a  viris  piis 
et  doctis  emendanda. 

^  Summarium  petitionum  Cœsaris  super  reformatione ,  dans  Martène  et 
Durandus,  Veteram  scriptorum  et  monumentoruni  ecclesiasticorum  et 
dogmaticoruni  ampLissima  collectio,  Paris,  1724-1733,  t.  viii,  fol.  1426. 
Mieux  encore  Sickel,  Das  Reformalionslibell  des  Kaisers  Ferdinand  1 
vom  Jahre  1C>62,  Wien ,  1871.  Sur  ce  point  et  sur  tout  le  chapitre  suivant, 
qui  traite  du  concile  de  Trente  et  de  la  réforme  sous  Pie  V,  on  peut  voir 
l'article  déjà  cité  et  très  solide  du  D^  Schmid,  dans  la  Tûh.  Quartalschrift, 


CHAPITRE  II  161 

de  dévotion  dans  la  célébration  de  l'office ,  et  aussi  Texamen  atten- 
tif et  la  coi-rection  du  Bréviaire.  Le  saint  concile  devrait  surtout 
prendre  soin  de  retrancher  des  livres  de  l'office  tout  ce  qui  s  y 
était  glissé  de  déplacé  et  d'apocryphe  dans  le  courant  des 
siècles,  d'abréger  les  prières  trop  longues  et  d'en  réduire  le 
nombre  ;  car  il  vaudrait  beaucoup  mieux  ne  réciter  que  cinq 
psaumes  avec  dévotion  et  plaisir,  que  tout  le  psautier  avec 
dégoût  et  ennui.  On  ne  devrait  emprunter  le  texte  de  l'office  qu'à 
la  sainte  Ecriture,  aux  œuvres  des  Pères  et  aux  légendes  authen- 
tiques. 

Les  légats  ou  présidents  du  concile  ne  présentèrent  pas  au 
synode  cette  pièce  telle  qu'ils  l'avaient  reçue,  ils  ne  la  commu- 
niquèrent pas  dans  son  entier;  mais  ils  en  firent  des  extraits 
qu'ils  donnèrent  aux  Pères  du  concile,  comme  pouvant  servir 
de  base  à  des  délibérations  plus  développées.  On  informa  pour- 
tant les  envoyés  impériaux  que  la  revision  du  Bréviaire  serait 
confiée  à  la  Commission  chargée  de  la  composition  de  V Index 
librorum  prohihilorum.  On  devait  d'ailleurs  peu  espérer,  ainsi 
que  le  pape  l'avait  déjà  fait  entendre  à  saint  Charles  Borromée^ , 
de  voir  déprécier  le  rite  traditionnel  de  l'Eglise  romaine,  en  usage 
depuis  Grégoire  'VII ,  et  amoindrir  par  la  diminution  du  Pensum 
servitutis  l'office  divin  qui  était  la  tâche  du  clergé'. 

Le  cardinal  de  Lorraine,  Charles  de  Guise,  arrivé  à  Trente 
le  13  novembre  1562  avec  quinze  prélats  français,  avait  ordre, 
au  nom  de  Charles  IX  (1560-1574)  ou  de  sa  mère,  Catherine  de 
Médicis,  et  des  États  généraux  de  France,  de  revenir  avec  insis- 


1884,  p.  621  sq.  Là  aussi  (p.  622,  note)  est  indiqué,  d'après  les  remarques 
de  Seld  sur  l'abdication  de  Charles-Quint  et  la  succession  de  Ferdinand  \^^, 
le  reproche  adressé,  entre  autres,  au  pape  Paul  IV  :  «  Qu'il  a  promis 
une  réforme  considérable,  mais  que  jusqu'ici  cette  réforme  s'est  bornée 
presque  uniquement  à  ce  que  quelques  fêtes  de  saints  sont  devenues  doubles 
ou  ont  été  transférées  d'un  jour  à  un  autre,  et  à  ce  qu'on  a  changé  la 
prière  commune  du  Bréviaire,  à  la  grande  joie  et  aux  grandes  moqueries 
de  ceux  qui  sont  opposés  à  l'ancienne  Eglise.  »  (Goldast,  Polilische 
Reichshiindel ,  Frankfurt,  1614,  p.  199.) 

1  Lettre  de  saint  Charles  du  7  novembre  1562  aux  légats.  L'original  se 
trouve  à  la  bibl.  ambrosienne  de  Milan  (cod.  J.  IW,  p.  404).  Une  copie 
est  aux  Archives  du  Vatican  (Concil.  Trident.,  cod.  108,  fol.  265).  Là  aussi, 
Concil.  Trident,  cod.  47 ,  fol.  312  à  320  h  :  Discorso  sopra  il  Breviario 
nuovo,  contient  des  propositions  de  corrections  et  un  rapport  sur  ce  qui 
est  encore  à  faire  sur  ce  point. 

2  Roskovâny,  Cselih.  et  Brev.,  t.  v,  p.  i.x  et  226  sq. 

Brév.,  t.  II.  11 


162  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

tance  sur  le  projet  suivant  :  on  exécutera  Toffice  divin  pure  et 
rite;  les  cérémonies  et  les  prières  seront  expurgées  de  tout  élé- 
ment superstitieux*. 

Saint  Charles  Borromée  avait  envoyé  aux  légats ,  afin  qu'ils 
en  prissent  connaissance ,  un  promémoire  de  Tévêque  espagnol 
dOsca  ou  Huesca  sur  le  Bréviaire,  avec  l'ordre  d'appeler  l'au- 
teur à  Trente,  pour  y  discuter  avec  lui  des  décisions  à  prendre^. 
L'évêque  espagnol  se  plaint,  dans  cette  pièce,  que  le  Bréviaire 
romain  ait  été  supplanté  par  celui  de  Quignonez  dans  un  grand 
nombre  d'églises  d'Espagne,  où  on  l'emploie  aussi  au  chœur, 
malgré  la  défense  expresse  de  Paul  III.  Si  Ton  voulait  conserver 
purs  le  culte  chrétien  et  l'unité  de  la  liturgie  prédominante  aussi 
en  Espagne  depuis  Grégoire  VII,  il  fallait  mettre  de  côté  les 
récentes  nouveautés  et  rétablir  purement  et  simplement  le 
bon  ancien  Bréviaire  romain  avec  les  corrections  projetées  par 
Paul  IV\ 

Plan  des  légats.  —  Les  légats  prirent  aussitôt  l'alTaire  en  main, 
et  dès  le  23  novembre  de  cette  même  année  1562  ils  pouvaient 
annoncer  à  Rome  qu'ils  avaient  terminé  un  plan  de  décret  qu'ils 
envoyaient  au  pape  Pie  IV  et  à  son  secrétaire  d'Etat,  le  cardinal 
Charles  Borromée,  en  même  temps  que  leur  lettre"*. 

Comment  Pie   IV  et  Charles  Borromée    accueillirent- ils    ce 


1  Ut  peteret  urgcrctque,  qao  divina  officia  pure  ac  rite  peragantur, 
rescissisque  superstitionihus  cœrimoniœ  precesque  emendarenlur  (Gran- 
colas,  Comment,  in  Breviar.,  lib.  I,  c.  v,  p.  10).  Cf.  Fleury,  Hisl.  eccl., 
t.  xxiii,  p.  14;  D.  Gucranger,  Inst.  liturcj.,  t.  i,  c.  xv,  p.  412. 

*  La  pièce  commence  :  Quia  licentia  dicendi  officium  novum  eo  proces- 
sit,  ut  contra  bullam  Pauli  III,  etc.  Une  copie  se  trouve  aux  archives  du 
Vatican  {Concil.  Trident.  lOS,  fol.  266).  Elle  fut  envoyée  à  Trente  sous  la 
date  du  7  novembre  1562. 

3  Idcirco  episcopus  Oscensis  notnine  lolius  recjni  Arragoniœ  proponit 
sanctse  Synodo,  ut  vêtus  officium  romanum  ad  velerem  possessionem  resti- 
tuatur  iuxta  decrelum  Gregorii  VII.  Ut  autem  hoc  neyolium  maturiorem 
et  commodiorem  effeclum  sortiatur...  antiquum  Breviarium  romanum, 
quod  fel.  rec.  Pauli  IV  cotisilio  et  auctorUate  cœptum  est...  ad  finem 
ordine  instituto  perducalur.  Potest  autem  tola  res  cngnosci  ex  Rev.  P. 
D.  Ilieremia,  qui  Veneliis  commoratur,  quo  idem  pontifex  cum  RvWio 
D.  cardinali  Tranensi  et  cum  Hvmo  D.  protonotario  Sirleto  et  forte  aliis... 
(Archiv.  vatic,  Concil.  Trident.,  cod.  108,  fol.  276). 

•*  Mandiamo  a  V.  J.  S.  la  forma  del  decreto,  che  havemo  pensato  di 
fare  sopra  quella  pratica  del  ufficio  nuovo,  e  ne  desideramo  il  sno  parère 
(Archiv.  valic,  Concil.  Trident.,  t.  i.x,  Lettere  degli  Legati ,  sans  chiffre 
de  la  page.  Lettre  du  23  nov.  1562). 


CHAPITRE  II  163 

projet?  Les  pièces  que  nous  avons  pu  consulter  ne  nous  le  font 
pas  connaître.  Toujours  est -il  que  Borromée  donna  le  2  décembre 
communication  aux  légats  de  la  réponse  du  pape.  Celui-ci  avait 
lu  le  décret  Sopra  il  recitar  roffîcio  et  il  s'en  remettait  aux 
légats  du  soin  d'ordonner  le  reste,  et  de  mener  à  bonne  fin, 
selon  leur  bon  plaisir,  la  résolution  dont  il  s'agissait. 

La  question  du  Bréviaire  fut  à  ce  moment  ajournée  pour  un 
temps.  Des  discussions  très  orageuses  s'engagèrent,  en  effet,  au 
sujet  de  la  primauté  papale  et  de  l'origine  de  la  puissance  et  de 
la  juridiction  épiscopales  ;  elles  se  poursuivirent  durant  plusieurs 
mois,  et  le  secrétaire  d'Etat  et  les  légats  durent  concentrer  tous 
leurs  efforts  et  toute  leur  habileté  pour  mettre  d'accord  les 
esprits  opposés.  La  mort  du  cardinal  de  Mantoue  (2  mars  1563) 
et  la  visite  de  l'empei'eur  à  Innsbruck  amenèrent  de  nouveaux 
troubles.  Un  des  légats  avait  été  saluer  l'empereur  au  nom  du 
pape,  tandis  qu'un  envoyé  du  concile  avait  été  expédié  à  Rome 
pour  y  demander  la  conduite  à  suivre  au  sujet  des  questions  les 
plus  épineuses.  Ce  n'est  que  le  24  juin  156-3  que  nous  retrou- 
vons des  indices  de  la  reprise  de  la  question  du  Bréviaire  ^  A 
cette  date,  en  effet,  les  légats  demandent  à  saint  Charles  l'envoi 
des  travaux  de  préparation  de  Paul  IV  et  d'un  Missel  revu  par 
Alexandre  Pelegrino.  Tout  cela  devait  se  trouver  en  la  posses- 
sion du  cardinal  de  Mantoue.  Il  conviendrait  de  désigner  pour 
la  revision  du  Bréviaire  une  Commission  qui  prendrait  pour 
base  les  travaux  de  Paul  IV.  Le  22  juillet,  les  légats  donnèrent 
acte  de  la  réception  des  pièces  susmentionnées  et  de  l'exemplaire 
corrigé  par  Paul  IV,  et  de  nouveau  réclamèrent  le  prompt  envoi 
du  rapport  de  la  Commission  promis  par  le  cardinal  de  Trani , 
Bernardin  Schotto". 

La  Commission  de  revision.  —  Nous  ne  possédons  aucun  ren- 
seignement précis  sur  la  session  de  la  Commission  du  bréviaire 
à  Trente;  mais  comme  les  légats,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut, 
avaient  déclaré  à  l'envoyé  impérial  qu'ils  voulaient  confier  aux 


1  Archives  du  Vatican,  Concil.  Trident.,  cod.  108,  fol.  313. 

2  Pallavicini,  Storia.  del  concilio  di  Trente,  lib.  XIX,  c.  xii  sq.;  lib.  XXII, 
c.  IX.  Archives  secrètes  des  papes,  Bibl.  Pia ,  vol.  cxxxiii;  item,  Archiv. 
vatic,  Concil.  Trident.,  cod.  85  et  108.  Schmid,  dans  Tiib.  Quarlalschrift, 
1884,  p.  625.  Sylvain,  Hist.  de  S.  Charles,  Lille,  1884,  p.  196-214.  lulii  Pogiani 
Sunensis  Epistolse  et  orationes,  éd.  Lagoniarsinius ,  Romœ,  1756-1768, 
t.  II,  p.  xviii  sq.,  n.  32,  et  p.  xxxii. 


164  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Pères  chargés  de  V Index  lihrorum  prohihiloriim  la  tâche  de 
reviser  le  Bréviaire,  il  est  permis  de  supposer  avec  Schmid* 
que  la  Commission  de  l'Index  et  celle  du  Bréviaire  n'en  formaient 
qu'une  seule^.  Le  fait  qu'au  moins  trois  des  Pères  du  concile, 
qui  plus  tard  prirent  part  aux  travaux  de  la  correction  du  Bré- 
viaire à  Rome,  appartenaient  à  la  Commission  de  l'Index  à 
Trente,  vient  confirmer  cette  hypothèse^.  Ces  Pères  sont  : 
1"  Leonardo  Marini,  archevêque  de  Lanciano ,  plus  tard  évêque 
d'Albe,  natif  de  Gênes  et  dominicain.  Les  six  papes  qui  se  suc- 
cédèrent de  Jules  III,  1550,  à  Grégoire  XIII,  lui  donnèrent  sou- 
vent des  charges  importantes  et  des  postes  de  confiance  ;  ils  le 
chargèrent  en  particulier  de  la  visite  de  certains  diocèses  et  l'en- 
voyèrent comme  légat  auprès  de  l'empereur  et  des  rois  d'Espagne 
et  de  Portugal.  Il  mourut  en  1573*.  —  2"  Muzio  Calinio,  arche- 
vêque de  Zara,  un  des  membres  les  plus  actifs  du  concile,  plus 
tard,  après  l'achèvement  de  la  réforme  du  Bréviaire,  évêque  de 
Terni,  où  il  mourut  en  renom  de  sainteté,  le  6  avril  1570.  — 
3"  Egidio  Foscarari ,  dominicain,  né  à  Bologne.  Durant  son  épis- 
copat  à  Modène  (où  il  succédait  à  Morone),  il  fut  injustement 
emprisonné,  le  21  janvier  1558,  par  le  pape  Paul  IV,  sous  le 
soupçon  d'hérésie  ;  mais  il  fut  délivré  après  huit  mois  d'une  capti- 
vité peu  rigoureuse,  et  déclaré  entièrement  libre  le  l""  janvier 
1560  par  décret  du  cardinal  légat  Ghisleri  (le  futur  pape  Pie  V). 
II  se  fit  remarquer  par  sa  grande  charité  et  mourut  le  21  jan- 
vier 1565. 


»  P.  625. 

2  Mar  BatifFol  se  rallie  également  à  cette  opinion.  On  peut  le  suivre 
sans  réserve,  car  il  connaît  à  fond  les  pièces  des  archives  et  des  biblio- 
thèques romaines  relatives  A  ces  questions  (cf.  Batiffol,  La.  Vaticane  de 
Paul  m  à  Paul  IV,  Paris,  1890;  Hist.  du  Bréviaire  romain,  p.  237 
et  239). 

3  Cf.  Theiner,  Acta  genuina  SS.  OEcumenici  concilii  Tridenlini,  Zagra- 
bia;,  1874,  t.  i,  p.  616;  Reusch,  Der  Index  der  verbotenen  Bûcher,  Bonn, 
1883,  t.  I.  De  même  qu'ils  avaient  travaillé  au  Bréviaire  et  au  Missel,  ces 
trois  prélats  collaborèrent  aussi  avec  plusieurs  autres  au  Calechisnius 
romanus.  Ils  sont  nommés  comme  membres  de  la  Commission  du  Bré- 
viaire par  Foscarari  (De  officio  parvo  B.  M.  V.,  dans  le  cod.  Otlohon.  2366, 
fol.  97)  et  dans  les  Archiv.  valic,  Concil.  Trident.  47,  fol.  312;  également 
cod.  Vatic.  6217 ,  fol.  202  (copie  du  précédent).  Cf.  encore  Torres,  Epist. 
ad  card.  Hosium,  du  17  avril  1564,  dans  Cipriani,  Tahularium  Ecclesise 
romanse,  Lii)siie,  1743,  p.  343). 

♦  Ughelli,  Ilalia  sacra,  l.  iv,  p.  293-298. 


CHAPITRE  II  165 

A  côté  de  ces  trois  personnages  qui  furent  en  même  temps 
membres  de  la  Commission  de  Tlndex,  il  faut  encore  mentionner 
un  Anglais,  Thomas  Goldwell ,  évêque  de  Saint-Asaph.  Dans  une 
lettre  du  24  août  1562,  datée  de  Trente,  il  fait  connaître  au  car- 
dinal de  Trani  les  intentions  de  la  Commission,  et  d'autre  part 
le  remercie  pour  quelques  communications  relatives  à  ce  sujet*. 
Cela  se  passait  à  un  moment  où,  d'après  la  lettre  des  légats 
citée  plus  haut,  la  Commission  proprement  dite  du  Bréviaire  ne 
pouvait  encore  être  définitivement  constituée.  Thomas  Goldwell , 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  le  moine  bénédictin  du  même 
nom,  prieur  de  la  cathédrale  de  Christchurch  à  Cantorbéry,  à 
l'époque  de  la  tourmente  qui  renversa  les  monastères,  sous  le 
roi  Henri  VIII,  1532  et  1538,  avait  été  pendant  un  certain 
temps  chapelain  du  cardinal  Réginald  Pôle.  Le  23  novembre 
1548,  il  entrait  à  Naples  au  noviciat  des  clercs  réguliers  de  Saint- 
Gaétan  ou  «  Théatins  »,  et  faisait  profession  le  28  octobre  1550. 
Bientôt  après  on  le  renvoyait  au  cardinal  Pôle,  qui,  en  1553, 
préparait  dans  la  solitude  du  monastère  bénédictin  de  Maguz- 
zano ,  sur  le  lac  de  Garde ,  sa  mission  de  légat  apostolique  en 
Angleterre.  Après  deux  ans  passés  auprès  du  légat,  qu'il  avait 
aidé  dans  son  œuvre  de  restauration  de  l'Angleterre ,  son  pays 
natal,  Goldwell  fut  nommé  par  Marie  la  Catholique,  et  sur  la 
proposition  de  Pôle ,  évêque  de  Saint-Asaph ,  dans  le  pays  de 
Galles  (1555),  et  consacré  à  Rome  durant  l'été  de  cette  même 
année.  Sous  la  reine  Elisabeth,  privé  de  son  diocèse  ('15  juillet 
1559)  pour  avoir  refusé  de  reconnaître  la  suprématie  royale,  il 
revint  à  Rome.  Durant  la  tenue  du  concile  de  Trente,  il  habita 
la  maison  de  l'évêque  d'Ermeland  Hosius,  et,  si  les  renseigne- 
ments de  Tufo  et  de  Silos  sont  exacts  ,  le  synode  le  chargea  en 
première  ligne  de  la  revision  du  Bréviaire.  Après  le  concile ,  il 
fut  vicaire  général  de  saint  Charles,  à  Milan,  puis,  en  1574, 
maître  des  cérémonies  papales.  Il  prit  une  part  active  à  la  revi- 
sion  du   Martyrologe   sous   Grégoire   XIII    et  mourut,   dernier 


^  L'emendatione  del  Missale  va  congiunla  con  quella  del  Breviario... 
solamente  faranno  alcuni  canoni  circa  gli  abusi  :  qui  noi  ci  fatigamo  assai 
in  prepararle  cose  per  la  sessione  futura,  etc.  (Tufo,  Hisloria  délia  reli- 
gione  de'  Padri  Cherici  regolari,  c.  xcvi,  t.  ii.  p.  8.  12,  1.3;  Silos,  Hist. 
cleric.  regul.,  t.  i,  p.  97  et  447;  Caracciolo,  Vila  di  Paolo  IV  [cod.  Otto- 
bon.  619]). 


166  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

évêque  de  rancienne  hiérarchie  anglaise ,  à  Saint-Sylvestre ,  à 
Rome,  le  3  avril  1585^ 

Deux  courants  dans  le  concile.  — ■  L'automne  de  1563  était  déjà 
bien  avancé ,  et  la  Commission  chargée  de  la  revision  du  Bré- 
viaire et  du  Missel  n'avait  pas  encore  terminé  ses  travaux  ; 
d'autre  part ,  Pie  IV  désirait  très  impatiemment  la  prompte  clô- 
ture du  concile.  Sur  ces  entrefaites  deux  courants  s'étaient  for-, 
mes  parmi  les  Pères  sur  la  question  des  réformes  liturgiques. 
Les  uns  voulaient  l'unité  et  l'uniformité  complètes  dans  toute 
l'Eglise  ;  les  autres  donnaient  la  préférence  au  rite  des  diocèses 
particuliers  et  lui  reconnaissaient  un  droit  relativement  considé- 
rable et  comme  une  sorte  de  privilège.  Comme  on  ne  pouvait 
parvenir  à  aucune  entente  sur  ce  point ,  comme  par  ailleurs  il  ne 
fallait  pas  agir  précipitamment  dans  le  travail  de  revision  des 
livres  liturgiques,  on  décida  dans  la  vingt-cinquième  session, 
pour  ne  pas  différer  de  nouveau  à  une  date  indéterminée  la  clô- 
ture du  concile,  d'envoyer  au  pape  les  actes  relatifs  à  cette 
question.  On  lui  demanderait  de  donner  tous  ses  soins  à  la  revi- 
sion, à  la  correction  et  à  une  édition  nouvelle  et  authentique  du 
Bréviaire  (et  du  Missel),  comme  il  l'avait  déjà  fait  pour  la  pré- 
paration de  VIndex  librorum  prohihilorum  et  du  Catechismus 
romanus. 

Quelques  prélats,  il  est  vrai,  entre  autres  le  savant  évêque  de 
Lérida,  Antonio  Augustino;  plus  tard  évêque  de  Terragone 
(-j-  1586) ,  soulevèrent  des  objections  assez  vives  contre  une  telle 
démarche.  «  Ici  à  Trente,  disait  l'évêque  de  Lérida,  se  trouvent 
rassemblés  des  évêques  de  tous  les  pays  ;  ils  sont  plus  à  même 
que  Rome  d'étudier  et  de  connaître  les  rites  des  différentes  par- 
ties du  monde.  »  Ici  on  a  sous  la  main  les  personnages  les  plus 
versés  dans  les  questions  de  l'antiquité  chrétienne  et  de  la  tradi- 
tion catholique,    tandis  qu'à  Rome  on  manque  d'hommes  qui 


1  Daprès  Bridgett  and  Knox,  The  Irue  story  of  the  catholic  hierarchy 
deposed  by  queen  Elizabeih,  London,  1889,  p.  236.  Schmid  (Tûb.  Quar- 
talschrift,  1884,  p.  627)  le  fait  mourir  dès  1581,  ce  qui  est  probablement 
une  erreur.  Nous  pouvons  convenablement  passer  sous  silence  rtJvêque 
Giov.  Battista  Sighicelli  de  Faënza,  que  Schmid  cite  encore;  car,  bien  qu'il 
se  soit  fort  intéressé  à  la  marche  des  travaux  et  qu'il  ait  obtenu  du  pro- 
tonotaire Sirleto  des  corrections  et  des  actes  à  ce  sujet  (lettre  du  4  no- 
vembre 1563.  cod.  Vatic.  6iS9,  fol.  198),  il  n'a  cependant  pas  fait  partie 
de  la  Commission. 


CHAPITRE  II  467 

aient  fait  des  études  préliminaires  suffisantes  pour  un  pareil  tra- 
vail. Une  telle  œuvre  ne  peut  être  le  fait  d'un  savant  isolé, 
mais  bien  celui  du  concile ,  auquel  seul  il  appartient  de  veiller 
aux  intérêts  du  culte  et  de  la  discipline ^ 

La  plupart  des  Pères  ne  souscrivirent  cependant  pas  à  cette 
proposition.  D'une  part,  en  effet,  ils  désiraient  ardemment  la 
conclusion  du  synode  ;  d'autre  part,  il  ne  s'agissait  pas  de  don- 
ner à  l'Église  une  liturgie  nouvelle ,  mais  simplement  de  corri- 
ger les  livres  de  l'ancienne  liturgie  occidentale  et  de  les  rétablir 
d'après  les  sources  d'accord  avec  la  critique  historique  et  la 
vérité  théologique,  et  conformément  aux  décisions  canoniques. 
La  liturgie  romaine  avait  de  fait  exercé  une  influence  toujours 
croissante  sur  les  autres  liturgies  occidentales  (ambrosienne, 
gallicane,  mozarabe);  et  comme  ces  dernières  et  les  autres 
étaient  presque  entièrement  abandonnées  par  suite  de  cette 
influence  privilégiée,  Rome  était  le  seul  endroit  où  l'on  pût 
entreprendre  la  revision  et  la  correction  souhaitées.  Si  le  concile 
de  Trente  tentait  d'introduire  l'unité  liturgique  dans  l'Eglise 
latine,  et  si,  dans  ce  but,  il  essayait  de  fondre  en  un  tout 
«  unique  »  les  usages  divergents  des  diocèses  ou  des  provinces 
ecclésiastiques  de  toutes  les  nations  de  l'Occident,  il  en  résulte- 
rait très  vraisemblablement  une  monstrueuse  confusion.  Une 
pareille  «  unité  » ,  ou  plutôt  une  pareille  «  uniformité  »  ne  satis- 
ferait personne  ;  l'attente  des  églises  particulières  serait  cruel- 
lement déçue,  et  ce  serait  donner  prise  aux  rivalités  entre  les 
Églises  dont  les  usages  seraient  adoptés  et  celles  dont  le  rite 
serait  rejeté.  En  décidant  de  laisser  au  pape  le  soin  d'éditer  le 
nouveau  Bréviaire ,  le  concile  fait  acte  de  haute  sagesse  autant 
que  de  discrétion  ;  il  montre  que,  de  l'avis  de  toute  l'Eghse,  la 
liturgie  romaine  a  le  pas  sur  toutes  les  autres  et  doit  servir  de 
type  et  de  règle  pour  tous  les  pays  de  l'Occident. 


'  Grancolas,  Commentar.  hist.  in  Brev.  rom.,  t.  i,  v,  p.  11;  D.  Gué- 
ranger,  Instit.  liturg.,  t.  i,  p.  413-414. 


CHAPITRE    III 

LA  RÉALISATION  PAR  PIE  IV  ET  PIE  V 

DE  LA  RÉFORME  DU  BRÉVIAIRE  MISE  EN  QUESTION 

PAR  LE  CONCILE  DE  TRENTE 


I.  Composition  de  la  Commission. 

Les  manuscrits  de  Paul  IV,  les  matériaux  recueillis  par  le 
cardinal  de  Trani  et  les  actes  de  la  Commission  du  Bréviaire  à 
Trente  arrivèrent  à  Rome  Aers  la  fin  de  1563  ou  au  commence- 
ment de  1564.  On  voit  par  la  bulle  de  Pie  V  Qiiod  /î  nohis ,  du 
9  juillet  1568,  que  Pie  IV  avait  appelé  la  Commission  à  Rome 
et  l'avait  fortifiée  de  quelques  membres*.  Cela  se  fit  au  plus  tard 
dans  Tautomne  de  1564,  car  saint  Charles  Borromée  écrit  le 
27  décembre  1564  à  l'évéque  d'Ermeland ,  cardinal  Hosius, 
revenu  en  Pologne ,  qu'on  mettait  la  dernière  main  au  Catechis- 
mus  romanus  ^  et  que  la  nouvelle  édition  du  Missel  et  du  Bré- 
viaire devait  paraître  tout  prochainement.  Cette  édition  répon- 
drait certainement  «  aux  désirs  et  à  l'attente  de  tous  les  catho- 
liques ))"^. 

On  n'a  pu  jusqu'ici  réussir  à  établir  de  façon  définitive  de 
quels   membres    se  composait  cette   Commission    nommée    par 


1  Qui  (se.  Pius  IV)  mis  ipsis  Palribus  ad  ici  munus  delectis  Romain 
vocatis  nonnullis  in  Urbe  idoneis  viris  ad  eum  numerum  adiunctis  rem 
per/iciendam  voLuit  (Bulla  Quod  a  nobis,  in  initia  Brev.  rom.). 

2  S.  Caroli  Epist.  ad  episc.  Warmiensem  d.  d.,  27  déc.  1564,  bibl. 
Ambros.,  cod.  manuscr.  G.  S.  J.  2;  Sylvain,  Hisl.  de  S.  Charles  Borromée, 
Lille,  1884,  t.  I,  p.  230  et  231,  et  avant-propos,  p.  xi-xiii.  Cf.  Oltrocchi, 
Nolœ  in  Tract,  de  vita  et  rébus  S.  Caroli  libri  seplem,  auclore  Giussiano 
in  lat.  vers,  a  Barth.  Bossi,  lib.  I,  c.  vu  sq.  ;  lulii  Pogiani  Sunensis 
Epist.  et  Orationes,  Romœ,  1768,  t.  iv,  p.  37-38;  Barth.  Rossi ,  De  ori- 
gine et  progressa  Congregationis  Oblatorum  SS.  Ambrosii  et  Caroli, 
Milano,  1739. 


CHAPITRE  m  169 

Pie  IV;  liturg-istes  et  historiens  ne  nous  donnent  à  ce  sujet  que 
des  renseignements  peu  sûrs^. 

Pie  IV  était  mort  le  10  décembre  1565.  Son  successeur,  saint 
Pie  V,  reprit  l'affaire,  confirma  la  Commission  bientôt  après 
son  élection,  au  commencement  de  1566,  et  l'augmenta  de 
quelques  membres ,  sur  lesquels  nous  ne  possédons  que  de 
maigres  détails^.  Des  notes  authentiques  nous  disent  qu'outre 
les  quatre  prélats  choisis  pour  la  Commission  à  Trente  et  appelés 
à  Rome  par  Pie  IV  (nous  les  avons  nommés  dans  le  chapitre 
précédent),  les  sept  ou  huit  personnages  qui  suivent  prirent 
part  aux  travaux  de  la  Commission  du  Bréviaire  : 

1.  Le  cardinal  Bernardin  Schotto.  —  Le  cardinal  de  Trani,  Ber- 
nardin Schotto  ou  Sciotto  (Scotti),  que  nous  avons  déjà  rencon- 
tré à  différentes  reprises.  Il  présida  les  réunions  délibératives  de 
la  Commission,  sauf  durant  quelques  mois,  qu'il  passa  hors  de 
Rome,  dans  sa  résidence  épiscopale  de  Plaisance.  Issu  d'une 
famille  illustre  de  Magliano  di  Sabina,  il  entra  en  1525  dans  la 
congrégation  des  Théatins  qui  se  fondait ,  et  se  distingua  bientôt 
par  ses  connaissances  approfondies  des  langues  grecque, 
hébraïque  et  chaldéenne  et  par  ses  talents  particuliers  d'admi- 
nistrateur. En  1548,  il  accompagna  en  Allemagne  le  nonce  Lip- 
pomano,  évêque  de  Vérone,  fut  nommé  à  son  retour  archevêque 
de  Trani  par  Paul  IV  (1555),  et  bientôt  après  cardinal.  Quatre 
ans  plus  tard,  il  fut  transféré  au  siège  épiscopal  de  Plaisance, 
qu'il  gouverna  durant  neuf  ans.  Il  mourut  à  Rome  en  1568  dans 
un  âge  avancé^. 

2.  Guillaume  Slrleto.  —  Après  Schotto,  il  convient  de  nommer 
en  première  ligne  le  savant  Guillaume  Sirleto.  Né  en  1514,  de 
parents  pauvres,  à  Guardavalle,  près  de  Stilo  en  Calabre  (selon 
d'autres  à  Squillace),  il  fit  de  brillantes  études  de  philosophie. 


1  Merati ,  Zaccaria,  Guéranger  et  les  auteurs  postérieurs  sont  tous  dans 
l'ignorance  de  ces  faits.  C'est  Schmid  qui  a  le  plus  jeté  de  lumière  sur  la 
question,  dans  l'article  déjà  souvent  cité  de  la  Tûh.  Quartalschrift  (1884, 
p.  629  sq.),  et  c'est  lui  que  nous  suivons  ici. 

2  Xos  ad  Apostolnlus  apicein  assumpti  cum  sacrum  opus,  adhihitis  etiam 
ad  illud  aliis  perilis  liris,  maxime  urgeremus,  etc.  {Bulla  Quod  a  nobis, 
9  iul.  1568). 

3  Aubéry,  Hist.  [fénérale  des  cardinaux ,  Paris,  1657,  p.  493;  Alphonsus 
Ciaconius,  0.  Pr.,  Vitse  et  res  geslx  pontificum  romanorum  et  S.  R.  E.  car- 
dinaiium  cum  notis  Augustini  Oldoini  S.  J.,  Romœ,  1611,  t.  m,  p.  846, 


170  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

de  mathématiques  et  de  théologie.  L'étudiant,  doué  d'une 
mémoire  prodigieuse,  sut  bientôt  parler  le  latin,  le  grec  et 
rhébreu  comme  sa  langue  maternelle.  Pauvre  et  chargé  d'un 
simple  codex  des  saintes  Ecritures,  il  se  rendit  à  Rome,  où  bien- 
tôt il  attira  sur  lui  l'attention  des  savants  et  des  littérateurs. 

Le  cardinal  Cervini  le  prit  dans  son  palais  et  pourvut  à  tous 
ses  besoins.  Lorsque  Cervini,  à  la  mort  de  Jules  III  (1550-1555), 
monta  pour  peu  de  temps  sur  le  siège  pontifical ,  sous  le  nom  de 
Marcel  II,  il  choisit  Sirleto  pour  secrétaire  des  brefs  et  pour 
précepteur  de  ses  neveux,  Richard  et  Herennius  Cervini;  Sir- 
leto remplit  aussi  cette  charge  auprès  des  neveux  de  Paul  IV, 
Alphonse  et  Antoine  Caraffa.  Il  se  concilia  l'estime  des  cardi- 
naux Seripando  et  Charles  Borromée.  Paul  IV  l'avait  déjà 
nommé  protonotaire.  Sur  les  conseils  et  la  recommandation  de 
saint  Charles  Borromée ,  qui  lui  envoya  un  crucifix  d'or  et  qui , 
au  conclave  de  1565,  songea  même  un  moment  à  lui  comme 
successeur  de  son  oncle.  Pie  IV  lui  accorda  la  pourpre.  Pie  V 
lui  confia  la  charge  honorable  de  bibliothécaire  de  l'Eglise 
romaine. 

Tout  en  administrant  les  diocèses  de  San  Marco  et  de  Squil- 
lace ,  Sirleto  prenait  part  aux  travaux  les  plus  importants  de  la 
Curie,  en  particulier  au  Cafechismus  romanus,  au  Missel,  au 
Bréviaire  et  à  la  Bihlia  Vaficana  viilg.  editionis  Sixti  V.  Sur 
l'ordre  du  cardinal  Cervini,  il  traduisit  pour  les  légendes  de 
saints  de  Lippomano  les  recueils  de  Métaphraste  et  de  Palla- 
dius^  Sous  Paul  IV,  il  fut  un  membre  actif  de  la  Commission 
de  rcA'ision  du  Bréviaire,  et  plus  tard  il  envoya  à  Trente  des 
matériaux  sur  cette  question.  La  Bibliothèque  vaticane  possède 
encore  nombre  de  ses  manuscrits ,  dans  lesquels  il  émet  son  avis 
pour  la  revision  et  donne  son  sentiment  sur  les  projets  de  cor- 
rection présentés  par  d'autres'^.  Sirleto  tint  la  présidence  durant 
l'absence  du  cai-dinal  de  Trani,  et  il  fut  l'âme  de  la  Commission. 
Cipriano  Pallavicino,  archevêque  de  Gênes  (1567  à  1586),  l'ap- 

1  Cf.  lettres  de  Sirleto  à  Cervini,  à  la  Vaticane  [cod.  Vatic.  6171),  et 
de  Lippomano  à  Cervini,  dans  le  cod.  112  de  la  bibl.  municipale  de  Trente, 
d'après  Schmid,  p.  629. 

2  Par  exemple  les  cod.  Valic.  6150  et  6146;  mais  en  particulier  61Ti , 
où,  entre  autres  choses,  se  trouve,  fol.  15  sq.,  l'ébauche  de  la  bulle  de 
publication  que  Sirleto  avait  faite  pour  Pie  V.  Elle  commence  :  Nelproëmio 
délia  bolla,  mi  pare,  se  debbia  esporre  la  causa,  etc. 


CHAPITRE  III  171 

pelle  dans  une  lettre  du  4  août  1569  :  Il  principal  instiiutore  ed 
essecutore  di  qaesto  bel  ordine  de  nffîci^.  Quand  les  travaux 
préliminaires  furent  achevés,  Pie  V  lui  fit  envoyer  tous  les 
actes,  les  questions  posées,  les  desiderata  formulés,  afin  qu'il 
les  ordonnât  définitivement^.  Sirleto  mourut  en  1585. 

3.  Poggiani.  —  Le  célèbre  latiniste  Julius  Pog-g-iani  travailla  à 
côté  de  Sirleto  et  de  concert  avec  lui  à  la  composition  littéraire 
de  la  plupart  des  légendes  du  Bréviaire  ou  des  lectiones  secundi 
Nocturni  in  feslis  sanctoruni.  Ce  fut  lui  aussi  qui  ordonna  les 
leçons  tirées  du  Bréviaire  de  Quignonez  et  transportées  dans  le 
Brevia  riu  m  Pi  a  n  u  m  ^ . 

4.  Curtio  de  Franchi.  —  Il  aida  le  savant  cardinal-bibliothé- 
caire de  ses  conseils  et  de  ses  travaux  dans  l'œuvre  de  la  réforme. 
Plus  tard,  il  répondit  aux  questions  et  aux  doutes  qui  furent  sou- 
levés. Chanoine  de  Saint-Pierre  en  1568,  il  fut  proposé  au 
pape  Pie  V  par  le  cardinal  Sanctorio  comme  visiteur  de  plusieurs 
diocèses  d'Italie''. 

5.  Vincenzo  Masso.  —  Vincenzo  Masso,  Théatinou  clerc  régulier 
de  Saint -Gaétan  (cette  congrégation,  on  le  comprendra  facile- 
ment, fut  plus  que  les  autres  initiée  par  CaralTa  (Paul  IV)  aux 
plans  de  réforme^).  Masso  était  réputé  pour  sa  connaissance  de 
l'histoire  ecclésiastique,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  Batifîol^. 


1  Cod.   Vatic.  6IS-2,  fol.  16. 

2  Cf.  Lagomarsinius,  lulii  Pogiani  epist.  et  orat.  U,  Romœ,  1756,  p.  l, 
et  cod.  Vatic.  1093,  fol.  411;  cod.  6146,  fol.  64  sq.  ;  cod.  6171,  fol.  15 
et  24;  Schmid,  p.  630. 

3  C'est  du  moins  ce  qu'assure  Zaccaria,  Bibl.  ritualis,  t.  i,  p.  116.  Gra- 
tiani  a  écrit  la  vie  de  Poggiani  {apud  Lagomarsinii  not.  in  epist.  Pogiani, 
t.  n,  p.  xLix;  également  t.  iv,  p.  17,  et  t.  ii,  p.xxni;  et  dans  Roskovâny, 
t.  V,  p.  582,  et  le  cod.  Vatic.  6171,  fol.  15).  Il  est  appelé  collaborateur 
par  Sirleto  lui-même.  Dans  le  mémoire  cité  dans  Roskovâny,  il  est  dési- 
gné comme  aide  de  l'évêque  Egidio  Foscarari  de  Modène,  qui  avait  fait 
six  ou  sept  légendes  en  prenant  pour  base  le  texte  de  Quignonez  et  qui 
composa  les  autres  avec  l'aide  de  Poggiani. 

<  Dans  le  cod.  Vatic.  6417 ,  fol.  313,  il  y  a  un  avis  qui  est  souscrit  par 
lui  de  la  façon  suivante  :  Ita  sentio  ego  Curtius  de  Franchis,  Canon. 
S.  Pétri  de  Urhe,  qui...  totias  Missalis  et  Breviarii  correctioni  interfui. 
Dans  le  cod.  Corsinianus  SOS,  fol.  15,  il  est  appelé,  à  l'occasion  du  projet 
de  sa  nomination  comme  visiteur,  persona  nota  per  bontk  divita,  per 
integrità  e  per  zelo  (Schmid,  p.  630;. 

5  Silos,  Hist.  cler.  regul.,  Romœ,  1650,  t.  i,  p.  527.  A.  Caracciolo,  Vita 
di  Paolo  IV  {cod.  Oltobon.  619). 

6  Hist.  du  Brév.  rom.,  p.  239. 


172  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

6.  Messer  Accursio.  —  Dans  une  note  du  cardinal  Sirleto, 
brouillon  de  la  bulle  de  publication  pour  Pie  V\  on  trouve 
encore  mentionné  comme  ayant  collaboré  aux  travaux  un  cer- 
tain Messer  Accursio,  sur  lequel  nous  ne  possédons  malheureu- 
sement rien  de  précis^. 

7.  Antonio  Caraffa.  —  D'après  une  note  du  codex  Urhinas^,  de  la 
Bibliothèque  vaticane,  nous  devons  également  compter  parmi 
les  membres  de  la  Commission,  le  cardinal  Antonio  Caraffa*. 
Moroni ,  dans  la  courte  biographie  qu'il  lui  a  consacrée,  parle 
de  ses  travaux  pour  l'édition  des  saintes  Ecritures,  pour  le  Bré- 
viaire et  pour  le  Missel  romain;  mais  il  le  fait  nommer  préfet  de 
la  Congrégation  qui  nous  occupe,  non  par  Pie  V,  mais  par  Sixte- 
Quint^.  Toutefois,  comme  ces  deux  sources  ne  manquent  pas 
d'autorité,  il  nous  est  permis  de  supposer  que  ces  deux  papes, 
qui  l'honorèrent  également  pour  ses  connaissances  et  ses  vertus, 
l'employèrent  aux  travaux  de  correction  de  la  liturgie.  Antonio 
Caraffa  était  né  à  Naples  en  1538,  d'une  ancienne  famille  patri- 
cienne. Il  vint  à  Rome  sous  le  pontificat  de  son  oncle  (ou  du 
moins  de  son  parent)  ,  Paul  IV,  fut  enveloppé,  après  la  mort  de 
ce  dernier,  dans  la  disgrâce  qui  atteignit  les  Caraffa  et  déclaré 
déchu  de  son  canonicat  de  Saint-Pierre  ;  mais  bientôt  après  il 
rentra  en  grâce  et  fut  nommé  cardinal  par  Pie  V  en  1568.  Gré- 
goire XIII ,  après  la  mort  de  son  ancien  précepteur,  le  cardinal 
Sirleto,  lui  confia  la  charge  de  bibliothécaire  de  la  Vaticane. 
Sixte-Quint  également  l'honora,  à  diverses  reprises,  de  hautes 
fonctions.  Antonio  Caraffa  traduisit  en  latin  plusieurs  écrits  des 
Pères  grecs,  donna  une  édition  corrigée  des  LXX  avec  des  notes 
et  quelques  actes  des  conciles  grecs  et  latins.  Il  menait  une  vie 
austère  dans  son  palais,  jeûnait  trois  fois  la  semaine,  usait  fré- 
quemment du  cilice  et  de  la  discipline  et  pratiquait  de  grandes 


1  Cod.  Va.tic.  6171 ,  fol.  15. 

2  Schmid  (dans  Tiib.  Quartalschrift,  188»,  p.  631)  suppose  que  c'est 
Mariangelo  Casimiro  Accursio  d'Aquila  (f  27  novembre  1563  à  Padoue, 
d'après  Afflito,  Scrittori  di  Napoli,  1782,  t.  i,  p.  20  sq.). 

3  Cod.  1666,  fol.  119. 

•*  Hehhe  da  Pio  V  l'aulorità  di  corrigere  il  Missale,  il  Breviario  e  U 
libri  délia  sacra  liiblia ,  etc.  {loc.  cit.). 

*  Fu  nominato  prefetlo  délia  Congregazione  del  concilio  e  délia  slabi- 
lilà  da  Sisto  V  per  la  correzione  délia  Biblia,  del  Breviario  e  del  Messale 
romano  (Moroni,  Dizionario  di  erud.  stor.  eccl.,  t.  ix,  p.  245,  col.  a). 


CHAPITRE  III  173 

œuvres  de  charité  envers  les  pauvres  et  les  malades  besogneux. 
Il  rétablit  la  discipline  régulière  parmi  les  Olivétains,  dont  il  fut 
le  protecteur,  et  y  fit  refleurir  les  études  scientifiques.  Il  mou- 
rut en  1591. 

8.  Ponce  de  Léon.  —  Nous  mentionnerons  en  dernier  lieu 
Tévêque  étranger  Pedro  Ponce  de  Léon  de  Placentia  (1559- 
1573),  qui  ne  prit  pas  directement  part  à  la  Commission,  mais 
qui,  par  sa  correspondance^  avec  le  cardinal  Sirleto,  fut  sans 
aucun  doute  utile  aux  travaux  des  membres  de  la  Commission. 
Nous  devons  citer  parmi  ses  propositions  celles  qui  suivent  : 
On  devrait  particulièrement  tenir  compte  de  tous  les  saints  nom- 
més au  canon  de  la  Messe,  des  docteurs  grecs  et  latins,  de  tous 
les  fondateurs  d'ordre  et  des  deux  princes  de  la  scolastique , 
saint  Thomas  et  saint  Bonaventure,  et  aussi  de  quelques  saints 
d'Espagne,  entre  autres  saint  Isidore  de  Séville  et  ses  frères 
saint  Léandre  et  saint  Fulgence.  Au  Proprium  de  tempore,  il 
désirait  des  leçons  régulières  ou  quotidiennes  tirées  de  la  sainte 
Ecriture,  avec  indication  du  livre  d'où  on  les  prenait.  De  même 
pour  les  homélies  et  les  sermons  des  Pères  ou  des  docteurs,  on 
devrait  chaque  fois  indiquer  l'ouvrage  ou  le  sermon  auquel 
étaient  empruntées  les  leçons.  Pedro  Ponce  trouve  des  difficultés 
de  critique  dans  l'office  de  sainte  Catherine,  dans  celui  de  l'apôtre 
saint  Simon ,  souvent  confondu  avec  Siméon,  premier  évêque 
de  Jérusalem ,  et  enfin  en  ce  qui  concerne  les  deux  apôtres  saint 
Jacques.  Un  sermon  sur  saint  Cyprien,  attribué  à  saint  Grégoire 
de  Nazianze,  ne  se  rapporte  pas  au  saint  martyr  de  Carthage, 
mais  à  un  évêque  (?)  d'Antioche.  Enfin  on  pourrait  aussi  accorder 
un  office  particulier  au  maître  de  saint  Denys  l'Aréopagite , 
saint  Hiérothée^. 

Nous  aurions  de  la  sorte  onze  ou  douze  membres  ayant  pris 
part  à  la  Commission  qui ,  sous  Pie  IV  et  Pie  V ,  s'occupa  à 
Rome  de  la  revision  du  Bréviaire.  Mais  on  ne  peut  affirmer 
qu'il  n'y  en  eut  pas  d'autres,  bien  que  dans  les  Commissions 
formées  pour  l'examen  et  la  revision  du  Bréviaire  sous  Sixte- 
Quint,  Grégoire  XIV,  Clément  VIII,  Urbain  VIII  et  Benoît  XIV, 


1  Lettre  de  Ponce  à  Sirleto  du  3  novembre  1364  ,  dans  le  cod.  Vatic.  6IS9, 
fol.  263;  et  du  2  novembre  1j67,  dans  le  cod.  Reginse  Saeciœ  387,  fol.  402, 
de  la  Vaticane. 

*  Schmid,  op.  cit.,  p.  632. 


174  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

le  nombre  des  membres  fût  à  peu  près  celui  que  nous  trouvons 
ici^  Sala  en  nomme  quelques-uns  encore  sans  indiquer  les 
sources  auxquelles  il  puise.  Il  cite  comme  ayant  fait  partie  de  la 
Commission  :  Pietro  Galesini  d'Ancône ,  le  correcteur  du  Mar- 
tyrologe romain,  Paolo  Clerici,  supérieur  général  des  oblats  de 
Milan,  et  le  cardinal  Paleotti^.  Nous  n'en  parlerons  pas,  car 
Galesini  et  Clerici  travaillèrent,  il  est  vrai,  à  la  réforme  d'un 
Bréviaire;  mais  il  s'agissait  non  du  Bréviaire  romain,  mais  du 
Bréviaire  ambrosien  ou  milanais.  Le  cardinal  Paleotti  prit  aussi 
une  large  part  à  la  revision  du  rite  milanais.  Il  fut  créé  cardi- 
nal par  Pie  IV,  en  1565,  puis  nommé  par  Pie  V  archevêque  de 
Bologne,  en  1566.  Sixte-Quint  lui  confia,  en  1589,  la  charge  de 
préfet  de  la  Congrégation  des  Rites  nouvellement  créée.  Ce 
poste  lui  fournit  l'occasion  de  collaborer  aux  travaux  entrepris 
plus  tard  d'une  nouvelle  revision  du  Bréviaire  romain.  Mais  on 
ne  sait  rien  des  travaux  de  Paleotti  relatifs  à  cette  question 
avant  1568,  année  qui  vit  paraître  la  publication  par  Pie  V  du 
Bréviaire  corrigé.  Nous  ne  connaissons  que  la  part  qu'il  prit  à 
la  revision  de  la  liturLne  milanaise^. 


1  Pour  Thistoire  du  Bréviaire  à  cette  époque  et  pour  Tépoque  qui  vient 
immédiatement  après,  on  peut  voir  encore  :  Questioni  proposte  e  discusse 
nell'Accademia  liturgica  eretla  nella  Pia  Casa  délia  Missione,  presso  Monte 
Citorio  in  Roma,  anno  1855-1856  :  Del  Breviario.  Roma.  Tipografia  délia 
Rev.  Caméra  ApostoUca ,  1858. 

2  Sala,  Biografia  di  san  Carlo  Borromeo ,  Milano,  1858,  dissertazioni 
e  note,  p.  151. 

•*  Le  Bréviaire  corrigé,  ou  Psalterium  ambrosianum ,  parut  à  Milan 
en  1574.  On  en  trouve  des  exemplaires  chez  les  Oblati  di  san  Carlo  (Corso 
Magenta)  et  dans  les  bibliothèques  de  la  capitale  lombarde.  Sur  la  part 
prise  par  Paleotti,  Galesini  et  Clerici  à  la  correction  du  Bréviaire  de  Mi- 
lan sous  saint  Charles  Borromée  et  sur  les  négociations  avec  Rome  à  ce 
sujet,  on  peut  voir  Mazzucchelli,  Osservazioni  intorno  al  saggio  storico- 
critico  sopra  il  rito  amhrosiano ,  Milano,  1828.  Un  grand  nombre  de  docu- 
ments originaux  s'y  trouvent.  Cf.  aussi  Sylvain,  Hist.  de  S.  Charles  Bor- 
romée, Lille,  1884,  c.  xxxiv;  Le  rite  ambrosien,  t.  n,  p.  359  sq.  ;  le  travail 
du  P.  Ambroise  Kienle,  O.  S.  B.,  dans  les  Studien  und  Mittheilungen  des 
Benediktiner-ordens,  Raigern,  1884. 


CHAPITRE  III  175 


II.  Les  travaux  de  la  Commission. 

Notre  tâche  ne  peut  être  de  suivre  dans  tous  ses  détails  les 
travaux  de  la  Commission  créée  par  Pie  IV  et  Pie  \'  pour  la 
réforme  du  Bréviaire  romain.  Ce  serait  mettre  à  une  trop  dure 
épreuve  la  patience  du  lecteur.  Il  nous  suffira  donc  de  donner 
les  principes  et  les  lignes  g^énérales  de  la  méthode  suivie  par 
cette  Commission. 

Nous  ne  possédons  que  trois  documents  qui  nous  renseig'nent 
sur  ses  travaux  :  1»  le  Bréviaire  lui-même,  tel  qu'il  sortit  des 
mains  des  correcteurs  et  tel  qu'il  fut  publié  en  1568  ;  2°  la  bulle 
Qiiod  a  nobis  de  Pie  V,  qui  accompag'na  la  promulgation  du  Bré- 
viaire et  qui  est  mise  comme  préface  en  tête  de  toutes  les  édi- 
tions ;  30  un  rapport  en  italien  ou  Promemoria  sous  forme  de 
lettre,  composé  par  un  membre  de  la  Commission,  vraisembla- 
blement Leonardo  Marini ,  archevêque  de  Lanciano ,  et  adressé 
à  un  cardinal  de  ses  amis'. 

Le  principe  qui  guida  Paul  IV  et  ses  confrères,  et  que  recon- 
nut et  appuya  le  concile  de  Trente ,  était  diamétralement  opposé 
à  la  méthode  suivie  par  le  cardinal  Quignonez.  Il  se  formulait 
ainsi  :  Rien  d'essentiel  ne  doit  être  retranché  de  l'ancien  Bré- 
viaire romain.  Ce  principe  dirigea  aussi  les  papes  Pie  IV  et  Pie  V. 
La  Commission  formée  par  eux  devait,  non  pas  créer  un  nou- 
veau Bréviaire ,  une  nouvelle  liturgie ,  mais  ramener  autant  que 
possible  à  son  état  primitif  ce  que  l'on  avait  alors,  tout  en  tenant 
compte  pourtant  du  changement  des  circonstances  amené  par  le 
temps.  La  divergence  du  texte  entre  l'office  public  et  l'office 
récité  privatim  devait  disparaître,  parce  que  l'office  doit  tou- 
jours être  récité  au  nom  et  sur  l'ordre  de  l'Eglise  et  à  la  place 


1  II  commence  ainsi  :  Perché  si  comprenda  bene  in  che  consiste  la  cor- 
rettione  del  Breviario  qiial'si  è  fatta...;  et  se  termine  :  Occorrono  délie 
altre  cosetle,  etc.,  quelle  nel  scorrere  del  Breviario  si  potranno  un  altra 
volta  dire,  et  se  trouve  dans  le  cod.  47  Concil.  Trident.,  fol.  312  sq.) 
des  Archives  du  Vatican;  mais  aussi  en  copie  dans  le  cod.  Vatic.  6217 , 
fol.  202,  de  la  Vaticane,  et  dans  le  cod.  362,  aujourd'hui  39,  c.  11,  de  la 
bibl.  Corsiniana,  fol.  15-29,  dans  le  rapport  du  Promotor  fidei  Valenti, 
sur  la  part  prise  par  la  congrégation  à  la  correction  du  Bréviaire  sous 
Benoît  XIV,  1741.  Il  est  aussi  dans  Roskovâny  dans  la  mémo  disposition 
(t.  V,  p.  576-810),  mais  malheureusement  pas  très  bien  traduit. 


176  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

du  peuple  chrétien,  de  rhumanité,  de  la  création  entière,  et  par 
suite  il  est  et  demeure  essentiellement  public ,  alors  même  que 
le  prêtre  ou  celui  qui  a  mission  de  le  réciter  le  dirait  en  son 
particulier  dans  le  silence  d'une  cellule.  Par  ce  moyen  seul  on 
pourrait  conserver  la  continuité  de  la  tradition  chrétienne  dans 
la  liturgie  et  montrer  que,  de  même  que  la  foi  et  l'organisation 
de  l'Eglise  catholique  sont  toujours  restées  les  mêmes,  de  même 
sa  liturgie  ne  s'est  jamais  modifiée  essentiellement,  encore  que 
chacun  des  membres  de  ce  corps  organique  se  soit  développé 
dans  le  courant  des  siècles  à  la  façon  de  tout  corps  vivant.  L'or- 
ganisation de  l'Eglise  a,  elle  aussi,  progressé  «  depuis  l'enfance 
jusqu'à  l'âge  adulte  dans  le  Christ  ». 

La  Commission  eut  et  conserva  la  conscience  de  ces  obli- 
gations et  chercha  à  maintenir  jusqu'au  bout  ce  principe  fon- 
damental. Les  fréquentes  déclarations  du  cardinal  Sirleto, 
président  de  la  Commission,  en  sont  une  preuve.  Il  appuie  sans 
cesse  sur  cette  idée,  qu'il  ne  s'agit  pas  de  créer  une  œuvre  nou- 
velle, mais  d'améliorer  l'ancienne  et  de  l'adapter  aux  besoins  du 
temps  ^  C'est  guidé  par  ce  principe  qu'on  se  mit  à  compulser 
les  plus  anciens  manuscrits  et  à  étudier  les  éditions  imprimées 
des  antiphonaires,  bréviaires,  psautiers,  lectionnaires,  respon- 
soriaux,  hymnaires,  sacramentaires  et  Orclines  des  plus  impor- 
tantes églises  de  Rome  et  de  la  Bibliothèque  vaticane;  on  les 
prit  pour  base  des  corrections  à  apporter  au  Bréviaire  encore  en 
usage  dans  la  curie  romaine,  en  maintenant  toutefois  le  rite 
réglé  par  de  récents  canons. 

Leçons.  —  Le  changement  le  plus  saillant  dans  le  texte  de 
l'ancien  Bréviaire  porta  sur  les  légendes  des  saints  ou  les  leçons 
du  second  nocturne  des  fêtes  de  saints  (ou  leçons  II  et  III  aux 
fêtes  simples).  Les  critiques  de  l'ancien  office  les  avaient  pour 
la  plupart  censurées.  Pour  les  leçons  empruntées  aux  œuvres 
des  Pères,  Sermones  et  Homilise,  il  ne  s'agissait  que  d'en  faire 
un  choix  plus  judicieux.  Quant  aux  autres  parties,  elles  n'avaient 


1  C'est  ainsi,  par  exemple,  que,  dans  un  écrit  {cod.  Vatic.  6/7/),  il 
proteste  énerg^iquement  contre  l'expression  compilare  qui  se  trouvait  dans 
une  ébauche  de  la  bulle  de  promulgation  de  la  nouvelle  édition,  et  qui 
devait  indiquer  la  part  prise  par  la  Commission.  Le  Bréviaire,  disait-il, 
n'est  i)as  compilatiim  par  la  Commission,  mais  seulement  corrirjé  et 
réformé  :  Fu  riformato  co'li  Breviarii  antichi  quanto  aile  cose  essentiali 
e  importanti  [loc.  cit..  fol.  15). 


CHAPITRE  III  177 

pas  besoin  de  «  correction  »  si  elles  étaient  prises  dans  les 
saintes  Écritures  ;  il  ne  s'agissait  que  de  les  diviser  et  de  les 
grouper  plus  heureusement.  Les  petites  pièces  étaient  à  exami- 
ner de  nouveau  sous  un  autre  point  de  vue.  Les  oraisons  ou  col- 
lectes qui  remontaient  pour  la  plupart  à  saint  Grégoire  le  Grand, 
saint  Gélase  et  saint  Léon ,  et  qui  se  trouvaient  déjà  dans  les 
plus  anciens  sacramentaires  et  dans  les  plus  anciens  Ordines  ou 
Collectoria,  n'avaient  nul  besoin  de  revision  ou  de  réforme, 
étant  donnés  leur  forme  classique  et  liturgique  et  le  caractère 
profondément  théologique  de  leur  texte  ;  tout  au  plus  deman- 
daient-elles une  édition  corrigée  d'après  les  manuscrits  authen- 
tiques. Mais  la  conséquence  d'un  changement  apporté  dans  les 
antiennes  et  les  répons  devait  être  la  complète  destruction  ou  la 
refonte  des  mélodies  chorales  d'une  antiquité  respectable.  On  ne 
put  donc  songer  à  une  transformation  proprement  dite  de  leur 
texte,  qui  était  employé  au  Proprium  de  tempore  ou  aux  prin- 
cipales fêtes  des  saints.  Pour  les  hymnes,  Iqs  tentatives  de  Fer- 
reri  avaient  été  de  fâcheuses  expériences,  qui  ne  faisaient  rien 
augurer  de  bon  d'une  nouvelle  refonte.  Mais  le  champ  restai 
libre  pour  quelques  petites  pièces  accessoires,  telles  que  les  ver- 
sets et  les  prières  à  voix  basse. 

Cycle  liturgique.  —  D'autre  part,  le  caractère  de  l'année  litur- 
gique, quant  à  sa  disposition  et  au  nombre  des  fêtes  de  saints, 
devait  subsister  dans  sa  partie  essentielle  avec  ses  trois'  grands 
cycles  de  fêtes  :  1»  Noël  avec  l'Avent  et  l'Epiphanie  ;  2°  Pâques 
et  les  solennités  qui  la  précèdent  et  celles  qui  la  suivent,  depuis 
la  Septuagésime jusqu'à  l'Octave  de  l'Ascension;  3°  la  Pentecôte 
et  les  fêtes  subséquentes.  De  même  la  célébration  du  reste  de 
l'année  liturgique,  c'est-à-dire  des  semaines  et  des  jours  litur- 
giques [Dominicse  et  feriee  per  annum  iina  cum  feriis  privile- 
giatis  post  Epiphaniam  et  Pentecosten),  devait  être  maintenue. 
Par  contre,  les  correcteurs  croyaient  devoir  se  montrer  très 
réservés  dans  l'acceptation  des  fêtes  de  saints,  principalement 
pour  ne  pas  restreindre  outre  mesure  l'office  du  dimanche  et 
l'office  férial.  On  ignore  s'ils  ont  été  guidés  par  la  pensée  de 
laisser  le  champ  libre  aux  fêtes  de  saints  locaux  ou  par  le  souci 
de  ne  pas  empêcher  toute  introduction  des  fêtes  des  saints  qui 
seraient  canonisés  dans  la  suite.  Nous  n'avons,  dans  tous  les 
cas,  aucune  preuve  explicite  qui  nous  permette  une  semblable 
Biév.,  t.  II.  12 


178  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

hypothèse.  Bien  que  l'œuvre  réelle  ou  supposée  de  saint  Gré- 
goire le  Grand  au  sujet  de  l'organisation  de  l'office  divin  planât 
toujours  au-dessus  d'eux  comme  un  idéal,  les  correcteurs  con- 
servèrent pourtant  un  nombre  considérable  de  fêtes  de  saints  et 
d'autres  fêtes,  qui  n'avaient  été  insérées  au  calendrier  litur- 
gique qu'après  ce  pape.  Mais  ils  prirent  soin  de  restreindre  ces 
offices  en  règle  générale  à  des  leçons  et  à  des  hymnes  propres, 
et  d'en  retrancher  les  antiennes  et  les  répons  autant  que  pos- 
sible. Par  contre,  on  laissa  les  Églises  particulières,  monastères 
ou  diocèses,  libres  de  suppléer  à  l'insuffisance,  à  la  pauvreté  de 
la  partie  générale  du  Bréviaire  par  de  nombreux  offices  propres 
de  saints  locaux,  de  patrons,  etc. 

Leçons  historiques.  —  Dans  le  courant  des  siècles,  il  s'était 
glissé  parmi  les  leçons  du  deuxième  nocturne  quelques  récits 
apocryphes,  et  parmi  eux  il  s'en  trouvait  d'inconvenants  ou 
même  d'indignes  des  saints  dont  ils  parlaient.  Après  une  étude 
attentive  et  des  délibérations  sérieuses,  la  Commission  décida 
d'extraire  des  biographies  particulières  ou  des  recueils  qu'elle 
possédait  les  passages  les  mieux  établis  et  les  plus  caractéris- 
tiques et  de  les  revêtir  d'une  forme  convenable.  Leurs  auteurs , 
si  on  en  excepte  quelques  pièces  empruntées  à  saint  Jérôme  et  à 
saint  Grégoire  le  Grand,  n'étaient  pas  nommés,  car  on  avait 
alors  une  singulière  idée  :  le  nom  du  pape  sous  l'autorité 
duquel  le  Bréviaire  était  donné  au  monde  pouvait  offrir,  croyait-on, 
une  garantie  suffisante  que  l'on  n'avait  employé  que  des  auteurs 
authentiques  et  que  la  rédaction  définitive  n'avait  été  établie 
qu'après  la  plus  attentive  délibération,  après  le  plus  sérieux  exa- 
men^  Ce  ne  fut  que  plus  tard,  sous  Clément  VIII,  qu'on  cher- 
cha à  désigner  plus  exactement,  du  moins  dans  les  projets 
manuscrits,  les  sources^  auxquelles  on  avait  emprunté  les 
légendes  introduites  sous  Pie  ^^ 


*  Sclimid.  On  peut  voir  les  indications  qu'il  donne  des  sources  p.  63i 
et  précédentes  de  l'op.  cit. 

*  Le  BoUandiste  P.  Charles  de  Smedt,  S.  J.,  les  a  publiées  dans  son 
Inlroduclio  generalis  ad  historhun  eccles.  crilice  traclandam,  Gandavi, 
1876,  p.  483  à  487.  Comme  les  indications  sont  pour  la  plupart  très  géné- 
rales, elles  ne  gagneraient  pas  beaucoup  à  cire  reproduites  ici;  il  poin*ra 
suffire  d'en  donner  un  exemple,  en  suivant  les  premiers  mois  de  la  série 
et  en  indiquant  sommairement  les  autres  : 

6  Dec,  S.  Nicolni.  Ex  Inanne  diacono  et  Metaphraste  De  vita  S.  Nicolai. 

7  ).      S.  Ambrosii.  Ex  Paulino  et  Ilist.  eccles.  lîufini,  lib.  II,  c.  u. 


CHAPITRE  m  179 

Nous  avons  déjà  montré  dans  le  chapitre  précédent  que  le 


11  Dec,  Damasi.  Ex  pontificali  et  aliunde. 

13  »      Lucise.  Ex  gestis. 

21      »      Thomae  apost.  Ex  Isidoro  De  patribus  novi  Testamenti. 

14  lan.,  S.  Hilarii.  Ex  Fortunato  Pictainensi  episcopo  pleraque. 

15  »      S.  Failli  erem.  Ex  Hieronymo,  t.  i. 

16  »      S.  Marcelli.  Ex  gestis  (t.  i  Surii). 

17  n      S.  Antonii.  Ex  Alhanasio, 

18  »      Pro  S.  Prisca.  Ex  gestis. 

19  »      SS.  Marii  et  Soc.  Ex  gestis  Valentini  (  t.  i  Surii,  981  ). 

20  »      S.  Fabiani.  Ex  Damaso  et  aliis.  Sebastiani.  Ex  gestis  eius  et 

Socioriim. 
22*    »      SS.   Vincentii  et  Atiastasii.  Ex  gestis  Vinc.  et  Anast. 
23      »      S.  Emei'entianse.  Ex  Ambrosio  sermo  ac  de  S.  Agnete. 

27  1)      S.  Joannis  Chrysost.  Ex  scriptoribus  de  vita  Chrysostomi. 

28  »  S.  Agnetis  secundo.  Ex  Ambrosio  sermo  xc  de  S.  Agnete. 
Sous  le  simple  titre  Ex  gestis  se  trouve  rindication  pour  SS.  Agathse, 
Faustini  et  Jovitœ,  avec  addition  de  Surius,  t.  i;  Tiburtii  et  Soc.  Ex  g. 
S.  Cseciliee;  Alexandri  (3  mai,  lect.  ix),  Nerei  et  Achillei.  Bonifacii  (14  mai). 
Potentianse.  Marcellini  et  Soc.  Primi  et  Feliciani.  Viti  et  Soc.  Marci  et 
Marcelliani.  Ex  g.  S.  Sebastiani;  Joannis  et  Pauli.  .Ex  g.  per  Terentia- 
num;  Septem  Fratriim  (10  juillet).  Symphorosœ  et  Fil.  (18  juillet).  Praxedis. 
Ex  g.  per  Pastorem;  Abdon  et  Sennen.  Ex  g.  S.  Laurentii;  S.  Xysti  [pro 
lect.  ix].  Ex  g.  S.  Laurentii  et  Pontifîcalibus ;  Donati ,  Cyriaci  et  Soc.  Ex  g. 
Marcelli pap;e  ;  Tiburtii  et  Susannœ.  Ex  g.  SS.  Sebastiani  et  Susannse;  Hip- 
polyli  et  Cassiani.  Ex  g.  S.  Laurentii  ;  Chrysanthi  et  Darise  (25  novembre). 
Ex  g.  per  notarios  romanœ  Ecclesiœ  Armeniiim  et  Varinnm;  Theodori. 
Cœcilise.  Chrysogoni.  Ex  g.  Anastasiee.  Les  suivants  sont  empruntés  :  Ex 
Simeone  Metaphraste ,  SS.  Blasius,  Alexiiis.  —  Sous  le  titre  Ex  Pontifi- 
cali  (P.),  ou  Pontificali  Damasi  {P.  D.),  ou  simplement  Damaso  (D.)  : 
Léo  Magniis.  P.  et  vita;  Anicetus.  P.;  Soter.  P.  D.  et  Gratian.  De  consecr. 
dist.  '2.;  Caius.  P.  D.;  Cletiis  et  Marcellinus.  P.  D.  et  Platina;  Urbaniis. 
D.  g.  Cœc.  et  Décrétai.;  Eleiitherius.  D.  et  Platina;  Félix.  P.  D.;  Silve- 
rius.  P.  et  Epist.  Silverii  ad  Amatorem;  Léo  H.  P.;  Anacletus.  P.;  ex 
decretis  Anacleti  et  aliunde;  Victor  et  Innocentiiis.  P.  et  Eus.,  H.  E., 
liij.  ^',  c.  XXII  et  XXIII ;  Stephanus.  P.  et  gestis;  Sixtus.  P.  et  g.  S.  Laur.; 
Cornélius  et  Cyprianus.  D.;  Linus.  D.  et  Platina;  Marcus.  D.;  Calixtus.  Ex 
D.  potissimum  ;  Evaristus.  D.  et  Evaristi  décrétai,  i;  Martinus  papa.  P. 
et  t.  Il  Concilior.;  Pontianus.  D.;  Clemens.  Potissimum  ex  martyrio  et  Da- 
maso. —  Les  suivants  sont  tirés  d'Eusèbe  ;  Apollonia.  Ex  S.  Dionysio 
Alexandrino ,  dans  Eus.,  H.  E.,  lib.  VI,  c.  xxxiv,  quod  est  31  Rufini ; 
Simeon,  H.  E.,  lib.  III,  c.  x  et  xxvi;  Philippus  et  lacob,  H.  E.,  lib.  II, 
c.  XXII,  et  Ilieron.,  De  script,  eccles.,  et  Isodorus,  De  patrib.  novi  Testam. 
lacobns  (25  juillet),  H.  E.,  lib.  II,  c.  viii,  et  ex  Evangeliis  et  Actis ;  Vi- 
ctor et  Innocenlius,  H.  E.,  lib.  V,  c.  xxii  et  xxiii,  et  Lib.  pontif.  ;  Gorgo- 
nius,  H.  E.,  lib.  VIII,  c.  vi;  Catharina,  H.  E.,  lib.  VII,  c.  xxvi;  Petrus 
Alex.,  H.  E.,  lib.  IX,  et  Beda,  in  Martyrologio.  —  Les  autres  ont  ajouté 
les  sources  suivantes  : 


*  Les  leçons  de  sainte  Agnès,  au  21  janvier,  II.  noct.,  ne  sont  pas  dans  la  liste,  bien 
qu'elles  se  trouvent  au  Bréviaire  Pianum. 


i80  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Bréviaire  de  Quignonez,  tout  en  traitant  les  légendes  d'une  façon 


Thomas  Aquin.  Ex  vita,  per  Joannem  Garzonem. 

40  Mart.  Ex  Basilii,  hom.  xx. 

Gregorius  I.  Ex  Joann.  Diac.  potissimum. 

S.  P.  Benedictus.  Ex  II  Dialog.  Grec/. 

Vitalis.  Ex  Ambros.  Exhort.  ad  Virgines. 

Atlianasius.  Ex  scriptor.  eccles.  illius  temporis. 

Inventio  S.  Crucis.  Ex  Rufino,  Hist.  ceci.,  lib.  I,  c.  vu. 

Monica.  Ex  Augustino  potissimum  :  Confess.,  lib.  IX. 

Appar.  S.  Michaelis.  Ex  historia  apparit.  et  aliunde. 

Gregor.  Naz.  Ex  vita  potissimum  per  Gregorium  Preshyterum. 

Gordianus  et  Epimachus.  Ex  martyrio. 

loannes papa  et  m^art.  Ex  Gregor.,  Dial.,  lib.  III,  c.  ii,  et  lib.  IV,  c.  xxx. 

Barnabas.  Ex  Actis  apostolorum  et  aliunde. 

Basilius.  Ex  Amphilochio  de  eius  vita  et  aliis. 

Gervasins  et  Protas.  Ex  Ambros.  De  inventione  ipsorum. 

Paulinus.  Ex  Augustino  Civ.  Dei,  lib.    I,   c.  x;   et  Gregor.   Dialog. 

lib.  III,  c.  II  et  m. 
Pius  I.  De  consecr.,  dist.  II. 

Bonaventura.  Ex  scriptor.  de  eius  vita,  t.  ii  opusculorum. 
Nazarius  et  Celsus.  Ex  Adone  et  Ambros.,  serm.  xcii. 
Invent.  S.  Stephani.  Ex  Luciano. 
Dominicus.  Ex  vita,  quam  scripsit  loannes  Garzo. 
S.  Clara.  Ex  historia  ad  Alexandrum  IV  scripta. 
Bernardi.  Ex  vita. 
Ludovici.  Ex  vita  apud  Clichtoveum. 
Augustinus.  Ex  Possidonio  Calamensi  episcopo. 
Sabina.  Ex  martyrio  apud  Adonem. 
Félix  et  Adauctus.  Ex  martyrologio. 
Adrianus.  Ex  martyrio. 

Protus  et  Hyacinlhus.  Ex  passione  S.  Eugenise. 
Exalt.  S.  Crucis.  Ex  historia  Exaltationis. 
Nicomedes.  Ex  passione  per  S.  Marcellum. 
Euphemia.  Ex  Bedse  martyrologio. 
Mauritius  et  Soc.  Ex  Eucherio  ep.  Lugdunensis. 
Cyprianus  et  Justina.  Ex  passione. 
Cosmas  et  Damianus.  Ex  Adone  in  martyrologio. 
Hieronymus.  Vitam  primus  ex  eius  libris  collegit  Victorius. 
Remigius.  Ex  Hincmaro  episcopo. 
Franciscus.  Ex  Bonaventura. 
Dionysius  et  Soc.  Ex  Hilduino. 
Hilarion.  Ex  Hieronymo. 
Simon  et  Judas.  Ex  Beda  in  martyrologio. 
Vitalis  et  Agricola.  Ex  Ambrosii  Exhort.  ad  virgines. 
Quatuor  Coronati.  Ex  martyrologiis. 
Martinus  ep.  Turon.  Ex  Severo  {Sulpitio). 
Menna.  Ex  Beda  in  martyrologio. 
Gregorius    Thaumaturg.   Ex    Greg.   Aysseno   et   Rufini,   Hist.    eccL, 

lib.  II,  c.  IX. 
Clemens.  Potissimum  ex  martyrio  et  Damaso. 
Petrus  Alex.  Euseb.,  H.  E.,  lib.  IX,  et  Beda  in  martyrologio. 


CHAPITRE  III 


181 


radicale  et  rationaliste,  avait  contribué  à  les  rendre  claires.  La 
Commission  de  Pie  IV  et  de  Pie  ^'  ne  fit  donc  aucune  difficulté 
de  voir  dans  les  légendes  des  fêles  de  saints  contenues  dans  ce 
Bréviaire  des  matériaux  précieux  et  de  les  utiliser  comme  tels. 
Quatre-vingt-quatre  de  ces  légendes  furent  soumises  à  différents 
examens,  considérablement  allongées  après  une  comparaison 
attentive  avec  les  sources  et  corrigées.  Plusieurs  reçurent  une 
forme  nouvelle  et  on  les  inséra  ainsi  dans  le  nouveau  Bréviaire, 
On  se  proposait  de  favoriser  la  piété,  d'extraire  des  biographies 
ou  des  Actes  les  passages  les  plus  édifiants  et  de  les  couler  dans 
un  moule  unique  qui  conserverait  le  caractère  et  le  style  litur- 
giques. Les  légendes  ne  devaient  pas  être  «  trop  sèches  ni  trop 
monotones,  mais  assez  étendues,  et  elles  devaient  offrir  de  la 
variété  »'.  L'évêque  de  Modène,  ^Egidio  Foscarari,  et  l'habile 
latiniste  Poggiano  résolurent  ce  problème.  Cinquante -cinq 
légendes,  que  Quignonez  n'avait  pas  acceptées,  furent  ajoutées. 
Légendes  remaniées.  —  Les  légendes  du  Breviarium  S.  Crucis 
seu  Qiucfnonianum  qui  furent  remaniées  sont  celles  des  saints 
suivants^  : 


Agatha. 

Pianum,  I4  J 

unii). 

CosmasetDamianus. 

Agnes. 

Benedictus. 

Damasus. 

Alexander    Pap.    et 

Bernardus. 

Dedicatio      Basilicœ 

Soc. 

Blasius. 

Salvatoris. 

Ambrosius. 

Bona  Ventura. 

Dionysius  et  Soc. 

Anacletus. 

Csecilia. 

Dominicus. 

Andréas  Apost. 

Caius. 

Evaristus. 

Antonius  Abbas. 

Catharina. 

Exaltatio  S.  Crucis. 

Apollonia. 

Chrysogonus. 

Fabianus  et  Sebastia- 

Athanasius. 

Clara. 

nus. 

Augustinus. 

Clemens  Papa. 

Félix  Papa. 

Barnabas. 

Cletus    et    Marcelli- 

Franciscus. 

Bartholomaeus. 

nus. 

Gervasius  et  Prota- 

Basilius  (Br.  Quign., 

Cornélius  et  C} 

pria- 

sius. 

14  Januarii,  Brev. 

nus. 

Gregorius  Magnus. 

'  Accià  siano  piii  copiose  (Schmid,  p.  634). 

2  D'après  Lagomarsini ,  In  notis  ad  Gralian.  De  rébus  a  Iulio  Poggiano 
gestis,  p.  xlv  sq.,  dans  Zaccaria,  Bihl.  ritualis,  t.  i,  p.  116-118,  Quigno- 
niani  Brev.  Sanctorum  historise  in  PU  V  Brev.  retractatœ. 


182 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Gregorius  Nazianz*. 

Hieronymus. 

Hilarius. 

Hilarion. 

Jacobus  (25  Julii). 

Ignatius     Episc.     et 

Mart. 
Inventio  S.  Crucis. 
Joannes    Chrysosto- 

mus. 
Johannes  et  Paulus. 
Léo  I. 
Linus. 
Lucia. 
Marcellus, 
Marcellinus  (26  Apri- 

lis). 
Marcellinus    et   Pe- 

trus  (2  Junii). 
Marcus  et  Marcellia- 

nus. 


Marcus  Papa. 

Maria  ad  Nives. 

Martha. 

Martinus  Episc. 

Martinus  Papa. 

Matthœus. 

Mauritius  et  Soc. 

Nicolaus. 

Paulus  Erem. 

PetrusAlexandrinus. 

Philippus  et  Jacobus. 

Pius  I. 

Polycarpus. 

Pontianus. 

PudentianaouPoten- 

tiana, 
Praxedes. 
Prisca. 
Processus  et  Marti- 

nianus. 


Septem  Fratres. 
Simon  et  Judas. 
Stephanus  Papa. 
Stephani  Protomar- 

tyris  Inventio. 
Symphorosa. 
Thomas  Apost. 
Thomas  Aquinas. 
Tiburtius. 
Valerianus  et  Maxi- 

mus  (14  April.). 
Timotheus  Episc. 
Tryphon  et  Soc. 
Vincentius    et    Ana- 

stasius. 
Vitalis    et 

(4  Nov.). 
Ui'banus  I. 
Zephyrinus  Papa 


Agricola 


40  Martyres. 

Saints  ajoutés.  —  On  ajouta  les  saints  suivants,  qui  manquent 
totalement  dans  le  Quignonianum^  : 


Abdon  et  Sennen. 
Adrianus. 
^gidius. 
Agapitus. 
Asrnes  secundo. 


Alexius. 
Anicetus. 
Apollinaris. 
Basilides  et  Soc. 
Bonifacius  (l4Maii). 


Cathedra  Pelri  Rom. 
Chrysanlhus  et  Da- 

ria. 
Cy  pria  nus   et  Justi- 

na. 


1  II  doit  ici  y  avoir  une  erreur.  Zaccaria  a  [lac.  cit.,  p.  117)  Gregor. 
Naz.,  episc.  et  conf.,  12  mart.  Dans  le  Brev.  Quifjnonianum,  il  ge  trouve 
avec  leçon,  mais,  comme  dans  le  Pianum,  au  12  mai's,  S.  Gregorius 
Magnus;  tandis  que  S.  Grégoire  de  Nazianze,  dans  les  deux,  se  trouve  au 
9  mai.  Si  tous  les  deux  sont  tirés  du  premier,  le  nombre  total  est  de 
quatre-vingt-cinq. 

2  Sanclorum  historiée,  cjuœ  a  Qaignoniano  Breviario  aberant,  in  PU  V 
Breviarium  illatse  (Zaccaria,  loc.  cit.),  iiixta  Pianum  Breviarium  (  Ro- 
mœ,  1570  et  1571;  Antwerpiœ,  1575;  Parisiis,  1588)  cum  ruhricis  Gallicis. 
Ainsi  Zaccaria  n'a  pas  indiqué  l'édition  originale.  J'ai  eu  le  bonheur  de 
pouvoir  consulter  et  comparer  un  exemplaire  de  l'édition  originale  de 
Rome  (1568)  au  musée  Plantin  à  Anvers  {Codex  R.  168). 


CHAPITRE  111 


183 


Dedicatio  Basil. Pétri 

et  Pauli. 
Donatus. 
Dorothea. 
Eleutherius. 
Emerentiana. 
Euphemia,  Lucia  et 

Geminianus. 
Faustinus  et  Jovita. 
Félix  et  Adauctus. 
Félix  Presb.  (  14  Ja- 

nuarii). 
Gordianus    et    Epi- 

machus. 
Gorgonius. 
Gregorius   Thauma- 

turgus. 
Hippolytus  Papa  et 

iMart.  (13  Aug.). 
Joannes      Papa      et 


Mart.  (27xMaii). 
Léo  II. 
Ludovicus,  rex  Gal- 

lise. 
Marius,  Martha,  Au- 

difax  et  Abaclium 

(19  Jan.). 
Mennas. 

Michaelis  Apparitio. 
Monica. 

Nazarius,  Celsus,  Vi- 
ctor   et    Innocen- 

tius. 
Nereus,  Achilleus  et 

Pancratius. 
Nicomedes. 
Pantaleon. 
Paulinus. 
Pelronilla. 
PrimusetFelicianus. 


Protus    et    Hyacin- 

thus. 
Quattuor  Coronati. 
Remigius. 

Ruffina  et  Secunda. 
Sabina. 
Silverius. 
Simeon  Episc. 
Soter  Papa. 
Thecla. 
Theodorus. 
TiburtiusetSusanna 
Timotheus. 
Hippolytus  et  Sym- 

phorianus. 
Vitalis  (28  April.). 
Vitus. 
Modestus  et  Crescen- 

tia  (15  Junii). 


On  doit  remarquer  que  dans  le  Breviarium  PU  V  (éd.  1568) 
quelques  autres  fêtes  de  saints  ou  commémoraisons  de  saints  non 
contenues  dans  la  liste  précédente  ont  une  ou  plusieurs  leçons, 
sous  forme  de  vie  ou  de  légende.  Ce  sont,  tout  d'abord,  S.  loseph, 
S.  loannes  Ev.,  S.  Matthias,  S.  Marciis,  S.  Stephanus  et  quelques 
autres,  qui  possèdent  un  Sermo  S.  Patris  ou  le  Capitule  tiré  de 
saint  Jérôme,  De  scriptor  eccles.  Tels  sont  :  S.  Pefrus  ad  vin- 
ciila,  au  1"  août;  S.  Callistus,  au  14  octobre;  S.  Thomas  Bec- 
ket,  au  29  décembre.  Pour  le  premier,  Quignonez  n'a  qu'une 
leçon  tirée  des  Actes  des  Apôtres,  et  pas  de  légende  qui  corres- 
ponde aux  leçons  du  deuxième  nocturne  dans  le  Pianum,  où  elles 
sont  sans  indication  de  la  source.  La  Lectio  qiiarta  in  Festo  S.  Cal- 
listi,  dans  le  Pianum,  est  une  pâle  imitation  de  la  Lectio  tertia 
dans  le  Quignonianum^ ,  qui  est  vigoureusement  écrite,  quoique, 
sous  certains  rapports,  peu  correcte. 

Saints  supprimés.  —  Nous  omettons  les  saints  dont  on  a  fait 


1  Loc.  cit.,  p.  cccL  b. 


184 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


simplement  mémoire  sans  leçon,  tels  que  Hygin,  Maur,  etc.  Les 
saints  autrefois  fêtés  clans  le  Qiiignonianum  et  supprimés  sont 
les  suivants  : 


Martina,         15  Jan. 
Telesphorus,  19    » 
Ildephonsus   ou   Al- 

phonsus,  23  Jan. 
Isidorus. 

Diony  sius  Confesser. 
Justinus  Philosoph. 
Apollonius. 
Seraphia. 
Petrus  etDorotheus, 

9  Sept. 
Methodius. 
Lucianus,  28  Jan. 
Phileas   et    Philoro- 

mus,  4  Febr. 


Cointha. 
Asterius. 
Juliana. 
Gabinus. 

Julianus  et  Eunus. 
Emetherius  et  Cele- 

donius. 
Lucius  Papa. 
Anastasius  Papa. 
Petrus  Martyr. 
Victor  et  Corona. 
Bernardinus. 
Ivo. 
Germanus. 


Antonius  Paduanus. 
OctavaVisit.B.M.V. 
Nemesius  et  Lucilla. 
Rufus. 

Ptolemeus  et  Lucius. 
Briceius. 

Elisabeth,  19  Nov. 
Saturninus  et  Sisin- 

nius,29Nov.quoad 

lectionem. 
Bibiana ,      2      Dec. 

quoad  lectionem. 
Melchiades,  10  Dec. 

quoad  lectionem. 


Pamphilus. 

La  divergence  entre  les  légendes  du  Bréviaire  de  Quignonez 
et  celles  du  Bréviaire  Pianum  devient  surtout  sensible  si  Ton 
met  en  parallèle  les  leçons  de  quelques  fêtes  ;  cela  montre  aussi 
par  quoi  les  rédacteurs  des  nouvelles  leçons  se  rattachaient  à 
celles  du  Bréviaire  de  Quignonez,  et  quelle  est  leur  caractéris- 
tique. Celles  qui  se  trouvaient  dans  le  Breviarium  Romaïue 
curiœ  avant  Quignonez  furent  presque  toutes  sacrifiées,  ce  qui, 
pour  la  plupart,  ne  fut  pas  une  grande  perte  : 

Légendes  comparées  de  Quignonez  et  du  Bréviaire  de  Pie  V. 


Lectiones  SS.  Fahiani  el  Seha- 

stiani,   die  20   lanuan'i  se- 

cundum  Brev.  S.  Criicis  au- 

ctore  Card.  Quignonez.  Edit. 

Paris.,  1539,  fol.  CCCXVIP'. 

Fabianus,  patria  Romanus, 

a  Gordiano  et  Philippe  ad  De- 

cium  imperatorem  Pontifex  Ec- 

clesias     praefuit.     Hic     septem 

diaconis  regiones  divisit,  qui  a 


Lectiones    eorumdeni    sancto- 
rinn  iuxta  Breviarium  PU  V. 
Edit.  Romœ  et  Antwerpiœ, 
Planlinian.,  1569,/).  598. 
Fabianus  Romanus  a  Maxi- 
mino  usque  ad  Decium  regens 
Ecclesiam ,  septem  diaconis  re- 
giones  divisit,    qui   pauperum 
curam  haberent.  Totidem  sub- 
diaconos  creavit,  qui  res  gestas 


CHAPITRE  III 


185 


notariis  res  martyrum  gestas 
scribentibus  collig-erent.  Sta- 
tuitque  ut  singulis  annis  in  die 
cœiice  Domini  chrisma  renova- 
retur  :  ac  velus  combureretur 
in  ecclesia.  Huius  tempore  orta 
est  haîresis  Novatii,  Romanœ 
ecclesiae  px'esbyteri  :  negantis 
apostatas  etiam  pœnitentes  ab 
ecclesia  recipi  debere.  Sed  con- 
gregalo  Ronife  concilio  sexa- 
ginta  episcoporum  totidemque 
presbyterorum  eu  m  diaconis 
compluribus  :  haec  hœresis  No- 
vatiana  damnata  fuit,  et  cum 
aliis  error  quoque  Helchesata- 
rum  asserentium  non  esse  cri- 
minosum  intornientis  Ghristum 
voce  tenus  ab  eo  negari ,  qui 
corde  ipsum  confiteretur.  Fa- 
bianus  denique  decimo  tertio 
calendas  Februarii  martyrio  co- 
ronatus  in  cemiterio  Callisti  via 
Appia  sepelitur  :  cum  sedisset 
annos  quatuordecim ,  menses 
undecini ,  dies  undecim. 

Sebastianus,  civis  Mediola- 
nensis,  sed  Narbone  ortus  vel 
(ut  alii  tradunt)  oriundus ,  vir 
nobilis  et  imperatori  Diocletia- 
no  clarus  primœque  cohortis 
ductor,  multos  christianorum 
in  tornientis  déficientes  tam  for- 
titer  et  sancte  in  fide  confirma- 
vit,  ut  martyrium  constanter 
subierint.  Quorum  fuereMarcus 
et  Marcellinus  fratres,  qui  Ro- 
mae  in  domo  Nicostrati  vincti 
asservabantur  :  cuius  Nicostra- 


martyrum  a  septem  notariis 
scriptas  colligerent.  Idem  sta- 
tuit,  ut  quotannis  feria  quinta 
in  Cœna  Domini ,  vetere  com- 
busto ,  Chrisma  renovaretur. 
(Eo  Pontifice  excitata  est  hae- 
resis  a  Novatocontendente  Apo- 
statas pœnitentes  ab  Ecclesia  re- 
cipiendos  non  esse.  Quamobrem 
Fabianus  Romae  Concilium  coë- 
git  sexaginta  episcoporum,  ubi 
Novatus  damnatus  est  et  una 
condemnatus  error  Helchesata- 
rum,  qui  affirmabant  Christum 
in  tormentis  ore  negari  posse 
sine  peccato,  modo  corde  cre- 
datur.)  Denique  decimo  tertio 
Kalendas  Februarii  in  persecu- 
tione  Decii  martyrio  coronatus 
in  cœmeterio  Calixti  via  Appia 
sepelitur,  cum  sedisset  annos 
quattuordecim  ,  menses  unde- 
cim ,  dies  quindecim.  Hic  fecit 
ordinationes  quinque  mense  De- 
cembri ,  quibus  creavit  presby- 
teros  viginti  duos,  diaconos  se- 
ptem ,  episcopos  per  diversa 
loca  undecim. 

V.  Sebastianus,  ex  pâtre  Nar- 
bonensi  ,  matre  Mediolanensi 
natus,  ob  generis  nobilitatem  et 
virlutem  Diocletiano  carus  fuit  : 
dux  prima?  cohortis,  Christia- 
nos,  quorum  fidem  clam  cole- 
bat,  opéra  et  facultatibus  adiu- 
vabat  ;  et  qui  ex  eis  tormento- 
rum  vim  reformidare  videban- 
tur,  cohortatione  sic  confirma- 
bat,  ut  pro  Jesu  Christo  multi 


186 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


ti    uxor   Zoë ,   exorante  Deum 
Sebastiano ,  vocem  ante  sex  an- 
nos  per  morbum  amissam  rece- 
pit.  Quibus  rebus  cognitis  Dio- 
cletianus    Sebastianum    ad    se 
vocat  et  gravissime  increpatum 
omni    ratione    a   fide    conatur 
avertere.  Sed  hoc  frustra  ten- 
tato  :  iubet  eum  stipite  alliga- 
gatum  a  sagittariis  configi.  Fre- 
quentibus  igitur  sagittis  confî- 
xus  cum  ab  omnibus  aut  perne- 
catus    aut   protinus   moriturus 
crederetur  :  tamen  consequenti 
nocte  ab  Hyrene  sancta  matro- 
na,  sepeliendi  gratia  sublatus, 
vivus   reperitur   et  ope  divina 
brevi  est  in  domo  illius  in  pri- 
stinam  valetudinem  restilutus. 
Itaque  paulo  post  factus  obviam 
Diocletiano  ad  rei  miraculum 
altonito  :  libère  cœpit  impicta- 
tem  et  sœvitiam  in  Christianos 
improperare.  Tune  vero  iussu 
eiusdeni    imperatoris   tam    diu 
virgis  cœsus  est,  donec  animam 
exalavit.   Eius  vero   corpus   in 
cloacam  deiectum  Lucinae  opé- 
ra (cui  Sebastianus  per  som- 
nium  visus  et  ubi  suum  corpus 
esset  et  ubi  condi  vellet  denion- 
stravit)  ad  Cathacumbas  sepul- 
tum  est  :  ubi  templum  exstat 
eiusdem  nomine  dicatum.  Pas- 
sus   est  autem  Romœ  decimo 
tertio  Calendas  Februarii. 


se  ultro  tortoribus  ofîerrent.  In 
illis  fuere  Marcus  et  Marcellia- 
nus  fratres  :  qui  Romœ  in  cu- 
stodia  erant  apud  Nicostratum. 
Cuius  uxor  Zoë  vocem,  quam 
amiserat,  Sebastiani  oratione 
recuperavit.  Quibus  Diocletiano 
delatis,  Sebastianum  accersit  et 
vehementius  obiurgatum  omni- 
bus artificiis  a  Christi  fide  co- 
natur avertere.  Sed  cum  nihil 
nec  poUicendo  nec  terrendo  pro- 
ficeret,  ad  palum  alligatum  sa- 
gittis configi  iubet. 

VI.  Quem  omnium  opinione 
mortuum  noctu  sancta  mulier 
Hirene  sepeliendi  gratia  iussit 
auferri ,  sed  vivum  repertum 
donii  sufc  curavit.  Itaque  paulo 
post confirmatavaletudine,  Dio- 
cletiano obviam  factus  eius  im- 
pietatem  liberius  accusavit.  Cu- 
ius aspectu  cum  ille  primum 
obstupuisset ,  quod  mortuum 
crederet,  rei  novitate  et  acri 
Sebastiani  reprehensione  excan- 
descens,  eum  tam  diu  virgis 
cœdi  imperavit,  donec  animam 
Deo  redderet.  Eius  corpus  in 
cloacam  deiectum  Lucina,  a 
Sebastiano  in  somnis  admonita 
ubi  esset  et  quo  loco  humari 
vellet,  ad  Catacumbas  sepelivit, 
ubi  sancti  Sebastiani  nomine 
ecclesia  est  aidifîcata. 


CHAPITRE  m 


187 


La  légende  de  sainte  Agnès  (21  janvier). 


Brev.  Quignonianum. 
■  Agnes,  virgo  Romana,  claris 
parentibus  orta,  cum  ab  Urbis 
prœfecti  filio  amore  flagrante 
in  coniugem  magnis  pollicitis 
et  contentione  peteretur  :  omni- 
bus spretis  in  ea  responsione 
perstitit,  se  ab  amatore  Christo 
fuisse  occupatam,  ipsi  soli  se 
datam  fidem  pra?stare  oportere. 
lia  cum  neque  blanditiis  neque 
minis  commoveretur  a  Sym- 
phronio  preeposito  nec  iussu 
deœ  Vestae  sacrificare  paruis- 
set  :  vestibus  spoliata  prœeunte 
prœcone  in  lupanar  ducta  est  ; 
ubi  cœleste  lumen  sic  eam  cir- 
cumfulsit,  ut  a  nemine  videri 
posset.  Cumque  praefecti  filius 
virgini  insultaturus  intrasset  : 
confestim  exanimis  iacuit  :  qui 
mox  oratione  virginis  suscita- 
tus  egressusque  in  publicum 
clamare  cœpit  :  templa  deorum 
esse  dœmonum  domicilia,  et  so- 
luni  christianorum  verum  esse 
deum.  Quo  miraculo  templo- 
rum  pontificibus  commotis  ac 
virginem  magam  esse  clamitan- 
tibus  :  Symphronius,  licet  iam 
Agnem  libenter  absolveret ,  ti- 
mens  tamen  pontificum  calum- 
niam  causam  virginis  cogno- 
scendam  Aspasio  vicario  com- 
misit.  Hic  autem  in  conspectu 
omnium  rogum  accendi  et  in 
eum  virginem  protrudi  iussit. 


Brev.  Pianum. 

Agnes  Romana,  virgo  nobili 
génère  nata  tredecim  annorum, 
a  prœfecti  Urbis  filio ,  qui  eius 
amore  flagrabat ,  magnis  mune- 
ribus  tentatur,  an  sibi  nubere 
velit.  Quse  se  prœstantiori  de- 
sponsam  respondit  nec  adduci 
posse,  ut  fidem  falleret,  quam 
ei  dedisset.  At  ille  insana  cupi- 
ditate  stimulatus,  cum  pretio- 
siora  ei  in  singulas  preces  ofîer- 
ret  munera  et  ingénies  pollice- 
retur  divitias,  iis  contemptis  et 
irrisis  onînibus,  virgo  :  Discede, 
inquit,  a  me,  pabulum  mortis, 
fomes  peccati  ;  nam  multa  ube- 
riora  et  prccclariora  mihi  defe- 
rens  me  nobilior  ille  prior  oc- 
cupavit  sponsus;  is  annulo  dato 
sibi  desponsavit.  is  collum  ac 
dexteram  meam  fulgentibus  ac 
sempiternis  gemmis  ornavit  ; 
quem  ego  et  amans  casta  et 
tangens  munda  et  accipiens  vir- 
go sum.  Ea  repuisa  furens  prœ- 
fecti filius  rem  ad  Symphro- 
nium  patrem  detulit.  Is  indigne 
ferens  quemquam  filio  suo  prai- 
ferri,  cum  a  suis  quaesisset, 
quisnam  ille  esset,  cui  Agnes 
se  desponsatam  diceret,  intel- 
lexit  Agnetem  a  prima  œtate 
Christianam  adeo  magicis  arti- 
bus  addictam,  ut  sponsum  suum 
esse  Ghristum  sibi  persuadeat. 

Quo  audito  praefectus  virgi- 


188 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Quo  facto  flammis  divisis  ipsa 
in  medio  illaesa  permansit,  et 
ignis  circumstantes  exurebat, 
qui  tamen  ad  orationem  virgi- 
nis  statim  exstinctus  est.  Tune 
Aspasius  ira  concitatus  iussit 
eam  decollari.  Et  sic  martyrio 
coronata  ad  sponsum  Ghristum 
emigravit  duodecimo  calendas 
Februarii.  Parentes  autem  eius 
corpus  abstulei'unt  et  via  Nu- 
mentana  in  preediolo  suo  non 
longe  ab  urbe  sepelierunt.  Qui- 
bus  in  sepulchro  cum  fletu  et 
lamentatione  assidentibus  :  fre- 
quenti  virginum  cœtu  circum- 
septa,  candida  et  refulgens 
Agnes  apparuit  hortataque  est 
illos,  ut  piis  lachrymis  finem 
imponerent,quandoquidem  ipsa 
in  cœlum  sublata  uberrimum 
ferret  sui  martyrii  premium. 
Igitur  fama  sanctitatis  eius  ubi- 
que  dispersa  :  quotquot  creden- 
tes  ad  sepulchrum  eius  venis- 
sent,  a  quacunque  infirmitate 
sanabantur. 


nem  una  cum  parentibus  accer- 
sit  eamque  monet,  ut,  neglecla 
Christianorum  superstitione, 
honestissimam  filii  sui  condi- 
cionem  acciperet.  Quœ  cum  vi- 
rum  et  dominum  suum  esse 
Ghristum  affirmaret,  parentes 
hortatur  prsefectus,  ut  puellam 
de  illa  mente  deducant.  Postri- 
die  eius  diei  ipse  vocat  Agne- 
tem  et,  frustra  adhibito  omni 
persuadendi  artificio ,  iubet 
puellam ,  si  virginitas  tantopere 
ei  placeret,  cum  virginibus  Ve- 
stalibus  vivere  ;  sin  minus , 
cum  scortis  vitam  agere.  Gui 
illa  :  Nec  divinum  honorem  Ve- 
stœ,  inquit,  habere  volo,  quœ 
nihil  aliud  est  nisi  ligneum  aut 
lapideum  simulacrum  ;  et  si  vir- 
ginitatem  meam  in  discrimen 
adduxeris ,  mecum  habeo  cu- 
slodem  corporis  niei  Angelum 
Domini ,  qui  me  inviolatam  ser- 
vabit.  Quibus  verbis  furore  in- 
flammatus  Symphronius  virgi- 
nem  ad  scorta  duci  iubet. 


Quo  cum  eam  violaturus  pra?- 
fecti  filius  esset  ingressus ,  vidit  ipsam  clarissima  luce  circum- 
fusam  ;  sed  nihilominus  in  insania  perseverans  continue  con- 
cidit  mortuus.  Qui  mox  oralione  virginis  reviviscens  prodiit  in 
publicum  exclamans  templa  deorum  esse  dœmonum  domicilia. 
Quare  idolorum  ignominia  magnopere  commoti  pontifices  Agne- 
tem  apud  Symphronium  magicarum  cantionum  accusant.  Qui, 
etsi  virginem  libenter  absolvisset,  tamen,  pontificum  calumniam 
veritus,  causœ  cognitionem  Aspasio  vicario  dédit.  Is  in  ardentem 
rogum  puellam  injici  imperat,  quam  divisa  in  duas  partes 
flamma  non  attigit,  immo  vero  orante  ipsa  exstinctus  est  ignis. 
Quo  facto  usque  adeo  Aspasius  ira  concitatus  est,  ut  eam  securi 


CHAPITRE  III 


189 


percuti  iuberet  duodecimo  Kalend.  Februarii.  Cuius  corpus 
parentes  in  suo  praedio  via  Nomentana  sepelierunt. 

Saint  Joseph.  —  Au  19  mars,  pour  la  fête  de  saint  Joseph,  le 
père  nourricier  de  Jésus,  la  leçon  tirée  par  Quignonez  de  Thomé- 
lie  de  saint  Bernard  fut  maintenue  au  Pianiim,  mais  avec  quelques 
modifications,  et  le  texte  ne  fut  pas  suivi  mot  à  mot. 

Saint  Benoit  et  saint  Grégoire.  —  Pour  la  fête  de  saint  Grégoire 
le  Grand  (12  mars)  et  celle  de  saint  Benoît  (21  mars),  qui  dans 
le  Quignonianum  avaient  une  leçon  insignifiante,  on  fit  une 
légende  plus  longue ,  composée  de  trois  leçons  heureusement 
choisies  dans  les  Vitse.  Nous  croyons  inutile  de  les  donner  ici. 
Mais  il  sera  bon,  pour  juger  de  l'ensemble,  de  connaître  la 
légende  de  saint  Galliste  dans  les  deux  Bréviaires  (14  octobre). 

Légende  de  saint  Galliste. 


Brev.  Quignon,  [éd.  Parisiis, 
1539)  cil.  fol.  CCCL^. 
Callistus  Pontifex  ,  patria 
Romanus,  usque  ad  Severi  tem- 
pora  pervenit.  Hic  ieiunium , 
quod  ter  in  anno  celebrabatur, 
per  quatuor  tempora  ut  fieret 
decrevit.  Ut,  sicut  annus  per 
quatuor  volvitur  tempora  :  sic 
nos  quaternum  solemne  agamus 
ieiunium  per  quatuor  anni  tem- 
pora. Quibus  temporibus  post- 
ea  institutum  est,  ut  fieret  sa- 
crorum  ordinum  initiatio,  quae 
anteaDecembridumtaxatmense 
lieri  consueverat.  Cemiterium 
quoque  de  suo  nomine  condidit 
via  Appia  :  in  loco  ubi  multo- 
rum  martyrum  cineres  antea 
repositi  fuerant.  Postremo  ubi 
ex  ordinationibus  mense  De- 
cembri  quinquies  habitis  pre- 
sbyteros    sexdecim  ,     diaconos 


Brev. 


Pianum 
p.   764; 


ecl.   cil., 


Calixtus  Romanus  prœfuit 
Ecclesia'  Macrino  et  Helioga- 
balo  imperatoribus.  Instituit 
quatuor  anni  tempora,  quibus 
ieiunium  servaretur.  yËdifica- 
vit  Basilicam  Sanctae  Mariai 
trans  Tiberim  et  in  via  Appia 
ccemeterium  condidit,  in  quo 
multi  sancti  sacerdotes  et 
martyres  sepulti  sunt  ;  quod  a 
conditore  Calixti  cœmeterium 
appellatur.  Sedit  annos  sex, 
menses  duos,  dies  decem  ;  ordi- 
nationibus quinque  mense  De- 
cembri  creavit  episcopos  octo , 
presbytères  sedecim ,  diaconos 
quatuor.  Martyrio  coronatus 
illatus  est  in  cœmeterium  Cale- 
podii,  via  Aurélia,  tertio  ab 
Urbe  lapide,  pridie  Idus  Octo- 
bris. 


190  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

quatuor,  episcopos  octo  creasset  :  martyrio  coronatus  est,  ac 
sepultus  in  cemiterio  Calopodii ,  via  Aurélia ,  tertio  ab  Urbe 
lapide,  pridie  Idus  Octobris,  Gum  sedisset  annos  sex,  menses 
decem,  dies  decem. 

Évidemment  la  Commission  ne  s'est  pas  crue  liée  par  tous  les 
travaux  préliminaires  de  Garaffa  (Paul  IV) ,  autrement  elle  n'au- 
rait pas  choisi  une  nouvelle  légende  pour  la  fête  de  sainte  Agnès, 
Paul  IV  ayant  pris  comme  leçon  du  second  nocturne  le  Sermo 
S.  Amhrosii  ex  lih.  II.  De  virgin. 


CHAPITRK   IV 

LE   NOUVEAU   BRÉVIAIRE 
OU    BRÉVIAIRE    RÉFORMÉ   DE  1568 
BREVIARIUM  PIAXUM 


Décret  en  faveur  du  nouveau  Bréviaire.  —  Le  nouveau  Bréviaire 
parut  à  Rome,  chez  Paul  Manuce\  dans  l'été  de  1568,  et  il  y 
eut  en  même  temps  trois  éditions  :  deux  in-folio  ou  in-quarto  et 
une  in-octavo  ;  de  sorte  qu'on  put  réciter  l'office  d'après  la  nou- 
velle ordonnance  dans  les  églises  de  la  ^'ille  éternelle  vers  le  com- 
mencement de  1569.  Il  portait  ce  titre  :  Breviarium  romaiium , 
ex  decrelo  sacrosancfi  concilii  Ti'identini  reslilutum ,  PU  V. 
Pont.  Max.  iiissii  editum.  Bomse,  MDLXVIII.  Cum  privilégia 
PU  V.  Pontificis  Maxim,  in  sedihus popiili  Romani,  apud Pauliim 
Manutiiim^.  La  bulle  de  publication  de  Pie  V,  qui,  dans  l'édi- 
tion dont  nous  nous  servons,  se  trouve  à  la  page  3  (le  verso  du 


1  L'imprimeur  Acnitien  Paul  Manuce  fut  appelé  à  Rome  en  1561,  et, 
à  ce  qu'il  semble,  dès  1564  une  nouvelle  édition  du  Bréviaire  était  prête 
sous  ce  titre  :  Breviarium  romanum ,  ex  décréta  sacrosancti  concilii  Tri- 
dentini  restitutiim,  PU  IV.  P.  M.  iussii  editum ,  Romae,  1564,  in-f^  (Schniid, 
p.  654;  BatifTol,  p.  244).  D'après  Renouard  {Annales  de  l'imprimerie  des 
Aide,  Paris,  1825,  t.  ii,  p.  35  et  [1834]  p.  190),  elle  serait  (à  peu  près  ou 
entièrement?)  la  même  que  celle  de  1568,  ce  qui  me  paraît  fort  douteux. 

2  Je  n'ai  pas  à  ma  disposition  les  éditions  in-folio.  L'exemplaire  que 
j'ai  du  Muséum  d'Anvers  (édition  romaine  de  1568)  est  un  vol.  in-S» 
de  16<:">5  de  hauteur  et  de  llcm  de  largeur;  il  compte  959  pages  pour  le 
Corpus  Breviarii,  de  la  feuille  du  titre  jusqu'à  la  fin  du  Proprium  sancto- 
rum  ;  et  ensuite  109  autres  pages  pour  le  Commune  sanctorum,  avec 
supplément,  appendices,  tels  que  consécration  d'une  église,  office  de  la 
sainte  Vierge,  Officium  defunctorum,  litanies,  etc.;  28  feuilles  non  pagi- 
nées précèdent  le  psautier,  qui  commence  à  la  page  1:  elles  contiennent 
les  préliminaires,  les  rubriques  générales,  le  calendrier,  les  tables  de 
Pâques,  etc. 

3  Bulle  Quod  a  nobis,  du  9  juillet  1568,  ajoutée  depuis  lors  à  toutes 
les  éditions  et  dans  les  éditions  en  quatre  volumes,  ordinairement  dans 
la  partie  d'hiver. 


192  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

titre  est  en  blanc),  prescrivait  que,  désormais,  le  Bréviaire  de 
Quignonez  et  tout  autre  Bréviaire  qui  ne  pouvait  exciper  de  deux 
cents  ans  d'existence,  ou  qui  n'aurait  pas  été  approuvé  expressé- 
ment par  Sa  Sainteté,  perdaient  leur  privilège  et  ne  pouvaient 
plus  être  employés.  Les  coutumes  vraiment  antiques  et  dignes 
de  respect  des  églises  particulières  n'étaient  pas  abolies  par  ce 
fait,  bien  plutôt  on  leur  reconnaissait  le  droit  à  l'existence;  mais 
liberté  était  laissée  à  l'évêque  et  au  chapitre  d'adopter,  par  déli- 
bération commune,  le  Breviarium  Pianum^. 

Aide  Manuce.  —  La  bulle  fixait  un  délai  pour  l'acceptation  de 
ce  Bréviaire  ;  il  devait  être  en  usage  à  Rome  à  l'expiration  d'un 
mois,  dans  le  reste  de  l'Italie  [inlra  montes)  après  trois  mois. 
Dans  tous  les  autres  pays  [qui  ultra  ubique  locorum  degunt)  la 
bulle  aurait  force  de  loi  six  mois  après  la  publication  (15  juil- 
let), si  du  moins  cet  intervalle  suffisait  pour  se  procurer  le 
nombre  nécessaire  de  nouveaux  Bréviaires.  Le  monopole  était 
concédé  à  l'imprimeur  romano- vénitien  Manuce;  mais,  pour 
pouvoir  répondre  aux  nombreuses  commandes  qui  lui  étaient 
adressées  de  tous  côtés,  ce  dernier  reçut  du  pape,  le  11  no- 
vembre 1568,  l'autorisation  de  le  partager  avec  d'autres  impri- 
meurs. 

Plantin.  —  La  célèbre  imprimerie  Plantin  fut  la  première 
à  solliciter  l'autorisation  de  préparer  une  nouvelle  impression. 
La  correspondance  échangée  à  ce  sujet  entre  Anvers  et  Rome  se 
trouve  au  musée  Plantin,  à  Anvers.  Une  partie  en  a  été  publiée 
par  le  conservateur  de  ce  musée,  Rooses,  à  quelques  exemplaires". 


1  Abolemus  quœcumque  alia  Breviaria  vel  anliquiora  vel  quovîs  privi- 
leçjio  munita  vel  ab  episcopis  in  sais  cliœcesihus  periiiUfata ,  omnemque 
illorum  usum  de  omnibus  orbis  ecclesiis,  monasteriis ,  conventihus...  in 
quibiis  alias  Officiiim  divinum  romanœ  Ecclesiœ  riln  dici  consuevit  aut 
débet  :  illis  lamen  exceptis,  quse  ah  ipsa  prima  institutione  a  Sede  Apo- 
siolica  approbata,  vel  consiietudine ,  quse,  vel  ipsa  institutio,  diicentos 
annos  anlecedat,  aliis  certis  Breiiariis  usa  fuisse  consliterit;  qiiihus  ut 
inveteratum  illud  ius  dicendi  et  psallendi  suum  officinm  non  adimimus , 
sic  iisdem,  si  forte  hoc  nostruin ,  quod  modo  j:)ervulgalum  est,  magis 
placeat,  dummodo  episcopus  et  universum  capilulum  in  eo  consentiant, 
ut  id  in  choro  dicere  et  psallere  possint  permittimus  {Bulla  citata  circa 
médium). 

*  Rooses,  Christophe  Planlin,  imprimeur  anversois  (Anvers,  Jos.  Mics., 
1882),  et  Correspondance  de  Planlin,  imprimée  pour  la  Société  des  biblio- 
philes anversois  à  Anvers,  grand  in-f",  445  pages,  Buschmann,  et  Gand, 
Hoste,  1883- J 885,  2  vol.  A  la  Vaticane  de  Rome  se  trouvent,  dans  les  codd. 


CHAPITRE  IV  193 

Le  cardinal  de  Granvelle,  alors  vice -roi  de  Naples ,  el  pendant 
un  certain  temps  gouverneur  des  Pays- Pas,  appuya  auprès  du 
saint -sièg-e  la  demande  des  Plantin.  Pie  V  répondit  au  cardinal 
qu'il  appartenait  à  Paul  Manuce  de  partager  son  privilège  avec 
Christophe  Plantin.  ^lanuce  exigea  une  indemnité  de  trois  cents 
thalers  pour  céder  à  Fimprimeur  néerlandais  une  partie  de  ses 
droits.  Plantin,  pour  lequel  seul  le  droit  d'imprimer  les  nou- 
veaux Bréviaires  devait  être  une  mine  d'or,  reçut  le  privilège  ou 
le  monopole  pour  les  Pays-Bas,  et  plus  tard  pour  d'autres  pays, 
moyennant  la  dime  ,  c'est-à-dire  le  prix  de  chaque  dixième 
volume  vendu,  qu'il  devait  verser  entre  les  mains  de  Paul 
Manuce.  La  première  épreuve  fut  imprimée  le  23  octobre  1568. 
A  ce  moment  arriva  de  Rome  la  nouvelle  que  l'impression  de 
Paul  Manuce  fourmillait  de  fautes ,  et  que  le  pape  avait  ordonné 
de  la  corriger.  Plantin  attendit  la  correction  avant  de  continuer 
l'impression.  Par  le  bref  Cupientes  utilitati  Chrisli  fidelium 
omnium,  du  22  novembre  1568,  le  privilège  fut  accordé  à  Chris- 
tophe Plantin  d'imprimer  les  Bréviaires  tiécessaires  pour  les 
Pays-Bas. 

Le  chanoine  anversois  François  Donker  avait  reçu  mission  du 
pape  de  veiller  à  l'impression,  de  la  corriger  et  de  la  faire  con- 
corder le  plus  exactement  possible  avec  l'édition  originale,  revue 
et  corrigée  à  Rome^.  Puis  Philippe  II  accorda  le  monopole, 
non  seulement  pour  les  Pays-Bas,  mais  pour  l'Espagne,  après 
que  le  saint- siège  eût  permis,  pour  cette  dernière,  quelques 
changements  dans  les  livres  liturgiques^.  Pourtant  le  nouveau 
Bréviaire  fut  bientôt  imprimé  ailleurs,  à  Cologne,  à  Liège,  à 
Anvers  (chez  Trognesius),  à  Venise,  et  Plantin  porta  plainte 
à  Rome  à  ce  sujet  ^. 

En  Italie,  on  avait  commencé  à  réciter  l'office  d'après  le  Bré- 


Vatic.  6171  et  6286,  des  notes  ou  des  corrections  de  Sirleto  aux  éditions 
du  Bréviaire  de  Plantin  de  1569  à  1575.  [Schiick,  Aldus  Manutius  und 
s.  Zeilgenossen  in  Italien  u.  Deulschland ,  Berlin,  1862.  Tr.j 

1  Le  bref  est  imprimé  à  la  p.  7  de  l'édition  du  Bréviaire  de  Plantin,  in-8" 
de  1569.  Lorsqu'elles  ne  sont  pas  empruntées  à  l'édition  de  1568,  les  indi- 
cations que  nous  donnons  sur  la  disposition  du  Bréviaire  Pianum  sont 
tirées  de  cette  dernière  (de  la  bibliothèque  royale  de  la  ville  de  Munich, 
liturg.,  n.  141  ). 

2  Décret  de  Philippe  II  de  janvier  1568  et  1571  (par  Arias  Montanus). 

3  Cod.   Vatic.  6417,  fol.  15. 

Brév.,  t.  II.  13 


194  HISTOIRE  DU  DRÉVIAIRE 

viaire  prescrit  par  Pie  V  en  divers  endroits,  depuis  Ravenne 
jusqu'à  Naples  et  à  Squillace,  dès  la  fin  de  1568  et  le  commen- 
cement de  1569^ 

Contenu  du  nouveau  Bréviaire.  —  Voici  quels  étaient  le  contenu 
et  l'ordre  du  nouveau  Bréviaire^  :  Au  titre  que  nous  avons  déjà 
donné,  à  la  bulle  de  publication  de  Pie  V  et  au  privilège  de  l'im- 
primeur fait  suite,  au  folio  4'^  ou  à  la  page  8  de  l'édition  romaine 
in-8o,  une  exposition  sur  VAurevs  numerus  et  Paschœ  inveniendi 
ratio,  et  dans  l'édition  de  1569  (Anvers)  viennent  les  Epaktse  et 
Lilterse  dominicales  ;  tout  cela  dans  le  but  de  prévoir  et  de  cal- 
culer à  l'avance  la  fête  de  Pâques  et  les  fêtes  et  les  dimanches 
de  l'année  liturgique  dépendant  de  Pâques  ;  ces  tables  pouvaient 
aussi  servir  à  déterminer  la  date  des  événements  passés.  Puis 
venait,  dans  l'édition  d'Anvers  de  Plantin,  le  Kalendariiim  per- 
petiium,  où,  pour  chaque  fête  de  saint  et  pour  VOfficium  de 
octava  seu  commemoratio  alicuius  sancti ,  l'on  indiquait  la  page 
du  volume  où  cette  fête  et  cet  office  se  trouvaient.  Cette  amélio- 
ration semble  avoir  été  signalée  par  Rome.  En  effet,  dans  l'édi- 
tion romaine  in-8°,  le  Kalendarium  ne  se  trouve  qu'aux  pages  45- 
46,  après  les  rubriques  générales,  les  Ahsolutiones  et  benedictiones 
ad  lectiones,  les  Siiffragia  sanctorum  ou  Commemorationes 
communes  de  Cruce ,  de  beala  Maria  Virgine,  de  Aposlolis ,  de 
Pace,  les  Tabutœ  litterarum  dominicalium ,  etc. 

Les  corrections  apportées  dans  ces  supputations  du  calendrier 
et  ces  calculs  astronomiques  ne  furent  pas  heureuses.  L'ei^reur, 
qui  avait  encore  cours  à  cette  époque  par  rapport  au  calcul  du 
cycle  de  la  lune ,  fit  placer  faussement  les  Aurei  niimeri  et  le 
Dies  bissextus,  et  la  mesure  qu'on  prit  pour  y  remédier,  par 
le  déplacement  de  VAureus  numerus ,  ne  fit  qu'aggraver  le  mal. 
De  plus,  on  ne  remarqua  pas  que  l'année  julienne  était  en  retard 
d'environ  dix  jours.  Bientôt,  cependant,  cet  inconvénient  disparut, 
lorsqu'on  entreprit  la  réforme  du  calendrier,  sous  le  successeur 
immédiat  de  Pie  V,  Grégoire  XIII  (1582)  ^,  et  que  les  Bréviaires 

1  C'est  ce  que  prouvent  les  lettres  d'un  grand  nombre  d'évêques  (cf. 
cod.  Corsin.  808,  fol.  22,  cod.  618} ,  6182,  6189,  6190).  Lettres  à  Sirleto 
(Schmid,  p.  656),  dans  Lagomarsini,  t.  n,  p.  xlix. 

2  Je  prends  pour  base,  outre  l'édition  in -8»  de  1568,  celle  de  Plantin 
de  1569,  in-8o,  qui  est  la  plus  fidèle  et  la  plus  exacte  copie  de  celle  de 
Manuce,  corrigée  en  1568. 

3  Kaltenbrunner,   Die   Polemik    ûher  die   gregorian.   Kalenderreform 


CHAPITRE  IV  19S 

qui  parurent  depuis  à  Rome ,  Venise ,  Anvers ,  Paris  et  ailleurs 
eurent  tous  (comme  celui  de  Venetîse,  apiid  Juntas ,  imprimé 
en  1533)  le  nouveau  calendrier  ou  calendrier  grégorien. 

Le  calendrier  comptait  en  tout,  y  compris  les  fêtes  de  la  Vierge 
et  les  Simplicia,  cent  quatre-vingt-cinq  ou  cent  quatre-vingt- 
dix  saints.  Mais  sur  ce  nombre  vingt  n'eurent  qu'une  simple 
commémoraison  à  des  jours  où  l'on  célébrait  déjà  la  fête  d'un 
autre  saint,  par  exemple  :  Die  11  novembris ,  S.  Martini  Epi- 
scopi  et  Confessoris  ;  Commemoratio  S.  Mennœ  Martyris.  D'autre 
part,  différentes  fêtes,  telles  que  la  Nativité  et  l'Assomption  de 
la  sainte  Vierge  ^ ,  saint  Jean-Baptiste,  saints  Pierre  et  Paul,  saint 
Laurent  et  la  Toussaint,  avaient  une  octave  durant  la  moitié  de 
laquelle  il  n'y  avait  pas  d'autre  fête  de  saint.  A  part  ce  nombre 
de  cent  quatre-vingt-deux  jours  occupés  par  des  fêtes  de  saints 
ou  Officia  sanctorum,  tous  les  autres  jours  (c'est-à-dire  la 
moitié  de  l'année)  restaient  libres  pour  les  fêtes  du  Seigneur, 
Noël,  Circoncision,  Epiphanie,  semaine  de  la  Passion  et  semaine 
sainte,  Pâques,  Ascension,  Pentecôte,  Fête-Dieu,  avec  leur 
octaA'e  et  leur  vigile,  pour  les  fêtes  de  la  sainte  Croix,  de  la 
Transfiguration,  de  la  Dédicace,  etc.,  pour  VOffîcium  de  domi- 
nica  et  feria.  Le  nombre  des  jours  libres  pour  l'office  férial  et 
dominical  n'était  pas  le  même  tous  les  ans,  car  beaucoup  de 
fêtes  de  saints  n'étaient  que  semidoubles  et,  par  suite,  elles 
devaient  être  transférées ,  lorsqu'elles  coïncidaient  avec  un 
dimanche.  Le  nombre  des  fêtes  doubles  était  d'environ  soixante, 
car  certaines  fêtes,  telles  que  saint  Joachim,  saint  François  de 
Paule,  saint  Bernardin,  saint  Antoine  de  Padoue,  la  Présenta- 
tion, saint  Louis  de  Toulouse,  etc.,  avaient  été  radicalement 
supprimées;  d'autres,  de  fêtes  doubles  ou  semidoubles,  étaient 
devenues  de  simples  commémoraisons,  telles  que  sainte  Euphé- 
mie ,  sainte  Ursule,  sainte  Thècle,  saint  Saturnin.  II  y  avait  de 
trente  à  quarante  semidoubles  et  trente -trois  commémoraisons 
ou  fêtes  et  offices  simples.  Comme  pour  ces  dernières  on  prenait 
l'office  pour  la  plus  grande  partie  de  Psallerio ,  ainsi  qu'aux 
jours  de  férié,  le  nombre  total  des  jours  occupés  par  l'office  des 


{Sitzungsberichte  der  philosophisch-historischen  Klasse  der  k.  k.  Aka- 
demie  der  Wissenschaften  in  Wien,  1877,  t.  lxxxvii,  p.  487  sq.). 

'  La  Feslam  Conceplioais  B.  M.  V.  (8  décembre)  n'a  pas  d'octave  dans 
le  Bréviaire  de  Pie  V. 


196  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

saints   {Pr op ri u m   ou   Commune)  se   réduisait  à  environ  cent 
vingt,  c'est-à-dire  au  tiers  de  l'année. 

Au  calendrier  faisaient  suite,  dans  le  nouveau  Bréviaire,  les 
Rabricse  générales.  Dans  l'édition  de  Manuce,  elles  se  trouvent 
avant  le  calendrier,  comme  nous  l'avons  fait  remarquer  plus 
haut,  et  sont  intercalées  maladroitement  avec  les  Ahsolutiones 
et  benedictiones ,  les  Suffragia,  etc.,  entre  la  table  de  VAurei 
numeri  et  la  Tabula  lilterarum  dominicalium.  Les  anciens 
Bréviaires  ne  possédaient  pas  d'instructions  si  détaillées  embras- 
sant l'office  entier.  On  trouvait  des  Brevia  ou  Breviaria  entendus 
dans  le  sens  d'abrégé  de  l'ordonnance  de  l'office  dans  les  Ordi- 
nes  romani  et  dans  les  Directoires.  Un  Ordo  servandus  per 
sacerdotem  in  celebratione ,  édité  en  1502  par  le  maître  des 
cérémonies  papales,  Jean  Burchard,  doyen  de  Saint-Thomas  de 
Strasbourg-,  puis  évêque  de  Cita  di  Castello  * ,  avait  servi  de  base 
aux  rubriques  du  Missel  romain  ;  le  Direclorium  divini  Officii , 
édité  par  l'obserA^antin  Louis  Ciconiolano  (Ronice,  1540)  et  ap- 
prouvé par  Paul  III,  servit  pouvlesBubricse générales Breviarii^. 
Ces  rubriques  furent  corrigées  et  augmentées  sous  Clément  VIII 
(1602)  et  Urbain  VIII  (1632)3;  sous  Léon  XIII,  elles  ont  subi 
une  importante  transformation  relativement  à  la  Translatio 
festorum^  et  aux  Officia  votiva  per  hebdomadani  ad  libitum 
dicenda^ ;  à  ces  exceptions  près,  elles  sont  les  mêmes  aujour- 
d'hui qu'en  1568.  C'est  pourquoi  il  n'est  pas  nécessaire  d'entrer 
ici  dans  plus  de  détails.  Nous  donnons  seulement  les  quelques 
remarques   suivantes,  qui  serviront  à  comprendre    la  réforme 


1  C'est  aussi  Burchard  (f  1503)  qui  prépara  la  première  édition  d'un 
Pontificale  romanum,  au  sens  où  nous  l'entendons  aujourd'hui  :  Liber 
pontificalis  (Romse,  1485,  in-f"),  auspiciis  Innocenta  VIII.  C'était  une 
collection  des  cérémonies  observées  dans  les  fonctions  épiscopales,  tirées 
des  anciens  Ordines  et  des  Lihri  épiscopales.  Mais  la  première  édition 
ofticielle  du  Pontificale  romanum  ne  parut  qu'en  1596,  sous  le  pape  Clé- 
ment VIII,  qui  le  prescrivit  en  Occident  pour  l'usage  de  l'Eglise  latine 
(bulle  Ex  qïio  in  Ecclesia  Dei). 

2  Cf.  aussi  Ordinarius  seu  regulœ  orandl  in  diœcesi  Arcjentinensi,  Argen- 
torati,  1489.  Regiilse  indicantes  ordinem  et  modum...  celehrandi  et  orandi 
horas  canonicas ,  desquelles  Burchard  n'était  pas  éloigné.  On  en  trouve 
un  exemplaire  à  la  bibliothèque  municipale  de  Mayence  (  incunab.  69). 

3  Alicfua  uherius  et  clarius  expressa. 

*  Bref  iVutio  umquam  tempore,  du  28  juillet  1882. 

5  Décret  du  5  juillet  1883.  Voir  aussi  le  décret  du  11  décembre  1897, 
que  nous  donnons  en  entier  à  la  fin  de  l'ouvrage,  appendice  v. 


CHAPITRE  IV  J97 

et  à  apprécier  les  progrès  réalisés  dans  le  nouveau  Bréviaire. 
Degré  des  fêtes.  —  Primitivement,  c'est-à-dire  durant  les  m* 
et  ive  siècles,  ou  même  le  v^  et  le  commencement  du  vi",  le 
nombre  des  fêtes,  en  particulier  des  fêtes  de  saints,  était  très 
restreint.  Les  fêtes  des  saints  martyrs  ,  auxquelles  vinrent 
s'ajouter  bientôt  quelques  fêtes  de  confesseurs,  tels  que  saint 
Sylvestre,  saint  Martin,  saint  Basile,  saint  Benoît,  saint  Antoine, 
saint  Athanase,  étaient,  comme  les  fêtes  de  Notre- Seigneur, 
Noël,  Pâques,  l'Ascension,  la  Pentecôte  et  l'Exaltation  de  la 
sainte  Croix,  célébrées  avec  Vigiles;  c'est-à-dire  on  se  rendait 
le  soir  à  l'église  à  une  heure  avancée  et  on  y  passait  la  nuit, 
occupé  au  chant  des  psaumes,  à  la  lecture  des  saintes  Ecritures 
et  de  leurs  commentaires,  des  Actes  des  martyrs  et  à  la  récita- 
tion d'autres  prières.  Les  fêtes  de  saints  se  multipliant  à  partir 
du  vii^  et  du  vine  siècle,  on  établit  une  distinction,  des  degrés 
dans  leur  solennité.  La  plupart  furent  simplement  rappelées  au 
Martyrologe  à  Prime  ;  parmi  les  autres ,  il  y  en  eut  dont  on  fit 
une  courte  mémoire  —  Conimemoratio  —  à  \'êpres  et  à  l'Of- 
fice de  nuit  ;  on  récitait  une  prière  en  leur  honneur.  Les  plus 
dignes,  diipUcia,  et  aussi  quelques-unes  d'un  rang  moins  élevé, 
semiduplicia ,  reçurent  un  office  particulier'.  Les  autres  furent 
considérées  comme  simplicia,  c'est-à-dire  qu'au  jour  de  leur 
célébration  on  récitait  l'office  férial  ;  mais  on  lisait  une  ou  deux 
leçons  tirées  de  la  vie  du  saint  fêté  et  on  récitait  une  collecte, 
quelques  antiennes  et  des  hymnes  en  son  honneur.  Mais ,  à  par- 
tir du  xn-e  et  du  xv^  siècle,  à  Rome  et  ailleurs,  on  commença 
à  célébrer  ces  simplicia  absolument  à  la  façon  des  semiduplicia, 
avec  neuf  leçons  et  trois  nocturnes,  et,  dans  le  cas  de  concur- 
rence avec  d'autres  fêtes  plus  dignes,  à  les  transférer  au  premier 
jour  libre,  même  dune  année  à  une  autre*.  La  conséquence  fut 
que  l'office  férial  et  celui  du  dimanche,  de  Psalierio,  se  virent 


'  Déjà  à  lépoque  de  saint  Benoît,  puisqu'au  ch.  xiv  de  sa  règle  :  De 
natalitiis  sanctorum  qualiter  afjantur  vigilise,  il  fait  réciter  les  psalmi 
aut  antiphonœ  vel  lectiones  ad  ipsum  diem  pertinentes. 

*  Cf.  le  mémoire  du  franciscain  espagnol  Jean  Salon,  dans  le  cod.  Va- 
tic.  6217,  fol.  59.  Ce  savant  homme  fut  le  premier  qui  proposa  d'amoin- 
drir les  fêtes  des  saints  franciscains,  avantagées  au  delà  de  toute  propor- 
tion, et  contre  lesquelles  Raoul  de  Tongres  avait  déjà  élevé  la  voix;  les 
octaves  de  saint  François,  saint  Bernardin,  saint  Antoine  de  Padoue, 
sainte  Claire  et  saint  Louis  de  Toulouse  furent  supprimées,  et  en  partie 


198  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

peu  à  peu  entièrement  supplantés.  Pour  remédier  à  cet  inconvé- 
nient et  pour  maintenir  autant  que  possible  l'ordonnance  du 
psautier  ou  VOfficium  de  ea  [dominica  et  feria)  ^  les  simplicia 
ne  devaient  plus  désormais  être  transférées ,  et  leur  office  devait 
être  de  préférence  celui  des  fériés  ut  in  Psalterio  per  hehdoma- 
dam;  seules,  les  leçons  devaient  être  empruntées  à  la  vie,  mais 
surtout  à  la  sainte  Ecriture  [Scripiura  occurrens).  Les  règles 
pour  la  célébration  de  ces  simplicia  festa  sive  officia  sont  encore 
aujourd'hui  les  mêmes  au  Bréviaire  romain. 

La  principale,  ou  du  moins  une  importante  raison  qui  avait 
fait  jusque-là  se  multiplier  les  officia  duplicia  ou  semidupli- 
cia,  et  célébrer  les  simplicia  avec  plus  de  solennité,  était  la 
suivante  :  Lorsqu'on  récitait  Vofficium  feriale  ou  un  simplex 
d'après  la  forme  primitive  {ut  in  Psalterio),  on  avait  à  dire, 
outre  l'office  du  jour,  celui  des  défunts  et  le  petit  office  de  la 
sainte  Vierg-e,  et  de  plus,  à  certains  jours,  les  sept  psaumes  de 
la  Pénitence  ou  les  quinze  psaumes  graduels  avec  un  grand 
nombre  de  prières  additionnelles.  Pour  ne  pas  trop  allonger,  par 
le  rétablissement  de  Vofficium  feriale  et  simplex,  le  pensum 
servitutis  quotidien,  il  fut  décidé  qu'on  supprimerait  l'obligation 
de  toutes  ces  parties  accessoires.  Seulement,  au  premier  jour 
libre  du  mois  et  les  lundis  d'Avent  et  de  Carême,  comme  aussi 
à  quelques  vigiles  et  aux  Quatre-Temps,  on  réciterait,  seulement 
in  choro,  Vofficium  de  Beafa,  Vofficium  pro  defunctis,  les 
psaumes  graduels  et  de  la  Pénitence  (mercredi  et  vendredi  de 
Carême),  et  là  seulement  où  c'était  la  coutume  auparavant  en 
divers  lieux  (monastères,  chapitres).  Celui  qui  les  réciterait 
en  particulier  et  volontairement  ces  jours-là  ou  d'autres  jours 
gagnerait  une  indulgence  de  cent  jours  pour  l'office  des  morts  et 
pour  celui  de  la  sainte  Vierge,  et  de  cinquante  jours  pour  les 
psaumes  de  la  Pénitence  et  les  psaumes  graduels.  C'est  ainsi  que 
d'une  certaine  façon  l'on  engageait  à  compenser  volontairement 
ce  que  l'on  supprimait  officiellement.  Les  longues  preces  feriales 
ne  seraient  plus  désormais  récitées  aux  petites  Heures  ni  à  Ma- 
tines, mais  seulement  à  Laudes,  à  Vêpres  et  à  Prime,  durant 
l'Avent  et  le  Carême,  et  aux  vigiles  et  aux  Quatre-Temps; 


la  fête  elle-même,  comme  nous  l'avons  remarqué  plus  haut   (Schmid, 
p.  638  et  640). 


CHAPITRE  IV  199 

Compiles,  Tierce,  Sexte  et  None  ne  conservaient  pour  les  offices 
simples,  comme  preces ,  que  deux  versets,  avec  le  Pater  nosler 
et  le  Credo. 

Octaves.  —  Nous  avons  encore  à  signaler  un  autre  changement 
heureux.  Il  concerne  les  octaves  ou  la  solennité  d'une  fête  pro- 
longée pendant  huit  jours.  Depuis  le  xni^  siècle,  ces  octaves 
s'étaient  extrêmement  multipliées.  Celles  des  fêtes  franciscaines 
(saint  François,  sainte  Claire,  saint  Antoine,  saint  Bernardin, 
saint  Louis  de  Toulouse),  et  celles  des  fêtes  de  la  Conception  et 
de  la  Visitation  de  la  Vierge  furent  supprimées;  ces  deux  der- 
nières ,  parce  qu'elles  tombaient  durant  l'Avent  et  durant  l'oc- 
tave de  saint  Pierre.  Puis  on  établit  une  règle  générale,  pour 
s'opposer  au  désordre  qui  avait  régné  jusqu'alors  dans  la  façon 
de  célébrer  les  octaves.  Tout  d'abord  on  en  distingua  deux  caté- 
gories :  1°  celle  des  fêtes  du  Seigneur;  2°  celles  des  saints  et  de 
la  Dédicace.  Parmi  celles  de  la  première  catégorie,  Octavœ  festo- 
rum  Domini ,  on  distingua  tout  particulièrement,  comme  il  allait 
de  soi,  les  fêtes  principales,  les  plus  anciennes  du  christianisme, 
Pâques  et  la  Pentecôte ,  les  deux  premières  bases  de  l'année 
liturgique;  elles  furent  élevées  au-dessus  de  toutes  les  fêtes, 
sous  le  titre  cVOcfarœ  specialiter  privilegiatx.  Au-dessous  d'elles 
venaient  les  Octavœ  simpliciler  privilef/iatœ  de  Noël,  de  l'Epi- 
phanie et  de  la  F'ête-Dieu,  qui  n'admettaient  dans  le  courant  de 
la  semaine  que  quelques  fêtes  d'un  rite  élevé  ;  l'Epiphanie  n'en 
admettait  aucune;  cependant,  avec  l'autorisation  du  saint-siège, 
on  pouvait,  en  certains  endroits,  célébrer  durant  cette  octave 
les  Festa  primée  et  secandœ  classis  {de  patrono,  etc.).  Enfin 
il  y  avait  VOctava  non  privilegiata  ou  siniplex  de  l'Ascension. 
Dans  toutes  ces  octaves  du  Seigneur  le  Dies  octava  était  Feslum 
{Epiphania,  Ascensio ,  Corpus  Christi)  ou  officiuni  duplex 
[Doniinica  in  alhis)^  si  on  ne  célébrait  pas  ce  même  jour  un 
mystère  particulier  à  une  fête  (  Circumcisio ,  Trinitas).  Le  di- 
manche qui  tombait  l'un  de  ces  huit  jours  devait  être  maintenu 
in  modum  octavœ,  comme  semidouble,  avec  conservation  de 
l'oraison,  des  versets  et  des  antiennes  à  Magnificat  et  à  Dene- 
dictus,  de  l'évangile  avec  une  homélie,  des  capitules  des  petites 
Heures  et  des  leçons  des  Matines  au  premier  et  au  deuxième 
nocturne.  Les  six  jours  durant  l'octave  seraient  célébrés  comme 
semidoubles  ou   simples,  de   telle   sorte  que,   mises  à  part  les 


200  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

octaves  spécialement  privilégiées,  qui  n'admettaient  pas  de  fête, 
mais  seulement  une  commémoraison ,  on  ne  pourrait  faire  un 
office  particulier  d'un  saint  que  le  quatrième  jour  de  l'octave; 
mais  on  devait  toujours  faire  mémoire  de  l'octave,  sauf  pour 
l'Ascension,  qui  cédait  aux  fêtes  de  première  et  de  deuxième 
classe.  Les  octaves  des  saints  admettaient  des  doubles  et  des 
semidoubles  ;  le  jour  octave  était  double  mineur,  et  le  dimanche 
dans  l'octave  n'avait  ni  les  preces  ni  les  suffragia,  parce  qu'on 
devait  faire  mémoire  de  l'octave.  Pendant  le  Carême ,  il  n'y 
avait  pas  d'octaves.  Pour  les  dimanches  en  général,  il  était 
prescrit  que  leur  office  serait  célébré  selon  le  rite  semidouble, 
que  les  Dominicee  per  annum  le  céderaient  à  une  fête  double, 
oîi  l'on  ferait  mémoire  du  dimanche ,  mais  que  les  dimanches  de 
l'Avent,  de  la  Septuagésime ,  du  Carême,  jusqu'au  dimanche 
in  alhis  inclusivement,  n'admettraient  pas  de  doubles,  en  leur 
qualité  de  Dominicœ  privilegiatse. 

Les  préliminaires  se  terminaient  par  un  tableau  synoptique 
des  prières  qui  sont  la  conclusion  de  la  psalmodie  aux  différentes 
parties  de  l'office  de  la  nuit  (Absolutiones)  et  des  bénédictions 
avant  les  leçons  (Benedictiones)  ;  enfin  venait  une  table  qui  con- 
tenait les  prières  à  intei'caler  aux  jours  ordinaires  à  Laudes  et  à 
Vêpres ,  pour  obtenir  les  suffrages  des  saints  et  la  paix  :  Siiffra- 
gia  sive  commemorationes  sanctœ  Crucis,  heatas  Virginis , 
sanctorum  Apostolorum  Pétri' et  Pauli,  de  Face.  Dans  l'édition 
romaine  in-S»,  ces  suffrages,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut, 
se  trouvent  avant  le  calendrier. 

Psautier.  - — •  La  première  partie  principale  du  Corpus  Bre- 
viarii  proprement  dit  était  le  Psalleriiim  dispositum  per  hehdo- 
madarn  cum  ordinario  officii  de  temporel  L'ancienne  division 
et  répartition  romaine  des  psaumes  aux  différentes  Heures  cano- 
niales de  la  semaine,  qui  dataient  du  vii^  ou  du  viii^  siècle,  sont 
conservées  dans  les  grandes  lignes ,  de  sorte  que  le  psautier  sera 
récité  en  entier  une  fois  chaque  semaine,  s'il  ne  survient  pas  de 
fête;  c'est  un  cas  qui  d'ailleurs  ne  se  présente  jamais.  Le  psau- 
tier commence  aux  Matines  du  dimanche ,  parce  qu'on  y  récite 
les  psaumes  i,  n,  m  sq.  Mais  cette  psalmodie  proprement  dite 


1  Dans  l'édition  in -8»  de  Paul  Manuce,   Rome,  1568,  il  comprend  les 
pages  1  à  122  inclusivement. 


CHAPITRE  IV  201 

suppose  encoi-e  plusieurs  prières  préparatoires  :  l'Oraison  domi- 
nicale, la  Salutation  angélique,  le  Symbole  des  Apôtres,  les  ver- 
sets Domine  labia  et  Deus  in  adiiitoriiim,  et  le  psaume  invitato- 
rial  avec  l'hymne.  Ces  dernières  prières  étaient  de  tradition.  Ce 
qui  était  nouveau,  c'est  que  désormais  il  était  prescrit  de  com- 
mencer toutes  les  Heures  canoniales  par  le  Pater  et  VAve,  et  de 
plus  le  Credo  aux  Matines  et  à  Prime,  récités  en  silence. 

L'Ave  Maria.  —  C'est  aussi  pour  la  première  fois  que  parut 
dans  le  Bréviaire  romain  officiel  VAve  Maria  avec  l'addition  : 
Sancta  Maria,  Mater  Dei ,  ora  pro  nohis  peccatorihus  nunc  et 
in  hora  morfis  nostrie.  Amen.  Jusqu'aux  xiii"  et  xiv^  siècles,  on 
ne  récitait  la  Salutation  angélique  que  jusqu'à  fructus  ventris 
tui,  c'est-à-dire  seulement  les  paroles  de  l'ange  et  de  sainte  Eli- 
sabeth. Au  xve  siècle,  où  saint  Bernardin  et  d'autres,  suivant  en 
cela  saint  Bernard  de  Glairvaux,  avaient  répandu  la  dévotion 
spéciale  au  nom  de  Jésus,  on  ajouta  Jésus.  On  fît  cette  addition 
de  préférence  dans  la  récitation  du  rosaire,  et  les  papes  de  cette 
époque,  en  particulier  Sixte  IV,  accordèrent  des  indulgences  par- 
ticulières pour  cette  dévotion ^  Les  bénédictins  de  Lorraine,  en 
1503,  décidèrent  de  joindre  la  Salutation  angélique  sous  cette 
forme  au  Pater  noster,  à  toutes  les  Heures  canoniales^.  Mais  la 
forme  actuelle  était  déjà  connue  et  usitée  au  commencement  du 
xvi''  siècle  ou  à  la  fin  du  xv«,  sinon  à  Rome,  du  moins  en  France. 
En  effet,  le  Breviarium  secundum  consuetudinem  romanse 
Ciirise,  Parisiis,  apud  Thielmann  Kerver,  1509,  prescrit  déjà 
qu'on  récitera  au  commencement  des  Heures  VOratio  dominica, 


1  Cf.  Esser,  Geschichte  des  englischen  Gruszes,  dans  Histor.  Jahrbuch 
der  Gôrres -  Gesellschaft ,  Mûnchen,  1884,  t.  v,  p.  88  sq.,  en  particulier 
p.  112;  et  t.  xxiii,  1902,  n.  2,  p.  247-269.  [Voir  aussi  sur  cette  question 
l'article  anonyme  intitulé  :  Recherches  historiques  sur  l'Ave  Maria,  dans 
le  Mois  bibliographique ,  juin  1895,  p.  243-251.  L'auteur  croit  que  les  deux 
attestations  les  plus  anciennes  de  la  seconde  partie  de  VAve  Maria , 
c'est-à-dire  Sancta  Maria,  etc.  (à  peu  près  totale),  se  trouvent  dans 
un  aci'ostiche  italien  du  xv"  siècle,  ou  du  moins  dans  un  manuscrit  de 
cette  époque  contenant  la  paraphrase  en  question  de  VAve  Maria  et  dans 
un  Bréviaire  des  xiv»  et  xv*  siècles  des  Fi-ères  Mineurs.  Ce  serait  donc 
en  Italie  et  chez  les  Frères  Mineurs  probablement  qu'elle  aurait  pris 
naissance.  Mais  la  formule  complète  apparaît  dès  1514  dans  les  Bréviaires 
imprimés  des  Mercédaires  et  des  Camaldules.  Tr.] 

'■'  On  peut  voir  à  ce  sujet  les  travaux  de  Léon  Germain,  dans  la  Revue 
de  l'art  chrétien,  nouvelle  série,  Lille  et  Bruges,  1886,  p.  88  et  90;  et 
Gavantus,  éd.  Merati,  Thesaur.  sacr.  rit.,  sect.  V,  c.  ii,  n.  1. 


202  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

et  qu'on  ajoutera  VAve  Maria  avec  cette  addition  :  fruclus  ven- 
ins lui,  lesiis  Christus.  Sancta  Maria,  Mater  Dei,  ora  pro  nobis 
peccatorihiis  nunc  et  in  hora  mortis  nostrœ.  Amen.  Puis  Credo 
in  Deum^ .  A  la  lin  des  Compiles,  c'est-à-dire  à  la  fin  de  l'office 
du  jour,  sont  de  nouveau  prescrits  le  Pater,  VAve  et  le  Credo, 
comme  au  début  du  jour,  au  commencement  des  Matines  ou  de 
Prime,  si  les  Matines  étaient  anticipées  la  veille  au  soir. 

Prime.  —  L'ancienne  ordonnance  du  psautier  et  des  hymnes 
pour  les  dimanches  et  les  jours  de  la  semaine  reste  la  même  ; 
une  légère  modification  est  apportée  à  Prime  seulement,  et  cela 
pour  écourter  le  long-  office  de  cette  heure  le  dimanche.  Les  six 
psaumes  que  l'on  avait  à  réciter  auparavant  les  dimanches  avant 
le  psaume  Beati  immaculati  (cxvni)  (ps.  xxi  sq.)  furent  désor- 
mais distribués  entre  Prime  du  dimanche  et  des  cinq  premiers 
jours  de  la  semaine,  de  façon  qu'à  l'exception  du  samedi  on 
ajoutait  un  psaume  à  chaque  jour.  Les  hymnes  sont  les  mêmes 
que  celles  de  l'ancien  Breviarium  Ciiriœ;  mais  pour  Compiles  et 
pour  les  Vêpres  du  dimanche  la  même  sera  récitée  durant  toute 
l'année,  tandis  qu'auparavant  il  y  en  avait  plusieurs  qui  alter- 
naient. 

Version  des  psaumes.  —  Pour  ce  qui  est  du  texte  ou  de  la  ver- 
sion des  psaumes,  on  s'en  tint  généralement  à  la  Vulgate  ou  au 
Psallerium  gallicanum,  tandis  que  l'Itala  ou  plutôt  le  Psalte- 
rium  romanuni,  c'est-à-dire  la  première  version  rétablie  et  cor- 
rigée par  saint  Jérôme  en  union  très  étroite  avec  l'Itala,  fut  con- 
servée à  Saint-Pierre  de  Rome,  à  Saint-Marc  de  Venise  et  à  Milan 
ou  dans  le  Bréviaire  ambrosien'^.  L'ancien  texte  fut  aussi  main- 


1  L'exemplaire'dont  je  me  suis  servi  se  trouve  à  la  bibliothèque  grand- 
ducale  de  Darmstadt  sous  la  cote   W.  3454,  fol.  1. 

2  Vllala  ou  la  version  milanaise  est  une  traduction  du  texte  des  LXX, 
faite  sur  le  texte  grec  corrigé  par  Lucien  vers  305,  traduction  qui  a  été 
faite  dans  l'Italie  du  Nord  (Ceriani,  Crilicn  hiblica.  :  Le  recensiqni  dei  LXX 
e  la  versione  latina  délia  Ilala,  dans  Rendiconli  dei  reale  Istiluto  Lom- 
bardico,  Milano,  Iloepli,  1886,  série  II,  vol.  xix,  fasc.  4,  p.  206  sq.).  Sur 
les  tentatives  de  corrections  de  la  Vulgate,  faites  durant  le  moyen  âge 
par  Cassiodore,  Alcuin  et  Théodulfe  (le  texte  d'Alcuin  se  trouve  très 
pur  dans  le  cod.  Vallicellanus ,  qui  se  rapproche  de  très  près  du  cod. 
Amialinus),  par  saint  Pierre  Damien  (f  1072),  Lanfranc  (f  1095),  puis 
par  Etienne  îlarding  (1120),  par  plusieurs  des  personnages  du  Valjiis 
theologorum,  du  xin«  siècle,  par  l'auteur  du  Correctorium  Valicanum , 
solide  critique   de  la  Bible  au  xui^  siècle,  enfin  par  Pierre  d'Ailly,  aux 


CHAPITRE  IV  203 

tenu  pour  les  pièces  de  chant  proprement  dites,  antiennes  et 
répons,  et  pour  les  pièces  correspondantes  du  Missel,  à  cause 
de  la  difficulté  qu'il  y  aurait  eue  à  changer  les  mélodies,  ce  qui 
aurait  détruit  le  rythme  choral.  Sur  le  désir  exprès  de  Pie  V,  la 
Commission,  comme  le  rapporte  Sirleto  *,  marqua,  pour  empê- 
cher la  prononciation  fautive  du  latin,  la  syllabe  accentuée  d'un 
accent,  dans  les  mots  à  plusieurs  syllabes  du  Bréviaire.  Toute- 
fois, dans  l'édition  d'Anvers  de  1569,  que  nous  avons  sous  les 
yeux,  ces  accents  ne  sont  pas  indiqués. 

Propre  du  temps.  —  Relativement  au  Proprium  de  tempore^ , 
on  fit  droit  au  principal  desideratum  de  Quignonez  et  de  tous 
ceux  qui,  depuis  Raoul  de  Tongres  jusqu'au  concile  de  Trente, 
avaient  demandé  une  réforme  raisonnable  du  Bréviaire.  11  con- 
sistait en  ce  que ,  à  l'exception  des  ferise  maiores  et  des  jours  de 
Pâques  et  de  la  Pentecôte,  qui  avaient  un  évangile  propre  avec 
une  homélie,  on  donnait  au  premier  nocturne  de  tous  les 
dimanches  et  des  jours  ordinaires  un  passage  des  saintes  Ecri- 
tures, de  l'Ancien  Testament  ou  des  épîtres  de  l'Apôtre,  divisé 
en  plusieurs  leçons,  afin  que  les  Matines  ne  se  récitassent  ainsi 
jamais  sans  une  lecture  de  l'Ecriture.  Mais  l'ordre  que  l'on 
observait  jadis  dans  la  lecture  de  TEcriture,  conformément  aux 
prescriptions  du  Corpus  iiiris  canonici^,  fut  maintenu,  et  ainsi 
on  commença  au  dimanche  de  la  Septuagésime  par  le  premier 
livre  de  Moïse.  On  attribuait  alors  la  décrétale  en  question  au 
pape  saint  Gélase,  aujourd'hui  on  croit  plutôt  qu'elle  est  de 
saint  Grégoire  VIP.  Mais,  comme  nous  l'avons  montré  plus 
haut^  par  les  manuscrits  du  viiie,  du  ix^  et  du  x^  siècle  et  par 


xiv^  et  x\e  siècles,  cf.  J.-P.-P.  Martin,  Saint  Etienne  Harding  et  les  pre- 
miers recenseurs  de  la  Vulgate  latine,  Théodulfe  et  Alcuin,  Amiens,  1887; 
idem,  La  Vulgate  latine  au  xin«  siècle,  d'après  Roger  Bacon,  Paris,  1888; 
L.  Salembier,  Une  page  inédite  de  l'histoire  de  la  Vulgate,  Amiens,  1890; 
Samuel  Berg-er,  De  l'histoire  de  la  Vulgate  en  France,  Paris,  1887. 

1  Cod.  Ottobon.  2366,  fol.  73,  et  cod.  Vatic.  6193,  fol.  369.  Lettre  du 
13  mars  1570  et  remerciement  de  Paleotto  pour  les  renseignements  reçus 
(25  mars  1570). 

*  P.  123-696  de  Tédit.  in -8»;  de  Plantin,  p.  105-576. 
3  Décret.  Gratiani,  dist.  XV,  c.  m,  §  82. 

*  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  i,  p.  416;  P.  de  Smedt,  Introd.  gen.  in 
hist.  eccles.,  p.  164  et  168,  note  1;  Schmid,  op.  cit.,  p.  642,  note  2. 

5  T.  I,  p.  388  sq.,  et  t.  ii,  p.  3. 


204  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

VOrdo  imprimé  par  Martène  et  Durand  \  elle  est  beaucoup  plus 
ancienne  que  ce  pape,  qui  n'a  fait  que  la  rétablir. 

Leçons.  —  Tandis  qu'auparavant,  du  moins  à  partir  du 
xue  siècle,  on  avait  fréquemment  pour  le  deuxième  nocturne  des 
lectures  de  TEcriture,  par  exemple  in  Dominicis  per  annum, 
Adventum  et  Quadrac/esimam ,  on  aurait  toujours  désormais 
pour  les  dimanches  et  jours  de  fête,  pour  les  fêtes  de  saints  de 
neuf  leçons  ou  de  trois  nocturnes,  à  moins  qu'il  n'y  ait  une  vita 
à  lire  et  aussi  dans  les  octaves,  le  sermon  d'un  Père  ou  d'un 
saint  docteur,  et  pour  le  troisième  nocturne  une  homélie  sur 
l'évangile  de  la  Messe  du  jour.  Le  travail  de  Paul  IV,  qui  avait 
remplacé  un  certain  nombre  de  sermons  et  d'homélies  «  peu  con- 
venables »  par  d'autres  plus  appropriées,  fut  adopté  par  la  Com- 
mission sans  chang-ement  essentiel^.  En  somme,  la  plus  impor- 
tante et  la  plus  réussie  des  corrections  semble  être  l'ordonnance 
des  leçons.  Et,  encore  qu'on  ne  puisse  pas  toujours  appeler  heu- 
reux le  choix  de  certaines  pièces,  parce  qu'elles  sont  emprun- 
tées à  des  livres  que  la  critique  moderne  a  reconnus  apocryphes, 
on  ne  peut  adresser  aucun  reproche  grave  à  ce  sujet  aux  théolo- 
giens du  xvic  siècle.  Ils  n'avaient  pas  sous  la  main  les  correctes 
éditions  des  Pères  que  nous  ont  values  les  immortels  travaux  des 
bénédictins  de  Saint-Maur  (xvn''  et  xvni^  siècles).  Aussi,  sous  les 
papes  qui  suivirent  jusqu'à  Léon  XIII,  a-t-on  constamment 
amélioré  certains  points  de  détaiP. 

Dimanches  intercalaires.  —  Comme,  par  suite  de  la  place  de 


1   Thesaur.  anecdot.,  t.  v.  Cf.  t.  i,  p.  393,  note  3. 

*  Les  propositions  formulées  à  ce  sujet  se  trouvent  encore  dans  le  cod. 
Vatic.  64TI ,  fol.  80. 

^  Sur  l'aulhenticitc  d'un  certain  nombre  de  sermones  et  homilise  apo- 
cryphes, cf.  dom  Germain  Morin,  Les  leçons  apocryphes  du  Bréviaire 
romain,  dans  la  Revue  hénédicline,  189]  ,  p.  270  sq.  On  doit  remarquer, 
relativement  aux  leçons  de  la  sainte  Ecriture,  que  les  livres  des  Parali- 
pomènes,  d'Esdras  et  de  Baruch  ne  trouvent  pas  place  dans  le  cycle  des 
leçons  de  tetnpore  ;  les  Paralipomènes  sont  cependant  employés  dans 
VOfficium  dedicationis  Ecclesise.  Sur  le  choix  des  passages  de  la  sainte 
Ecriture  qui  sont  lus,  un  critique  compétent  dit  :  «  Le  choix  des  pas- 
sages fut  fait  avec  tant  de  goût  et  de  précision,  que  Ton  peut  dire  que 
leur  ensemble  donne  un  aspect  aussi  comjilet  des  saintes  Ecritures  que 
celui  môme  que  peut  fournir  le  Bréviaire  de  Quignonez,  dans  la  préface 
duquel  on  promet,  il  est  vrai,  la  lecture  annuelle  de  la  Bible  :  promesse 
qui  n'est  cependant  pas  remplie.  »  (D.  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  i, 
1«  édit.,  p.  435.) 


CHAPITRE  IV  205 

la  fête  de  Pâques,  il  y  avait,  tantôt  plus,  tantôt  moins  de 
dimanches  entre  l'Epiphanie  et  la  Septuag"ésime  et  entre  la  Pen- 
tecôte et  TAvent,  on  établit  Toffice  pour  plusieurs  dimanches 
que  Ton  pourrait  intercaler,  selon  les  besoins,  ou  après  TEpi- 
phanie  avant  la  Septuagésime,  ou  après  la  Pentecôte  avant 
TAvent  ;  ils  correspondaient  aux  Dominicee  vaganles  de  Quigno- 
nez.  Dans  ce  but  on  choisit  dans  l'ancienne  ordonnance  des  péri- 
copes  un  évangile  et  une  homélie  correspondante ,  puis  une 
oraison  prise  dans  le  Missel  grégorien-gélasien  ;  pour  le  premier 
nocturne  le  passage  de  l'Ancien  Testament  qui  se  trouvait  dans 
la  série  des  lectures  de  l'Ecriture  (en  automne  :  des  Prophètes), 
ou  (avant  la  Septuagésime)  des  épîtres  de  saint  Paul.  Les 
antiennes  de  Magnificat  et  de  Benedictus  furent  empruntées 
aux  leçons.  —  Les  jours  de  Vigiles  et  les  Quatre-Temps  reçurent 
des  homélies  appropriées  à  l'Evangile  récité  à  la  Messe  corres- 
pondante. Pour  la  fête  de  Noël,  on  récitait  à  Rome,  depuis  le 
commencement  du  moyen  âge,  deux  Matines  de  neuf  leçons; 
de  même  aussi  pour  certaines  autres  fêtes  ^  !  La  Commission  sup- 
prima complètement  cette  double  récitation,  si  elle  n'était  pas 
déjà  supprimée  dans  le  Breviarium  Curiee,  et  elle  ne  conserva 
qu'une  seule  récitation  des  Matines,  tandis  que  la  principale 
partie  des  autres  fut  versée  dans  l'office  du  jour  octave,  c'est-à- 
dire  aux  Matines  de  la  fête  de  la  Circoncision.  Pour  les  autres 
grandes  fêtes,  on  s'en  tint  à  ce  qui  avait  lieu  jadis. 

Propre  et  commun  des  saints.  —  Comme  nous  l'avons  montré 
plus  haut,  le  propre  et  le  commun  des  saints  avaient  subi  de 
plus  profondes  modifications.  En  particulier,  on  avait  inséré 
quelques  saints  qui  n'étaient  pas  auparavant  dans  l'office  romain, 
tels  que  les  Pères  grecs.  La  rédaction  de  leurs  légendes  et  de 
l'office  entier  des  docteurs,  dans  la  partie  qui  diffère  du  com- 
mun des  confesseurs,  est  regardée  comme  l'œuvre  du  puriste  Sir- 
leto  et  du  latiniste  Poggio.  Comme  on  le  voit  dans  le  mémoire 
plusieurs  fois  cité^,  le  nombre  des  fêtes  doubles,  abstraction 
faite  des  fêtes  mobiles,  était  de  soixante-quinze;  celui  des  semi- 


1  Le  Proprium  sanctornm  commence  par  la  Vigile  de  saint  André 
(29  novembre),  avec  Commemoratio  S.  Saturninij  p.  577,  et  va  jusqu'à  la 
p.  797  de  l'édition  de  Plantin,  de  la  p.  697  à  la  p.  939  de  l'édition  ro- 
maine in-S». 

2  Dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  541. 


206  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

doubles  ,  de  soixante- trois.  Ces  chiffres  s'accrurent  jusqu'à 
Benoît  XIV  de  cinquante-sept  doubles  et  de  trente-trois  semi- 
doubles.  La  différence  entre  ces  chiffres  et  ceux  que  nous  avons 
signalés  plus  haut*  vient  de  ce  que  certaines  fêtes  du  Seigneur, 
telles  par  exemple  que  celles  de  la  sainte  Croix,  les  jours 
octaves  et  peut-être  la  Circoncision  et  la  fête  de  la  chaire  de 
saint  Pierre,  sont  comprises  dans  ce  nombre.  Il  y  avait  en  outre 
trente-six  fêtes  mobiles. 

Il  nous  semble  inutile  de  donner  ici  avec  quelques  détails  les 
différents  changements,  en  particulier  l'augmentation  ou  la 
diminution  de  degré,  apportés  dans  les  fêtes  des  saints.  Sur  la 
question  de  la  critique  historique,  que  le  lecteur  veuille  bien  se 
reporter  aux  raisons  et  aux  principes  formulés  par  Benoît  XIV^. 
On  verra,  dans  le  cours  de  notre  travail,  que  jusqu'à  nos  jours 
on  s'est  efforcé  de  tenir  compte  du  progrès  des  sciences  histo- 
riques en  corrigeant  des  points  particuliers  des  légendes  ou  des 
vies  des  saints  du  Bréviaire.  Des  censeurs  sévères  pourraient 
cependant,  aujourd'hui  encore,  trouver  à  rectifier,  par  exemple 
au  sujet  du  pape  saint  Anaclet  ou  de  saint  Sylvestre  [Inventio 
S.  Slephani ,  Maria  ad  Nives ,  Bartholomœus ,  etc.).  Bellarmin, 
Baronius  et  Benoît  XIV  ne  se  font  pas  faute  de  le  dire  et  d'ap- 
porter leurs  blâmes.  Les  autres  modifications  que  subit  le  Bré- 
A  iaire  de  Pie  V  sont  d'une  importance  secondaire  ;  elles  ont  été 
du  reste  signalées  par  les  plus  célèbres  liturgistes,  anciens  et 
récents ,  avec  tant  de  soin ,  que  malgré  les  recherches  les  plus 
attentives  dans  les  sources  manuscrites  des  archives  du  \'atican 
et  des  différentes  bibliothèques  de  Rome,  du  nord  de  l'Italie, 
de  l'Allemagne,  de  la  France  et  de  la  Belgique,  nous  ne  pou- 
vons rien  ajouter  d'essentiel.  Les  remarques  qui  suivent  seront 
empruntées  à  Schmid,  qui  a  traité  la  question  très  en  détail  et 
d'après  les  soui'ces^.  Nous  exposerons  plus  tard  les  travaux  des 
papes   Sixte-Quint   et    Grégoire    XIV,   continuant    l'œuvre    de 


1  P.  178  sq. 

2  Benedicl.  XIV,  De  canoniz.  sanclor.,  lib.  IV,  part.  2,  c.  xiii.  Les  dilTé- 
rentes  auf^mentalions  ou  diminutions  dans  le  degré  se  trouvent  dans  Ga- 
vantus  (  Thesaar.  s.  rit.  cum  notis  Merati,  sectio  VII,  t.  ii,  p.  13)  et  dans 
Schmid  (  Tûb.  Quartalschr.,  1SS4,  p.  644-649).  Voir  à  la  fin  du  chapitre, 
pour  le  détail  de  ces  modifications,  la  note  1. 

3  Op.  cit. 


CHAPITRE  IV  207 

Pie  ^^,  et  qui  semblent  avoir  échappé  à  Schmid  et  à  tous  les 
autres. 

Autres  modifications  au  Bréviaire  «  Pianum  ».  —  Au  propre 
des  saints,  qui  se  termine  à  la  page  797  avec  saint  Pierre 
d'Alexandrie  (26  novembre),  font  suite  trois  indices  alphabé- 
tiques :  a)  Index  des  hymnes,  p)  des  psaumes,  y)  des  cantiques. 
Puis  commence  le  Commun  des  saints  avec  une  nouvelle  pagi- 
nation ^  On  y  a  apporté  les  modifications  suivantes  :  aupara- 
vant le  premier  nocturne  empruntait  la  plupart  du  temps  ses 
leçons  au  sermon  d'un  Père;  désormais  on  avait  pour  les  trois 
premières  leçons,  c'est-à-dire  pour  le  premier  nocturne  de  tous 
les  communs  sans  exception,  des  passages  appropriés  de  l'Ancien 
et  du  Nouveau  Testament,  qu'on  devait  lire  si  pour  quelque  rai- 
son il  n'y  avait  pas  d'écriture  occurrente  de  la  férié  ou  du 
dimanche  de  tempore.  Pour  le  deuxième  et  le  troisième  noc- 
turnes, on  remplaçait  quelques  sermons  ou  homélies  par  de  plus 
appropriés,  et  pour  mettre  quelque  variété  on  ajoutait  de  nou- 
velles leçons.  Jusqu'ici  le  Commun  des  Apôtres  avait  eu  deux 
invitatoires,  l'un  pour  l'été,  l'autre  pour  l'hiver  ;  on  n'en  conser- 
vait plus  qu'un  seul.  On  divisait  l'hymne  de  l'office  des  Apôtres 
au  temps  pascal  :  la  première  partie.  Tristes  erant,  se  réciterait 
aux  A'^èpres  (et  aux  Matines)  ;  la  seconde,  Claro  paschali,  aux 
Laudes.  Le  Commun  des  Martyrs  ayant  deux  messes  au  Temps 
pascal,  on  fixa  deux  homélies  correspondantes  aux  deux  péri- 
copes  de  l'Evangile^.  On  fit  choix  de  capitules  propres  pour  le 
Commun  des  saintes  Femmes.  Enfin  on  donna  des  leçons  propres 
à  la  fête  et  à  toute  l'octave  de  la  Dédicace,  et  on  ajouta  l'oraison 
du  jour  même  de  la  dédicace  ou  de  la  consécration  d'une  église. 

L'office  de  la  sainte  Vierge.  —  A  l'office  de  l'octave  de  la  Dédi- 
cace fait  suite,  dans  notre  édition  de  1569,  l'office  de  la  sainte 
Vierge  pour  le  samedi^.  C'était  une  création  nouvelle  de  la  Com- 
mission, en  ce  sens  que  pour  chaque  mois  elle  prescrivait  une 
troisième  leçon  particulière  tirée  des  Pères,  tandis  que  les  Le- 
ctio  I  et  II  devaient  toujours  être  pi'ises  ex  Scriptura  occurrente  ; 
les   antiennes,    répons,    versets    et  capitules   sont  empruntés  à 


»  P.  1-81  ou  1-104. 

2  Schmid,  op.  cit.,  p.  650.  Gavantus,  loc.  cit.,  sect.  VIII,  c. 

3  P.  61  ;  dans  l'édition  romaine  in-S»  de  1568,  p.  73  sq. 


208  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Tancien  Officium  parvum  B.  M.  V.  Ce  dernier'  ne  fut  pas 
modifié,  il  resta  analogue  à  celui  qui  avait  été  composé  au 
x^  siècle  et  corrigé  et  accru  par  saint  Pierre  Damien^.  Mais, 
comme  dans  plusieurs  éditions  de  cet  office  il  s'était  glissé, 
«  par  suite  de  spéculations  «^  de  librairie,  un  certain  nombre 
de  prières  superstitieuses  et  d'indulgences  apocryphes.  Pie  V  le 
fit  revoir  une  fois  encore  et  décréta,  dans  sa  bulle  de  publication 
du  6  mars  1571 ,  qu'on  ne  devait  considérer  comme  authentique 
que  ladite  édition  de  1571 ,  et  qu'elle  seule  pouvait  être 
employée  dans  la  récitation,  là  où  cette  dernière  était  obliga- 
toire. Une  édition  de  Y  Officium  parvum  avec  traduction  en 
langue  populaire,  parue  à  Venise  en  1570,  fut  condamnée  en 
même  temps.  Et,  le  27  janvier  1572,  l'imprimerie  des  Junta  à 
Venise  reçut  de  Grégoire  XIII  l'autorisation  de  préparer  une 
édition  à  meilleur  marché'*. 

Office  des  morts.  —  A  la  suite  de  ïOfficium  parvum  vient 
YOfficium  defunctorum^ .  Il  est  enrichi  de  quelques  oraisons, 
entre  autres  celle /j/'o  pâtre  et  matre  sacerdotis,  à  laquelle  Clé- 
ment VIII  joignit  plus  tard  les  deux pro  uno  defuncto  et pro  una 
defuncta.  A  la  fin  du  Bréviaire  on  a  imprimé  encore''  les 
psaumes  de  la  Pénitence,  les  litanies  de  tous  les  saints,  les 
psaumes  graduels  avec  les  prières  qui  les  accompagnent,  VOrdo 
commendationis  animée,  ]a  Beiiedictio  mensœ  et  Vltinerarium 
clericorum,  avec  lequel  se  termine  cette  partie,  et  le  Bréviaire 
entière  Dans  les  litanies  de  tous  les  saints,  le  nombre  des  invo- 
cations était  restreint  par  Pie  V,  et  défense  était  portée  d'en 
ajouter  d'autres  ;  le  psaume  était  également  changé  et  les  prières 
qui  le  suivent  écourtées. 

Remarquons  encore  en  terminant  que  le  Salve  regina,  qui 
jusque-là  commençait  ainsi  :  Salve,  regina  misericordise ,  reçut 
l'addition  mater  :  Salve  regina,  mater  misericordise,  et  parut 
désormais  sous  cette  forme  dans  le  Bréviaire  romain.  Par  contre, 
au  Confiteor,  on  avait  souvent  auparavant  ajouté  Patri  :  Confi.- 

1  P.  65,  dans  Tédition  de  1569;  p.  'S  de  l'édition  romaine  de  1568. 

2  Cf.  plus  haut,  t.  I,  p.  376. 

3  Schmid,  p.  650,  note  2. 

-4  Cod.  Vatic.  6417 ,  fol.  190. 

5  P.  72  de  l'édition  de  1569;  p.  85  de  l'édition  romaine  de  1568. 

6  p.  77  sq.  (1569);  p.  91  sq.  (1568). 

7  p.  87  ou  p.  103. 


CHAPITRE  IV  209 

teor  Deo,  Palri  omnipotenti;  ce  mot  était  désormais  supprimé*. 
Litanies  de  Lorette.  —  Les  litanies  en  l'honneur  de  la  très 
sainte  \'iei'ge  Marie,  ou  litanies  de  Lorette,  qui  se  trouvent 
aujourd'hui  au  Bréviaire  romain,  ne  sont  pas  encore  dans  l'édi- 
tion du  Breviarium  Pianum;  elles  ne  furent  ajoutées  qu'environ 
une  dizaine  d'années  plus  tard.  Cependant,  dès  cette  époque, 
elles  étaient  connues  à  Rome.  Le  8  février  1578,  l'archidiacre  de 
Lorette,  Giulio  Gandiotti,  les  envoyait  de  Sinig^aglia  à  Rome, 
comme  on  le  voit  par  deux  codices  de  la  bibliothèque  Vaticane^; 
il  les  appelait  :  le  laudi  o  lettanie  moderne  délia  beala  Vergine. 
Elles  étaient  chantées  avant  le  son  de  l'Angélus  les  samedis,  aux 
vigiles  et  aux  fêtes  de  la  sainte  Vierge  et  dans  d'autres  circons- 
tances extraordinaires.  On  se  flattait  de  lespoir  qu'elles  pour- 
raient être  introduites  à  Saint-Pierre  de  Rome  et  dans  d'autres 
basiliques  de  la  ville  éternelle,  et,  dans  ce  but,  Gandiotti  avait 
joint  les  notes  en  musique.  A  la  suite  de  ce  fait  on  tint,  sur 
l'ordre  de  Grégoire  XIII,  plusieurs  délibérations.  Le  rapport 
mentionne,  dans  le  codex  vaticanus  cité,  qu'on  pouvait  appeler 
les  litanies  pieuses  et  dévotes;  il  est  vrai,  beaucoup  des  invoca- 
tions pourraient  être  avec  autant  ou  plus  de  raison  appliquées  à 
l'Eglise  ou  au  Christ  lui-même ,  cependant  l'Eglise  pouvait  les 
appliquer  à  Marie.  Les  litanies,  pense  l'auteur  du  rapport,  n'ont 
pas  une  si  haute  valeur  qu'on  en  doive  recommander  l'introduc- 
tion à  Rome  ou  même  dans  tout  l'univers  catholique ,  d'autant 
qu'elles  sont  de  création  récente,  et  il  convient  que  de  pareilles 
formules  ne  soient  pas  apportées  du  dehors  à  Rome ,  mais  bien 
plutôt  qu'elles  soient  envoyées  de  Rome  aux  autres  églises  ;  de 
plus  Pie  V,  lors  de  la  correction  du  Bréviaire,  avait  supprimé 
dans  Y Officium  parvuni  B.  M.  V.  des  invocations  ou  des  lita- 
nies qui  leur  ressemblaient.  C'est  pourquoi,  conclut  le  rapport, 
on  doit  laisser  les  litanies  de  Lorette  comme  dévotion  privée  et 
ne  les  propager  que  comme  telles.  D'après  Thalhofer^,  ces  lita- 


1  D'après  le  cod.  Bibl.  Angl.,  Q.  3,  23  selon  Schmid,  p.  652. 

«  Cod.  Vatic.  6171 ,  fol.  66,  et  cod.  Reg.  Suec.  2020,  p.  344,  Schmid, 
p.  651. 

3  Thalhofer,  Lilurgik,  t.  ii,  p.  500.  [Cf.  l'intéressante  et  érudile  étude 
du  P.  de  Santi,  S.  J.,  Les  litanies  de  la  sainte  Vierge,  traduite  par  l'abbé 
A.  Boudinhon,  Paris,  1900.  Voici  les  conclusions  du  P.  de  Santi  :  Les 
litanies  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge  ne  commencent  pas  avant  le 
XHie  siècle.  D'abord  d'usage  privé ,  elles  passèrent  dans  l'usage  public 
Brév..  t.  II.  14 


210  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

nies  pouvaient  déjà  exister  à  Lorette  au  xiv<>  siècle  ;  elles  furent 
approuvées,  recommandées  et  enrichies  d'indulgences  par 
Sixte  V  (bulle  Reddituri),  Clément  VIII  et  Alexandre  VII. 
Sous  Pie  IX,  elles  reçurent  l'addition  Begina  sine  lahe  originali 
concepta  [c'est  plutôt  Grégoire  XVI  qui  permit,  sur  les 
instances  de  Ms""  de  Quélen,  d'ajouter  cette  invocation.  Tr.  ]; 
sous  Léon  XIII  (1883),  cette  autre  :  Rec/ina  sacratissimi  rosarii , 
o.  p.  n.  [et  tout  dernièrement  (1903)  l'invocation  :  Mater  Boni 
consilii]. 

Progrès  du  Bréviaire  de  Pie  V.  —  Telle  fut  l'œuvre  de  la  Com- 
mission instituée  par  Pie  IV  et  Pie  V  :  le  «  nouveau  »  Bréviaire 
ou  l'ancien  office  romain  réformé.  Le  travail  que  livra  la  Com- 
mission fut,  comme  on  devait  s'y  attendi^e,  diversement  jugé. 
Mais,  d'une  façon  générale,  la  satisfaction  fut  la  note  domi- 
nante ;  on  vit  dans  l'œuvre  de  Pie  V  un  moyen  efficace  de 
faire  cesser  les  plaintes  relatives  aux  désordres  qui  régnaient 
dans  la  liturgie  des  Heures  canoniales  ou  de  l'office*.  De  tous 
les  pays  et  de  toutes  les  provinces  ecclésiastiques  arrivaient  des 
nouvelles  de  l'empressement  qu'on  mettait  à  adopter  le  nouveau 
Bréviaire  ou  Bréviaire  Pianum,  pour  l'usage  public  et  privé. 
Les  synodes  provinciaux  et  diocésains  portaient  des  ordon- 
nances, d'après  lesquelles  on  devait  désormais  adopter  le  Bré- 


dans  la  seconde  moitié  du  xv^  siècle.  Les  litanies  actuelles  de  Lorette  sont 
une  heureuse  compilation  ou  une  forme  spéciale  de  litanies  formées  au 
xv»  siècle.  On  en  trouve  le  texte  pour  la  première  fois  imprimé  en  1576. 
Elles  n'étaient  même  pas  connues  à  Rome  jusque  vers  1587.  N.  Paulus, 
Die  Einfûhrung  der  lauretanischen  Litanei  in  Deiitschland  durch  den 
seUcjen  Canisius  {Zeitschr.  /'.  kath.  TheoL,  1902,  n.  3,  p.  574-583).  Le 
texte  le  plus  ancien  de  ces  litanies  que  l'on  connût  jusqu'ici  datait  de  1576. 
Paulus  en  a  découvert  un  autre  de  1558,  qui  contient  déjà  l'invocation  : 
Auxilium  chrislianorum.  Tr.] 

1  L'apparition  d'un  Bréviaire  et  d'un  Missel  réformés  causa  une  grande 
joie  dans  toute  l'Eglise  (Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  i,  p.  445).  Cf.  aussi 
Grancolas,  Commentarius  hisloricus,  Antwerpia;,  1734,  p.  6  :  Quodsi  Bre- 
viarium  romanum  nono  sseculo  adeo  laudari  promeruil,  ut  omnium  eccle- 
siaruuL  reliquis  prseponeretur ,  maiori  sane  splendore  nituit,  postquam 
Pius  V  illud  emendari  mandavil,  lure  igitur  affîrmare  possumus  ab  eo 
tempore  omnes  singulares  Ecclesias  id  adeo  adoptasse,  ut,  quœ  sub  romani 
Breviarii  nomine  illud  non  receperinl ,  tolum  fere  tamen  Breviariis  suis 
inseruerint,  id  suis  ritibus  accommodando...  atque  eo  magis  Breviarium 
hoc  ah  omnibus  Ecclesiis  suscipi  promereiur,  quod ,  cum  unica  sit  fides, 
sequum  etiam  videatur  unam  eandemque  oraudi  rationem  in  Ecclesia  esse 
oporlere  (édit.  française,  t.  i,  p.  11). 


CHAPITRE  IV  211 

viaire  romain,  ou  bien,  dans  les  cas  prévus  par  la  bulle  de 
Pie  V,  réformer,  d'après  le  Pianum,  les  Bréviaires  diocésains 
vieux  de  plus  de  deux  cents  ans  et  les  réimprimer  avec  addition 
du  rite  diocésain.  Dans  la  plupart  des  cas,  Taffaire  se  réduisait 
à  une  question  d'argent.  Il  était  plus  facile  et  meilleur  marché 
d'adopter  purement  et  simplement  le  Pianum  et  d"y  ajouter 
quelques  offices  des  saints  du  diocèse,  que  d'entreprendre  à  ses 
propres  frais  une  nouvelle  édition  complète  du  Breviarium  pro- 
priiim.  Beaucoup  d'églises  allemandes  prirent  ce  second  moyen; 
à  Rome  même,  le  chapitre  de  Saint-Pierre  conserva  son  psautier 
propret 

Critiques.  —  Mais,  d'un  autre  côté,  on  fit  entendre  des  blâmes  ; 
le  savant  bolonais  Sigonius  se  plaignit  hautement  dans  une 
lettre  adressée  le  3  janvier  1575  à  Paleotti,  et  blâma  le  récit  de 
la  donation  de  Constantin  ;  ce  fut  vers  ce  temps  qu'on  connut 
un  texte  grec  de  la  donation'^.  Un  certain  Fra  Angelo  di  Cos- 
tanzo  reprocha  quelques  erreurs  chronologiques  dans  la  légende 
ou  les  Lectiones  II  Nocliirni  de  saint  Thomas  d'Aquin,  7  mars^. 
L'évêque  de  Ruremonde,  Guillaume-Damase  Lindanus,  s'exprima 
de  la  façon  la  plus  énergique.  Il  se  plaint  notamment  du  texte 
des  psaumes,  qu'il  voudrait  corrigé;  mais  il  oublie  que  la  Com- 
mission n'a  pu  faire  autre  chose  qu'adopter  la  recension  de  la 
^'ulgate  recommandée  par  le  concile  de  Trente,  et  qu'on  en  était 
encore  à  attendre  une  édition  corrigée^.  Les  objections  que  l'on 


'  Le  Psalterium  romanum.  Cf.  t.  i,  p.  355  sq. 

*  Opéra  Sigonii,  Mediolani,  1737,  t.  vi,  p.  985.  Cod.  Vatic.  6416,  fol.  53 
et  59,  et  cod.  6417,  fol.  92,  où  un  docteur  Sondanus  et  Annibale  de  Ca- 
pua  adressent  de  Venise,  le  27  juillet  1571,  un  rapport  au  cardinal  de  San 
Sisto  sur  ledit  codex  et  sur  son  possesseur. 

3  Cod.   Vatic.  6417,  fol.  76. 

*  Prodiit  hoc  anno  novum  romanum  Breviarium,  nohis  ad  unum  omni- 
bus posthac  ex  concilii  provincialis  Mechliniensis  decreto  legendum,  quod 
psalmos  hahet,  Deus  hone!  quam  mendis  plurimis  contaminatos,  quam 
fœdis  corruptelis  depravatos ,  quam  denique  a  vera  lectione  discrepantes 
et  aberrantes!  quemadmodum  orbi  demonstrahit  nostra  psalterii  Davidici 
castigatio  in  primam  quinquacjenam  ex  codicibus  Hebraicis ,  Grsecis ,  Va- 
ticanis...  et  Latinis  variarum  bibliothecaram  innumeris  apparata...  Certe 
si  quis  sanctissimum  D.  N.  Pium  V  hac  de  re  fideliter  monuisset ,  procul 
duhio  eandem  Verbo  Dei  scribarum  oscitantia  et  typoc/raphorum  if/navia 
deformato  nec  pancis  locis  depravato  adhibuisset  operam,  quam  suo  divo 
Thomse  Aquinati  aliisque  castiyatissime  in  lucem  edendis  admovisse  dici- 
tur  Episc.  Ruramundensis  declaratio  a.  Iô70  dans  Hartzheim,  Conc.  Ger- 
man.,  t.  vu,  p.  650  sq.  Roskovàny .  t.  v,  p.  237-238). 


212  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

fit  au  sujet  des  lég^endes  ou  Lectiones  II  Nocturni  in  f es  lis  san- 
ctorum  (ou  Lectio  IX,  vel  II  et  III  in  simplicibus)  sont  mieux 
fondées.  Nous  citerons  seulement  deux  hommes  auxquels  on  ne 
peut  certes  pas  adresser  le  reproche  d'être  des  esprits  «  anti- 
ecclésiastiques )>  ou  «  antiromains  »  :  Baronius  et  Bellarmin, 
et  en  outre  le  rapport  d'un  critique,  conservé  dans  un  manus- 
crit du  Vatican.  Baronius,  qui,  sous  le  successeur  de  Pie  V,  eut 
à  examiner,  dans  le  travail  entrepris  pour  une  nouvelle  édition 
du  Martyrologe,  quelques  légendes  du  nouveau  Bréviaire,  ne 
leur  est  pas  favorable  ^  Bellarmin  écrit  à  un  religieux  de  son 
ordre,  Salmeron,  et  lui  dit  les  démarches  qu'il  a  faites  pour 
signaler  au  cardinal  compétent  une  vingtaine  d'erreurs  qu'il  a 
remarquées  dans  les  légendes,  afin  que  ce  dernier  en  demande 
au  pape  la  modification  et  la  correction-.  Nous  devons  encore 
ajouter  le  rapport  d'un  anonyme  du  même  temps,  ou  d'une 
époque  quelque  peu  antérieure ,  qui  s'attaque  à  toute  une  série 
de  légendes  du  Bréviaire  revisé,  mais  qui  n'use  pas  toujours  d'une 
critique  judicieuse^.  Enfin  le  pape  Benoît  XIV,  comme  savant 
privé,  a  laissé  percer  son  mécontentement  sur  plusieurs  points 
dans  ses  lettres  aux  cardinaux  Fleury  et  Tencin''  ;  de  même  que 
dans  le  passage  déjà  cité  de  son  ouvrage  De  canonizatione  san- 
ctoriim  il  laisse  assez  large  prise  au  jugement  de  l'historien. 

On  ne  peut  d'ailleurs  nier  que  la  méthode  de  la  Commission 
du  Breviarium  Pianum,  dans  le  choix  et  la  composition  des 


1  Oltra  che  il  Breviario  romano  per  disfjratia  nostro  è  cosi  catlivo  che 
cento  è  quaranta  errori  ho  notato  nelle  historié,  che  ivi  si  trattano  (Ba- 
ronii  Episl.  et  opuscula,  Rom;e,  1770,  t.  m,  p.  26,  Lettera  del  9  di  apri- 
le  1588). 

2  Lettre  de  Bellarmin  du  19  juillet  1584,  aux  archiv.  vatic.,  Miscell.  71. 
Schmid  (p.  635)  croit  que  les  propositions  de  corrections  de  Bellarmin, 
qui  lui  furent  renvoyées,  se  trouvent  dans  le  cod.  Vatic.  6214,  fol.  13. 
Bellarmin,  dans  la  même  lettre,  indique  pourquoi  son  travail  ne  fut  pas 
pris  en  considération.  On  aurait  dû  s'entendre  avec  le  cardinal  Sirleto, 
chi  rivedde  ed  approvà  il  Breviario...  e  piii  l'aie  la  sua  authoritk  che  le 
nostre  ragioni. 

3  Qusedam  maiore  consideratione  digna  in  Breviario  reformato ,  prse- 
sertim  in  lectionihus  sanclorum  {cod.  Vatic.  6171,  fol.  19.  Schmid, 
p.  633). 

4  Citées  et  en  partie  publiées  d'après  les  archives  du  ministère  des 
Affaires  étrangères  de  Paris.  Corresp.  de  Rome,  t.  dcclxxxv,  fol.  229  sq., 
DccLxxxvii,  nccLXxxix,  nccxcu,  fol.  21  et  243  (dans  BatifTol,  Histoire  du 
Brév.  romain,  p.  274,  295). 


CHAPITRE  IV  213 

légendes,  ne  pèche  en  maints  endroits  contre  les  règles  de  la 
critique  historique.  Qu'il  suffise  de  remarquer  que  nombre 
d'homélies  ou  de  sermons  des  Pères  ont  été  empruntés  à  des 
ouvrages  patristiques,  apocryphes  ou  douteux,  alors  qu'on  avait 
posé  pour  principe  de  ne  suivre  que  les  auteurs  authentiques  ; 
il  n'existait  pas  encore  d'édition  des  Mauristes  ni  un  Corpus 
scriptorum  ecclesiasticoriim  Vindobonense.  Ce  qui  est  plus 
grave,  c'est  qu'au  lieu  de  se  demander  quelle  était  la  source  la 
plus  sûre  pour  la  vie  ou  le  martyre  d'un  saint,  et  d'y  puiser 
purement  et  simplement ,  on  ait  arrangé  les  légendes  en  les  colo- 
rant quelque  peu,  et  que,  pour  des  raisons  d'édification,  on  ait 
fait  une  combinaison  de  récits,  d'événements,  de  traits,  de 
miracles,  etc.,  qu'on  avait  empruntés  à  une  série  de  biogra- 
phies, sans  prendre  garde  si  ces  traits  étaient  vraisemblables  en 
eux-mêmes  ou  si  lesdites  vies  étaient  interpolées  ou  fausses. 
Mais,  d'un  autre  côté,  nous  ne  pourrions  appliquer  aux  travaux 
des  correcteurs  la  mesure  critique  de  nos  jours  et  exiger  d'eux 
ce  que  seuls  les  savants  d'aujourd'hui  sont  capables  de  faire.  Lau- 
rentius  Valla  avait  imprimé  au  xv^  siècle  un  heureux  essor  à  la 
critique  historique,  et  au  xvie  siècle  il  trouva  des  imitateurs. 
Mais  la  réaction  contre  le  protestantisme ,  qui  d'une  main  sacri- 
lège mettait  de  côté  l'antiquité  pour  la  remplacer  par  des  nou- 
veautés, eut  comme  conséquence  de  faire  considérer  avec 
méfiance  le  récent  mouvement  scientifique.  De  plus,  on  n'avait 
pas  encore  pu,  par  la  comparaison  des  manuscrits  et  par 
l'impression  des  anciens  textes,  se  former  un  jugement  indépen- 
dant sur  la  valeur  relative  ou  absolue  des  œuvres  transmises  à 
la  postérité  comme  «  historiques  »  et  «  authentiques  ».  Enfin,  la 
pensée  de  l'Eglise  ou  des  auteurs  et  des  éditeurs  de  livres  litur- 
giques n'a  jamais  été  d'imposer  leurs  indications  comme  une 
autorité  historique.  Et  voilà  pourquoi  aussi  les  papes  qui  ont 
suivi  ont  apporté  aux  légendes,  comme  nous  le  verrons  plus  loin, 
nombre  de  corrections  ;  il  reste  cependant  beaucoup  à  faire  encore. 
Avantages.  —  Mais,  à  part  les  leçons  ou  les  vies  des  saints, 
on  doit  reconnaître  que  la  Commission  fit  tout  ce  qui  dépendait 
d'elle  pour  répondre  à  toutes  les  exigences  raisonnables.  L'or- 
donnance du  Bréviaire  fut  considérablement  simplifiée,  le  Psal- 
terium  per  hehdomadam ,  ïOfficium  de  tempore  et  la  lecture 
de  l'Écriture  furent    mieux  réglés,   et    le    choix    des    lectures 


214  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

bibliques ,  comme  aussi  en  général  celui  des  homélies ,  peut  être 
considéré  comme  heureux;  à  l'exception  de  quelques-unes,  ces 
homélies  sont  de  vraies  perles  de  la  littérature  patristique,  de 
même  que  les  leçons  de  la  sainte  Écriture  donnent  un  bon  abrégé 
du  livre  qui  est  en  lecture.  Les  hymnes,  dont  quelques-unes,  il 
est  vrai,  furent  sacrifiées,  les  antiennes,  les  répons,  les  versets 
et  les  oraisons,  sont,  à  l'exception  de  quelques  offices  de  date 
récente,  essentiellement  les  mêmes  que  ceux  que  l'on  trouve 
dans  les  hymnaires,  antiphonaires,  psautiers,  responsoriaux  et 
sacramentaires  du  viii^  et  du  ix^  ou  du  xin^  siècle*.  L'œuvre  de 
Pie  V  fut  donc  une  «  œuvre  de  conservation  »  ;  elle  maintint  la 
tradition  de  mille  ans  et  au  delà  et  satisfit  en  même  temps  dans 
une  certaine  mesure  aux  exigences  des  temps  modernes.  Si 
aujourd'hui  quelques  points  encore  sont  à  changer  :  réduction 
des  longs  offices  des  dimanches ,  qui  peuvent  être  pénibles  pour 
des  ecclésiastiques  chargés  du  ministère  des  âmes  ;  division  plus 
rationnelle ,  plus  convenable  du  pensum  de  la  prière  ;  examen 
critique  des  légendes  ;  en  quelques  endroits  choix  plus  correct 
des  lectures  tirées  des  écrits  des  Pères,  des  hymnes  et  des  orai- 
sons, ce  ne  sont  là  que  des  questions  de  détail.  L'ensemble  est  une 
œuvre  excellente,  incomparable,  comme  l'a  reconnu  franche- 
ment dans  le  soixante-quinzième  Tract  for  the  times ,  Oxford, 
1836,  un  juge  parfaitement  compétent,  le  cardinal  Newman, 
au  temps  où  il  était  encore  pasteur  protestant^.  C'est  ce  qui 
explique  que  de  tous  côtés  arrivèrent  à  Rome  des  témoignages 
de  la  plus  grande  joie,  témoignages  qui  se  manifestèrent  surtout 
en  ce  qu'un  très  grand  nombre  de  diocèses  et  d'Églises  particu- 
lières, auxquels  la  bulle  Quod  a  nohis  permettait  de  conserver 
leur  ancien  Bréviaire,  adoptèrent  aussitôt  le  Pianum  et  se  con- 
tentèrent de  faire  approuver  à  Rome  un  propre,  c'est-à-dire  un 
choix  d'offices  pour  leurs  saints  locaux  ou  diocésains. 

'  Cf.  Tommasi  {Opéra,  t.  ii,  iv,  vi;  P.  L.,  t.  lxxviii)  et  les  codices  cités 
plus  haut  de  Paris  et  de  Rome,  qui  renferment  les  livres  d'Amalaire, 
d'Alcuin,  de  Charlemaprne  et  d'autres  livres  liturgiques. 

2  [  Voici  les  paroles  de  Newmann  traduites  :  «  Il  y  a  tant  d'excellence 
et  de  beauté  dans  les  offices  du  Bréviaire,  que  si  des  controversistes 
romains  le  présentaient  à  un  protestant  comme  le  livre  des  dévotions 
romaines,  ce  serait  créer  indubitablement  un  préjugé  en  faveur  de  Rome, 
à  supposer  que  le  protestant  fut  d'une  candeur  moyenne  et  sans  parti 
pris,  et  qu'il  ignorât  les  circonstances  du  cas.  »  (Tracts  for  the  time, 
n.  75;   r/ie  roman  hreiiary ,  p.  1.)  Tr.] 


CHAPITRE  IV  215 


NOTE 


Détail  des  modifications. 

Novembre  29  :  Vigile  de  saint  André  ;  on  choisit  une  homélie  cor- 
respondant à  l'évangile  de  la  Messe.  Oraison  de  la  Messe.  —  Saint 
Saturnin,  qui  auparavant  avait  des  leçons  propres,  n'aura  plus  désor- 
mais qu'une  simple  mémoire. 

Décembre  6  :  Saint  Nicolas  demeure  semiduplex ;  mais  au  lieu  des 
neuf  leçons  de  sancto ,  la  légende  est  raccourcie  et  on  ajoute  une 
homélie. —  8  :  Conception  de  la  Vierge,  qui  avait  l'office  de  la  Nati- 
vité avec  changement  de  Nat.  en  Concepiio,  reçoit  de  nouvelles 
leçons;  l'office  avec  octave,  composé  par  le  protonotaire  Nogarolus 
et  qui  était  récité  dans  quelques  églises,  fut  supprimé  (cf.  cod, 
Vatic.  62i2,  fol.  62).  —  i3  :  Sainte  Lucie  devient  duplex;  l'homélie 
et  l'oraison  sont  nouvelles  (auparavant  toutes  les  leçons  étaient 
empruntées  à  la  Vifa  ou  légende  comme  pour  saint  Nicolas).  — 
28  :  Innocentes  martyres;  avant  Pie  V,  semiduplex.  C'est  lui  qui  fit 
cette  fête  duplex.  —  29  :  Saint  Thomas  de-  Cantorbéry  demeure 
semiduplex ,  mais  reçoit  une  homélie.  —  31  :  Saint  Sylvestre  devient 
duplex. 

Janvier  :  Les  octaves  de  saint  Etienne,  de  saint  Jean,  des  saints 
Innocents  deviennent  duplex.  —  Saint  Hilaire,  auparavant  siniplex, 
devient  semiduplex ,  et  non  duplex,  comme  le  dit  Schmid,  p.  644. 
Dans  le  calendrier  de  l'édition  d'Anvers  de  1569,  il  y  a  au  14  janvier 
en  toutes  lettres  semiduplex ,  et  au  Proprium  sanctorum ,  p.  590,  on 
lit  la  rubrique  :  Si  hoc  festum  venerit  in  Dominica,  transfertur  in 
sexiam  Feriam.  Les  quatre  premiers  jours  de  la  semaine  (15,  16,  17, 
18,  du  lundi  au  jeudi)  n'étaient  pas  libres,  à  cause  des  fêtes  des 
SS.  Paulus  Eremita,  Marcellus,  Antonius  et  de  la  Cathedra  Pétri.  — 
Paulus  primus  Erem.,  auparavant  simplex ,  devient  semiduplex  avec 
office.  —  Antonius  Abhas  ex  semiduplici  duplex.  —  Cathedra  Pétri 
Rom.,  depuis  Paul  IV  (  1558  )  duplex.  —  Agnes  ex  semiduplici  duplex; 
à  cause  de  sa  virile  constance  elle  reçoit  la  plupart  des  psaumes  du 
Commune  marlyrum  (non  les  leçons,  comme  le  dit  Schmid,  p.  645; 
car  celles  du  premier  nocturne  sont  Confitebor  de  Communi  Virg. 
mart.,  ceux  du  second  une  légende,  ceux  du  troisième  l'homélie  de 
l'évangile  Simile  est  regnum  cœlorum  decem  virginib.  de  Communi), 
les  antiennes  et  les  répons  restent  les  mêmes.  —  Vincentius  et  Ana- 
stasius  ex  simplici  semiduplex  avec  homélie.  —  Chrysostomus  ex  sim- 
plici  duplex,  office  nouveau  (Sirleto).  —  Agnes  secundo,  auparavant 
duplex  avec  six  leçons  propres ,  désormais  simplex. 


216  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Février  :  Saint  Ignace  reçoit  des  leçons  au  deuxième  nocturne 
avec  une  homélie  propre  in  Evangel.  proprium.  —  Puri/îcatio  B.  M.  V. 
reçoit  d'autres  leçons.  —  Saint  Biaise,  introduit  en  1521  comme  semi- 
duplex,  devient  simplex.  —  Sainte  Agathe  reçoit  une  homélie  propre 
et  des  psaumes  de  Commuai  martyrum.  —  La  vigile  de  saint  Mathias 
est  créée  de  toute  pièce ,  et  à  la  fête  du  même  Apôtre  les  leçons 
du  deuxième  nocturne  sont  changées,  de  même  qu'une  homélie  nou- 
velle est  insérée. 

Mars  :  Saint  Thomas  d'Aquin ,  auparavant  simplex,  devient  duplex 
et  reçoit  l'office  des  Doctores  Ecclesiœ.  —  L'humble  saint  Joseph,  le 
père  nourricier  de  Jésus,  avait  auparavant  reçu  un  Officium  proprium 
au  supplément  du  Bréviaire  :  il  dut  désormais  se  contenter  de  deux 
leçons  et  d'une  Oratio  propria;  le  reste  devait  être  emprunté  au 
Commun  (saint  Bernard,  in  II.  Noct.  :  Quis  et  qualis  homo  fuerit 
beatus  Joseph  et  Ilomil.  in  Evang.  :  Cum  esset  desponsata ,  ut  in 
Vigilia  Nativilatis).  Mais  bientôt  la  piété  des  pasteurs  et  des  fidèles 
ne  s'en  contenta  pas,  et  avec  la  dévotion  croissante  envers  ce  grand 
patriarche  on  revint  à  un  office  propre.  —  Saint  Benoît  reçoit  Lectiones 
proprise  in  I  et  II  Noct.;  pour  le  reste,  c'est  le  Commune  abbalum. 
—  Pour  l'Annonciation ,  où  l'ancien  office  subsiste ,  leçons  d'isaïe , 
de  saint  Léon  et  de  saint  Ambroise  {Ilomil.  in  Evangel.  Missus)  et 
antiennes  avec  répons  comme  aujourd'hui  ;  on  avait ,  à  ce  qu'il 
semble ,  ajouté  ad  libitum  une  homélie  de  saint  Grégoire  le  Thauma- 
turge découverte  par  Sirleto  et  traduite  en  latin  par  l'évêque  Lin- 
danus  (van  Linden).  C'est  ce  que  dit  Schmid,  p.  645. 

Avril  :  Saint  Léon,  dans  Quignonez  simplex,  redevint  duplex  dans 
le  Pianum  et  reçut  des  leçons  propres  pour  les  trois  nocturnes.  — 
Saints  Soter  et  Caius,  auparavant  simplex,  devinrent  Festum  sei7ii- 
duplex,  ainsi  que  saint  Georges  et  saints  Clet  et  Marcellin. 

Mai  :  Saint  Athanase  devient  duplex  et  reçoit  des  leçons  propres 
aux  deuxième  et  troisième  nocturnes  avec  le  répons  In  niedio  et  l'an- 
tienne :  0  doctor.  —  Sainte  Monique  reçoit  comme  simplex  des 
leçons  propres  :  la  ne  et  la  m*.  —  Apparitio  Michaelis,  auparavant 
semiduplex,  devient  duplex.  —  Saint  Grégoire  de  Nazianze,  introduit 
en  1500  comme  simplex,  reçoit  ÏOfficium  doclorum  comme  Festum 
duplex  avec  des  leçons  propres  pour  le  deuxième  nocturne.  —  Saint 
Boniface  (14  mai]  et  saint  Erasme  (2  juin)  avec  Pierre  et  ses  comp., 
qui  autrefois  avaient  neuf  leçons  tirées  de  la  légende,  deviennent 
simplicia  avec  seulement  deux  leçons. 

Juin  :  Saint  Antoine  de  Padoue  est  supprimé  ainsi  que  saint  Bernar- 
din. —  Saint  Basile  devient  duplex,  saint  Silvère  simplex;  auparavant 
ils  étaient  semiduplex.  —  La  vigile  de  saint  Jean  reçoit  une  homélie.  — 


CHAPITRE  IV 


217 


Pour  saints  Jean  et  Paul  l'évangile  est  changé  et  on  ajoute  une  homélie. 
—  La  vigile  des  saints  Pierre  et  Paul  reçoit  une  homélie  propre.  — 
On  introduit  dans  l'hymne  des  Vêpres  (.lurea  luce)  des  saints  Pierre 
et  Paul  la  strophe  :  0  felix  Roma,  tirée  d'un  ancien  manuscrit,  et 
dans  l'hymne  de  Laudes  la  strophe  :  Doctor  egregie. 

Juillet  :  Le  jour  octave  de  saint  Jean -Baptiste,  auparavant  semi- 
duplex,  devient  duplex  avec  addition  du  Sermo  S.  Maximi  au 
deuxième  nocturne.  —  La  fête  de  la  Visitation  subit  un  remaniement 
complet.  Dans  les  anciens  Bréviaires  de  la  curie  romaine,  il  y  avait" 
pour  cette  fête  un  double  office,  l'un  In  Proprium  sanctoruni,  l'autre 
in  Appendix,  que  Sixte  IV  avait  maintenu  pour  les  ermites  de  Saint- 
Augustin  dans  l'église  Santa  Maria  del  popolo  bâtie  par  lui.  Les 
deux  offices  avaient  une  octave  :  à  ce  moment  on  prend,  mutatis 
mutandis,  l'office  de  la  nativité  de  la  Vierge,  mais  les  leçons  du  pre- 
mier nocturne  Ego  flos  campi  seront  empruntées  au  deuxième  jour 
de  VOctava  Assumptionis  ;  celles  du  deuxième  (S.  Beda  :  Accepta 
virginis  consensu)  et  du  troisième  [Homil.  S.  loannis  Chrysost.  :  Cuni 
ad  nos  advenisset  in  evangel.  exsurgens)  sont  propres.  Voici  ce  que 
porte  la  rubrique  dans  le  Bréviaire  d'Anvers,  p.  672,  au  2  juillet  : 
Oninia  dicuntur  ut  in  eius  Nativitate ,  p.  736,  mutato  nomine  Xativi- 
tatis  in  Visitalionem  prseter  lectiones...  ut  infra.  —  SS.  Processus  et 
Martinianus,  auparavant  semiduplex,  devinrent  simplex,  ou  obtinrent 
une  simple  commémoration.  —  L'octave  des  saints  Pierre  et  Paul 
reçut  pour  le  deuxième  nocturne  des  3,  4,  3  et  6  juillet  de  nouvelles 
leçons.  —  La  fête  des  sept  frères  (10  juillet),  auparavant  simplex, 
fut  élevée  au  rang  de  semiduplex  avec  homélie  propre.  —  Saints 
Nabor  et  Félix  reçurent  comme  simplex  une  seule  oraison  sans 
lectio  propria.  —  Samt  Bonaventure  demeura  semiduplex  et  Con- 
fessor  pontifex ,  non  Doctor  ;  Oratio  :  Exaudi  ;  Homil.  S.  Greg.  in 
evangel.  :  Homo  peregre;  cependant  comme  sixième  leçon  (la  troi- 
sième du  deuxième  nocturne  )  :  Quid  post  Orionas  du  Commune  do- 
ctoruni.  —  20  :  Sainte  Marguerite;  la  légende  reconnue  apocryphe  fut 
supprimée;  la  fête  simplex,  sans  leçons,  l'oraison  fut  changée.  — 
Sainte  Marie  Magdeleine,  auparavant  semiduplex ,  devint  duplex;  les 
capitula  des  petites  Heures  sont  changés ,  les  répons  différemment 
organisés,  de  nouvelles  leçons  et  des  hymnes  propres  ajoutées. 
Voici  l'hymne  des  Vêpres  : 


i.  Lauda ,  mater  Ecclesia, 
Lauda  Christi  clementiam , 
Qui  septem  purgat  vitia 
Per  septiformam  gratiam. 


2,  Maria,  soror  Lazari, 

Quae  toi  commisit  crimina , 
Ah  ipsa  fauce  tarlari 
Redit  ad  vitœ  lumina. 


218 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


3.  Posi  fluxx  carnis  scandala 
Fit  ex  lebeta  phiala , 

In  vas  translata  gloriae 
De  vase  contumeliœ, 

4.  JEgra  currit  ad  medicum , 

Vas  ferens  aromaticuni, 
Et  a  morbo  multiplici 
Verho  curalur  medici. 


5.  Surgentem  cum  Victoria 
lesum  vidit  ab  inferis  ; 
Prima  meretur  gaudia , 
Qux  plus  ardebat  ceteris. 

6.  Uni  Deo  sit  gloria 
Pro  multiformi  gratia, 
Qui  culpas  et  supplicia 
Remittit  et  dat  prœmia.  Amen. 


[Celte  hymne  date  du  moyen  âge  ;  on  l'attribue  à  Odon  de  Cluny, 
sans  grande  raison.  Tr.] 

Les  hymnes  des  Matines  et  des  Laudes  sont  les  mêmes  que  celles 
d'aujourd'hui;  et  aussi  les  antiennes,  leçons,  versets  et  répons.  — 
Saint  Apollinaire  de  simplex  fut  élevé  au  rang  de  semiduplex.  —  La 
vigile  de  saint  Jacques  reçut  son  homélie.  —  La  fête  de  sainte  Anne  ne 
fut  plus  célébrée  désormais  que  par  les  Franciscains.  Jadis  elle  était 
seulement  au  supplément  du  Bréviaire,  mais  au  xvie  siècle  elle  était 
déjà  populaire.  Ainsi  les  chanoines  de  Saint -Géréon  de  Cologne 
décidaient,  le  2  août  1558,  que  la  fête  de  sainte  Anne  serait  célébrée 
tous  les  ans  comme  Festum  duplex  cum  primis  et  secundis  Vesperis , 
Matutinis,  Missa,  etc.  Le  chanoine  Symon,  de  la  commune  de  Lobroich, 
avait  fait  une  fondation  dans  ce  but  et  avait  fait  transcrire  de  magni- 
fiques livres  de  chœur  avec  VOfficium  proprium  de  la  sainte  mère  de 
Marie,  mère  du  Seigneur  (Jôrres,  Urkundenbuch  des  Stiftes  S.  Gereon 
zu  Kôln  [Bonn,  1893],  p.  637).  François  Lombard  rapporte,  le 
22  juillet  1569,  de  Naples,  qu'on  s'était  montré  mécontent  de  ce  que 
la  fête  de  sainte  Anne,  comme  celles  de  saint  Joachim,  de  saint 
Zacharie  et  des  Macchabées,  avait  été  supprimée  dans  le  nouveau 
Bréviaire  {cod.  Vatic.  6190,  fol.  100,  Schmid,  p.  647).  —  Saints 
Nazaire  et  Celse  (au  28  juillet),  qui  auparavant  avaient  neuf  leçons, 
en  reçurent  une  seule,  et  les  papes  Victor  et  Innocent,  fêtés  le  même 
jour,  chacun  une,  et  ils  furent  élevés  de  simplex  à  semiduplex.  — 
Sainte  Marthe  fut  semiduplex  au  lieu  de  simplex;  elle  reçut  une  autre 
oraison  et  une  homélie. 

Août  :  S.  Pelrus  ad  vincula.  Changement  des  leçons  au  deuxième 
nocturne.  —  De  même  pour  VInventio  S.  Stephani  aux  premier  et 
deuxième  nocturnes.  —  Saint  Dominique  ,  déjà  élevé  au  rite  duplex 
par  Paul  IV,  conserva  ce  rang  ;  auparavant  il  était  semiduplex.  — 
Dedicalio  B.  M.  V.  ad  Nives,  oraison,  répons  et  leçons  du  premier  et 
du  deuxième  nocturne  changés.  —  Transfiguratio  D.  N'.  J.  C;  les 
anciennes  hymnes  furent  rejetées  et  à  leur  place  on  mit  celles  que 
Paul  IV  avait  changées,  elles  y  sont  encore  aujourd'hui  [Quicumque 


CHAPITRE  IV  219 

Christum  quœritis,  de  Prudence,  et  Amor  lesu  dulc.).C{.  mon  article 
Hymnus  dans  le  Kirchenlexicon. —  Les  leçons  du  premier  et  du  deuxième 
nocturne  furent  changées,  et  saints  Xyste,  Félicissime,  etc.,  reçurent 
une  seule  leçon  au  lieu  de  neuf.  SS.  Cyriacus,  Largus  et  Smaragdus 
devinrent  semiduplex  ;  ils  étaient  auparavant  simplex.  —  La  vigile  de 
saint  Laurent,  nouvelle  avec  homélie.  —  La  fête  de  saint  Laurent  vit 
ses  leçons  du  premier  et  du  deuxième  nocturnes  changées.  —  Sainte 
Claire,  auparavant  duplex  avec  octave,  devint  simplex,  c'est-à-dire 
reçut  une  simple  commémoraison;  en  effet,  au  12  août  on  lit  dans  le 
calendrier  :  De  octava  et  commemor.  S.  Clarœ  Virginis  avec  neuvième 
leçon  de  ipsa.  —  La  Vigilia  Assumptionis  reçut  une  homélie  et  la  fête 
d'autres  leçons  au  premier  nocturne.  —  Octava  S.  Laureniii  l'eçut 
une  oraison  propre  ex  Sacramenfario  S.  Gregorii,  devint  duplex  au 
lieu  de  semiduplex ,  et  les  leçons  de  toute  l'octave  furent  organisées 
avec  plus  de  soin, —  Saint  Bernard  également  devint  duplex  et  reçut 
l'oraison  :  Iiitercessio. —  Les  leçons  de  toute  YOctava  B.M.  F.  furent 
en  partie  changées,  et  en  partie  on  en  ajouta  de  nouvelles.  —  Vigilia 
S.  Bartholomœi  fut  créée.  —  Pour  saint  Augustin,  à  Texception  de 
l'oraison,  tout  est  entièrement  nouveau  ;  auparravant  il  avait  un  office 
propre,  c'est-à-dire  deux  différents  (l'un  in  appendice).  —  Decollatio 
S.  loann.  Bapt.;  de  semiduplex  fut  élevé  au  rite  duplex. 

Septembre  :  Les  leçons  et  quelques  répons  furent  changés  dans 
l'office  de  VExaltatio  S.  Crucis.  —  Dans  YOctava  B.  M.  V.,  les  leçons, 
qui  auparavant  pour  tous  les  jours  infra  octavam  étaient  empruntées 
au  Cantique  des  cantiques,  durent  céder  désormais  à  la  Scriptura 
occurrens;  les  leçons  du  deuxième  et  du  troisième  nocturne  subirent 
quelques  transformations.  —  ^6  :  Saints  Corneille  et  Cyprien,  sim- 
plex, devinrent  semiduplex,  tandis  que  SS.  Euphemia,  Lucia  et  Gemi- 
nianus,  au  lieu  d'avoir  neuf  leçons  comme  auparavant,  n'en  eurent 
plus  qu'une  avec  Commemoratio,  —  Saint  Eustache,  en  concurrence 
avec  la  Vigilia  S.  Matthœi,  perdit  toutes  ses  leçons  et  ne  fut  plus 
désormais  qu'une  commémoraison.  —  Toutes  les  leçons  de  la  fête  de 
saint  Matthieu  furent  changées,  et  sainte  Thècle  (23  septembre)  n'eut 
plus  qu'une  commémoraison  au  lieu  de  neuf  leçons  qu'elle  avait  eues 
jusqu'alors.  —  Saints  Côme  et  Damien,  simplex,  devinrent  semiduplex. 
—  Pour  la  fête  de  la  Dedicalio  S.  Michaelis,  l'ordonnance  des  répons,  le 
capitule  de  Sexte  et  les  leçons  du  premier  et  du  deuxième  nocturne 
furent  changés. 

Octobre  :  Saint  François  (4)  reçut,  au  lieu  de  l'office  employé  par 
les  Franciscains,  un  autre  office  simplifié.  —  Dionysius  cum  Soc,  de 
simplex  fut  élevé  au  rang  de  semiduplex  et  reçut  un  autre  évangile 
avec  homélie. —  Saint  Calliste,  simplex,  devint  semiduplex. —  Saint  Luc 


220  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

reçut  le  rang  de  double  comme  les  douze  apôtres,  analogue  à  notre 
duplex secundœ classis aclnel.  —  Sainte  Ursule,  par  suppression  de  son 
riche  Officium  proprium ,  fut  réduite  à  une  simple  commémoraison. 
—  Saints  Simon  et  Jude  reçurent  pour  leur  vigile  une  homélie  et 
pour  la  fête  d'autres  leçons ,  Toraison  seule  demeura. 

Novembre  :  Au  l""^  novembre  (Toussaint)  toutes  les  leçons  de  la 
fête  et  de  toute  l'octave  furent  changées,  le  huitième  répons  de  vir- 
ginibus  ajouté,  les  leçons  du  deuxième  nocturne  du  1*""  novembre  et 
des  jours  suivants  imprimées  sous  la  fausse  dénomination  de  saint 
Augustin.  —  Pour  la  Dedicatio  Basilicse  SS.  Salvatoris  ou  Laterani,  les 
leçons  du  premier  et  du  deuxième  nocturne  furent  changées.  — 
De  même,  pour  saint  Martin  de  Tours,  dont  la  fête  fut  élevée  du 
rang  semiduplex  à  celui  de  duplex,  changement  des  leçons.  —  Saint 
Martin,  pape,  simplex,  devient  semiduplex;  mais  saint  Grégoire  le 
Thaumaturge  devient  simplex.  —  Dedicatio  basilicarum  SS.  Pétri  et 
Pauli  reçoit  des  nouvelles  leçons  /  et  II  Nocturni.  —  La  fête  de  la 
Prœsentatio  B.  M.  V.  est  supprimée.  —  Pour  sainte  Cécile,  semi- 
duplex^ changement  des  leçons  ;  de  même  pour  saint  Clément,  sem,i- 
duplex ;  pour  ce  dernier  certains  répons  sont  aussi  changés.  —  Sainte 
Catherine  est  élevée  du  rang  de  fête  semiduplex  à  celui  de  duplex, 
mais  l'ancien  office,  à  l'exception  de  l'oraison  et  des  lectiones  II  No- 
cturni, est  supprimé.  —  Pierre  d'Alexandrie  simplex  avec  une  leçon. 
Ce  saint  ne  se  trouve  pas  dans  quelques  éditions  de  l'ancien  Bréviaire, 
par  exemple  celle  de  1556  ;  mais  il  est  dans  les  plus  récentes  éditions 
du  Breviarium  Curiœ. 


CHAPITRE    V 

EXTENSION  DU  NOUVEAU  BRÉVIAIRE 

SON  INTRODUCTION  DANS  LA  PLUPART  DES  ÉGLISES 

DU  RITE  LATIN 


Adoption  du  Bréviaire  romain.  —  Saint  Charles  Borromée 
ouvrit  la  séi'ie  en  décrétant,  au  deuxième  concile  provincial  de 
Milan,  1569,  que  dans  toute  l'étendue  de  sa  province  ecclésias- 
tique, où,  comme  par  exemple  à  Monza,  à  Trevi,  à  Varennes 
et  à  Besozzo ,  le  rite  ambrosien  ou  un  autre  n'était  pas  en  usage 
depuis  au  moins  deux  cents  ans ,  on  prendrait  immédiatement 
le  Breviarium  Pianum.  La  même  peine  qui  avait  été  portée 
après  le  cinquième  concile  de  Latran  et  après  des  synodes  pro- 
vinciaux milanais  antérieurs ,  contre  ceux  qui  ne  s'acquittaient 
pas  de  l'office,  frapperait  les  retardataires.  Dans  la  même 
année  ou  dans  les  années  suivantes ,  les  conciles  provinciaux  ou 
synodes  diocésains  d'Urbino  (1569),  de  Namur  (1570),  de 
Malines  (1570),  portèrent  des  décisions  semblables  ;  puis 
vinrent  en  1571  les  synodes  de  Pavie,  Bois -le- Duc,  Besançon, 
Bénévent,  et  dans  les  ving^t  ou  trente  années  qui  suivirent  les 
synodes  de  Tarrag-one  ,  Florence ,  Trente ,  Naples ,  Amalfî , 
Ancône,  Ameria,  San-Severino ,  Tournay,  Ypres ,  Cambrai, 
Gnesen,  Culm,  Olmûtz,  Breslau,  Rouen  et  la  Normandie  : 
Bayeux,  Séez,  Evreux,  Lisieux,  Avranches,  etc.  ;  Bordeaux  et 
ses  suffrag-ants ;  Reims  et  Saint-Omer,  Aix,  Toulouse,  Auch, 
Avignon,  Tours,  Embrun,  Langres,  Vienne ^  Pour  l'Espagne 
et  la  Sicile,  la  volonté  de  Philippe  II  décida  en  faveur  du  nou- 
veau Bréviaire  ;  en  Portugal  ce  Bréviaire  fut  aussi  accepté  par- 
tout à  l'exception  de  Braga.  A  Paris,  la  chapelle  royale  adopta 

1  On  trouve  les  décisions  de  ces  conciles  et  d'autres  de  ce  temps  dans 
Roskovâny  (t.  v,  p.  236-275),  Guéranger  {Inst.  litury.,  t.  i,  p.  448  sq., 
470)  et  Schmid  (1885,  p.  468  sq.). 


222  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

l'usage  du  Bréviaire  et  du  Missel  de  Pie  V  en  1583,  ce  qui  fut 
suivi  par  tous  les  châteaux  royaux  de  la  France. 

Dans  tous  les  pays  d'Europe  et  dans  les  colonies  hispano- 
américaines,  un  grand  nombre,  et  même  la  plupart  des  églises 
ou  des  diocèses ,  prirent  simplement  le  Bréviaire  romain  ;  il  y  eut 
cependant  quelques  cathédrales,  églises,  collégiales  et  diocèses 
et  quelques  congrégations  religieuses  qui  firent  usage  du  droit 
que  la  bulle  Quod  a  nohis  leur  avait  concédé  relativement  aux 
anciens  Bréviaires  qui  pouvaient  exciper  de  deux  cents  ans 
d'existence*. 

Pour  ce  qui  regarde  les  congrégations,  on  comprend  aisément 
que  les  Théatins,  les  Jésuites  et  d'autres  clercs  réguliers  créés  au 
xvi^  siècle,  et  qui  n'avaient  aucune  tradition,  aient  adopté  sans 
retard  le  Bréviaire  de  Pie  V.  Les  Franciscains,  qui,  d'après  leur 
règle,  devaient  se  rattacher  aux  usages  de  la  curie,  ne  virent 
dans  le  nouveau  Bréviaire  qu'une  édition  corrigée  de  celui  qu'ils 
possédaient  depuis  le  xni^  siècle  ;  ils  ne  firent  qu'y  ajouter  les 
offices  propres  des  saints  de  leur  Ordre.  Toutes  les  branches 
diverses  de  cette  famille  religieuse  si  répandue  firent  de  même  ; 
les  Capucins  allèrent  même  plus  loin  en  renonçant  à  tous  leurs 
propres  pour  garantir  le  plus  possible  la  conformité  avec  l'office 
romain^.  Un  décret  de  leur  général  prescrivit  aux  Servîtes  l'ac- 
ceptation du  Breviarium  Pianum;  cependant,  pour  la  sainte 
Messe,  ces  religieux  demandaient  la  permission  de  pouvoir 
conserver  quelques  usages  particuliers,  comme  de  réciter  VAve 
Maria  avant  le  Confiteor  et  le  Salve  reç/ina  à  la  fin  de  la  Messe ^. 
Les  chanoines  réguliers,  à  l'exception  des  Prémontrés,  qui  vou- 
lurent conserver  leur  ancienne  liturgie  romano-gallicane,  s'ap- 
proprièrent partout  le  Bréviaire  corrigé. 

Revisions  d'après  le  Bréviaire  romain.  —  D'un  autre  côté , 
certaines  églises,  tout  en  conservant  leur  Bréviaire  particulier, 
entreprirent  une  revision  de  leurs  livres  d'office  et  les  corri- 
gèrent plus  ou  moins  d'après  le  Bréviaire  romain  édité  par 
Pie    V,    ad  iiormam  ou   formain  Romani,   selon   l'expression 


1  Conciliam  Mexicanum  a.  1 588,  (Roskovâny,  t.  v,  p.  255). 

2  Lettre  du  commissaire  g-énéral  des  Capucins  du  23  novembre  1574, 
à  Sirleto  [Cod.  Vatic.  6192,  fol.  156 j.  Plus  tard,  lorsque  les  Capucins 
eurent  des  saints  dans  leur  famille,  ils  purent  devenir  moins  exclusifs. 

3  Cod.  Vatic.  6171 ,  fol.  170. 


CHAPITRE  V  223 

employée.  L'évêque  et  le  clergé  d'Aug'sbourg  furent  des  pre- 
miers à  adopter  cette  solution.  Le  cardinal  évéque  d'Augs- 
bourg,  Otton  Truchsess  von  Waldbourg,  qui,  encore  en  1555, 
avait  fait  publier  à  Dillingen  l'ancien  Missel  d'Augsbourg,  fit 
également  paraître  une  édition  corrigée  de  l'ancien  Bréviaire 
du  diocèse,  qui  conservait  d'anciens  usages  particuliers  mis 
d'accord  avec  le  Bréviaire  réformé.  Ce  Bréviaire  fut  imprimé 
à  Rome  même  et  envoyé  avec  l'approbation  du  Saint-Siège  au 
clergé  du  diocèse  d'Augsbourg,  sous  le  titre  de  Breviarium 
Augustanum,  PU  V.  P.  M.  auctoritate  restitutum  'Romee,  1570'). 
Cologne.  —  Bientôt  après  parut  aussi  pour  Cologne  et  le  dio- 
cèse de  Cologne  un  Breviarium  Coloniense  de  l'archevêque 
Salentin  de  consensu  Ss.  D.  iV.  Gregorii  XIII  P.  M .  emenda- 
tum  et  lypis  excusum,  Colonise,  1576,  Bréviaire  corrigé  sur  le 
type  du  Bréviaire  romain  et  qui,  sous  l'archevêque  Ferdinand 
de  Bavière  (1612-1650) ,  eut  une  deuxième  édition  à  Cologne  1618, 
conforme  en  d'autres  points  au  Bréviaire  romain.  L'archevêque 
Max  Henri  fit  imprimer  en  1654  et  1659,  en  l'e  réunissant  à  celui 
qu'avait  composé  l'archevêque  Ferdinand  en  1648,  un  Proprium 
sanctorum  archidiœc.  Coloniensis  comme  supplément  ou  com- 
plément du  Bréviaire  romain,  qu'il  recommanda  expressément, 
sans  toutefois  le  prescrire  directement'-,  Joseph  Clément,  de  la 
maison  de  Bavière,  élu  en  1688,  consacré  en  1707^,  publia  en 
1718  un  nouveau  Breviarium  Coloniense ,  recognitum  et  emen- 


1  Hôynck,  Geschichte  der  kirchlichen  Liturgie  des  Bislhums  Augshiirçf, 
Augsburg,  1889,  p.  290  sq.  On  y  trouve  aussi  les  particularités  de  ce  Bré- 
viaire, qui  du  reste  ne  s'écarte  pas  beaucoup  du  Bréviaire  romain.  Une 
nouvelle  édition  de  ce  Bré\'iaire  diocésain  d'Augsbourgr  corrigé  parut  à 
Augsbourg  en  1584.  En  1597  (24  mai),  l'évéque  Jean  Otton  de  Gemraingen 
donna  l'ordre  d'introduire  le  rite  romain  dans  tout  le  diocèse  i  Bréviaire 
et  Missel  de  Pie  V);  mais  ce  rite  ne  fut  complètement  établi  que  sous 
son  successeur  Henri,  en  1610  ou  1612  (p.  295),  tandis  que  le  mode  de 
chant  romain  et  l'ancien  demeurèrent  encore  en  usage  parallèlement. 

-  Kirch,  Die  Liturgie  der  Erzdiôcese  Kôln,  Kôln,  1868,  p.  53-179.  A  la 
cathédrale,  les  chanoines  conservèrent  dans  leur  office  le  Bréviaire  de 
Cologne  jusqu'en  1885,  sous  l'archevêque  Philippe  Krementz;  mais  actuel- 
lement le  romain  seul  est  employé. 

■^  Il  n'avait  pas  encore  dix -sept  ans  lors  de  son  élection.  Il  entretint 
des  relations  étroites  avec  la  France  et  reçut  la  consécration  épiscopale 
à  Lille  des  mains  du  célèbre  Fénelon.  L'archevêque  de  Cambrai  prononça 
à  cette  occasion  le  deuxième  de  ses  sermons,  regardés  comme  des  modèles 
du  genre. 


224  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

dalam  novisque  sanctorum  officiis  ab  Ecclesia  Romana  appro- 
batis  auctum,  qui  est  l'indice  d'un  grand  pas  en  arrière. 

Allemagne.  —  Mayence,  Constance,  Munster,  Prague,  Spire, 
Trêves,  Worms,  Wûrzbourg,  conservèrent  encore,  il  est  vrai, 
leurs  anciens  Bréviaires ^  Bientôt  cependant  la  plupart  adop- 
tèrent simplement  le  Bréviaire  romain  réformé  par  Pie  V  et 
Clément  VIII.  C'est  ce  que  firent  les  diocèses  d'Osnabriick 
(1628^),  de  Minden  (1632),  les  diocèses  hongrois  de  Gran  et  ses 
suffi'agants  au  concile  national  de  Tyrnau  de  1630^,  celui  de 
Paderborn  en  1662  sous  l'évêque  Ferdinand  de  Fûrstenberg  et 
d'autres ,  tandis  que  les  diocèses  de  Trêves  et  de  Miinster  préfé- 
rèrent suivre  l'exemple  de  Cologne.  Le  Bréviaire  de  Munster, 
qui  avait  paru  en  1489,  1497  et  1518  [Breviarium  ad  ordinan- 
tiam  diœcesis  Monasteriensis ,  Colonise  apud  Ludovicum  Horn- 
ken)  et  en  1537,  fut  corrigé  d'après  le  Bréviaire  Pianum  et 
réédité  en  1596,  sous  l'évêque  administrateur  Ernest  de  Bavière  ; 
mais  sous  le  prince-évêque  Maximilien  de  Kônigseck-Rothenfels 
et  grâce  au  chanoine  docteur  Thautphaus  (connu  pour  la  part 
importante  qu'il  prit  au  congrès  d'Ems),  il  fut  en  1783  gallica- 
nisé  ou  joséphinisé  et  détérioré"*.  Ce  n'est  que  sous  Pie  IX  et 
Léon  XIII  (1870  et  1883)  que  là,  comme  à  Trêves  (1872  et 
1885),  le  rite  romain  fut  exclusivement  adopté.  Nous  y  revien- 
drons plus  loin  avec  plus  de  détails. 

France.  —  En  France ,  les  provinces  de  Lyon,  Besançon, 
Vienne  (du  moins  la  métropole),  ainsi  que  les  diocèses  de  Paris, 
Meaux,  Chartres,  Sens,  Bourges,  Arras,  conservèrent  leurs 
anciens  livres  liturgiques,  après  en  avoir  corrigé  soigneusement 
le  texte  et  les  rubriques  sur  la  base  du  Breviarium  Pianum^. 
Les  autres  prirent  le  romain ,  quelques-uns  changèrent  simple- 
ment le  titre  dans  une  nouvelle  édition  et  mirent  ad  usum  diœ- 


1  Roskovâny,  t.  v,  p.  300,  304. 

2  Cum  Breviaria.  propria  diœcesis  nostrœ  olim  édita  vix  amplius  vel 
nonnisi  cum  defectu  aliquo  et  minus  authentica  supersint  {Syn.  Osnabr. 
a.  1628,  dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  306,  308). 

3  loseph  Dankô,  Vêtus  hymnarium  ecclesiasticum  Hungarise ,  Buda- 
pest, 1893,  p.  4.  Mandatum  archiepisc.  Stric/oniensis  Pàzmàny  d.  d.  1 4 
Aug.  1632  (Roskovâny,  t.  v,  p.  315). 

^  Pastoralblatt  du  diocèse  de  Munster,  octobre  1868,  nr.  10,  p.  115  sq. 
Sur  d'autres  diocèses  d'Allemagne,  cf.  Roskovâny,  op.  cit.,  et  ses  vol.  vin 
et  XI. 

s  Gu(5rang:er,  Inst.  liturg.,  t.  i,  l''»'  édit.,  p.  469. 


CHAPITRE  V  225 

cesis  N...,  tandis  que  le  texte,  avec  addition  de  quelques  offices 
propres,  était  exactement  le  texte  romain.  Henri  III,  en  1583, 
avait  permis  aux  presses  parisiennes,  sur  la  demande  des 
Jésuites,  l'impression  d'un  Bréviaire  romano-pianum ,  que  le 
Parlement  avait  jusque-là  interdite^.  Le  même  roi  ordonna,  en 
1583,  que  les  livres  romains  seraient  employés  dans  les  cha- 
pelles royales  de  tout  le  royaume-.  A  la  suite  de  ce  fait,  l'arche- 
vêque de  Paris,  Pierre  de  Gondy,  manifesta  le  désir  d'intro- 
duire aussi  le  Bréviaire  et  le  Missel  de  Pie  V  dans  tout  son  dio- 
cèse. Mais  le  chapitre  métropolitain  et  la  Sorbonne  protestèrent  ^, 
de  même  que  déjà  auparavant  (1500)  le  Parlement  s'était  per- 
mis d'ordonner  qu'au  canon  de  la  Messe  on  ajouterait  dans  l'im- 
pression d'un  nouveau  Missel  les  mots  pro  rege  nostro  N 

Devant  cette  opposition  imprévue,  Gondy  renonça  à  son  projet; 
mais  la  Commission  créée  par  son  prédécesseur  pour  corriger 
l'ancien  Bréviaire  parisien  d'après  celui  du  pape  Pie  V  poursui- 
vit ses  travaux  et  s'acquitta  si  bien  de  sa  tâche  *,  que  le  Bréviaire 
romain  de  1568,  presque  tout  entier,  fut  inséré  dans  celui  de 
Paris ^.  En  France,  Lyon  seul  conserva  son  ancien  Bréviaire, 
encore  ne  fut-ce  pas  sans  emprunter  quelques  améliorations  au 
nouveau  romain.  Les  rites  et  les  usages  de  l'ancienne  Église 
romaine-française  furent  encore  maintenus  en  partie,  en  se  basant 
sur  les  concessions  accordées  par  la  bulle  Quod  a  nobis  de 
Pie  V;  plus  tard,  à  la  tin  du  xvii^  siècle,  les  Gallicans  et  les 
Jansénistes  se  débarrassèrent  de  ces  magnifiques  usages  du 
moyen  âge ,  pour  leur  substituer  un  Bréviaire  riche  et  mo- 
derne*'. 


*  Grancolas,  Commentaire  historique  du  Bréviaire  romain,  p.  28;  édit. 
latine,  p.  14,  col.  2. 

2  D'après  D.  Guéranger  {op.  cit.,  p.  470,  note  1),  on  avait  complète- 
ment renoncé  au  rite  parisien  à  la  Sainte -Chapelle  de  Paris  dès  le  mer- 
credi des  Cendres  1610. 

3  Voir  le  texte  de  la  protestation  dans  D.  Guéranger,  t.  i,  p.  472-475, 
et  en  latin,  p.  511-514. 

*  Il  parut  en  1584  sous  le  titre  de  Breviarium  insignis  Ecclesise  Parisien- 
sis  restitutiim  ac  emendatum  Rev.  in  Christo  Palris  D.  Pétri  de  Gondy, 
Parisiensis  episcopi,  auclorilate  ac  eiusdem  Ecclesise  Capituli  consensu 
editum,  Paris,  158  4. 

5  Grancolas,  op.  cit.,  p.  63;  édit.  latine,  p.  31  b.  Le  décret  qui  donnait 
l'ordre  de  corriger  se  trouve  dans  D.  Guéranger,  t.  i,  p.  510-511. 

5  II  était  trop  ju'ite  que  cette  liturgie  romaine-française,  née  sous  Char- 
Brév.,  t.  11.  15 


226  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Angleterre.  —  Eu  Ang-leterre,  on  connaissait  trois  liturgies, 
sans  compter  quelques  autres  peu  répandues,  telles  que  celles 
de  Bangor  et  de  Lincoln,  qui  au  xyi^  siècle  avaient  peu  de  repré- 
sentants. C'étaient  celles  de  Salisbury  dans  les  provinces  méri- 
dionales, d'York  dans  celles  du  nord,  et  d'Hereford  dans  le  dio- 
cèse de  ce  nom;  leurs  livres  ont  été  imprimés.  Lorsque  fut  édité 
le  Bréviaire  réformé  de  Pie  V,  l'Angleterre  n'avait  plus  de  hié- 
rarchie. Les  prêtres  et  les  évêques  catholiques  qui  travaillaient 
dans  les  missions  anglaises  et  qui  avaient  été  élevés  sur  le  con- 
tinent acceptèrent  le  Breviarium  Pianuin. 

PortugaL  —  Le  saint  archevêque  de  Braga,  en  Portugal,  Bar- 
thélémy des  Martyrs,  rencontra  dans  son  chapitre  métropolitain 
une  grande  opposition  en  voulant  introduire  le  Bréviaire  et  le 
Missel  romains.  Ses  chanoines  étaient  effrayés  des  dépenses  que 
devait  faire  naître  l'achat  d'un  si  grand  nombre  de  livres  grands 
et  petits,  destinés  au  chœur  et  à  la  récitation  privée.  Cependant, 
comme  quelques-uns  de  ses  suffragants  avaient  déjà  introduit 
des  modifications  dans  leurs  livres  liturgiques,  une  discussion 
s'engagea  au  sujet  du  texte  véritable  du  Bréviaire.  L'archevêque 
s'adressa  à  Bome  pour  une  nouvelle  impression  ;  il  demanda  la 
permission  de  retrancher  certains  passages,  d'en  intercaler 
d'autres  d'après  le  Bréviaire  romain  réformé,  afin  que  la 
réforme  de  Pie  V  fût  adoptée  du  moins  en  partie  et  que  le  Bré- 
viaire de  sa  province  devmt  plus  clair  ^. 

Naples  et  la  Sicile.  —  La  liturgie  parisienne  ou  romaine-fran- 
çaise, dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  avait  été  introduite  à  Naples 
et  en  Sicile  au  xm^  siècle,  par  Charles  II  (d'Anjou),  et  y  avait 
acquis  droit  de  cité  dans  plusieurs  églises.  Le  chapitre  de  Bari 


lemagne  et  Louis  le  Débonnaire,  enrichie  par  Robert  le  Pieux,  Fulbert, 
Maurice  de  Sully,  que  plusieurs  ordres  religieux  avaient  adoptée,  qui 
avait  pénétré  jusque  dans  les  églises  de  Jérusalem,  de  Rhodes,  de  Sicile, 
demeurât  debout...  Abolie  déjà  dans  la  plupart  des  cathédrales  françaises 
par  l'introduction  des  livres  romains,  Paris  du  moins  ne  devait  pas  la 
laisser  périr;  Rome  elle-même  avait  préparé  les  voies  ù  cette  conserva- 
tion par  les  clauses  de  sa  bulle.  Si  donc  aujourd'hui  cette  belle  et  poétique 
forme  du  culte  catholique  n'est  plus,  demandons -en  compte  non  au  siège 
apostolique,  mais  aux  Parisiens  modernes,  qui  cent  ans  durant  se  plurent 
à  renverser  l'antique  et  noble  édifice  que  leurs  pères  avaient  défendu  avec 
tant  d'amour  (Guéranger,  t.  i,  p.  473). 

1  D'après  cod.  Valic.  6416,  fol.  288,  et  cod.  Reg.'2020,  fol.  357,  Schmid, 
p.  473. 


CHAPITRE  V  227 

demanda  et  obtint  autorisation  de  conserver  le  Bréviaire  pari- 
sien avec  quelques  améliorations^. 

Aquilée.  —  Le  maintien  du  Bifus  patriarchinus  offrait  plus 
de  difficultés.  C'était  le  rite  de  l'église  et  de  la  province  ou 
patriarcat  d'Aquilée,  formé  d'un  mélange  de  la  liturgie  romaine 
et  d'un  certain  nombre  d'usages  et  de  textes  d'autres  liturgies. 
Comme  on  manquait  de  livres  et  que  les  frais  d'une  nouvelle 
impression  paraissaient  énormes,  le  patriarche,  par  bref  papal 
du  10  septembre  1589,  reçut  autorisation  pour  son  clergé  de  se 
servir  en  dehors  du  chœur  du  nouveau  Bréviaire  romain,  tant 
que  les  Bréviaires  du  rite  d'Aquilée  n'auraient  pas  été  impri- 
més ;  mais  au  chœur  on  conserverait  l'ancien  Breviarium 
patriarchinum  ou  Aqiu'Iejense^.  Cependant  l'impression  ne  se 
fît  pas,  et  les  livres  romains  réformés  de  Pie  V  prirent  si  rapi- 
dement racine  à  Aquilée,  que  dix  ans  plus  tard  on  ne  pouvait 
plus  trouver  trace  du  Bitus  patriarchiniis.  Et  lorsque  l'affaire 
eut  pris  cette  tournure,  le  patriarche  Francesco  Barbaro,  et  avec 
lui  le  concile  provincial  d'Udine  en  1596,  décidèrent  que  dans 
toutes  les  églises  du  patriarcat  on  emploierait  exclusivement  le 
Bréviaire  romain  et  la  liturgie  romaine^. 

Côme.  —  L'église  et  le  diocèse  de  Côme,  bien  que  situés  dans 
le  duché  de  Milan ,  avaient  conservé  le  rite  d'Aquilée.  Clé- 
ment VIII  astreignit  celte  église  au  rite  romain,  car  il  trouvait 
peu  convenable  que  la  fille  conservât  le  rite  que  sa  mère ,  l'église 
d'Aquilée,  avait  déjà  aboli;  les  livres  liturgiques  de  Côme  furent 


1  Cod.  Vatic.  6411 ,  fol.  83  et  fol.  277. 

2  Ce  bref,  adressé  à  Paolo  Bisanti,  suffrag:ant  du  patriarche  d'Aquilée, 
est  composé  dans  les  termes  les  plus  remplis  de  respect  :  È  cosa  santa 
e  convenieiile,  che  si  serva  il  Rito  di  quella  chiesa  tanto  anlico  e  appro- 
vato,  e  tutti  si  confrontino  nell  ofjlcio  stesso...  Monsignor  Patriarca  pro- 
cari che  à  sue  spese  Ira  due  anni  sia  stampato  (se.  il  Breviario  Patriar- 
chino)  e  intanto  sia  lecito  extra  chorum  solamente  dir  l'Officio  romano 
(Madrisi,  Appendix  II  ad  0pp.  S.  Paalini  Aquilej.,  Guéranger,  t.  i, 
p.  450).  [Sur  le  rite  d'Aquilée,  cf.  l'article  de  D.  Morin,  L'année  litur- 
gique à  Aquilée  antérieurement  à  l'époque  carolingienne,  d'après  le 
Codex  evangeliorum  Rehdigeranus ,  dans  Revue  bénédictine,  1902,  t.  xix, 
p.  1-12.  Tr.] 

3  Zaccaria,  Bibliotheca  ritualis,  Romœ,  1776,  p.  liii-liv;  il  renvoie 
à  P.  de  Rubeis  (Dissert,  de  sacris  Forojul.  ritib.,  c.  ii)  et  ajoute  excel- 
lemment :  Nihil  his  luculentius  ad  depellendam  a  romano  sede  invidio- 
sam  superbœ  cuiusdam  in  rem  omnium  gentium  liturgicam  dominationis 
calumniam  adferri  posset. 


228  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

supprimés.  Le  Bréviaire  était  presque  entièrement  le  même 
que  celui  d'Aquilée,  Dès  1579,  le  synode  diocésain  de  Côme 
avait  déclaré  que  les  prêtres  et  les  clercs  qui  ne  pourraient  se 
procurer  les  livres  du  rite  diocésain  devraient  ou  pourraient 
adopter  le  Bréviaire  de  Pie  V.  Cependant  le  chanoine  Nicolao 
Lucinio  de  Côme  travaillait  à  une  correction  du  Bréviaire  dio- 
césain sur  la  base  du  Breviarium  Pianum.  Il  la  présenta  à  Rome 
qui  devait  l'examiner.  Le  cardinal  Sirleto  la  revit  et  l'approuva 
au  nom  de  Grégoire  XIII,  le  21  octobre  1583*.  Clément  VIII 
retira  l'approbation.  La  différence  entre  ce  Bréviaire  et  le  Bré- 
viaire romain  était,  du  reste,  très  insignifiante  ;  d'après  Lebrun, 
le  Missel  ne  différait  que  dans  l'ordonnance  et  la  désignation  des 
dimanches  et  dans  le  rang  ou  l'époque  (jour  de  la  solennité)  de 
quelques  fêtes^. 

Rite  milanais.  —  En  revanche,  les  différences  étaient  plus 
marquées  entre  le  Bréviaire  de  Milan  et  le  Bréviaire  romain. 
Une  grande  obscurité  plane  encore  sur  l'histoire  de  l'origine  et 
du  développement  de  la  liturgie  ambrosienne  ou  milanaise  ;  ce 
que  l'on  sait  avec  certitude,  c'est  qu'à  Milan  dès  le  plus  haut 
moyen  âge  on  faisait  remonter  ce  rite  à  saint  Ambroise.  Déjà, 
dans  le  brouillon  de  la  bulle  Quocl  a  j^ohis  que  Sirleto  avait  sou- 
mis à  Pie  V,  on  remarquait  expressément  que  dans  la  suppres- 
sion des  Bréviaires  en  usage  jusque-là,  on  devait  faire  une 
exception  en  faveur  du  Bréviaire  ambrosien  et  des  Bréviaires 
des  ordres  religieux^.  Après  que  le  synode  diocésain  de  Milan 
de  1568  se  fut  déclaré  pour  le  maintien  du  rite  ambrosien, 
saint  Charles  Borromée  décida,  avec  l'assentiment  de  Rome  et 
le  concours  du  cardinal  Sirleto,  d'entreprendre  une  revision  et 
une  nouvelle  édition  de  tous  les  livres  liturgiques  ambrosiens. 
On  commença  par  le  psautier.  Le  savant  Galesini,  ami  et  confi- 
dent du  saint  archevêque,  fut  chargé  des  travaux  préliminaires  ; 
il  s'adjoignit  le  chanoine  Castello  et  un  certain  Messer  Primo. 


1  11  portait  le  titre  :  Breviarium  Palriarchinum  nuncupatum  secundum 
usum  ecclesise  Comensis ,  correclum  et  auctoritate  Apostolica  probatum 
(archives  de  la  cathédrale  de  Côme;  cf.  cod.  Vatic.  6195,  fol.  366,  et 
6411 ,  fol.  157;  Ughelli,  Italia  sacra,  t.  v,  p.  235;  Guéranger,  t.  i,  p.  451; 
Schmid,  p.  473). 

2  Expl.  de  la  Messe,  t.  ii,  p.  227. 

3  Cod.  Vatic.  6171,  fol.  63. 


CHAPITRE  V  229 

Comme  la  recension  des  psaumes  était  rancienne  italique,  revue 
par  saint  Jérôme  et  en  usage  à  Rome  avant  Grégoire  le  Grand , 
c'est-à-dire  le  Psalterium  romanvm ,  on  décida  de  prendre  pour 
base  du  travail,  outre  les  anciens  Codices ,  cette  seule  ancienne 
version  et  le  commentaire  de  saint  Ambroise,  et,  dans  les  cas 
douteux,  de  recourir  au  texte  hébreu  ou  à  la  version  grecque 
des  LXX;  Texécution  des  travaux  fut  confiée  à  une  Commission 
désignée  par  le  synode  diocésain.  Le  calendrier,  le  psautier  et 
les  hymnes  furent  revus,  et  la  permission  du  pape  obtenue  par 
l'intermédiaire  de  Sirleto  pour  quelques  changements*. 

En  1574  parut  à  Milan  le  psautier  corrigé^,  et  dans  la  même 


1  Cf.  Schmid,  p.  475,  et  la  correspondance  qu'il  donne  de  saint  Charles 
avec  Sirleto  et  Galesini  {cod.  Reg.  2023,  fol.  179);  puis  les  manuscrits  : 
cod.  Vatic.  6 184,  fol.  37;  cod.  Vatic.  6191,  fol.  26;  cod.  Vatic.  6181, 
fol.  283;  cod.  Vatic.  6579,  fol.  24,  27  et  45,  où  se  trouvent  l'adhésion  du 
pape  pour  le  chang^ement  de  l'hymne  de  saint  Ambroise  et  la  décision 
pour  les  suppressions  à  faire  au  calendrier,  où,  au  lieu  de  Circiimcisio  au 
!«■■  janvier,  on  a  Octava Nativitatis  seulement,  et  où  ^ux  2  et  3  janvier  il  n'est 
fait  nulle  mention  de  VOctava  S.  Stephani  ou  S.  loannis.  Sur  le  rite  ambro- 
sien  on  peut  voir  le  P.  Ambroise  Kienle,  dans  les  Studien  de  Raig^ern,  1884, 
t.  I,  p.  351  sq.,  et  t.  ii,  p.  56  sq.  ;  Sala,  Biorjrafia  di  san  Carlo  Borromeo, 
Milano,  1857-58,  t.  i,  p.  137,  t.  n,  p.  150;  ibid.,  Documenti,  p.  144  sq. 
[Et  les  récents  travaux  que  nous  avons  déjà  signalés  t.  i,  p.  43.  Tr.] 

2  Un  exemplaire  format  in-4o,  que  j'ai  trouvé  à  Milan,  à  la  bibliothèque 
des  Oblali  di  S.  Carlo,  Corso  Magenta,  Casa  S.  Carlo,  porte  le  titre  sui- 
vant :  Psalterium  Amhrosianum,  rubricis  et  decuriis ,  more  et  ritu  Me- 
diolanensis  ecclesiœ  distinctum,  Caroli  Borromsei  S.  R.  E.  cardinalis  et 
archiepiscopi  Mediolanensis ,  iussu  recocjnitum  et  emendatum  diligenler. 
Cum  privilégia.  Mediolani  apud  Matthœiim  Besutium  ad  signum  stellœ. 
Anno  salutis  'J574.  Immédiatement  après  le  titre  vient  le  Privilegiiim  calho- 
lici  régis  Philippi,  etc.;  puis  une  gravure  sur  bois  représentant  le  chantre 
des  psaumes  David;  puis,  fol.  3  :  Psalterium  feria  2  hehdomadse  primée 
ita  inchoatur  :  Benedictus  est  Deus.  ^.  Amen.  In  I Nocturno  Ana  :  In  lege 
Domini.  Tempore  autem  Paschœ  in  primis  Nocturnis  non  prsemiltitur  Anti- 
pfiona,  sed  ahsolnte  inchoatur  psalmus  {Decuria  prima).  Ps.  i  :  Beatus 
vir ,  c[ui  non  abiit,  etc.,  et  les  suivants  avec  quelques  variantes  (par  ex. 
Pelé  au  lieu  de  Postula,  dans  le  ps.  ii),  jusqu'à  la  fin  du  ps.  vni,  où  il  y 
a  un  Gloria.  Puis  l'antienne  :  In  lege  Domini  meditahitur  die  ac  nocte. 
Tempore  Paschœ  Aiîa  :  HaUeluja.  Deinde  :  Kyrie  eleison.  Kyrie  eleison. 
Kyrie  eleison.  Benedictus  es  Deus.  n).  Amen.  Et  sic  in  fine  cuiuslihet  Anse 
dicitur.  —  In  II  Noct.  Aiîa  :  Narraho  omnia.  Temp.  Paschse  :  HaUeluja. 
Ps.  IX  :  Confitebor ;  x  :  In  Dno  confido;  xi  :  Salva  me,  Dne,  au  lieu  de  : 
Salvum  mefac;  xii  :  Usquequo  (avec  quelques  divergences  de  notre  texte). 
—  ///  A'oct.  :  ps.  XIII,  XIV,  XV,  xvi,  avec  l'antienne  et  le  verset  correspon- 
dants. Le  mardi  {feria  III)  in  I Nocturno  decuria  secunda.  Anliph.  Firma- 
mentum;  ps.  xvii  sq.,  jusqu'au  xxx'^  inclusivement,  pour  le  III«^  Nocturne. 
Voir  la  distribution  de  l'ensemble  dans  l'appendice  à  la  fin  de  ce  volume. 


230  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

année  fut  imprimé  à  Anvers,  sous  la  surveillance  d'Arias  Mon- 
tanus,  V Homiliarium  Ambrosianum^ .  Les  autres  livres  de  la 
liturgie  ambrosienne  ne  parurent  que  quelques  années  plus  tard. 
Sur  ces  entrefaites,  ce  rite  eut  à  subir  une  crise.  Grég-oire  XIII, 
le  23  janvier  1.575,  donnait,  dans  l'intérêt  du  g-ouvernement  uni- 
forme de  l'archidiocèse,  plein  pouvoir  à  saint  Charles  Borromée 
pour  introduire  le  rite  ambrosien  dans  les  localités  du  diocèse 
de  Milan  où  il  n'existait  pas  encore.  Besozzo,  sur  le  lac  Majeur, 
et  Varese,  sur  le  lac  de  Gôme,  le  reçurent  volontiers.  Il  n'en 
fut  pas  de  même  de  Monza,  l'ancienne  résidence  des  rois  lom- 
bards, éloignée  de  Milan  de  quelques  heures,  et  de  Trévi.  De 
ces  deux  villes,  on  envoya  à  Rome  une  pétition  couverte  de 
nombreuses  signatures  d'ecclésiastiques  et  de  laïques  éminents, 
réclamant  que  le  pape  voulût  bien  leur  accorder  sa  protection 
pour  le  maintien  du  rite  romain,  établi  depuis  longtemps  chez 
eux.  Ce  fait  produisit  dans  la  ville  éternelle  un  revirement 
d'idées  au  préjudice  de  saint  Charles.  Mais  celui-ci  défendit  avec 
énergie  les  usages  de  son  Eglise  et  réclama  contre  un  bref  qui 
permettait  au  gouverneur  de  Milan  de  faire  dire  la  messe,  dans 
toutes  les  églises  de  la  ville,  suivant  le  i-ite  romain^.  Le  chargé 
de  pouvoir  de  Charles  à  Rome,  Speciano,  qui  un  moment  avait 
été  hésitant,  ou  même  opposé  à  la  cause  ambrosienne,  eut  aussi 
le  courage  de  reprendre  l'affaire.  Après  l'apparition,  en  1579, 
des  Islriizioni  ceremoniali  e  riluali  ai  sacerdoti  pour  la  célébra- 
tion de  la  sainte  messe  et  du  Liber  Litaniarum  die  S.  Marci  et 
tnduani  soUemiiis  iiixia  riliun  Ambrosianum,  parut,  en  L582,  la 
première  édition  revue  du  Breviarium  Ambrosianum  complet; 
une  deuxième  édition  suivit  en  1588,  quatre  ans  après  la  mort 
de  saint  Chai^les.  Puis,  en  1589,  parut  le  Sacramenlale  ou  Riluale 
Ambrosianum,  et  en  159i,  sous  Frédéric  Borromée,  la  première 
édition  du  Missale  Ambrosianum  revue  ^ 


^  Cf-  Dreves,  dans  les  Stiinmen  ans  Maria-Laach ,  1884,  t.  n,  p.  459. 
Schmid,  op.  cit.,  1885,  p.  477. 

^  Lettres  de  Galesini  à  saint  Charles  du  IC  juillet  et  du  27  août,  dans 
Sala,  loc.  cil.,  p.  146  et  148.  Schmid,  op.  cit.,  1886,  p.  476. 

3  [La  dernière  édition  du  Missel  ambrosien  est  de  1902  :  Missnle  Amhro- 
.sianuni  ex  decreto  PU  IX  P.  M.  rcsLilnlum  iussu  SS.  D.  N.  Leonis  PP.  XIII 
recognilum  Andrese  Caroli  cardinalis  Ferrari  archiepiscopi  auctoritaie 
editum ,  cdilio  typica,  Mediolani,  mdccccii,  grand  in-f",  p.  xxii-516,  avec 
append.,  p.  83  et  64.] 


CHAPITRE  V  231 

Breviarium  sanctae  Barbarae.  —  Dans  les  cartons  de  la  biblio- 
thèque du  \'atican  se  trouvent,  sous  les  numéros  3456  et  6171, 
et  dans  plusieurs  des  volumes  qui  suivent,  les  actes  relatifs  à  un 
Breviarium  sanctae  Barharœ.  Voici  quel  en  est  l'objet.  Le  duc 
Guillaume  Gonzague  de  Mantoue  qui  régna  de  1550  à  1587) 
avait  construit  en  1565,  près  du  palais  di  Corie,  à  Mantoue,  une 
église  en  l'honneur  de  sainte  Barbe,  et  avait  reçu  pour  elle,  de 
Pie  IV,  de  riches  indulgences.  Bientôt  après,  il  se  mit  en  tête 
de  composer  aussi  une  liturgie  propre,  ou  tout  au  moins  un 
Bréviaire  et  un  Missel  pour  Tusage  de  cette  église,  et  il -en  de- 
manda l'autorisation  à  Rome.  Le  pape  Pie  ^'  envoya  à  Mantoue 
Tévêque  de  Nepi-Sutri,  Camillo  Campeggi,  pour  y  examiner  le 
nouveau  Bréviaire  et  pour  en  faire  un  rapport  au  cardinal  Sir- 
leto.  Le  rapport  de  Campeggi  est  daté  du  16  juillet  1568,  et  il 
signale  quelques  particularités  qui  sont  puériles.  .Ainsi,  par 
exemple,  le  Missel  devra  éviter  toute  répétition  des  textes  va- 
riables :  Introït,  Graduel,  Epître,  Evangile,  Préface.  Les  hymnes 
des  Heures  devaient  compter  autant  de  versets  que  l'office  cor- 
respondant aA'ait  de  psaumes.  A  Rome,  on  demanda  communi- 
cation de  ce  curieux  Bréviaire,  auquel  le  duc  désirait  apporter 
encore  d'autres  changements.  Pour  pouvoir  se  mettre  à  couvert 
et  présenter  une  composition  qui  fût  susceptible  d'approbation, 
le  duc,  assez  versé  dans  la  connaissance  des  anciennes  liturgies, 
fit  appel  à  deux  savants,  liturgistes  éminents  :  Gianpolo  de  Me- 
dici,  de  Bologne,  et  Pietro  Galesini,  de  Milan,  qu'il  fit  venir 
à  Mantoue  pour  y  reviser  son  Bréviaire.  En  1575,  il  réclama 
encore  le  concours  du  savant  bolonais  Alessandro  Franceschi  ; 
mais  l'autorisation  de  Rome  se  faisait  toujours  attendre.  En  1579 
et  1580,  le  duc  correspondait  encore  avec  le  cardinal  Antonio 
CarafTa  au  sujet  de  son  Bréviaire.  Enfin,  sous  Grégoire  XIII, 
l'approbation  fut  accordée  par  bulle  du  10  novembre  1583,  et  le 
Bréviaire  fut  imprimé  en  1585,  par  Francesco  Osanna,  à  Man- 
toue. Aujourd'hui  encore  les  chanoines  de  cette  église  s'en 
servent'. 


*  Le  duc  était  un  orip:inaI  pour  qui  la  direction  dans  les  choses  de 
sacristie  et  de  culte  paraît  avoir  été  un  besoin  et  même  une  idée  fixe. 
Qu'on  veuille  seulement  lire  les  plaintes  que  l'évéque  Marchesini  faisait 
dans  son  rapport  au  cardinal  Sirleto,  au  sujet  de  la  conduite  du  duc  à  son 
égard,  blessante  pour  son  honneur  et  sa  dignité  (Schmid,  dans  la  Tûb. 


232  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Bréviaires  particuliers.  —  Les  églises  et  les  ordres  religieux 
dont  nous  avons  parlé  avaient  usé  du  droit  que  leur  concé- 
dait Pie  V,  de  conserver  leurs  Bréviaires  particuliers  moyen- 
nant certaines  modifications  à  faire  d'après  la  réforme  romaine  ; 
mais  ceux  qui  avaient  purement  et  simplement  accepté  le  Bré- 
viaire de  Pie  V  sentirent  peu  à  peu  le  besoin  de  maintenir  leurs 
coutumes  diocésaines  ou  d'obtenir  des  offices  particuliers  pour 
les  saints  locaux  ou  des  ordres  religieux,  ou  pour  les  patrons,  etc., 
qui  étaient  en  spéciale  vénération.  De  la  sorte  arrivèrent  à  Rome 
de  toutes  les  parties  de  l'Europe ,  et  même  de  contrées  plus  éloi- 
gnées encore,  des  demandes  d'autorisation  pour  l'office  d'une 
fête  particulière  ou  d'approbation  pour  un  Proprium  sanctorum 
diœceseos ,  comme  supplément  du  Breviarium  Pianum.  Lorsque 
ces  offices  avaient  la  consécration  de  l'antiquité  et  que,  dans  la 
forme  extérieure  ou  dans  le  style  et  le  caractère  des  légendes, 
des  antiennes,  des  hymnes,  des  répons  et  des  oraisons,  ils  ne 
s'écartaient  pas  trop  de  l'office  romain,  on  accordait  l'approba- 
tion sans  difficulté.  On  trouve  dans  Schmid,  qui  s'est  servi  des 
manuscrits  originaux  de  la  bibliothèque  du  Vatican,  un  tableau 
synoptique  de  ces  requêtes  et  de  ces  autorisations,  rangées  par 
pays  et  par  diocèses  ^  Comme  elles  sont  d'une  importance  secon- 
daire pour  l'histoire  du  Bréviaire,  nous  nous  bornerons  à  en 
mentionner  en  note  quelques-unes  qui  sont  utiles  pour  l'histo- 
rique des  fêtes  du  calendrier  uiiiversel  "-. 

Quartalschrif't,  1883,  p.  479  et  480.  On  trouve  les  actes  et  les  correspon- 
dances, dont  j'ai  pris  en  partie  connaissance  moi-même  à  Rome,  dans 
les  codd.  Vatic.  6171,  6182,  6IS3,  6185,  6190,  6192,  6416,  6792  cl3456). 
Toute  TafTaire  n'est  intéressante  pour  nous  que  parce  qu'on  y  voit  que 
Rome  ne  s'en  tient  pas  strictement  à  l'apparence,  mais  qu'elle  accorde 
la  vie  à  un  autre  rite,  lorsque  celui-ci  soutient  l'épreuve.  [11  y  a  une 
copie  de  ce  Bréviaire  de  Sainte -Barbe  au  British  Muséum,  C.  36,  fol.  23. 
Il  comprend  deux  volumes  in-4o,  l'un  pour  l'hiver,  l'autre  pour  l'été.  H 
porte  ce  titre  :  Breviarii  S.  Barharse  Gregorii  XIII  Pont.  Max.  auctori- 
tate  approhati,  Venetiis,  1583,  apud  Dominicum  Nicolinum.  Nous  ren- 
voyons les  lecteurs  désireux  d'autres  détails  sur  ce  Bréviaire  à  l'ouvrage 
cité  plusieurs  fois  déjà  de  Wickham  Legg,  Some  local  reforms,  1901, 
p.  38  sq.  Tr.] 

1  Op.  cit.,  1885,  p.  4S0  sq. 

2  Afin  que  la  Festum  B.  M.  V.  de  exspectatione  partus  ou  Festum  B.  M.  V. 
de  0  eût  une  antienne  0  à  Magnificat ,  permission  fut  accordée  à  l'Es- 
pagne de  commencer  un  jour  plus  tôt  les  antiennes  0  du  Magnificat  des 
sept  ou  huit  jours  avant  Noël.  En  plus  des  saints  nationaux  d'Espagne  et 
de   son    patron   saint  Jacques,    de   nombreuses   églises    demandèrent   un 


CHAPITRE  V  233 

Avec  ces  requêtes,  nous  avons  déjà  franchi  le  pontificat  de 
Pie  V;  il  nous  faut  maintenant  rapporter  ce  qui  s'est  passé  sous 
le  successeur  de  ce  pontife,  Grégoire  XIII,  relativement  au  Bré- 
viaire, ou  mieux  relativement  à  VOfficium  divinum,  qui  com- 
prend avec  le  Bréviaire  le  Martyrologe,  lequel  doit  se  lire  à 
Prime,  ou  du  moins  in  choro. 


office  ou  tout  au  moins  une  fête  en  l'honneur  du  saint  archange  Gabriel 
et  de  sainte  Anne;  et  Burgos  en  particulier  réclama  la  célébration  de  la 
fête  de  la  Prsesentatio  B.  M.  V.  au  21  novembre,  Cordoue  une  fête  des 
saints  ang-es  gardiens  (requête  de  1579,  cod.  Vatic.  6416,  fol.  47,  et  64/7; 
cf.  6171,  620Â,  6191,  et  cod.  Ollobon.  2366,  fol.  82  et  fol.  114).  On  de- 
manda pour  d'autres  églises  d'Espagne  l'octave  de  la  Conception  et  de  la 
Visitation  de  la  Vierge,  et  pour  tous  les  jeudis  l'office  De  sanctissimo 
Sacramento  (Salamanque).  Tolède  adressa  à  Rome  un  riche  Proprium  et 
reçut  l'autorisation  désirée  pour  tous  les  offices;  de  même  Valence,  qui 
reçut  confirmation  en  février  1582  des  offices  particuliers  De  sanguine 
Christi  et  De  SS.  Ancjelis  custodibus ,  qu'elle  avait  dans  son  Propre  [cod. 
Ottob.  2366,  fol.  116^,  et  cod.  Vatic.  6/77,  fol.  89;  Schmid,  p.  485).  Il  y 
a  aussi,  p.  481-486,  quelques  requêtes  et  quelques  permissions  eu  faveur 
des  rois  d'Espagne  et  de  Portugal,  relatives  à  la  sainte  Messe,  prière  pour 
le  roi,  lecture  de  l'épître  in  piano,  non  in  altari,  baisement  de  l'Evan- 
gile par  le  roi  et  la  reine.  Mais  la  demande  des  Augustins  de  Coïmbre 
pour  la  conservation  d'un  chant  particulier  pour  VExultet,  les  préfaces, 
le  Gloria  et  le  Credo,  et  pour  l'usage  de  verser  du  vin  et  de  l'eau  dans 
le  calice  après  le  Graduel,  de  faire,  au  lieu  de  la  génuflexion,  une  incli- 
nation profonde  et  de  montrer,  avant  le  Pater  nosler ,  le  calice  et  l'hostie 
au  peuple,  fut  rejetée  [cod.  Vatic.  6191,  fol.  15,  et  cod.  Reg.  2020, 
fol.  375,  et  Vatic.  6171).  Les  Clarisses  de  Santarem  sollicitèrent  l'autori- 
sation de  célébrer  le  vendredi  avant  le  dimanche  de  la  Passion  (  peut- 
être  est-ce  le  dimanche  des  Rameaux)  la  fête  traditionnelle  de  Mater 
dolorosa  [cod.  Reg.  2020,  fol.  479  [Schmid,  p.  487]).  —  En  Italie, 
comme  il  était  naturel,  il  y  eut  de  très  nombreuses  requêtes.  Nous  men- 
tionnerons simplement  qu'à  Naples  on  désira  célébrer  la  fête  de  saint 
Joseph  comme  Feslum  de  prxcepto  ;  tandis  que  le  cardinal  de  Verceil 
demandait  s'il  pouvait  conserver  le  Breviarium  Eusebianum ,  analogue  en 
bien  des  points  au  Patriarchinum ,  et  faisait  approuver  une  hymne  en 
l'honneur  de  la  sainte  couronne  d'épines,  pour  une  procession  où  l'on 
portait  une  portion  de  cette  relique.  —  De  Fribourg,  en  Suisse,  de  Bâle 
(reliques  des  saints  martyrs  Ger\'ais  et  Protais,  à  Brisach),  de  Saint- 
Omer,  en  France,  de  Cologne,  d'IIildesheim,  d'Olmiitz  et  de  diverses 
églises  de  Pologne,  arrivèrent  de  semblables  requêtes,  réclamant  l'appro- 
bation d'offices  particuliers,  de  séciuences  pour  les  Messes  et  de  coutumes 
particulières  d'ordre  secondaire.  On  en  trouve  une  liste  dans  Schmid, 
op.   cit.,  p.  624-630. 


CHAPITRK    VI 

TRAVAUX  DE  GRÉGOIRE  XIII 

RELATIFS  A  L'OFFICE  DIVIN  —  BRÉVIAIRE  — 

CALENDRIER  —  MARTYROLOGE 

Grégoire  XIIL  Calendrier  grégorien.  —  L'influent  cardinal  Sir- 
leto  était  opposé  à  de  nouveaux  changements  substantiels  dans 
le  Bréviaire ,  et  les  choses  en  demeurèrent  là  immédiatement 
après  la  mort  de  Pie  V,  Grégoire  XIII  permit  seulement,  le 
lei"  avril  1573,  en  reconnaissance  de  la  victoire  de  Lépante,  de 
célébrer  une  fête  particulière  du  Rosaire  dans  les  églises  qui 
auraient  un  autel  du  Rosaire,  et  en  1584  la  fête  de  sainte  Anne 
redevint  universelle ,  à  Tinstigation  même  du  cardinal  Sirleto , 
auquel  on  avait,  de  différents  côtés,  exprimé  ce  désira 

Mais  Grégoire  XIII  s'acquit  un  droit  impérissable  à  la  recon- 
naissance de  rÉglise  aussi  bien  que  du  monde  européen,  en 
entreprenant  et  en  réalisant  avec  succès  la  réforme  du  calendrier 
Julien,  qu'il  avait  déjà  proposée  au  concile  de  Trente  et  que  les 
Pères  lui  avaient  remis  le  soin  de  mener  à  bonne  fin.  Il  nomma 
dans  ce  but  une  Commission  d'hommes  experts,  parmi  lesquels 
le  cardinal  Sirleto,  le  jésuite  allemand  Christophe  Clavius,  le 
bénédictin  italien  Théophile  Martii ,  de  Sienne  (alors  à  l'abbaye 
du  Mont-Cassin) ,  et  Antonio  Giglio  se  distinguèrent  surtout. 
Un  travail  de  Luigi  Giglio  (Aloysius  Lilius  ou  Louis  Lilio),  lec- 
teur en  médecine  de  l'Université  de  Pérouse,  servit  de  base.  Ce 
travail,  après  une  consultation  des  savants  les  plus  éminents 
d'Italie,  de  France,  d'Allemagne,  de  Pologne  et  d'Espagne,  fut 
remanié,  amélioré,  surtout  au  point  de  vue  de  la  forme,  et  puis 
présenté  à  l'approbation  du  pape,  comme  première  ébauche. 
Mais  son  auteur  ne  devait  pas  voir  l'achèvement  de  l'œuvre  ni 


'  Cod.   Valic.  6171 ,  fol.  158  (Gavantus,  éd.  Merati ,  Thesaur.  sacr.  rit., 
t.  I,  part.  2,  lit.  ix  et  x;  t.  ii,  secl.  VIII,  c.  ix  et  xi). 


CHAPITRE  VI  235 

la  publication  du  travail  de  réforme.  Par  la  bulle  Inier  gravissi- 
inas,  du  24  février  1582,  Grégoire  XIII  ordonnait  l'introduction 
du  calendrier  réformé  dans  toute  la  chrétienté.  Ce  Kalendarium 
refonnatam  semble  avoir  été  employé  la  première  fois  pour  le 
Bréviaire  dans  l'édition  vénitienne  du  Bréviaire  romain  de  1583^ 

Martyrologe  romain.  ^-  La  re vision  et  la  correction  du  Marty- 
rologe,  faites  par  Grégoire  XIII,  étaient  étroitement  liées  à  la 
réforme  du  calendrier.  On  a  souvent  cru^  que  Baronius  était 
l'auteur  de  l'édition  du  Martyrologe  romain  de  1584,  approuvée 
par  Grégoire  XIII;  que,  du  moins,  il  avait  présidé  la  Commis- 
sion chargée  de  la  revision  de  l'ancien  Martyrologe.  Mais  les 
jésuites  ^lontagne  et  de  Smedt  ont  prouvé  naguère  l'inexacti- 
tude de  cette  supposition.  Baronius  n'a  pris  une  part  active  à 
d'autres  reA'isions  que  postérieurement  à  l'apparition  de  l'édition 
de  1584.  Pour  cette  dernière,  il  n'a  fait  que  fournir  quelques- 
unes  de  ses  notes,  en  qualité  de  membre  de  la  Commission^.  Bel- 
larmin  ne  prit  pas  non  plus  part  à  cette  première  Commission; 
mais  le  Martyrologe  de  1586,  avec  notes  critiques,  est  l'œuvre  de 
Baronius.  Lammer  a  montré  en  quoi  consista  la  collaboration 
de  ce  dernier  à  l'édition  de  1584;  nous  y  reviendrons  plus  loin 
avec  plus  de  détails^. 

Origines.  —  Le  Martyrologe,  ou  Martyrum  logiis ,  comme  on  lit 
dans  un  manuscrit  anglo-saxon  de  la  bibliothèque  de  Munich*, 
est  un  catalogue  de  martyrs  (parmi  lesquels  sont  compris  les 

'  Sur  les  réformes  du  calench'ier  par  Grégoire  XIII,  on  peut  voir  Kal- 
tenbrunner,  Die  Vorgeschichte  der  grefforianischen  Kalenderreform,  ^^'ien, 
1876,  t.  Lxxxii  des  Sitzungsherichte  der  Akademie  der  Wissenschaften, 
p.  289-414;  et  Die  Polemik  ûber  die  gregorianische  Kalenderreform, 
ihid.,  1877,  t.  lxxxvii ,  p.  485-586.  Stieve,  Der  Kalenderstreit  des  l6,Jahr- 
hunderts ,  dans  Ahhandlung  der  histor.  Klasse  der  kgl.  Akademie  der 
Wissenschaften,  Mûnchen,  1882.  Ferrari,  //  calendario  Gregoriano ,  Ro- 
ma,  1882.  J.  Schmid,  Ziir  Geschichte  der  gregorianischen  Kalenderre- 
form [Histor.  Jahrbuch  der  Gôrres-  Gesellschaft ,  Miinchen,  1882,  t.  m, 
p.  388  sq.,  543  sq.  ;  1884,  t.  v,  p.  32  sq.). 

2  Entre  autres,  notamment,  Benoît  XIV,  Merati,  Theiner,  Guéranger 
(cf.  Inst.  liturg.,  l"  édit.,  t.  i,  p.  480  . 

^  Cf.  C.  de  Smedt,  Introd.  generalis  ad  historiam  eccles.  critice  tractan- 
dam,  Gandavi,  1876,  p.  143-148;  Lammer,  Parergon  historico - criticum 
de  Martyrologio  romano ,  Ratisbonœ,  1878,  p.  7  sq.;  Grisar,  Zeitschrift 
fur  kathol.  Théologie ,  Innsbruck,  1877,  t.  i,  p.  642. 

*  Lammer,  toc.  cit. 

5  Le  Clm.  lôSIS  de  la  fin  du  viii«  ou  du  commencement  du  ix»  siècle.  Au 
fol.  97  h,  on  lit  :  Incipit  martyrum  logiis  Bedse  preshiteri  de  circula  anni. 


236  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Apôtres)  ou  de  saints  en  général,  confesseurs,  vierges,  saintes 
femmes ^  On  y  donne,  ou  simplement  le  jour  de  la  mort,  le  lieu 
et  le  genre  de  martyre  et  l'anniversaire  du  saint,  ou  encore  de 
courtes  biographies.  C'est  un  calendrier  développé ,  où  sont 
notées  les  fêtes  de  Tannée  chrétienne  ^.  Autrefois,  comme  aujour- 
d'hui encore,  on  le  chantait  ou  on  le  lisait  chaque  jour  au  chœur, 
à  l'office  de  Prime,  dans  les  monastères  et  les  collégiales  ou 
cathédrales,  afin  d'annoncer  la  fête  du  jour  suivant  et  la  commé- 
moraison  des  saints,  martyrs,  confesseurs  ou  autres,  fêtés  en 
d'autres  lieux ^.  Mais,  tandis  que  nous  possédons  des  calendriers 
des  IV®  et  v^  siècles,  que  nous  pouvons  même  faire  remonter  au 
milieu  du  iii^  siècle,  d'après  saint  Cyprien  (Epis t.,  xii),  l'ou- 
vrage De  Computo  paschali  et  les  œuvres  de  saint  Hippolyte, 
les  Martyrologes  les  plus  anciens  connus  jusqu'ici  sont  d'une 
époque  ultérieure'*.  Celui  qu'on  a  toujours  regardé  comme  le 
plus  ancien  est  le  Martyrologe  syriaque  de  412,  publié  à  Londres 
en  1865,  par  Wright,  d'après  un  manuscrit  du  British  Muséum^. 
Martyrologe  hiéronymien.  —  Peut-être  le  Martyrologe  hiéro- 
nymien  est-il  de  la  même  époque?  Il  fut  édité  pour  la  première 
fois  par  Fr.  Florentinius  (  Fiorentini  ) ,  à  Lucques,  en  1668,  sous 
ce  titre  :    Vetiistiiis  occidentalis  ecclesise  martyrologium,  et, 

•  Les  saints  martyrs,  à  l'origine  des  livres  liturgiques,  formaient  la 
majorité  dans  les  catalogues  de  fêtes  de  saints,  d'où  le  nom,  car  sl  potiori 
fit  denominatio. 

2  Kalendarium,  de  xa/.eïv,  calo,  appeler,  parce  que  le  premier  jour  du 
mois  calnntur  eiiis  mensis  Nonœ  a  ponlificibus  (Varro,  De  liny.  lai., 
V,  IV). 

3  Déjà  au  vm^  siècle,  d'après  la  règle  de  saint  Chrodegang,  §  18,  de 
hora  Prima  :  Post  lectionem  (in  capitulo)  recilanlur  œlas  mensis  et  lunœ 
et  nomina  snnctorum,  quorum  fesla  crastinus  ercipiet  dies,  et  postea 
pariler  dicanl  versum  Pretiosa  (P.  L.,  t.  lxxxix,  col.  1067).  Celte  phrase 
ne  se  trouve  pas  dans  l'édition  de  W.  Schmitz,  Hanovre,  1889,  Mon.  Germ.; 
mais  elle  est  bien  empruntée  à  l'usage  romain  [Ordo  romanus),  auquel 
Chrodegang  se  réfère  toujours. 

*  Le  catalogue  et  le  calendrier  de  Furius  Dionysius  Philocalus  et  les 
Depositiones  episcoporum  de  l'année  35 i.  Cf.  t.  i,  p.  93  et  269  sq. 

5  W.  Wright,  An  ancient  Syrian  Martyrology ,  London,  1865.  Tirage 
à  part  du  Journal  of  sacred  Literature  and  Bihlical  Record,  octobre  1865. 
Traduction  dans  le  numéro  de  janvier  de  cette  revue  (1866)  et  BoUandistes, 
Acla  Sanct.,  t.  xii  mensis  octobris,  p.  185  (voir  ci-dessus,  t.  i,  p.  268  sq.). 
Cf.  aussi  Tûb.  Quartalschrift,  1866,  p.  467,  où  Bickell  prouve  par  ce 
martyrologe  et  par  les  ouvrages  {Carmina  Nisebena)  de  saint  Ephrem  et 
de  saint  Jean  Chrysostome,  et  par  les  lettres  de  saint  Athanase,  que 
déjà,  au  milieu  du  iv«  siècle,  il  existait  trois  fêtes  collectives  de  martyrs. 


CHAPITRE  VI  237 

plus  lard,  réédité  dans  la  même  ville,  avec  de  bonnes  disserta- 
tions de  Fiorentini.  D'autres  éditions  furent  publiées  par  Yal- 
larsi ,  dans  son  édition  des  œuvres  de  saint  Jérôme  (t.  xi)  \  par 
d'Achéry-,  par  Martène  et  Durand^.  Enfin,  comme  nous  avons 
déjà  eu  occasion  de  le  dire,  MM.  de  Rossi  et  Duchesne  en  ont 
donné  une  superbe  édition  dans  le  t.  n  des  Acta  Sanct.  Novemhris. 
M.  Bruno  Krusch  Ta  amèrement  critiquée  dans  le  Nenes  Archiv, 
t.  XXIV,  p.  289-337  :  Zur  Afralerjenda  und  zum  Martyrologium 
Hieronymianum .  Eine  Entgegnung.  Duchesne  y  a  répondu  dans 
les  Analect.  Bolland.,  t.  xvii,  1898,  p.  424-447.  Tr.l  de  Rossi  a 
compulsé  au  point  de  vue  critique  les  plus  anciens  manuscrits,  et  le 
résultat  de  ses  recherches  a  été  que  tous  les  manuscrits  que  nous 
possédons  se  ramènent  à  un  type  unique,  provenant  d'Auxerre, 
et  des  dernières  années  du  vi^  ou  du  début  du  vue  siècle,  dont 
Fauteur  est,  croit- on,  Tévêque  du  lieu,  Aunarius  ou  Aunacha- 
rius".  Le  bollandiste  Victor  de  Buck  avait  cru  que  la  compila- 
tion primitive  était  du  milieu  du  v^  ou  du  commencement  du 
vi«  siècle  et  venait  d'Italie  ;  puis  que,  vers  752,  un  nouveau  texte 
avait  été  établi  en  France  d'après  divers  manuscrits^.  L'état  des 
manuscrits  a  cependant  confirmé  de  la  manière  la  plus  convain- 
cante l'opinion  de  de  Rossi.  Jusqu'ici  on  n'a  pu  dire  avec  certi- 
tude pour  quelle  raison  ce  Martyrologe  avait  été  attribué  à  saint 


*  Publié  dans  P.  L.,  t.  xxx  (S.  Hieron.  op.,  t.  xi),  col.  435-486. 

*  D'Achery,  Spicilecfium  sive  collectio  veterum  aliquot  scriptorum,  t.  ii 
(nova  éd.  per  Fr.  I.  de  la  Beirre,  Paris,  1723);  p.  i-23,  25  sq.,  se  trouve 
le  Martyrologium  Gellonense  [c.  a.  804)  du  cod.  lat.  12048  de  la  Natio- 
nale, fol.  264  sq. 

3  Martène  et  Durand,  Thesaur.  novus  anecdotorum ,  Paris,  1717,  t.  ni, 
p.  1543  sq.  On  y  trouve  plusieurs  autres  martyrologes,  p.  1563  sq. 

*  De  Rossi,  Roma  sotterranea ,  Romae,  1864,  t.  n,  p.  xxvn  sq.  [Ou  un 
clerc  franc  tout  au  moins.  De  son  manuscrit  sont  issus  les  plus  anciens 
manuscrits  que  nous  possédions  :  le  ms.  10 837  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, provenant  d'Epternach,  il  a  peut-être  appartenu  au  fondateur  de 
cette  abbaye,  S.  Willibrod;  un  manuscrit  de  Wolfenbiittel,  29,  daté 
de  772,  exécuté  à  Saint- Wandrille ;  un  manuscrit  de  Berne,  289,  de  la  fin 
du  vni«  siècle,  autrefois  à  l'abbaye  de  Saint- Avold  de  Metz.  Ajouter  en 
outre  de  nombreux  manuscrits  secondaires  et  quelques  frag-ments.  Tr.] 

s  On  tenait  autrefois  le  Vêtus  romanum  ou  Parvum  martyrologium, 
édité  par  Rosweyde  (Anvers,  1613),  pour  le  martyrologe  original  et  cité 
par  saint  Grégoire,  qu'Adon  avait  pris  pour  base  du  sien;  c'est  une  opi- 
nion que  de  Rossi  a  réfutée.  Cf.  de  Smedt,  Introductio,  p.  130  sq.;  de  Buck, 
dans  les  Etudes  religieuses  (n»  d'août  1868j;  Kraus,  Roma  sotterranea, 
Freiburg,  1873,  p.  20. 


238  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Jérôme.  Ce  n'est  sans  doute  pas  simplement  parce  que  le  saint 
a  interprété  Touvrage  d'Eusèbe  :  De  marlyrihus  Paleslinœ,  et 
a  écrit  un  livre  :  De  viris  illustrihus ,  sous  forme  d'histoire  lit- 
téraire. Il  est  certain  que  Cassiodore  avait  ce  livre  en  vue 
lorsque,  en  541,  il  exhortait  ses  moines  à  lire  la  vie  des  Pères 
et  les  passions  des  martyrs,  qu'on  trouve,  entre  autres,  dans 
la  lettre  de  saint  Jérôme  à  Chromatius  et  à  Héliodore  :  Passio- 
nes  Mariyrum  lec/ite  constanter,  quas  inler  alia  in  epistula 
S.  Hieronymi  ad  Chromalium  et  Heliodorum  destinata  procul 
dubio  reperielis,  qui  per  lolum  orhem  terrarum  floruere,  ut 
sancla  imilalio  vos  provocans  ad  cœleslia  reçjna  perducat^.  Dans 
tous  les  cas,  ce  passage  est  une  preuve  qu'une  rédaction  du 
Martyrologium  Hieronymianum  circulait,  au  vi^  siècle,  en  Italie. 
Nous  avons  pourtant  encore  un  autre  témoignage  du  vic  siècle, 
pour  l'Italie.  En  réponse  à  une  lettre  du  patriarche  d'Alexandrie, 
Eulogius,  qui  lui  demandait  s'il  ne  se  trouvait  à  Rome  aucun 
exemplaire  du  livre  d'Eusèbe  :  Twv  àp/aioiv  ixaprupoiv  (ou  ixapTu- 
piwv)  auvayoïYT, ,  Grégoire  le  Grand  écrit  ce  qui  suit  :  «  Nous 
avons  réparti  les  passions  des  martyrs  jour  par  jour,  et  nous 
avons  réuni  dans  un  seul  recueil  les  noms  de  presque  tous  les 
martyrs.  Chaque  jour  nous  célébrons  la  messe  en  leur  honneur. 
Cependant  ce  volume  n'indique  pas  le  genre  de  passion,  mais 
seulement  le  nom ,  le  lieu  et  le  jour  de  la  passion.  C'est  pour 
cela  que  tous  les  jours,  comme' je  l'ai  dit  plus  haut,  nous  appre- 
nons qu'un  grand  nombre  de  martyrs  de  provinces  et  de  pays 
différents  ont  reçu  la  couronne"-.  »  Cela  correspond  exactement 


1  Cassiodorus,  De  instilulione  diciiiur.  lect.,  c.  xxxii  (/'.  L.,  t.  lxx, 
col.  1147).  On  ne  peut  clouter  qu'il  ne  soit  ici  question  de  notre  Martyro- 
loge, précédé  comme  il  est  d'une  lettre  de  saint  Jérôme  à  Chromatius  et 
à  Héliodore,  dans  laquelle  il  présente  l'ouvrage  comme  sien;  on  ne  trouve- 
rait nulle  part  ailleurs  une  lettre  de  saint  Jérôme  où,  écrivant  à  ces  per- 
sonnages, il  leur  parle  de  martyrs,  et  surtout  de  martyrs  qui  per  totum 
orhem  floruere  (L.  Duchesne,  Les  sources  du  Murlyrologe  hiéronymien, 
avec  préface  de  M.  Jean -Baptiste  de  Rossi,  Rome,  1885,  p.  45.  La  lettre 
se  trouve  dans  P.  L.,  t.  xxx ,  col.  435). 

2  Nos  aulern  j)œne  omnium  mariyrum,  dislinclis  per  dies  sinyulos  pas- 
sionihus,  collecta  in  uno  codice  nomina  hahemus,  alque  cotidianis  diehus 
in  eorum  venerntione  Missarum  sollemnia  ayimus.  Non  tamen  in  eodem 
volumine  quis  qualiler  sit  passus,  indicatur,  sed  lantummodo  nomen, 
locus  et  dies  passionis  ponitur.  Unde  fît,  ul  multi  ex  diversis  terris  atque 
provinciis  per  dies,  ut  prœdixi.  sinyulos  coynoscuntur  marlyrio  coronali 
(S.  Greg.  M.,  Episl.,  lib.  VIII,  c.  xxix;  P.  L.,  l.  lxxvu,  col.  931). 


CHAPITRE  VI  239 

à  la  physionomie  des  martyrologes,  tels  que  nous  les  connais- 
sons par  les  manuscrits  des  ^^Ie,  vni^  et  ix«  siècles. 

Il  y  a  cependant  là  une  difficulté  qui  semble  insoluble.  Gas- 
siodore  parle  à  ses  moines  d'un  livre  où  l'on  peut  lire  les  his- 
toires de  la  passion  des  saints  martyrs,  tandis  que  saint  Grégoire 
dit  que  le  codex  en  question  n'indique  pas  le  genre  de  passion. 
Si  Gassiodore  ne  citait  expressément  la  lettre  à  Chromatius  et 
à  Héliodore,  qui  forme  la  préface  de  notre  Martyrologe,  et  si  ce 
dernier  ne  correspondait  exactement  trait  pour  trait  avec  les 
indications  de  Grégoire,  jamais  il  ne  viendrait  à  la  pensée  de  qui 
que  ce  soit  que  tous  les  deux  parlent  du  même  livre  ^.  Les  deux 
témoignages,  néanmoins,  concordent  parfaitement  et  s'entendent 
du  même  livre ,  si  l'on  admet  que  les  deux  écrivains  avaient  deux 
éditions  et  deux  recensions  différentes  de  l'ouvrage  :  l'une  avec 
des  indications  détaillées,  sinon  sur  tous,  au  moins  sur  certains 
saints,  soit  chaque  jour,  soit  à  certains  jours,  telles  qu'on  en 
trouve  dans  les  martyrologistes  anglo-saxons,  francs  et  autres, 
des  vin^  et  ix*  siècles  ;  l'autre  avec  de  simples  mentions  topogra- 
phiques et  le  nom,  tout  au  plus  le  caractère  hiérarchique  des 
saints.  Gette  dernière  recension  simplifiée  serait  alors  celle  qui 
se  répandit  en  Gaule  et  qui  fut  exécutée  à  Auxerre. 

Les  martyrologes  et  calendriers  des  Églises  primitives.  —  Une 
comparaison  attentive  des  plus  anciens  manuscrits  de  divers  pays 
d'Orient  et  d'Occident,  du  v^  au  ix®  siècle,  montre  que  ce  n'est 
pas  là  une  simple  hypothèse^.  Comme  résultats  d'ensemble  d'une 
étude  très  complète  des  diverses  questions  qui  ont  trait  au  sujet 
qui  nous  occupe ,  on  peut  établir  les  propositions  suivantes  ^  ; 

1.  Il  est  hors  de  tout  doute  que  l'Eglise  primitive,  dès  le 
temps  des  Apôtres,  ne  se  soit  appliquée  avec  grand  soin  à  con- 
server précieusement  aussi  bien  les  reliques  que  les  Actes  des 
martyrs  qui  avaient  donné  leur  vie  pour  l'Eglise  ou  pour  la  foi 


*  Ce  qui  précède  et  ce  qui  suit  immédiatement  est  emprunté  au  travail 
déjà  cité  de  Duchesne  et  de  Rossi,  Les  sources  du  Martyrologe  hiérony- 
mien,  Rome,  1885  {Extraits  des  mélanrjes  d'archéologie  et  d'histoire  , 
p.  4  sq.  et  46.  [Cf.,  dans  les  Acta  Sanct.  BolL,  t.  lxiii,  l'édition  du  Mar- 
tyrologe hiéronymien  par  de  Rossi  et  Duchesne.] 

*  On  peut  voir  les  sources  syriaques,  grecques,  coptes  et  latines,  dans 
Duchesne,  loc.  cit.,  p.  1  et  46  sq. 

3  Cf.  Duchesne  et  de  Rossi,  loc.  cit.,  p.  4-48:  Kraus,  Roma  sotlerranea, 
p.  18  sq. 


240  inSTOlRE  DU  BREVIAIRE 

chrétienne.  Le  Liber  pontificalis  rapporte  déjà  du  pape  Clé- 
ment ler  (-j-  101)  qu'il  avait  confié  les  sept  régions  de  Rome 
à  sept  notaires  ecclésiastiques,  lesquels,  chacun  dans  sa  région, 
devaient  rechercher  avec  soin  et  conserver  les  Actes  des  mar- 
tyrs'. Un  autre  récit,  postérieur  d'environ  cent  cinquante  ans, 
mentionne  le  pape  Fabien  (236-250)  comme  ayant  désigné  sept 
sous-diacres  pour  aider  les  notaires  dans  leurs  charges  de  recueil- 
lir toutes  les  particularités  ayant  trait  aux  Actes  des  martyrs. 
Ce  récit,  dont  l'authenticité  ne  souffre  pas  de  doute,  peut  servir 
à  prouver  l'authenticité  du  premier^.  Chaque  église,  aux  trois 
premiers  siècles,  possédait  ses  dyptiques  liturgiques,  calendriers 
ou  fastes,  comme  dit  TertuUien  :  Habes  [Christiane)  tuos  fastos^ ; 
ils  correspondaient  aux  Kalendaria  municipalia  et  aux  Fasti 
augustales  des  cités  de  l'empire  romain  et  des  Collegia  munici- 
paux reconnus. 

2.   La  plupart  de  ces  calendriers,  d'une  valeur  inappréciable 


*  Hic  fecit  VII  regiones,  dividil  notariis  fidelibus  ecclesiœ,  qui  gestas 
martyritm  sollicite  et  cnriose,  unusquisqne  per  regionem  suam,  diligen- 
ter  perquirerent  {Liber  pontif.,  in  Vita  S.  démentis ,  éd.  L.  Duchesne, 
Paris,  1886,  t.  i,  p.  123).  On  peut  voir  aussi  les  commentaires  donnés 
dans  la  note  6  et  dans  l'introduction,  p.  c  et  ci,  où  Duchesne  prouve  qu'à 
Rome,  jusqu'à  saint  Grégoire  le  Grand  (Epist.  ad  Eulog.,  lib.  VIII, 
c.  x.vix),  on  ne  lisait  vraisemblablement  pas  les  Acta  ou  Gesta  martyrum 
dans  la  liturgie,  tandis  que  c'était  le  cas  en  Afrique  (d'après  le  concile 
d'Hippone,  a.  393,  can.  36)  et.  en  Gaule  (Mabillon,  De  liturg.  gallic, 
t.  I,  V.  7,  p.  39)  aux  iv,  v»  et  vi«  siècles.  Lorsque  l'office  des  Matines 
fut  réglé  à  Rome,  il  y  eut  aussi  des  leçons  ex  gestis  martyrum.  L'Ordo 
canonis  decantandi  in  ecclesia  sancti  Pétri  (manuscrit  de  la  Nationale 
à  Paris,  n°  3836,  du  vm^  siècle)  nomme,  comme  sujet  des  lectures  à  Ma- 
tines, outre  les  livres  des  saintes  Ecritures,  des  traclatus  [_:=  homélies)  : 
prout  ordo  poscit,  passiones  martyrum  et  vitse  Patrum  calholicorum 
leguntur.  Ce  que  le  pape  Hadrien  I«r,  vers  794,  écrit  à  Charlemagne,  se 
rapporte  à  ce  «  nouvel  »  usage  (P.  L.,  t.  .xcvin,  col.  1284)  :  Passiones 
sanctorum  martyrum  sancti  canones  censuerunt ,  ut  liceat  eas  etiam  in 
ecclesia  legi,  cum  anniversarii  dies  eorum  celebrantur.  Ces  Canones  sont 
ceux  de  l'Eglise  d'Afrique,  qui,  insérés  par  Denys  le  Petit  dans  le  Codex 
canonum,  étaient  encore  en  usage  à  Rome  durant  le  vui»  siècle  et  notam- 
ment sous  le  pontificat  d'Hadrien  I"  (  Duchesne,  Liber  pontif.,  t.  i,  introd., 
p.  CI,  note  2). 

2  Cf.  Duchesne,  Liber  pontif.,  t.  i,  p.  148,  n»  2,  et  note  3  et  4;  de  Rossi, 
Roma  sotterranea,  t.  m,  p.  514  sq.;  Gatti,  dans  le  Bullettino  di  arch.  crist., 
1883,  p.  102;  Duchesne,  Les  circonscriptions  de  Rome,  dans  la  Revue  des 
questions  historiques,  Paris,  1878,  t.  xxiv,  p.  217-225. 

3  .Tean-Baptisle  de  Rossi,  Les  sources  du  Martyrologe,  p.  4  (voir  t.  i, 
p.  271  sq.). 


CHAPITRE  VI  241 

{Kalendaria,  Fasti  et  Gesta  ou  Acta  Martyrum)^  furent  anéan- 
tis durant  l'effroyable  persécution  de  Dioclétien.  Ce  qui  fut  sauvé 
de  cette  g-uerre  d'extermination  livrée  par  les  païens  à  la  lit- 
térature chrétienne  forme  le  fond  principal  du  martyrologe  le 
plus  ancien.  Ce  martyrologe  très  incomplet,  connu  sous  le  nom 
de  Martyrologe  hiéronymien,  est  une  compilation  de  ce  qu'il 
y  avait  de  plus  essentiel  dans  les  divers  catalogues  qui  avaient 
survécu  au  iv^  ou  au  v^  siècle  :  Kalendaria ,  Fasti  et  Gesta;  il 
forme  un  centon  ou  une  collectio  generalis  des  listes  primitives 
de  martyrs  d'Orient  ou  d'Occident,  dont  l'auteur  avait  eu  con- 
naissance. Le  compilateur  a  classé  et  rangé  chaque  nom  d'après 
la  division  géographique  et  administrative  de  l'empire  romain 
au  IV®  siècle. 

3.  Les  pièces  réunies  dans  le  premier  recueil  n'ont  pas  toutes 
le  même  âge  ni  la  même  forme.  Quelques-unes  se  terminent  à  la 
période  des  persécutions,  d'autres  vont  jusqu'au  v®  siècle.  On 
peut  suivre  les  traces  des  transformations  et  des  additions  suc- 
cessives, pour  Rome,  en  considérant  les  anniversaires,  soit  des 
consécrations  et  des  dépositions  de  papes  et  d'évêques,  soit  des 
consécrations  de  basiliques  et  d'autres  monuments  du  v^  siècle. 
Le  Martyrologe  syriaque  de  412  donne  la  clef  pour  l'intelligence 
d'une  partie  des  sources  et  des  additions  du  Martyrologe  hiéro- 
nymien qui  proviennent  d'Orient. 

4.  Comme  sources  principales  de  la  rédaction  primitive,  on 
doit  signaler  : 

a)  Un  Martyrologe  oriental  du  iv^  siècle,  où  sont  décrits  les 
martyrs  de  toute  l'Asie,  de  la  Grèce  et  de  l'Illyrie.  Il  s'appuyait 
sur  les  ouvrages  et  les  collections  d'Eusèbe*. 

ê)  Un  calendrier  romain  avec  addition  de  quelques  églises  voi- 
sines, parmi  lesquelles  se  trouvent  la  Depositio  Martyrnm  et  la 
Depositio  Episcoporum  urbis  Bomœ'^,  et  les  consécrations  des 

1  De  martyribus  Palestime  et  ffuvaywY^,  etc.  Cf.  H.  E.,  lib.  IV,  xv,  48, 
et  lib.  V,  prœm.  iv,  21;  et  d'autres  écrits.  Cf.  aussi  Sermon  de  saint  Gré- 
goire de  Nysse  sur  saint  Basile  (P.  G.,  t.  xlvi  ,  col.  788  sq.). 

*  Aussi  le  calendrier  de  Furius  Dionysius  Philocalus,  qui  est  une  recen- 
sion,  augmentée  vers  354  des  deux  premières  Dep.  episcoporum  et  Dep. 
martyrum;  la  troisième  partie  contient  un  catalogue  des  papes  de  saint 
Pierre  au  pape  Libère  (catalogue  libérien  ou  buchérien).  Sur  la  part  prise 
par  Philocalus  au  travail,  cf.  de  Rossi,  Inscriptiones  chrislianse,  t.  i,  p.  lvi. 
Edition  complète  de  Mommsen ,  Abh.  der  Akademie  der  Wissenschaflen 
Sachsens,  1850. 

Brév.,  t.  II.  Jô 


242  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

églises  (29  juin,  Baptisterii  au  Latran,  1  et  5  août,  2  novembre), 
jusqu'à  Sixte  III  (432-440)  ou  Léon  I^"  (440-461).  Le  Papa 
Hilarius  mentionné  ici  n'est  pas  le  pape  romain  (461-468),  mais 
un  autre  évêque. 

y)  Un  Martyrologe  africain  ou  listes  d'églises  d'Afrique.  Il  est 
important,  parce  que  le  Martyrologe  hiéronymien  ne  mentionne 
aucun  martyr  de  la  persécution  des  Vandales  ;  il  a  donc  dû  être 
composé  avant  le  règne  de  Hunneric  (476-484).  Le  Marfyroln- 
giuni  africaniim  édité  par  Mabillon^  et  Ruinart^  n'en  men- 
tionne non  plus  aucun,  bien  que,  dans  une  addition,  il  donne 
le  nom  de  l'évêque  Eugène  de  Carthage  (-J-  505). 

o)  Peut-être  peut-on  encore  ajouter  quelques  calendriers  et 
diptyques  du  nord  et  du  sud  de  l'Italie,  de  la  Gaule,  de  l'Espagne 
et  de  l'Angleterre.  On  ne  peut  expliquer  la  présence  de  pareilles 
additions  qu'en  admettant  que  celui  qui  a  fait  les  remaniements 
postérieurs  a  puisé  à  ces  sources. 

5.  Au  vi^  siècle,  il  y  eut  en  Gaule  d'autres  additions  qui 
durent  être  faites  à  Auxerre,  si  Ton  s'en  rapporte  à  la  mention 
qui  y  est  faite  des  Pères  et  d'autres  jours  de  fêtes  propres  à  cette 
dernière  ville.  En  divers  endroits,  les  notices  laconiques  de  la 
première  rédaction  y  ont  été  développées;  de  plus,  dans  quelques 
cathédrales  ou  monastères,  où  l'on  se  servait  de  la  compilation, 
on  fit  aussi  certaines  additions  relatives  aux  usages  locaux.  L'au- 
teur de  la  première  compilation  ou  du  Martyrologe  combiné, 
qui  parut  en  Italie  dans  la  deuxième  moitié  du  v^  siècle,  a  placé 
son  œuvre ,  comme  cela  arrivait  fréquemment  aux  v^  et  vi''  siècles , 
sous  le  couvert  d'un  grand  nom,  et,  dans  le  titre,  il  attribue  la 
paternité  de  l'ouvrage  à  saint  Jérôme. 

6.  L'œuvre  fut  attribuée,  tantôt  à  saint  Jérôme,  tantôt  à  l'his- 
torien Eusèbe  ;  Grégoire  le  Grand  en  possédait  un  exemplaire. 
Dans  les  siècles  suivants  (vii^  et  vin^),  elle  disparaît  complète- 
ment des  bibliothèques  d'Italie  ;  on  ne  la  trouve  plus  qu'en 
Gaule,  en  Angleterre,  en  Allemagne  et  en  Suisse,  et,  grâce 
à  des  additions  locales,  elle  prend  le  caractère  d'une  recension 
gallo- germanique  ou  d'une  édition  modifiée  de  l'ancien  texte 
d'Italie.  Le  deuxième  synode  de  Cloveshoe  (747)  la  mentionne 


*  Ana,lectA,  t.  ni,  p.  398. 

*  Acta  sincera,  in  fine. 


CHAPITRE  VI  243 

encore,    sous    le   nom  de  Martyrologium  romanse  Ecclesise  '. 

7.  Les  meilleurs  manuscrits  que  l'on  possède  sont  ceux  de 
Berne,  d'Echternach  (aujourd'hui  à  Paris),  de  Weissenbourg  et 
de  Lorch  (dans  le  grand- duché  de  Wurtemberg-).  Ils  ont  été 
reproduits  avec  une  exactitude  paléographique  par  de  Rossi  et 
Duchesne,  dans  le  tome  des  Acta  sanctorum  déjà  cité.  On  peut 
partager  la  masse  des  manuscrits  postérieurs  en  quatre  classes^. 
11  me  semble  cependant  que  la  recension  du  viu"  siècle,  que  l'on 
trouve  dans  le  Sacramentaire  de  Gellone^,  aurait  mérité  plus 
d'attention,  car  elle  n'est  pas  beaucoup  plus  récente,  si  elle  l'est, 
que  celle  d'Echternach  et  d'autres. 

8.  La  grande  diversité,  et  même  l'inextricable  confusion  d'exem- 
plaires, complets  et  incomplets,  interpolés  et  abrégés,  et  la  pré- 
dilection des  auteurs  du  moyen  âge  pour  les  extraits  [epitomse , 
hreviaria)  expliquent  qu'aux  vni'^,  ix^  et  x"  siècles  on  fit  de  nom- 
breux abrégés  du  Martyrologe  alors  répandu.  Les  auteurs  de  ces 
Breviaria  se  sont  parfois  servis  de  recensions  plus  complètes  que 
celles  qui  sont  parvenues  jusqu'à  nous. 

Martyrologes  historiques  (VIII^  et  IX«  siècles).  —  9.  Les  auteurs 
de  Martyrologes  historiques,  c'est-à-dire  de  Kalendaria  ou  de 
Martyrologia ,  où  l'on  trouve  pour  chaque  jour  des  indications 
sur  la  biographie  d'un  ou  de  plusieurs  saints,  tirée  des  Actes 
des  martyrs ,  de  la  vie  des  Pères  ou  d'autres  biographies ,  se  sont 
servis  de  recensions  du  texte  du  Martyrologium  hieronymianum 
qui  ne  nous  sont  pas  parvenues.  Ces  auteurs  de  «  Martyrologes 
historiques  »  (par  opposition  aux  simples  nomenclatures),  qui 
ont  été  les  principales  sources  du  Martyrologe  romain  officiel  de 
1584,  sont  Bède  le  ^''énérable  (-{-  735) ,  Adon,  bénédictin  de  Fer- 
rières,  puis  évêque  de  Vienne  (-]-  875)  ;  Usuard  ou  Isuard,  béné- 
dictin de  Saint-Germain,  près  Paris  (-j-  v.  877).  Le  Martyrologe 
d'Adon  fut  composé  avant  860,  celui  d'Usuard  (abrégé  de  celui 
d'Adon)  environ  dix  ans  plus  tard.  Puis  Hraban  Maur  (■{-  856)  ; 
Florus,  de  Lyon  (f  v.  860),  qui  développa  le  Martyrologe  de 
Bède  avec  une  telle  habileté,  que  les  Bollandistes  eux-mêmes 
n'ont  pu  déterminer  les  additions  (additHmenium)  ;  Wandelbert, 


1  C.  13.  Hardouin,  t.  m,  p.  1956.  Hefele ,  Conciliengeschichte ,  2e  éclit., 
t.  m,  p.  564. 

2  Cf.,  pour  les  détails,  Ki'aus,  op.  cit.,  p.  20. 

3  Cod.  J204Sj  fonds  latin  de  la  Bibl.  nationale  de  Paris,  fol.  264  sq. 


244  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

de  Prum  (■{-  850),  qui,  en  848,  traduisit  en  vers  le  Martyrologe 
de  saint  Bède,  traduction  maintes  fois  attribuée  à  Florus,  de 
Lyon,  ou  à  un  autre  Florus  plus  ancien,  de  Saint-Trond,  mo- 
nastère près  de  Liège;  Notker  le  Bègue,  de  Saint-Gall  {-f  912). 
On  conserve  d'autres  martyrologes  de  la  même  époque  ou  d'une 
époque  postérieure  qui  proviennent  des  monastères  ou  des  églises 
de  Tours,  Corbie ,  Reichenau  ,  Sens,  Fulda ,  Saint -Ulrich 
d'Augsbourg*. 

10.  C'est  le  martyrologe  d'Usuard  qui  obtint  le  plus  de  vogue  ; 
on  le  lisait  à  l'office  dans  les  monastères  bénédictins  dès  la  fin 
du  ix^  siècle,  et  bientôt  il  fut  regardé  comme  le  Marlyrologium 
xax'  iÇoxv^v^.  Il  fut  si  universellement  préféré  que,  lors  de  la 
découverte  de  l'imprimerie,  il  eut  immédiatement  plusieurs  édi- 
tions :  ainsi,  en  1475,  à  Lubeck  ;  1480,  à  Utrecht;  1490,  à  Co- 
logne et  à  Paris;  en  1498,  à  Venise,  sous  le  titre  :  Marlyrolo- 
gium secundum  morem  romanse  curiœ,  «  corrigé  »  par  Belimis, 
ermite  de  Saint-Augustin.  A  la  fin  du  xv^  siècle,  cet  Usuardi- 
iium  était  lu  dans  presque  toutes  les  églises  d'Occident,  et  aussi 
dans  les  basiliques  de  Rome,  à  l'exception  de  la  basilique  vati- 
cane,  qui  en  avait  un  particulier.  Et  même  ce  dernier,  en  usage 
à  Saint- Pierre,  ne  différait  pas  essentiellement  du  .1/.  Usuardi- 
num,  dont  il  était  tiré;  on  avait  simplement,  à  Saint-Pierre 
plus  qu'ailleurs,  fait  des  additions  et  des  changements,  simplifi- 
cations ou  développements,  selon  les  besoins. 

Éditions. —  En  1560  parut  à  Venise  un  ^/ar^^ro/o/yrtum^ecu/if/um 
morem  sacrosanctse  romanœ  et  iiniversatis  Ecclesiœ.  Scriptiim 
et  emendatum  (!)  per  Alexandrum  de  Peregrinis ,  preshylerum 
Brixiensem.  Il  fourmille  de  fautes.  Celui  de  Maurolycus,  abbé 
de  Messine  (1564),  ne  vaut  pas  beaucoup  mieux.  Par  contre,  le 
théologien  de  Louvain  Molanus  (Van  der  Meulen)  donna  une 
édition  excellente,  la  meilleure  au  point  de  vue  critique,  sous 


1  Cf.  André  Schmid,  dans  Wctzer  et  Welle,  Kirchenlexicon,  2^  édit., 
t.  I,  p.  180;  d'Achery  et  Marlène-Durand,  loc.  cil.,  cl  les  Acla  Sanct.  qui 
y  sont  cilés. 

*  Les  aulres  ordres,  monaslères  réguliers  el  séculiers,  chanoines,  etc., 
l'adoplèrenl  aussi  et  radaplèrent  à  leurs  besoins;  ainsi  j'ai  trouvé  dans  la 
Bibliotheca  Philippsiana ,  à  Chcltenham  (n"  305),  un  manuscrit  de  la  lin 
du  xin»  siècle  et  du  commencement  du  xiv»,  avec  le  litre  Martyrologium 
Usuardi,  qui  semble,  dans  ses  parties,  ad  usum  F.  Minoram  Prœdicatoriim 
et  Canonicoram  regiilariiim  sanctœ  Crucis  ordinatuin. 


CHAPITRE  VI  245 

ce  titre  :  Usuardi  Martyrologium ,  qiio  romana  Ecclesia  ac 
permultœ  alise  utunfur.  Opéra  loannis  Molani  cum  tractatu 
eiusdem  de  Martijrologiis.  Lovanii,  1568,  in-12.  Cette  édition, 
comme  nous  Favons  dit,  est  la  meilleure;  dans  les  éditions  pos- 
térieures, par  exemple  celle  de  Louvain,  1573,  on  a  interpolé 
à  différentes  reprises  des  additions  dans  le  texte.  Dix  ans  après 
l'édition  excellente  de  Molanus  parut  à  Milan  le  Martyrologium 
sanctx  romanse  Ecclesiœ  usui  in  singulos  anni  dies  accommoda- 
tum,  ad  Sanctissimum  Patrem  Gregorium  XIII  Pont.  M., 
Peiro  Galesinio, prolonotario  apostolico,auclore.  Mediolani,  apud 
Pacifîcum  Pontium.  1578.  Mais  il  a  d'énormes  fautes;  Galesini 
était  très  versé  dans  la  littérature  biblique  et  patristique,  et  ses 
travaux  dans  ce  genre  méritent  des  louanges;  mais  ses  connais- 
sances en  histoire  ecclésiastique  étaient  beaucoup  moins  sérieuses. 
Édition  du  Martyrologe  romain.  —  Grégoire  XIII,  en  1580, 
confia  au  cardinal  Sirleto  la  charge  d'une  revision  nouvelle,  d'une 
correction  et  d'une  édition  du  Martyrologe -romain  ^  Ce  savant 
forma  une  Commission  de  dix  membres,  qui  devaient  exécuter 
les  travaux  préliminaires  et  les  lui  soumettre.  Voici  les  noms  des 
dix  collaborateurs  de  Sirleto  :  Silvius  Antonianus,  oratorien, 
secrétaire  du  Collège  des  cardinaux  et,  plus  tard,  cardinal  sous 
Clément  VIII;  César  Baronius,  Ludovic  de  Torres,  Aloys  Lilius 
(Luigi  Giglio),  Pierre  Ciacomo,  de  Tolède,  qui,  d'après  Lam- 
mer,  avait  déjà  pris  part  aux  travaux  pour  la  correction  du 
Calendrier;  mais  il  mourut  dès  le  26  octobre  1581;  Gerhard 
Vossius,  de  Belgique,  l'éditeur  des  Opéra  S.  Gregorii  Thauma- 
turgi  (Maguntiœ,   1604);  Latinus  Latinius,  ami  de  Baronius; 

1  II  ressort  d'une  lettre  de  Baronius  à  son  père,  à  Sora,  datée  de  Rome, 
6  décembre  1580,  que  ce  fut  au  plus  tard  à  l'automne  de  1580  :  Sua 
Santila  si  serve  di  me  nella  riformatione  del  Martirologio,  per  la  quale 
si  fa  iina  Congregazione  d'huomini  excellenti,  et  il  reverendissimo  Sir- 
leto mi  fia  eletlo  per  uno  di  quelli...  Si  son  fatti  finqui  parecctiie  con- 
gregationi ,  e  per  gratia  di  Dio  sono  in  maggior  concetto  di  quello  cfie  la 
niia  hassezza  mérita.  La  lettre  est  publiée  par  Lâmmer,  Parergon  de 
Martyrologio  romano,  Ratisbonae,  1878,  p.  10.  Nous  nous  sommes  servi 
de  cet  ouvrage  très  sérieux  pour  ce  qui  suit.  On  y  trouve  (p.  11)  une 
courte  biographie  excellente  de  Sirleto,  qui  unissait  à  la  plus  parfaite 
connaissance  des  langues  hébraïque,  grecque  et  latine,  la  plus  profonde 
science  philosophique  et  théologique ,  et  qui  prit  part  à  la  correction  du 
Missel,  du  Bréviaire,  à  la  composition  du  Catecfiismus  romanus,  à  l'édi- 
tion corrigée  de  la  sainte  Ecriture,  du  Corpus  iuris  canonici  et  des  con- 
ciles. 


246  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Curtius  Franco,  chanoine  de  Saint- Pierre  du  Vatican;  Antoine 
Geronius,  de  Tarragone,  et  Antoine  Agelli,  clerc  rég-ulier*. 
Nous  indiquons  ici  ce  qui  servit  de  base  aux  travaux  de  la  Com- 
mission :  a)  les  éditions  du  Marlyrologium  Usuardi,  le  Marty- 
rologe de  S.  Cyriacus  in  Thermis  (Rome),  les  compilations  de 
Bède,  Florus  et  Adon  ;  ê)  les  ménologes  grecs  traduits  en  latin 
par  Sirleto  ;  y)  les  Dialogues  de  saint  Grégoire  le  Grand  et  diffé- 
rents calendriers,  en  particulier  italiens,  et  d'autres  pièces  ma- 
nuscrites. L'impression  devait  commencer  au  printemps  de  1582; 
mais  on  fut  très  peu  satisfait  du  premier  tirage,  qui  fourmillait 
de  fautes.  La  deuxième  édition,  parue  en  mai  L583,  ex  officina 
Dominici  Basse,  était  également  médiocre,  par  la  faute  de  l'im- 
primeur. Toutes  les  deux  furent  supprimées,  et  on  prépara  une 
nouvelle  édition  ou  un  tirage  plus  parfait,  qui  parut  en  jan- 
vier 1584,  reçut  l'approbation  du  pape  et  fut  promulgué  par  un 
bref  de  Grégoire  du  14  janvier  de  la  même  année^.  A  ce  moment, 
Sirleto  pria  Baronius  d'écrire  des  scholies  et  des  commentaires 
critiques  pour  le  Martyrologe.  L'érudit  historien  se  mit  à  l'œuvre 
avec  ardeur,  collectionna  les  monuments  de  l'histoire  ecclésias- 
tique et  les  livres  liturgiques  de  divers  pays,  et  écrivit  des  notes 
abondantes  pour  le  texte  du  Martyrologe  de  Grégoire  XIII  ^. 
Ainsi  parut  comme  un  travail  particulier  le  Martyrologium  cum 
notationihiis  Baronii,  à  Rome,  en  1586,  ex  lypographia  Domi- 
nici Basse,  composé  sur  l'ordre  de  Grégoire  XIII,  mais  dédié 
à  Sixte- Quint,  élu  dans  ces  entrefaites.  Grégoire  XIII  et  Sirleto 
(8  octobre  1585)  étaient  morts,  et  Sixte  -  Quint  désirait  une 
meilleure  édition. 

On  doit  convenir  qu'on  ne  peut  intituler  «  œuvre  parfaite  »  le 
travail  fait  par  la  Commission  sous  Grégoire  XIII  et  Sirleto. 
Mais  il  ne  faut  pas  le  juger  d'après  l'état  actuel  de  la  science. 
A  cette  époque,  en  effet,  ni  les  Bénédictins  et  les  Jésuites  du 


1  Cf.  Kaulen,  Geschichte  der  Valgata,   Mainz,  1868,  p.  422  sq. 

2  Lâmmer,  loc.  cit.,  p.  23  et  24. 

3  Dans  l'ouvrage  cité  (p.  29-38),  Lamriier  donne,  d'après  des  manus- 
crits de  la  Vallicellane ,  à  Rome ,  une  liste  exacte  des  sources  que  le 
savant  oratorien  a  mises  à  contribution  pour  la  composition  de  ses  notes 
critiques  et  historiques  ;  parmi  elles  se  trouvent  aussi  des  actes ,  vies  de 
saints,  Bréviaires,  etc..  de  plusieurs  églises  allemandes,  par  exemple  de 
Magdebourg,  Trêves,  Cologne,  Strasbourg,  et  de  l'église  nationale  alle- 
mande Santa  Maria  deW Anima,  à  Rome. 


CHAPITRE  YI  247 

xvii^  et  du  xviiie  siècle  (Mauristes  et  Bollandistes),  ni  les  de  Rossi 
et  les  Duchesne  du  xix^  siècle,  n'avaient  encore  rendu  accessibles 
les  sources  des  plus  anciens  Martyrologes. 

Travaux  de  Baronius.  —  Pour  clore  ici  l'histoire  du  Martyro- 
loge, nous  devancerons  un  peu  la  marche  de  l'histoire  du  Bré- 
viaire. 

Sixte-Quint  portait  un  grand  intérêt  à  la  culture  sérieuse  de  la 
science  ecclésiastique.  Le  Martyrologe  de  î584  ne  lui  paraissait 
pas  répondre  aux  exigences  du  temps.  Il  en  fit  donc  préparer 
une  recognitio  ou  une  «  édition  améliorée  ».  A  cette  fin,  il 
s'adressa  à  Baronius,  qu'il  avait  en  haute  estime.  Il  s'était  déjà 
servi,  étant  encore  le  cardinal  Montalto,  de  ce  savant  pour  la 
composition  de  la  vie  de  saint  Ambroise,  qui  devait  accompagner 
une  édition  des  œuvres  de  ce  docteur.  Il  le  chargea  de  corriger 
une  fois  encore  le  texte  du  Martyrologe  officiel. 

Baronius ,  de  son  côté ,  était  peu  satisfait  de  son  édition  de  1586 
enrichie  de  notes  critiques,  dont  il  avait  offert  lui-même  au  Saint- 
Père  un  exemplaire  magnifiquement  relié.  Mais  il  allait  voir 
paraître  une  édition  plus  défectueuse  encore.  A  son  insu,  l'im- 
primeur Dusinelli  publiait,  en  1587,  un  tirage  plus  fautif  encore 
du  Martyrologium  gregoriano-  sixtinum  Baronii^.  Lindanus 
de  Ruremonde,  que  Sixte -Quint  avait  nommé  censeur  du  Mar- 
tyrologe, recommanda  alors  à  Baronius,  qui  s'était  plaint  amè- 
rement, d'entreprendre  une  nouvelle  édition  soignée  qu'il  ferait 
imprimer  à  Anvers^,  et  Christophe  Plantin  écrivit  dans  ce  but 
à  l'auteur  le  5  février  1588,  lui  demandant  son  autorisation  et 
son  concours^.  Baronius  accepta  volontiers  le  projet.  Aidé  de 
quelques  savants  amis  et  collaborateurs,  en  particulier  du  Vén.  Ju- 
venalis  Ancina^,  d'Antonio  Talpa  et  de  Silvio  Antoniano,  il  revit 
encore  une  fois  son  travail  en  entier  au  printemps  et  durant  l'été, 
le  collationna  avec  les  sources,  y  fit  des  corrections,  y  ajouta 
quelques  notes  et  enrichit  le  texte,  soit  pour  la  nomenclature 


1  Sixte  V  fit  imprimer  en  tète  de  son  édition  officielle  de  1586  l'intro- 
duction en  dix  chapitres,  écrite  par  Baronius,  qui  se  trouve  également 
dans  les  éditions  de  Benoît  XIV  et  de  Pie  IX. 

2  Mar  Lindano...  dice  voler  far  ristampare  in  Anversœ  (lettre  de  Baro- 
nius du  9  juillet  1587  ). 

3  La  lettre  se  trouve  dans  Lammer,  loc.  cit.,  p.  44. 

<  Vita  del  Ven.  Giovenale  Ancina  délia  Congregazione  delV  Oratorio, 
Vescovo  di  Saluzzo ,  pcr  Aniceto  Ferrante,  Napoli,  1856. 


248  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

des  lieux  et  des  personnages,  soit  pour  les  indications  biogra- 
phiques. Parmi  les  corrections  apportées,  je  note  celle  qui  con- 
cernait une  vierge  martyre,  Xynoris,  introduite  par  contrebande 
au  Martyrologe  par  un  des  éditeurs  ou  des  membres  de  la  Com- 
mission antérieure  (peut-être  Galesini,  de  Milan),  qui  avait  mal 
interprété  un  texte  de  saint  Jean  Chrysostome.  Cette  vierge 
n'avait  jamais  existé  ;  on  voit  son  nom  dans  les  éditions  de  1583, 
1584  et  1586,  au  24  ou  25  janvier  K  Lorsque  Plantin  eut  obtenu 
V imprimatur  du  roi  d'Espagne,  Baronius  envoya,  vers  le  milieu 
d'août  1588,  son  manuscrit  ou,  plus  exactement,  l'exemplaire 
de  1586,  corrigé,  aux  célèbres  presses  des  Pays-Bas.  L'impres- 
sion fut  commencée  à  la  fin  de  septembre  et  le  volume  parut 
dans  l'été  de  1589  :  Martyrologium  romanum,  ad  novam  Ka- 
lendarii  ralionem  et  ecclesiaslicse  historiée  veritatem  restitulum. 
Gregorii  XIII  Pont.  Max.  iussu  editiim,  Accesserunt  notaiio- 
nes  atque  tractatio  de  Martyrologio  romano  :  Auctore  Csesare 
Baronio  Sorano,  Congregationis  Oratorii  preshytero.  Secunda 
editio  ah  ipso  auctore  emendata  et  comphirihus  aucta.  Anlwer- 
pise,  ex  officina  Christophori  Plantini,  architypographi  regii, 
MDLXXXIX,  in  folio.  Cette  impression  fut  plusieurs  fois  réédi- 
tée à  Paris  et  à  Cologne. 

Mais,  cette  fois  encore,  Baronius  ne  se  tint  pas  pour  satisfait. 
Des  études  poursuivies  avec  acharnement  et  assiduité  lui  fai- 
saient faire  chaque  jour  des  découvertes  nouvelles.  Mettant 
à  profit  certaines  controverses  historiques  et  critiques  que  lui- 
même  avait  pour  la  plupart  soulevées  depuis  1590,  et  tirant  parti 
des  correspondances  qu'il  entretenait  avec  les  plus  éminents 
savants  de  tous  les  pays  sur  des  questions  d'histoire  ecclésias- 
tique, il  prépara  une  troisième  édition  de  son  Martyrologe,  qu'il 
corrigea  derechef.  On  peut  la  regarder  comme  le  dernier  mot 
et  le  résultat  définitif  des   études   de   Baronius^.   Elle   parut  à 


'  Tf,;  ;uvwpi5o;  Twv  âyt'wv  Mapr-jpwv  {Homil.  iv de  Laza.ro;  P.  G.,  t.  xliii, 
col.  1007),  =r  cursus  hiiugus  ou  biga,  c'est-à-dire  les  deux  saints  mar- 
tyrs Juventinus  et  Maximus.  Cf.  de  Smedt,  Introd.,  p.  149;  Lâmmer, 
loc.  cit.,  p.  46;  Benedict.  XIV,  De  serv.  Dei  beatif.  et  sanctor.  canoniz., 
t.  IV,  part.  2,  c.  xvii,  n.  9,  Ad  diem  3ô  janunrii,  etc. 

*  La  correspondance  avec  Jérôme  de  Rubeis,  de  Ravenne,  Henri  Grave, 
professeur  à  Louvain,  Vincent  Justinien  Antist,  dominicain  de  Valence, 
en  Espagne,  Jérôme  de  la  Higuera  (Sncietatis  Jesu  presbyter  non  indo- 
cliis ,  al   nimis   credulus,   cuius   nomen   cum   Dextro   Paciani  apocrypho 


CHAPITRE  VI  249 

Rome  en  1598,  ex  typographia  vaticana.  Les  Bénédictins  du 
monastère  de  Cardeg-na,  en  Espagne,  demandèrent  Tintroduc- 
tion  au  martyrologe  de  deux  cents  moines  de  leur  monastère 
qui,  le  6  août  834,  avaient  souffert  le  martyre  avec  leur  abbé 
Etienne,  sous  le  tyran  maure  Raffa,  le  dévastateur  de  la  pro- 
vince de  Castille.  Clément  VIII  confia  l'affaire  à  la  Congrégation 
des  Rites,  et  celle-ci  chargea  le  cardinal  Baronius  d'examiner 
la  question.  Sur  la  proposition  favorable  de  ce  dernier,  la  notice 
concernant  l'abbé  bénédictin  Etienne  et  ses  deux  cents  moines 
fut  insérée  au  Martyrologe,  au  6  août.  Elle  apparaît  pour  la 
première  fois  dans  Tédition  ou  la  réédition  du  Marlyrologium 
romanum  impressum  Romœ ,  typis  Stephani  Paulini,  superio- 
rum  permissu,  1602.  Toute  l'édition  fut  vendue  en  Espagne,  si 
bien  que  lorsque  Prosper  Lambertini  (Benoît  XIV) ,  au  xvnie  siècle, 
eut  à  faire  un  rapport  sur  la  même  question,  il  fut  obligé  de 
faire  venir  un  exemplaire  de  ce  pays*.  Une  autre  édition  parut 
à  Anvers  en  1613. 

D'autres  travaux  de  Baronius  (1598-1606),  ayant  pour  base 
de  nouvelles  études  et  la  correspondance  qu'il  entretenait  avec 
Serarius,  Antoine  Pramistiev,  dominicain  russe  de  Lemberg  ; 
Jodocus  Griis,  chartreux  ;  Jérôme  Santangelus,  Arnold  de  Wach- 
tendonck ,  Daniel  Raimund ,  de  Liège  ;  Nicolas  Faber  et  Robert 
A'isorius,  d'Amiens,  docteur  de  Sorbonne,  se  trouvent  à  la  biblio- 
thèque vallicellane,  cod.  Q  31  ,k  Rome^;  ils  ont  servi  pour  les 

connexum  nemo  historiée  litterarise  gnarus  nescit  [Lammer,  p.  61],  Ro- 
land Rincley,  Belge,  disciple  de  l'évêque  Linden  de  Ruremonde,  Nicolas 
Serarius,  S.  J.,  exégète  et  historiographe  de  Mayence,  éditeur  des  lettres 
de  saint  Boniface ,  Jean  Soria,  S.  J.,  professeur  à  Grenade,  Marc  Velfer, 
d"Augsbourg,  qui  fut  élevé  par  Antoine  Muret  à  Rome  et  fut  revêtu  de 
hautes  dignités  à  Augsbourg,  Jean  Pistorius,  chanoine  de  Constance,  dont 
le  Proprium  sanctorum  Constantiense  fut  présenté  pour  être  approuvé  à 
Rome,  sous  le  cardinal  d'Altaemps,  Marc  Sittich,  lorsqu'on  introduisit  le 
Breviarium  Pianiim  à  Constance  (1597),  et  Georges  Colvenerius ,  profes- 
seur à  Douai ,  se  trouve ,  en  partie  textuelle ,  en  partie  par  extraits  très 
bien  choisis  des  notices  sur  chaque  saint,  dans  Lammer  [Parergon , 
p.  47-82).  Il  serait  fort  à  désirer  qu'un  index  alphabétique  de  ces  saints 
fût  ajouté  à  une  nouvelle  édition  critique. 

1  Benedict.  XIV,  De  servor.  Dei  beatif.,  t.  iv.  part.  2,  c.  xvii,  n.  6. 

2  A  la  Bibliùtheca  Angelica,  cod.  S.  3,  2,  se  trouvent  les  Acta  in 
S.  Congregalione  Rituum  pro  correctione  Martyrologii  et  Breviarii  romani 
cum  adnotalionihus  M.  Fortunati  Scacchi ,  ord.  Erem-  S.  Augustini  et  prœ- 
fecti  sacrarii  aposlolici,  collecta  a  F.  Philippo,  vicecomite  Mediolanensi, 
commencés  en  1628. 


250  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

éditions  faites  sous  Urbain  VIII  (Rome,  1628,  1630)  ;  les  membres 
de  la  Commission  chargée  par  le  pape  de  la  correction  du  Bré- 
viaire avaient  travaillé  à  ces  dernières'.  On  y  inséra  en  particu- 
lier les  fêtes  des  saints  canonisés  depuis  1598  ou  1584.  On  lit  une 
nouvelle  édition  revue  et  corrigée  sous  Clément  X  (Lugduni, 
1675).  Après  le  décret  de  la  Congrégation  des  Rites  du  31  août  1680, 
portant  sur  le  De  non  apponendis  in  posterum  in  Marlyrologio 
romano  nisi  sanctis  canonizatis^,  suivit  l'édition  authentique  du 
Martyrologe,  sous  Innocent  XI  (1681 ,  typis  R.  Camerœ  aposto- 
licse).  La  meilleure  édition  corrigée  et  critique  est  due  à  Be- 
noît XIV  :  Mariyrologii  romani,  Gregorii  XIII  iussii  editi , 
Urhani  VIII  et  démentis  X  auctoritate  récognitif  nova  editio 
a  sanctissimo  D.  N.  Benedicto  XIV  P.  M.  aacta  et  castigata, 
in  qua  nonnulla  sanctorum  nomina  in  prseteritis  editionihus 
omissa  supplentur,  alia  item  sanctorum  et  heatoriim  nomina  ex 
integro  adduntur.  Romae,  1749.  La  bulle  d'introduction  ou  Lit- 
terœ  apostolicœ  ad  loannem  V...  Porlugalliœ  regem,  du  1*""  juil- 
let 1784,  rend  témoignage  de  la  circonspection  et  de  la  critique 
qui  ont  présidé  à  la  revision.  Des  éditions  postérieures  ont  paru 
sous  Grégoire  XVI  et  Pie  IX  (  1873-1874)  à  Rome,  Ratisbonne, 
Mayence,  Malines^. 


1  II  eu  est  question  dans  le  chapitre  suivanl. 

2  On  peut  voir  le  texte  du  décret,  joint  à  celui  de  1616,  dans  Lammer, 
toc.  cit.,  p.  92,  et  Gardellini,  Décret,  aidhentica  S.  R.  C,  n.  2927,  3e  éd., 
Romae,  1856,  t.  u,  p.  23. 

3  Au  sujet  des  éditions  de  traductions  allemandes  du  Martyrologe  et 
des  martyrologes  de  chaque  Ordre ,  on  peut  voir  André  Schmid ,  dans  le 
Kirchenlexicon  de  Wetzer  et  Welle,  2«  édit.,  t.  i,  p.  181-182.  [Sur  les 
martyrologes  en  général,  cf.  l'important  travail  de  Hans  Achelis,  Die 
Marlyroloyien,  ihre  Geschichte  und  ihr  Werlh  untersucht ,  Berlin,  1900. 
Sur  celui  d'Adon  en  particulier,  qui  a  été  le  type  de  tous  ceux  qui  l'ont 
suivi,  cf.  Ermoni,  art.  Adon,  dans  la  Dictionnaire  d'archéologie  clirétienne 
el  de  liturgie,  t.  i,  1903,  col.  535-539.  Tr.j 


CHAPITRE    VII 

CORRECTION  DU  BRÉVIAIRE  ROxMAIN 

SOUS   LES   PONTIFICATS   DE   SIXTE -QUINT 

ET  DE  GRÉGOIRE  XIV 


Le  g-énie  de  Sixte-Quint  (1585-1590),  qui  s'exerça  avec  un  si 
plein  succès  dans  toutes  les  branches  de  l'administration  et  de 
la  législation  ecclésiastiques,  porta  aussi  une  particulière  atten- 
tion au  perfectionnement  de  VOpus  Dei ,  de  l'office  divin'.  Nous 
avons  eu  le  bonheur  de  découvrir,  à  travers  nos  recherches  dans 
les  archives  et  les  bibliothèques  romaines,  des  documents  qui 
mettent  en  pleine  lumière  la  part  que  lui  et  son  successeur 
médiat,  Grégoire  XIV  (son  successeur  immédiat  Urbain  Vil, 
1590,  ne  régna  que  treize  jours),  prirent  à  cette  affaire.  Per- 
sonne n'avait  jusqu'ici ,  autant  que  nous  sachions,  suffisamment 
apprécié  ces  sources,  qui  étaient  demeurées  en  grande  partie 
inconnues.  Avant  de  les  utiliser,  nous  parlerons  de  Tenrichisse- 
ment  du  calendrier  et  de  la  correction  du  texte  de  l'Ecriture, 
déjà  mentionnés  par  d'autres. 

Dès  1585,  Sixte-Quint  ajoutait  au  calendrier  du  Bréviaire 
romain,  au  2  avril,  la  fête  de  saint  François  de  Paule  qui  datait 
de  1557,  et  lui  donnait  le  rite  de  fête  double;  il  fixait  égale- 
ment avec  le  même  rite  la  fête  de  saint  Nicolas  de  Tolentino,  au 
10  septembre.  Puis  il  rétablissait  les  fêtes  suivantes  jadis  célé- 
brées, mais  que  Pie  V  avait  supprimées  au  Bréviaire  romain  : 
de  saint  Pierre,  martyr,  29  avril  ;  de  saint  Antoine  de  Padoue 
(13  juin),  de  saint  Janvier  et  de  ses  compagnons  (19  septembre) 
sous  le  rite  double.  Il  assignait  la  fête  de  saint  Diego  au  13  no- 
vembre, sans  détermination  du  rite,  et  prescrivait  au  5  octobre 
la   commémoraison   de  saint  Placide,   disciple  de  saint   Benoît 

1  Cf.  à  ce  sujet  Alex.  v.  Hûbner,  Sixte -Quint  d'après  des  correspon- 
dances diplomatiques  inédiles,  Paris,  1870,  3  vol.,  et  Sixlus  V,  Leipzig. 
1871,  2  vol.,  en  particulier  t.  i,  p.  215  sq.,  et  t.  ii,  p.  43  sq. 


252  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

(c'est-à-dire  qu'il  en  faisait  une  fête  simple).  Il  étendait  à  toute 
l'Eglise  la  fête  des  stigmates  de  saint  François  d'Assise,  déjà 
célébrée  chez  les  Franciscains  depuis  Benoît  XP.  Il  donnait  à 
saint  Bonaventure  le  titre  de  docteur,  et  élevait  sa  fête  au  rite 
double  ;  l'ancienne  oraison  et  l'évangile  devenaient  ceux  des 
docteurs.  C'est  à  Sixte -Quint  aussi  que  nous  devons  le  rétablis- 
sement de  la  fête  de  la  Présentation  au  21  novembre.  Déjà 
Morone  avait  proposé  à  saint  Pie  V  de  la  rétablir.  Elle  avait  été 
supprimée  en  1568.  Pie  V  déclara  y  consentir,  à  la  condition 
qu'on  lui  prouverait  qu'elle  remontait  à  deux  cents  ans.  On  pro- 
duisit un  document^,  qui  prouvait  que  les  Grecs  célébraient  la 
fête  bien  longtemps  auparavant.  Elle  fut  donc  rétablie  en  1585^. 
Sixte-Quint  ordonna  en  outre  la  composition  d'un  Ociavarium , 
c'est-à-dire  d'un  livre  formé  de  leçons  qu'on  aurait  choisies 
pour  chaque  jour  des  octaves  de  l'office  du  Commun  des  saints. 
Mais  cet  Octavarium  ne  fut  pas  imprimé  sous  son  pontificat. 

Le  pape  avait  aussi  prescrit  qu'on  ne  se  servirait  pour  toutes 
les  parties  du  Bréviaire  que  des  textes  de  l'Ecriture  conformes  à 
la  nouvelle  édition  de  la  Vulgate  qu'il  venait  de  publier''.  (Voir  à 
la  fin  du  chapitre  la  note  sur  la  correction  de  la  Vulgate.) 

1  Ga\antus,  cdit.  Merati,  loc.  cit.,  t.  ii,  sect.  VII,  c.  vi-xiv. 

2  Extrait  du  cod.  Vatic.  6171 ,  fol.  100,  qui  contient  capita  pro  revo- 
cando  die  feslo  Prœsentationis  B.  M.  V.  ex  kalendario  r-omano  nuper 
exempta  per  siirreplionem ,  dus  vraisemblablement  au  cardinal  Sirleto.  On 
y  prie  Grcfroire  XIII  de  faire  ce  que  Pie  V  aurait  certainement  fait  s'il 
avait  vécu  plus  longtemps;  on  y  prouve  aussi  que  Pie  II  et  Paul  II  (bulle 
du  16  octobre  1464)  avaient  autorisé  la  fête  pour  l'Allemagne. 

3  Cf.  Suarez,  t.  ii,  in  part.  3,  disp.  XXII,  sect.  I,  vers  la  fin;  Bene- 
dict.  XIV,  De  festis  B.  M,  V.,  c.  xiv.  Elle  reçut  tout  d'abord  ÏOfficium 
Nativitalis  B.  M.  V.  mutata  voce  Nativitatis  in  verbum  Prœsentationis. 
La  question  de  la  conservation  de  la  fête  fut  de  nouveau  discutée  dans 
la  Commission  instituée  par  Benoît  XIV  pour  la  correction  du  Bréviaire 
(cf.  Boskovény,  t.  v,  p.  547).  Aux  archi\es  du  Vatican  (arm.  39,  t.  xiv, 
fol.  320)  se  trouve  un  bref  de  Sixte  IV  du  12  juillet  1482,  qui  autorisait 
les  ecclésiastiques  et  les  fidèles  du  grand -duché  de  Saxe  à  célébrer  la 
fête.  J'en  ai  reçu  une  copie  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Schlecht,  du 
Campo  Santo  de  Rome. 

*  Qiix  vero  anlehac  quihiiscumcjue  in  locis  impressa  sunt,  iuxta  hune 
nostrum  texlnm  ad  verbum  et  ad  litleram  corrirjanlur.  Id  tam  in  impres- 
sis  quam  in  imprimendis  Missalihus ,  Breviariis ,  Officiis  B.  M.  V.,  Psal- 
teriis,  Biiualibus,  Pontifîcalibus,  Cœrimonialibus  et  aliis  ecclesiaslicis 
libris,  quoad  eas  tantum  Scripturœ  lectiones  et  verba,  quœ  ex  Vulgata 
edilione  sumpla  alque  in  iisdem  libris  inserta  fuisse  constat,  ubique  ser- 
vetur  {BuLia  Sixli  V.  Schober,  p.  52.  Cornély,  Introduclio  in  utriusque 
Testant.,  lib.  I,  p.  472). 


CHAPITRE  VII  253 

Au  lieu  d'attendre  que  l'exemple  vînt  de  Rome,  où  Ion  pré- 
parait une  nouvelle  édition  du  Bréviaire ,  les  éditeurs  et  libraires , 
afin  de  pouvoir  faire  une  plus  efficace  réclame  à  leurs  éditions, 
introduisirent  de  leur  propre  chef  les  modifications  demandées 
par  le  pape  dans  les  Bréviaires  et  les  autres  livres  liturg-iques. 
Pour  ce  motif  la  revision  du  Bréviaire  était  devenue  une  néces- 
sité, alors  surtout  que  théologiens  et  critiques  étaient  mécon- 
tents de  l'édition  sixtine  de  la  Bible.  Ce  fut  Sixte -Quint  et  Gré- 
goire XIV  qui  l'entreprirent.  Le  premier,  autocratique,  mais 
très  intelligent,  créa  une  autre  institution  très  féconde  en  résul- 
tats pour  le  développement  uniforme  de  la  liturgie  romaine  :  la 
Sacrée  Congrégation  des  Rites,  exclusivement  consacrée  à  la  sur- 
veillance et  à  l'entretien  de  la  liturgie.  Elle  fut  établie  avec 
d'autres  Congrégations  de  cardinaux,  destinées  au  gouvernement 
de  l'Eglise,  le  '22  janvier  1588,  par  la  bulle  célèbre  :  Ininiensa 
seterni  Dei.  Elle  devait  bientôt  s'occuper  de  la  revision  du  Bré- 
viaire. Cette  Congrégation  est  le  tribunal  suprême  pour  les 
questions  du  culte,  sauf  pourtant  pour  les  affaires  orientales  qui 
relèvent  d'une  autre  Congrégation.  Elle  s'occupe  de  la  sainte 
Messe,  de  l'Office,  de  l'administration  des  sacrements,  du  culte 
public  à  rendre  aux  bienheureux  et  aux  saints  et  des  canonisa- 
tions'. 


Sixte-Quint.  —  Tous  ceux  qui,  jusqu'ici,  ont  écrit  sur  l'histoire 
du  Bréviaire  ont  rapporté  au  pape  Clément  VIII  le  mérite  et 
l'honneur  d'une  revision,  d'un  nouvel  examen  et  d'une  édition 
corrigée  du  Bréviaire  prescrit  par  Pie  V-.  Et  cependant  il   res- 

'  Le  passage  en  question  de  la  bulle  est  ainsi  conçu  :  Cupientes  filio- 
rum  Ecclesise  pietatem  et  divinum  cultum  sacris  ritibiis  et  cserimoniis 
conservandis  instaurandisque  magis  augere  :  quinque  cardinales  (le  nombre 
des  membres  fut  plus  lard  porté  à  vin^t-quatre)  delegimus ,  quitus  hœc 
prœcipue  cura  incumbere  deheat,  ut  veteres  ritus  sacri  uhivis  locorum  in 
omnibus  Urhis  orbisque  ecclesiis,  etiam  in  Capella  nostra  pontificia,  in 
Afissa  divinisque  Officiis,  Sacramentorum  administrât ione  celerisque  ad 
divinum  cultum  pertinentibus,  a  quibusvis  personis  diligenter  observen- 
tur,  cserimoniœ,  si  exoleverint,  restiluantur;  si  depravatie  fuerint ,  refor- 
mentur;  libros  de  sacris  ritibus...  reforment  et  emendent ,  officia  divina 
examinent  et,  Nobis  prius  consultis,  concédant  [Bullar.  roman.,  edit. 
Luxemburgens.,  t.  ii,  p.  669). 

2  Merati,  Grancolas,  Guéranger,  Lâmmer^  Bergel,  Schmid,  Schober  et 
Batiffol,  dans  les  passages  déjà  souvent  cités  de  leurs  ouM-ages  qui  se  rap- 


254  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

sort  d'une  manière  irréfutable  des  documents  originaux  contem- 
porains de  Sixte-Quint,  conservés  à  la  bibliothèque  des  orato- 
riens  de  Sainte-Marie  in  Vallicella  à  Rome,  que  c'est  à  ce  grand 
pape  que  revient  le  mérite  d'avoir  soulevé  la  question  de  l'exa- 
men du  Bréviaire  de  Pie  V.  Cet  examen  se  poursuivit  sous  Gré- 
goire XIV,  mais  ne  fut  terminé  que  par  Clément  VIII.  Nous 
avons  là  une  preuve  des  soins  que  les  papes  ont  sans  relâche 
apportés  à  la  liturgie.  Nous  y  voyons  comment,  loin  de  ne  s'ins- 
pirer dans  leur  œuvre  que  de  vues  toutes  romaines ,  les  souve- 
rains pontifes  voulaient  connaître  les  désirs  des  différents  pays 
et  des  diverses  églises,  afin  de  pouvoir,  le  cas  échéant,  tenir 
compte  des  besoins  de  tous. 

Dès  le  printemps  de  1588,  immédiatement  donc  après  la 
création  de  la  Congrégation  des  Rites,  Sixte-Quint  chargeait- le 
cardinal  Gesualdo,  premier  préfet  de  cette  Congrégation,  de 
prendre  des  informations  dans  les  divers  pays  de  la  chrétienté 
latine ,  afin  de  savoir  si  les  livres  liturgiques  corrigés  par  Pie  V 
et  récemment  édités,  le  Bréviaire  en  particulier,  répondaient 
aux  besoins  ou  réclamaient  quelques  changements,  quelques 
améliorations.  Gesualdo  écrivit  dans  ce  sens  aux  nonces  des 
divers  pays  d'Europe ,  pour  qu'ils  pussent  prendre  les  avis  des 
évêques,  des  prélats  et  des  théologiens  pieux  et  savants  et  qu'ils 
les  adressassent  à  Rome.  On  ne  peut  pas  toujours  déterminer 
avec  certitude  la  date  de  cette  invitation.  Les  nonces  de  Venise, 
de  Paris  et  de  Pologne  (Cracovie)  se  rapportent  dans  leurs 
réponses  à  une  circulaire  du  cardinal  du  14  mai^  ;  y  avait-il  eu 
déjà  auparavant  d'autres  évêques  ou  nonces,  etc.,  invités  à  faire 
un  rapport?  Je  l'ignore. 


portent  à  ce  point.  Mais  ce  fait  doit  surtout  surprendre  dans  Bergel,  qui 
a  eu  en  mains  la  correspondance  échan^ijée  sous  Sixte  V,  mais  qui  l'a 
attribuée  d'emblée  à  Clément,  parce  qu'il  l'a  trouvée  à  la  Vallicellanc 
parmi  les  Actes  de  la  Commission  instituée  par  Clément  VIII  (Baronius 
et  Bellarmin).  Cf.  Zeilschrift  fur  kathol.  Théologie,  Innsbruck,  1884, 
t.  VHi,  p.  293.  De  même  Lammer,  Cœleslis  urbs  Jérusalem,  Freiburg, 
1866,  p.  89.  Pourtant  la  date  desdits  rapports  de  1588  et  1589,  sous  Sixte, 
peut  se  lire  très  clairement  dans  les  originaux. 

•  Subito  che  ho  la  letlera  di  SS.  Illîha  et  Rsvina  di  13  del  passato  mense, 
quando  II  S^»  dissignava  di  fare,  per  restiluire  alla  purità  loro  il  Bre- 
viario  et  il  Missale  romano...  Di  Parigi  17  Guigno  158S,  Gio.  Franc, 
Vescovo  di  Brescia  [Cod.  G.  79,  fol.  1 ,  de  la  Vallicellanc).  De  même  le 
nonce   de  Cracovie,   par  lettre  et   rapport  du  12  août  1588  (cod.  G.  79, 


CHAPITRE  VII  255 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  démarche  de  Sixte-Quint  met  dans 
une  lumière  très  favorable  la  sagesse  de  la  curie  papale,  d'au- 
tant que,  comme  nous  le  verrons  bientôt,  les  deux  successeurs 
de  Sixte-Quint  reprirent  sans  retard  l'impulsion  donnée  par  lui. 
Le  Breviarium  Pianum  était  en  usage  depuis  vingt  ans.  Durant 
ce  temps,  pensait  Sixte-Quint,  on  avait  pu  s'éclairer  de  tous  côtés 
sur  l'excellence  de  son  organisation,  et  savoir  si  le  livre  était 
susceptible  d'améliorations  ou  s'il  en  avait  besoin  ;  en  même 
temps  on  ferait  droit  aux  prétentions  et  aux  désirs  légitimes  de 
quelques  pays  ou  églises  particulières,  conformément  aux  vues 
de  saint  Grégoire  le  Grand  et  de  Pie  V.  C'est  pourquoi  il  vou- 
lut ,  avant  d'entreprendre  la  revision  du  Bréviaire  pour  une 
nouvelle  édition  authentique,  avoir  l'avis  des  représentants  auto- 
risés de  tous  les  pays. 

Circulaire  de  Gesualdo.  —  La  circulaire  envoyée  par  le  cardinal 
Gesualdo  était  conçue  à  peu  près  en  ces  termes^  :  ((  Sa  Sainteté  le 

fol.  15,  de  la  Vallicellane).  In  esecutione  di  quanto  mi  commando  V.  S. 
Illrna  con  la  lettera  Sua  di  14  Maggio,  Le  mando  -gli  acclusi  fogli,  etc., 
a  Sr.  Card.  Gesualdo;  lettera  del  Nunzio  di  Venetia,  li  di  27  Agosto  15SS 
{cod.  G.  S3,  Vallicellane,  fol.  52). 

*  Je  n'ai  pu  jusqu'à  présent  découviir  le  texte  complet  de  la  lettre.  11 
suffit  d'en  connaître  le  sens,  que  j'emprunte  aux  indications  fournies  par 
les  réponses  de  plusieurs  nonces  :  Mi  commanda  V.  S.  Illrna  per  una  Sua 
delli  14  di  Maggio,  che  havendo  Nostro  Signore  intentione  di  far  reslituir 
quanto  prima  alla  loro  purilà  il  Breviario  et  il  Missale  romano,  io  dovessi 
procurare  di  haver  qui  quelli  avverlimenti ,  osservationi  et  fatiche ,  che 
sin  hora  si  ritrovassero  haverci  faite  alcune  persone  pie,  dotte  et  accu- 
rate,  corne  havea  commendato  ancora  agli  altri  SS.  Nunlii  nelle  provincie 
loro,  hastando  pigliare  le  fatiche  faite  senza  entrare  a  farle  fare  adesso 
di  nuovo,  lettre  du  nonce  de  Cracovie,  12  août  1588  (Vallicell.,  cod.  G.  79, 
fol.  13).  De  même  le  nonce  de  Venise,  Vallicellane,  cod.  G.  83,  fol.  52; 
le  théatin  de  Naples,  G.  83,  fol.  39;  celui  de  Paris,  G.  79,  fol.  1.  Le 
nonce  de  Prague  déclare  :  Scrissi  a  V.  S.  Illrna  con  altri  mii,  che  havendo 
fatto  istanza  a  Vescovi  e  Prelati  di  questa  Nuntiatura  per  haver  da  loro 
qualche  osservazione  sopra  il  Missale  e  Breviario  romano  ;  da  molli  m'era 
stata  data  intentione  di  dovermine  far  parte  quanto  prima.  Il  che  perà 
fin'  hora  non  è  stato  fatto  da  altri  che  da  Mons'^"  Vescovo  di  Olmuzzo,  dal 
quale  ho  ricevuto  e  alligate  annotazioni,  etc.  Di  Praga  à  li  21  di  Agosto  1588 
Arcivesc.  di  Bari  (Vallicell.,  cod.  G.  79,  fol.  78).  J'ai,  en  novembre  1890, 
attiré  l'attention  de  M.  le  D""  Joseph  Schleclit,  charg^é  par  la  Gôrres- 
Gesellchaft  de  faire  des  extraits  et  des  copies  des  rapports  de  la  noncia- 
ture au.x  archives  papales ,  sur  cette  pièce  qui  manque  dans  les  archives  ; 
j'ignore  si  depuis  elle  a  été  publiée.  Cf.  encore  le  rapport  du  nonce  de 
Turin  du  6  juin  et  du  18  juillet  1588  (cod.  G.  79,  fol.  19);  puis  le  rapport 
de  l'évéque  de  Léon,  en  Espagne,  du  5  juin  1589  [ibid.,  fol.  57),  et  celui 
•du  nonce  de  Madrid  des  20  août  et  25  octobre  1588  {ibid.,  fol.  47  et  55). 


256  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

pape  Sixte-Quint  a  l'intention  de  ramener  le  plus  tôt  possible  à 
leur  pureté  et  à  leur  intégrité  primitives  le  Bréviaire  et  le  Mis- 
sel. Les  nonces  et  les  évêques  auront  à  cœur  de  coopérer  selon 
leurs  moyens  à  la  réalisation  de  cette  entreprise  vraiment  utile  ; 
pour  cela  ils  prendront  Tavis  des  hommes  pieux  et  savants,  sur 
les  désirs  qui  pourraient  être  exprimés  relativement  à  une  amé- 
lioration ou  à  des  modifications  à  apporter  au  texte  etauxrubinques 
des  éditions  romaines  en  question,  et  aussi  sur  les  fautes,  les 
inexactitudes  et  les  lacunes  qu'ils  auraient  pu  y  remarquer.  » 

Dans  le  courant  de  1588  et  l'année  suivante,  les  évêques  et 
les  théologiens  de  Naples,  Verceil,  Asti,  Léon,  etc.,  les  nonces 
de  Paris,  Prague,  Cracovie,  Venise,  Turin,  Madrid,  Lis- 
bonne, etc.,  envoyèrent  leurs  réponses  accompagnées  de  très 
nombreuses  observations  (critiques  et  desiderata).  Quelques- 
uns  proposaient  des  modifications  radicales,  mais  la  plupart 
restèrent  dans  les  bornes  d'une  critique  très  mesurée.  Les  prin- 
cipaux de  ces  desiderata  furent  pris  en  considération  sous  Clé- 
ment VIIL  Les  pièces  reçues  se  trouvent  parmi  les  actes  de  la 
Commission  instituée  par  ce  pape  en  1592  et  dans  laquelle  l'his- 
torien de  l'Église,  César  Baronius,  eut  la  part  du  lion. 

Les  manuscrits,  les  actes  des  archives  et  les  actes  consisto- 
riaux  de  la  Vaticane  compulsés  jusqu'ici  n'ont  pu  encore  dévoi- 
ler ce  que  fit  Sixte -Quint  à  la  suite  de  cette  correspondance. 
Peut-être  un  avenir  prochain  nous  fournira-t-il  des  renseigne- 
ments nouveaux  à  ce  sujet.  Il  ne  dut  cependant  pas  y  avoir 
grand'  chose  de  fait,  car  au  moment  où  toutes  les  consultations 
étaient  arrivées,  le  pape  était  déjà  au  bord  du  tombeau.  Toute- 
fois, il  semble  résulter  des  actes  de  Grégoire  XIV,  dont  nous 
allons  parler,  que  Sixte-Quint  avait  déjà  établi  une  Commission 
chargée  des  travaux  préliminaires. 

Urbain  VII,  premier  successeur  de  Sixte,  ne  régna  que  treize 
jours  et  ne  put,  par  conséquent,  s'occuper  de  la  correction  du 
Bréviaire. 

Mais  Grégoire  XIV,  qui,  il  est  vrai,  ne  fut  que  dix  mois  sur  le 
siège  de  Pierre  (fin  1590  à  automne  de  1591),  reprit  l'œuvre 
entamée  et  résolut  de  mener  à  bonne  fin  la  revision  ou  la 
réforme  du  Bréviaire  arrêtée  de  longue  date.  Le  codex  6097 
de  la  Vaticane  (fol.  127  sq.)  renferme  les  actes,  malheureuse- 
ment incomplets,  de  la  Congrégation  formée  dans  ce  but  par 


CHAPITRE  VII  257 

Grégoire ,  et  qui  se  composait  des  mêmes  membres  que  la  Six- 
tine'.  Les  sessions  furent  inaugurées  le  25  avril  1591,  dans  le 
palais  du  cardinal  Gesualdo,  et  se  tinrent  régulièrement,  à  des 
intervalles  plus  ou  moins  rapprochés,  durant  les  mois  de  mai, 
juin  et  juillet.  Comme  le  codex  a  une  lacune  après  le  rapport 
sur  la  session  du  17  juillet,  et  qu'il  y  manque  plusieurs  feuillets, 
on  ne  peut  savoir  jusqu'à  quelle  époque  durèrent  les  travaux. 

Ces  actes  paraissent  être  demeurés  inconnus  ;  comme  ils  sont 
importants  à  connaître  pour  l'histoire  du  Bréviaire ,  nous  pen- 
sons que  les  liturgistes  nous  sauront  gré  de  les  leur  communi- 
quer en  note,  à  la  fin  du  chapitre  (note  II). 

La  mort  de  Grégoire  XIV  suspendit  les  travaux  de  la  Congré- 
gation durant  quelques  mois,  et,  comme  Innocent  IX,  son  suc- 
cesseur, ne  régna  que  deux  mois  (•]-  30  décembre  1591),  l'œuvre 
ne  put  reprendre  une  allure  rapide  que  sous  Clément  VIII 
(1592-1605),  qui  réorganisa  la  Commission. 


NOTE  I 
Correction  de  la  Vulgate. 


Le  travail  entrepris  de  nouveau,  sur  l'ordre  de  Sixte-Quint,  d'une 
édition  corrigée  du  texte  de  la  Vulgate  est  d'une  particulière  impor- 
tance pour  le  Bréviaire.  Le  saint  concile  de  Trente  dans  son  décret  : 
De  canonicis  scripturis ,  avait  déclaré  authentique  la  Vulgata  editio 
latina;  mais  il  avait  en  même  temps  ajouté  que  le  désir  des  Pères 
était  de  voir  entreprendre  une  édition  qui,  par  la  pureté  du  texte, 
fût  supérieure  à  toutes  celles  qu'on  possédait  alors,  et  qu'on  pour- 
rait déclarer  authentique ,  en  un  mot ,  l'édition  la  plus  correcte  pos- 


1  Après  que  j'avais  déjà,  en  1890,  fait  des  extraits  de  ce  cod.  Vatic.  6097 
pour  mes  travaux,  M.  le  D""  Ludwig-  Schmitz,  qui,  à  ma  demande,  exa- 
mina encore  une  fois  le  codex  en  avril  1893,  m'avertit  très  aimablement 
que  les  lacunes  de  mes  copies  ne  pouvaient  être  comblées  par  le  codex, 
puisque  ce  dernier  est  formé  de  fragments  réunis  ensemble  sous  Urbain  VIII. 
Fol.  c  on  lit  :  Hune  libellum  ex  foliis  volantihus ,  hahitis  ex  hereditate 
loannis  Baptistœ  Bandini,  canonici  S.  Pétri  et  olim  correctoris  biblio- 
thecœ  Vaticanœ  et  secretarii  Congregationis  super  reformatione  Breviarii 
sah  Clémente  VIII,  collegi  ego  Félix  Contelorius,  eiusdem  bihliolhecse 
custos  anno  I6-2S. 

Brév.,  t.  II.  17 


258  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

sible,  quam  emendatissima  impressio^.  Aussitôt  après  la  quatrième 
session  du  concile  on  établit  à  Trente  une  Commission  de  savants 
pour  la  revision  de  la  Vulgate;  elle  se  mit  à  l'œuvre  avec  ardeur 
(1546).  Toutefois,  ainsi  que  le  remarque  Kaulen,  on  devait  peu 
attendre  de  ces  efforts,  parce  que,  si  à  Trente  on  ne  manquait  ni 
d'énergie  ni  de  science,  on  manquait  de  manuscrits  et  d'anciennes 
éditions  de  la  Vulgate.  Pendant  ce  temps  on  n'était  point  demeuré 
oisif  à  Rome,  et,  comme  les  travaux  qu'on  y  avait  entrepris  sur 
l'ordre  du  pape  avançaient  plus  rapidement,  Paul  III  y  fit  apporter 
les  matériaux  recueillis  par  la  Commission  de  Trente.  Le  futur  car- 
dinal Sirleto  était  le  membre  le  plus  actif  de  la  Commission  romaine. 
Celle-ci  pourtant  fît  peu  de  besogne  durant  les  années  qui  suivirent 
immédiatement.  Le  concile  de  Trente  avait  nettement  fait  entendre 
au  pape  qu'il  était  impossible  de  tout  embrasser  dans  ces  travaux  et 
en  même  temps  de  les  mener  à  bonne  fin  sans  retard. 

Le  concile  n'était  pas  encore  terminé  que  Pie  IV  s'occupait  déjà 
d'une  édition  authentique  de  la  Vulgate.  En  1560  il  nommait  une 
Commission  composée  des  cardinaux  Jean  Morone,  Jean -Bernardin 
Schotto,  Antoine  Amulius  et  Vitellus.  Le  protonotaire,  plus  tard  car- 
dinal Sirleto ,  prêtait  son  concours  d'érudit.  On  avait  déjà  fait  venir 
le  typographe  Paul  Manuce  pour  diriger  l'impression  ;  mais  la  Com- 
mission ne  jugea  pas  le  travail  suffisamment  mûr  et  prêt.  On  soumit 
encore  à  une  collation  minutieuse  le  codex  4216  de  la  bibliothèque 
vaticane  {Bihlia  monasterii  S.  Crucis  Fontis  Avellanse),  et  le  codex 
CaroUnus  de  l'abbaye  bénédictine  de  Saint- Paul -hors -les -Murs.  La 
Commission  se  maintint  sous  Pie  V  et  s'accrut  encore  de  divers 
membres  :  Sirleto  (qui  n'avait  pas  cessé  de  s'intéresser  à  la  question), 
maintenant  cardinal,  puis  les  cardinaux  Marc -Antoine  Colonna, 
Ludovic  Madrucci,  Antoine  Carafl'a  et  Jérôme  Souchier.  On  leur 
adjoignit  comme  consulteurs  :  Eustache  Locatelli,  dominicain,  plus 
tard  évêque  de  Reggio  ;  Thomas  Manriquez ,  dominicain ,  maître  du 
Sacré-Palais;  Magister  Paulinus,  dominicain;  Marianus  Victor,  plus 


1  Cf.  à  ce  sujet  et  pour  ce  qui  suit  Kaulen,  Geschichte  der  Vulgata, 
Mainz,  1868,  p.  415  sq.,  427  sq.  ;  Reusch,  Zur  Geschichte  der  Entstehuncf 
unserer  officiellen  Vulgata,  dans  le  Katholik,  Mainz,  1860,  p.  1  sq.  ; 
Rônsch,  Itala  und  Vulgata,  Leipzig,  1875,  3»  édit.;  Ungarelli,  Prolego- 
mena  ad  Vercellone  Variai  lectiones  Vulgatœ  latina:,  l.  i,  Romae,  1860; 
Vercellone,  Dissertazioni  accademiche ,  Romœ,  1864,  n.  m,  iv,  v  et  xiv, 
p.  57  :  Studj  fatti  in  Roma  e  mezzi  usati  per  correggere  la  Bihlia  Vol- 
gala;  enfin  aussi  G.  Schober,  Explanatio  critica  editionis  Breviarii  ro- 
mani, Ratisbonœ,  1891,  p.  51  sq.,  où  est  parfaitement  marquée  l'impor- 
tance de  la  revision  de  la  Vulgate  pour  l'histoire  et  le  texte  du  Bréviaire. 
[Mar  Lamy,  plusieurs  articles  du  Prêtre,  17  mai  1900  et  suivants.] 


CHAPITRE  VII  259 

tard  évêque  de  Reate;  puis  le  bénédictin  Eutibius  Cordes,  le  carme 
Jean  de  Rubeis,  le  jésuite  Emmanuel  Sa;  Antoine  Agelli,  plus  tard 
évêque  d'Acerno,  et  en  outre  un  cistercien  qui  n'est  pas  plus  expli- 
citement désigné,  un  second  jésuite  et  deux  prêtres  séculiers.  En 
vingt-six  sessions,  qui  se  tinrent  du  28  avril  au  7  décembre  1569,  on 
établit  le  texte  de  la  Genèse  et  de  TExode.  Dans  chaque  session  on 
discutait  les  variantes  de  trois  ou  quatre  chapitres  et  les  doutes  qui 
pouvaient  surgir  relativement  aux  diverses  leçons;  chaque  consulteur 
apportait  ses  raisons,  et  si  la  chose  paraissait  suffisamment  discutée, 
on  décidait  à  la  pluralité  des  voix  de  la  variante  à  adopter.  Les  tra- 
vaux étaient  lents  mais  sérieux  ;  ils  étaient  loin  encore  d'être  entiè- 
rement achevés,  lorsque  mourut  saint  Pie  V.  Manriquez  s'était  peu 
de  temps  auparavant  (avril  1571  )  adressé  à  Christophe  Plantin  et  à 
l'imprimeur  vénitien  Junte  ;  mais  on  dut  se  contenter  de  réimprimer 
la  Bible  de  Plantin  de  1569,  parce  que  l'œuvre  de  correction  ne 
devait  être  achevée  qu'à  une  époque  indéterminée.  Plantin  mit  à  la 
disposition  de  la  Commission  romaine  les  résultats  recueillis  pour 
lui  dans  les  manuscrits  par  la  Faculté  de  Louvain  et  Lucas  de 
Bruges,  et  de  là  sortit  la  célèbre  édition  des  Plantins  de  1573  ou 
15741. 

Sous  Grégoire  XIII  (1572-1585),  la  Commission  poursuivit  ses  tra- 
vaux avec  ardeur.  Mais  on  dut  les  abandonner  pour  quelque  temps , 
afin  de  se  consacrer  à  des  occupations  qui  paraissaient  plus  urgentes  : 
au  calendrier  Julien  et  au  Corpus  iuris  canonici.  Ce  ne  fut  pas  là  une 
circonstance  fâcheuse,  car  plus  les  travaux  durèrent  et  plus  on  se 
convainquit  de  la  difficulté  de  l'entreprise  ;  ce  qui  permit  d'en  étendre 
les  proportions.  C'est  ainsi  que  le  cardinal  Peretti  (le  futur  pape 
Sixte-Quint)  proposa  au  Saint- Père  de  donner  tout  d'abord  une  édi- 
tion critique  du  texte  grec  des  Septante,  laquelle  pourrait  comme 
base  sûre  rendre  de  réels  services  pour  la  revision  de  la  Vulgate. 
Grégoire  XIII  (en  1378)  adopta  cette  manière  de  voir  et  chargea  le 
cardinal  Caraffa  de  désigner  une  Commission  dans  ce  but.  Il  choisit 
les  mêmes  savants  qui  appartenaient  à  la  Commission  de  la  Vulgate, 
et  à  ceux  que  nous  avons  indiqués  plus  haut  vinrent  s'adjoindre  ou 
étaient  déjà  venus  s'adjoindre  :  le  cardinal  Lalius  Landus ,  le  cha- 
noine Fulvius  Orsini,le  célèbre  Bellarmin,  le  Français  Pierre  Morin, 
l'Espagnol  Valverde  et  l'Anglais  Wilhelm  Allen.  Toutefois  ce  travail 
ne  fut  achevé  que  deux  ans  après  la  mort  de  Grégoire  XIII  (1587), 


1  Elle  dépend  de  la  rccension  de  Henten  de  1547;  mais  elle  renferme 
de  nombreuses  notes  critiques  et  des  notes  marginales.  Cf.  de  Schrevel, 
Documents  relatifs  à  la  biographie  de  François  Lucas,  Bruges  (imprimé 
comme  manuscrit),  riche  recueil  de  lettres,  de  préfaces  et  de  dédicaces. 


260  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

et  jusque-là  les  travaux  pour  la  revision  de  la  Vulgate  n'avancèrent 
guère  *. 

Une  fois  l'édition  des  Septante  achevée,  la  Commission  (dès  lors 
appelée  Sixtine)  reprit  régulièrement  ses  sessions,  dans  le  palais  et 
sous  la  présidence  du  cardinal  CarafTa.  Les  couvents  et  les  églises 
de  Rome  (Saint -Paul,  les  oratoriens,  etc.)  durent  prêter  leurs  ma- 
nuscrits. Les  autres  couvents  d'Italie,  sur  l'ordre  du  pape,  envoyèrent 
aussi  leurs  codices  :  le  Mont-Cassin  en  envoya  vingt- quatre,  qui 
étaient  autant  de  variantes;  les  cisterciens  du  mont  Amiato  expé- 
dièrent le  codex  du  vu**  siècle,  Amialinus ,  de  l'abbé  Céolfrid;  les 
bénédictins  de  Florence  collationnèrent  douze  manuscrits  dans  les 
bibliothèques  de  Toscane.  On  fit  aussi  venir  de  France,  de  Belgique, 
d'Espagne  et  d'ailleurs  des  manuscrits  ou  des  variantes  résultant  de 
la  comparaison  très  attentive  des  meilleurs  codices  '.  Les  change- 
ments au  sujet  desquels  on  était  tombé  d'accord,  furent  écrits  en 
marge  d'un  exemplaire  de  l'édition  des  Plantins  de  1574,  et  le  texte 
corrigé  fut  présenté  au  pape  au  commencement  de  1589.  Sixte-Quint 
revit  encore  une  fois  le  tout  par  lui-même,  régla  d'une  façon  défini- 
tive les  passages  qui  étaient  restés  controversés,  mais  aussi  il 
changea  de  nouveau  quelques-unes  des  leçons  établies  auparavant, 
parce  qu'il  trouvait  mauvais  qu'en  de  si  nombreux  passages  on  eût 
laissé  de  côté  le  mot  à  mot  de  l'édition  de  Louvain- Anvers,  si  fort 
appréciée  par  lui.  Malgré  les  objections  de  Caraffa,  Sixte -Quint 
donna  au  typographe  du  Vatican,  Aide  Manuce,  pour  qu'il  l'imprimât, 
un  exemplaire  corrigé  par  lui.  L'augustin  Angelo  Rocca,  plus  tard 
évêque  de  Tagaste,  et  le  jésuite  François  Tolet,  plus  tard  cardinal, 
furent  chargés  de  surveiller  l'impression  et  la  correction;  cependant 
le  pape  voulut  encore  une  fois  revoir  lui-même  tous  les  feuillets 
d'épreuve.  Et  néanmoins  cette  sollicitude  n'empêcha  pas  qu'il  ne 
restât  plusieurs  fautes.  Sur  ces  entrefaites,  il  lança  la  bulle  JEternus 
ille,  datée  du  1er  mars  1589,  qui  exposait  le  but  et  l'histoire  de  la 
nouvelle  édition,  et  qui  montrait  l'importance  et  l'autorité  qu'il 
voulait  qu'on  y  attachât.  L'édition  était  entièrement  terminée  en 
juillet  1590;  elle  parut  en  trois  volumes  in-folio^.  Mais  Sixte-Quint 

'  Dans  le  cod.  Valic.  6236  se  trouvent  des  Expositiones  et  varias  lectio- 
nes  et  des  propositions  pour  la  correction  des  LXX  et  de  la  Vulgate,  de 
Lucas  de  Bruges. 

2  On  peut  voir  des  détails  dans  Kaulen,  p.  446  sq.,  sur  la  méthode  sui- 
vie pour  traiter  ces  questions ,  sur  les  points  de  vue  qui  font  décider  du 
choix  des  leçons ,  sur  le  recours  aux  passages  des  Pères.  Le  pape  lui- 
même  avait  donné  les  idées  directrices. 

'  Certains  ont  cru  à  tort  que  Sixte -Quint  avait  publié  deux  éditions 
différentes  de  la  Bible  latine.  Kaulen,  p.  448  sq.,  montre  d'où  vient 
l'erreur. 


à 


CHAPITRE  VII  261 

mourut  bientôt  après,  le  27  août  1590.  Les  membres  de  la  Commis- 
sion ,  dont  on  avait  fort  négligé  les  travaux  laborieux ,  étaient  à  bon 
droit  mécontents  du  texte  de  la  Bible  sixtine  et  des  erreurs  de  la 
préface.  Ils  se  donnèrent  toutes  les  peines  pour  sauvegarder  leur 
propre  honneur,  et  aussi  pour  remédier  aux  défauts  de  l'œuvre*. 
Grâce  à  Carafîa,  la  vente  de  la  Bible  fut  arrêtée,  et  en  décembre  1590, 
à  l'avènement  de  Grégoire  XIV  (  Urbain  VII  n'avait  régné  que  treize 
jours),  la  Commission  reprit  les  travaux  de  revision  et  de  «  super- 
revision  »  de  la  Bible  sixtine.  Lorsque  CarafTa  mourut  en  janvier  159i, 
Grégoire  sollicita  les  conseils  de  Bellarmin ,  qui  précisément  reve- 
nait de  France  '. 

Par  ses  soins,  une  nouvelle  Commission  récemment  formée  se 
réunit,  le  7  février  1591,  sous  la  présidence  et  dans  la  maison  du 
vieux  cardinal  Colonna.  Outre  ceux  que  nous  avons  déjà  nommés, 
prirent  part  aux  travaux  les  cardinaux  Valiere,  Ruvere,  Sarnane,  le 
jeune  Colonna  et  Frédéric  Borromée.  Parmi  les  consulteurs  se  trou- 
vaient révêque  Pierre  Ridolfi,  l'abbé  André  Salvener,  Henri  Graf, 
professeur  à  Louvain,  et  les  jésuites  déjà  nommés  :  Bellarmin  et 
Tolet,  le  théatin  Agelli  et  Landus,  Valverde,  Morin,  Rocca.  Durant 
l'été,  Colonna  transporta  la  Commission  dans  sa  villa  de  Zagarola , 
où  elle  put  travailler  sans  trouble.  Grégoire  XIV  mourut  le  15  oc- 
tobre 1591,  et  son  successeur.  Innocent  IX,  le  .30  décembre  de  la 
même  année;  on  put  espérer  que  les  travaux  prendraient  fin  sous 
Clément  VIII  (élu  le  30  janvier  1592).  Comme  la  méthode  observée 
jusque-là  paraissait  trop  lente  à  Clément  VIII,  il  chargea  de  toute 
l'affaire  les  cardinaux  Valiere  et  Frédéric  Borromée,  et  le  jésuite 
François  Tolet.  Ce  dernier  eut  la  besogne  principale;  il  parcourut  en 
sept  mois  toute  la  Bible  de  Sixte -Quint  et  la  collationna  avec  les 
plus  anciens  manuscrits  et  les  textes  originaux  de  la  polyglotte  de 
Ximenès.  Il  plaça  les  corrections  en  marge  du  texte;  et  le  tout  fut 
encore  revu  par  Rocca ,  évêque  de  Tagaste  et  sacristain  du  pape 
pour  Saint-Pierre,  et  par  les  cardinaux,  et  l'impression  fut  dirigée 
et  surveillée  chez  Aide  Manuce  le  jeune,  par  Tolet  et  Rocca.  La 
nouvelle  édition  parut,  semblable  extérieurement  à  l'édition  sixtine, 
en  un  format  in-folio,  à  la  fin  de  1592,  sous  le  titre  de  Biblia  sacra 
Vulgatse  editionis,  Sixti  V,  Ponti/icis  Max.,   iussu  recognita  et   edi- 


1  Cf.  à  ce  sujet  Kaulen,  p.  453  sq.,  qui  indique  les  données  permettant 
de  juger  ces  faits.  L'intervention  fautive  de  Sixte  y  est  très  bien  exposée. 
Kaulen  montre  qu'un  appel  à  l'infaillibilité  promise  au  successeur  de 
Pierre  dans  les  matières  de  foi  n'a  pas  sa  place  ici.  P.  459  sont  donnés  des 
exemples  des  fautes  commises. 

*  Le  rapport  de  Bellarmin  se  trouve  dans  Kaulen,  p.  461  sq. 


262  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

ta  '.  La  splendide  édition  renfermait,  hélas!  encore  plus  de  deux  cents 
fautes  d'impression  et  se  distinguait  par  là  de  la  sixtine  à  son  préju- 
dice. L'édition  in-4°,  de  1593,  sortie  des  presses  vaticanes  et  dirigée 
par  Aide  Manuce,  ne  corrigea  qu'une  partie  des  fautes  et  en  intro- 
duisit de  nouvelles,  si  bien  qu'elle  n'est  pas  plus  correcte  que  la 
première.  EnQn,  en  1598,  après  la  mort  d'Aide,  parut  dans  le  format 
petit  in-4°  une  édition  corrigée.  Elle  n'était  pas  entièrement  exempte 
de  fautes,  mais  elle  avait  à  la  fin  de  très  bons  Indices  correctorii, 
où  se  trouvaient  corrigées  non  seulement  les  fautes  d'imprimerie, 
mais  aussi  les  variantes*.  Ce  ne  furent  pas  les  typographes  qui,  de 
leur  propre  initiative,  dressèrent  cette  liste  des  fautes  d'impression, 
ils  obéirent  à  un  ordre  des  autorités  ecclésiastiques.  Le  texte  de 
l'édition  de  1598  ainsi  corrigé  forme  la  recension  du  texte  de  la  Vul- 
gate,  définitivement  arrêtée,  du  moins  par  l'Église.  Conformément 
à  la  bulle  de  Clément  VIII  de  1592,  imprimée  en  tête  du  livre,  les 
textes  liturgiques  et  les  éditions  de  la  Bible,  les  traités  théologiques 
et  les  discussions,  etc.,  etc.,  doivent  se  modeler  sur  elle  comme  sur 
un  type  officiel,  et  il  en  est  ainsi  aujourd'hui  encore.  En  conséquence, 
les  imprimeurs  sont  tenus  de  prendre  comme  type  des  nouvelles 
éditions  des  saintes  Écritures  l'édition  vaticane  de  1598. 


1  Le  nom  de  Clément  VIII  semble  n'avoir  été  ajouté  que  dans  l'édition 
de  1641  (Vercellone,  Var.  lect.,  p.  Lxxn,  n.  1). 

2  Par  exemple,  loquebar  in  au  lieu  de  de  teslimoniis  tuis  (ps.  cxvin,  46), 
et  sabler  au  lieu  de  super  querciim  (Gen.,  xxxv,  8).  [Le  premier  cor- 
rectorium  est  pour  l'édition  princeps  de  1592;  il  contient  soixante  et  une 
corrections ,  mais  il  y  a  beaucoup  plus  de  fautes  typographiques  que  cela. 
Vercellone,  dans  l'édition  qu'il  a  donnée  à  Home  en  1861,  en  compte 
environ  quatre  cents.  Le  second  correctorium  est  pour  l'édition  de  1593 
et  contient  qualre-vingt-une  coi-rections  ;  le  troisième  se  rapporte  à  l'édi- 
tion même  de  1598.  Les  corrections  de  la  première  édition  sont  de  Rocca, 
celles  de  la  seconde  et  sans  doute  aussi  de  la  troisième  sont  de  Tolet.  11 
est  cependant  resté,  malgré  tous  ces  soins,  dans  les  trois  éditions, 
quelques  coquilles  marquantes  (Mar  Lamy,  Le  Prêtre,  11«  année,  t.  xvi , 
n.  8,  21  juin  1900,  p.  234).] 


CHAPITRE  VII  263 

NOTE   II 

Actes  de  la  Commission  de  Grégoire  XIV. 

Cod.  Vaiic.  6097,  fol.  127-'147,  Acta  Congregationis  pro  purgando 
Breviario  sub  Gregorio  XIV  : 

SSmus  D.  N.  Gregorius  XIV  emendationem  Breviarii  romani, 
quam  Xystus  V,  eius  prœdecessor,  aggressus  fuerat  et  morte  prae- 
ventus  absolvere  nequiverat,  continuandam  esse  decrevit.  Cumque 
sciret  huic  tune  negotio  prsefectum  fuisse  Illmum  et  Revrn  cardi- 
nalem  Gesualdum,  iterum  eius  rei  curam  omnem  ei  demandavit 
suseque  intentionis  et  voluntatis  esse  declaravit,  ut  in  lectionibus 
Sanctorum  et  aliis  quibusque  rébus  ea  solum  mutentur,  quœ  nullo 
pacto  sustineri  possunt.  At  quae  satis  bene  digesta  noscuntur,  non 
ullerius  laborandum,  ut  ampliora  et  perfectiora  reddantur;  cum 
importunîe  novitatcs  hoc  prsesertim  tempore  nihil  expedire  nullam- 
que  prorsus  utilitatem  vel  commodum  Ecclesiee  Dei  afferre  posse 
videantur. 

Ad  eam  rem  iam  primum  delecti  fuerant  eruditi  aliquot  viri, 
sacrarum  rerum  periti  et  ecclesiasticis  ritibus  instructi,  ut  totum 
Breviarium  diligenter  examinarent,  et  quid  in  singulis  rébus  statuen- 
dum  videretur,  maturo  iudicio  consulerent.  Quorum  hsec  sunt 
nomina.  —  Malheureusement  il  y  a  ici  une  lacune  et  les  noms  ne 
sont  pas  donnés. 

Eos  igitur  D.  Cardinalis  ad  se  convocavit  die  25  Aprilis  1591  ac 
mandatum  et  voluntatem  Sanctissimi  illis  exposuit  ;  et  simul  inter- 
missum  opus  resumentes,  invocata  prius  de  more  Sancti  Spiritus 
gratia,  hœc  decreverunt. 

Primum,  ut  in  Coramunibus  Sanctorum  addantur  lectiones  in  II  et 
111  Noct.pro  sex  vel  septem  diebus,  ut  propriae  ecclesiœ  célébrantes 
festum  patroni  et  titularis  cum  octavis ,  si  non  habent  lectiones  pro- 
prias dp  gestis  illius  Sancti,  a  Sede  apostolica  approbatas,  possint 
légère  lectiones  de  Communi  in  singulis  diebus  octavse.  Item  ut 
diversse  annotationes  et  correctiones  hymnorum  a  multis  allatae 
transmittantur  per  manus  et  Domini  considèrent,  quse  recipi  debeant 
et  ad  Congregationem  référant. 

Item  commiserunt  mihi,  ut  cum  Rev.  D.  Vincentio,  clerico  regu- 
lari  S.  Silvestri,  rubricas  générales  Breviarii  et  propriis  locis  positas 
examinemus  ,  erroresque  in  iis  deprehensos  adnotemus;  modum  et 
rationem  excogitantes,  qua  contrariée  et  inter  se  pugnantes  conci- 


264  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

liari  ;  perplexae,  obscurse  et  ambiguse  planius  explicari  ;  imperfectse  et 
mutilse  suppleri  et  superfluse  resecari  possint;  ac  demum  illas  in 
meliorem  et  faciliorem  ordinem  redigere  atque  disponere  curemus. 
Quse  omnia  postea  Congregationi  discutienda  proponantur. 

Die  2  Maii. 

Domini  decreverunt  sumendum  esse  initium  a  principio  Sanctuarii 
et  iterum  conferenda,  quae  in  aliquibus  lectionibus  muta  ta  et  addita 
erant. 

In  1  lectione  sancti  Andrese  putaverunt  retinenda  esse  verba  illa 
natu  maior  Epiphanii  testimonio  innixi,  qui  id  expresse  adfirmat, 
Hœres,  51.  Et  scriptores  alii,  qui  contrarium  sentiunt,  omnes  illo 
sunt  posteriores. 

In  6  lectione  nomen  Consiantini  in  Conslanlii  mutarunt,  sequentes 
auctoritatem  Hieronymi  in  Chronico,  Nicephorum  lib.  X,  c.  xi, 
Theodor.  Lector.  lib.  II.  Collectan. ,  Adonem  Viennen.  Chron.  et 
Metaphr.  in  Actis  Artemii  die  23  Octobris.  Quamvis  idem  Hierony- 
mus  alibi  sub  Constantino  id  factum  dicat. 

Die  16  Maii. 

Iterum  perpendentes  historiam  S.  Andrese  et  diligentiori  studio 
nonnulla  discutientes  ad  tollendas  controversias,  tutius  esse  iudica- 
runt  debere  verba  illa  nala  maior,  cum  solius  Epiphanii  testimonio 
nitantur,  et  contrarium  asserunt  Chrysost.  in  Serm.  de  S.  Andréa 
apud  Metaphr.,  Beda  et  S.  Thom.  in  lo.  c.  i,  Gloss.  ord.  et 
interlin.  ibid.,  Euthym.  in  c.  x  Matth.  et  alii  recentiores,  et 
legendum  frater  Si/nonis  Pétri. 

In  6  lectione  verba  illa  quœ  omnia  presbyteri  et  diaconi  Achaise'et 
cet.  retinenda  esse  censuerunt,  cum  multum  faciant  ad  confirman- 
dam  eius  historige  certitudinem  ac  per  hoc  ad  laudem  et  gloriam 
S.  Andrese... 

In  eadem  lectione  de  Constantino  vel  Constanlio  re  diligentius 
examinata  sententiam  mutaverunt  et  ad  tollendas  omnes  difficultates 
decreverunt  utrumque  esse  delendum,  et  nomen  Constantini  et  Con- 
stantii.  Nam  Ilieronymus  in  Chron.  ossa  Andrese  et  Lucse  anno  xxiii 
Constantii  Constantinopolim  translata  esse  scribit  :  et  contra  Vigi- 
lantius  id  sub  Constantino  Magno  factum  refert;  itidemque  in  Catal. 
script,  eccl.  in  Luca  anno  xx  eiusdem  Constantini,  quod  tamen  non 
videtur  verum.  Apparet  enim  ex  eiusdem  Hieronymi  Chron.  ipsum 
Constantinum  anno  xxv  sui  imperii  ad  Byzantium  exornandum  se 
applicuisse,  quod    si    ita  est,   non   potuit  anno  xx   illuc   transferre 


CHAPITRE  yil  265 

Apostolorum  ossa.  Et  forse  librarii  erratum  est,  cum  prœsertim  in 
aliis  libris  legatur  Constantii,  quod  magis  conveniret  cum  eo,  quod 
scribit  in  Chron.  Quod  quidem  licet  verius  videatur  et  a  Nicephoro 
et  aliis  comprobetur,  tamen,  quia  Constantius  fuit  haereticus  et  ob  id 
non  meretur,  ut  honorifica  de  eo  fiât  mentio,  sicuti  esset  hoc  loco, 
si  diceretur  Constanlio  iniperatore  translata  esse  Andréa;  ossa,  quod 
ipso  (fol.  128)  auctore  factum  intellegeretur  :  idcirco  melius  visum 
est  utrumque  delere.  In  eadem  pro  Malphim  legatur  Amalphim;  sunt 
enim  diversœ  urbes. 

De  S,  Nicolao  episcopo  : 

In  4  lectione  in  principio  deleatur  verbum  stériles,  cum  non 
constet  parentes  eius  stériles  fuisse,  immo  potius  eos  divino  consilio 
hune  fîlium  suscepisse  nonnulli  asserunt  (suivent  les  passages  pro- 
bants de  Léon  Justinien  et  de  Méthodius).  Initium  ergo  lectionis  sic 
restituatur  :  A'icolaus  Patarse  in  Lycia  illusfri  loco  et  piis  parentibus 
natus  est. 

Et  paulo  post  deleatur  verbum  jiutricis,  cum  non  satis  constat 
materne  an  nutrix  lac  ei  dederit.  Méthodius  enim  scribit  lac  a  matre 
eum  suxisse  ,  Metaphr.  vero  a  nutrice. 

Et  similiter  deleatur  verbum  adolescens,  nam  ex  eodem  Meta- 
phraste  coUigitur  eum  iam  tum  fuisse  adultse  setatis ,  quando  paren- 
tibus est  orbatus;  immo  et  in  sacerdotem  ordinatum. 

In  lectione  5,  ubi  dicitur  qua  in  peregrinatione  naveni  conscen- 
dens,  legatur  :  dum  navi  veheretur.  Non  enim  preedixit  futuram  tem- 
pestatem,  antequam  navim  conscenderet,  sed  cum  iam  longe  dista- 
rent a  portu,  unde  sereno  cœlo  discesserant. 

Item,  quod  in  eadem  legitur,  Dei  adnioniiu  dicatur  Dei  voluntate. 
Nam  licet  de  cselo  admonitus  fuerit,  ut  solitudinem  desereret  atque 
ad  salutem  hominum  propagandam  se  conferret,  tamen  ex  Metaphr. 
habemus  illum,  cum  Myram  venit,  nescisse,  quo  iret. 

Ibidem  Myreani  legendum  Myram  et  sic  semper.  Ita  enim  habent 
Strabo  et  Ptolomœus. 

Paulo  post,  ubi  legitur  :  Itaque  in  ea  deliberatione  divinitus  admo- 
niti  sunt,  ut  eum  eligerent ,  qui  Nicolaus  nomine  posfridie  mane 
primus  in  ecclesiani  ingrederelur,  sic  restituatur  :  qui  postridie  mane 
primus  in  ecclesiani  ingrederelur,  ei  autem  Nicolao  nomen  esse.  Sic 
enim  habent  vitse  illius  scriptores. 

Die  30  Maii  et  6  et  21  Junii. 

In  4  lectione  S.  Nicolai,  cum  scriptores  vitse  illius  non  dicant 
expressis  verbis  (fol.  128^),  quod  eam  consuetudinem  ieiunandi  4  et  6 


266  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

feria,  quam  infans  divino  quodam  miraculo  sibi  imposuerat,  in  reli- 
qua  deinde  vita  tenuerit ,  Domini  censuerunt  eam  sententiam  ita 
moderandam  esse,  ut  post  verba  illa  quam  ieiunii  consuetudinem 
addantur  :  inter  ceteras  abstinentiœ  exercitationes ,  et  sequitur  :  in 
reliqua  vita  semper  tenuit  [suivent  les  raisons]. 

In  lectione  b  addi  voluerunt  miraculum  suscitati  nautse  eodem 
tempore ,  quo  tempestatem  maris  sedavit.  Est  enim  magis  insigne  et 
admirandum  suscitare  mortuum  quam  tumentes  fluctus  componere. 
Adde  quod,  si  id  preetermittatur,  poterit  quis  suspicari,  an  verum 
sit,  cum  ita  coniunctum  sit  in  eadem  facti  narratione,  ut  alterum  ab 
altero  disiungi  non  posse  videatur,  nisi  de  eius  veritate  dubitetur. 
Post  illud  igiiuv  mirabilifei^  sedavit  addatur  :  tum  nautam  ex  antemna 
collapsum  atque  examinatuin  ad  vitam  revocavit.  Unde  cum  do- 
mum ,   elc. 

In  6  lectione  licet  in  rébus,  quse  describuntur,  non  servetur  ordo 
et  séries  temporum ,  quibus  gesta  sunt;  tamen  Domini  dixerunt  de 
hoc  niliil  curandum  nec  propterea  aliquid  mutandum.  Nam  lectiones 
sanctorum  in  Breviario  non  ponuntur  ut  intégra  historia  actionum 
alicuius  sancti,  sed  sunt  veluti  encomium  quoddam,  in  quo  tanguntur 
ea  solum,  quse  digniora  videntur  et  quee  magis  ad  sedificationem  et 
instructionem  legentium  conférant;  eaque  eo  ordine,  qui  breviorem 
et  faciliorem  narra tionem  reddat  ac  res  eiusdem  generis  simul 
iungat;  sicuti  est  hoc  loco,  ubi,  cum  paucis  verbis  dicatur  Nicolaum 
omni  cura  sublevasse  viduas  et  orplianos,  subiungit  tamquam  rem 
eiusdem  argumenti,  quod  sublevavit  etiam  très  tribunos  per  calum- 
niam  condeninatos. 

Quod  autem  hi  très  tribuni  ab  aliis  dicantur  Constantini  legali, 
Domini  responderunt  utrumque  verum  esse  ;  nam  et  erant  tribuni 
militum  (Method.  principes  militiae  eos  appellat)  et  a  Constantino 
missi  fuerunt  legali  ad  componendos  tumullus  eo  tempore  in  Phrygia 
exortos. 

De  eius  morte,  quamvis  ex  Metaphraste  et  Methodio  non  habeantur 
expressa  omnia,  quse  hic  dicuntur,  tamen,  cum  iidem  hscc  ipsa  ita 
innuere  videantur,  ut  ex  eorum  verbis  facile  elici  possint...  visum 
est  Congregationi  ea  retineri  debere,  cum  etiam  pietati  ac  devotioni 
maxime  faveant,  hac  tamen  moderatione  adhibita,  ut  sic  legatur  : 
Inde  reversusad  episcopatum,  plenus  dierum,  honorum,  instante 
iam  nocte  (fol.  129),  suspiciens  in  ceelum,  cum  angelos  sibi  occur- 
rentes  intueretur,  illo  psalmo  pronuntiato  :  In  te,  Domine,  spe- 
ravi,  etc.,  in  cselestem  patriam  migravil,  cuius  corpus  Barium  in 
Apuliam  translatum  magna  fidelium  frequentia  celebratur.  Omittilur 
autem  dics  et  annus  mortis  eius,  quia  de  utroque  nihil  certum  habe- 


CHAPITRE  VU  267 

mus.  De  anno  nihil  prorsus  affirmari  potest,de  die  reperitur,  quod 
IV  Id.  Décembres  facta  fuit  sollemnis  dedicatio  templi  cuiusdam  in 
eius  honorem,  ob  quam  postea  introducta  fuit  eodem  die  memoria 
anniversaria  eius  depositionis,  quam  tamen  hac  die  contigisse  nuUibi 
legitur.  Eorum  loco  substituta  est  mentio  de  translatione  corporis 
eius  Barium  in  Apulia,  quo  loco  summa  celebritate  asservatur  in 
Basilica  magnificentissime  exstructa,  qufe  quotidie  ab  ingenti  multi- 
tudine  peregrinorum  frequentatur. 

De  nomine  Constantini  vel  Constanlii  in  6  leclione  S.  Andrese  iam 
iterum  et  tertio  disceptatum  fuit.  Et  licet  alias  aliud  resolutum  fuerit, 
tamen,  cum  D.  Cardinalis  consuluerit  super  hoc  S.  D.  N,,  isque  sibi 
placera  dixerit,  ut  Constantini  nonien  retineretur,  Domini  tamquam 
obedientise  filii  voluntati  pontificis  adhérentes,  libenter  in  eamdem 
sententiam  venerunt,  ut  hoc  loco  et  in  61ectione  S.  Lucse  die  18  Oct. 
retineatur  nonien  Constantini  {suivent  les  raisons). 

Die  4  lulli. 

Examinatae  sunt  lectiones  S.  Ambrosii  et  in  iis  haec  pauca  mutave- 
runt  :  in  4  lect.,  ibi  de  repente  puero  Ambrosium  episcopuin  excla- 
mante, legatur  :  infante  ex  Paulino  in  vita  Ambrosii. 

In  6  lectione  in  principio  de  legatione  ad  Maximum  addatur  fVeru/n 
ex  Ep.  56  ipsius  Ambrosii,  et  locus  ita  legatur  :  Ad  Maximum,  eius 
interfeclorem ,  iterum  legatus  profectus  est  eumque  (fol.  129^)  a  com- 
munionis  consortio  segregavit  admonens,  ut  effusi  sanguinis  domini 
sui  ageret  pœnitentiam ,  ut  sic  eiusdem  Paulinii  verba  quam  fieri 
potest  retineantur. 

In  fine  deleantur  verba  illa  de  anno  mortis  Ambrosii,  quee  errorem 
continent.  Et  quamvis  satis  certum  sit  eum  obiisse  anno  cccxcvii 
sive  cccxcviii ,  tamen ,  cum  hoc  parum  référât ,  si  ponatur  vel  non , 
melius  visum  est,  ut  tollatur,  cum  prsesertim  in  plerisque  aliis  san- 
ctorum  lectionibus  non  possit  apponi,  quo  anno  in  cœlum  migrave- 
rint,  vel  quia  prorsus  ignoretur,  vel  quia  valde  ambiguum  sit  apud 
scriptores. 

Die  701  (?)  Iulii. 

In  S.  Melchiade  Papa  censuerunt  retinendum  esse  nomen  martyris 
(licet  ipse  obierit  tempore  Constantini,  qui  christianis  etiam  fovebat, 
antequam  esset  baptizatus),  in  hoc  sequentes  antiquissimam  Ecclesiae 
traditionem,  quae  in  omnibus  vetustis  Breviariis,  Missalibus  et  Mar- 
tyrologiis  habetur;  et  quia  ipse  (ut  testatur  Eusebius  et  Damasus) 
obiit  sub  Maxentio,  qui  Romse  tyrannidem  exercebat,  cumin  Galliis 


268  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

adhuc  degeret  Constantinus ,  quo  tempore  non  inverisimile  est  eum 
passum  fuisse,  quamvis  de  hoc  nullum  expressum  testimonium 
habemus,  vel  quia  saltem  multa  passus  legitur  in  praecedentibus  per- 
secutionibus. 

In  4  lectione  S.  Damasi  retineatur,  quod  ipse  indixerit  et  con- 
fîrmaverit  concilium  Constantinop.  atque  id  prsecipue  auctoritate 
vetustorum  codd.  Bas.  S.  Pétri  et  S.  Mariœ  Maioris  et  S.  Mariée  de 
Oratorio,  qui  olim  fuerat  Ach.  Statii  :  in  quibus  expresse  habetur 
eius  prœcepto  et  auctoritate  illud  fuisse  celebratum.  Quamvis  etiam 
non  desint  alise  probationes.  Et  similiter  retineatur,  quod  idem  con- 
demnaverit  Ariminense  concilium  his  verbis  additis ,  ut  sic  legatur  : 
Idem  Ariminensein  conventum,  iam  antea  ab  apostolica  Sede  reieclum, 
rursus  condemnavil. 

In  6  lectione.  Pœnam  talionis  delendam  censuerunt,  cum  res 
ambigua  sit  et  nitatur  fundamento  suspecte,  nempe  epist.  illa  nomine 
Damasi  ad  episcopos  africanos,  et  a  nullo  vetere  scriptore  compro- 
betur  nec  de  ea  exstet  antiqua  traditio  et  solum  in  hoc  ultimo  Bre- 
viario  romano  posita  sit  :  ac  prœterea  Julius  Papa  ante  eum  idem 
decreverit. 

Et  deleri  similiter  voluerunt,  quod  ipse  instituerit,  ut  psalmi  ab 
alternis  canerentur  ;  et  confessio  missee  exordium  esset,  qua  hsec 
apud  veteres  auctores  non  reperiuntur.  Solus  Martinus  Polonus  a 
Damaso  institutum  esse  dicit,  ut  chori  in  duas  partes  divisi  alterna- 
tim  cantarent.  Quod  Sigebertus  a  Flaviano  et  Diodoro  in  ecclesia 
Antiochena  (il  manque  évidemment  une  feuille). 

Fol.  130.  Dom.  in  Quinquages.  lect,  5  :  ita  etiam  proponenda 
mérita,  Ambrosius  hahet  prœmia. 

Ultima  pars  eiusdem  lectionis  coniungendaest  cum  initio  sequentis 
hoc  modo  :  Hoc  autem,  quod  pro  magna  inter  septem  sapientum  dicta 
celehratur  :  Sequere  Deum,  perfecit  Abraham;  factoque  prœvenit 
dicta  sapientum  et  secutus  Deum  exivit  de  terra  sua.  Sic  est  apud 
Ambrosium ,  nec  video  cur  hœc  disiuncta  sint.  Lectio  6  incipiet  : 
Sed  quia  antea,  etc. 

Jusqu'au  fol.  134  inclusiv.  suivent  de  petites  corrections  analogues 
ou  des  projets  de  corrections. 

Fol,  135.  A  la  Messe,  le  chœur  ne  chantera  que  trois  fois  VAgnus 
Dei,  et  cela  avant  la  Communion. 

Fol.  136.  Supplique  au  pape,  ainsi  conçue  : 

«  In  festo  Cathedrae  S.  Pétri  legitur  collecta  hsec  :  Deus ,  qui  B. 
Petro  Apostolo  tuo  collatis  clavibus  regni  caelestis  animas  ligandi 
atque  solvendi  pontificium  tradidisti,  etc.  Dans  tous  les  vieux  livres 
et  manuscrits,  le  mot  animas  manque,  seul  «  unus  S.  Gregorii  sacra- 


CHAPITRE  VII  269 

mentorum  liber  antiquus  bibliothecœ  Vaticanae  »  l'a  :  «  Quare  ill""' 
Domini  Gardd.  Congregationis  Breviarii  magis  probarent,  ut  vox  illa 
omitteretur,  si  id  S*'  Vestrse  placeret,  cuius  iudicio  et  arbitrio  ut  alia 
omnia  hoc  etiam  decernendum  subiciunt.  » 

Fol.  137-138.  De  festo  et  officio  S.  loachim ,  parentis  B"^  Virginis 
genitr.  Dei  Mariae,  in  calendarium  romanum  reponendo. 

Fol.  139-145.  Qusedam  maiore  consideratione  digna  in  Breviario 
reformate,  prœsertim  in  lectionibus  Sanctorum. 

Fol.  146-147.  Notata  in  rom.  Breviario  novissimse  editionis  Fr.  Thom. 
Maliensa,  O.  P.  (note  une  foule  de  contradictions  du  Bréviaire  avec  les 
Annales  ecclesiastici). 


CHAPITRE    VIII 

CORRECTION  ET  ENRICHISSEMENT 

DU  RRÉVIAIRE  ROMAIN  SOUS  CLÉMENT  VIII 

(1592-1605) 


Commission  de  Clément  VIII.  —  Le  cardinal  Hippolyte 
Aldobrandini  s'était  depuis  longtemps  déjà  signalé  par  son  zèle 
pour  la  restauration  des  affaires  de  l'Eglise.  Une  fois  monté  sur 
le  siège  de  Pierre,  il  poursuivit  avec  succès  et  honneur,  durant 
les  treize  ans  de  son  pontificat,  l'œuvre  de  la  réforme  liturgique. 
Il  s'obtint  des  titres  à  la  reconnaissance  en  faisant  paraître  les 
éditions  authentiques  de  la  Vulgate  (1592,  1593,  1598),  du 
Martyrologe  (1598),  du  Pontifical  (1596),  du  Cérémonial  des 
évêques  (1600)  et  du  Missel  romain  (1604)  ;  il  s'illustra  en  fai- 
sant achever  la  revision  du  Bréviaire  commencée  depuis 
quatre  ans  et  en  en  publiant  une  nouvelle  édition  authentique 
et  corrigée.  Il  donnait  en  même  temps  le  chapeau  de  cardinal 
aux  savants  Tolet  (bien  qu'il  ne  fît  pas  partie  de  la  Commis- 
sion du  Bréviaire),  Baronius,  Bellarmin,  Silvio  Antoniano ,  Ga- 
vanti,  barnabite  ou  clerc  régulier  de  Saint -Paul  de  Milan,  ses 
principaux  collaborateurs.  La  Commission  du  Bréviaire  instituée 
par  Clément  VIII  comprenait,  outre  ceux  que  nous  avons  nom- 
més, les  membres  suivants  :  Ludovicus  Turrianus  (de  Torres), 
archevêque  de  Montréal  (Montis  recfalis),  plus  tard  cardinal; 
Jean-Baptiste  Bandini,  chanoine  de  Saint-Pierre,  qui  remplit  les 
fonctions  de  secrétaire  ;  Michel  Ghisleri,  Ihéatin^ 


*  On  ne  pouvait  sans  doute  réunir  des  noms  plus  imposants  et  mettre 
les  rites  sacrés  sous  la  sauvegarde  d'hommes  plus  recommandables  par 
leur  science  et  leur  piété  (D.  Guéranger,  Inst.  litarg.,  \^^  édit.,  t.  i, 
p.  488  ).  Les  actes  et  les  travaux  de  la  Commission  sont  traités  avec  le 
plus  grand  détail;  presque  chaque  mot  des  décisions,  des  résolutions,  des 
motions ,  et  en  particulier  celles  de  Baronius  ,  est  discuté  par  le  D''  Anton 
Bergel ,  dans  la  Zeilschrift  fur  kathol.  Théologie ,  Innsbruck  ,  1884  ,  t.  vni  : 
Die  Emendation  des  rômi.scheii  Breviers  unter  Clemens  VIII,  en  particu- 


CHAPITRE  VIII  271 

La  tâche  de  la  Commission  consistait,  et  à  rédiger  des  rap- 
ports critiques  relativement  à  la  revision  du  Bréviaire  mise 
en  projet  cinq  ans  auparavant  et  déjà  entreprise  par  deux  ou 
trois  papes  ,  et  à  examiner,  au  point  de  vue  de  leur  valeur 
et  du  parti  qu'on  en  pourrait  tirer,  les  remarques  et  les  avis 
formulés  au  dehors,  à  émettre  des  propositions  qui  seraient  sou- 
mises au  Saint-Père.  Les  Adnotationes  ou  reiuarques,  provenant 
de  la  Sorbonne ,  des  savants  d'Allemagne ,  de  Pologne ,  de  Savoie , 
de  Naples,  de  Venise,  d'Espagne  (parmi  ceux  de  ce  dernier 
pays  la  Faculté  de  Salamanque,  représentée  par  Léo  Castrius), 
d'Italie,  tels  que  Gurtius  Franco,  Silvio  Antoniano  [Anim- 
adversiones  in  hymnos),  Julius  Cardulus,  Marcellus  Franco- 
lini,  Franciscus  Bordini,  Giacomo,  Spina  et  Gaétan  et  le  Ihéa- 
tin  Antonio,  enfin  Baronius  et  Bellarmin,  furent  soumises  au 
cardinal  Baronius  et  à  Marcellus  Francolini ,  son  collaborateur. 
Ges  deux  savants  devaient  en  composer  un  compte  rendu  pour 
les  séances  de  la  Gongrégation  et  de  la  Gommission  [accio  veda- 
no...  e  lo  referiscano  poi  in  Congregatione).  Le  texte  de  ce 
compte  rendu  écrit  par  Baronius,  et  qui  fut  lu  dans  la  séance  de 
la  Gommission  du  10  septembre  1592,  a  été  publié  il  y  a 
quelques  années^ 

Dessein  de  Baronius.  • —  Dans  ce  rapport,  Baronius  dit  qu'il  a 
examiné  toutes  les  remarques ,  les  avis  et  les  critiques  et  qu'en 
conséquence  il  a  changé  dans  le  Bréviaire  tout  ce  qui  ne  pouvait 
pas  se  justifier.  Il  propose  d'autres  modifications  et  remarque 
simplement  qu'il  n'a  guère  ajouté  au  texte,  il  s'est  plutôt,  dit-il, 
appliqué  à  biffer  ce  qui  était  de  mauvais  goût.  Toutefois,  comme 
son  travail  doit  subir  la  censure  et  que  l'affaire  court  risque 
d'être  traînée  en  longueur  à  cause  de  la  multitude  des  censeurs, 
il  propose  à  Sa  Sainteté  de  désigner  un  des  cardinaux  de  la  Gon- 
grégation des  Rites  qui,  avec  le  concours  de  deux  ou  trois 
savants  et  en  quelques  jours  d'un  travail  assidu,  pourra  exami- 
ner la  question  et  la  mettre  en  état  d'être  jugée.   «  En  effet, 

lier  de  la  p.  293  à  343.  Malheureusement  Bergel  n'a  pas  vu  que  les  avis 
venus  de  l'étranger  sont  datés  de  1580  et  sq.,  et  que  la  Commission  de 
Clément  n'a  fait  que  continuer  les  travaux  de  Sixte -Quint  et  de  Gré- 
goire XIV.  Aux  sources  utilisées  et  indiquées  par  Berg-el  (  codices  de  la 
Vallicellana ) ,  on  peut  ajouter  les  codd.  Vatic.  6096  et  6097,  et  les  codd. 
Vatic.  6336,  62A2  (qui  contient  les  travaux  de  Bandini),  630S  et  6957. 
'  Par  Bergel,  op.  cit.,  p.  295. 


272  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

poursuit-il,  j'ai  joint  partout  les  raisons  des  changements  que  je 
propose,  et  je  me  tiendrai  prêt  à  donner  moi-même  les  explica- 
tions nécessaires  pour  les  cas  contestés.  » 

Tout  le  projet  pourrait  être  ensuite,  selon  lui,  présenté  à  la 
Congrégation  des  Rites,  et,  lorsque  celle-ci  aurait  porté  son 
jugement,  le  Saint-Père  donnerait  la  décision  définitive.  Pour 
rendre  possibles  les  améliorations  ordonnées  par  Sa  Sainteté, 
ridée  fut  émise  d'imprimer  un  petit  livre  qui  contiendrait  les 
offices  nouveaux,  composés  ou  approuvés  par  Sixte-Quint,  les 
leçons  pour  les  octaves  des  fêtes  de  saints  [de  communi ,  octa- 
varum),  enfin  toutes  les  corrections  du  Bréviaire  avec  un  court 
index  qui  serait  une  table  des  Errata  ou  des  Corrigenda.  De  la 
sorte  chacun  pourrait  corriger  soi-même  dans  son  Bréviaire  les 
passages  en  question,  et  les  prêtres  pauvres  ne  seraient  pas  obli- 
gés de  se  procurer  à  nouveaux  frais  le  Bréviaire  entier. 

Baronius  approuve  ce  dernier  projet,  mais  seulement  pour  les 
offices  récents  de  la  Conception,  de  la  Visitation  et  de  la  Pré- 
sentation non  encore  imprimés  et  pour  l'Octavaire.  Mais  il  ne 
trouve  pas  la  proposition  acceptable  en  ce  qui  concerne  le  Cor- 
reclorium.  Ce  serait  étaler  aux  yeux  de  tous,  et  particulièrement 
aux  yeux  des  ennemis  de  l'Eglise,  les  erreurs  et  les  défauts 
qu'on  avait  laissés  si  longtemps  dans  le  Bréviaire,  ce  qui  ne 
manquerait  pas  de  causer  un  scandale  et  d'attirer  le  blâme  sur 
les  auteurs  du  nouveau  Bréviaire.  Il  pense  qu'il  est  préférable 
de  préparer  une  nouvelle  édition  qui  contiendrait  toutes  les 
améliorations  et  tous  les  changements  approuvés.  On  ne  con- 
traindrait pourtant  personne  à  acheter  tout  de  suite  ce  Bré- 
viaire, pour  ne  pas  imposer  une  nouvelle  charge  aux  prêtres 
pauvres  et  aux  religieux.  L'achat  en  serait  laissé  libre  pour  cha- 
cun ;  mais  lorsqu'on  achèterait  un  nouveau  Bréviaire,  on  serait 
tenu  de  se  procurer  le  texte  corrigé.  De  cette  façon,  on  attein- 
drait le  but  visé  en  quelques  années,  sans  bruit  et  sans  éclat.  Il 
vaut  mieux,  en  effet,  supporter  quelque  temps  encore  des 
eri'eurs  et  des  imperfections  que  d'exposer  aux  risques  d'un 
blâme  la  mémoire  des  prédécesseurs ,  notamment  celle  du  pape 
Pie  V,  le  primarius  auctor  novi  Breviarii. 

Sa  Sainteté  pourrait  faire  précéder  la  nouvelle  édition  du  Bré- 
viaire d'une  bulle,  dans  laquelle  seraient  exposées  les  raisons 
des  corrections  et  de  la  nouvelle  édition.  Parmi  ces  raisons  trois 


CHAPITRE  VllI  273 

sont  particulièrement  à  noter  :  a)  Il  y  a  de  nouveaux  offices  qui 
ne  sont  pas  encore  à  leur  place  ;  P)  Il  faut  des  octaves  de  saints 
pour  ceux  qui  doivent  célébrer  les  octaves  de  leurs  patrons; 
y)  quorumdam  temeritas ,  qui  propria  auctoritate  in  Brevia- 
rium  inseraerant  nonnulla  falsa  vel  incerta,  ut  perspicuum  est 
ex  lectionibus  de  S.  Alexio  et  aliis,  qua  occasione  correcfa  sujit 
et  alia  quxdam,  quse  vel  typographorum  vel  aliorum  (1)  negle- 
gentia  irrepserant^. 

Questions  préalables.  —  Quelques  questions  préalables  furent  ré- 
solues dans  la  session  du  10  septembre  1 592,  dont  nous  avons  parlé. 
La  suppression  de  Toffice  des  vig-iles  de  plusieurs  fêtes  princi- 
pales établi  par  Pie  V  et  des  offices  de  la  Dédicace  des  basiliques 
(9  et  18  novembre)  fut  mise  en  question;  on  se  décida  pour  leur 
maintien,  mais  on  reverrait  et  au  besoin  on  corrigerait  les  leçons 
et  oraisons  des  derniers.  On  trancha  par  la  nég-ative  la  question 
de  savoir  si  les  nouveaux  offices  doubles  et  l'office  du  dimanche 
ne  pourraient  être  abrégés  :  nihil  breviandum  '  les  leçons  des 
fêtes  en  question  seraient  simplement  soumises  à  la  revi- 
sion et  à  des  corrections  éventuelles.  Les  consulteurs  avaient 
ensuite  proposé  Tintroduction  d'un  Octavaire  ou  recueil  de 
leçons  pour  les  octaves  des  saints  ;  les  cardinaux  avaient  donné 
leur  avis  et  croyaient  que  l'office  du  Commun,  tel  qu'il  était 
jusque-là  au  Bréviaire,  pouvait  suffire.  Le  pape  se  prononça 
pour  la  première  opinion-. 

Dans  le  cours  des  sessions  et  des  travaux,  on  demeura  d'ac- 
cord sur  ce  point  que  l'on  ferait  le  moins  de  changements  pos- 
sible [ut  quant  minima  mutatio  fieret).  Pour  les  hymnes 
qui,  pour  le  goût  du  temps,  renfermaient  beaucoup  d'incorrec- 
tions au  point  de  vue  du  mètre  [scalent  errorihus  syllabarum) 
et  pour  lesquelles  le  cardinal  Silvio  Antoniano  avait  proposé 
une  foule  de  corrections,  on  se  borna  à  quelques  légers  change- 
ments^; mais  on  ajouta  deux  nouvelles  hymnes  :  Fortem  virili 


1  Bergel,  op.  cit.,  p.  296. 

2  Et  sanctissimus  Dominus  noster  iussit  omnino  conficere  lectiones , 
quitus  confectis  dixit  se  ilLis  telle  videre  ac  maturius  deliherare  (Bergel, 
op.  cit.,  p.  300). 

3  Quœ  videbanlur  errata  librariorum,  vel  quse  poterant  unius  litterse 
vel  syllabae  mutatione  restitui,  ac  praesertini  in  hymnis  Ainbrosii  et  Pru- 
dentii,  quos  non  est  credibile  cum  erroribus  ab  initia  fuisse  compositos 
(Vallicell.,  cod.   G.   83,  fol.   110    sq.   Berg-el,  op.   cit.,  p.  297).  Ce  ne  fut 

Brév.,  t.  II.  18 


274  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

pectore,  de  Silvio  Antoniano,  pour  l'office  des  saintes  Femmes 
nouvellement  formé,  et  :  Pater  superni  luminis ,  du  cardinal 
Bellarmin,  pour  la  fête  de  sainte  Marie-Magdeleine.  On  corrigea 
davantage  les  leçons  ;  dans  les  antiennes,  répons  et  autres  petites 
pièces,  on  crut  ne  devoir  modifier  que  quelques  points  quse  sine 
offensione  tolerari  non  poterant.  (Voir  la  note  :  Correction  des 
leçons,  à  la  fin  du  chapitre.) 

Bien  que  tous  les  points  qui  eussent  eu  besoin  de  réforme 
n'aient  pas  été  corrigés ,  on  n'en  doit  pas  moins  savoir  gré  à 
Baronius  de  ses  efforts.  L'exemple  qu'il  donna  fit  formuler 
un  principe  d'une  grande  importance ,  à  savoir  que  le  Bréviaire 
romain  est  perfectible.  Et  c'est  ce  qui  fait  que  Clément  VIII, 
dans  sa  bulle  Cum  in  Ecclesia  du  10  mai  1602,  n'emploie  plus 
les  expressions  strictement  prohibitives  de  la  bulle  Quod  a  nobis 
de  1568.  Dans  la  suite,  les  papes  Urbain  VIII,  Benoît  XIV, 
Léon  XIII ,  ont  agi  dans  ce  sens  ;  et  si  Benoît  XIV  ne  l'a  pas 
exprimé  sans  ambages,  il  a  du  moins  donné  clairement  à 
entendre  que  les  leçons  historiques  du  Bréviaire  ou  les  légendes 
pouvaient  renfermer  quelques  erreurs ,  qu'une  édition  de  l'ave- 
nir pourrait  écarter  ou  rectifier. 

Corrections  apportées  aux  rubriques.  —  A  un  autre  point  de 
vue  encore,  le  pontificat  de  Clément  VIII  fut  fécond  en  résultats 
pour  l'histoire  du  Bréviaire.  On  modifia  plusieurs  parties  des 
rubriques  générales,  on  les  corrigea,  on  les  ramena  à  une  forme 
plus  appropriée;  dans  le  Commun  des  saints,  on  créa,  comme 
nous  l'avons  vu  tout  à  l'heure,  un  Commun  des  saintes  Femmes. 
On  éleva  le  rite  de  nombreuses  fêtes  amoindries  par  Pie  V  et 
on  introduisit  quelques  nouvelles  fêtes,  ce  qui  fit  établir  une 
nouvelle  distinction  parmi  les  doubles.  Pie  V  n'avait  admis  au- 
dessus  des  simples  et  des  semidoubles  que  trois  sortes  de  fêtes 
doubles  :  a)  de  première  classe  ;  p)  de  seconde  classe  ;  y)  doubles 
per  annum  ou  simplement  doubles.  Clément  VIII  fixa  une  qua- 
trième catégorie,  qui  prit  rang  entre  p  et  y  :  les  doubles  majeurs 
[duplicia  maiora ,  duplex  maius).  La  fête  de  l'Invention  de  la 


qu'après  un  long  examen  et  de  longues  délibérations  des  cardinaux  Bel- 
larmin et  Silvio  Antoniano  que  lOctavaire  composé  par  Gavanti  put 
paraître  en  1624,  sous  Urbain  VIII,  avec  l'approbation  de  la  Congrégation 
des  Rites.  La  dernière  et  la  plus  complète  des  éditions  authentiques  de 
rOctavaire  est,  à  ma  connaissance,  celle  de  Pustet,  à  Ratisbonne  (1883). 


CHAPITRE  VIII  275 

sainte  Croix  devint  double  de  seconde  classe.  Au  rite  double 
majeur  furent  élevées  les  fêtes  de  la  Transfiguration,  de  l'Exalta- 
tion, de  la  Visitation,  de  sainte  Marie  des  Neiges,  de  la  Présen- 
tation, de  la  Conception,  de  l'apparition  de  saint  Michel,  des 
deux  chaires  de  saint  Pierre,  de  saint  Pierre  aux  Liens,  de  la 
conversion  de  saint  Paul,  de  saint  Jean  devant  la  porte  Latine, 
de  saint  Barnabe.  Au  rite  semidouble,  les  fêtes  jusque-là 
simples  :  des  saints  Timothée,  Polycarpe,  Nérée,  Achillée  et  Pan- 
crace avec  addition  de  sainte  Domitille  ;  Grégoire  le  Thauma- 
turge. Par  contre,  saint  Pierre  martyr,  saint  Antoine  de  Padoue, 
saint  Janvier  et  ses  compagnons  et  saint  Nicolas  de  Tolentino 
descendirent  du  rang  de  double  à  celui  de  semidouble.  Puis  une 
série  de  fêtes  ou  d'offices  nouveaux  furent  étendus  à  toute 
l'Eglise,  et  deux  d'entre  eux  dès  1595,  ceux  de  saint  Romuald 
(7  février)  et  de  saint  Stanislas,  évêque  et  martyr  (7  mai),  avec 
rite  semidouble.  Plus  tard,  on  ajouta  encore  les  simples  sui- 
vants :  saint  Lucius,  pape  (9  mars),  sainte  Catherine  de  Sienne 
(28  avril),  saint  Jean  Gualbert,  fondateur  des  Bénédictins  de 
Vallombreuse  (12  juillet),  saint  Eusèbe,  évêque  et  martvr 
(15  décembre*).  La  fête  des  stigmates  de  saint  François,  créée  par 
Sixte  V,  fut  supprimée"-. 

Clément  VIII  avait  donné  l'impulsion  au  mouvement  qui  ten- 
dait à  mettre  de  plus  en  plus  sur  le  même  pied  le  Sanctoral  et 
l'office  du  temps,  tandis  que  Pie  V  avait  voulu  assurer  la  pré- 
pondérance à  ce  dernier.  Les  successeurs  de  Clément  VIII  (à 
peu  d'exceptions  près ,  parmi  lesquels  Benoît  XIV ,  qui  n'intro- 
duisit aucune  nouvelle  fête ,  et  qui  voulait  simplifier  celles  qui 
existaient)  sont  entrés  dans  cette  voie  et  ont  agi  en  consé- 
quence. 

Édition  de  Clément  VIII.  —  Le  Bréviaire  corrigé  et  enrichi  sur 
Tordre  de  Clément  VIII  parut  en  1602,  accompagné  d'une  bulle 
du  pape  Cum  in  Ecclesia  du  10  mai  de  cette  année,  où  il  était 
ordonné,  sous  peine  d'excommunication,  de  n'imprimer  désormais 
le   Bréviaire   romain  qu'avec  une   permission  de  l'ordinaire,  et 


1  Cf.  Merati,  In  Gavantum,  t.  ii,  p.  17;  Zaccaria,  Bibliotheca  ritualis, 
t.  I,  p.  120;  Lâmmer,  dans  Analecta  iuris pontificii,  5«  série,  Rome,  1861, 
col.  279. 

2  Nous  verrons  tout  à  l'heure  qu'elle  fut  rétablie  par  Paul  V,  mais  dans 
un  rang  inférieur. 


V 

2'76  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

encore  faudrait-il  que  ce  fût  sur  le  type  de  l'édition  du  Vatican, 
sans  aucune  addition  et  aucun  retranchement.  Il  portait  ce  titre  : 
Breviarium  ex  decreto  sacrosancti  concilii  Tridentini  reslilu- 
tum,  PU  V,  Pont.  Max.,  iussa  edilum  et  démentis  VIII  au- 
ctoritate  recognitum,  Romœ,  1602. 

Les  successeurs  de  Clément  ,VIII. 
Additions. 

Le  Bréviaire  romain  resta  intact  de  Clément  Mil  à  Urbain  VIII, 
dans  ce  sens  que  le  texte  établi  ne  reçut  aucune  modification  ou 
correction  ;  mais  il  admit  plusieurs  fêles  de  saints  ajoutés  au 
calendrier  et  au  Proj^re  des  saints,  et  les  travaux  inaugurés  dans 
d'autres  branches  de  la  liturgie  furent  poursuivis. 

Paul  V.  —  Léon  XI,  de  la  famille  de  Médicis,  ne  régna  que 
vingt-six  jours  (1605).  Son  successeur  fut  un  pape  de  la  célèbre 
famille  des  Borghèse,  Paul  V  (1605-1621),  qui  fit  restaurer  par 
Maderno  le  portique  et  la  façade  de  Saint-Pierre,  qu'il  acheva 
en  1612.  Paul  V  eut  sa  part  dans  la  réforme  liturgique,  en  ce 
sens  qu'il  abrogea  et  supprima  les  divers  rituels  de  l'Eglise 
romaine  édités  au  xvi^  siècle  par  Castellani*,  Samarini^  et  le 
cardinal  Jules-Antoine  Sanctorio^;  puis  publia  par  le  hrei  Apo- 
stolicse  Sedi,  du  17  juin  1614,  le  Rituel  romain  { Rituale  roma- 
num).  Il  mit  par  là  plus  d'unité,  d'homogénéité,  de  simplicité 
et  de  dignité  dans  le  rite  de  l'administration  des  saci'ements,  des 
bénédictions  et  consécrations  concédées  aux  prêtres  et  non 
réservées  aux  évêques ,  et  dans  une  série  de  solennités,  pro- 
cessions et  dévotions  liturgiques'''. 


1  Sacerdotale...  Leonis  X  auctoritate  approhatum,  Romte,  1537.  Sous 
Léon  X,  un  Pontificale  romanum,  Leoni  PP.  X  dedicalum,  fut  aussi  imprimé 
chez  Giunta,  à  Venise  (Venetiis,  1520,  in-l'o),  où,  fol.  236  b  sq.,  étaient 
imprimées  pour  la  première  fois,  dans  un  livre  destiné  à  Rome  et  au 
pape,  les  sollemnes  henedicliones  episcopales  rei  pontificales  in  tnissa 
ante  communionem  ad  Agnus  Del  cantandœ. 

2  Sacerdotale  ad  consueludinem  S.  romanœ  Ecclesiee  iiixta  concilii  Tri- 
dentini sanctiones,  Venetiis,  1579. 

3  Jîituale  sacramentorujn  romanum  Gregorii  XIII  iussu  editum.  Sur  le 
titre  se  trouve  :  Romœ,  1584.  On  croit  que  c'est  là  une  pia  fraus  de  libraire. 

*  Pour  plus  de  détails,  cf.  Guéranger,  Inst.  lilurg.,  t.  i,  p.  508-511;  Zac- 
caria,  Bibl.  rit.,  t.  i,  p.  1 54  sq.;  Bened.  XIV,  De  synodo  diœcesano,  vu,  15. 


CHAPITRE  VIII  271 

Paul  V  enrichit  de  nouveau  le  Propre  des  saints  du  Bréviaire. 
Il  fit  semidouble  ad  libitum  (1615)  la  fête  des  stigmates  de  saint 
François  d'Assise,  supprimée  par  Clément  VIII;  il  rendit  à 
saint  François  de  Paule  son  rang  de  double  que  Clément  lui 
avait  enlevé.  Il  ajouta  comme  semidoubles  les  fêtes  de  saint  Casi- 
mir, de  saint  Norbert,  de  saint  Charles  Borromée  [ad  libitum). 
Par  décret  du  27  septembre  1608,  il  fit  la  fête  des  saints  Anges 
gardiens  double  ad  libitum,  et  la  fixa  au  premier  jour  libre 
après  saint  Michel;  Clément  X  plus  tard  l'assigna  au  2  octobre. 
Paul  V  établit  encore  au  rang  de  simple  l'office  de  saint  Ubald 
(ou  Théobald,  Ilucbald,  Wibald  -|-  1160).  L'avantage  du  rite 
semidouble  était  de  laisser  place  libre  à  l'office  du  dimanche, 
devant  lequel  les  semidoubles  devaient  céder. 

Le  Bréviaire  monastique  ou  Bréviaire  des  Bénédictins,  que 
l'on  peut  appeler  romain  tout  comme  le  livre  appelé  xaT'È^o/T^v 
Breviarium  romanum,  puisqu'il  a  pris  naissance  à  Rome  et 
qu'il  a  été  non  seulement  autorisé,  mais  prescrit  par  les  papes 
aux  plus  anciens  religieux,  subit  aussi  une  revision  sous  Paul  V. 
Il  n'était  pas  soumis  aux  ordonnances  de  la  bulle  de  Pie  V,  car 
non  seulement  il  datait  de  deux  cents  ans,  mais  il  pouvait  exci- 
per  d'une  existence  de  mille  ans.  De  plus,  saint  Benoît  l'avait 
composé  dans  ses  grandes  lignes,  les  papes  et  les  conciles 
l'avaient  souvent  approuvé,  soit  tacitement,  soit  en  termes 
exprès,  et  il  était  en  usage  à  Rome  même  ;  de  plus  encore,  il 
avait  servi  de  type  à  l'office  romain  formé  ou  réformé  aux  vn^  et 
vui**  siècles.  Toutefois  de  nombreuses  congrégations  et  abbayes 
de  l'Ordre,  qui  avaient  leurs  représentants  ou  procurateurs  fixés 
à  Rome,  crurent  devoir  faire  une  démarche  collective  en  vue 
d'une  revision  d'ensemble  de  la  liturgie  romano-monastique. 
Egal  par  son  origine  au  Bréviaire  du  clergé  séculier  romain,  le 
Romano-monaslicum  devait  comme  lui  subir  une  correction 
nouvelle. 

Paul  V  fil  reviser  le  Bréviaire  monastique  par  une  Commis- 
sion composée  des  procurateurs  de  l'Ordre,  dont  nous  avons 
parlé,  et  qui  travailla  à  Rome  de  1608  à  1611,  prit  pour  bases 
la  règle  de  saint  Benoît  et  le  Bréviaire  de  la  Congrégation  de 
Sainte-Justine,  déjà  en  usage  au  Mont-Cassin,  et  tint  compte  des 
améliorations  apportées  par  Pie  V  et  Clément  VIII.  Le  pape 
l'approuva  pour  tout  l'Ordre  bénédictin  par  le  bref  Ex  iniuncto 


278  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

nobis,  du  l^'  octobre  1612.  Nous  avons  trouvé  à  la  bibliothèque 
du  district  d'Augsbourg  un  exemplaire,  malheureusement  incom- 
plet, de  cette  première  édition  de  1612,  devenue  fort  rare  ;  un 
autre  mieux  conservé  doit  se  trouver  au  British  Muséum. 

L'approbation  devint  bientôt  un  ordre.  Dès  le  24  janvier  1616 
paraissait  un  décret  de  la  Congrégation  des  Rites,  qui  enjoignait 
à  tous  les  monastères  de  bénédictins  et  de  bénédictines,  à  ceux 
même  qui  jusque-là  s'étaient  servis  d'un  autre  Bréviaire  avec 
la  permission  du  Saint-Siège,  notamment  à  ceux  qui  avaient 
adopté  le  romain  à  l'usage  du  clergé  séculier,  Tordre  de  prendre 
le  Bréviaire  monastique  publié  par  Paul  V.  Urbain  VIII  renou- 
vela cette  obligation  de  ne  se  servir  que  du  Bréviaire  monas- 
tique, dans  la  bulle  In  cathedra  Principis  du  7  mai  1626.  Le 
même  pape  apporta  quelques  légères  améliorations  au  Bréviaire 
romain  et  fît  corriger  les  hymnes*. 

Grégoire  XV.  —  A  Paul  V  succéda  en  1621  Alexandre  Ludo- 
visi ,  sous  le  nom  de  Grégoire  XV.  C'est  lui  qui  canonisa  les 
saints  du  xyi"  siècle  :  Ignace  de  Loyola ,  François-Xavier ,  Phi- 
lippe de  Néri,  Isidore,  Thérèse  (12  mars  1622),  et  qui  déclara 
bienheureux  l'angélique  Louis  de  Gonzague.  Ces  différents  saints 


1  Lorsqu'en  1874-75,  l'abbé  de  Saint -Meinrad,  aux  États-Unis,  devenu 
plus  tard  Ms""  Marty,  évêque  de  Dakota,  pour  s'attacher  plus  étroitement 
à  Rome  et  se  conformer  aux  usages  du  clergé  séculier,  eut  l'idée  d'aban- 
donner le  Bréviaire  monastique  et  de  prendre  le  romain,  il  reçut  de  la 
Congrégation  des  Rites  une  lettre  qui  lui  enjoignait  :  Sine  ullà  morà  reas- 
sumendi  Breviarium  monasticum  et  abolendi  Breciarium  romanum,  siib 
pœna  non  satisfaciendi  debito  in  dicendis  canonicis  horis,  etc.  [Ajou- 
tons que  dans  cette  abbaye  américaine  se  trouve  le  séminaire  des  clercs 
et  des  prêtres,  qui  est  dirigé  par  les  moines.]  Le  rescrit  de  la  même  Con- 
grégation du  7  avril  1884 ,  qui  prescrivait  des  rubriques  corrigées  pour  le 
Bréviaire  des  Bénédictins,  trouve  aussi  sa  place  ici,  car  une  fois  de  plus 
il  confirme  les  intentions  du  Saint-Siège.  Par  induit  du  16  avril  1885,  le 
Saint-Siège  permit  à  tous  les  prêtres  séculiers  et  aux  clercs  réguliers  des 
ordres  modernes  de  se  servir  (au  chœur  et  hors  du  chœur)  du  Bréviaire 
des  Bénédictins  et  de  célébrer  leurs  messes  propres  chaque  fois  qu'ils  se 
trouveraient,  ne  fût-ce  que  pour  peu  de  temps,  dans  certains  monastères 
de  l'ordre  (ceux  de  la  congrégation  de  Beuron  étaient  particulièrement 
mentionnés).  Cf.  à  ce  sujet  D.  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  i,  p.  513.  Slu- 
dien  und  Mittheilungen  aus  dem  Benedicliner-  und  Cistercienserorden, 
Jahrg.,  1886,  1887,  1889.  Prsefat.  in  Breviar.  monasi.  editionis  S.  Gallen- 
sis,  Rohrschachii ,  1641.  Item,  Prœliminaria  Breviarii  monastici  editionis 
Tornacensis,  pars  autumnalis ,  Tornaci,  1884.  Officia  propria  sanctorum 
abbatise  Maredsolensis  congr.  Beuronensis ,  Tornaci,  1886,  p.  2. 


CHAPITRE  VIII  279 

devaient,  à  l'exception  de  saint  Isidore,  qui  était pro  aliquibus 
locis ,  enrichir  et  orner  de  leurs  offices  le  Proprinm  sanctorum 
du  Bréviaire.  Ce  pontificat,  commencé  sous  de  très  heureux  aus- 
pices, ne  dura,  hélas!  que  jusqu'en  1623.  Cette  même  année  le 
savant  et  le  poète  Mafféo  Barberini  montait  sur  le  siège  de 
Pierre,  et  devenait  Urbain  VIII  (1623-1644). 


NOTE 
Correction  des  leçons. 

Les  principales  modifications  de  la  Commission  du  Bréviaire  sous 
Clément  Vlll  portèrent  sur  les  leçons'.  Celles  du  premier  nocturne 
et  les  leçons  brèves  ou  Capitula  furent  corrigées  d'après  le  texte  de 
la  recension  de  la  Vulgate  éditée  par  le  même  Clément  Vlll.  Dans 
les  deuxièmes  et  en  partie  dans  les  troisièmes  nocturnes  on  supprima 
quelques  sermons  ou  homélies  qu'on  remplaça  par  d'autres'-.  Ainsi 
on  mit  au  15  août,  à  la  place  du  sermon  du  pseudo-Athanase,  celui 
de  saint  Jean  Damascène;  au  iei'  novembre,  les  leçons  du  deuxième 
nocturne  furent  attribuées  au  vénérable  Bède,  au  lieu  de  l'être  à 
saint  Augustin;  pour  la  Cathedra  Pétri  (18  janvier),  l'homélie  de 
saint  Jérôme  fut  remplacée  par  celle  de  saint  Hilaire  ;  pour  sainte 
Agnès,  au  deuxième  nocturne  on  eut  saint  Ambroise,  De  virginibus, 
lib.  I,  au  lieu  du  Sernio  90 ;  au  25  janvier  {Conversio  Pauli),  S.  Beda 
in  natali  S.  Benedicti,  au  lieu  de  saint  Jérôme;  au  22  février,  VHo- 
melia  Leonis,  au  lieu  de  saint  Jérôme;  pour  la  fête  de  l'exaltation  de 
la  sainte  Croix  [lectio  viii),  on  ajouta  le  passage  Inlendat  jusqu'à  la  fin  ; 
au  8  mai,  VHomilia  S.  Ililarii,  au  lieu  de  celle  de  saint  Jérôme;  le 
11  juin  (saint  Barnabe),  au  lieu  de  l'évangile  Hoc  est prœceptujii  et  de 
Yllomilia  de  communi,  l'évangile  Ecce  ego  mitto  vos  avec  l'homélie 
de  saint  Jean  Chrysostome  ;  le  2  juillet  {Visitatio),  les  antiennes  des 
Laudes  et  des  Vêpres  elles  répons  furent  changés;  pour  le  deuxième 
nocturne  on   eut  l'homélie   assignée  jadis  au   troisième,  et  pour  le 


1  Voir  plus  haut,  p.  274. 

2  Les  propositions  de  Baronius  sur  ce  chapitre  se  trouvent  dans  le  coJ. 
Valliceli.  Q.  33  (cf.  Analecta  iuris  pontificii,  Romae,  1860,  t.  ni,  p.  279) 
et  cod.  Valliceli.  G.  83;  les  changements  ou  Adnotationes  ad  hislorias 
sanctorum  Breviarii  proposés  par  Bellarmin  sont  dans  le  cod.  Valliceli. 
G.  90,  n.  xxxvni  (cf.  Bergel,  op.  cit.,  p.  3(52  sq.). 


280  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

troisième  nocturne  l'homélie  de  saint  Ambroise  ;  le  ler  août,  au  lieu 
de  S.  Hieron.,  c.  m.,  on  eut  August.  Sernio  28,  In  Malth.;  pour  l'Oc- 
tave de  l'Assomption,  les  leçons  ii  et  m  furent  entièrement  changées; 
le  9  septembre,  au  troisième  nocturne,  on  eut  une  autre  homélie  de 
saint  Jérôme  ;  le  21  novembre ,  la  quatrième  leçon  fut  empruntée  à 
saint  Jean  Damascène  ;  au  Commune  confessorum  non  pontificum  en 
deuxième  lieu,  les  leçons  Beaius  vir  furent  ajoutées  pour  le  premier 
nocturne  (cf.  Gavanti,  loc.  cit.,  sect.  v,  c,  vi,  n.  6).  Puis  dans  les 
histoires  ou  légendes  des  saints,  on  fit  disparaître  certaines  affirma- 
tions qui  paraissaient  historiquement  insoutenables  ou  certaines 
expressions  qui  semblaient  impropres.  Pour  comprendre  l'idée  qui 
guida,  dans  cette  correction,  les  membres  de  la  Commission,  il  suffît 
de  citer  quelques-uns  des  changements  opérés*.  Dans  la  première 
colonne  (celle  de  gauche)  est  la  recension  ancienne  [Drev.  Pianum); 
dans  l'autre,  la  nouvelle  (établie  par  Clément  VIII)  : 

Die  30  Novembris  (S.  Andreae  Apostoli). 


1568.  Lectio  \i.  Eius  ossa 
primum  Conslantino  imperatore 
Constantinopolim  translata  sunt. 


1602.  Eius  ossa  primum   Con- 
slantio  imperatore...^. 


Die  6  Decembris  (S.  Nicolai). 


1568.  Lectio  v  et  vi  pro  Myrea. 
Lectio  vmed.  Ut  eumeligerent,  qui 
Nicolaus  nomine  poslridie  mane 
primus  in  ecclesiam  ingrederetur. 

Lectio  VI.  Anno  salutis  huma- 


1602.  Substituta  est  vox  Myra. 
Ut  eum  eligerent,  qui  postridie 
mane  primus  in  ecclesiam  ingre- 
deretur, Nicolaus  nomine. 

Ces  mots  sont  supprimés  ;  on  a 


•  On  les  trouve,  sans  les  notes  détaillées  de  Berjj:el  {op.  cit.,  p.  302  sq.), 
clairement  exposés  dans  de  Smedt,  Introductio  generalis  in  hist.  eccl., 
Gandavi,  1876,  p.  488  sq.  Nous  avons  complété  les  notes  un  peu  sèches 
du  P.  de  Smedt  par  les  indications  de  Bergel. 

2  Cette  variante,  dont  ne  parle  pas  de  Smedt,  fut  adoptée  sur  les  ins- 
tances de  Baronius,  qui  s'appuyait  sur  saint  Jérôme  (De  script,  eccl.),  où 
Constantius  est  une  verior  lectio,  avec  laquelle  concordent  Théodoret  et 
les  actes  d'Artemius,  dans  Métaphraste,  au  23  octobre,  quoique  le  même 
saint  Jérôme  ait  Constantin  dans  le  livre  Ad  Vigilantium.  Cette  dernière 
leçon  fut  rétablie  sous  Urbain  VIII.  Baronius  aurait  voulu  également 
changer  le  deinde  Epirium  ac  Thraciam  peragrasset  en  Thraciam  et  Epi- 
rum,  parce  que  celui  qui  vient  de  Scythie  passe  d'abord  par  la  Thrace 
(Bergel,  p.  303).  Il  aurait  voulu  changer  le  lelisque  confossus,  à  la  fin 
de  la  lectio  iv,  en  lanceis  transfixus;  mais  la  première  leçon  fut  main- 
tenue. 


CHAPITRE  VIII 


281 


nae    trecentesimo    quadragesimo 
tertio*. 


à  leur  place  les  suivants  :  Ejus 
corpus  Barium  in  Apulia  transla- 
tum  ibidem  summa  celebritate  ac 
veneratione  colitur. 


Die  7  Decembris  (S.  Ambrosii). 


1568.  Lectio  vi.Gratiano  impe- 
ratore  occiso ,  ad  Maximum ,  eius 
interfectorem ,  legatus  profectus 
est...  In  fine  :  Anno...  trecente- 
simo octQoesimo. 


1602.  Gratiano  imperatore  oc- 
ciso ,  ad  Maximum ,  eius  interfe- 
ctorem ,  legatus  iterum  profectus 
est...  Anno...  trecentesimo  nona- 
gesimo  septimo. 


Die  11  Decembris  (S.  Damas!) ^. 


1568.  Lectio  iv.  Idem  Arimi- 
nensem  conventum  condemnavit. 

Lectio  VI.  Instituit,  ut  in  eccle- 
sia  psalmi  ab  alternis  caneren- 
tur...  et  ut  confessio  missse  esset 
exordium.  Eius  iussu  sanctus 
Hieronymus  divinae  Scripturae 
libros  in  latinum  convertit.  Cum 
Ecclesiam  rexisset  annos  decem 
et  octo,  menses  très,  dies  unde- 


1602.  Idem  Ariminensem  con- 
ventum, a  Liberio  iam  ante  re- 
iectum,  iterum  condemnavit. 

Statuit  ut,  quod  pluribus  iam 
locis  erat  in  usu,  psalmi  per 
omnes  ecclesias  die  noctuque  ab 
alternis" canerentur.  Les  mots  «  et 
ut  confessio  m.  e.  ex.  »  furent 
supprimés.  Eius  iussu  S.  Hiero- 
nymus Novum  Testamentum  grae- 
cse  fidei  reddidit.  Cum  Ecclesiam 


'  Baronius  a^•ait  propose  de  placer  autrement  les  mots  vidais  et  orpha- 
nis,  de  la  lectio  vi,  et  de  changer  très  trihunos  en  très  legatos,  ce  qui 
ne  fut  pas  fait  (Bergel,  p.  303). 

2  II  est  à  remarquer  pour  saint  Melchiade,  au  10  décembre,  que  Baro- 
nius et  Bellarmin  (  Bergel ,  p.  304  )  voulaient  que  ce  pape  Melchiade  ou 
Miltiade  fût  au  nouveau  martyrologe  comme  confesseur;  il  n'est  pas  mar- 
tyr, puisqu'il  est  mort  paisiblement.  Mais,  on  le  sait,  plusieurs  papes 
qui  ont  enduré  de  grands  tourments,  sans  cependant  être  morts  d'une 
mort  sanglante,  ont  VOfficium  martyrum  et  un  seul  répons  propre,  Do- 
mine prsevenisti,  au  lieu  de  Hic  est  vere  Martyr.  Cf.  Commune  unius  Mart., 
au  IlJe  nocturne.  —  Pour  saint  Daniase ,  Baronius  remarquait  que  les 
mots  indicto  primo  Constantinopolitano  concilio  devaient  être  changés  en 
comprobato  primo  Const.  conc,  parce  que  saint  Damase  n'avait  pas  con- 
voqué le  deuxième  concile  œcuménique ,  mais  l'avait  seulement  confirmé 
et  en  avait  approuvé  les  décisions,  et  qu'aucune  legatio  Sedis  apostolicse 
ne  s'y  était  trouvée.  Trois  évêques  avaient  été  envoyés  par  le  synode 
même  à  Borne  avec  une  epistola  synodica  (d'après  Theodoret,  H.  E., 
lib.  V,  c.  IX  )  renseignant  le  pape  sur  tout  ce  qui  s'était  passé  à  Constan- 
tinople.  Puis  Damase  tint  un  synode  à  Borne ,  où  furent  confirmées  les 
décisions  de  Constantinople;  de  là  a  été  donné  à  ce  dernier  synode  le 
nom  d'oecuménique.  Le  changement  proposé  ne  fut  pas  accepté. 


282 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


cim  et  habuisset  ordinationes, .. 
quibus  creavit  presbytères  tri- 
ginta  duos...  obdormivit  in  Do- 
mino... Eius  reliquiae  postea 
translatas  sunt  in  ecclesiam  san- 
cti  Laurentii  in  Damaso ,  quam 
idem  Pontifex  ad  theatrum  Pom- 
peii  construxerat. 


rexisset  annos  decem  et  septem, 
menses  duos,  dies  viginti  sex, 
et  habuisset  ordinationes...  qui- 
bus creavit  presbytères  triginta 
unum...  obdorm.  in  Dno.  Illius 
reliquise  postea  translatée  sunt  in 
ecclesiam  S.  Laurentii,  ab  eius 
nomine  in  Damaso  vocatam. 


Die  13  Decembris  (S.  Lucise). 

1568.  Lectio  iv.  Cum  matre  Eu- 
titia. 

Lectio  VI  in  fine,  Vigesimo  Ka- 
lendas  lanuarii. 


1602.     Cum     matre    Eutychia, 
Idibus  Decembris. 


Die  21  Decembris  (S.  Thomae  Apostoli). 


Le  mot  '<  Brachmanis  »  est  sup- 
primé. 


1568.  Lectio  IV.  Thomas...  pro- 
fectus  est  ad  prœdicandum  Chri- 
sti  evangelium  Parthis,  Médis, 
Persis,  Brachmanis,  Hyrcanis  et 
Bactris. 

On  introduisit  de  cette  façon  des  modifications  plus  ou  moins 
considérables,  outre  celles  que  nous  venons  d'énumérer:  ainsi  pour 
saint  Hilaire  (14  janvier);  saint  Paul,  ermite  (15  janvier);  saint  Marcel 
(16  janvier);  saints  Fabien  et  Sébastien  (20  janvier);  sainte  Agnès 
(21  janvier);  saints  Vincent  et  Anastase  (22  janvier);  saint  Biaise 
(3  février);  saintes  Agathe,  Dorothée,  Apollonie;  saints  Faustin  et 
Jovite,  Thomas  d'Aquin;  les  quarante  martyrs,  Grégoire  le  Grand, 
Léon  le  Grand,  Tiburce,  Valérien  et  Maxime,  Anicet,  Soter  et 
Caius,  Clet  et  Marcellin,  Athanase  (modifications  plus  importantes), 
Alexandre  et  ses  compagnons,  Grégoire  de  Nazianze,  Gordien  et 
Epimaque,  Nérée,  Achillée  et  Pancrace;  sainte  Domitille  fut  ajoutée 
et,  avec  l'addition  d'une  cinquième  leçon,  élevée  au  rang  de  fête 
se7»j(/u/)/evc;  Pudentienne,  Urbain  I«i',  Éleulhère,  Félix,  Pctronille, 
Marcellin,  Pierre  et  Erasme,  Prime  et  Félicien,  Barnabe,  Basile, 
Gervais  et  Protais,  Silvère,  Paulin,  Léon  II,  Sept  frères  avec  Rufîne 
et  Seconde,  Pie  Jer^  Anaclet ,  Alexis,  Symphorose,  Apollinaire, 
Jacques,  Nazaire  et  Celse,  Victor  et  Innocent  1er,  Abdon  et  Sennen, 
Pierre  es  liens,  Etienne  1er  (pape),  Sixte,  Félicissime  et  Agapit, 
Donat,  Claire,  Hippolyte  [ad  Valerianum  Iniperatorem  adductus  prse- 
fecto  occidendus  tradilur,  au  lieu  de  [1568]  ad  Iinperatoreni  addu- 
ctus... Valeriano  iudici  occidendus  tradilur);  Bernard,  Timothée, 
Hippolyte  et  Symphorien  (pour  ce  qui  regarde   saint  Hippolyte), 


CIIAPITHE  VIII  283 

Barthélémy,  Louis,  Zéphyrin,  Augustin,  Exaltation  de  la  sainte  Croix, 
Corneille  et  Cyprien ,  Matthieu,  Lin,  Cyprien  et  Justine,  Jérôme, 
François,  Marc  ler  fpape),  Denys  et  ses  compagnons,  Calliste,  Eva- 
riste,  Tryphon  et  ses  compagnons,  Martin  de  Tours,  Mennas,  Pon- 
tien,  Cécile,  Clément,  Catherine,  Pierre  d'Alexandrie. 

Quelques  corrections,  proposées  par  Baronius  ou  Bellarmin,  ne 
rencontrèrent  pas  l'approbation  de  la  Commission,  ni  par  suite  celle 
du  pape.  Ainsi,  Baronius  avait  proposé  de  modifier  les  leçons  de  la 
Dedicatio  Basilicœ  SS.  Salvatoris  (Latran)  aux  passages  suivants  : 
Et  ei  continentem  [contiguam)  Basilicam  nomine  S.  loannis  Baptistœ; 
et  :  Et  imago  Salvatoris  in  pariete  depicta  populo  romano  appa- 
ruil ;  également  :  A  S.  Petro  usque  ad  Silvestrum  propter  perse- 
cutiones  lignea  fuisse  altaria;  on  n'y  toucha  pas.  Pour  le  8  mai 
(S.  Michaelis  Archangeli  apparitio) ,  Baronius  avait  proposé,  au  lieu 
de  in  sumnio  circo,  —  in  summo  circulo  molis  lladrianœ  ;  c'est- 
à-dire  sur  la  terrasse  élevée  du  mont  Saint -Ange,  à  l'endroit  où 
l'église  avait  été  consacrée  à  saint  Michel,  près  du  cirque  de  Néron, 
non  par  le  pape  Boniface,  mais  par  Léon  IV,  De  même  la  légende  de 
saint  Alexis,  comme  nous  l'avons  vu  plus  haut,  était  modifiée  par 
Baronius;  mais  elle  demeura  telle  quelle.  Bellarmin  avait  déclaré 
assertion  non  prouvée, ou  l'a/c/e  duhiuin  {nani  nullus  probatus  auctor 
eius  rei  testis  fartasse  proferetur),  la  présence  et  la  prédication  de 
saint  Jacques  en  Espagne;  cependant  la  chose  eu  resta  là,  on  se 
contenta  de  modifier  ainsi  les  termes  :  Mox  Hispaniain  adiisse  et  ibi 
aliquos  ad  fidem  convertisse  ecclesiarum  illius  provincise  traditio  est. 
En  revanche,  la  forme  apodictique  fut  de  nouveau  reprise  sous 
Urbain  VIII  :  Mox  in  Hispaniam  profectus  ibi  aliquos  ad  Christuni 
convertit,  ex  quorum  numéro  seplem  postea  episcopi  a  beato  Petro 
ordinati  in  Hispaniam  directi  sunt  *.  On  n'éleva  aucun  doute  sur 
Anaclet  et  sur  son  identité  avec  Clet.  Par  contre,  Bellarmin  rompit 
une  lance  sur  la  question  historique  de  Denys,  et  il  combattit  la 
prétendue  identité  de  l'Aréopagite  et  de  Denys  de  Paris*.  Ici  comme 
en  d'autres  endroits,  ce  fut  l'opinion  conservatrice  qui  l'emporta. 
Dans  la  légende  de  saint  André,  Baronius  voulait  substituer  à  Cons- 
tantin le  nom  de  Constance,  sous  lequel  les  reliques  du  saint  apôtre 
avaient  été,  d'après  lui,  apportées  à  Byzance.  Urbain  VIII  maintint 
heureusement  Constantin.  Il  en  fut  de  même  pour  saint  Hippolyte, 
au  22  août,  que  Pie  V  avait  cru  simple  prêtre  et  que  Baronius  faisait 


1  Bergel,  p.  324-325.  De  Smedt,  p.  507. 

2  Cf.  dans  Bergrel,  p.  333-336,  cette  opinion  de  Bellarmin  et  d'autres, 
qui  attribuent  à  une  erreur  intentionnelle  d'Hincmar  la  fusion  des  deux 
Dionysii  en  un  (Caracciolo),  tirées  du  cod.   ValliceLl.  G.  50,  n.  xxxvni. 


284  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

évêque  de  Porto,  et  encore  pour  différents  papes  pour  lesquels 
Baronius  veut  s'en  tenir,  malgré  l'avis  contraire  de  Bellarmin,  aux 
fausses  Décrétales,  comme  pour  les  martyrs  et  les  apôtres,  aux 
Actes,  encore  qu'ils  fussent  regardés  comme  apocryphes  par  les 
savants.  De  la  sorte  on  se  borne,  dans  la  plupart  des  cas,  à  quelques 
corrections  chronologiques*. 


1  Le  principe  était  :  In,  duhio  enim  melior  est  condicio  possidentis , 
neque  aliquid  immutandum  est,  nisi  ubi  possumus  certa,  substituere.  Cf. 
Terrentius  Alciati,  dans  Bergel,  p.  335  sq.  Cf.  Batiffol,  Hist.  du  Brév. 
romain,  p.  256-258. 


GHAPITRK     IX 

URBAIN  VIII 


Ce  pape  ami  des  arts,  qui  s'est  immortalisé  par  de  nombreuses 
et  importantes  constructions  dans  le  goût  du  xvii^  siècle,  qu'il 
éleva  à  Rome  et  hors  de  Rome,  et  dont  on  retrouve  presque 
à  chaque  pas  les  traces  sur  les  sept  collines ,  crut  aussi  que  le 
moment  était  venu  de  reviser  le  Bréviaire.  Il  institua  dans  ce 
but  une  Commission  ou,  pour  employer  le  style  de  la  curie,  une 
Congrégation  sous  la  présidence  du  cardinal  Luigi  (Aloys  ou 
Ludovic)  Cajetan. 

La  Commission  d'Urbain  VIII.  —  Elle  accomplit  son  oeuvre  en 
quarante-cinq  ou  cinquante  sessions  environ,  du  12  juillet  1629  au 
11  décembi'e  1631  ;  nous  aurons  à  revenir  sur  elle  dans  la  suite 
avec  plus  de  détails.  Les  conclusions  définitives  étaient  cepen- 
dant prêtes  dès  le  18  septembre  1631,  et  le  lendemain,  sur  le 
rapport  de  Tornielli ,  qui  remplissait  les  fonctions  de  secrétaire 
en  remplacement  de  l'évêque  d'Assise,  Tegrimi,  empêché  pour 
cause  de  maladie,  elles  furent  confirmées  par  Urbain  VIII.  Dans 
les  rares  sessions  de  décembre  on  s'occupa  surtout  des  correc- 
tions du  Missel.  A  la  fin  du  protocole  (ou  de  la  minuta)  de  la 
séance  du  jeudi  11  décembre  1631 ,  on  lit  :  Et  ex  his  ad  laudem 
Dei,  Beatœ  Mariée  Virçfinis  et  SS.  Apostolorum  Pétri  et  Paali 
fuit  impositus  finis  congregationi  super  emendatione  Breviarii 
romaniK  On  voit  par  là  que  la  date  indiquée,  dans  les  exem- 
plaires imprimés  que  j'ai  pu  consulter,  par  la  bulle  Divinam 
psalmodiant,  et  d'après  laquelle  Urbain  VIII  aurait  livré  au  public 
le  Bréviaire  corrigé  dès  le  25  janvier  1631 ,  est  erronée.  La  bulle 
porte  :  lussu  nostro  aliquot  eruditi  et  sapientes  viri  suam  serio 


*  J'ai  emprunté  les   indications    qui   précèdent   au    document   original 
conservé  à  la  Bibliotheca  Bai-beriana,  à  Rome),   qui    renferme  le    pro- 
tocole de  toutes  les  sessions  signé  de  la  propre  main    du  secrétaire  de 
ladite  Congrégation  {cod.  M.  XXII,  2,  fol.  2-159  6]. 


286  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

curam  contulerunt,  quorum  diligentia  studioque  perfectum 
opus  est.  La  date  du  25  janvier  1631  [35  lanuarii  MDCXXXI , 
peut-être  est-ce  une  faute  d'impression,  pour  MDCXXXII) ^  se 
retrouve  dans  les  autres  copies  de  la  bulle ,  de  même  que  dans 
Veditio  typica  de  Pustet  de  Ratisbonne.  Si  Ton  n'admet  pas  que 
l'on  ait  antidaté  à  dessein,  il  faut  corriger  la  date  ;  car  la  clôture 
des  sessions  eut  lieu  durant  l'automne  de  1631  (d'après  le  proto- 
cole du  codex  Barberini)  ^.  Il  est,  par  suite,  très  compréhen- 
sible que  la  première  édition  authentique  du  Bréviaire  publiée 
par  Urbain  VIII  ait  paru  en  1632,  comme  on  peut  s'en  rendre 
compte  par  les  exemplaires  qui  nous  restent  encore  de  cette 
édition. 

En  dehors  des  rapports  des  sessions  dont  nous  avons  parlé, 
celui  qui  veut  connaître  avec  plus  de  détails  l'objet  des  travaux 
de  correction  et  les  travaux  préliminaires  ou  les  propositions 
d'améliorations  soumises  aux  membres  de  la  Commission,  et  par 
ceux-ci  au  pape,  pourra  consulter  les  sources  que  nous  citons 
en  note  -. 


'  Le  codex  Vaticanus  6098  renferme  une  copie  de  ce  protocole  sous  la 
forme  d'un  rapport  sur  les  Emendaiiones  Brev.  rom.  faclse  suh  Urbano 
PP.  VIII.  Le  fol.  1  commence  :  Die  XII lalii  16:29  habita  fuit  prima  con- 
gregalio  super  emendatione  Breviarii  in  palalio  Illmi  cardinalis  Caetani; 
ce  qui  suit  concorde  parfaitement  avec  le  codex  Barber.  XXII,  2,  fol.  2-159  b, 
jusqu'à  la  signature  de  Teg^rimius  Teg:rimi.  Cf.  aussi  le  codex  cité  plus 
haut  (p.  SST),  6097  de  la  Vaticane,  qui  contient  des  travaux  ou  des  coi- 
lectanea  de  Bandini. 

*  Le  codex  Vatic.  6308  contient  de  très  nombreux  matériaux  pour  les 
travaux  de  la  Commission,  en  particulier  variœ  lectiones  aliquot  Patrum, 
puis  les  corrections  apportées  au  Psautier  et  aux  autres  parties  du  Bré- 
viaire, au  Martyrologe  et  au  Missel.  La  plus  grande  partie  concerne  les 
leçons  du  II«'  Nocturne.  Entre  autres  la  variante  Hilarione  et  Maximiano 
magislris,  de  la  iv»  leçon  de  la  Vita  S.  Greçjorii  Magni  (12  mars),  y  est 
déclarée  fausse,  au  témoignage  de  Baronius  [Ann.,  t.  vu,  p.  586).  On  sait 
que  celui-ci  s'est  trompé  en  admettant  que  Grégoire  le  Gi'and  n'a  pas  été 
moine  sous  la  Règle  de  saint  Benoît,  parce  qu'il  n'a  pas  eu  pour  abbé 
Maxime  ou  Maxiniien  (il  est  établi  que  ce  dernier  fut  bénédictin).  Son 
opinion  a  été  réfutée  par  Mabillon,  Mittarelli,  le  cardinal  Pitra  et  d'autres 
(Mabillon,  Annales  0.  S.  B.,  t.  i,  append.  ii,  p.  604;  idem,  Acta  SS. 
0.  S.  B.,  t.  I,  praîf.,  p.  vu,  xv,  xxxvii.  Mittarelli,  Annales  Camaldulenses, 
t.  IV,  append.,  p.  600;  cf.  p.  362.  Pitra,  AmUecta  sacra,  Paris,  1885,  p.  54. 
Cf.  encoi-e  Dionysius  Sammarthanus,  Vita  S.  Gregorii,  dans  P.  L.,  t.  lxxv, 
col.  255-262).  The  Downside  Beview,  Yeovil,  1889,  t.  vin,  p.  150  :  Baro- 
nius is  said  to  hâve  taken  a  dislike  to  the  Bénédictine  monks;  the  enemies 
of  monachism  hâve  alv)ays  adhered  to  his  assertion  {loc.  cit.,  p.  154). 


CHAPITRE  IX  287 

La  Congrégation  [Congregatio  super  emendatione  Breviarii) 
nommée  par  Urbain  VIII  se  composait  des  membres  suivants  *  : 
cardinal  L.  Cajetan,  président;  Tegrimius  Tegrimi ,  évoque 
d'Assise,  secrétaire  (également  secrétaire  de  la  Congrégation 
des  Rites);  Fortunat  Scacchi,  augustin,  sacristain  du  pape; 
Nicolas  Riccardi,  dominicain,  maître  du  Sacré  -  Palais  ;  Hilarion 
Rancati,  abbé  cistercien  de  Santa  Croce  in  Gerusalemme ,  qua- 
lificateur et  consulteur  de  Tlnquisition  et  de  la  Congrégation  des 
Rites;  Girolamo  Lanni  ou  Lannuvius,  référendaire  des  deux 
signatures  ;  Jacques  ^'olJ^ornius  ou  ^'ulponi ,  oratorien  ;  Lucas 
Wadding,  franciscain,  le  célèbre  annaliste  de  son  Ordre,  quali- 
ficateur et  consulteur  du  Saint- Office  et  de  l'Index;  Barthélémy 
Gavanti,  barnabite  ou  clerc  régulier  de  Saint -Paul,  consulteur 
de  la  Congrégation  des  Rites;  Terentius  Alciati,  jésuite  de  Milan, 
consulteur  de  la  Congrégation  des  Rites,  qui  a  aussi  écrit  l'his- 
toire du  concile  de  Trente,  ou  plutôt  qui  la  prépara,  car  elle  a 


Dans  ledit  codex,  qui  contient  différentes  choses  de  Baronius  sur  le  Mar- 
tyrologe et  VEpixtula  apologetica  adversus  obiecta  Thomse  Stapletonii,  nous 
avons  dans  tous  les  cas  des  matériaux  qui  ont  servi  sous  Clément  V'III 
et  puis  sous  Urbain  VIII.  —  Le  codex  Vatic.  6100,  in- 4»,  renferme  deux 
volumes  du  Bréviaire  de  Clément  VIII  de  1608,  interfoliés,  où  se  trouvent 
toutes  les  corrections.  Ils  ont  servi  de  type,  sous  Urbain  VIII  (1631-1632), 
à  l'imprimeur  ou  au  compositeur  des  presses  du  A'atican.  —  Le  cod.  Va- 
tic.  6099  contient  aussi  un  autre  exemplaire  de  l'édition  clémentine  de  1602 
(tirage  de  1606,  ex  typographia  vaticana),  également  interfolié,  et  avec 
les  corrections  du  titre,  des  rubriques  généi'ales,  du  calendrier,  du  psau- 
tier et  du  Proprium  de  tempore.  On  en  trouve  un  autre  à  la  bibliothèque 
Barberini ,  qui  porte  ce  titre  :  Breviariiim  ronianum  noviter  correctum 
et  emendatiim  ius-in  Rmi  Dîni  illustr.  Urhnni  papœ  VIII  (n.  15  sq.).  — 
Dans  le  codex  Vatic.  6096  se  trouvent  les  brouillons  et  les  corrections 
de  Gavantus  pour  les  travaux  de  la  Commission  du  Bréviaire  de  1629  sq.; 
ils  portent  sa  propre  signature.  Il  est  bien  possible  qu'ils  aient  été  pris 
en  considération,  au  moins  en  partie,  déjà  sous  Clément  ^'I1I,  car  Gavan- 
tus, à  cette  époque,  participait  déjà  aux  sessions  de  la  Commission  du 
Bréviaire.  Au  fol.  32  de  ce  codex,  on  lit  le  brouillon  d'un  Officium  Imma- 
ciilatœ  Conceptionis  B.  Mariœ  Virgini.i  semblable  en  beaucoup  de  passages 
à  celui  que  Pie  IX  prescrivit  en  1863  pour  toute  l'Eglise.  Antiphonse  : 
Tota  pulchra  es,  Ave,  Beatam  me  dicent ,  Tu  gloria,  Inimicitias  ponam. 
Capitulum  :  Dominus  posséda  me  {cod.  Vatic.  6096,  fol.  32).  Ce  brouillon 
semble  avoir  été  utilisé  en  1863.  —  Mentionnons  encore  le  cod.  Vatic.  6098, 
contenant  le  protocole,  comme  celui  de  la  Barberiniana,  et  le  cod.  Va- 
tic. 6112,  dans  lequel  se  trouve  un  recueil  d'opuscula  liturgica ,  surtout 
■d'Onuphre  Panvinius,  parmi  lesquels  les  Ordines  romani. 
'  D'après  le  cod.  Barber.  XXII,  2,  et  cod.   Vatic.  6098. 


288  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

été  éditée  après  sa  mort  par  Pallavicini.  Alciati,  dans  Tété  de 
1629,  tomba  malade;  son  confrère  Girolamo  Petrucci  assista 
aux  premières  séances  à  sa  place.  Comme  on  le  voit  par  le  rap- 
port sur  les  sessions  qui  suivirent,  Alciati  reprit  son  poste  en  1631 , 
et  le  8  mai  de  la  même  année  les  oraisons  (  Collecta  :  Da  qusesu- 
mus;  Sécréta  :  Ascendant;  Postcommunio  :  yEternitatis)  de 
Toffice  et  de  la  messe  de  sainte  Catherine  de  Sienne ,  composées 
par  lui,  furent  examinées  et  agréées.  Petrucci  est  un  des  quatre 
jésuites  dont  il  est  parlé  plus  loin,  qui  travaillèrent  à  la  correc- 
tion des  hymnes.  Mais  ce  dernier  travail  ne  fut  pas  discuté  par 
la  Commission  du  Bréviaire.  Peut-être  les  membres  de  cette 
Congrégation,  d'esprit  conservateur  en  liturgie,  voulurent-ils 
laisser  l'entière  responsabilité  de  cette  correction  à  ceux  qui 
avaient  soulevé  ou  résolu  la  question  ;  on  ne  s'expliquerait  pas 
autrement  les  laconiques  paroles  ajoutées  par  le  secrétaire  à  la 
fin  du  protocole  :  In  correctionihus  et  mutationihus  hymnorum , 
qui  sunt  in  Breviario ,  Congregatio  prxdicla  nullanx  habuit 
par  te  m  ^. 

Corrections  de  la  Commission.  —  Les  corrections  et  change- 
ments confirmés  par  Urbain  VIII  le  19  septembre  1631,  et  intro- 
duits dans  le  Bréviaire  publié  sous  son  égide  en  1632,  n'étaient 
pas  de  très  grande  importance.  Relativement  aux  leçons  histo- 
riques ou  Legendse  sive  vitœ  sanctorum ,  on  eut  cette  singulière 
idée  que  la  question  avait  été  suffisamment  traitée  par  les  cardi- 
naux Bellarmin  et  Baronius  dans  la  correction  précédemment 
faite  sous  Clément  VIII ,  et  que  ces  savants  avaient  éliminé  avec 
une  inexorable  sévérité  tout  point  qui  pouvait  prêter  le  flanc 
à  la  critique,  si  bien  qu'il  était  difficile  de  donner  à  ces  leçons 
une  plus  grande  exactitude  historique.  En  principe,  les  faits  ou 
les  détails  controversés  étaient  maintenus  s'ils  s'appuyaient  sur 
le  témoignage  d'un  auteur  digne  de  confiance-.  Dans  plusieurs 
leçons,  cependant,  on  fit  choix  de  termes  qui  rendaient  mieux 
la  vérité  historique.  Nous  donnons  en  note,  à  la  fin  du  chapitre. 


1  Cod.  Barber.,  cit.,  fol.  159  h. 

2  Quse  controversa  erant,  alicuius  tamen  (/ravis  auctoris  testimonio  su f- 
fulta  aliquam  hâtèrent  prohahilitatem ,  retenta  sunt  eo  modo,  quo  erant, 
cum  falsitatis  arcjui  non  possunt,  quamvis  fartasse  altéra  sententia  sit  a 
plurihus  recepta  (Gavantus,  Tlie.iaur.  s.  rit.,  t.  ii,  p.  75). 


CHAPITRE  IX  289 

la  liste   des   modifications   apportées  dans  quatorze  ou  quinze 
légendes  de  saints  ^. 

Outre  les  Vitx  des  Saints,  on  revit  aussi  les  Sermones  et  les 
Homelise  empruntés  aux  Pères.  On  les  collationna  avec  les  meil- 
leures éditions  du  temps  et,  quand  ce  fut  nécessaire,  on  y  ap- 
porta des  rectifications  ou  on  y  fit  des  additions  *.  Pour  les  ser- 
mons traduits  des  Pères  g-recs,  lorsqu'on  se  trouvait  en  présence 
de  plusieurs  variantes,  on  donna  la  préférence  à  celle  du  Bré- 
viaire, si,  après  comparaison  avec  les  autres  [céleris  parihus)^ 
elle  n'était  pas  reconnue  absolument  fautive.  Au  V^  dimanche 
après  l'Epiphanie ,  au  lieu  de  ï Expositio  S.  Amhrosii  in  Epi- 
sfulas  S.  Pauli,  on  mit  un  passage  du  sermon  vm*^  de  saint 
Augustin  {De  verhis  Apostoli).  Le  mercredi  ;  des  Quatre-Temps) 
après  le  premier  dimanche  de  Carême  reçut,  au  lieu  d'une 
homélie  de  saint  Augustin,  celle  de  saint  Ambroise,  On  donna 
aussi  de  nouvelles  leçons  au  Commune  sanctorum.  Pour  la  fête 
de  la  Purification  (2  février),  la  4^  antienne  des  Laudes,  qui 
était  Revertere  in  terram  Juda  ;  mortui  sunt  enim ,  qui  qusere- 
hant  animam  pueri ,  fut  remplacée  par  celle-ci  :  Lumen  ad  reve- 
lationem,  etc.  On  avait  souvent  autrefois,  dans  les  psaumes  et 
les  cantiques ,  changé  la  ponctuation  pour  les  besoins  du  chant 
et  pour  la  division  nécessitée  par  la  récitation  [commoditatis 
causa).  Urbain  \\\\  prescrivit  que  pour  ces  textes,  comme  pour 
tous  les  autres  qui  étaient  tirés  de  l'Ecriture  '  Lectiones  et  Capi- 
tula)^ on  s'en  tiendrait  strictement  à  la  ponctuation  de  l'édition 
de  la  Vulgate  du  pape  Clément  VIII.  Toutefois,  afin  d'avoir 
dans  la  psalmodie  un  point  de  repère  pour  les  coupures  et  les 
pauses  nécessaires,  et  pour  marquer  la  médiante,  il  introduisit 
un  astérisque  qui  partageait  en  deux  chaque  verset  de  psaume. 

1  D'après  les  sources  manuscrites  déjà  citées  et  le  P.  Charles  de  Smedt, 
Introd.  generalis  in  hist.  eccl.,  Gandavi,  1876,  p.  506-508. 

2  Pour  les  détails,  voir,  outre  la  bulle  Divinam  psalmodiam,  au  com- 
mencement du  Bréviaire,  l'ouvrage  souvent  cité  de  D.  Guéranger,  Inst. 
liturg.,  t.  I,  2«  édition,  p.  515  sq.  Merati,  In  Gavant.,  sect.  II,  c.  ii  et  m; 
sect.  V,  c.  VI  et  xii  ;  sect.  VII,  c.  i  et  m.  Grancolas ,  Comment,  hist.  in  Brev. 
rom.,  t.  1,  6,  p.  19.  On  peut  ajouter,  comme  sources  de  première  main, 
le  cod.  S.  3,  -2,  de  la  Bibliolheca  Angelica,  à  Rome,  qui  contient  les 
Acta  in  S.  Congregat.  Rit.  pro  correctione  Martyrol.  et  Breviarii  romani 
cum  adnotationibus  M.  Fortunati  Scacchi,  Ord.  Erem.  S.  Aug.;  en  parti- 
culier fol.  131  sq.  Cf.  aussi  Schober,  p.  59,  où  les  principaux  faits  sont 
donnés  en  résumé. 

Brév.,  t.  II.  19 


290  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Correction  des  hymnes.  —  La  modification  la  plus  grave  que 
subit  le  texte  du  Bréviaire  sous  ce  pape,  fut  la  «  correction  » 
des  hymnes.  Elle  fut  réalisée  (peut-être  aussi  mise  en  train?) 
par  quatre  Jésuites  :  Mathias  Sarbiewski,  Polonais  (f  1640) ,  qui 
habitait  alors  dans  la  résidence  des  Jésuites  de  Rome  ',  et  ses  trois 
confrères  italiens  :  Famiano  Strada,  Tarquinio  Galluzzi,  Hiero- 
nymo  Petrucci.  Ces  savants  hommes  paraissent,  dans  leur  zèle 
pour  la  pureté  de  la  prosodie  et  de  la  métrique  classiques ,  avoir 
oublié  que  les  classiques  de  fâge  d'or  eux-mêmes  prenaient  de 
grandes  licences  dans  leurs  poésies  lyriques  et  s'écartaient  de  la 
métrique  traditionnelle^. 

Celui  qui  ne  connaît  que  les  auteurs  purement  classiques  et 
qui  ignore  et  le  moyen  âge  et  la  poésie  rythmique  des  Latins 
et  des  Grecs  de  l'antiquité,  poésie  qui  se  conserva  surtout  dans 
les  chants  populaires  parallèlement  aux  productions  artistiques 
de  l'âge  classique,  celui-là  tiendra  évidemment,  avec  les  Barbe- 
rini,  pour  barbare  la  métrique  accentuée,  où  le  rythme  consiste 
dans  les  battements  de  l'arsis  et  de  la  thésis.  Quoi  qu'il  en  soit, 
considérer  comme  une  matière  brute  les  hymnes  d'un  Prudence, 
d'un  Sedulius,  d'un  Sidoine  Apollinaire,  d'un  Venance  Fortunat, 
d'un  saint  Ambroise,  d'un  saint  Paulin  d'Aquilée  et  d'un  Rhaban 
Maur,  et  vouloir  les  modeler  et  les  limer  sur  le  patron  pagano- 
classique,  devait  paraître,  au  moins  à  tous  les  yeux  chrétiens, 
une  hardiesse  excessive,  et  aujourd'hui,  où  dans  les  milieux 
ecclésiastiques  on  respecte  davantage  la  tradition  des  Pères,  on 
trouverait  difficilement  des  partisans  de  cette  manière  de  faire. 
On  doit  aussi  s'étonner  de  voir  traiter,  non  seulement  le  Te 
Deum,  mais  VAve,  maris  slella,  d'hymnes  en  prose  ihymnos 


'  Ses  œuvres  parurent  à  Brcslau  [Opéra  poetica,  Vratislaviaj,  1735). 
Œuvres  lyriques,  traduites  du  latin  par  Rathsmann,  ibid.,  1800.  Hugo 
Grotius  le  compare  à  Horace;  d'autres  le  placent  au-dessus  de  Jacques 
Balde,  Y  «  Horace  allemand  ».  Cf.  sa  biographie  dans  les  Stiminen  aus 
Maria-Laach  (1873),  t.  iv,  p.  159  sq.,  343  sq.  ;  t.  v,  p.  61  sq.,  365  sq. 

2  [D.  Bâumer,  qui  ici  se  montre  justement  sévère  pour  les  correcteurs, 
n'a  pas  eu  connaissance  d'une  très  intéressante  lettre  du  P.  Famiano  Strada 
(Bibl.  Vitt.  Emm.  de  Rome  [507],  Ms.  S.  Onofrio,  136),  publiée  par  Ven- 
turi  dans  la  préface  de  son  ouvrage  Gli  inni  délia  chiesa  (Firenze,  Gia- 
chetti,  1880).  Cette  lettre  prouve  que,  dans  cette  revision,  la  part  des 
Jésuites  est  beaucoup  moindre  qu'on  l'avait  cru;  tout  l'honneur  (?),  ou 
peu  s'en  faut,  en  revient  à  Urbain  VIII.  Cf.  l'article  du  P.  deSanti,  dans 
la  Civillà  catlolica  (18  janvier  1896).  Tr.j 


CHAPITRE  IX  291 

soluta  oratione  comprehensos)^  et  d'entendre  dire  des  hymnes 
de  saint  Thomas  d'Aquin  (le  Pange  lingaa,  le  Sacris  solemniis, 
le  Verhum  supernum)  qu'elles  sont  etriisco  rythmo  compositiK 

Les  fautes  découvertes  par  ces  prétendus  correcteurs  se  mon- 
taient, en  chiffre  rond,  à  mille.  Toutefois  ils  en  laissèrent,  et 
même  un  grand  nombre,  sans  y  toucher^.  Ils  en  écartèrent  ou 
corrigèrent  en  tout  neuf  cent  cinquante -deux,  cinquante -huit 
dans  le  Psalterium  feriatum  per  hebdomadam,  trois  cent  cin- 
quante-neuf dans  le  Propriiim  de  lempore,  deux  cent  quatre- 
vingt-trois  dans  le  Proprium  sanctorum  et  deux  cent  cinquante- 
deux  dans  le  Commune  sanctorum.  Deux  hymnes  (  Tihi,  Christs 
splendor  Patris,  de  la  fête  de  saint  Michel,  et  Urhs  heata  Jéru- 
salem, de  la  Dédicace)  furent  entièrement  refondues  et  refaites 
sur  un  nouveau  mètre  :  Te ,  splendor  et  virtus  Patris  et  Cxlestis 
urbs  Jérusalem.  Sur  le  rapport  et  la  motion  du  cardinal  Millino, 
la  Congrégation  des  Rites  approuva,  le  17  mars  1629,  les  chan- 
gements proposés,  et  fit  imprimer  les  hymnes  ainsi  corrigées  dans 
un  petit  volume  que  publia  Timpinmerie  vaticane.  Tous  les 
prêtres  et  clercs  reçurent  Favitorisation  de  réciter  désormais  ces 
hymnes  à  l'office ,  à  la  place  de  l'ancienne  version.  Par  la  bulle 
Divinam  psalmodiam ,  Urbain  VIII  les  introduisit  dans  l'édition 
officielle  du  Bréviaire  de  1632.  Plus  tard,  le  même  pape  fit 
imprimer  ce  nouveau  texte  avec  notes,  pour  l'usage  de  l'office 
public,  et,  par  la  Constitution  Cum  alias,  du  27  avril  1643,  il 
le  rendit  obligatoire  pour  Rome  et  les  environs. 

Critique.  —  L'œuvre  des  quatre  Jésuites  fut  diversement  appré- 
ciée. Leurs  confrères,  parmi  lesquels  Théophile  Raynaud,  Charles 
Guyet  et  Faustin  Arevalo,  donnèrent  une  pleine  approbation, 
tandis  qu'un  grand  nombre  d'autres  liturgistes,  historiens,  patro- 
logues  et  théologiens  qui,  eux  aussi,  «  étaient  nés  en  Arcadie,  » 

*  C'est  ce  qu'on  peut  voir  dans  Tintroduction  de  la  première  édition  de 
ces  hymnes  «  corrigées  »  :  Hymni  Breviarii  romani  Smi  D.  N.  Urhani  VIII 
iussu  et  S.  Rit.  congr.  approhatione  emendati  et  editi,  Romai,  1629. 

2  In  omnibus  relicta  sunt  milita,  quœ  fieri  meliora  potuissent ,  et  alii 
sine  ulla  mutatione  sarti  tectique  manserunt.  Texte  du  rapport  dans  Scho- 
ber,  p.  60  sq.,  où  on  lit,  au  sujet  des  hymnes  de  saint  Thomas  :  Habent 
enim  certos  aurium  ictus,  et  musica  tempora  suis  in  locis  ex  lialicorum 
norma  et  proportione  metrorum  et  légitima  posl  intervalla  similiter  ca- 
dunt  et  desinunt.  Quœ  aurium  illecebra  causa  fuit,  ut  hymnos  etiam 
alios  numéro  perpaucos ,  œquali  vocum  terminalione  similiter  cadentes 
(rime!)  atque  desinentes,  mutari  non  debere  duxerunt. 


292  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

reprochèrent  aux  correcteurs  leur  arbitraire  '.  Dans  tous  les  cas, 
la  facilité,  la  simplicité  et  la  noble  popularité  des  hymnes  avaient 
disparu,  et,  en  effet,  comme  les  chantres  et  les  cérémoniaires  ou 
ceux  qui  dirigeaient  les  chœurs  dans  les  basiliques  romaines  s'en 
plaignirent  bientôt ,  les  correcteurs  étaient  certainement  plus 
familiarisés  avec  la  muse  païenne  qu'avec  la  musique  chrétienne  ^. 
Un  autre  critique  s'exprimait  ainsi  :  Accessit  latinitas  et  reces- 
sit  pietas.  —  Aujourd'hui,  fort  heureusement,  on  a  davantage 
le  sens  de  la  science  historique  et  l'on  montre  plus  de  vénéra- 
tion pour  les  œuvres  des  saints  Pères,  non  seulement  à  Rome, 
mais  aussi  chez  les  savants  laïques.  Dans  les  universités  d'Alle- 
magne, d'Autriche  et  de  Suisse,  à  Louvain,  à  Paris,  à  Oxford 
et  à  Cambridge,  l'on  étudie  avec  une  prédilection  marquée  la 
latinité  de  l'époque  postérieure  aux  Pères,  aussi  bien  que  celle 
du  début  du  moyen  âge ,  ainsi  que  les  hymnes  qui  ont  été  com- 
posées durant  ce  temps ^.  Aujourd'hui,  les  confrères  des  quatre 
Jésuites,  entre  autres  les  pères  G. -M.  Dreves,  de  Santi  et 
E.  Souiller,  sont  les  plus  zélés  et  les  plus  heureux  défenseurs  du 
trésor  des  hymnes  de  l'antiquité  chrétienne  et  de  leur  foi'me^. 


1  Raynaud,  Opéra,  t.  xi,  p.  12.  Guyet,  Heortologia ,  t.  m,  c.  v,  quest.  2. 
Arevalo,  Hymnodia  hispanica,  §  28  (dans  P.  L.,  imprimé  en  tête  des 
œuvres  de  Prudence). 

2  D.  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  i,  p.  516  sq.  Le  pénitencier  de  l'église 
du  Latran,  Louis  Cavalli,  J..-B.  Thiers  et  Henri  Valois  (  Valesius)  s'expri- 
mèrent aussi  vigoureusement  contre  la  «  correction  ».  Cf.  Merati,  In  Ga- 
vant., t.  H,  sect.  V,  c.  VI,  n.  5. 

3  Que  l'on  consulte  par  exemple  les  nombreux  articles,  très  intéressants, 
et  où  perce  un  vif  amour  pour  les  auteurs  peu  classiques  des  v«,  vi",  vii», 
vni«  et  ixe  siècles,  de  la  Neues  Archiv  der  Gesellschaft  fur  altère  deutsche 
Geschichtskiinde ,  Hanovre  et  Leipzig,  ou  de  V Archiv  fur  lateinische 
Lexikographie,  Munich. 

■^  Voir  des  détails  sur  la  question  des  hymnes  en  appendice.  Cf.  Mone, 
Lateinische  Hymnen,  1. 1,  p.  vi-xi.  h'Àmmev  [Cselestis  urbs  Ierusalem,p.lA  sq., 
92  sq.)  et  Schober  {op.  cit.,  p.  62)  se  montrent  particulièrement  enthousiastes 
pour  les  nouveautés.  En  revanche,  que  l'on  veuille  bien  lire  ce  que  disent 
Batiffol  et  Chevalier  :  «  ...Corriger  la  prosodie  ou  la  soi-disant  prosodie  des 
hymnes  ecclésiastiques.  Singulière  exigence  du  goût  d'une  époque!  C'est 
ainsi  que  les  Barberini  et  tant  d'autres  refaisaient  aux  statues  antiques 
ces  membres  qui  les  défigurent  plus  que  les  mutilations  séculaires  de  leur 
marbre!  Que  les  Jésuites  aient  dépassé  la  mesure  et  que,  sous  prétexte 
de  restaurer  les  hymnes  selon  les  règles  de  la  métrique  et  du  beau  lan- 
gage, ils  aient  «  déformé  l'œuvre  de  l'antiquité  chrétienne,  c'est  chose 
«  aujourd'hui  avérée  »,  écrit  M.  l'abbé  Chevalier...  Les  meilleurs  cano- 
nistes  (Bouix,  par  exemple),  tout  en  maintenant,  ce  que  personne  ne  con- 


CHAPITRE  IX  293 

La  nouvelle  rédaction  des  hymnes ,  une  fois  introduite  dans 
l'édition  officielle  du  Bréviaire  d'Urbain  VIII,  fut  obligatoire  pour 
le  clergé  séculier  et  régulier,  à  quelques  exceptions  près.  Mais  à 
Saint-Pierre  de  Rome  ^ ,  dans  le  Bréviaire  de  la  chapelle  papale , 
dans  le  Bréviaire  des  bénédictins ,  des  chartreux ,  des  cister- 
ciens, des  dominicains  et  d'une  partie  des  carmes  et  des  prémon- 
trés, l'ancienne  forme  a  été  maintenue  et  même,  d'après  le  texte 
des  décrets  cités  ci -dessus,  elle  a  été  prescrite  aux  Bénédictins. 

Hymnes  et  offices  d'Urbain  VIII.  —  Dans  son  zèle  pour  la  cor- 
rection du  Bréviaire,  Urbain  ^'III  a  dépassé  tous  ses  prédéces- 
seurs et  ses  successeurs  du  xvn®  siècle  ;  de  même,  aucun  ne  peut 
lui  être  comparé  pour  l'ardeur  qu'il  porta  à  ordonner  de  nou- 
veaux offices  et  des  fêtes  de  saints.  Poète  distingué  lui-même, 
il  composa  les  hymnes  propres  des  fêtes  qu'il  créa  de  sainte 
Martine,  de  saint  Herménégilde  et  de  sainte  Elisabeth  de  Por- 
tugal. Elles  sont  aujourd'hui  au  Bréviaire,  aux  30  janvier,  13  avril 
et  8  juillet^.  Le  très  riche  office  de  sainte  Elisabeth  est  tout 
entier  l'œuvre  de  ce  pape.  Il  créa  encore,  comme  fête  double, 
saint  Hyacinthe  de  Pologne  (16  août)  ;  comm'e  semidoubles,  les 
fêtes  de  sainte  Bibiane  (  2  décembre  )  ,  sainte  Martine  ,  saint 
Herménégilde  (13  avril);  sainte  Catherine  de  Sienne  (30  avril), 
saint  Eustache  et  ses  compagnons  (20  septembre)  ;  comme  semi- 


teste,  l'obligation  d'en  user  dans  la  récitation  du  Bréviaire,  laissent  entre- 
voir que  l'Eglise,  par  l'organe  de  son  chef,  pourra  revenir  un  jour  de  la 
décision  d'Urbain  VIII  et  reprendre  l'ancienne  forme  »  (Batiffol,  Hist.  du 
Bréc.  romain,  2«  édit. ,  p.  262-265).  Ulysse  Chevalier  (Le  Bréviaire  romain, 
dans  VUniversité  catholique ,  Lyon,  1891,  t.  viii,  p.  122  sq.)  et  Pimont  {Les 
hymnes  du  Brév.  rom.,  Paris,  1874- 188 i,  t.  i  et  ii)  montrent  «  tout  ce  que 
le  sens  chrétien  et  la  véritable  piété  ont  perdu  à  ce  changement  ».  [Nous 
croyons  savoir  que  les  membres  de  la  Commission  du  chant  grégorien, 
instituée  par  Pie  X  et  réunie  en  congrès  en  septembre  190i,  à  Appuldurcombe 
(île  de  Wight),  ont  aussi  formulé  le  vœu  de  ce  retour  à  l'ancien  texte  des 
hymnes,  qui  faciliterait  l'exécution  des  mélodies  grégoriennes.  Tr.j 

1  Cf.  Breviarium  romanum  cum  psalterio  proprio  et  officiis  sanctorum 
ad  usum  cleri  hasilicœ  Vaticanse,  démentis  X  auctoritate  editiim,  Paris, 
1674.  Celui  qui  ne  possède  pas  cette  édition  ou  une  édition  postérieure  de 
ce  Bréviaire  de  la  basilique  papale  n'a,  pour  se  convaincre  qu'on  les  con- 
serve à  Saint- Pierre  et  à  Saint- Paul  (Bénédictins),  qu'à  assister  une  fois 
à  l'église  Saint -Pierre  à  l'office  des  Matines,  des  Laudes  et  des  Vêpres, 
ou  seulement  des  petites  Heures. 

2  Les  poésies  d'Urbain  VIII  ont  paru  sous  ce  titre  :  Maphei  S.  R.  E. 
card.  Barberini,  nunc  Urbani  VIII,  poëmaia,  Romœ  ex  typographia  Ca- 
merac  apostolicœ,  1631. 


294  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

doubles  ad  libitum,  celles  de  saint  Philippe  de  Néri  (26  mai), 
saint  Alexis  (17  juillet),  sainte  Thérèse  (15  octobre),  sainte 
Elisabeth  de  Portugal.  —  Saint  Henri  II  (15  juillet)  et  saint 
Etienne  de  Hongrie  (20  août)  reçurent  une  commémoraison, 
c'est-à-dire  devinrent  fêtes  simples. 


Après  Urbain  VIII  jusqu'à  la  fin  du  XVII«  siècle. 

D'Urbain  VIII  (1623-1644)  au  pontificat  de  Benoît  XIV  (1740- 
1758),  nous  ne  rencontrons  aucune  tentative  autorisée  de  cor- 
rection ou  de  modification  du  plan  du  Bréviaire  romain.  En  effet, 
le  projet  présenté  par  le  bienheureux  cardinal  Joseph -Marie 
Tommasi ,  et  relatif  à  une  réforme  à  apporter  dans  la  récitation 
privée  de  l'office,  qu'il  opposait  à  la  récitation  publique,  paraît 
n'avoir  pas  eu  de  caractère  officiel  et  n'avoir  pas  été  encouragé  par 
les  autorités  compétentes.  Il  semble  dû  à  l'initiative  personnelle 
du  saint  prêtre  et  du  savant  liturgiste*.  Le  Bréviaire  d'Urbain  VIII 
est  demeuré  jusqu'à  nos  jours,  dans  ses  grandes  lignes  (Psautier, 
Propre  du  temps,  Commun  des  saints),  la  Vulgata  recensio 
du  Bréviaire. 

Il  ne  nous  reste  donc  qu'à  indiquer  brièvement  comment  s'est 
enrichi  durant  ces  deux  cents  ans  le  Calendrier  officiel  des  fêtes 
ou  le  Propre  des  saints  du  Bréviaire,  encore  que,  sous  bien 
d'autres  rapports,  ces  deux  derniers  siècles  aient  été  témoins 
de  tristes  choses.  Ce  qui  suit  est  surtout  emprunté  à  dom  Gué- 
ranger  et  à  Gavanti-Merati. 

Additions  au  Calendrier  des  fêtes  jusqu'à  la  fin  du  siècle.  — 
Le  successeur  immédiat  d'Urbain  VIII,  Innocent  X,  de  la 
famille  des  Pamphili  (1644-1655),  ajouta  au  Calendrier,  avec 
le  rite  double,  la  patronne  de  Rome,  le  type  des  matrones  chré- 
tiennes et  la  fondatrice  des  oblates  de  Saint -Benoît,  sainte 
Françoise  Romaine  (9  mars).  Il  ordonna  pour  toute  l'Eglise, 
comme  semidoubles  de  précepte  :  saint  Ignace  de  Loyola,  avec 
une  nouvelle  oraison  (l'office,  composé  dès  1623,  demeura  le 


*  Il  se  trouve  dans  le  septième  volume  de  ses  œuvres  (Tommasii  Opéra, 
éd.  Vezzosi,  Romae,  1747  sq.,  t.  vu,  p.  62  sq  ).  On  ne  saurait  y  voir  une 
pièce  officielle  ni  un  rapport  qui  aurait  été  proposé  à  une  session  de  la 
Congrégation  des  Rites. 


CHAPITRE  IX  295 

même  pour  tout  le  reste)  ;  sainte  Thérèse  et  saint  Charles  Borro- 
mée.  Ces  deux  derniers  avaient  jusque-là  été  ad  libitum.  La 
fête  de  sainte  Claire  devint  double  ad  libitum^. 

En  donnant  de  préférence  le  rite  semidouble  aux  fêtes  de 
saints,  on  voulait  garantir  la  célébration  régulière  de  l'office  du 
dimanche  [de  ea)'^.  Il  était  donc  ainsi  possible,  avec  le  retour 
assez  fréquent  des  jours  de  férié,  de  réciter  souvent  encore  le 
psautier  entier  durant  Tannée.  Nous  verrons  dans  la  suite  com- 
ment, à  partir  de  ce  moment,  ce  principe  de  donner  la  préférence 
à  l'office  du  dimanche  (Dominiez  per  annum)  et  à  la  récitation 
hebdomadaire  du  psautier  entier  tomba  peu  à  peu  dans  l'oubli. 

Alexandre  VII.  —  L'habile,  prudent  et  zélé  Alexandre  VII 
(Fabio  Chigi,  1655-1667),  qui  réunit  autour  de  lui  une  foule 
d'hommes  savants  et  vertueux,  mais  qui  malheureusement, 
comme  Urbain  VIII,  fut  entaché  de  népotisme,  et  qui,  comme 
ce  dernier  pape  l'avait  fait  pour  les  Barberini,  donna,  contre 
toute  justice,  les  plus  hautes  places  aux  membres  de  sa  famille, 
s'est  élevé  dans  l'histoire  du  Bréviaire  un  monument  durable. 
Il  établit  la  fête  de  saint  François  de  Sales  et  en  composa  lui- 
même  la  belle  collecte.  Il  éleva  la  fête  de  saint  Charles  Borro- 
mée  au  rite  double  ;  celle  de  saint  Philippe  de  Néri  au  rite  semi- 
double  de  précepte.  Avec  le  même  rite,  il  introduisit  au  Calen- 
drier, en  1663,  saint  Pierre  Nolasque,  saint  Bernardin  de  Sienne 
et  saint  François -Xavier;  et,  comme  semidoubles  ad  libitum, 
les  fêtes  de  saint  André  Gorsini  et  de  saintThomas  de  Villeneuve. 

Clément  IX.  —  Clément  IX  (Giulio  Respigliosi,  1667-1669), 
d'un  esprit  remarquablement  cultivé,  et  Clément  X  (Altieri, 
1669-1676),  suivirent  l'exemple  de  leurs  prédécesseurs,  enri- 
chissant le  Bréviaire  de  nouveaux  offices  de  saints.  Le  premier 
éleva  au  rite  double  les  fêtes  de  saint  Philippe  de  Néri,  de  saint 
Nicolas  de  Tolentino  et  de  sainte  Thérèse  ;  il  établit  comme 
semidoubles  de  précepte  les  fêtes  de  sainte  Monique  et  de  saint 
Pierre  Céleslin  ou  Morone ,  tandis  qu'il  élevait  au  même  rang 
plusieurs  autres  fêtes  auparavant  semidoubles  ad  libitum,  celles 


1  Schober,  Explanatio  crilica,  p.  237. 

*  Sainte  Françoise  reçut  le  rite  duplex,  parce  que,  durant  la  Septuagc- 
sime  et  le  Carême,  où  tombait  cette  fête,  les  fêtes  duplex  devaient  aussi 
le  céder  aux  dimanches  (depuis  la  Septuagésime  jusqu'au  Dominica  in 
albis). 


296  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

de  saint  Jean  Gualbert,  de  saint  Henri  II ,  des  Stig-mates  de  saint 
François  d'Assise.  De  nouvelles  fêles,  celles  de  saint  Vincent 
Ferrier,  de  saint  Raymond  Nonnat  et  de  saint  Rémi,  eurent  le 
rite  semidouble  ad  lihilum. 

Clément  X.  —  Aucun  pape  de  cette  période  n'enrichit  le 
Bréviaire  d'autant  de  nouveaux  saints  que  Clément  X.  Tout 
d'abord,  il  donna  à  la  fête  de  saint  Joseph  le  rang-  de  double  de 
seconde  classe  et  établit  comme  double  la  fête  de  sainte  Elisa- 
beth de  Hongrie  ou  de  Thuring-e.  Il  éleva  au  rite  double,  oblig-a- 
toire  pour  toute  l'Eglise,  l'office  des  saints  Anges  gardiens,  qui 
jusque-là  n'avait  été  que  double  ad  lihilum.  Il  fît  doubles  les 
semidoubles  suivants  :  François  -  Xavier,  Nicolas,  Pierre  No- 
lasque,  Pierre  martyr,  Catherine  de  Sienne,  Norbert,  Antoine 
de  Padoue,  Claire,  Cécile,  Eustache  et  ses  compagnons,  Bruno. 
Les  offices  des  saints  qui  suivent  furent  insérés  au  Bréviaire 
avec  le  rite  semidouble  et  prescrits  à  tout  le  clergé,  rég-'ulier  et 
séculier  :  Raymond  de  Penafort,  Venance  de  Camerino,  Marie- 
Magdeleine  de  Pazzi ,  Gaétan  de  Thienne,  Pierre  d'Alcantara, 
Didace  ou  Diego.  Au  même  rang,  mais  ad  lihilum,  les  nouvelles 
fêtes  de  saint  Canut  et  de  saint  Wenceslas. 

Le  nombre  des  fêtes  doubles  allant  toujours  croissant,  il  ne 
pouvait  manquer  de  se  produire  une  révolution  liturgique  dans 
l'organisation  du  culte  jusque-là  observée.  En  effet,  comme  les 
fêtes  devenaient  peu  à  peu  prépondérantes,  l'office  du  dimanche, 
à  l'exception  de  l'Avent  et  du  Carême,  devait  très  souvent  leur 
céder  le  pas.  De  plus,  fort  souvent,  la  semaine  se  trouvait  entiè- 
rement ou  en  grande  partie  si  bien  remplie  par  les  fêtes  transfé- 
rées, qu'il  était,  la  plupart  du  temps,  impossible  de  l'éciter  tout 
le  psautier  dans  les  heures  canoniales. 

Innocent  XL  —  Dans  la  personne  du  pieux  et  savant  théolo- 
gien Benoît  Odescalchi,  qui  fut  Innocent  XI  (1676-1689),  la 
chaire  de  Pierre  parut  être  occupée  par  un  sainte  C'est  sous 
ce  pape  que  la  lutte  de  la  régale,  commencée  par  Louis  XIV 


'  A  plusieurs  reprises  son  procès  de  béatification  a  été  introduit  sous 
Clément  XI,  Clément  XII  et  Benoît  XIV;  mais  la  béatification  n'a  pas  eu 
lieu,  à  cause  des  reproches  que  la  France  et  certains  personnages  influents 
ont  élevés  à  Rome.  Léon  XIII  a  repris  le  procès,  mais  ne  l'a  pas  mené 
à  bonne  fin.  Cf.  Lippi-Berthier,  Vila  di^apa  Innocenzo  XI,  Roma,  typo- 
grafia  Vaticana,  1889. 


CHAPITRE  IX  297 

contre  son  prédécesseur  Clément  ,  atteignit  son  plus  haut 
degré  d'acuité.  Le  noble  et  sage  souverain,  grâce  à  l'économie 
et  à  la  simplicité  introduites  par  lui  à  la  cour  pontificale,  avait 
pu  fournir  des  subsides  pécuniaires  considérables  à  l'empe- 
reur Léopold  pour  sa  guerre  contre  les  Turcs  ;  par  la  suppres- 
sion de  la  charge  des  vingt- quatre  écrivains  apostoliques  (créée 
par  Galixte  III)  et  par  sa  vigoureuse  intervention  contre  la  vie 
dissolue  de  la  noblesse  indigène  ou  étrangère  à  Rome,  il  s'était 
acquis  un  renom  mérité  de  sainteté.  Le  '26  novembre  1683,  il 
établit  ,  comme  fête  commémorative  de  la  défaite  des  Turcs 
devant  Vienne  (13  septembre  1683),  la  fête  du  saint  Nom  de 
Marie  (double  majeure),  qui  reçut  quelques  années  plus  tard, 
sous  Innocent  XII  (1693  ou  1694),  un  office  propre  (oraison  et 
leçons  propres  pour  le  dimanche  dans  l'octave  de  la  Nativité  de 
la  sainte  Vierge).  Innocent  XI  éleva  encore  au  rite  double  les 
fêtes  des  saints  Pierre  Célestin,  Jean  Gualbert,  Gaétan  de  Thienne, 
Ravmond  Nonnat  et  Janvier  et  ses  compagnons.  Comme  serai- 
doubles,  il  établit  les  fêtes  de  saint  Etienne  de  Hongrie  et  de 
saint  Edouard  le  Confesseur. 

Alexandre  VIIL  —  Le  Vénitien  octogénaire  Pierre  Ottoboni, 
qui  fut  le  pape  Alexandre  VIII,  et  qui  acquit  pour  la  Bibliothèque 
vaticane  la  collection  de  Christine  de  Suède,  si  importante  et  si 
précieuse  pour  l'histoire  de  la  liturgie,  marcha,  durant  son  court 
pontificat  (1689-1691),  sur  les  traces  glorieuses  de  ses  deux 
prédécesseurs,  et  établit  semidouble  l'office  de  saint  François 
Borgia,  et  du  même  rite,  mais  ad  libitum,  la  fête  de  saint  Lau- 
rent Justinien,  jadis  patriarche  de  Venise. 

Innocent  XIL  —  Innocent  XII  (Antonio  Pignatelli,  1691-1700) 
donna,  par  une  bulle  énergique,  le  dernier  coup  au  népotisme. 
Sa  sainte  vie ,  sa  bienfaisance  et  ses  diverses  mesures  de  gouver- 
nement et  d'administration  lui  gagnèrent  tous  les  cœurs.  Il  ins- 
titua l'Octave  de  la  Conception  de  la  sainte  Vierge  et  établit  la 
fête  de  Notre-Dame  de  la  Merci  (24  septembre)  ou  de  la  Déli- 
vrance des  captifs.  Il  éleva  au  rite  double  les  offices  de  saint 
François  de  Sales  et  de  saint  Félix  de  Valois  et  inscrivit,  avec 
le  même  rite,  les  fêtes  de  saint  Jean  de  Matha  et  de  saint  Phi- 
lippe Benizzi.  Enfin  il  rendit  semidoubles  obligatoires  les  fêtes 
jusque-là  ad  libitum  de  saint  André  Corsini,  de  saint  Alexis  et 
de  saint  Thomas  de  Villeneuve. 


298 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


De  la  sorte,  l'Église  reçut  durant  cette  période  toute  une  série 
d'intercesseurs  nouveaux.  Elle  offrit  à  Fimitation  du  clergé  et 
des  fidèles  de  nombreux  types  de  vertu.  Ces  additions  faites  au 
Bréviaire  n'altérèrent  en  rien  sa  substance  :  elles  prêtèrent 
à  l'année  liturgique  un  éclat  nouveau.  A  l'universelle  diminution 
de  foi,  à  l'esprit  de  naturalisme  qui  caractérisa  cette  époque, 
aux  convoitises  schismatiques  et  aux  intérêts  nationaux  ou  par- 
ticuliers, elles  opposèrent  les  principes  surnaturels  et  donnèrent 
en  exemple  l'union  des  deux  Eglises,  militante  et  triomphante. 


NOTE 

Corrections  de  la  Commission  d'Urbain  VIII. 


EMENDATA  lUSSU  URBANI  VIII 
1632  IN  BREVIARIO  CLEMENTINO  ANNI  1602 


Die  7  Decembris  (S.  Ambrosii). 


1602 
Lectio  VI  (init.).  Eumque  (Ma- 
ximum) pœnitentiam  agere  reçu- 
santem  a  communionis  consortio 
segregavit. 


1632 
Eoque  pœnitentiam   agere    ré- 
cusante ab  eius  communione  se- 
movit. 


Die  20  lanuarii  (SS.  Fabiani  et  Sebastiani). 


Lectio  IV  (med.).  Eo  (Fabiano) 
Pontifice  in  Africa  excitata  est 
haeresis  a  Novato  contendente 
apostatas  pœnitentes  ab  Ecclesia 
recipiendos  non  esse. 


Tout  le  passage  fut  supprimé. 


Die  27  lanuarii  (S.  loannis  Chrysost.). 


Lectio  IV. Apud  Eudoxiametiam, 
quod  eam  propter  ademptum  Cal- 
litropee  viduae  agrum  repreben- 
disset,  graviter  offendit. 


Apud  Eudoxiam  eliam ,  quod 
eam  propter  Callitropse  viduee 
pecuniam  et  alterius  viduœ  agrum 
reprehendisset,  graviter  offendit. 


CHAPITRE  IX 


299 


Die  1  Februarii  (S.  Ignatii  Ep.  M.). 


Lectio  6.  (med.).  Cumque  iam 
damnatus  esset  ad  bestias  et  ru- 
gientes  audiret  leones ,  ardore 
patiendi  ait:  ... 


Cumque  iam  damnatus  esset 
ad  bestias,  et  ardore  patiendi, 
rugientes  audiret  leones,  ait:.,. 


Die  9  (10)  Martii  (SS.  XL  Martyrum). 


In  Lectione  iv.  Nudi  sub  aperto 
aëre  pernoctare  iussi  sunt. 


Nudi  sub  aperto  aëre  supra 
stagnum  rigens  pernoctare  iussi 
sunt. 


Die  11  Aprilis  (S.  Leonis  Magni). 


Lectio  V  (med.).  Sed  cum  Ec- 
clesiam  a  multis  bœresibus  op- 
pugnari,,.  videret,  totum  se  ad 
eam  purgandam  et  in  fide  catho- 
lica  confirmandam  contulit.Quare 
concilium  Clialcedonense  indi- 
xit,  ubi,..  Nestorius,  Eutyches  et 
Dioscorus  beeretici  condemnati 
sunt. 


Sed  cum  Ecclesiam  a  multis 
hœresibus  oppugnari...  videret, 
ad  eam  purgandam  et  in  fide  ca- 
tholica  confirmandam  concilium 
Chalcedonense  indixit,  Ubi,., 
Eutyches  et  Dioscorus  et  iterum 
Nestorius  condemnati  sunt. 


Die  3  Maii  (Pro  S.  Alexandro). 


1602 
In  Lectione  ix.  Martyrio  corona- 
tus  est  una  cum  Eventio  presby- 
tère et  Theodulo  diacono. 


1632 
Martyrio     coronatus    est    una 
cum    Eventio  et  Theodulo  pres- 
byteris. 


Die  9  Maii  (S.  Gregorii  Nazianzeni). 


Lectio  IV  (med.).  In  quibus 
(studiis)  se  in  cœnobio  tredecim 
annos  exercuerunt. 


In   quibus   se   in   cœnobio  per 
aliquot  annos  exercuerunt. 


Die  15  Junii  (SS,  Viti  et  Sociorum). 


Lectio II  (med.).  Ipsum  (Vitum) 
Imperator  accerseret,  ut  filiam 
suam  a  dsemone  vexatam  libera- 
ret  :  qua  liberata  cum  ei.,. 


Ipsum  Imperator  accerseret , 
ut  filium  suum  a  dœmone  vexa- 
tum  liberaret  :  quo  liberato  cum 
ei... 


300 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Die  25  Julii  (S.  Jacobi). 


Lectio  V,  Verum  lacobus  post 
J.  C.  ascensum  in  caelum  in  lu- 
daea  et  Samaria  prsedicans  Eius 
divinitatem  plurimos,  in  quibus 
Hermogenem  magum,  ad  cliristia- 
nam  fidem  perduxit.  Mox  Hispa- 
niam  adiisse  et  ibi  aliquos  ad 
fidem  convertisse  ecclesiarum 
illius  provinciœ  traditio  est  :  ex 
quorum  numéro...  directi  sunt. 
Sed  Claudio  imperatore  Herodes 
ad  regnum  elatus ,  ut  a  ludœis 
gratiam  iniret... 


Post  lesu  Christi  ascensum  in 
cselum  in  ludaea  et  Samaria  Eius 
divinitatem  prsedicans  plurimos 
ad  christianam  fidem  perduxit. 
Mox  in  Hispaniam  profectus^  ibi 
aliquos  ad  Christum  convertit  : 
ex  quorum  numéro...  directi  sunt. 
Deinde  lerosolymam  reversus , 
cum  inter  alios  Hermogenem 
magum  fidei  veritate  imbuisset, 
Herodes  Agrippa  Claudio  impe- 
ratore ad  regnum  elatus ,  ut  a 
ludœis  gratiam  iniret... 


Die  3  Âugusti  (Inventio  S.  Stephani  protom.)- 


Lectio  V  (post  med.).  Sacra 
autem  corpora  summa  celebritate 
in  sanctam  ecclesiam  Sion  illata 
sunt.  Et  sub  Theodosio  iuniore 
corpus  sancti  Stephani  Constan- 
tinopolim... 


Sacrum  autem  sancti  Stephani 
corpus,  quod  summa  tune  cele- 
britate in  sanctam  ecclesiam  Sion 
illatum  est,  sub  Theodosio  iuniore 
Constantinopolim. . . 


Die  12  Âugusti  (S.  Clarœ  virg.). 

Lorsque  la  fête  fut  élevée  du  rang  de  simplex  à  celui  de  duplex,  la 
neuvième  leçon  fut  augmentée  et  divisée  en  trois,  sans  changements 
essentiels;  maison  ne  dit  plus  que  Innocent  IV  avait  visité  la  sainte 
dans  sa  dernière  maladie. 


Die  16  Septembris  (Pro  SS.  Euphemia  et  sociis). 


Lectio IX Euphemia...  demum 

leonibus  objecta  dilaniatur. 


Euphemia...  demum  bestiis  ob- 
iecta ,  una  ex  iis  morsum  sancto 
corpori  infigente,  ceteris  pedes 
eius  lambentibus,  immaculatum 
spiritum  Deo  reddidit. 


1  Dans  son  rapport  à  la  Congrcg'ation  pour  la  correction  du  Bréviaire 
sous  Clément  VIII,  Bellarmin  avait  discuté  la  présence  de  saint  Jacques 
en  Espagne.  Ce  rapport  se  trouve  dans  Bergel  [Zeitschrift  fur  kath.  Théo- 
logie, Innsbruck,  1884,  p.  325).  Comme  on  l'a  montré  plus  haut,  p.  283, 
les    expressions    furent,    à   cause    de   cela,   quelque   peu   modifiées.    Sous 


CHAPITRE  IX 


301 


Die  4  Octobris  (S.  Francisci  Ass.)- 


Lectio  VI.  ...Ubi  quadraginta 
diebus...  in  ieiunio  et  oratione 
consumptis. 


Ubi  quadraginta  dierum. 
nio  inchoato... 


Urbain  VIII,  favorable  aux  Espagnols,  ces  derniers,  par  un  savant  pro- 
memoriâ,  qui  se  trouve  encore  dans  le  cod.  Vallicell.  G.  76,  fol.  141-151, 
tentèrent  de  démontrer  la  certitude  d'un  séjour  de  Tapôtre  dans  leur  pays. 
On  s'appuyait  entre  autres  sur  des  lettres  hébraïques  de  l'année  35  ou  36, 
écrites  par  des  Juifs  d'Espagne  ou  de  Jérusalem ,  et  dont  la  traduction 
était  conservée  à  Tolède;  il  aurait  été  question  du  fait  dans  la  chronique 
de  Julianus,  archiprêtre  de  Tolède.  La  conséquence  de  cette  preuve  se 
trouverait  dans  la  modification  que  la  leçon  eut  à  subir,  comme  on  l'a  vu 
plus  haut. 


CHAPITRE     X 


LE  XVIIIe  ET  LE  XIX«  SIÈCLE 


Clément  XI.  —  Un  des  plus  grands  papes  des  temps  modernes 
occupait  le  siège  de  Pierre  au  commencement  du  xvm^  siècle. 
C'était  Giovanni -Francesco  Albani,  Clément  XI,  qui  avait 
inauguré  son  règne  le  23  novembre ,  en  la  fête  de'  saint  Clément 
(  1700-1721  ).  Il  se  rendit  surtout  célèbre  en  maintenant  les  droits 
de  l'Eglise  contre  les  entreprises  de  la  puissance  séculière  en 
France,  et  d'un  autre  côté  en  luttant  avec  succès  contre  le  jan- 
sénisme (bulle  Unigenilus  de  1713  ;  Appelants).  A  la  fête  de 
saint  Joseph  qui,  selon  Mérati*,  avait  déjà  i^eçu  par  décret  du 
21  novembre  une  hymne  et  une  antienne  propres  pour  le  Magni- 
ficat et  le  Benediclus ,  il  donna  un  office  propre,  entièrement 
nouveau,  composé  par  lui-même  et  que  nous  avons  encore 
aujourd'hui  au  Bréviaire.  Clément  XI  étendit  à  toute  l'Eglise  la 
fête  du  Rosaire  permise  par  Grégoire  XIII,  en  souvenir  de  la 
victoire  de  Lépante ,  aux  églises  qui  possédaient  un  autel  érigé 
en  l'honneur  du  Rosaire.  Il  créa  la  fête  de  saint  Anselme  avec 
l'office  des  docteurs  et  celle  de  saint  Pierre  d'Alcantara  avec 
l'office  des  confesseurs  ;  il  fit  semidoubles  les  saints  Pie  V, 
Jean  de  Dieu  et  Hedwige.  Il  éleva  au  rite  de  semidoubles  obli- 
gatoires les  fêtes  ad  lihitam  de  saint  Vincent  Ferrier,  de  saint 
Antonin  et  de  saint  Ubald^.  Comme  l'Italie  en  1703  avait  été 
cruellement  éprouvée  par  des  tremblements  de  terre  et  d'autres 
catastrophes.  Clément  XI  intercala  dans  les  litanies  des  Saints 
du  Bréviaire  les  invocations  :  A  flagella  (eriw  moins...  A  peste, 


1  Merati,  dans  Gavantus,   Thés.  s.  ril.,  sect.  VII,  c.  v,  19  mars. 

*  Le  dernier  de  ces  saints,  selon  Merati,  dans  Gavantus,  au  16  mai,  et 
d'après  un  codex  mscr.  Breviarii  de  la  Vaticane  {cod.  -4  760),  aurait 
été  inséré  dès  1192  par  Célestin  III;  en  1605,  il  ne  fut  que  "  réintégré  ». 
Pour  les  autres,  Gavanti  s'appuie  sur  le  Bréviaire  de  la  Vaticane  {cod. 
4753).  Cf.  D.  Guéranger,  ire  édit.,  t.  ii,  p.  524  sq.;  2«  édit.,  p.  -i66  sq., 
56i  sq.,  673  sq. 


CHAPITRE  X  303 

famé  et  bello,  libéra,  nos  Domine!  et  fit  placer  parmi  les  Oratio- 
nes  diversse  du  Missel  les  trois  belles  oraisons  composées  par  lui, 
qui  portent  ce  sous-titre  :  Tempore  terrse  motus.  Enfin,  en 
reconnaissance  de  la  guérison  dune  maladie  obtenue  par  l'inter- 
cession de  saint  Liboire ,  il  décréta  qu'on  ferait  sa  mémoire  au 
23  juillet. 

Innocent  XIII,  —  Innocent  XIII  (Angelo  de  Gonti)  (1721-1724) 
laissa  lui  aussi  durant  son  court  pontificat  des  traces  de  sa  bien- 
faisante activité  dans  le  Bréviaire.  Il  ajouta  au  cycle  des  fêtes  de 
Notre-Seigneur  celle  du  saint  Nom  de  Jésus,  comme  fête  de 
seconde  classe,  qui  serait  célébrée  le  deuxième  dimanche  après 
l'Epiphanie ,  et  au  calendrier  des  saints  la  fête  de  saint  Isidore 
avec  l'office  de  docteur.  Il  éleva  au  rite  double  saint  Paul , 
Ermite  (15  janvier) ,  et  saint  Jean  de  Dieu;  et  au  rite  semidouble 
de  précepte,  l'office  de  sainte  Elisabeth  de  Portugal,  jusque-là 
célébré  ad  libitum. 

Benoît  XIII.  —  La  création  de  la  fête  de  Grégoire  VII  par 
Benoît  XIII  (1724-1730)  a  une  histoire  fort  singulière.  Le 
grand  moine  Hildebrand,  pape  sous  le  nom  de  Grégoire  VII, 
avait  été  déclaré  saint  par  Grégoire  XIII ,  en  1584.  Alexandre  VII 
ordonna  de  célébrer  son  office  dans  les  basiliques',  et  il  le  plaça, 
au  Bréviaire  des  Bénédictins  et  des  Cisterciens ,  parmi  les  saints 
confesseurs  avec  un  office  propre. 

Office  de  saint  Grégoire  VII.  —  Par  décret  du  25  septembre 
1728,  Benoît  XIII  étendit  cet  office  à  toute  l'Eglise  avec  Oratio 
propria  et  de  nouvelles  leçons  au  deuxième  nocturne ,  dans 
l'intention  de  donner  un  contrepoids  aux  doctrines  du  gallica- 
nisme qui  gagnaient  chaque  jour  du  terrain'-.  Ce  décret  souleva 


1  D.  Guérang-er,  Inst.  liturcf.,  1"  édit.,  Paris,  18il,  t.  ii,  p.  46i  sq. 
Voir  aussi  dans  le  même  ouvrage,  p.  462  et  465,  ce  que  Sixte- Quint,  Clé- 
ment VIII  et  Innocent  XI,  <>  déclaré  vénérable  par  la  Congrégation  des 
Rites,  »  ont  fait  en  l'honneur  de  Grégoire  VII.  Voir,  p.  466  et  467,  les 
raisons  ou  les  idées  que  Rome  a  fait  valoir  pour  l'établissement  de  cette 
fête  et  pour  «  la  promulgation  universelle  de  la  légende  si  remarquable  » 
(2enoct.). 

2  Benoît  XIII  eut  donc  intention,  en  étendant  à  l'Eglise  universelle 
l'office  de  saint  Grégoire  VII,  de  faire  un  contrepoids  aux  envahissements 
du  gallicanisme,  qui,  de  jour  en  jour,  augmentaient  de  danger  et  d'im- 
portance, à  raison  surtout  des  efforts  d'une  secte  puissante  et  opiniâtre 
qui  menaçait  de  plus  en  plus  l'existence  de  la  foi  catholique  au  sein  du 
royaume  de  France.  Si  Rome  laissait  flétrir  plus  longtemps  la  mémoire 


304  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

en  France,  dans  les  Pays-Bas,  en  Autriche  et  dans  le  nord  de 
ritalie,  une  tempête  qui  ne  devait  s'apaiser  qu'après  une  longue 
suite  d'années.  Comme  nous  allons  nous  occuper  de  cette  affaire 
avec  quelques  détails,  il  sera  avantageux  pour  le  lecteur  d'avoir 
devant  les  yeux  le  texte  de  cet  office  «  redoutable  » ,  de  cette 
«  légende  contraire  aux  A'érités  révélées  »  qui  causa  dans  les 
gouvernements  de  pareilles  excitations.  Nous  le  donnons  en 
note  à  la  fin  du  chapitre. 

Opposition  en  France.  —  Cet  office  parvint  à  Paris  avec  le 
décret  de  Benoît  XIII,  peu  après  sa  publication  à  Rome,  et  il 
fut  imprimé  et  mis  en  vente  par  la  librairie  Coignard  fils ,  sur 
une  feuille  détachée  in- 8".  Les  prêtres,  et  tous  ceux  qui  étaient 
tenus  au  Bréviaire,  purent  de  la  sorte  se  procurer  le  nouvel 
office  et  l'insérer  dans  leur  BréA'iaire  à  la  place  qui  lui  conve- 
nait. Cet  acte  enflamma  la  colère  des  gallicans  et  des  jansé- 
nistes^ 

A  peine  le  Parlement  eut-il  connaissance  de  cette  «  publica- 
tion dangereuse  »,  qu'il  s'empressa,  sur  le  rapport  de  l'avocat 
général  Gilbert  de  Voisins,  de  rendre  un  arrêt  (20  juillet  1729) 
portant  suppression  de  la  feuille  qui  contenait  l'office  de  Gré- 
goire VII,  avec  défense  d'en  faille  aucun  usage  public,  sous 
peine  d'amende  pour  les  contrevenants.  On  ne  pouvait  souffrir, 
lisait-on,  que  les  agissements  de  la  puissance  papale  contre  la 
puissance  royale  fussent  célébrés,  comme  cela  avait  lieu  dans 
cet  office,  où  l'on  donnait  à  un  pape,  qui  avait  osé  enlever  la 
couronne  à  un  roi  et  délier  ses  sujets  du  serment  de  fidélité,  le 


des  plus  saints  pontifes  des  siècles  passes,  elle  donnait  gain  de  cause  à 
ces  hommes  audacieux  qui  criaient  sur  les  toits  qu'elle  avait  renouvelé 
ses  vieilles  prévarications,  et  qu'Innocent  X,  Alexandre  VII,  Clément  XI, 
n'étaient  ni  plus  ni  moins  coupables  que  Grégoire  VII,  Innocent  III  et 
tant  d'autres.  Ecoutez  plutôt  un  des  fidèles  organes  de  la  secte  :  «  Au  pre- 
mier coup  d'œil  (Grégoire,  Essai  historique  sur  les  libertés  de  l'Eglise 
gallicane,  p.  98),  on  saisit  la  connexité  de  doctrine  entre  les  brefs  d'In- 
nocent XI  et  d'Alexandre  VIII  contre  l'assemblée  de  1682  ;  la  proposition  91, 
concernant  l'excommunication,  censurée  par  la  bulle  Unigenitus ,  et  cette 
Légende  contraire  aux  vérités  révélées,  qui  enjoignent  aux  papes  comme 
aux  autres  individus  de  la  société  la  soumission  à  l'autorité  civile.  »  (D.  Gué- 
ranger,  t.  II,  p.  468-469.) 

1  Dès  que  parut  cette  légende,  dit  le  républicain  Grégoire  {Essai  his- 
torique sur  les  libertés  de  l'Eglise  gallicane,  Paris,  1818,  p.  99),  elle 
excita  Vhorreur  de  tous  les  hommes  attachés  aux  libertés  gallicanes 
(D.  Guéranger,  t.  ii,  p.  474). 


CHAPITRE  X  305 

titre  «  de  défenseur  de  l'Eg-lise ,  de  restaurateur  de  sa  liberté  et 
de  rempart  de  la  maison  d'Israël  ».  Si  le  supplément  du  Bré- 
viaire qui  contenait  de  telles  choses  était  en  usage  dans  Toffice 
solennel,  si  de  telles  paroles  étaient  répétées  devant  le  peuple 
par  la  bouche  des  prêtres ,  il  était  à  craindre  que  le  principe 
d'autorité  ne  fût  ébranlé  et  que  les  liens  qui  rattachent  les  sujets 
à  leur  souverain  ne  fussent  rompus*.  Ces  liens,  d'ailleurs,  furent 
soixante  ans  plus  tard  brisés  en  France,  mais,  à  coup  sûr,  la 
légende  ou  l'office  de  Grégoire  Yll  n'y  fut  pour  rien  ;  les  vrais 
coupables  sont  les  disciples  de  ces  maîtres  qui,  comme  Gilbert 
de  Voisins  en  1729,  croyaient  devoir  repousser  les  prétendus 
agissements  du  pape. 

Caylus.  —  Quelques  jours  plus  tard  (24  juillet  1729),  le  galli- 
can et  janséniste  Daniel-Charles-Gabriel  de  Caylus,  évêque 
d'Auxerre ,  qui,  en  1726,  avait  donné  à  ses  "diocésains  un  nou- 
veau Bréviaire  composé  d'après  les  idées  modernes ,  adressa  un 
mandement  épiscopal  au  clergé  et  aux  fidèles  de  son  diocèse.  Il 
y  parlait  ainsi  :  «  Ce  n'est  qu'avec  peine  que  nous  rappelons  ici 
le  souvenir  des  entreprises  de  Grégoire  VII.  Il  serait  à  souhaiter 
que  ses  successeurs  eussent  fait  connaître  par  leur  conduite 
qu'ils  étaient  très  éloignés  de  les  approuver,  et  encore  plus  de 
les  renouveler...  Nous  serions  dispensés  par  là  de  prendre  de 
nouvelles  précautions  pour  nous  y  opposer  et  en  démontrer 
l'injustice...  Ne  nous  arrêtons  pas  à  remarquer  ici  que  la  sain- 
teté de  Grégoire  VII  n'est  point  reconnue  dans  l'Eglise,  etc.  » 
Et  il  terminait  :  «  Pour  donner  au  roi  une  nouvelle  preuve  de 
notre  fidélité  et  de  notre  zèle  pour  la  sûreté  de  sa  personne 
sacrée,  qui  pourrait  être  exposée  aux  plus  grands  malheurs  si 
les  maximes  autorisées  par  l'office  du  pape  Grégoire  VII  trou- 
vaient créance, . . .  nous  défendons  à  toutes  les  communautés  et  per- 


1  «  Souffririons  -  nous  qu'à  la  faveur  de  ce  prétendu  supplément  du  Bré- 
viaire romain  on  mît  dans  la  main  des  fidèles,  dans  la  bouche  des  ministres 
de  la  religion,  jusqu'au  milieu  de  nos  saints  temples  et  de  la  solennité  du 
culte  divin,  ce  qui  tend  à  ébranler  les  principes  inviolables  et  sacrés  de 
l'attachement  des  sujets  à  leur  souverain?  »  Extrait  du  réquisitoire  de  l'avo- 
cat général,  d'après  Adam,  curé  de  Saint-Barthélemi  de  Paris  (appelant 
janséniste)  :  L'avocat  du  diable,  ou  Mémoires  historiques  et  critiques  sur 
la  vie  et  sur  la  légende  du  pape  Grégoire  VII ,  avec  des  mémoires  de  même 
goût  sur  la  bulle  de  canonisation  de  Vincent  de  Paul  (3  vol.  in- 12, 
Paris,  1743,  dans  D.  Guéranger,  loc.  cit.,  t.  ii,  p.  475). 

Brév.,  t.  II.  20 


306  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

sonnes  séculières  et  régulières  de  Fun  et  de  l'autre  sexe,  se  disant 
exemptes  ou  non  exemptes,  qui  se  servent  du  Bréviaire  romain 
ou  qui  reçoivent  les  offices  des  nouveaux  saints  qu'on  insère 
dans  ce  Bréviaire,  de  réciter  soit  en  public,  soit  en  particulier, 
l'office  imprimé  nouvellement  de  Grégoire  VIP,  etc.  » 

Ainsi  donc  un  pape  avait  prescrit  que  dans  tout  l'univers  on 
insérerait  au  Bréviaire  l'office  de  saint  Grégoire  VII  et  qu'on 
serait  tenu  de  le  réciter  au  25  mai  en  public  et  en  particulier,  et 
un  évêque  de  France  défendait  à  ses  diocésains  de  suivre  cet 
ordre  ;  et  pourquoi  ?  «  pour  remplir  toute  justice  en  donnant  au 
roi  de  nouvelles  preuves  de  notre  fidélité  et  de  notre  zèle  pour 
la  sûreté  de  sa  personne  sacrée  et  pour  la  tranquillité  de  son 
royaume^.  » 

Colbert.  —  Les  partisans  de  Me*"  de  Caylus  dans  l'épiscopat 
français  ne  se  laissèrent  pas  vaincre  par  lui  dans  leurs  témoi- 
gnages d'attachement  au  roi.  En  effet,  dès  le  31  juillet  de  la 
même  année  paraissait  un  mandement  de  l'évêque  janséniste  de 
Montpellier,  Gharles-Joachim  Colbert,  dans  lequel  l'office  et  la 
légende  de  Grégoire  VII  étaient  condamnés  comme  «  renfermant 
une  doctrine  séditieuse,  contraire  à  la  parole  de  Dieu,  tendante 
au  schisme,  dérogeante  à  l'autorité  souveraine  des  rois  ».  L'em- 
ploi de  cet  office  était  défendu  sous  menace  des  peines  cano- 
niques, et  il  était  ordonné  sous  les  mêmes  peines  à  tous  les 
prêtres  qui  en  avaient  des  exemplaires  en  leur  possession,  de 
les  remettre  à  la  chancellerie  épiscopale.  L'évêque  exhortait  son 
clergé  à  demeurer  inviolablement  attaché  à  la  doctrine  des 
quatre  articles  gallicans  de  1682, 

Goislin.  —  Le  16  août  parut  un  mandement  de  l'évêque  galli- 
can de  Metz,  Henri-Charles  de  Goislin,  qui,  comme  il  le  déclare 
lui-même,  crut  devoir  se  hâter  d'éteindre  le  feu  dévastateur, 
jadis  allumé  par  Grégoire  VII,  et  dont  une  étincelle  venait  de 
reparaître  dans  le  nouvel  office,  laquelle  serait  capable  de  rava- 
ger la  maison  entière,  l'Eglise.  Les  évêques  Charles-François 
d'Hallencourt,  de  Verdun,  Jacques-Bénigne  Bossuet,  de  Troyes, 
et  Honorât  de  Quiquerand  de  Beaujeu,  de  Castres,  se  joignirent 


*  D.  Guéranger,  t.  ii,  p.  478. 

*  «  Qui  pourraient  être  encore  exposés  aux  derniers  malheurs ,  si  les 
maximes  autorisées  par  l'office  du  pape  Grégoire  VII  trouvaient  créance 
dans  les  esprits  »  (loc.  cit.,  t.  ii,  p.  478). 


CHAPITRE  X  307 

à  lui  «  pour  prémunir  les  âmes  confiées  à  leur  garde  contre 
les  illusions  d'une  piété  mal  entendue  »,  et  il  fut  strictement 
défendu  aux  imprimeurs  de  rééditer,  aux  commerçants  de 
vendre,  aux  prêtres  de  réciter  cette  légende  dangereuse  pour 
l'Etat.  Les  parlements  de  Bretagne,  de  Bordeaux  et  plusieurs 
autres  défendirent  aussi  de  leur  côté  la  diffusion  de  l'office  en 
question. 

Tous  ces  événements  ne  tardèrent  pas  à  venir  à  la  connais- 
sance du  pape;  il  fit  examiner  par  plusieurs  cardinaux  et  par  un 
grand  nombre  de  docteurs  en  théologie  les  lettres  pastorales  des 
évêques  français  que  nous  avons  nommés.  A  la  suite  de  cet 
examen  parurent  les  brefs  pontificaux  des  17  septembre,  8  octobre 
et  6  décembre  1729,  par  lesquels  les  lettres  épiscopales  étaient 
condamnées  et  leurs  ordonnances  et  les  menaces  qu'elles  conte- 
naient avec  toutes  leurs  conséquences  déclarées  nulles  et  sans 
A'aleur. 

Le  Parlement.  —  Cette  nouvelle  excita  à  un  haut  point  la 
colère  des  représentants  et  des  défenseurs  du  gallicanisme.  Le 
parlement  de  France  rendit,  en  date  du  23  février  1730,  un 
arrêt  contre  la  publication,  distribution  et  exécution  de  ces 
brefs  ;  mais  le  chancelier  cardinal  de  Fleury  empêcha  l'impres- 
sion de  cette  résolution,  il  voulait  à  tout  prix  éviter  un  scandale 
et  une  rupture  ouverte  avec  Rome.  La  légende  devait  être  mise 
de  côté,  ensevelie  sans  bruit  par  un  arrêté  de  l'assemblée  géné- 
rale du  clergé  de  France  ;  ce  qui  eut  lieu  la  même  année.  L'arche- 
vêque de  Paris ,  Vintimille  du  Luc ,  écrivit  au  pape  pour  le  prier 
de  «  fermer  les  yeux  sur  cette  affaire ,  parce  qu'il  lui  avait  fallu 
beaucoup  de  courage  pour  ne  pas  prohiber  l'office  par  un  man- 
dement ».  On  se  décida,  malgré  le  Martyrologe,  le  Bréviaire  et 
le  Missel,  à  appeler  le  grand  pape,  non  «  saint  Grégoire  VII  », 
mais  simplement  Grégoire  ^'II,  et  cela  sur  un  rapport  ou  une 
adresse  qui  fut  signée  par  quatorze  archevêques.  Seul  l'évêque 
de  Nîmes,  Jean-César  de  la  Parisière,  qui,  avec  quelques-uns 
de  ses  collègues,  avait  eu  le  courage  de  maintenir  dans  son  dio- 
cèse le  Bréviaire  romain  et  la  liturgie  romaine ,  s'opposa  à  cette 
fanatique  entreprise.  L'évêque  de  Montpellier,  par  contre,  qui 
avait  voulu  engager  l'assemblée  sur  une  pente  dangereuse  et 
qui,  malgré  cette  misérable  tentative,  s'était  vu  frustré  dans  ses 
espérances,  attaqua  son  collègue  de  Nîmes  dans  une  lettre  pas- 


308  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

torale  ;  ce  dernier  avait  défendu  les  principes  catholiques  dans 
un  discours  prononcé  lors  de  la  clôture  des  sessions  du  Parle- 
ment. Le  Parlement  menaçait  déjà  de  soulever  une  nouvelle  tem- 
pête, lorsque  le  pacifique  Fleury  calma  les  esprits;  par  un 
«  Ordre  du  roi  »  il  fit  enlever  toute  Taffaire  aux  magistrats  et  au 
corps  législatif,  et  la  fit  traiter  devant  le  Conseil  d'Etat  comme 
une  question  de  droite  Là  on  la  laissa  dormir.  Mais  la  France, 
jusqu'à  la  révolution  de  la  fin  du  xvui^  siècle,  ne  prit  aucune 
part  au  culte  que  le  monde  rendait  à  la  mémoire  du  grand  pape; 
et  l'office  de  Grégoire  VII  ne  fut  pas  inséré  avant  le  début  du 
xix^  siècle  dans  les  Bréviaires  du  clergé  français. 

Opposition  dans  le  royaume  de  Naples.  —  La  France  ne  fut  pas 
seule  dans  cette  aifaire  peu  honorable  jjour  son  clergé  aussi  bien 
que  pour  son  gouvernement  et  sa  magistrature.  Dans  le  royaume 
de  Naples,  où  un  vice-roi  tenait  la  place  de  l'empereur,  ce  repré- 
sentant de  Charles  VI  (1711-1740),  le  comte  de  Harrach,  fit 
dénoncer  au  tribunal  supérieur  de  Naples  la  publication  de 
VOfficium  S.  Gregorii  VII,  venu  de  Rome,  et  bientôt  après 
parut  une  défense  de  publier  et  de  répandre  les  leçons  dans  le 
royaume.  Les  exemplaires  imprimés  devaient  être  détruits. 
Cependant  il  ne  parut  pas  opportun  d'en  défendre  la  récitation 
aux  prêtres,  parce  qu'il  aurait  pu  en  résulter  un  plus  grand 
scandale  parmi  le  peuple,  et  que  c'eût  été  une  provocation  lan- 
cée à  la  curie  romaine,  qu'on  devait  ménager.  Tel  était  le  lan- 
gage que  tenait  Harrach  à  l'empereur  le  3  mars  1729^. 

Dans  les  Pays-Bas.  —  Dans  les  Pays-Bas  également,  on  s'em- 
pressa d'imiter  les  évêques  et  le  Parlement  de  France.  L'arche- 
vêque janséniste  d'Utrecht,  Corneille-Jean  Barchmann,  prohiba 
l'office  du  saint  pape  par  un  mandement  du  12  mai  1730,  qui 
était  moulé  en  quelque  sorte  sur  les  pamphlets  lancés  par  les 
évêques  d'Auxerre,  de  Montpellier  et  de  Troyes.  Malheureuse- 
ment le  résultat  fut  que  les  états  généraux  des  Provinces -Unies 
de  Hollande  et  de  Frise  occidentale  rendirent  un  arrêt  à  la  Haye , 
le  20  septembre  1730,  qui  défendait  l'impression  de  l'office  de 
Grégoire  VII,  prescrit  par  Rome  le  25  septembre  1728  ,  et  prohi- 
bait également  sa  distribution  et  son  emploi,  soit  public,  soit 


1  Fin  de  l'année  1730  ou  début  de  1731. 

2  D,  Guéranger,  loc.  cil,,  t.  ii,  p.  504. 


CHAPITRE  X  309 

privé,  dans  les  églises  ou  chapelles  du  culte  romain.  Les  peines 
infligées  aux  perturbateurs  de  la  paix  publique  devaient  frapper 
les  prêtres  réfractaires^. 

En  Autriche,  sous  Joseph  II.  —  De  même  dans  les  Pays-Bas 
autrichiens  (en  1750,  d'après  dom  Guéranger  et  Grégoire),  une 
circulaire  impériale  adressée  aux  évêques  désignait  l'office  de 
Grégoire  Wl  comme  «  dangereux  pour  l'Etat  »  et  ordonnait  sa 
suppression.  Cependant,  aussi  bien  en  Belgique  qu'en  Allemagne 
et  dans  les  pays  héréditaires  d'Autriche,  on  paraît  s'être  bien 
peu  mis  en  peine  de  cette  ordonnance,  car  en  1774  le  gouver- 
nement de  Vienne  fut  obligé  de  renouveler  la  prohibition^. 
Déjà,  en  1771 ,  on  avait  prescrit  que  certains  jours  de  fête  ne 
seraient  plus  désoi^mais  imprimés  en  rouge  au  calendrier, 
mais  en  noir,  même  s'ils  tombaient  le  dimanche;  telles  sont  les 
fêtes  du  saint  Nom  de  Jésus,  du  saint  Nom  de  Marie,  des  saints 
Anges  gardiens  et  du  Rosaire.  Mais  on  trouva  bientôt  qu'on 
n'avait  pas  tenu  assez  de  compte  des  «  souveraines  ordon- 
nances »  de  Joseph  II.  Du  reste,  en  Autriche,  on  n'alla  pas, 
comme  en  France,  jusqu'à  interdire  en  entier  l'office  de  .Gré- 
goire ^'11  et  la  célébration  de  sa  fête,  et  à  refuser  au  grand  ser- 
viteur de  Dieu  l'honneur  et  la  qualification  dus  à  un  saint;  on 
se  contenta  de  supprimer  quelques  passages  qui  semblaient  un 
outrage  au  césaropapisme  et  à  la  toute-puissance  et  infaillibilité 
impériales. 

Une  recherche  attentive  dans  les  Bréviaires  fît  découvrir  de 
nouveau  un  passage  dangereux,  et  le  16  septembre  1782  parais- 
sait le  décret  impérial  portant  :  Sa  Majesté  apostolique  a  très 
gracieusement  ordonné  que  les  paroles  choquantes,  commen- 
çant à  Exorto  nimirum  diro  schismate  jusqu'à  interfuit  et  sub- 
scripsit  de  la  Lectio  II.  Nociurni  in  feslo  S.  Bennonis  (16  juin), 
dans  le  Bréviaire  aussi  bien  qu'au  Propre  d'un  diocèse,  seraient 
effacées  ou  recouvertes  d'un  papier  blanc ,  et  que  les  Ordinaires 
devraient  notifier   expressément   au   clergé  séculier  et  régulier 


^  On  trouve  le  texte  de  l'arrêt  dans  D.  Guérang-er,  loc.  cit.,  t.  ii,  p.  506. 

2  De  même  que  ce  qui  précède  et  qui  est  relatif  à  la  France,  etc.,  est 
emprunté  à  D.  Guéranger,  op.  cit.,  de  même  ce  qui  suit  et  qui  est  dit  de 
l'Allemagne,  de  lAutriche  et  du  nord  de  l'Italie,  est  pris  dans  Sébastien 
Brunner,  Die  Myslerien  der  Aufkliirumj  in  Oesterreich,  1770-1800,  Mainz, 
1869,  p.  163  sq.,  424  et  429  sq. 


310  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

soumis  à  eux  que,  si  dans  un  Bréviaire  le  passage  mentionné 
était  trouvé  non  effacé  ou  non  recouvert  d'un  papier,  le  Bré- 
viaire serait  non  seulement  confisqué ,  mais  son  propriétaire  ou 
son  détenteur  serait  considéré  comme  contrevenant  à  la  loi  et 
condamné  à  une  amende  de  50  florins  destinés  aux  pauvres  ; 
mesure  qui  avait  déjà  été  prise  à  cause  de  la  leçon  du  pape 
Grégoire  VII  {Gregorii  VII,  Pontificis)  ;  les  autorités  doivent 
également  rechercher  ces  Bréviaires,  et  dans  le  cas  où  on  en  trouve- 
rait un  dans  lequel  les  paroles  en  question  ne  seraient  pas  effa- 
cées ou  recouvertes  de  papier,  on  doit  exiger  sans  indulgence 
l'amende  fixée  ;  on  devra  aussi  punir  ceux  qui  seraient  respon- 
sables de  l'inexécution  de  l'édit*. 

Cette  disposition  «  souveraine  » ,  parue  à  propos  des  leçons 
de  saint  Grégoire  VII,  existait  depuis  1774.  Mais  on  exécuta, 
semble- t-il,  la  prescription  avec  assez  de  négligence,  surtout 
dans  les  monastères,  car  le  20  juin  1784  parut  le  décret  aulique 
suivant'-'  :  «  Depuis  le  7  mai  de  1774  a  paru  le  décret  souverain 
le  plus  formel ,  ordonnant  que  la  leçon  du  Bréviaire  de  Gré- 
goire VII,  utilisée  dans  beaucoup  de  diocèses,  et  où  l'on  recon- 
naît au  pape  le  droit  de  déposer  les  monarques,  et  qui  est  aussi 
fausse  que  dangereuse,  serait  recouverte  d'un  papier  blanc.  Il  a 
été  recommandé  à  MM.  les  Ordinaires  de  faire  savoir  au  clergé 
inférieur  que  si  on  trouvait  un  tel  Bréviaire  illégitime  (!),  non 
seulement  il  serait  saisi  immédiatement,  mais  encore  son  pos- 
sesseur serait  déclaré  coupable  de  rébellion  aux  ordonnances 
souveraines. 

(I  Mais  on  a  découvert  que  ce  passage  in  Feslo  Gregorii  VII, 
très  offensant  pour  la  puissance  souveraine,  n'a  pas  été  effacé  ou 
ne  l'a  été  qu'en  partie  dans  beaucoup  de  Bréviaires,  surtout 
dans  les  congrégations  religieuses  ;  c'est  pourquoi  Sa  Majesté 
daigne  gracieusement  ordonner  et  enjoindre  de  rappeler  à 
MM.  les  Ordinaires  cette  désobéissance  hardie  et  coupable;  ils 
ont  à  commander  au  clergé  séculier  et  régulier  la  disparition  du 
passage  en  question,  et  doivent  se  convaincre,  par  des  commis- 
saires envoyés  partout,  de  l'exécution  de  l'édit.  Dans  le  cas 
contraire  où  elles   découvriraient  un   Bréviaire  dans  lequel   le 

'  Brunner,  op.  cit.,  p.  163. 

2  Publié  dans  le  Kalholik  de  Mayence,  1869,  t.  i,  p.  711.  Dans  son  livre 
ci-dessus  cité,  Brunner,  p.  166,  assigne  l'année  1782. 


CHAPITRE  X  311 

passage  ne  serait  pas  effacé ,  les  autorités  doivent  s'en  prendre 
uniquement  aux  supérieurs  et  frapper  ces  derniers  d'une 
amende  de  50  florins  pour  les  pauvres ,  et  doivent  l'exiger  sans 
la  moindre  indulgence.  »  Cette  ordonnance  et  d'autres  analogues 
ne  devinrent  pas  lettre  morte  par  la  mort  de  Joseph  II,  mais 
elles  subsistèrent  du  moins  en  principe  et  eurent  aussi  force  de 
loi  dans  la  pratique  jusqu'en  1849,  chez  certains  fonctionnaires 
ecclésiastiques  aux  idées  joséphistes.  C'est  ainsi  qu'en  1825,  à  la 
suite  d'une  dénonciation  de  Dreisch,  curé  de  Mûrzzuschlag, 
déclarant  que  le  Bréviaire  nouvellement  imprimé  chez  les  Béné- 
dictins arméniens  ou  méchitaristes,  de  Vienne,  contenait  des 
passages  subversifs  dans  les  fêtes  de  saint  Grégoire  le  Grand, 
de  saint  Bennon  et  de  saint  Grégoire  VII ,  il  se  produisit  une 
grande  agitation  dans  la  police  viennoise,  et  la  chancellerie  y  mit 
fin  en  ordonnant  de  supprimer  les  passages,  même  dans  les 
exemplaires  non  encore  vendus  ^  Voici  encore  ce  qui  se  passa 
en  décembre  1847^.  Le  consistoire  de  Tarnow  en  Galicie  voulut 
se  procurer  pour  les  élèves  du  séminaire  de  cette  ville  vingt 
exemplaires  du  Bréviaire  romain  imprimé  à  Kempten  en  1844, 
parce  que  cette  édition  était  plus  correcte,  plus  commode  et 
moins  coûteuse  que  les  Bréviaires  imprimés  dans  le  pays.  Mais 
on  opposa  au  recteur  du  séminaire,  le  11  janvier  1848,  deux 
mois  avant  l'explosion  de  la  Révolution,  la  prohibition  portée  en 
1774,  1781  (?)  et  1782  contre  les  Bréviaires  imprimés  à  l'étran- 
ger, relativement  surtout  aux  prescriptions  concernant  la  fête  de 
saint  Grégoire  VIP. 

Cependant  l'ordonnance  de  l'empereur  trouva  un  écho  chez 
quelques  évêques  de  cour,  non  seulement  en  Allemagne,  mais 
aussi  dans  le  nord  de  l'Italie. 

Dans  l'Italie  du  Nord.  —  C'est  ainsi  que  la  Wienen'sche  Kir- 
chenzeitung ,  organe  officiel  de  l'Église  d'État,  rédigée  par  le 
prévôt  Wittola^,  écrit  en  1784  (p.  202),  dans  une  correspon- 


1  Roskovâny,  t.  vu,  p.  429. 

2  Katholik,  op.  cit.,  p.  712. 

3  J'ai  eu  le  plaisir  de  retrouver  encore  il  y  a  quelques  années,  dans  les 
duchés  de  Wurtemberg  et  de  Bade ,  des  Bréviaires  de  la  fin  du  siècle  der- 
nier rayés  par  ordre  de  l'autorité.  Ils  proviennent  de  monastères  ou 
d'églises  de  l'Autriche  méridionale. 

*  Cf.  à  ce  sujet  Séb.  Brunner,  Die  theologische  Dienerschaft  am  Hofe 
Josephs  II,  Wien,  1868,  p.  403. 


312  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

dance  datée  de  Mantoue  :  «  Notre  Excellence  le  prince  évêque 
(un  fébronien)  a  prouvé  cette  année  encore  combien  il  était 
facile  aux  pasteurs  des  âmes  d'extirper  de  TÉg-lise  des  scandales 
si  invétérés,  si  dissimulés  soient-ils,  lorsqu'ils  connaissent  leur 
devoir  et  ont  de  la  bonne  volonté.  On  sait  combien  est  déplo- 
rable la  légende  de  Grégoire  VII,  que  le  pape  Clément  IX  (?)  a 
insérée  au  25  mai  dans  le  Bréviaire  romain  (suit  le  passage  incri- 
miné et  toutes  les  ordonnances  portées  à  son  sujet  sont  citées). 
Cependant,  poursuit  la  revue,  alors  même  que  ce  passage  serait 
complètement  supprimé,  le  reste  du  texte  de  cette  légende  n'en 
serait  pas  moins  scandaleux.  Notre  évêque  a  ainsi  coupé  court  à 
l'affaire ,  et  sans  faire  le  moindre  bruit  il  a  radicalement  supprimé 
dans  le  calendrier  de  cette  année  la  fête  de  Grégoire  VII  et  l'a 
remplacée  le  25  mai  par  l'office  de  feria. 

«  Comme  il  se  trouve  aussi  dans  la  légende  de  saint  Anselme 
(dont  la  fête  ne  peut  être  supprimée  parce  que  son  corps  est 
dans  la  cathédi-ale)  quelques  monstruosités,  il  a  prescrit  pour 
le  21  avril  la  lecture  du  deuxième  nocturne  de  Communi  Con- 
fessor.  Pontif.  Et  ainsi  tout  le  clergé  de  Mantoue  se  trouve, 
grâce  à  la  calme  sagesse  de  son  évêque,  délivré  des  contrariétés 
que  lui  causait  la  lecture  ou  l'audition  de  choses  qui  choquent 
toutes  les  âmes  vraiment  pieuses  ^  » 

Dans  un  autre  édit,  qui  parut  en  1787  pour  la  basse  Autriche, 
il  fut  ordonné  aux  chanoines  réguliers  (Augustins)  de  «  recou- 
vrir de  papier  blanc  »  des  passages  dans  les  offices  de  plusieurs 
papes,  principalement  dans  la  cinquième  leçon  de  la  fête  du 
pape  saint  Zacharie  (15  mars)  le  passage  :  Consultus  a  Francis 
regnum  illud  a  Chilperico,  viro  stapido  et  ignavo,  ad  Pippinum, 
pietate  et  fortitudine  prsestantem ,  auctoritate  apostolica  trans- 
lulit^. 

En  Portugal  parurent,  il  est  vrai,  des  pamphlets  haineux  de 
l'ex-oratorien  Antonio  Pereira  de  Figueiredo  :  De  gestis  et 
scriplis  Gregorii  Vil  (Ulyssipone,  1775,  et  alibi);  mais  le  roi 


'  Brunncr,  Mysterien,  p.  429, 

2  D.  Gucranger,  toc.  cit.,  t.  ii,  p.  509,  L'office  du  pape  saint  Zacharie 
(741  à  752)  n'est  pas  pour  toute  l'Eglise,  mais  il  n'est  concédé  qu'à  la 
ville  de  Rome  et  à  quelques  congrégations  religieuses  et  à  quelques 
Eglises. 


CHAPITRE  X  313 

Joseph  1er,  que  flattait  l'auteur,  semble  n'avoir  rien  fait  dans  son 
sens  relativement  au  Bréviaire. 

Bonaparte  et  l'Italie.  —  En  Italie ,  l'office  de  saint  Grégoire  MI 
avait  été  célébré  sans  encombre,  à  l'exception  de  Naples,  de 
Mantoue  et  peut-être  de  quelques  diocèses  de  Toscane.  En  1809, 
l'excommunication  de  Pie  MI  frappa  le  conquérant  corse ,  l'em- 
pereur Napoléon.  Entre  autres  mesures  vexatoires  que  se  per- 
mit Bonaparte  contre  l'Eglise ,  s'en  trouvait  une  concernant  le 
Bréviaire.  Le  ministre  des  cultes,  Bigot  de  Préameneu,  enjoi- 
gnit par  lettre  de  février  1810  aux  évêques  d'Italie  de  se  rallier 
aux  évêques  de  France  dans  «  l'affaire  d'Hildebrand  »,  et  de  sup- 
primer l'office  du  saint  pape.  L'archevêque  de  Turin,  Hyacinthe 
de  la  Tour,  envoyait  dès  le  l^""  mars  1810  au  ministre  une  lettre 
respectueuse,  où  il  déclarait  qu'il  s'était  fait  un  devoir  d'inter- 
dire l'office  de  Grégoire  VII ,  et  que  la  copie  de  cette  défense 
était  affichée  dans  les  sacristies  de  toutes  les  églises  de  son  dio- 
cèse ^ 

Espagne.  —  En  Espagne,  on  proposait,  en  mars  1822,  aux 
cortès  de  Madrid,  de  supprimer  une  partie  de  l'office  de  saint  Gré- 
goire MI,  comme  attentatoire  aux  droits  des  nations-. 

En  France  sous  la  Restauration.  —  Enfin  en  1828,  comme 
l'éditeur  Poussielgue-Rusand  de  Paris  préparait  une  nouvelle 
édition  du  Bréviaire  romain,  il  crut  pouvoir  y  insérer,  au  moins 
en  appendice,  l'office  de  saint  Grégoire.  Peu  de  jours  après  la 
publication  du  Bréviaire,  les  feuilles  libérales  de  la  capitale 
crièrent  à  l'intolérance  et  crurent  de  leur  devoir  de  découvrir 
une  invasion  de  l'ultramontanisme  dans  le  fait  qu'on  osait  im- 
primer à  Paris  la  légende  de  saint  Grégoire  VII  et  la  vendre 
publiquement.  Leurs  clameurs  furent  entendues,  et  l'arche- 
vêque de  Paris  fit  subir  aux  Bréviaires  la  procédure  que  l'on 
avait  employée  cinquante  ans  auparavant  en  Autriche  ;  les  pas- 
sages en  question  furent  mis  sous  carton^. 


^  D.  Guéranger,  loc.  cit.,  t.  ii,  p.  511. 

2  Proposition  de  supprimer  une  partie  de  roffice  de  saint  Grégoire  VII, 
comme  attentatoire  aux  droits  des  nations!  {L'Ami  de  la  religion,  t.  xxxi, 
13  avril  1822.) 

2  Etant  averti  qu'il  s'était  glissé  dans  la  légende  de  Grégoire  VII  une 
phrase  en  opposition  avec  nos  maximes,  il  (l'archevêque)  a  exigé  qu'on 
fit  en  cet  endroit  (dans  la  légende  de  Grégoire  VII)  un  carton;  ce  qui  a 
eu  lieu  (L'Ami  de  la  religion,  t.  lvi,  p.  87,  31  mai  1828). 


314  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Aux  États-Unis.  —  Cet  acte  libérateur  de  1828  à  Paris  et  un 
décret  impérial  joséphiste  jauni  dans  les  archives  de  Vienne,  en 
1848,  semblent  avoir  été  les  derniers  chocs  qu'ait  provoqués 
l'introduction  par  Benoît  XIII  de  l'office  de  saint  Grégoire  VII 
dans  le  Bréviaire.  En  1830,  l'archevêque  de  New- York  demanda 
à  Rome  s'il  ne  pourrait  pas  dans  son  diocèse  et  avec  son  clergé 
laisser  de  côté  purement  et  simplement  l'office  et  la  fête  de 
saint  Grégoire  VII ,  pour  faire  le  25  mai  de  la  férié  ou  la  fête 
simple  de  saint  Urbain.  Il  appuyait  sa  requête  sur  ce  fait,  que 
les  revues  et  journaux  protestants  trouvaient  dans  cette  fête  et 
cet  office  une  continuelle  occasion  d'outrager  l'Eglise  romaine  et 
d'attaquer  les  catholiques.  La  réponse  de  Rome  fut  qu'il  ne 
devrait  rien  changer,  et  que  l'office  de  saint  Grégoire  devrait  se 
célébrer  après  comme  avant  sous  peine  de  ne  pas  satisfaire  ^  Ce 
seul  exemple  prouve  l'importance  que  peut  avoir  pour  les 
nations  un  événement  en  apparence  si  secondaire.  On  voit  aussi 
par  là  comment  la  Providence  se  sert  de  la  liturgie  et  du  Bré- 
viaire pour  sauvegarder  l'honneur  d'un  de  ses  plus  grands  pon- 
tifes et  pour  maintenir  les  principes  du  droit  ecclésiastique^. 

Benoit  XIII  et  ses  autres  travaux  liturgiques.  —  Aucun  pape  n'a 


*  D.  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  i,  p.  533. 

*  D.  Guéranger  s'exprime  très  excellemment  à  ce  sujet  (  ■■  pour  tirer  les 
conséquences  «  )  :  La  première  (conséquence)  que  nous  offrons  à  ceux  de 
nos  lecteurs  qui  ne  comprendraient  pas  encore  toute  l'importance  de  la 
science  liturgique  est  que  néanmoins,  ainsi  qu'ils  ont  pu  le  voir,  un  seul 
fait  liturgique  a  suffi  pour  mettre  en  mouvement  la  plus  grande  partie  de 
l'Europe  et  pour  occuper  la  plupart  des  gouvernements  au  xvni«  siècle; 
en  sorte  que,  pour  raconter  de  la  manière  la  plus  succincte  l'histoire 
d'une  page  du  Bréviaire  romain ,  il  nous  a  fallu  ajouter  soixante  pages 
à  cette  histoire  déjà  si  abrégée  de  la  liturgie.  —  En  second  lieu,  on  a  pu 
remarquer  avec  quel  soin  la  divine  Providence  s'est  servie  de  la  liturgie 
comme  du  seul  moyen  qui  restât  au  Saint-Siège  de  sauver  l'honneur  d'un 
de  ses  plus  grands  pontifes,  à  une  époque  où  tout  autre  moyen  que  la 
rédaction  officielle  de  sa  légende  eût  été  impuissant  à  prévenir  la  pres- 
cription contre  sa  gloire.  —  En  troisième  lieu,  on  a  été  à  même  de  voir 
comment  un  clergé  isolé  de  Rome,  même  dans  des  choses  d'une  impor- 
tance secondaire,  porte  toujours  la  peine  de  cet  isolement  par  les  con- 
tradictions en  lesquelles  il  se  précipite,  victime  de  la  position  fausse  où 
il  s'est  placé.  —  En  quatrième  lieu,  c'est  un  spectacle  instructif  de  voir 
les  magistrats  séculiers  s'arroger  tout  naturellement,  sur  les  choses  de  la 
liturgie,  le  pouvoir  qu'ils  refusent  à  Rome  sur  ce  point,  et  raisonner 
d'ailleurs  avec  justesse  sur  l'autorité  que  donne  immanquablement  à  un 
fait  et  à  une  maxime  son  insertion  dans  les  livres  liturgiques  de  l'Eglise 
romaine  [Inst.  liturg.,  t.  ii,  p.  517). 


CHAPITRE  X  31S 

montré  un  aussi  grand  zèle  pour  les  fonctions  liturgiques  et 
l'éclat  des  solennités  de  l'Eglise  que  Benoît  XIII.  C'est  par  cen- 
taines qu'on  comptait  les  autels  qu'il  avait  solennellement  cou- 
sacrés,  douze  entre  autres  dans  la  seule  église  de  Saint-Pierre. 
Parmi  les  nombreuses  églises  qu'il  dédia,  se  trouve  celle  de 
notre  père  saint  Benoît  au  Mont-Cassin,  qu'il  éleva  au  rang  de 
basilique.  Le  Cserimoniale  episcoporum  fut  revu  sous  son  ponti- 
ficat et  parut  en  1726  dans  une  édition  augmentée.  Il  a  ajouté 
au  calendrier  du  Bréviaire  un  grand  nombre  de  fêtes,  outre 
celle  duplex  de  saint  Grégoire.  Nous  devons  tout  d'abord  indi- 
quer trois  fêtes  de  la  très  sainte  Vierge,  qui  furent  introduites 
ensemble  comme  doubles  majeures  :  1°  celle  des  Sept-Douleurs, 
le  vendredi  de  la  semaine  de  la  Passion  ou  le  dimanche  avant  les 
Rameaux  ;  2°  fête  du  Mont-Garmel  (16  juillet)  ;  3°  Notre-Dame 
de  la  Merci,  qui  jusqu'alors  avait  été  simplement  double 
mineure.  Il  fit  doubles  les  fêtes  de  saint  Pierre  Chrysologue  (en 
qualité  de  docteur),  de  sainte  Scholastique  (sœur  jumelle  de 
saint  Benoît),  de  saint  Jean  de  Sahagun  ou  de  saint  Facond  et 
de  sainte  Rose  de  Lima.  Le  magnifique,  délicat  et  gracieux 
office  de  cette  dernière  avait  été  composé  quarante  ou  cin- 
quante ans  auparavant  par  le  grand  liturgiste,  cardinal  Bona. 
Benoît  XIII  éleva  au  même  rang  de  double  les  offices  ou  fêtes 
de  saint  Vincent  Ferrier,  des  saints  Jean  et  Paul  (26  juin)  et  de 
sainte  Brigitte,  qui  jusque-là  avaient  eu  simplement  le  rang  de 
semidouble.  L'office  jusqu'alors  ad  libitum  de  saint  Wenceslas 
de  Bohême  devint  semidouble  de  précepte,  de  même  ceux  de 
saint  Eusèbe  de  Verceil  et  de  saint  André  Avellin, 

Clément  Xn.  —  Clément  XII  (Lorenzo  Corsini)  (1730-1740), 
éleva  la  fête  de  sainte  Anne  au  rang  de  double  majeur  et  donna, 
à  la  demande  de  l'empereur  Charles  VI  {ne  (esta  de  prsecepto 
mulliplicentur  et  tamen  debitus  honor  genitori  Dei  Matris  non 
denegetur) ,  à  la  fête  de  saint  Joachim,  que  Grégoire  XV,  en 
1623,  avait  fixée  au  20  mars,  le  même  rang  pour  le  dimanche 
dans  l'octave  de  l'Assomption.  II  éleva  son  parent,  saint  André 
Corsini,  au  rite  double;  de  même,  saint  Stanislas  de  Cracovie  et 
sainte  Monique.  Il  introduisit  dans  le  Bréviaire  au  même  rang 
saint  Vincent  de  Paul  et  sainte  Gertrude  la  Grande,  et  comme 
semidoubles  saint  Jean  de  la  Croix  et  sainte  Julienne  Falconieri. 
Par  bref  du  10  novembre  1736,  il  permit  pour  toute  l'Allemagne, 


316  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

l'Autriche  et  la  Suisse  l'usage  d'une  nouvelle  édition  du  Bré- 
viaire monastique  des  Bénédictins  et  des  Bénédictines  (Einsie- 
deln,  1736),  enrichie  d'un  grand  nombre  d'offices  propres  de 
saints  nationaux  et  de  saints  locaux.  Mais  ce  n'était  là  qu'une 
édition  augmentée  du  Bréviaire  de  1612. 

Benoît  XIV.  —  La  réforme  du  Bréviaire  entreprise  (mais  non 
achevée)  sous  Benoît  XIV  et  par  son  ordre  fait  l'objet  d'un  cha- 
pitre spécial  (le  XIP).  Ce  pape  interrompit  les  traditions  de  ses 
prédécesseurs;  mais  comme,  parmi  les  pontificats  des  xvu^,  xvni^ 
et  xix^  siècles,  le  sien  est  pour  ainsi  dire  isolé  et  qu'après  lui 
on  revint  généralement  aux  traditions,  il  nous  semble  naturel 
de  clore  ici  le  chapitre  en  mentionnant  les  changements  et  les 
quelques  additions  que  le  Bréviaire  a  reçus  sous  les  succes- 
seurs de  Benoît  XIV  jusqu'au  milieu  de  notre  siècle.  Puis, 
après  avoir  traité  avec  détails  de  la  réforme  de  Benoît  XIV, 
des  tentatives  de  réformes  non  autorisées  et  des  éditions  des 
Bréviaires  gallicans  et  autres  particuliers,  nous  reviendrons  plus 
longuement  sur  les  pontificats  de  Pie  IX  et  de  Léon  XIII. 

En  un  temps  où  le  culte  des  saints  et  avant  tout  du  roi  de 
tous  les  saints,  notre  divin  Seigneur  et  Sauveur  Jésus- Christ, 
s'obscurcissait  de  plus  en  plus  dans  un  grand  nombre  de  lieux 
(jansénistes,  gallicans,  joséphistes ,  rationalistes  de  toute 
nuance),  les  papes  s'appliquèrent  à  faire  ressortir  plus  forte- 
ment ce  point  de  la  liturgie,  et  dans  ce  but  donnèrent  un  nouvel 
éclat  à  l'année  liturgique. 

Clément  XIII  et  le  Sacré  Cœur.  —  C'est  au  pieux  Clément  XIII 
(Carlo  Rezzonico  de  Venise)  (1758-1769)  que  nous  sommes  rede- 
vables du  premier  établissement  de  la  fête  du  Sacré  Cœur  de 
Jésus,  qui  était  célébrée  en  France,  à  Coutances,  en  Norman- 
die, vers  1688,  mais  sans  office.  Dans  cette  ville,  l'évéque 
Charles-François  de  Loménie  de  Brienne,  qui  avait  consacré  dans 
son  séminaire  une  chapelle  en  l'honneur  du  très  saint  Cœur 
pour  la  confrérie  érigée  sous  ce  titre  (1688),  fit  célébrer  avec 
grande  pompe  la  fête  du  même  nom ,  suivant  en  cela  les  révéla- 
tions de  la  bienheureuse  Marguerite -Marie  Alacoque  (-}-  1690). 
Quatre  ans  plus  tard ,  l'archevêque  de  Besançon,  Pierre  de  Gram- 
mont ,  faisait  imprimer  pour  le  missel  de  son  diocèse ,  qui  s'écartait 
en  quelques  points  du  romain,  une  messe  propre  in  honorem  sacra- 
tissimi  Cordis  Jesu,  et  célébrer  une  fête  le  vendredi  après  l'oc- 


CHAPITRE  X  317 

tave  de  la  Fête-Dieu.  Bientôt  après,  le  diocèse  de  Langres  adopta 
la  même  messe,  et  le  3  décembre  1718  François -Paul  de  Mlle- 
roy,  archevêque  de  Lyon,  primat  des  Gaules,  en  prescrivait  la 
solennité  annuelle  dans  son  vaste  diocèse.  Les  Bénédictins,  ou  du 
moins  quelques  monastères  de  leur  Ordre,  la  célébraient  sous  le 
rite  double  de  seconde  classe  avec  office  propret 

A  la  demande  de  quelques  souverains  et  d'un  grand  nombre 
d'évêques  polonais,  espagnols  et  italiens^,  le  pape  Clément  XIII 
permit  le  6  février  ou  26  janvier,  et  le  10  ou  11  mai  1765,  un 
office  propre  en  l'honneur  du  très  saint  Cœur  de  Jésus  {ut  fidèles 
festum  hoc  agendo preecipua  eius  caritatis  bénéficia  recolerent  al- 
que  illius  caritatis  imprimis,  quam  nohis  Salvator  exhibuit 
humanam  naturam  suscipiendo ,  patiendo,  pro  generis  humani 
rédemptions  moriendo  atque  in  suse  mortis  comniemorationem 
instituendo  sacramentum  Corporis  et  Sanguinîs  sui^) .  Néan- 
moins, la  fête  ne  fut  pas  provisoirement  prescrite  universelle- 


1  Nous  empruntons  ces  détails  à  l'ouvrage  très  approfondi  du  P.  Nico- 
las Nilles,  S.  J.,  De  ralionibus  festorum  sacraiissimi  Cordis  Jesu  et  pu- 
rissimi  Cordis  Marise,  5«  édit.,  Œniponte,  1885,  t.  i,  p.  108  et  109.  On  y 
lit  :  Ad  hsec  (vers  1718  ou  1720)  Ordo  S.  Benedicti  cullum  sacraiissimi 
Cordis  sihi  peculiari  ratione  in  Gallia  complectendum  duxit ,  officio  divino 
proprio,  suh  ritu  duplici  secundœ  classis,  suis  in  ecclesiis  in  honorem 
divinissimi  Cordis,  cerla  die  assiçjnata,  celebrato ,  ut  hahetur  in  libella 
Parisiis  edito  officia  eius  ordinis  peculiaria  continente.  Malheureusement 
le  P.  Nilles  n'a  pas  indiqué  l'année  de  l'apparition  de  ces  Officia  propria, 
ni  à  quelle  congrégation  ils  appartenaient.  Dans  le  supplément  au  Bré- 
viaire monastique  des  Bénédictines  de  l'Adoration  perpétuelle ,  imprimé 
à  Nancy  chez  Vagner  (rue  du  Manège,  3],  1849,  on  lit  à  la  page  10  du 
calendrier,  à  la  fin  de  mai,  que  la  fête  fut  célébrée  pour  la  première  fois 
en  France  en  1648  et  approuvée  en  1668  par  un  légat  du  Saint-Siège; 
en  1674 ,  elle  fut  adoptée  dans  l'Ordo  des  Bénédictines  de  l'Adoration  per- 
pétuelle (fondées  par  la  vénérable  Mechtilde  du  Saint -Sacrement),  mais, 
à  ce  qu'il  semble,  encore  sans  Officium  proprium.  Mais  cet  office  existait 
déjà  pour  la  dévotion  privée  :  Septem  horse  precariœ  ad  Christi  Cor,  com- 
posé par  l'Espagnol  J.  A.  Anyés  (ou  Agnesius)  en  1545  (publié  dans  Nilles, 
t.  n,  p.  221,  d'après  l'édition  de  Valence  de  1550;  cf.  t.  i,  p.  261).  D'après 
D.  Guéranger  (Inst.  lilurg.,  V^  édit.,  t.  ii,  p.  613),  on  aurait  inauguré  le 
culte  du  très  saint  Cœur  dans  le  monastère  de  la  "S'isitation  de  Moulins, 
et  on  l'aurait  introduit  seulement  huit  ans  après  (1686)  à  Paray-le-Monial; 
puis  en  1688  à  Coutances,  en  1694  à  Besançon,  en  1718  à  Lyon  (mais  plus 
tard  il  fut  effacé  dans  le  Bréviaire  de  Montazet),  en  1720,  par  Henri  de 
Belsunce,  à  Marseille,  puis  à  Aix,  Arles,  Avignon  et  Soissons ,  1729. 

2  Instantibus  plerisque  reverendissimis  episcopis  regni  Poloniee  (Gar- 
dellini,  Décréta  autfient.  S.  R.  C,  vol.  ii,  n.  4324). 

3  Décret  de  la  S.  C.  des  R.  du  26  janvier  1765,  dans  Nilles,  t.  i,  p.  344. 


318  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

ment.  Cet  office  contenait  l'hymne  Auctor  béate  sœculi,  l'orai- 
son Concède,  et  la  messe  correspondante  Miserehitur.  Un 
autre  office  avec  l'hymne  Quicumque  certum  quœritis,  forai- 
son  Fac  nos,  Domine  Jesu,  et  la  messe  Egredimini,  fut  con- 
cédé par  Pie  VI.  Un  troisième  avec  l'hymne  Cor,  digna  sedes 
nu  mine ,  l'oraison  Domine  Jesu,  qui  ineffahilis,  et  la  messe 
Venite,  fut  composé  par  le  jésuite  Galliffet,  Postulator  causse, 
sous  Benoît  XIIP.  On  le  trouA  e  dans  Nilles,  t.  n,  p.  62.  Les 
deux  premiers,  après  que  la  fête  eut  été  rendue  universelle  par 
Pie  IX  en  1856,  trouvèrent  place  dans  la  plupart  des  Bréviaires, 
soit  au  Proprium  sanctorum  entre  mai  et  juin  (le  premier),  soit 
en  appendice  (le  second). 

Le  même  pape  Clément  XIII  établit  la  fête  de  saint  Camille 
de  Lellis  comme  double  et  prescrivit  celle  de  saint  Laurent  Jus- 
tinien,  premier  patriarche  de  Venise,  comme  semidouble; 
jusque-là  elle  avait  été  simplement  ad  libitum.  Le  5  septembre, 
jour  auquel  on  fête  la  mémoire  de  ce  saint  évêque,  est  le  jour  de 
son  ordination  en  1433,  tandis  que  sa  mort  arriva  le  3  janvier 
1455.  Sainte  Julienne  Falconieri  fut  élevée  au  rang  de  double. 

Ainsi  fut  tranchée  dans  un  sens  aflirmatif  la  question  de  la 
convenance  et  de  l'utilité  de  l'introduction  de  nouvelles  fêtes  de 
saints,  et  les  dix-huit  ans  d'interruption  sous  Benoît  XIV  furent 
bientôt  compensés  par  les  successeurs  de  ce  g^rand  pape. 

Clément XIV.— Clément  XlV(Lorenzo  Ganganelli) (1769-1774), 
Franciscain,  travailla  par  piété  filiale,  comme  l'avaient  fait 
saint  Pie  V  (0.  S.  D.),  Sixte -Quint  (0.  S.  F.)  et  Benoît  XIII 
(0.  S.  D.),  à  la  gloire  des  saints  de  son  ordre.  Il  éleva  la 
fête  des  stigmates  de  saint  François  au  rang  de  double  pour 
toute  l'Eglise,  et  donna  le  même  rite  aux  nouvelles  fêtes  de 
saint  Fidèle  de  Sigmaringen ,  de  saint  Joseph  de  Copertino,  de 
saint  Jérôme  Emilien,  de  saint  Joseph  Calasanz  et  de  sainte 
Jeanne-Françoise  de  Chantai.  La  fête  de  saint  Venance,  jusque-là 
semidouble,  fut  élevée  au  rang  de  double,  et  Clément  établit  la 
fête  de  saint  Jean  de  Kenty,  semidouble. 

Pie  VI.  —  Pie  VI  (Jean-Angelo  Braschi)  (1775-1799),  fît  la  fête 

*  Sur  les  remai'ques  que  Prosper  Lambertini,  le  futur  pape  Benoît  XIV, 
fit,  comme  Promotor  fldei,  sur  les  Argumenta  postulatoris ,  la  Congréga- 
tion des  Rites,  le  30  juillet  1729,  rejeta  la  motion  de  Galliffet  proposant 
d'établir  une  fête  ou  même  un  office  (Nilles,  t.  i,  p.  41). 


CHAPITRE  X  319 

de  la  Décollation  de  saint  Jean-Baptiste  double  majeure  et 
doubles  celles  de  saint  Pie  V  et  de  saint  Jean  de  Kenty,  et,  tan- 
dis que  le  synode  de  Pistoie  et  d'autres  machinations  déclaraient 
en  Allemagne  et  en  France  la  guerre  au  Bréviaire  et  au  culte 
des  saints,  il  créait  deux  nouvelles  fêtes  de  saints  avec  le  rite 
double  :  saint  Guillaume,  abbé  du  Mont- Vierge,  et  saint  Pas- 
cal Baylon'. 

Les  papes  du  XIX®  siècle.  —  Les  pontifes  de  ce  siècle,  durant 
lequel  les  flots  de  la  Révolution  menacèrent  d'entraîner  la  pa- 
pauté, conservèrent  le  même  zèle  pour  le  culte  public  des  saints. 
Non  moins  que  leurs  prédécesseurs  du  xvn^  siècle  et  du  xvni«, 
ils  eurent  à  cœur  d'accroître  le  nombre  des  intercesseurs  célestes 
de  l'Eglise  opprimée. 

Pie  VII.  —  Pie  VII  (1800-1823)  de  sainte  mémoire,  aupara- 
vant Barnabe  Chiaramonti,  moine  bénédictin,  ajouta  au  Calen- 
drier et  au  Propre  des  saints  du  Bréviaire  universel  un  des  cinq 
bienheureux  canonisés  par  lui,  saint  François  Caracciolo,  avec 
le  rite  double.  Au  même  rite  il  éleva  en  1808  les  offices  des 
papes  saints  Clément  I^r  (23  novembre)  et  Calliste  (14  octobre), 
jusque-là  semidoubles.  Son  tendre  amour  et  sa  vénération  pour 
la  très  sainte  Vierge,  Reine  des  Martyrs,  lui  firent  prescrire, 
en  1814,  une  deuxième  fête  des  douleurs  de  Marie,  que  célé- 
braient déjà  l'ordre  des  Servites  et,  depuis  1734,  l'Autriche. 
C'est  la  fête  des  Sept -Douleurs  du  troisième  dimanche  de  sep- 
tembre. Celle  qui  se  célèbre  durant  la  semaine  de  la  Passion  a 
plutôt  pour  objet  la  Compassion  de  la  sainte  Vierge  au  pied  de 
la  croix.  Pie  VII  introduisit  dans  quelques  églises  de  Rome 
(1805)  la  fête  du  saint  Cœur  de  Marie,  célébrée  en  France  dès 
1648,  1668  ou  1688'^.  Puis,  en  1815,  en  reconnaissance  de  sa 


1  Cf.  D.  Guéran^er,  t.  ii ,  p.  627. 

*  Le  vénérable  Père  Jean  Eudes  (né  en  1601,  mort  en  1680),  d'abord 
(depuis  1623)  oratorien,  avait  quitté  l'Oratoire  en  1643,  pour  fonder  à  Caen  la 
congrégation  du  Saint-Cœur-de-Marie.  Dans  sa  congrégation  d'abord,  on 
célébra  une  fête  et  un  office  en  l'honneur  de  la  très  sainte  Vierge  sous  ce 
titre.  Sa  congrégation  avait  reçu  la  confirmation  de  Clément  IX  (•{-  1669) 
et  de  Clément  X  ,-j-  1676),  et  Charles -François  de  Loménie  de  Brienne, 
évéque  de  Coutances,  permit,  en  1688,  en  même  temps  que  la  fête  du 
saint  Cœur  de  Jésus ,  une  fête  du  très  pur  et  très  immaculé  Cœur  de 
Marie.  Simon  le  Gras,  évcque  de  Soissons,  avait,  dès  le  26  juillet  1648, 
recommandé  dans  son  diocèse  la  dévotion  au  doux  Cœur  de  Marie.  En  1669, 


320  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

délivrance  et  de  son  retour  de  la  captivité  où  le  tenait  Napoléon  le"" 
(1814),  il  prescrivit  pour  tous  les  Etats  de  TEg-lise  la  célébra- 
tion annuelle,  au  24  mai,  d'une  fête  de  la  sainte  Vierg-e,  Notre- 
Dame  Auxiliatrice.  Dans  la  suite,  cette  fêle  fut  accordée,  sur 
leur  demande,  à  quelques  diocèses  en  dehors  de  l'Italie. 

Léon  XII  et  Pie  VIII.  —  Léon  XII  (Annibal  délia  Genga) 
(1823-1829)  remplit  un  devoir,  sinon  de  justice,  au  moins  de 
reconnaissance  envers  un  des  plus  grands  évêques  et  un  des  plus 
courageux  champions  du  Saint-Siège  au  moyen  âge,  saint  Pierre 
Damien,  qu'il  fît  docteur,  et  auquel  il  donna,  au  Bréviaire,  le 
rang  de  double.  —  Son  successeur.  Pie  VIII  (Castiglione) ,  du 
31  mars  1829  au  30  novembre  1830,  éleva  saint  Bernard  de 
Clairvaux  au  rang  de  docteur  de  l'Eglise ,  encore  que  depuis 
longtemps  on  le  qualifiât  de  Doctor  mellifîuus.  Ce  sont  les  seules 
ordonnances  de  ces  pontifes  concernant  le  Bréviaire. 

Grégoire  XVI.  —  Grégoire  XVI  (Maur  Capellari)  (1831-1846), 
auparavant  moine  et  abbé  des  Camaldules,  une  des  branches  de 
cet  ordre  bénédictin  si  fécond,  introduisit,  le  10  septembre  1839, 
au  Bréviaire ,  comme  double  la  fête  de  saint  Alphonse  de 
Liguori,  qu'il  avait  canonisé  la  même  année  avec  quatre  autres 
saints.  Par  décret  du  23  juillet  1842,  il  prescrivit  à  toute  l'Eglise, 
avec  le  rite  double,  saint  Louis  de  Gonzague,  fêté  déjà  il  est 
vrai,  dans  la  plupart  des  diocèses  et  des  églises  des  religieux, 
spécialement  comme  patron  de  la  jeunesse  des  écoles  et  comme 
type  de  pureté  évangélique^  Le  12  septembre  1845,  la  fête  de 
saint  Antonin  de  Florence  fut  élevée  au  rite  double ,  et  la  même 
année  parut  à  Rome,  sous  les  auspices  du  pape,  une  nouvelle 
édition  corrigée  du  Martyrologe  romain.  Pour  le  reste,  la  litur- 


on  demanda  de  différents  côtés  à  la  Congrégation  des  Rites  l'approbation 
d'une  messe  et  d'un  office.  Le  8  janvier  1669  parut  la  décision  de  la  S.  C. 
des  R.  :  Non  esse  approhandum ;  même  réponse  sous  Benoît  XIII,  30  juil- 
let 1729,  où  le  P.  Galliffet  fit  la  même  demande  pour  la  fête  du  Cœur  de 
Jésus.  Pie  VI,  durant  sa  captivité  à  Florence,  permit  la  fête  à  l'arche- 
vêque et  au  clergé  de  Palerme;  et  Pie  VII,  en  août  et  septembre  1805  et 
en  janvier  et  décembre  1807,  accéda  à  la  demande  de  diverses  églises  et 
congrégations  religieuses,  qui  firent  la  fête,  les  unes  le  premier  dimanche 
de  mai,  les  autres  le  troisième  dimanche  après  la  Pentecôte,  d'autres  le 
9  juillet,  d'autres  le  dimanche  après  l'octave  de  l'Assomption  (cf.  Nilles, 
t.  I,  p.  540  sq.). 

•  Dans  Gardellini,  n.  4942 


CHAPITRE  X  321 

gie,  et  particulièrement  le  Bréviaire,  doivent  peu  de  change- 
ments à  Grégoire  XVI*. 

Avant  d'aborder  les  deux  derniers  papes,  Pie  IX  et  Léon  XIII, 
dont  les  pontificats  représentent  le  développement  de  l'histoire 
du   Bréviaire   et  de   la   liturgie    dans   la    deuxième    moitié   du 
xix^  siècle,  et  avec   lesquels  nous   terminerons   notre   travail, 
parce  qu'ils  marquent  une  révolution  dans  le  mouvement  litur- 
gique, il  est  nécessaire  de  jeter  encore  une  fois  un  coup  d'oeil 
rétrospectif  sur  les  deux  derniers  siècles.  Certains  points  pour- 
raient paraître  incompréhensibles  dans  le  mouvement  qui  s'est 
opéré  en  faveur  d'une  plus  grande  unité  liturgique  et  d'une  plus 
grande  conformité  avec  Rome ,  si  auparavant  nous  ne  racontions 
pas  les  circonstances  et  les  événements  qui,  s'ils  n'ont  pas  tou- 
ché à  révolution  interne  du  Bréviaire  romain,  ont  au  moins  été 
cause  de  ses  transformations  externes,  de  ses  modifications,  de 
ses  adaptations  ou  de  l'abandon  partiel  de  vieilles  traditions  dans 
d'autres  pays.   Les  tentatives  elles-mêmes,   faites  à  Rome  au 
xvine  siècle,  pour  réformer  le  Bréviaire  des  papes  Pie  V,  Clé- 
ment VIII  et  Urbain  VIII,  ont  besoin,  pour  être  parfaitement 
comprises,  de  la  lumière  que  peut  fournir  une  étude  des  évolu- 
tions liturgiques  accomplies  en  dehors  de  Rome,  notamment  en 
France. 


1  Sur  le  pontificat  de  ce  grand  pape ,  dont  les  larges  vues  et  l'énergique 
initiative  sur  presque  tous  les  points  de  l'administration  religieuse  ouvrirent 
les  voies  qu'ont  suivies  si  glorieusement  Pie  IX  et  Léon  XIII  et  qui  ont 
produit  de  si  brillants  résultats,  et  sur  sa  politique,  qui,  si  elle  avait  été 
suivie  d'une  façon  conséquente,  aurait  épargné  peut-être  à  son  glorieux 
successeur  nombre  de  désillusions  et  d'amères  expériences,  on  peut  con- 
sulter l'ouvrage  de  Charles  Sylvain,  Grégoire  XVI  et  son  Pontificat,  Lille 
et  Bruges,  1889. 


Brév.,  t.  II.  21 


322  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

NOTE 
Office  de  saint  Grégoire  VII. 

Die  25  Maii. 

In  festo  S.  Gregorii  VII  Papœ  et  Confessons. 

(Omnia  de  Commun!  Confessoris  Ponlificis  praeter  sequentia.) 

Oratio. 

Deus ,  in  te  sperantium  fortitudo ,  qui  beatum  Gregorium ,  Confes- 
sorem  tuum  atque  Pontificem ,  pro  tuenda  Ecclesiœ  libertate  virtute 
constantise  roborasti  :  da  nobis ,  eius  exemple  et  intercessione , 
omnia  adversantia  fortiter  superare.  Per  Dominum. 

In  secundo  Nocturno. 
Lectio  IV. 
Gregorius  Papa  septimus,  antea  Hildebrandus,  Suanœ  in  Etruria 
natus,  doctrina,  sanctitate  omnique  virtutum  génère  cumprimis 
nobilis,  mirifice  universam  Dei  illustravit  Ecclesiam.  Cum  parvulus 
ad  fabri  ligna  edolantis  pedes,  iam  litterarum  inscius,  luderet,  ex 
reiectis  tamen  segmentis  illa  Davidici  elementa  oraculi  :  «  Domina- 
bitur  a  mari  usque  ad  mare  »  casu  formasse  narratur,  manum  pueri 
ductante  Numine,  quo  significaretur  eius  fore  amplissimam  in  mundo 
auctoritatem.  Romam  deinde  profectus  sub  protectione  sancti  Pétri 
educatus  est.  luvenis  Ecclesise  libertatem  a  laicis  oppressam  ac 
depravatos  ecclesiasticorum  mores  vehementius  dolens,  in  Clunia- 
censi  monasterio,  ubi  sub  régula  sancti  Benedicti  austerioris  vitse 
observantia  eo  tempore  maxime  vigebat,  monaclii  habitum  induens 
tanto  pietatis  ardore  divinse  Maiestati  deserviebat,  ut  a  sanctis  eius- 
dem  cœnobii  Patribus  Prior  sit  electus.  Sed  divina  providentia 
maiora  de  eo  disponente  in  salutem  plurimorum,  Cluniaco  eductus 
Hildebrandus,  Abbas  primum  monasterii  sancti  Pauli  intra  muros 
Urbis  electus  ac  postmodum  Romanae  Ecclesise  cardinalis  creatus, 
sub  summis  Pontiûcibus  Leone  nono,  Victore  secundo,  Stephano 
nono ,  Nicolao  secundo  et  Alexandre  secundo  prœcipuis  muneribus 
et  legationibus  perfunclus  est,  sanclissimi  et  purissimi  consilii  vir  a 
beato  Petro  Damiano  nuncupatus.  A  Victore  Papa  secundo  Legatus 
a  lalere  in  Galliam  missus,  Lugduni  episcopum  simoniaca  labe 
infectum  ad  sui  criminis  confessionem  miraculo  adegit.  Berenga- 
rium  in  concilio  Turonensi  ad  iteratam  haeresis  abiurationem  com- 
pulit.  Cadolai  quoque  schisma  sua  virtule  compressit. 


CHAPITRE  X  323 


Lectio  V. 


Mortuo  Alexandre  secundo  invitus  et  mœrens,  unanimi  omnium 
consensu  decimo  Kalendas  Maii  anno  Christi  millesimo  septuagesimo 
tertio  Summus  Pontifex  electus,  sicut  sol  effulsit  in  domo  Dei  ;  nam 
potens  opère  et  sermone  ecclesiasticae  disciplinœ  reparandae ,  fidei 
propagandes,  libertati  Ecclesiœ  restituendae ,  exstirpandis  erroribus 
et  corruptelis  tanto  studio  incubuit,  ut  ex  Apostolorum  setate  nullus 
Pontificum  fuisse  tradatur,  quo  maiores  pro  Ecclesia  Dei  labores 
molestiasque  pertulerit,  aut  qui  pro  eius  liberlate  acrius  pugnaverit. 
Aliquot  provincias  a  simoniaca  labe  expugnavit.  Contra  Henrici 
Imperatoris  impios  conatus  fortis  per  omnia  athleta  impavidus  per- 
mansit  seque  pro  muro  domui  Israël  ponere  non  timuit  ac  eundem 
Henricum  in  profundum  malorum  prolapsum  fidelium  communione 
regnoque  privavit  atque  subditos  populos  fide  ei  data  liberavit, 

Lectio  VI. 

Dum  missarum  sollemnia  perageret,  visa  est  viris  piis  columba  e 
cselo  delapsa,  humero  eius  dextro  insidiens,  alis  extensis  caput  eius 
velare,  quo  significatum  est  Spiritus  sancti  afflatu,  non  humanse  pru- 
dentise  rationibus  ipsum  duci  in  Ecclesise  regimine.  Gum  ab  iniqui 
Henrici  exercitu  Romse  gravi  obsidione  premeretur,  excitatum  ab 
hostibus  incendium  signo  crucis  exstinxit.  De  eius  manu  tandem  a 
Roberto  Guiscardo,  duce  Northmanno,  ereptus,  Cassinum  se  con- 
tulit  ;  atque  inde  Salernum  ad  dedicandam  ecclesiam  sancti  Matthsei 
Apostoli  contendit.  Cum  aliquando  in  ea  civitate  sermonem  habuisset 
ad  populum,  aerumnis  confectus  in  morbum  incidit,  quo  se  interi- 
turum  prsescivit.  Postrema  morientis  Gregorii  verba  fuere  :  Dilexi 
iustitiara  et  odivi  iniquitatem ,  propterea  morior  in  exsilio.  Innume- 
rabilia  sunt,  quœ  vel  fortiter  sustinuit  vel  muUis  coactis  in  Urbe 
synodis  sapienter  constituit,  vir  vere  sanctus,  criminum  vindex  et 
acerrimus  Ecclesiœ  defensor.  Exactis  itaque  in  pontificatu  annis 
duodecim  migravit  in  ceelum  anno  salutis  millesimo  octogesimo 
quinto,  pluribus  in  vita  et  post  mortem  miraculis  clarus,  eiusque 
sacrum  corpus  in  cathedrali  basilica  Salernitana  est  honorifice  con- 
ditum. 


CHAPITRE    XI 

TENTATIVES  DE  RÉFORME  AUTORISÉES 

ET  NON  AUTORISÉES 

DU  MILIEU  DU  XVIIe  SIÈCLE  JUSQU'AU  MILIEU  DU  XIX* 


Benoît  XIV.  —  Benoît  XIV  (Prosper  Lambertini,  de  Bolog-ne) 
(1740-1758) ,  de  tous  les  papes  des  temps  modernes  le  plus  savant  et 
le  plus  versé  dans  les  affaires,  sut  employer  tout  son  zèle  à  faire 
observer  la  discipline  ecclésiastique  et  satisfaire  ég-alement  aux 
exigences  de  l'esprit  du  temps  ;  il  prit  aussi,  au  début  de  son  ponti- 
ficat, la  résolution  de  n'ajouter  aucun  nouvel  office  au  Bréviaire, 
résolution  à  laquelle  il  demeura  fidèle,  à  quelques  exceptions  près, 
durant  les  dix-huit  ans  de  son  «gouvernement.  Il  éleva  simplement 
à  la  dignité  de  docteur  le  pape  saint  Léon  le  Grand,  dont  la  fête, 
du  reste ,  était  au  Bréviaire  depuis  déjà  un  grand  nombre  d'années 
et  avait  reçu  le  rite  double  de  Pie  V.  Benoît  XIV,  qui  comptait 
parmi  les  plus  éminents  écrivains  liturgiques  et  canonistes  de 
son  siècle,  ne  pouvait  ignorer,  après  son  élévation  sur  le  siège  de 
Pierre,  que  le  Calendrier  du  Bréviaire  romain  et  le  Propre  des 
saints  avaient  besoin  de  grandes  réformes  ;  que  l'introduction  d'en- 
viron cent  fêtes  de  saints  avait  réduit  sur  une  large  échelle  l'office 
des  fériés,  et  que  le  rite  double,  accordé  depuis  longtemps  à  de 
nombreuses  fêtes,  devait  avoir  pour  conséquence  la  suppression 
ou  la  diminution  de  nombreux  offices  du  dimanche.  C'était  là 
une  circonstance  dont  s'étaient  servis  les  jansénistes  français 
pour  dénigrer  l'Église  romaine,  dans  le  prétendu  intérêt  qu'ils 
portaient  au  maintien  de  l'ancienne  discipline  de  l'Eglise  des 
premiers  âges.  Le  riche  Bullaire  de  Benoît  XIV  contient  une 
série  de  documents  qui  témoignent  du  zèle  de  ce  pape  pour  le 
maintien  des  vénérables  et  antiques  usages  de  l'Eglise  ;  nous 
y  trouvons ,  entre  autres ,  des  bulles  en  faveur  du  rite  des  Grecs 
et  du  rite  des  autres  Orientaux  unis  ;  d'autres  sur  la  solennité 
de  l'octave  de  la  fête  du  prince  des  Apôtres  ,  sur  la  défense  faite 


CHAPITRE  XI  325 

aux  évêques  d'obéir  aux  princes  séculiers ,  dans  le  cas  où  ceux- 
ci  leur  ordonneraient  des  prières  publiques  ;  contre  les  images 
superstitieuses  ;  sur  Tusage  du  pallium  ;  sur  la  rose  d'or  ;  contre 
l'usage  de  la  musique  profane  dans  les  églises ,  contre  les  abus 
occasionnés  par  les  chapelles  privées  ;  sur  la  permission  accor- 
dée aux  évêques  des  i-oyaumes  d'Espagne  et  de  Portugal  de  pou- 
voir célébrer  trois  messes  le  jour  de  la  Commémoration  des 
Défunts  ^ 

Toutefois,  le  pape  ne  put,  par  les  mesures  qu'il  prit  dans  l'in- 
térêt de  l'antiquité  chrétienne ,  arriver  à  endiguer  le  courant  qui 
portait  à  la  multiplication  des  fêtes  de  saints  au  Bréviaire.  Sous 
ses  successeurs,  le  Calendrier  et  le  Propre  des  saints  s'enri- 
chirent de  nouveaux  offices.  La  Providence  donna  trop  claire- 
ment à  entendre  quelles  étaient  ses  vues ,  pour  qu'il  n'en  fût  pas 
tenu  compte  ;  l'une  de  ces  vues  pouvait  être  de  prouver  la  fécon- 
dité perpétuelle  de  l'Eglise,  même  dans  sa  prétendue  décrépi- 
tude, objet  des  injures  et  des  attaques  de  certains  partis,  et  de 
montrer  qu'elle  est,  avec  une  beauté  toujours  jeune,  l'épouse 
sans  tache  de  l'Esprit- Saint  [sine  macula  et  ruga). 

Son  zèle  pour  la  science  sacrée  fit  aussi  créer  au  pape  une 
Académie,  dont  le  but  était  d'étudier  la  liturgie  au  double  point 
de  vue  théorique  et  archéologique.  Il  accorda  à  perpétuité  place 
et  voix  parmi  les  Consulteurs  de  la  Congrégation  des  Rites  à 
plusieurs  ordres  religieux ,  en  reconnaissance  des  services  rendus 
par  leurs  membres  à  la  science  liturgique^. 

Après  avoir  fait  reviser  et  rédiger  le  Cérémonial  des  évêques , 
qu'avait  commencé  Benoît  XIII,  et  l'avoir  publié  à  Rome,  ac- 
compagné d'un  bref  daté  du  25  mars  1752,  après  avoir  réédité 
le  Martyrologe  corrigé  dont  il  a  été  question  plus  haut  (cette 
édition  était  accompagnée  de  Litterse  apostoUcœ  ad  lohannem  V, 
regem  Portugalliœ  ,  datées  des  calendes  de  juillet  1748), 
Benoît  XIV  eut  aussi  la  pensée  de  soumettre  le  Bréviaire  à  une 
complète  revision. 

Avant  d'étudier  en  détail  les  travaux  de  la  Commission  qu'il 
créa  dans  ce  but,  et  dont  les  membres,  sciemment  ou  incon- 


1  Cf.  Benedicti  papse  XIV  Ballarium,  4  tomi  in-f»,  Romae,  1746-1758. 

2  Guéranger,  Inst.  Uturg.,  t.  ii,  p.  471,  472,  501;  dans  la  l^e  édition, 
p.  529  sq.  Celte  Academia  lilurgica,  ou  école  de  liturgie  scientifique,  fut 
imitée  dans  un  grand  nombre  de  villes  d'Italie. 


326  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

sciemment,  subirent  l'influence  des  courants  qui,  depuis  cent 
ans,  se  faisaient  sentir  en  France,  il  est  nécessaire  de  connaître 
avec  précision  l'origine  et  les  progrès  de  ce  mouvement  et  en 
France  et  hors  de  France. 

Cette  histoire  et  la  critique  de  l'œuvre  gallicane  ont  été  expo- 
sées, d'après  les  textes  originaux,  par  dom  Guéranger,  le  savant 
abbé  de  Solesmes,  dans  son  deuxième  volume  des  Institutions 
liturgiques  ;  il  ne  nous  reste  qu'à  puiser  à  cette  riche  source. 
Les  essais  de  réforme  naquirent  eu  partie  d'une  critique  fondée, 
en  partie  d'une  idée  fausse  et  d'une  ignorance  du  sens  réel  et 
pratique  de  la  question.  Ils  sont  bien  propres  à  nous  montrer  ce 
que  l'œuvre  des  trois  papes  Pie  V,  Clément  VIII  et  Urbain  VIII 
eut  de  bon  et  ce  qu'elle  eut  d'encore  incomplet  ^ 

Nous  avons  vu  plus  haut  comment  le  Bréviaire  de  saint  Pie  V 
pénétra  en  France  et,  à  Texception  de  quelques  diocèses  qui 
réformèrent  d'après  le  Breviarium  Pianum  leui's  Bréviaires 
propres  vieux  de  deux  cents  ans,  comment  il  fut  accepté  par  le 
pays  tout  entier.  En  1605,  l'Assemblée  générale  du  clergé  décla- 
rait que  la  liturgie  romaine  était  le  type  sur  lequel  on  devait 
se  modeler  d'une  façon  générale,  tout  en  conservant  quelques 
usages  particuliers^.  En  1643,  l'archevêque  de  Paris,  Jean- 
François  de  Gondy ,  avait  fait  reviser  le  Bréviaire  parisien,  suivi 
jusque-là,  et  plus  encore  qu'en  1584  il  l'avait  rendu  conforme 
au  Bréviaire  romain.  Et  ainsi,  «  jusqu'à  l'avènement  de  Louis  XIV, 
comme  le  remarque  M.  Batiffol,  le  Bréviaire  romain  fut  tenu, 
en  France,  comme  le  Bréviaire,  sinon  obligatoire,  au  moins 
modèle,  »  d'après  lequel  furent  réformés  ceux  qui  existaient,  en 
vigueur  de  l'induit  de  Pie  V^. 

Le  siècle  de  Louis  XIV.  —  Pour  comprendre  les  événements 
qui  vont  suivre,  il  faut  parfaitement  connaître  l'état  de  la  France 
à  cette  époque.  Le  règne  de  Louis  XIV  a  été,  il  est  vrai,  pour 
l'Eglise  catholique  en  France,  une  période  de  très  grande  pros- 
périté ;  une  série  d'hommes  éminents  dans  l'État  et  dans  l'Eglise, 


'  Car  il  y  a  dans  ces  essais  une  part  de  critiques  et  une  part  de  chi- 
mères, capables  ensemble  de  montrer  ce  que  l'œuvre  de  Pie  V,  de  Clé- 
ment VIII  et  d'Urbain  VIII  a  d'incomplet  et  aussi  ce  qu'elle  a  d'excellent 
(BatifTol,  Hist.  du  Brév.  rom.,  p.  267). 

2  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  n,  p.  43. 

3  BatifTol,  loc.  cit.,  p.  268. 


CHAPITRE  XI  327 

de  grands  orateurs  de  la  chaire  et  de  grands  poètes,  en  un  mot, 
toute  une  élite  de  génies  dans  le  domaine  de  la  littérature  et  de 
l'art,  entouraient  de  leur  éclat  le  trône  du  Roi-Soleil;  des  saints 
et  des  saintes  appartenant  à  toutes  les  classes  de  la  société,  de 
nouveaux  instituts  religieux,  de  nouveaux  établissements  de  cha- 
rité répandaient  de  grands  bienfaits.  Mais,  d'un  autre  côté,  se 
faisaient  jour  dans  le  dogme,  l'histoire,  la  discipline  et  le  droit 
ecclésiastique,  des  tendances  dangereuses,  écho  de  l'ancien  sys- 
tème régalien  et  des  théories  des  conciles  du  xv^  siècle ,  prolon- 
gement du  protestantisme  allemand  et  anglais,  méfiances  vis-à- 
vis  de  l'autorité,  surtout  de  l'autorité  romaine,  évaluation  exa- 
gérée de  certains  progrès  scientifiques,  surtout  esprit  d'indé- 
pendance, d'orgueil  national  et  de  vanité  scientifique,  qui  travail- 
lait plus  ou  moins  consciemment  à  affaiblir,  à  relâcher  les  rap- 
ports avec  Rome,  centre  d'unité,  et  à  constituer  une  sorte 
d'Église  nationale.  Ces  idées  devaient  trouver  leur  écho  dans  la 
liturgie  du  pays,  car  la  liturgie  est  l'expression  de  la  vie  de 
l'Église.  Du  moment  où  une  grande  partie  du  clergé  français  et 
des  laïques  influents  inclinèrent  vers  ces  doctrines,  on  eut  à 
craindre  les  plus  graves  conséquences  pour  l'unité  liturgique 
entre  la  France  et  Rome. 

On  dira  peut-être  :  «  Comment  peut-on  regarder  des  modifi- 
cations dans  un  Bréviaire  et  un  Missel  comme  le  résultat  de 
principes  hétérodoxes?  »  Ce  qui  va  suivre  nous  l'expliquerai 

Jansénisme  et  gallicanisme  :  ces  deux  grands  mots  désignent 
donc  l'ensemble  des  courants  antireligieux,  naturellement  mul- 
tiples et  nuancés  de  mille  façons,  qui  ne  firent  qu'acquérir  une 
force  nouvelle  en  France  depuis  le  commencement  du  xvn^  siècle. 
L'orgueil   du    sentiment   national   français   et  la  part  excessive 


1  M.  Batiffol  dit  avec  raison  :  «  C'est  au  cours  déjà  avancé  du  règne  de 
Louis  XIV,  concurremment  avec  les  disputes  de  la  régale,  que  se  firent 
jour  les  premiers  projets  de  réforme  liturgique ,  projets  où  il  n'est  pas 
permis  de  ne  point  voir  l'intention  de  se  soustraire  à  la  discipline  romaine 
et  d'affirmer  l'indépendance  de  l'Eglise  gallicane ,  mais  où  l'on  aurait  tort 
aussi  de  ne  point  reconnaître  les  justes  scrupules  que  les  progrès  de  la 
critique  sacrée  et  de  la  théologie  positive  devaient  nécessairement  provo- 
quer dans  le  clergé.  Ce  que  Baronius  et  Bellarmin  avaient  été  à  Rome 
en  1600,  des  érudits  comme  Thomassin  et  Mabillon  et  tant  d'autres  l'étaient 
pour  le  clergé  de  France,  aux  environs  de  1682.  »  {Hist.  du  Brév.,  p.  268. 
Cf.  Rébelliau,  Bossiiet,  historien  du  protestantisme,  Paris,  1892,  c.  ii  : 
De  l'influence  de  l'érudition  contemporaine  sur  Bossuet,  2e  édit.,  p.  95-120.) 


328  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

accordée  à  la  puissance  séculière  dans  les  affaires  religieuses, 
créèrent  le  gallicanisme,  qui  trouva  des  alliées  bienveillantes 
dans  les  théories  prétendues  originales  et  pures  du  jansénisme 
hypercritique  arrogant  et  se  suffisant  à  lui-même;  l'antipathie 
commune  contre  Rome  et  la  tradition  liturgique  réunit  ces 
deux  courants,  si  peu  d'ailleurs  qu'il  y  eût  entre  eux  de  points 
de  contact,  et  les  amena  à  s'entr'aider  souvent  et  à  s'encou- 
rager mutuellement. 

Jansénisme.  —  «  Le  jansénisme ,  dit  dom  Guéranger  ' ,  eut 
pour  caractère  de  s'infiltrer  au  sein  du  peuple  fidèle ,  en  péné- 
trant de  son  esprit,  à  des  degrés  divers,  la  société  qu'il  venait 
corrompre.  A  ceux  qui  étaient  assez  forts,  il  prêcha  un  calvi- 
nisme véritable  qui,  au  xvm^  siècle,  se  transforma  en  le  gnosti- 
cisme  le  plus  honteux,  par  les  convulsions  et  le  secourisme,  en 
attendant  qu'à  la  fin  du  même  siècle  on  vît  ses  adeptes  passer  de 
plain-pied  de  la  doctrine  de  Saint- Cyran  et  de  Montgeron  à 
l'athéisme  et  au  culte  de  la  raison.  A  ceux,  au  contraire,  qu'un 
attachement  énergique  à  l'ensemble  des  dogmes,  un  éloigne- 
ment  prononcé  pour  une  révolte  contre  les  décisions  évidentes 
de  l'Eglise ,  garantissait  de  pareils  excès ,  le  jansénisme  chercha 
à  inspirer  une  défiance,  un  mépris,  un  éloignement  même  pour 
les  formes  extérieures  du  catholicisme ,  pour  les  croyances  qui 
paraissent  ne  tenir  au  symbole  que  d'une  manière  éloignée.  S'il 
n'osa  révéler  à  ces  derniers  que  l'Eglise  avait  cessé  d'être  visible, 
il  se  plut  du  moins  à  la  leur  montrer  comme  déchue  de  la  per- 
fection des  premiers  siècles,  encombrée  de  superfétations  que 
l'ignorance  des  bas  siècles  avait  entassées  autour  d'elle,  et  sur- 
tout moins  pure  à  Rome  et  dans  les  pays  de  la  vieille  catholicité 
(Espagne,  Italie)  qu'en  France,  où  la  science  de  l'antiquité,  la 
critique ,   et  surtout  un  zèle  éclairé  pour  de  saintes  et  pieuses 

1  D.  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  ii,  p.  44  sq.  On  peut  voir  du  reste  l'ou- 
vrage de  Callewaert  et  P.  Nols  {Jansénius,  évêque  d'Ypres,  ses  derniers 
moments,  sa  soumission  au  Saint-Siège,  d'après  des  documents  inédits, 
Louvain,  1893),  où  l'on  montre  que  Jansénius  n'adhéra  pas,  du  moins 
formellement,  à  des  propositions  hérétiques,  qu'il  se  soumit  au  jugement 
de  lE'glise.  C'est  chose  digne  d'attention  qu'un  homme  animé  de  l'esprit 
religieux  et  si  familier  avec  les  traditions  de  l'Église,  comme  l'était  Binte- 
rim  (  Denkwûrdigkeiten ,  1^^  édit.,  t.  i,  p.  459),  ait  pu  indiquer  le  Bré- 
viaire des  Mauristes  de  1787  comme  un  type  de  cette  revision  du  Bréviaire. 
On  voit  par  là  combien  peu  les  hommes,  même  les  mieux  intentionnés, 
comprenaient  le  caractèi-e  de  ce  mouvement. 


CHAPITRE  XI  329 

libertés  avaient  ménagé  d'efficaces  moyens  de  retour  à  la  pureté 
primitive. Dans  cette  doctrine,  le  lecteur  reconnaît  sans  doute,  non 
seulement  celle  de  Jansénius  (et  de  ses  partisans),  Saint-Cyran  et 
Arnauld,  mais  aussi  celle  de  Letourneux,  Ellies  Dupin,  Tille- 
mônt,  Launoy,  Thiers,  Baillet,  Claude  de  Vert,  Fleury,  Duguet, 
Mésenguy,  Coffin,  Rondet,  etc.  » 

De  tels  principes  ouvraient  aussi  une  fausse  route  à  certains 
esprits  qui  travaillaient  à  une  réforme  catholique  sérieuse,  et  la 
leur  faisaient  prendre  souvent,  malgré  toute  leur  piété  et  leur 
austérité  de  vie  ^.  Et  nombre  d'entre  eux,  parce  qu'ils  souhaitaient 
une  réforme  de  la  discipline  et  des  mœurs,  s'unirent  avec  les  jansé- 
nistes, ennemis  du  dogme  lui-même,  en  se  faisant  les  propagateurs 
directs  ou  indirects  des  nouveautés  liturgiques.  A  cela  vint  s'ajou- 
ter, des  hautes  sphères,  le  gallicanisme,  qui  voulait  aussi,  dans  ces 
questions,  voir  l'Eglise  de  France  entièrement  indépendante  de 
Rome.  Ces  faits  expliquent  suffisamment  ce  qui  se  produisit;  on 
délaissa  l'ancienne  et  excellente  liturgie  pour  en  forger  une  nou- 
velle. Il  faut  cependant  reconnaître  ici  que  la  plupart  des  Bré- 
viaires gallicans  parus  en  France  aux  xvn^  et  xviii^  siècles  expri- 
maient encore  très  fidèlement  l'esprit  liturgique  et  se  rapprochaient 
beaucoup  plus  de  l'antiquité  chrétienne  et  de  la  tradition  de  l'Eglise 
romaine,  vieille  de  plus  de  mille  ans,  que  les  Bréviaires  alle- 
mands de  l'époque  joséphiste  et  d'autres  élucubrations  du  josé- 
phisme,  ennemi  de  toute  tradition  ecclésiastique  comme  de  toute 
profondeur  dogmatique^.  Mais  il  est  temps  de  laisser  parler  les 
faits. 


1  D.  Guéranger,  loc.  cit.,  p.  45.  On  peut  y  voir  aussi,  p.  46  et  47,  com- 
ment le  clergé  et  l'épiscopat  français  tâchaient  de  faire  disparaître  du 
Pontifical  l'exemption  des  réguliers,  qu'Urbain  VIII  avait  fait  insérer  dans 
ce  livre  liturgique ,  et  qui  consistait  en  ce  que  l'obédience  des  réguliers 
à  prêter  dans  l'ordination  revêlait  une  autre  forme  que  pour  les  prêtres 
séculiers.  Voir  aussi  ce  qui  y  est  dit  p.  54  de  la  traduction  française  du 
Missel. 

2  Liliencron,  Liturgisch-musikalische  Geschichte  des  evangelischen  Got- 
tesdienstes,  de  1523-1700,  Schleswig,  1893,  p.  31,  montre  comment,  du 
côté  prolestant,  on  en  arrivait  déjà  de  plus  en  plus  à  un  culte  fade,  super- 
ficiel :  «  Tout  l'édifice  du  culte  et  de  l'année  liturgique,  cette  œuvre  d'art 
incomparable,  sublime,  cette  création  de  l'ancien  christianisme,  dévelop- 
pement de  force  juvénile,  s'écroulait...  »  Et  p.  32  sq.  :  «  Transformation  des 
anciens  offices  de  Matines  et  de  Vêpres,  conservés  encore  en  1535  (on 
n'avait  pas  besoin  d'autres  Horse  canonicœ),  et  du  Proprium  de  tempore 
et  sanctis  en  simples  chants  dans  l'église.  » 


330  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

La  situation  liturgique  au  commencement  du  XVIIIe  siècle.  — 

En  1605,  rAssemblée  générale  du  clergé  avait  accordé  des  sub- 
sides pour  faciliter  Timpression  de  nouveaux  Bréviaires  romains 
dans  toute  la  France.  De  nombreux  diocèses  avaient  adopté  pure 
et  simpliciter  le  Bréviaire  édité  par  Pie  V;  pour  les  autres,  le 
Bréviaire  diocésain,  en  usage  jusque-là,  était  devenu  ad  Romani 
formam  ou  formam  concilii  Tridentini ,  comme  le  portent  leurs 
titres,  c'est-à-dire  corrigés  d'après  le  Bréviaire  Pianum.  A  Paris, 
les  évêques  ou  archevêques,  Pierre  de  Gondy  (1584),  Henri 
de  Gondy  (1607),  Jean-François  de  Gondy  (1643)  et  le  cardinal  de 
Retz  (1658),  avaient  préparé  de  nouvelles  éditions  du  Bréviaire 
parisien  ;  chaque  fois  les  éditions  devenaient  plus  conformes  au 
Bréviaire  de  Pie  V,  si  bien  que  vers  1650,  à  de  très  minimes  excep- 
tions près,  le  Bréviaire  parisien  et  le  Bréviaire  romain  parais- 
saient identiques.  Le  parisien  était  prescrit  pour  le  chœur;  mais 
on  était  libre  pour  la  récitation  privée.  Les  Sulpiciens  prirent  le 
romain;  saint  Vincent  de  Paul,  par  contre,  enseignait  qu'on 
devait  conserver  le  rite  diocésain,  et  lui-même  récitait  le  Bré- 
viaire diocésain  ^  Les  uns  et  les  autres  avaient  raison. 

Les  Bréviaires  de  Soissons  (1676),  de  Reims  (sous  Maurice 
Le  Tellier,  1685),  du  Mans  (sous  Louis  de  Tressan,  1693),  étaient 
aussi  corrects  ;  le  changement  de  quelques  homélies  avait  même 
apporté  des  améliorations  intéressantes.  Celui  de  Henri  de  Vil- 
lars,  archevêque  de  Vienne,  publié  en  1678  pour  cette  Église  et 
l'archidiocèse,  fut  le  premier  à  suivre  des  voies  nouvelles.  On 
ne  s'était  pas  contenté  d'y  insérer  des  homélies  authentiques  à  la 
place  des  anciennes,  mais  on  avait  aussi  modifié  les  légendes 
et  remplacé  les  anciennes  antiennes  et  les  anciens  répons  grégo- 
riens par  de  nouveaux,  uniquement  composes  de  pièces  de  la 
sainte  Ecriture.  Ce  principe  d'emprunter  exclusivement  à  la  sainte 
Ecriture  toutes  les  pièces  de  la  liturgie  fut  dans  la  suite  carac- 
téristique pour  la  plupart  des  nouveaux  Bréviaires. 

Bréviaire  de  Paris.  —  En  1680  parut  un  nouveau  Bréviaire'^ 
pour  l'archidiocèse  de  Paris;  il  devint  le  type  des  réformes  des 


'  Guéranp^er,  loc.  cit.,  p.  71. 

2  Breviarium  parisiense,  Illustrissimi  et  Revmi  in  Christo  Patris  D.  D. 
Francisci  de  Harlay ,  Dei  et  Sanctœ  Sedis  apostolicse  gratia  parisiensis 
archiepiscopi...  ac  venerabilis  eiusdem  Ecclesise  capituli  consensu  editam, 
Parisiis,  1680. 


CHAPITRE  XI  331 

années  subséquentes.  Dès  1670,  on  avait,  sur  Tordre  de  Tarche- 
vêque  Hardouin  de  Péréfixe ,  commencé  les  travaux  de  revision 
du  Bréviaire  romano-parisien. 

La  Commission  avait  déjà  tenu  dix- huit  sessions  lorsque  l'ar- 
chevêque mourut,  en  1671.  Son  successeur,  François  de  Harlay, 
poursuivit  l'œuvre  avec  énerj^ie  et  fortifia  la  Commission  de  trois 
ou  quatre  autres  membres.  Celle-ci  travailla  jusqu'au  30  avril  1675, 
et  Tarchevêque  Harlay  assuma  l'entière  responsabilité  de  l'œuvre 
réformée. 

On  ne  peut  disconvenir  que  de  Harlay  ne  fût  dans  son  droit; 
il  était  parfaitement  autorisé  à  reviser  et  à  réformer  le  Bréviaire 
diocésain  de  Paris,  que  l'induit  de  Pie  V  permettait,  quoique 
avec  certains  chang^emenls.  Si  Ton  s'était  contenté  de  remplacer 
quelques  homélies  faussement  attribuées  aux  Pères  par  des  ho- 
mélies authentiques,  de  mettre  la  partie  historique  (légendes 
ou  vies  des  saints)  en  harmonie  avec  les  exigences  de  la  critique 
historique,  d'ajouter  quelques  offices  propres,  des  hymnes  ou 
même  des  antiennes  et  des  répons  pour  certaines  fêtes  de  saints, 
à  la  place  de  ceux  du  Commun,  personne  n'aurait  pu  y  trouver 
à  redire. 

Mais  on  ne  s'en  tint  pas  là.  On  prit  à  tâche  de  retrancher  du 
Bréviaire  «  toutes  les  choses  qui  paraissaient  superflues  »  et  «  tout  » 
ce  qui  pouvait  faire  naître  l'apparence  d'une  superstition,  ou  qui 
n'était  pas  conforme  à  la  dignité  de  l'Eglise  et  aux  institutions 
de  l'antiquité'.  On  rejeta  donc  un  grand  nombre  de  leçons, 
d'homélies,  d'antiennes,  de  répons  et  d'hymnes,  non  seulement 
du  Sanctoral,  mais  aussi  du  Propre  du  temps.  Les  leçons  de 
l'office  de  la  sainte  Trinité  presque  au  complet ,  de  l'octave  de  la 
Fête-Dieu,  furent  remplacées  par  de  nouvelles  pièces;  le  Com- 
mun des  saints  subit  un  plus  grand  nombre  de  suppressions.  Les 
fêtes  de  la  Vierge  et  de  l'apôtre  saint  Pierre  étaient  réduites. 
Les  leçons  des  fêtes  de  la  sainte  Vierge,  les  bénédictions  de  son 
office  et  le  nom  même  de  certaines  fêtes  étaient  changés  ;  l'an- 
tienne ou  verset  :  Dignare  me  laudare  te;  Gaude  Maria  virgo, 
cunctas  hsereses  sola  interemisti,  et  d'autres  analogues,  étaient 
supprimés.  De  même  l'antienne  ou  répons  en  l'honneur  de  saint 


1  Epistula  Francisci  de  Harlay  ad  clerum  parisiensem ,  d.  d.  Kaiend. 
lan.,  1680  (D.  Guéranger,  t.  ii,  p.  165-167). 


332  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Pierre  :  Tu  es  pastor  ovium,  et  l'antienne  Dum  esset  summus 
pontifex,  des  secondes  Vêpres  de  Toffice  des  saints  papes,  et 
d'autres  encore ^  En  un  mot,  tout  le  Responsorial  de  saint  Gré- 
goire le  Grand  avait  dû  faire  place  à  un  centon  moderne.  —  Il 
faut  reconnaître  qu'on  avait  maintenu  la  division  romaine  des 
psaumes  pour  les  Heures  canoniales,  le  PsaUerium  per  hebdo- 
madam  ;  mais  les  anciennes  hymnes  qui  se  trouvaient  au  Psau- 
tier, même  les  plus  anciennes  et  les  ambrosiennes,  telles  que, 
par  exemple  :  Primo  dieriim  omnium,  du  dimanche,  étaient 
mutilées. 

Édition  de  Vintimille.  —  En  1736,  sous  l'archevêque  Charles- 
Gaspard -Guillaume  de  Vintimille,  parut  une  nouvelle  édition, 
plus  radicalement  métamorphosée  encore.  Elle  fut  publiée  et 
adressée  au  clerg^é  par  la  lettre  épiscopale  du  3  décembre  1735. 
A  partir  de  1680  toute  la  France  se  modela  sur  Paris. 

Autres  Bréviaires  français.  —  C'est  à  dessein  que  je  ne  traite 
pas  plus  en  détail  la  question  des  Bréviaires  français  réformés  et 
leur  histoire.  Elle  doit  former  l'objet  d'un  examen  particulier  et 
indépendant,  qui  pourrait  d'ailleurs  constituer  un  chapitre  inté- 
ressant et  important  du  développement  de  l'Ég-lise  gallicane  ou, 
comme  nous  préférons  dire,  de  l'Eglise  catholique  en  France. 
I^e  lecteur  qui  désirerait  connaître  les  lignes  générales  de  cette 
histoire  les  trouvera  dans  le  deuxième  volume  des  Institutions 
liturgiques  de  dom  Guéranger.  Ces  Bréviaires  français  n'ont 
d'importance  et  d'intérêt  pour  notre  Histoire  du  Bréviaire  ro- 
main qu'autant  qu'ils  jettent  quelque  lumière  ^  sur  la  tentative 
de  Benoît  XIV  de  réformer  ou  tout  au  moins  de  reviser  le 
Bréviaire  romain. 

Principes  liturgiques  des  nouveaux  Bréviaires.  —  Il  nous  suffira 
d'indiquer  ici  les  principes  et  les  points  de  vue  généraux  qui  ont 
guidé  les  auteurs  (compilateurs)  et  les  approbateurs  (autorités 
épiscopales)  de  ces  Bréviaires  et  qui  ont  sei^vi  de  type  dans  tout 
ce  mouvement.  Les  voici  : 


1  Cf.  les  dctails  à  ce  sujet  dans  D.  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  ii,  p.  86  sq. 
Les  changements  dans  le  Missale  parisiense  [op.  cit.,  p.  95),  édité  par 
de  Harlay  en  1684,  sont  pires  encore.  D.  Guéranger  montre  que,  dans 
beaucoup  de  ces  changements,  on  suivit  l'exemple  de  Luther  :  toujours 
et  uniquement  la  sainte  Ecriture. 

^  Les  Bréviaires  réformés  d'Allemagne  ont  une  toute  autre  importance, 
c'est  pourquoi  nous  sommes  entrés  dans  des  détails  à  leur  sujet. 


CHAPITRE  XI  333 

1.  Tout  d'abord,  il  fallait  assurer  la  récitation  du  Psautier 
chaque  semaine. 

2.  La  disposition  des  leçons  devait  permettre  de  lire  chaque 
année  la  plus  grande  et  la  plus  importante  partie  de  la  sainte 
Ecriture,  Ancien  et  Nouveau  Testament. 

3.  On  devait  emprunter  exclusivement ,  ou  du  moins  à  de  très 
rares  exceptions  près,  les  répons  au  texte  des  saintes  Écritures. 

4.  Le  Bréviaire  ne  devait  pas  seulement  être  un  livre  de 
prières,  il  devait  bien  plutôt  être  un  livre  d'érudition  et  d'édifi- 
cation. 

5.  Les  hymnes  devaient  être  adaptées  au  goût  du  temps  et 
présenter  de  grandes  facilités  au  point  de  vue  du  chant. 

Sans  nous  attarder  ici  aux  graves  reproches  adressés  avec  rai- 
son à  quelques-uns  des  nouveaux  Bréviaires  (jansénisme,  galli- 
canisme), et  que  d'autres  écrivains  ont  déjà  signalés  avec  une 
clarté  suffisante,  il  ne  sera  pas  superflu  de  remarquer  que  l'on 
retrouve  dans  toutes  ces  compositions  et  ces  compilations  litur- 
giques la  note  caractéristique  de  la  vie  religieuse  de  cette  époque, 
nous  voulons  dire  une  pédanterie  parfois  insupportable,  une 
prétention  vaniteuse  se  trahissant  par  des  phrases  à  effet,  une 
manie  de  tout  expliquer  par  les  «  raisons  physiques  » ,  de  cher- 
cher les  principes  naturels  des  prières  et  des  cérémonies^. 

Les  conséquences  de  cette  manie  de  liturgies  particulières  et 
de  Bréviaires  diocésains  sont  parfaitement  exposées  dans  le  Ka- 
tholik,  d'après  dom  Guéranger^. 

En  1791 ,  quatre-vingts  diocèses  avaient  déjà  rejeté  la  liturgie 
romaine  et  s'étaient  fabriqué  une  liturgie  particulière. 

Sept  ans  plus  tard,  une  rude  captivité  réunissait  dans  la  rade 
de  Rochefort  neuf  cents  prêtres,  nobles  confesseurs  de  la  foi.  On 
réussit  à  introduire  dans  leur  prison  quelques  Bréviaires,  et  ces 

1  La  littérature  sur  ce  sujet  est  très  étendue  ;  mallieureusement  les 
auteurs  et  les  ouvrages  en  question,  qui  s'étendent  trop  et  se  perdent  dans 
des  généralités,  manquent  pour  la  plupart  d"une  base  solide  de  documents 
et  de  preuves.  Faisons  cependant  uiîe  exception  digne  déloges  eu  faveur 
des  excellentes  monographies  de  Mgr  Hautcœur  sur  la  liturgie  de  Cam- 
brai, Lille,  1879  sq.  Sur  Langres  et  ailleurs,  l'on  trouve  d'intéressants 
renseignements  dans  l'ouvrage  de  Marcel  :  Livres  liturgiques  du  diocèse 
de  Langres,  Paris,  1892.  [Cf.  aussi  VHistoire  du  Bréviaire  de  Rouen,  de 
M.  l'abbé  Collette,  Rouen,  1902,  dont  M.  Vacandard  a  donné  une  analyse 
détaillée  dans  la  Revue  du  Clergé  français,  ler  janvier  et  J^' février  1903.  Tr.] 

«  Mainz,  1856,  t.  xiv,  p.  220  sq. 


334  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

prêtres  se  faisaient  unejoie  de  pouvoir  réciter  désormais  ensemble 
la  sainte  psalmodie,  grâce  à  ce  pieux  présent.  Mais,  ô  décep- 
tion amère  !  les  Bréviaires  réunis  qu'on  avait  heureusement  fait 
pénétrer  dans  la  prison  flottante  représentaient  autant  de  dio- 
cèses qu'il  y  avait  d'exemplaires,  et,  par  suite,  toute  récitation, 
toute  prière  en  commun  parut  impossible.  L'abbé  Ménochet, 
vicaire  général  du  Mans,  un  des  rares  survivants,  raconta  plus 
lard  ce  fait  à  l'abbé  de  Solesmes.  Mais  de  pareils  inconvénients 
devaient  bientôt  se  faire  universellement  sentir.  En  effet,  après 
que  la  nouvelle  circonscription  de  1801  eut  bouleversé  les  anciens 
diocèses  et  réuni  autour  d'une  cathédrale  cinq,  six  ou  sept  parties 
différentes  d'anciens  évêchés,  il  arriva  souvent  que,  dans  un 
seul  diocèse,  une  demi -douzaine  de  Bréviaires  et  de  Missels 
disputaient  la  prééminence  à  la  liturgie  du  chef- lieu  épisco- 
pal. 

Même  après  1815  cette  manie  persista,  et  dans  certains  dio- 
cèses l'évêque  ne  pouvait  qu'avec  peine  empêcher  ses  conseillers 
de  prohiber  expressément  la  liturgie  romaine,  et,  après  une 
longue  discussion,  on  condescendait  gracieusement  à  déclarer 
que  réciter  le  Bréviaire  romain  à  la  place  du  Bréviaire  diocésain 
n'était  qu'une  faute  vénielle. 

Retour  à  la  liturgie  romaine.  —  L'évêque  de  Langres,  Pierre- 
Louis  Parisis,  par  une  magnifique  lettre  à  son  clergé  datée  du 
15  octobre  1839,  et  qui  témoignait  d'un  courage  tout  apostolique, 
donna  le  signal  et  l'exemple  du  retour  aux  vieilles  traditions;  il 
montra  l'attachement  qu'il  avait  pour  elles,  en  même  temps  que 
sa  soumission  sincère  et  complète  au  centre  de  l'unité,  en  pres- 
crivant qu'à  partir  de  1840  la  liturgie  de  Langres  serait  la  litur- 
gie romaine.  Il  permettait  aux  prêtres  qui  avaient  jusque-là 
récité  le  Bréviaire  du  diocèse  de  s'en  servir  encore  provisoire- 
ment. D'autres  évêques  suivirent  bientôt  cet  exemple,  notam- 
ment, en  1842,  le  cardinal  Gousset,  archevêque  de  Reims,  et 
un  grand  nombre  d'autres,  à  l'occasion  de  synodes  provinciaux 
et  diocésains.  Pie  IX,  dans  une  encyclique  de  1853,  pouvait 
féliciter  les  évêques  français  du  retour,  déjà  effectué  dans  son 
ensemble ,  de  la  France  à  l'unité  de  la  liturgie  romaine.  Cette 
encyclique  contenait  aussi  une  invitation  aux  retardataires  à  ne 
pas  hésiter  plus  longtemps.  L'archevêque  de  Paris,  M^""  Sibour, 
lançait  de  son  côté,  en  date  du  ï^^  mai  1856,  un  mandement  par 


CHAPITRE  XI  335 

lequel ,  «  à  cause  de  la  marche  des  temps  vers  l'unité  et  pour 
répondre  au  désir  que  le  Saint- Père  lui  avait  manifesté  à  plu- 
sieurs reprises,  »  il  adoptait  la  liturg-le  romaine  pour  l'archidio- 
cèse  de  Paris  et  instituait  une  Commission  composée  de  trois 
sections  pour  mener  à  bon  terme  cette  grave  affaire.  La  première 
section  était  chargée  du  Propre  de  l'archidiocèse ,  la  deuxième 
des  cérémonies  qui  devaient  être  maintenues  en  partie  d'après 
les  anciens  usages  de  Paris ,  la  troisième  de  la  réglementation  du 
chant. 

Dans  toute  cette  question,  aucun  ordre,  nulle  contrainte  de 
la  part  de  Rome;  tout  au  contraire,  on  remarque  de  son  côté 
beaucoup  de  patience,  malgré  certaines  recommandations  fré- 
quentes et  très  expresses,  et  bien  qu'elle  ait  signalé  l'illégalité 
des  changements  introduits  dans  tant  de  diocèses  au  xvni^  siècle. 
Cette  affaire  atteignit  d'autant  plus  sûrement  son  but,  que  le 
mouvement  se  fit  plus  lentement  et  qu'à  Rome  on  ne  procéda  pas 
avec  brusquerie.  En  1872  et  1873,  l'introduction  du  rite  romain 
dans  toutes  ses  parties  était  réalisée  en  France^  Le  diocèse  d'Or- 
léans lui-même,  qui  seul  jusque-là  avait  conservé  son  rite  par- 
ticulier, prit,  de  sa  propre  initiative,  le  Bréviaire  romain  en  1875, 
sous  Msr  Dupanloup-.  De  la  sorte,  l'unité  liturgique  de  Rome 
et  de  la  France  était  un  fait  accompli  lors  du  dernier  concile 
œcuménique^. 

Au  témoignage  unanime  des  contemporains,  c'est  à  l'illustre 
abbé  de  Solesmes,  dom  Prosper  Guéranger  (1804-1875),  que 
revient  le  principal  mérite  dans  ce  mouvement  de  retour  des 
Eglises  de  France  vers  le  centre  de  la  tradition  liturgique.  Pie  IX 
disait  à  ce  sujet,  dans  le  Bref  donné  après  la  mort  de  l'abbé  : 
Sed  m  quo  ipse  curas  omiies  cogilalionesque  collocavit,  potis- 
simam  illiid  fuit,  ut  Romana  liturgia  in  Galliam  veluti  post- 
liminio  remearet.  Qua  quidem  in  re  ita  se  gessit,  ut  eius 
scriptis  nec  non  constanlix  alque  induslriœ  singulari  prse  cse- 
teris   acceptum   referri  debeat,  si  antequam  ipse  ex  hac  vita 

1  Roskovâny,  t.  vin,  p.  591. 

2  Ibid.,  p.  601. 

3  L'histoire  de  rintroduclion  du  rite  romain  et  de  la  suppression  des 
Bréviaires  gallicans  dans  les  deux  derniers  siècles  est  brièvement  et  par- 
faitement exposée  dans  l'ouvrage  déjà  cité  de  Marcel,  Livres  liturg.  du 
diocèse  de  Langres ,  Paris,  1892,  en  particulier  dans  le  chapitre  Etudes 
d'histoire  liturgique  en  France,  p.  291-320. 


336  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

migravit ,    cunctae    Galtiœ    diœceses    Ronianx    Ecclesise    ritus 
amplexse  suntK 

Jetons  encore  un  coup  d'œil  sur  les  autres  pays  d'Europe  où 
l'on  copia  plus  ou  moins  habilement  les  idées  et  les  plans  de 
réforme  qui  avaient  pris  naissance  en  France. 


Réformes  dans  d'autres  pays, 
en  particulier  chez  les  Allemands  du  Saint -Empire 

romain. 

Scipion  Ricci.  —  L'union  avec  Rome  dominait  partout  en  Italie, 
excepté  en  Toscane,  où  des  idées  fébroniennes  et  joséphistes  ou 
gallicanes  et  jansénistes  avaient  été  importées  par  Scipion  Ricci, 
l'évêque  de  Pistoie.  L'histoire  de  l'Eglise  nous  a  fait  connaître  le 
caractère  de  cet  homme  ;  nous  rappellerons  simplement  le  con- 
cile de  Pistoie  de  1786,  présidé  par  lui  et  condamné  par  la  bulle 
Auctorem  fidei  du  pape  Pie  VI,  en  date  du  28  août  1794.  Ce 
prélat  crut  devoir  doter  son  diocèse  d'un  nouveau  Bréviaire,  et, 
dans  la  sixième  session  du  synode  dont  nous  venons  de  parler, 
il  avait  fait  décréter  que  tous  coopéreraient  à  la  réforme  des 
livres  liturgiques'^.  Le  Bréviaire  de  Pistoie  ou  le  Lectionnaire, 
comme  il  s'intitulait,  parut  en  1787,  mais  il  rencontra  immédia- 


1  Cf.  D.  Guépin,  Solesmes  et  dom  Guéranger,  Le  Mans,  1876,  en  par- 
ticulier p.  115-129  et  19.3  sq.  Il  nous  manque  encore  une  appivcialion 
sur  rensemble  des  travaux  de  ce  vere  Benedicti  discipulus ,  ainsi  que  l'ap- 
pelle le  pape  Pie  IX  dans  un  deuxième  bref. 

2  Prima  di  lutto  per  noi  yiudichiamo  di  dovere  cooperare  col  nostro 
prelato  alla  riforma  del  Breiinrio  e  del  Missale  drlla  nostra  cliiesa ,  va- 
riando,  corregendo  e  ponendo  in  migliore  ordine  i  divini  Ufizi.  Ognun'  sa, 
che  Iddio  il  quale  è  la  verità,  non  viiole  essere  onorato  con  menzogne;  e 
che  per  altra  parte  i  più  dotli  e  santi  iiomini  ed  i  pontefici  medesimi  in 
questi  ultimi  tempi  hanno  riconnsciuto  nel  nostro  Breviario,  specialmente 
per  quel  che  riguarda  le  lezioni  dei  santi,  molta  falsità,  ed  hanno  con- 
fessalo  la  nécessita  d'una  piii  esatta  riforma.  Per  quello  che  riguarda  poi 
le  altre  parti  del  Breviario,  ognun  comprende,  che  a  molle  cose  o  poco 
utili  o  mena  ediftcanti  sarehhe  necessario  sostituirne  altre  tolte  dalla  pa- 
rola  di  Dio  e  dalle  opère  genuine  dei  Padri;  ma  sopra  tutlo  che  dovreb- 
besi  disporre  il  Breviario  medesimo  in  maniera,  che  nel  corso  d'un  anno 
vi  si  leggesse  tutta  intiera  la  Santa  Scrittura  [Atti  e  decreli  del  concilio 
diocesano  di  Pistoja,  Ticini,  1789,  sess.  VI,  §  23,  De  oralione,  p.  205). 


CHAPITRE  XI  337 

lement  Fopposition  des  collègues  de  l'éditeur  et  de  son  propre 
clergé.  Dans  une  brochure  [Annotazioni pacifiche)  publiée  peu 
après  à  Rome  (1787),  les  nouveaux  livres  furent  vivement  mal- 
traités, et  Ricci  se  défendit  dans  une  lettre  pastorale  ^  L'auteur 
fit  suivre  cette  dernière  d'une  autre  brochure  [Apologia) ^  et,  en 
1789,  parurent  Osservazioni  sur  les  Annotazioni  et  Esame  délie 
osservazioni ,  etc.  ;  et  comme,  en  même  temps,  la  plupart  des 
évêques  et  des  archevêques  réunis  à  Florence  par  Léopold ,  frère 
de  Joseph  II,  s'étaient  déclarés  contre  les  projets  de  réforme  en 
général,  Punti  ecclesiastici ,  et  que  la  bulle  Auctorem  fidei 
avait  annulé  tout  ce  qui  avait  été  décrété  à  Pistoie,  à  peine  le 
Bréviaire  avait- il  vu  le  jour  qu'il  disparut  brusquement.  Cepen- 
dant on  peut  voir,  dans  différents  écrivains  de  cette  époque, 
combien  lidée  dune  réforme  du  Bréviaire  ,  déjà  autrefois  nourrie 
par  Benoît  XI\*,  avait  pris  racine  en  Italie.  C'est  ainsi  que  J.-B. 
Gallicioli ,  l'éditeur  des  œuvres  du  pape  saint  Grégoire ,  réclame 
dans  son  introduction  liturgique  une  revision  du  Bréviaire 
entier  et  une  transformation  de  son  contenu.  Il  aurait  désiré 
voir  introduire,  au  lieu  des  homélies  tronquées  des  saints  Pères, 
qui  servaient  de  capitules  des  petites  Heures,  des  leçons  plus 
étendues  tirées  de  la  sainte  Ecriture  ou  les  décisions  les  plus 
importantes  des  conciles^. 

Les  autres  contrées.  —  En  Espagne  et  en  Portugal ,  dans  les 
colonies  que  ces  royaumes  possédaient  dans  les  Indes  orientales 
et  occidentales  et  dans  les  Etats  catholiques  indépendants  sortis 
de  ces  mêmes  pays,  en  Irlande,  en  Belgique,  en  Suisse,  et  dans 
les  Eglises  ou  vicariats  apostoliques  d'Angleterre,  de  Hollande 
et  d'ailleurs,  soumis  à  la  Propagande,  le  Bréviaire  romain  de 
Pie  V  conservait  une  influence  incontestée.  C'était  aussi  le  cas 
général  pour  l'Allemagne  et  l'Autriche.  Toutefois,  dans  ces  deux 
pays ,  se  manifestaient  certains  symptômes  de  tendances  anti- 
liturgiques,   provenant   pour   une   part    des    idées    françaises. 


1  Un  article  des  A n<Tiec<a  iuris  ponlificis  traite  en  détail  du  Bréviaire  de 
Scipion  Ricci,  III«  série,  Rome,  1858  :  Droit  liturgique,  le  Bréviaire  de 
Pistoie,  p.  593  sq.  Voir  aussi  D.  Guéranger  (t.  ii,  p.  590  sq.)  et  Roskovâny 
(t.  V,  p.  "31  sq.). 

2  Prœstaret  fortasse  etiam  pro  truncatis  illis  sanctorum  Patrum  homi- 
liis,  longiora  sacrse  Scripturse  segmenta  legenda  proponere ,  vel  eanones 
conciliorum  pro  reliqnis  minutioribus  officii  particularis  (Gallicioli,  Isa- 
goge  liturg.,  c.  xvii,  dans  Operum  S.  Gregorii  M.,  t.  x,  Venetiis,  1"70,  p.  7). 

Brév.,  t.  II.  22 


338  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

d'autre  part  des  accointances  avec  le  protestantisme  luthérien. 
Ces  tendances  se  faisaient  surtout  jour  dans  l'Ouest  tout  impré- 
gné de  principes  fébroniens  et  dans  le  Sud,  où  régnait  le  josé- 
phisme. 

Les  princes  électoraux  du  Rhin,  accoutumés  à  puiser  en  par- 
tie leur  direction  en  France,  suivirent  aussi  sur  le  terrain  litur- 
gique les  innovations  françaises.  L'archevêque  de  Trêves,  dès 
1748,  fit  préparer  une  édition  «  revue  »,  et  «  corrigée  »  d'après 
les  types  français,  de  l'ancien  Bi^éviaire  diocésain  de  Trêves, 
bien  que  la  liturgie  romaine  eût  été  introduite  dans  ce  diocèse 
en  1720». 

Bréviaire  de  Cologne.  —  En  1626,  à  Cologne,  le  nonce  Fran- 
gipani  avait,  il  est  vrai,  recommandé  le  Bréviaire  romain,  mais 
il  avait  aussi  permis  expressément  la  conservation  du  Bréviaire 
du  diocèse^,  dont  une  nouvelle  édition  avait  été  faite  en  1718. 
En  1780,  sous  l'archeA^êque  Maximilien-Frédéric ,  comte  de 
Kônigseck-Rothenfels,  parut  une  nouvelle  édition  de  l'ancien 
Bréviaire  de  Cologne  (réformé)^,  qui,  d'après  l'ordre  du  prince- 
électeur  (dans  VEpist.  encycl.  Breviario  prœfixa),  devait  être 
conforme  au  Bréviaire  romain  dans  les  prières  fériales,  les  capi- 
tules des  petites  Heures,  etc.,  mais  conserver  pour  le  reste  son 
ancienne  ordonnance.  L'ordre  du  prince -électeur  fut  si  peu 
suivi  par  la  commission  chargée  de  la  correction  et  de  l'édition 
du  Bréviaire,  que  le  Bréviaire  de  Cologne  de  1780  présenta 
avec  le  Bréviaire  romain  des  différences  plus  sensibles  que 
toutes  les  éditions  précédentes,  en  particulier  que  l'édition  de 
1718*.  Les  belles  prières  avant  et  après  l'office,  Aperi  et  Sacro- 

1  Roskovâny,  t.  v,  p.  516  et  730. 

î  Kirch,  Die  Liturgie  der  Erzdiôcese  Kuln,  p.  66.  Roskovâny,  t.  vu, 
p.  71. 

3  Breviarium  Coloniense,  iussii  reverendissimi  et  eminentissimi  princi- 
pis  ac  Domini,  D.  Maximiliani  Friderici ,  D.  G.  archiepiscopi  Coloniensis, 
S.  R.  I.  per  Italiam  archicancellarii  et  principis  electoris,  S.  Sedis  apo- 
stolicse  Legati  nati,  Westphalix  et  Angarise  ducis ,  Comilis  de  Kœnigsegg- 
Rottenfels,  Domini  in  Odenkirchen,  Aulendorff  et  SlaiilJ'en,  etc.,  reco- 
gnitum  el  emendatum,  Colonise  Agrippinœ,  sumptibus  viduœ  Francisci 
Wilhelmi  Metternich,  1780,  4  vol.  in- 8". 

*  Il  est  question  plus  loin  rlc  quelques  particularités  du  rite  de  Cologne, 
conjointement  avec  celui  de  Mïmster,  car  les  deux  sont  au  fond  les  mêmes. 
Pour  les  Vêpres  des  grandes  fêtes,  on  avait  conservé  l'usage  mentionné  par 
Raoul  de  Tongres,  de  réciter  les  cinq  psaumes  Laadate  (cxii,  cxvi ,  cxlv, 
cxLvi,  cxLVii).  Dans  le  Bréviaire  de  Cologne  de  1780,  on  avait  établi  pour 


CHAPITRE  XI  339 

sanctse,  du  Bréviaire  romain  étaient  désormais  supprimées.  Dans 
les  rubriques  g-énérales,  on  lisait  que  jamais,  dans  aucune  fête 
et  dans  aucun  office ,  les  antiennes  ne  seraient  dites  deux  fois 
[sed  ante psalmos  tanlum  incipiuntur  et post psalmos  dicuntur 
inlegrœ).  Pour  ce  qui  concerne  les  prières  {preces),  le  Bréviaire 
de  Cologne  était  le  même  que  celui  de  Rome.  Mais  pour  quelle 
raison?  Parce  qu'on  gagnait  au  change  ;  dans  l'ancien  Bréviaire  de 
Cologne  les  preces  devaient  être  récitées  à  Prime  (  et  aux  fériés 
majeures,  aussi  à  Tierce,  Sexte  et  None)  tous  les  dimanches  et 
aux  fériés  pendant  l'année,  tandis  que  le  Bréviaire  romain  les 
restreignait  aux  fériés  majeures.  D'autres  oraisons  de  l'office 
férial  et  en  particulier  à  Prime  sont  arbitrairement  modifiées  et 
omises  ou  notablement  raccourcies,  des  strophes  entières  dans 
les  hymnes  sont  changées.  Les  antiennes  de  l'office  du  dimanche 
sont  réduites;  au  Propre  du  temps,  des  leçons  sont  changées  tout 
à  fait  arbitrairement,  qui  auparavant  concordaient  avec  celles 
du  Bréviaire  romain ,  des  capitules  remplacés  par  d'autres , 
des  hymnes  tronquées.  Au  Propre  des  saints,  une  foule  de 
légendes  et  d'offices  propres  en  l'honneur  des  saints  de  Cologne 
sont  retranchés  et  reçoivent  le  simple  office  du  Commun;  dans 
d'autres,  des  passages  entiers  qui  ne  cadraient  pas  avec  l'esprit 
fébronien  sont  arbitrairement  supprimés.  Les  petites  Heures  de 
la  sainte  Vierge,  adoptées  en  1718  d'après  la  recension  romaine 
d'Urbain  VIII,  disparaissaient  du  Bréviaire,  et  de  nombreux 
offices  de  la  Vierge  étaient  disposés  autrement;  les  plus  belles 
louanges  de  la  très  sainte  Vierge,  telles  que  Ecce  tu  pulchra  es 
arnica  mea...,  Sicut  lilium  inter  spinas...,  Favus  distillans..., 


les  plus  grandes  fêtes,  comme  pour  la  Noël  (cf.  Pars  hiem.,  p.  255),  les 
antiennes  modo  semiduplici,  de  sorte  qu'avant  le  psaume  on  ne  faisait 
qu'entonner  l'antienne,  qui  n'était  dite  tout  entière  qu'après  le  psaume. 
La  rubrique  avant  le  Commune  sanctorum,  après  la  page  622  (p.  1),  dit 
que  ces  psaumes  seront  récités  à  toutes  les  fêtes  primée  classis,  mais  aux 
fêtes  secundse  classis  on  aura  les  psaumes  de  la  férié  avec  cinq  antiennes; 
pour  les  fêtes  duplex  et  semiduplex  ordinaires,  les  psaumes  de  la  férié 
des  Vêpres  avec  une  seule  antienne.  Les  Rubricœ  générales  sont  dans  le 
supplément  de  la  Pars  aulumnalis  du  quatrième  volume  (p.  ccxxi  sq.). 
Aux  Festa  simplicia,  aux  jours  infra  Octavam  et  durant  tout  le  Temps 
pascal,  on  ne  dit  aux  Matines,  d'après  ces  rubriques,  qu'un  nocturne  com- 
posé de  trois  psaumes  :  le  lundi  et  le  jeudi  le  premier,  le  mardi  et  le 
vendredi  le  second,  le  mercredi  et  le  samedi  le  troisième  du  Commun  ou 
du  jour  de  la  fête  correspondants  [lac.  cit.,  p.  ccxxvi-ccxxviii). 


3iO  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Emissiones  tuae...  Fons  horioruni...  étaient  également  retran- 
chées, La  fête  même  des  Sept- Douleurs  de  Marie,  au  prin- 
temps, qui  était  redevable  de  sa  création  à  l'archidiocèse  de 
Cologne,  ne  fut  pas  respectée*.  Les  tendances  joséphistes  et 
fébroniennes  se  trahissent  dans  le  fait  que  le  Bréviaire  de  1780 
biffe  des  passages  qui  célébraient  l'autorité  de  saint  Pierre  et  de 
ses  successeurs.  Ainsi  dans  Tofûce  votif  des  princes  des  Apôtres, 
dans  la  légende  de  saint  Grégoire  le  Grand,  dans  celle  de  saint 
Bennon,  de  l'empereur  saint  Henri  et  de  saint  Annon*.  Après  ce 
que  nous  avons  dit  précédemment,  il  n'est  pas  besoin  d'ajouter 
que  l'office  de  saint  Grégoire  VII  manquait  entièrement  dans 
ce  Bréviaire. 

Le  dernier  prince-électeur  et  archevêque  de  Cologne,  Max- 
François  d'Autriche,  qui  n'avait  pas  voulu  recevoir  le  nonce 
apostolique,  dut  bientôt  fuir  devant  les  Français.  Il  donna 
l'ordre  au  docteur  Sébastien  Scheben,  bénédictin  de  Saint- Mar- 
tin de  Cologne  et  professeur  de  morale  à  Bonn ,  de  réformer  les 
«  agenda  ».  Mais  Scheben  mourut  avant  d'avoir  achevé  ce  tra- 


'  Le  concile  provincial  de  1423,  sous  l'archevêque  Théodoric  de  Mors, 
ordonna  la  célébration  d'une  fête  en  l'honneur  des  tristesses  et  des  dou- 
leurs de  Marie  au  pied  de  la  croix.  Ce  fut  l'impiété  des  Hussites,  qui 
n'avaient  pas  craint  de  brûler  et  de  mutiler  des  images  et  des  statues  du 
Sauveur  crucifié  et  de  sa  sainte  .mère,  qui  y  donna  lieu.  Benoît  XIII,  par 
décret  du  22  août  1727,  prescrivit  la  fête  pour  toute  l'Eglise,  mais  il  fixa 
le  jour  de  sa  célébration  au  vendredi  de  la  semaine  de  la  Passion ,  tandis 
qu'à  Cologne  elle  se  célébrait  le  vendredi  après  le  jubilé  (troisième  di- 
manche après  Pâques). 

2  En  particulier  ce  passage  de  l'office  de  saint  Léon  II,  où  il  est  dit  : 
Hic  fregit  superbiam  antistitum  Ravennalum,  qui,  exarchorum  freti  po- 
tenlia,  Sedi  aposloUcœ  non  oblemperabant  (die  28  junii,  II  Nocturno), 
devait  gêner  les  trois  électeurs  ecclésiastiques  qui,  en  1769,  avaient  porté 
plainte  auprès  de  l'empereur  contre  le  pape  et  ses  légats,  et  qui,  le 
25  août  1786,  à  Ems,  avaient,  de  concert  avec  l'archevêque  de  Salzbourg, 
signé  les  puncti  d'Ems.  Il  fut  supprimé  ainsi  que  ces  mots  de  la  légende 
de  la  fête  de  saint  Grégoire  le  Grand  12  mars)  :  Maiirilium  imperalorem 
eos,  qui  milites  fuissent,  monachos  fieri  prohibentem  a  sententia  deter- 
ruit.  Cf.  des  détails  à  ce  sujet,  comme  aussi  sur  l'introduction  arbitraire 
de  nouveau.v  offices  et  la  suppression  d'anciens  dans  l'édition  de  1780, 
dans  le  livre  déjà  cité  de  Kirch,  Die  Liturgie  der  Erzdiôcese  Kôln,  Koln, 
1868,  p.  110-157.  Par  contre,  dans  la  lectio  v  in  festo  S.  Gregorii  M., 
après  les  mots  :  loannis,  episcopi  Constanlinopolitani,  qui  sibi  universa- 
lis  Ecclesix  episcopi  nomen  arrogubat ,  audaciam  fregit,  on  ajouta  arti- 
iicieusement  :  Qua  de  re  ad  Constantinam  Augustam  scripsit  :  Etsi  pec- 
cata  Gregorii  tanta  sunt,  ut  pati  lalia  debeal.  Pétri  tamen  peccata  nulla 
sunt,  ut  vestris  temporibus  pati  ista  mereatur. 


CHAPITRE  XI  341 

vail.  Sur  ces  entrefaites,  toute  la  partie  de  la  rive  gauche  du 
Rhin  de  rarchidiocèse  fut  séparée  par  le  concordat  de  1801  et 
donnée  au  diocèse  d'Aix-la-Chapelle  nouvellement  créé.  La 
liturgie  pour  [toute  la  France  projetée  par  le  n"  39  des  articles 
organiques,  et  qui  devait  être  rédigée  sur  le  modèle  de  celle  de 
Paris,  ne  fut  heureusement  pas  exécutée. 

Aix-la-Chapelle.  —  Mais  le  premier  évêque  d'Aix-la-Chapelle, 
Marc- Antoine  Berdolet,  adressa,  dès  le  22  novembre  1802,  une 
Ordinatio  ad  clerum  ecclesiœ  cathedralis  de  ritihus  et  cœrimo- 
niis  observandis  sub  officio  divino.  L'évêque  y  disait  que,  pro- 
visoirement, il  introduisait  la  liturgie  romaine  en  attendant  la 
nouvelle  liturgie  qui  devait  être  prescrite  pour  toute  la  Répu- 
blique française*.  Le  diocèse  d'Aix-la-Chapelle  était  formé  des 
départements  du  Rhin  et  de  la  Roer,  c'est-à-dire  de  portions 
des  anciens  diocèses  de  Cologne,  de  Trêves  et  de  Liège,  où 
régnaient  des  liturgies  différentes.  Sans  la  mesure  énergique 
prise  par  le  nouvel  évêque ,  le  désarroi  fût  devenu  plus  complet 
encore.  Un  grand  nombre  d'églises  monastiques,  où  jadis  l'on 
observait  avec  la  permission  du  saint- siège  la  liturgie  monas- 
tique, étaient  maintenant  transformées  en  églises  paroissiales. 
Quel  rite  pouvait-on  et  devait-on  prendre  dans  ces  églises, 
sinon  le  rite  romain? 

Et,  en  effet,  en  1803  et  1804,  parut  à  Aix-la-Chapelle  un 
Directorium  seu  ordo  divini  officii  iuxta  ritum  romanum  ad 
usum  diœcesis  Aquisgranensis.  L'évêque  Marc- Antoine  fît  con- 
fisquer par  les  préfets  un  Ordo  officii  :  Directorium  Breviario 
Coloniensi  ad  legendas  horas  canonicas  missasque  celebrandas 
accommodatum  pro  anno  bissextili  I  804,  Colonise  apud  Rom- 
merskirchen ,  composé  par  Jacques  Horn.  A  la  suite  de  cette 
mesure  énergique,  l'introduction  et  l'observation  du  rite  et  du 
Bréviaire  romains  furent  assurées  dans  la  partie  de  la  rive 
gauche  du  Rhin, 

Encore  le  Bréviaire  de  Cologne.  —  La  bulle  De  sainte  anima- 
rum  du  16  juillet  1821  supprima  l'évêché  d'Aix-la-Chapelle  et 
rétablit,  mais  non  dans  son  étendue  primitive,  rarchevêché  de 
Cologne.  Tout  aussitôt  le  projet  d'éditer  un  Bréviaire  et  un  Mis- 

'  Liturgiam  novam  iiniversse  Galliarum  reipublicœ  praescribendam  prœ- 
stolantes,  interea...  Breviarium  et  Ritum  utrohique  substituant  romanum 
(Kirch,  op.  cit.,  p.  161  \ 


342  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

sel  communs  pour  toute  la  province  de  Cologne,  c'est-à-dire  pour 
Tarchevêché  de  Cologne  et  les  évêchés  de  Trêves,  Munster 
et  Paderborn,  se  fît  jour  de  différents  côtés.  Mais  bientôt  les 
vieilles  tendances  ne  tardèrent  pas  à  se  manifester  de  nouveau. 
A  côté,  en  effet,  de  certains  esprits,  doués  d'une  intelligence 
plus  droite  de  la  liturgie,  que  le  Bréviaire  de  1780  ne  satisfai- 
sait point  et  qui  en  souhaitaient  un  autre  plus  correct,  plus 
ecclésiastique,  il  y  en  avait  un  grand  nombre  d'autres  qui  le 
tenaient  pour  trop  ecclésiastique.  Selon  eux  le  Bréviaire  ne 
devait  plus  être  la  prière  et  l'office  publics  de  l'Eglise,  mais  un 
simple  livre  d'études  ou  de  méditations  pour  la  dévotion  privée 
du  prêtre.  Un  des  nombreux  projets  de  réforme  élaborés  à  ce 
sujet  était  ainsi  conçu*  : 

«  Je  suis  d'avis  que  le  Bréviaire  à  l'usage  de  la  congrégation 
de  Saint- Maur  (Paris,  1787)  pourrait  servir  de  type,  parce  qu'il 
renferme  des  matériaux  pour  la  plupart  excellents.  On  utilise- 
rait les  pièces  les  plus  instructives  de  l'Ancien  Testament  et  le 
Nouveau  Testament  en  entier,  mais  on  les  coordonnerait  avec 
plus  de  soin.  On  donnerait  la  préférence  parmi  les  psaumes  aux 
psaumes  moraux  et  à  ceux  qui,  dans  la  Vulgate,  sont  le  plus  faciles 
à  comprendre  ;  mais  un  très  grand  nombre  seraient  complète- 
ment abandonnés.  Parmi  les  œuvres  des  Pères  on  ne  choisirait 
que  les  plus  utiles,  de  mêrne  pour  les  œuvres  ascétiques  des 
temps  postérieurs.  On  pourrait  intercaler  comme  capitules  et 
versets,  entre  les  psaumes  et  les  leçons,  les  canones  de  vita  et 
honesiate  clericorum  les  plus  profitables ,  comme  cela  a  déjà 
eu  lieu  en  partie  dans  le  Bréviaire  ci -dessus  mentionné^.  Pour 

1  Cité  dans  Kirch,  op.  cit.,  p.  166. 

2  On  doit  remarquer  ici  qu'un  certain  nombre  de  canons  se  trouvent 
imprimés  déjà  dans  le  Bréviaire  de  1780,  mais  non  dans  le  corps  du  Bré- 
viaire. Ils  sont  dans  le  supplément,  après  le  Gratiarum  actio  post  Missam, 
p.  cxci-ccxi,  sous  ce  titre  :  Canones  desumpti  ex  Conciliis  generalibus . 
Corpore  iuris  canonici  vulgalo,  Constitiitionibus  Sumniorum  Pontificum, 
Conciliis  et  Synodis  Germanise ,  Ordinationibus  archiepiscopalibus  Golo- 
niensibus ,  Conciliis  Synodisque  Mediolanensibus ;  ex  speciali  erga  S.  Ca- 
rolum  Borromseum  reverentia  :  demum  ex  Conciliis  Synodisque  Gallicanis 
illorum  temporiim,  quihus  nostra  Ecclesia  Gallicanœ  pars  fuit.  Quorum 
Canonum  in  singulos  anni  dies  distributorum  lectio  commendatur.  I.  Ad- 
ventus  tempore.  De  verbo  Dei  scripto  et  tradito.  Suivent  des  canons  du 
concile  de  Trente  et  du  concile  de  Coloji^ne  de  1536.  A  la  deuxième  semaine 
d'Avent  :  De  SS.  Canonum  auctoritate  et  observantia,  du  concile  de  Trente, 
des  cpîtres  de  saint  Léon  le  Grand,  de  saint  Grégoire  le  Grand,  du  con- 


CHAPITRE  XI  343 

Toffice  des  saints  on  ne  prendrait  que  ce  qu'il  y  a  de  plus  édi- 
fiant et  de  plus  court  possible...  Les  antiennes  et  les  répons  sont 
entièrement  supprimés.  Le  nouveau  Bréviaire  paraît  en  deux 
volumes  :  Tua  pour  le  semestre  d'hiver,  l'autre  pour  le  semestre 
d'été.  Comme  il  n'y  a  que  60  psaumes  environ,  chaque  volume 
en  contient  une  trentaine  ;  puis  on  n'admet  que  les  passages  les 
plus  édifiants  des  livres  historiques,  que  les  passages  messia- 
niques des  livres  prophétiques  de  l'Ancien  Testament.  Les  livres 
poétiques  sont  radicalement  écartés,  de  même  aussi  les  répéti- 
tions, les  généalog-ies  du  Nouveau  Testament;  l'Apocalypse  est 
supprimée.  Les  pièces  à  choisir  chez  les  Pères,  les  ascètes  et  les 
hymnographes  doivent,  il  est  vrai,  renfermer  une  dogmatique, 
une  morale  et  une  ascèse  complètes,  mais  n'être  composées  que 
des  passages  les  plus  utiles;  comme  enfin  un  grand  nombre  de 
fêtes  disparaissent  et  qu'on  ne  conserve  que  les  fêtes  du  Sei- 
gneur, de  la  sainte  Merge,  des  apôtres,  de  quelques  docteurs, 
des  premiers  martyrs  et  les  fêtes  diocésaijies  particulières ,  les 
deux  volumes  ne  seraient  pas  trop  volumineux.  « 

D'autres  proposent  de  faire  du  nouveau  Bréviaire  de  Cologne 
une  compilation  de  ceux  de  Paris  et  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur  ;  d'autres  voudraient  rétablir  de  nouveau  le  Bréviaire  du 
cardinal  Quignonez  déjà  supprimé  par  Pie  V,  en  ajoutant  sim- 
plement, dans  la  nouvelle  impression  qu'on  en  ferait,  les  prières 
du  matin  et  du  soir  à  l'usage  des  ecclésiastiques,  avec  quelques 
autres  prières  avant  et  après  la  sainte  Messe.  A  l'objection  que 
le  saint-siège  ne  gardera  pas  le  silence  sur  un  tel  fait,  on  répond 
que  l'on  a  simplement  à  en  référer  au  «  ministère  royal  des 
affaires  ecclésiastiques  » ,  et  pour  venir  à  bout  de  l'entreprise  on 
rappelle  que  c'est  le  plein  droit  des  évêques  d'établir  un  Bré- 
viaire. On  pourrait  ensuite  attendre  tranquillement  les  censures 
de  la  cour  romaine  ^ 

C'est  dans  ce  sens  que  l'on  travaillait  à  un  nouveau  Bréviaire, 
en  divers  lieux  de  la  proA'ince  ecclésiastique  de  Cologne  ;  toute- 

cile  de  Mayence  de  847  et  du  Corpus  iuris  canonici.  Aux  semaines  sui- 
vantes, canons  sur  les  Quatre -Temps,  sur  l'ordination,  les  obligations 
des  clercs  des  ordres  majeurs  et  des  ordres  inférieurs,  sur  les  fonctions 
hiérarchiques,  les  vertus  du  prêtre,  etc.  Ces  canons  ne  sont  pas  placés 
pour  chaque  heure,  mais  un  canon  pour  chaque  jour,  d'où  il  suit  qu'ils 
étaient  destinés  à  la  lecture  spirituelle  faite  en  particulier. 
1  Kirch,  op.  cit.,  p.  168. 


344  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

fois  il  ne  sortit  rien  de  là.  Ce  n'est  qu'en  1864,  lorsque  la  ques- 
tion était  depuis  longtemps  déjà  tranchée  en  faveur  du  Bréviaire 
romain,  que  parut  à  Trêves  un  essai  de  Bréviaire  de  ce  genre, 
copié  sur  celui  du  cardinal  Quignonez  ;  mais  ce  ne  fut  qu'un 
avorton  qui  avait  mal  choisi  son  heure  pour  naître,  et  qui  par 
suite  ne  pouvait  vivre.  Le  plan  se  trouve  dans  le  livre  de  l'au- 
teur, d'ailleurs  très  pieux  et  au  courant  de  l'ancienne  liturgie, 
M.  Schu,  prévôt  de  la  cathédrale  de  Trêves  :  De  horis  canonicis 
dialriba,  Treviris,  1864. 

L'archevêque  Ferdinand- Auguste,  comte  de  Spiegel,  dans  le 
bref  épiscopal  du  l^""  mai  1825,  par  lequel  il  rétablissait  le  cha- 
pitre métropolitain  de  Cologne,  déclarait  que  l'ancien  rite  ne 
serait  pas  repris  simplement  [non  simpliciter  est  repe(endas), 
parce  qu'en  certains  points  il  était  devenu  impraticable  et  se 
trouvait  en  contradiction  avec  le  rite  romain,  type  de  tous  les 
autres  [ritui  romano ,  omnium  ecclesiarum  exemplo).  Mais  il 
ne  désirait  pas  non  plus  adopter  complètement  le  rite  romain, 
on  rédigerait  plutôt  un  nouveau  Breviarium  romano-coloniense. 
En  attendant,  le  §  21  de  cette  même  'pièce  officielle  permettait 
l'emploi  de  l'ancien  Bréviaire,  jusqu'à  ce  quil  en  eût  été  décidé 
autrement.  L'archevêque  chargea  alors  un  professeur  de  Bonn 
de  corriger  le  Bréviaire  de  Cologne,  en  lui  recommandant  de  ne 
conserver  que  certaines  pièces  choisies  de  l'Ancien  Testament, 
et  de  diviser  plus  intelligemment  le  Nouveau  (voir  ci-dessus). 
Le  correcteur  n'emprunterait  aux  .Pères  et  aux  écrivains  ascé- 
tiques que  des  pièces  convenables  et  ne  conserverait  parmi  les 
hymnes  que  les  meilleures,  et  parmi  les  légendes  des  saints  celles 
seules  que  la  critique  jugerait  authentiques'. 

C'est  ainsi  que  le  Bréviaire  de  Cologne  de  1780  fut  rétabli, 
non  seulement  dans  la  cathédrale,  mais  aussi  dans  un  grand 
nombre  d'églises  de  la  ville  et  du  diocèse.  Le  rite  de  Cologne 
prit  une  particulière  extension  sous  le  prélat  qui  succéda  à  Fer- 
dinand-.•\uguste,  le  grand  confesseur  et  défenseur  des  libertés 


^  Ut  e  Vetere  Testamento  solum  quosdam  selectos  locos  retineret,  No- 
vum  Teslamentum  integrum,  sed  meliore  forma  et  ordine  nssumeret,  tum 
e  SS.  Patribus  locos  dogmatico.s  et  morales,  tum  ex  optimis  libris  asce- 
ticis  tractatus  perfectos ,  optimos  hymnos  ac  casligatas  legendas  sanclo- 
rum  colligeret  (Benkert,  R  ligionsfreund ,  Wiirzburg,  1825,  p.  458.  Kirch, 
op.  cit.,  p.  169.  Schober,  op  cit.,  p.  77). 


CHAPITRE  XI  345 

de  rÉglise,  Clément- Auguste  Droste  de  Vischering.  Ce  digne 
prince  de  TEglise  crut  qu'une  réduction  du  Bréviaire  était 
désirable  et  même  nécessaire  pour  prévenir  la  négligence  dans 
sa  récitation  ou  même  son  abandon  complet  par  le  clergé  (du 
reste,  dans  l'archidiocèse  très  peu  de  cas  de  ce  genre  ou  même 
aucun  cas  ne  semble  s'être  produit),  en  un  mot,  pour  préve- 
nir toute  espèce  de  violation  de  l'ordonnance.  II  se  crut  par 
erreur  autorisé  à  ordonner  de  son  propre  chef  une  pareille  trans- 
formation ou  une  pareille  réduction.  Dans  un  mandement,  de 
la  fin  de  1836,  il  réduisait,  pour  tous  ceux  qui  récitaient  le  Bré- 
viaire de  Cologne,  les  Matines  de  toute  l'année,  à  la  seule  excep- 
tion des  trois  derniers  jours  de  la  semaine  sainte,  à  un  nocturne 
de  trois  psaumes  et  de  trois  leçons.  Le  résultat  fut  que  beaucoup 
d'ecclésiastiques,  qui  jusqu'alors  avaient  récité  l'office  romain, 
prirent  le  Bréviaire  de  Cologne  ;  de  même  les  prêtres  nouvelle- 
ment ordonnés,  auxquels  le  choix  était  laissé  libre,  optaient 
pour  ce  dernier.  Mieux  encore,  les  curés  et  recteurs  d'un  grand 
nombre  d'églises,  qui  n'avaient  jamais  eu  d'autre  rite  que  le 
romain,  ou  dans  lesquelles  l'office  romain  avait  été  introduit 
pendant  la  durée  de  l'évêché  d'Aix-la-Chapelle,  et  où  ,  par  suite, 
tous  les  droits  au  rite  de  Cologne  avaient  disparu,  reprirent 
l'office,  les  Vêpres  et  les  Compiles  suivant  l'usage  de  Cologne. 

Retour  au  rite  romain.  —  Lorsque  l'archevêque  Jean  de  Geis- 
sel ,  plus  tard  cardinal,  monta  sur  le  siège  métropolitain  de 
Cologne,  on  songea  pendant  un  certain  temps  à  une  nouvelle 
édition  des  anciens  livres  liturgiques  du  diocèse.  En  1847,  une 
commission  fut  créée  dans  ce  but  ;  elle  termina  ses  travaux  en 
1849.  L'année  suivante  (1850),  une  pétition  fut  présentée  au 
saint -siège;  elle  demandait  en  première  ligne  l'autorisation  pour 
tout  l'archidiocèse  de  célébrer  la  fête  de  Charlemagne,  déjà 
célébrée  à  Aix;  elle  faisait  aussi  mention  de  l'édition  projetée  du 
Missel  de  Cologne.  La  réponse  du  saint- siège  fut  négative.  On 
déclarait  ne  pas  approuver  la  fête  de  Charlemagne  pour  la  ville 
d'Aix-la-Chapelle,  mais  seulement  la  tolérer;  pour  les  autres 
lieux,  ce  culte  de  Charlemagne  était  expressément  prohibé  dans 
l'office  et  la  Messe*.  Dans  sa  réponse,  le  saint- siège  recomman- 


1  Giese,  Pastoralblatt  fur  die  Diocèse  Munster,  Munster,  Theissing, 
septembre  1868,  p.  105, 


346  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

dait  aussi  l'acceptation  pure  et  simple  du  rite  romain  et  la  pré- 
paration d'un  Propre  de  Cologne  pour  le  Bréviaire  et  le  Missel 
romains.  Sur  ce,  l'archevêque  retira  en  1852  l'autorisation  accor- 
dée par  Clément- Auguste,  qui  permettait  aux  jeunes  clercs 
d'opter  lors  de  leur  ordination  entre  le  Bréviaire  romain  et 
celui  de  Cologne,  et  obligea  tous  ceux  qui  seraient  appelés  au 
sous-diaconat  ou  à  la  prêtrise  à  prendre  uniquement  le  rite  et  le 
Bréviaire  romains,  de  sorte  que  progressivement  il  s'établit  par- 
tout une  même  pratique  et  que  la  liturgie  romaine  eut  partout 
force  de  loi.  Le  25  avril  1854  parut  une  ordonnance  qui  sup- 
primait la  réduction  de  l'office  de  Cologne  à  un  seul  nocturne , 
opérée  en  1836  par  Clément-Auguste.  Puis  l'archevêque  établit 
une  commission  chargée  de  préparer  un  Propre  des  saints  de 
Cologne  pour  le  Bréviaire  et  le  Missel ,  comme  supplément  au 
romain.  Le  Propre  fut  présenté  à  Rome,  et  le  saint- siège  l'ap- 
prouva par  un  rescrit  de  la  Congrégation  des  Rites  du  27  no- 
vembre 1856,  qui  mentionnait  en  termes  exprès  que  le  cardi- 
nal avait  parfaitement  agi  «  en  ne  voulant  rien  faire  de  sa 
propre  autorité  dans  cette  affaire  importante,  qui,  d'après  les 
lois  de  l'Eglise,  doit  être  laissée  au  jugement  suprême  du  Siège 
apostolique  ».  Par  la  constitution  :  Ecclesia  nostra  Coloniensis , 
du  13  septembre  1857,  le  cardinal  de  Geissel  prescrivit  l'usage 
du  Propre  de  Cologne,  imprimé  à  ce  moment,  à  tous  ceux  qui 
suivaient  déjà  ou  qui  devaient  suivre  dans  l'avenir  le  rite 
romain.  Là  s'arrêta  l'évolution  liturgique  dans  l'archidiocèse.  En 
1863,  parurent  encore  des  éditions  de  l'Antiphonaire  et  du  Gra- 
duel romains  à  l'usage  de  Cologne,  et  en  1887,  le  V  janvier,  à 
la  prise  de  possession  de  l'archevêque  (plus  tard  cardinal)  Phi- 
lippe Krementz,  le  chapitre  métropolitain  accepta  le  Bréviaire 
romain  pour  l'office  de  la  cathédrale,  de  sorte  qu'aujourd'hui 
l'unité  liturgique  est  un  fait  accompli*. 


*  Sur  les  droits  de  l'ancien  Bréviaire  de  Cologne  et  sur  l'autorisation 
donnée  pour  des  changements  qui  sont  de  vraies  améliorations,  on  peut 
consulter,  outre  l'ouvrage  cité  de  Kirch  (p.  173-176),  les  observations  de 
Meckel,  dans  la  Bonn.  Iheoloy.  Literalurblalt  von  lleusch,  1868,  p.  573- 
582  et  607-616.  Mais  une  fois  qu'une  paroisse  ou  un  diocèse  avait  aban- 
donné le  rite  traditionnel  et  adopté  le  rite  romain ,  ils  ne  pouvaient  plus, 
d'après  une  décision  de  la  S.  R.  G.  du  15  mars  1608,  reprendre  l'an- 
cien (celui  de  Cologne).  Cf.,  dans  Gardellini,  le  décret  In  Novarien.,  du 
31  mars  1821. 


CHAPITRE  XI  347 

Autres  Bréviaires  allemands.  —  Gomme  on  devait  s'y  attendre, 
l'exemple  donné  par  Cologne  exerça  son  influence  sur  les  dio- 
cèses voisins.  Lorsque  Grancolas,  dans  son  Commentaire  histo- 
rique, p.  26,  écrivait  que  l'office  en  Allemagne  était  le  pur 
romain  {Germanise  offtcium  ipsissimum  romanum  es/*),  il 
ignorait  ce  qui  était  en  usage  de  son  temps  (  1720-1730)  à  Trêves, 
à  Cologne,  à  Munster.  Il  voulait  simplement  dire  par  là  que 
le  rite  qui  dominait  depuis  longtemps  dans  ces  diocèses, 
à  Mayence  depuis  le  ix^  siècle,  en  France,  en  Espagne  et  en 
d'autres  lieux  avec  quelques  additions,  était  l'ancien  rite  romain 
des  premiers  Ordines  romani,  et  ainsi,  au  fond,  il  pouvait  avoir 
raison,  du  moins  pour  quelques  parties  telles  que  la  semaine  de 
Pâques,  la  semaine  sainte,  etc.  Mais  la  transformation  complète 
que  subit  la  liturgie  diocésaine  à  Munster  et  à  Trêves,  en  se 
dérobant  à  l'aclion  du  saint-siège,  ressemble  à  l'histoire  du  Bré- 
viaire de  Cologne  que  nous  avons  exposée ,  c'est  pourquoi  nous 
résumerons.  Comme  nous  l'avons  déjà  dit  (p.  224),  les  premiers 
Bréviaires  imprimés  de  Munster  parurent  en  1489  et  en  1497^. 
Ils  se  composaient  de  deux  volumes  moyens  in-S»,  partie  d'hiver 
et  partie  d'été.  Chaque  volume  était  partagé  en  quatre  divisions. 
La  première  renfermait  les  leçons  de  la  sainte  Ecriture  avec  les 
répons,  versets  et  antiennes  correspondants,  ou  le  Propre  du 
temps,  depuis  le  premier  dimanche  de  l'Avent  jusqu'à  Pâques; 
dans  la  partie  d'été,  depuis  Pâques  jusqu'à  l'Avent.  L'ordon- 
nance de  l'ensemble,  notamment  le  partage  des  leçons  de  l'Ecri- 
ture occurrente,  concorde  avec  le  l'omain,  encore  qu'elle  ne  soit 
pas  si  exactement  parfaite  que  dans  ce  dernier.  Dans  la  deuxième 
division  se  trouvaient  les  offices  des  saints ,  trente-six  doubles , 
vingt-trois  fêtes  de  neuf  leçons  célébrées  dominicaliter  (c'est-à- 
dire  vingt-trois  semidoubles)  ,  puis  un  certain  nombre  de  simples 
qui  avaient  trois  leçons,  empruntées  à  la  vie  du  saint,  tandis 
que  pour  les  doubles  et  les  semidoubles  il  y  avait  six  leçons 
(premier  et  deuxième  nocturnes)  empruntées  aux  légendes.  Il 
n'y  avait  donc  pas  pour  les  fêtes  des  saints  de  leçon  de  l'Ecri- 
ture du  temps;  le  neuvième  ou  le  troisième  répons  se  rap- 
portait  aussi   au   saint:   ce   n'était   pas   comme   au   romain,   où 


'  Grancolas,  Comm.  hist.,  p.  26. 

*  Ce  qui  suit  est  d'après  Giese,  op.  cit.,  p.  106  sq. 


348  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

le   Te  Deum  tenait  lieu  du  neuvième  ou   du  troisième  répons. 

On  doit  encore  remarquer  que,  parmi  les  fêtes,  quatre  sont 
appelées  Festa  summa  et  ont  le  premier  rang  :  Noël,  Pâques, 
Pentecôte  et  Assomption.  Les  Festa  solemnia  forment  le 
deuxième  degré;  ce  sont  les  suivantes  :  Epiphanie,  Ascension, 
Fête-Dieu,  Annonciation,  Nativité  de  la  Vierge,  Toussaint.  Le 
troisième  degré,  Festa  duplicia,  comprenait  la  Circoncision,  la 
Conversion  de  saint  Paul,  la  Purification,  la  Visitation,  la  Con- 
ception de  la  sainte  Vierge,  saint  Grégoire  Pape,  saint  Lud- 
ger,  les  fêtes  des  Apôtres,  de  sainte  Anne,  de  la  Croix,  de  saint 
Jean- Baptiste,  saint  Martin,  saint  Michel,  etc.  Puis,  formant 
la  quatrième  classe,  les  martyrs,  confesseurs  et  vierges  ordi- 
naires. Pour  l'office  du  dimanche  et  de  la  férié,  il  reste  encore, 
d'après  Fordonnance  des  fêtes  de  Munster,  environ  trois  cents, 
ou,  si  Ton  retranche  les  octaves,  de  deux  cent  cinquante  à  deux 
cent  quatre-vingts  jours  libres.  Les  offices  de  saint  Martin,  de 
sainte  Cécile,  de  saint  Laurent,  et,  en  général,  la  plupart  des 
vieux  saints  et  l'office  du  temps  ont  la  même  composition  que 
l'office  romain  correspondant. 

Dans  la  troisième  partie  se  trouve  le  Psallerium  ferialum, 
qui  est  à  peu  près  le  même  qu'aujourd'hui;  mais  Prime  du 
dimanche  a  encore,  outre  les  prières  et  les  psaumes  actuels,  les 
cinq  autres  psaumes  (xxi-xxv),  avec  un  grand  nombre  de  Preces 
et  d'autres  prières  pro  defunctis ;  cette  heure  est  appelée  dans 
le  Bréviaire  même  longa  Prima.  De  même,  \es  preces  des  Com- 
plies  et  de  la  fin  des  Laudes  et  des  Vêpres,  comme  aussi  les 
Mémoires  communes  ou  suffrages  sont  très  nombreux  et  extraor- 
dinairement  longs. 

La  quatrième  partie  contient  le  petit  office  de  la  sainte  Vierge, 
qui,  avant  la  publication  de  la  Constitution  de  Pie  V,  devait 
être  récité,  on  le  sait,  par  tous  les  clercs  avec  l'office  du  jour. 
Viennent  ensuite  des  prières  de  préparation  à  la  sainte  Messe 
pour  les  prêtres,  l'office  des  Morts,  et  l'Hymnaire,  c'est-à-dire 
les  hymnes  propres  pour  les  fêtes  du  Seigneur  et  des  saints. 
Puis  une  longue  série  de  bénédictions  pour  les  leçons,  une  table 
de  varielale  adventus  et  enfin  le  Commun  des  saints.  Il  n'y  a  pas 
de  rubriques  générales,  mais  des  rubriques  abrégées  sont  inter- 
calées à  différents  endroits  du  livre. 

Une  édition  corrigée  avec  impression  plus  correcte  et  indica- 


CHAPITRE  XI  349 

tion  résumée  du  texte,  d'ailleurs  conforme  à  la  précédente, 
parut  en  1518  chez  Ludovic  Hornken,  à  Cologne*. 

Influence  de  la  réforme  romaine.  —  La  nouvelle  édition  du 
Bréviaire  romain  proposée  par  le  concile  de  Trente  et  réalisée 
par  saint  Pie  V  devait  naturellement  avoir  un  contre -coup  con- 
sidérable sur  les  Bréviaires  des  églises  qui  voulurent  conserver 
la  forme  de  l'office  usitée  jusque-là;  en  effet,  l'organisme  beau- 
coup plus  parfait  et  la  disposition  plus  heureuse  des  livres 
romains  faisaient  voir  tout  de  suite  tout  ce  qu'il  y  avait  de  défec- 
tueux dans  la  composition,  la  recension  du  texte,  les  rubriques 
et  l'ordonnance  externe  des  Bréviaires  particuliers  ou,  pour  par- 
ler plus  exactement,  des  anciens  livres  d'office  romains  diverse- 
ment remaniés,  et  usités  dans  les  différents  royaumes  et  pro- 
vinces. 

Bréviaire  de  Munster.  —  Le  duc  Ernest  de  Bavière ,  adminis- 
trateur du  diocèse  de  Munster  (  1585) ,  en  même  temps  qu'arche- 
vêque de  Cologne ,  évêque  de  Liège  et  administrateur  des 
diocèses  de  Hildesheim  et  de  Freisingen,  résolut  de  reviser  le 
Breviarium  monasteriense.  Les  travaux  préliminaires  exigèrent 
plusieurs  années.  Ce  ne  fut  qu'en  1596  que  l'évêque  publia  le 
nouveau  Bréviaire  pour  le  clergé  du  diocèse  de  Munster  par  la 
constitution  :  Ad  onines  Officii  christiani  partes ,  donnée  au 
château  d'Arnsperg  le  2  mai  de  la  même  année.  La  commission 
chargée  de  la  rédaction  de  cette  édition  s'était  manifestement 
efforcée  de  rapprocher  de  l'organisation  du  Bréviaire  romain 
l'office  condensé  en  deux  forts  volumes  in-8'%  de  600  pages  cha- 
cun, et  de  constituer  dans  une  symétrie  plus  parfaite,  d'après  le 
type  romain ,  l'ordonnance  de  chacun  des  offices  et  des  diffé- 
rentes parties  de  ces  offices  entre  elles;  on  fit  donc  précéder  le 
tout  de  rubriques  générales  copiées  sur  le  romain,  et  le  «  psau- 
tier »  fut  placé  dans  le  corps  du  Bréviaire  proprement  dit  à  la 


1  Sous  ce  titre  :  Breviarium  ad  usum  et  ordinantiam  diœcesis  Monaste- 
riensis,  iampridem  ab  innumeris  pêne  erroribus  et  defectibus  {quibus 
scalebatî)  vix  credendis  vigili  cum  diligentia  atque  ad  diversorum  exem- 
plariorum  collectionem  emendatum  ac  tandem  rite  [quoad  fieri  potuit) 
dispositum,  cum  capitiilorum  ac  lectionum  Biblise  quotidianibus[l)  deco- 
ratum.  Cum  consensu,  auctoritale  et  approbatione  ordinarii.  Quelques 
nouvelles  Fesla  simplicia  sont  ajoutées;  la  revision  annoncée  dans  le  titre 
se  réduit  à  peu  de  chose,  puisque  la  disposition  et  la  recension  du  texte 
demeurent  au  fond  les  mêmes. 


350  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

première  place.  Puis  venait  comme  deuxième  partie  le  Propre 
du  temps,  qui,  comparativement  à  ce  qu'il  était  dans  le  Bré- 
viaire de  1518,  se  trouvait  bien  perfectionné  et  constitué  ad  nor- 
mam  romani.  Quoiqu'on  s'en  soit  tenu  en  g-énéral  à  l'ordon- 
nance du  Bréviaire  romain  (Ecriture  occurrente  du  premier  noc- 
turne) pour  la  répartition  de  chacun  des  livres  de  la  sainte 
Ecriture  durant  l'année,  on  n'accepta  pas  cependant  les  change- 
ments que  Pie  V  avait  fait  introduire  dans  les  «  péricopes  »  de 
tous  les  dimanches.  Pie  V,  dans  le  Bréviaire  et  le  Missel,  donnait 
la  préférence  à  l'usage,  déjà  mentionné  dans  le  Micrologue  de 
Bernold  de  Constance,  qu'avaient  plusieurs  églises  de  prendre 
pour  le  premier  dimanche  de  l'Avent,  non  l'Évangile  de  l'entrée 
du  Christ  à  Jérusalem,  mais  celui  du  jugement  dernier.  Il  reje- 
tait aussi  la  coutume  de  beaucoup  d'églises,  de  faire  répéter 
l'évangile  de  la  multiplication  des  pains  à  la  fin  de  l'année  litur- 
gique (à  cause  de  la  finale  :  quia  hic  est  vere  prophela,  qui  ven- 
turus  est  in  mundum  [Joan.,  vi,  14],  il  se  trouvait  en  cet  endroit 
avant  l'Avent  depuis  fort  longtemps).  Les  dimanches  de  la 
deuxième  partie  de  l'année  liturgique  dans  le  Bréviaire  de  Muns- 
ter, comme  dans  la  plupart  des  Bréviaires  allemands -romains, 
n'étaient  pas  comptés  à  partir  de  la  Pentecôte,  mais  à  partir  de 
la  Trinité  ou  octave  de  la  Pentecôte.  Le  dimanche  après  la  Pen- 
tecôte avait  la  Messe  du  jourde  la  Pentecôte,  l'Épître  et  l'Évan- 
gile seuls  étaient  différents.  Dans  le  Bréviaire  et  Missel  de 
Cologne,  la  Messe  du  jour,  octave  de  la  Pentecôte,  fut  suppri- 
mée en  1626,  et  la  désignation  de  dimanches  après  l'octave  de  la 
Pentecôte  fut  changée  en  celle-ci  :  dimanches  (1-25)  après  la  fête 
de  la  Trinité^  Les  protestants,  qui  regardaient  la  fête  de  la 
sainte  Trinité  comme  une  fête  capitale,  comptaient,  dès  le 
XVI*  siècle,  à  partir  du  dimanche  de  la  Trinité.  Le  Bréviaire 
romain  termine  l'octave  de  la  Pentecôte  en  même  temps  que  le 
temps  pascal  avec  None  du  samedi,  parce  qu'on  fait  commencer 
la  fête  de  Pâques  et  la  fête  de  la  Pentecôte  avec  les  Vêpres  du 
samedi  (Vigiles)  ;  mais  le  Bréviaire  de  Munster  compte  encore 
le  dimanche  pour  l'octave,  si  bien  que  le  premier  dimanche 
après  l'octave  de  la  Pentecôte  du  Bréviaire  de  Munster  est  le 
même  que  le  second  dimanche  du  Bréviaire  romain.  Cela  eut 


'  Kirch,  op.  cit.,  p.  35. 


CHAPITRE  XI  351 

comme  conséquence  un  déplacement  dans  Tordre  des  «  péri- 
copes  ».  Au  xvu^  siècle,  à  Munster  (Missale  de  1631)  comme  à 
Colog-ne,  on  commença  à  compter  à  partir  de  la  Trinité.  A  la 
fin  de  ces  dimanches  sont  placés  deux  formulaires  pour  les 
dimanches  libres,  ce  qui  paraît  être  copié  sur  l'invention  de 
Quignonez.  Le  nombre  des  fêtes  de  saints  est  considérablement 
accru,  et  on  a  composé  des  offices  propres  pour  les  saints  diocé- 
sains. En  outre ,  on  avait  la  coutume ,  comme  s'en  plaignaient  déjà 
Grégoire  VII  et  Raoul  de  Tongres ,  de  réciter  dans  le  Bréviaire 
de  Cologne  (et  de  Miinster)  trois  psaumes  (un  nocturne)  seu- 
lement durant  le  temps  pascal;  pour  les  fêtes  simples  des  saints 
on  ne  récitait  également  que  trois  psaumes  aux  Matines,  c'est- 
à-dire  le  premier  nocturne  du  Commun  correspondant,  et  par 
suite  on  multipliait  volontiers  les  simples  ^  A  d'autres  fêtes  de 
saints,  même  aux  doubles,  les  psaumes  des  Vêpres  (au  moins 
des  premières  Vêpres)  étaient  pris  de  la  férié.  Le  Bréviaire  de 
Munster  de  1596  prescrit  cependant,  pour  les  Matines  des 
simples,  les  douze  psaumes  du  nocturne  férial  correspondant. 

La  disposition  qu'avait  reçue  le  Bréviaire  de  Munster  en  1596 
ne  fut  pas  modifiée  durant  environ  deux  cents  ans  ;  car  les  trans- 
formations et  les  additions  faites  sous  le  prince -évêque  Chris- 
tophe-Bernard von  Galen  (  1650- 1678)  se  réduisent  à  la  fixation 
de  certains  jours  pour  quelques  fêtes  et  à  l'introduction  de 
quelques  nouvelles  fêtes  ou  de  quelques  nouveaux  offices  de 
saints.  Clément- Auguste  de  Bavière  (1719-1761)  introduisit 
entre  autres  l'office  du  patronage  de  saint  Joseph  en  1735,  con- 
formément à  un  décret  de  la  Congrégation  des  Rites,  et  ordonna 
pour  les  jeudis  libres  l'office  du  saint  Sacrement.  Mais  dès  1711, 
le  synode  diocésain  de  Munster  avait  permis  d'introduire  à 
volonté  le  Bréviaire  et  l'office  romains ,  parce  que  les  Bréviaires 
et  les  Graduels  bien  conservés  faisaient  défaut,  et  que  l'on 
redoutait  les  frais  d'une  nouvelle  édition  de  ces  livres^. 


1  Cf.  Corn.  Schultingius,  Bihliotheca  ecclesiastica,  Colonite,  1599,  t.  i, 
pcirt.  1 ,  c.  XLVi. 

2  Cum  tam  Breviaria  quam  Gradualia  rilu  Monasteriensi  édita  deficere 
notentur,  facultatem  facimus ,  ut,  qui  voliierint ,  in  et  extra  chorum  Mis- 
salihus,  Breviariis  et  céleris  ritus  romani  libris  uti  et  romano  cantu 
posthac  libère  uti  possint  {Syn.  monast.  a.  1711 ,  dans  Hartzheim,  Conc. 
Germ.,  t.  x,  p.  378.  Roskovâny,  op.  cit.,  t.  v,  p.  515). 


352  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Nouvelle  édition  du  Bréviaire  de  Munster.  —  Vers  la  fin  du 
xviii^  siècle  la  nécessité  de  la  transformation  de  la  liturgie  de 
Munster  était  une  question  qui  s'imposait  de  plus  en  plus.  Les 
diocèses  de  Cologne  et  de  Munster  avaient  à  ce  moment,  comme 
en  1596,  un  pasteur  commun,  Maximilien- Frédéric,  comte  de 
Kônigseck-Rothenfels  (1761-1784),  prince- évêque  de  Munster 
et  archevêque  de  Cologne.  Déjà  un  nouveau  Bréviaire  avait  paru 
pour  Cologne  en  1780.  Et  ce  livre,  composé  dans  un  esprit  anti- 
romain, ne  pouvait  manquer  d'exercer  quelque  influence  sur  les 
diocèses  voisins.  L'administration  du  diocèse  de  Munster  repo- 
sait entre  les  mains  du  trésorier  et  chanoine  de  l'église  collégiale 
de  Saint-Martin,  le  docteur  Tautphàus,  célèbre  par  la  part  active 
qu'il  prit  au  congrès  d'Ems  (1786).  Aussitôt  après  l'apparition 
du  Bréviaire  réformé  de  Cologne,  il  conçut  le  plan  d'un  travail 
analogue  pour  Munster  et  adressa  sur  ce  sujet  une  relation  datée 
du  20  août  1781,  à  l'archevêque  et  prince-évêque  Max-Frédéric, 
résidant  à  Bonn.  Les  Bréviaires  imprimés  pour  le  chapitre  de 
Munster  étaient  tellement  rares,  «  qu'il  n'en  existait  aucun  exem- 
plaire pour  le  chœur,  encore  moins  pour  la  récitation  privée  ». 
Une  nouvelle  édition  devenait  par  suite  absolument  nécessaire^. 
Puis  Tautphàus  préconisait  le  Bréviaire  de  Munster  aux  dépens 
du  Bréviaire  romain;  celui-ci  avait  été  souvent  modifié,  «  sur- 
tout par  les  papes  tirés  de  l'Ordre  monastique,  qui  avaient  voulu 
conserver  dans  la  chapelle  papale  leur  Bréviaire  monastique.  » 
Contre  la  simple  acceptation  du  Bréviaire  de  Pie  V,  Tautphàus 
faisait  valoir  les  trois  raisons  suivantes  :  1°  Ce  Bréviaire,  en  par- 
ticulier pour  ce  qui  concernait  le  Proprium  sunctorum ,  se  trou- 
vait «  en  opposition  avec  les  données  de  l'histoire  ».  «  En 
effet,  comme  le  pape  avait  confié  sa  revision  aux  deux  cardinaux 
Bellarmin  et  Baronius,  imbus  du  préjugé  de  la  monarchie  papale 
absolue,  on  pouvait  facilement  supposer,  et  la  suite  l'avait  prouvé, 
que  les  changements  les  plus  importants  avaient  été  faits  d'après 
de  tels  principes,  qui  ne  pouvaient  convenir  à  tout  le  monde;  » 
2°  Il  était  impossible  de  se  procurer  pour  les  cathédrales,  les 
collégiales  et  les  autres  chapitres  les  livres  de  chœur  et  de  chant 
nécessaires ,  conformes  à  ce  Bréviaire  ;  3"  Enfin  Tautphiius  re- 
marquait qu'on  devait  craindre  que  «  la  cour  papale,  si  le  nou- 


'  Ceci  et  ce  qui  suit  est  emprunté  à  Giese,  op.  cit.,  p.  115. 


CHAPITRE  XI  353 

veau  Bréviaire  (de  Pie  V)  était  accepté,  ne  décrétât,  d'après  les 
principes  romains \  un  Reservatum  apostolicum,  qui  réduirait  et 
finalement  enlèverait  aux  ordinaires  les  privilèges  qu'ils  avaient 
d'organiser  et  de  prescrire  leurs  rites.  On  peut  voir  la  preuve  de 
ce  fait  dans  tous  les  Bréviaires  romains,  où  les  ordonnances 
pontificales  et  les  déclarations  de  la  Congrégation  des  Rites  sont 
insérées  avec  soin  dans  l'intention  qu'on  les  ait  journellement 
devant  les  yeux  et  qu'on  les  suive  d'autant  plus  sûrement  ». 

Puis  il  représente  au  prince -archevêque  que  tout  dépend  «  de 
sa  haute  autorité  épiscopale,  de  ses  ordres  et  de  son  approba- 
tion ».  Il  remarque  ensuite  que  déjà  sous  l'épiscopat  de  son  pré- 
décesseur, le  prince -évêque  Clément -Auguste,  on  avait  préparé 
une  nouvelle  édition  du  Bréviaire  de  Munster  et  qu'elle  n'avait 
pas  été  mise  à  exécution,  uniquement  parce  que  «  les  Depufati 
avaient  été  trop  prévenus  par  les  préjugés  de  la  cour  romaine  et 
de  la  composition  du  Bréviaire  romain,  et  parce  que  les  reli- 
gieux chargés  de  l'examen  de  cette  affaire  "étaient  si  peu  versés 
dans  l'histoire  et  l'antiquité  qu'ils  hésitaient  à  tout  instant  à 
prendre  une  résolution  ferme  ».  Il  déclare  qu'il  ne  s'agit  pas 
pour  le  moment  d'une  transformation ,  mais  d'une  amélioration 
du  Bréviaire ,  que  le  but  principal  est  simplement  de  supprimer 
dans  le  Propre  des  saints  les  légendes  ou  les  antiennes  et  les 
répons  propres  qui  ne  s'accordent  pas  avec  l'histoire  et  avec  une 
critique  judicieuse,  et  ne  sont  que  des  fictions,  et  de  leur  substi- 
tuer l'office  du  commun  (en  d'autres  termes,  on  devait  remplacer 
par  des  idées  prosaïques  tout  ce  qui  avait  quelque  verve,  tout 
ce  qui  présentait  une  pensée  poétique).  On  remplacera  aussi 
quelques  leçons  propres  démodées  par  celles  du  Bréviaire  romain 
ou  par  celles  du  nouveau  Bréviaire  de  Cologne  ou  d'autres  Bré- 
viaires approuvés.  Dans  le  cas  où  le  nombre  des  martyrs  dans 
les  fêtes  des  saints  dépasse  le  chiffre  de  mille,  par  exemple 
dans  la  fête  des  dix  mille  martyrs  dont  incontestablement  le 
nombre  est  inexact,  on  doit  mettre  simplement  de  plusieurs 
martyrs.  —  On  choisit  comme  membres  de  la  Commission  char- 
gée du  travail  de  revision  ceux  qu'avait  désignés  Tautphaus  dans 
son  projet,  et  toute  l'affaire  fut  décidée  par  un  rescrit  du  prince- 


'  Qnod  episcopus  acceptans  legem  Siimmi  Pontificis,  eam  sine  pontificia 
authoritate  alterare  vel  mutare  non  possit. 

Brév.,  t.  II.  23 


354  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

évêque  daté  de  Bonn  (17  avril  1782),  dans  le  sens  du  rappor- 
teur. Tautphaus  prit  la  direction  de  l'œuvre  de  revision,  le  pro- 
fesseur Forkenbeck  ,  le  P.  Horster,  franciscain  conventuel,  le 
P.  Schôsenberg- ,  et  Murarius,  lecteur  en  théologie,  lui  furent 
adjoints  comme  commissaires.  Le  chantre  de  la  cathédrale,  Her- 
mann  Koch,  se  chargea  de  la  partie  technique. 

En  1784,  paraissait  à  Munster,  en  quatre  volumes,  le  Brevia- 
rium  monasterien.se.  On  n'avait  pas  trouvé  beaucoup  à  «  amélio- 
rer »  dans  le  psautier  et  au  Propre  du  temps,  et  cela  parce 
qu'autrement  les  grands  livres  de  chœur,  les  hymnaires,  les 
psautiers  et  les  antiphonaires  seraient  devenus  hors  d'usage  et 
que  la  disparition  de  ces  in-folio  aurait  exigé  une  réimpression 
coûteuse.  Ainsi  donc,  au  psautier  on  supprima  simplement  les 
premiers  mots  des  antiennes  avant  les  psaumes  et  on  introduisit, 
ici  comme  dans  le  Bréviaire,  l'usage  tout  à  fait  inouï  de  réciter 
les  antiennes  seulement  après  les  psaumes.  Gomme  cela  se  fai- 
sait au  Bréviaire  romain  (pianum).,  le  neuvième  répons  de 
chaque  office  où  l'on  chantait  le  Te  Deum  était  supprimé,  et  la 
longa  prima  du  dimanche  était  réduite  par  la  répartition  des 
cinq  psaumes  entre  les  jours  de  la  semaine.  Les  suffrages  et  les 
prières  subirent  une  réduction  plus  marquée;  les  longues  prières 
des  petites  Heures  du  carême  furent  purement  et  simplement 
supprimées.  Une  autre  accommodation  avec  le  Bréviaire  romain 
consistait  en  ce  que,  pendant  le  temps  quadragésimal ,  l'on 
empruntait  toujours  pour  l'office  férial  les  trois  leçons  à  l'homé- 
lie de  l'évangile  du  jour  correspondant,  et  que,  par  suite,  l'on 
transférait  les  leçons  de  l'Ecriture  occurrente  à  d'autres  jours, 
ou  on  les  plaçait  à  d'autres  temps  de  l'année,  pour  lesquels  on 
avait  dû  jusque-là  répéter  des  leçons  déjà  dites.  L'évangile  Homo 
quidam  fecit  cœnam  magnam  était  transporté  du  deuxième 
dimanche  après  la  Trinité  (c'est-à-dire  du  troisième  dimanche 
après  la  Pentecôte)  dans  l'octave  de  la  Fête-Dieu  {Dominica  II 
post  Penlecosten),  et  les  leçons  du  deuxième  nocturne  de  diffé- 
rents jours  étaient  remplacées  par  d'autres  convenablement 
choisies  dans  les  homélies  ou  les  sermons  des  Pères.  On  ne  con- 
servait plus  l'emploi  invariable  des  psaumes  de  la  férié  aux  pre- 
mières et  aux  secondes  Vêpres  des  fêtes  doubles. 

Bien    plus    sensibles    étaient   les   changements   apportés    au 
Propre   des   saints,   qui   subissait   une   transformation  radicale. 


CHAPITRE  XI  335 

Tout  d'abord  on  supprimait  une  série  de  fêtes  ou  d'offices  jusque- 
là  célébrés  dans  le  diocèse  de  Miinster.  Puis  on  abolissait  com- 
plètement le  rite  semidouble  pour  toutes  les  fêtes  de  saints  ;  il 
ne  subsistait  plus  que  pour  les  dimanches  ordinaires  [Dominicx 
per  annum  ),  et  encore  sous  un  autre  nom  ou  même  sans  nom. 
Toutes  les  fêtes  semidoubles  étaient  élevées  au  rang  de  double  ; 
parmi  le  nombre  considérable  de  nouvelles  fêtes  ou  de  nouveaux 
offices  que  le  saint-siège  avait  imposés  à  toute  la  chrétienté, 
m  ecclesia  universali,  quelques-unes  étaient  très  arbitrairement 
adoptées,  comme  cela  avait  eu  lieu  dans  le  Bréviaire  de  Cologne 
de  1780;  notamment  celles  des  docteurs  saint  Athanase,  saint 
Basile,  saint  Grégoire  de  Nazianze,  saint  Léon  le  Grand  et  saint 
Isidore.  Saint  \'incent  de  Paul  et  saint  Jean  de  Dieu  trouvaient 
aussi  grâce;  les  autres  étaient  purement  et  simplement  abandon- 
nées. Les  beaux  et  très  anciens  offices  propres,  constamment  en 
usage  à  Munster,  que  Ton  chantait  au  viiie  et  au  ix*  siècle  dans 
les  cathédrales  allemandes,  et  qui  sont  encore  au  Bréviaire 
romain,  ceux  par  exemple  de  saint  Martin  de  Tours,  de  sainte 
Cécile,  de  saint  Clément,  de  saint  André,  de  sainte  Agnès,  de 
sainte  Agathe,  et  les  propres  diocésains  de  saint  Ludger,  des 
saints  Victorin  et  Florian,  des  saints  Géréon  et  Victor,  étaient 
rejetés  et  remplacés  par  le  Commun  correspondant.  Toutes  les 
légendes  ou  vies  des  saints  du  deuxième  nocturne  étaient  sou- 
mises à  une  sévère  revision;  quelques-unes  étaient  remplacées 
par  de  nouvelles;  d'autres,  passées  au  crible  de  la  critique  et  du 
goût  du  temps ,  étaient  écartées  pour  n'être  repinses  qu'après 
avoir  subi  une  transformation  complète.  Les  passages  qui  racon- 
taient des  miracles  extraordinaires  ne  répondant  pas  au  goût  du 
jour,  et  ceux  qui  contenaient  des  expressions  de  tendresse  à 
l'adresse  de  la  très  sainte  ^'ierge  Marie,  ou  qui  trahissaient  un 
culte  spécial  pour  le  saint- siège  et  une  reconnaissance  des 
décrets  de  Rome,  étaient  retranchés  avec  un  soin  scrupuleux. 
Le  Bréviaire  de  Cologne  de  1780  avait  déjà  donné  pareil 
exemple.  Les  Matines  des  fêtes  simples,  qui  se  composaient  d'un 
nocturne  de  douze  psaumes,  étaient,  comme  à  Cologne,  réduites 
à  un  seul  nocturne  du  Commun  des  saints  correspondant,  c'est- 
à-dire  à  trois  psaumes  ;  pour  le  lundi  et  le  jeudi,  ainsi  prescrivaient 
les  nouvelles  rubriques  générales  au  §  49 ,  on  devait  prendre  le 
premier  noclurne  du  Commun  correspondant;  pour  le  mardi  et 


356  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

le  vendredi ,  le  deuxième  nocturne  ;  pour  le  mercredi  et  le  samedi, 
le  troisième  nocturne.  Les  offices  votifs  étaient  aussi  réorgani- 
sés; Toffice  de  la  sainte  Vierge  le  samedi  au  lieu  des  douze 
psaumes  du  samedi,  et  l'office  du  saint  Sacrement  au  lieu  de 
trois  nocturnes  n'avaient  plus,  à  la  façon  des  simples,  qu'un  seul 
nocturne  de  trois  psaumes  pour  les  Matines.  Comme  le  nombre 
des  fêtes  doubles  était  désormais  restreint,  et  qu'on  avait  à 
réciter  la  plupart  du  temps  des  offices  votifs  ou  des  simples,  le 
total  des  prières  se  trouvait,  grâce  à  ces  modifications,  considé- 
rablement diminué.  On  agissait  aussi  arbitrairement  en  transpor- 
tant une  fois  pour  toutes  au  dimanche  suivant  certaines  fêtes, 
telles  que  la  Conversion  de  saint  Paul,  la  \'isilation,  la  Présen- 
tation, avec  l'office  et  la  Messe,  et  en  célébrant  désormais  au 
dimanche  correspondant  les  fêtes  de  la  Purification,  de  l'Annon- 
ciation et  de  la  Conception  de  la  sainte  Vierge,  lorsqu'elles 
tombaient  un  dimanche  privilégié  de  seconde  classe. 

Le  nouveau  Bréviaire  de  Munster  fut,  la  même  année  1784, 
établi  pour  l'usage  du  diocèse  par  la  constitution  du  prince- 
évêque  Maximilien- Frédéric  :  Jam  ah  antiquissimis  lempori- 
bus.  Il  fut  permis  aux  vieux  prêtres  de  s'en  tenir  à  l'ancien 
Bréviaire  ou  au  romain.  Quelques-uns  qui ,  jusque-là,  avaient 
récité  l'office  romain  ou  pianum,  adoptèrent  celui  de  Munster, 
parce  qu'il  était  plus  court  et  accommodé  au  goût  du  temps. 
Mais  on  imposa  sans  distinction  aux  prêtres  qui  devaient  être 
ordonnés  prochainement  et  aux  sous -diacres,  de  se  pourvoir 
avant  l'ordination  de  la  nouvelle  édition  du  Breviarium  mona- 
steriense  et  de  se  servir  d'elle  seule  dans  la  récitation  privée.  La 
nouvelle  ordonnance  devait  aussi  avoir  force  de  loi  aussitôt  que 
possible  [quarn  primum)  dans  les  églises  collégiales  et  parois- 
siales. 

Pour  qu'il  n'y  eût  pas  opposition  entre  les  modifications  du 
Bréviaire  et  le  rite  de  la  Messe,  on  édita  en  1784,  pour  le  Mis- 
sel de  Munster  de  1631,  dont  de  nombreux  exemplaires  exis- 
taient encore ,  un  supplément  qui  fut  fondu  plus  tard  dans  une 
nouvelle  édition  du  Missel  (1835),  et  de  la  sorte  les  modifications 
trouvèrent  place  dans  le  texte  et  le  corps  même  du  Missel. 

Autre  édition.  —  Le  désir  d'arriver  à  l'union  la  plus  parfaite 
pour  l'office  divin  fut  bientôt  réalisé  dans  le  clergé  du  diocèse  de 
Munster.  Et,  quarante  ans  après,  tous  les  exemplaires  de  l'édi- 


CHAPITRE  XI  357 

tion  considérable  du  Bréviaire  de  1784  étaient  épuisés.  L'évêque 
Gaspard -Maximilien  de  Droste  de  Vischering  (frère  du  futur 
archevêque  de  Colog^ne,  Clément -Auguste)  en  fît  publier  une 
nouvelle  édition  en  1829-1830.  Elle  n'avait  que  des  modifica- 
tions qu'il  est  inutile  de  signaler;  on  peut  la  considérer  comme 
une  réimpression  fidèle  de  l'édition  de  1784.  Mais  on  méconnut 
les  canons  de  l'Eglise*  en  étendant  au  clergé  des  pays  et  des 
paroisses  réunis  au  diocèse  de  Munster  par  la  bulle  De  sainte 
animarum  de  1821,  et  qui  auparavant  avaient  la  liturgie  et  le 
Bréviaire  romains ,  le  Bréviaire  de  Munster  ou  en  lui  permettant 
de  l'adopter.  Sauf  la  répartition  du  psautier  et  du  Propre  du 
temps  qui,  du  moins,  ne  subirent  pas  de  modifications  essen- 
tielles, le  Bréviaire  de  Munster,  comme  celui  de  Cologne,  était 
rédigé  sous  une  forme  toute  nouvelle;  on  ne  pouvait  plus,  par 
suite ,  le  considérer  comme  appartenant  à  la  catégorie  des  livres 
d'office  autorisés  par  Pie  V,  parce  qu'ils  pouvaient  exciper  de 
deux  cents  ans  d'existence.  C'est  ce  que  nous  prouve  une  com- 
paraison attentive  des  Bréviaires  de  1780  (Cologne)  et  de  1784 
ou  1829  (Munster)  avec  ceux  qui  furent  imprimés  à  la  fin  du 
xv^  siècle  ou  au  commencement  du  x\q'',  ou  aussi  avec  celui  de 
Cologne  de  1576  ou  de  1618  et  celui  de  Munster  de  1596.  Ces 
derniers,  en  effet,  doivent  être  considérés  comme  des  correc- 
tions ou  des  perfectionnements  autorisés,  apportés  à  l'ancien 
rite  diocésain  par  l'ordinaire  compétent.  Vers  le  milieu  du 
xix^  siècle,  les  ecclésiastiques  de  Munster  furent  tenus  au  Bré- 
viaire romain,  et  en  1865  on  édita  un  Propre  des  saints  du  dio- 
cèse qui  avait  été  approuvé  par  Rome  le  28  juillet  1864.  Le  rite 
romain  ayant  été  aussi  adopté  à  la  cathédrale  en  1880,  tous  les 
prêtres  du  diocèse  récitent  désormais  exclusivement  le  Bréviaire 
romain,  à  l'exception  peut-être  de  quelques  ecclésiastiques  fort 
âgés^. 

Bréviaire   de  Trêves.   —   Dans   l'archidiocèse   de  Trêves  ',  le 


*  Usus  Missalis  et  Breviarii  semel  introdactus  in  errlesia  aliqua,  quse 
habehat  particulare  Missale  et  Breviarium ,  confîrmandus  est,  nec  licet 
redire  ad  usiim  antiqui  Missalis  et  Breviarii  {Decretum  S.  B.  C.  /î  mar- 
tii  160R). 

2  Cf.  Miinstersches  Pastoralhlatt ,  1887,  n»  4,  p.  22. 

'  Ce  qui  suit  s'appuie  en  partie  sur  des  notes  manuscrites  de  l'évêque 
auxiliaire  de  Trêves,  D'  Schrod,  en  partie  sur  le  travail  de  Schu,  De  horis 


358  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

grand  archevêque  Baudouin,  qui  travailla  si  infatigablement  à 
une  réforme  vraiment  liturgique,  avait  publié  en  ISiiVOrdi- 
narius  Horarum  et  Missarum  qui,  s'appuyant  sur  l'ancien  ordo 
du  ixe  siècle,  réglait  avec  détail  et  établissait  définitivement  le 
rite  de  Trêves  pour  l'office  du  chœur,  le  Bréviaire  et  la  Messe ^ 
Le  manuscrit,  ou  une  des  premières  copies  de  1345,  se  trouve 
encore  à  la  Bibliothèque  municipale  de  Trêves  {Hic  incipit  expo- 
sitio  Kalendarii,  etc.).  La  bibliothèque  du  séminaire  de  Mayence 
en  possède  un  autre  exemplaire,  n°  179  (manuscrit  en  parchemin 
du  XV®  siècle  in-4°).  Le  Bréviaire  de  Trêves  fut  imprimé  à  Bâle 
en  1502,  in-folio;  puis  en  1515  à  Lyon  (Bern.  Lescuyer),  in -8" 
ou  in-4°.  La  première  édition  corrigée  d'après  le  concile  de 
Trente  et  d'après  saint  Pie  V,  parut  en  1628  en  deux  volumes 
in- 12  rouge  et  noir.  L'archevêque  Jean- Hugues  d'Orsbeck 
(1676  à  1711)  permit  aussi  pour  la  récitation  privée,  au  lieu 
du  Bréviaire  de  Trêves,  celui  de  Rome,  ou  Breviariiim  pia- 
num ,  et  c'était  dans  ce  but  que  déjà  son  prédécesseur  avait 
édité  en  1668  un  Proprium  sanctorum  archidiœc.  Trevirens., 
qui  fut  réédité  encore  en  1849  sous  l'évêque  Arnoldi  c'est  la 
dernière  édition).  L'archevêque  et  électeur  François  -  Georges , 
comte  de  Schônborn  (-}-  1756),  chargea  son  coadjuteur,  le  triste 
Jean- Nicolas  de  Hontheim,  et  le  chanoine  Jean- Christophe 
Hermans  de  Saint- Paulin  d'éditer  un  nouveau  Bréviaire  «  cor- 
rigé ».  On  peut  facilement  deviner  quelle  était  son  intention.  Le 
Bréviaire  parut  en  1748  à  Trêves  et  à  Francfort  en  quatre 
volumes,  et  l'ancien  ordre  des  choses  était  ainsi  abandonné.  On 
n'y  trouve  pas  encore,  il  est  vrai,  de  changements  aussi  radi- 
caux que  ceux  que  se  permit  le  Bréviaire  de  Cologne  de  1780, 
mais  la  voie  est  déjà  ouverte  au  caprice  ;  on  chercherait  en  vain 
au  18  janvier  la  fête  de  la  Cathedra  S.  Pétri  Romœ,  et  au  25  mai 
l'office  de  saint  Grégoire  VU ,  ainsi  que  d'autres  fêtes  prescrites 
par  Rome.  Puis  les  capitules  des  petites  Heures  sont  emprun- 
tés au  Bréviaire  de  Paris,  les  légendes  des  saints  remaniées  au 
point  de  vue  critique  et  modelées  sur  le  type  des  Bréviaires  gal- 
licans.  Dans    plusieurs   pièces,    le   Bréviaire    est   conforme    au 


canonicis  diatriba,  Treviris,  1864,  et  sur  une  étude  personnelle  des  ma- 
nuscrits de  Trêves  et  de  Mayence. 

1  Ce  prélat,  né  en  1285  ,  mort  en  1354  ,  appartenait  à  la  famille  des  comtes 
de  Luxembourj;.  Il  fut  archevêque  et  électeur  durant  quarante- sept  ans. 


CHAPITRE  XI  359 

romain,  ainsi  pour  ce  qui  est  de  la  suppression  des  psaumes  de 
la  Pénitence  ;  mais  on  avait  aussi  fait  des  offices  d'un  seul  noc- 
turne de  trois  psaumes  [de  Patrono,  de  SS.  Sacramento ,  de  B. 
M.  V. )qui  pouvaient  se  réciter  le  jeudi,  le  samedi  et  au  pre- 
mier jour  libre  du  mois.  On  reprocha  à  Hontheim  d'avoir 
encore  trop  peu  réformé.  On  peut  voir  sa  réponse  à  ce  sujet 
dans  sa  biographie  par  Mejer.  Pendant  quelque  temps  (1802- 
1816),  sous  l'évèque  Charles  ^lannay  nommé  par  Napoléon,  on 
fit  usage  dans  la  cathédrale  de  Trêves  du  Bréviaire  parisien,  puis 
on  reprit  celui  de  Trêves.  En  1872,  on  déclara  aux  sémina- 
ristes de  Trêves  que  désormais  ils  étaient  tous  tenus  au  Bréviaire 
romain,  à  partir  de  leur  ordination  au  sous-diaconat.  Le  Brevia- 
rium  romanum  devint  obligatoire  pour  tout  le  diocèse  le  V^  jan- 
vier 1888  ;  à  partir  de  cette  année  aussi  on  ne  récita  ou  l'on  ne 
chanta  plus  à  la  cathédrale  que  l'office  romain.  Le  28  novembre 
1887,  paraissait  un  induit  permettant  aux  vieux  prêtres  l'usage 
du  Bréviaire  de  Trêves,  pour  lequel  est  publié  encore  tous  les 
ans  un  directorium  spécial.  Un  nouveau  Proprium  sanctorum 
diœc.  Trev.,  dû  au  coadjuteur  le  docteur  Schrod,  fut  publié  à 
Rome,  approuvé  par  la  Congrégation  des  Rites  et  prescrit  le- 
13  octobre  1887.  Ainsi  donc  la  voie  est  ouverte  à  l'unité  qui 
s'achèvera  dans  quelques  années. 

Bréviaire  de  Mayence.  —  Dans  l'archidiocêse  de  Mayence  on 
conservait  un  Bréviaire  corrigé,  imprimé  à  Cologne  en  1570, 
sous  le  nom  de  Breviarium  moguntinum^ .  Une  nouvelle  édition 
parut  encore  en  1612. 

Sous  l'archevêque  Jean- Philippe  de  Schonborn  (1647-1673), 
une  transformation  se  fît  dans  la  liturgie  de  l'archidiocêse.  Cet 


'  Breviarium  Moguntinum  iussu  et  authoritate  Rmi  Patris  Aiiqilissimi- 
c/ue  Principis  ac  Domini  D.  Danielis,  eiusdem  Moyunlinx  sedis  archie- 
piscopi,  etc.,  inter/ritati  pristinœ  fidelissime  restitutum.  Colonise  apud 
Gervinam  Calenium  et  hseredes  loan.  Quentel,  anno  Dûi  1570,  2  tom., 
petit  in-i".  —  Breviarium  Moguntinum,  authoritate  R.  et  lll.,  etc.,  loan- 
nis  Suicardi  (Jean  Schweikard  de  Kronenberg,  f  1626)  archiepiscopi , 
etc.,  denuo  recognitum  et  editum.  Moguntise  ex  typogr.  loannis  Alhip.i, 
1611 ,  2  tom.  m-^o.  —  Item  :  Horee  diurnales  ad  normam  et  ordinem  Bre- 
viariiMoguntinicum  kalendario  Gregoriano,  Moguntise,  161-2.  —  A  Mayence 
avait  paru,  en  1576,  chez  Gaspard  Behem,  un  Breviarium  iuxta  ritum  et 
ordinem  Ecclesise  Wormatiensis,  qui  se  dit  iussu  et  authoritate  Rmi  Pa- 
tris ac  Diïi  D.  Theodorici,  eiusdem  Ecclesise  electi  et  confirmati  episcopi, 
studiose  recognitum  et  emendatum. 


360  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

électeur  trouva  bon  de  remplacer  les  offices  romano-mayençais, 
employés  jusque-là,  par  ceux  de  TEg-lise  romaine  d'alors,  et  il 
établit  en  conséquence  dans  son  diocèse  le  Bréviaire  de  Pie  V. 
Des  offices  propres  de  saints  furent  imprimés  comme  supplé- 
ment au  Bréviaire  romain.  On  maintint  pourtant  les  anciennes 
mélodies,  mais  pour  le  reste  le  Missel  et  le  Bréviaire,  comme  le 
montrent  les  éditions  de  1672  et  de  1698  (sous  l'archevêque 
Lothaire- François  de  Schônborn),  étaient  entièrement  romains. 
Cela  dura  jusque  dans  ces  derniers  temps,  quoiqu'on  conservât 
le  titre  romano-mogunlinum. 

Cependant  l'électeur  et  archevêque  Charles -Joseph  d'Erthal 
(  1775  à  1802  )*  voulut  créer  un  nouveau  Bréviaire,  en  se  basant 
sur  les  réformes  déjà  faites  à  Cologne,  Munster  et  Trêves.  En 
1786^,  une  commission  fut  chargée  de  préparer  un  Bréviaire  qui 
contiendrait  l'office  quotidien  divisé  en  trois  parties  :  1»  Matines 
ou  prières  du  matin,  se  composant  de  trois  psaumes  et  d'une 
leçon  tirée  des  saints  livres;  2°  le  Diurnum  ou  office  du  jour,  à 
réciter  à  midi  ou  après  midi ,  se  composant  de  cinq  psaumes  et 
d'une  courte  Vita  ou  Legenda  du  saint  du  jour  (ou  aussi  aux 
jours  de  férié  et  aux  fêtes  du  Seigneur,  d'un  passage  des  ser- 
mons des  Pères  ou  d'écrivains  ascétiques  [?]);  3"  Complies 
ou  prière  du  soir.  Mais  ce  plan  ne  fut  pas  exécuté.  Cependant 
des  projets  du  vicariat  général  de  Mayence  et  de  nombreux 
chapitres  ruraux  des  diverses  parties  de  l'archidiocèse  circu- 
lèrent, où  l'on  exprimait  le  désir  de  voir  le  Bréviaire  mieux  dis- 
posé et  purgé  des  légendes  apocryphes.  On  souhaitait  aussi  un 
choix  dans  les  psaumes  à  réciter  ,  l'abandon  des  offices  de  saints, 
dont  on  ne  ferait  plus  que  mémoire;  on  ne  voulait  plus  que  les 
leçons  fussent  interrompues  par  des  répons,  on  désirait  qu'on 
lût  en  entier  les  péricopes  de  l'évangile,  qu'on  insérât,  à 
l'exemple  des  Bréviaires  gallicans,  des  canons  ou  des  passages 
de  l'histoire  ecclésiastique,  quihus  animus  orantium  salutari- 
bus  doctrinis pasceretur.  Enfin  on  s'en  remettait  à  l'évêque  du 
soin  de  dispenser  du  Bréviaire  les  curés  fort  occupés ,  au  moins 
pendant  l'hiver,  ou  de  changer  en  faveur  de  ceux  qui,  d'une 


*  Depuis  1788,  son  coadjuteur  était  Dalberg,  qui  lui  succéda  en  1802 
comme  archevêque  et  primat  et  qui  mourut  en  1805. 

*  Schober,  Explan,   crit.,  p.   73.   Kopp,  Die  katholische  Kirche  im  19. 
Jdhrhunderl,  Mainz,  1830,  p.  138. 


CHAPITRE  XI  361 

façon  générale  s'occupaient  des  âmes,  la  lecture  du  Bréviaire  en 
une  lecture  des  saintes  Ecritures  ou  en  d'autres  exercices  spiri- 
tuels selon  le  temps  et  les  circonstances*. 

Le  Bréviaire  romain  en  Allemagne.  —  Comme  nous  l'avons 
déjà  dit,  le  Bréviaire  romain  fut  introduit  dans  les  diocèses 
d'Augsbourg-  (  1597  ) ,  de  Constance  (  1609) ,  de  Salzbourg  (  1616) , 
de  Liège  (J618),  d'Osnabruck  et  de  Gnesen  (1628  et  1630),  de 
Breslau  (1653),  de  Paderborn  (1662),  d'Olmûtz  (1666)  et  dans 
toute  la  Hongrie  (1630)^.  L'archidiocèse  d'Agram  reçut  le  Bré- 
viaire romain  en  1794.  Le  Breviarium  hunffaricum  [({ui  du  reste 
dérivait  du  romain  comme  ceux  des  diocèses  allemands),  sup- 
primé pour  la  Hongrie  sous  Pâzmâny,  par  un  concile  national, 
dès  1630^,  avait  été  maintenu  à  Agram  par  décision  synodale  de 
1634.  Le  Bréviaire  romain  était  également  en  usage  dans 
presque  tous  les  autres  diocèses,  lorsque,  comme  nous  l'avons 
vu  plus  haut,  dans  la  deuxième  moitié  du  xviii<'  siècle,  les  désirs 
de  réformes  s'emparèrent  d'un  grand  nombre  de  têtes.  L'esprit 


*  Ex  punctis  reformatoriis  in  archidiœc.  Mogunlina  de  Breviario  a.  17S9 
propositis  ac  discussis  (Roskovân^',  t.  v,  p.  748,  pris  dans  Kopp,  Kathol. 
Kirche,  p.  60). 

2  Cf.  Roskovâny,  t.  v,  p.  301-515.  [Le  Bréviaire  romain  ne  fut  pas 
introduit  pour  la  première  fois  dans  l'archidiocèse  de  Salzbourg  pour  le 
clergé  séculier  en  1616,  comme  le  dit  D.  Bâumer,  d'après  Roskovâny, 
mais  dès  1598,  par  l'archevêque  Wolf  Dietrich.  Ce  dernier  reçut,  le 
26  octobre  1596,  du  pape  Clément  VIII,  l'approbation  du  calendrier  pré- 
senté, en  même  temps  que  du  Propriiim  festorum  qui  en  dépendait;  et, 
à  la  même  date,  le  pouvoir  de  faire  imprimer  avec  le  Bréviaire  romain  le 
calendrier  et  le  propre  approuvés.  Le  pape  réserve  à  l'archevêque  le  droit 
d'impression  et  de  vente  pour  dix  ans.  Les  deux  chartes  se  trouvent  encore 
aux  f.=  e.  Consistorial  =  Archiv.  Cette  édition  parut  à  Salzbourg  en  1598.  Le 
7  octobre  1619,  on  déclara  à  Freising,  sur  une  question  de  la  Congr.  des 
Rites,  que,  dans  le  Propre  de  Ralisbonne  approuvé  en  1611,  on  avait 
admis  toutes  les  leçons  sicut  et  in  melropolitanse  Salzburffensis  Ecclesise 
proprio  1598  Salisburgi  impresso  et  prohalo  Romœ  a  Sede  apostolica,  et 
Auguslano  anno  160'>,  Dilingœ  et  Brixinensi  anno  1604  OEniponte  vulgatis. 
Cf.  Ratzinger,  dans  la  Theol.  pract.  Monalschrift ,  Passau ,  1892,  ii ,  921. 
Ainsi  donc  le  Bréviaire  romain  fut  introduit  en  1598  ou  1599  dans  tout 
Tarchidiocèse  de  Salzbourg  et  dans  les  enclaves  de  Gurk,  Chiemsee,  Seckau 
et  Lavant,  puis  à  Brixen,  1604-05,  à  Augsbourg,  1605-06,  à  Ratisbonne, 
1611-12,  et  à  Freising  vers  1619-20.  En  1584  et  1590,  le  vieux  Bréviaire 
de  Salzbourg  fut  publié  de  nouveau  à  Ingolstadt;  on  y  tenait  compte  du 
calendrier  grégorien  de  1582.  P.  Will.  Ilauthaler ,  Kath.  Kirchenzeitung , 
Salzburg,  1895,  n»  31.  Tr.] 

3  Dankô,  Vetas  hymnarium  ecclesiasticum  Hungariœ.  Budapestini,  1893, 
p.  4.  Roskovâny,  t.  v,  p.  309,  317,  751. 


362  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

rationaliste  perdit,  grâce  au  joséphisme  et  au  fébronianisme , 
toute  intelligence  du  Bréviaire.  On  trouve  la  littérature  du  sujet, 
les  plans  de  réforme  du  Bréviaire  ou  les  projets  de  suppression 
radicale  dans  Roskovâny*.  Nous  nous  dispensons  ici  d'entrer 
dans  le  détail.  Quelques  Bréviaires  d'une  importance  générale,  et 
dont  rinfluence  a  été  plus  étendue,  méritent  seuls  une  mention. 
Bréviaire  allemand  de  Dereser.  —  Avant  tout,  nous  devons 
nommer  l'auteur  de  l'un  d'eux,  le  carme  Thaddée- Antoine  Dere- 
ser, né  en  1757  à  Fahr,  en  Franconie,  étudiant  puis  professeur 
à  Wûrzbourg  et  à  Heidelberg.  Ordonné  prêtre  à  Mayence  en  1780, 
il  devint,  en  1783,  professeur  d'herméneutique  biblique  et  de 
langues  orientales  à  l'université  de  Bonn,  placée  sous  le  protec- 
torat de  l'électeur  de  Cologne.  Son  ouvrage  :  Commentatio  hihlica 
in  effiitiim  Christi  :  Tu  es  Petrus,  fut  mis  à  l'index  en  1790. 
En  1791 ,  il  fut  chargé  de  l'exégèse  à  la  faculté  de  théologie  de 
Strasbourg,  où  il  devint  aussi  supérieur  du  séminaire  épiscopal 
et  prédicateur  de  la  cathédrale.  Ayant  refusé  de  renier  la  reli- 
gion et  le  sacerdoce  ,  il  fut,  en  1793,  condamné  à  la  déportation 
et  jeté  en  prison.  Il  allait  porter  sa  tête  sous  la  guillotine,  lorsque 
la  chute  de  Robespierre  le  sauva  après  dix  mois  d'une  dure 
détention.  A  partir  de  1797,  il  enseigna  à  Heidelberg  les  langues 
orientales  et  la  théologie  catéchétique,  homilétique  et  pastorale, 
et  devint  conseiller  du  margraviat,  plus  tard  grand -duché  de 
Bade.  En  1807,  il  alla  s'établir  avec  l'université  à  Fribourg, 
comme  professeur  d'exégèse.  Pendant  deux  ans,  1810  et  1811, 
il  fut  curé  de  Carlsruhe  ;  transféré  à  Constance  à  l'occasion  de 
l'oraison  funèbre  du  défunt  grand -duc  de  Bade,  il  fut  ensuite 
professeur  de  théologie  et  régent  au  séminaire  de  Lucerne.  Mais, 
lui  trouvant  des  tendances  trop  libérales ,  le  clergé  et  le  nonce 
obtinrent  sa  destitution  en  1814.  II  fut  alors  appelé  à  Breslau  par 
le  ministère  prussien  et  devint,  à  partir  de  1815,  professeur  et 
membre  du  chapitre  de  la  cathédrale.  Mais  là  aussi  il  entra  en 
conflit  avec  l'évêque,  l'université  et  le  pouvoir  séculier;  il  y  mou- 
rut en  1827.  Il  croyait  bien  faire  en  unissant  à  ses  convictions 
catholiques  l'illuminisme  le  plus  excessif.  Quoiqu'il  ait  grande- 
ment souffert  pour  sa  foi  à  Strasbourg  et  qu'il  ait  très  magnifi- 


'  T.   V,    p.    1194   sq.    et  1252   sq.  ;    du   xviii«   et  du    commencement  du 
xix«  siècle,  t.  viii,  p.  627  sq.  et  794  sq. 


CHAPITRE  XI  363 

quemenl  écrit  sur  la  constance  dans  la  foi  à  Jésus-Christ,  il  prêta 
cependant  serment  à  la  constitution  civile  du  clergé  français  et 
fut  en  Allemagne  du  parti  de  ceux  qui  voulaient  la  séparation  de 
l'Eglise  d'avec  Rome.  Sous  les  dehors  d'une  grande  piété  envers 
la  sainte  Ecriture,  il  dissimulait  dans  son  exégèse  un  complet 
rationalisme.  En  1792,  il  publia  à  Augsbourg,  en  quatre  volumes, 
un  Bréviaire  allemand  pour  les  couvents  de  dames,  les  monas- 
tères de  viercjes  et  pour  tout  hon  chrétien.  Cet  ouvrage  portait 
aussi  le  titre  :  Livre  d'édification  à  l'usage  des  chrétiens  catho- 
liques pour  tous  les  Jours  de  l'année,  Erhauungsbuch  fur  katho- 
lische  Chrisfen  auf  aile  Tage  des  Kirchenjahres.  Il  reçut  l'ap- 
probation des  ordinaires  dAugsbourg,  Cologne,  ^^'orms  et  Cons- 
tance. L'évêque  François-Louis  de  Wûrzbourg  l'avait  en  si  haute 
estime ,  qu'il  en  faisait  usage  au  lieu  de  son  Bréviaire  latin  et 
qu'il  en  permit  l'emploi  à  ses  prêtres.  Mais  lorsque  lex-jésuite 
Rôszle  y  eut  découvert  plusieurs  erreurs  dogmatiques,  le  vicaire 
général  d' Augsbourg  retira  l'approbation  donnée  le  1"  mai  1791 
et  défendit  l'usage  de  ce  Bréviaire  en  1796.  Toutefois,  il  fut 
employé  longtemps  encore,  de  préférence  au  Bréviaire  latin, 
surtout  dans  les  monastères  de  femmes ,  mais  aussi  par  des 
prêtres,  même  des  évêques  et  des  chanoines,  dans  le  sud  et  le 
sud-ouest  de  l'Allemagne.  Le  vicaire  général  de  Constance, 
AVessemberg  : -J-  1860),  lui  donnait  encore  en  1807  une  chaude 
recommandation.  Et  il  fut, par  la  suite,  souvent  réimprimé  jusqu'en 
1821,  à  Heilbronn  :  1803,  1805)  et  à  Rottenbourg  '1809,  6^  édi- 
tion). 

Disposition  de  ce  Bréviaire.  —  L'auteur  déclare,  dans  la  pré- 
face de  la  troisième  édition,  qu'il  a  composé  le  Bréviaire  alle- 
mand pour  des  couvents  de  dames  et  des  monastères  de  vierges, 
sur  l'ordre  et  d'après  le  plan  du  vénéré  archevêque  de  Cologne, 
Maximilien-François,  de  la  maison  d'Autriche,  en  1790  et  1791. 
Ses  collaborateurs  ont  été  :  Charles  de  Wreden,  conseiller  secret 
de  l'électeur  de  Cologne,  plus  tard  conseiller  consistorial  de  l'ar- 
chevêché de  Salzbourg,  et  M.  Metternich,  jadis  (jusqu'en  1773 
ou  1775?)  jésuite,  et  alors  curé  de  Bonn. 

Voici  la  disposition  de  ce  Bréviaire  allemand  :  trois  Heures , 
du  matin,  de  l'après-midi  et  du  soir,  ou  Matines,  \'épres  et 
Compiles,  sont  les  seules  Heures  canoniales.  Les  Matines  com- 
mencent par  une  prière  du  matin,  la  même  pour  tous  les  jours 


364  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

de  la  semaine  :  «  Dieu  tout -puissant,  excellent  père,  c'est  par 
ta  g'râce  que  je  vois  ce  jour;  sois  aussi  mon  père  pour  aujour- 
d'hui et  bénis  mes  intentions...  »  Puis  :  «  ^.  Seigneur,  ouvrez 
mes  lèvres,  r).  Pour  que  ma  bouche  chante  vos  louanges,  f.  Sei- 
gneur, venez  à  mon  aide.  ^.  Seigneur,  hâtez-vous  de  me  secou- 
rir. Gloire  soit  au  Père,  etc.  ^.  »  Puis  viennent  trois  psaumes. 
Dimanche,  ps.  xciv,  cm  et  cxlviii,  une  prière  avant  les  leçons  : 
<(  Esprit- Saint,  sous  la  direction  duquel  ont  été  composées  les 
saintes  Ecritures  pour  l'instruction  de  l'humanité,  éclaire  notre 
raison  et  échauffe  notre  cœur,  etc.  ^.  »  A  cela  on  ajoute  trois 
leçons;  à  certains  jours  (quelques  dimanches,  quelques  fêtes  de 
saints  et  fêtes  du  Seigneur  ou  de  la  sainte  Vierge),  il  y  a  une 
quatrième  leçon.  La  première  leçon  est  empruntée  au  Nouveau 
Testament ,  la  plupart  du  temps  à  l'Evangile  ;  la  deuxième  et  la 
troisième  se  composent  de  réflexions  insignifiantes  sur  le  texte 
de  la  première.  La  quatrième  leçon  des  jours  de  fêle  ou  des  prin- 
cipaux dimanches  contient  des  considérations  sur  la  fête  ou  un 
récit  de  la  vie  du  saint  fêté  ;  à  la  fin  se  trouve  encore  une  prière. 
On  n'a  comme  fêtes,  en  dehors  de  celles  de  Notre -Seigneur  et 
de  la  très  sainte  Vierge  (Conception,  Purification,  Annonciation, 
Visitation,  Assomption,  Nativité),  que  celles  qui  ont  pour  objet 
les  saints  nommés  dans  les  saintes  Ecritures  ou  dans  le  Nouveau 
Testament  ;  ainsi  les  saints  Apôtres  et  les  premiers  disciples  : 
saint  Marc,  saint  Barnabe,  saint  Timothée,  saint  Etienne,  puis 
saint  Joseph,  le  père  nourricier  du  Christ,  saint  Jean- Baptiste, 
sainte  Marie  Magdeleine,  les  saints  Innocents,  la  Conversion 
de  saint  Paul,  l'archange  saint  Michel,  la  fête  de  Tous  les  Saints 
et  la  commémoration  des  défunts. 

Les  Vêpres  commencent  ainsi  :  «  Seigneur,  venez  à  mon 
aide,  etc.  ^  ;  »  suivent  trois  psaumes  en  allemand,  le  dimanche  : 
ps.  xLvni,  xLix ,  cxxxvni  et  le  cantique  de  la  Vierge,  aussi  en 


'  AUmàchticjer  Gott,  gûtiffster  Vater,  durch  deine  Gnnde  hahe  ich  den 
heutigen  Tarj  erlebt.  Sei  auch  an  diesein  Tarje,  etc.  Vater,  segne  den 
Vorsatz...  Puis  f.  Herr,  ôffne  meine  Lippen.  il.  Auf  dass  mein  Mund  dein 
Lob  verkûnde.  f.  Gott,  merk  auf  meine  Hilfe.  R).  Eile,  Herr,  mir  beizusle- 
hen.  Ehre  sei  dem  Vater,  etc. 

2  Gôttlicher  Geist  !  iinter  dessen  Leitung  die  heiligen  Schriften  zur 
Belehrung  iind  Besserung  der  Menschheit  verfasst  loorden  sind,  erleuchte 
unsern  Verstand  und  erwàrme  unser  Herz. 

^  Gott,  merk  auf  meine  Hilfe,  etc. 


CHAPITRE  XI  365 

allemand,  le  Magnificat,  puis  une  prière  finale,  qui  varie  suivant 
le  temps  ou  la  fête  [de  tempore  aut  sanctis). 

Pour  les  grandes  fêtes ,  aux  Matines  comme  aux  Vêpres ,  on 
dit  des  psaumes  propres.  Mais  pour  tous  les  jours  de  la  semaine, 
à  cette  exception  près,  on  récite  ceux  qui  ont  été  déterminés  une 
fois  pour  toutes. 

Les  Complies  sont  toujours  les  mêmes  pour  tous  les  jours  de 
la  semaine  et  pour  toutes  les  fêtes.  Elles  se  composent  d'une 
«  confession  publique  après  un  court  examen  de  conscience  »  et 
commencent  ainsi  :  «  Dieu  tout-puissant  et  éternel,  prosterné  en 
ta  présence,  pénétré  de  douleur  et  de  repentir,  je  reconnais,  etc.  '.» 
Suivent  quelques  versets,  traduction  de  formules  d'absolution  et 
de  quelques  prières  du  Bréviaire  romain,  une  longue  prière  de 
remerciement  pour  les  bienfaits  reçus,  demande  de  secours  pour 
la  nuit  pour  tous  les  hommes.  Salve  Regina  en  allemand,  avec 
la  traduction  de  l'oraison  Gratiam  qusesumus ,'  prière  pour  les 
défunts  et  Pater,  Ave,  Credo. 

Bréviaire  de  Stattler.  —  L'ex-jésuite  Benoît  Stattler,  dont  plu- 
sieurs ouvrages  furent  mis  à  l'index,  conçut  aussi  le  plan  d'un 
nouveau  Bréviaire  ;  mais  il  voulait  changer  non  seulement  le 
texte,  mais  encore  le  titre,  et  il  donna  à  son  œuvre  le  nom  de 
Liber  Psalmorum  christianiis  seu  religio  christiana  in  exerci- 
tium  preciun  suh  forma  Psalmorum  reducta.  Augustœ  Vindel., 
17  89.  Le  livre  eut  beaucoup  de  succès  et  devint  pour  certains 
prêtres  un  vade  meciim  qui  remplaça  le  Bréviaire. 

Bréviaire  de  Sailer.  —  Le  très  savant  et  pieux  Jean-Michel 
Sailer,  mort,  en  1832,  évêque  de  Ratisbonne,  avait  été  quelque 
temps  jésuite  durant  sa  jeunesse,  avant  la  suppression  de  l'ordre. 
Dans  les  premières  années  de  sa  vie,  et  alors  qu'il  était  profes- 
seur à  Dillingen,  il  s'était  pénétré  du  rationalisme  de  son  temps 
et  n'avait  pas  des  idées  très  justes  sur  certains  points  de  la  théo- 
logie catholique.  Il  considérait  la  liturgie  plutôt  comme  un  moyen 
d'instruire  le  peuple  que  comme  une  représentation  des  mystères 
divins,  et  ne  pouvait  trouver  de  goût  au  sacrifice  de  louange  offert 
à  Dieu  au  nom  de  la  création  ou  au  caractère  de  médiateur  que 


1  Allmàchtiger,  ewiger  Gott  !  vor  deinem  heiligen  Angesichte  im  Staube 
erniedrigt,  von  Reue  und  Schmerzen  ganz  durchdrangen  hekenne  ich 
ôffentlich,  etc. 


366  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

pouvait  avoir  le  Bréviaire  pour  le  peuple  et  pour  l'Église.  Il 
communiqua  ses  idées  sur  ce  sujet  à  quelques-uns  de  ses  amis, 
sans  pourtant  songer  à  les  publier.  Un  curé  du  diocèse  de  Cons- 
tance (dans  la  partie  wurtembergeoise  de  ce  diocèse),  François 
Christmann ,  les  publia  sous  l'anonyme  des  initiales  E.  B.  M,*. 
Sailer  désirait  voir  le  Bréviaire  disposé  de  telle  sorte,  que  pre- 
mièrement il  fût  court,  deuxièmement  riche  en  indications  nom- 
breuses et  utiles  au  clergé,  troisièmement  qu'il  fût  un  compen- 
dium  de  la  sagesse  et  de  la  piété  chrétiennes.  Puis  on  devait 
y  introduire  plus  de  variété,  et  les  mêmes  formules  de  prières  ne 
devaient  pas  se  répéter  chaque  jour.  Le  texte  devait  être  em- 
prunté aux  psaumes,  aux  cantiques  de  la  sainte  Ecriture  (Ancien 
et  Nouveau  Testament),  à  la  prière  dominicale,  aux  collectes  de 
l'Eglise  et  aux  Psalmi  chrisliani  composés  par  Stattler  ;  puis 
aux  passages  didactiques  des  saintes  Ecritures,  aux  ouvrages 
des  Pères,  aux  biographies  sérieuses  des  saints  et  aux  décrets  et 
canons  de  l'Eglise.  En  terminant,  Sailer  recommandait,  comme 
types  d'un  tel  livre,  le  Bréviaire  des  mauristes  et  celui  des  béné- 
dictins de  Saint- Biaise,  dans  la  Forêt- Noire.  Mais  on  ne  doit 
pas  entendre  ces  derniers  mots  de  l'ancien  Bréviaire  approuvé 
à  maintes  reprises  par  les  papes  et  les  conciles  et  prescrit  par  le 
pape  Paul  V  à  tout  l'ordre  bénédictin,  mais  bien  du  Bréviaire 
réformé  de  la  congrégation  franco-lorraine  de  Saint-Vannes  et 
Saint- Hidulphe,  publié  en  1777  à  Nancy,  en  quatre  volumes 
in- 12.  Il  différait  en  de  très  nombreux  passages  du  premier  et 
n'avait  de  commun  avec  lui  que  la  répartition  des  psaumes  entre 
les  jours  de  la  semaine.  Il  fut  introduit  à  Saint- Biaise  par  la 
propre  autorité  de  l'abbé,  à  la  fin  du  xvni^  siècle,  à  la  place  du 
Bréviaire  approuvé  et  prescrit  pour  l'ordre,  et  il  est  encore 
employé,  dans  le  monastère  de  Saint- Paul  de  Lavanthal  (Carin- 
thie),  parles  descendants  des  anciens  moines  de  Saint-Biaise. 
Mais  ses  jours  sont  comptés. 

Dispositions  liturgiques  en  Wurtemberg.  —  Dans  l'État  de  Wur- 
temberg, qui,  par  la  sécularisation  de  1802  et  de  1803,  avait 
hérité  de  divers  districts  catholiques,  le  manifeste  d'organisation 


'  Joh.  Mich.  Sailers  Gedanken  von  der  Ah'Anderung  des  Breviers,  mil 
Anmerkuugen  hegleitet  iind  der  katholischen  Geistlichkeit  ziir  Selhstprû- 
fiing  vorgelegt  von  E.  B.  M.,  Ulm,  1792. 


CHAPITRE  XI  367 

de  1803  fixa  les  droits  des  ordinaires  catholiques  et  des  hauts 
dignitaires  de  l'Eg-lise.  Pour  les  affaires  qui  ne  sont  pas  purement 
spirituelles,  les  ordinaires  devaient  communiquer  avec  le  pre- 
mier sénat  du  gouvernement  constitué  à  Ellwangen  ;  nulle  ordon- 
nance, nul  châtiment  et  nulle  destitution  ne  pouvaient  être 
valables,  si  ce  dernier  n'en  était  informé.  Ce  gouvernement 
d'Elhvangen  rendit,  dès  1803,  une  ordonnance^  d'après  laquelle 
toute  réunion  au  chœur  ou  toute  récitation  en  commun  des 
Heures  du  Bréviaire  latin  était  désormais  supprimée.  Une  déci- 
sion du  conseil  ecclésiastique  de  1808  confirma  cette  ordonnance^. 
En  1811,  le  gouvernement  donna  Tordre  de  poser  la  question 
suivante  aux  examens  de  concours  pour  les  paroisses  :  «  Ne 
serait-il  pas  à  propos  que  de  nos  jours  les  évêques  déliassent  le 
clergé  soumis  à  leur  houlette  de  l'obligation  des  Heures  cano- 
niales, et  qu'est-ce  qui  pourrait  tenir  lieu  de  Bréviaire  chez  le 
clergé,  pour  qui  c'est  une  obligation  de  prier ^?  » 

Dans  le  grand-duché  de  Bade.  —  Dans  le  gran<l-duché  de  Bade, 
également,  où  le  savant  Wessenberg,  vicaire  général  de  Constance 
et  coadjuteur  du  u  prince  primat  »  Dalberg  de  Mayence  (vicaire 
général  depuis  1802,  coadjuteur  non  confirmé  par  Rome)  pour  le 
diocèse  de  Constance  jusqu'à  l'érection  de  l'archidiocèse  de  Fri- 
bourg  et  de  la  province  ecclésiastique  du  Haut-Rhin  (1827),  sut 
faire  accepter  ses  réformes  dans  le  culte,  la  discipline  et  la  cons- 
titution de  l'Eglise  ^,  l'aversion  contre  le  Bréviaire,  apanage  des 

1  Cf.  J.  J.  Lang,  Sammlung  der  katholischen  Kirchengeselze  Wiirttem- 
berys  (t.  x  de  la  Reyscherschen  Gesetzssnmmlung),  Tûbingen,  1836, 
p.  44,  "6,  222.  On  peut  voir  aussi,  pour  ce  point  et  pour  ce  qui  suit, 
Ignace  de  Longner,  Beitrlu/e  ziir  Geschichte  der  oherrheinischen  Kirchen- 
provinz,  Tiibingen,  1863,  p.  39  sq. 

2  Le  pape  Pie  VII  fut  extrêmement  surpris  qu'un  si  grand  nombre  d'ec- 
clésiastiques d'Allemagne  lui  demandassent  la  dispense  du  Bréviaire.  Il 
chargea  donc  un  théologien  allemand  de  composer  un  rapport  pour  savoir 
si  l'on  pouvait  ou  l'on  devait  accorder  cette  dispense  pour  l'Allemagne. 
Le  rapport  fut  pour  la  négative  (Geiger,  Ahhandliing  ûber  das  Brevier, 
dans  Schu,  De  Horis  can.,  p.  52). 

3  Jahresschrift  fur  Théologie  iind  Kirchenrecht ,  Ulm,  1815,  p.  233, 
rédigé  par  l'ex- bénédictin  de  Neresheim,  Benoît  Werkmeister.  On  peut 
voir  ses  idées  sur  la  liturgie  et  sur  la  vie  ecclésiastique  dans  Longner, 
p.  300,  307,  308.  Sur  la  conduite  du  conseil  ecclésiastique  catholique  de 
Stuttgart,  voir  Brïick,  Die  oberrheinische  Kirchenprovinz,  Mainz,  1888, 
p.  186  sq. 

<  Longner,  p.  180  sq.  Briick,  Geschichte  der  katholischen  Kirche  in 
Deutschland,  Mainz,  1887,  t.  i,  p.  145  sq.,  ISl   sq.  ;  p.  435,  l'ordonnance 


368  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

rationalistes,  se  fit  aussi  jour.  Wessenberg  dispensa  les  ecclésias- 
tiques, moyennant  quelques  légères  compensations,  de  l'obliga- 
tion du  Bréviaire  pour  tous  les  dimanches  et  de  Tabstinence ,  et 
il  maintint  ces  dispenses  après  que  Pie  VII  les  eût  toutes  deux 
condamnées  par  un  bref  du  4  février  1809.  Plus  tard,  les  direc- 
teurs du  séminaire  (de  Meersburg,  dans  la  suite  transporté  à 
Saint- Pierre)  expliquèrent  à  leurs  élèves  le  Bréviaire  romain 
et  leur  enseignèrent  à  le  réciter.  Le  ministère  de  Carlsruhe  les 
blâma  et  demanda  à  l'ordinaire  de  mettre  un  terme  à  cette  façon 
d'agir  monacale*.  Aussi,  lorsque,  le  5  juin  1837,  Tévêque  Keller 
de  Rottenbourg  publia  une  <.<  disposition  générale  pour  le  ser- 
vice divin  »,  on  put  dire  d'elle  avec  raison  qu'elle  s'était  donné, 
du  moins  en  apparence,  la  tâche  de  se  rapprocher  intérieurement 
et  extérieurement  du  protestantisme ,  autant  qu'il  était  possible 
de  le  faire  sans  abandonner  formellement  le  dogme  catholique;  de 
toutes  les  parties  du  grand-duché  de  Bade,  le  clergé  lui  envoya 
des  adresses  d'adhésion^. 

Retour  au  romain.  —  Rappelons -nous  encore  la  tempête  sou- 
levée à  l'occasion  de  la  question  du  célibat,  après  1830  ;  il  nen 
faudra  pas  plus  pour  nous  expliquer  que,  dans  le  \\'urtemberg, 
les  ecclésiastiques  ne  récitaient  pas  leur  Bréviaire.  Ce  ne  fut 
que  sous  l'évêque  von  Lipp,  lorsque  le  docteur  Mast  fut  mis  à  la 
tête  du  séminaire  de  Rottenbourg,  qu'un  mouvement  plus  favo- 
rable se  produisit  (1846  ou  1848).  Ce  ne  fut  que  sous  le  vaillant 
archevêque  et  confesseur  de  la  foi  Hermann  de  Vicari ,  dans 
l'automne  de  1846,  et  dans  des  exercices  de  retraite  très  suivis 
et  dirigés,  au  séminaire  de  Saint -Pierre  de  Fribourg,  par  le 
curé  docteur  Westhoff  (plus  tard  directeur  du  séminaire  de  Co- 
logne), que  quelques  prêtres  vénérables  par  l'âge  apprirent 
à  réciter  le  Bréviaire  et  se  rajeunirent  dans  un  esprit  vraiment 
ecclésiastique^.  Vers  ce  même  temps  ou  quelque  dix  ans  plus 

de  Wûrttemberg  de  1808,  l'explication  de  l'évangile  tirée  du  Bréviaire  de 
Dereser;  p.  i37  sq.,  les  ordonnances  liturgiques  de  la  puissance  séculière 
et  les  réformes  de  Wessenberg. 

1  Stolz,  Nachtgehel  meines  Lebens,  Freiburg,  1885,  p.  191. 

2  Le  Kalholik,  Spire,  juillet  1839,  p.  151.  L'ordonnance  complète  s'y 
trouve  dans  les  mois  de  mai,  juin  et  juillet. 

3  Maas,  Geschichle  der  katholischen  Kirche  im  Grossherzogthum  Baden, 
Freiburg,  1891,  p.  193.  On  y  trouve  la  défense  du  clergé  badois  par  Alban 
Stolz,  parue  dans  le  Kalholik,  contre  les  accusations  de  YUnivers  du 
29  septembre  1849. 


CHAPITRE  XI  369 

tôt,  les  évêques  d'autres  diocèses,  aussi  bien  du  nord  et  du  centre 
de  l'Allemagne  que  du  sud-ouest,  où  l'on  souffrait  encore  du  josé- 
phisme,  avaient,  dans  des  exhortations  et  des  lettres  pastorales, 
rappelé  à  leur  clergé  l'obligation  du  Bréviaire.  C'est  ce  qu'avaient 
fait  les  évêques  de  Culm,  de  Paderborn,  de  Trêves,  de  Wiirzbourg, 
de  Mayence,  de  Saint-Gall,  de  Saint-Pôlten,  d'Eichstatt,  de  Spire, 
de  Ratisbonne,  de  Linz.  D'autres  le  firent  bientôt  après,  comme 
les  évêques  de  Rottenbourg,  les  archevêques  et  évêques  de  Vienne, 
Prague,  Gran,  Fiïnfkirchen  et  de  toute  la  Hongrie.  Le  gouver- 
nement faisant  valoir  la  nécessité  et  l'utilité  d'une  réforme  par- 
tielle ,  les  évêques  répondaient  qu'il  n'y  avait  nul  besoin  de 
réforme  ;  mais  ceux  qui  tenaient  une  réforme  pour  convenable  et 
opportune  la  voulaient  faite  par  le  saint-siège  ;  seul  Szepesy 
pensa  quelque  temps  à  une  réforme  personnelle  ^  Partout  il 
n'était  question  que  du  Bréviaire  romain,  si  bien  que  l'invitation 
adressée  par  Pie  IX  avec  l'encyclique  du  9  novembre  1846,  à  tous 
les  évêques  de  l'univers,  de  veiller  à  ce  que  leur  clergé  s'acquittât 
de  la  charge  officielle  des  Heures  canoniales  suivant  les  inten- 
tions et  les  prescriptions  de  l'Eglise^,  put  être  rendue  efficace  au 
delà  même  de  ce  qu'on  avait  tout  d'abord  espéré.  Et  ainsi  tout 
le  clergé  séculier  catholique  du  monde  latin  (a  l'exception  de 
Milan,  de  Tolède  et  de  tous  les  propres  des  saints  des  diocèses) 
rend  à  Dieu,  par  la  récitation  du  Bréviaire  romain,  la  même 
louange  d'un  seul  cœur  et  d'une  seule  bouche. 

Bréviaire  de  Moser.  —  Parmi  les  tentatives  de  réforme  nées  en 
Allemagne,  nous  devons  encore  en  mentionner  une  qui  semble 
avoir  été  accueillie  favorablement  par  une  certaine  partie  du 
clergé.  Il  s'agit  du  Breciarium  Romanum  pro  ecclesiasticis  et 
sœcalarihus,  Monachii,  1815  (typis  losephi  Zancflianis,  iiï-8° , 
734  et  cxii  pages),  édité  par  Moser,  curé  d'Ebs,  dans  l'archi- 
diocèse  de  Salzbourg.  Il  doit  avoir  été  approuvé  par  le  consis- 
toire de   Salzbourg   et    par   l'évêque  d'Augsbourg,   Christophe 

'  On  trouve  les  ordonnances  dont  nous  parlons  dans  Roskovâny,  t.  v, 
p.  753-1067  (à  propos  de  Szepesy,  ihid.,  t.  v,  p.  •c.xxxii),  et  t.  viii, 
p.  208-609. 

*  Ul  universi  ecclesiastici  viri...  intimo  pietatis  sensu  sine  intermissione 
instent  obsecrationihus  et  precihus  et  canonicas  horas  ex  Ecclesise  prse- 
cepto  persolvant,  quo  et  divina  sihi  auxilia  ad  gravissima  offîcii  sui  mu- 
nera  obeunda  impetrare  et  Deuni  christiano  populo  placalum  ac  propitium 
reddere  possint. 

Brév.,  t.  II.  24 


370  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Stadion  (si  Ton  en  croit  la  préface,  à  la  page  12  ;  cf.  Roskovâny, 
t.  V,  p.  1255).  Ce  Bréviaire  est  un  abrégé  du  romain  ;  il  contient 
par  exemple  pour  les  Matines  du  dimanche,  Tinvitatoire,  comme 
ce  dernier,  avec  le  Vernie  exultemiis  et  Ihymne  Nocle  siirgen- 
tes.  Puis  suivent  trois  psaumes  (ps.  un,  cxlh  ,  cxlvi)  et  le 
verset  Exaltare.  Puis  trois  leçons  tirées  du  Proprium  de  tem- 
pore  ou  sancioriim,  avec  deux  répons  et  le  Te  Deiim.  Les  Laudes 
se  composent  de  deux  psaumes  (xcn  et  xcix)  et  du  Benedicile  ' 
suit  un  capitule,  une  hymne  (très  courte  :  deux  strophes),  avec 
doxologie  tirée  de  YjEferne  reriim  condilor,  verset,  une  antienne 
et  le  cantique  Benediclus  et  une  oraison.  Prime  se  compose  d'une 
hymne  et  de  deux  psaumes  (lxh  et  lxvi),  d'un  capitule,  d'un 
répons,  d'une  oraison  et  àes  preces,  comme  au  Bréviaire  romain. 
Les  autres  petites  Heures  ont  avec  Thymne  un  psaume  seule- 
ment ou  seize  versets  du  psaume  cxvni.  Les  Vêpres  se  composent 
de  trois  psaumes,  d'une  hymne  et  du  Magnificat,  avec  oraison; 
les  Compiles,  du  Confileor  avec  absolution,  de  trois  psaumes 
(xxx,  xc,  cxxxni),  d'une  hymne,  d'un  capitule,  d'une  oraison, 
d'une  bénédiction  [Benedical)  et  de  l'antienne  finale  à  la  sainte 
Vierge.  Les  psaumes  et  les  hymnes  varient  pour  les  jours  de 
fête.  Les  leçons  se  composent  alors  d'une  homélie  sur  l'évangile 
(la  plupart  du  temps  celle  du  Bréviaire  romain).  Pour  les  fêtes 
des  saints,  les  deux  premières  leçons  sont  empruntées  à  la  vila 
ou  légende,  la  troisième  à  l'homélie.  Il  n'y  a  d'antiennes  que 
pour  le  Benediclus  et  le  Magnificat.  Les  répons,  entre  les  leçons, 
sont  écourtés,  combinés,  réformés  arbitrairement.  Grégoire  VII 
est  admis,  mais  avec  une  légende  réduite  '.  Les  textes  sont,  à  part 
les  abré\iations  et  beaucoup  de  capitules  empruntés,  il  semble, 
au  Bréviaire  gallican  de  Paris ^  ceux  de  l'office  romain.  Après 
le  Commune  viennent  trente -cinq  passages  plus  étendus  des 
épîtres  apostoliques  et  de  l'Apocalypse,  dont  chacun  sert  de  Scri- 
piura  occurrens  pour  les  jours  ordinaires,  qui  n'ont  pas  de  fête 
ou  d'évangile. 


'  On  a  C(jnimc  deuxième  répons  de  Sun  office,  p.  442  :  Servum  Dei  non 
oportet  liticfare,  sed  mansuetum  esse  nd  oinnes.  Dans  le  Commune  san- 
ctorum,  VOfficium  in  feslis  B.  M.  V.  a  la  première  place;  puis  vient  un 
Commune  amjelorum,  puis  Apostolorum  et  Kvanyelislarum,  unius  Mar- 
tyris,  Martyrum  tempore  paschali,  plurimorum  Marlyrum,  Conf.  Pon- 
tificis,  Conf.  non  Pont.,  Viryinum,  non  Viryinum,  Dedicalio. 


CHAPITRE  XI  371 

Le  Bréviaire  est  ainsi  un  mélange  d'éléments  piano -romains, 
de  Quignonez  et  du  Bréviaire  gallican.  Les  antiennes,  oraisons, 
évangiles,  hymnes  sont,  pour  la  plupart,  ceux  du  Bréviaire 
romain.  Pour  quelques  fêtes  de  saints  et  in  diebus  infra  Octa- 
vam,  la  troisième  leçon  est  la  seule  empruntée  à  l'Ancien  Tes- 
tament ou  aux  épîtres  de  saint  Paul.  Les  fêtes  romaines  les  plus 
récentes  sont  presque  toutes  adoptées. 


CHAPITRE    XII 

TENTATIVE  DE  RÉFORME  SOUS  LE  PAPE  BENOIT  XIV 

ET  PROJETS  DE  SES  SUCCESSEURS 

(xviii«*,  xix^  siècles) 

Benoît  XIV  est  le  plus  éminent  canoniste  des  temps  modernes, 
peut-être  le  plus  célèbre,  en  tout  cas  le  plus  savant  de  tous  les 
papes  du  xvin^  siècle.  Tenant  compte  des  plaintes  élevées  de  toutes 
parts  et  des  réclamations,  en  partie  justifiées,  venues  de  ITtalie, 
de  la  France  et  de  FAllemagne,  au  sujet  de  la  correction  des 
Heures  canoniales,  il  avait  dressé  le  plan  d'une  complète  réorga- 
nisation de  l'office  et  d'une  transformation  du  Bréviaire. 

Actes  de  la  Commission.  —  L'histoire  de  la  tentative  faite  pour 
réaliser  ce  plan,  et  les  actes  et  travaux  de  la  Commission  établie 
par  Benoît  dans  ce  but,  sont  longtemps  demeurés  ignorés.  Dom 
Guéranger  les  avait  vainement  cherchés  dans  ses  différents 
voyages  à  Rome^  C'est  le  savant  et  studieux  évêque  de  Neutra, 
Aug.  Roskovâny,  qui  eut  le  bonheur  de  les  découvrir,  en  1856, 
dans  la  Bihliotheca  Corsini,  à  Rome;  ils  ont  enrichi  le  cin- 
quième volume  de  son  ouvrage  Ccelihatus  et  Breviarium ,  Pes- 
thini ,  1861  (le  premier  qui  traite  du  Bréviaire).  Les  actes  se 
trouvent  dans  un  rapport  que  Valenti ,  alors  promoteur  de  la  foi, 
écrivit  plus  tard  pour  le  cardinal  Néréo  Corsini.  D'autres  pièces 
ont  été  publiées  par  un  prélat  français,  M^''  Chaillot,  dans  les 
Analecfa  iiiris pontificii,  1881 ,  1885,  1886  et  1887,  particulière- 
ment dans  le  tome  xxiv  (1885).  Mais  les  documents  conservés 
à  la  Corsiniana  ne  sont  pas  tous  publiés.  M.  Batiffol,  le  premier, 
a  exposé  l'histoire  de  cette  Congrégation  et  de  ses  travaux  en 
s'appuyant  sur  ces  documents  et  sur  des  lettres  de  Benoît  XIV, 
qu'il  eut  le  mérite  de  découvrir  dans  les  archives  du  ministère 
des  affaires  étrangères  de  Paris  ■^.  Outre  les  documents  que  nous 


'  Guéranger,  Inst.  liturg.,  t.  ii,  p.  527-528. 
*  Batiffol,  Hist.  du  Brév.  rom.,  p.  276  sq. 


CHAPITRE  Xll  373 

venons  de  mentionner  (co(/fces  36  / -363,  actuellement  ,3  9.  c.  1-3, 
de  la  Corsiniana)^  je  me  suis  servi  du  codex  XIV  de  la  biblio- 
thèque du  monastère  de  Saint -Paul  hors  les  murs,  qui  ren- 
ferme les  notes  et  les  pièces  du  cardinal  Tamburini,  0.  S.  B., 
alors  préfet  de  la  Cong-régation  des  Rites  (cardinal  en  1742, 
•j-  1769),  sur  ces  travaux,  et  de  la  sorte  je  me  trouve  en  état  de 
compléter,  à  Toccasion ,  les  autres  historiens. 

Luigi  Valenti  Gonzaga ,  neveu  du  cardinal  Silvio  ^'alenti  Gon- 
zaga,  secrétaire  d'Etat  du  pape  Benoît  XIV,  créé  cardinal  après 
la  mort  de  Benoît  (1759),  était  secrétaire  de  la  Commission 
instituée  par  le  pape ,  et  à  ce  titre  il  est  le  garant  le  plus  véri- 
dique  de  son  histoire.  Nous  suivons  son  récit  en  retranchant  la 
dédicace  de  son  œuvre,  qu'il  dépose  aux  pieds  du  cardinal  Cor- 
sini  et  qu'il  destine  à  sa  bibliothèque.  Nous  omettons  également 
les  préliminaires  historiques  qui  précèdent  son  rapport ,  et  où  il 
expose  les  idées  en  vogue  autrefois  sur  l'histoire  de  l'office  en 
général  et  du  Bréviaire  romain  en  particulier-, 

Benoît  XIV,  animé  du  même  zèle  que  ses  glorieux  prédéces- 
seurs, saint  Pie  V,  Clément  VIII,  Urbain  VIII,  pour  la  pureté  de 
la  liturgie  et  pour  la  splendeur  de  l'office  divin,  a  cru  lui  aussi, 
dès  le  début  de  son  pontificat,  devoir  tout  tenter  pour  ramener  le 
Bréviaire  romain  à  son  antique  simplicité  et  pour  faire  disparaître 
entièrement  les  taches  qui  en  obscurcissaient  l'éclat  vénérable.  Il 
éprouvait  lui-même  le  profond  besoin  d'une  amélioration  ou  d'une 
résurrection  des  choses  du  passé ,  et  il  croyait  en  même  temps 
aller  par  là  au-devant  des  désirs  d'un  grand  nombre  de  savants 
et  de  connaisseurs  de  l'antiquité  ecclésiastique  ^  Le  pape  s'entre- 
tint à  plusieurs  reprises,  et  familièrement,  avec  le  promoteur  de 
la  foi ,  L.  Valenti ,  du  plan  qu'il  avait  tracé  dans  ce  but  ;  puis , 
en  1741 ,  il  établit  une  Commission  ou  Congrégation  qui  devait 
étudier  les  questions  difficiles  et  préparer  les  propositions  néces- 
saires. Les  lettres  du  cardinal  secrétaire  d'Etat  où  sont  commu- 
niquées à  Ms'  Valenti  les  résolutions  de  Sa  Sainteté  et  les  nomi- 


*  Quum  sanctissimus  Dominiis  nosler  votis  doctissimorum  vivorum  satis- 
fieri  vellet,  qui  iamdudum  conquesti  fuerant  plura  in  hodiernum  Brevia- 
rium  romanum  irrepsisse ,  qiise  emendatione  indiffèrent,  suorum  prsede- 
cessorum  more,  qui  ad  idem  opus  perficiendum  curam  omnem  conlulerunl, 
congregationem  theolofforum  ac  canonistarum  peculiarem  instituit,  qui 
difjfîcillimum  opus  aggrederentur  [cod.  XIV  S.  Pauli,  fol.  3). 


374  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

nations  de  divers  personnages  comme  membres  ou  consulteuis 
de  la  Commission  sont  datées  des  6,  8  et  11  juillet  1741,  Une  autre 
lettre  importante  de  la  secrétairerie  d'Etat  est  du  3  février  1744; 
elle  confiait  à  l'examen  des  cardinaux  Gentili,  Monti,  Valenti , 
Tamburini  et  Besozzi  les  projets  élaborés  jusque-là  par  la  Con- 
grégation^ ;  enfin  une  troisième,  du  8  mai  1744,  nommait  d'autres 
consulteurs. 

Composition  de  la  Commission.  —  La  Commission  ou  Congré- 
gation chargée  des  travaux  préparatoires  se  composait  :  1  )  du 
secrétaire  de  la  Propagande,  Philippe -Marie  Monti  (-j-  1754), 
qui,  la  même  année  1741  ,  publiait  un  ouvrage  plus  académique 
et  littéraire  que  profond  et  érudit  sur  les  cardinaux  célèbres  : 
Elogia  ca.rdina.lium  pielate,  doclrina  et  rébus  pro  Ecclesia  gestis 
illustrium ,  Romae,  1741;  2)  au  second  rang,  nous  avons  à  nom- 
mer :  Nicolas  Antonelli,  secrétaire  du  Sacré  Collège  des  cardi- 
naux, plus  tard  cardinal  lui-même  (-|-  1767),  auteur  ou  éditeur 
de  plusieui's  savants  ouvrages^;  3)  un  chapelain  du  pape,  le 
savant  Dominique  Giorgi  (•]•  1747),  de  l'école  de  Muratori, 
auteur  du  précieux  ouvrage,  devenu  rare  :  De  Liturgia  Romani 
Pontificis  in  solemni  celehratione  Missarum  (3  vol.,  Romae,  1731- 
1744),  et  de  quelques  autres  traités  sur  le  rite  de  la  chapelle  papale 
et  des  fonctions  pontificales  ;  en  1745,  il  publia  aussi  une  édition 
splendide  du  Martyrologe  d'Adon.  Comme  théologiens,  on  leur 
adjoignit  :  4)  Jean -Thomas  Sergio  {in  Madonna  dei  Monti), 
consulteur  de  l'Inquisition  ;  5)  François  Baldini,  de  l'ordre  des 
Somasques,  consulteur  de  la  Congrégation  des  Rites  ;  6)  Antoine- 
André  Galli,  chanoine  régulier  de  Saint -Jean  de  Latran,  dont 
le  monastère  était  situé  in  S.  Piètre  in  Vincoli ;  7)  Antoine- 
Marie  Azzoguidi,  mineur  ou  franciscain  conventuel  du  monas- 
tère  des   Douze -Apôtres.    8)   Valenti    était   nommé    secrétaire. 


1  Cod.  Corsin.  362  [=  39,  c.  2),  fol.  1  et  177. 

2  Antonelli  donna  en  1746  Veditio  princeps  du  commentaire  grec  sur  les 
psaumes,  que  lui  et  d'autres  attribuaient  à  saint  Athanase,  ce  qui  explique 
pourquoi  le  commentaire  a  été  imprimé  aussi  parmi  les  Opéra  Athanasii 
de  l'édition  de  Migne.  Déjà  auparavant  N.  Antonelli  avait  écrit  :  De  titu- 
Us,  quos  S.  Evaristus preshyteris  romanis  distrihuit  (Romae,  1725,  in-8»), 
et  plus  tard  il  fournit  quelque  contribution  à  l'édition  d'Azevedo  du  Vêtus 
Missale  romanum  monasticum  Lateranense  prsefationibus  et  nolis  illii- 
stratum  (Romae,  1756,  in-4''). 


CHAPITRE  XII  375 

Plus  tard,  en  1744,  vinrent  s'ajouter  Orlandi,  célestin,  Giuli, 
jésuite,  et  Lercari ,  secrétaire  de  la  Propagande  après  l'élévation 
de  Monti  au  cardinalat. 

Dès  la  première  session  du  14  juillet  1741 ,  qui  se  tint  chez 
Valenti,  tous  les  membres  de  la  Congrégation  étaient  unanimes 
en  principe  à  reconnaître  la  nécessité  d'une  revision  et  d'une 
amélioration  du  Bréviaire.  Les  opinions  ne  difTéraient  que  sur 
la  question  de  savoir  comment  s'exécuterait  cette  réforme  et  par 
où  on  la  commencerait. 

Deux  mémoires.  —  Benoît  XIV  avait  communiqué  à  la  Com- 
mission deux  mémoires  concernant  la  correction  du  Bréviaire, 
qu'il  avait  reçus  d'Italie  et  de  France;  du  moins  l'un  est  écrit 
en  français,  l'autre  en  italien;  ils  forment  les  Moniimenfa  ii 
et  ni  des  volumes  de  la  Corsiniana,  qui  contiennent  le  rap- 
port de  Valenti;  mais,  autant  que  je  sache,  ils  n'ont  pas  encore 
été  publiés  jusqu'ici.  Le  mémorandum  italien  réclame  simple- 
ment une  «  expurgation  «.  Il  établit  une  distinction  entre  les 
pièces  essentielles,  qui  constituent  le  rite  romain  (nombre,  ordre, 
partage  des  Heures  canoniales,  nocturnes,  ordre  des  antiennes, 
des  leçons,  des  collectes),  et  les  formes  accessoires  ou  les  élé- 
ments variables,  tels  que  le  calendrier,  le  texte  des  leçons,  des 
répons  et  des  antiennes.  Ces  derniers  auraient  tous  besoin  d'une 
réforme;  pour  les  premières,  il  serait  difficile  de  les  changer 
sans  détruire  le  caractère  du  rite  romain.  Le  mémoire  français, 
qui  débute  ainsi  :  «  Une  des  choses  les  plus  désirables  pour  la 
gloire  de  Dieu  et  le  bien  de  son  Eglise  serait  la  réformation  des 
livres  de  l'Eglise,  «  et  qui  se  termine  par  :  «  n'avoir  qu'un  lan- 
gage et  une  manière  de  prier,  Erat  aufem  terra  labii  unius  et  ser- 
monum  eorumdem,  »  y  va  dune  manière  beaucoup  plus  radicale. 
Il  regrette  tout  d'abord  qu'il  y  ait  dans  le  Bréviaire  de  si  nom- 
breuses erreurs  échappées  à  la  diligence  des  correcteurs  anciens, 
et  que  la  critique  historique  avait  pourtant  signalées.  Dans  la 
répartition  des  psaumes,  il  est  fâcheux  que  certains  reviennent 
chaque  jour  ou  fort  souvent  dans  la  semaine,  tandis  que  d'autres 
ne  sont  presque  jamais  récités  ;  les  psaumes  les  plus  longs  et 
d'autres  formules  de  prières  s'accumulent  dans  les  offices  du 
dimanche  et  des  fêtes,  jours  où  les  prêtres  sont  déjà  suffisam- 
ment pris  par  le  ministère.  Parmi  les  antiennes  et  les  répons,  il 
y  en  a  un  grand  nombre  qui  n'offrent  aucun  sens  à  l'esprit, 


376  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

aucun  aliment  au  cœur,  et  qui  souvent  s'accordent  mal  avec 
Toffice  où  on  les  récite.  Parmi  les  fêtes  des  saints  récemment 
créées,  beaucoup  trop  de  doubles,  tandis  que  les  fêtes  des 
saints  anciens  étaient  seulement  de  rite  semidouble  ou  simple  ; 
la  fréquence  des  fêtes  doubles  a  Tinconvénient  de  ne  laisser 
célébrer  que  très  rarement  l'office  dominical,  qui  est  pourtant 
consacré  à  honorer  les  mystères  de  la  vie  de  Notre -Seigneur. 
C'était  là  la  raison,  pensait  l'auteur  du  promémoire,  pour 
laquelle  tant  d'évêques  avaient,  pour  le  malheur  et  la  perturba- 
tion de  la  liturgie ,  abandonné  le  Bréviaire  romain  et  adopté  des 
Bréviaires  diocésains. 

Les  idées  exprimées  dans  les  deux  mémoires  trouvèrent  aussi 
leurs  représentants  au  sein  de  la  Congrégation.  Dès  la  première 
session  (14  juillet  1741),  les  oppositions  éclatèrent.  Les  uns 
voulaient  que  l'on  discutât  d'abord  la  question  de  la  distribution 
des  psaumes.  Ils  louaient  celle  qu'on  avait  adoptée  dans  plusieurs 
églises  de  France ,  et  particulièrement  l'usage  de  ces  mêmes 
églises  de  réciter  les  psaumes  fériaux  aux  fêtes  des  saints  (à  l'ex- 
ception d'un  petit  nombre  de  fêtes  plus  élevées  ) ,  de  façon  qu'on 
récitait  ainsi  le  psautier  en  une  semaine.  D'autres  faisaient 
remarquer  que  l'Eglise  romaine  avait  toujours  été  et  devait  être 
tenace  dans  ses  traditions  ;  on  devait  se  défier  des  nouveautés , 
la  distribution  romaine  des  psaumes  était  antique  et  ne  pouvait 
être  abandonnée  à  la  légère.  D'ailleurs,  il  ne  s'agissait  pas  de 
refaire  l'ordre  entier  de  l'office  ;  la  tâche  des  consulteurs  n'était 
pas  de  créer  un  nouveau  Bréviaire,  mais  simplement  de  corriger 
celui  qui  existait.  Pour  le  moment,  on  devait  laisser  de  côté  la 
question  de  l'opportunité  d'une  autre  répartition  des  psaumes,  et 
discuter  avant  tout  le  calendrier  ou  le  nombre  et  l'ordonnance 
des  fêtes  de  l'année  liturgique.  Cette  proposition  fut  adoptée  à 
l'unanimité. 

Système  du  concile  de  Trente.  —  Puis  donc  que  l'on  convenait 
d'admettre  qu'il  s'agissait  simplement  de  corriger  le  Bréviaire 
existant ,  il  importait  de  savoir  quelle  avait  été  l'idée  directrice 
dans  les  réformes  antérieures,  notamment  dans  celle  de  saint 
Pie  V.  Valenti  eut  le  bonheur  de  découvrir  dans  la  Bibliothèque 
vaticane  un  document  qui  exprimait  nettement  quelle  avait  été 
la  pensée  des  Pères  du  saint  concile  de  Trente  et  des  papes 
Pie  IV  et  Pie  V,  relativement  à  une  correction  du  Bréviaire.  On 


CHAPITRE  XII  377 

en  trouve  le  texte  italien  dans  le  deuxième  volume  des  Actes 
recueillis  par  Valenti  ^ 

Valenti  soumit  à  la  Congrégation  cette  lettre  ou  relation  écrite 
sous  Pie  V.  On  y  vit  qu'aux  xv^  et  xvi^  siècles  l'office  férial 
entraînait  avec  lui  la  récitation  du  petit  office  de  la  sainte  Vierge 
et  de  l'office  des  défunts,  et,  de  plus,  en  Carême,  à  ces  mêmes 
jours  de  fériés,  la  récitation  des  psaumes  pénitentiaux  et  gra- 
duels, accompagnés  des  litanies  ;  et  à  toutes  les  Heures,  en  tout 
temps,  de  longues  prières  fériales.  Pour  se  soustraire  à  la  lourde 
charge  de  l'office  par  trop  étendu,  on  en  était  venu  à  assimiler 
les  fêtes  simples  (pour  lesquelles  on  récitait  l'office  comme  aux 
jours  de  férié)  aux  fêtes  de  neuf  leçons,  qui  se  faisaient  avec 
suppression  de  ces  prières  fériales  et  des  offices  surérogatoires , 
et  on  transférait  ces  fêtes  simples ,  lorsqu'elles  se  rencontraient 
avec  un  dimanche  ou  avec  quelque  autre  fête,  à  un  autre  jour 
libre.  On  prenait  alors  toutes  les  leçons  dans  la  Vita,  la  Passio 
ou  les  Actes  plus  ou  moins  authentiques  des'saints. 

Le  résultat  fut  qu'on  ne  récitait  presque  plus  l'office  férial  en 
Carême ,  malgré  les  prescriptions  antiques  du  droit  canon  ;  qu'en 
dépit  de  l'ancien  ordo  romain,  les  lectures  prescrites  de  la  Bible 
ne  se  présentaient  plus  que  fort  rarement,  et  qu'en  dépit  des 
ordonnances  de  saint  Grégoire  le  Grand,  qui  voulait  qu'un  clerc 
ne  pût  être  promu  à  l'épiscopat  s'il  ne  savait  tout  le  psautier 
par  cœur,  la  récitation  des  cent  cinquante  psaumes  dans  la 
semaine  devenait  impossible,  à  cause  de  la  répétition  quoti- 
dienne des  mêmes  psaumes  au  Commun  des  saints.  Pour  ces 
raisons.  Pie  V  avait  supprimé  le  privilège  des  fêtes  simples  et 
prescrit  les  psaumes  de  la  férié  pour  les  Matines  et  les  Vêpres 
de  ces  fêtes;  mais  il  interdit  leur  translation.  En  revanche,  il 
avait  levé  l'obligation  d'autres  prières,  à  l'exception  des  prières 
fériales ,  pour  l'Avent  et  le  Carême ,  et  avait  diminué  de  la  sorte 
le  Pensum  servitutis.  Il  avait  ordonné  enfin  que  l'on  emprunte- 
rait toujours  une  partie  des  leçons  à  la  sainte  Ecriture.  Pie  V 


1  Cod.  Corsin.  362  (=  39,  c.  2),  fol.  15-29.  Il  débute  ainsi  :  Perché  si 
comprenda  bene  in  che  consiste  la  correttione  del  Breviario  vecchio  qual'si 
è  fatta...  La  traduction  latine  se  trouve  dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  576  sq.  ; 
elle  commence  ainsi  :  Quum  notum  sit  (au  lieu  de  ut  innotescat)  in  quo 
consistât  correctio,  qase  in  antique  Breviario  facta  est.  Elle  est  très  défec- 
tueuse et  devrait  être  remplacée  par  la  publication  du  texte  original. 


378  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

avait  donc  réussi  à  établir  qu'un  tiers  seul  de  l'année  fût  occupé 
par  des  fêtes  doubles  et  semidoubles,  tandis  qu'il  restait  deux 
cent  trente  jours  pour  l'office  du  temps,  les  dimanches  et  les 
fériés.  Vers  1740,  la  situation  n'était  déjà  plus  la  même,  et  elle 
menaçait  de  varier  plus  encore,  au  préjudice  des  offices  fériaux. 
Le  nombre  des  fêtes  de  rite  double  et  semidouble  ou  des  fêtes 
de  neuf  leçons  était  de  deux  cent  vingt -huit;  à  ce  chiffre  s'ajou- 
taient trente -six  fêtes  mobiles  environ  (de  Notre -Seigneur,  de 
la  sainte  Vierge,  etc.),  de  sorte  qu'il  restait  à  peine  quatre-vingt- 
dix  jours  libres  ;  et,  en  certains  lieux,  ces  derniers  étaient  encore 
supplantés  par  les  fêtes  de  saints  locaux,  les  offices  propres  des 
diocèses  ou  des  ordres  religieux. 

La  situation  était  donc  en  1741  ce  qu'elle  avait  été  en  1568, 
et,  quelque  grandes  que  pussent  être  la  dévotion  et  la  préférence 
de  chacun  des  consulteurs  pour  tel  ou  tel  saint,  ou  pour  une 
catégorie  de  saints,  ou  pour  tous  en  bloc,  on  comprenait  géné- 
ralement qu'il  y  avait  là  matière  à  réforme.  Cela  ne  pouvait 
se  faire  que  par  une  réduction  considérable  ou  par  une  simplifi- 
cation du  calendrier,  soit  qu'on  effaçât  entièrement  un  grand 
nombre  de  noms,  soit  qu'on  réduisît  la  plus  grande  partie  des 
doubles  et  qu'on  en  fît  des  simples,  parce  que,  avec  l'office  de  ea, 
le  simple  seul  pouvait  permettre  la  récitation  hebdomadaire  du 
psautier. 

Réforme  touchant  les  fêtes  de  Notre -Seigneur.  —  Dans  les  nom- 
breuses sessions  qui  se  tinrent  du  11  août  au  21  novembre  1741, 
on  fit  tout  d'abord  l'application  de  ces  principes,  sur  lesquels  on 
était  tombé  d'accord,  aux  fêtes  du  Seigneur.  Les  six  grandes 
fêtes  de  Notre- Seigneur  :  Noël,  Epiphanie,  Pâques,  Ascension, 
Pentecôte  et  Fête-Dieu,  furent  mises  hors  de  cause.  On  hésita 
sur  la  question  de  savoir  s'il  ne  convenait  pas  de  restituer  à  la 
fête  de  la  Circoncision  (P""  janvier)  le  nom  à'Oclava  Domini, 
qu'elle  portait  dans  le  sacramentaire  grégorien  ;  cependant  on 
passa  outre.  Une  discussion  fut  entamée  au  sujet  de  la  fête  de  la 
Transfiguration,  qui,  du  moins  dans  l'Eglise  romaine,  est  de  date 
récente  (Calixte  III,  1453);  mais,  parce  que  l'on  découvrit 
qu'elle  était  reçue  depuis  fort  longtemps  en  dehors  de  Rome , 
chez  les  Latins  et  en  particulier  chez  les  Grecs,  on  décida  qu'on 
la  conserverait.  Même  cas  pour  la  fête  de  la  très  sainte  Trinité  ; 
cependant  on  la  maintint  à  condition  de  reviser  avec  soin  les 


CHAPITRE  XII  379 

antiennes  et  les  répons  de  son  office.  Les  fêtes  de  l'Invention  et 
de  TExaltation  de  la  sainte  Croix  soulevèrent  des  discussions 
très  vives  ;  quelques  consulteurs  voulaient  supprimer  radicale- 
ment la  fêle  du  3  mai  (Invention),  d'autres  voulaient  l'unir  à 
celle  du  14  septembre  (Exaltation),  d'autres  enfin  voulaient 
maintenir  les  deux  fêtes.  Un  instant  on  put  croire  que  la  fête 
de  l'Invention  disparaîtrait  définitivement  ;  puis  on  revint  plus 
tard  sur  la  question,  et  on  décida  à  la  fin  de  laisser  tout  comme 
par  le  passé.  Par  contre,  la  fête  du  saint  Nom  de  Jésus,  parce 
qu'elle  était  de  date  récente,  ne  trouva  pas  grâce  devant  les 
consulteurs  ;  sa  célébration  avait  été  d'abord  concédée  aux  mi- 
neurs, en  1530,  par  Clément  Ail,  et  fixée  pour  eux  au  14  jan- 
vier. Mais,  dans  l'Eglise  romaine,  elle  datait  de  vingt  ans  à  peine, 
puisque  Innocent  XIII  l'avait  étendue  à  TÉglise  universelle 
en  1721 ,  et  avait  fixé  sa  solennité  au  deuxième  dimanche  après 
l'Epiphanie.  Pour  cette  raison,  la  Commission  en  demanda  la 
suppression  ^ 

Les  fêtes  de  la  sainte  Vierge.  —  Le  jour  de  la  Présentation  de 
la  Vierge  (21  novembre  1741),  on  commença  les  discussions  sur 
les  fêtes  de  la  très  sainte  Vierge.  Les  fêtes  de  la  Purification,  de 
l'Annonciation,  de  l'Assomption  et  de  la  Nativité  furent  mises 
hors  de  cause,  parce  qu'elles  étaient  antiques  et  universelles. 
On  se  demanda  pourtant  si  la  fête  de  l'Assomption  ne  pourrait 
pas  avoir  un  nom  différent,  par  exemple,  celui  plus  antique  de 
Pausatio,  ou  Dormitio,  ou  Transi  tus ,  de  peur  que  par  cette 
consécration  du  titre  d'Assumpdo  dans  la  liturgie,  on  ne  sup- 
posât comme  de  foi  l'entrée  corporelle  de  Marie  au  cieP.  On  se 
demanda  aussi  si  l'Octave  de  cette  fête,  instituée  par  Léon  IV 
au  ix^  siècle,  serait  maintenue.  On  décida  à  l'unanimité  qu'il  n'y 
avait  rien  à  changer.  L'Octave  de  la  Nativité  de  la  sainte  Vierge, 
établie  par  Innocent  IV  au  premier  concile  de  Lyon  (1245),  fut 
aussi  conservée.  On  réservait  la  question  de  savoir  de  quel  degré 
seraient  ces  deux  Octaves. 


'  Iiu-ki)\àny.  t.  v,  p.  510-545.  Analecta  iiiris  pontif.,  t.  xxiv,  p.  519. 
Baliffol,  p.  283. 

*  N^e  forte,  quse  pie  creditiir  heatissimœ  Virginis  non  nnima  tantum, 
sed  etiam  in  corpore  in  caelos  commigratio ,  relenio  Assiimpiionis  nomine 
ad  fîdem  pertinere  aut  signifîcaretur  aul  significari  putarelur  ;|Rosko- 
vàny,  t.  V,  p.  545-546). 


380  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

On  n'y  alla  pas  aussi  franchement  dans  la  discussion  sur  TOc- 
tave  de  la  fête  de  l'Immaculée- Conception  ou,  comme  elle  s'ap- 
pelait officiellement,  de  la  Conception  (sans  l'addition  Imma- 
culée). Dans  la  session  du  2  février  1742,  il  fut  unanimement 
décidé  que  la  fête  elle-même  serait  maintenue,  comme  celle  de 
la  Visitation  au  2  juillet.  Mais  une  longue  et  vive  discussion 
s'engagea  au  sujet  de  son  Octave.  Les  uns,  adversaires  de  la 
doctrine  de  l'Immaculée  Conception  de  la  Mère  de  Dieu,  vou- 
laient supprimer  l'Octave  de  cette  fête;  quelques  consulteurs, 
partisans  de  cette  doctrine,  réclamaient  l'Octave,  parce  qu'ils 
craignaient  que  par  sa  suppression  l'autorité  de  la  doctrine  ne 
se  trouvât  diminuée.  Gomme  on  n'obtint  pas  l'unanimité  sur  ce 
point,  on  décida  de  s'en  remettre  au  pape  pour  la  solution.  La 
fête  de  la  Présentation  avait  été  supprimée  par  Pie  V,  comme 
nous  l'avons  vu,  et  rétablie  par  Sixte- Quint;  tout  d'abord,  on 
se  décida  pour  la  mesure  prise  par  Pie  V,  mais  plus  tard  la 
question  fut  reprise  et  on  suivit  la  décision  du  pape  Sixte-Quint. 
Les  autres  fêtes  de  la  sainte  Vierge  ne  trouvèrent  que  de  tièdes 
défenseurs.  Même  ceux  qui  étaient  pour  leur  maintien  étaient 
d'avis  que  celles  qui  tombaient  un  dimanche  devaient  être  trans- 
férées à  un  jour  fixe  du  mois,  pour  qu'elles  ne  fissent  pas  si  sou- 
vent tort  aux  offices  dominicaux  ^  Les  fêtes  du  Mont-Carmel  et 
de  la  Merci  (  16  juillet  et  24  septembre)  n'intéressaient  que  deux 
ordres  religieux,  et  les  fêtes  des  Fiançailles,  de  la  Translation  de 
la  sainte  Maison  à  Lorette  et  de  l'Expectation  ne  furent  pas 
discutées.  Ainsi  donc  on  pensait  que  les  autres  fêtes  de  la  sainte 
Vierge  (des  Sept- Douleurs,  du  saint  Nom  de  Marie,  du  Patro- 
nage et  celles  que  nous  avons  nommées,  peut-être  en  exceptait- 
on  la  fête  du  Rosaire)  pouvaient  être  supprimées. 


*  Displicebat  tamen  iisdem  dominicos  dies  festis  hisce  celehrandis  de- 
stinatos  fuisse,  quos  recolendis  longe  maiorihus  creationis  et  redemptionis 
beneficiis  consecravit  Ecclesia  (Roskovàny,  t.  v,  p.  547-548).  La  fête  du 
saint  Nom  de  Marie  était  la  plus  ancienne.  D'après  Batiffol  (p.  285),  elle 
avait  été  permise  par  Léon  X  en  1513,  pro  aliquihus  locis;  mais  elle  était 
fixée  au  17  septembre.  Lorsque  Innocent  XII  retendit  à  toute  l'Eglise, 
en  1693,  elle  fut  transférée  au  dimanche  infra  Octavam  Nalivitatis  B.  M.  V. 
La  fête  du  saint  Rosaire ,  établie  par  Grégoire  XIII ,  fut  étendue  à  toute 
l'Eglise  par  Clément  XI  en  1716.  Les  autres  fêtes  :  B.  M.  V.  de  Mercede, 
VII  Dolorum,  de  M.  Carmelo,  Patroeinium,  Desponsatio,  Translatio  Domus 
Laurelanœ  et  Exspectalio  Partus,  furent  toutes  établies  par  Benoît  XIII, 
1720,  1726  et  1727. 


CHAPITRE  XII  381 

Fêtes  des  Anges.  —  Le  9  mars  1742  commencèrent  les  discus- 
sions sur  les  fêtes  des  saints  Anges.  A  l'unanimité,  on  décida 
que  la  fête  de  saint  Michel,  archange  ( Dedicatio)^  serait  main- 
tenue au  29  septembre;  mais^  à  l'unanimité  aussi,  on  pensa  que 
celle  de  l'Apparition  de  saint  Michel,  au  8  mai,  n'intéressait 
que  le  diocèse  de  Siponto  et  qu'elle  devait  être  supprimée.  La 
fête  des  saints  Anges  gardiens ,  encore  qu'elle  fût  de  date 
récente  (elle  avait  été  établie  par  Paul  V  et,  d'une  certaine 
façon,  elle  faisait  double  emploi  avec  la  fête  de  saint  Michel,  in 
quo  omnium  sanctorum  Angelorum  memoria  celehratur) ,  fut 
conservée,  parce  qu'elle  servait  à  rappeler  souvent  aux  prêtres 
et  aux  fidèles  la  présence  et  l'assistance  des  saints  Anges,  et 
quelle  donnait  l'occasion  de  remercier  Dieu  et  les  Anges 
qu'il  a  commis  à  notre  garde  de  leur  aide,  comme  aussi  d'im- 
plorer le  secours  des  Anges  gardiens ,  qui  nous  est  si  néces- 
saire *. 

Fêtes  des  Confesseurs.  —  Les  saints  (sancti  homines)  donnèrent 
lieu  à  de  nombreuses  et  longues  discussions.  Il  fut  tout  d'abord 
question  des  saints  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  nom- 
més dans  les  saintes  Ecritures.  La  fête  des  Machabées  (V^  août) 
parut  si  vénérable  par  son  antiquité,  qu'on  ne  crut  pas  devoir 
y  toucher.  Bien  que  les  fêtes  de  saint  Joseph ,  de  saint  Joachim 
et  de  sainte  Anne  n'eussent  pas  ce  privilège  d'une  haute  anti- 
quité, puisqu'elles  avaient  été  établies  dans  les  trois  ou  quatre 
derniers  siècles,  on  décida  leur  maintien,  parce  que  la  piété  des 
fidèles  s'était  universellement  attachée  à  ces  fêtes  et  gardait  la 
mémoire  de  ces  saints.  Néanmoins  on  souhaita  de  voir  unir  en 
une  seule  fête  le  souvenir  de  saint  Joachim  et  de  sainte  Anne, 
pour  avoir  le  dimanche  libre.  Mais  on  revint  dans  la  suite  sur 
cette  proposition.  Les  fêtes  de  saint  Jean- Baptiste  (Naissance 
et  Décollation),  des  Apôtres  et  des  Evangélistes,  y  compris  saint 
Barnabe,  ne  soulevèrent  aucune  difficulté,  de  même  que  la  fête 
des  saints  Innocents.  Toutefois,  la  situation  exceptionnelle  de 


1  Attamen  quia  decet  seorsim  Deo  gratias  agi,  quod  Angelis  suis  de 
nobis  mandaverit,  ut  custodiant  nos,  et  quia  fidèles  in  ofpcio  continet 
atque  ad  imploranduni  praesidium  hortatur ,  revocata  ipsis  in  mentem 
Angelorum  Custodnm  prsesentia ,  placuit  retineri  (Roskovâny,  t.  v,  p.  549, 
§8). 


382  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

cette  dernière  et  de  celle  de  saint  Jean  l'Evangéliste,  dans  l'Octave 
privilégiée  de  la  Nativité,  fut  trouvée  peu  justifiée.  On  était  en 
général  pour  la  disparition  de  leurs  Octaves  ;  provisoirement, 
néanmoins,  on  ne  prit  pas  à  leur  égard  de  solution  définitive. 
La  fête  de  sainte  Marie  Madeleine  serait  maintenue ,  celle  de 
sainte  Marthe  réduite  au  rite  simple. 

Les  discussions  se  poursuivirent  sur  le  même  sujet  dans  la 
session  du  27  mars^  On  y  traita  des  fêtes  primaires  des  Apôtres 
(jour  de  leur  mort,  c'est-à-dire  leur  fête  principale),  des  fêtes 
secondaires,  parmi  lesquelles  quelques-unes  sont  particulière- 
ment distinguées,  celles  des  princes  des  Apôtres  et  de  saint  Jean 
l'Evangéliste ,  les  deux  fêtes  de  la  Chaire  de  saint  Pierre ,  de 
saint  Pierre  es  Liens,  de  la  Conversion  de  saint  Paul,  de  saint 
Jean  Porte- Latine.  Tout  d'abord  on  crut  devoir  réunir  en  une 
seule  les  deux  fêtes  de  la  Chaire  de  saint  Pierre,  mais  on  prit 
en  considération  les  ordonnances  de  Paul  IV  et  les  raisons 
apportées  alors  par  Sirleto ,  et  on  les  maintint.  Par  contre,  la 
fête  de  saint  Paul,  au  30  juin,  ne  serait  célébrée  que  dans  les 
églises  du  vocable  de  saint  Paul.  Les  anniversaires  de  dédicaces 
des  basiliques  romaines  (5  août,  9  et  18  novembre)  seraient 
maintenus,  mais  la  solennité  du  5  août  ne  porterait  plus  le  nom 
de  sainte  Marie  aux  Neiges,  elle  serait  appelée  Dédicace  de 
sainte  Marie. 

Dans  cette  dernière  séance  de  la  Congrégation,  ainsi  que  dans 
celles  du  20  avril  et  du  1*''  mai,  on  s'étendit  longuement  sur  les 
règles  à  suivre  pour  la  suppression  ou  le  maintien  des  fêtes  des 
Martyrs,  des  Confesseurs,  des  saintes  Femmes  et  des  A'ierges  ; 
sur  le  principe  qui  devait  guider  dans  la  radiation  ou  la  conser- 
vation d'une  fête.  On  n'aboutit  à  aucun  résultat.  Pour  s'occuper, 
oh  chargea  Azzoguidi  de  dresser  le  calendrier  des  fêtes  dont  le 
maintien  avait  été  déjà  décidé,  et  de  donner  pour  chacune  les 
raisons  qui  avaient  motivé  leur  conservation  aux  yeux  de  la 
Congrégation.  Mais  les  consulteurs  étaient  lassés;  quelques-uns 
avaient  quitté  Rome,  soit  pour  refaire  leur  santé,  soit  pour  des 
affaires  importantes.  Valenti  se  vit  de  la  sorte  dans  l'impossi- 
bilité de  réunir  les  membres  pour  former  une  session.  Le  pape 


1  Cf.,  sur  ce  paragraphe  et  sur  ce  qui  suit,  Roskovàny,  t.  v,  p.  551  sq.; 
Analecta  iuris  pont.,  loc.  cit.,  p.  518  sq. 


CHAPITRE  XII  383 

cependant  pressait  les  travaux;  \"alenti  et  Azzoguidi  se  mirent 
seuls  au  travail  et  dressèrent  une  liste  des  fêtes  déjà  admises 
et  de  celles  dont  on  pouvait  espérer  avec  confiance  l'acceptation. 
Ils  soumirent  le  tout  au  savant  Giorgi.  Si  on  parvenait  à  le  ga- 
gner, il  semblait  facile  de  faire  accepter  le  plan  aux  autres 
consulteurs.  De  cette  façon,  on  espérait  arriver  sous  peu  à  une 
conclusion  définitive  avec  le  calendrier,  et  répondre  autant  que 
possible  aux  intentions  de  Sa  Sainteté. 

Le  calendrier.  —  Mais  Monti,  président  de  la  Congrégation, 
suscita  des  difficultés.  Il  fit  rédiger  par  un  savant  des  règles 
générales  selon  lesquelles  on  devrait  juger  l'introduction  d'un 
saint  au  calendrier,  et  il  les  communiqua  au  secrétaire  ^"alenti. 
Celui-ci  en  conféra  avec  Azzoguidi,  Baldini  et  Galli;  mais  aucun 
ne  les  accepta.  Valenti  fit  convoquer  une  Congrégation  pour  le 
15  juillet  1742,  mais  il  dirigea  si  bien  les  discussions  que  ni  Monti, 
dans  la  maison  duquel  on  s'était  réuni,  ni  Azzoguidi  ne  parlèrent 
de  leurs  projets.  Valenti  proposa  plutôt  de  maintenir  les  fêtes 
que  Charles  Guyet,  dans  son  Horlologia  (\'enise,  1729),  dit  être 
célébrées  dans  toute  l'Eglise.  La  proposition  ne  fut  pas  improuvée, 
mais  les  consulteurs  pensèrent  qu'ils  devaient  discuter  sur 
chaquesaintdanslesprochaines  séances.  Après  une  discussion  pré- 
liminaire, qui  prit  plusieurs  sessions,  l'on  s'entendit  sur  les  prin- 
cipes et  l'on  établit  huit  règles  qui  devaient  servir  de  guide  pour  le 
maintien  ou  la  suppression  des  fêtes  de  saints  jusque-là  inscrites 
au  Bréviaire  romain.  Ces  huit  règles  se  trouvent  dans  Roskovâny, 
op.  cit.,  p.  586,  et  sont  les  suivantes  :  1)  seront  maintenues  les 
fêtes  des  saints,  dont  les  noms  sont  au  canon  de  la  messe; 
2  )  celles  qui  se  trouvent  dans  les  plus  anciens  sacramentaires 
romains  et  qui  ont  été  célébrées  jusque-là  (  1742)  ;  3)  les  saints 
dont  on  possède  les  Actes  authentiques  ou  un  éloge  fait  par 
quelque  Père  de  l'Eglise  seront  conservés,  à  condition  qu'ils 
aient  un  culte  constant  et  aient  été  fêtés  continuellement  à  Rome; 

4)  de  même,  ceux  des  saints  papes  dont  le  culte  est  ancien; 

5)  les  docteurs;  6)  les  saints  fondateurs  d'ordre  seront  maintenus; 
7)  l'un  ou  l'autre  représentant  de  chacune  des  nations  de  la 
chrétienté  sera  placé  au  calendrier  des  saints  du  Bréviaire  romain 
et  universel;  8)  toutes  les  fêtes  de  saints  qui  ne  rentrent  pas 
dans  les  sept  catégories  précédentes  doivent  être  éliminées  du 
calendrier  et  du  Bréviaire,  à  moins  que  la  dévotion  de  l'Église 


384  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

universelle  ou  quelque  raison  particulièrement  urgente  n'enga- 
geât à  en  décider  autrement*. 

On  compulsa  avec  une  grande  activité,  durant  les  mois  d'août 
et  de  septembre,  les  anciens  sacramentaires  et  calendriers  de 
l'Eglise  romaine.  Valenti  et  Azzoguidi  se  firent  surtout  remar- 
quer par  leur  zèle  et  leur  persévérance;'  mais  comme  ce  der- 
ïiier  tomba  malade  sur  ces  entrefaites,  l'affaire  fut  confiée  au 
consulteur  Galli,  qui  dut  rédiger  le  projet  d'un  nouveau  calen- 
drier après  avoir  recueilli  le  résultat  des  recherches.  —  Ce 
calendrier  réformé  se  trouve  dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  592-612,- 
avec  une  indication  de  la  raison  qui  a  motivé  le  maintien  de 
certaines  fêtes,  et  du  document  le  plus  ancien  où  elles  se  trouvent. 
Le  nombre  des  fêtes  supprimées,  que  Valenti  énumère  et  qui 
sont  dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  612-614,  est  au  moins  de  quatre- 
vingt-quinze,  parmi  lesquelles  beaucoup  de  simples  et  beaucoup 
de  celles  qui  se  trouvaient  en  Appendice  dans  le  Bréviaire  et  qui 
étaient  célébrées  à  Rome  comme  propres  du  lieu.  Entre  autres 
furent  supprimées  les  fêtes  du  saint  Nom  de  Jésus,  du  saint 
Nom  de  Marie,  des  Sept-Douleurs  (vendredi  de  la  Passion),  la  fête 
du  Mont-Carmel,  (les  Fiançailles^,)  le  Patronage,  (l'Expectation,) 
N.-D.  de  la  Merci,  la  fête  du  Rosaire  et  la  (translation  de  la 
sainte  Maison  à  Lorette).  Puis  l'apparition  de  saint  Michel  et  la 
commémoraison  de  saint  Paul  (30  juin),  qui  demeurait  pour  les 
seules  églises  consacrées  à  l'apôtre  des  Gentils.  Parmi  les  papes 
sont  rayés  :  Télesphore,  Hygin,  Anicet,  Soter,  Marcellin,  Gré- 
goire VII,  Eleuthère,  Jean  P"",  Silvère,  Léon  II,  Pie  P*",  Anaclet, 
Zéphyrin,  Evariste,  Pontien.  Et  de  plus  les  saints  qui  suivent  : 
Canut,  Raymond  de  Penafort,  Émérentienne,  Martine,  Doro- 
thée, Scholastique,  Faustin  et  Jovite,  (Marguerite  de  Cortone,) 
Casimir,  Vincent  Ferrier,  Antonin,  Boniface  (14  mai),  Ubald, 
Venance,  Bernardin,  (Félix  de  Cantalice,)  Marie-Magdeleine  de 
Pazzi,  Pétronille,  Erasme,  Jean  de  Sahagun,  Modeste  et  Cres- 
cence,  Julienne  de  Falconieri ,  Louis  de  Gonzague,  Rufine  et 
Secunda,  Nabor  et  Félix,  Alexis,  Symphorose  et  ses  sept  fils,  la 
sainte  martyre  Marguerite,  Liboii'e,  Christine^  Christophe,  Pan- 


*   Urgentissima  peculiaris  ratio.  Cf.  Roskovâny,  op.  cit. 
2  Les  fêtes  entre  parenthèses  se  trouvent  seulement  dans   VAppendix 
pro  aliquibus  locis. 


CHAPITRE  XII  385 

talc'ou,  fnvcnlio  S.  Sleph:ini,  cuius  lumen  luenlio  fien  deheal  in 
Leclionihiis  H  A'oclurni  fesli  priecipui  die  '26  Decemhris  : 
Romain,  Cassien ,  Hyacinthe,  Hippolyle  el  Symphorien .  Ray- 
mond Nonnat,  Gilles  el  les  douze  frères,  Laurent  Justinien , 
(Rose  de  ^'ite^be,  les  Stigmates  de  saint  François.  Saint  Janvier 
reste,  mais  ses  compaunons  disparaissent:  de  même  pour  saint 
Eustache.  qui  fut  réduit  à  une  sinijile  mémoire.  Cyprien  et 
Justine,  ^^'enc•eslas.  Placide  et  ses  compa;:;nons,  Denys,  Rustique 
et  Eleulhère.  François  de  Borjj;ia.  Hedwiye,  Hilarion.  Frsule  el 
ses  compagnes.  ^  iial  et  Ayricola ,  André  A\ellin.  Tryphon  el 
Respicius  et  Xympha.  Didace  ou  Diego.  Gerlrude.  lOlisabelh, 
Jean  de  la  Croix.  Catherine.  Pierre  d  Alexandrie,  Bibiane , 
Pierre  Chrysologue.  Barbe,  Sabbas.  Eusèbe  de  \'erceil.  Enfin,  il 
est  à  remarquer  que  la  fête  de  saint  Grégoire  le  Grand  est  iixée 
non  au  jour  de  sa  mort  I'2  mars  '.  mais  au  jour  de  son  ordina- 
tion (3  septembre  ;  et  celle  de  saint  Benoît  au  30  octojjre.  jour 
où,  daprès  le  marlyrologe.  il  eut  sa  g'randé  vision. 

A  partir  du  7  décembre  1742,  on  discuta  sur  ce  spécimen  de 
calendrier*.  Tout  d'abord  il  fut  établi  que  les  férics  du  Carême, 
el  autant  que  possible  celles  de  l'Avent .  seraient  privilégiées  et 
qu'aucune  fête  de  saint  ne  pourrait  être  célébrée  en  ces  jours.  On 
s'appuyait  pour  cela  sur  le  canon  du  sixième  concile  de  Tolède 
de  6')G  -.  et  sur  une  prescription  mal  interprétée  du  concile  de 
Laodicée  ^,  canon  51.  On  lit  une  exception  seulement  en  faveur 
des  fêles  de  I.Annonciation.  de  saint  Joseph  el  de  la  fête  de  saint 
Pierre  du  '22  février:  les  fêtes  simples,  qui.  à  celte  époque,  ne 
faisaient  point  tort  à  l'office  férial ,  étaient  conservées.  Puis  on 
convint  qu'on  ne  loucherait  pas  aux  distinctions  des  rites  de  fête 
établies  par  Clément  ^'III  el  Urbain  \  III.  aux  rubriques  géné- 
rales el  à  la  table  de  concurrence  des  fêles.  .Ainsi  il  ne  restait 
plus  qu'à  déterminer  le  rite  de  chacune  des  fêles  parmi  les  six 
rites  :  double  de  première  classe,  double  de  seconde  classe, 
double  majeur,  double  mineur,  semidouble,  simple.  Ce  fut  là 
l'objet  des  discussions  durant  les  premiers  mois  de  17 i3.  On  fut 
d'accord  pour  maintenir  le  rite  de  première  classe  à  dix  fêles  : 


1  Rosivovâny,   t.   v,   p.   fiôS  sq.   Analecla   iiiris  pont.,   loc.   vil.,   [).   525. 
BalifTol,  p.  291. 

-  Hardouia.  t.  m  MTll),  col.  978. 

-  Ilefflc,  2^^  édit..  I.  [.  p.  7iG  sq.  Ilardouin,  t.  i,  col.  777  sq. 

Bivv..  f.  II.  2:1 


38Ô  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

les  six  fêles  de  Notre-Seig-neur  el  rAssomption;  saint  Jean-Bap- 
tiste, saint  Pierre  et  saint  Paul,  la  Toussaint.  Il  y  eut  vingt-sept 
fêtes  de  seconde  classe  :  Circoncision,  très  sainte   Trinité,  les 
quatre  fêtes  de  la  sainte  ^'ierge,   saint  Joseph,   saint  Michel, 
toutes  les  fêtes  principales  des  Apôtres  et  des  Evangélisles ,  les 
deux  fêtes  de  la  Croix,  saint  Etienne,  saint  Laurent  et  les  saints 
Innocents.  On  maintint  le  rite  double  majeur  à  douze  fêtes  :  la 
Transfiguration,  les  trois  dédicaces  des  trois  grandes  basiliques 
romaines   :    Saint-Jean-de-Latran,    Sainte-Marie-aux-Neig'es, 
Saint-Pierre-et-Saint-Paul  ;  Visitation,  Présentation,  saint  Pierre 
es  liens,  chaires  de  saint  Pierre  à  Rome  el  à  Anlioche;  conver- 
sion de   saint   Paul,   saint  Jean   devant  la   Porte   Latine,  saint 
Barnabe.  Il  y  eut  vingt -trois  fêtes  doubles  mineures,  vingt-sept 
de  rite  semidouble.  Le  nombre  des  simples  fut  porté  à  soixante- 
trois,  et  il  y  eut  vingt-neuf  saints  dont  on  ne  devait  faire  mémoire 
qu'aux  Vêpres  et  aux  Laudes.  En  outre,  dans  tout  l'univers,  le 
clergé  célébrerait  l'anniversaire  de  la  consécration  et  le  patro- 
nage ou  la  fête  du  titulaire  de  l'église  à  laquelle  il  appartenait. 
Impression  de  Benoît  XIV.  —  Avant  d'aller  plus  loin,  on  crut 
devoir  soumettre   au  pape  le  l'ésullat  ainsi  obtenu,  ou  le  calen- 
drier dans  l'état  où  il  se  trouvait  alors,  afin  de  savoir  si  l'on 
pouvait  désormais  édifier  sur  ces  bases.  Sa  Sainteté,  dit  Valenti*, 
reçut  le  mémoire  avec  bienveillance,  et  parut  satisfaite;  cepen- 
dant elle  voulut  l'examiner  plus  attenlivement.  Mais,  à  cause  de 
ses  nombreuses  occupations,  elle  ne  put  pas  consacrer  au  manus- 
crit  toute  l'attention  nécessaire.   C'est   ainsi  du  moins  que  le 
rapporte  Valenti.  En  réalité  le  pape  fut  mécontent,  comme  le 
prouve  M.  BatifTol,  qui  publie  une  lettre  de  Benoît  XIV  au  car- 
dinal de  Tencin^,  du  7  juin  1743.  Benoît  XIV  y  dit  qu'il  fait 
préparer  un  Bréviaire   qui   sera  reçu  en   France,   la  lettre    de 
Tencin  le  lui  fait  espérer.  Pour  ne  pas  prêter  le  flanc  à  la  nou- 
velle critique,  juste  en  beaucoup  de  points,  on  composera  le 
Bréviaire  de  façon  que  presque  tout  soit  emprunté  aux  saintes 
Ecritures.  On  pourra  prendre  dans  la  sainte  Ecriture  tout  ce  qui 
a  trait  aux  mystères  des  fêtes  de  Notre- Seigneur,  de  la  sainte 
Vierge  et  des  Apôtres;  pour  le  reste,  on  y  suppléera  par  les 


'  Dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  j62. 
2  Batiffol,  Hist.  du  Brév.,  p.  293,  n. 


CHAPITRE  XII  387 

écrits  non  contestés  des  premiers  Pères.  Quant  aux  autres  saints, 
qui  ont  place  aujourd'hui  dans  le  Bréviaire,  on  se  contentera 
d'en  l'aire  une  simple  commémoraison.  Tout  ce  que  l'on  pourrait 
alléguer  se  réduit  à  ceci  :  c'est  là  une  nouveauté  qui  va  diminuer 
le  culte  rendu  jusqu'à  présent  à  ces  saints.  Mais,  répond  le  pape, 
ceux-là  seuls  crieront  qui  estiment  que  le  contenu  du  Bréviaire 
et  les  légendes  sont  si  certains ,  qu'ils  seraient  prêts  à  soutTrir  le 
martyre  pour  en  soutenir  la  vérité.  Mais  celte  critique  .nous 
paraît  moins  importante  que  le  reproche  de  laisser  lire  dans 
l'Eglise  des  fails  apocryphes  ou  douteux.  Ce  reproche  serait 
inévitable,  si  l'on  composait  le  Bréviaire  sur  la  copie  de  l'ancien, 
quel  que  soit  le  soin  que  l'on  y  apportât. 

Nouvelle  Commission.  —  Benoît  demanda  pour  quelle  raison  on 
n'avait  pas  maintenu  partout  l'office  férial  et  réduit  les  fêtes  des 
saints  à  n'être  que  de  simples  mémoires  ;  les  consul teurs  inter- 
rogés répondirent  par  une  consultation  écrite  qu'on  avait  sup- 
primé certaines  fêtes  de  saints,  mais  qu'on  n'avait  pas  cru  devoir 
écarter  d'une  façon  radicale  l'usage  consacré  par  une  tradition 
ininterrompue  dans  toute  l'Eglise.  L'affaire  languit  de  nouveau 
jusqu'au  jour  où  les  cardinaux  de  Tencin  et  Crescenzi  (autrefois 
nonce  à  Paris,  puis  appelé  à  Rome  en  1743,  pour  recevoir  la 
poui'pre)  et  l'infatigable  \'alenti  obtinrent  du  pape  un  bref  qui 
confiait  à  une  Congrégation  de  cinq  cardinaux  la  revision  du 
projet.  Les  cardinaux  désignés  étaient  Gentili,  Silvio  A'alenti , 
Monti,  Tamburini  et  Besozzi.  Luigi  Valenti  fut  nommé  secrétaire 
de  cette  Congrégation  ^ 

Le  2  mars  1744,  eut  lieu  la  première  session  de  la  Congré- 
gation cardinalice.  Comme  Monti,  cardinal  depuis  septembre 
1743,  avait  eu  la  présidence  dans  la  Congrégation  précédente,  le 
premier  rôle  lui  échut  tout  naturellement.  Tous  les  cardinaux 
étaient  pour  lacceptation  du  calendrier  proposé  par  les  consul- 
teurs.  Cependant,  avant  de  prendi^e  une  décision  définitive, 
Monti  voulut  encore  avoir  le  sentiment  du  cardinal  de  Ten- 
cin, qui  avait  une  grande  influence  en  France  et  qui  pouvait 
indiquer  ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  à  faire  pour  introduire 
celte  réforme  dans  ce  dernier  pays.  Si  la  France  était  gagnée, 
croyait-on,  toutes  les  autres  jialions  se  joindraient  bientôt  à  elle. 


'  Batiffol,  p.  290,  n.  1. 


388  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Mais  comme  le  cardinal  habitait  Paris,  la  réponse  se  lit  alleiidre 
longtemps.  Sur  ces  entrefaites,  plusieurs  cardinaux,  en  particu- 
lier Tamburini,  lirent  observer  qu'on  ne  s'était  pas  encore 
entendu  sur  le  psautier,  encore  moins  sur  les  autres  parties,  et 
qu'un  plan  de  réforme  du  Bréviaire  qui  se  limiterait  au  calen- 
drier ne  pouvait  se  communiquer  au  dehors.  On  demanda  aux 
consulteurs,  qui  s'étaient  adjoint  deux  nouveaux  membres  (en 
remplacement  de  Monli  et  d'Azzog"uidi ) ,  le  procureur  général 
des  Gélestins  Orlandi,  et  le  professeur  de  droit  canon  Giuli, 
jésuite,  de  rédiger  un  rapport  sur  la  répartition  des  psaumes  entre 
les  différentes  Heures  canoniales  et  sur  le  choix  qu'on  eu  devait 
faire  pour  quelques  fêtes  de  saints.  Benoît  XIV  écrivait ,  le 
5  mars  17i4,  au  cardinal  de  Tencin  que,  pour  accélérer  les  discus- 
sions, il  voulait  que  les  sessions  de  la  Congrégation  se  tinssent 
en  sa  présence,  et  qu'il  désirait  prendre  l'avis  de  savants  et  de 
prélats  français,  par  exemple  de  l'archevêque  de  Bourges  (l'am- 
bassadeur du  roi  de  France)  et  d'un  docteur  habile  de  Sor- 
bonne. 

Question  du  psautier.  —  Le  19  mars  1744,  les  consulteurs  se 
réunirent  pour  discuter  la  question  de  la  distribution  du  psau- 
tier. On  avait  déjà  en  France  adopté  d'autres  di\isions,  et  ces  ten- 
tatives avaient  également  trouvé  des  partisans  en  Italie.  Comme  le 
bruits'élait  répandu  qu'on  travaillaità  un  changement  du  psautier, 
quelques  ecclésiastiques  et  quelques  savants  liturgistes  avaient 
adressé  au  secrétaire  Valenti  des  projets  d'une  distribution  ana- 
logue à  celles  qui  étaient  usitées  en  France,  alléguant  que  la 
récitation  en  serait  rendue  plus  facile.  On  les  reçut  avec  détiance 
et  l'on  s'en  tint  à  la  décision  du  14  juillet  1741.  Mais,  pour  donner 
plus  de  poids  à  leur  opinion,  les  consulteurs  décidèrent  de 
fouiller  une  l'ois  encore  toutes  les  anciennes  bibliothèques  et  les 
archives  de  Rome,  pour  s'édifier  sur  l'âge  des  psautiers  i'ériaux. 
Les  résultats  furent  fournis  le  29  avril  en  séance  publique  à 
Gain,  qui  les  résuma  en  un  mémoire'.  Galli  présenta  son  tra- 
vail dans  la  séance  du  17  juin  et  recueillit  tous  les  suffrages.  On 
décida  aussitôt  que  tous  les  doubles  mineurs  qui  tomberaient 
un    dimanche,  seraient    transférés;   pour   les   semidoubles   qui 


1  Mémoire  non  imprimô  dans  lo  Moniim.  .\xr.  de  la  Bibl.  (lorsiniana, 
cod.  cit. 


CHAPITRE  XU  389 

seraient  empêchés  j)ai"  des  dimanches  ou  par  d'autres  raisons, 
il  y  eut  partai^e  égal  des  voix  :  les  uns  voulaient  leur  transfert, 
les  autres  prétendaient  qu'on  n'en  devait  faire  qu'une  simple 
mémoire. 

Système  de  Benoit  XIV.  —  Le  bruit  s'était  faussement  répandu 
que  le  ])ape  se  souciait  peu  de  la  correction  du  Bréviaire; 
Benoît  chargea  personnellement  A'alcnli  d'assurer  les  consul- 
teurs  du  contraire  ;  de  plus,  il  accrut  leur  nombre,  en  nommant  le 
secrétaire  de  la  Propagande*,  Lercari ,  de  retour  de  France.  Le 
20  septembre  1744,  le  pape  réunit  les  deux  Congrégations  et 
leur  parla,  aux  cardinaux  aussi  bien  qu'aux  consulteur.s,  avec 
chaleur  et  en  connaissance  de  cause  ,  de  la  nécessité  d'une 
réforme  et  de  la  méthode  à  suivre.  Les  raisons  d'une  correction 
étaient  celles  qu'avaient  signalées  les  Pères  du  concile  de  Trente"-  : 
désordre  introduit  dans  la  récitation  du  psautier,  légendes 
fausses  ou  douteuses,  manque  de  pureté  et  de  goût  dans  le  culte 
divin  ' perlurhnlfim  P^allerii  recitutionem  ,' (jliscentes  in  Acta 
sauctorum  vel  falsas  vel  duhias  hislorias,  neç/leclam  dirini 
culliis puritalem  et  eleganliam).  Pour  ce  qui  était  de  la  méthode, 
il  ai)prouvait  entièrement  la  résolution  des  consulleurs  et  celle 
des  cardinaux,  de  laisser  intacte  l'ancienne  distribution  des 
psaumes;  de  son  côté,  il  désirait  qu'on  conservât  pour  le  texte  du 
psautier  la  ^'ulg■ate  alors  universellement  en  usage.  Il  approuva 
la  résolution  de  maintenir  les  rites  doubles  de  première  et  de 
seconde  classes,  majeurs,  mineurs,  semidoubles,  simples,  fériaux. 
Sa  Sainteté  se  déclarait  en  faveur  des  huit  règles  qui  décidaient 
de  l'admission  des  saints  au  calendrier,  mais  il  voulait  en  ajouter 
une  neuvième.  Les  saints  du  calendrier  se  partageaient  en  trois 
catégories  :  a)  ceux  qui  avaient  été  canonisés  avant  Alexandre  III, 
par  le  consentement  universel  de  l'Eglise  iiniversali  tolius  Ec- 
clesiie  con.sensu  )  ;  S")  ceux  qui  avaient  été  déclarés  saints  depuis 
Alexandre  III,  par  décret  des  papes  et  selon  le  rite  solennel,  que 
nous  appelons  canonisation;  y)  ceux  qui,  sans  ce  rite  solennel, 
avaient  été  déclarés  saints  ou  bienheureux,  par  ce  fait  seul  que 
les  papes  avaient  prescrit  à  l'univers  une  messe  et  un  office  en 
leur  honneur.  On  devait  ne  pas  confondre  ces  trois  ordres,  mais 


*  Roskovâny,  t.  v,  p.  5G6. 
2  fd.,  ihid.,  p.  50"  çq. 


300  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

délerminer  ce  qui  convenait  à  chacun.  En  terminant,  le  pape 
encouragea  les  consulteurs  à  consacrer  toutes  leurs  forces  et 
toute  leur  sollicitude  à  examiner,  à  corriger,  à  polir  {expoUendis), 
et,  s'il  était  nécessaire,  à  remplacer  l'antique  par  le  nouveau 
pour  chaque  partie  du  Bréviaire;  ils  se  partageraient  le  travail, 
mais  ils  en  discuteraient  ensemble  les  l'ésultats,  avant  de  les 
soumettre  à  son  approbation,  ^^'llenti  écrivit  ces  paroles  et  les 
présenta  au  pape.  Celui-ci  les  approuva  comme  étant  véritable- 
ment le  langage  qu'il  avait  tenu  et  l'expression  de  sa  volonté,  et 
il  en  fit  distribuer  des  copies  aux  cardinaux  et  aux  consulteurs 
(2  octobre  1744).  Le  texte  est  dans  Roskovâny,  t.  v,  p.  568. 

Le  Lectionnaire.  —  Avec  le  commencement  d'octobre  arrivèrent 
les  vacances  romaines,  qui  apportèrent  avec  elles  une  interrup- 
tion de  presque  deux  mois  dans  les  lra\"aux  de  la  Congrégalion. 
On  reprit  les  travaux  et  les  séances  le  27  novembre,  et  on  discuta 
les  offices  du  temps.  Lercari,  Anlonelli  et  Giorgi  étudiaient  les 
homélies,  les  leçons,  les  sermons  du  deuxième  nocturne  et  les 
capitules  des  Heures  depuis  Laudes  jusqu'à  Compiles  inclusive- 
ment. Sergio,  Baldini,  Giuli  et  Valenti  étudiaient  les  antiennes, 
les  répons,  les  hymnes  et  les  versets.  Il  n'est  plus  question 
d'Orlandi.  L'examen  de  la  première  partie  ou  du  lectionnaire  ne 
suscita,  parce  qu'il  s'agissait  du  Temporal,  que  très  peu  de  dif- 
ficultés. L'examen  des  antiennes,  etc.,  donna  lieu  à  des  observa- 
tions détaillées.  Ce  qui  parut  avoir  besoin  de  correction  fut 
rangé  dans  neuf  catégories,  sur  lesquelles  on  tomba  facilement 
d'accord.  Toutefois,  Valenti  lui-même  convient  que  ces  neuf 
règles  n'ont  pas  été  étudiées  assez  mûrement,  puisqu'il  y  a 
beaucoup  de  conclusions  prises  ici,  sur  lesquelles  il  y  aura  à 
revenir  plus  tard.  [Loc.  cil.,  569.) 

Un  des  consulteurs  proposa  de  remplacer  la  leçon  brève  de 
Prime  par  la  lecture  de  quelque  canon  de  concile  idée  emprun- 
tée aux  Bréviaires  gallicans  (Cluny,  Vintimille,  etc.)],  contenant 
des  prescriptions  disciplinaires  d'un  synode  reconnu  par  Rome. 
Puis  on  proposa,  au  lieu  de  répéter,  comme  on  l'avait  fait 
jusqu'alors,  le  capitule  des  Laudes  à  Tierce  et  à  Vêpres,  d'en  choi- 
sir quelques-uns  de  particuliers  pour  chacun  de  ces  offices; 
enfin,  de  substituer  d'autres  capitules  pour  les  heures  des  offices, 
où  le  texte  des  capitules  se  trouvait  déjà  dans  les  leçons  des 
iNIatines.  Mais  le  pape,  tenu  au  courant  par  Valenti,  fit  savoir 


CHAPITRE  XII  391 

aux  consulleurs,  le  jour  même  où  il  recul  connaissance  de  ces 
propositions,  qu'ils  devaient  s'en  tenir  aux  propositions  déjà 
faites  et  non  discuter  des  projets  dont  il  n'avait  pas  encore  été 
question;  en  elFet,  leur  tâche  n'était  nullement  de  créer  un  nou- 
veau Bréviaire,  mais  bien  de  corri|;er  celui  qu'on  possédait  [quod 
Breviarii  reformatio  sihi  esset  iii  volis,  non  innovalio). 

Le  Sanctoral.  —  Le  30  décembre  1744,  on  termina  le  Propre 
du  temps,  et  le  16  janvier  1745  on  aborda  la  discussion  du  Propre 
des  saints.  Les  trois  consulteurs  (Lercari ,  Anlonelli ,  Gioryi)  qui 
avaient  étudié  le  lectionnaii'e  avaient  été  chargés  de  résumer 
tout  ce  qui  avait  été  fait  sur  le  Temporale  et  au  besoin  de  faire  un 
rapport  nouveau.  Puis  Baldini ,  Orlandi ,  (ialli,  Giuli,  Sergio  et 
Valenti  entreprirent  les  travaux  sur  les  premiers  mois  du  Sanc- 
toral. On  discutait  entre  soi  les  travaux  avant  d'en  présenter  les 
résultats  à  la  Congrégation.  De  nombreux  projets  furent  émis  et 
repoussés.  Pour  citer  un  exemple,  Valenti  note  dans  son  rapport 
ce  qui  se  passa  à  propos  de  la  Conversion  de  saint  Paul.  Un  des 
consulteurs  trouva  que  quelques-unes  des  antiennes,  certains 
répons,  et  l'évangile  de  l'office  en  question  n'a\aient  aucun  rap- 
port avec  le  sujet  proprement  dit  delà  fête.  Il  composa  en  consé- 
quence de  nouvelles  antiennes  et  de  nouveaux  répons  à  la  place 
de  ceux  que  l'on  devait  éliminer,  cl  il  choisit  un  autre  évangile 
avec  une  homélie  correspondante.  Dans  les  conférences  prélimi- 
naires, le  nouvel  office  rencontra  l'approbation  de  plusieurs  con- 
sulteurs; mais  lorsqu'on  s'en  occupa  dans  la  session  de  la  Congré- 
gation ,  le  respect  pour  le  passé  l'emporta ,  et  le  nouvel  office  ne 
fut  pas  agréé;  on  ne  crut  pouvoir  que  remplacer  l'homélie 
{retenla  est  antiquitas  ei  reprobaia  novilas,  hoc  est,  nihil  pla- 
cuil  immulari...  scd...  lanUini  aliam  homiliani  quierere ,  feslo 
m  agi  s  acconimodatani  ^. 

Difficultés  au  sein  de  la  Commission.  —  Plusieurs  semaines  et 
plusieurs  mois  se  passèrent  de  la  sorte.  Dans  la  deuxième  moitié 
de  1745,  le  bruit  se  répandit  de  nouveau  (était-ce  le  résultat 
d'intrigues  et  d'une  cabale  ou  de  la  jalousie?)  que  Benoît  ne  vou- 
lait vraiment  pas  de  réforme  du  Bréviaire.  Les  consulteurs  qui, 
bien  que  gens  sérieux  et  blanchis  dans  l'étude,  ajoutaient  trop 
facilement  foi  à  ce  bruit  propagé  par  une  coterie,  furent  abso- 
lument découragés,  ^'alenti  dut  employer  tous  ses  efTorts  pour 
les  convaincre  du  contraire.  Gomme  le  pape  gardait  le  silence,  le 


392  HISTOIRE  DU  BRÉVlAiKE 

promoleur  de  la  loi  parlait  en  vain;  on  ne  le  crut  pas,  et  du 
9  juillet  I7i5,  jusqu'au  milieu  de  juin  17  iO,  il  ne  put  réussir  à 
réunir  les  consullenrs,  et  à  tenir  une  seule  session.  Comme  lui- 
même  commençait  à  perdre  courage,  il  alla  tnnner  le  pape. 
Celui-ci  fut  très  étonné  du  retard  apporté  aux  travaux  et  du  bruit 
nullement  fondé,  déclara- t-il ,  qui  avait  motivé  l'interruption. 
Puis  Sa  Sainteté  donna  à  Valent!  un  mot  écrit  de  sa  main,  où  il 
l'assurait,  lui  et  les  consulteurs,  du  vif  intérêt  qu'il  portait  à 
l'œuvre,  et  où  il  les  exhortait  à  la  poursuivre  vigoureusement  et 
à  l'achever  le  plus  tôt  possible'.  Puis  tous  les  consulteurs  durent 
se  présenter  l'un  après  l'autre  dc\"anl  le  pape,  qui  les  encouragea 
personnellement  et  leur  exprima  son  désir  de  voiv  la  réforme 
menée  à  bonne  fin.  La  chose  lui  tenait  d'autant  plus  à  cœur  qu'il 
avait  reçu  de  Paris,  du  cardinal  de  Tencin,  communication  que 
la  réforme  entreprise  à  Rome  était  très  appréciée  dans  toute  la 
France,  et  que  très  vraisemblablement  elle  y  serait  adoptée. 

Le  22  juin  1746,  la  Congrégation  reprit  ses  tra^■aux,  et  les 
consulteurs  se  réunirent  une  fois  par  semaine  chez.  \'alenti.  Le 
10  septembre,  le  secrétaire  put  présenter  au  pape  le  résultat 
des  travaux  de  la  Commission,  ("était  un  spécimen  du  Hré- 
viaire  réformé  pour  les  six  ou  sept  premiers  mois  de  l'année  , 
piu's  Iiiem;ilis  el  cerna  (depuis  le  commencement  de  décembre 
jusqu'au  delà  du  milieu  de  juin),  accompagné  d'un  mémoire,  qui 
contenait  les  motifs  des  changements  proposés.  Le  pape  fut  très 
satisfait  et  demanda  le  prompt  achèvement  de  ce  travail  j)Our 
la  seconde  partie.  Après  les  vacances  d'aulumne,  le  2  septembre, 
les  réunions  hebdomadaires  reprirent,  et  le  10  mars  1717  le 
Propre  et  le  Commun  des  saints  étaient  prêts,  si  bien  (jue 
Valenli  pouvait  soumettre  à  Sa  Sainteté  la  seconde  partie  du 
travail-. 

A  Pâques  de  1747,  Benoît  XIV  avait  donc  en  main  le  projet 
de  correction  du  Bréviaire,  et  on  attendait,  comme  l'écrit  Valenti, 
la  décision  définitive  de  Sa  Sainteté,  (jui  se  fil  attendre  cependant 
longtemps. 


'  Lctli-c  de  IJcnoil  XIV  du  -JO  juin  1710,  dans  lîalillnl,  p.  301. 

2  Le  spécimen  du  15ré\  iaire  réformé  se  trouve  dans  le  cod.  Corsin.  ■Î6I 
{o9,  c.  /},  fol.  75,  comme  Monumenliim  .v.Y.vr/,-  et  tout  entier  dans  les 
Anal,  iiiris  pont.,  loc.  cit.,  p.  rt^S  sq.,  889  sq.;  en  abréffé  seulemeni  dans 
Roskovâny,  l.  v,  p.  022  sq. 


CHAPITRE  XU  393 

Comme  ce  projet  ne  lui  jamais  réalisé,  il  ne  semble  pa< 
utile  dénumérer  ici  en  détail  les  corrections  proposées. 

Économie  du  projet.  —  Il  nous  suflîra  de  relever  quelques 
points,  pour  permettre  au  lecteur  de  juù'er  du  caractère  de  ces 
corrections;  pour  plus  amples  informations,  ou  pourra  voir  les 
sources  indiquées  qui  ont  été  imprimées  et  le  sommaire  qui  se 
trouve  dans  Baliffol,  p.  .'303  et  suivantes. 

Propre  du  temps.  —  Dans  le  Proprliim  de  lempore ,  qui  com- 
mence avec  le  premier  dimanche  de  TAvent ,  on  laisse  d"abord 
pour  cet  office,  au  III*^  nocturne,  l'homélie  de  saint  Grégoire; 
mais  on  remplace  par  d'autres  passag'es  de  la  même  homélie 
ceux  où  le  saint  docteur  concluait  des  calamités  de  son  temps 
à  l'approche  de  la  lin  du  monde'.  Pour  le  deuxième  dimanche 
de  l'Avent  [loc.  cit.,  fol.  8-2),  VKxposilio  in  Isniam  écourlée  de 
saint  Jérôme  est  remplacée  par  un  très  beau  sermon  de  saint 
Fuli^ence,  rempli  de  très  profondes  idées  théologiques--.  Pour  le 
mercredi  et  le  vendredi  de  la  semaine  suivante  Qualre-Temps'i , 
on  a  des  homélies  de  saint  Jean  Chrysostome  au  lieu  de  celles  de 
saint  Ambroise  et  de  saint  Augustin;  et  à  la  place  du  symbo- 
lisme des  nombres  38  et  40,  on  a  un  autre  morceau  plus  conforme 
à  notre  goût  .  Le  vendredi  après  le  4*^  dimanche  de  Carême,  on  a 
mis  à  la  place  de  l'homélie  de  saint  Augustin,  où  l'identité  de 
Marie,  sœur  de  Lazare,  et  de  ALarie  Madeleine  est  aflirmée,  une 


1  La  vii<^  leçon  ^  i'"-  du  III«  iiuclurue,  CDiiimeiice  ainsi  :  Dominiis  ac 
BeJemplor  noster  paratos  nos,...  et  se  termine  :  cervicem  cordis  ad  eiu.'i 
patientiam  non  inclinant.  La  vni«  leçon  commence  :  Sed  quia  hœc  contra 
reprohos  dicta  sunl ,  mo.r  ad  electorum  consolationem  verha  vetHuntur,... 
et  finit  :  transitis,  quem  non  amavevunt.  La  ix«  leçon  commence  :  .\bsil 
enim,  ut  fidelis  quisque,...  et  se  termine  :  in  lahore  viœ  lassescere  et  la- 
men  eandem  viam  nolle  finire  (Cod.  Corsin.,  cit.,  fol.  80-81). 

2  Lectio  IV  :  Sermo  -2  S.  Fulffentii  episcopi  de  dupl.  Natiritate  Christi  : 
Dilectissimi  fratres,  attendite  niagnitudinem  gratix  et  agnoscite,...  jus- 
qu'à :  et  animam  ^uscepit  et  carnem.  Lectio  v  :  Accepit  utramque  vei-am,... 
jusqu'à  :  dilexit  mortuum,  ut  facerel  vivum.  Lectio  vi  :  Xatara,  quiv  in 
primo  homine,...  se  termine  :  sine  peccato  inirahiliter  natus  est  Deus 
homo.  Au  fol.  83  h  et  fol.  81  a  ;  Vigilia  Xativitatis.  Homilia  S.  Joannis 
Chrijsostomi  Hom.  iv  in  c.  i  Matthœi  post  init.)  :  Cum  esset  desponsala 
Mater  lesu  Maria;  non  dixit  :  Virgo;  sed  simpliciter  Mater,  ut  sernio 
nihil  in  primis  novi  referens  ahsque  difjicultate  caperetur,  etc.  Le  fol.  Sô  /) 
se  termine  ainsi  :  l'eria  V  post  Cineres  :  In  illo  temp.  cum  intrasset  lesus 
Capharnaum...  Homilia  S.  .\ugustini  ep.  sermo  LXii  de  verhis  Evangel. 
Malth.  post  init.)  :  Discumbebat  Dominus  in  domn  Fharisxi  superbi...  La 
nie  leçon  se  termine  :  audivit  et  crediilit. 


394  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

homélie  de  saint  Fulgence,  de  Lazaro  resuscitalo,  sans  cepen- 
dant vouloir  porter  préjudice  à  l'opinion  précédente  ^  Pour  le 
jeudi  après  le  dimanche  de  la  Passion,  on  a  choisi  au  lieu  du 
passage  de  Thomélie  de  saint  Grégoire,  où  il  identifie  les  deux 
INIarie ,  un  autre  passag-e  de  la  même  homélie  ,  où  il  n'est  plus 
question  de  Marie  Madeleine  ^.  De    là    le    rapporteur  passe  à 

I  Octave  de  l'Ascension  et  au  douzième  dimanche  après  la  Pente- 
côte. Pour  la  Feria  III  infra  Oclavam  Ascensionis,  on  a  pris  au 
second  nocturne ,  au  lieu  du  Sermo  S.  Maximi,  où  Jésus  est 
comparé  à  l'aigle,  un  sermon   de   saint   Bernard  :  Ex  sermone 

II  in  feslo  Ascens.^.  Pour  le  douzième  dimanche  après  la  Pen- 
tecôte, au  lieu  de  l'homélie  trop  générale  du  vénérable  Bède,  on 
a  pris  une  homélie  de  saint  Ambroise  sur  le  bon  Samaritain;  à 
cela  se  bornent  les  corrections  du  Propre  du  temps. 

Propre  des  saints.  —  Plus  important  et  plus  compliqué  était  le 
travail  de  revision  et  de  correction  du  Propre  des  saints.  Il  com- 
mença par  la  fête  de  saint  André  au  30  novembre.  Voici  l'avis 
des  consulleurs  relativement  à  l'office  de  ce  saint  :  Cam  vero 
acla  illa  siipposilitia  et  falsa  a  recenliorilms  crilicis  haheaiilur, 
ni  pœne  ad  evidenliam  demonslral  Tillemoniiiis ,  duhia  cerle 
f/uam  maxime  et  in  conlroversia  posili  sint,  consullius  visiim  est 
omittere,  et,  qu;v  inconcussœ  fidei  sunt,  siibrof/are.  Par  suite,  les 
antiennes  et  répons  emprun.tés  aux  Actes  apocryphes  sont  rem- 
placés par  d'autres,  qui  sont  pris  dans  la  sainte  Écriture,  dans  les 
évangiles  et  dans  lépître  aux  Romains.  On  choisit  comme  leçons 


1  Et  Feriu  IV  posl  Dominicam  Passionis,  Homilin  S.  Auffustini  ex  Ira- 
ctatu  4S  in  loan.  Lect.  :  i.  Hyeins  erat  el  ambulabnl ....  jusqu'à  :  pedihii.f 
sed  affectihus.  w.  Friçjueranl  a  diligendi  caritate,...  jusqu'à  :  velamen  est 
super  COI'  eoriim.  m.  Deniqiie  qiiodam  loco,...  se  termine  :  lec/ehanl,  sed 
non  intelliffebant. 

*  I.  Ecce  Pharisœus  veraciter  apiid  .se,...  jusqu'à  :  lonr/e  essel,  ignora- 
hal.  II.  Sed  inter  hœc  nos  gemÛns  cogit  quosdam  nostri  ordinis  viros 
inliieri.  m.  Unde  semper  neces.se  est,...  se  termine  :  quod  iustitin  dicina 
repreltendit.  Pour  le  jeudi  de  la  semaine  de  Pâques,  au  lieu  de  riiomélie 
de  saint  Grégoire,  où  il  identifie  encore  les  deux  Marie,  on  a  mis  une 
homélie  de  saint  Augustin,  tirée  du  sermon  ccxlui  in  diehus  pascfialihus  : 
In  /lis,  quœ  andivimus ,  illiid  tantnm  solel  moverr ,  etc. 

•î  Lectio  i\  :  Dilectissimi,  perseverale  in  disciplina,...  jusqu'à  :  qni  se 
humiliât,  exallabitur.  Lectio  v  :  0 perversifas ,  o  abusio  filiorum  Adam!... 
jusqu'à  :  sicul  apostolus  raptns  est  ad  tertium  cvlum.  Lectio  vi  :  El  pri- 
mi  quideni  felices,...  se  termine  :  quia  tn  es  via.  veritas  el  vila,  via  in 
exemple ,  verilas  in  promisso,  vila  in  prœmio. 


CHAPITRE  XII  395 

du  second  nocturne  des  passages  tirés  du  sermon  xxxni  de  saint 
Pierre  Ghrysologue  jn  jjafali  S.  Andreee  :  Bealus  Andréa  inen'to 
natiis...  jusqu'à.  :  cedil  ordini, piwmio,  [amen  non  cedif  lahore... 
Les  répons  sont  empruntés  à  la  sainte  Ecriture.  L'office  de  saint 
François -Xavier  est  laissé  tel  quel,  mais  il  est  abaissé  au  rite 
semidouble.  Les  leçons  du  second  nocturne  de  saint  Nicolas 
(6  décembre)  sont  celles  du  Commun  d'un  confesseur  pontife, 
car  la  légende  empruntée  à  Monbritius  est  apocryphe  ;  cette  fête 
ne  conserve  que  Toraison  propre,  tout  le  reste  est  du  Commun. 
Ainsi  en  est-il  pour  sainte  Lucie,  tout  du  Commun  d'une  vierge 
martyre,  parce  que  les  Actes  d'où  sont  tirés  la  légende,  les 
antiennes  et  les  répons,  sont  apocryphes.  Pour  saint  Damase,  on 
compose  trois  nouvelles  leçons  du  deuxième  nocturne,  car  la 
Vie  dont  on  s'était  servi  jusqu'alors  contient  des  expressions 
hyperboliques  [ingemiscens  orbis  lerrarum,  etc.  de  saint  Jérôme) 
et  des  inexactitudes,  telles  que  celles  de  indicto  Conslantinopo- 
litano  concilio  et  tribus  decrefi's.  L'apôtre  .saint  Thomas  ("21  dé- 
cembre) reçoit,  au  lieu  des  antiennes  du  Commun,  des  antiennes 
propres,  prises  dans  l'évangile  de  saint  Jean.  Les  leçons  du 
second  nocturne  sont  remplacées  par  un  sermon  de  saint  Jean 
Chrysostome  :  de  incredulilafe  Apostolorum.  Les  oflices  de  saint 
Jean  TEvangéliste,  des  saints  Innocents  (quelques  antiennes 
tirées  d'Isaïe  et  de  l'Apocalypse),  de  la  chaire  de  saint  Pierre, 
ont  leurs  antiennes  changées.  Les  saints  suivants  :  Agnès,  Agathe, 
Laurent,  Cécile  et  Clément  reçoivent,  comme  cela  a  eu  lieu  pour 
sainte  Lucie,  au  lieu  des  antiennes  et  des  répons  empruntés  à 
leurs  Actes  (déclarés  apocryphes  par  les  consulteurs) ,  les  pièces 
correspondantes  du  Commun  des  saints.  Pour  la  fête  de  la  Puri- 
fication (2  février),  le  répons  Senex  puerum  porlahat  du  Ille  noc- 
turne et  l'antienne  (même  texte)  du  Macfnifical  des  premières 
Vêpres,  empruntés  à  un  sermon  apocryphe  de  saint  Augustin, 
sont  remplacés  par  un  autre  texte  tiré  de  l'Antiphonaire  de  Saint- 
Pierre'.  Dans  l'office  de  la  fête  de  l'Annonciation  (25  mars),  les 
consulteurs  paraissent  choqués  des  expressions  :  Efficieris  (jra- 
vida  et  Cuncfa  h;ereses  sola  Interemisli  (^  répons  aux  >Litines), 
ces  pièces  par  conséquent  sont  remplacées  par  d'autres. 
On  supprime  en  outre  les  légendes  des  saints  qui  suivent  :  saint 


1  Dans  Tonimasi,  Opéra,  t.  iv,  p.  6i  :  Nunc  dimiltis. 


39Ô  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Barnabe  (encore  que  le  fond  principal  soit  tiré  des  saintes  Écri- 
tures [Actes  des  Apôti'esj  mais,  disent  les  consulteurs  :  In- 
nilunliir  .wlis  spuriis);  saint  Joachim,  tirée  de  saint  Jean 
Damascène  ;  saint  Pierre  es  Liens  (car  Tilleniont  et  Baillet  n"ad- 
mcUcnt  pas  ce  récit  i  ;  à  la  place  on  met  un  sermon  de  saint 
Jean  Chrysostome  et  une  courte  mention  de  raullienlicilé  des 
reliques  conservées  sur  TEsquilin  ;  sainte  Marie  aux  Neiges,  saints 
lîarlhélemy,  Matthieu,  Marins,  Marthe  et  Audifax,  Pierre 
Nojasque^^ww  qiue  ihi  narranlur ,  ininquniu  in  examen  addu- 
cla  suni),  Biaise,  Tiburce,  Valérien  et  Maxime,  Caius  et  Clet, 
Alexandre,  Praxède  et  le  i^rand  nombre  des  saints  anciens,  et 
des  simples  de  Télé  et  de  Taulomne,  tels  que  saint  Callixte  au 
\  i  oclohve  [c/uia  inceiia  sunl,  qme  in  ea  narranlur).  Souvent  les 
consulteurs  appuient  leur  jugement  sur  Tillemont.  Un  certain 
nombre  d'homélies  du  Propre  des  saints  furent  également  rem- 
j)lacées  par  d'autres;  ainsi,  le  prétendu  sermon  de  saint  Augus- 
tin sur  les  saints  Innocents  est  remplacé  par  un  sermon  de  saint 
Bernard,  de  même  le  pseudo-sermon  de  saint  Augustin  pour  la 
iéle  de  la  Purilication.  Ainsi  encore  le  sermon  apocryphe  de 
saint  Augustin  pour  la  chaire  de  saint  Pierre,  remplacé  par  un 
passage  de  saint  Gyprien  De  unilale  Ecclesiee.  Le  sermon  apo- 
cryjdie  de  saint  Jean  Chrysostome  pour  la  fête  de  la  \'isitalion 
cède  la  place  à  un  sermon  de. saint  l>crnard,  et  au  lieu  de  l'ho- 
mélie du  III«  nocturne  de  la  fête  de  saint  Jean  Gualbert,  dont  la 
première  vn^,  leçon  seule  est  attribuée  à  saint  Jérôme,  tandis  que 
les  deux  autres  ahi*^  et  iv^ ,  sont  emiDruntées  à  un  pseudo-sermon  de 
saint  Aug-ustin,  on  met  une  homélie  de  saint  Jean  Chrysostome. 

Commun  des  saints.  —  Au  Commun  des  saints,  on  ne  trouva 
que  deux  changements  nécessaires  à  apporter  pour  l'office  des 
évaiigélistes  et  pour  les  leçons  de  plusieurs  martyrs  en  second 
lieu,  on  choisit  un  autre  j)assage  de  saint  Grégoire  qui,  dans  la 
pensée  des  consulteurs,  était  jilus  pieux  cl  plus  ;i]:)proprié  au 
texte  évangélique. 

Travaux  de  la  Commission.  —  En  étudiant  l'œuvre  telle  que  la 
présentait  la  (Congrégation,  on  doit  convenir  que  les  consulteurs 
et  les  cardinaux  eux-mêmes  maintenaient  fermement  la  division 
des  psaumes  traditionnelle  à  Bonie  pour  les  sept  jours  de  la 
semaine;  les  corrections  (substitutions  de  nouveaux  sermons  et  de 
nouvelles  homélies  i  ajîportées  au  Propre  du   temi)s  étaient  cir- 


CHAPITRE  XII  3'.t7 

couspecles  cl  légères,  el  Ion  sut  ré^^iï^ter  tiu  courant  gallican. 
D'ailleurs  le  but  des  consulteurs  nctail  pas.  comme  celui  des 
nombreux  réformateurs  gallicans  du  Bréviaire,  de  créer  du  nou- 
veau, mais  simplement  d'améliorer  ce  qu'on  possédait;  aussi 
bien  ne  méprisèrent-ils  point  les  principes  et  les  décrets  du  con- 
cile de  Trente  et  du  pape  saint  Pie  ^'  ;  ils  ne  voulaient  pas  une 
liturgie  à  priori,  un  livre  systématique  qui  pût  servir  de  manuel 
de  dog-me,  de  morale  et  de  droit  canon,  comme  c  était  la  pensée 
des  faiseurs  de  Bréviaires  en  France;  mais  ils  prétendaient  sim- 
plement donner  plus  de  clarté  à  la  pensée  de  saint  Pie  V  et  du 
concile  de  Trente,  pensée  qu  ils  voyaient  s'obscurcir  notam- 
ment dans  l'accumulation  des  fêtes  de  saints,  au  détriment  des 
offices  du  dimanche  et  des  fériés.  Il  est  permis  cependant  de  se 
demander  si  les  consulteurs  agirent  sagement  et  convenablement 
en  rejetant  en  masse,  sans  miséricorde,  les  offices  de  sainte  Lucie, 
sainte  Cécile,  sainte  Agnès,  saint  André,  saint  Clément,  saint 
Laurent;  on  doit  reconnaître  que  la  C^ongrégation  du  Bréviaire 
de  Benoit  \IV  se  montra  bien  au  courant  de  la  science  de  son 
temps,  et  qu'elle  puisa  ses  connaissances  historiques  et  ses  juge- 
ments critiques  dans  les  Tillemont,  les  Baillet,  les  Mabillon,  les 
Ruinart,  les  Tommasi,  et  particulièrement  dans  les  Bollandisles  et 
les  Mauristes;  on  ne  peut  néanmoins  lui  éparg-ner  le  reproche 
d'avoir  été  trop  loin  dans  ses  scrupules  et  d'avoir  saisi  d'une  main 
un  peu  rude  des  plantes  délicates,  d'avoir  rejeté  quelques  grains 
de  froment  avec  l'ivraie,  d'excellents  grains  avec  la  paille.  De 
nombreuses  pièces  des  Acla  minus  t>incer;i  inarlyriim  el  du  Liber 
pontifcalis,  qu'au  xvni''  siècle  on  regardait  a^■ec  dédain,  ont, 
même  d'après  Tillemont,  un  bon  fonds  de  vérité,  simplement 
recouvert  par  les  légendes,  el  aujourd'hui,  après  les  travaux 
des  Le  Blant,  De  Rossi ,  Duchesne,  Xeumann  et  d'autres,  elles 
ne  sont  pas  tenues  pour  des  sources  à  mépriser.  (  )n  peut  dans 
toutes  distinguer  aisément  la  vérité  de  la  liction.  pour  peu  qu'on 
ait  quelque  notion  des  sciences  archéologiques*.  Des  historiens 
protestants  eux-mêmes,  en  Allemagne  et  en  Ang-leterre,  jugent 
aujourd  liui  certaines  vies  de  saints  de  Lancien  Bréviaire  romain 
avec  plus  de  discrétion  et  d'égard  que  ne  l'avaient  fait,  il  y  a 
cent  ans,  les  liturgistes  de  vocation  de  l'ancienne  Rome,  encore 


1  Cf.  à  ce  sujet  BalidV.l,  p.  .•Î12-:<r 


398  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

qu"ils  soient  plus  exigeants  que  les  historiens  ecclésiastiques  qui, 
sous  Clément  VIII  et  Urbain  VIII,  corrigèrent  à  leur  façon 
l'œuvre  de  Pie  V. 

Il  semble,  comme  le  remarque  avec  justesse  ^I.  BalilFol ,  que 
la  Congrégation  elle-même  ait  abandonné  son  purisme  vers  la 
fin  des  travaux;  en  elfet,  dans  le  Commun  des  saints  on  s'est 
montré  moins  scrupuleux,  en  maintenant  des  antiennes  dont 
l'authenticité  n'était  pas  prouvée,  et  qui,  tout  comme  celles  de 
l'office  de  saint  André,  étaient  empruntées  à  des  livres  apo- 
cryphes :  ainsi  l'antienne  Lux  perpétua  lucebit  sanctis  tuis, 
Domine,  et  œternilas  tempovum  in  Comin.  Mart.  T.  P.,  ou 
encore  les  répons  lîeçpium  mundi...  ou  Quem  vidi,  quem  amavi, 
in  quem  credidi  ïn  Comm.  non  ^irç/inum. 

Enlin ,  on  peut  se  demander  si  les  règles  appliquées  par  les 
consulteurs  dans  le  maintien  et  la  radiation  des  saints  au  calen- 
drier furent  vraiment  bonnes  et  sagement  choisies.  C'est  ainsi 
qu'aujourd'hui  on  comprend  diflicilement  que  saint  Marius  et  saint 
Audifax,  saint  Eventius  et  saint  Théodule,  saint  Basilide  et  saint 
Cyrinus,  les  saints  Abdon  el  Scnnen,  Cyriaque,  Largus,  Smaragde, 
Protus  et  Hyacinthe,  uniquement  parce  qu'ils  se  trouvaient  dans 
les  anciens  livres  d'offices  romains,  tout  en  étant  inconnus  du 
peuple,  aient  eu  plus  de  raisons  d'avoir  un  office  que  des  saints 
aussi  populaires  que  Louis  de  (ionzag-ue ,  Elisabeth  de  Thuringe, 
Scholastique  et  peut-être  aussi  Placide  et  Grégoire  MI,  qui  avec 
un  grand  nombre  d'autres  se  virent  privés  de  l'honneur  du  calen- 
drier du  Bréviaire. 

Opinion  de  Benoit  XIV.  —  Comme  jadis,  on  a  de  nos  jours 
douté  que  Benoit  XI\'  ait  sérieusement  tenté  la  réforme.  Mais 
M.  BatilTol  a  prouvé  jusqu'à  l'évidence,  par  la  correspondance 
du  grand  pape,  dont  la  loyauté,  la  sincérité  sans  arrière-pensée, 
sont  au-dessus  de  tout  soupçon,  qu'il  était  animé  d'un  saint  zèle 
pour  cette  réforme  ^  Mais  habitué  à  tout  faire  par  lui-même 
(fare  una  cosa  da  se],  Benoit  WV  ne  pouvait  admettre  l'idée  de 
s'approprier  le  travail  daulrui  et  de  le  compléter  par  ses  propres 
remarques  et  ses  corrections.  Il  voulait  que  lédilion  du  nouveau 
Bréviaire  fût  entièrement  son  œuvre;  volontiers  il  abandonnait 
aux  autres  la  politique  et  le  cérémonial,  mais  il  entendait  traiter 


1  BatilTol.  p.  318  sq. 


CHAPITRE  XII  399 

par  lui-même  et  régler  après  mûre  délibération  tout  ce  qui 
ressortait  de  la  théologie  positive  et  du  droit  canon.  «  Il  aimait 
à  faire  des  livres  et  des  décrets,  »  comme  la  dit  quelqu'un  avec 
une  ironie  exagérée.  En  réalité  ,  l'unique  délassement  du  grand 
homme,  après  les  soucis  multiples,  fatigants  et  épineux  qu'en- 
traînait sa  charge  de  premier  pasteur,  était  de  passer  plusieurs 
heures  dans  sa  bibliothèque  en  compagnie  de  ses  travaux  scien- 
tifiques. Il  corrigeait,  en  effet,  et  lisait  avec  le  plus  grand  soin 
pour  une  édition  nouvelle  ses  ouvrages  de  la  Canonisation  des 
saints  et  des  Synodes  diocésains.  En  1748,  après  l'apparition  de 
son  Martyrologium  Ronianum  imprimé  à  Rome  aux  frais  du  roi 
<Ie  Portugal  et  orné  d'une  dédicace  à  ce  souverain,  il  écrivait  au 
cardinal  deTencin  :  «  Plût  à  Dieu  que  nous  eussions  sui\'i  la  même 
méthode  et  que  nous  eussions  travaillé  nous  seul  à  la  correction 
■du  Bréviaire  I  II  y  aurait  beau  temps  qu'elle  serait  terminée  ! 
Nous  nous  sommes  embarqué  à  nommer  une  Congrégation  qui, 
finalement  nous  a  communiqué  ses  sentiments  si  confus,  si 
embrouillés,  si  contradictoires,  qu'il  y  a  plus  de  travail  à  les  cor- 
riger qu'à  corriger  le  Bréviaire*.  » 

Le  pape  n'était  donc  pas  satisfait  du  travail  de  la  Congréga- 
tion ou  du  spécimen  d'un  Bréviaire  romain  réformé  que  lui 
avaient  présenté  les  neuf  consulteurs  et  les  cinq  cardinaux. 
Cependant  son  mécontentement  pouvait  ne  s'étendre  qu'à  la 
partie  qui  contenait  les  offices  des  saints,  au  Propre  et  au  Com- 
mun des  saints.  Car,  dans  l'audience  qu'il  donna  le  29  septembre 
1744  aux  consulteurs  et  aux  cardinaux,  il  leur  manifestait,  comme 
nous  l'avons  vu  plus  haut,  sa  volonté  de  voir  conserver  le  texte 
et  la  division  du  psautier,  et  il  défendait  de  discuter  dans  la 
suite  une  proposition  de  correction  quelle  qu'elle  fût.  De  même 
les  propositions  relatives  à  l'office  du  temps  ne  peuvent  sérieu- 
sement être  mises  en  question,  car  sur  ce  point  on  avait  simple- 


'  Cimharcammo  a  clepulare  iiua  Congregalione  che  finulmente  ci  lia 
data  i  suoi  seniiinenli  tanto  confiisi  e  lanto  imbroc/Uaii  e  (anlo  di.ssoni  fra 
di  loro,  che  vi  vuole  piii  fatica  a  correyere  quelli,  che  il  Breviario.  Se 
Iddio  ci  darii  vita  e  saiiilà  non  mancheremo  di  fare  ancora  la  nuova  edi- 
■zione  del  Breviario  correcto  (lettre  de  Benoît  XIV  au  cardinal  de  Tencin 
du  7  août  J748,  imprimée  dans  Batiffol,  p.  321;  l'original  est  aux  archives 
du  ministère  des  affaires  étrangères  de  Paris,  corrcsp.  de  Rome,  t.  dccxcvi, 
fol.  254  . 


400  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

meul  remplacé  quelques  homélies  par  d'aulrcs.  lîeaoîl  XI\',  le 
26  janvier  1745,  avait  fait  défendre  aux  consulteurs,  par  l'enlre- 
mise  de  A'alenti,  de  discuter  davantaj;e  sur  le  Propre  du  temps, 
tandis  qu'il  paraissait  satisfait  des  corrections  apportées  dans  les 
homélies'.  Il  ne  voulait  pas  un  nouveau  l>ré\iairc. 

Mais  l'auteur  de  l'œuvre  :  De  canonizatione  sancloruin  .  j)ou- 
vait  bien  a^'oir,  relativement  aux  offices  et  aux  saints  du  Bré- 
viaire, un  idéal  plus  élevé  que  celui  des  consulleurs  influencés 
par  l'esprit  ^■'allican  ou  critique.  Il  s'adonna  lui-même  à  ce  tra- 
vail. 

A  l'automne  de  1748,  il  écrivait  :  «  Quant  au  Bréviaire,  nous 
avons  repris  la  matière.  Mais,  pour  e:i  \enir  à  bout,  il  faudrait 
avoir  plus  de  temps  à  y  consacrer  que  nous  n'en  avons,  étant,  à 
dire  vrai,  non  pas  assiégé,  mais  accablé  de  besogne'^.  »  En  1755,  il 
s'occupait  encore  de  cette  affaire,  car  il  écrit  à  Peggi  :  «  Il  nous 
reste  deux  tâches  à  accomplir  :  l'une  relative  aux  sacrements, 
dont  l'administration  réclame,  dans  l'Eglise  orientale,  de  nouvelles 
règles  ou  de  nouveaux  éclaircissements;  l'autre  est  une  honnête 
correction  du  Bréviaire.  Nous  n'avons  pas  peur  du  travail,  ayant 
déjà  notre  magasin  plein  de  matériaux  (il  avait  en  vue  soit  les  études 
de  ses  consulteurs,  soit  ce  qu'il  avait  recueilli  lui-même  depuis 
1748),  mais  il  y  faudrait  un  peu  de  temps;  or  on  n'en  trou\e  pas 
aisément,  ou,  si  par  aventure  on  en  trouve,  on  sent  alors  tout  le 
poids  des  ans  et  des  infirmités^,  »  Eu  1756,  \eBi(ua!e  Gnecoriim 
est  prêt ,  et  le  pape  entreprendrait  volontiers  la  correction  du 
Bréviaire.  Or  cette  année-là  ses  attaques  de  goutte  s'aggravent*, 
et,  comme  par  ailleurs  les  affaires  raccablent  toujours,  il  lui 
reste  peu  de  loisir  pour  ce  travail;  et  cependant  il  voudi-ait  tout 
bien  préparer  et  polir  a\ant  de  publier,  car,  comme  il  l'écrit 


>   Uoskovàiiy,  t.  v,  p.  569,  572-574. 

2  Rispelto  al  Breviario,  abhiamo  ripi(jliala  la  maleria.  Ma  per  riJurla 
a  capo,  vi  vorrehbe  più  lempo  da  impieyarci  di  nuclloche  si  ha.  essendo 
veramente  non  che  cireondaii,  ma  oppre.sai  dalle  faliche  (Benoit  XIV  à 
Tenciii.  25  sept.  17i8,  loc.  cil.,  p.  322). 

3  L'allra  è  nn'  onesla  correzione  del  noslro  Breviario.  Xoi  non  ricu- 
siamo  la  fatica ,  avendo  ffià  il  magyazzino  pieno  de  maleriali  (Be- 
noit XIV  ù  Peggi,  lettre  du  13  août  1755,  dans  Fv.  X.  Kraus,  Briefe 
BenedilitsXIVan  den  Canonicus  l'r.  Pe;j<jiin  Bolorjna,  l'ieilnirgimBr.,  1884, 
p.  115). 

'•  Lettre  du  18  février  1756  à  l\'i!fïi,  dans  kraus,  p.  121. 


CIIAPIÏUE  Xll  401 

encore  le  10  avril  ITÔS,  noire  siècle  esl  tlillicile  à  conlcnler'. 
Trois  semaines  plus  lard,  le  i  mai  175S,  le  firand  pape  nnun-ail 
sans  avoir  pu  achever  son  (puvre. 


•  Il  secolo  présente  è   di   ii)iilenl;i(iir;i  dif/icile  (lîcnnit  XIV  i'i   Pi'j;j;i, 
W  avril  173s,  clans  Ki-aus.  }).  l.îi  . 


Biév.,  t.  II. 


CHAPITRE    XIII 

DERNIERS  PLANS  DE  RÉFORME 

LÉGÈRES  CORRECTIONS  ET  LÉGERS  ACCROISSEMENTS 

APRÈS  BENOIT  XR' 


Le  pape  Benoît  XIV  était  mort  sans  avoir  pu  donner  à  ri"]glise 
Yhonnêle  correction  du  Bré\iaire  qu'il  avait  promise'.  L'édition 
d'Urbain  ^'III,  de  163'2,  à  l'exception  de  quelques  fêles  de  saints, 
qui  étaient  venues  s'ajouter  depuis  lors,  eut  donc  de  nouveau 
force  de  loi  partout.  Elle  de\ait  se  maintenir  telle  pendant  un 
siècle  et  demi  environ,  jusqu'à  Léon  XIII.  Sous  ce  dernier  parut 
une  nouvelle  édition  corrigée  ou,  si  l'on  veut,  plus  correcte.  On 
y  indiquait  les  améliorations  apportées  jusqu'alors  dans  le  texte 
de  quelques  légendes  et  de  quelques  rubriques.  C'est  l'édition 
(i/pic'i  de  Ratisbonne  de  1884. 

Pie  VI.  —  De  nouveau,  sous  le  pontificat  de  Pie  ^  I,  on  reprit 
la  question  d'une  réforme  du  Bréviaire.  Sur  l'ordre  de  ce  pape, 
un  projet  fut  élaboré  et  pi^ésenté  à  la  Congrégation  des  Rites. 
Mais  les  difficultés  d'exécution  parurent  telles,  qu'on  crut  ne 
pas  devoir  donner  suite  à  l'affaire,  provisoirement   du  moins-. 


1  Bientôt  paraîtra  un  travail  de  Treuttler  :  D?  reduclione  Feslorum  siib 
Benedicto  XIV,  relatif  à  d'autres  efl'orts  tentés  par  ce  pape,  et  où  sont 
mis  en  lumière  les  travaux  du  cardinal  Quirini  de  Brescia,  de  l'abbé  Ger- 
bert  de  Saint- Biaise  et  de  l'évêque  de  Fermo,  et  où  sont  exposées  leurs 
conceptions  des  exigences  sociales  de  ce  temps. 

2  Agostino  Albergotti,  La  divinn  salmodia  secondo  l'anlica  e  nuova  dis- 
ciplina délia  chiesa ,  Siena,  1816,  p.  231.  A  la  suite  de  la  délivrance  du 
bienheureux  Pie  VII  de  la  capti\ité  française,  une  restauration  catholique 
se  prépara  et  de  nouveau  on  songea,  à  ce  qu'il  semble,  au  Bré%iaire.  Mais 
on  comprit  que  le  temps  de  la  mise  à  exécution  n'était  pas  encore  venu. 
C'est  ce  que  l'on  voit  par  Albergotti  {op.  cit.,  p.  231),  qui  écrivait  en  1816, 
était  é\cquc  d'Arezzo  et  pouvait  savoir  par  conséquent  ce  qui  se  passait 
à  Rome.  Il  dit  du  «  |)ape  d'alors  »  :  Ma  siccome  nella  vastilà  del  f/enio 
net  présente  sommo  ponte fice  covrisponde  perfetlamente  la  priidenza, 
inerendo  aile  inassime  del  suo  yran predeceasore  e  maestro  Benedetto  .XIV, 
ha  crediiio  ancK  esso  per  ora  di  sospendere  qualiinciiie  riforma.  Je  ne 


CHAPITRE  XIII  403 

Les  actes  de  Tévêque  Ricci  et  du  synode  de  Pisloie  avidenl  d'ail- 
leurs fait  un  devoir  d'être  prudent. 

Rome,  toutefois,  ne  perdit  pas  enlièrement  de  vue  le  projet. 
Nous  ne  possédons,  il  est  vrai,  aucun  document  positif  nous 
signalant  que  Léon  XII,  Pie  Mil  et  Grég-oire  X\'I  s'en  soient 
occupés.  Et  il  est  possible  que  la  question  soit  demeurée  enseve- 
lie dans  les  cartons  jusqu'à  l'établissement  par  Pie  IX,  en  1856, 
d'une  Commission  ou  Congrégation  pour  l'examen  de  la  ques- 
tion :  La  réforme  du  Bréviaire  semhle-l-elle  opporfiiiie^'l  L'abbé 
de  Solesmes,  dom  Guéranger,  qui,  à  cette  époque,  séjourna 
quelque  temps  à  Rome,  fut  un  des  consulleurs.  La  première 
session  de  la  Congrégation  se  tint  le  1 1  avril  1856,  chez  Msr  Capalti. 
Dans  la  deuxième  session,  du  6  mai,  à  laquelle  dom  Guéranger 
assistait  comme  à  la  première,  on  répondit  à  quatre  questions 
posées  par  M°''  Capalti  : 

1°  Le  Bréviaire  romain  a-t-il  besoin  d'une  réforme? 

2°  Semble-t-il  opportun  d'entreprendre  cette  réforme? 

3°  Doit -elle  s'étendre  aux  rubriques? 

4*>  S'étendra- t -elle  aux  légendes,  homélies  et  antiennes? 


vois  pas  comment  Benoit  XIV  était  le  maitrc  de  Pie  ^'11;  il  fut  celui  de 
Pie  VI.  Peut-être  y  a-t-il  là  une  erreur,  ou  le  livre  a-t-il  été  écrit 
peut-être  avant  1800  et  publié  sans  changement  en  1816  ?  D.  Guéranger 
{Inst.  liturcf.,  l>"e  édit.,  t.  ii,  p.  627)  nomme  aussi  Pie  VI. 

1  D'après  le  P.  Schober  Explanatio  crilica,  p.  78).  Pie  IX  aurait, 
en  1860,  nommé  (de  nouveau)  une  congrégation,  qu'il  appelle  Comjre(ju- 
tio  particularis  pro  recognoscendo  Missali  et  Breviario.  Malheureusement 
il  ne  donne  pas  la  source  de  ces  informations.  Il  se  contente  de  poursuivre 
ainsi  :  Quoad  Missale  pliira  duhia  per  decretiim  -27  sept.  IS60  soluta  sunl^ 
circa  Breviariiim  vero  a  Commissione  sentenlia  pontifici  data  fuit,  qiiod 
nulla  novce  recoynilionis  nécessitas-  existeret.  Dans  les  Analecta  iuris 
pontifici  (V*  série,  Rome,  1861,  p.  618;,  il  est  simplement  fait  mention 
d'une  Confjreyatio  particularis  pour  la  recognitio  du  Missel,  et  dont  les 
conclusions  furent  adoptées  et  publiées  par  décret  du  27  sept.  1860.  On 
trouve  aussi  ce  dernier  dans  Gardellini ,  Décréta  authentica  Congregatio- 
nis  sacror.  Rit.  ex  actis  eiusdem  collecta,  Ronux,  1858  sq.  (append.  m. 
p.  41,  n.  5309).  Cette  Commission  se  composait,  d'après  les  .An^^ecia  iuris 
pontif.,  lac.  cit.,  p.  618,  de  cinq  cardinaux  et  de  quatre  consulteurs;  je 
ne  puis  dire  si  c'est  la  même  qui  fut  instituée  en  1856  pour  le  Bréviaire. 
Je  ne  puis  pas  davantage  constater  si  cette  Congrégation  de  1860  a  déclaré 
que  pour  le  Bréviaire  nulla  novœ  recognitionis  nécessitas  existeret.  Le 
P.  Schober  semble  ne  rien  savoir  de  la  Commission  ou  de  la  Congrégation 
de  1856.  Je  dois  à  une  lettre  du  prieur  de  Solesmes,  dom  Fernand  Cabrol, 
aujourd'hui  abbé  de  Saint-Michel  de  Farnborough  Angleterre),  ce  que  je 
dis  dans  le  texte  au  sujet  de  dom  Guéranger. 


404  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

La  réponse  lui  allirniative  pour  les  trois  premières  quesliou-s. 
On  répondil  à  la  qualriènie  par  un  non  caléj^orique '.  Toutefois, 
selon  toute  apparence,  le  célèbre  lituryisle  de  Solesmes,  le  res- 
taurateur de  l'ordre  bénédictin  en  France,  ne  lui  pas  coniplcle- 
nientdera\is  de  la  majorilé  des  consulteurs.  En  ell'el,  d'après 
une  coniniunicalion  qui  nous  a  élé  l'aile  de  Solcsnies,  où  Ion  pos- 
sède encore  la  correspondance  de  doni  (iuéran<;er  à  celle  époque, 
l'abbé,  qui  avait  élé  chargé  par  M?''  Capalli  de  composer  un 
promémoire  sur  les  suites  données  aux  projels  de  réforme  ])ré- 
sentés  sous  Henoit  XH',  a\ait  laissé  des  annolalions  el  des 
remarques  manuscrilcs,  non  seulemcnl  sui-  les  Iravaux  de  la 
Congrégation  de  17  il  ,  mais  aussi  sur  divers  points  qui,  acluel- 
lemenl  encore,  auraient  besoin  d'élre  améliorés.  On  en  aurait 
cependant  tenu  compte  dans  une  certaine  mesure  dans  les  cor- 
rections faites  sous  Léon  XIIL  Ces  correclions  porlenl,  non 
seulement  sur  les  rubriques,  mais  aussi,  pour  une  large  pari, 
sur  les  légendes. 

Concile  du  "Vatican.  — Ainsi  donc,  si  les  lilurgisles  et  les  cano- 
nisles  romains  n'avaient  rien  In^uvé  à  redire  à  la  forme  actuelle 
du  lîréviaire  et  ne  réclamaient  des  modilicalions  que  pour  les 
rubriques  seules,  il  n'en  allait  pas  parlout  de  même,  el  dans  le 
reste  de  l'Ilalie  et  ailleurs  on  éprouvail  le  besoin  d'une  vasle 
et  prompte  revision.  Parmi  les  Actes  du  concile  du  \'alican 
de  18(W  et  1870,  nous  Irouvons,  en  clTel,  loule  une  série  de 
propositions,  d'avis  et  de  molions  ayant  pour  objel  la  correction 
ou  la  simplilication  du  Bréviaire  el  Icndanl  à  alléger  le  ])ensum 
de  la  prière'-. 

Projels  françui.').  —  Onze  arche\éques  ou  évéques  français, 
ceux  de  Paris,  d'Albi,  de  Melz,  de  Nancy,  de  Dijon,  de  Luçon , 
de  Sens,  de  Cahors,  d'Orléans,  de  Perpignan  et  d'I'.vreux,  souhai- 
laienl  une  réforme  :  1"  (juoad  lecfiones  ni)  hislorii'.s  apocrijp/iis 
non  snds  expurijalns ^  2"  quonil  ;ihtja<il  hipnnos.  sltjlo  ohacnro 


•  Cf.  Ictlrc  de  lionie,  dans  le  journal  IVaneais  L'i'nirers .  17  juin  18.")»), 
où  la  marche  des  travaux  est  décrite  par  un  initié. 

*  Ces  actes  se  trouvent  relativement  complets  dans  le  I.  vu  des  Arlii  cl 
Décréta  sncrorum  coiiciliorttin,  coUeclio  Lacensia.  Fribui-gi  lîrisj^-.,  1890. 
On  en  trou\c  aussi  i|nel(|ues-iiiis  dans  Mai-liu,  Omnium  concilii  Valicani, 
quee  ad  doclrinam  et  disciidlnam  perlinenl ,  dociimeiilonim  collcclio, 
2«  cdit..  Paderhoiiiic.   IS";.!.. 


CHAPITRE  Xlll  405 

et  propc  hiirharo  coinpostlns  ;  3"  qnoml  psniinnruin  ilislrihatio- 
ncm,  (jiuv  mn(fls  v;tri;iri  dcherel  :  4"  quand  frcqucnles  jumis 
nimiiimque  dilalns  (ninsLidoncs  Stincloram  '  ;  5"  quoad  ipsum 
delecluin  sancloriim  ,  quorum  mulli  liomic  proprii  suiil  et  extra 
Bomam  parum  noti ;  6"  quoad  mensurain  officiorum,  qux  .srepe, 
in  Dominicis  pncsertin)  et  Feriis,  fniiqiora  vident ur  et  statut 
pnescnli  clcri  .sn'cu/aris ,  multn  ntinus  quant  cdiin  nunierosi 
proindcque  inar/is  occupali,  non  satis  aceoininodata'-. 

Projets  allemands.  —  Un  certain  nombre  d'évèqnes  allemands 
dont  nous  ne  connaissons  jias  les  noms  se  plaignirent  que  dans 
le  Bréviaire  romain,  «  à  certains  endroits  '^  i  nonnullis  locis) ,  se 
t^ou^■aient  des  détails  qui  n'étaient  en  harmonie  ni  avec  This- 
loire  authentique  ni  avec  une  saine  exégèse.  Ils  demandaicnl,  en 
conséquence,  quon  voulût  bien  soumettre  le  l^réviaire  à  une 
scrujiuleusc  revision,  relalixement  aux  corrections  proposées^\ 
Ils  réclamaient  aussi  c|u"il  tût  permis  à  tous  les  ecclésiastiques 
ayant  charge  dames  de  i"éciter  durant  toute  l'année  Matines  et 
Laudes  dès  deux  heures  de  l'après-midi  anlicipando  ^  parce 
que  plus  tard  ils  étaient  souvent  pris  par  leurs  occupations. 
L'évêque  titulaire  de  Chersonèse,  auparavant  \icaire  aposto- 
lique de  Hambourg  et  de  Luxemboui'g.  Jean-Théodore  Laurent, 
présentait  une  série  de  propositions  Desiderata  lilurf/ica,  con- 
cilio  œeumcnieo  Vaticano  proponenda.  Il  réclamait,  avec 
certaines  corrections  ou  modihcalions  insignilianlcs  à  apporter 
aux  leçons  et  hymnes  des  l'êtes  de  saint  Joachim  et  sainte  .Anne, 
de  sainte  Madeleine,  sainte  Agathe,  saint  .Marcellin,  etc.,  la 
canonisation    ou    la    béaliliealion   de   (Iharlemagne  et   des   papes 


1  L'a  lU'crot  de  1-cou  XIII  de  IS.S3.  iloiit  il  sei'ti  ciuesliiuL  \t\\\<  loin  en 
détail,  donne  salisfaclion  an  dcsideratnm  noté  sons  le  n"  5. 

-  Il  est  à  remarqner,  an  snjet  de  la  proposition  notée  sons  le  n"  G,  de 
tliminner  le  pensnni  de  la  prière  des  dimanches,  qne.  dans  i-ertains  cas, 
Tohliiiation  dn  lîréviaiiv  est  \raiment  lonrde  |)onr  nn  cnré  très  occupé  on 
ponr  nn  jirctfi-  chargé  des  âmes  dans  nne  grande  paroisse.  Mais,  d'un 
antre  côté,  «m  ne  doit  i>as  oublier  qne,  non  seulement  pour  le  peuple, 
mais  encore  poiu-  le  prêtre,  le  dimanche  doit  être  un  jour  de  pi-ière  y.a-:' 
i'coyr^'i.  ce  que  beaucoup  oublient  aujourd'hui.  Dn  reste,  la  théologie  morale 
prévoit  les  cas  on  un  ecclésiastique,  surchargé  de  besogne,  peut  éti-e  entière- 
ment ou  en  partie  dispensé  de  la  récitation  du  Bré\iaire. 

2  Ad  corriç/endos  eiiisinodi  Incos  nonniillos  Brerinriiiin  revisioni  ;iccu- 
ralie  sulilicintur.  Compliires  Germnniie  cpiscopi  doU.  I,nc.,  I.  \ii ,  p.  87 i 
et  87:)). 


406  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Iniioceiil  XI,  Libère  el  Clément  XI.  En  douzième  lieu,  venait 
une  proposition  dont  la  réalisation  semblait  au  prélat  lui-même 
peu  justifiée  et  dont  l'application  ne  lui  paraissait  pas  opportune, 
car,  si  nous  en  croyons  son  biographe,  il  TelTaça.  Il  s'agissait  de 
la  récitation  du  psautier  entier  durant  la  semaine  et  de  plus  de 
A'ariété  à  apporter  au  Commun*. 

'  Projets  canadiens.  —  Les  archevêques  et  évêques  du  Canada 
allèrent  plus  loin  encore.  A  Texception  de  Tévêque  de  Montréal 
(Marianopolis)  ^  les  prélats  de  la  province  ecclésiastique  de  Qué- 
bec et  Halifax,  présents  à  Rome  au  nombre  de  douze,  souscri- 
^'irent  un  postula tiun  qui  réclamait  des  changements  très  impor- 
tants. A  ce  rapport  étaient  jointes,  en  peu  de  mots,  les  liaisons 
des  modifications  ;  on  s'en  rapportait  aux  usages  de  la  primitive 
Eglise  et  on  blâmait  l'inconvénient  qu'il  y  avait  à  répéter  presque 
constamment  les  mêmes  psaumes ,  à  cause  des  nombreuses  fêtes 
de  saints;  la  piété  de  ceux  qui  les  récitaient  en  soulîrait^. 

Projets  italiens.  - —  Les  évêques  de  l'Italie  centrale,  et  à  leur 
tête  l'évêque  de  Pistoie  et  Prato ,  demandèrent  la  correction, 
dans  le  Bréviaire,  de  quelques  passages  en  désaccord  a^-ec  la 
critique  historique'^;  ils  désiraient  aussi  qu'on  ajoutTd,  pour 
quelques  fêtes  ,  de  meilleurs  versets  et  des  homélies  mieux  adap- 
tées à  l'objet  de  la  fête.  Mais  ils  réclamaient  surtout  un  règle- 
ment qui  rendît  possible  la  récitation  entière  du  psautier,  au 
moins  quelquefois  durant  l'année.  Dans  l'état  actuel  des  offices, 
en  efTet ,  une  grande  partie  des  psaumes  est  souvent  laissée 
de  côté. 

Projet  Bicca.  —  Déjà  l'une  ou  l'autre  de  ces  propositions,  bien 
intentionnées   sans   aucun    doute,   se   trouvait   passablement   en 


'  Tandem  oplandiim  foret,  ul  nd  Breviiirium  ohligali  non  semper  eos- 
dem  el  valde  paiicos  alque  nimis  graves  psalmos  recilare  deberent ,  sed 
nt  per  singiilas  Iiebdomadas  in  horns  nociurnas  ,ic  dinrnas  tam  in  festi- 
vis  qiiam  in  f'erialibus  o/jficiis  /'ère  lotum  psalteriinn  distribuerentiir. 
Eliam  (ertionum  de  commuai  maior  copia  et  variatio  desideranda  essel 
(Karl  M<"illcr,  Leben  iind  liriefe  von  Jofiannes  Tti?odor  l.aurent  III ,  Trier, 
1889,  appcnd.  iv,  p.  xxxv-xxxviii). 

2  On  y  lisait  :  1.  Quantum  fieri  potest,  ordinarie  recitelur  lotum  psal- 
lerium  in  hebdomada.  1.  Brecius  sil  officium  iis  diebus ,  quibus  paroctii 
el  confes.'iarii  muneris  sui  ojjiciis  diulius  detinentur ,  prout  sunt  Vigilise 
feslorum,  Sabhala,  Dominiez  prœserlim  Adventus  el  Quadragesimœ  (Coll. 
I.ac,  l.  VII.  p.  8S1  ). 

•■^  Quie  for  lasse  absunl  a  crilica  hislorica  [Coll.  Lac,  L  vu,  p.  S82,  n.  5). 


CHAPITRE  XIII  407 

contradiction  avec  l'histoire  et  la  formation  des  Heures  cano- 
niales, avec  une  appréciation  raisonnable  de  ces  Heures.  Le 
j^énéraldes  Minimes  (ordre  de  Saint-François-de-Paule),  Raphaël 
Ricca,  dépassa  dans  son  volum  les  limites  permises.  Il  oubliait 
les  exigences  de  la  formation  et  du  développement  de  roffîce  et 
le  rapport  nécessaire  qui  existe  entre  la  prière  publique  et  les 
particularités  locales  et  nationales  de  chaque  diocèse  et  de  chaque 
église.  Le  30  janvier  1870,  il  réclamait  du  saint  concile  un  décret 
qui  imposerait  à  tous  les  clercs  et  religieux  sans  exception  iintra 
cel  exlva  choram),  en  un  mot,  à  tous  les  séculiers  et  réguliers 
tenus  à  l'office  dans  rÉglise  latine,  l'obligation  de  réciter  chaque 
jour  et  en  tout  lieu  un  seul  et  même  office.  Tous  les  privilèges 
précédemment  accordés  seraient  irrévocablement  abolis.  En  tout 
lieu  et  dnns  toutes  les  Églises  du  monde  qui  suivaient  le  rite 
latin,  on  devait  également  célébrer  une  seule  et  même  Messe, 
soit  du  temps,  soit  des  saints.  Ricca  réclamait  une  liturgie 
unique  et  uniforme,  ce  qu'on  ne  peut  obtenir,  même  dans  un 
seul  diocèse,  même  dans  une  seule  grande  ville.  On  n'accorde- 
rait plus  d'offices  propres  pour  les  saints  locaux ,  pour  les 
patrons,  etc.  ;  mais  si  ces  offices  particuliers  n'étaient  pas  en 
harmonie  avec  le  reste  de  l'Église  universelle,  il  voulait  qu'on 
permît  une  neuvième  leçon  aux  Matines  et  qu'on  en  fît  une  com- 
mémoraison  k  la  Messe.  Tout  au  plus  pourrait- on  permettre  la 
Messe  solennelle,  m;iis  non  les  Messes  privées  pour  le  Propre 
des  saints  '. 

On  pourrait  bien  dire  de  ce  projet,  sans  être  taxé  d'exagéra- 
tion, qu'il  fut  dicté  par  le  zèle,  mais  non  par  la  science  [zelus 
est,  sed  non  secuudiim  scienli/im).  En  effet,  aurait-il  eu  quelque 
chance  d'être  accepté,  que,  par  le  fait,  c'était  mettre  en  ques- 
tion l'état  plusieurs  fois  séculaire  de  nombreuses  traditions  litur- 
giques. Presque  toute  Tactivité  des  églises  particulières  serait  en 
quelque  sorte  figée  ;  les  nombreux  liens  qui  rattachent  encore 
notre  siècle  de  vie  rapide  au  passé  que  nous  fournit  l'histoire  se 
seraient  relâchés;  en  un  mot,  cette  tentative  aurait  mis  une  uni- 
formité morte  et  machinale,  telle  qu'il  n'y  en  a  jamais  eu  et  qu'il 
n'y  en  aura  jamais,  à  la  place  de  cette  unité  dans  la  multiplicité 
si  naturelle,  toujours  reconnue  et  favorisée  par  Rome  et  si  pleine 


»  Coll.  Lac,  t.  VII,  p.  892. 


408  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

de  vie.  Elles  étaient  bien  diflërentes ,  les  idées  de  ces  grands 
liturgistes  des  jours  passés,  et  même  de  ce  dom  Guéranger  qui 
répétait  de  nos  jours  :  «  I/Eylise  ne  veut  pas  la  monotonie.  » 
Malgré  sa  lutte  contre  les  Bré\iaires  j^allicans  modernes  du 
xvni*^  siècle,  Tabbé  de  Solesmes  voulait  qu'on  conserAat  ce  qui 
avait  dans  Ihistoire  sa  raison  dexister,  de  même  qu'il  affirmait 
l'alliance  étroite  de  la  liturgie  avec  les  conditions  locales. 

Projet  Fiirinn.  —  Mais  un  ilesideralnm  de  l'évéque  de  Mcence, 
Jean  Farina,  lut  bientôt  après  pris  en  considération.  Ce  prélat 
avait  réclamé  une  décision  qui  empêchât  désormais  le  transfert 
des  fêtes  ordinaires'.  Nous  indiquons  plus  loin  le  décret  de 
Léon  XIII  qui  approuva  et  réalisa  ce  désir. 

Projet  de  lu  Coinnussion .  —  La  même  C'tlleclio  Lacensis  nous 
apprend  que  parmi  les  pi-ojets  étudiés  par  la  curie  ou  par  la 
Congrégation  du  Concile  instituée  ad  hoc,  se  trouvait  le  schéma 
d'une  constitution  sur  la  vie  et  l'honnêteté  des  clercs.  On  _v  rap- 
pelait très  expressément  à  tous  les  clercs  de  n'importe  quel  rite 
et  de  n'importe  quelle  nationalité  lOl^ligation  de  réciter  quoti- 
diennement le  Bréviaire  ■. 

Concile  de  Baltimore.  —  Les  Pères  du  concile  plénicr  et  natio- 
nal de  Baltimore,  en  l<SSi,  tirent  un  pas  de  plus  en  vantant  la 
beauté  et  l'excellente  ordonnance  du  Bréviaire  romain.  Ce  con- 
cile, plus  important  que  n'importe  quel  autre  synode  récent,  et 
pouvant  servir  de  modèle  pour  les  questions  relali\"es  aux  rap- 
ports de  l'Kg-lise  et  de  FEtal  et  aux  exigences  sociales  de  notre 
époque,  exprimait  aussi  le  désir  de  voir  mettre  les  pièces  litur- 
giques entre  les  mains  du  peuple  dans  une  bonne  traduction. 
Ces  trésors  cachés  devaient  être  rendus  accessibles  à  tous  les 
fidèles''. 


1  Ut  toUnliir  ohlijjntio  liitiisfereiKli  0/Jici;i  sancloriim  feslo  aliqiio  nuiinri 
hnpedUn ,  imposiln  lanlum  eorumdem  Commeinoralionc  in  0/ficio  et  Missa 
niaioris  fesli  [Coll.  Lac,  t.  vir,  col.  885). 

2  Clerici  ciiiiisvis  rilus  et  nationis,  heneficiali  vel  sacris  initiati  ordi- 
nihus,  fjiiamvis  nultutn  ecclesiasliciim  beneficium  fuerinl  asseciili ,  memi- 
nerint  se  ad  diviniim  Offtciiim  inlet/rum  cotidie  sive  in  ecclesia  sice  pri- 
vatini  recitandmn  siih  ffravis  cnlpse  reatii  teneri.  Id  reverenter ,  distincte 
ac  dévote  faciant ,  qno  et  sihi  et  clirisliano  poptito  cxlestis  (/ratiœ  dona 
a  Deo  impetrent .  et  in  dirinis  taudil)ns  persolrendis  ant/elicis  clwris  dii/ne 
consocientnr  {Schéma  Conslit.  de  lila  et  honeslate  clericnriim ,  c.  u  Coll. 
Lac,  t.  VII,  p.  660  j). 

3  Jat7i  vero  nemo  non  videt,  ([uautnm  liac  in  re  nlililatis  /idelibus  offe- 


CHAPITRE  XIII  409 

j'aliir .  si  selectarntn  precuin  et  riihricuruin  luin  Missulis  cl  Breiiurii 
tum  liilunlis  versionem  /ideliter  exarulain  in  lihris  precaloriis  pnv  innni- 
hus  Iiaheant.  Probe  (jiiidem  noviiniis  in  parjinis  nnins  lihri  preciini  non 
omnes  illos  Ihesauros  absconditos  coUirfi  posse ;  at  nonniillos  intm-  pre- 
tiosiores  seligere  licel,  ila  iil  sacrœ  lilnrf/iœ  flores  el  germina  ([uasi  hor- 
tiis  paraclisi  lec/enlium  menti  ohiiciantnr...  Statiiimus ,  ut  in  libro  precuni 
tradantur  psalmi .  hymni,  etc.  Episcopi  sediilo  invirjilent  (conc.  Balt.). 
Acta  et  décréta  concilii  plenarii  Baltimorensis  lerlii  a.  D.  Iti/^i.  prseside 
./.  Gibbons ,  arcliiep.  Baltim.  et  delegato  apnstolico .  a  S.  Sede  recojnila 
et  emendaln.  lîallimore.  .T.  Murpliy.  188G  (lit.  vu,  c.  m,  p.  121.   n.  •2-21). 


CHAPITRE    XIV 

QUELQUES  ADDITIONS  ET  MODIFICATIONS 
AU  BRÉVIAIRE  ROMAIN  SOUS  PIE  IX  ET  LÉON  XIII 

Pie  IX.  —  L'éloiinanl  accroissement  du  calendrier  des  l'êtes 
^^oll.s  les  deux  g-rands  papes  Pie  IX  et  Léon  XIII  est  comme 
l'épanouissement  de  la  conscience  religieuse  et  de  la  vie  de 
prière  dans  l'Eg-lise. 

Patronaçfe  de  saint  Joseph.  —  Le  long  et  glorieux  pontillcat  de 
Pie  IX  (18i6-1878j  a  été  particulièrement  fécond  pour  la  mul- 
tiplication des  offices  de  saints  et  d'autres  fêtes  au  Bréviaire 
romain  et  aux  Bréviaires  des  réguliers,  notamment  aux  Bré- 
viaires monastique  et  dominicain.  Pie  IX,  au  début  de  son  règne, 
alin  d'attirer  sur  lui  et  sur  toute  TEglise,  alors  engagée  dans  de 
grandes  luttes,  la  protection  du  père  nourricier  de  Jésus,  établit, 
le  10  septembre  1847,  la  fête  et  l'office  du  Patronage  de  saint 
Joseph.  Il  la  fixa,  après  l'avoir  rendue  universelle,  au  111*^  di- 
manche api'ès  Pâques. 

Précieux  Sanc/  et  Visitalion .  —  Bientôt  après,  durant  son  séjour 
à  (laëte,  où  il  s'était  réfugié  en  quittant  Rome,  il  jirescrivit,  par 
son  magnifique  décret  du  10  août  1849  [Redempli  sumus),  que, 
désormais,  la  fête  du  Précieux  Sang  de  Notre-Seigneur  se  célé- 
brerait dans  toute  l'Eglise  le  I"  dimanche  de  juillet.  A  peine 
revenu  de  l'exil,  il  élevait,  le  'M  mai  1850,  en  reconnaissance 
de  cet  heureux  retour  dans  ses  États  et  dans  la  capitale  de  la 
chrétienté,  la  fête  de  la  Visitation  (2  juillet)  au  rang  de  double 
de  deuxième  classe. 

Saïul  Ililaire  et  autres  fêtes.  —  A  la  demande  des  évêques  de 
la  province  ecclésiastique  de  Bordeaux,  pai'mi  lesquels  se  trou- 
vait Mfe""  Pie,  de  Poitiers  (plus  tard  cardinal  ) ,  qui  avait  eu  une 
jîarticulière  influence  au  concile  provincial  de  Bordeaux  de  18,50, 
saint  Ililaire  de  Poitiers  fut  déclaré  docteur  de  l'h^glise  par 
décret  du  10  janvier  1852,  et  son  office  fut  complété  et  modifié 
en  conséquence.  Un  décret  du  18  mai  1854  créa  l'office  de  saint 


CHAPITRE  XIV  411 

Tite  et  éleva  les  fêtes  de  saint  Timolhée  '24  janvier)  et  de  saint 
Ignace  d"Antioche  i  P'  février  ,  disciples  des  Apôtres,  au  rang- 
de  fêtes  doubles.  Les  leçons  de  la  fête  du  pape  saint  Calixte  ou 
Calliste  ^14  octobre)  et  décret  du  'IS  mars  1855)  les  leçons  his- 
toriques pour  l'anniversaire  de  la  dédicace  des  églises  de  Saint- 
Pierre  et  Saint -Paul  furent  corrigées  et  augmentées.  La  basi- 
lique de  Saint-Paul,  reconstruite  après  l'incendie  de  1823,  fut 
consacrée  le  9  décembre  1854,  par  Pie  IX,  avec  le  concours  des 
évêques  du  monde  entier,  réunis  pour  la  proclamation  du  dogme 
de  rimmaculée-Conception;  cependant  le  jour  de  la  fêle  demeura 
fixé,  comme  auparavant,  au  18  novembre,  jour  de  l'anniversaire 
de  la  dédicace  de  la  basilique  de  Saint -Pierre. 

Sacré  Cœur  et  autres  fêles.  —  Le  26  août  1856,  à  la  prière  de 
nombreux  cardinaux,  évêques  et  prélats,  qui  l'avaient  sollicité 
à  plusieurs  reprises,  soit  par  lettre,  soit  de  vive  voix,  Pie  IX 
rendit  obligatoire  pour  toute  l'Église  la  fête  du  Sacré  Cœur  de 
Jésus ,  avec  un  office  et  une  messe  propres'.  Le  désir  qu'exprima 
personnellement  en  audience  particulière  l'abbé  de  Solesmes, 
que  Pie  IX  aimait  beaucoup,  fut  d'un  grand  poids  dans  cette 
affaire.  Saint  Patrice,  apôtre  de  l'Irlande,  reçut,  le  12  mai  1859, 
un  office  double  pour  le  17  mars.  La  fondatrice  de  l'ordre  des 
Ursulines  ,  sainte  Angèle  de  Mérici  ,  fut  mise  au  Bréviaire 
•  31  mai  )  par  décret  du  11  juillet  1861 ,  et  la  fête  de  saint  André 
Avellin  fut  élevée,  le  21  janvier  1861 ,  au  rang  de  double  10  no- 
vembre). L'office  de  l'Immaculée  -  Conception  8  décembre), 
composé  en  1855  par  le  jésuite  Passaglia,  qui  dans  la  suite 
tomba  dans  quelques  erreurs ,  mais  qui  avant  sa  mort  se  récon- 
cilia avec  l'Église,  trouva  place  dans  les  Bréviaires  imprimés 
de  1855  à  1863;  le  27  août  1863  :  après  la  chute  de  Passaglia^, 
il  fut  remplacé  par  celui  qui  se  trouve  actuellement  au  Bréviaire, 
et  qui  a  été  composé  d'après  un  projet  qui  pourrait  remonter 
à  Gavanti*.    Un  décret  du   14  janvier   1869  rendit  obligatoire 


1  D'après  le  codex  Valiainus  6096.  Sixte  IV  avait,  en  14'6,  prescrit  la 
célébration  de  la  fête  pour  toute  lEglise,  et  Clément  VIII  l'avait  élevée 
au  ranji  de  duplex  maius.  Sous  Innocent  XII  (15  mai  1093) .  elle  devint 
feslum  seciindse  classis;  et  Clément  XI  prescrivit,  le  6  décembre  1708, 
qu'elle  serait  célébrée  comme  feslum  feriatum  de  preecepto ,  non  seule- 
ment au  chœur,  mais  aussi  m  foro ,  c'est-à-dire  par  le  peuple.  On  y 
récitait  YOfficium  de  N.itivilaie  B.  M.  V.,  avec  quelques  légers  change- 
ments. 


412  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

pour  loute  rÉ-^lisc  i  "28  avril)  la  fètc  du  foadaleur  des  Passio- 
nistes,  saint  Paul  de  la  Croix,  que  Pie  IX  avait  canonisé  en  18tî7, 
à  roccasion  du  centenaire  des  apôtres  saint  Pierre  et  saint  Paul. 

Sain!  Joseph.  — Après  la  prise  sacrilège  de  Rome  par  les  Pié- 
montais,  qui  suspendit  le  concile  du  \'atican  i^O  septembre  1870), 
Pic  IX  déclara  saint  Joseph  patron  de  TEglise  universelle  et 
éleva  sa  fête  (  19  mars)  au  rang-  de  première  classe,  par  décret 
du  8  décembre  1870.  Di\crses  questions  et  difficultés  qui  sur- 
girent à  l'occasion  de  rélé\ation  de  cette  fêle  lurent  réglées  plus 
tard  par  Léon  XIII.  Ce  décret  de  Pie  IX  eut  pour  conséquence 
de  placer  la  commémoraison  de  saint  Joseph,  avec  antienne, 
verset  et  oraison,  entre  celles  de  la  sainte  ^'^ierg•e  et  des  princes 
des  Apôtres,  parmi  les  suffrages  à  réciter  aux  fêles  semidoubles 
et  simples,  à  l'office  du  dimanche  et  aux  fériés,  à  la  fin  des 
Laudes  et  des  ^'épres'.  Saint  .Mjjhonse  de  Liguori  reçut,  le 
7  juillet  1871,  le  titre  de  docteur.  a\ec  les  modifications  et  les 
additions  réclamées  par  l'office. 

Sciinl  lionifuce,  sniiil  François  de  Suies.  — Lorsque  éclata  en 
Allemagne  le  Cullurkampf,  et  que  plusieurs  évéques  et  arche- 
vêques furent  jetés  en  prison  ou  envovés  en  exil.  Pie  IX,  par 
décret  du  11  juin  lS7i,  étendit  à  toute  l'I'lglise  hi  fêle  de  saint 
Boniface,  apôtre  de  l'Allemagne.  Dans  tout  l'ordre  bénédictin, 
qui  se  glorifie  d'avoir  donné  naissance  à  ce  grand  évêque  et  mar- 
tyr, sa  fêle  élail  depuis  long-temps  déjà  célébrée  le  .')  juin,  de 
même  en  Allemague,  en  Belgique  et  en  "Hollande.  Quelques  mois 
avant  de  terminer  sa  carrière  terrestre,  le  pieux  et  doux  Pie  IX 
donna  à  saint  François  de  Sales,  qui  s'était  particulièrement 
distingué  par  sa  grande  bonté,  le  rang  et  le  litre  de  docteur  de 
l'Eglise,  et  ordonna  les  modifications  qui  élaienl  à  apporter  par 
suite  dans  le  Bréviaire.  Le  décret  est  daté  du  septième  anniver- 


1  'Sur  le  ciilLc  de  saint  .Tose])li,  on  |)enl  voir  une  série  d'articles  parus 
dans  la  lîev.  hènédicline  :  Le  développement  hislnrique  du  culte  de  sniiil 
Joseph,  par  D.  C.  A.,  mars,  avril,  mai  1897,  qui  résument  les  travaux 
antérieurs  du  chan.  Lueot  :  S;iinl  Joseph,  élude  historù/ue  sur  son  culle, 
premier  o/fice  avec  vurinnle.'i ,  noies  el  Iruduclion  sur  des  documents  di's 
-vre  el  .vr/L  siècles  :  recueil  de  pièce.'i  Urées  des  anciennes  lilurffies,  Pa- 
ris, 1875,  du  R.  P.  Pfuif.  S.  ,1.,  Die  Verehrunrj  des  hl.  Joseph  in  der 
Geschichle  {Slimmen  ans  Maria  -  Laarh ,  1890,  1.  .wxviii.  |).  I.'i7-101. 
282-:U)2),  et  de  D.  Plaine.  Saint  Joseph .  patron  de  l'ErfUse  universelle 
{Science  calh.,  1893,  p.  908-923.  9C4-0SI   .  Tr. 


CHAPITRE  XIV  413 

saire  de  l'occupalion  de  Rome  par  les  troupes  de  \'ictor-Eninia- 
iiucl.  Sept  mois  plus  tard  7  l'é\i'iei'  1878  l,  et  quelques  jours 
après  la  morl  du  roi  dllalie,  le  grand  martyr  descendail  de  la 
chaire  de  Pierre  pour  s'associer  au  chœur  des  bienheureux 
et  des  saints,  poui'  Ihonneur  desquels  il  avait  travaillé  sans 
relâche  sur  terre. 

L'intervention  personnelle  de  son  successeur,  qui  transporta 
dans  la  liturgie  ses  vastes  conceptions,  ses  plans  et  ses  espé- 
rances, doit  apparaître  au  regard  de  l'historien  comme  un  fait 
providentiel,  une  lumière  venue  du  ciel  lumen  in  ado  .  Nous 
ne  ferons  que  rappeler  les  progrès  du  culte  du  Sacré  Cœur  et 
de  l'Immaculée  -  Conception  ,  les  changements  apportés  aux 
rubriques  et  la  formation  des  nou\caux  oflices  votifs  des  âmes 
<\\i  Purgatoire,  du  saint  Sacrement,  de  la  sainte  \'ierge,  des 
saints  Anges,  des  saints  Apôtres  et  de  saint  Joseph,  enfin  les 
privilèges  accordés  aux  saints  des  premiers  temps  fondateurs 
d'ordres  et  saints  de  l'Eglise  orientale). 

Léon  XIII.  —  Léon  XIII  n'a  pas  moins  fait  ([ue  son  illustre 
prédécesseui"  pour  le  Propre  des  saints  du  Bréviaire  romain. 
Nous  ue  pouvons  naturellement  tenir  compte  ici  que  des  ordon- 
nances qui  concernent  l'Eglise  universelle,  car  l'autorisation  de 
célébrer  des  offices  en  l'honneur  des  saints  locaux  ou  nationaux, 
des  fêles  de  titulaires  et  de  patrons,  des  oflices  propres  pour  cer- 
tains diocèses,  monastères  ou  congrégations  et  familles  reli- 
gieuses, ne  rentre  pas  dans  le  cadre  de  l'histoire  du  Bré\  iaire 
romain,  mais  dans  celui  de  l'histoire  des  liturgies  particulières. 

Fêles  de  saint  Joachim  el  de  sainle  Ai^ne.  —  A  peine  le  car- 
dinal Joachim  Pecci  avait-il  inauguré  son  pontificat  sous  le  nom 
de  Léon  XIII ,  qu'il  élevait  les  fêles  de  saint  Joachim  el  de  sainte 
Anne,  parents  de  la  très  sainte  \'ierge ,  au  rang  de  fêtes  doubles 
de  deuxième  classe  l"""  août  1879  .  Bientôt  après,  le  30  no- 
vembre de  la  même  année,  la  fête  de  llmmaculée- Conception 
prenait  rang  parmi  celles  de  première  classe,  avec  \'igile.  Cette 
dernière  d'ailleurs,  à  cause  de  l'Avent,  ne  concerne  que  la  Messe, 
et  non  l'Office.  Le  :?.")  octobre  18S(>,  une  bulle  étendit  à  toute 
l'Eglise  la  fêle  des  saints  Cyrille  et  Méthode,  apôtres  des  Slaves 
.")  juillet  .  Un  décret  du  li  octobre  1881  ordonna  de  nouvelles 
leçons  pour  le  deuxième  nocturne  de  la  fête  de  saint  Thomas 
d'.Aquin.    Lue    encyclique    traitant    de    la    pliiloso|)hie   el   de   la 


414  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

théologie  du  <;rand  doclL'ur  avait  paru  le  4  août  1879.  Déjà, 
le  15  juillet  1881,  le  jour  octave  de  saint  Jean-BajDlisle  avait 
reçu  une  homélie  spéciale  (111^  nocturne).  En  188'2,  divers  saints 
canonisés  par  Pie  IX  et  Léon  XIII  et  divers  bienheureux  furent 
ajoutés  au  Propre  diocésain  de  la  A'ille  et  du  diocèse  de  Rome,  dio- 
cèse du  pape;  tels  furent  Urbain  II,  Léonard  de  Port-Maurice, 
Jean  Léonardi ,  Benoît-Joseph  Labre,  Jean-Baptiste  Rossi.  Celte 
même  année  donna  à  FEglise  de  rite  latin  cinq  nouvelles  fêtes, 
celles  de  saint  Justin,  martyr,  de  saint  Cyrille  de  Jérusalem,  de 
saint  Cyrille  d'Alexandrie,  de  saint  Augustin  de  Cantorbéry, 
bénédictin,  de  saint  Josaphat  de  Polocza,  basilien  (décret  du 
28  juillet  1882). 

Rubriques.  —  Mais  ces  fêtes,  dont  le  nombre  augmentait  tou- 
jours, n'étaient  pas  fixes,  comme  autrefois,  et,  par  suite  de  la 
coïncidence  avec  un  dimanche  privilégié,  une  férié  privilégiée 
ou  une  fêle  mobile  de  Notre -Seigneur,  elles  étaient  souvent 
renvoyées,  w  transférées  »  à  plusieurs  semaines  ou  à  plusieurs 
mois  ;  par  suite ,  la  célébration  de  l'office  férial  ou  des  fêtes  de 
saints  nationaux  ou  locaux  ne  pouvait  plus  avoir  lieu.  Le 
même  décret  du  28  juillet  1882  régla  que,  désormais,  les  fêtes 
semidoubles  et  doubles  mineures,  à  Texception  des  fêles  des 
docteurs,  ne  seraient  plus  transférées,  lorsqu'elles  tomberaient 
aux  jours  privilégiés  indiqués  plus  haut,  ou  aux  jours  de  fêtes 
d'un  rang  supérieure  Les  Rubi'iques  générales  du  Bréviaire, 
corrigées  en  1883  et  1884  par  la  Congrégation  des  Rites,  déclarent 
que  la  commémoraison  et  la  neuvième  leçon  (cf.  la  note  au  bas 
de  la  page)  ne  se  font  pas  ou  ne  se  récitent  pas  quand  ces  fêtes 
d'un  rang  inférieur  se  rencontrent  ( occurrenl]  avec  une  fête 
double  de  première  classe. 

L'élévation  et  l'organisation  de  ces  fêtes  et  de  celles  que  nous 
aurons  encore  à  mentionner  étaient,  pour  ainsi  dire,  caractéris- 


1  Cela  veut  dire  que  les  fctcs  qui,  par  suite  de  la  reucoutre  d'un  oflice 
dun  rang-  plus  élevé,  ne  peuvent  être  célélirées  avec  un  office  complet 
à  leur  joiu'  ordinaire,  ne  seront  plus  désormais  transférées  à  un  jour  pos- 
térieur libre;  mais  on  en  fera  simplement  mémoire  aux  A'cpres  et  à  Laudes, 
à  la  façon  des  simples,  et  aux  Matines  la  ix'=  leçon  sera  la  léj^ende  (c'est- 
à-dire  les  trois  leçons  du  second  nocturne  de  la  fétc),  si  les  rubriques 
le  permettent.  Plusieurs  fêtes,  qui  paraissaient  devoir  être  célébrées  annuel- 
lement, furent  exceptées  de  la  règle  et  élevées  bientôt  après  au  rang  de 
double  majeur. 


CHAPITRE  XIV  41  o 

tiques  des  inlentious  et  des  actes  du  glorieux  pontile  Léon  XIII. 
Elles  lorniaienl  une  nouvelle  preuve  authentique .  iournie  par  la 
plus  haute  personnalité  de  lEylise,  de  lunion  intime  et  nécessaire 
de  la  loi  de  la  pi-ière  dans  lE^lise  catholique  avec  sa  vie  à  la  l'ois 
intérieure  et  extérieure.  Peu  de  papes,  depuis  plusieurs  siècles, 
ont  su,  comme  Léon  XIII,  réformer  et  créer,  en  agissant  eux- 
mêmes,  d'après  un  plan  providentiellement  conçu  et  systémati- 
quement ordonné.  Lui  seul  a  su  exprimer  ses  magnifiques  idées 
personnelles,  aussi  bien  dans  presque  toutes  les  branches  de  la 
science  ecclésiastique  que  dans  la  liturgie. 

L'office  de  férié.  —  L'ordonnance  citée  plus  haut,  de  ISS-J, 
a  eu  naturellement  pour  conséquence  —  c'était ,  à  ce  qu'il 
semble,  l'intention  du  pape  —  de  mettre  la  plupart  des  prêtres 
à  même  de  réciter  bien  plus  souvent  qu'autrefois  l'office  férial. 
Beaucoup  cependant  n'y  ont  pas  tout  d'abord  vu  un  avantage. 
Les  oflices  fériaux,  à  cause  de  leurs  douze  psaumes  des  Matines, 
des  prières  et  des  psaumes  additionnels  des  autres  Heures,  sont 
ordinairement  plus  longs;  par  suite  de  leur  structure  ^•ariée ,  ils 
semblent  à  ceux  qui  doivent  les  réciter  moins  familiers  que 
l'office  ordinaire  ialicujus  sancli)  ;  beaucoup  de  membres  du 
clergé  prétendirent  donc  que  la  nouvelle  organisation,  loin  de 
leur  apporter  un  soulagement,  n'était  pour  eux  qu'un  surcroît. 
De  plus ,  certains  prêtres  pensaient  que  l'office  de  la  férié  ne 
pouvait  être  d'aucune  utilité  pour  leur  dévotion  personnelle,  et 
préféraient  s'en  tenir  aux  exercices  de  piété  qu'ils  avaient  jus- 
que-là pratiqués  et  à  leurs  dévotions  aux  fêtes  de  saints.  Répon- 
dant donc  à  de  nombreuses  demandes,  Léon  XIII  permit  dans 
les  années  suivantes  ,  à  plusieurs  diocèses  ,  d'élever  au  rang  de 
double  majeur  difTérentes  fêtes  qui  ne  pouvaient  se  supprimer, 
ou  d'enrichir  leur  calendrier  par  l'insertion  de  nouvelles  fêtes 
de  saints.  Il  donna  à  cet  effet  un  induit  général  qui  permettait 
à  tout  prêtre  et  à  toute  communauté  religieuse  de  réciter  les 
jours  de  férié,  à  l'exception  des  derniers  jours  de  TA  vent  et  du 
Carême,  l'office  des  saints  Anges,  des  Apôtres,  de  saint  Joseph, 
du  saint  Sacrement,  de  la  Passion  et  de  l'Immaculée-Conception 
[suh  rilii  semidupUci).  Ces  six  offices  votifs  furent  publiés  par 
la  Congrégation  des  Rites,  le  5  juillet  1883.  [II  est  inutile  de 
détailler  ici  le  décret  du  II  décembre  1897,  qui  résume  de  nom- 
breuses décisions  de  la  Sacrée  Congrégation  des  Rites,   qu'on 


416  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Irouvait  (liriicilcmenl .  cl  qui  n"élaienl  \rds  dans  les  lexlcs  pri- 
mitifs des  Rubriques  générales  en  lète  des  livres  liturgiques,  ^'u 
son  inij)orlance,  nous  publions  en  entier  ce  décret,  qui  modilie 
considérablement  les  rubriques  du  lîréviaire.  (If.  .appen- 
dice \'.  Tr.l 

Additions  el  correclions  nu  lirêvinire.  —  En  1885,  une  petite 
addition  compléta  la  sixième  leçon  de  la  fêle  du  Sacré  Cœur;  il 
y  était  dit  que  Toffice  accordé  par  Clément  XIII  à  quelques 
églises  (de  Pologne  entre  autres!  avait  été  étendu  par  Fie  IX 
à  toute  rÉglisc.  Plus  tard,  le  2(S  juin  188U,  jour  où  cette  fête 
fut  élevée  au  rite  de  première  classe,  on  ajouta  encore  quelques 
mots.  Les  légendes  ou  leçons  historiques  du  deuxième  nocturne 
de  plusieurs  fêtes  de  saints  avaient  été  également  corrigées. 
Léon  XIII,  qui,  on  l'a  remarqué,  est  entré  plus  avant  (|uc  la 
plupart  de  ses  prédécesseurs  dans  ces  questions  comme  dans 
d'autres,  et  qui  était  j)orté  à  utiliser  les  résultats  de  la  critique 
historique  dans  lintérét  du  ])erfeclionnement  du  Bréviaire,  a\ait 
adressé,  quelque  temps  aupara\ant,  une  magnifique  lettre  aux 
cardinaux  Pitra,  de  Luca  et  Hergenrother,  en  vue  de  promou- 
voir les  études  historiques.  Par  décret  du  2  juillet  l<S(S)i,  les 
légendes  des  saints  papes  Ciel  el  Marcellin,  Marcel,  Pie  P', 
Silvère,  Svlvestre  i  pour  ce  dernier,  la  correction  s'arrêta  à  mi- 
chemin  i  et  des  saints  Protus  el  Hyacinthe  reçurent  (\Q'r'  amélio- 
rations, (^inq  fêtes  de  saints  fui-ent  élevées,  par  brefs  du  5  avril 
et  du  .")  juillet  1883,  au  rang-  de  double  majeur  :  la  fête  des 
saints  Anges  gardiens  {'1  octobre),  la  (]ommémnraison  de  saint 
Paul  (30  juin  I  et  les  fêtes  des  saints  fondateurs  d'ordres  IJenoit, 
Dominique  et  François  d'Assise. 

Fête  du  liosaire.  —  A  i)lusieurs  reprises  »  1'-'  septendoi'e  1883, 
30  août  I88i,  20  août  1885,  2<)  août  1880 1,  Léon  XIII  avait 
invité  les  fidèles  du  monde  entier  à  la  prière  particulière,  surtout 
en  l'honneur  de  la  très  sainte  ^'ierg■e,  et  il  avait  ordonné  d'une 
façon  très  instante  la  récitation  quotidienne  du  rosaire  durant 
le  mois  d'octobre  et,  dans  certaines  églises,  toute  l'année.  \'ers 
le  même  temps,  il  prescri\ait  aussi  des  prières  spéciales,  pro 
lùclesin  pre.ssn .  après  cha(|ue  messe  privée.  Des  décrets  du 
10  décembre  1883  el  du  Gjan\iei'  I88i  ordonnèrent,  en  outre, 
l'insertion  de  l'invocation;  Jh'(/in;i  sncmlissimi  lio.s.irii  ,  ont 
pni  uoJji'^y  après  le  J}e(jina  sine  luhe  orif/inali  cuncepln ,  dans 


CHAPITRE  XIV  417 

les  litanies  de  Loretta.  Enfin  un  décret  du  11  septembre  1887 
élevait  la  fête  du  saint  Rosaire  au  ran^;-  de  double  de  deuxième 
classe  pour  toute  l'Eglise.  Et,  en  témoignage  de  particulière 
reconnaissance  envers  la  Reine  du  ciel ,  pour  promouvoir  son 
culte  parmi  les  prêtres  et  les  fidèles,  pour  imprimer  plus  à  fond 
dans  les  âmes  les  mystères  du  saint  Rosaire,  c'est-à-dire  les 
mystères  de  la  vie,  des  soulTrances  et  de  la  gloire  du  Christ, 
pour  attirer  sur  toute  l'Eglise  la  protection  de  la  \'ierge  imma- 
culée, Léon  XIII,  le  5  août  1888,  donnait  au  monde  chrétien  un 
nouvel  office  propre  pour  la  solennité  du  saint  Rosaire.  Les 
hymnes  splendides  en  sont  empruntées  au  Bréviaire  des  Domi- 
nicains. L'auteur  est,  d'après  Quétif,  le  dominicain  Thomas- 
Augustin  Ricchini,  contemporain  et  ami  de  Benoît  XH'. 

Autres  fêtes.  —  Le  30  décembre  1888,  la  fête  des  Sept  Fonda- 
teurs des  Servîtes,  canonisés  par  Léon  XIII,  fut  créée  et  fixée 
au  11  février.  L'année  1889,  comme  nous  l'avons  vu,  amena 
l'élévation,  souvent  désirée  et  si  chère  à  tous  les  pieux  fidèles, 
de  la  fête  du  Sacré-Cœur.  Les  mêmes  indulgences  que  l'on  peut 
gagner  en  prenant  part  à  roffice  de  l'Octave  du  saint  Sacrement 
furent  concédées  pour  l'assistance  à  l'office  canonial  de  cette 
fête.  Le  19  août  1890,  les  fêtes  de  saint  Jean  Damascène,  théo- 
logien grec  (27  mars),  de  saint  Jean  Capistran,  célèbre  francis- 
cain et  prédicateur  de  la  croisade  contre  les  Turcs,  de  saint 
Silvestre,  abbé  de  l'ordre  de  Saint- Benoît  et  fondateur  d'une 
congrégation  particulière  de  Bénédictins  (26  no\embre),  furent 
insérées  au  calendrier.  En  1892,  l'office  de  ces  trois  derniers 
saints  fut  rendu  obligatoire  pour  tous  les  prêtres  et  les  religieux. 
[Le  décret  du  11  décembre  1897,  dont  nous  avons  parlé,  faisait 
ajouter  quelques  mots  à  la  vi^  leçon  de  saint  Pascal  Baylon, 
déclaré  patron  des  œuvres  eucharistiques.  On  ajoutera  aussi 
quelques  mots  à  la  vi"  leçon  de  saint  Camille  de  Lellis,  déclaré 
patron  des  agonisants,  et,  le  17  novembre  1899,  on  fera  encore  une 
addition  àlaii^  leçon  de  la  Dédicace  de  l'archibasilique  du  Saint- 
Sauveur.  Saint  Antoine-Marie  Zaccaria,  fondateur  des  Barnabites 
et  canonisé  par  Léon  XIII  le  27  mai  1897,  sera  introduit  au 
calendrier  universel  le  1 1  décembre  de  la  même  année,  et  sa  fêle 
fixée  au  5  juillet,  ce  qui  occasionnera  le  déplacement  des  saints 
Cyrille  et  Méthode,  ren\'oyés  au  7  du  même  mois.  En  1900, 
Léon  XIII  déclarait  le  vénérable  Bède,  bénédictin  anglais,  doc- 
Biév.,  t.  II.  27 


418  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

leur  de  FÉglise  el  fixait  en  même  temps  sa  fête  au  27  mai,  pour 
toute  rÉglise.  Déjà  les  Bénédictins,  les  Cisterciens  et  FAnglelerre 
le  fêtaient  ce  jour-là.  Sainte  Marie-Maj^deleine  de  Pazzi  dut,  par 
suite,  être  déplacée.  Nous  nous  permettons  ici  de  mentionner 
l'extension  de  la  fête  de  saint  Odilon ,  abbé  bénédictin ,  à  toutes 
les  églises  de  France  qui  la  solliciteront.  Le  décret  est  du 
8  mai  1899.  La  fête  de  saint  Jean-Baptiste  de  la  Salle,  fonda- 
teur des  Frères  des  Écoles  chrétiennes,  est  aussi  obligatoire 
depuis  1904.  Elle  est  fixée  au  15  mai.]  Ainsi  Léon  XIII  a  ajouté 
à  la  guirlande  des  fêtes  chrétiennes  toute  une  série  de  fleurs 
magnifiques  au  parfum  suave. 

Bréviaire  hénédiclin.  —  Relativement  au  Bréviaire  monas- 
tique des  Bénédictins  et  des  autres  religieux  de  la  même  famille, 
la  CongTégation  des  Rites,  par  un  déci^et  du  7  avril  1884,  pro- 
mulguant les  rubriques  modifiées,  déclarait  de  nouveau  que 
Tordre  bénédictin  conservait  l'antique  forme  de  son  office,  qui 
datait  du  vi^  siècle,  avant  saint  Grégoire  le  Grand.  Il  n'était  per- 
mis aux  membres  de  cet  ordre  de  se  servir  ni  du  Bréviaire 
romain  proprement  dit,  prescrit  pour  le  clergé  séculier,  ni  d'un 
autre  quelconque,  sauf  le  Bréviaire  monastique  ou  romano- 
monastique,  con-igé  sous  Paul  III,  approuvé  en  1612  et  prescrit 
en  1616. 

Comme  le  Bréviaire  monastique  ou  bénédictin  est  de  tous 
points  un  Bréviaire  romain,  nous  devons  noter  ici  que  sous  les 
deux  derniers  papes.  Pie  IX  et  Léon  XIII,  il  s'est  enrichi  de 
nouveaux  et  splendides  offices.  La  plupart  d'entre  eux  sont 
l'œuvre  de  dom  Guéranger;  certains  autres  ont  été  composés 
par  dom  Zelli,  abbé  de  Saint-Paul-hors-les-murs,  à  Rome.  Nous 
avons  à  signaler  en  particulier  les  offices  suivants  des  saints  de 
l'ordre  :  Gi^égoire  le  Grand,  Boniface,  apôtre  de  l'Allemagne; 
Augustin  de  Cantorbéry,  apôtre  de  l'Angleterre  ;  Anschaire , 
apôtre  de  la  Scandinavie;  Adalbert,  apôtre  des  Borussiens.  Puis 
l'office  de  la  fête  du  Patronage  de  notre  bienheureux  Père  saint 
Benoît,  en  juillet  ;  l'office  de  saint  Benoît  d'Aniane  ou  de  Cor- 
nélimûnster,  de  saint  Grégoire  VII,  de  saint  Anselme,  de  saint 
Udon ,  de  sainte  Ilildegarde,  de  saint  Maur  et  de  sainte  Scholas- 
tique  (l'office  de  celte  dernièi^e  est  cependant,  comme  celui  de  sainte 
Gertrude,  de  date  plus  ancienne),  et  de  quelques  autres  ;  enfin 
le  choix  de  nouvelles  leçons  du  premier  nocturne  pour  les  fêtes 


CHAPITRE  XIV  419 

de  saints.  On  trouve  ces  offices  et  d'autres,  par  exemple  celui  de 
la  Toussaint  de  l'ordre  bénédictin  (13  novembre j,  dans  lédilion 
du  Breviarium  monasticum  de  Tournai  (Désolée),  1884,  et  dans 
son  Appendice  de  1889  (Officia  propria  cfuorumclam  Coiiffref/a- 
(loniim,  pries.  Cassinens.)  et  de  1890  Proprium  pro  Auslria  el 
Ger mania  [ ih id.]). 

Récente  Commission  liturgique.  —  Nous  terminerons  en 
signalant  la  création  par  Léon  XIII,  à  la  fin  de  l'année  190*2, 
dune  Commission  chargée  d'étudier  les  questions  historico- 
liturgiques.  On  lui  a  assigné  comme  thème  de  ses  travaux  le 
Bréviaire,  le  Missel,  le  Pontifical  et  le  Rituel.  Elle  doit  prépa- 
rer les  prochaines  éditions  liturgiques  et  les  rendre  aussi  con- 
formes que  possible  aux  données  de  Thistoire.  Cette  Commission, 
quoique  rattachée  à  la  Congrégation  des  Rites,  garde  son  auto- 
nomie. Elle  s'est  composée  à  l'origine  de  cinq  membres  :  M''"  Du- 
chesne,  directeur  de  l'Ecole  française  de  Rome,  président  ; 
Më^''  Wilpert,  directeur  de  la  Ronia  solterranea;  le  R.  P.  Ehrle, 
jésuite  ,  préfet  de  la  ^'aticane  ;  le  R.  P.  Roberti  ,  minime  ; 
M=''  Ilumberto  Benigni  ,  professeur  d'histoire  ecclésiastique 
à  l'Apollinaire  et  directeur  de  la  Voce.  Un  sixième  membre  leur 
a  été  adjoint  depuis  en  qualité  de  secrétaire,  c'est  M.  Mercati , 
de  la  bibliothèque  ^  aticane.  Plusieurs  consulteurs  ont  été  aussi 
choisis  parmi  les  savants  de  divers  pays  qui  se  sont  déjà  signalés 
par  leurs  travaux  liturgiques.  Tr.j 


CONCLUSION  ET  RÉSULTAT 


Unité  de  la  tradition  liturgique.  —  ^lalgré  les  améliorations, 
les  transformations  et  les  perfectionnements  que  le   Bréviaire  a 
subis,  surtout  dans  ces  dernières  années,  le  livre  officiel  de  la 
prière  de  TE^lise  est  resté  dans  son  ensemble  celui  qu'avait  pres- 
crit le  pape  saint  Pie  V.  Dans  son  essence,  le  Bréviaire  de  ce 
dernier  est  le  même  que  celui  qu'employait  Innocent  III  et  la 
chapelle  pontificale  au  xiii'^^'  siècle.  A  son  tour,  celui-ci  n'est  qu'un 
abrégé  de  l'office  public  récité  aux  viiic,  ixf^,  x'^  el  xi^  siècles  dans 
les  basiliques  romaines,  ainsi  que  dans  les  cathédrales  de  France, 
d'Allemaj^ne   et   d'Angleterre.    L'abréviation   ne    porte   que   sur 
quelques  parties,  de  là  le  nom  de  Breviarium.  Léon  III  et  Char- 
lemagne  ne  s'imaginaient  pas  réciter,  sauf  quelques  additions, 
un  autre  office  que  celui  qu'avaient  prescrit  le  pape  saint  Gré- 
goire le  Grand  ou  ses  disciples.  Dans  tous  les  cas,  c'était  dans 
ses  parties  essentielles  un   répertoire  de  chants   et  de   prières 
analogue  à  celui  que  créa  Grégoire  le  Grand.  L'œuvre  de  Gré- 
goire n'était  rien  autre  chose  qu'une  compilation  et  une  transfor- 
mation organique  ou,  si  l'on  aime  mieux,  une  codification  et  une 
abré\iation  logique  des  Heures  canoniales  usitées  aux  iv",  v''  et 
\i^  siècles  à  Rome  et  dans  toute  l'Italie,  et  en  dehors  même  de 
l'Italie.  Au  cours  de  nos  recherches,  ces  Heures  canoniales  se 
sont  montrées  à  nous  comme  la  floraison  magnifique  du  service 
divin  dont  le  germe  avait  été  déposé  dès  les  temps  apostoliques; 
c'est  l'expansion  vivace  d'un  rite  de  prières  ayant  sa  racine  dans 
les  tendances  du  cœur  humain  et  dans  les  relations  de  l'homme 
et  du  chrétien  avec  son  Créateur  et  son  Rédempteur;  ce  rite 
qu'observaient  les  saints  et  les  élus  de  l'Ancien  Testament  et 
même   les   meilleurs  d'entre  les   païens,  sanctifié  par  le  Christ 
Notre- Seigneur ,  se  développa  grâce  aux  Apôtres  et  à   l'Eglise 
primiti\e,  animés  du  souffle  vivifiant  de  l'Esprit-Saint. 


CONCLUSION  ET  RÉSULTAT  421 

L" Eglise  calholique  romaine  de  nos  jours  prie  ainsi  en  har- 
monie el  en  relation  avec  l'Eglise  des  premiers  siècles,  avec 
ri'lglise  de  tous  les  siècles,  quoiqu'elle  le  fasse  d'une  façon  quel- 
que peu  modifiée  et  développée.  Aujourd'hui,  des  psaumes,  des 
chants  spirituels  {Cantica  et  Hymni,  de  courts  formulaires  de 
prières  {Oraiiones) ,  des  leçons  de  l'Ecriture  sainte,  comme  elles 
étaient  en  usage  déjà  dans  le  temple  de  Jérusalem  et  dans  les 
synagogues  des  Juifs,  l'Évangile,  les  Actes  des  Apôtres,  les 
Épîtres  et  les  révélations  des  douze  messagers  divins,  forment  la 
teneur  de  l'office,  qui  trouve  ainsi  sa  consécration  et  son  appui 
dans  Jésus -Christ  et  dans  ses  disciples. 

Le  Bréviaire  romain  lui-même,  dans  ses  ramifications  en  Bré- 
viaire monastique,  ambrosien ,  romano- français  ou  dominicain, 
est  un  fruit  merveilleux  de  la  tradition  catholique;  dans  sa  forme, 
dans  son  essence,  dans  les  Propres  approuvés  de  certaines  églises- 
filles,  il  représente  et  rappelle  les  travaux  laborieux  et  bénis  de 
Dieu  qu'exécutèrent  les  papes  et  tous  ceux  qui,  dans  le  cours 
des  siècles,  vécurent  de  la  vie  de  l'Eglise,  en  eurent  les  tendances 
et  en  soutinrent  les  luttes.  Il  contient  la  moelle  des  écrits  de 
l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament,  les  formulaires  de  prières 
que  Moïse,  David,  le  Christ  Notre -Seigneur,  les  Apôtres  et  les 
Saints  nous  ont  transmis  du  i'^"'  au  xx*"  siècle.  Il  nous  raconte  les 
destins  du  royaume  de  Dieu  depuis  la  création  du  monde,  jus- 
qu'à l'arrivée  du  divin  Rédempteur;  il  fait  passer  devant  nos 
yeux  le  sacrifice  du  Christ,  les  souffrances  des  martyrs,  les  com- 
bats des  confesseurs,  les  peines  et  les  soucis  des  papes  et  des 
évèques,  les  œuvres  de  charité  des  saints  et  des  saintes,  les  ver- 
tus des  chastes  vierges  et  des  purs  jeunes  hommes,  les  larmes  de 
contrition  des  pénitents  el  des  pénitentes;  il  relie  les  origines  du 
monde  au  souvenir  du  vicaire  du  Christ,  qui  tient  aujourd'hui 
avec  gloire  le  gouvernail  de  l'Eglise. 

Valeur  de  cette  prière.  —  L'élude  approfondie  de  ce  livre,  ré- 
pandu dans  tout  1  univers,  nous  permet  de  reconnaître  que  les 
trésors  de  notre  sainte  foi , 'que  le  Ciel  nous  a  lui-même  accordés, 
trouvent  un  splendide  Aêlement^dans  celle] forme  de  la  prière 
qui  a  pour  elle  la  précision, la  cerlilude,  la  clarté  et  l'objectivité. 
On  ])eut  dire  encore  aujourd'hui  ce  qu'écrivait  il  y  a  plus  de 
1400  ans  aux  évèques  des  Gaules  un  saint  pape  :  Obsecralionum 
sacerdolalium  sacramenta  respiciamus,  qux  ah  Apostolis  Iradila 


422  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

in  loto  mundo  akjue  in  ojuni  Ecclesia  callwlica  uniformiler 
celehranlur ,  ul  legem  credendi  statuât  lex  supplicandiK  Tout 
ce  qui  sur  la  terre  est  passager  tient  à  rhumanité  par  un  côté  :  la 
lille  de  Dieu  elle-même,  la  fiancée  de  l'Esprit- Saint ,  l'épouse 
qu'il  faut  conduire  au  Sauveur,  sans  tache  et  sans  imperfection, 
est  revêtue  d'un  vêtement  soumis  au  changement;  c'est  pourquoi 
les  œuvres  qu'elle  a  confiées  aux  mains  des  hommes  sont  suscep- 
tibles d'amélioration  et  de  perfection.  Ainsi  le  livre  de  prières  de 
rÉglise  sera  dans  l'avenir  amélioré,  modilié  et  poli  par  les  mains 
des  saints  et  des  savants,  et  par  celle  des  papes  enlllammés  de 
zèle  pour  la  beauté  de  la  demeure  de  Dieu.  Mais,  dans  lensemblc, 
reste  vrai  ce  qu'ont  dit  du  Bréviaire  des  hommes  prudents, 
pieux  et  doués  d'un  regard  pénétrant  :  l'ordonnance  du  Bréviaire 
n"est  pas  susceptible  de  modifications  essentielles;  vouloir  ré- 
former sa  substance  ce  serait  défigurer  et  détruire  un  édifice  qui 
est  un  chef-d'œuvre  et  dont  le  plan  est  aussi  admirable  que  l'exé- 
cution. Si  l'on  ne  prend  pas  goût  à  l'office,  le  Bréviaire  n'en  est 
pas  cause.  C'est  en  nous-mêmes,  c'est  dans  notre  néant,  dans 
notre  peu  d'amour  de  la  prière  qu'il  faut  en  chercher  les  motifs 
(Duret).  On  peut  ici  répéter  ce  que  disait  saint  Augustin  :  Ar/en- 
duni prias  est,  ut  non  oderis,  deinde,  niâmes  [de  util,  credendi, 
1.  VI,  c.  xni)  et  ce  qu'écrivait,  il  y  a  plus  de  deux  cents  ans,  le 
grand  Mabillon  :  «  Qnid  enini  aptius  ad  Deo  dehituni  culluni 
honoremcfue  persolvendiini  ?  aut  qiiid  ad  excitandani  fideliuni 

pietatem  accommodalius (/nani  illa  ecclesiaslicarnni  preca- 

lionuni  inslilulio,  sive  publiée  sive  priralini  recilandie  sint 

quarunx  ohligalio  si  nonnullis  durior  videlur  et  morosior,  timen- 

dum  est,  ne  id  ex  divinarum  rerum  Iwdio  et  fastidin  orialur 

Nihil  itaque  Dei  niinislris  convenienlius  institui  polerat  quani 
illaruni  precuni  sel.  Psalniorum,  Leelionuni  S.  Scripluru',  Ora- 
tionum  seu  Colleclarnm  Breviarium ,  si  modo  a  nimia  prolixi- 
tale  el  ah  incertis  hisloriis  sit  repurgalum.  Id pro  sua providen- 
lia  idenlidem  curarunl  sunimi  Ponlifices ,  emendando  Brevia- 
rium Bomanum ,  quod  aliorum  exemplum  esse  deheal...  Et 
quidem  in  ecclesiaslicis  offîciis  i<  lion  novella  audiri  decel  cet 
«  levia  »,  ut  scrihil  S.  Bernardus  in  epislula  CCCMI  ad  Arrema- 


'  S.  (^a-losLini  I     -j-  110     opisl.   xxi,   ;id  epi.sc.   Gall.   de  error.  Semipel., 
c.  u  (Dcnziiiger,  Enchiriilion ,  6»  ijdit.,  p.  27-:28). 


CONCLUSION  ET  RÉSULTAT  423 

renses,  «  sed  ceiie  authenlica  el  antiqua,  qiue  el  Ecclesiam  ledi- 
«  ficent  et  ecclesîasticam  redoleant  (jravilafem.  »  Quodsi  nova 
nndire  lihet  et  causa  requin f ,  ea  recipienda ,  qux  cordihus  au- 
dienlium,  quo  gratiora,  eo  utiliora  reddaf  el  eloquii  dicjniias  et 
aucloris.  Porro  sensa  induhilala  resphndeant  verUale,  souent 
instiliam,  humiliiaiem  suadeant,  doceant  œquitatem  :  qux  etiam 
lumen  verilalis  meniUnis  pariant,  formam  morihus,  crucem 
riliis,  affeclihus  dcvotioneiu ,  sensihus  disciplinant.  »  Puis  le  sa- 
vant bénédictin  parle  des  occupations  multiples  et  fatigantes  de 
recclésiaslique  chargé  du  soin  des  âmes,  des  professeurs  de  théo- 
logie, des  maîtres  de  la  jeunesse,  des  prédicateurs  et  des  caté- 
chistes :  «  IIxc  oporlet  facere,  sed  pias  etiam  precationes  non 
oniittere.  »  Après  avoir  cité  l'exemple  d'hommes  qui  trouvèrent 
le  temps  de  réciter  roflice  liturgique  ^  au  milieu  d'occupations 
de  diverse  nature ,  malgré  les  soucis  du  gouvernement  et  même 
sur  le  trône,  il  conclut  par  ces  paroles  :  sic  nulli  unquam,  etiam 
occupalissimo,  décrit  olium  ad  Deo  vacandum ,  si  pielalis  stu- 
dium  non  defueril^. 

Il  faut  comparer  les  formulaires  de  prière  de  la  sainte  Eglise 
catholique,  apostolique  et  romaine,  tels  qu'ils  sont  dans  le  Bré- 
viaire, à  une  cathédrale  merveilleuse  s'élevant  dans  une  harmonie 
parfaite  et  pleine  de  majesté  au-dessus  de  l'autel  éternel  du  sacri- 
fice; c'est  le  Christ  el  ses  Apôtres  qui  en  ont  posé  la  première 
pierre.  Depuis  dix-neuf  cents  ans,  l'Église  y  travaille  sans  trêve, 
v  dépensant  ses  meilleures  forces,  pour  la  rendre  conforme  à 
l'image  qui  lui  fut  montrée  sur  le  mont  sacré  de  la  céleste  Sion 
cl  du  Sinaï^.  La  psalmodie  sur  la  terre  ou  les  louanges  de  Dieu 
que  font  retentir  les  bouches  des  prêtres  et  des  moines,  soit  dans 
leur  cellule  retirée,  soil  dans  le  chœur  de  l'église  publique,  en 
un  mol,  le  culle,  ne  sont  que  l'écho  de  ces  chants  éternellement 
nouveaux,  que  les  élus,  unis  aux  chœurs  des  saints  anges,  font 
enlendre  avec  des  mélodies  ravissantes  dans  la  Jérusalem  céleste, 
(levant  le  Irône  de  l'Agneau.  Puissions-nous  tous  être  élus,  pour 


'  Celui  qui  vcul  avuir  des  exemples  dans  toutes  les  conditions  devra 
lire  le  chapitre  de  Hacuez,  Du  .lainl  Office  considéré  au  point  de  vue  de 
lu  piété,  Paris,  1872. 

-  Mabillon,  De  cursu  gallicano,  disq.,  §  "ô-"7  (P.  L.,  t.  l.\.\ii  ,  col.  414-416). 

3  Exod.,  XXV,  40;  Ac(.,  vu,   1  i  ;  Ilcbr.,  viii,  6. 


424  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

aller  nous  associer  clans  réteiniilé  aux  chœurs  de  ces  esprits  bien- 
heureux I  Ici-bas,  durant  ce  temps  d'exil,  exerçons- nous  avec 
ferveur  à  ce  qui  doit  cire  notre  occupation  sans  fin  dans  le 
rovaume  de  la  béatitude,  dans  la  maison  de  notre  Père. 


Ul  in  oniiiihiis  glorificeliir  Deiis  ! 


APPENDICE  I 


Sur  le  mot  Bréviaire  et  sur  sa  signification  dans  le  passé. 

Breviarium  signifie  tout  d'abord,  dans  le  latin  profane  :  abrégé, 
résumé,  compte  rendu,  extrait  d'un  ouvrage;  puis  résumé  statistique 
{Breviarium  imperii  =z  inventaire  civil).  Chez  les  Pères,  il  est  fré- 
(juemment  employé  dans  le  sens  cVe])iloine,  d'extrait  ou  de  coinpen- 
dium  [Breviarium  Fidei,  Breviarium  in  Psalmos,  Breviarium  Cano- 
num,  Breviarium  Begularum).  Dans  la  langue  liturgique,  Breviarium 
ou  Breviarius ,  opposé  au  Plenariuin  qui  contenait  les  textes  com- 
plots, signifiait  un  extrait  ou  une  sorte  de  Direclorium ,  un  catalogue 
des  prières  à  réciter,  de  même  que  Brève  ou  Brehes  signifie  cata- 
logue, inventaire,  dans  la  règle  de  saint  Benoît  (cli.  xxxii).  Brevia- 
rium evangelicum  se  rencontre  souvent  dans  les  manuscrits  du 
moyen. âge  avec  le  sens  de  Cornes,  c'est-à-dire  de  catalogue  des  péri- 
copes  évangéliques  de  Tannée  liturgique  avec  les  premiers  mots  du 
début.  D'ordinaire  on  désignait,  sous  le  nom  de  Breviarium,  un  livre 
ou  un  feuillet  où  étaient  indiquées  pour  toute  l'année,  ou  pour  un 
temps  moindre,  les  règles  abrégées  de  la  prière  chorale  et  de  la  célé- 
bration du  saint  sacrifice  de  la  messe,  la  plupart  du  temps  avec 
addition  des  répliques  du  texte.  Ainsi,  par  exemple,  dans  Gerbert ', 
le  Breviarium  ecclesiastici  nrdinis,  ou  bien  :  Explicil  Breviarium 
Ecclesiœ  rominsse  =  romanœ  ^.  On  appelait  très  souvent  ces  Ordines 
rei  divinse  faciendœ  des  Breviatura,  dans  le  vieil  allemand  Briefi^. 
Dans  un  document  provenant  du  temps  de  Louis  le  Débonnaire  et 
cité  par  Ducange,  on  lit  :  Sicul  in  i)lenariift  et  hreviariis  eiusdem 
Ecclesia-  continelur*.  Dans  la  Pnefatiu  in  0 f fie,  per ferlas  ad  Carolum 
Magnum-',  Alcuin  (804)  l'emploie  déjà  pour  désigner  un  livre  conte- 


1  Monum.  vel.  liturrj.  Alem.,  l.  ii ,  p.  177. 

2  Martène  et  Durand,   Tliesuuru.s  novus  anecd.,  [.  v,  p.  110.  Cf.  Mura- 
lori.  Lit.  rom.  velus,  Vencliis,  I7JS,  l.  ii ,  p.  391. 

3  Cf.  Ehrensberjier,  Bihl.  lilurfj.  munu.scr.,  Karlsrulie,  1889,  p.  64. 
*  Glossar.  med.  et  inf.  latinit.,  v.  Breviarium. 

^  P.  L.,  t.  CI,  col.  509. 


426  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

liant  rofficc  abrégé  ou  simplifié,  qu'il  composa  pour  les  Heures 
canoniales  à  Tusage  des  laïques  (Charlemagne).  Dans  l'inventaire  de 
l'église  d'Agilcourt  ou  de  Courtifols  \  on  appelle  Breviarium  Anli- 
phonarii  un  extrait  de  l'Antiphonaire. 

De  tout  temps  les  psaumes  formèrent  le  fonds  de  l'office.  Le 
Psautier  était  donc  le  premier  et  le  plus  important  des  livres  du 
chœur.  On  y  inscrivait  les  règles  qui  guidaient  dans  la  récitation  de 
l'Office;  dans  de  nombreux  psautiers  du  ix<^  aux  xiii*^  et  xivc  siècles, 
on  trouve  sous  le  litre  :  Incipit  Breviarium  sive  Ordo  officiorurn  per 
lotani  anni  decursionem ,  des  sommaires  des  règles  avec  addition  des 
répliques  du  texte.  Bernold  de  Constance,  dans  son  Micrologus, 
composé  en  1086,  dit  aussi:  Sicut  et  in  andquis  Breviariis  ordi- 
nnliim  reperimus^. 

Les  psautiers  du  moyen  âge  et  déjà  même  en  partie  ceux  du  vii"^  siècle, 
jvisqu'aux  xvi*  et  xvn"=  siècles,  même  encore  souvent  les  grands  livres 
de  chœur  imprimés  de  nos  jours,  contiennent  joints  au  texte  des 
psaumes,  les  cantiques,  morceaux  poéliiiues  de  la  sainte  Ecriture , 
qui  devaient  être  chantés  ou  récités  dans  l'office  de  certaines  Heures 
canoniales.  Dans  les  temps  les  plus  anciens,  on  trouve  intercalées 
entre  les  psaumes  de  petites  prières,  orationes,  colleclœ,  que  l'on 
avait  coutume  de  réciter  à  la  fin  d'an  psaume.  Plus  tard  on  ajouta  des 
hymnes  métriques,  des  litanies  et  le  symbole.  Quand  les  hymnes, 
ainsi  que  ces  petites  pièces  de  lecture  et  ces  petits  versets,  sont 
intercalés  dans  le  texte  du  psautier,  de  façon  à  former,  avec  les 
psaumes  qui  les  précèdent  ou  qui  les  suivent,  le  pensum  de  prières 
des  Heures  canoniales  {per  ferias  et  dominicain,  c'est-à-dire  pour  une 
semaine),  on  donne  au  psautier  ainsi  composé  le  nom  de  Psalterium 
feriatum. 

Outre  les  psaumes,  l'office  liturgique  embrassait  encore  beaucoup 


»  Dans  B.  Guérard,  Polyplique  de  l'abbaye  de  Saint -Uemy  de  Reims, 
Paris,  1853.  Cf.  aussi  le  catalogue  de  Reiohenau ,  dans  Gustave  Becl^er, 
Calalogi  hibliolhecarnm  anliqui,  Ronia; ,  1885,  p.  9,  17  sq. 

^  Celui  qui  ne  peut  se  rendre  compte  de  l'état  des  choses  en  feuilletant 
les  vieux  manuscrits  des  livres  liturgiques  du  moyen  âge  devra  se  servir 
de  l'ouvrage  excellent  du  hililiothécairc  en  chef  de  Carlsrulie,  ouvrage 
cdilé  |)ar  Kai'l  Dziatzko,  dans  la  collection  des  travaux  hibliographiques  : 
^^'ilhelm  Branil)ach ,  Psallerium,  Biblinfiniphi-sclier  Ver.siicli  iiber  die 
lilurgischen  liûcher  des  chrislliclien  Abendlandes ,  Berlin.  1887.  Les  psau- 
tiers utilisés  dans  le  service  divin,  même  les  psautiers  les  phis  volumi- 
neux, étaient  ornés  (enluminés  )  avec  un  grand  soin  par  des  mains  pieuses, 
surtout  dans  les  monastères;  on  y  peignait  de  nombreuses  lettres  initiales, 
de  grandes  et  de  petites  niinialnres .  (|ui  souvent  possèdent  une  valeur 
artistique  considérable.  Cf.  A.  Springer,  Die  Ps.iUerillustralionen  ini 
l'riilwrn  MUlelaltcr  (in  den  Abhandhmuen  der  philos^  hislorischcn  Klusse 
der  liiiniiil.  sihhsischca  (i-sellschnfl  der  Wisseitscliaflen ,  Leipzig,  1S80). 


APPENDICE  I  427 

d'autres  textes  de  prières  :  chants  métriques  ou  hymnes;  antiennes, 
c'est-à-dire  petits  gnomes  tirés  de  l'Écriture  sainte  ou  de  la  vie  et 
des  écrits  d'un  saint  ;  répons,  c'est-à-dire,  prières  ou  chants  à  inter- 
caler entre  les  leçons,  et  surtout  leçons  tirées  de  l'Ecriture  sainte, 
des  ouvrages  des  Pères,  des  actes  ou  des  biographies  des  martyrs 
et  des  saints  {Acla,  Passio,  Vita).  Il  arrivait  souvent  que  les  hymnes 
étaient  réunies  dans  un  volume  spécial  appelé  hymnaire;  on  trouve 
aussi  les  antiennes  et  les  répons  dans  des  livres  à  part  appelés  anti- 
I)honaire  ou  antiphonal,  responsorial  ou  responsal.  Les  prières,  les 
oraisons  ou  les  collectes,  les  petits  morceaux  de  lecture,  Capiluluin 
ou  leclio  brevis  des  petites  Heures,  ainsi  que  de  courtes  prières, 
versets  des  psaumes,  etc.,  étaient  réunis  également  dans  un  livre 
spécial,  Collecfarium,  Oralionarium.  Les  leçons  employées  dans  les 
Matines  ou  dans  l'office  nocturne  n'étaient  pas  comme  à  présent 
divisées  en  courts  paragraphes  dont  chacun  forme  une  leclio;  mais  le 
lecteur  commençait  à  lire  dans  le  livre  de  la  sainte  Ecriture  prescrit 
pour  ce  temps  de  l'année  soit  la  Genèse,  les  prophéties  d'Isaïe  ou 
répître  de  saint  Paul  aux  Romains,  et  il  continuait  jusqu'à  ce  que  le 
président  du  chœur,  évoque,  abbé  ou  prieur,  fit  un  signe;  par  suite, 
les  leçons  duraient  souvent  très  longtemps,  surtout  dans  les  longues 
nuits  d'hiver  où  on  lisait  des  livres  entiers  de  la  sainte  Ecriture, 
dans  une  seule  nuit*.  11  en  était  de  même  pour  les  leçons  tirées  des 
œuvres  des  Pères  ou  des  biographies  de  saints.  Les  leçons  de  l'Ecri- 
ture étaient  la  plupart  du  temps  tirées  d'un  Codex  sacrœ  Scripturœ 
écrit  en  gros  caractères  à  l'usage  spécial  du  chœur;  les  autres  leçons 
étaient  tirées  de  Vllomiliariuni ,  du  Sernionarium  ou  du  Passionale , 
des  Passiones  sanclorum ,  des  Acla  inarlijrum,  etc.  etc.,  que  l'on 
désignait  sous  le  nom  commun  de  Leclionarium.  Dans  ces  lection- 
naires,  on  réunissait  volontiers  les  écrits  destinés  aux  leçons  du  11'^ 
et  du  111"=  nocturne. 

S'il  était  possible  de  réunir  dans  un  seul  livre  le  psautier,  les 
antiennes,  les  répons,  les  oraisons  et  les  capitules,  on  ne  pouvait 
faire  de  même  pour  les  leçons,  aussi  longtemps  qu'elles  auraient  une 
étendue  si  indéterminée.  Ce  n'est  que  lorsqu'on  les  eut  abrégées,  et 


1  In  Ecclesia  Remensi  noslro  eliain  lempore  leclio  prolixior ,  qiiœ  anle 
(lomplelorium  fît  in  Qiiadraffesima,  ahsolvilur  uno  sacerdote  «  lu  aulem  » 
pratcinenle ;  quod  clericus  canens  prosequilur  et  finit  dicendo  :  «  Domine, 
miserere  nohis.  »  (Mabillun..U«saeHm  ilal..  Lut.  Paris.,  1724,  t.  n,  p.  cxxvni, 
n.  3.,  Mabilluu  fait  cette  remarque  à  l'occasion  dune  prescription  de 
VOrdo  romaniis  Xf  du  cluuioiue  Benoit  et  de  VOrdo  romanus  XII  de  Ccn- 
cius,  d'après  laquelle,  dans  les  Matines  récitées  en  présence  du  pape, 
pour  indiquer  qu'une  leçon  était  finie,  un  ou  plusieurs  cardinaux  diacres 
devaient  dire  :  Tu  aulem,  et  le  lecteur  répondait  :  Domine,  miserere  no- 
his, ce  qui  terminait  la  leçon. 


428  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

que  clans  les  livres  ou  les  homélies  on  eut  délimité  de  petits  para- 
graphes pour  chaque  jour  (ce  qui  se  fit  aux  xi"  et  xn*^  siècles,  et 
même  plus  tôt  pour  certaines  églises  et  pour  certains  monastères), 
(|u"on  put  penser  à  réunir  dans  un  seul  volume  le  psautier,  les 
leçons  et  les  répons,  les  antiennes  et  les  autres  prières.  C'est  ainsi 
que  nous  trouvons  des  Breviarin  magna  à  la  (in  des  xi'^et  xii'  siècles; 
leur  disposition  est  encore  assez  primitive  et  peu  pratique  ^  La  plu- 
part du  temps  le  livre  commence  par  le  Bréviaire,  dans  le  sens 
antique  du  mot,  c'est-à-dire  par  VOrdo  officiorum ,  les  rubriques  et 
les  réponses  des  textes  2.  Puis  vient  le  PsaUeriuni  on  Ilijninarium , 
ou  le  Prnprlum  de  iempore,  c'est-à-dire  les  prières  à  dire  depuis  le 
])remier  dimanche  de  l'Avent.  Plus  tard,  cette  disposition  fut  sim- 
plitiée.  Bientôt,  comme  le  montre  le  coder  428  de  la  hibliolhèque 
municipale  de  Trêves,  qui  date  de  la  deuxième  moitié  du  xii*"  ou  du 
commencement  du  xiii*  siècle ,  on  écrivit  le  tout  dans  de  petits 
livres.  On  donna  à  ces  petits  livres  des  noms  particuliers  :  Bréviaires 
de  voyage,  Libellas  officialis,  Maniialis;  en  Angleterre,  Porte foriuin, 
Porlifex,  Porlu's.  Malgré  tout,  le  nom  de  Bréviaire  demeura  en 
usage  pour  les  rubriques  ou  pour  la  disposition  de  loffice.  Ainsi, 
par  exemple,  on  lit  dans  le  cod.  Vindohnnenais  4712  (xn*^  s.,  pro- 
venant de  Passau),  d'après  les  Tabula;  codiciim  manuscriploruin  in 
Bibliolhcca  Palalina  (vol.  xiii,  Vindob.,  1869,  p.  363)  :  Ordo  sive 
Breviariuin  de  ecclesiaslicis  ohsercationibus  quid  Icf/enduin  vel  can- 
fanduni  sil  jter  circiilum  anni  seciindiini  patavinain  Ecclesiain.  11  en 
était  de  même  dans  beaucoup  d'autres  églises  de  France,  d'Angle- 
terre, d'Italie  et  d'Allemagne. 


•  Comme  types  :  cod.  <*>>'  crEinsieilclii .  cod.  'i-J'i  de  la  Laïuciiliaiia  dr 
l'iorcnce;  les  Bi-eviaria  cod.  Sd'i  de  la  bibl.  Mazarinc  de  Paris,  écrit  en 
1008,  et  00(7.  Vl  E.  AS  ùc  la  bibl.  nationale  de  Naples,  écrit  au  comnicn- 
cemcnl  du  \n^  siècle,  et  qui  proviennent  du  Monl-Cassin,  sont  sous  \\\\ 
format  plus  petit;  le  cod.  Casnnid.  H.  •2,  I  (aujourdliui  1907),  à  Rome, 
i\u  xii«  siècle,  et  le  codex  198,  aux  archives  du  Mont-Cassin,  du  xi"  sièck-. 

2  Incipil  Brccinriiim  sive  ordo  ofjicioniin  per  totiu.s  anni  decursionem , 
ou  Incipil  Breviarinm  per  circuiiim  anni,  comme  dans  un  manuscrit  d'In- 
uiclicn  ,  en  Tyi-cjL  Mais  sinivcat  le  psautier  occupe  la  prcniièrc  place,  et 
le  Kalendariiun  et  la  Tabula  pa.schalis,  la  Tabula  feslorum  mo})iliuni  el 
la  Lunatio  (Canon  de  primalionibus  lun;e)  le  iJiccèdent.  l^uis  VOrdo  Urc- 
riirii  suit  le  psautier,  ou  bien  c'est  l'hymnairc  ou  le  Proprium  de  Iem- 
pore; enlin  viennent  les  leçons  et  les  oITiccs  des  saints. 


APPENDICE  II 


L'Oratio  fideliiim  de  la  première  épître 

de  saint  Clément  de  Rome  et  des  Constitutions  apostoliques, 

forme  la  plus  ancienne  des  Preces  feriales 

du   Bréviaire   romain  '. 

Dans  la  première  épitre  de  saint  Paul  à  Timothée,  l'Apôtre  ordonne 
la  l'écitation  dans  l'office  de  prières  pour  les  autorités  et  pour  le 
peuple,  afin  qu'ils  mènent  une  vie  paisible  -et  pieuse,  et  que  tous 
selon  la  volonté  du  Sauveur  puissent  arriver  au  salut  et  à  la  con- 
naissance de  la  vérité  '^.  Les  Pères  et  les  théologiens  modernes , 
catholiques  et  protestants,  voient  unanimement  dans  ces  paroles  de 
l'Apôtre  une  ordonnance  concernant  la  prière  publique;  mais  ils  ne 
croient  pas  que  saint  Paul  ait  le  premier  prescrit  de  lui-même  l'ac- 
complissement  de  ces  prières  dans  une  succession  déterminée. 

Depuis  la  fin  du  i""  siècle,  les  Pères  apostoliques,  et  après  eux 
les  apologistes  du  second  et  les  écrivains  du  iii«  siècle,  attestent 
qu'on  récitait  dans  TÉglise  de  semblables  prières  pour  les  autorités, 
pour  la  paix,  pour  les  besoins  de  la  chrétienté  et  du  monde  entier. 
Le  plus  illustre  témoin  de  cet  usage  est  saint  Clément,  qui,  dans  le 
fragment  de  sa  première  épître  aux  Corinthiens,  découvert  de  nos 
jours  par  Bryenuios ,  cite  de  telles  prières,  ou  textuellement,  ou  du 
moins  quant  au  sens"'.  L'interprétation  de  saint  Ambroise,  qui  dans 


•  Cf.  mou  article  :  Beilraij  zur  ErkliiruiKj  von  Lilanix  nnd  Missœ, 
c.  ix-xvn  der  Hegel  des  hl.  Benedikl,  dans  la  Sladien  iind  Millheilumjen 
ans  dem  Benediktiner-und  Cistercien.ser-orden ,  Rai^crn,  1881,  p.  283  sq. 

*  Ohsecro  igilur  priinum  omnium  fieri  ohsecraliones,  ovalione.t,  poslula- 
tiones,  (jratiaruni  actiones  pro  omnil)iis  liominihus  :  pro  regihiis  et  omili- 
hus,  qui  in  suhlimilale  snnl ,  ut  quietam  et  tranquillam  lilam  aijamus 
in  omni  pietate  et  castilate.  Hoc  enim  honum  est  et  acceptum  coram  Sal- 
vatore  nostro  Deo ,  qui  omnes  homines  lult  saUos  fieri  et  ad  agnilionem 
veritatis  venire    l  Tim.,  ii,  1-4). 

3  Cf.  plus  loin,  ao  1.  On  peut  voir  les  passages  des  autres  Pères  :  Ignace 
d'Antioche,  Polycai-pe,  Justin,  Athéuagore ,  Tertullien,  Origène,  etc., 
jusqu'à  saint  Hilaire,  dans  l'ai-ticle  cite  ci -dessus. 


430  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

son  commentaire  sur  ce  passage  de  saint  Paul  écrit  :  Ilœc  régula 
ecclesiaslica  esl  tradila  a  magislro  gentium,  gua  utunlur  sacerdolea 
noslri,  ul  pro  omnihus  supplicenl  deprecantes  pro  regibus,  ctc,  *,  le 
confirme  aussi.  Il  est  vrai,  quelques  Pères,  en  particulier  saint 
Augustin  et  les  théologiens  du  moyen  âge,  et  avant  eux  déjà  Ori- 
gène,  expliquent  dilTéremmenl  ce  passage.  Ils  entendent  les  expres- 
sions obsecraliones,  oradoncs,  posUilaliones ,  gratiaruin  aciiones 
comme  se  rapportant  aux  diverses  parties  de  la  sainte  Messe.  Cela 
suppose  donc  qu'au  saint  sacrifice  on  avait  des  prières  analogues; 
mais  comme,  ainsi  que  nous  Tapijrennent  les  Constitutions  aposto- 
liques, les  sermons  de  saint  Jean  Chrysostome  et  la  Peregrinalio 
Silvix  [Etheriœ) ,  qui  complète  les  catéchèses  de  saint  Cyrille,  on 
récitait  à  cette  intention  aux  Vêpres  et  aux  Laudes  les  mêmes  prières 
qu'à  la  sainte  Messe,  ces  expressions  se  rapportent  également  à 
l'office. 

Saint  Jean  Chrysostome  écrit  dans  sa  sixième  homélie  sur  la  j)re- 
mière  épîlre  aux  Corinthiens,  prononcée  à  Anlioche  en  397  :  «  Que 
signifient  ces  mots  :  en  premier  lieu"?  cela  veut  dire  :  au  service 
divin  (juotidien.  Les  initiés  (c'est-à-dire  les  baptisés)  savent  que 
tous  les  jours,  à  l'office  du  matin  et  à  celui  du  soir,  nous  faisons  des 
prières  pour  le  monde  entier,  les  rois  et  les  autorités  -.  » 

De  même,  le  pape  Célestin  I'^'',  dans  sa  xxi'=  épître,  et  saint  Prosper 
d'Aquitaine  parlent  de  ces  prières  ^.  Cassien  atteste  que  les  moines 
les  récitaient  à  l'office.  Au  v'^  siècle,  on  choisit  des  versets,  des 
psaumes  qui  remplacèrent  les  anciennes  formules  '',  Saint  Césaire 
d'Arles,  dans  sa  règle  pour  les  moines,  écrite  avant  S02,  désigne 
les  susdites  prières  par  le  terme  de  capilella  ou  capitula  de  psalinis  ; 
de  même,  son  successeur,  saint  Aurélien  (vers  568)"'.  Le  concile 
d'Agde,  de  506,  invoque  la  règle  universellement  observée,  lorsqu'il 
ordonne  de  réciter,  à  la  fin  des  Laudes  et  des  ^'êpres,  les  capilella^'. 
Le  concile  de  Vaison,  de  529,  enjoint  d'ajouter  de  nouveau  le  Kyrie 
eleison  (qui,  vraisemblablement,  avait   été  mis   de  côté,  lorsqu'on 


1  In  I  Tim.,  n  (P.  L.,  t.  xvu,  col.  466).  Cf.  S.  Aug.,  epist.  cxux,  ad 
Paulin.,  n.  16  (P.  L.,  t.  xxxni,  col.  636). 

2  Nom.,  VI,  in  I  Tim.,  ii  (P.  G.,  t.  i.xn,  col.  530).  Cf.  Peregr.  Sglviœ, 
étl.  Gamui-rini,  Roniir,  1888,  p.  47.  Consl.  apost.,  1.  vni ,  c.  32-37. 

3  Cf.  l'article  cilé  des  Sludien  und  Mitlheilungen. 
*  Gennadius,  De  script.  eccL,  c.  lxxix. 

5  liey.  S.  Cœsarii,  c.  xxi  (P.  L.,  t.  Lxvn,  col.  1102).  Reg.  S.  Aureliani , 
in  iine  (P.  L.,  t.  i.xviii,  col.  393)  :  Capilelluui  et  Kyrie  eleison  duodecim 
civibus.  Dans  l'oftice  milanais,  encore  aujourd'hui,  à  la  fin  des  Laudes, 
après  l'hymne,  on  récite  douze  Kyrie  eleison,  et  un  i)eu  plus  lard  trois 
autres. 

c  Conc.  Ayalhens.,  eau.  30,  dans  Hardouin,  Coll.  conc.,  t.  n,  p.  1101. 


APPENDICE  TI  431 

choisit  les  versets  des  psaumes),  ainsi  que  cela  se  faisait  à  Rome, 
dans  toute  l'Italie  et  en  Orient  aussi  bien  aux  Vêpres  qu'au  saint 
sacrifice  de  la  Messe*.  Saint  Benoît  connaît  ces  prières  et  les  appelle, 
aux  ch.  IX,  XII  et  xvii  de  sa  règle,  du  nom  de  Supplicalio  liluniR\ 
Kyrie  eleison  et  Missae.  Au  siècle  suivant,  nous  les  trouvons  dans  la 
règle  de  saint  Colomban  (7  010);  cette  règle  nous  donne  la  disci- 
pline du  vii*^  siècle,  qu'elle  ait  été  composée  par  Colomban  lui-même 
ou  par  un  de  ses  disciples,  vers  6")0 '-.  L'Antiphonaire  de  Bang'or  ou 
Benchuir,  écrit  vers  690,  a  ces  prières,  mais  sous  une  forme  un  peu 
dilTérente  :  Oralio  communis  fratrnin^.  Le  deuxième  concile  de  Clo- 
veshoe  ^,  le  Missel  de  Stowe  ^  et  le  cod.  A.  24  inf.  Lis  de  la  biblio- 
thèque Ambrosienne  témoignent  pour  le  viii'^  siècle.  Plus  tard ,  nous 
avons,  pour  la  persistance  de  l'usage,  le  témoignage  d'Amalaire  '"',  les 
(^onsuetudines  des  monastères  du  ix"^  au  xiv'^  siècle  et  les  témoi- 
gnages des  liturgistes  jusqu'à  Raoul  de  Tongres  (■{- 1401  )'.  Du  reste, 
les  manuscrits  de  Psautiers,  Collectaires,  Antiphonaires  et  Bré- 
viaires de  cette  époque,  qui  se  trouvent  dans  toutes  les  grandes 
liibliothèques,  nous  fournissent  la  preuve  la  plus  convaincante  de  cet 
usage.  Puis  le  texte  de  ces  prières,  après  qu'Innocent  III  les  eut 
désormais  restreintes  à  l'Avent  et  au  Carême,  passa,  sans  change- 
ment essentiel,  des  Breviaria  secundum  usum  roinana'  curix  manus- 
crits et  imprimés  du  xv"  siècle,  dans  le  Bréviaire  de  Pie  V,  et  il  se 
trouve   encore   actuellement  au  Bréviaire  romain,   dans  les  parties 


'  Conc.   Vaseuse,  can.  3,  clans  Hardouin,  loc.  cit.,  p.  1106. 

2  Sed  quia  horarum  canonicarum  noscendiis  est  modus...  psalmi  stalnli 
sunt  a  senioribiis  nostris  cuni  vej'siciiloruin  auymento  intervenientium 
pro  peccatis  privium  nostris,  deinde  pro  omni  populo  christiano ,  pro 
sacerdolihus  et  reliquis  Deo  consecratis  sacrœ  plehis  cfi-adibus;  postreino 
pro  eleemosynas  facientibiis ,  postea  pro  pace  reyiiin,  novissime  pro  ini- 
iiiicis  {Reg.  cœnoh.,  c.  vu;  P.  L.,  t.  lxxx,  col.  212). 

3  Cod.  Ambros.  C.  ■">  inf.,  fol.  20.  Cf.  Warren,  The  Anliphonary  of 
Banyor,  London,  1893  et  1895. 

*  Hardouin,  loc.  cit.,  t.  ni,  p.  1956. 

5  Cf.  mon  article  dans  la  Innshrucker  Zeitschrift  fiïr  kalhol.  Théologie. 
1892,  t.  XVI,  p.  476  sq. 

6  De  eccl.  off.,  lib.  IV.  4  (P.  L.,  t.  cv,  col.  1175  sq.). 

^  Saint  Ulrich  de  Uhnchszell,  en  Bade  (•{-  1086),  l'auteur  des  Consuetu- 
dines  Cluniacenses ,  dit  qu'on  résumait  ces  Preces  en  quatorze  versets, 
et  que  les  jours  de  férié  on  ajoutait  le  psaume  Miserere  (lib.  I,  c.  11; 
P.  L.,  t.  cxi.ix,  col.  645).  Au  xiii«  siècle,  Durand  en  parle  en  s'appuyant 
sur  /  Tim.,  xi,  1;  et,  au  xiv«  siècle,  Raoul  de  Tongjres,  De  can.  observ., 
prop.  14.  En  dehors  des  Preces  feriales  du  Bréviaire,  cette  prière  apos- 
tolique se  trouve  aussi ,  quoique  sous  une  forme  quelque  peu  dilTérente , 
dans  la  magnifique  Prière  générale  récitée  dans  la  plupart  des  églises 
catholiques  d'Allemagne  le  dimanche  matin  après  le  sermon,  et  ailleurs 
encore  dans  VOratio  du  vendredi  saint,  après  la  Passion. 


432  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

d'hiver  et  de  printemps,  à  la  fin  des  Laudes  et  des  Vêpres  du  lundi. 

Nous  avons  donc,  dans  ces  Preces  feriales,  des  formules  de  prière 
très  vénérables  qui  remontent,  quant  à  leur  substance,  aux  temps 
apostoliques. 

Pour  donner  au  lecteur  un  tableau  du  développement  historique 
de  ces  prières,  nous  avons  reproduit  ici  cinq  formulaires  particuliè- 
rement détaillés  et  riches  qui  marquent  quatre  des  stades  par 
lesquels  elles  sont  passées.  Tout  d'abord,  la  formule,  telle  que  nous 
Ta  donnée  le  disciple  des  Apôtres,  saint  Clément,  à  la  fin  du  i'^'' siècle. 
Ce  que  nous  savons  d'elle  avec  certitude,  c'est  qu'elle  peut  être  con- 
sidérée comme  une  répétition  plus  ou  moins  textuelle  d'une  prière 
liturgique,  dont  on  ne  sait  pas  très  exactement  la  place  dans  la 
liturgie.  Dans  tous  les  cas,  c'est  une  des  formules  primitives,  sinon 
la  formule  primitive,  qui  a  servi  de  base  à  la  Trpoo-ywvrifft;  ÛTtîp  -àiv 
Titcrrwv  des   Constilulions  apostoliques. 

En  second  lieu,  nous  donnons  cette  7ipo(7cpit)V7)(Ttç  elle-même,  appar- 
tenant sous  sa  forme  actuelle  au  m"'  siècle  environ. 

Puis  vient  une  recension  du  v"  ou  du  vi<=  siècle;  c'est  la  première 
de  ces  supplications  pour  l'Occident.  Elle  est  tirée  du  missel  de 
Stowe.  Nos  deux  dernières  formules  représentent  le  ix"  siècle,  mais 
remontent  aussi  à  une  époque  antérieure.  On  peut  en  trouver  un  1res 
grand  nombre  de  semblables  dans  les  vieux  manuscrits  et  dans  les 
copies  qu'en  a  données  dom  Martène^. 

I.  PniiinE  DU  PAPE  SAINT  Clément  de  Rome  (vers  9li  après  J.-C.  ). 
[Epist.Iad  Corinlh.,  c.  lix-i.xi  [éd.  Funk,  Tubing.,  1887,  p.  13!i  sq.j.) 

Pour  cette  prière  comme  ponr  celle  des  Constilulions  nposloUrjues, 
je  donne  la  traduction  latine  moderne',  afin  de  montrer  l'analogie 
qu'elles  ont,  pour  le  texte  et  pour  la  forme,  avec  les  Preces  latines. 

Continue  crantes  ac  supplicanles  precalùmiir,  ut  opilVx  omnium  rei'uni 
numcrum  electorum  suorum  constitutum  in  loto  mundo  conservçt  intc- 
}i:rum  pcr  dilccluni  pucnini  Jesum  Christum ,  pcr  qucm  nos  vocavit  de 
lenebris  in  lucem ,  de  i^j^norantia  in  cognitionem  glorite  nominis  sui...  qui 
humilias  ari-of^antiam  superbui-um...  qui  intucris  in  abyssos ,  inspcclor 
operum  liominum... 


'  Martcnc,  De  anl.  inonnch.  ritibns,  \'\h.  I,  c.  ni,  n.  lô  sq.  ;  De  anllq. 
eccl.  rilib.,  lib.  III. 

2  Le  Père  G.  Morin,  O.  S.  13.,  a  découvert  une  vieille  traduction  latine 
et  l'a  publiée  dans  le  t.  ii  des  Anecdola  Mar-edsolanu.  Dans  le  texte  de 
cette  prière,  celle  traduction  s'écarte  considéral^lenicnt  du  grec,  ce  que 
A.  llarnack  atlribiic  à  une  falsification  pseiido-isidoricnnc.  Kilin  le  eoii- 
licdil  dans  la  Tïihimjer  throl.  Qiiurlalscltrifl ,  189  5,  p.  5i0  sq. 


APPENDICE  II  433 

Rogamus  te.  Domine,  ut  sis  adiutor  et  aiixiliator  nostci-.  Eos  nostrum, 
qui  in  tribulatione  sunt ,  libéra,  humilium  miserere,  lapsos  éleva,  inopi- 
bus  occurre ,  infirmes  sana,  errantes  populi  tui  converte;  nutri  esurien- 
tes,  solve  captivos  nostros,  crig:e  imbecillcs.  consolare  pusillanimes; 
cognoscunto  omnes  gentes .  quod  tu  es  Deus  solus  et  Jésus  Christus  puer 
tuus  ac  nos  populus  tuus  et  oves  pascuœ  tua?. 

Tu  percnncm  mundi  constitutionem  per  cffectus  manifestasti;  tu.  Do- 
mine, orbcm  tcrrae  fundasti,  fidelis  in  omnibus  generationilsus,  iustus  in 
iudiciis ,  admirabilis  in  fortitudine  et  magnificcntia,  sapiens  in  condendo 
et  prudens  in  creatis  slabiliendis...  l^enignus  et  miserieurs.  dimitte  nobis 
iniquitates  et  iniustitias  et  peccala  et  delicta  nostra. 

Ne  imputes  omne  peccatum  servorum  tuorum  et  servarum ,  sed  puri- 
fica  nos  in  vcritatc  tua  et  dirige  gressus  nostros,  ut  in  pietatc  et  iustitia 
et  simplicitate  cordis  ambulemus  et  agamus,  qure  bona  et  Ijeneplacita 
sunt  coram  le  ac  coram  principibus  nostris. 

Imnio,  Domine,  ostende  faciem  tuam  super  nos,  ut  bonis  friuimur  in 
pace,  ut  tegamur  manu  tua  potenti  et  ab  omni  pcccato  lil^ercmur  bracciiio 
tue  excelso,  ac  libéra  nos  ab  iis,  qui  nos  oderunt  iniuste. 

Da  concordiam  ac  pacem  et  nobis  et  omnibus  habitantibus  terram, 
sicut  dedisti  patribus  nostris  pie  te  invocantibus  in  fide  et  veritate,  qui 
obœdientes  sumus  nomini  tuo  omnipotenti  omniquc  ^irtutc  pleno  et 
principibus  et  praefcctis  nostris  in  terra. 

Tu,  Domine,  dedisti  iis  potestatcm  rcgni  per  magnificam  et  inenarra- 
bilem  virtutem  tuam,  ut  cognoscentes  gloriam  et  honorem.  quem  tu  iis 
tribuisti,  nos  subiiciamus  ipsis,  Aoluntati  lute  non  ad^■ersantes;  quibus 
da,  Domine,  sanitatem,  pacem.  concordiam.  firmitatem,  ut  imperium , 
quod  tu  iis  dedisti,  sine  olTendiculo  administrent.  Tu  enim .  Domine, 
cœlestis  rex  seeculorum,  tiliis  hominum  das  gloriam  et  honorem  et  pofc- 
statem  eorum,  qusc  in  terra  sunt;  tu.  Domine,  dirige  consilium  eorum 
secundum  id,  quod  Ijonum  et  beneplacitum  est  in  conspcctu  tuo,  ut  po- 
testatem  a  te  datam  in  pace  et  mansuetudinc  pie  administrantes  propi- 
tium  te  habeant. 

Qui  solus  hœc  et  plura  bona  noijiscum  agcrc  potes,  til)i  confitemur 
per  pontificem  ac  patronum  animarum  nostrarum,  Jesum  Chrislum,  per 
quem  tibi  gloria  et  maiestas  et  nunc  et  in  generationem  generationum  et 
in  saîcula  sœculorum.  Amen. 


II.  La  puière  des  fidèles  a  Matines  (Laudes),  a  Vêphes 
ET  dans  l'Avant-Messe  (du  me  au  iv<?  siècle). 

{Conslil.  aposl.,  lib.  VIII,  c.  x  et  xxxvi-xxxix.) 

Cf.  les  savantes  explications  données  par  G.  Bickell,  dans  le 
KathoUk,  1873,  t.  ii,  p.  677  sq.,  au  sujet  de  Irenika  et  Ektenie.  Ces 
articles  sur  le  développement  des  Heures  canoniales  (années  1873  et 
1874  du  KathoUk),  quoique  ne  se  trouvant  pas,  par  erreur,  men- 
tionnés dans  la  bibliographie,  méritent  la  plus  grande  estime  et  une 
étude  détaillée. 

Brév.,  t.  II.  28 


434  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

[P.  G.,  i.  1,  col.  1138.)  Cum  fucrit  vcspcra,  congregabis  ccclesiam,  o 
cpiscope;  cl  postquam  dictus  fucrit  psalmus  luccrnalis  (ps.  cxl),  recita- 
bit  diaconus  orationes  pro  catechunienis,  cncrgumenis,  compétent ibus  et 
pœnitenlibus,  ut  supra  diximus. 

[Ihid.,  t.  I,  col.  1075.)  Diaconus  :  Oratc,  catechumeni.  Et  omnes  fidèles 
pro  illis  cum  (t.  i,  col.  1078)  atlcntione  orent  dicentes  :  Kyrie  eleison. 
Diaconus  vero  pro  ils  precetur  dicens  :  Pro  catcchumenis  omnes  Deum 
invocemus.  ut...  revelct  iisdem  evangelium  Chrisli  sui...  liberct  illos  ab 
omni  impiclatc...  digni  fiant  sanctis  mystcriis  et  pci'mansione  cum  san- 
ctis.  Surgite,  catechumeni...  Porro  in  singulis  liorum,  quée  diaconus  pro- 
loquitur,  populus  respondeat  :  Kyrie  eleison...  Catechumenis  autem  capita 
inclinantibus,  episcopus...  benedicat  iis  benedictione  huiusmodi  :  Deus 
omnipotcns...  (t.  i,  col.  1079)  in  sancto  Spiritu  in  saîcula.  Amen.  Et  post 
lîoc  diaconus  dicat  :  Exile,  catechumeni,  in  pacc.  Cumquc  ii  exierint, 
dicat  :  Orale,  energumeni  et  vcxati  a  spiritibus  immundis...  cl  liberet 
creaturas  suas  a  diaboli  vexatione...  Inclinalc,  energumeni,  atque  bene- 
dictionem  accipite.  Et  episcopus  deprccetur,  dicens  :  Qui  fortcm  ligasti... 
(t.  I,  col.  1082)  in  sancto  Spiritu  in  sœcula.  Amen.  Tum  diaconus  dicat  : 
Exile,  energumeni.  Et  iis  cgressis  proclamct  :  Orate,  illuminandi  bap- 
lismo  scu  compclenles.  Intente,  cuncli  fidèles,  pro  ipsis  deprecemur,  ul 
Dominus  dignos  eos  facial...  ecclesia.  Scrva  et  suscita  eos  in  gratia  tua. 
Consignât  i  Deo  per  Christum  eius  inclinantes  se  benedicantur  ab  episcopo 
hac  benedictione  :  Qui  per  sanctos  prophetas  luos...  in  sancto  Spiritu  in 
sœcula.  Amen.  Et  dicat  diaconus  :  Exile,  qui  illuminandi  eslis.  El  post 
hoc  edicat  :  Orate,  pœnitcntes.  Intente  universi  pro  fratribus  nostris  in 
pœnilentia  versantibus  prccemur...  (t.  i,  col.  1083),  etdeleat,  quod  adver- 
sum  eos  crat  chirographum...  ut  aversi  ab  omni  opère  illicito  adiungant 
se  ad  omncm  actioncm  bonam...  consequanlur  vilam  œternam.  Adhuc 
intente  omnes  pro  ipsis  dicamus  :  Kyrie  eleison...  Suscitati  Deo  per  Chri- 
stum eius...  accipite  bencdictionem.  Episcopus  igitur  lias  preces  fundat  : 
Omnipotcns  Deus  œlcrne...  (t.  i,  col.  1086)  in  Spiritu  sancto  in  s;ccula. 
Amen.  Et  diaconus  dicat  :  Abile,  qui  eslis  in  pœnitentia.  El  addat  : 
Nemo  eorum,  quibus  non  licct,  cxcat.  [(T.  i,  col.  1138.)  Cumquc  ii  dimissi 
fuerinl,  diaconus  dicet  :  Qui  fidèles  sumus,  oremus  Dominum.]  (T.  i, 
col.  1086.)  Qui  fidèles  sumus,  flectamus  genua.  Precemur  Deum  per  Chri- 
stimi  eius.  Omnes  contente  Deum  per  Christum  eius  appellemus. 


Oratio  pro  fidelibus. 

Pro  pacc  et  Iranquillitate  mundi  atque  sanctarum  ecclesiarum  oremus, 
ut  Deus  universitatis  perpetuam  et  stabilcm  suam  pacem  nobis  Iribual  ; 
ul  nos  conscrvet  persévérantes  in  pleniludinc  piœ  ac  religiosaî  virlutis. 
I^.  Kyrie  eleison. 

Pro  sancta  calholica  et  apostolica  Ecclesia,  a  finibus  usque  ad  fines 
cxtensa,  oremus,  ut  Dominus  eam  inconcussam  et  fluctibus  non  agitatam 
conscrvet  atque  luealur,  usque  ad  consummationcm  sfcculi,  fundatam 
supra  petram.  R).  Kyrie  eleison. 

Et  pro  sancta  hac  parœcia  oremus  ut  cunctorum  Dominus  nobis  donct 
conscclari  sine  remissione  cœlcstem  ipsius  spem  et  reddcre  ipsi  assiduum 
prccationis  debitum.  n,.  Kyrie  eleison. 

Pro  univcrso  sub  cœlis  exislente  episcopatu  eorum,  qui  rccle  dispcr- 
tiunt  verbum  veritalis  tua?...   (t.  i,  col.   1087)  ut  misericors   Deus   illos 


APPENDICE  11  435 

ecclesiis  sanctis  suis  prœstet  iiicolumes,  lionoratos,  longœvos  et  pi-a-bcat 
iis  honoratam  senectutem  in  pictate  ac  iustitia.  Rj.  Kyrie  eleison. 

Etiam  pro  presbytei-is  nostris  orcmus ,  ut  Dominus  liberet  illos  ab  onini 
lurpi  ac  prava  re  et  concédât  illis  intci;rum  et  honoratum  presbyterium. 
^.  Kyrie  eleison. 

Pro  universo  Christi  diaconio  ac  ministerio  orcmus,  ut  Dominus  incul- 
patam  ipsis  largiatur  ministrationem.  il.  Kyrie  eleison. 

Pro  lectoribus.  cantoribus,  virginibus,  viduis  et  pupillis  orcmus,  pro 
iis,  qui  in  matrimonio  et  liberorum  procreatione  vivunt,  ut  Dominus 
miserealur  eorum  omnium,  il.  Kyrie  eleison. 

Pro  eunuchis  in  sanctitatc  ambulantibus  oremus.  Pro  iis,  qui  conti- 
nentem  et  religiosam  agunt  vitam,  oremus;  pro  iis,  qui  in  sancta  ecclesia 
oblaliones  faciunt  ac  eleemosynas  pauperibus  dant,  oremus;  et  pro  iis, 
qui  Domino  Deo  nostro  hostias  ac  primitias  ofTerunt,  orcmus,  ut  Deus 
optimus  rcmunerclur  eos  caclestibus  suis  gratiis  detque  iis  in  prœsenti 
centuplum  et  in  futuro  vitam  asternam;  atque  donet  ipsis  pro  tempoi-ariis 
œterna,  pro  terrenis  cœlestia.  ^.  Kyrie  eleison. 

Oremus  pro  recens  baptizatis  fratribus  nostris,  ut  Dominus  eos  stabi- 
liat  ac  firmet.  rJ.  Kyrie  eleison. 

Pro  fratribus  nostris  mala  valetudinc  afflictis  oremus.  ut  Dominus  libe- 
ret illos  omni  morbo  et  omni  languore  sanosque_  restituât  sanctaî  suœ 
ecclesicB.  ^.  Kyrie  eleison. 

Pro  navigantibus  ac  iter  habentibus  oremus;  pro  iis,  qui  in  metallis, 
exsiliis,  custodiis  et  vinculis  propter  nomcn  Domini  versantur,  oremus; 
pro  acerba  servitute  oppressis  oremus  ;  pro  ininiicis  et  odio  habentibus 
nos  oremus;  pro  pcrsequentibus  nos  propter  nomen  Domini  oremus,  ut 
Dominus  mitigato  eorum  furore  dissipet  iram  adversus  nos  concitatam. 
Ri.  Kyrie  eleison. 

Pro  iis,  qui  foris  sunt  ac  errore  ducuutur,  oremus,  ut  Dominus  illos 
convertat.  ^.  Kyrie  eleison. 

Infantium  ecclesiaî  recordemur,  uti  Dominus  eos  in  timoré  suo  reddat 
perfectos  et  ad  mensuram  œtatis  perducat.  B}.  Kyrie  eleison. 

Pro  nobis  invicem  oremus ,  ut  Dominus  gratia  sua  scrvet  nos  ac  custo- 
diat  usque  ad  linem  et  liberet  nos  a  malo  et  ab  omnibus  scandalis  ope- 
rantium  iniquitatem  et  salvos  nos  ducat  in  regnum  suum  cteleste.  B).  Kyrie 
eleison. 

Pro  omni  anima  christiana  oremus.  i^.  Kyrie  eleison. 

Salva  et  érige  nos,  Deus,  misericordia  tua  surgamus,  orantes  intente 
nos  ipsos  atque  mutuo  viventi  Deo  per  Christum  eius  commendemus. 

(T.  I,  col.  1J38.)  Et  postquam  recita\erit  illa,  qute  in  prima  oratione 
dicct  : 

Oratio  lucernalis. 

Serva  et  suscita  nos,  Deus,  per  Christum  tuum.  Suscitati  postulemus 
niisericordias  Domini  atque  miserationes  eius,  angelum  paci  pra^positura, 
bona  et  conducibilia,  linem  vitte  christianum.  Vesperam  noctemque  paca- 
tam  ac  pcccato  vacuam  cunclumque  vitte  nostraî  tempus  irreprehensum 
postulemus.  Nos  ipsos  atque  invicem  viventi  Deo  per  Christum  eius  com- 
mendemus. 


436  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Ac  episcopus  ort-ins  dical  : 

Gratiarum  actio  lucernalis. 

(T.  I,  col.  1139.)  Deus,  principii  cxpers  ac  fine  carens,  omnium  per 
Chrislum  opifcx  et  rector.  ante  cmicta  vcro  illius  Deus  ac  Pater,  Spiritus 
Dominus  et  corum ,  quœ  intclligi  ac  senliri  possuiil ,  rex;  qui  fccisti  dicm 
ad  opéra  lucis  et  noctcm  ad  requiem  infirmitalis  nostraî  :  «  Tuus  enim 
est  dies,  et  tua  est  nox,  lu  aptasti  lucem  et  solem  ;  «  ipse  et  iiunc,  Do- 
mine, hominum  amalor,  ac  oplime,  suscipe  clementer  hanc  nostram  j^^ra- 
tiarum  actionem  vesperlinam.  Qui  traduxis^li  nos  per  diei  longitudinem 
et  duxisli  ad  noctis  initia;  custodi  nos,  per  Cliristum  tuum,  tranquillam 
prœbc  vesperam  et  noctem  peccato  liberam;  atque  nos  vita  aelerna  difjnare, 
per  Cliristum  tuum;  per  qucm  tibi  srloria,  honor  ac  venci-atio  in  sancto 
Spiritu  in  Scccula.  Amen. 

El  diaconus  dical  :  Inclinalc  ad  manuum  impositionem. 

Ac  dical  episcopus  :  Deus  patrum  ac  Domine  misericordia?,  qui  sapieii- 
tia  tua  fabricatus  es  liominem .  animal  ralionc  pr;editum,  maxime  ex  lis, 
quae  in  terra  sunt,  charum  Deo;  et  triljuisti  ei,  ut  imperaret  rébus  ter- 
rcstribus;  quique  volunlate  tua  principes  ac  saccrdotcs  constituisti;  illos 
quidem  ad  \'dic  securitatem,  hos  vero  ad  Ic^itimum  cultum  :  ipse  nunc 
ctiam  inflcctcre.  Domine  omnipotens,  et  oslendc  facicm  tuam  super  po- 
pulum  tuum,  eos,  qui  ccrvicem  cordis  sui  incurvarunt  ;  et  bencdic  iis 
per  (^hristum,  per  ([uem  illustrati  nos  hmiinc  cognitionis  ac  revelasti  no- 
bis  te  ipsum,  cum  quo  ab  omni  rationali  et  sancla  nahira  debctur  tibi 
adoratio  condi^na  et  Spiritui  Paraclcto  in  sœcula.  Amen. 

Et  diaconus  dical  :  Exitc  in  pace. 

Similem  in  modum  mane  diaconus,  cum  dictus  fueril  psalnuis  nialuti- 
nus  (ps.  i,xn),  cumquc  ipse  dimiscrit  catechumeiKjs,  cncrgumenos,  com- 
pelenles  ac  pœnitentes  l'cceritquc  sollcmncni  prccationem  (ne  iterum 
cadem  rcferamus)  post  illud  :  Scrva  nos,  Deus,  et  suscita  in  gralia  tua, 
subiungat. 

Oratio  matutinalis    ad  Laudes). 

Postulemus  a  Domino  miscricordins  eius  alquc  miscrationes,  hoc  malu- 
tinum  et  hune  dicm  cunctumquc  pcrcgrinationis  nostnc  tempus  pacatum 
ac  peccato  vacuum ,  anpelum  paci  prœposilum,  finem  vitae  christianum, 
Deum  propitium  et  clcmcntcm.  Nos  ipsos  cl  niuluo  viventi  Deo  (t.  i, 
col.  1142)  commendcmus  per  Unigenitum  eius. 

Ac  episcopus  orans  dical  : 

Gratiarum  actio  matutina. 

Spirituum  ac  omnis  carnis  Deus,  inconqiarabilis  ac  nullius  rei  indignus  ; 
qui  dedisti  solem,  ul  prœesset  diei;  lunam  vero  et  stellas,  ut  prœesscnt 
nocti ,  ipse  el  nunc  respice  super  nos  oculis  bcncvolis;  ac  suscipe  matu- 
tinas  nostras  gratiarum  acliones  et  miserere  noslri  :  non  enim  expandi- 
mus  manus  nostras  ad  dcum  alicnum;  siquidcm  non  est  in  nobis  deus 
recens,  sed  tu,  £clernus  ac  immortalis.  Qui  nobis  per  Christum  prœbuisti, 
ut  essemus,  quippe  per  eundem  donasti ,  ut  benc  esscmus;  ipse  nos  per 
cum  dignare  aeterna  vita,  cum  quo  tibi  gloria,  honor,  vencratio,  et  san- 
cto Spiritui,  in  sa?cula.  Amen. 

Tum  diaconus  dical  :  Inclinate  ad  manus  impositionem. 


APPENDICE  II  437 

.-le  episeopus  oret  his  verhis  :  ^^ 

Impositio  manus  matutina. 

Deus  fklelis  et  verax,  qui  facis  miscricordiam  in  millia  et  dcna  millia, 
dilig:cntibus  te;  amicus  humilium  et  paiipcrum  defcnsor;  quo  univer?a 
opus  habent ,  quia  cuncta  tibi  serva  sunt  ;  respice  in  populum  tuum  hune, 
in  hos,  qui  inclinarunt  tilji  capita  sua,  et  benedic  iis  bencdiclione  spiri- 
tuali;  custodi  eos  ut  pupillam  oculi;  conserva  eos  in  pietate  ac  iustitia, 
et  eos  vita  œterna  dipnarc;  in  Christo  Jesu,  dileclo  filio  tuo:  cum  quo 
tibi  jiloria,  honor  alque  cuUus.  et  sancto  Spirilui.  nunc  et  sempcr  et  in 
sœcula  saeculorum.  Amen. 

Et  diaconiis  dical  :  Exile  in  pace. 


III.  Deprecatio  pro  populo  du  Missel  de  Stowe  ivers  630). 

De  la  liturgie  spécialement  occidentale  je  ne  connais  aucune 
recension ,  relativement  complète,  antérieure  à  celle  du  missel  de 
Stowe ,  qui  pourrait  bien  remonter  au  v'=  ou  au  vi'-'  siècle.  Cf.  Mac- 
Carthy,  On  the  S(owe-Misf!al.  Transaclio7is  of  Ihe  royal  Irish  Aca- 
demy,  vol,  xxvii;  Dublin,  1886,  p.  135  sq.,  et  Innsbrucher  Zeilschrifl 
fiir  kathol.  Théologie,  t.  xvi,  1892,  p.  476  sq. 

Deprecatio  pro  populo. 

Dicamus  omnes  ex  loto  corde  cl  ex  lola  menle  :  Domine,  exaudi  et 
miserere;  Domine,  miserere'. 

Qui  respicis  super  terram  el  facis  eam  Iremere.  Oramus  le'.  Domine, 
exaudi  et  miserere. 

Pro  allissima  pace  et  tranquillilate  lemp(ji'uni  nostrorum;  pro  sancta 
Eeelesia  calholica,  quae  est  a  finiijus  usqiie  ad  tei-minos  orljis  lerra?.  Ora- 
mus te.  Domine,  exaudi  et  miserere. 

Pro  pastore  .V.^  episcopo  et  omniijus  episcnpis  et  prcsbytcris  el  diac'i- 
nis  et  onini  clero.  Oramus  ;  ut  supra  . 

Pro  lioc  loco  et  inhabilanlibus  in  eo;  pro  piissimis  iniperatorii)Us2  et 
onini  exercitu  romano.  Oramus... 

Pro  omnibus,  qui  in  sul^limilate  constiluti  sunt;  pro  vii-jrinibus,  viduis 
et  orphanis.  Oramus... 

Pro  peregrrinantibus  el  iler  agrcnliljus  ac  navi^anlibus;  pro  pœnitentibus 
el  ealechumenis.  Oramus... 


'  Faire  attention  à  la  traduction  du  Kyrie  eleison. 

2  D'après  Mac-Carthy  (p.  165 ).  il  faut  entendre  par  ce  mot  les  empe- 
reurs Honorius  et  Arcadius,  car  la  prière  correspond  très  bien  au  début 
du  v«  siècle.  Moelcaich,  rintcrpolaleiu"  du  Missel  de  Sto^^■e.  la  nomme 
Deprecatio  sancli  Martini  pro  populo,  ce  qui  lui  conviendrait  bien.  Ce 
serait  alors  la  forme  sous  laquelle  saint  Martin  de  Tours  (mort  vers  îOO) 
ou  le  clergé  de  Tours  auraient  récité  ces  prières  traditionnelles  à  ce  mo- 
ment-là. 


438  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Pro  his ,  qui  ia  sancla  ccclcsia  fructus  miscricordiae  largiuntur,  Do- 
mine, Deus  virtutum,  exaudi  preces  nostras.  Oramus... 

Sanctoi'um  apostolorum  ac  niarlyrum  memores  simus,  ul ,  orantibus  ils 
pro  nobis,  veniam  mereamur.  Oi'amus... 

Christiaiium  et  pacificum  nobis  finem  conccdi  a  Domino  dcprecemur. 
Prœsta,  Domine,  prœsta. 

Et  divinum  in  nobis  pernianere  vinculum  caritatis  sanclum  Dominum 
deprecemur.  Prœsta,  Domine,  prœsta. 

Conservarc  sanctitatem  et  calliolicœ  fidci  puritatcm  Dominum  deprece- 
mm'.  Prœsta,  dicanius  omnes  (ut  supra). 


IV.  La  Letania 

DE  LA   LITURGIE  MILANAISE  d'aPRÈS  LE  MiSSEL   DE   BlASCA   (  IX<^  slccle  ) . 

Le  texte  donné  ici  est  celui  des  prières  usitées,  d'après  le  Missel 
de  Biasca,  dans  le  rite  milanais,  durant  le  temps  de  Carême  {cod. 
Ambros.  A  24,  inf.  his,  s.  ix).  Ce  Missel  donne  la  forme  de  la 
liturgie  ambrosienne  des  vii'=  et  vin*'  siècles,  conservée  encore  dans 
cette  lointaine  vallée  de  ce  pays  de  montagnes.  Maintenant  le  Bré- 
viaire ambrosien  n'a  de  preces  que  pour  les  petites  Heures;  pour  les 
Laudes,  au  contraire,  à  la  fin  douze  fois  Kyrie  eleison,  et  de  courtes 
prières  pour  les  Vêpres,  quelques  versets  de  psaumes,  des  oraisons  et 
trois  fois  le  Kyrie. 

Incipit  Letania. 

Divinœ  pacis  *  et  indulyealiie  niuncrc  supplicanles,  ex  luto  corde  et 
ex  tota  mente.  Precamur  te.  Domine,  miserere. 

Pro  Ecclesia  tua  sancla  cathfilica,  quœ  hic  et  pcr  uni\ersum  orl)cm  dif- 
fusa est.  Precamur  te,  Domine,  miserere. 

Pro  papa  nostro  ill.  et  omni  clero  cius  omnibusque  sacerdotibus  ac 
ministris.  Precamur... 

Pro  famulo  luo  ill.  imperatorc  et  famula  tua  ill.  impératrice  et  omni 
c.xercitu  eorum.  Precamur... 

Pro  pace  Ecclesiarum,  vocatioue  g^entium  cl  quiète  populorum.  Pre- 
camur. , . 

Pro  plèbe  bac  et  conversatione  eius  omnibusque  habitantibus  in  ea. 
Precamur... 

Pro  aërum  tcmperie  liac  fructuum  et  fccunditatc  Icrrarum.  Preca- 
mur... 

Pro  virginibus,  viduis,  orphanis,  captivis  ac  pœnitentibus.  Pi-ecamur... 

Pro  navifcantibus,  iter  agentibus,  in  carceribus,  in  vinculis,  in  metal- 
lis,  in  exsiliis  constitutis.  Precamur... 

Pro  his,  qui  diversis  infirmilatibus  detincntur,  quique  spiritibus  vexan- 
tvn-  immundis.  Precamur... 


1  Cf.  plus  haut  les  Consl.  nposl.  :  Pro  pace  cl  IranquilliUile...  Pro  sua- 
cl;t  catholica,  etc. 


APPENDICE  11  439 

Pro  liis,  qui  in  sancta  tua  ccclcsia  fructus  rai^cricordia;  larçiuntur.  Prc- 
camur... 

Exaudi  nos,  Deus,  in  omni  orationc  atque  dcprecationem  nostram  [sic). 
Precamur  te,  Domine,  miserci'C. 

Dicamus  omnes  ;  Domine,  miserere.  Kyrie  eleison.  Kyrie  eleison.  Kyrie 
eleison. 


V.  Les  Orationes  maioues  s.  Preces  du  cod.  272 
DU   Corpus -Christi- Collège   de    Cambridge   (ixc   siècle). 

Le  codex  provient  du  diocèse  ou  de  la  province  de  Reims  et  y  fut 
écrit  entre  les  années  882-88o ,  comme  on  le  constate  par  la  mention 
qui  y  est  faite  du  pape  Marin ,  du  roi  Carloman  et  de  l'archevêque 
Foulques.  Le  manuscrit  est  un  psautier  et  contient ,  outre  les 
psaumes  et  les  cantiques,  un  grand  nombre  d'autres  prières  pour  l«s 
Heures  canoniales.  Une  série  de  manuscrits  contemporains  ou  ulté- 
rieurs concordent  presque  littéralement  avec  la  forme  de  l'oraison 
conservée  dans  ce  codex.  Ce  sont  : 

a)  Cod.  349,  de  Saint-Gall.  Tandis  que  la  première  partie  de  ce 
codex  date  encore  du  viii<=  siècle,  la  deuxième  partie,  contenant  aux 
pages  118  et  119  nos  prières  sous  forme  d'oi^aiiones  et  p?^eces  coli- 
dianœ  ad  Vesperas  seu  ad  Matutinum,  a  été  écrite  au  commencement 
du  IX'  siècle  en  caractères  anglo-saxons. 

h)  Cod.  96  [100]  de  la  bibliothèque  du  chapitre  de  Vérone,  datant 
des  viii*=  et  ix*^  siècles  (fol.  10). 

c)  Cod.  83  de  la  bibliothèque  universitaire  et  cantonale  de  Zurich, 
provenant  de  l'ancien  monastère  de  Rheinau ,  et  écrit  pour  Kempten 
entre  993  et  99o. 

d)  Cod.  82  do  la  même  bibliothèque,  Breviariiim  Farfcnse  du 
xi'=  siècle. 

e)  Cod.  83  de  la  bibliothèque  d"Einsiedeln,  Breviaruini  niarjnuin 
Einsiedlense  du  xii<=  siècle. 

f)  Cod.  112  de  la  même  bibliothèque,  à  partir  du  folio  49,  Liber 
officialis  per  circuluni  anni,  du  xi'^  siècle. 

</)  Cod.  Clm.  8271  de  la  bibliothèque  municipale  de  Munich,  pro- 
venant de  Michaelbeuren ,  et  du  xii"  siècle. 

h)  Cod.  429  de  la  bibliothèque  Philippsiana  à  Cheltenham,  écrit 
en  1260  par  un  chanoine  Jean  de  Ahrweiler  de  Cologne. 

On  peut  y  ajouter  une  série  de  codices  de  Monza  et  de  Trêves  déjà 
cités  antérieurement. 

11  faut  remarquer  encore  que  jusqu'au  xm'^  siècle,  les  preces  des 
codices  commencent  par  Oremus  pro  ofnni  gradu  Ecclesiœ,  et  qu'il  y  a 
des  preces  pour  Prime  seulement,  qui  commencent  par  :  Ego  dixi , 


440  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Domine  miserere  mei.  Ces  dernières,  dans  le  codex  de  Cambridge, 
s'appellent  Preces  ad  Secundam  (ancien  nom  de  Prime).  Au  xiii'=  siècle, 
les  deux  variétés  de  prières  furent  réunies  à  Vêpres  et  à  Laudes,  et, 
comme  dans  les  prières  actuelles  du  Bréviaire  romain,  on  ne  disait 
d'abord  les  versets  :  Ef/o  dixi.  Domine,  etc.,  qu'après  le  Kyrie 
eleison  et  le  Pater  noster,  et  ensuite  les  anciens  versets  de  Vêpres 
commençant  par  :  Oremus  pro  omni  r/radii  Ecclesiœ. 

Orntiones  maiores  sive  Preces  ad  Laudes  matuiinas 
et  ad  V espéras  dicendœ. 

Oremup  pro  omni  j;radu  Ecclcpia*. 

y.  Sacerdutcs  lui  induautur  iustitiam  et  sancti  lui  cxsultcnt. 
Pro  pastoribus  nostris  (al.  :  Pro  pastore  nostro)  : 

y.  Beatus,  qui  intelligit  super  egenum  et  pauperem. 
(Un  codex  du  séminaire  de  Namur,  xiii'^  ou  xiv*^  siècle,  a  :  y.  Dnus 
conservet  eum ,  etc.) 

Pro  regc  nostro  : 

y.  Domine,  salvum  fac  regeni  et  exaudi  ncjs  in  die  qua  invocaveri- 
mus  te. 
Pro  liberis  eiiis  : 

^.  Salvos  fac  servos  tuos,  etc. 
(Cette  invocation  ne  se  ti'ouve  pas  dans  les  autres  manuscrits.) 

Pro  antistite  nostro  (  dans  les  monastères  :  Pro  abljate  nostro  ;  : 

f.  Dominus  conservet  eum  et  vivificet  eum  et  beatum  faciat  eum  in 
terra. 
[he  codex  de  Xamur  porte  ici  :  ,v.  Salvum  fac  servum  luum.  ) 
Pro  cuncto  populo  christiaiio  : 

(Le  cod.  349  de  Saint-Gall  :  Pi-o  omni  p.  chr.,  des  manuscrits 
postérieurs  :  populo  calholico.) 

y.  Salvum  fac  populum  tuum,  Domine,  et  bcnedic  hcreditati  tuoe. 
Pro  pace  et  unitate  Ecclesiœ  (al.  seulement  :  Pro  pace)  : 

>•.  Fiat  pax  in  virtute  tua  et  abundantia  in  turribus  tuis. 
Pro  fratribus  et  sororibus  nostris  : 

f.  Propter  fratres  meos  et  proximos  meos  loquebar  pacem  de  te. 

(Le  Bréviaire  de  Cologne  de  1260  [cod.  Chellenh.i29]  a,  au  lieu  de 
cette  invocation  :  Pro  nobismetipsis ,  et  la  prière  Pro  fralr.  et  soror. 
nostris  avec  le  y.  Salvos  fac,  seulement  à  la  fin,  après  la  prière  pour 
la  rémission  des  péchés.  ) 

Pro  iter  agentibus  : 

y.  0  Domine,  salvos  nos  fac;  o  Domine,  benc  prosperare. 
Pro  fidelibus  na\  igantibus  : 

^.  Exaudi  nos.  Deus  salutaris  noster,  et  propter  gloriam  nominis  lui. 
Domine,  libéra  nos. 
Pro  advcrsantibus  (persequentibus)  et  calumniantibus  nos  : 


APPEiNDICE  II  441 

y.  Domine  Jesu  Christe,  ne  statuas  illis  hoc  peccatum,  quia  ncsciunt, 
quid  faciunt. 
Pro  discordantibus  : 

f.  Pax  Dei,  quœ  exsuperat  omnem  sensum,  custodiaL  corda  illorum. 
Pro  pœnitentibus  : 
y.  Gonvertere,  Domine,  usquequo  et  deprecabilis  eslo  super  servos 
tuos. 
Pro  omnibus  eleemosynas  facientibus  : 
(  Le  codex  de  Cologne  a  :  Nobis  bona  facientibus.) 
y.  Dispersit,  dédit  pauperibus,  iustitia   eorum   maneat  in   sœculum 
sa'culi. 
Pro  infirmis  : 

y.  Et  clamaverunt   ad   Dominum,   cuni    triljularentur,  et  desiderium 
eorum  attulit  iis. 
Pro  captivis  (carceratis)  et  aflïiclis  : 

y.  Libéra  eos,  Deus  Israël,  ex  omnibus  Iribulationibus  suis. 
{Pro  fruclihus  terrœ,  dans  le  manuscrit  de  Saint-Gall;  le  verset 
est  illisible.  ) 

Pro  peccatis  et  neglegentiis  noslris  : 

f.  1.  Domine,  ne  memineris  iniquitatum  nostrarum,  antcquam   cito 

anticipent  nos  misericordite  luœ. 
f.  2.  Adiuva  nos,  Deus  salutaris  noster,  et  propter  gloriam  nominis 

tui,  Domine,  libéra  nos  et  propitius  esto  pecc.  nostris  propter  no- 

men  tuum. 
Pro  fidelibus  defunctis  : 

t.  Requiem  œternam  dona  iis,  Domine,  et  lux  perpétua  luceat  iis. 
Pro  fratribus  noslris  aljscntibus  : 

y.  Salvos  fac  servos  tuos,  Deus  meus,  sperantes  in  le. 
f.  Domine,  exaudi  orationcm  meam. 

Psalmus.  Miserere  mei,  Deus... 
y.  Domine,  Deus  virtutum,  couverte  nos.  Et  ostende  faciem  tuani , 

et  salvi  erimus. 
f.  Dominus  vobiscum.  Oratio. 

Une  comparaison  avec  les  Preces  feriales  du  Bréviaire  romain 
d'aujourd'hui  montre  que  la  seconde  partie  des  anciennes  Preces  est 
demeurée  intacte  ;  la  première,  au  contraire,  a  été  simplifiée.  Au  lieu 
de  la  mention  du  pape  (pastore  nostro)  et  de  Tévêque  (antistite) ,  et 
de  Oinnes  gradiis  Ecclesiœ,  il  n'y  a  plus  que  le  verset  :  Sacerdotes 
tui;  puis  suit  un  verset  pour  le  roi,  le  peuple,  la  communauté 
(Église)  et  la  paix.  On  a  placé  avant  le  tout  la  prière  pour  la  rémis- 
sion des  péchés,  qui  auparavant  était  à  la  fin,  et  qui  maintenant 
forme  l'introduction  avec  des  versets  qui  autrefois  n'étaient  employés 
qu'à  Prime  et  Complies. 


APPENDICE  III 


L'office   milanais   ou   ambrosien. 

[Breviariuni  anibi-osianiini.) 

L'office  ambrosien  ou  milanais  se  rapproche  par  son  contenu  de 
l'office  romain.  Dans  ses  parties  principales  :  répartition  du  psautier 
et  des  différentes  hymnes,  il  pourrait  bien  remonter  à  saint  Ambroise 
(7397),  ou  du  moins  au  commencement  du  v'=  siècle.  Nous  savons, 
par  saint  Augustin  et  par  saint  Paulin,  qu'à  Milan,  à  partir  de  386, 
des  psaumes  antiphonés  et  des  hymnes  composées  par  saint  Am- 
broise étaient  chantés  durant  l'office  (1°  Vigiles;  2"  Matines,  et 
3°  Vêpres).  Il  n'existe  plus,  semble-t-il,  de  sources  manuscrites  qui 
puissent  nous  donner  des  renseignements  certains  sur  l'office  mila- 
nais aux  v'^,  vi"  et  vii<^  siècles;  les  plus  anciens  codices  relatifs  à  cet 
office  datent ,  en  effet ,  du  ix''  ou  du  x<"  siècle.  Un  fragment  du  vi"  ou 
du  vii'^  siècle  à  Saint-Paul  de  Lavanthal,  et  un  autre  publié  par  Tom- 
masi,  ne  nous  donnent  d'indications  qu'au  sujet  des  péricopes  em- 
ployées à  la  sainte  Messe.  Cependant  on  peut  admettre  qu'à  Milan, 
où  l'autorité  de  saint  Ambroise  a  toujours  été  tenue  pour  Vultima 
ratio,  on  a  à  peu  près  conservé  l'ordonnance  établie  par  lui,  d'autant 
que  saint  Isidore,  au  vii'^  siècle,  et  Walafrid  Strabon  pour  le  vin"  et 
le  IX"  siècle,  attestent  cette  continuité  du  même  office.  J'ai  pris  pour 
base  du  travail  suivant  : 

a)  Le  Psalterium  amhrosianuin ,  ruhricis  et  decuriis,  more  el  rilu 
Mediolanensis  ecclesiœ  distincliim ,  Caroli  Dorrompci  S.  R.  E.  cardi- 
nalis  et  archiepiscopi  Mediolanensis  iussn  recognituni  et  emendalum 
diligenier,  Mediolani  apiid  M.  Besiitiuni  ad  signum  Stella;,  1574; 
édité  sous  la  surveillance  de  saint  Charles  Borromée  et  d'après  les 
plus  anciens  manuscrits  qu'on  possédait  alors  ; 

b)  La  dernière  édition  (autant  que  je  sache)  du  Breviarium  anibro- 
sianiim,  faite  sous  le  cardinal  Gaisruck,  Milan,  1830,  4  vol.in-S"; 

c)  Le  codex  hibliothccT  nietropolilanx  Mediolanensis,  aujourd'hui 
à  la  Bihliotheca  anihrosiana ,  sans  numéro,  manuscrit  du  xi"  ou  du 
début  du  XII"  siècle  avec  ce  titre  :  Breviarium  seu  Anliphonariuni 
amhrosianum ,  rjuod  fuit  olim  canonici  Vallis  Travaliœ; 


APPENDICE  III  443 

d-h)  Lesmss.  suivants  de  la  bibliothèque  ambrosienne  de  Milan  : 
1.  cod.  T.  103:  Breviariiim  ambrosinninn  (xii'=  siècle);  2.  cod.  X. 
22:  Brev.  amhrosiannm  (xiv<>  siècle);  3.  cod.  G.  4  et  4,  cod.  II. 
159  :  Breviaria  ambrosiana  (xiv"  et  xv'^  siècles);  5.  cod.  C.  23: 
Psalleriuni  cuni  canticis  et  hymnis  rilu  amhrosiano  (xiii'^  siècle)  ; 

i)  Cod.  laf.  3i3  de  la  bil)liothèque  municipale  de  Municli ,  du  ix° 
ou  du  début  du  xe  siècle.  11  contient  un  Psalterium  ambrosianuru  et 
concorde,  pour  le  texte  des  psaumes,  des  cantiques  et  des  hymnes, 
avec  les  bréviaires  de  saint  Charles  Borromée  et  du  cardinal  Gais- 
ruck.  ANone,  il  a  l'hymne  :  Ter  hora  trina  volvitur;  le  Bréviaire  a  : 
Rerum  Deus,  tenax  vir/or;  deux  ou  trois  hymnes  de  fêtes  de  saints 
sont  aussi  différentes. 

Le  P.  Brèves  indique,  dans  son  ouvrage  :  Ain^elius  Amhrosius , 
der  Vater  des  Ki>^chengesanges ,  Freiburg,  1893,  p.  20sq.  *,  quel- 
ques autres  manuscrits  dont  je  n'ai  pu  prendre  connaissance. 

Bans  le  Bréviaire  ambrosien,  pour  l'office  de  nuit  (Matines  ou 
Vigiles)  les  psaumes  i-cviii  concordent,  à  quelques  exceptions  près, 
avec  ceux  du  Bréviaire  romain  et  du  Bréviaire  monastique.  Les 
psaumes  compris  entre  le  cix  et  le  cxlvii  sont  également  distribués, 
à  part  quelques  exceptions,  entre  les  Vêpres  des  sept  jours  de  la 
semaine,  et  les  différentes  divisions  (chaque  fois  six  octonaires)  du 
psaume  cxviii, servent  pour  les  petites  Heures:  Prime,  Tierce,  Sexte 
et  None.  Les  Compiles  ont  les  psaumes  iv,  xxx  [In  te,  Dne,  speravi 
jusqu'à  Redemisti  me,  Dne,  Deus  verifatis),  xc ,  cxxxii,  cxxxiii,  cxvi. 
La  plus  grande  partie  des  Heures  ont  aussi  les  mêmes  hymnes  que 
jadis,  correspondant  au  Psalterium  per  hebdomadam  romain,  à  l'ex- 
ception des  grands  offices  :  Matines,  Laudes  et  Vêpres.  A  Vêpres,  le 
Bréviaire  milanais  fait  chanter  tous  les  jours  l'hymne  :  Deus,  créât  or 
omnium    polique  rector,   vestiens ,   etc.,    tandis    que    le    vieil    office 


1  Cf.  à  ce  sujet  les  trois  articles  du  P.  Amljroisc  Kieule.  O.  S.  B.,  dans 
les  Raigern  Studien  und  Mitlheiliingen  ans  dem  Beneditilinerorden.  188i, 
t.  I,  p.  3  56  sq.;  t.  n.  p.  56  sq.  et  3i0  sq.  Puis  Délie  anlichilù  Longohar- 
dico-Milanesi  illustrate  con  dissertazioni  dei  Monaci  délia  Congregazione 
Cisterciese  délia  Lomhardia,  Milano,  1792,  4  vol.  in- 1".  Dans  le  troisième 
volume,  p.  1-142.  se  trouve,  sous  le  titre  de  Disser<a=(07ie  x^)'*,  un  Sa^jfio 
storico-critico  sul  ri7o  a mftrosi'ano  :  a  )  sur  la  Messe;  i)  l'office;  c)  d'autres 
usages;  voir  aussi  les  Osservazioni,  etc..  de  Mazzucchelli.  Milano,  1828. 
Enfin  :  Beroldus  sive  ecclesiœ  amhrosianœ  Mediolanensis  kalendarium  et 
ordines  ssec.  xir.  ex  codice  ambrosiana,  éd.  Dr.  Marcus  Magistrctti.  Me- 
diolani,  1894.  [L'article  de  P.  Lejay,  Ambrosien  [rit],  dans  le  Diction- 
naire de  théologie  catholique  de  ^'acant.  fasc.  IV,  1900,  col.  954-968.  Tr.] 
[Breviarium  ambrosianum,  a  S.  Carolo  archiepiscopo  editum.  And.  C. 
card.  Ferrari  archiepiscopo  denuo  iniprcssum ,  vol.  iv,  Milano,  tip.  Co- 
gliati,  1902,  in -12. 


444  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

romain,  jusqu'au  xni'=  et  même  jusqu'au  xvi<=  siècle,  n'avait  cette 
hymne  qu'aux  Vêpres  du  dimanche  ou  du  samedi.  Aux  Matines,  le 
Bréviaire  milanais  donne  tous  les  jours  rhjnine  Alterne  reruin 
condiLor,  que  le  Bréviaire  romain  a  aux  Laudes  du  dimanche  pendant 
l'hiver;  enfin  l'hymne  Splendor  palernœ  gloriœ  ne  se  trouve  qu'aux 
Laudes  du  lundi  dans  le  Bréviaire  romain,  tandis  que  l'ambrosien  la 
récite  tous  les  jours  à  Laudes.  Ces  trois  hymnes,  Deus  creator, 
Sterne  rerum  et  Splendor  2ia(ernœ,ontélé  composées  par  saint  Am- 
broisc.  On  comprend  aisément  qu'on  les  ait  maintenues  à  Milan 
dans  les  offices  auxquels  le  saint  docteur  les  avait  destinées.  Par 
contre,  à  Rome,  le  désir  toujours  croissant  d'avoir  un  office  plus 
riche  fit  attribuer  à  ces  trois  Heures  une  hymne  propre. 

Les  hymnes  des  petites  Heures  sont  les  mêmes  qu'autrefois  à 
Toffice  romain.  Pour  Prime  :  lam  lucis  orlo  sidère;  pour  Tierce  :  lam 
surgiL  horn  lerlia,  les  dimanches  et  grandes  fêtes  'sollonuiilates);  aux 
jours  ordinaires  (m  Feriis  et  Feslis  sanctorum)  :  Xunc  sancte  nohis 
spiritus;  pour  Sexte  :  Reclor  polcna,  verax  Deus;  pour  None  :  Rerum 
Deus,  lenax  vigor  ;  pour  Compiles  :  Te  lucis  anic  terminum;  pour  le 
Carême:  Lux  aima,  Christe,  menlium ,  à  Compiles,  de  même  que 
jadis  au  Bréviaire  romain  on  avait  pour  ce  temps  :  Christe,  qui  lux 
es  et  dies.  Pendant  l'Avent  et  pendant  le  Carême,  à  Matines,  Laudes 
et  Vêpres,  on  a  les  mêmes  hymnes  qu'autrefois  au  Bréviaire  romain  : 
Contlitor  aime  siderum,  Audi  bénigne  condilor,  Ex  more  docli  my- 
s tien  ;  et  durant  la  semaine  de  la  Passion  :  Vexilla  régis  prodeunt. 
Pour  le  reste,  il  y  a  assurément  un  grand  nombre  de  divergences, 
encore  que  souvent  il  y  ait  accord  pour  les  petites  formules,  telles 
que  le  Deus  in  adiutorium ,  comme  prélude  de  toutes  les  Heures 
canoniales,  pour  les  versets,  les  répons  et  les  preccs. 

L'ordonnance  de  la  lecture  de  l'Écriture  sainte  est  la  même  quà 
Rome  depuis  le  vi<^  ouïe  vu'  siècle.  A  partir  de  la  Septuagésime,  on  lit 
l'Heptateuque  (ou  l'Octoteuque)  :  les  cinq  livres  de  Moïse,  le  livre  de 
Josué,  les  Juges  et  Ruth.  Puis  vient,  dans  la  quatrième  semaine  du 
Carême  (au  romain  à  partir  du  '6"  dimanche),  Jérémie.  La  semaine 
de  Pâques  n"a  que  des  évangiles  et  des  homélies.  Avec  la  semaine 
qui  suit  le  dimanche  in  Albis,  commencent  les  lectures  du  Nouveau 
Testament:  Actes,  Apocalypse,  épîtres  de  saint  Jacques,  de  saint 
Pierre  et  celles  de  saint  Jean  et  de  saint  Jude.  Après  la  Pentecôte, 
on  lit  les  livres  des  Rois,  les  Paralipomènes,  les  livres  de  Salomon 
(depuis  les  Proverbes  jusqu'il  l'Ecclésiaslitjue) ,  les  livres  de  Job,  de 
Tobie,  de  Judith,  d'Eslher,  d'Esdras  et  des  Macliabées.  Puis 
viennent,  à  la  fin  de  l'année  liturgique,  les  prophètes  Ézéchiel  et 
Daniel.  La  différence  n'est  sensible  que  pour  le  temps  de  l'Avent.  Le 
Bréviaire    romain    commence  à  lire  le   prophète    Isaïe    le    premier 


APPENDICE  III  445 

dimanche  de  rAvent  et  le  poursuit  jusqu'à  Noël,  tandis  que  le  Bré- 
viaire ambrosien,  durant  les  deux  premières  semaines  de  TAvent,  lit 
les  douze  petits  prophètes.  Cette  divergence  s'explique,  puisque 
ÏAinbrosianum  compte  six  dimanches,  c'est-à-dire  six  semaines 
d'Avent,  et  qu'ainsi  la  préparation  à  la  venue  du  Christ  commence 
au  milieu  de  novembre,  tandis  qu'au  Bréviaire  romain  on  n'a  que 
quatre  semaines,  commençant  à  la  fin  de  novembre  ou  au  commen- 
cement de  décembre.  Le  Bréviaire  romain  lit  à  partir  du  milieu  de 
novembre,  à  la  fin  de  l'année  liturgique,  les  petits  prophètes,  et  le 
premier  dimanche  de  l'Avent  correspond  au  troisième  du  rite  mila- 
nais; c'est  ce  dernier  dimanche  que  l'Ainbrosianum  commence  Isaïe 
pour  le  poursuivre  jusqu'à  Noël. 

Les  petites  Heures  ne  sont  pas  très  difTérentes  des  Heures  ro- 
maines. Elles  ont  le  Paler,  Y  Ave,  le  Deus  in  adiuloriuin,  l'Hymne, 
trois  portions  du  psaume  cxviii,  Alleluja,  Epislulella  (=  Capiluluin 
des  Romains),  Rcf<ponsoriu7n  Ijreve ,  Doniinus  vohiscuin  et  l'Oraison 
ou  Collecte,  puis  Dominus  vohiscum ,  trois  fois  Kyrie  eleison,  Bene- 
dicamus  Domino  et  Fideliuni  animœ.  La  divergence  est  plus  sensible 
pour  les  Vêpres  :  tout  leur  ensemble  dénote  une  époque  de  for- 
mation où  les  Vêpres  étaient  la  prière  du  soir  proprement  dite,  et  où 
les  Compiles  n'existaient  pas.  Elles  commencent  (Paler  et  Ave  h  voix 
basse)  par  Dominus  vobiscum.  Puis  le  Liicernarium ,  c'est-à-dire  un 
répons,  où  il  est  toujours  question  de  la  lumière,  par  exemple  le 
dimanche  :  Quoniarn  tu  illuminas  lurernam  meam,  Domine,  Deus  meus, 
illumina  lenehras  meas;  les  jours  de  férié  :  Dominus  illuminatio  mea 
et  salus  mea;  ou  pour  les  fêtes  de  saints  :  Lux  orta  est  iuslo  et  redis 
corde  lœlitia,  etc.  De  nouveau,  Dominus  vobiscum,  une  antienne  qui 
ne  doit  être  chantée  qu'au  chœur,  Dominus  vobiscum,  l'Hymne  (par 
exemple,  Deus,  creator  omnium],  Dominus  vobiscum ,  un  répons  plus 
long,  variant  d'après  l'office  du  temps  ou  des  saints,  encore  une  fois 
Dominus  vobiscum,  et  les  Vêpres  proprement  dites,  se  composant  de 
cinq  psaumes  et  antiennes,  d'une  oraison  avec  Dominus  vobiscum, 
puis  Magnificat  avec  antienne,  Kyrie  eleison,  Dominus  vobiscum  et 
une  deuxième  oraison;  encore  quelques  versets  et  répons  sous  le 
titre  :  Psallenda,  les  anciens  Capitella  avec  Preces,  Kyrie,  Oraison, 
Benedicat  et  exaudiat  nos,  etc.  Les  oraisons  avant  et  après  le  Magni- 
ficat,  lorsque  VOfficium  de  tempore  ou  de  sanclo  n'exige  pas  autre 
chose,  sont  les  deux  suivantes  :  1.  Respice,  Domine,  de  excelsn  sede 
maieslatis  tuse ,  et  tenebras  noclis  horrenda'  radio  lui  splendoris  illu- 
mina :  absterrye  a  sinrjulorum  sensibus  inertem  diffidenliœ  somnum,  et 
a  filiis  lucis  remove  nef/uitias  tenebrarum.  Per  Dominum;  2.  Deus, 
qui  operatus  es  salutem  in  média  terrse,  a  quo  tenebr.v  non  obscura- 
buntur,  et  nox  sicut  dies   illuminabifur  :  illumina,  qu^\<tumus.  tone- 


446  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Lras  noslras;  al  ti-anquillam  et  quietam  noclem  deducenles  malutinis 
horis  in  tuis  laudihus  consurgamus.  Pcr  Dominuin.  Parmi  les  trois 
oraisons  ûes  Preces,  Psallenda  ou  Capilclla ,  on  a  :  \.  Fortiiudo  fide- 
lium  Deiis  et  resurrectio  morluorum;  2.  Exaudi  nos,  misericors  Deus, 
et  mentibus  noslris  graliœ  tuœ  lumen  ostende;^.  Os  nostruni,  Domine, 
gaudio  repleatur,  et  in  tua  misei'ieordia  senipei-  exsultel.  Elles  font 
allusion,  comme  on  le  voit,  à  la  nuit  déjà  commencée,  et  en  implo- 
rant la  bénédiction  pour  la  nuit  et  en  indiquant  les  Matines  comme 
l'office  le  plus  prochain,  elles  semblent  prouver  qu'au  moment  de 
leur  création  les  ComiDlies  n'existaient  pas  encore ,  et  que  les  Vêpres 
étaient  la  prière  du  soir  ou  de  la  nuit  proprement  dite. 

Les  Compiles  actuelles  du  Bréviaire  ambrosien  ont,  comme  celles 
du  Bréviaire  romain,  tous  les  jours  les  mêmes  psaumes  et  parti- 
cipent très  peu  aux  variations  de  Tannée  liturgique.  Intrinsèquement 
elles  se  rapprochent  fort  des  Complies  romaines  et  ont  évidemment 
été  formées  sous  son  influence.  Toutefois ,  elles  ofl'rent  certaines 
divergences  dans  la  structure  et  l'ordonnance  de  quelques  parties. 
L'hymne  Te  lucis  ante  terminum  se  trouve  au  début,  comme  dans 
les  autres  Heures  ambrosiennes  (Laudes  exceptées);  et  le  Confiieor 
et  l'absolution  qui ,  au  Bréviaire  romain,  sont  au  commencement,  ter- 
minent l'office  à  l'ambrosien.  Voici  l'ordonnance  :  Pater  et  Ave 
récités  à  voix  liasse,  puis  à  haute  voix  :  Converle  nos,  Deus  salutaris 
noster...,  Deus  in  adiutorium...,  (iloria,  Alléluia,  l'hymne  :  Te  lucis 
ante  terminum  ;  et,  sans  antienne  (on  sait  que  le  Bréviaire  monas- 
tique n'a  jamais  non  plus  d'antienne  aux  Complies),  les  psaumes  iv, 
XXX  (v.  1-7),  xc,  cxxxii,  cxxxiii,  cxvi.  —  Puis,  Epistulella  (corres- 
pondant au  Capitule  romain),  Besponsorium  brève  (pax  inulta  dili- 
gentibus),  cantique  Nunc  dimilis  avec  lanlienne  Salva  nos  et  le 
verset  Kyrie  eleison...,  Illumina  quscsumus  et  Visita  quœsumus,  qui 
tous  deux  autrefois  étaient  employés  au  romain,  et  ce  dernier  s'y 
trouve  encore  avec  quelque  réduction,  verset  avec  Benedicat  nos, 
Pater  noster,  Nocteni  quietam  et  finem  perfectum,  antienne  finale  à  la 
Vierge  [1.  Ave  Begina  cœlorum  ;  2.  Aima  Bedemploris  ;  3.  Begina 
cseli  ;  4,  Inviolata ,  intégra  et  casta  (de  la  Pentecôte  à  la  Nativité  de 
la  sainte  Vierge)]  et  oraison,  puis  Confiteor,  Misereatur,  Indulgen- 
iiam.  y.  Adiutorium  nostrum  in  nomine  Dhi...  f.  SU  nomen  Domini 
benedictum.  Les  jours  de  férié  et  jours  simples,  on  dit,  avant  l'orai- 
son, les  Preces  :  Pater  noster.  y.  In  pace  in  idipsuni.  Credo,  Capi- 
lella  (c.-à-d.,  dix  à  douze  versets  des  psaumes),  puis  ps.  xii  avec 
Alléluia  et  l'Oraison,  comme  ci-dessus. 

La  plus  grande  divergence  entre  le  Bréviaire  ambrosien  et  le 
Bréviaire  romain  actuel  se  trouve  à  l'office  des  Matines  et  dans  la 
distribution  des   psaumes   à  l'office   de  la  nuit   et  du  matin.   Dans 


APPENDICE  III  447 

l'office  romain,  les  psaumes  de  i  à  cviii  sont  répartis  sur  les  sept  jours 
de  la  semaine,  de  telle  sorte  que,  y  comprises  les  petites  Heures,  le 
Psautier  entier  peut  être  récité  une  fois  par  semaine  ;  Tarabrosien , 
au  contraire,  les  a  répartis  sur  deux  semaines,  de  telle  sorte  que  le 
Psautier  n'est  récité  en  entier  que  tous  les  quinze  jours.  Aux  Matines 
du  dimanche ,  il  n'y  a  pas  de  psaumes ,  mais  seulement  des  can- 
tiques. Le  samedi  aux  Matines,  outre  un  cantique,  on  récite  un  frag- 
ment du  psaume  cxviii ,  divisé  en  quatre  parties.  Les  psaumes  de  i  à 
cviir  sont  divisés  en  dix  décuries,  groupes  d'environ  dix  psaumes  :  le 
lundi,  le  mardi,  le  mercredi,  le  jeudi,  le  vendredi,  on  récite  chaque  fois 
une  décurie,  qui  est  répartie  avec  trois  antiennes  sur  trois  nocturnes 
de  longueur  difféi*ente.  Dans  la  première  semaine,  le  lundi  a  seize 
psaumes,  de  làxvi;  le  mardi  quatorze,  de  xviiàxxx;  le  mercredi  dix, 
de  XXXI  à  XL  ;  le  jeudi  dix,  de  xli  à  l;  le  vendredi  dix ,  de  n  à  lx;  le 
lundi  de  la  2'-'  semaine  dix,  de  lxi  à  lxx  ;  le  mardi  dix,  de  lxxi  à  lxxx  ;  le 
mercredi  dix,  de  lxxxi  à  xc  ;  le  jeudi  dix,  de  xci  à  c,  et  le  vendredi  huit, 
de  CI  à  cviii.  Comme  le  vendredi  a  huit  longs  psaumes,  tandis  que  le 
premier  lundi  a  les  plus  courts  de  i  àxvi,  on  évite  ainsi  une  trop  irrégu- 
lière répartition  du  Pensum.  Dans  les  nocturnes,  qui  sont  au  nombre 
de  trois  pour  chaque  jour,  on  obtient  aussi  une  plus  grande  harmonie 
en  disposant  les  psaumes  de  telle  sorte  que  sur  les  dix  (ou  davantage), 
les  plus  courts  sont  au  nombre  de  quatre  pour  former  un  nocturne , 
tandis  que  les  autres  nocturnes  ont  généralement  trois  psaumes. 

Dans  toutes  les  Matines,  avant  le  début  des  nocturnes,  on  récite 
une  introduction  semblable  à  celle  du  Lucernarium  des  Vêpres,  ou 
semblable  à  l'hymne  accompagnée  du  psaume  et  du  Venile  dans  le 
Bréviaire  romain  et  monastique. 

Ce  n'est  que  pour  un  petit  nombre  de  fêtes,  telles  que  la  Nativité  et 
l'Epiphanie,  qu'il  y  a  neuf  leçons  ;  autrement  on  n'en  rencontre  que  trois, 
même  pour  l'Ascension  et  pour  l'Assomption.  Les  dimanches,  les  trois 
leçons  sont  tirées  d'une  homélie  sur  l'Évangile,  composée  par  saint 
Ambroise.  Pour  les  jours  de  la  semaine,  les  trois  leçons  sont  emprun- 
tées à  la  Scripturaoccurrens.  Les  fêtes  des  saints  n'ont  toutes  que  trois 
leçons  seulement  :  les  deux  premières  sont  presque  toujours  emprun- 
tées à  l'Ecriture  sainte,  à  l'Ancien  Testament  ou  aux  livres  non  évangé- 
liques  du  Nouveau  Testament,  souvent  à  la  Scriptura  occurrens.  Ce 
n'est  que  pour  un  nombre  restreint  de  jours,  comme  par  exemple 
pour  la  fête  de  saint  Thomas  de  Cantorbéry,  que  les  trois  leçons  sont 
formées  par  l'homélie  ;  dans  les  autres  cas ,  la  troisième  leçon  con- 
tient la  légende  ou  la  Vita  ;  dans  beaucoup  de  fêtes  de  la  Vierge  et  des 
saints  Apôtres,  comme  aussi  au  jour  de  saint  Etienne,  des  saints  Inno- 
cents, la  troisième  leçon  est  tirée  de  l'homélie  sur  l'évangile. 

La  disposition  des  Matines  est  la  suivante  :  après  avoir  récité  le 


448  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Pater  nosler  et  l'Ave  Maria  à  voix  basse,   on  dit  à   liante  voix  le 
y.  Deus,  in  adiutorium,  Gloria  Palri  et  Alléluia.  Puis  vient  immédia- 
tement riiymne  Alterne  rerum  Condilor,  Noclem  diemquc  qui  régis 
(comme  dans  l'office  romain  à  Laudes),   suivie  d'un  répons.  Puis 
vient  le   Canticum  Irium  puerorum  :   Benediclus  es,  Domine,  Deus 
palrum  nostrorum  (Dan.,  m,  52  sq.).  La  traduction  ou  le  texte  est 
quelque  peu  différent  de  celui  de  la  Vulgate  et  du  Bréviaire  romain. 
Le  cantique  étant  terminé  avec  son  antienne,  le  Kyrie  répété  trois 
fois  et  le  verset  Benediclus  es,  Deus,  i^.  Amen,  commence  la  psal- 
modie proprement  dite  en   trois  nocturnes,  dont  chacun  est  pourvu 
d'une  antienne.  Le  dimanche,  au  lieu  de  la  décurie  des  psaumes,  on 
récite  seulement  des  canticjues  de  l'Ancien  Testament:  i.  (Is.,  xxvi)  : 
De  nocte  vigilal ;  2.  Canlicum  Annœ  (I  Reg.,  ii)  :  Confîrmatum  est; 
3.  Canticum  Io7iR-,c.  111  :  Clamavi  ad  Dominum  pendant  l'été;  en  hiver, 
pour  ce  nocturne  on  récite  le  Canticum  Ilahacuc,  m:  Domine,  audivi 
audifionem  tuam.   Les  trois  nocturnes   sont  séparés  par  des  leçons 
(trois  leçons  après  chacun)  seulement  aux  grandes  fêtes,  comme  la 
Noël  et  rÉpiphanie,  qui  ont  neuf  leçons  et  dix-huit  psaumes  ;  chaque 
nocturne  comprend  six  psaumes.  Pour  les  autres  jours,  les  psaumes 
ou  les  cantiques  des  trois  nocturnes  se  succèdent  sans  interruption, 
et  ce  n'est  qu'à  la  fin  du  troisième  nocturne  que  viennent  les  trois 
leçons  suivies  du  Te  Deum.  —  Dans  le  cas  où  les  Laudes  ne  suivent 
pas  immédiatement,  les  Matines,  comme  dans  l'office  monastique,  se 
terminent  par  une  oraison,  Dominus  vohiscum  et  Benedicamus.  Les 
Laudes  sont  ainsi  composées  :  Deus  in   adiutorium,  Canticum  Za- 
charise  «  Benediclus  »,  Kyrie,  grande  antienne  ad  Crucem  (répétée 
souvent  avec  des  versets  sur  une  mélodie  solennelle),  Oraison,  can- 
ticum Moysi  (Ex.,  xv).  Antienne,  Kyrie  eleison,  oraison,  Canticum 
trium  puerorum  (c  Benedicite  omnia  opéra  Domini  Z)o«u'/jO)i.  Les  jours 
de  férié,  au  lieu  de  ce  cantique,  on  récite  le  psaume  Miserere,  et,  le 
samedi,  le  psaume  cxvn  {Confitemini);  puis  l'oraison  et  les  psaumes 
cxLViii  à  CL,  auxquels  on  ajoute  le  ps.  cxvi;  Capitule,  Kyrie  répété 
trois  fois,  Psa/«î us  f/ ;rec/«s  (dimanche,  ps.  xcii;  lundi,  ps.  lui;  mardi, 
ps.  Lxvi;  mercredi,  ps.  lxix  ;  jeudi,  ps.  cxii;  vendredi,  ps.  cxlii,  et 
samedi,  ps.  lxxxix)  ;  Hymne  :  Splendor  palernx  gloriee,  dans  le  cas 
où  il  n'est  pas  prescrit  une  hymne  particulière  de   tempore   ou  de 
sanctis.  Puis  on  récite  douze  fois  le  Kyrie  eleison,  Psallenda  et  Com- 
pletorium  (prières  terminales),  comprenant  des  versets  de  psaumes, 
des  répons  et  des  oraisons  qui  étaient  récités  en  partie  dans  le  Bap- 
tisterium ,  où  Ion  se  rendait  du  chœur  de  la  cathédrale ,  en  procession 
solennelle.  On   termine    par    le   Pater   noster;  sancta    Trinitas    nos 
semper  salvet  et   benedicat ,  Amen;  fidelium   anima:  per  misericor- 
diam...  Pour  les  grandes  fêtes,  le  rite  est  quelque  peu  modifié. 


APPENDICE  IV 


A.  L'ancien  système  romain  des  leçons  vers  800. 

Le  cod.  CXXXVIII  de  la  bibliothèque  du  Chapitre  métropolitain 
de  Cologne,  datant  peut-être  du  premier  tiers  du  w'^  siècle  ',  contient 
un  Orclo  romanus,  qui  indique  les  lectures  de  l'Écriture  qui  doivent 
être  faites  à  l'office.  Comme  le  manuscrit  n'exige  aucune  explication, 
nous  en  donnons  ici  simplement  une  copie  en  notant  que  la  j^ratique, 
mentionnée  ci-dessus  (t.  i,  p.  394),  de  lire  au  troisième  nocturne 
les  épîtres  de  saint  Paul  est  déjà  abandonnée  dans  cet  Ordo. 

In  nomine  Domini  Incipit  oido  librorum  catholicoruni ,  qui  in  Ecclesia 
romana  ponuntur  ad  legenduni. 

In  primis  Scptuagesima  Paschœ  ponunt  eptaticum  usquc  in  quintam 
decimam  diem  ante  Pascha.  In  quinta  décima  die  antc  Pascha  ponunt 
Hicremiam  prophetam  usque  in  Crena  Dni.  /;i  Cœna  Dni  Icguntur  lectio- 
nes  très  c  Lamentationibus  Ilieremiie  prophelaî  ah  eo  loco,  ubi  dicilur  : 
«  Quomodo  sedet  sola  civitas  plcna  populo,  »  usque  «  Cogilavit  Diïus 
dissipare  murum  filiœ  Sion  ».  Et  post  hrec  Icgunfur  Homiliœ  sanctorum 
Patrum  ad  ipsuni  diem  pertinentes*. 

In  Parasceve  similiter  leg-untur  très  ex  Lamentationibus  Ilieremiœ  pro- 
phetœ  usque  <<  Miscricordite  Domini  mulltc  ».  Deinde  leguntur  Homiliai 
sanctorum  Patrum  ad  ipsum  dicni  i)ei-tinenles.  —  In  sabbato  leguntur 
lectioncs  très  ex  Lamentatinnibus  Ilicremiic  prophetaj  ab  co  loco,  ubi 
dicit  :  '<  Misericordia'  Dùi  mult;e,  »  usque  ad  finem  prophetice. —  Deinde 
leguntur  IIomili;e  sanctorum  ad  ipsum  diem  pertinentes. 

In  sanclissitno  die  Paschœ  leguntur  Honiiliœ  très  sanctorum  Patrum  ad 


'  D'après  le  catalogue  de  Ja^'é-^^'attcnbach,  Berlin,  1874,  p.  57,  58, 
le  codex  date  du  commencement  du  ix''  siècle.  Ilarlzhcim  l'attribue  au 
vni«  siècle  et  a  écrit  :  Ordo  romanus  Ililtorpiano  brevior  et  anliquior; 
difj'ert  ah  Hiltorpiano  in  série  officiorum  vel  ordinationiiin;  in  suhslantia 
convenu.  Est  liber  sseculi  octavi,  qiiod  pagina  ultima  ex  lelania  demon- 
slraliir  [les  Laudes  pour  le  couronnement  s'y  trouvent).  M.  le  D^  Schmitz, 
directeur  du  Gymnase  de  Cologne,  ayant  une  fois  encore  sur  ma  demande 
soumis,  en  1892,  ce  codex  à  un  examen  sérieux,  se  décide  en  faveur  du 
premier  tiers  du  ix»  siècle. 

2  Par  ces  homélies,  il  faut  entendre  les  sermones  du  deuxième  Noc- 
lurnc. 

Brév..  t.  II.  29 


450  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

ipsum  diem  pertinentes,  —  Deinde  secunda  ferla  Paschœ  ponunt  Actus 
Apostolorum  et  septem  epistolas  catholicas  (canonicas),  sive  Apocalypsin 
Joannis  usque  Octavas  Pentecosien.  In  Domini  Octavas  Pentecostcn  ponunt 
Libros  regum  et  Paralipomenon  usque  hebdomas  prima  mensis  Augusti. 

In  dominica  prima  mensis  Augusll  ponunt  Salomonen  usque  in  kalen- 
das  Septemhris.  In  dominica  prima  Septembris  ponunt  Job,  Tobiam, 
Hester,  Esdi-am  usque  in  kalendas  Octobris.  In  dominica  prima  mensis 
Octobris  ponunt  libitum  Makkabaîorum  usque  dominicam  primam  No- 
vembris. 

Deinde  ponunt  Ezechiel  et  Danihel  sive  XII  Prophetas  minores  usque 
dominicam  primam  de  advcntu  Dni. 

In  dominica  I.  de  Adventu  Dni  ponunt  Isaiam  prophetam  usque  Nala- 
lem  Dni.  In  Vigiliis  Natalis  Dni  leguntur  Icctiones  très  de  Isaia  propheta. 
Prima  lectio  sic  continct  in  capitc  :  "  Primo  lempore  allevata  est  terra 
Zabulon  et  terra  Nephlali ,  »  usque  «  curvcmini  sub  vinculo  et  cum  inter- 
fectis  cadatis;  super  omnibus  liis  non  est  aversus  furor  eius,  sed  adhuc 
manus  eius  cxtcnta  ».  Secunda  lectio  sic  continet  in  capite  :  «  Consola- 
niini,  consolamini,  populus  meus,  dicit  Dominus  Deus  vesler,  »  usque 
<(  quia  manus  Dni  fccit  hoc  et  Spiritus  eius  creavit  illud  ».  Tertia  lectio 
sic  continct  in  capite  :  «  Consurge,  consurge,  induite  fortitudinem  brac- 
chium  Dni,  »  usque  «  quibus  non  crat  narratvmi  de  eo,  viderunt,  et  qui 
non  audierunt,  contemplati  sunt  ».  Post  hœc  leguntur  Homilitc  sancto- 
rum  Patrum  ad  ipsum  diem  pertinentes.  In  Natali  S.  Stcphani  leguntur 
lecliones  très  de  Actibus  Apostolorum,  ubi  dicit  :  «  In  diebus  illis  crescentc 
numéro  discipulorum,...  »  usque  «  ...factum  est  autem  magnum  gaudium 
in  illa  civitate  ». 

Post  hœc  leguntur  Homiliœ  sanctorum  Patrum  ad  ipsum  diem  perti- 
nentes. 

In  Natali  S.  Joannis  Ev.  leguntur  Icctiones  très  de  Apocalypsi  a  capitc 
libi-i,  usque  «  quia  tu  creasti  omnia  et  propter  voluntatem  tuam  erant  et 
creata  sunt  ».  Et  post  htcc  leguntur  homilite,  si  fuerint,  ad  ipsius  festivi- 
tatcm  pertinentes.  In  Natale  Innocentium  similiter  leguntur  Icctiones  de 
Apocalypsi ,  ubi  dicit  :  «  Vidi  in  dextra  sedentis  super  thronum ,  »  usque 
«  Et  facta  sunt  tonilrua  et  voces  et  fulgora  et  terrœ  motus  factus  est 
magnus  ».  Et  post  hccc  leguntur  sermones  ad  ipsum  diem  pertinentes.  In 
Octavas  Domini  similiter  leguntur  ipsœ  Icctiones,  qute  in  Vigilia  Natalis 
Domini,  et  si  fuerint  homilifc  ad  ipsum  diem  pertinentes.  In  Vigilia  Theo- 
phaniee  leguntur  Icctiones  très  de  Isaia  propheta.  Prima  lectio  sic  conti- 
net in  capite  :  «  Omnes  silientes,  vcnite  ad  aquas,  »  usque  «  Erit  Domi- 
nus nominatus  in  signum  fcternum,  quod  non  auferetur  ».  Secunda  lectio 
sic  continct  in  capite  :  «  Surge  inluminare,  »  usque  «  In  tempore  subito 
faciam  illud  ».  Tertia  leclio  :  «  Gaudens  gaudebo,...  »  usque  «  oculus  non 
vidit,  quœ  prœparasti  exspectantibus  te  »  ;  et  postea  leguntur  Homiliaî 
SS.  Patrum  ad  ipsum  diem  pertinentes. 

In  Octavas  Theophaniœ  similiter  leguntur  ipsœ  Icctiones,  qu;c  in  Thco- 
phania,  et  sermones. 

A  Natali  Innocentium  usque  ad  Septuagesimam  ponunt  epistolas  S.  Pauli. 
In  Purificatione  S.  Maria^  leguntur  Cantica  Canlicorum,  sive  homiliœ  ad 
ipsum  diem  pertinentes.  In  Cathedra  Pétri  leguntur  Icctiones,  quœ  in 
Natale  omnium  Apostolorum,  sive  homiliœ  ad  ipsum  diem  pertinentes. 

In  Adnuntiatione  sanctœ  Mariœ  leguntur  très  Icctiones  de  Esaïa  pro- 
pheta. Prima  lectio  sic  continet  in  capite  :   «  Erit  in  novissimis  diebus 


APPENDICE  IV  4ol 

praeparatus  mons  domus  Dni,  »  usque  »  Exaltabitur  autem  Dnus  solus  in 
die  illa  ».  Secundo  :  «  Et  adiecit  Dnus  loqui  ad  Achaz,  »  usque  «  a  diebus 
separationis  Efraim  et  Juda  cum  rege  Assvriorum  ».  Tertia  :  »  Egredie- 
tur  virga  de  radiée  Jesse,  »  usque  «  Ipsum  gentes  deprecabuntur,  et  crit 
sepulcrum  eius  gloriosum  ».  (Il  n'est  rien  dit  des  homilise  ou  sermones 
pour  ce  jour.)  —  In  Invenlione  sanctse  Crucis  leguntur  lectiones,  quœ  in 
Natale  plurimorum  Mai'tyrum.  In  Ascensâ  Dni  leguntur  lectiones  de  Acti- 
bus  Apostolorum.  Prima  lectio  sic  continet  in  caput  :  «  Primum  quidem 
sermonem  feci  de  omnibus,  o  Théophile,  »  usque  «A  Maria,  matre  Jesu, 
et  fratribus  eius  ».  Secunda  lectio  sic  continet  in  caput  :  «  Et  in  diebus 
illis  exsurgens  Petrus  in  medio  fratrum ,  »  usque  «  Adnumeratus  est  cum 
undecim  Apostolis  ».  Tertia  lectio  sic  continet  in  caput  :  a  Qui  ergo  rece- 
perunt  sermonem  et  baptizati  sunt,  »  usque  «  Qui  salvi  fièrent  quotidie 
in  idipsum  ».  Et  postea  leguntur  homiliœ  ad  ipsum  diem  pertinentes.  In 
dominica  Pentecosten  leguntur  lectiones  très  de  Actibus  Apostolorum. 
Prima  lectio  sic  continet  in  capite  :  "  Cum  complerentur  dies  Penteco- 
stes,  »  usque  «  Audivimus  cos  loqucntes  nostris  linguis  magnalia  Dei  ». 
Secunda  lectio  sic  continet  in  caput  :  «  Stupebant  autem  omnes  et  mira- 
bantur  dicentes,  quidnam  vult  hoc  esse,  »  usque  «  Et  erit  omnis,  qui 
invocaverit  nomen  Dili,  salvus  erit  ».  Tertia  lectio  continet  in  caput  : 
«  Viri  Israhelitœ ,  audite  vei'ba  hœc  :  Jesum  Nazarenum  adprobatum  a 
Dec,  »  usque  «  Quoscumque  advocaberit  Diïus  noster  ».  Rien  des  homé- 
lies, mais  aussitôt  : 

In  Natale  sancti  Joannis  Baptistœ  leguntur  Homiliae  sanctorum  Patruni 
ad  ipsum  diem  pertinentem  ( ! ).  (Le  codex  n'a  rien  des  leçons  du  premier 
Nocturne.) 

In  Natale  sancti  Pétri  leguntur  lectiones  très  de  Actibus  Apostolorum. 
Prima  sic  continet  in  capite  (!)  :  «  Petrus  et  Johannes  ascenderunt  in 
templum.  »  Secunda  lectio  sic  continet  in  capite  :  «  Factum  est  autem 
Petrus  dum  peixlant.  »  Tertia  lectio  sic  continet  in  capite  :  «  Eodem  tem- 
pore  misit  Herodes  rex  manus  »  (se  termine  fol.  5.i).  (Il  n'est  rien  dit 
des  homélies  ou  des  sermons;  mais  au  même  fol.  5  :  In  Natale  S.  Pauli 
sermones  S.  Augustini  leguntur.) 

(Puis  suit  sans  aucun  intervalle  et  sans  titre  particulier)  Ordo  proces- 
sionis  ad  Ecclesiam  sive  ad  Missam.  Primo  omnium  obserbandum  est 
septem  esse  regiones  ecclesiastici  Ordinis  urbis  Romœ... 

Fol.  19  :  Incipit  Ordo  vel  denuntiatio  pro  scrutinio  ad  electos,  qui  ter- 
tia hebdomada  in  Quadragesima  secunda  feria  initiantur  :  Scrutinii  diem, 
dilectissimi  fratres,  quo  electi  nostri...;  fol.  27  h  :  Incipit  Ordo  a  domi- 
nica mediana  usque  in  Octabas  Paschœ  (avec  le  canon). 

Fol.  34  :  Ordo  de  sacris  ordiniiius.  Fol.  40  a  :  Ordo  ad  reliquias  dedu- 
cendas.  Fol.  40  h  :  Ordo  romanus,  qualiter  concilium  agatur;  allocutiones 
Mctropolitœ  et  Episcoporum.  Fol.  43  :  Denuntiatio  seu  invitatio  S.  jjapa,' 
Gregoi'ii  pro  septiformi  letania  :  Oportet,  fratres  karissimi,  ut  flagellandi 
qui  metuere  ventura  debuimus,  saltem  pra?scntia... 

Fol.  44  :  Incipiunt  laudes  festis  diebus.  Quando  laudes  canendœ  expleta 
oi'atione  a  Pontifice,  antequam  lector  ascendat  in  ambone,  pronuntiant 
duo  diaconi  sive  cantores  respoiîte  illis  schola  hoc  modo  :  Exaudi  Christe. 
Resp.  :  Domno  nostro  a  Deo  decreto  summo  Ponlifice  et  univcrsali  i)apœ 
vita.  Exaudi  Christe.  Resp.  :  Ex.  Salvator  mundi.  Resp.  :  Tu  illum  adiuva, 
etc.  Domno  nostro  imperatori  (il.)  Auguste  coronato  magno  et  pacifico 
imperium,  vita  et  Victoria...  Eiusque  prœcellentissimis  filiis  regibus  vita... 


452  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Exercitui  Romanorum  et  Francorum  vita  et  Victoria  (  Jaffé  -  Wattcnbach 
remarquent  ici  :  Qiue  Caroli  Magni  tcnii)oribiis  convcniunt). 

Pour  riiistoire  des  modifications  apportées  aux  leçons  du  deuxième 
nocturne  des  fêtes  de  saints  ou  à  la  troisième  leçon  des  fêtes  simples, 
cf.  de  Smedt,  Introd.  c/eneral.  ad  hist.  eccl.  (Gandavi,  1876),  p.  488 
sq.;  Bergel, Emendalio?!  des  rôniischcn  Breviers  {Zeitschrifl  fur  liathol. 
Théologie,  t.  viii  [Innsbruck,  1884],  p.  283  sq);  Schober,  Expla- 
natio  crilica  edilionia  Breviarii  i^omani,  Ratisbona?,  1891  ,  p.  178  sq. 


B.  Les  leçons  apocryphes  du  Bréviaire  romain. 

M.  Tabbé  Batilfol  a  recueilli  dans  le  Bulletin  critique,  13'^  année, 
Paris,  1892,  p,  15  sq.,  les  leçons  des  papes  empruntées  aux  Décré- 
talcs  du  Pseudo-Isidore.  Le  P.  Germain  Morin ,  de  Maredsous,  avait 
fait  un  travail  analogue  dans  la  Revue  bénédictine,  1891,  p.  270  sq., 
où  il  a  recueilli  les  sermons  et  les  homélies  des  Pères,  dont  les 
auteurs  sont  dénommés  à  tort  au  Bréviaire ,  et  il  a  pris  la  peine  d'en 
indiquer  les  véritables  auteurs  ^  Nous  donnons  les  résultats  de  ces 
deux  historiens,  en  tant  qu'ils  peuvent  être  de  quelque  importance 
pour  le  but  que  nous  poursuivons. 

I.    LÉGENDES    DES    PAPES    DU    PSEUDO  -  ISIDORE 

1.  Saint  Lin  (23  septembre).  «  Sancivit,  ne  qua  mulier,  »  etc.  L'ori- 
gine de  ce  récit  est  douteuse.  "  Scripsit  res  geslas  B.  Pétri,  »  etc.,  se 
rapporte  à  la  passion  apocryphe  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul,  qui 
porte  le  nom  de  Lin,  mais  qui  en  réalité  est  une  compilation,  faite  au 
v<=  ou  au  vi°  siècle,  d'actes  gnostiques  anonymes  du  ii'^  siècle. 

2.  Ânaclet  (13  juillet).  «  Dccrevit,  ut  opiscopus,  »  etc.,  du  Pseudo- 
Isidore  (cf.  Jaffé,  Berj.  Pont.  Boni.,  n.  -j  3.  Ilinschius,  Décrétâtes 
pseudo-Isidoriance ,  p.  7b).  D'après  beaucoup  d'auteurs,  Anaclet  est 
le  même  que  le  suivant. 


1  En  plus  du  recueil  d'homélies  d'Ahiiu  de  Farfa,  du  vui*^  siècle,  que  cite 
le  P.  Morin  et  qui  se  trouve  dans  les  cod.  Clm.  'i-'>f)'i  et  Clm.  l'iSCft,  de 
la  bibliothèque  de  la  ville  de  Munich,  il  en  existe  un  autre,  destiné  à 
roi'fice ,  de  la  fin  du  vu"  siècle  ou  du  commencement  du  vui»,  d'Af,'-imun- 
dus  (Ilaymon),  prêtre  de  la  basilique  des  Saints-Philippc-ct- Jacques 
(aujourdiuii  des  Douze- Apôtres) ,  à  Rome.  Il  se  trouve  dans  les  vodd. 
Valic.  'Jfy-^iô  et  S ^30 ,  et  dans  le  cod.  1:11  de  la  bibliothèque  d'Orléans  de 
la  même  époque  (cf.  à  ce  sujet  Léopold  Delislc,  Notice  sur  quelques 
manuscrits  de  la  bibliothèque  d'Orléans,  dans  Notices  et  extraits,  Paris, 
1883,  t.  XXXI,  p.  16-25). 


APPENDICE  IV  453 

3.  Clet  (26  avril .  «  Prinius  in  Utteris,  »  etc.,  source  inconnue. 

4.  Clément  (23  novembre).  "  Mulla  srripsit...  illuslravif .  ^'  Cette 
plirasc  fait  allusion  aux  homélies  apocryphes  et  aux  récognitions  du 
ii<^  siècle  ou  du  commencement  du  iiT,  qui  portent  le  nom  de  Clé- 
ment. Le  Pseudo-Isidore  se  sert  des  préfaces  des  Récognitions. 

5.  Evariste  26  octobre).  «  Conslituil  ex  Traditinnr ,  »  etc.,  du 
Pseudo-Isidore  (Jaffé,  n.  7  20;  Ilinschius,  p.  87). 

6.  Alexandre  (3  mai \  u  Consliiuit,  ut  tantummodo...  (lœnwncs,  »  du 
Pseudo-Isidore  (Jaffé  n.  7  24;  Ilinschius,  p.  94). 

7.  Pie  I'"''  (il  juillet).  "  Exslant  nonnuUa,  »  etc.,  du  Pseudo-Isidore 
(Jaffé,  n.  743;  Hinschius,  p.  416). 

8.  Ânîcet  (17  avril).  «  Decrevil ,  ne  clerici,  »  etc.,  du  Pseudo- 
Isidore (Jaffé,  n.  7  57;  Hinschius,  p.  120). 

9.  Soter  (22  avril.  «  Sancivit,  Jic  sacrœ  virgines,  »  etc.,  du  Pseudo- 
Isidore (Jaffé,  n.  -j-  61  et  65). 

10.  Zéphyrin  (26  août).  Sancivil ,  ul ,  qui  ordinandi...  fulti,  »  du 
Pseudo-Isidore  (Jaffé,  n.  7  81  ;  Ilinschius,  p.  133). 

U.  Calliste  (14  octobre).  «  Consliiuit  quattuo^ranni  tempora,  »  etc., 
du  Pseudo- Isidore  (Jaffé,  n.  7  85;  Hinschius,  p.  135). 

12.  Urbain  I'^'"  (25  mai).  «  Hic  de  bonis  ecclesiœ...  p.wperum,  »  du 
Pseudo -Isidore  (Jaffé,  n.  7  87;  Ilinschius,  p.  143). 

13.  Fabien  (20  janvier).  «Statuit,  u(  quotannis...  renovarent,  »  du 
Pseudo -Isidore  (Jaffé,  n.  7  93;  Hinschius,  p.  160). 

14.  Etienne  I^''  (2  août).  «  Instituit,  ut  sacerdotes...  uterenlur,  »  du 
Pseudo -Isidore  (Jaffé,  n.  7  130;  Ilinschius,  p.  180). 

15.  Caius  (22  avril).  «  Constitua,  ul  his  ordinum...  preshyfe?'i ,  » 
du  Pseudo -Isidore  (Jaffé,  n.  7  157;  Ilinschius,  p.  214). 

16.  Marcel  (16  janvier).  «  SciHpsit  epistulani...  romani  ponlifici>; ,  » 
du  Pseudo-Isidore  (Jaffé,  n.  7  160;  Ilinschius,  p.  223). 

17.  Sylvestre  (31  décembre).  Les  leçons  ont  été  corrigées  en  1883 
par  la  S.  R.  C,  et  quelques  points  inexacts  ont  été  écartés.  Ou  a 
cependant  laissé  subsister  ce  qui  avait  été  emprunté  au  Pseudo- 
Isidore en  l'atténuant  pourtant  un  peu  par  un  «  quse  suh  eius  nomine 
recensentur  »  cl  un  u presci-ipsisse  traditur  ».  Les  sources  du  Pseudo- 
Isidore,  dans  ce  passage,  sont  le  «  Conslilulum  Silvestri  »  ^cest 
sans  doute,  d'après  Duchesne  {Liber  pontif.,  t.  i,  p.  cxxxiv),  la  plus 
ancienne  des  fausses  constitutions  disciplinaires  fabriquées  sous  le 
nom  d'un  pape)  et  la  Vita  Silvestri  apocryphe  du  v''  siècle. 

18.  Damase  (11  décembre).  «Slaluit,  ut  psalnii...  canerentur,  >-  du 
Pseudo-Isidore  [Jaffé, n. 7242  ;IIinschius, p.  iOH)eif'  Pœnam  talioni!i... 
accusassent  »  (Jaffé,  n.  7  47;  Hinschius,  p.  504;. 


454  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

II.  SERMONS    ET    HOMÉLIES,    DONT    LES    AUTEURS    SONT    FAUSSEMENT 
DÉSIGNÉS 

Nous  donnons  ci-après,  sous  la  lettre  a),  l'attribution  enregistrée 
au  Bréviaire;  sous  la  lettre  h),  l'auteur  véritable  ou  vraisemblable  et 
le  renvoi  aux  volumes  de  Migne ,  où  se  trouve  la  pièce  en  question. 

a).  Propre  du  Temps. 

Saints  Innocents  (28déc.),  IINoct.  :  a)  Sermo  S.  Augusiini  {ep.  x, 
de  Sanclis)  :  Ilodie  frs.  cainss.;  h)  Sermo  S.  Cœsarii  Arelatensis  ep. 
In  natale  infantum  {Appendix  opp.  S.  Augusiini,  sermo  ccxx;  P.  L., 
t.  xxxix,  col.  2152).  En  jiartie  emprunté  à  Eusèbe  d'Emèse,  discours 
sur  sainte  Blandine,  et  allusion  à  Tliymne  de  Prudence  [Floi'es  mat-- 
tyrum). 

Octave  de  saint  Etienne  (2  janvier).  II Xocl.  :  a)  Sermo  S.  Augusiini 
(il  de  S.  Sleph.)  :  Post  hesternum  feslivissinium  diem.;  h]  Auteur 
inconnu;  le  sermon  contient  des  passages  d'autres  sermons,  certai- 
nement de  saint  Augustin,  d'où  l'appellation  Sermo  S.  Aug.  n'est 
pas  complètement  inexacte.  {App.  opp.  S.  Aug.,  sermo  ccxi;  P.  L., 
t.  XXXIX,  col.  2140);  dans  l'édition  de  Louvain ,  il  se  trouve  égale- 
ment dans  rappcndicc. 

Octave  des  saints  Innocents  (4  janvier).  //  Nocl.  :  a)  Sermo  S.  Au- 
gusiini (i  de  Innocent.)  :  Xascenle  Domino  ;  b)  L'auteur  est  selon  toute 
apparence  un  évêque  africain'  de  la  fin  du  v"  siècle.  Cf.  Gennadius 
(ch.  Lxxiii),  sur  Asclepius  ;  Pseudo-Fulgenlius,  serm.iv;  P.  L.,  t.  lxv, 
col.  863.  Bibl.  Cassinens.  I,  166.  App.  opp.  S.  Augusl.,  sermo  ccxix; 
P.  L.,  t.  XXXIX,  col.  2159. 

Vigile  de  l'Epiphanie  (b  janvier).  II  Xocl.  :  a)  Sermo  S.  Augusl. 
(xiii  de  Temp.)  :  Dominus  noster  Jes.  Christ  ;  L)  Dans  sa  forme  actuelle 
il  est  vraisemblablement  d'Ambroise  Autpert  (ou  Ansbert,  de  Pro- 
vence, qui  vivait  à  la  cour  de  Pépin  et  de  Charlemagne,  puis  devint 
bénédictin  et  mourut  abbé  du  monastère  de  Saint-Vincent-de-Vul- 
turne,  près  de  Bénévent,  le  19  juillet  778).  La  source  première  doit 
être  le  discours  sur  la  Nativité,  attribué  dans  le  Confîiclus  Arnobiiel 
Serapionis  (de  Fauste  de  Riez)  à  saint  Augustin.  P.  L.,  t.  lui,  col.  316. 
Le  passage  :  Lacta,  mater,  cibum  nostrum,  que  l'on  trouve  également 
dans  la  Prxfalio  in  Octabas  Doniini  du  Sacramentaire  gélasien,  s'y 
rencontre.  Le  commencement  est  celui  du  sermo  nxxviii  qui  est  dans 
VAppend.  S.  Aug.;  P.  L.,  t.  xxxix,  col.  1997. 

Mardi  de  la  première  semaine  de  Carême  :  a)  Ilomilia  Ven.  Bedie 
presb.  {Ilom.  vu,  in  Quadrag.,  t.  vu)  :  Quod  maledicendo;  b)  L'au- 
teur est  bien  le  V.  Bède,  mais  ce  n'est  pas  l'hom.  vu,  c'est  un  pas- 


APPENDICE  IV  455 

sage  emprunté  à  son  commentaire  sur  saint  Marc,  lib.  III,  c.xi  ;P.Z,., 
t.  xcii,  col.  245-247. 

Dimanche  de  Quasimodo.  //  Xoct.  :  a)  Senno  S.  August.  [I  in  Oct. 
Pasch...  CLxii  de  Temp.)  :  Paschalis  sollemnitas ; b)  La  plus  grande 
partie  est  tirée  du  sermon  authentique  ccx  de  saint  Augustin;  l'au- 
teur \Taisemblable  est  Césaire  d'Arles;  on  en  trouve  plusieurs 
recensions  dans  Mai,  Xova  PP.  Bihl.,t,  i,  p,  83;  App.  S.  August., 
cLXxii;  P.  L.,  t.  xxxix,  col.  2073. 

Dimanche  dans  l'octave  de  l'Ascension.  //  Xoct.  :  a)  Sermo 
S.  Aufjust  (udeAscens.,  clxxv  Je  Temp.}  :  Salvator  nosfer;  b)  Fond 
emprunté  aux  sermons  cclxi  et  cccli,  et  aux  deux  homélies,  peut-être, 
de  Fauste  de  Riez  dans  le  recueil  dEusébe  d'Emèse.  L'auteur  est 
Césaire  d'Arles;  App.  S.  Aug.,  clxxvii  ;  P.  L.,  t,  xxxix,  col.  2082. 

Octave  de  l'Ascension  et  vendredi  suivant.  //  Xoct.  :  a  )  Sermo 
S.  Aug.  (m  de  Ascens.,  clxxvi  de  Temp.):  Oinnia  carissimi  ;  h)  Rédac- 
tion plus  développée  du  2'^  Serm.  de  Ascens.  dans  Eusèbe  d'Emèse, 
pris  en  grande  partie  à  Fauste  de  Riez;  peut-être  l'auteur  est  Césaire 
d'Arles;  App.  S.  Aug.,  clxxvi;  P.  L.,  t.  xxxix,.  col.  2081. 

Vigile  de  la  Pentecôte.  Il  Xoct.  :  a)  Ex  Tract.  S.  August.  [De  sym- 
bole ad  catechum:,  lib.  IV,  c.  i)  :  Dum  per  sacratissimum ;  b)  C'est  le 
4'^  des  sermons  intitulés  :  De  symh.  ad  cat.,  et  parmi  lesquels  le  pre- 
mier seul  est  tenu  pour  authentique  ;  le  4"=  est  différent  de  style  et  il 
n'a  pas  la  forme  africaine  du  symbole  que  suit  Augustin  (sa  finale, 
sanctam  ecclesiam,  semblerait  le  ranger  parmi  les  Sermones  de  l'église 
copte  d'Alexandrie).  Cependant  l'auteur  est  certainement  un  Latin. 
P.  L.,  t.  XL,  col.  59. 

Dimanche  de  la  Trinité.  III  Xoct.  :  a)  Homilia  S.  Gregorii  Xaz. 
(tract,  de  fide)  :  Quis  cathoUcorum  ;  b)  Bien  que  saint  Augustin  ait  cité 
un  passage  de  ce  traité  sous  le  nom  d'un  évêque  d'Orient  du  nom  de 
Grégoire,  on  le  tient  généralement  pour  l'œuvre  d'un  Latin  ;  l'opinion 
la  plus  plausible  l'attribue  à  Grégoire  d'Elvire.  Cf.  S.  Hier.,  De  t'i'r. 
illust.,  c.  cv;  P.  L.,  t.  xxiii ,  col.  742.  Sur  le  traité  lui-même  on  verra 
P.  G.,  t.  XXXVI,  col.  G71  ;  P.  L.,  t.  lxii,  col.  466-487,  et  t.  xx,  col.  31  sq. 

Samedi  dans  l'Octave  de  la  Fête-Dieu.  //  Xoct.  :  a)  Sermo  de  loann. 
Chrysost.  [Ilom.  lxi  ad  pop.  Antioch.)  :  Xecessarium  est  ;  L)  Auteur 
inconnu;  déclaré  apocryphe  par  Fronton  du  Duc,  S.  J.,  etMontfaucon, 
O.  S.  B.,  qui,  des  quatre-vingts  homélies  ad  pop.  Antioch.  (éd.Venet, 
lo49,  t.  v,  fol.  196  b) ,  n'en  admettent  que  vingt  et  une  comme 
authentiques;  les  cincjuante-ncuf  autres  sont  des  centons  posté- 
rieurs. P.  G.,  t.  Lxiv,  col.  1330. 

Dimanche  et  lundi  dans  l'Octave  de  la  Fête-Dieu.  //  Xoct.  : 
a)  Sermo  S.  loann.  Chrysost.  (ex  Iluni.  i.x  ad  pop.  Antioch.)  :  Quo- 
niam  Verbuin  ;  b)  Même  observation  que  pour  la  fête  précédente. 


456  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

Mercredi  dans  l'Octave  de  la  Fête-Dieu.  H  Nocl.  :  a)  Ex  lihro 

S.  Anihrosii.  De  Sacranienlis  (lib.  IV,  c.  iv)  :  Auclor  Sacrarnenio- 
runi;  h)  Cet  ouvrage,  attribué  jadis  à  saint  Ambroise,  n'est  qu'une 
amplification  de  son  ouvrage  authentique  :  De  mysteriis ,  et  il  a  été 
composé  par  un  évoque  de  Gaule;  d'après  Duchesne  {Origines  du 
culte  chrétien,  p.  169),  par  un  évoque  du  nord  de  l'Italie,  peut-être 
de  Ravenne. 

3°  Dimanche  après  la  Pentecôte.  Il Noct.  :  a)  De  expositione  S,  Gre- 
gorii  P.  in  lib.  Reguin,  iv,  5  :  Tulit  aulem  Samuel;  h)  Ce  commen- 
taire est  authentique ,  d'après  Mabillon  ;  mais  les  auteurs  modernes 
le  regardent  comme  une  compilation  des  discours  de  saint  Grégoire, 
faite  avec  assez  peu  de  fidélité  par  son  disciple  Claudius.  P.  L., 
t.  Lxxiv,  col.  278. 

4°  Dimanche  après  la  Pentecôte.  //  Noct.:  a)  Sormo  S.  August. 
(cxcvii  de  Teinp.)  :  Stabant  filii  Israël;  b)  Nous  avons  là  un  sermon  de 
saint  Césaire  d'Arles ,  non  plus  un  centon  comme  dans  les  sermons 
précédents  pillés  dans  saint  Augustin  :  App.  S.  Aug.,  xxxvii ,  n.  5  ; 
P.L.,  t.  xxxix,  col.  1820. 

9^'  Dimanche  après  la  Pentecôte.  II  Noct.  :  a)  Sermo  S.  August. 
(  ccvii  de  Teinp.)  :  In  leciionibus ,  quee  nobis  diebus  istis;  b)  Auteur  : 
saint  Césaire  d'Arles.  Append.  S.  Aug.,  xl;  P.L.,  t.  xxxix,  col.  1823. 

3''  Dimanche  de  novembre.  //  Noct.  :  a)  Ex  libre  S.  Aihanasii  ad 
Virgines  :  Si  accédant  aliqui  ;  b)  L'attribution  à  saint  Athanase  est 
fort  douteuse  ;  c'est  un  écrit  de  la  fin  du  iv^  ou  du  commencement 
du  v^  siècle.  P.  G.,  t.  xxviii,  col.  258. 

b)   Propre  des  Saints. 

Immaculée  Conception  (8  déc).  //  Nuct.:  ai  Sermo  S.  Hicronymi 
de  Assumpt.  B.  M.  V.  :  Qualis  et  quanta  essct;  bj  Extrait  de  la  lettre 
apocryphe  :  Cogilis  me,  o  Paula  et  Eustochium.  P.  L.,  t.  xxx,  col.  126. 
Ilincmar,  Alcuin  el  Paul  Warnefried  le  connaissaient;  c'est  l'œuvre 
d'Ambroise  Autpert. 

Jour  octave  (ISdéc).  III Noct.  :  a)  Ilomilia  S.  Epiphanii  [Orat.  de 
luude  Deiparx)  :  Quid  dicam  aut  quid  proloquar.  b)  L'auteur  est 
non  point  saint  Épiphane  du  iv'^  siècle,  mais  son  successeur  sur  le 
siège  de  Salamine,  communément  désigné  sous  le  nom  d'Épiphanius 
Cyprius,  et  auteur  de  ÏEjiistula  ad  Ignatium  Constantinopotitanum , 
vers  870.  P.  G.,  t.  xliii,  col.  491. 

Conversion  de  saint  Paul  (25  janv.).  //  Noct.  :  a)  Sermo  S.  August. 
(XIV  de  Sanctis)  :  Ilodic  de  Actibus;  b)  Un  des  centons  pris  dans  les 
œuvres  attribuées  à  saint  Augustin  et  composés  par  un  inconnu. 
App.  S.  Aug.,  cLxxxix;  P.  L.,  t.  xxxix,  col.  2098. 


APPENDICE  IV  457 

Purification  (2févr.).  Il  Noct.  :  a)  Sermo  S.Auj.  (xiii  de  Temp.)  : 
!Sic  olini;  h)  F"ragment  du  conlon  dont  il  a  été  parlé  plus  haut  (Vigile 
de  rÉjjiphanie). 

Chaire  de  saint  Pierre  à  Antioche  (22  févr.).  II  Nocl.:  a)  Sermo 
S.  Aug.  (XV  de  Sanclis]  :  Inalitutiu  solemnitads ;  b)  Auteur  ancien, 
inconnu,  vraisemblablement  évêque  des  Gaules.  App.  S.  Aug.,  cxc; 
P.  L.,  t.  XXXIX,  col.  2100. 

Fête  du  Cœur  d3  Jésus.  //  Nocl.  :  a)  De  Sermone  S.  Dernardi 
{Scrm.  III  de  Passionej  :  Quia  semel  venimus;  b)  Extrait  du  traité  inti- 
tulé :  vais  jnystica  ;  P.  L.,  t.  clxxxiv,  col.  638,  qui  n'est  pas  de  saint 
Bernard;  d'après  quelques  auteurs  ( Bonelli)  il  serait  de  saint  Bona- 
venture  (mais  les  éditeurs  modernes  ne  l'admettent  pas),  en  tout  cas 
fauteur  est  un  pieux  et  savant  mystique  du  moyen  âge. 

Saint  Jean-Baptiste  (24  juin).  II  Nocl.:  a)  Sermo  S.  Aug.  (xx  de 
Sanclis)  :  Posl  illum  sacrosanctum  ;  b)  Le  fond  est  pris  d'un  Sermo 
de  Fauste  de  Riez  :  App.  S.  Aug.,  cxcvi.  P.  L.,  t.  xxxix,  col.  2111. 
Son  attribution  à  saint  Maxime  de  Turin,  par  Bruno  Bruni,  P.  L., 
t.  Lvii,  col.  662,  n'est  nullement  fondée. 

Dans  l'Octave  (27  juini.  //  Nocl.  :  a)  Sermo  S.  Dasilii  Magni. 
Ilom.  II,  in  ps.  xxviii  :  Vox  Domini;  b)  Ce  Sermo  n'est  pas  de  saint 
Basile  :  des  deux  discours  sur  le  ps.  xxviii  qui  lui  sont  attribués,  le 
premier  seul  est  authentique.  P.  G.,  t.  xxix,  col.  200. 

Précieux  Sang.  II Nocl.  :  a)  .S'e/vHo  S.  loann.  Chrysoslomi  :  Vultis 
Sanguinis  Chi-isli;  b)  Nous  devons  compléter  la  mention  vague  qui 
en  est  faite.  Montfaucon  tient  ce  sermon  pour  non  authentique  (il  ne 
se  trouve  pas  dans  Migne)  ;  Tillemont,  lui,  le  regarde  comme  authen- 
tique. Il  n'existe  plus  dans  le  texte  grec,  mais  seulement  dans  la  tra- 
duction latine  qui  se  trouve  dans  les  vieilles  éditions:  Venise,  1549 
(t.  V,  f.  96^;  Paris,  1588  (t.  v,  f.  618),  et  il  est  désigné  comme  : 
Homelia  ad  neophylos  ;  il  commence  ainsi  :  Benediclns  Deus  :  eccc 
stellse  eliam  de  Icrra  jnicuerunl.  Son  authenticité  ressort  du  fait  que 
Julien  d'Eclane  le  cite  dès  le  commencement  du  v*^  siècle,  et  le  tra- 
duit avec  l'assentiment  tacite  de  saint  Augustin  (cf.  N.  Aug.,  contra 
Iulian.,  lib.  I,  c.  vi,  n.  21).  P.  L.,  t.  xliv,  col.  654  sq. 

Visitation  (2  juillet;.  //  Nocl.  :  a>  Sermo  S.  loann.  Chrysosl.  ( aj>ud 
Melaphraslen ;  :  Cum  ad  nos  advenissel ;  b)  Apocryphe;  Métaphrasle 
manque  totalement  de  critique  dans  sa  compilation. 

Octave  de  la  Fête  des  saints  Apôtres  (6  juillet).  //  Nocl.  :  a)  Sermo 
S.  loann.  Chrysosl.  [apud  Melaphraslen);  b)  Quoique  plus  beau  et 
meilleur  que  le  précédent,  l'aulhenticilé  de  ce  sermon  n'en  reste  pas 
moins  douteuse,  car  l'autorité  de  Métaphraste  est  insuffisante. 

Sainte  Anne  (26  juillet).  II  Nocl.:  a)  Sermo  S.  loann.  Damasceni 
(il  de  Naliv.  B.  M.  V.)  :  Proponilur  nabis;  b)  Ce  passage  ne  se  trouve 


458  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

dans  ni  Tune  ni  l'autre  des  deux  homélies  de  saint  Jean  Damascène 
sur  la  Nativité  de  la  Vierge;  P.  G.,  t.  xcvi,  col.  661,  679;  il  appartient 
plutôt  au  second  discours  d'André  de  Crète  sur  la  même  solennité, 
laquelle  est  aussi  ancienne  chez  les  Grecs  qu'à  Rome.  P.  G.,  t.  xcvii, 
col.  842. 

Saint  Pierre  es  Liens  (!<'''  août).  III  Noct.  :  a)  Ilom.  S.  Aug.  [ex 
Serm.  xxix,  de  Sanctis)  :  Solus  Pet  rus;  b)  De  Fauste  de  Riez  et  du 
recueil  d'Eusèbe  d'Émèse.  App.  S.  Au(/.,  cciii;  P.  L.,  t.  xxxix , 
col.  2123. 

Octave  de  saint  Laurent  (11  août).  //  Noct.  :  a)  Sermo  S,  Aagr. 
(xxx  de  Sanctis)  :  Beatissiini  Laurentii;  h)  Bruni  l'attribue  à  saint 
Maxime;  mais  la  première  partie  est  inspirée  par  saint  Ambroise 
{Comrn.  in  Lucani),  ce  qui  d'ailleurs  n'est  pas  étrange  chez  saint 
Maxime  ,  qui  souvent  emprunte  à  saint  Ambroise.  Toute  la  con- 
clusion est  du  style  de  saint  Césaire  et  figure  en  tête  d'un  Sermo 
S.  Cœsarii  de  Martyrihus;  App.  S.  Aug.,  ccvi;  P.  L.,  t.  xxxix, 
col.   2127. 

Saint  Joachim.  //  Noct.,  Lectio  4  [Brev,  mon.  lect.  o)  :  a)  Sermo 
S.  Epiplianii  [Oratio  de  laud.  Virg.)  :  De  radice  lesse;  h)  L'auteur 
est  Épiphane  Cyprins,  vers  870;  cf.  ci-dessus  au  15  décembre.  P.  G., 
t.  xLiii,  col.  487. 

Nativité  de  Marie  (8  et  9  sept.).  II Noct.  :  a.)SennoS.August.[K\ui 
de  Sanctis)  :  Adest  nohis,  qui  se  termine  par  la  prière  bien  connue  : 
Sancta  Maria,  succurre  miseris ;  App.  S.  Aug.,  cxciv;  P.  L.,  t.  xxxix, 
col.  2104,  Les  Mauristes  l'ont  reconnu  comme  apocryphe.  Les 
modernes,  tels  que  Caillau,  saint  Yves  et  d'autres  (cf.  Ceillier, 
Auteurs  sacrés,  t.  ix  [nouv.  édit.],  p.  244-245)  ont  tenté  vainement  de 
soutenir  son  authenticité;  h)  L'auteur  est  Ambroise  Autpert.  Outre 
ce  sermon,  il  en  existe  un  second  de  lui,  commençant  ainsi  :  Adest 
nobis,  dilectissimi  {App.  S.  Aug.,  ccviii;  P.  L.,  t.  xxxix,  col.  2130,  et 
en  partie,  t.  lxxxix,  col.  1275).  Un  Sermo  S.  Autperli,  Abh.,  débu- 
tant par  :  Adest  nobis,  se  trouve  dans  divers  manuscrits  du  Mont- 
Cassin  (cf.  Bibl.  Cassinens.,  t.  ii,  p.  394,  415,  424,  475).  Le  Cod. 
latin  3783  de  la  Bibl.  nation,  de  Paris  contient  (vol.  ii,  fol.  158"- 
273)  les  sermons  d' Ambroise  Autpert,  in  Natale  S.  Mariée,  parmi 
lesquels  le  second  est  le  nôtre ,  le  quatrième  est  la  lettre  Cogitis  me 
citée  plus  haut  (8  décembre),  et  le  cinquième  est  le  second  sermon 
Adest  nobis.  Ces  homélies  se  trouvent  également  dans  les  codd. 
Einsiedl.  236  et  2o7  du  x"^  siècle. 

Fête  du  Rosaire.  III  Noct.,  Lectio  7  [monast.  9)  :  a)  Ilomilia  S.  Ber- 
nardi,  Abb.  {Sermo  de  S.  Maria)  :  Ad  commendationem  gratiœ; 
b)  Apocryphe,  rejeté  par  Mabillon,  auteur  inconnu.  P.  L.,  t.  clxxxiv, 
col.  1020. 


APPENDICE  IV  4b9 

Toussaint  et  jours  suivants.  II  Xoct.  :  a)  Sertno  Veji.  Bedœ  presh. 
(xviii  de  Sanctis)  :  Uodie,  dileclissimi ;  b)  Jadis  attribué  à  saint  Augustin 
{Append.  S.  Aug.,  ccix;  P.  L.,  t.  xxxix,  col.  213d),  et  plus  tard  au 
Véa.  Bède  (P.  L.,  t.  xciv,  col.  450;.  D'autres  auteurs,  comme  Ma billon 
[Analect.,  p.  18)  et  Knopfler  (dans  la  préface  de  son  traité),  Tattri- 
buent  à  Walafried  Strabon  (d'après  des  manuscrits  cités  par  Mabillon). 
Des  manuscrits  de  Bruxelles  et  de  Trèveslui  donnent  pour  auteur  Hélisa- 
char  de  Saint -Maximin,  qui  semble,  en  effet,  mériter  la  préférence. 

Octave  (7  novembre).  II  Noct.:  a)  Sermo  S.  loann.  Chrysost.  [de 
Mariyribus,  quod  aut  imilandi  sunt  aut  non  laudandi)  :  Qui  Sancto- 
rum  mérita  ;  b)  L'auteur  est  un  Latin  inconnu;  ce  sermon  ne  se 
trouve  pas  parmi  ceux  de  saint  Jean  Chrysostome ,  en  texte  grec , 
mais  bien  dans  le  3=  volume  de  l'édition  de  Venise  (lo48,  fol.  210). 
Le  caractère  du  style  prouve  son  origine  latine. 

c)  Commun  des  Saints. 

Commun  d'un  martyr.  II  Xoct.  :  a)  Sermo  de  S.  Auçjust.  (xliv  de 
Sanctis]  :  Triumphalis  beati  Martyris;  b)  Rejeté  par  les  Mauristes  à 
cause  du  style.  Auteur  inconnu.  App.  S.  August.,  ccxxiii;  P.  L., 
t.  XXXIX  ,  col.  2  lb8. 

Martyrs  au  Temps  pascal.  II  Xoct.  :  a)  Sermo  S.  Ambrosii,  Ep. 
[Ser?no  xxii)  ;  Dignum  et  congruum  est;  b)  L'auteur  est  saint  Maximin 
de  Trêves  [Sermo  lxsxvi;  P.  L.,  t.  lvii,  col.  703).  Bruno  Bruni  lui  a 
malheureusement  cousu  un  texte  qui,  à  lui  seul,  forme  un  sermon 
[Sicut  scimus,  etc.}.  P.  L.,  t.  xvii,  col.  728.  Cf.  Cod.  Ambros.,  C.  98, 
fol.  22. 

Comm.  de  plusieurs  martyrs.  lIXoct.  :  a) SermoS. August. {xL.\iide 
Sanctis  ;  :  Quotiescumque ,  frs.  car.,  sanctorujn  Martyrum;  b)  L'au- 
teur est  saint  Césaire  d'Arles,  qui  cependant  a  emprunté  une  pensée 
à  saint  Augustin.  App.  S.  Aug.,  ccxxv;  P.  L .,  t.  xxxix,  col.  2160. 

Pour  les  mêmes,  autres  leçons.  //  Xoct.  :  a)  Sermo  S.  loann. 
Chrysost.  (i  de  Mart.)  :  Xemo  est,  qui  nescial;  b)  L'auteur  est  un 
Latin  inconnu;  le  sermon  se  trouve  voisin  de  celui  du  7  novembre 
et  appartient  sans  doute  au  même  auteur.  Cf.  S.  Chrysost.  Opéra, 
Venet..  1548,  t.  m,  fol.  210. 

Dédicace.  //  Xoct.  :  a)  Sermo  S.  August.  (cclii  de  Temp.)  :  Quo- 
tiescumque, fratres  car.,  altaris  vel  templi ;  b)  L'auteur  est  saint 
Césaire  d'Arles.  Production  originale  de  cet  homéliste,  qui  n'hésitait 
pas  à  se  servir  du  travail  des  autres.  App.  S.  Aug.,  ccxxix;  P.  L., 
t.  XXXIX,  col.  2166. 

Sixième  jour  dans  l'Octave.  //  Xoct.  :  a)  De  sermone  S.  August.  [ex 
Serm.  cclvi  de  Temp.)  :  Ergo  dum  novam  constructionem;  b)  Ce  dis- 


460  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

cours,  assigné  dès  le  troisième  jour  de  l'Octave,  est  bien  authentique 
jusqu'à  cet  endroit,  et  il  figure  avec  raison  pour  cette  partie  parmi 
les  sermons  authentiques  de  saint  Augustin  (n.  336  de  l'édition  des 
Maurisles).  Mais  à  partir  de  «  Ergo  dum  »,  c'est  un  épilogue  mala- 
droitement ajouté,  qui  manque  dans  les  anciens  manuscrits  et  qui 
ne  se  trouve  pour  la  première  fois  que  dans  les  éditions  imprimées. 
Le  style  et  la  suite  des  pensées  ne  sont  pas  de  saint  Augustin.  Cf. 
la  note  dans  P.  L.,  t.  xxxviii,  col.  1475. 

Octave  de  la  Dédicace.  //  Noct.  ;  a)  Ex  Epislola  I  S.  Felicis 
Papse  IV  [De  consecr.  disl.  1,  en):  Tabernaculum  3/oî/sen;  i))  Extrait 
d'une  fausse  décrétale  du  Pseudo- Isidore,  insérée  également  par 
Gratien  dans  son  Decretum  et  qui  est  aussi  dans  le  Corpus  iuris 
canonici.  P.  L.,  t.  lxv,  col.  17;  t.  cxxx,  col.  lObS;  t.  clxxxvii, 
col.  1  70o. 

Commun  des  fêtes  de  la  Vierge.  //  Aud.  :  a)  Semw  S.  luann. 
Chrysosl.  [apud  Malaphraslcn)  :  Dei  Filins  non  divitem  aiit  locuplc- 
lem;  h)  Auteur  inconnu;  valeur  critique  de  Métaphraste  à  peu  près 
nulle. 

Office  de  la  Vierge  pour  le  samedi  (mai).  3"^^  Leçon  :  a)  Ex  tract. 
S.  Augiisl.  de  Symbolo  ad  Calechinn.  :  Per  feminam  mors;  b)  P.  L., 
t.  XL,  col.  655  sq.  Cf.  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  pour  la  Vigile  de  la 
Pentecôte. 

Même  office,  mois  d'août  :  a)  De  Exposit.  S.  Gregorii  Papœ  in 
lihros  Regum  :  Fuit  vir  unus;  b)  Cf.  ce  qui  a  été  dit  au  sujet  du  troi- 
sième dimanche  après  la  Pentecôte. 


APPENDICE  V 


Additiones  et  Variationes 

in  rubricis  generalibus  et  specialibus  Breviarii  romani 

inducendae  ex  decreto  diei  XI  decembris  1897. 


ADDENDA  ET  VARIANDA 

IN    RUBRICIS    GENERALIBUS    BREVIARII    ROMANI 


I.    DE    OFFICIO    DUPLICI 


N.  2.  Festum  duplex  cclebra- 
lur  aut  de  eodem  fit  Commemo- 
ratio  60  die  quo  cadit,  nisi  illud 
contingat  transferri,  ut  dicetur 
in  Rubrica  de  Translatione  Fe- 
storuni. 

N.  6.  Preces  ad  Primam  et 
Complctorium,  et  Suffragia  de 
sancta  Maria,  sancto  Joseph, 
Apostolis  et  Pace,  ad  Vesperas 
et  Laudes  non  dicuntur  in  Of- 
ficio  duplici,  ut  etiam  in  propriis 
corum  Rubricis  dicetur. 


N.  2.  Festum  duplex  celebratur 
aut  de  eodem  fit  Commemoratio 
eo  die  quo  cadit,  nisi  illud  con- 
tingat transferri  aut  penitus 
omitti,  ut  dicetur  in  Rubrica  de 
Translatione  Festorum. 

N.  6.  Preces  ad  Primam  et 
Complctorium,  et  Suffragia  de 
sancta  Maria,  sancto  Joseph, 
Apostolis,  Titulo,  et  Pace  ad 
Vesperas  et  Laudes  non  dicuntur 
in  Officio  duplici,  ut  etiom  in 
propriis  eorum  Rubricis  dicetur. 


II.    DE    OFFlCIO    SEMIDUPLICI 


N.  2.  De  Feslo  semiduplici 
fit  eo  die  quo  cadit,  aut  de  illo 
ponitur  Commemoratio,  ut  di- 
cetur in  Rubrica  de  Translatione 
Festorum. 


N.  2.  De  Festo  semiduplici  fit 
eo  die  quo  cadit,  aut  de  illo 
ponitur  Commemoratio,  vel  pe- 
nitus omittitur,  ut  dicetur  in 
Rubrica  de  Translatione  Festo- 
rum. 


462 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


IV.    DE    DOMINICIS 


N.  1.  De  Dominica  semper  fît 
Officium  in  Dominicis  Adventus, 
et  in  Dominicis  a  Septuagesima 
usque  ad  Dominicani  in  Albis 
inclusive,  quocumque  Festo  Du- 
plici,  vel  Semiduplici  adveniente  : 
quia  tune  Festum  transfertur, 
aut  de  eo  fit  Commemoratio  (ut 
in  Rubrica  de  Translatione  Fe- 
storum  dicetur),  nisiillud  Festum 
sit  de  principali  Titulo  vel  Pa- 
trono  alicujus  Ecclesiae,  vel 
loci ,  aut  Dedicatione  propriœ 
Ecclesiœ  ;  quia  tune  de  liujus- 
modi  Festo  fît  tantum  in  Ecclesia 
vel  loco,  cujus  est  Titulusvel  Pa- 
tronus  vel  Dedicatio,  cum  Com- 
memoratione  Dominicae  ;  qui- 
busdam  Dominicis  exceptis,  ut 
dicetur  in  Rubrica  de  Comme- 
morationibus.  Id  pariter  servatur 
quoad  alia  Festa  primœ  classis, 
in  prœdictis  Dominicis  occui'- 
rentia.  In  aliis  Dominicis  per  an- 
num  fît  de  Dominica ,  etc. 


N.  1.  De  Dominica  semper  fît 
Officium  in  Dominicis  Advenlus, 
et  in  Dominicis  a  Septuagesima 
usque  ad  Dominicam  in  Albis 
inclusive ,  quocumque  Festo  Du- 
plici,  vel  Semiduplici  adveniente  : 
quia  tune  Festum  transfertur, 
aut  de  eo  fit  Commemoratio 
aut  penitus  omittitur  (ut  in 
Rubrica  de  Translatione  Festo- 
rum  dicetur),  nisi  illud  Festum 
sit  Duplex  primas  classis,  quia 
tune  fit  tantum  de  hujusmodi 
Festo,  cum  Commemoratione 
Dominiez;  quibusdam  Dominicis 
exceptis ,  ut  dicetur  in  Rubrica 
de  Commemorationibus.  In  aliis 
Dominicis  per  annum  fit  de  Do- 
minica, etc. 


VII.    DE    OCTAYIS 


N.  3 

ut  dicetur  in  eadem  Rubrica  de 
Translatione  Festorum.  Infra 
Octavam  Epiphaniaî  fît  tantum 
de  Patrono  vel  Titulari  Ecclesia? , 
et  de  Dedicatione  ejusdem  (non 
tamen  in  die  Oclava)  cum  Com- 
memoratione Octavce.  Infra  Octa- 
vam Corporis  Christi,  etc. 


N.  3 

ut  dicetur  in  eadem  Rubrica 
de  Translatione  Festorum.  In- 
fra Octavam  Epiphanite  fit  tan- 
tum de  Duplicibus  prima© 
classis  (non  tamen  in  die 
Octava),  cum  Commemoratione 
Octavse.  Infra  Octavam  Corporis 
Christi,  etc. 


VIII.    DE    OFFICIO    s.    MAni^K    IN    SABBATO 


N,  5.  Dicuntur  Preces  Domi- 
nicales ad  Primam  et  Completo- 
rium,  et  fiunt  Sufîragia  consueta 


N.  b.  Dicuntur  Preces  Domi- 
nicales ad  Primam  et  Comple- 
torium ,   et   fiunt   Suffragia  con- 


APPENDICE  V 


463 


de  sancto  Joseph,  de  Apostolis 
et  de  Pace,  et  tempore  Paschali 
sola  Commemoratio  de  Cruce , 
ut  in  secunda  Feria  post  Octa- 
vam  Paschse.  Post  Nonam  nihil 
fit  deea,  nisi  consueta  ejus  Com- 
memoratio cum  aliis  Suffragiis, 
quando  dicenda  sunt  in  Officio 
de  Dominica. 


sueta  de  sancto  Joseph,  de  Apo- 
stolis, de  Titulo,  et  de  Pace,  et 
tempore  Paschali  sola  Comme- 
moratio de  Cruce ,  ut  in  secunda 
Feria  post  Octavam  Paschse. 
Post  ISonam  nihil  fît  de  ea ,  nisi 
consueta  ejus  Commemoratio 
cum  aliis  SufTragiis,  quando  di- 
cenda sunt  in  Officio  de  Domi- 
nica. 


IX.    DE    COMMEMORATIONIBUS 


N.  8.  Commemorationes  fiunt 
hoc  modo  :  Post  Orationem  diei , 
in  primis  Vesperis  dicitur  Anti- 
phona  quœ  posita  est  ad  Marjni- 
ficat ,  et  in  Laudibus  quœ  posita 
est  ad  Benedictus  in  Communi 
(si  propriam  non  habuerit)  con- 
veniens  ejus  Officio,  cujus  fit 
Commemoratio.  Post  Antipho- 
nam  dicitur  Versus ,  inde  sumen- 
dus,  unde  sumpta  est  Antipho- 
na ,  scilicet ,  post  Hymnum  Ve- 
sperarum  et  Laudum  :  deinde 
dicitur  Oratio.  Si  Antiphona  et 
Versus  Festi  de  quo  fit  Com- 
memoratio ,  sumenda  essent  ex 
eodem  Communi,  unde  sumpta 
sunt  in  Officio  diei,  in  Festo 
Commemorationis  variantur,  ita 
ut  in  Vesperis  sumantur  ex 
Laudibus ,  et  in  Laudibus  ex 
primis  Vesperis  ejusdem  Com- 
munis,  nisi  aliter  signetur.  Et 
simili  ter,  si  in  secundis  Vesperis 
sanctœ  Agathœ,  aut  alterius 
sanctœ  novem  Lectionum  fieri 
debeat  commemoratio  beatœ 
Mariœ,  pro  ejus  Officio  id  se- 
quenti  Sabbato  celebrando,  ne 
repetatur  y.  Diffusa,  est  çjratia, 
dicatur  y.  Benedicta  tu,  ex  Lau- 


N.  8.  Commemorationes  fiunt 
hoc  modo  :  Post  Orationem  diei , 
in  primis  Vesperis  dicitur  Anti- 
phona quee  posita  est  ad  Magni- 
ficat, et  in  Laudibus  quce  posita 
est  ad  Benedictus  in  Communi 
(si  propriam  non  habuerit)  con- 
veniens  ejus  Officio,  cujus  fit 
Commemoratio.  Post  Antipho- 
nam  dicitur  Versus ,  inde  sumen- 
dus,  unde  sumpta  est  Antiphona, 
scilicet  post  Ilymnum  Vespera- 
rum  et  Laudum  :  deinde  dicitur 
Oratio.  Si  Antiphona  et  Versus 
Festi  simplicis,  de  quo  fit  Com- 
memoratio, sumenda  essent  ex 
eodem  Communi,  unde  sumpta 
sunt  in  Officio  diei,  in  Festo 
Commemorationis  variantur,  ita 
ut  in  Vesperis  sumantur  ex  Lau- 
dibus ,  et  in  Laudibus  ex  primis 
Vesperis  ejusdem  Communis , 
nisi  aliter  signetur.  Si  vero  ex 
eodem  Communi,  unde  sum- 
pta sunt  in  Officio  diei,  su- 
menda essent  Antiphona  et 
Versus  Festi  redacti  ad  instar 
simplicis,  tune  in  primis 
Vesperis  Antiphona  et  Ver- 
sus sumantur  e  secundis;  si 
Festum    utrasque    Vesperas 


46i 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


dibus.  Si  item  ocurrat,  ut  eadem 
sit  Oratio  Festi  de  quo  fit  Offi- 
cium ,  et  ejus  de  quo  fit  Com- 
memoratio ,  mutetur  Oratio  pro 
Commemoratione  in  aliam  de 
Communi.  Si  de  Tempore  fuit 
Commemoratio,  de  Dominica 
scilicet,  vel  Feria,  Antiphona  et 
Versus  ante  Oralionem  eodem 
modo  sumantur  ex  Proprio  de 
Tempore,  si  habuerint  proprium, 
alioquin  de  Psalterio,  Oratio 
vero  ex  Proprio  de  Tempore 


X.    H.  Quando   conlingit  fieri 
plures    Commemorationes,    ser- 


habeat,  in  Laudibus  e  primis 
Vesperis,  et  in  secundis  Ve- 
speris  Antiphona  sumatur  e 
Laudibus  et  Versus  e  primis 
Vesperis,  nisi  aliter  signe- 
tur  :  excepto  casu,quo  Com- 
memoratio alicujus  S.  Virgi- 
nis  facienda  sit  in  Festo  alte- 
rius  S.  Virginis;  tune  enim 
in  primis  Vesperis  pro  S.  Vir- 
gine  de  qua  agitur  Comme- 
moratio, Antiphona  sumenda 
erit  e  Laudibus.  Quando  vero 
Festum  ad  instar  Simplicis 
recolendum  Commemoratio- 
nem  in  secundis  Vesperis  ob 
Festum  duplex  primae  vel  se- 
cundae  classis  immédiate  se- 
quens  non  liabeat,fit  ut  supra 
dictum  est  de  Festis  simpli- 
cibus.  Et  similiter  si  iu  secundis 
Vesperis  sancta3  Angelae  Meri- 
ciae,  aut  alterius  Sanctaî  novem 
Lectionum  fieri  debeat  Comme- 
moratio beatse  MarijB,  pro  ejus 
Officio  in  sequenti  Sabbato  cele- 
brando,  ne  repetalur  y.  Diffusa 
est  gralin,  dicalur  y.  Benodicta 
lu,  ex  Laudibus.  Si  item  occur- 
rat,  ut  eadem  sit  Oratio  Festi  de 
quo  fit  Officium ,  et  ejus  de  quo 
fit  Commemoratio,  mutetur  Ora- 
tio pro  Commemoratione  in  aliam 
de  Communi.  Si  de  Temj)ore  fiât 
Commemoratio,  de  Dominica  sci- 
licet, vel  Feria,  Antiphona  et 
Versus  antc  Orationem  eodem 
modo  sumantur  ex  Proprio  de 
Tempore,  si  habuerit  proprium, 
alioquin  de  Psalterio,  Oratio  vero 
ex  Proprio  de  Tempoi-e. 

N.     il.     Quando    contingit 
fieri  plures   Commemoratio- 


APPENDICE  V 


46b 


vetur  hic  ordo.  De  Duplici,  licet 
agatur  tamquam  Simplex ,  fiat 
ante  Dominicam ,  de  Dominica 
ante  Festum  semiduplex,  de  Se- 
miduplici,  etiam  quando  redu- 
citur  ad  modum  Simplicis,  ante 
diem  infra  Octavam ,  de  die  infra 
Octavnm,  ante  Ferias  Adventus, 
Quatuor  Temporum  ,  Yigiliarum  , 
et  Rogationum ,  et  de  dictis 
Feriis  ante  Festum  simplex.  De 
sancta  Maria  (quando  in  secundis 
Vesperis  Festi  novem  Lectionum, 
quod  Feria  sexta  celel)ratum  sit, 
de  ea  fieri  débet  Commemoratio 
pro  Officio  sequentis  Sabbati) 
fiât  ante  Festum  simplex  in  Sab- 
bato  occurrens.  De  Festo  simplici 
fît  Commemoratio  ante  SufTragia  , 
seu  communes  Commemoratio- 
nes  de  Cruce,  sancta  Maria, 
sancto  Joseph,  Apostolis  et  de 
Pace ,  et  ante  Commemorationem 
cujuscumque  Tituli,  vel  Patroni 
Ecclesise,  quœ  etiam  pro  sui  di- 
gnitate  aliis  Suffragiis  prœdictis 
prseponeretur.  De  quibus  Suf- 
fragiis, quomodo  et  quando  fa- 
cienda  sint ,  habetur  inferius 
propria  Rubrica. 


nés,  illae  semper  praeponan- 
tur,  quae  ad  Officium  perti- 
nent, cujuscumque  sit  ritus; 
exceptis  illis,  quae  ab  Officio, 
de  quo  agitur,  numquam  se- 
parantur,  uti  de  sancto  Paulo 
Apostolo  in  Cathedra  sancti 
Pétri,  etc.,  prout  in  Rubricis 
specialibus  suo  loco  dicetur. 
Deinde    servetur   hic   ordo  : 

1.  De  Dominica  privilegiata, 

2.  de  die  Octava,  3.  de  Du- 
plici majori,  4.  de  Duplici 
minori,  ad  instar  Simplicium 
redactis,  5.  de  Dominica  com- 
muni,  6.  de  die  infra  Octavam 
Corporis  Christi,  7.  de  Semi- 
duplici,  8".  de  die  infra  Octa- 
vam communem  ad  simpli- 
cem  ritum    pariter  redactis, 

9.  de  Feria  majori  vel  Vigilia, 

10.  de  Simplici.  De  sancta  Ma- 
ria (quando  in  secundis  Vesperis 
Festi  novem  Lectionum,  quod 
Feria  sexta  celebratum  sit,  de 
ca  fieri  débet  Commemoratio  pro 
Officio  sequentis  Sabbati)  fiat 
ante  Festum  simplex  in  Sabbato 
occurrens.  De  Festo  simplici  fit 
Commemoratio  ante  SufTragia , 
seu  communes  Commemoratio- 
nes  de  Cruce,  sancta  Maria, 
sancto  Joseph,  Apostolis  et  de 
Pace,  et  ante  Commemorationem 
cujuscumque  Tituli  vel  Patroni 
Ecclesiae,  quae  etiam  pro  sui  di- 
gnitate  aliis  Suffragiis  prsedictis 
praeponeretur.  De  quibus  Suf- 
fragiis, quomodo  et  quando  fa- 
cienda  sint,  habetur  inferius  pro- 
pria  Rubrica. 


Brév.,  t.  II. 


30 


466 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


X.    DE    TRANSLATIONE    FESTOUUM 


N.  1.  Si  aliquod  Festum  Du- 
plex occurrat  in  Dominicis  Ad- 
ventus,  et  in  Dominicis  a  Se- 
ptuagesima  usque  ad  Dominicam 
in  Albis  inclusive,  in  Vigilia  Na- 
tivitatis  Domini,  ia  die  Circum- 
cisionis,  in  tota  Octava  Epipha- 
nise ,  in  Feria  quarta  Cinerum , 
in  tota  majoii  Hebdomada,  et 
infra  Octavam  Paschœ,  in  Ascen- 
sione  Domini,  in  diebus  a  Vigilia 
Pentecostes  usque  ad  Festum 
Sanctissimse  Trinitatis  inclusive, 
in  Festo  Corporis  Christi  et  ejus 
die  Octava,  in  Festo  Immaculatœ 
Conceptionis  et  Assumptionis 
beatae  Mariae  Virginis ,  in  Festo 
sancti  Joseph  Sponsi  ejusdem, 
et  Omnium  Sanctorum  ;  transfer- 
tur  in  primam  diem  Festo  du- 
plici  vel  semiduplici  non  impe- 
ditam,  exceptis  tamen  Festis  Na- 
tivitatis  sancti  Joannis  Baptistœ, 
et  sanctorum  Apostolorum  Pétri 
et  Pauli,  quae  in  die  octava  Cor- 
poris Christi  celebrantur  :  excepto 
quoque  Festo  quocumque  solemni 
alicujus  loci ,  quod  in  propria 
tantum  Ecclesia,  etiam  in  aliqui- 
bus  ex  supradictis  diebus  occur- 
rens,  scilicet  in  Dominicis  se- 
cunda,  tertia  et  quarta  Adven- 
tus,  et  Quadragesimge,  Dominica 
Septuagesimœ ,  Sexagesimae,  et 
Quinquagesim«; ,  et  diebus  infra 
Octavam  Epiphania;  (ut  in  Rubri- 
ca  de  Commemorationibus  di- 
ctum  est)  celebratur.  Si  autem 
Festum  Purificationis  beatœ  Ma- 
riœ  venerit  in  aliqua  Dominica 
secundae   classis ,    transfertur   in 


N.  1.  Si  aliquod  Festum  Du- 
plex occurrat  in  Dominicis  Ad- 
ventus,  et  in  Dominicis  a  Se- 
ptuagesima  usque  ad  Dominicam 
in  Albis  inclusive,  in  Vigilia  et 
Festo  Nativitatis  Domini ,  in  die 
Circumcisionis ,  in  Festo  ac  tota 
Octava  Epiphanise ,  in  Feria  quar- 
ta Cinerum,  in  tota  majori  Heb- 
domada, et  infra  Octavam  Pas- 
chse,  in  Ascensione  Domini,  in 
diebus  a  Vigilia  Pentecostes  usque 
ad  Festum  Sanctissimae  Trinita- 
tis inclusive,  in  Festo  Corporis 
Christi  et  ejus  die  Octava,  in 
Festo  Sacratissimi  Cordis  Jesu, 
in  Festis  Immaculatœ  Conce- 
jîtionis ,  Annuntiatiouis  et  As- 
sumptionis beatse  Mariée  Virgi- 
nis, in  Nativitate  sancti  Joan- 
nis Baptistae,  in  Feslo  sancti 
Joseph  Sponsi  ejusdem  beatae 
Mariae  Virg-inis,  sanctorum 
Apostolorum  Pétri  et  Pauli, 
ac  omnium  Sanctorum,  transfer- 
tur in  primam  diem  Festo  du- 
plici  vel  semiduplici  non  impe- 
ditam,  exceptis  tamen  Festis  Na- 
tivitatis sancti  Joannis  Baptistœ, 
et  sanctorum  Apostolorum  Pétri 
et  Pauli,  quœ  in  die  Octava  Cor- 
poris Christi  et  in  Festo  Sacra- 
tissimi Cordis  Jesu  celebran- 
tur :  excepto  quoque  Festo  quo- 
cumque solemni  alicujus  loci, 
quod  in  propria  tantum  Ecclesia, 
etiam  in  aliquibus  ex  supradictis 
diebus  occurrens,  scilicet  in  Do- 
minicis secunda ,  tertia  et  quarta 
Adventus,  et  Quadragesimœ,  Do- 
minica   Septuagesimœ ,    Sexage- 


APPENDICE  V 


467 


Feriam     secundam     sequentem, 
quamvis    impeditam.    Idemque 
est  de  Annuntiatione  beatae 
Mariae.   Item  si  Festum  Nativi- 
tatis  sancti  Joannis  Baptistee  ve- 
nerit    in    die    Corporis    Christi, 
transfertur    in    sequentem    diem 
cum   Commemoratione    Octavse, 
et  in  secundis  Vesperis  Corporis 
Christi  fit  tantum  Commemoratio 
sancti  Joannis  :  sequentibus  au- 
tem  diebus  fit  Officium  de  eadem 
Octava    Corporis     Christi,     cum 
Commemoratione  Octavœ    sancti 
Joannis.  Dies  autem  Octava  san- 
cti Joannis   tune  veniens  in  die 
Octava    Corporis     Christi ,    non 
transfertur,  sed  de  illa  eo   anno 
fit     tantum     Commemoratio     in 
utrisque    Vesperis    et    Laudibus 
diei  Octavse  Corporis  Christi  :  et 
id  semper  servetur,  quando  Fe- 
stum habens  Octavam  transfertur  : 
ut  non  ideo  dies  Octava  transfe- 
ratur,  sed  ipsa    die    de    ea    fiât 
Commemoratio,    quae  alias    erat 
Octava ,   si   Festum    non    fuisset 
translatum.  Quod  si  Festum  post 
totam  suam   Octavam   transferri 
contigerit,    illo    anno    celebi-etur 
sine   Octava  :  nisi   Titularis    Ec- 
clesise  privilegio  aliter  fieri  opor- 
teat.    Festa   tamen    duplicia   mi- 
nora,   exceptis    illis    Sanctorum 
Ecclesise   Doctorum ,    si    occursu 
Dominicœ,  vel  majoris  Festi  seu 
Officii     quomodocumque     impe- 
diantur,   non    transferuntur,   sed 
ipso  die  quo  cadunt,  de  eis  fit  in 
utrisque    Vesperis    et    Laudibus 
Commemoratio ,  et  legitur  nona 
Lectio   historica    ad  Matutinum, 
si  tamen  hœceo  die  fieri  possint; 


sima?  et  Quinquagesimœ,  et  die- 
bus infra  Octavam  Epiphanise  (ut 
in  Rubrica  de  Commemorationi- 
bus  dictum  est)  et  excepto  Festo 
primario    solemni    in    Festo 
Sacratissimi  Cordis  Jesu,  ce- 
lebratur.   Si  autem  Festum  Puri- 
ficationis    beatœ    Mariœ  Virginis 
venerit    in    aliqua    Dominica   se- 
cundae  classis ,  transfertur  in  Fe- 
riam secundam  sequentem  quam- 
vis  impeditam.  Item   si   Festum 
Nativitatis    sancti    Joannis    Ba- 
ptistœ    venerit    in    die    Corporis 
Christi,    transfertur   in    sequen- 
tem diem,  cum  Commemoratione 
Octavse  ;  et  in  secundis  Vesperis 
Corporis  Christi  fit  tantum  Com- 
memoratio.   sancti    Joannis  :    se- 
quentibus autem  diebus  fît  Offi- 
cium de  eadem  Octava  Corporis 
Christi     cum     Commemoratione 
Octavee  sancti  Joannis.  Dies  au- 
tem Octava  sancti  Joannis  tune 
veniens  in  die   Octava    Corporis 
Christi,  non   transfertur,  sed  de 
illa  eo  anno  fit  tantum  Comme- 
moratio in   utrisque  Vesperis  et 
Laudibus   diei  Octavse    Corporis 
Christi  :    et  id    semper  servetur 
quando  Festum  habens  Octavam 
transfertur  ;    ut    non    ideo    dies 
Octava     transferatur,    sed     ipsa 
die    de    ea   fiât   Commemoratio , 
quse  alias  erat  Octava,  si  Festum 
non   fuisset  translatum.  Quod  si 
Festum  per  totam  suam  Octavam 
transferri    contigerit ,    illo    anno 
celebretur  sine  Octava  :  nisi  Ti- 
tularis Ecclesiœ  privilegio  aliter 
fieri    oporteat.  Festa  tamen    du- 
plicia     minora ,     exceptis      illis 
Sanctorum  Ecclesiœ    Doctorum , 


468 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


secus  hujusmodi  Festa  duplicia 
minora  eo  anno  penitus  omittun- 
tur,  ut  in  prœcedenti  Rubrica 
dictum  est  num.  7  et  10,  et  infra 
de  Simplici  dicetur  num.  8.  lis- 
dem  comprehenduntur  regulis 
alia  Festa  duplicia ,  quorum 
Iranslationi  in  toto  anni  decursu 
locus  non  superest. 


N.  5.  F"estum  semiduplex  oc- 
currens  diebus  supradictis ,  '  et 
infra  Octavam  Corporis  Chrisli, 
et  aliis  Dominicis  per  annum , 
non  transfertur,  sed  ipso  die 
quo  cadit  de  eo  fit  Commemora- 
tio  in  utrisque  Vesperis  et  Lau- 
dibus,  et  legitur  nona  Lectio  hi- 
storica,  aut  illud  penitus  omitti- 
tur,  ut  supra  de  Duplici  minori 
dictum  est. 


N.  6.    Si   duo    vel  plura   Festa 


si  occursu  Dominicae ,  vel  majo- 
ris  Festi  seu  Officii  quomodo- 
cumque  impediantur,  non  trans- 
feruntur,  sed  ipso  die  quo  cadunt, 
de  eis  fit  in  utrisque  Vesperis  et 
Laudibus  Commemoratio,  et  le- 
gitur nona  Lectio  historica  ad 
Matutinum,  si  tamen  hœc  eo  die 
fieri  possint;  secus  hujusmodi 
Festa  duplicia  minora  eo  anno 
penitus  omittuntur,  ut  in  prsece- 
denti  Rubrica  dictum  est  num. 
7  et  10,  et  infra  de  Simplici  dice- 
tur num.  8.  lisdem  comprehen- 
duntur regulis  alia  Festa  dupli- 
cia, quorum  translationi  in  toto 
anni  decursu  locus  non  superest. 
Festa  tamen  duplicia  minora, 
quamquam  non  sint  Doctoris 
Ecclesise,  si  quotannis  a  di- 
gniori  Officio  impediantur, 
reponuntur  in  prima  die  li- 
béra, tamquam  in  propria 
sede  perpetuo  recolenda. 

N.  5.  Festum  semiduplex  oc- 
currens  diebus  supradictis,  et 
infra  Octavam  Corporis  Christi, 
et  aliis  Dominicis  per  annum,  non 
transfertur,  sed  ipso  die  quo 
cadit,  de  eo  fit  Commemoratio 
in  utrisque  Vesperis  et  Laudibus, 
et  legitur  nona  Lcclio  historica, 
aut  illud  penitus  omittitur,  ut 
supra  de  Duplici  minori  dictum 
est.  Festum  tamen  semidu- 
plex, si  quotannis  ab  Officio 
digniori  impediatur,  reponi- 
tur  in  prima  die  libéra,  tam- 
quam in  propria  sede  perpe- 
tuo celebrandum,  uti  de  Du- 
plici minori  superius  cautum 
est. 

N.  6.   Si   duo  vel  plura   Festa 


APPENDICE  V 


469 


novem  Lectionum  simul  eodem 
die  veniant ,  fiât  Officium  de 
majori,  id  est,  de  Duplici,  et  de 
Semiduplici  fiât  Commemoratio, 
ut  supra.  At  si  omnia  fuerint 
Duplicia,  vel  omnia  Semiduplicia, 
fiai  de  digniori,  seu  solemniori, 
et  quœ  Duplicia  minoris  solem- 
nitatis  sunt,  si  transferri  valeant, 
transferantur  :  aliter  de  eis,  quem- 
admodum  de  Semiduplicibus  fiât 
Commemoratio,  juxta  superius 
explicata. 


N.  7.  Si  plura  Festa  duplicia 
ex  iis  quae  transferri  possunt , 
transferenda  sint ,  quod  est  magis 
solemne  semper  prius  transfera- 
tur,  et  prius  celebretur  :  alioquin 
si  sunt  sequalia,  unum  ante  aliud 
transfera tur  eo  ordine,  quo  erant 
celebranda  in  propriis  diebus. 


novem  Lectionum  simul  eodem 
die  veniant,  fiât  Officium  de  ma- 
jori, id  est,  de  Duplici,  et  de 
Semiduplici  fiât  Commemoratio , 
ut  supra.  At  si  omnia  fuerint 
Duplicia,  vel  omnia  Semiduplicia, 
fiât  de  digniori,  seu  solemniori, 
videlicet,  de  Festo  potioris 
ritus  prae  alio  ritus  inferioris, 
aut  in  paritate  ritus  de  pri- 
mario  prae  secundario,  aut, 
iisdem  primariis  vel  secun- 
dariis ,  de  digniori  ratione 
personae,  aut,  in  paritate  di- 
gnitatis  de  fixo  prae  mobili, 
autdenique,  ceteris  paribus, 
de  magis  proprio  prae  minus 
proprio;  et  qua?  Duplicia  mino- 
ris solemnitatis  sunt,  si  transferri 
valeant,  transferantur  :  aliter  de 
eis,  quemadmodum  de  Semidu- 
plicibus, fiât  Commemoratio  aut 
penitus  omittantur,  juxla  su- 
perius explicata. 

N.  7.  Si  plura  Festa  Duplicia 
ex  iis  quœ  transferri  possunt, 
transferenda  sint,  quod  est  magis 
solemne  semper  prius  transfe- 
ratur,  et  prius  celebretur  :  alio- 
quin si  sunt  sequalia ,  unum  ante 
aliud  transferatur  eo  ordine , 
quo  erant  celebranda  in  propriis 
diebus  :  quod  etiam  servabitur 
in  Festis  duplicibus  minori- 
bus,  et  semiduplicibus  perpe- 
tuo  impeditis. 


XI.    DE    CONCURRENTIA    OFFICII 


N.  4.  Semiduplici  Festo,  Domi- 
nica ,  et  die  infra  Octavam ,  con- 
currentibus  cum  sequentiDuplici, 
omnia  de  Duplici  cum  Comme- 
moratione   illorum,   nisi    Duplex 


N.  4.  Semiduplici  Festo,  Do- 
minica ,  et  die  infra  Octavam, 
concurrentibus  cum  sequenti 
Duplici ,  omnia  de  Duplici  cum 
Commemoratione     illorum  ;    nisi 


470 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


fuerit  ex  numéro  majorum,  quœ 
supra  in  Rubrica  de  Commemo- 
rationibus  numerata  sunt,  in  qui- 
bus  nulla  fit  Commemoratio  prœ- 
cedentis.  Semiduplici  Festo  con- 
currente cum  sequenti  alio  Semi- 
duplici, cum  Dominica,  vel  cum 
die  infra  Octavam,  a  Capitulo 
fit  de  sequenti,  et  Commemoratio 
praecedentis ,  nisi  aliter  signetur. 
Semiduplici  autem  concurrente 
cum  sequenti  Festo  simplici  vel 
cum  Officio  beatse  Marise  in  Sab- 
bato ,  omnia  de  Semiduplici, 
cum  Commemoratione  sequentis. 


N.  6.  Die  infra  Octavam  concur- 
rente cum  sequenti  Dominica,  vel 
Semiduplici,  a  Capitulo  fit  de 
sequenti,  cum  Commemoratione 
Octavse.  Dies  infra  Octavam  cum 
Simplici  proprie  non  habet  con- 
cursum ,  quia  in  sequenti  die 
infra  Octavam  non  fit  de  Simplici 
nisi  Commemoratio,  quaîet  eadem 
ratione  in  prœcedenti  die  infra 
Octavam  fieri  débet. 


N.  7.  Die  Octava  concurrente 
cum  alia  die  Octava,  a  Capitulo 
fit  de  sequenti,  cum  Commemo- 
ratione praecedentis ,  excepta 
Octava  Corporis  Christi,  concur- 
rente cum  Octava  sancti  Joannis 
Baptistaî,  in  qua  de  sequenti  fit 
tantum  Commemoratio,  et  quando 


Duplex  fuerit  ex  numéro  majo- 
rum ,  quae  supra  in  Rubrica  de 
Commemorationibus  numerata 
sunt,  in  quibus  nulla  fit  Com- 
memoratio praecedentis.  Semi- 
duplici Festo  concurrente  cum 
sequenti  alio  Semiduplici,  vel 
cum  Dominica,  a  Capitulo  fit  de 
sequenti,  et  Commemoratio  prae- 
cedentis, nisi  aliter  signetur. 
Eodem  vero  Semiduplici  con- 
currente cum  sequenti  die  in- 
fra Octavam,  Vesperae  erunt 
de  illo,  cvim  Commemoratione 
Octavae.  Semiduplici  autem  con- 
currente cum  sequenti  Festo  sim- 
plici ,  vel  cum  Officio  beatœ 
Mariae  in  Sabbato,  omnia  de 
Semiduplici,  cum  Commemora- 
tione sequentis. 

N.  6.  Die  infra  Octavam  con- 
currente cum  sequenti  Dominica, 
a  Capitulo  fit  de  sequenti  cum 
Commemoratione  Octavae.  Die 
vero  infra  Octavam  concur- 
rente cum  sequenti  Semi- 
duplici, Vesperae  erunt  de 
sequenti,  cum  Commemora- 
tione Octavae.  Dies  infra  Octa- 
vam cum  Simplici  proprie  non 
habet  concursum ,  quia  in  se- 
quenti die  infra  Octavam  non  fit 
de  Simplici  nisi  Commemoratio, 
quae  et  eadem  ratione  in  praece- 
denti  die  infra  Octavam  fieri  débet. 

N.  7.  Die  Octava  concurrente 
cum  alia  die  Octava,  ceterispa- 
ribus,  a  Capitulo  fit  de  sequenti 
cum  Commemoratione  praece- 
dentis, excepta  Octava  Corporis 
Christi,  concurrente  cum  Octava 
sancti  Joannis  Baptistae ,  in  qua 
de  sequenti  fit  Commemoratio, 


APPENDICE  V 


471 


aliter  in  propriis  locis  notatur. 
Die  Octava  concurrente  cum 
sequenti  Duplici  minori,  etiam 
translate ,  a  Capitule  fît  de 
sequenti,  cum  Commemoralione 
Octavge  (exceptis  diebus  Octavis 
Festivitatum  beatae  Maria?  Virgi- 
nis,  etiam  particularibus  alicu- 
jus  Religionis,  in  quibus  de 
sequenti  fît  tantum  Commemo- 
ratio).  Concurrente  vero  cum 
sequenti  Duplici  majori,  etiam 
translate,  totum  Officium  fit  de 
sequenti,  cum  Commemoratione 
Octavae,  excepta  die  Octava  Epi- 
phania>,  Paschse,  Ascensionis, 
et  Corporis  Christi,  in  quibus 
de  sequenti  fît  tantum  Comme- 
meratio.  Si  autem  sequens  Fe- 
stum  etiam  translatum,  fuerit  ex 
solemnioribus  supra  enumeratis 
in  Rubrica  de  Cemmemerationi- 
bus,  in  secundo  ordine  num.  6, 
totum  Offîcium  fît  de  sequenti, 
cum  Commemoratione  Octavae. 


etiam  occurrenteFesto  Dupli- 
ci primae  classis  Sacratissimi 
Cordis  Jesu  et  quando  aliter  in 
propriis  locis  notatur.  Die  Octava 
concurrente    cum    sequenti    Du- 
plici   minori,     etiam     translate, 
ceteris  paribus,  a  Capitule  fît 
de  sequenti,   cum   Commemora- 
tione  Octava?    (  exceptis    diebus 
Octavis    Festorum    primario- 
rum  beatœ  Mariœ  Virginis,  etiam 
particularibus  alicujus  Religionis, 
sanctorum  Angelorum,  san- 
cti  Joannis   Baptistae,  sancti 
Joseph  Sponsi  beatae  Mariae 
Virginis  et   sanctorum  Apo- 
stolorum,  in  quibus  de  sequenti 
fit  tantum  Commemoratio).  Con- 
currente vero  cum  sequenti  Du- 
plici   majoris,    etiam    translate, 
totum    Officium   fît    de  sequenti 
cum  Commemoratione  Octavae  : 
excepta   die    Octava   Epiphaniae, 
Paschse,    Ascensionis,   aliisque 
Festis  primariis   Domini,  in 
quibus    de    sequenti    fît    tantum 
Commemoratio.  Si  autem  sequens 
Festum,  etiam  translatum,  fuerit 
ex  solemnioribus   supra  enume- 
ratis in  Rubrica  de  Commemora- 
tienibusin  secundo  ordine  num.  6, 
totum   Officium  fît   de  sequenti, 
cum    Commemoratione    Octavae. 
Ceteris    vero    non    paribus, 
quando  dies  Octava  cum  alia 
die  Octava  concurrit,Vesperae 
integrae  fiunt  de  illa,  quae  est 
Festi  potioris  ritus,  aut  pri- 
marii,  aut  dignioris   ratione 
personae,  cum  Commemora- 
tione   alterius.    Concurrente 
autem    cum    Festo    duplici, 
Vesperae   erunt,   vel   de   die 


472 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Octava,  vel  de  duplici  cum 
Commemoratione  alterius , 
prouti  de  Octavis  inter  se 
concurrentibus  dictum  est  ; 
exceptis  Octavis  Festorum 
Domini  et  B.Mariae  Virginis, 
ut  supra. 

XII.    DE    ORDINANDO    OFFICIO    EX    PR^EDICTIS    RUBIUCIS 


N.  5.  In  Festis  beatœ  Mariœ 
(omissis  iis,  quœ  propria  in  illis 
habentur)  Hynini,  novem  Psalnii, 
et  alia  qusedam  requirenda  sunt 
ex  communi  ejus  Officio ,  circa 
finem  Breviarii. 


N.  5.  In  Festis  beatse  Mariée 
(exceptis  iis,  quœ  propria  in 
illis  habentur)  Hjnini ,  novem 
Psalmi,  et  alia  quaîdam  requi- 
renda sunt  ex  communi  ejus 
Officio ,  circa  finem  Breviarii , 
quod  inscribitur  :  In  Festis 
beatae  Mariae  Virginis  per 
annum. 


XX.    DE    UYMNIS 


N.  3.  Dicunturautem  in  Officio 
de  Tempore  ut  in  Psalterio , 
quando  proprii  Ilymni  in  Proprio 
de  Tempore  non  adsunt  :  qui 
Hymni  de  Psalterio  in  Dominicis, 
et  Feriis  assignati  dicuntur  ab 
Octava  Pentecostes  usque  ad 
Adventum  (Dominica  infra  Octa- 
vam  Corporis  Christi  excepta)  et 
ab  Octava  EpijDlianiœ  usque  ad 
Dominicam  primam  Quadrage- 
simae  exclusive.  In  Officio  de 
Sanctis  dicuntur  ut  in  Communi 
Sanclorum,  nisi  proprii  in  Pro- 
prio Sanctorum  habeantur. 


N.  3.  Dicuntur  autem  in  Offi- 
cio de  Tempore  ut  in  Psalterio, 
quando  proprii  Hymni  in  Proprio 
de  Tempore  non  adsunt  :  qui 
Ilymni  de  Psalterio  in  Dominicis, 
et  Feriis  assignati  dicuntur  ab 
Octava  Pentecostes  usque  ad 
Adventum  (Dominica  infra  Octa- 
vam  Corporis  Christi  excepta)  et 
ab  Octava  Epiphaniœ  usque  ad 
Dominicam  primam  Quadrage- 
simœ  exclusive.  In  Officio  de 
Sanctis  dicuntur  ut  in  Commu- 
ni Sanctorum,  nisi  proprii  in 
Proprio  Sanctorum  habeantur. 
Quando  in  aliquoFesto  adsint 
très  Hymni  proprii  historici, 
et  Hymnus  proprius  in  primis 
Vesperis  dici  nequeat,  tune 
hic  Hymnus  dicitur  ad  Matu- 
tinum,  Hymnus  Matutini  ad 
Laudes,  ac  Hymnus  Laudum 
ad  secundas  Vesperas;  si  vero 


APPENDICE  V 


473 


N.  4.  In  Nativitate  Domini 
usque  ad  Epiphaniam,  in  Festo 
Corporis  Christi  et  per  Octavam  , 
et  quandocumque  fit  Offîcium 
bealœ  Mariœ  tam  novem ,  quani 
trium  Lectionum ,  etiam  tenipore 
Paschali,  in  fine  omnium  Hy- 
mnorum  (prœterquam  in  fine  Hy- 
mniAve  maris  Stella  et  Hyinni  ad 
Laudes  in  Festo  Corporis  Christi, 
qui  habet  ultimum  versum  pro- 
prium)  dicitur  :  Jesu,  tibi  sit  glo- 
ria,  Qui  natus  es  de  Virgine,  etc., 
ut  in  ejus  Officio  parvo,  etiamsi 
dicantur  Hymni  de  Sanctis,  qui 
infra  Octavas  preedictas  celebran- 
tur,  dummodo  Hymni  illi  sint 
ejusdem  metri,  nec  habeant  ulti- 
mum versum  propriuni,ut  Hy- 
mnus  sanctee  Crucis  ad  Vesperas, 
et  plurimorum  Martyrum  ad  Ma- 
tutinum. 


XXXV. 


secundae  Vesperœ  non  sint 
de  hoc  Festo,  tune  Hymnus 
Vesperarum  conjungitur  cum 
Hymno  Matutini  sub  unica 
conclusione. 

N.  4.  In  Nativitate  Domini 
usque  ad  Epiphaniam,  in  Festo 
Corporis  Christi  et  per  Octavam, 
et  quandocumque  fit  Officium 
beatœ  Mariée  tam  novem ,  quam 
trium  Lectionum  ,  etiam  lempore 
Paschali,  in  fine  omnium  Hy- 
mnorum  (  praeterquam  in  fine 
Hymni  Ave  maris  Stella  et  Hymni 
ad  Laudes  in  Festo  Corporis 
Christi ,  atque  Hymnorum  in 
Festo  Septem  Dolorum  beat» 
Mariae  Virginis  mense  Se- 
ptembri,  qui  habent  ultimum 
versum  proprium)  dicitur  :  Jesu, 
tibi  sit  ijloria ,  Qui  natus  es  de 
Virgine,  etc.,  ut  in  ejus  Officio  par 
annum,  etiamsi  dicantur  Hymni 
de  Sanctis,  qui  infra  Oclavas 
prsedictas  celebrantur,  dummodo 
Hymni  illi  sint  ejusdem  metri, 
nec  habeant  ultimum  versum  pi'o- 
prium,  ut  Hymnus  sanctaj  Cru- 
cis ad  Vesperas ,  et  plurimorum 
Martyrum  ad  Matutinum. 


DE    COMMEMORATIONIBUS    COMMUNIBUS  ,    SEU    SUFFRAGIIS 
SANCTORUM 


N.  2.  Tempore  Paschali  fit  alia 
Commemoratio  de  Cruce,  ut  ibi 
ponitur  in  Laudibus  Ferise  se- 
cundse  post  Dominicam  in  Albis , 
et  ea  solum  tune  dicitur;  non 
tamen  in  Duplicibus,  necjue  infra 
Octavas. 


N.  2.  Tempore  Paschali  fit  alia 
Commemoratio  de  Cruce,  ut  ibi 
ponitur  in  Laudibus  Feriœ  se- 
cundae post  Dominicam  in  Albis, 
et  ea  solum  tune  dicitur;  non 
tamen  in  Duplicibus,  neque  infra 
Octavas,  neque  in  Officio  vo- 
tivo  de  sanctissimo  Euchari- 
stiae  Sacramento,  aut  de  Pas- 
sione  Domini. 


474  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

DU^  TABELL^ 

EX    RUBRICIS    GENERALIBUS    EXCERPT.E 

In  quaruni  prima  statim  videri  poterit  de  quo  celehrandum  erîl 
Offïciuin,  si  plura  eodem  die  Fesia  occurrant. 

In  secunda  vero,  quomodo  Officium  prœcedens  concurrat  in  Vesperis 
cum  Officio  sequentis  diei. 

Ex  ufraque  Tahella  hoc  ordine  reperieiur  quod  quœritur. 

Primum  inveniatur  numerus  positus  in  quadrangulo  illo,  in  quo 
Festa ,  de  quibus  est  controversia ,  sibi  invicem  occurrunt  :  deinde 
legatur  régula  juxta  dictum  numerum  descripta,  et  ex  ea  clare  vide- 
bitur  quid  sit  agendum. 

Exempli  gratia  :  Quadrangulus,  in  quo  sibi  invicem  occurrunt 
Duplex  primte  classis  et  Dominica  primse  classis,  erit  qui  est  in 
angulo  superiori  primœ  Tabellse,  in  quo  signatus  est  numerus  1, 
quia  si  ad  eum  tam  Duplex  quam  Dominica  preedicta  ex  eorum  locis 
recto  tramite  pergerent,  in  eo  sibi  invicem  occurrerent.  Régula 
autem  juxta  dictum  numerum  apposita  sic  babet  : 

l.  Translatio  de  primo,  Officium  de  secundo.  Id  est,  Duplex  primse 
classis  praedictum  transferatur,  et  Officium  fiât  de  Dominica  primœ 
classis  :  quia  cum  in  his  regulis  dicitur  de  primo  seu  prsecedenti, 
intelligitur  de  Festo  in  superiori  parte  Tabellse  apposito,  ut  Duplex 
prsedictum  :  cum  de  secundo  vel  sequenti,  de  Festo  in  inferiori  parte 
sub  numeris  apposito,  ut  Dominica  prœdicta. 

In  aliquibus  autem  quadrangulis  nullus  appositus  est  numerus, 
vel  quia  nullus  occursus,  neque  concursus  esse  potest,  vel  quia  in 
propriis  locis  adnotatur  in  Breviario  quid  sit  agendum. 

Scire  tamen  oportet  quse  sint  Duplicia  primœ  et  secundœ  classis, 
et  majora  per  annum ,  et  quse  Dominicœ,  et  Feriœ  majores  dicantur. 

DUPLICIA    PRIM/E    CLASSIS, 

m  quibus  nulla  fit  Commemoratio  quorumque  Festorum  occurrentium, 
nisi  prout  supra  in  Rubricis. 

Nativitas  Domini. 

Epiphania  Domini. 

Pascha  Resurrcctionis,  cum  tribus  antecedentibus  et  duobus  sequen- 

tibus  diebus. 
Ascensio  Domini. 

Pentecostes,  cum  duobus  sequenlibus  diebus. 
Festum  Corporis  Christi. 
Festum  Sacratissimi  Cordis  Jesu. 


APPENDICE  V  475 

Iramaculata  Conceptio,  Annuntiatio,  et  Assumptio  B.  M.  V. 

Nativitas  S.  Joannis  Baplistœ. 

Festum  S.  Joseph  Sponsi  B.  M.  V. 

Festum  SS.  Apostolorum  Pétri  et  Pauli. 

Festum  Omnium  Sanctorum. 

Dedicatio  proprise  Ecclesise. 

Patronus,  vel  Titulus  Ecclesise. 

DUPLICIA    SECUNDO    CLASSIS  , 

in   quihus   de  Simplicibus  fit   Commemoratio  in  Laudibus  tanlum; 
de  aliis  ut  in  Rubricis, 

Circumcisio  Domini. 

Festum  Sanctissimi  Nominis  Jesu. 

Festum  Sanctissimse  Trinitatis. 

Festum  Pretiosissimi  Sanguinis  D.  N.  J.  G. 

Inventio  Sanctœ  Crucis. 

Purificatio  \ 

^?^\^«"«  (   B.  MariseV. 

Nativitas 


) 


Solemnitas  Sacratissimi  Rosarii 

Dedicatio  S.  Michaëlis  Arcliangeli. 

Festum  Patrocinii  S.  Joseph,  Sponsi  B.  M.  V. 

Natalitia  undecim  x\postolorum. 

Festa  Evangelistarum. 

Festum  S.  Slephani  Protomartyris. 

Festum  SS.  Innocentium  Martyrum. 

Festum  S.  Laurentii  Martyris. 

Festum  S.  Annœ,  Matris  B.  Marise  V. 

Festum  S.  Joachim ,  Patris  B.  Mariae  V. 


DOMINIC^   MAJORES 

DIVIDLNTUR     IN     DUAS     CLASSES 
DOMINION  PRIM^  CLASSIS, 

quee  numquam  omittuntur. 

Prima  Adventus. 
Prima  Quadragesimae. 
Passionis. 
Palmarum. 
Paschae. 


476  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

In  Albis. 

Pentecostes. 

Trinitatis. 

DOMINIC^    SECUND.E    CLASSIS  , 

quee  non  omittuntur,  nisi  occurrente  Duplici   primée  classis,  et 

tune  de  ils  fit  Commemoratio 

in  utrisque  Vesperis   et  Laudibus. 

Secunda      j 

Tertia  Adventus. 

Quarta         ) 

Dominica  Septuagesimse. 

Dominica  Sexagesimœ. 

Dominica  Quinquagesimae. 

Secunda      \ 

Tertia  /    Quadragesimee. 

Quarta        ; 

DUPLICIA    MAJORA    PER    ANNUM , 

quœ  aliis  Duplicibus  minoribus  prseferuntur. 

Transfiguratio  Domini. 

Exallatio  sancUe  Crucis. 

Dedicatio  Archibasilicae  Sauctissimi  Salvatoris. 

Duo  Festa  Septem  Dolorum  B.  M.  V. 

Commemoratio  B.  M.  V.  de  Monte  Carmelo. 

Dedicatio  S.  Mariae  ad  Nives. 

Festum  Sanctissimi  Nominis  Mariée. 

Festum  de  Mercede  B.  M.  V. 

Praesentatio  B.  M.  V. 

Apparitio  S.  Michaëlis  Archangeli. 

Festum  SS.  Angelorum  Custodum. 

Decollatio  S.  Joannis  Baptistœ. 

Cathedra  S.  Pétri  Apostoli  utraque. 

Festum  ejusdem  ad  Vincula. 

Conversio  S.  Pauli  Apostoli. 

Commemoratio  S.  Pauli  Apostoli. 

Dedicatio  Basilicarum  SS.  Apostolorum  Pétri  et  Pauli. 

Festum  S.  Joannis  ante  Portam  Latinam. 

Festum  S.  Barnabae  Apostoli. 

Festum  S.  Benedicti  Abbatis. 

Festum  S.  Dominici  Confessoris. 

Festum  S.  Francisci  Assisien.  Confessoris. 

Festum  Patronorum  minus  Principalium. 


APPENDICE  V  477 


FERI^    MAJORES, 

de  quibus  semper  fit  Commemoratio. 

Adventus. 
Quadragesimse. 
Quatuor  Temporum. 
Secunda  Roffationum. 


CATALOGUS  FESTORUM 

QVJE    UTI    PRIMARIA  ,    VEL    SECUNDARIA    RETINENDA    SLNT 

EX     DECRETIS    GENERALIBUS    S.     R.     G. 

DIEI     27     AUGCSTI     1894     ET     5    FEBRrARII     1895 

FESTA  PRIMARIA 
In  Kalendario  universali. 

§     I.     DUPLICIA     PRIM^     CLASSIS 

Nativitas  Domini. 

Epiphania  Domini. 

Pascha  Resurrectionis. 

Ascensio  Domini. 

Pentecostes. 

Festum  Corporis  Christi. 

Imraaculata  Conceptio,  Annuntiatio,  et  Assumptio  R.  M.  V. 

Nativitas  S.  Joannis  Raptistse. 

Festum  S.  Joseph,  Sponsi  R.  M.  V. 

Festum  SS.  Apostolorum  Pétri  et  Pauli. 

Festum  Omnium  Sanctorum. 

Dedicatio  proprise  Ecclesiae. 

Titulus  Ecclesiae. 

Patronus  Principalis  Regionis ,  vel  Diœcesis,  aut  loci. 

§    II.    DUPLICIA    SECUNDO    CLASSIS 

Circumcisio  Domini. 

Festum  Sanctissimae  Trinitatis. 

Purificatio  R.  Mariée  V. 

Visitatio  R.  Mariœ  V. 

Nativitas  R.  Mariœ  V. 

Dedicatio  S.  Michaëlis  Archangeli. 


478  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Natalitia  undecim  Apostolorum. 
Festa  Evangelistarum. 
Festum  S.  Stephani  Protomartyris. 
Festum  SS.  Innocentium  Martyrum. 
Festum  S.  Laurentii  Martyris. 
Festum  S.  Annœ,  Matris  B.  M.  V. 
Festum  S.  Joachim,  Patris  B.  M.  V. 

§    III.    DUPLICIA    MAJORA    PER    ANNUM 

Transfîguratio  Domini. 

Dedicatio  Archibasilicse  Sanctissimi  Salvatoris. 

Dedicatio  S.  Marise  ad  Nives. 

Festum  SS.  Angelorum  Custodum. 

Dedicatio  Basilicarum  SS.  Pétri  et  Pauli  Apostolorum. 

Festum  S.  Barnabse. 

Festum  S.  Benedicti  Abbatis. 

Festum  S.  Dominici  Conf. 

Festum  S.  Francisci  Conf. 

Festum  Patronorum  minus  Principalium. 

§    IV.    ALIA    DUPLICIA    PER    ANNUM 

Dies  Natalitia,  vel  quasi  Natalitia  uniuscujusque  Sancti. 
Pro  aliquibus  locis . 

S.  Gabrielis  Archangeli. 
S.  Raphaëlis  Archangeli. 

Dies  Natalitia,  vel  quasi  Natalitia  uniuscujusque  Sancti. 
Commemoratio  Sanctorum,  quorum  Corpora,  vel  Reliquiœ  in  Ecclesiis 
Diœceseos  asservantur. 

FESTA   SECUNDARIA 
In  Kalendario  universali. 

§  I.   DUPLICIA  PRIM.E  CLASSIS 

Sacralissimi  Cordis  Jesu. 

§    II.    DUPLICIA    SECUNDO    CLASSIS 

Festum  Sanctissimi  Nominis  Jesu. 
Festum  Inventionis  S.  Crucis. 
Festum  Pretiosissimi  Sanguinis  D.  N.  J.  C. 
Solemnitas  Sacratissimi  Rosarii  B.  M.  V. 
Festum  Patrocinii  S.  Joseph,  Sponsi  B.  M.  V. 


APPENDICE  V  479 

§    III.    DUPLICIA    MAJORA 

Exaltatio  S.  Crucis. 

Duo  Festa  Septem  Dolorum  B.  M.  V. 

Commemoratio  B.  M.  V.  de  Monte  Carmelo. 

Festum  Sanctissimi  Nominis  B.  M.  V. 

Festum  de  Mercede  B.  M.  V. 

Prœsentoao  B.  M.  V. 

Apparitio  S.  Micbaëlis  Archangeli. 

Decollatio  S.  Joannis  Baptistse. 

Cathedra  S.  Pétri  Apost.  ulraque. 

Festum  ejusdem  ad  Vincula. 

Convei'sio,  et  Commemoratio  S.  Pauli  Apost. 

Festum  S.  Joannis  ante  Portam  Latinam. 

Pro  aliquibus  locis. 

Officia  Mysteriorum  et  Instrumentorum  Passionis  D,  N.  J.  C. 

Sanctissimi  Redemptoris. 

Sanctaj  Familiae  Jesu,  Mariae,  Joseph. 

Purissimi  Cordis  Mariée. 

Desponsationis ,  Maternitatis,  Puritatis,  Patrocinii  B.  M.  V. 

Translationis  Almse  Domus  B.  M.  V. 

Exspectationis  Partus  B.  M.  V. 

B.  M.  V.  Auxilium  Christianorum. 

Prodigiorum  B,  M.  V. 

Apparitionis  B.  M.  V.  Immaculatae. 

Manifestationis  B.  M.  V.  Immaculatae,  a  sacro  numismate. 

Commemoratio  Omnium  SS.  Summorum  Pontificum. 

Item  alia  queecumque  Festa  sive  Domini,  sive  B.  M.  V.  sub  aliquo 
peculiari  titulo ,  sive  Sanctorum ,  prseter  eorumdem  natalem  diem , 
uti  Inventionis  Corporum,  Translationis,  Receptionis,  Patrocinii,  et 
hisce  similia. 


480 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


SI  OCCURRAT  EODEM  DIE 


Duplex  I  classis, 

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Duplex  II  classis, 

Duplex  per  annum  majus , 

Duplex  Doctoris  Ecclesiae, 

Duplex  per  annum  minus, 

Dies  intVa  Octavam, 

Dies  Octava, 

Semiduplex , 

Simplcx , 

S.  Maria  in  Sabbato, 

Feria  major. 

Vi^ilia, 

1.  Translatio  de  primo,  Of- 
licium  de  secundo. 

2.  Officium  de  primo,  Trans- 
latio de  secundo. 

3.  Commem.de  primo,  Offi- 
cium  de  secundo. 

4.  Officium  de  primo,  Com- 
mem.  de  secundo. 

5.  Nihil  de  primo,  Officium 

de  secundo. 

6.  Officium  de  primo,  nihil 

de  secundo. 

7.  Officium     de     digniori  , 
Commem.  de  minus  di- 

KHO. 

8.  Officium     de     dig^niori, 
Translatio  de  minus  di- 

fino. 

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1.  Notandum,  quod  Duplex  quodcumque,  etiam  Patroni  et  Tituli 
Ecclesiœ,  vel  Dedicationis  ejusdem,  occurrens  in  Vigilia  Nativitatis 
Domini  et  Pentecostes,  in  die  Circumcisionis  ,  in  die  Octava  Epi- 
phanise,  in  Feria  quarta  Cinerum,  ac  in  tota  majori  Hebdomada,  et 
infra  Octavam  Paschse  et  Pentecostes,  in  Asccnsione  Domini,  in 
Festo  Corporis  Christi,  in  Festis  Immaculatœ  Conceptionis,  Annun- 
tiationis,  et  Assumptionis  B.  M.  V.,  in  Nativitate  sancti  Joannis 
Baptistœ,  in  Festo  S.  Joseph,  SS.  Apostolorum  Pétri  et  Pauli,  et 
Omnium  Sanctorum,  transfertur,  si  transferri  valeat,  aliter  de  co  fit 
Commomoralio  ipso  die  quo  cadit,  vel  penitus  omittitur,  ut  ponitur 
in  propriis  Rubricis. 

2.  Infra  Octavam  Epiphanise  fit  tantum  de  Duplicibus  primae 
classis  occurrentibus  cum  Commemoratione  Octavse.  Alia  F"esta 
novem  Lectionum  in  prima  die  libéra  post  Octavam  perpetuo 


APPENDICE  V  481 

celebrantur  :  de  Simplicibus  vero  fit  tantum  Commemoratio , 
ut  supra. 

3.  Infra  Octavam  Corporis  Christi,  de  Semiduplici  occurrente  fit 
tantum  Commemoratio,  neque  fît  de  Duplici  translate,  nisi  sit  priraœ 
vel  secundœ  classis,  et  de  ea,  quocumque  adveniente  Duplici,  fît 
Commemoratio. 

4.  Infra  illas  Octavas,  in  quibus  fit  de  Festis  occurrentibus,  de 
Semiduplici  occurrente  in  Dominica,  fit  Commemoratio,  uti  alias 
juxta  Rubricas. 

5.  De  Octava  Nativitatis  Domini,  Epiphaniîe,  et  Corporis  Cbristi, 
semper  fit  Commemoratio,  quocumque  Festo  in  illis  occurrente. 

6.  De  aliis  Octavis,  quse  non  sunt  in  Kalendario,  nihil  fit  a  Feria 
quarta  Cinerum  usque  ad  Dominicam  in  Albis,  et  a  Vigiiia  Pente- 
costes  usque  ad  Festuni  Sanctissimae  Trinitatis  inclusive,  et  a 
die  17  Decembris  usque  ad  Epiphaniam. 

7.  Dies  Octavas  numquam  transfertur  :  ideo  quamquam  Nativitas 
S.  Joannis  Baptistse  occurrens  in  die  Corporis  Christi,  transfera tur 
in  diem  sequentem  ;  non  tamen  transfertur  Octava,  sed  de  ea  fit  tan- 
tum Commemoratio  in  Officio  de  Octava  Corporis  Christi. 

8.  Si  accidat  ut  Patronus  loci,  vel  Titulus  Ecclesiœ  descriptus  sit 
eodem  die  in  Kalendario  cum  aliis  Sanctis,  qui  separari  queunt, 
in  ea  Ecclesia,  vel  in  loco,  fit  tantum  de  Titulari,  vel  Patrono.  Alii 
si  in  dicto  Kalendario  descripti  sint  sub  ritu  Duplici  majori,  vel 
minori,  aut  Semiduplici,  transferuntur  perpetuo  in  diem  primam 
liberam,  et  de  eis  fiât  Officium  Semiduplex.  Si  vero  sint  ex 
Duplicibusi.  aut  n.  classis,  similiter  in  diem  primam  liberam 
perpetuo  transferantur,  et  de  eis  fiât  Officium  sub  eodem 
ritu,  ac  si  propria  die  celebrarentur.  Si  autem  in  Kalendario 
omnes  sint  tamquam  Festum  simplex,  de  eis  nihil  fit. 

9.  De  Feriis  Adventus  et  Quadragesimœ,  quando  de  eis  non  fît 
Offîcium  ,  fît  Commemoratio  in  utrisque  Vesperis,  et  Laudibus  cujus- 
cumque  Festi  :  de  Quatuor  Temporibus,  et  Feria  secunda  Rogatio- 
num,  ac  Vigiliis,  in  Laudibus  tantum.  Si  vero  aliqua  Vigiiia  occurrat 
in  Adventu,  Quadragesima,  et  Quatuor  Temporibus,  vel  in  diebus 
Festorum  duplicium  primœ  classis,  sive  Patroni,  vel  Tituli,  aut 
Dedicationis  Ecclesise,  de  ea  nihil  fît,  nec  etiam  in  Laudibus. 


Brév.,  t.  II.  31 


482 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


QUANDO  CONCURRIT 


Domin.  i  et  ii  classis, 

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Dominica  per  annum , 

Duplex  I  classis, 

Duplex  II  classis, 

Patronus,  scu  Tit.  Ecclesia;, 

Duplex  per  annum  niajus, 

Duplex  per  annum  minus, 

Semiduplex, 

Dies  Octava, 

Dies  infra  Octa^■am, 

1.  Totum  de  sequenti,  nihil  de  procè- 
de nti. 

2.  Tolum  de  praecedenti,  nihil  de  se- 
quenti. 

3.  Totum  de  sequenti,  Commemoratio 
de  prœcedenti. 

4.  Totum  de  praecedenti,  Commemora- 

tio de  sequenti. 

5.  Capitulum  de  sequenti,  Commemo- 
ratio de  praecedenti. 

Tolum  de  dijjniori ,  Commem.  de  minus 
digno,  in  paritate  dignitatis,  a  Ca- 
pitulo  de  seq. 

Simplcx,  et  S.  Maria  in  Sabbato,  Fe- 
ria  et  Vipilia  non  concurrunt. 

1.  Notandum,  quotl  in  priniis  Vesperis  diei  Octavee  Ascensionis  et 
Corporis  Chrisli ,  aliorumquè  Festorum  primariorum  Domiui, 
tolum  Officium  fit  de  Octava,  cum  Commemoratione  prœcedentis 
Fosti  duplicis,  nisi  fuerit  Festum  solemne  principale,  aut  primée  vcl 
secundse  classis;  quia  tune  de  Festo  fieret  Officium,  et  Commemo- 
ratio de  Octava. 

2.  In  secundis  Vesperis  diei  Octavœ  Festorum  Domiui,  si  pri- 
maria  fuerint  et  solemniora,  uti  Epiphania^,  Paschaj,  Ascensionis, 
aliorumquè,  de  sequenti  Duplici,  si  concurrat,  fit  tantum  Comme- 
moratio, nisi  hoc  fuerit  primée  vel  secundae  classis;  quia  tune  de 
eo  fieret  Officium,  et  de  Octava  Commemoratio.  Die  Octava  Corporis 
Christi  in  secundis  Vesperis  nuUa  fit  Commemoratio  sequentis 
Duplicis  (  Sacratissimi  Cordis  Jesu),  nisi  concurrat  cum  die 
Octava  S.  Joannis  Baptista?,  et  tunc  Vesperai  erunt  de  Octava  Cor- 
poris Christi ,  cum  Commemoratione  Octavte  S.  Joannis. 

3.  Diebus  Octavis  Festorum  primariorum  B.  Marias  V., 
etiam  particularibus  alicujus  Religionis,  Angelorum , 
S.  Joannis  Baptistae,  S.  Joseph  et  Sanctorum  Apostolorum 


APPENDICE  V  483 

de  praecedenti ,  vel  sequenti  Duplici  minori  fit  tantum  Com- 
memoratio. 

4.  In  secundis  Vesperis  Duplicis  primfe  classis  fit  Commemoratio 
de  Festis  duplicibus  et  semiduplicibus  reductis  ad  modum  Simplicis 
tantummodo,  sihujusmodi  Commemoratio  facienda  sit  die  sequenti. 
In  Duplicibus  lamen  secundae  classis  de  dictis  Festis  fit  Commemo- 
ratio in  utrisque  Vesperis  ad  instar  Octavae  et  Dominicae,  uti 
in  Rubricis  generalibus  de  Commemorationibus  dictum  est; 
non  fit  vero  Commemoratio  de  die  infra  Octavam ,  nisi  quando  de  ea 
fieri  debeat  Officium  die  sequenti. 

b.  Cum  plures  ûunt  Commemorationes,  servetur  hic  ordo  :  Post 
Orationem  Officii  currentis,  1.  de  Dominica  privilegiata , 
2.  de  die  Octava,  3.  de  Duplici  majori,  4.  de  Duplici  minori 
ad  instar  Simplicium  redactis,  5.  de  Dominica  communi, 
6.  de  die  infra  Octavam  Corporis  Christi,  7.  de  Semiduplici, 
8.  de  die  infra  Octavam  communem  ad  simplicem  ritum 
pariter  redactis,  9.  de  Feria  majori  vel  Vigilia,  10.  de 
Simplici. 


ADDENDA  ET  VARIANDA 

IN    RUBRICIS    SPECIALIBUS    BREVIARII    ROMANI 


1. 


AD    CALCEM    FERIEE    II    AD    LAUDES 


Deinde  dicitur  Oratio  propria. 
Et  quando  in  feriali  Officio  fiunt 
Commemorationes  communes  de 
S.  Maria,  de  S.  Joseph,  de  Apo- 
stolis  et  de  Pace,  ante  eas  tam  in 
Laudibus  quam  in  Vesperis  fit 
sequens,  etc. 


Deinde  dicitur  Oralio  propria. 
Et  quando  in  feriali  Oflicio  fiunt 
Commemorationes  communes  de 
S.  Maria,  de  S.  Joseph,  de  Apo- 
stolis,  de  Titulo  et  de  Pace,  ante 
eas  tam  in  Laudibus  quam  in 
Vesperis  fît  sequens,  etc. 


DIE    28    DECEMBRIS 
IN    FESTO    SS.    INNOCENTIUM    MM. 


Si  Festum  S.  Thomae  impedia- 
tur  a  Dominica,  celebratur  eo 
anno  Feria  secunda  insequenti 
lamquam  in  sede  propria,  et  in 
Sabbato  post  Orationem  SS.  Inno- 
centium  dicitur  Ant.,  f.  et  Oratio 
Dominicse,  quœ  paulo  infra  habe- 
tur.  Deinde  fit  Commemoratio 
Octavarum  :  et  in  II  Vesperis 
Dominicse  fit  Commemoratio  S. 
Thomae  et  Octavarum. 

In  II  Vesperis  S.  Thomae  An- 
tiphonse  et  Psalmi  de  Nativitate 
quœ  duplicantur  ;  Capit.  et  alia 
de  S.  Silvestro  cum  Commemo- 
ratione  S.  Thomaj  et  Octavarum. 


Si  festum  S.  Thomaj  voneril  in 
Dominica,  tune  in  II  Vesperis 
SS.  Innocentium  fit  Comme- 
moratio S.  Thomae,  deinde 
Dominicse  (Ant.,  v.  et  Oratio 
ut  infra)  et  postea  fiunt  Com- 
memorationes Octavarum. 

Die  vero  Dominica  in  Offi- 
cio S.  Thomae  legitur  ix  Lectio 
de  Homilia,  et  in  Laudibus 
fit  Commemoratio  Dominicae 
ante  Commemorationes  Octa- 
varum. In  II  autem  Vesperis 
S.  Thomae  Antiphonae  et 
Psalmi  de  Nativitate  ritu 
duplici,  Capit.  et  reliqua  de 
S.  Thoma,  cum  Commemora- 
tionibus  Dominicae  et  Octa- 
varum. 


3. 


DOMINICA    INFRA    OCTAVAM    NATIVITATIS 


In    II    Vesperis    S.    Thomœ ,  [      In  II  Vesperis    S.   Thomae 
quando  non  venerit  in  Dominica,  |  omnia   dicuntur    sicut    in   II 


APPENDICE  V 


485 


Ant.  et  Ps.  de  Nativitate;  Capit. 
Fratres,  quanto  tempore,  ut  ad 
Laudes;  Hymnus  Jesu  Bedeinp- 
lor. 


Vesperis  diei  Nativitatis  ritu 
duplici,  Capit.  et  reliqua  de 
S.  Thoma.  Deinde  fit  Comme- 
moratio  Dominicae  et  quatuor 
Octavarum. 


4. 


IN    DIE    INFRA    OCTAVAM    NATIVITATIS 


Si  dies  post  Festum  S.  Thomse 
fuerit  Sabbatuni ,  Offîcium  fit  de 
Octava  Nativitatis,  hoc  modo  :  In 
II  Vesp.  S.  Tlîomse  omnia  dicun- 
tur  sicut  in  II  Vesp.  diei  Nativi- 
tatis ,  sed  non  duplicantur  Anti- 
phonœ;  et  post  Orationem  Nati- 
vitatis fit  Commem.  S.  Thomœ, 
deinde  S.  Stephani  et  aliarum 
Octavarum. 


Si  dies  post  Festum  S.  Thomae 
fuerit  Sabbatum,  Officium  fit  de 
Octava  Nativitatis  hoc  modo  :  In  II 
Vesperis  S.  Thomse  omnia  dicun- 
tur  sicut  in  II  Vesperis  diei  Na- 
tivitatis ritu  duplici  :  Capit.  et 
reliqua  de  S.  Thoma.  Deinde 
fit  Commemoratio  Octavae 
Nativitatis   et   aliarum   Octava- 


IN    EPIPIIANIA    DOiMINI 


Infra  Octavam  Ejjiphaniœ  si 
occurrat  Festum  duplex  ex  ma- 
joribus  vel  alicujus  Doctoris  Ec- 
clesise,  transfertur  post  Octavam, 
nisi  fuerit  Patroni  vel  Titularis 
Ecclesiœ  ,  vel  Dedicatio  ejusdem. 
De  aliis  vero  Duplicibus,  de  Se- 
miduplicibus  et  Simplicibus  fit 
Commemoratio    jiixta    Rubricas. 


Infra'  Octavam  Epiphanite  non 
fit  nisi  de  Duplicibus  primae 
classis  occurrentibus.  Alia 
Festa  novem  Lectionum  pri- 
ma die  libéra  post  dictam 
Octavam  perpetuo  celebran- 
tur.  De  Festis  vero  trium  Le- 
ctionum fit  tantum  Comme- 
moratio juxta  Rubricas. 


IN    DIE    OCTAVA    EPIPHANLE 


Si  Octava  Epiphanise  venerit 
in  Sabbato,  in  secundis  Vesperis 
Octavœ  fit  Commemoratio  Domi- 
nicse  II  post  Epiphaniam.  Quando 
autem  Septuagesima,  etc. 


Si  Octava  Epiphanie  occur- 
rerit  in  Sabbato,  secundae  Ve- 
sperae  erunt  de  Ssmo  Nomine 
Jesu,  cum  Commemoratione 
ejusdem  diei  Octavae  et  Do- 
minicae  II  post  Epiphaniam 
tantum.  Quando  autem  Septua- 
gesima ,  etc. 


Si  bac  die  et  in  aliis  Dominicis 
QuadragesimBP,  etc. 


DOMINICA    I    IN    QUADBAGESIMA 

Tota  expungatur. 


486 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


8. 


IN    FINE    DIEI    OCTAVE    ASCENSIONIS    DOMINI 


Si  vero  Feria  sexta  occurrat 
Festum  novem  Lectionum  fît  de 
Festo  cum  Commem.  Offîcii  ejus- 
dem  diei,  nisi  illud  Festum  fue- 
rit  ex  solemnioribus,  ut  dicitur 
in  Rubricis  de  Commemoratio- 
nibus. 


Si  vero  Feria  sexta  occurrat 
Festum  novem  Lectionum,  etiam 
translatum ,  fit  de  Presto  cum 
Commem.  Officii  ejusdem  diei, 
nisi  illud  Festum  fuerit  ex  solem- 
nioribus primae  classis;  tune 
enim  Commemoratio  Feriae 
semper  omittitur.  Si  autem 
fuerit  Duplex  secundae  clas- 
sis, fit  tantum  Commemoratio 
in  secundis  Vesperis. 


SABBATO    IN    VIGILIA    PENTECOSTES 


Ab  bac  die  usque  ad  Festum 
Trinitatis  inclusive,  si  occurrat 
Festum  duplex  ex  majoribus  vel 
alicujus  Doctoris  Ecclesiœ,  trans- 
fertur  post  praïdictum  Festum 
Trinitatis.  De  aliis  vero  Duplici- 
bus  et  de  Semiduplicibus  fit  tan- 
tum Commemoratio,  excepte  tri- 
duo  Pentecostes. 


10. 


Si  infra  Octavam  Pentecostes  , 
etc. 


Ab  bac  die  usque  ad  Festum 
Trinitatis  inclusive,  si  occurrat 
Festum  duplex  ex  majoribus  vel 
alicujus  Doctoris  Ecclesise,  trans- 
fertur  post  praedictum  Festum 
Trinitatis.  De  aliis  vero  Duplici- 
bus,  (le  Semiduplicilnis  ac  de 
Simplicibus  fit  tantum  Comme- 
moratio sine  ix  Lectione  (nisi 
sit  Vigilia  Pentecostes  in  qua 
dicitur)  excepto  triduo  Pente- 
costes. 


DOMINICA    PENTECOSTES 

Expungatur  intégra. 


H.  ANTE    FESTUM    CORPOIUS    CHBISTI  , 

SEU,    AD    CALCEM    RUBRIC^    POST    FERIAM    IV    INFHA    IIEBDOM.    I 
POST    OCTAV.    PENTECOSTES 


In  die  Octavœ  non  fit  nisi  de 
Nativitate  S.  Joannis,  et  de  Festo 
SS.  Apost.  Pétri  et  Pauli ,  vel  de 
alio  ex  solemnioribus,  si  occur- 
rant,  cum  Commémora tione  Octa- 
vse. 


Die  vero  Octava  non  fit  nisi 
de  Duplici  primae  classis  cum 
Commemoratione  ejusdem 
diei  Octavae;  et  II  Vesperae 
dicuntur  sine  uUa  Comme- 
moratione. 


APPENDICE  V 


487 


12. 


AD    CALCEM    DIEI     10    DECEMBRIS 

TERTIA    DIE    INFRA    OCTAVAM 

IMMACULAT.î:    COXCEPTIONIS    B.    MARI.Ï    V. 


Vesperae  a  Capit.  de  seq.  cum 
Commemoratione  Octavœ  et  Fe- 
riœ. 


Vesp.    de  seq.    cum   Comme- 
moratione Octavse  et  Feriee. 


13. 


AD    CALCEM  DIEI     i  1     DECEMBRIS 
S.    DAMASI    I    PAP.E    CONE. 


Vesperae  a  Capit.  de  Oct.  cum 
Commem.  S.  Damasi.  Ant.  Dum 
esset.  f.  Justum.  Postea  de  Feria. 


In  II  Vesp.  Ant.  Dum  esset. 
f.  Justum .  Commem.  Oct.  et  Fe- 
riae. 


14. 


AD    CALCEM    DIEI    13    DECEMBRIS 
IN    FESTO    S.    LUCI.E    VIRGINIS    ET    MARTYRIS 


Quando  Festum  S.   Luciae  in- 
cidit  in  Dom.  III  Adventus,  etc. 


Integra  expungatur. 


15. 


DIE     14    DECEMBRIS 

SEPTIMA    DIE    INFRA    OCTAVAM 

IMMACULAT-*;    CONCEPTIONIS    B.     MARLE    V. 


Statim  addatur  : 
Si  hodie  faciendum  sit  de 
aliquo  Duplici  minori  trans- 
late alicujus  Doctoris  Eccle- 
siae,  in  ejus  secundis  Vespe- 
ris  omnia  dicuntur  de  die 
Octava,  ut  in  primis  Vesperis 
Festi,  cum  Commemoratione 
praecedentis  et  Feriae,  nisi 
haec  dies  Octava  occurrerit  in 
Dominica,  tune  enim  Vespe- 
rae fiunt  de  Duplici  trans- 
late cum  Commemorationi- 
bus  Dominicae  et  diei  Octavae. 


16 


DOMINICA    II    POST    EPIPHANIAM 
IN  FESTO  SSMI    NOMINIS  JESU 

Duplex  2  classis. 

Occurrente    Dom.    Septuages.  |       Occurrente    Dominica    Septua- 
reponitur    hoc    Festum    in     die  |  gesimœ    reponitur    hoc    Festum 


488 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


28  Jan.  tamquam  in  sedem  pro- 
priam  (translate  quocumque  alio 
Feslo ,  si  alicubi  occurrat  et 
transferri  valeat,  nisi  sit  altioris 
ritus);  et  tune  legitur  nona  Le- 
ctio  de  S.  Agnete  secundo,  et  fit 
de  ea  Commem.  in  Laudibus 
tantum.  De  Festo  Duplici  mi- 
nori,  etc. 


in  die  28  Januarii,  tamquam  in 
sede  propria  (translate  quocum- 
que alio  Festo,  si  alicubi  occur- 
rat et  transferri  valeat ,  nisi  sit 
altioris  ritus,  aut  aequalis,  sed 
primarium)  et  tune  legitur  nona 
Lectio  de  S.  Agnete  secundo,  et 
fit  de  ea  Commemoratio  in  Lau- 
dibus tantum.  De  Festo  Duplici 
minori ,  etc. 


DIE    15    JANUARII 
s.    PAULI    PRIiMI    EREMIT.«:    CONF. 

posT  ORATiONEM  Intcrccssio  nos,  etc. 

Si  Festum  S.  Pauli  alia  die 
alicubi  colebrelur,  aut  si  de 
S.  Mauro  fiât  tantum  Comme- 
moratio in  Laudibus,  non  va- 
riantur  Ant  et  yy.,  sed  dicuntur 
ut  in  Communi. 


17. 


Sed  si  Festum  S.  Pauli  alia  die 
celebretur,  non  variantur  Ant. 
et  yjl'.,  sed  dicuntur  ut  in  eodem 
Communi. 


18. 


DIE    5    FEBRUARII 
s.    AGATHiE    VIRG.     ET    MART. 

Duplex. 


In  I  Vesp.  quando  dicuntur 
integrse,  Ant.  erunt  Quis  es  tu, 
cum  reliq.  de  Laudibus.  Ps. 
Dixll  Dominus ,  cum  reliq.  de 
Communi  Apost.  Capit.  de  Lau- 
dibus. 


In  I  Vesp.  quando  dicuntur 
integrœ,  Ant.  erunt  Quis  es  lu, 
cum  reliquis  de  Laudibus.  Psalmi 
Dixit  Dominus ,  cum  reliquis  ut 
in  I  Vesp.  de  Communi  Apost. 
Capit.  de  Laudibus. 


19. 


DIE    6    FEBRUARII 
AD    CALCEM    OFFICII    S.    TITI    EPISC.    CONF. 


Si  vero  hoc  Festum  alia  die 
celebretur  extra  Quadragesimam, 
et  in  illa  non  occurrat,  etc. 


Si  hoc  Festum  alicubi  alia 
die  celebretur  (extra  Quadra- 
gesimam), et  in  illa  non  occur- 
rat ,  etc. 


20. 


DIE    8    MARTII 
AD    CALCEM    OFFICII    S.    JOANNIS    DE    DEO    CONF. 


In  Quadragesima  Lectio  ix  de 
Homilia  Feriœ  occurrentis  et 
Comm.  in  Laudibus. 


In  Quadragesima  ix  Lectio  de 
Homilia  Feriae  occurrentis  et 
Commem.  in  Laudibus. 


APPENDICE  V 


489 


Vesp.  a    Capit.    de    seq.    cum 
Commem.  prsecedentis  et  Feriœ. 


21, 


s,    JOSEPH. 


In  I  Vesperis. 
Ant.  1.  Jacob  autem,  etc 


22. 


j  Si  hoc  Festum  occurrat  ante 
Feriam  IV  Cinerum,  vel  ali- 
cubi  celebretur  post  Pascha, 
neque  occurrat  cum  eo  Fe- 
stum Simplex  habens  Lectio- 
nem^  propriam,  nona  Lectio 
erit  :  Si  ergo  diligere,  ut  in 
eadem  Dominica  XVII  post 
Pentecosten. 

Vesp.   a    Capit.    de    seq.    cum 
Commem.  prsecedentis  et  Ferise. 


DIE     19    MABTII 
SPONSI    B.    MARI/K    VIRGIXIS  ,    CONF. 

Duplex    i  classis. 

Si  hoc  Festum,  occurrerit  in 
Dominica  Passionis,  transfe- 
rendum  erit  in  Feriam  secun- 
dam  immédiate  sequentem  : 
et  quoties  inciderit  in  Majo- 
rem  Hebdomadam,  reponen- 
dum  erit  in  Feria  quarta  post 
Dominicam  in  Albistamquam 
in  sede  propria. 

In  I  Vesperis. 
Ant.  1.  Jacob  autem,  etc. 


DIE    23    MARTII 
IN    ANNUNTIATIONE    B.    MARF^:    VIRGIXIS 

Duplex  primae  classis. 


Si  hoc  Festum  venerit  in  Do- 
minica privilegiata ,  transfereu- 
dum  erit  ad  Feriam  II  immédiate 
sequentem ,  translato  quocumque 
Festo  Duplici  etiam  sequalis,  non 
tamen  altioris  ritus.  De  Festo 
autem  Duplici  minori  (excepto 
Festo  alicujus  Doctoris  Ecclesise) 
vel  Semiduplici  occurrente  fit 
tantum  Commem.  in  utrisque 
Vesperis  et  Laudibus.  Si  vero 
occurrerit  in  Hebdomada  Majori 


Si  hoc  Festum  venerit  Fe- 
ria VI  in  Parasceve  vel  Sab- 
bato  Sancto,  transferendum 
erit  in  Feriam  II  post  Domi- 
nicam in  Albis  tamquam  in 
sedem  propriam,  intégra  cum 
solemnitate  ac  feriatione  et 
sine  Octava,  servato  tamen 
ritu  Paschali.  Si  vero  occur- 
rerit in  Dominica  Passionis, 
transferatur  in  Feriam  II 
immédiate  sequentem  :  quod 


490 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIllE 


vel  Paschali,  transferendum  erit 
(pari  cum  privilegio)  in  Feriam  II 
post  Dominicain  in  Albis,  servato 
ri  tu  Paschali. 


si  incidat  in  Hebdomadam 
Majorem  vel  Paschalem,  ad 
enuntiatam  Feriam  II  post 
Dominicam  in  Albis  amande- 
tur,  ac  nonnisi  Festo  primario 
ejusdem  ri  tus  occurrente  va- 
leat  impediri,  quo  in  casu 
in  sequentem  diem  similiter 
non  impeditam  transferatur. 


23. 


FERIA   VI  POST  DOMINICAM  PASSIONIS 
SEPTEM    DOLORUM    BEAT.E    MARIEE    VIRGINIS 

Duplex  majus. 


Si  in  hac  Feria  occurrerit  Fe- 
stum  altioris  ritus  seu  dignitatis, 
tune  Festum  Septem  Dolorum 
transferendum  erit  ad  Sabbatum 
immédiate  sequens,  quocumque 
Festo  etiam  sequalis  non  tamen 
altioris  ritus  seu  dignitatis  in  eo 
incidente  :  quod  si  transferri  ad 
Sabbatum  non  possit,  erit  omit- 
tendum. 


Si   omittendee  sint  primée 
sperae,  etc. 


Ve- 


Quando  Festum  Septem  Do- 
lorum B.  M.  V.  hac  Feria 
celebrari  nequit  ob  occursum 
alicujus  Festi  altioris  ritus, 
aut  aequalis  sed  primarii,  vel 
potioris  dig-nitatis,  transferen- 
dum est  in  Sabbatum  immédiate 
sequens,  simili  modo  non  im- 
peditum.  Quod  si  neque  in 
dicto  Sabbato  celebrari  po- 
tuerit,  eo  anno  omittatur. 

Si  omittendse  sint  primae  Ve- 
sperae,  etc. 


24. 


DIE    17    MAIl 
S.     PASCHALIS     BAYLON     CONF. 

Duplex. 

AD    CALCEM    VI    LECTIONIS 


Alexander  autem|octavus  sancto- 
rum  catalogo  adscripsit. 


Alexander  autem  octavus  sancto- 
rum  catalogo  adscripsit  :  tandem 
Léo  [decimustertius  peculia- 
rem  cœtuum  eucharistico- 
rum ,  item  societatum  om- 
nium, sive  quae  hactenus  in- 
stitut», sive  quae  in  posterum 
futurae  sunt,  Patronum  caele- 
stem  declaravit  et  constituit. 


APPENDICE  V 


491 


25. 


DIE    18    MAII 


S.    VENANTII     MARTYRIS 


Duplex. 


Omnia     de     Commun!     unius 
Mart.  praeter  seq. 

Si  hoc  Festum  alla  die  cele- 
brari  contigerit ,  et  in  I  Vespe- 
ris  non  sit  faciendum  a  Capitulo, 
tune  sequens  hymnus  Martyr 
Dei,  dicendus  erit  ad  Matutinum 
conjunctim  cum  alio  hymno 
Athleta  Christi,  sub  una  conclu- 
sione  Sit  lauè  Patri.  Alias  dicatur 
prout  infra  positum  est. 
In  I  Vesperis. 
Hymnus. 

Martyr  Dei  Venantius,  etc. 


Omnia  de  Communi  unius 
Mart.  prseter  seq. 

Si  hoc  Festum  in  utrisque 
Vesperis  habeat  solam  Com- 
memorationem,  tune  hymnus 
ad  primas  Vesperas  conjun- 
gitur  cum  hymno  ad  Matuti- 
num, cum  conclusione  .Si7  laus 
Patri.  Si  vero  intégras  habeat 
tantum  secundas  Vesperas, 
tune  hymnus  Martyr  Dei,  dici- 
tur  ad  Matutinum,  Athleta 
Christi,  ad  Laudes,  hymnus 
Dum  nocte,  dicitur  in  secundis 
Vesperis.  Alias  dicatur  uti  infra 
inscribitur. 

In  I  Vesperis. 
Hymnus. 

Martyr  Dei  Venantius ,  etc. 


26. 


DIE     19    MAII 

S.    PETRI    C^LESTINI    PAP.C    CONF. 

POST    IX    LECTIONEM    PRO    S.     PUDENTIANA 


Si  hoc  Festum  alia  die  cele- 
brari  contingat,  ix  Lectio  dici- 
tur Et  Paulus,  de  Communi 
Apostolorum  2"  loco,  ut  supra. 


Si  hoc  Festum  aUcubi  alia  die 
celebretur,  et  in  illa  non  oc- 
currat  Festum  simplex  ha- 
bens  Lectionem  propriam , 
Lectio  IX  erit  :  Et  Paulus,  de 
Communi  Apostolorum  secundo 
loco,  ut  supra. 


27.  DIE  27  juNii 

QUARTA    DIE    INFRA    OCTAVAM    NATIVITATIS    S.    J0.4NNIS 
POST    IX    LECTIONEM 

Vespera;  a  Capit.  de  seq.  cum  1       Vesperœ   de   seq.    cum   Com- 
Commem.  Oct.  S.  Joannis.  I  mem.  Oct.  S.  Joannis. 


492 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


28.  ANTE    DIEM 

Si  Commemoratio  S.  Pauli  ve- 
nerit  in  die  Octava  Corporis 
Christi,  extra  propriam  eccle- 
siam  transfertur  in  primam  diem 
infra  Octavam,  Dominica  vel 
Festo  non  impeditam  :  et  totum 
Offîcium  fit  ut  in  propria  eccle- 
sia. 

DIE    30    JUNII 
IN    COMMEM.    S.    PAULI    APOST. 

Duplex  majus. 


30  juNii 

Si  Commemoratio  S.  Pauli  ve- 
nerit  in  die  Octava  Corporis 
Christi  extra  propriam  ecclesiam, 
transfertur  juxta  Rubricas,  in 
primam  diem  liberam,  ac  totum 
Offîcium  fit  ut  in  propria  eccle- 
sia. 


DIE    30    JUNII 
IN    COMMEM.    s.     PAULI    APOST. 

Duplex  majus. 


29. 


DOMINICA    I    JULII 
PRETIOSISSIMI     SANGUINIS    D.    N.    J.    C. 

Duplex   2  classis. 


Si  hodie  occurrat  Festum  Vi- 
sitationis  B.  M.  V.  aut  aliud  Fe- 
stum œqualis  vcl  altioris  ritus,  de 
Pretiosissimo  Sanguine  fiet  prima 
die,  etc. 


Si  hodie  occurrat  Festum  Visi- 
tationis  B.  M.  V.,  vel  aliud  Fe- 
stum altioris  ritus,  aut  sequalis 
sed  primarium,  de  Pretiosis- 
simo Sanguine  fiet  prima  die,  etc. 


30. 


DIE    5    JULII 
S.     ANTONII     MARI.Ï:    ZACCARIA     CONF. 

Duplex. 

AD    CALCEM    OFFICII 


Vesp.    de    sequenti.    Com- 
mem.  praecedentis. 


31. 


DIE     6    JULII 

IN    OCTAVA    SS.    PETRI    ET    PAULI    APOST. 

POST  ANT.    AD   MAGNIFICAT   IN   II   VESP. 


Et  fit  Commem.  sequentis. 


32. 


DIE     /    JULII 
SS.    CVRILLI    ET    METHODII    PONTT.    ET    CONFF. 


Duplex. 

I      In  I  Vesp.,  quando   dicen- 

dae  sint,  hymn.  ut  ad  Matu- 

I  tinum,  V.  Saccrcloles  lui  induan- 


APPENDICE  V 


493 


I  tui'  justitiam.   û.    Et    Sancli    tui 
I  exsultent. 

AD  LAUDES,  posT  ORATioNEM  Omnipotens  sempiterne  Deus. 

In  II  Vesperis. 

Hymn.  ut  ad  Matutinum. 
y.  Sacerclotes  tui,  uti  supra  in 
Vesp. 

Ad  Magnif.  Ant.  Isti  sunt, 
viri  sancti,  facti  amici  Dei,  di- 
vinœ  veritatis  prœconio  gloriosi  : 
linguge  eorum  claves  ca^li  factse 
sunt. 

Oratio  ut  supra.  Deinde  fit 
Commem.  sequentis. 

33.  DIE    2    AUGUSTI 

s.    ALPHONSI    MARI^    DE    LIGORIO    EPISC,    CONF.    ET    ECCL.    DOCT. 

Duplex. 

POST    IX    LECT,    PRO    S.     STEPHANO    I    PAPA    MART. 


Si  hoc  Feslum  alla  die  cele- 
brari  contigerit,  ix  Lectio  erit  : 
Ilinc  nainque,  de  Homilia. 


Si  hoc  Festum  alicubi  aha  die 
celebretur,  et  in  ea  non  oc- 
currat  Simplex  habens  Le- 
ctionem  propriam,  ix  Lectio 
erit  :  Hinc  namque,  de  Communi 
Evangelistarum. 


34. 


DIE    8    SEPTEMBRIS 

IN    OFFICIO    NATIVITATIS    BEAT^    MARI.t:    VIRGINIS 

AD    LAUDES    POST    ORATIONEM    FamuHs  tuis. 


Deinde  fit  Commem.  S.  Adriani 
Mart.  hoc  loco  tantum,  etc. 

Oratio. 
Prsesta,  qusesumas ,  omnipotens 
Deus  :  ut  qui  heati  Adriani  Mar- 
tyris  tui,  etc.    . 

35. 


Deinde    fit   Commem.    S.  Ha- 
driani  Mart.  hoc  loco  tantum,  etc. 

Oratio. 
Prœsta,  quœsumus,  omnipotens 
Deus  :  ut    qui   beati   Hadriani 
Martyris  tui,  etc. 


DOMINICA    III    SEPTEMBRIS 
SEPTEM    DOLORUM    B.    MARLE    VIRGIMS 

Duplex  majus. 
Si  in  Dom.  III  Septemhr.  oc-  i       Impedita  Dominica  III  Se- 
currat  aliud  Festum  sive  B.  M.  V.  |  ptembris  ob  occursum  Festi 


494 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


sive  allions  ritus  vel  dies  Octava 
Festi  quod  alicubi  solemne  sit, 
Festum  Septeni  Dolorum  aman- 
datur  ad  Dom.  IV  Septembr.  et 
hac  etiam  ut  supra  impedita,  ad 
proximiorem  Dom.  a  prsedictis 
Festis  liberam.  Quod  si  usque  ad 
Adventum ,  etc. 


Duplicis  1  vel  2  classis,  vel 
alicujus  diei  Octavae,  vel  Du- 
plicis majoris  primarii,  vel 
potioris  dig-nitatis,  Festum 
Septem  Dolorum  B.  M.  V. 
transfertur  in  proximiorem 
sequentem  Dominicam, simili 
m^odo  non  impeditam.  Quod  si 
usque  ad  Adventum,  etc. 


36.  DIE     16    SEPTEMBRIS 

s.     CORNELII     PAP^    ET    CYPRIANI    EPISC,    MARTYRUM 

Semiduplex. 

POST    ORATIONEM    PRO    SS.     EUPHEMIA  ,    LUCIA    ET    GEMINIANO    MM. 


Si  Festum  SS.  Cornelii  et  Cy- 
priani  venerit  in  Dominica,  fit 
Officium  de  Dominica  cum  Com- 
memoratione  eorumdem  in  utris- 
que  Vesperis  et  Laudibus  et  ix 
Lectione  historica  (ex  tribus  una) 
atque  Commemoratione  Ss.  Eu- 
phemiœ ,  Lucise  et  Geminiani 
Martyrum  in  I  Vesperis  et  Lau- 
dibus, omissa  Lectione. 

In  I  Nocturno  Lectiones,  etc. 


Si  Festum  SS.  Cornelii  et  Cy- 
priani  occurrerit  in  Dominica , 
fit  Officium  de  Festo  Septem 
Dolorum  B.  M.  V.,  cum  ix 
Lectione  de  Homilia  et  Com- 
memoratione Dominicae,  ac 
SS.  Martyrum  Pontificum  in 
utrisque  Vesperis  et  Laudi- 
bus, necnon  SS.  Euphemiae, 
Luciae  et  Geminiani  Mm.  in 
I  Vesp.  et  Laud.  tantum. 

In  I  Nocturno  Lectiones,  etc. 


37.  DIE    17    SEPTEMBRIS 

AD    CALCEM    OFFICII    IMPRESSIONIS    SACRORUM    STIGMATUM 
IN    CORPORE    S.    FRANCISCI    CONF. 

cum  I      Vesp.  de  sequenti,  cumCom- 


Vesp.    a   Capit.    de    seq 
Commem.  prœcedentis. 


mem.  praecedentis. 


38. 


DOMINICA    I    OCTOBRIS 
IN    SOLEMNITATE    SSMI    ROSARII    B.     MARIEE    VIRG. 

Duplex  2  classis. 


In  I  Vesperis. 
Ant.  1.  Qua?  est  ista,  etc. 


Si  hoc  Festum  alicubi  non 
habeat  primas  Vesperas , 
Hymnus  Cœlcslis  nulœ,  conjun- 
gitur  cum  Hymno  In  monte 
olivis,  ad  Matutinum. 
In  I  Vesperis. 

Ant.  1.  Quœ  est  ista,  etc. 


APPENDICE  V  495 


39,  DIE    8    NOVEMBRIS 

IN     OCTAVA     OMXIUM     SANCTORUM 
POST  RUBRICAM   DE   LAUDIBUS 


Vesp.  a  Capit.  de  seq.  cum 
Commem.  Oct.  et  S.  Theodori 
Mart. 


Vesp.  de  sequenti,  cum 
Commem.  praecedentis,  ac  S. 
Theodori  Mart. 


40.  DIE    9    NOVEMBRIS 

IN    DEDICATIONE    ARCHIBASILIC/E    SSMI    SALVATORIS 

Duplex  majus. 

POST    RUBRICAM    DE    LAUDIBUS 


Vesp.  a  Capit.  de  seq.  cum 
Commem.  praec,  ac  SS.  Mm.  Try- 
phonis  et  Sociorum. 


In   II   Vesp.  Commem.   se- 

quentis,  ac  SS.  Mm.  Tryphonis 
et  Sociorum. 


DIE     18    NOVEMBRIS 
IN    DEDICATIONE    BASILICARUM    SS.    APOSTOLORUM    PETRI    ET    PAULI 

Duplex  majus. 

POST     LECTIONEM     IX 


Vesperse  a  Capit.  de  seq.  cum 
Commem.  praec,  ac  S.  Pontiani 
Papae,  Mart. 


In   II  Vesp.  Commem.  se- 

quentis,  ac  S,  Pontiani  Papae, 
Mart. 


INTER  OFFICIA  PROPRIA  PRO  ALIQUIRUS  LOGIS 

SEU    IN   APPENDICE    BREVIARII   ROMAM 

DOMINICA    II    OCTOBRIS 

MATERNIT.\TIS     B.    MARI.t;     VIRG. 

AD     MATUTINUM 

HYMNUS 

Gœlo  Redemptor  prsetulit 
Felicis  alvum  Virginis, 
Ubi  caduca  membra 
Mortale  corpus  induit,  etc. 


Caelo  Redemptor  praetulit 
Felicis  alvum  Virginis, 
Ubi  futura  victima 

Mortale  corpus  induit,  etc. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES^ 


Abailard,  t.  ii,  p.  5,  6,  18. 

Abdon,  saint  (f.  )>  t-  'i  P-  9^1   417; 

(ofî.),  t.  II,  p.  179,  182,  282. 
Absolutions,  t.  i,  p.  386  sq. 
Accursio  (Messer),  t.  ii,  p.  172. 
Achatius  et  Barbon,  saints  (f.),  t.  ii, 

p.  79. 
Achelis  (Ilans],  t.  i,  p.  70,  125. 
Achillée,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179, 183. 
Acontus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Acta  ou   Vil3£  (lecture   des),    t.   i, 

p.  397. 
Actes  des  Martyrs,  t.  i,  p.  77  sq. 
Ad  initium  noctis,  t.  i,  p.  240. 
Ad  meridiem,  t.  i,  p.  26. 
Ad  nocturnum,  t.  i,  p.  240. 
Ad  secundam,  t.  i,  p.  240. 
Adalbert,  saint  (ofF.),  t.  ii,  p.  418. 
Adémar  de  Chabannes,  t.  i,  p.  342. 
Adrien,  M.  (f.),  t.  i,  p.  417;  (off.), 

t.  II,  p.  180,  182,  493. 
Adrien  ou  Hadrien  !«',  pape,  t.  i, 

p.  300,  n.  2,  305,  310,  402,  417. 
Adrien  ou  Hadrien  H,  t.  i,  p.  300, 

n.  2,  3J3,  337. 
Adrien,  chantre,  t.  i,  p.  325. 
Aedde,  t.  i,  p.  322. 
Aeonan,  t.  i,  p.  322. 
.iEgidius,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  70. 
Aelsinus,  O.  S.  B.,  t.  ii,  p.  38,  n.  2. 
yEterne  rerum  conditor  (H.),  t.  i, 

p.  370. 
Agapit,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95,  417  ; 

(off.),  t.  Il,  p.  182,  282. 
Agathe,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  179, 

181,  216,  282,  355,   395,  405,  488. 


Agathon,  pape,  t.  i,  p.  323,  352. 

Agaune  (conc),  t.  i,  p.  221. 

Agde  iconc),  t.  i,  p.  220;  t.  n,  p.  430. 

Agelli  (Ant.),  t.  ii,  p.  246,  259,  261. 

Agenda,  t.  i,  p.  2. 

Agimond,  t.  i,  p.  410. 

Agnès,   sainte  (f.),  t.  i,  p.  95,  273, 

417;  t.  II,  p.  156;  (off.),  t.  n,  p.  179, 

181,  182,  183,   190,  215,  279.  282. 

355,  395;    légende^,  t.  ii,  p.  1S7-188. 
Agnus  Dei,  t.  ii,  p.  268. 
Agobard,  t.  i,  p.  406. 
Agram  ;Brév.),  t.  ii,  p.  361. 
Aix  (coiïc),  t.  Il,  p.  221. 
Aix-la-Chapelle  (choral  d"),   t.  i, 

p.  331,  363  sq.,  378,  385;  (Brév.), 

t.  Il,  p.  341. 
Alain  de  Farfa,  t.  i.  p.  410. 
Alciati  iTerent.),  S.  J.,  t.  ii,  p.  287. 
Alcuin,  t.  I,  p.  427;  t.  ii,  p.  38. 
Alexandre,  saint,  3  mai  (off".),  t.  ii, 

p.  179,  181,  282,  299,  453. 
Alexandre,  saint,  10  juillet  ,'f.),  t.  i, 

p.  95,  417. 
Alexandre  H,  pape,  t.  i,  p.  350,  427; 

t.  II,  p.  60. 
Alexandre  HI,  t.  ii,  p.  389. 
Alexandre  VI,  t.  i,  p.  346. 
Alexandre  VH,  t.  ii,  p.  210,  295,  503. 
Alexandre  VIII,  t.  ii,  p.  297. 
Alexis,  saint  (f.;,  t.  ii,  p.  293,  297, 

384;  (off.),  t.  II,  p.  179, 182,  282,  283. 
Alléluia,  1. 1,  p.  67,  140,  175,  178,  225, 

248,  260. 
Allemagne  (liturgie  en),  t.  i,  p.  326; 

(synodes),  t.  i ,  p.  413-414;  (Brév. 

en),  t.  II,  p.  338-371;  (évêquesd'), 

t.  II,  p.  405. 


1  Abréviations  :  (card.)  =  cardinal;  (conc.)  =  concile;  (f.)  =  fêle;  (off.)  —  office; 
(H)  =  hymne. 


Brév.,  t.  II. 


32 


498 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


Allen  (Wilhelm),  t.  ii,  p.  259. 
Aima  redemptoris,  t.  i,  p.  375. 
Alphonse  de  Liguori,  saint  (f.),  t.  ii, 

p.  320,  412. 
Alphonse  VI  de  Castille,  t.  i,  p.  350. 
Amalaire,  t.  i,  p.  252,  305,  314-315, 

360,  368,   378,  386,  400  sq.  ;    t.    ii, 

p.  35,  431. 
Amalfi  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Amberger,  t.  i,  p.  34. 
Ambroise ,   saint,  et  le  chant,  t.   i, 

p.  471. 
Ambroise,  saint,  t.  i,  p.  189  sq.,  276, 

389;  t.  II,   p.  34,  429;  (ofT.),  t.  n, 

p.  178,  n.  2,  181,  267,  281,  298. 
Amhrosianum,  t.  i,  p.  247. 
Ambrosien  (rite),  t.  i,  p.  345;  t.  ii, 

p.  438,  442-448. 
Amburbalia,  t.  i,  p.  429. 
Amelius  (Pierre),  t.  n,  p.  92. 
Ameria  (conc),  t.  it,  p.  221. 
Ammien  (Marcellin),  t.  i,  p.  90. 
Amor  Jesii  dulc.  (H.),  t.  ii,  p.  219. 
Amphiloque  d'Iconiuni ,  t.  i,  p.  177. 
Amulius  (Ant.),  t.  ii,  p.  258. 
Anaclet,  pape  (oiT.),  t.  ii,  p.  179,  181, 

282,  283,  452. 
Anastase,  M.  (f.),  t.  i ,  p.  417;  t.  ii, 

p.  70;  (off.),  t.  Il,  p.  179,  182,  282. 
Anastase,  pape  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Ancina  (Juvénal),  t.  ii,  p.  247. 
Ancône  (conc),  t.  n,  p.  221. 
André,  vigile  (off.),  t.  ii,  p.  215;  An- 
dré, saint  (f.),  t.  I,  p.  273;  (off.), 

t.  II,  p.  181,  264,  265,  267,  280,  283, 

355,  394. 
André  Avellin,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  315, 

411. 
André  Gorsini,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  295, 

297,  315, 
André  de  Crète,  t.  i,  p.  181. 
Angèle  de  Mérici,  sainte  (f.),  t.  n, 

p.  411. 
Angelo  di  Costanzo  (fra),  t.  ii,  p.  211. 
Anges  gardiens  (f.),  t.  ii,  p.  232,  n.  2, 

277,  296,  309,  381,  416. 
Angilbert   de    Saint- Riquier,    t.    i, 

p.  365. 
Angleterre  (liturgie  en),  t.  i,  p.  322 

sq.;  t.  II,  p.  226. 
Anicet,  saint  (f.),  t.  i,  p.  92;  t.  ii, 

p.  384;(off.),  t.  Il,  p.  1 79, 182, 282, 453. 


Anne,  sainte  (f.),  t.  u,  p.  232,  n.  2, 

234,315,381,  413;  (off".),  t.  ii,  p.  218, 

405,  457. 
Année  chrétienne  (formation  de  1'), 

t.  i,  p.  6,  86. 
Anniversaire    des     Martyrs,     t.    i, 

p.  383. 
Annonciation  (f.),  t.  i ,  p.  277,  430; 

t.  Il,  p.  91,  385;  (oir.),  t.  ii,  p.  216, 

355,  395,  489-490. 
Anonyme  de  Saint-Gall,  1. 1,  p.  337  sq. 
Anonyme  de  Solesmes,  t.  ii,  p.  201, 

n.  l". 
Anschaire,  saint,  t.  i,  p.  378;  (off.), 

t.  II,  p.  418. 
Anselme,   saint   (f.),   t.    ii,   p.  302; 

(off.),  t.  II,  p.  312,  418. 
Anselme  d'Edmundsbury,  t.  ii,  p.  61. 
Antienne  (chant),  t.  i,   p.  173;  (de 

sancta  Cruce),  t.   i,  p.   374;  (de 

sancla  Maria),   t.   i,   p.  374;  (de 

Snnclo),  t.  I,  p.  374. 
Antiennes    [ad    Cantlcum    seu    ad 

Evangelium),  t.  i ,  p.  432-433;  (à 

la  sainte  Vierge),  t.  i,  p.  375;  t.  ii, 

p.  54;  (0),  t.  Il,  p.  138,  232,  n.  2. 
Antiphonaire,  t.  i,  p.  314,  400;  (chez 

les  Francs),  t.  i,  p.  414;  (de  Saint- 
Pierre),  t.  II,  p.  4. 
Antiphonarius,  t.  1,  p.  315. 
Antoine,  saint  (off.),  t.  n,  p.  179,  181, 

215. 
Antoine  de  Padoue,  saint  (f.),  t.  n, 

p.  251 ,  275,  296;(oft".),  t.  n,  p.l84,  216. 
Antonelli  (Nicolas,  cardinal),  t.  ii, 

p.  374  sq.,  390,  391. 
Antoniano  (Silvio),  t.  ii,  p.  245,  247, 

270. 
Anlonin,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  302,  320, 

381. 
Antonio,  t.  ii,  p.  271. 
Apollinaire,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  182, 

218,  282. 
Apollonie,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  179, 

181,  282. 
Apollonius,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Apostolique,  culte,  t.  i,  p.  54-58. 
Apôtres  (f.),  t.  I,  p.  91  sq.,  129  ;  t.  ii, 

p.  71,  364,  381,  386. 
Appendices,  t.  ii,  p.  425-495. 
Aquilce  (liturgie  d'),  t.  ii,  p.  227. 
Arbilh,  t.  i,  p.  50,  53. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


499 


Archéologie  (relative  au  Bréviaire). 

t.  I,  p.  20. 
Ariens,  t.  i,  p.  84. 
Ariston,  saint  (f.),  t.  i,  p.  96. 
Arnobe  le  Jeune,  t.  i,  p.  209. 
Arnon  de  Salzbourg,  t.  i,  p.  331. 
Arras  (Bréviaire  d';,  t.  ii,  p.  224. 
Arze  (Jean  d'),  t.  ii,  p.  95, 141  sq.,  151. 
Ascensio  lucernœ,  t.  i,  p.  242. 
Ascension  (vigile),  t.  i,  p.  166;  (f.), 

t.  I,  p.  88,  128,  129,  166,  168,  228, 

272;  (dimanche  dans  l'Octave^,  t.  ii, 

p.  455;   (Octave  et  vendredi  sui- 
vant), t.  Il,  p.  455,  486. 
Ascètes,  t.  I,  p.  103  sq. 
Assalbiti  (Pietro),  t.  ii,  p.  93. 
Assomption  (  vigile) ,  t.  ii,   p.  219; 

(f.),  t.  I,  p.  267,  272,  379;   (off.i, 

t.  II,  p.  279;  (Octave),  t.  ii,  p.  219, 

280,  379. 
Astérius,  saint  (ofF.),  t.  ii,  p.  184. 
Athanase ,  saint,  t.  i,  p.  114;  et  le 

chant,  t.  I,  p.  170,  175,  275;  (ofF.), 

t.  II,  p.  180,  181,  216,  282,  355. 
Athénogène,  saint,  t.  i,  p.  83. 
Auch  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Audi  bénigne  conditor,  t.  i,  p.  371. 
Audile,    cœli ,    quae    loquor ,    t.    i, 

p.  179. 
Augsbourg    (Bréviaire     d"),    t.    ii, 

p.  223,  361. 
Augustin,   saint,   t.  i,   p.   170,  196- 

197,  389;  (olT.),  t.  ii ,  p.  180,  181, 

219,  283. 
Augustin  de  Cantorbéry,  saint  (f.), 

t.  II,  p.  414;  (off.),  t.  II,  p.  418. 
Augustino  (Antonio),  t.  ii ,  p.  166. 
Aunarius    ou    Aunacharius,    t.    ii, 

p.  237. 
Aurea  luce  (H.),  t.  ii,  p.  217. 
Aurélien   d'Arles,    t.  i,  p.   215  |sq., 

384;  t.  Il,  p.  430. 
Austrulphe,  saint,  t.  i.  p.  329. 
Auxiliatrice,  Notre-Dame  (f.),  t.  ii, 

p.  320. 
Ave  Maria,  t.  ii ,  p.  134,  201-202. 
Ave  Begina  cselorum,  t.  i,  p.  375. 
Avent  (f.),  t.  i,  p.   90;  t.   i,   p.  266, 

n.  1,  371  ;  t.  ii,  p.  52,  53;  (rubriques 

de  1),  t.  II,  p..  156. 
Avignon  (conc),  t,  ii,  p.  221  ;  (papes 

à),  t.  II,  p.  87  sq. 


Azpilkueta  (Martin  de),  t.  n,  p.  140, 

141. 
Azzoguidi    (Antoine -Marie),    t.    ii, 

p.  374,  382  et  sq. 

B 

Bade  (Brév.  dans  le  duché  de),  t.  n, 

p.  367-368. 
Biihr,  t.  i,  p.  34. 
Bakasol,  t.  i,  p.  54. 
Balde  (Jacques),  t.  ii,  p.  121. 
Baldini  (François),  t.  n,  p.  374,  383, 

390,  391. 
Bâle  (conc),  t.  ii,  p.  107,  109. 
Baltimore  (conc),  t.  ii,  p.  408. 
Bandini  (J.-B.),  t.  n,  p.  270. 
Bangor    ( Antiphonaire    de),    t.    i, 

p.  189,  239  sq.  ;  t.  ii,  p.  431. 
Barbaro  (Francesco),  t.  ii,  p.  227. 
Barbe,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  385. 
Barbe   (Bréviaire   de  sainte),   t.  n, 

p.  231. 
Barbo  (Louis),  0.  S.  B.,  t.  ii,  p.  106, 
Barchmann  (  Corneille- Jean),  t.  n, 

p.  308. 
Bardenhewer,  t.  i,  p.  70. 
Bardesane,  t.  i,  p.  84,  174. 
Barnabe,  saint  (f.),  t.  n,  p.  275,  364, 

381,  386;  (  off.  ),  t.  ii ,  p.  180,  181, 

279,  282,  396. 
Baronius,  t.   i,  p.  93;  t.   ii,  p.  212, 

235,  245  sq.,  256,  270  sq.,  283, 
Barthélémy,  saint  (oiT.),  t,  n,  p.  181, 

283,  396;  (vigile),  t.  ii,  p.  219. 
Barthélémy  des  Martyrs  (  archev.  ), 

t.  II,  p.  226. 
Basile,  saint,  t.   i,   p.   S3,  115-121, 

175,    176,    177,   267;    (  ofT.  ) ,    t.   ii, 

p.  180,  181,  216,  282,  355. 
Basilide,  t.  i,  p.  90. 
Basilide  et  comp.,  saint  (ofT.),  t.  ii, 

p.  182. 
Basille,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  96. 
BatifFol  (Mar),  t.  i,  p.  vi,  ix,  70,  295- 

316,   351,   378  sq. ,   383   sq.  ;   t.  il, 

p.  3-7,  372-401,  452-460. 
Baudouin    de    Luxembourg,    t.    ii, 

p.  358. 
Baumstarck,  t.  i,  p.  89. 
Beata  nohis  gaudia  (H.),  t.  i,  p.  189. 
Bède,  vénér.,  t.  i,  p.  322;  (f.),  t.  ii, 

p.  417,  418. 


500 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Belgique,  t.  n,  p.  60,  337. 
Bellarmin,   card.,  t.  ii,  p.  212,  235, 

259,  261,  270,  274,  283. 
Bembo,  card.,  t.  ii,  p.  99,  115. 
Benedicamus  Domino,  t.  ii,  p.  80. 
Beneclicite,  omnia  opéra,  t.  i,  p.  179, 

184,  217,  230,  239;  t.  ii,  p.  28,  54. 
Bénédictins  (au  Latran),  t.  i,  p.  260 

sq.,   297  sq.,   310  sq.,  317   sq.,  322 

sq.;   t.  II,   p.  66  sq.,  105  sq.,   201, 

277  sq.,  311,  366,  418. 
Benedictio  cerei,  t.  i,  p.  242. 
Benedictio    sancti    Zachariœ,  t.    i, 

p.  239. 
Bénédiction  (avant  les  lectures),  t.  i, 

p.  384  sq.  ;  (du  vin  nouveau),  t.  i, 

p.  428. 
Bénédictions,  t.  i,  p.  217,  386  sq. ; 

t.  Il,  p.  135. 
Benedictus,  t.  i,  p.  3,  179,  239,  249, 

253,  432;  t.  ii,  p.  55,  79,  130. 
Bénévent  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Benigni  (Humberto),  t.  ii,  p.  419. 
Bennon,  saint  (ofF.),  t.  ii,  p.  309,  311. 
Benoit,  saint  (Règle),  t.  i,  p.  242  sq., 

279,  296  sq. ;   en  Angleterre,  t.  i, 

p.  351  sq.,  372,  373,  379,  382,  384, 

390,  391  sq.,  399,  431;  t.  ii,  p.  34; 

(f.),  t.  II,  p.  385,  416;  (ofT.),  t.  ii, 

p.  180,  181,  189,  216;  (patronage 

de)  (ofT.),  t.  II,  p.  418. 
Benoît  IX,  t.  i,  p.  408. 
Benoît  XIII  (antipape),  t.  ii,  p.  90. 
Benoît  XIII,  t.  ii,  p.  303-315. 
Benoît  XIV,  t.  ii,  p.  212,  249,  316, 

324,  325,  372-401. 
Benoît  Biscop,  saint,  t.  i,  p.  322  sq., 

352. 
Benoît  dAniane,  t.    i,  p.  364,  377; 

(off.),  t.  II,  p.  418. 
Benoît,  chanoine,  t.  i,  p.  409;  t.  ii, 

p.  18. 
Berdolet  (Marc- Antoine),  t.  ii,  p.  341. 
Bernard,  saint,  t.  ii,  p.  61,  62;  (f.), 

t.  II,  p.  320;  (off.),  t.  Il,  p.  180,  181, 

219,  282. 
Bernardin,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  71,  295, 

38i;  (off.),  t.  Il,  p.  184. 
Bernold  de  Constance,  t.  ii,  p.   1, 

15  sq.,  350. 
Bernon  de  Reichenau,  1. 1,  p.  408,  427. 
Bernried  (Paul  de),  t.  i,  p.  346. 


Berlin  (Mon.  de  Saint-),  t.  ii,  p.  146. 
Besançon  (Brév.),  t.  ii,  p.  224;  (conc), 

t.  II,  p.  221. 
Besozzi,  card.,  t.  ii,  p.  387. 
Bianchini,  t.  i,  p.  202. 
Biasca  (Missel  de),  t.  ii ,  p.  438-439. 
Bibiane,   sainte   (f.),    t.   ii,   p.   293, 

385;  (off.),  t.  H,  p.  184. 
Bihlia  Sixlina,  t.  ii,  p.  261. 
Bickell,  t.  I,  p.  76,  121,  125,  146,  274. 
Biraghi,  t.  i,  p.  196,  n.  3. 
Biscop  (Benoît),  cf.  Benoît. 
Bishop  (Edmond),  t.  i,  p.  407;  t.  ii, 

p.  15,  61. 
Bis  ternas  horas  explicans  (H.),  t.  i, 

p.  194. 
Biaise,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179,  181, 

216,  282,  396. 
Bois-le-Duc  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Bonaventure,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  173, 

252;  (off.),  t.  II,  p.  180,  181,  217. 
Boniface,  saint  M.,  14  mai  (f.),  t.  ii, 

p.  384;  (off.),  t.  II,  p.  179,  182,  216. 
Boniface,  saint,  d'Allemagne,  t.  i, 

p.  327,   365,  413,   430;   (f.),   t.   n, 

p.  412;  (off.),  t.  II,  p.  418. 
Boniface,  pape,  t.  i,  p.  300,  320. 
Boniface  II,  t.  i,  p.  246. 
Boniface  IV,  t.  i,  p.  275. 
Boniface  VIII,  t.  ii,  p.  71. 
Boniface  IX,  t.  ii,  p.  90,  109. 
Bordeaux  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Bordini  (Franc.),  t.  ii,  p.  271. 
Borromée  (  Frédéric ,  card.  ) ,   t.  ii , 

p.  261. 
Bossuet  (Jacques -Bénigne  ) ,    t.    ii, 

p.  307.  '    . 

Bouddhisme,  t.  i,  p.  33. 
Bouix,  t.  i,  p.  20. 
Bourges  (Brév.),  t.  ii,  p.  224  ;  (conc), 

t.  II,  p.  152. 
Bouvy,  O.  S.  A.,  t.  i,  p.  430. 
Braga  (Brév.),  t.  ii,  p.  226;  (conc), 

t.  I,  p.  223,  348;  t.  II,  p.  34. 
Brahmanisme,  t.  i,  p.  33. 
BrandadiCastigIione,card.,t.  i,p.346. 
Brendani  [Vila],  t.  i,  p.  238. 
Breslau  (conc),  t.  ii,  p.  221;  (Brév.), 

t.  II,  p.  361. 
Bréviaire  [Breviarium),  voir  Office 

divin;  (notion  et  contenu),   t.  i, 

p.  1;  (caractère),  p.  8;  (ses  rap- 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


501 


ports  avec  la  théologie  morale), 
p.  20;  (dans  le  sens  de  Directo- 
rium),  p.  208;  (dans  le  sens  de 
Ordo  officiorum  et  de  Plena- 
rium),  t.  II,  p.  47;  cf.  t.  ii,  p.  23, 
38,  108;  (la  signification  du  mot 
Bréviaire  dans  le  passé),  t.  ii, 
p.  425,  428;  (ambrosien),  t.  n , 
p.  228  sq.,  442-448;  (bénédictin), 
t.  Il,  p.  107,  277  sq.,  316,  418;  (de 
Sainte-Barbe),  t.  ii,  p.  231;  (de 
Clément  VIII),  t.  ii ,  p.  275;  (de 
Cologne),  t.  II,  p.  223  sq.,  338  sq., 
341  sq.  ;  (de  la  Curie),  t.  ii,  p.  24 
sq.,  38,  63-64,  68  sq.,  106;  [s.  Cru 
cis),  t.  II,  p.  126-149,  158;  [Euse- 
bianum),  t.  ii,  p.  232;  (de  Ferreri), 
t.  II,  p.  123-124;  (des  Francis- 
cains), t.  II,  p.  68;  (de  Miinster), 
t.  II,  p.  224,  349  sq.  ;  {Patriarchi- 
num\  t.  II,  p.  227;  (Romain,  Ro- 
manum  s.  Pianum),  t.  ii ,  p.  191- 
233;  (le  même  dans  différents 
pays),  t.  Il,  p.  221  sq.  ;  (en  Alle- 
magne), t.  II,  p.  223  sq.;  (en 
France),  t.  ii,  p.  224  sq.,  326  sq., 
330  sq.  ;  (  en  Angleterre  ) ,  t.  ii , 
p.  226;  (en  Italie),  t.  ii,  p.  221  sq., 
226  sq.  ;  (en  Portugal),  t.  ii,  p.  226  ; 
(dans  les  Ordres  religieu.\),  t.  ii, 
p.  222;  (réforme  du  Breviarium 
Pianum),  t.  ii,  p.  251  sq.;  (Bré- 
viaire des  Frères  Prêcheurs),  t.  ii, 
p.  65;  (de  Quignonez),  t.  ii,  p.  126- 
149;  (de  Trêves),  t.  ii ,  p.  224, 
357  sq.  ;  (  autres  Bréviaires  parti- 
culiers), t.  Il,  p.  92,  222  sq.,  326, 
329  sq.;  (Commission  du,  à  Trente), 
t. II, p.  160  sq.;(sousClément  VIII), 
t.  II,  p.  270  sq.  ;  (sous  Urbain  VIII), 
t.  II,  p.  284  sq.,  298  sq.  ;  (sous  Be- 
noît XIV),  t.  II,  p.  372  sq. 

Brice,  saint  (f.),  t.  i ,  p.  229;  (off.), 
t.  II.  p.  184. 

Brigitte,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  315. 

Bruno,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  296. 

Bruno  d'Asti,  t.  i,  p.  390. 

Bryennios,  t.  i,  p.  125. 

Burchard  (Jean),  t.  ii,  p.  111, 112, 196. 

Bursfeld,  t.  ii,  p.  106,  107. 

Butler  (Cutbert),    O.    S.    B.,    t.   i, 
p.  112,  n.  3. 


Gabrol  (Dom),  0.  S.  B.,  t.  i,  p.  93, 

115-168,174,  181  ;  t.  ii,  p.  403,  note. 
Cselestis    urhs    Jérusalem,     t.    ii, 

p.  291. 
Cserimoniale    episcoporum,     t.     ii, 

p.  315. 
Caetani  (  Jean),0.  S.  B.,  t.  ii,  p.  12,  n.  1. 
Caius,   pape  (f.),  t.  i,  p.  95;  (off.), 

t.  Il,  p.  179,  181,  282,  396,  453. 
Cajetan  (Aloys,  card.),  t.  ii,  p.  285, 

287. 
Calendrier  (philocalien),  t.  i,  p.  93- 

96,  269;  (de  Polemius  Silvius),  t.  i, 

p.  271;  (grégorien),  t.  ii,  p.  234. 
Calinio  (Murzio),  t.  ii,  p.  164. 
Calliste ,  pape,  t.  i,  p.  88;  (f.),  t.  i, 

p.  96;   t.   II,  ;p.  319;  (off.),  t.   ii, 

p.  179,  183,  189,  219,  283,  396,  411, 

453. 
Cali.xte  III,  t.  ii,  p.  72,  97,  109. 
Calocerius,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Cambrai  (conc),  t.  ii,  p.  152,  221. 
Camerarid,  t.  ii,  p.  69. 
Camille  de  Lellis,  saint  (f.),  t.  ii, 

p.  318;  (off.),  t.  Il,  p.  417. 
Canada  (  évêques  du),  t.  ii ,  p.  406. 
Candiotti  (Giulio),  t.  ii,  p.  209. 
Canisius  (Pierre),  t.  ii,  p.  146. 
Canon  Psalmorum,  t.  i,  p.  81. 
Canons  dllippolyte,  t.  i,  p.  69-74. 
Cantatorinm ,  t.  i,  p.  301,  305,  315. 
Cantemus  Domino,  t.  i,  p.  179,  217, 

239. 
Canticum  Bonifatii,  t.  i,  p.  365. 
Cantiques,  dans  l'office,  t.  i,  p.  178 

sq.,  227,  2.39,  248,  249;  t.  n,  p.  46. 
Cantilène  romaine,  t.  i,  p.  314. 
Cantilupe  (Walter),  t.  ii,  p.  68,  n.  3. 
Cantio  romana,  t.  i,  p.  304. 
Cantores,  t.  i,  p.  173. 
Cantus  [antiphonus],  t.  i,  p.  173; 

{directaneus ,  directus ,  in  direc- 

tum),  t.  I,  p.  176;  {responsorius), 

t.  I,  p.  172;  {tractus),  t.  i,  p.  175. 
Canut,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  296,  384. 
Capalti  (Mgr),  t.  ii,  p.  403  sq. 
Capella  {papalis),  t.  ii,  p.  2,  n.  2; 

[pontificia),  t.  ii,  p.  2,  n.  2. 
Capitella,  t.  i,  p.  217,  218,  230,  238, 

253,  374. 


502 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Capitellum,  t.  i,  p.  217. 

Capitula,  1. 1,  p.  371  sq.;  t.  ii,  p.  30, 279. 

Capitulaires,  t.  i,  p.  330  sq. 

Capucins,  t.  ii,  p.  222. 

Gara  cognatlo,  t.  i,  p.  95,  n.  1. 

Caraffa  (Ant.),  t.  ii,  p.  172,  258,  259, 

260. 
Caraffa  (J. -Pierre),  t.  ii,  p.  154  sq. 
Cardegna    (Bénédictins   de),    t.    ii, 

p.  2i9. 
Cardulus  (Jul.),  t.  ii,  p.  271. 
Carême,  t.  i,  p.  87,  159,  223,  426; 

(mardi  de  la  première  semaine  de), 

t.  II,  p.  454;   (1er  dimanche  de), 

t.  II,  p.  485. 
Carloman,  t.  i,  p.  413. 
Carmes  chaussés,  t.  i,  p.  363. 
Carolins  (Livres),  t.  i,  p.  329  sq. 
Carpophorus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Carthage  (conc),  t.  i,  p.  202. 
Casimir,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  277,  384. 
Cassien,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  385. 
Cassien  (Jean),  t.  i,  p.  136-150,  172, 

176,  209  sq.,  388;  t.  ii,  p.  430. 
Cassiodore,  t.  i,  p.  194,  257  sq.,  271; 

t.  Il,  p.  239. 
Catalenus,  abbé,  t.  i,  p.  320. 
Catherine,  sainte  (f.),  t.  ii,   p.  385; 

(off.),  t.  II,  p.  173, 179, 181,  220,  283. 
Catherine  de  Sienne  (f.),  t.  ii,  p.  96, 

275,  293,  296;  (oft'.),  t.  ii,  p.  288. 
Cantio  episcoporum,  t.  i,  p.  307  sq. 
Caylus  (Gabriel  de),  t.  ii,  p.  305.- 
Cécile,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  418;  t.  ii, 

p.  296;  (off.),  t.  II,  p.  83,  181,  220, 

283,  353,  395. 
Célestin  I",  saint,  t.  i,  p.  193,  203, 

204;  t.  II,  p.  430. 
Celse,  saint,  cf.  Nazaire. 
Cencius,  card.,  t.  ii,  p.  21. 
Céolfrid,  abbé,  t.  i,  p.  324,  325. 
Cérémonial  des  évoques,  t.  ii,  p.  111, 

112,  325. 
Césaire  d'Arles,  saint  (Règle),  t.  i, 

p.  215  sq.,  384;  t.   ii,  p.  430;  (f.), 

t.  II,  p.  103. 
Chaire  de  saint  Pierre  (f.),  t.  i,  p.  95, 

228;    t.    II,  p.   72,    158-159,    275, 

382,  385,  386;  (off.),  t.  ii ,  p.  182, 

215,  268,  279,  358,  395,  396,  457. 
Chandeleur  (f.),  t.  ii,  p.  90. 
Chanoines  réguliers,  t.  ii,  p.  222. 


Chant  dans  l'antiquité,  t.  i,  p.  169  sq. 
Chant  antiphoné,  t.  i,  p.  190  sq. 
Chants  farcis,  t.  i,  p.  420  sq. 
Charlemagne,  t.  i,  p.  335  sq.,  339  sq., 

345,  385,  414  ;  (f.),  t.  ii,  p.  345,  405. 
Charles  Borromée,  saint,  t.  i,  p.  88, 

346;  t.  II,   p.   145,   160,   162,   163, 

168,  221,   228;    (f.),  t.   il,   p.  277, 

294,  295. 
Charles  le  Gros,  t.  i ,  p.  338. 
Charles  IV  (empereur),  t.  i,  p.  346; 

t.  Il,  p.  72. 
Charles-Louis  d'Arles,  t.  ii,  p.  107. 
Chartres  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  224. 
Chine  (prière  en),  t.  i,  p.  33. 
Christ  (W.),  t.  I,  p.  171. 
Christe,  qui  lux  es  et  dies  (H.),  t.  i, 

p.  370;  t.  Il,  p.  37,  57. 
Christine,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  384. 
Christophe,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  384. 
Chrodegang,  saint,  t.  i,  p.  328,  359, 

361,  373,  379. 
Chrysanthe,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179, 

182. 
Chrysogone,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179, 

181. 
Chrysostome,    saint,    t.    i,    p.    113, 

131-135. 
Ciacomo  (Pierre),  t.  ii,  p.  245,  271. 
Ciconiolano  (Louis),  t.  ii,  p.  196. 
Circoncision,  t.  i,  p.  270;  t.  ii,  p.  378, 

386. 
Cisterciens,  t.  i,  p.  406,  427. 
Cithard,  t.  ii,  p.  160. 
Claire,  sainte  (f.),  t.  ii ,  p.  71,  295, 

296;  (off.),  t.  II,  p.  180,  181,  219, 

282,  300. 

Clamavi  ad  Dominum  de  ventre  in- 

feri  (cant.),  t.  i,  p.  179. 
Clarum   decus    ieiunii    (H.),    t.    i, 

p.  371;  t.  Il,  p.  37. 
Claudien  Mamert,  t.  i,  p.  238. 
Claudius,  saint  (f.),  t.  i,  p.  96. 
Clavius    (Christoph.  ),    S.   J. ,  t.   ii, 

p.  234. 
Clément  d'Alexandrie,  t.   i ,  p.   61- 

64,  84,  90,  177. 
Clément  de  Rome,  saint,  t.  i,  p.  55, 

177;   t.    II,   p.   240,   429,   432-433; 

(f.),  t.  I,  p.  92,  96,  417  ;  t.  ii,  p.  319  ; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  180,  181,  220, 

283,  355,  395,  453. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


503 


Clément  III,  t.  ii,  p.  21. 
Clément  VI,  t.  ii,  p.  72,  94. 
Clément  VII.  t.  ii ,  p.  117,  118,  125, 

153.  154. 
Clément  VIII,  t.  ii,  p.  210,249,261, 

270  sq. 
Clément  IX.  t.  ii.  p.  295. 
Clément  X,  t.  ii.  p.  296. 
Clément  XL  t.  ii,  p.  302,  406. 
Clément  XII,  t.  ii,  p.  315. 
Clément  XIII,  t.  ii,  p.  316. 
Clément  XIV,  t.  ii,  p.  318. 
Clément- Auguste  de  Bavière,  t.  ii , 

p.  351. 
Clepsydre,  t.  i,  p.  25,  27. 
Clercs  réguliers,  t.  ii,  p.  222. 
Clerici  (Paolo),  t.  ii,  p.  174. 
Clet,  saint  (off.),  t.  ii.  p.  179,  181, 

216,  282,  396,  416,  453. 
Cloveshoe  (conc.],  t.  i,  p.  325;  t.  ii, 

p.  242,  431. 
Cluny  (Coutumes  de  ,  t.  i.  p.  413. 
Cœur  de  Jésus    f.\  t.  ii,  p.  316-31S, 

411,  417;  (ofF.;,  t.  ii,  p.  416,  457. 
Cœur  de  Marie  (f.),  t.  ii,  p.  319. 
Cointha,  sainte  (ofî.),  t.  ii,  p.  184. 
Coislin  (Charles  de),  t.  ii,  p.  306. 
Colbert  (  Charles  -  Joachim  ) ,    t.   ii, 

p.  306. 
Colbert  (Brév.  de;,  t.  ii,  p.  148,  n.  1. 
Collecta,  t.  I,  p.  2. 
Cologne  'Brév.  de),  t.  ii,  p.  223,  338 

sq.,  341  sq.  ;  (conc),  t.  n,  p.  152. 
Colomban,  saint  (Règle),  t.  i,  p.  236 

sq.  ;  t.  II,  p.  431. 
Colonna  (Marc- Ant. ,  card.) ,   t.   ii, 

p.  258,  261. 
Côme,  saint  (f.),   t.   i,  p.  384,  417; 

(off.),  t.  II,  p.  180,  181,  219. 
Côme  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  227. 
Cornes  (de  Pamelius),  t.  i,  p.  408. 
Commémoraison  ;'de  la  Vierge,,  t.  ii, 

p.  53,  54. 
Commemorationes  communes ,  t.  ii, 

p.  37,  463-465,  473.  Cf.  Suffrages. 
Commodien,  t.  i,  p.  84. 
Commun  des  Saints,  t.  ii ,  p.   205, 

396,  459-460. 
Completorium,  t.  i,  p.  24. 
Complies,  1. 1.  p.  135,  147-149, 183  (?), 

218,   2i0.   254   sq.,  362,   364,  379; 

t.  Il,  p.  55,  136,  156. 


Comput,  t.  I,  p.  28  sq. 

Conception  de  la  Vierge  (f.),  t.  i, 
p.  428;  t.  II,  p.  61-62,  380,  413; 
(off.),  t.  II,  p.  215,  355,  411,  456; 
(Octave),  t.  Il,  p.  232,  n.  2,  297, 
380,  456,  487. 

Conciles  (Synodes)  :  (Agaune),  t.  i, 
p.  221;  (Agde),  t.  i,  p.  220;  t.  n, 
p.  430;  (Aix),  t.  n,  p.  221;  (d'Al- 
lemagne), t.  I,  p.  413-414;  (Amal- 
fi),  t.  II,  p.  221;  (Ameria),  t.  n, 
p.  221;  (Ancône),  t.  ii,  p.  221; 
(Auch),  t.  II,  p.  221;  (Avignon), 
t.  II,  p.  221;  (Bâle),  t.  ii,  p.  107, 
109;  (Baltimore),  t.  ii,  p.  408; 
(Bénévent),  t.  ii ,  p.  221;  (Besan- 
çon), t.  II,  p.  221;  (Bois-le-Duc), 
t.  II,  p.  221;  (Bordeaux),  t.  ii, 
p.  221;  (Bourges),  t.  ii,  p.  152; 
Braga),  t.  i ,  p.  348;  t.  ii ,  p.  34; 
(Cambrai),  t.  ii,  p.  152,  221;  (Car- 
thage),  t.  I,  p.  202;  (Cloveshoe), 
t.  I,  p.  325;  t.  II,  p.  242,  431  ;  (Co- 
logne)^  t.  II,  p.  152;  (Constance), 
t.  II,  p.  106;  (Culm),  t.  ii,  p.  221; 
(Elvire),  t.  i,  p.  79;  (Embrun),  t.  ii, 
p.  221;  (Emerita),  t.  i,  p.  277; 
(Epaonc;,  t.  i,  p.  221;  (Florence), 
t.  II.  p.  221;  (Francfort),  t.  i, 
p.  350;  (Girone),  t.  i.  p.  221; 
(Gnesen),  t.  II,  p.  221;  (Hippone), 
t.  I,  p.  202,  383;  (  Latran  ) ,  t.  ii, 
p.  124  ;  Londres),  t.  ii, p.  61  ;  (Lyon), 
t.  II,  p.  379  ;  (Malines),  t.  ii,  p.  221  ; 
(Mayence).  t.  ii,  p.  152;  (Milan), 
t.  II,  p.  221;  (Milève),  t.  i,  p.  220; 
(Namur),  t.  ii,  p.  221;  (Nantes), 
t.  i,  p.  277;  (Naples),  t.  ii,  p.  221; 
(Xicée),  t.  i,  p.  87,  177;  (Olmiitz), 
t.  II,  p.  221;  (Orange),  t.  i,  p.  246; 
(Orléans),  t.  i,  p.  223;  (Pavie), 
t.  Il,  p.  221;  (Reims),  t.  ii,  p.  152, 
221;  (Rome),  t.  i ,  p.  201;  t.  ii , 
p.  14,  15,  16;  (Rouen),  t.  i,  p.  277; 
t.  II,  p.  221;  Salzbourg),  t.  ii, 
p.  152;  (San-Severino),  t.  ii,  p.  221: 
(Saragosse),  t.  i,  p.  90;  (Séligen- 
stadt),  t.  II,  p.  14;  (Sens),  t.  n, 
p.  152;  (Tarragone),  t.  i,  p.  220; 
t.  II,  p.  221  ;  (Tolède),  t.  i,  p.  188, 
19S,  275,  277,  278,  349;  t.  ii.  p.  34  ; 
(Tortose),  t.  ii,  p.  108;  (Toulouse), 


b04 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


t.  II,  p.  221;  (Tournay),  t.  ii , 
p.  221;  (Tours),  t.  i,  p.  225;  t.  ii, 
p.  34,  221;  (Trente),  t.  ii ,  p.  160 
sq.,  221;  (Trêves),  t.  ii,  p.  23,  68; 
(Tyrnau),  t.  ii,  p.  224;  (Urbino), 
t.  II,  p.  221;  (Vaison),  t.  i,  p.  221- 
222;  t.  II,  p.  430;  (Vannes),  t.  i, 
p.  219;  (Vatican),  t.  ii,  p.  404- 
408;  (Vienne  en  France),  t.  ii, 
p.  221;  (Whitby),  t.  i,  p.  322; 
(Ypres),  t.  II,  p.  221. 

Concubium,  t.  i,  p.  26. 

Concurrence  (des  officesl,  t.  ii,  p.  469- 
472. 

Conditor  aime  siderum  (H.),  t.  i, 
p.  371. 

Confiteor  tihi,  Dne,  quoniam  iraius 
es  (Gant.),  t.  i,  p.  179. 

Confileor,  t.  i,  p.  361,  362;  t.  ii, 
p.  134. 

Congrégation  (des  Rites),  t.  ii, 
p.  253. 

Conrad  (empereur),  t.  ii,  p.  10  sq. 

Constance  (Bréviaire  de),  t.  ii,  p.  224, 
361;  (conc),  t.  ii,  p.  106. 

Constantin  et  les  offices,  1. 1,  p.  81-82. 

Constitutions  apostoliques,  t.  i,p.l25- 
131;  t.  II,  p.  433-437. 

Cordes  (Eutibius),  O.  S.  B.,  t.  ii, 
p.  259. 

Corneille,  saint  (f.),  t.  i,  p.  92,  95, 
179,  181;  (ofT.),  t.  ii,  p.  219,  283. 

Corpus  Christ i,  t.  ii,  p.  71,  91. 

Cosmos  de  Majuma,  t.  i,  p.  181. 

Coulpes  (Chapitre  des),  t.  i,  p.  361. 

Couronne  d'épines  (o(T.),  t.  ii,  p.  84. 

Création  (  homme  représentant  de 
la),  t.  I,  p.  12. 

Credo,  t.  i,  p.  183,  362,  377,  416; 
t.  II,  p.  46,  55,  57,  134,  201,  202. 

Crepuseulum,  t.  i,  p.  26. 

Crescentianus ,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 

Croix  (fêtes  de  la),  t.  ii,  p.  156,  386. 

Croix  (cardinal  de  sainte),  cf.  Qui- 
gnonez. 

Culm  (conc),  t.  ii,  p.  221. 

Culte  (obligation  du),  t.  i,  p.  10; 
(fruits  du),  t.  I,  p.  14;  (ésotérique), 
t.  I,  p.  47  sq.  ;  (  exotérique  ) ,  t.  i, 
p.  47  sq. 

Cursus,  t.  i,  p.  2;  (bénédictin),  t.  i, 
p.  296  sq.  ;  (romain),  p.  296  sq. 


Curtio  de  Franchi,  t.  ii,  p.  171. 
Cuthbert,  saint,  t.  i,  p.  351  sq. 
Cycle  liturgique,  t.  ii,  p.  177. 
Cyprien,  saint,  t.   i,  p.   74-77,  92; 

(f.),  t.  I,  p.  95,  273;  (off.),  t.  ii, 

p.  179,  181,  219,  283. 
Cyprien  et  Justine,  saints  (f.),  t.  ii, 

p.  385;  (off.),  t.  II,  p.  180,  182,  283. 
Cyriaque,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95,  417. 
Cyriaque,  Largus  et  Smaragde,  saints 

(off.),  t.  II,  p.  219. 
Cyrille  d'Alexandrie,  saint  (f.),  t.  ii, 

V-  414. 
Cyrille  de  Jérusalem,  saint  (f.),  t.  ii, 

p.  414. 
Cyrille  et  Méthode,  saints  (f.),  t.  ii, 

p.  413,  417;  (off.),  t.  ii,  p.  492,  493. 

D 

Dalberg,  t.  ii,  p.  367. 

Damase,  saint,  t.  i ,  p.  178,  199  sq., 

320,  355;  (off.),  t.  ii ,  p.  179,  181, 

268,  281,  395,  453,  487. 
Damien,  saint  (f.),  t.  i,  p.  384,  417. 
David,  t.  I,  p.  21. 
De  média  nocte,  t.  i,  p.  25,  28. 
De  paupertatis   horreo  (H.),   t.   ii, 

p.  70. 
De  Virginitate  (les   Heures  d'après 

le),  t.  I,  p.  122,  123. 
Début  de  l'année  liturgique  dans  les 

manuscrits,  t.  i,  p.  424-425. 
Décrétâtes,  t.  i,  p.  307. 
Decretam  Gratiani,  t.  i,  p.  307, 
Dédicace  (f.),  t.  i,  p.  167,  168;  (off.), 

t.  II,  p.  459. 
Dédicaces  des  basiliques  romaines  , 

t.  I,  p.  269,  273,  274;  t.  ii ,  p.  70, 

181,  183,  220,  283,  382,  386;  (off.), 

t.  II,  p.  411,  495. 
Dei  fide  qua   vivimus   (H.),    t.    i, 

p.  370. 
Denys,  pape  (f.),  t.  i,  p.  94. 
Denys  et  ses  compagnons  (f.),  t.  ii, 

p.' 385;  (off'.),  t.  II,  p.  180,  181,  184, 

219,  283. 
Denys  d'Alexandrie,  t.  i,  p.  71. 
Denys  le  Petit,  t.  i,  p.  12i. 
Depositio  B.  M.   V.,  t.  i,  p.  270. 
Depositiones  episcoporum  urbis  Ro- 

mse,  t.  I.  p.  269. 
Dereser  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  362-365. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


SOS 


Deus   Creator  omnium    (H.),   t.   i, 

p.  194,  217,  370;  t.  ii,  p.  37. 
Deus   in  adiutorium,  t.   i,   p.    146, 

246,  361,  373,  374. 
Deus  qui  cerlis  legihus  (H.),  t.  i, 

p.  217. 
Didachè,  t.  i,  p.  60-61. 
Diego,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  251,  296,  385. 
Dies  (sa  signification),  t.  i,  p.  24. 
Dies  irœ,  t.  ii,  p.  69. 
Diluculum,  t.  I,  p.  26. 
Dimanche,  t.   i,  p.  48,  60,  86,  125, 
127,  136;  (office  du),  t.  ii,  p.  101, 
273,  295,  462. 
Dimanches  intercalaires,  t.  ii,  p.  204. 
Diodore,  t.  i,  p.  174,  177. 
Diognète  (Lettre  à),  t.  i,  p.  84. 
Directanei,  t.  i,  p.  218. 
Dirigere  (oraison),  t.  i,  p.  361. 
Docteurs  (f.),  t.  ii,  p.  71,  173. 
Doctor  egregie  (H.),  t.  xi,  p.  217. 
Doctrina  Apostolorum,  t.  i,  p.  56. 
Domenico     de     Domenichi,    t.     ii, 

p.  113. 
Domine,    audivi   auditionem    tuam 

(cant.),  t.  I,  p.  179. 
Domine,    labia    mea    aperies ,   t.   i, 

p.  246,  373. 
Domine,  quid  multiplicati sunl,  t.  i, 

p.  373. 
Dominicains,  t.  i,  p.  363;  t.  ii,  p.  55, 

66,  84,  108. 
Dominica  Indulgentise ,  t.  i ,  p.  425. 
Dominica  post  S.  Mariée,  t.  i,  p.  425. 
Dominicse  vagantes,  t.  ii,  p.  132. 
Dominicale,  t.  ii,  p.  134. 
Dominica  vacat,  t.  i,  p.  427. 
Dominique,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  416; 

(off.),  t.  II,  p.  180,  181,  218. 
Domitille,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  282. 
Donat,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179,183, 282. 
Donker    (François,    chan.  ) ,    t.    ii, 

p.  193. 
Dormants  (les  7),  (f.),  t.  i,  p.  274. 
Dormitio  B.  M.   V.  (f.),  t.  i,  p.  268, 

272,  430. 
Dorothée,  sainte  (f.),   t.  ii,   p.  381; 

(ofT.),  t.  Il,  p.  1S3,  282. 
Doubles,  fêtes,  t.  ii,  p.  31,  461. 
Doubles  majeurs,  t.  ii,  p.  274. 
Douleurs  (Mère  des)  (f.),  t.  ii,  p.  232, 
n.  2. 


Douleurs  (N.-D.des  sept)(f.),  t.  ii, 

p.  71,  109,  315,  319,  380,  384;  (off.), 

t.  II,  p.  79,  490,  493-494. 
Do.\ologic  (petite),  t.  i,  p.  177  sq., 

222,  276. 
Dreves,  S.  J.,  t.  i,  p.  171,  172;  t.  ii, 

p.  74  sq. 
Drogon  de  Metz,  t.  i,  p.  340. 
Droste  de  Vischering  (Clém.-Aug.), 

t.  II,  p.  345. 
Duchesne  (Mar).  t.  i,  p.  88,  89,  94, 

155-168,  199  sq.,  269;  t.  ii,  p.  419. 
Dunstan,  saint,  t.  i,  p.  364. 
Duodecima,  t.  i,  p.  24,  28,  217. 
Dupanloup  (Ma"-),  t.  ii,  p.  335. 
Durand  de  Mende,  t.  i,  p.  386. 
Durham  (Rituel  de),  t.  i,  p.  372. 

E 

Easton  (Adam,  card.),  t.  ii,  p.  77,  109. 

Ebers  (Georg.),  t.  i,  p.  32. 

Ecce  iam  noctis  (H.),  t.  i,  p.  370. 

Ecoles  (épiscopales),  t.  ii,  p.  65-67; 
(monastiques),  t.  ii,  p.  65-67. 

Edmond  de  Cantorbéry,  saint,  t.  ii, 
p.  38,  n.  2. 

Edouard  le  Confesseur,  saint  (f.  ), 
t.  II,  p.  297. 

Eglise  (ses  mandataires),  t.  i,  p.  15 
et  sq. 

Ego  dixi  :  In  dimidio  (  Cant.  ) ,  t.  i , 
p.  179. 

Egypte  (prière  en),  t.  i,  p.  32;  (of- 
fice chez  les  moines  d'),  t.  i,  p.  110 
sq. ,  138  -  141  ;  (  antipathie  des 
moines  d'Egypte  pour  les  cou- 
tumes romaines),  t.  i,  p.  236. 

Ehrle,  S.  J,  t.  ii,  p.  419. 

Ekkehard  IV,  t.  i,  p.  341. 

Eleuthère,  saint  (f.),  t.  i,  p.  92,  384; 
(off.),  t.  II,  p.  179,  183,  282. 

Elisabeth  de  Hongrie,  sainte  (f.), 
t.  II,  p.  296,  385;  (off.),  t.  n, 
p.  184. 

Elisabeth  de  Portugal,  sainte  (f.), 
t.  II,  p.  293,  303. 

Elvire  (conc),  t.  i,  p.  79. 

Embrun  (conc),  t.  ii,  p.  221. 

Emérentienne,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  384; 
(off.),  t.  n,  p.  179,  183. 

Emerita  (conc),  t.  i,  p.  277. 

Emetherius,  saint  (off'.),  t.  n,  p.  184. 


506 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Empire  franc  (liturgie  dans  Y),  t.  i, 

p.  327  sq. 
Epaone  (conc),  t.  i,  p.  221. 
Ephreih,  saint,  t.  i,  p.  112,  121,  189, 

275. 
Epimaque,  saint  (f.),   t.  i,  p.   417; 

(off.),  t.  II,  p.  180,  183,  282. 
Epiphane,  saint,  t.  i,  p.  113. 
Epiphanie,  t.  i,  p.  90,  129,  168,  272, 

426;  (vigile),  t.   ii,  p.  454;  (off.), 

t.  II,  p.  485;  (Octave),  t.  ii,  p.  485. 
Epître  aux  Matines,  t.  i,  p.  413. 
Epîtres  de  saint  Paul  comme  leçons, 

t.  I,  p.  409,  410,  412,  413. 
Erasme,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  70,  384; 

(ofï.),  t.  II,  p.  216,  282. 
Ernest  de  Bavière,  t.  ii,  p.  224. 
Erthal,  t.  ii,  p.  360. 
Esdras,  t.  i,  p.  21,  380. 
Ethéria,  t.  i,  p.  151. 
Etienne,  saint,  M.  (f.),  t.  i,  p.  129, 

267,  268,  273,  364,  386;  (off.),  t.  i, 

p.  93;  t.  Il,  p.  183;  (Octave)  (off.), 

t.  Il,  p.  215,   454;  (Invention  de 

saint)  (f.),  t.  II,  p.  385;  (off.),  t.  ii , 

p.  180,  182,  218,  300. 
Etienne,  saint,  pape  (f.),  t.  i,  p.  95; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  182,  282,  453,  493. 
Etienne  de  Hongrie,  saint  (f.),  t.  ii, 

p.  294,  297. 
Etienne  III,  pape,  t.  i,  p.  328. 
Etienne  de  Liège,  t.  i,  p.  427;  t.  ii, 

p.  60. 
Eugénie,  sainte  (Actes),  t.  i,  p.  77; 

(f.),  t.  i,  p.  417. 
Euphémie,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  180, 

183,  219,  300,  494. 
Eusèbe ,  saint,  pape  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Eusèbe  de  Verceil,   saint  (f.),  t.  ii, 

p.  275,  315,  385. 
Eusèbe  de  Césarée,  t.  i,  p.  79-81. 
Eustache,  saint  (f.),  t.  a,  p.  293,  296, 

3S5;  (off.),  t.  II,  p.  219. 
Eutychien,  saint,  pape  (f.),  1. 1,  p.  95. 
Evangélistes  (f.),  t.  ii,  p.  71,  381.  Cf. 

aussi  Apôtres  (f.). 
Evangile  (lecture  de  1'),  1. 1,  p.  396, 410. 
Evariste,  saint,  pape  (f.),  t.  ii,  p.  384; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  181,  283,  453. 
Exaltation  de  la  Croix  (f.),  t.  i,  p.  272, 

429;  t.   II,   p.  91,  275,   379;  (off.), 

t.  II,  p,  283. 


Exaltation  de  la  Croix  (off.),  t.  ii, 

p.  180,  181,  219,  279. 
Ex  more  docti  mystico  (IL),  t.  i, 

p.  371. 
Exspectatio parlas  (f.),  t.  ii,  p.  62,  n.  2. 
Exspectation  de  la  Vierge  (f.),  t.  ii, 

p.  232,  n.  2,  380,  384. 
Exultavit  cor  meum  in  Dno  (Cant.), 

t.  I,  p.  179. 


Faber  (Nicolas),  t.  ii,  p.  249. 
Fabien,  pape  (f.),  t.   i,  p.  95,  2i0, 

273;  (off.),  t.  II,  p.  179,  181,  184- 

186,  282,  298,  453. 
Fabricx  mundi  (trope),  t.  i,  p.  419. 
Farfa  (Rite  de),  t.  i,  p.  3i3  sq. 
Farina  (Jean),  t.  ii,  p.  408. 
Fasti,  t.  i,  p.  93. 
Fauste  de  Riez,  t.  i,  p.  193. 
Faustin,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  384;  (off.), 

t.  II,  p.  179,  183,  282. 
Fayt  (Jean  de),  t.  ii,  p.  72,  n.  3. 
Fébronianisme,  t.  ii,  p.  358,  362. 
Fébronie,  sainte  (Actes),  t.  i,  p.  77. 
Félicien,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179,  183, 

282. 
Félicissime,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95,  417  ; 

(off.),  t.  Il,  p.  182,  282. 
Félicité,  sainte  (f.),  1. 1,  p.  95, 273,  417. 
Félicité,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  273. 
Félix,  saint,  M.  (f.),  t.  i,  p.  95;  (off.), 

t.  II,  p.  180,  183. 
Félix,  pape  (off.),  t.ii,p.  179, 181,282. 
Félix,  prêtre  (off.),  t.  ii,  p.  183. 
Félix  in  pincis  (f.),  t.  i,  p.  417. 
Félix  de  Cantalice,   saint  (f.),  t.  ii, 

p.  384. 
Félix    de    Valois,    saint   (  f.),    t.    ii, 

p.  297. 
Ferdinand    I^r    (empereur),    t.    ii, 

p.  108,  160. 
Ferdinand  de  Bavière  (archcv.),  t.  ii, 

p.  223. 
Ferdinand    de    Fiirstenberg,    t.    ii , 

p.  224. 
Férié  (office  de  la),  t.  ii,  p.  415. 
Fériés  d'Avent  et  de  Carême,  t.  ii , 

p.  102,  385. 
Férotin  (Dom  Marins),  O.  S.  B.,  t.  i, 

p.  151. 
Ferreri  (Zacharie),  t.  n,  p.  117  sq. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


507 


Festsi  mandationis,  t.  ii,  p.  101, 

Fêtes  (degré  des),  t.  n,  p.  197  sq., 
47-4-479;  (de  la  Vierge  et  des 
saints),  t.  i,  p.  42  i;  (des  saints  au 
IX*  siècle),  t.  I,  p.  417;  (multipli- 
cation des),  t.  II,  p.  95-96;  (nou- 
velles au  xve  siècle),  t.  ii,  p.  100, 
109. 

Fiançailles  de  la  sainte  Vierge  (f.), 
t.  II,  p.  380,  384. 

Fidèle  de  Sigmaringen ,  saint  (f.), 
t.  II,  p.  318. 

Flavien,  moine,  t.  i,  p.  174,  177. 

Flavien,  saint  (f.),  t.  i,  p.  273. 

Florence  (conc),  t.  ii,  p.  221. 

Florian,  saint  (ofF.),  t.  ii,  p.  355. 

Florus  de  Lyon,  t.  i,  p.  320,  406. 

Folquini  [officium],  t.  ii,  p.  76. 

Fondateurs  d'Ordre  (f.),  t.  ii,  p.  173. 

Forkenbeck,  t.  ii,  p.  354. 

Fortem  virili  pectore ,  t.  ii,  p.  273. 

Foscarari  (.Egidio),  t.  n,  p.  164,  181. 

France  (Liturgie  en),  t.  i,  p.  327  sq.  ; 
t.  II,  p.  91  sq.,  221,  224,  304-308, 
313,  326-336;  (évéques  de),  t.  ii, 
p.  404. 

Francfort  (conc),  t.  i,  p.  350. 

Franciscains,  t.  ii,  p.  22-33,  63  sq., 
144,  222. 

Franciscains  (saints),  t.  n,  p.  71,  89. 

Franco  (Curtius),  t.  ii,  p.  246,  271. 

François  d'Assise,  saint  (f.),  t.  ii, 
p.  71,  416;  voir  aussi  Stigmates; 
(o(T.),  t.  II,  p.  180, 181,  219,  283,  301. 

François  de  Borgia,  saint  (f.),  t.  ii, 
p.  297,  385. 

François  Caracciolo,  saint  (f.),  t.  n, 
p.  319. 

François  de  Paule  ,  saint  (f.),  t.  ii, 
p.  251,  277. 

François  de  Sales,  saint  (f.j,  t.  n, 
p.  295,  297,  412. 

François-Xavier,  saint,  t.  ii,  p.  144; 
(f.),  t.  II,  p.  278,  295,  296;  (off.), 
t.  II,  p.  395. 

Françoise-Romaine,  sainte  (f.),  t.  ii, 
p.  294. 

Francolini  (Marcel),  t.  ii,  p.  271. 

Fratres  {XIl)  (f.),  t.  ii,  p.  70. 

Fructueux  (Règle  de  saint),  t.  i, 
p.  361-362. 

Fulgence,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  173. 


Fulffenlis  auctor  setheris  (H.),  t.  i. 

p.  218. 
Funk,  t.  I,  p.  70. 

G 

Gabinus,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Gabriel,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  232,  n.  2. 
Gaétan  de  Thienne,  t.  ii,  p.  144,  154  ; 

(f.),  t.  II,  p.  296,  297. 
Galen  (Christian -Bernard  von),  t.  ii, 

p.  351. 
Galesini  (Pietro),  t.  n,  p.  174. 
Gall,  Saint-  (mon.),  t.  i ,  p.  337  sq., 

419  sq.,  424. 
Galli  (Antoine -André),  t.  ii,  p.  374, 

383,  388,  391. 
Gallicanisme,  t.  ii,  p.  326  sq. 
Gallicinium,  t.  i,  p.  25. 
Gallicioli  (J.-B.),  t.  ii,  p.  337. 
Galluzzi   (Tarquinio),    S.   J.,   t.    ii, 

p.  290. 
Gamurrini,  t.  i,  p.  150,  189. 
Gautier  (Léon),  t.  i,  p.  418. 
Gavanti  (Barth.),  t.  ii,  p.  270,  287. 
Gebhard,  t.  i,  p.  346. 
Gehrich  (von  G.),  t.  i,  p.  34. 
Geissel  (Jean  de),  t.  ii,  p.  345. 
Gélase  I",  t.  i,  p.  300,  320,  390,  429. 
Gélase  II,  t.  ii,  p.  59. 
Gennadius,  t.  i,  p.  171. 
Gentem  auferte  perfidam  (H.),  t.  i, 

p.  367. 
Gentili,  card.,  t.  ii,  p.  387. 
Georges,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  216. 
Georges,  prêtre,  t.  i,  p.  326. 
Gerbert  (  Martin  ) ,   O.   S.   B. ,  t.  ii , 

p.  40  sq. 
Géréon,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  355. 
Germain,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Germain  de  Paris,  saint,  t.  i,  p.  207. 
Geronius  (Ant.),  t.  ii,  p.  246. 
Gertrude,  sainte  (f.),  t.  ii ,  p.  315, 

385;  (off".),  t.  II,  p.  83. 
Gervais ,  saint  (oft".  ),  t.   n ,  p.  180, 

181,  282. 
Gesualdo,  card.,  t.  ii,  p.  254  sq. 
Ghisleri  (Michel),  t.  n,  p.  270. 
Giberti    (  Giovanni -Mattia),    t.    ii, 

p.  144. 
Gienger,  t.  ii,  p.  160. 
Giglio  (Ant.),  t.  ii,  p.  234. 
Giglio  (Luigi),  t.  ii,  p.  234. 


508 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Gilbert  de  Voisins,  t.  ii,  p.  304-305. 
Gilles,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  101,  385; 

(oiT.),  t.  Il,  p.  182. 
Giorgi  (Dominique),   t.   ii ,   p.   374, 

383,  390,  391. 
Girone  (conc),  t.  i,  p.  221. 
Giuli,  S.  J.,  t.  II,  p.  375,  390,  391. 
Gloria  in  excelsis ,  t.  i,  p.  60,  n.  1, 

183,  184,  217,  239,  240,  256,  n.  2; 

t.  II,  p.  9,  35,  46,   3. 
Gloria  Patri,  i.  i ,  p.  140,  177  sq., 

183,  210,  373,  374;  t.  ii,  p.  35,  53. 
Gnesen  (conc),  t.  ii,  p.  221  ;  (Brév.), 

t.  Il,  p.  361. 
Goldwell  (Thomas),  t.  ii,  p.  165-166. 
Gondy  (Henri  de),  t.  n,  p.  330. 
Gondy   (Jean -François   de),    t.    ii, 

p.  326,  330. 
Gondy  (Pierre  de),  t.  ii,  p.  225,  330. 
Gonzague  de  Mantoue,  duc,  t.   ii, 

p.  231. 
Gordien,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417;  (off.), 

t.  Il,  p.  180,  183,  282. 
Gorgonius,   saint  (f.),   t.  i,   p.   95; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  183. 
Gousset,  card.,  t.  ii,  p.  334. 
Gradale,  i.  i,  p.  315. 
Gras  (Jodocus),  t.  ii,  p.  249. 
Graf  (Henri),  t.  ii,  p.  261. 
Gran  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  224. 
Grancolas,  t.  i,  p.  199,  227;  t.  ii, 

p.  108. 
Gratia  vespertina,  t.  i,  p.  231. 
Grégoire  le  Grand,  saint,  t.  i,  p.  199, 

207,  261,  271,  283  sq.,  312,  313,  320, 

383,  391,  392  sq.  ;  t.  ii,  p.  238;  (f.), 

t.  Il,  p.  385;  (off.),  t.  II,  p.  81,  180, 

181,  189,  282,  418. 
Grégoire  H,  t.  i, p.  294,310,  326,  376. 
Grégoire  IH,  t.  i,  p.  294,  310,  367, 

376,  413. 
Grégoire  IV,  t.  i,  p.  367,  400. 
Grégoire  VII,  t.  i,  p.  350;  t.  ii,  p.  1 

sq.,  12  sq.,  42,  70;  (f.),  t.  ii,  p.  303- 

314,  38  i;  (ofY.),  t.  ii ,   p.  303-314, 

322-323,  358,  370,  418. 
Grégoire  IX,  t.  ii,  p.  69,70. 
Grégoire  XI,  t.  ii,  p.  25,  90. 
Grégoire  XIII,  t.  II,  p.  234  sq. ,  259,303. 
Grégoire  XIV,  t.  ii,  p.  256  sq. ,  263-269. 
Grégoire  XV,  t.  ii,  p.  278,  315. 
Grégoire  XVI,  t.  ii,  p.  210,  320. 


Grégoire  de  Nazianze,  saint  (ofT.), 

t.  II,  p.  180,  182  ,  216),  282,  299,  355. 
Grégoire    de    Nysse ,    saint,    t.    i, 

p.  266. 
Grégoire  de  Tours,  saint,  t.  i,  p.  228 

sq.,  356,  389. 
Grégoire  le  Thaumaturge,  saint  (f.), 

t.  II,  p.   275;  (off.),  t.  II,  p.  180, 

183,  220. 
Grégorienne  (liturgie),  t.  i,  p.  6. 
Guérangcr  (Dom),  O.  S.   B. ,  t.  i, 

p.  20,  199;  t.  II,  p.  2,  108, 120,  314 

note,  326  sq.,  335,  403  sq.,  411,  418. 
Gui  d'Arezzo,  t.  ii,  9  sq. 
Guillaume   du   Mont- Vierge,   saint 

(f.),  t.  II,  p.  319. 
Guy,  saint  (ofT.),  t.  ii,  p.  299. 

H 

Hadrien,  voir  Adrien. 

Hagen  (Jean),  O.  S.  B.,  t.  ii,  p.  107. 

Hallencourt    (François    d'),    t.    ii, 

p.  307. 
Haneberg,  t.  i,  p.  69. 
Hardy,  t.  i,  p.  34. 
Harlay  (François  de),  t.  ii,  p.  331. 
Harlez  (Mgr  de),  t.  i,  p.  34. 
Harmonius,  t.  i,  p.  84. 
Harrach  (comte  de),  t.  ii,  p.  308. 
Hautcœur  (Mgr),  t.  i,  p.  29. 
Haymon  (général  des  Franciscains), 

t.  II,  p.  2Î. 
Hehdomadarii,  t.  i,  p.  160. 
Hedwige,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  302,  385. 
Heis  (Dr),  t.  I,  p.  29. 
Hélisachar,  t.  i,  p.  367,  403  sq. 
Henri,  saint,  t.  i ,  p.  416;  (f.),  t.  ii, 

p.  294,  296. 
Henri  III  de  France,  t.  ii,  p.  225. 
Herculanus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Ilereford  (liturgie  d'),  t.  ii,  p.  226. 
Hergott,  t.  I,  p.  253. 
Hermas,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417. 
Herménégilde,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  293; 

(off.),  t.  Il,  p.  293. 
Hermès,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Heures  hébraïques,  t.  i,  p.  49-51. 
Heures  (chrétiennes),  t.  i,  p.  206  sq., 

210  sq.,  237  sq.,  257,  358  sq.,  431; 

(petites),  t.  i,  p.  195,  217,  219,237, 

240,  249,  361  sq.,  364;  t.  ii,  p.  54. 
Hiéronymites,  t.  ii,  p.  144. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


509 


Hiérothée,  saint  (f.!,  f.  ii,  p.  173. 
Hilaire,  saint,  t.  i,  p.  114,  188-189, 

276;  (f.),  t.  I,  p.  229;  t.  ii,  p.  410; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  182,  215,  282. 
Hilarion ,  saint   (f.),   t.    ii ,    p.   385; 

(off.),  t.  II,  180,  182. 
Hildegarde,  sainte  (ofT.),  t.  ii,  p.  418. 
Hildemar,  t.  i,  p.  412. 
Hippolyte ,  saint  (f.,  13  août),  t.  i, 

p.  95;  t.  II,  p.  385;  (off.,  13  août), 

t.  II,  p.  183,  282. 
Hippolyte,  saint  (off.,  22  août),  t.  ii, 

p.  282,  283. 
Hippolyte  (  Canons  d'  ) ,  t.  i ,  p.  69- 

74,  177. 
Hippone  (conc),  t.  i,  p.  202,  383. 
Historiée,  t.  ii,  p.  76,  77. 
Hollande,  t.  ii,  p.  308,  337. 
Homélies,  t.  i,  p.  409,  410-411,  412; 

t.  II,  p.  289;  (apocryphes  du  Bré- 
viaire), t.  II,  p.  454-460. 
Homiliaire,  t.  i,  p.  410;  (ambrosien), 

t.  II,  p.  230;  (de  Paul  Diacre),  t.  i, 

p.  411. 
Hongrie  (Brév.),  t.  ii,  p.  361. 
Honorât,  abbé,  t.  i,  p.  343. 
Honorius,  pape,  t.  i,  p.  391.- 
Honorius  d'Autun,  t.  i,  p.  253. 
Hontheim  (Jean -Nicolas  de),  t.  ii , 

p.  358,  359. 
Horster,  O.  S.  F.,  t.  ii,  p.  354. 
Hiïbner  (baron  Alex.),  t.  i,  p.  33. 
Hucbald,  t.  ii,  p.  76. 
Hugues  d'Amiens,  t.  ii,  p.  62. 
Humanisme,  t.  ii,  p.  97  sq. 
Humanistes,  t.  ii,  p.  114-115. 
Humiliés,  t.  ii,  p.  148. 
Hyacinthe,  saint,  M.  (f.),  t.  i,  p.  95, 

417;    t.    H,   p.    385;    (off.),    t.    ii , 

p.  180,  183,  416. 
Hyacinthe    de  Pologne,   saint  (f.), 

t.  II,  p.  293. 
Hygin,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  384. 
Hyninaire  de   Ferreri ,  t.  ii ,  p.  117 

sq. 
Hymnaires,  t.  i,  p.  369. 
Hymnes,  t.  i ,  p.  57,   67,  82,  84  sq., 

124,  160,  161,  165,  168,  181,  190  sq., 

224,  225,  241,  249,  252,  259,  276, 

367;  t.  II,  p.  34-37,  56  sq.,  117  sq., 

137,  273,  290  sq.,  472-473. 
Hymni  matatinales,  t.  i,  p.  210. 


Hymnum  dicat  lurba  fralrum  (H.), 

t.  I,  p.  189,  241. 
Hypace  (Vie  de  saint),  t.  i,  p.  255. 

I 

Ignace  d'Antioche,  t.  i,  p.  173,  177; 

(f.),  t.  i,  p.  91,  273;  t.  Il,  p.  411; 

(ofr.),  t.  II,  p.  182,  216,  299. 
Ignace  de  Loyola(f.),  t.  ii,p.  278,294. 
Ignis    Creator    igneus    (H.),    t.    i, 

p.  241. 
Ildefonse  de   Tolède,  t.   i ,  p.  349; 

(off.),  t.  II,  p.  184. 
Illuminans  Attissimus   (H.),  t.  ii, 

p.  37. 
Immaculée-Conception.  Cf.  Concep- 
tion. 
Inde  (prière  dans  1'),  t.  i,  p.  33. 
Ingoldstadt,  t.  ii,  p.  146. 
Injuriosus  de  Tours,  t.  i,  p.  230. 
Innocent    et    Victor    (ofl'.),    t.    ii, 

p.  218. 
Innocent  I",  t.  i,  p.  202;  (off.),  t.  ii, 

p.  179,  183,  282. 
Innocent  III,  t.  ii,  p.  30,  63,  69,  431. 
Innocent  IV,  t.  ii,  p.  379. 
Innocent  VI,  t.  ii,  p.  72. 
Innocent  X,  t.  ii,  p.  294. 
Innocent  XI,  t.  ii,  p.  296,  406. 
Innocent  XII,  t.  ii,  p.  297. 
Innocent  XIII,  t.  ii,  p.  303. 
Innocents  (f.),  t.  i,  p.  273,  364,  381, 

386;  (off.),  t.  II,  p.  215,  395,  396, 

454,  484;  (Octave),  t.  ii,  p.  382,  454. 
Intempesta  nox,  t.  i,  p.  26. 
Intende  qui  régis  Israël  (H.),  t.  ii, 

p.  36. 
Invention   de    la  sainte    Croi.\   (f.), 

t.  I,  p.  168,  429;  t.  n,  p.  274,379; 

(off.),  t.  II,  p.  180,  182. 
Irlandais,  t.  i,  p.  235. 
Isachino  (Geremia),  t.  ii,  p.  158. 
Isidore  de  Séville,  saint,  t.  i,  p.  188, 

192,  207,  349;   (  f .  ) ,  t.  ii ,   p.   173, 

279,  303,  355;  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Isos  de  Saint-Gall,  t.  i,  p.  420. 
Italie,  t.  i,  p.  192  sq.,  257,  262,  286 

sq.,  308,  355  sq.  ;  t.  ii,  p.  1 10,  313  ; 

(  saints    locaux    au   calendrier  de 

l'Eglise  universelle),  t.  i,  p.  274; 

t.  Il,  p.  70  sq.  ;  (évêques  d),  t.  ii, 

p.  406. 


510 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


J 


Jacopone  de  Todi,  t.  ii,  p.  71. 
Jacques  le   Majeur  (  vigile  ) ,   t.    ii 

p.  218;  (f.),  t.  I,  p.  267,  268,  270 

273;  (oiî.)',  t.  ii ,  p.  173,  179,  182 

282,  283,  300. 
Jacques  le  Mineur  'f.;,  t.  i,  p.  273 

(olî.),  t.  II,  p.  173. 
Jacques  Gil,  0.  P.,  t.  ii,  p.  72. 
Jam  Christe  sol  iastitise  (H.),  t.  i 

p.  371. 
Jam  lucis  orto  sidère  (H.),  1. 1,  p.  370 
Jam  seita  sensum  solvitur  (H.),  t.  i 

p.  217. 
Jam  surgit  hora  lerlia  (  H.  \   t.  i 

p.  194,  217. 
Jansénisme,  t.  ii,  p.  327  sq. 
Jan\'ier  et  ses  compagnons  (f.),  t.  i 

p.  95,  417;  t.  II.  p.  251 ,  275,  297,  385 
Japon  (Prière  au  ,  t.  i,  p.  33. 
Jarrow,  Saint-Paul  de  (  mon.  ) ,  t.  i 

p.  324. 
Jean,  Ap.  (f.),  t.  i ,  p.  228,  267,  268 

273,  382;  (off.),  t.  ii ,  p.  183,  395 

(Octave   de   saint)    (off.),    t.    ii 

p.  215,  382;  cf.  aussi  Apôtres  (f. 

et  Evangélistes  (f.). 
Jean   devant   la   Porte   Latine  (f.) 

t.  I,  p.  417;  t.  Il,  p.  275,  382,  386 
Jean-Baptiste  (vigile  de  saint),  i  off.) 

t.  II,  p.  216;  (f.),  t.  I,  p.  86,  229 

273,    364,    381,   386;    (off.),   t.   ii 

p.  457;  (Octave  de  saint),  (off.) 

t.  Il,  p.  217,  414,  457,  491. 
Jean-Baptiste  (Décollation  de  saint) 

(f.),  t.  II,  p.  319,  381;  (off.),  t.  ii 

p.  91,  219. 
Jean-Baptiste  de  la  Salle,  saint  (f.) 

t.  II,   p.  418. 
Jean  Chrysostome,  t.  i,  p.  180,  388 

t.  Il,  p.   430;  (off.),  t.   II,   p.   179 

182,  215,  298. 
Jean  Damascène,  t.  i ,  p.  181;  (f.) 

t.  Il,  p.  417. 
Jean  de  Capistran ,  saint  (f.),  t.  ii 

p.  417. 
Jean  de  Dieu  (f.),  t.  ii,  p.  302,  303 

355;  (off.),  t.  Il,  p.  488-489. 
Jean  de  Kenty  (f.),  t.  ii,  p.  318,  319 
Jean  de  la  Croix  (f.),  t.  ii,  p.  315,385 
Jean  de  Matha  (f.),  t.  ii,  p.  297. 


Jean  de  Sahagun  (f.) ,  t.  ii,  p.  313,  384. 

Jean  et  Paul  (f.),  t.  ii,  p.  315;  (off.), 
t.  II,  p.  179,  182,  217. 

Jean  Gualbert  (f.),  t.  ii,  p.  275,  296, 
297;  (off.),  t.  Il,  p.  396. 

Jean  I",  pape,  t.  i,  p.  300;  (f.),  t.  ii, 
p.  384;  (off.),  t.  Il,  p.  180,  183. 

Jean  III,  pape,  t.  i,  p.  270. 

Jean  XIX,  t.  ii,  p.  9  sq. 

Jean  XXII,  t.  i,  p.  428:  t.  ii,  p.  60, 
71,  102. 

Jean  (abbé),  t.  i,  p.  323. 

Jean  d'Avranches,  t.  i,  p.  378,  397, 
413. 

Jean  de  Wiirzbourg,  t.  i,  p.  428. 

Jean  Diacre,  t.  i,  p.  312,  313,  334,  379. 

Jean  le  Lorrain,  t.  i,  p.  109. 

Jeanne-Françoise  de  Chantai,  sainte 
(f.),t.  II,  p.  318. 

Jeiunium  mensis  quarti,  t.  i,  p.  426. 

Jeiuniiun  primi  mensis,  t.  i,  p.  426. 

Jenstein  (archev.),  t.  ii,  p.  109. 

Jérôme,  saint,  t.  i,  p.  176,  178,  1K8, 
195,  200,  356;  (off'.),  t.  ii,  p.  180, 
182,  283. 

Jérôme-Emilien,  saint(f.),t.  ii,p.318. 

Jérusalem  (liturgie),  t.  i,  p.  150  sq. 

Jésuites,  t.  II,  p.  222. 

Jeudi  saint,  t.  i,  p.  162. 

Jeune,  t.  i,  p.  223;  du  Carême,  t.  i, 
p.  87,  159;  du  mercredi  et  du  ven- 
dredi, t.  I,  p.  86,  125,  129,  159, 
166;  d'une  semaine  après  la  Pen- 
tecôte, t.  I,  p.  87,  128-129;  du 
samedi,  t.  i,  p.  87,  125,  142. 

Joachim,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  269,315, 
381 ,  405,  413  ;  (off.),  t.  ii,  p.  396,  458. 

Joly  (Claude), .t.  ii,  p.  148. 

Josaphat,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  414. 

Joseph,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  232,  n.  2, 
296,  364,  381,  385,  386,  412;  (off.), 
t.  II,  p.  183,  189,  216,  302,  489; 
(patronage  de),  t.  ii,  p.  410. 

Joseph  Calasanz,saint(f.),t.  ii,p.318. 

Joseph  de  Copertino,  saint  (f.),  t.  ii, 
p.  318. 

Joseph  II  (empereur),  t.  ii,  p.  309  sq. 

Joseph-Clémentde  Bavière  (archev.), 
t.  Il,  p.  223. 

Jour  et  nuit,  divisions,  t.  i,  p.  24. 

Jovite,  saint  (f.),  t.  ii,p.  384;  (off.), 
t.  II,  p.  179,  183,  282. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES 


511 


Jubé  Domne  henedicere,  t.  i,  p.  384. 

Juhili,  t.  I,  p.  260. 

Jules  I''',  pape,  saint  ,'f.),  1. 1.  p.  94,  95. 

Jules  II,  t.  I,  p.  350. 

Julien  et  Eunus,  saints  (off.^,  t.  ii , 

p.  184. 
Julien  de  Tolède,  t.  i,  p.  349. 
Julienne,  sainte  (ofT.),  t.  ii ,   p.  184. 
Julienne   de    Falconieri,  sainte    f.. 

t.  II,  p.  315,  318,  384. 
Jullian  (Camille),  t.  i,  p.  22. 
Justin,  saint,  t.  i,  p.  61;  (f.  ),  t.  i, 

p.  92  ;  t.  II,  p.  414  ;  (ofï.),  t.  ii,  p.  184. 
Justine.  Cf.  Cyprien. 
Justinien  (Décret  de),  t.  i,  p.  226. 
Jïiterbog^k  (Jacques  de),  t.  ii,  p.  110. 

K 

Kavwv,  t.  I,  p.  2. 

Koch  (Hermann),  t.  ii,  p.  354. 

Kyrie  eleison,  t.  i,  p.  153,  183,  222, 

249,  253,  374:  t.  il,  p.  28. 
Kyrie  farcis,  t.  i.  p.  420. 


Labre  (Benoit- Joseph),  saint  (f.  ), 
t.  Il,  p.  414. 

Lagarde  (Paul  de),  t.  i,  p.  125. 

Lambert,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  75. 

Lance  et  clous  (f.),  t.  ii,  p.  72.  73: 
(off.),  t.  II,  p.  84. 

Landus(Làlius,card.),t.  ii,  p.  259,261. 

Langen,  t.  i,  p.  70. 

Langres  (conc),  t.  ii,  p.  221  (litur- 
gie), t.  II,  p.  334. 

Lanni  (Girolamo),  t.  ii,  p.  287. 

Laodicée  (conc),  t.  i,  p.  114,  123- 
124;  t.  II,  p.  34. 

Largus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 

Latinius  (Latinus),  t.  ii,  p.  245. 

Latino  (Malabranca,  card.  \  t.  ii, 
p.  70. 

Latran  (conc),  t.  ii,  p.  124. 

Landa,  mater  Ecclesia  (H.),  t.  ii, 
p.  217. 

Laudes,  t.  i ,  p.  58,  64  ,  72  ,  76  ,  78, 
79,  81,  113,  114,  118,  122,  127,  130- 
132,  134,  140,  151,  156,  159,  167, 
168,  186,  194-197,  208,  210,  217, 
229,  230,  237,  2  48  sq. ,  358;  t.  ii, 
p.  51,  53,  135. 

Laurent,  saint  (vigile),  t.  ii,  p.  219; 


(f.),  t.  I,  p.  95,  273;  t.  ii ,  p.  386; 
(olT.),  t.  i,  p.  93;  t.  II,  p.  395;  (oc- 
tave), t.  II,  p.  219,  458. 

Laurent  Justinien,  saint  (f.),  t.  ii, 
p.  297,  318.  385. 

Laurent  (Jean-Théodore),  t.  ii, 
p.  405. 

Laus  perennis,  t.  i,  p.  221. 

Léandre,  saint,  t.  i,  p.  348;  (f.),  t.  ii, 
p.  173. 

Leçon  brève,  t.  i ,  p.  254,  361-362, 
371,  379;  t.  ii,  p.  55,  390. 

Leçons  (à  Vêpres),  t.  i,  p.  217;  (à 
Prime),  t.  i ,  p.  218;  (des  vigiles 
au  vie  siècle),  t.  i ,  p.  231;  (dans 
saint  Benoît),  t.  i,  p.  247  ;  (aux  vii^ 
et  viiie  siècles),  t.  i ,  p.  380  sq.  ; 
(texte  des),  t.  i,  p.  388  sq.  ;  (dans 
la  Règle  bénédictine),  t.  i,  p.  391 
sq.  ;  (  ordre  des  ) ,  t.  i ,  p.  394  sq.  ; 
(recueils  de),  t.  i,  p.  410  sq.  ;  (sous 
les  Carolingiens),  t.  i,  p.  409  sq.  ; 
(du  1"  Nocturne),  t.  i ,  p.  413; 
(franciscaines),  t.  n,  p.  29  sq.  ;  (de 
la  semaine  sainte),  t.  ii,  p.  39  sq.  ; 
(au  moyen  âge),  t.  ii ,  p.  39-47; 
(de  la  semaine  de  Pâques),  t.  ii, 
p.  41;  (de  la  Pentecôte),  t,  ii, 
p.  41;  (au  xin«  siècle),  p.  49  sq.  ; 
(de  la  Purification  ,  t.  ii,  p.  50; 
(des  Dominicains),  t.  ii,  p.  108;  (du 
Brei'iariiim  Pianum  ,  t.  ii,  p.  176 
sq.  ;  (historiques),  t.  ii ,  p.  178, 
288;  cf.  aussi,  t.  ii,  p.  204,  427, 
449-460;  (apocryphes  du  Bré- 
viaire), t.  II,  p.  452-460. 

Lectionnaire,  t.  ii,  p.  390,  427. 

Lectionnaire  de  Paul  Diacre,  t.  i, 
p.  411. 

Lecture  et  prière,  t.  i,  p.  3,  4. 

Lectures  (chez  les  Juifs),  t.  i,  p.  380; 
(dans  la  primitive  Eglise),  t.  i, 
p.  381  ;  (à  Rome),  t.  i,  p.  382  sq. 

Leidrad  de  Lyon,  t.  i,  p.  331,  406. 

Léon  le  Grand,  saint,  t.  i,  p.  88, 
320;  (f.),  t.  Il,  p.  324;  (off.),  t.  ii, 
p.  179,  182,  216,  282,  299,  355. 

Léon  II,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  384;  (off.), 
t.  II,  p.  179,  183,  282. 

Léon  III,  t.  I,  p.  415. 

Léon  IV,  t.  I,  p.  293,  n.  1,  343  sq.  ; 
t.  II,  p.  379. 


512 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Léon  IX,  t.  II,  p.  60. 

Léon  X,  t.  I,  p.  350;  t.  ii,  p.  117,  118. 

Léon  XII,  t.  Il,  p.  320. 

Léon  XIII,  t.  II,  p.  210,  413-419. 

Léonard  de  Port-Maurice,  saint  (f.), 

t.  II,  p.  414. 
Léonardi  (Jean),  B  (f.),  t.  ii,  p.  414. 
Léontius,  évêque,  t.  i,  p.  177. 
Lercari,  t.  ii,  p.  375,  389-391. 
Lersch,  t.  i.  p.  29. 
Libellas  officialis,  t.  ii,  p.  428. 
Liber  {diurnus),   t.   i,  p.  307,  383; 
(antiphonalis) ,    t.    i ,   p.  298  sq.  ; 
(gradualis),  t.  i,  p.  314;  {respon- 
salisj,  t.  i,  p.  298  sq. ,  304,  314; 
{sequentiarum),  t.  1,  p.  419. 
Libère    (pape),    t.    i,  p.  89;    t.   ii, 

p.  406. 
Liboire,  saint  (f.),  t.  i,  p.  229;  t.  ii, 

p.  303,  384. 
Licinicon,  t.  1 ,  p.  I53. 
Liège  (Brév.) ,  t.  ii,  p.  361. 
Lilius  (Aloys),  t.  n,  p.  245. 
Lin,  saint  (ofT.  ),  t.   ii,   p.   179,  182, 

283,  452. 
Lindanusou  van  Linden  (Guillaume), 

t.  II,  p.  211. 
Lindisfarne  (monastère),  t.  i,  p.  351. 
Litanies,  t.  i,  p.  221,  225,  253,  365, 
415;  t.  II,  p.  37;  (de  Lorette),  t.  ii, 
p.  209-210. 
Littérature,  t.  i,  p.  34  sq. 
Liturgie  (irlandaise),  t.  i,  p.  263  sq.  ; 
(judaïque  à  l'âge  apostolique),  t.  i, 
p.  51-54  ;  (romaine  chez  les  Francs!, 
t.  I,  p.  414. 
Locatelli   (Eustache),   O.  P.,   t.   ii, 

p.  258. 
Lœwenfeld,  t.  ii,  p.  15,  16. 
Londres  (conc),  t.  ii,  p.  61. 
Lorette  (litanies  de),   t.   ii,  p.  209- 
210;  (translation  de  la  sainte  mai- 
son à)  (f.),  t.  Il,  p.  380,  384. 
Lorraine  (cardinal  de),  t.  ii,  p.  161. 
Louis  le  Débonnaire,  t.  i ,  p.  367. 
Louis,  saint,  de  France,  t.  i,  p.  375; 

(off.),  t.  II,  p.  180,  183,  283. 
Louis  de  Gonzague,  saint  (f. ],  t.  ii, 

p.  320,  384. 
Louis  XIV,  t.  II,  p.  326  sq. 
Luc,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  219. 
Lucernarium,  t.  i,  p.  24,  26,  146,  153, 


194,  198,  208,   217,  242,  251,  358. 

Cf.  aussi  le  mot  Vêpres. 
Lucie,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  179,  182, 

215,  282,  395,  487. 
Lucien,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Lucinio  (Nicol.),  t.  ii,  p.  228. 
Lucis  larc/itor  splendide  (H.),  t.  i, 

p.  189. 
Lucius,  saint  (f. ),  t.  i,  p.  94;  t.  ii, 

p.  275;  (off.),  t.  II,  p.  184. 
Ludger,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  355. 
Lumen  hilare  (son  emploi  dans  l'of- 
fice), t.  I,  p.  82  sq.,  183. 
Luminibiis  accensis,  t.  1,  p.  26. 
Lune  (Pierre  de),  t.  ii,  p.  90. 
Lupercalia,  t.  i,  p.  429. 
Lyon  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  224,  225; 

(église  de),   t.  ii,  p.  35,  36,  62,  68. 

M 

Mabillon,  t.  ii,  p.  422-423. 
Macaire  (Règle),  t.  i,  p.  176. 
Macaire  le  Jeune  (Règle),  t.  i,  p.  176. 
Machabées  (f.),  t.  i,  p.  21,  273;  t.  ii, 

p.  381. 
Madeleine,   sainte   (f.  ),  t.  ii ,  p.  61, 

n.  1 ,  36  i,  382  ;  (off.),  t.  ii,  p.  217,  405. 
Madler  de  Dorpat,  t.  i,  p.  29. 
Madrucci  (Lud.),  t.  ii,  p.  258. 
Magna  et  mirabilia  (H.),  t.  i,  p.  218, 

370. 
Magnificat,  t.  i,  p.  3,  179,  184,  217, 

2*53,  432;   t.   ii,  p.    28,  54-55,  79, 

83,  130. 
Magnts   salatis  gaudio   (IL),   t.   1, 

p.  371. 
Maître  (Règle  du),  1. 1,  p.  361 ,  362, 372. 
Malincs  (conc.),  t.  ii,  p.  221. 
Mane,  t.  i,  p.  26. 
Mane  primo  Sahbati  (trope),  t.  i, 

p.  419. 
Manriquez   (Thomas),  O.  P.,  t.   ii, 

p.  258,  259. 
Mans  (Bréviaire  du),  t.  ii,  p.  330. 
Mantouc  (Brév.),  t.  ii,  p.  231. 
Manualis,  t.  ii,  p.  428. 
Manuce(Paul  et  Aide), t.  ii,  p.  191-194. 
Marc,  saint,  évangéliste,  t.  ii,  p.  364. 
Marc,  saint,   pape  (f.),  t.  i,  p.  94, 

95,  417  ;  (oir.),  t.  ii,  p.  179,  182,  283. 
Marc  et  Marcellin,  saints  (ofl".),  t.  ii, 

p.  179,  182. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


513 


Marcel,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417;  (off.), 
t.  II,  p.  179,  182,  282,   416,  453. 

Marcellin,  pape,  saint  (f. ,),  t.  i, 
p.  94;  t.  II,  p.  384;  (olT.),  t.  ii, 
p.  179,  182,  282,  405,  416. 

Marcellin,  saint,  martyr  '  f.)  ,  t.  i, 
p.  417. 

Marcellin ,  saint  (  26  avril  )  off.  ) , 
t.  Il,  p.  182,  282. 

Marguerite,  sainte  (20  juillet)  (  f.) , 
t.  II,  p.  384;  (off.),  t.  II,  p.  217. 

Marguerite  de  Cortone,  sainte  (f. ), 
t.  II,  p.  384. 

Marie  ad  Nives,  sainte  (off.),  t.  ii, 
p.  182,  218,  275,  282,  396. 

Marie  Madeleine.   Cf.  Madeleine. 

Marie-Magdeleine  de  Pazzi  T.),  t.  ii, 
p.  296,  384,  418. 

Marini  (Léonardo',  t.  ii,  p.  164. 

Marius,  saint  (off.\  t.  ii,  p.  179,  183, 
396. 

Marsile  (Ficin),  t.  ii,  p.  99. 

Martène  (Dom),  O.  S.  B.,  t.  i,  p.  252; 
t.  Il,  p.  108. 

Marthe,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  182,  218. 

Martial,  martyr  (f.),  t.  i,  p.  95,  417. 

Martii  (Théoph.),  S.  J.,  t.  ii,  p.  234. 

Martin  l«r,  saint,  t.  i,  p.  320;  off.), 
t.  Il,  p.  179,  182,  220. 

Martin,  saint,  de  Tours  (f.  \  t.  i, 
p.  229,  384;  (off.),  t.  ii,  p.  180, 
182,  220,  283,  355. 

Martin  V,  t.  ii,  p.  103. 

Martin  de  Braga,  t.  i,  p.  225,  348. 

Martin  de  Senging,  t.  ii,  p.  107. 

Martine,  sainte  (f.  et  off.),  t.  ii, 
p.  184,  293,  384. 

Martinien,  évêque,  t.  i,  p.  326. 

Martyrologe,  t.  ii,  p.  325;  (lecture 
du),  t.  i,  p.  361;  (africain),  t.  ii, 
p.  242;  (d'Usuard),  t.  ii,  p.  244 
sq.;  (de  Fulda;,  t.  i,  p.  271;  (hié- 
ronymien),  t.  ii,  p.  236,  241  sq.  ; 
(romain),  t.  ii,  p.  235,  245  sq.  ; 
(syriaque),  t.  i,  p.  268;  t.  ii, 
p.  236:  (de  Trêves),  t.  i,  p.  271. 

Martyrologes  (des  églises  primitives), 
t.  II,  p.  239  sq.  ;  (historiques), 
t.  II,  p.  243  sq. 

Martyrs  (Actes  des),  t.  i,  p.  77;  (an- 
niversaires des),  t.  I,  p.  7;  (f.), 
t.  I,   p.  78,   91  sq. ,  128,  129,  168, 

Brév.,  t.  II. 


272, 274  ;  (mémoire  des),  1. 1,  p.  124  ; 
(ofT.) ,  t.  I,  p.  93;  (office  du  com- 
mun des),  t.  I,  p.  93. 

Maspero,  t.  i,  p.  34. 

Masso  (Vincenzo),  t.  ii,  p.  171. 

Maternité  de  la  Vierge    (f.  ),  t.  ii, 
p.  495. 

Matines,  t.  i,  p.  79,  122,  186,  208, 
225;  t.  II,  p.  136;  (doubles  ,  t.  i, 
p.  431,432  ;  t. ii,p.61  ;  (auv»  siècle), 
t.  i,  p.  208,  211;  (au  vii<=j,  t.  i, 
p.  306  sq.  ;  (aux  vue  et  vine),  t.  i, 
p.  359;  (au  viiie),  t.  i,  p.  310; 
au  XI*),  t.  Il,  p.  13,  14;  !^au  xiiie), 
t.  II,  p.  52,  53;  (dans  l'Octave  de 
Pâques',  t.  ii,  p.  14,  27-28;  (dans 
rOctave  de  la  Pentecôte),  t.  ii, 
p.  14;  (d'après  saint  Benoit),  t.  i, 
p.  246  sq.  ;  (d'après  Sylvia),  t.  i, 
p.  151  sq.,  154  sq.,  159,  160. 

Matthias,  saint  (oit.),  t.  ii,  p.  183; 
(\agile;,  t.  ii ,  p.  216. 

Matthieu,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  182, 
219,  283,  396. 

Matutinum,  t.  i,  p.  24. 

Maur,  saint  'ofi'.),  t.  ii,  p.  418. 

Maunanus,  abbé,  t.  i,  p.  320. 

Maurice,  empereur,  t,  i,  p.  268. 

Maurice,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  27,  180, 
182. 

Mauristes  (Brév.  des),  t.   ii,  p.  342 
sq.,  366. 

Max- François  d'Autriche,   archev., 
t.  II,  p.  340. 

Max-Henri  de  Bavière,  archev..  t.  ii, 
p,  223, 

Maxime,  saint  ff,),  t.  i,  p.  417. 

Mayence  (Brév.  de),  t.  ii .  p.  224, 
359-361;  (conc),  t.  ii,  p.  152. 

Meaux  (Brév.  de),  t,  ii,  p.  224. 

Médise  noctis  tempus  est  (H.\  t,  i, 
p.  241,  370. 

Melchiade,  saint,  pape,  t.  i,  p.  94. 

Melchiade,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  184; 
t.  II,  p.  267. 

Mélanie  la  Jeune  (vie  de  sainte),  t.  i, 
p.  208. 

Memmias,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 

Mennas,   saint  (off.),  t.  ii,  p.  180, 
183,  283. 

Ménochet,  abbé,  t.  ii,  p.  334. 

Mercati,  t.  ii,  p.  93.  n.  3,  419. 

33 


514 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


Merci  (Notre-Dame  de  la)  (f.),  t.  ii, 

p.  297,  315,  380,  384. 
Meridie  orandum,  t.  i,  p.  370. 
Meridies,  t.  i,  p.  26. 
Messe  (dans  Sylvia),  t.  i,  p.  156-157. 
Méthode  et  Cyrille,  saints  (f.),  t.  ii, 

p.  413,  417. 
Méthodius,  t.   i,    p.   79,  84;   (ofT.), 

t.  II,  p.  184. 
Metz  (école  de  chant  de),  t.  i,  p.  406. 
Michel,    saint   (dédicace,   f. ),  t.    i, 
p.  272,  384;  t.  ii,  p.  364,  381,  386; 
(ofî.),  t.  II,  p.  219. 
Michel,  saint  (apparition,  f. ),  t.  ii, 
p.  275,  381,384;  (ofY.),  t.  ii,p.  70, 
180,  J83,  216,  283. 
Micrologue,  t.  ii,  p.  1,  48. 
Milan,  t.  i,  p.  189  sq.  ;  (Brév.),  t.  ii, 

p.  228;  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Milève  (conc),  t.  i,  p.  220. 
Millino,  card.,  t.  ii,  p.  291. 
Miltiade,  saint  (f.),  t.  i,  p.  94. 
Minchah    (heure   hébraïque),    t.    i, 

p.  50,  53. 
Minden  (Brév.),  t.  ii,  p.  224. 
Mischnah-Mégilla ,  t.  i,  p.  380. 
Missa,  t.  1,  p.  2. 
Missœ,  t.  I,  p.  253. 
Modeste  et  Crescence,   saints   ff.  ), 

t.  II,  p.  384;  (off.),  t.  II,  p.  183. 
Moines  (et  l'office  divin),  t.  i,  p.  103 
sq.  ;  (d'Occident  et  l'office),  t.  i, 
p.  234  sq. 
Mommsen,  t.  i,  p.  92,  95. 
Monachisme,  t.  i,  p.  103,  n.  1. 
Monastères  (basilicaux),  t.  i,  p.  310, 
311,  318;  (des  missionnaires  béné- 
dictins), t.  I,  p.  319  sq. 
Monier  (Williams),  t.  i,  p.  33. 
Monique,  sainte  (f.),  t.  n,  p.   293, 

315;  (off.)  t.  II,  p.  180,  183,  216. 
Moniior,  t.  i,  p.  172. 
Mont-Carmel  (f.),  t.  ii,  p.  315, 380, 384. 
Mont-Cassin,  t.  i,  p.  272. 
Monti  (card.),  t.  ii,  p.  374,  383,  387. 
Morin  (Dom),  O.  S.  B.,  t.  i,  p.  88, 
90,  217,  n.  4,  272,  300,  320,  n.  3: 
t.  n,  p.  452-460. 
Morin  (Pierre),  t.  ii,  p.  259,  261. 
Morone,  card.,  t.  ii,  p.  258. 
Morts  (office  des),  t.  n ,  p.  30,  37, 
131,  198,  208,  374,  377. 


Moser  (Brév.  de),  t.  ii,  369-371. 
Mozarabe  (liturgie),  t.  i,  p.  347  sq.  ; 

t.  II,  p.  15. 
Miinster  (Brév.),  t.  ii,  p.  224,  347 

sq.  ;  349-357. 
Murarius,  t.  ii,  p.  354. 
Museus,  t.  I,  p.  238. 
Mystères  (drames),  t.  i,  p.  422. 


N 


Nabor  et    Félix,   saints  (f. ),   t.    ii, 

p.  384;  (off.),  t.  II,  p.  217. 
Namur  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Nantes  (conc),  t.  i,  p.  277. 
Naples  (conc),  t.  ii ,  p.  221;  (litur- 
gie à),  t.  II,  p.  226. 
Napoléon  (Bonaparte),  t.  ii,  p.  313. 
Natale  S.    Pelri  episcopatus ,    t.    i, 

p.  270,  273. 
Nativité  de  la  sainte  Vierge  (  f.  ),  t.  i, 
p.  430;  (off.),  t.  II,  p.  458;  (Octave), 
t.  II,  p.  219,  280,  379. 
Nazaire  et  Celse,  saints  (off.),  t.  ii, 

p.  180,183,  218,  282. 
Néhémie,  t.  i,  p.  21. 
Némésius  et  Lucille,   saints  (off.), 

t.  Il,  p.  184. 
Nérée,  Achillée,  etc.,  saints  (f.),  t.  ii, 

p.  275;  (off.),  t.  n,  p.  179,  282. 
Newman,  card.,  t.  ii,  p.  214. 
Neyla  (Diego),  t.  ii,  p.  126. 
Nicée  (conc),  t.  i,  p.  87,  177. 
Nicéphore  Calliste,  t.  i,  p.  177. 
Nicetius  de  Trêves,  t.  i,  p.  227. 
Nicolas,  saint  (f.) ,  t.  ii ,  p.  296  ;  (off.), 
t.  II,  p.  27,  178,  n.  2,  182,  215,  265, 
266,  280,  395. 
Nicolas  de  Tolentino,  saint  (f.),  t.  ii, 

p.  251,  275,  295. 
Nicolas  de  Cuse,  t.  ii,  p.  107,  113. 
Nicolas  m,  t.  n,  p.  24. 
Nicolas  V,  t.  II,  p.  96  sq.,  110. 
Nicomède,  saint  (f.  ),   t.   i ,  p.  417; 

(off'.),  t.  II,  p.  180,  1S3. 
Nicostratus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  96. 
Nil  (abbé),  t.  i,  p.  182  sq. 
Nilles  (Nie),  t.  i,  p.  20,  28,  274. 
Nocte  surgentes  (H.),  t.  i,  p.  370. 
Nocturnes,  t    i,  p.  208. 
Nocturni,  t.  i,  p.  24. 
Noël,  t.  I,  p.  89,  95,  129,  201,  228, 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


515 


265  sq.,  272,  426;  (dans  l'Octave), 

t.  II,  p.  484,  485. 
Nogarolus,  t.  ii,  p.  215. 
Nom  de  Jésus  (f.),  t.  ii,  p.  303,  309, 

379,  384;  (ofT.),  t.  il,  p.  487-488. 
Nom  de  Marie  (f.j,  t.  ii,  p.  297,  309, 

380,  384. 

Nona,  t.  I,  p.  24,  28. 

None,  t.  I,  p.  63,  73,  75,  78,  116,  121, 
123,  124,  129,  131,  135,  136,  145  sq., 
152,  159,  162,  164,  166,  167,  168, 
186,  194-196,  208,  210,  211,  249 
sq.,  310. 

Nonnus,  saint  (f.  ,  t.  i,  p.  95. 

Norbert,  saint  (f.},  t.  ii,  p.  296. 

Notker  le  Bègue,  t.  i,  p.  419. 

Nox  média,  t.  i,  p.  25. 

Nuit,  sa  signification,  t.  i,  p.  24. 

Nuit  et  jour,  divisions,  t.  i ,   p.  24. 

Nunc  dimittis,  t.  i,  p.  179,  183,  362; 
t.  Il,  p.  130. 

Nunc  sancte  nobis  Spiritus,  t.  i, 
p.  370. 


o 


Occident  esprit  de  sa  liturgie',  t.  i, 
p.  102. 

Octavaire  Octavarium  ,  t.  ii,  p.  252, 
273. 

Octaves,  t.  ii,  p.  31,  71,  199,  462. 

Odilon,  saint,  t.  i.  p.  398;  (f.\  t.  ii, 
p.  418. 

Odon,  saint,  t.  ii,  p.  218;  (off.\  t.  ii, 
p.  418. 

0  felix  Roma  (H.),  t.  ii,  p.  217. 

Office  divin,  son  contenu,  t.  i,  p.  2; 
diverses  appellations,  p.  2;  (or- 
donnances concernant  1'  ) ,  p.  5  ; 
parties  intégrantes,  p.  5. 

Office  de  exspectatione  B.  M.  V.,  t.  i, 
p.  349. 

Office  (de  la  croix),  t.  ii,  p.  38;  (de 
la  fin  du  jour),  t.  i,  p.  116-117; 
(de  la  sainte  Vierge),  t.  ii,  p.  37, 
53,  131 ,  198,  207,  462  ;  (de  la  sainte 
Vierge  [petit]),  t.  i,  p.  374,  375; 
t.  Il,  p.  37;  (des  Morts),  t.  ii, 
p.  30,  37,  131,  198,  208,  374,  377; 
(de  saint  Benoît),  t.  i,  p.  376;  (de 
saint  François),  t.  u,  p.  69;  (de 
tous  les  saints),  t.  i ,  p.  37  i,  377; 


t.  II,  p.  38;  (du  Saint-Esprit),  t.  ii, 
p.  38;  (nocturne),  t.  i,  p.  279;  (ro- 
main aux  xc,  xi«  et  xiie  siècles), 
t.  II,  p.  4  sq. 

Offices  au  vii^  siècle,  t.  i,  p.  306  sq. 

Offices  rimes,  t.  ii,  p.  73  sq. 

Officium  [capituli],  t.  i,  p.  361; 
[gallicinium],  t.  i,  p.  79;  {seroti- 
num),  t.  i,  p.  231. 

Oldenberg  (R.  D.),  t.  i,  p.  33. 

Olmiitz  (Brév.),  t.  ii,  p.  361  ;  (conc), 
t.  II,  p.  221. 

0  lux  beata  Trinitas  (H.),  t.  i, 
p.  370. 

Opistografo  de  Ravenne,  t.  i,  p.  265, 
266. 

Opus  Dei,  t.  I,  p.  2. 

Oraisons  (entre  psaumes),  t.i,p.  123, 
140,  209,  210,  360;  (finales  de  l'of- 
fice), t.  I,  p.  376-377;  (pour 
l'Avent),  t.  I,  p.  265. 

Orange  ;conc.),  t.  i,  p.  246. 

Ordines  Romani,  t.  i,  p.  394;  t.  u, 
p.  6  sq. 

0  Rex  œterne-  Domine  (H.'),  t.  i. 
p.  218. 

Ordo  lectionum  sacrse  Scripturee, 
etc.,  etc.,  t.  1,  p.  412. 

Ordo   romanus  I,  t.  i.  p.  409. 

—  Xr,  t.  i.  p.  409. 

—  XII,  t.  II.  p.  21. 

—  XIII,  t.  II.  p.  37. 

—  XIV,  t.  II.  p.  88-89. 

—  XV,  t.  II.  p.  90  sq., 
101,  103. 

Ordo  romanus  de  saint  Amand,  t.  i, 

p.  380. 
Ordo  romanus  vulgatus,  t.  i,  p.  408. 
Orient  (office  des  moines  d'  ' ,  t.  i, 

p.  141-150. 
Orientaux  (offices),  t.  i,  p.  185. 
Origène,  t.  i,  p.  67-69,  177,  389. 
Orlandi,  t.  ii,  p.  375. 
Orléans  (conc),  t.  i,  p.  223. 
Orsbeck  (Jean  H.  von),  t.  ii,  p.  358. 
Orsini  (Fulvius),  t.  ii,  p.  259. 
Osbert  de  Clare,  t.  ii,  p.  61. 
Osca  (évéque  d'),  t.  ii,  p.  162. 
Osnabriick  (Brév.  d'),  t.  ii,  p.  224 

361. 
Othon  de   Montferrat,   card.,   t.  ii 

p.  70. 


516 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


Pacôme  (Règle),  t.  i.  p.  110  sq. 
Paderborn  (Brév.),  t.  ii,  p.  224,  361. 
Palais  (rite  du  sacré),  t.  i,  p.  331  sq. 
Palestine.  Cf.  Jérusalem  et  Moines. 
Paleotti,  cardinal,  t.  ii,  p.  174. 
Pambo,  abbé,  t.  i,  p.  182,  n.  3. 
Pamphile,  saint  (off.  ),  t.  ii,  p.  184. 
Pancrace,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417. 
Pantaléon,  saint  (  f.  )  ,  t.  i,  p.  274; 

t.  II,  p.  384;  (olî.j,  t.  Il,  p.  183. 
Papes  (fêtes  des  premiers),  t.  i,  p.  94- 

96;  t.  II,  p.  15  sq.,  70. 
Paphnuce  (Règle),  t.  i,  p.  176. 
Papyrus  Rainer,  t.  i.  p.  85. 
Pâque,  t.  I,  p.  7. 
Pâques,  t.  i,  p.  66,  7« ,  82,  86,  127- 

129,   164   sq.,   168,  223,   228,  272; 

t.  II,  p.  49;  (semaine  de),  1. 1,  p.  431. 
Pargoire  (  R.  P.),  t.  i,  p.  144,  n.  1, 

255  sq. 
Paris  (Brév.),  t.  n,  p.  224,  225. 
Paris  de  Crassis,  t.  ii,  p.  111,  112. 
Parisière  (Jean -César  de  la),  t.  ii, 

p.  307. 
Paroisses  rurales,  t.  i,  p.  107. 
Parsis  (prière  chez  les),  t.  i,  p.  33. 
Parthenus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Pascal  I",  t.  i,  p.  418. 
Pascal  II,  t.  II,  p.  17. 
Pascal  Baylon,  saint  (f.j,  t.  ii,  p.  319  ; 

(off.),  t.  II,  p.  417,  490. 
Pascal  (temps),  t.  i ,  p.  164  sq. 
Passaglia,  S.  J.,  t.  ii,  p.  411. 
Passion,  t.   i,   p.   7;  (temps  de  la), 

t.  I.  p.  160;  t.  I,  p.  426;  (anniver- 
saire de  la),  t.  I,  p.  272. 
Passionale,  t.  i,  p.  399. 
Passionarium,  t.  i,  p.  399. 
Pater  noster,  t.  i,  p.  56,  57,  p.  125, 

183,  221,  240,  249,  253  et  n.  3,  275, 

374,377-379,386;  t.  ii,  p.  46,  55,  57, 

134,  201,  202. 
Pater  superni  luminis,  t.  ii,  p.  274. 
Patrice,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  411. 
Patronage  de  la   sainte  Vierge  (f.  ), 

t.  II,  p.  380,  384. 
Paul,  saint,  apôtre  '  f.  ),  t.  i,  p.  95, 

267,  268,  270,  273,  382,  384,  416; 

(conversion  de)  (f.),  t.  ii,  p.  275, 

355,  382,  386;  (olT.),  t.  ii,  p.  279, 


391,  456,  492;  (épîtres),  t.  i,  p.  84, 

91  ;  cf.  aussi  Apôtres. 
Paul,  saint,  ermite  (f.),  t.  ii,  p.  303; 

(off.)  ,t.  II,  p.  179,  182,  215,  282,  488. 
Paul  de  la  Croix  ,  saint  (  f .  ) ,  t.  n, 

p.  412. 
Paul  I",  pape,  t.  i,  p.  305,  328. 
Paul  II,  t.  II,  p.  72,  97,  98,  109. 
Paul  III,  t.  II,  p.  145,  258. 
Paul  IV,  t.  II,  p.  158. 
Paul  V,  t.  II,  p.  276-278. 
Paul  de  Bernried,  t.  i,  p.  346. 
Paul  de  Samosate,  t.  i,  p.  84. 
Paul  Warnefried,  t.   i ,  p.  391,  410. 
Paulin  de  Noie,  saint,  t.  i,  p.  197; 

(ofl'.),  t.  Il,  p.  180,  183,  282. 
Paulinus  (Magister),   0.    P.,   t.  ii, 

p.  258. 
Pavie  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Pâzmâny,  t.  ii,  p.  361. 
Peckham  (Jean),  t.  i,  p.  427. 
Pelage  l",  t.  I,  p.  270. 
Pelage  II,  t.  I,  p.  260. 
Pensum  servitutis,  t.  i,  p.  2. 
Pentecôte,  t.  i,  p.  88,  128,  129,  166, 

168,  228,  272,  426;  (off.),  t.  ii, 
p.  486;  (vigile),  t.  ii,  p.  455,  486; 
(dimanches  après  la),  t.  ii,  p.  456; 
(dans  rOctave  de  la),  t.  ii,  p.  486. 

Pépin  le  Bref,  t.  i,  p.  327,  328,  413. 
Peregrinatio  Sylvix ,   t.    i,  p.  150- 

169,  320. 

Pères  du  iv«  siècle  et  l'office,  t.  i, 

p.  113  sq. 
Perfecto  trino  numéro  (H.), 1. 1,  p.  370. 
Perpétue,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  95,  273. 
Perpétue  (évêque),  t.  i,  p.  228,  270. 
Pcters,  t.  I,  p.  76. 
Pétronille,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  384; 

(off.),  t.  II,  p.  183,  282. 
Petrucci   (Girolamo),    S.   J.,    t.   ii, 

p.  288,  290. 
Philéas  et  Philorome,  saints  (off.), 

t.  Il,  p.  184. 
Piiilippe,    saint,   apôtre  (f.  ),   t.   i, 

p.  270,  273;  (off.),  t.  il,  p.  179,  182. 
Philippe,  saint,  martyr  (f.),  1. 1,  p.  95. 
Philippe  Benizzi,saint(f.),t.  ii,p.297. 
Philippe  de  Néri ,   saint  (f.),   t.  ii, 

p.  278,  293,  295. 
Philippe    d'Héraclée  (actes),   t.   i, 

p.  90. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


517 


Philippe  II  d'Espagne,  t.ii,  p.  193. 221. 
Philorome,  saint  (ofT.},  t.  ii,  p.  184. 
Philostorge,  t.  i.  p.  177. 
Piccolomini  (Augustin-Patrice  ,  t.  ii, 

p.  111,  112. 
Pie  I",  saint   f.),  t.  ii,  p.  384:  (off.), 

t.  II,  p.  180,  182,  282,  453. 
Pie  II,  t.  II,  p.  96,  97,  107,  109,  113. 
Pie  IV,  t.  I,  p.  350;  t.  ii,  p.  168,  258. 
Pie  V,  t.  I,  p.  357;  t.  ii,  p.  169,  191 

sq.,  258-259;  (f.),  t.  ii,  p.  319. 
Pie  VI,  t.  Il,  p.  318,  402. 
Pie  VII.  t.  II,  p.  319. 
Pie  VIII.  t.  II,  p.  320. 
Pie  IX,  t.  II,  p.   210.  403,  410-413. 
Pierre,  saint,  apôtre  (f.,  t.  i,  p.  95, 
229,   267,   268,   270,  273;  (vigile), 
t.  Il,  p.  217;  (f.),  t.  II,  p.  217.  382, 
386;  (Octave),  t.  ii,  p.  217,  457  ;  (es 
liens),  (f.),  t.  I,  p.  417;  t.  ii,  p.  70, 
275,  382,  386;  (ofF.),  t.  ii ,  p.  183, 
218,  280,  282,  396,   458;  cf.   aussi 
Apôtres. 
Pierre   et   Dorothée,    saints    (off.), 

t.  Il,  p.  184. 
Pierre  et  Marcellin,  saints  ;f.\  t.  i, 

p.  417. 
Pierre    Célestin ,    saint    (f.  ),    t.    ii, 

p.  295,  297. 
Pierre  Ghrysologue,  saint  (f.),  t.  ii, 

p.  315,  385. 
Pierre  d'Alcantara,  saint  (f.  ),  t.  ii, 

p.  296,  302. 
Pierre  d'Alexandrie,  saint  (f.),  t.  ii, 
p.   385;  (off.    ,   t.  II,   p.   179,   180, 
182,  220,  283. 
Pierre  Damien,  saint,  t.   i,  p.  345- 

346,  376;  (f.),  t.  ii,  p.  320. 
Pierre,    martyr,    saint    (f.  ),    t.    ii, 
p.  251.  275,  296  ;  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Pierre  Nolasque,    saint   (f.  ),   t.   ii, 

p.  295,  296;  (off.),  t.  ii ,  p.  396. 
Pierre  le  Vénérable,  t.  i,  p.  428. 
Pierre  (chantre),  t.  i,  p.  340. 
Pierre  Diacre,  t.  i,  p.  376. 
Pierre  de  Rome  (église  Saint-) ,  t.  i, 

p.  357. 
Pitra,  cardinal,  O.  S.  B.,  1. 1,  p.  130, 

171,  182,  189. 
Placide,  saint    f.),  t.  ii,  p.  251,  385. 
Plaine  (Dom),  O.  S.  B.,  1. 1.  p. 93,  255. 
Plantin  (Christophe),  t.  ii,  p.  192-194. 


Pleithner,  t,  i,  p.  76,  114,  199  sq. 
Pline  le  Jeune,  t.  i,  p.  27,  55,  59. 
Poggiani,  t.  ii,  p.  171,  181. 
Polycarpe,  saint  (f.;,  t.  i,  p.  91,  177, 
273;  t.  ii,p,  275;  (off.),  t.  ii,  p.  182. 
Pompée,  t.  I,  p.  28. 
Pomponatius,  t.  ii,  p.  99. 
Ponce  de  Léon,  t.  ii,  p.  173. 
Pontien,  saint  (f.  .  t.  i,  p.  95;  t.  ii, 
p.  384;  (off.),  t.  Il,  p.  179,  182,  283. 
Porteforia,  t.  ii.  p.  69,  428. 
Portifex,  t.  ii,  p.  428. 
Portues,  t.  II.  p.  69. 
Portugal,  t.  II,  p.  221  :    liturgie  en), 

t.  II,  p.  226. 
Post    Ascensa],  t.  i,  p.  425;  {Cathe- 
clrani  Pétri),  t.  i,  p.  425;  (Epipha- 
nianij,  t.  i,  p.   425;  (meridies), 
t.  i,  p.  26  ;  [Octahas  Apostolorum], 
t.  i,  p.  425;  [Octabas  Domini),  t.  i, 
p.    425;  [Octahas   Paschœ),   t.   i, 
p.  425;  {Octahas  Pentecostes),  t.  i, 
p.  425;  {sancti  Angeli),  t.  i,  p.  425; 
[sancti  Cornelii  et  Cypriani),  t.  i, 
p.    425;   [sancti  Laurentii  ,    t.   i, 
p.  425. 
Pothon  de  Priim,  t.  i,  p.  428. 
Prsecentor,  t.  i,  p.  172. 
Prâmistev  (Ant.),  t.  ii,  p.  249. 
Prœnuntiator  Psalmi,  t.   i ,  p.   172. 
Prague  (^Brév.),  t.  ii,  p.  224. 
Pra.xède,  sainte   (f.  ),   t.  i,  p.  417; 
t.  II,  p.  70;  (off.\  t.  II,  p.  179,  182, 
396. 
Precamar  Patrem  rec/em  (H.),  t.  i, 

p.  241. 
Preces,  t.  i,  p.  57  sq.,  149-150,  253, 
366,   374,   378;   t.   ii ,    p.    30,   198; 
[feriales),  cf.  Suffrages;   horarise), 
t.   I,   p.   2;   [in   ieiunium  decimi 
mensis),  t.  i,  p.  424. 
Prémontrés,  t.  i,  p.  406;  t.  ii,  p.  222. 
Présentation  de  N.-S.  :  cf.  Purifica- 
tion; (f.),  t.  I,  p.  267,  272. 
Présentation  de  la  Vierge  (f.),  t.  ii, 
p.  72,  110,  252,  275,  380,  386;  (off.), 
p.  219,  220,  232,  n.  2,  280,  355. 
Prière  (et  lecture,  1. 1,  p.  3,  4;  (vocale), 
t.  I,  p.  13;  (obligation  de  la),  t.  i, 
p.    14;    (aux   premiers   temps    du 
monde  ),  t.  i,  p.  20  ;  (  chez  le  peuple 
juif),   t.  I,  p.  21:  (en  dehors   du 


518 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


peuple  choisi),  t.  i,  p.  20,  22;  (en 
esprit  et  en  vérité),  t.  i,  p.  22; 
(temps  fixés  pour  la),  t.  i,  p.  23; 
(chez  les  divers  peuples),  t.  i, 
p.  32  sq.  ;  (pour  les  défunts),  t.  i, 
p.  128. 

Prières  (finales  de  l'office),  t.  i, 
p.  373;  (hébraïques),  t.  i,  p.  49  sq., 
(initiales),  t.  i,  p.  373  sq.  ;  (inter- 
calaires), t.  I,  p.  378. 

Prima,  t.  i,  p.  24. 

Prima  {luce),  t.  i,  p.  26;  (vigilia,), 
t.  I,  p.  58,  251. 

Prime,  t.  i,  p.  135,  144-145,  209, 
210,  218,  219,  240,  249,  259,  310, 
361-364,  374;  t.  ii,  p.  136,  156,  202. 

Prime,  saint(olT.),  t.  ii,  p. 179, 183, 282. 

Primo  (lierum  omnium  (H.),  t.  i, 
p.  370. 

Prisque,  sainte  (  f .  ) ,  t.  i,  p.  417; 
fofl'.),  t.  II,  p.  179,  182. 

Probst,  t.  I,  p.   76,  84,  177. 

Processus  et  Âlartinien,  saints  (  off.  ), 
t.  II,  p.  182,  217. 

Profuturus  de  Braga,  t.  i,  p.  348. 

Prolesde  cœlo prodiit  (H.),  t.  ii,  p.  70. 

Proost  (Dom),  O.  S.  B.,  t.  i,  p.  29. 

Propre  des  saints,  t.  i,  p.  256;  t.  ii, 
205,  394-396,  456-459. 

Propre  du  Temps,  t.  i ,  p.  256,  424 
sq.  ;  t.  n,  p.  48,  203, 393-394,  454-456. 

Prose,  t.  i,  p.  419. 

Prosper  d'Aquitaine,  saint,'  t.  i, 
p.  238;  t.  Il,  p.  430. 

Protais,  saint,   cf.    Gervais,   saint. 

Protus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95,  417. 

Protus  et  Hyacinthe ,  saints  (  olT.  ) , 
t.  n,  p.  180,  183,  416. 

Prudence,  t.  i,  p.  198. 

Psalmislœ,  t.  i,  p.  173. 

Psalmodia,  t.  i,  p.  2. 

P.salmorum  modiilator,  t.  i,  p.  173. 

Psalmus  [directaneus),  t.  i,  p.  217, 
246,  2i8,  252;  {responsorius),  t.  i, 
p.  173. 

Psalterium  {amhrosianum),  t.  ii , 
p.  174,  n.  3;  [feriatum),  t.  ii, 
p.  426;  [gallicannm),  t.  i,  p.  356- 
357;  (per  hebdomadam),  t.  i. 
p.  199,  243,  355  sq. ,  363;  t.  ii, 
p.  47,  376,  388;  [romannm),  t.  i, 
p.  200,  455;  {vetns),  t.  i,  p.  200. 


Psaumes  (  nombre  sacré  de  douze  ), 
t.  I,  p.  78,  139;  (dans  les  heures 
hébraïques),  t.  i,  p.  52  sq.  ;  (dans 
l'office),  1. 1,  p.  178,  204  ;  (graduels), 
t.  I,  p.  374,  377;  t.  ii,  p.  37,  198; 
(de  la  Pénitence),  t.  i,  p.  374,  377; 
t.  Il,  p.  30,  37,  198. 

Psautier,  t.  i,  p.  243  sq.  ;  t.  ii, 
p.  200,  202-203. 

Ptolémée  et  Lucius,  saints  (off.), 
t.  II,  p.  18i. 

Pudentienne,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  417; 
t.  Il,  p.  70;  (off.),  t.  II,  p.  179,  182, 
282,  491. 

Purification  (f.),  t.  i,  p.  158,  168,  267, 
272,  429;  (off.),  t.  ii ,  p.  216,  289, 
355,  395,  396,  457. 

Q 

Qua  Christtis  hora  sislit  (H.),  t.  i, 

p.  370. 
Quarante  Martyrs  (off.),  t.  ii,  p.  180, 

182,  282,  299. 
Quasimodo   (dimanche    de),  (off.), 

t.  II,  p.  455. 
Quatre  couronnés  (off.),  t.  n,  p.  180, 

183. 
Quatre -Temps,  t.  i,  p.  87,  88,  426- 

427;  t.  II,  p.  14  sq. 
Quélen  (Mgr  de),  t.  ii,  p.  210. 
Qnicumque  Christum  quseritis  (H.), 

t.  Il,  p.  218. 
Qnicumque  (symbole),  t.  ii,  p.  37,  46. 
Quid  Regina  (trope),  t.  i,  p.  419. 
Quig-nonez,  card.,  t.  ii,  p.  116, 125-149, 
Quindecim    dies   ante    Quadragesi- 

mam,  t.  i,  p.  425. 
Quiquerand  de  Beaujeu,  Ilon.,  t.  n, 

p.  307. 
Quod  a  noif-s  (Bulle),  t.  ii,  p.  145. 

n 

Raimund  (Daniel),  t.  ii,  p.  249. 
Rameaux    (  dimanche     des  ) ,     t.    i, 

p.  160  sq.;  (procession  des),  t.  ii, 

p.  9. 
Ramire  d'Aragon,  t.  i,  p.  350. 
Ranca'u  (Hilarion),  O.  G.,  t.  ii,  p.  287. 
Raoul  de  Tongres,   t.  ii,  p.  22  sq., 

49,  51,  53,  54,  69,  lOi,  105,  431. 
Ratbert,  t.  i,  p.  341. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


S19 


Raymond  de   Penafort,  saint  (f.  ), 

t.  II,  p.  296,  384. 
Raymond  de  Vinci,  t.  ii,  p.  96,  n.  2. 
Raymond  Nonnat,  saint  (f.  )i  t-  "> 

p.  296,  297,  385. 
Recior  potens,  verax  Deus  (H.),  t.  i, 

p.  370. 
Regina  cseli  (ant.),  t.  i,  p.  375. 
Regina  cœli  (trope),  t.  i,  p.  422,423. 
Reims  (conc),  t.  ii,  p.  152,  221. 
Rembert,  saint,  t.  i.  p.  378. 
Remedius   de    Rouen,    saint,    t.    i, 

p.  328. 
Rémi,  saint  (f.),  t.  ir,  p.  296;  (ofT.), 

t.  II,  p.  180,  183. 
Répons  (chant),  t.  i,p.  172;  (à  Rome), 

p. 404;   (en  Gaule),    p.   404,    407; 

(grands),  t.  ii,  p.  27;  [Cornélius 

Centurio),  t.  i,  p.  416. 
Rerum  Deus,  tenax  vigor  (H.),  t.  i, 

p.  370. 
Respicius,  saint  (actes),  t.  i,  p.  92; 

(f.),  t.  II,  p.  70. 
Responsorial  (modifications  du  ix« 

au  XI®  siècle),  1. 1,  p.  407  sq.  ;  (chez 

les  Francs),  p.  414. 
Responsorium  [brève),  t.  i,  p.  173; 

[prolixum),  t.  i,  p.  173. 
Responsorius,  t.  i,  p.  315. 
Résurrection  (anniversaire    de    la), 

t.  I,  p.  272. 
Retz  (cardinal  de),  t.  ii,  p.  330. 
Rex   Christe  factor  omnium  (  H.  ), 

t.  I,  p.  371. 
Rhaban  Maur,  t.  i,  p.  368;  t.  ii,  p.  35. 
Ricca  (Raphaël),  t.  ii ,  p.   406-407. 
Riccardi  (Nie),  O.  P.,  t.  ii,  p.  287. 
Ricchini   (Thomas),    O.    P.,    t.    ii, 

p.  417. 
Ricci  (Scipion),  t.  ii,  p.  336-337. 
Rictrude,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  76. 
Ridolfi  (Pierre),  t.  ii,  p.  261. 
Rite  (ambrosien),  t.  i,  p.  265;  (mila- 
nais), t.  Il,  p.  228  sq.  ;  (monacal), 

t.  I,  p.  224. 
Rituale  Ecclesise  Dunelmensis ,  t.  i, 

p.  385. 
Ritus  Patriarchinus,  t.  ii,  p.  227. 
Robert  de  France,  t.  i,  p    415. 
Roberli,  minime,  t.  ii,  p.  419. 
Rocca   (  Angelo  ) ,    O.  S.   A. ,    t.    ii, 

p.  260,  261. 


Rogations,  t.  i,  p.  415. 
Romain,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  385. 
Rome  (aux  x"  et  xi«  siècles),  t.  ii, 

p.  8,  9;  (Saint- Pierre   de),  t.    i, 

p.  200;  (conc),  t.  i ,  p.  201;  t.  ii, 

p.  14,  15,  16. 
Romuald,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  275. 
Rosaire  (f.),  t.  ii ,  p.  234,  302,  309, 

380,   384,    416-417;    (off.),   t.   ii, 

p.  84,  417,  458,  494. 
Rose  de  Lima,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  315. 
Rose  de  Viterbe,  sainte  (f.  ),  t.  ii, 

p.  385. 
Rossi  (J.-R.),  saint  (f.),  t.  ii,  p.  414. 
Rossi  (de),  t.  i,  p.  94. 
Rotulus  de  Ravenne,  t.  i,  p.  265. 
Rouen  (conc),  1. 1,  p.  277  ;  t.  ii,  p.  221. 
Rubeis  (Jean  de),  O.  C,  t.  ii,  p.  259. 
Rubriques,  t.  ii,  p.  274-275,  414. 
Ruffach  (Jodocus  Gallus  de),  t.  ii, 

p.  114,  n.  1. 
Rufine,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  417;  t.  ii, 

p.  70,  384;  (off.),  t.  ii,  p.  183,  282. 
Rufus,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  184. 
Rupert  de  Deutz,  t.  i,  p.  427. 
Ruvere,  card.,  t.  ii,  p.  261. 
Rythmes,  t.  n,  p.  82. 


Sa  (Emmanuel),  S.  J.,  t.  ii,  p.  259. 

Sabas,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  70,  385. 

Sabbatum  duodecim  lectionum,  t.  i, 
p.  427. 

Sabine,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  180,  183. 

Sacramentaire  (gélasien),  t.  i,  p.  266; 
(léonien),  t.  i,  p.  7,  266. 

Sacratissimi  martyres  summi  Dei 
(H.),  t.  i,  p.  241. 

Sacré-Cœur  (f.),  t.  ii ,  p.  316  sq. 

Sacrement  (office  du  saint),  t.  ii, 
p.  232,  n.  2;  (jours  dans  l'Octave 
du  saint),  t.  ii,  p.  455-456. 

Sacrificium  [iuge],  t.  i,  p.  50;  [ve- 
spertinum  .,  t.  i,  p.  50. 

Sailer  (Brév.  de),  t.  ii ,  p.  365-366. 

Saints  (du  canon  de  la  Messe),  (f.), 
t.  n,  p.  173;  (fêtes),  t.  i ,  p.  383, 
416  sq.;  t.  II,  p.  70  sq. ,  178  sq., 
232,  n.  2,  251  sq.,  294  sq.,  340  sq., 
381  sq. ,  410  sq.;  (légendes), 
p.  178  sq. ,  211  sq. ,  215  sq. ,  279 
sq.,  288  sq. 


520 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Salisbury  (liturgie  de),  t.  ii,  p.  226. 
Saloraon,  t.  i,  p.  21. 
Salon  (Jean),  O.  S.  F.,  t.  ii,  p.  197,  n.  2. 
Salve  Regina,  t.  i,  p.  375;  t.  ii,  p.  38, 

69,  208. 
Salvener  (André),  t.  ii,  p.  261. 
Salzbourg(conc.),  t.  ii,  p.  152;  (Brév.), 

t.  II,  p.  361  et  n.  2. 
Samedi,  t.  i,  p.  136;  (saint),  t.  i, 

p.  164. 
Sanche  de  Navarre,  t.  i,  p.  350. 
Sancli  Spiritus  adsit  nobis  gratia. 

(H.),  t.  I,  p.  415,  n.  2. 
Sancti  venite,  Chrisli  corpus  sumite 

(H.),  t.  I,  p.  241. 
Sanctoral,  t.  i,  p.  384,  424, 
Sang  (office  du  saint),  t.  ii,  p.  232, 

n.  2;   (précieux  sang)    (f.),  t.  ii, 

p.  410;  (off.),  t.  Il,  p.  457,  492. 
Sannazar,  t.  ii,  p.  115. 
San-Severino  (conc.  ),  t.  ii,  p.  221. 
Santangelus  (Jérôme),  t.  ii ,  p.  249. 
Santi,  de,  S.  J. ,  t.  ii ,  p.  209,  n.  3. 
Saragosse  (conc),  t.  i,  p.  90. 
Sarbiewski    (Mathias),  S.  J. ,  t.  ii, 

p.  290. 
Sarnane,  card.,  t.  ii,  p.  261. 
Saturnin ,  saint  (  actes  ),   t.  i ,  p.  78  ; 

(f.),  t.  I,  p.  96;  (off.),  t.  Il,  p.  215. 
Saturnin  et  Sisinnius,  saints  (off.), 

t.  II,  p.  184. 
Scacchi    (Fortun.),    O.    A.,    t.    ii, 

p.  2S7. 
Schisme    (grand),  t.   ii,   p.   89  sq., 

104  sq. 
Schlagintweit  (Em.),  t.  i,  p.  32. 
Schola  cantorum,   t.  i,  p.  300  sq., 

312  sq.,  319. 
Scholastique,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  315, 

384;  (off.),  t.  II,  p.  418. 
Schomone-Esre,  t.  i,  p.  52. 
Schôsenberg,   t.  i.,  p.  354. 
Schotto  (Bernardino),  t.  ii,  p.  158, 

169,  258. 
Schulting,  t.  I,  p.  52. 
Sébastien,  saint  (actes),  t.  i,  p.  77; 

(f.),  t.  I,   p.  95,  273;  (off.),  t.  ii, 

p.  27,  179,  181,  282,  298. 
Seconde,  sainte  (  f .  ) ,   t.  i,  p.   417; 

t.  Il,  p.  70,  384.  Cf.  Ruline. 
Secundœ  Matutinx,  t.  i,  p.  209. 
Secundus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 


Seld,  t.  II,  p.  160. 
Séligenstadt  (conc),  t.  n,  p.  14. 
Semaine  sainte,  t.  i,  p.  129,  159  sq. 
Sempronianus,  saint  (f.),  t.  1,  p.  96. 
Sennen,  saint  (f.  ),  t.  i,  p.  95,  417; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  182,  282. 
Sens  (Brév.),  t.  ii,  p.  224;  (conc), 

t.  II,  p.  152. 
Sept-Douleurs  (f.),  t.  ii,  p.  71,  109, 

315,  319,  380,  384;  (off.),  t.  ii,  p.  79, 

490,  493-494. 
Sept  Frères  (off.),  t.  ii,  p.  179,  182, 

217,  282. 
Septuagésime ,    t.    i,  p.   426;   t.   ii, 

p.  49,  101. 
Séquence,  t.  i,  p.  419,  420. 
Séraphie,  sainte  (off.),  t.  ii ,  p.  184. 
Sérapion  (Règle),  t.  i,  p.  176. 
Sérarius,  t.  ii,  p.  249. 
Sergio  (Jean-Thomas),  t.  ii,  p.  374, 

390,  391. 
Sergius  l^'  (pape),  t.  i,  p.  429. 
Sermonnaire,  t.  i,  p.  410. 
Servites,  t.  u,  p.  222;  (sept  fonda- 
teurs des),  (f.),  t.  II,  p.  417. 
Severanus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Sexagésime,  t.  i,  p.  119,  223. 
Sexta,  t.  I,  p.  24,  28. 
Sexte,  t.  I,  p.  63,  73,  75,  77,  88,  116, 

121,  123,   129,   131,   135,  145   sq., 

152,  159,  164,  167,  168,  186,  194- 

196,  208,  210,   211,  230,   249   sq., 

310;  t.  II,  p.  136. 
Sic     ter    quaternis    labitur ,    t.    i, 

p.  371. 
Sicard  de  Crémone,  t.  i,  p.  428. 
Sicile  (liturgie  en),  t.  ii,  p.  226. 
Sidoine-Apollinaire,  t.  i,  p.  173. 
Sigebert  de  Gembloux,  t.  i,  p.  367. 
Sigonius  de  Bologne ,  t.   ii ,  p.  211. 
Sigulf,  abbé,  t.  i,  p.  329. 
Silanus,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Silvère,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  384  ;  (off.), 

t.  II,  p.  179,  183,  216,  282,  416. 
Silvestre,  saint,  O.  S.  B.  (f.),  t.  ii, 

p.  417. 
Silvio  Antoniano,  card.,  t.  ii,  p.  273, 

274. 
Siméon,   saint  (off.),   t.   ii,  p.   179, 

183. 
Siméon,  chantre,  t.  i,  p.  328. 
Siméon  et  Jude,  saints  (vigile),  t.  ii. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


521 


p.   220;   (off.  ),   t-    II,  p.    J73,  180, 

182. 
Simplice,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417. 
Sinaï  (office  au  mont    ,  t.  i ,  p.  182 

sq. 
Singkmoser,  t.  ii,  p.  160. 
Sirleto  (Guillaume,  cardinal),  t.  ii, 

p.  158,  169-171, 176, 228,  234,  245, 

258. 
Sixte,  saint  (ofT.),  t.  ii ,  p.  179,  282. 
Si.xte  II,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95,  273. 
Sixte  IV,  t.   I,   p.  357;   t.  ii,   p.  62, 

98,  110,  113. 
Sixte  V,  t.  II,  p.  210,  247,  251-262. 
Smaragde,  saint  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Smaragde,  abbé,  t.  i,  p.  385. 
Smedt    (  Chai-les  de"),    S.   J. ,    t.    ii, 

p.  178,  n.  2. 
Socrate,  historien,  t.  i,  p.  114,  136, 

173. 
Sonnatius   de  Rouen,  t.   i,  p.   274, 

n.  7. 
Sophie,  sainte  (f.),  t.  i,  p.  417. 
Sophrone,  t.  i,  p.  181,  182. 
Sorbonne,  t.  n,  p.  139. 
Soter,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  384;  (ofT.), 

t.  Il,  p.  179,  183,  216,  282,  453. 
Soto  (Dominique),  t.  ii,  p.  140. 
Souchier  (Jérôme),  t.  ii,  p.  258. 
Sozomène  (historien),  t.   i .  p.  113, 

135,  177. 
Spiegel,  t.  i,  p.  33. 
Spire  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  224. 
Spiritus  divinse  lucis  glorise  (H.), 

t.  I,  p.  241. 
Stadtamhof  (monastère),  t.  i,  p,  346. 
Stanislas,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  275,  315. 
Staphylus,  t.  ii,  p.  160. 
Stationales  (églises),  t.  ii,  p.  18,  19. 
Stattler  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  365. 
Stigmates    de    saint    François    (f.  ), 

t.  II,  p.  252,  275,  277,  296,  318,  385  ; 

(off.),  t.  II,  p.  494. 
Stowe  (Missel  de),  t.  II,  p.  431, 437-438. 
Strada  (Famiano),  S.  J.,  t.  ii,  p.  290. 
Suffrages,  t.  i,  p.  237-238,  240,  241, 

374;  t.  II,  p.  200,  429-441,  473. 
Suggestor,  t.  i,  p.  172. 
Summe  largitor  prsemii,  t.  i,  p.  371. 
SyvaÇiç,  t.  I,  p.  2. 
Supplicatio,  t.  i,  p.  238. 
Suprema,  t.  i,  p.  26. 


Suzanne,   sainte  (f.  ),  t.   i,  p.    417; 

t.  Il,  p.  70. 
Sylvestre,  saint  (f.),  t.  i,  p.  94.  417; 

(off.),  t.  Il,  p.  215,  416,  453. 
Sylvia,  t.  i,  p.  150  sq. 
Symbole  de   saint  Athanase,   t.  i, 

p.  365. 
Symmaque,  pape,  t.  i,  p.  300,  320. 
Symphorien ,  saint  (f.;,  t.  i ,  p.  229; 

t.  II,  p.  385. 
Symphorosa,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  70, 

384;  ,off.),  t.  II,  p.   179,  182,  282. 
Synaxe,  t.  i,  p.  59. 
Synodes.  Cf.  Conciles. 
Szepesy,  t.  ii,  p.  369. 


Tachnun,  t.  i,  p.  54. 
Talpa  (Ant.),  t.  ii,  p.  247. 
Tamburini,  card.,  t.  n,  p.  387. 
Tarragone    (conc),   p.    516;    t.    i, 

p.  220;  t.  II,  p.  221. 
Taurinus,  M.  (f.),  t.  i,  p.  95. 
Tautphâus  (Dr),  t.  ii,  p.  352  sq. 
Te  decet  laus,  t.  i,  p.  179,  248;  t.  n, 

p.  51. 
Te  Deum,  t.  i,  p.  217,  239,  248,  256, 

n.  2;  t.   II,  p.  46,  48,  51,  53,69,135. 
Te  lucis  ante  terminuni  (H.  ),  t.  i, 

p.  370;  t.  II,  p.  36,  57. 
Te,  splendor  et  virtus  Patris  (H.), 

t.  II,  p.  291. 
Tegrimi   Tegrimius),t.  n,  p.  285, 287. 
Télesphore,  saint  (f.  ),  t.  i,  p.  92; 

t.  II,  p.  384;  (off.\  t.  Il,  p.  184. 
Temps  (divisions  militaires  du;,  t.  i, 

p.  26. 
Temps  pascal,  t.  i,  p.  426. 
Tencin  (card.  de  ),  t.  ii,  p.  386-388. 
Tephilol,  t.  i,  p.  54. 
Ter  hora  Trina  volvitur  (H.),  t.  i, 

p.  194,  217,  370. 
Tertia,  t.  i,  p.  24,  28. 
Tertullien,   t.   i,  p.  64-67,  96-100, 

172,  177;  t.  II,  p.  240. 
Théatins,  t.  ii,  p.  222;  (Brév.),  t.  ii, 

p.  154  sq. 
Thècle,  sainte  (off.),  t.  ii,  p.  183. 
Théodemar  (lettre  de),  1. 1,  p.  382, 391. 
Théodore,  pape,  t.  i,  p.  416. 
Théodore,  saint  (f.  ),  t.  i,  p.    417; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  183. 


522 


HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 


Théodore,  t.  i,  p.  325. 
Théodore  de  Cyr,  t.  i,  p.  113. 
Théodore  de  Mopsueste,  t.  i,  p.  174. 
Théodoret,  t.  i,  p.  173. 
Théodose    de    Sabas,    saint,    t.    i, 

p.  267. 
Théodote  d'Ancja-e,  t.  i,  p.  77, 
Théodulphe  de  Fleury,  t.  i,  p.  365. 
Théophile  d'Antioche,  t,  i,  p,  84. 
Thérèse,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  279,  293, 

294,  295. 
Thomas  (apôtre),  (ofY.),  t,  ii,  p.  179, 

182,  282,  395. 
Thomas  d'Aquin,  saint,  t.  ii,  p,  37, 

71;  (f.),  t.  II,  p.  173;  (off.),  t,  ii, 

p.  182,  188,  216,  282,  413. 
Thomas  de  Celano,  t.  ii,  p.  69,  71. 
Thomas  de  Cantorbéry,  saint,  t.  i, 

p.  427;(f.),  t.  Il,  p.  156;(ofF.),  t.  ii, 

p.  183,  215. 
Thomas   de  Villeneuve,  saint  (f.), 

t.    II,  p.  295,  297. 
Thomassin,  t.  i,  p.  227. 
Thurston,  S,  J.,  t.  ii,  p.  62. 
Tibi,  Christe,  splendor  Patris  (H.), 

t.  II,  p.  291. 
Tiburce,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417;  (off.), 

t.  II,  p.  179,  183,  282,  396. 
Tiele,  t.  i,  p.  34. 
Tierce,  t.  i,  p.  73,  75,  78,  116,  121, 

123,  129,    131,  135,   145   sq. ,   159, 

164,  186,  19  i,  195,  196,  208,  210, 

211,  230,  249  sq.,  310;  t.  ii,  p.  136. 
Timothée,  M,  (f.  ),  t.  i,  p.  95,  27-3; 

t,  II,  p.  275,  364,  411;  (off.),  t.  ii, 

p.  182,  183,  282. 
Tite,  saint  (f.  ),  t.  ii,  p.  411;  (off.), 

t.  H,  p.  488. 
Tolède,  t,  i,  p,  350;  (conc.  ),   t.   i, 

p.   188,   198,   275,    277,   278,   349; 

t.  II,  p.  34. 
Tolet  (François),  S.  J.,  t.  ii,  p.  260, 

261,  270. 
Tommasi,   B. ,   card.,   t.    i,  p.   76; 

t.  Il,  p.  131,  294. 
Tornielli,  t.  ii,  p.  285. 
Torres  (Ludovic  de),  t.   ii,  p.  245, 

270. 
Tortose  (concile  de),  t.  ii,  p.  108, 
Toulouse  (concile  de),  t.  ii,  p.  221, 
Tour  (Hyacinthe  de  la),  t.  ii,  p.  313. 
Tournay  (concile  de),  t.  ii,  p.  221. 


Tours  (concile  de),  t.  i,p.  225;  t.  ii, 

p.  34,  221. 
Toussaint  (f,  ),   t.   i,  p.   367;    t.   ii, 

p.  364,  386;    (off.),    t.   ii,   p.   220, 

279,  458;  (Octave),   t.   ii,  p.  458- 

459,  495. 
Toussaint  (de    l'Ordre    bénédictin) 

(off.),  t.  II,  p.  418. 
Trait  (chant),  t.  i,  p.  175. 
Transfiguration   (f. ),    t.    i,   p,   428; 

t.  II,  p.  72,  109,  156,  275,  378,  386; 

(off.),  t.  II,  p.  218. 
Translations  (de  corps  saints),  t.  i, 

p.  415;  (de  fêtes),   t.  ii ,  p.  466- 

469, 
Trente  (concile  de),  t.  ii,  p.  160  sq., 

221, 
Trêves  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  224,  338, 

357-359,  (concile),  t.  ii,  p.  23,  68. 
Trinité  (f.),  t.  i,  p.  427;  t.  ii,  p.  60- 

61,  156,  378,  386;  (off.  de  la),  t,  il, 

p.  75,  85-86,  455. 
Trithème  (abbé),  t.  ii,  p.  72. 
Tropaire,  t.  i,  p.  421. 
Tropes,  t.  i,  p.  418  sq.,  420. 
Truchsess  von  Waldbourg,  archev., 

t.  II,  p.  223. 
Tryphon ,  saint  (actes),  t.  i,  p.  92. 
Tryphon    et    Respicius    (f.  ),    t.    ii, 

p.  70,  385;  (off.),  t.  ii,  p.  182,  283. 
Tu  autem  Domine  miserere  nohis, 

t.  I,  p.  384-385. 
Tu   autem  Domine   (tropes),   t,   i, 

p.  423. 
Tutilon  de  S.-Gall,  t.  i,  p.  420. 
Tybinus  (poète  latin),  t.  ii,  p.  82. 
Tyrnau  (  conc.  ),  t.  ii ,  p.  224. 

U 

Ubald,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  277,  302,  384. 
Ulrich,  saint,  t.  i,  p.  376. 
Undecima,  t.  i,  p.  24. 
Universités,  t.  ii,  p.  67-68. 
Urbain  I^r  (off.),  t.   n,  p.  179,  182, 

282,  453. 
Urbain  II,   t.  n,  p.  17;  (f,),    t.   ii, 

p.  414. 
Urbain  IV,  t.  ii,  p.  37,  70,  71, 
Urbain  V,  t,  ii,  p.  105, 
Urbain  VI,  t.  n,  p.   72,  90,  91,  109. 
Urbain  VIII,  t.  ii,  p.  285  sq. 
Urbain,  év.  de  Gurk,  t.  ii,  p.  160. 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES 


523 


Urbino  (conc),  t.  ii,  p.  221. 

Urbs  heata,  Jérusalem  (H.),   t.   ii, 

p.  291. 
Urbs  fortitudinis  noslrse  Sion  (II.), 

t.  I,  p.  179. 
Ursule,  sainte  (f.),  t.  ii,  p.  385  ;  (off.), 

t.  II,  p.  220. 
Usener,  t.  i,  p.  89. 
Usuard    (Martyrologe     d'),    t.     ii, 

p.  24i  sq. 


Vacandard,  abbé,  t.  ii,  p.  62  et  n.  1 . 
Vailhé,  assomptionniste,  t.  i,  p.  430. 
Vaison   (conc),   529,    t.   i,   p.   221- 

222;  t.  Il,  p.  430. 
Valent!  (Louis),  t.  ii,  p.  372-392. 
Valérien,  saint  (f.),  t.  i,  p.  417. 
Valérien  et  Maxime,   saints  (ofT.  ), 

t.  Il,  p.  182,  282. 
Valiere,  card.,  t.  ii,  p.  261, 
Valladolid,  t.  i,  p.  350. 
Valverde,  t.  ii,  p.  259,  261. 
Vannes  (conc),  t.  i,  p.  219. 
Varron,  t.  i,  p.  26,  27. 
Vatican  (concile),  t.  ii,  p.  404-408. 
Venance,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  296,  318, 

384;  (o(T.),  t.  ii,  p.  491. 
Vendredi  saint,  t.  i,  p.  162  sq. 
Veni   Creator   Spiritus    (H.),   t.    i, 

p.  271,  n.  3;  t.  ii,  p.  36. 
Veni  Redemptor  gentium  (H.),  t.  i, 

p.  371;  t.  II,  p.  36. 
Vêpres,  t.  i,  p.  58,  64,  73,  76,  78,  79, 

80,  113,  114,  118,  123,  124,  127,  129- 

130,  131,  132,  134,  136, 139, 146, 153, 

159,  162,  164,  165,  167,   168,  186, 

194,  196,  197,  198,  208,  210,  217, 

231,  239,  240,  251,  310,  35S  ;  t.  ii, 

p.  54-55,  136. 
Vêpres  de  Pâques,  t.  ii,  p.  28. 
Verbum  supernum  (H.),  t.  i,  p.  371. 
Vérémond,  saint,  t.  ii,  p.  62. 
Vernes  (Maurice),  t.  i,  p.  34. 
Vespera,  t.  i,  p.  24,  26. 
Viatica,  t.  ii,  p.  69. 
Victor,  saint,  pape  (f.  ),  t.  i,  p.  92; 

(off.),  t.  II,  p.  179,  183,  218,  282. 
Victor,  saint,  de  Cologne  (ofT.),  t.  ii, 

p.  355. 
Victor  et  Corona,  saints  (off.),  t.  ii, 

p.  184. 


Victor  (Marianus),  t.  ii,  p.  258. 
Victorin,  saint,  de  Cologne  (off.), 

t.  II,  p.  355. 
Victorinus  (f.).  M.,  t.  i,  p.  95. 
Vida,  t.  II,  p.  115. 
Vienne  (France)  (Brév.  de),   t.   ii, 

p.  224,  330;   (concile   de),  t.   n, 

p.  221. 
Vigile  (pape),  t.  i,  p.  348. 
Vigiles,  t.  I,  p.  60,  74,  77,  78,  118 

sq. ,  122,  128,  133,  134,  139,  141- 

143,  151,  154   sq.,   159,   160,   162, 

164,  167,  168,  186,  190,  193,  194, 

195,  196,  208,  216,  228,  232,  237, 

306  sq. 
Vigiliœ,  t.  i,  p.  24,  25,  27. 
Vincent,  saint (f.),t.  i,  p.  273;t.  ii,  p.70; 

(off.),  t.  n,  p.  179,  182,  215,  282. 
Vincent Ferrier,  saint  (f.),  t.  ii,  p.  296, 

302,  315,  384. 
Vincent  de  Paul,  saint  (f.  ),  t.  ii , 

p.  315  ,  355. 
Vintimille  (Ch.-Guill.  de),  t.  ii,  p.  332. 
Vintimille  du  Luc,  t.  ii,  p.  307. 
Virhonus  {abbas),  t.  i,  p.  320. 
Visitatibn  (f.),  t.  n,  p.  72,  109,  275, 

386,  410;  (off.),  t.   ii,  p.  77,  217, 

279,  355,  396, 457;  (Octavede  la)  (f.), 

t.  n,  p.  232,  n.  2  ;  (Octavedela)(off.), 

t.  II,  p.  184. 
Visorius  (Robert),  t.  n,  p.  249. 
Vital,  saint,  martyr  (f.),  t.  i ,  p.  95, 

417;  (off.),  t.  II,  p.  180,  183. 
Vital  et  Agricole ,  saints  (  f .  ) ,  t.  ii, 

p.  385;  (off.),  t.  II,  p.  180,  182. 
Vitellus,  t.  II,  p.  258. 
Vox  Clara  (H.),  t.  i,  p.  371. 
Volpornius  Jacques,  t.  ii,  p.  287. 
Vossius  (Gerhard),  t.  ii,  p.  245. 
Votifs  (off.),  t.  II,  p.  413,  415. 
Vulgate,  t.  II,  p.  257-262. 

W 

Wachtendonck  (Arnold  de),   t.  ii, 

p.  249. 
Wadding  (Lucas),  O.   S.  F.,   t.  ii, 

p.  70,  287. 
Wala,  t.  I,  p.  401. 
Walafrid  Strabon ,  t.  i ,  p.  355  ,  368. 
Wansleben  (J.  Mich.),   t.  i,  p.  69. 
Warnefried  (Paul)  (lettre  de),  t.  i, 

p.  382.  Voir  Paul  Diacre. 


524 


HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 


Warren  (F.  E).,  t.  i,  p.  263  sq. 
Wearmouth  (monastère),  1. 1,  p.  323. 
Weber  (Albert),  t.  i,  p.  32. 
Wenceslas,  saint  (  f .  ) ,  t.  ii,  p.  296, 

315,  385. 
Whitby  (conc),  t.  i,  p.  322. 
Wickham  Legg,  t.  ii,  p.  114,  n.  1; 

126,  n.  5. 
Wilfrid,   saint,    t.    i,    p.    304.   322, 

351. 
Wilpert  (Msr),  t.  ii,  p.  419. 
Wimpfeling,  t.  n,  p.  109. 
Wolf   (Dom    Boniface),   O.   S.   B., 

t.  n,  p.  61. 
Woi-ms  (Bi'év.  de),  t.  ii,  p.  224. 
Wright,  t,  I,  p.  268. 
Wurtemberg  (Brév.  en),  t.  ii,  p.  366- 

367. 
Wiirzbourg  (Brév.  de),  t.  ii,  p.  22i. 


Xynoris,  sainte  ('?),  t.  ii,  p.  248. 
Xyste,  saint  (off.),  t.  ii,  p.  179,  219. 


York  (liturgie  d'),  t.  ii,  p.  226. 
Ypres  (conc),  t.  ii,  p.  221. 
Yves,  saint  (off.),  t.  n,  p.  184, 


Zaccaria,  t.  ii,  p.  2. 

Zaccharia  (Antoine-Marie),  saint  (f.), 

t.  n,  p.  417;  (off.),  t.  ii,  p.  492. 
Zacharie,  pape,    t.  i,  p.  376,  413; 

(off.),  t.  II,  p.  312. 
Zelli,  O.  S.  B.,  t.  II,  p.  418. 
Zéphyrin,  saint  (f.  ),  t,  ii,   p.  384; 

(off.),  t.  Il,  p.  182,  283,  453. 
Zizith,  t.  I,  p.  54. 


ADDENDA 


[11  nous  semble  utile  de  signaler  à  nos  lecteurs  le  récent  travail  de 
M.  Wickham  Legg,  paru  pendant  l'impression  de  cet  ouvrage  et  concer- 
nant le  Bréviaire  projeté  du  Bienheureux  cardinal  Tommasi ,  dont 
D.  Bàumer  a  dit  un  mot  (t.  ii,  p.  294):  The  reformed  Breviary  of  car- 
dinal Tommasi,  cdited,  with  an  introduction,  translation,  notes  and 
appendices  by  J.  Wickham  Legg.  In-4»  de  62  pages,  London,  1904.  Tr.] 


TABLE  DES  MATIÈRES 


Chapitre  VI.  —  L'office  romain  du  J/e  au  .rr/e  siècle 1 

§  I.  Grégoire   VII  et  l'office  liturgique 1 

Thèse  de  M.  BatifFol 4 

Témoignage  d'Abailard ^ 

Les  Ordines  Romani ^ 

§  II.  De   Grégoire  Vil  à  Innocent  III 8 

Rome  au  x^  et  au  xi^  siècle '^'^• 

Gui  d'Arezzo  à  Rome 9 

Réforme  de  Jean  XIX 10 

Saint  Grégoire  VII 12 

Les  Quatre-Temps 1^ 

Décrets  de  réforme 1^ 

Urbain  II  et  Pascal  II _ 17 

Cérémonial  de  Benoît }^ 

Rite  romain,  rite  local ihid. 

Les  successeurs  d'Urbain  II  et  de  Pascal  II 19 

Transformations  liturgiques 20 

Clément  III 21 

§  III.  Le  xiii^  et  le  A'/re  siècles 22 

Raoul  de  Tongres ibid. 

-  Les  Franciscains  et  l'office  romain ibid. 

Le  Breviarium  Curiœ 24 

Additions  et  altérations  franciscaines 26 

Les  Vêpres  de  Pâques 28 

Les  leçons  franciscaines 29 

Conclusions 30 

§  IV.  Amplifications  et  additions 33 

Les  hymnes 34 

Offices  de  surérogation 37 

Objet  détaillé  des  modifications 39 

Leçons  de  la  semaine  sainte ibid. 

Leçons  abrégées ^^ 

Leçons  de  la  semaine  de  Pâques 41 

Leçons  abrégées .  " 

Leçons  de  la  Pentecôte ibid. 

Réforme  de  Grégoire  VII 42 

Manuscrits  du  Mont-Cassin "43 

Manuscrits  corrigés ^^ 

Les  Breviaria  Curiœ ^^ 


526  HISTOIRE  DU  BREVIAIRE 

§  V.  État  de  l'office  à  la  fin  du  -vz/e  ou  au  début  du  xiii^  siècle.        47 

Le  Bréviaire ibid. 

Le  Psautier ibid. 

L'office  du  temps 48 

Septuagésime  et  Pâques 49 

Division  des  leçons ibid. 

Leçons  de  la  Purification 50 

Offices  supplémentaires 51 

Matines 52 

Laudes 53 

Petites  Heures 54 

Vêpres ibid. 

Complies 55 

Hymnes 56 

Caractère  de  cette  réforme 57 

Calendrier  des  fêles 60 

Fête  de  la  Trinité ibid. 

L'Immaculée-Conception 61 

§  VI.  L'office  depuis  Innocent  III  et  Grégoire  IX 63 

Comment  et  pourquoi  le  Bréviaire  abrégé  de   la   Curie    fut -il 

aussi  adopté  en  dehors  de  Rome? 63 

Diffusion  du  Bréviaire  par  les  Franciscains ibid. 

Transformations  des  livres  liturgiques 64 

Transformation  des  écoles  épiscopales 66 

Les  Universités 67 

Bréviaire  de  la  Curie  cl  des  Franciscains 68 

Innocent  III 69 

Grégoire  IX ibid. 

Fêtes  romaines  devenues  universelles 70 

Fêtes  du  Corpus  Christi  et  Stabat 71 

Visitation,  Transfiguration  et  autres  fêtes 72 

Chaire  de  saint  Pierre ibid. 

Fêle  de  la  Lance  cl  des  Clous.  • 73 

§  VII.  Offices  rimes ibid. 

Découvertes  de  Dreves 74 

Date  d'origine 75 

Les  Historiée 77 

Note  1.  Détails  et  exemples  d'offices  rimes 79 

Note  2.  Offices  rimes  des  Franciscains,  des   Dominicains,   du 

Bréviaire  romain 84 

Note  3.  Extraits  dun  Office  rimé  de  la  sainte  Trinité   ....  85 

Chapitre  VII.  —  Du  début  du  xir^  au  milieu  du  xvie  siècle.   ...  87 

§  I.  Le  -V/Fe  siècle ibid. 

Conséquences  liturgiques  du  séjour  des  papes  à  Avignon.    .    .  ibid. 

Le  XlVe  Ordo  romain 88 

Conséquences  du  grand  schisme 89 

La  liturgie  à  Rome  ...        90 

Le  XV«  Ordo 91 

Liturgie  des  autres  églises.  Fêtes  des  fous,  etc ibid. 

L'Ordo  d'Amelius  et  les  Bréviaires  des  autres  églises 92 


TABLE  DES  MATIÈRES  527 

Confusion  liturgique 94 

Multiplication  des  fctes 95 

Nicolas  Y  et  l'hunianisme 96 

Abus  de  l'hunianisme 97 

Modifications  du  Bréviaire 100 

Fêtes  nouvelles ibid. 

L'office  du  dimanche 101 

Fériés  d'Avent  et  de  Carême 102 

Décadence ibid. 

§  II.  Les  A'Fe  et  AT/e  siècles 104 

Epoque  du  grand  schisme ibid. 

Tractalus  inédit  de  Raoul  de  Tongres ibid. 

Statuts  monastiques  et  autres 105 

Statuts  de  Bàle 107 

Fêtes  nouvelles 109 

Après  le  grand  schisme.  Réforme 110 

Origine  du  Cérémonial  des  évoques 111 

Papes  de  la  Renaissance 112 

§  III.  Tentatives  de  réforme  isolées  avant  le  Concile  de  Trente.  114 

Tendance  humaniste ibid. 

Tendance  traditionnelle 115 

Ecole  de  juste  milieu 116 

Réfoi'me  humaniste  de  Ferreri.  Hymnaire 117 

Bréviaire  de  Ferreri 123 

Le  Y"  Concile  de  Latran. •. 124 

Quignonez 125 

§  IV.  Le  Bréviaire  du  cardinal  Qui(jnonez  ou  Breviarium  sanctte 

Crucis. 126 

I.  Généralités ibid. 

II.  Etude  détaillée  du  Bréviaire  de  Quignonez 132 

III.  Acceptation  de  ce  Bréviaire  et  discussions 138 


LIVRE  TROISIEME 
Époque  moderne. 

DEPUIS  LE  CONCILE  DE  TRENTE  JUSQUA  NOS  JOURS 

(Le  Bréviaire  réformé  ou  Breviarium  Pianum  supplante  peu  à  peu  tous  les  autres.) 

Chapitre  phemier.  —  Préparation  par  les   Théatins  de  la  réforme 

du  Bréviaire 151 

Travaux  préliminaires  dune  réforme ibid. 

Travaux  des  Théatins 153 

Paul  IV  (CarafFa) 158 

Chapitre  II.  — La  question  de  la  réforme  au  saint  Concile  de  Trente.  160 

Demandes  de  réforme ibid. 

Plan  des  légats 162 

La  Commission  de  revision 163 

Deux  courants  dans  le  Concjlç ,  , 166 


528  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Chapitre  III.  —  La  réalisation  par  Pie  IV  et  Pie  V  de  la  réforme 

du  Bréviaire  mise  en  question  par  le  Concile  de  Trente.    .    .    .  168 

§  I.  Composition  de  la  Commission ibid. 

Le  cardinal  Bernardin  Schotto 169 

Guillaume  Sirleto ibid. 

Poggiani 171 

Curtio  de  Franchi ibid. 

Vincenzo  Masso ibid. 

Messer  Accursio 172 

Antonio  Caraffa ibid. 

Ponce  de  Léon 173 

§  II.  Les  travaux  de  la  Commission 175 

Leçons 176 

Cycle  liturgique 177 

Leçons  historiques 178 

Légendes  remaniées 181 

Saints  ajoutés 182 

Saints  supprimés 183 

Légendes  comparées  de  Quignonez  et  du  Bréviaire  de  Pie  V .    .  184 

La  légende  de  sainte  Agnès 187 

La  légende  de  saint  Calliste 189 

Chapitre  IV.  —  Le  nouveau  Bréviaire  ou  Bréviaire  réformé  de  156S  : 

Breviarium  Pianum 191 

Décret  en  faveur  du  nouveau  Bréviaire ibid. 

Aide  Manuce 192 

Plantin ibid. 

Contenu  du  nouveau  Bréviaire 194 

Degré  des  fêtes 197 

Octaves 199 

Psautier 200 

L'Ave  Maria 201 

Prime 202 

Version  des  psaumes ibid. 

Propre  du  temps 203 

Leçons 204 

Dimanches  intercalaires ibid. 

Propre  et  commun  des  saints 205 

Autres  modifications  au  Bréviaire  Pianum 207 

L'Office  de  la  sainte  Vierge ibid. 

L'Office  des  morts 208 

Litanies  de   Lorette 209 

Progrès  du  Bréviaire  de  Pie  V 210 

Critiques 211 

Avantages 213 

Note  :  Détail  des  modifications 215 

Chapitre  V.  —  Extension  du   nouveau  Bréviaire.  —  Son   introduc- 
tion dans  la  plupart  des  Eglises  du  rite  latin 221 

Adoption  du  Bréviaire  romain ibid. 

Revisions  d'après  le  Bréviaire  romain 222 

Cologne 223 

Allemagne 224 


TABLE  DES  MATIERES  529 

France ibid. 

Angleterre 226 

Portugal ibid. 

Naples  et  la  Sicile ibid. 

Aquilée 227 

Côme ibid. 

Rite  milanais 228 

Breviarium  sanctse  Barharn' 231 

Bréviaires  particuliers 232 

Chapitre  VI.  —  Travaux  de  Gréyoii-e  XIII  relatifs  h  l'office  divin. 

—  Bréviaire.  —  Calendrier.  —  MartyroloffP 234 

Grégoire  XIII.  Calendrier  jj-régorien ibid. 

Martyrologe  romain 235 

Origines ibid. 

Martyrologe  hiéronymien 236 

Les  martyrologes  et  calendriers  des  églises  primitives 239 

Martyrologes  historiques  (viii^  et  ix^  siècles) 243 

Editions 244 

Edition  du  martyrologe  romain 245 

Travaux  de   Baronius 247 

Chapitke  VII.  —  Correction  du  Bréviaire  romain  sous  les  pontifi- 
cats de  Sixte-Quint  et  de  Grégoire  XIV 251 

Sixte-Quint 253 

([Circulaire  de  Gesualdo 255 

Note  I.   Correction   de  la  \'ulgate ' 257 

Note  II.  Actes  de  la  Commission  de  Grégoire  Xl\ 263 

Chapitre  VIII.  —  Correction  et  enrichissement  du  Bréviaire  romain 

sous  Clément  VIII  (1592-1605) 270 

Commission  de  Clément  VIII ibid. 

Dessein  de  Baronius 271 

Questions  préalables 273 

Corrections  apportées  aux   Rubriques 274 

Edition  de  Clément  VIII 275 

Les  successeurs  de  Clément  VIII.  Additions 276 

Paul  V ibid. 

Grégoire  XV 278 

Note.  Correction  des  leçons 279 

Chapitre  IX.  —   Urbain   VIII 285 

Commission  d'Urbain  VIII ibid. 

Corrections  de  la  Commission 288 

Correction  des  hymnes 290 

Critique 291 

Hymnes  et  offices  d'Urbain  VIII 293 

Après  Urbain  VIII  jusqu'à  la  fin  du   xvii«  siècle 294 

Additions  au  calendrier  jusqu'à  la  fin  du  siècle ibid. 

Alexandre  VII 295 

Clément  IX ibid. 

Clément  X 296 

Innocent  XI ibid. 

Alexandre  VIII 297 

Innocent  XII ibid 

Note.  Corrections  de  la  Commission  d'Urbain  VIII 298 

Brév.,  t.  II.  34 


530  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Chapitre  X.  —  Le  .TVim  et  le  .xix"  siècles 302 

Clément  XI ibid. 

Innocent  XIII 303 

Benoit  XIII i^jj 

Office  de  saint  Grégoire  VII .    .  ihid. 

Opposition  en  France 304 

Caylus 305 

Colbert 306 

Coislin ibid. 

Le  Parlement 307 

Opposition  dans  le  royaume  de  Naplcs 308 

Dans  les  Pays-Bas ibid. 

En  Autriche,  sous  Joseph  II 309 

Dans  l'Italie  du  Nord 311 

Bonaparte  et  l'Italie 313 

Espagne ibid. 

En  France  sous  la  Restauration ibid. 

Aux  Etats-Unis 314 

Benoît  XIII  et  ses  autres  travaux  liturgiques ibid. 

Clément  XII 315 

Benoit  XIV 316 

Clément  XIII  et  le  Sacré-Cœur ibid. 

Clément  XIV 318 

Pie  VI ihid. 

Les  papes  du  xix^  siècle 319 

Pie  VII ihid. 

Léon  XII  et   Pie  VIII 320 

Grégoire  XVI ihid. 

Note.  Office  de  saint  Grégoire  \11 322 

Chaimthe  XI.  —  Tentatices  de  réforme  aiilortsées  et  non  .lulnrisécs 

du  milieu  du  xvne  siècle  jusqu'au  milien  du  .x/-y 324 

Benoît  XIV ibid. 

Le  siècle  de  Louis  XIV 326 

■Tansénisme 328 

La  situation  liturgique  au  commencement  du  xviiif  siècle   .    ,    .  330 

Bréviaire  de  Paris ihid. 

Edition  de   Vinlimille 332 

Autres  Bréviaires  français ihid. 

Pi'incipes  liturgiques  des  nouveaux  Bréviaires ibid. 

Retour  à  la  liturgie  romaine 331 

Réformes  dans  d'autres  pays,  en  ]iarliculier  chez  les  Allemands 

du  Saint-Empire  romain 336 

Scipion  Ricci ihid. 

Les  autres  contrées 337 

Bréviaire  de  Cologne 338 

Aix-la-Chapelle 341 

Encore  le  Bréviaire  de  Cologne ihid. 

Retour  au  rite  romain 345 

Autres^Bréviaircs  allemands 347 

Influence  de  la  réforme  romaine 349 

Bréviaire  de  Mïinster ihid. 

Nouvelle  édition  du  Bréviaire  de  Mïinster 352 


TABLE  DES  MATIÈRES  531 

Autre  édition 3n6 

Bréviaire  de  Trêves 357 

Bréviaire  de  Mayence 359 

Le  Bréviaire  romain  en  Allemagne 361 

Bréviaire  allemand  de  Dereser 362 

Bréviaire  de  Sattler 365 

Bréviaire   de   Sailer ihid. 

Dispositions  liturgiques  en  Wurtemberg 366 

Dans  le  duché   de  Bade 36" 

Retour  au  romain 368 

Bréviaire  de  Moser 369 

CHAriTHE  Xn.   —   Tentative  de  réforme  sous  le  pape  Benoit  XIV 

et  projets  de  ses  successeurs  (xvin",  .\ix<^  siècles) 372 

Actes  de  la  Commission  de  Benoît  XIV ihid. 

Composition  de  la  Commission 374 

Deux  mémoires 375 

Système  du  Concile  de  Trente 376 

Réforme  touchant  les  fêtés  de  Xotre-Seigneur 378 

Les  fêtes  de  la  sainte  Vierge 379 

Fêtes  des  Anges 381 

Fêtes  des  Confesseurs ihid. 

Le  Calendrier 383 

Impression  de  Benoit  XIV 386 

Xouvclle   Commission 387 

Question  du  ]Dsautier 388 

Système  de  Benoît  XIV ' 389 

Le  Lectionnaire 390 

Le  Sanctoral 391 

Difficultés  au  sein  de  la  Commission ihid. 

Economie  du  ]irojet 393 

Propre  du  Temps ihid. 

Propre  des  Saints 394 

Commun  des  Saints 396 

Travaux  de  la  Commission ihid. 

Opinion  de  Benoit  XIV 398 

Chapitre  XIII.  —  Derniers  plans  de  réforme.  Lèrjères  corrections 

et  légers  accroissements  après  Benoit  XIV 402 

Pie  VI ihid. 

Concile  du  Vatican 404 

Projets  français ihid. 

Projets  allemands 405 

Projets  canadiens 406 

Projets  italiens ihid. 

Projet  Ricca "...  ihid. 

Projet  Farina 408 

Projet  de  la  Commission ihid. 

Concile  de  Baltimore ihid. 

Chapitre  XIV.  —  Quelques  additions  et  modifications  au  Bréviaire 

romain  sous  Pie  IX  et  Léon   XIII 410 

Pie  IX ihid. 

Patronage  de  saint  Joseph ibid. 


532  HISTOIRE  DU  BRÉVIAIRE 

Précieux  Sang  et  Visitation ibid. 

Saint  Hilaire  et  autres  fêtes ibid. 

Sacré-Cœur  et  autres  fêtes 411 

Saint  Joseph 412 

Saint  Boniface.  Saint  François  de  Sales ibid. 

Léon  XIII 413 

Fêtes  de  saint  Joachim  et  de  sainte  Anne ibid. 

Rubriques 414 

L'office  de  férié 415 

Additions  et  corrections  au  Bréviaire 416 

Fête  du  Rosaire ibid. 

Auties  fêtes 417 

Bréviaire  bénédictin 418 

Récente  Commission  liturjiique 419 

Conclusion  et  résultat 420 

Unité  de  la  tradition  liturgique ibid. 

A'aleur  de  la  prière  liturgique 421 

Appendice  I.  —  Sur  le  mot  Bréviaire  et  sa  signification  dans  le  passé.  'i23 
Appendice  II.  —  L'Oralio  fidelium  de  la   première   épître   de   saint 
Clément  de  Rome  et  des  Constitutions  apostoliques,  forme  la  plus 

ancienne  des  Prece.s  feriales  du  Bréviaire  romain 129 

I.  Prière  du  pape  saint  Clément  de  Rome 'tM 

II.  La  prière  des  fidèles  à  Matines    Laudes   ,  à  ^'épres  et  dans 
lAvant-Messe  (iii«-ive  siècles) 133 

Oratio  pro  fidelihus 434. 

Uratio  lucernalis 435 

Gratiarum  actio  lucernalis 436 

(Jrado  malutinalis  (ad  Laudes  , ibid. 

Gratiarum  aclio  matutina ibid. 

Imposilio  inanus  matutina 437 

III.  Deprecalio  pro  populo  du  Missel  de  Stowe  (c.  630, ibid. 

IV.  La  Letania  de  la  liturgie  milanaise  daprès  le  Missel  de  Biasca 

(ix*  siècle 438 

V.  Les  Orationes  maiol'es  s.    Preces  du  cod.    -ili   du    Corpus- 
Christi  Collège  de  Cambridge  'ix«  siècle' 439 

Appendice  III.  —  L'office  milanais  ou  ambrosieii 442 

Appendice  IV.  —  A.  Lancien  système  romain  des  leçons  vers  boo   .  449 

B.  Les  leçons  apocryphes  du  Bréviaire  romain 452 

I.  Légendes  des  papes  du  Pseudo- Isidore ibid. 

II.  Sermons  et  homélies  dont  les  auteurs  sont  faussement  dé- 
signés   454 

a.  Propre  du  Temps ibid. 

b.  Propre   des   Saints 456 

c.  Commun  des  Saints 459 

Appendice  V.  —  Additiones  et  Variationes  in  rubricis  generalibus 

et  specialibus  Breviarii  romani  inducendœ  ex  decreto  diei  XI  de- 

cembris  1897 461 

Addenda  et  varianda  in  rubricis  generalibus  Breviarii  romani,  ibid. 

Addenda  et  varianda  in  rubricis  specialibus  Breviarii  romani.  484 

Table  analytique  des  matières  des  deux  volumes 497 

31442.  —  Tours,  impr.  Marne. 


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09 


Histoire  du  bréviaire 


,B36 


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