HISTOIRE
DU MARECHAL
DUC DE BOUILLON.
Où Ton trouve ce qui s'efl paffé de
plus remarquable lous les Règnes
de François IL Charles IX. Henry
III Henry IV. la minorité & les
premières années du Règne de
touis XIII
Tome Troisième.
A AMSTERDAM ,
Chez le Sincère, à la Vérité
M. DCC. XXVI.
SOMMAIRE
da feptiéme Livre.
LA Régente accorde au, Trime
de Condé & atix Seigneurs
de [on paru la tenue des Etats Gé-
néraux' Elle met en même- temps une
Armée fur fied* Elle envoie en Suif-
fe le Colonel G allât i pour y faire une
levée defx mille Hommes. On en-
gage le Duc de Rohan Colonel Géné-
ral des Suijfes k fe défaire de cette
charge > Bajfompierre l'achette du
confentemeut de la Régente. Le Prin-
ce de Condé par ïentremtfc du Duc
de Bouillon tâche k engager le parti
Calvinifte k fe déclarer pour lui . L a
Régente rompt fes mefures en propo-
fant un accommodement. Le Prince
de Condé le refufe > mais le Duc de
Bouillon lui perjuade de l'accepter.
Ses raijons pour cela. L'arrivée des
ftx mille Suijfes levez, par Gallatt
avance fort le Traité de Faix. On
la traite a Soijfons. Apres ^len des
dijficulte^ elle eji conclue a Sainte
ai;
Sommaire.
Menehould. A quelles conàitions.
Le Prmce de Co^dé dr les Seigneurs
de fon paru reviennent k la Cour,
ils accompagnent le Roy au Parle-
ment ok il efi déclaré Majeur. Les
Etats Généraux fe tiennent a Paris:
la divifion s'y met , ^ les rend inu-
tiles : ils font congédiez, fans avoir
rien obtefm pour la reformation de
l'Etat. La Reine reprend fa première
autorité. Nouveaux mecontentemens
du Prmce de Condé , des Grands d*
du Duc de Bouillon en particulier,
Jl forme un nouveau parti contre la
Reine , plus redoutable que le pre-
-mitr. Il gagne les Députez des Cal-
vinifles & tout le parti par leur
moten- Il entreprend d'y faire entrer
le Parlement de Paris '> fes intrigues
& fes négociations pour y réufjir. Il
vient k bout de commiettre le Par-
lement avec la Cour. Récit de ce
grand différend. La part quy eut
le Duc de Boiiillon. Le Parlement
fait des rem'ontrances,mais jans effet.
Le Duc de Bouillon engage le Prince
de Condé a s opposer en plein Confeil
Sommaire.
au àejfcin de la Reine , de mener le
Royjur la Frontière d'EJfagne tour
y consommer Vajfaire du d^ouble Ma-
riage. Raifons de fon oppojiùon. La
Reine ny a aucun égard , & nen
fycffe que plus 'vivement le départ
du Roy> Le Prince de Condé mé-
co}îtent à' résolu de s y oppofer ,
quitte la Cour avec tous les Seigneurs
de fon parti. Ecrits de part & d'au-
tre. La Reine tente inutilement de
faire revenir a la Cour le Prince de
Condé & les Seigneurs de fon parti.
Divcrfes négociations À cette occa-
fonr y mais Jans fruit. La Reine levé
deux Jrmées '> elle donne le comman-
dement de la première au Maréchal
de Bois-Dauphin , c^ celui de la fé-
conde au Duc de Guije. Elle fait
donner au Roy plufieurs Déclarations
tres-fortes contre le Prince de Condé
&fes /Jdherans.Elle part avec le Roy
pour la Guyenne. Le Prince de Condé
levé une Armée. La Cour arrive a
Poitiers. Le Prince de Condé & fes
Adherans y font déclarez, Rebeles &
Criminels de k;:,C'Majefé. Malgré
a iij
. s O M M A ï B. E.
tout le créait au- Bue de Botdllon t
la Déclaration ejl: vérifiée & enre-
gijlrce au Parlement de Paris. Le
Prince y répond fortement par un
Manifejle adrejfe a tous les Etats dté
Royaume^ Le commandement de l Ar-
mée du Prince de Cvndé ejl donné att
Duc de Bouillon. L' A ff emblée géné-
rale des Calvinifiesje tient a Greno-
ble avec la permi[Jlon du Roy. Le
Duc de Bouillon entreprend de la
faire déclarer pour le Prince de C on-
de. Les Ducs de Rohan & de Sully,
du Pleffis - Mornay & plufieurs au-
tres gagnez, par la Cour s'y oppo-
fent. Maigre toutes ces oppcfitions ,
le Duc de BoïttHon engage tout le
parti Cahinijle kfe déclarer pour le
Prince de Condé. Mot en s qu'il em-
ploie pour en njenirk bout. Dans la
'Vue de rendre les Calvinifles irré-
conciliables avec la Cour > il porte
t A ff emblée de Grenoble hfe tranf-
ferer k Nîmes defon autorité privée ,
Cr fans la permijjion du Roy. Lefdi-
guieres Gouverneur duDauphiné s'y
oppofe en vain^ La Cour ejt étonnes
s O M M A I R î,
de cet attentat k l^ autorité Sauverai"
ne dont il ny av oh point d'exemple s
mais comme le Duc de Bouillon l'a-
njoit prévu , elle efi obligée de dijji-
muler. Le Duc de Rohan efi contraint
de prendre les Armes en faveur de
Jon Ennemi. Le Comte de Saint Toi
en Guyenne , dr le Comte de Candale
en Saintonge fe déclarent pour le
F rince de Condé. Elifabeth de Fran-
ce efi attaquée de la petite vérole a
Poitiers '> ce qui retarde de deux
mois fo?i départ pour la frontière
d'Efiagne. Ce contre -temps emba-
rajjefort la Reine. Le Duc de Boùil^
Ion en profite pour ajfembler l'Armée
du Vnnce de Condé. Cette Armée
s'ajfemble k Noyon. Le Duc de Bouil-
lon qui avoit plu fleurs rivières k
pajfer , marche vers Taris. Grande
confiernation des Varifiens qui a-
handonnent Us Fauxbourgs pourfe
jetter dans la Ville. Bois-Dauphin
campé avec l'Armée du Roy k Dam-
fnartin , tient ferme dans ce pofie.
Cela donne lieu au Duc de Bouillork
de tourner hrufquement du coté de
aiiij
Sommaire.
château - Thierry > il l'attaque , le
vrenà , cir y pafj^e la Marne avant
que JBois'Vaufhm fut le joindre- il
. donne le change k Bois-Dauphin. Il
fait jemhiaiit de marcher k Reims ^
à' "ja promptement pajfer la Seine
au gué de Mérj > & marche vers la
Lotre. Bois-Dauphin avecï Armée dtt
Roy fort fupérieure le fuit -, ^ le
joint k Bony. Le Duc de Bouillon
s y retranche fi-bien i que Bois-Dau-
fhm defejpere de l'y pouvoir forcer ,
é' s'éloigne de la Loire. Le Duc de
Bo'ùi/Ionpaffe la Loire fans perdre un
féal homme -, entre dans le Berry «
marche vers le Poitou » oh Rohan à*
Soubife ajfembloientdes Troupes pour
le joindre Les Comtes de Saint Pol
dr de Candale s accommodent avec
la Cour i ce qui retarde l'exécution
des dejfeins du Duc de Bouillon. La
Reine en profite. Le Duc de Guife k
la tète d'une petite Armée conduit la
Rrincejfe Elifaheth jufques k la
Frontière d'EJpagne. Il y reçoit l'in-
fante A?me d'Autriche. Il la mené
À Bûurdeaux ou le Roy i'époufc»
Sommaire.
V Armée du Duc de Boïiillon gro/Jlf
par la jonUion des Trouves Calvi-
niftes. Grandes difficultés, four le
retour du Roy à Paris. Elles portent
la Reine a penferferieujement À la
Paix. Elle s'adrejfe pour cela aux
Ducs de Bouillon & de Mayenne qui
étoient les Principaux Seigneurs du
parti du Prince. Le Duc de Bouil-
lon y entend d^ autant plus 'volontiers^
qutl nétoit plus po\jlhU di^ empêcher
le double Mariage. Raisons du Duc
de Boïir'.llon pour faire la Paix. Il y
fait conjcntir le Prince de CondJ é^
les autres Seigneurs de fon parti.
Vues du Duc de Boïtillon en traitant
de la Paix. On accorde de part é*
d'autre une jujpcnfion d'Armes. Le
Roy c^ les deux Reines Je rendent k
Poitiers. Loudun eji nommé pour y
traiter de la Paix. L'Affemhlée de
Nîmes ejl transférée k la Rochelle
de ï autorité du Roy. Intrigues de
part à" d' autre k ïoccafion du Trai-
té. Le Prince de Condé tombe dan-
gereufement malade, il guérit &
figne la Paix- Ses conditions. Corh
â V
Sommaire.
duite dti Duc de Boiïtllon a l'égard
des Calvmtfies. Le Prince de Condé
far la Patx efi déclaré ChefdU' Con-
feilduSoj. La Cour retourne a Fa"
ris. Le Prince de Condé & les Sei-
gneurs de jon farti s y rendent aujjî>
Démêlés du Duc de Longueville avec
le Maréchal d'Ancre terminez^ h
la fatts faction du premier. Les Sei-
gneurs du farti du Prince de Condé
& plujïeurs autres mécontcns dtt
Maréchal d^ Ancre conjpirent Ja per-
te. Divers moiens propofez, pour s en
défaire. Le Prince de Condé ï aban-
donne & favorise les de (feins formez,
contre lui. Aff emblée s termes pour fe
défaire du Maréchal d' jlncre. Le
Prince de Condé y affljle. Il y pro-
poje d'éloigner la Reine Mère dit
Gouvernement^ & defe rendre Maî-
tre des affaires. Ce dcffein nefl pas
approuvé. Le Prince en efi choqué ,
& fait avertir le Maréchal d'Ancre
de fe tenir fur fe s gardes. La Reine
Mère efi avertie de ce quil avoit
proposé contre- elle. Elle U fait arrê-
ter & co'cdutre k la Baftillç.
HISTOIRE
DE HENRY
DE LA TOUR
D'AUVERGNE,
DUC DE BOUILLON.
LJFRE SEPTJE'ME.
E N D A N T que le Duc
de Bouillon fe donnoit tous
les mouvemens dont on
vient de parler pour fortifier
le parti des Seigneurs Mécontens j la
Régente ne fe fioit pas tellenient à la
voie de la négociation qui avoit été
réfoluc dans le Confeil , qu'elle ne
pensât encore à mettre une Armée
fur pied , pour s'en fervir au beioin ,
files mécontens refufoient l'accom-
modement qu'elle étoit réfolue de
leur propofer. Dans c cte vue elle
jetta les yeux fur le Colonel Gallati
Tom, m. A
2 Histoire ce Henry
pour Tenvoier en Suiire y. lever fix
mille Hommes de fa Nation. Ce def^
fein n'étoit pas Cans difficulté. Le Duc
de Rohan Colonel Général des Suillès
étoit lulped à la Régente ; elle n'o-
Ibit pas lui confier un corps de Trou-
pes qui devoi,t faire la principale for-
ce de l'Armée du Roy. Pour lever cet-
Memoi- te difficulté , elle lui fit propofer de
"'^ '^^ fe défaire de fa Chargée dont on le
pierre, rccompenleroit en argent. Rohan
qui ne penfoit qu'à fe faire Chef
de ceux de fa Religion , ne s'accom-
modoit pas d'une Charge qui l'atta-
choit à la Cour & à la perfonne du
Roy. Il écouta les propolîtions de la
Régente. Le marché fut bien -toc
conclu. Cent mille écus que Balfoni-
pierre avança de fes deniers , & la
Faveur de la Régente le mirent en
poiïeflion de cette belle Charge , du
confentement des Suilîès que Galla-
li eut l'adrefTe &c le crédit de lui mé-
nager. Elle lui fervit depuis de degré
pour parvenir à la dignité de Maré-
chal de France , qu'il mérita d'ailleurs
par fes fervices & par la confiante fi-
délité pour le Roy dans un temps où
l'on ne faifoit pas de fcrupule de man-
quer à une obligation fi elTentielle.
Pendant que le Colonel Gallati me-
Duc DE Bouillon. Liv. VU. j
na^eoit en Saille la levée des lix mille
Hoiiimes j le Prélîdent de Thon fut
envoie par le Régente pour propo/cr
un accomniodement au Prince cic
Condé &z aux Seigneurs de Ton parti.
L'arrivée de ce Magiftrat les furprir.
Ils étoient au plus fort de leur négo-
ciation avec le parti Calvinifte ; ils
n'en faifoient plus demyftere, par-
ce que foit qu'elle réuffit ou qu'elle
ne réuffit pas , elle ne pouvoit que
fervir à leur donner de la conlidera-
tion à la Cour , & à leur procurer un
accommodement plus avantageux.
C'avoit été la vue du Duc de Boiiil-
lon. Il s'étoit apperçû d'abord que
ie peu de confiance qu'avoient les
Proteftans au Prince de Condé , ôc le
relîentiment qu'ils avoient de ce qu'il
avoit quitté leur Religion pour fe fai-
re Catholique , ne leur permettroient
pas ni de fe fier à lui , ni de fe dé-
clarer en fa faveur. Mais comme le
bruit d'un Traité faifoit à peu près le
même efFet que la réalité même , il
n'avoit pas lailfé de periuadcr au Prin-
ce de Condé d'envoïer Defmarais
Lieutenant de fcs Gardes , à Saint
Jean d'Angely Se à Saumur, pour trai-
ter avec Te Duc de Rohan & avec
A ij
4 Histoire de Henry
du Pleiïis-Mornay. L'on attendoit
fon retour lorfque le Prefident de
Thou arriva de la part de la Régente.
Le Prince deCondc qui comptoit fur
le fuccès de fon Traité avec les Cal-
viniftes , Se qui fe croïoit à la veille
de fe voir à la tête d'un parti qui le
mettroit en état de donner la Loy à
la Cour, étoit d'avis de porter fi haut
fes prétentions , que la Régente per-
dît l'efperance de finir cette affaire.
par un accommodement. Mais le
Duc de Boiiiilon qui étoit mieux in^-
formé que lui des difpofitisns des Cal-
viniftes, fut d'un autie fentiment. Il
foutint dans le Confeil qui fut tenu à
cette occafion , qu'il ne faloit ni con-
clure, ni rompre l'accommodement,
avant que l'on eût fçû précisément le
parti que prendroient les Calviniflies
fur les propofitionsqueDefmarais étoit
chargé de leur faire. Tout le monde
approuva cet avis. Ainfi tout ce que
le Préfident de Thou put obtenir , fut
que l'on fe rendroit de part & d'autre
à Soilfons , & que la Régente y en-
Yoïeroit fes Commififàires avec un
plein pouvoir de traiter. Cet expé-
dient fufpendoit toutes chofcs ; l'on
gagnoit du temps , &c l'on nQïi étoi*
Dire DE Bouillon. Liv« VIÎ. f
pas moins en état d'accepter ou de
refufer raccommodement.
Le Duc de BoUillon penchoit à l'ac-
cepter. Deux motifs l'y portoient j
Tan qu'il étoit perfuadé qu'on ne pou-
voir pas compter fur le fecoursdesCal-
viniftesj ou que quand même on l'ob-
tiendroit , il arriveroit fi tard , que la
Cour auroit le temps de les opprimer,
ou que le Prince de Condé qui en
étoit vivement follicité , feroit fon
accommodement particulier , & que
les Seigneurs Mécontens feroient
contraints d'en palfer par où il plai-
roit à la Régente. Un autre motif ne
lui paroiffoit pas moins preiîant. C'eft
qu'il ne convenoit point d'être armé
pendant la tenue des Etats Généraux.
Il prévoïoit que la Reine ne manque-
roit pas d'y faire valoir les démarches
qu'elle auroïc faites pour amener les
chofes à un accommodement raifon-
nable j que le refus qu'ils en auroient
fait,& le renouvellement desGuerres-
civiles qui s'en feroit enfuivi , fuffi-
roient pour les rendre odieux à toute
laNatioiv, & pour les faire déclarer
Perturbateurs du repos public; qu'ain-
fi les Etats dont l'on n'avoit demandé
la convocation que pour abailfer Tau-
6 Histoire de Hènr?
toi-ité de la Régente ôc des Minières ,
ne ferviroient qu'à TafFermir & à
raugmencer.
Ces condderations parurent fî for-
tes au Duc de BoUilion , qu'il réloluc
de porter le Prince de Condé & les
Seigneurs Mccontens à un accommo-
dément. Le retour de l'Envoie du
Prince de Condé au Duc de Rohan
ne lui fit pas changer de réfolution,
quoiqu'il fût revenu accompagné
d'une perfonne de confiance de ce
Duc , envolée exprès pour traiter des
conditions auiquelles les Calviniftcs
fe déclareroient pour le parti des
Mécontcns. Le Duc de Rohan fe fai-
foit fort de les y porter j il n'eft pas
bien certain qu'il en fût venu à bout
s'il l'eût entrepris. Le Prince de Con-
dé étoit alors à Sainte Menehould ,
. Place du Gouvernement du Duc de
résidu" Nevers qui s'en étoit faifi j il y tint
Duc deConfeil fur les propolîtions que le
Liv.^w" ^^^ ^^ Rohan faifoit faire par fon
Envoie. Le Duc de BoUilion y opina
conformément aux vues que l'on vient
de rapporter. Son fentiment fut fuivi.
On tint la délibération fecrette , &
l'on congédia l'Envoie du Duc de
Rohân avec de bonnes paroles j mais
Doc DE BoiîîLtON. Liv* VIT. 7
l'accommodement qui fat conclu
quelque temps après , en empêcha
l'efFet.
Le Duc de Bouillon tira un double
avantage de cette négociation. Elle
augmenta les mauvaifes diipofitions
de la Régente pour le Duc de Rohan ;
elle détermina cette Princeire à con-
clure au plutôt l'accommodement a- ^^"^'
vec les Mécontens. En effet le Duc
de Bouillon aïant fait courir le bruit
que le Duc de Rohan avoit ofFert an
Pnnce de Condé huit mille Hommes
de pied , & deux mille Chevaux ^ la
Régente effraiée nomma le Duc de
Ventadour , les Prélîdens de Thou &z
Jeannin , BoinTile &c Bulion Confeil-
1ers d'Etat pour aller à Soillons trai-
ter l'accommodement avec le Prince
de Condé &c les Seigneurs de foii
parti.
Le quatorze Avril , les Conferen- ^,_^^
ces commencèrent dans le Château ,^14
de SoifTons. Le Prince de Condé &
les Seigneurs Mécontens demandè-
rent d'abord trois choies j que les
Etats Généraux fuilènt convoquez
au plutôt ; que le double Mariage fût
différé jufques après la tenue des
£tats ; qu'on defarmàt de part Ôc d'au-
8 Histoire de Henry
tre. La convocation des Etats fut
accordée fans difficulté ; la Régente
i'avoit promife dans fa réponie au
Manifefte du Prince de Condé. Il y
eut de la conteftation fur le fécond
article. Les Seigneurs Mécontens de-
mandoient la furfeance du double
Mariage jiifques à la fin des Etats j
les Commilîàires avoient ordre de ne
l'accorder que jufques à la Majorité
du Roy^ On Convint cependant fur
cet article , par ce que les CommiL
faires firent remarquer qu'il ne s'a-
gifloit que de donner les apparences
à la Reine , qui ne voulait pas qu'il
jparût qu'on lui eût donné la Loy filr
tous les articles propofez ; mais qu'en
efFet le Prince Scies Seigneurs avoient
tout ce qu'ils prétendoient , puifque
ou les Etats leroient allèmblez avant
la Majorité du Roy , ou que fi la
Majorité les précedoit , le Roy ne
partiroit pas pour aller recevoir Tln-
fente fur les Frontières d'Efpagne ,
comme l'on en étoit convenu , ou
dans le temps que les Etats s'aifem-
bleroient j ou pendant qu'ils feroient
alTemblez ; qu'ainfi on pouvoic alfu-
rer que le Mariage feroit en effet dif-
féré jufques après la conclufion des
Duc DE Bouillon, tiv. VIÎ. ^
Etats j mais que la Reine pour fau-
ver les dehors de fon autorité , ne
vouloir pas que cela fût exprimé dans
m\ Traité. Pour ce qui eft du troiiîé-
me article , il fut accordé qu'on dé-
farmeroit de part &: d'autre , des que
le Traité feroit fîgné.
Ce que le Prince de Condé &c les
Seigneurs de Ton. parti propoferent
enfuite pour leurs interêtsparticuliers,
donna lieu à de grandes conteftations.
Il falut envoïer des Couriers à la
Cour ; & comme il naiiToit tous les
jours de nouvelles diificultez , les
CommilTaires avoient de temps en
temps befoin de nouvelles inftruc-
tions. Cela donna le temps à TAr-
mée du Roy de fe renforcer coniidé-
rablement. Gallati amena les iix mil-
le SuilTes qu'il avoit eu ordre de le-
ver. Balfompierre leur nouveau Co- Merr.oU
lonel Général alla les recevoir à f" /•*
Troyes en Champagne j de-là il les pienv.
conduifit à Vitry où du Plefïîs-Prâ-
linalTembloit rÀrmée du Roy. Ces
mouvemens donnèrent de l'ombrage
au Prince de Condé. Quoique le Duc
de Bouillon lui pût dire pour le ralKt-
rer , il fortit promptement de SoilTons
après avoir écrit à la Régente , qu il
ïo Histoire de Henry
y laiiïbit les Ducs de Boiiillon & de
Mayenne avec plein pouvoir de con-
clure le Traite. Il marcha enfuite
vers Vitry avec Ton Armée dans le
delfein de le furprendre j mais les
Troupes du Roy le prévinrent ; ce
qui Tobligca de fe retirer à Sainte
Menehould , où il fe crut plus en
fureté qu'à Soilfons.
Quoique Tonfouhaitât de part &
d'antre la conclufîon du Traité, il ne
laiffoit pas de tirer en longueur ; peut-
être même que la Régente choquée
des demandes que le Prince de Condé
& les Seigneurs de fon parti lui fai-
foient , l'eût rompu , & qu'elle fe fût
déterminée à la Guerre. Les Ducs de
Guife, d'Epernon , de Bellegarde ,
le Cardinal de Joyeufe &: Villeroy la
, lui confeilloient ; mais le Parlement,
meZorie ^^ ViUe dc PaHs , & les Députez Gé-
rjcond.'enérauxâes Eglifes Calviniftes deman-
i^m. s-derent la Paix avec tant d'inftance ,
que la Régente fe crut obligée d'en-
voïer Vignier au Prince de Condé qui
étoit toujours à Sainte Menehould.
r«'Te1 ^^ nouvel Agent avoit ordre d'ob-
Regencc ^cnir de lui , que les Ducs de Mayen-
j! tîfi':' "f ^ "^^ Bouillon conclulfent le Trai-
té avec les GommilTaires du Roy qui
«le Médi-
cis
Dire DE ÈouiiiON. L IV. VII. n
étoient reftez à Soiirons. Le Prince à
qui on avoir infpiré de la défiance du
Duc de Bouillon , & qui ne fe rap-
portoit de Tes intérêts qu'à lui-même ,
répondit que les affaires fe termine-
roient plus facilement , fî Sa Majefté
agréoit que le Duc de Ventadour &c
fes Collègues s'avançalfent jufques à
Sainte Menehould pour traiter avec
lui même.
Sur cette réponfe la Régente fît
expédier à fes Députez une Commif-
fion exprcffe d'aller terminer à Sainte
Menehould la négociation commen-
cée à Soilfons. Ce fut-là que le Trai-
té fut conclu & figné. Par cet accom-
modement le Gouvernement d'Am-
boife fut donné au Prince de Condé
pour lui tenir lieu de celui du Châ- Menoi.
tcau-Trompete qu'il ne put jamais ^^ ''"
obtenir. Le Duc deNevers eut Sainte Rihi,],
Menehould , ielon des Mémoires du^^- '•
temps , quoiqu'il n'en foit point parlé
dans le Traité j on lui donna encore
de l'argent pour le dédommager de
fa Mailon qui avoir été abatue , à
caufe des Fortifications faites à Mé-
zieres. Le Duc de Vendôme ( qui s'é-
toit fauve de fa prifon du Louvre
huit jours aprc.s fa détention dont on
îz Histoire de Henry
a parlé ) fut rétabli dans fon Gouver-
nement de Bretagne & dans toutes
fes Charges. Les Ducs de Mayenne &:
de Longueville furent encore mieux
traitez. Pour ce qui eft du Duc de
Bouillon , comme de l'argent conve-
noit mieux à Tétat de fes affaires , que
toute autre chofe , le Duc de Rohan
affure dans fes Mémoires , qu'il eut
i ibid. ijg^ d'être content. Le Traité fut
exécuté de part & d'autre avec beau-
coup de pondtualiîé. Le Pnnce de
Condé 6c les Seigneurs de fon parti
revinrent à la Cour j ils accompagnè-
rent le Roy au Parlement , où le pre-
i-'an mier jour d'Oélobre il le fît déclarer
Majeur. Alors tout étant en Paix,
chacun ne penfa plus qu'à faire dé-
puter aux Etats Généraux des perion-
nes fur lefquelles on pût compter.
La Cour fe donna fur cela de grands
mouvemens. Le Prince de Condé &
les Seigneurs de fon parti ne s'en don-
nèrent pas de moindres. Ils n'avoient
pas perdu de vue le delfein d'abailfer
l'autorité de la Régente & celle des
Miniftres. C'eft dans cette vue qu'ils
avoient demandé avec tant d'inllan-
ces la tenue des Etats Généraux.
On ne racontera point ce qui fc
1614.
Duc Di Bouillon. Liv. VII. ij
palla dans cette Airemblée ; le détail
reroit trop- long , & même inutile ,
puifqu'elle ne produifit rien moins
que ce qu'on s'en étoit promis. On
fe contentera de dire qu'après avoir
été convoquée à Sens pour le zj.
d'Août , elle fut transférée à Paris ,
où les Etats furent ouverts fur la fin
d'Oétobre. Le Prince de Condé ÔC
le Duc de Bouillon travaillèrent en-
vain à leur infpirer ce qu'ils croïoient
convenir au bien de l'Etat. La divi-
fion qui s'y mit d'abord ne leur per-
mit pas d'en rien efperer de bon,
Ainfi après qu'on y eut fait quanti-,
té d'excellentes propofitions qui n'eu-
rent aucun fuccès , ils fe féparerent
le 23. de Février de l'année 161^.
avant même que le Roy eût répondu
le cahier qu'ils lui avoient prefenté.
Dès que les Etats eurent été con-
gédiez j la Reine qui ne portoit plus
le nom de Régente depuis la Majo-
rité du Roy , les Miniftres ôc géné-
ralement tous ceux qui étoient de la
confidence de Marie de Médicis , re-
prirent leur première autorité. De-
puis le Traité de Sainte Menehould ,
avant la tenue des Etats , & pendant
qu'ils avoient été alTemblez , iacraia-
L'aa
i^. Histoire de Henry
te de ce qu'ils pouvoient entrepren-
dre à fon préjudice , Tavoit obligée
à garder de grands ménagemens avec
le Prince de Condé , & les Seigneurs
qui s'étoient déclarez pour lui. On
les coniultoit fur toutes chofes , &
l'on ne difpofoit de rien fans leur
participation. Mais des qu'elle fe vit
affranchie de la contrainte où cette
Aujmblée la tenoit , elle reprit fa
première indépendance avec d'autant
plus de hauteur que le Roy lors de fa
Majorité l'avoit priée en plein Par-
lement , de continuer à donner fes
foins au Gouvernement de l'Etat , ÔC
que d'ailleurs il lui étoit bien plus aisé
de faire approuver fa conduite à un
jeune Roy dont elle étoit )a Mère ,
qu'à des Princes ôc à des Seigneurs
dont les vues étoient bien fouvent
fort différentes des fiennes.
Ce changement de conduite déplut
infiniment au Prince de Condé & au
Duc de Bouillon. Il avoir repris tout
l'afcendant qu'il avoit eu autrefois
fur l'efprit du Prince, malgré toutes
les défiances qu'on avoit tâché de lui
infpirer , & dans lefquelles il n'avoit
pu fe défendre de donner. Le Prmce
ne pouvoit fe confoler d'avoir laifle
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 15
prendre à la Reine raucorité abrolue
qu'en qualité de premier Prince du
Sang , il croïoic devoir du moins par-
tager avec elle. Le Duc de BoUillon
ne pouvoic foufFrir le j. ' de recon-
noUfance de la Reine pou. les fervi-
ccs qu'il lui avoit rendus, h étoit fur-
tout choqué de ce qu'elle ne s'étoit
pas contentée de lui manquer de pa-
role pour le Gouvernement de Poitou,
mais de ce qu'elle en avoit promis la
furvivance au Duc de Rohan , à la
foUicitation de Ton beau-pere le Duc
de Sully. Cette préférence lui parut
tout-à-fait injurieufe , & il la rellen-
tit d'autant plus vivement qu'une ja-
ioulie fecrette lui faifoit regarder le
Duc de Rohan , comme un des Hom-
mes du monde qu'il eût le moins
fouhaité qu'on lui eût préféré. Ils
prétendoient tous deux à la fuperiori-
té dans le parti Calvinifte. Un Gou-
vernement de l'importance de celui
de Poitou ne pouvoit qu'augmenter
extrêmement la conlideration que le
Duc de Rohan y avoit acquifc. D'ail-
leurs , comme il fentoit toute la capa-
cité qu'il avoit pour le Gouverne-
ment, & que les preuves qu'il en avoit
données ne permettoient pas qu'on
l'ignorâc , il ne pouvoit voir fans
i6 Histoire de Henry
chagrin qu'on lui préférât des Minif-
tres qu'il prétendoic lui être Ci infé-
rieurs en toutes chofes -, qu'ils difpo-
falfent des Charges &c des Emplois ;
& qu'on ne le confultât que pour la
forme , ôc pour faire le plus louvent
tout le contraire des confeils qu'il
avoit donnez. La fortune fubite &c
furprenante du Maréchal d'Ancre
avec qui il s'étoit broUillé, les Gou-
vernemens qui lui étoient prodiguez ,
fes immenfes richelfes , & fur- tout fa
hauteur ôc fon infolence augmen-
toient fon indignation,8(:lui rendoienc
encore le Gouvernement de la Reine
plus méprifable & plus odieux.
On ajoutera à ces fentimens qui
le regardoient perfonnellement , qu'il
foufïroit avec peine , qu'on abandon-
nât les maximes du Gouvernement
qu'on avoit fuivi jufques alors ; qu'on
négligeât les anciennes alliances pour
s'attacher à l'Efpagne dont il étoit
perfuadé que la grandeur devoir tou-
jours être fufpeéie à la France. Le
double mariage n'avoit jamais été de
fon goût. Il n'avoit paru le favorifer
que parce qu'il s'y fût inutilement
opposé , & l'intérêt du parti Calvi-
nifte j celui des Provinces unies , des
Princes
Duc DE Bouillon. Liv. VU. 17
Princes Proteftans d'Allemagne , des
Princes d'Orange ôc de TEledeur Pa-
latin les beau- frères , non feulement
ne lui permcttoient pas de l'approu-
ver lincerement , mais ne pouv oient
que lui infpirer une envie fecretce
d'en empêcher l'exécution.
Cependant quelque intérêt qu'euf-
fent les Grands du Royaume 5c les
hauts Officiers de la Couronne à s'op-
pofer à ce qui peut nuire au bien de
l'Etat &c en altérer la conftitution,
il n'y avoit proprement que le Prince
de Condé en qualité de Premier Prin-
ce du Sang qui fût en droit de s'op-
pofer au double Mariage , 6c à tout
ce que la Reine pouvoit entrependre
contre les maximes du Gouverne-
ment fur Jefquelles on s'étoit réglé
depuis pluficurs fiecles. De plus pour
former un parti qui pût être de quel-
que utilité &c qui pût engager les
Grands 6c le peuple à le favorifer,
il faloit un nom aufïï refpedable que
celui de premier Prince du Sang.
Le Duc de Bouillon fçavoit que la
plupart des Grands écoient mécontens
de la Cour j les uns pour des oflfen-
ccs reçues ^ d'antres pour des intérêts
aufqucls elle avoit eu peu d'égard j
Tom. III. B
iS Histoire de Henry
d'autres enfin par l'envie qu'ils por-
toienc au Maréchal d'Ancre. Car
quoique ce vice foie le plus lâche ,
éc parconféquent le plus indigne de
ceux qui le piquent de quelque gé-
nérolité, il ne laifïè pas d'être très-
crdinaire à la Cour 5 peu de ^ens s'en
défendent : il eft louvent la caufe des
plus grandes révolutions. Le Duc
de BoUillon içavoit encore que les
Provinces étoient remplies de gens
mal-iatisfoics du Gouvernement. Ce-
toit le fiuit du peu d égard qu'on
avoit eu aux remontrances des Etats
Généraux , &c du peu de ratisfa6tion
Meroo! que la Cour leur avoit donné. Pour
r« ùu çQ q^i Q^ ^Q p^i-is , le Duc de Boiiil-
Duc de , i ,. j 1 r n- - • i
Rohm . Ion n ignoroit pas qu li lumloit de le
Liv. I- déclarer l'ennemi du Maréchal d'An-
cre qui y étoit univerfellement haï,
pour être favorifé du peuple ôc du
Parlement.
Toutes ces confîderations portè-
rent le Duc de Bouillon à prendre de
' nouveaux engagemens avec le Prince
de Condé , & à former un nouveau
parti fous Ion nom plus redoutable
que celui à qui l'on avoit été obligé
d'accorder la convocation des Etats
Généraux. Le Priiice y avoit toutes les
Duc DE Bouillon'. Liv. VÎT. i^
^ilpcficions que ces mécontentemens
particuliers pouvoient lui inlpircr ,
mais il lui faloit un homme du ca-
radlere du Duc de Boliillon , profond,
adroit, mfmuant , égalemenc habile
pour la Guerre &c pour le Confeil ,
en un mot capable de former un
grand delfein ôc plus capable encore
de réxécuter. Jamais toutes ces qua-
litez ne parurent plus que dans l'exé-
cution du projet qu'on va raconter.
La première démarche que fit le
Duc de BoUillon pour former un nou-
veau parti , fut d'engager /î-bien le
Prince de Condé , qu'il ne s'en pût
plus dédire. Loriqu'ii s'en vit alîliré ,
il gagna les Seigneurs mécontens, Mémoî-
ôc Edmond Ambaffadeur d'An2;!eter- ^'^Tn
re qui porta le Roy Ion Maître a fa- ibid.
vorifer Tes delTeins. Enfuite il s'aiïura
de Rouvray député Général des Eçli-
fes Calvimftes , de Defbordes-Miran-
de , & de BerteviUe Députez a l'Af-
femblée générale des Pnétendus Ré-
formez qui alloit fe tenir a Grenoble.
Il les engagea à porter le parti Cal-
vinifte afe déclarer pour le Prince de
Condé ; & afin qu'ils le filfent plus
efficacemicnt, il fit efpercr au prenner
s'il y réufElfoit , l'Ambaflade aux Pio-
Bij
±o Histoire de Henry
vinces unies ; il promit au fécond ,
une charge de Confeiller en la Cham-
bre de l'Èdit , & au troifiéme , la Dé-
puration générale : puifïàns motifs de
perfualîon , &c qui eurent aufîi l'efFet
qu'il s'en étoit promis. Ces mefures
prifes , il envoïa des perfonnes affi-
dées dans les Provinces , pour pro-
fiter du mécontentement général dont
on a parlé.
Il etoit difficile d'engager tant de
gens de earafteres fi oppofez , ôc d'in-
térêts fi difîcrens à s'unir & à con-
courir tous à la même fin. Le Duc
de Bouillon ne lailTa pas d'y réufîir ,
ïhk\. Se il le fit avec tant d'art ôc d'une
manière fi imperceptible, que le Duc
de Rohan avoue que ceux même qui
avoient réfolu de ne fe point mêler
des aflTaires du Prince de Condé , fe
trouvèrent infenfiblcment de la par-
tie. Le Duc de Bouillon n'^n demeu-
ra pas- là ; il entreprit de faire décla-
rer le Parlement de Paris en faveur
du Prince de Condé. Pour en venir à
bout , il prelTentit d'abord Ci les Chefs
de cette Compagnie feroient d'hu-
meur à favorifer le Prince en cas
qu'il fît quelque démarche d'éclat
contre la Cour. Cet expédient ne lui
Duc DE Bouillon. Liv. VII. u
aïant pas réuflî , il crut que fes nie-
fures feroient plus juftes s'il engageoic
le Parlement à fe déclarer le premier,
& s'il le métcoic par-là dans la nécei^
flté de recourir au Prince Se aux
Seigneurs de Ton parti , afin qu'ils
appuïairent de leur nom & de leur
autorité ce qu'il auroit commencé.
C'étoit ce femble , prendre 1 affai-
re par le biais le plus difîicile ; mais
il n'en eft point qui ne réufîiire quand
on prend les gens par leur foible , &
qu'on fçait remuer à propos certai-
nes dirpo(itions fecretes dont perfon-
ne n'eft exempt , & dont les Compa-
gnies font d'ordinaire plus fufcepti-
bles que les particuliers. Voila donc
le Duc de Bouillon en commerce avec
les Gens de Robe. Il fçavoit qu'ils
croient très-mécontens du peu d'é-
gard que la Cour avoir eu aux remon-
trances du tiers-Etat pendant la tenue
des Etats Généraux. Il profite de ce
mécontentement j il entretient les uns
des ateintes que la Cour avoit elle-
même données à l'autorité du Roy
pour établir de plus en plus celle de
la Cour de Rome j il parle aux au-
tres de l'audience favorable accordée
au Clergé 6c à la Nobleife , au pré-
Biij
21 HiSTOIRI DE HeHRY
judice du tiers-Etat , lorfque ces
deux ordres avoient demandé la ré-
ception du Concile de Trente. Il exa-
gère la diminution de la jurifdicflion
des Magiftrats Civils , au regard des
affaires Eccleiîaftiques. Il fait voir les
conséquences de la réfolution fugge-
rée aux Etats Généraux , fur Tac-
compliirement du double Mariage
avec TElpagne. Il réveille leur déli-
catelTe fur Tautorité prétendue par le
Parlement. Il leur reprefente qu'il ne
doit pas fouitrir qu'on la réduite à ju-
ger feulemeat les difFerens des parti-
culiers ; que les Princes du Sang , les
Pairs, & les grands OfSciers de la
Couronne ne font pas membres da
Parlement , pour s'occuper du juge-
ment des procès ; que il fon autorité
n'alloit pas plus loin , on ne les y eue
pas afl'ociez.
Par tels & femblables difcours , le
Duc de Bouillon entretient , augmen-
te , autorife les mécontentemens du
Parlement. Il l'excite enfuite à pren-
dre des réfolutJons vigoureufes pour
la réformation de l'Etat , à profiter
de la jeuneife du Roy , & à ne pas
attendre que fon autorité mieux éta-
blie ne leur permît plus de parler^
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 23
ou les réduisît à faire des remontran-
ces mutiles. Il reprefente enfuite à
tous ces Magiftrats la gloire & la
confideration , que le Parlement ne
manquera pas d'acquérir en obtenant
ce que les Etats Généraux avoient
demandé inutilement , Se peut-être
avec trop de foibleire. Enfin il leur
fait comprendre que s'ils veulent faire
leur devoir, & témoigner un peu de
zeîe pour le bien public , les Princes
&:les Grands Seigneurs appuieront ii-
bien leurs remontrances , que la Rei-
ne feroit contrainte d'y avoir égard.
Le Duc de Bouillon étoit trop ha-
bile, il connoiiroit trop bien la Cour
pour ne pas prévoir que le Parlement
n'auroit d'elle que des mortifications ,
des qu'il entreprendroit de fe mêler
du Gouvernement de l'Etat. Mais il
lui étoit indiffèrent que les remon-
trances du Parlement fulîent bien ou
mal reçues. Quoiqu'il en pût arriver,
il avoit ce qu'il prétendoit ; tout con-
fîftoit à le porter à les faire. En efFet
fî la Cour y avoit égard l'on donnoit
des bornes à l'autorité de la Reine 3c
à celle des Miniftres : il au contraire
elles étoient rejettées , le Peuple en
faveur duquel elles auioient été fai-
B iiij
24 Histoire de Henry
tes , ne manqueroit pas de fe décla-
rer pour le Parlement , Se pour ceux
qui auroicnt appuie fes demandes.
Il ruffifoit donc au Duc de Bouillon ,
qu'une Compagnie aufîi refpeélée du
Peuple que le Parlement l'écoit , fût
engagée à faire une démarche qui
Tobligeroit enfin à éclater.
Le Parlement ne porta pas fes vues
û loin : flaté de l'autorité que le Duc
de Boiiillon lui avoir attribuée , par
rapport à fes propres intérêts , fans
examiner li elle étoit aufli-bien fon-
dée que le Duc paroilfoit le croire ,
il s'émeut , il entre dans fes vues.
En un mot les intrigues 3c les per-
fuafions du Duc de Bouillon , fécon-
dées de quelques perfonnes qu'il avoit
gagnées, y cauferent un li grand mou-
vement que toutes IcsChambres com-
mencèrent à agir de concert , & à
fuivre les impreiïïons que le Duc leur
avoit données. Trois jours après que
le Roy eut congédié les Députez aux
Etats Généraux , les Chambres des
Enquêtes députèrent deux Confeillers
de chaque Chambre , pour aller à la
grand' Chambre , prier le premier
Préfident de Verdun , d'afl'embler
toutes les Chambres , pour délibérer
Duc DE Bouillon, Liv. VII. ly
fur les remontrances que le Parle-
ment avoir réfolu depuis long-remps
de faire au Roy. Le premier Préîî-
dent avec qui Ton aG;i(Tôit de con-
cert , les fit aufîi-tôt aliembler. Fayet
Préfident à la première des Enquêtes,
reprefenta à la Compagnie , qu'on
avoit demandé rAfTcmblée de toutes
les Chambres , pour faire fouvenir
le Parlement de la parole que le Roy
lui avoit donnée de ne répondre pas
-aux Cahiers qui lui leroient prefen-
tez par les Députez des trois ordres
du Royaume , S>c de ne prendre au-
cune réfolution fans entendre premiè-
rement les remontrances que fon
Parlement avoit à lui faire. Il eil ce
temps de penfer, ajoura Fayet , à ce «
que nous avons à reprefenter à Sa. a
Majefté. Nos remontrances ne fu- ce
rent jamais plus nécelfaircs au bien «
public, & au fervice du Roy, qu'elles «
le font à prefent. w
La propofition du Préfident Fayet
fut favorablement reçue. On emploïa
trois feances à délibérer des moïens
de l'exécuter. Tout le monde ccnve-
îioit qu'on ne pouvoit pas fe difpen-
fer de faire des remontrances au Roy
fur l'état prefent des affaires d«
B V
1^ HisToîRB DE Henry
Royaume , & que rien n'écoit plus
peinicieux & n'alJoit plus à la ruine
entière de TEcat , que de lui Lulfer
ignorer Tahus que Ton faifoic de fou
autorité. Mais les avis furent parta-
gez lur le temps 3c fur la manière
d'exécuter cette rélolution. Les uns
difoient que le bruit étoit que le Roy
devoit venir au Parlement dans peu
de jours ; qu'il falo.'t remettre à ce
temps-là à lui faire les remontrances.
D'autres opinèrent a prier première-
ment le Roy , d'ordonner au Chan^
celier , aux Princes , aux Ducs ôc
Pairs , & aux grands Officiers de la
Couronne qui ont voix déliberative
au Parlement , de s'y rendre , ôc de
donner leur avis fur les remontrances
qu'il étoit nécelTaire de faire à Sa. Ma-
jefté. Mai^ cet avis fut rejette fur ce
que l'on fit réflexion que c'étoit faire
au Roy une demande que la Reine 8c
les Miniftres qui feroient infaillible-
ment confulcez , ne lui confeillcroient
jamais d'accorder.
On en prit cependant occafion de
faire une autre propofîtion qui fut
généralement acceptée. « Puifque les
n Princes , les Ducs Se Pairs , ôc les
M grands Officiers de la Couronne font
Ï)UC DE BOITILLON. LîV. VII. ÏJ
membres du Parlement ( dirent quel- «
ques-uns de ceux qui n'étoient aifec- «
lionnez ni à la Reine ni aux Minif- «
très ) nous pouvons bien les inviter «
de nous mêmes à fe trouver à une «
délibération auflî importante quv' €«
celle dont il s'agit. Ces Meffieius ce
n'ont pas befoin pour cela d'une per^ tt
million exprefle du Roy. Leur naif- «
lance , ou leur dignité ne leur don- «
nent-elles pas droit d'aHifter au Par- «
lement quand ils le veulent ; L'avis
étoit rpécieux ^ on n'en prévit aucun
inconvénient : auflî fut-il fuivi d'un
Arrêt rendu le 18. Mars l'an 161$,
Il portoit que les Princes , les Ducs tx
ôc Pairs , & les grands Officiers de la ^
Couronne , aïant léance & voix déli-. ,;«
bérative au Parlement , qui le trou- „
voient alors à Paris , fcroient invitez «
à venir délibérer avec Monficur le £«
Chancelier , & avec toutes les Cham- te
bres alfemblées fur les propolîtions ec
qui feroient faites pour le fervice du «
Roy , le foulagement de les Sujets , ««
&: le bien de l'Etat. ,«
Le Duc de Bouillon qui conduifoic
tous ces mouvemens , voïoit avec
piaifir le fuccès de fon entrepriie.
D^ quelque maiiicre que la choie
Bvj
2.S Histoire dï Henry
tournât , la démarche dont on vient
de parler ne pouvoit que commettre
le Parlement avec la Cour j c'eft ce
qu'il avoit prétendu. Il prenoit fes
mefures pour en profiter , lorfque les
Miniftres cfFraïez de l'Arrêt du Par-
lement furent trouver la Reine , qui
n'en étoit pas moins allarmée qu'eux^
Ils lui reprefenterent avec la chaleur
que l'intérêt a coûrume d'inipirer ,
« que le Parlement entrcprenoit mani-
M feftement fur l'autorité fouveraine ,
« qu'il en vouloit à fa Régence , & qu'il
>s ne penfoit à rien moins qu'à s'ériger
M en Examinateur ôc en Juge , de ce qui
M s'étoit fait pendant la minorité» Que
>s fi l'on ne s'oppofoit pas promptement
M à cette entreprifb , on ne feroit plus
M en état de la réprimer , ôc qu'il en
M étoit decesmouvemens, comme d'un
«incendie très-facile à éteindre dans
»> fon commencement , mais qui fait
Ȕ de terribles ravages quand une fois
» il a été négligé.
La Reine reconnut d'abord la main
qui lui portoit le coup. Perfuadée que
le parti du Prince de Condé avoit ex-
cité ce mouvement dans le Parle-
ment , elle fit défendre de la part da
Roy au Prince & aux Seigneurs , q^ui
"Duc CE BouiriON. Liv. VÎT. i^
s'étoient déclarez pour lui Tannée
précédente , de fe trouver au Parle-
ment s'ils y étoient invitez. Mais
comme cette Compagnie pouvoir
pourfuivre l'exécution de fon deffein,
ôc drelFer fes remontrances indépen-
damment des Princes & desSeigneurs,
le Procureur Général Mole , Servin,
6c le Bret Avocats Généraux , furent
mandez au Louvre pour y apprendre
les volcntez du Roy. Y étant arri-
vez , ils furent admis à l'Audiance
de leurs Majeftez , & le Chancelier
de Sillery leur déclara que le Roy les
avoir mandez fur l'avis qu'il avoit
reçu de l'Arrêt rendu par le Parle-
ment le jour précédent j que leurs
Majeftez trouvoient fort étrange que
cette Compagnie s'ingérât d'alfem-
bler ainii de fon autorité pri-
vée , les premières perfonnes de l'E-
tat pour prendre des mefures avec
elles furie Gouvernement du Royau-
me j que c'étoit entreprendre fur l'Au-
torité Souveraine , & que cela n'étoit '*
pas de la competance des Magiftrats "
uniquement établis , pour rendre la "
juftice aux particuliers. **
L'Avocat Général Servin répondit, *'
que le Chancelier leur apprenoit ce
5Ô HiSTÔîRfi DE HEhîRY
8î qu'ils ne fçavoient pas j que le Paif-
D> lement n'avoir jamais eu la pensée
a» d'entreprendre fur l'autorité Souve-
M raine , &c que les Chambres ne s'é-
sî toient alTcmblées que pour donner au
» Roy une preuve publique du zèle lin-
»3 cere qu'elles avoient pour le fervice
3} de Sa Majefté , pour la fureté de fa
>5 perfonne , & pour le bien de l'Etat,
95 La Reine prit alors la parole &c dit,
3] que le Roy avoit été averti de bonne
9j part de tout ce qui s'étoit palTé dans
at> l'Alfemblée des Chambres ; qu'on y
35 avoit tenu des difcours contre l'auto-
3j rite du Roy j que l'Arrêt en ctoit une
« preuve bien claire, que cette entre-
n prife étoit nouvelle 8c inoiiie jufques-
M alors , & que le Roy n'étoit pas lé-
»j folu de la foufFrir.
Les Gens du Roy fe trouvèrent
alors dans une conjon6bure fort dé-
licate. D'un côté comme leurs Char-
ges les attachoient aux intérêts du
Roy , il ne leur convenoit point de
faire une réponfe qui déplût a Sa Ma-
jefté , dans une occalion où elle fe
plaignoit d'une ateinte donnée à fon
autorité Souveraine que leurs Char-
ges les obligeoient de défendre. Mais
de l'autre , comme ils écoicnt perfua.
Duc DE BôtTItlON. llV, VIÎ. |ï
dez que le Parlement ne penfoit à
rien moins qu'à entreprendre fur
Tautorité du Roy , ils fe croïoient
obligez de juftifier la démarche qu'il
avoit faite , mais en forte qu'on ne
dît rien qui pût marquer plus d'atta-
chement aux intérêts du Parlement
qu'à ceux du Roy.
Ce fut le parti que prit Servin ,
il répondit à la Reine , que qui que
ce fût qui entreprît fur l'autorité du
Roy , ils fçavoient à quoi leurs Char-
ges les obligeoient ; qu'ils ne foufFri-
roient jamais qu'on y donnât la moin-
dre atteinte j mais que comme ils
connoilfoient auflî l'innocence des
intentions du Parlement , ils fe ««
croïoient obligez de reprefenter à Sa ««
Majefté qu'ils fçavoient très certain- «
nement que le Parlement n'avoit ja- ««
mais pensé à entreprendre fur l'au- «
torité du Roy y qu'il n'avoit delTein «
que de faire quelques proportions ««
avantageufes au fervice de Sa Ma- «
jefté , & au foulagement du peuple 5 ««
que la Compagnie en invitant les ««
Princes , les Seigneurs & les grands <e
Officiers de la Couronne à fe rendre ««
au Parlement , n'avoit point eu d'au- «c
tre YÛë que d'avoixMoniîeur le Chan- <«
31 ' Histoire de Henry
„ celier & les premières perfoniies du
a, Royaume , pour témoins de fa fide-
>, lité , & de Ton attachement inviolable
a, au fervice du Roy ; qu'enfin tous les
„ membres du Parlement feroient bien
35 fâchez ^u'onpût feulement les foup-
», çonner d'avoir manqué à ce qu'ils
„ dévoient au Roy & à l'Etat. Servin
„ ajouta , qu'il croioit devoir ce témoi-
gnage au Parlement , &c qu'il prioit
" Sa Majefté de trouver bon qu'il le lui
rendît.
Le Roy qui n'étoit pas à beaucoup
près II irrité que la Reine contre le
Parlement , ôc qui commençoit à fe
lalfer de la dépendance ou elle le te-
noit , s'étoit contenté de répondre
qu'il alTembleroit fon Confeil pour
avifer à ce qu'il ordonneroit touchant
l'Arrêt du Parlement j & il alloit
congédier les Gens du Roy , lorfque
^j la Reine prit la parole , ôc dit qu'il
^^ fâloit alfembler à l'heure même le
^^ Confeil , ôc que l'affaire dont il s'a-
gilfoit, ne fouffroit point de remife.
Le Confeil fut donc ajfemblé , Se les
Gens du Roy fe retirèrent pour at-
tendre ce qui y auroit été réfolijf.
Quelque temps après , le Roy les fit
appeUer , Ôc leui dit , qu'il les fai.
Duc DE BoiilLION. LlV. VII. 33
foit entrer pour leur commander de «
faire fçavoir eux-mêmes au Parle- «
ment , ce qu'il avoit réfolu dans Ton «
Confeil. Servin reprefenta envain , «
qu'il ne convenoit point au fervice du
Roy, qu'on les chargeât de porter des
ordres fâcheux au Parlement. Il fit
inutilement tout ce qu'il put pour
s'en difpenfer ; le Roy voulut abfo-
lument qu'ils lui déclaralTent de fa
part , que Sa Majefté vouloit que le «c
Regiftre de la délibération lui fût en- «c
voie 5 & que fon Procureur Général , ce
& fes Avocats Généraux lui appor- et
taffent eux-mêmes l'Arrêt du Parle- «
ment j qu'elle défendoit aux Magif- «
trats de palTer outre à l'exécution de ce
l'Arrêt , 8c qu'elle entendoit que les c«
Gens du Roy lui vinlTent donner avis t«
de la manière dont le Parlement re- «
cevroit Tes ordres. et
Un commandement Ci abfolu ne
foufFroit point de réplique. Le Par-
lement obéit , le Regiftre & l'Arrêt
furent portez à Sa Majefté , & les
Gens du Roy furent chargez de lui
faire les excufes de la Compagnie ,
& de l'ailurer de fa fidélité. La Cour
parut contente de la foumiflîon du
Parlement ; elle écouta avec plaifir
^4 Histoire de Henry
la Harangue de l'Avocac Général , &
9t le Roy fe contenta d'y répondre qu'il
n verroit l'Arrêt , & qu'au premier jour
ïî il feroit fçavoir fa volonté au Parle-
ment.
La Reine & les Miniftres efperoient
que les chofes en demeureroient-là.
Mais le Duc de Boiiillon qui fuivoit
cette affaire , en pcnfoit tout autre-
ment. Les difficultez ne fervoient
qu'à l'animer , & il fe rebutoit d'au-
tant moins de fon entreprife , qu'il
n'étoit rien arrivé qu'il n'eût prévu ,
& à quoi il ne fe fût attendu. Les
mortifications que le Parlement avoit
reçues de la Cour fervoient même au
deflein qu'il s'étoit proposé , d'enga-
ger enfin le Parlement à faire un coup
d'éclat. Il prétendoit par-là préparer
les efprits à bien recevoir les plain-
tes & les manifeftes que le Prince de
Condé & ceux de fon parti méditoient
pour engager tous les ordres de l'Etat
a en procurer la réformation. Mais
ce qui ne rebutoit pas le Duc de
Bouillon , avoit fi fort étonné le Par-
lement , qu'il paroifibit impoffible de
le faire revenir de la conftei nation où?
les ordres fulminans de la Cour l'a-
voient jette. Il eft vrai que le relïên-
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 55
timent qu'il en avoit conçu ne
pouvoit être plus vif ^ 8c que la vio-
lence qu'il fe faifoic pour le difîîmu-»
1er , ne fervoit qu'à Tanimer d'avan=
tage contre les Miniftres & contre la
Reine même. Il les regardoit comme
les auteurs de tous les mauvais trai-
temens qu'il venoit d'eiTuïer, & qu'il
croïoit n'avoir pas méritez.
Le Duc de Boiiillon perfuadé de
ces difpofitions du Parlement ne man^.
qua pas de s'en prévaloir. Il témoi-
gne à tous les particuliers de la Com-
pagnie à qui il crut fe pouvoir fîer,
que les Princes ôc les Seigneurs regar-
doient comme faites à eux-mêmes les
mortifications que venoit de recevoir
une compagnie dont ils écoient mem-
bres , ôc qu'ils les reifentoient d'au-
tant plus vivement qu'ils en croient
en partie la caufe innocente -, qu'ils
ne comprenoient pas qu'on pût faire
un crime au Parlement d'avoir pro-
posé de les inviter à leur Alïèmblée ,
eux qui en étoient membres , &c qui
ne manquoient jamais de s'y trouver
lorfqu'ils en étoient priez par des par-
ticuliers -y que cela s'appelloit prendre
les chofes d'une hauteur qui ne pou-
voit ni fe foufFrir , ni fe dilïïmuler.
3^ HistoiRE DB Henry
Que fi un pareil traitement venoit du
Roy , la Majefté Souveraine obligeoit
à une foumifïion dont l'on fe croïoit
difpensé à l'égard des Miniftres , &
d'une Reine même qui n'étoit plus
Régente, &: qui abufoit du nom de
de l'autorité d'un jeune Roy , pour
fe mettre à couvert des fuites que
les remontrances du Parlement pour-
roient avoir , par rapport à fes inté-
rêts & à ceux de fes créatures. Après
que le Duc de Bcruiilon fe fut ainfi
infinué dans les efprits , ôc qu'il eut
pris chacun par fon foible , il repre-
fenta le mépris que le Parlement ne
manqueroit pas de s'attirer, en ne fou-
tenant pas une démarche aufll jufte ,
auflî nécelïaire & aufîî éclatante que
l'Arrêt donné pour la convocation
des Princes , des Pairs , & des grands
Officiers de la Couronne. Il parle
enfuite d'autant plus fortement de
tous les abus contre lefquels le Par-
lement avoit delfein de drelTer fes
remontrances, qu'ils étoient tous très-
oppofez aux maximes du Parlement ,
qu'il entroit par-là dans fes vues , &
qu'il flatoit ion relfentiment.
Ce difcours fait dans un autre temps
>uroit eu ton: l'cfFec que le Duc de
Dtjc DE BotJiLLOî4. LiV. VIT. 57
Bouillon prétendoit j mais le Parle-
ment étoit fi confterné des menaces
de la Cour , qu'il étoit réduit à ap-
prouver ce que le Duc difoit fans ofer
rien entreprendre. Il parut dans cette
occalîon combien un Homme habile
de d'un caradere fupérieur quand il
veut fortement une chofe , eft capa-
ble de l'infpirer aux autres. Le Duc
de Bouillon ne fe rebuta point ; plus
le Parlement lui paroît abbatu , plus
il s'efforce de le relever. Il anime les
uns , il fortifie les autres , il infpire
aux plus timides une partie de fon ar-
deur & de fa réfolution. Enfin quand
il connut que leParlement étoit ébran-
lé , & qu'il commençoit à revenir de
fa confternation , pour achever de le
déterminer à faire un coup d'éclat :
Vous ne ferez pas feuls ( lui dit-il )
à vous commettre avec la Cour. Le ti
premier Prince du Sang & les princi- c«
paux Seigneurs du Royaume, atten-w
dent avec impatience que vous vous ce
acquittiez de ce que vos charges ôc le ç«
bien de l'Etat demandent de vous, ce
Dès que vous aurez fait vos remon- ce
trances , ils fe déclareront en vôtre ce
faveur , & nous reverrons tous enfem- ce
ble fi trois ou quatre Miniftres nous
donneront la Loy,
jS Histoire de Henrv
Une alïurance fî pofitive du con-
cours des Princes , des Pairs & des
Grands Officiers de la Couronne avec
le Parlement , rendit à cette Compa-
gnie fa première vigueur. Elle s'af-
fembla quelques temps après , & pour
parvenir enfuite à l'afFaire des remon-
trances , on propofa d'abord ce que
le Roy avoit dit à l'Avocat Général
M Servin , qu'il feroit fçavoir fa volon-
n té au Parlement, fur fon Arrêt rendu
M pour la convocation des Princes &
3» des Seigneurs. L'on prit enfuite oc-
cafion de délibérer s'il ne feroit pas à
propos de fupplier le Roy de donner
la réponfe au Parlement , ôc de lui fai-
re fçavoir fa volonté , félon que Sa
Majerté l'avoit promis. Car enfin
ai ( ajoûta-t-on ) il ne convient point
3, que les réfolutions du Parlement
>j foient arrêtées , parce que certains
«Courtifans furprennent le Roy , &c
îî abufent de fa confiance.
La Cour qui étoit attentive aux
mouveraens du Parlement , n'eut pas
plutôt appris cette nouvelle démar-
che , qu'il fut ordonné à la Compagnie
de fe rendre au Louvre par Députez.
Toutes les Chambres députèrent ; le
premier Préfident de Verdun fe mit à
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 59
la tête des Députez. On les conduilît
à TAudiance du Roy , & Sa Majefté
leur dit que puifque le Parlement
vouloit fçavoir fa réponfe , Ton Chan-
celier alloit la leur faire. Le Chance-
lier prit alors la parole , & fit un long
difcours , qui fut d'autant plus mor-
tifiant pour les Députez , qu'il fe ré-
duifoit à prouver que le Parlement
n'étoit point en droit de fe mêler des
affaires d'Etat , & qu'il ne pouvoit
même faire des remontrances au Roy,
que lorfqu'il en étoit requis par Sa
Majefté. Cependant comme il remar-
qua fur Icvifagedu premier Préfident
éc de ceux qui l'accompagnoient ,
l'indignation que fon difcours leur
avoir causée , il crut le devoir adou-
cir. Ce fut ce qui l'obligea d'ajouter
que Sa Majefté içavoit que les jeunes
Confei 11ers avoient fait donner l'Ar-
rêt j que le plus grand nombre l'avoit
empoité fur les anciens & fur les
plus fages ; que le Roy en fçavoit
bon-gié à ces derniers ; qu'il fe fou-
viendioit de leur fidélité, & qu'il les
prioit de continuer : que cependant
Sa Majefté leur défendoit d'exécuter
l'Arrêt rendu pour la convocation
des Princes de des Pairs du Royaume ,
40 Histoire d e Henr?"
éc de faire déformais aucune délibé-
ration fur cette affaire. Le Roy con-
firma enfuite en peu de mots tout ce
que fon Chancelier avoit dit.
Le premier Prefident indigné con-
tre le Chancelier ne daigna pas lui ré-
pondre ; mais adreifant la parole au
Roy , il lui dit avec beaucoup de
relped , que comme le Parlement
n'avoit pas pu prévoir ce que Sa
Majefté avoit à leur dire, il n'avoic
pas pu non plus leur donner com-
mifîion de lui expliquer fes vérita-
bles lentimens ; qu'ils ne manque-
roient pas de lui faire un rapport
fîdele de ce que le Roy leur avoit
déclaré , &: de tout ce que Monfieur
le.Chancelier avoit jugé à propos de
leur dire ; que cependant ils fup-
plioient Sa Majefté d'agréer les ref-
peds de fon Parlement , ôc les afTu-
rances de fa fidélité , & de prendre
l'Arrêt rendu en bonne part. Il ajou-
ta pour mortifier a fon tour le Chan-
celier , que l'Arrêt avoit été rendu
non par Tavis des derniers de la Com-
pagnie, mais d'un contentement una-
nime j que Ifs jeunes ôc les anciens
y avoient également concouru j &
que tout le Parlement avoit cru que
bien
Duc DE Bouillon, Liv. VII. 41
bien loin d'entreprendre lur Tauco-
ricé de Sa Majefté , c'écoic lui donner
une nouvelle preuve de la droiture de
fes intentions , &c de Ion attache-
ment à fon fervice.
La Reine qui julques alors avoit
gardé le filence jugea à propos de le
rompre ; mais ce ne fut que pour ré-
peter ce que le Chancelier avoit dit :
»î je fuis informée , dit-elle , à n'en «
pouvoir douter que les jeunes Con- «
feillers font les Auteurs de l'Arrêt , a
& qu'ils l'ont fait pafTer à la pluralité «
des voix. Je n'en Içai pas mauvais «
gré à la Compagnie. Je remercie les «
Anciens &: tous ceux qui s'y font op-u
pofez. Le Roy mon Fils fe fouvien- «
dra de leur fidélité , & je ferai enior- u
te qu'il leur donne des marques de fa «
bonne volonté. te
Le premier Préfident perfuadé
( comme il étoit vrai ) que la Reine
fçavoit tout le contraire de ce qu'elle
difoit 5 prit fon diicours pour une
nouvelle in fuite faite au Parlement.
Ce fur ce qui l'obligea de lui répon-
dre qu'il la lupplioit très - humble-
ment de croue que tout le Parlement
avoit concouru a l'Arrêt ; qu'il étoit
l'ouvrage de toute la Compagnie ^
Tome ///. C
^1 Histoire de Henry
que ceux qui lui avoient dit le con-
traire , ne lui avoient pas fait un rap-
port hdele : qu'ainiî il la prioit de ne
point faire de diflindtion , de les ho-
norer tous é2;alement de la bien-veil-
lance , & de la protedion auprès du
Roy. C'eft ainfi que finit l'Audiance
donnée aux Députez du Parlement,
La Cour crut encore que l'affaire
n'iroit pas plus loin, & qu'après des
défcnfcs fi exprelfes , le Parlement ne
feroit oas allez hardi pour continuer
fes délibérations. Mais foit que le
Duc de BoUillon qui ne perdoit point
fon projet de vue , eût renouvelle fes
follicitations -, foit que Palfurance
qu'il avoic donnée du concours des
Princes & des Seigneurs avec le Par-
lement, ralfurât la Compagnie ; le
premier Préfident n'eut pas plutôt faic
fon rapport aux Chambres allem-
blées , qu'il fut unanimement réfolu
que fans fc départir de la première
délibération , un certain nombre de
Confeillers feroit choifi dans chaque
Chambre pour drelfer de concert avec
les Préfidens, les Remontrances qu'on
avoit réfolu de prefenter par écrie à
Sa Majefté.
La Reine promptement avertie
Duc DE Bouillon, Liv. VIL 4;
que le Parlement perfiftoit dans la
première réfolution , crut qu'en pre-
nant les chofes de hauteur , elle en
empêcheroit les fuites. Dans cette
vue elle envoïa un Huifficr du Ca-
binet commander au premier Préfi-
dent de la part du Roy , de fe rendre
au Louvre , accompagné _, comme il
étoit deux jours auparavant. Le pre-
mier Prélldcnt obéit, & le Roy lui
dit qu'il les avoit mandez , iur ce
qu'on l'avoit averti , que nonobftant
fes défenfes le Parlement perllftoit à
drelîèr fes Remontrances ; furquoi
( ajoûta-t-il ) la Reine ma Mère vous
déclarera ma volonté. Elle prit auiïî-
tôt la parole , &c dit d'un ton aigre
& menaçant , que l'entrepriie du Par-
lement étoit ians exemple ; que le
Roy en puniroit les Auteurs s'ils
perfiftoient dans leurs defobéiflance ,
Se qu'il leur défendoit encore abiolu-
ment de lui faire des Remontrances
fur le gouvernement de l'Etat. Le
premier Préfident répondit froide-
ment & en peu de mots , qu'il feroit
fçavoir au Parlement les intentions
de Sa Majefté : après quoi il fut con-
gédié. Le lendemain il fit fon rap-
port aux Chambres aflèmblées. Mais
C.j
44 Histoire de Henry
rimpi'eiîion que le deinier diicours
du Duc de BoUillon avoit faite fur les
efprits , étoit fî force, &: fes offices réi-
térez fi efficaces , que les Magiftracs
nommez pour concerter les Remon-
trances , ne lailferent pas de continuer
leur travail.
La fermeté du Parlement étonna
la Reine , Se efFraïa les Miniftres, par-
ticulièrement le Chancelier. Il avoit
évité de fe trouver à la dernière Au-
diance ^ mais il n'en étoit pas pour
cela mieux avec le Parlement. Il
craignoit d'avoir part aux Remon-
trances , mais c'étoit un coup qui ne
fe pouvoit plus détourner. En effet ,
après bien dôs délibérations , le Con-
feil crut que ce feroit commettre l'au-
torité du Roy que de s'oppofer da-
vantage au delîein de cette Compa-
gnie ; qu'il faloit lui lailfer faire les
Remontrances dont elle paroilfoic Ci
entêtée j & qu'on en feroit quitte pour
n'y avoir d'égard qu'autant qu'on le
jugeroit à propos. La Cour abandon-
na donc cette affaire , pour fe donner
toute entière à rompie les mefures
que prenoic le Duc de Bouillon , du
côté des Calviniftes. La Reine em-
barralfée de tous cotez connut alors ^
Duc DE Bouillon. Liv. VII. ^^
mais trop tard , qu'elle n'avoir pas dû
né!:^lic;cr un Homme du caraftere ôc
de riiabileté du Duc de Bouillon. Le
pallé l'en avoir alfez inftruite j mais
elle étoit tellement livrée aux con-
feils du Maréchal & de la Maiêchale
d'Ancre qui avoicnt rompu avec le
Duc , ôc avec tous les Grands de Ton
parti , qu'elle ne voïoit plus que par
leurs yeux.
Cependant elle n'étoit pas lî oc-
cupée de ce qui le palFoit dans les
Provnices , qu'elle ne pensât de temps
en- temps à gagner le Parlement ;
"mais elle l'avoit traité avec tant de
hauteur qu'il n'étoit pas aisé d'y réufl
fîr. Elle crut pourtant que comme
l'intérêt vient à bout de tout , elle
adouciroit du moins Ton mécontente-
ment , en lui accordant la continua-
tion de la Paulctte , ou du Droit an-
nuel. L'Arrêt du Confeil qui l'or-
donnoit , fut publié dans le temps
même que le Parlement travailloit
avec le plus d'application à fes Re-
montrances. La Compagnie reçue
volontiers ce qu'on lui donnoit ; mais
comme la continuation de la Pauletre
n'étoit pas moins avantageufe au Roy
qu'aux Magiftiats , ils ne la regar-
Ciij
Mfmoi-
Liv.
4(j Histoire de Henry
derent pas comme une grâce, & n'en
firent pas moins leur chemm.
Api es que les Remontrances eurent
été digérées avec beaucoup de foin ,
qu'elles eurent été lues & relues , avec
toute l'cxailitude poiïible , & qu'on
les eut unanimement approuvées, les
Gens du Roy eurent ordre d'aller dire
au Chancelier que le Parlement de-
mandoit AudJanceauRoy.EUe fut ac-
re'; vis cordée pour le 12. de May après midi.
Rohan. j^^ premier Préfident , ilx Préiidens
à Mortier , douze Confeillers de la
Grand' Chambre , un Préfident dc
trois Confeillers de chacune des En-
quêtes 3 autant de celles des Requê-
tes , &" les Gens du Roy allèrent au
Louvre : ils étoient en tout quarante.
Le Peuple averti de ce mouvement ,
& très-prévenu en faveur du Parle-
ment , bordoit les rues , & il y avoit
dans la Cour du Louvre , aux fenê-
tres 3c fur les efcaliers , autant de
monde que dans les occafions les plus
extraordinaires. Les Députez du Par-
lement furent conduits d'abord dans
la Sale où les Ambalîadeurs avoient
coutume d'attendre que le Roy les
cnvoïât prendre quand il devoit leur
donner Audiance. Quelque - temps
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 47
après Vitry Capitaine des Gardes les
conduific a la Chambre du Confeil.
Le R oy & la Reine y écoient , accom-
pagnez des Ducs de Nevers , de Gui-
fe , de Vendôme , de Montmorency ,
d'Epernon , du Chancelier, des Ma-
réchaux d'Ancre , Se de Souvré , de
plufieurs autres Seigneurs , 5c des
principaux Confdllers d'Etat.
Le premier Préiîdent harangua le
Roy. Son difcours fat relpec-
tueux & plein des proteftations ordi-
naires de la fidélité & des bonnes in-
tentions du Parlement : en le finilfant
il prefenta au Roy le Cahier des Re-
montrances j Sa Majeilé le remit à
Lomcnie Secrétaire d'Etat , &: ordon-
na aux Députez de fe retirer. Tout le
monde croioit TAudiance finie , & les
Courtiians commençoient à fe dire à
l'oreille , voila bien du bruit pour
rien 5 lorique le premier Préfident
reprit la parole, de dit au Roy qu'ils
étoient chargez de fupplier très-hum-
blement Sa Majefté de faire lire les
Remontrances en leur prefence. Il
ajouta qu'il pourroit y avoir des cho-
fes qui auroicnt befoin d'explication ,
&c qu'ils ladonneroient fur le champ ,
afin que perfonne ne pût douter des
C iiij
'4-8 Histoire de Henry
bonnes intentions du Parlement.
Ce n'éroit ni la volonté de la Rei<.
ne , ni celle des Minières , que ces
ReiTiontrances fiiffent lues devant une
compagnie il nombrcufe. Comme
elle ne doutoit point qu'on n'y taxât
fa Régence , & qu'on ne s'y plaignît
de bien des chofes qui s'é^.oicnt paf-
fees depuis la mort du feu Roy, elle
eut bien fouhaité de s'en rendre
Maîtrelfe , 3c de ne les communi-
quer qu'à ceux qui avoient intérêt de
loutenir fon adminiflration. Mais le
Roy à qui de nouveaux Favoris corn-
mençoient à rendre fa conduite luf-
pe6le, fans prendre fcn avis, ordon-
na qu'on fît la leélure des Remon-
trances. Le Cahier fut donné au Fils
de Lomenie ; il le lut à haute voix ,
Ôc tout le monde l'écouta avec beau-
coup d'attention. On ne rapportera
point ici ces Remontrances ; outre
qu'elles font trop longues , ce ieroit
Roiun. s'éloigner trop du fujet de cette Hif-
Mcicui- toire j on peut les voir dans quanti-
Fianç> i f^ ^Q Mémoires de ce temps-Là. On
fe contentera de dire que cojîformé-
n>ent aux viles & aux follicitations
du Duc de BoUillon , le Roy y étoit
fupplié d'entretenir les anciennes al-
Mcmoi
Ji^ ■ 5
Duc DE B'OUILLON. LiV. VII. 4p
liances de la Couronne , d'avoir les
nouvelles pour fuCpedes , & de s'at-
tacher aux maximes du Gouverne-
ment du feu Roy. Par-là le Parle-
ment ne paroillbit pas approuver le
double Mariage avec l'Elpagne ; ce
qui déplut fort à la Reine qui le re-
gardoit comme le chef-d'œuvre de ilv
Régence. L'on s'y plaignoit encore
de la mauvaife adminiftracion , & de
la diiîipation des Finances , des Char-
ges & des Gouvernemens donnez à
des Etrangers -, ce qui regardoit le
Maréchal d'Ancre , ôc ce qui choqua
encore la Reine au dernier point. En-
jfin les Miniftres & le Chancelier en
particulier y étoient taxez. L'on de-
mandoit la réformation du Confeil ,
& qu'il fût rétabli fur l'ancien pied.
L'on peut juger par ces quatre ou
cinq articles , Il la ledure de ces Re-
montrances pouvoit être agréable à
la plupart de ceux qui l'entendirent.
La ledure des Remontrances finie ,
les Députez eurent o dre de fe reti-
rer , Se d'attendre dans une chambre
voifme jufques à ce que le Roy eût
délibéré fur la rcponfe qu'il devoit
leur faire. On les fi rentrer quelque
jtcmps après , & le Roy Ijur dit qu'il
Cv
eo Histoire de Henry
étoit trcs-mécontent de leurs Remon«
trances. La Reine prit enfuice la pa-
role , & maltraita fort le Parlement.
Le Chancelier qui parla après elle ,
n'en fit pas moins. En un mot les
Députez furent congédiez après que
le Chancelier leur eut dit de la part
du Roy , que Sa Majefté feroit répon-
fe à leurs Remontrances quand elles
auroient été examinées dans fon
Confeil.
Dès le lendemain * le Roy dans fon
May Confeil d'Etat donna un Arrêt par le-
»^'T- quel il caffoit celui du Parlement ,
donné le 28. de Mars , faifoit défenfe
à la Compagnie de s'entremettre à
l'avenir des affaires d'Etat , fînon
quand elle en feroit requife ; & afin
que la mémoire d'une pareille defo-
béilfance fût tout-à-fait éteinte , Sa
Majefté ordonnoit que l'Arrêt & les
Remontrances feroient biffées & ô-
tées des Regidres. Il n'y eut pas peu
de difficulté à faire lire Se enregiftrer
cet Arrêt au Parlement : mais enfin
le Roy l'ordonna d'une manière fî
abfolue , qu'il n'y eut pas moïen de
s'en difpenfer. C'eft ainfi que finie
cette grande affaire. Il en arriva ce
que le Duc de Bouillon avoit prévu*
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 51
Le Pailemcnt ne fut point écouté j il
fut même fort mal-traité j il en con-
çut un reifentimcnt qui ne pouvoit
être plus vif; ce relientmient le por-
ta à s'attacher au parti du Prmce de
Condé. C'eft ce que le Duc qui n'a-
voit pas accoutume de le tromper ;,.s ae
dans les conjeâiures , avoit prétendu. ;<ohan.
Mais il reftoit une difficulté ; le Duc '''^' ^'
de Boiiillon avoit promis pofitivc-
ment au Parlement , que le Prince de
Condé & les Seigneurs de fon parti
fe déclareroient pour lui , au cas qu'il
fît les Remontrances qui avoient été
projettées. Le Parlement les avoit
faites ; il s'étoit par-là commis avec
la Cour. Il étoit queftion qu'on lui
tint parole , & il en follicitoit forte-
ment le Duc de Bouillon. Son embar-
ras n'étoit pas petit ^ le Prince de Con-
dé n'alloit pas aufîi vite qu'il le fou-
haitoit ; les Seigneurs du parti n'a-
voientpas encore pris leurs mefures ;
la Cour qui s'en défîoit , les faifoic
obferver. Tout ce que put faire le
Due de Bouillon , fut de promettre
au Parlement qu'il feroit content ;
mais il ajouta que l'exécution des
grands delFeins dcmandoit du temps ,
^ qu'on s'expofoit a les faire échoUer
C vj
52 Histoire de Henry
en précipitant trop les chofe.s. En
conléquence de cette promeire , le
Duc de Bouillon lollicita il vivement
Mén.oi- Iq Prince de Condé de dégager fa pa-
rts >ie h , , & t) r
■Rcftncc rôle donnée au Parlement , que le
àe Man.- p^incc pour avoir lieu de rompre avec
cis. ' la Cour , s'oppoia en plein Confeil
au voiage de Guyenne. La Reine le
propoioit pour accomplir le double
Mariage. Elle en fouhaitoit la con-
cmlîon avec toute la paiïîon dont eft
capable une femme qui eft entêtée ,
& qui n'a pas accoutumé d'être con-
tredite. Ainii c'étoit attaquer Marie
de Medicis par l'endroit le plus déli-
cat , ôc qui lui étoit le plus fenfible.
Le Duc de Bouillon qui avoit don-
né ce confeil au Prince de Condé ,
ne s'attendoit pas que la Reine défé-
rât à l'oppoiltion du Prince , foute-
nuë de celle des Seigneurs de fon par-
ti. Il ne penfoit qu'à le commettre
avec la Reine , sûr qu'après cela il
le méneroit plus loin qu'il ne croioit.
En efFet Marie de Medicis eut fi-peu
d'égard aux Remontrances du Prince
de Condé , 8c à celles des Seigneurs
qui lui etoient liez , quoiqu'appuïees
de très-fortes raifons , qu'elle n'en
fit que hâter le voiage de Guyenne ^
Duc DE Bouillon. Liv. VÎI. 53
avec plus d'empreirement qu'elle n'a-
voit fait jufques alors. Le Prince de
Condé choqué au dernier point du
mépris fi public que la Reine fai-
foie de fes avis , & de la hauteur
avec laquelle elle difpofoit de la
perlonne du Roy , quoiqu'elle ne fût
plus Régente , ht une alfemblée de
les amis pour fçavoir ce qu'il avoit
à faire. Le Duc de Bouillon qui n'a-
voit garde de manquer Toccafion de
dégager la parole qu'il avoit donnée
au Parlement , y opina fortement.
Les Ducs de Mayenne ôc de Longue-
ville ôc les autres Seigneurs du par-
ti en firent de même. En un mot il
fut réfolu qu'on oppoleroit au voïa-
ge de Guyenne autre chofe que des
confcils pareils à ceux qui avoient été
Cl mal reçus.
En exécution de cette délibération
le Prince de Condé quitta la Cour ,
s'en alla d'abord à Saint-Maur , ôc
de-là dans fon Comté de Clermont
en Beauvoifis j ancien patrimoine de
la Maifon de Bourbon. Le Duc de
Bouillon fe retira en même - temps
dans fa Principauté de Sedan , pour
y prendre les mefures conformes aux
projets dont on étoit convenu. Le
^4 Histoire de Henry
Duc de Mayenne partit pour Soilfons,
& ie Duc de Longuevilie fe rendit
dans fon Gouvernement de Picardie.
Ce départ du Prince de Condé & des
Seigneurs qui avoient pris des enga-
gemens avec lui , Fut comme le iîgnal
de la Guerre dont on va parler.
Aufîî-tôt après cette retraite l'on
vir plufieurs écrits de la part des Sei-
gneurs mécontens. Un des premiers
qui parut , fut une lettre du Duc de
BoUillon au Préiident Jeannin , Con-
trôleur Général des Finances. Il y
juftifioit fon départ de la Cour , &
fe plaignoit à peu près des mêmes
chofes dont le Parlement s'étoit plaint
dans fes Remontrances. Cet écrit fut
fuivi d'un autre , où le Chancelier
de Sillery fut attaqué perfonnelle-
ment j il avoit pour titre , la NobltjJ's
ïrançoife au Chancelier. Le Gouver-
nement y étoit décrié de la manière
la plus affireufe. 0\\ crut que ie Par-
lement en étoit l'Auteur. C'eft ce qui
porta la Cour à y répondre dans une
cfpece de Manirefte qui fut publié
prefque auilî-tôt. L'on n'y parloit
plus d'un ton fi fier , le Gouverne-
ment y étoit juftifié avec beaucoup
de modération.
Duc DE Bouillon. Liv. VIT. 5^
La Reine n'en demeura pas-là j elle
Et réflexion qu'en traitant le Parle=
ment avec trop de hauteur , elle avoic
donné dans le piège que fes Ennemis
lui avoient tendu. Elle craignit qu'il
ne fe déclarât pour le Prince de Con-
dé , & que le peuple entraîné par fou
autorité , ne fît enfin la même chofe ,
s'il paroilfoit que le Prince agît de
concert avec le Parlement. On cher-
cha donc des expédiens pour conten-
ter la Compagnie , & ménager en mê-
me-temps l'autorité du Roy qu'on
avoit un peu trop commife dans l'af=
faire dont on a parlé. Ils furent d'au-
tant plus faciles à trouver , que le
Parlement croïoit s'appercevoir que
le Prince de Condé alloit bien plus
à fes fins particulières , qu'au bien
public ; que cette Compagnie n'étoit
plus foutenuë par les vives exhorta-
tions du Duc de BoUilIon , ôc que fes
Chefs commençoient à s'ennuïer de
fe voir broiiillez avec la Cour, Il ne
fut donc pas difficile d'accorder deux
parties qui ne cherchoient qu'à s'ac-
commoder. Le Parlement fit des ex-
cufes au Roy dont il jugea à propos
de fe contenter , & Sa Majefté de fon
côté fe relâcha fur l'exécution de
y<? HiSToiS-Ë DE Henry
l'Arrêt du Confeil d'Etat , qui caf-
foic tout ce que cette Compagnie
avoit fait. La reconciliation du Par-
lement avec la Cour nuifit depuis
beaucoup , aux projets des Seigneurs
mécontens.
Cette affaire finie , la Cour s'ap--
pliqua à gagner le Prince de Condé.
Le Roy lui écrivit plufieurs fois qu'il
fouhaitoit que le premier Prince de
fon Sang alîiftât à Ton Mariage j que
îa bienfeance demandoit qu'une per-
fonne de fon rang reçût l'Infante fur
les frontières de France , & qu'elle y
conduisît la Princeife fa Sœur deftinée
au Prince d'Efpagne. Mais les ré-
ponfes que le Prince faifoit à ces let-
tres donnoient alfez à connoître que
il l'on ne differoit pas le double ma-
riage , il n'accompagneroit pas le Roy
dans fon voïage de Guyenne.
Ces refus du Prince de Côndé don-
noient d'autant plus d'inquiétude à la
Cour , qu'il étoit de la dernière im-
portance, que les Provinces en deçà
de la Loire fulfent tranquiles pendant
l'abfence du Roy. Il étoit aisé de
juger que fi on y iailToit le Prince
6c les Seigneurs de fon parti , ils ne
Awnqueroient pas d'y exciter du
Duc DE Bouillon. LiV. VII. 57
tfouble , 3c que peut-être même ils
feroient foulever !a Ville de Paris qui
étoit pleine de Meconrcns. Peur évi-
ter cet inconvénient , il n'y eut rien
que la Reine ne tentât pour engager
le Prince de Condé a faire le voiage
de Guyenne. Elle fuppofoit que Ls
Ducs de Longueville 6c de Mayenne,
dont le premier coinmandoit en Pi-
cardie,& le fecon.d dans Tille de Fran-
ce, iuivroient le Roy, iî le Prince leur
en donnoit l'exemple. Pour ce qui eft
du Duc de Bouillcn 5 fenrible aux
embarras qu'il lui cauioit , (Se plus
fenfible encore aux mouvemens qu'il
avoit excitez d.ms le Parlement , elle
affeda de le négliger , &: crut qu'in-
dépendammen: de lui , elle pourroic
gagner le Prince de Condé. Pour y
réuiïîr , Elle commit cette négocia-
tion à la Comtelfe de Soilfons & au
Duc de Nc?vers , qui avoit aFredé
d'être neutre , dans la vûë de fe faire
Médiateur entre la Reine ôc les Me-
contens. Mais ni la Com telle ni le Duc
ne purent rien, obtenir du Prince. Le
Duc de Eoiiilion lui étoit devenu trop
nécellan-e pour rien conclure fans lui.
Ainii plus la Reine tém.oignoit vou-
loir fe palîér de Ion entremife , plus
il s'appliquoic à rompre toutes les
jS Histoire d e Henry
mefures qu elle prenoit , & il le fai-
foit avec d'autant plus de fuccès qu'il
s'étoit tellement rendu maître de Tef-
prit du Prince de de celui des autres
Seigneurs , qu'ils fuivoient en toutes
chofes fes fentimens.
Le mauvais fuccès de la négocia-
tion de la Comtelîe de Soillons &c du
Duc de Nevers , obligea la Reine
d'avoir recours à Villeroy , pour en
commencer une autre. Il fout avouer
qu'elle ne pouvoit pas mieux choifir ;
ou\:re qu'il étoit très-habile , il avoit
toujours entretenu d'étroites liaifons
avec le Duc de Boïiillon ; & il ne pré-
lendoit pas conclure Cans, lui l'accom-
modement dont il s'agllfoit. Il s'at-
tacha à le gagner, & il s'y prit fi-bien,
que fécondé du Préfident Jeannin
qu'on lui donna depuis pour adjoint,
il eût conclu le traité , (i le Maréchal
d'Ancre ôc le Chancelier de Sillery
n'en eulfent empêché l'efFet. Comme
ils étoient tous deux fort odieux au
Prince de Condé &c aux Seigneurs de
fon parti , ils appréhendèrent d'être
les viétimes de l'accommodement , ôc
qu'on ne les facrifiât à la fatisfadion
du Prince. Pour l'éviter , ils rempli-
rejît l'efprit de la Reine de tant de
Duc DE Bouillon. Lïv. VIT. ^5
foupçons contre Villeroy &: Jeannin ,
qu'elle fit faire une démarche au Roy
qui renverfa toutes les efperances
qu'on avoit d'un prochain Traité.
Dès le lecond jour de la Conférence
qui fe tencit au Château de Coucy
en Picardie j Pontchartrain Secrétai-
re d'Etat fut envoie au Prince de Cou-
dé avec une lettre du Roy , dattée du
i6. de Juillet. Elle portoit en ter- i^nj;
mes exprès que Sa Majefté aïant pris
la rélolution de partir pour la Guyen-
ne le premier du mois fuivant , elle
envoïoit un de Tes Secrétaires d'Etat ^femoî-
pour fçavoir précisément du Prince ^ohan.
de Condé s'il vouloit ou ne vouloit
pas l'accompagner dans Ton voïaee. ^^^°^'
Cette lettre ne lurprit pas moins Vil- Régence
Icroy & Jeannin , que le Prince de j:" '^"/jt
Condé &c les Seigneurs alTèmblcz àcis.
Coucy. Le Duc de Boiiillon qui n'a-
voît confenti à un accommodement ,
que dans la vue de ne pas palfer pour
être le feul Auteur d'une Guerre-Ci-
vile , profite en habile homme de ce
contre-temps. Il reprefente aux Sei-
gneurs alfemblez que la Cour ne pen-
foit qu'à les tromper , ou à les defu-
nir , & que ians perdre temps ,
il faut lever des Troupes en France
'^ô Histoire de HenrV
& en Allemagne. Tous y confentent,
& fe donnent le rendez-vous à Sedan.
Villeroy ôc Jeannin fe trouvent fort
ofFenfez de la défiance que la Reine
avoit d'eux , fans qu'ils y eulfent don-
né lieu. On fe prépare de part & d'au-
tre à la Guerre. C'eft amiî que des
intérêts particuliers l'emportent fou-
vent fur le bien public, fur-tout lorf-
que les Rois ne font pas en âge de
gouverner par eux-mêmes. La Reine
ne penfoit qu'a fes intérêts & à ceux
de fes Créatures. Chacun en faifoit
autant ; le bien public & le fervice du
Roy ne fervoient pus que de prétex-
te. Dans le fonds c'eft à quoi l'on
penfoit le moins.
L'on ne peut s'empêcher deremar^
queràToccafion de la négociation de
Coucy dont on vient de parler , que
le Préfidcnt Jeannin l'un des Com-
miiTaires du Roy, quoique trcs-éciai-
ré ëc tics-attaché a la Cour , étoit fî
perfuadé que le parti des Seigneurs
mécontens n'en vouloit pas a l'auto-
rité du Roy , mais feulement à l'abus
que les Créatures de la Reine en fai-
foient, qu'il crut devoir le témoi-
gner publiquement. En rcpaffant
a Noyon pour s'en retourner a la
Duc DE Bouillon. Liv, VII. 6i
Cour , les habitans lui demanderenç
comme ils en nferoient déformais
avec le Duc de Mayenne qui étoit
un des Seigneurs du parti du Prince
de Condé , ce à la manière accoûtu- «
mée ( répondit-il ) Monfîeur le Duc «
eil toujours vôtre Gouverneur , & c<
bon lerviteur du Rov. " Paroles re- <«
marquîibles &z qui font bien connoî-
tre que ce grand Homme n'approu-
Yoit pas leGouvernement de laReine,
êc qu'il ne regardoit pas comme des
Ennemis de l'Etat , ceux qui en de-
mandoient la réformation. C'eft aufïï
ce que prétendoit le Duc de BoUillon ,
&■ ce que le Roy lui-même préten-
dit depuis , comme on le verra par la
fuite de cette Hiftoire. Mais comme
les apparences le plus fouvent déci-
dent de tout , le parti du Roy a tou-
jours paffé pour être celui du côté du
quel il fe trouve , & qui a l'avantage
de fe pouvon- fcrvir de ion nom ,
quoiqu'il n'aille pas toujours au bien
de fonfervice , & que les mterêts par-
ticuliers l'emportent iur ceux de l'E-
tat quidevroient être inséparables de
ceux du Roy.
La première cliofe que firent les
Seigneurs {iiécontens après la rupture
'6i Histoire de Henry
de rA(Tèmblée de Coucy , fut de con-
ccrter la réponfe que le Prince de
Condé devoit faire à la lettre du Roy
qui lui avoit été rendue par Pontchar-
train. L'affaire étoit de confequence j
aufïï y eut-il à fon occalîon de longues
délibérations j enfin l'on en convint.
Le Prince s'y plaignoit refpedlueufe-
ment de ce que l'on précipitoit fi fort
le voïage de Guyenne. Il reprefentoit
que le Roy n'aïant pas encore quinze
ans y étant d'ailleurs d'une comple-
xion fort délicate , il ne lui conve-
noit point de prelfer ainfi fon Maria-
ge j qu'on y feroit toujours à temps
quand on auroit réglé les affaires de
l'Etat j & remédié aux defordres du
Gouvernement , coriformément aux
Remontrances des Etats Généraux ,
ôc du Parlement. Il difoit enfuice
qu'une démarche fi à contre-temps
ne fe faifoit que par les mauvais con-
feils de quelques perfonnes mal in-
tentionnées qui facrifioient le bien
public à leurs intérêts particuliers ;
que julqucs alors il les avoit ména-
gez pour ne point s'attirer la Reine
qui les protegeoit publiquement ;
mais que puifqu'ils ne celï'oient point
d'abufer du nom & de lautoritc du
Duc DE Bouillon. Liv. Vif. 6^
Roy à la fubverflon de l'Etat , à Taf-
foiblilîement de la France qu'on
rendoit fufpede à fes anciens alliez ,
à la ruine des Princes du Sang , des
Officiers de la Couronne , & des
principaux Seigneurs du Royaume
qui écoient les membres naturels du
Conieil d'Etat , comme ils étoient
les appuis de la Couronne ; que pour
toutes ces raifons il Te croïoit oblige
de déclarer à Sa Majefhé que les au-
teurs des defordres reprefentez par
le Parlement , font le Maréchal d'An-
cre , le Chancelier de Sillery , le
Chevalier fon Frère , BuUion & Dole
Confeillers d'Etat. Enfin le Prince
prioit le Roy d'ordonner qu'on in-
formât contre-eux • que le Confeil
fût mis fur un meilleur pied , & qu'on
eût égard au Remontrances des Etats
& du Parlement. Telle étoit la ré-
ponfe du Prince de Condé au Roy ,
& tel étoit à peu - près le Manifefte
qu'il publia quelque temps après.
Une déclaration fi peu ménagée
contre las Créatures de la Reine n'é-
toit pas du goût du Duc de Bouillon.
Il fit ce qu'il put pour empêcher
qu'on n'accusât il publiquement le
Maréchal d'Ancre. Ce n'eft pas qu'il
■(^4 Histoire de Henry
Mémo'- ^^^ moins foii Ennemi que les autres
res de la Seigneurs j mais c'efl: qu'il écoit per-
d'e'^Mar e ^^^^^ 'V^^ ^^ fculc confideration et oit
de Mcdi- capable de porter la Reine à flicri-
^"* fier toutes cnofes pour le maintenir :
au lieu qu'en l'épargnant , elle pour-
roit fe réfoudre à abandonner les au-
tres qu'on avoit nommez j ce qui fa-
ciliteroit dans la fuite la ruine du Ma-
réchal d'Ancre. Une fortune comme
la fienne , difoit le Duc de Boiiillon ,
ne fe renverfe pas tout d'un coup j
il en faut faper lentement les fonde-
mens : quand on aura détruit fes ap-
puis, au premier choc elle tombera
d'elle-même. Le Prince de Condé
entroit alfez dans les fentimens du
Duc de Bouillon ; mais il falut céder
au Duc de Longueville qui déclaroit
qu'il quitteroit le parti plutôt que de
foufïrir qu'on eût le moindre ména-
gement pour le Maréchal d'Ancre.
Ce que le Duc de Bouillon avoit
prévu , arriva. La Reine offensée au
dernier point du peu d'égard que l'on
avoit pour elle de pour fes Créatu-
res , animée par le Maréchal & par
la Maréchale d'Ancre , perfuadée
qu'on en vouloir à fon autorité , Se
qu'il y alloic de fa réputation de ne
plus
Dtjc de Bouillon. Liv. VIL 6^
plus différer le double Mariage , ne
garda plus de mefures , 3^ porta tou-
tes chofes à rextrémité. Elle fait don-
ner par le Roy les plus fortes Décla-
rations contre le Prince de Condé.
On levé contre lui une Armée donc
le commandenîent eft donné au Ma-
réchal de Bois-Dauphin de l'ancienne
& illuftre Maifon de Laval. On prend
toutes les mefures pofîîbies tant du
côté des Calviniftes , que de tout au-
tre pour rompre les delfeins du Prin-
ce. On part pour le voïage de Guyen-
ne après avoir donné les ordres pour
la levée d'une féconde Armée que le
Duc de Guife devoir commander ,
& qui étoit deiHnée à faciliter le paf-
lage de leurs ALijeftez. Enfin lorlquc
la Cour fut arrivée à Poitiers , le
Prince de Condé & fes Adherans font
d-éclarez Rebeles & Criminels de , -
leze-Majefte. Tout le crédit du Prin- s.-ptem-
ce ne put empêcher qu'après quelques
conteftations la Déclaration ne fût
vérifiée au Parlement de Paris.
Un coup d'un fi grand éclat étonna
d'autant moins le Prince & les Sei-
gneurs de fon parti , qu'il avoir été
prévu. Il y répondit d'abord par un
nouveau Manifeile qui fut envoie
Tom. IIL D
bie lô^iç.
66 Histoire de Henry
dans toutes les Provinces, &c adrefle à
tous les ordres de l'Etat , Se à tous les
Parlemens du Royaume en particu-
lier. Enfuite il délivra des comniiL
fions , il leva des Troupes dedans ôc
dehors le Royaume , & le prépara à
obtenir par la force ce qui avoir été
refusé à Tes Remontrances. Heureu-
fement pour les Mécontens , la Cour
fut arrêtée près de deux mois à Poi-
tiers , par la maladie de la Princefîe
deft'inée au Prince d'Efpagne. Elle y
fut attaquée de la petite- vérole ; il
lui falut tout ce temps pour en guérir ,
Se pour fe mettre en état de continuer
Ion voiage. Ce contre - temps em-
baralEi extrêmement la Cour , Se l'on
ne fut pas à le repentir de s'être tant
hâté de porter les chofes à l'extrémité.
L'Aifemblée Générale des Calvi.
niftes fe tenoit alors à Grenoble. Le
Roy leur avoit permis de s'y aifem-
bler fur les aifurances pofitives que
L^fdiguieres lui avoit données d'em-
pêcher qu'il ne s'y traitât rien contre
ion fervice , Se qu'elle ne ie laifFâc
entraîner par les follicitations des
Mécontens. Le Duc de Rohan Se du
Plclîîs-Mornay Gouverneur de Sau-
mur , tous deux fort accréditez dans
Duc DE Bouillon. Liv. VÎI. 6j
îe parti avoienc promis la même cho-
fe ; le premier par l'envie fecrecce de
traverier les delFeins du Duc de Boiiil-
Ion & de l'emporter fur lui j le fécond
parce qu'il écoic perfiiadé qu'il ne
convenoit point à ceux de fa Religion
de Te brouiller avec la Cour. Outre
ces précautions , la Reine avoit trou-
vé le moïen de gagner un grand nom-
bre de Députez , les uns par des pro-
melFes , les autres par des grâces qui
les attachoient aux intérêts de Sa
Majeflé.
Malgré tous ces obftacics le Duc
de Bouillon entreprit de faire déclarer
l'Aifemblée en faveur du parti qu'il
avoit embralfé. Pour en venir à bout ,
il porta le Prince de Condé à y en-
voier la Haye l'un de fes Gentils-
hommes qui avoit déjà négocié pour
lui. Il y envoïa de la part la Forêt ,
avec des Lettres & des Mémoires pour
les principaux du parti. Le Duc y
reprefentoit avec fon adreiïè ordinai-
re les inconveniens du double Mariage
avec TEfpagne , par rapport aux Cal-
viniftes , & l'intérêt qu'ils avoient de
s'y oppofer. Il y faifoit valoir cer-
taines paroles échapécs à des Catho^
liques zelez qui avoient dit en prefea-
Di,
- 68 Histoire de Henry
ce de la Cour , qu'il étoic furprenaiiç
qu'un Catholique comme le Prince de
Coudé condamnât le Traité fait avec
l'El'pagne , dont la fin principale étoic
l'extirpation de l'Herelie. Il leur don-
noit tous les ombrages qu'ils étoient
capables de prendre , du ferment que
l'Altemblée Générale du Clerjré ve-
noit de faire , par lequel elle s'obli-
geoit à la réception du Concile de
Trente , à laquelle les Calviniftes s'é-
toient toujours oppofcz. Il exagéroit
les coniequences de la Remontrance
que l'Evêque de Beauvais Député de
la même Alfemblée avoit faite au Roy
avant fon départ pour obtenir le ré- .
tablilfement de la Religion Catho-
lique dans la Principauté de Béarn.
En un mot le Duc de Boiiiilon fe
prévaloit de tout ce qui pouvoit por-
ter l'Alïemblée à rompre avec la
Cour , & à fe déclarer pour le Prince
deCondé. Les efprits commençoient
à s'échauffer , 8c les anciennes défian-
ces àfe réveiller, lorfque Jean-Fran-
çois Biondy Vénitien arriva à l'Alïem-
blée de la part du Roy d'Angleterre ,
Hifbir: pt>ur l'afTurer de la proteélion de Sa
ail csivi- Majefté Britannique , ôc de l'intérêt
uv!''i^. qu'elle prenoit à tout ce qui pouvoii
Di/c DE Bottillon. Liv. VIT. ^^
affermir le repos du parti , & favori-
fer le progrès de leur Religion. Le
Duc de Bouillon avoit ménagé cet
envoi : afin que Voi\ n'en pût pas dou-
ter , Biondy déclara à rAlfemblée ,
que le Roy d'Angleterre l'avoir en-
voie d'abord directement au Duc de
Eoliillon , pour prendre avec lui les
n'iefures qui conviendroient aux avan-
tages du parti ; qu'il lui avoit com-
muniqué fes Lettres de créance , &
qu'il ne s'étoit rendu à rAifemblée
qu'après avoir conféré avec lui , &
pris fes avis fur toutes chofes. ■ .:■•
Comme cette Déclaration mectoit
l'Alfemblée dans la dépendance du
Duc de Boliillon, & qu'elle étoit d'ail-
leurs ébloiiie de l'honneur qu'il lui
avoit procuré en lui ménageant l'Am-
ballàde &c la protedion d'un aufli
grand Prince que le Roy d'Angleter-
re , il n'en falut pas davantage pour
rompre les mefures prifes par le parti
opposé au Duc de Bouillon. Lefdi-.
gui ères emploïa envain toute fon au-
torité , & le Duc de Rohan tout fon
crédit ; les lages Remontrances de
du Pleflis-Mornay ne furent point
écoutées. Les Partifans de la Cour fe
donnèrent des mouveraens inutiles
Diij
^0 HisTGiuE BE Henry
pour renverfer les projets du Duc de
Bouillon. Cet habile Politique avoic
fi bien ménagé toutes chofes , que le
parti Calvinifte fe déclara enfin pour
le Prince de Condé. Le Duc de Ro-
han fe vit obligé de prendre les Ar-
mes , & d'aider lui-même Ton Enne-
mi à exécuter la plus grande partie
des delfeins qu'il avoir formez.
Ce fucccs étonna la Cour , & jetta
la Reine dans un des plus grands em-
barras oii elle fe fût trouvée de fâ
vie. Mais ce fut bien pis iorfqu'eile
apprit que le Comte de Saint-Pol s'é-
coit déclaré dans la Guyenne pour le
Prince de Condé , &c qu'il y levoit des
Troupes pour fon fervice ; que le
Duc de Duc de Rohan Eiifoit la même chofe
Rohan. j^j^g Iq Poitou, & quc le Comtc de
Caudale Fils aine du Duc d'Epernon ,
mécontent de fon Père , ne s'étoic pas
contenté de prendre le même parti ,
,,. j & de promettre de faire foulever les
Vie oc r
fiupi.m; Gouvernemens de Saintonge & d'An-
Varnr.y. goumois dout il avoit la furvivance,
mais qu 11 avoit abandonne la Reli-
gion Catholique , pour faire profef-
iion de la Prétendue Réformée. La
Reine qui attribuoit tous ces mouve-
mens aux intrigues du Duc de Bouil-
Memoi
res du
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 71
Ion s'apperçut un peu tard qu'elle Ta-
voit trop négligé : « Vous verrez **
( difoit-elle , ) que nous ferons con- «
trains d'avoir encore recours à lui «
pour nous tirer de tous ces embar- «
ras. " Cet aveu coûtoit à cette fiere <«
Princeire , mais elle fentoit trop vi-
vement la faute qu'elle avoit faite
pour la pouvoir dilïïmuler.
L'Aifemblée générale des Calvinif-
tes ne fe fut pas plutôt déclarée en fa-
veur du Prince de Condé , qu'elle ap-
préhenda que la Cour ne lui envoïât
ordre ds ie séparer , ôc que Lefdi-
guiercs ne la contraignit d'obéir. Pour
éviter cet inconvénient , le Duc de
Bouillon qui l'avoit prévu, lui con-
feilla de quitter Grenoble , & de fe
transférer de fon autorité à Nîmes ea
Languedoc , où elle feroit plus en
liberté d'agir , ôc de favorifer les def-
feins du Prince de Condé. C'étoit une
defobéiffance formelle aux ordres da
Roy ; mais comme c'étoit une fuite
prefque nécelTàire de la démarche
quelle vcnoit de faire en fe déclarant
pour le Prince , le Duc de Bouillon
fçut fi bien lui perfuader que la Cour
qui n'étoit pas en état de s'en reilen-
tir, feroit obligée de diiïimuler,qu'clle
D iiij
72. Histoire de Henry
fuivit fon confeil malgré les Remon-
Hifto'îre trances de I.efdiguicres 8c tout ce
**^.^^'^''' qu'il put faire pour l'en empêcher,
Liv. 8. Une action ii hardie quin avoit point
ch.^p. s. d'exemple depuis la conceffion de l'E-
dit de Nantes , redoubla rétonnemcnt
de la Cour j mais ( comme le Duc de
Boiiillon i'avoit prévu ) elle fut obli-
gée de diffimuler , au grand préjudice
de l'autorité du Roy.
Pendant que ce qu'on vient de ra-
conter fe paiibit dans les Provinces de
delà la Loire , le Duc de Bouillon
qui commandoit l'Armée du Prince
de Condé , fe piéparoit à paiîer cette
Rivière , ôc à s'avancer vers le Poi-
tou & la Guyenne où les Ducs de Ro-
han & de Soubize prétendoicnt fe
joindre a lui avec les Troupes qu'ils
avoient levées. Mais comme il lui
,, . importoit de cacher fes deifeins à
Meinoi- - f _^ , . . 1 • 1 ; 4
res de h Bois- Dauphin qui commandoit i Ar-
p.egencc ^^^^ ^^ T^ j| fjj. (-Qurir Ic bruit qu'il
rie Mcc'i marcoeroit droit a Pans , ou les Par-
"*• tifaiïs du Prince de Condé de les Mé-
contens Pattendoient pour fe fouie-
T 1 ver. En effet il donna le rendez-vous
Journal , , , ^ -
te Bal- général de les Troupes a Noyon en
fcmpiei- pjcardie. Cet artifice lui réafTit. Bois-
Dauphin dont l'Armée étoit plus
Duc DE BouiitON. Liv. VII. 75
tiombreufe que la fîenne , devoir dans
les règles marcher au-devanc de lui ,
6c l'attaquer à fon avantage avant que
toutes les Troupes fuiîent airemblées;
mais foit qu'il craignît d'en venir aux
mains avec un Général de la réputa-
tion du Duc de Bouillon , foit qu'il
fût retenu par les cris des Parifiens ,
ou qu'il eût des ordres de la Cour de
s'attacher à couvrir Paris , il ne s'é-
loigna point de Dammartin où d'a-
bord il s'étoit campé.
Le Duc de Boliillon pour l'y retenir,
en efFraïant les Parilîens , ( Peuple
crédule & fort fujet à prendre l'épou-
vante , ) faifoit à delFein quelques
mouvemens comme s'il eût voulu s'a-
vancer vers Paris , pendant que les
Emilîàires répandus dans la Ville la
rempHlfoient d'épouvante & de crain-
te. Déjà les Païfans des Villaj^es voi-
fîns & les Habitans des Fauxbourgs
fe retiroient avec emprelfement dans
la Ville , chargez de tout ce qu'ils
pouvoient emporter. Déjà l'on faifoic
des Prières dans toutes les Eglifes ,
iorfque le Duc de Bouillon qui ne
peni^it à rien moins qu'à marcher
vers Paris , tourna brulquement vers
Château-Thierry. La Ville eft invef-
Dv
74 Histoire de Henry
lie &c prife avant que Bois - Dauphin
pût la fecourir.
Après qu'il fe fut ainfî alfuré d'un
palTage fur la Marne , il envoie lon-
der le Gué à Mery fur Seine. Lorf-
qu'il fut alTuré que TArmée, le Ba-
gage , ôc le Canon y pouvoient aisé-
ment paiFer , il donne encore le chan-
ge à Bois - Dauphin. Il fait femblanc
de marcher à Reims , &c rabat tout
d'un coup à Mery fur Seine , oii il
palFe cette Rivière (ans y trouver le
moindre obftacle. Bois-Dauphin fui-
voit toujours l'Armée des Mécontens,
Memoi- &c il ii'eu étoit jamais éloigné que
Baflbm- ^'^^^^ joumée , de forte qu'en forçant
pierre, un peu fes marches il eût pu l'attein-
dre & la combattre à fon avantage.
Mais quoiqu'il lui fût fuperieur, (car
il avoit près de douze mille hommes ,
&■ l'Armée du Prince de Condé n'é-
toit que de cinq mille hommesdepied.
Se d'environ deux mille cinq-cens che-
vaux , ) il n'ofa l'attaquer, foit que la
Cour le lui eût expreirément défendu,
foit que le Duc de Boiiillon qui ne
foûtint jamais mieux la réputation
qu'il s'étoit acquife d'un grand Hom-
me de Guerre , prît des mefures (i
juftes que Bois-Dauphin moins habi-
Duc DE Bouiî-iON. Liv. VIT. 7^
îe & moins expérimenté ne put s'op-
poTer à fes entieprifes.
Ces heureux fuccès. que la renom-
mée avoit foin dcgrofîîr au-delà cîe
ce qu'ils étoient en cfFet, firent croire
au Prince de Condc & aux Seigneurs
de fon parti , qu'il étoit temps de pu-
blier une Déclaration contre ceiîc du n^, ,_^.
Roy qui les déclaroit criminels de le- '^^^"bi-'e
ze Majefté , & contre l'Arrêt que le*''^"
le Parlement de Paris avoit rendu en
conséquence. Le Prince y parle avec
autant de hauteur , que s'il eût eu des
forces capables de donner la Loy à
tout le Royaume. Ce n'eft pas qu'il
le crût ainfï ; mais c'efi: que dans ces
occaiîons rien n'acrédite plus parmi
le peuple qui s'en tiejit toujours aux
apparences , que la confiance &• le
peu de ménagement avec lequel un
parti traite celui qui lui eft opposé.
Si l'on ne fe fcntoit pas luperieur ,
parleroit-oii de la forte ? Que de gens
s'en tiennent-là. Mais quelque vue
qu'eût le Prince de Condé, en parlant
comme il faillit dans fi Déclaration,
dès que fon Armée eut palfé la Seine,
elle s'avança vers la Ville de Sens. Il
croioit la iurprendre par le moïen
<ies intelligences qu'il y avoit prati-
D vj
7<j Histoire d e Hbkry
quées ; mais Bois-Dauphin & le Mar-
quis de Praflain fou Marc chai de
Camp rompirent fes mefures en y
arrivant pkicôt que lui.
Le Duc de Boiiillon quifeavoitmec^
tre à profit les mauvais lucccs comme
les bons , pendant que Bois-Dauphin
s'arrête à s'aifurer de Sens , continue
fa marche vers la Loire , réiolu de la
palier , de traverfer le Berry , & d'en-
trer dans le Poitou. Bois- Dauphin le
fuit , Se quelque diligence que put
faire le Duc de Boiiillon , les deux
Armées fe trouvèrent il proches aux.
environs de Bony , que le Duc crut:
lui-même qu'on ne pourroit pas fe
difpenfer d'en venir à une bataille..
Il ne lui Gonvenoit point de la donner j
fon Armée étoit aflbiblie par l'éloi-
gnement de fa meilleure Cavalerie
commandée par le Duc de Longue-
•villc , &c d'ailleurs l'Armée du Roy
auroit confervé la fupériorité qu'elle
avoir fur la iîenne , quand même elle
-eût été toute ralîemblée.
Le Duc de Bouillon fit dans cette
oGcaiîoii tout ce qu'on pouvoit atten^
'dre d'un gf and Général ; il porte fon
Canon avantageufemenc , & il fe
,campe de manière qu'eu cas d'attaque;
Duc DE Bouillon. Liv. VIT, 7/
un moindre nombre pouvoir foûtenir
refTort d'un plus grand. Mais malgré
toutes ces précautions il Gouroit rif^
que d'être défait, iî Bois-Dauphin eût
eu la rélolution de l'attaquer. Il pa-
rut alors de quelle importance il eft
à une Armée d'être commandée pac
un Général de la réputation du Duc
de Bouillon. On lui croit toujours
des reirources , lors môme qu'il n'en
a point d'autres que celles qu'il peU5
trouver dans fa capacité & dans fa
valeur» Ce fut apparemment ce qui
empêcha le Maréchal de Bois-Dau-
phin de profiter de fes avantages. A-
pics quelques efcarmouches que le
Duc de Bouillon foutint avec beau-
coup de vigueur , le Maréchal ie reti-
ra le premier. Le Duc de Bouillon
délivré du danger d'être défait, qui fe
rencontre toujours lorfque l'on elt
forcé de palfer une rivière à la vue
d'une Armée fuperieure, ne perd point
de temps ; il palfe la Loire avec beau-
coup de diligence , & fe met en état
de ne plus rien craindre de Bois-Dau-
phin. L'a6bivité de la prudence de ce
grand Capitaine furent autant louées,
que l'incertitude & le trop de circonf-
|ie(^ion de Bois-Dauphm fifeent blà-
yB Histoire de Henry
mées. Il eut beau dire que les ordres
exprès du Roy ne lui avoient pas per-
mis de hazarder la bataille j les excu-
fes furent mal reçues à la Cour ôc
par-tout ailleurs. Comme on ne pré-
tend pas que le Duc de Bouillon fût
incapable de faire des fautes , l'on
avoiiera qu'il paroît que c'en fut une
de s'être trop avancé , fans être sûr
que fa Cavalerie le fuivoit ; mais de
faire quelquefois des fautes , n'em-
pêche pas qu'on ne foit un grand Ca-
pitaine y ôc les Hommes à qui on n'en
reproche point , font ceux qui n'ont
jam.ais commandé. D'ailleurs ce fut
plutôt une faute au Duc de Longue-
ville qui commandoit la Cavalerie ,
de ne l'avoir pas fuivi , qu'à lui qui
ne pouvoir faire trop de diligence de
s'être trop avancé. Ce fucces du Duc
de Bouillon fut fuivi d'un autre. Six
cens Allemans qui n'avoient pu le
joindre , traversèrent toute la Cham-
pagne depuis Sedan , Se fe rendirent à
ion Armée dans le Berry.
Memoi. jLe Duc de Rohan ne fut pas à beau-
tés du ^ /' L 1 T^ 1
Duc r'e coup près il heureux que le Duc de
Rohan. Boliillon. A fou arrivée cu Guyenne
il trouva que le Comte de Saint Pol
qui y avoit levé des Troupes pour le
Duc DE Bouillon. Lit. VIT. 7^
Prince de Condé , & qui l'avoit même
follicicé de fe déclarer pour lui , avoir
fait fon accommodement avec la
Cour , & avoit abandonné le parti du
Prince. Ce contre-temps qu'on n'a-
voit pu prévoir , déconcerta le Duc
de Rohan ; il Falut prendre d'autres
mcfures. Le projet fut d'abord d'af-
fembler avec toute la diligence pofïï-
ble un petit corps d'armée de fix mille
hommes de pied , & de cinq - cens
chevaux. Cela fuffifoit pour rompre
les delFeins du Duc de Guife qui pré-
tendoit conduire la PrincefTe Elifabeth
de France fur la Frontière , & amener
l'Infante à Bourdeaux. Mais quelque
diligence que le Duc de Rohan &c le
Marquis de la Force puiFent faire ,
ils ne purent jamais mettre enlemble
plus de deux mille hommes.
Cependant ce petit nombre conduit
par deux Capitames auiîi expérimen-
tez que le Duc de Rohan & le Mar-
quis de la Force , eût pu fuffire pour
retarder au moins la marche de la
Cour , jufques à ce que l'Armée du
Prince de Condé eût pu joindre, fi les
delleins du Comte de Candale dont on
a parlé , n'eulTent pas été découverts,
& fi le Comte de Saint Pol n'eût pas
8o Histoire d e Henry
abandonne le parti du Prince de Con-
dé. Ces deux contre-temps , & rim-
poflibilité ou fe trouva le Duc de
. Bouillon , de faire entrer plutôt TAr-
tesdes'û rnée du Prince de Condé dans le Poi~
«■ot- tou , donnèrent à la Cour le temps êc
'^' '■ le moïen de fe mettre en marche , &
d'arriver à Bourdeaux le 7. d'Odto-
bre 1615. Marie de Medicis fe fçut lî
bon gré d'avoir trompé les efperan-
ces des Mccontens , ôc iurmonté tou-
tes les difficultez qu'elle avoit ren-
contrées dans l'exécution de fes de[-
feins , qu'elle ne put s'empêcher de
verfer des larmes de joïe en entrant
dans Bourdeaux.
La Princeife Fille aînée de France
en partit trois jours après. Une petite
Armée l'efcortoit fous le commande-
ment du Duc de Guife & du Maré-
chal de BrifTac. Elle arriva le premier
de Novembre à Bayonne , & le fîx
à Saint-Jean de Luz. Le Roy d'Ef-
pagne conduifit l'Infante fa Fille à
-Fontarabie. L'échange des deux Prin-
celTes fut fait fur la Rivière de Bi-
dafiba qui sépare la France de i'Ef-
pagne. Madanje de France fat con-
duite à Burgos oii le Prince d'Efpa-
^p£ l'épouiar Anne d'Autriche In^
Duc CE Bouillon. Liv. VIT. Sî
faute d'Efpagne fut menée à Bour-
deaux , où elle fut mariée avec Louis
XIII. Roy de France. C'cll ainlî que
Marie de Medicis vint à bout de fon
grand deiTein. Mais il en faut voir les
fuites.
Pendant que le double Mariage s'c-
xécutoit de la manière que l'on vienc
de raconter , le Prince de Condé avec
fon Armée toujours conduite par le
Duc de Bouillon , étoit entré dans le
Poitou , & s'avançoit vers la Guyen-
ne. La Cour en fut d'autant plus al- Memoî^
larmée , qu'elle apprit dans ce même-.res «lu
temps que les Ducs de la Trimouille poLn'^^
& deVendôme s'étoicnt déclarez pour Liv. i.
ce Prnice, & qu'ils levoient des Trou-
pes ou pour l'aller joindre , ou pour
taire des diveriîons en fa faveur. Elle
apprit encore que rAlfemblée Géné-
rale des Calviniftes qui s'étoit tranf-
ferée de fon autorité de Grenoble à
Nîmes, avoir pris de nouveaux en-
gagem.ens avec le Prince de Condé , p,.ocez
& qu'elle lui avoit envoie des Dépu- vcibaide
tez qui 1 avoient joint dans Ion Camp ^,^;. ^^
de Sanzai en Bas-Poitou ; qu'ils y K!m:s.
t T' ■ ' 1 • • Tome 4.»
avoient conclu un Traite avec lui qui \
rendoit deiormais leurs intérêts msc- crics de
parables : 6c qu'on alloit lever des Loncnic
*^ ' * Tome g.
$1 Histoire ce Henry
Troupes dans toutes les Provinces en
exécution de ce Traité.
Marie de Medicis fe fouvint alors
d'un confeii que lui avoit donné le
Duc de Rohan avant qu'il fe fût dé-
claré pour le Prince de Condé ; c'é-
toit de rompre la Ligue de ce Prince,
comme Louis XL avoit autrefois dif-
res^T' ^P^ ^'^^^^ ^^ ^^^" public en gagnant
Rohan. les uns après les autres tous ceux qui
'^- '• y étoient entrez. Elle y fit réflexion ,
Memoi- &■ prit d'autant plus volontiers le par-
R;gence ^^ fî'éxécuter cet avis , qu'elle crut
<ii M.iK qu'il lui fuîfiroit de gagner le Duc de
jf5^''^''"BoUilion qui avoit le plus de crédit
dans le parti Calvinifte & dans celui
des Mccontens , où tout au plus le
Duc de Mayenne avec lui , & que fi
elle pouvoit une fois les engager à
faire la Paix , elle viendroit aisément
à bout de tous les autres. Elle s'af-
fermit dans ce deltêin , & chercha les
moïens de le faire réuiîîr.
Heureufement pour Marie de Me-
dicis , le Duc de Boiiillon étoit entré
à peu près dans les mêmes lentimens.
Le double Mariage ne fepOLivoit plus
rompre.L'exempie duComte de Saint-
Pol , & celui de Châtillon que la Cour
'venoit de gagner , lui faifoit appré-
Duc DE Bouillon. Liv. VII. S?
hender qu'elle ne s'acquît aiiifî les uns
après les autres les plus grands Sei-
gneurs du parti , & qu'il ne demeurât
chargé de la haine d'a.voir excité une
Guerre-civile. D'ailleurs comme ii
étoit riiomme du monde le plus pé-
nétrant , il s'étoit apperçu que le
Prince de Condé commençoit à fe
lalfer de la Guerre ; que la gloire que
lui ( Duc de Boiiillon) s'étort acqui-
fcjtantdans les négociations que dans
le commandement de l'Armée , lui
cauioit une jaloulie fecrette qui pre-
noit tous les jours de nouvelles forces.
De plus il ne le croioit pas à Tépreu-
ve des conditions avantageufes que
la Cour pourroit lui offrir j &: il le
connoilfoit alïez pour être perfuadé
que Cl la Reine pouvoit une fois fe
réfoudre à le contenter, il ne fe met-
troit pas fort en peine de procurer
aux Seigneurs de fon parti , les latif-
faârions que les fervices qu'ils lui a-
voient rendus, les mettoient en droit
de prétendre. Le Duc de Bouillon
croïoit encore qu'on traiteroit d'au-
tant plus avantageufcment avec la
Cour , que le parti du Prince de Con-
dé à la tête duquel il fe trouvoit , n'a.
voit jamais été plus en état de fe faire
i^ Histoire de Henry
redouter , & qu'il ne faloic pas attcfï-
dre que le temps , les conjonduies ,
6c les intrigues de la Cour reulfcnt
ruiné ou afFoibli , de forte qu'on n'eût
plus de confideration pour lai. Le
Duc de Bouillon faifoit encore réfle-
xion que l'Armée du Roy groffifToit
tous les jours. Le Maréchal de Bois-
Dauphin qui avoit fuivi l'Arrnée du
Prince de Condé, avoit joint celle que
le Duc de Guife commandoit ; & cette
jonétion n'avoit pas plutôt été faite ,
que la Cour mal-fatisfaite de Bois-
Dauphin lui avoit Ole le commande-
ment de l'Armée , & i'avoit donné au
Duc de Guife , dont la valeur & les
talens pour la Guerre l'emportoient
de beaucoup fur ceux du Maréchal.
Ce fut une faute que l'on reprocha
depuis à Marie de Medicis. Les Poli-
tiques n'approuvoient pas qu'on con-
fiât le commandement d'une Armée
qui étoit toute la reiTôurce du Roy au
Chef d'une Maifon , dont les ambi-
tieux deife-ins avoient pensé enlever
la Couronne au Roy , Père de Sa Ma-
jcilé. Mais ( comme on l'a déjà re-
marqué ) Marie de Medicis ne portoit
pas fes vues lî loin ; elle vivoit , pour
ainfi dire,au jour la journécj ôc pourvu
Duc DE Bottillon. Liv. VII. 8^
qu'elle ie tirât d'un embarras , elle ne
faiioit pas toujours réflexion il elle fe
jettoit dans un autre, caradere dange-
reux pour leGouvernement. Il deman-
de une prévoiance plus étendue , qui
perce dans l'avenir , de qui fâche né-
gliger un avantage prefent , pour ne
pas tomber dans la iuite dans des in-
convéniens beaucoup plus dangereux ,
que le parti que l'on a pris n'a été uti-
le. L'on peut dire que cette conduite
de Marie de Medicis a été la caufe de
tous les niouvemens qui ont traversé
les commencemens du Règne de fou
Fils ; comme au contraire , les maxi-
mes toutes opposées du Cardinal de
Richelieu , qui lui fucceda dans le
Gouvernement, rétablirent la Paix ,
Se firent enfin ceffer les fa<5tions au
dedans du Royaume.
Les confiderations que l'on vient
de rapporter , difpolerent le Duc de
Boiiillon à féconder les intentions de
la Reine pour la Paix , dès qu'il s'ap-
perçut que Marie de Medicis revenue
dç la pensée qu'elle pourroit fe palier Proccz
de lui , commençoit à le ménager. J^^J^?^ ""^
Mais ce qui acheva de le déterminer biéc de
à s'accommoder avec la Cour j fut i^"""-
l'ofFre que lui fit le Chevalier Edmond
AmbaiTadeur d'Angleterre , de l'en-
tij Histoire de Henry
tremife du Roy fon Maître , pour ob-
tenir au Prince de Condé &c aux Sei-
gneurs de fon parti , les juftes fatif-
faétions qu'ils fe croïoient en droit de
prétendre. Le Duc de Bouillon qui
devoit ménager l'amitié du Roy d'An-
gleterre , tant pour lui-même , que
pour l'Eledteur Palatin fon neveu,
par rapport aux projets dont on par-
lera dans la fuite , crut que ce feroit
l'ofFenfer que de ne pas accepter fa
médiation. Il la propofa au Prince de
Condé , ôc ce fut par-là qu'après l'a-
voir engagé à faire la Guerre , il le
difpofa à la Paix.
Mais s'il étoit glorieux au Prince de
Condé 6c aux Seigneurs de fon parti ,
de traiter avec leur Roy par la média-
tion d'un aufll puilïànt Prince que le
Roy d'Angleterre , cette entremife
avoit des confequences qui ne conve-
Jioient point à la Cour. La Majefté
du Souverain ne lui permet pas de
reconnoître un médiateur entre lui &
fes Sujets ; de quand un Roy fait tant
.que de traiter avec fon peuple , il eft
de fa dip-nité de donner la loy , ou
du moins de paroître la donner. Aufîi
guand le Chevalier Edmond qui s'é-
toit rendu à Bourdeaux auprès du
Koy , le pria au nom da Prince de
Duc DE Bouillon. Liv. VII. 87
Condé d'agréer que le Roy d'Angle-
terre s'entremît de fon accommode-
ment avec Sa Majefté , le Roy répon-
dit qu'il ne lui convenoit point d'ad-
mettre un médiateur entre lui &c fes
Sujets , & que Condé tout premier
Prince de fon Sang qu'il étoit , ne
lailfoit pas d'en être du nombre. Mais
comme la Cour defiroit la Paix , &
qu'il ne paroiiToit pas qu'on pût la
faire fans l'entremife du Roy de la
Grande-Bretagne , il fut queftion de
chercher un expédient qui la procu-
rât fins déroger à la Majefté Royale.
On le trouva enfin. Il fut que le Roy
agréeroit que l'AmbafTadeur d'Angle-
terre affiftât au TraitéjComme témoin
des chofes dont on conviendroit de
part & d'autre , quoique dans le fond
il dût agir dans la fuite en véritable
médiateur.
Dès que cet expédient eut été ap-
prouvé , le Duc de Nevers qui par des
vues qui tenoient un peu de la vifion ,
avoit gardé une efpece de neutralité
entre le Roy 6c le Prince de Condé ,
& qui s'étoit rendu à Bourdeaux pref.
que en même-temps que l'AmbalIa-
dcur d'Angleterre , pria la Reine d'a-
gréer qu'il fe joignît au Chevalier
SS Histoire de Henry
Edmont dans la négociation qu'il al-
loit commencer avec le Prince de
Condé ôc les Seigneurs de Ton parti,
La Reine à qui tout convenoit pour-
vu qu'on fît la Paix , y conlentit.
Ainfi l'Ambairadeur d'Angleterre Ôc
le Duc de Nevers fe rendirent auprès
du Prince de Condé à Saint - Jean
d'Angely pour commencer les Con-
férences, Ce fut une occafion au Duc
deBoliillon de faire paroître Tes grands
talens pour les négociations. La pre-
mière vue qu'il d propofa , fut de
donner au Roy toutes les apparen-
ces , Se de fe réferver pour lui Se pour
fon parti tout ce qu'il fe pourroit ob-
tenir de réel , ôc de folide. Cela con-
venoit au caradere d'efprit de Marie
de Medicis j le Duc le connoilîbit , &
il avoit fouvent éprouvé qu'elle fe
rendoit aux déférences , aux manières
rcipeélueufes & foumifes , Se qu'on
obtenoit d'elle par cette voie ce qu'el-
le n'eût jamais accordé à toute autre
manière dont on eût pu s'y prendre.
Les déférences du parti du Prince de
Condé dévoient lui être d'autant plus
agréables dans l'occaiion dont il s'a-
^ilfoit , que ce même parti qui paroii^
îoit fe foumettre, l'ayoic fait trem-
bler
Duc DE Bouillon. Liv. VÎÎ, 8^
bler plus d'une fois , ôc qu elle n'écoïc
pas encore bien remiie des craintes
qu'il lui avoir causées , & de celles
qu'il écoit encore en état de lui don-
ner. Mais en même -temps que le
Duc de Bouillon prit le parti de trai-
ter avec la Reine avec tous les égards
dûs à la Majefté Royale , il prit auffi
celui de tenir ferme dans les chofes
eirentiellcs , &: qu'il ne pouvoit relâ-
cher fans manquer à la confiance
que tout le parti du Piince de Condé
avoitenlui. Car quoique le Prince,
bs Seigneurs de fon parti , ôc tous
leurs Adjoints afîiftailènt par eux-
mêmes ou par leurs Députez aux Con-
férences , & que chacun veillât à fes
intérêts , il eft certain que le Duc de
Bouillon avoit la principale diredion
de la négociation , ôc que la plupart
des Interelfez perfuadez de (a capaci-
té s'en rapportoient à lui.
Une autre vue du Duc de Boiiil-
lon dans tout le cours du Traité fut
de traîner les affaires en longueur ,
de faire naître des incidens , ôc de ne
fe point hâter de conclure. Il içavoit
que les deux Reines & la Cour avoient
une mipatience extrême de fe rendre
à Paris , ôc il ne doutoit point que
Tom. III. E
po Histoire de Henry
pour la fatisfaire , on ne fe relâchâç
fur bien des chores. Dans cous les
Traitez , dès qu'on s'apperçoic qu'une
des parties a envie de conclure , les
autres ne manquent jamais de s'en
prévaloir -, c'cfi: ce qu'il faut cacher
avec foin. Le Duc de Bouillon le fça-
voit faire mieux que perfonne -, il a-
voit une patience à l'épreuve detou-^
tes les longueurs , & il ne fe hâtoic
jamais moins de conclure , que lorf-
qu'il en avoit le plus d'envie. Le Prin-
ce de Condé Scies autres Seigneurs
du parti n'écoient pas de ce caradtere :
c'eft ce qui les empêcha d'obtenir
tous les avantages que le Duc de
BoUillon leur eût procurez , s'ils a-
voient fcû cacher comme lui l'em-
prc(remei":t qu'ils avoient de fortir
d'afï!iire. Cccte inquiétude , ces em-
prelïbmens a contre-temps font une
partie du caradere de la nation Fran-.
coifc : c'eft ce qui donne de (î grands
avantages aux Etrangers , quand ils
ont à traiter avec elle. L'on s'apper-
cevra aisément dans ce que l'on va
raconter , que le Duc de Boiiillon a-
voit les vues que l'on vient de mar-
quer.
£n éxecution de ce quç le Duc s'é*
' Duc DE Bouillon. Liv. VII. ^i
toit proposé , dès que l'Ambalîadeur
d'Angleterre &c le Duc de Ncvers le
furent rendus à Saint -Jean d'Angcly ,
le Prince de Condé écrivit à i'AlFem-
blée de Nîmes , qu'il n'avoit pu Ce
difpenfer d'accepter la médiation du
Roy d'Angleterre, & qu'il ne croïoit
pas qu'ils deuflènt la refuler ; qu'on
alloit traiter de la Paix , ôc qu'il étoit
nécelfaire qu'ils envoïairent des Dé-
putez à la Cour , qui agilfent de con-
cert avec fes Envoiez, L'Aflèmblée
pour fe conformer aux intentions du
Prince , dont il lui étoit de la dernre-
le importance de ne fe point séparer ,
nomma Bertheville & deux autres
pour fe rendre à la Cour , avec ordre
de fe joindre aux Agens du Prince de
Condé.
Cette lettre fut fuivie d'une autre
très-refpedueufe & très-foumife, que
le Prince de Condé écrivit au Roy.
Il le prioit de donner la Paix à fes
Sujets , &: d avoir égard aux Kemon- i^ij
trances des Etats Généraux , & à cel-
les'du Parlement de Paris. Ce der-
nier article n'étoit que pour la forme.
Le bien public étoit ce à quoi l'on
penfoit le moins ; il ne parut pas qu'on
y fît une fort grande attention dans
Eij
L'an
c)z Histoire de Hehry
toute la fuite du Traité : chacun n'a-
voir en vue que Tes avantages parti-
culiers. Mais il importoit au Prince
de Condé &c aux Seigneurs de fon par-
ti après de fi grands mouvemens ,
qu'on ne crût pas que le feul intérêt
des particuliers les avoit caufez. Le
bien public eft comme un malque dont
on fe couvre le vifage tant que la pie-
ce dure ; on ne le quitte que quand
elle eft finie. Le Duc de Bouillon qui
s'attachoit toujours à iauver au moins
les apparences , difoit à cette occa-
fion, que le Parlement avoit abandon-
né le premier le parti des Seigneurs
Mécontens , en vérifiant la Déclara-
tion qui les déclaroit rebelles j qu'ain-
fi il ne de voit pas le plaindre, fi l'on
n'avoit pas eu pour les intérêts tous
les cç.irds qu'il eût pu fouhaiter , a-
piès qu'il les avoit lui-même fi mal
ménagez.
Le Baron de Thianges fut chargé
de la leitrc du Prince de Condé. Il la
rendir au Roy fur le chemin de Poi-
tiers cù Sa Majefté avoit réfolu de
s'arrêter jufques à ce que l'on eût
pris des mcfures certaines pour la
Paix. LeRoy aiant répondu favorable
ment à la lettre du Prince de Condé, il
t)T/c T>t Bouillon. Liv. VII. *)■}
lui en écrivit une autre par laquelle il
fupplioit Sa Majefté d'accorder une
fufpenijon d'armes , de nommer le
lieu où le tiendroient les Confereii.
ces , & les perfomies qui dévoient y
aiîlfter de fa part , d'agréer que les
Députez de l'AlIemblée deNnnes fuf-
fent admis à ces Conférences , ôc de
faire expédier un brevet qui transfe-
lât cette Aifemblée dans un lieu moins
éloicrné de celui que le Roy auroit
nommé pour y traiter de la Paix.
Thianges fut encore le porteur de
cette lettre. Le Duc de Nevers jugea
à propos de fe rendre en même-temps
auprès du Roy pour en folliciter la
réponie. Ce fut plutôt le mouvement
d'un homme qui fe fait de fête, qu'une
démarche nécelfaire. Comme le Prin-
ce de Condé ne demandoit rien qui ne
fût un Préliminaire nécelTaire au Trai-
té de Paix , Thianges étoit bon de
refte pour obtenir une réponfe favo-
rable. En effet le Roy accorda d'a-
bord une fufpenfion d'armes jufques
au premier jour de Mars : mais com-
me le Duc de Bouillon vouloitfe pré-
valoir de l'impatience qu'avoit la
Cour de fe rendre à Paris , ôc qu'il
ïi'avançoic pas autant qu'elle l'eût
Eiij
L'an
J616.
'1I14. Histoire de Henry
fouhaité , il falut la prolonger jufqilé? '
à trois fois. Le Roy accorda encore
que les Conférences le ciendroient
. dans la Ville de Loudun ; qu'on en
feroit l'ouvercure le dixième de Fé-
vrier j & il nomma les CommilTaireS'
qui dévoient y afîîfter de fa part.
La difficulté fut grande touchant
les Députez de rAlFemblée de Nîmes*
Comme elle s'y étoit transférée der
Grenoble de Ton autorité , Ôc qu'elle
avoit refusé de fe rendre à Montpé-
lier fuivant les ordres du Roy , Sa
Majefté ne la reconnoiiïbit point pour
légitime. Elle ne vouloit ni recevoir
la lettre que Bertheville avoit ordre
de lui prefenter de fa part , ni écou-
ter les Députez , ni confentir qu'ils
afliftairent aux Conférences de Lou-
dun. Comme îe Duc de Bouillon a-
voit prévu que la Cour refuferoit cet
article , Thianges avoit ordre d'y in-
fifter, & de ne convenir de rien , qu'il
ne fût accordé. On eut beau lui jpro-
pofer des expédiens pour s'en difpen-
fer , Thianges tint ferme , Se répon-
dit toujours que c'étoic un Préliminai-»
re nécelTûJrc , & qu'on ne s'alfem-
bleroit point qu'on n'en fût convenu.
La Cour fouhaitoit la Paix 5 ce fut à
elle à chercher les moïens d'accom»
î^uc DE Bouillon. Liv. VII. 95"
moder ce difîerend. On convint enfin
que le Roy recevroic les Députez ^^^^^^
comme des Particuliers qui venoicnt v.rbaide
lui rendre leurs devoirs , & que i'Af- ^i'H'",'
femblce de Nîmes feroit transférée Rochelle
de l'autorité du Roy à la Rochelle , ^'''"- ^•
afin de la rendre légitime, 8c qu'elle
pût envoïer des Députez aux Confé-
rences. Cet expédient ne donnoit au
Roy que les plus foibics apparences j
le parti contraire obtenoit par-la tout
ce qu'il y avoit de réel & de folide :
mais la Cour étoit laiFe de la Guerre ,
& les temps ne permettoient pas qu'on
en usât avec plus de fermeté.
Cette diihculté aïant été réglée ,
le Roy partit de Poitiers pour fe ren-
rendre à Tours où il demeura jufques
à la conclulîon de la Paix. En même- i-= 'o-
temps les Conférences commence- \^^^J^'
renc a Loudun. Ceux qui y afïïfterent
de la part du Roy furent la Comtelîe
de Soldons , le Duc de Nevers , le
Maréchal de BrilTac , Villeroy &
PontchartrainSecretairesd'EtatjlePré-
(îdentdeThou&rdeViCjConfeillersd'E-
tat. Du côtédcs Seigneurs mécontens ,
le Prince deCondé y vint en perfonne,
accompagné de la Princcffe fa Mère ,
delà Ducheife Douairière de Longue-
EiJij
i^^ Histoire de Hinry
ville, des Ducs de Mayenne, de Bouil-
lon , de Vendôme , de Longueville ,
de Rohan , de Luxembourg , de la
Trimouille , de Sully , du Comte de
j^"T' Candale , &c des Députez de TAlTem-
Rohj.n. bîée des Calviniftes qui par la permit
■^^^- '• fioi\ du Roy avoit été transférée à là
Rochelle. Le Chevalier Edmond Am-
bairadcur du Roy de la Grande-Breta-
gne s'y rendit auiîî pour y faire les fon-
dions de médiateur.quoiqu'il n'en eût
pas la qualité.
Dès que les Conférences furent
ouvertes , on s'apperçut qu'elles ne
finiroient pas fi-tôt. Il y avoit trop de
perfonnes à contenter , & trop d'in-
térêts difFcrcns & fouvent oppofez
à concilier pour terminer les affaires
en aulïi peu de temps que la Cour fe
l'étoit miaginé. L^on avoit cepen-
dant recommandé a Villeroy de les
diligenter le plus qu'il fe pourroit ,
pour fatisfaire l'impatience qu'avoit
la Reine Mère de fe rendre à Paris.
Cela fît naître à cet habile Miniftre
la pensée de s'attacher à contenter les
principaux du parti , perfuadé que
quand ils Icroient fatisfaits , ou qu'ils
ameneroient les autres à leur fenti-
■ment , ou que leur oppofition &
les difHcultez qu'ils pour roi ent faire
IDUC DE BOUIILON. LiV. VII. ' f)7
îiaitre , n'empêcheroient pas qu'on ne
fît la paix. Villeroy raifonnoit jufte.
Dans tous les partis il y a toûjoui-s
quelqu'un qui gouverne les autres ,
& dont les intérêts décident de ceux
des plus foibles ou des moins habiles.
Heureufement pour Villeroy , il avoit
toujours entretenu des liaiions étroi-
tes avec le Duc de Bouillon. C'étoit
le Seigneur de tout le parti qui avoit
le plus d'afcendant fur relprit du Prin*
ce de Condé , & qui étoit le plus ca-
pable ou d'amener les autres à l'exé-
cution de les delfeins , ou de le met-
tre au-dellus de toutes les diflicultez
qu'ils pourroient faire. Ce fut donc
à lui que Villeroy s'adrclfa ; il lui
offrit la carte-blanche pour le Prince
de Condé Se pour lui. Mais le Duc
de Bouillon lui fît comprendre qu'il
avoit des liaifons trop étroites avec
les Ducs de Mayenne 6c de Longue-
ville , pour ne pas ménager leurs in-
térêts comme les fîens. Il ne s'agif-
foit donc plus que de contenter le
Prince ôc ces trois Seigneurs. C'é-
toit bien du chemin fait en peu de
îemps j Villeroy le comprit , & com-
me il avoit le fecret de la Reine , il
promit au Duc de Bouillon , que le
Ev
/
5)8 Histoire de Henry
Prince de Condé , lui- ôc fes deux
amis auroient tout lieu d'être contens.
Dès-lors ces trois Seigneurs s'atta-
chèrent à tourner toutes les vues du
Prince de Condé du côté de la paix j
Se ils lui reprefenterent fi fortement
les avantages qui lui en reviendroient,
que le Prince charmé de refperance
de fe voir à la tête des affaires , de
faire changer le Conicil d'Etat ôc ce-
lui des Finances , d'en exclure ceux
qui lui déplaifoient , d'y placer fcs
amis & fes créatures , & de dilpofer
des charges & des emplois,réfolut de
conclure la paix encore plus promp-
tement , qu'il ne convenoit aux trois
Seigneurs qui lui avoient confeillé de
la faire.
Le Duc de Bouillon s'en tenoit tou>»
jours à fa maxime. Il vouloitlapaix|
mais il étoit perfuadé qu'elle feroic
d'autant plus avantageufe pour le par*
ti, qu'on fe prelTeroit moins de la cou«<
dure. Le Prince de Condé au con-
traire qui ne cherchoit que fes inté-
rêts , & qui efperoit obtenir tout ce
qu'il voudroit , croïoit qu'on ne pour-
voit trop-tôt terminer cette grande
affaire. Comme il efl: difficile de ca-
cher long-temps ce que l'on fouhaite
Due DE Bottillon. Liv. VII. 5<>
wivec beaucoup de paiîîon j quelque
ijîterêt qu'eût le Prince de cacher fes Mémo'.
dclTeins au parti Calvinifte , il le laii^ ^« ^e
fa pénétrer par le Duc de Rohan. Si li". i.'
ce Seigneur en avoit été crû , ou Ton
n'eût point fait la paix , ou on ne l'eût
faite qu'à des conditions très-avan-
tageufes aux Calviniftes , ou [qs inté-
rêts particuliers n'auroient pas été
oubliez : grand temporifeur de ion
cara6bere , il ne pouvoit foufFrir qu'on
précipitât les affaires, fur-tout quand
elles étoient de l'importance de celle
dont il s'agilfoit. Le temps félon lui
faifoit toujours des ouvertures dont
d'habiles gens i'çavoienc profiter. Il
croïoit qu'on ne gagnoit rien en fe
hâtant , ôc que le moins empreife à
conclure étoit celui qui profitoit le
plus dans les traitez. Il fit donc fur
cela de fortes Remontrances au Prin-
ce de Condé. On ne pouvoit pas lui ibU,
parler plus jufte ni de meilleur iens
qu'il le fit , Se l'événement juftifia
toutes les réflexions qu'il lui fit faire.
Mais tout ce que le Duc de Rohan
put dire , ne fit aucune impreiïîon fur
l'efprit du Prince : charmé des avan-
tages que la Cour lui offioit , ôc que
yilieroy fçavoic lui faire valoir , il
E vj.
100 Histoire de Henry
n'écoit plus capable de revenir de fes
préventions j de le temps qui a cou-
tume d'ouvrir les yeux fur Tinterêt ,
ne fervoic qu'à les fortifier.
Le Duc de Bouillon étoit en bien
des chofcs du fentimcnt du Duc de
Rohan j prévoïant fur l'avenir il de-
mandoit des furetez. Il vouloit bien
regagner la confiance de la Reine
Mère , en lui rendant !e plus fîgnalé
fervice qu'il lui eût jamais rendu : c'é-
toit de faire la paix , mais il fe déficit
de fon inconftance , èc il prétendoit
rendre le Prince de Condé affez puif-
fant pour le lui oppofer en cas de be-
Memoi- foii;i^ Qq fut j^ns cct efprit , que le
RegencL^ Duc de BoUillon $c les Seigneurs unis
de M^j-' ^^ Prince de Condé , du confente-
eis. ment de ce Prince , drellerent les
trente articles qui furent prefenrez
aux Commiffaires du Roy à la Con-
férence de Loudun. De ces trente ar-
ticles qui feroient trop longs à rap-
porter , les deux tiers avoient été dref=
fez conformément aux Déclarations
ôc aux Manifelles du Prince de Condé,
&: regardoient le bien public. Mais
comme la Cour étoit perluadée qu'on
n'y iniifteroit pas , &c qu'ils n'avoient
été mis que pour la forme, d: pour en
Duc DE Bouillon. Liv. Vit. loî
mipofei: au public , elle accorda ceux
qui n'étoienc pas de coiifequence j
elle modifia les uns , elle éluda les
autres , & furfit l'exécution des plus
importans dans la pensée que le temps
lui fourniroic des moïens pour s'en
difpenfer.
Il n'en fut pas de même des arti-
cles qui regardoient la fatisfadion
perfonnelle du Prince de Condé. Il
ne prétendoit rien moins que d'être
le Chef de tous les Confeils duRoy ,
d'y faire les changemens qu'il juge-
geroit nécelïaires au bien de l'Etat,
de figner tous les Arrêts qui s'expe-
diroient , les comptes de l'Epargne ,
ou du Trefor Royal , & ce qui (eroit
réfolu chaque femaine touchant les
Finances. En un mot le Prince de-
mandoit la ^hirne ^ c'eft ainfi qu'on
s'exprimoit alors. Comme ces arti-
cles tendoient à la diminution de l'au-
torité de la Reine Mère , il y eut à leur
occafion desConferences particulières
Se de grandes conteftations entre le
Duc de BoUiUon&Villeroy.
Villeroy prétendoit qu'il étoit con«
tre toute apparence de demander à la
Reine,qu'elle lignât elle-même fa dé-
gradation j que fi l'on accordoic les
tôt Histoire de Heicry
demandes du Prince de Condé , cette
Princeire n'auroit à l'avenird'autorité,
qu'autant qu'il plairoit à ce Prince de
lui en laiirer : qu'il en étoit de même
de la prétention de ce Prince , de
pouvoir faire dans le Confcil du Roy
tous les changemens qu'il jugeroit à
propos j que des que les Rois étoient
majeurSjlcur Conieil dépendoit d'eux.
Se que c'étoit à eux à admettre ou à
exclure ceux qui convenoient ou ne
convenoient pas au bien de leur fer-
vice ; qu'en un mot tous les articles
propofez par le Prince , demandoient
des modifications fans lefquelles on
ne pourroit jvimais les propofer à la
Cour.
Le Duc de Bouillon foutenoit au
contraire que le Prince de Condé en
demandant d'être reconnu Chef de
tous les Confeils du Roy , ne prétcn-
doit que ce qui appartenoit de droit à
fa qualité de premier Prince du Sang j
qu'étant une fois reconnu Chef du
Confeil , il devoit dépendre de lui d'y
faire les changemens qu'il croiroit
convenir au bien de l'Etat ; d'autant
plus que le Roy n'étoit pas encore en
âge de jnger du mérite des perfonnes
qu'il faudroic admettre ou rejettcr.
Ï3uc DE BotJiLiON. Liv. vit ÎÔ^
Que quant à prefent ces changemens
écoientabfolumentnécelîaires, &c que
le Prince s'en étoit trop déclaré dans
fes Manifeftes, pour pouvoir fe relâ-
cher fur cet article. Le Duc ajouta
que file Confeil n'étoit composé que
de gens comme lui ( Villeroy ) il n'au-
roit pas befoin de réformation j mais
qu'il fçavoit mieux que perfonne, que
la plupart prévenus de leurs intérêts
particuliers, n'étoient quafî jamais diï
même avis; que jaloux les uns des au-
tres,ils craignoient qu'un d'entre-eux
qui feroit trop fouvent prévaloir fon
fentiment , ne perfuadât le Roy que
fon génie Temportoit fur celui des
autres,&que de leur égal, il ne devint
leur Supérieur ; qu'ainfiaufli attachez
à leurs avantages particuliers , qu'in-
differens pour ceux de TEtat , ils corn-
battoient tour-à-tour les avis les plus
fages , quand ils pouvoient faire trop
d'honneur à celui qui les donnoit,
C'ell ce que le Duc de BoUillon lui-
même avoit allez fouvent éprouvé
pour en faire un motif de la réfor-
mation du Confeil.
Le Duc de Boiiillon ajoûtoit enco»
re qu'il y avoit dans le Confeil du Roy
trop de Gens dépendans de la Cour
Î04 Histoire de Henry
de Rome, & trop peu attachez aux
véritables maximes du Gouverne-
tnent j que ces perfonnes au préju-
dice des anciennes alliances , avoient
confeillé & ménagé le double maria-
ge avec rEfpagne , dont on verroit
tôt ou tard les dangereufes confé-
quences : qu'on avoit jette par-là le
parti Calvinifte , dans des défiances
dont on auroit bien de la peine à le
fairjè revenir , ôc qu'on avoit refroidi
les anciens Alliez lufques-là fi affec-
tionnez à la Couronne ; qu'à la vé-
rité il avoit paru l'approuver, ou pour
mieux dire , qu'il ne s'y é:oit pas au-
tant opposé qu'il le devoit , parce que
la Reine Mcre avoit pris fon parti , ôc
que fon oppofition eût été inutile.
Que la Reine elle-même fuivant les
maximes de fon pais 6c celles de fa
maifon écoit trop attachée à la Cour
de Rome & à l'Efpagne ; que c'étoit
par cette raifon qu'il faloitlui donner
un contre-poids dans le Confeil , &
modérer cette grande autorité qu'elle
s'y étoit acqnïfe. Enfin le Duc de
Bouillon prétendoit qu'il étoit contre
toutes les Loix du Royaume , Se con-
tre toutes les maximes du bon Gou-
vernement , qu'un Etranger comme
î)uc DE Bouillon. Liv. VIÏ. lof
le Maréchal d'Ancre fût revêtu des
premières charges de l'Etat , & eût
entrée au Confeil. Il demeuroit d'ac-
cord que quand les Rois étoient en
âge de gouverner par eux - mêmes ,
c'étoit à eux à former leur Confeil de
Gens capables & afFedionnez au bien
de l'Etat j mâ.is que le Confeil qu'il
s'agilfoit de réformer , n'écoit point
l'ouvrrtee du Roy : qu'il n'étoit pas
même encore en âge de connoitre le
mérite & les qualitez requifes , pour
former un Confeil d'Ecat : que dans
ces occalions , c'étoit au premier Prin-
ce du Sang , c'eiVà-di re , à celui qui
étoit le plus interellé à la conferva-
tion de la Couronne, à y pourvoir ^
que c'étoit tout ce que le Prince de
Condé prétendoit j ainfî l'on ne de-
voit pas trouver fes demandes H
étranges.
Villeroy qui étoit habile & affec-
tionné au bien de l'Etat , convenoit
avec le Duc de Bouillon de bien des
chofes ; mais il foutenoit toujours
que la Reine Mère de qui tout dé-
pendoit , n'accorderoit jamais les de-
mandes du Prince de Condé. Le Duc
de Bouillon de fon côté demeuroit
ferme , Ôc proteftoic que la Paix ne
îo^ Histoire de Menr-?^
fe feroit qu'à ces conditions.
On en écoit-là , lorfqu il furvinlË
Une nouvelle difficulté. Le Duc de
Longueville Gouverneur de Picardie ,
Ennemi déclaré du Maréchal d'Ancre^
s'obftina à demander que le Gouver^
nement de la Citadelle d'Amiens lui
fût ôté , & protefta qu'il 41e figneroit
point la paix que cet article ne lui fût
accordé. Jamais ce Maréchal & Ta
Femme n'avoient eu plus de part à
la faveur de la Reine Mère qu'ils en
avoient alors ^ & cette Princclle n'é-
toit gueres moins feniible aux inté-
rêts de fes créatures , qu'aux fiens
propres. Il s'agilFoit de facrifier le
Maréchal à Ton Ennemi , Se la fierté
de Marie de Medicis ne lui permet-
toit pas de confentir à une pareille
propofition. Villeroy fit donc tout
ce qu'il put pour l'éluder. Il propofa
d'autres expédiens pour contenter le
Duc de Longueville j mais ce Duc
ne voulut rien relâcher de fa prcten-.
tion. Celles du Prince de Condé é-
toient encore plus embarraifantes , ôc
il étoit encore plus obftiné que le Duc
de Longueville à ne rien figner qu'on
ne les lui eût accordées, iffalutdonc
que Villeroy cédât , &: qu'il fe char-
t>vc tt Bouillon, llv. VIÎ. îof
geât d'aller à la Cour , pour faire a-/
gréer les prétentions du Prince ô^
celles du Duc de Longueville. Il lui
étoit d'autant plus difficile d'y réuf-
fir , qu'il avoit affaire à une Reine dé-
fiance de jaloufe au dernier point de
fon autorité, ôc que Pontchartrain
l'avoit avertie qu'on vouloit la facri-
fier au Prince de Condé. Toutes ces
coniiderations n^empêcherent pas Vil-
leroy d'aller fans détour à ce qu'il
croïoit être du bien de l'Etat. Son uemoU'
premier defifein étoit de ne s'ouvrir '^«^^'^'^
qu au Conieii de ce qu li avoit a pro- piene.
pofer j mais la Reine Mère le prefTa
(i fort de le lui dire en particulier ,.
qu'il ne put s'en difpenfer. Il lui dit
donc ce que le Prince de Condé de le
Duc de Longueville prétendoient j ôc
tout ce qu'il avoit fait pour les obliger
de fe délîfter de leurs prétentions , ÔC
il ajouta que la paix u defiréc par Sa
Maj fté , ne fe pouvoit faire qu'aux
conditions qu'ils propofoient. La Rei-
ne qui avoit été avertie , ne parut
point furprife j elle lui demanda d'un
air allez tranquile ce qu'il liri con-
feilloit.
Villeroy lui dit qu'après y avoir
bien pense , il étoit pcrfuade qu'on
'îo§ HisTôïRE DE Henry
cherchoità l'embarrairer&à la brouil-
ler enfin avec le Roy j que il Sa Ma-
jefté refufoit ce qu'on lui demandoit ,
le parti contraire publieroit par-tout
que Ces intérêts particuliers lui étoient
plus chers que ceux du Roy 5 qu'elle
préferoit la moindre diminution de
fon autorité au repos de la France ,
&■ qu'elle avoit rompu le Traité pref-
quc conclu , dès qu'on lui avoit pro-
posé de relâcher quelque chofe de ce
qui la regardoit perfonnellemcnt.Vil-
leroy ajouta qu'il étoit aisé de rendre
tous ces artifices inutiles ; que ce
qu'on demandoit à Sa Majeilé n'étoit
pas d'une lî grande importance qu'on
^z ne pût l'accorder. » Le Duc de Lon-
ajgueville ( continua-t-il ) ne peut fe
31 refondre à foufïrir que le Maréchal
Si d'Ancre commande dans la Capitale
n d'une Province dont - il eft Gouver-
3î neur ; mais il ne demande pas que
M votre Majefté ne lui donne pas une
>5 autre Place équivalente pour le dé-
3, dommager. Vous pouvez même lui
s, donner quelque chofe de meilleur,
,î & confier la Ville & la Citadelle d'A-
„ miens à une perfonne qui dépende
jj uniquement de vous. Vous pouvez
M encore donner le Gouvernement de
Duc DE Bouillon. Liv. VII, 109
Normandie au Duc de Longuevilleçe
au>-lieu de celui de Picardie 5 alors ilcc
ne s'embarralfera plus que le Mare- ce
chai d'Ancre commande dans Amiens. te
Il eft même de Tinterêt du Maréchal jcc
que tout le monde fçache que fa con-ce
lideration particulière n'eft pas uuce
obftacle à la paix j & votre Majeftéce
fera connoître fans qu'il lui en coûtecç
rien , qu'elle préfère le bien publiccc
aux avantages de fes ferviteurs & de^e
fes créatures. « ^^
Le fin de ce difcours confiftoit à
prendre la Reine par ce qui lui con-
venoit à elle-même. Qu'on trouve
le foible de l'amour propre j qu'on s'y
attache, l'on ne manquera jamais de
perfuader ; rien ne tient contre de
pareils motifs. Aulîî la Reine toute
prévenue qu'elle étoit contre ce que
Villeroy devoit lui dire , ne put s'em-
pêcher de lui témoigner qu'elle en
étoit contente. Elle lui demanda en-
fuite d'un air plus ouvert ce qu'il lui
confeilloit , touchant les propofitions
faites par le Prince de Condé.
Villeroy s'y prit de la même ma-
nière. Il dit à la Reine que ce Princô
ne demandoit rien qu'elle ne pût aCf.
corder , ôc qu elle y trouveroit mêpiç
ïio Histoire de Henry
de l'avantage j qu'il arriveroit de
Àeux chofes Tune , ou qu'il viendroit
à la Cour , ou qu'il n'y viendroit pas,
»» n S'il n'y vient pas ( continua Ville^
M loy ) il ne pourra pas fe prévaloir de
»î ce que vous lui aurez accordé. S'il y
» vient dans le deflein de vivre en bon-
»> ne intelligente avec votre Majefhé ,
»» vous perdrez un Ennemi dangereux ,
»>& vous gagnerez le premier Princç
9i du Sang , dont le concours Se l'auto-
si rîté donneront encore plus de poids à
»> ce que vous ferez ordonner dans le
*> Confeil. Mais ( dira- t- on ) s'il y
>î vient avec de mauvaifes intentions ,
M comme on lui aura accordé la plume ,
aj que n'aura-t-on point à craindre de
5ï lui ? Eh Madame 5 continua Villeroy,
>s qu'avez-vous à craindre de la main
» d'un Homme dont vous tiendrez le
»3 bras ? Si le Prince entreprend fur vo-
>5 tre autorité , s'il veut la partager avec
» vous , il fera entre vos mains , & vous
35 aurez mille moiens de rompre fes me-
wfures. Mais ( ajouta Villeroy ) lePrin-
>î ce de Condé eft ii las des fadVions Ôc
»> (1 revenu de fcs intrigues , que bien
a» loin d'avoir k\ pensée de fe broUilIer
«avec votre Majcfté , il ne veut pas
wmlme lui douuer le moindre fcap-
Duc DE Bottillon. Liv. VIT. m
çon ; &■ pour vous en donner des af- cà
furances dont vous ne puifliez douter , c«
j'ai un ordre fecret de lui , (fi vous te
lui accordez ce qu'il vous demande ) «e
de vous offrir de vous remettre le <«
Gouvernement de Guyenne , & qu'il ce
prendra en échange celui de Berry,««
Province foible & peu éloignée de <«
Paris , où il ne pourra plus vous don- ce
ner aucun ombrage, co
Cette proportion parut fi extraor-
dinaire à la Reine Mère , qu'elle eut
de la peine à la croire : ôc en effet l'on
ne comprend pas comme le Prince de
Condé avoir pu fe réfoudre à un é-
change où il y avoir tant à perdre
pour lui. Tout ce qu'on en peut dire,
eft qu'il ne fit pas cette offre par le
confeil du Duc de Bouillon. Ce Duc
la defapprouva des qu'il la fçut , ÔC
le Prince lui-même ne fut pas long-
temps à s'en repentir. La Reine Mère
le prit au mo: , & perfuadée par le
difcours de Villeroy , elle lui accorda
fes demandes , de les fit paffer au
Confeil. Elle promit aufli de conten-
ter le Duc de Longueville. L'on con-
vint enfaite d'une Amniftie fans réf.
tri(5tion pour le palfé. Tous les Sei-
gneurs du parti du Piiuce furent ré»
ail Histoire de Henry
tablis ôc maintenus dans leurs Etats ,
charges , & dignitez. L'on donna de
plus quinze-cens mille livres auPrin-t
ce de Condé , pour le dédom.mager
des frais de la Guerre. Cette fomme
fut apparemment partagée entre les
Seigneurs du parti j ôc cela étoit bien
jufte , puifqu'ils avoient contribué
plus que les autres aux frais de la
Guerre. Les chofes étant ainfî réglées,
Villeroy partit de Tours pour aller
confommer à Loudun le grand ou-
vrage de la paix.
Il ne croïoit pas y trouver de nou-
velles difficultez ; & en effet le Prin-
ce de Condé , les Ducs de Bouillon ,
de Mayenne , de la Trimoiiille , &c
Memoi- quelques autres Seigneurs du parti ,
Rohan. offroieut de figner le Traité. Mais les
jLiv. I. Ducs de Rohan & de Sully,&rAirem-
blée de la Rochelle , qui n'en étoient
pas contens , y firent naître tant de
difficultez , qu'il eût bien falu du
temps & des expediens pour les fur-
monter , fi le Prince de Condé ne fdt
pas tombé dangereufement malade.
Le Duc de BoUillon qui vouîoit con-
tenter la Cour en faifant conclure la
paix, fans qu'on fût obligé d'accor-
der de nouveaux avantages aux Cal-
viniltes.
Duc DE BotriiiON. Lîv. VU. 'irj
viniftes , fc prévalue de cet accident
qui étonnoit tout le parti , pour por- , ^''^'^ ^'^
ter l'Aircmblée de la Rochelle à fe Mornay.
défifter de fes prétentions. Le Che- -i^- î-
valier Edmond Ambalïadeur d'An-
gleterre & le Duc de Sully allèrent
exprès à la Rochelle , pour remontrer
à rA(remblée,que la maladie du Prin-
ce demandoit qu'on conclût promp-
tement la paix , & que s'il venoit à
mourir , bien loin d'obtenir de nou-
veaux avantages , l'on auroit bien de
la peine à faire ratifier à la Cour ceux
qui avoient été accordez.
Cette confideration porta l'Affem-
blée à députer dix perfonnes a Lou-
dun , avec pouvoir de fe déiîfter des '
demandes précédentes qui pouvoient
retarder la conclufion du Traité , ôc
de fe reftraindre à demander les fu-
retez qu'elle jugeoit nécciïaires pour
l'exécution des articles accordez. Ces
furetez cônfrftoient à obtenir de la.
Cour , qu'elle confentît que l'AfTem-
blée fubfiftât à la Rochelle jufques à
la vérification de l'Edit que le Roy
avoit promis de donner en faveur des
Calviniftes , ôc jufques à ce que tout
ce que le Roy leur accordoit , eût été
exécuté dans toutes les Provinces j
' Tome IIL F
ri4 Histoire de Henry
que cependant on défarmât de part
de d'autre. La Cour n'avoit garde
d'actorder une pareille demande. Elle
n'avoit pas oublié la peine qu'avoit
eu le feu Roy , de faire féparer ÏAC-
femblée de Chateleraut, ôc celle que
la Reine avoir eu pour obliger l'Airem-
blée de Saumur à fe féparer , quoi-
que l'Edit de Nantes eût été exécuté j
éc d'ailleurs il étoit aisé de juger
que l'AIfemblée ne cherchoit qu'a fe
perpétuer, ce qui étoit très-opposé au
Piocex lervice du Roy. SesCommilîairesaux
rAfltn^^ Conférences de Loudun rejetterent
b'éea;iadonc Cette propoiîtion , & la Cour
Rodiei- s'adrella au Duc de BoUillon , pour
' jporter l'Airemblée à s'en défifter.
Les Princes qui ont aduellement
des Souverainetez , ont plus de déli-
catelfe que les autres , fur les propo-
fitions qui peuvent donner atteinte à
l'autorité Souveraine. Ils en pré-
voient , ils en fentent beaucoup mieux
les conféquences. Le Duc de BoUillon
qui eût été très-fàché que les Sujets
de fa Principauté de Sedan ne fe Fuli.
fent p.is fiez à fa parole , qu'ils lui
éulfent demandé des lûretez , en un
mot qu'ils en culfent usé avec lui
çomme rAIfemb'ée de la. Rochelle en
Duc DE Bouillon. Lîv. VÎT. ir|
«foi: avec le Roy ; le Duc de Bouil-
lon , dis-je, qui n'approuvoit pas le
procédé de rAlTemblée , s'emploïa
volontiers à la faire changer de lenci-
ment. Il en parla à les Députez j il
leur reprefenta que tant qu'ils n'a-
voient demandé qu'à vivre dans leur
Religion avec fureté , ôc même avec
honneur , il avoit été leur plus ardent
foUiciteur j que fes confeils ôc fon cré-
dit ne leur avoient point manqué j
qu'il avoit parlé $c agi hautement en
leur faveur ; mais qu'aprefent qu'ils
avoient obtenu ces deux avantages
par l'Edit de Nantes que le Roy
s'obligeoit de confirmer , auiîî-bieii
que tous les Arrêts rendus en confé-
quence -, qu'à prefent que le même
Roy leur accordoit de nouvelles grâ-
ces qu'autrefois ils n'euflTent osé efpe-
rer , bien-loin de les demander & de
les obtenir , ils dévoient mettre enfin
des bornes à leurs demandes , & fe
contenter de ce qui leur avoit été
accordé. Que rien n'étoit plus inju-,
rieux à la Majefté des Rois , que de
ne fc pas fier à leurs paroles , fur
tout quand elles étoient confirmées
par des Edits autcntiques , exécutez
de boujic foy depuis prés de vingc
ii(î Histoire de Henry
années , &:ioutenus par de nouvel/es
grâces qu'on n'étoit point obligé de
ieur accorder, & qui ccoienc autant,
de gages de la bonne volonté du Prin-
ce Se de la fincere protedion qu'il étoit
réiolu de leur continuer. Que dans
le Traité dont il s'agilToit , il y avoit
plufieurs articles qui regardoient le
Prince de Condé & les Seigneurs de
fon parti , qui ne feroient exécutez
qu'après qu'on l'auroit ligné ; que ces
articles n'étoient point fi peu impor-
tans , qu'il ne s'y agît de leurs char-
ges &c de leurs dignitez , en un mot
de toute leur fortune ; que cependant
ils ne demandoient point d'autre aflu-
rance que la foy du Traité , la parole
du Roy , & f^i fignature : que c'étoiî
porter la défiance trop loin que de ne
s'en pas tenir aux furetez dont le pre-
mier Prince du Sang , les Pairs Se les
grands Officiers de la Couronne vou^
loicnt bien fe contenter. Il ajouta que
leur conduite ne pouvoit manquer de
les rendre odieux au Roy ; qu'elle le
fôrceroit à les regarder comme des
Ennemis toujours prêts à entreprendre
fur, fon autorité , Se enfin à les détruir*
re comme une ccîballe de gens qui
fûus .prétexte de Religion ne iongeoit
Dire DE Bouillon. Liv. VIT. 117
à rien moins qu'à Tindépendance &
au lenverfemcnt de l'Etat.
Ce diicours du Duc de Boiiillon
bien loin de perfuader les Députez
de l'A tremblée de fe déiîfter de leurs
prétentions , ne fervit qu'à le faire Mcmol-
* 1 I -^ 1 / .. / \ les de
regarder comme un homme dévoue a Rohan.
Ifi Cour , & qui facrifîoit à la fortune liv. i.
les intérêts de ion parti ; c'eft ainii
que les Ducs de Rolian 3c de Sully
en parlent à l'occalion dont il s'agit.
On ne voit pas cependant les avanta-
ges particuliers qui revinrent au Duc
de Bouillon en vertu du Traité de
Loudun j il n'obtint ni charges , ni
gouvernement, ni penfîons. Le Duc ibîJ.
de Rohan qui en parle Ci fouvenc ,
auroit( ce femble) dû les marquer j 011
n'eft pas obligé de l'en croire fur fa
parole. Cependant le peu d'égard
qu'eurent les Députez de l'Alfemblée
aux Remontrances du Duc de Bouil-
lon , Tindifpofa extrêmement ; & s'il
ne prit pas ouvertement contre elle
le parti de la Cour , il témoigna du
moins hautement qu'il n'approuvoic
pas fa conduite. Le Duc de Boliilloii
étoit attaché à fa Religion , mais il
ne put jamais s'accommoder de la do-
mination desMiniftres ôc des Coniîrt:o-
F iij
Ïi8 HisToiRr DE Henry
riaux.Le Duc de Rohan qui avoitplu*
Hc complaifance pour eux , en eut de-
puis beaucoup à foufFrir. Il s'en plaint
en plufieurs endroits de fes Mémoi-
res , &• juftifie par-là en bien des cho~
fes la conduite du Duc de Boiiillon,
L'obftination de l'Aflemblée de la
Rochelle , &c l'extrême envie qu'a-
voit la Cour de conclure la paix, obli-
gèrent les Commifîaires du Roy de fe
relâcher. Us accordèrent enfin au
nom de Sa Majefté , que l'Aflemblée
de la Rochelle (ubfifteroit iîx femai-
nes après la iignature du Traité j 8c
que pendant ce temps - là le Roy or-
donneroit la vérification de l'Edit ôc
l'exécution des chofes qui lui avoient
été accordées ; mais ce fut fous une
condition fecrette que les grands Sei-
gneurs du parti , ce terme expiré ,
obligeroient l'Airemblée de fe séparer
même en eraploïant la force fî elle re-*
fufoit de le faire.
Le Duc de Bouillon qui fçavoit
concilier ce qu'il devoit au Roy & à
l'Etat, avec ce qu'on prétendoit qu'il
dût à fa Religion , ne fit point de dif-
ficulté de le promettre , & même s'y
obligea par un écrit figné de fa main
qui fut remis encre les mains des Com^
Duc DE Bouillon. Liv. VII. ii^
iTiiflaires du Roy. Le Duc de la Tri-
mouille & quelques autres Seigneurs
en firent autant à Ton exemple Se par
fes confeils. Les Ducs de Rohan ôc
de Sully rcfuferent hautement de le
faire. Les Hiftoriens Proteftans leur
donnent fur cela de grandes loiianges,
en même-temps qu'ils fe déchainent à
cette occafion contre le Duc de Boliil-
lon, comme Ci l'on étoit obligé d'é-
poufer toutes les paillons & toutes les
prétentions mal-fondées de ceux qui
Font profedion de la même Religion
que nous , ou qu'il ne fût pas permis
de favorifcr une chofe aum jufte que
la séparation de rAflcmblée , iî elle
s'obftinoit à fubiifter contre la volon-
té du Roy au-delà du terme qu'il lui
avoit accordé. Le pouvoit-elle faire
fans une défobéilTance formelle ? Le
Duc de Bouillon n'étoit-il pas
obligé en vertu de fon ferment fait au
Roy , de s'y oppofer ; ôc les Ducs de
Rohan & de Sully qui avoient fait le
même ferment , n'avoicnt-t-ils pas la
même obligation ? D'où vient donc
qu'on les lotie , &c pourquoi blâmc-
t-on le Duc de Boiiillon ? Que veut-
on que l'on penfc des motifs qui
font louer ou blâmer dans le parti
Calvinifle î F iiij
izo HiSTôiRE Dï Henry
Mais afin que l'on puifTe mieux nu
ger fi le Duc de Boiiiîlon avoit raiioii
3e prétendre que l'Airemblée de la
Rochelle devoit être contente des
nouveaux avantages qu'il avoit pro-
curez au parti Calvinifte par le Traité
de Loudun, l'on a crû lesdevoir rap-
porter icy. L'on dit que le Duc de
Bouillon les avoit procurer , parce
qu'en effet félon les mêmes Protef-
tans, ce fut lui qui eut le plus de parc
à tout ce qui fepalfa aux Conféren-
ces de Loudun , 6c qui contribua ie
plus à la conclufion de la paix.
Par le Traité de Loudun , outre la.
veibare confirmation de TEdit de Nantes, des
rAiibni- Arrêts rendus en confequence, ôc de
RochcU toutes les grâces que le Roy avoit
l'ï T. 4. accordées depuis ,îe parti Calvinifte
obtint encore un Brevet de quarante-
cinq mille livres d'augmentation pour
l'entretien des Garnifons qu'il tenoic
dans les places de fureté. Outre cela
un autre Brevet de la fomme de quin-
ze mille écus pour l'entretien de fes
Miniftres , outre les quarante - cinq
mille qui lui avoient été accordez
par le feu Roy , & les quinze mille
accordez depuis à l'Alfembléede Sau-
mur. De plus il obtint encore U fom-
Duc DE Bottillon. Liv. VIT. m
îîic de quatre-vingt-dix mille livres
pour les frais du séjour de rAlFem-
blée à la Rochelle. Mais ce qu'il y
. a de plus confiderablc , c'efl: que par
l'Edit de Nantes les Places de fureté
ii'ctoienc accordées que pour huit
aiis. Ce terme expiré, le parti devoit
les remettre au Roy ; en 1616. ce
terme avoit plus que doublé ; le Roy
étoit en droit de les redemander , êc
la dernière révolte du parti étoit uu
motif plus que fuffiiant pour l'obli-
ger à les rendre. Cependant par le
Traité de Loudun , le Roy confentit
que les Calviniftes les gardalTent en-
core pendant fix ans , au grand pré-
judice de fon autorité , & au grand
mécontentement des Catholiques.
Tant de nouvelles traces accordées
à un parti qui avoit a6fcuellement les
Armes à la main contre fon Roy ,
n'étoient pas capables de contenter
FAifemblée de la Rochelle. Elle en
demandoit pluiieurs autres qui al-
loient toutes à la diminution de l'au-
lorité Souveraine. C'cft ce que le Duc
de. Bouillon n'approuvoit pas ; c'effc
ce qu'il refufa de favorifer , ôc c'cft ce
qui lui a attiré les reproches des Ecri-
,vains Proteftans. L'on peut juger
Fv
m Histoire de Henry
maintenant fi leurs plaintes font fon-
dées , (Se 11 le Duc de BoUillon ne de-
voit pas s'oppofer aux injuftes pré-
tentions de rAiremblée de la Ro-
chelle.
Comme les conteftations dont on
vient de parler , avoient confumc
beaucoup de temps , le Prince de Con-r
dé commença à le mieux porter. Le
premier uiage qu'il fit de la liberté
d'efprit que la diminution de fou
mal commençoit à lui donner , fut
de s'informer où. en étoit le Traité de
paix. On lui dit que les difficultez que
faifoit l'Aifemblée de la Rochelle , en
retardoient feules la conclufion. Il
s'en fit rendre compte , ôc ne les aïanc
pas trouvées raifonnables, nonobflanc
fon extrême foiblcire il figna le Traitée
Les Seigneurs du parti le fignerent
après lui , aulTi-bien que les Députez
de TAlfemblée de la Rochelle, après
avoir fait de grandes plaintes de ce
qu'on précipitoit trop les affaires.
Mcmoi £j^ exécution du Traité de Loudun,
Biflom- le Maréchal d'Ancre fe vit obligé de
pierre, quitter la Lieutenance de Roy de Pi-
cardie & le Gouvernement de la
Citadelle d'Amiens, & de prendre la
Lieutenance de Roy de Normandie ^
Duc DE Bouillon. Liv, VIÎ. 125
que le Duc de Montbazon lui donna
en échange. Comme c'écoit le facri-
fier au Duc de Longueville, il en eut
tant de reirentimenc contre Villeroy
&: contre le Préfident Jeannin qui
avoient confeillé cet échange à la Rei-
ne Mère , qu'il les fit tous deux dif-
gracier au grand déplaiiir du Duc de
Bouillon. Il les eftimoit tous deux les
meilleures têtes duConfeil , & il étoit
lié d'une amitié particulière avec Vil-
leroy. Pour adoucir ce mécontente-
ment , l'on ôta les Sceaux au Chan-
celier de Sillery contre lequel le Prin-
ce de Condé & le Duc de Bouillon
s'étoient ouvertement déclarez. La
charge de Secrétaire d'Etat fut aulîi
ôtée au Marquis de Puifieux Ton Fils ,
ôc donnée à Mangot. Du Vair pre-
mier Préfident de Provence fut fait
Garde des Sceaux.
Du côté du Prince de Condé , dès
qu'il eut tout-à-fait recouvré fa fan-
té , il fut prendre polPeffion de fon
nouveau Gouvernement de Berry. Le Memoî-
Duc de Rohan s'en alla à la Rochelle, '" . "^^
1 1 1 1 1 r Ronan.
& le Duc de Sully dans ion Gou-liv. i.
verncment de Poitou. Les Ducs de
Mayenne &: de BoUillon fe rendirent
à U Cour. Le dernier y avoit été iii-^
F V j
114 Histoire de Henry
vite par une lettre que le Roy lut
écrivit exprès pour l'engager à y ve^
nir. De tous les Seigneurs du parti
du Prince de Condé, ils furent les feuls
qui demeurèrent étroitement unis.
Les vues différentes , les intérêts op-
pofez , la jaloufîe iî ordinaire à la
Cour entraîna tous les autres du côté
ou ils croïoient trouver leurs avanta-
ges. Il étoit de la dernière conféquen-
ce au Prince de Condé de maintenir
leur union. Comme il fe trouvoit à
leur tête , il en eût été beaucoup plus
confideré , ôc l'on n'eût pas même osé
penfer à ce que l'on entreprit depuis
contre lui. Le Duc de Boiiillon qui
avoit des vues , & qui fe gouvernoit
par les maximes que le bon fens didte,
& que l'expérience ne manque jamais
de confirmer, lui avoit fouvent re-
prefenté de quelle importance il étoic
pour lui d'empêcher la defunion des
Seigneurs dont l'union lui avoit pro-
curé de fî grands avantages. Mais la
plupart des hommes ne portent pis
leurs vues fi loin , contens du préfent ,
ou ils négligent l'avenir , ou ils n'y
font pas toute l'attention que leur
intérêt même demanderoic qu'ils y
fiircnt.
t)UC DE BOUILLOTÎ. LiV. Vil. îl/
Ceft ce qui arriva au Prince de
Condé j fatisfain des avantages qu'il
avoic obtenus par le Traité de Lou-
dun , il ne fe hâta pas de s'en mettre
en poireiïîon , ôc il s'arrêta fî long-
temps & fi à contre- temps dans fou
Gouvernement de Berry , que quanti
il arriva à la Cour , tous les Seigneursr-
qui s'étoient attachez à lui , défunis
entre-eux avoient chacun pris leur
parti. La Reine Mère qui avôit peut-
être ménagé fous main cette defunion,
ne lailTa pas de tenir parole au Prince
de Condé. Elle le mit en poirefîîon de
tous les avantages qui lui avoient été
accordez par le Traité de Loudun, &
le Prince de fon côté lui promit de"
maintenir Con autorité , de protéger
fes créatures , & de vivre avec elle^femo^
dans une parfaire intelligence. En'^s 'ie
effet quelque haine qu'il eût pour 16^°/^"^'^
Maréchal d'Ancre , & quoiqu'il l'eut
nommé dans tous fes Manifeftes com-
me un des premiers auteurs de tous
les deiordres du Gouvernement , il
ne lailla pas , pour faire plaifir à la
Reine Mère , de lui promettre d'être
l'appui de fi fortune , &: de le défen-
dre envers 6c contre tous. C'étoic
promettre beaucoup, Ôc peut-être
îi<^ Histoire d e Henrt
trop , comme la fuite de cette Hif^
toire le fera voir.
^émoî- j^ais quoique le Maréchal d'Ancre
t;s de la ^ i ri n ■
Régence comptac Dcaucoup lur la protection
de Marie j;!^ Princc de Condé, il crut toujours fa
dcMed]- - ^ rr ' ^i
cis. rortune mal alluree tant qu u auroit
les Ducs de Bouillon ôc de Mayenne
pour ennemis. Il tâcha donc de rega-
gner leur amitié, ôc il fit pour cela
toutes les avances que la fouplelïe
Italienne écoit capable de lui fugge-
Memoi- rer. Le Duc de Bouillon fe trouva
i« de clans des fentimens bien difïerens de
picrnT c^ux du Prince de Condé, Quelque
complaifance qu'il eût pour la Reine
Mère , il crut qu'il fe deshonoreroit
en fe liant d'amitié , & en prenant des
engagemens avec un homme aufîî gé-r
néralement haï que le Maréchal d'An-
cre. D'ailleurs il ne put fe réfoudre
à lui pardonner la difgrace de Villeroy
dont il fçavoit qu'il étoit l'Auteur.,
Malheureufement pour le Maréchal ,
le Duc de Mayenne écoit dans des
fentimens tous pareils à ceux du Duc
de Boiiillon 5 il étoit perfuadé qu'il y
alloit de fon honneur de renolicr avec
un homme dont il avoit fait gloire
d'être l'Ennemi. De plus il n'étoit pas
moins ami duPréfidcnt Jeannin , que
Duc D5 Bouillon. tiv.VlI. tif
le Duc de Bouillon Técoit de Villeroy,
& la manière dont le Maréchal s'étoit
vangé de lui , lui étoit trop fenfible
pour fe pouvoir réfoudre à le favorifer.
Mais comme il eût été dangereux
par rapport à la Reine Mère , de dé-
clarer leurs véritables fentimens , les
deux Ducs prirent le parti de diflîmu-
ler , & à.<z ^Q fervir des offres que le
Maréchal leur faifoit, pour fe faire de
nouveaux Amis , &: pour lui fufciter
un plus grand nombre de puiffans En-»
nemis. Le Maréchal d'Ancre ne pé-
nétra pas plus avant dans les fenti-
mens des Ducs de Mayenne & de
BoUillon ; rempli de cette préfomp-
tion que la bonne fortune a coutume
d'infpirer , il crut qu'ils s'eftimoient
heureux d'avoir recouvré fon amitié,
& il eut l'imprudence de leur propo-
fer de travailler de concert à l'entière
ruine des Ducs d'Epernon & de Bel-
iegarde. Le Duc de Boiiillon n'eue
pas de peine à éluder cette propor-
tion. Le Maréchal étoit habile , mais
le Duc rétoit encore plus que lui. Le
Duc de Mayenne s'en tint à ce que le
Duc de Boiiillon avoit répondu , &
le trop crédule Maréchal les quitta
dans la pensée que fon projet ne poui-
iiÈ Histoire de Henry
voit plus manquer de léufïïr.
Les Ducs d'Epernoii & de Belle-
garde étoient alliez & amis du' Duc de
Guife ; il avoit par coniéquen: un
fort grand intérêt à rompre le delTein
du Maréchal d'Ancre. Lés Ducs de
Bouillon ôc de Mayenne fe fervirenc
de cette conjonélure pour porter le
Duc de Guife a s'unir à eux pour
perdre le Maréchal d'Ancre. Le Duc
de Guife n'héiîta pas un moment à
entrer dans cette efpece de confpira-^
tion -y plus ardent même que les deux
autres, tous les moïens lui paroilToienc
bons pour fe défaire du Maréchal , &
à peine pouvoit-t-il confentir qu'on
f>rît des mefures pour fe défaire de
ui , plus lentes à la vérité , mais aufTI
beaucoup plus sûres. Cependant le
Duc de Boiiillon qui prévoïoit les
difïiculcez ôc les fuites de cette entre-,
prife j le ramena infenfiblement à des
moïens plus concertez, ôc le fit con-
fentir qu'avant toutes chofes on tra-
yaïUeroit à rallier tous ceux de la
Cour & du Parlement , qui vouloient
du mal au Maréchal j qu'on foule-
veroit contre lui le Peuple de Paris ,
déjà fort animé , ôc qu'on tâcheroic
par le moïen de Luines donc U
Duc D£ Bouillon. Liv. VIT. iif
faveur auprès du Roy augmentoiç
tous les jours , à faire approuver par
Sa Majellé tout ce qu'on pourroit
entreprendre contre le Marêcha!
d'Ancre qu'on fçavoit lui être extrê-
mement odieux.
On réufîît également bien dans
ces trois projets. Tous les Ennemis
du Maréchal d'Ancre fe rallièrent
contre lui j de Luines promit de fai-
re approuver au Roy tout ce qu'on
feroit pour le perdre 5 ôc le Peuple
de Paris parut tout difposé à fc fonle-
ver à la première occafion qui s'en
prefenteroit.
De Cl f^ivorablcs difpofitions en-
courageoient les Ennemis du Maré-
chal à tout entreprendre : mais les
fentimens étoient partagez fur la ma-
nière dont il faloit le perdre. Les uns
propofoient de le mettre entre les
mains du Parlement & de lui faire
faire fon procez, ce qui n'eût pas été
difficile vu les preuves qu'on avoit de Memoî-
fes malverfations & de Tes intellieen-'l^ ^^.^' .
ces avec les Etrangers au préjudice de re.
l'Etat. Mais ceux qui craignoient l'au-
torité de la Reine Mère dans le Par*
lement , & qui ne doutoient point
qu'elle ne l'emploïât toute entière
ijo Histoire de Henry
pour fauver le Maréchal , ne furent
pas de cet avis. La voie de la juftice
étant fermée , l'on propofa celle de
la violence , comme Tunique donc
on pût fe fervir contre les perfonnes
trop puiiïantes pour agir contre-el-
les , avec toutes les formalitez pref-
crites par les Loix , comme celle dont
les Rois mêmes avoient usé dans de
femblables occalîons , comme celle
enfin , fans laquelle on étoit réduit
à ne voir jamais finir la tirannique
domination du Maiêch.il d'Ancre.
Ce fut le Duc de Boliillon qui oii-
, . vrit cet avis, & il l'appuïa de tant
ï.i'^cie' d'exemples de l'Hiftoire ancienne &
Rohan. moderne , qu'il fut enfin fuivi. Com-
me il n'étoit plus queftion que du
choix des moïens , le Duc de Mayen-
ne s'offrit de faire une querelle au
Maréchal , ôc de lui palfer fon épée au
travers du corps , pourvu que l'on
pût porter le Prince de Condé à ap-
prouver ce qu*il auroitfait j il fe char-
gea même de lui en parler , mais le
Duc de Bouillon ne jugea pas à pro-
pos qu'on lui fît une pareille confi-
« dence. » Je connois , dit-il, le Prin-
» ce & fes engagemens avec le Marê-
» chai j il le hait, mais il le ménage j
Duc liE BOUILEÔN. LiV. VII. IJj
il ne manquera pas de l'avertir. Quand ««
une fois le coup fera fait , Se qu'il ^t
n'aura plus rien à craindre nf à efpé- «
rer de lui , je me charge de le lui ce
faire approuver. « Le Duc de Mayen- m
ne d.t qu'il y penferoit ; & le projet
de fe défaire du Maréchal d'Ancre ne
fut pas pour lors pouffé plus loin.
Les affaires en étoient-là , lorfque
le Duc de Longueville qui ne pou-
voit foufRir que le Maréchal d'Ancre
fon Ennemi , après avoir été obligé
de fe défaire du Gouvernement delà
Citadelle d'Amiens , fe fût réfervé
ceux de Montdidier, de Roye , & de
Peronne , entreprit de lui enlever ces
trois Places. Il commença par la der-
nière qui étoit la plus importante , ôc
l'attaqua dans les formes. L'entre-
prife fit un grand bruit à la Cour^
On dépêcha promptement Mangot
Secrétaire d'Etat , avec des ordres pré-
cis au Duc de Longueville de fe dé-
fifter de fon entreprife , & des défen-
fes aux Habitans de le recevoir dans
leur Ville. Mais quand Mangot arri-
va , tout étoit fait ; le Duc s'étoic
rendu Maître de la Ville & du Châ-
teau. Mangot le fomma de les remet-
tre en leur preaiier état j mais le Duc
\i^t Histoire de Henry
répondit qu'il étoit pour le moins
aufli capable de les garder pour le
Roy , qu'un Etranger comme le Ma-
réchal d'Ancre qui par les Loix du
Royaume n'y pouvoit avoir aucun
Gouvernement.
Cette réponfe alloit attirer fur les
bras du Duc de Longueville toutes
Iqs forces que le Roy avoir fur pied ,
Cl le Prince de Condé ne s'y fût pas"
opposé. Il propofa à la Reine Mère
la voie de la négociation , & lui fie
agréer que le Duc de Bouillon allât
trouver le Duc de Longueville pour
lui perfuader de remettre les chofes,
en l'état où elles étoient avant l'in-
vafion de Peronne, L'on peut juger
de-làj ou que le Duc de Boiiillon ne
s'étoit pas ouvert au Prince de Condé
de fes projets contre leMarêchal d'An-
cre , ou que le Prince n'avoir pas def-*
fein de fervir la Reine. En efïet le Duc
de Boiiillon étoit la perfonne du mon-
de à qui il fe falloir le moins adreifer
pour l'affaire dont il s'agilfoit. Dans
la vue de caufer de nouveaux embar-^-
ras au Maréchal d'Ancre , & d'enga-
ger de plus en plus le Duc de Longue-
ville à fe joindre à ceux qui le vou-
loient perdre , c'écoit le Duc de Bouil-
Duc DE BotyilLOM, tiV. VIÎ. î^j[
Ion lui-même qui lui avoir confeillé
l'entreprife de Peronne. Cependant
la Reine perfuadée de l'habileté du
Duc de Bouillon , fuivant le confeil
du Prince de Condé , lui propofa d'al-
ler traiter avec le Duc de Longue-
ville. Le Duc accepte la commilîion ;
il fait deux voïagcs à Peronne j il s'a-
bouche deux fois avec le Duc de Lon-
gueville , & ne rapporte de fa négo-
ciation , qu'un refus abfoiu du Duc
de remettre Peronne au Maréchal
d'Ancre. Il n'avoit garde d'en ufer
autrement. Le Duc de Bouillon bien
loin de le porter à fe défîfter de fon
entreprife , s'étoit attaché à lui per-
fuader de conferver fa conquête , &
de s'unir fortement au parti formé
contre le Maréchal d'Ancre fon En-
nemi.
; La Reine Mère fe vit donc réduita
à'emploïerla force contre le Duc de
Longueville j mais comme elle fe dé-
fioit de la plupart des Seigneurs de la
Cour , & particulièrement de ceux
qui avoient fuivi le paiti du Prince de
Condé dans la dernière Guerre , elle
jetta les yeux fur Charles de Valois
Fils naturel de Charles IX. Comte
d'Auvergne , ^ depuis Duc d'Angou*
iême , ( c'eft le nom qu'on lui donne-
-ta dans cette Hiftoire. ) Il étoit pri-
fonnier à la Baftille depuis l'an 1605.
pour une confpiration contre Henry
IV. dans laquelle il étoit entré. Onze
ans de prifon ne lui avoient point af-
foibli Tefprit , il avoit du courage &
4e la capacité pour les affaires. En
un mot il eût pu pafîèr pour un hom-
me de mérite , s'il n'eût pas aimé l'ar-
gent jufques à donner dans la fauiTe-
rnonnoïe. La Reine Mère le tira de
la Baftille pour lui donner le Com-
mandement de l'Armée deftinée con-
tre le Duc de Longueville.
Pendant que cette Armée s'alfem-
ble , le Duc de Bouillon reprend fon
projet contre le Maréchal d'Acnre,
que l'afFaire de Peronne avoit en
quelque manière interrompu. Mais
les chofes n'étoient plus fur le pied
où il les avoit lailfces. Le Duc de
Mayenne contre le fentiment du Duc
de BoUillon en avoit parlé au Prince
de Condé , de forte qu'on ne pouvoic
plus rien faire fans fa participation,
Mcmoi- Le £)m; ^Q Bouillon fut obligé de
res de la y- ^ , . o _
Régence palier lut cct inconvenicnt j on tmt
de Médf AlFcmb'écs iecrettcs , le Prince de
cis. Condé y aiCfla j il confentoit alfez à
Duc DE BoutttON. Liv. VIT. 15/
ce que le Duc de Mayenne s'écoit of-
fert d'entreprendre contre le Maré-
chal , mais il portoit la chofe plus
loin. Il en vouloit à l'autorité de la
Reine Mère , & fon delfein alloit juC-
ques à l'éloigner des affaires, & à s'en
rendre le Maître. Comme on le pref^
foit de donner fon confentement à ce
que le Duc de Mayenne avoit propo-
sé , ( c'étoit de faire une querelle au
Maréchal &- de le tuer ) il répondit
qu'il y confentiroit volontiers, & qu'il
n'y avoit que la violence qui pût dé-
livrer l'Eiat d'un homme aufîî dange-
reux Se auiïi généralement haïj « mais «<
foiez perfuadez , ajoûta-t-il , que la ««
Reine Mère fe vengera tôt ou tard , & «
de vous ik de moi , Ci nous lui laifTons «
fon autorité. Si nous perdons le Ma- «
rêchal , il ne faut point ufer de mena- «
gement avec la Reine , il faut l'éloi- ««
gner de la Cour , ou tout au moins des ««
affaires . « «
Le Duc de Boiiillon demeura d'ac-
cord que le Prince raifonnoit jufte, &c
que dans l'exécution des grands def-
feins il n'en faloit point faire à deux
fois , ni s'arrêter à mi-chemin. « «e
Combien de gens , ajoûta-t-il , fe font ce
perdus pour n'avoiï pas fuivi leurs «
13^ Histoire de Henry
*• iefifeins dans toute leur étendue. Il
*» faut laifïêr le Maréchal joiiir de toute
^ fa fortune & triompher de nous , ou
»» il faut mettre la Reine Mère hors d'é~
P* tat de vanger fa mort, n Cet avis
alloit paifer fans qu'aucun s'y oppo-
sât, lorfque le Duc de Guife fentit
que la haine héréditaire des Bourbons
&: des Guifes fe réveilloit dans fon
coeur. Il crut qu'il commcttroit la
dernière imprudence , s'il foufîroic
que toute l'autorité tombât entre les
mains d'un Prince naturellement En-
nemi de fa Maifon. Il s'oppofa donc
à l'avis du Duc de Bouillon , & dé-
clara hautement qu'il ne confentiroit
jamais que la Reine Mère fût compri-
£ê dans le delîein de perdre le Maré-
chal d'Ancre. L'oppofîtion du Duc de
Guife penfa renverfer tout le projet
du Duc de Bouillon ; mais ce qui ache-
va de le détruire fut que le Prince
choqué de ce que fon deffein n'avoit
pas été fuivi , fit avertir le Maréchal
de fe tenir fur fes gardes , & lui fit di-
rc qu'il ne fe fentoit pas alfcz fort
pour le protéger contre le grand nom-
bre de puilfans Ennemis qui avoient
conjuré fa perte.
Le Maréchal d'Ancre ne pr ofita pas
feule-
Duc DE Bouillon. Liv. VU. i^f
feulement de l'avis du Prince , pour
fe mettre à couvert de l'orage dont
il étoit menacé ; il s'en fervit encore
contre le Prince même , foit qu'il fe
.défiât feulement des projets faits con-
tre lui, Ôc qu'il crût ne pouvoir pren-
dre trop de mefures pour fa fureté ;
foit que quelqu'un eût révclc ce qui
avoit été proposé contre la Reine &■
contre lui dans les Afïèmblécs dont
on a parlé , ( car dans les Cours ora-
geufes ôc pleines de défiances , com-
me celle de Marie de Médicis , les
plus grands Seigneurs font aiïez fou-
vent les efpions les uns des autres ) ,,
loit enhn qu il tut porte de lui-même i-s cfe i*
à la violence, il fçut fi bien perfua- J°|5""
der à la Reine Mère que c'étoic fait ie Medi-
de fon autorité , fi elle ne prévenoic*^'''
pas le Prince de Condé , que cette
Princelfe prit la réfolution de le faire Memoî.
arrêter. La commilïion en fut donnée ^^' ''ï
a Tiiemines homme de relolution , Rohan ,
6c que l'envie de faire fortune ren- ^'^' **
doit capable de tout entreprendre : il
l'exécuta deux jours après. A la fortie
du Confeil le Prince de Condé fut
arrêté prifonnicr j on le garda quel-
que temps dans le Louvre, il fut en-
fuite conduit à la Baftille. Les Ducâ
158 HiST. DE H. Duc DE Bouit.
Memoi- de Boliillon & deMayenne plus atten-
l^^J^ tifs que lui à ce qui fe palTbit à la
pierre. Cour , 1 avoieiic tait avertir du mal-
heur dont-il écoit menacé , & l'a-
voient fait prier de ne point aller au
Confeil le lendemain. Mais l'entre-
prife de faire arrêter le premier Prin-
ce du Sang au milieu de Paris , parut
il extraordinaire au Prince de Condé ,
qu'il ne put fe réfoudre à la croire.
En effet le coup étoit hardi , mais |
il dcvoit tout craindre d'une Reine
extrêmement jaloufe de fon autorité ji
&c d'ailleurs il lui avoit donné trop
de iiijets de défiance , pour ne s'en pas
défier lui même.
Fin du Jeptiéme Livre,
^9
SOMMAIRE
du huitième Livre.
1J Reine Mère fait arrêter le
^ T rince de Cvnâéi tl eji conduit
À la Bajh/Ie. Elle a de^cin ê^ en faire
autant a tous Us Seigneurs de fon
farti. Le Bue de Bo'nilion pénètre ce
dejfein: les mcfures qti il prend pour
prévenir î éxecution. Il fe retire
de la Cour 5 // engage plufeurs Sei-
gneurs k en faire atttMU : r?;efurcs
qu'ils prennent tous enjcmble pour
leur sûreté. La Reine Mère ncgocie
enziain pour Us faire revenir h la
Cour. On lève des Troupe: de part
& d'autre y la Guerre- CivrU recom-
mence i elle efi interron/puc par une
Faix de peu de durée. La Guerre
recommence. Le Roy tombe dange-
reujement malade > il guérit ojèm-
hle approuver C union & la conduite
des Seigneurs lig^ie^ Le Duc de
Bouilloîi s'en prévaut j & lève des
Troupes m Alkmagne , en Hollande
Gij
*4o Sommaire.
& au Fais de Liège. Prétexte J^é"
deux dont iljefert pour cela. Il em"
ploie le même prétexte pour engager
le parti Calvim^e k Je déclarer en
faveur des Seigneurs liguer i il y
réujfit malgré les oppoftttons de plu-'
fleurs Çrands du parti. La Reine
Mère traverse les deffeins du Duc
de Bouillon. Il en écrit au Roy & ht
la Reine d'une manière trh-hardie>
Cette lettre efi mal prifc k la Cour..
Le Roy lui répond avec hauteur. Le
Duc de Bouillon écrit au Roy une fe^.
conde lettre en explication de lapre^
mi ère. Ilyperfifie dansfes prétentions
dont il s'explique d'une manière qui .
fte plat t pas k la Cour. Les Seigneurs
liguez» font de fortes Remontrances
au Roy , é" font déclare^criminels
de leze-Majefié' La Reine Mère en-
'Voie deux Armées contre- eux fous le
commandement de Montigny , dt^
Duc de Guife & de Themines. Le
Duc de Mayenne efi affiegé dans
Soijfons par le Duc d'Ângoulême.
Le Duc de Bouillon e^ déclaré Gêné-
rulds l'Arméç des Frtnces liguez*, ik
Sommaire. 14I
\it!arche aafecours du Duc de Mayen-
jie avec douze mille Hommes de pied
^ deux mille chevaux. Le Con-
>7tétable de Montmorency , le Duc
d'Eve mon , & le Maréchal de Lef-
diguieresfont une Ligue particulière
contre le Maréchal d'Ancre- Tous les
Ordres du Royaume joulevez. contre
lui- De Luynes ert prend occajio/^ de
le rendre fufpeÛ au Roy » il lui per^
fuade qutl ejl la caufe de tous les
foulévemens du Royaume > il lui fait
prendre la refolution de s en défaire.
Le Maréchal d'Ancre ejl tué en en-
trant dans le Louvre* Sa mortpaci"
fc toutes chojes- Les Seigneurs ligue:^
mettent les Armes bas > &fe rendent
auprès du Roy. Conduite particulière
à" précautionnée du Duo de Bouil-
lon- Ljfroi de la Reine Mère » elle
abandonne les affaires» elle quitte la
Cour, & fe retire k Blois. Le Duc
de Bouillon je rend auprès du Roy , d*
en cjl bien reçu. Le Duc de Vendôme
& les Seigneurs du parti du Prince
de Condc faujfement accujez par Gi-
gnier d'une ConJ^iration contre le
Giij
Roy, Récit de cette importante affaî*
te. ^ Les^ Seigneurs prouvent lafauf-
fetéde l'acajatlon. Gignier efi exé-
cuté h mort. Le Duc de Bo)ï lion de-
jejpere du bon Gouvernement dt*
Royaume ; il prend la réjolution de
je retirer k Sedan , & de ne plus re-
njemr k la Coun il prend congé dît
Roy , à- exécute ce de(fein. La Reine
Mère penfe a retourner a la Cour,
& k former î'.n parti capable de lui
rendre fa première autorité. L^Abbé
Riicellài la fortifie dans cette réfo-
lut ion. CaracïcredecetAbbé', il part
deBlois pour a'.ler négocier h Sedan
avec le Duc de Boùiïion , f> l'enga-
ger da^s le parti de la Reine Mère.
Le Duc de BoïàUon peu fatisfait de
cette rrinceffe é^ rebuté des intrigues
de la Cour , confeille k Rucelldi de
sadrcffer au Duc d'Epernon. il lui
donne de bons confeils pour réujfir
dans cette négociation. Dijfcultez,
que Rucelldi y rencontre i U les fur-
monte , & engage le Duc d'Epemon
/? tirer la Reme Mère de Blois. Le
l>uc d' Epernon t entreprend^' y réuf
s O M M A I R î. 1+5
/?/. Le me de Boïtillon favorije le
paru de la Remc Men , mais \ans
Je déclarer ouvertement. La Cour
tâche envain de pénétrer les dejjems
du Duc de Botïîllon. On propoje au
Roy un accommodement avec la Rei-
ne {a Mère , tl y consent ; ï accom-
modement Ce fait , mais il n ejt pas
de durée. Le Duc de Bouillon en
prend occasion de Je tirer des engage-
mens qutl avoit pris avec la Reine.
Nouvelles hrouilleries entre le Roy
é- la Reine Mère. On arme départ
& d'autre. Le Roy envoie Ba\\orn'
pierre en Champagne pour y faire des
Levées. Le Vue de Bouillon lut envoie
m Gentilhomme. Ce qui je pafj a en-
tre ce Gentilhomme &Ba(jompierre.
Les Troupes de la Reme Mère jont
hatucs auront de Cé. Bile sac-
commode avec le Roy. Ajfaire de Bo^
heme. Ferdinand jecond efi élu Roy
de Bohême. Les Bohémiens je ré-
voltent contre lui , déclarent qu il ejt
déchu de la couronne , & qt^ tl^ ^^^^
procéder k une nouvelle clecJion- Lj:
Duc de Boïtillon en ^rend occajion clc
Giiij
144 S O M M A 1 R ï".
négocier four faire élire le Talati»
fon Neveu. Ses négociatiom font fi
fecrettes > c^uon efi long-temps fans
fçavoirquilfe méloit de cette affai*
re. Le Palatin a plujïeurs Compc
îiteurs. ^uels ils étote?ît. Dijflcul-
tez, de cette négociation, ohfiacles
que le Duc de Bouillon y rencontre i-
il ne laife pas de les vaincre. Là
Palatin l'emporte fur fes Competi"
teurs* il eft élu Roy de Bohême » il
va prendre poffe[]ion de cette Cou^
tonne. Ferdinand fécond arme con^
tre lui : le Palatin arme de fia
coté. La bataille de Prague fe don^
ne i le Palatin la perd , é* Ferdi"
nand recouvre la Couronne de Bo*
heme. Le Palatin efl mis au ban de
ï Empire. On amufe le Roy de la
Grande-Bretagne . beau-pere du Pa^
latin , par de frujfes négociations f
on l'empêche par-lk de lui donner
d'y^ fecours. Le Palatin efl dépouillé
de fes Etats j il fe retire a Sedan
auprès du Duc de Bouillon fon
oncle qui fait de vains eff'orts pour
U rétablir* Ferdinand (^ U Palatine
s C M M AIR n. I4.J
nt'l^cicnt a la Cour de France poi'fv
obliger le Rcy k Je déclarer en leur
faveur- Le Vue de BoHillo?^ en- écrit
fortemeiit au Roy» Ses rai f on s -peur
le porter k fe déclarer pour le Pa-
latin. La Cour mal dtj^osée en fa-
*veurde ce Prince. Le Duc de Boutl-
lon croit faire beaucoup d^ obtenir dt^^
JRoy la neutralité entre les ditux
Princes. Le Roy envoie une célèbre
Jmbaffade en Allemagne pour ac-
commoder ce fameux dtjfercnd , mais
inutilement. Le Roy conformément
à l'£d/t de Nantes ordonne le réta-
bli ffement de la Religion Catholique
dans le Bearn. Le parti Calvimjîe
$y oppofe , cr refuje d'obéir au Roy-
Le Roy arme contre-eux, Le Vue de
Bouillon écrit au Roy en leur faveur,
mais fans effet. Le Bearn eft fournis ,
la Religion Catholique y eft rétablie.
Tout le parti Calvmifie je révolte »
il partage toutes les Provinces du
Royaume entre les Grands de ia reli-
gion i il y établit des Coînmandans »
kve des Troupes > & fe prépare à la
Ctterre- hi i>m ^e Bouillon defat
1^6 SoMÎ^AlRE,
■trouve cette résolution > la fart quil
eut fi cette ajfaire > comme il s y con-
duifit. Les armes au Roy réujji(fent
■par-tou " > Montauban e?i> arrête la
projperitéi il efi ajfiegé par le Roy.
Mort du Connétable de Luines.
Lefdiguieres lui fp^cccde^ & je fait
Catholique. La Guerre continue. Le
Duc de Bouillon obtient du Roy la neu-^
tralité pour [es terres. On tâche de
perjuader au Roy de la rompre. BaJ-
jompierre s'' y oppofe dans le Conjeil
du Roy i dtjconrs remarquable quil
y fit pour cela. Le Roy fe déclare pour
l'avis de Baffompierre » & main-
tient la neutralité. Stege de Mont-
pellier. Les Grands du parti Calvi-
nifie réconcilient entre-eux les Ducs
de Bo'iiillon (jr de Rohan. Le parti
Calvinifie efl réduit a demander la
Faix. Mouvemens (^ négociations
du Duc de Bouillon pour l'obtenir
avantageufe. Le Roy accorde la Paix
a [es Sujets Ca'vinifies- Service
que le Duc de Bouillon rend au Roy
A cette occajlon. Sa mort- IScs Mn-
fans. Son éloge.
147
HISTOIRE
DE HENRY
DE LA T OUR
D'AUVERGNE,
DUC DE BOUILLON.
LIVRE WVITJE' ME,
^^^R! 'Emprisonnement
l^j du Prince de Coudé devoit
/^:| avoir apparemment de
-s—-' (grandes (S^defâchcufes fui-
tes. Il cft vrai que contre l'avis du
Duc de Bouillon ^ ce Prince avoit
iailTédefunir les Seigneurs de Ton par-
ti^ dont l'union feule pouvoit le ga-
G vj
148 Histoire de HsNRr
rentir des entrepriies de la Cour;
mais un coup d'un iî grand éclat n'é-
toit que trop capable de les réunir ,
& le Duc de Bouillon qui avoit tou-
jours confervé avec eux plus d'union-
que les autres , avoit allez fait voir
dans de moindres occalîons ce qu'il
étoit capable de faire , pour ne pas
craindre qu'il ne formât encore un
parti aflTez paillant pour mettre en
liberté le Prince de Condé , & pour
renverfer tous les delFeins de la Rei-
ne Mère. Aufïi le projet de cette Prin-
ceife ne fe réduifoit pas au feul empri-
fonnement du Prince : Elle avoit ré-
folu de faire arrêter les 0ucs de Bouil-
lon , de Mayenne y de Vendôme &
généralement tous ceux qui avoient
confervé quelque correfpondance a-
Tec le Duc de Bouillon qu'elle crai-
gnoit feul plu-s que tous les autres
enfemble. C'étoit ce qu'il faloit fai-
re : car dans des occafions pareilles à
celles dont il s'agit , ou il ne faut rien
entreprendre j ou il ne faut rien laifFer
à faire.
Mais le Duc de Bouillon étoit trop
prévoïant pour fe lailfer furprendrc 5
il cntretenoit des Efpions à la Cour,
&: il étoit exaâ;ement .infor;né de tout
Duc DE Bouillon. Liv.VIIT. 14^"
ce qui s'y palFoit. Il n'eue pas plûcôc
été averti qu'on doubloit les Gardes
au Louvre , & qu'il s'y faifoit des
mouvemens extraordinaires , qu'il le
fit dire au Prince de Condé , ôc à Tes
amis î il fe tint renfermé dans fou
Hôtel fous prétexte d'indifpofition :
à [on. exemple les Ducs de Mayenne,
de Guife & de Vendôme fe tinrent
aufîi fur leurs gardes. Enfin le jour
que le Prince fut arrêté , il fortit de
Paris ôc s'en alla à Charenton. Com-
me il en rèvenoit il apprit la déten-
tion du Prince de Condé -, il envoïa
fur le champ un Exprès au Duc de
Alayenne pour lui dire qu'il i'atten-
doit à la porte de Saint-Antoine. Le
Duc de Mayenne s'y rendit auffi-tôt
fort cmbarraiîé de ce qu'ils auroient
à faire dans une pareille conjoncture.
Mais le Duc de Boiiillon qui n'avoit
jamais plus de préfence d'efprit que
dans les dangers les plus preflàns , lui
dit qu'il n'étoit plus temps de déli-
bérer ; que leur parti devoit être pris ;
qu'il faloit rentrer dans Paris , join^
dre le Duc de Guife , foûlever le peu-
ple, & faire , s'il fe pouvoir , des bar-
ricades femblables à celles du temps
.de Henry III, qu'à la vérité la ré-
Î50 Histoire de Henry
foiution étoic extrême , mais qu'il n'y
avoic point d'autre moien de fauver
leur liberté ôc peut-être leur vie.
Ils alloicnt exécuter ce delfein lorfl
qu'il arriva un Exprès de la part du
Duc de Guife. Il leur faifoit fçavoir
que comme il écoit fur le point de les
aller joindre , le Roy ôc la Reine Mè-
re l'avoient mandé au Louvre j qu'il
ne pouvoit fe diipenfer d'obéir , mais
qu'il trouveroit le moïen de s'écha-
per fur le foir , & de les aller trou-
ver fur le chemin de Soiffons où ils
avoient delfein de fe rendre. Ce mef-
fage furprit les deux Ducs ; ils fe re-
gardèrent fans fe rien direjmais quand
ils eurent renvoie l'Exprès du Duc de
" Guife : » Je vous avoue ( dit le Duc
*' de Bouillon ) que la conduite du Duc
^ de Guiie m'eft fufpcéte. Il prétend
" apparemment fe prévaloir de la con-
" jonélure préfente. Se fe faire acheter
^ bien cher par la Cour ; mais il fe
" trompe. La Reine Mère eil abfolu-
" ment livrée au Maréchal & a la Ma-
*' rêchalc d'Ancre. Ces deux perfonnes
** veulent diipofer de tout , elles ne fou-
** friront aucun Seigneur à la Cour , qui
" ne Toit abfolument dans leurs inte-
" icts ôc dans leur dépendance. S'il ne
I Duc DE Bouillon. Liv. VIIL 151
s'aglifoit que de dépendre de la R ei- «e
ne , on pourroic s'en accommoder, ce
mais de s'alFujettir à deux perfonnes ce
qui nous font (i inférieures , & qui te
n'ont rien de confiderable qu'une ce
grande fortune qui les rend infolens , te
Si dont ils abufent , c'eft ce qui ne «
conviendra jamais à un homme qui t«
a autant de naiifance ôc de cœur que te
le Duc de Guife. Il faudra que tôt «
ou tard il fe brouille avec la Reine te
Mère ; mais s'il abandonne aujour- te
d'hui fcs amis , ils pourroient bien te
alors l'abandonner aulîi à leur tour. « ^
Apres que le Duc de Boiiillon eut
parlé de la iorte , le Duc de îvlayenne
ôc lui prirent le chemin de Soillbns ;
ils ctoient accompagnez d'environ
cent-cinquante Gentilshonîmes atta-
chez à leur fortune , de prêts à les
fuivre par-tout. A peine eurent -ils
fait une lieue qu'ils envoïerent à Pa-
ris pour apprendre des nouvelles du
Duc de Vendôme. On s'en informa
inutilement, on ne put fçavoir ce qu'il
étoit devenu. Les mêmes perfonnes
^voient ordre de s'adrelfer au Cor- r^^JJ^/â
donnier Picard. C'étoit un homme Re;;encc
d'importance &c fort accrédité parmi '\l J^^J^'
,iç Peuple depuis les differens qu'il cis.
i
Memoi-
'tji Histoire de Henry
avoit eu avec le Maréchal d'Ancre ,•
dont il étoit forti fort à Ton honneur.
Les Ducs de Mayenne Se de Bouillon
lui firent dire que s'il vouloit émou-
voir la populace , ils rentreroient dans
Paris avec cinq -cens Chevaux bien
armez pour foûcenir ce qu'il auroic
fait. Le Cordonnier fit de fon mieux ,
au(ïï-bien que la Princelfe doiiairici c
de Condé : mais le peuple n'aimoit
res <k pas allez le Prmce ion Fils pour le iou-
pfet°c" ts^^"^ C'"i ^^ faveur. Cependant les
Boutiques furent fermées , le com-
merce celîa , &: la Populace attrou-
pée dans le Fauxbourg Saint-Germain
j, _ alla fondre fur l'Hôtel du Maréchal
jour-" d'Ancre & fur la Maifon de Corbinei-
l'H^ 1 ^^ ^^^^ Secrétaire ; il y eut pour deux
des Am- cens-mille écus de meubles pillez. Là.
feafla- Cour s'eftimafort heureufe d'en êtr^
«leurs. . N r 1 L '
ixtraor quittc a II Doii marche.
♦imairts. Pendant que ces chofes fe pairoient
dans Paris , le Duc de Guife incertain
des fentimens de la Reine Mère , crut
qu'avant que de fe rendre au Louvre,
il devoit y envoïer le Duc de Che-
vreufe {^on Frère. C'étoit en apparen»*
ce pour recevoir les ordres de leurs
Majeftez , en effet pour s'informer s'il
pourroit y aller eu fureté , de pou^^
ÏJtyc Dï BouiLtoN. Lîv. Yltî. i/f
fonder les intentions de la Reine. Le
Duc de Chevreuie la trouva fî occu-
pée à donner Tes ordres , qu'elle ne
fit pas la moindre attention à ion com-
pliment , ôc ne lui répondit pas. Che-
vreufe furpris d'une pareille froideur
n'en préfuma rien de bon pour fon
Frère , il le hâta de fortir du Louvre.
Quelque temps après la Reine reve-
nue de fa diftradion fit réflexion que
le Duc de Chevreufe feroit infailli-
blement allé donner l'alarme à fon
aîné -j pour en prévenir l'effet elle
envoia promptement le Marquis de
Praflain au Duc de Guife pour raflii-
ter que leurs Majeftez feroient ravies
de le voir. Le Duc de Guife prévenu
par fon Frère lui demanda a fur fa
parole il pouvoit aller au Louvre en
lureté. « Perfonne ( lui dit Praflain ) m
n'en peut mieux juger que vous. Si «
votre confcience ne vous reproche •«
rien , venez j fi-non , vous devez fça- u
voir ce que vous avez à faire, m Cette «c
ïéponfe augmenta les défiances Se les
foupçons du Duc de Guife. Au-lieu
d'aller au Louvre , il prend avec le
Duc de Chevreufe la route de Soif-
fons ; ils y arrivèrent avant les Ducs
de Bouillon & de Mayenne. Pour ce
1^4 Histoire de Henry
qui eft du Duc de Vendôme , fur
le point d'être arrêté par Saint-Gé-
ran , il s'étoit retiré à la Fere , Place
dont il étoit Gouverneur.
La retraite de tant de Seigneurs
devoit embarafler la Reine Mère ;
mais la joie qu'elle avoit de l'empri-
fonnement du Prince de Condé , ne
lui permit pas d'y faire toute l'atten-
tion qu'elle devoit. Elle regardoit le
jour où elle l'avoit fait arrêter comme
un jour de vidoire & de triomphe :
mais que le préfent eft un mauvais
garand de l'avenir. Ce jour qu'elle
s'imaginoit être un jour de gloire pour
elle , ce jour où elle croïoit s'être
aflurée d'une autorité qui ne lui feroit
plus conteftée , fut l'origine de fa
difgrace & de fes premiers malheurs.
De Luines qui avoit dès-lors beau-
coup de pouvoir fur l'efprit du Roy ,
étonné d'un aufli grand coup que ce-
lui de l'emprifonnement du premier
Prince du Sang , en craignit un pareil
pour lui-même , fi ( ce qui ne pouvoit
gueres manquer d'arriver ) il deve-
jioit fufpeft à la Reine. Il commença
dès-lors à prévenir contre-elle l'efprit
du Roy, & il lui donna tant d'om-
brages de cette autorité fans bornes
!buc DE BoUTLlON. LÎV. vin. i^f
qu'elle s'atciibuoit ,» & dont le Prince
de Condé ne pouvoir plusfaiie le
contrepoids; il lui rendit le Alarcchal
d'Ancre fi odieux , &: l'on peut ajou-
ter il redoutable , qu'il porta enfin ce
jeune Roy à eiitreprendie ce qu'on va
voir dans la luitc de cette Hiflioire.
Après que les Ducs de Mayenne 3c
de Boiiillon eurent tenté envain de
faire foulever le peuple de Paris ,
ils fc rendirent ci Soiffons j ils y trou-
vèrent les Ducs de Guife & de Che,
vreufe , ôc le Cardinal de Guife Ar-
chevêque de Reims leur Frère , qui
les y attendoient. Ils dépêchèrent ^^'^^^
aufïï-tôt aux Ducs de Longueville &c R.^ence
de Vendôme , pour les prier de fe ,'^'i^';*
rendre au Château de Coucy , ou us eu.
pourroient prendre tous enfemble les
réfolutions qui conviendroient à l'é-
tat préfent de leurs affaires. Tous
ces Seigneurs joints enfemble pou-
voient faire un parti redoutable ; mais
le Duc de Bouillon qui ne penfoit
qu'à le fortifier , crut qu'il y faloit
encore engager le Duc de Nevers
Gouverneur de Champagne. Il ne
s'étoit point encore déclaré , & il pa-
roilfoit avoir des vues bien éloignées
de celles que le Duc de Bouillon pré-
1;^ Histoire d e HenrV
tendoitlui inlpirer. D'ailleurs ce n'é-
toit pas un homme aisé à gagner. Il
avoit toujours des delFeins particu-
liers , mais qui pairoient alfez louvent
pour tenir un peu de la chimère, peu
propre par conféquent à entrer dans
les projets d'autrui , & à faire fon
afïliire particulière de celle des autres.
Ce caradtere du Duc de Nevers avoit
empêché les autres Seigneurs dont on
vient de parler , de penfer à l'engager
dans leur parti. Mais le Due de Boiiil-
ion qui jugeoit mieux qu'un autre dé
quelle importance il étoit de le ga-
gner , entreprit de l'y attirer. Il y
réuilit enfin contre toute apparence ,
êc l'on peut dire contre les véritables
intérêts du Duc de Nevers , mais trcs-
avantageiifement pour lui - même j
&c pour fa Principauté de Sedan dont
la lîtuation fur la Frontière de Cham-
pagne demandoit que ie Duc de Ne-
vers fe déclarât pour le parti que lé
Duc de Bouillon avoit embralle.
Avant que d'entamer cette négo-
ciation , il fe vit obligé de fe rendre
à Coucy. Il y trouva les Ducs dé
Vendôme, de Longueville,de Mayen-
ne , de Guife l de Chevreufe , le Car-
dinal de Guife & le Marquis de Cœu-
Tres depuis M^arêchal d'Eftrécs , que
f)uc DE BoTJîiLON. Liv. VIII. rj7
ics liaiions avec le Duc de Vendôme
fon proche parent , & Tes broiiilleries
avec le Maréchal d'Ancre avoienc
engagé dans le parti des Mécontens.
Dès les premières conférences , le
Duc de Bouillon s'apperçut que le
Duc de Guife ne tenoit au parti que
par bien-féance ; ôc qu'on ménageoit
ion accommodement avec la Cour,
Il ctoit de la dernière importance de
fixer fon irréfolution ; outre qu'un
Seigneur de fa diftinftion faifoit hon-
neur au parti , s'il l'eût abandonné ,
l'on perdoit en même-temps le Duc
de Chevreufe & le Cardiiiaî de Guifc
£es Frères dont les intérêts étoient ^^'^^'^'
inféparablement unis avec les fiens. Duc j,
LeDucde BoUillon n'oublia rien pour ^°^^'^'
1 obliger a rompre entièrement avec
la Cour. Il réveilla fa haine contre
le Maréchal d'Ancre j il lui fit fcntir
toute la honte qu'il y auroic pour
lui à vivre dans la dépendance d'un
homme , qui ( fi la tortune ne s'en
fût point mêlée ) n'eût pas même
pensé à entrer en comparaifon avec
lui , d'un Homme qui avoit conjuré
la perte de fes parens & de fcs ami«
& peut-être la fieane , d'un Homme
ÇjijOii qui ctoit l'objet de la haine ^iqui
rjS Histoire de Henry
blique , & dont il avoic faïc gloire
d'être rennemi déclaré. Il lui repré-
fenta enfuite le peu de fonds qu'il y
avoit à faire fur les paroles de la Reir.
ne Mère , tant qu'elle feroit gouver-
née par le Maréchal ôc par la Mare-
challe d'Ancre ; le Traité de Loudun
violé par l'emprifonnement du Prin-
ce de Condé , 6c le projet formé de
traiter de même la plupart des Soi-
»» gneurs aifemblez à Coucy. « Quoi-
»» qu'on vous promette ( ajouta le Duc
*' de Boiiillon ) vous tiendra-t-on pa-
»' rôle mieux qu'on n'a fait au premier
« Prince du Sang ? Vous donnera-t-on
»' jamais une garantie pareille à celle
*> du Traité de Loudun ? Quand on vous
»' aura defuni d'avec nous par un ac-
» comm.odement particulier , où fera
*' vôtic recours fi l'on ne vous tient pas
" tout ce qu'on vous aura promis ? »>
Comme le Duc de Bouillon , s'ap-
perçut que ce difcours falloir imprel-
fîon iur l'efprit du Duc de Guife, il
ajouta que les motifs qu'ils avoient
de prendre les armes, étoient les plus
juftes du monde ; qu'il s'agiiToit de
défendre leur liberté & peut-être leur
vie ; que c'étoit pour délivrer le pre-
jBiei" Prince du Sang injullemcnt em-
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. i^f
prilonné , ôc pour tirer le Roy des
mains d'un Etranger que toute la
France avoit en horreur ; que fa mai-
Ton pillée fous les yeux de leurs Ma-
jeftez , que la plupart des Grands du
Royaume foulevez à fon occafîon en
étoientune preuve bien convainquan-
te ; que le Roy & la Reine fe lalFe-
roient enfin de protéger un Homme fi
généralement haïjqu'il n'étoit pas pof^
fible qu'il fe foutint encore long-tems
contre tant d'ennemis déclarez , &
que fa chute entraîneroit enfin tous
ceux qui feroient attachez à fa fortune.
A toutes ces confiderations le Duc
de Bouillon ajouta l'offre qui étoit
la plus capable de tenter le Duc de
Guife j c'étoit que tous les Seigneurs
Mécontens , ceux même qui lui dif-
putoient l-e rang , le reconnoîtroienc
pour leur Chef. « Vous tiendrez ( luiu
dit-il) la place que tenoit le premières
Prince du Sang dans la dernière Guer-ie
re. Quelle plus grande diftindtion «
pouvez-vous eiperer , &c quels avan- ce
tages ne devez-vous point vous en «
promettre quand nous ferons nôtre e«
accommodement ? c# i
Une propoiition fi avantageufe a-
chcva de gagner le Duc de Guife ôc
ffjo HlSTOIR-X DE HENRf
de l'attacher au parti. Les Seigneurs
s'alfemblerent auiïï-tôt , & le Duc de
BoUillon leur propofa de marcher
droit à Paris avec huit à neuf mille
Hommes de pied & deux mille Che-
M vaux qu'ils avoient rallembiez. « Ce
M n'eil pas ( ajoûta-t-il } que je prétende
»• que nous prenions cette grande Ville
»» avec fi peu de forces ; mais montrons^
»nous feulement à fes portes ; conten-
•> tons-nous de brûler les moulins qui
»> font autour , ôc je vous réponds que
M le Peuple fe déclarera bien - tôt pour
»nous. Ainfi devenus les Maîtres de la
»> Capitale, nous romprons les delfeins
wde nos Ennemis , & la Cour fera ré-
••duite à nous donner la fatisfadion
»• que nous prétendons. «
Le Duc de Bouillon en donnant ce
eonfeil agilfoit fuivant les maximes
qu'il a toujours fuivies ; qu'il eft des
■ circonftances où l'on ne doit jamais
faire les chofes à demi ; que le fuccès
des grands deifeins dépend le plus
fouvent de la diligence 8c de la nar-
- dielïè qu'on emploie à les exécuter ,
Se que le trop de circonfpeétion ne
fert d'ordinaire qu'à laifler échaper
les occafions de réuflïr. Il fçavoit de
pluç que comme U n'y a rien de plus
diiîicilô
Dire DE Bouillon. Liv. VIII. i^t
difficile que de conreivcr riinion dans
un parti composé de gens à peu près
d'une égale autorité , il n'y a point de
temps à perdre , & qu'il faut agir d'a-
bord avec beaucoup de vigueur. Les
plus éclairez d'entre les Seigneurs ,
ceux que le génie ou l'expérience éle-
voient au-delTus des autres , furent de
l'avis du Duc de Bouillon. Le plus
grand nombre l'emporta j le fcnti-
ment du Duc ne fut point fuivi ; l'on
convint feulement qu'on feroit incef-
famment de nouvelles levées , & que
le rendez-vous général des Troupes
feroit à Noyon. Ils fe féparerent en-
fuite. Le Duc de Guife alla dans le
Duché dont il portoit le nom , d'où
il dépêcha un Gentilhomme au Duc
de Lorraine , un autre au Duc d'E-
pernon, ôc un troilîéme au Duc de
Bellegarde pour les foUiciter d'en-
trer dans le parti. Les Ducs de Mayen-
ne & de Bouillon fe retirèrent , l'un à
Soilfons , l'autre à Sedan. Longuevil-
le retourna à Peronne , Vendôme à la
Fere , Se le Marquis de Cœuvrcs prie
le chemin de Laon donc il écoit Gou-
verneur.
Le peu de réfolution des Seigneurs-
mécontcns les ficméprifer de laCour.
Tom. ///. H
î^i HisfOïS.E OE Henry
Elle fie lever des Troupes pour Ie$
attaquer en même-temps de tous co-
tez , elle prit contre-eux les réfolu-
tions les plus extrêmes. Le fixiémc
de Septembre i 6 i6. le Pvoy alla au
Parlement pour y faire vérifier une
Déclaration contre le Prince de Cou-
dé. Il y étoit accusé d'entreprife con-
tre l'Etat, & même contre la perfonnc
du Roy , &: c'étoit par-là qu'on pré-
tendoit juftifier fon emprifonnement.
Il eft vrai que comme l'on n'en don-
noit point de preuves , ou qu'elles
étoient trcs-foibles , on n'en eut pas
plus mauvaife opinion du Prince. Le
Parlement ne laifla pas de verifier-la
Déclaration , àc le Prince de Condc
fut traité comme criminel de ieze-
Majeflc fans avoir été convaincu.
Un traitement fî rigoureux à l'égard
<lu premier Prince du Sang fit jugeï
au Duc de Bouillon , que les Sei-
gneurs qui s'étoient déclarez pour
lui , feroient pour le moins aufli mal-
traitez. Sur ce préjugé , il fe hâta de
traiter avec le Duc de Nevers ; il le
fit entrer dans le parti des Mécontens,
& négocia avec le Prince d'Orange
& quelques autres Etats Prot^ftans
jpour en obtenir du fccours.
! T
Xi
0IfC OE BoiTULON. LiV. "VTflT. I^j
Pendanc que le Duc de Boiiilloii
tgiiroic {I ucilement pour fortifier le
parti des Seigneurs mécontcns , le
Duc de Longucville penfoit à s'en
détacher. Il étoit un de ceux qui dif-
putoient le rang au Duc de Guife ,
&: qui avoit promis au Duc de BoUil-
lon de lui céder le commandement
des aimes, &c de le reconnoîne Chef
du parti. Il n'avoit pas plutôt donné
cette parole , qu'il s'en etoit repenti.
Il penfoit aux moïens de la dégager ,
lorfque la DuchelTc fx Mère lui offrit
de la part de la Cour un accommode-
ment dont il auroit lieu d'être con-
tent ; il accepta fes offres , fa Paix
particulière fut bien-tôt conclue. Le
Duc de Guife en ufa dans le même-
temps à peu près de la m.ême manière;.
Il s'accommoda avec la Cour par l'en»
tremife de la Duchelfc fa Femme,
C'eft ainfi que les liaifons qui ne re-
gardent le bien public que comme un
prétexte , &c qui n'ont en effet pour
objet que l'ambition ou quelque au-
tre inteiêt particulier, en un mot qui
ne font pas fondées fur la juftice, net
font pas de longue durée.
Cependant comme les deux Sci-
eneius dont on vient de parler , a-
1(^4 Histoire be HïNRr
Mcmoi voient des mefures à garder avec les
rcs d^ a Mécontens , ils obtinrent que le Roy
de^Mar.c envoïcroit des CominifTaires à Soii-
de Medi- fons pour traiter d'un accommode-
'^^' ment général avec tout le parti , &
Memoi- que cependant on garderoit le fecrec
B^îVom- Tnr la Paix particulière qu'ils avoient
pitn;. faite. Cette propofition obligea tous
les Seigneurs du parti de fe rallembler
à Soiilbns y ils s'y rendirent tous à la
réferve du Duc de Longueville. Il
trouva des prétextes pour s'en difpen-
fer , quoiqu'il dût garder d'autant plus
de mefures avec le parti qu'il aban-
donnoit , qu'il en avoit été bien fervi
dans tous les difFerens avec le Maré-
chal d'Ancre.
Le Duc de Guife n'en ula pas de
même j il fe rendit à SoilTons ; il y
difïïmula le mieux qu'il put l'accom-
modement qu'il avoit fait avec la
Cour. Mais un Homme aulïï éclairé
que le Duc de Bouillon n'étoit pas
aisé à tromper 5 il foupçonna à fa ma-,
niere d'r.gir qu'il n'alloit pas droit.
Se que s'il n'avpit pas abandonné le
faiti, il avoit delfein de le faire. Pour
obliger à fe déclarer , il le prella vi-
vement fui ce qu'il n'avoit point exé-
cuté la réfolution de lever des Trou»
Duc Dî ROTJILLON. LiV. VÎTI. î^f
pes , qui avoit été pnib à Coucy. Le
Duc de Guife s'excufa fi mal que le
Duc de Mayenne & les autres Sei-
gneurs ne purent s'empêcher d'entrer
dans les foupçons duDuc de BoUillon.
La conjondure étoit des plus emba-
rallantes ; chacun fe regardoit fans
fcavoir à quoi fe réioudre , ni à qui
fe fier. Mais le Duc de Bouillon qui ^^^^-^
n'étoit pas moins décifif que péné- res du
trant , aïant trouvé le moien d'afiem- ^^ëhan'!*
bler les Seigneurs fans que le Duc de liv. u
Guife y fût préfent , il leur propofa
fans façon de l'arrêter & de le mettre
en lieu de fureté. « La réfolution eft e,
violente , je ravolie j ( ajouta le Duc ^
de Boiiillon ) mais avons^nous d'au- j^
très précautions à prendre contre un ^
homme , qui non content de nous a- ^^
bandonner dans le befoin après de «
fi forts~>engagemens pris avec nous , j,
penfe encore à fe prêter à la Cour (,.
pour être l'inftrument de nôtre perte, c^
Il fçait nôtre fccret , il connoît tou- ce
tes nos relfources ; fi nous lui laif- «;
fons la liberté de nous nuire , perfcn- ce
ne n'eft plus capable de renverfer ce
tous nos delfeins , il nous perdra fi ,,
nous ne nous allurons pas de lui. »
Une pareille réfolution que le Roy
156 Histoire de Henut
lui-même & la Reine Alere n'auroient
peut-être pas osé exécuter , étonna
tous les' Seigneurs. Cependant cet
avis l'eût peut-être emporté , Ci le
Duc de Mayenne qui étoit le maître
dans Soilfons , ne s'y fût opposé. Il
demcuroit d'accord qu'il eft des extré-
mitcz dont on ne peut le tirer ou'efi
prenant les réfolutions les plus extrê-
mes j mais il fe fit un fcrupule de vio-
ler les droits de l'hofpitalité àl'éeard
d un proche parent qui etoit venu de
bonne foy dans une Ville dont-il étoit
Gouverneur. Il ajouta qu'il croïoit
bien le Duc de Guife capable d'a-
bandonner leur parti , mais qu'il ne
le croïoit pas affez perfide pour le
trahir , & pour fe prêter à la Cour
pour le détruire. Le Duc de Bouil-
lon infifta qu'il avoit de bons avis ,
ôc que la complaifance du Duc de
Guife pour la Cour iroit juiques à
prendre contre-eux le commande-
ment d'une Armée. Il n'eft pas aisé
de décider fi le Duc de BoiiiDon avoit
ité averti des engagemens du Duc
de Guife avec la Cour , ou s'il n'en '
parloit que par conjecture ; mais il
cft certain qu'il devina jufte , Se que
le Duc de Guife accepta dans la fuite
T>\ic DE BouîiLON. Liv. VIIÎ. i6y
le commandement d'une Armée con-
tre ces mêmes Seigneurs qu'il avoit
engagé lui-même a prendre lesArmes.
Une pareille conduite ne donne
pas grande opinion du Duc de Guiie ,
au moins par rapport à la bonne foy
& au véritable honneur. On ne trou»,
vera point à redire qu'il ait abandon-
né un parti qui palToit pour être op-
posé à celui du Roy. Les devoirs des
Sujets à l'égard de leurs Souverains
font indifpenfables , il y a de la gloire
à y revenir -, en ce cas il ne faut ni
s'en cacher , ni tromper perlbnne.
Mais qu'un Homme com.me le Duc
de Guife , qi»- fiifoit gloire ^ il n'y a
pas long-tems , d'être l'Ennemi dé-
claré d'un Etranger , haï de toute la
France , haï du Roy^mcixic à qui il
devenoît de jour en jour de plus en
plus fufpeâ; , qu'un Homme , dis-je^
de la nailfance & du rang du Duc de
Guife pour un léger intérêt , brigue
le Commandement d'une Armée qui
doit fervir à rétabblfement de Tau*
torité de ce même Etranger, & à la
ruine de fes parens &c de fes amis qui
demandent qu'il foit éloigné des af-
faires , & qu'il ne foit plus en état
de leur nuire , c'eft ce qui n'eft pas-
H liii
j6B Histoire dé Hemr"?
aisé à comprendre , ou plutôt c'eft ce
qui donne lieu de conclure que l'am-
bition ne connoît point de règles ,
& qu'il n'y a point de devoirs dont
elle, ne fe difpenfe pour arriver à fes
fins.
On propofa cnfuite dans l'AlTem-
olée des Seigneurs de quelle manière
on en uferoit avec Chanvalon & Boid
file , à qui le Roy avoit donné la
Commifîîon de traiter avec les Sei-
gneurs mécontens. Le Duc de Bouil-
lon rcprclcnta à cette occaiîon qu'il
faloit fe déHer des intentions de la
Cour j\u'apparemment les Commit,
(aires étè^ient envoïcz plutôt pour
travailler à les defunir, que pour leur
donner les juftes fatisfaftions qu'ils
avoient droit de prétendre j qu'ainfi
Merroi il faloit s'attacher à demeurer unis,
rcsdci'^ n'entendre à aucun accommode-
dcNL.ric ment particulier , ôc à être toujours
d." Medi- (^j-j garde contre les artifices de la
Cour : que quant a 1 accommodement
qui pourroit être proposé , il faloit
l'accepter tel qu'il pût être ; que s'il
étoit avantageux , il faudroit s'y te»
nir , & que s'il ne l'étoit pas , ri leur
donneroitau moins le temps de pren-
dre leucs mefures , & de fe mettre e,^
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 1^9
état d'obtenir de meilleures condi»
tions au Printemps prochain.
Ce fut dans ces diipofitions qu'on
s'afTembla à Cravançon à une lieue de
5oiirons. L'accommodement fut bien-
tôt conclu , parce que les Seigneurs
n'étoient pas réfolus de s'y tenir , 8c
qu'ils s'apperçurent que le temps n'é-
toit pas propre à obtenir des condi-
tions plus avantageufes. Dès que cette
feinte Paix eut été arrêtée , le Duc de
Guife fit agréer aux Seigneurs, qu'il ,..*
rit un voiao;e a la Cour avec le Duc
de Chevreule & le Cardmal fes Fre- ^'f/'^'-J'
res , pour y ménager , dïf :)it-il , les Baflbrr-
intérêts du parti, de y travailler à la ^'""'^*
ruine du Maréchal d'Ajicre. Des
trois Frères le Cardinal de Guife é-."
toit le feul qui y allcit j bonne foy ,
&qui étoit véritable.: 'iitaffedionné
au parti 5 aufîi lui r:;;dit-il dans lai
fuite des fervices a Ibz importans.
Comme les Se ;iieurs mécontent
diffimuloient de leur côté, la Cour
diffimuloit aufli au fîen j elle parue
contente des S .igneurs , de la Reine
Mère fit verifijr au Parlement une
Déclaration donnée en leur faveur.
Cependant comme aucun de ces Sei-
gneurs ne rçveuoiç à h Cour , quoi-
Hy
fJO HiSTOÏRÉ t>î HîNïlT
qu ils en eulFent tous la liberté , il
étoit aisé de juger que la Paix ne du-
reroit pas long-temps , & qu'on re-
prendioit les aimes à la première oc-
cafion.
Dans ce même-temps le Roy tom-
ba malade allez dangereufement ^ on
craignit même pour fa vie. La nou-
•velle s'en étant répandue , perfonne
n'en parut plus lenlîblement touché
que ces mêmes Seigneurs que la Rei-
ne & le Maréchal d'Ancre afFedtoient
de faire palfer pour les plus grandsEn-
nemis qu'eût le Roy dans tout Çor\
Royaume. Le Cardinal de Guife lié
depuis peu avec de Luines dans le
deffein de perdre le Maréchal d'Ancre,
l'engagea à le dire auRoy,& deLuines
ajouta du fien , que Sa Majefté n'a-
voit point de plus fidèles Sujets & de
plus afïeétionncz Serviteurs , que ces
Seigneurs ; & qu'ils viendroient mê-
me avec emprelTement lui faire leur
Cour j dès qu'ils feroient alTurez de
ne point trouver auprès de lui un
Etrange? infolent , que la Reine Mère-
vouloit rendre le Maître des affaires ,
& qui ne penfoit qu'à les perdre. Le
Roy fut H fitisfait des bons fentimens
4e ces Seigîieiirs^ qu'il témoigna qu'ils
thrc Di BoiTTiLON. Liv. vnî. 171
lui feroient plaifir d'être toujours bien
unis eiifemble , &: de ne fe réconcilier
tan- ais avec le Maréchal d'Ancre.
5ur cette alTarance que de Luines
eut grand foin de leur faire donner ,
le Duc de Nevers fit faire des levées
^ans fon Gouvernement & dans fes
Terres. Le. Duc de Bouillon qui avoir
fes intrigues en Allemagne , dans les
Provinces -Unies , & dans le Pais de
Liège , y fit aufïi lever des Troupes ,
& il donna ordre qu'on y achetât des
armes & des munitions de guerre. Le
Duc de Nevers ne prit aucun prétex-
te pour rompre laPai"x qui venoit d'ê-
tre conclue. Il crut que l'approbation
que le Roy venoit de donner à Tu-
nion des Seigneurs , lui fuffifoic , &
que de Luines qui l'en avoit fait affû-
rer , lui en étoit un bon garand. U
connoiiroit tout le pouvoir qu'il avoit
fur l'efprit du Roy , S>c il étoit perfua^
dé qu'on faifoit plaifir à Sa Majefl;é
ôc à fon Favori en portant le", chofes
un peu à l'extrémité , pour l.ur don-
ner un pirétexte d'éloigner le Maré-
chal d'Ancre , ôc même la Reine
Mete dont le Roy continuoit à fe
dégoûter de plus en plus. Le Duc de
î^evcis ne fc crompoit pas.Cependanc-
Hvj
171 Histoire de Henrv
comme l'approbation du Roy écoit
fecrette , qu'il ne l'avoir point donnée
par écrit , 8c qu'on pouvoir la defa-
volier , les amis même du Duc de
Nevers , defaprouverent le dehors de
la conduite , quoiqu'ils l'approuvaf-
fent dans le ifond.
Le Duc de Bouillon plus habile &
plus précautionné , fe fervit d'un pré-
texte qui parut rrès-plauiîble à bien
des gens. Il lui fervit non-feulement
pour autorifer les mouvemens qu'il ie
donnoit , mais encore pour mettre le
parti Calvinifle dans fes intérêts. Il
avoit tenté inutilement de l'y engager
depuis l'emprifonnement du Prince
de Condé. Ce parti peu fàtisfait de
ce qu'il n'avoit pas allez foutenu fes
prétentions lors du Traité de Loudun,
s'iétoit tenu fur la réferve , ôc paroif-
loit ;ie prendre aucun intérêt à tout
ce qui fe palFoit tant du^côté de la
Cour , que de celui des Seigneurs mé-
contens. Le Duc de Rohan Se du Plef-
fis Mornay contribuoient de rout leur
pouvoir à l'entretenir dans cette in-
différence ; le premier par fa jalouiîe
contre le Duc de BoUillon y le fecpnd
par'^fon inclination pour la Paix , Se
par fon grand âge qui ne lui permet»
Duc DE BouiLioN. Liv. VIIT. 1731
toit plus de s'engager dans des broiiil-
leries. Malgré tous les mouvemens
qu'ils fe donnèrent, le Duc de Bouil-
lon trouva le moïen de tirer les Cal-
viniftes de cette efpece d'afToupilfe-
ment,&: de les engager dans Tes in-
térêts. C'étoit un coup de partie j la
Cour n'appréhendoit rien tant que
leur union avec le Duc de Bouillon ,
dont le génie &: les intrigues n'étoient
déjà que trop capables de l'emha-
ralfer.
Le moïen que le Duc de Boiiilloft
emploïa , & qui lui fcrvit en même-
temps de prétexte .pour colorer les
levées qu'il faifoit, fut de faire cou-
rir le bruit que le Marquis deSpinola
traicoit des prétentions de la Mark
Maulcvrierfur la Souveraineté de Se-
dan ; qu'en vertu de cette acquifition, vie dfe
il viendroit afïïeger Sedan avec tou- ^^^
tes les forces des Archiducs des Païs- lIv. 4.
Bas Catholiques , & que le Maréchal 5^^ m"-'
d'Ancre Peniionnaire des Elpagnols , moires
Jeur avoit promis de favorifer Spino- f^^^^^
la , en empêchant le Roy de fecourir 1 6 1 <f,
le Duc de BoiiiUon , & même en fai-
iànt en forte que les Troupes du Roy
qui étoient fur la Frontière de Cham-
pagne , favoriferDieut cette entreprir.
Ï74 Histoire dî HénrV
fe. Si cette nouvelle eût été vraie ^
perfonne n'eût pu trouver à redire
que le Duc de Bouillon prît fes pré-
cautions pour la défenfe de Sedan ^.
en levant des Troupes & en faifant
entrer des munitions dans cette Place.
D'un autre coté les Calviniftes ne
craignoient rien tant que l'augmenta-
tion de la puiïïance dzs Efpagnols fur
les frontières de France , fur-tout fî
cet* fût arrivé par la prife de Se-
dan. Ils regardoient cette Place com-
me étant à eux , parce que tous les
Halbitans & le Prince même qui en
ètoit le Souverain, faifoient profef-
fion de leur Religion, D'ailleurs fr
les Efpagnols en euifent été les Maî-
tres , ils leur euflènt fermé la porte
pour faire entrer en France de ce cô-
té là les fecours d'Allemagne & de
Holande , aufquels ils prévoïoienr
cju'ils pourroient avoir recours. Rien
n'étoit donc plus capable de mettre-
les Calviniftes dans les intérêts du
Duc de Bouillon , que la crainte de
le voir dépouillé de la Souveraineté
de Sedan.
Le Duc de Bouillon aïant donc
trouvé un p.étcxte (i favorable à fes
defTeins , il ne fut plus queftio^i qiia
Duc DE Bouillon. Lïv.VIIî. tyf
de le faire valoir d'une manière qui
répondît aux vues qu'il s'étoit pro-
pofées. Pour cet efFet il engagea la
Duchelfe de Bouillon fa Femme à fai-
re un voïage dans les Terres qu'il
avoir en France , en apparence pour
y régler fes affaires , en effet pour y
répandre le bruit dont on vient de
parler , &: pour lui donner de Tauto-
rité. Mais comme Ton ne peifuade ja-
mais mieux les autres , que lorfquc
Ton eft convaincu de la vérité de ce
que l'on dit , le Duc de Bouillon
porta la précaution jufques à faire
croîre à la Duchelfe elle-même , que
h bruit qu'elle devoir appuier , énoit
véritable^ Par-la il ne laiifoit rien à
la difcretion d'une Femme , qui eût
peut-êtie été tentée de découvrir fon
fecret.
La Duchelfe de Bouillon s'acquita
d'autant mieux de fa commilîion ,
qu'elle étoit elle-même fort allarmée
du prétendu Traité de Spinola. Par-
tout où elle paffoit, dans tous les en.
droits où elle alloit, elle p.uloit dt
de ce Tra'"té comme d'une chofe in-
dubitable. Elle en paroilfoit allarmée,
elle infinuoit que l.i principale raifon
c^ui l'avoit obligée de quitter Sedan ^
i7(j HisToiP-E DE Henry
écoit la ciainte qu'avoit eu le Duc de
Bouillon de la voir exposée aux pé-
rils d'un Siège : c'cft ce qu'elle difoit
à tout le monde. Mais quand elle étoit
avec des Calviniftes , elle leur repro-
fentoit vivement l'intérêt qu'ils a-
voicnt à la confervation de Sedan , ÔC
la perte irréparable que feroit le par-
ti , fi les Efpagnols fe rendoient les
Maîtres de cette importante Place.
Par ces difcours foutenus de fes lar-
mes & de Tes inquiétudes fur les dan-
gers où le Duc fon Epoux alloit être
exposé , elle gagnoit les efprits , elle
touchoit les cosurs , elle acqueroit des
amis & des Partifans au Duc de Bouil-
lon , elle mettoit le parti Calvinifte en
mouvement.
Les plus éclairez d'entre les Préten-
dus Reformez nepouvoient fe réfou-
dre à croire ce que difoit la Duchef-
fe de BoUillon. Ils ne pouvoient com-
prendre que Spinola entreprît de trai-
ter des pi étentions de Maulevrier fur
Sedan , fans l'approbation des Archi-
ducs , ni que les Archiducs confentif-
fent à une entreprife qui cauferoit
infailliblement une rupture ouverte
entre les deux Couronnes. La fi tua-
tiou des affaires de h Maifon d'Au-
t)UC t)Ê BoTTlLtON. LiV. Vllt. Ï7^
triché en Italie &: en Allemagne, ne
permettoit pas qu'on s'engageât dans
une Guerre avec la France. On de^
meuroit d'accord de la haine du Ma-
réchal d'Ancre contre le Duc deBoUil-
lon j & de la paffion qu'il avoit de
îe perdre. Mais quelque puilfant
qu'il pût être à la Cour, quelque cré-
dit qu'il eût fur l'efprit de la Rqiné
Mère , on ne pouvoit s'imaginer que
cette Princclfe pût fe réfoudre àfouf-
frir qu'un Etranger dépendant de l'EC.
pagne fe rendît le Maître d'une Sou-
veraineté fur la frontière du Royau-
me. C'eft ainfi que le Duc de Rohan
&duPleiïîs raifonnoient fur le pré-
tendu Traité de Spindla. Mais le plus
grand nombre , les Miniftres & les
Confîftoriaux , gens défians , ombra-
geux, & toujours prêts à fe fouîevcr,
ne pouvoient foufFrir qu'on demeu-
rât tranquiles fur le danger où ils vou-
loient que Sedan fût exposé, ôc ap-
prouvoient les préparatifs de Guerre
que faifoit le Duc de Boiiillon , &
les précautions qu'il prenoit pour fe
défendre.
D'uii autre côté la Reine Mère qui
ne conlultoitpas la Duchelfe de Bouil-
lon fur ce qu'elle devoit croire des
fyt HisfoiRE DE Henrv
defleins du Duc Ton Epoux , ne fc
contenta pas de fane filei des Trou-
pes en Champagne. Elle écrivit au
Réfîdent de France à Bruxelles , de
faire en forte que les Archiducs em-
pêch.ifl'ent qu'on ne pafsât fur leurs
Terres pour porter des armes & des
inunitions à Sedan, & pour y condui-
re des Gens de guerre. Il l'obtint, &
cette précaution jctta le Duc de Boiiil-
londans un embarras qu'il n'avoit pas
Decemt' P^évû. Pour s'en tirer , il écrivit une
i^if. longue lettre au Roy -, il s'y plaint des
Archiducs , & du grand nombre de
Gens de f^uerre dont on augmentoit
les garnifons des Places de Sa Majeflé
voilines de Sedan. Il reprefente au
Roy que ces préparatifs femblcnt
marquer un delTein formé d 'invertir
cette Place j enfin il le prie de trou-
, ver bon que dans une pareille con-
jondure , il ufe des moïens légitimes
que la nature met entre les mains de
chacun , quand il eft queftion de fe
défendre , & de confervcr fon bien,.
Cette lettre fut fort mal prife à la
Cour. Le Roy y répondit le ly. de
Décembre 1616. Sa Majefté y repro-
che au Duc de Bouillon fes intrigues
ôt fes caballes au dedans Se au dehors
ï)uc DE BoxntiON. Liv.VIIT. rj*}
du Royaume. Elle lui marque les rai- MzTcv.n
fons qu'elle avoit eue , d'envoïer àcs f -nçois
Troupes dans une province où le Duc \,-^^^
de Nevers & lui témoignoient alTez
ouvertement qu'ils avoient delfein de
fe cantonner. Enfin le Roy lui deman-
de une explication fur la fin de fa«»
lettre. « Les moïens légitimes que •»
vous avez de vous conferver ( ajoû- m
te Sa Majefté ) font de vous adreifer •»
à moi ; c'eft d'attendre de ma protec- «t
tion la confervation de ce que vous m
pofTedcz par la bien-veillancc du feu t*
Roy mon Seigneur & Père j c'eft de u
me rendre l'obéiflance que vous me
devez. «
Le Duc de Boiiillon en écrivant au
Roy avoit auffi écrit à la Reine Mère.
Il lui reprefentoit l'intérêt qu'avoit
la France à fa confervation , & à ne
pas foufFrir que ceux qui n'en aiment
pas la grandeur , augmentalfent leurj.
Etats en entreprenant fur fa Princi-
pauté de Sedan. Il femble par-là in-
îînuer le prétendu Traité de Spinola
quoiqu'il ne s'en explique pas claire-
ment. Il prie enfuite la Reine de don-
ner a cette occafion au Roy les con-
feils qui conviennent à fa gloire , au
bien de fon Etat j ôc aux obligatioiijs
iSo Histoire t> i HenrV
qu'il a contradées en accordant fa
prote(5tion aux Souverains de Sedan.
On ne voit point la réponfe que lui fit
la Reine Mère ; on peut juger de fes
fentimens par rapport au Duc de
Bouillon , par la lettre du Roy dont
on vient de donner l'extrait. Cette
PrinceiFe y avoit beaucoup plus de
part que lui , auffi-bien qu'a tout ce
qui s'étoit fait contre les Seigneurs
mecontens , & à tout ce qui Ce fera
^, ^ dans la fuite.
t6iy. le Au commencement de l'année fui-
Tanvi^ vante le Duc de Bouillon fit réponfe
' à la lettre du Roy. Il s'y juftifie fur
les cabales & les intrigues que Sa
Majefté lui avoit reprochées , & gé-
néralement fur tout ce qui s'étoit
pafTé depuis le Traité de Loudun. Il
avoiie qu'il a eu des commerces de
lettres avec les Princes fes voifins ,
& que même il leur a rendu des vifi-
tes ', mais il loutient que ce n a ete
que pour fatisfaire aux devoirs d'a-
mitié, de parenté , ou de voifinage ;
qu'il a toujours eu en vue le fervice
de Sa Aiajefté , & qu'il n'a ni rien dit ,
ni rien fait à fon préjudice. Cet arti-
cle pouvoitiêtre vrai en un fens : tra-
v^ilcr à i'éloignement du Maréchal
J3'ûc Oï BouitLOK. Li"^ VIII. iSt
d'Ancre &c de Tes créatures , c'étoic
fervir le Roy fort utilement , & félon .
que lui même avoit témoigné le lou-
liaiter ; mais ce n'étoit pas fervir la.
Reine Mère. Elle pouvoir tout , elle
difpofoit de tout , Se le Roy quoique
jnajeur ne pouvoit rien. C'étoit donc
en ce fens que le Duc de Boiiillon,
prétendoit fervir le Roy , & il fup-
pofoit que le Roy l'entendoit bien ,
ôc qu'il concevoir que la confidera-
rion de la Reine Mère l'empcchoic
de s'expliquer plus clairemenr. On
verra dans la fuite de cette Hiftoire ,
par ce que le Roy fit lui-même con-
tre le Maréchal d'Ancre & contre
'la Reine Mère , que le Duc de Bouil-
lon n'entroit pas mal dans fes fenti-
mens en rravaillanr à l'éloignemenr
de l'un, & en procurant la diminu-
tion de l'autorité de l'autre.
Après s'être excusé de la forte,
le Duc de Bouillon donne au Roy
l'explication qu'il lui avoit demandée.
« La nature , dit-il , nous apprend à ««.
défendre nôtre bien, & à le conferver «
à nos enfans. Les Sujets opprimez te
doivent premièrement avoir recours «
à leur Souverain -, car enfin les Rois «e
!ie font établis que pout k défenfe dç ,«
cSl HISTOIRE' DE HenRT
•> leurs peuples. Celui qui fans être Cn-
•> jetjà des États fous la prote6tion d'un
M plus grand Prince , en ufe autre-
a> ment. Quand on l'attaque injufte-
w ment , il a recours au Souverain qui
aj lui a promis de le protéger ; & en cas
« de refus , il ufe des moïens qu'il peut
« trouver ailleurs pour oppofer une juf.
»> te défenfe à une injufte violence. J'ai
3> le bonheur , Sire , d'être né vôtre
» Sujet ( continue le Duc de Bouillon )
>î Se j'efpere que Vôtre Majefté voudra
>» bien me conferver dans la polïefîion
»» des Terres que mes Ancêtres m'ont
»> laifle en France , ôc des marques
m d'honneur ôc de diftinébion dont une
» des plus anciennes Maifons duRoyau-
» me , de laquelle je defcens , jouitde-
li puis plufîeurs iîecles. Ma Souverai-
M neté de Sedan eft fous la protection de
H vôtre Couronne , & je ne puis pas me
»9 perfuader que Vôtre Majefté aitdef-
» fein de la priver de cet avantage. Que
» fi la mauvaife volonté de mes Enne-
• mis va jufques à me faire perdre
«• l'honneur de vos bonnes grâces & de
•• la proiedion que vous m'avez pro-
»» mife , en ce cas , Sirh , je crois que
•• la nature me permet d'oppofer à leur
it injuftiçe le fçcpurj de mes Sujets , de
Duc PE BouiLtON. Liv. VITT. itj
mes Parens , ôc de mes Amis , fans cf
qu'on puiife me reprocher que je m'é- ce
carce de ce que je dois à Votie Ma- c«
jefté en qualité de Sujet , & de Sei- c<
gneur d'une Souveraineté que les <•
Rois vos prédécelïeurs ont prife fous ec
la protection de leur Couronne. «ce
C'eft ainfi que le Duc de Bouillon
s'explique fur une matière alTez déli-
cate. Ceux qui trouvent fa réponfe
obfcure ôc embarraflee, feroient peut-
être bien en peine d'en faire une qui
fût plus claire &plus précife. On la
comprit fort bien à la Cour , &c l'on
n'y douta point qu'il n'eût pris fes
mefures pour fc bien défendre li l'on
prenoit le parti de l'attaquer.
Cependant comme le Duc de Ne-
vers dont les intérêts étoient fi liez
avec ceux du Duc de Bouillon , ne fe
contentoit pas de lever des Troupes ,
mais qu'il fe rendoit Maître des Villes
de fon Gouvernement de Champagne,
qui vouloient bien le recevoir , ou
qu'on lui livroit ; la Reine Mère qui
fe croïoit en état de tout entrepren-
dre , fit donner au Roy une Déclara-
tion par laquelle il étoit déclaré Re-
bclc Se criminel de leze-Maiefté ; elle
fut vérifiée au Parlement le 1 7. 49
1^4 HistoiRE ôÉ HenrV
t-'Afl Janvier, Cette Déclaration fit beau-
^'''* coup de bruit,&le Roy lui-même n'en
fut pas content. Mais on s'étoic ac-
coutumé à tout faire fans lui en par-
ler. Les Ducs de Vendôme , de Bouil-
lon , & de Mayenne firent a cette oc-
cafion de fortes Remontrances au Roy
au nom des Princes, des Ducs & Pairs,
des anciens Officiers de la Couronne,
ôc des principaux Seigneurs duRoyau-
me. Mais ces Remontrances ne fer-
vfrent qu'à les faire déclarer eux-mê-
mes criminels de leze-Majefté, fi dans
quinze jours ils ne rentroient dans
leur devoir. Le Marquis de Coeuvres
& le Prefident le Jai furent compris
dans la mêmeDéclaration qui fut aufîî
vérifiée au Parlement.
En même-temps la Reine Mère fit
marcher le Maréchal de Montigny
avec des Troupes qui foumirent en
peu de temps le Nivernois. Le Duc
j^ ^^. de Guife &c le Maréchal de Themines
ie/de°a enlevèrent prefque toutes les Places
^'^'"'. que le Duc de Nevers avoir en Cham-
de Mr.rie x i t^ i •» i- r
«le Mea,- pagne ; Se le Duc de Mayenne tut
^ afliegé par le Duc d'Angoulcme dans
Soilfins , où il fe défendit avec toute
la vigueur & labravou.e imaginable.
Cependant il eue été contraint de fe
rendre
Duc OE Bouillon. Liv. VIII. iB^
rendre enfin à difcretion , il le Duc ^^eivoi-
de Bouillon n'eût marché à fon fe- B^.HbiH-
cours avec douze mille Hommes de pi«"^'
pied ôc deux mille Chevaux. Mais
quoique fa capacité ôc fon expérience
confommée dans la Guerre donnail
fent de grandes efperances au Duc de
Mayenne , qu'il feroit lever le fcge
de Soilfons , ôc que tout le monde en
fît le même jugement ; le Duc de
Boiiillon crut qu'il devoit éviter au-
tant qu'il le pourroit , de fe commet-
tre avec une Armée qui avoit pour
elle le nom &c l'autorité du Roy j ré-
folu pourtant de le faire , s'il ne pou-
voit pas par une autre voie fauver le
Duc de Mayenne. Il crut donc qu'il
falloit joindre aux Armes 1 intri<^ue
& la négociation. II. fit agir les Par-
tifans qu'il avoit parmi les Calvinifl
tes , pour les engager à fe déclarer en
fa faveur.
Mais la Duchclfe de Boiiillon avoit
fi fort avancé les affaires de ce côté-
là, que les Prétendus Réformez s'é-
toient alfemblez à la Rochelle de
leur autorité ôc fins la permiffion du
Roy. Leur dcllein étoit en apparence
de demander juftice a Sa Majefté con-
ue le Duc d'Epernon , qui avoit fana
TomellL l
ïSrr Histoire de Henry
Ton ordre fait une cntrcprife fur la
Rochelle, 3c de prendre des mefures
pour empêcher qu'a l'avenir on ne
tombât dans un pareil inconvénient j
mais en effet ils s'étoient alfemblez
pour demander la réformation du
Gouvernement que les Seigneurs Mé-
contens demandoient de leur côté , ÔC
pour pourvoir à la confervation de
Sedan. Cette entreprife dci Calvinif-
tes embaradoit la Cour au dernier
point : & effed-ivement rien n'étoic
plus capable de faire échouer tous Tes
delîeins ^ mais cette voie , quoique
fort efficace, eût été un peu trop len-
te pour dégager le Duc de Mayenne
fans que le Duc de Bouillon attaquât
l'Armée du Roy. Il crut donc qu'il
faloit prclfer fc3 intrigues du côté de
la Cour , de engager le Roy à fe dé-
clarer hautement' contre le Maréchal
d'Ancre. Il étoit perfuadé qu'une pa-
reille démarche auroit des fuites qui
ruineroicnc tous les deffeins de la
Reine Mère, Se qui tircroient les Sei-
gneurs Méco'itens du danger où ils
fe trouvoient d'être enfin accablez.
La conjondure étoit des plus favo-
râbles. Le Connétable de Montmo-
rency ^ le Duc d'Epernon, ôc le Ma-
i Duc DE Bouillon. Liv. VTII. iBy
jrêchal de Lefdiguieies venoient de
faire une Ligue particulière contre le
Maréchal d'Ancre : tous les Ordies du
Royaume crioicnt contre lui ; le peu-
ple l'avoit en horreur , ôc le Roy lui-
inêine prévenu par de Luines ne
croioit ni la Couronne ni fa vie en
fureté , tant que le Maréchal feroic
en vie. Le Duc de Bouillon bien in-
formé de ces diipo(îtions crut qu'il en
devoit profiter. Il engagea le Cardi-
nal de Guife à preifer de Luines de
porter le Roy à prendre enfin une
rélolution. Ce favori n'avoit pas be-
foin d'ctre iollicité ; il hailloit le Ma-
réchal , il en avoit été menacé , il le
craignoit , & la propre iûreté dcm.an-
doit qu'il le prévint. Mais le R.oy
ennemi des aârions violentes avoit de
la peine à fe réioudrc à perdre le Ma-
réchal. De Luines étoit au dcfclpoir
de cette indétermination du Roy j il
agidoit , il faifoit agir tous ceux oui
avoient du pouvoir lur l'cfprit de Sa
Màjefté ; tant de mouvemens déter-
minèrent enfin le Roy. Il confentit
qu'on le défit du Maréchal d'Ancre.
Sa mort fuivit d'affez près ce fatal
conientemcnt qu'on avoit eu tant de
peine a obtenir du Roy. Il fut tué de
i8S Histoire de Henry
trois coups de piftolet en encrant dans,
le Louvre. C'eft ainfi que finit cet
Homme lî favorisé de la fortune , ÔC
qui difoit lui-même qu'il vouloit é-
prouver juiques où. elle pouvoit por-
ter un particulier j parole qui le ren-
dit fufpeâ: au Roy , & dont fes En-
nemis içûrent bien fe prévaloir. On.
Taccufoit d'une vanité, d'un luxe, d'u-
ne hauteur , ôc d'une infolence infu-
portable. On y ajoûtoit un defir in-
fatiable de s'agrandir & de s'enrichir:
vices à la vérité qui font des Enne-
mis , mais qui ont toujours été infé-
parables de la haute fortune ôc d'une
trop grande profpericé ; ils n'ont ja-
mais fait le caractère iïngulier d'au-
cun Particulier , encore moins d'au-
cune Nation à l'excluiîon des autres j
tout autre en fa place les eût eus.
Car enfin il eft auiïi difficile de trou-
ver des Hommes que les fucccs &: l'é-
lévation ne rendent point infoiens ,
qu'il eft rare d'en voir qui ne fe laif-
fent point abatte par l'infoitune &:
par les difgraces. Le Maréchal d'An-
Memo! cj-e fy^ donc tel que font tous ceux
^," ^^ '^ que la fortune élevé au-dclïus des
Régence i -i -^ J i
de Marx autfcs ; il avoit mcmc de grandes qua-,
i^e^Medi-j-çç2 î c'cft UHQ juftiCC qUC fcs EnUC-
Duc deBouillotî. Liv. VIII. 1S9
niis lui ont rendu. Mais la fortune
fe laifa de le favorifer j c'eft ce qui
le diftingua de bien d'autres qui ne
Yaloient pas mieux que lui , mais donc
la fortune a été plus confiante.
La more du Maréchal d'Ancre chan- ibi !.
gea en un inftant toute la face des af-
faires. Cette nouvelle aïant été por-
tée a Soilfons par un Courrier que le
Cardinal de Guife y envoïa , elle fe
répandit en même temps dans la Ville
&: dans l'Armée. Au(Ti-tôt fans autre
précaution tout le monde mit bas les
Armes ; il n'y eut plus de difFerencc
entre les amis & les ennemis , chacun
fe regarda comme étant du même
parti. Le Duc d'Angoulême même
qui commandoit l'Armée du Roy ,
fut le lendemain dîner dans la Ville.
La même chofe arriva dans les Ar-
mées de Champagne ; il s'y fit ine
réun'on générale, & le Duc de Bouil-
lon qui marchoit droit à Soilîbns pour
en faire lever le Siège , le vit par - là
délivré de l'enças-ement où il le trou-
voit d'attaquer l'Armée du Roy , 5c de
livrer un combat dont le fucccs heu-
reux ou malheureux eût pu lui attirer
bien des affaires qui ne convcnoienc
pas aux deircins qu'il avoit formez j,
Iiij
ipo Histoire de Henry
comme on le verra par la fuite de
cette Hiiloire. Il n'y eut pas julques
à l'Airemblée de la Rochelle que tou-
te l'autorité du Roy n'avoit pu porter
à l'obéiiTimce, qui ne donnât des mar-
ques de la foumifîion en Te féparant :
tant tout le monde écoit peiTuadé que
la mort du Maréchal d'Ancre alloit
rétablir la tranquillité & le bon or-
dre dans l'Etat. Ce qui donna cetce
bonne opinion du Gouvernement du
Roy fut que Villeroy , Jeannin ôc les
anciens Miniftres furent aulîi-tot ra-
pellez j que les Sceaux furent rendus
à du Vair. C'étoit un homme d'un
rare mérite & d'une grande intégrité j
fa réputation l'avoit feule élevé à la
dignité de premier Prcfident de Pro-
vence. Au commencement de l'année
1616. la Régente pour donner bonne
opinion de ion Gouvernement , lui
donna les Sceaux. Elle les lui ôta au
mois de Novembre de la même an-
née. Ils lui furent rendus par le Roy
l'année fuivante au mois de Juin.
Après Con rétabliifement il perdit
beaucoup de fa réputation , il le lailla
gagner par la Cour de Rome , il s'y
livra. Son rétablilfiimenc fut accom-
pagné de la diigrace de la Reine Mère.
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 191
Elle fui éloignée des aftaires , & elle
fe retira de la Cour. C'cft ce que pré-
tendoit le Duc de Bouillon , & peut-
être même qu'à l'égard de la Reine
Mère , il n'eût pas fouhaité qu'on eût
porté les chofes fi loin j mais de Lui-
iics vouloit être le Maître , &c les pré-
tentions de Marie deMedicis ne s'ac-
commodoient pas avec les Tiennes.
Leurs intérêts étoient d'autant plus
incompatibles , que ce favori pour
Tenir a bout de perdre le Ivlarêch.il
d'Ancre, l'avoit mife ii mal dans l'ei-
prit du Roy , qu'elle fe vit obligée de
quitter la Cour , & de le retirer à
Blois,
Le vuide que fon départ fit à la van
Cour, ne dura pas long-temps , il fut *^'7'
bien-tôt plus que rempli par le retour
des Seigneurs mécontens. Peu de jours
après la mort du Maréchal d'Ancre ,
ils convinrent d'envoïer quelqu'un
au Roy , 8c de prier Sa Majefté de
leur permettre de fe rendre auprès
d'elle , fans qu'il fût parlé d'abolitioij
& de traité -, démarche délicate qui
palfa pour imprudente , mais qui ne
lailla pas de réulTir.
Le Duc de Bouillon reprefenta en
vain que c'étoit étrangement rifquer ;
liiij
ï^i Histoire de HenrV
j^e^o;_ il les pria de faire réfl.xion qa'ils à-
res de la voient été déclaiez dans les formes
dcMane crimiiicls de leze-Majefté ; qu'en con-
de Midi- fequence , s'ils ne prenoient pas les
prccaucions néceflaires dans de pareil-
les conjondures , on pourroit bien les
arrêter, ôc travailler enfuite à 1 inf-
truétion de leur procès : que fuppofé
que dans le mouveme;it où étoient
les chofes , le Roy voulût bien nV
pas regarder de Ci près , on pourroit
tôt ou tard faire revivre cette afrai-
re , & qu'au premier mécontente-
ment qu'on auroit d'eux , on Ce croi-
roit en droit de les traiter comme des
Rebelles , toujours chargez du même
crime , puifque le Roy ne leur en a-
Toit point accordé d'abolition iqu'ain-
Il il croioit qu avant que de le livrer a
la Cour , il f.iloit s'attacher à l'obte-
nir j qu'elle étoit d'autant plus né-
celTaire , qu'il ne faloit pas s'imagi-
ner que par la mort du Maréchal d'An-
cre , le Gouvernement en devint beau-»
coup meilleur : qu'au lieu d'un favo-
ri l'on en alloit voir trois ; que leurs
■vues n'iroient pas apparemment au
bien de l'Etat , mais à l'établilfement
de leur fortune particulière j que de
Duc Dî Bouillon. Liv. VIII. 195
Luines 5c Tes deux Frères Brantes Ôc
C;\denet ne feroient pas contens , que
chacun d'eux ne fût auiîi puilîantque
l'avoit été le Maréchal d'Ancre : qu'il
n'y auroit point de Seigneur , de quel-
que rang qu'il fût , qui ne fc vît obli-
gé de leur faire la Cour , &c que les
plus grandes dignitez de l'Etat luffi-
roient à peine à l'ambition des trois
Frères. « Pour moi , continua le Duc
de Bouillon , mon parti eft pris. Com- «
me je n'cfpere plus que le Gouverne- «c
ment devienne meilleur tant que le m
Rov ne fera pas en âçie de g-ouverner «
par lui-même ; comme je ne luis pas «
d'humeur à dépendre éternellement «
des favoris , ou à me commettre avec ce
^ux j dès que j'aurai rendu au Roy ce «
que je lui dois , 8c que j'aurai fait par ce
bienféance quelque iéjour à la Cour > «
je prétends me retirer dans ma Prin- te
cipauté de Sedan , pour ne m'y occu- ce
pcr plus que des affaires de ma Mai- «e
fon , que je n'ai que trop long-temps ce
négligées. Le temps apprendra peut- «c
ctre qu'une pareille retraite ne feroit <«
pas le plus mauvais parti que nous «
pourrions tous prendre ; nous n'en <«
ferions que plus cftiniez Ôc plus confi- «
derez à la Cour, « «
I V
ce
i5?4 Histoire de Henry
Memo^i- Le confeil que donnoic le Duc de
Régence Bouilloii , étoic d'autant plus lage ,
l" Yf\'^ qu'on opina fortement contre les Séi-
de Medi- i • 1 /- r -1 j T) 1
cis. gneurs dans le Conleil du R oy, quand
la demande qu'ils fiifoient à Sa Ma-
jeiléy fut examinée,& qu'a l'égard du
Gouvernement , les chofes s'y payè-
rent à peu près comme leDuc deBouil-
lon l'avoit prévu. Mais ces Seigneurs
comptoient lî fort fur les aiîurances
que de Luines leur donnoit , qu'ils fe
roient les bien-venus à la Cour , & fur
les mefures que le Cardinal de Guife
avoir prifes avec ce Favori , qu'ils ré-
folurent de fe fier au Roy , fans pren-
dre aucune des précautions que la
prudence & leur propre fureté de-
mandoient qu'ils priffcnr. Le Duc de
Bouillon qui s'en tenoit toujours au
parti le plus fur lorfqu'il n'avoit que
fes intérêts à ménager , laifla partir
les plus prelfez , & réiolut de n'aller
à la Cour, que lorfqu'il jugeroit qu'il
y pourroit aller en toute fureté. Il
prit pour prétexte de ce retardement
l'obligation oii il fe trouvoit de con-
gédier les Troupes étran2;eres qui a-
voient ete levées lous ion nom. Il ne
même une tentative du côté de la
Cour pour en obtenir deux cens mille
Duc DE Bouillon. Liv. VIII, 195
livres qu'il faloit leur compter , & oa
les lui eût ?.pparemment accordées ,
Çi les autres Seigneurs du parti avoient
fait paroître auiïï pcud'cmprellement
que lui de retourner à la Cour. Mais
comme ils s'y livroient eux-mêmes
fans exiger aucune condition,leRoy fe
prévalut de leur impatience , &c rcfu-
fa abfol'jment de contribuer au paye-
ment de leurs Troupes. Il faluc donc
cjue les Seigneurs les paialfent du leur.
L'on n'entendit plus parler de cette
affaire , ëc les Etrangers furent con-
gédiez fans faire aucun deiordre.
Le premier des Seigneurs mécon-
tens qui retourna à la Cour, fut le
Duc de Vendôme. De Luines qui a-
voit delfcin d'époufer la foeur , Fille
naturelle du feu Roy , fit paifer au
Confeil que le Duc reviendroit à la
Cour , fans faire aucune fatisfadion
publique à Sa Majefté , & fans atten-
dre qu'elle eût donné une Déclaration
en faveur des Seigneurs mécontens ,
&de ceux qui avoient fuivileur parti.
L'accommodement particulier duDuc
de Vendôme fut comme la règle Se le
modèle de celui des autres Seigneurs.
De Luines fit encore paffer dans le
Confeil du Roy , que les Ducs de
Ivj
i9<3 Histoire de Henry
Reia- Mayenne, de Bouillon , de Nevers,^
tion lie o l' • ■ ^ t
la mort ^ ^^^ ^utrcs pourroicnt revenir a Ja
|Jn Ma- Cour , & qu'ils y feroient cous égale-
d'Aucti. iTienc bien traitez félon la diftindion
de leur nailîance Se du rang qu'ils a-
voient coutume d'y occuper. En con-
fequence de cette réfolution du Con-
feiljtous les Seigneurs mécontens à la
réferve du Duc de Bouillon revinrent
à la Cour , ëc furent fort bien reçus
du Roy. Ce bon accueil ne conten-
toit point le Duc de Bouillon ; il preC
foit toujours les Seigneurs d'obtenir
une Déclaration du Roy qui les mît
à couvert des recherches qu'on pour-
roit faire à l'avenir fur ce qui s'étoit
palfé. Ils l'obtinrent enfin , elle fut
vérifiée au Parlement le ii. de May
ï6i-j. Elle portoit en termes exprès
que le Roy mieux informé des véri-
tables deifeins des Seigneurs mécon-
tens , & fatisfait de leurs foumifîîons
révoquoit les Déclarations précéden-
tes données contre-eux , ôc les réta-
bliifoit dans les biens , honneurs &
dignitez , dont ils jouiffoient aupara-
vant. Dès que cette Déclaration eue
été vérifiée , le Duc de Bouillon qui
paroiflbit n'avoir retardé fon retour à
la Cour 3 que parce qu'il ccoit occupé
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. îe;y
au licenciment des Troupes étrangè-
res , fe rendit auprès du Roy qui lui
fit tout le bon accueil qu'il eût pu fou-
haiter. Il futfuivi de près par les Dé-
putez de rAiremblée de la Rochelle,
qui vinrent faire leurs foumiiîîons au
Roy , ôc TaiFurer qu'elle s'étoit fépa-
rée luivant Tes ordres.
Tout étant ainfi pacifié , le Duc de
Bouillon qui n'aimoit pas les Favoris ,
& qui n'avoit jamais pu s'en accom-
moder , reprefenta aux Seigneurs li-
guez à l'occafion de l'emprifonne-
ment du Prince de Condé , qu'il fa-
loit au moins par bienféanee foUiciter
fa liberté. C'eft à quoi ils n^avoiens
pas pensé ; mais ils convinrent qu'on
ne pouvoir pas s'en difpenfer. L'on
fit donc tout ce que l'on put pour l'ob-
tenir ; le Roy donna de bonnes paro-
les , mais de Luines qui vouloit éta-
blir fon pouvoir , s'y oppofa fous
main, &c rendit inutiles toutes les fol-
licitations que l'on fit en faveur du
Prince. Ce coup de crédit fit juger au
Duc de Boiiillon , que de Luines por-
teroit fon autorité encore plus loin
que le Maréchal d'Ancre ; & comme
il étoit perfuadé que le rec^ne abfolu
des Favoris eft la ruine d'un Etat ,
ïcfB Histoire de Henry
parce que ce n'eft pas Ion bien qu'ils
ont en vue , mais qu'ils rapportent
tout à leurs intérêts particuliers , ce
lui fut un nouveau motif de quitter
la Cour pour n'y plus revenir. Com-
me il étoit occupé de l'exécution de
ce dcirein , il fut entièrement déter-
miné à ne la plus différer par l'évé-
nement que l'on va raconter.
Un Gentilhomme Servant de la
iÎ!T°'' Maiion du Roy, nommé Gignier , qui
©aage- avoit uu grand accès auprès du Duc
^'" de Vendôme , dans le deflein d'avan-
cer fa fortwne en fe procurant des liai-
fons étroites avec de Luines , s'avifa
de lui faire confidence qu'il avoit dé-
couvert une des plus grandes confpi-
rations qui fe fût jamais formée en
France contre le Roy, contre l'Etat,
ôc contre de Luines lui-même. Le Fa-
vori efFraïé le prelTe , ôc lui promet de
grandes récompenfes pour l'engager
à lui dire tout ce qu'il fçavoit de ce
furieux projet. Gignier paroît fe ren-
dre aux inftances de de Luines , Se lui
déclare qu'on avoit réfolu de fe défai-
re de lui , de fe failîr de la perfonne
du Roy , de l'obliger à mettre en li-
berté le Prince de Condé , à rappeller
la Reine Mère , & de lui rendre fa
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 199
première autorité. Que il le Roy fai-
foit la moindre réiîftance , la réfolu-
tion étoit prife de fe défaire de lui ,
& d'élever fur le Tronc le Duc d'An-
jou pour qui la Reine Mère avoic
beaucoup plus de tendrelle que pour
le Roy. Voila ce que le propoloient
les Conjurez félon Gignier. Il fut
queftion de les nommer , de Gignier
n''he(îta point à déclarer que c'étoit le
Cardinal de Guife, les Ducs de Ven-
dôme , de Nevers , de Longueville,
de Mayenne , de Chevreufe , & de
Boiiillon. Il y ajouta encore le Mar-
quis de Coeuvres , le Préfident le Jay ,
êc plufieurs autres. Ces Seigneurs é-
toienr amis , 8c fe trouvoient tous les
jours enfemblc ou pour parler de leurs
affaires , ou pour des parties de plai-
fir. Cette circonftance fit que de Lui-
nes qui fçavoit leur liailon , ôc k qui
même elle étoit fufpede, trouva de la
vrai-femblance à ce que diloit Gi-
.gnier , & réfoïut d'approfondir cette
affaire.
Pour y réuiïîr il s'en ouvrit à Dea- ibij,
géant ( qui raconte dans fes Mémoi,
res cette prétendue confpiration ) &
le chargea de ne rien oublier pour en
découvrir la vérité. Dcageant avoue
aoo Histoire de Henry
lui-même que quoiqu'il fe défiât de
Gignier , il trouva de la vrai-lem-
blance au prétendu projet de la conf-
piration. Ce qu'il en dit à de Luines
redoubla fes allarmes & Tes précau-
tions. Il met des perlonnes de confian-
ce auprès du Roy pour veiller à la fu-
reté de fa perfonne j il fait obferver
tous ceux qni l'approchent -, en un
mot il prend tant de précautions , que
que les Seigneurs accufez par Gignief
s'appcrçoivcnt qu'on fe défie d'eux ,
mais fans pouvoir feulement s'imagi-
ner ce qui avoit pu y donner occafion.
Le Duc de Vendôme fut le premier
qui foupçonna Gignier j plus il exa-
mine fes allures , plus il lui devient
fufped: : il l'obferve, il le fait obfer-
ver -, enfin il découvre fes conférences
fecrettes & fréquentes avec de Lui nés
êc Deageant. Sur cet indice le Duc
de Vendôme va trouver de Luines 5 il
lui dit fans décour qu'il a de fortes
raifons de croire que Gignier lui rend
de mauvais offices , il le preffe de lui
dire ce qui en eft , il offre de fe re-
mettre entre les mains du Roy , il
demande qu'on faife arrêter Gignier ,
Se qu'on le lui confronte. L'alllirance
avec laquelle le Duc de Vendôme
Duc Dï BouiLiON. Liv. "Vni. ici
parloit , augmenta le foupçon qu'a-
voienc de Luines & Deagcant , que
Gignier pourroit bien être un fourbe ;
& comme de Luines en particulier
n'étoit pas capable de garder un fecret,
il découvre au Duc de Vendôme tout
ce que Gignier lui avoit dit de la pré-
tendue confpiration. Le Duc de Ven-
dôme étonné d'une calomnie Ci atroce,
6c qui n'avoit pas le moindre fonde-
tiK-iit , demande avec inftance que Gi-
gnier foit arrêté. On Tarrête , il eft
mis en prifon j au premier interroga-
toire il Te coupe; on le preil'e, il avoue
toute la fourbe , il e(i condamné à la
mort , & le Roy convaincu de l'in-
nocence des accufez quitte Tes foup-
çons , & reprend avec eux fa premiè-
re manière d'agir.
Le Duc de Bouillon qui étoit un
des accufez , ne lailfa pas de faire de
profondes réflexions fur une avanture
aufîî extraordinaire , ôc qui a aufîî peu
d'exemples , que celle qu'on vient de
raconter. L'accufation de Gignier lui
parut fî mal concertée , ôc tout fon
projet lui fembla fi extravagant ( à le
prendre piécisément comme de Lui-
nes de Deageant leracontoient ) qu'il
yfoupçonna du myfteie. Il crut que
101 Histoire de Henry
cette accufation pouvoit venir de plus
haut, & que Gignier avoit été poulfé ,
par une main qui n'avoit pas été alfez
habile pour conduire fon projet juf-
que où il pouvoit aller. En effet il
ii'eft pas vrai-femblable qu'un Gentil-
homme comme Gignier qui ne man-
quoit pas d'efprit , eût pu s'imaginer
qu'on perdroit tant de grands Sei-
gneurs fur fon feul témoignage, ou
fur quelques vrai-femblances qui dif-
paroilTent dès qu'on les examine avec
un peu d'attention 5 ou que fans les
perdre, & fans prouver une accufa-
tion li importance, on lui donneroit
les récompenlcs qu'il avoit prétendu ^
& qui n'alloient à rien moins qu'à
cent mille écus comptant , &au Gou-
vernement d'une des meilleures Pla-
Msmoi- ces du Royaume. Dans la vérité ce
dL- ^ projet paroît ridicule j mais foit qu'il
géant, vint de plus loin , ou qu'il n'eût point
d'autre auteur queGignier,cette avan-
ture confirma le Duc de Bouillon dans
le delfein où il étoit de quitter la Cour
& de fe retirer à Sedan, Il le fit agréer
au Roy : mais avant que de partir , il
obtint de Sa Majefté la neutralité pour
les Villes & les Terres qu'il avoit en
Fnwice , au cas qu'elle fe crût obligée
Duc DE BoUIILON.LlV.VITI. 1©5
de faire la guerre à Tes Sujets Calvi-
niftes , c'eft-à-dire qu'il cionneroit or-
dre qu'ils ne pourroient s'en prévaloir
contre le Roy , Sz que Sa Majefté ne
les feroit point attaquer , & ne s'en
faifiroit point. Le cas que le Duc de
BoUillon avoit prévu , arriva ; les
Guerres lurvinrent, Tes Terres furent
conlcrvées. Il n'y eut que Ncgrepe-
lilfe qui fut entièrement détruite pour
s'être opposée aux armes du Roy , 6c
pour ne s'en être pas tenue au Traité
où le Duc de BoUillon l'avoir corn-
prife.
Le Duc de Bouillon retiré à Se- vm
dan ne fongeoit qu'à embellir la Vil-
le , & à la rendre fameufe en y éta-
bliirant une Académie qui y attirât la
jeune Noblefle Proteftante d'Allema-
gne, de France , & des Païs-Bas. Il
avoit deilein d'y joindre une Biblio-
thèque confidérable par le nombre 8c
la qualité des livres dont il prétendoit
la former , lorfqu'il furvint deux gran-
des îifFaires , l'une en Allemagne,
l'autre en France , aufquclles il crue
devoir donner fon attention. La pre-
mière rea:ardoit les troubles de Bohe-
me qui commencèrent cette année.
La féconde regardoic Marie de Medi-
l6iS,
3.04 Histoire ce Henry
cis qui avoir été obligée de fe retirer
à Blois après la mort du Maréchal
d'Ancre. Il prit part à la première de
fon propre mouvement , & dans la
"vûë du grand defl'ein qu'il exécuta dé-
puis , Se dont il fît dès-lors le projet.
Il s'interelfa à la féconde par les iolli-
citations qu'on lui en fit , & peut-être
par le motif d'abaiirerlc Duc de Lui-
nes dont il n'étoit pas content, ôc dont
la fortune donnoit de la jaloufie aux
plus grands Seigneurs de France. L'on
commencera par ce qui regarde Marie
de Medicis , parce que l'ordre dei
temps le demande ainîi , èc qu'en ef-
fet le Duc de Bouillon ne s'engagea
dans les affaires de Boliemc, qu'après
avoir pris part à celles de la Reine
Mère, quoiqu'il eût déjà prévu l'inte-
lèc qu'il pourroit prendre à ce qui fe
pafl'oit en Bohême.
Il n'y arien dont on s'accommode
moins que de la retraite , quand on
ne s'eft pas fait une habitude de vivre
avec loi - même , &: de fe palfer du
commerce des autres. Marie de Me-
dicis l'éprouvoit à Blois ; accoutumée
aux intriojues & aux agitations de la
Cour , elle regardoit la vie qu'elle
oienoit depuis qu'elle l'avoit quittée.
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. lo^
comme une vie ennuieufe Se languif-
fante ; elle penfoit fans ceire aux
moïcns de recouvrer l'autorité qu'elle
avoic perdue : mais en bien des choies
elle ne pouvoit pas agir par elle-mê-
me, ôc à qui fe fier d'un pareil delTein !
De tant de gens dont Marie de Me-
dicis avoir fait ou foûtenu la fortune,
il n'y eut que l'Abbé de Rucellai Flo-
rentin qui eut le courage d'expofer
fes biens Se fa vie pour tirer cette
Princelfe de la captivité où elle pré-
tendoit être. Il étoit l'homme du
monde dont on fe fût le moins défié
pour l'exécution d'un iî grand delfein.
Il avoit fait en France une fortune a.C-
fez confiderable par l'appui que le
Maréchal d'Ancre fon compatriote
lui avoit donné. Il jouilFoit de foixan-
te mille livres de rente , tant en pa-
trimoine qu'en bénéfices , mais il en
faifoit l'ufage qu'en font la plupart
des Gens de Cour. Il aimoit les plai- vie d»
fîrs Se la magnificence : c'étoit un des °"f *^'^'
1 1 TJ J r perron.
plus voluptueux Hommes de Ion Liv.vii.
temps , peu propre par confequent à
concevoir de grands projets , moins
propre encore à les exécuter. Deux
pafïions qui tendoient par rapport à
lui a la même fin , l'ambition Se la
i.o5 Histoire de Henry
vangeance eurent la force de tirer cet
Homme plongé dans les plaifirs,de la
molle oifiveté à laquelle il s'étoit a-
bandonné. Le defir de s'élever le fie
penfer à vanger la mort du Maréchal
a'Ancre fon protecteur , en travail-
lant à la ruine du Duc de Luines qui
palToit pour en être lacaufe principa-
le. Il crut enfuite que le plus sûr moïen
pour perdre ce favori , confiftoit à ren-
dre à Marie deMedicis fa première au-
torité,Que n'endevoit-il point atten-
dre après un fi grand fervice ? Eût-elle
manque a vanger la mort d un Hom-
me qui avoiteu toute fa confiance, fur
tout fi elle en écoitfoUicitée par celui-
là même qui Tauroit mife en état de
perdre Tauteur de fa difgrace & de
celle de fon Favori ?
Rucellai entêté de ce double defîein
fuivit la Reine Mère à Blois ; dès
qu'elle y fut arrivée , il s'occupa jour
éc nuit àcherclier les moïens de l'en
tirer. Il fuppofa d'abord qu'il avoit
befoin d'un Chef pour cette cntrepri-
fe ; qu'il faloit que ce Chef fût un
des plus grands Seigneurs de France,
& qu'il eût d'ailleurs toutes les qua-
litez qui pouvoient le rendre capable
de formcr^d'éxécuter Ôc de foucenir uii
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 207
grand detrein. Tout ce qu'il y avoit
de plus confiderable dans le Royaume
lui palla alors par l'eiprit ; enfin il s'ar-
rêta au Duc de Bouillon , &c réiolut
d'aller à Sedan négocier avec lui la
délivrance de la Reine Mère , &c fon
récabliirement dans fa première auto-
rité. Dequoi les grandes paiïions ne
rendent-elles point les Hommes ca-
pables î Rucellai cet homme fi déli-
cat qui ne pouvoit fouffir ni le feraiii
ni la moindre intempérie de l'air ,
comme s'il eût été changé en un autre
homme, voiage jour &z nuit dans les
Hiilons les plus fàcheufcs ; la lanté
devient à l'épreuve des plus grandes
fatigues.
Rucellai fous prétexte d'aller régler
les affaires de fon Abbaie de Signi ,
part de Blois , s'arrête quelque temps
en Champagne dans fon Abbaie , de-
là il fe rend à Sedan. Le Duc de
Bouillon fut fort furpris de voir Ru-
cellai qu'il connoidoit pour un hom-
me tout dévoilé à la Reine Mère ;
mais il le fut bien davantage lorfque
Rucellai après lui avoir demandé le
fecret , lui fit la propohtion de la cirer
de Blois , de la recevoir a Sedan , &
de la rétablir dans fa première auto-.
tôt Histoire de Henry
rite. Il lui reprefenta eiifuite la gloire
de l'entreprife , piiifqu'il ne s'agifToit
de rien moins que de tirer le Roy , la
ReineMere,&le Prince de Condé,(qui
étoit toujours en prifon ) l'opprefiion
de dcLuines qui ne penfoit qu'à établir
fa fortune ôc celle de fes Frères , fans
fe mettre en peine du bien de l'Etat.
** >» Je fçai , lui dit-il , que vous n'avez
•• pas lieu d'être content de ce Favori j
*• tous les grands Seigneurs ne le font
** pas plus que vous j ils n'attendent
*' qu'un exemple comme le vôtre pour
*» fe déclarer. Le parti Calvinifte efl: en
** mouvement fur les affaires de Bearn ;
*• vous y pouvez tout ^ il ne tient qu'à
*» vous de le faire déclarer. Le Duc de
*» Rohan brouillé avec de Luines agit
'* ouvertement pour la Reine Mère ;
*» bien loin de vous traverfer , il vous
*' fécondera. J'ai des intelligences avec
*' le Maréchal de Lefdiguieres qui prcn-
*' dra le même parti. Toutes les créa-
*» tures de la Reine Mère qui font en
»» grand nombre , n'attendent qu'un
»» mouvement pour agir en fa faveur ;
» elle compte fur vôtre affedion , vous
»» êtes l'homme du monde le plus en
M état de la iervir , 5c à qui elle fouhai-
•• teroit le plus d'être redevable de fa
liberté»
DtJc DE Bouillon. Liv. VIIÎ. 105
liberté. Au refte elle ne met point «c
de bornes à fa reconnoiiîance j vous «
n'avez qu'à dire ce que vous fouhai- c«
tez: j'ai un plein pouvoir d'elle de tout «
accorder. « Rucellai ajouta que la Rei-
ne Mère avoit de l'argent &c des pier-
reries , & qu elle ne leroit pomt a
charge à ceux qui prendroient foji
parti.
La propofition étoit fpécieufe , &c
peut-être que dans un autre temps le
Duc de BoUillon n'eut pas fait diffi-
culté de l'accepter. Mais foit qu'il ne
fût pas content de la Reine Mère ; foit
qu'il prévît que le delTein qu'on lui
propofoit , ne réufTiroit pas , & qu'un
accommodement feint ou véritable
romproit toutes les meiures qu'on au-
roit prifes j ou qu'il fût perfuadé que
les affaires deBoheme lui donncroienc '•
aifez d'occupation , & qu'il fût réfo- ^
lu de s'y livrer tout entier j il répon- ■
dit à Rucellai, que la Reine lui failoit
beaucoup d'honneur de le choifir pour
lui procurer fa liberté ; que perfonne
ne la fouhaitoit plus ardemment que
lui î mais qu'il n'avoit pas quitté la
Cour de France pour fe rengager dans
fes intrigues ; qu'il devenoit vieux ôc
incommodé j qu'il écoit temps de bor^
2.10 Histoire di Henry
ner fa fortune & fcs defirs , & de fon-
ger à l'éducation de fcs enfans j que
cependant pour témoigner à la Reine
Mère le zèle qu'il avoit pour fon
fervice , il lui donneroit un confeil qui
produiroit tout ce qu'elle avoit atten-
du de lui : c'étoit de s'adreiFer au Duc
d'Epernon ; qu'il étoit l'homme du
monde le plus propre à bien fervic
" la Reine. « Il a , continua le Duc de
»> Bouillon , de belles charges ôc de
*» grands gouvernemens j il a du cou-
" rage , il eft riche , puilTant , entrepre-
*' nant. Ses trois fils n'ont pas moins
»' d'ambition que lui j ils aideront vo-
>' lontiers leur père. De plus le Duc
" d'Epernon a des Places confiderables
" dans le cœur du Royaume & fur la
»' Frontière. En un mot le voila broUil-
»» lé ouvertement avec de Luines. Le
" dépit de fe voir méprisé de la Cour ,
»' l'elperance d'abailîer un Favori qu'il
»» n eftime pas , le defir d'acquérir de la
>' gloire , & de fe faire rechercher , font
" des motifs capables de déterminer uii
»» homme comme lui , qui a de la fierté
*» & du courage. Adrelfcz vous donc à
»' lui , c'eft le meilleur confeil que je
« vous puide donner pour le lervice de
** la Reine Mère. «
Duc DE Bouillon. IJv. VIII. ut
Le Duc de Bouillon en donnanc
ce confeil avoit apparemment plus-
d'une vue ; il faifoit paroi cre de la
générolîté à l'égard d'une Reine dont
il n'avoic pas lieu d'être content j il ne
commettoit ni fa fortune,ni celle de Tes
enfans. De quelque manière que la
chofe tournât , le Duc y trouvoit fou
compte. Le fucccs de rentrcprilc
abailFoit un favori qu'il n'aimoit pas j
il avoit l'honneur & le mérite de l'ou-
verture du projet ; ôc fi le part ide la
Reine Mère avoit du delîbus , il avoic
la fatisfaâiion de voir la grande for-
tune du Duc d'Epernon qui avoit tou-
jours été dans des partis oppofez au
flen , ou entièrement ruinée , ou du
moins fort diminuée.
Rucellai fut également furpris Se
mortifié du refus que lui faifoit le Duc
de BoUillon , d'être le Chef de l'entre-
prife ; mais il avoiia qu'après lui , le
Duc d'Epernon étoit l'homme le plus
propre à fervir la Reine Mère. Ce-
pendant deux difficultcz s'oppofoient
a cette négociation. Le Duc d'Eper-
non étoit mécontent au dernier point
de Marie de Medicis : après avoir re-
çu de lui les plus fignalez feïvices ,
elle l'avoic facrifié au Prince 4e Con*.
Kij
2.11 Histoire de Henry
dé & au Maréchal d'Ancre. Cette dif-
ficulté étoit iuivie d'une autre. Ru-
cellai lui-même pour une affaire per-
fonnelle étoit extrêmement brouillé
avec le Duc d'Epernon. Le Duc de
Bouillon applanit ces deux difïicultezj
en confeillant à Rucellai de s'adrelFer
à l'Archevêque de Touioufe qui fut
" depuis leCardinal de la Valette."Il ne
« cherche, lui dic-il , qu'à fe vanger de
» de Luines qui vient de procurer à
" l'Archevêque de Paris le Chapeau de
" Cardinal qu'on lui avoit promis: il n'y
*' a rien qu'il ne faife pour le mortifier.
" Il vous reconciliera avec fon père , de
" comme il a beaucoup de pouvoir fur
*' fon elprit , il lèvera toutes les diiïî-
" cuhez que vous prévoïez du côté de
»* la Reine Mère. »>
Rucellai fuivit le confeil du Duc
de Bouillon ; il partit de Sedan pour
aller à Metz ou. le Duc d'Epernon &c
l'Archevêque de Touioufe étoient a-
lors. Mais avant fon départ , il fît
agréer au Duc de Bouillon , qu'il le
réconciliât avec le Duc d'Epernon,
& tira parole de lui qu'il favoriferoit
Tentreprife , s'il pouvoir obtenir du
Duc d'Epernon qu'il fe déclarât pour
la Reinç Mçie. Avant que de fe rea-.
T>t5c DE Bouillon. Liv. VIIÏ. 21$
dre à Metz , Rucellai palTa par Join-
viile , il s'y aboucha avec le Cardinal
de Guiie,& l'engagea dans le parti
cle la Reine Mère.
Lorfque Rucellai fut arrivé à Metz,
il y trouva toutes les facilitez qu'il
f ouvoit fouhaiter de la part de l'Ar-
chevêque deTouloufe.- Il n'en fut pas
de même du Duc d'Epernon ; il ne
voulut d'abord ni entendre parler de
la Reine Merc , ni foufFrir que Ru-
cellai fe prefentât devant lui. Enfin
l'Archevêque de Touloule ôc Tes deux
Frères lui firent tant d'inftances , qu'il
confentit à voir Rucellai. L'habile
Italien non feulement fe fit écouter,
mais il fe conduiiît avec tant de dex-
térité , que le Duc d'Epernon revenu
de fes préventions prit une entière
confiance en lui. Alors Rucellai don-
na fes premiers foins à le reconcilier
avec le Duc de Boliillon. Enfuite il
l'engagea dans les intérêts delà Reine
Mère , & le fit réfoudre à la tirer de
Blois. Enfin il ménagea fi-bien tou*
tes chofes , que le Cardinal de Guife
& 1-es Ducs de Bouillon & d'Epernon
convmrent de lever une Armée de
douze mille Ho^mmes de pied & de
Êîois mille Chevaux. Ce corps étoic
Knj
414 Histoire de Henry
«ïeftiné à fliire une diverfion en Cham-
pagne, en cas que le Roy fît marcher
toutes fes Troupes vers Angoulême ,
«ù l'on écoit convenu que la Reine
Mère fe retireroit à la fortie de Blois.
il devoit encore fervir à donner du
.fecours au Marquis de la Valette , fi
<le Luines entreprenoit de le chaiîer
^e Metz, pendant que le Duc d'Eper-
«on Ton père feroit occupé à la défen-
fe de la Reine Mère. Dès que ce Trai-
té eut été conclu , Marie de Medicis
lit remettre deux cens mille écus à
Metz j la plus p;rande partie fut don-
4iée au Duc d'Epernon , le refte fut
partagé entre le Duc de Bouillon &
le Cardinal de Guife , pour commen-
cer la levée de l'Armée defcinée pour
la Champagne. Toutes ces intrigues
jdurerent jufques à la fin de Tannée
1618. Cen'efc pas que le Duc d'Eper-
oion n'eût réfolu d'exécuter fon projet
^ 4iu mois d'Aouil , mais il furvmt tant
^e difficultez , qu'il ne put fortir de
Metz qu'au commencement de l'an-
née luivante.
j^._^„ On ne s'arrêtera point à raconter
»-6i^. toutes les mcfures qu'il prit pour tirer
la Reine Mère de Blois , & pour la
conduire à Angoulême , capitale de
Duc DE Bouillon. Liv. VIÎI. 115
fon Gouvernement d'Angoumois ,
parce que le Duc de Bouillon n'y a
point de part. On dira feulement que
lorfque la Cour apprit l'exécution de
ce projet , elle fut avertie en même-
temps que les Ducs de Boiiillon ôc
d'Epernon brouillez depuis fi long-
temps s'étoient reconciliez. Cela fit
craindre au Roy, que le Duc de Bouil-
lon n'eût pris des engagemens avec
la Reine Mère , ôc qu'il ne fe déclarât
pour elle , quand il le verroit occupé
^u côté de i'Angoumois. Sa Majefté
pour s'en éclaircir & le faire expli-
quer, lui envoïa un Exprès pour lui
demander les avis fur l'état prefent
des affaires du Royaume.
Le Duc de Bouillon s'apperçut du
piège qu'on lui tendoit, il fe garda
lîien d'y donner. Il répondit au Roy nioiie
en termes généraux oc avec toute la ^^^ i-.4.
réferve imaginable , que puifqu'il lui
faifoit l'honneur de lui demander fon
fentiment , il lui confeilloit de fe ré-
concilier avec la Reine fa Mère , d'é-
couter les avis qu'elle avoir à lui don-
ner; qu'elle avoir gouverné affcz long-
temps pour lui en pouvoir donner
d'utiles ; qu'il faloit éviter fur toutes
chofes la Guerre-civile , veiller à l'ob-
Kiiij
Vlttoii»
Siri ine-
lïë HisTorRE DB Henry
fervation des Loix du Royaume , or-
donner que les Edits de pacification
fulTent exadbement obfervez , & répa-
rer les infradlions qu'on y avoit fai-
tes. Le Duc de Bouillon ajoûtoit que
le plus sûr moïen pour établir la paix
& le bon ordre dans le Royaume,
étoit d'ôter tous les fujets de jaloufie
ôc de défiance , de diftribuer les hon-
neurs ôc les emplois à des perfonnes
choifies , &c qui fulfent capables de
s'en acquitter ; qu'enfin il ne faloit
point écouter certaines gens qui ne
pcnfent point au bien public , qui
n'ont en. vue que leurs intérêts & qui
n'ofFrent leurs fervices que pour avoir
cccafion de faire du mal dont (dit-il )
jI y a bon nombre dans le Royaume
& à la Cour.
Ces avis du Duc de Bouillon étoient
dignes de /a prudence & de la grande
experierce qu'il avoit acquife dans le
manimcr.t des affaires. Mais outre
qu'ils n'étoJent pas tous du goût de
la Cour , elle eût fouhairé qu'il fe fût
expliqué en termes moins généraux ,
ôc c'eft.ce qu'il ne crut pas à propos de
faire. Au fond , le Duc de Bouillon
rebuté de riiiconftance &; des man-
qusmens de parole de Marie de Me-
i)vc BÊ Bouillon. Liv. V III. 11*7
dicis n'avoit pas deflein de s'engager
fort avant dans Tes intérêts j mais
tomme il ne f^^avoic pas lequel des
deux partis auioit enfin le deiFus , il
îie crut pas auffi qu'il lui convint de
5"'expliquer plus clairement.
Cependant de Luines qui vouloii
établir fon autorité , ne parloitque de
lever des Troupes , ôc de porter tou--
tes choies à l'extrémité^ mais enfin
l'on fit comprendre au Roy , qu'il ne
convenoit point à un Fils de parokre'
armé contre fa Mère fans avoir au
moins auparavant tenté toutes! les
voies d'accommodement. L'affaire de
k\ Reine îvlere fut donc tournée en
négociation , mais les efprits étoient
û aigris de part & d'autre , qu'on eut
toutes les peines du monde à conve-
nir. On s'accorda pourtant à la fin,
'ôc cet accommodement tira le Duc d£
Bouillon de l'engagement qu'il avoit
pris touchant l'Armée de Champagi-jc
■qu'il s'étoit chargé de lever. Mais
il étoit aisé de juger qu'un accommo-
dement conclu avec tant de répu-
gnance de la pn r. du Roy de de celle
de la Reine Mei :: , ne feroit pas de
longue durée. Dt: nouvelles brouille--
..|àes fur vinrent , on arma de parc &-
K V
2iS Histoire de Henry
d'autre , 6c l'on fe prépara à une guer^
re ouverte.
î/cmoi- Le Marêch.il de BalFompierre ra-
B^Hibin conte à cette occafion , qu'étant allé
p-eire. en Champagne pour y lever des
Troupes pour le fervice du Roy ,
un Gentilhomme Huguenot nommé
Defpenfe l'y vint trouver de la parc
du Duc de Bouillon ; qu'il lui de-
manda s'il pouvoit lui parler en sûre-
té ; que lui aiant répondu qu'il le pou-
voit faire , & qu'il lui en donnoit Ta
parole : ce Gentilhomme lui dit que
le Duc de Bouillon l'envoïoit exprès
<le Sedan , pour lui dire qu'il avoir
appris Tordre qu'il avoitreçû du Roy,
d'alFembler des Troupes & de les fai-
re marcher en diligence ; que le Duc
fçavoit aufîî les mouvemens qu'il iè
donnoit pour exécuter l'Ordre du
Roy j qu'il les avoir approuvez Se
loiiez -, qu'il avoir pourtant chaTge
éa Duc de Boiiillonde lui reprefenter
a cette occafion , qu'il s'étonnoit des
grandes diligences qu'il faifoit , ÔC
^u'il ne pouvoit pas comprendre de
-quelle animofité il étoit pouffé contre
la Reine Mère , ou quelles fi grandes
«obligations il pouvoit avoir à Mon-
iieur ie Liùnes^ pour agir avec tajiç
Duc TB BoviLLON. Liv. VIII. 219
-^e zèle & d'enipreirement pour ion
fervice j qu'il ne s'agillbit dans la
Guerre prcfcnte , ni des intérêts du
Roy ni de ceux de TEtat , mais fcu-
icment de fçavoir fî run & l'autre fe-
roient gouvernez par la Reine Mère
-qui avoir eu fi long-temps Tadminif-.
tration des affaires , ou par trois nou-
veaux venus qui n'entendoient xieii
au Gouvernement d'un Royaume,
6>c qui cependant s'étoient laifis de
l'autorité &: de la perfonne du Roy
^ui n'étoit pas encore en âge de bien
juger de ce qui convenoit à [es vcri-
-tables intérêts. Que le Duc de Boliil-
-lon louoit la rilolution que Bairom-
"pierre avoir prife de fe tenir toujours
,au gros de Tarbre , de iuivre non le
iparti le meilleur ôc le plus jufte , mais
«celui où la perfonne du Roy , le Sceau
/& la Cire le rencontroient. Que ce-
-pendant le Duc de Bouillon ne com-
prenoit pas ce qui pouvoir le porter
à agir avec tant d'ardeur , d'aller au-
^ela des Ordres du Roy , d'emploïer
unième fon bien pour des gens qui
"^a'ioient d'ingratitude la Reine Merc
leur première bien-faitrice 6c leurs
amis , & qui l'en païeroient lui-mê-
"jaae) qucn agiflant de la forte fans
Kvj
iio Histoire b i Henry
Ordre du Roy il ruinoit le parti de îa?-
Reine , femme du feu Roy qui ravoit:
tant aimé , 8c de laquelle il tenoit une-
des plus belles charges du Royaume.
Que tous les loins qu'il prenoit , n'a-
boutiroient qu'à fe faire marcher fur
la tête par des gens qui ne le valoi^nt
pas j qu'ils le mépriferoient enfin, 8c
le ruineroient , parce que ceux qui
dévoient tout à la fortune jfe décla-
roient tôt ou tard contre un mérite
dont l'éclat ne ferv-oi: qu'à les effacer.
Le Gentilhomme ajouta , que ce-
pendant comme le Duc de Boliillon
n'écoit pas d'un caradlere à lui faire
-des propofîtions qu'il ne pût accepter
avec honneur , la Reine Mère fa bien-
faitrice ne. demandoit point qu'il ie
-déclarât pour elle , & qu'il fît rien>
qa'il ciÛE être contre fon devoir j-
■qu'elle fouhaitoit feulement de lui,
qu'il ne témoignât point tant de paf-
fion de d'animoficé contre-elle j qu'il
ie contentât dé mener au Roy les
Tioupes qu'il avoit levées en l'état
qu'elles étoient ; qu'il ne fe piquât
pas de les augmenter à fes dépens , &
flu-il retardât feulement fa marche
4e trois femaines , ce qu'il pouvoit-
ikire fans fcrupule, puifque les Or-.-
Dire deBoVîiion. Lîv. TIIT. nr
dres du Roy ne portoient pas qu'il ie
rendît plutôt auprès de lui , ôc que Sa
Majeftc ne l'actendoit pas plutôt. Que
s'il vouloit accorder ces trois chofes
à la Reine Mère , le Duc de Bouillon
lui fcroit caution de cent mille écus ;
qu'on les lui feroit tenir par-tout où
il voudroit, fans que jamais perfonnc
en eût connoilïànce , & qu'il avoit
charge du Duc de Boiiillon de lui paC--
fer en fon nom toutes les obligations,
êc de lui donner toutes les sûretez
qu'il pourroit fouhaiter.-
BalFompierre ajoute qu'il répondit
à Defpenle , qu'il n'avoit garde de fc
iîer à fa parole , puifqu'il lui avoic
demandé sûreté pour lui parler fa/i-
^hewent , & qu'il lui avoit parlé yV-
di-Moirmcnt \ qu'il ne croïoit pas que
le Duc de Boiiiîlon le connût alTez
peu pour pcnfer que l'interct fût ca-
pable de le faire manquer à fon de-
voir j qu'il n*avoit point d'animofîté
contre 1 1 Reine Mère , mais beaucoup
de palîionde bien fetvir le Roy j qu.'à^
près Sa Majefté perfonne n'écoit plus
que lui fei vitcur de la Reins.^ îvîerc 5
mais que où il s'agiflfoit du fer vice du
Roy , il ne connoilToit point la Reine, ■
Qu^e ce n'ctoit point à lui k décider le-;
tii Histoire ce Henry
quel des deux avoir tort ou raifon j
qu'il lui fufïi toit d'être Officier du Roy
pour fe croire obligé de le fervir , 8c
qu'il étoit prêt de dépeiifer tout Ton
bien pour iatisfaireàcette obligation,
BalTompierre lui dit encore que s'il
ne lui avoir pas promis sûreté , il le
feroit arrêter , mais que lui aïant don-
né Ta parole , il pouvoit s'en retour-
ner fans riea craindre. Ce Gentilhom-
me fe retira , ôc BalTompierre conti-
nua la levée des Troupes avec le
même empreirement.
L'on ne peut pas nier que le procé-
«lé de BalTompierre ne fût dans les
resles ; il a raifon de s'en faire hon-
neur. Cependant ce rccit fait voir que
les plus grands hommes jugent diflFe-
remment des mêmes chofes. Le Duc
de Bouillon croioit que le fervice du
Roy confiftoit dans ce qui étoit le
plus avantageux à l'Etat, Il étoit per-
fuadé que le miniftcre deMarie de Me-
;dicis lui convenoit mieux que celui
de de Luines & de fes frères j qu'elle
avoir plus d'autorité, plus d'ufage,
plus de connoiiTaiice des affaires , plus
d'affedion même pour le fervice du
Roy ( dont elle étoit la Mère ) qu'un
'Pomcftique qui ne fongeoit qu'a éca-
Dire DE BouiLiON. Liv. VIII. nj
-blir fa fortune & celle de fa maifon.
Il ne penfoic pas que le Roy qui n'a-
voic que dix-huit ans , fût capable de
bien juger de ce qui lui convenoit le
mieux ; il le croioit obsédé par de
Luines qui s'étoit emparé de ion ef-
prit. Il regardoit la guerre dont il
s'agiffoit, plutôt comme une guerre
de de Luines contre la Reine Mère ,
que comme une guerre du Roy. En
un mot , il croïoit qu'un grand Offi-
cier de la Couronne , qu'un homme
comme lui du Confeil du Roy , agif-
fant de concert avec plufieurs des plus
grands Seigneurs du Royaume , pou-
voit porter fes vues plus loin qu'un
Officier comme Baifompierrc qui
n'entroit pas encore comme lui dans
le fecret de l'Etat.
BalTompierre au contraire , quoi-
que redevable à la Reine Mère de fa
belle charge de Colonel Général des
SuilTes , étoit perfuadé que ce n'étoit
pas à lui à décider de ce qui étoit ou
n'étoit pas le bien de l'Etat ; qu'il lui
/uffifoit que le nom 6c l'autoiité du
Roy fulTent du côté d'un des deux par-
tis pour s'y attacher ôc pour le bien
fervir ; & qu'aïant les Ordres du Roy,
iliiavoitiieii i faire qu'à les éxécu*
iT4 Histoire de î^ênry
ter. Ce qu'il y a de fingulier cft que
lie Duc de Bouillon devina jufte ; per-
fonne ne s'oppofa plus que de Luinés
à la faveur & à la fortune de BafTom-
t>ièrre , par les mêmes motifs que ce
Dac lui avoit marquez. Mais outre
«qu'on ne pénètre point dans l'avenir ,
iàjalouiie d'un Favori & lestraverfes
qu'il peut donner , rie doivent point
décider du bien public , & de cequ*un
Sujet ou un Officier doit à fon Roy.
Quand BàfTompierre eut ralfemblé
toutes les Troupes dont il crut que le
Roy poùrroit avoir beioin , il les me-
na joindre celles que Sa Majefté avoit
fiait lever daris d'autres Provinces.
Alors l'Arraée d-u Roy marcha vert
Angers où la Reine Mère & les Troa-
pes qu'elle avoit aflemblées de fou
-coté' s'étoient rendues. Il parut dans
cette occafion qu'à la guerre , comme
en toute autre chofe , on ne rculîit
pas tant par l'habileté de ceux qui
«ommaiîdcnt , que par les fautes
que font les Ennemis.' Ceux qui
«ommandoient la petite Armée dfe
Marie de Medicis , en fi:ent tant,
quelle fut mife en dérouce au Pont
de Ce.' Ainfi la Rein:^ Mère fut ré-
duite à s'accommoder avec le Roy
s^ux coiîditions qu'il voulut.
ïîue DE BouitLO^. Liv. Vni. li^
Pendant que ces chofes fe paflbient L'a«
en France, les troubles &c la révolte '*'^"
de Bohême qui avoient commencé
l'année précédente fur la fin de la vie
de l'Empereur Mathias , furent por~
tez à Textrémité après fa mort. Il
avoit eu la précaution de fon vivant
de procurer la Couronne de Bohême
à Ferdinand fécond fon Coufin , qui
fut depuis fon faccefifeur à FEmpi-
le. Il Favoii fait élire & couronner.
Les Etats de Bohême au nom de la
Nation lui avoient fait ferment de
fidélité ; & les Provinces de Silefie, de
Moravie , & de Luface , unies à la
Bohême , avoient confenti à fon élec-
tion. L'afFaire étoit confommée, &.
il ne paroilFoit pas que rien pût trou-
bler Ferdinand dans la polFefFion de
la Couronne de Bohême. Il s'en te-
noit lui-même aufll aiFuré que d un
Etat héréditaire.
Cependant lorfqu'on s'y attendoit ^^^^^^_.
le moins , les Bohémiens fe fouleve- dÔrf, re-
rent d'un confentement unanime. Ils ':'.™^^^-
prétendirent que Ferdinand avoit L b. t. "
contrevenu aux conditions fous lef- Mémo*,
fluclîcs il avoit été élu Roy de Bohe- ^'^ cjc
me ; qu'en conlequcnce il etoit de- ^aVunz,
chu de La Couronne, & qu'ils étoient
liG Histoire d e Henry
en droit d'élire un autre Roy. Les
Etats de Bohême aïant été alfemblez
drelFerent un Ade autentique de cet-
te prétention , & les Provinces de Si-
lefie , de Moravie & de Luface y ad-
hérèrent. Une révolution fi fubite é-
tonna Ferdinand fans le déconcerter.
Il emploïa tour-à-tour la négociation
ôc la force pour fe maintenir dans la
poirelïion du Royaume de Bohême ,
ôc pour empêcher une nouvelle élec-
tion. Tous les mouvemens qu'il fe
donna , furent inutiles. Les Bohé-
miens laflTez de la domination de la
Maifon d'Autriche , perfifterent dans
la réfolution qu'ils avoient prife de
dépofer Ferdinand & d'élire un autre
Roy.
Jufques-là l'on n'a point de preuve
que le Duc de Bouillon ait pris part
aux troubles de la Bohême. Il s'étoit
contenté d'y faire attention , & d'en
prévoir les fuites. Mais dès qu'il eut
appris que les Bohémiens étoient ré-
folus de procéder à une nouvelle élec-
tion , il forma le deflcin de la faire
tomber fur l'Eledeur Palatin fon Ne-
veu : Projet digne d'un homme aufîî
capable que lui de conduire une gran-
de entreprife , mais qui n'eût jamais
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 117
réufîi fi un politique moins habile s'en
fût.mêlé. C'eft le jugement qu'en fie
Maximilien Duc de Bavière l'un des
plus habiles Princes de fon temps,
lorfqu'on la lui propofa pour l'enga-
ger à la favoriler. « Je fçai bien m
( répondit-il ) que le Comte Palatin «
n'eft ni capable de former de lui-mê- »«
me un fi grand delFein , ni de bien «
conduire une entreprife fi difficile & «
fi délicate ; mais il eft poufTé par fes «
deux Oncles , ôc il Tuit les confeils du •«
Prince d'Orange & du Duc de Boiiil- w
Ion , qui veulent élever leur Neveu u
fur le Trône de Bohême. Ces deux «
Meflîeurs font des Politiques aufïi pé- ce
nétrans Se aufïï rafinez qu'il y en ait ce
dans l'Europe. « Cependant quelque te
bonne opinion qu'eût le Duc de Ba-
vière du génie de ces deux grands
Hommes qu'il fçavoit être à la tête
de cette entreprife , elle lui parut fi
difficile qu'on ne put jamais l'enga-
ger à la favorifer , quoiqu'étant lui-
même de la Maifon Palatine , il dût
fe faire honneur de lui procurer une
Couronne , & quoiqu'on lui promît
de l'élever à l'Empire s'il vouloir fe
déclarer pour l'Eledeur Palatin.
En effet il ne s'agiifoit de rien moins
que de l'emporter fur le grand crédit
de laMaifon d'Autriche énAllemàgne,
fur celui du Pape & de tous les Prin-
ces Catholiques qui ne pouvoient paS
manquer de s'oppofer à l'éledlion
d'un Roy Calvinifte , comme étoit
l'Eleéleur Palatin. Il faloit l'empor-
ter encore fur les follicitations , les
brigues , fur l'argent répandu dans là
Bohême par le Roy de Dannemarc ,
par le Duc de Saxe , & par le Duc de
Savoye , Compétiteurs du Palatin ,
qui prétendoicDt ouvertement à la
Couronne de Bohême.
Ce qui rendoit cette affaire encore
plus embarallante , c^eft qu'au cas
même qu'elle réunît ^ il faloit fe ré-
foudre à s'attirer fur les bras toutes
les forces de la Maifon d'Autriche &
celles de la Ligue Catholique en Al-
lemagne. On ne pouvoit pas même
s'aifurer d'y oppofer les forces de la
Ligue Proteftante , puifqu'il étoit aisé
de prévoir qu'on feroit traversé par
le Roy de Dannemarc 8c par l'E-
leâreur de Saxe , qui ne feroient pas
d'iîumeur de favorifer un Compéti-
teur , qui l'auroit emporté fur eux. Il
étoit à craindre qu'ils n'y réuiîifrent
d'autant mieux , qu'il ne s'agilfoit pas
Duc DE Bouillon. L.iv. VÎII. 219
de maintenir fur le Trône de Bohême
un Prince Luterien , mais un Calvi-
nifte , pour qui le parti Luterien n'é-
toic gueres mieux difposé que pour
un Catholique. L'oppoiîtion de ces
deux partis étoit fi grande , que ce
; fut en effet par cet endroit que le
Duc de Saxe empêcha depuis la Lu
ç;ue Proteftante d'agir du côté de la
Poheme en faveur de TElefteur Pa-
latin.
Malgré tant de difïicultez,le Duc de
Bouillon entreprit de faire élire le Pa-
latin , & il y rendît. L'on ne donne-
ra point icy le détail de cette impor-
tante négociation , parce qu'on n'en
trouve rien ni dans les Mémoires
qu'on a fournis pour la compofîtioii
. de cette Hiftoire , ni dans tous les
Auteurs qu'on a confultez. Ils con-
viennent tous que l'Eledbeur Palatin
fut redevable de la Couronne de Bo-
hême aux foins & aux intrigues du
Duc de BoUillon ; mais ils ne difent
rien des démarches qu'il fit , ni des
moïens qu'il emploïa pour l'empor-
ter fur les Compétiteurs de l'Eleâreur.
Du caractère dont nous l'avons dé-
peint , cela ne doit pas furprendre. Il
etpit l'homme du monde le plus pr(^
15« Histoire de Henry
fond & le plus impénétrable. Il ar-
rivoit fouvent qu'il étoit l'ame d'une
encreprife & le premier mobile d'un
grand delTeiri, fans qu'il parût qu'il
y eût part , ou du moins fans qu'on
fmt l'en convaincre. Il avoir d'ail-
eurs tant de raifons de cacher fe$
démarches dans l'occafion dont il s'a-
git , qu'on ne doit pas être furpris
s'il a réulïï à les cacher aux plus pé-
nétrans.
Tout ce qu'on peut dire de fa né-,
gociation pour procurer la Couronne
de Bohcme à l'Eledeur Palatin , eft
qu'il gagna le Comte de Thurn ( ou
de la Tour ) qui étoit le plus puiflant
Seigneur & le plus accrédité duRoyau-.
me ; qu'il engagea les Evangeliques ,
c*eft-à-dire les Calviniftes de Bohê-
me dans le parti de l'Eleâieur ; qu'il
n'omit rien pour fe prévaloir du grand
crédit qu'ils y avoient , & qu'il Tçut
bien faire vaioir les avantages qu'a-
voit le Palatin fur Tes Compétiteurs ,
ou qu'il fuppofoit du moins avec beau-
coup de rail'on qu'il devoir avoir fur
tous ceux qui prétendoient à la Cou-
ronne.
Ces avantages confiftoient en ce
^e l'Eledeur étoit de la même Reli-
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 151
gion que les Calviniftes ou Evangeli-
ques de Bohême. Quelle protedion.
n'en devoient-ils pas efperer ? Le mê-
me Eledeur avoit épousé la Fille du
Roy de la Grande-Bretagne j fes En-
fans étoient les petits Fils du même
Roy. Quels fecours en cas de befoin
ne pouvoit-on pas s'en promettre ? Le
Palatin étoit encore Neveu du Prince
Maurice d'Orange , qui difpofoit des
forces des Provinces - Unies ; autre
fecours qui ne pouvoit manquer dans
l'occafion. La France toujours inte-
r&lfée à traverfer l'agrandiirement de
la Maifon d'Autriche , devoir aulïi
fe déclarer pour le Palatin , ou du
moins on le ruppofoit ainfi. Enfin
le Duc de Beiiillon lui-même. On-
cle de l'Eledeur , étoit compté pour
beaucoup par Tes confeils , par les fe-
cours qu'il pouvoit donner par lui-mê-
me , étant voilîn du Palatinat , & par-
ce que le grand crédit qu'il avoit par-
mi les Calviniftes de France , etoic
capable d'engager la Noblelîe de ce
parti à accourir au fecours de l'Elec-
teur , au cas que la Maifon d'Autriche
fe prévalût trop de fes forces contre
lui. Il faut avoiier que tous ces avan-
tages étoient fpécicux , ôc qu'éc«uic
iji Histoire de Henry
propofez par un Homme du génie
du Duc de Bouillon ils étoient capa^
blés dimpofer. L'événement fit voir
qu'ils avoient plus d'apparence que
de folidité ^ ou du moins que la viciC
iîtude des chofcs humaines permet à
f)eine de compter fur le prelent ; que
a plupart des hommes ne connoit
point les véritables intérêts , & qu'il
y en a encore moins qui fçachent les
iuivre.
Mais comme on ne pénétre point
dans l'avenir , &c qu'on fuppofe pref-
que toujours que les hommes font tels
qu'ils devroient être ; les Etats de
Bohême éblouis des avantages donc
on vient de parler , dépoferent Ferdi-
nand, préférèrent l'Eledeur Palatin
à fes Compétiteurs , & l'élurent Roy
de Bohême , malgré les oppofitions
du même Ferdinand , qui venoit d'ê-
tre élu Empereur à Francfort. Dès que
l'Eledteur eut appris la nouvelle de
fon élection par une lettre que les
Etats de Bohême lui en écrivirent , il
fentit tout le poids de la grande affai-
re dans laquelle il alloit s'engager.
Jufques-là l'éclat d'une Couronne,
le defîr de l'emporter fur Ces Compe-
îiteurs , les mougrcnîçns des négocia^
lions ,
Duc DE Bouillon. Liv. VÎII. 235
tiens , rincertitude même de l'évcne-
mcnt avoicnc fufpendu , pour ainfi di-
re , toutes les réflexions que dcman-
doit une entreprife de cette importan-
ce. Mais quand il vit qu'il ne pouvoir
plus reculer, qu'il faloit accepter ou
refuier la Couronne de Bohême ; les
fuites de l'acceptation , la honte du
refus le jetterent dans le plus grand
embarras où il i'e fût trouvé de la vie.
L'Elcdcur Palatin n'etoit pas de ces
Héros que rien n'étonne quand il s'a-
git d'aller à la gloire. Il pouvoir être
heureux & faire la félicité de les Su-
jets , s'il eût eu moins d'ambition , ou
plutôt fi celle de l'Eledtrice fa femme
ne l'eût pas jette dans une entreprife
beaucoup au dclfus de fcs forces.
La fage Loniic Juliane de Na(Î3u
Doiiairiere Palatine fa Mère n'épar-
gna rien pour l'en détourner , &c pour
lui perfui<ler de refufer la Couronne
qui lui étoit ofFcrtc. Les Eledeurs de Memoi-
Baviere, de Saxe, de Brandebourg, ''/ î^5
& les Rois de la Grande-Bretagne & juSnc.
de Pologne confultez , furent du mê- . ^
me lentmient. Il n y eut aucun de ces if ,
Princes qui ne détournât Frédéric de '^'""'^
1 acceptation de la Couronne de Bo- i;im.
licme. Le Prince d'Orange au coiu ^'^' ^'
Tom. JIA ' L
^34 Histoire de Henry
traire 8c tous les Princes de l'urron
proteftante en Allemagne, furent d'a-
vis qu'il l'acceprât. Pour ce qui ell du
Duc de Bouillon , quand on le con-
fulta lur cette affaire , il répondit que
tout ce qu'il avoit fait julques alors
pour TElcîfleur marqupit alfez Tes [en-
timens ; que cependant puifque ce
Prince vouloir les içavoir plus préci-
sément, on lui dit de fa part, que
demander av|s fi l'on acceptera une
Couronne qui eft offerte , étoït fe dé-
clarer indigne de la porter , Se inca-:
pable de la défendre. Ce reproche
joint aux follicitations continuelles de
l'Eledrice détermina Frédéric. Il ac-
cepta la Couronne , Se partit quelque
tems après avec la Princelfe l'afemme^
Ôc le Prince fon fils aîné pour fe ren-
dre en Bohême. Il v fut rccû avec de
grandes acclamations , couronné ÔC
inflalé fur un Tiône dont la Mailon
d'Autriche plus puifFante que la.fîenne
devoit lui difputer la poircffion , 6c
qui lui fit perdre depuis fes Etats hé-
réditaires. C'eft ce que le Duc de
•BoUillon n'avoit pas piévû , &c ce qui
vraifcmblablement ne devoit pas ar-
river, i^'on peut dire cependant qu'il
^jiiu tfe>âj3Lir^'-|:'roportionncr les en-»
T>vc DE Bottillon. Liv. VIII. 135
latreprires à ceux qui doivent les fouce-
;nii.- j tel échoue ou un autre l'cuiîîroit.
L'Elcéleur croit un bon Prince propre
il gouverner un petit Etat comme le
ficn. L'afî'aire de Bohême étoit au-
.dclkis de Con génie &c de Tes forces.
. Les fautes cju'il fit contribuèrent
.autant a le perdre, que les mefures
-que la Maifon d'Autriche prit
-contre lui. Tant qu'il fut ioutenu
par les confeils du Duc de Boiiilion ,
il parut capable d'exécuter un grand
dclfein. Dès qu'il l'eut perdu de vue ,
des qu'il fut livré à lui - même, l'on
prévit fa chute. Les Bohémiens furent
les premiers a s'en dégoûter. A peu
près dans le temps que le nouveau
Roy de Bohême partit pour Prague ,
■ quelques Amis que le Duc de BoliiHon
avoit k la Cour de France , lui écrivis
rcnt les grands mouvemens qu'on s'y
donnoit pour être de la promotion
:dcs Chevaliers de l'Ordre du Saint-
Lfprit , que le Roy devoit faire l'an-
née fuivante. Le Duc qui avoit en-
core bonne opinion de l'affaire de Ba-
heme , leur répondit d'un air plein de
confiance. « Pendauï que vous penfez ci
à faire des Chevaliers , nous travail- ««
Ions à faire des Rois, u Ces paroles
L ij
i^ê Histoire de Henry
font une preuve de ce que Ton a dit
de la part qu'eut le Duc de Bouillon
à l'élection du nouveau Roy de Bo-
hême. Il n'en faiibit plus un myfte-
re j il l'eût fait en vain ; trop de
monde le fçavoit pour pouvoir croi-
re qu'on put le cacher plus long-
temps. D'ailleurs le fecret n'étoit plus
néceifaire , puisque l'entreprife avoit
«date.
Mais le Duc do Bouillon perdit
tien-tôt la confiaîice qui paroît dans
les paroles qu'on vient de rapporter.
Il avoit trop de lumières pour ne s'ap-
-percevoir pas que les chofes tour-
noient d'une manière qui ne pouvoit
être plus contraire aux intérêts du
Palatin. En effet dans ce même-temps
le Duc de Saxe fe déclara ouvertement
pour l'Empereur. -L'on s'apperçuc
que le Duc de Bavière prendroit bieru.
tôt le même parti , &c que l'envie de
joindre le Palatinat à la Bavière , &c
<de fe voir revêtu de la dignité Elcdo-
rale , lui feroit prendre les intérêts
de Ferdinand contre ceux d'un Prince
de Ta Maifon. Les Princes de l'union
proteftante du fccours defquels oia
troïoit être affûré, prévenus par le
pue de Saxe ^édarereat «ju'ib ne fe
Ï3'uc DE Bouillon. Liv. VîII. 237
fhêleroient point de TafFaire de Bo-^, p^j^P^,
heme , ôc ou ils n'envoïeroient au Pa- -^ort.
latin ni 1 loupes ni argent. Ils pro*
mirent ieulenient de le fecourir fi
Fon attaquoit fcs Etats héréditaire?.
Mais ce qu'il y eut de plus furpre-
tiant , eft que le Roy delà Grande-
Bretagne trompé par les artifices de
la Maifon d'Autriche, abandonna les
internes de fa Fille , de fon Gendre ,
de de fcs petis-Fils , ôc ne leur donna
aucun Iccours. Après que la Maifom
d'Autriche eut ainfi pris des mefures
du côté de l'Empire 8c de l'Angleter-
re , elle ctut les devoir prendre de
celui de la France. Le Duc de Luines
étoit alors le tout - puilfant ; il avoic
un afcendant extraordinaire fur Fef-
prit du Roy. Le Confeil toujours dé-
pendant des Favoris ne pouvoit que
féconder fes intentions. Il étoit quel-
tion de le gagner. L'on prétend que
la Maifon d'Autriche en vint à bouc
en lui promettant de faire époufer à
Cadenet fon frère la riche héritière
de la Maifon d'Ailli de Pequigni en
Picardie. On la faifoit élever à Bru-
xelles auprès des Archiducs , & ron
ne doutoit point qu'ils ne pulfent en
diipofer. Ce ciu'ii y a de certain Cil
L iij
2.38 HrsToiRE D E Henry
que Cadenec devenu Maréchal de.
France époufa depuis Théritieie de Pe~
quigni , ôc Ton prétend qu'en confe-
quence le Duc de Luines gagné em-
pêcha que la France ne donnât du fc-
cours au Palatin , & qu'il ne tint pas
à lui qu'elle n'affiflât l'Empereur d'u-
ne partie de fes forces. L'on ne dé-
cidera point ii ce fut i'mterct domef-
tique qui détermina le Duc de Luines
dans l'occafîon dont il s'agit ; mais il
eft certain que la Religion du Palatin;
& les fecours tant de fois donnez par
les Princes de fa Maifon aux Hugue-
nots de France , nuilirent beaucoup à
l'Elcdeur dans le Confeil du Roy„
Il eft encore certain que le deifein ou'
étoit le Roy de rétablir la Religion
Catholique dans le Bearn , & de re-
tirer des mains des Calviniftes les
Places de fureté qu'ils refufoient de
rendre , ne permettoit pas qu'en fe-
coarant le Palatin , on rompît la Paix
faite par le feu Roy avec l'Efpagne.
D'ailleurs une rupture avec la Maifon
d'Autriche convenoit d'autant moins
à l'exécution de ces deux delfeins ,
que l'expérience avoit appris dès-lors
( comme elle ne l'a que trop confir-
mé depuis ) que les fecours de France
î5uc DE Bottillon. Liv. VÎÎÎ. 1-35?
font toujours fulpeûs à l'Empire , &c
qu'on ne peut pas compter fur une
alliance sûre Se ilable avec fes Princes,
même avec les Proceft.'^ns , lorfqu'il
s'agit des intérêts de l'Empereur , 6c
de les engagera le liguer contre-lui.
C'eft ce qui parut dans, l'afFairc même
dont il s'agit. La Lij^ue Proteftante
d'Allemagne refuia Ton fecours au Pa-
latin ^our le maintenir dans la poflef^
fion du Royaume de Bohême. Le Duc
«de Bavière ôc celui de Saxe , tout Pro-
teftahr qu'il étoit , aidèrent eux-mê-
rnes à l'en dépoUiller, ôc fe chargèrent
«le l'exécution du Ban -Impérial. Com-
ment' pouvoit-on prétendre que la
France prit plus d'inteiêt qu'eux à la
tdéfenfe d'un de leursrnembres ? A ces
âevvA confideradons on en ajoûtoit
une troifiéme ; c'eft que dans l'afFai-
re du Palatiai , il s'agilkiit d'appuïer
un Prince Proteftant contre un Ca-
tholique. Il efl: vrai que l'intérêt de la
Religion n'eft pas toujours ce qui dé-
cide dans le Conlcil des Princes. Mais
dans loccailon dont il-s'"agit , il n'é-
toit queftion de rien moins que d'a-
jouter aux Etats déjà polledcz par les
Proteftans , le Royaume de Bohême
3cles Provinces deSilefie , deMora-
Liiij
14.0 Histoire de Henry
vie 6c de Lulace : ce qui eût trop fais
pancher la balance du coté des Pro-
teftans déjà plus puiiFans que les Ca-
tholiques en Allemagne. L'on demeu-
re d'accord que les Loix du Pais a-
voient pourvu à la confervation de
la Religion Catholique. Mais que
iVavoit-on point h craindre d'un Roy
Calvin-ifte , quand fon autorité feroiî:
une fois bien établie ? Rome qui pré-
voïoit cet inconvénient , foilicitoic
fortement contre 'e Palatin , &: Louis
XIII., fe fit un Icrupule de ne pas défé-
rer à fes Remontrances. La coniide .a-
tion de la Religion nuifit infiniment
à l'Eledeur Palatin pour toutes ces
raifons. Comme les intérêts de l'Etat
s'accordoient alors avec ceux du Duc
de Luines, laMaifon d'Autriche con-
vaincue qu'on ne romproit point avec
elle pour fcivorifer le nouveau Roy
de Bohême , ne fe contenta pas que
la France gardât la neutralité entre le
Palatin & elle j elle lui demanda hau-
tement du fecours , elle envoïa le
Comte de Furftemberg en France pour
le foUiciter.
Le Duc de Bouillon furpris de ce
que contre les mefures qu il avoit pri-
ics Ôc dont le fucccs lui avoit paru li |
Duc DE Bouillon. Liv. VïIÎ. 14.1
r certain , l'Allemagne de l'Angleterre
fembloient comme à l'envi 6c de
concert iuivrc le parti opposé à celui
qu'elles dévoient prendre , crut qu'il
devoit faire tous fes efforts pour em-
pêcher que la France n'en fît autant.
Dans cette vue il agit fortement au-
près du Prince de Condé ( qui ctoit
forti de prifon ) &: de tous les Minif-
tres d'Etat , pour les prévenir contre
les foUicitations&les remontrances de
rAmbalfadeur de l'Empereur , ôc pour
l'es- engager a appuïer la lettre qu'il
avoit deilein d'écrire au Roy. Ces
mefures prifes, il écrivit à Sa Majefté.
Mais comme il étoit perfuadé que les
intérêts d'autrui touchent peu , (k que
nous n'y fommes fenfibles qu'autant
qu'ils font liez avec les nôtres , il ne
parle point dans cette lettre du droit
qu'avoit Frédéric a la Couronne de
Bohême , ni du befoin qu'avoir cet
ancien Allié de la Couronne , d'être
fecouru par la France. Il s'attache uni'-
quement à la part que le Roy devoit
prendre aux mouvcmens de l'Allcma-
wne , à l'intérêt elfentiel qu'avoic
Sa Majefté à s'oppofcr à l'agrandif-
fcment de la Maifon d'Autriche , &c à
«e pas foufFrir que fous des prétextes
L V
24- Histoire de Henry
recherchez , elle opprhnât les Prin-
ces de TEmpire , qu'elle profitât de
leurs dépouilles , ôc qu'elle fît iervir
leur abaiirement à fa grandeur.
Qi^peut II reprcfente donc à Sa Majefté Té-
voir cet tat des affaires de la Maifon d'Autri-
Ibns "le che en Allemagne , la Hongrie foule-
Mercurc y^e & prefqu'entierement conquife
à' i\m '' par Bethiem Gabor Prince de Traniil-
i^'P- vanie, la Bohême, la Sileiie , la Mo-
ravie , la Luface & l'Autriche même
révoltées , l'Empereur accablé de tous
cotez , Se Ton autorité peu rerpedée.
Que dans cette extrémité ce Prince
çpi n'efpere pas de le pouvoir relever
par Tes propres forces , ni par celles
d'Efpagne , emploie toutes fortes
d'artifices pour faire de ion intérêt
particulier la caufe commune de la
Religion : que Ton dedèin ell d'en-
gager par là tous les Princes Catho-
liques à lui aider à recouvrer ce qu'il
a perdu , &c à prévenir les pertes dont
il eft encore menacé ; que c'efl: dans
cette vue qu'il a envoie le Comte de
Furftemberg demander du fecours à
Sa Majefté contre le Roy de Bohe-
mQ', mais qu'elle eft trop éclairée pour
ne pas démêler la caufe véritable d'a-
vec le prétexte qui n'a que de l'appa-
ï)uc DE Bouillon. L'iv. VIII. 243
rence & point de réalité. Que Sa
Majefté fçaic que la Religion Catho-
lique cil maintenue dans le Royaume
de Bohême, 6i dans les Provinces qui
lui font incor^îoiées , 6c qu'on ne peut
la détmire lans violer les Loix du
Païs : ce que le Palatin n'a garde d'en-
tteprendre. Que cela étant , ce qui fe
palfe en Bohême ôc dans TEmpire ,
eft une affaire purement de politique
ou la Religion n'a point de part ;
qu'ainfi les Alliez de Sa Majefté ne
peuvent croire qu'elle voulût fe dé-
clarer pour la Maifon d'Autriche con-
tre le Chef de la Maifon Palatine,
toujours alliée à la Couronne de
France.
Le Duc de Bolifi-on ajoijte qu'ou-
tre que le Roy de Bohême eft écroite:-
ment lié avec les Princes 6c' les Vil-
les Protefcantes de l'Empire , il appar^
tient de il près au Roy d'Angleterre-,
qu'on ne pourroit pas fe déclarer con-
tre lui , fans rompre avec Sa Majefté
Bntaiiique avec qui il importe fi fort
à la France de fe ménager. Que cela
fupposé , li le. Roy avoir a prendre
lin parti , il feroit de fa prudence Se
du bien de fon Etat de préforcr les
meilleurs Se les plus anciens Alliez de
Lvj
244 Histoire de Henrt
la France à la Maifon d'Autriche,
toujours ennemie de fa Couronne &c
de la Maifon en particulier , comme
il avoit paru toutes les fois qu'elle
avoit trouvé l'occafion de lui nuire j
qu'en agiffant de la forte , elle ne fe-
loif que luivre l'exemple de fes Pré-
decelTeurs. Que les Rois François I.
Se Henry II. avoient toujours proté-
gé les Princes Proteftans d'Allemagne
contre les Empereurs de la Maifon
d'Autriche ^ que le feu Roy père de
Sa Majefté avoit toujours fecouru les
Provinces Unies contre les entrepri-
fes du Roy d'Efpagne : qu'enfin I2
Roy lui-même avoit liiivi les mêmes
jmaximes en affiliant l'Eleéleur de
Brandebouro; & le Duc de Neubourg
( lors de l'affaire de Julliers ) con-
tre l'Empereur & le Roy d Efpagne
^«[ui vouioienc s'emparer de cette fuc-
ceffion.
Après avoir ainfi rappelle dans l'ef^
prit du Roy les anciennes maximes
du Gouvernement de France très-
éloignées de celles qu'on fuivoic
■» alors , il ajoute encore. » C'ell une
» chafe digne de vôtre zèle ëc de vôtre
33 pieté , Sire, ( ce font fes propres
33 paroles } que d'avoir foin de la Reli-
Duc DE Bouillon. Liv.yilî, 243
gion dont vous faites profefîion. Vous î^«
devez même la défendre contre ceux «
qui voudroient l'opprimer. îl femble «
que les Princes Catholiques de TEm- ««
pire ont raifon de fe tenir armez , afin «
d'empêcher qu'on n'entreprenne lur «
leur Religion ou fur leurs Etats. Pour- «
vu qu'ils s'en tiennent -là , l'on ne "
fçauroit y trouver à redire , mais ^^
cela paroît prefque impoilible. L'on «
emploie de trop grands artifices pour «
les pouifer plus loin. Il n'y a que «
i'entremife & l'autorité de vôtre Ma- «
jcfté qui puilfe retenir les uns ôc les ««
autres , en déclarant qu'elle veut con- «
ferver la paix & le repos del'Allema- "
gne, maintenir chacun dans la joiiif- «
fance des Privilèges du Païs , tant «
pour laReligion que pour le Gouver-^"
nement politique , & aflïfter ceux qui ««
les veulent défendre contre les autres «
qui entreprenent de les violer 3c de "
les détruire. Vous pouvez , S i r e , «
procurer un Ci grand bien à l'Allema- ««
gne , en moïcnnant la tenue d'une «
Dicte où les Rois Ôc les Etats voifins **
non intereficz foient conviez d'inter- «
venir par leurs Ambalfadeurs. Dans ««
une pareille Airemblée l'on cherchera *•
d'un commun accord les nioïcjis les «
3>
24^ Histoire de Henry
5> plus convenables pour ôcer les divers |
3> prétextes de prendre les armes , pour '
3T alFurer la Religion , pour guérir les
35 Catholiques de leurs défiances ôc de
3) leurs craintes , pour affermir i'autori-
aïtéde l'Empereur afFoiblie & ébran-
a»lée, pour éteindre enfin un feu capa-
,5 ble d'embrafer rAllemagne &c toute
la Chrétienté. C'efl par-là , Sire,
qu'à l'exemple des Rois vos Préde-
ceiîeurs , vous vous rendrez le père
commun & l'arbitre de la Paix dans
sj^l'Empire & dans toute l'Europe. «
Les chofes étoient alors fî mal
difpofées dans le Confeil du Roy pour
le Palatin ; au contraire les efprits y
écoient fi favorables à l'Empereur ,
que le Duc de Boiiillon crut beau.4 ]
coup faire d'infpircr au E.oy une ef-
pece de neutralité entre les deux Gon-
currenS à la Couronne de Bohême; ■
Les avis furent fort partagez fur cette
propofition. Enfin l'on en revint à
peu de choies près à l'avis du Duc
de Boiiillon. Aa commencement de
L'an Tannée fuivante le Roy réfolut d'en-
16x0. voïer une célèbre Amballàde en Al-
lemagne pour travailler conjointe-
ment avec les Ambalfadeurs d'Angle-
terre ôc ceux des Etats voifins , à Tac-
Duc DE Bouillon, Liv. VîIÎ. 247"
commodemcnc des difFeréns furvcnus
jentre l'Empereur ôc rEle6teur Pala-
tin , à roccafion de la Coiuonne de
Bohême. Charles de Valois Duc d'An-
goulême fut choifï pour être le Chef
de TAmballade. On lui donna pour
Adjoints le Comte de Bethune , ôc
Laubcfpine de Chateauneuf , Abbé de
Prcaux ; le premier Confeiller d'Etat
d'épée ; l'autre de robe. Ils partirent
de Paris le huitième de May , fuivis
d'un grand nombre de gens de qualité
qui voulurent faire le voïage , &c
d'un train de quatre cens chevaux.
Ils fe donnèrent inutilement de
grands mouvemens pour terminer à
î'amiable l'aiFaire de Bohême > ou du
moins pour rendre la partie un peu
plus égale entre l'Empereur ôc l'Elec-
teur Palatin.. lien falut venir à une
Guerre ouverte ; le Palatin fut mis
au ban de l'Empire en qualité de Roy
de Bohême. Les Ducs de Saxe & de
Bavière acceptèrent la commilîion
de l'exécuter. Ils entrèrent prefque
en même-temps l'un en Lufacc , l'au-
tre en Bohême, pendant que le Mar-
quis de Spinola qui commandoit l'Ar-
mée des Archiducs des Païs-Bas,s'em-
paroit du Paiatinat. Enfin la bataille
x^$ Histoire de Henry
de Prague décida de ce grand diffé-
rent. Le Palatin la perdit, il fut chaf-
sé du Roïaume de Bohême fans cfpe-
rance de retour. Il Ce vit réduit à dé^
fendre Tes Etats héréditaires 5 mais
aïant été mis au ban de l'Empire en
qualité d'Eledeur Palatin , il en
fut dépouillé auHî-bien que de la di-
gnité Eledorale. Le Duc de Bavière
exécuteur du ban Impérial proiîta de
fa dépouille -, ôc le malheureux Frédé-
ric abandonné du Roy d'Angleterre
fon bcau-pere, mal fervi par fes amis;^
trompé par l'Empereur , fans aucune
des reirources dont il s'étoit lui-mê-
me privé par fon trop de crédulité,
fe vit réduit à fe retirer à Sedan au-
près du Duc de Bouillon fon Oncle.
Ils y firent l'un ôc l'autre des projets
très-inutiles pour fon récablilfement.
Le Duc de Boiiillon ne vécut dûs alfcz
long-teirps pour voir la Maifon Pa-
latine rétablie dans fes Etats hérédi-
taires ôc dans la dignité Eleâiorale
par l'entremife de la France qui luivir
enfin , mais trop tard fes véritables
maximes. L'on a raconté cette gran-
de affaire tout de fuite pour n'en pas
interrompre le récit. Il faut mainte-
nant reprendre les affaires de Francg
Duc DE Bottillon, Liv.Vîir. 245/
où le Duc deBouillon a eu part.
Pendant que ce que l'on vient de
raconter le paifoit en Allemagne , il
y eut de grands troubles en France à
TocGAfloud'un Arrêt rendu en faveur
des Catholiques de la Principauté
de Bearn, Cet Arrêt ordonnoit deux
chofcs également odieufes aux Calvi-
niftes ; Tune étoit le rétabliiïemcnt de
la Rel'gion Catholique dans le Bearn,
liins préjudice de la liberté de con-
fcience accordée aux Calviniftes ;
l'autre écoit la rertitution des biens
ufurpez iur les Ecclefiaftiques dans Irt
même Principauté. Par le même Ar-
rêt le Roy accordoit pour Pentretien
dcsMiniftrcs 6c pour les autre^ charges
fur le plus clair revenu de ion Domai-
ne , les mêmes fommes qui avoient
été afîîgnécs fur les biens des Eccle-
fîaftiqucs. Il n'y avoir rien de plus
juftc que cet Arrêt rendu contradic-
toirement entre les Catholiques Se les
Calviniftes de la Principauté deBearnj
& ces derniers avoient d'autant moins
de fujec àè s'en plaindre , qu'il ne fai-
foit qu'ordonner l'exécution du troi-
lîéme article de l'Edit de Nantes il
hivorable aux Calviniftes. Cependant
ils y tirent tant d'oppofltions ^ ils ufe-
2?<^o Histoire de Henry
rcnt de tant de délais , ils firent da
refus fi abfolus dei'éxccuter , que le
Roy Te vie obligé de marcher en'
Bearn à la tête d'une Armée pour y
rétablir la Religion Catholique , &:
faire rendre aux Ecclcfiaftiqucs les
biens qui a voient été ulurpez. Il exé-
cuta ce defiein en fort peu de temps y
les Bearnois pris au dépourvu n'eu-
rent ni le temps ni les moïens de lui
léfifter,-
Le parti Calvinifte étonné du ftic--
cès de cette entreprife , crie de tous
côîez qu'on le veut opprimer ,& que
fa perte e(l réfolue ; plainte d'autant
plus injufte , que le Roy n'avoit rien
entrepris dans le Bearn au-delà de
ce qui étoit ordonné en termes for-
mels dans l'Edit de Nantes. Cesplain--
tes, quoique très-mal fondées, neiaif-
ferent pas de foulever tout le parti ^
on s'affemble.' tumultuairement dans
les Provinces : enfin l'on convoque
fans la permiffion du Roy une Alfem-
blée générale à la Rochelle; les Dé-
putez s'y rendent de tous cotez. L'Al-
femblée eft formée , elle commence
à agir en Souveraine , Se a prendre de:-,
mefures pour empêcher ( difoit-ellc
fa-ruine totale qu'elle fuppofoit f$y-
Î^TTC DE BOUIILON. LiV. VIÎT, iCÎ
fement avoir été réioluc duns le Con-
feil de Sa Maiefté. C'écoic fait de l'au-
torité du Roy , du moins parmi les
Calviniflcs , s'il eût loufFert une pa-
reille cntreprife. Aufïi Sa Majefté en
aïant été avertie, donna une Décla-
ration dattée de Grenade du ri. Oc-
tobre 1620. , qui fut ver'Fiéc au Par-
lement de Paris. Le Roy déclare illi-
cite toute Aflèmblée tenue fans fa
permiiîîon , & tous ceux quiy aiïîfte-
ront Perturbateurs du repos public,
& Criminels de Icze-Majeilé. Le Roy
défend en conféquence au Maire ôc
aux Habitans de la Rochelle & à tous
autres , de recevoir les Députez en-
voiez à l'Alfemblée dont on a parlé ,
&• veut qu'il foit procédé contre-eux
félon la rigueur des Ordonnances.
Cette Déclaration n'étonna point
rAlfemblée de la Rochelle ; 3c quoi-
qu'elle reçût dans la fuite pluheurs
Ordres réitérez de fe féparer, bien
loin d'obéir , elle continua fes Tcan-
ces , fit des Ordonnances , & prit des
mefurcs qui tendoient à une rébellion
manifefte. Les Grands & les Perfon-
nes les plus fenfées du parti n'ap-
prouvoicnt point la conduite de l'Ai-
ieniblcc. Ils lui écrivirent de.fe sépar.-
i-^i Histoire de Henr^
rer , ils s'alFemblerent pour chercher
les moïens qui puirenc l'obliger à o-
béir au Roy. Tout ce qu'on put ob-
tenir, fut de la porter à foire quelques
foumiiïîons à Sa Mtijefté , & à lui de-
mander la permifîîon de continuer
fes féances à la Rochelle. Le R.oy la
refuia avec hauteur , & lui fît enten-
dre qu'il ne rccevroit ni Requête , ni
Remontrances de fa part , qu'elle
n'eût obéi , &c qu'elle ne fe fût fepa-'
rée. Ce fut alors qu'on confeilla aii
Roy de prendre les mefurcs les plu5
fortes contre l'Airembléè & contre
tout le parti qui y avoit envoie ie5
Députez.
L'an Le Duc de Bouillon en fut averti
'^^'- p"ar fes amis j il avoit blâmé pluS
qu'aucun autre Se la tenue de l'AlIem-
blée & toutes les démarches qui s'y
étoient faites. Son fentiment avoit
été qu'elle obéît au Roy , Se qu'elle
fe séparât. Cependant il ne put refu-
fer à fes amis ôc à fon inclination pour
le parti , d'intercéder pour elle auprès
du Roy. Il étoit alors ii tourmenté de
la Goûte ,• que ne pouvant écrire lui-
même à Sa Majefté , il fe fervit de la
main de ion Fils a'inc. Comme cette
îettre n'eil pas lojiguej on la donnera.
Du-c DE Bouillon. Liv.-VîIT. 25.5
ici toute entière telle qu'elle à été
écrite.
« Je prends la hardiefTe de vous re- te
prefenter, Sire, avec le trcs-hum- «
ble refped: que je vous dois , 5c avec t«
la liberté qu'une alTez longue expe- «
îience dans le,s affaires me donne, ^e
que les Remonirances <taiit le feul.tc
éc légitime moïen que vos Sujets de te
la Religion aient de s'adrelfei a Vôtre «
Majcfté , il eft plus utile à Ton fervice u
de rccevoirxellesqu'ijs lui prefentent, «
.que de les rejetter j puiique la défian- te
ce efl: telle parmi eux , qu'ils croient «
que leur luine eft réfoluë. Vôtre pru- ce
dence , S i r e , peut détourner & pré- «
venir ce mal , en continuant vôtre ce
Royale protedion à vos Sujets de la ce
Religion , Ôc en ne permettant pas te
que pour avancer la perte de tant de te
perfonncs innocentes qui .ne fouhai- te
tentque la profperité de vôti;.e règne, «c
& qui font attachées à vôtre Tervice , ce
on falTe violence aux ^.dits des Rois te
vos PrédecelTeurs , que Vôtre Majef- te
té a plufieurs fois confirmez. Je ne te
puis croire , S i r e , qu'on lui donne te
des confeils fi préjudiciables à Ton ce
Etat , encore moins qu elle veiiille te
Jes fuivre ^ ôc ralumer la Guerre-ci- «
iJi54 'Histoire d e Henry
î3 vile que le Roy votre Perc a éteinte
w avec tant de peine &■ de prudence ,;
M perfuadé qu'il étoit que la confcience
i' ne doit pas être forcée par les mena-
^j ces du fer & du feu , & qu'il ed im-
« poflible de contraindre i'efprit à croi-
*•) re une chofe dont il ne voit pas la ve-
?3 rite. ïl cft plutôt à craindre que dans
>j Tefperance incertaine de réunir tous
,n vos Sujets dans la même Religion,,
sî les Ennemis de la nôtre n'engagent
» vôtre autorité dans des inconveniens
.«dangereux. Dieu veiiille éloigner de
93 vôtre Perfonne facrée ceux qui ont
.3î envie de la porter à cette violence ,
» & détou! ner les préfages funeftes qui
» fe peuvent tirer de leurs mauvais coii-
.wfciis, " Le Duc de Eou'llon finilfoit
fa lettre en offrant fcs fervices au
Roy, au cas que SaMajefté le jugeât
capable de contribuer quelque choie
à la paix de à la tranquillité publique.
Il eft aisé de juger que le delfein de
cette lettre étoit de détourner le Roy
des réfolutions qu'où tâcho;t de lui
infpirer contre fes Sujets Calvimftes,
.&: que pour excufer leurs défiances ,
Se inlpirer à Sa Majcfté qu'elles n'é-
toient pas fans fondement , il afFcéle
de paroître perfuadé qu'on a deireia
-^Duc DE Bouillon. Liv. VII!. 15?
de les penAie , de que le Roy ne veut
plus foufFrir que Texercice de la Reli-
gion Catholique dans Ion Royaume.
Pîulieuis Grands du paiti en écrivi-
rent ôc en parlèrent en ce iens au Roy,
& n'épargnèrent rien pour détourner
l'efFct des confeils qu'on tâclioit de
lui infpirer.
Mais l'Aifemblée de la Rochelle
piquée du refus que le Roy avoit fait
de recevoir fes requêtes jufques à ce
qu'elle fe fût: iéparée , en ula d'une
manière qui ne permit pas à Sa Ma-
jefté d'ufer de fa clémence ordinaire.
Dans ce même-temps le Roy éleva
le Duc de Luines à la dignité de Con-
nétable. Cette grande charge avoic
été promife au Maréchal de Lefdi-
guieres pour le détacher du parti Hu-
guenot , à condition qu'il i~e feroic
Catholique : mais de Luines fit eu
forte que Leidiguieres qui ne vouloic
pas fe brouiller avec le- Favori , con-
fentit qu'il lui fût préfeié , pourvu
qu'il fût fait Maréchal Général, Le
Roy écrivit aulïï-tôt aux Seigneurs
âbfens de la Cour ce qu'il venoit de --^ i«"i«
faire en faveur du Duc de Luines. I1m!;iciii;
en écrivit en particulier au Duc de'^'^';ç°is
Boiiillon. Le Duc répondit à Sa Ma- i^it?
On peut
voir cet-
i^^ Histoire de Henry
iefté ; comme ia lettre fut rendue pu-
blique , l'on rapportera ici en fubftaii-
ce ce qu'elle contenoit.
Le Duc de Bouillon y parie fort
fobrement de la promotion du Duc
de Luines à la dignité de Connétable.
Il fe contente d'a,pprouver en termes
généraux tout ce que le Roy jugeoit
A propos de faire. Mais fur ce que Sa
Majefté avoir ajouté dans fi ier.tre.,
qu'elle s'avanceroit jufques à Tours
pprcs les Fêtes de Pâques j que là
elle aviferoit aux moï'ens de mainte-
jîir fon aiuorité & fes Edits , & que
pomme elle prétendoit protéger &c
favorifcr ceux qui lui feroient fidèles^
fon delfein étoit aufll de réduire les
Fadieux & les Rebelles : comme dis^
je , Sa Majefté mar<iuoit par-là qu'elle
fe difpofoit à punir la rébellion de
l'Alfemblée & de la Ville de la Ro-
chelle 3 le Duc de Boiiillon lui repré-
fente que dans cette fâcheufe affaire
elle acquereroit plus de gloire , & ne
maintiendroit pas moins ion autorité,
en préférant les voies de la clémence
à celles delà rigueur ; que c'étoit le
moïen le plus sûr de difllper les crain-
tes Se les défiances du plus grand nom-
bre de fcs Sujets Calyiniftes j qu'ils
ctoieaf
Duc DE Bouillon. Lrv.VIIÎ. 2.57
«coient perfuadez que le bruit qu'on
iaifoit de la derobéillance de rAirem-
blée de la Rochelle, n'écoic qu'un pré-
texte dont on prétendoit fe prévaloir
pour révoquer tous les Edits qui leur
avoient été accordez. Qu^e Sa Majci-
té fçaroit mieux que perfonne , que
cette crainte n'étoit pas fans fonde-
ment ; que Ci elle fe tournoit en per-
fuafion, elle ne pouvoir produire que
de fort mauvais effets j ôc que les
Calviniftes fe croïans perdus croi-
■roient auflî qu'ils n'auroient plus riefi
à ménager. Qiv^il étoit aisé de préve-
nir ces inconvcniens , en témoignant
par quelque chofe d'extérieur , que Sa
Majefté vouloir ufer de clémence , 8c
conferver fa bien.veillance &: fa pro-
tc6tion à tous fes Sujets fans diftinc-
tion de Religion : que fi après une
pareille démaiche l'Alfemblée de la
Rochelle continuoit à defobéir à Sa
Majefté , il n'y auroit plus perfonne
qui osât l'approuver , Se qui entreprît
de la défendre.
Il eût été à fouhaiter que les Cal-
viniftes de France euflent été dans les
fcntimens que le Duc de Boiiillort
fuppofoit , & qu'il leur eût infpiré
lui. même , s'il eût été fur les lieux,
Tm? III, M
lue
I5S HiSTOIRl DE HehRY
L'on peut alFurer que le Roy eût usé.
de fa clémence ordinaire , h l'AfTem-
blée de la Rochelle eût pu fe réfoudre
à y avoir recours. Mais bien loin de
faire là-deifus la moindre démarche ,
elle n'eut pas plutôt appris que le Roy
devoit partir après Pâques pour s'a-,
vancer jufques à Tours , qu'elle prie
la réfolution de faire foulever toutes
les Provinces de France , de réfifter au .
Roy à main armée , & d'exécuter en-
fin le projet de fa République chime-
Supe j-ique ^Q,^[ Q^y ^ f^j^f parlé. Pour cet
...ont ^» J- ^] r 1 ^ 1 I
nocet eftet elle ht un règlement par lequel
ysibaii^e u divifoit la France en huit cercles ,
MéiJeiaou departcmcns prmcipaux. hue y
Rochci- ^cablilFoit des Chefs , des Gouver-
le T. 7. '
neurs Se des Commandans. Elle don-
na au Duc de Soubife la Bretagne ,
l'Anjou, l'Ifle-Bouchard , le Loudu-
nois , le Poitou &c Tes dépendances.
Le Duc de la Trimoiiille eut l'An-
goumois , la Xaintonge , & les Ifles
adjacentes. Le vieux la Force fut éta-
bli dans la baflc-Guyenne , & le Mar-
quis fon Fils dans le Bearn. Le haut-
Languedoc & la haute- Guyenne fu-
rent deftincz au Duc de Rohan ; &
le Marquis de Chatillon fut pourvu
du Commandement du Bas Langue-
Duc DE BoUlLLOTT. LiV. VIIÎ. 15^
doc, des Sévennes, du Givaudan&du
Vivarets. Celui du Dauphiné , de la
Provence &c de la Bourgogne fut don-
né au Maréchal de Lefdiguieres. L'Af-
femblée donnoic au Duc de Bouillon
le Commandement général des ar-
mées en quelque Province qu'il fe
trouvât , Se elle lui accordoit pour [on.
Gouvernement ou Département par-
ticulier la Normandie, l'Ifle de Fran-
ce, le Berry, le Pais du Maine , le
Perche Ôc la Touraine , avec tous les
Privilèges ôc Prérogatives de Chef de
Commandant Général du parti Cal-
vinifte. Ainfifon projet dont on a tant
parlé , fe trouva pielque exécuté fans
qu'il s'en fût mêlé , &: qu'il fe fût
donné pour cela beaucoup de mou-
vement.
Mais les chofcs n'étoient plus fur
le pied où elles étoient, lorfque le
Duc de Boiiillon penfoit à fe faire
Chef du parti Calvinifte , ôc il n'étoit
pas homme à donner dans les chimè-
res de l'AlTemblée de la Rochelle. Il
a voit remarqué que dès que lés Cal-
viniftes n'avoient plus eu un Chef du
Sang Royal , ou d'une naiflance Ôc
d'une capacité allez grande pour réu-
nir tout le parti , chaque Seigneur
Mij
z6o Histoire d e Henry
avoit afFedé l'indépendance j que la
fubordination fi necedaire pour le
maintien des focietcz s'étoit éva-
noiiie ; que les Miniftres ôc les Con-
fiftoriaux , gens pour la plupart d'une
naiilance peu diftinguée , & d'une ca-
pacité encore plus médiocre pour ce
qui s'appelle les affaires d'Etat , a-
voient pris le deifus , de s'étoient em-
parez de la principale autorité j que
cette efpece d'Anarchie avoit dégoûté
la plupart des Seigneurs Calviniftes ;
que la Cour profitant de cette difpo-
fltion en avoit gagné une partie , &
travailloit à s'acquérir l'autre^ qu'elle
avoit des Penfionnaires ôc des Efpions
dans toutes les Provinces ; qu'elle
étoit informée de tout ce qui fe paf-
foit dans les Alfemblées , de qu'il n'y
avoit plus de fecret dans le parti.
A ces confiderations , le Duc de
Boiiillon en ajoûtoit d'autres qui n'é-
toient pas moins décifîvcs. Il faifoit
réflexion qu'il étoic avancé en âge ÔC
accablé d'infirmitez ', qu'il ne pouvoit
plus fe donner les mouvemens , ni
agir avec la vigueur que demandoic
le commandement qu'on lui ofïroit j
qu'il avoit des Enfans qui promet-
toienc beaucoup , mais qui n'ccoien;
Duc DE BolTiLLON. LiV. VIIÎ. l(^î
pas en âge de'foutcnir Tes grands def-
leins ; qu'en Te déclarant Chef du par-
ti Calvniifte, il s'cxporoit à leur faire
perdre la Principauté de Sedan , &
toutes les belles terres qu'il polfedoic
en France , qu'il ne pouvoit rien faire
de mieux pour eux , que de les leur
conferver , & de leur faire un Protec-
teur du Roy de France , bien loin de
leur en faire un Ennemi. Ces réfle-
xions l'emportèrent dans l'cfprit du
Duc de Boliillon , fur ce qu'une am-
bition mal éteinte étoit capable de lui
infpirer. Il refufa le Commandement
général que l'Alfemblée de la Rochel-
le lui ofFroit , de l'approbation &c du
confentement des Grands du parti.
L'on ne fut pas long - temps fans
s'appercevoir que le Duc de Bouillon
avoir mieux jugé qu'un autre de l'état
des affaires des Calvinifles , & qu'il
avoir plus de lumières que l'AfTem-
blée de la Rochelle ,& que tant d'au-
tres de toutes conditions qui penfe-
rent fe perdre , ou qui fe perdirent
en effet pour avoir fuivi Se favorisé
fcs mouvemcns. Le Duc de la Tri-
mouille fuivit l'exemple du Duc de
Bouillon : il refufa l'emploi qu'on
lui propofoit. Peu de temps après le
Miij
2f^2 Histoire di Henry
Maréchal de Lefdiguieres abandonna
publiquement le parti Calvinifte. Il fe
fit Catholique , & fucceda au Duc de
Luines qui ne garda pas long-temps
la dignité de Connétable de France.
La Force &c Chatillon ne changèrent
pas à la vérité de Religion , mais dans
la fuite ils s'accommodèrent avec la
Cour , & furent faits Maréchaux de
France. A peine le Roy fut-il entré
dans le Poitou , que toutes les Villes
Calviniftes fe fournirent à Sa Majefté.
H ftoiic- La Ville de Saint- Tean d^Angeli dont
bciHon. le Duc de Roban etoit Gouverneur ,
Tome I. ^ dont Soubife avoit entrepris la dé-
fenfe , fut affiegée ôc obligée de fe
rendre. Toutes les Villes de la balFe
Guyenne eurent le même fort. Enfin
fi Montauban n'eût arrêté le progrès
des armes du Roy, la Guerre eût été
apparemment terminée dans une feu-
le Campagne. Mais (î elle fut glorieu-
fe au Roy , elle fut très-funefte au
Connétable de Luines j il mourut d'u-
ne fièvre pourprée au Château d'E-
guillon le quatorzième de Décembre.
Le Maréchal de Lefdiguieres lui fuc-
céda Tannés luivante. On ne lui don-
na point de Succelleur après fa raart.
Jufques à prefent il a été le dernier
Connétable de France.
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. i6^
Cependant comme la faifon deve-
noit fâcheufe , & qu'on ne pouvoic
continuer la Guerre fans perdre beau-
coup de monde, le Roy qui étoit à
Bourdeaux prie la réfolution de venir
palfer THyver à Paris , & d'y faire
les préparatifs de la Campagne pro-
chaine. Son chemin étoit de palier à
Caftillon , Ville qui appartenoit au
Duc de Bouillon. L'importance de la
Place fit croire au Comte de Schom-
berg, qu'il étoit du fervice du Roy,
qu'il Te faisît de la Ville & du Châ-
teau ; qu'il en chafsât la Garnilon du Memoi-
Duc de BoiiiUon , &: qu'il y en mît -c^ ''=
une qui put lui aliurer un poire qui piene.
lui étoit important pour la Guerre
qu'on avoir delTein de continuer l'an-
née fuivante. Il en fit au Roy la pro-
pofition ; mais Sa Majefté qui fe fou-
venoit de ce dont elle étoit convenue
avec le Duc de Bouillon touchant
la neutralité de Tes Terres , ne vou-
lut rien réfoudre , que cette aiFaire
n'eût été proposée au Confeil. Schom-
berg y appuïa de fon mieux fa pro-
portion. Marillac &: quelques autres
furent de fon fentiment. Mais quand
ce fut à Balfompierre a parler , il s'y ^^"^*
oppofa fortement , de voici ce qu'il
M iiij
i6^ Histoire de Henry
rapporte lui-même , qu'il dit au Rov,
w Seroit-il po/Tible , S i r e , que vous
» vouîuffiez manquer à vôtre parole.
« Quai donc la Ville de Caftil-
« Lon qui fe jrepofe fur la proreâiioii
M que vous avez promife aux Terres
»» de M. de Bouillon , fe trouvera op-
ïî primée à caafe de fa bonne foy , en
« préfence & par les Ordres exprès d'un
35 Prince à qui fcs Sujets donnent le
a» beau far - nom de Jufte ? Comment
« avez-vous écouté cette propofition ?
33 Comment pouvons-nous délibérer fur
« la manière de Téxécuter ? S i r e , il
» eft facile de tromper ceux qui fe fient
M à nous j mais on les furprend rare-
M ment deux fois. Un feul manquement
«de parole eft capable de vous faire-
» perdre la confiance de vos Sujets.
>ï Vous ferez le Maître de Caftillon fans
M peine. Qjii en doute î Mais craignez
>5 que toutes les autres Places des Hu-
5> guenots qui fe repofent fur vos pro-
M melfes , ne vous échapent immedia-
ai tement après , & qu'elles ne fe dé-
33 clarent pour rAlfemblée de la Ro-
«chelle. M. de Bouillon m.écontent
>ï de ce que vous lui ôtez Cafbillon , fe
«joindra peut-être à ceux de fa Reli-
ai gion que vous prétendez réduire , ^
Duc i>E BouitiON. Liv. Vni. kT;
€[uel avantage ne tireront-ils pas de <«
la diverfion qu'un Seigneur qui a du «
crédit au dedans & au dehors du «
Royaume , peut faire en Champagne, «
en Limofin & ailleurs î Meilleurs de ««
la TrimoUilie & de Sully croiront «
encore devoir chercher leurs furetez. <«
Monfieur de Lefdiguieres qui vous a «
fi bien fervi, fera tenté de penfer à ««
lui en fe capitonnant dans le Dauphi- «c
ni. J'ignore qui vous a donné ce con- «
feil , mais je f<jai qu'il ne peut venir m
que d'une perfonne interclfée , ou im- ce
prudente,peut-être mal intentionnée, «e
Pour moi je ferai toujours d'avis que "
vous gardiez vôtre parole religieufe- «
ment a vos amis^ à vos ennemis , à «
vos voifins & à vos Sujets. Rejetiez , <«
Sire, avec un noble & généreux «
dédain , toutes les propofitions que «
certaines gens vous feront jamais au «
contraire. « Ces fentimens iont fî no-
bles , fi conformes à la droite raifon
& à la véritable politique , qu'on a.
cru les devoir rapporter dans les pro-
pres termes dans lefquels ils ont été
exprimez. Balfompierre aïant achevé:
de parler , les Maréchaux de Praflin,
4e Chaunes , de Crequi & tous ceux
qui dévoient opiner après lui , témoi-
Mv
i6ij Histoire de Hinry
gnerent qu'ils étoient de fou fenti-
ment. Ce fut aufîï celui du Roy ; ainfî
il ne voulue pas même palTer par Caf-
tillon, il prit le chemin de Ligourne.
C'étoit le dernier jour de Tannée.
L'an La fuivante ne fut pas plus favo-
*'^"' rableaux Calviniftes. L'on ne s'arrê-
tera point à détailler les fuccès des
Armes du Roy. Ils ne font pas de
mon fujet , puifquc le Duc de Bouil-
lon n'y a eu aucune part. L'on rap-
portera feulement un événement au-
quel il eft trop intcrelfé pour n'en pas
faire le récit. C'eft la Prife & le Sac
de Négrépelilfe , Ville fort jolie qui
appartenoit au Duc de Bouillon. Elle
s'attira elle-même ce malheur en fe
déclarant contre le Roy , & en égor-
geant avec la dernière inhumanité une
Garnifon de quatre cens Hommes du
Régiment de Vailhac , que Sa Ma-
jefté y avoit laifTée l'Hyver dernier
avant fon retour à Paris. L'adion é-
toit des plus énormes ; elle mettoit le
Roy dans la néceffité d'en faire un
exemple , &: de traiter cette Ville à
la rigueur. Les Troupes du Roy ani-
mées du defir de vanger leurs com-
Mêmoi pagnons cruellement malficrez dans
wL'J. Negrépelilîè , & flacées dç l'eiperaiis»
Duc DE Bouillon. Liv.VIII. i6y
ce du pillage, l'attaquèrent avec beau-
coup de valeur. Les Habitans après
s'être défendus en defefperez , de-
mandèrent à capituler. On le leur
refufa : l'attaque recommença ; elle
fut foutenuë d'abord avec toute la
vigueur que le defefpoir a coutume
fl'infpirer 5 mais enfin étant forcez de
tous cotez , la Ville fut emportée
<l'airiut. Tout ce que la brutalité du
Soldat eft capable de commettre dans
une Ville abandonnée à Ton avarice
& à fa fureur , fut commis dans Né-
grépeliffe. Rien n'y fut épargné , &
la Ville réduite en cendres apprit aux
autres Villes Calviniftes à garder au
moins les loix de la Guerre , & à ne
s'attirer pas un pareil châtiment en
violant tous les fentimens de l'huma-
nit€.
Le Duc de Bouillon eut un extrê-
me déplaifir du traitement fait à Né-
grépelilfe. H lui fembloit que leRoy
( fans en craindre les conféquences )
pouvoit & devoit la traiter avec moins
de rigueur. Mais comme elle avoit
violé la première les conditions fous
lefquelles le Roy avoit pris toutes
fos Terres fous ù protection , il ne
jugea pas à propos de s'en plaindre,
M vj
i68 Histoire de Henry
J^uT'^. Après La prife de quelques autres
b.'iiioii. Villes , le Roy prit le chemin du bas-
°'^' '■■ Languedoc , & marcha droit à Mont-
pellier pour en faire le (îege. Le fuc-
cès des Aimes du Roy allarmoic
extrêmement tous les Seigneurs du
parti Calvinifte., Mais il n'y en eut-
point qui en parût plus touché que le
Duc de BoUillon. Il en prévoïoit les.
conféquences j&: comme il étoit En-
nemi des fpéculations inutiles, il pen-
foit continuellement aux moïens de.
les prévenir. Ce fut dans cette vue.
qu'il crut devoir Ce raccommoder a-
vec le Duc de Rohan qu'il regardoit.
depuis long-temps comme un Com-
pétiteur dont il auroit toujours à fe
défier.. Ce Seigneur étoit alors à Isl
tête des Calviniftes :, moins prévoïant
que le Duc de Bouillon , il s'étoic
iai(Fé entraîner aux foUicitations de
l'Aiïèmblée de la; Rochelle , & il fou-
tenoit ce parti prefque abbatu , &
dont il prévoïoit lui-même l'entière,
ruine, avec autant de conduite que de
yaleur. Le Duc de Bouillon qui ai-
Eûoit la fermeté &" le courage même
dans Ces ennemis ^ lui envoïa un Gen-
tilhomme de confiance avec une let^
îre de créance.
Duc DE BouïiiON. Lrv. VIÎT. kT^
Ce Gentilhomme avoir ordre du
Duc de Boiiillon de reprefenter au'
Duc de Rohan , combien il écoit fen-
iîble aux malheurs de ceux de leur
Commune-Religion. Mais que puif-
qu'il écoit inutile de les plaindre , il
ialoit penfer férieufement à y remé-
dier ; qu'il étoic perfuadé que la con-
tinuation de la Guerre ne pouvoit pro-
duire que Tenciere ruine du parti j,
qu'on ne pouvoit la détourner que par.
la Paix ; qu'il faloit penfer à s'accom-
moder inceilamment avec le Roy j,
que pour faciliter cet accommode-
ment , il ne faloit point s'opiniâtrer à.
obtenir des conditions aufïï avanta-
geufes ,. que certaines gens les vou-
loienc -, qu'il fuffifoit que la Paix fût
générale j mais que plus on difFereroit.
â la conclure , moins les conditions,
fbroient avantageufes.
Le Gentilhomme avoit ordre d'à-,
jouter que fi le Roy inébranlable dans
fès dcfTeins ou ne vouloit point de
Paix , ou ne la vouloit que particu-
lière j. le Duc de Bouillon conlèntoic.
àfe déclarer , & à faire une diverfion
du coié de la Champagne ^ que dans
cette vue il négocioit a6luellement
axec le Comte de Mansfeid ; qii'à.
xyo Histoire de Henry
Toccafion de ce Traité,le Duc deBouil-
îon demandoit trois chofes ; un pou-
voir de tout le parti pour traiter avec
Mansfeld ; que le même parti s'obli-
geât de fournir aux frais néceiraires
pour foudoïer Se faire fubfifter fon Ar-
mée autant de temps qu'il feroit nc-
ceflairc j qu'enfin on lui donnât une
afTuiance poiitive qu'on ne feroit
point la Paix fans que lui Duc de
Boiiillon y fût compris. Les affaires
du Duc de Rohan & du parti étoient
alors dans une iî mauvaiie Situation ,
qu'il ne pouvoit leur arriver rien de
plus avantageux que ce que le Duc de
Bouillon oftroit. Ses propofitijons fu-
rent donc acceptées , & le Gentilhom-
me fut renvoie avec ordre de l'alTurer
qu'on approuveroit tout ce qi/il fe-
roit , ôc que s'il étoit obligé de fe dé-
clarer, on ne feroit point la Paix qu'il
n'y fût compris.
Voila donc le Duc de Bouillon en
négociation avec le Comte de Manf-
feld. Pour la mieux comprendre , il
eft bon de dire quel étoit cet Homme
extraordinaire dont l'Hiftoire a tant
parlé. Le Comte de Mansfeld dont
il s'agit, étoit fils naturel du Comte
Erneft de Mansfeld , Gouveineur de-
Duc DE Bouillon. Liv.VIII. 271
la Province de Luxembourg pour le
Roy d'Efpagne. Après la mort de fon
père qui n'avoit point laifle d'autres
enfans , il prétendit à fa fuccelîion.
Les Efpagnols la lui refuferent , ôc
fondèrent ce refus fur ce qu'il n'étoit
pas légitime. Il devint par-là leur En-
nemi 5 ôc comme il avoit de grands
talens pour la Guerre , il les fit repen-
tir plus d'une fois du refus qu'ils lui
avoient fiit. A proprement parler ,
Mansfcldétoit unAvanturier qui n'a-
voit ni feu ni liew ; il ne poffedoic
pas un pouce de terre : cependant fa
réputation attiroit fous fes Enseigne»
les Troupes les plus aguerries de l'Al-
lemagne. Par-là il le rcndoit redou-
table aux plus grands Princes j il n'y
en avoit aucun qui ne craignît de l'a-
voir pour Ennemi, Il rendit de grands
fer vices à l'Eledleur Palatin dans la
Bohême & dans le Palatinat ; & il y
eût apparemment fait échouer les
delfeins de l'Empereur & ceux du Duc
de Bavière , fi le Palatin ne l'eût pas
congédié à contie-temps par le con-
feil du Roy d'Angleterre fon beau-
pere , auquel il crut qu'il ne pouvoit
pas fe dilpenfer de déférer. Ce fut
cependant ce qui caufa fon eiiftiere
i,ji Histoire de Henry
luine. Mansfeld congédié par le Pa-
latin fe joignit à un autre Avanturier
qAii avoit auflî fort - bien fervi le nou-
veau Roy de Bohême dans le Palati-
nat , & qui fut auiïî congédié en mê-
XHe - temps que Mansfeld. C'étoit
Chriftian de Brunfwick Adminiftra-
teur de TEvêché de Halberftat , grand
Homme de Guerre , & qui n'étoit
point inférieur à Mansfeld.
Ces deux Avanturiers après avoir
rakvagé la Lorraine avec une Armée
de quinze mille Hommes de pied &
de dix mille Chevaux,, qui portoit par
tout l'épouvante & la défolation ,,
paflTerent la Meufe , & s'aprocherent
de Mouzon à la follicitation du Due
de Bouillon. Il avoit fait le plan de
leur marche, & il leur avoit envoie
des Guides. Son delïein étoit ou de
porter le Roy par la crainte d'une
irruption dans la Champagne à don-
ner la paix aux Calviniftes, ou de pro-
curer une diverfîon eiFcdtive ,. fi le
Roy refufoit de la donner. Mais com-
m« il eut appris que les proportions
4e paix avoient été rejcttées fur le.
r^fus que firent les Habitans de Mont-
pellier , de recevoir le Roy dans leur
yille j il Et offrir à Mansfeld du ca-
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. 275;
non de des munitions pour faire le
lîege de Mcuzon, Après avoir traité
inutilement avec lui par des Envoïez ,
il lui fit propofer une entrevue. Manf-
feld l'accepta , ils fe rendirent tous
deux dans la Prairie de Donzi , ( c'ell
le lieu dont ils étoiei;t convenus pour
la Conférence. ) Le Duc de Boiiillon
qui polfedoit en perfection le grand
art de la négociation , n'oublia rien
pour l'engager à faire une diverfîon
du côté de la Champagne en faveur
des Calviniftes. Mais il ne fut pas
long-temps uns pénétrer , que ce n'é-
toit pas Tintention de Mansfeld , ôc
qu'il n'avoit delfein que de tirer de
l'argent du Roy , &: d'aller fondre
ailleurs avec fon Armée. Tout ce que
le Duc de Bouillon put obtenir , fut
qu'il ne fe prefTeroit pas de s'éloigner
des frontières de France , afin qu'on
pût fe prévaloir de cette conjonélure
pour porter le Roy à la Paix , ou trou-
ver pendant ce temps-là quelque
moïcn pour l'obliger à fe déclarer ôc
à porter laGuerre dans laChampagnc
Depuis cette Conférence , le Duc
de BoUillon frappé de ce qu'il avoit
remarqué dans cet Homme vraie-
ment extraordiiiviire en tout , ne par.
i74 Histoire di Henry
loit qu'avec admiration de ce mélan-
ge bizarre & monftrueux de bonnes
éc de mauvaifes qualitez dont l'af-
femblage rendit Mansfeld un des pro-
diges de fon fiecle. En effet outre le
talent qu il avoit pour la Guerre , il
avoit le cœur grand j toujours à Té-
preuve des contre-temps , il trouvoit
des relîources lorfqu'on leeroïoit per-
du. Il étoit habile en politique, bon
pour le confeil , excellent pour l'exé-
cution, d'une bravoure héroïque. Per-
fonne n'entendoit mieux que lui fes
intérêts , il les fuivoit conftamment,
& prenoit rarement de faufles mefu-
res. Mais ces qualitez étoient mêlées
de fi grands défauts , qu'on ne pouvoir
alfez admirer , comme tant de contra-
rietcz avoient pu fe rencontrer en-
femble.
Cependant Mansfeld avec toutes
Vittono r ^ .
siri me- Ics quaiitcz qu on vient de reconnoi-
"^°'^'^- tre en lui , ne laiiFa pas d'être la dupe
recondi- , •,. t « i • i r
i£. T. j. du Duc de Nevers. Au bruit de ion
arrivée fur la frontière de Ton Gouver-
nement de Champagne , il y étoit
accouru. Il commença par amufcr
Mansfeld par diverfes propofitions
qu'il lui fit faire de la part du Roy.
Il luiéébaucha une partie de-fes Trou-
Duc DE BouiLiON. Liv. VIÎT. 171
pes -y il le prévint contre le Duc de
JBoUillon , en forte que Mansfeld com-
mença de fe défier de celui qui j'avoit
appelle. Enfin le Duc de Ne vers fe
conduifit avec tant d'adrelTe, qu'en
trainant la négociation en longueur ,
il afFoiblit l'Armée de Mansfeld , &
donna le temps aux Troupes du Roy
d'arriver des Provinces voifines.
Quand il fe vit aifcz fort pour faire
tête à Mansfeld , ôc même pour le
battre , il rompit fous divers prétex-
tes la négociation qu'il avoit com-
mencée , & fit dire à Mansfeld qu'il
fi'avoit point d'autre parti à prendre
que de s'éloigner de la frontière de
fon Gouvernement. Mansfeld au dé-
fefpoir d'avoir été trompé , lui qui a-
voit coutume de tromper les autres ,
voulut renoiier fa négociation avec
le Duc de Bouillon dont il reconnut
qu'il avoit eu tort de fe défier ^ mais
il n'en étoit plus temps. Le Duc de
Nevers étoit trop fort pour entrepren-
dre d'entrer en France malgré lui. A
cet inconvénient il en furvint un autre.
Mansfeld fe brouilla avec l'Adminif-
trateur de Halberftat. Ils n'agirent
plus de concert ; chacun forma des
deHeins particuliers , ôc prit des me-
2.7^ Histoire bï Henry
fures qui y étoient confoiaies. Sut
le tout Gonzales de Cordoiie Général
d'une armée Efpagnole s'avança fur
les Frontières du Luxembourg , pour
s'oppofer à Mansfeld & à l'Adminif-
trateurde Halberftat , s'ils entrepre-
noient d'y entrer. Ces deux Avantu-
ricrs étoient perdus fans retrource ,
Cl le Général François & le Général
Efpagnol eulFcnt voulu s'entendre &
les attaquer de concert j mais ils a-
voient tous deux des vues qui ne s'ac-
cordoicnt pas avec ce defiein. Gon-
zales avoit ordre de ménager fon Ar-
mée &■ de ne rien riiquer , de de-
meurer fur la défenfîve , &: de n'atta-
quer qu'en cas que les Allemans en-
trepriltbnt quelque chofe fur les Pro-
vinces Catholiques des Païs-bas. Le
Duc de Nevers au contraire content
de les avoir empêché d'entrer en Fran-
ce , fouhaitoit qu'Us tombalfent lur
les Efpagnols , qu'ils marchalfent au
fecours des Provinces Unies ,& qu'ils
aidaflfent le Prince Maurice à faire le-
ver le fiege de Bergopfom , que faifoit
le Marquis de Spinola.
C'étoient aum les vues de la Cour
de France. On y vouloit ménager
l'Efpagne , mais on ne vouloit pas
Duc DE BOUItLON. LiV. VIII. I77
qu'elle fit des conquêtes fur les Pro-
vinces-Unies , & quelle opprimât
cette Republique nailîante. Il ctoit
donc queftion d'engager les deux A-
vanturiers à marcher au fecours des
Provinces-Unies : mais ils étoient Ci
irritez contre la France de la trompe-
rie que le Duc de Nevers venoit de
leur faire , qu'il n'y avoit point d'ap-
f>arencc ni de traiter avec eux , ni de
es engager à faire quelque chofe à
fa confideration. Dans cet embarras
on réfolut de s'adrelïèr au Duc de
Boiiillon. Les amis qu'il avoit à la
Cour lui écrivirent que le Roy étoit
informé de fes négociations avec
Mansfcld &c Alberftat , & qu'il en
étoit fort irrité j mais qu'il oubliroit
le chagrin qu'il lui avoit donné , & le
danger où il avoit mis le Royaume,
en appellant les Allemans furies fron-
tières , s'il pouvoit engager Mansfcld
ôc Alberftat à marcher au fecours des
Provinces-Unies.
Quand la Cour ne s'en fût point
mêlée , & qu'il n'eût point été quef-
tion de Ce remettre bien dans l'elprît
duRoy j c'étoit le delfein du Duc de
Bouillon de procurer au Prince Mau-
rice fou beau-frere le fçcours que U
2.78 Histoire oe Henry
France vouloit lui ménager. Mais il
crut qu'il devoit s'en faire un mérite
auprès du Roy, Il répondit donc à fes
amis de la Cour , que fon deiTèin avoir
été d'engager Mansfeld ôc Alberftat
à rentrer au fervice de l'Eledeur Pa-
latin , &: à lui aider à recouvrer le
Paiatinat ufurpé par l'Empereur & par
le Duc de Bavière j mais que puifque
le Roy le fouhaitoit, on pouvoit Taflii-
rer qu'il engageroit les deux Généraux
Allcmans à fe joindre au Prince Mau-
rice , &c qu'ils arriveroient alFez à
temps pour faire lever le fiege de Ber-
gopiom.
Ce que difoit le Duc de Bouillon
du fecours qu'il avoit eu delfein de
procurer au Palatin , n'étoit pas fans
beaucoup d'apparence , mais dans le
fond il n'étoit nullement vrai. L'E-
ledteur toujours retiré à Sedan étoit
un Prince ruiné qui n'avoit rien à don-
ner aux deux Avanturicrs. Ils n'é-
toient pas d'humeur à le fervir pour
rien , eux qui n'av oient en vue que
leur intérêt , ôc qui n'avoient coutume
que de fc donner au plus offrant.
D'ailleurs le Roy d'Angleterre qui
avoit obligé le Palatin a defarmer,
fe faifoit fort de lui faire icftituer le
Duc DE BoviLLON. Liv. VIII. 179
Palacinac par la voie de la négocia-
tion. Mais comme ces chofes ne fe
fçavoient pas fi précisément à la Cour,
le Roy ne pouvoit que fçavoir un fort
grand gré au Duc de Bouillon de pré-
férer ce qui écoit de fon fervice aux
intérêts 4e fon Neveu.
En exécution des engagemens que
le Duc Bouillon venoit de prendre
avec la Cour de France , il entra en
négociation avec Mansfeld &: Alber-
ftat. Cela lui fut d'autant plus aisé ,
que dans la crainte d'être attaquez ou
par le Duc de Nevers , ou par Dom
Gonzales , ou par tous les deux enfem-
ble , ils s'étoient retirez fous les mu-
railles & fous le canon de Sedan. Le
Duc de Bouillon commença par re-
prefenter k Mansfeld & à Alberftat
les fuites funcftes de leur divifion , ôc
de celle des autres Chefs qui s'étoient
brouillez entrc-eux à leur exemple
par les artifices du Duc de Nevers. Il
les obligea a fe reconcilier ôc à a^-ir
déformais de concert. Il empêcha la
dilîîpation de leur Armée en leur four-
niflant des vivres &: des munitions
dont ils avoicnt un extrême befoin.
Enfaite il leur propofe d'aller au fe-
cours des Provinces Unies , mais fîins
zSo Histoire de Henry
fairetnention de l'inteiêt qu'y prcnoit
la France : ( c'eût été tout gâter. ) Il
ne paroît agir qu'en fon propre nom ,
& en celui du Prince Maurice qui a-
voit tout pouvoir des Etats Généraux
de Traiter avec eux. Mansfeld Ôc Al-
berftat n'oppofent à cette propofition,
que la difficulté des chemins Se l'em-
barras de leur gros canon & de leur
gros bagage. Le Duc de Bouillon levé
ces deux difficultez en dreifant avec
eux le plan de leur marche par le Hai-
naut , & en leur permettant de laiiTèr
leur gros canon & leur gros bagage
à Sedan. Il leur promet d'en avoir
foin , & de le leur rendre dès qu'il en
fera requis. Ces deux difficultez le-
vées , le Traité fut bien-tôt conclu.
Mansfeld & Alberftat fe mettent en
marche pour aller au fecours des Pro-
vinces-Unies.
C'eft ainfi que la France fut tout-à-
fait délivrée de la crainte que lui cau-
loit le voiHnage de ces Etrangers. Car
jufques à leur départ le Roy avoit été
obligé d'entretenir une Armée en
Champagne , pour les empêcher d'y
encrer. C'efl ainfi que le Duc de
Bouillon trouva le moïen de procurer
un grand fecours au Prince Maurice
Ion
T>vc Dî Bouillon. Liv. VIîÎ. iSr
foii beau-frere , «Se de faire fa Paix:
a\'cc le Roy. Celle qui fut conclue
bien-tôt après devant Montpellier »
rendit pour quelque temps le repos à'
la France, &: reconcilia tous les Sei-
gneurs Calviniftcs avec leur Souve-
rain. C'eft ce que le Duc de Boiiilloit
fouhaitoit avec pafïïon pour fe don-
ner tout entier au rctablilTement de
l'ElefVeur Palatin , & à la perfc«f>ion.
des ouvrages qu'il avoit commencez à
Sedan pour embellir la Ville &c pour
la fortifier. Il y avoit déjà quelques
années qu'il y avoit fondé l'Acadé-
mie dont on a parlé , dons le delfeia
d'y attirer la jcuncNoblclTèProteftan-
te d'Allemagne , celle des Provinces
Unies , & celle du parti Calvinifte de
France, il eut foin d'y fliire venir
d'habiles ProfclTeurs. On y cnfeignoic ^fcmo;-
les belles Lettres, les Langues qui foLt f" «n-
iiccclfaires pour l'intelligence des Ori- seâa». '^
ginaux de l'Ecriturc-Sainte, la Philo-
fophie , la Théologie , le Droit, les
Mathématiques , & tout ce qui peut
rendre habile dans l'Art militaire.
En un mot fans fortirde Sedan , on y
pouvoir apprendre tout ce qui regar-
de la Vie civile, le Monde , & la
Guerre.
7'o?M. ///. N
tti. Histoire de Henry
„ L'exécution de ce grand deireiû fuc
fuiyied'un autre qui n'étoit pas moins
digne des foins ôc de l'attention d'u/i fî
grand Homme. Il donna fes ordres
pour amalfer une Bibliothèque confi-
dcrable , composée des meilleurs Li-
v.res qui fulfent alors dans l'Europe ,
Se il fournit aux frais qui ne pouvoienc
être que grands , avec une libéralité
qui a peu d'exemples. Il demanda à
TEledeur Palatin plufieursManufcrits
de la célèbre Bibliothèque Palatine ;
mais on lui manda qu'ils ay oient été
portez à Rome,&: qu'ils faifoient par-
tie de laBibliothequeVaticanc.Il flilut
donc fe réduire aux Livres imprimez :
mais le Duc eut foin d'en amalfer un
fi grand nombre 5 & ils furent fi bien
choifis , que de fon vivant la Biblio-
thèque deSedan fc trouva une des plus
nombreufes ôc des mieux alforties qui
fuirent alors.
Il eut été à fouhaiter qu'on eût con-
fervé cette Bibliothèque dans fon en-
tier ; mais les changemens arrivez à
Sedan depuis fa mort donnèrent lieu
à fa diflipation. C'eft ce qui'on re-
connut en l'anncc 1(771. dans laquelle
Monfieur le Cardinal de Boiiillon, de-
puis Doïen duSacréCoIlege,fonpetic«
"Duc DE Bouillon. Liv. Vîîï. i8|
îfîls , obtint du Roy , qu'elle lui feroit
reftituée comme faii'ant partie des
meubles de fa Maifon. Ceux qui fu^
rent envoiez à Sedan de Ta part , n'y
trouvèrent prefque plus de Manuf-
crits. La plupart des Livres imprimez
les plus curieux étoient égarez , ou
-perdus , ou en lieu dont on ne pou-
voit plus les retirer j de forte qu'on
ne put apporter à Paris que les débris
( pour ainfi - dire ) de ce que le Duc
de Boiiillon avoir amalFé avec tant de
foin&de dépenfe» Ils font aujourd'huy
Î>artic de la biblioteque de Alonfieur
e Cardinal de Bouillon , l'autre par-
tie cft composée d'un grand nombre
de Livres qu'il avoir alors , & de la
Bibliothèque du fameuxAvocatGéné- . -„ , .
rai Servm. * 11 y a ajoute depuis la achetée
curieufeBibliotheque de feuMonfieur^'^'"'**
de Slufe Chanoine de i'Eglife Cathé-
drale de Liège , frère de l'illuftre Se
fçavant Cardinal de Slufe , &c fi dif-
tingué lui-même parmi les plus fca-
vans Hommes du dernier fieclc. Cette
Bibliothèque fut léguée à Monfieur le
• Cardinal de Bouillon par un article
exprès du Teftament de l'illuftre Mr.
de Slufe , en datte du 5. Août 168^,
Ce Teftament porte en termes exprès
^$4 Histoire de Henry
que M. de Slufe lègue à Mr. le Car-
dinal de Bouillon cous les livres qui
compofent cette Bibliothèque , avec
tous les manuicrits Grecs , Hébreux ,
Arabes , tous les inftrumens de Ma-
thématique & toutes les Médailles
qui en font partie. Il ajoute qu'il prie
Son Altelfe Eminentiiîime d'agréer
ce témoignage de la vénération qu'il
a toujours eue pour elle, L'illuftre M.
de Slufe mourut l'année fuivante le
19. deMars 1685. A cette bibliothèque
du Icavant M. de Slufe l'on a encore
ajouté depuis celle de M. l'Abbé d'Au-
vergnç neveu de M. le Cardinal de
BoUiUon : d'où il eft aisé de juger que
cétteBibliotheque eftaujourd'hui l'une
des plus nombreufes ôc des plus con-
liderables de Paris , du moins de celles
qui appartiennent à des particuliers.
Le Duc de Boiiillon n'étoit pas tel-
lement occupé des foins que deman-
doient l'Académie qu'il avoit fondée ,
(SclaBibliothequedont on vient de par-
ler , qu'il ne pensât encore à fortifier
Se à embellir la Ville de Sedan. Il eu
fit réparer les anciennes fortifications,
il en fit faire de nouvelles ^ Si il four-
nit les Arfenaux de tout ce qui étoic
;»ççeiraire pour la défenfe d'une Place
Duc DE Bottillon. Liv. VIII. lÈ^
de la réputation dont Sedan ctoit a-
lors. Les Princes de Sedan julques à
lui avoientlogé dans le Château ; les
bàtimens étoicnt Ipacieux , mais tril^
tes & d'un abord difficile. Il fît bâtir
une maii'on commode fur un terrain
d'une Situation plus gaïc, plus faine
& d'un abord plus aisé. Il la sépara
de la Ville Se du Château par des foifez
profonds Se d'épaiifes murailles , en
forte toutcsfois que Ton communi-
quoit aisément à l'une Se à l'autre.
L'aft-aire durétablilfcment de TE- v.»
ledeur Palatin étoit encore une de '**3-
celles qui occupoient le plus le Duc
de BoUillon. îl agilfoit fans celle par
lui-même & par les amis j mais la dé-
férence qu'on étoit obligé d'avoir
pour les fentimens de Jacques I. Roy
de la Grande Bretagne , bcau-pere du
Palatin , l'cmpcchoit d'agir avec tou-
te la vigueur qui eût été nécelTaira
pour empêcher l'entière ruine de fon
neveu. Le Roy d'Angleterre avoir de
bonnes intentions ; mais comme il
n'aimoit pas la guerre, &c qu'il étoic
naturellement grand tcmporifcur , il
fe flaccoit toujours de procurer le ré-
tablillement du Palatin par la voie de
U négociation. Pour tirer leRoy d'An-
Niij
iS(j Histoire dï HsNRt
glecerre de cette efpece d'afroupifTê--
liient, le Duc de Bouillon confeilla?^^
au Palatin de palïbr lui-même en An-'
glecerre pour déterminer Ton beau--*
père à prendre enfin le parti de ia^
guerre, & à ne fe plus laifFer trom--
per par les artifices des Cours dd'
Vienne ôc de Madrid,-
Ce fut le dernier confeil que le Duc-'
de Boiiillon donna à ce malheureux-
Prince. Il mourut quelque temps a-
piès fon départ de Sedan le 25. de
Mars de l'an 1613. Comme il avoit
toujours été bon mari, bon père , bon
parent , &: bon ami , Se qu'il ne lui
manquoit aucune des qiialitez d'un
excellent Prince , il fut généralement
regreté de fes Sujets , des Princes fes
Yoifins qui étoicnt prefquc tous ou
fes parens , ou fes allies , oufes amis ,,
mais fur-tout de fon illuftre & nom-
breufe famille,. Les Sça vans &: les ■
Gens de Lettres perdirent en lui un
îiecher, Protedcur, Lc Prelïdent Fauchet dans
^,^'ri''" fes reclierches , lui rend le glorieux:
î.uichct. témoignage qu il en avoit toujours
été l'appui, &: qu'en fon particulier, il
le regardoit comme fon bien-fadeur.
Cette circonftance eft d'autant plus
remarquable que l'on a vu- au corn-
Duc deBouulon. Liv. VIII. 2S7
-nienccmenc de cette Hiftoiie , que le
Connétable Anne de Montmorency
fon grand-pcrc maternel , qui s'étoïc
chargée de Ton éducation , avoit afîec-
té de'^lui ôter la connoillance des bel-
les Lettres , 8c de l'élever dans une
ignorance qui étoit alors fort ordinai-
re parmi la haute Nobleire de France.
•Mais ce n'eft pas d'aujourd'hui que
l'on a remarqué que les grands Hom-
ines deftinezàfairedes adtions dignes
d'être tranTmifes à la pofterité ^ dans
quelque ignorance qu'on les ait éle-
vez , ont toujours aimé les Sçavans &
les belles Lettres qui dévoient immor«
talifer leurs noms.
Le Duc de Bouillon n'eftima pas
feulement les belles Lettres ôc les
Cens Içavans : dès qu'il fut le maître
de Tes allions , il s'appliqua aux unes ,
il fréquenta les autres. Il fentit qu'il
lui manquoit quelque chofe , 5c que
les plus heureux génies ont befoiii
d'être cultivez ; qu'il en eft k peu près
de ceux que la na;ture a le plus favo-
rifez , comme des meilleures terres
qui lans le fecours de la culture ne
produiroient qu'une plus grande quan-
tité de mauvaifes herbes , & de plan-
ïCi inutiles ou même nuiilbles. Le Duc
N iiij
3.S8 Histoire de Henrit
de Bouillon s'adonna de lui-même k
l'étude des Mathématiques , Se à tout
ce qui pouvoit le perfe<ftionner dans
l'art de la Guerre. Ces précautions
foutenucs d'un grand iens qui fçavoic
profiter de tout ce qui fe prélentoit à
fes yeux , d'un feu , d'uiie activité , &
d'une valeur très-dillinguée , le ren-
dirent un des plus fameux Capitaines
6c un des plus grands Généraux d'ar-
jnée de Ton iiecle. Mais le Duc de
Eouillon ne Te borna pas à la gloire
qui s'acquiert parles Armes. Il fentit
que Ton génie alloit à tout j qu'il étoic
également propre pour la Paix ôz pour
"la Guerre , pour le confeil 8c pour l'c,-
xécution. Dans la vûë de féconder de^
il heureufes diipolitions , il s'appliqua-
à l'étude de la Morale, de l'Hiftoire
& de la Politique. Il ne négligea pas-
même celle de la Philofophie, de de la
Théologie j il en apprit ce qui pou-
voit convenir à un Seigneur de fa
jiailTance &c de fon ranir. Il s'inftruiiic
à fond des maximes du Gouverne-
ment , foit par rapport au dedans du
Royaume , foit.par rapport aux rela-
tions qu'il peut avoir aux Etats voi-
fms. Il apprit à connoître les hommes,
talent il rare & il nccciraire à ceux qui
Duc DE Bouillon. Liv.VIII. 289
font appeliez au Gouvernement d'un
Etat, Perlonne nepéuétroit mieux que
lui leurs intérêts les plus cachez , leurs
vues les plus iecrettcs , <$c ces inclina-
tions dommantes qui l'ont, pour ainfi
dire , la clef du cœur, Perfonne auiïï
ne connoiiloit mieux que lui à quoi
ils étoient propres , & par où il les
fliloit prendre. Ce fut ce qui le tic
réufïïr dans la plupart de les entrepri-
fes , quoique perfonne n'ait peut-être
jamais formé de plus grands delleins
que lui ; auffi n en confioit-il l'exécu-
tion qu'à lui-mcmc , ou à des perfon-
fonnes dont la capacité lui étoit par-
faitement connue. Si quelquefois il
n'a pas rculîi , ce n'étoit pas faute d'a-
voir bien jUgé des choies j c'étoic
manque de bonheur. Il leroit difficile
de dire ce que c'elt que ce bonheur &
ce malheur dont on parle tant -, l'ex-
périence apprend qu'il n'y a rien de
plus réel. Quand toute la fagelfe hu-
maine préfideroit à vos confeilsjquand
elle fe chargeroit de l'exécution de
vos deifeins , fi vous n'êtes pas heu-
reux , ou fî la fortune fe lalfe de vous
favorifer, vous ne réulîirez pas.Ufons
d'un langage plus chrétien. La fageilc
«diYiiic fe pblc quelquefois à coiifo:a-r
N Y
2.90 Histoire be Henry
dre la prudence des hommes &c à de-
ranger les ciitreprifes les mieux con-
certées. Le Duc de Bouillon n'a pas
toujours été heureux , mais on ne lui
reproche point ou d'avoir mal pensé,,
ou d'avoir mal pris Tes mefuies. Dans
les affaires qui demandoient dulecrer,
perlonne n'étoit plus impénétrable
que lui. Les pallions les plus sédui-
i^ntcs , celles contre lefquelles rcfpric
eft le moins en garde , ou dont le cœur
eft le moins le maître y ne lui ont ja-
mais fait dire ce qu'il étoit obligé de
taire.. Le Duc de Bouillon ne puifoit
pas feulement- fes lumières dans Ui
ledure des bons Livres , ( occupation
fi utile &c même fi néceiïaire , & pour-
tant la plupart du temps il négligée
par les perlonnes de fon rang, ) il en
.acqueroit de nouvelles dans le com-
merce des grands Hommes & des Sça-
vans.. Il en avoit toujours dans fa
Maifon ôc à fa fuite, à table, à la
promenade.. Dans fes voïaees même
il s entretenoit toujours ae choies uti-
Jes , il mettoit chacun fur fon fort,
& fur ce qu'il fçavoit le mieux. AiniL
ces heures perdues pour la plupart des
hommes n'étoient pas pour lui fans
«jjielqiie profit. Il avoit coutume d^
Duc DE Bouillon. Liv. VIIÎ. i^i
dire que la IcAure &c la converLitiou
font à refprit ce que la nourntareeft
au corps, &: que comme celui-ci Lm-
guit & meurt enfin f\ 1 on n'a pas foui
de le nourrir, de même refprit cft fans
force Ôc lans a^lion quand on ne lui
donne pas ce qui lui tient lieu de
nourriture.
Par toutes les qualitcz dont on vient
de parler , par cette attention conti-
nuelle à les cultiver , le Duc de Bouil-
lon devint un des plus grands Politi-
ques de fon temps. Pcrfonne n'opi-
noit mieux que lui dans un Confeil
d'Etat. Perfonnc ne conduifoit une
négociation, quelque difficile qu'elle
fût, avec plus d'habileté , de dexté-
rité & de fucccs. Toujours éclairé dans-
fes viics , toujours Fécond en expé-
diens , toujours attaché à fon objet,
il amenoit les affaires les plus impor-
tantes au point qu'il s'étoit proposé j.
doux , infinuant , ferme 8z môme in-
flexible félon les perfonnes avec ief-
quelles ilavoit à traiter. Les négocia-
tions importantes dont il fut charcrc
■pour l'Angleterre , pour les Provinces
Unies , ôc pour rAllemagne, ou pour
le parti Calvinifte , dans les temps les
•çlus difHciles.j, le fucccs & la gloire'
25)2 Hi.^roiRE DE Henry
avec leiquelles il s'en acquita , font
une preuve de ce qne j'avance. Ce
n'cft point un portrait d'imagination ,
il efl fait d'après nature. Tous les
Hiftoriens ôc tous les Mémoires de
fon temps parlent de lui , comme
TAuteur de cette Hiftoire. Aufîi n'eft-
ce pas un Homme du commun , que
Ton dépeint ici. C'elt un des plus
grands Hommes que la France aie
produits. C'eil: un de ceux qui lui a
fait le plus d'honneur , ôc qui a le
plus contribué à fa gloire.
Il eft vrai ( car enfin ce n'efl: point
un éloge que l'on écrit , c'eft une
hiftoire ) il eft vrai , dis-je , que plu-
iîeurs Hiftoriens prétendent qu'il a
trop donné dans l'intrigue , qu'il avoit
un efprit inquiet qui ne pouvoit de-
meurer en repos , Ô€ qui ne fe plaifoic
que dans l'agitation ôc dans le trou-
ble. Ils l'acculent même d'avoir fou-
vent troublé l'Etat pour parvenir à
fcs fins , ôc d'avcvir eu une ambition
qui n'étoit pas aile? réglée. Les Hif.
toriens Protcftans ôc Calviniftes por-
tent l'accufation plus loin.. En demeu-
rant d'accord qu'il étoit un des plus
grands hommes de Ion fiecle, iislui
rcprochçnt d'avoir fouYCiit f^crific Ic^
Duc DE Bouillon. Liv. VIII. ic^^
intciêcs de fa Religion à Ta fortune
Ôc au deiîr de fe rendre néceflaire à
la Cour.
Ce n eft point ici la Vie d'un Saint
que l'on écrit. C'ell: celle d'un grand
Homme lelon le monde , d'un exce-
Icnc Capitaine, d'un grand Politique,
d'un habile négociateur, d'un homme
dont les talens s'étendoient à tout ,
qui a rendu des lervices lîgnalez à
fon Roy , a l'Etat , à fa Patrie , & qui
s'efl: acquis beaucoup de gloire à lui-
même , à [on illulh'e Maifon , & à la
France qui lui avoit donné la naif--
fance. L'on ne prétend pas d'ailleurs
que le Duc de Bouillon n'ait point eu
de défaut. Tous les plus grands Hom-
mes fans exception ont eu les leurs.
En effet on ne peut pas le juftifier fur
fon changement de Religion , &c fur
ce qu'étant né Catholique , il a aban-
donné la Religion de fes Pères pour
fe faire Calvinifte. Il fit encore une
plus grande faute en y perfeverant
jufqu'cà la mort., Ses deux ilîuftres
fils ont été plus heureux , & font en
cela dignes des plus grandes louanges.
Nez dans l'erreur , malgré les préju-
gez de leur nai (fance , ils l'ont aban-
donnée ,. ôc Cq fonc réunis à l'Egii^
â5)4- Histoire de Henry
Catholique , dans le Cçïn de laquelle^
tous leurs illultres Ancêtres avoient
été élevez. Mais c'eft une grâce que
Dieu ne Lait pas a tout le monde ,
ou du moins a laquelle tout le monde
ne répond pas. Cependant qu il me
foit permis de dire avec la iincerité
d'un Hiftorien , que les autres défauts
dont on vient de parler , paroilîént
plutôt venir de la lîtuation des affai-
res & du caraétcre de ceux qui gou-
vernoicnt de Ton temps , que de cc--
lui de l'efpritdu Duc de Bouillon.
Lorfqu'il entra dans le monde, &
qu'il parut la première fois à la Cour ,-
il n'avoit que dix à douze ans. Char-
les IX. qui venoir. de lucceder à Ton
frère François II. n'en avoir gueres
davantage. Catherine de Aledicis'
PrincelTe habile , mais ambitieufe &
intrigante au dernier point , étoit Re-»
gente; &c l'on peut dire qu'elle en
confcrva prefque toute l'autorité pen-
dant le règne de Tes trois fils François
Il , Charles IX. & Henry 1 1 1. Elle
formoit elle - même les caballes & les
partis j ôc elle étoit d'autant plus ap-
pliquée à entretenir la divifion parmi
ïës Grands , qu'elle étoit pcriuadée
qiie la confervation d^ fon, autorité^
Duc Dï Bouillon. ÎiV. \''IÎL i^f
en dcpendoit. C'étoit , pour ainlîdire,.
le temps des intrigues & des caballes j
tout le monde s'en meloit , & ceux
même qui y ctoient le moins portez ^
étoient entraînez par l'exemple , par
la néceflité des temps ôc par le tor-
rent des affaires. En effet dans quelles
intrigues n'entrèrent point les Princes
du Sang ,. les Seigneurs des Maifons
de Guiie , de Montmorency , de Cha-
tillon,ô:généralementtDuslesGrands-
du Royaume , tant du parci Gatholi=
que que du Calvinifte ?
Il étoit bien difficile qu'un jeune
Scigrieur d'une aufîi grande nailïcince,,
d'une auffî grande clpérance que le"
Vicomte de Turenne , parent de la-
Reine , élevé fous fes yeux & par Tes
foins, lié d'ailleurs par le fang aux
Maifons Palatine 3c de Natfau , à cel-
les de Montmorency & de Chatillon ^
il étoit dis-je , bien difficile qu'il n'en-
trât point dans les intrigues dutemps^,.
Se qu'il ne fût point entraîné par des
intérêts qui paroiiloient indifpenfa-
bles. L'on fçait la force des premiè-
res imprefîîons , 8c combien il eft dif-
iicile d'y réfîfter. L'averlîon que lui
fît paroître Henry III. à fon retour
de Pologne ,.& les avances q^ie Hen*-
io^ Histoire de Henry
ry IV. lui fit pour Tatciier & l'atta-
cher à fon parti , le mirent dans une
efpece de néeelTité de fe jetter dans
les intrigues des Calviniftcs ; vraie
Caballe d'Etat , qui ne fubriftoit que
par les divisons des Grands , ôc qui
commença de tomber dès qu'ils fu-
rent réunis à leur Chef.
Sous le règne de Henry I V. plus
paiiible fur fon milieu & fur fa fin , &
où l'on recommença à fuivre les an-
ciennes maximes du gouvernement ,
l'on ne voit pas , ou du moins on ne
prouvepasqueleDuc deBouillon fe foie
mêlé d'autres intrigues, que de celles
qui regardoient le fervice du Roy , 1«
bien de l'Etat ou fa propre sûreté.
Pendant la Régence de Marie de
Medicis les intrigues &c les caballes re-
eômencérent; il fe forma de nouveaux
partis. La Régente les formoit elle-
même , elle entretenoit les divifîons.
Le Duc de Bouillon s'y lailfa entraî-
ner , comme Les Princes du Sang ,
comme tous les plus Grands Seigneurs
du Royaume , &c peut-être que fa pro-
pre sûreté le demandoit. A qui le Â'Ia-
rêchal d'Ancre n'en vouloit-il pas ?
Qui fe pouvoit croire à couvert de
£e& iucrigues , ôc de fes entreprifes :-■
t)uc DE Bouillon. Liv.VÎIÎ. i^f
Que n'iivoit - on point à craindre
d'un Homme qui polfcdoic toute la
faveur de la Régente , qui avoit mis
tous les Miniftres d'Etat dans fa dé-
pendance , ôc qui avoit pour maxime
d'éprouver julques où la fortune le
pourroit porter î II eft vrai que le Duc
de Boiiiilon ne put fe refondre à dé-
pendre d'un Homme qui, à la faveur
près , lui étoit ii inférieur en toutes
chofes. A t-il été le feul qui ait eu
cette délicatellc ? Prefque tous les
Grands du Royaume ne lont-ils pas
entrez dans fes fentimens ? N'ont-ils
pas pris le même parti que lui ?
Ce qui arriva après la mort de ce
Maréchal , depuis que le Roy eut pris
la réfolution de gouverner par îui-
rncme ; lu refus conftant qu'il fit de fe
mettre à la tête du parti de la Reine
Mère , &c de celui des Calviniftes qui
l'avoient choifî pour leur Comman-
dant Général j l'éloignement qu'il hn
paroître de toutes les caballes qui fe
Formoient en France contre l'autorité
du Roy , marquent mieux que toute
autre chofe quel étoit fon véritable
cara6bere , & que s'il s'eft laiifé quel-
quefois entraîner aux intrigues & aux
caballes, (I même il en a forme queU
^çS Histoire de HenvO-
t[ues unes ; le temps, les circonftances,
fa propre sûreté,ou celle de Tes parens
& de fes amis , la nécelîicé même ou
il s'eft vu fouvent de fe défendre
contre fes ennemis , y ont eu plus de
part que fon génie naturellement é-
clairé , & qui ne donnoit point dans
les mauvais partis , ou qui n'y don-
noit que par néceflîté.-
Pour ce qui eft du reproche que liii
font les Proteftans & les Calviniftes
d'avoir facrifié fa Religion à fon am-
bition ^ le reffentim^nt Se le chagrin
d'en avoir été abandonnez lorfque
leurs prétentions n'étoient pas juftes ,
èc qu'elles alloient trop loin contre
le bien de l'Etat &c le fervice du Roy^
les a portez à former cette plainte. On
l'a dit dans cette HiftoirCjiSc il eft vraij
le Duc de BoUillon a toujours fou-
haité que ceux qui faifoient profef-
fion comme lui de la Religion Calvi-
nifte , vécuuent dans le Royaume avec
sûreté 5c avec honneur. Il les aida d«
fes confeils , & de fon appui pour les
y faire parvenir j mais des qu'ils eu-
rent obtenu ces deux points par le
ïnoïen de TEdit de Nantes , par les
Déclarations & les Arrêts qui leur
furent accordez en confequence , il
jbVc CE Bouillon. Liv. Vin, 239
■^ruc qu'ils dévoient s'en contenter ,
& qu'il ne faloit point fatiguer la>
Cour par de nouvelles demandes , par
des plaintcis continuelles, le plus fou-
vent mal-fondées, êc quinepouvoient
manquer de les rendre ennn odieux'
aux Rois , & iniuportables à l'Etat ,
êc d'attirer enfin leur ruine.- Il n'ap-
^rouvoit pas que contre la teneur de
■ces mêmes Edics , aufquels ils étoient
redevables de la sûreté & de la liber-
té dont ils jouiffoient en France , ils
tinlfent des Alfemblées générales fans
la permiflîon du Roy , ou qu'ils pré-
tendilfenc continuer ces Alfembiées
malgré fcs défenfes expreifes & réi-
térées.- Ce fut ce qui le brouilla avec
la fameufe Alfemblée de Saumur. Le Memol-
Duc de Rohan prétend qu'il avoit été Rohan..
gagné par la Cour , Se que dans cette ^iv. 1.
occafîon il lui lacrilîa la Religion.
Mais ce Duc ne lui eft pas aflez favo-
rable pour l'en croire lur fa parole.
D'ailleurs il ne s'agilfoit point alors
de fa Religion. Il étoit queftion d'o-
béir au Roy , ôc de ne point contreve-
nir aux Edits ; eft-ce-là ce que les
Calviniftes appellent trahir leur Re-
ligion ? Mais avoit-il été gagné par
Jsi Cour y lui facrifîoit-il fa Religion y
^60 Histoire d e Ksnry
lorfqa'il defapprouva depuis les Af-
femblécs de Loudun, & de la Rochel-
le : lorfqu'il refufa le Commande-
ment général que cette dernière lui
ôfFroit : lorfque Daniel Tilenus fa-
meux Miniftre de Sedan fous fa pro-
tedion , Se apparemment par fon or-
dre j écrivit contre-elle : lorfqu il ré-
pondit à l'Apologie qu'elle avoit faite
pour juftifier fa révolte ; & qu'il dé-
rendit les droits des Rois contre ces
prétendus Républicains qui s'éri-
geoient en Souverains contre l'auto-
rité de l'Ecriture-Sainte Se les maxi-
mes mêmes de leur Religion ? Le Duc
de BoUillon n'étoit malheureufemeiit
que trop attaché à la Religion Calvi-
nifte ; mais il ne pouvoit approuver
les excès de ceux qui en faifoient pro-
felîlon. Comme il étoit Souverain lui-
même j il en prévoïoit mieux qu'un
autre les conlequences , & il ne pou-
voit difîîmuler fur un point fi impor-
tant à la tranquilité publique , dont
les égards doivent toujours être in-
séparables de la véritable Religion.
Le Duc de BoUillon n'eut point
d'Enfans de Charlote de la Mark fa
première Femme. Il en eut huit d'E-
lifabeth de Nalfau qu'il avoit époufée
T}vc DE Bouillon. Liv.VIII. 50*
eti lecondes noces , fçavoir Frédéric
Maurice Duc de BoUilloii ; Henry
connu fous le nom de Vicomte de
Turenne j Louife morte à Paris au
mois de Novembre 1606. & portée à
Sedan pour y être enterrée,au mois de
Décembre de la même année ; Marie
Julienne , Elifabeth , Henriete , Ca-
therine , èc Charlote qui ne fut point
mariée , ôc qui a été fort confidcrée
fous le nom dcMademoifelIe deBouil-
lon. Toutes les autres qui furvécu-
rent à leur Père , furent mariées en
differens temps , aufîl-bien que fes
deux Fils , après fa mort ; leur trop
grande jeunelfe ne lui aïant pas per-
mis de les marier pendant fa vie.
Il auroit , ce femble , manqué quel-
que chofe à la gloire de ce grand hom-
me , fi fes Enfans , comme il n'arrive
que trop fouvent , n'avoient pas ré-
pondu à l'éxcelentc éducation qu'il
eut foin de leur donner. Il eut encore
ce bonheur, qu'ils furent tous dignes
do lui. Mais l'on peut dire que fes
deux Fils le feu Duc de Boiiillon , &c
feu le Vicomte de Turenne allèrent
plus loin qu'il n'eût osé cfperer. Ils
Furent fans contredit deux des plus
Grands Hommes de leur fiecle, Lo
^ô^i HïJT. Bi H. Difc DB BoTrii.
premier ne vécut pas alfez long-tenis^;
pour acquérir toute la gloire due à Tes
grandes qualitez , quoiqu'il joiiît déjà,
.d'une réputation à laquelle peu de
gens font parvenus. Le fécond fi con-
nu fous le nom de M. de Turenne
( car fon nom feul fait fon éloge )
a égalé ou furpailc tous les Héros de
l'antiquité. La France fera éternelle-,
ment obligée au Duc de Bouillon
.dont je viens d'icrire l'Hiftoire , de
lui avoir donné deux fi grands Hom-
mes. C'eft ce qui met le comble à fa
^gloire -, c'eft ce qui achevé de le ren-
dre digne de l'immortalité qu'il s'eft
acquife par tout ce qui peut faire paf-
:fer un nom illuftre à la plus éloignée
«ofterité.
fin dHiroiJîéTm & dernier Tome.
i^-^^u
TABLE
ALPHABETI QJJ E
DES MATIERES
Contenues dans les trois Folumes.
ADverfné. Reflexions fur
l'Adverfité. Tom. i. liv. i.
page 131 , & fuiv.
Albert. L'Archiduc Albert eft
fait Gouverneur des Païs - Bas
Catholiques. Tom- 1. 1. 4. pag.
c)5). Il aiîiege & prend la Ville dç
Calais, p. 100. Il emporte d'af-
faut le Château, p. 113.
Alenpn. Portrait du Duc dA-
lençon. Tom. i.l. i.p. i^.&fuiv.
Sa jaloufie contre le Duc dAn-
jou, p. 31. 6c fuiv. Sa réponfe à
là Reine au fujet du Vicomtç
TABLE
de Turenne , p. 53. & fuiv; Il a
la petite vérole , p. 34. ôc fuiv.
Il tavorife les Huguenots , p. 44.
& fuiv. 11 attache entièrement à
foi le Vicomte de Turenne, p,
47. ôc fuiv. Il s'expofe témérai-
rement au fiege de la Rochelle 5
p, 56. & fuiv. Il prend des enga-
gemens avec la Noue , p. 68. 6c
fuiv. Ses projets chimériques ,
p. 71. 6c fuiv. Il fait un Manifef-
te , p. 74. Le Roy lui fait défen-
dre d'abandonner le Camp , p. 76.
Sa réponfe , ibid. La lettre que la
Noue lui avoir écrite , eft portée
à la Reine , p. §5. Stratagème
dont il fe fert pour fortir d'em-
barras , p. ?7- & fuiv. Il eft dé-
tourné par le Vicomte de Turen-
ne du defleiii que la Noue lui
avoir infpiré , p. 85). 5c fuiv. Le
Roy lui donne la Lieutenance
générale du Royaume. La Reine
Mère empêche l'expédition des
Lttres Patentes , p. 5)4. &: fuiv.
Il confpire 6c engage dans fon
DES MATIERES,
parti plufieurs Seigneurs de la Cour ,
p. 95. & fuiv. 11 de'coLivre à la Reine la
confpiration , p. 5)8. & fuiv. 11 renou-
velle le projet de la confpiration , p.
109. Il eft découvert &; on le fait ob-
ferver, p. m. Il fe rerire en Berry ,
1. z. p. 174. 11 écrit au Vicomte de
Turenne , p. 175. & fuiv. Il traire fe-
crcteinentavec la Cour, p. 15)1. & fuiv.
11 confulte le Vicomte de Turenne
fur l'embarras où il fe trouve , p. i^i.
&fuiv. On ajoute plufieurs Provinces
a fon appanage , &: il prend la qualité
de Duc d'Anjou , p. 103. Le Roy lui
donne le Commandement delarmce,
p. xYj- Il prend la Charité & liïbire,
ibid. 11 traite avec les Députez des Païs-
Bas , 1. 3. p. 303. il entreprend de faire
la Paix àas Calviniftes avec le Roy,
îbid 6c fuiv. 11 obtient du Roy de Na-
varre une iufpenfion d'armes , p. 3o(>.
Il conclud la paix , p. 307. Il levé à^s
troupes &: va au fecoursde Cambray,
ibid & fuiv. Il entre dans cette Place
6c il y eft reconnu Souverain du Cam-
brefis , p. 311. 11 eil chalTç àiiî:,s Païs-Bas,
O
TABLE
ibid. Sa mort ibid.
Jnceau. Anceau elt affbcié à la né-
gociation du Duc de Bouillon en An-
gleterre , T. 2. 1. 4. p. 118. Il follicite
fans fruit les Princes de l'Empire d'en-
trer dans la ligue contre l'Efpagne >
p. 172.
Ancre. Conchini Marquis d'Ancre j
fes qualitez ôc fa fortune , T. 2. 1. <3. p.
512. Il acheté du Duc de Bouillon la
charge de Premier Gentilhomme de la
Chambre du Roy , p. 513. Il fe li^^ue
contre les Minières, p. 383. Il eftfeit
Maréchal de France à condition qu'il
fe reconciliera avec eux , p. 402. Sa
promotion a cette dignité lui attire la
haine générale des Grands , p. 403. Sts
fentimens au fu jet des mecontcntemens
du Prince de Condé, p. 412. Il donne
à la Reine des foupçons de la conduite
<ie Villeroy & de Jeannin. T. 3. 1. 7.
p. 58. Il eft accusé par le Prince de Con-
<lé d'être l'Auteur des defordres de
l'Etat , p. 62. & fuiv. On lui donne la
Lieutenance de Roy de Normandie ,
en échange de celle 4je Picardie , p. iit^
D E s M A T î E R E s.
Il fait Ces efforts pour regagner raml-
tiédes Ducs de Bouillon ôc de Mayen-
ne, p. 1 16. Il projette la ruine des Ducs-
d'Epernon & de Bellegarde , p. 115. 6c
fuiv. On conclud la fienne , p. 128. 2c
fuiv. Il perfuade à la Reine de faire
arrêter le Prince deCondé , p. 137. On
pille Ton Hôtel , L ,8. p. 151. Haine gé-
nérale qu'on lui porte, p. 1 87. Sa mort
pacifie toutes chores, ibid. & fuiv.
Angouléme. Le Duc d'An goule me eft
accusé d'avoir. eu part à la confpiration
du Maréchal de Biron , T. 2. 1. 5. p,
112. Il eft arrêté, & il obtient fa grâce
en découvrant les complices , ibid. &:
fuiv. Il eft arrêté une féconde fois bc
& il découvre toutes (qs intrigues,
p. 167. Après -onze ans de priion la
Reine Mère le tire de la Baflille pour
lui donner le Commandement de l'ar-
mée , T. 3. 1. 7. p. 133. 6c fuiv. Il aflie-
ge le Duc de Mayenne dans Soiffbns ,
1. 8. p. 184. & fuiv. II fait en Allema-
gne a inutiles négociations pour paci-'
tier les differens fur venus entre l'Em-
pereur ôc rEle(^em: PaUtin , p. 246. ^
fuir, jO \]
TABLE
Anjou. Le Duc d'Anjou eil fingulie-
rement aimé de la Reine fa Mère > T. i,
i I. p. i6. Il répond avec hauteur au
Prince de Condé, p. 23. ^ luiv. 11 ga-
gne les batailles de Jarnac 6c de Mon-
Gontour , p, 36, Il tâche d'attirer à foi
le Vicomte de Turenne , p. 4.3. 6c fuiv.
Il afliege la Rochelle , p. ^G. 6c fuiv. Il
dégage d'un grand pcril le X)uq d'À-
lençonôcle Vicomte de Turenne , p. 61,
Il écrit à la Cour contre le Duc d'A-
lençon , p. 75. 11 levé le fiegc de la Ro-
chelle , p. 78. Il eil: élu Roy de Pologne,
ibid. Raifons pour différer fon départ,
p. 79. & fuiv. 11 propofe inutilement
au Vicomte de Turenne de l'accompa-
gner en Pologne , p. 81. 6c fuiv. 11 prend
avant fon départ des Lettres de natu-
ralité, p. 84. Voyez Henry 111. Roy
de France.
Aramhures, Arambures tient le'parti
d.11 Roy de Navarre : {t% exploits à la
bataille de Coutras, T. 1. 1. 3. p. 35)4,
£v fuiv.
Auwaic. Le Duc d' Aumalc eft défait
d^yîuic Senlis par ks troupes du Koy:>
DÈS MATIERES.
Tome (. liv. 3. page 416.
Auvergne- Origine de la Alaiibn d'Au-
vergne, T. I. 1. I. p. I. Catherine de
Medicis écoit de cette Mailon par fa
Mère ^cl'eflimoit beaucoup , p. 16.
Le Prince Dauphin d'Auvergne
Fils du Duc de Montpenficr comman-
de les arme'es du Roy , au-delà de la
Loire, T. i. 1, i. p. 100.
B
BJrthelemy. Journée de la faint Bar-
thélémy , T. 1. 1. 1. p. 5v 11 y périt
un o-rand nombre de NobleireCatholi-
c]uc parmi les Huguenots , ibid. Ce
Mafiacrc renouvelle la guerre , p. 51^.
Bajjompterre. Bail empierre achette du
Duc de Rohan la charge de Colonel
General des SuilFeSjT. 3. 1. 7. p. 2.
11 levé en Champagne des troupes pour
le lervice du lioy contre la Reine Mère,
1. 8. p. 118. Sa reponfe au Gentilhom-
me que le Duc de Bouillon lui avoit
envoie à cette occafion , ibid. & fuiv.
Difcoui's remarquable qu'il fait au Roy
O iij
t A B L E ^
poiir maintenir la neutralité acccordée
au Duc de Bouillon pour fes terres ,
p. 163. & fuiv.
Bellievre. Belli<;vre affifte au nom du
Roy à rAfîemblêe des Calviniftes con-
voquée à Montauban, T. ï. 1. 1. p. 158.
&ruiy. 11 accompagne le Duc d'Anjou
qui va traiter de la paix avec le Roy de
JSlavarre , 1. 3. p. 306. Il demande inu-
tilement à rÂlTemblée de Montauban
la reftitution des Places que le Roy
avoit accordées aux Calviniftes, p. 3*50*
Birm. Biron négocie fecretement la
Paix avec les Calviniftes par Tordre à\i
Roy , T. I. 1. i.p. 24.1. Il veut furpren*
àtQ Perig;eux , p. 265. Le Roy de Nâ*-
yarre 6c le Vicomte de Turenne pro-
jfofçnt de l'arrêter prifonnier , p. 173.
Il accompagne la Reine aux Confé-
rences de Saint Brix , L 3. p. 375, Sa
rnorcj T. 2. 1. 4. p. 50.
Le Maréchal de Biron affiege A-
miens, T. 1. 1. 5. p. 178. Caraclcre de
ce Maréchal, p. 106. Il confpircp.
207. & ftiiv. 11 commande l'armée du
p.oy contre le Duc de Savoye, p. 211.
DES MATIERES.
il s'entend avec ce Prince , p. 213. H
avoue la faute & en obtient le pardon
du Roy, ibid. Il revient à la Cour,
p. 210. Il eft arrêté 6v condamné A
mort, ibid. Qiiel étoit le deffein de
cette confpiration , p. 111.
Bots-Dauphw. Le Maréchal de Bois-
Dauphin commande l'armée du Roy
contre le Prince de Condé , T. 3. 1. 7.
p. 6y 8c fuiv. Il eft fouvent trompé par
la prudence du Duc de Bouillon ,p. 71.
6c fuiv. On lui ôtc le commandement,
p. 84.
Boiiillon* Voyez Henry 1. Vicom-
te deTurenne&buc de Bouillon,
Bourbon. Le Cardinal de Bourbon
refufe de fnivre le parti du Roy de
Navarre , T. i . 1. 3. p. 385. Il eft arrêté
avec l'Archcvcquc de Lyon ,p. 420.
Bulfy. BufTy-d'Amboife favori du
Duc^d'Alcnçon , T. i. 1. 2. p. 1^8. Dif-
férent qu'il a avec le Vicomte de Tu-
renne, p. 185. 11 eft: aflairmé par Mont-
forcau , 1. 3. p. 305?.
Oiiij
TABLE
c
Mumifies. Les Calviniftesfontk
_ , guerre pour obtenir la liberté de
confcience , T. i. 1. i. p. 14. Nouvel-
les plaintes, p. 18. Ils recommencent la
guerre , p. 24. Paix de peu de durée,
p. 30. La guerre recommence > ibid. 6c
fuiv. On s'accommode avec eux de
nouveau, p- 41. 6c fuiv. La guerre re-
commence à l'occafion du MafTacre de
îa faint Barthélémy , p. 51. 6c fuiv- Us
fe défendent dans la Rochelle , p. 5^.
êc fuiv. On fait la paix avec eux , p. 7S.
ils prennent les armes dans les Provin-
ces de-dtlà la Loire, p. 105;. Ils recom-
mencent la guerre , 1. 2. p. 1^8. Vains
projets de paix , p. 171. 6c luiv. On
leur prépare des fecours en Allemagne ,
p. 175). 6c fuiv. On leur accorde à la
pai^ l'exercice public de leur Religion ,
p. 203. Ils proteftcnt contre l'Aircm-
blcc àts Etats ^ reprennent les armes ,
p. 131. & fuiv. Ilsfurprennent plufieurs
Places , p. 234. On fait la Pau avec cu:^
DES M A T î E Pv E S.
"âii mccontentemcnt des Catholiques,
p. 141. 6v Hiiv. lis recommencent les
Aftesd'hoitilité , p. 24-4. 2< fiiiv. Siaode
National de Sainte- Foy, p. 14^. Grand
defTein de cette Aiïcmblée , p. 146. d:
fuiv. Plaintes des entrcprifes des Ca-
tholiques , p. X53. & (uiv. AlTemblje de
Montauban, p. 258. 6: fuiv. De'liance
qu'ils ont de la Reine Mcre, p. 163V
Les Ailes d'hoftilité recommencent >^
p. 173. Paix conclue à Nerac , p. 173.
AlTemblée de Montauban , 1. 3. p. i^}.,-
& fuiv. Ils recommencent la guerre ,
•p. 301. On fait la Paix avec eux , p. 306'.
êc fuiv. Airemblée de Montauban. Ih
y forment le projet de fe mettre en
République , p. 307. 6c fuiv. Afltfmblee
à Saine Paul de Cap de Joux , p. 344.
€c fuiv.- Us recommencent la guerre t
"p. 351. ôcfuiv. On fait de grands mou-
vemens en Allemagne pour leur pré-
parer des fecours, p. 374. Conférences
de Saint Brix , ibid.- On y convient
d'une trêve , p. 375. Ils recommencent-
k guerre, p. 383. ôc fuiv. Puiflants fe--
çours qu'on km envoie d'Al!emag,ne3>
TABLE
p. 385?. Déroute 6c ruine de cette ar-
mée 5 p. 407. Dv'iiancc qu'ils ont du
Roy de Navarre 5c des autres Princes
du Sang , p. 405?. Leur attachement
pour le Vicomte de Turenne , ibid.
Mauvais état de leurs atîaires , p. 410.
On afTemble contre eux deux armées >
p. 411. Reglemens politiques pour le
maincien de leur Hcligion , p. 411. &
fuiv. Leur oppofition à la converfion
d'Henry I V. T. 1. 1. 4. p. 55. Avanta-
ges qu'ils trouvent dans la guerre con-
tre l'Efpagne , p. 71. & fuiv. Ils tien-
nent plufieurs Àflemblées, L 5. p. 17^.
& fuiv. D^:mandes avantageufes qu'ils
font au Roy , ibid. Deputation au Duc
de Bouillon , p. 186. Ils font fatisfac-
tion a Madame par les confeils de ce
Prince , p. i5?o. & fuiv. Ils transfèrent
êe leur autorité l'AiTemblée de Vendô*
jne à Chatelleraut , p. 15)2. Ils nom-
ïoent le Duc de Bouillon Se d'autres
pour conférer avec les Députez du
Kofy p. 15)3. Ils obtiennent le fameux
jEdit de Nantes , p. 1 5? 8- Ils font au Roy
%& remontrances au fujet de TaiEiûç
DES MATIERE S.
du Duc de Bouillon , p. 135- ^ ^'-^i^-
On leur permet de s'aiTembler à Cha-
telleraut , puis à Saumur , 1. 6. p. 320.
ôcfuiv. Demandes exceiîives qu'ils font
au Roy, p. 315). ^ fuiv. Ils s'interefTenc
dans la difgrace du Duc de Sully , p.
334. & ruivTPvefus de fe féparer , p. 342.-
& iuiv. Grands mouvemens dans TAf-
femblée à l'occafion de k lettre de la
Reine, p. 355.£cruiv. Ils obciiTeiit enfin
& fe feparent , p. 357. Si fuiv. Aflem-
blées fans la permiflion du Roy , 35)1. 6C
fuiv. La Cour refufed'oiiir leurs Dépu-
tez & déclare leurs A Semblées illicites 5
p. 353. S: fuiv.- Affemblée de Greno-
ble , T. 3. 1. 7. p.- 66. 6c fuiv. Elle prend
k parti du Prince de Condé , ibid. Elle
fe transfère de fon autorite à Nîmes ,,
p- 71. Le Koy la transfère à la Ro*
ehelle , p. 5)4. 6c fuiv. Leur oppofition
à la Paix, p. m. 6c fuiv. Ils fignentl*^
Paix 6c fe feparent , p. m. Ils fe raf--
femblent de leur autorité à la Rochelle,
1. 8. p. 185. 6c fuiv. Ils foutiennent le
parti des Seigneurs Liguez , ibid. 116;
h feparent , p. 15.7. Ils s'oppofent sxt
Ovi
TABLE
jetablifTemcnt de la Religion Catho*-
ïw]UQ dans le Bearn , p. 245?. & fuiv. Ils
s'aiFcmblent à la Roche! le&refufent: ob-
ftinément de fe fcparer, p. 150. &:{uiv.
Ils lèvent des troupes ôc le préparent à
la guerre , p. z^S, & fuiv. Us partagent
les Provinces entre les Grands du parti,
ibid. Ils font de'faics par-tout , p. 261.
t^ fuiv. Le Roy leur accorde la Paix,
p. 281.
Candale. Le Comte àc Candaîefe dé-
clare pour le Prince de Condé ^ ie faic
Calviniftc, T. 3. 1. 7. p. 70.
Cafimir. Le Prince Cafimir levé des
Troupes ôc vient au fecours dits Me-
contens de France , T. i. 1. 2. p. 180.
èi fuiv. Il eil compris avantageufemenc
dans la Paix , p. 204, 11 fe retire en AU
kmagne , p. 215.
Catherine de Meàtcis. Catherine de.
Medicis fe f.iit déclarer Régente du.
Royaume au préjudice à^s Princes du
Sang-, T. I. 1. i.p.. 10. Elle s'unit avec
la Maifon de Lorraine , ibid. Elle exile
leConnètable de Monimorency , p. ii.-
Sa^oliticj^ue 3,£. i^.. Sa. rcpoufe. au Piluer
DES U A T T E R Ë S.
ce de Condé » p. 23. Etranges conleib
qu'elle donne au Duc d'Alençon , p^
5n. 6c fniv. Elle furprend une lettre
écrite par la Noue a ce Prince , p. 8(jv
Elle refufe au Duc d'Alençon la Lieu-
tenancc générale du Royaume, p. 85).
6-: fu i V . Sa ha i n e c on c re 1 e s M on t m o-
rencvs , p. iii.Scfuiv. Elle veut ôter
au iMarêchal Danville le ^oi-iverne--
nicnc du Languedoc , p. 124. & fuiv*
Elle empêche Ion accommodement a-
vcc le Roy , h 2. p. 151. & fiii-v. Elle
obtient d'U Duc d'Aiencon une trêve
de hx mois , p. 182. 6i fuiv. Elle con--
clud la Paix avec les Mecontens 5p.
103, Elle t cric avec menaces au Roy dô
Navarre , p. 160. Elle fait le voïage de
Guyenne j à quel deiTeIn , p. 261. èc
luiv. Sa conduite donne delà défiance
aux Calvinilles , p. 16}. Sa réponfe au-
Vicomte de Turenne , p. 267. & fuiv.
Elle conclud la paix avec les Calvi-
niiles à Nerac , p. 273. oc fuiv. Elle fait
raccommodement de f\ fille avec le
Roy de Navarre , p. 274. Elle revient-
ik Cour 3 1. 3. p. 2^i. Elle appuie eui
t A B L E
jfecret la ligue , p. 31Ô. &: fur/. Elle
propofe à la Reine de Navarre de ronv
pre fon mariage , p. 337. & fuiv. Elle
affifte aux Conférences de Saine Brix,
p. 374. & (iiiv. Elle rompt les Confé-
rences, p. 377. Elle reprend lesiiegocia-
tions, ibid. & (uiv. Elle s'en retourne
fans avoir rien fait qu'aigrir les efprits ,•
p. 381. fa mort, p. 4.10.
Ceci!. Cecilaffifte'aunomde la Rei-
ne d'Ancrleterre aux négociations du
Duc de Bouillon , T. z. 1. 4. p. 1 15. Il
^ parle avec hauteur & d'une manière
peu favorable à la France , ibid. ôc fuiv.
cham^efiereS' Champetieres eft nom-
mé curateur du jeune Vicomte de Tu--
renne , T. i. L i. p. 4.
Charles 7X Charles IX. Roy de Fran-
ce fuGcede à François II. à l'âge de
dix ans &; demi , T. i. 1. i. p. 13, II
levé une armée en apparence pour op-
pofer à celle du Duc d'Albe , p. 21. Il
époufe Eiifabeth d'Autriche fille de
ï'Empereur , p. 39. Il ordonne le Maf-
facre de la Saint Barthélémy, p. 52. ôc-
foiv. llfaitafficger la Rochelle r p. 56*
D E s M A T I E R E 5.
11 prefTc le départ du Roy de Pologne?
p. 80. &fiiiv. Samaladicp. 81. Sa mort>
chaùllon. Chatillon défend Mont-
pellier,!, i.p. 143- 11 fe retire en Lan-
i;iîedoc ,1. 3. p. 4 i 8. Il eft contraint
d'cnfortir, p. 415}. Il commande l'In-
fanterie du Roy de Navarre , p. 115-
^v fuiv.
Cocùnnaîi. Coconnati engage le Duc
d'Alençon dans une confpiration , T. i.
1. I. p. J05?. Il eft arrêté £c il a la tète
tranchée, p. 110. &; fuiv.
Coligny. L'Amiral de Coligny com-
mande les armées des Calviniftes , To-
1. 1. I. p. 37. Il accompagne à la Cour
la Reine de Navarre , p. 43. Il eft tue
au MafTacre de la Saint Barthélémy,
p. <)2. ôc fuiv.
Condé. Le Prince de Condé fe rend'
le Chef des Huguenots, T. i. 1. i. p.
13. bL fuiv. On lui refufe le comman-
dement des armées bi. la Lieutenance
Générale du Royaume , p. ii. & fuiv»
Il fe retire de la Cour ôc renouvellie la
gucrre-civjde, p. 24. 11 eft tué à la
, ^ ï A B L E
bataille de Jarnac. p. 36-.
Le jeune Prince de Condécfl recoK-
nii chef des Huguenots, T. 1. 1. i.p. 37.
Il fauve fa vie au MaiTâcre de la Saint
Barthélémy par une feinte abjuration^,
p. 53. 11 va au fiege de la Rochelle ,
p. 56. 11 prend des engagcmeas avecla
Noue , p. 68. ëc fuiv.'lL fe retire à
StrafDourg, p. 05). Il négocie des fe-
eours d'Allemagne en faveur des Cal-
viniftcs,!. 2.p. 175;. 11 revient en Fran-
ce, p. 183. & fuiv. On lui rend à la
Paix le Gouvernement de Picardie,
p. 204. Les Etats Généraux lui envoient
des Députez , p. 230. 11 s'empare de
plufieurs Villes de Saintonge &: de Poi-
tou , p. 231. Il levé le fiege de Saintes ,
p. 237. Il fouhaite la Daix , p. 241. Il
fait appeller en duel le Vicomte de Tu-
renne, 1.3. p, 300 & fuiv. 11 furprend
la Fere î p. 302, 11 obtient des fecours
d'Allemagne , p. 306. Il affilie aux Af-
femblées de Montauban & de Saint
Paul de Cap de Joux , p. 308. ëc lùiv.
Sixte V. fait pulDÎier une Bulle contre
. ui , p. 345. Uiefufe les^ offres du. Yi**
DES M A T I E R E ^S.
eomre de Turenne , p. 356. ii levé le
fiege de Broiiage &: fe fauve en An-
gleterre , ibid. 11 fait de grandes di-
verfions djiis le Poitou , p. 571. Il af-
fifte aux Conférences de Saint Brix,
p. 375. Ses exploits à la bataille de Cou-
tras, p. 35)3. 5c f 11 commande en An-
goumois les troupes du R.cy de Navar-
re , p. 400. Il écrit au Vicomte de Tu-
renne de le venir joindre avec fes trou-
pes , p. 401. il meurt empoii'onné , p.
408.
Le Prince de Condé de retour d'I-
talie donne toute fa confiance au Duc
de Boiiillon , T. 1, I. é.p. 306. 6^ luiv.
Son peu de fermeté l'empêche de s'em-
parer de toute l'autorité dans le Royau-
me,p. 307. & fuiv» 11 fait difgracier le
Duc de Sully, p. 315. & fuiv. Il fe re-
tire de la Cour , p. ^66. Il y revient &
donne fon conientenient pour le dou-
ble mariage conclu avec rEfpagne>p.
368. êcfuiv. Il fe ligue contre les Mi-
nillres , p. 383. 11 s éloigne de la Cour,
p. 35)7. Il y revient à Toccafion des a£-
iakes d'Italie, ibid. Scfuiv. La Reine
TABLÉ
lui refufe le gouvernement du Châ-
teau - Trompette , p. 404. Il fe retire
de la Cour , p. 408. Il s'empare de Me-
zieres,p. 41 y Scfuiv. II e'critàla Reine
une longue lettre en forme de Mani-
fefle, p. 416. 6c fuiv. 11 envoie deman-
der du fecours aux Calviniiles , T. 3.
1. 7. p. 3. & fuiv. Il s'accommode avec
la Cour , p. 7. &; fuiv. On lui donne
le gouvernement d'Amboife, p. 11. Ses
Jiouveaux mecontentemens , p. 14. &
fuiv. 11 s'oppofe en plein Confeil ati
voïage de. Guyenne proposé par la Rei-
ne Merc,p. 51. ïï s'éloigne de la Cour 3
p. 53. Son accommodement prêt à être
conclu fe rompt , p. 56. & fuiv. Il écrit
au Roy & publie un Manifefle contre
les Miniftres , p. 62. ôc fuiv. Il eft dé-
claré criminel de leze-Majefté , p. 65.
Il publie un fécond Manifefle , 6<: levé
des troupes, ibid. & fuiv. L'Ailemblée
des Calviniftes fe déclare pour lui, p.
66. & fuiv. Il publie une Déclaration
contre celle du Roy , p. 75. Il conclud
Un traité avec lesCalviniftes , p. 81. Il
craite de la faix , p. 86. ôc fuiv. Ses
DÉS MATIERES^
demandes , p. loi. & (uW. Ses of^
fres , p- III. Il tombe dangereiifement
malade , p. 112. Il guérit &: figne la
Paix, p. 111. Il prend .le gouvernement
de Berry en échange de celui de Guyen-
ne, p. 1 23. On le met en poiTelîIon des'
avantages promis par le traite' de Lou-
dun , p. 125. Il veut faire dépouiller la
Reine defon autorité, p. 134. 5c fuiv.
Il avertit le Maréchal d'Ancre de fc
tenir fur (es gardes, p. 136. Il eft ar-
rêtée conduit à la Baftille 5 p. 137. Le
Roy donne une Déclaration contre lui ,
1. B. p. ï6i. II fort de prifon, p. 141.
Corui. Le Prince de Conti s'engage
dans le parti du Roy de Navarre , T. î.
I. 3. p. 385. &: fuiv.
Cofc. Le Maréchal de CoiTéed ac-
cusé d'avoir trempé dans la confpira-
tion du Duc d'Alençon , T. i. L i. p.
III. Le Roy lui ordonne de fe rendre
à la Csour & lui défend d'en fortir,
ibid. On le remet en liberté, liv> z*
t>. 181.
*r A B L £
D
DAnvtUe. Le Maréchal d'Anvilfe
fe fauve par fon abfence du A4af-
facre de la Saint Barthélémy , T. 1. 1. i.
p. 53. Il s'engage dans le parti du Y)mc
d'Alençon , p. 5?6. La Pleine Mère fait
de vains efforts pour lui ôter le gou-
vernement du Languedoc, p. 114. &
fuiv. Le Duc de Savoye lui offre fon
entremife pour fon accommodement
avec le Iloy , 1. z. p. 147. hL fuiv. Il
va trouver le Roy à Turin, p. 14^. Il
revient mécontent en Languedoc & ju-
re de ne jamais voir le Roy qu'en pein-
ture , p. 1 52. & fuiv. li fe met à la tête
des Mecontens, p.^155. &1. Les Etats
Généraux lui envoient des Députez ,
p. 230- ilfe broiiille avec les Calvinif-
tes, p. 234. 11 levé le fiege de Mont-
pellier, p. 243. 11 prend le nom de Mont-
morency, p. i75>. Sa réponfe au Vicom-
te de Turenne , p. 280. 11 devient fuf-
pect aux Calviniites , 1. 3. p. 204. Il
prefTe la reliitution des places accor-
DES MATIERES,
dees aux Calviniftes à la Conférence
de Nerac , p. 301. Il affilie à l'Aflem-
blée de Saine Paul de Cap de Jeux,
p. 344. Il eft d'avis qu'on prenne les
armes afin de prévenir la ligue , p. 345,
5v iliiv. Il accorde au Roy de Navarre
des fecours , p. 417. Il rcfufe l'accom-
modement avec Chatillon , p. 4I5>. Il
fe ligue contre le Maréchal d'Ancre,
T. 3. 1.8. p. 18^.
Duras. Les deux Duras frères ap-
pellent en duel le Vicomte de Tu renne,
T. 1. 1. 1. p. 174. & luiv. Détail de ce
combat, p. 176. 6c fuiv.
Lifaheth Reine d' Angleterre. Elifa-'
beth Reine d'Angleterre foUicite
en Allemagne du fecours pour Henry
I V. Roy de France, T. 2. 1. 4. p. i^.
&: fuiv. Elle affifte le Roy au fiege de
Roiien , p. 43. Elle demande Calais au
Rx)V po'-ii' fùrete' des fomnics qu'elle lui
avoit prêtées, p. 103. Elle paroît cho-
^née ^c la converfioa du Roy , p. iro.
TABLE
Conférence avec les Depucez de Fran-
ce, 1. 5. p. 155. Traité avec la France r
ibid. Elle fait tous fes efforts pour jufti-
fier le Duc de Bouillon dans l'efprit du
JÇloy, p. 238. ôcfuiv. Sa mort, p. 264,
Epernon. Le Duc d'Epernon fait de
grandes carefTes au Vicomte de Tu-
renne 5 dans quelle vûë , T. i. 1. 3. p.
315. Haine que la ligue lui porte , p.
325. Il va de la part du Rov trouver \q
Roy de Navarre , p. 328. & fuiv. Il re-
vient à la Cour lans avoir reufîî dans
fa négociation , p. 336. La Reine Ma-
rie de Medicis rapelle le Duc d'Eper-
non qui s e'toit retiré mécontent de la
Cour, T. 2, 1. 6. p. 411. Sesfentimens
au fujetdes mecontentemens du Prince
de Condé, p. 412. Le Maréchal d'An-
cre projettera ruine, T. 3 . l.y. p. 125.
& fuiv. Il fe ligue contre ce Maréchal ,
1.8. p. i8é. if tire la Reine Mère de
Blois , p. 210. & fuiv.
Ef^nax:. Pierre d'Efpinac Archevê-
que de Lyon eft arrêté à Blois , T. i.
1. 5. p. 420.
^^cx. I*e Comte d'ElFex amené aui
DES MATIERES.
Roy des Troupes d'Angleterre au (îegc
de Kouen , T. *. 1. 4. p. 43. Il prepa*
re un armement contre l'Efpagne , p-
104. Le Duc de Boiiillon le met dans
ks intérêts du Roy,ibid. 6c fuiv. La
Reine le fait partir pour Cadix , p. 113,
Sa confpiration & fa mort, p. 137.
£tah Généraux. Aflemblée des Etat*
Généraux à Biois , T. i. 1. i. p. 11^. 6c-
fuiv. La révocation du dernier Edit de
Pacification y eft réfoluë , ibid. Autre
Aflembléedes Etats àBlois , 1. 3. p. 411,
S: fuiv. On y prend des mefures contre
les Calviniftes , & nommément contre
le Roy de Navarre , p. 413. & fuiv.
Autre Aiïemblée des Etats à Sens 6c
transférée à Paris, T. 3. 1. 7. p. 12. 6c
fuiv. La divifion s'y met> on fe fepare
fans avoir rien fait , ibid.
FAyette. Le Marquis de la Fayette
tient fur les Fonts de Baptême le-
jeune V icomte de Turenne au nom du-
Roy Hejnry 1 L T. 1. 1. i. p. i.
TABLE
Du Ferrier. Du Feriier Chanceiîer
du Roy de Navarre affiftc aux Confé-
rences de ce Prince avec le Duc d'E-
pernon , T. i. 1. 3. p. 331. Il décourne
ce Prince d'embrafler la Religion Ca-
tholique , ibid.
Fue-fites. Le Comte de Fu entes Gou-
verneur des Païs-Bas Catholiques arri-
ve trop tard au {ecours de Ham , T.
1. 1. 4. p. 5)1. Il fait couper la tête à
Gomeron qui lui avoit livré cette Pla-
ce , ibid. Il prend le Câtelet, Dour-
kns &: Cambrav , ibid. & iuiv. Il rc-
lîiet fon Gouvernement à l'Archiduc
Albert , p. 5)5).
GJliaù. Gallati leve.en Suiffe (ix
mille hommes pour le fervicede
la Reine Marie de Medicis, T. 3. 1. 7.
p. I. & fuiv.
Cafies, Henry Prince de Galles 5 fou
portrait, T. 1. 1. 6. p. 376, Ses corref-
pondances avec le Duc de Rohan ,
it)id. 11- trayeffe le Duc de Bouillon ,
da«s
DES MATIERES,
ilans fa négociation , ibid. & fuiv. Sa
mort , p. 35?8.
Cigmer. Gignier accufe fauiTemenc
le Due de Vendôme Se plufieurs autres
Seigneurs d'une confpi ration contre
l'Etat , T. 3. 1. 8. p. i5?S. & fuiv. Il eft
arrêté & condamné à mort, p. lor.
Gomcro'û. Gomeron livre Ham aux
Efpagnols , T. 2. 1. 4. p. 8r. Le Comte
de Fucntes lui fait couper la tête, p.
5)1.
GuiÇe. La Maifon de Guife ennemie
de celle de Montmorency , T. r. 1. I.
p. 10. La Ligue lui fait porter {qs ef-
perances jufqu'au Trône , 1. 3. p. 31^.
& fuiv.
François Duc de Guife efl faitGrand-
Maître de la Maifon du Roy , T. i. L
I. p. II. Il efl aflaffiné par JPoltrot auL
fiege d'Orléans, p. 14.
Henry fils de François défait les trou-
pes que Thoréamcnoitd'Allcmaane,
T. I. 1. 1. p. iSi. 11 y efl blelTé au
vifagc 5c en acquiert le fur-nom de
Balafré, p, 182., 1 1 contraint le lloy de
fortir de Paris, 1. 3. p. 410. Il tâche
P
TABLE
<î'attirer dans fon parti le Maréchal de
Montmorency, p. 411. Il eft aflafïiné
à Blois avec le Cardinal de Guife fon
frère , p. 420.
Le Duc de Gnife s'attache au parti
4e la Reine Marie de Medicis, T. 2.
1, 6. p. 411. Il commande les troupes
qui efcortent Le Roy dans le voïage de
Guyenne , T. 3. 1. 7. p. 65. Il conduit
Madame de France mr la Frontière >
&:ramene l'Infante d'Efpagne, p. 80.
On lui donne le commandement de
TArmée , p. 84. Il complote la ruine du
Maréchal d'Ancre, p. 128. Il empêche
que la Reine ne foit comprife dans ce
deflein , p. 136. Il quitte la Cour avec
le Duc de Chevreufe ion frère , 1. 8.
p. 150. & fuiv. 11 fe ligue avec les Sei-
gneurs Mecontens , p. 155. & fuiv. Il
ïait fon accommodement en particu-
lier,p. 168. Uprcndle commandement
de l'Arme'e contre les Princes liguez,
p. 184-
Guitry. Guitry envoie par la Noiie
pour tirer le Duc d'Alençon de la Cour,
T. I. p. 5?é. & fuiv. Sa rcpoiife aux Dé-
DES MATIERES,
putez du Roy , p. loi. & fuiv. Il coa-
fere en particulier avec le Vicomte dç
Turenne,p. io6. 6: fuiv. Il vient trou-
ver le Roy à Vincennes , p, loS.
H
HEtsry. I. Duc de Bo'ùtllon. Henry î,
du nom Vicomte de Turenne,
depuis Duc de Boiiillon : Sa naiffance,
T* I. 1. I- p. 2. Son Baptême , ibid. Il
perd fes parens en bas-age , ibid. Le
Connétable de Montmorency fou
Grand-Pere fe charge de Ton éducation,
p. 3. On lui donne im Gouverneur & un
Précepteur , p. 5. On lui change (on
Gouverneur , p. 6. Sqs progrez dans
l'étude des belles Lettres , p. 7. On lui
ôte fon Précepteur, ibid. & fuiv. Ses
exercices > p. 8. &: fuiv. Il eft élevé à
Chantilly par le Connétable , p. 11. ôC
fuiv. Excellentes inllruciions qu'il lui
donne , ibid. Son entrée à la Cour,
p. 15. & fuiv- Il s'attache au Ducd'A-
iençon , p. 16. Le Connétable defap-
prouve cet attachement 6c lui donne
pij
TABLE ^
diverfes inftrudions pour fe bien con- i
duire à la Cour, p. 17. & fuiv. Il perd
le Connétable , p- 14. Dommage que
lui caufe cette perte , ibid. 6c fuiv. Il
s'attache à 1 étude de l'Hiftoirc , p. 15.
On lui donne de l'emploi , p. 16. On
lui refufe à caufe de fa grande jeuneflc
la permiffiondefervirdans l'Armée du
Duc d'Anjou , p. z6. Ses occupations
à la Cour , ibid, & fuiv. Il prend pour
Maîtrefle Mademoifelle de Château-
neuf, p., 19. & fuiv. On lui refufe une
féconde fois la permifTion de fervir,
p. 30. Il s'attache plus fortement au
Duc d' Alençon , p. 30. 6c fuiv. Il ne
l'abandonne point dans fa petite vérole,
p. 3^. Il veut fe dérober de la Cour 6c
aller offrir fes fervices au Comte de
BrifTac , fon projet eft découvert , on
l'empêche de l'exécuter , p. 37. 6c fuiv.
Il paroît à la Cour avec éclat, p. 35?.
6c fuiv. Il perd fon Gouverneur , p.
40. Il s'habitue à jurer, ibid. 6c fuiv.
Il prend querelle avec un Gentilhom-
me de Touraine 5 le Duc d'Anjou les
acconunode, p. 43. ôcfuiv. lUccom-
DÈS MATIERES,
pacrne en Angleterre le Maréchal de
Montmorency ion Oncle , p. 47. Tho-
ré le prefle d'abandonner le parti du
Duc d'Anjou pour s'attacher unique-
ment au Duc G Alençon , p. 47. 5c miv.
Sa réponfe , p. ^ i. & fuiv. Son abfence
de la Cour & la puiflTance des Montmo-
rency le fauvent du MalTacre de la
Saint Barthélémy , p. ^3. ôc fuiv. 11 va
au fiege de la Rochelle malgré fa fiè-
vre & les inftances de fa famille qui
veut l'en de'tourner , p. 56. & fuiv. 11
s'expofe témérairement , p. 61. 11 ren-
force l'Armée navalle , p. 65. 6c fuiv.
Il prend des engagemens avec la Noue ,
p. 68. & fuiv. Il ôte avec adrefle des
mains du Duc d'Anjou le Manifeftedu
Duc d'Alcnçon , p. 74. Se fuiv. Il re-
vient à Paris î p. 79. 11 refufe de fuivre
le Duc d'Anjou en Pologne & d'épou-
fer MademoiicUe de Vaudemont > p.
8r. 6c fuiv. AdrefTe qu'il fuggere au
Duc d'Alençon pour fortir d embar-
ras , p. 87. 6: fuiv. 11 détourne ce Prin-
ce du deffein qu'il a de fe joindre aux
Alecontcns , p. 510. ôc fuiv. Il s'engage
Piij
TABLE
^ans le parti de ce Prince à l'infçû dfcf
la Cour , p. 5^6. 6c fuiv. Il va conférer
avec Guitry de la parc du Duc d'Alen-
^on, p. loi. ôc fuiv. Il refufe d'entrer
dans une nouvelle confpiracion de ce
Prince , p. iio. Le Roy lui ordonne
d'aller fervir en Poitou ,p. 1 12. Sa ré-
ponfe , ibid> Le Roy lui ordonne d'al-
ler fervir en Languedoc ious le Maré-
chal Danvilie fora. Oncle , p- 113. lien
donne avis au Ducd'Alençon , ibid» Lé*
Roy donne ordre de l'arrêter à tous
les Gouverneurs des Villes par où il
doit pafrer,p. 114. 11 arrive par des
chemins détournez au Château de Joze
€n Auvergne , p. 115. Le Roy envoie
Maignanne Enfeigne de Ces Gardes
pou^r l'y arrêter , ibid. 11 en eft averti ,
& il part à Theure même pour fe retirer
a Turenne , p. 1 17. Il fait challcr Mai.-
gnanne de l'Auvergne , ibid. Il évite
]e pie2;e que lui avoit tendu le Comte
de Montai, p. 118. Le Roy donne or-
dre ou'on fe faififTe de Turenne 6c de
toute la Vicomte , p. 115}. L'avis qu'il
en a l'oblige de fc retirera Bouzols,
t)ES MATIERES,
ibid. Ses reflexions a cette occafion, p.
ii8. 6c luiv. Sa devifcp. 1^4. Il va à
Turenne , ibid. Il oblige les armes à
la main les Habitans de Cazillac de fai-
re réparation à un Gentilhomme qu'ils
avoicnt infulté, p. 135. & iliiv. Il con-
traint les Habitans de Beaulieu de s'ac-
commoder avec lui , p. 1^6. Son em-
barras , lorfqu'il apprend que le Maré-
chal Banville étoit allé trouver le Roy
à Turin , L 2. p. 145?. &: fuiv. Il affifle
Saint Heran au fiege de Miraumont,
p. 1^0. & luiv. Il envoie demander au
Roy la permifTion de fe rendre auprès
de lui , p. I ')4. Il juge de la réponfe du
Roy î qu'il n'a plus rien à ménager
avec la Cour, p. 154. &fuiv. Il fe joint
à Danviile , di encraiie le Comte de Ven-
tadour a prendre ce parti : Us publient
un Manifefle , p. 157. Il obtient des
Mccontcns la Lieutenance générale de
Guyenne , p. i-^f). Se fuiv. 11 fecourt
Montauban bloqué par les troupes du
Roy, ibid. Déhance que les Calvinif-
tes ont de lui , ibid. 11 tombe dange-
reufcmenc malade , p. 167. Il prend
Piiij
TABLE
la refolution d'abandonner la Religion
Catholique, p. i68. &: fuiv. Il va au
fecours de Clerac , p. 170. 6c fuiv. A-
drefTe de Ton Aumônier pour faire croi-
re aux Ennemis que les troupes du Vi-
comte étoient beaucoup plus confidera-
bles , p. 171. Il fecourt Clerac , p. 175.
11 a un différent avec Duras le Cadet,
ibid. Sa réponfe au Duc d'Alençon ,
p. i7<j. ôcfuiv. Il renonce publiquement
à la Religion Catholique 6: fe fait Cal-
vinifte , p. 183. Il joint le Duc d'Alen-
çon , p- 184. ôc fuiv. Grand différent
qu'il a avec Bufli , p. 185. Il eft bien
traitté du Duc d'Alençon , p- 186. 6c
fuiv. Confeils qu'il donne à ce Prince ,
p. 15)3. & fuiv. Le Duc d'Alençon lui
refufe un Gouvernement , p. 105. &
fuiv. Il rompt d'une manière éclatante
avec ce Prince , p. 205?. 6c fuiv. II fe re-
tire à Turenne , p. 215. & fuiv. Il y vit
avec magnificence , p. ii6. Sa conduite
domeflique lui acquiert l'eftime géné-
rale du parti Calvinille , p. 217. & fuiv.
Le Roy de Navarre lui donne toute fa
confiance , p. m. 6c fuiv. Ses liaifons
DES MATIERES,
avec la NoLië qu'il trouve à la Cour du
Roy de Navarre > p. 114. Il l'empêche
de quitter cette Cour , ibid- 11 refufe
de rentrer dans l'obéifTance du Roy,
p. 131. 11 s'empare du bas-Limofin ôc
porte la guerre en Guyenne , p. 132- Il
appaife par fon intrépidité une fedition
qui s'e'levoit dans fes troupes , ibid.
11 fecourt Perigueux, p. 134. Il s em-
pare de Figiac 6c de Calvinet , ibid. Il
va trouver à Montauban le Roy de
Navarre, ibid. Il prend querelle avec
Lavardin , p. 255. &: fuiv. Il pourvoit
à la fûrecé des Villes du Languedoc >
p. 136. Il court deu^^ grands dangers,
p. 238. ôcfuiv. 11 eft bleilé dangereufe-
ment , p. ^40. Le Pvoy de Navarre Is
fait tranfporter à Agen, p. 241. Il re-
couvre fa .anté , p. 244. Il affilie au.
nom du Roy de Navarre au Sinodc
National de Sainte -Foy , ibid. L'Af-
femblée lui donne de grandes marques
d'eftime & de confiance , p. 247. Ôc fuiv-
II retourne à Tu renne , p. 251. Le Roy
<de Navarre le rappelle auprès de fa
peifoiine ? ibid. Extellcns confeils qu'il
Pv.
TABLE
donne à ce Prince , p. 255. & fuiv. îF
va trouver à Touloufe la Reine Mère
de la parc du Roy de Navarre , p. 163.
Difcours hardis qu'il tient à la Reine 5
p. 264. 6c fuiv. Re'ponfe qu'il en reçoit ,
p. 267. & fuiv. 11 rend compte de fa
négociation au Roy de Navarre > p. 272.
11 va avec ce Prince trouver la Keine
Mère j ibid. 11 va à Agen en qualité de
Député du Roy de Navarre & du parti
Calv initie , p. 274. l\ accepte le duel
que les deux Duras lui prefentent , p.
xjy 11 eft bleffé en trahifon ,. p. 2760.
Le Koy de Navarre le fait porter à Ne-
rac, p- T-79' H recouvre fa fanté, ibid.-
11 écrit a la Reine Mère pour la prier
de faire cefTer les pourfuites commen-
cées contre les Duras , ibid. & fuiv.
Il confulte le Maréchal Dan ville fur
iti conduite qu'il doit tenir dans cette*
«^ccafion , ibid. Avis pleins de fageiTe
4^p,'il donne dans la fuite au Prince de
Sedan fon fils à l'occafion de ce duel,
f. 281:. ôc fuiv. llaffifte à l'AiFemblée
«renerale des Calvinilles à Montauban 5
ï 5-p' ^$5' ^^ accepte le commande^
I
DE S MA T i E R E S.^
nient du haut Languedoc 6c quitte la
Lieutcnance générale de Guyenne , p.
294. Ses railons pour en ufer de la for-
te, ibid. ôc luiv. Le Koy fait de vains
cfForts pour lebroiiiller avec le Roy de
Navarre , p. 25)7. 11 obtient du Roy de
Navarre la Lieutenance générale de
fes armées , p. 300. Le Prince de Condé
le fait appeller en duel : Sa réponfe à
ce Prince , ibid. & fuiv. 11 tient à Caf-
tres une AfTemblée générale de fou'
Gouvernement , p. 301. Il y reprefente
la necciTité de lever des troupes , il fe
met à leur tète 6c défend le Pais , p.
301. 6cfuiv. Il affifte aux Confcj^nces
de Paix, p. 306. Il fe reconcilie avec le
Duc d'Anjou , p. 307. 11 affiite-à l'Af-
femblée des Calviniftes à Montauban >.
p. 308. Il accompagne le Duc d'An*
you. dans les Païs-ba.s , Y^^o^. Il obtient
de ce Prince la permiîfion de fe jettei:
dans Cambray , p. 311. 6c fuiv. Il eft
fait prifonnier en voulant exécuter ce
deflein ,p. 315. 6c fuiv. Il eft prefenté'
au Duc de Parme qui le reçoit très-
civilement , p. 317. Il eft conduit à^
Pvj,
TABLE
Boiichain , p. 318. Il y efl traité dure-
ment par le Commandant de cette Pla-
ce 3 ibid. Il choifit d être prifonnier du
Marquis de Roubais , p. 315?. 6c fuiv.
11 eft transféré à Vallenciennes ôc cn-
fuite à Hefdin , p. 320. Le Roy lui of-
fre de le tirer de Prilon, s'il veut lui
promettre de ne plus porter les armes
pour les Calviniftes , ibid. Se fuiv. Sa
réponfe au Duc d'Anjou qui lui con-
feilloit de prendre ce parti , p. 311. 11
s'occupe durant fa prifon à la ledure
des livres qui traitent de la Politique
& de l'Art Militaire , p. 521. Il recouvre
fa liberté en païant cinquante -trois
mille écus pour fa rançon , p. 313- H
revient à la Cour où il eft bien reçu
eu Roy & des Favoris , ibid. & fuiv.
11 eft peu accueilli de la Reine Mère >
pour quelle raifon , p. ^ 16. 11 va trou-
ver le Roy de Navarre àNerac, p. 3i8»
&fuiv. Avis qu'il donne a ce Prince tou-
chant les intrigues de la Reine fon E-
poufe avec les Partifans de la Ligue ,
p. 332. & fuiv. Il fe jullifîe des confeils
c^u'il avoit donnez à ce Prince , p. 54c»
DES MATIERES.'
te fniv. Reflexions qu'il fait à cette
©ccafion ,p. 341. Il conclud de b fuite
de la Reine de Navarre qu on a def-
fein de renouveller la guerre , p. 343.
& fuiv. Il affifte à F Aflemblée de Saine
PauldeCap-de-JouXjp. 344. Ilperfua-
de aux Calviniftes de ne point armer
les premiers , mais d'attendre la décla-
ration de la guerre , p. 350. Confeils
qu'il donne au Roy de Navarre , p-
35i.&:fuiv. Il afTemble des troupes que
le Prince de Condé refufe de joindre
aux tiennes, p. 3^6. Ses terres font me-
nacées par l'armée du Duc de Mayen-
ne , ibid. Il refufe d'accepter la Neu-
tralité, ibid. & fuiv. Il donne de bons
avis qu'on néglige, p. 355?. Il s'empa-
re de Tulle fans canon , p. 360. Il em-
pêche le Roy de Navarre de s'oppo-
1er à l'armée du Duc de Mayenne >
ibid. & fuiv. Il commande en Chef
l'armée des Calviniftes, p. 361. ôcfuiv.
Il fait la vifite dts Places , & pourvoie
â leur défenfe , ibid. Il s'empare de
plufieurs Villes , p. 367. Il aiîifte aux
Conférences de Saint i3iix , p. 375. Il
t A B L É'
^Sa:par ordre du Roy de Navarre côiî^
Jerer avec la Reine Mère à Fonrcnay >■
3. 377. ôcfuiv. HardielTc avec laquelle
il parle à cette Princeiïe , p. 379. & fuiv.-
Il continue la guerre dans la Guyenne
k reprend Caitillon par efcalade , p.
^83. 11 eft blefli à la cuiiïe d'un coup
i'arquebufe à l'attaque du fort Nicole >
:e qui cauie la difperfjpn de fes trou-
pes , p. 384. 11 conduit des troupes au
R^oydeNavarrcp. 386. Il met en fuite
les troupes du Duc de Mcrcœur &: s em-
pare du bagage , p- 387. La même ar--
tne'e jointe avec celle du Duc de Joyeu-
fe ne peut s'ppofer à fon palîage » p.
^88. Avis qu'il donne dans le Confeii
du Roy de Navarre , p 385?. &: fuiv. Ses
exploits à la bataille de Coutras , p.
35J3. & fuiv 11 prend foin de la fépul--
aire des corps du Duc de Joyeufe ^ de
fon jeune frère tuez à cette bataille , p.
3517. 11 donne au >< oy de Navarre âcs
confeils qui l'empêchent de tirer tout
le profit qu'il auroit pu de fa Viâioire,
f. 35? 8. & fuiv. 11 entre dans le Péri-
gord ôc afliege Sarlat, p. 401- 5w fuiv*
DES MATIERES.
Il en levé le fiege 6c joint avec fes troui-
pes le Prince de Condé 5 p. 401. Il ga*
gne l'entière confiance des Calvinif-
tes , p. 4o5>. 11 va a la Rochelle , où il
travaille auxReglemens politiques pour"
le maintien de la Religion Calviniftcr
p. 412. 6c fuiv. 11 obtient du Maréchal
de Montmorency des fecours pour le
Roy de Navarre , p. 414. 6c fuiv. Sd.
Bleirure fe rouvre avec un grand dan-~
gerde fa vie, p. 41 o. H fe retire dans»
fes terres pour penfer à fa guerifon a?
ibid. 11 ne laiiïe pas de travailler à y-
lever des troupes poffr le fervice du'
Roy , ibid. 6c luiv. Il juftifie dans le'
parti Cal vinifie les démarches du' Roy
de Navarre devenu Roy de France , p.
4 6. 6c fuiv. 11 recouvre ^a fanté, T.
1. 1. 4, p. 2. 6c fuiv. Uamenede Guyen-
fie des troupes à Henry IV. p. 3. il ap-
prouve le changement de Religion du:-
Roy , p. 5. 6c fuiv- Il lui confeille de"
poulfer avec vigueur le fiege de Paris ,.
p. 7. 6c fuivi iTlui confeille de lever ce
fiege 6c de marcher avec toute fon ar-
jnee au-devant du Duc de Parme j p. ïz.-
t A B L E
îi va en Angleterre , p. 15?. Il réuffit
dans (es négociations auprès de la Rei-
ne Elifabeth , ibid. ôc luiv. il va en
Hollande 6c obtient des Etats des fe-
cours pourle Roy,p. 14. Ses négocia-
tions auprès des Princes Proteftans
d'Allemagne, p. 15. & fuiv. Il en ob-
tient une puiflante armée qu'il amené
en France, p. :,6. ôc fuiv. Il epoufe l'hc-
ritiere de Bouillon ôcde Sedan & prend
le titre de Duc de Bouillon , p. 38 6c
fuiv. il prend Stenai le propre jour de
fes noces , p. 41. Il eft fait Maréchal
de France , p. 44. Il va au fiege de
Roiien , p. 47. Il conduit jufques fur
la Frontière l'armée qu'il avoit amenée
d'Allemagne , p. 50. Il furprend fur le
Duc de Lorraine la Ville de Beaumont
en Argonne, 6c y met garnifon , ibid. il
attaque 6c défait Afriquain d'Anglure
qui vouloit reprendre cette Place , ibid.
& fuiv. 11 reçoit au combat deux blef-
fures qui ne l'empêchent pas d'agir y
p. 55. il prend la Ville de Dun fur la
Meufe , p. 54.^ il revient à la Cour au
ivijec de la coaverfion du Roy , ibid. &
DES MATIERE 5.
fuiv. Il fait au Parlement le ferment
des Maréchaux de France , p. 57. Mort
de fon Epoufe , ibid. Elle le fait par
fon Teftament héritier de tous fes biens,
p. ^8. Cette fucceffion lui effc conteftée9
ibid. Il s'accommode avec les Preten-
dans , p. 55^. Le Roy lui envoie faire des
complimens de condoléance , ibid. Il
epoufe en fécondes noces Elifabeth de
NaiTeau , p. 5^. Il confeille la guerre
d'Efpagne , p. 60. & fuiv. Son defTein
en confeillant cette guerre , ibid. Il
commande l'armée du Roy en Cham-
Î>agne , p. 75. Entreprife qu'il fait fur
a Frontière du Luxembourg, ibid. &
fuiv. Son armée fe diiîîpe faute de paie-
ment, p. 77. & fuiv. Le Roy l'envoie
en Picardie au fecours de Ham , p. 80.
Sa conduite Se fa valeur dans la prife
de cette Place, p. 81. & fuiv. Sa mode-
ration , p, 91. & fuiv. 11 marche au fe-
cours de Dourlens , p. 5)4. Sa mefintel-
ligence avec les autres Chefs fait é-
choiicr cette entreprife , p. 5^7. Il prend
dans le Boulonnoisplufieurs petites Pla-
ces, p. ^9, il conduit du fecours dans
t A B t E
U Château de Calais, p. ïoi. îl eft^t-
tâqué d'une fièvre violente , p. loi. Il
va malgré fa fièvre en Angleterre pref-
fer le lecoursponr Calais, p. 104. Il
rnet le Comte d'F.flex dans les intérêts
du Roy , ibid. &: fuiv. ! 1 obienc audien-
ce de la Reine, p. m. ôc fuiv. Ses con-
férences avec Cecil , Grand Treforier
d'Angleterre , p. 115). & fuiv. Ditli-
cultez qu'il trouve à conclure un Trai-
té, 1. 5. p. 14,. & fuiv. Il prefente utî
Mémoire à la Reine , p. 147. & fuiv.
Il confère avec cette PrincefTe , p. 15^.
11 conclud enfin un Traité de Ligué
ofFenfive & défenfive contre TEfpagne >
p. 156. & fuiv. Il conclud en Hollande
ton pareil Traité avec les Provinces-
Unies , p. 164. 6c fuiv. 11 revient en
France k va faire un tour à Sedan , p.
171. Il appuie les prétentions des Cal-
viniftes , p. 178. âc fuiv. Raifons de
cette conduite , p. 179. & fuiv. L'Af--
femblée des Cal vinifies lui députe d'O-
rival , p. 1 86. Sa réponfe qu'il donne
Îiar écrit , mais dont il a foin de retirer
'Original , ibid. ôc iuiv. Kaiibns qu'il
DES MATIERES.
a d'en nfer de la forte , p. i 8 S. &
fuiv. Il confère de la part des Cal-
tiniiles à rAfleniblée de Chatelleraut
iavec les Députez du Roy , p. 15^. Il
refufe d'obéir aux ordres du Koy qui
l'invitoit au fiege d'Amiens , p. 15J4.
&fuiv. 11 va à fa Vicomte de Turenne ,
p. 15)6. Il fe rend auprès du Koy par
ion ordre 5 p. 15J7. Il va à Sedanàl'oc-
cafion d'une entreprife qu'on avoit for-,
mée fur cette Place, p. 1^5?. ôc fuiv.-
II contribue à faire réuflir le mariage
du Roy avec Marie de Medicis , p. 114.-
Le Roy lui témoigne de la froideur y
p. Il 6. Il fe retire à Turenne, p. iiy.
Raifons qu'il a de prendre ce parti,
p. Il}, bc fuiv. Sa réponfe au Roy qui
lui a voit mandé de fe rendre auprès de
lui , p. 114. & fuiv. 11 fe prefente à la
Chambre de Caftres pour fe juftiiier ,-
& obtient Acle de fa comparition , p.
228. ôc fuiv. Aïant appris qu'ily avoit
un ordre du Roy pour l'arrêter , il
prend la réfolution de fortir du Royau^
me , p. 230. 11 protelle de fon innocen-
ce devant une nombreufe Affemblée de
TABLE
Calviniftes , ibid. & fuiv. Il fe retire â
Genève, p. 131. Les Calviniftes font
au Roy des remontrances en fa faveur,
p. 133. &fuiv. La Reine d'Angleterre
fait tous fes efforts pour le juftiher
dans l'efprit du Roy , p. 138. & fuiv.
Il compofe lui-même fon Apologie ,
où il répond à toutes les accufations
qu'on lui avoit intentées , p. 144. ôc
{uiv. Le public revient des mauvaifes
impreifions qu'il avoit reçues , p. 155?.
Il fe retire auprès de l'Eledeur Pala-
tin fon Beau-rrere , p. 260. Cet Elec-
teur foUicite fortement pour lui auprès
du Roy , ibid. &: fuiv. Le Roy lui or-
donne de fe rendre à la Cour dans deux
mois pour tout délai , qu'autrement il
le traitera comme un Sujet defobéif-
fant , p. Z63. La mort de la Reine d'An-
gleterre l'aiFermit dans la réfolution de
ne point paroître devant le Roy fans
s'être auparavant juftifîé , p. 164. II
écrit au Roy pour juflifîer le refus qu'il
fait de venir à la Cour , ibid. & fuiv.
Il fe retire à Sedan , p. 265. Ce qui
avoit donné occafion de croire qu'il
D E s M A T I E !t E 5.
tvoit confpiréavec le Maréchal de Bi-
ron , p. 168. & fuiv. Il excite des trou-
bles dans les Provinces de delà la Loire,
p. 171. & fuiv. Ses précautions dans
cette occafion , ibid. 11 a recours à
l'intercclTiondes SuifTes. Le Roy rejette
leurs follicitations , p. 276. Il s'adrefTc
à Jacques I. Roy d'Angleterre , qui lui
confeille de fe foûmettre au Roy , ibid.
Il négocie Ton accommodement par len*
treniife de la Reine , p. 278. Il rentre
dans les bonnes grâces du Roy en lui
demandant pardon de tout le pafle, p.
275?. Il lui en coûte la Ville & le Châ-
teau de Sedan , que le Roy lui remet
un mois après , ibid. ôc fuiv. Il va à
Sedan &: à Turenne mettre ordre à Ces
affaires domeftiqnes , 1. 6. p. 25)2. Il
abandonne le defiein de fe rendre Chef
des Calviniftes de France , p. 2515. &
fuiv. Il obtient une place au Confeil de
Reçence,p, 300. Son avis pour la guer-
re 1 emporte dans ce Confeil , ibid. &
fuiv. Le Maréchal de la Châtre lui eft
préféré pour le Commandement des
axmées , p. 305. 11 travaille à abaiffcr
TABLE
raUtorité de la Reine , p. 30^. & fcrîr*
Confeils qu'il donne au Prince de Con-
dé contre cette Princeiïe, p. 307. & fuivo
Il fe reconcilie avec elle de ne laiiïc
pas de demeurer attaché au Prince de
Condé, p. 3rr. Il reclicrclie l'amitié du
Marquis d'Ancre , p. 512. Illui vend fa
Charge de Premier Gentilhomme de
la Chambre du Roy , p. 313. Il engage
le Prince de Condé & les Miniftres à
faire difgracier le Duc de Sully, ibid.
& fuiv. Ses fentimens touchant les in-
térêts des Calviniftes , p. 311. ôcfuiv. Il
s'engage à fervir dans leur AiTembléc
le parti de la Cour , p. 324. Moïens qu'il
emploie pour cela , p. 325. & fuiv. On
lui refiife la Prefidcnce de l'Aflembléc
de Saumur , p. 518. Il s'oppofe aux de-
mandes exceflîves de l'Ailemblée & n'eft
point écouté , p. 331. &: fuiv. Il s'accom-
mode en apparence avec le Duc de Sul-
ly , mais fous-main il traverle fes def-
féins , p. 333. ôc fuiv. Il conleille au
Duc de Rohan de ne point prendre le
parti du Duc de Sully contre la Cour,
p, 354. ôc fuir. 11 reprefente U nscmc
DES MATIERES,
çliofe à l'Aflemblée & n eft point écoû-«
té , p. 555). & fuiv. Il y fait d'inutiles
remontrances d'obéir à la Reine > p.
347. & fuiv. Il envoie à la Reine le
modèle de la Lettre qu'elle doit écrire
à rAflemblée pour être obéïe , p. 348.
Il oblige enfin rAfTemblée à obéir , ôC
par-là il rend un fignalé fervice à la
Régente & à l'Etat, p. 351. 6c fuiv. Il
revient à Paris , où il eft vifité par les
Miniftres de la part de la Reine , p. 3^0.
Cette PrincelTe lui donne l'Hôtel de
Boiiillon , p. 361. Elle lui refufe le Gou-
vernement de Poitou , p. 361. & fuiv. Il
s'unit avec les Princes 6c les Seigneurs
Mecontens , p. }66. Il fe retire à Sedan ,
ibid. 11 revient à la Cour , 6c confenc
au double mariage avec l'Efpagne , p.
367. 6c fuiv. On lui donne l' AmbafTade
extraordinaire d'Angleterre , p. 36^.
L'intérêt qu'il a voit de fouhaiter cette
AmbafTade , p. 370. On lui donne fes
inftrudions, p. 371. & fuiv. Sa nego-t
ciation , p. 371. 6c fuiv. Il y ell: traverfé
par les intelligences fecrettes du Duc
de Rohan avec le Priace de Galles , p.
TABLE
575. & fuir. Il obtient toutes fcs de-
mandes , à l'exception de celle qui re-
gardoit l'Aflemblée de Saumur , ibid. 6c
luiv. Il conclud le mariage de la Prin-
cefle d'Angleterre avec le jeune Elec-
teur Palatin fon neveu , p. i^ 82 Ce ma-
riage le rend fufped a la Cour , ibid.
Il le ligue contre les Miniftres , ibid.
& fuiv. Il accepte le commandement
de l'Armée contre le Duc de Rohan,
p. 386. & fuiv. Il fe reconcilie avec lui
p. 3^1. & fuiv. Il donne à la Reine des
confeils vigoureux , qui la tirent d'em-
barras 5 p. 35)3. & fuiv. Il fait congédier
les Miniftres , p. 35)6. A leur rappel il
s'éloigne de la Cour & fe retire à Sedan,
p. 35^7. Il revient à la Cour à l'occafion
des affaires d'Italie , ibid. & fuiv. Il
confeille la guerre , & n'eft point écou-
té, p. 401. Il engage le Prince de Con^
dé 6c la plupart des Grands à fe reti-
rer de la Cour , p. 40 V &: fuiv. 11 joint
le Prince de Condé à Mezieres , p. 416.
Il follicite les Calvlnilles à fe déclarer
pour ce Prince, p. 411. & fuiv. llfait
la paix ôc revient à la Cour , T. 3. 1. 7-
page
DES MATIERES,
p. 5. & fuiv. Ses nouveaux meconten-
temens, p. 14. & fuiv. Il forme unpuif-
fant parti contre la Reine , p. 18. Il ga-
gne l'AmbalTadeur d'Anî^leterre ôc les
Députez Calvinilles , p. 15}. & fuiv. Il
entreprend de faire déclarer le Parle-
ment en faveur du Prince de Condé ,
p. 10. Moïens qu'il emploie pour cela,
ibid. &i fuiv. 1 1 engage le Prince de Con-
dé à s'oppofer en plein Confeil au voïa-
fe de Guyenne propofé par la Reine
1ère, p. 52. Il fe retire à Sedan , p.
^3. Il adreiPe au Prefident Jeannin un
Manifefte ,p. 54. Il rep refente aux Sei-
gneurs alTemblev!; que la Cour les amufc
&: qu'il faut fonger tout de bon à la guer-
re , p. 55?. Se fuiv. Il fait déclarer les Cal-
viniftes pour le Prince de Condé , p. 66,
& fuiv. Il commande l'armée de ce
Prince , p. 71. Il la conduit avec toute
la prudence polPible , ibid. & fuiv. Ses
difpofitions èc Ces négociations pour la
Paix, p. 81. 6c fuiv. il la conclud après
bien d es difficultez , p. m. Il revient
à la Cour, p. 115. Il projette la perte du
Maréchal d'Ancre ,p. 116. 2c fuiv. Il
TABLE
porte le Duc de Longueville à enlever
plufieurs Places à ce Maréchal & à les
garder 5 p. 131. Scdiiv. L'emprifonne-
ment du Prince de Condé l'oblige à
quitter la Cour, 1.'8. p. 147. ôc fuiv^
11 forme avec plufieurs Seigneurs un
puiiTanc parti contre la Cour , p. 145).
^ fuiv. Il propofe de faire arrêter le
Duc de Guife qui lui étoit fufped 5 le
Duc de Mayenne l'en empêche, p. 1(34.
êc fuiv. 11 accepte la Paix 3 mais ni lui
ni aucun des Seigneurs liguez ne re-
viennent à la Cour , p. 168. & fuiv.
Prétexte fpecieux qu'il prend pour af-
fembler des troupes , p. 171. 6c fuiv. 11
fe fert du même prétexte pour engager
les Calviniftes à fe déclarer en fa fa-
veur , ibid. Il y réuiîit malgré l'oppofi-
tlon de plufieurs Grands du parti , ibid.
Les lettres qu'il écrit au Roy ôc à la
Reine font mal prifes à la Cour, p. 178.
&:fuîv. 11 efl déclaré Rebele 6c Crimi-
nel de leze-Majefté , p. 184. Il marche
zu fecours du Duc de Mayenne alTiegé
d.ns Soiiïbns , p. 185. On defarmede
parc ôc d'autre , p. i8p. 11 revient à la.
D E s M A T I E R E s.
Cour après avoir obtenu une aboli-
tion de tout le pafTé , p. 1511. & fuiv. Il
médite fa retraite de la Cour, p. 15)7.
11 eft fauiïement accnfé par Gignier
d'avoir confpiré,p. 158. 11 fait agréer
au Roy fa retraite , & en obtient la
neutralité pour les terres qu'il avoit en.
France, p. 201. Il refufe de fervir ou-
vertement le parti de la Reine Mère;
mais il le favorife en fecret , p. 107.
ai fuiv. Il confeille au Roy de s'accom-
moder avec fa Merc , p. 115. & fuiv.
Avis qu'il donne à Bafiompierre , p. ii 8.
2c fuiv. Il fait élire l'Elccleur Palatia
fon neveu Roy de Bohême, p. 215.6c
fuiv. Détail de cette affaire , ibid. Il
écrit d'une manière preffante au Roy
pour l'engager à donner du fecours au
Palatin , p. 14'i. Ô: fuiv. Tout ce qu'il
en peut obtenir , eft la neutralité , p»
1^6. &: fuiv. Il donne retraite à Sedan
à cet Eiecleur chaflé du Royaume de
Bohême d>c dépoiiillé de fes Etats héré-
ditaires , p. 248. Il écrit au Roy en
faveur desCalviniltcs mais fans efret,
p. 252. ôi fuiy. il rtfufç le commande-
Qii
TABLE
ment des armées que les Cal vinifies lui
ofFjcnc, p. 15^. & fuiv. Le Roy main-
tient la neutralité de [es terres , p. 16].
& fuiv. Son déplaifir de la priie & du
Sac de Negrepeliiïe , p. 166. êc fuiv. 11 fe
reconcilie avec le Duc de Rohan , p.
26S. 11 négocie des fecours en faveur
des Calviniftes pour leur faire obtenir
une Paix avantageufe , ibid. &: fuiv.
Il traite avec Ivlansfeld , p. 270. & fuiv^
Cette conduite donne de l'ombrage à
la Cour , p. 277. Il engage Mansfeld
à aller au fecours des Provinces-Unies ,
ibid. èc fuiv. Il établit à Sedan une
Académie pour les belles Lettres , p.
28 1. Il amafle à grands frais une Biblio-
tHequeconfiderable, p. 282. Il embellit
^ fortifie la Ville de Sedan , p. 284. 6c
fuiv. 11 confeille à P Electeur Palatin
d'aller preffer le Roy d'Angleterre fon
Beau-Pere de travailler à fon rétabliffe-
ment , p. 285. & fuiv. Sa mort , p. 28^.
î Son éloge , ibid. & fuiv. Ses Enfans ,
p. 300. 6c fuiv.
He^ry JII. Roy de France- Henry IIL
Roy de France. Eftime qu'on avoit d'à;-
DES MATIERES,
bord conçue de lui , T. 1. 1. 2. p. 145;
&: fuiv. 11 revient en France , h pafTe
par l'Allemagne 6c par l'Italie, p. 148.
Tous le? Princes à la relerve du Pape
lui confeillent d'accorder aux Protef-
tans la liberté de confcience , ibid. Il
fait publier une Déclaration qui donne
lieu aux Calviniiles de reprendre les
armes, page 153. Il ell: iacré a Reims ,
page 175. Il époufe Louife de Vau-
demont , ibid. Il fait l'ouverture des
Etats Généraux par un difcours des
plus éloquens , page ii6. èc fuiv. Il
confent à la revocation de PEdit de
Pacification, page 115?. Il écrit à tous
les Gouverneurs des Provinces , à
la NoblefTe du Languedoc & de la
Guyenne , ôc au Roy de Navarre , p.
215). & fuiv. Il levé deux armées , p.
237. Il s'avance julqu'à Poitiers, p. 141.
Il accorde la Paix aux Caïviniftes , p.
242. d>: fuiv. Il veut contraindre la Rei-
ne de Navarre à aller rejoindre fon E-
poux , p. 153. Il tâche de broiiillerlc
Roy de Navarre avec fon Epoufe , &
avec le Vicomte de Turenne, l. 3. p.
TABLE
397. 6c fuiv. Il confent que le Duc d'An-
jou aille traiter de la Paix avec le Koy
de Navarre , p. 305. 11 refufe de voir
aucun des Seigneurs qui doivent ac-
compagner fon Frère dans les Païs-Bas ,
p. 311. Il regarde le Roy de Navarre
comme fon fucceiTeiir neceflaire , & ac-
cueille tous ceux qui font attachez à ce
Prince, p. 323. de fuiv. Il eft obfedé 6c
trahi par les EmifTaires de la Ligue , p*
317. Il preOTe le Roy de Navarre de fe
faire Catholique & de venir à la Cour,
p. 318. & fuiv. Il demande avec mena-
ces un Valet de Chambre de la Reine
de Navarre que le Roy fon Epoux avoic
fait arrêter , p. 339. îl donne un rigou-
îêux Edit contre les C al v in iftes Scieur
déclare la guerre , p. 351. U donne le
commandement de l'armée au Duc de
Mayenne , p. 356. i 1 empêche fous-main
la ruine du Roy de Navarre , p. 373. H
envoie la Reine Mère conférer à Saint-
Brix 6c lui donne des Efpions , p. 374.
te fuiv. La Ligue extorque de lui de
nouveaux Edits contre les Calviniiles >
2c contre le Roy de Navarre en parti-
DES MATIERES.
rulier,p. 410. Il fe retire à Chartres,
ibid. 11 convoque l'AfTemblée des Etats
Généraux à Blois , p. 41 1. 6c fuiv. Il y
fait alTaffiner le Duc & le Cardinal de
Guife , & arrêter le Cardinal de Bour-
bon & l'Archevêque de Lyon , p. 410.
Il ufe de clémence à contre-temps , ce
nui donne à tout le monde la facilite de
fe foule ver contre-lui , p. 411. Il trake
avec le Roy de Navarre & joint [es
troupes aux fiennes , p. 411. & fuiv. Il
aiTiege Paris , p. 418. Il eil aflailnié à
Saiiit-Cloud, p. 415?. Il déclare le Roy
de Navarre fon fuccefleur légitime , &:
oblige tous les Seigneurs à lui prêter
ferment de fidélité , ibid.
Hc?^ry IF. Roy de France. Henry IV.
Roy de France ôc de Navarre. Il con-
fultele Vicomte de Turennefur fa con-
verfion , T. 2. 1. 4. p. 5. Il attaque £c
emporte les Fauxbourgs de Paris , p. 5?.
11 abandonne le fiege de Paris & va
avec toute fon armée au-devant du Duc
de Parme , p. li. Il licentic une partie
de fcs troupes , p. 14. Il envoie le Vi-
comte de Turenne en Angleterre , en
TABLE
Hollande , & en Allemagne demander
des fecours d'hommes ôc d'ar^^ent , p.
15). Se fuiv. Il prend Noyon , p. 37. Il
fait la revue des Troupes que le Vi-
comte de Turenne lui avoic amenées
d'Allemagne , ibid. Il fait époufer à ce
Prince l'heritiere de Boiiillon &c de Se-
dan;, p. 38. &: fuiv. 11 affiege Rouen 5
p. 43. & fuiv. Il en levé le fiege» p. 48.
Il aÎTicge de prend Epernay en Cham-
pagne ^ p. 50. Il licentie l'armée d'Al-
lemagne , ibid. Réduction de Paris à
fon obéifTance , ibid. Il fait le fiege de
Laon î p- 58 II déclare la guerre au
Roy d'Efpagne , p. 60. &. fuiv. Il prend
à fon ferviceles troupes que le Duc de
Lorraine avoit congédiées , p. 74. Il
reçoit fon abfolution du Pape , p. 5?^. Il
envoie demander à la Reine d'Angle-
terre des fecours pour Calais , p. 100.
& fuiv. Il rejette la demande que cette
PrincelTe lui fait de cette Place , p. 104.
Il fait un traité de ligue ofFenfive &: dé-
fenfive avec l'Angleterre & la Hollan-
de contre l'Efpagne , T. 1. 1. 5. p. 1^)6.
&; fuiv. Il bloque Amiens que les Ef-.
DES MATIERES,
pagnols avoient furpris jp. 17 • . Il dé-
pute le Comte de Schomberg & pki-
ficurs autres Seigneurs à rAlTemblée
des Calviniftes, p. ifji. Il invite le Duc
de Bouillon àfe rendre auprès de lui au
fiege d'Amiens , p. 15)4. 11 reprend A-
miens , p. 1^6. Il va en Bretagne pour
en achever la réduction , p. 157. 11 or-
donne aux Ducs de Bouillon 6c de la
Tremoille , de fe rendre auprès de lui ,
i'bid. 11 reçoit les foùmillions du Duc.
de Mercœur, ibid. 6c fuiv. Il va à Nan-
tes , p. I5?8. Il y accorde aux Calviniftes
k fameux Edit de Nantes , ibid. llcon-
clud la Paix de Vervinsavec l'Efpagne,
.p 15)5). 11 marie la PrinceiTe fa Sccur a-
vec le Fils aîné du Duc de Lorraine ,
p. 201. Il déclare la guerre au Duc de
Savoye , & s empare de tout fon Païs >
p. 2.12. li découvre les intelligences da
Maréchal de Biron avec ce Prince , 6c
lui pardonne . p. 21 3. Il fait rompre fou
mariage avec Marguerite de Valois ,
& époufe Marie de Medicis , p. 214. il
fait la paix avec le Duc de Savoye, ibic^.
Il témoigne au Duc de Bouillon les fu-
TABLE
jets de mécontentement qu'il avoit con-
tre lui ? p. liy. Il apprend de Lafin en
lui faifant grâce de la vie , toute la con-
fpiration de Biron , p. irS. 6c fuiv. Il
revient à Fontainebleau, p. no. liman-
de le Maréchal de Biron , le fait arrê-
ter , 6c l'abandonne à la rigueur des
Loix , ibid. Qiiel étoit le deflein de
€ette confpiration 5 p. m. Il foupçonne
le Duc de Bouillon d'y avoir trempé ,
p. 211. 11 lui écrit de fe rendre auprès
de lui ,p. 224. Le refus de ce Duc aug-
mente fes foupçons , p. 117. Il fait dé-
fenfes à la Chambre de Caftres , de
connoître de cette affaire, p. 125). Il don-
ne ordre d'arrêter le Duc de Bouillon >
ibid. Il trouve mauvais que les Calvi-
niftes lui aïent fait des remontrances
en fa faveur , p. x}4.. 11 confulte la Rei-
ne d'Angleterre fur la conduite qu'il
doit tenir dans l'affaire prefente , p. 137.
Il diflimule touchant la réponfe de cette
Princefle,p. 243. 6c fuiv. Belle 6c fage
réponfe qu'il fait aux Ennemis du Duc
de Bouillon, p. 255). Il ordonne à ce Duc
ÛQk rendre à la Cour dans deux mois
DES MATIERES,
pour tout délai 3 autrement il protefte
qu'il le traitera comme un Sujet rebele
êc defobéiirant , p. 163. Il envoïe féli-
citer Jacques 1. fur (on avènement à la
Couronne d'Angleterre , àc renouveller
avec lui les anciennes alliances ,p. i66.
6c fuiv. Il va rétablir fon autorité dans
les Provinces de delà la Loire, p. 175.
Se fuiv. Il en coûte la vie à plufieurs.
Partifans du Duc de Bouillon , p. i7<.
11 rejette les follicitations des Suiffes
en fa faveur, ibid. A quelles conditions,
il lui oftre fa grâce , p. 177. 11 levé une
armée confiderable & marche vers Se-
dan , ibid. Il accorde au Duc de Boiiil-
Ion l'abolition de tout le palfé , p. 275?.
Il lui rend la Ville 6c le Château de
Sedan, p. 281. Il forme de grands pro-
jets qu'on n'a jamais bien connus , 1. 6.
p. 25)2. &:fuiv. Il eftaflailîné, p. i5?3.
Saini-Heran. Képonfe de Saint-He-
ran à l'Envoyé du Roy qui lui apportoit
des ordres pour faire arrêter le Vicom-
te de Turenne, T. 1. 1. 1. p. 115. &fun.:.
Il avertit fecrettcmcnt le Vicomte d<4
penfer à fa siu'cté , p. 117.
T i\ B L E
B'Humieres. Exploits de d'Humieres
à l'attaque de Ham , T. 2. 1. 4. p. 81,
£c fuiv. Il y eft tué , p. 87.
j^cqnes 7. Jacques I. fuccede en An-
gleterre à la Reine Elifabeth , T. 2.
1. ^. p. 266. Il renouvelle avec le Roy de
France les Traitez d'alliance , ibid. Il
refufe fon entremife au Duc de Bouil-
lon 5 p. 276. ! 1 traitte avec lui en qua-
lité d'Àmbaiïadeur extraordinaire de
France , 1. 6. p. 372. &;fuiv. Il lui accor-
de toutes {qs demandes à la referve de
ce qui conccrnoit la dernière Aflem-
blée des Calvinifles à Saumur , ibid. Il
donne en maria[re la Princeffe Elifa-
beth au jeune Elecleur Palatin , p. 382.
Il protège l'AlTemblée àts Calviniftes
à Grenoble , T. 3. 1. 7. p. 68. & fuiv.
Il s'entremet de l'accommodement du
Prince de Condéavec ]aCour,p. 86. & f.
Jeannin- Le Prefident Jeannin admi-
niilre les Finances dans la minorité de
Louis XIII. T. 1. 1. 6. p. 318. Haine
DES MATIERES.
C|iie lui porte le Prince de Condë & les
Grands de fon parti , p. 4O1. Il ne laifle
pas d'être confideré du Duc de Bouil-
lon, ibid. Ce Duc lui adrefTe une lettre
en forme de Manifefte, T. 3. 1. 7. p. 54.
11 négocie l'accommodement du Prince
de Condé , p. 58. La Reine l'empêche
de réufllrdans fa négociation, p. 55). Sa
rcponfe aux Habitans deNoyonaufu*
jet du Duc de Mayenne, p. 60. & fuiv.
Sa difgrace , p. 113. Son rappel, 1. S.
p. 15)0.
Joyeufe. Le Duc de Joyeufe fait de
grandes careffes au Vicomte de Turen-
nej dans quelle vue, T. i. 1. 3. p. 315.
Il favorife en fecret le parti des Gui-
fes , p. 317. Il veut inutilement s'op-
pofer au pafTage du Vicomte de Tu-
renne, p. 388. 11 perd la bataille de Cou-
rras , p. 35)1. & fuiv. Ily efttué,p.3<?^.
Ses funérailles , p. 35)7.
L
Afin. Caractère , de Lafîn , T. 1. 1.
5. p. i 07. 11 gagne la confiance du
T A :■ L E
Maréchal de Biroii, ibid. Il l'engage par
fes artifices dans une confpiration, ibid.
& fuiv. il découvre au Roy toute cette
eonfpiracion , p. iiS. de fuiv. Il engage
Biron à fe rendre à la Cour , p. iio.
Lavardin. Lavardin gagne la con-
fiance du iloyde Navarre, T. i. 1. i.
p. 113. Défiance que la Noue a de lui ,
ibid. Le Roy de Navarre lui donne le
commandement de (qs troupes , p. 225.
Mécontentement qu'en ont le Vicomte
de Tu renne & la Noue , ibid. Le Vi-
comte de Tu renne lui fait une querelle ,
p. 236. Ses exploits à la bataille de Cou-
rras , p. 35)4.
Lej'dtgmeres. Le Maréchal de Lefdi-
guieres s'empare de toute la Savoye >
T. 2. 1. 5. p. 21 1. ôc fuiv. Il fe ligue con-
tre les Minières , l. 6. p. 382. il accep-
te le commandciTient de Tarmée contre
le Duc de Rohan , p. 388. Il fe recon-
cilie avec ce Duc , p. 35)1. & fuiv. Il fe
ligue contre le Maréchal d'Ancre , T.
3. 1. 8. r. 187. Il fe fait Catholique jp.
z6z. Il e.i. fait Connétable, ibid.
lig.c v rigine de la Ligue , T. i*
DES M A T T E R Ë S, ^
î. 1. p* 115. àc fuiv. Elle fe fait craindre
du Roy , p. 142. 6c fuiv. Son deflein eft
d'éloigner le Roy de Navarre de la fuc-
ceilion à la Couronne , 1. 3. p. 316. ôC
fuiv. Elle devient très-puillante , p. 317.
Elle-contraint le Roy à déclarer la guer-
re aux Calvinilles, p. 351. Sa haine par-
ticulière contre le Roy de Navarre , p.
37 : . Se fuiv* Elle ne garde plus de me-
fures avec Henry 1 1 1. p. 410. Elle fe
dilîipe entièrement par la converfion
d'Henry IV. &: par la réduction de Pa-
ris , T. 2.1. 4. p. S7.
Longuevîlle. Le Duc de Longueville
embraiîe le parti du Prince de Condé
contre la Cour, T. 2. \. 6. p. 407. il
joint ce Prince à Mczieres, p. 416. Il
fait fa Paix, T. 3. 1.7. p. 12. Il fe brouil-
le de nouveau avec la Cour & fe retire
en Picardie , p. 53. Se fuiv. Sa haine
contre le Maréchal d'Ancre, p. 64. Il
refufe obftinément de figner k Paix à
moins qu'on n'ôte à ce Maréchal le
gouvernement de la Citadelle d'A-
miens, p. 106. 11 enlevé plufieurs Pla-
ces à ce Maréchal , di refufe abfolu-
TABLE
jHent de les rendre , p. 131. & fuiv. Il
fe ligue avec les Seigneurs Mecontens,
1. 8. p. 155. & fuiv. H fait (on accom-
modement en particulier, p. 163.
Lorraine. La Maifon de Lorraine tou-
te puiiïante en France (ousleRe2;ne de
François IL T. i. 1. i.p. 10. Elle dé-
choit de cette 2;rande autorité fous ce-
lui de Charles jX. p. 13. La Ligue lui
donne de grandes efperances pour la
fucceffion à la Couronne , 1. 3. p. 316. 6c
fuiv.
Louis XI IL Louis X i n . Roy de Fran-
ce & de Navarre. Sa naiiFance , T. 2.
1. 5. p. 216. Son facre, 1. 6. p, 311.6c
fuiv. On conclud fon mariage avec An-
ne d'Autriche fille aînée de Philippe
IIL Roy d'Efpagne , p. 367. Il eft dé-
claré majeur , T. 3.1. 7. p. 12- llrefufe
les remontrances du Parlement , p. 28.
& fuiv. Il le traite avec plus de dou-
ceur, p. 54. & fuiv. Il écrit plufieurs
fois mais inutilement au Prince deCon-
dé pour l'engager à revenir à la Cour,
p. ^6. Il part pour la Guyenne , p. 65.
Il donne uneDéclaration contre le Pria?
DES MATIERES.
ce de Condé , & fes adherans , ibid. Il
époiife l'Infante d'Efpagne , p. 8i. Il
envoie des Commifînires à Louduii
traiter de la Paix avec le Prince de Con-
dé, p. 5?4. &:fuiv. II transfère l'Anem-
ble'e des Calviniftes à la Rochelle, ôc
leur permet d'envoïer des Députez aux
Conterences de la Paix, ibid. Conclu-
fion de la Paix , p. iii. Il fait arrêter 6c
conduire à la Baftille le Prince de Con-
dé , p. 137. Il donne une Déclaration
contre ce Prince , I. 8. p. 161. 11 accor-
de un Acie d'abolition aux Seigneurs
liguez , p. 165?. Il tombe dangereufe-
ment malade , p. 170. Il fe dégoûte du
î^ouvernement de la Reine fa Mère Sc
du Maréchal d'Ancre , ibid. èc fuiv.
Sa réponfe à la lettre du Duc de Bouil-
lon p. 178. & fuiv. Il déclare les Sei-
gneurs Mecontcns , Rebeles ôc Crimi-
nels de leze-Majelté , p. 185. 6c fuiv. Il
eonfent à la perte du Maréchal d'An-
cre , p. 187. Il rappelle les anciens Mi-
niftres , p. ic)o. Il fe brouille avec la
Reine fa Mère , ibid. Il accorde aux
Seigneurs liguez une abolition de tout
T A Ë L E
le paiïe, p. ïc)6. Il s'accommode avec
la Reine fa Mère , p. 217. 11 fe brouille
de nouveau avec elle 6c fe pre'parè à lui
faire la guerre , ibid. & fuiv. Défaite
de l'armée de la Reine par l'armée du
Roy , p. 214. Il fait la Paix avec cette
Princefle , ibid. Il envoie des Ambaifa-
deurs en Allemagne pour pacifier les
differens furvenus entre l'Empereur ôc
l'Eledeur Palatin , p. 246. & fuiv. 11
rétablit la Religion Catholique dans le
Bearn,p. 245>.&fuiv. Il déclare rAifem-
blée des Calviniftes à la Rochelle illici-
te > & ceux qui y affifteront Criminels
de leze-Majefté,p. 251. 11 arme contre
eux, p. 255. Il foumet le Poitou & la
Guyenne , p. 161. 1 1 alîiege Montauban,
ibid. Il maintient la neutralité pour les
terres du Duc de Boiiillon , p. 263. 6c
fuiv. Prife &c Sac de NegrepelifTe , p.
166. & fuiv. Il afîiege Montpellier, p.
268. Il accorde la Paix aux Calviniftes ,
p. 281.
De Lûmes. De Luines favori de Louis
treize , T. 3. 1. 7. p. 128. Il entre dans
h complot contre le Maréchal d'Ancre>
Ê«ES MATIERES,
f. i '5?. Il prévient l'efprit dit Roy coîV*
tre la Reine ôc contre ce Maréchal , 1.
8. p. 1 54. & fuiv. Il fait confencir le Roy
à la perte du Maréchal , p. 187. il gou-
verne ablolument refprit du Roy , p#
i5>i. & fuiv. Il eflfait Connétable , p.
155. Sa mort, p. 261.
M
Fvf^y/f/^. Mansfeld fils naturel du
_ _ Gomte de ce nom , vient avec des
troupes fur les frontières de France à la
follicitation du Duc de Bouillon , T. 3.
1. 8. p. 170. & fuiv. Caradlere de cet
avanturier , ibid. Il fe laille amufer par
le Duc de Nevers , p. 274. 6c fuiv. U
va au fecours des Provinces-Unies , p.
275?. 6c fuiv.
Marguerite de Valois. Marguerite de
Valois. Son mariage avec le Prince de
Bcarn , depuis Roy de Navarre , enfuite
de France, T. i.l. i.p. 41. ôc fuiv. Son
ëloignement pour le Roy fon Epoux,
1- 2. p. 252. &: fuiv. Elle accompagne la
Reine Mère tpi va en Guyenne pour
TABLE
îâ reconcilier avec fon Mari , p^ 161,
ôcfuiv. Réception que lui fait le Roy de
Navarre , ibid. Son accommodement
avec ce Prince , p' 274. Elle forme des
intrigues &; donne au Duc d'Anjou des
confeils qui achèvent de la perdre dans
Tefprit du Roy fon Frère , 1. 3. p. ^5)6;
Le Roy veut s'en venger en la brouillant
avec fon mari , p. 2^7. &: fuiv. Elle tra-
hit le Roy fon Epoux & favorife fous-
main les entreprifes de la Ligue , p. 318.
& fuiv. Ses intrigues de concert avecla
Reine Mère en faveur de la Ligue, p.
537. &: fuiv. Elle quitte fecrettement ta
Cour de fon Epoux & fe retire à Agen ,
p. 341. DilTolution de fon mariage > T.
2. 1. 5. p. 2 14. ' :
Aiarie de Aledlcis. Marie de Mcdicis.
Son mariage avec le Roy Henry quatre,
T. 2. 1. 5. p. 214. Elle accouche du Dau-
phin , p. ik6. Elle s'entremet de l'ac-
commodement du Duc de Bouillon avec
le Roy , p. 278. Elle eft déclarée Régen-
te du Royaume après la mort du Roy ,
1. 6. p. 300. Elle craint le Duc de Bouil-
lon ^ lui redonne fon amitié, p. 310.
DES MATIERES.
Se fuiv. Elle dépouille le Duc de Sully
de toutes fes Charges ëc Emplois , p.
317. & fuiv. Elle permet rAiremblée des
Calviniftes à Chatelleraut, p. 310. Ses
craintes au fujetde cette Alfemble'e , p.
32 1. Se fuiv. Elle mande le Duc de Bouil-
lon pour en conférer avec lui ,p. 322.
OfFrcs avanragenfes qu'elle fait faire à
ce Duc , p. 314. Elle indique l'AfTem-
blée à Saumur au lieu de Chatelleraut,
p. 327. Sa réponfe aux Députez de l'Af-
femble'e , p. 341. 6c fuiv. Elle écrit à F Af-
femblée une lettre des plus vives par le
Confeil du Duc de Boiiillon , p. 345^."
& fuiv. Importance du fervice que lui
rend ce Duc dans cette occafion , p. 352.
àc fuiv. Elle envoie les Minillres en
Corps l'en remercier de fa part, p. 362.
Elle lui donne l'Hôtel de Boiiillon , ibid.
Elle lui refufe le gouvernement de Poi-
tou, ibid. &: fuiv. Elle conclud le dou-
ble, mariage avec l'Efpagne , p. 367.-
Elle rappelle à la Cour les Princes &: les
Seigneurs qui s'en étoient éloignez me-
contens , & obtient leur confentement"
pour ce double mariage , p. 368. & fuiv.
TABLÉ
Elle envoie des Ambafladeurs aux Prin-
ces Proteftans pour leur communiquer
ces mariages Se les prier de ne s'y point
oppofer , p. 370. Elle envoie le Duc de
Bouillon en Angleterre , ibid. Inftruc-
tions qu'elle lui donne, p. 371. 6c fuiv.
Elle veut punir le Duc de Kohan com-
me un Rebele, p. 385. & fuiv. Elle re-
çoit fes foumiffions , p. 385). 6< fuiv. Elle
déclare illicites les Affemblées des Cal-
viniiles , & leur défend de s'aflembler
davantage fans la permiffion du Roy,
p. 3^3. & fuiv. Elle congédie les Minif-
tres , puis elle les rappelle , p- 35^6. Les*-
affaires d'Italie l'obligent à rappeller à
là Cour les Princes & les Seigneurs Me^:
contens, p. 35)7. & fuiv. Elle refufead-
Prince de Condé le gouvernement du-
Château-Trompette , p. 404. Elle tient
confeil fur la fuite de ce Prince ,■ p.
411. & fuiv. Elle 1 envoie inutilemènc
prier de revenir à la Cour ,• p. • 414. ^
iliiv. Sa réponfe à la lettre de ce Prince,
p. 418. ôcfuiv. Elle lui accorde la tenue
des Etats Généraux , ibid. Elle met une
^rmée fur pied, T. 3. 1. 7. p. i. &fuiv.
DES MATIERES.
Bile conclnd un Traité avec le Prince
de Condé 6c les Seigneurs de fon parti ,
p. 3. & fuiv. Après la tenue des Etats
Généraux , elle reprend fa première au-
torité , p. 13. 6c fuiv. Elle traite le Par-
lement avec beaucoup de hauteur, p.
28. 6c iuiv. Elle conclud malgré le Prin-
ce de Condé le voïage de Guyenne,
pour accomplir le double mariage , p.
51. 6c fuiv. Elle traite le Parlement avec
plus d'égards , p. 54. èc fuiv. Elle s'at-
tache à regagner le Prince de Condé ,
p. 56. 6c fuiv. Elle fait rompre les né-
gociations avec ce Prince, p. 58. d>i fuiv.-
Ellc ne garde plus aucunes mefures avec
lui , p. 64. ôc fuiv. Elle part avec le Roy
pour la Guyenne , p. 65. Elleconfomme
l'affaire du double mariage, p. 80. Elle
recherche la Paix , p. 82. 6c fuiv. Elle
accorde toutes les demandes du Prince
de Condé S>i des Seigneurs de fon parti >
Î>. 107. 5c Iuiv. Elle s'attache a divifer
es Seigneurs du parti de ce Prince . p;
ii'j. hlle tire le Duc d'Angoulème dé
la Baftille pour lui donner le comman-'
dément de l'armée deftinée contre le
TABLE
Duc de Longue ville , p. 133. Elle fait
arrêter 6c conduire à la Baiîille le Prin-
de Condé , p. 1 37. & fuiv. Elle a def-
fein de faire le même traitement à tous
les Seigneurs du parti de ce Prince , mais
ils fe retirent à propos de la Cour , I.
S. p. 147. àc fuiv. Elle traverfe les dcf-
feins du Duc de Boiiillon , p. 178. Elle
envoie des Troupes contre les Seigneurs
liguez , p. 1 84. Sa difgrace. Elle q u ie
la Cour & fe retire à Blois , p. 1510. êc
fuiv. Elle travaille à recouver fa pre-
mière autorité , p. 204. & fuiv. Elle fe
fauve de Blois 6c fe retire a Angoulê-
me , p. 1 14. & fuiv. Elle s'accommode
avec le Roy fon Fils , p. 2 17. Elle fe
brouille de nouveau avec lui , 6c fe pré-
pare à la guerre , ibid. 6c fuiv. La dé-
route de fon armée au Pont de Ce , l'o-
blige à s'accommoder avec le Roy , p.
De la Mark. Charlotte de la Mark ,
Sœur du jeune Duc de Boiiillon , hé-
ïite de lui la Principauté de Sedan ^
de Bouillon , T. 1. 1. 3. p. 407. Claufes
l^us lefquellefi elle peut joiiir de ces hé-
ritages 5
DES MATIERES,
rkages , T. i. 1. 4. p. 38. Elle efl: re-
cherchée en mariage par plufieurs
Princes, ibid. Elle fe marie avec le Vi-
comte de Turenne , p. 40. Sa mort ,
p. 57. Elle fait fon Mari héritier de
tous fes biens , ibid. &: fuiv.
Marmet. Marmet Miniftre du Roy
de Navarre , détourne ce Prince d'em-
brafTer la Religion Catholique , T. i.
1. 3. p. 331.
Aiatig?zon. Le Maréchal de Mati2;non
commande les armées du Roy en Nor-
mandie, T. 1. 1. I. p. 105). 11 joint {c%
croupes à celles du Duc de Mayenne ,
1. 3. p. 565). 11 fe brouille avec ce Duc,
Ôc le traverfe fecrettement par l'ordre
du Roy, p. 371. & fuiv.
Mayenne. Le Duc de Maïenne com-
mande l'armée du Roy en Poitou , Te
I. 1. 2. p. 137. il commande l'armée en
Guyenne, 1. 3. p. 556. ^c fuiv. Il joinc
fes troupes à celles du Maréchal de Ma-
tignon , p. 565?. 11 eil traversé fecrette-
ment par ce Maréchal , p. 37Z. Il com-
mande en Dauphiné contre les Caivi-
Hiflcs, p. 411. Il attaque & prend Iç
TABLE
Faubourg de Tours : Le Roy dç Na-
varre l'oblige à fe retirer , p. 42^. &
fuiv. Il obtient du Duc de Parme du
fecours pour Paris , T. ,. 1. 4. p. 8. ôc
fuiv. Il va au iecours de Roiien aflie-
gé par le Roy , p. 48. Il prend le parti
du Prince de Condé contre la Cour ,
1. 6. p. 407. Il fe retire à Soiflons, p.
4u8. 11 joint le Prince de Condé à Me-
zieres , p. 416. Il fait fa Paix ôc revient
à la Cour, T. 3. 1. 7. p. 11. & fuiv. Il
fe broiiille de nouveau & fe retire à
Soinons , p. 53. & fuiv. Il revient à la
Cour, p. 113 U demeure toujours at-
taché au Prince de Condé , p. 124. II
projette la ruine du Marêchafd'Ancre >
p. 1 16. 6c fuiv. L'emprifonnement du
Prince de Condé Tobllge à quitter la
Cour , 1. 8. p. 145. 6^ fuiv. 11 forme une
ligue avec les Seigneurs Mecontens ,
p. 1^5. & fuiv. Il cil déclaré criminel
de leze-Majefté , p. 184. Il eft affiegé
dans Soiflons par le Duc d'Angoulême,
ibid. 1 1 fait fa Paix & revient à la Cour>
p. 189. 6: fuiv.
Mmnetir^ L armée du Duc de Mer-
HD E s MATIERES,
coeur eft mile en fuite par celle du Vi-
comte de Turenne qui lui pille fon ba-
gage, T. I. 1. 3. p. 387. il fe joint aa
Duc de Joyeufe pour attendre le Vi-
comte à fon retour , mais ils ne peuvent
s'oppofer à fon pafTage, p. 388. 11 don-
ne à la Reine Eliiabeth des avis qui
retardent la conclufion du Traité avec
la France, T. 2. 1. ^.p. 154. Il fait fa
Paix avec le Roy , p. 197.
La Mole. La Mole gagne la confian-
ce du Duc d'Alençon , T. 1. 1. i. p. 68.
&; fuiv» Il engage ce Prince dans une
confpiration , p. 105?. Il eft arrêté 6c
condamné à mort , p. i to. & fuiv. Tra-
hifon du Comte de Montai à Pendroit
du Vicomte de Turenne , T. i. 1. r.
p. 118. Il eft blelfé à mort au fiege da
Château de Miraumont , 1. i. p. i^r»
Montgomcry- Le Comte de Montgo-
mery vient d'Angleterre au fecours de
la Rochelle : Il fe contente de piller
Belle-lfle, T. i. 1. i. p. 65. & fuiv.
Il fait une defcentedans la Normandie,
& y prend plufieurs petites Places , p.
Rij
TABLE
Montmorency. Anne de Montmoren*
cy Connétable de France , eft fait pri-
fonnier à la bataille de Saint-Quentin ,
T. I. l. I. p. 3. Il fe charge de l'éduca-
tion du Vicomte de Tiirenne fon petit-
iils, ibid. & fuiv. Catherine de Medi-
cis l'oblige à fe défaire de fa charge de
Grand-Maître de la Maifon du Roy,
& l'exile de la Cour, p. ir. Il s'appli-
que à l'éducation du Vicomte de Tu-
renne , ibid. 6c fuiv. Le nombre & les
qualitez de fes Enfans & de {qs Neveux ,
p. 14. & fuiv. Il defapprouve l'attache-
ment du Vicomte de Turenne , pour le
Duc d'Alençon : Excellentes inftruc-
tions qu'il lui donne à cette occafion,
p. 17. ôc fuiv. Belles inftruclions tou-
chant la conduite qu'il doit tenir à la
Cour, p. I5>. & fuiv. Sa mort, p. 24.
Le Maréchal de Montmorency fils
du Connétable , eft envoie en Angle-
terre traiter avec la Reine Elifabeth,
une Ligue contre l'Elpagne , p. 4<^. &
fuiv. Son abfence de la Cour le fauve
du MafTacre de la Saint Barthélémy ,
p. 53. ôc fuiv. Il détourne le Duc d'À-t
DES MATIERES,
lençon du delTein qu'il avoit de fe met-
tre à la tête des Mecontens , p. 5)2. Se
fuiv. 11 demande & obtient pour ce
Prince la Lieutenance générale du
Royaume, p. 5)4. Il refuie de fe dé-
clarer pour ce Prince contre le Roy ,
p. 5?6. Il eft accusé par Coconnati d'a-
voir trempé dans la confpiration du
Ducd'Alençon ,p. m. Le Koylui or-
donne de fe rendre à la Cour éc lui dé-
fend d'en fortir , ibid. Il eft remis en
liberté , 1. 1. p. 181. Sa mort , p. 275^.
Montpenfier. Le Duc de Montpenfier
commande les armées du Roy au-delà
de la Loire , T. 1. 1. i. p. 109. Il négocie
fpcrettement par ordre du Roy , la Paix
avec les Calviniftes , 1. 2. p. 242. Il
refufe de fuivre le parti du Roy de Na-
varre , 1. 3. p. 385.
N
NAvarrc. Antoine de Bourbon Roy
de Navarre , eft fait Lieutenant
General du Royaume de France , T. i.
1. 1. p. 13. Il eft tué au fiege de Roiien ,
p. 14. Riij
TABLE
Opporition de la Reine de Navarre
au mariage du Prince de Bearn ion
Fils, avec Marguerite de Valois, T. i.
1. I. p. 42. Elle confcnc à ce mariage ,
p. 43, Sa mort ,p 45. & fuiv.
Henry Roy de Navarre : fon ma-
riage avec Magueritcde Valois, p. 42.
& iliiv. Il fauve ia vie du MafTacre de
la Saint Barthélémy , par une feinte
abjuration de la Religion Prétendue
Réformée , p. 53. Il va au fiege de la
Rochelle , p. 56. Il prend des engage-
mens avec la Noue , p. 6S. & fuiv. Il
fe fauve de la Cour èc renonce à la
Religion Catholique , 1. 2. p. 15?!. Il
fe retire à Perigucux avec fa Sœur ,«p.
ao5). 11 invite le Vicomte de Turenne
à fe rendre auprès de lui , p. m. Les
Etats Généraux lui envoient des Dé-
putez, p. 230. Il fe rend à Montauban ,
p. 134. Ses difpofitionsà la Paix, p. 242.
Son éloignement pour la Reine fon £-
poufe , p. 252. & fuiv. Il confulte le
Yicomte de Turenne 6c fuit fes avis,
p. 15 1. & fuiv. Sa réponfe aux lettres
pleines de menaces de la Reine Mère?
l
DE MATIERES.
. 1^0. & fuiv. Réception qu'il fait à
a Reine Mère , & à la Reine fon E-
poufe, p. i6i. & lliiv. 11 demande JLif-
tice à la Reine pour le Vicomte de Tu-
renne contre les Duras , p. ijy. & fuiv.
11 fe trouve à l'Aifemblée générale des
Calviniftes à Montauban , 1. 3. p. 253.
11 évite le piège que le Roy lui avoic
dreffé , pour le brouiller avec la Reine
fon Epoufe , oc avec le Vicomte de Tu-
renne, p. 197. & fuiv. U tient une Af-
femblée à Mazeres dans le Comté de
Foix,p. 301. 11 refufe de rendre les Pla-
ces de sûreté accordées aux Calvinif-
tes à la C onference de Nerac , ibid. ôc
fuiv. si fait la Paix , p. 30^. & fuiv.
11 affifle à l'AlTemblée des Calviniiles
à Montauban , &: les empêche d'exécu-
ter le deffein qu'ils avoient formé de fe
mettre en République , p. 307. &; fuiv.
Il confulte le Vicomte de Turenne 6c
fuit fon avis dans fa réponle au Duc
d'Epernon envoie de la part du Roy ,
p. 318. &fuiv. Il fait arrêter un Valet
de Chambre de la Reine fon Epoufe,
<jue cette PrinceiTe cnvoïoic au Duc de
Riiij
TABLE
Gnife , p. 337. & fuiv. Il le renvoie à\t
Roy qui le lui demande avec Mafelie-
res qui l'avoit arrêté , p. 335). La fuite
de la Reine Ton Epoufe , & quelques
avis venus de la Cour, lui font conjec-
turer qu'on a deffein de recommencer
la guerre, p. 341. ôc fuiv. Il convoque
une Aifemble'e de fon parti à Saint Paul
de Cap-de-Joux , p. 344. 11 y va avec
le Vicomte de Turenne, ibid. Il y ex-
pofe les motifs qui l'avoient engagé à
convoquer cette AfTembléejibid. Il con-
fuite le Vicomte de Turenne à l'occa-
fion de l'Edit du Roy , p. ^51. & fuiv.
Il s'unit avec le Prince de Condé èc
avec le Maréchal de Montmorency ,
p. 355. Il demande du fecours aux Prin-
ces Proteftans d'Allemagne , ibid. Il
envoie Pardailhan à la Reine Elifa-
beth , pour la prier de Taffifter d'Hom-
mes & d'argent , ibid. 11 entretient avec
le Roy des correfpondances très-étroi-
les & très-fecrettes , ibid. Il néglige la
guerre pour fcs plaifirs, p. 355). & fuiv.
Le Vicomte de Turenne l'empcche de
s'oppofer à l'armée du Duc de Mayenn€>
DES MATIERES.
1p. 360. êcfuiv. 11 va à Montauban poar
V affembler de nouvelles forces , & laif-
ie Ton armée fous le commanciement du
Vicomte de Turenne> p. 361. ^ fuiv.
Il fe jette dans la Rochelle, 6c fait une
grande diverfion dans le Poitou , p.
371. Le Roy empêche fou s- ma in l'exé-
cution des deffeins de la Ligue contre
lui, ibid. 6c fuiv. Il confère à Saint.
Brix avec la Reine Mère , p. 374. 6c
fuiv. Il négocie inutilement pour en-
gager dans fon parti les Cardinaux de
Bourbon & de Vendôme , Se le Duc de
Montpenfier , p. 385. Il gagne abfolu-
n-îent le Prince dcConti &le Comte de
SoifTons , ibid. Il aiïcmble fon Confeil
au fujet de larrivée des fecours d'Al-
lemagne, p. 385?. &. fuiv. Il gagne la
Bataille de Coutras , p. 391. &; fuiv*
Sa démence l'empêche de profiter des
avantages de fa vidoire, p. 35)7. & fuiv-
Il retourne en Bearn , p. 401. 11 fc
rend à la Rochelle , où il invite le Vi-
comte de Turenne à fe rendre pour
l'aider de fes confeil s , p. 412. 11 dc-
jn«inde à h Reiue £lifabeth des fecours
Ry
TABLE
d'argent , 4p. 14. Il demande de nou-
veaux fecours d'Allemagne, ibid. Il en-
voie le Vicomte de Turenne négocier
avec le Maréchal deMontmorcncy,ibidc
Il prend plufieurs Villes, ôcpouîTe (es
conquêtes jufques fur les frontières de
la Tourainc &; de l'Anjou , p. 411. Il
traite avec le Roy Henry III. &: joint
ïes troupes aux ficnnes , ibid. Se fuiv.
11 fecourt la Ville de Tours , p. 415.
Il engage le Roy à faire le iiege de
Paris , p. 417. ôc fuiv. Le Roy avant
que de mourir le déclare fon fuccef-
feur légitime , p. 419. Tous les Sei-
gneurs lui jurent fidélité 6c obéilTance y
ibid. Sa réponfe aux Députez des Ca-
tholiques , p. 433. 6c fuiv. Voyez Hen-
jy IV. Roy de France.
Nevtrs. Le Duc de Nevers accom-
pagne la Reine Mère aux Conférences
de Saint Brix , T. 1. 1. 3. p. 375. Il
commande en Poitou contre les Calvi-
niftes,p. 411. Il commande l'armée du
Roy en Picardie , T. 2. l. 4. p. 54. Il
fe pique contre le Duc de Bouillon &
fe retire à Amiens, p. 5^8. 11 fe recire
DES MATIERES,
de la Cour mécontent des Miniflres , Se
va en Italie , L 6. p. 35)7. Il prend le
parti du Prince de Condé contre la
Cour , p. 407. Il fe retire en Cham-
pagne 5 p. 40S. Il flic (a Paix & revient
à la Cour , T. 3. 1. 7. p. 11. 6c fuiv. Il
s'entremet de l'accommodement du
Prince de Condé avec la Cour , p. 87.
& diiv. Il fe ligue avec les Seigneurs
Mecontens, 1. 8. p. i6i. Scfuiv. Il levé
des troupes, p. 171. Il eil déclaré Re-
bele & Criminel de leze - Majelté , p.
183. Il revient à la Cour, p. 196. Ar-
tifices dont il ufe pourarirufcrleComte
Mansfeid , p. 274. S: luiv.
La Noue. La Noue défend la Ro-
chelle , T. I. 1. I. p. 61. àc fuiv. Il a-
bandonne les Rochelois & fe rend au
Camp du Duc d'Anjou , p. 64. Son
adrefle à s'infinuer dans les efprits du
Roy de Navarre , du Duc d'Alcnçon ,
Se de quantité de Seigneurs Catholi-
ques, p. 67. ôc fuiv. 11 rejette les pro-
jets chimériques du Duc d'Alençon,
p. 71. êc fuiv. Il lui mande de fe met-
tre à la tcte des Mecontens , p. S6,
Rvj
TABLE
Confideration qu'A pour lui le parti Cat-
vinifte , ôc en particulier le Roy de
Navarre, 1. i.p. 115). Scfuiv. ïl trouve
mauvais que ce Prince s'abandonne
trop à fes plaifirs , &: il vent quitter la
Cour, p. 213. &: fuiv. Il fuit le Duc
d'Anjou dans les Païs-Bas, 1. 5. p. 307-
11 défait l'armée du Duc d'Aumale de-
vant Senlis , p. 416. Sa mort , T. 1. 1- 4-
PAis-Bas. Les Députez des Pa'ïs Bas
traitent avec le Duc d'Anjou , &
lui offrent la Souveraineté des 17. Pro-
vinces, T. î. 1. 3. p. 303. &: (uiv.
Palatin. Frédéric V. Elecleur Pala-
tin , époufela Princeiïe d'Angleterre,
T. 2. 1. 6. p. 3^8. 11 eftélù Roy de Bo-
hême 5 T. 3. 1. %> p. 215. 6c fuiv. li
prend pofTeflion de cette Couronne , p.
234. Il s'attire par-là un grand nom-
bre d'ennemis , p. 136. ôc fuiv. Il eft
mis au ban de l'Empire , p. 247. Il perd
ia bataille de Prague , la Couronne de
\
DES MATIERES.
Bohême, fes Etats héréditaires , & fe
retire à Sedan auprès du Duc de Bouil-
lon fon Oncle ; p. 148.
Parlement. Le Parlement fe brouille
avec la Cour à l'occaffion des remon-
trances qu'il veut faire , T. 3. 1. 7. p.
10. & fuiv. Détail de toute cette affai-
re, ibid. Il eft maltraité par la Reine,
p. 28. Se fuiv. Le Roy refufe fes remon-
trances , ibid. On le croitl' Auteur d'un
Manifefte où le Gouvernement eft dé-
crié , p. 54. On le traite avec plus de
douceur , p. 55.
Parme. Le Duc de Parme invertit
Cambray , T. i. 1. 3. p. 30-). & fuiv. Il
reçoit très -civilement le Vicomte de
Turenne fon Prifonnier , p. 317. Il fe
retire à l'approche de l'armée du Duc
d'Anjou , ibid. Il vient au fecours de
Paris afTiegé par le Roy, T. 2. 1. 4. p. 5.
& fuiv. Il en fait lever le fiege , p. 13,
Il vient au fecours de Rjiien, p. 48.
Sa mort p. 67.
Bh PleffiS'Mornay. Du Pleffis-Mor-
nay prefide à l'Affemblée des Calvinif-
cçs à Saumur , T, 2. 1. 6. p. 327. ôc fuiv»
TABLE
II s entremet de l'accommodemenc du
Duc de Bouillon avec le Duc de Suiiy >
p. 353. Il exhorte l'AlTemblée à fe fou-
mettre aux ordres de Ja Reine > p. 351.
& fuiv. Il fait aux Calviniftes d'inuti-
les remontrances pour les dilTuader de
fuivre le parti du Prince de Condé ,
T. 3. 1. 7. p. 66. & fuiv.
Saint- Pol. Le Comte de Saint -Pol
commande en Picardie , T. 2. 1. 4. p,
So. Ses exploits à la furprife de Ham ,
p. S6. &fuiv. Il va au fecoursde Dour-
îens , p. 5)4. Sa mefintelligence avec
les autres Chefs fait échouer cette en-
treprife, p. 5)7. 11 fe retire dans le Bou-
lonnois , p. 5)8. Il levé des troupes pour
le fervice du Prince de Condé , T. 3,
1. 7. p. 70. H abandonne le parti de ce
Prince & s'accommode avec la Cour ,
p. 78. & fuiv.
Pelonois. Surprife des Polonois à l'oc-
cafion de l'ignorance de la Nobleiïè
Françoife , T. i. I. i. p. 8. Ils élifent
pour leur Roy le Duc d'Anjou , 6c lui
envoient en France une célèbre Am-
baiTade > p. 78.
DES MATIERES.
PoUrot. Poltroc aiTaffine le Duc de
Guife, T, 1. 1. I. p. 14.
K
RAjfignac. Raffignac efl fait Goa-
verneur du jeune Vicomte de
Turenne : Son éloge 6c Tes qualitez ,
T. 1. 1. I. p< 6. Il poite le Vicomte à
l'Etude de THiUoire , p. 15. Sa mort,
p. 40.
Rohati, Le Duc de Rohan forme le
dcflein de fe faire Chef des Calvinif-
tes de France , T. t.l. 6. p. 15)6. Moïens
qu'il emploie pour y parvenir, p. 25)8.
ëc fuiv. 11 afllfte à l' AfTemblée des Cal-
viniftes à Saumur , &: s'oppofe aux pré-
tentions du Duc de Boiiillon pour la
Prefidence , p. 318. Entretien de ce Duc
avec le Duc de Bouillon au fujet du
Duc de Sully, p. 334. ôc fuiv. Il fou-
tient le parti du Duc de Snlly , p» 338.
& fuiv. Il traverfe la négociation du
Duc de Bouillon avec le Roy d'Angle-
terre, p. 375. ôc fuiv. il le brouille avec
la Cour à l'occafion de l'éleclion du
t A B L E
Maire de Saint Jean d'AngcIy , p. 385,
& fuiv. Détail de cette affaire , ibid.
Son accommodement avec la Cour , p.
55?o. Il fe reconcilie avec le Duc de
Bouillon , 6c avec le Maréchal de Lef-
diguieres , p. 35?!. & fuiv. Il fe défait
de fa charge de Colonel General des
SuilTes , T. 3. 1. 7. p. 2. Il promet au
Prince de Condé le fecours des Cal vi-
nifies, p. 6. Il levé des troupes pour le
fervice de ce Prince , p. 70. Ses oppo-
fitions à la Paix, p. 5)9.
Jtône. Rône un des Chefs de la Li-
gue, fe donne au Roy d'Efpagne , T. i.
1. 4. p. 81. Il perfaade à Gomeron de
livrer Ham aux Efpagnols , ibid.
Roquelaure. Roquelaure gagne lacon ,
fiance du Roy de Navarre", T. i. 1. ir
p. 213. Défiance que la Noue a de lui,
ibid. llaiîiile aux Conférences du Roy
de Navarre & du Duc d'Epernon , 1. 3.
p. 331. Il confeille à ce Prince dem-
brafter la Religion Catholique, ibid.
Rouhais. Le Marquis de Roubais blo-
que Cambray, T. i.l. 3. p. 307. Il fe
retire de devant cette Place? p-3i7- Le
DES MATIERE .S. ,
Vicomte de Turenne choifit d'être foîl
Prifonnier, p. 315?. &: iiiiv.
Rucellai. L'Abbé Riicellai travaille à
tirer la Reine Mère de Blois, T. 3. 1. 8.
p. 105. 6c fuiv. Caractère de cet Abbé,
ibid. 11 négocie avec le Duc de Bouil-
lon &: le foilicite fortement en faveur
de la Reine , p 107. & fuiv. Il s'adrefle
au Duc d'Epernon , 6: l'engage à fer-
•vir cette Princefle, p. 210. ôc luiv.
SAlamac Le Baronde Salagnacfert
de lecond au Vicomte de Turen-
ne , dans un duel contre les deux Du-
ras , T. 1. 1. 2, p. 275. àc fuiv.
Sa^ci. Le Baron de Sancy fait à fes
dépens une levée de Suifles pour le fer-
vice du Roy, T. I. 1. -y p. 417. Le
Roy le fait Colonel General des SuiiTes ,
p. 418. 6c fuiv. 11 va en Angleterre
commencer la négociation pour le fe-
cours de Calais , T. 2. 1. 4. p. 103. 6c
fuiv. Difficultez qu'il y trouve , ibid.
Savoje. Le Duc de Savoye ufurpe
t A B L Ë
fur leRoy leMarquifat de Saluées, pen-
dant les guerres civiles , T. i. 1. 5. p.
101. Il vient en France -pour traiter
avec le Roy , ibid* Caradere de ce Prin*
ce 5 p. 203. Il gagne le Maréchal de
Biron ,p. 107. & luiv. Il rompt le Trai-
té commencé avec le Roy , & retourne
en Piémont, p. m. Le Roy s'empare
de fon Païs , ibid. Il fait la Paix, p»
114. Ses prétentions fur le Montferrac r
1. 6. p. 35^5). & fuiv.
Schowberg. Le Comte de Schomberg
envoie par le Roy à l'Aflemblée des
Calviniftes à Chatelleraut , T. 1. 1. 5.
Î). 1^1. Il confeille au Roy de rappel-
er le Duc de Bouillon, p, 19^
Sillery. Sillery follicite à Rome la dif-
foîution du mariage du Roy Henry I V.
avec Marguerite de Valois, T. i. 1. 5,
p. 114. 11 va à Florence demander en
mariage Marie de Medicispour le Roy,
ibid. Haine que lui porte le Prince de
Condé &les Grands de fon parti , 1. 6.
p. 402. & fuiv. ^Qs fentimens au fujet
des mecontentemens du Prince de Con-
dé j p. 411. ôc fuiv 11 eft attaqué per-
DÈS MATIERE??,
fonnelîement dans un Manifefte donc
le Parlement efl cru l'Auteur , T. 3.
1. 7. p. 54. Il donne à la Reine des foup-
çons de la conduite de Villeroy , 6c de
Jeannin , p. ^8. 11 eit accufë par le
Prince de Condé d'être l'Auteur des
defordres de l'Etat , p. Gy On lui ôte
les Sceaux, p. I2}.
Sixte V. Sixte V. fait publier une
Bulle contre le Roy de Navarre 6c con-
tre le Prince de Condé 3 T, 1. 1. 3. p,
345- ^
Soijjons. Le Comte de SoilTons s en-
gage dans le parti du lloy de Navarre,
T. I. 1. 3. p. 585. Il joint l'armée de ce
Prince , p. 388- Ses exploits à la batail-
le de Coutras,p. 35?3, 6c fuiv. Il fe re-
tire à Dreux mécontent de la Cour,
T. iA.6 p. }66. 11 revient à la Cour dC
donne fon confentement au double ma-
riage conclu avec l'Efpagne , p. 368. 6c
fuiv. Il fe ligue contre les Miniitres,
p. 383. Sa mort ibid.
• Su/Iy. Le Duc de Sully ou Baron de
Rofny eaçne 1000. écus pour fa part au
pillage du bagage de l'armée du Duc de
TABLE
Mercœitr, T. i. 1. 3. p. 388. Il prefTe
le Prince de Conti de s'aller mettre à
la tête des Allemands qui dcmandoient
tin Prince du Sang , p. 400. 11 va de
la part du Roy faire au Duc de Bouil-
lon des complimens de condoléance fur
la mort de fa Femme, T. 2. 1. 4. p. 58.
Il gagne entièrement la confiance du
Roy, 1. 5. p. 215. 11 va de la part du
Roy en Angleterre , & renouvelle avec
Jacques I. les Traitez d'alliance , p.
3.66. 6c fuiv. 11 eft fait Duc & Pair de
France , p. 277. Il eft difgracié & dé-
pouillé de toutes fes Charges , 1. 6. p.
313. &fuiv. 11 fe retire à ion Chateaa
de Sully , p. 318, Il affifte à rAffem-
blée des Calviniftes à Saumur , ^ s'op-
pofe aux prétentions du Duc de Boiiil-
lon pour la Prefidence , p. 328. Il ie
reconcilie avec ce Duc , p. 333. Il in-
terefle toute TAlTemblée à fa difgrace,
P- 334-
Saint-Sulpice* Saint- Sulpice Gouve;
neur du Duc d'Alençon fait tous fc
efforts, pour éloigner du Duc, le Vp^
comte de Turenne > T. i. 1. i. p. 3^.
DES MATIERES.
te fuiv. Il traite avec le Maréchal
Danville de la part de la Reine Mère ,
p. Il 4. Il eft maltraité de paroles par
le Vicomte de Tprenne , 1. 1. p. 211?
èc fuiv.
THemines, Themines arrête prî-
fonnier dans le Louvre le Prince
de Condé , T. 3. 1. 7. p. 137,
Thoré. Thoré preile le Vicomte de
Tiirenne fon Neveu de s'attacher
uniquement au Ducd'Alençon, T. 1. 1,
I. p.47. ôcfuiv. Il s engage entièrement
dans le parti de ce Prince , p, ^6. Il fe
retire à Strasbourg , p. 5^8. & luiv. Il
eft batu près de Château-Thiery à la
tête àts troupes qu'il amenoit d'Alle-
magne, 1. 2. p. 175?. & fuiv.
La Trimouille. Le Duc de la Tri-
mouille tient le parti du Roy de Na-
varre : Ses exploits à la bataille de
Coutras,T. r. 1 3 p. :;43. &: fuiv. Il
afflfte aux Conférences des Calviniftes ,
T„ i, 1. 5. p. ij?3. 11 obéit aux ordres
TABLE
du Roy , qui lui ordonne de fe rendre
auprès de lui, p. 157. 11 levé des trou-
pes pour le fervice du Prince de Con-
dé, T. 3. 1. 7. p. 81. il refufe les of-
fres des Calviniftes, 1. 8. p. 16 r.
Turenne. François III. Vicomte de
Turenne : Son mariage avec Anne de
Montmorency , T. r. 1. i. p. 1. Ses
Enfans , ibid. H eft fait prifonnier à
la bataille de Saint-Quentin , & meurt
trois jours après de fes blefflires , ibid.
Henry I. Vicomte de Turenne.
y oyez Henry Duc de Bouillon,
DV Va'iY. Du VairConfeiller d'Etat
eftaflbcié à la négociation du Duc
de Bouillon en Angleterre > T. 1. 1. 4.
p irS. On lui donne les Sceaux , T. 3..
1. 7. p. 113. On les lui ôte & on les lui
rend, 1. 8. p. 15^0.
Venàor, t Le Cardinal de Vendô^
me refufe de fuivre le parti du Ro''
de Navarre, T. i 1. 3. p 385.
Le Duc de Vendôme prend le par-
DES MATIERES,
tîdu Prince de Condé contre la Cour j
T. 1. 1 6. p. 407. Il eft arrêté, p.
409. Il fort de fa prifon ôc il eft réta-
bli dans toutes fes Charges &: Emplois ,
T 3 1. 7. p. II & fuiv. Il levé des
troupes pour le fervice du Prince de
Condé, p 81 L'emprifonnement de ce
Prince l'oblige à fe retirer de la Cour,
1. 8. p IS4. Jlfe ligue avec les Sei-
gneurs Mecontens, p. 1^5. &: fuiv. Il
eft déclaré Rebele àc Criminel de leze-
Majefté, p. 184. Il revient à la Cour,
p 15)5. Il fe juilifîe de la fauflc accu-
îation de Gignier, p. icjg. & fuiv.
yentaàour. Le Comte de Ventadour
eft envoie par le Roy pour fe (liifir de
toute la Vicomte de Turenne , T. i,
1. i.p. 115?. Il fe retire de Turenne fans
y avoir fait aucun defordre , p. i 4;
Il s'engage dans le parti de Banville m
l. 1. p. 157.
Villars L'Amiral de Villars comman-
Iç en Picardie , T. t. 1. 4. p g. Il mar-
he au fecours de Dourlens , p. 5)4, H
y eft tué, p. 5?7.
. Fîlleroy. Villeroy traite de la part de
TABLE DES MATIERES.
!a Reine Mère avec le Maréchal Dan-
ville , T. I. 1. I. p. 1 14. La Reine
l'envoie à Turin pour empêcher lac-
commodément de ce Maréchal avec le
Roy, 1. 2. p. 151. Il négocie fecrette-
ment par l'ordre du Roy, la Paix avec
les Calviniftes , p. 242. Il conclud le
Traité d'accommodement du Duc de
Eoiiillon avec le Roy, T. 2. 1. 5 p. 178.
11 efb haï du Prince de Condé & des
Grands de fon parti , à l'exception du
Duc de Bouillon , qui ne laifTe pas d'a-
voir beaucoup d'eftime pour lui , p.
402. & fuiv. Ses fentimens au fujet des
niecontentemens du Prince de Condé,
p. 4IZ. & fuiv. Il négocie de la part du
Roy l'accommodement de ce Prince,
;T. 3. 1. 7. p. 58. La Reine rompt fa
négociation , p. 55?. Il conclud au nom
du Roy la Paix avec le Prince de Con- /
dé, p, 5)5. & fuiv. Le Maréchal d'An^ |
cre le fait difgracier,p. IZ3 Son rap-
pel > 1. 8. p. i5?o. V
on,
f^m de la Tablç^
♦V
t. 3
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DC Mrrsolli>;r, Jf^c^ues
J.21 Histoire du racrech? 1
.8 duc de Bouillon