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Full text of "Histoire du maréchal duc de Bouillon; où l'on trouve ce qui s'est passé de plus remarquable sous les regnes de François II, Charles IX, Henry III, Henry IV, la minorité & les premières années du regne de Louis XIII"

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HISTOIRE 

DU   MARECHAL 

DUC  DE  BOUILLON. 

Où  Ton  trouve  ce  qui  s'efl  paffé  de 
plus  remarquable  lous  les  Règnes 
de  François  IL  Charles  IX.  Henry 
III  Henry  IV.  la  minorité  &  les 
premières  années  du  Règne  de 
touis  XIII 


Tome    Troisième. 


A    AMSTERDAM  , 
Chez   le   Sincère, à  la  Vérité 


M.   DCC.    XXVI. 


SOMMAIRE 
da  feptiéme  Livre. 

LA    Régente  accorde  au,  Trime 
de  Condé   &  atix  Seigneurs 
de  [on  paru  la  tenue  des  Etats  Gé- 
néraux' Elle  met  en  même- temps  une 
Armée  fur  fied*  Elle  envoie  en  Suif- 
fe  le  Colonel  G  allât  i  pour  y  faire  une 
levée  defx  mille  Hommes.  On  en- 
gage le  Duc  de  Rohan  Colonel  Géné- 
ral des  Suijfes  k  fe  défaire  de  cette 
charge  >  Bajfompierre  l'achette  du 
confentemeut  de  la  Régente.  Le  Prin- 
ce de  Condé  par  ïentremtfc  du  Duc 
de  Bouillon  tâche  k  engager  le  parti 
Calvinifte  k  fe  déclarer  pour  lui .  L a 
Régente  rompt  fes  mefures  en  propo- 
fant  un  accommodement.  Le  Prince 
de  Condé  le  refufe  >  mais  le  Duc  de 
Bouillon  lui  perjuade  de  l'accepter. 
Ses  raijons  pour  cela.  L'arrivée  des 
ftx  mille  Suijfes  levez,  par  Gallatt 
avance  fort  le  Traité  de  Faix.    On 
la  traite  a  Soijfons.  Apres  ^len  des 
dijficulte^  elle  eji  conclue  a  Sainte 

ai; 


Sommaire. 
Menehould.     A  quelles  conàitions. 
Le  Prmce  de  Co^dé  dr  les  Seigneurs 
de  fon  paru  reviennent  k  la  Cour, 
ils  accompagnent   le  Roy  au  Parle- 
ment ok  il  efi  déclaré  Majeur.  Les 
Etats  Généraux  fe  tiennent  a  Paris: 
la  divifion  s'y  met ,  ^  les  rend  inu- 
tiles :  ils  font  congédiez,  fans  avoir 
rien  obtefm  pour  la  reformation  de 
l'Etat.  La  Reine  reprend  fa  première 
autorité.  Nouveaux  mecontentemens 
du  Prmce  de  Condé  ,  des  Grands  d* 
du  Duc  de  Bouillon  en  particulier, 
Jl  forme  un  nouveau  parti  contre  la 
Reine  ,  plus  redoutable  que  le  pre- 
-mitr.  Il  gagne  les  Députez  des  Cal- 
vinifles  &  tout  le  parti  par  leur 
moten-  Il  entreprend  d'y  faire  entrer 
le  Parlement  de  Paris  '>  fes  intrigues 
&  fes  négociations  pour  y  réufjir.  Il 
vient  k  bout  de  commiettre  le  Par- 
lement avec  la  Cour.    Récit  de  ce 
grand  différend.    La  part  quy  eut 
le  Duc  de  Boiiillon.    Le  Parlement 
fait  des  rem'ontrances,mais  jans  effet. 
Le  Duc  de  Bouillon  engage  le  Prince 
de  Condé  a  s  opposer  en  plein  Confeil 


Sommaire. 
au  àejfcin  de  la  Reine  ,  de  mener  le 
Royjur  la  Frontière  d'EJfagne  tour 
y  consommer  Vajfaire  du  d^ouble  Ma- 
riage. Raifons  de  fon  oppojiùon.  La 
Reine  ny  a  aucun  égard ,  &  nen 
fycffe  que  plus  'vivement  le  départ 
du  Roy>  Le  Prince  de  Condé  mé- 
co}îtent  à'  résolu   de    s  y    oppofer  , 
quitte  la  Cour  avec  tous  les  Seigneurs 
de  fon  parti.  Ecrits  de  part  &  d'au- 
tre. La  Reine  tente  inutilement  de 
faire  revenir  a  la  Cour  le  Prince  de 
Condé  &  les  Seigneurs  de  fon  parti. 
Divcrfes  négociations  À  cette  occa- 
fonr  y  mais  Jans  fruit.  La  Reine  levé 
deux  Jrmées  '>  elle  donne  le  comman- 
dement de  la  première  au  Maréchal 
de  Bois-Dauphin  ,  c^  celui  de  la  fé- 
conde au  Duc  de  Guije.    Elle  fait 
donner  au  Roy  plufieurs  Déclarations 
tres-fortes  contre  le  Prince  de  Condé 
&fes  /Jdherans.Elle  part  avec  le  Roy 
pour  la  Guyenne.  Le  Prince  de  Condé 
levé  une  Armée.  La  Cour  arrive  a 
Poitiers.  Le  Prince  de  Condé  &  fes 
Adherans  y  font  déclarez,  Rebeles  & 
Criminels  de  k;:,C'Majefé.  Malgré 

a  iij 


.  s   O    M    M    A    ï    B.     E. 

tout  le  créait  au-  Bue  de  Botdllon  t 
la  Déclaration  ejl:  vérifiée  &  enre- 
gijlrce  au  Parlement  de  Paris.  Le 
Prince  y  répond  fortement  par  un 
Manifejle  adrejfe  a  tous  les  Etats  dté 
Royaume^  Le  commandement  de  l  Ar- 
mée du  Prince  de  Cvndé  ejl  donné  att 
Duc  de  Bouillon.  L' A ff emblée  géné- 
rale des  Calvinifiesje  tient  a  Greno- 
ble avec  la  permi[Jlon  du  Roy.  Le 
Duc  de  Bouillon  entreprend  de  la 
faire  déclarer  pour  le  Prince  de  C on- 
de. Les  Ducs  de  Rohan  &  de  Sully, 
du  Pleffis  -  Mornay  &  plufieurs  au- 
tres gagnez,  par  la  Cour  s'y  oppo- 
fent.  Maigre  toutes  ces  oppcfitions , 
le  Duc  de  BoïttHon  engage  tout  le 
parti  Cahinijle  kfe  déclarer  pour  le 
Prince  de  Condé.  Mot  en  s  qu'il  em- 
ploie pour  en  njenirk  bout.  Dans  la 
'Vue  de  rendre  les  Calvinifles  irré- 
conciliables avec  la  Cour  >  il  porte 
t  A  ff emblée  de  Grenoble  hfe  tranf- 
ferer  k  Nîmes  defon  autorité  privée , 
Cr  fans  la  permijjion  du  Roy.  Lefdi- 
guieres  Gouverneur  duDauphiné  s'y 
oppofe  en  vain^  La  Cour  ejt  étonnes 


s    O    M    M    A    I    R    î, 

de  cet  attentat  k  l^ autorité  Sauverai" 
ne  dont  il  ny  av oh  point  d'exemple  s 
mais  comme  le  Duc  de  Bouillon  l'a- 
njoit  prévu  ,  elle  efi  obligée  de  dijji- 
muler.  Le  Duc  de  Rohan  efi  contraint 
de  prendre  les  Armes  en  faveur  de 
Jon  Ennemi.  Le  Comte  de  Saint  Toi 
en  Guyenne  ,  dr  le  Comte  de  Candale 
en  Saintonge  fe  déclarent  pour   le 
F  rince  de  Condé.  Elifabeth  de  Fran- 
ce efi  attaquée  de  la  petite  vérole  a 
Poitiers  '>    ce  qui  retarde  de  deux 
mois  fo?i   départ  pour  la  frontière 
d'Efiagne.    Ce  contre -temps  emba- 
rajjefort  la  Reine.  Le  Duc  de  Boùil^ 
Ion  en  profite  pour  ajfembler  l'Armée 
du  Vnnce  de  Condé.   Cette  Armée 
s'ajfemble  k  Noyon.  Le  Duc  de  Bouil- 
lon qui  avoit  plu  fleurs  rivières  k 
pajfer ,  marche  vers  Taris.   Grande 
confiernation  des   Varifiens   qui  a- 
handonnent  Us  Fauxbourgs  pourfe 
jetter  dans  la  Ville.  Bois-Dauphin 
campé  avec  l'Armée  du  Roy  k  Dam- 
fnartin  ,  tient  ferme  dans  ce  pofie. 
Cela  donne  lieu  au  Duc  de  Bouillork 
de  tourner  hrufquement  du  coté  de 

aiiij 


Sommaire. 
château  -  Thierry  >   il  l'attaque ,  le 
vrenà  ,  cir  y  pafj^e  la  Marne  avant 
que  JBois'Vaufhm  fut  le  joindre-  il 
.  donne  le  change  k  Bois-Dauphin.  Il 
fait  jemhiaiit  de  marcher  k  Reims  ^ 
à'  "ja  promptement  pajfer  la  Seine 
au  gué  de  Mérj  >  &  marche  vers  la 
Lotre. Bois-Dauphin  avecï  Armée  dtt 
Roy  fort  fupérieure  le  fuit -,  ^  le 
joint  k  Bony.    Le  Duc  de  Bouillon 
s  y  retranche  fi-bien  i  que  Bois-Dau- 
fhm  defejpere  de  l'y  pouvoir  forcer , 
é'  s'éloigne  de  la  Loire.  Le  Duc  de 
Bo'ùi/Ionpaffe  la  Loire  fans  perdre  un 
féal  homme  -,  entre  dans  le  Berry  « 
marche  vers  le  Poitou  »  oh  Rohan  à* 
Soubife  ajfembloientdes  Troupes  pour 
le  joindre  Les  Comtes  de  Saint  Pol 
dr  de  Candale  s  accommodent  avec 
la  Cour  i  ce  qui  retarde  l'exécution 
des  dejfeins  du  Duc  de  Bouillon.  La 
Reine  en  profite.  Le  Duc  de  Guife  k 
la  tète  d'une  petite  Armée  conduit  la 
Rrincejfe    Elifaheth  jufques    k  la 
Frontière  d'EJpagne.  Il  y  reçoit  l'in- 
fante A?me  d'Autriche.  Il  la  mené 
À  Bûurdeaux    ou  le   Roy   i'époufc» 


Sommaire. 
V Armée  du  Duc  de  Boïiillon  gro/Jlf 
par  la  jonUion  des  Trouves  Calvi- 
niftes.  Grandes  difficultés,  four  le 
retour  du  Roy  à  Paris.  Elles  portent 
la  Reine  a  penferferieujement  À  la 
Paix.  Elle  s'adrejfe  pour  cela  aux 
Ducs  de  Bouillon  &  de  Mayenne  qui 
étoient  les  Principaux  Seigneurs  du 
parti  du  Prince.  Le  Duc  de  Bouil- 
lon y  entend  d^  autant  plus  'volontiers^ 
qutl  nétoit  plus  po\jlhU  di^ empêcher 
le  double  Mariage.  Raisons  du  Duc 
de  Boïir'.llon  pour  faire  la  Paix.  Il  y 
fait  conjcntir  le  Prince  de  CondJ  é^ 
les  autres  Seigneurs  de  fon  parti. 
Vues  du  Duc  de  Boïtillon  en  traitant 
de  la  Paix.  On  accorde  de  part  é* 
d'autre  une  jujpcnfion  d'Armes.  Le 
Roy  c^  les  deux  Reines  Je  rendent  k 
Poitiers.  Loudun  eji  nommé  pour  y 
traiter  de  la  Paix.  L'Affemhlée  de 
Nîmes  ejl  transférée  k  la  Rochelle 
de  ï autorité  du  Roy.  Intrigues  de 
part  à"  d' autre  k  ïoccafion  du  Trai- 
té. Le  Prince  de  Condé  tombe  dan- 
gereufement  malade,  il  guérit  & 
figne  la  Paix-  Ses  conditions.  Corh 

â  V 


Sommaire. 
duite  dti  Duc  de  Boiïtllon  a  l'égard 
des  Calvmtfies.   Le  Prince  de  Condé 
far  la  Patx  efi  déclaré  ChefdU'  Con- 
feilduSoj.  La  Cour  retourne  a  Fa" 
ris.  Le  Prince  de  Condé  &  les  Sei- 
gneurs de  jon  farti  s  y  rendent  aujjî> 
Démêlés  du  Duc  de  Longueville  avec 
le  Maréchal    d'Ancre    terminez^  h 
la  fatts faction  du  premier.  Les  Sei- 
gneurs du  farti  du  Prince  de  Condé 
&  plujïeurs  autres    mécontcns  dtt 
Maréchal  d^ Ancre  conjpirent  Ja  per- 
te. Divers  moiens  propofez,  pour  s  en 
défaire.   Le  Prince  de  Condé  ï aban- 
donne &  favorise  les  de  (feins  formez, 
contre  lui.  Aff emblée  s  termes  pour  fe 
défaire  du  Maréchal  d' jlncre.   Le 
Prince  de  Condé  y  affljle.    Il  y  pro- 
poje  d'éloigner  la  Reine  Mère  dit 
Gouvernement^  &  defe  rendre  Maî- 
tre des  affaires.  Ce  dcffein  nefl pas 
approuvé.  Le  Prince  en  efi  choqué , 
&  fait  avertir  le  Maréchal  d'Ancre 
de  fe  tenir  fur  fe  s  gardes.  La  Reine 
Mère  efi  avertie  de  ce  quil  avoit 
proposé  contre- elle.  Elle  U  fait  arrê- 
ter &  co'cdutre  k  la  Baftillç. 


HISTOIRE 

DE      HENRY 

DE  LA  TOUR 

D'AUVERGNE, 

DUC  DE    BOUILLON. 


LJFRE     SEPTJE'ME. 


E  N  D  A  N  T  que  le  Duc 
de  Bouillon  fe  donnoit  tous 
les  mouvemens  dont  on 
vient  de  parler  pour  fortifier 
le  parti  des  Seigneurs  Mécontens  j  la 
Régente  ne  fe  fioit  pas  tellenient  à  la 
voie  de  la  négociation  qui  avoit  été 
réfoluc  dans  le  Confeil  ,  qu'elle  ne 
pensât  encore  à  mettre  une  Armée 
fur  pied  ,  pour  s'en  fervir  au  beioin  , 
files  mécontens  refufoient  l'accom- 
modement  qu'elle  étoit  réfolue  de 
leur  propofer.  Dans  c  cte  vue  elle 
jetta  les  yeux  fur  le  Colonel  Gallati 
Tom,  m.  A 


2  Histoire  ce  Henry 

pour  Tenvoier  en  Suiire  y.  lever  fix 
mille  Hommes  de  fa  Nation.  Ce  def^ 
fein  n'étoit  pas  Cans  difficulté.  Le  Duc 
de  Rohan  Colonel  Général  des  Suillès 
étoit  lulped  à  la  Régente  ;  elle  n'o- 
Ibit  pas  lui  confier  un  corps  de  Trou- 
pes qui  devoi,t  faire  la  principale  for- 
ce de  l'Armée  du  Roy.  Pour  lever  cet- 
Memoi-  te  difficulté  ,  elle  lui  fit  propofer  de 
"'^ '^^    fe  défaire  de  fa  Chargée  dont   on  le 
pierre,    rccompenleroit    en    argent.    Rohan 
qui  ne  penfoit    qu'à    fe  faire  Chef 
de  ceux  de  fa  Religion  ,  ne  s'accom- 
modoit  pas  d'une  Charge  qui  l'atta- 
choit  à  la  Cour  &  à  la  perfonne  du 
Roy.   Il  écouta  les  propolîtions  de  la 
Régente.     Le  marché  fut  bien -toc 
conclu.  Cent  mille  écus  que  Balfoni- 
pierre  avança  de  fes  deniers  ,  &  la 
Faveur  de  la  Régente   le  mirent  en 
poiïeflion  de  cette  belle  Charge  ,  du 
confentement  des  Suilîès  que  Galla- 
li  eut  l'adrefTe  &c  le  crédit  de  lui  mé- 
nager.  Elle  lui  fervit  depuis  de  degré 
pour  parvenir  à  la  dignité  de  Maré- 
chal de  France ,  qu'il  mérita  d'ailleurs 
par  fes  fervices  &  par  la  confiante  fi- 
délité pour  le  Roy  dans  un  temps  où 
l'on  ne  faifoit  pas  de  fcrupule  de  man- 
quer à  une  obligation  fi  elTentielle. 
Pendant  que  le  Colonel  Gallati  me- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VU.  j 
na^eoit  en  Saille  la  levée  des  lix  mille 
Hoiiimes  j  le  Prélîdent  de  Thon  fut 
envoie  par  le  Régente  pour  propo/cr 
un  accomniodement    au    Prince    cic 
Condé  &z  aux  Seigneurs  de  Ton  parti. 
L'arrivée  de  ce  Magiftrat  les  furprir. 
Ils  étoient  au  plus  fort  de  leur  négo- 
ciation avec  le  parti  Calvinifte  ;  ils 
n'en  faifoient  plus  demyftere,  par- 
ce que  foit  qu'elle  réuffit  ou  qu'elle 
ne  réuffit  pas  ,  elle  ne  pouvoit  que 
fervir  à  leur  donner  de  la  conlidera- 
tion  à  la  Cour ,  &  à  leur  procurer  un 
accommodement    plus    avantageux. 
C'avoit  été  la  vue  du  Duc  de  Boiiil- 
lon.    Il  s'étoit   apperçû  d'abord  que 
ie  peu  de  confiance    qu'avoient    les 
Proteftans  au  Prince  de  Condé  ,  ôc  le 
relîentiment  qu'ils  avoient  de  ce  qu'il 
avoit  quitté  leur  Religion  pour  fe  fai- 
re Catholique ,  ne  leur  permettroient 
pas  ni  de  fe  fier  à  lui  ,  ni  de  fe  dé- 
clarer en  fa  faveur.   Mais  comme  le 
bruit  d'un  Traité  faifoit  à  peu  près  le 
même  efFet  que  la  réalité  même ,  il 
n'avoit  pas  lailfé  de  periuadcr  au  Prin- 
ce   de   Condé   d'envoïer   Defmarais 
Lieutenant  de  fcs   Gardes  ,  à  Saint 
Jean  d'Angely  Se  à  Saumur,  pour  trai- 
ter avec  Te  Duc  de  Rohan    &  avec 

A  ij 


4  Histoire  de  Henry 

du  Pleiïis-Mornay.  L'on  attendoit 
fon  retour  lorfque  le  Prefident  de 
Thou  arriva  de  la  part  de  la  Régente. 
Le  Prince  deCondc  qui  comptoit  fur 
le  fuccès  de  fon  Traité  avec  les  Cal- 
viniftes  ,  Se  qui  fe  croïoit  à  la  veille 
de  fe  voir  à  la  tête  d'un  parti  qui  le 
mettroit  en  état  de  donner  la  Loy  à 
la  Cour,  étoit  d'avis  de  porter  fi  haut 
fes  prétentions  ,  que  la  Régente  per- 
dît l'efperance  de  finir  cette  affaire. 
par  un  accommodement.  Mais  le 
Duc  de  Boiiiilon  qui  étoit  mieux  in^- 
formé  que  lui  des  difpofitisns  des  Cal- 
viniftes,  fut  d'un  autie  fentiment.  Il 
foutint  dans  le  Confeil  qui  fut  tenu  à 
cette  occafion ,  qu'il  ne  faloit  ni  con- 
clure, ni  rompre  l'accommodement, 
avant  que  l'on  eût  fçû  précisément  le 
parti  que  prendroient  les  Calviniflies 
fur  les  propofitionsqueDefmarais  étoit 
chargé  de  leur  faire.  Tout  le  monde 
approuva  cet  avis.  Ainfi  tout  ce  que 
le  Préfident  de  Thou  put  obtenir  ,  fut 
que  l'on  fe  rendroit  de  part  &  d'autre 
à  Soilfons ,  &  que  la  Régente  y  en- 
Yoïeroit  fes  Commififàires  avec  un 
plein  pouvoir  de  traiter.  Cet  expé- 
dient fufpendoit  toutes  chofcs  ;  l'on 
gagnoit  du  temps  ,  &c  l'on  nQïi  étoi* 


Dire  DE  Bouillon.  Liv«  VIÎ.  f 
pas  moins  en  état  d'accepter  ou  de 
refufer  raccommodement. 

Le  Duc  de  BoUillon  penchoit  à  l'ac- 
cepter. Deux  motifs  l'y  portoient  j 
Tan  qu'il  étoit  perfuadé  qu'on  ne  pou- 
voir pas  compter  fur  le  fecoursdesCal- 
viniftesj  ou  que  quand  même  on  l'ob- 
tiendroit ,  il  arriveroit  fi  tard  ,  que  la 
Cour  auroit  le  temps  de  les  opprimer, 
ou  que  le  Prince  de  Condé  qui  en 
étoit  vivement  follicité  ,  feroit  fon 
accommodement  particulier  ,  &  que 
les  Seigneurs  Mécontens  feroient 
contraints  d'en  palfer  par  où  il  plai- 
roit  à  la  Régente.  Un  autre  motif  ne 
lui  paroiffoit  pas  moins  preiîant.  C'eft 
qu'il  ne  convenoit  point  d'être  armé 
pendant  la  tenue  des  Etats  Généraux. 
Il  prévoïoit  que  la  Reine  ne  manque- 
roit  pas  d'y  faire  valoir  les  démarches 
qu'elle  auroïc  faites  pour  amener  les 
chofes  à  un  accommodement  raifon- 
nable  j  que  le  refus  qu'ils  en  auroient 
fait,&  le  renouvellement  desGuerres- 
civiles  qui  s'en  feroit  enfuivi ,  fuffi- 
roient  pour  les  rendre  odieux  à  toute 
laNatioiv,  &  pour  les  faire  déclarer 
Perturbateurs  du  repos  public;  qu'ain- 
fi  les  Etats  dont  l'on  n'avoit  demandé 
la  convocation  que  pour  abailfer  Tau- 


6         Histoire  de  Hènr? 
toi-ité  de  la  Régente  ôc  des  Minières  , 
ne  ferviroient  qu'à    TafFermir  &  à 
raugmencer. 

Ces  condderations  parurent  fî  for- 
tes au  Duc  de  BoUilion ,  qu'il  réloluc 
de  porter  le  Prince  de  Condé  &  les 
Seigneurs  Mccontens  à  un  accommo- 
dément.  Le  retour  de  l'Envoie  du 
Prince  de  Condé  au  Duc  de  Rohan 
ne  lui  fit  pas  changer  de  réfolution, 
quoiqu'il  fût  revenu  accompagné 
d'une  perfonne  de  confiance  de  ce 
Duc  ,  envolée  exprès  pour  traiter  des 
conditions  auiquelles  les  Calviniftcs 
fe  déclareroient  pour  le  parti  des 
Mécontcns.  Le  Duc  de  Rohan  fe  fai- 
foit  fort  de  les  y  porter  j  il  n'eft  pas 
bien  certain  qu'il  en  fût  venu  à  bout 
s'il  l'eût  entrepris.  Le  Prince  de  Con- 
dé étoit  alors  à  Sainte  Menehould , 
.  Place  du  Gouvernement  du  Duc  de 
résidu"  Nevers  qui  s'en  étoit  faifi  j  il  y  tint 
Duc  deConfeil  fur  les  propolîtions  que  le 
Liv.^w"  ^^^  ^^  Rohan  faifoit  faire  par  fon 
Envoie.  Le  Duc  de  BoUilion  y  opina 
conformément  aux  vues  que  l'on  vient 
de  rapporter.  Son  fentiment  fut  fuivi. 
On  tint  la  délibération  fecrette  ,  & 
l'on  congédia  l'Envoie  du  Duc  de 
Rohân  avec  de  bonnes  paroles  j  mais 


Doc  DE  BoiîîLtON.  Liv*  VIT.  7 
l'accommodement  qui  fat  conclu 
quelque  temps  après ,  en  empêcha 
l'efFet. 

Le  Duc  de  Bouillon  tira  un  double 
avantage  de  cette  négociation.  Elle 
augmenta  les  mauvaifes  diipofitions 
de  la  Régente  pour  le  Duc  de  Rohan  ; 
elle  détermina  cette  Princeire  à  con- 
clure au  plutôt  l'accommodement  a-  ^^"^' 
vec  les  Mécontens.  En  effet  le  Duc 
de  Bouillon  aïant  fait  courir  le  bruit 
que  le  Duc  de  Rohan  avoit  ofFert  an 
Pnnce  de  Condé  huit  mille  Hommes 
de  pied ,  &  deux  mille  Chevaux  ^  la 
Régente  effraiée  nomma  le  Duc  de 
Ventadour  ,  les  Prélîdens  de  Thou  &z 
Jeannin ,  BoinTile  &c  Bulion  Confeil- 
1ers  d'Etat  pour  aller  à  Soillons  trai- 
ter l'accommodement  avec  le  Prince 
de  Condé  &c  les  Seigneurs  de  foii 
parti. 

Le  quatorze  Avril ,  les  Conferen-  ^,_^^ 
ces  commencèrent  dans  le  Château  ,^14 
de  SoifTons.  Le  Prince  de  Condé  & 
les  Seigneurs  Mécontens  demandè- 
rent d'abord  trois  choies  j  que  les 
Etats  Généraux  fuilènt  convoquez 
au  plutôt  ;  que  le  double  Mariage  fût 
différé  jufques  après  la  tenue  des 
£tats  ;  qu'on  defarmàt  de  part  Ôc  d'au- 


8  Histoire  de  Henry 
tre.  La  convocation  des  Etats  fut 
accordée  fans  difficulté  ;  la  Régente 
i'avoit  promife  dans  fa  réponie  au 
Manifefte  du  Prince  de  Condé.  Il  y 
eut  de  la  conteftation  fur  le  fécond 
article.  Les  Seigneurs  Mécontens  de- 
mandoient  la  furfeance  du  double 
Mariage  jiifques  à  la  fin  des  Etats  j 
les  Commilîàires  avoient  ordre  de  ne 
l'accorder  que  jufques  à  la  Majorité 
du  Roy^  On  Convint  cependant  fur 
cet  article  ,  par  ce  que  les  CommiL 
faires  firent  remarquer  qu'il  ne  s'a- 
gifloit  que  de  donner  les  apparences 
à  la  Reine  ,  qui  ne  voulait  pas  qu'il 
jparût  qu'on  lui  eût  donné  la  Loy  filr 
tous  les  articles  propofez  ;  mais  qu'en 
efFet  le  Prince  Scies  Seigneurs  avoient 
tout  ce  qu'ils  prétendoient  ,  puifque 
ou  les  Etats  leroient  allèmblez  avant 
la  Majorité  du  Roy  ,  ou  que  fi  la 
Majorité  les  précedoit ,  le  Roy  ne 
partiroit  pas  pour  aller  recevoir  Tln- 
fente  fur  les  Frontières  d'Efpagne  , 
comme  l'on  en  étoit  convenu  ,  ou 
dans  le  temps  que  les  Etats  s'aifem- 
bleroient  j  ou  pendant  qu'ils  feroient 
alTemblez  ;  qu'ainfi  on  pouvoic  alfu- 
rer  que  le  Mariage  feroit  en  effet  dif- 
féré jufques  après  la  conclufion  des 


Duc  DE  Bouillon,  tiv.  VIÎ.  ^ 
Etats  j  mais  que  la  Reine  pour  fau- 
ver  les  dehors  de  fon  autorité  ,  ne 
vouloir  pas  que  cela  fût  exprimé  dans 
m\  Traité.  Pour  ce  qui  eft  du  troiiîé- 
me  article ,  il  fut  accordé  qu'on  dé- 
farmeroit  de  part  &:  d'autre  ,  des  que 
le  Traité  feroit  fîgné. 

Ce  que  le  Prince  de  Condé  &c  les 
Seigneurs  de  Ton.  parti  propoferent 
enfuite  pour  leurs  interêtsparticuliers, 
donna  lieu  à  de  grandes  conteftations. 
Il  falut  envoïer  des  Couriers  à  la 
Cour  ;  &  comme  il  naiiToit  tous  les 
jours  de  nouvelles  diificultez  ,  les 
CommilTaires  avoient  de  temps  en 
temps  befoin  de  nouvelles  inftruc- 
tions.  Cela  donna  le  temps  à  TAr- 
mée  du  Roy  de  fe  renforcer  coniidé- 
rablement.  Gallati  amena  les  iix  mil- 
le SuilTes  qu'il  avoit  eu  ordre  de  le- 
ver. Balfompierre  leur  nouveau  Co-  Merr.oU 
lonel  Général  alla  les  recevoir  à  f"  /•* 
Troyes  en  Champagne  j  de-là  il  les  pienv. 
conduifit  à  Vitry  où  du  Plefïîs-Prâ- 
linalTembloit  rÀrmée  du  Roy.  Ces 
mouvemens  donnèrent  de  l'ombrage 
au  Prince  de  Condé.  Quoique  le  Duc 
de  Bouillon  lui  pût  dire  pour  le  ralKt- 
rer ,  il  fortit  promptement  de  SoilTons 
après  avoir  écrit  à  la  Régente ,  qu  il 


ïo  Histoire  de  Henry 
y  laiiïbit  les  Ducs  de  Boiiillon  &  de 
Mayenne  avec  plein  pouvoir  de  con- 
clure le  Traite.  Il  marcha  enfuite 
vers  Vitry  avec  Ton  Armée  dans  le 
delfein  de  le  furprendre  j  mais  les 
Troupes  du  Roy  le  prévinrent  ;  ce 
qui  Tobligca  de  fe  retirer  à  Sainte 
Menehould  ,  où  il  fe  crut  plus  en 
fureté  qu'à  Soilfons. 

Quoique  Tonfouhaitât  de  part  & 
d'antre  la  conclufîon  du  Traité,  il  ne 
laiffoit  pas  de  tirer  en  longueur  ;  peut- 
être  même  que  la  Régente  choquée 
des  demandes  que  le  Prince  de  Condé 
&  les  Seigneurs  de  fon  parti  lui  fai- 
foient ,  l'eût  rompu ,  &  qu'elle  fe  fût 
déterminée  à  la  Guerre.   Les  Ducs  de 
Guife,  d'Epernon  ,   de  Bellegarde , 
le  Cardinal  de  Joyeufe  &:  Villeroy  la 
,      lui  confeilloient  ;  mais  le  Parlement, 
meZorie  ^^  ViUe  dc  PaHs ,  &  les  Députez  Gé- 
rjcond.'enérauxâes  Eglifes  Calviniftes  deman- 
i^m.  s-derent  la  Paix  avec  tant  d'inftance , 
que  la  Régente  fe  crut  obligée  d'en- 
voïer  Vignier  au  Prince  de  Condé  qui 
étoit  toujours  à  Sainte  Menehould. 
r«'Te1  ^^  nouvel  Agent  avoit  ordre  d'ob- 
Regencc  ^cnir  de  lui ,  que  les  Ducs  de  Mayen- 
j!  tîfi':'  "f  ^  "^^  Bouillon  conclulfent  le  Trai- 
té avec  les  GommilTaires  du  Roy  qui 


«le  Médi- 
cis 


Dire  DE  ÈouiiiON.  L IV.  VII.  n 
étoient  reftez  à  Soiirons.  Le  Prince  à 
qui  on  avoir  infpiré  de  la  défiance  du 
Duc  de  Bouillon  ,  &  qui  ne  fe  rap- 
portoit  de  Tes  intérêts  qu'à  lui-même , 
répondit  que  les  affaires  fe  termine- 
roient  plus  facilement ,  fî  Sa  Majefté 
agréoit  que  le  Duc  de  Ventadour  &c 
fes  Collègues  s'avançalfent  jufques  à 
Sainte  Menehould  pour  traiter  avec 
lui  même. 

Sur  cette  réponfe  la   Régente  fît 
expédier  à  fes  Députez  une  Commif- 
fion  exprcffe  d'aller  terminer  à  Sainte 
Menehould  la  négociation  commen- 
cée à  Soilfons.   Ce  fut-là  que  le  Trai- 
té fut  conclu  &  figné.  Par  cet  accom- 
modement le  Gouvernement  d'Am- 
boife  fut  donné  au  Prince  de  Condé 
pour  lui  tenir  lieu  de  celui  du  Châ-  Menoi. 
tcau-Trompete  qu'il  ne   put  jamais  ^^  ''" 
obtenir.  Le  Duc  deNevers  eut  Sainte Rihi,], 
Menehould  ,  ielon  des  Mémoires  du^^-  '• 
temps ,  quoiqu'il  n'en  foit  point  parlé 
dans  le  Traité  j  on  lui  donna  encore 
de  l'argent  pour  le  dédommager  de 
fa  Mailon  qui  avoir  été  abatue  ,  à 
caufe  des  Fortifications  faites  à  Mé- 
zieres.  Le  Duc  de  Vendôme  (  qui  s'é- 
toit  fauve  de  fa  prifon  du  Louvre 
huit  jours  aprc.s  fa  détention  dont  on 


îz  Histoire  de  Henry 
a  parlé  )  fut  rétabli  dans  fon  Gouver- 
nement de  Bretagne  &  dans  toutes 
fes  Charges.  Les  Ducs  de  Mayenne  &: 
de  Longueville  furent  encore  mieux 
traitez.  Pour  ce  qui  eft  du  Duc  de 
Bouillon ,  comme  de  l'argent  conve- 
noit  mieux  à  Tétat  de  fes  affaires ,  que 
toute  autre  chofe ,  le  Duc  de  Rohan 
affure  dans  fes  Mémoires ,  qu'il  eut 
i  ibid.  ijg^  d'être  content.  Le  Traité  fut 
exécuté  de  part  &  d'autre  avec  beau- 
coup de  pondtualiîé.  Le  Pnnce  de 
Condé  6c  les  Seigneurs  de  fon  parti 
revinrent  à  la  Cour  j  ils  accompagnè- 
rent le  Roy  au  Parlement ,  où  le  pre- 
i-'an  mier  jour  d'Oélobre  il  le  fît  déclarer 
Majeur.  Alors  tout  étant  en  Paix, 
chacun  ne  penfa  plus  qu'à  faire  dé- 
puter aux  Etats  Généraux  des  perion- 
nes  fur  lefquelles  on  pût  compter. 

La  Cour  fe  donna  fur  cela  de  grands 
mouvemens.  Le  Prince  de  Condé  & 
les  Seigneurs  de  fon  parti  ne  s'en  don- 
nèrent pas  de  moindres.  Ils  n'avoient 
pas  perdu  de  vue  le  delfein  d'abailfer 
l'autorité  de  la  Régente  &  celle  des 
Miniftres.  C'eft  dans  cette  vue  qu'ils 
avoient  demandé  avec  tant  d'inllan- 
ces  la  tenue  des  Etats  Généraux. 
On  ne  racontera  point  ce  qui  fc 


1614. 


Duc  Di  Bouillon.  Liv.  VII.  ij 

palla  dans  cette  Airemblée  ;  le  détail 
reroit  trop- long  ,  &  même  inutile  , 
puifqu'elle  ne   produifit  rien  moins 
que  ce  qu'on  s'en  étoit  promis.   On 
fe  contentera  de  dire  qu'après  avoir 
été  convoquée   à  Sens    pour  le  zj. 
d'Août ,  elle  fut  transférée  à  Paris , 
où  les  Etats  furent  ouverts  fur  la  fin 
d'Oétobre.    Le  Prince  de  Condé  ÔC 
le  Duc  de  Bouillon  travaillèrent  en- 
vain  à  leur  infpirer  ce  qu'ils  croïoient 
convenir  au  bien  de  l'Etat.  La  divi- 
fion  qui  s'y  mit  d'abord  ne  leur  per- 
mit pas   d'en  rien  efperer    de  bon, 
Ainfi  après  qu'on  y  eut  fait  quanti-, 
té  d'excellentes  propofitions  qui  n'eu- 
rent aucun  fuccès ,  ils  fe  féparerent 
le  23.  de  Février  de  l'année  161^. 
avant  même  que  le  Roy  eût  répondu 
le  cahier  qu'ils  lui  avoient  prefenté. 
Dès  que  les  Etats  eurent  été  con- 
gédiez j  la  Reine  qui  ne  portoit  plus 
le  nom  de  Régente  depuis  la  Majo- 
rité du  Roy  ,  les  Miniftres  ôc  géné- 
ralement tous  ceux  qui  étoient  de  la 
confidence  de  Marie  de  Médicis  ,  re- 
prirent leur  première  autorité.    De- 
puis le  Traité  de  Sainte  Menehould , 
avant  la  tenue  des  Etats  ,  &  pendant 
qu'ils  avoient  été  alTemblez ,  iacraia- 


L'aa 


i^.  Histoire  de  Henry 
te  de  ce  qu'ils  pouvoient  entrepren- 
dre à  fon  préjudice  ,  Tavoit  obligée 
à  garder  de  grands  ménagemens  avec 
le  Prince  de  Condé  ,  &  les  Seigneurs 
qui  s'étoient  déclarez  pour  lui.  On 
les  coniultoit  fur  toutes  chofes  ,  & 
l'on  ne  difpofoit  de  rien  fans  leur 
participation.  Mais  des  qu'elle  fe  vit 
affranchie  de  la  contrainte  où  cette 
Aujmblée  la  tenoit  ,  elle  reprit  fa 
première  indépendance  avec  d'autant 
plus  de  hauteur  que  le  Roy  lors  de  fa 
Majorité  l'avoit  priée  en  plein  Par- 
lement ,  de  continuer  à  donner  fes 
foins  au  Gouvernement  de  l'Etat ,  ÔC 
que  d'ailleurs  il  lui  étoit  bien  plus  aisé 
de  faire  approuver  fa  conduite  à  un 
jeune  Roy  dont  elle  étoit  )a  Mère  , 
qu'à  des  Princes  ôc  à  des  Seigneurs 
dont  les  vues  étoient  bien  fouvent 
fort  différentes  des  fiennes. 

Ce  changement  de  conduite  déplut 
infiniment  au  Prince  de  Condé  &  au 
Duc  de  Bouillon.  Il  avoir  repris  tout 
l'afcendant  qu'il  avoit  eu  autrefois 
fur  l'efprit  du  Prince,  malgré  toutes 
les  défiances  qu'on  avoit  tâché  de  lui 
infpirer ,  &  dans  lefquelles  il  n'avoit 
pu  fe  défendre  de  donner.  Le  Prmce 
ne  pouvoit  fe  confoler  d'avoir  laifle 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  15 
prendre  à  la  Reine  raucorité  abrolue 
qu'en  qualité  de  premier  Prince  du 
Sang  ,  il  croïoic  devoir  du  moins  par- 
tager avec  elle.  Le  Duc  de  BoUillon 
ne  pouvoic  foufFrir  le  j.  '  de  recon- 
noUfance  de  la  Reine  pou.  les  fervi- 
ccs  qu'il  lui  avoit  rendus,  h  étoit  fur- 
tout  choqué  de  ce  qu'elle  ne  s'étoit 
pas  contentée  de  lui  manquer  de  pa- 
role pour  le  Gouvernement  de  Poitou, 
mais  de  ce  qu'elle  en  avoit  promis  la 
furvivance  au  Duc  de  Rohan ,  à  la 
foUicitation  de  Ton  beau-pere  le  Duc 
de  Sully.  Cette  préférence  lui  parut 
tout-à-fait  injurieufe  ,  &  il  la  rellen- 
tit  d'autant  plus  vivement  qu'une  ja- 
ioulie  fecrette  lui  faifoit  regarder  le 
Duc  de  Rohan  ,  comme  un  des  Hom- 
mes du  monde  qu'il  eût  le  moins 
fouhaité  qu'on  lui  eût  préféré.  Ils 
prétendoient  tous  deux  à  la  fuperiori- 
té  dans  le  parti  Calvinifte.  Un  Gou- 
vernement de  l'importance  de  celui 
de  Poitou  ne  pouvoit  qu'augmenter 
extrêmement  la  conlideration  que  le 
Duc  de  Rohan  y  avoit  acquifc.  D'ail- 
leurs ,  comme  il  fentoit  toute  la  capa- 
cité qu'il  avoit  pour  le  Gouverne- 
ment, &  que  les  preuves  qu'il  en  avoit 
données  ne  permettoient  pas  qu'on 
l'ignorâc  ,  il  ne  pouvoit  voir   fans 


i6  Histoire  de  Henry 
chagrin  qu'on  lui  préférât  des  Minif- 
tres  qu'il  prétendoic  lui  être  Ci  infé- 
rieurs en  toutes  chofes  -,  qu'ils  difpo- 
falfent  des  Charges  &c  des  Emplois  ; 
&  qu'on  ne  le  confultât  que  pour  la 
forme  ,  ôc  pour  faire  le  plus  louvent 
tout  le  contraire  des  confeils  qu'il 
avoit  donnez.  La  fortune  fubite  &c 
furprenante  du  Maréchal  d'Ancre 
avec  qui  il  s'étoit  broUillé,  les  Gou- 
vernemens  qui  lui  étoient  prodiguez  , 
fes  immenfes  richelfes ,  &  fur- tout  fa 
hauteur  ôc  fon  infolence  augmen- 
toient  fon  indignation,8(:lui  rendoienc 
encore  le  Gouvernement  de  la  Reine 
plus  méprifable  &  plus  odieux. 

On  ajoutera  à  ces  fentimens  qui 
le  regardoient  perfonnellement ,  qu'il 
foufïroit  avec  peine  ,  qu'on  abandon- 
nât les  maximes  du  Gouvernement 
qu'on  avoit  fuivi  jufques  alors  ;  qu'on 
négligeât  les  anciennes  alliances  pour 
s'attacher  à  l'Efpagne  dont  il  étoit 
perfuadé  que  la  grandeur  devoir  tou- 
jours être  fufpeéie  à  la  France.  Le 
double  mariage  n'avoit  jamais  été  de 
fon  goût.  Il  n'avoit  paru  le  favorifer 
que  parce  qu'il  s'y  fût  inutilement 
opposé  ,  &  l'intérêt  du  parti  Calvi- 
nifte  j  celui  des  Provinces  unies ,  des 

Princes 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VU.  17 
Princes  Proteftans  d'Allemagne  ,  des 
Princes  d'Orange  ôc  de  TEledeur  Pa- 
latin les  beau- frères  ,  non  feulement 
ne  lui  permcttoient  pas  de  l'approu- 
ver lincerement ,  mais  ne  pouv oient 
que  lui  infpirer  une  envie  fecretce 
d'en    empêcher  l'exécution. 

Cependant  quelque  intérêt  qu'euf- 
fent  les  Grands  du  Royaume  5c  les 
hauts  Officiers  de  la  Couronne  à  s'op- 
pofer  à  ce  qui  peut  nuire  au  bien  de 
l'Etat  &c  en  altérer  la  conftitution, 
il  n'y  avoit  proprement  que  le  Prince 
de  Condé  en  qualité  de  Premier  Prin- 
ce du  Sang  qui  fût  en  droit  de  s'op- 
pofer  au  double  Mariage  ,  6c  à  tout 
ce  que  la  Reine  pouvoit  entrependre 
contre  les  maximes  du  Gouverne- 
ment fur  Jefquelles  on  s'étoit  réglé 
depuis  pluficurs  fiecles.  De  plus  pour 
former  un  parti  qui  pût  être  de  quel- 
que utilité  &c  qui  pût  engager  les 
Grands  6c  le  peuple  à  le  favorifer, 
il  faloit  un  nom  aufïï  refpedable  que 
celui  de  premier  Prince  du  Sang. 

Le  Duc  de  Bouillon  fçavoit  que  la 
plupart  des  Grands  écoient  mécontens 
de  la  Cour  j  les  uns  pour  des  oflfen- 
ccs  reçues  ^  d'antres  pour  des  intérêts 
aufqucls  elle  avoit  eu  peu  d'égard  j 
Tom.  III.  B 


iS  Histoire  de  Henry 
d'autres  enfin  par  l'envie  qu'ils  por- 
toienc  au  Maréchal  d'Ancre.  Car 
quoique  ce  vice  foie  le  plus  lâche  , 
éc  parconféquent  le  plus  indigne  de 
ceux  qui  le  piquent  de  quelque  gé- 
nérolité,  il  ne  laifïè  pas  d'être  très- 
crdinaire  à  la  Cour  5  peu  de  ^ens  s'en 
défendent  :  il  eft  louvent  la  caufe  des 
plus  grandes  révolutions.  Le  Duc 
de  BoUillon  içavoit  encore  que  les 
Provinces  étoient  remplies  de  gens 
mal-iatisfoics  du  Gouvernement.  Ce- 
toit  le  fiuit  du  peu  d  égard  qu'on 
avoit  eu  aux  remontrances  des  Etats 
Généraux  ,  &c  du  peu  de  ratisfa6tion 
Meroo!  que  la  Cour  leur  avoit  donné.  Pour 
r«  ùu    çQ  q^i  Q^  ^Q  p^i-is  ,  le  Duc  de  Boiiil- 

Duc  de    ,        i  ,.  j  1   r  n-  -   •       i 

Rohm  .  Ion  n  ignoroit  pas  qu  li  lumloit  de  le 
Liv.  I-    déclarer  l'ennemi  du  Maréchal  d'An- 
cre qui  y  étoit  univerfellement  haï, 
pour  être  favorifé  du    peuple  ôc  du 
Parlement. 

Toutes  ces  confîderations  portè- 
rent le  Duc  de  Bouillon  à  prendre  de 
'  nouveaux  engagemens  avec  le  Prince 
de  Condé ,  &  à  former  un  nouveau 
parti  fous  Ion  nom  plus  redoutable 
que  celui  à  qui  l'on  avoit  été  obligé 
d'accorder  la  convocation  des  Etats 
Généraux.  Le  Priiice  y  avoit  toutes  les 


Duc  DE  Bouillon'.  Liv.  VÎT.  i^ 
^ilpcficions  que  ces  mécontentemens 
particuliers  pouvoient  lui  inlpircr , 
mais  il  lui  faloit  un  homme  du  ca- 
radlere  du  Duc  de  Boliillon ,  profond, 
adroit,  mfmuant ,  égalemenc  habile 
pour  la  Guerre  &c  pour  le  Confeil , 
en  un  mot  capable  de  former  un 
grand  delfein  ôc  plus  capable  encore 
de  réxécuter.  Jamais  toutes  ces  qua- 
litez  ne  parurent  plus  que  dans  l'exé- 
cution du  projet  qu'on  va  raconter. 

La  première  démarche  que  fit  le 
Duc  de  BoUillon  pour  former  un  nou- 
veau parti ,  fut  d'engager  /î-bien  le 
Prince  de  Condé  ,  qu'il  ne  s'en  pût 
plus  dédire.  Loriqu'ii  s'en  vit  alîliré  , 
il  gagna  les  Seigneurs  mécontens,  Mémoî- 
ôc  Edmond  Ambaffadeur  d'An2;!eter-  ^'^Tn 
re  qui  porta  le  Roy  Ion  Maître  a  fa-  ibid. 
vorifer  Tes  delTeins.  Enfuite  il  s'aiïura 
de  Rouvray  député  Général  des  Eçli- 
fes  Calvimftes  ,  de  Defbordes-Miran- 
de  ,  &  de  BerteviUe  Députez  a  l'Af- 
femblée  générale  des  Pnétendus  Ré- 
formez qui  alloit  fe  tenir  a  Grenoble. 
Il  les  engagea  à  porter  le  parti  Cal- 
vinifte  afe  déclarer  pour  le  Prince  de 
Condé  ;  &  afin  qu'ils  le  filfent  plus 
efficacemicnt,  il  fit  efpercr  au  prenner 
s'il  y  réufElfoit ,  l'Ambaflade  aux  Pio- 

Bij 


±o  Histoire  de  Henry 
vinces  unies  ;  il  promit  au  fécond  , 
une  charge  de  Confeiller  en  la  Cham- 
bre de  l'Èdit ,  &  au  troifiéme  ,  la  Dé- 
puration générale  :  puifïàns  motifs  de 
perfualîon  ,  &c  qui  eurent  aufîi  l'efFet 
qu'il  s'en  étoit  promis.  Ces  mefures 
prifes  ,  il  envoïa  des  perfonnes  affi- 
dées  dans  les  Provinces  ,  pour  pro- 
fiter du  mécontentement  général  dont 
on  a  parlé. 

Il  etoit  difficile  d'engager  tant  de 
gens  de  earafteres  fi  oppofez  ,  ôc  d'in- 
térêts fi  difîcrens  à  s'unir  &  à  con- 
courir tous  à  la  même  fin.  Le  Duc 
de  Bouillon  ne  lailTa  pas  d'y  réufîir  , 
ïhk\.  Se  il  le  fit  avec  tant  d'art  ôc  d'une 
manière  fi  imperceptible,  que  le  Duc 
de  Rohan  avoue  que  ceux  même  qui 
avoient  réfolu  de  ne  fe  point  mêler 
des  aflTaires  du  Prince  de  Condé  ,  fe 
trouvèrent  infenfiblcment  de  la  par- 
tie. Le  Duc  de  Bouillon  n'^n  demeu- 
ra pas- là  ;  il  entreprit  de  faire  décla- 
rer le  Parlement  de  Paris  en  faveur 
du  Prince  de  Condé.  Pour  en  venir  à 
bout ,  il  prelTentit  d'abord  Ci  les  Chefs 
de  cette  Compagnie  feroient  d'hu- 
meur à  favorifer  le  Prince  en  cas 
qu'il  fît  quelque  démarche  d'éclat 
contre  la  Cour.  Cet  expédient  ne  lui 


Duc   DE  Bouillon.  Liv.  VII.  u 

aïant  pas  réuflî  ,  il  crut  que  fes  nie- 
fures  feroient  plus  juftes  s'il  engageoic 
le  Parlement  à  fe  déclarer  le  premier, 
&  s'il  le  métcoic  par-là  dans  la  nécei^ 
flté  de  recourir  au  Prince  Se  aux 
Seigneurs  de  Ton  parti  ,  afin  qu'ils 
appuïairent  de  leur  nom  &  de  leur 
autorité  ce  qu'il  auroit  commencé. 

C'étoit  ce  femble  ,  prendre  1  affai- 
re par  le  biais  le  plus  difîicile  ;  mais 
il  n'en  eft  point  qui  ne  réufîiire  quand 
on  prend  les  gens  par  leur  foible  ,  & 
qu'on  fçait  remuer  à  propos  certai- 
nes dirpo(itions  fecretes  dont  perfon- 
ne  n'eft  exempt ,  &  dont  les  Compa- 
gnies font  d'ordinaire  plus  fufcepti- 
bles  que  les  particuliers.  Voila  donc 
le  Duc  de  Bouillon  en  commerce  avec 
les  Gens  de  Robe.  Il  fçavoit  qu'ils 
croient  très-mécontens  du  peu  d'é- 
gard que  la  Cour  avoir  eu  aux  remon- 
trances du  tiers-Etat  pendant  la  tenue 
des  Etats  Généraux.  Il  profite  de  ce 
mécontentement  j  il  entretient  les  uns 
des  ateintes  que  la  Cour  avoit  elle- 
même  données  à  l'autorité  du  Roy 
pour  établir  de  plus  en  plus  celle  de 
la  Cour  de  Rome  j  il  parle  aux  au- 
tres de  l'audience  favorable  accordée 
au  Clergé  6c  à  la  Nobleife  ,  au  pré- 

Biij 


21  HiSTOIRI    DE    HeHRY 

judice  du  tiers-Etat  ,  lorfque  ces 
deux  ordres  avoient  demandé  la  ré- 
ception du  Concile  de  Trente.  Il  exa- 
gère la  diminution  de  la  jurifdicflion 
des  Magiftrats  Civils  ,  au  regard  des 
affaires  Eccleiîaftiques.  Il  fait  voir  les 
conséquences  de  la  réfolution  fugge- 
rée  aux  Etats  Généraux  ,  fur  Tac- 
compliirement  du  double  Mariage 
avec  TElpagne.  Il  réveille  leur  déli- 
catelTe  fur  Tautorité  prétendue  par  le 
Parlement.  Il  leur  reprefente  qu'il  ne 
doit  pas  fouitrir  qu'on  la  réduite  à  ju- 
ger feulemeat  les  difFerens  des  parti- 
culiers ;  que  les  Princes  du  Sang ,  les 
Pairs,  &  les  grands  OfSciers  de  la 
Couronne  ne  font  pas  membres  da 
Parlement ,  pour  s'occuper  du  juge- 
ment des  procès  ;  que  il  fon  autorité 
n'alloit  pas  plus  loin  ,  on  ne  les  y  eue 
pas  afl'ociez. 

Par  tels  &  femblables  difcours ,  le 
Duc  de  Bouillon  entretient ,  augmen- 
te ,  autorife  les  mécontentemens  du 
Parlement.  Il  l'excite  enfuite  à  pren- 
dre des  réfolutJons  vigoureufes  pour 
la  réformation  de  l'Etat ,  à  profiter 
de  la  jeuneife  du  Roy  ,  &  à  ne  pas 
attendre  que  fon  autorité  mieux  éta- 
blie ne  leur  permît  plus  de  parler^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  23 
ou  les  réduisît  à  faire  des  remontran- 
ces mutiles.  Il  reprefente  enfuite  à 
tous  ces  Magiftrats  la  gloire  &  la 
confideration  ,  que  le  Parlement  ne 
manquera  pas  d'acquérir  en  obtenant 
ce  que  les  Etats  Généraux  avoient 
demandé  inutilement ,  Se  peut-être 
avec  trop  de  foibleire.  Enfin  il  leur 
fait  comprendre  que  s'ils  veulent  faire 
leur  devoir,  &  témoigner  un  peu  de 
zeîe  pour  le  bien  public  ,  les  Princes 
&:les  Grands  Seigneurs  appuieront  ii- 
bien  leurs  remontrances ,  que  la  Rei- 
ne feroit  contrainte  d'y  avoir  égard. 
Le  Duc  de  Bouillon  étoit  trop  ha- 
bile, il  connoiiroit  trop  bien  la  Cour 
pour  ne  pas  prévoir  que  le  Parlement 
n'auroit  d'elle  que  des  mortifications , 
des  qu'il  entreprendroit  de  fe  mêler 
du  Gouvernement  de  l'Etat.  Mais  il 
lui  étoit  indiffèrent  que  les  remon- 
trances du  Parlement  fulîent  bien  ou 
mal  reçues.  Quoiqu'il  en  pût  arriver, 
il  avoit  ce  qu'il  prétendoit  ;  tout  con- 
fîftoit  à  le  porter  à  les  faire.  En  efFet 
fî  la  Cour  y  avoit  égard  l'on  donnoit 
des  bornes  à  l'autorité  de  la  Reine  3c 
à  celle  des  Miniftres  :  il  au  contraire 
elles  étoient  rejettées ,  le  Peuple  en 
faveur  duquel  elles  auioient  été  fai- 

B  iiij 


24  Histoire  de  Henry 
tes  ,  ne  manqueroit  pas  de  fe  décla- 
rer pour  le  Parlement ,  Se  pour  ceux 
qui  auroicnt  appuie  fes  demandes. 
Il  ruffifoit  donc  au  Duc  de  Bouillon  , 
qu'une  Compagnie  aufîi  refpeélée  du 
Peuple  que  le  Parlement  l'écoit ,  fût 
engagée  à  faire  une  démarche  qui 
Tobligeroit  enfin  à  éclater. 

Le  Parlement  ne  porta  pas  fes  vues 
û  loin  :  flaté  de  l'autorité  que  le  Duc 
de  Boiiillon  lui  avoir  attribuée  ,  par 
rapport  à  fes  propres  intérêts  ,  fans 
examiner  li  elle  étoit  aufli-bien  fon- 
dée que  le  Duc  paroilfoit  le  croire  , 
il  s'émeut  ,  il  entre  dans  fes  vues. 
En  un  mot  les  intrigues  3c  les  per- 
fuafions  du  Duc  de  Bouillon ,  fécon- 
dées de  quelques  perfonnes  qu'il  avoit 
gagnées,  y  cauferent  un  li  grand  mou- 
vement que  toutes  IcsChambres  com- 
mencèrent à  agir  de  concert  ,  &  à 
fuivre  les  impreiïïons  que  le  Duc  leur 
avoit  données.  Trois  jours  après  que 
le  Roy  eut  congédié  les  Députez  aux 
Etats  Généraux  ,  les  Chambres  des 
Enquêtes  députèrent  deux  Confeillers 
de  chaque  Chambre  ,  pour  aller  à  la 
grand'  Chambre  ,  prier  le  premier 
Préfident  de  Verdun  ,  d'afl'embler 
toutes  les  Chambres ,  pour  délibérer 


Duc  DE  Bouillon,  Liv.  VII.   ly 
fur  les   remontrances  que  le  Parle- 
ment avoir  réfolu  depuis  long-remps 
de  faire  au  Roy.  Le  premier  Préîî- 
dent   avec  qui  Ton  aG;i(Tôit  de  con- 
cert ,  les  fit  aufîi-tôt  aliembler.  Fayet 
Préfident  à  la  première  des  Enquêtes, 
reprefenta  à  la   Compagnie  ,  qu'on 
avoit  demandé  rAfTcmblée  de  toutes 
les  Chambres  ,  pour  faire  fouvenir 
le  Parlement  de  la  parole  que  le  Roy 
lui  avoit  donnée  de  ne  répondre  pas 
-aux  Cahiers  qui  lui  leroient  prefen- 
tez  par  les  Députez  des  trois  ordres 
du  Royaume  ,  S>c  de  ne  prendre  au- 
cune réfolution  fans  entendre  premiè- 
rement   les   remontrances    que   fon 
Parlement   avoit  à  lui   faire.    Il  eil  ce 
temps  de  penfer,  ajoura  Fayet ,  à  ce  « 
que  nous  avons   à  reprefenter  à  Sa.  a 
Majefté.   Nos  remontrances  ne   fu-  ce 
rent  jamais   plus  nécelfaircs  au  bien  « 
public,  &  au  fervice  du  Roy,  qu'elles  « 
le  font  à  prefent.  w 

La  propofition  du  Préfident  Fayet 
fut  favorablement  reçue.  On  emploïa 
trois  feances  à  délibérer  des  moïens 
de  l'exécuter.  Tout  le  monde  ccnve- 
îioit  qu'on  ne  pouvoit  pas  fe  difpen- 

fer  de  faire  des  remontrances  au  Roy 
fur   l'état   prefent    des   affaires    d« 

B  V 


1^       HisToîRB  DE  Henry 
Royaume  ,  &  que  rien  n'écoit  plus 
peinicieux  &  n'alJoit  plus  à  la  ruine 
entière  de  TEcat ,   que  de  lui  Lulfer 
ignorer  Tahus  que  Ton  faifoic  de  fou 
autorité.    Mais  les  avis  furent  parta- 
gez lur  le  temps  3c  fur  la  manière 
d'exécuter  cette  rélolution.  Les  uns 
difoient  que  le  bruit  étoit  que  le  Roy 
devoit  venir  au  Parlement  dans  peu 
de  jours  ;  qu'il  falo.'t  remettre  à  ce 
temps-là  à  lui  faire  les  remontrances. 
D'autres  opinèrent  a  prier  première- 
ment le  Roy  ,  d'ordonner  au  Chan^ 
celier ,  aux   Princes  ,    aux  Ducs  ôc 
Pairs ,  &  aux  grands  Officiers  de  la 
Couronne  qui  ont  voix  déliberative 
au  Parlement ,  de  s'y  rendre  ,  ôc  de 
donner  leur  avis  fur  les  remontrances 
qu'il  étoit  nécelTaire  de  faire  à  Sa.  Ma- 
jefté.  Mai^  cet  avis  fut  rejette  fur  ce 
que  l'on  fit  réflexion  que  c'étoit  faire 
au  Roy  une  demande  que  la  Reine  8c 
les  Miniftres  qui  feroient  infaillible- 
ment confulcez ,  ne  lui  confeillcroient 
jamais  d'accorder. 

On  en  prit  cependant  occafion  de 

faire   une  autre  propofîtion  qui  fut 

généralement  acceptée.  «  Puifque  les 

n  Princes  ,  les   Ducs  Se  Pairs ,   ôc  les 

M  grands  Officiers  de  la  Couronne  font 


Ï)UC    DE  BOITILLON.  LîV.  VII.   ÏJ 

membres  du  Parlement  (  dirent  quel-  « 
ques-uns  de  ceux  qui  n'étoient  aifec-  « 
lionnez  ni  à  la  Reine  ni  aux  Minif-  « 
très  )  nous  pouvons  bien  les  inviter  « 
de  nous  mêmes  à  fe  trouver  à  une  « 
délibération  auflî  importante  quv'  €« 
celle  dont  il  s'agit.  Ces  Meffieius  ce 
n'ont  pas  befoin  pour  cela  d'une  per^  tt 
million  exprefle  du  Roy.  Leur  naif-  « 
lance ,  ou  leur  dignité  ne  leur  don-  « 
nent-elles  pas  droit  d'aHifter  au  Par-  « 
lement  quand  ils  le  veulent  ;  L'avis 
étoit  rpécieux  ^  on  n'en  prévit  aucun 
inconvénient  :  auflî  fut-il  fuivi  d'un 
Arrêt  rendu  le  18.  Mars  l'an  161$, 
Il  portoit  que  les  Princes  ,  les  Ducs  tx 
ôc  Pairs ,  &  les  grands  Officiers  de  la  ^ 
Couronne  ,  aïant  léance  &  voix  déli-. ,;« 
bérative  au  Parlement ,  qui  le  trou-  „ 
voient  alors  à  Paris ,  fcroient  invitez  « 
à  venir  délibérer  avec  Monficur  le  £« 
Chancelier ,  &  avec  toutes  les  Cham-  te 
bres  alfemblées  fur  les  propolîtions  ec 
qui  feroient  faites  pour  le  fervice  du  « 
Roy  ,  le  foulagement  de  les  Sujets  ,  «« 
&:  le  bien  de  l'Etat.  ,« 

Le  Duc  de  Bouillon  qui  conduifoic 
tous  ces  mouvemens  ,  voïoit  avec 
piaifir  le  fuccès  de  fon  entrepriie. 
D^  quelque   maiiicre  que  la  choie 

Bvj 


2.S        Histoire  dï  Henry 
tournât  ,  la  démarche  dont  on  vient 
de  parler  ne  pouvoit  que  commettre 
le  Parlement  avec  la  Cour  j  c'eft  ce 
qu'il  avoit  prétendu.    Il  prenoit  fes 
mefures  pour  en  profiter  ,  lorfque  les 
Miniftres  cfFraïez  de  l'Arrêt  du  Par- 
lement furent  trouver  la  Reine  ,  qui 
n'en  étoit  pas  moins  allarmée  qu'eux^ 
Ils  lui  reprefenterent  avec  la  chaleur 
que  l'intérêt  a  coûrume  d'inipirer  , 
«  que  le  Parlement  entrcprenoit  mani- 
M  feftement  fur  l'autorité  fouveraine  , 
«  qu'il  en  vouloit  à  fa  Régence ,  &  qu'il 
>s  ne  penfoit  à  rien  moins  qu'à  s'ériger 
M  en  Examinateur  ôc  en  Juge ,  de  ce  qui 
M  s'étoit  fait  pendant  la  minorité»  Que 
>s  fi  l'on  ne  s'oppofoit  pas  promptement 
M  à  cette  entreprifb  ,  on  ne  feroit  plus 
M  en  état  de  la  réprimer  ,  ôc  qu'il  en 
M  étoit  decesmouvemens,  comme  d'un 
«incendie  très-facile  à   éteindre  dans 
»>  fon  commencement ,   mais   qui  fait 
Ȕ  de  terribles  ravages  quand  une  fois 
»  il  a  été  négligé. 

La  Reine  reconnut  d'abord  la  main 
qui  lui  portoit  le  coup.  Perfuadée  que 
le  parti  du  Prince  de  Condé  avoit  ex- 
cité ce  mouvement  dans  le  Parle- 
ment ,  elle  fit  défendre  de  la  part  da 
Roy  au  Prince  &  aux  Seigneurs ,  q^ui 


"Duc  CE  BouiriON.  Liv.  VÎT.  i^ 
s'étoient  déclarez  pour  lui  Tannée 
précédente  ,  de  fe  trouver  au  Parle- 
ment s'ils  y  étoient  invitez.  Mais 
comme  cette  Compagnie  pouvoir 
pourfuivre  l'exécution  de  fon  deffein, 
ôc  drelFer  fes  remontrances  indépen- 
damment des  Princes  &  desSeigneurs, 
le  Procureur  Général  Mole  ,  Servin, 
6c  le  Bret  Avocats  Généraux  ,  furent 
mandez  au  Louvre  pour  y  apprendre 
les  volcntez  du  Roy.  Y  étant  arri- 
vez ,  ils  furent  admis  à  l'Audiance 
de  leurs  Majeftez  ,  &  le  Chancelier 
de  Sillery  leur  déclara  que  le  Roy  les 
avoir  mandez  fur  l'avis  qu'il  avoit 
reçu  de  l'Arrêt  rendu  par  le  Parle- 
ment le  jour  précédent  j  que  leurs 
Majeftez  trouvoient  fort  étrange  que 
cette  Compagnie  s'ingérât  d'alfem- 
bler  ainii  de  fon  autorité  pri- 
vée ,  les  premières  perfonnes  de  l'E- 
tat pour  prendre  des  mefures  avec 
elles  furie  Gouvernement  du  Royau- 
me j  que  c'étoit  entreprendre  fur  l'Au- 
torité Souveraine  ,  &  que  cela  n'étoit  '* 
pas  de  la  competance  des  Magiftrats  " 
uniquement  établis  ,  pour  rendre  la  " 
juftice  aux   particuliers.  ** 

L'Avocat  Général  Servin  répondit,  *' 
que  le  Chancelier  leur  apprenoit  ce 


5Ô  HiSTÔîRfi   DE    HEhîRY 

8î  qu'ils  ne  fçavoient  pas  j  que  le  Paif- 
D>  lement  n'avoir  jamais  eu  la  pensée 
a»  d'entreprendre  fur  l'autorité  Souve- 
M  raine ,  &c  que  les  Chambres  ne  s'é- 
sî  toient  alTcmblées  que  pour  donner  au 
»  Roy  une  preuve  publique  du  zèle  lin- 
»3  cere  qu'elles  avoient  pour  le  fervice 
3}  de  Sa  Majefté  ,  pour  la  fureté  de  fa 
>5  perfonne  ,  &  pour  le  bien  de  l'Etat, 
95  La  Reine  prit  alors  la  parole  &c  dit, 
3]  que  le  Roy  avoit  été  averti  de  bonne 
9j  part  de  tout  ce  qui  s'étoit  palTé  dans 
at>  l'Alfemblée  des  Chambres  ;  qu'on  y 
35  avoit  tenu  des  difcours  contre  l'auto- 
3j  rite  du  Roy  j  que  l'Arrêt  en  ctoit  une 
«  preuve  bien  claire,  que  cette  entre- 
n  prife  étoit  nouvelle  8c  inoiiie  jufques- 
M  alors ,  &  que  le  Roy  n'étoit  pas  lé- 
»j  folu  de  la  foufFrir. 

Les  Gens  du  Roy  fe  trouvèrent 
alors  dans  une  conjon6bure  fort  dé- 
licate. D'un  côté  comme  leurs  Char- 
ges les  attachoient  aux  intérêts  du 
Roy ,  il  ne  leur  convenoit  point  de 
faire  une  réponfe  qui  déplût  a  Sa  Ma- 
jefté  ,  dans  une  occalion  où  elle  fe 
plaignoit  d'une  ateinte  donnée  à  fon 
autorité  Souveraine  que  leurs  Char- 
ges les  obligeoient  de  défendre.  Mais 
de  l'autre ,  comme  ils  écoicnt  perfua. 


Duc  DE  BôtTItlON.    llV,  VIÎ.   |ï 

dez  que  le  Parlement  ne  penfoit  à 
rien  moins  qu'à  entreprendre  fur 
Tautorité  du  Roy  ,  ils  fe  croïoient 
obligez  de  juftifier  la  démarche  qu'il 
avoit  faite  ,  mais  en  forte  qu'on  ne 
dît  rien  qui  pût  marquer  plus  d'atta- 
chement aux  intérêts  du  Parlement 
qu'à  ceux  du  Roy. 

Ce  fut  le  parti  que  prit  Servin , 
il  répondit  à  la  Reine  ,  que  qui  que 
ce  fût  qui  entreprît  fur  l'autorité  du 
Roy ,  ils  fçavoient  à  quoi  leurs  Char- 
ges les  obligeoient  ;  qu'ils  ne  foufFri- 
roient  jamais  qu'on  y  donnât  la  moin- 
dre atteinte  j  mais   que   comme  ils 
connoilfoient    auflî   l'innocence    des 
intentions    du    Parlement  ,     ils    fe  «« 
croïoient  obligez  de  reprefenter  à  Sa  «« 
Majefté  qu'ils  fçavoient  très  certain-  « 
nement  que  le  Parlement  n'avoit  ja-  «« 
mais  pensé  à  entreprendre  fur  l'au-  « 
torité  du  Roy  y  qu'il  n'avoit  delTein  « 
que  de  faire  quelques   proportions  «« 
avantageufes  au   fervice  de  Sa  Ma-  « 
jefté  ,  &  au  foulagement  du  peuple  5  «« 
que  la  Compagnie  en  invitant   les  «« 
Princes ,  les  Seigneurs  &  les  grands  <e 
Officiers  de  la  Couronne  à  fe  rendre  «« 
au  Parlement ,  n'avoit  point  eu  d'au-  «c 
tre  YÛë  que  d'avoixMoniîeur  le  Chan-  <« 


31  '  Histoire  de  Henry 
„  celier  &  les  premières  perfoniies  du 
a,  Royaume  ,  pour  témoins  de  fa  fide- 
>,  lité  ,  &  de  Ton  attachement  inviolable 
a,  au  fervice  du  Roy  ;  qu'enfin  tous  les 
„  membres  du  Parlement  feroient  bien 
35  fâchez  ^u'onpût  feulement  les  foup- 
»,  çonner  d'avoir  manqué  à  ce  qu'ils 
„  dévoient  au  Roy  &  à  l'Etat.  Servin 
„  ajouta ,  qu'il  croioit  devoir  ce  témoi- 
gnage au  Parlement  ,  &c  qu'il  prioit 
"  Sa  Majefté  de  trouver  bon  qu'il  le  lui 
rendît. 

Le  Roy  qui  n'étoit  pas  à  beaucoup 
près  II  irrité  que  la  Reine  contre  le 
Parlement ,  ôc  qui  commençoit  à  fe 
lalfer  de  la  dépendance  ou  elle  le  te- 
noit  ,  s'étoit  contenté  de  répondre 
qu'il  alTembleroit  fon  Confeil  pour 
avifer  à  ce  qu'il  ordonneroit  touchant 
l'Arrêt  du  Parlement  j  &  il  alloit 
congédier  les  Gens  du  Roy  ,  lorfque 
^j  la  Reine  prit  la  parole  ,  ôc  dit  qu'il 
^^  fâloit  alfembler  à  l'heure  même  le 
^^  Confeil ,  ôc  que  l'affaire  dont  il  s'a- 
gilfoit,  ne  fouffroit  point  de  remife. 
Le  Confeil  fut  donc  ajfemblé  ,  Se  les 
Gens  du  Roy  fe  retirèrent  pour  at- 
tendre ce  qui  y  auroit  été  réfolijf. 
Quelque  temps  après ,  le  Roy  les  fit 
appeUer ,  Ôc  leui  dit  ,  qu'il  les  fai. 


Duc   DE    BoiilLION.   LlV.  VII.    33 

foit  entrer  pour  leur  commander  de  « 
faire  fçavoir  eux-mêmes  au    Parle-  « 
ment ,  ce  qu'il  avoit  réfolu  dans  Ton  « 
Confeil.    Servin  reprefenta  envain  ,  « 
qu'il  ne  convenoit  point  au  fervice  du 
Roy,  qu'on  les  chargeât  de  porter  des 
ordres  fâcheux  au  Parlement.   Il  fit 
inutilement  tout  ce  qu'il  put  pour 
s'en  difpenfer  ;  le  Roy  voulut  abfo- 
lument  qu'ils  lui  déclaralTent  de  fa 
part ,  que  Sa  Majefté  vouloit  que  le  «c 
Regiftre  de  la  délibération  lui  fût  en-  «c 
voie  5  &  que  fon  Procureur  Général ,  ce 
&  fes  Avocats  Généraux  lui  appor-  et 
taffent  eux-mêmes  l'Arrêt  du  Parle-  « 
ment  j  qu'elle  défendoit  aux  Magif-  « 
trats  de  palTer  outre  à  l'exécution  de  ce 
l'Arrêt  ,  8c  qu'elle  entendoit  que  les  c« 
Gens  du  Roy  lui  vinlTent  donner  avis  t« 
de  la  manière  dont  le  Parlement  re-  « 
cevroit  Tes  ordres.  et 

Un  commandement  Ci  abfolu  ne 
foufFroit  point  de  réplique.  Le  Par- 
lement obéit ,  le  Regiftre  &  l'Arrêt 
furent  portez  à  Sa  Majefté  ,  &  les 
Gens  du  Roy  furent  chargez  de  lui 
faire  les  excufes  de  la  Compagnie  , 
&  de  l'ailurer  de  fa  fidélité.  La  Cour 
parut  contente  de  la  foumiflîon  du 
Parlement  ;  elle  écouta  avec  plaifir 


^4         Histoire   de    Henry 
la  Harangue  de  l'Avocac  Général ,  & 
9t  le  Roy  fe  contenta  d'y  répondre  qu'il 
n  verroit  l'Arrêt ,  &  qu'au  premier  jour 
ïî  il  feroit  fçavoir  fa  volonté  au  Parle- 
ment. 

La  Reine  &  les  Miniftres  efperoient 
que  les  chofes  en  demeureroient-là. 
Mais  le  Duc  de  Boiiillon  qui  fuivoit 
cette  affaire  ,  en  pcnfoit  tout  autre- 
ment.   Les   difficultez  ne  fervoient 
qu'à  l'animer  ,  &  il  fe  rebutoit  d'au- 
tant moins  de  fon  entreprife  ,  qu'il 
n'étoit  rien  arrivé  qu'il  n'eût  prévu  , 
&  à  quoi  il  ne  fe  fût  attendu.     Les 
mortifications  que  le  Parlement  avoit 
reçues  de  la  Cour  fervoient  même  au 
deflein  qu'il  s'étoit  proposé ,  d'enga- 
ger enfin  le  Parlement  à  faire  un  coup 
d'éclat.  Il  prétendoit  par-là  préparer 
les  efprits  à  bien  recevoir  les  plain- 
tes &  les  manifeftes  que  le  Prince  de 
Condé  &  ceux  de  fon  parti  méditoient 
pour  engager  tous  les  ordres  de  l'Etat 
a  en  procurer  la  réformation.   Mais 
ce  qui  ne  rebutoit   pas  le  Duc   de 
Bouillon  ,  avoit  fi  fort  étonné  le  Par- 
lement ,  qu'il  paroifibit  impoffible  de 
le  faire  revenir  de  la  conftei nation  où? 
les  ordres  fulminans  de  la  Cour  l'a- 
voient  jette.   Il  eft  vrai  que  le  relïên- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  55 
timent  qu'il  en  avoit  conçu  ne 
pouvoit  être  plus  vif  ^  8c  que  la  vio- 
lence qu'il  fe  faifoic  pour  le  difîîmu-» 
1er ,  ne  fervoit  qu'à  Tanimer  d'avan= 
tage  contre  les  Miniftres  &  contre  la 
Reine  même.  Il  les  regardoit  comme 
les  auteurs  de  tous  les  mauvais  trai- 
temens  qu'il  venoit  d'eiTuïer,  &  qu'il 
croïoit  n'avoir  pas  méritez. 

Le  Duc  de  Boiiillon  perfuadé   de 
ces  difpofitions  du  Parlement  ne  man^. 
qua  pas  de  s'en  prévaloir.    Il  témoi- 
gne à  tous  les  particuliers  de  la  Com- 
pagnie à  qui  il  crut  fe  pouvoir  fîer, 
que  les  Princes  ôc  les  Seigneurs  regar- 
doient  comme  faites  à  eux-mêmes  les 
mortifications  que  venoit  de  recevoir 
une  compagnie  dont  ils  écoient  mem- 
bres ,  ôc  qu'ils  les  reifentoient  d'au- 
tant plus  vivement  qu'ils  en  croient 
en  partie  la  caufe  innocente  -,   qu'ils 
ne  comprenoient  pas  qu'on  pût  faire 
un  crime  au  Parlement  d'avoir  pro- 
posé de  les  inviter  à  leur  Alïèmblée  , 
eux  qui  en  étoient  membres ,  &c  qui 
ne  manquoient  jamais  de  s'y  trouver 
lorfqu'ils  en  étoient  priez  par  des  par- 
ticuliers -y  que  cela  s'appelloit  prendre 
les  chofes  d'une  hauteur  qui  ne  pou- 
voit ni  fe  foufFrir  ,  ni  fe  dilïïmuler. 


3^  HistoiRE  DB  Henry 
Que  fi  un  pareil  traitement  venoit  du 
Roy  ,  la  Majefté  Souveraine  obligeoit 
à  une  foumifïion  dont  l'on  fe  croïoit 
difpensé  à  l'égard  des  Miniftres  ,  & 
d'une  Reine  même  qui  n'étoit  plus 
Régente,  &:  qui  abufoit  du  nom  de 
de  l'autorité  d'un  jeune  Roy  ,  pour 
fe  mettre  à  couvert  des  fuites  que 
les  remontrances  du  Parlement  pour- 
roient  avoir  ,  par  rapport  à  fes  inté- 
rêts &  à  ceux  de  fes  créatures.  Après 
que  le  Duc  de  Bcruiilon  fe  fut  ainfi 
infinué  dans  les  efprits  ,  ôc  qu'il  eut 
pris  chacun  par  fon  foible  ,  il  repre- 
fenta  le  mépris  que  le  Parlement  ne 
manqueroit  pas  de  s'attirer,  en  ne  fou- 
tenant  pas  une  démarche  aufll  jufte , 
auflî  nécelïaire  &  aufîî  éclatante  que 
l'Arrêt  donné  pour  la  convocation 
des  Princes  ,  des  Pairs ,  &  des  grands 
Officiers  de  la  Couronne.  Il  parle 
enfuite  d'autant  plus  fortement  de 
tous  les  abus  contre  lefquels  le  Par- 
lement avoit  delfein  de  drelTer  fes 
remontrances,  qu'ils  étoient  tous  très- 
oppofez  aux  maximes  du  Parlement , 
qu'il  entroit  par-là  dans  fes  vues  ,  & 
qu'il  flatoit  ion  relfentiment. 

Ce  difcours  fait  dans  un  autre  temps 
>uroit  eu  ton:  l'cfFec  que  le  Duc  de 


Dtjc  DE  BotJiLLOî4.  LiV.  VIT.  57 
Bouillon  prétendoit  j  mais  le  Parle- 
ment étoit  fi  confterné  des  menaces 
de  la  Cour  ,   qu'il  étoit  réduit  à  ap- 
prouver ce  que  le  Duc  difoit  fans  ofer 
rien  entreprendre.  Il  parut  dans  cette 
occalîon  combien  un  Homme  habile 
de  d'un  caradere  fupérieur  quand  il 
veut  fortement  une  chofe  ,  eft  capa- 
ble de  l'infpirer  aux  autres.     Le  Duc 
de  Bouillon  ne  fe  rebuta  point  ;  plus 
le  Parlement  lui  paroît  abbatu  ,  plus 
il  s'efforce  de  le  relever.  Il  anime  les 
uns ,  il  fortifie  les  autres  ,  il  infpire 
aux  plus  timides  une  partie  de  fon  ar- 
deur &  de  fa  réfolution.  Enfin  quand 
il  connut  que  leParlement  étoit  ébran- 
lé ,  &  qu'il  commençoit  à  revenir  de 
fa  confternation  ,  pour  achever  de  le 
déterminer  à  faire  un  coup  d'éclat  : 
Vous  ne  ferez  pas  feuls   (  lui  dit-il  ) 
à  vous  commettre  avec  la  Cour.  Le  ti 
premier  Prince  du  Sang  &  les  princi-  c« 
paux  Seigneurs  du  Royaume,  atten-w 
dent  avec  impatience  que  vous  vous  ce 
acquittiez  de  ce  que  vos  charges  ôc  le  ç« 
bien  de  l'Etat  demandent  de   vous,  ce 
Dès  que  vous  aurez  fait  vos  remon-  ce 
trances  ,  ils  fe  déclareront  en  vôtre  ce 
faveur ,  &  nous  reverrons  tous  enfem-  ce 
ble  fi  trois  ou  quatre  Miniftres  nous 
donneront  la  Loy, 


jS         Histoire  de   Henrv 

Une  alïurance  fî  pofitive  du  con- 
cours des  Princes  ,   des  Pairs  &  des 
Grands  Officiers  de  la  Couronne  avec 
le  Parlement ,  rendit  à  cette  Compa- 
gnie fa  première  vigueur.   Elle  s'af- 
fembla quelques  temps  après ,  &  pour 
parvenir  enfuite  à  l'afFaire  des  remon- 
trances ,  on  propofa  d'abord  ce   que 
le  Roy  avoit  dit  à  l'Avocat  Général 
M  Servin  ,  qu'il  feroit  fçavoir  fa  volon- 
n  té  au  Parlement,  fur  fon  Arrêt  rendu 
M  pour  la  convocation  des   Princes  & 
3»  des  Seigneurs.   L'on  prit  enfuite  oc- 
cafion  de  délibérer  s'il  ne  feroit  pas  à 
propos  de  fupplier  le  Roy  de  donner 
la  réponfe  au  Parlement ,  ôc  de  lui  fai- 
re fçavoir  fa  volonté  ,  félon  que  Sa 
Majerté  l'avoit    promis.     Car   enfin 
ai  (  ajoûta-t-on  )  il  ne  convient  point 
3,  que    les   réfolutions    du    Parlement 
>j  foient  arrêtées  ,  parce  que  certains 
«Courtifans  furprennent  le  Roy  ,  &c 
îî  abufent  de  fa  confiance. 

La  Cour  qui  étoit  attentive  aux 
mouveraens  du  Parlement ,  n'eut  pas 
plutôt  appris  cette  nouvelle  démar- 
che ,  qu'il  fut  ordonné  à  la  Compagnie 
de  fe  rendre  au  Louvre  par  Députez. 
Toutes  les  Chambres  députèrent  ;  le 
premier  Préfident  de  Verdun  fe  mit  à 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  59 
la  tête  des  Députez.  On  les  conduilît 
à  TAudiance  du  Roy  ,  &  Sa  Majefté 
leur  dit  que  puifque    le   Parlement 
vouloit  fçavoir  fa  réponfe  ,  Ton  Chan- 
celier alloit  la  leur  faire.  Le  Chance- 
lier prit  alors  la  parole ,  &  fit  un  long 
difcours  ,  qui  fut  d'autant  plus  mor- 
tifiant pour  les  Députez  ,  qu'il  fe  ré- 
duifoit  à  prouver   que  le  Parlement 
n'étoit  point  en  droit  de  fe  mêler  des 
affaires  d'Etat ,  &  qu'il  ne  pouvoit 
même  faire  des  remontrances  au  Roy, 
que  lorfqu'il  en  étoit  requis  par  Sa 
Majefté.  Cependant  comme  il  remar- 
qua fur  Icvifagedu  premier  Préfident 
éc  de   ceux    qui    l'accompagnoient , 
l'indignation  que  fon    difcours  leur 
avoir  causée  ,  il  crut  le  devoir  adou- 
cir. Ce  fut  ce  qui  l'obligea  d'ajouter 
que  Sa  Majefté  içavoit  que  les  jeunes 
Confei  11ers  avoient  fait  donner  l'Ar- 
rêt j  que  le  plus  grand  nombre  l'avoit 
empoité   fur  les    anciens  &  fur  les 
plus  fages   ;  que  le  Roy  en  fçavoit 
bon-gié  à  ces  derniers  ;  qu'il  fe  fou- 
viendioit  de  leur  fidélité,  &  qu'il  les 
prioit  de  continuer  :  que  cependant 
Sa  Majefté  leur  défendoit  d'exécuter 
l'Arrêt  rendu  pour   la   convocation 
des  Princes  de  des  Pairs  du  Royaume  , 


40       Histoire  d  e  Henr?" 
éc  de  faire  déformais  aucune  délibé- 
ration fur  cette  affaire.  Le  Roy  con- 
firma enfuite  en  peu  de  mots  tout  ce 
que  fon  Chancelier  avoit  dit. 

Le  premier  Prefident  indigné  con- 
tre le  Chancelier  ne  daigna  pas  lui  ré- 
pondre ;  mais  adreifant  la  parole  au 
Roy  ,  il  lui   dit  avec    beaucoup  de 
relped  ,  que  comme    le    Parlement 
n'avoit  pas    pu   prévoir  ce  que  Sa 
Majefté  avoit  à  leur  dire,  il  n'avoic 
pas  pu  non  plus  leur  donner  com- 
mifîion  de  lui  expliquer  fes  vérita- 
bles lentimens  ;  qu'ils  ne  manque- 
roient   pas  de  lui  faire   un  rapport 
fîdele  de  ce  que  le  Roy  leur  avoit 
déclaré  ,  &:  de  tout  ce  que  Monfieur 
le.Chancelier  avoit  jugé  à  propos  de 
leur  dire  ;  que  cependant    ils     fup- 
plioient  Sa  Majefté  d'agréer  les  ref- 
peds  de  fon  Parlement  ,  ôc  les  afTu- 
rances  de  fa  fidélité  ,  &  de  prendre 
l'Arrêt  rendu  en  bonne  part.   Il  ajou- 
ta pour  mortifier  a  fon  tour  le  Chan- 
celier ,  que  l'Arrêt  avoit  été  rendu 
non  par  Tavis  des  derniers  de  la  Com- 
pagnie, mais  d'un  contentement  una- 
nime j  que  Ifs  jeunes  ôc  les  anciens 
y  avoient  également   concouru  j  & 
que  tout  le  Parlement  avoit  cru  que 

bien 


Duc  DE  Bouillon,  Liv.  VII.  41 
bien  loin  d'entreprendre  lur  Tauco- 
ricé  de  Sa  Majefté  ,  c'écoic  lui  donner 
une  nouvelle  preuve  de  la  droiture  de 
fes  intentions  ,  &c  de  Ion  attache- 
ment à  fon  fervice. 

La  Reine  qui  julques  alors  avoit 
gardé  le  filence  jugea  à  propos  de  le 
rompre  ;  mais  ce  ne  fut  que  pour  ré- 
peter ce  que  le  Chancelier  avoit  dit  : 
»î  je  fuis  informée  ,  dit-elle  ,  à  n'en  « 
pouvoir  douter  que  les  jeunes  Con-  « 
feillers  font  les  Auteurs  de  l'Arrêt ,  a 
&  qu'ils  l'ont  fait  pafTer  à  la  pluralité  « 
des  voix.    Je  n'en  Içai  pas  mauvais  « 
gré  à  la  Compagnie.  Je  remercie  les  « 
Anciens  &:  tous  ceux  qui  s'y  font  op-u 
pofez.    Le  Roy  mon  Fils  fe  fouvien-  « 
dra  de  leur  fidélité  ,  &  je  ferai  enior-  u 
te  qu'il  leur  donne  des  marques  de  fa  « 
bonne  volonté.  te 

Le  premier  Préfident  perfuadé 
(  comme  il  étoit  vrai  )  que  la  Reine 
fçavoit  tout  le  contraire  de  ce  qu'elle 
difoit  5  prit  fon  diicours  pour  une 
nouvelle  in  fuite  faite  au  Parlement. 
Ce  fur  ce  qui  l'obligea  de  lui  répon- 
dre qu'il  la  lupplioit  très  -  humble- 
ment de  croue  que  tout  le  Parlement 
avoit  concouru  a  l'Arrêt  ;  qu'il  étoit 
l'ouvrage  de  toute  la  Compagnie  ^ 
Tome  ///.  C 


^1      Histoire    de    Henry 
que  ceux  qui  lui  avoient  dit  le  con- 
traire ,  ne  lui  avoient  pas  fait  un  rap- 
port hdele  :  qu'ainiî  il  la  prioit  de  ne 
point  faire  de  diflindtion  ,  de  les  ho- 
norer tous  é2;alement  de  la  bien-veil- 
lance  ,  &  de  la  protedion  auprès  du 
Roy.    C'eft  ainfi  que  finit  l'Audiance 
donnée  aux  Députez  du   Parlement, 
La  Cour  crut  encore  que  l'affaire 
n'iroit  pas  plus  loin,  &  qu'après  des 
défcnfcs  fi  exprelfes ,  le  Parlement  ne 
feroit  oas  allez  hardi  pour  continuer 
fes   délibérations.     Mais  foit  que  le 
Duc  de  BoUillon  qui  ne  perdoit  point 
fon  projet  de  vue  ,  eût  renouvelle  fes 
follicitations  -,    foit    que    Palfurance 
qu'il  avoic  donnée  du  concours  des 
Princes  &  des  Seigneurs  avec  le  Par- 
lement,  ralfurât  la  Compagnie  ;   le 
premier  Préfident  n'eut  pas  plutôt  faic 
fon  rapport   aux   Chambres    allem- 
blées ,  qu'il  fut  unanimement  réfolu 
que  fans  fc  départir  de  la  première 
délibération  ,  un  certain  nombre  de 
Confeillers  feroit  choifi  dans  chaque 
Chambre  pour  drelfer  de  concert  avec 
les  Préfidens,  les  Remontrances  qu'on 
avoit  réfolu  de  prefenter  par  écrie  à 
Sa  Majefté. 

La   Reine   promptement    avertie 


Duc  DE  Bouillon,  Liv.  VIL  4; 
que  le  Parlement  perfiftoit  dans  la 
première  réfolution ,  crut  qu'en  pre- 
nant les  chofes  de  hauteur  ,  elle  en 
empêcheroit  les  fuites.  Dans  cette 
vue  elle  envoïa  un  Huifficr  du  Ca- 
binet commander  au  premier  Préfi- 
dent  de  la  part  du  Roy  ,  de  fe  rendre 
au  Louvre  ,  accompagné  _,  comme  il 
étoit  deux  jours  auparavant.  Le  pre- 
mier Prélldcnt  obéit,  &  le  Roy  lui 
dit  qu'il  les  avoit  mandez  ,  iur  ce 
qu'on  l'avoit  averti ,  que  nonobftant 
fes  défenfes  le  Parlement  perllftoit  à 
drelîèr  fes  Remontrances  ;  furquoi 
(  ajoûta-t-il  )  la  Reine  ma  Mère  vous 
déclarera  ma  volonté.  Elle  prit  auiïî- 
tôt  la  parole  ,  &c  dit  d'un  ton  aigre 
&  menaçant ,  que  l'entrepriie  du  Par- 
lement étoit  ians  exemple  ;  que  le 
Roy  en  puniroit  les  Auteurs  s'ils 
perfiftoient  dans  leurs  defobéiflance  , 
Se  qu'il  leur  défendoit  encore  abiolu- 
ment  de  lui  faire  des  Remontrances 
fur  le  gouvernement  de  l'Etat.  Le 
premier  Préfident  répondit  froide- 
ment &  en  peu  de  mots ,  qu'il  feroit 
fçavoir  au  Parlement  les  intentions 
de  Sa  Majefté  :  après  quoi  il  fut  con- 
gédié. Le  lendemain  il  fit  fon  rap- 
port aux  Chambres  aflèmblées.  Mais 

C.j 


44  Histoire  de  Henry 
rimpi'eiîion  que  le  deinier  diicours 
du  Duc  de  BoUillon  avoit  faite  fur  les 
efprits ,  étoit  fî  force,  &:  fes  offices  réi- 
térez fi  efficaces  ,  que  les  Magiftracs 
nommez  pour  concerter  les  Remon- 
trances ,  ne  lailferent  pas  de  continuer 
leur  travail. 

La  fermeté  du  Parlement  étonna 
la  Reine ,  Se  efFraïa  les  Miniftres,  par- 
ticulièrement le  Chancelier.  Il  avoit 
évité  de  fe  trouver  à  la  dernière  Au- 
diance  ^  mais  il  n'en  étoit  pas  pour 
cela  mieux  avec  le  Parlement.  Il 
craignoit  d'avoir  part  aux  Remon- 
trances ,  mais  c'étoit  un  coup  qui  ne 
fe  pouvoit  plus  détourner.  En  effet , 
après  bien  dôs  délibérations ,  le  Con- 
feil  crut  que  ce  feroit  commettre  l'au- 
torité du  Roy  que  de  s'oppofer  da- 
vantage au  delîein  de  cette  Compa- 
gnie ;  qu'il  faloit  lui  lailfer  faire  les 
Remontrances  dont  elle  paroilfoic  Ci 
entêtée  j  &  qu'on  en  feroit  quitte  pour 
n'y  avoir  d'égard  qu'autant  qu'on  le 
jugeroit  à  propos.  La  Cour  abandon- 
na donc  cette  affaire ,  pour  fe  donner 
toute  entière  à  rompie  les  mefures 
que  prenoic  le  Duc  de  Bouillon  ,  du 
côté  des  Calviniftes.  La  Reine  em- 
barralfée  de  tous  cotez  connut  alors  ^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  ^^ 
mais  trop  tard  ,  qu'elle  n'avoir  pas  dû 
né!:^lic;cr  un  Homme  du  caraftere  ôc 
de  riiabileté  du  Duc  de  Bouillon.  Le 
pallé  l'en  avoir  alfez  inftruite  j  mais 
elle  étoit  tellement  livrée  aux  con- 
feils  du  Maréchal  &  de  la  Maiêchale 
d'Ancre  qui  avoicnt  rompu  avec  le 
Duc  ,  ôc  avec  tous  les  Grands  de  Ton 
parti ,  qu'elle  ne  voïoit  plus  que  par 
leurs  yeux. 

Cependant  elle  n'étoit  pas  lî  oc- 
cupée de  ce  qui  le  palFoit  dans  les 
Provnices ,  qu'elle  ne  pensât  de  temps 
en-  temps  à  gagner  le  Parlement  ; 
"mais  elle  l'avoit  traité  avec  tant  de 
hauteur  qu'il  n'étoit  pas  aisé  d'y  réufl 
fîr.  Elle  crut  pourtant  que  comme 
l'intérêt  vient  à  bout  de  tout  ,  elle 
adouciroit  du  moins  Ton  mécontente- 
ment ,  en  lui  accordant  la  continua- 
tion de  la  Paulctte ,  ou  du  Droit  an- 
nuel. L'Arrêt  du  Confeil  qui  l'or- 
donnoit  ,  fut  publié  dans  le  temps 
même  que  le  Parlement  travailloit 
avec  le  plus  d'application  à  fes  Re- 
montrances. La  Compagnie  reçue 
volontiers  ce  qu'on  lui  donnoit  ;  mais 
comme  la  continuation  de  la  Pauletre 
n'étoit  pas  moins  avantageufe  au  Roy 
qu'aux  Magiftiats  ,  ils  ne  la  regar- 

Ciij 


Mfmoi- 


Liv. 


4(j         Histoire  de   Henry 
derent  pas  comme  une  grâce,  &  n'en 
firent  pas  moins  leur  chemm. 

Api  es  que  les  Remontrances  eurent 
été  digérées  avec  beaucoup  de  foin , 
qu'elles  eurent  été  lues  &  relues ,  avec 
toute  l'cxailitude  poiïible  ,  &  qu'on 
les  eut  unanimement  approuvées,  les 
Gens  du  Roy  eurent  ordre  d'aller  dire 
au  Chancelier  que  le  Parlement  de- 
mandoit  AudJanceauRoy.EUe  fut  ac- 
re'; vis  cordée  pour  le  12.  de  May  après  midi. 
Rohan.  j^^  premier  Préfident  ,  ilx  Préiidens 
à  Mortier  ,  douze  Confeillers  de  la 
Grand'  Chambre  ,  un  Préfident  dc 
trois  Confeillers  de  chacune  des  En- 
quêtes 3  autant  de  celles  des  Requê- 
tes ,  &"  les  Gens  du  Roy  allèrent  au 
Louvre  :  ils  étoient  en  tout  quarante. 
Le  Peuple  averti  de  ce  mouvement , 
&  très-prévenu  en  faveur  du  Parle- 
ment ,  bordoit  les  rues  ,  &  il  y  avoit 
dans  la  Cour  du  Louvre  ,  aux  fenê- 
tres 3c  fur  les  efcaliers  ,  autant  de 
monde  que  dans  les  occafions  les  plus 
extraordinaires.  Les  Députez  du  Par- 
lement furent  conduits  d'abord  dans 
la  Sale  où  les  Ambalîadeurs  avoient 
coutume  d'attendre  que  le  Roy  les 
cnvoïât  prendre  quand  il  devoit  leur 
donner   Audiance.    Quelque  -  temps 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  47 
après  Vitry  Capitaine  des  Gardes  les 
conduific  a  la  Chambre  du  Confeil. 
Le  R  oy  &  la  Reine  y  écoient ,  accom- 
pagnez des  Ducs  de  Nevers ,  de  Gui- 
fe ,  de  Vendôme  ,  de  Montmorency  , 
d'Epernon  ,  du  Chancelier,  des  Ma- 
réchaux d'Ancre  ,  Se  de  Souvré ,  de 
plufieurs  autres  Seigneurs  ,  5c  des 
principaux  Confdllers  d'Etat. 

Le  premier  Préiîdent  harangua  le 
Roy.  Son  difcours  fat  relpec- 
tueux  &  plein  des  proteftations  ordi- 
naires de  la  fidélité  &  des  bonnes  in- 
tentions du  Parlement  :  en  le  finilfant 
il  prefenta  au  Roy  le  Cahier  des  Re- 
montrances j  Sa  Majeilé  le  remit  à 
Lomcnie  Secrétaire  d'Etat ,  &:  ordon- 
na aux  Députez  de  fe  retirer.  Tout  le 
monde  croioit  TAudiance  finie ,  &  les 
Courtiians  commençoient  à  fe  dire  à 
l'oreille  ,  voila  bien  du  bruit  pour 
rien  5  lorique  le  premier  Préfident 
reprit  la  parole,  de  dit  au  Roy  qu'ils 
étoient  chargez  de  fupplier  très-hum- 
blement Sa  Majefté  de  faire  lire  les 
Remontrances  en  leur  prefence.  Il 
ajouta  qu'il  pourroit  y  avoir  des  cho- 
fes  qui  auroicnt  befoin  d'explication , 
&c  qu'ils  ladonneroient  fur  le  champ  , 
afin  que  perfonne  ne  pût  douter  des 

C  iiij 


'4-8        Histoire   de  Henry 
bonnes  intentions  du  Parlement. 

Ce  n'éroit  ni  la  volonté  de  la  Rei<. 
ne ,  ni  celle  des  Minières  ,  que  ces 
ReiTiontrances  fiiffent  lues  devant  une 
compagnie  il  nombrcufe.  Comme 
elle  ne  doutoit  point  qu'on  n'y  taxât 
fa  Régence  ,  &  qu'on  ne  s'y  plaignît 
de  bien  des  chofes  qui  s'é^.oicnt  paf- 
fees  depuis  la  mort  du  feu  Roy,  elle 
eut  bien  fouhaité  de  s'en  rendre 
Maîtrelfe  ,  3c  de  ne  les  communi- 
quer qu'à  ceux  qui  avoient  intérêt  de 
loutenir  fon  adminiflration.  Mais  le 
Roy  à  qui  de  nouveaux  Favoris  corn- 
mençoient  à  rendre  fa  conduite  luf- 
pe6le,  fans  prendre  fcn  avis, ordon- 
na qu'on  fît  la  leélure  des  Remon- 
trances. Le  Cahier  fut  donné  au  Fils 
de  Lomenie  ;  il  le  lut  à  haute  voix  , 
Ôc  tout  le  monde  l'écouta  avec  beau- 
coup d'attention.  On  ne  rapportera 
point  ici  ces  Remontrances  ;  outre 
qu'elles  font  trop  longues  ,  ce  ieroit 
Roiun.  s'éloigner  trop  du  fujet  de  cette  Hif- 
Mcicui-  toire  j  on  peut  les  voir  dans  quanti- 
Fianç>  i  f^  ^Q  Mémoires  de  ce  temps-Là.  On 
fe  contentera  de  dire  que  cojîformé- 
n>ent  aux  viles  &  aux  follicitations 
du  Duc  de  BoUillon  ,  le  Roy  y  étoit 
fupplié  d'entretenir  les  anciennes  al- 


Mcmoi 


Ji^  ■  5 


Duc  DE  B'OUILLON.  LiV.  VII.    4p 

liances  de  la  Couronne  ,  d'avoir  les 
nouvelles  pour  fuCpedes ,  &  de  s'at- 
tacher aux  maximes  du  Gouverne- 
ment du  feu  Roy.  Par-là  le  Parle- 
ment ne  paroillbit  pas  approuver  le 
double  Mariage  avec  l'Elpagne  ;  ce 
qui  déplut  fort  à  la  Reine  qui  le  re- 
gardoit  comme  le  chef-d'œuvre  de  ilv 
Régence.  L'on  s'y  plaignoit  encore 
de  la  mauvaife  adminiftracion ,  &  de 
la  diiîipation  des  Finances ,  des  Char- 
ges &  des  Gouvernemens  donnez  à 
des  Etrangers  -,  ce  qui  regardoit  le 
Maréchal  d'Ancre  ,  ôc  ce  qui  choqua 
encore  la  Reine  au  dernier  point.  En- 
jfin  les  Miniftres  &  le  Chancelier  en 
particulier  y  étoient  taxez.  L'on  de- 
mandoit  la  réformation  du  Confeil  , 
&  qu'il  fût  rétabli  fur  l'ancien  pied. 
L'on  peut  juger  par  ces  quatre  ou 
cinq  articles ,  Il  la  ledure  de  ces  Re- 
montrances pouvoit  être  agréable  à 
la  plupart  de  ceux  qui  l'entendirent. 
La  ledure  des  Remontrances  finie  , 
les  Députez  eurent  o  dre  de  fe  reti- 
rer ,  Se  d'attendre  dans  une  chambre 
voifme  jufques  à  ce  que  le  Roy  eût 
délibéré  fur  la  rcponfe  qu'il  devoit 
leur  faire.  On  les  fi  rentrer  quelque 
jtcmps  après  ,  &  le  Roy  Ijur  dit  qu'il 

Cv 


eo         Histoire  de  Henry 

étoit  trcs-mécontent  de  leurs  Remon« 
trances.  La  Reine  prit  enfuice  la  pa- 
role ,  &  maltraita  fort  le  Parlement. 
Le  Chancelier  qui  parla  après  elle , 
n'en  fit  pas  moins.  En  un  mot  les 
Députez  furent  congédiez  après  que 
le  Chancelier  leur  eut  dit  de  la  part 
du  Roy ,  que  Sa  Majefté  feroit  répon- 
fe  à  leurs  Remontrances  quand  elles 
auroient  été  examinées  dans  fon 
Confeil. 

Dès  le  lendemain  *  le  Roy  dans  fon 
May  Confeil  d'Etat  donna  un  Arrêt  par  le- 
»^'T-  quel  il  caffoit  celui  du  Parlement , 
donné  le  28.  de  Mars  ,  faifoit  défenfe 
à  la  Compagnie  de  s'entremettre  à 
l'avenir  des  affaires  d'Etat ,  fînon 
quand  elle  en  feroit  requife  ;  &  afin 
que  la  mémoire  d'une  pareille  defo- 
béilfance  fût  tout-à-fait  éteinte  ,  Sa 
Majefté  ordonnoit  que  l'Arrêt  &  les 
Remontrances  feroient  biffées  &  ô- 
tées  des  Regidres.  Il  n'y  eut  pas  peu 
de  difficulté  à  faire  lire  Se  enregiftrer 
cet  Arrêt  au  Parlement  :  mais  enfin 
le  Roy  l'ordonna  d'une  manière  fî 
abfolue  ,  qu'il  n'y  eut  pas  moïen  de 
s'en  difpenfer.  C'eft  ainfi  que  finie 
cette  grande  affaire.  Il  en  arriva  ce 
que  le  Duc  de  Bouillon  avoit  prévu* 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  51 
Le  Pailemcnt  ne  fut  point  écouté  j  il 
fut  même  fort  mal-traité  j  il  en  con- 
çut un  reifentimcnt  qui  ne  pouvoit 
être  plus  vif;  ce  relientmient  le  por- 
ta à  s'attacher  au  parti  du  Prmce  de 
Condé.  C'eft  ce  que  le  Duc  qui  n'a- 
voit  pas  accoutume   de  le  tromper  ;,.s  ae 
dans  les  conjeâiures ,  avoit  prétendu.  ;<ohan. 
Mais  il  reftoit  une  difficulté  ;  le  Duc  '''^'  ^' 
de   Boiiillon  avoit  promis  pofitivc- 
ment  au  Parlement ,  que  le  Prince  de 
Condé  &  les  Seigneurs  de  fon  parti 
fe  déclareroient  pour  lui ,  au  cas  qu'il 
fît  les  Remontrances  qui  avoient  été 
projettées.     Le  Parlement  les  avoit 
faites  ;  il   s'étoit  par-là  commis  avec 
la  Cour.  Il  étoit   queftion  qu'on  lui 
tint  parole  ,  &  il  en  follicitoit  forte- 
ment le  Duc  de  Bouillon.  Son  embar- 
ras n'étoit  pas  petit  ^  le  Prince  de  Con- 
dé n'alloit  pas  aufîi  vite  qu'il  le  fou- 
haitoit  ;  les  Seigneurs  du  parti  n'a- 
voientpas  encore  pris  leurs  mefures  ; 
la  Cour  qui  s'en  défîoit  ,  les  faifoic 
obferver.    Tout  ce  que  put  faire  le 
Due  de  Bouillon  ,  fut  de  promettre 
au   Parlement  qu'il  feroit  content  ; 
mais  il  ajouta   que   l'exécution   des 
grands  delFeins  dcmandoit  du  temps  , 
^  qu'on  s'expofoit  a  les  faire  échoUer 

C  vj 


52         Histoire  de  Henry 

en  précipitant  trop  les    chofe.s.    En 

conléquence  de   cette  promeire  ,  le 

Duc  de  Bouillon  lollicita  il  vivement 

Mén.oi-  Iq  Prince  de  Condé  de  dégager  fa  pa- 
rts >ie  h  ,  ,  &   t)  r 

■Rcftncc  rôle  donnée  au  Parlement  ,  que  le 
àe  Man.-  p^incc  pour  avoir  lieu  de  rompre  avec 
cis.  '  la  Cour  ,  s'oppoia  en  plein  Confeil 
au  voiage  de  Guyenne.  La  Reine  le 
propoioit  pour  accomplir  le  double 
Mariage.  Elle  en  fouhaitoit  la  con- 
cmlîon  avec  toute  la  paiïîon  dont  eft 
capable  une  femme  qui  eft  entêtée , 
&  qui  n'a  pas  accoutumé  d'être  con- 
tredite. Ainii  c'étoit  attaquer  Marie 
de  Medicis  par  l'endroit  le  plus  déli- 
cat ,  ôc  qui  lui  étoit  le  plus  fenfible. 
Le  Duc  de  Bouillon  qui  avoit  don- 
né ce  confeil  au  Prince  de  Condé , 
ne  s'attendoit  pas  que  la  Reine  défé- 
rât à  l'oppoiltion  du  Prince  ,  foute- 
nuë  de  celle  des  Seigneurs  de  fon  par- 
ti. Il  ne  penfoit  qu'à  le  commettre 
avec  la  Reine  ,  sûr  qu'après  cela  il 
le  méneroit  plus  loin  qu'il  ne  croioit. 
En  efFet  Marie  de  Medicis  eut  fi-peu 
d'égard  aux  Remontrances  du  Prince 
de  Condé  ,  8c  à  celles  des  Seigneurs 
qui  lui  etoient  liez  ,  quoiqu'appuïees 
de  très-fortes  raifons  ,  qu'elle  n'en 
fit  que  hâter  le  voiage  de  Guyenne  ^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VÎI.  53 

avec  plus  d'empreirement  qu'elle  n'a- 
voit  fait  jufques  alors.  Le  Prince  de 
Condé  choqué  au  dernier  point  du 
mépris  fi  public  que  la  Reine  fai- 
foie  de  fes  avis  ,  &  de  la  hauteur 
avec  laquelle  elle  difpofoit  de  la 
perlonne  du  Roy ,  quoiqu'elle  ne  fût 
plus  Régente  ,  ht  une  alfemblée  de 
les  amis  pour  fçavoir  ce  qu'il  avoit 
à  faire.  Le  Duc  de  Bouillon  qui  n'a- 
voit  garde  de  manquer  Toccafion  de 
dégager  la  parole  qu'il  avoit  donnée 
au  Parlement  ,  y  opina  fortement. 
Les  Ducs  de  Mayenne  ôc  de  Longue- 
ville  ôc  les  autres  Seigneurs  du  par- 
ti en  firent  de  même.  En  un  mot  il 
fut  réfolu  qu'on  oppoleroit  au  voïa- 
ge  de  Guyenne  autre  chofe  que  des 
confcils  pareils  à  ceux  qui  avoient  été 
Cl  mal  reçus. 

En  exécution  de  cette  délibération 
le  Prince  de  Condé  quitta  la  Cour , 
s'en  alla  d'abord  à  Saint-Maur  ,  ôc 
de-là  dans  fon  Comté  de  Clermont 
en  Beauvoifis  j  ancien  patrimoine  de 
la  Maifon  de  Bourbon.  Le  Duc  de 
Bouillon  fe  retira  en  même  -  temps 
dans  fa  Principauté  de  Sedan  ,  pour 
y  prendre  les  mefures  conformes  aux 
projets  dont  on  étoit  convenu.    Le 


^4  Histoire  de  Henry 
Duc  de  Mayenne  partit  pour  Soilfons, 
&  ie  Duc  de  Longuevilie  fe  rendit 
dans  fon  Gouvernement  de  Picardie. 
Ce  départ  du  Prince  de  Condé  &  des 
Seigneurs  qui  avoient  pris  des  enga- 
gemens  avec  lui ,  Fut  comme  le  iîgnal 
de  la  Guerre  dont  on  va  parler. 

Aufîî-tôt  après  cette  retraite  l'on 
vir  plufieurs  écrits  de  la  part  des  Sei- 
gneurs mécontens.  Un  des  premiers 
qui  parut ,  fut  une  lettre  du  Duc  de 
BoUillon  au  Préiident  Jeannin  ,  Con- 
trôleur Général  des  Finances.  Il  y 
juftifioit  fon  départ  de  la  Cour  ,  & 
fe  plaignoit  à  peu  près  des  mêmes 
chofes  dont  le  Parlement  s'étoit  plaint 
dans  fes  Remontrances.  Cet  écrit  fut 
fuivi  d'un  autre  ,  où  le  Chancelier 
de  Sillery  fut  attaqué  perfonnelle- 
ment  j  il  avoit  pour  titre  ,  la  NobltjJ's 
ïrançoife  au  Chancelier.  Le  Gouver- 
nement y  étoit  décrié  de  la  manière 
la  plus  affireufe.  0\\  crut  que  ie  Par- 
lement en  étoit  l'Auteur.  C'eft  ce  qui 
porta  la  Cour  à  y  répondre  dans  une 
cfpece  de  Manirefte  qui  fut  publié 
prefque  auilî-tôt.  L'on  n'y  parloit 
plus  d'un  ton  fi  fier  ,  le  Gouverne- 
ment y  étoit  juftifié  avec  beaucoup 
de  modération. 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIT.  5^ 
La  Reine  n'en  demeura  pas-là  j  elle 
Et  réflexion  qu'en  traitant  le  Parle= 
ment  avec  trop  de  hauteur ,  elle  avoic 
donné  dans  le  piège  que  fes  Ennemis 
lui  avoient  tendu.  Elle  craignit  qu'il 
ne  fe  déclarât  pour  le  Prince  de  Con- 
dé  ,  &  que  le  peuple  entraîné  par  fou 
autorité ,  ne  fît  enfin  la  même  chofe  , 
s'il  paroilfoit  que  le  Prince  agît  de 
concert  avec  le  Parlement.  On  cher- 
cha donc  des  expédiens  pour  conten- 
ter  la  Compagnie  ,  &  ménager  en  mê- 
me-temps l'autorité  du  Roy  qu'on 
avoit  un  peu  trop  commife  dans  l'af= 
faire  dont  on  a  parlé.  Ils  furent  d'au- 
tant plus  faciles  à  trouver  ,  que  le 
Parlement  croïoit  s'appercevoir  que 
le  Prince  de  Condé  alloit  bien  plus 
à  fes  fins  particulières  ,  qu'au  bien 
public  ;  que  cette  Compagnie  n'étoit 
plus  foutenuë  par  les  vives  exhorta- 
tions du  Duc  de  BoUilIon  ,  ôc  que  fes 
Chefs  commençoient  à  s'ennuïer  de 
fe  voir  broiiillez  avec  la  Cour,  Il  ne 
fut  donc  pas  difficile  d'accorder  deux 
parties  qui  ne  cherchoient  qu'à  s'ac- 
commoder. Le  Parlement  fit  des  ex- 
cufes  au  Roy  dont  il  jugea  à  propos 
de  fe  contenter  ,  &  Sa  Majefté  de  fon 
côté  fe  relâcha  fur    l'exécution   de 


y<?  HiSToiS-Ë  DE  Henry 
l'Arrêt  du  Confeil  d'Etat  ,  qui  caf- 
foic  tout  ce  que  cette  Compagnie 
avoit  fait.  La  reconciliation  du  Par- 
lement avec  la  Cour  nuifit  depuis 
beaucoup  ,  aux  projets  des  Seigneurs 
mécontens. 

Cette  affaire  finie ,  la  Cour  s'ap-- 
pliqua  à  gagner  le  Prince  de  Condé. 
Le  Roy  lui  écrivit  plufieurs  fois  qu'il 
fouhaitoit  que  le  premier  Prince  de 
fon  Sang  alîiftât  à  Ton  Mariage  j  que 
îa  bienfeance  demandoit  qu'une  per- 
fonne  de  fon  rang  reçût  l'Infante  fur 
les  frontières  de  France ,  &  qu'elle  y 
conduisît  la  Princeife  fa  Sœur  deftinée 
au  Prince  d'Efpagne.  Mais  les  ré- 
ponfes  que  le  Prince  faifoit  à  ces  let- 
tres donnoient  alfez  à  connoître  que 
il  l'on  ne  differoit  pas  le  double  ma- 
riage ,  il  n'accompagneroit  pas  le  Roy 
dans  fon  voïage  de  Guyenne. 

Ces  refus  du  Prince  de  Côndé  don- 
noient d'autant  plus  d'inquiétude  à  la 
Cour ,  qu'il  étoit  de  la  dernière  im- 
portance, que  les  Provinces  en  deçà 
de  la  Loire  fulfent  tranquiles  pendant 
l'abfence  du  Roy.  Il  étoit  aisé  de 
juger  que  fi  on  y  iailToit  le  Prince 
6c  les  Seigneurs  de  fon  parti ,  ils  ne 
Awnqueroient    pas    d'y    exciter    du 


Duc  DE  Bouillon.  LiV.  VII.  57 
tfouble  ,  3c  que  peut-être  même  ils 
feroient  foulever  !a  Ville  de  Paris  qui 
étoit  pleine  de  Meconrcns.  Peur  évi- 
ter cet  inconvénient ,  il  n'y  eut  rien 
que  la  Reine  ne  tentât  pour  engager 
le  Prince  de  Condé  a  faire  le  voiage 
de  Guyenne.  Elle  fuppofoit  que  Ls 
Ducs  de  Longueville  6c  de  Mayenne, 
dont  le  premier  coinmandoit  en  Pi- 
cardie,&  le  fecon.d  dans  Tille  de  Fran- 
ce, iuivroient  le  Roy,  iî  le  Prince  leur 
en  donnoit  l'exemple.  Pour  ce  qui  eft 
du  Duc  de  Bouillcn  5  fenrible  aux 
embarras  qu'il  lui  cauioit  ,  (Se  plus 
fenfible  encore  aux  mouvemens  qu'il 
avoit  excitez  d.ms  le  Parlement ,  elle 
affeda  de  le  négliger  ,  &:  crut  qu'in- 
dépendammen:  de  lui  ,  elle  pourroic 
gagner  le  Prince  de  Condé.  Pour  y 
réuiïîr  ,  Elle  commit  cette  négocia- 
tion à  la  Comtelfe  de  Soilfons  &  au 
Duc  de  Nc?vers  ,  qui  avoit  aFredé 
d'être  neutre  ,  dans  la  vûë  de  fe  faire 
Médiateur  entre  la  Reine  ôc  les  Me- 
contens.  Mais  ni  la  Com telle  ni  le  Duc 
ne  purent  rien,  obtenir  du  Prince.  Le 
Duc  de  Eoiiilion  lui  étoit  devenu  trop 
nécellan-e  pour  rien  conclure  fans  lui. 
Ainii  plus  la  Reine  tém.oignoit  vou- 
loir fe  palîér  de  Ion  entremife  ,  plus 
il  s'appliquoic  à  rompre    toutes  les 


jS  Histoire  d  e  Henry 
mefures  qu  elle  prenoit ,  &  il  le  fai- 
foit  avec  d'autant  plus  de  fuccès  qu'il 
s'étoit  tellement  rendu  maître  de  Tef- 
prit  du  Prince  de  de  celui  des  autres 
Seigneurs  ,  qu'ils  fuivoient  en  toutes 
chofes  fes  fentimens. 

Le  mauvais  fuccès  de  la  négocia- 
tion de  la  Comtelîe  de  Soillons  &c  du 
Duc  de  Nevers  ,  obligea  la  Reine 
d'avoir  recours  à  Villeroy  ,  pour  en 
commencer  une  autre.  Il  fout  avouer 
qu'elle  ne  pouvoit  pas  mieux  choifir  ; 
ou\:re  qu'il  étoit  très-habile  ,  il  avoit 
toujours  entretenu  d'étroites  liaifons 
avec  le  Duc  de  Boïiillon  ;  &  il  ne  pré- 
lendoit  pas  conclure  Cans,  lui  l'accom- 
modement dont  il  s'agllfoit.  Il  s'at- 
tacha à  le  gagner,  &  il  s'y  prit  fi-bien, 
que  fécondé  du  Préfident  Jeannin 
qu'on  lui  donna  depuis  pour  adjoint, 
il  eût  conclu  le  traité  ,  (i  le  Maréchal 
d'Ancre  ôc  le  Chancelier  de  Sillery 
n'en  eulfent  empêché  l'efFet.  Comme 
ils  étoient  tous  deux  fort  odieux  au 
Prince  de  Condé  &c  aux  Seigneurs  de 
fon  parti  ,  ils  appréhendèrent  d'être 
les  viétimes  de  l'accommodement ,  ôc 
qu'on  ne  les  facrifiât  à  la  fatisfadion 
du  Prince.  Pour  l'éviter  ,  ils  rempli- 
rejît  l'efprit  de  la  Reine  de  tant  de 


Duc  DE  Bouillon.  Lïv.  VIT.  ^5 
foupçons  contre  Villeroy  &:  Jeannin  , 
qu'elle  fit  faire  une  démarche  au  Roy 
qui  renverfa  toutes  les  efperances 
qu'on  avoit  d'un  prochain  Traité. 

Dès  le  lecond  jour  de  la  Conférence 
qui  fe  tencit  au  Château  de  Coucy 
en  Picardie  j  Pontchartrain  Secrétai- 
re d'Etat  fut  envoie  au  Prince  de  Cou- 
dé avec  une  lettre  du  Roy  ,  dattée  du 
i6.  de  Juillet.     Elle  portoit  en  ter-   i^nj; 
mes  exprès  que  Sa  Majefté  aïant  pris 
la  rélolution  de  partir  pour  la  Guyen- 
ne le  premier  du  mois  fuivant ,  elle 
envoïoit  un  de  Tes  Secrétaires  d'Etat  ^femoî- 
pour  fçavoir  précisément  du  Prince  ^ohan. 
de  Condé  s'il  vouloit  ou  ne  vouloit 
pas  l'accompagner  dans  Ton  voïaee.  ^^^°^' 
Cette  lettre  ne  lurprit  pas  moins  Vil-  Régence 
Icroy  &  Jeannin  ,   que   le  Prince  de  j:" '^"/jt 
Condé  &c  les  Seigneurs  alTèmblcz  àcis. 
Coucy.  Le  Duc  de  Boiiillon  qui  n'a- 
voît  confenti  à  un  accommodement , 
que  dans  la  vue  de  ne  pas  palfer  pour 
être  le  feul  Auteur  d'une  Guerre-Ci- 
vile ,  profite  en  habile  homme  de  ce 
contre-temps.  Il  reprefente  aux  Sei- 
gneurs alfemblez  que  la  Cour  ne  pen- 
foit  qu'à  les  tromper  ,  ou  à  les  defu- 
nir  ,    &   que   ians   perdre   temps  , 
il  faut  lever  des  Troupes  en  France 


'^ô  Histoire  de  HenrV 
&  en  Allemagne.  Tous  y  confentent, 
&  fe  donnent  le  rendez-vous  à  Sedan. 
Villeroy  ôc  Jeannin  fe  trouvent  fort 
ofFenfez  de  la  défiance  que  la  Reine 
avoit  d'eux ,  fans  qu'ils  y  eulfent  don- 
né lieu.  On  fe  prépare  de  part  &  d'au- 
tre à  la  Guerre.  C'eft  amiî  que  des 
intérêts  particuliers  l'emportent  fou- 
vent  fur  le  bien  public,  fur-tout  lorf- 
que  les  Rois  ne  font  pas  en  âge  de 
gouverner  par  eux-mêmes.  La  Reine 
ne  penfoit  qu'a  fes  intérêts  &  à  ceux 
de  fes  Créatures.  Chacun  en  faifoit 
autant  ;  le  bien  public  &  le  fervice  du 
Roy  ne  fervoient  pus  que  de  prétex- 
te. Dans  le  fonds  c'eft  à  quoi  l'on 
penfoit  le  moins. 

L'on  ne  peut  s'empêcher  deremar^ 
queràToccafion  de  la  négociation  de 
Coucy  dont  on  vient  de  parler  ,  que 
le  Préfidcnt  Jeannin  l'un  des  Com- 
miiTaires  du  Roy,  quoique  trcs-éciai- 
ré  ëc  tics-attaché  a  la  Cour ,  étoit  fî 
perfuadé  que  le  parti  des  Seigneurs 
mécontens  n'en  vouloit  pas  a  l'auto- 
rité du  Roy  ,  mais  feulement  à  l'abus 
que  les  Créatures  de  la  Reine  en  fai- 
foient,  qu'il  crut  devoir  le  témoi- 
gner publiquement.  En  rcpaffant 
a  Noyon   pour  s'en  retourner  a  la 


Duc  DE  Bouillon.  Liv,  VII.  6i 
Cour ,  les  habitans  lui  demanderenç 

comme  ils  en  nferoient  déformais 
avec  le  Duc  de  Mayenne  qui  étoit 
un  des  Seigneurs  du  parti  du  Prince 
de  Condé  ,  ce  à  la  manière  accoûtu-  « 
mée  (  répondit-il  )  Monfîeur  le  Duc  « 
eil  toujours  vôtre  Gouverneur  ,  &  c< 
bon  lerviteur  du  Rov.  "  Paroles  re- <« 
marquîibles  &z  qui  font  bien  connoî- 
tre  que  ce  grand  Homme  n'approu- 
Yoit  pas  leGouvernement  de  laReine, 
êc  qu'il  ne  regardoit  pas  comme  des 
Ennemis  de  l'Etat ,  ceux  qui  en  de- 
mandoient  la  réformation.  C'eft  aufïï 
ce  que  prétendoit  le  Duc  de  BoUillon , 
&■  ce  que  le  Roy  lui-même  préten- 
dit depuis ,  comme  on  le  verra  par  la 
fuite  de  cette  Hiftoire.  Mais  comme 
les  apparences  le  plus  fouvent  déci- 
dent de  tout ,  le  parti  du  Roy  a  tou- 
jours paffé  pour  être  celui  du  côté  du 
quel  il  fe  trouve  ,  &  qui  a  l'avantage 
de  fe  pouvon-  fcrvir  de  ion  nom  , 
quoiqu'il  n'aille  pas  toujours  au  bien 
de  fonfervice  ,  &  que  les  mterêts  par- 
ticuliers l'emportent  iur  ceux  de  l'E- 
tat quidevroient  être  inséparables  de 
ceux  du  Roy. 

La  première  cliofe  que  firent  les 
Seigneurs  {iiécontens  après  la  rupture 


'6i         Histoire  de   Henry 
de  rA(Tèmblée  de  Coucy ,  fut  de  con- 
ccrter   la  réponfe  que  le  Prince  de 
Condé  devoit  faire  à  la  lettre  du  Roy 
qui  lui  avoit  été  rendue  par  Pontchar- 
train.  L'affaire  étoit  de  confequence  j 
aufïï  y  eut-il  à  fon  occalîon  de  longues 
délibérations  j  enfin  l'on  en  convint. 
Le  Prince  s'y  plaignoit  refpedlueufe- 
ment  de  ce  que  l'on  précipitoit  fi  fort 
le  voïage  de  Guyenne.  Il  reprefentoit 
que  le  Roy  n'aïant  pas  encore  quinze 
ans  y  étant  d'ailleurs  d'une  comple- 
xion  fort  délicate  ,  il  ne  lui  conve- 
noit  point  de  prelfer  ainfi  fon  Maria- 
ge j  qu'on  y  feroit  toujours  à  temps 
quand  on  auroit  réglé  les  affaires  de 
l'Etat  j  &  remédié  aux  defordres  du 
Gouvernement ,  coriformément  aux 
Remontrances  des  Etats  Généraux , 
ôc  du  Parlement.    Il   difoit    enfuice 
qu'une   démarche  fi  à  contre-temps 
ne  fe  faifoit  que  par  les  mauvais  con- 
feils  de  quelques  perfonnes  mal  in- 
tentionnées qui  facrifioient  le  bien 
public  à  leurs   intérêts  particuliers  ; 
que  julqucs  alors  il  les  avoit  ména- 
gez pour  ne  point  s'attirer  la  Reine 
qui    les    protegeoit   publiquement  ; 
mais  que  puifqu'ils  ne  celï'oient  point 
d'abufer  du  nom  &  de  lautoritc  du 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  Vif.  6^ 
Roy  à  la  fubverflon  de  l'Etat ,  à  Taf- 
foiblilîement    de    la    France    qu'on 
rendoit  fufpede  à  fes  anciens  alliez  , 
à  la  ruine  des  Princes  du  Sang  ,  des 
Officiers  de    la  Couronne ,   &    des 
principaux   Seigneurs    du  Royaume 
qui  écoient  les  membres  naturels  du 
Conieil    d'Etat  ,  comme  ils  étoient 
les  appuis  de  la  Couronne  ;  que  pour 
toutes  ces  raifons  il  Te  croïoit  oblige 
de  déclarer  à  Sa  Majefhé  que  les  au- 
teurs  des  defordres  reprefentez  par 
le  Parlement ,  font  le  Maréchal  d'An- 
cre ,    le    Chancelier  de  Sillery  ,   le 
Chevalier  fon  Frère  ,  BuUion  &  Dole 
Confeillers  d'Etat.    Enfin   le    Prince 
prioit  le  Roy  d'ordonner  qu'on  in- 
formât contre-eux  •  que  le  Confeil 
fût  mis  fur  un  meilleur  pied  ,  &  qu'on 
eût  égard  au  Remontrances  des  Etats 
&  du  Parlement.    Telle  étoit  la  ré- 
ponfe  du  Prince  de  Condé  au  Roy  , 
&  tel  étoit  à  peu  -  près  le  Manifefte 
qu'il  publia  quelque  temps  après. 

Une  déclaration  fi  peu  ménagée 
contre  las  Créatures  de  la  Reine  n'é- 
toit  pas  du  goût  du  Duc  de  Bouillon. 
Il  fit  ce  qu'il  put  pour  empêcher 
qu'on  n'accusât  il  publiquement  le 
Maréchal  d'Ancre.  Ce  n'eft  pas  qu'il 


■(^4         Histoire   de   Henry 
Mémo'-  ^^^  moins  foii  Ennemi  que  les  autres 
res  de  la  Seigneurs  j  mais  c'efl:  qu'il  écoit  per- 
d'e'^Mar  e  ^^^^^  'V^^  ^^  fculc  confideration  et  oit 
de  Mcdi-  capable  de  porter  la  Reine  à  flicri- 
^"*        fier  toutes  cnofes  pour  le  maintenir  : 
au  lieu  qu'en  l'épargnant ,  elle  pour- 
roit  fe  réfoudre  à  abandonner  les  au- 
tres qu'on  avoit  nommez  j  ce  qui  fa- 
ciliteroit  dans  la  fuite  la  ruine  du  Ma- 
réchal d'Ancre.   Une  fortune  comme 
la  fienne ,  difoit  le  Duc  de  Boiiillon  , 
ne  fe  renverfe  pas  tout  d'un  coup  j 
il  en  faut  faper  lentement  les  fonde- 
mens  :  quand  on  aura  détruit  fes  ap- 
puis, au  premier  choc  elle  tombera 
d'elle-même.     Le  Prince  de  Condé 
entroit  alfez  dans   les  fentimens  du 
Duc  de  Bouillon  ;  mais  il  falut  céder 
au  Duc  de  Longueville  qui  déclaroit 
qu'il  quitteroit  le  parti  plutôt  que  de 
foufïrir  qu'on  eût  le  moindre  ména- 
gement pour  le  Maréchal    d'Ancre. 
Ce  que  le  Duc  de  Bouillon  avoit 
prévu  ,  arriva.   La  Reine  offensée  au 
dernier  point  du  peu  d'égard  que  l'on 
avoit  pour  elle  de  pour  fes  Créatu- 
res ,  animée  par  le  Maréchal  &  par 
la  Maréchale   d'Ancre  ,    perfuadée 
qu'on  en  vouloir  à  fon  autorité  ,  Se 
qu'il  y  alloic  de  fa  réputation  de  ne 

plus 


Dtjc  de  Bouillon.  Liv.  VIL  6^ 
plus  différer  le  double  Mariage  ,  ne 
garda  plus  de  mefures ,  3^  porta  tou- 
tes chofes  à  rextrémité.  Elle  fait  don- 
ner par  le  Roy  les  plus  fortes  Décla- 
rations contre  le  Prince  de  Condé. 
On  levé  contre  lui  une  Armée  donc 
le  commandenîent  eft  donné  au  Ma- 
réchal de  Bois-Dauphin  de  l'ancienne 
&  illuftre  Maifon  de  Laval.  On  prend 
toutes  les  mefures  pofîîbies  tant  du 
côté  des  Calviniftes  ,  que  de  tout  au- 
tre pour  rompre  les  delfeins  du  Prin- 
ce. On  part  pour  le  voïage  de  Guyen- 
ne après  avoir  donné  les  ordres  pour 
la  levée  d'une  féconde  Armée  que  le 
Duc  de  Guife  devoir  commander , 
&  qui  étoit  deiHnée  à  faciliter  le  paf- 
lage  de  leurs  ALijeftez.  Enfin  lorlquc 
la  Cour  fut  arrivée  à  Poitiers  ,  le 
Prince  de  Condé  &  fes  Adherans  font 
d-éclarez  Rebeles  &  Criminels  de  ,  - 
leze-Majefte.  Tout  le  crédit  du  Prin-  s.-ptem- 
ce  ne  put  empêcher  qu'après  quelques 
conteftations  la  Déclaration  ne  fût 
vérifiée  au  Parlement  de  Paris. 

Un  coup  d'un  fi  grand  éclat  étonna 
d'autant  moins  le  Prince  &  les  Sei- 
gneurs de  fon  parti  ,  qu'il  avoir  été 
prévu.  Il  y  répondit  d'abord  par  un 
nouveau  Manifeile  qui  fut  envoie 
Tom.  IIL  D 


bie  lô^iç. 


66       Histoire    de   Henry 
dans  toutes  les  Provinces,  &c  adrefle  à 
tous  les  ordres  de  l'Etat ,  Se  à  tous  les 
Parlemens  du  Royaume  en  particu- 
lier.   Enfuite  il  délivra  des  comniiL 
fions ,  il  leva  des  Troupes   dedans  ôc 
dehors  le  Royaume  ,  &  le  prépara  à 
obtenir  par  la  force  ce  qui  avoir  été 
refusé  à  Tes  Remontrances.    Heureu- 
fement  pour  les  Mécontens ,  la  Cour 
fut  arrêtée  près  de  deux  mois  à  Poi- 
tiers ,  par  la  maladie  de  la  Princefîe 
deft'inée  au  Prince  d'Efpagne.    Elle  y 
fut  attaquée  de   la  petite- vérole  ;  il 
lui  falut  tout  ce  temps  pour  en  guérir , 
Se  pour  fe  mettre  en  état  de  continuer 
Ion  voiage.    Ce  contre  -  temps  em- 
baralEi  extrêmement  la  Cour  ,  Se  l'on 
ne  fut  pas  à  le  repentir  de  s'être  tant 
hâté  de  porter  les  chofes  à  l'extrémité. 
L'Aifemblée  Générale  des  Calvi. 
niftes  fe  tenoit  alors  à  Grenoble.   Le 
Roy  leur  avoit  permis  de  s'y  aifem- 
bler  fur  les  aifurances  pofitives  que 
L^fdiguieres  lui  avoit  données  d'em- 
pêcher qu'il  ne  s'y  traitât  rien  contre 
ion  fervice  ,  Se  qu'elle  ne  ie  laifFâc 
entraîner  par    les   follicitations   des 
Mécontens.  Le  Duc  de  Rohan  Se  du 
Plclîîs-Mornay  Gouverneur  de  Sau- 
mur ,  tous  deux  fort  accréditez  dans 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VÎI.  6j 
îe  parti  avoienc  promis  la  même  cho- 
fe  ;  le  premier  par  l'envie  fecrecce  de 
traverier  les  delFeins  du  Duc  de  Boiiil- 
Ion  &  de  l'emporter  fur  lui  j  le  fécond 
parce  qu'il  écoic  perfiiadé  qu'il  ne 
convenoit  point  à  ceux  de  fa  Religion 
de  Te  brouiller  avec  la  Cour.  Outre 
ces  précautions  ,  la  Reine  avoit  trou- 
vé le  moïen  de  gagner  un  grand  nom- 
bre de  Députez  ,  les  uns  par  des  pro- 
melFes ,  les  autres  par  des  grâces  qui 
les  attachoient  aux  intérêts  de  Sa 
Majeflé. 

Malgré  tous  ces  obftacics  le  Duc 
de  Bouillon  entreprit  de  faire  déclarer 
l'Aifemblée  en  faveur  du  parti  qu'il 
avoit  embralfé.  Pour  en  venir  à  bout , 
il  porta  le  Prince  de  Condé  à  y  en- 
voier  la  Haye  l'un  de  fes  Gentils- 
hommes qui  avoit  déjà  négocié  pour 
lui.  Il  y  envoïa  de  la  part  la  Forêt , 
avec  des  Lettres  &  des  Mémoires  pour 
les  principaux  du  parti.  Le  Duc  y 
reprefentoit  avec  fon  adreiïè  ordinai- 
re les  inconveniens  du  double  Mariage 
avec  TEfpagne  ,  par  rapport  aux  Cal- 
viniftes ,  &  l'intérêt  qu'ils  avoient  de 
s'y  oppofer.  Il  y  faifoit  valoir  cer- 
taines paroles  échapécs  à  des  Catho^ 
liques  zelez  qui  avoient  dit  en  prefea- 

Di, 


-    68       Histoire   de   Henry 

ce  de  la  Cour ,  qu'il  étoic  furprenaiiç 
qu'un  Catholique  comme  le  Prince  de 
Coudé  condamnât  le  Traité  fait  avec 
l'El'pagne ,  dont  la  fin  principale  étoic 
l'extirpation  de  l'Herelie.  Il  leur  don- 
noit  tous  les  ombrages  qu'ils  étoient 
capables  de  prendre  ,  du  ferment  que 
l'Altemblée  Générale  du  Clerjré  ve- 
noit  de  faire ,  par  lequel  elle  s'obli- 
geoit  à  la  réception  du  Concile  de 
Trente  ,  à  laquelle  les  Calviniftes  s'é- 
toient  toujours  oppofcz.  Il  exagéroit 
les  coniequences  de  la  Remontrance 
que  l'Evêque  de  Beauvais  Député  de 
la  même  Alfemblée  avoit  faite  au  Roy 
avant  fon  départ  pour  obtenir  le  ré-  . 
tablilfement  de  la  Religion  Catho- 
lique dans  la  Principauté  de  Béarn. 
En  un  mot  le  Duc  de  Boiiiilon  fe 
prévaloit  de  tout  ce  qui  pouvoit  por- 
ter l'Alïemblée  à  rompre  avec  la 
Cour  ,  &  à  fe  déclarer  pour  le  Prince 
deCondé.  Les  efprits  commençoient 
à  s'échauffer  ,  8c  les  anciennes  défian- 
ces àfe  réveiller,  lorfque  Jean-Fran- 
çois Biondy  Vénitien  arriva  à  l'Alïem- 
blée de  la  part  du  Roy  d'Angleterre  , 
Hifbir:  pt>ur  l'afTurer  de  la  proteélion  de  Sa 
ail  csivi-  Majefté  Britannique  ,  ôc  de  l'intérêt 
uv!''i^.  qu'elle  prenoit  à  tout  ce  qui  pouvoii 


Di/c  DE  Bottillon.  Liv.  VIT.  ^^ 

affermir  le  repos  du  parti ,  &  favori- 
fer  le  progrès  de  leur  Religion.  Le 
Duc  de  Bouillon  avoit  ménagé  cet 
envoi  :  afin  que  Voi\  n'en  pût  pas  dou- 
ter ,  Biondy  déclara  à  rAlfemblée  , 
que  le  Roy  d'Angleterre  l'avoir  en- 
voie d'abord  directement  au  Duc  de 
Eoliillon ,  pour  prendre  avec  lui  les 
n'iefures  qui  conviendroient  aux  avan- 
tages du  parti  ;  qu'il  lui  avoit  com- 
muniqué fes  Lettres  de  créance  ,  & 
qu'il  ne  s'étoit  rendu  à  rAifemblée 
qu'après  avoir  conféré  avec  lui  ,  & 
pris  fes  avis  fur  toutes  chofes.       ■  .:■• 

Comme  cette  Déclaration  mectoit 
l'Alfemblée  dans  la  dépendance  du 
Duc  de  Boliillon,  &  qu'elle  étoit  d'ail- 
leurs ébloiiie  de  l'honneur  qu'il  lui 
avoit  procuré  en  lui  ménageant  l'Am- 
ballàde  &c  la  protedion  d'un  aufli 
grand  Prince  que  le  Roy  d'Angleter- 
re ,  il  n'en  falut  pas  davantage  pour 
rompre  les  mefures  prifes  par  le  parti 
opposé  au  Duc  de  Bouillon.  Lefdi-. 
gui  ères  emploïa  envain  toute  fon  au- 
torité ,  &  le  Duc  de  Rohan  tout  fon 
crédit  ;  les  lages  Remontrances  de 
du  Pleflis-Mornay  ne  furent  point 
écoutées.  Les  Partifans  de  la  Cour  fe 
donnèrent  des   mouveraens   inutiles 

Diij 


^0  HisTGiuE  BE  Henry 

pour  renverfer  les  projets  du  Duc  de 
Bouillon.  Cet  habile  Politique  avoic 
fi  bien  ménagé  toutes  chofes ,  que  le 
parti  Calvinifte  fe  déclara  enfin  pour 
le  Prince  de  Condé.  Le  Duc  de  Ro- 
han  fe  vit  obligé  de  prendre  les  Ar- 
mes ,  &  d'aider  lui-même  Ton  Enne- 
mi à  exécuter  la  plus  grande  partie 
des  delfeins  qu'il  avoir  formez. 

Ce  fucccs  étonna  la  Cour  ,  &  jetta 
la  Reine  dans  un  des  plus  grands  em- 
barras oii  elle  fe  fût  trouvée  de  fâ 
vie.  Mais  ce  fut  bien  pis   iorfqu'eile 
apprit  que  le  Comte  de  Saint-Pol  s'é- 
coit  déclaré  dans  la  Guyenne  pour  le 
Prince  de  Condé ,  &c  qu'il  y  levoit  des 
Troupes   pour  fon   fervice  ;    que  le 
Duc   de  Duc  de  Rohan  Eiifoit  la  même  chofe 
Rohan.  j^j^g  Iq  Poitou,  &  quc  le  Comtc  de 
Caudale  Fils  aine  du  Duc  d'Epernon  , 
mécontent  de  fon  Père  ,  ne  s'étoic  pas 
contenté  de  prendre  le  même  parti  , 
,,.  j   &  de  promettre  de  faire  foulever  les 

Vie  oc  r 

fiupi.m;  Gouvernemens  de  Saintonge  &  d'An- 
Varnr.y.  goumois  dout  il  avoit  la  furvivance, 
mais  qu  11  avoit  abandonne  la  Reli- 
gion Catholique  ,  pour  faire  profef- 
iion  de  la  Prétendue  Réformée.  La 
Reine  qui  attribuoit  tous  ces  mouve- 
mens  aux  intrigues  du  Duc  de  Bouil- 


Memoi 
res  du 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  71 
Ion  s'apperçut  un  peu  tard  qu'elle  Ta- 
voit   trop    négligé  :  «  Vous  verrez  ** 
(  difoit-elle ,  )  que  nous  ferons  con-  « 
trains    d'avoir  encore  recours  à  lui  « 
pour  nous  tirer  de  tous  ces  embar-  « 
ras.  "  Cet  aveu  coûtoit  à  cette  fiere  <« 
Princeire  ,  mais  elle  fentoit  trop  vi- 
vement la  faute  qu'elle  avoit   faite 
pour  la  pouvoir  dilïïmuler. 

L'Aifemblée  générale  des  Calvinif- 
tes  ne  fe  fut  pas  plutôt  déclarée  en  fa- 
veur du  Prince  de  Condé  ,  qu'elle  ap- 
préhenda que  la  Cour  ne  lui  envoïât 
ordre  ds  ie  séparer  ,  ôc  que  Lefdi- 
guiercs  ne  la  contraignit  d'obéir.  Pour 
éviter  cet  inconvénient ,  le  Duc  de 
Bouillon  qui  l'avoit  prévu,  lui  con- 
feilla  de  quitter  Grenoble ,  &  de  fe 
transférer  de  fon  autorité  à  Nîmes  ea 
Languedoc  ,  où  elle  feroit  plus  en 
liberté  d'agir ,  ôc  de  favorifer  les  def- 
feins  du  Prince  de  Condé.  C'étoit  une 
defobéiffance  formelle  aux  ordres  da 
Roy  ;  mais  comme  c'étoit  une  fuite 
prefque  nécelTàire  de  la  démarche 
quelle  vcnoit  de  faire  en  fe  déclarant 
pour  le  Prince  ,  le  Duc  de  Bouillon 
fçut  fi  bien  lui  perfuader  que  la  Cour 
qui  n'étoit  pas  en  état  de  s'en  reilen- 
tir,  feroit  obligée  de  diiïimuler,qu'clle 

D  iiij 


72.        Histoire    de    Henry 

fuivit  fon  confeil  malgré  les  Remon- 
Hifto'îre  trances    de    I.efdiguicres  8c  tout  ce 
**^.^^'^''' qu'il  put  faire   pour  l'en  empêcher, 
Liv.  8.     Une  action  ii  hardie  quin  avoit  point 
ch.^p.  s.  d'exemple  depuis  la  conceffion  de  l'E- 
dit  de  Nantes ,  redoubla  rétonnemcnt 
de  la  Cour  j  mais  (  comme  le  Duc  de 
Boiiillon  i'avoit  prévu  )  elle  fut  obli- 
gée de  diffimuler ,  au  grand  préjudice 
de  l'autorité  du  Roy. 

Pendant  que  ce  qu'on  vient  de  ra- 
conter fe  paiibit  dans  les  Provinces  de 
delà  la  Loire  ,  le  Duc  de  Bouillon 
qui  commandoit  l'Armée  du  Prince 
de  Condé  ,  fe  piéparoit  à  paiîer  cette 
Rivière ,  ôc  à  s'avancer  vers  le  Poi- 
tou &  la  Guyenne  où  les  Ducs  de  Ro- 
han  &  de  Soubize  prétendoicnt  fe 
joindre  a  lui  avec  les  Troupes  qu'ils 
avoient  levées.  Mais  comme  il  lui 
,,     .  importoit  de    cacher    fes  deifeins    à 

Meinoi-  -       f      _^  ,   .  .  1     •      1  ;  4 

res  de  h  Bois- Dauphin  qui  commandoit  i  Ar- 
p.egencc  ^^^^  ^^  T^        j|  fjj.  (-Qurir  Ic  bruit  qu'il 

rie  Mcc'i  marcoeroit  droit  a  Pans  ,  ou  les  Par- 

"*•        tifaiïs  du  Prince  de  Condé  de  les  Mé- 

contens  Pattendoient  pour  fe  fouie- 

T        1  ver.  En  effet  il  donna  le  rendez-vous 

Journal  ,      ,  ,  ^       - 

te  Bal-  général  de  les  Troupes  a  Noyon  en 
fcmpiei-  pjcardie.  Cet  artifice  lui  réafTit.  Bois- 
Dauphin    dont   l'Armée    étoit  plus 


Duc  DE  BouiitON.  Liv.  VII.  75 
tiombreufe  que  la  fîenne  ,  devoir  dans 
les  règles  marcher  au-devanc  de  lui , 
6c  l'attaquer  à  fon  avantage  avant  que 
toutes  les  Troupes  fuiîent  airemblées; 
mais  foit  qu'il  craignît  d'en  venir  aux 
mains  avec  un  Général  de  la  réputa- 
tion du  Duc  de  Bouillon  ,  foit  qu'il 
fût  retenu  par  les  cris  des  Parifiens  , 
ou  qu'il  eût  des  ordres  de  la  Cour  de 
s'attacher  à  couvrir  Paris ,  il  ne  s'é- 
loigna point  de  Dammartin  où  d'a- 
bord il  s'étoit  campé. 

Le  Duc  de  Boliillon  pour  l'y  retenir, 
en  efFraïant  les  Parilîens ,  (  Peuple 
crédule  &  fort  fujet  à  prendre  l'épou- 
vante ,  )  faifoit  à  delFein  quelques 
mouvemens  comme  s'il  eût  voulu  s'a- 
vancer vers  Paris ,  pendant  que  les 
Emilîàires  répandus  dans  la  Ville  la 
rempHlfoient  d'épouvante  &  de  crain- 
te. Déjà  les  Païfans  des  Villaj^es  voi- 
fîns  &  les  Habitans  des  Fauxbourgs 
fe  retiroient  avec  emprelfement  dans 
la  Ville  ,  chargez  de  tout  ce  qu'ils 
pouvoient  emporter.  Déjà  l'on  faifoic 
des  Prières  dans  toutes  les  Eglifes , 
iorfque  le  Duc  de  Bouillon  qui  ne 
peni^it  à  rien  moins  qu'à  marcher 
vers  Paris  ,  tourna  brulquement  vers 
Château-Thierry.  La  Ville  eft  invef- 

Dv 


74         Histoire    de    Henry 
lie  &c  prife  avant  que  Bois  -  Dauphin 
pût  la  fecourir. 

Après  qu'il  fe  fut  ainfî  alfuré  d'un 
palTage  fur  la  Marne  ,  il  envoie  lon- 
der  le  Gué  à  Mery  fur  Seine.  Lorf- 
qu'il  fut  alTuré  que  TArmée,  le  Ba- 
gage ,  ôc  le  Canon  y  pouvoient  aisé- 
ment paiFer  ,  il  donne  encore  le  chan- 
ge à  Bois  -  Dauphin.  Il  fait  femblanc 
de  marcher  à  Reims  ,  &c  rabat  tout 
d'un  coup  à  Mery  fur  Seine  ,  oii  il 
palFe  cette  Rivière  (ans  y  trouver  le 
moindre  obftacle.   Bois-Dauphin  fui- 
voit  toujours  l'Armée  des  Mécontens, 
Memoi-  &c  il  ii'eu  étoit  jamais  éloigné    que 
Baflbm-  ^'^^^^  joumée ,  de  forte  qu'en  forçant 
pierre,    un  peu  fes  marches  il  eût  pu  l'attein- 
dre &  la  combattre  à  fon  avantage. 
Mais  quoiqu'il  lui  fût  fuperieur,  (car 
il  avoit  près  de  douze  mille  hommes , 
&■  l'Armée  du  Prince  de  Condé  n'é- 
toit  que  de  cinq  mille  hommesdepied. 
Se  d'environ  deux  mille  cinq-cens  che- 
vaux ,  )  il  n'ofa  l'attaquer,  foit  que  la 
Cour  le  lui  eût  expreirément  défendu, 
foit  que  le  Duc  de  Boiiillon  qui  ne 
foûtint  jamais  mieux   la    réputation 
qu'il  s'étoit  acquife  d'un  grand  Hom- 
me de  Guerre ,   prît   des   mefures  (i 
juftes  que  Bois-Dauphin  moins  habi- 


Duc  DE  Bouiî-iON.  Liv.  VIT.  7^ 
îe  &  moins  expérimenté  ne  put  s'op- 
poTer  à  fes  entieprifes. 

Ces  heureux  fuccès.  que  la  renom- 
mée avoit  foin  dcgrofîîr  au-delà  cîe 
ce  qu'ils  étoient  en  cfFet,  firent  croire 
au  Prince  de  Condc  &  aux  Seigneurs 
de  fon  parti ,  qu'il  étoit  temps  de  pu- 
blier une  Déclaration  contre  ceiîc  du   n^,  ,_^. 
Roy  qui  les  déclaroit  criminels  de  le- '^^^"bi-'e 
ze  Majefté  ,  &  contre  l'Arrêt  que  le*''^" 
le  Parlement  de  Paris  avoit  rendu  en 
conséquence.  Le  Prince  y  parle  avec 
autant  de  hauteur ,  que  s'il  eût  eu  des 
forces  capables  de  donner  la  Loy  à 
tout  le  Royaume.  Ce  n'eft  pas  qu'il 
le  crût  ainfï  ;  mais  c'efi:  que  dans  ces 
occaiîons  rien  n'acrédite  plus  parmi 
le  peuple  qui  s'en  tiejit  toujours  aux 
apparences  ,   que    la  confiance  &•  le 
peu  de  ménagement  avec  lequel  un 
parti  traite  celui  qui  lui  eft  opposé. 
Si  l'on  ne  fe  fcntoit  pas   luperieur  , 
parleroit-oii  de  la  forte  ?  Que  de  gens 
s'en  tiennent-là.     Mais  quelque  vue 
qu'eût  le  Prince  de  Condé,  en  parlant 
comme  il  faillit  dans  fi  Déclaration, 
dès  que  fon  Armée  eut  palfé  la  Seine, 
elle  s'avança  vers  la  Ville  de  Sens.  Il 
croioit  la  iurprendre   par   le  moïen 
<ies  intelligences  qu'il  y  avoit  prati- 

D  vj 


7<j        Histoire    d  e    Hbkry 
quées  ;  mais  Bois-Dauphin  &  le  Mar- 
quis  de    Praflain   fou  Marc  chai    de 
Camp  rompirent  fes   mefures  en   y 
arrivant  pkicôt  que  lui. 

Le  Duc  de  Boiiillon  quifeavoitmec^ 
tre  à  profit  les  mauvais  lucccs  comme 
les  bons  ,  pendant  que  Bois-Dauphin 
s'arrête  à  s'aifurer  de  Sens  ,  continue 
fa  marche  vers  la  Loire ,  réiolu  de  la 
palier  ,  de  traverfer  le  Berry  ,  &  d'en- 
trer dans  le  Poitou.  Bois- Dauphin  le 
fuit  ,  Se  quelque  diligence  que  put 
faire  le  Duc  de  Boiiillon  ,  les  deux 
Armées  fe  trouvèrent  il  proches  aux. 
environs  de  Bony ,  que  le  Duc  crut: 
lui-même  qu'on  ne  pourroit  pas  fe 
difpenfer  d'en  venir  à  une  bataille.. 
Il  ne  lui  Gonvenoit  point  de  la  donner  j 
fon  Armée  étoit  aflbiblie  par  l'éloi- 
gnement  de  fa  meilleure  Cavalerie 
commandée  par  le  Duc  de  Longue- 
•villc ,  &c  d'ailleurs  l'Armée  du  Roy 
auroit  confervé  la  fupériorité  qu'elle 
avoir  fur  la  iîenne  ,  quand  même  elle 
-eût  été  toute  ralîemblée. 

Le  Duc  de  Bouillon  fit  dans  cette 
oGcaiîoii  tout  ce  qu'on  pouvoit  atten^ 
'dre  d'un  gf  and  Général  ;  il  porte  fon 
Canon  avantageufemenc  ,  &  il  fe 
,campe  de  manière  qu'eu  cas  d'attaque; 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIT,  7/ 
un  moindre  nombre  pouvoir  foûtenir 
refTort  d'un  plus  grand.  Mais  malgré 
toutes  ces  précautions  il  Gouroit  rif^ 
que  d'être  défait,  iî  Bois-Dauphin  eût 
eu  la  rélolution  de  l'attaquer.  Il  pa- 
rut alors  de  quelle  importance  il  eft 
à  une  Armée  d'être  commandée  pac 
un  Général  de  la  réputation  du  Duc 
de  Bouillon.  On  lui  croit  toujours 
des  reirources ,  lors  môme  qu'il  n'en 
a  point  d'autres  que  celles  qu'il  peU5 
trouver  dans  fa  capacité  &  dans  fa 
valeur»  Ce  fut  apparemment  ce  qui 
empêcha  le  Maréchal  de  Bois-Dau- 
phin de  profiter  de  fes  avantages.  A- 
pics  quelques  efcarmouches  que  le 
Duc  de  Bouillon  foutint  avec  beau- 
coup de  vigueur ,  le  Maréchal  ie  reti- 
ra le  premier.  Le  Duc  de  Bouillon 
délivré  du  danger  d'être  défait,  qui  fe 
rencontre  toujours  lorfque  l'on  elt 
forcé  de  palfer  une  rivière  à  la  vue 
d'une  Armée  fuperieure,  ne  perd  point 
de  temps  ;  il  palfe  la  Loire  avec  beau- 
coup de  diligence  ,  &  fe  met  en  état 
de  ne  plus  rien  craindre  de  Bois-Dau- 
phin. L'a6bivité  de  la  prudence  de  ce 
grand  Capitaine  furent  autant  louées, 
que  l'incertitude  &  le  trop  de  circonf- 
|ie(^ion  de  Bois-Dauphm  fifeent  blà- 


yB  Histoire  de  Henry 
mées.  Il  eut  beau  dire  que  les  ordres 
exprès  du  Roy  ne  lui  avoient  pas  per- 
mis de  hazarder  la  bataille  j  les  excu- 
fes  furent  mal  reçues  à  la  Cour  ôc 
par-tout  ailleurs.  Comme  on  ne  pré- 
tend pas  que  le  Duc  de  Bouillon  fût 
incapable  de  faire  des  fautes  ,  l'on 
avoiiera  qu'il  paroît  que  c'en  fut  une 
de  s'être  trop  avancé  ,  fans  être  sûr 
que  fa  Cavalerie  le  fuivoit  ;  mais  de 
faire  quelquefois  des  fautes  ,  n'em- 
pêche pas  qu'on  ne  foit  un  grand  Ca- 
pitaine y  ôc  les  Hommes  à  qui  on  n'en 
reproche  point ,  font  ceux  qui  n'ont 
jam.ais  commandé.  D'ailleurs  ce  fut 
plutôt  une  faute  au  Duc  de  Longue- 
ville  qui  commandoit  la  Cavalerie , 
de  ne  l'avoir  pas  fuivi  ,  qu'à  lui  qui 
ne  pouvoir  faire  trop  de  diligence  de 
s'être  trop  avancé.  Ce  fucces  du  Duc 
de  Bouillon  fut  fuivi  d'un  autre.  Six 
cens  Allemans  qui  n'avoient  pu  le 
joindre  ,  traversèrent  toute  la  Cham- 
pagne depuis  Sedan  ,  Se  fe  rendirent  à 
ion  Armée  dans  le  Berry. 

Memoi.    jLe  Duc  de  Rohan  ne  fut  pas  à  beau- 
tés du  ^       /'    L  1       T^  1 

Duc    r'e  coup  près  il  heureux  que  le  Duc  de 

Rohan.   Boliillon.  A  fou  arrivée  cu  Guyenne 

il  trouva  que  le  Comte  de  Saint  Pol 

qui  y  avoit  levé  des  Troupes  pour  le 


Duc  DE  Bouillon.  Lit.  VIT.  7^ 
Prince  de  Condé ,  &  qui  l'avoit  même 
follicicé  de  fe  déclarer  pour  lui ,  avoir 
fait  fon  accommodement  avec  la 
Cour  ,  &  avoit  abandonné  le  parti  du 
Prince.  Ce  contre-temps  qu'on  n'a- 
voit  pu  prévoir  ,  déconcerta  le  Duc 
de  Rohan  ;  il  Falut  prendre  d'autres 
mcfures.  Le  projet  fut  d'abord  d'af- 
fembler  avec  toute  la  diligence  pofïï- 
ble  un  petit  corps  d'armée  de  fix  mille 
hommes  de  pied  ,  &  de  cinq  -  cens 
chevaux.  Cela  fuffifoit  pour  rompre 
les  delFeins  du  Duc  de  Guife  qui  pré- 
tendoit  conduire  la  PrincefTe  Elifabeth 
de  France  fur  la  Frontière  ,  &  amener 
l'Infante  à  Bourdeaux.  Mais  quelque 
diligence  que  le  Duc  de  Rohan  &c  le 
Marquis  de  la  Force  puiFent  faire  , 
ils  ne  purent  jamais  mettre  enlemble 
plus  de  deux  mille  hommes. 

Cependant  ce  petit  nombre  conduit 
par  deux  Capitames  auiîi  expérimen- 
tez que  le  Duc  de  Rohan  &  le  Mar- 
quis de  la  Force  ,  eût  pu  fuffire  pour 
retarder  au  moins  la  marche  de  la 
Cour  ,  jufques  à  ce  que  l'Armée  du 
Prince  de  Condé  eût  pu  joindre,  fi  les 
delleins  du  Comte  de  Candale  dont  on 
a  parlé  ,  n'eulTent  pas  été  découverts, 
&  fi  le  Comte  de  Saint  Pol  n'eût  pas 


8o        Histoire  d  e  Henry 
abandonne  le  parti  du  Prince  de  Con- 
dé.  Ces  deux  contre-temps ,  &  rim- 
poflibilité  ou   fe  trouva  le  Duc  de 
.  Bouillon  ,  de  faire  entrer  plutôt  TAr- 
tesdes'û  rnée  du  Prince  de  Condé  dans  le  Poi~ 
«■ot-        tou  ,  donnèrent  à  la  Cour  le  temps  êc 
'^'  '■  le  moïen  de  fe  mettre  en  marche  ,  & 
d'arriver  à  Bourdeaux  le  7.  d'Odto- 
bre  1615.  Marie  de  Medicis  fe  fçut  lî 
bon  gré  d'avoir  trompé  les  efperan- 
ces  des  Mccontens  ,  ôc  iurmonté  tou- 
tes les  difficultez  qu'elle  avoit  ren- 
contrées dans  l'exécution  de  fes  de[- 
feins  ,  qu'elle  ne  put  s'empêcher  de 
verfer  des  larmes  de  joïe  en  entrant 
dans  Bourdeaux. 

La  Princeife  Fille  aînée  de  France 
en  partit  trois  jours  après.  Une  petite 
Armée  l'efcortoit  fous  le  commande- 
ment du  Duc  de  Guife  &  du  Maré- 
chal de  BrifTac.  Elle  arriva  le  premier 
de  Novembre  à  Bayonne ,  &  le  fîx 
à  Saint-Jean  de  Luz.  Le  Roy  d'Ef- 
pagne  conduifit  l'Infante  fa  Fille  à 
-Fontarabie.  L'échange  des  deux  Prin- 
celTes  fut  fait  fur  la  Rivière  de  Bi- 
dafiba  qui  sépare  la  France  de  i'Ef- 
pagne.  Madanje  de  France  fat  con- 
duite à  Burgos  oii  le  Prince  d'Efpa- 
^p£  l'épouiar  Anne  d'Autriche  In^ 


Duc  CE  Bouillon.  Liv.  VIT.  Sî 
faute  d'Efpagne  fut  menée  à  Bour- 
deaux  ,  où  elle  fut  mariée  avec  Louis 
XIII.  Roy  de  France.  C'cll  ainlî  que 
Marie  de  Medicis  vint  à  bout  de  fon 
grand  deiTein.  Mais  il  en  faut  voir  les 
fuites. 

Pendant  que  le  double  Mariage  s'c- 
xécutoit  de  la  manière  que  l'on  vienc 
de  raconter  ,  le  Prince  de  Condé  avec 
fon  Armée  toujours  conduite  par  le 
Duc  de  Bouillon ,  étoit  entré  dans  le 
Poitou  ,  &  s'avançoit  vers  la  Guyen- 
ne. La  Cour  en  fut  d'autant  plus  al-  Memoî^ 
larmée  ,  qu'elle  apprit  dans  ce  même-.res  «lu 
temps  que  les  Ducs  de  la  Trimouille  poLn'^^ 
&  deVendôme  s'étoicnt  déclarez  pour  Liv.  i. 
ce  Prnice,  &  qu'ils  levoient  des  Trou- 
pes ou  pour  l'aller  joindre  ,  ou  pour 
taire  des  diveriîons  en  fa  faveur.  Elle 
apprit  encore  que  rAlfemblée  Géné- 
rale des  Calviniftes  qui  s'étoit  tranf- 
ferée  de  fon  autorité  de  Grenoble  à 
Nîmes,  avoir  pris  de  nouveaux  en- 
gagem.ens  avec  le  Prince  de  Condé ,    p,.ocez 
&  qu'elle  lui  avoit  envoie  des  Dépu-  vcibaide 
tez  qui  1  avoient  joint  dans  Ion  Camp  ^,^;.    ^^ 
de  Sanzai  en    Bas-Poitou  ;  qu'ils  y  K!m:s. 

t  T'      ■    '  1     •  •  Tome  4.» 

avoient  conclu  un  Traite  avec  lui  qui  \ 

rendoit  deiormais  leurs  intérêts  msc-  crics   de 
parables  :  6c  qu'on  alloit  lever  des  Loncnic 

*^  '  *  Tome  g. 


$1  Histoire  ce  Henry 

Troupes  dans  toutes  les  Provinces  en 
exécution  de  ce  Traité. 

Marie  de  Medicis  fe  fouvint  alors 
d'un  confeii  que  lui  avoit  donné  le 
Duc  de  Rohan  avant  qu'il  fe  fût  dé- 
claré pour  le  Prince  de  Condé  ;  c'é- 
toit  de  rompre  la  Ligue  de  ce  Prince, 
comme  Louis  XL  avoit  autrefois  dif- 
res^T'  ^P^  ^'^^^^  ^^  ^^^"  public  en  gagnant 
Rohan.  les  uns  après  les  autres  tous  ceux  qui 
'^-  '•   y  étoient  entrez.  Elle  y  fit  réflexion , 
Memoi-  &■  prit  d'autant  plus  volontiers  le  par- 
R;gence  ^^  fî'éxécuter  cet  avis  ,   qu'elle    crut 
<ii  M.iK  qu'il  lui  fuîfiroit  de  gagner  le  Duc  de 
jf5^''^''"BoUilion  qui  avoit  le  plus   de  crédit 
dans  le  parti  Calvinifte  &  dans  celui 
des  Mccontens  ,  où  tout  au  plus  le 
Duc  de  Mayenne  avec  lui  ,  &  que  fi 
elle  pouvoit  une  fois  les  engager  à 
faire  la  Paix  ,  elle  viendroit  aisément 
à  bout  de  tous  les  autres.  Elle  s'af- 
fermit dans  ce  deltêin  ,  &  chercha  les 
moïens  de  le  faire  réuiîîr. 

Heureufement  pour  Marie  de  Me- 
dicis ,  le  Duc  de  Boiiillon  étoit  entré 
à  peu  près  dans  les  mêmes  lentimens. 
Le  double  Mariage  ne  fepOLivoit  plus 
rompre.L'exempie  duComte  de  Saint- 
Pol ,  &  celui  de  Châtillon  que  la  Cour 
'venoit  de  gagner  ,  lui  faifoit  appré- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  S? 

hender  qu'elle  ne  s'acquît  aiiifî  les  uns 
après  les  autres  les  plus  grands  Sei- 
gneurs du  parti ,  &  qu'il  ne  demeurât 
chargé  de  la  haine  d'a.voir  excité  une 
Guerre-civile.    D'ailleurs  comme  ii 
étoit  riiomme  du  monde  le  plus  pé- 
nétrant ,   il  s'étoit    apperçu  que  le 
Prince  de   Condé  commençoit  à  fe 
lalfer  de  la  Guerre  ;  que  la  gloire  que 
lui  (  Duc  de  Boiiillon)  s'étort  acqui- 
fcjtantdans  les  négociations  que  dans 
le  commandement  de  l'Armée  ,  lui 
cauioit  une  jaloulie  fecrette  qui  pre- 
noit  tous  les  jours  de  nouvelles  forces. 
De  plus  il  ne  le  croioit  pas  à  Tépreu- 
ve  des  conditions  avantageufes  que 
la  Cour  pourroit  lui  offrir  j  &:  il  le 
connoilfoit  alïez  pour  être  perfuadé 
que  Cl  la  Reine  pouvoit  une  fois  fe 
réfoudre  à  le  contenter,  il  ne  fe  met- 
troit  pas  fort  en  peine  de  procurer 
aux  Seigneurs  de  fon  parti  ,  les  latif- 
faârions  que  les  fervices  qu'ils  lui  a- 
voient  rendus,  les  mettoient  en  droit 
de  prétendre.    Le  Duc   de  Bouillon 
croïoit  encore  qu'on  traiteroit  d'au- 
tant plus    avantageufcment   avec    la 
Cour ,  que  le  parti  du  Prince  de  Con- 
dé à  la  tête  duquel  il  fe  trouvoit ,  n'a. 
voit  jamais  été  plus  en  état  de  fe  faire 


i^  Histoire  de  Henry 
redouter ,  &  qu'il  ne  faloic  pas  attcfï- 
dre  que  le  temps ,  les  conjonduies  , 
6c  les  intrigues  de  la  Cour  reulfcnt 
ruiné  ou  afFoibli ,  de  forte  qu'on  n'eût 
plus  de  confideration  pour  lai.  Le 
Duc  de  Bouillon  faifoit  encore  réfle- 
xion que  l'Armée  du  Roy  groffifToit 
tous  les  jours.  Le  Maréchal  de  Bois- 
Dauphin  qui  avoit  fuivi  l'Arrnée  du 
Prince  de  Condé,  avoit  joint  celle  que 
le  Duc  de  Guife  commandoit  ;  &  cette 
jonétion  n'avoit  pas  plutôt  été  faite  , 
que  la  Cour  mal-fatisfaite  de  Bois- 
Dauphin  lui  avoit  Ole  le  commande- 
ment de  l'Armée  ,  &  i'avoit  donné  au 
Duc  de  Guife  ,  dont  la  valeur  &  les 
talens  pour  la  Guerre  l'emportoient 
de  beaucoup  fur  ceux  du  Maréchal. 
Ce  fut  une  faute  que  l'on  reprocha 
depuis  à  Marie  de  Medicis.  Les  Poli- 
tiques n'approuvoient  pas  qu'on  con- 
fiât le  commandement  d'une  Armée 
qui  étoit  toute  la  reiTôurce  du  Roy  au 
Chef  d'une  Maifon ,  dont  les  ambi- 
tieux deife-ins  avoient  pensé  enlever 
la  Couronne  au  Roy  ,  Père  de  Sa  Ma- 
jcilé.  Mais  (  comme  on  l'a  déjà  re- 
marqué )  Marie  de  Medicis  ne  portoit 
pas  fes  vues  lî  loin  ;  elle  vivoit ,  pour 
ainfi  dire,au  jour  la  journécj  ôc  pourvu 


Duc  DE  Bottillon.  Liv.  VII.  8^ 
qu'elle  ie  tirât  d'un  embarras  ,  elle  ne 
faiioit  pas  toujours  réflexion  il  elle  fe 
jettoit  dans  un  autre,  caradere  dange- 
reux pour  leGouvernement.  Il  deman- 
de une  prévoiance  plus  étendue  ,  qui 
perce  dans  l'avenir  ,  de  qui  fâche  né- 
gliger un  avantage  prefent ,  pour  ne 
pas  tomber  dans  la  iuite  dans  des  in- 
convéniens  beaucoup  plus  dangereux , 
que  le  parti  que  l'on  a  pris  n'a  été  uti- 
le. L'on  peut  dire  que  cette  conduite 
de  Marie  de  Medicis  a  été  la  caufe  de 
tous  les  niouvemens  qui  ont  traversé 
les  commencemens  du  Règne  de  fou 
Fils  ;  comme  au  contraire  ,  les  maxi- 
mes toutes  opposées  du  Cardinal  de 
Richelieu ,  qui  lui  fucceda  dans  le 
Gouvernement,  rétablirent  la  Paix  , 
Se  firent  enfin  ceffer  les  fa<5tions  au 
dedans  du  Royaume. 

Les  confiderations  que  l'on  vient 
de  rapporter  ,  difpolerent  le  Duc  de 
Boiiillon  à  féconder  les  intentions  de 
la  Reine  pour  la  Paix  ,  dès  qu'il  s'ap- 
perçut  que  Marie  de  Medicis  revenue 
dç  la  pensée  qu'elle  pourroit  fe  palier    Proccz 
de  lui  ,  commençoit  à  le  ménager.  J^^J^?^  ""^ 
Mais  ce  qui  acheva  de  le  déterminer  biéc  de 
à  s'accommoder  avec  la  Cour  j  fut  i^"""- 
l'ofFre  que  lui  fit  le  Chevalier  Edmond 
AmbaiTadeur  d'Angleterre  ,  de  l'en- 


tij  Histoire  de  Henry 
tremife  du  Roy  fon  Maître  ,  pour  ob- 
tenir au  Prince  de  Condé  &c  aux  Sei- 
gneurs de  fon  parti ,  les  juftes  fatif- 
faétions  qu'ils  fe  croïoient  en  droit  de 
prétendre.  Le  Duc  de  Bouillon  qui 
devoit  ménager  l'amitié  du  Roy  d'An- 
gleterre ,  tant  pour  lui-même  ,  que 
pour  l'Eledteur  Palatin  fon  neveu, 
par  rapport  aux  projets  dont  on  par- 
lera dans  la  fuite  ,  crut  que  ce  feroit 
l'ofFenfer  que  de  ne  pas  accepter  fa 
médiation.  Il  la  propofa  au  Prince  de 
Condé  ,  ôc  ce  fut  par-là  qu'après  l'a- 
voir engagé  à  faire  la  Guerre ,  il  le 
difpofa  à  la  Paix. 

Mais  s'il  étoit  glorieux  au  Prince  de 
Condé  6c  aux  Seigneurs  de  fon  parti , 
de  traiter  avec  leur  Roy  par  la  média- 
tion d'un  aufll  puilïànt  Prince  que  le 
Roy  d'Angleterre  ,  cette  entremife 
avoit  des  confequences  qui  ne  conve- 
Jioient  point  à  la  Cour.    La  Majefté 
du  Souverain  ne  lui  permet   pas  de 
reconnoître  un  médiateur  entre  lui  & 
fes  Sujets  ;  de  quand  un  Roy  fait  tant 
.que  de  traiter  avec  fon  peuple  ,  il  eft 
de  fa  dip-nité  de  donner  la  loy  ,  ou 
du  moins  de  paroître  la  donner.  Aufîi 
guand  le  Chevalier  Edmond  qui  s'é- 
toit  rendu  à   Bourdeaux   auprès  du 
Koy ,  le  pria  au  nom  da  Prince  de 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  87 
Condé  d'agréer  que  le  Roy  d'Angle- 
terre s'entremît  de  fon  accommode- 
ment avec  Sa  Majefté ,  le  Roy  répon- 
dit qu'il  ne  lui  convenoit  point  d'ad- 
mettre un  médiateur  entre  lui  &c  fes 
Sujets ,  &  que  Condé  tout  premier 
Prince  de  fon  Sang  qu'il  étoit  ,  ne 
lailfoit  pas  d'en  être  du  nombre.  Mais 
comme  la  Cour  defiroit  la  Paix  ,  & 
qu'il  ne  paroiiToit  pas   qu'on  pût  la 
faire  fans  l'entremife  du  Roy  de  la 
Grande-Bretagne  ,  il  fut  queftion  de 
chercher  un  expédient  qui  la  procu- 
rât fins  déroger  à  la  Majefté  Royale. 
On  le  trouva  enfin.  Il  fut  que  le  Roy 
agréeroit  que  l'AmbafTadeur  d'Angle- 
terre affiftât  au  TraitéjComme  témoin 
des  chofes  dont  on  conviendroit  de 
part  &  d'autre ,  quoique  dans  le  fond 
il  dût  agir  dans  la  fuite  en  véritable 
médiateur. 

Dès  que  cet  expédient  eut  été  ap- 
prouvé ,  le  Duc  de  Nevers  qui  par  des 
vues  qui  tenoient  un  peu  de  la  vifion , 
avoit  gardé  une  efpece  de  neutralité 
entre  le  Roy  6c  le  Prince  de  Condé  , 
&  qui  s'étoit  rendu  à  Bourdeaux  pref. 
que  en  même-temps  que  l'AmbalIa- 
dcur  d'Angleterre  ,  pria  la  Reine  d'a- 
gréer qu'il  fe  joignît  au  Chevalier 


SS        Histoire  de  Henry 
Edmont  dans  la  négociation  qu'il  al- 
loit  commencer  avec  le  Prince    de 
Condé  ôc  les  Seigneurs  de  Ton  parti, 
La  Reine  à  qui  tout  convenoit  pour- 
vu qu'on  fît  la  Paix  ,   y    conlentit. 
Ainfi  l'Ambairadeur  d'Angleterre  Ôc 
le  Duc  de  Nevers  fe  rendirent  auprès 
du  Prince  de  Condé  à  Saint  -  Jean 
d'Angely  pour  commencer  les  Con- 
férences, Ce  fut  une  occafion  au  Duc 
deBoliillon  de  faire  paroître  Tes  grands 
talens  pour  les  négociations.  La  pre- 
mière vue  qu'il  d  propofa  ,    fut  de 
donner  au  Roy  toutes  les  apparen- 
ces ,  Se  de  fe  réferver  pour  lui  Se  pour 
fon  parti  tout  ce  qu'il  fe  pourroit  ob- 
tenir de  réel ,  ôc  de  folide.  Cela  con- 
venoit au  caradere  d'efprit  de  Marie 
de  Medicis  j  le  Duc  le  connoilîbit ,  & 
il  avoit  fouvent  éprouvé  qu'elle  fe 
rendoit  aux  déférences  ,  aux  manières 
rcipeélueufes  &  foumifes  ,  Se  qu'on 
obtenoit  d'elle  par  cette  voie  ce  qu'el- 
le n'eût  jamais  accordé  à  toute  autre 
manière  dont  on  eût  pu  s'y  prendre. 
Les  déférences  du  parti  du  Prince  de 
Condé  dévoient  lui  être  d'autant  plus 
agréables  dans  l'occaiion  dont  il  s'a- 
^ilfoit ,  que  ce  même  parti  qui  paroii^ 
îoit  fe  foumettre,  l'ayoic  fait  trem- 
bler 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VÎÎ,  8^ 
bler  plus  d'une  fois ,  ôc  qu  elle  n'écoïc 
pas  encore  bien  remiie  des  craintes 
qu'il  lui  avoir  causées ,  &  de  celles 
qu'il  écoit  encore  en  état  de  lui  don- 
ner. Mais  en  même -temps  que  le 
Duc  de  Bouillon  prit  le  parti  de  trai- 
ter avec  la  Reine  avec  tous  les  égards 
dûs  à  la  Majefté  Royale ,  il  prit  auffi 
celui  de  tenir  ferme  dans  les  chofes 
eirentiellcs  ,  &:  qu'il  ne  pouvoit  relâ- 
cher fans  manquer  à  la  confiance 
que  tout  le  parti  du  Piince  de  Condé 
avoitenlui.  Car  quoique  le  Prince, 
bs  Seigneurs  de  fon  parti ,  ôc  tous 
leurs  Adjoints  afîiftailènt  par  eux- 
mêmes  ou  par  leurs  Députez  aux  Con- 
férences ,  &  que  chacun  veillât  à  fes 
intérêts  ,  il  eft  certain  que  le  Duc  de 
Bouillon  avoit  la  principale  diredion 
de  la  négociation  ,  ôc  que  la  plupart 
des  Interelfez  perfuadez  de  (a  capaci- 
té s'en  rapportoient  à  lui. 

Une  autre  vue  du  Duc  de  Boiiil- 
lon  dans  tout  le  cours  du  Traité  fut 
de  traîner  les  affaires  en  longueur , 
de  faire  naître  des  incidens ,  ôc  de  ne 
fe  point  hâter  de  conclure.  Il  içavoit 
que  les  deux  Reines  &  la  Cour  avoient 
une  mipatience  extrême  de  fe  rendre 
à  Paris  ,  ôc  il  ne  doutoit  point  que 

Tom.  III.  E 


po  Histoire  de  Henry 
pour  la  fatisfaire ,  on  ne  fe  relâchâç 
fur  bien  des  chores.  Dans  cous  les 
Traitez ,  dès  qu'on  s'apperçoic  qu'une 
des  parties  a  envie  de  conclure ,  les 
autres  ne  manquent  jamais  de  s'en 
prévaloir  -,  c'cfi:  ce  qu'il  faut  cacher 
avec  foin.  Le  Duc  de  Bouillon  le  fça- 
voit  faire  mieux  que  perfonne  -,  il  a- 
voit  une  patience  à  l'épreuve  detou-^ 
tes  les  longueurs  ,  &  il  ne  fe  hâtoic 
jamais  moins  de  conclure  ,  que  lorf- 
qu'il  en  avoit  le  plus  d'envie.  Le  Prin- 
ce de  Condé Scies  autres  Seigneurs 
du  parti  n'écoient  pas  de  ce  caradtere  : 
c'eft  ce  qui  les  empêcha  d'obtenir 
tous  les  avantages  que  le  Duc  de 
BoUillon  leur  eût  procurez ,  s'ils  a- 
voient  fcû  cacher  comme  lui  l'em- 
prc(remei":t  qu'ils  avoient  de  fortir 
d'afï!iire.  Cccte  inquiétude  ,  ces  em- 
prelïbmens  a  contre-temps  font  une 
partie  du  caradere  de  la  nation  Fran-. 
coifc  :  c'eft  ce  qui  donne  de  (î  grands 
avantages  aux  Etrangers  ,  quand  ils 
ont  à  traiter  avec  elle.  L'on  s'apper- 
cevra  aisément  dans  ce  que  l'on  va 
raconter ,  que  le  Duc  de  Boiiillon  a- 
voit  les  vues  que  l'on  vient  de  mar- 
quer. 
£n  éxecution  de  ce  quç  le  Duc  s'é* 


'  Duc   DE  Bouillon.  Liv.  VII.  ^i 
toit  proposé  ,  dès  que  l'Ambalîadeur 
d'Angleterre  &c  le  Duc  de  Ncvers  le 
furent  rendus  à  Saint -Jean  d'Angcly , 
le  Prince  de  Condé  écrivit  à  i'AlFem- 
blée  de  Nîmes  ,  qu'il  n'avoit  pu  Ce 
difpenfer  d'accepter  la  médiation  du 
Roy  d'Angleterre,  &  qu'il  ne  croïoit 
pas  qu'ils  deuflènt  la  refuler  ;   qu'on 
alloit  traiter  de  la  Paix  ,  ôc  qu'il  étoit 
nécelfaire  qu'ils  envoïairent  des  Dé- 
putez à  la  Cour  ,  qui  agilfent  de  con- 
cert avec  fes  Envoiez,    L'Aflèmblée 
pour  fe  conformer  aux  intentions  du 
Prince  ,  dont  il  lui  étoit  de  la  dernre- 
le  importance  de  ne  fe  point  séparer , 
nomma    Bertheville  &  deux  autres 
pour  fe  rendre  à  la  Cour  ,  avec  ordre 
de  fe  joindre  aux  Agens  du  Prince  de 
Condé. 

Cette  lettre  fut  fuivie  d'une  autre 
très-refpedueufe  &  très-foumife,  que 
le  Prince  de  Condé  écrivit  au  Roy. 
Il  le  prioit  de  donner  la  Paix  à  fes 
Sujets ,  &:  d  avoir  égard  aux  Kemon-  i^ij 
trances  des  Etats  Généraux  ,  &  à  cel- 
les'du  Parlement  de  Paris.  Ce  der- 
nier article  n'étoit  que  pour  la  forme. 
Le  bien  public  étoit  ce  à  quoi  l'on 
penfoit  le  moins  ;  il  ne  parut  pas  qu'on 
y  fît  une  fort  grande  attention  dans 

Eij 


L'an 


c)z  Histoire  de  Hehry 
toute  la  fuite  du  Traité  :  chacun  n'a- 
voir en  vue  que  Tes  avantages  parti- 
culiers. Mais  il  importoit  au  Prince 
de  Condé  &c  aux  Seigneurs  de  fon  par- 
ti après  de  fi  grands  mouvemens , 
qu'on  ne  crût  pas  que  le  feul  intérêt 
des  particuliers  les  avoit  caufez.  Le 
bien  public  eft  comme  un  malque  dont 
on  fe  couvre  le  vifage  tant  que  la  pie- 
ce  dure  ;  on  ne  le  quitte  que  quand 
elle  eft  finie.  Le  Duc  de  Bouillon  qui 
s'attachoit  toujours  à  iauver  au  moins 
les  apparences  ,  difoit  à  cette  occa- 
fion,  que  le  Parlement  avoit  abandon- 
né le  premier  le  parti  des  Seigneurs 
Mécontens  ,  en  vérifiant  la  Déclara- 
tion qui  les  déclaroit  rebelles  j  qu'ain- 
fi  il  ne  de  voit  pas  le  plaindre,  fi  l'on 
n'avoit  pas  eu  pour  les  intérêts  tous 
les  cç.irds  qu'il  eût  pu  fouhaiter  ,  a- 
piès  qu'il  les  avoit  lui-même  fi  mal 
ménagez. 

Le  Baron  de  Thianges  fut  chargé 
de  la  leitrc  du  Prince  de  Condé.  Il  la 
rendir  au  Roy  fur  le  chemin  de  Poi- 
tiers cù  Sa  Majefté  avoit  réfolu  de 
s'arrêter  jufques  à  ce  que  l'on  eût 
pris  des  mcfures  certaines  pour  la 
Paix.  LeRoy  aiant  répondu  favorable 
ment  à  la  lettre  du  Prince  de  Condé,  il 


t)T/c  T>t  Bouillon.  Liv.  VII.  *)■} 
lui  en  écrivit  une  autre  par  laquelle  il 
fupplioit  Sa  Majefté  d'accorder  une 
fufpenijon  d'armes  ,   de  nommer  le 
lieu  où  le  tiendroient  les  Confereii. 
ces  ,  &  les  perfomies  qui  dévoient  y 
aiîlfter  de  fa  part ,  d'agréer  que   les 
Députez  de  l'AlIemblée  deNnnes  fuf- 
fent  admis  à  ces  Conférences  ,  ôc  de 
faire  expédier  un  brevet  qui  transfe- 
lât  cette  Aifemblée  dans  un  lieu  moins 
éloicrné  de  celui  que  le  Roy  auroit 
nommé  pour    y   traiter  de  la  Paix. 
Thianges  fut   encore  le  porteur   de 
cette  lettre.   Le  Duc  de  Nevers  jugea 
à  propos  de  fe  rendre  en  même-temps 
auprès  du  Roy  pour  en  folliciter  la 
réponie.  Ce  fut  plutôt  le  mouvement 
d'un  homme  qui  fe  fait  de  fête,  qu'une 
démarche  nécelfaire.  Comme  le  Prin- 
ce de  Condé  ne  demandoit  rien  qui  ne 
fût  un  Préliminaire  nécelTaire  au  Trai- 
té de  Paix  ,  Thianges  étoit  bon  de 
refte  pour  obtenir  une  réponfe  favo- 
rable.  En  effet  le  Roy  accorda  d'a- 
bord une  fufpenfion  d'armes  jufques 
au  premier  jour  de  Mars  :  mais  com- 
me le  Duc  de  Bouillon  vouloitfe  pré- 
valoir   de   l'impatience  qu'avoit    la 
Cour  de  fe  rendre  à  Paris ,  ôc  qu'il 
ïi'avançoic  pas   autant  qu'elle   l'eût 

Eiij 


L'an 
J616. 


'1I14.  Histoire  de  Henry 
fouhaité ,  il  falut  la  prolonger  jufqilé?  ' 
à  trois  fois.  Le  Roy  accorda  encore 
que  les  Conférences  le  ciendroient 
.  dans  la  Ville  de  Loudun  ;  qu'on  en 
feroit  l'ouvercure  le  dixième  de  Fé- 
vrier j  &  il  nomma  les  CommilTaireS' 
qui  dévoient  y  afîîfter  de  fa  part. 

La  difficulté  fut  grande  touchant 
les  Députez  de  rAlFemblée  de  Nîmes* 
Comme  elle  s'y  étoit  transférée  der 
Grenoble  de  Ton  autorité  ,  Ôc  qu'elle 
avoit  refusé  de  fe  rendre  à  Montpé- 
lier  fuivant  les  ordres  du  Roy ,  Sa 
Majefté  ne  la  reconnoiiïbit  point  pour 
légitime.  Elle  ne  vouloit  ni  recevoir 
la  lettre  que  Bertheville  avoit  ordre 
de  lui  prefenter  de  fa  part ,  ni  écou- 
ter les  Députez  ,  ni  confentir  qu'ils 
afliftairent  aux  Conférences  de  Lou- 
dun. Comme  îe  Duc  de  Bouillon  a- 
voit  prévu  que  la  Cour  refuferoit  cet 
article  ,  Thianges  avoit  ordre  d'y  in- 
fifter,  &  de  ne  convenir  de  rien ,  qu'il 
ne  fût  accordé.  On  eut  beau  lui  jpro- 
pofer  des  expédiens  pour  s'en  difpen- 
fer  ,  Thianges  tint  ferme  ,  Se  répon- 
dit toujours  que  c'étoic  un  Préliminai-» 
re  nécelTûJrc  ,  &  qu'on  ne  s'alfem- 
bleroit  point  qu'on  n'en  fût  convenu. 
La  Cour  fouhaitoit  la  Paix  5  ce  fut  à 
elle  à  chercher  les  moïens  d'accom» 


î^uc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  95" 

moder  ce  difîerend.  On  convint  enfin 
que   le  Roy  recevroic  les   Députez    ^^^^^^ 
comme  des  Particuliers  qui  venoicnt  v.rbaide 
lui  rendre  leurs  devoirs  ,  &  que  i'Af-  ^i'H'",' 
femblce  de  Nîmes  feroit   transférée  Rochelle 
de  l'autorité  du  Roy  à  la  Rochelle  ,  ^'''"-  ^• 
afin  de  la  rendre  légitime,  8c  qu'elle 
pût  envoïer  des  Députez  aux  Confé- 
rences. Cet  expédient  ne  donnoit  au 
Roy  que  les  plus  foibics  apparences  j 
le  parti  contraire  obtenoit  par-la  tout 
ce  qu'il  y  avoit  de  réel  &  de  folide  : 
mais  la  Cour  étoit  laiFe  de  la  Guerre  , 
&  les  temps  ne  permettoient  pas  qu'on 
en  usât  avec  plus  de  fermeté. 

Cette  diihculté  aïant  été  réglée  , 
le  Roy  partit  de  Poitiers  pour  fe  ren- 
rendre  à  Tours  où  il  demeura  jufques 
à  la  conclulîon  de  la  Paix.  En  même-  i-=  'o- 
temps  les  Conférences  commence-  \^^^J^' 
renc  a  Loudun.  Ceux  qui  y  afïïfterent 
de  la  part  du  Roy  furent  la  Comtelîe 
de  Soldons  ,  le  Duc  de  Nevers  ,  le 
Maréchal  de  BrilTac  ,  Villeroy  & 
PontchartrainSecretairesd'EtatjlePré- 
(îdentdeThou&rdeViCjConfeillersd'E- 
tat.  Du  côtédcs  Seigneurs  mécontens , 
le  Prince  deCondé  y  vint  en  perfonne, 
accompagné  de  la  Princcffe  fa  Mère  , 
delà  Ducheife  Douairière  de  Longue- 

EiJij 


i^^       Histoire    de    Hinry 
ville,  des  Ducs  de  Mayenne,  de  Bouil- 
lon ,  de  Vendôme  ,  de  Longueville  , 
de  Rohan  ,  de  Luxembourg  ,  de  la 
Trimouille  ,  de  Sully  ,  du  Comte  de 
j^"T'  Candale  ,  &c  des  Députez  de  TAlTem- 
Rohj.n.  bîée  des  Calviniftes  qui  par  la  permit 
■^^^-  '•    fioi\  du  Roy  avoit  été  transférée  à  là 
Rochelle.  Le  Chevalier  Edmond  Am- 
bairadcur  du  Roy  de  la  Grande-Breta- 
gne s'y  rendit  auiîî  pour  y  faire  les  fon- 
dions de  médiateur.quoiqu'il  n'en  eût 
pas  la  qualité. 

Dès  que  les  Conférences  furent 
ouvertes ,  on  s'apperçut  qu'elles  ne 
finiroient  pas  fi-tôt.  Il  y  avoit  trop  de 
perfonnes  à  contenter  ,  &  trop  d'in- 
térêts difFcrcns  &  fouvent  oppofez 
à  concilier  pour  terminer  les  affaires 
en  aulïi  peu  de  temps  que  la  Cour  fe 
l'étoit  miaginé.  L^on  avoit  cepen- 
dant recommandé  a  Villeroy  de  les 
diligenter  le  plus  qu'il  fe  pourroit , 
pour  fatisfaire  l'impatience  qu'avoit 
la  Reine  Mère  de  fe  rendre  à  Paris. 
Cela  fît  naître  à  cet  habile  Miniftre 
la  pensée  de  s'attacher  à  contenter  les 
principaux  du  parti  ,  perfuadé  que 
quand  ils  Icroient  fatisfaits ,  ou  qu'ils 
ameneroient  les  autres  à  leur  fenti- 
■ment  ,  ou  que  leur  oppofition  & 
les  difHcultez  qu'ils  pour  roi  ent  faire 


IDUC  DE  BOUIILON.  LiV.  VII.  '  f)7 

îiaitre ,  n'empêcheroient  pas  qu'on  ne 
fît  la  paix.  Villeroy  raifonnoit  jufte. 
Dans  tous  les  partis  il  y  a  toûjoui-s 
quelqu'un  qui  gouverne  les  autres  , 
&  dont  les  intérêts  décident  de  ceux 
des  plus  foibles  ou  des  moins  habiles. 
Heureufement  pour  Villeroy ,  il  avoit 
toujours  entretenu  des  liaiions  étroi- 
tes avec  le  Duc  de  Bouillon.  C'étoit 
le  Seigneur  de  tout  le  parti  qui  avoit 
le  plus  d'afcendant  fur  relprit  du  Prin* 
ce  de  Condé  ,  &  qui  étoit  le  plus  ca- 
pable ou  d'amener  les  autres  à  l'exé- 
cution de  les  delfeins ,  ou  de  le  met- 
tre au-dellus  de  toutes  les  diflicultez 
qu'ils  pourroient  faire.  Ce  fut  donc 
à  lui  que  Villeroy  s'adrclfa  ;  il  lui 
offrit  la  carte-blanche  pour  le  Prince 
de  Condé  Se  pour  lui.  Mais  le  Duc 
de  Bouillon  lui  fît  comprendre  qu'il 
avoit  des  liaifons  trop  étroites  avec 
les  Ducs  de  Mayenne  6c  de  Longue- 
ville  ,  pour  ne  pas  ménager  leurs  in- 
térêts comme  les  fîens.  Il  ne  s'agif- 
foit  donc  plus  que  de  contenter  le 
Prince  ôc  ces  trois  Seigneurs.  C'é- 
toit bien  du  chemin  fait  en  peu  de 
îemps  j  Villeroy  le  comprit ,  &  com- 
me il  avoit  le  fecret  de  la  Reine  ,  il 
promit  au  Duc  de  Bouillon ,  que  le 

Ev 


/ 


5)8  Histoire  de  Henry 
Prince  de  Condé  ,  lui-  ôc  fes  deux 
amis  auroient  tout  lieu  d'être  contens. 
Dès-lors  ces  trois  Seigneurs  s'atta- 
chèrent à  tourner  toutes  les  vues  du 
Prince  de  Condé  du  côté  de  la  paix  j 
Se  ils  lui  reprefenterent  fi  fortement 
les  avantages  qui  lui  en  reviendroient, 
que  le  Prince  charmé  de  refperance 
de  fe  voir  à  la  tête  des  affaires  ,  de 
faire  changer  le  Conicil  d'Etat  ôc  ce- 
lui des  Finances  ,  d'en  exclure  ceux 
qui  lui  déplaifoient  ,  d'y  placer  fcs 
amis  &  fes  créatures  ,  &  de  dilpofer 
des  charges  &  des  emplois,réfolut  de 
conclure  la  paix  encore  plus  promp- 
tement ,  qu'il  ne  convenoit  aux  trois 
Seigneurs  qui  lui  avoient  confeillé  de 
la  faire. 

Le  Duc  de  Bouillon  s'en  tenoit  tou>» 
jours  à  fa  maxime.  Il  vouloitlapaix| 
mais  il  étoit  perfuadé  qu'elle  feroic 
d'autant  plus  avantageufe  pour  le  par* 
ti,  qu'on  fe  prelTeroit  moins  de  la  cou«< 
dure.  Le  Prince  de  Condé  au  con- 
traire qui  ne  cherchoit  que  fes  inté- 
rêts ,  &  qui  efperoit  obtenir  tout  ce 
qu'il  voudroit ,  croïoit  qu'on  ne  pour- 
voit trop-tôt  terminer  cette  grande 
affaire.  Comme  il  efl:  difficile  de  ca- 
cher long-temps  ce  que  l'on  fouhaite 


Due  DE  Bottillon.  Liv.  VII.  5<> 
wivec  beaucoup  de  paiîîon  j  quelque 
ijîterêt  qu'eût  le  Prince  de  cacher  fes  Mémo'. 
dclTeins  au  parti  Calvinifte ,  il  le  laii^  ^«  ^e 
fa  pénétrer  par  le  Duc  de  Rohan.  Si  li".  i.' 
ce  Seigneur  en  avoit  été  crû  ,  ou  Ton 
n'eût  point  fait  la  paix  ,  ou  on  ne  l'eût 
faite  qu'à  des  conditions  très-avan- 
tageufes  aux  Calviniftes  ,  ou  [qs  inté- 
rêts particuliers  n'auroient  pas  été 
oubliez  :  grand  temporifeur  de  ion 
cara6bere ,  il  ne  pouvoit  foufFrir  qu'on 
précipitât  les  affaires,  fur-tout  quand 
elles  étoient  de  l'importance  de  celle 
dont  il  s'agilfoit.  Le  temps  félon  lui 
faifoit  toujours  des  ouvertures  dont 
d'habiles  gens  i'çavoienc  profiter.  Il 
croïoit  qu'on  ne  gagnoit  rien  en  fe 
hâtant ,  ôc  que  le  moins  empreife  à 
conclure  étoit  celui  qui  profitoit  le 
plus  dans  les  traitez.  Il  fit  donc  fur 
cela  de  fortes  Remontrances  au  Prin- 
ce de  Condé.  On  ne  pouvoit  pas  lui  ibU, 
parler  plus  jufte  ni  de  meilleur  iens 
qu'il  le  fit  ,  Se  l'événement  juftifia 
toutes  les  réflexions  qu'il  lui  fit  faire. 
Mais  tout  ce  que  le  Duc  de  Rohan 
put  dire ,  ne  fit  aucune  impreiïîon  fur 
l'efprit  du  Prince  :  charmé  des  avan- 
tages que  la  Cour  lui  offioit ,  ôc  que 
yilieroy  fçavoic  lui  faire  valoir ,  il 

E  vj. 


100     Histoire    de    Henry 
n'écoit  plus  capable  de  revenir  de  fes 
préventions  j  de  le  temps  qui  a  cou- 
tume d'ouvrir  les  yeux  fur  Tinterêt , 
ne  fervoic  qu'à  les  fortifier. 

Le  Duc  de  Bouillon  étoit  en  bien 
des  chofcs  du  fentimcnt  du  Duc  de 
Rohan  j  prévoïant  fur  l'avenir  il  de- 
mandoit  des  furetez.  Il  vouloit  bien 
regagner  la  confiance  de  la  Reine 
Mère  ,  en  lui  rendant  !e  plus  fîgnalé 
fervice  qu'il  lui  eût  jamais  rendu  :  c'é- 
toit  de  faire  la  paix  ,  mais  il  fe  déficit 
de  fon  inconftance ,  èc  il  prétendoit 
rendre  le  Prince  de  Condé  affez  puif- 
fant  pour  le  lui  oppofer  en  cas  de  be- 
Memoi-  foii;i^  Qq  fut  j^ns  cct  efprit ,  que  le 
RegencL^  Duc  de  BoUillon  $c  les  Seigneurs  unis 
de  M^j-'  ^^  Prince  de  Condé  ,  du  confente- 
eis.  ment  de  ce  Prince  ,  drellerent  les 
trente  articles  qui  furent  prefenrez 
aux  Commiffaires  du  Roy  à  la  Con- 
férence de  Loudun.  De  ces  trente  ar- 
ticles qui  feroient  trop  longs  à  rap- 
porter ,  les  deux  tiers  avoient  été  dref= 
fez  conformément  aux  Déclarations 
ôc  aux  Manifelles  du  Prince  de  Condé, 
&:  regardoient  le  bien  public.  Mais 
comme  la  Cour  étoit  perluadée  qu'on 
n'y  iniifteroit  pas ,  &c  qu'ils  n'avoient 
été  mis  que  pour  la  forme,  d:  pour  en 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  Vit.  loî 
mipofei:  au  public  ,  elle  accorda  ceux 
qui  n'étoienc  pas  de  coiifequence  j 
elle  modifia  les  uns  ,  elle  éluda  les 
autres  ,  &  furfit  l'exécution  des  plus 
importans  dans  la  pensée  que  le  temps 
lui  fourniroic  des  moïens  pour  s'en 
difpenfer. 

Il  n'en  fut  pas  de  même  des  arti- 
cles qui  regardoient  la  fatisfadion 
perfonnelle  du  Prince  de  Condé.  Il 
ne  prétendoit  rien  moins  que  d'être 
le  Chef  de  tous  les  Confeils  duRoy , 
d'y  faire  les  changemens  qu'il  juge- 
geroit  nécelïaires  au  bien  de  l'Etat, 
de  figner  tous  les  Arrêts  qui  s'expe- 
diroient ,  les  comptes  de  l'Epargne  , 
ou  du  Trefor  Royal ,  &  ce  qui  (eroit 
réfolu  chaque  femaine  touchant  les 
Finances.  En  un  mot  le  Prince  de- 
mandoit  la  ^hirne  ^  c'eft  ainfi  qu'on 
s'exprimoit  alors.  Comme  ces  arti- 
cles tendoient  à  la  diminution  de  l'au- 
torité de  la  Reine  Mère ,  il  y  eut  à  leur 
occafion  desConferences  particulières 
Se  de  grandes  conteftations  entre  le 
Duc  de  BoUiUon&Villeroy. 

Villeroy  prétendoit  qu'il  étoit  con« 
tre  toute  apparence  de  demander  à  la 
Reine,qu'elle  lignât  elle-même  fa  dé- 
gradation j  que  fi  l'on  accordoic  les 


tôt  Histoire  de  Heicry 
demandes  du  Prince  de  Condé  ,  cette 
Princeire  n'auroit  à  l'avenird'autorité, 
qu'autant  qu'il  plairoit  à  ce  Prince  de 
lui  en  laiirer  :  qu'il  en  étoit  de  même 
de  la  prétention  de  ce  Prince  ,  de 
pouvoir  faire  dans  le  Confcil  du  Roy 
tous  les  changemens  qu'il  jugeroit  à 
propos  j  que  des  que  les  Rois  étoient 
majeurSjlcur  Conieil  dépendoit  d'eux. 
Se  que  c'étoit  à  eux  à  admettre  ou  à 
exclure  ceux  qui  convenoient  ou  ne 
convenoient  pas  au  bien  de  leur  fer- 
vice  ;  qu'en  un  mot  tous  les  articles 
propofez  par  le  Prince ,  demandoient 
des  modifications  fans  lefquelles  on 
ne  pourroit  jvimais  les  propofer  à  la 
Cour. 

Le  Duc  de  Bouillon  foutenoit  au 
contraire  que  le  Prince  de  Condé  en 
demandant  d'être  reconnu  Chef  de 
tous  les  Confeils  du  Roy  ,  ne  prétcn- 
doit  que  ce  qui  appartenoit  de  droit  à 
fa  qualité  de  premier  Prince  du  Sang  j 
qu'étant  une  fois  reconnu  Chef  du 
Confeil ,  il  devoit  dépendre  de  lui  d'y 
faire  les  changemens  qu'il  croiroit 
convenir  au  bien  de  l'Etat  ;  d'autant 
plus  que  le  Roy  n'étoit  pas  encore  en 
âge  de  jnger  du  mérite  des  perfonnes 
qu'il  faudroic  admettre  ou  rejettcr. 


Ï3uc  DE  BotJiLiON.  Liv.  vit  ÎÔ^ 
Que  quant  à  prefent  ces  changemens 
écoientabfolumentnécelîaires,  &c  que 
le  Prince  s'en  étoit  trop  déclaré  dans 
fes  Manifeftes,  pour  pouvoir  fe  relâ- 
cher fur  cet  article.  Le  Duc  ajouta 
que  file  Confeil  n'étoit  composé  que 
de  gens  comme  lui  (  Villeroy  )  il  n'au- 
roit  pas  befoin  de  réformation  j  mais 
qu'il  fçavoit  mieux  que  perfonne,  que 
la  plupart  prévenus  de  leurs  intérêts 
particuliers,  n'étoient  quafî  jamais  diï 
même  avis;  que  jaloux  les  uns  des  au- 
tres,ils  craignoient  qu'un  d'entre-eux 
qui  feroit  trop  fouvent  prévaloir  fon 
fentiment ,  ne  perfuadât  le  Roy  que 
fon  génie  Temportoit  fur  celui  des 
autres,&que  de  leur  égal,  il  ne  devint 
leur  Supérieur  ;  qu'ainfiaufli  attachez 
à  leurs  avantages  particuliers  ,  qu'in- 
differens  pour  ceux  de  TEtat ,  ils  corn- 
battoient  tour-à-tour  les  avis  les  plus 
fages ,  quand  ils  pouvoient  faire  trop 
d'honneur  à  celui  qui  les  donnoit, 
C'ell  ce  que  le  Duc  de  BoUillon  lui- 
même  avoit  allez  fouvent  éprouvé 
pour  en  faire  un  motif  de  la  réfor- 
mation du  Confeil. 

Le  Duc  de  Boiiillon  ajoûtoit  enco» 
re  qu'il  y  avoit  dans  le  Confeil  du  Roy 
trop  de  Gens  dépendans  de  la  Cour 


Î04  Histoire  de  Henry 
de  Rome,  &  trop  peu  attachez  aux 
véritables  maximes  du  Gouverne- 
tnent  j  que  ces  perfonnes  au  préju- 
dice des  anciennes  alliances ,  avoient 
confeillé  &  ménagé  le  double  maria- 
ge avec  rEfpagne ,  dont  on  verroit 
tôt  ou  tard  les  dangereufes  confé- 
quences  :  qu'on  avoit  jette  par-là  le 
parti  Calvinifte ,  dans  des  défiances 
dont  on  auroit  bien  de  la  peine  à  le 
fairjè  revenir ,  ôc  qu'on  avoit  refroidi 
les  anciens  Alliez  lufques-là  fi  affec- 
tionnez à  la  Couronne  ;  qu'à  la  vé- 
rité il  avoit  paru  l'approuver,  ou  pour 
mieux  dire  ,  qu'il  ne  s'y  é:oit  pas  au- 
tant opposé  qu'il  le  devoit ,  parce  que 
la  Reine  Mcre  avoit  pris  fon  parti ,  ôc 
que  fon  oppofition  eût  été  inutile. 
Que  la  Reine  elle-même  fuivant  les 
maximes  de  fon  pais  6c  celles  de  fa 
maifon  écoit  trop  attachée  à  la  Cour 
de  Rome  &  à  l'Efpagne  ;  que  c'étoit 
par  cette  raifon  qu'il  faloitlui  donner 
un  contre-poids  dans  le  Confeil  ,  & 
modérer  cette  grande  autorité  qu'elle 
s'y  étoit  acqnïfe.  Enfin  le  Duc  de 
Bouillon  prétendoit  qu'il  étoit  contre 
toutes  les  Loix  du  Royaume  ,  Se  con- 
tre toutes  les  maximes  du  bon  Gou- 
vernement ,  qu'un  Etranger  comme 


î)uc  DE  Bouillon.  Liv.  VIÏ.  lof 
le  Maréchal  d'Ancre  fût  revêtu  des 
premières  charges  de  l'Etat ,  &  eût 
entrée  au  Confeil.  Il  demeuroit  d'ac- 
cord que  quand  les  Rois  étoient  en 
âge  de  gouverner  par  eux  -  mêmes , 
c'étoit  à  eux  à  former  leur  Confeil  de 
Gens  capables  &  afFedionnez  au  bien 
de  l'Etat  j  mâ.is  que  le  Confeil  qu'il 
s'agilfoit  de  réformer  ,  n'écoit  point 
l'ouvrrtee  du  Roy  :  qu'il  n'étoit  pas 
même  encore  en  âge  de  connoitre  le 
mérite  &  les  qualitez  requifes ,  pour 
former  un  Confeil  d'Ecat  :  que  dans 
ces  occalions ,  c'étoit  au  premier  Prin- 
ce du  Sang  ,  c'eiVà-di  re ,  à  celui  qui 
étoit  le  plus  interellé  à  la  conferva- 
tion  de  la  Couronne,  à  y  pourvoir  ^ 
que  c'étoit  tout  ce  que  le  Prince  de 
Condé  prétendoit  j  ainfî  l'on  ne  de- 
voit  pas  trouver  fes  demandes  H 
étranges. 

Villeroy  qui  étoit  habile  &  affec- 
tionné au  bien  de  l'Etat  ,  convenoit 
avec  le  Duc  de  Bouillon  de  bien  des 
chofes  ;  mais  il  foutenoit  toujours 
que  la  Reine  Mère  de  qui  tout  dé- 
pendoit ,  n'accorderoit  jamais  les  de- 
mandes du  Prince  de  Condé.  Le  Duc 
de  Bouillon  de  fon  côté  demeuroit 
ferme ,  Ôc  proteftoic  que  la  Paix  ne 


îo^      Histoire    de    Menr-?^ 
fe  feroit  qu'à  ces    conditions. 

On  en  écoit-là  ,  lorfqu  il  furvinlË 
Une  nouvelle  difficulté.  Le  Duc  de 
Longueville  Gouverneur  de  Picardie , 
Ennemi  déclaré  du  Maréchal  d'Ancre^ 
s'obftina  à  demander  que  le  Gouver^ 
nement  de  la  Citadelle  d'Amiens  lui 
fût  ôté  ,  &  protefta  qu'il  41e  figneroit 
point  la  paix  que  cet  article  ne  lui  fût 
accordé.  Jamais  ce  Maréchal  &  Ta 
Femme  n'avoient  eu  plus  de  part  à 
la  faveur  de  la  Reine  Mère  qu'ils  en 
avoient  alors  ^  &  cette  Princclle  n'é- 
toit  gueres  moins  feniible  aux  inté- 
rêts de  fes  créatures  ,  qu'aux  fiens 
propres.  Il  s'agilFoit  de  facrifier  le 
Maréchal  à  Ton  Ennemi ,  Se  la  fierté 
de  Marie  de  Medicis  ne  lui  permet- 
toit  pas  de  confentir  à  une  pareille 
propofition.  Villeroy  fit  donc  tout 
ce  qu'il  put  pour  l'éluder.  Il  propofa 
d'autres  expédiens  pour  contenter  le 
Duc  de  Longueville  j  mais  ce  Duc 
ne  voulut  rien  relâcher  de  fa  prcten-. 
tion.  Celles  du  Prince  de  Condé  é- 
toient  encore  plus  embarraifantes  ,  ôc 
il  étoit  encore  plus  obftiné  que  le  Duc 
de  Longueville  à  ne  rien  figner  qu'on 
ne  les  lui  eût  accordées,  iffalutdonc 
que  Villeroy  cédât ,  &:  qu'il  fe  char- 


t>vc  tt  Bouillon,  llv.  VIÎ.  îof 

geât  d'aller  à  la  Cour  ,  pour  faire  a-/ 
gréer  les  prétentions  du  Prince  ô^ 
celles  du  Duc  de  Longueville.  Il  lui 
étoit  d'autant  plus  difficile  d'y  réuf- 
fir ,  qu'il  avoit  affaire  à  une  Reine  dé- 
fiance de  jaloufe  au  dernier  point  de 
fon  autorité,  ôc  que  Pontchartrain 
l'avoit  avertie  qu'on  vouloit  la  facri- 
fier  au  Prince  de  Condé.  Toutes  ces 
coniiderations  n^empêcherent  pas  Vil- 
leroy  d'aller  fans  détour  à  ce  qu'il 
croïoit  être  du  bien  de  l'Etat.  Son  uemoU' 
premier  defifein  étoit  de  ne  s'ouvrir '^«^^'^'^ 
qu  au  Conieii  de  ce  qu  li  avoit  a  pro-  piene. 
pofer  j  mais  la  Reine  Mère  le  prefTa 
(i  fort  de  le  lui  dire  en  particulier ,. 
qu'il  ne  put  s'en  difpenfer.  Il  lui  dit 
donc  ce  que  le  Prince  de  Condé  de  le 
Duc  de  Longueville  prétendoient  j  ôc 
tout  ce  qu'il  avoit  fait  pour  les  obliger 
de  fe  délîfter  de  leurs  prétentions ,  ÔC 
il  ajouta  que  la  paix  u  defiréc  par  Sa 
Maj  fté ,  ne  fe  pouvoit  faire  qu'aux 
conditions  qu'ils  propofoient.  La  Rei- 
ne qui  avoit  été  avertie  ,  ne  parut 
point  furprife  j  elle  lui  demanda  d'un 
air  allez  tranquile  ce  qu'il  liri  con- 
feilloit. 

Villeroy  lui  dit  qu'après  y  avoir 
bien  pense ,  il  étoit  pcrfuade  qu'on 


'îo§      HisTôïRE    DE   Henry 
cherchoità  l'embarrairer&à  la  brouil- 
ler enfin  avec  le  Roy  j  que  il  Sa  Ma- 
jefté  refufoit  ce  qu'on  lui  demandoit , 
le  parti  contraire  publieroit  par-tout 
que  Ces  intérêts  particuliers  lui  étoient 
plus  chers  que  ceux  du  Roy  5  qu'elle 
préferoit  la  moindre   diminution  de 
fon  autorité  au  repos  de  la  France , 
&■  qu'elle  avoit  rompu  le  Traité  pref- 
quc  conclu  ,  dès  qu'on  lui  avoit  pro- 
posé de  relâcher  quelque  chofe  de  ce 
qui  la  regardoit  perfonnellemcnt.Vil- 
leroy  ajouta  qu'il  étoit  aisé  de  rendre 
tous  ces   artifices   inutiles  ;  que   ce 
qu'on  demandoit  à  Sa  Majeilé  n'étoit 
pas  d'une  lî  grande  importance  qu'on 
^z  ne  pût  l'accorder.  »  Le  Duc  de  Lon- 
ajgueville  (  continua-t-il  )  ne  peut  fe 
31  refondre  à  foufïrir  que  le  Maréchal 
Si  d'Ancre  commande  dans  la  Capitale 
n  d'une  Province  dont  -  il  eft  Gouver- 
3î  neur  ;  mais  il  ne  demande  pas  que 
M  votre  Majefté  ne  lui  donne  pas  une 
>5  autre  Place  équivalente  pour  le  dé- 
3,  dommager.    Vous  pouvez  même  lui 
s, donner  quelque  chofe  de   meilleur, 
,î  &  confier  la  Ville  &  la  Citadelle  d'A- 
„  miens  à  une  perfonne  qui  dépende 
jj  uniquement  de  vous.    Vous  pouvez 
M  encore  donner  le  Gouvernement  de 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII,  109 

Normandie  au  Duc  de  Longuevilleçe 
au>-lieu  de  celui  de  Picardie  5  alors  ilcc 
ne  s'embarralfera  plus  que  le  Mare- ce 
chai  d'Ancre  commande  dans  Amiens. te 
Il  eft  même  de  Tinterêt  du  Maréchal  jcc 
que  tout  le  monde  fçache  que  fa  con-ce 
lideration  particulière  n'eft  pas  uuce 
obftacle  à  la  paix  j  &  votre  Majeftéce 
fera  connoître  fans  qu'il  lui  en  coûtecç 
rien ,  qu'elle  préfère  le  bien  publiccc 
aux  avantages  de  fes  ferviteurs  &  de^e 
fes  créatures.  «  ^^ 

Le  fin  de  ce  difcours  confiftoit  à 
prendre  la  Reine  par  ce  qui  lui  con- 
venoit  à  elle-même.    Qu'on  trouve 
le  foible  de  l'amour  propre  j  qu'on  s'y 
attache,  l'on  ne  manquera  jamais  de 
perfuader  ;  rien  ne  tient    contre  de 
pareils  motifs.    Aulîî  la  Reine  toute 
prévenue  qu'elle  étoit  contre  ce  que 
Villeroy  devoit  lui  dire  ,  ne  put  s'em- 
pêcher de  lui  témoigner  qu'elle  en 
étoit  contente.  Elle  lui  demanda  en- 
fuite  d'un  air  plus  ouvert  ce  qu'il  lui 
confeilloit ,  touchant  les  propofitions 
faites  par  le  Prince  de  Condé. 

Villeroy  s'y  prit  de  la  même  ma- 
nière. Il  dit  à  la  Reine  que  ce  Princô 
ne  demandoit  rien  qu'elle  ne  pût  aCf. 
corder ,  ôc  qu  elle  y  trouveroit  mêpiç 


ïio  Histoire  de  Henry 
de  l'avantage  j  qu'il  arriveroit  de 
Àeux  chofes  Tune ,  ou  qu'il  viendroit 
à  la  Cour ,  ou  qu'il  n'y  viendroit  pas, 
»»  n  S'il  n'y  vient  pas  (  continua  Ville^ 
M  loy  )  il  ne  pourra  pas  fe  prévaloir  de 
»î  ce  que  vous  lui  aurez  accordé.  S'il  y 
»  vient  dans  le  deflein  de  vivre  en  bon- 
»>  ne  intelligente  avec  votre  Majefhé , 
»»  vous  perdrez  un  Ennemi  dangereux , 
»>&  vous  gagnerez  le  premier  Princç 
9i  du  Sang ,  dont  le  concours  Se  l'auto- 
si  rîté  donneront  encore  plus  de  poids  à 
»>  ce  que  vous  ferez  ordonner  dans  le 
*>  Confeil.  Mais  (  dira- t- on  )  s'il  y 
>î  vient  avec  de  mauvaifes  intentions  , 
M  comme  on  lui  aura  accordé  la  plume  , 
aj  que  n'aura-t-on  point  à  craindre  de 
5ï  lui  ?  Eh  Madame  5  continua  Villeroy, 
>s  qu'avez-vous  à  craindre  de  la  main 
»  d'un  Homme  dont  vous  tiendrez  le 
»3  bras  ?  Si  le  Prince  entreprend  fur  vo- 
>5  tre  autorité ,  s'il  veut  la  partager  avec 
»  vous ,  il  fera  entre  vos  mains ,  &  vous 
35  aurez  mille  moiens  de  rompre  fes  me- 
wfures.  Mais  (  ajouta  Villeroy  )  lePrin- 
>î  ce  de  Condé  eft  ii  las  des  fadVions  Ôc 
»>  (1  revenu  de  fcs  intrigues  ,  que  bien 
a»  loin  d'avoir  k\  pensée  de  fe  broUilIer 
«avec  votre  Majcfté  ,  il  ne  veut  pas 
wmlme  lui  douuer  le  moindre  fcap- 


Duc  DE  Bottillon.  Liv.  VIT.  m 
çon  ;  &■  pour  vous  en  donner  des  af-  cà 
furances  dont  vous  ne  puifliez  douter  ,  c« 
j'ai  un  ordre  fecret  de  lui ,  (fi  vous  te 
lui  accordez  ce  qu'il  vous  demande  )  «e 
de  vous  offrir  de  vous  remettre  le  <« 
Gouvernement  de  Guyenne  ,  &  qu'il  ce 
prendra  en  échange  celui  de  Berry,«« 
Province  foible  &  peu  éloignée  de  <« 
Paris ,  où  il  ne  pourra  plus  vous  don-  ce 
ner  aucun  ombrage,  co 

Cette  proportion  parut  fi  extraor- 
dinaire à  la  Reine  Mère ,  qu'elle  eut 
de  la  peine  à  la  croire  :  ôc  en  effet  l'on 
ne  comprend  pas  comme  le  Prince  de 
Condé  avoir  pu  fe  réfoudre  à  un  é- 
change  où  il  y  avoir  tant  à  perdre 
pour  lui.  Tout  ce  qu'on  en  peut  dire, 
eft  qu'il  ne  fit  pas  cette  offre  par  le 
confeil  du  Duc  de  Bouillon.  Ce  Duc 
la  defapprouva  des  qu'il  la  fçut ,  ÔC 
le  Prince  lui-même  ne  fut  pas  long- 
temps à  s'en  repentir.  La  Reine  Mère 
le  prit  au  mo:  ,  &  perfuadée  par  le 
difcours  de  Villeroy  ,  elle  lui  accorda 
fes  demandes  ,  de  les  fit  paffer  au 
Confeil.  Elle  promit  aufli  de  conten- 
ter le  Duc  de  Longueville.  L'on  con- 
vint enfaite  d'une  Amniftie  fans  réf. 
tri(5tion  pour  le  palfé.  Tous  les  Sei- 
gneurs du  parti  du  Piiuce  furent  ré» 


ail  Histoire  de  Henry 
tablis  ôc  maintenus  dans  leurs  Etats  , 
charges  ,  &  dignitez.  L'on  donna  de 
plus  quinze-cens  mille  livres  auPrin-t 
ce  de  Condé  ,  pour  le  dédom.mager 
des  frais  de  la  Guerre.  Cette  fomme 
fut  apparemment  partagée  entre  les 
Seigneurs  du  parti  j  ôc  cela  étoit  bien 
jufte  ,  puifqu'ils  avoient  contribué 
plus  que  les  autres  aux  frais  de  la 
Guerre.  Les  chofes  étant  ainfî  réglées, 
Villeroy  partit  de  Tours  pour  aller 
confommer  à  Loudun  le  grand  ou- 
vrage de  la  paix. 

Il  ne  croïoit  pas  y  trouver  de  nou- 
velles difficultez  ;  &  en  effet  le  Prin- 
ce de  Condé  ,  les  Ducs  de  Bouillon  , 
de  Mayenne  ,  de  la  Trimoiiille  ,  &c 
Memoi-  quelques  autres  Seigneurs  du  parti , 
Rohan.  offroieut  de  figner  le  Traité.  Mais  les 
jLiv.  I.  Ducs  de  Rohan  &  de  Sully,&rAirem- 
blée  de  la  Rochelle  ,  qui  n'en  étoient 
pas  contens ,  y  firent  naître  tant  de 
difficultez  ,  qu'il  eût  bien  falu  du 
temps  &  des  expediens  pour  les  fur- 
monter ,  fi  le  Prince  de  Condé  ne  fdt 
pas  tombé  dangereufement  malade. 
Le  Duc  de  BoUillon  qui  vouîoit  con- 
tenter la  Cour  en  faifant  conclure  la 
paix,  fans  qu'on  fût  obligé  d'accor- 
der de  nouveaux  avantages  aux  Cal- 

viniltes. 


Duc  DE  BotriiiON.  Lîv.  VU.  'irj 
viniftes ,  fc  prévalue  de  cet  accident 
qui  étonnoit  tout  le  parti ,  pour  por-  ,  ^''^'^  ^'^ 
ter  l'Aircmblée  de  la  Rochelle  à  fe  Mornay. 
défifter  de  fes  prétentions.    Le  Che-  -i^-  î- 
valier  Edmond    Ambalïadeur  d'An- 
gleterre &  le  Duc  de  Sully  allèrent 
exprès  à  la  Rochelle  ,  pour  remontrer 
à  rA(remblée,que  la  maladie  du  Prin- 
ce demandoit  qu'on  conclût  promp- 
tement  la  paix  ,  &  que  s'il  venoit  à 
mourir  ,  bien  loin  d'obtenir  de  nou- 
veaux avantages ,  l'on  auroit  bien  de 
la  peine  à  faire  ratifier  à  la  Cour  ceux 
qui  avoient  été  accordez. 

Cette  confideration  porta  l'Affem- 
blée  à  députer  dix  perfonnes  a  Lou- 
dun  ,  avec  pouvoir  de  fe  déiîfter  des  ' 
demandes  précédentes  qui  pouvoient 
retarder  la  conclufion  du  Traité  ,  ôc 
de  fe  reftraindre  à  demander  les  fu- 
retez qu'elle  jugeoit  nécciïaires  pour 
l'exécution  des  articles  accordez.  Ces 
furetez  cônfrftoient  à  obtenir  de  la. 
Cour  ,  qu'elle  confentît  que  l'AfTem- 
blée  fubfiftât  à  la  Rochelle  jufques  à 
la  vérification  de  l'Edit  que  le  Roy 
avoit  promis  de  donner  en  faveur  des 
Calviniftes  ,  ôc  jufques  à  ce  que  tout 
ce  que  le  Roy  leur  accordoit ,  eût  été 

exécuté  dans  toutes  les  Provinces  j 
'     Tome  IIL  F 


ri4       Histoire  de  Henry 
que  cependant  on  défarmât  de  part 
de  d'autre.     La  Cour  n'avoit  garde 
d'actorder  une  pareille  demande.  Elle 
n'avoit  pas  oublié  la  peine  qu'avoit 
eu  le  feu  Roy  ,  de  faire  féparer  ÏAC- 
femblée  de  Chateleraut,  ôc  celle  que 
la  Reine  avoir  eu  pour  obliger  l'Airem- 
blée  de  Saumur  à  fe  féparer  ,  quoi- 
que l'Edit  de  Nantes  eût  été  exécuté  j 
éc  d'ailleurs  il  étoit   aisé    de   juger 
que  l'AIfemblée  ne  cherchoit  qu'a  fe 
perpétuer,  ce  qui  étoit  très-opposé  au 
Piocex  lervice  du  Roy.  SesCommilîairesaux 
rAfltn^^  Conférences  de  Loudun   rejetterent 
b'éea;iadonc  Cette  propoiîtion  ,  &  la  Cour 
Rodiei-  s'adrella  au  Duc  de  BoUillon  ,  pour 
'  jporter  l'Airemblée  à  s'en  défifter. 

Les  Princes  qui  ont  aduellement 
des  Souverainetez  ,  ont  plus  de  déli- 
catelfe  que  les  autres ,  fur  les  propo- 
fitions  qui  peuvent  donner  atteinte  à 
l'autorité  Souveraine.  Ils  en  pré- 
voient ,  ils  en  fentent  beaucoup  mieux 
les  conféquences.  Le  Duc  de  BoUillon 
qui  eût  été  très-fàché  que  les  Sujets 
de  fa  Principauté  de  Sedan  ne  fe  Fuli. 
fent  p.is  fiez  à  fa  parole ,  qu'ils  lui 
éulfent  demandé  des  lûretez  ,  en  un 
mot  qu'ils  en  culfent  usé  avec  lui 
çomme  rAIfemb'ée  de  la.  Rochelle  en 


Duc  DE  Bouillon.  Lîv.  VÎT.  ir| 
«foi:  avec  le  Roy  ;  le  Duc  de  Bouil- 
lon ,  dis-je,  qui  n'approuvoit  pas  le 
procédé  de  rAlTemblée ,  s'emploïa 
volontiers  à  la  faire  changer  de  lenci- 
ment.  Il  en  parla  à  les  Députez  j  il 
leur  reprefenta  que  tant  qu'ils  n'a- 
voient  demandé  qu'à  vivre  dans  leur 
Religion  avec  fureté  ,  ôc  même  avec 
honneur ,  il  avoit  été  leur  plus  ardent 
foUiciteur  j  que  fes  confeils  ôc  fon  cré- 
dit ne  leur  avoient  point  manqué  j 
qu'il  avoit  parlé  $c  agi  hautement  en 
leur  faveur  ;  mais  qu'aprefent  qu'ils 
avoient  obtenu  ces  deux  avantages 
par  l'Edit  de  Nantes  que  le  Roy 
s'obligeoit  de  confirmer  ,  auiîî-bieii 
que  tous  les  Arrêts  rendus  en  confé- 
quence  -,  qu'à  prefent  que  le  même 
Roy  leur  accordoit  de  nouvelles  grâ- 
ces qu'autrefois  ils  n'euflTent  osé  efpe- 
rer  ,  bien-loin  de  les  demander  &  de 
les  obtenir ,  ils  dévoient  mettre  enfin 
des  bornes  à  leurs  demandes  ,  &  fe 
contenter  de  ce  qui  leur  avoit  été 
accordé.  Que  rien  n'étoit  plus  inju-, 
rieux  à  la  Majefté  des  Rois ,  que  de 
ne  fc  pas  fier  à  leurs  paroles  ,  fur 
tout  quand  elles  étoient  confirmées 
par  des  Edits  autcntiques  ,  exécutez 
de  boujic  foy  depuis  prés  de  vingc 


ii(î  Histoire  de  Henry 
années ,  &:ioutenus  par  de  nouvel/es 
grâces  qu'on  n'étoit  point  obligé  de 
ieur  accorder,  &  qui  ccoienc  autant, 
de  gages  de  la  bonne  volonté  du  Prin- 
ce Se  de  la  fincere  protedion  qu'il  étoit 
réiolu  de  leur  continuer.  Que  dans 
le  Traité  dont  il  s'agilToit  ,  il  y  avoit 
plufieurs  articles  qui  regardoient  le 
Prince  de  Condé  &  les  Seigneurs  de 
fon  parti ,  qui  ne  feroient  exécutez 
qu'après  qu'on  l'auroit  ligné  ;  que  ces 
articles  n'étoient  point  fi  peu  impor- 
tans ,  qu'il  ne  s'y  agît  de  leurs  char- 
ges &c  de  leurs  dignitez  ,  en  un  mot 
de  toute  leur  fortune  ;  que  cependant 
ils  ne  demandoient  point  d'autre  aflu- 
rance  que  la  foy  du  Traité  ,  la  parole 
du  Roy  ,  &  f^i  fignature  :  que  c'étoiî 
porter  la  défiance  trop  loin  que  de  ne 
s'en  pas  tenir  aux  furetez  dont  le  pre- 
mier Prince  du  Sang  ,  les  Pairs  Se  les 
grands  Officiers  de  la  Couronne  vou^ 
loicnt  bien  fe  contenter.  Il  ajouta  que 
leur  conduite  ne  pouvoit  manquer  de 
les  rendre  odieux  au  Roy  ;  qu'elle  le 
fôrceroit  à  les  regarder  comme  des 
Ennemis  toujours  prêts  à  entreprendre 
fur,  fon  autorité  ,  Se  enfin  à  les  détruir* 
re  comme  une  ccîballe  de  gens  qui 
fûus  .prétexte  de  Religion  ne  iongeoit 


Dire  DE  Bouillon.  Liv.  VIT.  117 
à  rien  moins  qu'à  Tindépendance  & 
au  lenverfemcnt  de  l'Etat. 

Ce  diicours  du  Duc  de  Boiiillon 
bien  loin  de  perfuader  les  Députez 
de  l'A  tremblée  de  fe  déiîfter  de  leurs 
prétentions  ,  ne  fervit  qu'à  le  faire  Mcmol- 

*  1  I  -^       1  /        ..  /    \    les    de 

regarder  comme  un  homme  dévoue  a  Rohan. 
Ifi  Cour ,  &  qui  facrifîoit  à  la  fortune  liv.  i. 
les  intérêts  de  ion  parti  ;  c'eft  ainii 
que  les  Ducs   de  Rolian  3c  de  Sully 
en  parlent  à  l'occalion  dont  il  s'agit. 
On  ne  voit  pas  cependant  les  avanta- 
ges particuliers  qui  revinrent  au  Duc 
de  Bouillon  en  vertu  du  Traité  de 
Loudun  j  il  n'obtint  ni  charges  ,  ni 
gouvernement,  ni  penfîons.  Le  Duc    ibîJ. 
de  Rohan  qui  en  parle  Ci  fouvenc  , 
auroit(  ce  femble)  dû  les  marquer  j  011 
n'eft  pas  obligé  de  l'en  croire  fur  fa 
parole.    Cependant   le   peu   d'égard 
qu'eurent  les  Députez  de  l'Alfemblée 
aux  Remontrances  du  Duc  de  Bouil- 
lon ,  Tindifpofa  extrêmement  ;  &  s'il 
ne  prit  pas  ouvertement  contre  elle 
le  parti  de  la  Cour  ,  il  témoigna  du 
moins  hautement  qu'il  n'approuvoic 
pas  fa  conduite.    Le  Duc  de  Boliilloii 
étoit  attaché  à  fa  Religion ,  mais  il 
ne  put  jamais  s'accommoder  de  la  do- 
mination desMiniftres  ôc  des  Coniîrt:o- 

F  iij 


Ïi8  HisToiRr  DE  Henry 
riaux.Le  Duc  de  Rohan  qui  avoitplu* 
Hc  complaifance  pour  eux  ,  en  eut  de- 
puis beaucoup  à  foufFrir.  Il  s'en  plaint 
en  plufieurs  endroits  de  fes  Mémoi- 
res ,  &•  juftifie  par-là  en  bien  des  cho~ 
fes  la  conduite  du  Duc  de  Boiiillon, 

L'obftination  de  l'Aflemblée  de  la 
Rochelle  ,  &c  l'extrême  envie  qu'a- 
voit  la  Cour  de  conclure  la  paix,  obli- 
gèrent les  Commifîaires  du  Roy  de  fe 
relâcher.  Us  accordèrent  enfin  au 
nom  de  Sa  Majefté  ,  que  l'Aflemblée 
de  la  Rochelle  (ubfifteroit  iîx  femai- 
nes  après  la  iignature  du  Traité  j  8c 
que  pendant  ce  temps  -  là  le  Roy  or- 
donneroit  la  vérification  de  l'Edit  ôc 
l'exécution  des  chofes  qui  lui  avoient 
été  accordées  ;  mais  ce  fut  fous  une 
condition  fecrette  que  les  grands  Sei- 
gneurs du  parti  ,  ce  terme  expiré , 
obligeroient  l'Airemblée  de  fe  séparer 
même  en  eraploïant  la  force  fî  elle  re-* 
fufoit  de  le  faire. 

Le  Duc  de  Bouillon  qui  fçavoit 
concilier  ce  qu'il  devoit  au  Roy  &  à 
l'Etat,  avec  ce  qu'on  prétendoit  qu'il 
dût  à  fa  Religion  ,  ne  fit  point  de  dif- 
ficulté de  le  promettre  ,  &  même  s'y 
obligea  par  un  écrit  figné  de  fa  main 
qui  fut  remis  encre  les  mains  des  Com^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII.  ii^ 
iTiiflaires  du  Roy.  Le  Duc  de  la  Tri- 
mouille  &  quelques  autres  Seigneurs 
en  firent  autant  à  Ton  exemple  Se  par 
fes  confeils.  Les  Ducs  de  Rohan  ôc 
de  Sully  rcfuferent  hautement  de  le 
faire.  Les  Hiftoriens  Proteftans  leur 
donnent  fur  cela  de  grandes  loiianges, 
en  même-temps  qu'ils  fe  déchainent  à 
cette  occafion  contre  le  Duc  de  Boliil- 
lon,  comme  Ci  l'on  étoit  obligé  d'é- 
poufer  toutes  les  paillons  &  toutes  les 
prétentions  mal-fondées  de  ceux  qui 
Font  profedion  de  la  même  Religion 
que  nous ,  ou  qu'il  ne  fût  pas  permis 
de  favorifcr  une  chofe  aum  jufte  que 
la  séparation  de  rAflcmblée  ,  iî  elle 
s'obftinoit  à  fubiifter  contre  la  volon- 
té du  Roy  au-delà  du  terme  qu'il  lui 
avoit  accordé.  Le  pouvoit-elle  faire 
fans  une  défobéilTance  formelle  ?  Le 
Duc  de  Bouillon  n'étoit-il  pas 
obligé  en  vertu  de  fon  ferment  fait  au 
Roy ,  de  s'y  oppofer  ;  ôc  les  Ducs  de 
Rohan  &  de  Sully  qui  avoient  fait  le 
même  ferment ,  n'avoicnt-t-ils  pas  la 
même  obligation  ?  D'où  vient  donc 
qu'on  les  lotie  ,  &c  pourquoi  blâmc- 
t-on  le  Duc  de  Boiiillon  ?  Que  veut- 
on  que  l'on  penfc  des  motifs  qui 
font  louer  ou  blâmer  dans  le  parti 
Calvinifle  î  F  iiij 


izo        HiSTôiRE  Dï    Henry 

Mais  afin  que  l'on  puifTe  mieux  nu 
ger  fi  le  Duc  de  Boiiiîlon  avoit  raiioii 
3e  prétendre  que  l'Airemblée  de  la 
Rochelle  devoit  être  contente  des 
nouveaux  avantages  qu'il  avoit  pro- 
curez au  parti  Calvinifte  par  le  Traité 
de  Loudun,  l'on  a  crû  lesdevoir  rap- 
porter icy.  L'on  dit  que  le  Duc  de 
Bouillon  les  avoit  procurer  ,  parce 
qu'en  effet  félon  les  mêmes  Protef- 
tans,  ce  fut  lui  qui  eut  le  plus  de  parc 
à  tout  ce  qui  fepalfa  aux  Conféren- 
ces de  Loudun  ,  6c  qui  contribua  ie 
plus  à  la  conclufion  de  la  paix. 

Par  le  Traité  de  Loudun  ,  outre  la. 
veibare  confirmation  de  TEdit  de  Nantes,  des 
rAiibni-  Arrêts  rendus  en  confequence,  ôc  de 
RochcU  toutes  les  grâces  que  le  Roy  avoit 
l'ï  T.  4.  accordées  depuis  ,îe  parti  Calvinifte 
obtint  encore  un  Brevet  de  quarante- 
cinq  mille  livres  d'augmentation  pour 
l'entretien  des  Garnifons  qu'il  tenoic 
dans  les  places  de  fureté.  Outre  cela 
un  autre  Brevet  de  la  fomme  de  quin- 
ze mille  écus  pour  l'entretien  de  fes 
Miniftres  ,  outre  les  quarante  -  cinq 
mille  qui  lui   avoient  été   accordez 
par  le  feu  Roy  ,  &  les  quinze  mille 
accordez  depuis  à  l'Alfembléede  Sau- 
mur.  De  plus  il  obtint  encore  U  fom- 


Duc  DE  Bottillon.  Liv.  VIT.  m 
îîic  de  quatre-vingt-dix  mille  livres 
pour  les  frais  du  séjour  de  rAlFem- 
blée  à  la  Rochelle.  Mais  ce  qu'il  y 
.  a  de  plus  confiderablc  ,  c'efl:  que  par 
l'Edit  de  Nantes  les  Places  de  fureté 
ii'ctoienc  accordées  que  pour  huit 
aiis.  Ce  terme  expiré,  le  parti  devoit 
les  remettre  au  Roy  ;  en  1616.  ce 
terme  avoit  plus  que  doublé  ;  le  Roy 
étoit  en  droit  de  les  redemander  ,  êc 
la  dernière  révolte  du  parti  étoit  uu 
motif  plus  que  fuffiiant  pour  l'obli- 
ger à  les  rendre.  Cependant  par  le 
Traité  de  Loudun  ,  le  Roy  confentit 
que  les  Calviniftes  les  gardalTent  en- 
core pendant  fix  ans  ,  au  grand  pré- 
judice de  fon  autorité ,  &  au  grand 
mécontentement  des  Catholiques. 

Tant  de  nouvelles  traces  accordées 
à  un  parti  qui  avoit  a6fcuellement  les 
Armes  à  la  main  contre  fon  Roy , 
n'étoient  pas  capables  de  contenter 
FAifemblée  de  la  Rochelle.  Elle  en 
demandoit  pluiieurs  autres  qui  al- 
loient  toutes  à  la  diminution  de  l'au- 
lorité  Souveraine.  C'cft  ce  que  le  Duc 
de.  Bouillon  n'approuvoit  pas  ;  c'effc 
ce  qu'il  refufa  de  favorifer  ,  ôc  c'cft  ce 
qui  lui  a  attiré  les  reproches  des  Ecri- 
,vains    Proteftans.    L'on   peut  juger 

Fv 


m  Histoire  de  Henry 
maintenant  fi  leurs  plaintes  font  fon- 
dées ,  (Se  11  le  Duc  de  BoUillon  ne  de- 
voit  pas  s'oppofer  aux  injuftes  pré- 
tentions de  rAiremblée  de  la  Ro- 
chelle. 

Comme  les  conteftations  dont  on 
vient  de   parler  ,    avoient    confumc 
beaucoup  de  temps ,  le  Prince  de  Con-r 
dé  commença  à  le  mieux  porter.   Le 
premier  uiage  qu'il  fit  de  la  liberté 
d'efprit    que  la  diminution   de  fou 
mal  commençoit  à  lui    donner  ,  fut 
de  s'informer  où.  en  étoit  le  Traité  de 
paix.  On  lui  dit  que  les  difficultez  que 
faifoit  l'Aifemblée  de  la  Rochelle  ,  en 
retardoient   feules   la  conclufion.  Il 
s'en  fit  rendre  compte ,  ôc  ne  les  aïanc 
pas  trouvées  raifonnables,  nonobflanc 
fon  extrême  foiblcire  il  figna  le  Traitée 
Les   Seigneurs  du  parti  le  fignerent 
après  lui ,  aulTi-bien  que  les  Députez 
de  TAlfemblée  de  la  Rochelle,  après 
avoir  fait  de  grandes  plaintes  de  ce 
qu'on  précipitoit  trop  les  affaires. 
Mcmoi       £j^  exécution  du  Traité  de  Loudun, 
Biflom-  le  Maréchal  d'Ancre  fe  vit  obligé  de 
pierre,     quitter  la  Lieutenance  de  Roy  de  Pi- 
cardie  &  le  Gouvernement    de    la 
Citadelle  d'Amiens,  &  de  prendre  la 
Lieutenance  de  Roy  de  Normandie  ^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv,  VIÎ.  125 
que  le  Duc  de  Montbazon  lui  donna 
en  échange.  Comme  c'écoit  le  facri- 
fier  au  Duc  de  Longueville,  il  en  eut 
tant  de  reirentimenc  contre  Villeroy 
&:  contre  le  Préfident  Jeannin  qui 
avoient  confeillé  cet  échange  à  la  Rei- 
ne Mère  ,  qu'il  les  fit  tous  deux  dif- 
gracier  au  grand  déplaiiir  du  Duc  de 
Bouillon.  Il  les  eftimoit  tous  deux  les 
meilleures  têtes  duConfeil ,  &  il  étoit 
lié  d'une  amitié  particulière  avec  Vil- 
leroy. Pour  adoucir  ce  mécontente- 
ment ,  l'on  ôta  les  Sceaux  au  Chan- 
celier de  Sillery  contre  lequel  le  Prin- 
ce de  Condé  &  le  Duc  de  Bouillon 
s'étoient  ouvertement  déclarez.  La 
charge  de  Secrétaire  d'Etat  fut  aulîi 
ôtée  au  Marquis  de  Puifieux  Ton  Fils  , 
ôc  donnée  à  Mangot.  Du  Vair  pre- 
mier Préfident  de  Provence  fut  fait 
Garde  des  Sceaux. 

Du  côté  du  Prince  de  Condé  ,  dès 
qu'il  eut  tout-à-fait  recouvré  fa  fan- 
té  ,  il  fut  prendre  polPeffion  de  fon 
nouveau  Gouvernement  de  Berry.  Le  Memoî- 
Duc  de  Rohan  s'en  alla  à  la  Rochelle,  '" .  "^^ 

1  1  1 1        1  r  Ronan. 

&  le  Duc  de  Sully  dans  ion   Gou-liv.  i. 
verncment  de  Poitou.    Les  Ducs  de 
Mayenne  &:  de  BoUillon  fe  rendirent 
à  U  Cour.  Le  dernier  y  avoit  été  iii-^ 

F  V j 


114  Histoire  de  Henry 
vite  par  une  lettre  que  le  Roy  lut 
écrivit  exprès  pour  l'engager  à  y  ve^ 
nir.  De  tous  les  Seigneurs  du  parti 
du  Prince  de  Condé,  ils  furent  les  feuls 
qui  demeurèrent  étroitement  unis. 
Les  vues  différentes ,  les  intérêts  op- 
pofez  ,  la  jaloufîe  iî  ordinaire  à  la 
Cour  entraîna  tous  les  autres  du  côté 
ou  ils  croïoient  trouver  leurs  avanta- 
ges. Il  étoit  de  la  dernière  conféquen- 
ce  au  Prince  de  Condé  de  maintenir 
leur  union.  Comme  il  fe  trouvoit  à 
leur  tête  ,  il  en  eût  été  beaucoup  plus 
confideré ,  ôc  l'on  n'eût  pas  même  osé 
penfer  à  ce  que  l'on  entreprit  depuis 
contre  lui.  Le  Duc  de  Boiiillon  qui 
avoit  des  vues ,  &  qui  fe  gouvernoit 
par  les  maximes  que  le  bon  fens  didte, 
&  que  l'expérience  ne  manque  jamais 
de  confirmer,  lui  avoit  fouvent  re- 
prefenté  de  quelle  importance  il  étoic 
pour  lui  d'empêcher  la  defunion  des 
Seigneurs  dont  l'union  lui  avoit  pro- 
curé de  fî  grands  avantages.  Mais  la 
plupart  des  hommes  ne  portent  pis 
leurs  vues  fi  loin  ,  contens  du  préfent , 
ou  ils  négligent  l'avenir  ,  ou  ils  n'y 
font  pas  toute  l'attention  que  leur 
intérêt  même  demanderoic  qu'ils  y 
fiircnt. 


t)UC  DE  BOUILLOTÎ.  LiV.  Vil.    îl/ 

Ceft  ce  qui  arriva  au  Prince  de 
Condé  j  fatisfain  des  avantages  qu'il 
avoic  obtenus  par  le  Traité  de  Lou- 
dun  ,  il  ne  fe  hâta  pas  de  s'en  mettre 
en  poireiïîon  ,  ôc  il  s'arrêta  fî  long- 
temps &  fi  à  contre- temps  dans  fou 
Gouvernement  de  Berry  ,  que  quanti 
il  arriva  à  la  Cour ,  tous  les  Seigneursr- 
qui  s'étoient  attachez  à  lui  ,  défunis 
entre-eux  avoient  chacun  pris  leur 
parti.  La  Reine  Mère  qui  avôit  peut- 
être  ménagé  fous  main  cette  defunion, 
ne  lailTa  pas  de  tenir  parole  au  Prince 
de  Condé.  Elle  le  mit  en  poirefîîon  de 
tous  les  avantages  qui  lui  avoient  été 
accordez  par  le  Traité  de  Loudun,  & 
le  Prince  de  fon  côté  lui  promit  de" 
maintenir  Con  autorité  ,  de  protéger 
fes  créatures ,  &  de  vivre  avec  elle^femo^ 
dans  une  parfaire  intelligence.  En'^s  'ie 
effet  quelque  haine  qu'il  eût  pour  16^°/^"^'^ 
Maréchal  d'Ancre  ,  &  quoiqu'il  l'eut 
nommé  dans  tous  fes  Manifeftes  com- 
me un  des  premiers  auteurs  de  tous 
les  deiordres  du  Gouvernement  ,  il 
ne  lailla  pas  ,  pour  faire  plaifir  à  la 
Reine  Mère  ,  de  lui  promettre  d'être 
l'appui  de  fi  fortune  ,  &:  de  le  défen- 
dre envers  6c  contre  tous.  C'étoic 
promettre   beaucoup,  Ôc  peut-être 


îi<^        Histoire  d  e  Henrt 
trop  ,  comme  la  fuite  de  cette  Hif^ 
toire  le  fera  voir. 
^émoî-      j^ais  quoique  le  Maréchal  d'Ancre 

t;s  de  la  ^      i  ri  n  ■ 

Régence  comptac  Dcaucoup  lur  la  protection 
de  Marie  j;!^  Princc  de  Condé,  il  crut  toujours  fa 
dcMed]-  -  ^     rr     '  ^i 

cis.        rortune  mal  alluree  tant  qu  u  auroit 

les  Ducs  de  Bouillon  ôc  de  Mayenne 
pour  ennemis.  Il  tâcha  donc  de  rega- 
gner leur  amitié,  ôc  il  fit  pour  cela 
toutes  les  avances  que  la  fouplelïe 
Italienne  écoit  capable  de  lui  fugge- 
Memoi-  rer.  Le  Duc  de  Bouillon  fe  trouva 
i«  de  clans  des  fentimens  bien  difïerens  de 
picrnT  c^ux  du  Prince  de  Condé,  Quelque 
complaifance  qu'il  eût  pour  la  Reine 
Mère ,  il  crut  qu'il  fe  deshonoreroit 
en  fe  liant  d'amitié ,  &  en  prenant  des 
engagemens  avec  un  homme  aufîî  gé-r 
néralement  haï  que  le  Maréchal  d'An- 
cre. D'ailleurs  il  ne  put  fe  réfoudre 
à  lui  pardonner  la  difgrace  de  Villeroy 
dont  il  fçavoit  qu'il  étoit  l'Auteur., 
Malheureufement  pour  le  Maréchal , 
le  Duc  de  Mayenne  écoit  dans  des 
fentimens  tous  pareils  à  ceux  du  Duc 
de  Boiiillon  5  il  étoit  perfuadé  qu'il  y 
alloit  de  fon  honneur  de  renolicr  avec 
un  homme  dont  il  avoit  fait  gloire 
d'être  l'Ennemi.  De  plus  il  n'étoit  pas 
moins  ami  duPréfidcnt  Jeannin ,  que 


Duc  D5  Bouillon.  tiv.VlI.  tif 

le  Duc  de  Bouillon  Técoit  de  Villeroy, 
&  la  manière  dont  le  Maréchal  s'étoit 
vangé  de  lui ,  lui  étoit  trop  fenfible 
pour  fe  pouvoir  réfoudre  à  le  favorifer. 
Mais  comme  il  eût  été  dangereux 
par  rapport  à  la  Reine  Mère  ,  de  dé- 
clarer leurs  véritables  fentimens  ,  les 
deux  Ducs  prirent  le  parti  de  diflîmu- 
ler  ,  &  à.<z  ^Q  fervir  des  offres  que  le 
Maréchal  leur  faifoit,  pour  fe  faire  de 
nouveaux  Amis ,  &:  pour  lui  fufciter 
un  plus  grand  nombre  de  puiffans  En-» 
nemis.  Le  Maréchal  d'Ancre  ne  pé- 
nétra pas  plus  avant  dans  les  fenti- 
mens  des  Ducs  de  Mayenne  &  de 
BoUillon  ;   rempli  de  cette  préfomp- 
tion  que  la  bonne  fortune  a  coutume 
d'infpirer  ,  il  crut  qu'ils  s'eftimoient 
heureux  d'avoir  recouvré  fon  amitié, 
&  il  eut  l'imprudence  de  leur  propo- 
fer  de  travailler  de  concert  à  l'entière 
ruine  des  Ducs  d'Epernon  &  de  Bel- 
iegarde.   Le  Duc  de  Boiiillon  n'eue 
pas  de  peine  à  éluder  cette  propor- 
tion.  Le  Maréchal  étoit  habile ,  mais 
le  Duc  rétoit  encore  plus  que  lui.   Le 
Duc  de  Mayenne  s'en  tint  à  ce  que  le 
Duc  de  Boiiillon  avoit  répondu  ,  & 
le  trop  crédule  Maréchal  les  quitta 
dans  la  pensée  que  fon  projet  ne  poui- 


iiÈ      Histoire  de  Henry 
voit   plus     manquer    de    léufïïr. 

Les  Ducs  d'Epernoii  &  de  Belle- 
garde  étoient  alliez  &  amis  du'  Duc  de 
Guife  ;  il  avoit  par  coniéquen:  un 
fort  grand  intérêt  à  rompre  le  delTein 
du  Maréchal  d'Ancre.  Lés  Ducs  de 
Bouillon  ôc  de  Mayenne  fe  fervirenc 
de  cette  conjonélure  pour  porter  le 
Duc  de  Guife  a  s'unir  à  eux  pour 
perdre  le  Maréchal  d'Ancre.  Le  Duc 
de  Guife  n'héiîta  pas  un  moment  à 
entrer  dans  cette  efpece  de  confpira-^ 
tion  -y  plus  ardent  même  que  les  deux 
autres,  tous  les  moïens  lui  paroilToienc 
bons  pour  fe  défaire  du  Maréchal ,  & 
à  peine  pouvoit-t-il  confentir  qu'on 

f>rît  des  mefures  pour  fe  défaire  de 
ui ,  plus  lentes  à  la  vérité  ,  mais  aufTI 
beaucoup  plus  sûres.  Cependant  le 
Duc  de  Boiiillon  qui  prévoïoit  les 
difïiculcez  ôc  les  fuites  de  cette  entre-, 
prife  j  le  ramena  infenfiblement  à  des 
moïens  plus  concertez,  ôc  le  fit  con- 
fentir qu'avant  toutes  chofes  on  tra- 
yaïUeroit  à  rallier  tous  ceux  de  la 
Cour  &  du  Parlement ,  qui  vouloient 
du  mal  au  Maréchal  j  qu'on  foule- 
veroit  contre  lui  le  Peuple  de  Paris  , 
déjà  fort  animé  ,  ôc  qu'on  tâcheroic 
par  le  moïen  de   Luines    donc   U 


Duc  D£  Bouillon.  Liv.  VIT.  iif 

faveur  auprès  du  Roy  augmentoiç 
tous  les  jours  ,  à  faire  approuver  par 
Sa  Majellé  tout  ce  qu'on  pourroit 
entreprendre  contre  le  Marêcha! 
d'Ancre  qu'on  fçavoit  lui  être  extrê- 
mement odieux. 

On  réufîît  également  bien  dans 
ces  trois  projets.  Tous  les  Ennemis 
du  Maréchal  d'Ancre  fe  rallièrent 
contre  lui  j  de  Luines  promit  de  fai- 
re approuver  au  Roy  tout  ce  qu'on 
feroit  pour  le  perdre  5  ôc  le  Peuple 
de  Paris  parut  tout  difposé  à  fc  fonle- 
ver  à  la  première  occafion  qui  s'en 
prefenteroit. 

De   Cl  f^ivorablcs    difpofitions  en- 
courageoient  les  Ennemis  du  Maré- 
chal à  tout  entreprendre  :  mais  les 
fentimens  étoient  partagez  fur  la  ma- 
nière dont  il  faloit  le  perdre.  Les  uns 
propofoient  de  le  mettre  entre   les 
mains  du  Parlement  &  de  lui  faire 
faire  fon  procez,  ce  qui  n'eût  pas  été 
difficile  vu  les  preuves  qu'on  avoit  de  Memoî- 
fes  malverfations  &  de  Tes  intellieen-'l^  ^^.^'  . 
ces  avec  les  Etrangers  au  préjudice  de  re. 
l'Etat.  Mais  ceux  qui  craignoient  l'au- 
torité de  la  Reine  Mère  dans  le  Par* 
lement ,  &   qui  ne  doutoient  point 
qu'elle  ne  l'emploïât  toute  entière 


ijo  Histoire  de  Henry 
pour  fauver  le  Maréchal  ,  ne  furent 
pas  de  cet  avis.  La  voie  de  la  juftice 
étant  fermée ,  l'on  propofa  celle  de 
la  violence  ,  comme  Tunique  donc 
on  pût  fe  fervir  contre  les  perfonnes 
trop  puiiïantes  pour  agir  contre-el- 
les  ,  avec  toutes  les  formalitez  pref- 
crites  par  les  Loix  ,  comme  celle  dont 
les  Rois  mêmes  avoient  usé  dans  de 
femblables  occalîons  ,  comme  celle 
enfin ,  fans  laquelle  on  étoit  réduit 
à  ne  voir  jamais  finir  la  tirannique 
domination  du  Maiêch.il  d'Ancre. 
Ce  fut  le  Duc  de  Boliillon  qui  oii- 
,  .  vrit  cet  avis,  &  il  l'appuïa  de  tant 
ï.i'^cie'  d'exemples  de  l'Hiftoire  ancienne  & 
Rohan.  moderne ,  qu'il  fut  enfin  fuivi.  Com- 
me il  n'étoit  plus  queftion  que  du 
choix  des  moïens  ,  le  Duc  de  Mayen- 
ne s'offrit  de  faire  une  querelle  au 
Maréchal ,  ôc  de  lui  palfer  fon  épée  au 
travers  du  corps  ,  pourvu  que  l'on 
pût  porter  le  Prince  de  Condé  à  ap- 
prouver ce  qu*il  auroitfait  j  il  fe  char- 
gea même  de  lui  en  parler ,  mais  le 
Duc  de  Bouillon  ne  jugea  pas  à  pro- 
pos qu'on  lui  fît  une  pareille  confi- 
«  dence.  »  Je  connois  ,  dit-il,  le  Prin- 
»  ce  &  fes  engagemens  avec  le  Marê- 
»  chai  j  il  le  hait,  mais  il  le  ménage  j 


Duc   liE   BOUILEÔN.  LiV.  VII.   IJj 

il  ne  manquera  pas  de  l'avertir. Quand  «« 
une  fois  le  coup  fera  fait  ,  Se  qu'il  ^t 
n'aura  plus  rien  à  craindre  nf  à  efpé-  « 
rer  de  lui  ,  je  me  charge  de  le  lui  ce 
faire  approuver.  «  Le  Duc  de  Mayen-  m 
ne  d.t  qu'il  y  penferoit  ;  &  le  projet 
de  fe  défaire  du  Maréchal  d'Ancre  ne 
fut  pas  pour  lors  pouffé  plus  loin. 

Les  affaires  en  étoient-là ,  lorfque 
le  Duc  de  Longueville  qui  ne  pou- 
voit  foufRir  que  le  Maréchal  d'Ancre 
fon  Ennemi ,  après  avoir  été  obligé 
de  fe  défaire  du  Gouvernement  delà 
Citadelle  d'Amiens  ,  fe  fût  réfervé 
ceux  de  Montdidier,  de  Roye  ,  &  de 
Peronne  ,  entreprit  de  lui  enlever  ces 
trois  Places.  Il  commença  par  la  der- 
nière qui  étoit  la  plus  importante  ,  ôc 
l'attaqua  dans  les  formes.  L'entre- 
prife  fit  un  grand  bruit  à  la  Cour^ 
On  dépêcha  promptement  Mangot 
Secrétaire  d'Etat ,  avec  des  ordres  pré- 
cis au  Duc  de  Longueville  de  fe  dé- 
fifter  de  fon  entreprife  ,  &  des  défen- 
fes  aux  Habitans  de  le  recevoir  dans 
leur  Ville.  Mais  quand  Mangot  arri- 
va ,  tout  étoit  fait  ;  le  Duc  s'étoic 
rendu  Maître  de  la  Ville  &  du  Châ- 
teau. Mangot  le  fomma  de  les  remet- 
tre en  leur  preaiier  état  j  mais  le  Duc 


\i^t  Histoire  de  Henry 
répondit  qu'il  étoit  pour  le  moins 
aufli  capable  de  les  garder  pour  le 
Roy  ,  qu'un  Etranger  comme  le  Ma- 
réchal d'Ancre  qui  par  les  Loix  du 
Royaume  n'y  pouvoit  avoir  aucun 
Gouvernement. 

Cette  réponfe  alloit  attirer  fur  les 
bras  du  Duc  de  Longueville  toutes 
Iqs  forces  que  le  Roy  avoir  fur  pied , 
Cl  le  Prince  de  Condé  ne  s'y  fût  pas" 
opposé.  Il  propofa  à  la  Reine  Mère 
la  voie  de  la  négociation  ,  &  lui  fie 
agréer  que  le  Duc  de  Bouillon  allât 
trouver  le  Duc  de  Longueville  pour 
lui  perfuader  de  remettre  les  chofes, 
en  l'état  où  elles  étoient  avant  l'in- 
vafion  de  Peronne,  L'on  peut  juger 
de-làj  ou  que  le  Duc  de  Boiiillon  ne 
s'étoit  pas  ouvert  au  Prince  de  Condé 
de  fes  projets  contre  leMarêchal  d'An- 
cre ,  ou  que  le  Prince  n'avoir  pas  def-* 
fein  de  fervir  la  Reine.  En  efïet  le  Duc 
de  Boiiillon  étoit  la  perfonne  du  mon- 
de à  qui  il  fe  falloir  le  moins  adreifer 
pour  l'affaire  dont  il  s'agilfoit.  Dans 
la  vue  de  caufer  de  nouveaux  embar-^- 
ras  au  Maréchal  d'Ancre  ,  &  d'enga- 
ger de  plus  en  plus  le  Duc  de  Longue- 
ville  à  fe  joindre  à  ceux  qui  le  vou- 
loient  perdre ,  c'écoit  le  Duc  de  Bouil- 


Duc  DE  BotyilLOM,  tiV.  VIÎ.  î^j[ 

Ion  lui-même  qui  lui  avoir  confeillé 
l'entreprife  de  Peronne.  Cependant 
la  Reine  perfuadée  de  l'habileté  du 
Duc  de  Bouillon  ,  fuivant  le  confeil 
du  Prince  de  Condé ,  lui  propofa  d'al- 
ler traiter  avec  le  Duc  de  Longue- 
ville.  Le  Duc  accepte  la  commilîion  ; 
il  fait  deux  voïagcs  à  Peronne  j  il  s'a- 
bouche deux  fois  avec  le  Duc  de  Lon- 
gueville ,  &  ne  rapporte  de  fa  négo- 
ciation ,  qu'un  refus  abfoiu  du  Duc 
de  remettre  Peronne  au  Maréchal 
d'Ancre.  Il  n'avoit  garde  d'en  ufer 
autrement.  Le  Duc  de  Bouillon  bien 
loin  de  le  porter  à  fe  défîfter  de  fon 
entreprife  ,  s'étoit  attaché  à  lui  per- 
fuader  de  conferver  fa  conquête  ,  & 
de  s'unir  fortement  au  parti  formé 
contre  le  Maréchal  d'Ancre  fon  En- 
nemi. 

;  La  Reine  Mère  fe  vit  donc  réduita 
à'emploïerla  force  contre  le  Duc  de 
Longueville  j  mais  comme  elle  fe  dé- 
fioit  de  la  plupart  des  Seigneurs  de  la 
Cour  ,  &  particulièrement  de  ceux 
qui  avoient  fuivi  le  paiti  du  Prince  de 
Condé  dans  la  dernière  Guerre  ,  elle 
jetta  les  yeux  fur  Charles  de  Valois 
Fils  naturel  de  Charles  IX.  Comte 
d'Auvergne ,  ^  depuis  Duc  d'Angou* 


iême ,  (  c'eft  le  nom  qu'on  lui  donne- 
-ta  dans  cette  Hiftoire.  )  Il  étoit  pri- 
fonnier  à  la  Baftille  depuis  l'an  1605. 
pour  une  confpiration  contre  Henry 
IV.  dans  laquelle  il  étoit  entré.  Onze 
ans  de  prifon  ne  lui  avoient  point  af- 
foibli  Tefprit ,  il  avoit  du  courage  & 
4e  la  capacité  pour  les  affaires.  En 
un  mot  il  eût  pu  pafîèr  pour  un  hom- 
me de  mérite ,  s'il  n'eût  pas  aimé  l'ar- 
gent jufques  à  donner  dans  la  fauiTe- 
rnonnoïe.  La  Reine  Mère  le  tira  de 
la  Baftille  pour  lui  donner  le  Com- 
mandement de  l'Armée  deftinée  con- 
tre le  Duc  de  Longueville. 

Pendant  que  cette  Armée  s'alfem- 
ble  ,  le  Duc  de  Bouillon  reprend  fon 
projet  contre  le  Maréchal  d'Acnre, 
que  l'afFaire  de  Peronne  avoit  en 
quelque  manière  interrompu.  Mais 
les  chofes  n'étoient  plus  fur  le  pied 
où  il  les  avoit  lailfces.  Le  Duc  de 
Mayenne  contre  le  fentiment  du  Duc 
de  BoUillon  en  avoit  parlé  au  Prince 
de  Condé  ,  de  forte  qu'on  ne  pouvoic 
plus  rien  faire  fans  fa  participation, 
Mcmoi-  Le   £)m;  ^Q  Bouillon  fut  obligé  de 

res  de  la  y-      ^  ,     .  o     _ 

Régence  palier  lut  cct  inconvenicnt  j  on  tmt 
de  Médf  AlFcmb'écs  iecrettcs ,  le  Prince  de 
cis.        Condé  y  aiCfla  j  il  confentoit  alfez  à 


Duc  DE  BoutttON.  Liv.  VIT.  15/ 

ce  que  le  Duc  de  Mayenne  s'écoit  of- 
fert d'entreprendre  contre  le  Maré- 
chal ,  mais  il  portoit  la  chofe  plus 
loin.  Il  en  vouloit  à  l'autorité  de  la 
Reine  Mère  ,  &  fon  delfein  alloit  juC- 
ques  à  l'éloigner  des  affaires,  &  à  s'en 
rendre  le  Maître.  Comme  on  le  pref^ 
foit  de  donner  fon  confentement  à  ce 
que  le  Duc  de  Mayenne  avoit  propo- 
sé ,  (  c'étoit  de  faire  une  querelle  au 
Maréchal  &-  de  le  tuer  )   il  répondit 
qu'il  y  confentiroit  volontiers,  &  qu'il 
n'y  avoit  que  la  violence  qui  pût  dé- 
livrer l'Eiat  d'un  homme  aufîî  dange- 
reux Se  auiïi  généralement  haïj  «  mais  «< 
foiez  perfuadez ,  ajoûta-t-il  ,  que  la  «« 
Reine  Mère  fe  vengera  tôt  ou  tard ,  &  « 
de  vous  ik  de  moi ,  Ci  nous  lui  laifTons  « 
fon  autorité.  Si  nous  perdons  le  Ma-  « 
rêchal ,  il  ne  faut  point  ufer  de  mena-  « 
gement  avec  la  Reine  ,  il  faut  l'éloi-  «« 
gner  de  la  Cour ,  ou  tout  au  moins  des  «« 
affaires .  «  « 

Le  Duc  de  Boiiillon  demeura  d'ac- 
cord que  le  Prince  raifonnoit  jufte,  &c 
que  dans  l'exécution  des  grands  def- 
feins  il  n'en  faloit  point  faire  à  deux 
fois  ,  ni  s'arrêter  à  mi-chemin.  «  «e 
Combien  de  gens ,  ajoûta-t-il ,  fe  font  ce 
perdus  pour  n'avoiï  pas  fuivi  leurs  « 


13^         Histoire  de  Henry 
*•  iefifeins  dans  toute  leur  étendue.  Il 
*»  faut  laifïêr  le  Maréchal  joiiir  de  toute 
^  fa  fortune  &  triompher  de  nous ,  ou 
»»  il  faut  mettre  la  Reine  Mère  hors  d'é~ 
P*  tat  de  vanger  fa  mort,  n    Cet  avis 
alloit  paifer  fans  qu'aucun  s'y  oppo- 
sât,  lorfque  le  Duc  de  Guife  fentit 
que  la  haine  héréditaire  des  Bourbons 
&:  des  Guifes  fe  réveilloit  dans  fon 
coeur.    Il  crut  qu'il   commcttroit  la 
dernière  imprudence  ,   s'il  foufîroic 
que  toute  l'autorité  tombât  entre  les 
mains  d'un  Prince  naturellement  En- 
nemi de  fa  Maifon.  Il  s'oppofa  donc 
à  l'avis  du  Duc  de  Bouillon  ,  &  dé- 
clara hautement  qu'il  ne  confentiroit 
jamais  que  la  Reine  Mère  fût  compri- 
£ê  dans  le  delîein  de  perdre  le  Maré- 
chal d'Ancre.  L'oppofîtion  du  Duc  de 
Guife  penfa  renverfer  tout  le  projet 
du  Duc  de  Bouillon  ;  mais  ce  qui  ache- 
va de  le  détruire  fut  que   le  Prince 
choqué  de  ce  que  fon  deffein  n'avoit 
pas  été  fuivi ,  fit  avertir  le  Maréchal 
de  fe  tenir  fur  fes  gardes  ,  &  lui  fit  di- 
rc  qu'il  ne  fe  fentoit  pas  alfcz  fort 
pour  le  protéger  contre  le  grand  nom- 
bre de  puilfans  Ennemis  qui  avoient 
conjuré  fa  perte. 
Le  Maréchal  d'Ancre  ne  pr  ofita  pas 

feule- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VU.  i^f 
feulement  de  l'avis  du  Prince ,  pour 
fe  mettre  à  couvert  de  l'orage  dont 
il  étoit  menacé  ;  il  s'en  fervit  encore 
contre  le  Prince  même ,  foit  qu'il  fe 
.défiât  feulement  des  projets  faits  con- 
tre lui,  Ôc  qu'il  crût  ne  pouvoir  pren- 
dre trop  de  mefures  pour  fa  fureté  ; 
foit  que  quelqu'un  eût  révclc  ce  qui 
avoit  été  proposé  contre  la  Reine  &■ 
contre  lui  dans  les  Afïèmblécs  dont 
on  a  parlé  ,  (  car  dans  les  Cours  ora- 
geufes  ôc  pleines  de  défiances ,  com- 
me celle  de  Marie  de  Médicis  ,  les 
plus  grands  Seigneurs  font  aiïez  fou- 
vent  les  efpions  les  uns  des  autres  )  ,, 
loit  enhn  qu  il  tut  porte  de  lui-même  i-s  cfe  i* 
à  la  violence,  il  fçut  fi  bien  perfua- J°|5"" 
der  à  la  Reine  Mère  que  c'étoic  fait  ie  Medi- 
de  fon  autorité ,  fi  elle  ne  prévenoic*^''' 
pas  le  Prince  de  Condé  ,  que  cette 
Princelfe  prit  la  réfolution  de  le  faire  Memoî. 
arrêter.  La  commilïion  en  fut  donnée  ^^'  ''ï 
a  Tiiemines  homme   de  relolution  ,  Rohan  , 
6c  que  l'envie  de  faire  fortune  ren-  ^'^'  ** 
doit  capable  de  tout  entreprendre  :  il 
l'exécuta  deux  jours  après.  A  la  fortie 
du  Confeil  le  Prince  de  Condé  fut 
arrêté  prifonnicr  j  on  le  garda  quel- 
que temps  dans  le  Louvre,  il  fut  en- 
fuite  conduit  à  la  Baftille.   Les  Ducâ 


158  HiST.  DE  H.  Duc  DE  Bouit. 
Memoi-  de  Boliillon  &  deMayenne  plus  atten- 
l^^J^  tifs  que  lui  à  ce  qui  fe  palTbit  à  la 
pierre.  Cour  ,  1  avoieiic  tait  avertir  du  mal- 
heur dont-il  écoit  menacé  ,  &  l'a- 
voient  fait  prier  de  ne  point  aller  au 
Confeil  le  lendemain.  Mais  l'entre- 
prife  de  faire  arrêter  le  premier  Prin- 
ce du  Sang  au  milieu  de  Paris  ,  parut 
il  extraordinaire  au  Prince  de  Condé  , 
qu'il  ne  put  fe  réfoudre  à  la  croire. 
En  effet  le  coup  étoit  hardi  ,  mais  | 
il  dcvoit  tout  craindre  d'une  Reine 
extrêmement  jaloufe  de  fon  autorité  ji 
&c  d'ailleurs  il  lui  avoit  donné  trop 
de  iiijets  de  défiance ,  pour  ne  s'en  pas 
défier  lui  même. 


Fin  du  Jeptiéme  Livre, 


^9 

SOMMAIRE 

du  huitième  Livre. 

1J  Reine  Mère  fait  arrêter  le 
^  T rince  de  Cvnâéi  tl  eji  conduit 
À  la  Bajh/Ie.  Elle  a  de^cin  ê^  en  faire 
autant  a  tous  Us  Seigneurs  de  fon 
farti.  Le  Bue  de  Bo'nilion  pénètre  ce 
dejfein:  les  mcfures  qti  il  prend  pour 
prévenir  î éxecution.    Il  fe  retire 
de  la  Cour  5  //  engage  plufeurs  Sei- 
gneurs k  en  faire  atttMU  :  r?;efurcs 
qu'ils  prennent  tous  enjcmble  pour 
leur  sûreté.    La  Reine  Mère  ncgocie 
enziain  pour  Us  faire  revenir  h  la 
Cour.    On  lève  des  Troupe:  de  part 
&  d'autre  y  la  Guerre- CivrU  recom- 
mence i  elle  efi  interron/puc  par  une 
Faix  de  peu  de  durée.    La  Guerre 
recommence.    Le  Roy  tombe  dange- 
reujement  malade  >  il  guérit  ojèm- 
hle  approuver  C union  &  la  conduite 
des  Seigneurs  lig^ie^    Le  Duc  de 
Bouilloîi  s'en  prévaut  j  &  lève  des 
Troupes  m  Alkmagne  ,  en  Hollande 

Gij 


*4o  Sommaire. 

&  au  Fais  de  Liège.  Prétexte  J^é" 

deux  dont  iljefert  pour  cela.  Il  em" 

ploie  le  même  prétexte  pour  engager 

le  parti  Calvim^e  k  Je  déclarer  en 

faveur  des  Seigneurs  liguer  i  il  y 

réujfit  malgré  les  oppoftttons  de  plu-' 

fleurs  Çrands  du  parti.  La  Reine 

Mère  traverse  les  deffeins  du  Duc 

de  Bouillon.  Il  en  écrit  au  Roy  &  ht 

la  Reine  d'une  manière  trh-hardie> 

Cette  lettre  efi  mal  prifc  k  la  Cour.. 

Le  Roy  lui  répond  avec  hauteur.  Le 

Duc  de  Bouillon  écrit  au  Roy  une  fe^. 

conde  lettre  en  explication  de  lapre^ 

mi  ère.  Ilyperfifie  dansfes  prétentions 

dont  il  s'explique  d'une  manière  qui  . 

fte  plat t pas  k  la  Cour.  Les  Seigneurs 

liguez»  font  de  fortes  Remontrances 

au  Roy  ,  é"  font  déclare^criminels 

de  leze-Majefié'  La  Reine  Mère  en- 

'Voie  deux  Armées  contre- eux  fous  le 

commandement  de  Montigny  ,  dt^ 

Duc  de  Guife  &  de  Themines.  Le 

Duc  de  Mayenne  efi  affiegé  dans 

Soijfons  par  le  Duc  d'Ângoulême. 

Le  Duc  de  Bouillon  e^  déclaré  Gêné- 

rulds  l'Arméç  des  Frtnces  liguez*,  ik 


Sommaire.  14I 

\it!arche  aafecours  du  Duc  de  Mayen- 
jie  avec  douze  mille  Hommes  de  pied 
^  deux  mille  chevaux.    Le  Con- 
>7tétable  de  Montmorency  ,  le  Duc 
d'Eve  mon ,  &  le  Maréchal  de  Lef- 
diguieresfont  une  Ligue  particulière 
contre  le  Maréchal  d'Ancre-  Tous  les 
Ordres  du  Royaume  joulevez.  contre 
lui-  De  Luynes  ert  prend  occajio/^  de 
le  rendre  fufpeÛ  au  Roy  »  il  lui  per^ 
fuade  qutl  ejl  la  caufe  de  tous  les 
foulévemens  du  Royaume  >  il  lui  fait 
prendre  la  refolution  de  s  en  défaire. 
Le  Maréchal  d'Ancre  ejl  tué  en  en- 
trant dans  le  Louvre*  Sa  mortpaci" 
fc  toutes  chojes-  Les  Seigneurs  ligue:^ 
mettent  les  Armes  bas  >  &fe  rendent 
auprès  du  Roy.  Conduite  particulière 
à"  précautionnée  du  Duo  de  Bouil- 
lon-  Ljfroi  de  la  Reine  Mère  »  elle 
abandonne  les  affaires»  elle  quitte  la 
Cour,  &  fe  retire  k  Blois.    Le  Duc 
de  Bouillon  je  rend  auprès  du  Roy ,  d* 
en  cjl  bien  reçu.  Le  Duc  de  Vendôme 
&  les  Seigneurs  du  parti  du  Prince 
de  Condc  faujfement  accujez par  Gi- 
gnier  d'une  ConJ^iration  contre  le 

Giij 


Roy,  Récit  de  cette  importante  affaî* 
te.  ^  Les^  Seigneurs  prouvent  lafauf- 
fetéde  l'acajatlon.    Gignier  efi  exé- 
cuté h  mort.   Le  Duc  de  Bo)ï  lion  de- 
jejpere  du   bon    Gouvernement  dt* 
Royaume  ;  il  prend  la  réjolution  de 
je  retirer  k  Sedan  ,  &  de  ne  plus  re- 
njemr  k  la  Coun  il  prend  congé  dît 
Roy ,  à- exécute  ce  de(fein.  La  Reine 
Mère  penfe  a  retourner  a  la  Cour, 
&  k  former  î'.n  parti  capable  de  lui 
rendre  fa  première  autorité.  L^Abbé 
Riicellài   la  fortifie  dans  cette  réfo- 
lut  ion.  CaracïcredecetAbbé',  il  part 
deBlois  pour  a'.ler  négocier  h  Sedan 
avec  le  Duc  de  Boùiïion  ,  f>  l'enga- 
ger da^s  le  parti  de  la  Reine  Mère. 
Le  Duc  de  BoïàUon  peu  fatisfait  de 
cette  rrinceffe  é^  rebuté  des  intrigues 
de  la  Cour  ,  confeille  k  Rucelldi  de 
sadrcffer  au  Duc  d'Epernon.  il  lui 
donne  de  bons  confeils  pour  réujfir 
dans  cette  négociation.    Dijfcultez, 
que  Rucelldi  y  rencontre  i  U  les  fur- 
monte  ,  &  engage  le  Duc  d'Epemon 
/?  tirer  la  Reme  Mère  de  Blois.  Le 
l>uc  d' Epernon  t  entreprend^' y  réuf 


s   O    M   M    A   I   R  î.  1+5 

/?/.  Le  me  de  Boïtillon  favorije  le 
paru  de  la  Remc  Men  ,  mais  \ans 
Je  déclarer  ouvertement.    La  Cour 
tâche  envain  de  pénétrer  les  dejjems 
du  Duc  de  Botïîllon.   On  propoje  au 
Roy  un  accommodement  avec  la  Rei- 
ne {a  Mère  ,  tl  y  consent  ;  ï accom- 
modement Ce  fait  ,  mais  il  n  ejt  pas 
de  durée.    Le  Duc  de  Bouillon  en 
prend  occasion  de  Je  tirer  des  engage- 
mens  qutl  avoit  pris  avec  la  Reine. 
Nouvelles  hrouilleries  entre  le  Roy 
é-  la  Reine  Mère.  On  arme  départ 
&  d'autre.    Le  Roy  envoie  Ba\\orn' 
pierre  en  Champagne  pour  y  faire  des 
Levées.  Le  Vue  de  Bouillon  lut  envoie 
m  Gentilhomme.  Ce  qui  je  pafj  a  en- 
tre ce  Gentilhomme  &Ba(jompierre. 
Les  Troupes  de  la  Reme  Mère  jont 
hatucs  auront  de  Cé.   Bile  sac- 
commode  avec  le  Roy.  Ajfaire  de  Bo^ 
heme.  Ferdinand  jecond  efi  élu  Roy 
de   Bohême.  Les  Bohémiens  je  ré- 
voltent contre  lui ,  déclarent  qu  il  ejt 
déchu  de  la  couronne  ,  &  qt^  tl^  ^^^^ 
procéder  k  une  nouvelle  clecJion-  Lj: 
Duc  de  Boïtillon  en  ^rend  occajion  clc 

Giiij 


144  S    O    M    M    A  1    R   ï". 

négocier  four  faire  élire  le  Talati» 
fon  Neveu.  Ses  négociatiom  font  fi 
fecrettes  >  c^uon  efi  long-temps  fans 
fçavoirquilfe  méloit  de  cette  affai* 
re.  Le  Palatin  a  plujïeurs  Compc 
îiteurs.  ^uels  ils  étote?ît.  Dijflcul- 
tez,  de  cette  négociation,  ohfiacles 
que  le  Duc  de  Bouillon  y  rencontre  i- 
il  ne  laife  pas  de  les  vaincre.  Là 
Palatin  l'emporte  fur  fes  Competi" 
teurs*  il  eft  élu  Roy  de  Bohême  »  il 
va  prendre  poffe[]ion  de  cette  Cou^ 
tonne.  Ferdinand  fécond  arme  con^ 
tre  lui  :  le  Palatin  arme  de  fia 
coté.  La  bataille  de  Prague  fe  don^ 
ne  i  le  Palatin  la  perd  ,  é*  Ferdi" 
nand  recouvre  la  Couronne  de  Bo* 
heme.  Le  Palatin  efl  mis  au  ban  de 
ï Empire.  On  amufe  le  Roy  de  la 
Grande-Bretagne  .  beau-pere  du  Pa^ 
latin  ,  par  de  frujfes  négociations  f 
on  l'empêche  par-lk  de  lui  donner 
d'y^  fecours.  Le  Palatin  efl  dépouillé 
de  fes  Etats  j  il  fe  retire  a  Sedan 
auprès  du  Duc  de  Bouillon  fon 
oncle  qui  fait  de  vains  eff'orts  pour 
U  rétablir*  Ferdinand  (^  U  Palatine 


s    C    M    M     AIR    n.  I4.J 

nt'l^cicnt  a  la  Cour  de  France  poi'fv 
obliger  le  Rcy  k  Je  déclarer  en  leur 
faveur-  Le  Vue  de  BoHillo?^  en-  écrit 
fortemeiit  au  Roy»   Ses  rai f on  s  -peur 
le  porter  k  fe  déclarer  pour  le  Pa- 
latin. La  Cour  mal  dtj^osée  en  fa- 
*veurde  ce  Prince.  Le  Duc  de  Boutl- 
lon  croit  faire  beaucoup  d^ obtenir  dt^^ 
JRoy   la  neutralité  entre   les    ditux 
Princes.    Le  Roy  envoie  une  célèbre 
Jmbaffade  en  Allemagne  pour  ac- 
commoder ce  fameux  dtjfercnd ,  mais 
inutilement.    Le  Roy  conformément 
à  l'£d/t  de  Nantes  ordonne  le  réta- 
bli ffement  de  la  Religion  Catholique 
dans  le  Bearn.  Le  parti  Calvimjîe 
$y  oppofe  ,  cr  refuje  d'obéir  au  Roy- 
Le  Roy  arme  contre-eux,  Le  Vue  de 
Bouillon  écrit  au  Roy  en  leur  faveur, 
mais  fans  effet.  Le  Bearn  eft  fournis , 
la  Religion  Catholique  y  eft  rétablie. 
Tout  le  parti  Calvmifie  je  révolte  » 
il  partage  toutes   les  Provinces  du 
Royaume  entre  les  Grands  de  ia  reli- 
gion i  il  y  établit  des  Coînmandans  » 
kve  des  Troupes  >  &  fe  prépare  à  la 
Ctterre-   hi  i>m  ^e  Bouillon  defat 


1^6  SoMÎ^AlRE, 

■trouve  cette  résolution  >  la  fart  quil 
eut  fi  cette  ajfaire  >  comme  il  s  y  con- 
duifit.  Les  armes  au  Roy  réujji(fent 
■par-tou  "  >  Montauban  e?i>  arrête  la 
projperitéi   il  efi  ajfiegé par  le  Roy. 
Mort  du   Connétable    de   Luines. 
Lefdiguieres  lui  fp^cccde^  &  je  fait 
Catholique.  La  Guerre  continue.  Le 
Duc  de  Bouillon  obtient  du  Roy  la  neu-^ 
tralité pour  [es  terres.    On  tâche  de 
perjuader  au  Roy  de  la  rompre.  BaJ- 
jompierre  s'' y  oppofe  dans  le  Conjeil 
du  Roy  i  dtjconrs  remarquable  quil 
y  fit  pour  cela.  Le  Roy  fe  déclare  pour 
l'avis  de  Baffompierre  »   &  main- 
tient la  neutralité.   Stege  de  Mont- 
pellier. Les  Grands  du  parti  Calvi- 
nifie  réconcilient  entre-eux  les  Ducs 
de  Bo'iiillon  (jr  de  Rohan.  Le  parti 
Calvinifie  efl  réduit  a  demander  la 
Faix.   Mouvemens  (^  négociations 
du  Duc  de  Bouillon  pour  l'obtenir 
avantageufe.  Le  Roy  accorde  la  Paix 
a  [es  Sujets  Ca'vinifies-    Service 
que  le  Duc  de  Bouillon  rend  au  Roy 
A  cette  occajlon.  Sa  mort-  IScs  Mn- 
fans.   Son  éloge. 


147 


HISTOIRE 

DE    HENRY 

DE   LA  T  OUR 

D'AUVERGNE, 
DUC    DE  BOUILLON. 


LIVRE  WVITJE' ME, 

^^^R!  'Emprisonnement 
l^j  du  Prince  de  Coudé  devoit 
/^:|  avoir  apparemment  de 
-s—-'  (grandes  (S^defâchcufes  fui- 
tes.  Il  cft  vrai  que  contre  l'avis  du 
Duc  de  Bouillon  ^  ce  Prince  avoit 
iailTédefunir  les  Seigneurs  de  Ton  par- 
ti^ dont  l'union  feule  pouvoit  le  ga- 

G  vj 


148  Histoire  de  HsNRr 
rentir  des  entrepriies  de  la  Cour; 
mais  un  coup  d'un  iî  grand  éclat  n'é- 
toit  que  trop  capable  de  les  réunir , 
&  le  Duc  de  Bouillon  qui  avoit  tou- 
jours confervé  avec  eux  plus  d'union- 
que  les  autres  ,  avoit  allez  fait  voir 
dans  de  moindres  occalîons  ce  qu'il 
étoit  capable  de  faire ,  pour  ne  pas 
craindre  qu'il  ne  formât  encore  un 
parti  aflTez  paillant  pour  mettre  en 
liberté  le  Prince  de  Condé  ,  &  pour 
renverfer  tous  les  delFeins  de  la  Rei- 
ne Mère.  Aufïi  le  projet  de  cette  Prin- 
ceife  ne  fe  réduifoit  pas  au  feul  empri- 
fonnement  du  Prince  :  Elle  avoit  ré- 
folu  de  faire  arrêter  les  0ucs  de  Bouil- 
lon ,  de  Mayenne  y  de  Vendôme  & 
généralement  tous  ceux  qui  avoient 
confervé  quelque  correfpondance  a- 
Tec  le  Duc  de  Bouillon  qu'elle  crai- 
gnoit  feul  plu-s  que  tous  les  autres 
enfemble.  C'étoit  ce  qu'il  faloit  fai- 
re :  car  dans  des  occafions  pareilles  à 
celles  dont  il  s'agit ,  ou  il  ne  faut  rien 
entreprendre  j  ou  il  ne  faut  rien  laifFer 
à  faire. 

Mais  le  Duc  de  Bouillon  étoit  trop 
prévoïant  pour  fe  lailfer  furprendrc  5 
il  cntretenoit  des  Efpions  à  la  Cour, 
&:  il  étoit  exaâ;ement  .infor;né  de  tout 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.VIIT.  14^" 
ce  qui  s'y  palFoit.   Il  n'eue  pas  plûcôc 
été  averti  qu'on  doubloit  les  Gardes 
au  Louvre  ,  &  qu'il   s'y  faifoit  des 
mouvemens  extraordinaires  ,  qu'il  le 
fit  dire  au  Prince  de  Condé  ,  ôc  à  Tes 
amis  î  il  fe  tint  renfermé  dans  fou 
Hôtel  fous  prétexte  d'indifpofition  : 
à  [on.  exemple  les  Ducs  de  Mayenne, 
de  Guife  &  de  Vendôme  fe  tinrent 
aufîi  fur  leurs  gardes.  Enfin  le  jour 
que  le  Prince  fut  arrêté  ,  il  fortit  de 
Paris  ôc  s'en  alla  à  Charenton.  Com- 
me il  en  rèvenoit  il  apprit  la  déten- 
tion du  Prince  de  Condé  -,  il  envoïa 
fur  le  champ  un  Exprès  au  Duc  de 
Alayenne  pour  lui  dire  qu'il  i'atten- 
doit  à  la  porte  de  Saint-Antoine.  Le 
Duc  de  Mayenne  s'y  rendit  auffi-tôt 
fort  cmbarraiîé  de  ce  qu'ils  auroient 
à  faire  dans  une  pareille  conjoncture. 
Mais  le  Duc  de  Boiiillon  qui  n'avoit 
jamais  plus  de  préfence  d'efprit  que 
dans  les  dangers  les  plus  preflàns  ,  lui 
dit  qu'il  n'étoit  plus  temps  de  déli- 
bérer ;  que  leur  parti  devoit  être  pris  ; 
qu'il  faloit  rentrer  dans  Paris ,  join^ 
dre  le  Duc  de  Guife ,  foûlever  le  peu- 
ple, &  faire  ,  s'il  fe  pouvoir  ,  des  bar- 
ricades femblables  à  celles  du  temps 
.de  Henry  III,  qu'à  la  vérité  la  ré- 


Î50       Histoire  de  Henry 
foiution  étoic  extrême  ,  mais  qu'il  n'y 
avoic  point  d'autre  moien  de  fauver 
leur  liberté  ôc  peut-être  leur   vie. 

Ils  alloicnt  exécuter  ce  delfein  lorfl 
qu'il  arriva  un  Exprès  de  la  part  du 
Duc  de  Guife.   Il  leur  faifoit  fçavoir 
que  comme  il  écoit  fur  le  point  de  les 
aller  joindre ,  le  Roy  ôc  la  Reine  Mè- 
re l'avoient  mandé  au  Louvre  j  qu'il 
ne  pouvoit  fe  diipenfer  d'obéir  ,  mais 
qu'il  trouveroit  le  moïen  de  s'écha- 
per  fur  le  foir  ,  &  de  les  aller  trou- 
ver fur  le  chemin  de  Soiffons  où  ils 
avoient  delfein  de  fe  rendre.  Ce  mef- 
fage  furprit  les  deux  Ducs  ;  ils  fe  re- 
gardèrent fans  fe  rien  direjmais  quand 
ils  eurent  renvoie  l'Exprès  du  Duc  de 
"  Guife  :  »  Je  vous  avoue  (  dit  le  Duc 
*'  de  Bouillon  )  que  la  conduite  du  Duc 
^  de  Guiie  m'eft  fufpcéte.    Il  prétend 
"  apparemment  fe  prévaloir  de  la  con- 
"  jonélure  préfente.  Se  fe  faire  acheter 
^  bien  cher  par  la  Cour  ;   mais  il   fe 
"  trompe.    La  Reine  Mère  eil  abfolu- 
"  ment  livrée  au  Maréchal  &  a  la  Ma- 
*'  rêchalc  d'Ancre.  Ces  deux  perfonnes 
**  veulent  diipofer  de  tout ,  elles  ne  fou- 
**  friront  aucun  Seigneur  à  la  Cour  ,  qui 
"  ne  Toit  abfolument  dans  leurs  inte- 
"  icts  ôc  dans  leur  dépendance.   S'il  ne 


I  Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIIL  151 
s'aglifoit  que  de  dépendre  de  la  R  ei-  «e 
ne  ,  on  pourroic  s'en  accommoder,  ce 
mais  de  s'alFujettir  à  deux  perfonnes  ce 
qui  nous  font  (i  inférieures  ,  &  qui  te 
n'ont  rien  de  confiderable  qu'une  ce 
grande  fortune  qui  les  rend  infolens  ,  te 
Si  dont  ils  abufent ,  c'eft  ce  qui  ne  « 
conviendra  jamais  à  un  homme  qui  t« 
a  autant  de  naiifance  ôc  de  cœur  que  te 
le  Duc  de  Guife.  Il  faudra  que  tôt  « 
ou  tard  il  fe  brouille  avec  la  Reine  te 
Mère  ;  mais  s'il  abandonne  aujour-  te 
d'hui  fcs  amis  ,  ils  pourroient  bien  te 
alors  l'abandonner  aulîi  à  leur  tour.  «  ^ 

Apres  que  le  Duc  de  Boiiillon  eut 
parlé  de  la  iorte  ,  le  Duc  de  îvlayenne 
ôc  lui  prirent  le  chemin  de  Soillbns  ; 
ils  ctoient  accompagnez  d'environ 
cent-cinquante  Gentilshonîmes  atta- 
chez à  leur  fortune  ,  de  prêts  à  les 
fuivre  par-tout.  A  peine  eurent -ils 
fait  une  lieue  qu'ils  envoïerent  à  Pa- 
ris pour  apprendre  des  nouvelles  du 
Duc  de  Vendôme.  On  s'en  informa 
inutilement,  on  ne  put  fçavoir  ce  qu'il 
étoit  devenu.  Les  mêmes  perfonnes 
^voient  ordre  de  s'adrelfer  au  Cor-  r^^JJ^/â 
donnier  Picard.  C'étoit  un  homme  Re;;encc 
d'importance  &c  fort  accrédité  parmi  '\l  J^^J^' 
,iç  Peuple  depuis  les  differens  qu'il  cis. 


i 


Memoi- 


'tji       Histoire   de   Henry 
avoit  eu  avec  le  Maréchal  d'Ancre  ,• 
dont  il  étoit  forti  fort  à  Ton  honneur. 
Les  Ducs  de  Mayenne  Se  de  Bouillon 
lui  firent  dire  que  s'il  vouloit  émou- 
voir la  populace ,  ils  rentreroient  dans 
Paris  avec  cinq -cens  Chevaux  bien 
armez  pour  foûcenir  ce  qu'il  auroic 
fait.  Le  Cordonnier  fit  de  fon  mieux  , 
au(ïï-bien  que  la  Princelfe  doiiairici  c 
de  Condé  :   mais  le  peuple  n'aimoit 
res  <k    pas  allez  le  Prmce  ion  Fils  pour  le  iou- 
pfet°c"  ts^^"^  C'"i  ^^  faveur.    Cependant  les 
Boutiques  furent  fermées  ,  le  com- 
merce celîa  ,  &:  la  Populace  attrou- 
pée dans  le  Fauxbourg  Saint-Germain 
j,  _  alla  fondre  fur  l'Hôtel  du  Maréchal 
jour-"    d'Ancre  &  fur  la  Maifon  de  Corbinei- 
l'H^  1   ^^  ^^^^  Secrétaire  ;  il  y  eut  pour  deux 
des  Am-  cens-mille  écus  de  meubles  pillez.  Là. 
feafla-     Cour  s'eftimafort  heureufe  d'en  êtr^ 

«leurs.  .  N    r  1  L  ' 

ixtraor  quittc  a  II  Doii  marche. 

♦imairts.  Pendant  que  ces  chofes  fe  pairoient 
dans  Paris  ,  le  Duc  de  Guife  incertain 
des  fentimens  de  la  Reine  Mère  ,  crut 
qu'avant  que  de  fe  rendre  au  Louvre, 
il  devoit  y  envoïer  le  Duc  de  Che- 
vreufe  {^on  Frère.  C'étoit  en  apparen»* 
ce  pour  recevoir  les  ordres  de  leurs 
Majeftez ,  en  effet  pour  s'informer  s'il 
pourroit  y  aller  eu  fureté  ,  de  pou^^ 


ÏJtyc  Dï  BouiLtoN.  Lîv.  Yltî.  i/f 
fonder  les  intentions  de  la  Reine.  Le 
Duc  de  Chevreuie  la  trouva  fî  occu- 
pée à  donner  Tes  ordres  ,  qu'elle  ne 
fit  pas  la  moindre  attention  à  ion  com- 
pliment ,  ôc  ne  lui  répondit  pas.  Che- 
vreufe  furpris  d'une  pareille  froideur 
n'en  préfuma  rien  de  bon  pour  fon 
Frère  ,  il  le  hâta  de  fortir  du  Louvre. 
Quelque  temps  après  la  Reine  reve- 
nue de  fa  diftradion  fit  réflexion  que 
le  Duc  de  Chevreufe  feroit  infailli- 
blement allé  donner  l'alarme  à  fon 
aîné  -j  pour  en  prévenir  l'effet  elle 
envoia  promptement  le  Marquis  de 
Praflain  au  Duc  de  Guife  pour  raflii- 
ter  que  leurs  Majeftez  feroient  ravies 
de  le  voir.  Le  Duc  de  Guife  prévenu 
par  fon  Frère  lui  demanda  a  fur  fa 
parole  il  pouvoit  aller  au  Louvre  en 
lureté.  «  Perfonne  (  lui  dit  Praflain  )  m 
n'en  peut  mieux  juger  que  vous.    Si  « 
votre  confcience   ne  vous  reproche  •« 
rien ,  venez  j  fi-non  ,  vous  devez  fça-  u 
voir  ce  que  vous  avez  à  faire,  m  Cette  «c 
ïéponfe  augmenta  les  défiances  Se  les 
foupçons  du  Duc  de  Guife.   Au-lieu 
d'aller  au  Louvre  ,  il  prend  avec  le 
Duc  de  Chevreufe  la  route  de  Soif- 
fons  ;  ils  y  arrivèrent  avant  les  Ducs 
de  Bouillon  &  de  Mayenne.  Pour  ce 


1^4       Histoire    de  Henry 
qui  eft  du  Duc  de  Vendôme  ,     fur 
le  point  d'être  arrêté  par  Saint-Gé- 
ran ,  il  s'étoit  retiré  à  la  Fere ,  Place 
dont  il  étoit  Gouverneur. 

La  retraite  de  tant  de  Seigneurs 
devoit  embarafler  la  Reine  Mère  ; 
mais  la  joie  qu'elle  avoit  de  l'empri- 
fonnement  du  Prince  de  Condé  ,  ne 
lui  permit  pas  d'y  faire  toute  l'atten- 
tion qu'elle  devoit.  Elle  regardoit  le 
jour  où  elle  l'avoit  fait  arrêter  comme 
un  jour  de  vidoire  &  de  triomphe  : 
mais  que  le  préfent  eft  un  mauvais 
garand  de  l'avenir.  Ce  jour  qu'elle 
s'imaginoit  être  un  jour  de  gloire  pour 
elle  ,  ce  jour  où  elle  croïoit  s'être 
aflurée  d'une  autorité  qui  ne  lui  feroit 
plus  conteftée  ,  fut  l'origine  de  fa 
difgrace  &  de  fes  premiers  malheurs. 
De  Luines  qui  avoit  dès-lors  beau- 
coup de  pouvoir  fur  l'efprit  du  Roy , 
étonné  d'un  aufli  grand  coup  que  ce- 
lui de  l'emprifonnement  du  premier 
Prince  du  Sang  ,  en  craignit  un  pareil 
pour  lui-même ,  fi  (  ce  qui  ne  pouvoit 
gueres  manquer  d'arriver  )  il  deve- 
jioit  fufpeft  à  la  Reine.  Il  commença 
dès-lors  à  prévenir  contre-elle  l'efprit 
du  Roy,  &  il  lui  donna  tant  d'om- 
brages de  cette  autorité  fans  bornes 


!buc  DE  BoUTLlON.  LÎV.  vin.    i^f 

qu'elle  s'atciibuoit ,»  &  dont  le  Prince 
de  Condé  ne   pouvoir  plusfaiie  le 
contrepoids;  il  lui  rendit  le  Alarcchal 
d'Ancre  fi  odieux  ,  &:  l'on  peut  ajou- 
ter il  redoutable ,  qu'il  porta  enfin  ce 
jeune  Roy  à  eiitreprendie  ce  qu'on  va 
voir  dans  la  luitc  de   cette  Hiflioire. 
Après  que  les  Ducs  de  Mayenne  3c 
de  Boiiillon  eurent  tenté  envain  de 
faire    foulever   le    peuple  de  Paris , 
ils  fc  rendirent  ci  Soiffons  j  ils  y  trou- 
vèrent les  Ducs  de  Guife  &  de  Che, 
vreufe  ,  ôc  le  Cardinal  de  Guife  Ar- 
chevêque de  Reims  leur  Frère  ,  qui 
les  y    attendoient.    Ils  dépêchèrent  ^^'^^^ 
aufïï-tôt  aux  Ducs  de  Longueville  &c  R.^ence 
de  Vendôme  ,   pour  les  prier  de  fe  ,'^'i^';* 
rendre  au  Château  de  Coucy  ,  ou  us  eu. 
pourroient  prendre  tous  enfemble  les 
réfolutions  qui  conviendroient  à  l'é- 
tat préfent  de  leurs  affaires.     Tous 
ces   Seigneurs  joints  enfemble  pou- 
voient  faire  un  parti  redoutable  ;  mais 
le  Duc  de    Bouillon   qui  ne  penfoit 
qu'à  le  fortifier  ,   crut  qu'il  y  faloit 
encore  engager    le  Duc  de  Nevers 
Gouverneur  de   Champagne.    Il  ne 
s'étoit  point  encore  déclaré  ,  &  il  pa- 
roilfoit  avoir  des  vues  bien  éloignées 
de  celles  que  le  Duc  de  Bouillon  pré- 


1;^  Histoire  d  e  HenrV 
tendoitlui  inlpirer.  D'ailleurs  ce  n'é- 
toit  pas  un  homme  aisé  à  gagner.  Il 
avoit  toujours  des  delFeins  particu- 
liers ,  mais  qui  pairoient  alfez  louvent 
pour  tenir  un  peu  de  la  chimère,  peu 
propre  par  conféquent  à  entrer  dans 
les  projets  d'autrui ,  &  à  faire  fon 
afïliire  particulière  de  celle  des  autres. 
Ce  caradtere  du  Duc  de  Nevers  avoit 
empêché  les  autres  Seigneurs  dont  on 
vient  de  parler ,  de  penfer  à  l'engager 
dans  leur  parti.  Mais  le  Due  de  Boiiil- 
ion  qui  jugeoit  mieux  qu'un  autre  dé 
quelle  importance  il  étoit  de  le  ga- 
gner ,  entreprit  de  l'y  attirer.  Il  y 
réuilit  enfin  contre  toute  apparence  , 
êc  l'on  peut  dire  contre  les  véritables 
intérêts  du  Duc  de  Nevers ,  mais  trcs- 
avantageiifement  pour  lui  -  même  j 
&c  pour  fa  Principauté  de  Sedan  dont 
la  lîtuation  fur  la  Frontière  de  Cham- 
pagne demandoit  que  ie  Duc  de  Ne- 
vers fe  déclarât  pour  le  parti  que  lé 
Duc  de  Bouillon  avoit  embralle. 

Avant  que  d'entamer  cette  négo- 
ciation ,  il  fe  vit  obligé  de  fe  rendre 
à  Coucy.  Il  y  trouva  les  Ducs  dé 
Vendôme,  de  Longueville,de  Mayen- 
ne ,  de  Guife  l  de  Chevreufe  ,  le  Car- 
dinal de  Guife  &  le  Marquis  de  Cœu- 
Tres  depuis  M^arêchal  d'Eftrécs  ,  que 


f)uc  DE  BoTJîiLON.  Liv.  VIII.  rj7 
ics  liaiions  avec  le  Duc  de  Vendôme 
fon  proche  parent ,  &  Tes  broiiilleries 
avec  le  Maréchal  d'Ancre  avoienc 
engagé  dans  le  parti  des  Mécontens. 
Dès  les  premières  conférences ,  le 
Duc  de  Bouillon  s'apperçut  que  le 
Duc  de  Guife  ne  tenoit  au  parti  que 
par  bien-féance  ;  ôc  qu'on  ménageoit 
ion  accommodement  avec  la  Cour, 
Il  ctoit  de  la  dernière  importance  de 
fixer  fon  irréfolution  ;  outre  qu'un 
Seigneur  de  fa  diftinftion  faifoit  hon- 
neur au  parti ,  s'il  l'eût  abandonné  , 
l'on  perdoit  en  même-temps  le  Duc 
de  Chevreufe  &  le  Cardiiiaî  de  Guifc 
£es  Frères  dont  les  intérêts  étoient  ^^'^^'^' 
inféparablement  unis  avec  les  fiens.  Duc  j, 
LeDucde  BoUillon  n'oublia  rien  pour  ^°^^'^' 
1  obliger  a  rompre  entièrement  avec 
la  Cour.  Il  réveilla  fa  haine  contre 
le  Maréchal  d'Ancre  j  il  lui  fit  fcntir 
toute  la  honte  qu'il  y  auroic  pour 
lui  à  vivre  dans  la  dépendance  d'un 
homme  ,  qui  (  fi  la  tortune  ne  s'en 
fût  point  mêlée  )  n'eût  pas  même 
pensé  à  entrer  en  comparaifon  avec 
lui ,  d'un  Homme  qui  avoit  conjuré 
la  perte  de  fes  parens  &  de  fcs  ami« 
&  peut-être  la  fieane  ,  d'un  Homme 
ÇjijOii  qui  ctoit  l'objet  de  la  haine  ^iqui 


rjS       Histoire    de    Henry 
blique ,  &  dont  il  avoic  faïc  gloire 
d'être  rennemi  déclaré.   Il  lui  repré- 
fenta  enfuite  le  peu  de  fonds  qu'il  y 
avoit  à  faire  fur  les  paroles  de  la  Reir. 
ne  Mère  ,  tant  qu'elle  feroit  gouver- 
née par  le  Maréchal  ôc  par  la  Mare- 
challe  d'Ancre  ;  le  Traité  de  Loudun 
violé  par  l'emprifonnement  du  Prin- 
ce de  Condé  ,  6c  le  projet  formé  de 
traiter  de  même  la  plupart  des  Soi- 
»»  gneurs  aifemblez  à  Coucy.  «  Quoi- 
»»  qu'on  vous  promette  (  ajouta  le  Duc 
*'  de  Boiiillon  )   vous  tiendra-t-on  pa- 
»'  rôle  mieux  qu'on  n'a  fait  au  premier 
«  Prince  du  Sang  ?  Vous  donnera-t-on 
»'  jamais  une  garantie  pareille  à  celle 
*>  du  Traité  de  Loudun  ?  Quand  on  vous 
»'  aura  defuni  d'avec   nous  par  un  ac- 
»  comm.odement  particulier  ,  où  fera 
*'  vôtic  recours  fi  l'on  ne  vous  tient  pas 
"  tout  ce  qu'on  vous  aura  promis  ?  »> 
Comme  le  Duc  de  Bouillon  ,  s'ap- 
perçut  que  ce  difcours  falloir  imprel- 
fîon  iur  l'efprit  du  Duc  de  Guife,  il 
ajouta  que  les  motifs  qu'ils  avoient 
de  prendre  les  armes,  étoient  les  plus 
juftes  du  monde  ;   qu'il  s'agiiToit  de 
défendre  leur  liberté  &  peut-être  leur 
vie  ;  que  c'étoit  pour  délivrer  le  pre- 
jBiei"  Prince  du  Sang  injullemcnt  em- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  i^f 

prilonné  ,  ôc  pour  tirer  le  Roy  des 
mains  d'un  Etranger  que  toute  la 
France  avoit  en  horreur  ;  que  fa  mai- 
Ton  pillée  fous  les  yeux  de  leurs  Ma- 
jeftez  ,  que  la  plupart  des  Grands  du 
Royaume  foulevez  à  fon  occafîon  en 
étoientune  preuve  bien  convainquan- 
te ;  que  le  Roy  &  la  Reine  fe  lalFe- 
roient  enfin  de  protéger  un  Homme  fi 
généralement  haïjqu'il  n'étoit  pas  pof^ 
fible  qu'il  fe  foutint  encore  long-tems 
contre  tant  d'ennemis  déclarez  ,  & 
que  fa  chute  entraîneroit  enfin  tous 
ceux  qui  feroient  attachez  à  fa  fortune. 

A  toutes  ces  confiderations  le  Duc 
de  Bouillon  ajouta  l'offre  qui   étoit 
la  plus  capable  de  tenter  le  Duc  de 
Guife  j  c'étoit  que  tous  les  Seigneurs 
Mécontens  ,  ceux  même  qui  lui  dif- 
putoient  l-e  rang  ,  le  reconnoîtroienc 
pour  leur  Chef.  «  Vous  tiendrez  (  luiu 
dit-il)  la  place  que  tenoit  le  premières 
Prince  du  Sang  dans  la  dernière  Guer-ie 
re.    Quelle  plus    grande  diftindtion  « 
pouvez-vous  eiperer ,  &c  quels  avan-  ce 
tages  ne  devez-vous  point   vous  en  « 
promettre  quand  nous  ferons  nôtre  e« 
accommodement  ?  c#  i 

Une  propoiition  fi  avantageufe  a- 
chcva  de  gagner  le  Duc  de  Guife  ôc 


ffjo       HlSTOIR-X     DE     HENRf 

de  l'attacher  au  parti.    Les  Seigneurs 

s'alfemblerent  auiïï-tôt  ,  &  le  Duc  de 

BoUillon   leur  propofa  de   marcher 

droit  à  Paris  avec  huit  à  neuf  mille 

Hommes  de  pied  &  deux  mille  Che- 

M  vaux  qu'ils  avoient  rallembiez.  «  Ce 

M  n'eil  pas  (  ajoûta-t-il }  que  je  prétende 

»•  que  nous  prenions  cette  grande  Ville 

»»  avec  fi  peu  de  forces  ;  mais  montrons^ 

»nous  feulement  à  fes  portes  ;  conten- 

•>  tons-nous  de  brûler  les  moulins  qui 

»>  font  autour ,  ôc  je  vous  réponds  que 

M  le  Peuple  fe  déclarera  bien  -  tôt  pour 

»nous.  Ainfi  devenus  les  Maîtres  de  la 

»> Capitale,  nous  romprons  les  delfeins 

wde  nos  Ennemis ,  &  la  Cour  fera  ré- 

••duite  à  nous  donner  la  fatisfadion 

»•  que  nous  prétendons.  « 

Le  Duc  de  Bouillon  en  donnant  ce 
eonfeil  agilfoit  fuivant  les  maximes 
qu'il  a  toujours  fuivies  ;  qu'il  eft  des 
■  circonftances  où  l'on  ne  doit  jamais 
faire  les  chofes  à  demi  ;  que  le  fuccès 
des  grands  deifeins  dépend  le  plus 
fouvent  de  la  diligence  8c  de  la  nar- 
-  dielïè  qu'on  emploie  à  les  exécuter  , 
Se  que  le  trop  de  circonfpeétion  ne 
fert  d'ordinaire  qu'à  laifler  échaper 
les  occafions  de  réuflïr.  Il  fçavoit  de 
pluç  que  comme  U  n'y  a  rien  de  plus 

diiîicilô 


Dire  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  i^t 
difficile  que  de  conreivcr  riinion  dans 
un  parti  composé  de  gens  à  peu  près 
d'une  égale  autorité  ,  il  n'y  a  point  de 
temps  à  perdre ,  &  qu'il  faut  agir  d'a- 
bord avec  beaucoup  de  vigueur.  Les 
plus  éclairez  d'entre  les  Seigneurs  , 
ceux  que  le  génie  ou  l'expérience  éle- 
voient  au-delTus  des  autres ,  furent  de 
l'avis  du  Duc  de  Bouillon.  Le  plus 
grand  nombre  l'emporta  j  le  fcnti- 
ment  du  Duc  ne  fut  point  fuivi  ;  l'on 
convint  feulement  qu'on  feroit  incef- 
famment  de  nouvelles  levées  ,  &  que 
le  rendez-vous  général  des  Troupes 
feroit  à  Noyon.  Ils  fe  féparerent  en- 
fuite.  Le  Duc  de  Guife  alla  dans  le 
Duché  dont  il  portoit  le  nom  ,  d'où 
il  dépêcha  un  Gentilhomme  au  Duc 
de  Lorraine  ,  un  autre  au  Duc  d'E- 
pernon,  ôc  un  troilîéme  au  Duc  de 
Bellegarde  pour  les  foUiciter  d'en- 
trer dans  le  parti. Les  Ducs  de  Mayen- 
ne &  de  Bouillon  fe  retirèrent ,  l'un  à 
Soilfons ,  l'autre  à  Sedan.  Longuevil- 
le  retourna  à  Peronne  ,  Vendôme  à  la 
Fere  ,  Se  le  Marquis  de  Cœuvrcs  prie 
le  chemin  de  Laon  donc  il  écoit  Gou- 
verneur. 

Le  peu  de  réfolution  des  Seigneurs- 
mécontcns  les  ficméprifer  de  laCour. 
Tom.  ///.  H 


î^i  HisfOïS.E  OE  Henry 
Elle  fie  lever  des  Troupes  pour  Ie$ 
attaquer  en  même-temps  de  tous  co- 
tez ,  elle  prit  contre-eux  les  réfolu- 
tions  les  plus  extrêmes.  Le  fixiémc 
de  Septembre  i  6  i6.  le  Pvoy  alla  au 
Parlement  pour  y  faire  vérifier  une 
Déclaration  contre  le  Prince  de  Cou- 
dé. Il  y  étoit  accusé  d'entreprife  con- 
tre l'Etat,  &  même  contre  la  perfonnc 
du  Roy  ,  &:  c'étoit  par-là  qu'on  pré- 
tendoit  juftifier  fon  emprifonnement. 
Il  eft  vrai  que  comme  l'on  n'en  don- 
noit  point  de  preuves  ,  ou  qu'elles 
étoient  trcs-foibles ,  on  n'en  eut  pas 
plus  mauvaife  opinion  du  Prince.  Le 
Parlement  ne  laifla  pas  de  verifier-la 
Déclaration  ,  àc  le  Prince  de  Condc 
fut  traité  comme  criminel  de  ieze- 
Majeflc  fans  avoir  été  convaincu. 

Un  traitement  fî  rigoureux  à  l'égard 
<lu  premier  Prince  du  Sang  fit  jugeï 
au  Duc  de  Bouillon  ,  que  les  Sei- 
gneurs qui  s'étoient  déclarez  pour 
lui ,  feroient  pour  le  moins  aufli  mal- 
traitez. Sur  ce  préjugé  ,  il  fe  hâta  de 
traiter  avec  le  Duc  de  Nevers  ;  il  le 
fit  entrer  dans  le  parti  des  Mécontens, 
&  négocia  avec  le  Prince  d'Orange 
&  quelques  autres  Etats  Prot^ftans 
jpour  en  obtenir  du  fccours. 

!   T 

Xi 


0IfC  OE  BoiTULON.  LiV.  "VTflT.  I^j 

Pendanc  que  le  Duc  de    Boiiilloii 
tgiiroic  {I  ucilement  pour  fortifier  le 
parti  des  Seigneurs   mécontcns  ,   le 
Duc  de  Longucville  penfoit  à  s'en 
détacher.  Il  étoit  un  de  ceux  qui  dif- 
putoient  le  rang  au  Duc  de  Guife , 
&:  qui  avoit  promis  au  Duc  de  BoUil- 
lon  de  lui  céder  le  commandement 
des  aimes,  &c  de  le  reconnoîne  Chef 
du  parti.  Il  n'avoit  pas  plutôt  donné 
cette  parole  ,  qu'il  s'en  etoit  repenti. 
Il  penfoit  aux  moïens  de  la  dégager  , 
lorfque  la  DuchelTc  fx  Mère  lui  offrit 
de  la  part  de  la  Cour  un  accommode- 
ment dont  il  auroit  lieu  d'être  con- 
tent ;  il  accepta  fes  offres  ,  fa  Paix 
particulière  fut  bien-tôt  conclue.  Le 
Duc  de  Guife  en  ufa  dans  le  même- 
temps  à  peu  près  de  la  m.ême  manière;. 
Il  s'accommoda  avec  la  Cour  par  l'en» 
tremife  de  la  Duchelfc   fa  Femme, 
C'eft  ainfi  que  les  liaifons  qui  ne  re- 
gardent le  bien  public  que  comme  un 
prétexte  ,  &c  qui  n'ont  en  effet  pour 
objet  que  l'ambition  ou  quelque  au- 
tre inteiêt  particulier,  en  un  mot  qui 
ne  font  pas  fondées  fur  la  juftice,  net 
font  pas  de  longue  durée. 

Cependant  comme  les  deux  Sci- 
eneius  dont  on  vient  de  parler ,  a- 


1(^4       Histoire    be    HïNRr 

Mcmoi  voient  des  mefures  à  garder  avec  les 
rcs  d^  a  Mécontens ,  ils  obtinrent  que  le  Roy 
de^Mar.c  envoïcroit  des  CominifTaires  à  Soii- 
de  Medi-  fons  pour  traiter  d'un  accommode- 
'^^'        ment  général  avec  tout  le  parti  ,  & 
Memoi-  que  cependant  on  garderoit  le  fecrec 
B^îVom-  Tnr  la  Paix  particulière  qu'ils  avoient 
pitn;.     faite.  Cette  propofition  obligea  tous 
les  Seigneurs  du  parti  de  fe  rallembler 
à  Soiilbns  y  ils  s'y  rendirent  tous  à  la 
réferve  du  Duc  de  Longueville.    Il 
trouva  des  prétextes  pour  s'en  difpen- 
fer  ,  quoiqu'il  dût  garder  d'autant  plus 
de  mefures  avec  le  parti  qu'il  aban- 
donnoit ,  qu'il  en  avoit  été  bien  fervi 
dans  tous  les  difFerens  avec  le  Maré- 
chal d'Ancre. 

Le  Duc  de  Guife  n'en  ula  pas  de 
même  j  il  fe  rendit  à  SoilTons  ;  il  y 
difïïmula  le  mieux  qu'il  put  l'accom- 
modement qu'il  avoit  fait  avec  la 
Cour.  Mais  un  Homme  aulïï  éclairé 
que  le  Duc  de  Bouillon  n'étoit  pas 
aisé  à  tromper  5  il  foupçonna  à  fa  ma-, 
niere  d'r.gir  qu'il  n'alloit  pas  droit. 
Se  que  s'il  n'avpit  pas  abandonné  le 

faiti,  il  avoit  delfein  de  le  faire.  Pour 
obliger  à  fe  déclarer ,  il  le  prella  vi- 
vement fui  ce  qu'il  n'avoit  point  exé- 
cuté la  réfolution  de  lever  des  Trou» 


Duc  Dî  ROTJILLON.  LiV.  VÎTI.  î^f 

pes ,  qui  avoit  été  pnib  à  Coucy.    Le 
Duc  de  Guife  s'excufa  fi  mal  que  le 
Duc  de  Mayenne  &  les  autres  Sei- 
gneurs ne  purent  s'empêcher  d'entrer 
dans  les  foupçons  duDuc  de  BoUillon. 
La  conjondure  étoit  des  plus  emba- 
rallantes  ;  chacun  fe  regardoit  fans 
fcavoir  à  quoi  fe  réioudre  ,  ni  à  qui 
fe  fier.  Mais  le  Duc  de  Bouillon  qui  ^^^^-^ 
n'étoit  pas  moins  décifif  que  péné-  res  du 
trant ,  aïant  trouvé  le  moien  d'afiem-  ^^ëhan'!* 
bler  les  Seigneurs  fans  que  le  Duc  de  liv.  u 
Guife  y  fût  préfent ,  il  leur  propofa 
fans  façon  de  l'arrêter  &  de  le  mettre 
en  lieu  de  fureté.  «  La  réfolution  eft  e, 
violente  ,  je  ravolie  j  (  ajouta  le  Duc  ^ 
de  Boiiillon  )  mais  avons^nous  d'au-  j^ 
très  précautions  à  prendre  contre  un  ^ 
homme ,  qui  non  content  de  nous  a-  ^^ 
bandonner  dans   le  befoin  après  de  « 
fi  forts~>engagemens  pris  avec  nous ,  j, 
penfe  encore  à  fe  prêter  à  la  Cour  (,. 
pour  être  l'inftrument  de  nôtre  perte,  c^ 
Il  fçait  nôtre  fccret ,  il  connoît  tou-  ce 
tes  nos  relfources  ;  fi  nous  lui  laif-  «; 
fons  la  liberté  de  nous  nuire  ,  perfcn-  ce 
ne  n'eft   plus  capable  de   renverfer  ce 
tous   nos  delfeins  ,  il  nous  perdra  fi  ,, 
nous  ne  nous  allurons  pas  de  lui.  » 
Une  pareille  réfolution  que  le  Roy 


156  Histoire  de  Henut 
lui-même  &  la  Reine  Alere  n'auroient 
peut-être  pas  osé  exécuter  ,  étonna 
tous  les'  Seigneurs.  Cependant  cet 
avis  l'eût  peut-être  emporté  ,  Ci  le 
Duc  de  Mayenne  qui  étoit  le  maître 
dans  Soilfons  ,  ne  s'y  fût  opposé.  Il 
demcuroit  d'accord  qu'il  eft  des  extré- 
mitcz  dont  on  ne  peut  le  tirer  ou'efi 
prenant  les  réfolutions  les  plus  extrê- 
mes j  mais  il  fe  fit  un  fcrupule  de  vio- 
ler les  droits  de  l'hofpitalité  àl'éeard 
d  un  proche  parent  qui  etoit  venu  de 
bonne  foy  dans  une  Ville  dont-il  étoit 
Gouverneur.  Il  ajouta  qu'il  croïoit 
bien  le  Duc  de  Guife  capable  d'a- 
bandonner leur  parti ,  mais  qu'il  ne 
le  croïoit  pas  affez  perfide  pour  le 
trahir  ,  &  pour  fe  prêter  à  la  Cour 
pour  le  détruire.  Le  Duc  de  Bouil- 
lon infifta  qu'il  avoit  de  bons  avis  , 
ôc  que  la  complaifance  du  Duc  de 
Guife  pour  la  Cour  iroit  juiques  à 
prendre  contre-eux  le  commande- 
ment d'une  Armée.  Il  n'eft  pas  aisé 
de  décider  fi  le  Duc  de  BoiiiDon  avoit 
ité  averti  des  engagemens  du  Duc 
de  Guife  avec  la  Cour  ,  ou  s'il  n'en  ' 
parloit  que  par  conjecture  ;  mais  il 
cft  certain  qu'il  devina  jufte ,  Se  que 
le  Duc  de  Guife  accepta  dans  la  fuite 


T>\ic  DE  BouîiLON.  Liv.  VIIÎ.  i6y 
le  commandement  d'une  Armée  con- 
tre ces  mêmes  Seigneurs  qu'il  avoit 
engagé  lui-même  a  prendre  lesArmes. 
Une  pareille  conduite  ne  donne 
pas  grande  opinion  du  Duc  de  Guiie  , 
au  moins  par  rapport  à  la  bonne  foy 
&  au  véritable  honneur.  On  ne  trou», 
vera  point  à  redire  qu'il  ait  abandon- 
né un  parti  qui  palToit  pour  être  op- 
posé à  celui  du  Roy.  Les  devoirs  des 
Sujets  à  l'égard  de  leurs  Souverains 
font  indifpenfables ,  il  y  a  de  la  gloire 
à  y  revenir  -,  en  ce  cas  il  ne  faut  ni 
s'en  cacher  ,  ni  tromper  perlbnne. 
Mais  qu'un  Homme  com.me  le  Duc 
de  Guife  ,  qi»-  fiifoit  gloire  ^  il  n'y  a 
pas  long-tems  ,  d'être  l'Ennemi  dé- 
claré d'un  Etranger ,  haï  de  toute  la 
France ,  haï  du  Roy^mcixic  à  qui  il 
devenoît  de  jour  en  jour  de  plus  en 
plus  fufpeâ; ,  qu'un  Homme ,  dis-je^ 
de  la  nailfance  &  du  rang  du  Duc  de 
Guife  pour  un  léger  intérêt  ,  brigue 
le  Commandement  d'une  Armée  qui 
doit  fervir  à  rétabblfement  de  Tau* 
torité  de  ce  même  Etranger,  &  à  la 
ruine  de  fes  parens  &c  de  fes  amis  qui 
demandent  qu'il  foit  éloigné  des  af- 
faires ,  &  qu'il  ne  foit  plus  en  état 
de  leur  nuire  ,  c'eft  ce  qui  n'eft  pas- 

H  liii 


j6B  Histoire  dé  Hemr"? 
aisé  à  comprendre  ,  ou  plutôt  c'eft  ce 
qui  donne  lieu  de  conclure  que  l'am- 
bition ne  connoît  point  de  règles  , 
&  qu'il  n'y  a  point  de  devoirs  dont 
elle,  ne  fe  difpenfe  pour  arriver  à  fes 
fins. 

On  propofa  cnfuite  dans  l'AlTem- 
olée  des  Seigneurs  de  quelle  manière 
on  en  uferoit  avec  Chanvalon  &  Boid 
file ,  à  qui  le  Roy  avoit  donné  la 
Commifîîon  de  traiter  avec  les  Sei- 
gneurs mécontens.  Le  Duc  de  Bouil- 
lon rcprclcnta  à  cette  occaiîon  qu'il 
faloit  fe  déHer  des  intentions  de  la 
Cour  j\u'apparemment  les  Commit, 
(aires  étè^ient  envoïcz  plutôt  pour 
travailler  à  les  defunir,  que  pour  leur 
donner  les  juftes  fatisfaftions  qu'ils 
avoient  droit  de  prétendre  j  qu'ainfi 
Merroi  il  faloit  s'attacher  à  demeurer  unis, 
rcsdci'^  n'entendre  à  aucun  accommode- 
dcNL.ric  ment  particulier  ,  ôc  à  être  toujours 
d."  Medi- (^j-j  garde  contre  les  artifices  de  la 
Cour  :  que  quant  a  1  accommodement 
qui  pourroit  être  proposé ,  il  faloit 
l'accepter  tel  qu'il  pût  être  ;  que  s'il 
étoit  avantageux  ,  il  faudroit  s'y  te» 
nir  ,  &  que  s'il  ne  l'étoit  pas ,  ri  leur 
donneroitau  moins  le  temps  de  pren- 
dre leucs  mefures ,  &  de  fe  mettre  e,^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  1^9 
état  d'obtenir  de  meilleures  condi» 
tions  au  Printemps  prochain. 

Ce  fut  dans  ces  diipofitions  qu'on 
s'afTembla  à  Cravançon  à  une  lieue  de 
5oiirons. L'accommodement  fut  bien- 
tôt conclu ,  parce  que  les  Seigneurs 
n'étoient  pas  réfolus  de  s'y  tenir ,  8c 
qu'ils  s'apperçurent  que  le  temps  n'é- 
toit  pas  propre  à  obtenir  des  condi- 
tions plus  avantageufes.  Dès  que  cette 
feinte  Paix  eut  été  arrêtée  ,  le  Duc  de 
Guife  fit  agréer  aux  Seigneurs,  qu'il    ,..* 
rit  un  voiao;e  a  la  Cour  avec  le  Duc 
de  Chevreule  &  le  Cardmal  fes  Fre-  ^'f/'^'-J' 
res ,  pour  y  ménager  ,  dïf :)it-il ,  les  Baflbrr- 
intérêts  du  parti,  de  y  travailler  à  la  ^'""'^* 
ruine    du   Maréchal    d'Ajicre.     Des 
trois  Frères  le  Cardinal  de  Guife  é-." 
toit  le  feul  qui  y  allcit    j  bonne  foy , 
&qui  étoit  véritable.:  'iitaffedionné 
au  parti  5  aufîi  lui  r:;;dit-il  dans  lai 
fuite  des  fervices  a  Ibz  importans. 

Comme  les  Se  ;iieurs  mécontent 
diffimuloient  de  leur  côté,  la  Cour 
diffimuloit  aufli  au  fîen  j  elle  parue 
contente  des  S  .igneurs ,  de  la  Reine 
Mère  fit  verifijr  au  Parlement  une 
Déclaration  donnée  en  leur  faveur. 
Cependant  comme  aucun  de  ces  Sei- 
gneurs ne  rçveuoiç  à  h  Cour ,  quoi- 

Hy 


fJO  HiSTOÏRÉ    t>î   HîNïlT 

qu  ils  en  eulFent  tous  la  liberté  ,  il 
étoit  aisé  de  juger  que  la  Paix  ne  du- 
reroit  pas  long-temps ,  &  qu'on  re- 
prendioit  les  aimes  à  la  première  oc- 
cafion. 

Dans  ce  même-temps  le  Roy  tom- 
ba malade  allez  dangereufement  ^  on 
craignit  même  pour  fa  vie.  La  nou- 
•velle  s'en  étant  répandue ,  perfonne 
n'en  parut  plus  lenlîblement  touché 
que  ces  mêmes  Seigneurs  que  la  Rei- 
ne &  le  Maréchal  d'Ancre  afFedtoient 
de  faire  palfer  pour  les  plus  grandsEn- 
nemis  qu'eût  le  Roy  dans  tout  Çor\ 
Royaume.  Le  Cardinal  de  Guife  lié 
depuis  peu  avec  de  Luines  dans  le 
deffein  de  perdre  le  Maréchal  d'Ancre, 
l'engagea  à  le  dire  auRoy,&  deLuines 
ajouta  du  fien  ,  que  Sa  Majefté  n'a- 
voit  point  de  plus  fidèles  Sujets  &  de 
plus  afïeétionncz  Serviteurs ,  que  ces 
Seigneurs  ;  &  qu'ils  viendroient  mê- 
me avec  emprelTement  lui  faire  leur 
Cour  j  dès  qu'ils  feroient  alTurez  de 
ne  point  trouver  auprès  de  lui  un 
Etrange?  infolent ,  que  la  Reine  Mère- 
vouloit  rendre  le  Maître  des  affaires  , 
&  qui  ne  penfoit  qu'à  les  perdre.  Le 
Roy  fut  H  fitisfait  des  bons  fentimens 
4e  ces  Seigîieiirs^  qu'il  témoigna  qu'ils 


thrc  Di  BoiTTiLON.  Liv.  vnî.  171 

lui  feroient  plaifir  d'être  toujours  bien 
unis  eiifemble  ,  &:  de  ne  fe  réconcilier 
tan- ais  avec  le  Maréchal  d'Ancre. 

5ur  cette  alTarance  que  de  Luines 
eut  grand  foin  de  leur  faire  donner , 
le  Duc  de  Nevers  fit  faire  des  levées 
^ans  fon  Gouvernement  &  dans  fes 
Terres.  Le.  Duc  de  Bouillon  qui  avoir 
fes  intrigues  en  Allemagne  ,  dans  les 
Provinces  -Unies ,  &  dans  le  Pais  de 
Liège ,  y  fit  aufïi  lever  des  Troupes , 
&  il  donna  ordre  qu'on  y  achetât  des 
armes  &  des  munitions  de  guerre.  Le 
Duc  de  Nevers  ne  prit  aucun  prétex- 
te pour  rompre  laPai"x  qui  venoit  d'ê- 
tre conclue.  Il  crut  que  l'approbation 
que  le  Roy  venoit  de  donner  à  Tu- 
nion  des  Seigneurs ,  lui  fuffifoic  ,  & 
que  de  Luines  qui  l'en  avoit  fait  affû- 
rer ,  lui  en  étoit  un  bon  garand.    U 
connoiiroit  tout  le  pouvoir  qu'il  avoit 
fur  l'efprit  du  Roy  ,  S>c  il  étoit  perfua^ 
dé  qu'on  faifoit  plaifir  à  Sa  Majefl;é 
ôc  à  fon  Favori  en  portant  le",  chofes 
un  peu  à  l'extrémité ,  pour  l.ur  don- 
ner un  pirétexte  d'éloigner  le  Maré- 
chal  d'Ancre  ,    ôc  même  la  Reine 
Mete  dont  le   Roy    continuoit  à  fe 
dégoûter  de  plus  en  plus.   Le  Duc  de 
î^evcis  ne  fc  crompoit  pas.Cependanc- 

Hvj 


171  Histoire  de  Henrv 
comme  l'approbation  du  Roy  écoit 
fecrette ,  qu'il  ne  l'avoir  point  donnée 
par  écrit ,  8c  qu'on  pouvoir  la  defa- 
volier  ,  les  amis  même  du  Duc  de 
Nevers  ,  defaprouverent  le  dehors  de 
la  conduite ,  quoiqu'ils  l'approuvaf- 
fent  dans  le  ifond. 

Le  Duc  de  Bouillon  plus  habile  & 
plus  précautionné ,  fe  fervit  d'un  pré- 
texte qui  parut  rrès-plauiîble  à  bien 
des  gens.  Il  lui  fervit  non-feulement 
pour  autorifer  les  mouvemens  qu'il  ie 
donnoit ,  mais  encore  pour  mettre  le 
parti  Calvinifle  dans  fes  intérêts.    Il 
avoit  tenté  inutilement  de  l'y  engager 
depuis  l'emprifonnement   du  Prince 
de  Condé.  Ce  parti  peu  fàtisfait  de 
ce  qu'il  n'avoit  pas  allez  foutenu  fes 
prétentions  lors  du  Traité  de  Loudun, 
s'iétoit  tenu  fur  la  réferve  ,  ôc  paroif- 
loit  ;ie  prendre  aucun  intérêt  à  tout 
ce  qui  fe  palFoit  tant  du^côté  de  la 
Cour ,  que  de  celui  des  Seigneurs  mé- 
contens.  Le  Duc  de  Rohan  Se  du  Plef- 
fis  Mornay  contribuoient  de  rout  leur 
pouvoir  à  l'entretenir  dans  cette  in- 
différence ;  le  premier  par  fa  jalouiîe 
contre  le  Duc  de  BoUillon  y  le  fecpnd 
par'^fon  inclination  pour  la  Paix  ,  Se 
par  fon  grand  âge  qui  ne  lui  permet» 


Duc  DE  BouiLioN.  Liv.  VIIT.  1731 
toit  plus  de  s'engager  dans  des  broiiil- 
leries.  Malgré  tous  les  mouvemens 
qu'ils  fe  donnèrent,  le  Duc  de  Bouil- 
lon trouva  le  moïen  de  tirer  les  Cal- 
viniftes  de  cette  efpece  d'afToupilfe- 
ment,&:  de  les  engager  dans  Tes  in- 
térêts. C'étoit  un  coup  de  partie  j  la 
Cour  n'appréhendoit  rien  tant  que 
leur  union  avec  le  Duc  de  Bouillon , 
dont  le  génie  &:  les  intrigues  n'étoient 
déjà  que  trop  capables  de  l'emha- 
ralfer. 

Le  moïen  que  le  Duc  de  Boiiilloft 
emploïa ,  &  qui  lui  fcrvit  en  même- 
temps  de  prétexte  .pour  colorer  les 
levées  qu'il  faifoit,  fut  de  faire  cou- 
rir le  bruit  que  le  Marquis  deSpinola 
traicoit  des  prétentions  de  la  Mark 
Maulcvrierfur  la  Souveraineté  de  Se- 
dan ;  qu'en  vertu  de  cette  acquifition,     vie  dfe 
il  viendroit  afïïeger  Sedan  avec  tou-  ^^^ 
tes  les  forces  des  Archiducs  des  Païs-  lIv.  4. 
Bas  Catholiques ,  &  que  le  Maréchal  5^^  m"-' 
d'Ancre  Peniionnaire  des  Elpagnols  ,  moires 
Jeur  avoit  promis  de  favorifer  Spino-  f^^^^^ 
la ,  en  empêchant  le  Roy  de  fecourir  1 6 1  <f, 
le  Duc  de  BoiiiUon  ,  &  même  en  fai- 
iànt  en  forte  que  les  Troupes  du  Roy 
qui  étoient  fur  la  Frontière  de  Cham- 
pagne ,  favoriferDieut  cette  entreprir. 


Ï74  Histoire  dî  HénrV 
fe.  Si  cette  nouvelle  eût  été  vraie  ^ 
perfonne  n'eût  pu  trouver  à  redire 
que  le  Duc  de  Bouillon  prît  fes  pré- 
cautions pour  la  défenfe  de  Sedan  ^. 
en  levant  des  Troupes  &  en  faifant 
entrer  des  munitions  dans  cette  Place. 
D'un  autre  coté  les  Calviniftes  ne 
craignoient  rien  tant  que  l'augmenta- 
tion de  la  puiïïance  dzs  Efpagnols  fur 
les  frontières  de  France  ,  fur-tout  fî 
cet*  fût  arrivé  par  la  prife  de  Se- 
dan. Ils  regardoient  cette  Place  com- 
me étant  à  eux  ,  parce  que  tous  les 
Halbitans  &  le  Prince  même  qui  en 
ètoit  le  Souverain,  faifoient  profef- 
fion  de  leur  Religion,  D'ailleurs  fr 
les  Efpagnols  en  euifent  été  les  Maî- 
tres ,  ils  leur  euflènt  fermé  la  porte 
pour  faire  entrer  en  France  de  ce  cô- 
té là  les  fecours  d'Allemagne  &  de 
Holande  ,  aufquels  ils  prévoïoienr 
cju'ils  pourroient  avoir  recours.  Rien 
n'étoit  donc  plus  capable  de  mettre- 
les  Calviniftes  dans  les  intérêts  du 
Duc  de  Bouillon  ,  que  la  crainte  de 
le  voir  dépouillé  de  la  Souveraineté 
de  Sedan. 

Le  Duc  de  Bouillon  aïant  donc 
trouvé  un  p.étcxte  (i  favorable  à  fes 
defTeins ,  il  ne  fut  plus  queftio^i  qiia 


Duc  DE  Bouillon.  Lïv.VIIî.  tyf 
de  le  faire  valoir  d'une  manière  qui 
répondît  aux  vues  qu'il  s'étoit  pro- 
pofées.  Pour  cet  efFet  il  engagea  la 
Duchelfe  de  Bouillon  fa  Femme  à  fai- 
re un  voïage  dans  les  Terres  qu'il 
avoir  en  France  ,  en  apparence  pour 
y  régler  fes  affaires  ,  en  effet  pour  y 
répandre  le  bruit  dont  on  vient  de 
parler  ,  &:  pour  lui  donner  de  Tauto- 
rité.  Mais  comme  Ton  ne  peifuade  ja- 
mais mieux  les  autres ,  que  lorfquc 
Ton  eft  convaincu  de  la  vérité  de  ce 
que  l'on  dit  ,  le  Duc  de  Bouillon 
porta  la  précaution  jufques  à  faire 
croîre  à  la  Duchelfe  elle-même  ,  que 
h  bruit  qu'elle  devoir  appuier ,  énoit 
véritable^  Par-la  il  ne  laiifoit  rien  à 
la  difcretion  d'une  Femme  ,  qui  eût 
peut-êtie  été  tentée  de  découvrir  fon 
fecret. 

La  Duchelfe  de  Bouillon  s'acquita 
d'autant  mieux  de  fa  commilîion , 
qu'elle  étoit  elle-même  fort  allarmée 
du  prétendu  Traité  de  Spinola.  Par- 
tout où  elle  paffoit,  dans  tous  les  en. 
droits  où  elle  alloit,  elle  p.uloit  dt 
de  ce  Tra'"té  comme  d'une  chofe  in- 
dubitable. Elle  en  paroilfoit  allarmée, 
elle  infinuoit  que  l.i  principale  raifon 
c^ui  l'avoit  obligée  de  quitter  Sedan  ^ 


i7(j  HisToiP-E  DE  Henry 
écoit  la  ciainte  qu'avoit  eu  le  Duc  de 
Bouillon  de  la  voir  exposée  aux  pé- 
rils d'un  Siège  :  c'cft  ce  qu'elle  difoit 
à  tout  le  monde.  Mais  quand  elle  étoit 
avec  des  Calviniftes ,  elle  leur  repro- 
fentoit  vivement  l'intérêt  qu'ils  a- 
voicnt  à  la  confervation  de  Sedan  ,  ÔC 
la  perte  irréparable  que  feroit  le  par- 
ti ,  fi  les  Efpagnols  fe  rendoient  les 
Maîtres  de  cette  importante  Place. 
Par  ces  difcours  foutenus  de  fes  lar- 
mes &  de  Tes  inquiétudes  fur  les  dan- 
gers où  le  Duc  fon  Epoux  alloit  être 
exposé  ,  elle  gagnoit  les  efprits  ,  elle 
touchoit  les  cosurs ,  elle  acqueroit  des 
amis  &  des  Partifans  au  Duc  de  Bouil- 
lon ,  elle  mettoit  le  parti  Calvinifte  en 
mouvement. 

Les  plus  éclairez  d'entre  les  Préten- 
dus Reformez  nepouvoient  fe  réfou- 
dre  à  croire  ce  que  difoit  la  Duchef- 
fe  de  BoUillon.  Ils  ne  pouvoient  com- 
prendre que  Spinola  entreprît  de  trai- 
ter des  pi  étentions  de  Maulevrier  fur 
Sedan  ,  fans  l'approbation  des  Archi- 
ducs ,  ni  que  les  Archiducs  confentif- 
fent  à  une  entreprife  qui  cauferoit 
infailliblement  une  rupture  ouverte 
entre  les  deux  Couronnes.  La  fi  tua- 
tiou  des  affaires  de  h  Maifon  d'Au- 


t)UC  t)Ê  BoTTlLtON.  LiV.  Vllt.  Ï7^ 

triché  en  Italie  &:  en  Allemagne,  ne 
permettoit  pas  qu'on  s'engageât  dans 
une  Guerre  avec  la  France.  On  de^ 
meuroit  d'accord  de  la  haine  du  Ma- 
réchal d'Ancre  contre  le  Duc  deBoUil- 
lon  j  &  de  la  paffion  qu'il  avoit  de 
îe  perdre.  Mais  quelque  puilfant 
qu'il  pût  être  à  la  Cour,  quelque  cré- 
dit qu'il  eût  fur  l'efprit  de  la  Rqiné 
Mère  ,  on  ne  pouvoit  s'imaginer  que 
cette  Princclfe  pût  fe  réfoudre  àfouf- 
frir  qu'un  Etranger  dépendant  de  l'EC. 
pagne  fe  rendît  le  Maître  d'une  Sou- 
veraineté fur  la  frontière  du  Royau- 
me. C'eft  ainfi  que  le  Duc  de  Rohan 
&duPleiïîs  raifonnoient  fur  le  pré- 
tendu Traité  de  Spindla.  Mais  le  plus 
grand  nombre  ,  les  Miniftres  &  les 
Confîftoriaux  ,  gens  défians  ,  ombra- 
geux, &  toujours  prêts  à  fe  fouîevcr, 
ne  pouvoient  foufFrir  qu'on  demeu- 
rât tranquiles  fur  le  danger  où  ils  vou- 
loient  que  Sedan  fût  exposé,  ôc  ap- 
prouvoient  les  préparatifs  de  Guerre 
que  faifoit  le  Duc  de  Boiiillon  ,  & 
les  précautions  qu'il  prenoit  pour  fe 
défendre. 

D'uii  autre  côté  la  Reine  Mère  qui 
ne  conlultoitpas  la  Duchelfe  de  Bouil- 
lon fur  ce  qu'elle  devoit  croire  des 


fyt  HisfoiRE  DE  Henrv 
defleins  du  Duc  Ton  Epoux  ,  ne  fc 
contenta  pas  de  fane  filei  des  Trou- 
pes en  Champagne.  Elle  écrivit  au 
Réfîdent  de  France  à  Bruxelles ,  de 
faire  en  forte  que  les  Archiducs  em- 
pêch.ifl'ent  qu'on  ne  pafsât  fur  leurs 
Terres  pour  porter  des  armes  &  des 
inunitions  à  Sedan,  &  pour  y  condui- 
re des  Gens  de  guerre.  Il  l'obtint,  & 
cette  précaution  jctta  le  Duc  de  Boiiil- 
londans  un  embarras  qu'il  n'avoit  pas 
Decemt'  P^évû.  Pour  s'en  tirer  ,  il  écrivit  une 
i^if.  longue  lettre  au  Roy  -,  il  s'y  plaint  des 
Archiducs  ,  &  du  grand  nombre  de 
Gens  de  f^uerre  dont  on  augmentoit 
les  garnifons  des  Places  de  Sa  Majeflé 
voilines  de  Sedan.  Il  reprefente  au 
Roy  que  ces  préparatifs  femblcnt 
marquer  un  delTein  formé  d 'invertir 
cette  Place  j  enfin  il  le  prie  de  trou- 
,  ver  bon  que  dans  une  pareille  con- 
jondure  ,  il  ufe  des  moïens  légitimes 
que  la  nature  met  entre  les  mains  de 
chacun  ,  quand  il  eft  queftion  de  fe 
défendre ,  &  de  confervcr  fon  bien,. 
Cette  lettre  fut  fort  mal  prife  à  la 
Cour.  Le  Roy  y  répondit  le  ly.  de 
Décembre  1616.  Sa  Majefté  y  repro- 
che au  Duc  de  Bouillon  fes  intrigues 
ôt  fes  caballes  au  dedans  Se  au  dehors 


ï)uc  DE  BoxntiON.  Liv.VIIT.  rj*} 

du  Royaume.  Elle  lui  marque  les  rai-  MzTcv.n 
fons  qu'elle  avoit  eue  ,  d'envoïer  àcs  f  -nçois 
Troupes  dans  une  province  où  le  Duc  \,-^^^ 
de  Nevers  &  lui  témoignoient  alTez 
ouvertement  qu'ils  avoient  delfein  de 
fe  cantonner.  Enfin  le  Roy  lui  deman- 
de une  explication  fur  la  fin  de  fa«» 
lettre.  «  Les  moïens  légitimes  que  •» 
vous  avez  de  vous  conferver  (  ajoû-  m 
te  Sa  Majefté  )  font  de  vous  adreifer  •» 
à  moi  ;  c'eft  d'attendre  de  ma  protec-  «t 
tion  la  confervation  de  ce  que  vous  m 
pofTedcz  par  la  bien-veillancc  du  feu  t* 
Roy  mon  Seigneur  &  Père  j  c'eft  de  u 
me  rendre  l'obéiflance  que  vous  me 
devez. « 

Le  Duc  de  Boiiillon  en  écrivant  au 
Roy  avoit  auffi  écrit  à  la  Reine  Mère. 
Il  lui  reprefentoit  l'intérêt  qu'avoit 
la  France  à  fa  confervation  ,  &  à  ne 
pas  foufFrir  que  ceux  qui  n'en  aiment 
pas  la  grandeur  ,  augmentalfent  leurj. 
Etats  en  entreprenant  fur  fa  Princi- 
pauté de  Sedan.  Il  femble  par-là  in- 
îînuer  le  prétendu  Traité  de  Spinola 
quoiqu'il  ne  s'en  explique  pas  claire- 
ment. Il  prie  enfuite  la  Reine  de  don- 
ner a  cette  occafion  au  Roy  les  con- 
feils  qui  conviennent  à  fa  gloire  ,  au 
bien  de  fon  Etat  j  ôc  aux  obligatioiijs 


iSo  Histoire  t>  i  HenrV 
qu'il  a  contradées  en  accordant  fa 
prote(5tion  aux  Souverains  de  Sedan. 
On  ne  voit  point  la  réponfe  que  lui  fit 
la  Reine  Mère  ;  on  peut  juger  de  fes 
fentimens  par  rapport  au  Duc  de 
Bouillon  ,  par  la  lettre  du  Roy  dont 
on  vient  de  donner  l'extrait.  Cette 
PrinceiFe  y  avoit  beaucoup  plus  de 
part  que  lui ,  auffi-bien  qu'a  tout  ce 
qui  s'étoit  fait  contre  les  Seigneurs 
mecontens ,  &  à  tout  ce  qui  Ce  fera 
^,  ^  dans  la  fuite. 
t6iy.  le  Au  commencement  de  l'année  fui- 
Tanvi^  vante  le  Duc  de  Bouillon  fit  réponfe 
'  à  la  lettre  du  Roy.  Il  s'y  juftifie  fur 
les  cabales  &  les  intrigues  que  Sa 
Majefté  lui  avoit  reprochées ,  &  gé- 
néralement fur  tout  ce  qui  s'étoit 
pafTé  depuis  le  Traité  de  Loudun.  Il 
avoiie  qu'il  a  eu  des  commerces  de 
lettres  avec  les  Princes  fes  voifins  , 
&  que  même  il  leur  a  rendu  des  vifi- 
tes  ',  mais  il  loutient  que  ce  n  a  ete 
que  pour  fatisfaire  aux  devoirs  d'a- 
mitié, de  parenté  ,  ou  de  voifinage  ; 
qu'il  a  toujours  eu  en  vue  le  fervice 
de  Sa  Aiajefté ,  &  qu'il  n'a  ni  rien  dit , 
ni  rien  fait  à  fon  préjudice.  Cet  arti- 
cle pouvoitiêtre  vrai  en  un  fens  :  tra- 
v^ilcr  à  i'éloignement  du  Maréchal 


J3'ûc  Oï  BouitLOK.  Li"^  VIII.  iSt 
d'Ancre  &c  de  Tes  créatures  ,  c'étoic 
fervir  le  Roy  fort  utilement ,  &  félon  . 
que  lui  même  avoit  témoigné  le  lou- 
liaiter  ;  mais  ce  n'étoit  pas  fervir  la. 
Reine  Mère.  Elle  pouvoir  tout ,  elle 
difpofoit  de  tout ,  Se  le  Roy  quoique 
jnajeur  ne  pouvoit  rien.  C'étoit  donc 
en  ce  fens  que  le  Duc  de  Boiiillon, 
prétendoit  fervir  le  Roy  ,  &  il  fup- 
pofoit  que  le  Roy  l'entendoit  bien  , 
ôc  qu'il  concevoir  que  la  confidera- 
rion  de  la  Reine  Mère  l'empcchoic 
de  s'expliquer  plus  clairemenr.  On 
verra  dans  la  fuite  de  cette  Hiftoire , 
par  ce  que  le  Roy  fit  lui-même  con- 
tre le  Maréchal  d'Ancre  &  contre 
'la  Reine  Mère  ,  que  le  Duc  de  Bouil- 
lon n'entroit  pas  mal  dans  fes  fenti- 
mens  en  rravaillanr  à  l'éloignemenr 
de  l'un,  &  en  procurant  la  diminu- 
tion de  l'autorité  de  l'autre. 

Après  s'être  excusé  de  la  forte, 
le  Duc  de  Bouillon  donne   au  Roy 
l'explication  qu'il  lui  avoit  demandée. 
«  La  nature  ,  dit-il  ,  nous  apprend  à  ««. 
défendre  nôtre  bien,  &  à  le  conferver  « 
à  nos  enfans.    Les  Sujets  opprimez  te 
doivent  premièrement  avoir  recours  « 
à  leur  Souverain  -,  car  enfin  les  Rois  «e 
!ie  font  établis  que  pout  k  défenfe  dç ,« 


cSl  HISTOIRE'    DE    HenRT 

•>  leurs  peuples.  Celui  qui  fans  être  Cn- 
•>  jetjà  des  États  fous  la  prote6tion  d'un 
M  plus  grand  Prince  ,   en  ufe    autre- 
a>  ment.   Quand   on  l'attaque  injufte- 
w  ment ,  il  a  recours  au  Souverain  qui 
aj  lui  a  promis  de  le  protéger  ;  &  en  cas 
«  de  refus ,  il  ufe  des  moïens  qu'il  peut 
«  trouver  ailleurs  pour  oppofer  une  juf. 
»>  te  défenfe  à  une  injufte  violence.  J'ai 
3>  le  bonheur  ,  Sire  ,  d'être  né  vôtre 
»  Sujet  (  continue  le  Duc  de  Bouillon  ) 
>î  Se  j'efpere  que  Vôtre  Majefté  voudra 
>»  bien  me  conferver  dans  la  polïefîion 
»»  des  Terres  que  mes  Ancêtres  m'ont 
»>  laifle  en   France  ,  ôc   des   marques 
m  d'honneur  ôc  de  diftinébion  dont  une 
»  des  plus  anciennes  Maifons  duRoyau- 
»  me ,  de  laquelle  je  defcens  ,  jouitde- 
li  puis  plufîeurs  iîecles.    Ma  Souverai- 
M  neté  de  Sedan  eft  fous  la  protection  de 
H  vôtre  Couronne ,  &  je  ne  puis  pas  me 
»9  perfuader  que  Vôtre  Majefté  aitdef- 
»  fein  de  la  priver  de  cet  avantage.  Que 
»  fi  la  mauvaife  volonté  de  mes  Enne- 
•  mis  va   jufques  à  me   faire   perdre 
«•  l'honneur  de  vos  bonnes  grâces  &  de 
••  la  proiedion  que  vous  m'avez  pro- 
»»  mife  ,  en  ce  cas  ,  Sirh  ,  je  crois  que 
••  la  nature  me  permet  d'oppofer  à  leur 
it  injuftiçe  le  fçcpurj  de  mes  Sujets ,  de 


Duc  PE  BouiLtON.  Liv.  VITT.  itj 

mes  Parens  ,  ôc  de  mes  Amis  ,   fans  cf 
qu'on  puiife  me  reprocher  que  je  m'é-  ce 
carce  de  ce  que  je  dois  à  Votie  Ma-  c« 
jefté  en  qualité  de  Sujet  ,  &  de  Sei-  c< 
gneur   d'une  Souveraineté    que    les  <• 
Rois  vos  prédécelïeurs  ont  prife  fous  ec 
la  protection   de    leur   Couronne. «ce 
C'eft  ainfi   que  le  Duc  de  Bouillon 
s'explique  fur  une  matière  alTez  déli- 
cate. Ceux  qui  trouvent  fa  réponfe 
obfcure  ôc  embarraflee,  feroient  peut- 
être  bien  en  peine  d'en  faire  une  qui 
fût  plus  claire  &plus  précife.    On  la 
comprit  fort  bien  à  la  Cour  ,  &c  l'on 
n'y  douta  point  qu'il  n'eût   pris  fes 
mefures  pour  fc  bien  défendre  li  l'on 
prenoit  le  parti  de  l'attaquer. 

Cependant  comme  le  Duc  de  Ne- 
vers  dont  les  intérêts  étoient  fi  liez 
avec  ceux  du  Duc  de  Bouillon ,  ne  fe 
contentoit  pas  de  lever  des  Troupes , 
mais  qu'il  fe  rendoit  Maître  des  Villes 
de  fon  Gouvernement  de  Champagne, 
qui  vouloient  bien  le  recevoir ,  ou 
qu'on  lui  livroit  ;  la  Reine  Mère  qui 
fe  croïoit  en  état  de  tout  entrepren- 
dre ,  fit  donner  au  Roy  une  Déclara- 
tion par  laquelle  il  étoit  déclaré  Re- 
bclc  Se  criminel  de  leze-Maiefté  ;  elle 
fut  vérifiée  au  Parlement  le  1 7.   49 


1^4       HistoiRE  ôÉ  HenrV 
t-'Afl    Janvier,  Cette  Déclaration  fit  beau- 
^'''*     coup  de  bruit,&le  Roy  lui-même  n'en 
fut  pas  content.    Mais  on  s'étoic  ac- 
coutumé à  tout  faire  fans  lui  en  par- 
ler. Les  Ducs  de  Vendôme ,  de  Bouil- 
lon ,  &  de  Mayenne  firent  a  cette  oc- 
cafion  de  fortes  Remontrances  au  Roy 
au  nom  des  Princes,  des  Ducs  &  Pairs, 
des  anciens  Officiers  de  la  Couronne, 
ôc  des  principaux  Seigneurs  duRoyau- 
me.  Mais  ces  Remontrances  ne  fer- 
vfrent  qu'à  les  faire  déclarer  eux-mê- 
mes criminels  de  leze-Majefté,  fi  dans 
quinze  jours  ils  ne  rentroient  dans 
leur  devoir.  Le  Marquis  de  Coeuvres 
&  le  Prefident  le  Jai  furent  compris 
dans  la  mêmeDéclaration  qui  fut  aufîî 
vérifiée  au  Parlement. 

En  même-temps  la  Reine  Mère  fit 

marcher  le  Maréchal    de  Montigny 

avec  des  Troupes  qui  foumirent  en 

peu  de  temps  le  Nivernois.  Le  Duc 

j^  ^^.  de  Guife  &c  le  Maréchal  de  Themines 

ie/de°a  enlevèrent  prefque  toutes  les  Places 

^'^'"'.  que  le  Duc  de  Nevers  avoir  en  Cham- 

de  Mr.rie    x  i       t^  i       •»  i-  r 

«le  Mea,- pagne  ;  Se  le  Duc  de  Mayenne  tut 

^        afliegé  par  le  Duc  d'Angoulcme  dans 

Soilfins ,  où  il  fe  défendit  avec  toute 

la  vigueur  &  labravou.e  imaginable. 

Cependant  il  eue  été  contraint  de  fe 

rendre 


Duc  OE  Bouillon.  Liv.  VIII.  iB^ 
rendre  enfin  à  difcretion  ,  il  le  Duc  ^^eivoi- 
de  Bouillon  n'eût  marché  à  fon  fe-  B^.HbiH- 
cours  avec  douze  mille  Hommes  de  pi«"^' 
pied  ôc  deux  mille  Chevaux.  Mais 
quoique  fa  capacité  ôc  fon  expérience 
confommée  dans  la  Guerre  donnail 
fent  de  grandes  efperances  au  Duc  de 
Mayenne  ,  qu'il  feroit  lever  le  fcge 
de  Soilfons  ,  ôc  que  tout  le  monde  en 
fît  le  même  jugement  ;  le  Duc  de 
Boiiillon  crut  qu'il  devoit  éviter  au- 
tant qu'il  le  pourroit ,  de  fe  commet- 
tre avec  une  Armée  qui  avoit  pour 
elle  le  nom  &c  l'autorité  du  Roy  j  ré- 
folu  pourtant  de  le  faire  ,  s'il  ne  pou- 
voit  pas  par  une  autre  voie  fauver  le 
Duc  de  Mayenne.  Il  crut  donc  qu'il 
falloit  joindre  aux  Armes  1  intri<^ue 
&  la  négociation.  II.  fit  agir  les  Par- 
tifans  qu'il  avoit  parmi  les  Calvinifl 
tes ,  pour  les  engager  à  fe  déclarer  en 
fa  faveur. 

Mais  la  Duchclfe  de  Boiiillon  avoit 
fi  fort  avancé  les  affaires  de  ce  côté- 
là,  que  les  Prétendus  Réformez  s'é- 
toient  alfemblez  à  la  Rochelle  de 
leur  autorité  ôc  fins  la  permiffion  du 
Roy.  Leur  dcllein  étoit  en  apparence 
de  demander  juftice  a  Sa  Majefté  con- 
ue  le  Duc  d'Epernon ,  qui  avoit  fana 
TomellL  l 


ïSrr  Histoire  de  Henry 
Ton  ordre  fait  une  cntrcprife  fur  la 
Rochelle,  3c  de  prendre  des  mefures 
pour  empêcher  qu'a  l'avenir  on  ne 
tombât  dans  un  pareil  inconvénient  j 
mais  en  effet  ils  s'étoient  alfemblez 
pour  demander  la  réformation  du 
Gouvernement  que  les  Seigneurs  Mé- 
contens  demandoient  de  leur  côté  ,  ÔC 
pour  pourvoir  à  la  confervation  de 
Sedan.  Cette  entreprife  dci  Calvinif- 
tes  embaradoit  la  Cour  au  dernier 
point  :  &  effed-ivement  rien  n'étoic 
plus  capable  de  faire  échouer  tous  Tes 
delîeins  ^  mais  cette  voie  ,  quoique 
fort  efficace,  eût  été  un  peu  trop  len- 
te pour  dégager  le  Duc  de  Mayenne 
fans  que  le  Duc  de  Bouillon  attaquât 
l'Armée  du  Roy.  Il  crut  donc  qu'il 
faloit  prclfer  fc3  intrigues  du  côté  de 
la  Cour ,  de  engager  le  Roy  à  fe  dé- 
clarer hautement'  contre  le  Maréchal 
d'Ancre.  Il  étoit  perfuadé  qu'une  pa- 
reille démarche  auroit  des  fuites  qui 
ruineroicnc  tous  les  deffeins  de  la 
Reine  Mère,  Se  qui  tircroient  les  Sei- 
gneurs Méco'itens  du  danger  où  ils 
fe  trouvoient  d'être  enfin  accablez. 

La  conjondure  étoit  des  plus  favo- 
râbles.  Le  Connétable  de  Montmo- 
rency ^  le  Duc  d'Epernon,  ôc  le  Ma- 


i  Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VTII.  iBy 
jrêchal  de  Lefdiguieies  venoient  de 
faire  une  Ligue  particulière  contre  le 
Maréchal  d'Ancre  :  tous  les  Ordies  du 
Royaume  crioicnt  contre  lui  ;  le  peu- 
ple l'avoit  en  horreur  ,  ôc  le  Roy  lui- 
inêine  prévenu  par  de  Luines  ne 
croioit  ni  la  Couronne  ni  fa  vie  en 
fureté  ,  tant  que  le  Maréchal  feroic 
en  vie.  Le  Duc  de  Bouillon  bien  in- 
formé de  ces  diipo(îtions  crut  qu'il  en 
devoit  profiter.  Il  engagea  le  Cardi- 
nal de  Guife  à  preifer  de  Luines  de 
porter  le  Roy  à  prendre  enfin  une 
rélolution.  Ce  favori  n'avoit  pas  be- 
foin  d'ctre  iollicité  ;  il  hailloit  le  Ma- 
réchal ,  il  en  avoit  été  menacé  ,  il  le 
craignoit ,  &  la  propre  iûreté  dcm.an- 
doit  qu'il  le  prévint.  Mais  le  R.oy 
ennemi  des  aârions  violentes  avoit  de 
la  peine  à  fe  réioudrc  à  perdre  le  Ma- 
réchal. De  Luines  étoit  au  dcfclpoir 
de  cette  indétermination  du  Roy  j  il 
agidoit ,  il  faifoit  agir  tous  ceux  oui 
avoient  du  pouvoir  lur  l'cfprit  de  Sa 
Màjefté  ;  tant  de  mouvemens  déter- 
minèrent enfin  le  Roy.  Il  confentit 
qu'on  le  défit  du  Maréchal  d'Ancre. 
Sa  mort  fuivit  d'affez  près  ce  fatal 
conientemcnt  qu'on  avoit  eu  tant  de 
peine  a  obtenir  du  Roy.  Il  fut  tué  de 


i8S        Histoire  de  Henry 
trois  coups  de  piftolet  en  encrant  dans, 
le  Louvre.  C'eft  ainfi   que  finit  cet 
Homme  lî  favorisé  de  la  fortune ,  ÔC 
qui  difoit  lui-même  qu'il  vouloit  é- 
prouver  juiques  où.  elle  pouvoit  por- 
ter un  particulier  j  parole  qui  le  ren- 
dit fufpeâ:  au  Roy  ,  &  dont  fes  En- 
nemis içûrent  bien  fe  prévaloir.   On. 
Taccufoit  d'une  vanité,  d'un  luxe,  d'u- 
ne hauteur  ,  ôc  d'une  infolence  infu- 
portable.     On  y  ajoûtoit  un  defir  in- 
fatiable  de  s'agrandir  &  de  s'enrichir: 
vices  à  la  vérité  qui  font  des  Enne- 
mis ,  mais  qui  ont  toujours  été  infé- 
parables  de  la  haute  fortune  ôc  d'une 
trop  grande  profpericé  ;  ils  n'ont  ja- 
mais fait  le  caractère  iïngulier  d'au- 
cun Particulier  ,  encore  moins  d'au- 
cune Nation  à  l'excluiîon  des  autres  j 
tout  autre  en  fa  place  les   eût  eus. 
Car  enfin  il  eft  auiïi  difficile  de  trou- 
ver des  Hommes  que  les  fucccs  &:  l'é- 
lévation ne  rendent  point  infoiens , 
qu'il  eft  rare  d'en  voir  qui  ne  fe  laif- 
fent  point  abatte  par  l'infoitune  &: 
par  les  difgraces.    Le  Maréchal  d'An- 
Memo!  cj-e  fy^  donc  tel  que  font  tous  ceux 
^,"  ^^  '^  que  la  fortune   élevé  au-dclïus   des 

Régence    i  -i  -^  J  i 

de  Marx  autfcs  ;  il  avoit  mcmc  de  grandes  qua-, 

i^e^Medi-j-çç2  î  c'cft   UHQ  juftiCC  qUC  fcs  EnUC- 


Duc  deBouillotî.  Liv.  VIII.  1S9 

niis  lui  ont  rendu.  Mais  la  fortune 
fe  laifa  de  le  favorifer  j  c'eft  ce  qui 
le  diftingua  de  bien  d'autres  qui  ne 
Yaloient  pas  mieux  que  lui ,  mais  donc 
la  fortune  a  été  plus  confiante. 

La  more  du  Maréchal  d'Ancre  chan-  ibi  !. 
gea  en  un  inftant  toute  la  face  des  af- 
faires. Cette  nouvelle  aïant  été  por- 
tée a  Soilfons  par  un  Courrier  que  le 
Cardinal  de  Guife  y  envoïa  ,  elle  fe 
répandit  en  même  temps  dans  la  Ville 
&:  dans  l'Armée.  Au(Ti-tôt  fans  autre 
précaution  tout  le  monde  mit  bas  les 
Armes  ;  il  n'y  eut  plus  de  difFerencc 
entre  les  amis  &  les  ennemis  ,  chacun 
fe  regarda  comme  étant  du  même 
parti.  Le  Duc  d'Angoulême  même 
qui  commandoit  l'Armée  du  Roy  , 
fut  le  lendemain  dîner  dans  la  Ville. 
La  même  chofe  arriva  dans  les  Ar- 
mées de  Champagne  ;  il  s'y  fit  ine 
réun'on  générale,  &  le  Duc  de  Bouil- 
lon qui  marchoit  droit  à  Soilîbns  pour 
en  faire  lever  le  Siège  ,  le  vit  par  -  là 
délivré  de  l'enças-ement  où  il  le  trou- 
voit  d'attaquer  l'Armée  du  Roy ,  5c  de 
livrer  un  combat  dont  le  fucccs  heu- 
reux ou  malheureux  eût  pu  lui  attirer 
bien  des  affaires  qui  ne  convcnoienc 
pas  aux  deircins  qu'il  avoit  formez  j, 

Iiij 


ipo  Histoire  de  Henry 
comme  on  le  verra  par  la  fuite  de 
cette  Hiiloire.  Il  n'y  eut  pas  julques 
à  l'Airemblée  de  la  Rochelle  que  tou- 
te l'autorité  du  Roy  n'avoit  pu  porter 
à  l'obéiiTimce,  qui  ne  donnât  des  mar- 
ques de  la  foumifîion  en  Te  féparant  : 
tant  tout  le  monde  écoit  peiTuadé  que 
la  mort  du  Maréchal  d'Ancre  alloit 
rétablir  la  tranquillité  &  le  bon  or- 
dre dans  l'Etat.  Ce  qui  donna  cetce 
bonne  opinion  du  Gouvernement  du 
Roy  fut  que  Villeroy  ,  Jeannin  ôc  les 
anciens  Miniftres  furent  aulîi-tot  ra- 
pellez  j  que  les  Sceaux  furent  rendus 
à  du  Vair.  C'étoit  un  homme  d'un 
rare  mérite  &  d'une  grande  intégrité  j 
fa  réputation  l'avoit  feule  élevé  à  la 
dignité  de  premier  Prcfident  de  Pro- 
vence. Au  commencement  de  l'année 
1616.  la  Régente  pour  donner  bonne 
opinion  de  ion  Gouvernement ,  lui 
donna  les  Sceaux.  Elle  les  lui  ôta  au 
mois  de  Novembre  de  la  même  an- 
née. Ils  lui  furent  rendus  par  le  Roy 
l'année  fuivante  au  mois  de  Juin. 
Après  Con  rétabliifement  il  perdit 
beaucoup  de  fa  réputation  ,  il  le  lailla 
gagner  par  la  Cour  de  Rome  ,  il  s'y 
livra.  Son  rétablilfiimenc  fut  accom- 
pagné de  la  diigrace  de  la  Reine  Mère. 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  191 

Elle  fui  éloignée  des  aftaires ,  &  elle 
fe  retira  de  la  Cour.  C'cft  ce  que  pré- 
tendoit  le  Duc  de  Bouillon  ,  &  peut- 
être  même  qu'à  l'égard  de  la  Reine 
Mère  ,  il  n'eût  pas  fouhaité  qu'on  eût 
porté  les  chofes  fi  loin  j  mais  de  Lui- 
iics  vouloit  être  le  Maître  ,  &c  les  pré- 
tentions  de  Marie  deMedicis  ne  s'ac- 
commodoient  pas  avec  les  Tiennes. 
Leurs  intérêts  étoient  d'autant  plus 
incompatibles  ,  que  ce  favori  pour 
Tenir  a  bout  de  perdre  le  Ivlarêch.il 
d'Ancre,  l'avoit  mife  ii  mal  dans  l'ei- 
prit  du  Roy  ,  qu'elle  fe  vit  obligée  de 
quitter  la  Cour  ,  &  de  le  retirer  à 
Blois, 

Le  vuide  que  fon  départ  fit  à  la  van 
Cour,  ne  dura  pas  long-temps ,  il  fut  *^'7' 
bien-tôt  plus  que  rempli  par  le  retour 
des  Seigneurs  mécontens.  Peu  de  jours 
après  la  mort  du  Maréchal  d'Ancre  , 
ils  convinrent  d'envoïer  quelqu'un 
au  Roy  ,  8c  de  prier  Sa  Majefté  de 
leur  permettre  de  fe  rendre  auprès 
d'elle ,  fans  qu'il  fût  parlé  d'abolitioij 
&  de  traité  -,  démarche  délicate  qui 
palfa  pour  imprudente  ,  mais  qui  ne 
lailla   pas  de  réulTir. 

Le  Duc  de  Bouillon  reprefenta  en 
vain  que  c'étoit  étrangement  rifquer  ; 

liiij 


ï^i        Histoire   de  HenrV 
j^e^o;_  il  les  pria  de  faire  réfl.xion  qa'ils  à- 
res  de  la  voient  été  déclaiez  dans  les  formes 
dcMane  crimiiicls  de  leze-Majefté  ;  qu'en  con- 
de  Midi-  fequence  ,  s'ils  ne  prenoient  pas  les 
prccaucions  néceflaires  dans  de  pareil- 
les conjondures ,  on  pourroit  bien  les 
arrêter,  ôc  travailler  enfuite  à  1  inf- 
truétion  de  leur  procès  :  que  fuppofé 
que  dans  le  mouveme;it  où  étoient 
les  chofes  ,  le  Roy  voulût  bien  nV 
pas  regarder  de  Ci  près  ,  on  pourroit 
tôt  ou  tard  faire  revivre  cette  afrai- 
re ,  &  qu'au   premier    mécontente- 
ment qu'on  auroit  d'eux ,  on  Ce  croi- 
roit  en  droit  de  les  traiter  comme  des 
Rebelles ,  toujours  chargez  du  même 
crime  ,  puifque  le  Roy  ne  leur  en  a- 
Toit  point  accordé  d'abolition iqu'ain- 
Il  il  croioit  qu  avant  que  de  le  livrer  a 
la  Cour  ,  il  f.iloit  s'attacher  à  l'obte- 
nir j  qu'elle  étoit  d'autant  plus  né- 
celTaire  ,  qu'il  ne  faloit  pas  s'imagi- 
ner que  par  la  mort  du  Maréchal  d'An- 
cre ,  le  Gouvernement  en  devint  beau-» 
coup  meilleur  :  qu'au  lieu  d'un  favo- 
ri l'on  en  alloit  voir  trois  ;  que  leurs 
■vues   n'iroient  pas  apparemment  au 
bien  de  l'Etat ,  mais  à  l'établilfement 
de  leur  fortune  particulière  j  que  de 


Duc  Dî  Bouillon.  Liv.  VIII.  195 
Luines  5c  Tes  deux  Frères   Brantes  Ôc 
C;\denet  ne  feroient  pas  contens ,  que 
chacun  d'eux  ne  fût  auiîi  puilîantque 
l'avoit  été  le  Maréchal  d'Ancre  :  qu'il 
n'y  auroit  point  de  Seigneur  ,  de  quel- 
que rang  qu'il  fût ,  qui  ne  fc  vît  obli- 
gé de  leur  faire  la  Cour  ,  &c  que  les 
plus  grandes  dignitez  de  l'Etat  luffi- 
roient  à  peine  à  l'ambition  des  trois 
Frères.  «  Pour  moi ,  continua  le  Duc 
de  Bouillon ,  mon  parti  eft  pris.  Com-  « 
me  je  n'cfpere  plus  que  le  Gouverne-  «c 
ment  devienne  meilleur  tant  que  le  m 
Rov  ne  fera  pas  en  âçie  de  g-ouverner  « 
par  lui-même  ;  comme  je  ne  luis  pas  « 
d'humeur  à  dépendre  éternellement  « 
des  favoris ,  ou  à  me  commettre  avec  ce 
^ux  j  dès  que  j'aurai  rendu  au  Roy  ce  « 
que  je  lui  dois  ,  8c  que  j'aurai  fait  par  ce 
bienféance  quelque  iéjour  à  la  Cour  >  « 
je  prétends  me  retirer  dans  ma  Prin-  te 
cipauté  de  Sedan  ,  pour  ne  m'y  occu-  ce 
pcr  plus  que  des  affaires  de  ma  Mai-  «e 
fon  ,  que  je  n'ai  que  trop  long-temps  ce 
négligées.  Le  temps  apprendra  peut- «c 
ctre  qu'une  pareille  retraite  ne  feroit  <« 
pas  le  plus   mauvais  parti  que  nous  « 
pourrions  tous  prendre  ;   nous   n'en  <« 
ferions  que  plus  cftiniez  Ôc  plus  confi-  « 
derez  à  la  Cour,  «  « 

I  V 


ce 


i5?4        Histoire  de    Henry 

Memo^i-      Le  confeil  que  donnoic  le  Duc  de 

Régence  Bouilloii ,  étoic  d'autant  plus   lage , 

l"  Yf\'^  qu'on  opina  fortement  contre  les  Séi- 
de Medi-  i  •  1  /-  r  -1  j  T)  1 
cis.        gneurs  dans  le  Conleil  du  R  oy,  quand 

la  demande  qu'ils  fiifoient  à  Sa  Ma- 
jeiléy  fut  examinée,&  qu'a  l'égard  du 
Gouvernement ,  les  chofes  s'y  payè- 
rent à  peu  près  comme  leDuc  deBouil- 
lon  l'avoit  prévu.  Mais  ces  Seigneurs 
comptoient  lî  fort  fur  les  aiîurances 
que  de  Luines  leur  donnoit ,  qu'ils  fe 
roient  les  bien-venus  à  la  Cour ,  &  fur 
les  mefures  que  le  Cardinal  de  Guife 
avoir  prifes  avec  ce  Favori ,  qu'ils  ré- 
folurent  de  fe  fier  au  Roy  ,  fans  pren- 
dre aucune  des  précautions   que  la 
prudence  &  leur  propre  fureté  de- 
mandoient  qu'ils  priffcnr.  Le  Duc  de 
Bouillon  qui  s'en  tenoit  toujours  au 
parti  le  plus  fur  lorfqu'il  n'avoit  que 
fes  intérêts  à  ménager  ,  laifla  partir 
les  plus  prelfez  ,  &  réiolut  de  n'aller 
à  la  Cour,  que  lorfqu'il  jugeroit  qu'il 
y  pourroit  aller  en  toute  fureté.    Il 
prit  pour  prétexte  de  ce  retardement 
l'obligation  oii  il  fe  trouvoit  de  con- 
gédier les  Troupes  étran2;eres  qui  a- 
voient  ete  levées  lous  ion  nom.  Il  ne 
même  une    tentative  du   côté  de  la 
Cour  pour  en  obtenir  deux  cens  mille 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII,  195 
livres  qu'il  faloit  leur  compter  ,  &  oa 
les  lui  eût  ?.pparemment  accordées , 
Çi  les  autres  Seigneurs  du  parti  avoient 
fait  paroître  auiïï  pcud'cmprellement 
que  lui  de  retourner  à  la  Cour.  Mais 
comme  ils  s'y  livroient  eux-mêmes 
fans  exiger  aucune  condition,leRoy  fe 
prévalut  de  leur  impatience ,  &c  rcfu- 
fa  abfol'jment  de  contribuer  au  paye- 
ment de  leurs  Troupes.  Il  faluc  donc 
cjue  les  Seigneurs  les  paialfent  du  leur. 
L'on  n'entendit  plus  parler  de  cette 
affaire  ,  ëc  les  Etrangers  furent  con- 
gédiez fans  faire  aucun  deiordre. 

Le  premier  des  Seigneurs  mécon- 
tens  qui  retourna  à  la  Cour,  fut  le 
Duc  de  Vendôme.  De  Luines  qui  a- 
voit  delfcin  d'époufer  la  foeur ,  Fille 
naturelle  du  feu  Roy  ,  fit  paifer  au 
Confeil  que  le  Duc  reviendroit  à  la 
Cour  ,  fans  faire  aucune  fatisfadion 
publique  à  Sa  Majefté  ,  &  fans  atten- 
dre qu'elle  eût  donné  une  Déclaration 
en  faveur  des  Seigneurs  mécontens  , 
&de  ceux  qui  avoient  fuivileur  parti. 
L'accommodement  particulier  duDuc 
de  Vendôme  fut  comme  la  règle  Se  le 
modèle  de  celui  des  autres  Seigneurs. 
De  Luines  fit  encore  paffer  dans  le 
Confeil  du   Roy  ,  que  les  Ducs  de 

Ivj 


i9<3  Histoire  de  Henry 

Reia-  Mayenne, de  Bouillon  ,  de  Nevers,^ 

tion  lie       o     l'  •  ■       ^    t 

la  mort  ^  ^^^  ^utrcs  pourroicnt  revenir  a  Ja 
|Jn   Ma-  Cour  ,  &  qu'ils  y  feroient  cous  égale- 
d'Aucti.  iTienc  bien  traitez  félon  la  diftindion 
de  leur  nailîance  Se  du  rang  qu'ils  a- 
voient  coutume  d'y  occuper.  En  con- 
fequence  de  cette  réfolution  du  Con- 
feiljtous  les  Seigneurs  mécontens  à  la 
réferve  du  Duc  de  Bouillon  revinrent 
à  la  Cour  ,  ëc  furent  fort  bien  reçus 
du  Roy.  Ce  bon  accueil  ne  conten- 
toit  point  le  Duc  de  Bouillon  ;  il  preC 
foit  toujours  les  Seigneurs  d'obtenir 
une  Déclaration  du  Roy  qui  les  mît 
à  couvert  des  recherches  qu'on  pour- 
roit  faire  à  l'avenir  fur  ce  qui  s'étoit 
palfé.    Ils  l'obtinrent  enfin  ,  elle  fut 
vérifiée  au  Parlement  le  ii.  de  May 
ï6i-j.  Elle  portoit  en  termes  exprès 
que  le  Roy  mieux  informé  des  véri- 
tables deifeins  des  Seigneurs  mécon- 
tens ,  &  fatisfait  de  leurs  foumifîîons 
révoquoit  les  Déclarations  précéden- 
tes données  contre-eux  ,  ôc  les  réta- 
bliifoit  dans  les  biens  ,  honneurs  & 
dignitez  ,  dont  ils  jouiffoient  aupara- 
vant.  Dès  que  cette  Déclaration  eue 
été  vérifiée  ,  le  Duc  de  Bouillon  qui 
paroiflbit  n'avoir  retardé  fon  retour  à 
la  Cour  3  que  parce  qu'il  ccoit  occupé 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  îe;y 
au  licenciment  des  Troupes  étrangè- 
res ,  fe  rendit  auprès  du  Roy  qui  lui 
fit  tout  le  bon  accueil  qu'il  eût  pu  fou- 
haiter.  Il  futfuivi  de  près  par  les  Dé- 
putez de  rAiremblée  de  la  Rochelle, 
qui  vinrent  faire  leurs  foumiiîîons  au 
Roy ,  ôc  TaiFurer  qu'elle  s'étoit  fépa- 
rée  luivant  Tes  ordres. 

Tout  étant  ainfi  pacifié  ,  le  Duc  de 
Bouillon  qui  n'aimoit  pas  les  Favoris  , 
&  qui  n'avoit  jamais  pu  s'en  accom- 
moder ,  reprefenta  aux  Seigneurs  li- 
guez à  l'occafion  de  l'emprifonne- 
ment  du  Prince  de  Condé  ,  qu'il  fa- 
loit  au  moins  par  bienféanee  foUiciter 
fa  liberté.  C'eft  à  quoi  ils  n^avoiens 
pas  pensé  ;  mais  ils  convinrent  qu'on 
ne  pouvoir  pas  s'en  difpenfer.  L'on 
fit  donc  tout  ce  que  l'on  put  pour  l'ob- 
tenir ;  le  Roy  donna  de  bonnes  paro- 
les ,  mais  de  Luines  qui  vouloit  éta- 
blir fon  pouvoir  ,  s'y  oppofa  fous 
main,  &c  rendit  inutiles  toutes  les  fol- 
licitations  que  l'on  fit  en  faveur  du 
Prince.  Ce  coup  de  crédit  fit  juger  au 
Duc  de  Boiiillon  ,  que  de  Luines  por- 
teroit  fon  autorité  encore  plus  loin 
que  le  Maréchal  d'Ancre  ;  &  comme 
il  étoit  perfuadé  que  le  rec^ne  abfolu 
des  Favoris  eft  la  ruine  d'un  Etat , 


ïcfB  Histoire  de  Henry 
parce  que  ce  n'eft  pas  Ion  bien  qu'ils 
ont  en  vue  ,  mais  qu'ils  rapportent 
tout  à  leurs  intérêts  particuliers  ,  ce 
lui  fut  un  nouveau  motif  de  quitter 
la  Cour  pour  n'y  plus  revenir.  Com- 
me il  étoit  occupé  de  l'exécution  de 
ce  dcirein  ,  il  fut  entièrement  déter- 
miné à  ne  la  plus  différer  par  l'évé- 
nement que  l'on  va  raconter. 

Un  Gentilhomme  Servant  de  la 
iÎ!T°''  Maiion  du  Roy,  nommé  Gignier ,  qui 
©aage-  avoit  uu  grand  accès  auprès  du  Duc 
^'"  de  Vendôme ,  dans  le  deflein  d'avan- 
cer fa  fortwne  en  fe  procurant  des  liai- 
fons  étroites  avec  de  Luines  ,  s'avifa 
de  lui  faire  confidence  qu'il  avoit  dé- 
couvert une  des  plus  grandes  confpi- 
rations  qui  fe  fût  jamais  formée  en 
France  contre  le  Roy,  contre  l'Etat, 
ôc  contre  de  Luines  lui-même.  Le  Fa- 
vori efFraïé  le  prelTe  ,  ôc  lui  promet  de 
grandes  récompenfes  pour  l'engager 
à  lui  dire  tout  ce  qu'il  fçavoit  de  ce 
furieux  projet.  Gignier  paroît  fe  ren- 
dre aux  inftances  de  de  Luines ,  Se  lui 
déclare  qu'on  avoit  réfolu  de  fe  défai- 
re de  lui ,  de  fe  failîr  de  la  perfonne 
du  Roy  ,  de  l'obliger  à  mettre  en  li- 
berté le  Prince  de  Condé ,  à  rappeller 
la  Reine  Mère ,  &  de  lui  rendre  fa 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  199 

première  autorité.  Que  il  le  Roy  fai- 
foit  la  moindre  réiîftance  ,  la  réfolu- 
tion  étoit  prife  de  fe  défaire  de  lui , 
&  d'élever  fur  le  Tronc  le  Duc  d'An- 
jou pour  qui  la  Reine  Mère  avoic 
beaucoup  plus  de  tendrelle  que  pour 
le  Roy.  Voila  ce  que  le  propoloient 
les  Conjurez  félon  Gignier.  Il  fut 
queftion  de  les  nommer  ,  de  Gignier 
n''he(îta  point  à  déclarer  que  c'étoit  le 
Cardinal  de  Guife,  les  Ducs  de  Ven- 
dôme ,  de  Nevers ,  de  Longueville, 
de  Mayenne  ,  de  Chevreufe  ,  &  de 
Boiiillon.  Il  y  ajouta  encore  le  Mar- 
quis de  Coeuvres ,  le  Préfident  le  Jay , 
êc  plufieurs  autres.  Ces  Seigneurs  é- 
toienr  amis  ,  8c  fe  trouvoient  tous  les 
jours  enfemblc  ou  pour  parler  de  leurs 
affaires ,  ou  pour  des  parties  de  plai- 
fir.  Cette  circonftance  fit  que  de  Lui- 
nes  qui  fçavoit  leur  liailon ,  ôc  k  qui 
même  elle  étoit  fufpede,  trouva  de  la 
vrai-femblance  à  ce  que  diloit  Gi- 
.gnier  ,  &  réfoïut  d'approfondir  cette 
affaire. 

Pour  y  réuiïîr  il  s'en  ouvrit  à  Dea-    ibij, 
géant  (  qui  raconte  dans  fes  Mémoi, 
res  cette  prétendue  confpiration  )  & 
le  chargea  de  ne  rien  oublier  pour  en 
découvrir  la  vérité.  Dcageant  avoue 


aoo        Histoire  de  Henry 
lui-même  que  quoiqu'il  fe  défiât  de 
Gignier   ,   il   trouva  de  la  vrai-lem- 
blance  au  prétendu  projet  de  la  conf- 
piration.    Ce  qu'il  en  dit  à  de  Luines 
redoubla  fes  allarmes  &  Tes  précau- 
tions. Il  met  des  perlonnes  de  confian- 
ce auprès  du  Roy  pour  veiller  à  la  fu- 
reté de  fa  perfonne  j  il  fait  obferver 
tous   ceux  qni  l'approchent  -,  en  un 
mot  il  prend  tant  de  précautions ,  que 
que  les  Seigneurs  accufez  par  Gignief 
s'appcrçoivcnt  qu'on  fe  défie  d'eux  , 
mais  fans  pouvoir  feulement  s'imagi- 
ner ce  qui  avoit  pu  y  donner  occafion. 
Le  Duc  de  Vendôme  fut  le  premier 
qui  foupçonna  Gignier  j  plus  il  exa- 
mine fes  allures ,  plus  il  lui  devient 
fufped:  :  il  l'obferve,  il  le  fait  obfer- 
ver -,  enfin  il  découvre  fes  conférences 
fecrettes  &  fréquentes  avec  de  Lui  nés 
êc  Deageant.   Sur  cet  indice  le  Duc 
de  Vendôme  va  trouver  de  Luines  5  il 
lui  dit  fans  décour  qu'il  a  de  fortes 
raifons  de  croire  que  Gignier  lui  rend 
de  mauvais  offices  ,  il  le  preffe  de  lui 
dire  ce  qui  en  eft ,  il  offre  de  fe  re- 
mettre entre  les  mains  du  Roy  ,  il 
demande  qu'on  faife  arrêter  Gignier , 
Se  qu'on  le  lui  confronte.  L'alllirance 
avec  laquelle  le  Duc  de  Vendôme 


Duc  Dï  BouiLiON.  Liv.  "Vni.  ici 
parloit ,  augmenta  le  foupçon  qu'a- 
voienc  de  Luines  &  Deagcant ,  que 
Gignier  pourroit  bien  être  un  fourbe  ; 
&  comme  de  Luines  en  particulier 
n'étoit  pas  capable  de  garder  un  fecret, 
il  découvre  au  Duc  de  Vendôme  tout 
ce  que  Gignier  lui  avoit  dit  de  la  pré- 
tendue confpiration.  Le  Duc  de  Ven- 
dôme étonné  d'une  calomnie  Ci  atroce, 
6c  qui  n'avoit  pas  le  moindre  fonde- 
tiK-iit ,  demande  avec  inftance  que  Gi- 
gnier foit  arrêté.  On  Tarrête  ,  il  eft 
mis  en  prifon  j  au  premier  interroga- 
toire il  Te  coupe;  on  le  preil'e,  il  avoue 
toute  la  fourbe  ,  il  e(i  condamné  à  la 
mort  ,  &  le  Roy  convaincu  de  l'in- 
nocence des  accufez  quitte  Tes  foup- 
çons ,  &  reprend  avec  eux  fa  premiè- 
re manière  d'agir. 

Le  Duc  de  Bouillon  qui  étoit  un 
des  accufez  ,  ne  lailfa  pas  de  faire  de 
profondes  réflexions  fur  une  avanture 
aufîî  extraordinaire  ,  ôc  qui  a  aufîî  peu 
d'exemples ,  que  celle  qu'on  vient  de 
raconter.  L'accufation  de  Gignier  lui 
parut  fî  mal  concertée  ,  ôc  tout  fon 
projet  lui  fembla  fi  extravagant  (  à  le 
prendre  piécisément  comme  de  Lui- 
nes de  Deageant  leracontoient  )  qu'il 
yfoupçonna  du  myfteie.  Il  crut  que 


101  Histoire  de  Henry 
cette  accufation  pouvoit  venir  de  plus 
haut,  &  que  Gignier  avoit  été  poulfé  , 
par  une  main  qui  n'avoit  pas  été  alfez 
habile  pour  conduire  fon  projet  juf- 
que  où  il  pouvoit  aller.  En  effet  il 
ii'eft  pas  vrai-femblable  qu'un  Gentil- 
homme comme  Gignier  qui  ne  man- 
quoit  pas  d'efprit ,  eût  pu  s'imaginer 
qu'on  perdroit  tant  de  grands  Sei- 
gneurs fur  fon  feul  témoignage,  ou 
fur  quelques  vrai-femblances  qui  dif- 
paroilTent  dès  qu'on  les  examine  avec 
un  peu  d'attention  5  ou  que  fans  les 
perdre,  &  fans  prouver  une  accufa- 
tion li  importance,  on  lui  donneroit 
les  récompenlcs  qu'il  avoit  prétendu  ^ 
&  qui  n'alloient  à  rien  moins  qu'à 
cent  mille  écus  comptant ,  &au  Gou- 
vernement d'une  des  meilleures  Pla- 
Msmoi-  ces  du  Royaume.  Dans  la  vérité  ce 
dL-  ^  projet  paroît  ridicule  j  mais  foit  qu'il 
géant,  vint  de  plus  loin ,  ou  qu'il  n'eût  point 
d'autre  auteur  queGignier,cette  avan- 
ture  confirma  le  Duc  de  Bouillon  dans 
le  delfein  où  il  étoit  de  quitter  la  Cour 
&  de  fe  retirer  à  Sedan,  Il  le  fit  agréer 
au  Roy  :  mais  avant  que  de  partir  ,  il 
obtint  de  Sa  Majefté  la  neutralité  pour 
les  Villes  &  les  Terres  qu'il  avoit  en 
Fnwice  ,  au  cas  qu'elle  fe  crût  obligée 


Duc  DE  BoUIILON.LlV.VITI.  1©5 

de  faire  la  guerre  à  Tes  Sujets  Calvi- 
niftes  ,  c'eft-à-dire  qu'il  cionneroit  or- 
dre qu'ils  ne  pourroient  s'en  prévaloir 
contre  le  Roy  ,  Sz  que  Sa  Majefté  ne 
les  feroit  point  attaquer ,  &  ne  s'en 
faifiroit  point.  Le  cas  que  le  Duc  de 
BoUillon  avoit  prévu  ,  arriva  ;  les 
Guerres  lurvinrent,  Tes  Terres  furent 
conlcrvées.  Il  n'y  eut  que  Ncgrepe- 
lilfe  qui  fut  entièrement  détruite  pour 
s'être  opposée  aux  armes  du  Roy  ,  6c 
pour  ne  s'en  être  pas  tenue  au  Traité 
où  le  Duc  de  BoUillon  l'avoir  corn- 
prife. 

Le  Duc  de  Bouillon  retiré  à  Se-  vm 
dan  ne  fongeoit  qu'à  embellir  la  Vil- 
le ,  &  à  la  rendre  fameufe  en  y  éta- 
bliirant  une  Académie  qui  y  attirât  la 
jeune  Noblefle  Proteftante  d'Allema- 
gne, de  France  ,  &  des  Païs-Bas.  Il 
avoit  deilein  d'y  joindre  une  Biblio- 
thèque confidérable  par  le  nombre  8c 
la  qualité  des  livres  dont  il  prétendoit 
la  former ,  lorfqu'il  furvint  deux  gran- 
des îifFaires  ,  l'une  en  Allemagne, 
l'autre  en  France  ,  aufquclles  il  crue 
devoir  donner  fon  attention.  La  pre- 
mière rea:ardoit  les  troubles  de  Bohe- 
me  qui  commencèrent  cette  année. 
La  féconde  regardoic  Marie  de  Medi- 


l6iS, 


3.04        Histoire   ce  Henry 
cis  qui  avoir  été  obligée  de  fe  retirer 
à  Blois  après  la  mort  du  Maréchal 
d'Ancre.  Il  prit  part  à  la  première  de 
fon  propre  mouvement  ,  &  dans  la 
"vûë  du  grand  defl'ein  qu'il  exécuta  dé- 
puis ,  Se  dont  il  fît  dès-lors  le  projet. 
Il  s'interelfa  à  la  féconde  par  les  iolli- 
citations  qu'on  lui  en  fit ,  &  peut-être 
par  le  motif  d'abaiirerlc  Duc  de  Lui- 
nes  dont  il  n'étoit  pas  content,  ôc  dont 
la  fortune  donnoit  de  la  jaloufie  aux 
plus  grands  Seigneurs  de  France.  L'on 
commencera  par  ce  qui  regarde  Marie 
de   Medicis  ,  parce  que  l'ordre  dei 
temps  le  demande  ainîi ,  èc  qu'en  ef- 
fet le  Duc  de  Bouillon  ne  s'engagea 
dans  les  affaires  de  Boliemc, qu'après 
avoir  pris  part  à  celles  de  la  Reine 
Mère,  quoiqu'il  eût  déjà  prévu l'inte- 
lèc  qu'il  pourroit  prendre  à  ce  qui  fe 
pafl'oit  en  Bohême. 

Il  n'y  arien  dont  on  s'accommode 
moins  que  de  la  retraite  ,  quand  on 
ne  s'eft  pas  fait  une  habitude  de  vivre 
avec  loi  -  même  ,  &:  de  fe  palfer  du 
commerce  des  autres.  Marie  de  Me- 
dicis l'éprouvoit  à  Blois  ;  accoutumée 
aux  intriojues  &  aux  agitations  de  la 
Cour  ,  elle  regardoit  la  vie  qu'elle 
oienoit depuis  qu'elle  l'avoit  quittée. 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  lo^ 
comme  une  vie  ennuieufe  Se  languif- 
fante  ;  elle  penfoit  fans  ceire  aux 
moïcns  de  recouvrer  l'autorité  qu'elle 
avoic  perdue  :  mais  en  bien  des  choies 
elle  ne  pouvoit  pas  agir  par  elle-mê- 
me, ôc  à  qui  fe  fier  d'un  pareil  delTein  ! 
De  tant  de  gens  dont  Marie  de  Me- 
dicis  avoir  fait  ou  foûtenu  la  fortune, 
il  n'y  eut  que  l'Abbé  de  Rucellai  Flo- 
rentin qui  eut  le  courage  d'expofer 
fes  biens  Se  fa  vie  pour  tirer  cette 
Princelfe  de  la  captivité  où  elle  pré- 
tendoit  être.  Il  étoit  l'homme  du 
monde  dont  on  fe  fût  le  moins  défié 
pour  l'exécution  d'un  iî  grand  delfein. 
Il  avoit  fait  en  France  une  fortune  a.C- 
fez  confiderable  par  l'appui  que  le 
Maréchal  d'Ancre  fon  compatriote 
lui  avoit  donné.  Il  jouilFoit  de  foixan- 
te  mille  livres  de  rente ,  tant  en  pa- 
trimoine qu'en  bénéfices  ,  mais  il  en 
faifoit  l'ufage  qu'en  font  la  plupart 
des  Gens  de  Cour.  Il  aimoit  les  plai-  vie  d» 
fîrs  Se  la  magnificence  :  c'étoit  un  des  °"f  *^'^' 

1  1  TJ  J        r       perron. 

plus  voluptueux  Hommes  de  Ion  Liv.vii. 
temps ,  peu  propre  par  confequent  à 
concevoir  de  grands  projets  ,  moins 
propre  encore  à  les  exécuter.  Deux 
pafïions  qui  tendoient  par  rapport  à 
lui  a  la  même  fin  ,  l'ambition  Se  la 


i.o5  Histoire  de  Henry 
vangeance  eurent  la  force  de  tirer  cet 
Homme  plongé  dans  les  plaifirs,de  la 
molle  oifiveté  à  laquelle  il  s'étoit  a- 
bandonné.  Le  defir  de  s'élever  le  fie 
penfer  à  vanger  la  mort  du  Maréchal 
a'Ancre  fon  protecteur  ,  en  travail- 
lant à  la  ruine  du  Duc  de  Luines  qui 
palToit  pour  en  être  lacaufe  principa- 
le. Il  crut  enfuite  que  le  plus  sûr  moïen 
pour  perdre  ce  favori ,  confiftoit  à  ren- 
dre à  Marie  deMedicis  fa  première  au- 
torité,Que  n'endevoit-il  point  atten- 
dre après  un  fi  grand  fervice  ?  Eût-elle 
manque  a  vanger  la  mort  d  un  Hom- 
me qui  avoiteu  toute  fa  confiance, fur 
tout  fi  elle  en  écoitfoUicitée  par  celui- 
là  même  qui  Tauroit  mife  en  état  de 
perdre  Tauteur  de  fa  difgrace  &  de 
celle  de  fon  Favori  ? 

Rucellai  entêté  de  ce  double  defîein 
fuivit  la  Reine  Mère  à  Blois  ;  dès 
qu'elle  y  fut  arrivée  ,  il  s'occupa  jour 
éc  nuit  àcherclier  les  moïens  de  l'en 
tirer.  Il  fuppofa  d'abord  qu'il  avoit 
befoin  d'un  Chef  pour  cette  cntrepri- 
fe  ;  qu'il  faloit  que  ce  Chef  fût  un 
des  plus  grands  Seigneurs  de  France, 
&  qu'il  eût  d'ailleurs  toutes  les  qua- 
litez  qui  pouvoient  le  rendre  capable 
de  formcr^d'éxécuter  Ôc  de  foucenir  uii 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  207 

grand  detrein.  Tout  ce  qu'il  y  avoit 
de  plus  confiderable  dans  le  Royaume 
lui  palla  alors  par  l'eiprit  ;  enfin  il  s'ar- 
rêta au  Duc  de  Bouillon ,  &c  réiolut 
d'aller  à  Sedan  négocier  avec  lui  la 
délivrance  de  la  Reine  Mère  ,  &c  fon 
récabliirement  dans  fa  première  auto- 
rité. Dequoi  les  grandes  paiïions  ne 
rendent-elles  point  les  Hommes  ca- 
pables î  Rucellai  cet  homme  fi  déli- 
cat qui  ne  pouvoit  fouffir  ni  le  feraiii 
ni  la  moindre  intempérie  de  l'air , 
comme  s'il  eût  été  changé  en  un  autre 
homme,  voiage  jour  &z  nuit  dans  les 
Hiilons  les  plus  fàcheufcs  ;  la  lanté 
devient  à  l'épreuve  des  plus  grandes 
fatigues. 

Rucellai  fous  prétexte  d'aller  régler 
les  affaires  de  fon  Abbaie  de  Signi , 
part  de  Blois  ,  s'arrête  quelque  temps 
en  Champagne  dans  fon  Abbaie ,  de- 
là il  fe  rend  à  Sedan.  Le  Duc  de 
Bouillon  fut  fort  furpris  de  voir  Ru- 
cellai qu'il  connoidoit  pour  un  hom- 
me tout  dévoilé  à  la  Reine  Mère  ; 
mais  il  le  fut  bien  davantage  lorfque 
Rucellai  après  lui  avoir  demandé  le 
fecret ,  lui  fit  la  propohtion  de  la  cirer 
de  Blois  ,  de  la  recevoir  a  Sedan  ,  & 
de  la  rétablir  dans  fa  première  auto-. 


tôt        Histoire  de  Henry 

rite.  Il  lui  reprefenta  eiifuite  la  gloire 

de  l'entreprife  ,  piiifqu'il  ne  s'agifToit 

de  rien  moins  que  de  tirer  le  Roy  ,  la 

ReineMere,&le  Prince  de  Condé,(qui 

étoit  toujours  en  prifon  )   l'opprefiion 

de  dcLuines  qui  ne  penfoit  qu'à  établir 

fa  fortune  ôc  celle  de  fes  Frères ,  fans 

fe  mettre  en  peine  du  bien  de  l'Etat. 

**  >»  Je  fçai ,  lui  dit-il ,  que  vous  n'avez 

••  pas  lieu  d'être  content  de  ce  Favori  j 

*•  tous  les  grands  Seigneurs  ne  le  font 

**  pas  plus  que  vous  j  ils  n'attendent 

*'  qu'un  exemple  comme  le  vôtre  pour 

*»  fe  déclarer.  Le  parti  Calvinifte  efl:  en 

**  mouvement  fur  les  affaires  de  Bearn  ; 

*•  vous  y  pouvez  tout  ^  il  ne  tient  qu'à 

*»  vous  de  le  faire  déclarer.   Le  Duc  de 

*»  Rohan  brouillé  avec  de  Luines  agit 

'*  ouvertement  pour  la   Reine  Mère  ; 

*»  bien  loin  de  vous  traverfer  ,  il  vous 

*'  fécondera.  J'ai  des  intelligences  avec 

*'  le  Maréchal  de  Lefdiguieres  qui  prcn- 

*'  dra  le  même  parti.  Toutes  les  créa- 

*»  tures  de  la  Reine  Mère  qui  font  en 

»»  grand    nombre  ,  n'attendent    qu'un 

»»  mouvement  pour  agir  en  fa  faveur  ; 

»  elle  compte  fur  vôtre  affedion  ,  vous 

»»  êtes  l'homme  du  monde  le   plus  en 

M  état  de  la  iervir  ,  5c  à  qui  elle  fouhai- 

••  teroit  le  plus  d'être  redevable  de  fa 

liberté» 


DtJc  DE  Bouillon.  Liv.  VIIÎ.  105 
liberté.    Au  refte  elle  ne  met  point  «c 
de  bornes  à  fa  reconnoiiîance  j  vous  « 
n'avez  qu'à  dire  ce  que  vous  fouhai-  c« 
tez:  j'ai  un  plein  pouvoir  d'elle  de  tout  « 
accorder.  «  Rucellai  ajouta  que  la  Rei- 
ne Mère  avoit  de  l'argent  &c  des  pier- 
reries  ,  &  qu  elle  ne  leroit  pomt  a 
charge  à  ceux    qui  prendroient    foji 
parti. 

La  propofition  étoit  fpécieufe  ,  &c 
peut-être  que  dans  un  autre  temps  le 
Duc  de  BoUillon  n'eut  pas  fait  diffi- 
culté de  l'accepter.  Mais  foit  qu'il  ne 
fût  pas  content  de  la  Reine  Mère  ;  foit 
qu'il  prévît  que  le  delTein  qu'on  lui 
propofoit ,  ne  réufTiroit  pas ,  &  qu'un 
accommodement  feint   ou  véritable 
romproit  toutes  les  meiures  qu'on  au- 
roit  prifes  j  ou  qu'il  fût  perfuadé  que 
les  affaires  deBoheme  lui  donncroienc    '• 
aifez  d'occupation  ,  &  qu'il  fût  réfo-    ^ 
lu  de  s'y  livrer  tout  entier  j  il  répon-   ■ 
dit  à  Rucellai,  que  la  Reine  lui  failoit 
beaucoup  d'honneur  de  le  choifir  pour 
lui  procurer  fa  liberté  ;  que  perfonne 
ne  la  fouhaitoit  plus  ardemment  que 
lui  î  mais  qu'il  n'avoit  pas  quitté  la 
Cour  de  France  pour  fe  rengager  dans 
fes  intrigues  ;  qu'il  devenoit  vieux  ôc 
incommodé  j  qu'il  écoit  temps  de  bor^ 


2.10      Histoire    di    Henry 
ner  fa  fortune  &  fcs  defirs ,  &  de  fon- 
ger  à  l'éducation  de  fcs  enfans  j  que 
cependant  pour  témoigner  à  la  Reine 
Mère   le  zèle  qu'il  avoit  pour   fon 
fervice  ,  il  lui  donneroit  un  confeil  qui 
produiroit  tout  ce  qu'elle  avoit  atten- 
du de  lui  :  c'étoit  de  s'adreiFer  au  Duc 
d'Epernon  ;   qu'il   étoit  l'homme  du 
monde  le  plus  propre  à  bien  fervic 
"  la  Reine.  «  Il  a ,  continua  le  Duc  de 
»>  Bouillon  ,   de  belles  charges   ôc  de 
*»  grands  gouvernemens  j  il  a  du  cou- 
"  rage  ,  il  eft  riche ,  puilTant ,  entrepre- 
*'  nant.    Ses  trois  fils  n'ont  pas  moins 
»'  d'ambition  que  lui  j  ils  aideront  vo- 
>'  lontiers  leur  père.    De  plus  le  Duc 
"  d'Epernon  a  des  Places  confiderables 
"  dans   le  cœur  du  Royaume  &  fur  la 
»'  Frontière.  En  un  mot  le  voila  broUil- 
»»  lé  ouvertement  avec  de  Luines.    Le 
"  dépit  de  fe  voir  méprisé  de  la  Cour  , 
»'  l'elperance  d'abailîer  un  Favori  qu'il 
»»  n  eftime  pas ,  le  defir  d'acquérir  de  la 
>'  gloire  ,  &  de  fe  faire  rechercher ,  font 
"  des  motifs  capables  de  déterminer  uii 
»»  homme  comme  lui ,  qui  a  de  la  fierté 
*»  &  du  courage.  Adrelfcz  vous  donc  à 
»'  lui ,  c'eft  le  meilleur  confeil  que  je 
«  vous  puide  donner  pour  le  lervice  de 
**  la  Reine  Mère.  « 


Duc  DE  Bouillon.  IJv.  VIII.  ut 
Le  Duc  de  Bouillon  en  donnanc 
ce  confeil  avoit  apparemment  plus- 
d'une  vue  ;  il  faifoit  paroi cre  de  la 
générolîté  à  l'égard  d'une  Reine  dont 
il  n'avoic  pas  lieu  d'être  content  j  il  ne 
commettoit  ni  fa  fortune,ni  celle  de  Tes 
enfans.  De  quelque  manière  que  la 
chofe  tournât ,  le  Duc  y  trouvoit  fou 
compte.  Le  fucccs  de  rentrcprilc 
abailFoit  un  favori  qu'il  n'aimoit  pas  j 
il  avoit  l'honneur  &  le  mérite  de  l'ou- 
verture du  projet  ;  ôc  fi  le  part  ide  la 
Reine  Mère  avoit  du  delîbus ,  il  avoic 
la  fatisfaâiion  de  voir  la  grande  for- 
tune du  Duc  d'Epernon  qui  avoit  tou- 
jours été  dans  des  partis  oppofez  au 
flen  ,  ou  entièrement  ruinée ,  ou  du 
moins  fort  diminuée. 

Rucellai  fut  également  furpris  Se 
mortifié  du  refus  que  lui  faifoit  le  Duc 
de  BoUillon ,  d'être  le  Chef  de  l'entre- 
prife  ;  mais  il  avoiia  qu'après  lui  ,  le 
Duc  d'Epernon  étoit  l'homme  le  plus 
propre  à  fervir  la  Reine  Mère.  Ce- 
pendant deux  difficultcz  s'oppofoient 
a  cette  négociation.   Le  Duc  d'Eper- 
non étoit  mécontent  au  dernier  point 
de  Marie  de  Medicis  :  après  avoir  re- 
çu de  lui  les  plus  fignalez  feïvices  , 
elle  l'avoic  facrifié  au  Prince  4e  Con*. 

Kij 


2.11       Histoire    de    Henry 
dé  &  au  Maréchal  d'Ancre.  Cette  dif- 
ficulté étoit  iuivie  d'une  autre.    Ru- 
cellai  lui-même  pour  une  affaire  per- 
fonnelle  étoit  extrêmement  brouillé 
avec  le  Duc  d'Epernon.     Le  Duc  de 
Bouillon  applanit  ces  deux  difïicultezj 
en  confeillant  à  Rucellai  de  s'adrelFer 
à  l'Archevêque  de  Touioufe  qui  fut 
"  depuis  leCardinal  de  la  Valette."Il  ne 
«  cherche,  lui  dic-il ,  qu'à  fe  vanger  de 
»  de  Luines  qui  vient  de  procurer  à 
"  l'Archevêque  de  Paris  le  Chapeau  de 
"  Cardinal  qu'on  lui  avoit  promis:  il  n'y 
*'  a  rien  qu'il  ne  faife  pour  le  mortifier. 
"  Il  vous  reconciliera  avec  fon  père ,  de 
"  comme  il  a  beaucoup  de  pouvoir  fur 
*'  fon  elprit ,  il  lèvera  toutes  les  diiïî- 
"  cuhez  que  vous  prévoïez  du  côté  de 
»*  la  Reine  Mère.  »> 

Rucellai  fuivit  le  confeil  du  Duc 
de  Bouillon  ;  il  partit  de  Sedan  pour 
aller  à  Metz  ou.  le  Duc  d'Epernon  &c 
l'Archevêque  de  Touioufe  étoient  a- 
lors.  Mais  avant  fon  départ  ,  il  fît 
agréer  au  Duc  de  Bouillon  ,  qu'il  le 
réconciliât  avec  le  Duc  d'Epernon, 
&  tira  parole  de  lui  qu'il  favoriferoit 
Tentreprife ,  s'il  pouvoir  obtenir  du 
Duc  d'Epernon  qu'il  fe  déclarât  pour 
la  Reinç  Mçie.  Avant  que  de  fe  rea-. 


T>t5c  DE  Bouillon.  Liv.  VIIÏ.  21$ 
dre  à  Metz ,  Rucellai  palTa  par  Join- 
viile  ,  il  s'y  aboucha  avec  le  Cardinal 
de  Guiie,&  l'engagea  dans  le  parti 
cle  la  Reine  Mère. 

Lorfque  Rucellai  fut  arrivé  à  Metz, 
il  y  trouva  toutes  les  facilitez  qu'il 
f  ouvoit  fouhaiter  de  la  part  de  l'Ar- 
chevêque deTouloufe.-  Il  n'en  fut  pas 
de  même  du  Duc  d'Epernon  ;  il  ne 
voulut  d'abord  ni  entendre  parler  de 
la  Reine  Merc  ,  ni  foufFrir  que  Ru- 
cellai fe  prefentât  devant  lui.  Enfin 
l'Archevêque  de  Touloule  ôc  Tes  deux 
Frères  lui  firent  tant  d'inftances ,  qu'il 
confentit  à  voir  Rucellai.  L'habile 
Italien  non  feulement  fe  fit  écouter, 
mais  il  fe  conduiiît  avec  tant  de  dex- 
térité ,  que  le  Duc  d'Epernon  revenu 
de  fes  préventions  prit  une  entière 
confiance  en  lui.  Alors  Rucellai  don- 
na fes  premiers  foins  à  le  reconcilier 
avec  le  Duc  de  Boliillon.  Enfuite  il 
l'engagea  dans  les  intérêts  delà  Reine 
Mère  ,  &  le  fit  réfoudre  à  la  tirer  de 
Blois.  Enfin  il  ménagea  fi-bien  tou* 
tes  chofes  ,  que  le  Cardinal  de  Guife 
&  1-es  Ducs  de  Bouillon  &  d'Epernon 
convmrent  de  lever  une  Armée  de 
douze  mille  Ho^mmes  de  pied  &  de 
Êîois  mille  Chevaux.   Ce  corps  étoic 

Knj 


414       Histoire    de    Henry 
«ïeftiné  à  fliire  une  diverfion  en  Cham- 
pagne, en  cas  que  le  Roy  fît  marcher 
toutes  fes  Troupes  vers  Angoulême  , 
«ù  l'on  écoit  convenu  que  la  Reine 
Mère  fe  retireroit  à  la  fortie  de  Blois. 
il  devoit  encore  fervir  à  donner  du 
.fecours  au  Marquis  de  la  Valette ,  fi 
<le  Luines  entreprenoit  de  le  chaiîer 
^e  Metz,  pendant  que  le  Duc  d'Eper- 
«on  Ton  père  feroit  occupé  à  la  défen- 
fe  de  la  Reine  Mère.  Dès  que  ce  Trai- 
té eut  été  conclu  ,  Marie  de  Medicis 
lit  remettre  deux   cens  mille  écus  à 
Metz  j  la  plus  p;rande  partie  fut  don- 
4iée  au  Duc  d'Epernon ,  le  refte  fut 
partagé  entre  le  Duc  de  Bouillon  & 
le  Cardinal  de  Guife  ,  pour  commen- 
cer la  levée  de  l'Armée  defcinée  pour 
la  Champagne.  Toutes  ces  intrigues 
jdurerent  jufques  à  la  fin  de  Tannée 
1618.  Cen'efc  pas  que  le  Duc  d'Eper- 
oion  n'eût  réfolu  d'exécuter  fon  projet 
^         4iu  mois  d'Aouil ,  mais  il  furvmt  tant 
^e  difficultez ,  qu'il  ne  put  fortir  de 
Metz  qu'au  commencement  de  l'an- 
née luivante. 
j^._^„         On  ne  s'arrêtera  point  à  raconter 
»-6i^.    toutes  les  mcfures  qu'il  prit  pour  tirer 
la  Reine  Mère  de  Blois ,  &  pour  la 
conduire  à  Angoulême ,  capitale  de 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIÎI.  115 
fon  Gouvernement  d'Angoumois , 
parce  que  le  Duc  de  Bouillon  n'y  a 
point  de  part.  On  dira  feulement  que 
lorfque  la  Cour  apprit  l'exécution  de 
ce  projet ,  elle  fut  avertie  en  même- 
temps  que  les  Ducs  de  Boiiillon  ôc 
d'Epernon  brouillez  depuis  fi  long- 
temps s'étoient  reconciliez.  Cela  fit 
craindre  au  Roy,  que  le  Duc  de  Bouil- 
lon n'eût  pris  des  engagemens  avec 
la  Reine  Mère ,  ôc  qu'il  ne  fe  déclarât 
pour  elle  ,  quand  il  le  verroit  occupé 
^u  côté  de  i'Angoumois.  Sa  Majefté 
pour  s'en  éclaircir  &  le  faire  expli- 
quer, lui  envoïa  un  Exprès  pour  lui 
demander  les  avis  fur  l'état  prefent 
des  affaires  du  Royaume. 

Le  Duc  de  Bouillon  s'apperçut  du 
piège  qu'on  lui  tendoit,  il  fe  garda 
lîien  d'y  donner.  Il  répondit  au  Roy  nioiie 
en  termes  généraux  oc  avec  toute  la  ^^^  i-.4. 
réferve  imaginable  ,  que  puifqu'il  lui 
faifoit  l'honneur  de  lui  demander  fon 
fentiment ,  il  lui  confeilloit  de  fe  ré- 
concilier avec  la  Reine  fa  Mère  ,  d'é- 
couter les  avis  qu'elle  avoir  à  lui  don- 
ner; qu'elle  avoir  gouverné  affcz  long- 
temps pour  lui  en  pouvoir  donner 
d'utiles  ;  qu'il  faloit  éviter  fur  toutes 
chofes  la  Guerre-civile ,  veiller  à  l'ob- 

Kiiij 


Vlttoii» 
Siri  ine- 


lïë  HisTorRE  DB  Henry 
fervation  des  Loix  du  Royaume  ,  or- 
donner que  les  Edits  de  pacification 
fulTent  exadbement  obfervez ,  &  répa- 
rer les  infradlions  qu'on  y  avoit  fai- 
tes. Le  Duc  de  Bouillon  ajoûtoit  que 
le  plus  sûr  moïen  pour  établir  la  paix 
&  le  bon  ordre  dans  le  Royaume, 
étoit  d'ôter  tous  les  fujets  de  jaloufie 
ôc  de  défiance  ,  de  diftribuer  les  hon- 
neurs ôc  les  emplois  à  des  perfonnes 
choifies ,  &c  qui  fulfent  capables  de 
s'en  acquitter  ;  qu'enfin  il  ne  faloit 
point  écouter  certaines  gens  qui  ne 
pcnfent  point  au  bien  public  ,  qui 
n'ont  en.  vue  que  leurs  intérêts  &  qui 
n'ofFrent  leurs  fervices  que  pour  avoir 
cccafion  de  faire  du  mal  dont  (dit-il  ) 
jI  y  a  bon  nombre  dans  le  Royaume 
&  à  la  Cour. 

Ces  avis  du  Duc  de  Bouillon  étoient 
dignes  de  /a  prudence  &  de  la  grande 
experierce  qu'il  avoit  acquife  dans  le 
manimcr.t  des  affaires.  Mais  outre 
qu'ils  n'étoJent  pas  tous  du  goût  de 
la  Cour  ,  elle  eût  fouhairé  qu'il  fe  fût 
expliqué  en  termes  moins  généraux  , 
ôc  c'eft.ce  qu'il  ne  crut  pas  à  propos  de 
faire.  Au  fond  ,  le  Duc  de  Bouillon 
rebuté  de  riiiconftance  &;  des  man- 
qusmens  de  parole  de  Marie  de  Me- 


i)vc  BÊ  Bouillon.  Liv.  V III.  11*7 
dicis  n'avoit  pas  deflein  de  s'engager 
fort  avant  dans  Tes  intérêts  j  mais 
tomme  il  ne  f^^avoic  pas  lequel  des 
deux  partis  auioit  enfin  le  deiFus  ,  il 
îie  crut  pas  auffi  qu'il  lui  convint  de 
5"'expliquer  plus  clairement. 

Cependant  de  Luines  qui  vouloii 
établir  fon  autorité ,  ne  parloitque  de 
lever  des  Troupes ,  ôc  de  porter  tou-- 
tes  choies  à  l'extrémité^  mais  enfin 
l'on  fit  comprendre  au  Roy  ,  qu'il  ne 
convenoit  point  à  un  Fils  de  parokre' 
armé  contre  fa  Mère  fans  avoir  au 
moins  auparavant  tenté  toutes!  les 
voies  d'accommodement.  L'affaire  de 
k\  Reine  îvlere  fut  donc  tournée  en 
négociation  ,  mais  les  efprits  étoient 
û  aigris  de  part  &  d'autre  ,  qu'on  eut 
toutes  les  peines  du  monde  à  conve- 
nir. On  s'accorda  pourtant  à  la  fin, 
'ôc  cet  accommodement  tira  le  Duc  d£ 
Bouillon  de  l'engagement  qu'il  avoit 
pris  touchant  l'Armée  de  Champagi-jc 
■qu'il  s'étoit  chargé  de  lever.  Mais 
il  étoit  aisé  de  juger  qu'un  accommo- 
dement conclu  avec  tant  de  répu- 
gnance de  la  pn  r.  du  Roy  de  de  celle 
de  la  Reine  Mei  ::  ,  ne  feroit  pas  de 
longue  durée.  Dt:  nouvelles  brouille-- 
..|àes  fur  vinrent  ,  on  arma  de  parc  &- 

K  V 


2iS  Histoire  de  Henry 
d'autre ,  6c  l'on  fe  prépara  à  une  guer^ 
re  ouverte. 
î/cmoi-  Le  Marêch.il  de  BalFompierre  ra- 
B^Hibin  conte  à  cette  occafion  ,  qu'étant  allé 
p-eire.  en  Champagne  pour  y  lever  des 
Troupes  pour  le  fervice  du  Roy , 
un  Gentilhomme  Huguenot  nommé 
Defpenfe  l'y  vint  trouver  de  la  parc 
du  Duc  de  Bouillon  ;  qu'il  lui  de- 
manda s'il  pouvoit  lui  parler  en  sûre- 
té ;  que  lui  aiant  répondu  qu'il  le  pou- 
voit faire  ,  &  qu'il  lui  en  donnoit  Ta 
parole  :  ce  Gentilhomme  lui  dit  que 
le  Duc  de  Bouillon  l'envoïoit  exprès 
<le  Sedan  ,  pour  lui  dire  qu'il  avoir 
appris  Tordre  qu'il  avoitreçû  du  Roy, 
d'alFembler  des  Troupes  &  de  les  fai- 
re marcher  en  diligence  ;  que  le  Duc 
fçavoit  aufîî  les  mouvemens  qu'il  iè 
donnoit  pour  exécuter  l'Ordre  du 
Roy  j  qu'il  les  avoir  approuvez  Se 
loiiez  -,  qu'il  avoir  pourtant  chaTge 
éa  Duc  de  Boiiillonde  lui  reprefenter 
a  cette  occafion  ,  qu'il  s'étonnoit  des 
grandes  diligences  qu'il  faifoit  ,  ÔC 
^u'il  ne  pouvoit  pas  comprendre  de 
-quelle  animofité  il  étoit  pouffé  contre 
la  Reine  Mère  ,  ou  quelles  fi  grandes 
«obligations  il  pouvoit  avoir  à  Mon- 
iieur  ie  Liùnes^  pour  agir  avec  tajiç 


Duc  TB  BoviLLON.  Liv.  VIII.  219 
-^e  zèle  &  d'enipreirement  pour  ion 
fervice  j  qu'il  ne  s'agillbit  dans  la 
Guerre  prcfcnte  ,  ni  des  intérêts  du 
Roy  ni  de  ceux  de  TEtat ,  mais  fcu- 
icment  de  fçavoir  fî  run  &  l'autre  fe- 
roient  gouvernez  par  la  Reine  Mère 
-qui  avoir  eu  fi  long-temps  Tadminif-. 
tration  des  affaires ,  ou  par  trois  nou- 
veaux venus  qui  n'entendoient  xieii 
au  Gouvernement  d'un  Royaume, 
6>c  qui  cependant  s'étoient  laifis  de 
l'autorité  &:  de  la  perfonne  du  Roy 
^ui  n'étoit  pas  encore  en  âge  de  bien 
juger  de  ce  qui  convenoit  à  [es  vcri- 
-tables  intérêts.  Que  le  Duc  de  Boliil- 
-lon  louoit  la  rilolution  que  Bairom- 
"pierre  avoir  prife  de  fe  tenir  toujours 
,au  gros  de  Tarbre  ,  de  iuivre  non  le 
iparti  le  meilleur  ôc  le  plus  jufte ,  mais 
«celui  où  la  perfonne  du  Roy  ,  le  Sceau 
/&  la  Cire  le  rencontroient.  Que  ce- 
-pendant  le  Duc  de  Bouillon  ne  com- 
prenoit  pas  ce  qui  pouvoir  le  porter 
à  agir  avec  tant  d'ardeur  ,  d'aller  au- 
^ela  des  Ordres  du  Roy  ,  d'emploïer 
unième  fon  bien  pour  des  gens  qui 
"^a'ioient  d'ingratitude  la  Reine  Merc 
leur  première  bien-faitrice  6c  leurs 
amis  ,  &  qui  l'en  païeroient  lui-mê- 
"jaae)  qucn  agiflant  de  la  forte  fans 

Kvj 


iio       Histoire  b  i  Henry 
Ordre  du  Roy  il  ruinoit  le  parti  de  îa?- 
Reine  ,  femme  du  feu  Roy  qui  ravoit: 
tant  aimé  ,  8c  de  laquelle  il  tenoit  une- 
des  plus  belles  charges  du  Royaume. 
Que  tous  les  loins  qu'il  prenoit ,  n'a- 
boutiroient  qu'à  fe  faire  marcher  fur 
la  tête  par  des  gens  qui  ne  le  valoi^nt 
pas  j  qu'ils  le  mépriferoient  enfin,  8c 
le  ruineroient  ,  parce  que  ceux  qui 
dévoient  tout  à  la  fortune  jfe  décla- 
roient  tôt  ou  tard  contre  un  mérite 
dont  l'éclat  ne  ferv-oi:  qu'à  les  effacer. 
Le  Gentilhomme  ajouta  ,  que  ce- 
pendant comme  le  Duc  de  Boliillon 
n'écoit  pas  d'un  caradlere  à  lui  faire 
-des  propofîtions  qu'il  ne  pût  accepter 
avec  honneur ,  la  Reine  Mère  fa  bien- 
faitrice ne.  demandoit  point  qu'il  ie 
-déclarât  pour  elle  ,  &  qu'il  fît  rien> 
qa'il    ciÛE  être  contre   fon  devoir  j- 
■qu'elle  fouhaitoit  feulement  de  lui, 
qu'il  ne  témoignât  point  tant  de  paf- 
fion  de  d'animoficé  contre-elle  j  qu'il 
ie  contentât  dé   mener  au  Roy   les 
Tioupes  qu'il  avoit  levées  en  l'état 
qu'elles  étoient  ;  qu'il  ne  fe  piquât 
pas  de  les  augmenter  à  fes  dépens ,  & 
flu-il    retardât  feulement  fa  marche 
4e  trois  femaines  ,  ce   qu'il  pouvoit- 
ikire  fans  fcrupule,  puifque  les   Or-.- 


Dire  deBoVîiion.  Lîv.  TIIT.  nr 
dres  du  Roy  ne  portoient  pas  qu'il  ie 
rendît  plutôt  auprès  de  lui ,  ôc  que  Sa 
Majeftc  ne  l'actendoit  pas  plutôt.  Que 
s'il  vouloit  accorder  ces  trois  chofes 
à  la  Reine  Mère  ,  le  Duc  de  Bouillon 
lui  fcroit  caution  de  cent  mille  écus  ; 
qu'on  les  lui  feroit  tenir  par-tout  où 
il  voudroit,  fans  que  jamais  perfonnc 
en  eût  connoilïànce  ,  &  qu'il  avoit 
charge  du  Duc  de  Boiiillon  de  lui  paC-- 
fer  en  fon  nom  toutes  les  obligations, 
êc  de  lui  donner  toutes  les  sûretez 
qu'il  pourroit  fouhaiter.- 

BalFompierre  ajoute  qu'il  répondit 
à  Defpenle  ,  qu'il  n'avoit  garde  de  fc 
iîer  à  fa  parole  ,  puifqu'il  lui  avoic 
demandé  sûreté  pour  lui  parler  fa/i- 
^hewent  ,  &  qu'il  lui  avoit  parlé yV- 
di-Moirmcnt  \  qu'il  ne  croïoit  pas  que 
le  Duc  de  Boiiiîlon  le  connût  alTez 
peu  pour  pcnfer  que  l'interct  fût  ca- 
pable de  le  faire  manquer  à  fon  de- 
voir j  qu'il  n*avoit  point  d'animofîté 
contre  1 1  Reine  Mère ,  mais  beaucoup 
de  palîionde  bien  fetvir  le  Roy  j  qu.'à^ 
près  Sa  Majefté  perfonne  n'écoit  plus 
que  lui  fei  vitcur  de  la  Reins.^  îvîerc  5 
mais  que  où  il  s'agiflfoit  du  fer  vice  du 
Roy  ,  il  ne  connoilToit  point  la  Reine,  ■ 
Qu^e  ce  n'ctoit  point  à  lui  k  décider  le-; 


tii  Histoire  ce  Henry 
quel  des  deux  avoir  tort  ou  raifon  j 
qu'il  lui  fufïi toit  d'être  Officier  du  Roy 
pour  fe  croire  obligé  de  le  fervir  ,  8c 
qu'il  étoit  prêt  de  dépeiifer  tout  Ton 
bien  pour  iatisfaireàcette  obligation, 
BalTompierre  lui  dit  encore  que  s'il 
ne  lui  avoir  pas  promis  sûreté  ,  il  le 
feroit  arrêter ,  mais  que  lui  aïant  don- 
né Ta  parole  ,  il  pouvoit  s'en  retour- 
ner fans  riea craindre.  Ce  Gentilhom- 
me fe  retira ,  ôc  BalTompierre  conti- 
nua la  levée  des  Troupes  avec  le 
même  empreirement. 

L'on  ne  peut  pas  nier  que  le  procé- 
«lé  de  BalTompierre  ne  fût  dans  les 
resles  ;  il  a  raifon  de  s'en  faire  hon- 
neur.  Cependant  ce  rccit  fait  voir  que 
les  plus  grands  hommes  jugent  diflFe- 
remment  des  mêmes  chofes.  Le  Duc 
de  Bouillon  croioit  que  le  fervice  du 
Roy  confiftoit  dans  ce  qui  étoit  le 
plus  avantageux  à  l'Etat,  Il  étoit  per- 
fuadé  que  le  miniftcre  deMarie  de  Me- 
;dicis  lui  convenoit  mieux  que  celui 
de  de  Luines  &  de  fes  frères  j  qu'elle 
avoir  plus  d'autorité,  plus  d'ufage, 
plus  de  connoiiTaiice  des  affaires ,  plus 
d'affedion  même  pour  le  fervice  du 
Roy  (  dont  elle  étoit  la  Mère  )  qu'un 
'Pomcftique  qui  ne  fongeoit  qu'a  éca- 


Dire  DE  BouiLiON.  Liv.  VIII.  nj 
-blir  fa  fortune  &  celle  de  fa  maifon. 
Il  ne  penfoic  pas  que  le  Roy  qui  n'a- 
voic  que  dix-huit  ans  ,  fût  capable  de 
bien  juger  de  ce  qui  lui  convenoit  le 
mieux  ;  il  le  croioit  obsédé  par  de 
Luines  qui  s'étoit  emparé  de  ion  ef- 
prit.  Il  regardoit  la  guerre  dont  il 
s'agiffoit,  plutôt  comme  une  guerre 
de  de  Luines  contre  la  Reine  Mère , 
que  comme  une  guerre  du  Roy.  En 
un  mot ,  il  croïoit  qu'un  grand  Offi- 
cier de  la  Couronne  ,  qu'un  homme 
comme  lui  du  Confeil  du  Roy  ,  agif- 
fant  de  concert  avec  plufieurs  des  plus 
grands  Seigneurs  du  Royaume  ,  pou- 
voit  porter  fes  vues  plus  loin  qu'un 
Officier  comme  Baifompierrc  qui 
n'entroit  pas  encore  comme  lui  dans 
le  fecret  de  l'Etat. 

BalTompierre  au  contraire  ,  quoi- 
que redevable  à  la  Reine  Mère  de  fa 
belle  charge  de  Colonel  Général  des 
SuilTes  ,  étoit  perfuadé  que  ce  n'étoit 
pas  à  lui  à  décider  de  ce  qui  étoit  ou 
n'étoit  pas  le  bien  de  l'Etat  ;  qu'il  lui 
/uffifoit  que  le  nom  6c  l'autoiité  du 
Roy  fulTent  du  côté  d'un  des  deux  par- 
tis pour  s'y  attacher  ôc  pour  le  bien 
fervir  ;  &  qu'aïant  les  Ordres  du  Roy, 
iliiavoitiieii  i  faire  qu'à  les  éxécu* 


iT4       Histoire  de  î^ênry 
ter.    Ce  qu'il  y  a  de  fingulier  cft  que 
lie  Duc  de  Bouillon  devina  jufte  ;  per- 
fonne  ne  s'oppofa  plus  que  de  Luinés 
à  la  faveur  &  à  la  fortune  de  BafTom- 
t>ièrre  ,  par  les  mêmes  motifs  que  ce 
Dac  lui  avoit  marquez.  Mais   outre 
«qu'on  ne  pénètre  point  dans  l'avenir  , 
iàjalouiie  d'un  Favori  &  lestraverfes 
qu'il  peut  donner ,  rie  doivent  point 
décider  du  bien  public ,  &  de  cequ*un 
Sujet  ou  un  Officier  doit  à  fon  Roy. 
Quand  BàfTompierre  eut  ralfemblé 
toutes  les  Troupes  dont  il  crut  que  le 
Roy  poùrroit  avoir  beioin  ,  il  les  me- 
na joindre  celles  que  Sa  Majefté  avoit 
fiait  lever  daris  d'autres   Provinces. 
Alors  l'Arraée  d-u  Roy  marcha  vert 
Angers  où  la  Reine  Mère  &  les  Troa- 
pes  qu'elle  avoit  aflemblées  de  fou 
-coté' s'étoient  rendues.  Il  parut  dans 
cette  occafion  qu'à  la  guerre  ,  comme 
en  toute  autre  chofe  ,  on  ne  rculîit 
pas  tant   par  l'habileté  de  ceux  qui 
«ommaiîdcnt  ,    que    par    les    fautes 
que   font    les  Ennemis.'    Ceux   qui 
«ommandoient  la  petite   Armée   dfe 
Marie  de  Medicis  ,  en  fi:ent  tant, 
quelle  fut  mife  en  dérouce  au  Pont 
de  Ce.'   Ainfi  la  Rein:^  Mère  fut  ré- 
duite à  s'accommoder  avec  le  Roy 
s^ux  coiîditions  qu'il  voulut. 


ïîue  DE  BouitLO^.  Liv.  Vni.  li^ 

Pendant  que  ces  chofes  fe  paflbient  L'a« 
en  France,  les  troubles  &c  la  révolte  '*'^" 
de  Bohême  qui  avoient  commencé 
l'année  précédente  fur  la  fin  de  la  vie 
de  l'Empereur  Mathias  ,  furent  por~ 
tez  à  Textrémité  après  fa  mort.  Il 
avoit  eu  la  précaution  de  fon  vivant 
de  procurer  la  Couronne  de  Bohême 
à  Ferdinand  fécond  fon  Coufin  ,  qui 
fut  depuis  fon  faccefifeur  à  FEmpi- 
le.  Il  Favoii  fait  élire  &  couronner. 
Les  Etats  de  Bohême  au  nom  de  la 
Nation  lui  avoient  fait  ferment  de 
fidélité  ;  &  les  Provinces  de  Silefie,  de 
Moravie  ,  &  de  Luface  ,  unies  à  la 
Bohême  ,  avoient  confenti  à  fon  élec- 
tion. L'afFaire  étoit  confommée,  &. 
il  ne  paroilFoit  pas  que  rien  pût  trou- 
bler Ferdinand  dans  la  polFefFion  de 
la  Couronne  de  Bohême.  Il  s'en  te- 
noit  lui-même  aufll  aiFuré  que  d  un 
Etat  héréditaire. 

Cependant  lorfqu'on  s'y  attendoit  ^^^^^^_. 
le  moins  ,  les  Bohémiens  fe  fouleve-  dÔrf,  re- 
rent  d'un  confentement  unanime.  Ils  ':'.™^^^- 
prétendirent  que  Ferdinand  avoit  L  b.  t.  " 
contrevenu  aux  conditions  fous  lef-  Mémo*, 
fluclîcs  il  avoit  été  élu  Roy  de  Bohe-  ^'^  cjc 
me  ;  qu'en  conlequcnce  il  etoit  de-  ^aVunz, 
chu  de  La  Couronne,  &  qu'ils  étoient 


liG  Histoire  d  e  Henry 
en  droit  d'élire  un  autre  Roy.  Les 
Etats  de  Bohême  aïant  été  alfemblez 
drelFerent  un  Ade  autentique  de  cet- 
te prétention  ,  &  les  Provinces  de  Si- 
lefie  ,  de  Moravie  &  de  Luface  y  ad- 
hérèrent. Une  révolution  fi  fubite  é- 
tonna  Ferdinand  fans  le  déconcerter. 
Il  emploïa  tour-à-tour  la  négociation 
ôc  la  force  pour  fe  maintenir  dans  la 
poirelïion  du  Royaume  de  Bohême , 
ôc  pour  empêcher  une  nouvelle  élec- 
tion. Tous  les  mouvemens  qu'il  fe 
donna  ,  furent  inutiles.  Les  Bohé- 
miens laflTez  de  la  domination  de  la 
Maifon  d'Autriche ,  perfifterent  dans 
la  réfolution  qu'ils  avoient  prife  de 
dépofer  Ferdinand  &  d'élire  un  autre 
Roy. 

Jufques-là  l'on  n'a  point  de  preuve 
que  le  Duc  de  Bouillon  ait  pris  part 
aux  troubles  de  la  Bohême.  Il  s'étoit 
contenté  d'y  faire  attention  ,  &  d'en 
prévoir  les  fuites.  Mais  dès  qu'il  eut 
appris  que  les  Bohémiens  étoient  ré- 
folus  de  procéder  à  une  nouvelle  élec- 
tion ,  il  forma  le  deflcin  de  la  faire 
tomber  fur  l'Eledeur  Palatin  fon  Ne- 
veu :  Projet  digne  d'un  homme  aufîî 
capable  que  lui  de  conduire  une  gran- 
de entreprife  ,  mais  qui  n'eût  jamais 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  117 
réufîi  fi  un  politique  moins  habile  s'en 
fût.mêlé.    C'eft  le  jugement  qu'en  fie 
Maximilien  Duc  de  Bavière  l'un  des 
plus   habiles  Princes  de  fon  temps, 
lorfqu'on  la  lui  propofa  pour  l'enga- 
ger à   la  favoriler.  «  Je    fçai  bien  m 
(  répondit-il  )  que  le  Comte  Palatin  « 
n'eft  ni  capable  de  former  de  lui-mê-  »« 
me  un  fi  grand  delFein  ,  ni  de  bien  « 
conduire  une  entreprife  fi  difficile  &  « 
fi  délicate  ;  mais  il  eft  poufTé  par  fes  « 
deux  Oncles ,  ôc  il  Tuit  les  confeils  du  •« 
Prince  d'Orange  &  du  Duc  de  Boiiil-  w 
Ion  ,  qui  veulent  élever  leur  Neveu  u 
fur  le  Trône  de  Bohême.    Ces  deux  « 
Meflîeurs  font  des  Politiques  aufïi  pé-  ce 
nétrans  Se  aufïï  rafinez  qu'il  y  en  ait  ce 
dans  l'Europe.  «  Cependant  quelque  te 
bonne  opinion  qu'eût  le  Duc  de  Ba- 
vière  du  génie   de  ces  deux  grands 
Hommes  qu'il  fçavoit  être  à  la  tête 
de  cette  entreprife ,  elle  lui  parut  fi 
difficile  qu'on  ne  put  jamais  l'enga- 
ger à  la  favorifer  ,  quoiqu'étant  lui- 
même  de  la  Maifon  Palatine  ,  il  dût 
fe  faire  honneur  de  lui  procurer  une 
Couronne  ,  &  quoiqu'on  lui  promît 
de  l'élever  à  l'Empire  s'il  vouloir  fe 
déclarer  pour  l'Eledeur  Palatin. 
En  effet  il  ne  s'agiifoit  de  rien  moins 


que  de  l'emporter  fur  le  grand  crédit 
de  laMaifon  d'Autriche  énAllemàgne, 
fur  celui  du  Pape  &  de  tous  les  Prin- 
ces Catholiques  qui  ne  pouvoient  paS 
manquer  de  s'oppofer  à  l'éledlion 
d'un  Roy  Calvinifte  ,  comme  étoit 
l'Eleéleur  Palatin.  Il  faloit  l'empor- 
ter encore  fur  les  follicitations  ,  les 
brigues ,  fur  l'argent  répandu  dans  là 
Bohême  par  le  Roy  de  Dannemarc  , 
par  le  Duc  de  Saxe ,  &  par  le  Duc  de 
Savoye ,  Compétiteurs  du  Palatin  , 
qui  prétendoicDt  ouvertement  à  la 
Couronne  de  Bohême. 

Ce  qui  rendoit  cette  affaire  encore 
plus  embarallante  ,  c^eft  qu'au  cas 
même  qu'elle  réunît  ^  il  faloit  fe  ré- 
foudre à  s'attirer  fur  les  bras  toutes 
les  forces  de  la  Maifon  d'Autriche  & 
celles  de  la  Ligue  Catholique  en  Al- 
lemagne. On  ne  pouvoit  pas  même 
s'aifurer  d'y  oppofer  les  forces  de  la 
Ligue  Proteftante ,  puifqu'il  étoit  aisé 
de  prévoir  qu'on  feroit  traversé  par 
le  Roy  de  Dannemarc  8c  par  l'E- 
leâreur  de  Saxe  ,  qui  ne  feroient  pas 
d'iîumeur  de  favorifer  un  Compéti- 
teur ,  qui  l'auroit  emporté  fur  eux.  Il 
étoit  à  craindre  qu'ils  n'y  réuiîifrent 
d'autant  mieux ,  qu'il  ne  s'agilfoit  pas 


Duc  DE  Bouillon.  L.iv.  VÎII.  219 

de  maintenir  fur  le  Trône  de  Bohême 
un  Prince  Luterien  ,  mais  un  Calvi- 
nifte  ,  pour  qui  le  parti  Luterien  n'é- 
toic  gueres  mieux  difposé  que  pour 
un  Catholique.  L'oppoiîtion  de  ces 
deux  partis  étoit  fi  grande  ,  que  ce 

;  fut  en  effet  par  cet  endroit  que  le 
Duc  de  Saxe  empêcha  depuis  la  Lu 
ç;ue  Proteftante  d'agir  du  côté  de  la 
Poheme  en  faveur  de  TElefteur  Pa- 
latin. 

Malgré  tant  de  difïicultez,le  Duc  de 
Bouillon  entreprit  de  faire  élire  le  Pa- 
latin ,  &  il  y  rendît.  L'on  ne  donne- 
ra point  icy  le  détail  de  cette  impor- 
tante négociation ,  parce  qu'on  n'en 
trouve  rien  ni  dans  les  Mémoires 
qu'on  a  fournis  pour  la  compofîtioii 

.  de  cette  Hiftoire  ,  ni  dans  tous  les 
Auteurs  qu'on  a  confultez.  Ils  con- 
viennent  tous  que  l'Eledbeur  Palatin 
fut  redevable  de  la  Couronne  de  Bo- 
hême aux  foins  &  aux  intrigues  du 
Duc  de  BoUillon  ;  mais  ils  ne  difent 
rien  des  démarches  qu'il  fit  ,  ni  des 
moïens  qu'il  emploïa  pour  l'empor- 
ter fur  les  Compétiteurs  de  l'Eleâreur. 
Du  caractère  dont  nous  l'avons  dé- 
peint ,  cela  ne  doit  pas  furprendre.  Il 
etpit  l'homme  du  monde  le  plus  pr(^ 


15«  Histoire  de  Henry 
fond  &  le  plus  impénétrable.  Il  ar- 
rivoit  fouvent  qu'il  étoit  l'ame  d'une 
encreprife  &  le  premier  mobile  d'un 
grand  delTeiri,  fans  qu'il  parût  qu'il 
y  eût  part ,  ou  du  moins  fans  qu'on 

fmt  l'en  convaincre.  Il  avoir  d'ail- 
eurs  tant  de  raifons  de  cacher  fe$ 
démarches  dans  l'occafion  dont  il  s'a- 
git ,  qu'on  ne  doit  pas  être  furpris 
s'il  a  réulïï  à  les  cacher  aux  plus  pé- 
nétrans. 

Tout  ce  qu'on  peut  dire  de  fa  né-, 
gociation  pour  procurer  la  Couronne 
de  Bohcme  à  l'Eledeur  Palatin  ,  eft 
qu'il  gagna  le  Comte  de  Thurn  (  ou 
de  la  Tour  )  qui  étoit  le  plus  puiflant 
Seigneur  &  le  plus  accrédité  duRoyau-. 
me  ;  qu'il  engagea  les  Evangeliques  , 
c*eft-à-dire  les  Calviniftes  de  Bohê- 
me dans  le  parti  de  l'Eleâieur  ;  qu'il 
n'omit  rien  pour  fe  prévaloir  du  grand 
crédit  qu'ils  y  avoient ,  &  qu'il  Tçut 
bien  faire  vaioir  les  avantages  qu'a- 
voit  le  Palatin  fur  Tes  Compétiteurs  , 
ou  qu'il  fuppofoit  du  moins  avec  beau- 
coup de  rail'on  qu'il  devoir  avoir  fur 
tous  ceux  qui  prétendoient  à  la  Cou- 
ronne. 

Ces  avantages  confiftoient  en  ce 
^e  l'Eledeur  étoit  de  la  même  Reli- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  151 
gion  que  les  Calviniftes  ou  Evangeli- 
ques  de  Bohême.    Quelle  protedion. 
n'en  devoient-ils  pas  efperer  ?  Le  mê- 
me Eledeur  avoit  épousé  la  Fille  du 
Roy  de  la  Grande-Bretagne  j  fes  En- 
fans  étoient  les  petits  Fils  du  même 
Roy.   Quels  fecours  en  cas  de  befoin 
ne  pouvoit-on  pas  s'en  promettre  ?  Le 
Palatin  étoit  encore  Neveu  du  Prince 
Maurice  d'Orange  ,  qui  difpofoit  des 
forces  des  Provinces  -  Unies  ;  autre 
fecours  qui  ne  pouvoit  manquer  dans 
l'occafion.    La  France  toujours  inte- 
r&lfée  à  traverfer  l'agrandiirement  de 
la  Maifon  d'Autriche  ,  devoir  aulïi 
fe  déclarer  pour  le  Palatin  ,  ou  du 
moins  on   le  ruppofoit  ainfi.  Enfin 
le  Duc  de  Beiiillon  lui-même.  On- 
cle de  l'Eledeur  ,  étoit  compté  pour 
beaucoup  par  Tes  confeils  ,  par  les  fe- 
cours qu'il  pouvoit  donner  par  lui-mê- 
me ,  étant  voilîn  du  Palatinat ,  &  par- 
ce que  le  grand  crédit  qu'il  avoit  par- 
mi les  Calviniftes  de  France  ,  etoic 
capable  d'engager  la  Noblelîe  de  ce 
parti  à  accourir  au  fecours  de  l'Elec- 
teur ,  au  cas  que  la  Maifon  d'Autriche 
fe  prévalût  trop  de  fes  forces  contre 
lui.  Il  faut  avoiier  que  tous  ces  avan- 
tages étoient  fpécicux  ,  ôc  qu'éc«uic 


iji  Histoire  de  Henry 
propofez  par  un  Homme  du  génie 
du  Duc  de  Bouillon  ils  étoient  capa^ 
blés  dimpofer.  L'événement  fit  voir 
qu'ils  avoient  plus  d'apparence  que 
de  folidité  ^  ou  du  moins  que  la  viciC 
iîtude  des  chofcs  humaines  permet  à 

f)eine  de  compter  fur  le  prelent  ;  que 
a  plupart  des  hommes  ne  connoit 
point  les  véritables  intérêts ,  &  qu'il 
y  en  a  encore  moins  qui  fçachent  les 
iuivre. 

Mais  comme  on  ne  pénétre  point 
dans  l'avenir ,  &c  qu'on  fuppofe  pref- 
que  toujours  que  les  hommes  font  tels 
qu'ils   devroient  être  ;  les  Etats  de 
Bohême  éblouis  des  avantages  donc 
on  vient  de  parler ,  dépoferent  Ferdi- 
nand, préférèrent  l'Eledeur  Palatin 
à  fes  Compétiteurs ,  &  l'élurent  Roy 
de  Bohême  ,  malgré  les  oppofitions 
du  même  Ferdinand  ,  qui  venoit  d'ê- 
tre élu  Empereur  à  Francfort.  Dès  que 
l'Eledteur  eut  appris  la  nouvelle  de 
fon  élection  par  une  lettre   que  les 
Etats  de  Bohême  lui  en  écrivirent ,  il 
fentit  tout  le  poids  de  la  grande  affai- 
re dans  laquelle  il  alloit  s'engager. 
Jufques-là  l'éclat  d'une   Couronne, 
le  defîr  de  l'emporter  fur  Ces  Compe- 
îiteurs ,  les  mougrcnîçns  des  négocia^ 

lions , 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VÎII.  235 
tiens ,  rincertitude  même  de  l'évcne- 
mcnt  avoicnc  fufpendu  ,  pour  ainfi  di- 
re ,  toutes  les  réflexions  que  dcman- 
doit  une  entreprife  de  cette  importan- 
ce. Mais  quand  il  vit  qu'il  ne  pouvoir 
plus  reculer,  qu'il  faloit  accepter  ou 
refuier  la  Couronne  de  Bohême  ;  les 
fuites  de  l'acceptation  ,  la  honte  du 
refus  le  jetterent  dans  le  plus  grand 
embarras  où  il  i'e  fût  trouvé  de  la  vie. 
L'Elcdcur  Palatin  n'etoit  pas  de  ces 
Héros  que  rien  n'étonne  quand  il  s'a- 
git d'aller  à  la  gloire.  Il  pouvoir  être 
heureux  &  faire  la  félicité  de  les  Su- 
jets ,  s'il  eût  eu  moins  d'ambition  ,  ou 
plutôt  fi  celle  de  l'Eledtrice  fa  femme 
ne  l'eût  pas  jette  dans  une  entreprife 
beaucoup  au  dclfus  de  fcs  forces. 

La  fage  Loniic  Juliane  de  Na(Î3u 
Doiiairiere  Palatine  fa  Mère  n'épar- 
gna rien  pour  l'en  détourner  ,  &c  pour 
lui  perfui<ler  de  refufer  la  Couronne 
qui  lui  étoit  ofFcrtc.  Les  Eledeurs  de  Memoi- 
Baviere,  de  Saxe,  de  Brandebourg, ''/  î^5 
&  les  Rois  de  la  Grande-Bretagne  &  juSnc. 
de  Pologne  confultez  ,  furent  du  mê-    .  ^ 
me  lentmient.  Il  n  y  eut  aucun  de  ces     if , 
Princes  qui  ne  détournât  Frédéric  de  '^'""'^ 
1  acceptation  de  la  Couronne  de  Bo-  i;im. 
licme.   Le  Prince  d'Orange  au  coiu  ^'^'  ^' 
Tom.  JIA  '  L 


^34  Histoire  de  Henry 
traire  8c  tous  les  Princes  de  l'urron 
proteftante  en  Allemagne,  furent  d'a- 
vis qu'il  l'acceprât.  Pour  ce  qui  ell  du 
Duc  de  Bouillon  ,  quand  on  le  con- 
fulta  lur  cette  affaire  ,  il  répondit  que 
tout  ce  qu'il  avoit  fait  julques  alors 
pour  TElcîfleur  marqupit  alfez  Tes  [en- 
timens  ;  que  cependant  puifque  ce 
Prince  vouloir  les  içavoir  plus  préci- 
sément,  on  lui  dit  de  fa  part,  que 
demander  av|s  fi  l'on  acceptera  une 
Couronne  qui  eft  offerte  ,  étoït  fe  dé- 
clarer indigne  de  la  porter ,  Se  inca-: 
pable  de  la  défendre.  Ce  reproche 
joint  aux  follicitations  continuelles  de 
l'Eledrice  détermina  Frédéric.  Il  ac- 
cepta la  Couronne ,  Se  partit  quelque 
tems  après  avec  la  Princelfe  l'afemme^ 
Ôc  le  Prince  fon  fils  aîné  pour  fe  ren- 
dre en  Bohême.  Il  v  fut  rccû  avec  de 
grandes  acclamations  ,  couronné  ÔC 
inflalé  fur  un  Tiône  dont  la  Mailon 
d'Autriche  plus  puifFante  que  la.fîenne 
devoit  lui  difputer  la  poircffion  ,  6c 
qui  lui  fit  perdre  depuis  fes  Etats  hé- 
réditaires. C'eft  ce  que  le  Duc  de 
•BoUillon  n'avoit  pas  piévû  ,  &c  ce  qui 
vraifcmblablement  ne  devoit  pas  ar- 
river, i^'on  peut  dire  cependant  qu'il 
^jiiu  tfe>âj3Lir^'-|:'roportionncr  les  en-» 


T>vc  DE  Bottillon.  Liv.  VIII.  135 
latreprires  à  ceux  qui  doivent  les  fouce- 
;nii.-  j  tel  échoue  ou  un  autre  l'cuiîîroit. 
L'Elcéleur  croit  un  bon  Prince  propre 
il  gouverner  un  petit  Etat  comme  le 
ficn.    L'afî'aire  de  Bohême  étoit  au- 
.dclkis  de  Con  génie  &c  de  Tes  forces. 
.  Les    fautes    cju'il    fit    contribuèrent 
.autant  a  le  perdre,  que  les  mefures 
-que      la      Maifon     d'Autriche    prit 
-contre   lui.    Tant  qu'il  fut    ioutenu 
par  les  confeils  du  Duc  de  Boiiilion  , 
il  parut  capable  d'exécuter  un  grand 
dclfein.   Dès  qu'il  l'eut  perdu  de  vue  , 
des  qu'il  fut  livré  à  lui  -  même,   l'on 
prévit  fa  chute.  Les  Bohémiens  furent 
les  premiers  a  s'en  dégoûter.    A  peu 
près  dans  le  temps   que  le  nouveau 
Roy  de  Bohême  partit  pour  Prague  , 
■  quelques  Amis  que  le  Duc  de  BoliiHon 
avoit  k  la  Cour  de  France  ,  lui  écrivis 
rcnt  les  grands  mouvemens  qu'on  s'y 
donnoit  pour  être  de  la  promotion 
:dcs  Chevaliers  de  l'Ordre  du  Saint- 
Lfprit ,  que  le  Roy  devoit  faire  l'an- 
née fuivante.    Le  Duc  qui  avoit  en- 
core bonne  opinion  de  l'affaire  de  Ba- 
heme ,  leur  répondit  d'un  air  plein  de 
confiance.  «  Pendauï  que  vous  penfez  ci 
à  faire  des  Chevaliers  ,  nous  travail-  «« 
Ions  à  faire  des  Rois,   u   Ces  paroles 

L  ij 


i^ê  Histoire  de  Henry 
font  une  preuve  de  ce  que  Ton  a  dit 
de  la  part  qu'eut  le  Duc  de  Bouillon 
à  l'élection  du  nouveau  Roy  de  Bo- 
hême. Il  n'en  faiibit  plus  un  myfte- 
re  j  il  l'eût  fait  en  vain  ;  trop  de 
monde  le  fçavoit  pour  pouvoir  croi- 
re qu'on  put  le  cacher  plus  long- 
temps. D'ailleurs  le  fecret  n'étoit  plus 
néceifaire  ,  puisque  l'entreprife  avoit 
«date. 

Mais  le  Duc  do  Bouillon  perdit 
tien-tôt  la  confiaîice  qui  paroît  dans 
les  paroles  qu'on  vient  de  rapporter. 
Il  avoit  trop  de  lumières  pour  ne  s'ap- 
-percevoir  pas  que  les  chofes  tour- 
noient d'une  manière  qui  ne  pouvoit 
être  plus  contraire  aux  intérêts  du 
Palatin.  En  effet  dans  ce  même-temps 
le  Duc  de  Saxe  fe  déclara  ouvertement 
pour  l'Empereur.  -L'on  s'apperçuc 
que  le  Duc  de  Bavière  prendroit  bieru. 
tôt  le  même  parti ,  &c  que  l'envie  de 
joindre  le  Palatinat  à  la  Bavière  ,  &c 
<de  fe  voir  revêtu  de  la  dignité  Elcdo- 
rale  ,  lui  feroit  prendre  les  intérêts 
de  Ferdinand  contre  ceux  d'un  Prince 
de  Ta  Maifon.  Les  Princes  de  l'union 
proteftante  du  fccours  defquels  oia 
troïoit  être  affûré,  prévenus  par  le 
pue  de  Saxe  ^édarereat  «ju'ib  ne  fe 


Ï3'uc  DE  Bouillon.  Liv.  VîII.  237 
fhêleroient  point  de  TafFaire  de  Bo-^,  p^j^P^, 
heme  ,  ôc  ou  ils  n'envoïeroient  au  Pa-  -^ort. 
latin  ni  1  loupes  ni  argent.  Ils  pro* 
mirent  ieulenient  de  le  fecourir  fi 
Fon  attaquoit  fcs  Etats  héréditaire?. 
Mais  ce  qu'il  y  eut  de  plus  furpre- 
tiant ,  eft  que  le  Roy  delà  Grande- 
Bretagne  trompé  par  les  artifices  de 
la  Maifon  d'Autriche,  abandonna  les 
internes  de  fa  Fille  ,  de  fon  Gendre  , 
de  de  fcs  petis-Fils ,  ôc  ne  leur  donna 
aucun  Iccours.  Après  que  la  Maifom 
d'Autriche  eut  ainfi  pris  des  mefures 
du  côté  de  l'Empire  8c  de  l'Angleter- 
re ,  elle  ctut  les  devoir  prendre  de 
celui  de  la  France.  Le  Duc  de  Luines 
étoit  alors  le  tout  -  puilfant  ;  il  avoic 
un  afcendant  extraordinaire  fur  Fef- 
prit  du  Roy.  Le  Confeil  toujours  dé- 
pendant des  Favoris  ne  pouvoit  que 
féconder  fes  intentions.  Il  étoit  quel- 
tion  de  le  gagner.  L'on  prétend  que 
la  Maifon  d'Autriche  en  vint  à  bouc 
en  lui  promettant  de  faire  époufer  à 
Cadenet  fon  frère  la  riche  héritière 
de  la  Maifon  d'Ailli  de  Pequigni  en 
Picardie.  On  la  faifoit  élever  à  Bru- 
xelles auprès  des  Archiducs  ,  &  ron 
ne  doutoit  point  qu'ils  ne  pulfent  en 
diipofer.    Ce  ciu'ii  y  a  de  certain  Cil 

L  iij 


2.38  HrsToiRE  D  E  Henry 
que  Cadenec  devenu  Maréchal  de. 
France  époufa  depuis  Théritieie  de  Pe~ 
quigni ,  ôc  Ton  prétend  qu'en  confe- 
quence  le  Duc  de  Luines  gagné  em- 
pêcha que  la  France  ne  donnât  du  fc- 
cours  au  Palatin  ,  &  qu'il  ne  tint  pas 
à  lui  qu'elle  n'affiflât  l'Empereur  d'u- 
ne partie  de  fes  forces.  L'on  ne  dé- 
cidera point  ii  ce  fut  i'mterct  domef- 
tique  qui  détermina  le  Duc  de  Luines 
dans  l'occafîon  dont  il  s'agit  ;  mais  il 
eft  certain  que  la  Religion  du  Palatin; 
&  les  fecours  tant  de  fois  donnez  par 
les  Princes  de  fa  Maifon  aux  Hugue- 
nots de  France  ,  nuilirent  beaucoup  à 
l'Elcdeur  dans  le  Confeil  du  Roy„ 
Il  eft  encore  certain  que  le  deifein  ou' 
étoit  le  Roy  de  rétablir  la  Religion 
Catholique  dans  le  Bearn  ,  &  de  re- 
tirer des  mains  des  Calviniftes  les 
Places  de  fureté  qu'ils  refufoient  de 
rendre  ,  ne  permettoit  pas  qu'en  fe- 
coarant  le  Palatin ,  on  rompît  la  Paix 
faite  par  le  feu  Roy  avec  l'Efpagne. 
D'ailleurs  une  rupture  avec  la  Maifon 
d'Autriche  convenoit  d'autant  moins 
à  l'exécution  de  ces  deux  delfeins , 
que  l'expérience  avoit  appris  dès-lors 
(  comme  elle  ne  l'a  que  trop  confir- 
mé depuis  )  que  les  fecours  de  France 


î5uc  DE  Bottillon.  Liv.  VÎÎÎ.  1-35? 
font  toujours  fulpeûs  à  l'Empire  ,  &c 
qu'on  ne  peut  pas  compter  fur  une 
alliance  sûre  Se  ilable  avec  fes  Princes, 
même  avec  les  Proceft.'^ns  ,  lorfqu'il 
s'agit  des  intérêts  de  l'Empereur  ,  6c 
de  les  engagera  le  liguer  contre-lui. 
C'eft  ce  qui  parut  dans,  l'afFairc  même 
dont  il  s'agit.  La  Lij^ue  Proteftante 
d'Allemagne  refuia  Ton  fecours  au  Pa- 
latin ^our  le  maintenir  dans  la  poflef^ 
fion  du  Royaume  de  Bohême.  Le  Duc 
«de  Bavière  ôc  celui  de  Saxe  ,  tout  Pro- 
teftahr  qu'il  étoit ,  aidèrent  eux-mê- 
rnes  à  l'en  dépoUiller,  ôc  fe  chargèrent 
«le  l'exécution  du  Ban -Impérial.  Com- 
ment' pouvoit-on  prétendre  que  la 
France  prit  plus  d'inteiêt  qu'eux  à  la 
tdéfenfe  d'un  de  leursrnembres  ?  A  ces 
âevvA  confideradons  on  en  ajoûtoit 
une  troifiéme  ;  c'eft  que  dans  l'afFai- 
re  du  Palatiai  ,  il  s'agilkiit  d'appuïer 
un  Prince  Proteftant  contre  un  Ca- 
tholique. Il  efl:  vrai  que  l'intérêt  de  la 
Religion  n'eft  pas  toujours  ce  qui  dé- 
cide dans  le  Conlcil  des  Princes.  Mais 
dans  loccailon  dont  il-s'"agit  ,  il  n'é- 
toit  queftion  de  rien  moins  que  d'a- 
jouter aux  Etats  déjà  polledcz  par  les 
Proteftans  ,  le  Royaume  de  Bohême 
3cles  Provinces  deSilefie  ,  deMora- 

Liiij 


14.0         Histoire  de  Henry 
vie  6c  de  Lulace  :  ce  qui  eût  trop  fais 
pancher  la  balance  du  coté  des  Pro- 
teftans  déjà  plus  puiiFans  que  les  Ca- 
tholiques en  Allemagne.  L'on  demeu- 
re d'accord  que  les  Loix  du  Pais  a- 
voient  pourvu   à  la  confervation   de 
la  Religion  Catholique.     Mais   que 
iVavoit-on  point  h  craindre  d'un  Roy 
Calvin-ifte  ,  quand  fon  autorité  feroiî: 
une  fois  bien  établie  ?  Rome  qui  pré- 
voïoit    cet  inconvénient ,  foilicitoic 
fortement  contre  'e  Palatin  ,  &:  Louis 
XIII.,  fe  fit  un  Icrupule  de  ne  pas  défé- 
rer à  fes  Remontrances.  La  coniide .a- 
tion  de  la  Religion  nuifit  infiniment 
à  l'Eledeur  Palatin  pour  toutes  ces 
raifons.  Comme  les  intérêts  de  l'Etat 
s'accordoient  alors  avec  ceux  du  Duc 
de  Luines,  laMaifon  d'Autriche  con- 
vaincue qu'on  ne  romproit  point  avec 
elle  pour  fcivorifer  le  nouveau  Roy 
de  Bohême ,  ne  fe  contenta  pas  que 
la  France  gardât  la  neutralité  entre  le 
Palatin  &  elle  j  elle  lui  demanda  hau- 
tement du  fecours  ,  elle  envoïa  le 
Comte  de  Furftemberg  en  France  pour 
le  foUiciter. 

Le  Duc  de  Bouillon  furpris  de  ce 
que  contre  les  mefures  qu  il  avoit  pri- 
ics  Ôc  dont  le  fucccs  lui  avoit  paru  li     | 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VïIÎ.  14.1 
r certain  ,  l'Allemagne  de  l'Angleterre 
fembloient  comme   à    l'envi    6c  de 
concert  iuivrc  le  parti  opposé  à  celui 
qu'elles  dévoient  prendre  ,  crut  qu'il 
devoit  faire  tous  fes  efforts  pour  em- 
pêcher que  la  France  n'en  fît  autant. 
Dans  cette  vue  il  agit  fortement  au- 
près du  Prince  de  Condé  (  qui  ctoit 
forti  de  prifon  )  &:  de  tous  les  Minif- 
tres  d'Etat  ,  pour  les  prévenir  contre 
les  foUicitations&les  remontrances  de 
rAmbalfadeur  de  l'Empereur ,  ôc  pour 
l'es-  engager  a  appuïer  la  lettre  qu'il 
avoit  deilein  d'écrire  au    Roy.    Ces 
mefures  prifes,  il  écrivit  à  Sa  Majefté. 
Mais  comme  il  étoit  perfuadé  que  les 
intérêts  d'autrui  touchent  peu  ,  (k  que 
nous  n'y  fommes  fenfibles  qu'autant 
qu'ils  font  liez  avec  les  nôtres  ,  il  ne 
parle  point  dans  cette  lettre  du  droit 
qu'avoit  Frédéric   a  la  Couronne  de 
Bohême  ,  ni  du  befoin  qu'avoir  cet 
ancien  Allié  de  la  Couronne ,  d'être 
fecouru  par  la  France.  Il  s'attache  uni'- 
quement  à  la  part  que  le  Roy  devoit 
prendre  aux  mouvcmens  de  l'Allcma- 
wne   ,   à   l'intérêt  elfentiel    qu'avoic 
Sa  Majefté  à  s'oppofcr  à  l'agrandif- 
fcment  de  la  Maifon  d'Autriche  ,  &c  à 
«e  pas  foufFrir  que  fous  des  prétextes 

L  V 


24-       Histoire    de    Henry 
recherchez  ,  elle  opprhnât  les  Prin- 
ces de  TEmpire  ,  qu'elle  profitât  de 
leurs  dépouilles  ,  ôc  qu'elle  fît  iervir 
leur  abaiirement  à  fa  grandeur. 
Qi^peut      II  reprcfente  donc  à  Sa  Majefté  Té- 
voir  cet  tat  des  affaires  de  la  Maifon  d'Autri- 
Ibns  "le  che  en  Allemagne  ,  la  Hongrie  foule- 
Mercurc  y^e  &  prefqu'entierement   conquife 
à'  i\m  ''  par  Bethiem  Gabor  Prince  de  Traniil- 
i^'P-    vanie,  la  Bohême,  la  Sileiie  ,  la  Mo- 
ravie ,  la  Luface  &  l'Autriche  même 
révoltées  ,  l'Empereur  accablé  de  tous 
cotez  ,  Se  Ton  autorité  peu  rerpedée. 
Que  dans  cette  extrémité  ce  Prince 
çpi  n'efpere  pas  de  le  pouvoir  relever 
par  Tes  propres  forces  ,  ni  par  celles 
d'Efpagne  ,    emploie    toutes    fortes 
d'artifices  pour  faire  de  ion  intérêt 
particulier  la  caufe  commune  de  la 
Religion  :  que  Ton  dedèin  ell  d'en- 
gager par  là  tous  les  Princes  Catho- 
liques à  lui  aider  à  recouvrer  ce  qu'il 
a  perdu  ,  &c  à  prévenir  les  pertes  dont 
il  eft  encore  menacé  ;  que  c'efl:  dans 
cette  vue  qu'il  a  envoie  le  Comte  de 
Furftemberg  demander  du  fecours  à 
Sa  Majefté  contre  le  Roy  de  Bohe- 
mQ',  mais  qu'elle  eft  trop  éclairée  pour 
ne  pas  démêler  la  caufe  véritable  d'a- 
vec le  prétexte  qui  n'a  que  de  l'appa- 


ï)uc  DE  Bouillon.  L'iv.  VIII.  243 
rence  &  point  de  réalité.  Que  Sa 
Majefté  fçaic  que  la  Religion  Catho- 
lique cil  maintenue  dans  le  Royaume 
de  Bohême,  6i  dans  les  Provinces  qui 
lui  font  incor^îoiées ,  6c  qu'on  ne  peut 
la  détmire  lans  violer  les  Loix  du 
Païs  :  ce  que  le  Palatin  n'a  garde  d'en- 
tteprendre.  Que  cela  étant ,  ce  qui  fe 
palfe  en  Bohême  ôc  dans  TEmpire  , 
eft  une  affaire  purement  de  politique 
ou  la  Religion  n'a  point  de  part  ; 
qu'ainfi  les  Alliez  de  Sa  Majefté  ne 
peuvent  croire  qu'elle  voulût  fe  dé- 
clarer pour  la  Maifon  d'Autriche  con- 
tre le  Chef  de  la  Maifon  Palatine, 
toujours  alliée  à  la  Couronne  de 
France. 

Le  Duc  de  Bolifi-on  ajoijte  qu'ou- 
tre que  le  Roy  de  Bohême  eft  écroite:- 
ment  lié  avec  les  Princes  6c'  les  Vil- 
les Protefcantes  de  l'Empire ,  il  appar^ 
tient  de  il  près  au  Roy  d'Angleterre-, 
qu'on  ne  pourroit  pas  fe  déclarer  con- 
tre lui ,  fans  rompre  avec  Sa  Majefté 
Bntaiiique  avec  qui  il  importe  fi  fort 
à  la  France  de  fe  ménager.  Que  cela 
fupposé  ,  li  le.  Roy  avoir  a  prendre 
lin  parti  ,  il  feroit  de  fa  prudence  Se 
du  bien  de  fon  Etat  de  préforcr  les 
meilleurs  Se  les  plus  anciens  Alliez  de 

Lvj 


244         Histoire   de  Henrt 
la  France  à  la  Maifon  d'Autriche, 
toujours  ennemie  de  fa  Couronne  &c 
de  la  Maifon  en  particulier  ,  comme 
il  avoit  paru  toutes  les  fois  qu'elle 
avoit  trouvé  l'occafion  de  lui  nuire  j 
qu'en  agiffant  de  la  forte  ,  elle  ne  fe- 
loif  que  luivre  l'exemple  de  fes  Pré- 
decelTeurs.    Que  les  Rois  François  I. 
Se  Henry  II.  avoient  toujours  proté- 
gé les  Princes  Proteftans  d'Allemagne 
contre  les  Empereurs   de  la  Maifon 
d'Autriche  ^  que  le  feu  Roy  père  de 
Sa  Majefté  avoit  toujours  fecouru  les 
Provinces  Unies  contre  les  entrepri- 
fes  du  Roy  d'Efpagne   :  qu'enfin  I2 
Roy  lui-même  avoit  liiivi  les  mêmes 
jmaximes   en    affiliant   l'Eleéleur  de 
Brandebouro;  &  le  Duc  de  Neubourg 
(  lors  de  l'affaire  de  Julliers  )  con- 
tre l'Empereur  &  le  Roy  d  Efpagne 
^«[ui  vouioienc  s'emparer  de  cette  fuc- 
ceffion. 

Après  avoir  ainfi  rappelle  dans  l'ef^ 

prit  du  Roy  les  anciennes  maximes 

du  Gouvernement  de  France    très- 

éloignées    de     celles    qu'on    fuivoic 

■»  alors  ,  il  ajoute  encore.  »  C'ell  une 

»  chafe  digne  de  vôtre  zèle  ëc  de  vôtre 

33  pieté ,  Sire,  (  ce  font  fes  propres 

33  paroles }  que  d'avoir  foin  de  la  Reli- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.yilî,  243 
gion  dont  vous  faites  profefîion.  Vous  î^« 
devez  même  la  défendre  contre  ceux  « 
qui  voudroient  l'opprimer.  îl  femble  « 
que  les  Princes  Catholiques  de  TEm-  «« 
pire  ont  raifon  de  fe  tenir  armez ,  afin  « 
d'empêcher  qu'on  n'entreprenne  lur  « 
leur  Religion  ou  fur  leurs  Etats.  Pour-  « 
vu  qu'ils  s'en  tiennent -là  ,  l'on  ne  " 
fçauroit  y  trouver  à  redire  ,  mais  ^^ 
cela  paroît  prefque  impoilible.  L'on  « 
emploie  de  trop  grands  artifices  pour  « 
les  pouifer  plus  loin.  Il  n'y  a  que  « 
i'entremife  &  l'autorité  de  vôtre  Ma-  « 
jcfté  qui  puilfe  retenir  les  uns  ôc  les  «« 
autres ,  en  déclarant  qu'elle  veut  con-  « 
ferver  la  paix  &  le  repos  del'Allema-  " 
gne,  maintenir  chacun  dans  la  joiiif-  « 
fance  des  Privilèges  du  Païs  ,  tant  « 
pour  laReligion  que  pour  le  Gouver-^" 
nement  politique  ,  &  aflïfter  ceux  qui  «« 
les  veulent  défendre  contre  les  autres  « 
qui  entreprenent  de  les  violer  3c  de  " 
les  détruire.  Vous  pouvez  ,  S  i  r  e  ,  « 
procurer  un  Ci  grand  bien  à  l'Allema-  «« 
gne  ,  en  moïcnnant  la  tenue  d'une  « 
Dicte  où  les  Rois  Ôc  les  Etats  voifins  ** 
non  intereficz  foient  conviez  d'inter-  « 
venir  par  leurs  Ambalfadeurs.  Dans  «« 
une  pareille  Airemblée  l'on  cherchera  *• 
d'un  commun  accord  les  nioïcjis  les  « 


3> 


24^       Histoire  de  Henry 
5>  plus  convenables  pour  ôcer  les  divers  | 
3>  prétextes  de  prendre  les  armes ,  pour   ' 
3T  alFurer  la  Religion  ,  pour  guérir  les 
35  Catholiques  de  leurs  défiances  ôc  de 
3)  leurs  craintes ,  pour  affermir  i'autori- 
aïtéde  l'Empereur  afFoiblie  &  ébran- 
a»lée,  pour  éteindre  enfin  un  feu  capa- 
,5  ble  d'embrafer   rAllemagne  &c  toute 
la  Chrétienté.  C'efl  par-là  ,  Sire, 
qu'à  l'exemple  des  Rois  vos  Préde- 
ceiîeurs ,  vous  vous   rendrez  le  père 
commun  &  l'arbitre  de  la  Paix  dans 
sj^l'Empire  &  dans  toute  l'Europe.  « 
Les  chofes    étoient    alors   fî    mal 
difpofées  dans  le  Confeil  du  Roy  pour 
le  Palatin  ;  au  contraire  les  efprits  y 
écoient  fi  favorables  à   l'Empereur , 
que  le  Duc  de   Boiiillon  crut  beau.4   ] 
coup  faire  d'infpircr  au  E.oy  une  ef- 
pece  de  neutralité  entre  les  deux  Gon- 
currenS  à  la  Couronne  de  Bohême;  ■ 
Les  avis  furent  fort  partagez  fur  cette 
propofition.    Enfin  l'on  en  revint  à 
peu  de  choies  près    à  l'avis  du  Duc 
de  Boiiillon.    Aa  commencement  de 
L'an     Tannée  fuivante  le  Roy  réfolut  d'en- 
16x0.   voïer  une  célèbre  Amballàde  en  Al- 
lemagne pour    travailler  conjointe- 
ment avec  les  Ambalfadeurs  d'Angle- 
terre  ôc  ceux  des  Etats  voifins ,  à  Tac- 


Duc  DE  Bouillon,  Liv.  VîIÎ.  247" 
commodemcnc  des  difFeréns  furvcnus 
jentre  l'Empereur  ôc  rEle6teur  Pala- 
tin ,  à  roccafion  de  la  Coiuonne  de 
Bohême.  Charles  de  Valois  Duc  d'An- 
goulême  fut  choifï  pour  être  le  Chef 
de  TAmballade.  On  lui  donna  pour 
Adjoints  le  Comte  de  Bethune  ,  ôc 
Laubcfpine  de  Chateauneuf ,  Abbé  de 
Prcaux  ;  le  premier  Confeiller  d'Etat 
d'épée  ;  l'autre  de  robe.  Ils  partirent 
de  Paris  le  huitième  de  May  ,  fuivis 
d'un  grand  nombre  de  gens  de  qualité 
qui  voulurent  faire  le  voïage  ,  &c 
d'un  train  de  quatre  cens  chevaux. 

Ils  fe  donnèrent  inutilement  de 
grands  mouvemens  pour  terminer  à 
î'amiable  l'aiFaire  de  Bohême  >  ou  du 
moins  pour  rendre  la  partie  un  peu 
plus  égale  entre  l'Empereur  ôc  l'Elec- 
teur Palatin..  lien  falut  venir  à  une 
Guerre  ouverte  ;  le  Palatin  fut  mis 
au  ban  de  l'Empire  en  qualité  de  Roy 
de  Bohême.  Les  Ducs  de  Saxe  &  de 
Bavière  acceptèrent  la  commilîion 
de  l'exécuter.  Ils  entrèrent  prefque 
en  même-temps  l'un  en  Lufacc  ,  l'au- 
tre en  Bohême,  pendant  que  le  Mar- 
quis de  Spinola  qui  commandoit  l'Ar- 
mée  des  Archiducs  des  Païs-Bas,s'em- 
paroit  du  Paiatinat.    Enfin  la  bataille 


x^$  Histoire  de  Henry 
de  Prague  décida  de  ce  grand  diffé- 
rent. Le  Palatin  la  perdit,  il  fut  chaf- 
sé  du  Roïaume  de  Bohême  fans  cfpe- 
rance  de  retour.  Il  Ce  vit  réduit  à  dé^ 
fendre  Tes  Etats  héréditaires  5  mais 
aïant  été  mis  au  ban  de  l'Empire  en 
qualité  d'Eledeur  Palatin  ,  il  en 
fut  dépouillé  auHî-bien  que  de  la  di- 
gnité Eledorale.  Le  Duc  de  Bavière 
exécuteur  du  ban  Impérial  proiîta  de 
fa  dépouille  -,  ôc  le  malheureux  Frédé- 
ric abandonné  du  Roy  d'Angleterre 
fon  bcau-pere,  mal  fervi  par  fes  amis;^ 
trompé  par  l'Empereur  ,  fans  aucune 
des  reirources  dont  il  s'étoit  lui-mê- 
me privé  par  fon  trop  de  crédulité, 
fe  vit  réduit  à  fe  retirer  à  Sedan  au- 
près du  Duc  de  Bouillon  fon  Oncle. 
Ils  y  firent  l'un  ôc  l'autre  des  projets 
très-inutiles  pour  fon  récablilfement. 
Le  Duc  de  Boiiillon  ne  vécut  dûs  alfcz 
long-teirps  pour  voir  la  Maifon  Pa- 
latine rétablie  dans  fes  Etats  hérédi- 
taires ôc  dans  la  dignité  Eleâiorale 
par  l'entremife  de  la  France  qui  luivir 
enfin  ,  mais  trop  tard  fes  véritables 
maximes.  L'on  a  raconté  cette  gran- 
de affaire  tout  de  fuite  pour  n'en  pas 
interrompre  le  récit.  Il  faut  mainte- 
nant reprendre  les  affaires  de  Francg 


Duc  DE  Bottillon,  Liv.Vîir.  245/ 
où  le  Duc  deBouillon  a  eu  part. 

Pendant  que  ce  que  l'on  vient  de 
raconter  le  paifoit  en  Allemagne  ,  il 
y  eut  de  grands  troubles  en  France  à 
TocGAfloud'un  Arrêt  rendu  en  faveur 
des  Catholiques  de  la  Principauté 
de  Bearn,  Cet  Arrêt  ordonnoit  deux 
chofcs  également  odieufes  aux  Calvi- 
niftes  ;  Tune  étoit  le  rétabliiïemcnt  de 
la  Rel'gion  Catholique  dans  le  Bearn, 
liins  préjudice  de  la  liberté  de  con- 
fcience  accordée  aux  Calviniftes  ; 
l'autre  écoit  la  rertitution  des  biens 
ufurpez  iur  les  Ecclefiaftiques  dans  Irt 
même  Principauté.  Par  le  même  Ar- 
rêt le  Roy  accordoit  pour  Pentretien 
dcsMiniftrcs  6c  pour  les  autre^  charges 
fur  le  plus  clair  revenu  de  ion  Domai- 
ne ,  les  mêmes  fommes  qui  avoient 
été  afîîgnécs  fur  les  biens  des  Eccle- 
fîaftiqucs.  Il  n'y  avoir  rien  de  plus 
juftc  que  cet  Arrêt  rendu  contradic- 
toirement  entre  les  Catholiques  Se  les 
Calviniftes  de  la  Principauté  deBearnj 
&  ces  derniers  avoient  d'autant  moins 
de  fujec  àè  s'en  plaindre ,  qu'il  ne  fai- 
foit  qu'ordonner  l'exécution  du  troi- 
lîéme  article  de  l'Edit  de  Nantes  il 
hivorable  aux  Calviniftes.  Cependant 
ils  y  tirent  tant  d'oppofltions  ^  ils  ufe- 


2?<^o        Histoire  de  Henry 
rcnt  de  tant  de  délais ,  ils  firent  da 
refus  fi  abfolus  dei'éxccuter  ,  que  le 
Roy   Te    vie    obligé  de   marcher  en' 
Bearn  à  la  tête  d'une  Armée  pour  y 
rétablir  la  Religion  Catholique  ,  &: 
faire  rendre   aux    Ecclcfiaftiqucs  les 
biens  qui  a  voient  été  ulurpez.  Il  exé- 
cuta ce  defiein  en  fort  peu  de  temps  y 
les  Bearnois  pris  au  dépourvu  n'eu- 
rent ni  le  temps  ni  les  moïens  de  lui 
léfifter,- 

Le  parti  Calvinifte  étonné  du  ftic-- 
cès  de  cette  entreprife  ,  crie  de  tous 
côîez  qu'on  le  veut  opprimer  ,&  que 
fa  perte  e(l  réfolue  ;  plainte  d'autant 
plus  injufte  ,  que  le  Roy  n'avoit  rien 
entrepris  dans  le  Bearn  au-delà  de 
ce  qui  étoit  ordonné  en  termes  for- 
mels dans  l'Edit  de  Nantes.  Cesplain-- 
tes,  quoique  très-mal  fondées,  neiaif- 
ferent  pas  de  foulever  tout  le  parti  ^ 
on  s'affemble.'  tumultuairement  dans 
les  Provinces  :  enfin  l'on  convoque 
fans  la  permiffion  du  Roy  une  Alfem- 
blée  générale  à  la  Rochelle;  les  Dé- 
putez s'y  rendent  de  tous  cotez.  L'Al- 
femblée  eft  formée  ,  elle  commence 
à  agir  en  Souveraine  ,  Se  a  prendre  de:-, 
mefures  pour  empêcher  (  difoit-ellc 
fa-ruine  totale  qu'elle  fuppofoit  f$y- 


Î^TTC  DE  BOUIILON.  LiV.  VIÎT,  iCÎ 

fement  avoir  été  réioluc  duns  le  Con- 
feil  de  Sa  Maiefté.  C'écoic  fait  de  l'au- 
torité  du  Roy  ,  du  moins  parmi  les 
Calviniflcs  ,  s'il  eût  loufFert  une  pa- 
reille cntreprife.  Aufïi  Sa  Majefté  en 
aïant  été  avertie,  donna  une  Décla- 
ration dattée  de  Grenade  du  ri.  Oc- 
tobre 1620. ,  qui  fut  ver'Fiéc  au  Par- 
lement de  Paris.  Le  Roy  déclare  illi- 
cite toute  Aflèmblée  tenue  fans  fa 
permiiîîon  ,  &  tous  ceux  quiy  aiïîfte- 
ront  Perturbateurs  du  repos  public, 
&  Criminels  de  Icze-Majeilé.  Le  Roy 
défend  en  conféquence  au  Maire  ôc 
aux  Habitans  de  la  Rochelle  &  à  tous 
autres ,  de  recevoir  les  Députez  en- 
voiez  à  l'Alfemblée  dont  on  a  parlé  , 
&•  veut  qu'il  foit  procédé  contre-eux 
félon  la  rigueur  des  Ordonnances. 

Cette  Déclaration  n'étonna  point 
rAlfemblée  de  la  Rochelle  ;  3c  quoi- 
qu'elle reçût  dans  la  fuite  pluheurs 
Ordres  réitérez  de  fe  féparer,  bien 
loin  d'obéir  ,  elle  continua  fes  Tcan- 
ces ,  fit  des  Ordonnances ,  &  prit  des 
mefurcs  qui  tendoient  à  une  rébellion 
manifefte.  Les  Grands  &  les  Perfon- 
nes  les  plus  fenfées  du  parti  n'ap- 
prouvoicnt  point  la  conduite  de  l'Ai- 
ieniblcc.  Ils  lui  écrivirent  de.fe  sépar.- 


i-^i         Histoire  de  Henr^ 
rer  ,  ils  s'alFemblerent  pour  chercher 
les  moïens  qui  puirenc  l'obliger  à  o- 
béir  au  Roy.  Tout  ce  qu'on  put  ob- 
tenir, fut  de  la  porter  à  foire  quelques 
foumiiïîons  à  Sa  Mtijefté  ,  &  à  lui  de- 
mander  la  permifîîon  de  continuer 
fes  féances  à  la  Rochelle.  Le  R.oy  la 
refuia  avec  hauteur ,  &  lui  fît  enten- 
dre qu'il  ne  rccevroit  ni  Requête  ,  ni 
Remontrances  de   fa    part  ,  qu'elle 
n'eût  obéi ,  &c  qu'elle  ne  fe  fût  fepa-' 
rée.    Ce  fut  alors  qu'on  confeilla  aii 
Roy  de  prendre  les  mefurcs  les  plu5 
fortes    contre  l'Airembléè  &  contre 
tout  le  parti  qui  y  avoit  envoie  ie5 
Députez. 
L'an         Le  Duc  de  Bouillon  en  fut  averti 
'^^'-    p"ar  fes  amis  j    il   avoit  blâmé  pluS 
qu'aucun  autre  Se  la  tenue  de  l'AlIem- 
blée  &  toutes  les  démarches  qui  s'y 
étoient  faites.    Son  fentiment  avoit 
été  qu'elle  obéît  au  Roy  ,  Se  qu'elle 
fe  séparât.   Cependant  il  ne  put  refu- 
fer  à  fes  amis  ôc  à  fon  inclination  pour 
le  parti ,  d'intercéder  pour  elle  auprès 
du  Roy.  Il  étoit  alors  ii  tourmenté  de 
la  Goûte  ,•  que  ne  pouvant  écrire  lui- 
même  à  Sa  Majefté  ,  il  fe  fervit  de  la 
main  de  ion  Fils  a'inc.   Comme  cette 
îettre  n'eil  pas  lojiguej  on  la  donnera. 


Du-c  DE  Bouillon.  Liv.-VîIT.  25.5 

ici  toute  entière  telle  qu'elle  à  été 
écrite. 

«  Je  prends  la  hardiefTe  de  vous  re-  te 
prefenter,  Sire,  avec  le  trcs-hum-  « 
ble  refped:  que  je  vous  dois ,  5c  avec  t« 
la  liberté  qu'une  alTez  longue  expe-  « 
îience  dans   le,s    affaires  me  donne,  ^e 
que  les  Remonirances  <taiit  le  feul.tc 
éc  légitime  moïen  que  vos  Sujets  de  te 
la  Religion  aient  de  s'adrelfei  a  Vôtre  « 
Majcfté  ,  il  eft  plus  utile  à  Ton  fervice  u 
de  rccevoirxellesqu'ijs  lui  prefentent,  « 
.que  de  les  rejetter  j  puiique  la  défian-  te 
ce  efl:  telle  parmi  eux  ,  qu'ils  croient  « 
que  leur  luine  eft  réfoluë.  Vôtre  pru-  ce 
dence ,  S  i  r  e  ,  peut  détourner  &  pré-  « 
venir  ce  mal  ,  en  continuant  vôtre  ce 
Royale  protedion  à  vos  Sujets  de  la  ce 
Religion  ,  Ôc  en  ne  permettant  pas  te 
que  pour  avancer  la  perte  de  tant  de  te 
perfonncs  innocentes  qui  .ne  fouhai-  te 
tentque  la  profperité de  vôti;.e  règne,  «c 
&  qui  font  attachées  à  vôtre  Tervice  ,  ce 
on  falTe  violence  aux  ^.dits  des  Rois  te 
vos  PrédecelTeurs  ,  que  Vôtre  Majef-  te 
té  a  plufieurs  fois  confirmez.    Je  ne  te 
puis  croire  ,  S  i  r  e  ,  qu'on  lui  donne  te 
des  confeils  fi   préjudiciables   à  Ton  ce 
Etat ,  encore   moins  qu  elle  veiiille  te 
Jes  fuivre  ^  ôc  ralumer  la  Guerre-ci-  « 


iJi54       'Histoire  d  e    Henry 

î3  vile  que  le  Roy  votre  Perc  a  éteinte 

w  avec  tant  de  peine  &■  de  prudence ,; 

M  perfuadé  qu'il  étoit  que  la  confcience 

i'  ne  doit  pas  être  forcée  par  les  mena- 

^j  ces  du  fer  &  du  feu  ,  &  qu'il  ed  im- 

«  poflible  de  contraindre  i'efprit  à  croi- 

*•)  re  une  chofe  dont  il  ne  voit  pas  la  ve- 

?3  rite.  ïl  cft  plutôt  à  craindre  que  dans 

>j  Tefperance  incertaine  de  réunir  tous 

,n  vos  Sujets  dans  la  même  Religion,, 

sî  les  Ennemis  de  la  nôtre  n'engagent 

»  vôtre  autorité  dans  des  inconveniens 

.«dangereux.  Dieu  veiiille  éloigner  de 

93  vôtre  Perfonne  facrée  ceux  qui  ont 

.3î  envie  de  la  porter  à  cette  violence  , 

»  &  détou!  ner  les  préfages  funeftes  qui 

»  fe  peuvent  tirer  de  leurs  mauvais  coii- 

.wfciis,  "   Le  Duc  de  Eou'llon  finilfoit 

fa  lettre  en  offrant  fcs  fervices   au 

Roy,  au  cas  que  SaMajefté  le  jugeât 

capable  de  contribuer  quelque  choie 

à  la  paix  de  à  la  tranquillité  publique. 

Il  eft  aisé  de  juger  que  le  delfein  de 

cette  lettre  étoit  de  détourner  le  Roy 

des  réfolutions  qu'où  tâcho;t  de  lui 

infpirer  contre  fes  Sujets  Calvimftes, 

.&:  que  pour  excufer  leurs  défiances , 

Se  inlpirer  à  Sa  Majcfté  qu'elles  n'é- 

toient  pas  fans  fondement ,  il  afFcéle 

de  paroître  perfuadé  qu'on  a  deireia 


-^Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VII!.  15? 
de  les  penAie  ,  de  que  le  Roy  ne  veut 
plus  foufFrir  que  Texercice  de  la  Reli- 
gion Catholique  dans  Ion  Royaume. 
Pîulieuis  Grands  du  paiti  en  écrivi- 
rent ôc  en  parlèrent  en  ce  iens  au  Roy, 
&  n'épargnèrent  rien  pour  détourner 
l'efFct  des  confeils  qu'on  tâclioit  de 
lui  infpirer. 

Mais  l'Aifemblée  de  la  Rochelle 
piquée  du  refus  que  le  Roy  avoit  fait 
de  recevoir  fes  requêtes  jufques  à  ce 
qu'elle  fe  fût:  iéparée ,  en  ula  d'une 
manière  qui  ne  permit  pas  à  Sa  Ma- 
jefté  d'ufer  de  fa  clémence  ordinaire. 
Dans  ce  même-temps  le  Roy  éleva 
le  Duc  de  Luines  à  la  dignité  de  Con- 
nétable. Cette  grande  charge  avoic 
été  promife  au  Maréchal  de  Lefdi- 
guieres  pour  le  détacher  du  parti  Hu- 
guenot ,  à  condition  qu'il  i~e  feroic 
Catholique  :  mais  de  Luines  fit  eu 
forte  que  Leidiguieres  qui  ne  vouloic 
pas  fe  brouiller  avec  le- Favori ,  con- 
fentit  qu'il  lui  fût  préfeié  ,  pourvu 
qu'il  fût  fait  Maréchal  Général,  Le 
Roy  écrivit  aulïï-tôt  aux  Seigneurs 
âbfens  de  la  Cour  ce  qu'il  venoit  de  --^  i«"i« 
faire  en  faveur  du  Duc  de  Luines.  I1m!;iciii; 
en  écrivit  en  particulier  au  Duc  de'^'^';ç°is 
Boiiillon.  Le  Duc  répondit  à  Sa  Ma- i^it? 


On  peut 
voir  cet- 


i^^        Histoire  de  Henry 
iefté  ;  comme  ia  lettre  fut  rendue  pu- 
blique ,  l'on  rapportera  ici  en  fubftaii- 
ce  ce  qu'elle  contenoit. 

Le  Duc  de  Bouillon  y  parie  fort 
fobrement  de  la  promotion  du  Duc 
de  Luines  à  la  dignité  de  Connétable. 
Il  fe  contente  d'a,pprouver  en  termes 
généraux  tout  ce  que  le  Roy  jugeoit 
A  propos  de  faire.  Mais  fur  ce  que  Sa 
Majefté  avoir  ajouté  dans  fi  ier.tre., 
qu'elle  s'avanceroit  jufques  à  Tours 
pprcs  les  Fêtes  de  Pâques  j  que  là 
elle  aviferoit  aux  moï'ens  de  mainte- 
jîir  fon  aiuorité  &  fes  Edits  ,  &  que 
pomme  elle  prétendoit  protéger  &c 
favorifcr  ceux  qui  lui  feroient  fidèles^ 
fon  delfein  étoit  aufll  de  réduire  les 
Fadieux  &  les  Rebelles  :  comme  dis^ 
je ,  Sa  Majefté  mar<iuoit  par-là  qu'elle 
fe  difpofoit  à  punir  la  rébellion  de 
l'Alfemblée  &  de  la  Ville  de  la  Ro- 
chelle 3  le  Duc  de  Boiiillon  lui  repré- 
fente  que  dans  cette  fâcheufe  affaire 
elle  acquereroit  plus  de  gloire  ,  &  ne 
maintiendroit  pas  moins  ion  autorité, 
en  préférant  les  voies  de  la  clémence 
à  celles  delà  rigueur  ;  que  c'étoit  le 
moïen  le  plus  sûr  de  difllper  les  crain- 
tes Se  les  défiances  du  plus  grand  nom- 
bre de  fcs  Sujets  Calyiniftes  j  qu'ils 

ctoieaf 


Duc  DE  Bouillon.  Lrv.VIIÎ.  2.57 

«coient  perfuadez  que  le  bruit  qu'on 
iaifoit  de  la  derobéillance  de  rAirem- 
blée  de  la  Rochelle,  n'écoic  qu'un  pré- 
texte dont  on  prétendoit  fe  prévaloir 
pour  révoquer  tous  les  Edits  qui  leur 
avoient  été  accordez.  Qu^e  Sa  Majci- 
té  fçaroit  mieux  que  perfonne ,  que 
cette  crainte  n'étoit  pas  fans  fonde- 
ment ;  que  Ci  elle  fe  tournoit  en  per- 
fuafion,  elle  ne  pouvoir  produire  que 
de  fort  mauvais  effets  j  ôc  que  les 
Calviniftes  fe  croïans  perdus  croi- 
■roient  auflî  qu'ils  n'auroient  plus  riefi 
à  ménager.  Qiv^il  étoit  aisé  de  préve- 
nir ces  inconvcniens  ,  en  témoignant 
par  quelque  chofe  d'extérieur ,  que  Sa 
Majefté  vouloir  ufer  de  clémence  ,  8c 
conferver  fa  bien.veillance  &:  fa  pro- 
tc6tion  à  tous  fes  Sujets  fans  diftinc- 
tion  de  Religion  :  que  fi  après  une 
pareille  démaiche  l'Alfemblée  de  la 
Rochelle  continuoit  à  defobéir  à  Sa 
Majefté  ,  il  n'y  auroit  plus  perfonne 
qui  osât  l'approuver ,  Se  qui  entreprît 
de  la  défendre. 

Il  eût  été  à  fouhaiter  que  les  Cal- 
viniftes de  France  euflent  été  dans  les 
fcntimens  que  le  Duc  de  Boiiillort 
fuppofoit  ,  &  qu'il  leur  eût  infpiré 
lui.  même ,  s'il  eût  été  fur  les  lieux, 
Tm?  III,  M 


lue 


I5S  HiSTOIRl    DE     HehRY 

L'on  peut  alFurer  que  le  Roy  eût  usé. 
de  fa  clémence  ordinaire  ,  h  l'AfTem- 
blée  de  la  Rochelle  eût  pu  fe  réfoudre 
à  y  avoir  recours.  Mais  bien  loin  de 
faire  là-deifus  la  moindre  démarche  , 
elle  n'eut  pas  plutôt  appris  que  le  Roy 
devoit  partir  après  Pâques  pour  s'a-, 
vancer  jufques  à  Tours ,  qu'elle  prie 
la  réfolution  de  faire  foulever  toutes 
les  Provinces  de  France  ,  de  réfifter  au  . 
Roy  à  main  armée  ,  &  d'exécuter  en- 
fin le  projet  de  fa  République  chime- 
Supe  j-ique  ^Q,^[  Q^y  ^ f^j^f  parlé.     Pour  cet 

...ont  ^»      J-         ^]      r  1     ^  1  I 

nocet  eftet  elle  ht  un  règlement  par  lequel 
ysibaii^e  u  divifoit  la  France  en  huit  cercles , 
MéiJeiaou  departcmcns  prmcipaux.  hue  y 
Rochci-  ^cablilFoit  des   Chefs  ,  des  Gouver- 

le  T.  7.  ' 

neurs  Se  des  Commandans.  Elle  don- 
na au  Duc  de  Soubife  la  Bretagne , 
l'Anjou,  l'Ifle-Bouchard  ,  le  Loudu- 
nois ,  le  Poitou  &c  Tes  dépendances. 
Le  Duc  de  la  Trimoiiille  eut  l'An- 
goumois  ,  la  Xaintonge  ,  &  les  Ifles 
adjacentes.  Le  vieux  la  Force  fut  éta- 
bli dans  la  baflc-Guyenne ,  &  le  Mar- 
quis fon  Fils  dans  le  Bearn.  Le  haut- 
Languedoc  &  la  haute- Guyenne  fu- 
rent deftincz  au  Duc  de  Rohan  ;  & 
le  Marquis  de  Chatillon  fut  pourvu 
du  Commandement  du  Bas  Langue- 


Duc  DE  BoUlLLOTT.  LiV.  VIIÎ.  15^ 

doc,  des  Sévennes,  du  Givaudan&du 
Vivarets.  Celui  du  Dauphiné  ,  de  la 
Provence  &c  de  la  Bourgogne  fut  don- 
né au  Maréchal  de  Lefdiguieres.  L'Af- 
femblée  donnoic  au  Duc  de  Bouillon 
le  Commandement  général  des  ar- 
mées en  quelque  Province  qu'il  fe 
trouvât ,  Se  elle  lui  accordoit  pour  [on. 
Gouvernement  ou  Département  par- 
ticulier la  Normandie,  l'Ifle  de  Fran- 
ce, le  Berry,  le  Pais  du  Maine  ,  le 
Perche  Ôc  la  Touraine  ,  avec  tous  les 
Privilèges  ôc  Prérogatives  de  Chef  de 
Commandant  Général  du  parti  Cal- 
vinifte.  Ainfifon  projet  dont  on  a  tant 
parlé ,  fe  trouva  pielque  exécuté  fans 
qu'il  s'en  fût  mêlé  ,  &:  qu'il  fe  fût 
donné  pour  cela  beaucoup  de  mou- 
vement. 

Mais  les  chofcs  n'étoient  plus  fur 
le  pied  où  elles  étoient,  lorfque  le 
Duc  de  Boiiillon  penfoit  à  fe  faire 
Chef  du  parti  Calvinifte  ,  ôc  il  n'étoit 
pas  homme  à  donner  dans  les  chimè- 
res de  l'AlTemblée  de  la  Rochelle.  Il 
a  voit  remarqué  que  dès  que  lés  Cal- 
viniftes  n'avoient  plus  eu  un  Chef  du 
Sang  Royal  ,  ou  d'une  naiflance  Ôc 
d'une  capacité  allez  grande  pour  réu- 
nir tout  le  parti ,  chaque  Seigneur 

Mij 


z6o  Histoire  d  e  Henry 
avoit  afFedé  l'indépendance  j  que  la 
fubordination  fi  necedaire  pour  le 
maintien  des  focietcz  s'étoit  éva- 
noiiie  ;  que  les  Miniftres  ôc  les  Con- 
fiftoriaux  ,  gens  pour  la  plupart  d'une 
naiilance  peu  diftinguée ,  &  d'une  ca- 
pacité encore  plus  médiocre  pour  ce 
qui  s'appelle  les  affaires  d'Etat  ,  a- 
voient  pris  le  deifus  ,  de  s'étoient  em- 
parez de  la  principale  autorité  j  que 
cette  efpece  d'Anarchie  avoit  dégoûté 
la  plupart  des  Seigneurs  Calviniftes  ; 
que  la  Cour  profitant  de  cette  difpo- 
fltion  en  avoit  gagné  une  partie  ,  & 
travailloit  à  s'acquérir  l'autre^  qu'elle 
avoit  des  Penfionnaires  ôc  des  Efpions 
dans  toutes  les  Provinces  ;  qu'elle 
étoit  informée  de  tout  ce  qui  fe  paf- 
foit  dans  les  Alfemblées  ,  de  qu'il  n'y 
avoit  plus  de  fecret  dans  le  parti. 

A  ces  confiderations ,  le  Duc  de 
Boiiillon  en  ajoûtoit  d'autres  qui  n'é- 
toient  pas  moins  décifîvcs.  Il  faifoit 
réflexion  qu'il  étoic  avancé  en  âge  ÔC 
accablé  d'infirmitez  ',  qu'il  ne  pouvoit 
plus  fe  donner  les  mouvemens  ,  ni 
agir  avec  la  vigueur  que  demandoic 
le  commandement  qu'on  lui  ofïroit  j 
qu'il  avoit  des  Enfans  qui  promet- 
toienc  beaucoup ,  mais  qui  n'ccoien; 


Duc  DE  BolTiLLON.  LiV.  VIIÎ.  l(^î 

pas  en  âge  de'foutcnir  Tes  grands  def- 
leins  ;  qu'en  Te  déclarant  Chef  du  par- 
ti Calvniifte,  il  s'cxporoit  à  leur  faire 
perdre  la  Principauté  de  Sedan  ,  & 
toutes  les  belles  terres  qu'il  polfedoic 
en  France  ,  qu'il  ne  pouvoit  rien  faire 
de  mieux  pour  eux  ,  que  de  les  leur 
conferver ,  &  de  leur  faire  un  Protec- 
teur du  Roy  de  France ,  bien  loin  de 
leur  en  faire  un  Ennemi.  Ces  réfle- 
xions l'emportèrent  dans  l'cfprit  du 
Duc  de  Boliillon  ,  fur  ce  qu'une  am- 
bition mal  éteinte  étoit  capable  de  lui 
infpirer.  Il  refufa  le  Commandement 
général  que  l'Alfemblée  de  la  Rochel- 
le lui  ofFroit ,  de  l'approbation  &c  du 
confentement  des  Grands  du  parti. 

L'on  ne  fut  pas  long  -  temps  fans 
s'appercevoir  que  le  Duc  de  Bouillon 
avoir  mieux  jugé  qu'un  autre  de  l'état 
des  affaires  des  Calvinifles  ,  &  qu'il 
avoir  plus  de  lumières  que  l'AfTem- 
blée  de  la  Rochelle  ,&  que  tant  d'au- 
tres de  toutes  conditions  qui  penfe- 
rent  fe  perdre ,  ou  qui  fe  perdirent 
en  effet  pour  avoir  fuivi  Se  favorisé 
fcs  mouvemcns.  Le  Duc  de  la  Tri- 
mouille  fuivit  l'exemple  du  Duc  de 
Bouillon  :  il  refufa  l'emploi  qu'on 
lui  propofoit.   Peu  de  temps  après  le 

Miij 


2f^2       Histoire  di  Henry 
Maréchal  de  Lefdiguieres  abandonna 
publiquement  le  parti  Calvinifte.  Il  fe 
fit  Catholique  ,  &  fucceda  au  Duc  de 
Luines  qui  ne  garda  pas  long-temps 
la  dignité  de  Connétable  de  France. 
La  Force  &c  Chatillon  ne  changèrent 
pas  à  la  vérité  de  Religion  ,  mais  dans 
la  fuite  ils  s'accommodèrent  avec  la 
Cour ,  &  furent  faits  Maréchaux  de 
France.   A  peine  le  Roy  fut-il  entré 
dans  le  Poitou  ,  que  toutes  les  Villes 
Calviniftes  fe  fournirent  à  Sa  Majefté. 
H  ftoiic-  La  Ville  de  Saint-  Tean  d^Angeli  dont 
bciHon.  le  Duc  de  Roban  etoit  Gouverneur  , 
Tome  I.  ^  dont  Soubife  avoit  entrepris  la  dé- 
fenfe ,  fut  affiegée  ôc  obligée  de  fe 
rendre.  Toutes  les  Villes  de  la  balFe 
Guyenne  eurent  le  même  fort.  Enfin 
fi  Montauban  n'eût  arrêté  le  progrès 
des  armes  du  Roy,  la  Guerre  eût  été 
apparemment  terminée  dans  une  feu- 
le Campagne.  Mais  (î  elle  fut  glorieu- 
fe  au  Roy  ,  elle  fut  très-funefte  au 
Connétable  de  Luines  j  il  mourut  d'u- 
ne fièvre  pourprée  au  Château  d'E- 
guillon  le  quatorzième  de  Décembre. 
Le  Maréchal  de  Lefdiguieres  lui  fuc- 
céda  Tannés  luivante.  On  ne  lui  don- 
na point  de  Succelleur  après  fa  raart. 
Jufques  à  prefent  il  a  été  le  dernier 
Connétable  de  France. 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  i6^ 

Cependant  comme  la  faifon  deve- 
noit  fâcheufe  ,  &  qu'on  ne  pouvoic 
continuer  la  Guerre  fans  perdre  beau- 
coup de  monde,  le  Roy  qui  étoit  à 
Bourdeaux  prie  la  réfolution  de  venir 
palfer  THyver  à  Paris  ,  &  d'y  faire 
les  préparatifs  de  la  Campagne  pro- 
chaine. Son  chemin  étoit  de  palier  à 
Caftillon  ,  Ville  qui  appartenoit  au 
Duc  de  Bouillon.  L'importance  de  la 
Place  fit  croire  au  Comte  de  Schom- 
berg,  qu'il  étoit  du  fervice  du  Roy, 
qu'il  Te  faisît  de  la  Ville  &  du  Châ- 
teau ;  qu'il  en  chafsât  la  Garnilon  du  Memoi- 
Duc  de   BoiiiUon  ,  &:  qu'il  y  en  mît  -c^  ''= 
une  qui  put  lui  aliurer  un  poire  qui  piene. 
lui  étoit  important  pour  la   Guerre 
qu'on  avoir  delTein  de  continuer  l'an- 
née fuivante.  Il  en  fit  au  Roy  la  pro- 
pofition  ;  mais  Sa  Majefté  qui  fe  fou- 
venoit  de  ce  dont  elle  étoit  convenue 
avec  le  Duc   de    Bouillon  touchant 
la  neutralité  de  Tes  Terres  ,  ne  vou- 
lut rien  réfoudre  ,  que  cette  aiFaire 
n'eût  été  proposée  au  Confeil.  Schom- 
berg  y  appuïa  de  fon  mieux  fa  pro- 
portion.  Marillac  &:  quelques  autres 
furent  de  fon  fentiment.  Mais  quand 
ce  fut  à  Balfompierre  a  parler  ,  il  s'y    ^^"^* 
oppofa  fortement  ,   de  voici  ce  qu'il 

M  iiij 


i6^       Histoire  de  Henry 
rapporte  lui-même  ,  qu'il  dit  au  Rov, 
w     Seroit-il  po/Tible  ,  S  i  r  e  ,  que  vous 
»  vouîuffiez  manquer  à  vôtre  parole. 

« Quai  donc  la  Ville  de  Caftil- 

«  Lon  qui  fe  jrepofe  fur  la  proreâiioii 
M  que  vous  avez  promife  aux  Terres 
»»  de  M.  de  Bouillon ,  fe  trouvera  op- 
ïî  primée  à  caafe  de  fa  bonne  foy  ,  en 
«  préfence  &  par  les  Ordres  exprès  d'un 
35  Prince  à  qui  fcs  Sujets  donnent  le 
a»  beau  far  -  nom  de  Jufte  ?  Comment 
«  avez-vous  écouté  cette  propofition  ? 
33  Comment  pouvons-nous  délibérer  fur 
«  la  manière  de  Téxécuter  ?  S  i  r  e  ,  il 
»  eft  facile  de  tromper  ceux  qui  fe  fient 
M  à  nous  j  mais  on  les  furprend  rare- 
M  ment  deux  fois.  Un  feul  manquement 
«de  parole  eft  capable  de  vous  faire- 
»  perdre  la  confiance  de  vos  Sujets. 
>ï  Vous  ferez  le  Maître  de  Caftillon  fans 
M  peine.  Qjii  en  doute  î  Mais  craignez 
>5  que  toutes  les  autres  Places  des  Hu- 
5>  guenots  qui  fe  repofent  fur  vos  pro- 
M  melfes  ,  ne  vous  échapent  immedia- 
ai  tement  après ,  &  qu'elles  ne  fe  dé- 
33  clarent  pour  rAlfemblée  de  la  Ro- 
«chelle.  M.  de  Bouillon  m.écontent 
>ï  de  ce  que  vous  lui  ôtez  Cafbillon  ,  fe 
«joindra  peut-être  à  ceux  de  fa  Reli- 
ai gion  que  vous  prétendez  réduire ,  ^ 


Duc  i>E  BouitiON.  Liv.  Vni.  kT; 
€[uel  avantage  ne  tireront-ils  pas  de  <« 
la  diverfion  qu'un  Seigneur  qui  a  du  « 
crédit  au  dedans   &    au    dehors    du  « 
Royaume ,  peut  faire  en  Champagne,  « 
en  Limofin  &  ailleurs  î  Meilleurs  de  «« 
la  TrimoUilie  &  de  Sully  croiront  « 
encore  devoir  chercher  leurs  furetez.  <« 
Monfieur  de  Lefdiguieres  qui  vous  a  « 
fi  bien  fervi,  fera  tenté  de  penfer  à  «« 
lui  en  fe  capitonnant  dans  le  Dauphi-  «c 
ni.  J'ignore  qui  vous  a  donné  ce  con-  « 
feil  ,  mais  je  f<jai  qu'il  ne  peut  venir  m 
que  d'une  perfonne  interclfée  ,  ou  im-  ce 
prudente,peut-être  mal  intentionnée,  «e 
Pour  moi  je  ferai  toujours  d'avis  que  " 
vous  gardiez  vôtre  parole  religieufe-  « 
ment  a  vos  amis^  à  vos  ennemis  ,  à  « 
vos  voifins  &  à  vos  Sujets.  Rejetiez  ,  <« 
Sire,   avec  un  noble  &  généreux  « 
dédain  ,  toutes  les  propofitions  que  « 
certaines  gens  vous  feront  jamais  au  « 
contraire.  «  Ces  fentimens  iont  fî  no- 
bles ,  fi  conformes  à  la  droite  raifon 
&  à  la  véritable  politique  ,  qu'on  a. 
cru  les  devoir  rapporter  dans  les  pro- 
pres termes  dans  lefquels  ils  ont  été 
exprimez.  Balfompierre  aïant  achevé: 
de  parler  ,  les  Maréchaux  de  Praflin, 
4e  Chaunes ,  de  Crequi  &  tous  ceux 
qui  dévoient  opiner  après  lui ,  témoi- 

Mv 


i6ij       Histoire   de  Hinry 

gnerent  qu'ils  étoient  de  fou  fenti- 
ment.  Ce  fut  aufîï  celui  du  Roy  ;  ainfî 
il  ne  voulue  pas  même  palTer  par  Caf- 
tillon,  il  prit  le  chemin  de  Ligourne. 
C'étoit  le  dernier  jour  de  Tannée. 
L'an  La  fuivante  ne  fut  pas  plus  favo- 
*'^"'  rableaux  Calviniftes.  L'on  ne  s'arrê- 
tera point  à  détailler  les  fuccès  des 
Armes  du  Roy.  Ils  ne  font  pas  de 
mon  fujet ,  puifquc  le  Duc  de  Bouil- 
lon n'y  a  eu  aucune  part.  L'on  rap- 
portera feulement  un  événement  au- 
quel il  eft  trop  intcrelfé  pour  n'en  pas 
faire  le  récit.  C'eft  la  Prife  &  le  Sac 
de  Négrépelilfe ,  Ville  fort  jolie  qui 
appartenoit  au  Duc  de  Bouillon.  Elle 
s'attira  elle-même  ce  malheur  en  fe 
déclarant  contre  le  Roy ,  &  en  égor- 
geant avec  la  dernière  inhumanité  une 
Garnifon  de  quatre  cens  Hommes  du 
Régiment  de  Vailhac  ,  que  Sa  Ma- 
jefté  y  avoit  laifTée  l'Hyver  dernier 
avant  fon  retour  à  Paris.  L'adion  é- 
toit  des  plus  énormes  ;  elle  mettoit  le 
Roy  dans  la  néceffité  d'en  faire  un 
exemple  ,  &:  de  traiter  cette  Ville  à 
la  rigueur.  Les  Troupes  du  Roy  ani- 
mées du  defir  de  vanger  leurs  com- 
Mêmoi  pagnons  cruellement  malficrez  dans 
wL'J.  Negrépelilîè ,  &  flacées  dç  l'eiperaiis» 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.VIII.  i6y 
ce  du  pillage,  l'attaquèrent  avec  beau- 
coup de  valeur.  Les  Habitans  après 
s'être  défendus  en  defefperez  ,  de- 
mandèrent à  capituler.  On  le  leur 
refufa  :  l'attaque  recommença  ;  elle 
fut  foutenuë  d'abord  avec  toute  la 
vigueur  que  le  defefpoir  a  coutume 
fl'infpirer  5  mais  enfin  étant  forcez  de 
tous  cotez  ,  la  Ville  fut  emportée 
<l'airiut.  Tout  ce  que  la  brutalité  du 
Soldat  eft  capable  de  commettre  dans 
une  Ville  abandonnée  à  Ton  avarice 
&  à  fa  fureur ,  fut  commis  dans  Né- 
grépeliffe.  Rien  n'y  fut  épargné  ,  & 
la  Ville  réduite  en  cendres  apprit  aux 
autres  Villes  Calviniftes  à  garder  au 
moins  les  loix  de  la  Guerre  ,  &  à  ne 
s'attirer  pas  un  pareil  châtiment  en 
violant  tous  les  fentimens  de  l'huma- 
nit€. 

Le  Duc  de  Bouillon  eut  un  extrê- 
me déplaifir  du  traitement  fait  à  Né- 
grépelilfe.  H  lui  fembloit  que  leRoy 
(  fans  en  craindre  les  conféquences  ) 
pouvoit  &  devoit  la  traiter  avec  moins 
de  rigueur.  Mais  comme  elle  avoit 
violé  la  première  les  conditions  fous 
lefquelles  le  Roy  avoit  pris  toutes 
fos  Terres  fous  ù  protection  ,  il  ne 
jugea  pas  à  propos  de  s'en  plaindre, 

M  vj 


i68         Histoire  de  Henry 

J^uT'^.     Après  La  prife  de  quelques  autres 
b.'iiioii.  Villes ,  le  Roy  prit  le  chemin  du  bas- 
°'^'  '■■  Languedoc ,  &  marcha  droit  à  Mont- 
pellier pour  en  faire  le  (îege.  Le  fuc- 
cès    des  Aimes    du    Roy    allarmoic 
extrêmement  tous    les  Seigneurs  du 
parti  Calvinifte.,    Mais  il  n'y  en  eut- 
point  qui  en  parût  plus  touché  que  le 
Duc  de  BoUillon.  Il  en  prévoïoit  les. 
conféquences  j&:  comme  il  étoit  En- 
nemi des  fpéculations  inutiles,  il  pen- 
foit  continuellement  aux  moïens  de. 
les  prévenir.    Ce  fut  dans  cette  vue. 
qu'il  crut  devoir  Ce  raccommoder  a- 
vec  le  Duc  de  Rohan  qu'il  regardoit. 
depuis  long-temps  comme  un  Com- 
pétiteur dont  il  auroit  toujours   à  fe 
défier..   Ce  Seigneur  étoit  alors  à  Isl 
tête  des  Calviniftes  :,  moins  prévoïant 
que  le  Duc  de  Bouillon  ,  il  s'étoic 
iai(Fé  entraîner  aux  foUicitations  de 
l'Aiïèmblée  de  la;  Rochelle ,  &  il  fou- 
tenoit  ce  parti  prefque  abbatu  ,  & 
dont  il  prévoïoit  lui-même  l'entière, 
ruine,  avec  autant  de  conduite  que  de 
yaleur.  Le  Duc  de  Bouillon  qui  ai- 
Eûoit  la  fermeté  &"  le  courage  même 
dans  Ces  ennemis  ^  lui  envoïa  un  Gen- 
tilhomme de  confiance  avec  une  let^ 
îre  de  créance. 


Duc  DE  BouïiiON.  Lrv.  VIÎT.  kT^ 
Ce  Gentilhomme  avoir  ordre  du 
Duc  de  Boiiillon  de  reprefenter  au' 
Duc  de  Rohan  ,  combien  il  écoit  fen- 
iîble  aux  malheurs  de  ceux  de  leur 
Commune-Religion.  Mais  que  puif- 
qu'il  écoit  inutile  de  les  plaindre  ,  il 
ialoit  penfer  férieufement  à  y  remé- 
dier ;  qu'il  étoic  perfuadé  que  la  con- 
tinuation de  la  Guerre  ne  pouvoit  pro- 
duire que  Tenciere  ruine  du  parti  j, 
qu'on  ne  pouvoit  la  détourner  que  par. 
la  Paix  ;  qu'il  faloit  penfer  à  s'accom- 
moder inceilamment  avec  le  Roy  j, 
que  pour  faciliter  cet  accommode- 
ment ,  il  ne  faloit  point  s'opiniâtrer  à. 
obtenir  des  conditions  aufïï  avanta- 
geufes  ,.  que  certaines  gens  les  vou- 
loienc  -,  qu'il  fuffifoit  que  la  Paix  fût 
générale  j  mais  que  plus  on  difFereroit. 
â  la  conclure ,  moins  les  conditions, 
fbroient   avantageufes. 

Le  Gentilhomme  avoit  ordre  d'à-, 
jouter  que  fi  le  Roy  inébranlable  dans 
fès  dcfTeins  ou  ne  vouloit  point  de 
Paix  ,  ou  ne  la  vouloit  que  particu- 
lière j.  le  Duc  de  Bouillon  conlèntoic. 
àfe  déclarer  ,  &  à  faire  une  diverfion 
du  coié  de  la  Champagne  ^  que  dans 
cette  vue  il  négocioit  a6luellement 
axec  le  Comte  de  Mansfeid  ;  qii'à. 


xyo  Histoire  de  Henry 
Toccafion  de  ce  Traité,le  Duc  deBouil- 
îon  demandoit  trois  chofes  ;  un  pou- 
voir de  tout  le  parti  pour  traiter  avec 
Mansfeld  ;  que  le  même  parti  s'obli- 
geât de  fournir  aux  frais  néceiraires 
pour  foudoïer  Se  faire  fubfifter  fon  Ar- 
mée autant  de  temps  qu'il  feroit  nc- 
ceflairc  j  qu'enfin  on  lui  donnât  une 
afTuiance  poiitive  qu'on  ne  feroit 
point  la  Paix  fans  que  lui  Duc  de 
Boiiillon  y  fût  compris.  Les  affaires 
du  Duc  de  Rohan  &  du  parti  étoient 
alors  dans  une  iî  mauvaiie  Situation , 
qu'il  ne  pouvoit  leur  arriver  rien  de 
plus  avantageux  que  ce  que  le  Duc  de 
Bouillon  oftroit.  Ses  propofitijons  fu- 
rent donc  acceptées ,  &  le  Gentilhom- 
me fut  renvoie  avec  ordre  de  l'alTurer 
qu'on  approuveroit  tout  ce  qi/il  fe- 
roit ,  ôc  que  s'il  étoit  obligé  de  fe  dé- 
clarer, on  ne  feroit  point  la  Paix  qu'il 
n'y  fût  compris. 

Voila  donc  le  Duc  de  Bouillon  en 
négociation  avec  le  Comte  de  Manf- 
feld.  Pour  la  mieux  comprendre  ,  il 
eft  bon  de  dire  quel  étoit  cet  Homme 
extraordinaire  dont  l'Hiftoire  a  tant 
parlé.  Le  Comte  de  Mansfeld  dont 
il  s'agit,  étoit  fils  naturel  du  Comte 
Erneft  de  Mansfeld ,  Gouveineur  de- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.VIII.  271 
la  Province  de  Luxembourg  pour  le 
Roy  d'Efpagne.  Après  la  mort  de  fon 
père  qui  n'avoit  point  laifle  d'autres 
enfans ,  il  prétendit  à  fa  fuccelîion. 
Les  Efpagnols  la  lui  refuferent  ,  ôc 
fondèrent  ce  refus  fur  ce  qu'il  n'étoit 
pas  légitime.  Il  devint  par-là  leur  En- 
nemi 5  ôc  comme  il  avoit  de  grands 
talens  pour  la  Guerre  ,  il  les  fit  repen- 
tir plus  d'une  fois  du  refus  qu'ils  lui 
avoient  fiit.  A  proprement  parler , 
Mansfcldétoit  unAvanturier  qui  n'a- 
voit  ni  feu  ni  liew  ;  il  ne  poffedoic 
pas  un  pouce  de  terre  :  cependant  fa 
réputation  attiroit  fous  fes  Enseigne» 
les  Troupes  les  plus  aguerries  de  l'Al- 
lemagne. Par-là  il  le  rcndoit  redou- 
table aux  plus  grands  Princes  j  il  n'y 
en  avoit  aucun  qui  ne  craignît  de  l'a- 
voir pour  Ennemi,  Il  rendit  de  grands 
fer  vices  à  l'Eledleur  Palatin  dans  la 
Bohême  &  dans  le  Palatinat  ;  &  il  y 
eût  apparemment  fait  échouer  les 
delfeins  de  l'Empereur  &  ceux  du  Duc 
de  Bavière  ,  fi  le  Palatin  ne  l'eût  pas 
congédié  à  contie-temps  par  le  con- 
feil  du  Roy  d'Angleterre  fon  beau- 
pere  ,  auquel  il  crut  qu'il  ne  pouvoit 
pas  fe  dilpenfer  de  déférer.  Ce  fut 
cependant   ce  qui  caufa  fon  eiiftiere 


i,ji  Histoire  de  Henry 
luine.  Mansfeld  congédié  par  le  Pa- 
latin fe  joignit  à  un  autre  Avanturier 
qAii  avoit  auflî  fort  -  bien  fervi  le  nou- 
veau Roy  de  Bohême  dans  le  Palati- 
nat ,  &  qui  fut  auiïî  congédié  en  mê- 
XHe  -  temps  que  Mansfeld.  C'étoit 
Chriftian  de  Brunfwick  Adminiftra- 
teur  de  TEvêché  de  Halberftat ,  grand 
Homme  de  Guerre  ,  &  qui  n'étoit 
point  inférieur  à  Mansfeld. 

Ces  deux  Avanturiers  après  avoir 
rakvagé  la  Lorraine  avec  une  Armée 
de  quinze  mille  Hommes  de  pied  & 
de  dix  mille  Chevaux,,  qui  portoit  par 
tout  l'épouvante  &  la  défolation ,, 
paflTerent  la  Meufe ,  &  s'aprocherent 
de  Mouzon  à  la  follicitation  du  Due 
de  Bouillon.  Il  avoit  fait  le  plan  de 
leur  marche,  &  il  leur  avoit  envoie 
des  Guides.  Son  delïein  étoit  ou  de 
porter  le  Roy  par  la  crainte  d'une 
irruption  dans  la  Champagne  à  don- 
ner la  paix  aux  Calviniftes,  ou  de  pro- 
curer une  diverfîon  eiFcdtive  ,.  fi  le 
Roy  refufoit  de  la  donner.  Mais  com- 
m«  il  eut  appris  que  les  proportions 
4e  paix  avoient  été  rejcttées  fur  le. 
r^fus  que  firent  les  Habitans  de  Mont- 
pellier ,  de  recevoir  le  Roy  dans  leur 
yille  j  il  Et  offrir  à  Mansfeld  du  ca- 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  275; 
non  de  des  munitions  pour  faire  le 
lîege  de  Mcuzon,  Après  avoir  traité 
inutilement  avec  lui  par  des  Envoïez  , 
il  lui  fit  propofer  une  entrevue.  Manf- 
feld  l'accepta  ,  ils  fe  rendirent  tous 
deux  dans  la  Prairie  de  Donzi ,  (  c'ell 
le  lieu  dont  ils  étoiei;t  convenus  pour 
la  Conférence.  )  Le  Duc  de  Boiiillon 
qui  polfedoit  en  perfection  le  grand 
art  de  la  négociation  ,  n'oublia  rien 
pour  l'engager  à  faire  une  diverfîon 
du  côté  de  la  Champagne  en  faveur 
des  Calviniftes.  Mais  il  ne  fut  pas 
long-temps  uns  pénétrer ,  que  ce  n'é- 
toit  pas  Tintention  de  Mansfeld ,  ôc 
qu'il  n'avoit  delfein  que  de  tirer  de 
l'argent  du  Roy  ,  &:  d'aller  fondre 
ailleurs  avec  fon  Armée.  Tout  ce  que 
le  Duc  de  Bouillon  put  obtenir  ,  fut 
qu'il  ne  fe  prefTeroit  pas  de  s'éloigner 
des  frontières  de  France  ,  afin  qu'on 
pût  fe  prévaloir  de  cette  conjonélure 
pour  porter  le  Roy  à  la  Paix  ,  ou  trou- 
ver pendant  ce  temps-là  quelque 
moïcn  pour  l'obliger  à  fe  déclarer  ôc 
à  porter  laGuerre  dans  laChampagnc 

Depuis  cette  Conférence  ,  le  Duc 
de  BoUillon  frappé  de  ce  qu'il  avoit 
remarqué  dans  cet  Homme  vraie- 
ment  extraordiiiviire  en  tout ,  ne  par. 


i74  Histoire  di  Henry 
loit  qu'avec  admiration  de  ce  mélan- 
ge bizarre  &  monftrueux  de  bonnes 
éc  de  mauvaifes  qualitez  dont  l'af- 
femblage  rendit  Mansfeld  un  des  pro- 
diges de  fon  fiecle.  En  effet  outre  le 
talent  qu  il  avoit  pour  la  Guerre  ,  il 
avoit  le  cœur  grand  j  toujours  à  Té- 
preuve  des  contre-temps  ,  il  trouvoit 
des  relîources  lorfqu'on  leeroïoit  per- 
du. Il  étoit  habile  en  politique,  bon 
pour  le  confeil ,  excellent  pour  l'exé- 
cution, d'une  bravoure  héroïque.  Per- 
fonne  n'entendoit  mieux  que  lui  fes 
intérêts  ,  il  les  fuivoit  conftamment, 
&  prenoit  rarement  de  faufles  mefu- 
res.  Mais  ces  qualitez  étoient  mêlées 
de  fi  grands  défauts ,  qu'on  ne  pouvoir 
alfez  admirer ,  comme  tant  de  contra- 
rietcz  avoient  pu  fe  rencontrer  en- 
femble. 

Cependant  Mansfeld  avec  toutes 

Vittono  r  ^  . 

siri  me-  Ics  quaiitcz  qu  on  vient  de  reconnoi- 
"^°'^'^-  tre  en  lui ,  ne  laiiFa  pas  d'être  la  dupe 

recondi-  ,     •,.  t  «      i        •      i     r 

i£.  T.  j.  du  Duc  de  Nevers.  Au  bruit  de  ion 
arrivée  fur  la  frontière  de  Ton  Gouver- 
nement de  Champagne  ,  il  y  étoit 
accouru.  Il  commença  par  amufcr 
Mansfeld  par  diverfes  propofitions 
qu'il  lui  fit  faire  de  la  part  du  Roy. 
Il  luiéébaucha  une  partie  de-fes  Trou- 


Duc  DE  BouiLiON.  Liv.  VIÎT.  171 
pes  -y  il  le  prévint  contre  le  Duc  de 
JBoUillon ,  en  forte  que  Mansfeld  com- 
mença de  fe  défier  de  celui  qui  j'avoit 
appelle.  Enfin  le  Duc  de  Ne  vers  fe 
conduifit  avec  tant  d'adrelTe,  qu'en 
trainant  la  négociation  en  longueur  , 
il  afFoiblit  l'Armée  de  Mansfeld  ,  & 
donna  le  temps  aux  Troupes  du  Roy 
d'arriver  des  Provinces  voifines. 
Quand  il  fe  vit  aifcz  fort  pour  faire 
tête  à  Mansfeld  ,  ôc  même  pour  le 
battre  ,  il  rompit  fous  divers  prétex- 
tes la  négociation  qu'il  avoit  com- 
mencée ,  &  fit  dire  à  Mansfeld  qu'il 
fi'avoit  point  d'autre  parti  à  prendre 
que  de  s'éloigner  de  la  frontière  de 
fon  Gouvernement.  Mansfeld  au  dé- 
fefpoir  d'avoir  été  trompé  ,  lui  qui  a- 
voit  coutume  de  tromper  les  autres  , 
voulut  renoiier  fa  négociation  avec 
le  Duc  de  Bouillon  dont  il  reconnut 
qu'il  avoit  eu  tort  de  fe  défier  ^  mais 
il  n'en  étoit  plus  temps.  Le  Duc  de 
Nevers  étoit  trop  fort  pour  entrepren- 
dre d'entrer  en  France  malgré  lui.  A 
cet  inconvénient  il  en  furvint  un  autre. 
Mansfeld  fe  brouilla  avec  l'Adminif- 
trateur  de  Halberftat.  Ils  n'agirent 
plus  de  concert  ;  chacun  forma  des 
deHeins  particuliers ,  ôc  prit  des  me- 


2.7^  Histoire  bï  Henry 
fures  qui  y  étoient  confoiaies.  Sut 
le  tout  Gonzales  de  Cordoiie  Général 
d'une  armée  Efpagnole  s'avança  fur 
les  Frontières  du  Luxembourg  ,  pour 
s'oppofer  à  Mansfeld  &  à  l'Adminif- 
trateurde  Halberftat  ,  s'ils  entrepre- 
noient  d'y  entrer.  Ces  deux  Avantu- 
ricrs  étoient  perdus  fans  retrource , 
Cl  le  Général  François  &  le  Général 
Efpagnol  eulFcnt  voulu  s'entendre  & 
les  attaquer  de  concert  j  mais  ils  a- 
voient  tous  deux  des  vues  qui  ne  s'ac- 
cordoicnt  pas  avec  ce  defiein.  Gon- 
zales avoit  ordre  de  ménager  fon  Ar- 
mée &■  de  ne  rien  riiquer  ,  de  de- 
meurer fur  la  défenfîve  ,  &:  de  n'atta- 
quer qu'en  cas  que  les  Allemans  en- 
trepriltbnt  quelque  chofe  fur  les  Pro- 
vinces Catholiques  des  Païs-bas.  Le 
Duc  de  Nevers  au  contraire  content 
de  les  avoir  empêché  d'entrer  en  Fran- 
ce ,  fouhaitoit  qu'Us  tombalfent  lur 
les  Efpagnols  ,  qu'ils  marchalfent  au 
fecours  des  Provinces  Unies  ,&  qu'ils 
aidaflfent  le  Prince  Maurice  à  faire  le- 
ver le  fiege  de  Bergopfom  ,  que  faifoit 
le  Marquis  de  Spinola. 

C'étoient  aum  les  vues  de  la  Cour 
de  France.  On  y  vouloit  ménager 
l'Efpagne  ,  mais  on  ne  vouloit  pas 


Duc  DE  BOUItLON.  LiV.  VIII.  I77 

qu'elle  fit  des  conquêtes  fur  les  Pro- 
vinces-Unies ,  &  quelle  opprimât 
cette  Republique  nailîante.  Il  ctoit 
donc  queftion  d'engager  les  deux  A- 
vanturiers  à  marcher  au  fecours  des 
Provinces-Unies  :  mais  ils  étoient  Ci 
irritez  contre  la  France  de  la  trompe- 
rie que  le  Duc  de  Nevers  venoit  de 
leur  faire  ,  qu'il  n'y  avoit  point  d'ap- 

f>arencc  ni  de  traiter  avec  eux ,  ni  de 
es  engager  à  faire  quelque  chofe  à 
fa  confideration.  Dans  cet  embarras 
on  réfolut  de  s'adrelïèr  au  Duc  de 
Boiiillon.  Les  amis  qu'il  avoit  à  la 
Cour  lui  écrivirent  que  le  Roy  étoit 
informé  de  fes  négociations  avec 
Mansfcld  &c  Alberftat  ,  &  qu'il  en 
étoit  fort  irrité  j  mais  qu'il  oubliroit 
le  chagrin  qu'il  lui  avoit  donné ,  &  le 
danger  où  il  avoit  mis  le  Royaume, 
en  appellant  les  Allemans  furies  fron- 
tières ,  s'il  pouvoit  engager  Mansfcld 
ôc  Alberftat  à  marcher  au  fecours  des 
Provinces-Unies. 

Quand  la  Cour  ne  s'en  fût  point 
mêlée  ,  &  qu'il  n'eût  point  été  quef- 
tion de  Ce  remettre  bien  dans  l'elprît 
duRoy  j  c'étoit  le  delfein  du  Duc  de 
Bouillon  de  procurer  au  Prince  Mau- 
rice fou  beau-frere  le  fçcours  que  U 


2.78  Histoire  oe  Henry 
France  vouloit  lui  ménager.  Mais  il 
crut  qu'il  devoit  s'en  faire  un  mérite 
auprès  du  Roy,  Il  répondit  donc  à  fes 
amis  de  la  Cour ,  que  fon  deiTèin  avoir 
été  d'engager  Mansfeld  ôc  Alberftat 
à  rentrer  au  fervice  de  l'Eledeur  Pa- 
latin ,  &:  à  lui  aider  à  recouvrer  le 
Paiatinat  ufurpé  par  l'Empereur  &  par 
le  Duc  de  Bavière  j  mais  que  puifque 
le  Roy  le  fouhaitoit,  on  pouvoit  Taflii- 
rer  qu'il  engageroit  les  deux  Généraux 
Allcmans  à  fe  joindre  au  Prince  Mau- 
rice ,  &c  qu'ils  arriveroient  alFez  à 
temps  pour  faire  lever  le  fiege  de  Ber- 
gopiom. 

Ce  que  difoit  le  Duc  de  Bouillon 
du  fecours  qu'il  avoit  eu  delfein  de 
procurer  au  Palatin  ,  n'étoit  pas  fans 
beaucoup  d'apparence  ,  mais  dans  le 
fond  il  n'étoit  nullement  vrai.  L'E- 
ledteur  toujours  retiré  à  Sedan  étoit 
un  Prince  ruiné  qui  n'avoit  rien  à  don- 
ner aux  deux  Avanturicrs.  Ils  n'é- 
toient  pas  d'humeur  à  le  fervir  pour 
rien  ,  eux  qui  n'av oient  en  vue  que 
leur  intérêt ,  ôc  qui  n'avoient  coutume 
que  de  fc  donner  au  plus  offrant. 
D'ailleurs  le  Roy  d'Angleterre  qui 
avoit  obligé  le  Palatin  a  defarmer, 
fe  faifoit  fort  de  lui  faire  icftituer  le 


Duc  DE  BoviLLON.  Liv.  VIII.  179 

Palacinac  par  la  voie  de  la  négocia- 
tion. Mais  comme  ces  chofes  ne  fe 
fçavoient  pas  fi  précisément  à  la  Cour, 
le  Roy  ne  pouvoit  que  fçavoir  un  fort 
grand  gré  au  Duc  de  Bouillon  de  pré- 
férer ce  qui  écoit  de  fon  fervice  aux 
intérêts  4e  fon  Neveu. 

En  exécution  des  engagemens  que 
le  Duc  Bouillon  venoit  de  prendre 
avec  la  Cour  de  France  ,  il  entra  en 
négociation  avec  Mansfeld  &:  Alber- 
ftat.  Cela  lui  fut  d'autant  plus  aisé  , 
que  dans  la  crainte  d'être  attaquez  ou 
par  le  Duc  de  Nevers  ,  ou  par  Dom 
Gonzales ,  ou  par  tous  les  deux  enfem- 
ble  ,  ils  s'étoient  retirez  fous  les  mu- 
railles &  fous  le  canon  de  Sedan.  Le 
Duc  de  Bouillon  commença  par  re- 
prefenter  k  Mansfeld  &  à  Alberftat 
les  fuites  funcftes  de  leur  divifion  ,  ôc 
de  celle  des  autres  Chefs  qui  s'étoient 
brouillez  entrc-eux  à  leur  exemple 
par  les  artifices  du  Duc  de  Nevers.  Il 
les  obligea  a  fe  reconcilier  ôc  à  a^-ir 
déformais  de  concert.  Il  empêcha  la 
dilîîpation  de  leur  Armée  en  leur  four- 
niflant  des  vivres  &:  des  munitions 
dont  ils  avoicnt  un  extrême  befoin. 
Enfaite  il  leur  propofe  d'aller  au  fe- 
cours  des  Provinces  Unies ,  mais  fîins 


zSo        Histoire  de  Henry 
fairetnention  de  l'inteiêt  qu'y  prcnoit 
la  France  :  (  c'eût  été  tout  gâter.  )  Il 
ne  paroît  agir  qu'en  fon  propre  nom  , 
&  en  celui  du  Prince  Maurice  qui  a- 
voit  tout  pouvoir  des  Etats  Généraux 
de  Traiter  avec  eux.  Mansfeld  Ôc  Al- 
berftat  n'oppofent  à  cette  propofition, 
que  la  difficulté  des  chemins  Se  l'em- 
barras de  leur  gros  canon  &  de  leur 
gros  bagage.  Le  Duc  de  Bouillon  levé 
ces  deux  difficultez  en  dreifant  avec 
eux  le  plan  de  leur  marche  par  le  Hai- 
naut ,  &  en  leur  permettant  de  laiiTèr 
leur  gros  canon  &  leur  gros  bagage 
à  Sedan.  Il  leur  promet  d'en  avoir 
foin ,  &  de  le  leur  rendre  dès  qu'il  en 
fera  requis.   Ces  deux  difficultez  le- 
vées ,  le  Traité  fut  bien-tôt  conclu. 
Mansfeld  &  Alberftat  fe  mettent  en 
marche  pour  aller  au  fecours  des  Pro- 
vinces-Unies. 

C'eft  ainfi  que  la  France  fut  tout-à- 
fait  délivrée  de  la  crainte  que  lui  cau- 
loit  le  voiHnage  de  ces  Etrangers.  Car 
jufques  à  leur  départ  le  Roy  avoit  été 
obligé  d'entretenir  une  Armée  en 
Champagne  ,  pour  les  empêcher  d'y 
encrer.  C'efl  ainfi  que  le  Duc  de 
Bouillon  trouva  le  moïen  de  procurer 
un  grand  fecours  au  Prince  Maurice 

Ion 


T>vc  Dî  Bouillon.  Liv.  VIîÎ.  iSr 
foii  beau-frere  ,  «Se  de  faire  fa  Paix: 
a\'cc  le  Roy.  Celle  qui  fut  conclue 
bien-tôt  après  devant  Montpellier  » 
rendit  pour  quelque  temps  le  repos  à' 
la  France,  &:  reconcilia  tous  les  Sei- 
gneurs Calviniftcs  avec  leur  Souve- 
rain. C'eft  ce  que  le  Duc  de  Boiiilloit 
fouhaitoit  avec  pafïïon  pour  fe  don- 
ner tout  entier  au  rctablilTement  de 
l'ElefVeur  Palatin ,  &  à  la  perfc«f>ion. 
des  ouvrages  qu'il  avoit  commencez  à 
Sedan  pour  embellir  la  Ville  &c  pour 
la  fortifier.  Il  y  avoit  déjà  quelques 
années  qu'il  y  avoit  fondé  l'Acadé- 
mie dont  on  a  parlé  ,  dons  le  delfeia 
d'y  attirer  la  jcuncNoblclTèProteftan- 
te  d'Allemagne  ,  celle  des  Provinces 
Unies  ,  &  celle  du  parti  Calvinifte  de 
France,  il  eut  foin  d'y  fliire  venir 
d'habiles  ProfclTeurs.  On  y  cnfeignoic  ^fcmo;- 
les  belles  Lettres, les  Langues  qui  foLt  f"  «n- 
iiccclfaires  pour  l'intelligence  des  Ori-  seâa».  '^ 
ginaux  de  l'Ecriturc-Sainte,  la  Philo- 
fophie  ,  la  Théologie  ,  le  Droit,  les 
Mathématiques ,  &  tout  ce  qui  peut 
rendre  habile  dans  l'Art  militaire. 
En  un  mot  fans  fortirde Sedan  ,  on  y 
pouvoir  apprendre  tout  ce  qui  regar- 
de la  Vie  civile,  le  Monde  ,  &  la 
Guerre. 

7'o?M.  ///.  N 


tti.        Histoire  de    Henry 

„  L'exécution  de  ce  grand  deireiû  fuc 
fuiyied'un  autre  qui  n'étoit  pas  moins 
digne  des  foins  ôc  de  l'attention  d'u/i  fî 
grand  Homme.  Il  donna  fes  ordres 
pour  amalfer  une  Bibliothèque  confi- 
dcrable ,  composée  des  meilleurs  Li- 
v.res  qui  fulfent  alors  dans  l'Europe  , 
Se  il  fournit  aux  frais  qui  ne  pouvoienc 
être  que  grands  ,  avec  une  libéralité 
qui  a  peu  d'exemples.  Il  demanda  à 
TEledeur  Palatin  plufieursManufcrits 
de  la  célèbre  Bibliothèque  Palatine  ; 
mais  on  lui  manda  qu'ils  ay oient  été 
portez  à  Rome,&:  qu'ils  faifoient  par- 
tie de  laBibliothequeVaticanc.Il  flilut 
donc  fe  réduire  aux  Livres  imprimez  : 
mais  le  Duc  eut  foin  d'en  amalfer  un 
fi  grand  nombre  5  &  ils  furent  fi  bien 
choifis  ,  que  de  fon  vivant  la  Biblio- 
thèque deSedan  fc  trouva  une  des  plus 
nombreufes  ôc  des  mieux  alforties  qui 
fuirent  alors. 

Il  eut  été  à  fouhaiter  qu'on  eût  con- 
fervé  cette  Bibliothèque  dans  fon  en- 
tier ;  mais  les  changemens  arrivez  à 
Sedan  depuis  fa  mort  donnèrent  lieu 
à  fa  diflipation.  C'eft  ce  qui'on  re- 
connut en  l'anncc  1(771.  dans  laquelle 
Monfieur  le  Cardinal  de  Boiiillon,  de- 
puis Doïen  duSacréCoIlege,fonpetic« 


"Duc  DE  Bouillon.  Liv.  Vîîï.  i8| 
îfîls  ,  obtint  du  Roy  ,  qu'elle  lui  feroit 
reftituée  comme  faii'ant  partie  des 
meubles  de  fa  Maifon.  Ceux  qui  fu^ 
rent  envoiez  à  Sedan  de  Ta  part ,  n'y 
trouvèrent  prefque  plus  de  Manuf- 
crits.  La  plupart  des  Livres  imprimez 
les  plus  curieux  étoient  égarez  ,  ou 
-perdus  ,  ou  en  lieu  dont  on  ne  pou- 
voit  plus  les  retirer  j  de  forte  qu'on 
ne  put  apporter  à  Paris  que  les  débris 
(  pour  ainfi  -  dire  )  de  ce  que  le  Duc 
de  Boiiillon  avoir  amalFé  avec  tant  de 
foin&de  dépenfe»  Ils  font  aujourd'huy 

Î>artic  de  la  biblioteque  de  Alonfieur 
e  Cardinal  de  Bouillon  ,  l'autre  par- 
tie cft  composée  d'un  grand  nombre 
de  Livres  qu'il  avoir  alors  ,  &  de  la 
Bibliothèque  du  fameuxAvocatGéné-  . -„  ,  . 
rai  Servm.  *  11  y  a  ajoute  depuis  la  achetée 
curieufeBibliotheque  de  feuMonfieur^'^'"'** 
de  Slufe  Chanoine  de  i'Eglife  Cathé- 
drale de  Liège  ,  frère  de  l'illuftre  Se 
fçavant  Cardinal  de  Slufe  ,  &c  fi  dif- 
tingué  lui-même  parmi  les  plus  fca- 
vans  Hommes  du  dernier  fieclc.  Cette 
Bibliothèque  fut  léguée  à  Monfieur  le 
•  Cardinal  de  Bouillon  par  un  article 
exprès  du  Teftament  de  l'illuftre  Mr. 
de  Slufe  ,  en  datte  du  5.  Août  168^, 
Ce  Teftament  porte  en  termes  exprès 


^$4         Histoire   de  Henry 
que  M.  de  Slufe  lègue  à  Mr.  le  Car- 
dinal de  Bouillon  cous  les  livres  qui 
compofent  cette  Bibliothèque  ,  avec 
tous  les  manuicrits  Grecs ,  Hébreux , 
Arabes  ,  tous  les  inftrumens  de  Ma- 
thématique  &  toutes  les   Médailles 
qui  en  font  partie.  Il  ajoute  qu'il  prie 
Son  Altelfe    Eminentiiîime   d'agréer 
ce  témoignage  de  la  vénération  qu'il 
a  toujours  eue  pour  elle,  L'illuftre  M. 
de  Slufe  mourut  l'année  fuivante  le 
19.  deMars  1685.  A  cette  bibliothèque 
du  Icavant  M.  de  Slufe  l'on  a  encore 
ajouté  depuis  celle  de  M.  l'Abbé  d'Au- 
vergnç  neveu  de  M.  le  Cardinal  de 
BoUiUon  :  d'où  il  eft  aisé  de  juger  que 
cétteBibliotheque  eftaujourd'hui  l'une 
des  plus  nombreufes  ôc  des  plus  con- 
liderables  de  Paris ,  du  moins  de  celles 
qui  appartiennent  à  des  particuliers. 
Le  Duc  de  Boiiillon  n'étoit  pas  tel- 
lement occupé  des  foins  que  deman- 
doient  l'Académie  qu'il  avoit  fondée , 
(SclaBibliothequedont  on  vient  de  par- 
ler ,  qu'il  ne  pensât  encore  à  fortifier 
Se  à  embellir  la  Ville  de  Sedan.    Il  eu 
fit  réparer  les  anciennes  fortifications, 
il  en  fit  faire  de  nouvelles  ^  Si  il  four- 
nit les  Arfenaux  de  tout  ce  qui  étoic 
;»ççeiraire  pour  la  défenfe  d'une  Place 


Duc  DE  Bottillon.  Liv.  VIII.  lÈ^ 
de  la  réputation  dont  Sedan  ctoit  a- 
lors.  Les  Princes  de  Sedan  julques  à 
lui  avoientlogé  dans  le  Château  ;  les 
bàtimens  étoicnt  Ipacieux  ,  mais  tril^ 
tes  &  d'un  abord  difficile.  Il  fît  bâtir 
une  maii'on  commode  fur  un  terrain 
d'une  Situation  plus  gaïc,  plus  faine 
&  d'un  abord  plus  aisé.  Il  la  sépara 
de  la  Ville  Se  du  Château  par  des  foifez 
profonds  Se  d'épaiifes  murailles ,  en 
forte  toutcsfois  que  Ton  communi- 
quoit  aisément  à  l'une  Se  à  l'autre. 

L'aft-aire  durétablilfcment  de  TE-  v.» 
ledeur  Palatin  étoit  encore  une  de  '**3- 
celles  qui  occupoient  le  plus  le  Duc 
de  BoUillon.  îl  agilfoit  fans  celle  par 
lui-même  &  par  les  amis  j  mais  la  dé- 
férence qu'on  étoit  obligé  d'avoir 
pour  les  fentimens  de  Jacques  I.  Roy 
de  la  Grande  Bretagne ,  bcau-pere  du 
Palatin  ,  l'cmpcchoit  d'agir  avec  tou- 
te la  vigueur  qui  eût  été  nécelTaira 
pour  empêcher  l'entière  ruine  de  fon 
neveu.  Le  Roy  d'Angleterre  avoir  de 
bonnes  intentions  ;  mais  comme  il 
n'aimoit  pas  la  guerre,  &c  qu'il  étoic 
naturellement  grand  tcmporifcur  ,  il 
fe  flaccoit  toujours  de  procurer  le  ré- 
tablillement  du  Palatin  par  la  voie  de 
U  négociation.  Pour  tirer  leRoy  d'An- 

Niij 


iS(j  Histoire  dï  HsNRt 
glecerre  de  cette  efpece  d'afroupifTê-- 
liient,  le  Duc  de  Bouillon  confeilla?^^ 
au  Palatin  de  palïbr  lui-même  en  An-' 
glecerre  pour  déterminer  Ton  beau--* 
père  à  prendre  enfin  le  parti  de  ia^ 
guerre,  &  à  ne  fe  plus  laifFer  trom-- 
per  par  les  artifices  des  Cours  dd' 
Vienne  ôc  de  Madrid,- 

Ce  fut  le  dernier  confeil  que  le  Duc-' 
de  Boiiillon  donna  à  ce  malheureux- 
Prince.  Il  mourut  quelque  temps  a- 
piès  fon  départ  de  Sedan  le  25.  de 
Mars  de  l'an  1613.  Comme  il  avoit 
toujours  été  bon  mari,  bon  père  ,  bon 
parent ,  &:  bon  ami ,  Se  qu'il  ne  lui 
manquoit  aucune  des  qiialitez  d'un 
excellent  Prince ,  il  fut  généralement 
regreté  de  fes  Sujets  ,  des  Princes  fes 
Yoifins  qui  étoicnt  prefquc  tous  ou 
fes  parens ,  ou  fes  allies ,  oufes  amis  ,, 
mais  fur-tout  de  fon  illuftre  &  nom- 
breufe  famille,.  Les  Sça vans  &:  les ■ 
Gens  de  Lettres  perdirent  en  lui  un 
îiecher,  Protedcur, Lc  Prelïdent  Fauchet  dans 
^,^'ri''"  fes  reclierches  ,  lui  rend  le  glorieux: 
î.uichct.  témoignage  qu  il  en  avoit  toujours 
été  l'appui, &:  qu'en  fon  particulier,  il 
le  regardoit  comme  fon  bien-fadeur. 
Cette  circonftance  eft  d'autant  plus 
remarquable  que  l'on  a  vu-  au  corn- 


Duc  deBouulon.  Liv.  VIII.  2S7 

-nienccmenc  de  cette  Hiftoiie  ,  que  le 
Connétable  Anne  de  Montmorency 
fon  grand-pcrc  maternel  ,  qui  s'étoïc 
chargée  de  Ton  éducation ,  avoit  afîec- 
té  de'^lui  ôter  la  connoillance  des  bel- 
les Lettres ,  8c  de  l'élever  dans  une 
ignorance  qui  étoit  alors  fort  ordinai- 
re parmi  la  haute  Nobleire  de  France. 
•Mais  ce  n'eft  pas  d'aujourd'hui  que 
l'on  a  remarqué  que  les  grands  Hom- 
ines  deftinezàfairedes  adtions  dignes 
d'être  tranTmifes  à  la  pofterité  ^  dans 
quelque  ignorance  qu'on  les  ait  éle- 
vez ,  ont  toujours  aimé  les  Sçavans  & 
les  belles  Lettres  qui  dévoient  immor« 
talifer  leurs  noms. 

Le  Duc  de  Bouillon  n'eftima  pas 
feulement  les  belles  Lettres  ôc  les 
Cens  Içavans  :  dès  qu'il  fut  le  maître 
de  Tes  allions ,  il  s'appliqua  aux  unes , 
il  fréquenta  les  autres.  Il  fentit  qu'il 
lui  manquoit  quelque  chofe  ,  5c  que 
les  plus  heureux  génies  ont  befoiii 
d'être  cultivez  ;  qu'il  en  eft  k  peu  près 
de  ceux  que  la  na;ture  a  le  plus  favo- 
rifez  ,  comme  des  meilleures  terres 
qui  lans  le  fecours  de  la  culture  ne 
produiroient  qu'une  plus  grande  quan- 
tité de  mauvaifes  herbes  ,  &  de  plan- 
ïCi  inutiles  ou  même  nuiilbles.  Le  Duc 

N  iiij 


3.S8  Histoire  de  Henrit 
de  Bouillon  s'adonna  de  lui-même  k 
l'étude  des  Mathématiques ,  Se  à  tout 
ce  qui  pouvoit  le  perfe<ftionner  dans 
l'art  de  la  Guerre.  Ces  précautions 
foutenucs  d'un  grand  iens  qui  fçavoic 
profiter  de  tout  ce  qui  fe  prélentoit  à 
fes  yeux  ,  d'un  feu  ,  d'uiie  activité ,  & 
d'une  valeur  très-dillinguée  ,  le  ren- 
dirent un  des  plus  fameux  Capitaines 
6c  un  des  plus  grands  Généraux  d'ar- 
jnée  de  Ton  iiecle.  Mais  le  Duc  de 
Eouillon  ne  Te  borna  pas  à  la  gloire 
qui  s'acquiert  parles  Armes.  Il  fentit 
que  Ton  génie  alloit  à  tout  j  qu'il  étoic 
également  propre  pour  la  Paix  ôz  pour 
"la  Guerre ,  pour  le  confeil  8c  pour  l'c,- 
xécution.  Dans  la  vûë  de  féconder  de^ 
il  heureufes  diipolitions  ,  il  s'appliqua- 
à  l'étude  de  la  Morale,  de  l'Hiftoire 
&  de  la  Politique.  Il  ne  négligea  pas- 
même  celle  de  la  Philofophie,  de  de  la 
Théologie  j  il  en  apprit  ce  qui  pou- 
voit convenir  à  un  Seigneur  de  fa 
jiailTance  &c  de  fon  ranir.  Il  s'inftruiiic 
à  fond  des  maximes  du  Gouverne- 
ment ,  foit  par  rapport  au  dedans  du 
Royaume  ,  foit.par  rapport  aux  rela- 
tions qu'il  peut  avoir  aux  Etats  voi- 
fms.  Il  apprit  à  connoître  les  hommes, 
talent  il  rare  &  il  nccciraire  à  ceux  qui 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.VIII.  289 
font  appeliez  au  Gouvernement  d'un 
Etat,  Perlonne  nepéuétroit  mieux  que 
lui  leurs  intérêts  les  plus  cachez ,  leurs 
vues  les  plus  iecrettcs  ,  <$c  ces  inclina- 
tions dommantes  qui  l'ont,  pour  ainfi 
dire  ,  la  clef  du  cœur,  Perfonne  auiïï 
ne  connoiiloit  mieux  que  lui  à  quoi 
ils  étoient  propres  ,  &  par  où  il  les 
fliloit  prendre.    Ce  fut  ce  qui  le  tic 
réufïïr  dans  la  plupart  de  les  entrepri- 
fes  ,  quoique  perfonne  n'ait  peut-être 
jamais  formé  de  plus  grands  delleins 
que  lui  ;  auffi  n  en  confioit-il  l'exécu- 
tion qu'à  lui-mcmc ,  ou  à  des  perfon- 
fonnes  dont  la  capacité  lui  étoit  par- 
faitement connue.    Si  quelquefois  il 
n'a  pas  rculîi ,  ce  n'étoit  pas  faute  d'a- 
voir bien  jUgé  des   choies   j   c'étoic 
manque  de  bonheur.   Il  leroit  difficile 
de  dire  ce  que  c'elt  que  ce  bonheur  & 
ce  malheur  dont  on  parle  tant  -,  l'ex- 
périence  apprend  qu'il  n'y  a  rien  de 
plus  réel.  Quand  toute  la  fagelfe  hu- 
maine préfideroit  à  vos  confeilsjquand 
elle  fe  chargeroit  de  l'exécution  de 
vos  deifeins  ,  fi  vous  n'êtes  pas  heu- 
reux ,  ou  fî  la  fortune  fe  lalfe  de  vous 
favorifer,  vous  ne  réulîirez  pas.Ufons 
d'un  langage  plus  chrétien.  La  fageilc 
«diYiiic  fe  pblc  quelquefois  à  coiifo:a-r 

N  Y 


2.90       Histoire    be    Henry 
dre  la  prudence  des  hommes  &c  à  de- 
ranger  les  ciitreprifes  les  mieux  con- 
certées.  Le  Duc  de  Bouillon  n'a  pas 
toujours  été  heureux  ,  mais  on  ne  lui 
reproche  point  ou  d'avoir  mal  pensé,, 
ou  d'avoir  mal  pris  Tes  mefuies.  Dans 
les  affaires  qui  demandoient  dulecrer, 
perlonne  n'étoit    plus   impénétrable 
que  lui.  Les  pallions  les  plus  sédui- 
i^ntcs ,  celles  contre  lefquelles  rcfpric 
eft  le  moins  en  garde  ,  ou  dont  le  cœur 
eft  le  moins  le  maître  y  ne  lui  ont  ja- 
mais fait  dire  ce  qu'il  étoit  obligé  de 
taire..    Le  Duc  de  Bouillon  ne  puifoit 
pas  feulement-  fes  lumières  dans  Ui 
ledure  des  bons  Livres ,  (  occupation 
fi  utile  &c  même  fi  néceiïaire ,  &  pour- 
tant la  plupart  du  temps  il  négligée 
par  les  perlonnes  de  fon  rang,  )  il  en 
.acqueroit  de  nouvelles  dans  le  com- 
merce des  grands  Hommes  &  des  Sça- 
vans..  Il  en  avoit  toujours  dans    fa 
Maifon  ôc  à  fa  fuite,  à  table,   à  la 
promenade..  Dans  fes  voïaees  même 
il  s  entretenoit  toujours  ae  choies  uti- 
Jes  ,  il  mettoit  chacun  fur  fon  fort, 
&  fur  ce  qu'il  fçavoit  le  mieux.  AiniL 
ces  heures  perdues  pour  la  plupart  des 
hommes  n'étoient  pas  pour  lui  fans 
«jjielqiie  profit.  Il  avoit  coutume  d^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIIÎ.  i^i 
dire  que  la  IcAure  &c  la  converLitiou 
font  à  refprit  ce  que  la  nourntareeft 
au  corps,  &:  que  comme  celui-ci  Lm- 
guit  &  meurt  enfin  f\  1  on  n'a  pas  foui 
de  le  nourrir,  de  même  refprit  cft  fans 
force  Ôc  lans  a^lion  quand  on  ne  lui 
donne  pas  ce  qui  lui  tient  lieu  de 
nourriture. 

Par  toutes  les  qualitcz  dont  on  vient 
de  parler ,  par  cette  attention  conti- 
nuelle à  les  cultiver ,  le  Duc  de  Bouil- 
lon devint  un  des  plus  grands  Politi- 
ques de  fon  temps.  Pcrfonne  n'opi- 
noit  mieux  que  lui  dans  un  Confeil 
d'Etat.  Perfonnc  ne  conduifoit  une 
négociation,  quelque  difficile  qu'elle 
fût,  avec  plus  d'habileté  ,  de  dexté- 
rité &  de  fucccs. Toujours  éclairé  dans- 
fes  viics  ,  toujours  Fécond  en  expé- 
diens ,  toujours  attaché  à  fon  objet, 
il  amenoit  les  affaires  les  plus  impor- 
tantes au  point  qu'il  s'étoit  proposé  j. 
doux  ,  infinuant ,  ferme  8z  môme  in- 
flexible félon  les  perfonnes  avec  ief- 
quelles  ilavoit  à  traiter.  Les  négocia- 
tions importantes  dont  il  fut  charcrc 
■pour  l'Angleterre ,  pour  les  Provinces 
Unies ,  ôc  pour  rAllemagne,  ou  pour 
le  parti  Calvinifte  ,  dans  les  temps  les 
•çlus  difHciles.j,  le  fucccs  &  la  gloire' 


25)2  Hi.^roiRE  DE  Henry 
avec  leiquelles  il  s'en  acquita  ,  font 
une  preuve  de  ce  qne  j'avance.  Ce 
n'cft  point  un  portrait  d'imagination , 
il  efl  fait  d'après  nature.  Tous  les 
Hiftoriens  ôc  tous  les  Mémoires  de 
fon  temps  parlent  de  lui  ,  comme 
TAuteur  de  cette  Hiftoire.  Aufîi  n'eft- 
ce  pas  un  Homme  du  commun  ,  que 
Ton  dépeint  ici.  C'elt  un  des  plus 
grands  Hommes  que  la  France  aie 
produits.  C'eil:  un  de  ceux  qui  lui  a 
fait  le  plus  d'honneur  ,  ôc  qui  a  le 
plus  contribué  à  fa  gloire. 

Il  eft  vrai  (  car  enfin  ce  n'efl:  point 
un  éloge  que  l'on  écrit  ,  c'eft  une 
hiftoire  )  il  eft  vrai ,  dis-je  ,  que  plu- 
iîeurs  Hiftoriens  prétendent  qu'il  a 
trop  donné  dans  l'intrigue ,  qu'il  avoit 
un  efprit  inquiet  qui  ne  pouvoit  de- 
meurer en  repos  ,  Ô€  qui  ne  fe  plaifoic 
que  dans  l'agitation  ôc  dans  le  trou- 
ble. Ils  l'acculent  même  d'avoir  fou- 
vent  troublé  l'Etat  pour  parvenir  à 
fcs  fins  ,  ôc  d'avcvir  eu  une  ambition 
qui  n'étoit  pas  aile?  réglée.  Les  Hif. 
toriens  Protcftans  ôc  Calviniftes  por- 
tent l'accufation  plus  loin..  En  demeu- 
rant d'accord  qu'il  étoit  un  des  plus 
grands  hommes  de  Ion  fiecle,  iislui 
rcprochçnt  d'avoir  fouYCiit  f^crific  Ic^ 


Duc  DE  Bouillon.  Liv.  VIII.  ic^^ 
intciêcs  de  fa  Religion  à  Ta  fortune 
Ôc  au  deiîr  de  fe  rendre  néceflaire  à 
la  Cour. 

Ce  n  eft  point  ici  la  Vie  d'un  Saint 
que  l'on  écrit.  C'ell:  celle  d'un  grand 
Homme  lelon  le  monde  ,  d'un  exce- 
Icnc  Capitaine,  d'un  grand  Politique, 
d'un  habile  négociateur,  d'un  homme 
dont  les  talens  s'étendoient  à  tout , 
qui  a  rendu  des  lervices  lîgnalez  à 
fon  Roy ,  a  l'Etat ,  à  fa  Patrie  ,  &  qui 
s'efl:  acquis  beaucoup  de  gloire  à  lui- 
même  ,  à  [on  illulh'e  Maifon  ,  &  à  la 
France  qui  lui  avoit  donné  la  naif-- 
fance.  L'on  ne  prétend  pas  d'ailleurs 
que  le  Duc  de  Bouillon  n'ait  point  eu 
de  défaut.  Tous  les  plus  grands  Hom- 
mes fans  exception  ont  eu  les  leurs. 
En  effet  on  ne  peut  pas  le  juftifier  fur 
fon  changement  de  Religion  ,  &c  fur 
ce  qu'étant  né  Catholique ,  il  a  aban- 
donné la  Religion  de  fes  Pères  pour 
fe  faire  Calvinifte.  Il  fit  encore  une 
plus  grande  faute  en  y  perfeverant 
jufqu'cà  la  mort.,  Ses  deux  ilîuftres 
fils  ont  été  plus  heureux  ,  &  font  en 
cela  dignes  des  plus  grandes  louanges. 
Nez  dans  l'erreur  ,  malgré  les  préju- 
gez de  leur  nai (fance  ,  ils  l'ont  aban- 
donnée ,.  ôc  Cq  fonc  réunis  à  l'Egii^ 


â5)4-  Histoire  de  Henry 
Catholique  ,  dans  le  Cçïn  de  laquelle^ 
tous  leurs  illultres  Ancêtres  avoient 
été  élevez.  Mais  c'eft  une  grâce  que 
Dieu  ne  Lait  pas  a  tout  le  monde , 
ou  du  moins  a  laquelle  tout  le  monde 
ne  répond  pas.  Cependant  qu  il  me 
foit  permis  de  dire  avec  la  iincerité 
d'un  Hiftorien  ,  que  les  autres  défauts 
dont  on  vient  de  parler ,  paroilîént 
plutôt  venir  de  la  lîtuation  des  affai- 
res &  du  caraétcre  de  ceux  qui  gou- 
vernoicnt  de  Ton  temps ,  que  de  cc-- 
lui  de  l'efpritdu  Duc  de  Bouillon. 

Lorfqu'il  entra  dans  le  monde,  & 
qu'il  parut  la  première  fois  à  la  Cour  ,- 
il  n'avoit  que  dix  à  douze  ans.  Char- 
les IX.  qui  venoir.  de  lucceder  à  Ton 
frère  François  II.  n'en  avoir  gueres 
davantage.  Catherine  de  Aledicis' 
PrincelTe  habile  ,  mais  ambitieufe  & 
intrigante  au  dernier  point ,  étoit  Re-» 
gente;  &c  l'on  peut  dire  qu'elle  en 
confcrva  prefque  toute  l'autorité  pen- 
dant le  règne  de  Tes  trois  fils  François 
Il ,  Charles  IX.  &  Henry  1 1 1.  Elle 
formoit  elle  -  même  les  caballes  &  les 
partis  j  ôc  elle  étoit  d'autant  plus  ap- 
pliquée à  entretenir  la  divifion  parmi 
ïës  Grands  ,  qu'elle  étoit  pcriuadée 
qiie  la  confervation  d^  fon,  autorité^ 


Duc  Dï  Bouillon.  ÎiV.  \''IÎL  i^f 
en  dcpendoit.  C'étoit ,  pour  ainlîdire,. 
le  temps  des  intrigues  &  des  caballes  j 
tout  le  monde  s'en  meloit ,  &  ceux 
même  qui  y  ctoient  le  moins  portez  ^ 
étoient  entraînez  par  l'exemple  ,  par 
la  néceflité  des  temps  ôc  par  le  tor- 
rent des  affaires.  En  effet  dans  quelles 
intrigues  n'entrèrent  point  les  Princes 
du  Sang ,.  les  Seigneurs  des  Maifons 
de  Guiie ,  de  Montmorency ,  de  Cha- 
tillon,ô:généralementtDuslesGrands- 
du  Royaume  ,  tant  du  parci  Gatholi= 
que  que  du  Calvinifte  ? 

Il  étoit  bien  difficile  qu'un  jeune 
Scigrieur  d'une aufîi  grande  nailïcince,, 
d'une  auffî  grande  clpérance  que  le" 
Vicomte  de  Turenne  ,  parent  de  la- 
Reine  ,  élevé  fous  fes  yeux  &  par  Tes 
foins,  lié  d'ailleurs  par  le  fang  aux 
Maifons  Palatine  3c  de  Natfau  ,  à  cel- 
les de  Montmorency  &  de  Chatillon  ^ 
il  étoit  dis-je ,  bien  difficile  qu'il  n'en- 
trât point  dans  les  intrigues  dutemps^,. 
Se  qu'il  ne  fût  point  entraîné  par  des 
intérêts  qui  paroiiloient  indifpenfa- 
bles.  L'on  fçait  la  force  des  premiè- 
res imprefîîons ,  8c  combien  il  eft  dif- 
iicile  d'y  réfîfter.  L'averlîon  que  lui 
fît  paroître  Henry  III.  à  fon  retour 
de  Pologne  ,.&  les  avances  q^ie  Hen*- 


io^  Histoire  de  Henry 
ry  IV.  lui  fit  pour  Tatciier  &  l'atta- 
cher à  fon  parti ,  le  mirent  dans  une 
efpece  de  néeelTité  de  fe  jetter  dans 
les  intrigues  des  Calviniftcs  ;  vraie 
Caballe  d'Etat ,  qui  ne  fubriftoit  que 
par  les  divisons  des  Grands ,  ôc  qui 
commença  de  tomber  dès  qu'ils  fu- 
rent réunis  à  leur  Chef. 

Sous  le  règne  de  Henry  I V.  plus 
paiiible  fur  fon  milieu  &  fur  fa  fin  ,  & 
où  l'on  recommença  à  fuivre  les  an- 
ciennes maximes  du  gouvernement , 
l'on  ne  voit  pas ,  ou  du  moins  on  ne 
prouvepasqueleDuc  deBouillon  fe  foie 
mêlé  d'autres  intrigues,  que  de  celles 
qui  regardoient  le  fervice  du  Roy  ,  1« 
bien  de  l'Etat  ou  fa  propre  sûreté. 

Pendant  la  Régence  de  Marie  de 
Medicis  les  intrigues  &c  les  caballes  re- 
eômencérent;  il  fe  forma  de  nouveaux 
partis.  La  Régente  les  formoit  elle- 
même  ,  elle  entretenoit  les  divifîons. 
Le  Duc  de  Bouillon  s'y  lailfa  entraî- 
ner ,  comme  Les  Princes  du  Sang  , 
comme  tous  les  plus  Grands  Seigneurs 
du  Royaume ,  &c  peut-être  que  fa  pro- 
pre sûreté  le  demandoit.  A  qui  le  Â'Ia- 
rêchal  d'Ancre  n'en  vouloit-il  pas  ? 
Qui  fe  pouvoit  croire  à  couvert  de 
£e&  iucrigues ,  ôc  de  fes  entreprifes  :-■ 


t)uc  DE  Bouillon.  Liv.VÎIÎ.  i^f 
Que  n'iivoit  -  on  point  à  craindre 
d'un  Homme  qui  polfcdoic  toute  la 
faveur  de  la  Régente  ,  qui  avoit  mis 
tous  les  Miniftres  d'Etat  dans  fa  dé- 
pendance ,  ôc  qui  avoit  pour  maxime 
d'éprouver  julques  où  la  fortune  le 
pourroit  porter  î  II  eft  vrai  que  le  Duc 
de  Boiiiilon  ne  put  fe  refondre  à  dé- 
pendre d'un  Homme  qui,  à  la  faveur 
près  ,  lui  étoit  ii  inférieur  en  toutes 
chofes.  A  t-il  été  le  feul  qui  ait  eu 
cette  délicatellc  ?  Prefque  tous  les 
Grands  du  Royaume  ne  lont-ils  pas 
entrez  dans  fes  fentimens  ?  N'ont-ils 
pas  pris  le  même  parti  que  lui  ? 

Ce  qui  arriva  après  la  mort  de  ce 
Maréchal ,  depuis  que  le  Roy  eut  pris 
la  réfolution  de  gouverner  par  îui- 
rncme  ;  lu  refus  conftant  qu'il  fit  de  fe 
mettre  à  la  tête  du  parti  de  la  Reine 
Mère  ,  &c  de  celui  des  Calviniftes  qui 
l'avoient  choifî  pour  leur  Comman- 
dant Général  j  l'éloignement  qu'il  hn 
paroître  de  toutes  les  caballes  qui  fe 
Formoient  en  France  contre  l'autorité 
du  Roy ,  marquent  mieux  que  toute 
autre  chofe  quel  étoit  fon  véritable 
cara6bere ,  &  que  s'il  s'eft  laiifé  quel- 
quefois entraîner  aux  intrigues  &  aux 
caballes,  (I  même  il  en  a  forme  queU 


^çS  Histoire  de  HenvO- 
t[ues  unes  ;  le  temps,  les  circonftances, 
fa  propre  sûreté,ou  celle  de  Tes  parens 
&  de  fes  amis  ,  la  nécelîicé  même  ou 
il  s'eft  vu  fouvent  de  fe  défendre 
contre  fes  ennemis ,  y  ont  eu  plus  de 
part  que  fon  génie  naturellement  é- 
clairé  ,  &  qui  ne  donnoit  point  dans 
les  mauvais  partis ,  ou  qui  n'y  don- 
noit que  par  néceflîté.- 

Pour  ce  qui  eft  du  reproche  que  liii 
font  les  Proteftans  &  les  Calviniftes 
d'avoir  facrifié  fa  Religion  à  fon  am- 
bition ^  le  reffentim^nt  Se  le  chagrin 
d'en  avoir  été  abandonnez  lorfque 
leurs  prétentions  n'étoient  pas  juftes  , 
èc  qu'elles  alloient  trop  loin  contre 
le  bien  de  l'Etat  &c  le  fervice  du  Roy^ 
les  a  portez  à  former  cette  plainte.  On 
l'a  dit  dans  cette  HiftoirCjiSc  il  eft  vraij 
le  Duc  de  BoUillon  a  toujours  fou- 
haité  que  ceux  qui  faifoient  profef- 
fion  comme  lui  de  la  Religion  Calvi- 
nifte ,  vécuuent  dans  le  Royaume  avec 
sûreté  5c  avec  honneur.  Il  les  aida  d« 
fes  confeils ,  &  de  fon  appui  pour  les 
y  faire  parvenir  j  mais  des  qu'ils  eu- 
rent obtenu  ces  deux  points  par  le 
ïnoïen  de  TEdit  de  Nantes  ,  par  les 
Déclarations  &  les  Arrêts  qui  leur 
furent  accordez  en  confequence ,  il 


jbVc  CE  Bouillon.  Liv.  Vin,  239 
■^ruc  qu'ils  dévoient  s'en  contenter , 
&  qu'il  ne  faloit  point  fatiguer   la> 
Cour  par  de  nouvelles  demandes ,  par 
des  plaintcis  continuelles,  le  plus  fou- 
vent  mal-fondées,  êc  quinepouvoient 
manquer  de  les  rendre  ennn  odieux' 
aux  Rois  ,  &  iniuportables  à  l'Etat , 
êc  d'attirer  enfin  leur  ruine.-  Il  n'ap- 
^rouvoit  pas  que  contre  la  teneur  de 
■ces  mêmes  Edics ,  aufquels  ils  étoient 
redevables  de  la  sûreté  &  de  la  liber- 
té dont  ils  jouiffoient  en  France ,  ils 
tinlfent  des  Alfemblées  générales  fans 
la  permiflîon  du  Roy ,  ou  qu'ils  pré- 
tendilfenc  continuer  ces    Alfembiées 
malgré  fcs  défenfes  expreifes  &  réi- 
térées.- Ce  fut  ce  qui  le  brouilla  avec 
la  fameufe  Alfemblée  de  Saumur.  Le  Memol- 
Duc  de  Rohan  prétend  qu'il  avoit  été  Rohan.. 
gagné  par  la  Cour  ,  Se  que  dans  cette  ^iv.  1. 
occafîon    il  lui  lacrilîa  la  Religion. 
Mais  ce  Duc  ne  lui  eft  pas  aflez  favo- 
rable pour  l'en  croire  lur  fa  parole. 
D'ailleurs  il  ne  s'agilfoit  point  alors 
de  fa  Religion.    Il  étoit  queftion  d'o- 
béir au  Roy  ,  ôc  de  ne  point  contreve- 
nir aux  Edits  ;  eft-ce-là  ce  que  les 
Calviniftes  appellent  trahir  leur  Re- 
ligion ?  Mais  avoit-il  été  gagné  par 
Jsi  Cour  y  lui  facrifîoit-il  fa  Religion  y 


^60  Histoire  d  e  Ksnry 
lorfqa'il  defapprouva  depuis  les  Af- 
femblécs  de  Loudun,  &  de  la  Rochel- 
le :  lorfqu'il  refufa  le  Commande- 
ment général  que  cette  dernière  lui 
ôfFroit  :  lorfque  Daniel  Tilenus  fa- 
meux Miniftre  de  Sedan  fous  fa  pro- 
tedion  ,  Se  apparemment  par  fon  or- 
dre j  écrivit  contre-elle  :  lorfqu  il  ré- 
pondit à  l'Apologie  qu'elle  avoit  faite 
pour  juftifier  fa  révolte  ;  &  qu'il  dé- 
rendit les  droits  des  Rois  contre  ces 
prétendus  Républicains  qui  s'éri- 
geoient  en  Souverains  contre  l'auto- 
rité de  l'Ecriture-Sainte  Se  les  maxi- 
mes mêmes  de  leur  Religion  ?  Le  Duc 
de  BoUillon  n'étoit  malheureufemeiit 
que  trop  attaché  à  la  Religion  Calvi- 
nifte  ;  mais  il  ne  pouvoit  approuver 
les  excès  de  ceux  qui  en  faifoient  pro- 
felîlon.  Comme  il  étoit  Souverain  lui- 
même  j  il  en  prévoïoit  mieux  qu'un 
autre  les  conlequences ,  &  il  ne  pou- 
voit difîîmuler  fur  un  point  fi  impor- 
tant à  la  tranquilité  publique  ,  dont 
les  égards  doivent  toujours  être  in- 
séparables de  la  véritable  Religion. 

Le  Duc  de  BoUillon  n'eut  point 
d'Enfans  de  Charlote  de  la  Mark  fa 
première  Femme.  Il  en  eut  huit  d'E- 
lifabeth  de  Nalfau  qu'il  avoit  époufée 


T}vc  DE  Bouillon.  Liv.VIII.  50* 

eti  lecondes  noces  ,  fçavoir  Frédéric 
Maurice  Duc  de  BoUilloii  ;  Henry 
connu  fous  le  nom  de  Vicomte  de 
Turenne  j  Louife  morte  à  Paris  au 
mois  de  Novembre  1606.  &  portée  à 
Sedan  pour  y  être  enterrée,au  mois  de 
Décembre  de  la  même  année  ;  Marie 
Julienne  ,  Elifabeth ,  Henriete  ,  Ca- 
therine ,  èc  Charlote  qui  ne  fut  point 
mariée ,  ôc  qui  a  été  fort  confidcrée 
fous  le  nom  dcMademoifelIe  deBouil- 
lon.  Toutes  les  autres  qui  furvécu- 
rent  à  leur  Père  ,  furent  mariées  en 
differens  temps ,  aufîl-bien  que  fes 
deux  Fils ,  après  fa  mort  ;  leur  trop 
grande  jeunelfe  ne  lui  aïant  pas  per- 
mis de  les  marier  pendant  fa  vie. 

Il  auroit ,  ce  femble ,  manqué  quel- 
que chofe  à  la  gloire  de  ce  grand  hom- 
me ,  fi  fes  Enfans  ,  comme  il  n'arrive 
que  trop  fouvent ,  n'avoient  pas  ré- 
pondu à  l'éxcelentc  éducation  qu'il 
eut  foin  de  leur  donner.  Il  eut  encore 
ce  bonheur,  qu'ils  furent  tous  dignes 
do  lui.  Mais  l'on  peut  dire  que  fes 
deux  Fils  le  feu  Duc  de  Boiiillon  ,  &c 
feu  le  Vicomte  de  Turenne  allèrent 
plus  loin  qu'il  n'eût  osé  cfperer.  Ils 
Furent  fans  contredit  deux  des  plus 
Grands  Hommes  de  leur  fiecle,    Lo 


^ô^i  HïJT.  Bi  H.  Difc  DB  BoTrii. 
premier  ne  vécut  pas  alfez  long-tenis^; 
pour  acquérir  toute  la  gloire  due  à  Tes 
grandes  qualitez  ,  quoiqu'il  joiiît  déjà, 
.d'une  réputation  à  laquelle  peu  de 
gens  font  parvenus.  Le  fécond  fi  con- 
nu fous  le  nom  de  M.  de  Turenne 
(  car  fon  nom  feul  fait  fon  éloge  ) 
a  égalé  ou  furpailc  tous  les  Héros  de 
l'antiquité.  La  France  fera  éternelle-, 
ment  obligée  au  Duc  de  Bouillon 
.dont  je  viens  d'icrire  l'Hiftoire ,  de 
lui  avoir  donné  deux  fi  grands  Hom- 
mes. C'eft  ce  qui  met  le  comble  à  fa 
^gloire  -,  c'eft  ce  qui  achevé  de  le  ren- 
dre digne  de  l'immortalité  qu'il  s'eft 
acquife  par  tout  ce  qui  peut  faire  paf- 
:fer  un  nom  illuftre  à  la  plus  éloignée 
«ofterité. 

fin  dHiroiJîéTm  &  dernier  Tome. 


i^-^^u 


TABLE 

ALPHABETI  QJJ  E 

DES    MATIERES 
Contenues  dans  les  trois   Folumes. 


ADverfné.     Reflexions    fur 
l'Adverfité.  Tom.  i.  liv.  i. 
page  131 ,  &  fuiv. 

Albert.  L'Archiduc  Albert  eft 
fait  Gouverneur  des  Païs  -  Bas 
Catholiques.  Tom-  1.  1.  4.  pag. 
c)5).  Il  aiîiege  &  prend  la  Ville  dç 
Calais,  p.  100.  Il  emporte  d'af- 
faut  le  Château,  p.  113. 

Alenpn.  Portrait  du  Duc  dA- 
lençon.  Tom.  i.l.  i.p.  i^.&fuiv. 
Sa  jaloufie  contre  le  Duc  dAn- 
jou,  p.  31.  6c  fuiv.  Sa  réponfe  à 
là  Reine  au  fujet  du  Vicomtç 


TABLE 
de  Turenne  ,  p.  53.  &  fuiv;  Il  a 
la  petite  vérole  ,  p.  34.  ôc  fuiv. 
Il  tavorife  les  Huguenots ,  p.  44. 
&  fuiv.  11  attache  entièrement  à 
foi  le  Vicomte  de  Turenne,  p, 
47.  ôc  fuiv.  Il  s'expofe  témérai- 
rement au  fiege  de  la  Rochelle  5 
p,  56.  &  fuiv.  Il  prend  des  enga- 
gemens  avec  la  Noue ,  p.  68.  6c 
fuiv.  Ses  projets  chimériques , 
p.  71. 6c  fuiv.  Il  fait  un  Manifef- 
te ,  p.  74.  Le  Roy  lui  fait  défen- 
dre d'abandonner  le  Camp ,  p.  76. 
Sa  réponfe ,  ibid.  La  lettre  que  la 
Noue  lui  avoir  écrite ,  eft  portée 
à  la  Reine  ,  p.  §5.  Stratagème 
dont  il  fe  fert  pour  fortir  d'em- 
barras ,  p.  ?7-  &  fuiv.  Il  eft  dé- 
tourné par  le  Vicomte  de  Turen- 
ne du  defleiii  que  la  Noue  lui 
avoir  infpiré ,  p.  85).  5c  fuiv.  Le 
Roy  lui  donne  la  Lieutenance 
générale  du  Royaume.  La  Reine 
Mère  empêche  l'expédition  des 
Lttres  Patentes  ,  p.  5)4.  &:  fuiv. 
Il  confpire  6c  engage  dans  fon 


DES    MATIERES, 
parti  plufieurs  Seigneurs  de  la  Cour  , 
p.  95.  &  fuiv.  11  de'coLivre  à  la  Reine  la 
confpiration  ,  p.  5)8.  &  fuiv.  11  renou- 
velle le  projet  de  la  confpiration  ,  p. 
109.  Il  eft  découvert  &;  on  le  fait  ob- 
ferver,  p.  m.   Il  fe  rerire  en  Berry , 
1.  z.  p.  174.   11  écrit  au   Vicomte  de 
Turenne  ,  p.  175.  &  fuiv.  Il  traire  fe- 
crcteinentavec  la  Cour,  p.  15)1.  &  fuiv. 
11  confulte  le  Vicomte  de  Turenne 
fur  l'embarras  où  il  fe  trouve  ,  p.  i^i. 
&fuiv.  On  ajoute  plufieurs  Provinces 
a  fon  appanage ,  &:  il  prend  la  qualité 
de  Duc  d'Anjou  ,  p.  103.  Le  Roy  lui 
donne  le  Commandement  delarmce, 
p.  xYj-  Il  prend  la  Charité  &  liïbire, 
ibid.  11  traite  avec  les  Députez  des  Païs- 
Bas ,  1.  3.  p.  303.  il  entreprend  de  faire 
la  Paix  àas  Calviniftes  avec  le  Roy, 
îbid  6c  fuiv.  11  obtient  du  Roy  de  Na- 
varre une  iufpenfion  d'armes  ,  p.  3o(>. 
Il  conclud  la  paix ,  p.  307.  Il  levé  à^s 
troupes  &:  va  au  fecoursde  Cambray, 
ibid  &  fuiv.    Il  entre  dans  cette  Place 
6c  il  y  eft  reconnu  Souverain  du  Cam- 
brefis ,  p.  311.  11  eil  chalTç  àiiî:,s  Païs-Bas, 

O 


TABLE 
ibid.    Sa    mort   ibid. 

Jnceau.  Anceau  elt  affbcié  à  la  né- 
gociation du  Duc  de  Bouillon  en  An- 
gleterre ,  T.  2.  1.  4.  p.  118.  Il  follicite 
fans  fruit  les  Princes  de  l'Empire  d'en- 
trer dans  la  ligue  contre  l'Efpagne  > 
p.  172. 

Ancre.  Conchini  Marquis  d'Ancre  j 
fes  qualitez  ôc  fa  fortune ,  T.  2.  1.  <3.  p. 
512.  Il  acheté  du  Duc  de  Bouillon  la 
charge  de  Premier  Gentilhomme  de  la 
Chambre  du  Roy  ,  p.  513.  Il  fe  li^^ue 
contre  les  Minières,  p.  383.  Il  eftfeit 
Maréchal  de  France  à  condition  qu'il 
fe  reconciliera  avec  eux  ,  p.  402.  Sa 
promotion  a  cette  dignité  lui  attire  la 
haine  générale  des  Grands ,  p.  403.  Sts 
fentimens  au  fu  jet  des  mecontcntemens 
du  Prince  de  Condé,  p.  412.  Il  donne 
à  la  Reine  des  foupçons  de  la  conduite 
<ie  Villeroy  &  de  Jeannin.  T.  3.  1.  7. 
p.  58.  Il  eft  accusé  par  le  Prince  de  Con- 
<lé  d'être  l'Auteur  des  defordres  de 
l'Etat ,  p.  62.  &  fuiv.  On  lui  donne  la 
Lieutenance  de  Roy  de  Normandie  , 
en  échange  de  celle 4je  Picardie ,  p.  iit^ 


D  E  s  M  A  T  î  E  R  E  s. 
Il  fait  Ces  efforts  pour  regagner  raml- 
tiédes  Ducs  de  Bouillon  ôc  de  Mayen- 
ne,  p.  1 16.  Il  projette  la  ruine  des  Ducs- 
d'Epernon  &  de  Bellegarde  ,  p.  115.  6c 
fuiv.  On  conclud  la  fienne ,  p.  128.  2c 
fuiv.  Il  perfuade  à  la  Reine  de  faire 
arrêter  le  Prince  deCondé  ,  p.  137.  On 
pille  Ton  Hôtel ,  L  ,8.  p.  151.  Haine  gé- 
nérale qu'on  lui  porte,  p.  1 87.  Sa  mort 
pacifie  toutes  chores,  ibid.  &  fuiv. 

Angouléme.  Le  Duc  d'An  goule  me  eft 
accusé  d'avoir. eu  part  à  la  confpiration 
du  Maréchal  de  Biron ,  T.  2.  1.  5.  p, 
112.  Il  eft  arrêté,  &  il  obtient  fa  grâce 
en  découvrant  les  complices  ,  ibid.  &: 
fuiv.  Il  eft  arrêté  une  féconde  fois  bc 
&  il  découvre  toutes  (qs  intrigues, 
p.  167.  Après  -onze  ans  de  priion  la 
Reine  Mère  le  tire  de  la  Baflille  pour 
lui  donner  le  Commandement  de  l'ar- 
mée ,  T.  3. 1.  7.  p.  133.  6c  fuiv.  Il  aflie- 
ge  le  Duc  de  Mayenne  dans  Soiffbns , 
1.  8.  p.  184.  &  fuiv.  II  fait  en  Allema- 
gne a  inutiles  négociations  pour  paci-' 
tier  les  differens  fur  venus  entre  l'Em- 
pereur ôc  rEle(^em:  PaUtin ,  p.  246.  ^ 
fuir,  jO  \] 


TABLE 

Anjou.  Le  Duc  d'Anjou  eil  fingulie- 
rement  aimé  de  la  Reine  fa  Mère  >  T.  i, 
i  I.  p.  i6.  Il  répond  avec  hauteur  au 
Prince  de  Condé,  p.  23.  ^  luiv.  11  ga- 
gne les  batailles  de  Jarnac  6c  de  Mon- 
Gontour  ,  p,  36,  Il  tâche  d'attirer  à  foi 
le  Vicomte  de  Turenne ,  p.  4.3.  6c  fuiv. 
Il  afliege  la  Rochelle ,  p.  ^G.  6c  fuiv.  Il 
dégage  d'un  grand  pcril  le  X)uq  d'À- 
lençonôcle  Vicomte  de  Turenne ,  p.  61, 
Il  écrit  à  la  Cour  contre  le  Duc  d'A- 
lençon  ,  p.  75.  11  levé  le  fiegc  de  la  Ro- 
chelle ,  p.  78.  Il  eil:  élu  Roy  de  Pologne, 
ibid.  Raifons  pour  différer fon départ, 
p.  79.  &  fuiv.  11  propofe  inutilement 
au  Vicomte  de  Turenne  de  l'accompa- 
gner en  Pologne  , p.  81. 6c  fuiv.  11  prend 
avant  fon  départ  des  Lettres  de  natu- 
ralité,  p.  84.  Voyez  Henry  111.  Roy 
de  France. 

Aramhures,  Arambures  tient  le'parti 
d.11  Roy  de  Navarre  :  {t%  exploits  à  la 
bataille  de  Coutras,  T.  1.  1.  3.  p.  35)4, 
£v  fuiv. 

Auwaic.  Le  Duc  d' Aumalc  eft  défait 
d^yîuic  Senlis  par  ks  troupes  du  Koy:> 


DÈS    MATIERES. 
Tome  (.   liv.    3.   page   416. 

Auvergne-  Origine  de  la  Alaiibn  d'Au- 
vergne, T.  I.  1.  I.  p.  I.  Catherine  de 
Medicis  écoit  de  cette  Mailon  par  fa 
Mère  ^cl'eflimoit  beaucoup  ,  p.  16. 

Le  Prince  Dauphin  d'Auvergne 
Fils  du  Duc  de  Montpenficr  comman- 
de les  arme'es  du  Roy  ,  au-delà  de  la 
Loire,  T.  i.  1,  i.  p.  100. 


B 


BJrthelemy.  Journée  de  la  faint  Bar- 
thélémy ,  T.  1. 1. 1.  p.  5v  11  y  périt 
un  o-rand  nombre  de  NobleireCatholi- 
c]uc  parmi  les  Huguenots ,  ibid.  Ce 
Mafiacrc  renouvelle  la  guerre  ,  p.  51^. 
Bajjompterre.  Bail  empierre  achette  du 
Duc  de  Rohan  la  charge  de  Colonel 
General  des  SuilFeSjT.  3.  1.  7.  p.  2. 
11  levé  en  Champagne  des  troupes  pour 
le  lervice  du  lioy  contre  la  Reine  Mère, 
1.  8.  p.  118.  Sa  reponfe  au  Gentilhom- 
me que  le  Duc  de  Bouillon  lui  avoit 
envoie  à  cette  occafion  ,  ibid.  &  fuiv. 
Difcoui's  remarquable  qu'il  fait  au  Roy 

O  iij 


t    A    B    L    E    ^ 
poiir  maintenir  la  neutralité  acccordée 
au  Duc  de  Bouillon  pour  fes  terres , 
p.  163.  &  fuiv. 

Bellievre.  Belli<;vre  affifte  au  nom  du 
Roy  à  rAfîemblêe  des  Calviniftes  con- 
voquée à  Montauban,  T.  ï.  1. 1.  p.  158. 
&ruiy.  11  accompagne  le  Duc  d'Anjou 
qui  va  traiter  de  la  paix  avec  le  Roy  de 
JSlavarre  ,  1.  3.  p.  306.  Il  demande  inu- 
tilement à  rÂlTemblée  de  Montauban 
la  reftitution  des  Places  que  le  Roy 
avoit  accordées  aux  Calviniftes,  p.  3*50* 

Birm.  Biron  négocie  fecretement  la 
Paix  avec  les  Calviniftes  par  Tordre  à\i 
Roy  ,  T.  I.  1.  i.p.  24.1.  Il  veut  furpren* 
àtQ  Perig;eux  ,  p.  265.  Le  Roy  de  Nâ*- 
yarre  6c  le  Vicomte  de  Turenne  pro- 
jfofçnt  de  l'arrêter  prifonnier  ,  p.  173. 
Il  accompagne  la  Reine  aux  Confé- 
rences de  Saint  Brix  ,  L  3.  p.  375,  Sa 
rnorcj  T.  2.  1.  4.  p.  50. 

Le  Maréchal  de  Biron  affiege  A- 
miens,  T.  1. 1.  5.  p.  178.  Caraclcre  de 
ce  Maréchal,  p.  106.  Il  confpircp. 
207.  &  ftiiv.  11  commande  l'armée  du 
p.oy  contre  le  Duc  de  Savoye,  p.  211. 


DES  MATIERES. 
il  s'entend  avec  ce  Prince  ,  p.  213.  H 
avoue  la  faute  &  en  obtient  le  pardon 
du  Roy,  ibid.  Il  revient  à  la  Cour, 
p.  210.  Il  eft  arrêté  6v  condamné  A 
mort,  ibid.  Qiiel  étoit  le  deffein  de 
cette  confpiration  ,  p.  111. 

Bots-Dauphw.  Le  Maréchal  de  Bois- 
Dauphin  commande  l'armée  du  Roy 
contre  le  Prince  de  Condé  ,  T.  3. 1.  7. 
p.  6y  8c  fuiv.  Il  eft  fouvent  trompé  par 
la  prudence  du  Duc  de  Bouillon  ,p.  71. 
6c  fuiv.  On  lui  ôtc  le  commandement, 

p.  84. 

Boiiillon*  Voyez  Henry  1.  Vicom- 
te deTurenne&buc  de  Bouillon, 

Bourbon.  Le  Cardinal  de  Bourbon 
refufe  de  fnivre  le  parti  du  Roy  de 
Navarre ,  T.  i .  1.  3.  p.  385.  Il  eft  arrêté 
avec  l'Archcvcquc  de  Lyon  ,p.  420. 

Bulfy.  BufTy-d'Amboife  favori  du 
Duc^d'Alcnçon  ,  T.  i.  1.  2.  p.  1^8.  Dif- 
férent qu'il  a  avec  le  Vicomte  de  Tu- 
renne,  p.  185.  11  eft:  aflairmé  par  Mont- 
forcau ,  1.  3.  p.  305?. 


Oiiij 


TABLE 

c 

Mumifies.  Les  Calviniftesfontk 
_  ,  guerre  pour  obtenir  la  liberté  de 
confcience  ,  T.  i.  1.  i.  p.  14.  Nouvel- 
les plaintes,  p.  18.  Ils  recommencent  la 
guerre  ,  p.  24.  Paix  de  peu  de  durée, 
p.  30.  La  guerre  recommence  >  ibid.  6c 
fuiv.  On  s'accommode  avec  eux  de 
nouveau,  p-  41.  6c  fuiv.  La  guerre  re- 
commence à  l'occafion  du  MafTacre  de 
îa  faint  Barthélémy  ,  p.  51.  6c  fuiv-  Us 
fe  défendent  dans  la  Rochelle ,  p.  5^. 
êc  fuiv.  On  fait  la  paix  avec  eux ,  p.  7S. 
ils  prennent  les  armes  dans  les  Provin- 
ces de-dtlà  la  Loire,  p.  105;.  Ils  recom- 
mencent la  guerre  ,  1.  2.  p.  1^8.  Vains 
projets  de  paix  ,  p.  171.  6c  luiv.  On 
leur  prépare  des  fecours  en  Allemagne , 
p.  175).  6c  fuiv.  On  leur  accorde  à  la 
pai^  l'exercice  public  de  leur  Religion , 
p.  203.  Ils  proteftcnt  contre  l'Aircm- 
blcc  àts  Etats  ^  reprennent  les  armes , 
p.  131.  &  fuiv.  Ilsfurprennent  plufieurs 
Places ,  p.  234.  On  fait  la  Pau  avec  cu:^ 


DES     M  A  T  î  E  Pv  E  S. 
"âii  mccontentemcnt  des  Catholiques, 
p.  141.  6v  Hiiv.    lis  recommencent  les 
Aftesd'hoitilité ,  p.  24-4. 2<  fiiiv.  Siaode 
National  de  Sainte- Foy,  p.  14^.  Grand 
defTein  de  cette  Aiïcmblée  ,  p.  146.  d: 
fuiv.  Plaintes  des  entrcprifes  des  Ca- 
tholiques ,  p.  X53.  &  (uiv.  AlTemblje  de 
Montauban,  p.  258.  6:  fuiv.  De'liance 
qu'ils  ont  de  la  Reine  Mcre,  p.  163V 
Les  Ailes  d'hoftilité  recommencent  >^ 
p.  173.  Paix  conclue  à  Nerac  ,  p.  173. 
AlTemblée  de  Montauban  ,  1.  3.  p.  i^}.,- 
&  fuiv.    Ils  recommencent  la  guerre  , 
•p.  301.  On  fait  la  Paix  avec  eux ,  p.  306'. 
êc  fuiv.  Airemblée  de  Montauban.   Ih 
y  forment  le    projet  de  fe  mettre  en 
République  ,  p.  307.  6c fuiv.  Afltfmblee 
à  Saine  Paul  de  Cap  de  Joux  ,  p.  344. 
€c  fuiv.-   Us  recommencent  la  guerre  t 
"p.  351.  ôcfuiv.  On  fait  de  grands  mou- 
vemens  en  Allemagne  pour  leur  pré- 
parer des  fecours,  p.  374.  Conférences 
de  Saint  Brix  ,  ibid.-   On  y  convient 
d'une  trêve  ,  p.  375.  Ils  recommencent- 
k  guerre,  p.  383.  ôc  fuiv.  Puiflants  fe-- 
çours  qu'on  km  envoie  d'Al!emag,ne3> 


TABLE 
p.  385?.  Déroute  6c  ruine  de  cette  ar- 
mée 5  p.  407.  Dv'iiancc  qu'ils  ont  du 
Roy  de  Navarre  5c  des  autres  Princes 
du  Sang  ,  p.  405?.  Leur  attachement 
pour  le  Vicomte  de  Turenne  ,  ibid. 
Mauvais  état  de  leurs  atîaires  ,  p.  410. 
On  afTemble  contre  eux  deux  armées  > 
p.  411.  Reglemens  politiques  pour  le 
maincien  de  leur  Hcligion  ,  p.  411.  & 
fuiv.  Leur  oppofition  à  la  converfion 
d'Henry  I  V.  T.  1. 1.  4.  p.  55.  Avanta- 
ges qu'ils  trouvent  dans  la  guerre  con- 
tre l'Efpagne  ,  p.  71.  &  fuiv.  Ils  tien- 
nent plufieurs  Àflemblées,  L  5.  p.  17^. 
&  fuiv.  D^:mandes  avantageufes  qu'ils 
font  au  Roy ,  ibid.  Deputation  au  Duc 
de  Bouillon  ,  p.  186.  Ils  font  fatisfac- 
tion  a  Madame  par  les  confeils  de  ce 
Prince  ,  p.  i5?o.  &  fuiv.  Ils  transfèrent 
êe  leur  autorité  l'AiTemblée  de  Vendô* 
jne  à  Chatelleraut  ,  p.  15)2.  Ils  nom- 
ïoent  le  Duc  de  Bouillon  Se  d'autres 
pour  conférer  avec  les  Députez  du 
Kofy  p.  15)3.  Ils  obtiennent  le  fameux 
jEdit  de  Nantes ,  p.  1 5? 8-  Ils  font  au  Roy 
%&  remontrances  au  fujet  de  TaiEiûç 


DES       MATIERE  S. 
du  Duc  de  Bouillon  ,  p.  135-  ^  ^'-^i^- 
On  leur  permet  de  s'aiTembler  à  Cha- 
telleraut  ,  puis  à  Saumur  ,  1.  6.  p.  320. 
ôcfuiv.  Demandes  exceiîives  qu'ils  font 
au  Roy,  p.  315).  ^  fuiv.  Ils  s'interefTenc 
dans  la  difgrace  du  Duc  de  Sully  ,  p. 
334.  &  ruivTPvefus  de  fe  féparer ,  p.  342.- 
&  iuiv.  Grands  mouvemens  dans  TAf- 
femblée  à  l'occafion  de  k  lettre  de  la 
Reine,  p.  355.£cruiv.  Ils  obciiTeiit  enfin 
&  fe  feparent ,  p.  357.  Si  fuiv.  Aflem- 
blées  fans  la  permiflion  du  Roy  ,  35)1.  6C 
fuiv.  La  Cour  refufed'oiiir  leurs  Dépu- 
tez &  déclare  leurs  A  Semblées  illicites  5 
p.  353.  S:  fuiv.-  Affemblée  de  Greno- 
ble ,  T.  3. 1.  7.  p.-  66.  6c  fuiv.  Elle  prend 
k  parti  du  Prince  de  Condé ,  ibid.  Elle 
fe  transfère  de  fon  autorite  à  Nîmes ,, 
p-  71.    Le  Koy  la  transfère  à  la  Ro* 
ehelle  ,  p.  5)4.  6c  fuiv.  Leur  oppofition 
à  la  Paix, p.  m.  6c  fuiv.  Ils  fignentl*^ 
Paix  6c  fe  feparent  ,  p.  m.  Ils  fe  raf-- 
femblent  de  leur  autorité  à  la  Rochelle, 
1.  8.  p.  185.  6c  fuiv.  Ils  foutiennent  le 
parti  des  Seigneurs  Liguez  ,  ibid.  116; 
h  feparent ,  p.  15.7.   Ils  s'oppofent  sxt 

Ovi 


TABLE 
jetablifTemcnt  de  la  Religion  Catho*- 
ïw]UQ  dans  le  Bearn  ,  p.  245?.  &  fuiv.  Ils 
s'aiFcmblent  à  la  Roche! le&refufent:  ob- 
ftinément  de  fe  fcparer,  p.  150.  &:{uiv. 
Ils  lèvent  des  troupes  ôc  le  préparent  à 
la  guerre  ,  p.  z^S,  &  fuiv.  Us  partagent 
les  Provinces  entre  les  Grands  du  parti, 
ibid.  Ils  font  de'faics  par-tout  ,  p.  261. 
t^  fuiv.  Le  Roy  leur  accorde  la  Paix, 
p.  281. 

Candale.  Le  Comte  àc  Candaîefe  dé- 
clare pour  le  Prince  de  Condé  ^  ie  faic 
Calviniftc,  T.  3.  1.  7.  p.  70. 

Cafimir.  Le  Prince  Cafimir  levé  des 
Troupes  ôc  vient  au  fecours  dits  Me- 
contens  de  France  ,  T.  i.  1.  2.  p.  180. 
èi  fuiv.  Il  eil  compris  avantageufemenc 
dans  la  Paix ,  p.  204,  11  fe  retire  en  AU 
kmagne  ,  p.  215. 

Catherine  de  Meàtcis.  Catherine  de. 
Medicis  fe  f.iit  déclarer  Régente  du. 
Royaume  au  préjudice  à^s  Princes  du 
Sang-,  T.  I.  1.  i.p..  10.  Elle  s'unit  avec 
la  Maifon  de  Lorraine ,  ibid.  Elle  exile 
leConnètable  de  Monimorency ,  p.  ii.- 
Sa^oliticj^ue  3,£.  i^..  Sa.  rcpoufe.  au  Piluer 


DES  U  A  T  T  E  R  Ë  S. 
ce  de  Condé  »  p.  23.  Etranges  conleib 
qu'elle  donne  au  Duc  d'Alençon  ,  p^ 
5n.  6c  fniv.  Elle  furprend  une  lettre 
écrite  par  la  Noue  a  ce  Prince ,  p.  8(jv 
Elle  refufe  au  Duc  d'Alençon  la  Lieu- 
tenancc  générale  du  Royaume,  p.  85). 
6-:  fu  i  V .  Sa  ha  i  n  e  c  on  c  re  1  e  s  M  on  t  m  o- 
rencvs ,  p.  iii.Scfuiv.  Elle  veut  ôter 
au  iMarêchal  Danville  le  ^oi-iverne-- 
nicnc  du  Languedoc  ,  p.  124.  &  fuiv* 
Elle  empêche  Ion  accommodement  a- 
vcc  le  Roy ,  h  2.  p.  151.  &  fiii-v.  Elle 
obtient  d'U  Duc  d'Aiencon  une  trêve 
de  hx  mois ,  p.  182.  6i  fuiv.  Elle  con-- 
clud  la  Paix  avec  les  Mecontens  5p. 
103,  Elle  t  cric  avec  menaces  au  Roy  dô 
Navarre  ,  p.  160.  Elle  fait  le  voïage  de 
Guyenne  j  à  quel  deiTeIn  ,  p.  261.  èc 
luiv.  Sa  conduite  donne  delà  défiance 
aux  Calvinilles ,  p.  16}.  Sa  réponfe  au- 
Vicomte  de  Turenne  ,  p.  267.  &  fuiv. 
Elle  conclud  la  paix  avec  les  Calvi- 
niiles  à  Nerac  ,  p.  273.  oc  fuiv.  Elle  fait 
raccommodement  de  f\  fille  avec  le 
Roy  de  Navarre  ,  p.  274.  Elle  revient- 
ik  Cour  3 1.  3.  p.  2^i.  Elle  appuie  eui 


t  A  B  L  E 
jfecret  la  ligue ,  p.  31Ô.  &:  fur/.  Elle 
propofe  à  la  Reine  de  Navarre  de  ronv 
pre  fon  mariage  ,  p.  337.  &  fuiv.  Elle 
affifte  aux  Conférences  de  Saine  Brix, 
p.  374.  &  (iiiv.  Elle  rompt  les  Confé- 
rences, p.  377.  Elle  reprend  lesiiegocia- 
tions,  ibid.  &  (uiv.  Elle  s'en  retourne 
fans  avoir  rien  fait  qu'aigrir  les  efprits  ,• 
p.  381.  fa  mort,  p.  4.10. 

Ceci!.  Cecilaffifte'aunomde  la  Rei- 
ne d'Ancrleterre  aux  négociations  du 
Duc  de  Bouillon  ,  T.  z.  1.  4.  p.  1 15.  Il 
^  parle  avec  hauteur  &  d'une  manière 
peu  favorable  à  la  France ,  ibid.  ôc  fuiv. 

cham^efiereS'  Champetieres  eft  nom- 
mé curateur  du  jeune  Vicomte  de  Tu-- 
renne ,  T.  i.  L  i.  p.  4. 

Charles  7X  Charles  IX.  Roy  de  Fran- 
ce fuGcede  à  François  II.  à  l'âge  de 
dix  ans  &;  demi  ,  T.  i.  1.  i.  p.  13,  II 
levé  une  armée  en  apparence  pour  op- 
pofer  à  celle  du  Duc  d'Albe  ,  p.  21.  Il 
époufe  Eiifabeth  d'Autriche  fille  de 
ï'Empereur ,  p.  39.  Il  ordonne  le  Maf- 
facre  de  la  Saint  Barthélémy,  p.  52.  ôc- 
foiv.  llfaitafficger  la  Rochelle  r p.  56* 


D  E  s    M  A  T  I  E  R  E  5. 
11  prefTc  le  départ  du  Roy  de  Pologne? 
p.  80.  &fiiiv.  Samaladicp.  81.  Sa  mort> 

chaùllon.  Chatillon  défend  Mont- 
pellier,!, i.p.  143-  11  fe  retire  en  Lan- 
i;iîedoc  ,1.  3.  p.  4  i  8.  Il  eft  contraint 
d'cnfortir,  p.  415}.  Il  commande  l'In- 
fanterie du  Roy  de  Navarre  ,  p.  115- 
^v  fuiv. 

Cocùnnaîi.  Coconnati  engage  le  Duc 
d'Alençon  dans  une  confpiration ,  T.  i. 
1.  I.  p.  J05?.  Il  eft  arrêté  £c  il  a  la  tète 
tranchée,  p.  110.  &;  fuiv. 

Coligny.  L'Amiral  de  Coligny  com- 
mande les  armées  des  Calviniftes ,  To- 
1. 1.  I.  p.  37.  Il  accompagne  à  la  Cour 
la  Reine  de  Navarre ,  p.  43.  Il  eft  tue 
au  MafTacre  de  la  Saint  Barthélémy, 
p.  <)2.  ôc  fuiv. 

Condé.  Le  Prince  de  Condé  fe  rend' 
le  Chef  des  Huguenots,  T.  i.  1.  i.  p. 
13.  bL  fuiv.  On  lui  refufe  le  comman- 
dement des  armées  bi.  la  Lieutenance 
Générale  du  Royaume  ,  p.  ii.  &  fuiv» 
Il  fe  retire  de  la  Cour  ôc  renouvellie  la 
gucrre-civjde,  p.  24.    11  eft  tué  à  la 


,       ^  ï    A    B  L   E 

bataille    de  Jarnac.  p.    36-. 

Le  jeune  Prince  de  Condécfl  recoK- 
nii  chef  des  Huguenots,  T.  1. 1.  i.p.  37. 
Il  fauve  fa  vie  au  MaiTâcre  de  la  Saint 
Barthélémy  par  une  feinte  abjuration^, 
p.  53.  11  va  au  fiege  de  la  Rochelle  , 
p.  56.  11  prend  des  engagcmeas  avecla 
Noue  ,  p.  68.  ëc  fuiv.'lL  fe  retire  à 
StrafDourg,  p.  05).  Il  négocie  des  fe- 
eours  d'Allemagne  en  faveur  des  Cal- 
viniftcs,!.  2.p.  175;.  11  revient  en  Fran- 
ce, p.  183.  &  fuiv.  On  lui  rend  à  la 
Paix  le  Gouvernement  de  Picardie, 
p.  204.  Les  Etats  Généraux  lui  envoient 
des  Députez  ,  p.  230.  11  s'empare  de 
plufieurs  Villes  de  Saintonge  &:  de  Poi- 
tou ,  p.  231.  Il  levé  le  fiege  de  Saintes , 
p.  237.  Il  fouhaite  la  Daix  ,  p.  241.  Il 
fait  appeller  en  duel  le  Vicomte  de  Tu- 
renne,  1.3.  p,  300  &  fuiv.  11  furprend 
la  Fere  î  p.  302,  11  obtient  des  fecours 
d'Allemagne  ,  p.  306.  Il  affilie  aux  Af- 
femblées  de  Montauban  &  de  Saint 
Paul  de  Cap  de  Joux  ,  p.  308.  ëc  lùiv. 
Sixte  V.  fait  pulDÎier  une  Bulle  contre 
.  ui ,  p.  345.   Uiefufe  les^  offres  du.  Yi** 


DES  M  A  T  I  E  R  E  ^S. 
eomre  de  Turenne  ,  p.  356.  ii  levé  le 
fiege  de  Broiiage  &:  fe  fauve  en  An- 
gleterre ,  ibid.  11  fait  de  grandes  di- 
verfions  djiis  le  Poitou  ,  p.  571.  Il  af- 
fifte  aux  Conférences  de  Saint  Brix, 
p.  375.  Ses  exploits  à  la  bataille  de  Cou- 
tras,  p.  35)3.  5c  f  11  commande  en  An- 
goumois  les  troupes  du  R.cy  de  Navar- 
re ,  p.  400.  Il  écrit  au  Vicomte  de  Tu- 
renne  de  le  venir  joindre  avec  fes  trou- 
pes ,  p.  401.  il  meurt  empoii'onné  ,  p. 
408. 

Le  Prince  de  Condé  de  retour  d'I- 
talie donne  toute  fa  confiance  au  Duc 
de  Boiiillon  ,  T.  1,  I.  é.p.  306.  6^  luiv. 
Son  peu  de  fermeté  l'empêche  de  s'em- 
parer de  toute  l'autorité  dans  le  Royau- 
me,p.  307.  &  fuiv»  11  fait  difgracier  le 
Duc  de  Sully,  p.  315.  &  fuiv.  Il  fe  re- 
tire de  la  Cour  ,  p.  ^66.  Il  y  revient  & 
donne  fon  conientenient  pour  le  dou- 
ble mariage  conclu  avec  rEfpagne>p. 
368.  êcfuiv.  Il  fe  ligue  contre  les  Mi- 
nillres ,  p.  383.  11  s  éloigne  de  la  Cour, 
p.  35)7.  Il  y  revient  à  Toccafion  des  a£- 
iakes  d'Italie,  ibid.  Scfuiv.  La  Reine 


TABLÉ 
lui  refufe  le  gouvernement  du  Châ- 
teau -  Trompette  ,  p.  404.  Il  fe  retire 
de  la  Cour ,  p.  408.  Il  s'empare  de  Me- 
zieres,p.  41  y  Scfuiv.  II  e'critàla  Reine 
une  longue  lettre  en  forme  de  Mani- 
fefle,  p.  416.  6c  fuiv.  11  envoie  deman- 
der du  fecours  aux  Calviniiles  ,  T.  3. 
1.  7.  p.  3.  &  fuiv.  Il  s'accommode  avec 
la  Cour  ,  p.  7.  &;  fuiv.  On  lui  donne 
le  gouvernement d'Amboife, p.  11.  Ses 
Jiouveaux  mecontentemens ,  p.  14.  & 
fuiv.  11  s'oppofe  en  plein  Confeil  ati 
voïage  de. Guyenne  proposé  par  la  Rei- 
ne Merc,p.  51.  ïï  s'éloigne  de  la  Cour 3 
p.  53.  Son  accommodement  prêt  à  être 
conclu  fe  rompt ,  p.  56.  &  fuiv.  Il  écrit 
au  Roy  &  publie  un  Manifefle  contre 
les  Miniftres ,  p.  62.  ôc  fuiv.  Il  eft  dé- 
claré criminel  de  leze-Majefté ,  p.  65. 
Il  publie  un  fécond  Manifefle  ,  6<:  levé 
des  troupes,  ibid.  &  fuiv.  L'Ailemblée 
des  Calviniftes  fe  déclare  pour  lui,  p. 
66.  &  fuiv.  Il  publie  une  Déclaration 
contre  celle  du  Roy ,  p.  75.  Il  conclud 
Un  traité  avec  lesCalviniftes ,  p.  81.  Il 
craite  de  la  faix  ,  p.  86.  ôc  fuiv.  Ses 


DÉS  MATIERES^ 
demandes  ,  p.  loi.  &  (uW.  Ses  of^ 
fres ,  p-  III.  Il  tombe  dangereiifement 
malade  ,  p.  112.  Il  guérit  &:  figne  la 
Paix,  p.  111.  Il  prend  .le  gouvernement 
de  Berry  en  échange  de  celui  de  Guyen- 
ne,  p.  1 23.  On  le  met  en  poiTelîIon  des' 
avantages  promis  par  le  traite'  de  Lou- 
dun ,  p.  125.  Il  veut  faire  dépouiller  la 
Reine  defon  autorité, p.  134.  5c fuiv. 
Il  avertit  le  Maréchal  d'Ancre  de  fc 
tenir  fur  (es  gardes,  p.  136.  Il  eft  ar- 
rêtée conduit  à  la  Baftille  5  p.  137.  Le 
Roy  donne  une  Déclaration  contre  lui , 
1.  B.  p.  ï6i.  II  fort  de  prifon,  p.  141. 

Corui.  Le  Prince  de  Conti  s'engage 
dans  le  parti  du  Roy  de  Navarre ,  T.  î. 
I.  3.  p.  385.  &:  fuiv. 

Cofc.  Le  Maréchal  de  CoiTéed  ac- 
cusé d'avoir  trempé  dans  la  confpira- 
tion  du  Duc  d'Alençon  ,  T.  i.  L  i.  p. 
III.  Le  Roy  lui  ordonne  de  fe  rendre 
à  la  Csour  &  lui  défend  d'en  fortir, 
ibid.  On  le  remet  en  liberté,  liv>  z* 


t>.  181. 


*r   A  B    L   £ 
D 

DAnvtUe.  Le  Maréchal  d'Anvilfe 
fe  fauve  par  fon  abfence  du  A4af- 
facre  de  la  Saint  Barthélémy ,  T.  1. 1.  i. 
p.  53.  Il  s'engage  dans  le  parti  du  Y)mc 
d'Alençon  ,  p.  5?6.  La  Pleine  Mère  fait 
de  vains  efforts  pour  lui  ôter  le  gou- 
vernement du  Languedoc,  p.  114.  & 
fuiv.  Le  Duc  de  Savoye  lui  offre  fon 
entremife  pour  fon  accommodement 
avec  le  Iloy  ,  1.  z.  p.  147.  hL  fuiv.  Il 
va  trouver  le  Roy  à  Turin,  p.  14^.  Il 
revient  mécontent  en  Languedoc  &  ju- 
re de  ne  jamais  voir  le  Roy  qu'en  pein- 
ture ,  p.  1 52.  &  fuiv.  li  fe  met  à  la  tête 
des  Mecontens,  p.^155.  &1.  Les  Etats 
Généraux  lui  envoient  des  Députez , 
p.  230-  ilfe  broiiille  avec  les  Calvinif- 
tes,  p.  234.  11  levé  le  fiege  de  Mont- 
pellier, p.  243. 11  prend  le  nom  de  Mont- 
morency, p.  i75>.  Sa  réponfe  au  Vicom- 
te de  Turenne ,  p.  280.  11  devient  fuf- 
pect  aux  Calviniites  ,  1.  3.  p.  204.  Il 
prefTe  la  reliitution  des  places  accor- 


DES  MATIERES, 
dees  aux  Calviniftes  à  la  Conférence 
de  Nerac  ,  p.  301.  Il  affilie  à  l'Aflem- 
blée  de  Saine  Paul  de  Cap  de  Jeux, 
p.  344.  Il  eft  d'avis  qu'on  prenne  les 
armes  afin  de  prévenir  la  ligue  ,  p.  345, 
5v  iliiv.  Il  accorde  au  Roy  de  Navarre 
des  fecours ,  p.  417.  Il  rcfufe  l'accom- 
modement avec  Chatillon  ,  p.  4I5>.  Il 
fe  ligue  contre  le  Maréchal  d'Ancre, 
T.  3.  1.8.  p.  18^. 

Duras.  Les  deux  Duras  frères  ap- 
pellent en  duel  le  Vicomte  de  Tu  renne, 
T.  1. 1.  1.  p.  174.  &  luiv.  Détail  de  ce 
combat,  p.  176.  6c  fuiv. 


Lifaheth  Reine  d' Angleterre.  Elifa-' 

beth  Reine  d'Angleterre  foUicite 

en  Allemagne  du  fecours  pour  Henry 
I  V.  Roy  de  France,  T.  2.  1.  4.  p.  i^. 
&:  fuiv.  Elle  affifte  le  Roy  au  fiege  de 
Roiien ,  p.  43.  Elle  demande  Calais  au 
Rx)V  po'-ii'  fùrete'  des  fomnics  qu'elle  lui 
avoit  prêtées,  p.  103.  Elle paroît  cho- 
^née  ^c  la  converfioa  du  Roy  ,  p.  iro. 


TABLE 
Conférence  avec  les  Depucez  de  Fran- 
ce, 1.  5.  p.  155.  Traité  avec  la  France  r 
ibid.  Elle  fait  tous  fes  efforts  pour  jufti- 
fier  le  Duc  de  Bouillon  dans  l'efprit  du 
JÇloy,  p.  238.  ôcfuiv.  Sa  mort,  p.  264, 

Epernon.  Le  Duc  d'Epernon  fait  de 
grandes  carefTes  au  Vicomte  de  Tu- 
renne  5  dans  quelle  vûë ,  T.  i.  1.  3.  p. 
315.  Haine  que  la  ligue  lui  porte  ,  p. 
325.  Il  va  de  la  part  du  Rov  trouver  \q 
Roy  de  Navarre ,  p.  328.  &  fuiv.  Il  re- 
vient à  la  Cour  lans  avoir  reufîî  dans 
fa  négociation  ,  p.  336.  La  Reine  Ma- 
rie de  Medicis  rapelle  le  Duc  d'Eper- 
non qui  s  e'toit  retiré  mécontent  de  la 
Cour,  T.  2,  1.  6.  p.  411.  Sesfentimens 
au  fujetdes  mecontentemens  du  Prince 
de  Condé,  p.  412.  Le  Maréchal  d'An- 
cre projettera  ruine,  T. 3 .  l.y.  p.  125. 
&  fuiv.  Il  fe  ligue  contre  ce  Maréchal , 
1.8.  p.  i8é.  if  tire  la  Reine  Mère  de 
Blois  ,  p.  210.  &  fuiv. 

Ef^nax:.  Pierre  d'Efpinac  Archevê- 
que de  Lyon  eft  arrêté  à  Blois ,  T.  i. 
1.  5.  p.  420. 

^^cx.  I*e  Comte  d'ElFex  amené  aui 


DES  MATIERES. 
Roy  des  Troupes  d'Angleterre  au  (îegc 
de  Kouen  ,  T.  *.  1.  4.  p.  43.  Il  prepa* 
re  un  armement  contre  l'Efpagne  ,  p- 
104.  Le  Duc  de  Boiiillon  le  met  dans 
ks  intérêts  du  Roy,ibid.  6c  fuiv.  La 
Reine  le  fait  partir  pour  Cadix ,  p.  113, 
Sa  confpiration  &  fa  mort,  p.  137. 

£tah  Généraux.  Aflemblée  des  Etat* 
Généraux  à  Biois ,  T.  i.  1.  i.  p.  11^.  6c- 
fuiv.  La  révocation  du  dernier  Edit  de 
Pacification  y  eft  réfoluë  ,  ibid.  Autre 
Aflembléedes  Etats  àBlois ,  1.  3.  p.  411, 
S:  fuiv.  On  y  prend  des  mefures  contre 
les  Calviniftes ,  &  nommément  contre 
le  Roy  de  Navarre  ,  p.  413.  &  fuiv. 
Autre  Aiïemblée  des  Etats  à  Sens  6c 
transférée  à  Paris,  T.  3. 1.  7.  p.  12.  6c 
fuiv.  La  divifion  s'y  met>  on  fe  fepare 
fans  avoir  rien  fait ,  ibid. 


FAyette.  Le  Marquis  de  la  Fayette 
tient  fur  les  Fonts  de  Baptême  le- 
jeune  V  icomte  de  Turenne  au  nom  du- 
Roy  Hejnry  1  L  T.  1. 1.  i.  p.  i. 


TABLE 

Du  Ferrier.  Du  Feriier  Chanceiîer 
du  Roy  de  Navarre  affiftc  aux  Confé- 
rences de  ce  Prince  avec  le  Duc  d'E- 
pernon  ,  T.  i.  1.  3.  p.  331.  Il  décourne 
ce  Prince  d'embrafler  la  Religion  Ca- 
tholique ,  ibid. 

Fue-fites.  Le  Comte  de  Fu entes  Gou- 
verneur des  Païs-Bas  Catholiques  arri- 
ve trop  tard  au  {ecours  de  Ham  ,  T. 
1.  1.  4.  p.  5)1.  Il  fait  couper  la  tête  à 
Gomeron  qui  lui  avoit  livré  cette  Pla- 
ce ,  ibid.  Il  prend  le  Câtelet,  Dour- 
kns  &:  Cambrav ,  ibid.  &  iuiv.  Il  rc- 
lîiet  fon  Gouvernement  à  l'Archiduc 
Albert ,  p.  5)5). 


GJliaù.  Gallati  leve.en  Suiffe  (ix 
mille  hommes  pour  le  fervicede 
la  Reine  Marie  de  Medicis,  T.  3.  1.  7. 
p.  I.  &  fuiv. 

Cafies,  Henry  Prince  de  Galles  5  fou 
portrait,  T.  1.  1.  6.  p.  376,  Ses  corref- 
pondances  avec  le  Duc  de  Rohan  , 
it)id.  11-  trayeffe  le  Duc  de  Bouillon , 

da«s 


DES    MATIERES, 
ilans  fa  négociation  ,  ibid.  &  fuiv.  Sa 
mort ,  p.  35?8. 

Cigmer.  Gignier  accufe  fauiTemenc 
le  Due  de  Vendôme  Se  plufieurs  autres 
Seigneurs  d'une  confpi ration  contre 
l'Etat ,  T.  3. 1.  8.  p.  i5?S.  &  fuiv.  Il  eft 
arrêté  &  condamné  à  mort,  p.  lor. 

Gomcro'û.  Gomeron  livre  Ham  aux 
Efpagnols ,  T.  2. 1.  4.  p.  8r.  Le  Comte 
de  Fucntes  lui  fait  couper  la  tête,  p. 
5)1. 

GuiÇe.  La  Maifon  de  Guife  ennemie 
de  celle  de  Montmorency ,  T.  r.  1.  I. 
p.  10.  La  Ligue  lui  fait  porter  {qs  ef- 
perances  jufqu'au  Trône ,  1.  3.  p.  31^. 
&  fuiv. 

François  Duc  de  Guife  efl  faitGrand- 
Maître  de  la  Maifon  du  Roy ,  T.  i.  L 
I.  p.  II.  Il  efl  aflaffiné  par  JPoltrot  auL 
fiege  d'Orléans,  p.  14. 

Henry  fils  de  François  défait  les  trou- 
pes que  Thoréamcnoitd'Allcmaane, 
T.  I.  1.  1.  p.  iSi.  11  y  efl  blelTé  au 
vifagc  5c  en  acquiert  le  fur-nom  de 
Balafré,  p,  182.,  1 1  contraint  le  lloy  de 
fortir  de  Paris,  1.  3.  p.  410.  Il  tâche 

P 


TABLE 
<î'attirer  dans  fon  parti  le  Maréchal  de 
Montmorency,  p.  411.   Il  eft  aflafïiné 
à  Blois  avec  le  Cardinal  de  Guife  fon 
frère ,  p.  420. 

Le  Duc  de  Gnife  s'attache  au  parti 
4e  la  Reine  Marie  de  Medicis,  T.  2. 
1,  6.  p.  411.  Il  commande  les  troupes 
qui  efcortent  Le  Roy  dans  le  voïage  de 
Guyenne  ,  T.  3.  1.  7.  p.  65.  Il  conduit 
Madame  de  France  mr  la  Frontière  > 
&:ramene  l'Infante  d'Efpagne,  p.  80. 
On  lui  donne  le  commandement  de 
TArmée ,  p.  84.  Il  complote  la  ruine  du 
Maréchal  d'Ancre,  p.  128.  Il  empêche 
que  la  Reine  ne  foit  comprife  dans  ce 
deflein  ,  p.  136.  Il  quitte  la  Cour  avec 
le  Duc  de  Chevreufe  ion  frère  ,  1.  8. 
p.  150.  &  fuiv.  11  fe  ligue  avec  les  Sei- 
gneurs Mecontens  ,  p.  155.  &  fuiv.  Il 
ïait  fon  accommodement  en  particu- 
lier,p.  168.  Uprcndle  commandement 
de  l'Arme'e  contre  les  Princes  liguez, 

p.  184- 

Guitry.  Guitry  envoie  par  la  Noiie 
pour  tirer  le  Duc  d'Alençon  de  la  Cour, 
T.  I.  p.  5?é.  &  fuiv.  Sa  rcpoiife  aux  Dé- 


DES    MATIERES, 
putez  du  Roy  ,  p.  loi.  &  fuiv.  Il  coa- 
fere  en  particulier  avec  le  Vicomte  dç 
Turenne,p.  io6.  6:  fuiv.  Il  vient  trou- 
ver le  Roy  à  Vincennes ,  p,  loS. 

H 

HEtsry.  I.  Duc  de  Bo'ùtllon.  Henry  î, 
du  nom  Vicomte  de  Turenne, 
depuis  Duc  de  Boiiillon  :  Sa  naiffance, 
T*  I.  1.  I-  p.  2.  Son  Baptême ,  ibid.  Il 
perd  fes  parens  en  bas-age  ,  ibid.  Le 
Connétable  de  Montmorency  fou 
Grand-Pere  fe  charge  de  Ton  éducation, 
p.  3.  On  lui  donne  im  Gouverneur  &  un 
Précepteur  ,  p.  5.  On  lui  change  (on 
Gouverneur  ,  p.  6.  Sqs  progrez  dans 
l'étude  des  belles  Lettres ,  p.  7.  On  lui 
ôte  fon  Précepteur,  ibid.  &  fuiv.  Ses 
exercices  >  p.  8.  &:  fuiv.  Il  eft  élevé  à 
Chantilly  par  le  Connétable  ,  p.  11.  ôC 
fuiv.  Excellentes  inllruciions  qu'il  lui 
donne  ,  ibid.  Son  entrée  à  la  Cour, 
p.  15.  &  fuiv-  Il  s'attache  au  Ducd'A- 
iençon  ,  p.  16.  Le  Connétable  defap- 
prouve  cet  attachement  6c  lui  donne 

pij 


TABLE  ^ 

diverfes  inftrudions  pour  fe  bien  con-  i 
duire  à  la  Cour,  p.  17.  &  fuiv.  Il  perd 
le  Connétable  ,  p-  14.  Dommage  que 
lui  caufe  cette  perte  ,  ibid.  6c  fuiv.  Il 
s'attache  à  1  étude  de  l'Hiftoirc ,  p.  15. 
On  lui  donne  de  l'emploi ,  p.  16.  On 
lui  refufe  à  caufe  de  fa  grande  jeuneflc 
la  permiffiondefervirdans  l'Armée  du 
Duc  d'Anjou ,  p.  z6.  Ses  occupations 
à  la  Cour ,  ibid,  &  fuiv.  Il  prend  pour 
Maîtrefle  Mademoifelle  de  Château- 
neuf,  p.,  19.  &  fuiv.  On  lui  refufe  une 
féconde  fois  la  permifTion  de  fervir, 
p.  30.  Il  s'attache  plus  fortement  au 
Duc  d' Alençon  ,  p.  30.  6c  fuiv.  Il  ne 
l'abandonne  point  dans  fa  petite  vérole, 
p.  3^.  Il  veut  fe  dérober  de  la  Cour  6c 
aller  offrir  fes  fervices  au  Comte  de 
BrifTac ,  fon  projet  eft  découvert  ,  on 
l'empêche  de  l'exécuter  ,  p.  37.  6c  fuiv. 
Il  paroît  à  la  Cour  avec  éclat,  p.  35?. 
6c  fuiv.  Il  perd  fon  Gouverneur ,  p. 
40.  Il  s'habitue  à  jurer,  ibid.  6c  fuiv. 
Il  prend  querelle  avec  un  Gentilhom- 
me de  Touraine  5  le  Duc  d'Anjou  les 
acconunode,  p.  43.  ôcfuiv.  lUccom- 


DÈS  MATIERES, 
pacrne  en  Angleterre  le  Maréchal  de 
Montmorency  ion  Oncle ,  p.  47.  Tho- 
ré  le  prefle  d'abandonner  le  parti  du 
Duc  d'Anjou  pour  s'attacher  unique- 
ment au  Duc  G  Alençon  ,  p.  47.  5c  miv. 
Sa  réponfe  ,  p.  ^  i.  &  fuiv.  Son  abfence 
de  la  Cour  &  la  puiflTance  des  Montmo- 
rency le  fauvent  du  MalTacre  de  la 
Saint  Barthélémy  ,  p.  ^3.  ôc  fuiv.  11  va 
au  fiege  de  la  Rochelle  malgré  fa  fiè- 
vre &  les  inftances  de  fa  famille  qui 
veut  l'en  de'tourner  ,  p.  56.  &  fuiv.  11 
s'expofe  témérairement ,  p.  61.  11  ren- 
force l'Armée  navalle  ,  p.  65.  6c  fuiv. 
Il  prend  des  engagemens  avec  la  Noue , 
p.  68.  &  fuiv.  Il  ôte  avec  adrefle  des 
mains  du  Duc  d'Anjou  le  Manifeftedu 
Duc  d'Alcnçon  ,  p.  74.  Se  fuiv.  Il  re- 
vient à  Paris  î  p.  79.  11  refufe  de  fuivre 
le  Duc  d'Anjou  en  Pologne  &  d'épou- 
fer  MademoiicUe  de  Vaudemont  >  p. 
8r.  6c  fuiv.  AdrefTe  qu'il  fuggere  au 
Duc  d'Alençon  pour  fortir  d  embar- 
ras ,  p.  87.  6:  fuiv.  11  détourne  ce  Prin- 
ce du  deffein  qu'il  a  de  fe  joindre  aux 
Alecontcns ,  p.  510.  ôc  fuiv.  Il  s'engage 

Piij 


TABLE 
^ans  le  parti  de  ce  Prince  à  l'infçû  dfcf 
la  Cour ,  p.  5^6.  6c  fuiv.  Il  va  conférer 
avec  Guitry  de  la  parc  du  Duc  d'Alen- 
^on,  p.  loi.  ôc  fuiv.  Il  refufe  d'entrer 
dans  une  nouvelle  confpiracion  de  ce 
Prince  ,  p.  iio.  Le  Roy  lui  ordonne 
d'aller fervir  en  Poitou ,p.  1 12.  Sa ré- 
ponfe ,  ibid>  Le  Roy  lui  ordonne  d'al- 
ler fervir  en  Languedoc  ious  le  Maré- 
chal Danvilie  fora.  Oncle ,  p-  113.  lien 
donne  avis  au  Ducd'Alençon  ,  ibid»  Lé* 
Roy  donne  ordre  de  l'arrêter  à  tous 
les  Gouverneurs  des  Villes  par  où  il 
doit  pafrer,p.  114.  11  arrive  par  des 
chemins  détournez  au  Château  de  Joze 
€n  Auvergne  ,  p.  115.  Le  Roy  envoie 
Maignanne  Enfeigne  de  Ces  Gardes 
pou^r  l'y  arrêter ,  ibid.  11  en  eft  averti , 
&  il  part  à  Theure  même  pour  fe  retirer 
a  Turenne ,  p.  1 17.  Il  fait  challcr  Mai.- 
gnanne  de  l'Auvergne  ,  ibid.  Il  évite 
]e  pie2;e  que  lui  avoit  tendu  le  Comte 
de  Montai, p.  118.  Le  Roy  donne  or- 
dre ou'on  fe  faififTe  de  Turenne  6c  de 
toute  la  Vicomte  ,  p.  115}.  L'avis  qu'il 
en  a  l'oblige  de  fc  retirera  Bouzols, 


t)ES  MATIERES, 
ibid.  Ses  reflexions  a  cette  occafion,  p. 
ii8.  6c  luiv.  Sa  devifcp.  1^4.  Il  va  à 
Turenne  ,  ibid.  Il  oblige  les  armes  à 
la  main  les  Habitans  de  Cazillac  de  fai- 
re réparation  à  un  Gentilhomme  qu'ils 
avoicnt  infulté,  p.  135.  &  iliiv.  Il  con- 
traint les  Habitans  de  Beaulieu  de  s'ac- 
commoder avec  lui  ,  p.  1^6.  Son  em- 
barras ,  lorfqu'il  apprend  que  le  Maré- 
chal Banville  étoit  allé  trouver  le  Roy 
à  Turin  ,  L  2.  p.  145?.  &:  fuiv.  Il  affifle 
Saint  Heran  au  fiege  de  Miraumont, 
p.  1^0.  &  luiv.  Il  envoie  demander  au 
Roy  la  permifTion  de  fe  rendre  auprès 
de  lui ,  p.  I  ')4.  Il  juge  de  la  réponfe  du 
Roy  î  qu'il  n'a  plus  rien  à  ménager 
avec  la  Cour,  p.  154.  &fuiv.  Il  fe  joint 
à  Danviile  ,  di  encraiie  le  Comte  de  Ven- 
tadour  a  prendre  ce  parti  :  Us  publient 
un  Manifefle  ,  p.  157.  Il  obtient  des 
Mccontcns  la  Lieutenance  générale  de 
Guyenne  ,  p.  i-^f).  Se  fuiv.  11  fecourt 
Montauban  bloqué  par  les  troupes  du 
Roy,  ibid.  Déhance  que  les  Calvinif- 
tes  ont  de  lui  ,  ibid.  11  tombe  dange- 
reufcmenc  malade ,  p.  167.    Il  prend 

Piiij 


TABLE 
la  refolution  d'abandonner  la  Religion 
Catholique,  p.   i68.  &:  fuiv.    Il  va  au 
fecours  de  Clerac  ,  p.  170.  6c  fuiv.  A- 
drefTe  de  Ton  Aumônier  pour  faire  croi- 
re aux  Ennemis  que  les  troupes  du  Vi- 
comte étoient  beaucoup  plus  confidera- 
bles  ,  p.  171.  Il  fecourt  Clerac ,  p.  175. 
11  a  un  différent  avec  Duras  le  Cadet, 
ibid.   Sa  réponfe  au  Duc  d'Alençon , 
p.  i7<j.  ôcfuiv.  Il  renonce  publiquement 
à  la  Religion  Catholique  6:  fe  fait  Cal- 
vinifte ,  p.  183.  Il  joint  le  Duc  d'Alen- 
çon ,  p-  184.  ôc  fuiv.  Grand  différent 
qu'il  a  avec  Bufli  ,  p.  185.    Il  eft  bien 
traitté  du  Duc  d'Alençon  ,  p-  186.  6c 
fuiv.  Confeils  qu'il  donne  à  ce  Prince  , 
p.  15)3.  &  fuiv.   Le  Duc  d'Alençon  lui 
refufe  un  Gouvernement  ,  p.  105.  & 
fuiv.  Il  rompt  d'une  manière  éclatante 
avec  ce  Prince ,  p.  205?.  6c  fuiv.  II  fe  re- 
tire à  Turenne  ,  p.  215.  &  fuiv.  Il  y  vit 
avec  magnificence ,  p.  ii6.  Sa  conduite 
domeflique  lui  acquiert  l'eftime  géné- 
rale du  parti  Calvinille  ,  p.  217.  &  fuiv. 
Le  Roy  de  Navarre  lui  donne  toute  fa 
confiance  ,  p.  m.  6c  fuiv.  Ses  liaifons 


DES     MATIERES, 
avec  la  NoLië  qu'il  trouve  à  la  Cour  du 
Roy  de  Navarre  >  p.  114.  Il  l'empêche 
de  quitter  cette  Cour  ,  ibid-  11  refufe 
de  rentrer  dans  l'obéifTance  du  Roy, 
p.  131.  11  s'empare  du  bas-Limofin  ôc 
porte  la  guerre  en  Guyenne ,  p.  132-  Il 
appaife  par  fon  intrépidité  une  fedition 
qui  s'e'levoit  dans   fes   troupes  ,  ibid. 
11  fecourt  Perigueux,  p.  134.  Il  s  em- 
pare de  Figiac  6c  de  Calvinet ,  ibid.  Il 
va  trouver   à  Montauban  le  Roy  de 
Navarre,  ibid.  Il  prend  querelle  avec 
Lavardin  ,  p.  255.  &:  fuiv.  Il  pourvoit 
à  la  fûrecé  des  Villes  du  Languedoc  > 
p.  136.    Il  court  deu^^  grands  dangers, 
p.  238.  ôcfuiv.  11  eft  bleilé  dangereufe- 
ment  ,  p.  ^40.  Le  Pvoy  de  Navarre  Is 
fait  tranfporter  à  Agen,  p.  241.  Il  re- 
couvre fa  .anté  ,  p.  244.   Il  affilie  au. 
nom  du  Roy  de  Navarre  au  Sinodc 
National  de  Sainte -Foy  ,  ibid.  L'Af- 
femblée  lui  donne  de  grandes  marques 
d'eftime  &  de  confiance  ,  p.  247.  Ôc  fuiv- 
II  retourne  à  Tu  renne  ,  p.  251.  Le  Roy 
<de  Navarre  le  rappelle  auprès  de  fa 
peifoiine  ?  ibid.  Extellcns  confeils  qu'il 

Pv. 


TABLE 
donne  à  ce  Prince  ,  p.  255.  &  fuiv.  îF 
va  trouver  à  Touloufe  la  Reine  Mère 
de  la  parc  du  Roy  de  Navarre ,  p.  163. 
Difcours  hardis  qu'il  tient  à  la  Reine  5 
p.  264.  6c  fuiv.  Re'ponfe  qu'il  en  reçoit , 
p.  267.  &  fuiv.  11  rend  compte  de  fa 
négociation  au  Roy  de  Navarre  >  p.  272. 
11  va  avec  ce  Prince  trouver  la  Keine 
Mère  j  ibid.  11  va  à  Agen  en  qualité  de 
Député  du  Roy  de  Navarre  &  du  parti 
Calv initie ,  p.  274.  l\  accepte  le  duel 
que  les  deux  Duras  lui  prefentent ,  p. 
xjy  11  eft  bleffé  en  trahifon  ,.  p.  2760. 
Le  Koy  de  Navarre  le  fait  porter  à  Ne- 
rac,  p-  T-79'  H  recouvre  fa  fanté,  ibid.- 
11  écrit  a  la  Reine  Mère  pour  la  prier 
de  faire  cefTer  les  pourfuites  commen- 
cées contre  les  Duras  ,  ibid.  &  fuiv. 
Il  confulte  le  Maréchal  Dan  ville  fur 
iti  conduite  qu'il  doit  tenir  dans  cette* 
«^ccafion  ,  ibid.  Avis  pleins  de  fageiTe 
4^p,'il  donne  dans  la  fuite  au  Prince  de 
Sedan  fon  fils  à  l'occafion  de  ce  duel, 
f.  281:.  ôc  fuiv.  llaffifte  à  l'AiFemblée 
«renerale  des  Calvinilles  à  Montauban  5 
ï  5-p'  ^$5'  ^^  accepte  le  commande^ 


I 


DE  S     MA  T  i  E  R  E  S.^ 
nient  du  haut  Languedoc  6c  quitte  la 
Lieutcnance  générale  de  Guyenne ,  p. 
294.  Ses  railons  pour  en  ufer  de  la  for- 
te, ibid.  ôc  luiv.  Le  Koy  fait  de  vains 
cfForts  pour  lebroiiiller  avec  le  Roy  de 
Navarre ,  p.  25)7.  11  obtient  du  Roy  de 
Navarre  la  Lieutenance  générale  de 
fes  armées ,  p.  300.  Le  Prince  de  Condé 
le  fait  appeller  en  duel  :  Sa  réponfe  à 
ce  Prince  ,  ibid.  &  fuiv.  11  tient  à  Caf- 
tres   une  AfTemblée  générale  de  fou' 
Gouvernement ,  p.  301.  Il  y  reprefente 
la  necciTité  de  lever  des  troupes ,  il  fe 
met  à  leur  tète  6c  défend  le  Pais ,  p. 
301. 6cfuiv.  Il  affifte  aux  Confcj^nces 
de  Paix,  p.  306.  Il  fe  reconcilie  avec  le 
Duc  d'Anjou  ,  p.  307.  11  affiite-à  l'Af- 
femblée  des  Calviniftes  à  Montauban  >. 
p.  308.   Il  accompagne  le  Duc  d'An* 
you.  dans  les  Païs-ba.s ,  Y^^o^.  Il  obtient 
de  ce  Prince  la  permiîfion  de  fe  jettei: 
dans  Cambray ,  p.  311.  6c  fuiv.  Il  eft 
fait  prifonnier  en  voulant  exécuter  ce 
deflein  ,p.  315.  6c  fuiv.  Il  eft  prefenté' 
au  Duc  de  Parme  qui  le  reçoit  très- 
civilement  ,  p.  317.    Il  eft  conduit  à^ 

Pvj, 


TABLE 
Boiichain  ,  p.  318.  Il  y  efl  traité  dure- 
ment par  le  Commandant  de  cette  Pla- 
ce 3  ibid.  Il  choifit  d  être  prifonnier  du 
Marquis  de  Roubais  ,  p.  315?.  6c  fuiv. 
11  eft  transféré  à  Vallenciennes  ôc  cn- 
fuite  à  Hefdin ,  p.  320.  Le  Roy  lui  of- 
fre de  le  tirer  de  Prilon,  s'il  veut  lui 
promettre  de  ne  plus  porter  les  armes 
pour  les  Calviniftes  ,  ibid.  Se  fuiv.  Sa 
réponfe  au  Duc  d'Anjou  qui  lui  con- 
feilloit  de  prendre  ce  parti ,  p.  311.  11 
s'occupe  durant  fa  prifon  à  la  ledure 
des  livres  qui  traitent  de  la  Politique 
&  de  l'Art  Militaire ,  p.  521.  Il  recouvre 
fa  liberté  en  païant  cinquante -trois 
mille  écus  pour  fa  rançon  ,  p.  313-  H 
revient  à  la  Cour  où  il  eft  bien  reçu 
eu  Roy  &  des  Favoris ,  ibid.  &  fuiv. 
11  eft  peu  accueilli  de  la  Reine  Mère  > 
pour  quelle  raifon  ,  p.  ^  16.  11  va  trou- 
ver le  Roy  de  Navarre  àNerac,  p.  3i8» 
&fuiv.  Avis  qu'il  donne  a  ce  Prince  tou- 
chant les  intrigues  de  la  Reine  fon  E- 
poufe  avec  les  Partifans  de  la  Ligue , 
p.  332.  &  fuiv.  Il  fe  jullifîe  des  confeils 
c^u'il  avoit  donnez  à  ce  Prince  ,  p.  54c» 


DES  MATIERES.' 
te  fniv.  Reflexions  qu'il  fait  à  cette 
©ccafion  ,p.  341.  Il  conclud  de  b  fuite 
de  la  Reine  de  Navarre  qu  on  a  def- 
fein  de  renouveller  la  guerre  ,  p.  343. 
&  fuiv.  Il  affifte  à  F  Aflemblée  de  Saine 
PauldeCap-de-JouXjp.  344.  Ilperfua- 
de  aux  Calviniftes  de  ne  point  armer 
les  premiers ,  mais  d'attendre  la  décla- 
ration de  la  guerre ,  p.  350.  Confeils 
qu'il  donne  au  Roy  de  Navarre  ,  p- 
35i.&:fuiv.  Il  afTemble  des  troupes  que 
le  Prince  de  Condé  refufe  de  joindre 
aux  tiennes,  p.  3^6.  Ses  terres  font  me- 
nacées par  l'armée  du  Duc  de  Mayen- 
ne ,  ibid.  Il  refufe  d'accepter  la  Neu- 
tralité, ibid.  &  fuiv.  Il  donne  de  bons 
avis  qu'on  néglige,  p.  355?.  Il  s'empa- 
re de  Tulle  fans  canon  ,  p.  360.  Il  em- 
pêche le  Roy  de  Navarre  de  s'oppo- 
1er  à  l'armée  du  Duc  de  Mayenne  > 
ibid.  &  fuiv.  Il  commande  en  Chef 
l'armée  des  Calviniftes,  p.  361.  ôcfuiv. 
Il  fait  la  vifite  dts  Places ,  &  pourvoie 
â  leur  défenfe  ,  ibid.  Il  s'empare  de 
plufieurs  Villes ,  p.  367.  Il  aiîifte  aux 
Conférences  de  Saint  i3iix ,  p.  375.  Il 


t   A  B  L  É' 
^Sa:par  ordre  du  Roy  de  Navarre  côiî^ 
Jerer  avec  la  Reine  Mère  à  Fonrcnay  >■ 
3.  377.  ôcfuiv.  HardielTc  avec  laquelle 
il  parle  à  cette  Princeiïe ,  p.  379.  &  fuiv.- 
Il  continue  la  guerre  dans  la  Guyenne 
k  reprend  Caitillon  par  efcalade  ,  p. 
^83.   11  eft  blefli  à  la  cuiiïe  d'un  coup 
i'arquebufe  à  l'attaque  du  fort  Nicole  > 
:e  qui  cauie  la  difperfjpn  de  fes  trou- 
pes ,  p.  384.    11  conduit  des  troupes  au 
R^oydeNavarrcp.  386.  Il  met  en  fuite 
les  troupes  du  Duc  de  Mcrcœur  &:  s  em- 
pare du  bagage  ,  p-  387.  La  même  ar-- 
tne'e  jointe  avec  celle  du  Duc  de  Joyeu- 
fe  ne  peut  s'ppofer  à  fon  palîage  »  p. 
^88.  Avis  qu'il  donne  dans  le  Confeii 
du  Roy  de  Navarre ,  p  385?.  &:  fuiv.  Ses 
exploits  à  la  bataille  de  Coutras  ,  p. 
35J3.  &  fuiv    11  prend  foin  de  la  fépul-- 
aire  des  corps  du  Duc  de  Joyeufe  ^  de 
fon  jeune  frère  tuez  à  cette  bataille ,  p. 
3517.  11  donne  au  ><  oy  de  Navarre  âcs 
confeils  qui  l'empêchent  de  tirer  tout 
le  profit  qu'il  auroit  pu  de  fa  Viâioire, 
f.  35? 8.  &  fuiv.  11  entre  dans  le  Péri- 
gord  ôc  afliege  Sarlat,  p.  401-  5w  fuiv* 


DES    MATIERES. 
Il  en  levé  le  fiege  6c  joint  avec  fes  troui- 
pes  le  Prince  de  Condé  5  p.  401.  Il  ga* 
gne  l'entière  confiance  des  Calvinif- 
tes ,  p.  4o5>.  11  va  a  la  Rochelle  ,  où  il 
travaille  auxReglemens  politiques  pour" 
le  maintien  de  la  Religion  Calviniftcr 
p.  412.  6c  fuiv.  11  obtient  du  Maréchal 
de  Montmorency  des  fecours  pour  le 
Roy  de  Navarre  ,  p.  414.  6c  fuiv.  Sd. 
Bleirure  fe  rouvre  avec  un  grand  dan-~ 
gerde  fa  vie,  p.  41  o.  H  fe  retire  dans» 
fes  terres  pour  penfer  à  fa  guerifon  a? 
ibid.    11  ne  laiiïe  pas  de  travailler  à  y- 
lever  des  troupes  poffr  le  fervice  du' 
Roy  ,  ibid.  6c  luiv.    Il  juftifie  dans  le' 
parti  Cal  vinifie  les  démarches  du'  Roy 
de  Navarre  devenu  Roy  de  France  ,  p. 
4  6.  6c  fuiv.   11  recouvre  ^a  fanté,  T. 
1. 1.  4,  p.  2.  6c  fuiv.  Uamenede  Guyen- 
fie  des  troupes  à  Henry  IV.  p.  3.  il  ap- 
prouve le  changement  de  Religion  du:- 
Roy  ,  p.  5.  6c  fuiv-  Il  lui  confeille  de" 
poulfer  avec  vigueur  le  fiege  de  Paris ,. 
p.  7.  6c  fuivi  iTlui  confeille  de  lever  ce 
fiege  6c  de  marcher  avec  toute  fon  ar- 
jnee au-devant  du  Duc  de  Parme  j  p.  ïz.- 


t   A    B    L   E 

îi  va  en  Angleterre  ,  p.  15?.  Il  réuffit 
dans  (es  négociations  auprès  de  la  Rei- 
ne Elifabeth  ,  ibid.  ôc  luiv.  il  va  en 
Hollande  6c  obtient  des  Etats  des  fe- 
cours  pourle  Roy,p.  14.  Ses  négocia- 
tions auprès  des  Princes  Proteftans 
d'Allemagne,  p.  15.  &  fuiv.  Il  en  ob- 
tient une  puiflante  armée  qu'il  amené 
en  France, p.  :,6.  ôc  fuiv.  Il  epoufe  l'hc- 
ritiere  de  Bouillon  ôcde  Sedan  &  prend 
le  titre  de  Duc  de  Bouillon  ,  p.  38  6c 
fuiv.  il  prend  Stenai  le  propre  jour  de 
fes  noces  ,  p.  41.  Il  eft  fait  Maréchal 
de  France  ,  p.  44.  Il  va  au  fiege  de 
Roiien ,  p.  47.  Il  conduit  jufques  fur 
la  Frontière  l'armée  qu'il  avoit  amenée 
d'Allemagne  ,  p.  50.  Il  furprend  fur  le 
Duc  de  Lorraine  la  Ville  de  Beaumont 
en  Argonne,  6c  y  met  garnifon  ,  ibid.  il 
attaque  6c  défait  Afriquain  d'Anglure 
qui  vouloit  reprendre  cette  Place ,  ibid. 
&  fuiv.  11  reçoit  au  combat  deux  blef- 
fures  qui  ne  l'empêchent  pas  d'agir  y 
p.  55.  il  prend  la  Ville  de  Dun  fur  la 
Meufe  ,  p.  54.^  il  revient  à  la  Cour  au 
ivijec  de  la  coaverfion  du  Roy ,  ibid.  & 


DES  MATIERE  5. 
fuiv.  Il  fait  au  Parlement  le  ferment 
des  Maréchaux  de  France ,  p.  57.  Mort 
de  fon  Epoufe  ,  ibid.  Elle  le  fait  par 
fon  Teftament  héritier  de  tous  fes  biens, 
p.  ^8.  Cette  fucceffion  lui  effc  conteftée9 
ibid.  Il  s'accommode  avec  les  Preten- 
dans ,  p.  55^.  Le  Roy  lui  envoie  faire  des 
complimens  de  condoléance  ,  ibid.  Il 
epoufe  en  fécondes  noces  Elifabeth  de 
NaiTeau  ,  p.  5^.  Il  confeille  la  guerre 
d'Efpagne  ,  p.  60.  &  fuiv.  Son  defTein 
en  confeillant  cette  guerre  ,  ibid.  Il 
commande  l'armée  du  Roy  en  Cham- 

Î>agne ,  p.  75.  Entreprife  qu'il  fait  fur 
a  Frontière  du  Luxembourg,  ibid.  & 
fuiv.  Son  armée  fe  diiîîpe  faute  de  paie- 
ment, p.  77.  &  fuiv.  Le  Roy  l'envoie 
en  Picardie  au  fecours  de  Ham  ,  p.  80. 
Sa  conduite  Se  fa  valeur  dans  la  prife 
de  cette  Place,  p.  81.  &  fuiv.  Sa  mode- 
ration  ,  p,  91.  &  fuiv.  11  marche  au  fe- 
cours de  Dourlens  ,  p.  5)4.  Sa  mefintel- 
ligence  avec  les  autres  Chefs  fait  é- 
choiicr  cette  entreprife ,  p.  5^7.  Il  prend 
dans  le  Boulonnoisplufieurs  petites  Pla- 
ces, p.  ^9,  il  conduit  du  fecours  dans 


t  A  B  t  E 
U  Château  de  Calais,  p.  ïoi.  îl  eft^t- 
tâqué  d'une  fièvre  violente ,  p.  loi.  Il 
va  malgré  fa  fièvre  en  Angleterre  pref- 
fer  le  lecoursponr  Calais,  p.  104.  Il 
rnet  le  Comte  d'F.flex  dans  les  intérêts 
du  Roy ,  ibid.  &:  fuiv.  !  1  obienc  audien- 
ce de  la  Reine,  p.  m.  ôc  fuiv.  Ses  con- 
férences avec  Cecil ,  Grand  Treforier 
d'Angleterre  ,  p.  115).  &  fuiv.    Ditli- 
cultez  qu'il  trouve  à  conclure  un  Trai- 
té,  1.  5.  p.  14,.  &  fuiv.  Il  prefente  utî 
Mémoire  à  la  Reine ,  p.  147.  &  fuiv. 
Il  confère  avec  cette  PrincefTe  ,  p.  15^. 
11  conclud  enfin  un  Traité  de  Ligué 
ofFenfive  &  défenfive  contre  TEfpagne  > 
p.  156.  &  fuiv.  Il  conclud  en  Hollande 
ton  pareil  Traité  avec  les  Provinces- 
Unies  ,  p.  164.  6c  fuiv.    11  revient  en 
France  k  va  faire  un  tour  à  Sedan  ,  p. 
171.  Il  appuie  les  prétentions  des  Cal- 
viniftes  ,  p.  178.  âc  fuiv.  Raifons  de 
cette  conduite  ,  p.  179.  &  fuiv.  L'Af-- 
femblée  des  Cal  vinifies  lui  députe  d'O- 
rival ,  p.  1 86.   Sa  réponfe  qu'il  donne 

Îiar  écrit ,  mais  dont  il  a  foin  de  retirer 
'Original ,  ibid.  ôc  iuiv.  Kaiibns  qu'il 


DES  MATIERES. 
a  d'en  nfer  de  la  forte  ,  p.  i  8  S.  & 
fuiv.  Il  confère  de  la  part  des  Cal- 
tiniiles  à  rAfleniblée  de  Chatelleraut 
iavec  les  Députez  du  Roy  ,  p.  15^.  Il 
refufe  d'obéir  aux  ordres  du  Koy  qui 
l'invitoit  au  fiege  d'Amiens  ,  p.  15J4. 
&fuiv.  11  va  à  fa  Vicomte  de  Turenne , 
p.  15)6.  Il  fe  rend  auprès  du  Koy  par 
ion  ordre  5  p.  15J7.  Il  va  à  Sedanàl'oc- 
cafion  d'une  entreprife  qu'on  avoit  for-, 
mée  fur  cette  Place,  p.  1^5?.  ôc  fuiv.- 
II  contribue  à  faire  réuflir  le  mariage 
du  Roy  avec  Marie  de  Medicis  ,  p.  114.- 
Le  Roy  lui  témoigne  de  la  froideur  y 
p.  Il 6.  Il  fe  retire  à  Turenne,  p.  iiy. 
Raifons  qu'il  a  de  prendre  ce  parti, 
p.  Il},  bc  fuiv.  Sa  réponfe  au  Roy  qui 
lui  a  voit  mandé  de  fe  rendre  auprès  de 
lui ,  p.  114.  &  fuiv.  11  fe  prefente  à  la 
Chambre  de  Caftres  pour  fe  juftiiier  ,- 
&  obtient  Acle  de  fa  comparition ,  p. 
228.  ôc  fuiv.  Aïant  appris  qu'ily  avoit 
un  ordre  du  Roy  pour  l'arrêter  ,  il 
prend  la  réfolution  de  fortir  du  Royau^ 
me  ,  p.  230. 11  protelle  de  fon  innocen- 
ce devant  une  nombreufe  Affemblée  de 


TABLE 
Calviniftes  ,  ibid.  &  fuiv.  Il  fe  retire  â 
Genève,  p.  131.  Les  Calviniftes  font 
au  Roy  des  remontrances  en  fa  faveur, 
p.  133.  &fuiv.  La  Reine  d'Angleterre 
fait  tous  fes  efforts  pour  le  juftiher 
dans  l'efprit  du  Roy  ,  p.  138.  &  fuiv. 
Il  compofe  lui-même  fon  Apologie , 
où  il  répond  à  toutes  les  accufations 
qu'on  lui  avoit  intentées ,  p.  144.  ôc 
{uiv.  Le  public  revient  des  mauvaifes 
impreifions  qu'il  avoit  reçues  ,  p.  155?. 
Il  fe  retire  auprès  de  l'Eledeur  Pala- 
tin fon  Beau-rrere  ,  p.  260.  Cet  Elec- 
teur foUicite  fortement  pour  lui  auprès 
du  Roy  ,  ibid.  &:  fuiv.  Le  Roy  lui  or- 
donne de  fe  rendre  à  la  Cour  dans  deux 
mois  pour  tout  délai ,  qu'autrement  il 
le  traitera  comme  un  Sujet  defobéif- 
fant ,  p.  Z63.  La  mort  de  la  Reine  d'An- 
gleterre l'aiFermit  dans  la  réfolution  de 
ne  point  paroître  devant  le  Roy  fans 
s'être  auparavant  juftifîé  ,  p.  164.  II 
écrit  au  Roy  pour  juflifîer  le  refus  qu'il 
fait  de  venir  à  la  Cour  ,  ibid.  &  fuiv. 
Il  fe  retire  à  Sedan  ,  p.  265.  Ce  qui 
avoit  donné  occafion  de  croire  qu'il 


D  E  s  M  A  T  I  E  !t  E  5. 
tvoit  confpiréavec  le  Maréchal  de  Bi- 
ron  ,  p.  168.  &  fuiv.  Il  excite  des  trou- 
bles dans  les  Provinces  de  delà  la  Loire, 
p.  171.  &  fuiv.  Ses  précautions  dans 
cette  occafion  ,  ibid.  11  a  recours  à 
l'intercclTiondes  SuifTes.  Le  Roy  rejette 
leurs  follicitations ,  p.  276.  Il  s'adrefTc 
à  Jacques  I.  Roy  d'Angleterre  ,  qui  lui 
confeille  de  fe  foûmettre  au  Roy ,  ibid. 
Il  négocie  Ton  accommodement  par  len* 
treniife  de  la  Reine  ,  p.  278.  Il  rentre 
dans  les  bonnes  grâces  du  Roy  en  lui 
demandant  pardon  de  tout  le  pafle,  p. 
275?.  Il  lui  en  coûte  la  Ville  &  le  Châ- 
teau de  Sedan ,  que  le  Roy  lui  remet 
un  mois  après  ,  ibid.  ôc  fuiv.  Il  va  à 
Sedan  &:  à  Turenne  mettre  ordre  à  Ces 
affaires  domeftiqnes  ,  1.  6.  p.  25)2.  Il 
abandonne  le  defiein  de  fe  rendre  Chef 
des  Calviniftes  de  France  ,  p.  2515.  & 
fuiv.  Il  obtient  une  place  au  Confeil  de 
Reçence,p,  300.  Son  avis  pour  la  guer- 
re 1  emporte  dans  ce  Confeil  ,  ibid.  & 
fuiv.  Le  Maréchal  de  la  Châtre  lui  eft 
préféré  pour  le  Commandement  des 
axmées ,  p.  305.  11  travaille  à  abaiffcr 


TABLE 
raUtorité  de  la  Reine  ,  p.  30^.  &  fcrîr* 
Confeils  qu'il  donne  au  Prince  de  Con- 
dé  contre  cette  Princeiïe,  p.  307.  &  fuivo 
Il  fe  reconcilie  avec  elle  de  ne  laiiïc 
pas  de  demeurer  attaché  au  Prince  de 
Condé,  p.  3rr.  Il  reclicrclie  l'amitié  du 
Marquis  d'Ancre ,  p.  512.  Illui  vend  fa 
Charge  de  Premier  Gentilhomme  de 
la  Chambre  du  Roy ,  p.  313.   Il  engage 
le  Prince  de  Condé  &  les  Miniftres  à 
faire  difgracier  le  Duc  de  Sully,  ibid. 
&  fuiv.   Ses  fentimens  touchant  les  in- 
térêts des  Calviniftes ,  p.  311.  ôcfuiv.  Il 
s'engage  à  fervir  dans  leur  AiTembléc 
le  parti  de  la  Cour ,  p.  324.  Moïens  qu'il 
emploie  pour  cela  ,  p.  325.  &  fuiv.  On 
lui  refiife  la  Prefidcnce  de  l'Aflembléc 
de  Saumur ,  p.  518.  Il  s'oppofe  aux  de- 
mandes exceflîves  de  l'Ailemblée  &  n'eft 
point  écouté ,  p.  331.  &:  fuiv.  Il  s'accom- 
mode en  apparence  avec  le  Duc  de  Sul- 
ly ,  mais  fous-main  il  traverle  fes  def- 
féins  ,  p.  333.  ôc  fuiv.    Il  conleille  au 
Duc  de  Rohan  de  ne  point  prendre  le 
parti  du  Duc  de  Sully  contre  la  Cour, 
p,  354.  ôc  fuir.  11  reprefente  U  nscmc 


DES   MATIERES, 
çliofe  à  l'Aflemblée  &  n  eft  point  écoû-« 
té  ,  p.  555).  &  fuiv.  Il  y  fait  d'inutiles 
remontrances  d'obéir  à  la  Reine  >  p. 
347.  &  fuiv.   Il  envoie  à  la  Reine  le 
modèle  de  la  Lettre  qu'elle  doit  écrire 
à  rAflemblée  pour  être  obéïe  ,  p.  348. 
Il  oblige  enfin  rAfTemblée  à  obéir  ,  ôC 
par-là  il  rend  un  fignalé  fervice  à  la 
Régente  &  à  l'Etat,  p.  351.  6c  fuiv.  Il 
revient  à  Paris ,  où  il  eft  vifité  par  les 
Miniftres  de  la  part  de  la  Reine ,  p.  3^0. 
Cette  PrincelTe  lui   donne  l'Hôtel  de 
Boiiillon ,  p.  361.  Elle  lui  refufe  le  Gou- 
vernement de  Poitou ,  p.  361.  &  fuiv.  Il 
s'unit  avec  les  Princes  6c  les  Seigneurs 
Mecontens ,  p.  }66.  Il  fe  retire  à  Sedan , 
ibid.  11  revient  à  la  Cour ,  6c  confenc 
au  double  mariage  avec  l'Efpagne ,  p. 
367.  6c  fuiv.  On  lui  donne  l' AmbafTade 
extraordinaire  d'Angleterre  ,   p.   36^. 
L'intérêt  qu'il  a  voit  de  fouhaiter  cette 
AmbafTade  ,  p.  370.   On  lui  donne  fes 
inftrudions,  p.  371.  &  fuiv.  Sa  nego-t 
ciation ,  p.  371.  6c  fuiv.  Il  y  ell:  traverfé 
par  les  intelligences  fecrettes  du  Duc 
de  Rohan  avec  le  Priace  de  Galles ,  p. 


TABLE 
575.  &  fuir.  Il  obtient  toutes  fcs  de- 
mandes ,  à  l'exception  de  celle  qui  re- 
gardoit  l'Aflemblée  de  Saumur ,  ibid.  6c 
luiv.  Il  conclud  le  mariage  de  la  Prin- 
cefle  d'Angleterre  avec  le  jeune  Elec- 
teur Palatin  fon  neveu ,  p.  i^  82  Ce  ma- 
riage le  rend  fufped  a  la  Cour  ,  ibid. 
Il  le  ligue  contre  les  Miniftres  ,  ibid. 
&  fuiv.  Il  accepte  le  commandement 
de  l'Armée  contre  le  Duc  de  Rohan, 
p.  386.  &  fuiv.  Il  fe  reconcilie  avec  lui 
p.  3^1.  &  fuiv.  Il  donne  à  la  Reine  des 
confeils  vigoureux ,  qui  la  tirent  d'em- 
barras 5  p.  35)3.  &  fuiv.  Il  fait  congédier 
les  Miniftres  ,  p.  35)6.  A  leur  rappel  il 
s'éloigne  de  la  Cour  &  fe  retire  à  Sedan, 
p.  35^7.  Il  revient  à  la  Cour  à  l'occafion 
des  affaires  d'Italie  ,  ibid.  &  fuiv.  Il 
confeille  la  guerre  ,  &  n'eft  point  écou- 
té, p.  401.  Il  engage  le  Prince  de  Con^ 
dé  6c  la  plupart  des  Grands  à  fe  reti- 
rer de  la  Cour ,  p.  40 V  &:  fuiv.  11  joint 
le  Prince  de  Condé  à  Mezieres ,  p.  416. 
Il  follicite  les  Calvlnilles  à  fe  déclarer 
pour  ce  Prince,  p.  411.  &  fuiv.  llfait 
la  paix  ôc  revient  à  la  Cour ,  T.  3.  1.  7- 

page 


DES     MATIERES, 
p.  5.  &  fuiv.  Ses  nouveaux  meconten- 
temens,  p.  14.  &  fuiv.  Il  forme  unpuif- 
fant parti  contre  la  Reine ,  p.  18.  Il  ga- 
gne l'AmbalTadeur  d'Anî^leterre  ôc  les 
Députez  Calvinilles ,  p.  15}.  &  fuiv.  Il 
entreprend  de  faire  déclarer  le  Parle- 
ment en  faveur  du  Prince  de  Condé  , 
p.  10.  Moïens  qu'il  emploie  pour  cela, 
ibid.  &i  fuiv.  1 1  engage  le  Prince  de  Con- 
dé à  s'oppofer  en  plein  Confeil  au  voïa- 
fe  de  Guyenne  propofé  par  la  Reine 
1ère,  p.  52.    Il  fe  retire  à  Sedan  ,  p. 
^3.  Il  adreiPe  au  Prefident  Jeannin  un 
Manifefte  ,p.  54.  Il  rep refente  aux  Sei- 
gneurs alTemblev!;  que  la  Cour  les  amufc 
&:  qu'il  faut  fonger  tout  de  bon  à  la  guer- 
re ,  p.  55?.  Se  fuiv.  Il  fait  déclarer  les  Cal- 
viniftes  pour  le  Prince  de  Condé ,  p.  66, 
&  fuiv.    Il  commande  l'armée  de  ce 
Prince  ,  p.  71.  Il  la  conduit  avec  toute 
la  prudence  polPible  ,  ibid.  &  fuiv.  Ses 
difpofitions  èc  Ces  négociations  pour  la 
Paix,  p.  81.  6c  fuiv.  il  la  conclud  après 
bien  d  es  difficultez  ,  p.  m.  Il  revient 
à  la  Cour,  p.  115.  Il  projette  la  perte  du 
Maréchal  d'Ancre  ,p.  116.  2c  fuiv.  Il 


TABLE 
porte  le  Duc  de  Longueville  à  enlever 
plufieurs  Places  à  ce  Maréchal  &  à  les 
garder  5  p.   131.  Scdiiv.  L'emprifonne- 
ment  du  Prince   de  Condé  l'oblige  à 
quitter  la  Cour,  1.'8.  p.   147.  ôc  fuiv^ 
11  forme  avec  plufieurs  Seigneurs  un 
puiiTanc  parti  contre  la  Cour  ,  p.  145). 
^  fuiv.  Il  propofe  de  faire  arrêter  le 
Duc  de  Guife  qui  lui  étoit  fufped  5  le 
Duc  de  Mayenne  l'en  empêche,  p.  1(34. 
êc  fuiv.  11  accepte  la  Paix  3  mais  ni  lui 
ni  aucun  des  Seigneurs  liguez  ne  re- 
viennent à  la  Cour  ,  p.  168.  &  fuiv. 
Prétexte  fpecieux  qu'il  prend  pour  af- 
fembler  des  troupes ,  p.  171.  6c  fuiv.  11 
fe  fert  du  même  prétexte  pour  engager 
les  Calviniftes  à  fe  déclarer  en  fa  fa- 
veur ,  ibid.   Il  y  réuiîit  malgré  l'oppofi- 
tlon  de  plufieurs  Grands  du  parti ,  ibid. 
Les  lettres  qu'il  écrit  au  Roy  ôc  à  la 
Reine  font  mal  prifes  à  la  Cour,  p.  178. 
&:fuîv.  11  efl  déclaré  Rebele  6c  Crimi- 
nel de  leze-Majefté  ,  p.  184.  Il  marche 
zu  fecours  du  Duc  de  Mayenne  alTiegé 
d.ns  Soiiïbns ,  p.  185.  On  defarmede 
parc  ôc  d'autre  ,  p.  i8p.  11  revient  à  la. 


D  E  s  M  A  T  I  E  R  E  s. 
Cour  après  avoir  obtenu  une  aboli- 
tion de  tout  le  pafTé ,  p.  1511.  &  fuiv.  Il 
médite  fa  retraite  de  la  Cour,  p.  15)7. 
11  eft  fauiïement  accnfé  par  Gignier 
d'avoir  confpiré,p.  158.  11  fait  agréer 
au  Roy  fa  retraite  ,  &  en  obtient  la 
neutralité  pour  les  terres  qu'il  avoit  en. 
France,  p.  201.  Il  refufe  de  fervir  ou- 
vertement le  parti  de  la  Reine  Mère; 
mais  il  le  favorife  en  fecret ,  p.  107. 
ai  fuiv.  Il  confeille  au  Roy  de  s'accom- 
moder avec  fa  Merc ,  p.  115.  &  fuiv. 
Avis  qu'il  donne  à  Bafiompierre ,  p.  ii  8. 
2c  fuiv.  Il  fait  élire  l'Elccleur  Palatia 
fon  neveu  Roy  de  Bohême,  p.  215.6c 
fuiv.  Détail  de  cette  affaire  ,  ibid.  Il 
écrit  d'une  manière  preffante  au  Roy 
pour  l'engager  à  donner  du  fecours  au 
Palatin  ,  p.  14'i.  Ô:  fuiv.  Tout  ce  qu'il 
en  peut  obtenir  ,  eft  la  neutralité  ,  p» 
1^6.  &:  fuiv.  Il  donne  retraite  à  Sedan 
à  cet  Eiecleur  chaflé  du  Royaume  de 
Bohême  d>c  dépoiiillé  de  fes  Etats  héré- 
ditaires ,  p.  248.  Il  écrit  au  Roy  en 
faveur  desCalviniltcs  mais  fans  efret, 
p.  252.  ôi  fuiy.  il  rtfufç  le  commande- 

Qii 


TABLE 
ment  des  armées  que  les  Cal  vinifies  lui 
ofFjcnc,  p.  15^.  &  fuiv.  Le  Roy  main- 
tient la  neutralité  de  [es  terres ,  p.  16]. 
&  fuiv.  Son  déplaifir  de  la  priie  &  du 
Sac  de  Negrepeliiïe ,  p.  166.  êc  fuiv.  11  fe 
reconcilie  avec  le  Duc  de  Rohan  ,  p. 
26S.  11  négocie  des  fecours  en  faveur 
des  Calviniftes  pour  leur  faire  obtenir 
une  Paix  avantageufe  ,  ibid.  &:  fuiv. 
Il  traite  avec  Ivlansfeld  ,  p.  270.  &  fuiv^ 
Cette  conduite  donne  de  l'ombrage  à 
la  Cour ,  p.  277.  Il  engage  Mansfeld 
à  aller  au  fecours  des  Provinces-Unies , 
ibid.  èc  fuiv.  Il  établit  à  Sedan  une 
Académie  pour  les  belles  Lettres  ,  p. 
28 1.  Il  amafle  à  grands  frais  une  Biblio- 
tHequeconfiderable,  p.  282.  Il  embellit 
^  fortifie  la  Ville  de  Sedan ,  p.  284.  6c 
fuiv.  11  confeille  à  P Electeur  Palatin 
d'aller  preffer  le  Roy  d'Angleterre  fon 
Beau-Pere  de  travailler  à  fon  rétabliffe- 
ment ,  p.  285.  &  fuiv.  Sa  mort ,  p.  28^. 
î  Son  éloge ,  ibid.  &  fuiv.  Ses  Enfans , 
p.  300.  6c  fuiv. 

He^ry  JII.  Roy  de  France-  Henry  IIL 
Roy  de  France.  Eftime  qu'on  avoit  d'à;- 


DES     MATIERES, 
bord  conçue  de  lui  ,  T.  1. 1.  2.  p.  145; 
&:  fuiv.  11  revient  en  France  ,  h  pafTe 
par  l'Allemagne  6c par  l'Italie,  p.  148. 
Tous  le?  Princes  à  la  relerve  du  Pape 
lui  confeillent  d'accorder  aux  Protef- 
tans  la  liberté  de  confcience  ,  ibid.  Il 
fait  publier  une  Déclaration  qui  donne 
lieu  aux  Calviniiles  de  reprendre  les 
armes, page  153.   Il  ell: iacré a  Reims , 
page  175.   Il  époufe  Louife  de   Vau- 
demont ,  ibid.   Il  fait  l'ouverture  des 
Etats  Généraux  par   un  difcours  des 
plus  éloquens  ,  page  ii6.  èc  fuiv.    Il 
confent  à  la  revocation   de   PEdit  de 
Pacification,  page  115?.  Il  écrit  à  tous 
les    Gouverneurs   des   Provinces  ,    à 
la  NoblefTe  du    Languedoc  &  de    la 
Guyenne  ,  ôc  au  Roy  de  Navarre  ,  p. 
215).  &  fuiv.   Il  levé  deux  armées  ,  p. 
237.  Il  s'avance  julqu'à  Poitiers,  p.  141. 
Il  accorde  la  Paix  aux  Caïviniftes ,  p. 
242.  d>:  fuiv.  Il  veut  contraindre  la  Rei- 
ne de  Navarre  à  aller  rejoindre  fon  E- 
poux ,  p.  153.   Il  tâche  de  broiiillerlc 
Roy  de  Navarre  avec  fon  Epoufe  ,  & 
avec  le  Vicomte  de  Turenne,  l.  3.  p. 


TABLE 
397. 6c  fuiv.  Il  confent  que  le  Duc  d'An- 
jou aille  traiter  de  la  Paix  avec  le  Koy 
de  Navarre  ,  p.  305.  11  refufe  de  voir 
aucun  des  Seigneurs  qui  doivent  ac- 
compagner fon  Frère  dans  les  Païs-Bas , 
p.  311.  Il  regarde  le  Roy  de  Navarre 
comme  fon  fucceiTeiir  neceflaire ,  &  ac- 
cueille tous  ceux  qui  font  attachez  à  ce 
Prince,  p.  323.  de  fuiv.    Il  eft  obfedé  6c 
trahi  par  les  EmifTaires  de  la  Ligue ,  p* 
317.  Il  preOTe  le  Roy  de  Navarre  de  fe 
faire  Catholique  &  de  venir  à  la  Cour, 
p.  318.  &  fuiv.  Il  demande  avec  mena- 
ces un  Valet  de  Chambre  de  la  Reine 
de  Navarre  que  le  Roy  fon  Epoux  avoic 
fait  arrêter ,  p.  339.  îl  donne  un  rigou- 
îêux  Edit  contre  les  C al v in iftes  Scieur 
déclare  la  guerre  ,  p.  351.  U  donne  le 
commandement  de  l'armée  au  Duc  de 
Mayenne ,  p.  356.  i  1  empêche  fous-main 
la  ruine  du  Roy  de  Navarre  ,  p.  373.  H 
envoie  la  Reine  Mère  conférer  à  Saint- 
Brix  6c  lui  donne  des  Efpions ,  p.  374. 
te  fuiv.    La  Ligue  extorque  de  lui  de 
nouveaux  Edits  contre  les  Calviniiles  > 
2c  contre  le  Roy  de  Navarre  en  parti- 


DES  MATIERES. 
rulier,p.  410.  Il  fe  retire  à  Chartres, 
ibid.  11  convoque  l'AfTemblée  des  Etats 
Généraux  à  Blois ,  p.  41 1.  6c  fuiv.  Il  y 
fait  alTaffiner  le  Duc  &  le  Cardinal  de 
Guife  ,  &  arrêter  le  Cardinal  de  Bour- 
bon &  l'Archevêque  de  Lyon ,  p.  410. 
Il  ufe  de  clémence  à  contre-temps  ,  ce 
nui  donne  à  tout  le  monde  la  facilite  de 
fe  foule  ver  contre-lui ,  p.  411.  Il  trake 
avec  le  Roy  de  Navarre  &  joint  [es 
troupes  aux  fiennes  ,  p.  411.  &  fuiv.  Il 
aiTiege  Paris  ,  p.  418.  Il  eil  aflailnié  à 
Saiiit-Cloud,  p.  415?.  Il  déclare  le  Roy 
de  Navarre  fon  fuccefleur  légitime  ,  &: 
oblige  tous  les  Seigneurs  à  lui  prêter 
ferment  de  fidélité  ,  ibid. 

Hc?^ry  IF.  Roy  de  France.  Henry  IV. 
Roy  de  France  ôc  de  Navarre.  Il  con- 
fultele  Vicomte  de  Turennefur  fa  con- 
verfion ,  T.  2.  1.  4.  p.  5.  Il  attaque  £c 
emporte  les  Fauxbourgs  de  Paris  ,  p.  5?. 
11  abandonne  le  fiege  de  Paris  &  va 
avec  toute  fon  armée  au-devant  du  Duc 
de  Parme  ,  p.  li.  Il  licentic  une  partie 
de  fcs  troupes ,  p.  14.  Il  envoie  le  Vi- 
comte de  Turenne  en  Angleterre ,  en 


TABLE 
Hollande ,  &  en  Allemagne  demander 
des  fecours  d'hommes  ôc  d'ar^^ent ,  p. 
15).  Se  fuiv.  Il  prend  Noyon  ,  p.  37.  Il 
fait  la  revue  des  Troupes  que  le  Vi- 
comte de  Turenne  lui  avoic  amenées 
d'Allemagne  ,  ibid.  Il  fait  époufer  à  ce 
Prince  l'heritiere  de  Boiiillon  &c  de  Se- 
dan;, p.  38.  &:  fuiv.  11  affiege  Rouen  5 
p.  43.  &  fuiv.  Il  en  levé  le  fiege»  p.  48. 
Il  aÎTicge  de  prend  Epernay  en  Cham- 
pagne ^  p.  50.  Il  licentie  l'armée  d'Al- 
lemagne ,  ibid.   Réduction  de  Paris  à 
fon  obéifTance ,  ibid.  Il  fait  le  fiege  de 
Laon  î   p-  58    II  déclare  la  guerre  au 
Roy  d'Efpagne ,  p.  60.  &.  fuiv.  Il  prend 
à  fon  ferviceles  troupes  que  le  Duc  de 
Lorraine  avoit  congédiées  ,  p.  74.    Il 
reçoit  fon  abfolution  du  Pape ,  p.  5?^.  Il 
envoie  demander  à  la  Reine  d'Angle- 
terre des  fecours  pour  Calais ,  p.  100. 
&  fuiv.  Il  rejette  la  demande  que  cette 
PrincelTe  lui  fait  de  cette  Place ,  p.  104. 
Il  fait  un  traité  de  ligue  ofFenfive  &:  dé- 
fenfive  avec  l'Angleterre  &  la  Hollan- 
de contre  l'Efpagne  ,  T.  1.  1.  5.  p.  1^)6. 
&;  fuiv.  Il  bloque  Amiens  que  les  Ef-. 


DES  MATIERES, 
pagnols  avoient  furpris  jp.  17  • .  Il  dé- 
pute le  Comte  de  Schomberg  &  pki- 
ficurs  autres  Seigneurs  à  rAlTemblée 
des  Calviniftes,  p.  ifji.  Il  invite  le  Duc 
de  Bouillon  àfe  rendre  auprès  de  lui  au 
fiege  d'Amiens ,  p.  15)4.  11  reprend  A- 
miens  ,  p.  1^6.  Il  va  en  Bretagne  pour 
en  achever  la  réduction  ,  p.  157.  11  or- 
donne aux  Ducs  de  Bouillon  6c  de  la 
Tremoille  ,  de  fe  rendre  auprès  de  lui , 
i'bid.  11  reçoit  les  foùmillions  du  Duc. 
de  Mercœur,  ibid.  6c  fuiv.  Il  va  à  Nan- 
tes ,  p.  I5?8.  Il  y  accorde  aux  Calviniftes 
k  fameux  Edit  de  Nantes  ,  ibid.  llcon- 
clud  la  Paix  de  Vervinsavec  l'Efpagne, 
.p  15)5).  11  marie  la  PrinceiTe  fa  Sccur  a- 
vec  le  Fils  aîné  du  Duc  de  Lorraine  , 
p.  201.  Il  déclare  la  guerre  au  Duc  de 
Savoye  ,  &  s  empare  de  tout  fon  Païs  > 
p.  2.12.  li  découvre  les  intelligences  da 
Maréchal  de  Biron  avec  ce  Prince ,  6c 
lui  pardonne  .  p.  21 3.  Il  fait  rompre  fou 
mariage  avec  Marguerite  de  Valois , 
&  époufe  Marie  de  Medicis ,  p.  214.  il 
fait  la  paix  avec  le  Duc  de  Savoye,  ibic^. 
Il  témoigne  au  Duc  de  Bouillon  les  fu- 


TABLE 
jets  de  mécontentement  qu'il  avoit  con- 
tre lui  ?  p.  liy.  Il  apprend  de  Lafin  en 
lui  faifant  grâce  de  la  vie ,  toute  la  con- 
fpiration  de  Biron  ,  p.  irS.  6c  fuiv.  Il 
revient  à  Fontainebleau,  p.  no.  liman- 
de le  Maréchal  de  Biron  ,  le  fait  arrê- 
ter ,  6c  l'abandonne  à  la  rigueur  des 
Loix  ,  ibid.  Qiiel  étoit  le  deflein  de 
€ette  confpiration  5  p.  m.  Il  foupçonne 
le  Duc  de  Bouillon  d'y  avoir  trempé , 
p.  211.  11  lui  écrit  de  fe  rendre  auprès 
de  lui  ,p.  224.  Le  refus  de  ce  Duc  aug- 
mente fes  foupçons ,  p.  117.  Il  fait  dé- 
fenfes  à  la  Chambre  de  Caftres  ,  de 
connoître  de  cette  affaire,  p.  125).  Il  don- 
ne ordre  d'arrêter  le  Duc  de  Bouillon  > 
ibid.  Il  trouve  mauvais  que  les  Calvi- 
niftes  lui  aïent  fait  des  remontrances 
en  fa  faveur ,  p.  x}4..  11  confulte  la  Rei- 
ne d'Angleterre  fur  la  conduite  qu'il 
doit  tenir  dans  l'affaire  prefente ,  p.  137. 
Il  diflimule  touchant  la  réponfe  de  cette 
Princefle,p.  243.  6c  fuiv.  Belle  6c  fage 
réponfe  qu'il  fait  aux  Ennemis  du  Duc 
de  Bouillon,  p.  255).  Il  ordonne  à  ce  Duc 
ÛQk  rendre  à  la  Cour  dans  deux  mois 


DES  MATIERES, 
pour  tout  délai  3  autrement  il  protefte 
qu'il  le  traitera  comme  un  Sujet  rebele 
êc  defobéiirant ,  p.  163.  Il  envoïe  féli- 
citer Jacques  1.  fur  (on  avènement  à  la 
Couronne  d'Angleterre ,  àc  renouveller 
avec  lui  les  anciennes  alliances  ,p.  i66. 
6c  fuiv.  Il  va  rétablir  fon  autorité  dans 
les  Provinces  de  delà  la  Loire,  p.  175. 
Se  fuiv.  Il  en  coûte  la  vie  à  plufieurs. 
Partifans  du  Duc  de  Bouillon  ,  p.  i7<. 
11  rejette  les  follicitations  des  Suiffes 
en  fa  faveur,  ibid.  A  quelles  conditions, 
il  lui  oftre  fa  grâce  ,  p.  177.  11  levé  une 
armée  confiderable  &  marche  vers  Se- 
dan ,  ibid.  Il  accorde  au  Duc  de  Boiiil- 
Ion  l'abolition  de  tout  le  palfé  ,  p.  275?. 
Il  lui  rend  la  Ville  6c  le  Château  de 
Sedan,  p.  281.  Il  forme  de  grands  pro- 
jets qu'on  n'a  jamais  bien  connus ,  1.  6. 
p.  25)2.  &:fuiv.  Il  eftaflailîné,  p.  i5?3. 

Saini-Heran.  Képonfe  de  Saint-He- 
ran  à  l'Envoyé  du  Roy  qui  lui  apportoit 
des  ordres  pour  faire  arrêter  le  Vicom- 
te de  Turenne,  T.  1. 1. 1.  p.  115.  &fun.:. 
Il  avertit  fecrettcmcnt  le  Vicomte  d<4 
penfer  à  fa  siu'cté ,  p.  117. 


T    i\    B    L    E 
B'Humieres.  Exploits  de  d'Humieres 
à  l'attaque  de  Ham  ,  T.  2.  1.  4.  p.  81, 
£c  fuiv.  Il  y  eft  tué ,  p.  87. 


j^cqnes  7.  Jacques  I.  fuccede  en  An- 
gleterre à  la  Reine  Elifabeth  ,  T.  2. 
1.  ^.  p.  266.  Il  renouvelle  avec  le  Roy  de 
France  les  Traitez  d'alliance  ,  ibid.  Il 
refufe  fon  entremife  au  Duc  de  Bouil- 
lon 5  p.  276.  !  1  traitte  avec  lui  en  qua- 
lité d'Àmbaiïadeur  extraordinaire  de 
France ,  1. 6.  p.  372.  &;fuiv.  Il  lui  accor- 
de toutes  {qs  demandes  à  la  referve  de 
ce  qui  conccrnoit  la  dernière  Aflem- 
blée  des  Calvinifles  à  Saumur ,  ibid.  Il 
donne  en  maria[re  la  Princeffe  Elifa- 
beth  au  jeune  Elecleur  Palatin  ,  p.  382. 
Il  protège  l'AlTemblée  àts  Calviniftes 
à  Grenoble  ,  T.  3. 1.  7.  p.  68.  &  fuiv. 
Il  s'entremet  de  l'accommodement  du 
Prince  de  Condéavec  ]aCour,p.  86.  &  f. 
Jeannin-  Le  Prefident  Jeannin  admi- 
niilre  les  Finances  dans  la  minorité  de 
Louis  XIII.  T.  1.  1.  6.  p.  318.  Haine 


DES  MATIERES. 
C|iie  lui  porte  le  Prince  de  Condë  &  les 
Grands  de  fon  parti ,  p.  4O1.  Il  ne  laifle 
pas  d'être  confideré  du  Duc  de  Bouil- 
lon, ibid.  Ce  Duc  lui  adrefTe  une  lettre 
en  forme  de  Manifefte,  T.  3. 1.  7.  p.  54. 
11  négocie  l'accommodement  du  Prince 
de  Condé  ,  p.  58.  La  Reine  l'empêche 
de  réufllrdans  fa  négociation, p.  55).  Sa 
rcponfe  aux  Habitans  deNoyonaufu* 
jet  du  Duc  de  Mayenne,  p.  60.  &  fuiv. 
Sa  difgrace  ,  p.  113.  Son  rappel,  1.  S. 
p.  15)0. 

Joyeufe.  Le  Duc  de  Joyeufe  fait  de 
grandes  careffes  au  Vicomte  de  Turen- 
nej  dans  quelle  vue,  T.  i.  1.  3.  p.  315. 
Il  favorife  en  fecret  le  parti  des  Gui- 
fes  ,  p.  317.  Il  veut  inutilement  s'op- 
pofer  au  pafTage  du  Vicomte  de  Tu- 
renne,  p.  388. 11  perd  la  bataille  de  Cou- 
rras ,  p.  35)1.  &  fuiv.  Ily  efttué,p.3<?^. 
Ses  funérailles ,  p.  35)7. 


L 


Afin.  Caractère  ,  de  Lafîn  ,  T.  1. 1. 
5.  p.  i  07.  11  gagne  la  confiance  du 


T  A  :■  L  E 
Maréchal  de  Biroii,  ibid.  Il  l'engage  par 
fes  artifices  dans  une  confpiration,  ibid. 
&  fuiv.  il  découvre  au  Roy  toute  cette 
eonfpiracion  ,  p.  iiS.  de  fuiv.  Il  engage 
Biron  à  fe  rendre  à  la  Cour  ,  p.  iio. 

Lavardin.  Lavardin  gagne  la  con- 
fiance du  iloyde  Navarre,  T.  i.  1.  i. 
p.  113.  Défiance  que  la  Noue  a  de  lui , 
ibid.  Le  Roy  de  Navarre  lui  donne  le 
commandement  de  (qs  troupes ,  p.  225. 
Mécontentement  qu'en  ont  le  Vicomte 
de  Tu  renne  &  la  Noue  ,  ibid.  Le  Vi- 
comte de  Tu  renne  lui  fait  une  querelle , 
p.  236.  Ses  exploits  à  la  bataille  de  Cou- 
rras ,  p.  35)4. 

Lej'dtgmeres.  Le  Maréchal  de  Lefdi- 
guieres  s'empare  de  toute  la  Savoye  > 
T.  2. 1. 5.  p.  21 1.  ôc  fuiv.  Il  fe  ligue  con- 
tre les  Minières ,  l.  6.  p.  382.  il  accep- 
te le  commandciTient  de  Tarmée  contre 
le  Duc  de  Rohan  ,  p.  388.  Il  fe  recon- 
cilie avec  ce  Duc ,  p.  35)1.  &  fuiv.  Il  fe 
ligue  contre  le  Maréchal  d'Ancre  ,  T. 
3.  1.  8.  r.  187.  Il  fe  fait  Catholique  jp. 
z6z.  Il  e.i.  fait  Connétable,  ibid. 

lig.c  v  rigine  de  la  Ligue  ,  T.  i* 


DES  M  A  T  T  E  R  Ë  S,  ^ 
î.  1.  p*  115.  àc  fuiv.  Elle  fe  fait  craindre 
du  Roy ,  p.  142.  6c  fuiv.  Son  deflein  eft 
d'éloigner  le  Roy  de  Navarre  de  la  fuc- 
ceilion  à  la  Couronne  ,  1.  3.  p.  316.  ôC 
fuiv.  Elle  devient  très-puillante ,  p.  317. 
Elle-contraint  le  Roy  à  déclarer  la  guer- 
re aux  Calvinilles,  p.  351.  Sa  haine  par- 
ticulière contre  le  Roy  de  Navarre  ,  p. 
37  : .  Se  fuiv*  Elle  ne  garde  plus  de  me- 
fures  avec  Henry  1 1 1.  p.  410.  Elle  fe 
dilîipe  entièrement  par  la  converfion 
d'Henry  IV.  &:  par  la  réduction  de  Pa- 
ris ,  T.  2.1.  4.  p.  S7. 

Longuevîlle.  Le  Duc  de  Longueville 
embraiîe  le  parti  du  Prince  de  Condé 
contre  la  Cour,  T.  2.  \.  6.  p.  407.  il 
joint  ce  Prince  à  Mczieres,  p.  416.  Il 
fait  fa  Paix,  T.  3. 1.7.  p.  12.  Il  fe  brouil- 
le de  nouveau  avec  la  Cour  &  fe  retire 
en  Picardie  ,  p.  53.  Se  fuiv.  Sa  haine 
contre  le  Maréchal  d'Ancre,  p. 64.  Il 
refufe  obftinément  de  figner  k  Paix  à 
moins  qu'on  n'ôte  à  ce  Maréchal  le 
gouvernement  de  la  Citadelle  d'A- 
miens, p.  106.  11  enlevé  plufieurs  Pla- 
ces à  ce  Maréchal ,  di  refufe  abfolu- 


TABLE 
jHent  de  les  rendre ,  p.  131.  &  fuiv.    Il 
fe  ligue  avec  les  Seigneurs  Mecontens, 
1.  8.  p.  155.  &  fuiv.    H  fait  (on  accom- 
modement en  particulier,  p.  163. 

Lorraine.  La  Maifon  de  Lorraine  tou- 
te puiiïante  en  France  (ousleRe2;ne  de 
François  IL  T.  i.  1.  i.p.  10.  Elle  dé- 
choit de  cette  2;rande  autorité  fous  ce- 
lui de  Charles  jX.  p.  13.  La  Ligue  lui 
donne  de  grandes  efperances  pour  la 
fucceffion  à  la  Couronne  ,  1. 3.  p.  316.  6c 
fuiv. 

Louis  XI IL  Louis  X  i  n .  Roy  de  Fran- 
ce &  de  Navarre.  Sa  naiiFance  ,  T.  2. 
1.  5.  p.  216.  Son  facre,  1.  6.  p,  311.6c 
fuiv.  On  conclud  fon  mariage  avec  An- 
ne  d'Autriche  fille  aînée  de  Philippe 
IIL  Roy  d'Efpagne ,  p.  367.  Il  eft  dé- 
claré majeur  ,  T.  3.1.  7.  p.  12-  llrefufe 
les  remontrances  du  Parlement  ,  p.  28. 
&  fuiv.  Il  le  traite  avec  plus  de  dou- 
ceur, p.  54.  &  fuiv.  Il  écrit  plufieurs 
fois  mais  inutilement  au  Prince  deCon- 
dé  pour  l'engager  à  revenir  à  la  Cour, 
p.  ^6.  Il  part  pour  la  Guyenne  ,  p.  65. 
Il  donne  uneDéclaration  contre  le  Pria? 


DES  MATIERES. 
ce  de  Condé  ,  &  fes  adherans  ,  ibid.  Il 
époiife  l'Infante  d'Efpagne  ,  p.  8i.  Il 
envoie  des  Commifînires  à  Louduii 
traiter  de  la  Paix  avec  le  Prince  de  Con- 
dé, p.  5?4.  &:fuiv.  II  transfère  l'Anem- 
ble'e  des  Calviniftes  à  la  Rochelle,  ôc 
leur  permet  d'envoïer  des  Députez  aux 
Conterences  de  la  Paix,  ibid.  Conclu- 
fion  de  la  Paix ,  p.  iii.  Il  fait  arrêter  6c 
conduire  à  la  Baftille  le  Prince  de  Con- 
dé ,  p.  137.  Il  donne  une  Déclaration 
contre  ce  Prince ,  I.  8.  p.  161.  11  accor- 
de un  Acie  d'abolition  aux  Seigneurs 
liguez  ,  p.  165?.  Il  tombe  dangereufe- 
ment  malade ,  p.  170.  Il  fe  dégoûte  du 
î^ouvernement  de  la  Reine  fa  Mère  Sc 
du  Maréchal  d'Ancre  ,  ibid.  èc  fuiv. 
Sa  réponfe  à  la  lettre  du  Duc  de  Bouil- 
lon p.  178.  &  fuiv.  Il  déclare  les  Sei- 
gneurs Mecontcns  ,  Rebeles  ôc  Crimi- 
nels de  leze-Majelté  ,  p.  185.  6c  fuiv.  Il 
eonfent  à  la  perte  du  Maréchal  d'An- 
cre ,  p.  187.  Il  rappelle  les  anciens  Mi- 
niftres ,  p.  ic)o.  Il  fe  brouille  avec  la 
Reine  fa  Mère  ,  ibid.  Il  accorde  aux 
Seigneurs  liguez  une  abolition  de  tout 


T  A  Ë  L  E 
le  paiïe,  p.  ïc)6.  Il  s'accommode  avec 
la  Reine  fa  Mère ,  p.  217.  11  fe  brouille 
de  nouveau  avec  elle  6c  fe  pre'parè  à  lui 
faire  la  guerre  ,  ibid.  &  fuiv.  Défaite 
de  l'armée  de  la  Reine  par  l'armée  du 
Roy ,  p.  214.  Il  fait  la  Paix  avec  cette 
Princefle ,  ibid.  Il  envoie  des  Ambaifa- 
deurs  en  Allemagne  pour  pacifier  les 
differens  furvenus  entre  l'Empereur  ôc 
l'Eledeur  Palatin  ,  p.  246.  &  fuiv.  11 
rétablit  la  Religion  Catholique  dans  le 
Bearn,p.  245>.&fuiv.  Il  déclare  rAifem- 
blée  des  Calviniftes  à  la  Rochelle  illici- 
te >  &  ceux  qui  y  affifteront  Criminels 
de  leze-Majefté,p.  251.  11  arme  contre 
eux,  p.  255.  Il  foumet  le  Poitou  &  la 
Guyenne ,  p.  161.  1 1  alîiege  Montauban, 
ibid.  Il  maintient  la  neutralité  pour  les 
terres  du  Duc  de  Boiiillon ,  p.  263.  6c 
fuiv.  Prife  &c  Sac  de  NegrepelifTe  ,  p. 
166.  &  fuiv.  Il  afîiege  Montpellier,  p. 
268.  Il  accorde  la  Paix  aux  Calviniftes , 
p.  281. 

De  Lûmes.  De  Luines  favori  de  Louis 
treize ,  T.  3. 1.  7.  p.  128.  Il  entre  dans 
h  complot  contre  le  Maréchal  d'Ancre> 


Ê«ES  MATIERES, 
f.  i  '5?.  Il  prévient  l'efprit  dit  Roy  coîV* 
tre  la  Reine  ôc  contre  ce  Maréchal ,  1. 
8.  p.  1 54.  &  fuiv.  Il  fait  confencir  le  Roy 
à  la  perte  du  Maréchal ,  p.  187.  il  gou- 
verne ablolument  refprit  du  Roy  ,  p# 
i5>i.  &  fuiv.  Il  eflfait  Connétable  ,  p. 
155.  Sa  mort,  p.  261. 


M 


Fvf^y/f/^.  Mansfeld  fils  naturel  du 
_  _  Gomte  de  ce  nom ,  vient  avec  des 
troupes  fur  les  frontières  de  France  à  la 
follicitation  du  Duc  de  Bouillon  ,  T.  3. 
1.  8.  p.  170.  &  fuiv.  Caradlere  de  cet 
avanturier ,  ibid.  Il  fe  laille  amufer  par 
le  Duc  de  Nevers ,  p.  274.  6c  fuiv.  U 
va  au  fecours  des  Provinces-Unies ,  p. 
275?.  6c  fuiv. 

Marguerite  de  Valois.  Marguerite  de 
Valois.  Son  mariage  avec  le  Prince  de 
Bcarn ,  depuis  Roy  de  Navarre  ,  enfuite 
de  France,  T.  i.l.  i.p.  41.  ôc  fuiv.  Son 
ëloignement  pour  le  Roy  fon  Epoux, 
1-  2.  p.  252.  &:  fuiv.  Elle  accompagne  la 
Reine  Mère  tpi  va  en  Guyenne  pour 


TABLE 
îâ  reconcilier  avec  fon  Mari  ,  p^  161, 
ôcfuiv.  Réception  que  lui  fait  le  Roy  de 
Navarre  ,  ibid.  Son  accommodement 
avec  ce  Prince  ,  p'  274.  Elle  forme  des 
intrigues  &;  donne  au  Duc  d'Anjou  des 
confeils  qui  achèvent  de  la  perdre  dans 
Tefprit  du  Roy  fon  Frère ,  1.  3.  p.  ^5)6; 
Le  Roy  veut  s'en  venger  en  la  brouillant 
avec  fon  mari ,  p.  2^7.  &:  fuiv.  Elle  tra- 
hit le  Roy  fon  Epoux  &  favorife  fous- 
main  les  entreprifes  de  la  Ligue ,  p.  318. 
&  fuiv.  Ses  intrigues  de  concert  avecla 
Reine  Mère  en  faveur  de  la  Ligue,  p. 
537.  &:  fuiv.  Elle  quitte  fecrettement  ta 
Cour  de  fon  Epoux  &  fe  retire  à  Agen , 
p.  341.  DilTolution  de  fon  mariage  >  T. 
2.  1.  5.  p.  2 14.  '  : 

Aiarie  de  Aledlcis.  Marie  de  Mcdicis. 
Son  mariage  avec  le  Roy  Henry  quatre, 
T.  2. 1.  5.  p.  214.  Elle  accouche  du  Dau- 
phin ,  p.  ik6.  Elle  s'entremet  de  l'ac- 
commodement du  Duc  de  Bouillon  avec 
le  Roy ,  p.  278.  Elle  eft  déclarée  Régen- 
te du  Royaume  après  la  mort  du  Roy , 
1. 6.  p.  300.  Elle  craint  le  Duc  de  Bouil- 
lon ^  lui  redonne  fon  amitié,  p.  310. 


DES  MATIERES. 
Se  fuiv.  Elle  dépouille  le  Duc  de  Sully 
de  toutes  fes  Charges  ëc  Emplois  ,  p. 
317.  &  fuiv.  Elle  permet  rAiremblée  des 
Calviniftes  à  Chatelleraut,  p.  310.  Ses 
craintes  au  fujetde  cette  Alfemble'e ,  p. 
32 1.  Se  fuiv.  Elle  mande  le  Duc  de  Bouil- 
lon pour  en  conférer  avec  lui  ,p.  322. 
OfFrcs  avanragenfes  qu'elle  fait  faire  à 
ce  Duc  ,  p.  314.  Elle  indique  l'AfTem- 
blée  à  Saumur  au  lieu  de  Chatelleraut, 
p.  327.  Sa  réponfe  aux  Députez  de  l'Af- 
femble'e ,  p.  341. 6c  fuiv.  Elle  écrit  à  F  Af- 
femblée  une  lettre  des  plus  vives  par  le 
Confeil  du  Duc  de  Boiiillon ,  p.  345^." 
&  fuiv.  Importance  du  fervice  que  lui 
rend  ce  Duc  dans  cette  occafion ,  p.  352. 
àc  fuiv.  Elle  envoie  les  Minillres  en 
Corps  l'en  remercier  de  fa  part,  p.  362. 
Elle  lui  donne  l'Hôtel  de  Boiiillon ,  ibid. 
Elle  lui  refufe  le  gouvernement  de  Poi- 
tou, ibid.  &:  fuiv.  Elle  conclud  le  dou- 
ble, mariage  avec  l'Efpagne  ,  p.  367.- 
Elle  rappelle  à  la  Cour  les  Princes  &:  les 
Seigneurs  qui  s'en  étoient  éloignez  me- 
contens  ,  &  obtient  leur  confentement" 
pour  ce  double  mariage ,  p.  368.  &  fuiv. 


TABLÉ 
Elle  envoie  des  Ambafladeurs  aux  Prin- 
ces Proteftans  pour  leur  communiquer 
ces  mariages  Se  les  prier  de  ne  s'y  point 
oppofer ,  p.  370.  Elle  envoie  le  Duc  de 
Bouillon  en  Angleterre  ,  ibid.  Inftruc- 
tions  qu'elle  lui  donne,  p.  371.  6c  fuiv. 
Elle  veut  punir  le  Duc  de  Kohan  com- 
me un  Rebele,  p.  385.  &  fuiv.  Elle  re- 
çoit fes  foumiffions ,  p.  385).  6<  fuiv.  Elle 
déclare  illicites  les  Affemblées  des  Cal- 
viniiles ,  &  leur  défend  de  s'aflembler 
davantage  fans  la  permiffion  du  Roy, 
p.  3^3.  &  fuiv.  Elle  congédie  les  Minif- 
tres ,  puis  elle  les  rappelle ,  p-  35^6.  Les*- 
affaires  d'Italie  l'obligent  à  rappeller  à 
là  Cour  les  Princes  &  les  Seigneurs  Me^: 
contens,  p.  35)7.  &  fuiv.  Elle  refufead- 
Prince  de  Condé  le  gouvernement  du- 
Château-Trompette ,  p.  404.  Elle  tient 
confeil  fur  la  fuite  de  ce  Prince  ,■  p. 
411.  &  fuiv.  Elle  1  envoie  inutilemènc 
prier  de  revenir  à  la  Cour  ,•  p.  •  414.  ^ 
iliiv.  Sa  réponfe  à  la  lettre  de  ce  Prince, 
p.  418.  ôcfuiv.  Elle  lui  accorde  la  tenue 
des  Etats  Généraux ,  ibid.  Elle  met  une 
^rmée  fur  pied,  T.  3. 1. 7.  p.  i.  &fuiv. 


DES  MATIERES. 
Bile  conclnd  un  Traité  avec  le  Prince 
de  Condé  6c  les  Seigneurs  de  fon  parti , 
p.  3.  &  fuiv.  Après  la  tenue  des  Etats 
Généraux ,  elle  reprend  fa  première  au- 
torité ,  p.  13.  6c  fuiv.  Elle  traite  le  Par- 
lement avec  beaucoup  de  hauteur,  p. 
28.  6c  iuiv.  Elle  conclud  malgré  le  Prin- 
ce de  Condé  le  voïage  de  Guyenne, 
pour  accomplir  le  double  mariage ,  p. 
51.  6c  fuiv.  Elle  traite  le  Parlement  avec 
plus  d'égards ,  p.  54.  èc  fuiv.  Elle  s'at- 
tache à  regagner  le  Prince  de  Condé , 
p.  56.  6c  fuiv.  Elle  fait  rompre  les  né- 
gociations avec  ce  Prince,  p.  58.  d>i  fuiv.- 
Ellc  ne  garde  plus  aucunes  mefures  avec 
lui ,  p.  64.  ôc  fuiv.  Elle  part  avec  le  Roy 
pour  la  Guyenne  ,  p.  65.  Elleconfomme 
l'affaire  du  double  mariage,  p.  80.  Elle 
recherche  la  Paix  ,  p.  82.  6c  fuiv.  Elle 
accorde  toutes  les  demandes  du  Prince 
de  Condé  S>i  des  Seigneurs  de  fon  parti  > 

Î>.  107.  5c  Iuiv.  Elle  s'attache  a  divifer 
es  Seigneurs  du  parti  de  ce  Prince  .  p; 
ii'j.  hlle  tire  le  Duc  d'Angoulème  dé 
la  Baftille  pour  lui  donner  le  comman-' 
dément  de  l'armée  deftinée  contre  le 


TABLE 
Duc  de  Longue  ville  ,  p.  133.  Elle  fait 
arrêter  6c  conduire  à  la  Baiîille  le  Prin- 
de  Condé ,  p.  1 37.  &  fuiv.  Elle  a  def- 
fein  de  faire  le  même  traitement  à  tous 
les  Seigneurs  du  parti  de  ce  Prince ,  mais 
ils  fe  retirent  à  propos  de  la  Cour  ,  I. 
S.  p.  147.  àc  fuiv.  Elle  traverfe  les  dcf- 
feins  du  Duc  de  Boiiillon  ,  p.  178.  Elle 
envoie  des  Troupes  contre  les  Seigneurs 
liguez ,  p.  1 84.  Sa  difgrace.  Elle  q  u  ie 
la  Cour  &  fe  retire  à  Blois ,  p.  1510.  êc 
fuiv.  Elle  travaille  à  recouver  fa  pre- 
mière autorité  ,  p.  204.  &  fuiv.  Elle  fe 
fauve  de  Blois  6c  fe  retire  a  Angoulê- 
me  ,  p.  1 14.  &  fuiv.  Elle  s'accommode 
avec  le  Roy  fon  Fils  ,  p.  2 17.  Elle  fe 
brouille  de  nouveau  avec  lui ,  6c  fe  pré- 
pare à  la  guerre  ,  ibid.  6c  fuiv.  La  dé- 
route de  fon  armée  au  Pont  de  Ce ,  l'o- 
blige à  s'accommoder  avec  le  Roy  ,  p. 

De  la  Mark.  Charlotte  de  la  Mark , 
Sœur  du  jeune  Duc  de  Boiiillon  ,  hé- 
ïite  de  lui  la  Principauté  de  Sedan  ^ 
de  Bouillon ,  T.  1. 1. 3.  p.  407.  Claufes 
l^us  lefquellefi  elle  peut  joiiir  de  ces  hé- 
ritages 5 


DES  MATIERES, 
rkages  ,  T.  i.  1.  4.  p.  38.  Elle  efl:  re- 
cherchée en  mariage  par  plufieurs 
Princes,  ibid.  Elle  fe  marie  avec  le  Vi- 
comte de  Turenne  ,  p.  40.  Sa  mort , 
p.  57.  Elle  fait  fon  Mari  héritier  de 
tous  fes  biens ,  ibid.  &:  fuiv. 

Marmet.  Marmet  Miniftre  du  Roy 
de  Navarre  ,  détourne  ce  Prince  d'em- 
brafTer  la  Religion  Catholique  ,  T.  i. 
1.  3.  p.  331. 

Aiatig?zon.  Le  Maréchal  de  Mati2;non 
commande  les  armées  du  Roy  en  Nor- 
mandie, T.  1. 1.  I.  p.  105).  11  joint  {c% 
croupes  à  celles  du  Duc  de  Mayenne , 
1.  3.  p.  565).  11  fe  brouille  avec  ce  Duc, 
Ôc  le  traverfe  fecrettement  par  l'ordre 
du  Roy,  p.  371.  &  fuiv. 

Mayenne.  Le  Duc  de  Maïenne  com- 
mande l'armée  du  Roy  en  Poitou  ,  Te 
I.  1.  2.  p.  137.  il  commande  l'armée  en 
Guyenne,  1.  3.  p.  556.  ^c  fuiv.  Il  joinc 
fes  troupes  à  celles  du  Maréchal  de  Ma- 
tignon ,  p.  565?.  11  eil  traversé  fecrette- 
ment par  ce  Maréchal ,  p.  37Z.  Il  com- 
mande en  Dauphiné  contre  les  Caivi- 
Hiflcs,  p.  411.  Il  attaque  &  prend  Iç 


TABLE 
Faubourg  de  Tours  :  Le  Roy  dç  Na- 
varre l'oblige  à  fe  retirer  ,  p.  42^.  & 
fuiv.  Il  obtient  du  Duc  de  Parme  du 
fecours  pour  Paris ,  T.  ,.  1.  4.  p.  8.  ôc 
fuiv.  Il  va  au  iecours  de  Roiien  aflie- 
gé  par  le  Roy  ,  p.  48.  Il  prend  le  parti 
du  Prince  de  Condé  contre  la  Cour , 
1.  6.  p.  407.  Il  fe  retire  à  Soiflons,  p. 
4u8.  11  joint  le  Prince  de  Condé  à  Me- 
zieres  ,  p.  416.  Il  fait  fa  Paix  ôc  revient 
à  la  Cour,  T.  3.  1.  7.  p.  11.  &  fuiv.  Il 
fe  broiiille  de  nouveau  &  fe  retire  à 
Soinons ,  p.  53.  &  fuiv.  Il  revient  à  la 
Cour, p.  113  U  demeure  toujours  at- 
taché au  Prince  de  Condé  ,  p.  124.  II 
projette  la  ruine  du  Marêchafd'Ancre  > 
p.  1 16.  6c  fuiv.  L'emprifonnement  du 
Prince  de  Condé  Tobllge  à  quitter  la 
Cour ,  1.  8.  p.  145.  6^  fuiv.  11  forme  une 
ligue  avec  les  Seigneurs  Mecontens , 
p.  1^5.  &  fuiv.  Il  cil  déclaré  criminel 
de  leze-Majefté  ,  p.  184.  Il  eft  affiegé 
dans  Soiflons  par  le  Duc  d'Angoulême, 
ibid.  1 1  fait  fa  Paix  &  revient  à  la  Cour> 
p.  189.  6:  fuiv. 

Mmnetir^  L  armée  du  Duc  de  Mer- 


HD  E  s  MATIERES, 
coeur  eft  mile  en  fuite  par  celle  du  Vi- 
comte de  Turenne  qui  lui  pille  fon  ba- 
gage, T.  I.  1.  3.  p.  387.  il  fe  joint  aa 
Duc  de  Joyeufe  pour  attendre  le  Vi- 
comte à  fon  retour ,  mais  ils  ne  peuvent 
s'oppofer  à  fon  pafTage,  p.  388.  11  don- 
ne à  la  Reine  Eliiabeth  des  avis  qui 
retardent  la  conclufion  du  Traité  avec 
la  France,  T.  2.  1.  ^.p.  154.  Il  fait  fa 
Paix  avec  le  Roy ,  p.  197. 

La  Mole.  La  Mole  gagne  la  confian- 
ce du  Duc  d'Alençon ,  T.  1. 1.  i.  p.  68. 
&;  fuiv»  Il  engage  ce  Prince  dans  une 
confpiration  ,  p.  105?.  Il  eft  arrêté  6c 
condamné  à  mort ,  p.  i  to.  &  fuiv.  Tra- 
hifon  du  Comte  de  Montai  à  Pendroit 
du  Vicomte  de  Turenne  ,  T.  i.  1.  r. 
p.  118.  Il  eft  blelfé  à  mort  au  fiege  da 
Château  de  Miraumont  ,  1.  i.  p.  i^r» 

Montgomcry-  Le  Comte  de  Montgo- 
mery  vient  d'Angleterre  au  fecours  de 
la  Rochelle  :  Il  fe  contente  de  piller 
Belle-lfle,  T.  i.  1.  i.  p.  65.  &  fuiv. 
Il  fait  une  defcentedans  la  Normandie, 
&  y  prend  plufieurs  petites  Places ,  p. 

Rij 


TABLE 

Montmorency.  Anne  de  Montmoren* 
cy  Connétable  de  France  ,  eft  fait  pri- 
fonnier  à  la  bataille  de  Saint-Quentin , 
T.  I.  l.  I.  p.  3.  Il  fe  charge  de  l'éduca- 
tion du  Vicomte  de  Tiirenne  fon  petit- 
iils,  ibid.  &  fuiv.  Catherine  de  Medi- 
cis  l'oblige  à  fe  défaire  de  fa  charge  de 
Grand-Maître  de  la  Maifon  du  Roy, 
&  l'exile  de  la  Cour,  p.  ir.  Il  s'appli- 
que à  l'éducation  du  Vicomte  de  Tu- 
renne  ,  ibid.  6c  fuiv.  Le  nombre  &  les 
qualitez  de  fes  Enfans  &  de  {qs  Neveux , 
p.  14.  &  fuiv.  Il  defapprouve  l'attache- 
ment  du  Vicomte  de  Turenne  ,  pour  le 
Duc  d'Alençon  :  Excellentes  inftruc- 
tions  qu'il  lui  donne  à  cette  occafion, 
p.  17.  ôc  fuiv.  Belles  inftruclions  tou- 
chant la  conduite  qu'il  doit  tenir  à  la 
Cour,  p.  I5>.    &  fuiv.  Sa  mort,  p.  24. 

Le  Maréchal  de  Montmorency  fils 
du  Connétable  ,  eft  envoie  en  Angle- 
terre traiter  avec  la  Reine  Elifabeth, 
une  Ligue  contre  l'Elpagne  ,  p.  4<^.  & 
fuiv.  Son  abfence  de  la  Cour  le  fauve 
du  MafTacre  de  la  Saint  Barthélémy , 
p.  53.  ôc  fuiv.  Il  détourne  le  Duc  d'À-t 


DES  MATIERES, 
lençon  du  delTein  qu'il  avoit  de  fe  met- 
tre à  la  tête  des  Mecontens ,  p.  5)2.  Se 
fuiv.  11  demande  &  obtient  pour  ce 
Prince  la  Lieutenance  générale  du 
Royaume,  p.  5)4.  Il  refuie  de  fe  dé- 
clarer pour  ce  Prince  contre  le  Roy , 
p.  5?6.  Il  eft  accusé  par  Coconnati  d'a- 
voir trempé  dans  la  confpiration  du 
Ducd'Alençon  ,p.  m.  Le  Koylui  or- 
donne de  fe  rendre  à  la  Cour  éc  lui  dé- 
fend d'en  fortir  ,  ibid.  Il  eft  remis  en 
liberté  ,  1.  1.  p.  181.  Sa  mort ,  p.  275^. 
Montpenfier.  Le  Duc  de  Montpenfier 
commande  les  armées  du  Roy  au-delà 
de  la  Loire ,  T.  1. 1.  i.  p.  109.  Il  négocie 
fpcrettement  par  ordre  du  Roy ,  la  Paix 
avec  les  Calviniftes  ,  1.  2.  p.  242.  Il 
refufe  de  fuivre  le  parti  du  Roy  de  Na- 
varre ,  1.  3.  p.  385. 


N 


NAvarrc.  Antoine  de  Bourbon  Roy 
de  Navarre ,  eft  fait  Lieutenant 
General  du  Royaume  de  France  ,  T.  i. 
1. 1.  p.  13.  Il  eft  tué  au  fiege  de  Roiien , 
p.  14.  Riij 


TABLE 

Opporition  de  la  Reine  de  Navarre 
au  mariage  du  Prince  de  Bearn  ion 
Fils,  avec  Marguerite  de  Valois,  T.  i. 
1.  I.  p.  42.  Elle  confcnc  à  ce  mariage  , 
p.  43,  Sa  mort  ,p    45.  &  fuiv. 

Henry  Roy  de  Navarre  :  fon  ma- 
riage avec  Magueritcde  Valois,  p.  42. 
&  iliiv.  Il  fauve  ia  vie  du  MafTacre  de 
la  Saint  Barthélémy  ,  par  une  feinte 
abjuration  de  la  Religion  Prétendue 
Réformée  ,  p.  53.  Il  va  au  fiege  de  la 
Rochelle ,  p.  56.  Il  prend  des  engage- 
mens  avec  la  Noue  ,  p.  6S.  &  fuiv.  Il 
fe  fauve  de  la  Cour  èc  renonce  à  la 
Religion  Catholique  ,  1.  2.  p.  15?!.  Il 
fe  retire  à  Perigucux  avec  fa  Sœur  ,«p. 
ao5).  11  invite  le  Vicomte  de  Turenne 
à  fe  rendre  auprès  de  lui ,  p.  m.  Les 
Etats  Généraux  lui  envoient  des  Dé- 
putez, p.  230.  Il  fe  rend  à  Montauban  , 
p.  134.  Ses  difpofitionsà  la  Paix,  p.  242. 
Son  éloignement  pour  la  Reine  fon  £- 
poufe  ,  p.  252.  &  fuiv.  Il  confulte  le 
Yicomte  de  Turenne  6c  fuit  fes  avis, 
p.  15 1.  &  fuiv.  Sa  réponfe  aux  lettres 
pleines  de  menaces  de  la  Reine  Mère? 


l 


DE  MATIERES. 
.  1^0.  &  fuiv.  Réception  qu'il  fait  à 
a  Reine  Mère  ,  &  à  la  Reine  fon  E- 
poufe,  p.  i6i.  &  lliiv.  11  demande  JLif- 
tice  à  la  Reine  pour  le  Vicomte  de  Tu- 
renne  contre  les  Duras ,  p.  ijy.  &  fuiv. 
11  fe  trouve  à  l'Aifemblée  générale  des 
Calviniftes  à  Montauban  ,  1.  3.  p.  253. 
11  évite  le  piège  que  le  Roy  lui  avoic 
dreffé ,  pour  le  brouiller  avec  la  Reine 
fon  Epoufe ,  oc  avec  le  Vicomte  de  Tu- 
renne,  p.  197.  &  fuiv.  U  tient  une  Af- 
femblée  à  Mazeres  dans  le  Comté  de 
Foix,p.  301. 11  refufe  de  rendre  les  Pla- 
ces de  sûreté  accordées  aux  Calvinif- 
tes à  la  C  onference  de  Nerac ,  ibid.  ôc 
fuiv.  si  fait  la  Paix  ,  p.  30^.  &  fuiv. 
11  affifle  à  l'AlTemblée  des  Calviniiles 
à  Montauban  ,  &:  les  empêche  d'exécu- 
ter le  deffein  qu'ils  avoient  formé  de  fe 
mettre  en  République ,  p.  307.  &;  fuiv. 
Il  confulte  le  Vicomte  de  Turenne  6c 
fuit  fon  avis  dans  fa  réponle  au  Duc 
d'Epernon  envoie  de  la  part  du  Roy  , 
p.  318.  &fuiv.  Il  fait  arrêter  un  Valet 
de  Chambre  de  la  Reine  fon  Epoufe, 
<jue  cette  PrinceiTe  cnvoïoic  au  Duc  de 

Riiij 


TABLE 
Gnife  ,  p.  337.  &  fuiv.  Il  le  renvoie  à\t 
Roy  qui  le  lui  demande  avec  Mafelie- 
res  qui  l'avoit  arrêté  ,  p.  335).  La  fuite 
de  la  Reine  Ton  Epoufe  ,  &  quelques 
avis  venus  de  la  Cour,  lui  font  conjec- 
turer qu'on  a  deffein  de  recommencer 
la  guerre,  p.  341.  ôc  fuiv.  Il  convoque 
une  Aifemble'e  de  fon  parti  à  Saint  Paul 
de  Cap-de-Joux  ,  p.  344. 11  y  va  avec 
le  Vicomte  de  Turenne,  ibid.  Il  y  ex- 
pofe  les  motifs  qui  l'avoient  engagé  à 
convoquer  cette  AfTembléejibid.  Il  con- 
fuite  le  Vicomte  de  Turenne  à  l'occa- 
fion  de  l'Edit  du  Roy ,  p.  ^51.  &  fuiv. 
Il  s'unit  avec  le  Prince  de  Condé  èc 
avec  le  Maréchal  de  Montmorency , 
p.  355.  Il  demande  du  fecours  aux  Prin- 
ces Proteftans  d'Allemagne  ,  ibid.  Il 
envoie  Pardailhan  à  la  Reine  Elifa- 
beth  ,  pour  la  prier  de  Taffifter  d'Hom- 
mes &  d'argent ,  ibid.  11  entretient  avec 
le  Roy  des  correfpondances  très-étroi- 
les  &  très-fecrettes ,  ibid.  Il  néglige  la 
guerre  pour  fcs  plaifirs,  p.  355).  &  fuiv. 
Le  Vicomte  de  Turenne  l'empcche  de 
s'oppofer  à  l'armée  du  Duc  de  Mayenn€> 


DES  MATIERES. 
1p.  360.  êcfuiv.  11  va  à  Montauban  poar 
V  affembler  de  nouvelles  forces ,  &  laif- 
ie  Ton  armée  fous  le  commanciement  du 
Vicomte  de  Turenne>  p.  361.  ^  fuiv. 
Il  fe  jette  dans  la  Rochelle,  6c  fait  une 
grande  diverfion  dans  le  Poitou  ,  p. 
371.  Le  Roy  empêche  fou  s- ma  in  l'exé- 
cution des  deffeins  de  la  Ligue  contre 
lui,  ibid.  6c  fuiv.  Il  confère  à  Saint. 
Brix  avec  la  Reine  Mère ,  p.  374.  6c 
fuiv.  Il  négocie  inutilement  pour  en- 
gager dans  fon  parti  les  Cardinaux  de 
Bourbon  &  de  Vendôme ,  Se  le  Duc  de 
Montpenfier ,  p.  385.  Il  gagne  abfolu- 
n-îent  le  Prince  dcConti  &le  Comte  de 
SoifTons ,  ibid.  Il  aiïcmble  fon  Confeil 
au  fujet  de  larrivée  des  fecours d'Al- 
lemagne, p.  385?.  &.  fuiv.  Il  gagne  la 
Bataille  de  Coutras  ,  p.  391.  &;  fuiv* 
Sa  démence  l'empêche  de  profiter  des 
avantages  de  fa  vidoire,  p.  35)7.  &  fuiv- 
Il  retourne  en  Bearn  ,  p.  401.  11  fc 
rend  à  la  Rochelle  ,  où  il  invite  le  Vi- 
comte de  Turenne  à  fe  rendre  pour 
l'aider  de  fes  confeil  s  ,  p.  412.  11  dc- 
jn«inde  à  h  Reiue  £lifabeth  des  fecours 

Ry 


TABLE 
d'argent ,  4p.  14.  Il  demande  de  nou- 
veaux fecours  d'Allemagne,  ibid.  Il  en- 
voie le  Vicomte  de  Turenne  négocier 
avec  le  Maréchal  deMontmorcncy,ibidc 
Il  prend  plufieurs  Villes,  ôcpouîTe  (es 
conquêtes  jufques  fur  les  frontières  de 
la  Tourainc  &;  de  l'Anjou  ,  p.  411.  Il 
traite  avec  le  Roy  Henry  III.  &:  joint 
ïes  troupes  aux  ficnnes ,  ibid.  Se  fuiv. 
11  fecourt  la  Ville  de  Tours  ,  p.  415. 
Il  engage  le  Roy  à  faire  le  iiege  de 
Paris ,  p.  417.  ôc  fuiv.  Le  Roy  avant 
que  de  mourir  le  déclare  fon  fuccef- 
feur  légitime  ,  p.  419.  Tous  les  Sei- 
gneurs lui  jurent  fidélité  6c  obéilTance  y 
ibid.  Sa  réponfe  aux  Députez  des  Ca- 
tholiques ,  p.  433.  6c  fuiv.  Voyez  Hen- 
jy  IV.  Roy  de  France. 

Nevtrs.  Le  Duc  de  Nevers  accom- 
pagne la  Reine  Mère  aux  Conférences 
de  Saint  Brix  ,  T.  1.  1.  3.  p.  375.  Il 
commande  en  Poitou  contre  les  Calvi- 
niftes,p.  411.  Il  commande  l'armée  du 
Roy  en  Picardie ,  T.  2.  l.  4.  p.  54.  Il 
fe  pique  contre  le  Duc  de  Bouillon  & 
fe  retire  à  Amiens,  p.  5^8.  11  fe  recire 


DES  MATIERES, 
de  la  Cour  mécontent  des  Miniflres ,  Se 
va  en  Italie  ,  L  6.  p.  35)7.  Il  prend  le 
parti  du  Prince  de  Condé  contre  la 
Cour ,  p.  407.  Il  fe  retire  en  Cham- 
pagne 5  p.  40S.  Il  flic  (a  Paix  &  revient 
à  la  Cour  ,  T.  3.  1.  7.  p.  11.  6c  fuiv.  Il 
s'entremet  de  l'accommodement  du 
Prince  de  Condé  avec  la  Cour  ,  p.  87. 
&  diiv.  Il  fe  ligue  avec  les  Seigneurs 
Mecontens,  1.  8.  p.  i6i.  Scfuiv.  Il  levé 
des  troupes,  p.  171.  Il  eil  déclaré  Re- 
bele  &  Criminel  de  leze  -  Majelté  ,  p. 
183.  Il  revient  à  la  Cour,  p.  196.  Ar- 
tifices dont  il  ufe  pourarirufcrleComte 
Mansfeid  ,  p.  274.  S:  luiv. 

La  Noue.  La  Noue  défend  la  Ro- 
chelle ,  T.  I.  1.  I.  p.  61.  àc  fuiv.  Il  a- 
bandonne  les  Rochelois  &  fe  rend  au 
Camp  du  Duc  d'Anjou  ,  p.  64.  Son 
adrefle  à  s'infinuer  dans  les  efprits  du 
Roy  de  Navarre  ,  du  Duc  d'Alcnçon  , 
Se  de  quantité  de  Seigneurs  Catholi- 
ques, p.  67.  ôc  fuiv.  11  rejette  les  pro- 
jets chimériques  du  Duc  d'Alençon, 
p.  71.  êc  fuiv.  Il  lui  mande  de  fe  met- 
tre à  la  tcte  des  Mecontens  ,  p.  S6, 

Rvj 


TABLE 
Confideration  qu'A  pour  lui  le  parti  Cat- 
vinifte  ,  ôc  en  particulier  le  Roy  de 
Navarre,  1.  i.p.  115).  Scfuiv.  ïl trouve 
mauvais  que  ce  Prince  s'abandonne 
trop  à  fes  plaifirs ,  &:  il  vent  quitter  la 
Cour,  p.  213.  &:  fuiv.  Il  fuit  le  Duc 
d'Anjou  dans  les  Païs-Bas,  1.  5.  p.  307- 
11  défait  l'armée  du  Duc  d'Aumale  de- 
vant Senlis ,  p.  416.  Sa  mort ,  T.  1. 1-  4- 


PAis-Bas.  Les  Députez  des  Pa'ïs  Bas 
traitent  avec  le  Duc  d'Anjou  ,  & 
lui  offrent  la  Souveraineté  des  17.  Pro- 
vinces, T.  î.  1.  3.  p.  303.  &:  (uiv. 

Palatin.  Frédéric  V.  Elecleur  Pala- 
tin ,  époufela  Princeiïe  d'Angleterre, 
T.  2.  1.  6.  p.  3^8.  11  eftélù  Roy  de  Bo- 
hême 5  T.  3.  1.  %>  p.  215.  6c  fuiv.  li 
prend  pofTeflion  de  cette  Couronne  ,  p. 
234.  Il  s'attire  par-là  un  grand  nom- 
bre d'ennemis  ,  p.  136.  ôc  fuiv.  Il  eft 
mis  au  ban  de  l'Empire ,  p.  247.  Il  perd 
ia  bataille  de  Prague ,  la  Couronne  de 


\ 


DES    MATIERES. 
Bohême,  fes  Etats  héréditaires  ,  &  fe 
retire  à  Sedan  auprès  du  Duc  de  Bouil- 
lon fon  Oncle  ;  p.  148. 

Parlement.  Le  Parlement  fe  brouille 
avec  la  Cour  à  l'occaffion  des  remon- 
trances qu'il  veut  faire  ,  T.  3.  1.  7.  p. 
10.  &  fuiv.  Détail  de  toute  cette  affai- 
re, ibid.  Il  eft  maltraité  par  la  Reine, 
p.  28.  Se  fuiv.  Le  Roy  refufe  fes  remon- 
trances ,  ibid.  On  le  croitl' Auteur  d'un 
Manifefte  où  le  Gouvernement  eft  dé- 
crié ,  p.  54.  On  le  traite  avec  plus  de 
douceur  ,  p.  55. 

Parme.  Le  Duc  de  Parme  invertit 
Cambray ,  T.  i.  1.  3.  p.  30-).  &  fuiv.  Il 
reçoit  très -civilement  le  Vicomte  de 
Turenne  fon  Prifonnier  ,  p.  317.  Il  fe 
retire  à  l'approche  de  l'armée  du  Duc 
d'Anjou  ,  ibid.  Il  vient  au  fecours  de 
Paris  afTiegé  par  le  Roy,  T.  2. 1.  4. p.  5. 
&  fuiv.  Il  en  fait  lever  le  fiege  ,  p.  13, 
Il  vient  au  fecours  de  Rjiien,  p.  48. 
Sa  mort  p.  67. 

Bh  PleffiS'Mornay.  Du  Pleffis-Mor- 
nay  prefide  à  l'Affemblée  des  Calvinif- 
cçs  à  Saumur ,  T,  2. 1.  6.  p.  327.  ôc  fuiv» 


TABLE 
II  s  entremet  de  l'accommodemenc  du 
Duc  de  Bouillon  avec  le  Duc  de  Suiiy  > 
p.  353.  Il  exhorte  l'AlTemblée  à  fe  fou- 
mettre  aux  ordres  de  Ja  Reine  >  p.  351. 
&  fuiv.  Il  fait  aux  Calviniftes  d'inuti- 
les remontrances  pour  les  dilTuader  de 
fuivre  le  parti  du  Prince  de  Condé  , 
T.  3.  1.  7.  p.  66.  &  fuiv. 

Saint- Pol.  Le  Comte  de  Saint -Pol 
commande  en  Picardie  ,  T.  2.  1.  4.  p, 
So.  Ses  exploits  à  la  furprife  de  Ham , 
p.  S6.  &fuiv.  Il  va  au  fecoursde  Dour- 
îens ,  p.  5)4.  Sa  mefintelligence  avec 
les  autres  Chefs  fait  échouer  cette  en- 
treprife,  p.  5)7.  11  fe  retire  dans  le  Bou- 
lonnois ,  p.  5)8.  Il  levé  des  troupes  pour 
le  fervice  du  Prince  de  Condé  ,  T.  3, 
1.  7.  p.  70.  H  abandonne  le  parti  de  ce 
Prince  &  s'accommode  avec  la  Cour , 
p.  78.  &  fuiv. 

Pelonois.  Surprife  des  Polonois  à  l'oc- 
cafion  de  l'ignorance  de  la  Nobleiïè 
Françoife  ,  T.  i.  I.  i.  p.  8.  Ils  élifent 
pour  leur  Roy  le  Duc  d'Anjou  ,  6c  lui 
envoient  en  France  une  célèbre  Am- 
baiTade  >  p.  78. 


DES     MATIERES. 
PoUrot.  Poltroc  aiTaffine  le  Duc  de 
Guife,  T,  1. 1.  I.  p.  14. 


K 


RAjfignac.  Raffignac  efl  fait  Goa- 
verneur  du  jeune  Vicomte  de 
Turenne  :  Son  éloge  6c  Tes  qualitez , 
T.  1. 1.  I.  p<  6.  Il  poite  le  Vicomte  à 
l'Etude  de  THiUoire  ,  p.  15.  Sa  mort, 
p.  40. 

Rohati,  Le  Duc  de  Rohan  forme  le 
dcflein  de  fe  faire  Chef  des  Calvinif- 
tes  de  France  ,  T.  t.l.  6.  p.  15)6.  Moïens 
qu'il  emploie  pour  y  parvenir,  p.  25)8. 
ëc  fuiv.  11  afllfte  à  l' AfTemblée  des  Cal- 
viniftes  à  Saumur ,  &:  s'oppofe  aux  pré- 
tentions du  Duc  de  Boiiillon  pour  la 
Prefidence ,  p.  318.  Entretien  de  ce  Duc 
avec  le  Duc  de  Bouillon  au  fujet  du 
Duc  de  Sully,  p.  334.  ôc  fuiv.  Il  fou- 
tient  le  parti  du  Duc  de  Snlly ,  p»  338. 
&  fuiv.  Il  traverfe  la  négociation  du 
Duc  de  Bouillon  avec  le  Roy  d'Angle- 
terre, p.  375.  ôc  fuiv.  il  le  brouille  avec 
la  Cour  à  l'occafion  de  l'éleclion  du 


t  A  B  L  E 
Maire  de  Saint  Jean  d'AngcIy  ,  p.  385, 
&  fuiv.  Détail  de  cette  affaire  ,  ibid. 
Son  accommodement  avec  la  Cour ,  p. 
55?o.  Il  fe  reconcilie  avec  le  Duc  de 
Bouillon  ,  6c  avec  le  Maréchal  de  Lef- 
diguieres ,  p.  35?!.  &  fuiv.  Il  fe  défait 
de  fa  charge  de  Colonel  General  des 
SuilTes  ,  T.  3.  1.  7.  p.  2.  Il  promet  au 
Prince  de  Condé  le  fecours  des  Cal  vi- 
nifies, p.  6.  Il  levé  des  troupes  pour  le 
fervice  de  ce  Prince ,  p.  70.  Ses  oppo- 
fitions  à  la  Paix,  p.  5)9. 

Jtône.  Rône  un  des  Chefs  de  la  Li- 
gue, fe  donne  au  Roy  d'Efpagne ,  T.  i. 
1.  4.  p.  81.  Il  perfaade  à  Gomeron  de 
livrer  Ham  aux  Efpagnols  ,  ibid. 

Roquelaure.  Roquelaure  gagne  lacon , 
fiance  du  Roy  de  Navarre",  T.  i.  1.  ir 
p.  213.  Défiance  que  la  Noue  a  de  lui, 
ibid.  llaiîiile  aux  Conférences  du  Roy 
de  Navarre  &  du  Duc  d'Epernon  ,  1.  3. 
p.  331.  Il  confeille  à  ce  Prince  dem- 
brafter   la  Religion  Catholique,   ibid. 

Rouhais.  Le  Marquis  de  Roubais  blo- 
que Cambray,  T.  i.l.  3.  p.  307.  Il  fe 
retire  de  devant  cette  Place?  p-3i7-  Le 


DES    MATIERE  .S.        , 
Vicomte  de  Turenne  choifit  d'être  foîl 
Prifonnier,  p.  315?.  &:  iiiiv. 

Rucellai.  L'Abbé  Riicellai  travaille  à 
tirer  la  Reine  Mère  de  Blois,  T.  3. 1.  8. 
p.  105.  6c  fuiv.  Caractère  de  cet  Abbé, 
ibid.  11  négocie  avec  le  Duc  de  Bouil- 
lon &:  le  foilicite  fortement  en  faveur 
de  la  Reine ,  p  107.  &  fuiv.  Il  s'adrefle 
au  Duc  d'Epernon  ,  6:  l'engage  à  fer- 
•vir  cette  Princefle,  p.  210.  ôc  luiv. 


SAlamac  Le  Baronde  Salagnacfert 
de  lecond  au  Vicomte  de  Turen- 
ne ,  dans  un  duel  contre  les  deux  Du- 
ras ,  T.  1. 1.  2,  p.  275.  àc  fuiv. 

Sa^ci.  Le  Baron  de  Sancy  fait  à  fes 
dépens  une  levée  de  Suifles  pour  le  fer- 
vice  du  Roy,  T.  I.  1.  -y  p.  417.  Le 
Roy  le  fait  Colonel  General  des  SuiiTes , 
p.  418.  6c  fuiv.  11  va  en  Angleterre 
commencer  la  négociation  pour  le  fe- 
cours  de  Calais ,  T.  2.  1.  4.  p.  103.  6c 
fuiv.  Difficultez  qu'il  y  trouve  ,  ibid. 

Savoje.   Le  Duc  de  Savoye  ufurpe 


t  A  B  L  Ë 
fur  leRoy  leMarquifat  de  Saluées,  pen- 
dant les  guerres  civiles  ,  T.  i.  1.  5.  p. 
101.  Il  vient  en  France -pour  traiter 
avec  le  Roy ,  ibid*  Caradere  de  ce  Prin* 
ce  5  p.  203.  Il  gagne  le  Maréchal  de 
Biron  ,p.  107.  &  luiv.  Il  rompt  le  Trai- 
té commencé  avec  le  Roy  ,  &  retourne 
en  Piémont,  p.  m.  Le  Roy  s'empare 
de  fon  Païs  ,  ibid.  Il  fait  la  Paix,  p» 
114.  Ses  prétentions  fur  le  Montferrac  r 
1.  6.  p.  35^5).  &  fuiv. 

Schowberg.  Le  Comte  de  Schomberg 
envoie  par  le  Roy  à  l'Aflemblée  des 
Calviniftes  à  Chatelleraut ,  T.  1. 1.  5. 

Î).  1^1.  Il  confeille  au  Roy  de  rappel- 
er le  Duc  de  Bouillon,  p,  19^ 

Sillery.  Sillery  follicite  à  Rome  la  dif- 
foîution  du  mariage  du  Roy  Henry  I V. 
avec  Marguerite  de  Valois,  T.  i.  1.  5, 
p.  114.  11  va  à  Florence  demander  en 
mariage  Marie  de  Medicispour  le  Roy, 
ibid.  Haine  que  lui  porte  le  Prince  de 
Condé  &les  Grands  de  fon  parti ,  1.  6. 
p.  402.  &  fuiv.  ^Qs  fentimens  au  fujet 
des  mecontentemens  du  Prince  de  Con- 
dé  j  p.  411.  ôc  fuiv  11  eft  attaqué  per- 


DÈS  MATIERE??, 
fonnelîement  dans  un  Manifefte  donc 
le  Parlement  efl  cru  l'Auteur  ,  T.  3. 
1. 7.  p.  54.  Il  donne  à  la  Reine  des  foup- 
çons  de  la  conduite  de  Villeroy  ,  6c  de 
Jeannin  ,  p.  ^8.  11  eit  accufë  par  le 
Prince  de  Condé  d'être  l'Auteur  des 
defordres  de  l'Etat ,  p.  Gy  On  lui  ôte 
les  Sceaux,  p.  I2}. 

Sixte  V.  Sixte  V.  fait  publier  une 
Bulle  contre  le  Roy  de  Navarre  6c  con- 
tre le  Prince  de  Condé  3  T,  1. 1.  3.  p, 

345-  ^ 

Soijjons.  Le  Comte  de  SoilTons  s  en- 
gage dans  le  parti  du  lloy  de  Navarre, 
T.  I.  1.  3.  p.  585.  Il  joint  l'armée  de  ce 
Prince  ,  p.  388-  Ses  exploits  à  la  batail- 
le de  Coutras,p.  35?3,  6c  fuiv.  Il  fe  re- 
tire à  Dreux  mécontent  de  la  Cour, 
T.  iA.6  p.  }66.  11  revient  à  la  Cour  dC 
donne  fon  confentement  au  double  ma- 
riage conclu  avec  l'Efpagne  ,  p.  368.  6c 
fuiv.  Il  fe  ligue  contre  les  Miniitres, 
p.  383.  Sa  mort  ibid. 
•  Su/Iy.  Le  Duc  de  Sully  ou  Baron  de 
Rofny  eaçne  1000.  écus  pour  fa  part  au 
pillage  du  bagage  de  l'armée  du  Duc  de 


TABLE 
Mercœitr,  T.  i.  1.  3.  p.  388.  Il  prefTe 
le  Prince  de  Conti  de  s'aller  mettre  à 
la  tête  des  Allemands  qui  dcmandoient 
tin  Prince  du  Sang ,  p.  400.  11  va  de 
la  part  du  Roy  faire  au  Duc  de  Bouil- 
lon des  complimens  de  condoléance  fur 
la  mort  de  fa  Femme,  T.  2.  1.  4.  p.  58. 
Il  gagne  entièrement  la  confiance  du 
Roy,  1.  5.  p.  215.  11  va  de  la  part  du 
Roy  en  Angleterre ,  &  renouvelle  avec 
Jacques  I.  les  Traitez  d'alliance  ,  p. 
3.66.  6c  fuiv.  11  eft  fait  Duc  &  Pair  de 
France  ,  p.  277.  Il  eft  difgracié  &  dé- 
pouillé de  toutes  fes  Charges  ,  1.  6.  p. 
313.  &fuiv.  11  fe  retire  à  ion  Chateaa 
de  Sully  ,  p.  318,  Il  affifte  à  rAffem- 
blée  des  Calviniftes  à  Saumur ,  ^  s'op- 
pofe  aux  prétentions  du  Duc  de  Boiiil- 
lon  pour  la  Prefidence  ,  p.  328.  Il  ie 
reconcilie  avec  ce  Duc  ,  p.  333.  Il  in- 
terefle  toute  TAlTemblée  à  fa  difgrace, 

P-  334- 

Saint-Sulpice*  Saint- Sulpice  Gouve; 

neur  du  Duc  d'Alençon  fait  tous  fc 

efforts,  pour  éloigner  du  Duc,  le  Vp^ 

comte  de  Turenne  >  T.  i.  1.  i.  p.  3^. 


DES  MATIERES. 
te  fuiv.  Il  traite  avec  le  Maréchal 
Danville  de  la  part  de  la  Reine  Mère , 
p.  Il 4.  Il  eft  maltraité  de  paroles  par 
le  Vicomte  de  Tprenne ,  1.  1.  p.  211? 
èc  fuiv. 


THemines,   Themines    arrête  prî- 
fonnier  dans  le  Louvre  le  Prince 
de  Condé ,  T.  3.  1.  7.  p.  137, 

Thoré.  Thoré  preile  le  Vicomte  de 
Tiirenne  fon  Neveu  de  s'attacher 
uniquement  au  Ducd'Alençon,  T.  1. 1, 
I.  p.47.  ôcfuiv.  Il  s  engage  entièrement 
dans  le  parti  de  ce  Prince ,  p,  ^6.  Il  fe 
retire  à  Strasbourg ,  p.  5^8.  &  luiv.  Il 
eft  batu  près  de  Château-Thiery  à  la 
tête  àts  troupes  qu'il  amenoit  d'Alle- 
magne, 1.  2.  p.   175?.  &  fuiv. 

La  Trimouille.  Le  Duc  de  la  Tri- 
mouille  tient  le  parti  du  Roy  de  Na- 
varre :  Ses  exploits  à  la  bataille  de 
Coutras,T.  r.  1  3  p.  :;43.  &:  fuiv.  Il 
afflfte  aux  Conférences  des  Calviniftes , 
T„  i,  1.  5.  p.  ij?3.  11  obéit  aux  ordres 


TABLE 
du  Roy  ,  qui  lui  ordonne  de  fe  rendre 
auprès  de  lui,  p.  157.  11  levé  des  trou- 
pes pour  le  fervice  du  Prince  de  Con- 
dé,  T.  3.  1.  7.  p.  81.  il  refufe  les  of- 
fres des  Calviniftes,  1.  8.  p.  16  r. 

Turenne.  François  III.  Vicomte  de 
Turenne  :  Son  mariage  avec  Anne  de 
Montmorency  ,  T.  r.  1.  i.  p.  1.  Ses 
Enfans  ,  ibid.  H  eft  fait  prifonnier  à 
la  bataille  de  Saint-Quentin ,  &  meurt 
trois  jours  après  de  fes  blefflires ,  ibid. 

Henry  I.  Vicomte  de  Turenne. 
y  oyez  Henry  Duc  de  Bouillon, 


DV  Va'iY.  Du  VairConfeiller d'Etat 
eftaflbcié  à  la  négociation  du  Duc 
de  Bouillon  en  Angleterre  >  T.  1.  1.  4. 
p  irS.  On  lui  donne  les  Sceaux  ,  T.  3.. 
1.  7.  p.  113.  On  les  lui  ôte  &  on  les  lui 
rend,  1.  8.  p.  15^0. 

Venàor,  t  Le  Cardinal  de  Vendô^ 
me  refufe  de  fuivre  le  parti  du  Ro'' 
de  Navarre,  T.  i   1.  3.  p   385. 

Le  Duc  de  Vendôme  prend  le  par- 


DES  MATIERES, 
tîdu  Prince  de  Condé  contre  la  Cour  j 
T.  1.  1  6.  p.  407.  Il  eft  arrêté,  p. 
409.  Il  fort  de  fa  prifon  ôc  il  eft  réta- 
bli dans  toutes  fes  Charges  &:  Emplois , 
T  3  1.  7.  p.  II  &  fuiv.  Il  levé  des 
troupes  pour  le  fervice  du  Prince  de 
Condé,  p  81  L'emprifonnement  de  ce 
Prince  l'oblige  à  fe  retirer  de  la  Cour, 
1.  8.  p  IS4.  Jlfe  ligue  avec  les  Sei- 
gneurs Mecontens,  p.  1^5.  &:  fuiv.  Il 
eft  déclaré  Rebele  àc  Criminel  de  leze- 
Majefté,  p.  184.  Il  revient  à  la  Cour, 
p  15)5.  Il  fe  juilifîe  de  la  fauflc  accu- 
îation  de  Gignier,  p.  icjg.  &  fuiv. 

yentaàour.  Le  Comte  de  Ventadour 
eft  envoie  par  le  Roy  pour  fe  (liifir  de 
toute  la  Vicomte  de  Turenne  ,  T.  i, 
1.  i.p.  115?.  Il  fe  retire  de  Turenne  fans 
y  avoir  fait  aucun  defordre ,  p.  i  4; 
Il  s'engage  dans  le  parti  de  Banville  m 
l.  1.  p.  157. 

Villars  L'Amiral  de  Villars  comman- 

Iç  en  Picardie  ,  T.  t.  1.  4.  p  g.  Il  mar- 

he  au  fecours  de  Dourlens  ,  p.  5)4,  H 

y  eft  tué,  p.  5?7. 

.    Fîlleroy.  Villeroy  traite  de  la  part  de 


TABLE   DES    MATIERES. 
!a  Reine  Mère  avec  le  Maréchal  Dan- 
ville  ,  T.  I.  1.   I.  p.   1 14.  La  Reine 
l'envoie  à  Turin  pour  empêcher  lac- 
commodément  de  ce  Maréchal  avec  le 
Roy,  1.  2.  p.  151.  Il  négocie  fecrette- 
ment  par  l'ordre  du  Roy,  la  Paix  avec 
les  Calviniftes  ,  p.  242.    Il  conclud  le 
Traité  d'accommodement  du  Duc  de 
Eoiiillon  avec  le  Roy,  T.  2. 1.  5  p.  178. 
11  efb  haï  du  Prince  de  Condé  &  des 
Grands  de  fon  parti  ,  à  l'exception  du 
Duc  de  Bouillon  ,  qui  ne  laifTe  pas  d'a- 
voir beaucoup  d'eftime  pour  lui  ,  p. 
402.  &  fuiv.  Ses  fentimens  au  fujet  des 
niecontentemens  du  Prince  de  Condé, 
p.  4IZ.  &  fuiv.  Il  négocie  de  la  part  du 
Roy  l'accommodement  de  ce  Prince, 
;T.  3.  1.  7.  p.  58.    La  Reine  rompt  fa 
négociation  ,  p.  55?.  Il  conclud  au  nom 
du  Roy  la  Paix  avec  le  Prince  de  Con-   / 
dé,  p,  5)5.  &  fuiv.  Le  Maréchal  d'An^  | 
cre  le  fait  difgracier,p.  IZ3  Son  rap- 
pel >  1.  8.  p.  i5?o.  V 

on, 
f^m  de  la  Tablç^ 


♦V 


t. 3 


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UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIBRARY 


DC  Mrrsolli>;r,   Jf^c^ues 

J.21  Histoire  du  racrech?  1 

.8  duc  de  Bouillon