Skip to main content

Full text of "Histoire du monastère et des évêques de Luçon"

See other formats


This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 
to make the world's books discoverable online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover. 

Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the 
publisher to a library and finally to y ou. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. 

We also ask that y ou: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
anywhere in the world. Copyright infringement liability can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web 



at |http : //books . google . corn/ 




A propos de ce livre 

Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec 
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en 
ligne. 

Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont 
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 
trop souvent difficilement accessibles au public. 

Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. 

Consignes d'utilisation 

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 

Nous vous demandons également de: 

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 

+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. 

À propos du service Google Recherche de Livres 

En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 



des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse ] ht tp : //books .google . corn 



J {A^^r^ 



, ifi^f^ 




600008734S 



ARCHIVES HISTORIQUES 

I DU 

BAS -POITOU. 



2. 



Signature de V Éditeur^ 




Footenay-teCointe, Imp. d« OAVDUI Fils Aîné. 



DU MONASTÈRE 



ET 




;t: 




DE LUCON, 

m i.-D. SE LÀ FONTEILLE DE VAUDORÉ, 



^^utMmàtn iw VUmrm m France ( AcAniHii dm ImcmpiiOHt bt 
Bcutt LimBs) . Mbhbkb non Ktuùàm du Comité des PraucÀTioiii 
SamuQims au ICiratTtes tm L'IUsTRUcnoii Pcbuqub r d'un oraud 
WaULVK SOOMS SATAHTBSa FlUllçyilt SI AimAiioàMt. 



P&SMIÈEB PÀETIB. 

6AUDIN Fils AIné » bfPBomm-LiBRÀnuB-ÉDiTBUR. 
PARIS. 

OEIUGHB , BUI DO BovLOT» 7. — DUMOULIN, QUAI DIS Aoeos- 

îns, 13. — Ëo. LEGRAND, QOAl OU AociusTUU, 59. — 

X8CHSNEE, VUCBDB LA GOLONIIADB DU LOUTU, 12. 

1847. 



jgj;.y.^ ^ 



s^, m.-f^ 




600008734S 



ARCHIVES HISTORIQUES 

DU 

BAS-POITOU. 



VtîJ 

Dans ces qaelqnes lignes écrites à la hÀle , et soas rim- 
pression doaloarease qui les a dictées , n'attendez pas de 
moi f Messieurs , que J'énumëre et que Je cherche à appré- 
cier les importants travaux dont M., de la Fontenelle a en- 
richi les volumes de nos Mémoires , les numéros de nos 
Bulletins. Il me suffira d'établir, comme un fait incontesta- 
ble , que ses recherches sur les peuples de l'ancien Poitou , 
sur les voles romaines de ce pays , sur les coutumes de 
Charroux , et principalement sur les vigueries et les ori- 
gines de la féodalité , sont à la hauteur de ceux de ses 
ouvrages qui ont le plus assuré sa réputation scientifique. 

AJoutèrai-Je que jusqu'à ses derniers moments il n'a cessé 
de se consacrer tout entier aux recherches historiques qui 
faisaient le charme tle son existence ; que naguère encore 
il projetait d'élever un monument durable à toutes nos 
illustratitms poitevines? Déjà quelques-nns des matérianic 
étalent préparés , et , dans un temps peu éloigné , il se 
proposait de réunir ses collaborateurs pour arrêter les bases 
de celte glorieuse biographie. Nous sommes , en effet , réu- 
nis dans la demeure de notre collègue , mais c'est pour 
lui dire un dernier adieu. 

M. de la Fontenelle n'est plus , et sa mort laisse un vide 
immense dans nos rangs ; mais-, au milieu de nos Justes 
regrets , n'oublions pas , Messieurs , qu'il est un privilège 
réservé aux intelligences d'élite : c'est de laisser autre chose 
après elles qu'un souvenir périssable , bientôt effacé comme 
la génération qui l'a recueilli ; c'est de vivre dans les an- 
nales de la science après, avoir vécu dans la mémoire des 
hommes. 

(1) Deax autres discours ayai^t été prononcés , Tan par M. Legeotil, 
conseiller au nom de la Cour royale; l'autre par M. Flandin^ premier 
avocat général , président de la Société d'agriculture , au nom de cette 
compagnie^ 

(2) M. Ârmand-Désiré de la Fontenelle , né au château de Yâudoré , com- 
mune de Saint- Jouin'-de-Milly , arrondissement de Bressuii^ ( Deax- 
Sèvres ) , le 24 avril 1784 , avait été nommé consefiler auditeur à la 
Cour de Poitiers , le 2 Juillet I8u8 ; -« procureur impérial à La Rochelle, 
le 28 mai 1809 -, ~ conseiller à la Cour de Poitiers , te 2 septembre 1813. 



JX 
-0 avait reçu la crois de la Léetoo-dlMMiiienr , le I. mare I8M , pour 
prendre rang à partir da S2 mai 182&. Depuis PaDOée 1883 il était mem- 
bre da eonieil général des Denx-Sèvres. — M. de la FonleneUe n*aTait 
pas accompli sa soiiante-troisième année lofaqo*tt est déeédé à Poitiers , 
i« 12 février 1847. 
(a) Les prinelpaiix ostvïagei pofoUés par M. de la FonteneUe , sont : 
h-Manuêl raiionné éêê o^Uiên de l'ëtol ewil , I8I3, in- 19. - Cet 
ouvrage a ea dans éditions ; la première , tirée à deux mille 
cKemplaires , avait été épuisée en quelques semaines. 
H.~jré«otre« ef wrre f om à mMB de Dwpleitn-Mommy { avec M. Augois ) 

12 vok ln-8 Paris , Trenttél et Wnrtz , 1823-1842. 
m.'-Hiitoire d'Olivier de CUêêon , connétable de France , 2 vol. in-8. 

Paris, Virmitt Didot, 1886. 
ly.^HtfsiM mmgUhfrançaiie ^ première série, 5 vol. In-B.; deuxième 
série , s vol. < 1834 à 1843 ). Oe Journal fondé et dirigé par M. 
de U Fonteadlo, contient, Indépendamment de la chronique, 
des comptes rendus et autres articles signés D. L. F. , plusieurs 
mémoires importants du même auteur , notamment : I. IfoÈiee 
mir nU-JHm ( Yendée ) , 1636 , t. IT p. 961 à 984 , mentionnée 
par rinstitat ; 8. Friêê de- Breu^iire pur Duçueeelin en 1371, 
I8S6 , t. IV , p. 369 à 869 , égalameut mentionné par flnstitnt t 
3. Le chdieuu de Mer^femi (Vendée), 1884 , t. l , p. 913; 4. 
Jfotiee iwr U palaU de jmîiee de FoUiere , ins, , Poitiers , 
1837, t V. p. 108; 5. 5aMiry de jr««léMi, 1843, deuxième 
série , t. II , p. 300 à 353 , etc. , eto. 
Y,"Çhromique$ FentemMenmeê , 1841 , in-8., contenant , i. la ebro- 
que du Langon ; 9. la olironique de Pierre Brisson ; s. la cbro- 
nique de la guerre des troli Henri. 
VI.--JKalDtre dee Boi$ e$ Dueê ^AqmiMne et de» Comtet de PoiUm 
( avec Dufour ) , 1849. Get ouvrage devait former deux volu- 
mes i»«. ; le premier seulement a paru. 
yn^SkMêêique on IfeeeripUom génirmU de la Vendée par Cawlean 

( nouvelle édition ) , Fontenay4e-Gomte , Robuchon , 1844 , in*6. 
Vin.-JMNi»«l de Leriehe, anoeal dm roi d St-Maixent , ftw lee 

gnerree de religion, 9t.-Maixent , 1846 /in*8. 
IX.— Jfiilotrv en monaiiire eê dee Bfféqnee de Luçan , in-8. Cet 
* ouvras», dont les dernières épreuves ont été corrigées peu de 
Jours avant la mort de H. de la FonteneUe , paraîtra Incemam- 

X-'Lûiê ei neagee muaritêmee de VAgniiaim du nord i Poitou , Aunis 

et Saintooge ;. M fSenfiies de cet Important ouvrage sont tirées 

' et ii serait vivement à désirer que rimpresslon fût continuée. 

XL—BiêM/re dee Seignenre de Pwrlenaig et de la Gaetine du Peitou, 



" Cet oavFage est encore inédit ; 'mate dans le Bnlletin de la 
Société d*agriculture de Poitiers , 1839 , t. VU , p. 314 à 332 , 
M. de la Fontenelle en a publié un extrait intitulé le Maréchal 
\ " de la Meilkraye.' -Cetid notice a été également imprimée dans 
la Revue littéraire de TOuest , 1830 , p. 129 à 163. 
XU.'-Artielei biographiquei insérés dans le supplément de la Bi9- 
graphie univenelle de Michaud, à partir du 56.e volume. — 
Les articles de M. de la Fontenelle sont signés F. T. E. 
XlU.-'Notice iur le Poitou , insérée dans le tome lY de THistoire des 
villes de France, par Aristide Guilbert, publiée depuis 1844. 
L'artide sur Cognac (t. III , p. 6t2 ) est également de M. de 
la Fontenelle. 
Indépendamment de ces ouvrages , M.^ de la FonteneHe a publié bn 
assez grand nombre de mémoires dans divers recueils, notamment dans 
ceux de la Société d'agriculture de Poitiers et de la Société des Anti-, 
quaires de rOuest de la même ville. Il convient -de mentionner les plus 

importants : 

I. - 'SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE. 

M. de la Fontenelle avait été admis le 29 décembre I82I , trois ans 
-après la fondation de la Société. — Nommé secrétaire perpétuel le 9 
décembre 1825 , il conserva ces fonctions pendant 16 ans ; après sa dé- 
^mission ( 20 février 184^1 ) , U fut successivement^, en 1843 , vice- président , 
^et en 1845 , président de la Société. 

Parmi les nombreux articles qu'il a fournis on peut citer : 
^I. Piècei dei Barons trouvées à Chauvigny , 1828 , -t. «H , p.^05 , ré- 
4mprimé en 1832 sous le titre de: KoUce sur des pièces antiques 
trouvées à Chauvigny ( Vienne ) , in-8. , «Poitiers. 
2. Recherches swr la langue Poitevine , 4830 , t. HI, p. 33. 
'A, Comptes rendus des travaux de la Société , I830*3I*34 , t. m . p. 

63 à 98 et 266 à 276 ; ^. Y, p. 60. 
4. Coopérations des Poitevins à la conquéie de V Angleterre par Guil- 
laume le Bâtard , 1830 , t. UI , p. 363 à 365 » inséré également'dans 
la Revue normande , 1832 , et dans la Revue anglo-française , t. I., 
p. 36 i t. II, p. 221. 
6. Notice swr l'octogone de JUonlmorillon , 1835 , t Y , p. 149 à 156. 

6. Les arts et métiers à Poitiers pendant Us XUI , XIV et XV siècles, 
1836 , t. YI , p. 77 à 109 ; mentionné honorablement par Mnstitut 
en 1837. , 

7. Recherches sur les chroniques du monastère de Saint Mesixent en 
Poitou, 1837, t. YI, p. 170 à 179, 212 à 241 et 266 à 27l.~Deux 

fois mentionné par l'InstHut , au concours de 1837 et à celui de I8S8. 

8. Notice nécrologique sur M. de Uontbrom , I84I , t. IX , p. 139 à 144. 
0. Améliorations agricoles introduites ou à introduire dans le départe- 
ment de la Vienne , 1845 , t. XIII , p. 6 à 21. 



XJ 
UL Becherthêi ëwt tkortieulimrê dii lumt Poilmi-^ p&rii«ulih'ê$iunt dam 
Itf iempi a»eUn$ , t. XIII, p. 118 à 124, ete., etc. 

U. — SOCIËTË DES AKTIQUAIRES DE VGUEST. 

Avant d*éBaméfer les travaux de M. de la PooteDeHe comme membra 
de la Société dee AntiqoaiKs de rooeit , U eit juste de rappeler qa*oa 
lai doit ridée de fonder an mosëe d*anti(|iiités à Poitiers. Le 30 décem- 
bre I83I , k la séance poMiqoe de la Société d'agricoltore , il s'exprimait 
ainsi : « Serait-il vrai qa'an roopient même où nous parlons , U serait 
« question de détruire.... le temple St-Jean ?.... Un tel excès de vanda- 
cSsme n'est pas supposable dans un slède do lumière.... Une rue dans 
K le quartier indiqué peut être ouverte sans que le monument de Saint- 
« Jean soit un obstacle. Que cet édifice , au contrain , embélisse lu 
« nonvefle ligne de communication , qu'il y gagne un pourtour.... qui 
« formera une plaoe que Fétranger instruit viendra visiter ; que là soit 
« formé un musée d'antiquités départementales dont le local sera plus en- 
« lieux encore que tout ce qu'il pourra contenir. » -~ Bientôt une double 
réclamation de la Société d'Agrlcultare de Poitiers et de celle des An- 
tiqi^res de Normandie appuya le voeu émis par M. de la Fontenélle. 
M. Ludovic Yitet vint ensuite à Poitiers. Enfin, une délibération du 
eoosefl général décida que le temple Saint-Jean serait conservé; peu de 
temps après , cet édifice avait reçu sa destination actuelle , et on lisait 
ces mots au-dessus de la porte d'entrée: mvséb des ATrnQcrrés db 
i/oTEST, 1834. — Après avoir fondé un musée , l'idée de s'associer pour 
la reehercbe , l'aude , la conservatton et la description des antiquités 
(te la province, se présentait naturellement; aussi, dans le courant de 
la même année-, le i» août 1834 , M. de la Fontenélle inscrivait-il son 
nom parmi ceux des fondateurs de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 
dont il ftit vice-président en 1836 , et président en 1808. 

Dans les bulletins il a inséré : 
K Un rapport sur un fragment de manuscrit intitulé Lymogeê ioti6x lêi 
Jngloyi , 1836 , p. 18. 

5. Viitown â^inêialULtUm c9mme priHdent ( 23 novembre 1837 ) p. 366 à 
371.) 

3. Jfoiie9 HHf «ne ehêrh de 1686 , eaneemani Vahbaye de Charrimx , 

1838, p. 74. 

4. Mloeution prononcée dans la séance du 29 mars 1838 , p. 80 à 88. 

6. Lettre à M, Fauriel iwr la tharte d'Jlaon ,1838, p. 110 à 123. 

^ JV»fe twr le projet de retttmraUon de$ tombeaux dOiron, 1838 , p. 162. 

7. IHteowe de clôture de Vannée académique 1837-1^ , p. 163. 

s«. Beeherehei iur le$ deux vota romainet de Limonum ( Poitieri ) à 
JuUomagos ( Àngen ) ,et de Limonum au Portas Namnetum ( I^jinr 
Cej), 1B4I« p. 8t k U6. 



XIJ 
Dans les mémoires il a publié : 

I. Recherches 8yr lei peuples qui habitaient le nord de Vaneien Poi- 
tou sur la Loire et la mer , lors de la conquête des Romains et de 
Vintroduetion du christianisme , t. I. , 1836 , p. 75 à 123 , reprodai- 
tes dans les notes du tome i. de Pédition de l*Histoiie du Poitou 
de Thibeaudeau , publiée à Niort par Robin et Cie 

». Le siège de Partenay en 1419 , t. I. p. 161 à 176. - Inséré également 
dans la Revue anglo-française , t. ni , p. 405 à 416. 

3. La Fronde en Poitou , t. I , p. 176 à l»3. 

4. Le due Guillaume Fier-à-Bras et la duchesse Emme , t. m , 1837 , 
p. 217 à 225. ( Extrait de PHistoire des comtes dn Poitou. ) 

5. Le Poitou et ses prindpaua souvenirs ftiftoH^net, discours prononcé 
à la séance publique du 19 août 1838 , t. y , 1838 , p. 6 à 18. — 
Inséré également dans la Revue anglo-française* 

6. Notice relative à une pièce d'argent swr laquelle on Ui les mots ; 
Guilelmo et Victoria , t. V , 1838 , p. 153 à 156» insérée aussi dana 
la Revue numismatique , 1838 , p. 433. 

7. Recherches sur les vigueries et iks origines de la féodalité en Poitou^ 
t. y , 1838 , p. 326. à 480. 

8. Les coutumes de Charroux , t. DC , 1842 , p. 419 à 466. 

Une Notice sur Isabelle d'Angoulime , dont M. de la Fontenelie s*est 
occupé Jusqu'à ses derniers moments , était destinée à la Société des 
Antiquaires, de FOnest , et sera publiée par ses soins. 

Parmi les autres ouvrages de M. de la Fontenelie on peut encore dter : 
I. Les ladres de Niort ^ in-8.. , Bourbon-Vendée, 1832. 
$. Sur quelques erreurs historiques relatives au Poitou, ïnS, Foi* 

tiers 1834. 
3. 5ttr Farchileciure féodale , à Vœcasion du château deXherveux , in- 

8. ; Poitiers , I835^ 
4« Duel projeté à Bordeaux en 1285, potir décider de la couronne 

de Sicile , in-8. Poitiers , 1835^ 
5. Philippe de Comyne en Poito^ .> iB-8« , Douai , I836« -^ Bfentionné 

par rinstitut. 
fi. Notice sur Tristan Rouault , in-s^ , Niort et Poitiers , 1837. 

7. Notice sur les privilèges des verriers , In 8. , Blois , 1887. 

8. Sur le commerce de Niort et de La Rochelle avec la Flandre , par 
Gravelines , au XlII.e siècle , in-8. , Niort , 1837. 

9. Deux voyageurs du Poitou à Tombouetou ( Paul Imbert et René 
Caillé) ^In-e., Niort, 1838. 

10. Duplessy-Uornay à la For H-eur- Sèvres , 1842 , in-s. de 38 pages , 
etc., etc. 

lA plupai't de ces mémoires sont mentionnés dans une note iulitulc» 



XtlJ 
IftdicaiMm det principakê publiealioni kUloriquêê de M. de la Fim- 
kneiU de FatMic»ré.— PaiIb , Crapélet , 1B39 » in^S. de 15 pages. 

(4) M. de la Foatendle a été révéla d'un grand nombre de tllres 
identifiqucs ; il était conservateur des monaments lilstorlqnes du Poi* 
(oa et de F Aquitaine da nord , — correspondant da ministère de l'Ins- 
tracUoQ publique pour les pubUcatloos historiques ( Comité des cliartes 
chroniques et inscriptions ), — correspondant de la Commission royale 
d'iiistolre de Belgique , — inspecteur divisionnaire de la société pour la 
conservation et la description des monuments historiques , — oorre»- 
pondant de la Commission des archives ^Angleterre ( c^est à lui qu*est 
dû {'envoi fait en 1835 à la bibliothèque publique de Poitiers d*on ex- 
emplaire des ouTrages publiés par cette commission ; li bibliothèques de 
ftance seolement possèdent cette grande et Importante oolleetlon , sur 
laquelle M, de la Fontenelle a publié une notice en 1835 , dans les 
Bulletins de la Société d'agriculture, t. Y , p, 368 ) , —président de la 
section d'archéologie et d:histoire au congrès de Caen ( 1833 ; , —secré- 
taire général dn congrès de Poitiers ( 1834), •- président du congrès de 
Douai ( 1835) , etc, , etc. Il prit , en outre , une part active au congrès 
STchéologiqae tenu à Poitiers , en I8i3 , par la Société française pour 
la conservation et la description des monuments historiques. Il présida 
la seconde séance, fut le président et le rapporteur de la commission des 
VŒUX ( son rapport est inséré dans le compte rendu de ce congrès , p. 
se à 236 , et , indépendamment d'un grand nombre de communications 
vediales , H donna une note sur les diverses formes des tombeaux chré- 
tiens découverts en Poitou , et sur les matières dont ils sont composés 
( ibid. . p. SOI à 205 ), 

M. de la Fontenelle était membre d'un grand nombre de sociétés sa- 
vantes. Sans parler de celles d'agriculture de Poitiers et des Antiquaires 
de rouest , dont il a été question ci-dessus , il appartenait aux Sociétés 
des Antiquaires de France , — de Normandie , — de la Morinle , — de 
la Picardie et du Midi , — à celle de mistolre de France , — à l'Insti- 
tut historique , — aux Sociétés académiques d'Angers , Angooléme ,. Blols , 
Bourbon-Yendée, Caen, ( 3 sociétés) ; Cherbourg , Douai • Evreux ( 2 
sociétés ) ; Falaise , le Mans , Metz , liantes , Niort ( 2 sociétés ) ; Orléans, 
Kochefort , Bouen , Saint-Qnentin , Tours et Yaleoce ; — à la Société 
géologique de France, —à la Société Linnéenne de Normandie ,-- et à 
TAssociation agricole du centre de l'Ouest. — Enfin , hors de France , il 
était membre de la Société des Antiquaires de Londres et de l'Associa- 
tion britannique d'archéologie ; il avait été désigné pour faire partie de 
celle des Antiquaires dn nord de l'Europe , à Copenhague.— Mais, parmi 
toutes ces distinctions académiqnes , le titre dont il devait être le plus 
fier était sans contredit celui de membre correspondant de l'Institut de 
France ( académie des inscriptions et belleslcttres ) , qui lui avait été ac- 
cordé en 1838, 



TABLE 

DES MATIÈRES. 



Pages. 

iovertissement^ v. 

BiscoQrs prononcé aux Fanèrailles de M. de la Fon- 

TBNBLI.JS , le 15 Février iai7 , par M. Léon Fayb. . vit. 

LIVRE PREMIER. 

' Servant d'introduction , depuis l'époque de la fon^ 
dation da Monastère de Luçon , Jasqa'à son érection 

en fivècbé» en 1317. 1. 

LIVRE DEUXIÈME. 

I. 1317 , le Monastère de Lnçon est érigé en Evêcbé. 53. 
II. — Série des £vôq{ies de LaQon.-^l3l7— 1334 , Pierre 

de la Voyrie, premier Ëvèqae 65. 

m. 1354—1353 Bfigiiaud de Thfmar$ , deuxième Evèque. 68. 

lY. 1354 , Jean h Jofevri , troisième Evéqn«. ... 73. 

y. 1354-1357, ^au»i<rr^ quatrième Evêque 74. 

VI. 1357— 1360 , Guyl, cinquième Evèque. .... Ibid. 

TU. 1360—1375, Elie I, sixième Evèque 73. 

YIII. 1373^1387 , GuiUaume L dfi la^ RoehefaucauU . 

septième Evèque 80. 

IX. 1388—1407 , Etienne Loypeau > huitième Evèque. 83. 

X. 1408— 1418, Germain Paillard , neuvième Evèque. 88. 



S92SI2 HflBiyVSiilSILISIDlS fitii^IlâlIlISS;^ 



Pages. 
ÎI. 141»— 4424, EUe n,Marîineau, dixième Evètioe. 93. 
in. 1424—1 430, Guillaume IL GcSon , onzième Evêqoe. 102. 
Xin. 1431—1441 , Jean 17. Flewry, douzième Evèqae. 10& 



LIVRE TROISIÈME. 



1. 1441-^451, NMUu CoNir, treizième Eyèqoe. . lis. 

H. 1451—- 1462 , André de la Boche , quatorzième Eyèqoe. 124. 

m. 1462—1490 , NicoUu IL Boutoud , quinzième BYéqoe. I3i . 

lY. 1490— 1494, Mathurin deDercé, seizième Evèqae. 154. 
y. 1494— 1514 « Pkrre de Saeierges ^ dix-septième 

Evèqae , 157. 

¥1. 1514—1523 , LadUlas du Fau , dix-holtième Evêqoe. 182. 
YII. 1523— i524,/(Min de Lorraine , cardinal-diacre , dix- 

neoYlème Evèqae 199. 

nn. 1524—1527 , LouU de Bourbon, cardinat-prètre , 

vingtième Evèqae 200. 



LIVRE QUATRIÈME. 



I. 1527—1552 , MHêi on MiUon D'illiers , vingt-et- 

unième Evèqae , 216. 

n. 1552—1562, Jleti^ de DaUUm du £f«itf, vingt-deax- 

ième Evoque 247. 

m. 1562— 1579, BaptiiU Hî^ctfltn , vingt- troisième 

Evèqae 264. 

IV. 1579—1584, Bené de Salla , vingt-quatrième Evèqae. 321« 



LIVRE CINQUIÈME. 

Pages 
I. 1584— 1592, Jacques Duplessis- Richelieu , vingt- 

. cinquième Evèque 3:>l . 

11.1592—. .. f François Byver , vingl-sixiëme Evoque. 340. 

III 1605 , Alphonse- Louis Duplessis- Richelieu ,. 

vingt-seplième Evoque 555. 

ly. 1606 — 1623 , Armand-Jean Duplessis - Richelieu , 

vingl-huiliëme Evêque 358. 

FIN DE LA TABLE DE LA PREMIERE PARTIE. 




Dtl MONASTÈRJE ET DES ÉyÊQUES 
UVRÉ PREMIER 

BBEVAirr D'INTEODCCTION f 

Dinys t'érbovE db ta ^ôKbATioN du monastIbe de luçon | 
nmopià, mu tectiow nr ÉHeai , ir 1517. 

OUGHfBS DÛ MONAST]^ DB tUÇOR • SÉRIB BB 8Bg ABBÉ8. 

t. LuçoH, ott mêttie Lussort , comme on écrivait , il 
y a deux à trois Aiécles (l), lucicmum, Lucionium, tel 
ÎMxmtm f est une localité qui se trouvait » dans le 
principe , au fond du golplie septentrional formé par 
Vocian en Poitou et tout-à-fait sur le littoral, m 
littorb maris (2) , et est placée, dans ces derniers temps , 
aqbord dn marus qui , par suite du retrait de la mer 
et des travaux de dessécbanent , tient la place de ce 
même golphe. (3) 

<4) JNof»iMMnt , lorfqtii le Cwdinal d« RioluUett occupait U 

siég* épUcopal de ce lien. • , 

(S) if.* de D. Eêtietmo't. 

(5) t>an8 un docciinent ancien » Inçon est placé «u iB.e degré • 
80 minutée de longitude et au k€,mB 20 minutée de latitude, ilaia 
«l^nslB Dtetiatmaire Géographique d'Agnès , on trouve cette indice^ 
tton Donr hftqpn : If ng. occident. ^, 50. l«t. 46. 27. iti. 



2 ) QRIGIHE D£ IlfÇON. WAVLE»^ 

2. Ua monastère célèbre , depuis deveiMi an évéctô » 
fut établi très-anciennement dans cette localité , mai» 
la difficulté esC d'assig^er la . date réelle de cette 
fondation et de connaître )e fimdateur. Pont décider 
ce point , en connaissance de cause , il faut recourir 
aux sources et les apprécier , en s*éclaiïant du 
flambeau de la. critique. . . 

3. Avant de donner la version véritable de la 
fondation du monastère de Luçon , "il est bon de 
faire connaître le récit fabuleux de la création de 
cet établissement ecclésiastique. H sembte , en effet , 
que deux à trois siècle^ en arriè|'ede.iiou3 » on croyait 
que , puisqufB Tbistoire. générale est peêcëdée par une 
ère fabuleuse , la mythologie ;. on devait aussi > pour 
les histoires particulières , procéder de la m^me ma- 
nière , en commençant par le faux, pour arriver enfin 
au vraL Alors n'existait point cet esprit d^examep , 
ai nécessaire quand on. écrit l'histoire ,^ et pour le prou- 
ver y en ce quiéphçeme le Poitou t nous allons dpnn^ 
là relation de la fondatfon du monastère de Luçon , 
suivant Bouchet, auteur des ilnna{e$ d' Aquitaine f dont 
nos bons aïeux tenaient pour vraies toutes les paroles. 

4. « Audit tetnps , (1 ), régnbit en Angleterre 
un Roy, nommé Cloël, qui esdiûa Glocestre. Et parce 
qu'il estoit rebelle aux Romains et ne vouloit estre 
obéissant à l'empire , l'Empereur Go&stantius prépatra 
grosse armée pour luy faire la guerre : mais le Roy 
Cloël s'humilia , et fit un traité de paix avec Cons- 
tantius , par lequel il se rendit tributaire à TEmpire 

(I) Bouchçt , Annales d'Aquitaine , l.re ptrt. ch. V. 



tiomaôn : et dnq semaines oa eoTiron après , alla de^ 
vie à trépas : à lay safTlTaût «ne fille nommée Héleine 
(bien iostraite es arts libâranx » de belle et élégante 
forme , et lonable prudence ) à qai appartenoit le ro- 
yaume d'Angleterre, et à ceste raison Constantius Tes-^ 
pousa , et eut d'elle trois fils: je n*ay pen scavoir le nom 
da premier ; le second fut AomméLocios , qui estoit le 
nom de son bisayeol roy d'Angleterre, comme on peut 
Toir au traité de 2o. Monumetems , et le tiers fut nomihé 
ConsUmUus : et comme J'ay trouvé par la fondation de 
fEgHse cathédrale de Luçon, en Poitou , contenue en- 
une bymae, commençant Gaudê Lutionum : ledit Lucius 
eocit son iirère âisné , à ceste cause fut banny du pays* 
et condamné à demeurer en religion toute sa vie : et 
pour ce fiaiire » son père Te mit sur mer , en un navire 
frété de grandes richesses et reliques , avec plusieurs 
prestres et dévotes personnes , qui tous se rendirent , 
par la conduite des vents , ainsi que Dieu voulût , au 
lieu de présent appelé Luçon , qui est sur la mer , et 
iflec Luchis s'arresta et y fonda une belle Abbaye 
et Eglise , à l'honneur de Nostre-Dame , qu'il nomma 
de son nom , scavoir est , Luçon : où fl vesquit avec 
<ses prestres religieusmient : et depuis a esté érigée en 
esvèché, comme nous verrons ci^après; desquelles 
choses nos historiens n'ont rien escrit , mais ont seu- 
lement parlé du tiers fils nommé Constantinus , qui 
depuis fut Empereur , et appelé Constantin-le-Grand »» 

5. L'existence de ce Lucius, personnage^ créé pour 
donner une étymologie à la localité de Luçon , comme 
celle de ce frère atné envers qui il se serait rendu 
coupfl^le du crime de Gaïn à rencontre d'Abel y sent 



4 ) OBIGINB dB LVÇON^ VAMLSê. 

de pure invention. Du reste il ne foot pâis râttrtMe)r 
à Bouchet , ^oi n'était qu'un écrivain créante y n'in<* 
ventant pas probablement les fables qu'il écrivait et 
dont la tâche consistait à recueillir les contes antérieurs 
à lui et à les monumenter dans ses annalei, Nous 
trouvons , en effet » la version relative à Lûfon dan» 
les documents de la localité. 

6. Jean Bounin » GhanoiDe-Hebdomaâier et Scribe 
de l'Eglise cathédrale de Luçon , ué à la Flocelliète. ^ 
dans ce diocèse » fit imprimer > vers le milieu dti 
XViI.<' siècle , un poëme latin , aux les antiquiiéft 
de Luçon , qu'il accompagna de pièces justificativea (i). 

Là se voit encore la fable de Lucius , 3econd fils 
de Constantin-Chlore et d'Hélène,' et frère fle Çons* 
tantin-le-6rand » et ce Lucius aurait tiîé un frère aîné 
dont on continue à ne pas donner le nom ; toujours 
est-il qu'obligé de se sauver , par suite de ce crime , 
il se serait embarqué avec un certain nombre de prê- 
tres. Sur quel point ceyaisseau était-il dirigé? C'est 
ce qui n'est pas bien établi , toujours est-il que le 
navire aurait fait naufrage en Bas-Poitou , dans un 
lieu appelé en Français Nauffret : de cette circonstance , 
JVatrfs fractxjL (2). 

(1) Cet ouvrage est înlîlulé : Antiquitates urbts et eoclesta» Lu-^ 
cionensù authoritate prûbaiutn historiconum , trafiitione veteteum , 
ac ejusdem ecclesiœ indubitatâ fide comprobatœ , operâ et studio 
SSL. Joannis ountn , presbiteri Flocelleriani , diciœ ecclesiœ 2>u~ 
etonensis hebdùmadern , née non capHûli^ ejùsdem srriùm.' Je per- 
lerai plus en détail de ce livre, à sa date^ • 

(2) Dans notre système , nous ne voulons cepen^nt paa nier en- 
tièrement Texistence d'un lieu situé peu loin de Luçon , et appelé 
Nauffret • par suite d'un naufrage. Feut-^tra ce lieu a~t«il existé 



0HI6INB loB tVÇm. FABLES. ( 8 

Cest ce qae Bounin rend par ces mots : 

Fertur sed in ipsp 
Porta naufraginm basse | locusque vocatur , 
^ Raufret, • , 

Mais renda dans ce liea , Lucios cnit que Died 
ne Toalait pas qu'il fût plus loin. Alors il ferma là 
an établissement , y bfttit une Eglise en l'honneur dé 
la Vierge , qui fut desserrie par les prêtres yenus aveô 
hi et qui se firent moines. 

Plus que cela, Ludu^ construisit sur ce point U, 
Tille f qui depuis a été appelée Luçon. , 

• ..... Construtît et urlieia 
Lacius ipse svtà rite de nomme dlottmi 



Cette cité aurait été autrefois grande et célèbre , 
inais elle aurait été , quelques siècles après , détruite 
par les Northmans {i}. 

7. Ce que Bounin a donné de plus grave , à Fappui de 
b &ble, sur la fondation de Luçon , est ,1a prose qui 
se chantait 9 de temps immémorial , daqs T^Église de 

et a-t-U été mangé par la mer , comme nous l'écrivait on f ayant 
ami. n est» du reste , des pointf où dee conatràotions religîeusef 
rappellent des infortnnes de mer. Il ferait donc poaaible qu'àla fon- 
dation de Luçon se rapport&t le fait d'nn naufra^re. Mais il y a loin 
encore du possible au vrai. Nous anroas à noter , pl^ s tard , quel« 
qnes circonstances qui prouvent que les. Moines de Luçon voulaient 
monument$r l'existence de leur Lucius. — Du reste des recherches 
faites en dernier lieu , nous ont appris que Nauffrei était à Tem^ 
bouchnre du Lay, dans la mer. Plus tard , et à l'occasion » nous 
entrerons en quelques détails , à ce sujet. 

(I) On trouvera, dan* Ici pitcei jvitificatlvctf, le PoSme àé rilib- 
dooiiidîer de Luçon. 



$ ) ORIGINE DE tVQOlf. FABIB^ 

cette localité,, le dimanchje d'après rAscension, jour 
où se célébrait la fête des reliques. <ic Cette hymne, dit 
un écriyàin dont les travaux relatifs au Poitou sont 
e§tîmés (1) ne paraît pas excéder lé treizième siècle , 
contient d'une manière , je ne dirai pas plus certaine 
inais plus claire e^ plus détaillée, l'histoire deç an- 
tiquités de la Ville et de l'Église d^ Luçon; et l'auteur 
aurait fort bien pu supprimer ses vers et sa prose ,; em 
nous donnant cette pièce , qui est un extrait de la lé- 
gende deLudus. (2). On y fait faire à ConstarUius Chloru$. 
le personnage d'un fort bon catholique. C'est lui , dans 
cette prose ; qui confie des reliques à son fills^ ea 
lui donnant plusieurs clercs pour compagnons de vo- 
yage^ et qui renvoie à sa bonne aventura,. après l'avoir 
recommandé à Dieu dans ses prières» Tout cela est 
fort pieux pour un prince payea. tel qu'était Cotis^ 

Yastissimo Mari 
Helinquentî patriam y 
Per patris industriam 
NaTO praeparatiir. 
Quae tam TÎctualibus 
Quam multî^ pîgnorîbus. 
Sanctoi*um ditatur 

Et ut nil deficiat ,, ' 
QuînDeo serviat , 
Torba cïericomm 
yLuget pâter filium « 
Passurum exHium, 
SubDeitutelâ 
Hune commendat precibus...» 

(1) Dreux du Radier, t^. HUt. du Poitou. 

(2) Mous donnerons cette prose» dans les pièce» jaslîficativM. 



ORIGtNE DB ÏX^Om. FABLES. ( 7 

8. Jç pourrais encore citer la cbromqae de St.-Haixent 
dite de Maillezais» comme ayant adopté la fà^Ae de Ltk- 
tm. (i}Mais ce documelitaété écrit par Pierre Rajmond, 
abbé de S.t^Maixent, vers le milieu du XII.* siècle. 
Or, il est tout simple que /quan^u monastère de Luçon 
on croyait à une fausse origine, pour cet établissement 
ecclésiastique, eette fausse donnée ait eu du retentis^ 
sèment à peu de distancé* de là, dans la monastère 
de&t^'Maixent. (2) Je 'dirai la même chose, pour ce 
qui Gcmceme la Chronique du Langon. (3) 

9. Nous allons donner une autre version relative i 
la fimdation du monastère de Luçon. 

Le chanoine, auteur de ï^lfaiMllo BUMredeVAh^ 
hoji^ de S.tFUiberi -de limtHUê [k) s'exprime ainsi en 
ee - qui (ônclie Luçoo. a On croit qu'il ( S.t Fi|ibert ) 
prit encore 90ia de l'Abbaye 4e Saint-lfichel-en-' 
rfierm ^ fondée par aoaami, l'Évéque AnsoaM» prètf 
de la mer et de Luçon ;' et de celle' de Notre-Dame 
de Luçon de laquelle Je vais parler. 

cL'àuteur dé la vie de notre Saint ne dit pas un mot 

(i) Abdo. DCGCLXXVO. Cœnobiym Saneim MoHm Uàctom^ 
9is', ^uod ÏMCtuê quidam imperialis incœpit , et poêtia saneti^ 
wnit FkiiibêriUM , âiitracftnm «sU Chteam* AaUêaè* 

(S) M. Mérclie^t^ dd Xoiisîgiry-, tncien élère de l'école dei 
Charte» » « , dam an article insérA an l.er toK de !« Biblfofhèfuê 
de r école de» Chartes, 'fontenu qoe cette chronique a été écrite à 
Biailleiaie» miis cette allégation eat erronnée , ainsi q«e je l'tî prouvo 
et que je l'établirai encore pliu pofitiTei|ieBl;4 da«a un trayail ffé«* 
cial. 

(s) Voir cette même chronique^ parmi lei ChrmUquerFàmt^nài^ 
êtennes , pag. 7 et suiv. 

i^) Vol. in-ft.« 



8 ) ORIGINE DE LtrÇON. FABLES. 

de cette Abbaye ,. m de 5on oi^ne^ dont Fàlcon parle 
fort au long « dans sa Chroûiqae de Tournus. Mais comme 
celui-ci écrivait 400 ans après, il a èmbarassé sa nar* 
ration de plusieurs circonstances qui la .rendent fabu- 
leuse. Néanmoins, coniraie l'auteur de la Ghroniqueda 
Maillezais en avait déjà parlé auparavant , et que le 
P. MabiUon pe parait pas imprauyer ce qu'il a dit 
(i) , je vais foire un précis, de ce qu'il y a de plus yrair 
^einbkd>le , et que l'on ne p«ut presque pais révoquer 
en doute. >> .^ 

({ Un certain Lucim de race impériale , étant venu 
ae CônstaÂitinople , aborder ^ur les côt^i? du Poitou )f 
fonda lé monastère de Luçon qui a donné origine à la 
ville de ce nom- H em^a^a Ja iFiemràastiquè etS.t 
Filibert se cbarg^a de le.cwAiire. Le êdSùt abbé mit 
dans son monastère de Jfenooutiers une parfîe des re«* 
liques que ce IsmviS avait app.orté^ avee hd^ Be I>Kr- 
^¥it|«^ deft relîqme$:f|irwt( tisamfêréèii à Toannis^ 
où il jUjsa reste qae tré^peu; o 

10. Ici Lucius , encore de race impériale , aborde sur 
les côtes de Poitou et fonde U itioaâsUr6:jdéi;LUfiin. 
Mais il se met sous la conduite de St. Pbilbert, ce qui 
indique*, dès-lors , qa'ôti tx'ëntend pas pàrîèf d^tùie 
iondaCion se rapportant au temps de Constantin-^e^ 
prand. Au lieu de çeUi ^ c'est une création du TS.« 
siècle > et le personnage de racé impériale, en' tenant 
tin moment son existence pour réelle, ne pouvait qu'être 
de la mabontles Empereurs- dû Ba^EiSafpire. Inutile de 

. (i) C'est une erréi/ir , et plot tird on rerra ^e bom Hfabilloii 
a fait preuve de plus de criti([U4. 



OftlGINË DB LVÇOK. I^ABLBS. ( 9 

iire, do reste , quece n'est là que la substitutim d'une 
bble à une autre lEable , et qu'on ne peut pas plus 
trourer place i ce prétendu Lucius t dans les familles 
impériales » à une époque qu'à une autre. 

11. D'autres écrivains ont encone donné, pour fon- 
dateui^ au monastère de Luçon , un personnage du 
Dom de Lucius , mais ce même personnage n'aurait 
été qu'un simple moine , disciple de Philbert , Abbé 
de lumièges et de Her et non un personnage de race 
Impériale » ce qui modifie encore la version de l'his- 
ionen de Toumus. Du reste laissons-les parler: 

« Laçon doit son origine , disent les uns (1) » â un 
très-ancien monastère qui fut fondé par un disciple de 
St. Pbilbert. Ce fondateur nommé Lucius , donna son 
nom à cetter Abbaye ». 

c Eue ( la ville de Luçon ) , dit un auteur plus 
moderne (â) , doit sa fondation à un disciple de St. Pbil- 
bert, nommé Lucius , qui y fonda un Abbaye , sous 
l'invocaflon de Notre-Dame et de St. Benoit (3) en 676 »• 

Nous fenns remarquer que rien ne constate encoro 
qif il ait exbté un obscur moine du nom de Lucius , 
placé sous la conduite de St. Philbert , et qui aurait 
construit le monastère de Luçon. Ce n'est donc que 

(I) Longneroe , duer^. de Is France. — La Martînière , Dtet. 
ii la Framee* 

(3) Dnmoalin » Géoçr. de la Frknci» Je me dlipeoM de citer 
i'intret anteor» t pour ne paa trop ni'étei&dre« 

(3) Ce patron» datii le •yitème de laateiir» ne pourrait pae 
itre S.t Benoîst de Qvînçaj. Ce lerait le grand S.t Benoiti « dont 
^ ordre éradit des Bénédictine a tiré ion nom. 

2. 



ÎO ) tOmcmB DE LtTÇOT^. CHTTIQÙE. 

la même narration dég^i^êe dèà c)t(5<^stàticëà tftû ëta^ 
bKssatént son absurdité ëvidente. De pltt^ , si ntt 
Mmple lïibine du nom dé Lncius et disciple de St. 
Philbert ponvait être considéfré comme le Tondatenr 
de Luçon , cela serait en opposition avec les fables 
des deux premiers Lucius , et rentrerait assez , sauf 
Texistence de ce personnage de peu d'importance , 
dans le système que nous allons bientôt établir. 

12. Telle est la ftbie , entière d'abord , pois modt*- 
fiée ensuite, qu'on a rattachée à ta fondation dti 
monastère de Luçon. H y a quelques siècles , ta manie 
était de faire dériver les noms des villes des noms des 
fondateurs qu'on leur imposait, pour peu qu'il y eût de 
ressemblance ; ainsij telle cité passait pour avoir été 
construite par un personnage Troyen ou au moins 
Romain, si les noms présentaient quelqu'analogie (1). La 
critique a depuis long^temp» fait rais^ti de ces erreurs, 
qui ne supportent plus 1« choc d'une discussion sérieuse» 

13. Le plus souvent, au contraire, une ville, un 
bourg , ou un monastère , tire son nom de circons- 
tances relativies à la localité sur laquelle on a cons- 
truit , à la nitture du sol , à la fosi^n du lieu , près 
ÂejA mer, vers des marais, sur une rivière , ete (â). 

14. Quant à Luçon , un savant , notre collaborateur 
pour les travaux relatifs à Phistoire du Poitou » s'ex- 
prime ainsi : 

(I) On pourrait , à ce è^jflft , faire de nrombrenses citations^ * 
0t) Sî Ton voulait dohnner dea indications en ce sens , elles se 
raient si nombreuses, qu'on croit deyoir s'en abstenir. ' 



<mwxB m ivçion. cmnQVH. ( ii 

c Le nom LucH)n aignifie mot à mot, dans la 
langue Kelto-Kimeriqae , les nuirais ». (i). 

C'est en efitt Vétjmio^ que donne m fotear (2) 
qui a bien perdu de son crédit depuis que t dans 
ees damiers temp? , on s*est Rvrt a des travaux 
sérieux et réflècbis sur la Hngubtiqoe. D^prés lui» 
le nom d^ tuçm secaiC composé de deux mots 
ceUiqiies » Luk , marais ^ et cw $ envirooné. « Or » 
LocoBi , dit un savant Bénédictm (3) » est , en effet , 
preaipie envircmné par des marais ». 

15. Concluons en disant ,^ soit qu'on doive ou non 
s'arrêter à Tétymologie donnée par Bullet et Dufour t 
au nom de Luçon , qu'il est bien des noms de lieux à 
qui on ne peut pas assigner une ëtymologie • à raison 
de ee 91e la mut des temps ne permet pas toujours 
de ceoEuJIfe les circonstances qui se sont rattachées à 
kv édification. Toqtours est-U qu'il nous parait dé- 
montré que le monastère de Luçon n'a point été fondé 
ni par un Lucius , frère de Constantin-Ie-Grand , ni 
par un Lucius de la maison des Empereurs de Coiis<- 
tantinople , sous le bas empire »ni même par un simple 
moine , portant encore le même nom : ce n'est donc 
que par la manie que Ton avait , dans des siècles 
éloignés de nous , de vouloir qu'une localité bâtie eût 
toiyours un nom dérivé de son fondateur „ qu'on ^ 

(1) DafiBQr » âg taneièn Poitûu* 

(2) Bullet. 

(3) Dofli Fonteaçan. Du retW » conme on doit écrire rbi«t«ire> 
d*«a0 sniiibse coii«ci«ttcienM » jt dirai ici qii« mon MtTant am»^^ 
compatriote, M. Cardin , n^adopte point l'étjoioloQÎe du nom dn 
Lnçnn , d'aprèa Bullet. 



12 ) ORIGINE DE LUÇON. VERSION VÉRITABLE. ( 682. 

imaginé un Lucius, pour être le créatecur du monastère 
de Luçon (1). 

n. ActuellemeBt entrons dans le vrai : 

Le savant Dom Mabillon , place la fondation da 
monastère de Luçon, sous l'an 68â (2). 

n est à croire que cet établissement ecclésiastique 
iut créé (3) par Ansoald ^ évéque de Poitiers , et qu'il 
fut mis par lui sous le gouvernement de St. Philbert , 
qui, expulsé de Jumièges vint créer d'abord le monas- 
tère de l'île d'Her. Aussi on honorait ce saint, comme 
un des patrons de l'Eglise Abbatiale ; il y avait sa 
chamelle (4) , sans compter l'Eglise paroissiale , placée 
sous son vocable et dont nous parlerons plus tard. 

2. Un érudit dont on peut à bon droit invoquer le 
sentiment , quand il s'agit des antiquités du Poitou , 
DomEstiennot, (5) attribue à Philbert la fondation des 



fi) Il noi|ft teraît £Bicile de donner de nombrei» exemples , k l'ap* 
pm de notre opinion. 

(2) Atmai Bensd. 

h) Dufour, Htst. de Poitou, T. i.er. 

hS M» de D. Eatimnot. 

(5) On lit dans les mannscriu de D. Estiennot : 

« In basilica Lucionense olim extttereiTi altana et ampliùs ut 
patet ex regeètU eccleeiœ : pluramodà sunt ^ et plerague patronos 
ac tutelares alioe veteribu» dttm$si$ êuscepere, JNulium enim tnodà 
supereêt S» Benedt'cto eacrum, imà nec sancto Pf^tliberto, soUlicet 
ht duo eanett olim ae diu tutelaree et patroni Lueionii extiterint, 
Utriusgue tamen feetum de prœcepto observatur , et quidem eanct* 
Benedictt eum euccentore, ut statm't ordtnar Lucionense vetut. » 

Pois on troave ailleurs : 

« Porrhà sanctuê BenedictusLucioni patronus tîle ipse est qui et 
Quùîciaei ad miltionem , Episeoput videitcet qui ut tradunt é Sa— 
maria Arianorum pereecutionem fugien^ Auguetoritum Pictonum 
appulit , ibique diem claueit extremum, » 

Plus loin il est dit que S.t Benoist« vénéré à Lnçon et à Quinçaj, 
est présumé avec iondement , avoir été Evéque de Poitiers. 



682.) ORIGINE BB LtJÇOK. VBRSIOH VÉRITABLB. (13 

monastères d'Her ou de Noirmoutiers , de St. Benoit 
de Qninçay , de Luçon et même de St.-Michel-en- 
THenn , et cela avec le concours d'Ânsoald , évèqae 
de Poitiers. 

3. Laissons parler , sor ce point , notre ooUabora!- 
teor le docte Dufonr (1} : 

joc La fondation de Laçon est placée par MabBlon , 
sons Fan 682 (S), n n'est guère douteux qu'elle ne soit 
due au pieux tiAe d'Ansoald , évéque de Poitiers » et 
non pas au personnage fiibuleux» appelé Lncius, 
qualifié hnperialii , c'est^«-dire Issu d'une Camille 
Impériale, n demeure asseï constant que ce monastère 
fht également mis sous la direction de St. Philbert: on 
l'y honorait comme patron ; et dans son Eglise » de* 
Tenue Cathédrale depuis la bulle de Jean XXII, datée 
du 13 Âoftt 1317 f 11 exista , jusqu'en 1790 , une 
Chapelle sous son Inyocatlon. Ses successeurs sont 
demeurés Inconnus jusques vers la moitié du XI.* 
siècle (3). 

4. n y a plus» un savant Bénédictin en s'emparant 
d'anciens documents (4) va Jusqu'à prétendre qu'An* 

ii) Htêt. du Poitou» T. l.er 

(2) jinnai, Bened. 

?5) Nov.GaU. Chriif.^ ^ 

(&) Je yaît transcrire iei mi firagmem des maniucrits de Dom 
Estiennot. 

« Momachum in Luetant profuti fiure têoBiUs D, D» 

« Antoaidut vir nobilù tœeuh potenU'A nnmûm /ui^em Piciavo» 
rumque epùcopus , ^«t , ut refert Monachuê Gemêtieensië tu çitâ 
sancit Philibertù mh eodem PhiliUrto admom'tus, in eju$ $e conciUç 
commendavtt ex integro, ti êub religioniê notma epiicopalem cœpit 
ineiinare potentiam, » 

En Buroe eêt écril , de la main de Dom. Fonteaeaa» AmoM , 
évégvê de Poiiierê , religieux de V Abbaye de Luçon» 



16 ) ORIGINE DE LUÇON. VERSION v£rITABLB. ( 68â, 

« Qu'en ce temps-là, Luçon n'était encore qu'un bourg et 
piéme qu'un village qui dépendait de Nennoutiers i». 
Mais il faut ajouter que puisque dans ce bourg , dé- 
pendant du monastère de l'ile d'Her, il se trouvait des 
moines ; ces religieux étaient nécessairement des 
moines du monastère de ille d'Her , transférés depuis 
à Deas et ailleurs, et enfin à Toumus ; et que, dès 
lors, et par suite d'une conséquence inévitable, réta-* 
blîssement religieux de Luçon n'avait point une exis« 
tence indépendante et n'était pas autre cbose qu'un 
prieuré dépendant de l'abbaye que je viens d'indiquer. 

9. Peut-être est-il bon de dire ici ce qu'étaient les 
prieurés. Ces petits établissements ecclésiastiques con* 
sistaient en des maisons dépendantes d'une abbaye où 
l'on envoyait un certain nombre de religieux , pour 
exercer le service divin et administrer les biens que 
le monastère possédait dans le canton. Le chef de ces 
trois ou quatre moines s'appelait modestement Prior 
Fratrum , îe premier des Frères , et du titre donné i 
cette humble dignité résultait la dénomination de ces 
sortes d'établissements. Us furent si nombreux au midi 
de la Loire , parce que le Clergé régulier finît par ne 
laisser rien à faire au Clergé séculier, que dans la 
plupart) des paroisses il y eut un prieuré. Nous yeri'ons, 
plus tard, ce queldeviennent ces sortes d^tablissements 
quand le nombre des moines diminua et qu'il y eut 
augmentation pour les ecclésiastiques ordinaires. 

10. Or , rendu à ce point, il est impossible de ne 
pas donner en quelques mots la monographie du vé- 
ritable fondateur du monastère de Luçon , de cet 



68S. ) ààiàmE i>Ë iuçon. vebsiôn viaitABii. ( IT 

hbnmfe^ Joiiai Haï si grand rôle dvis son siècle^ ^t 
contribua A pulanomnent à tfrer le Bas-Poltèn dé lA 
barbarie. 

Pbflbcrt (i) naquit pu VIL* décle , dans l'aneienM 
yiUe d'Eaase , en Yaseonie (2) , de Filiband , ipii eâ 
était éTêqae^ et il fot éteré dans la yiUë de Tic. San 
éducation achevée , il fbt enroyé à la eov da roi 
Sagoberth L« Ce ftit là qa'il conttdt Ouen * depnif 
jffcheyèqae de lUmen , ipà càchàiip 90u$ Un baudrier 
d'or, un iervUeitr de Dim. Sentant meA loi t à Tingt 
ans , le désir de se retirer dn monde » il se rendit à 
Rebiâa i en Brie » où il prit rhablt religieux » sons 
Â{^e 9 abbé de ce monâstttd. A la mort de céhii*«i^ 
il fotélu pour le remplacer , mds don attachement à 
la rigueur de la règle , élera contre lui une forte op-^ 
po6iâ<tt. Alors il quitta le bâton paMoral et praiiant 
celui de vofageHr » 11 visita une partie des établisse^ 
memts rdigksux dae Gaules et même de lltalte , 8*ar« 
rèta particulièfement à Luxeuil, Lax&oium^ et à 
Bobio , BMvm , et dans d'autres lieux , pour y pmn 
dre d'atiles enseignements, et aviser, par rinitractioh 
puisée dams la ^atique, k eholsir entré les règles da 
St Basile^ de St. Maeaire , de St^ Golombàn et de St. 
BeBott, qui divisaient alors le monde miftiastique. A 
son retour , il obtint du roi Chludwig II la concessfana 
de la localité de lumièges, Gemeticum^ et y bâtit, en 
SM , ce monastère d'une si haute réputation. 

Phiibert croyait peut-être avoir foraié là dn établis» 

(i) FiUbertui. 

(2) H$li$ano Tirriton'o. 



18 ) ORIGINE BE XirçON. VERSION TiRlTARU. ( 683. 

sèment , pour y passer sa yie. Il n'en fat rien j car les 
passions haineuses s'attachèrent encore à lui,. en .Neus- 
trie. Ouen , archevêque de Rouen , son ancien ami ^ 
prit même parti contre lui et à l'instigation dHébrouin» 
maire du pal^s , Pfinceps Francorum » il le fit 
détenir. dans sa vifle épiscopale. Rendu à la liberté; 
Philbert se dirigea vers le Poitou où il reçut le meil- 
leur accueil de l'évêque Ansoald. Celui-ci donnait trop 
au monde , et Philbert Téclaira. En retour le Prélat 
concéda à l'abbé une !le inhabitée, aux confins de lapro- 
vince et vers l'Armorique, nie d'Her, dont l'évêque 
avait eu la propriété, par suite d'un échange avec son 
chapitre, et Philbert y créa un nouveau monastère, 
qui eut mie grande célébrité. On y vit jusqu'à six 
cents moines , tirés de Jumièges , qui y firent flemrir 
la religion , la doctrine et les bonnes mœurs; de plus, 
ils. desséchèrent le sol et le cultivèrent. Non content 
de cela encore, le fondateur de Jumièges créa une 
marine, qui fut un sujet dé prospérité, pour ison second 
établissement. Lorsqu'on connaît la force de l'associa- 
Uon, on doit sentir ce que pouvait faire alors une masse 
de six cents religieux obéissant avec précision aux 
ordres d'un chef intelligent , comparativemmt à une 
Oiasse non homogène de travailleurs , dispersée sur le 
sol» et non stimulée par l'intérêt et le déshr de posséder, 
qui existent dans nos sociétés modernes. 

On sait que Philbert créa <l'autres établissements 
ecclésiastiques , notamment celui de Quinçay , près 
Poitiers. Hais au dire des savants Bénédictins (1) et 

(0 Nov. Gall. Chntt. 



684. ) OMGINB BB LtJÇOH. TEHSIOll TÉRITABLB. ( (9 

comme on Ta rapporté déjà , 11 fbnda aussi celui de 
Luçon,daiis ime localité dépendante d'abord de Tabbaye' 
de rue d'Her. Ainsi on doit considérer Philbert/ 
i^on comme le premier abbé , au moins comme le 
premier fondateur du monastère dont nous écrivons 
rhistoire. 

A la prière d'Ouen » qui finit par reconnaître ses 
torts envm PhiUiert, celui-ci retourna à Jumièges * 
après huit ans d'absence , et les habitants de la Neus- 
Me , pénétrés de joie , se portèrent par milliers au-' 
devant «de lui. Le saint abbé fut assez heureux pour 
recevoir Tévèque Ansoald, dans son premier monastère* 
Hais Philb^ ne voulut pas finir ses jours sur la terre 
GemOique , IHea le rappelait en Poitou , et il vint 
moarbr, dans son monastère de rilé d'Her , le 20 août 
688 ou 684; d'autres placent sa mort au mémo 
Jour de l'année 690 , ce qui est tcop retardé. 

m. On trouve dans les manuscrits de MM. Robert 
du Dorât (i) que : « D'après la chronique d'Adon , 
archevêque de Vienne , Carloman et Pépin menèrent 
leur ost contre Hunaud t duc d'Aquitaine, et prireni 1$ 
eh&ieau de Luçon [2] et étant sur le chemin , ils parta- 

(f^Une copie prMqv'entîère de cei documents, prUo pur les soing 
de D, Fonteneau, existe à la bibliothèque de la ville de Poitiers, On 
crojait les originaux perdus , mais on les a retrouvés en Limousin. 

(S} C'est encore la même erreur échappée aussi à Tbibaudeau , 
Hùt, du Poitou qui, en citant Meichin et en relevant la fîibie de 
Lucius » s'exprime ainsi : « Luçon n'a d'ailleurs jamais tiré son nom 
de Lueîus. On lit dans Eginhard, qui vivait au temps de Charle* . 
magne , que cet endroit se nommait le bourg de Lu€ s Lucœ CaS' 
trum, »£ginhard ne parle aucunement de Luçon» 



9Û ) INYAâlOJIS ht& NORXHHAljtS. (816» 

gèrcait ensemble le royaume 4q France , en m lieu 
appelé le vieux Poitiers ». Mais il est éyî^ent que ces 
compilateur^ se sont trompés, en appliquant ^ jUiçon» 
en Bas-Poitou , un nom latin qui se rapporte à Loches > 
en Touraine, et que la première de ces localité n'a 
pas été prise, lors de la lutte entre les descendants dos, 
Maires du palais et la branche Aquitanique de la race 
Blérowingienne. 

â* Bientôt l'Oucât de la France fut en pi;pîe m% i^' 
vasions successives des popul^ons enrantea de la Sew* 
dinavie » qui se livrèrent aux plus: grands désor^lres» 
Le Bas-Poitou en éprouva sur-tout l^ isffetâ., et la 
première déserte des Northmans eut Mm dam l'il^ 
Bfnm. Toujours est-il que ces barbares pprt^reaMt^ d^QB* 
^us 1^ Ueu^ où ils abordèrent^ le fer et le feu* LucoQ 
^t aussi leur visite , dès les premiers temps^ /Mtîs.^ 
par fois, il y avait une sorte de trêve, en C9; 
sens que si les Danois arrivaient à une éffHpxtf sur' 
l'ancien sol des Gaules , ils retournaient dans leur 
pays , chargés des dépouilles des vaincus , à une 
autre époque. Souvent on espérait ne plus les voir 
revenir, de sorte qu'on réédifiait......... et peu après 

les Mécréam (i) revenaient et tout ce qu'on avait fait , 
en travaux de restauration , demeurait en pure perte. 

3. Les monastères étaient alors à la fois des établisse- 
inents religieux et 4e civilisation. Les deux pouvoirs, 
lorsqu'ils étaient divisés, agissaient donc dans le même 
sens > pour donner aux monastères un lustre dont la 
religion et le pays tiraient également avantage. Or , 

Cl] Expresftioa par laquelle on indiquait les I^orthmaDS. 



817^ lU^fOIllIATIONfPJkliSAUrrilBHOITD'AHUNE. (2U 

la àymsiie des Maires do palais » qui était parreDm 4. 
exclofe da po|iY<>ir la race Cbevelae , se&tit que FiDr. 
flnence do Cliergë loi était sortoot otile , à la fois poor 
âeigner tooCt têotatiiie contre son aoteritè et poor 
rendre florissmls les pays sor lesqoels elle devait 
régner. Car fiasons la part de Tégoinne et croyons- 
que, dand certaines aetions^Uy a aossi le eftténtiHtaii^» 
poor Iebjieapo)>lic. 

Toison» est-il qoe DnKM, depois somommé dU« 
niane, naqoit à;liBgnelone^ (1)^ enLangoedoc, enTSO, 
et fui élevé à la coar des monarqbes Pippin et Karie- 
ma^ie* lïAatd , homme de conviction, iïsefltreligietix 
dM» TaMbagre de Sle.-Seine, en Borgondie < et devint- 
«isoite abbé do monastère de St-Saaveni4i'Aniaae / 
qo'il fonda, dan9 l«|diocése où U était né. Ensoite, homme 
de grande capacité , il manifesta l'idée^de réformer, 
les monastères et cette pensée apparot no poovoir , , 
comme une idée bonne et civilisatrice. Aossi Lodwij^- 
Keu^ , d'abord roi d'Aqoitaine et ensoite empereor, (2) 
àlaniort de Karlemagne , Tadopta entièrement. Benolt- 
d*Aniane fat donc autorisé à réformer les monas-. 
1ères 4e France et d'Aqoitaine (3) et il remplit î, 
avec on grand zèle , cette pieose et honorable 
mission. Il réfonpa notamment plosieors] mo- 
nastères en Poitoo et les mit soos la règle de St. 
Benoit da Mont-Cassm , le Patriarche des moines de 
rOccident. Les statots qoe cet homme de piété et 

(i)Baill«t, VigdêsSéiùitê. 

(2) Voir YHistotre dêê Rots ef des Dues etAçuteame tt des ' 
Comtes eh Poitou par de la Fontanelle et DuCbnr. Le l.er voinma <le 
ce livre paralir» es même tempi qve V Histoire des Mfueê de lâà§cn» 

(?) On sait que U différence était grande alori. 



22) IKCBNDÎE ET RECONSTRtCTIOT DB LUÇON. ( 853-963. 

d'action téàigeA farent adoptés , au Concile , ou plutôt 
à la diette d'Aiî-la-Chapfille , de 817 (1): 

^ ]>'après les docpments qa'on^^ pu r^sisilUr jctt fa^. 
conséquences qui en d^ouleat , oa doit craife 99%(l^ 
moiiastàre de Luçonifut un de ceux qui f uf ent jr^r^: 
jfié^ V c'est-àHlijce » réorganisés piar B^mo^H'Aniftae.: 

4. Mais combien peu dura cette olrganisatioû du lûo- 
nastére ou du prieuré de liuçon , car alors Ijft. division 
entre ces deux natures d'établissemesits e^léstosUquiÇ^f 
n'était guère tranchée ! Toiyours est-il que ai. 1^) 
Northmans s'étaient cimtentés de dévasta jp^qu'id. 
I0 monastèi^e deLuçon» jls le livrèrent aux ftwP36ke«i, . 
cp .Mai 853 (2). ... 5 • •.. 'j •' 

; . •' ? 

5'. Un point à noter , d'après la chronique de Mail- j 

lezâis (3) , c'est que le monastère dfe Luçon était encore. j, 
eh ruine, en 877. , .. ' 

6. Cet établissement ecclésiastique fut rebâti, vers 963» , % 

(4) par Ebles, évêque de Limoges , trésorier de St. Itilaire f] 

de Poitiers et abbé de St.-Maixent et daSt.-Michel-en*- ^ 

l'Herm. L'abbé Ebles, frère de Guillelme Têie^'Etoupes^ i 

comte de Poitou , aimait le Bas-Poitou et il fut inhumé ^ 

dans l'église du monastère de St^-Michel-en-l'Herm » , 

qu'il avait également reconstruit (5). -^ 

(1) Voir le recueil des Historiens àe France^ S.t Benoit d' AniaiiA | 

mourut le 11 février 821. 4 

(2] Ckron, Engol.-Chron. Adetn. Caban^-Chron. Aqùitan» ' 

(3) AnnoDGGGLXXVII, Cœnobtum Sanciœ Martof Lu€iofienstSs . 
dsstructum erat. Chron MaUeac. 

(4) Ce fut l'année où il fit rendre au monastère de S.t Malzent tous 
les biens dont il avait été dépossédé. Voir les M9. de Dm Fonicneau. 

{^) Chron. Màllme. 



963;) St:. Wmm i txm DBS PAtAONS OB LDÇOH. ( 93 

7. Ce *ftil probablement après la reâtanration da 
monastère de Lnçon , par Fabbé Ebles, qa'ml St 
Benoit lut recoimu c<KDaie Tun des patrons de cette 
loealité, et là est ladifflcolté. En effet doit-on entendre 
par ce nom , le grand St. Beûott » patriarche des pieux 
cénobites de l'Occident et celui dont St. Benoit d'A- 
niane .voulut établir la règle ? Toujours est-il qu'un 
ecclésiastique instruit du diocèse de Luçon £aJt re- 
marquer que c'est prècisémeut la fSte de ce person-> 
nage, d'une si grande énergie , qui se célébrait à Luçon 
et dans son territoire (!]. Mais ne serait-ce point plu- 
tôt le souvenir de St. Benoit d'Aniane , venu sur les 
lieux, le réformateur des moines , qu^on aurait youlu 
conserver? Encore une autre version, un cénobite te- 
nant au Poitou , au moins par ses œuvres , Benott-de- 
Quinçay , qu'on a prétendu être venu de Samarie (2) ^ 
et avdr été évéque de Poitiers , au dire d'un savant 
bénédictin (3)^ aurait gouverné le monastère de Luçon y/ 

et grmdement amélioré sa position. Mais Saint ^ 
Benoit- de -Quinçay existait vers le milieu du YII.* 
siècle et cette action du saint des bords du Mios- 
son ^4) se serait reportée à un temps bien éloigné I 
Enfin ne voyons-nous pas un autre Benoît , nous nous 
servons de ces expressions, parce que les dates pré- 

(1) Voir une dêi notes de la nonvelle édition de V Histoire de 
PotYott,[par TKibaudeau. 

(SQJDom Fontenean prétend que le nom latînds Soiarye« bourg 
& pea{de distance de Poitiers , Samarvia , a été pris mal à propos , 
pour celnl de Satnaria « Samarie » localité bien étrangère. On sait 
que la monomanie de cette époqno était de faire arriver léa bonuBea 
marquants» de bien loin. 

(3J D. Eatiensot. 

(4}Riiîsseau sur lea bords daquel se trouTe S.t Benoit de Quinçay, 
près Poitiers. 



eêdemineot acmnéès now i»nbaiiai^ût » rèitaifferré-- 
tàblbsément religieux de LaçoD ?(<) Quel ^it ûoae 
£ë Bentoît , lorsqu'il n'y a fias A rëc^rislfèt l'épocjuè 
de ta vie du graud St. Benoit, A ékn^ftié de Hau»; qat 
St Benoît de Sàtbarie, vivait vèi^ le mllieili du TD[.« 
fliëde; que Benoîtd'Aniane eàt mort, €^ 8Si , M que lé 
ttv^t <Estieimot kiâi({ue une reâitaui«tiiiti dé ses ? 

8. À ce sujet, je ne puis m'empécher de jEadre re- 
xnarQuer que la mémoire d'un St. Benoît , qu'en croit 
être St. Benoit-de-Qdinçay et qui est peut-être SU 
.Benoît d'Âniane , s'est conservée dans plusieurs é^es 
du Bas*Poitou et notamment dans celle d'Aizenay ^ 
qui étsut originairement le chef 4ieu du petit peuj^ 
des Agésinaies (2). Il existait même , dans cette localité ^ 
nnostensoir et un calice qui passaient pour avoir servi 
à i'un des deux saints dont il est ici question ($)• 

9. tTdùjdurs est-il qu'il «('agit d'^lEâniuer , ce qu'a 
4gtiS f dans ceâ temps êlôigi]^» Tétabli^in^ l%%eux 
Wd Luçto^ À'saadéi «iïipte prièUrS d^ènâaiÉt du ina^ 
véàkéAeSté PUIterNl'Her^ de Déàs oUèeTuuitoud^ 

{i)Circa annuinS6ti,,JBenedtctu8,,, restauravit,»,Q^utnctaçmcùr. 
tiucionenai'cœnotia, îftâ. de 1>. Ëàtiénnot» 

(^ Voir mes Hécheir^éKéê .%ur iew ptttU jièuptèi jiti kâl^ikhtà 
2e Nord du Poitou , vers la mer et la Loire , lors de ia cçht- 
^inéte des RofHàtHS et de Vintràdûetion Bû ChriiWanisme. 

(3) J*aL ynàAisenay, il y. a dix-huit ans, pendant un voy^e 
àdentlfi^iie que je faisais daiis la Vendée, rosténsoîr et le èàlict 
dont je viens de parler. Ils étaient d'une foirme particulière ei faits 
d'un jnélânge d'or, d'argent et de cuivre, à rinstàr des jpièces 
<7anloÎ8e8. Je rbfcofanmandai hhh au crcdré dé ne pas se dessaisîîr 
d'objets aussi précieux,on au moins denep&sle fairë^sàiis m'en ins- 
truire, au préalable... J'ai appris depuis que roAensoir et Je eaiîce 
avaient ét6 vendua à vil prix ou ôchao^ésypour de;i objets ds pcfu de 
râleur. 



ioM— 106^ JsxK kr 6iRAri>, ABiiâs oib lvçon. ( tt 

Detmt-fl Itidèpe&daiit et à quelle époque eut liea eet 
éyénèîneiit? D'abord il y a lieu de croire que 0a fè^ 
taurâtiôn, pair St Benoit de Quinçay et ensuite la vie 
errante et tajàbonàe (1) des Moines de^l'ëtablissement ^ 
originairement filés dans lUe d'Her, et leur éloigne- 
ment du pays, portèrent les religieux, qui se trouvaient 
à Luçon, à se constituer eu étatd'indépendance complète 
et à se créer une existence à part. Pour la question 
de l'époqûeje prends celle où apparaissent les Âbés de 
Ldçou , à dé&ut d*autre antérieure et comme cette oA 
eatlieo cet ëv&iement si intéressant , pour cette {(H 
calité« . 

lY. n ist ï #raiarqaer que Ton ne trouve îien d« 
rdaHf ^n BÉroiiastére de Luçon , pendant tout le counmt 
du IL.'sièclé. Cëite cfrcâkii^taiioe tient, 8<^t aox midlmini 
dés toàtps^ ^ à la pMè des doeuments Ustoriquei. 

â« Ce n'est même que vers le milieu du XL* siècle que 
rao^voît paraître les abbés de Luçon. (2} Jean, Johannes^ 
le premier que l'on rencontre , assista ^ en 1Ô40 , à la 
oenséeraticm de Téglise du monastère de la ïrinîté de 
Yendômet où se trouyërrat tant de prélats et de di- 
gaitâôres ecclésiastiques. En 1047, il souscri^t la 
cbarte de fondation de Notre-Dame de Saintes. 

3. On tMî que leaïi ûxA pour successeur, vers IMD, 
sur le siège abbatial de Luçon , Girmi !•«' , Gitauâm , 
éeeond sAbé qui eêt flemeviré inconnu ux auteurs de 
la nouTèDè Gaiâe Gbrétienne* (3) • '• - 

(l)SaBs en ap^ii,tei l6 i«»t • j«tiie sors i» «««te esprestion > 

parce qu'Erméntaire lui-même Ta empIo\ée« 

g) Nov. GaU. Vhrtif. 
) Ma de D. BoÀHneêtv^ 

4. 



26 ) . GmAjDfD i.^% s.*" ABBâ DB lUÇON. (1060^1068 

4.Ea 1060, lorsque Hombert /abbé de Maillezaisvint 
à mourir, un chapitre solennel fat tenu » pour le rem^ 
placer. A cette assemblée , assistèrent d'abord Guil- 
lelm€t-Gui-Geoffroy , comte de Poitou et duc d'Aqui- 
taine et les évêques de Poitiers et de Saintes. Plusieurs 
abbés s'y trouvèrent aussi et Giraud , abbé de toiçoni 
y siégea entre les abbés de Cluny et de S.t Jean d*Aa- 
gély. Le choix se porta sur Goderan, religieux jd'une 
grande distinction> et qui plus tard devint évêque de 
Saintes (1}. 

B. Mais, dn peu aprèscette époque, c^êtait en 1068, 
régnait encore Guillehne-Gui-Geoffroy, comte de Poitou 
et duc d'Aquitaine. Or, ce prince déclara alors la guerre 
à Foulques-Rechin, comte d'Anjou, prenant parti 
pour Geofiroy-Barbù , frère putné de ce dernier et 
retenu en^ prison par son frère aîné. Alors le duc- 
comte , ayaAt. réuni une armée considérable , marcha 
contre son ennemi , s'empara des faubourgs , puis de 
la place de Saumur et livra aux flammes , non seu-' 
lemént les. habitations ; mais encore les églises de S.t 
Florent, de St.Jean-BaptisteetdeSt Pierre.: Malgré qu'Tl 
soit difficile de justifier de tels excès, on leii comprend 
encore , quand il s'agît d'une guerre contre uii rival. 

Biais ce qu'on ne comprend, pas, c'est que la même 
année 6uillehne-Gui-Geofiroy>e portajsur Luçon, s'em- 
para du château ie cette localité et brûla le monastère 
de Notre-Dame et son église (2). Dans cette expédition 

(î) M.$ de D. Fonteneau. M. Ch. Arnanlt. Htst, de Maillexaie 

(î) Anno MLXVlll, Guido . ecnui duxii uxorem Aldeardiml 

filiam Rotberti , ducù Burgundùe et nep$am Mmriçi^ regiê FroH'* 



1082 ) GuUtD i.^f 9.« ABBÉ DE LUÇOIT. ( Vf 

de colère I dont les inotib sont à pea prés igncMrës» (1) 
beaucoup de personnes des denx sexes furent ifaises à 
mort, n paraît que, repentant de ces excès, le duc^ 
comte fonda Tabbaye de MontiemeuC de Poitiers» mais 
cette expiation ne remédiait pas au mal qu*il avait fait 
en Bas-Poitou. 

6. Dragon, abbé de MaiUezais, ayant abdiqué son titre» 
pour se rendre à Cluni et y mourir saintement, un 
Chapitre fut tenu à Poitiers , m 1082, pour choisir celui 
à qui on devait remettre la dignité de chef du monas- 
tère de Maillezab.' Girand, abbé de Luçon, se trouva 
à cette réunion à laquelle assistèrent également Guil- 
lèhne-Gui-GeofTroy comte de Poitou et duc d'Aqui* 
taine, et Isambert II, évéque de la province. Gaufred 
fut élu abbé de Maillezais (2). 

eorum rtlictà Mathide* Tum eceptt eattrum iMcionenie €t mamute'-' 
rhan tanetœ Mariœ Virginie, quod est in eodem Castro, combuisit» 
mulPoêçuê homùuê ae feminoê m eu ^xtmxit, Chroo. Malleac. 

« L'an l067. Lé dac ( Gm-Geoniroy-GaUlelme) , espouM la pria- 
cease Aldearde , fille de Robert II , doc de Bourgogne* nîepce du 
roi Henri l.*** , et pais après , nieu de raisons que nous îgnoronf* 
il fut assiéger le château de Luçon , qu'il prît et réduisit en cen- 
dres « sans pardonner au monastère de r?ostre-Diime« ny encore à 
homme et femme trouvés dans le fort L'an 1068 , le duc jetta let 
iondements da Montiecneuf » de Poitiers..».. • Besly* Comi» d9 
Foit. 

(1) Néanmoins on doit dire qu'on lit ce qui suit dans les manuf- 
criude D. Estiennot. 

« Quod sijuttojudtcio et juste hœe flatntnis dederit Guido , co^ 
mes rictavorum , quia hosiis sui dominio in erant , justiori sanè 
combiusit castrum Lucionense quod debitutn et rationabile obse- 
quium Domino proprio denegabat» Veriim m prowuscuà belii cœde 
fontes et insontes eamdem sortempatiuntur, » 

(S) M.* dçD. Fonieneath ^ lu. Ch. Araaalt, Hist. de Maiiiê^ 
lois» 



9» } GpOFFBjOV » 3.<î ABBBÉ IXE lUCQir. ( ^09^ 

7, Le monastère de LnçoD; joaissait pppb^ement 
d'une réputation de sainteté , à la fin du Xj siècle» 
car Gosçelin de Parthenay, archQvégue de Bordeaux^ 
y fut ii^umé, en 1086 (Ij. On S£^ii que ce prélat était 
de la maison des seigneurs de Partbenay, qui de lui 
prirent^ par souvenir de la dignité d'un de leurs parent?» 
le surnom de V Archevêque qu'ils joignirent à la déno- 
mination de lemr seigneurie (2]« 

8. Geoffroy, Goffredus , fut ensuit^ abbé de tuçon , 
en 1091 (3) et il serait le troisième abbé de ce lieu. 

Ce fut sous son administration que r<m commença à 
réédifier entièrement l'église et le monâst^e de Luçon, 
brûlés, comme on l'a vu, en 1068, par 6utllelme-6ui- 
Geoffroy, comte de Poitou et duc d'Aquitsàne. Ce prince 
entreprit cette reconstruction , par les conseils dtf papa 
Grégoire YII, dont le nom primitif était Hildebrand. 

Ce n'était pas assez, en effet, que d'avoir fondé un 
nouveau ^monastère , celui de Montiemeitf , il fellait 

(1) jinno 1086 • defuneti sunt Goscelmus , archfepi^copus Bur- 
digaiensts et Isembertus, Pictaviensts epiitcopus , quoiytm alter te- 
pulttis est tn Sancto Cypriano , alter tn Sanctœ Mariof Lucionens. 
Çœnobio^ Chroa. Malleac, 

— Sepeliuntur m basilicâ Lueionensi , nobites virt D, D. Gos* 
eehnus archieptscopus Burdigalensta » gui vùsit armo 1086. Gaital. 
Lucion. 

(2^ Il ne faut point admettre ropînion de ceux qui prétendent qiijB 
les Farlhenay-l'Arckevéquey descendaient d'un archevêque de 
Bordeaux , de la maison de Parthenay. La généalogie de cette fa« 
mille établit le contraire. Du reste » comme le prouve fort bien La 
Boque , Us mâJes seuls prenaient le surnom de rÂrchevèque , tan- 
dis que les filles ne portaienl que le nom de Partheoay. 

(5) Anno MXCI Gofredus Lucionens, AbbaSt eut successerurtt 
Maynaldus , Daniel , Giiraudus. , Gi'ràertut^ C<VP«. MaWwc. 

(4) M,* de D. Estiennot. 



iedt— 1101) GSOFFEOT £T BjOUUD, ABBÉ8. ( » 

aussi relever rancim étebU^aement ecclériastiqiie qu'on 
aTaitlîYré aux Oammes, Uidepmîser les religieux du mal 
qu'on leur avait fait, et se racheter du péché, par d'abou* 
dantes aumônes. Du reste , le duc<;omte Guiiielme-GuH 
Geoffroy fit, à la suite de son méfait, un voyage à 
Rome , (1) et , dans la ville sainte, il puisa d'utiles en- 



9. Geoffroy était encore abbé de Luçon, en 1095, car 
il souscrivit, cette année, la charte de dotation faite 
par Ârbertn, vicomte de Thouars, en faveur deTé- 
glise de Saint-Nicolas de la Chaise-le-Vitomte. (2] Cet 
abbé n'était donc point décédé, en 1091 , comme le dit^ 
par erreur , une chronique locale (3). 

10. Renaud , Rot naldus, fut ensuite abbé de Li]çon(4) 
et le quatrième » rang, et, sous son gouvernement 
les moines de ce monastère s'engagèrent à faire parti* 
ciper à leurs prières SaintrBruno, fondateur des Char- 
treux , mort peu avant et le 6 octobre 1101 (5). 

(1) M,s de JD. Eittennot. 

Ma de D, Fcnteneati, — MJ de D, Housseau • à la bibliot. 



da Aoi. 



(3) Chro». Malkac. 

(&)n ne pal être élu, en 1091» comme Ta dît D. Eatiennot , en M 
fondant sur la Chronique dite deMaîUezaU» dont le rédacteur « ou Fa 
déjà dit,a commis une erreur^puisqueGeoffror asaUte encore comme 
abbé , à un acte de 1095. Pour faire concorder les textes , il Ca- 
drait que Geoffroy eût été remplacé, de lait, dès 1091, par Renaud « 
en consenrant son titre , ce qui est peu probable. 

Kéanmoins^ et on en conviendra ici, le témoi£;nage d'une cbronîqns 
de la localité est £ût pour embarratscr beaucoup , quand on adopte 
une opinion contraire. 

(5) Nov. GalU Çhritt. 



SO] DANIBty GiBAUDn, GBRBSET, ABBBBT. {flOf-4030 

11. Daniel succéda à Renaud , comme cinquième 
abbé de Luçon (1) et dut siéger entre Tan 1100 et l'an 
1110. 

iâ. Après Daniel , le siège abbatial de Luçon fut oc- 
cupé par Giraudlly GirauditSf[2) qui aurait été ainsi le 
sixième cbef de cet établissement ecclésiastique» 

13. Gerberty GirberiuSf{S} succéda à Giraud II, comme 
septième abbé de Luçon. On présume qu'il commença 
à siéger , vers Tan 1,120. 

14. L'égGse de Luçon se trouvant terminée, elle fut 
CMisacrée, en 1121, (4} lorsque Gerbert était abbé de ce 
monastère. 

' 15. Nous mentionnerons (Arbert ; Arbertus , comme 
successeur de Gerbert et dès lors comme huitième abbé 
Gomm de Luçon. Il dut être élu avant 1130* 

16. Cë[(ut sans doute cet abbé qui reçut le bref de 
concession du pape Innocent II ^ du 26 février 1130 , 
et adressé aux abbés de Luçon, de Nieuil-sur-l'Autise, 
et de Saint-Liguaire 9 pour excommunier Hugues de 
Bochefort, de Ruperfarti, et lancer un interdit sur ses 
terres, parce qu'il avait enlevé des dimes à l'abbaye de 
Saint-Maixent. C'était alors le moyen de contrainte 

(1) Chran. MaUeae, 

(^)Ibtd. 

(h) Anno MCXX1J\ Ecclesia. Sanciœ MàTM Lueiamnêù fuit 

' Bocrata iS KaUnd. Mai. Qiroii# Mftlleac. 

(S) M.9 dej). Fonteneau. 



1131^1137 ) ..^IBBKr f 8.« AMfi BS CUÇON. ( 81 

oDpIoyépâr la ttiar de Rome,. contre k» Jalqpaes qpi 
s'emparaient da temporet des ecdMagthpKg. 

17. L'abbé Arbert figure, comme témoin, dans me 
charte donnée, en 1131, par GnillanmeJeune, deniier 
Comte de Poitou et duc d'Aqnitaine, en favenr de 
l'àbbaye de Saint-Jean-d'Angély (1). Pent-étre cet Albert 
esUille même qui- transigea arec Geoflroj, abbé de 
Saint-Laon de Thouars [2] ? 

18. Ce Ait pendant le gouTemement abbatial d'Arbert 
([06 forent données les lettres dé Ludwig-Gros roi de 
h*ance et nn diplftmeâe Xadwig-Jeuneroi de France 
et duc d'Aquitaine par Aliénor , sa femme, datées de 
1137, par lesquelles les cbapitres et monastères de 
rAquitaine et notamment de la province ecclésiastique 
de Bordeaux, fiirent confirmés dans la liberté d'élire 
leurs prélats et abbés et maintenus dans la possessioii 
des privilèges , immunités , et Inens accordés i Irars 



19. Vers ce temps atssi le monastère de Luçon eut 
un procès considérable avec l'abbaye de MJarmoutierSt 
près Tours, pour le moulin de la Roche-sur-Yon. Ce 
difKrmt fut ^terminé par GuiUelme Adalelme , éyèque 
de Poitiers. 

(1) Betly « eomf* tU PoiV. La 6««1« Ckrétîeiuia commet «ui« 
erreur, à ce sujet, en datent ce titre de iO0O,lendie qnil eet de liSO» 

(2) M.ê d9 JD. J^oneeneotCk 

(3) Ihid. 

(4) E$o GwVehnut « JDm* grdiût , Pictavtentiê Spittopu» , ptr 



82;) ^CI, :^« ABSÉ HE 1X^1S(. ' i lit» 

âO. On ignore Tépocpie du décès d'Aiteit; MaiB ton* 
jours ést-ii qoèGiii le renïplà^ sur le siège aUiatiài 
de Luçon ^ vers l'an 1140 ; il serait dés-lors le neuvième 
ftbbér cobUH. 

SU On croit que cq fut sous son adminifitration qpe 
régjis^ de Luçon y déjà dédiée a la Yierge^ reçyt défi-* 
pitiyement^ pour, second patron y Saint Benoit 
Reste toujours la solution de la question souIey6e;prè» 
cédemment. 

^ â2. On connaît un acte dé cet abbé. Ce (ut le don ^ 

quli fit d'un ëalice doré au inonastère de Nuaillé^, sùi=* I 

Yàiit lin ancien inyeiitaîre de cet abbaye /que X)om ^ 

êstiennôt droit être de il40 f2]« Cet acte dé munifi- i 

cèhce porte à croire que Tabbé Gui était ortgibiurô i 

du Éaut-Poilou. i 

-••■'' • ^ . • • • i • •• . ■ ^ 

prtésènièm pdgtnam posfèrtiaits tr'ado mémoriœ qudît côftcôr'dtà j 

iitWhdta iit inprèBsèntiâ nosità^ cân^rtf «n*if& îi2/di; quœ[ iHft» trU&n ] 

abbatem beati Martini majorts monasterii et abbatem beatœ Maricf ^ 

Lucioi\ensis monasterii de quodam t^olendino,çui est apud Héchàm-^ i 

castrum , quod vufgariter dicitur super Hohium, Cum enim utra^ 
que pars adj'udicium à nobis vocata ; sejustitiam in prœdicto mtH '! 

hndinobabere dixisset , et raiianes suas in- .pro^nUA iftètm^ et 
àïericorum nostrorûm éxposuissét , Tiahc çoficorcltam fectmus quod * 

0bbàiMmàh:.^i.I)ucùniénsit ecâl&iieS. ^idqûid jûtïê tN^ 'jp'rtBfl^ j 

molendittû se bab.,,, majoris beati Martini moimsteno . ouminà^dar* 
feht 'étdirnit,,. accepfis à'fratribus mafoHsûiohâhtérii' qvMdringe^^ 
^ sojtidis ^ndigtmn9i» mtmeths* StiiqMtgyrgo Kietis fimàîffirp^f^ 
eentiâ nostrà et cleriogrum nostrorûm côncordiam factan^^t ^aii| 
ïnfrtnqere prœsumpserit anathematis gîadio feriatur t'Ufitèlrfàe^uM t 

huic concordiœ Golbertus decanus , magister Hilarius , ïdiuren- 
tius archipresbyter, Guilïebnus de Mortuomare , Tetbaudui abbas , | 

Mumaetsmiè, GuStùitMi^, aha^lMeinùndeûi,(htiiitkmiqUi'iène : 

eratpricrde Rûchàéé GduffiMtia'dèl^i^itaà» : . r-. ^ ,->- I 

£x Cartul. S. Martin. Major, mona^ Turon^ *' '} 

(i)M.*de D.FonteTteau. ... 1\ 

{t) Nov, GaU. Ckrist, -; M.\d< J). Eêiim^t. . >^ 



^ 



llSir ) N. iOJ Attfi BB mCMMUfU. ( SS . 

y. A partir do déeé» de Gui, 9."« aM6 » tt f 
a , dans la Gaule GhréUmne, une lacune pour la sMé 
des abbfe de Laçon et leg manosctits de Som Fente- 
nean et les antres documents i notre disposition , ne 
nons perôiettent pas de la remplir. 

â. Qimqo'il en soit, nous allons mentionner deux 
diplômes felatif^ au monastère de tecon , mais> dans 
leur contexte » le personnage oceupant lesié^e abba- 
tial n'est pas nommé. Toujours est-il qu*Henri n , roi 
d'Angleterre et dac d'Aquitaine, et la Reine-Duchesse 
Âliénor, (1) se trouvant à Chizé, vers 1157, (2] concédè- 
rent , par deux titres, Tun émané dujnari et l'autre de la 
femme » à l'établissement religieux de Notre-Dame de 
Luçon 9 un domaine appelé la Paludeuue , consistant 
dans le marais » dit le marais du Comte , sur Templ»* 
cément duquel on avait bâti la tt'Aade Choupeaux (3) 
et'la propriété de la redevance due, pour le pacage des 
brebis et des porcs. Les religieux furent déclarés ex- 
empts de toutes les prestations dues aux prédécesseurs 
des donateurs , qui concédèrent également toute la 
tene labourable du domaine , sous la conditicm que 
personne n'habiterait sur le chemin de communication 
conduisant au Gué-d'Alleré (4) , afin de ne pas encom* 
brer le passage destiné au Prince , lorsqu'il allait à la 
diasse {B)« Néanniofas si i malgré tout, queiquéi iiidi- 
vidos venaient àse fixer sor ce point^Hènri II et Alifinof 

Cet! U date ÎBdlqvte pv D. FoAtenem. 
yHia CadupeUiê, 

Goaunviie iwtvelUde l-aTroAdUMiiicnt de La^Rociitlle^ ié* 
peirteinent de U Ghareote-Inférieure. 

(5) ProbebUflaent à la chMae dea oiieaux de mer et de livi^ve^ fui 
daWupV •VH>iH t^ore , eue tjrii-cQmipiuis dans ces parages. 

" • 5. • • • 



M ) GuiLLBUfBi il.« AmA DB tVÇON. ( il82-f 1^8 

pennettàient qu'ils .deTinsseut. les hommes do mqnas-^ 
iér^ (ta Luçon. I^ doQa,teii]» racommaDidaieiit d^ ;ie 
pas. laisser perdrejes fniiH!l|is;e9 de^.Ofappirewx et s? 
ràserraient le droit d'appeler k Jat/gueir^., le cas adr 
venant, les habitante. de cette localité; Ge dtplôaie^ 
jrevétu des sfgnatares de GeOftrgy, archqvèqa^de ppr- 
,ûmij^ / de Cakm , ëvâqoe de. Poitiers ,. det S^hilipi^'» 
év64ue de:Bayeiix M abb^ dis MeuléoD.. 

■ ^;,Guîneliiae/ tfûtIîéîmMS/'êtàît abbé de Lnçon , en 
1182, et nous le VoyôiiS figura, comiaaetémoînV dans 
une ctiarte relative à Boisgrollandi Dans té fiiit /Pierre 
de Voluyre, vQùtant ^ai'f tir pour Jérusalem,, donna à 
Benoit, abbé de. Boisgrolîarid et à ces religieUl la qua- 
trième pailîe dés J^sfS^uér^u^^ leur maison ditué au 
jPôiré dé Cuiizon , et èomiâé le dônatietûr n'avait paît 
son sceau particulier^ îï lit signer Fàbbé de Luçon (1). 
h est aussi* fait inénfion de l'abbé Guillèlme, dans le 
don consent ; là même année 1182, par Pierre deà 
Ëssarts , aux moines' de XUçon, deVéglisé de Saint Tho- 
nijas , martyry et ,de quelques autres'objeCs!cfûi formèr^^nt 
ta prévôté desEssarts, di^itqde cetié église (2].Ceméine 
abbé est encore mentionné /dan^une charte de 1192 , 
relative à KTailIezais. '. 

4J Evrard ^ I^ardus; dev|itt aUbé dcrLuçon; ,-^tpré9 
6iiinelm&; dont Uèpoqueidui décds.est ignorée » ^ 
conserva assez long-temps ce titre ^ ou du UMÛns de 
1198 à 1216. Ce fat sôtt» s6n administration que Pierre 
de Yoluyre , chevalier» ^onna aux sKunesde huçon 

" (I) fTdû. Gaa. Christ,^ Cartuh Zncion, / ^ 

(S) M.$ deD. lonteneau. ' 



dnqaante sèiis ée rente amnaelle, pour sidyteiilrà U 
dépense de delà deigeft, qid devaient toojoars Inràler, 
dans l'église du monastère» Cet acte est daté du jovtr 
de Pâqoes , fi airrft 4206^ Philippe était roi de France 
et Jean roi d'Angleterre (!}• 

5. Peu après l'an 1200 , on tronve^ dans le Bas*-* 
Poitou , une famille qui portait le nom de Luçon et 
qui sans {doute possédait » dés le principe- des noms 
propres , de grsuEides possessions dans cette localité. 
En 1206 » Pierre et Hugues de Luçon » de Lutione ^ 
figurent dans une cbarte f2}. 

6. Dans ces temps si éloignés de nous , on procédai^ 
par daasiflcationde noble etdcrotqrier , non-^ulemciit 
poor les personnes , mais aussi pour les domaines. Ovi 
prte de Luçon , la terre de Brédurière , qui appwr- 
tient à la dernière famille (3} pourvue de FolBcci 
important de sénéchal ia Poitou»était routée roturière, 
Hugues de Luçon » qui avait la supériorité féodale , sq 
le domaine en question , Tannoblit en 1214 » d'après la 
demande de Pierre Farsit , qui le possédait. Cette 
concession (ut ratifiée^ l'aimée suivante» par Aimery i 
Vicomte de Thouars (4). 

On trouve encore Pierre de Luçon, dansune charte 
de 1221, que ncms allons citer bientôt 

7. C'est aussi à peu près vers cette époque qu'on 
commence à rencontrer la série des seigneurs de 

(l)lVo». Galh Càrtêt CartuL Lucwn. 

(2) M.ê de D. Fonteneau. 

(3) La famille de BeufVier. 
{h) 9Î s de D. Fmtcneau. 



9$, ) EVR4A]»» lâ.« ABBÉ im LVCOR^. { lâM^lît? 

Luçon 9 car la possession de cette localité était akM 
partagée entre les religieux du monastère de &te Marie 
et des personnages laïques. P'abord » en 1206 , figure^ 
dans un actct , Raoul de Taunay , de Taunicu» , cheva^er^ 
6eû;neur de Luçon, {miles ^ dominus Ludonertsis ^ qui 
donne des marais au monastère de BoisgroUand (1) , et 
l'acte est passé à Luçon même ; pui3 en iâoa , Raoul- 
de Machecoul , chevalier» seigneur de Luçon , ratifie 
le don fait par son prédécesseur Raoul de Taunay , ea 
présence de Josbert» abbé de Trisay^ d'Ostence , abbé de 
UoreiUes» de Pierre , abbé de BoisgroUand et autres» 

Biais il y eut une contestation, relative à une portion 
de ce môme marais ; (aussi on trouve , sous Tannée 
1217 f (2) des lettres testimoniales deBeatrix , fiUe de 
Bernard de Machecoul et dame de Luçon, pour cons<- 
tater une transaction faite entre des particuliers , vâu 
^ujet /est-'il dit , d'tm marais , situé dans le territoire 
de Luçon , qu'un juif avait acquis, du vivant de Raoul 
de Taunay le Vieux , àieul de Beatrix et que Jean 
d'Auhiis, avait depuis acheté du juif, du temps de no* 
ble homme Raoul de Taunay le Jeune , oncle de la 
même Beatrix. Ensuite se trouvent les lettres testimo*- 
niales d'Âhnery de Thouars, seigneur de Machecoul et 
de Luçon , pour constater eette transaction. 

Le monastère de BoisgroUand avait reçu eoT, don 
une autse portion de marais , située près de Luçon, 
de la part de Bernard de Secondigny , et deBrunefaye, 
sa femitie;; et Âimery ^ vicomte de TbouAts et Beatrix^ 
dame de Machecoul et de Luçon, confirmèrent ces dis* 

(1) Jlf.« de JD. Fonteneau. ^ 

{î)lbid. 



fùâOomf par une charte de l'an 1219 (l),fidteetfpié* 
«ente de GniMine , aUbé de Boisgrollaod t de Herre 
Bndé, chevalier y et de plusieurs antres. 

La posseasH» de des marais était commime i pla- 
filam. Ce qui le prouve , c'est qo'en 1221 , Pierre de 
LBçon , diclara donner à Gnfflelme^abbé de Boisgrol*- 
land, tons les droits qu'il avait, avec Hugues de Lnçon, 
sonfrère , et Bernard de Secondigny , dans les marais 
cédés par ces derniers (2). 

Aimery , vicomte de Thouars , fit plus que de rati* 
fier les^ms fiiits au monastère [de BoisgroUand , dans 
les marais de Luçon , car il fit remise à cet toblisse- 
ment ecclésiastique de tous les droits de taillées qu'il lui 
devait, tant dans ces marais que dans toutes ses autres 
teires^jusqu'à la Grange du Poiré deCurzon. Cet acte 
fitfpaasé, le22 mai 1221, dans la maison que le vi- 
rante possédait à Luçonl(3). 

8. Hugues était abbé de Luçon, de 1216 à 1220 (4) , 
rt ce fiit , de sop temps , que Pierre de Yoluyre fit de 
grandes libéralités au monastère de HoureiÙes. 

9. Vers Tan 122S , le monastère de Luçon (5) 
reçut plusieurs dons. Thibault Frelin , seigneur 
du Champ-St.-Pére, le gratifia d'une maison , située 
dans cette localité , des moulins de Sauvaget et d'au- 

(1) M.* de D. Fomeneau. 

(2) lôid. 

(3) Ihid. 

m Betly , évéque de Poîtien, — M.* de'D, Eêtimmot. — Nov. 
GaiL Chrut. 

(5) CartuU JjucioHt 



38f ) HUGDK y i3.« ABBÈ làB, WÇ&É.. ( HZÛ^ini 

très hiritoges (i). Uupea plos tàvd:, Maurice de Stbnt-^^ 
faucon, doipm à Luçon Féglise de Ronssay et îles di)^ . 
maines (2). .. /;..>:/.; . '. ,- 

- i(K fions Taimée 1232, on tronvcf nn iK>mm§ 
Vital Grcâmictier , quaUflé; de btnwgms de St;-lilicii€i-i 
on-rHenn, qui donné des tenres au 'mon^Btére de 
luçon (3)« 

11. Nous avonn mentionné te dot de la terre de 
Ghoupeaux (4) , fait au même monastère par Henri 
II Plantagenet et AUénor d^Âquitame , sa femme. ï^o- 
bablement que la maison deHauléon , qui était quasi 
souveraine de rAunis , avait des droits sur. cette loca- 
lité. En effet ., en 1233, Savary , seigneur de Mauléon, 
de Talmont et de Benon , confirme la posses^on de 
Glumpeaux, appelée imulade Chaappeh, auxTeligîaix 
de Luçon. On voit, de plus, dsms cette diartê» le nom 
du prieur de la localité (5j , et que le don d'Henri II 
et d'Âliénor , n'était qu'une sorte de rati^cation d'une 
précédente libéralité, faite par l'un des Guillelme ^ 
comte.de Poitou et duc d'Aquitaine [S). 

12. n ne faut pas croire que l'exercice de la puis- 
sance féodale se soit borné à des^ droits à exercer , 
elle entraînait aussi avec elle des obligations, qui 

' (I) Poar indiquer le genre de possession, on se Serf notamment 
de ces mots : oticha , une oache • pratum , un pré » haya , une 
haie. 

(2) On emploie ces expressions dans la charte , Grangùt', Ar€a, 
etc. 

(3) CartuL Lucion, 
(h) Sut l'an il57, 
(S) A.Brillonet, 
(e)M.^ deD.Fonteneau. 



selataaieiit pasift^qjppn .la Hberté de la peMÉùsà 
é^nsA lions ¥oy<MM» qojeii' mars Idtâ.» leamie^idame 
deJa.SiOclie->M];-¥w et ide^Loçop^ ta xettdaiitiiPi» 
toise, sço hommage l%e A^AIpî^asd» idEnnte^dePt^^ 
(1) s'engagea, par «erpoent, de ne pas se iparier à un 
etmemi da roiXoùis tX^ ou dii Comte Atçbônse^ frère 
de celui-ci. L'obligation qe paraissait pas sans doutç 
sofS^te^ car à la lûême époque on obligea Âimerjr^ 
vicomte dé Thduars , et son frère Geoffroy de Tbouars^ 
Irësârier de St/Hitàire de Poitiers., de cautionner Ù 
promesse^ de la dame de Luçon. 

Noos trouvons , plus tard , des conséijueoces de cet 
acte. 

lâLËn avril 1249 , Jeanne , 'dame de Loçon et de la 
ttoehe-sur-Ton.,, femme de Jtfamrice deBelleville^ fidt 
un accord avec Alphonse ^ comte de Poitou. .Dana if 
même mois , Maurice de Belleville et Jeanne, dame de 
LuçoQfit de la Soebe^ur-Yon , accordent , pour cin(i 
ans/ au même comtç Alpbonse , la jouissance de leiii 
château de la Boche-nsuc^Ton. ; . f 

n fût ^t en novembre, 1236 une libéralité aux-reliF- 
girax deLliçoli^qui eut de rimportancè;psir ses résultats* 
Ce fiit te don cdj^çWj par GmllaumeGreflisin , bourgeofe 
de PoitiCT»- (2)., .d'un emplacement et d'un herberg^^ 
meht^ Ptdtea «eu HerbergainmUum , dans un Meu appela 
les Pillerfii de Gautier , Ptlarii Galteri^,^ ^ituê dans 
}a cénslve de Saint<*Hilaire4e-Grand.f3).€'est là où fut 

'(^'^i^^*'^^<'^*^^^.^<^^^^*^ ^^ Hojftiiine» Poifieri* S.® iroU 

' fî) ilf .* d0 D. Fontenequ. 
(SQ ThiliaadMii , a^égé de l'Hùtaire du Fétêous dit qu^ y 



40.) Hugues , IZ.^ amè m LueoN. ( IMI 

édifié Iliôtel dit des Ttois-Pfliers, qiii serVit derefoge 
aux moines de.Liiçon , penddnt les guerres civiles , et 
jm dernier lieu et aujourdliui eueore , est devenu une 
iiôtelleriey portant toujours le même nom (i). 

* 15. A cette époque, nous trouvons que la sei- 
gneurie de Luçon appartenait à Jeanne ,. ^ui était à 
la fois dame de ce lieu et de la Roche-sur-Yon , et 
femme de Maurice de Belleville , seigneur de Montaigu 
et de laGamache (2); et, sans doute, à raison de la pro- 
messe faite au roi et au comte Alphonse^ en 1242 , 
elle ne s'était mariée que du consentement de ces 
deux princes* 

16. Nous mentionnerons ici un don fait [à Tabbaye 
de Maillezais, en février 1261 , par des particuliers î 
de tout ce qu'ils possédaient, parce que cette charte, est 
rédigée dans le langage poitevin , qui est encore aujôur- 

«vaiilà une porte de TîUe. ^U.f«at âtve qoa e'éuît une ponrte p8#tl- 
eulîère au quartier on faubourg Saint-Nicola« » qu'elle iesmait dil 
eâté dtt Sud. Nous empruntons cette remarque à autrui. 

(l) < En remontant la rue de la Traacliée > on laisse k gaucKà 
rhoteldes Trois-Piliers , appartenant autrefois au monastère de 
l#aten , auquel il avait été «édé» par un poitevîii, nommé' Cuillaume 
Qrossin » en 1256 ; il est .déaî^fné d^ la chartct de df^tioik sons 
le nom àes Ptliers de Goutter. Ce nom lui vient de trois piliers 
dont lusege n'a point été bien déterminé » et qui se trouVelif 'én-^ 
core aujourd'hui compris dans la maçonnerie du mur d^enfrée. 
Dès le temps de Boucnët /au commencement du XVI. e siècle «cette 
maison était une auberge relie servait de limitd entre le bcnir(]r'de 
Saint-Hilaire, soumis à la juridiction du chapitre « et U villa ,p|Or: 
prement dite : deux petites figures \ |»lacées à droite et à. gauche » 
dans les montants de la porte,, du coté de la cour, indiquaient» 
dît-on « 'deux territoires. L'une de ces petites figures existe encore» 
dans le montant.de gauche « l'autre a été couverte par la,, maçon- 
nerie. » H. Fouéarf ; Poitiers et ses ihôhuments. 

(2) Don de rente &it par eux , en Février iSSG , au prieuré de la 
Boche-sur-Yon. Jlf.* deï). Fonteneau. -^ 'Voir à^ssi les act«8 de 
iS4»99citésct-do«ms. t.. 



I27â-lâ86 } Maurice , 14.« Amt ob ujçov. ( 4i 
dli!ii[eiiiisage dans leBajhPoitou et parUcaUéremeDt dans 
lesenYirons de Lucon (1). Il s'agit, du reste, de localw 
lès rapprochées de ce. point et c'est on document impor- 
tant f pour la linguistique. 

17. Une vente de quelques maison? et héritages » &ite 
en décembre 1273 ^ à Pierre ^ ahbé, et aux religfeur 
de Saint-Michel-en*rHerm , par des particuliers (2),* 
mérite d'être mentionnée ici» parce qu'il est dit que oes. 
immeubles sont situés au château de Luçon (3). Or , 
il&ut que Ton sache que l'on entendait » par l'expre9-r. 
âoo de château» une yille ou un bourg fortifié. En un» 
mot , tout ce qui était dans l'enclôture et sous la 
protection d'un château , était indiqué] comme fiituô 
dans ce château (4). 

18. Maurice était abbé de Luçon à la finj du XIII>. 
flécle , car on le trouve qui fait un accord avec l'abbé 
des Fontenellei) » en 1286 (5). 

19. A la fin du Xin.« siècle» la seigneur» de Luçm. 
occasionna une grave contestation. Elle fut décidée pàr^ 
des arbitres dèihaut parage » qui furent Guide Lusignan» 
seigneur de Fère et de Perat » et Philippe de Beau-* 

(i) M.* de B. Fonieneau. 
(%)Ibtd. 

(5) V«até kîte y%i des ixirticfilièTt à bhn Pierre « liamlilê ùlU , 
par k grâce do Dieu , de Sent Mîcheu de l'Ers et an coayent de 
cette nréme abbaye , de rHerbergement qn'ils avaient au chàf eaii de 
Luçon , aTOP quelques héfH^p, ia yènï^ eeeliée .daa aeeym: 
MonseîmenrMacé'de Saint Venant» chevalier sénécl^n N. S. le 
Boî de France en Poitou et dan «ian de Rettaut de Mircoimay. %'" 

(6) En 4S7&, on trotive la mèntio* de Gaufk'êdiu dê^ Xnr^W^. 
«ale<tf«. On Mit que cette qualification dé yalet . emportait alors 
l'idée d'nn titre de noblesf e« 

QS)ïfo9.Gan. Christ. ' - ,;. 

6. 



^ ) MAtjRiCB f 13.« AB6é m ItTÇOlir. ^ ( ii^ 

manoir, chevalier , sénéchal du Poitou. Il s'agissait 
d'un différent élevé entre Droc de Meiio et Droyn , 
son fils, d'une part ; et Jean d'Harcourt, maréchal 
de France, et Jeanne sa femme, veuve en premières 
noces de Geoffroy de Lusignan , d'autre part; et le* 
lè li%e avait pour objet les terres de Luçon et de 
Safnte-Herniine , accordées par Geoffroy de Lusignan, 
à Eustache, sa fille , en la mariant à Broc de Mello. 
Geâ^éme6 terres furent, par «la sentence , confirmées 
à-Droyn de Mello , leur fils , à qui on adjugea, déplus^ 
lÀ téite de Prahec et une autre encore (1). 

20. (.es rois de France , qui successivement avaient 
été appelés à la possession du Poitou et même de l'Âqui* 
taine , par suite de la confiscation exercée sur la mai* 
soù djÇ Plantagenet , à cause du meurtre de Jean-sans- 
terre, sur son neveu Arthur, tenaient , avec raison, 
à maintenir l'ancien état de choses , dans le pays, pour as- 
fiwar leiir domination/ C'est ainsi qu'en juin4âSd,Pbi-^ 
lîppe^9[àrdi , roi de France , confirma aux chapitres et 
monasières d'Aquitaine, la liberté d'élire lemrs ëvéqneft 
et leears idibés, en assurant de nouveau, la i^ossessiôn 
des privilèges , immunités et biens donnés aux églises 

. -fil^ La position des Jai& était alors bien précaire en 
fi^aàce. Up jour on les chassait et un autre jour on leâ 
iiapnelait , parce qu'ils étaient , pour le souverain , 
iln^ yêriiàble mine à exploiter , car il ne les tolérait 
qtt'm, leur faisant payer de grosses sommes d'argent t 



(1) M.* de Z>. Fontenuiu. La natencê est du M so4t 128& 



1293 ) MaUBICB , 13.* ABBÉ ]>B LVÇOIC. ( 4â 

qu'un leur arrachait, de temps à antre. Or, voici qa'à 
la fin dn Xin> siècle, Philippe-Bel , roi de France , 
sur la demande du clergé du hant et da I>as Poitou , 
consentit à l'expubion de ces mArëans. Mais c'étaU 
DB revenu perdu pour le fisc et il (kllait , en les chas-« 
sant, rembourser aux Israélites , au moins une partie 
des prêts qu'ils avaient fhits au prince. Pour parvenfar 
à ce résultat , on établit un fouage , focagium on foagium^ 
C'était un impôt perçu par feu , de ceux qui tenaient 
feu et lieu. Mais alors les ecclésiastiques et les noble» 
prétendaient n'être tenus à aucun tribut et ils furent » 
pour tout le Poitou , déclarés exempts de cette nature 
dimpôf 9 par des lettres données , en 1293 , à Saint- 
6ennain-en-Laie (1). 

23. Si , dans toutes les institutions , led abus finissent 
par slntroduire , il paraît qu'il en fut ainsi pour iep 
mites. que Tévéque de Poitiers faisait faire, dans son 
Taste diocèse , par ses archidiacres et ses archiprétres» 
afin de s'assurer que tout se passait dans le plus grand 
JDtérèt de la religion. En effet » on voit que ces offi<« 
ciers, faisaient une affaire d'intérêt pour eux de lu 
missioa qui leur était donnée, en mettant le bas clergé 
à contribution, d'une manière tout k fait criante, et que 
Ton aurait peine i croire, si un document non contes^ ' 
table ne levait pas tout doute à ce sujet. Ils exigeaient 
une forte somme pour un prétendu droit de diambre ; 
ils mataient avec eux un nombre de chevaux bien 
supérieur à celui prescrit par le Concile de Latran p 
et ils exigeaient que leur hôte les fit ferrer tous ; ils 
se montraient délicats à l'excès sur les sauces des mets 

(I) M.* de V. FonUncau. 



44 } Maurice; i3.« abbé de luçon. ( 1298 

qu'on leqr offrait et sur les moyens d'éclairage qu'on 
leur fournissait , et enfin , après avoir reçu tout cela 
'en nature \ ils s'en faisaient encore donner le prix , 
sinon ils allaient jusqu'à menacer de l'excommunica- 
tion» pour arriver à leur but. Néanmoins on doit croire 
qu'une telle conduite n'était pas toujours celle des Ar- 
chidiacres et dés archiprétres du Poitou. Toujours est- 
il que le mal fut si grand que (1] Gauthier de Bruges , 
évêquede Poitiers ^ se crut obligé de réprimer les abus 
signalés. D'après son règlement du 9 décembre 1298, il 
fut ordonné que les établissements religieux et les ec- 
clésiastiques feraient une honnête réception aux archi- 
diacres et aux archiprétres , sans qull y eût pourtant 
rien d'extraordinaire; que dans leurs tournées les ar- 
chidiacres n'auraient pas plus de sept chevaux, et les 
archiprétres au-delà de deux ; que ces envoyés ecclé- 
siastiques seraient logés et nourris, eux, leurs domes- 
tiques et leurs chevaux , par ceux sujets aux visites, 
qui payeraient aussi la ferrure des chevaux en cas de 
besoin, et fourniraient de plus le luminaire. Tous les 
anciens droits de chambre , de sauce et de luminaire 
furent supprimés! 11 fut dit encore qu'on pourrait se 
rédimerdes embarras de la réception, en donnant aux 
archidiacres neuf deniers de droit de sauce , * autant 
pour le luminaire , et dix-huit deniers pour la ferrure ; 
les archiprétres n'avaient droit qu'à la moitié de cette 
fixation. Enfin, le prélat déclara nulles toutes ex- 
communications], interdictions et suspenses , relatives 
aux droits de visite. 
vr. On ne sait pas à quelle époque précise fut élu 

(1) M.^ de D. JBonteneau- 



1303] PlSRRB INB JJL VOTRIB, U.« nBSm. ABBÉ, (tt 

Pierre de la Yoyrie ^ ou de la Yerrie , ou de la 
Yoyere , Petrus de Tereya (1) , qui était destiné à 4Hn 
le dernier abbé et le premier évêque de Lnççn. n dnt 
prendre possession du siège abbatial tout-à*fait à la fin 
du XIIL« ou, au moins I dès les premiers Jouis 
du Xiy.« siècle. 

â. Une contestation s'éleva devant le sénéchal de 
Saintonge, entre le monastère deLuçonj et le procureur 
du roi 9 en Saintonge et Aunis, pour la juridiction sur 
rUe et la Villa de Choupeaux , ainsi que sur le do- 
maine des marais Coustau et d'Autravers. Sur cela f 
une transaction fut faite , le 9 février 1302— 1303 (â), 
entre Pierre abbé et les religieux de Luçon , d'une part; 
et Guillaume Lescuyer , ayant cause du rai , de l'autre ; 
il fut reconnu, entre autres points et arrêté , que l'abbé 
et les religieux de Luçon avaient la baute justice de 
Choupeaux» qu'ils auraient la petite voirie de sept sous 
et demi et même de soixante sous; qu'ils percevraient les 
droits de vente; qu'ils pourraient faire prendre les vo- 
leurs et les garder pendant huit jours et huit nuits ; 
qu'ils détiendraient même au besoin, et pendant quarante 
jours, ledëlinquant pour voies de CBiit,aBn de s'assurer |si 
l'individu battu guérirait. Du reste , il fut établi qu'en 
général les malfoiteurs de Choupeaux , seraient remis 

(2} Il est dit ailleurs, de Vexafa , ce qui le fait appeler Pierre de 
VeMDcay * par Oom Kstietinot , qui le tient toujours pour être 
d'uoe famille noble du Poitou . .portant pour armes une croix fleo- 
rounée • sans dire de quelle couleur et ni sur quel fond. Pïuus parle- 
rons, plus tard, de cette maison, lorsque l'abbé sera devenu évêque 
de Luçon. 

(1) Le vendredi après la Chandeleur 1302. L'acte est passé par 
Pierr» Bougaerin , prêtre et çarde-scel à La Rochelle , en présen- 
ce de Pierre d'Ambois et d'Alln do Berner , témoins. M,* de D. 
iontencuu. 



«6} PnRUMlAVOTOi» 9WX.A9i6« (t307«t90S 

à Guillaume Lescuyer^ c'est-i-^^m, aa procureur da 

3. Le doyen de la cathédrale de Poitiers » était eii 
{possession d'un droit de visite et de* procuration , taof 
tous ies monastères du diocèse. Probablement il en 
abusait comme les archidiacres et les arcbiprétres en 
avaient aussi abusé* Aussi par une bulle donnée ^ 
le 20 octobre 1304 (1), le pape Clément Y, siq^ 
prima le droit que réclamait le doyen de Poitiers; 
•mais pour indemniser ce dignitaire < le souverain 
Pi^tife réunit au décanat du diocèse le titre de doyen 
de Mareuil-sur-Ie-Lay , ce qui étab^lissait dès-lors d€^ 
points de contact fir&qpients entre le doyen de Poitiers 
et l'abbé de Luçon. 

4. Le séjour du pape Clément V et du roi Phitippë- 
Bel, à Poitiers, en 1307, et la destruction de Tordre 
des Templiers , qui en fut la suite , eurent sans doute 
du retentissement en Bas-Poitou ; mais nous n'avonsc 
trouvé aucun document à ce sujet. 

&. Le pape Clément Y avait une grande prédilection 
pour le siège métropolitain de Bordeaux ^ et probable- 
ment parce qu'il l'avait occupé (2). En effet , de l'an 
1305 à Fan 1308 , on voit une série de privilèges ex- 
traordinaires pour ce siège. D'abord il est soustrait à 
la primatie de l'archevêché de Bourges ; on accorde 
à l'archevêque de Bordeaux le droit de visite, dans^ 
les diocèses de sa province ecclésiastique ; on désigne 
les honneurs à lui rendre pendant sa tournée > on lui 

(5) M.t de 2). Fonteneau, 

(l) Bertrand de Goth Tut arche vô^oe de Bordeaux , etc.. 



permet de feirepoUier tout ee qu'il Jugera ooiiTenaldA^ 
dans les syBodes de ses sufBragaute; il obtient le droit 
4e râite, dans les églises eathédrales et eollègiales des 
diocèses pla(;iËs sons sa primatie; il est autorisé , dana 
œtte ciroonsefiptioQ , à cootinuer une visita commea-^ 
o6e, à {Qstmtre pour crimes secrets et notoires, à exercer, 
sa jftridictlon sur les usurpateurs et détenteurs de 
bieiH ^désiastiques et autres: à lever des impôts t 
sur le deigé de sa j^vinee , afin de dépoter à Romo 
et aflleors (!}• De plus « un serment devait èt^e prêta 
i rardievêque de Bordeaux » par les évè^es set 
soffiiagantâ. 

Pour qu'Arnaud d'Aux, év<que de Poitiers» ne pûl 
prétendre cause d'ignorance de Tétat de vassalité oA 
le Souverain Pontife le plaçait, loi et ses collègues en«< 
vers leur métropolitain ; A. de Ganteloup^ archevêque 
de Bordeaux » lut écrivit, afin qu'il fit publier les but 
les de Clément y (2). 

|6, Mais il parait qu'il y eut résistance "des évèques et 
même de tout le clergé de la province ecclésiastique 
46 Bordeaux /à Texercice de la puissance confêrée à 
l'archevêque. On. recourut à Tautorîté royale et Phi* 
Sppe-Bel , donna des ordres» en mai 1310 , pdtar 
fiôre cesser les empiétations des officiers du métropo^ 
Utain (2] et mamtenir amsi les libertés de Téglise gai* 

(1) Voir* pour oef pmilégei, dans les manascritt de DomFoDtA- 
B«aii i mi« iéri« 4« buUes , qui coonmence à U date du 6 f^orembre 
43t)S et finit à celle 4ii ^21 Novembre 1308. 

(1) Lettrée du 8 Mer» 4307^i30B. if .• dt^ 2>. Fwdnutm, 

(5) Du 2 Mai 1310. Lettre de PhîUppe-Bel , qui ordonne au té^ 
uéchal de Poitou » de faire cesser les vexations des officiiirf de U 
proviQce ecclésiastique de Bordeaux cbntre les évoques'^ It^s 6ffi<^ 
ciauz et autret juges dcclésiastiquei. -^ Da m6aie Jour « &«[ inèaifl^ 



48} PiERR£ BE hX YOTRIÇ , 14.« ET DERN. ABBÉ. ( 1309 

Ueane » en ne. permettant, pas à l'arcbevêque d'attenter 
atix droits des évéques , se3 suf&agants. 

7. En 1309, il existait un procès très-important 
entre Tabbé et les religieux de' Luçon , représen- 
tés par frère Pierre de la Voyrîe , abbé de Luçen 
et Jean Robert , procureur de ce monastère , et Denys 
de Melle , seigneur de Sainte-Hermine et de Gemac > 
pour les droits sur le marché et le minage de Luçon. 
Cette contestation fut terminée par un arbitrage fait: 
par Nicolas Beau , seigneur de Ste. Gemme et Jean 
Bourneuf y clerc , et le traité qui contient la mention 
de certains droits peu connus , comme ceux de cohuagCf. 
étalage ptievdgeaLUX foires et marchés, des dispositions 
importantes et des termes assez curieux., fut reçu dans 
le courant de ladite . année , par Jean^ garde-* 
sceau (1) du roi à Fonteàay ^ assisté de témoins. 

ordre de ne point emprisonner les clercs et dé tes remettre ans, 
évéqnes, et enfin de ne faire aucun acte de* justice en matière «cri—, 
minelle ,. contre les clercs et les ecclésiastiques. Injonction aassi'de 
be rien exiger des roturiers» pour les acquisitionf faites datia 'lea 
£efs et arrière-fiefs dea-eccûsiastrquda. Af.' de D, JBonteneau,. - 

r- (1} Voici un passade de cet acte ^ transcrit dans raiièt du eon« 
seil du ^7 avril 1782, qui maintientle droit de minage à Luçon > en 
faveur dé rivéq,ue.de Luçon etilu marquis de la Goudxaye. 

ft Nons r lesdits abbé et procurei^r , disent et propousent que pouc 
la moitié delà vende et pourla moitié dau minage , que lïous au- 
rions personnes ô noblfi faomtne Monsieur BeUeyiUe « en la ville de 
Luçon , nos pouriens prendre , arrester et justicier par de vaut .noA 
et avoir telle amende , comme il a fait selon us et coutume, de- pa^tf 
de vende et do minage non paye , et de lever ou de faire lever les* 
dites amendes pour notre main et d'avoir 1^ regard des boikseàuiCen 
ladite Ville , et d'en avoir la demande d'icelle et de ceux qui à atlH-' 
ires boisseaux que à ceos dau minage ou qui ne soient droiturér « 
vendraient ou achèteraient > et de âice. venir pardeva,9t HQÇ ou .^par- 
devant, notre commandeur pu petitoire ou par semonce, ceos' qui 
ontles^boisseaujc de la ville ousque Von voudrait vendre et acheter 
pu de faire que nul ne vendast, mais au boisseau daû minage', en fa* 
cohua ou menlieu public et y)utes cestes choses et chacune pré so^ 



1317) PnE]IBDBI.AYQniB,U.«RnBEll. ABBÉ. (49 

8. On y2| bientôt Toir le mmastèie de Loçon s'élever 
en ]i06ition et deveidr un éyéché. Mais auparavant 
4'arriver à ce changon^t, il est convenable de faire 
comaitre tontes les localités à qui cet ébd>lissement 
administrait les secours de la religion, en y envoyant 
des religieux , qui y exerçaient les fonctions de prieur 
ou de cive. 

Parlons d'alxMtl du territoire qui forina la circons^ 
cription du diocèse de Luçon , en indiquant 
et mettant hors de ligne , le lieu même deLuçoUi oik 
était le monastère et celui des MouUers-sur-le«*Lay9 
où était un prieuré Ms-considérable oti plutôt uo 
seeond monastère, dépendant de celui de Luçon. 

BOUS poyont lutre «tef» ^|»1oit6r purnos ùxl ftr autrea «n U tîIU 
deLscon» en fief et arrière-fief , audit teîgnear de Saint-Hermino » 
tant en la côhne qné' en maiaon , en conrtila el mbea que en ve^ 
Belle* « qnn*en qœlfnea feutret lieux que ce soit et de lever les 
amendée et payement par notre main , eaus en reconnaître ledit 
•eigneur de Saint-Hermine à touverin ; deaquellea ekotes et chncu- 
need't^ellef est accordé par nousîlesditt^reli^eux pour nos et pour 
antres, aurbns > tiendrons , verrons et exploiterons les choses tou- 
tes dessus dites, en la ville de Luçon , en fief et nrrière-fiei audit 
seigneur # tant en ladite cohue que tant ea maisons » en courtiJs « 
en ruhes , en venelles et la' bourse , lever ainsi toutes voyes qua 
pour la vende et pour le mina^ non paye » nous ne pourrona 
prendre t ni arrester en ladi{e terre dudit sei^jneur de Saint-Her- 
mine » mais ceux dius quels U vende ou le mmage teroient dui> 
tant seulement et •aussj. poyra- ledit seigneur , pour son cohnage 
et étalage et levage aux jours Ûatz foire» et daut mafchés , pren- 
dre et aux autres jo^rs que ih seront dus et arrester en nef et 
trrière-fiefà de nojis lesdits. religieux, pour le cohuage » étalage 
et levage non i>âyè aildit acigneur de Sainte-Hermine. De recbeC 
comme nous le^ta religieux disons que le cimmetierre devant la 
porte de Saipt-'Etiénne de l'église de l'abbaye de Luçon doit être 
nj^tre, en toute Juridistion ;'gratode et petite et en toute propriété , 
accordé fut entre noo» lesdites parties , que nous lesdits reli- 
gieux pourrions ensevelir Quelques perso^inea que nous voudrions 
et prendre et arrester, pour notre vende et pour notre minaget et 
user de juridiction , comme à tel cas appartenant en la forme et 
en. la manière q^e dessus es) accordé en la terre audit seigneur , 
et aiira ledit seiglftuf, àtkArt/ ifimisietierre cy comme il est cy- 
dassuB divtié ion' tHïhi^»' 3bW Mlag« «t tes autffeaidavomi >• 

7. 



U) ViÉSÉE i>E LA VOYItlB , 14.^ BT DBRK. AWA. { Idlf 

Irans le doyenné de Maréiiil-«ur4e-Lay : - Màreafl , 
le Tablier ^ TenansauU » la ft6çhe-*sur-1roil /Rosalay , 
iSaint-^£tienne-du-Bois , Sainte^Pexine , Beanfou > le 
Simon , Saint-Aubîn-dc-ïa-Plaine , Dessay , Corps y 
. Sainte-Gemme, Saint-Grégoîre-de-là-PIaîne, le Bourgs 
isous^la-Roche , Natliers , Bellenoué , Chasnay , la Ge^ 
nétouse, la Brelonnîère, Puymaufray, Saint^ermand , 
Sainte-flennine , Beugné, Saint-Martin -Lars, Saint- 
Hilaire-de-Vonst, la Chapellé-Themef ^ Saitit-Dems-la- 
Chévasse , Sâligny , tes Magnils-Rtègmers , Briliouet « 
la Tineusê. 

• Dans le doyenné de Talmoiït : 9aSnte«-FlaiYe , Mar- 
tinet'9 Aubigny,1e$ Clouseàmt , le Champ-Saint-Përe', 
Saint- Vineént*^r-<îmon et le Givre. 

Dans Tarebidiaconat d'Âizenay : le Bds-de-Cé^S ^ 
Âspremont , Ghallaïui » Salnt-'Sanveur-dchPerrier et 
$*roide Fond* 

[ Dans lé doyenné 4e Montaîguî la Gnyonnière , 
€haucbë et Chavapics près Montaiga. . 

Dans le doyenue de Paréds : Saint-Médard'-de«*!a-Ré^ 
orthe , Saint-fliIaire-<d<i-Bois ^ la Jaudonnière , la 
Meilleraye , Vendrenneset la Caillére. 

Dans le territoire qui fut indiqué, plus tard, pour com^ 
poser le diocèse de Maillezais, le monastère de Luçôn^ 
desservait encore les localités qu'on va &ire connaître. 

Dans le doyenné de Fontenay, le prieuré de Sainte- 
Marie de Fontenay auquel était attaché le titre de 
cloyen,, le prieuré du Langon et le prieuré de Saint- 
Valérien (i). 

{{) Llndîc«jtioii de* prienréft ,^ii îmngon et de Sâint-yalérien» 
^tôoifoé «strAÎte d^J'AB^îen G»r^iiilMxe^de linçon, j^ar^t douteusQ. 



i3l7} JfmKKBVBiJk.YotÉJ^fU.*nmMMiA»mk. [Si 

Dans l'arcb^rétrt d*Ardin : Saint-MarUanJe-Ghafflé* 
«A èiaàt un prieuré et le. Beugoon-en-Gâtiiie. , 

Bans le doyenné de Saint Laurent-sor-Sèvre : lemo» 
nastère de Lnçon dess^rait Ronssay ùA fut itabU un 
prieuré considérable* 

&ifin dans la partie du Poitou qui dmieura à Tév^ 
ché d& Poitiers » après son démembrement , lemonaa- 
tëre de Luçon avait encore des points à desservir et 
de grands biais à faire administrer. Ils étaient dans 
Varclriprfttré de Parthenay et se trouvai^it phtcésssous 
un prévét de Parthenay »chef des moines de Luçon, dans 
ces parages, et qui devait pourvoir à Texerdce du 
culls à Saint-Laurent et à Saint-Jean de Parthenay , et 
à S«nt-Satumin du Tallud , petite localité près de 
cette ville». 

9. On le voit , il y avait à pourvoir au service divin 
pour soixante ou quatre-vingts paroisses, et dansbeaù^ 
coup d'elles, il y avait des prieurés, qui comportaient 
le séjour de plusieurs moines^ De plus , outre le mo- 
nastère de Luçon , cette abbaye avait sous elle des 
petits monastères annexés , comme celui des Moutiers- 
sur-le-Lay , et, dans tous ces monastères, grands et 
petits , il existait une quantité dé religieux. Il n*est 
donc guère possible de porter à un nombre inférieur 
à deux cents, celui des moines de Luçon , au momrat 
où cet établissement ecclésiastique cessa d'être une ab- 
baye, pour s'élever en dignité, dans Téchelle ecclésias- 
tique. On peut même raisonnablement élever à trois 
cents le nombre total des religieux de Luçon ^ à 
l'époque donnée ; il faut noter, du reste, qu'alors non- 
seulement les moines priaient , mais qu'aussi ils tra- 



52 } Pierre de la yotAiE, U.^ et bern. abré. ( 1317 

vaillaïent, en suivant le système de Saint Benott , 
qui disait que travailler, c'était prier ; et on sait qu'on 
leur doit , en Bas-Poitou, une bonne partie du dessè- 
chement des marais et du défrichement des Bruyères* 

10. Actuellement si nous cherchons à découvrir quelle 
était la richesse de rétablissement religieux qui nous 
occupe , toujours pour l'époque indiquée , nous devons 
la croire très-grande. En effet , il fallait une] forte 
masse de produits, pour faire exister convenablement 
deux à trois cents moines, même en y comprenant le 
travail des mains des religieux. Puis il y avait à cons- 
truire et à orner des églises , à pourvoir aux besoins 
du culte et à faire encore bien d'autres dépenses. Or, 
nous trouvons déjà Tabbaye de Luçon pourvue degraQd» 
biens , et il y a lieu de croire qu'elle en possédait d'au- 
tres, à présent inconnus , dans les paroisses qui étaient 
desservies par ses religieux, car alors on ne satisfai- 
sait point aux besoins de§ ministres des cultes par des 
traitements ou des rétributions en argent , mais bien 
par TafTectation spéciale d'immeubles. De tout cela , 
on doit conclure que l'établissement religieux de Lùçon 
possédait de grands revenùs,au commencement du XIV^ 
siècle, qw est l'époque où nous nous arrêtons ici. 



UVRE DEUXIÈME 



I lSi7,le monastère deLuçon est ërîgë en ëvéch^. II. «^ 
Série des ëvêques de Luçon. — 1317 — 1554 , PIERRE DE 
ÏA VOYRIE , i.*» évéque. — ffl. 1554—1585 , REGI^AUD 
DE TÎIOUARS, 2.« évêque. —IV. 1554, JEAN I. JOFEYRI» 
3.« évéque. — V. 1554 - 1557, GAULTIER , 4.» évêque. — 
— YI. 1557-1560, GUI L, 5.» évoque. —^^11. 1500-1575 , 
EUE I, 6.e évêque. — VUI. 1575-1587 , GUILLAUME J[. 
DE LA ROCHEFOUCAULT , 7.* évéque. — IX. 1588- 
4407, ETIENNE LOYPEAU , 8.e évêque. —X. 1408-* 
1418 , GÎERMAIN PAILLARD, O* évêque.-^ XL 141g. 
1424, ELIE II MARTINEAU, 10.« évêque.— XH. 1424 
-1450, GUILLAUME II GOJON ,11.* évêque. — XIU. 
1451-1441 , JEAN H. FLEURY , 12.* évêque. 

l.Un pape , Aquitain de nation , Jean XXII [1} occur 
paitia chaire de St. Pierre , au commencement du XIT.*" 

(I) Son nom éuit Jacques Dotsn ou ^Euse. Il était né àCahors 
d'une famille de cordonniers « suivant les uns , et d'une maison 
noble , d'après les autres. Toujours est-il qu'étant , par des études 
soutenues « devenu très-fort dans la théologie , dans le droit et 
dans la médecine , il entfa dans les ordres sacrés et devint suc- 
cessivement évêque de Fréjas et d'Avignon , et ensuite cardina)- 
évéque de Porta. Pieux , régulier et d'une haute capacité , il fut élu 
à Lyon , le 7 aoAt 1516 , pour reosplacer la pap« Clément V ', 
mort depuis deux ans. Nous aurons occasion de parler de son 
élection. 



5«) Lb BfOyASTERB M LtÇONt^ (1^17 

siècle et crut qu'un des moyens de rendre triomphante 
la religion du Christ et de rehausser l'éclat du culte 
de Dieu, dans sa patrie , était d'augmenter le nombre 
des prélats » en divisant, en plusieurs évêchés^îes^^dib- 
eèses trop étendus. Celui dte^ Poitiers était surtout de 
ce nombre, puisqu'il contenait une vaste province 
allant , pour ainsi dire, des rives de la Loire aux bords 
de la Charente , et peuplée de prés d'un million d'ha- 
bitants (!}. Alors plus d'un monastère de Bénédictins 
devint un chapitre dioc^ain » et plus d'un abbé fiit 
élevé i la dignité d'évèque [2} , et il en fut ainsi pour 
les établissements religieux de Maillezais et.de Luçon » 
et pour leurs abbés. 

2. Laissons parler Jean XXII lui-même, en tradtiË 
sant, à peu près, &s- paroles^ de sa bulle. 

ne Notre Sauveur, à qui tout est soumis , voyant que 
la moisson était abondante et les ouvriers rares , en 
i^rtant de grand matin , comme un père de famille , 
envoie pour les différentes heures du jour , des ou- 
vriers dans sa vigne. 

€c Amsi le pontife souverain de Rome, le vicaireide 
Dieu sur la terre , doit agir de la même manière, au- 
tant qu'il lui est possible ; ainsi quand la moisson s'ac- 
croît , c'est-à-dire , quand la population augmente , il 
doit ajouter dé nouveaux ouvriers.^ pour fortifier la 



(1) M. Dureau de la Malle , dans un travail inséré » ender- 
jBÎer lieu , dans las Mémoires de \ Académie de§ Jn^criptiom et 
Bêliez-Lettres , a prouvé , que» v«#8 cette époque » la population 
de l'Aquitaine était au moins aussi coandérabie qu'aujourd'hui. 

(2) Cette Indication se trouve ailleurs > et je n'ai fait que la. 
copieç. 



1317) àSMt EN iWÈCBÈ. , ( a 

garde du tronpeaa , seloo rexpressimi da prophète « 
en augmentant le nombre des pasteurs , et enfin en 
destinant à la cultare de la vigne du Seigneur un plu3 
grand wioifare de travailleurs. 

« D'après ces principes et insj^ par notre soIlieH- 
tode pastorale , après, avoir considéré la moUitode de 
peuple que le Très-Haut a placé en Poito« , nous avons 
iogé qa'im seul pasteur, dans celte contrée si vaste et 
si ïialUtèe , ne pouvait ^connaître chacune de ses 
fnrebis et qu'il était impossible que, pour un tel teni> 
toire , pour une telle population, on pftt recourir > 
tm seul prélat , ttfit de la part des ecclésiastiques 
que des laïques. 

« Déterminé aussi à donner plus d'éclat au * culte 
de Dieu et à pourvoir à Tavancement spirituel dés âmes, 
nous, après eh avoir confêré avec nos vénérables 
frères les cardinaux, avons , par leur conseQ , et en 
v^rtu de la plénitude de notre pouvoir apostolique , 
pour la plus grande gloire de Dieu , l'exaltation de 
son église et le salut des âmes , divisé le diocèse de 
iPoitiers, en trois évéchés, en assignant, k chacun d'eux, 
mie certaine portion de territoire. Et, pour parvenir à 
ces fins , nous avons érigé en cité les lieux de BlaiU»- 
^is et de Luçon , conune étant déjà considérables et 
abondants en choses nécessaires à la vie. Ainsi, par la 
fbrc?de notre puissance et d'après le conseil de nos 
frères , nous voulons que les églises des monastères 
antiques de Maîllezais et de Luçon , soumis à Tordre 
de Saint Benott , soient considérées comme églises ca^ 
thèdrales & perpétuité. De cette manière, ces deux villes 
^i que celle de PoRierSi auront diacune leur diocèse 



S6 j Le monastère de Luçon , ( 1317 

particulier , distinct et séparé des deux autres , ainsi 
qtx'iX va être dit. Or , pour faire une distribution con-> 
Tenable de territoire , nous attj^uons et assignons à 
toujours à la cité de Maillezais, pour le ressort de son 
évéché , les doyennés ruraux de Fontenay ( le Comte) , 
de Saint-Laurent ( sùr-Sôvrç) » de Yihiers et de Bres« 
isiiire et l'arcMpreveré d'Ârdin ; et à la ei^ de Luçoni 
leg doyennés ruraux |de Ifareuil ( sur-le-Lay ) , de 
^^aImont , d'Aizenay et de MoQtaigu « et rardiipreyeré 
-de Paredsi; le tout dêp^dant ci-devant de l'évêché de 
I^oitiers, avec les églises » les dignités, les personnats 
teiTitoriaùti , leurs droits et leurs défiendances , ensem- 
ble les monastères» prieurés séculiers et réguliers, avec 
JâS juridictions spirituelles et temporelles y afférantes « 
ainsi que le tout avait dépendu jusqu'ici du diocèse de 
IPoitiers ^ ou de Févêque de cette ville. 

r .c( PQurtant, continue le Souverain Pontife > nous 
^^ntendons aucunement préjudicier aux hcmunages 
.i}ni.pourjraient étrç dus^dans les deux nouyea.Qx dio- 
.'Cèses, envers Tévéque de Poitiers , et nous entendons 
«mèmie qu'Us soient .continués^ comme parle passé. Par 
isuite, onsera obligé de le conduire,lors de son joyeux 
-avénementf de l'église de Notr^Dame-la-^Grande Jusqu'à 
Téglisé catbédrale de Poitiers,, églises qui dii reste, 
.^emeu^neront toujours sous l'autorité de l'évê^e de 
; Poitiers. Néanmoins nous exemptons , pour lespVituel 
€Oimne pour le temporel., de la juridiction et supr^ 
^matie. de Tévéque , du chapitre et de Téglise de Poitiers^ 
4es deux territoires nouvellement indiqués et qui seront 
assignés, pariasmte , aji^xévêiiaes des chapitres etaux 
•jdiocéses de lIaiUe2aiB ^M tuço^ , dopt le territoire e^ 
ci-dessus circonscrit. 



13f^ ) É8IGÉ BH ÉTÉCHÉ. ( 57 

9 Nous YOuliMis que les prééminence « sapériorité , 
juridiction rt exercice de droit , tant sons le rapport 
temporel que «piritnel , qai ayaient ci-devant dépendu , 
de droit ordinaire , de Tévéque , du chapitre et de 
Téglise de Poitiers , passent désormais « de plein droit, 
aux évéques qui seront appelés, par la suite , à la 
prééminence des églises et chapitres desdites yilles de 
Maillezais et de Luçon , conformément aux attributions 
de territoire par nous faites. Ce que dessus excepté , 
nous n'entendons absolument rien réduire , ni diminuer 
des droits , firuits , revenus , dignités , avantages , per- 
sonnats et offices de Téglise de Poitiers ; le reste de son 
ancioi territoire , retendue des doyennés et archipreve- 
rés déjà indiqués prélevée , demeurant à la cité de 
Poitiers , pour former son diocèse. 

» Notre intention positive ainsi établie , pour l'avan- 
tage et le saint des populations , nous désifons qu'elle 
ait tout son effet, à ^avenir, nonobstant tout change- 
ment quelconque. D'api^ès cela , et en vertu de notre 
autorité , nous foisons trés-expresse défense à qui que 
ce soit , quelque soit sa prééminence sociale , archevé- 
que y é véque ou même roi , d'aller à rencontre de notre 
présente manifestation de volonté apostolique , et cela 
sous aucun prétexte, en quelque façon et manière que ce 
soit. Plus que cela » nous proclamons nul, par avance , 
tout ce qui pourrait contrarier notre déclaration de 
volonté. Et même , en vertu des conseils à nous don- 
née et de notre pleine puissance , nous déclarons Tex- 
communication encourue par le fait même de l'oppo- 
sition au présent acte, pour les personnes, de même 

8 



SB ); LE BOntSrtM DE I^UQON , ( 1317 

i|ue Ffnterdit contre les communautés et la suspense 
contre les monastères , chapitres et eorporations qui' 
se permettraient de contrerenit* , en connaissance de 
cause , aux présentes dispositions ^ à moins toutefois 
que, dans le délai de huit jours , à compter de la pu*- 
bUcatiôn de cet acte , ilis ne viennent à exprimer un- 
profond repentir. Encore ne pourraienMls être absous 
que par nous , si ce n'est à l'apticlè de la m(^ 

}> Qu'il soit donc prohibé , à qui que ce soit , de 
détruire ou même de contre-dire , ' par une téméraire 
atudac«» » cet instrument de division , création , exalta- 
tiou , constitution , attribution de territoire , assujétis- 
sjBOiçnt f exemption , délivrance , inhibition et promul-^ 
gation. Et, s'il arrivait que quelqu'un fût assez osé d'y 
attenter; qu'il apprenne qu^il encourrait la haine de 
Dieu et de ses Apôtres, lés bienheureux Saint JNeire 
et Saint Paul. 

» Donné à Aviguon , aux ides d'août , l'an premier 
de notre poAtificat (1). 

S. n est à noter que quand les Papes érigeaient des 
èvédiés , dans d^ villes non encore décorées au titre 
de cité , et pour se conformer aux règles suivies, lors 
de l'introduction du christianisme , dans les Gaules , 
Qû les êvêcbés avaient toigours été placés dans les 
dief'-lieux de» peuples , ils conféraient préalablement à 
ces villes le titre de cité (2j. Aussi lit-on dans la bulle 

(i)La copie de i'orîgînal de ceUe bulle est aux ^îàcQH jii8ti$c|itivé«. 
' (%) GeUe remorque a aussi été faite par uotre «avant correspon- 
dant , M. le président Chardon , dans son Histaire de la nlle 
d'jituserre* 



isù) ÉRIGÉ m tvÈacL { m 

doiAoiiTietit dé dotmier le Bens les expmflUMfesoiTaa- 
tes: JfeRt(tc«mMm et 4ê Luetmiio mlloêin chilùÉei'trigi^ 
mus y et ciiiiMum wcabulo deecramw. 

4« De plus , comme d^aïutres Font déjà (ait remaniror 
(1) 9 cette bulle prouve a que la puissance des papes 
» était souveraine sur la terre de France : en efTet , 
]i pour rérection de Tévéchë de Haiilezais» le pape ne 
» pense à consulter, ni le foi, ni Tévèque de Poitiers. 
» L^avis des cardinauic , son exacte connaissance trt tai 
» plénitude dé SoA pouvoir , voilà ses seuls guides » I 
Ajoulons que le pape va pliis )oin , puisqu'il défend i 
qui que ce soit, quelle que soit sa supréniatie sociale , 
fiit-il même roi , et cela s'adressait au toi de France, 
de contrarier sa déclaratioa de volonté , à peine d'el- 
coomiunication. 

B. Ainsi , il est 'bon de jet^ un coup d^oeil très- 
raq^ide sur la position dans laquelle se trouvait alors le 
royaume de France et sur le monarque appelé à te 
.gouverner. Louis IL dit Hutin « était mort en juin ou 
juillet 131Me laissant qu'une fille et sa seconde femme^ 
Clémeace de Bongr4e » enceinte. Pbilippe-le-Long , 
• comte de Poitiers , avait été , à la mort de Louis X » 
établi récent du royaume , en attendant l'accouche- 
ment de la reine Clémence. Celle-ci donna le Jour 
, à im prince » Jean I , que souvent on n'inscrit pas dans 
la liste des rois de France , parce qu'il ' ne vécut que 
.quelques jours. Alors Pbilippe-le-Loog alla se faire sa- 
crer roi à Reims., le 9 janvier 1317 , et, de retour à 

(I) NoUmroent a poor ces derniers temps» M. Ch. Amanite 
^Ds Min Hiitoire de SîaiUezaU» dont j« capÎB ies expressions. 



60 ) LE MONASTERE DE LUÇON, (1317 

Paris , il fit déclarer , le 2 février suivant , que les 
Mi et la coutume irwiolablément observées parmi les 
Français, excluaient les files de H courowae (1), C'était 
l'application de la loi salique , -dont le principe fiit de 
nouveau mis en question , lors de ravènement de 
Philippe^e-p-Valois , au trône. 

On sent que, dans une telle position , le nouveau 
roi avait des ménagem^ts à garder avec Iq saint siège. 
Cependant c'était lui qui , alor^ comte de Poitiers et 
par l'ordre de Louis-Hutin , avait réuni vingt-trois 
cardinauxàLyon, les avait teiius presque malgré eux 
en eooclavë , en leur annonçant qu'ils n'obtiendraient 
leur liberté que quand ils auraient élu un pape , et le 
pape qulls choisirent, le 7 août 1316^ fi|t précisément 
Jacques Sossa , qui prit le nom de Jean XXII. Philippe- 
le-Long avait donc grandement contribué à faire Jac-^ 
ques Dossa , pape , et celui-ci aurait dû lui en avoir 
quelque reconnaissance. Mais U arriva , comme trop 
souvent, que le pape se souvint peu du, roi » qui alors 
simple prince l'avait foit arriva au sublime poste de 
vicaire de Jésus-Christ sur la terre. Il ne vît, dans son 
aoci^n aoii, qu\in roi faible, obligé de le ménager dans 
sa nouvelle position , et il en tira parti pour abaisse^ 
le pouvoir monarchique en France , en élevant la pa- 
pauté. Un souverain bien établi n'aurait jamais toléré 
une entreprise 9 comme la création de nouveaux sièges 
épiscopaux , sans le concours du pouvoir civil. 

6. L'évéque de Poitiei[S, dont le territoire se tr6u-« 

(1) Art de f>érifier les dates. On fera remarquer qae la [loi saliqu» 
n'avait trait qu'à la transmission des biens et qu'on en a fait Taj^pli'-^ 
cation , pour excLuv« les filles de la succession au trône. 



1317 ) tusà m tvtCBÉ. l M 

yait ainsi divisé était Foitius d'Aux (1). On dott croire 
qu'il fiit trés-^mécontent de voir son diocèse ainsi ré* 
doit. On a même dit qu'il y eut une apposition f<Mtnée 
à cette création , mais il n'y a rien de positif à ce siqet, 
d'autant mieux qu'il y a eu eireur, dans l'indication doft- 
DéeRpur le prélat qui occupait alors le diocèse de Poi« 
tier8.(2; Peutrétreque si celui-ci eut exprimé son mé* 
contentement d'une manière énergique, il aurait obtena 
l'érection de son siège gh aurcheyécbé. C'est du 
moins ce qui arriva , à la même époque et pour 
In même position , à l'évéque de Toulouse (3). 

7. n ihut pourtant le dire, la Iralle d'érection des 
èvéchés de Haillezais et de Luçon , conserva certains 
droits de l'évéque dePmtiers, dans le territoire qu'on 
assujettit au gouvernement spirituel de deux autres 
prélats. Par exemple, les paroisses des diocèses nouvelle* 
m^t créés continuèrent à subvenir au luminaire de 
l'église cathédrale de Poitiers. Ensuite nous verrons 
les évéquesde Haillezais et de Luçon considérer comme 
un métropolitain , en quelque sorte , le prélatdu cbef- 
lieu de la province du Poitou, l'évéque de Poitiers. 

(1) T^even et sncceBseiir du cardinal Arnaud d*Anz, danarévècKé 
da Poitiera^ qu'il occupa avant la mort de aon oncle « mort en I3S0. 
On trouve Fortîua d* Aux • évéque de Poitiers > dès 1315 « et il p»- 
ralt qu'il le fut juaqu^au 8 août 1353 ', époque de sa mort. 

(2) Lequel pape Jean (XX! l) selon la chionique de Martin, étigm 
réréclié de Tolose en archevêché , et le diviia en six évéchéa : Ner— 
bonne en deU3^ évèchéi : Alby en deux » et Poitiers en trois » aavoir 
est Poitiers » Luçon et Maillesais i qui est pour desmentir ceux qui 
diseni queTévéque de Poitiers Gautier (de Bruges), appella du papa 
Clément de ce qu'il avait divisé en trois son évécbé. Car du temps 
de ladite division était évéque de Poitiers Araoul d'Auz , et78.e..«» 
Boucfaet , Annaies tTAqwt. 

(5) Gathala-Gotore^ Al'l^ dn Oufircy. 



fift ) IB BronASTÂRB M L0ÇON» ^(1317 

8. Le âo«vel ëvdoUê ^é Jji^oti^ en obtenant ^Mnir sa 
«ircondcrlpIiM, leâ dôy^tmés de Marêuil» Àe tàwoià^ 
d^Aizenais^t deMMtaiguet l'arcliiprev^éde Vareêk 
fecenfi un tèrritoirèf très^êtenâu, qui est entré 
depuis, sauf àévLX ^oiâmuned (1) dans le départemoit 
•de la Vendée et le n^vel êvèché de Luçon. D'uvcôtè, 
è l'ouest, il était borné par la mer et s'étendait presque 
Jusqu'à la Loire et allait , dans quelques parties no- 
tament vers Pouzanges et Tifikuges, jusque à la Sèyre- 
Itantaise on ne s'en éloignait guère. Hais, dn c6ié du 
marais et v^*s Foi]ftaiay-4e-Gomte, tille attribuée au 
diocèse de MaiUèasais» t'étailaulre cboseet letrëe-petit 
ruisseau des Cordes était la ligne séparafive entre Nal-« 
liers ettfoujEeuiU à pane à deux lieises de Luçon* 

De cette manière cette cité épiscopale se irouvait 
bornée/ de bien près^^ par des paroisses attribuées au 
diocèse de Maillezais, comme faisant partie de l'archt- 
preYeréd'Ârdin ou du doy=eimé deFeBtena]r4e-Comte(2}. 
Aussi en partant du sud-ouest, on indiquera^ comnae 
étrangères au diocèse dont il est questionici^lesparoisseSi 
de Champagné-sur-Mer, Puyraveau, Chaillé-les-Ma- 
rais, le Langoa , KtouzeniU Petosse , Pouillé , Sainte 
"Yalêrfen » Saint4Iàrtin-des-Fontaines , Saint-<Laurent-- 

' (i) Celles de Legé et àe Samt-'Ettenne-^e-Oorroué , dépeadamtts 
litijoard'huidiiâépattemeat dé la Loire-Inférieure et de Tévèclié de 
Kantes.Mais Cbt ancien évècbé a perdu, en faveur du nouvel évèclié 
de Luçon ou de la Vendée, les tominuà:es de nie-fiouin, de la Bruf« 

' fiëre , de Cttgand et de la Betnardière. 

{\) Comme' je l'ai dit dans mes Recherches sur tes peuples fv% 
habitaient le nord du PoitoUflo chef-lieu de ce derutier doyenné était 
primitivement h Saint-Pierierda-Chettnfi. 



1317 \ ÈKieAmt^fÈOià. ( 63 

redfi(l] et Thonanato. 

Aa siir[d«s pour bie» ^ig|tr de la cirooQftertplkni du 
diocèse de Lopui, ra moment de 8ob èrecUoii, il 
ftnt 96 reportera la carie qui ert Jointe à cet ourrage. 

9. Par suite de cette même circonscription, le diocèse 
de Locon se tronra contenir enTiron 230 paroisses (2]; il 
y avait en outre dissèminësur son territoire, un certain- 
nombre d'aUiayes qui étaient celles d'Orbetrier, de 
Saânte-liarie4' Angle, de lalGrenetièret des Fontendles» 
de BoisgroUand , du Breuil-^Herbault , de Talmont , de 
Sainte-Mwie-^eJard , de Saint-Micbd-a-1'Herm » de, 
rile-CbauTet et de Trisay. J'aurai par la suite occasion 
de parler en particulier de chacun de ces établisse 
ments ecclésiastiques, 

10. Si on recbercbait à présent quelles ferent les 
nôsons particulières aux^localttés de Lnçon et de Mail- 
lezaiSt qui purent engager le pape Jean XXII, i £ùre 
deux évéïdiés de cm deux uumastères » on pourrait être 
assez embarrassé,Etait-cerabondance des choses nécefr* 
saires i la vie dans les deux villes épiscopales (3) ? Mais 
cette facilité de satisfaire les besoins se rencontre dana 
toute la province , pour ainsi dire. Toujours est^il que, 

(I) Cette paroUse , malgré ton dénomînafeur, ne faisait pat partie 
de i'arcbipreveré dePeredi ^ elle dépendait du doyenné de Fontenay. 

(f) Je ne £ze pas potitÎTeraent le nombre > car il y a eu snccea- 
aivement , des suppreiriona et dea érection de paroisses. Dans le 
lwre4 d'avant la réTolntîon de 1789 , document dont je parlerai pluâ 
tard, le nombre exact est de 936 paroisses. 

(5) Voir les propres termes delà bullo. 



(64 LE HONASTàRB DB LtfÇm » (iâlY 

8i diviser un diocèse aussi grdnd que Tétait alors celui 
de Poitiers, constituait'une bonne opération, c'en était 
une fort mauvaise que de jdacer si prèsVun de l'autre 
les deux sièges de Luçon et de llaiUezais. Ce dernier 
diocèse notamment , qui s'ëtmdait jusqu'au Mai » en 
Anjou , aurait eu plus convenablement pour cbef4ieu, 
le monastère de Mauléon , par exemple ou tout autre 
point moins rapproché de Luçon. 

11. II y a donc lieu de croire* que ce furent surtout 
des considérations personnelles (1} aux deux abbés de 
Luçon et de Maillezais qui déterminèrent Jean XXII à 
faire deux évéchés de leurs monastères. Aussi dans le 
bref adressé par le Souverain Pontife à Pierre de la 
Yoyrie , il établit que ce sont les excellentes disposi*- 
tions de cet abbé pour l'épiscopat, qui l'ont déterminé 
dans sa maniée d'agir (2). 

12. On peut même assurer » comme le dit un jeune 
écrivaiii de notre contrée déjà cité (3)» que les abbés 
de Luçon et de Maillezais avai^t été à la cour papale 
d'Avignon solliciter le cbangemient de leur bâton abba- 
tialy pour une crosse pastorale. Aussi furent-ils sacrés, 
dans la seconde Rome, le 20 novembre 13i7,le dimanche 
avant la sainte Catherine , par Béranger dé Beziers , 
cardinal-évêque d'Ostie. C'est le prieur d'Ardin , Lucas 

(1) Bertrand Dapui et Jean Tissandier, qui furent les premiers 
évèques de Moniauban et de Rieux. siégen érigés à la même époque, 
étaient nés à Cahors et avaient des relations de parenté o^ d'intimité 
avec Jean Dossa « devenu le pape Jean XXU. On peut tirer une 
induction de cola , pour l'élévation h Tépiscopat des abbés 4e Luçoa 
et de Maillezais. 

(2) Voir ce document » parmi les pièces justificatives. 
(5) M. Ch. Axntnlt , ffisU de Maillezais. 



1347 ) PnUtl PB U[VOT«IB • l.« ÉTtQDl ( W 

de Harsay, qui ayant iwristé i la eÉrémMie, en rend 
comptet de afi propre main (i)» 

13.Ilfistbonde noter ici, qaeaUnbQll^ de leanXXII» 
duDugeait tm^^-fliit la position du ebef da monaatève 
deLoçon , pulBqne d'un abbé , elle en ftdsait nnèvéqMt 
il n'y ayait point de changraient peur ainsi dire » « 
oe (pu cnneemait les relîgiea?L qui » loin de devenir 
chanoines sécnliers, demeondent tpnijoars moines. 
Alors » an lien d'obéir inn abbé w levait poor supérieur 
uéyAvic, él le ebapitre de celoi-ci était régulio*. H ne 
fbt séçqlarisé qne beaneoop pins tord , ainsi qu'on 
le verra i la date de cet événement* 

. n. J'ai remis Jusquiei A parler , en détoil, du per- 
sonnage qui fut le demitf abbé et le premier évéque 
de Luçon. 

PiBBllB BB LA YBIRIB OU DB LA YOTRIB. «T C'CSt alnsi 

qu'il nous semble , dit M. de Beauregard (â) qu'on doit 
traduire le nom de Vereya , employé dans la bulle 
d'érection de l'abbaye de Luçon et dans un andai ca- 

(I) Qm troVTe h ilMutiiMi tninata àkn§ le MuMUcrit àû )a 
CWiiî^iia de Saint-Maixent, dite de Mallleiaît. 

Ann9 gratiœ MCCCXVII^ tn çyilia Astumpîionis beatm 
,Mariœ • domnu9 Joanne» , Papa XXII , m secundo afmo 9ui 
pontificatut monatterià MalUaeensê et lÂtetonente erexii m «e- 
cleêtàê • cathedroUi et reverendos patrei Gau/ridum Paverelii , 
tune abbatem MalUacentem , et Petrum de la Vofrte , tune ab^ 
baîetn Lucionenaem ^ prtmos, epiicopoê t'ii dtct%ê eecleâiiê l'n 
Avim'one » ubi tune Momana èuria reatdebat « fèctt per reveret^ 
dum patrem dommmm Berengarium de Bitteriê • tumc epitçopum 
Hoêtiemam, cçnfeerari die tfommif^ fmU featuwn^ ptatef Çaiharinœt 
^mno çua «i|pra« 

Et qui uidit teetimtmium peHubuii uidekM frater Lueoê de 
Manayo , tune pri»r d€ Ardunç , fui terfpui ifœe. 

(S) Evéfuit de Luçon» 

9. 



66) Pierre DE LA yoTiUE,l><rirÉQiJB. (1317 

talogae qu'on trouve à la tête d'un trartulaire idecette 
église. Quelques écrivains ont donné à cet évèque le 
nom de Vizençay. Peut-être son véritable nom. est-il 
de la Yoyrie. On ne sait point de quelle maison il 
était (1) -et cet évéque «st peu connu. Il était abbé do 
Luçon en 1347 , et en devint premier évéque , quoique 
M. Thibaudeau y dans son abrégé derhistoireduPoilaUf 
ait imprimé qu'il fut le second évéque de ce siège.... 
La bulle d'érection de Tévéché et le cartulaire don- 
nent à ce {urélat le titre de Dominus ; nous avons vu 
des actes dans le trésor de la Ranconniêre (2) où il 
prenait celui de Frater Petrus ». 

fi. <c Dom JUEazet , religieux de la congrégation de 
Saint. Maur , qui travaille à l'bistoire du Poitou (3J , 
pense que les armes du premier évéque de Luçon soDt 
une croix fleuronnée. 

a Nous serions portés à croire que les armes de ce 
prélat , sont celles qu'on volt à la voûte de l'église t 
au-dessus de l'entrée du chœur et de la chapelle de St. 
Symphorien. Les mêmes armes se trouvent dans Tan- 
cien bréviaire à l'usage des religieux de Luçon , avec 
une crosse d'abbé. Ce Jbréviaire est manuscrit (4) et 

(1) La nuiÎBon de la Voy.rie existe encore en Bas-Poîtou » ^ 
plusieurs de ses membres se sont distingués » en dernier Hen * 
dans le service militaire. L'un d'eux s'est retiré avec le grade 
de colonel de gendarmerie et l'autre , rolonel d'infanterie t & 
pris sa retraite, après plusieurs campagnea en Algérie. 

(2) Terre près de Luçon , appartenant à la famille de Begnoa- 
(5) Cet historiographe du Poitou a très-peu travaillé. On n'a <le 

lui que quelques extraits et deux ou trois dissertations • me'' 
ceanx qui sont joints aux manuscrits de Dom Fenteneau* 

(k) Breviarium ad usum monaehorum ecelesïœ LuetonefUtt : 
Tel est le titre de ce manuscrit « que j'ai retrouvé dans la bibliotbè* 
^Qo pubUfae de la ville de Bourbon-Vendée. 



1317} PlSBHBME LA YoTBIE, i.^ ÉYtQm. { 67 

presqae le seal reste d'une bibliothëqoe très-ricfae que 
IL de Colbert , éyé^e de Luçon , a fini d'appauvrir , 
en la dépouillant des derniers manuscrits qu'elle pos- 
sédait, qni passèrent avec lui à Auxerre , lors de sa 
translation à ce siège et qui depuis furent réunis à la 
bibliothèque du roi (1}. Par Veiamen que nous avons 
&it de ce manuscrit, d'après les principes du diction- 
naire diplomatique de Dom de Yesne , il nous a paru 
que les caractères minuscules avec lesquets il est écrit 
ne remontent pas au-dessus de 1280; ainsi les armes de 
rabbé de Iniçon, dont il est orné, ne doivent pas re- 
monter au-dessus de eette époque. Secondement , on 
trouve, au catendrier » la fête du roi St. Louis , de la» 
même main qui a copié tout le manuscrit. Or , Saint 
Louis , qui est mort le 25 août 1280 , n'a été canonisé 
qu'en l'an 1282 et probablement ce bréviaire n'a existé 
qne quelques années après la canonisation du saint 
roi » ce qfA nous a fait conclure que les armes d'abbé 
qu'on y voit ^ sont celles, de Pierre de la Yoyriey der- 
nier abbé et premier évéque de Luçon (2) ». 

3. Sous ce premier évéqtie et en 1922 (3) une de- 
moiselle d'une famille illustre du vgisinage ^ ou plutôt 
d'une branche cadette de la maison de Lusignan, 

(1) Ob «'occupera an ce point» plvf tard » iorequ'il sera question 
^e l'é^èque Nicelas Colbert. 

(2) Nous Usons dans une note» qpi se rapporte à une date 
éloignée , il n'y a rien dans les archives de Lnçon de pins an- 
cien qne l'an 1517, L'on voit snr l'ancien portail. de l'église » les* 
armes d'nn abbé qnî sont trois chevrons brisés. Dans l'éffUse 
l'on Toit en quantité d'endroits le» . . . de trois poissons mis en 
hce l'un sur Tautre. Je crois que ce sont les armes des Chabot» 
qui ont fait reb&tir l'église » C'est nne erreur » ces trois poissons 
sont trois brochets » qui étaient les armes du chapitre de Luços» 

Ç5) Le samedi d ATant la Saint Qément « 1922. 



68 ) RSC^l^Atm DB ÏHOUARS , ^^ iVÈQXm. ( 1334 

}« tetlx parlèJr de Colette de Bessay , qualifiée ÛBDamm^ 
$èUe (1), donna tous ses biens meubles et itûmeobles au 
mùnastère de Luçon. 

4. Il parait que Pierre de la Voyrie occupa , pebdant 
enyiron dix-huit ans , révéché de Luçon , et qu'il 
mourut f le 12 novembre 1333 (2). 

in.R£6NAfrD(3) i^jSiTnovAs^fReginaidu$deThoarcio^ 
filttesecond évèque de Luçon. Il était issu de la branche 
des seigneuis de Pouzauges , que eommraça son père , 
Hugues de Thouars» seigneur de Pouzauges et de Mau- 
Ibm (4). et né du premier mariage de ce seigneur avec 
Isàbeau de» Noyers. U était religieux dans le monas* 

(i) Colette dé Beisajro , dorniceUa, 

^ (2) C'est )a dtte dotinée pHr H. 4e Ëeànre*arâ. Cèlto ddt An-, 
cieoà catalogues est du 12 novembre i534. il j a d^s^tors do 
l'incertitude , à ce sujet. 

(5) Dans quelques actes on loi dbniiB le noiA db Rajinoad » 
Maymofuhu. 

(\) Hugues de Thouars , seigneur de Pousauges et dto MauIéon« 
qui se fit remarquer daus les guerres Ançlo-^Prauf aises » était fil» 

Sniné de Gui II , vicomte de Thouark et de Marguerite de Brienne. 
eut , de son premier mariage avec Isabeau des Noyers , outre 
RayionoAd • évèqùe de Luçon ^ l^o Jean de Thouars » seigneur de 
Pousauges » marié à Jeanne de Mathas , et mort sans enfants » 
avant ISSiT ; %^ Miles de Thouars* seigneur de Tiffauges» qui hérita, 
à la mort de Jean , de la terré de Pousauges et servit comme 
cneyalier banneret ; i,^ A jmeri de Thouars , que Besly n'a 
connu , d'après sa notice sur la maison de Thouars , insérée 
dkns l'HtVfdfVè de» ^ands officiers de la cùv^'bnm , que eomme 
présent au contrat de mariage de Simon de Thouars , comte 
de Dreux , du 43 Juillet 1363» mais dont on parlera bientôt ; 4.^ 
. Marie de Thouars » iemme'de Robert de Mathas ; 5.<^ Et Louise 
^Se Thouars » mariée à Louis de Beauniont • seigneur de Bressolre» 
D'un second mariage avec Jeartne de Beauçay , Hoaues de Thouars-- 
Pousauges eut encore 1.^ Guy ou Guiard de Thouars » qualifié 
aeigùeur de la Chaise» dans un acte de i553 , et mort sans 
postérité ; S.® £t Eléonore de Thouars » mariée à Gérard de 
Macheconl , seigûeur de la Benaste : On doit dire pourtant quA 

Îielques auteurs prétendent que Hugues de Thouars n'aut pas 
enâtnt^ de sooi mariage avec Jeanne de Beatiçay. 



183I--18S7) BarnAVA M THOOABi» 9.* tfiom. ( Mr 

tére deLnçM, loisqa'il Ait élo érèque de ce dioeise , le 
16 mai 1334| et cela est came que l)inqa'fliùl prélat, 
00 taddoBue la qualité de frère, /hiler » dans plusieun 
actes et dans im ancien catalogue des éréques, qui ont 
occupé le siège de Luçon (<)• 

S. Le lundi avuit la Penteoôte 1387 , Tévéque de 
Luçon autorisa l^sbbé des Fontenellei i édifier ua 
ofatojre » dans une maison dite des .irdémMi ou d'Ar* 
dennes et d'y faire rofflee avec sa frtees » mais ca 
prenant préalablement la permission du curé de la 
paroisse dont cette maison dépendait (2) Regnaud de 
Tl^ouars , on le voit^ cherchait, autant quH était en 
lui, à maintenir la juridiction de Fordinaire. 

8. Si à raison de la non sécularisation de réyè* 
dié de Luçon et de son ancienne qualité de religieux de 
ce monastère, Regnaud de Thouars avait, ainsi qu'on 
Tient de le yoir, conservé le titre de frère, il parait 
qu'il était dans la classe de ceux qui pouvaient possé- 
der des bleus et en disposer (3). En effet , son (irère 
atné , Jean de Thouars , seigneur de Pouzauges, étant 
mort Sans enfent,Ia veuve'de celui-ci, JeannedeMatfaas, 
se trouyant à la Roche-sur-Yon , en 1337 , et portée 
d'un grand amour pour la famille du mari qu'elle avait 
perdu , donna tous ses biens à Regnaud de Thouars ^ 
évéque de Luçon et à Aymeri de Thouars , ses 
deux beaux^frères {*). Les biais ainsi concédés 

(1) No9, GaU. Chrièt, Beily , vicomtes de 3^êuar§. M. 4t 
Beanregard. Svéguat ifoXiMi. 



(%) M.^ de Beauregard, Evé^ueê de Luçon. 



5j Voir ce qû^tn vt dira Weatdt. à l'ocoMmo dNan T«li|ptiiK 
dignitaire d« chepitre régulier de Lvçob. 

CI) Archivée du rofmêmê 8* 180 m.® 78 : il j a lie» lèe caroîva 



96 ) ftBGHAtTD mt TnmABB f ïï.^ Svfiora. ( 1341^-1347 

par Jeanne de Hathas, tpn sans doute /n'avait 
pas de procbes parents , loi provenaient dessuccéssionsr 
de Regnaud , sire de Pons et de Jeanne , comtesse de 
Périgord, ses cousin et cousine. 

4. Regnaud de Tliouars et son frère ne tinrent pa^ 
beaucoup à la possession des biens qui feur' avaioit 
été donnés par leur belle-sœur Jeaime de Matbas» car^ 
quelques moi& après , on les T6it. prenant dès disposi-^ 
UiHis pour les vendre (!)• , 

5. Pegnaud deThouars était àPârfs, en avril 13^1, 
car on trouve un acte, par lequel il vendît alors ^ de 
concert avec son frère Aymeri de Thoùars , au roi 
Philippe de Valois » la seigneurie du Pont de Bergerac. 
Cette terre provenait aux deux frères du don qui leur 
avait été consenti , amsî qu'on Fa vu , par Jeanne de 
Mathas , leur belle-sœur (2). 

. 6. Un traité fort important M fait.^ le bindi après 
la Pentecôte 1347 (3), C'était un partage entre Regiml^ 
dm "de Thocurdoj évêque de Luçon et son chapitre , 
p(»rtant partage des biens de l'église caÀèdrale de ce 

que cet Aymeri àè Thottars est l6 même qvi, étant à Naples, en 
1559, chargea ' plnsieuKS clievaliers «de Tendre les' bien» qu'il 
avait en France. La procoration sa trouve au même dépôt « n«® 
79. t 

(i) Procuration de Regnaud » évâque- de -Luçon « & plusieurs, 
po.ur vendre les biens qui lui avaient été transportés et à son 
irère Aymery de Thouars , par Jeanne de Mathas » veuve de' Jean 
de Thouars , chevalier < son frère , en i559. Archives du ro^ 
yaum, S. 180, nj> 77. 

(2) Archivée du royaume s S, 180, n,* 121. 

(5^ Cet- acte est copié dans les manuK^its de Dom Fonteueftu, 
avec la ratification d'Amavenus • archo?4quo de Bordeaux* VL 
de Beauregard parle de cet acte» 



lieo. .Pour se décliarger des deroirâ dcmt il avait 
été tenu josques^là enveiS' les religieux fomiaiit son 
chapitre , le prélat leur cède les terres de Triaize et de 
Bichebonne , avec l'office claustral de la cellererie. 
L'archevêque de Bordeaux confirma ces dispositions, 
le 7 ]u!n 13*7. 

7. Renaud , établit dans son église la dignité de tré- 
sorier (i). Voici comment s'exprime le cartulaire : 

« Frater Rtniundus instituit in eederiâ LueioMfkii 
» digniUUem The8aurarii,de concilioet ascense capiMif 
]> ordinandQ , quod eidem dignitaUecclesim de MagnetlU 
» ( desMagnils ) ad mam collcUionem spectantemt tinto- 
j» tur et incorporetur cumjuribus ejusdemeccletiœ etper» 
» tinentiis universis. Item quod Thesaurarius habeat cu-^ 
» ram gncB eidem ecclesiœ numinH animarum » • 

-« Frère Nicolas Bartbtomi » archidiacre , Joignit à ce 
don tous les acquêts qu'il avait faits à Olonne et à la 
Chaume (2) , à condition que le Trésorier célébrerait 
ou ferait célébrer deux messes , chaque jour, à l'autel 
du crucifix, dans l'église de Luçon et donnerait à man- 
ger et à boire, ad plenam t^fectionem corpori$t à cent 
pauvres , au jour des Cendres , de la vigile de Saint 
Nicolas de mai, la veille de la Nativité de N.-D. et celle 
de Sainte Catherine, auxquels jours le chapitre ferait 
câébrer un anniversaire , pour le repos de son âme. 
n ordonna , en outre , qu'à ces mêmes jours , le trè- 
^rier ferait célébrer , un anniversaire de trois messes 

(l)M de Befturegard, Evéqties de Luçon^ 

if) On voit ^'alori lei relî({iaiu. poavti«nt poitéder d«i bient* 



dont une à trois chappes ^ et demande qae sa a6piiltiire 
soit marquée devant ledit autel du crucifix. 

aRemond (Ij veut que le religieux trésorier fasse sa 
résidence au monastère de Luçon et que, dansTégUse, 
il soit vêtu ainsi que les autres moines, avec quelques 
peines et amendes contre lui, s'il manque à don- 
ner aux pauvres la réfection susdite et à célébrer les 
messeSé » Cette fondation fut acceptée par le ebapltro» 
Van iU9y et ratifiée par les papes Clément YI^ et 
Ijtmocent VL 

c( Sans doute que Funion des Magnils n'eut pas lieu, 
car le curé ne paye (2} qu'une redevance assez modi- 
que en blé. Le domaine d'Oioime porte encore le nom 
de la Trésorerie ». 

8. Dans son testament , Tévêque Regnaud de Thouars, 
n'otiblia pas son église cathédrale. Il y établit une 
chapelle où chaque jour on devait dire la Messe. Ce 
fut le Crocier , dont la dignité fût supprimée , plus 
tard, dans la bulle de sécularisation , qui fut diargé 
de la desserte , pour laquelle le pr^t assigna im 
revenu assez considérable (3). 

(i) Oa a TU que qb préUt ^tait ifidif'éremmeqi n^pellé B«|ppA«d 
et Bt^jmoDà» Jtajrmondus, 

(2) C'est-à-dire , payait avant la révolution de 1789, au moment 
Ofk M. de Beaaregard écrivait se>jB ^ole» «vr h» ^fj^qviesi» JLuçoiit 

^5) Lea biens Ugp^s povr ceU^ fopdati^p eonsîstai^nt ; i.P Daaa 
rh^rbergement des Cbastinera ou des CliàteifrAer.s ; 2.° une maiaon 
au Puybeiliard; "S,^ r.inquante->un journaux de ^i^^aea, «-yec lairig^e 
Botoise et une autre ; 4.<* trois journaux de prés ; 5.<^ quatre sep- 
tiers de terre et une rente 4e trois sepUprs de seigle. Ces domaines » 
ainsi que nous l'apprend M. de Beanregard, portaient eacore arant 
la réTolationde 1799 , le n^m <de.U Crocerie»* ht% IvMBfif donnés 



9. RegnaiJid 4e Tbonars , mourut le ' 13 .mars 1353 
(1); élu le le mai 1334 , il avait règpé prés de 20 ans. 
Mais Tanden cartulaire qui loi fait occuper le siège 
épiscopal 20 ans quatre mois et quelques jours^, doit 
tommettre une erreur» si la preniière date estexactç. 

IF. JsAïf I » Jafevri f (9) 3.* évéqae de laçon. Ce 
prélat f originaire du midi » occupa sucçessîvemeQt 
plusieurs évècbcs (3}* Il parait qu'il fut pourvu du siè- 
ge épiscopal de Luçon^ le 5 mai 1354. (4) <k Le témoi- 
gnage de Tabbé Hugues du Temps , qui a donné plu- 
sieurs volumes d'une France chrélimnê est formel 
et nous force de compter ce prélat au nombre des 
évéqaes de Luçon, malgré le silence do cartulaire » 
qui n'a recueilli que les noms des évéques dont les 
actes sont connus. Celui-ci n'ayant étéévéquedeLuçon 
que pendant un temps trés-coort , n'en a peab-étre 
fiât aucon ». 

2. Jean Jofevri ne fit que passer, pour ainsi dire , 
dans Vévéché de Luçon. Cardés le 21 novembre 1354, 
des bulles le traniféraientao Pay-en-Velay (5). Cela.eut 

par ]QLegnaud de Tbooars pro^tnant probablement de ion patrU 
moine , car on sait <fue la maison de Ihonara pottédait la seî- 
ftnaorie'd» Pn^beHiarîi , faisant partie des troia {sarp^nie» ^ 
-Cbantonnay > 8i£;oarna7 et du Puybelliard. 

(1) Le manuacrît de M. de Beaure^ard dit le 18 mari 1588 , 
ce qm est nne erreur , au ro«ins pour l'aïuiét. La dat0 Vffi 
j'assigne eM celle d'aB,(:ieos caialo^nes. 

(2) Le nom de ce prélat est écrit quelques fois Joêvren', dg 
Jaur4tu «m df Jaustm^eâ, On sait qve l'wlbogTSffte 40» iWPit 
propres n'était pas bien fixée à cette époqne. 

(3) Il fat évéque de RicE , Valence « Lof on , 'EJnw «t ^n P^y- 
^en-Yelay , m^i» on n'est pas d'accord sur l'époque de son passage 
.fl'nn sié^ k nn antre. 

(^) M.gr de Beanregard « Eçéque$ de tjuçon* 

(6)D'aiitr6S documenta disent qn'il pasM d'abord i VéTèchéd*£]ne. 

10 



74 ) Gaultier et Gui ï. , 4.«i[T 5.» éyéquës. (1 361 

lieu , d'après M. deBeauregard (1) , « malgré les pré-* 
tentions dû la cour de Rome , peut-être aussi celles 
de la cour de France , qui Tune et l'autre s'efforçaient 
d^anéantir la loi dé la Pragmatique-Sanction , en con-* 
trariant les élections des églises »» 

Ce prélat fut cbargè, vers ce temps, parle papeinno* 
cent VI, de traiter la paix entre Jean , comte d'Ârma*- 
gnac et Gaston-PhcBbus , comte de Foix. 

4. Jean Jofevri mourut, en 1361, et on lui éleva un 
toml>eau, dans Téglise de St. Vosy. 

V. Gaultier , 4.« évêque de Luçon , était né à 
Bourges ou du moins en Berri [^). Si on en croit l'abbé 
du Temps (3j, il fut nommé en 1354. Le nom de ce 
prélat est porté dans le cartulaire de Luçon , mais 
on ne trouve aucun acte de lui. 

VL Guii.®*", fut le 5.« évéquede Luçon et j'admets 
ce taom sur ma liste , malgré une autorité bien im- 
posante. 

ti L'abbé du Temps ^ dit M. de Beauregard, place 
avant Ëlie un évéque qu'il nomme Gui, sur le téâioi- 
gnage d'un registre du Vatican. Outre le silence de 
notre cartulaire, qui doit être pour nous une autorité 
sufiQsante pour le rejeter , nous pensons qu'un pareil 
monument ne peut prouver que cet évéque ait occupé 
le siège de Luçon. Les papes , pour accroître leur 
pouvoir et le nombre de leur créatures » nonunaient 

(1) Evéquet de Luçon. 

(2) Gaïterttu Biturex , dît une ancienne liste dçs évéqves do 
Luçon ; Gaîterius , natione Biturigum, dit nne autre. On ignoro 
le nom de famille de ce prélat. 

(3) CUrgi de France. 



f357-l360 ) Gui i.^ btElib i.« , 5.« et 6,« tYÈvnss. (7& 

presque toujours aux éyéchés vacantSy pais les chapi- 
tres tes combattaient souvent et ils étaient soutenus 
souvent aussi par la cour de France qui , en attaquant 
les droits de l'église gallicane , semblait vouloir les 
reconnaître , en maintenant les élections , contre les 
prétentions de la cour de Rome. Delà souvent trois 
sujets se présentaient, à la fois, pour titulaires du même 
siège. Delà les exemptions, accordées, aux chapitres , 
pour prix du sacriGce de leur nomination et de feurs 
droits. Ainsi peu à peu les anciennes régies se sont 
abolies et la discipline s'est relâchée , .car en même 
temps que les nominations excitaient llimbition des 
sujets étrangers des églises y elles conduisirent insen- 
^lement à voir les dignîtéls, les prélatures et les évè» 
cbés se multiplier sur les mêmes têtes , et les églises 
abandonnées de leurs chefs , mirent en oubli les lois 
des anciens conciles, jusqu'au moment où le concile de 
Trente abolit des abus si pernicieux ». 

2. Néanmoins, comme il est certain, d'après un do- 
cument non pontestabléfl], que le 19 mai 1357, Gui 
t.*^ , fut élu évéque de Luçon , par le chapitre de cette 
cathédrale, il est impossible de ne pas l'indiquer ici. 

3. Gui 1.^' n'occupa pas long-temps le siège épiscopal 
de Luçon; car il devint évéque de Maillezais, en 1360/ 

VIï. Eue I.^' > (2) est > à mon compte , le VJ.«. évoque 
de Luç(m. Puisque son prédécesseur Gui I , passa» en 
1360 à révêché de Maillezais ,. on doit croire qu'Ëlie I, 
le remplaça, vers cette époque, sur le siège de Luçon. 

(1) M^de^ D. Fonteneau. 

(% JEha$ , d'après nof deux aacîenf cattlognet . Son nom d« 



rt) ÉLtt ï. , 6.* ÉvÈQm. [ m7-ms 

raVâùÊe aibsi l'époque dérîntrotiteatîdn de ce prélat , 
^e la Gaale Chrétientie et Fabbê Dutemps semblent 
ajotirnei* jusqu'en lâ?â, temps oâ, du reste , it siégeait 
encoi'e. 

2. Comme on Ta déjà fait remarquer , malgré Fé- 
rection de rétablissement religieux de Luçon en évécbé, 
les moines de Luçon n'avaient point cessé de l'être et,si 
leur réunion formait un chapitre , c'était un chapitre 
régulier. Aussi les religieux de Luçon figuraient à toutes 
les assemblées de Tordre de St. Benoit. Seulement au 
lieud^étre représentés là par un abbé» ils l'étaient par le 
prieur claustral, premier dignitaire après l'éyêque.Aussiy 
dans un chapitre provincial tenu à Limoges , en 1367 , 
ce même dignitaire âgura avec les abbés de St. Jouia 
de Marne, de àt. Maixent et deS.te Croix de Taîmont, 
et on y rendit une ordonnance» qui établissait les obli- 
gations des religieux (1) . 

3. On trouve» sous la date du 28 février 1368 « une 
transaction ^itre l'évéque et le chapitre de Luçon d'une 
part» et Brideau de Chàteaubriant» chevalier » seigneur 
de Ghampagnê-sur-Mer» d'autre part »^ au siyet de 
l'achenal de Luçon et, dès lors» c'est le casde parler de 
ce canal. 

L'achenal de Luçon, allant de^Luçon à la mer» a été 
construit à une époque trés-t'eculéé et qu'on ne peut 
pas préciser. Il était d'un grand avantage, pour le com- 
merce et même pour le^ dessèchements des marais. 
Ensuite, il donnait lieu à des perceptions de droits, pour 
les seigneurs » mais» en même temp» f il oeeasioniiait 

(i) Voir coUe ordonnance, dans le veciieU dti père Labbe» 



( iSflS • * Eue I. , «.• fiVÊQ«E. ( tr 

Aes dépend eettsîdérable» et , poat les feteBM à peiw 
ceroir , comme pour les traTamt à feire , SM? eut 
s^m'gissâittt de grares procès. Dans cehxl dont Q esl 
id question 9 réréqne et le chapitre, disaient qu'onlre 
la première moitié , l'antre moitié de Tachenal, com- 
mençant an marais Taillefer , tirant droit au Pent de 
la Giarrie et de là Jusqu'à ta nttr » avec tous les pro- 
fits el émoluments « rivages^ aventures , juridietioil 
hante , moyenne et basse , amarr^aoelts et autres 
profits dttdil achenal et leurs appartenances était leur 
propriété et ils ajoutaient que les bots (1) , renfermé» 
daus lesdiles bornes, leur appartenaient encore. 

Brideau de Chateaubriand , prétendrait le cofitrairuf 
et le prouvât, sans doute^ en partie.TouJours est-il que 
cette seconde portion de l'achenal, la portion inférieu- 
re f fut reconnue comme sa propriété; tandis que le bot,, 
depuis la limite susdite , jusqu'à la mer fut déclarée 
appartenir à Tévéque et au chapitre , à la charge par 
eux de faire bosser et embosser ledit bot. 

n paraît que le seigneur de S.te Herm.ine prétendait 
au tiers des droits qui pouvaient appartenir à la sei- 
gneurie de Champagne. Or , comme il n'était pas pré- 
sent au traité , il fut dit que , s'il ne voulait pas en 
tenir , il en aurait la faculté et qu'aussi Tévéque et 
le chapitre ne seraient point engagés envers lui. 

n fut reconnu encore que rien n'était changé , pour 
les droits du diapitre et de Taiguier de Luçon, à 
raison de la pêcherie dans le canal de Luçon , qui n'é* 
tait pas comprise dans la transaction. En conséquence, 

{î) Un bot est nne levée ou digne, et on entend par r on Irtf- 
èot, le fMà creusé a« fîeif àti Bçt. 



78) Eue L , 6.* ÉTËQUS. (1368-1374^ 

ùBL convint que Brideau de Cbâteaubriand m pourrait 
pas empêcher les pécheurs , yenant de la mer , de. 
transporter leur pois$on , par Tachenal, dau» la ville de. 
Luçon. On ajouta qu^ si Tachenal n'était pas en état ^ 
les péçheui:s pourraient. vendre leur poisson „ vers 
Triasze. 

Les parties^ arrêtèrent aussi que révéqué et le cha^^ 
pitre pourraient faire passer leurs blés, vins et autres, 
denrées par TacbenaL . ^ 

Né)einmoins coinme ce traité était fàvorabFe à Brideaa 
de Chateaubriand , il s'obligea de payer trente sous de 
rente à Févêque et au chiqpitre de Luçon , à l'époque 
^ la St. Michel. 

Cet acte fut passé le mardi après l'Ascension , et 
Fontenay-le-Comte , devant Jehan , chevalier , garde 
du scel audit lieu, pour le prince de Galles r duc 
d'Aquitaine. 

4.Eajuinl374,ilfut accordé des lettres de saavegarde 
royale, à Tévéque et au chapitre de Luçon, pour eux , 
leurs biens et leurs défenseurs, en Saintonge et dans les 
sénéchaussées de Poitou et d'Angoulême. On teur 
donna, pour*gardieas, le gouverneur de la Rochelle 
et le baiTli des exemptions de Touraine , d'Anjou , de 
Poitou et d'Angoumois. De pareilles lettres furent ex- 
pédiées pour l'évêque et l'église de Maillezais. 

5. Dans la même année 1374 (2), nous'trouyons la 
mention de V église de SL-^Mathurin du cimetière pa^ 
roissiat de Luçon. Il en Tésulte que cette église , pa-* 

(1) Ord, du Louvre^ 

(2) Charte da 3 décembre i^^ M* d^ J). FmUneau^ 



I3î4-lâr5 ) EUB I., 6.« ÉV<Qt7É. ( W 

roissiale d'àtant la réyolution de 1789 , et détruite 
pendant cette méme[réyolntion , n'était, dans le prin^- 
cîpe , qu'une chapelle de cimetière. 

6. Une chapellenie ftit fondée , par la maison de 
Sainte-Flaive, qui reçut son nom de la paroisse de ce 
nom 9 dans cette église de St'-Hatburin de Lucon , dont 
Je viens de parler. Or , dés le principe , il y eut des 
cont^taticms, pour cette fondation, entre le chapelain 
de cette chapelle çt Thibaut, Jean etPerrotde Sainte- 
Flaîye, fondateurs (1). Ce procès fiit terminé par tran* 
sacti<m consentiQ le 3 décembre 1374, et homologuée 
par arrêt du Parlement de Paris (âj. 

7. Mais toutes les discussions n'étaient pas finies ^ 
pour la chapellenie de Sainte-Flaive de Féglise de St.- 
Mathurin. Car la fondation de Pierre de Sainte-Flaive 
était de cent livres de rente , et alors une rente fon- 
cière était considérée comme une redevance, qui gre- 
vait beaucoup les biens immeubles. Aussi la famille 
Sainte-Flaive proposa une dotation en immeubles, au 
lieu de la rente de IQO livres, et cette proposition 
liit agréée , ainsi que je vais le SaJre connaître bien tôt. 

8. Il faut assigner la fin de Tépiscopat d'Elie l.*' à 
Tannée 1375 , au plus tard ,^ à raison de Tayènement de 
«on successeur. Mais on n'est pas plus édifié sur l'é- 
poque positivel où finit son épiscopat , s'il se teimina 
par la mort du titulaire ou autrement , que sur le 
nom de Camille decelui«ci. Du reste, ici finit le temps de 
.grande obscurité, pour la série des évèques de Luçon. 

(1) lia étaient plutôt enfants an fondateur , car le véritable 
isndateur était Pierre de Sainte-Flaiv» , ainii qu'on va le voir. 

(2) Jf.' dcD. Fontenew, 



Hfi^ GUIL. DP i*4&9CfliFpl9C40|LT» 7.« ÉT|Qe|{. (1375 

9» II faiilt sgouterque préGedemaieQlt Tobsçuntê était 
4)li]S grande qu'aujourd'hui et avant J^ découyertesque 
je suis parvenu à Eajre* Pour Iç prom^r» je Yai3 laisser 
parler un Yèaérable éerivfiin^ quiH'a précédé dans 
h ^mère (1). 

a L'ancien eartulaire dit que les évèques Eite ^ Ga«- 
tbier et Renaud , ont tenu le siège de Lnçon j ai ans 
10 mois et 3 jours ; ils ne comprennent pas Jean Jo^ 
feyry (â) , qui a peu régné , et dont les aetes lui ont 
été inconnus. J'ai lieu de croire que c'«st par des aetes 
subséquents qu'il a eru constater .l'existence des évé- 
ques dont il donne le catalogue , en quoi il peut etnXf 
:an évéque dont la trandaJtl<»i a été pioopipte et qui 
n'a pas résidé ^ peut»^rie Ignoré » 4p$âque son épi$- 
copatfiolt incontestaUe »^ 

10. Or , il y avait évidemment une erreur de calcul 
extrêmement forte , dans le'cartuidre , en [supposant 
que le règne des trois évéques Regnaud , Gmltier et 
Elle, entre lesquels il faut inlercaller feani Jofevrie » 
et Gui I , n'a pas duré 25 ans. En^ffet , il n'esta pas 
contestable que Regnsrad de Thouars «st dervena éyér- 
iqoe «a 133i » et noius alM^ng v^ir que GuiUa««ie de 
la Ro<^foucault Tétait dés 1375. Il en résuHe que ccis 
4>inq évéques ont occupé le siège de Luçon cp^kon 
quarante ans et non pas moUis de vingt-*cijQq a^s. 

VIII. Guillaume de la Roghefoucaclt , 7.* êvéque 
de Luçon , était fils de Gui VU , seigneur de la 
Roehefoucault et ée Blanzac et d'Agnès de Gu*- 

{A) M. èe Baajiregard, Evéques de Luçon. 

(2) Ni Gai I , ainsi qa on Ta tu ^éeédeauncot. 



i37l»-1381) Gun. Bl^LA ROCHBFOUCAULT ,7.«iYÉQ17B. (Si 

lant (i). n était religieux dans le monastère de Loçon^ 
quand il fut .élq évéqne de cette localité. Aussi le cartu- 
laire l'appelle Frôler GuUlélmus (2). . 

2. Mais à quelle époque a commencé Tépiscopat de 
ce prélat ? Suivant M. de Beauregard (3) , Guillaume de 
la Rochefoucault serait devenu év^ue de Luçon, ^i 
1387 (4) et il serait mort, le 27 janvier 1387.<i Ces deux 
dates t dit le savant prélat , ne sont point contradic- 
toires. Tannée alors coinmençant au samedi-saint Cet 
usage ne fut changé qu'm l'année 1564 et Charles IX» 
par son ordomiance, rendue à Roussillon^ fixa le com- 
mencement de Tannée au l.^"' Janvier ». 

3. Or , il faut reporter bien plus avant le commence- 
ment de Tépiscopat de Guillaume de la Rochefoucault. 
En effet , nous le voyons ratifiant» par un décret que 
Dom Fonteneau (5) place vers Tan 1375 , Taflbctatioa 
de biens faite par la maison de S.te Flaive , pour la 
dotation de la chapellenie fondée dans l'église de Saint 
Ifolburin de Luçon , au lien de la rente de cent livres, 
qui en faisait primitivement l'assiette. J'ai déjà eu oc- 
casion de parler de cet arrangement (6). 

4. Ensuite, le 17 mars 1380 — 1381 , nous trouvons 

ft) Gàtt, Chrùt, — Daehefne, généalogie de la maùon de 
iti Rœhe/oueauli* 

(2) Un seal de no» caialo^ei l'iiuii<}iie ainsi. 

(3) Eçéqtue de Luçon, 

(&) Les denx listes dont Je me sers se contentent d'indiquer 
la mort de cet évé^ue au ''Û janvier i587 , sana parler de son 
entrée en fonctions. 

(5) M.« de D. Fonteneau. 

(6) Yoyea ci-d«»8ttf. YII. 7. . 

M. 



sa} GOIL.DCLA ROGHEFOUCÀtTIT iT.^'éVÉQlTB. fl381-1388 

bien positiyement Guillaume de la Rochefoucault , 
evéque de Luçon , confirmant la fondation faite par 
Territurus de Montournais , seigneur de Puymorin , 
idans l'église paroissiale de Montournais (1). 

5. a Ce prélat (2) avait fondé une messe chantée , 
chaque Jour, à Tautel de la sainte Vierge et une orai- 
son sur son tombeau , qui s'y disait immédiatement 
après la messe , par le religieux qui Tavaitl célébrée, 
avec les vêtements sacerdotaux , lequel religieux de- 
vait faire Taspersion sur le tombeau. Pour l'acquit de 
*cette fondation, il abandonnait, aux religieux et au cha- 
pitre, 50 livres qui lui étaient dues, pour la poursuite 
de la réunion à la mense eapitulaire des bénéfices du 
doyenné de TaImont,de celui d'Aizenay, de rarchiprétré 
.de Pareds et des églises Paroissiales de Luçon , de S.te- 
Gemme près Luçon. et du Poiré-sur-la-Rocbe. La perte 
des titres ne nous permet plus de connaître les do- 
maines qui furent réunis. Peut-être Funfon n'eut-elle 
pas lieu , du .moins en entier ? On crqit que ces domai- 
,nes furent vendus en 1563 , sous le nom du prieuré 
de la chanoinie , en la paroisse du Poiré. Cet acte , 
daté des Moutiers-sur-le-Lay , ancien Château-Moutiers, 
éloigné de deux lieues de Luçon , séjour ordinaire des 
premiers évêques, est de Tannée 1387 et du 17 janvier, 
ce qui, à notre manière de compter, est de 1388 ». 

6. Guillaume de la Rochefoucault mourut le 27 jan- 
vier 1387—1388 (3). 

(1) M.' de D. Fonteneau.— Extrait des papiers dn ehapltre àû 
Luçon. 

(2) M. de Beauregard , Evêques de Luçùn, 

(3) Cette daie, est positiTe* C'est celle dn cartulaîre et de vm 
deux anciens catalogues. 



1388) EHEHlfB LOTPBAU , 8/ ÉVÉQUB. ( 83 

IX* ETiBififs LoTPBAU (1) a été le 8.* évéque de 
Luçœi. n fat élu , d'après un registre du Vatican , . le 
4 mai 1388 (2). 

S. M. de Beanregard (8) nous fait connaître la bio« 
graphie de cet évéque que TUbaudeau (4) a mal*à- 
propos appdé Loiseau. 

« Etienne Loypeau » était conseiller et aumteler dé 
lean , fils de France » duc de Beny , comte de Poitou, 
Ce prince lui conféra la dignité de trésorier de l'église 
de St. Hilaire de Poitiers ; il est à croire que ce fat 
(5) incontinent après que le roi Charles Y fut rentré en 
possession des Â[>inaines du Poitou et que cette pro?ince 
eut été donnée en apanage, avec le Berry et l'Auvergne, 
audit duc Jean. La qualité de trésorier de cette église 
est justifiée par une charte de ce prince, du 14 janvier 
1380. Elle porte concession, par lui faite, de plusieurs 
précieuses reliques, dont le roi Charles V , sur la fin 
de ses jours , lui avait fait présent , et dont il commet 
la charge audit Etienne Loypeau. 

« n était aussi chanoine de St. Hilaire. Il fonda une 
messe et donna , pour. cet effet , la terre et château 
de Drené, en 1387. Cette terre est passée dans la mai- 
son de Hortemar. Il était en même temps chanoine 
de réglise de Poitiers , de celle de Bourges , curé de 



(1) Siefhmmi LoypM , dTif rèt le oartulair* et les catftlo|piee 
tncient. 

(i) D'entrée docamoQU fixent cette élection tu 4 mère de la 
même année. 

(Z) Eiféque* de Lufon* 

(&) Abrégé de thùtoire du Poitou, 

(5) Comme trésorier de St. HiUlre de PoitiVrs , Etienne a.oj- 
psstt a ^té incoxinu aux auteurs de la Gaule Chcétîenne. 



^7 Etienne Loypeau , 8.« évêque. * (1388 

St. Gilles et St. Leu de Paris , commensal et chapelaia 
da pape et enfin éyêque de Luçon , comme il se voit 
par les registres et un ancien inventaire des reliqaes 
de St. Hilaire » de l'an 1406 h. 

D II était pavent de Louis Loypeau , prévôt et gou- 
vemeur de la ville , château et marquisat de Mézières» 
commandant du ebàteau du Bouchet , ainsi qu'il parait 
par un contrat de mariage de. damoiselle Marguerite 
Loypeau , sa fiUe , passé le 20 juillet 140Q *. 

» Ces trois alinéas, continue M. de Beauregard , sont 
extraits d'un manuscrit de Rapaillon , chanoine de St 
Hilaire-de-Poîtiers , lequel contient l'histoire des abbés 
et des dignitaires de cette église. Le ^lanuscrit est en- 
ire les mains de M. l'abbé Dutrehan (1) , trésorier. 
Rapaillon vivait en 1360 et a laissé dix volumes tn-f.* 
manuscritSi de l'histoire de $t, Hilahre. C'est un recueil 
précieux. » 

3. Un titre (3) £adt connaître positivement ce qui se 
passa à l'égard des reliques dont il vient d'être parlé. 
Elles consistaient l.<> dans du sang de Jésus^hrist; 
â.o du bois de la Vraie-Croix ; 3.^ un fragment de la 
Couronne d'Epine'; 4.<>et un morceau de la Table, sur 
lâquéllefut posé son corps, dans le sépulcre , morceau 
teint de son sang. Ces reliques^ déposées dans la cham- 

(1) M. l'abbé Dutreban issti d'une maî$oa noble au Bm- 
Poit.oa. avait été auparavant chanoine de Strasbourg. Son frer 
était seigneur de là Jarrie , paréieae de Saint-André-»ur-Sèvre, 
terre possédée aujourd'hui par Madame la marauise d'£f£at* 

(2) Cette coUection manuscrite, qui aurait été » utile poOf 
écrire l'histoire du Poitou » est perdue. 

(5) U est daté du 14 Janvier l580-138i et se trouve copiée»» 
Us manuscrits de O. Fonteneau. 



1395-1399 ) Etienne Lotpsav, 8.« iviQUE («s 

bre da roi à Poitiers, ftirent doimêes.par Jean, dac de 
Berry , comte de Poitou, à Etienne Loypeati , trésorier 
de St. Hilaire-de-Poitiers , qui les céda ensuite à cette 
même église. Ce don fut fait en présence de Nicolas 
Mengin (1) , secrétaire et maître de la chambre aux de« 
mers du duc et de Pierre de Giac » son clerc. 

4. Les simples prêtres tenaient alors à honneur d'être 
inhumés» comme des chanoines, dans les cloîtres de 
Luçon. C'est ainsi qu'en 1395, JeanCousmeri,prêtrei 
déclara eslire sa sipulturey dansle chapitrej[2) et donna, 
pour cela, une bonne quantité de boisselies (3) de terre. 

5. Comme Etienne Loypeau cumula ses doublés fonc* 
tions d'évêque de Luçon et de trésorier de St. Hiiaire- 
de-Poitiers , il résidait souvent dans cette dernière 
Tille (4j. Aussi ses vicaires-généraux étaient obligés de 
le remplacer habitfiellement « tant pour les fonctions 
du culte que pour ce qui cpncemait les intérêts ma- 
tériels. Et nous voyons, le 28 janvier 1398—1399 
(5) « Les vicaires-généraux de révérend père en Dieu , 
Monseigneur Etienne , par la grâce de Dieu, évêque de 
Luçon et le chapitre de l'église dudit lieu, fait baillette 
d'une aubraie (6] prés Luçon j». 

6. Néanmojns , nous trouvons Etienne Loypeau , 
donnant un acte , le 2 juillet 1399 , sous le scel de la 



51] Cette famille exUte uncore dans le Ilant-Poltoa. 
%) Cartut,Lucton,— yi.* de D. Fontoneau. 



M. d. 



(3) Bot'scelertas , est-îl dit . dans l'acte. 

(4) < Etienne Loypeau faisait sa tésid 
le Beauref^ard, Evéques de Luçon. 



Etienne Loypeau faisait sa tésidence à Poitiers. 



(5) M.* de ï), Fonteneau, —r Extraits piis dans les archives de 
TévècKé de Luçon, 

(6^ Une aubraie est une pièce « dam le marais, entouiée d'eaa 
et plantée en arbiea. 



86. ) Etienne Lotpbav, 8<<» jéyéqvb. (1400— 140 1 

Roche-sar-YoQ , pour annobUr le do0»me de la Ro- 
chette 9 paroisse des Clouseaux , en faveur de Jeanne 
Eymel, femme de Joachim Gauteron , de Jean Gau- 
teron et de Ifiirie Eymel. Le [H^élat retrait IajusUce(l]. 

7. <( C'est sous le pontificat d'Etienne Loypean » dit 
M. de Beauregard , que Nicolas Fabri^ aoraôni^ de 
Féglise de Luçon , fonda la chapelle de S^te Magdelaine, 
( nous verrons plus tard que ce n'est pas c^e qui porte 
ce nom) , pour procurer aux malades la &cuUé d*en<!^ 
tendre la sainte messe : Utpauperes Chrisêù i^bi eoçU^ 
i&Ues y prœsertm débiles in electise xistentes possirU (W^àUre 
missam et dévote inspicere bomirium Jesum Christumn^^ 
Cette fondation est du 2 février 1400. 

8. Charles VI donna , du consentement de Jean ^ duc 
de Berry, qui en était pourvu, et pour en jouir après 
la mort dé ce prince , par lettre du 12^^juiHet 1401^ le 
comté de Poitou à Jehan , duc de Touraine , son second 
fils , mais il se réserva la garde de la cathédrale de 
Luçon et des autres églises , de fondation royale ou au^ 
trement privilégiées , qu'elles ne pouvaient être sépa-^ 
rées du domaine de la couronne (2]. 

9. *La chapellenie de Sainte Flaive , fondée dans 
l'église de Saint Mathurin de Luçon /à l'autel de 
Notre-Dame , occasionna encote de nombreux actes,. 



^ (1) M.^ de D, Fonfeneau, Vers ce temps, le mène prélat tran- 
sigeait avec des particuliers de la paroisse de Saînte-Fiaive « pour 
dés droits dos à Vèvèclié. Il transigeait aussi » le 2 juillet 1399^, 
avec des habitants de la Mothe-Achard, pour des redevances, en 
présence de M. Martineau . licencié en droit , archidiacre da 
Luçon , Pierre Ganter , prieur de Cherché et autres. 

(i) Ord. du L<m9, Tom. VllI , p. W2- 



1401— 1403 j ErnimB LorpsAu , 8/ Bviots. (jfr 

en 1401 et 1402 (1)1 On y Toit snccessivement deux 
chapelains (2) et des transactions sur procès , mus ou i 
monyoir. 

10. Nous venons- de parler de l'élise de StMathnrin 
de Luçon, qui n'était alors qne la chapelle du cimetière 
de cette localité. Or^nous trouvons, sous Tannée 1403, 
la mention de Téglise paroissiale de Luçon , qui était 
sons le vocable de St. Philbert (3). 

il* Use donation importante fbt faite vens ce temps 
f4) i rétablissement religieux dont nous écrivons rhto- 
toire , par un homme marquant. En effet , Pierre Bochet, 
président au parlement , par dévotion pour Vigliu d$ 
Luçon et m l'htffmewr de Bieu et delà benqiele Vierge 
Marie , donna les moulins de Chamailiard , avec toutes 
leurs dépendances, dans les paroisses du Champ-Saint- 
Père et de Saint-Yincent-sur-Graon , à la charge de 
célébrer deux messes, par an , à son intention. 

12. iLe désir de se fiiire inhumer avec les religieux de 
LuçoUrgagnait encore, au commencement du XV.« siè- 
cle. C'est ainsi que nous voyonâ Jean Remond, prêtre, 
léguer tous ses biens au monastère , afin d'obtenûr une 

(1) M.«de D.Fonteiieau. 

(2) r^icolas Lio^îer et Jean Choopîn ou Cboppîn. Ce dernier 
^i .était aoMi chapelain de la chapelle du Château -tienf, deewtr^ 
novo^ de Luçon . qn il résigna le 12 janvier IftûO —1401 • entre lea 
mains de l'évêque , transigea avec un comme Bardonnea, pour un 
droit de complant , et avec un prêtre appelé Pniterea. On le voit; 
les noms actuellement en euu étaient alors en ea » comme lea 
prononcent encore lea gens de la campagne. 

(5) Jean des Chenanlt et Jeanne des Chenault • veuve de Simon 
Roquelean » de la paroisse de St. Phithert de Luçon. Manùte. 
d» jD. Fontetuau, 

(\) Le pénultième jour de septembre liO&. Cart. Lucion. 



88 ) Germain Vxtllâxd , 9.*^ Évioim. [ 1407 

place là, pour 3a dépouille mortelle et des prières (1); 
et Jean Girard , peu après (2} disposer aussi de presque 
tous ses biens , à cet effet , en ne foisant qu'une faible 
réserve. 

13. Etienne Loypeaumouruty. le 13 septembre 1407, 
d'après le catalogue placé à la suite dçs' bulles et les 
deux catalogues manuscrits. Mais lé cai^tulaire , comme 
les deux catalogues, disent qu'il siéga vingt ans neuf 
mois et deux jour^, ce qui n'est pas exact. « Sans 
doute, comme le dit H. de Beauregard (3)» que le car- 
tulaii*e suppose qu'il succéda» sur le ebamp, i son pré- 
décesseur. » 

' 14. Le même écrivain présume qu'Etienne Loypeaa 
moufut et fut inhumé à Poitiers , lieu de sa résidence 
la plus habituelle. 

X. Germain PAiLLAnn, 9.^ évêque deLuçon, en 1407 
ou 1408 ; il est nommé diversement par les auteurs , 
savoir : Paillât par le cartulaire et les deux catalo- 
gues d'évèques et par M. de Beauregard ; Pallabd , 
par un registre de la chambre des comptes ; mais une 
ordonnance royale qu^ je vais bientôt citer, des titres, 
son épiiaphe et Blanchard (4) le désignent sous son 
véritable nom , celui de Paillard. 

^ 2. Ce prélat était d'Auxerre (5) et d'une famille de 
magistrature qui a fourni plusieurs membres au. parle- 
ment de Paris et d'autres personnages placés dans de 
hautes positions sociales. Philippe Paillard , bouigeois 

(1) Le 26 novembre 1WI6. Cartul. Jjucîon, 
2} U 15 janvier 1406—1407. CartuL Lucton. 

JEvéques de Luçon, 
%) Eloges des premiers présidents du parlement de' Paris, 
p) il ne * faut pas » d*aprèt ce qu£ dit M. de Beauregard » 



i 



1408 ) aSHMAiN ^AILLASD , 9/ ÉVÉ<H^. ( 80 

de Beaune » fut' mi des garants dû traité de Grenillon 
consenti , eii 1359 , entre le doe de Bourgogne et lé 
roi d'Ângleteire (1). Christophe Paillard, frère aîné de 
Germain, fat conseiller-midtreen lacliambre des comptes 
et employé par le roi Louis XI , en diverses négocia-' 
lions 9 particolièrement au traité de paix, qui suivit la 
guerre dite du bien public ^ et, en 1470, il fut envoyé, 
par le roi , pour sommer la ville d'Auxerre deseren-* 
dre (^. Philippe Paillard , fi^re de Christophe et de 
Germain , lot archidiacre de Noyon et secrétaire du 
foi. 

V n se voit, dit Blanchard , Elogti de$ prmim fti^ 
ndenti du parhmeifU de Paris f dans le chœur des C^es« 
tins de Paris, les sépultures des deux frères du nom 
et de la famille Paillard ; la première est celle de Ger- 
main Paillard ,••... évéque de Luçon ; la deuxième 

sépulture est celle de Philippe de Paillard , archidia- 
cre de Noyon , secrétaire du roi , sur laquelle est 
gravée cette épitaphe : 

Bic jacei venerabilis et discretus magisler 
Philippu$ Paillardi , archidiacanus 
Naoiomensis et prœpo$itu$ S,**» Walburgis 
De fumis : aeriim , Noiarim , Secretariui 
Domini nostri Régis , qui obiit Pontiis 
Octavâ die septembris anno Domini 14161 
Anima èjus requiescat in pace. 
» Palliât , dil le même auteur , en ses additions , 
dans la Vraie et piXr fuite sdenee des armoiries^ dit que 

confôiiare cette famlUe atec «ne a«tre en même nom , q«i a poe^ 
Bédé la seigneurie de Jumon^ille . dont elle prenait son tumom* 

(2) Bévue Anglo-Françàùe , 2.e série , tome 2., p. 190 et i9i. 

(2) M. de Beaoregard , Evéques de Luçon. 

1 » 



9d ) <}EBMAIN PAILLARD 9 9.* É¥ÉQIIB. { 1408 

Philippe Paillard , archidiacre , portait d'argent , à 
trois tBurteaux de^ablet au chef de gueule , chargée d'une 
croix palée , mise au quartier dextre , d'or , adextrée d'une 
étoile de mémef qu'il met pour brisure , à la différence 
de Germain , «on firère , ayant l'un et Vautre ^ chargé 
cette croix , à cause de leur mé|re , «œur de Philippe 
de Moulins , évéque de Noyon n. 

3. Germain Paillard fut élevé par Philippe àe Mou«- 
lins (1) , éyéque de Noyon, frère de sa mère^ et destiné 
à l'état ecclésiastique, en même temps qu'il étudiait le 
droit. Aussi il fut à la fois conseiller au parlement de 
Paris (2) , et chantée en dignité de l'église de Paris. On 
le tira du chapitre de la capitale , pour le Êdre éyéque 
de Luçon. 

4. Germain Paillard envoya d'abord des députés au 
concile de Pise et il finit par s'y rendre lui-même , 
puisqu'on trouve le nom de ce prélat, parmi ceux des 
pères de ce concile (3). 

5. Les religieux des monastère du Bas-Poitou , qui 
avaient^été long-temps indépendants de celui de Luçon, 
subissaient avec peine la suprématie du chef de 
celui-ci, depuis qu'il était devenu évèque. Les moines 
deSt-Michel-en-l'Herm, bien pluls riches que ceux de 
Luçon, étaient surtout dans cette position et ils résistè- 
rent beaucoup , mais inutilement. En effeti un arrêt du 

(i) U ne parait paa que ce prélat Fàt de la famiUa poltaTÎna 
du mèn^ nom , qui a fourni le précepteur du roi Françoia I.er. 

(2) Suivant Blanchard « déjà cité , Germain Paillard exerça lea 
fonctions de conseiller au parlement de Paria « pendant les 
années 1405 , lft(Mt et t40S. 

(5) M« de Beauregtrd , Evéquei de Zmeon* 



1415—1418 ) eBRMAIBr PAHXARD , 9.* STiora. ^91 

jMoienimt de Paris , du 4 avril 1415 , maintint Fé- 
Téque de Luçon, dans son droit de joridiction, sur 
i'abbaye de St-Michel-«D*l'Herm. 

5. «Onlit, dans<nn registre de la chambre des eomptes. 
de Paris , poor 1417, commencé et fini ea 1418, que 
Monseignevir Germain Paillard » évèqae de Laçon , 
prête au roi 400 livres (i) »« 

7. Si Germain Paillard était d'une maison Bourgui- 
gnone , il était aussi Bourguignon,, par ses opinions po- 
litiques. Aussi quand le Dauphin-Régent Charles , de- 
depuis Charles YII , se fut réfugié à Poitiers avec sa 
cour et son parlement , Tévéque de Luçon fit sa de- 
mewTonce ctvec les ennemis du prince et les relies , en les 
conseiUani et favorisant (2); Cela détermina le Dauphin- 
Bégent à mteyer à Germain Paillard la possession des- 
ehftteau et forteresses de Févêché de Luçon et à y placer 
des capitames , dont le prince reçut le sermentCet ordre 
de'cfaose dura assez long-temps, ainsi qu'on le verra. 

8. n parait aussi que Germain Paillard avait , sur 
la fin do sa carrière , abandonné son évéché , pour se 
retirer à Paris, fly mourut, au mois d'octobre 1418, 
(3) et fut enterré, suivant qu'H Favait demandé , dans 
le clHBar de Féglise des Céiestins de la capitale, prés 
de son oncle. Philippe de Moulins , évéque de Noyon ,. 
et à côté de la place où reposait la dépouille mortelle 
de son 4rére P^iUppe de Paillard (4) , mort très-peu 
de temps auparavant. 

(1^ Wi; de Beaureg&rd » E»éçue$ de Luçon^ 

(2) Ezprettioos employées dans les lettres de Gharlet..VII / du- 
& novembre i^^ , ^e je donnerai pins tard- 

(3) Le 8 octobre « suivant le cartalaire et les deux cmlalognea « et 
leD, suivant l'épîtaphe qu'on va rapporter. 

(%) Celui-ci mourut en septembre i4iJS. ToLc soq épitaj^ibei ci- 
deàsui. 



n ] G. FîilLL. ET EUEn.gVL^aT, 9,« ET iOi« ÉV. (441? 

On plaça sarcla tcmbe de Germain PaSlard.» réypi- 
taplie suivaiite : 

Hicjdcet rêver endm in Chri$tù PMêr 
Gemanus Paillardi , de antisskdoro , 
Episco]^ luoanenas Dçmni noêiri 
fiegis comUiarius y qui ohiit Parisiû 
Sexta die mmsis octobris 1418. 
Aîiima ejus requiescat in pece. 

9, Le cartulaîre ^e] Luçon dit qu'il sîêge^ (1) vingt 
ans et vingt-cinq jours, ce qui est feu?:. L'un dç nos 
catalogues est plus exact (2). 

XI. fllLcp n MAj^jmEAf} y lO.*" év^ue d,e Laçon f 
^tait né dans le Bas-Poitou , ainsi qu'un documentau- 
9ientique l'établit positivement (3}. On doit dopcicroire 
qu'il était d'une des familles de ce nom ^ qui existent 
encore dans ce pays.Si le cartulaire et les dey^ catdogi»e5 
rappellent MartînelU (4) , c'est qu'ayant François I.^' , 
conmie le fait remarquer M. de Qeauregard (5) , tons 
les actes s'écrivaient en latin. Il faut filouter, c^ , si on 
voulait en donner la raison , cela mèperait tfop loi^» 
c(ue l'on mettait ces méme^ noms au génitif. 

2. i;]ie Martîn^u , qui occupa probajblement lesiég» 
épiscopâl de Lufon» presqu'aussîtôtledécèsdeGfeniiaiB 

(1) M. d^ Beanregard , JSvégues tfe jAi^çon. 

(2) Germanus Paillât , obiit 8 octobriç 1&18 , tenuît episco* 
|»atum annis undecim et diebuA viginti quinque. 

^ (S) L'ordonnança de Charles VII, da 6 ncrrembre i&8&«déjà 
chfre porte : « Ledit Germain ^Paillard] alla de ^ie à trépas et 
par son décès fut pourvu audit évdché « HéUe... Ixomme natif 
dlidit évécbé de Luçon ». 

(4> De là plasienrs l'ont appelé , mal-à-propos , Elîe Mitftigel. 
(5) Evégues de Luçon* 



Hi8\ MU» U MAMJUnAVf iO.« ÉyÈQms ( gS 

Failtefd I 6at la flatisbctioii de mettre fin imn grand 
I^océ^ 9.^1 ^xiitait, depuis long-'temps , entre tooles les 
^^ifles de «on diocèse et Féglise cathédrale de Poitiers , 
posr le buninaire de cdle-cL'; Je vais rendre compte 
de ortie /contestation dont je m'étais josqtfid abstenu 
de parler. 

Dans le principe, toutes les églises du Poitou devaient 
continuer au luminaire de la cathédrale de Poitiers » 
par le payement d'un droit déterminé , qui était plus 
ou moins ifort, suivant rimportance de chaque égfise. 
G? lumjnaire était considérable et même plus qu'a»-* 
eun antre da royajame, disait les documents du temps. 
II était tout en cire et on n'evafkff^it pas d'huile. 

Le droit devait se payer au Chevecier, à Poitiers , le 
jeudi avant l'Ascension. 

Après rérection de Luçon et^de Maillezais en évé« 
chés y les paroisses qui en dépendaient refusèrent de 
payer le droit de luminaire p mais le Cheveder de 
Poitiers se rendit à Avignon» devant le pape Jean XXII 
et fit promettre aux deux évéques de Luçon et de 
Maillezais et aux députés des deux diocèses » que le 
payement du droit continuerait Comme il y eut néan- 
moins négligence dans l'exécution de la promesse , le 
Souverain Pontife donna deux ordres exprès» pour &ire 
cesser cet état de chose. 

M^s bientôt un grand procès éclata pour le lumi- 
naire, entre le elergé de Luçon et de Maillezais , 
contre le Chevecierde Poitiers , devant le parlement 

{!) On donnera > dans les pièces justificatives » la liste des re« 
devances d« tontes les paroisses du diocèse do Lnçon , d'après 
Vaiiciea P4>i|ilU. 



94 ) ELIB n MARTIXEAV , 10.* ÉtÉQUB. f 1418 

da prince de Galles, due d'Aquitaine. Oa ne refusait 
pas alors le payemmt du diroit en entier , seulement 
le clergé du Bas^Poitoa ne Youlait pas payer kla forte 
monnaie, et offrait de se libérer à la monnaie ancienne^ 
Néanmoins il fut condamné à payer à la forte mon- 
naie , sur les conclusions du procureur général du 
Prince Noir*. 

Sous Charles Y , cette condamnation fut approuvéa 
et sortit son effet. 

Mais^ en 1408 , le clergé du diocèse de Luçon re^ 
commença à plaider, pardeyantle parlement, pour le 
luminaire^ Il prétendit, de nouveau ^ ii'étre tenu de se 
libérer qu'en la monnaie usuelle. 

Sur cette contestation , un interlocutoire Ait rendu 
et une enquête fut faite. Or, en 1411 , la condanma?^ 
tionà la forte mpnn^e fut de nouveau prononcée. 

Peu à prés , une autre coqtestatioq vint encore à 
surgir. Les églises du diocèse de Luçon, demandèrent 
à ne pas porter leur rétribution à Poitiers , et on dirait ,, 
pour elles , que c'était une vexation. En effet , si des 
curés étaient tenus à vingt sous et. plus par an , d'aur 
très ne devaient que cinq sous et le voyage coûtait 
plus que la redevance. Il était donc juste , di$ait-on , 
pour le clergé du Bas-Poitou , qu'un receveur fit établi^ 
sur les lieux , pour percevoir te droit de luminaire. 

Ce procès se débattait , avec une grande activité , en 
1415 , non-seulemrat pour les églises du diocèse de 
Luçon , mais encore pour celles du diocèse de Maille- 
zais. Enfin cette contestation finit par un accord^, 
portant que le Chevecier de Poitiers établirait un rece- 
veur à Luçon , qui percevrait le droit de luminaire , le> 
jeudi devant la sine (synode] de T Ascension. On maixi> 



U19 — 1422 ) VUE n MAETUIBAU » 10.« ÉVÉQCB. ( 95 

tint le droit ancien à la forte m<»inaie , et onyi(|oata 
gaelque chose yjpoor le droit de portage , ce qoi cùWh 
titoa le traitement da receveur. 

3. Ce liit aussi dans ce temps , que fut mise à exé- 
cution la réforme des monastères de l'ordre de Saint 
Benoît en Aquitaine , réforme projetée par le pape 
Martin V. Jean , abbé de 8t. Junien de Noaillé , près 
Poitiers, fut Tun .de» commissaires (1}. Le chapi- 
tre de Luçon n'était pas encore sécularisé ; ce* n'était, 
en quelque sorte, qu'un monastère debénédictins, placé 
à la tète d'un diocèse et régi par un évéque, et il fut 
dès-lors , soumis à la même mesure que les simples 
abbayes du même ordre. 

4. Nous devons à M. de Beauregard (2) la connais- 
sance d'un fiiit curieux I relatif à l'administration 
d'Etté liartineau. 

m L'acte le plus important fiiit par cet évéque et 
qui *8oit venu Jvsqu'à nous , dit-il , est une transaction 
passée entre lui et les religieux de Luçon. Cet acte a 
été passé dans le réfectoire des religieux , lieu où ils 
tenaient leurs assemblées capitulaires , le 22 octobre 
1422 (3). L'abbé du Temps n'a eu qu'une connais- 
sance impaifrite de cet acte , lorsqu'il assure que l'é- 
vèque fut présent en personne ; il ne comparut que par 
procureur. Cet acte est curieux , parce qu'il fixe l'ori- 
gine du droit, dont lesévéques de Luçon ont toujours 
Joui de prélever, sur la succession des curés de leur 



(1) Acte «tu il juillet iki9 -^ M.* de D. Fpntemtm. 
Evéqueê de JUifoii. 
On trouve encore \ 
liât et Jeen ËheYall 
» de D. Fimt€wau. 



, , Acte du 11 mulet 

S Evéqueê de ijuçon» 
On trouve encore un acte paisé le SB octobre 4&S8 , entre 
ce prélat et Jeen Ëhevalier « seigneur de la Mothe-St.^ulpice 



96 ) EMEH MARTINE AU, 10;^ ÈxiQVE. (142^ 

diocèse, le cheval da caré ou, à son défkut Uû lit. Ce 
drmt de déport se nomme le meliuè animal; Il a liea au 
décès de chaque curé. 

» Il par^dt qu'alors les paroisses étaient , pour la 
plupart , gouTernées par des religieux. L'évêque de 
Luçén succédant aux droits des abbés réguliers s'em-« 
parait , à la mort des titulaires , de la succession des^ 
bénéJBciers , comme les abbés S'emparaient de la côte 
morte des religieux , qui appartient aux maisons ré- 
gulières desquelles ils sont sortis , et rabbé Biraaud de 
Thouars , lors du partage des biens de Tabbaye dé 
Luçon ayec les religieux , s'était réservé , ainsi qu'à( 
ses successeurs , toute la succession des biens metible^ 
et immeubles de tous les religieux, tant de ceux qui 
gouvernaient les cures que de ceux qui ne tenaient que 
des bénéfices sans charge d'âme. Ce droit était tyran** 
nique et préjudiciait , soit au monastère de Luçon , 
soit aux successeurs aux^ bénéfices dont les bàtimeota 
ne pouvaient être réparés. Après bien des réclamationSy 
Martin Y , nomma conunissaire , pour terminer ces 
différents, Louis de Palude (de la Fallu ) , abbé dQ 
Toumus et cbambrier de sa chambre (1). Les religieux 
comparurent devant lui , en présence d'un notaire, enn 

(i) « Lotiîs de la PaUae était d'tme ancien n« maison àe Bresse', 
qai porte pour armes : de GueuU , à la Croix d'Hermine. II était 
fiis d^Aimé ou Aimon de la Pallu , <,l)evalier , seigneur dé- 
VaremlKin et d'Alix de Govgenonv 11 fut^ relrgieus de Tournus 
dès 1583. Le titre qu'il prend de chambrîer du Pape Maitin; Y « 
lui \îentdè ce qu'il fut! un des gardes du c&nclave , dtins lequef 
ce pontife fut nommé, le jour de- St. Màvtin . iA>i7. Il' aésiBta 
au concile de Constance et fut nommé président d'un chapitre 
général pour la réfontation de l'ordre des Bénédictins. Il assista 
également au concile de BUe , en ,1431 , et • fut fait érèque dû 
Lausanne. Il passa au siège de Maurienne i en 1&49. 11 avait 
été déjà nommé cardinal, par le pape Félix V« et prit alors 



U2S) Eus n HABTINBAU f iO.« ÊTÉ90S. ( 97 

semble le pFocaresr de réVéqoe^étaU André (ru>g«m« 
4orum , cvaé de Laçoo, Les religieux étaient frères 
André Proréa , prieur ; Denis de Bans , pénitencier ; 
Jean Nicolaï , drapier ; Jean Sorcetelli , chambrier ; 
Jean Prouteau, prévôt; Renaud Lemoulin» àrmoirier; 
Pierre Paris, sous-prieur; Pierre Trolel , crossier ; 
Etienne Pressans , .... ; Nicolas Raguetel , sous- 
aiiflM>nier ; Jean Gaudeau ou Gourdeau » sous-sacriste ; 
Etienne de Pont-de-Yie , Nicolas Olivecel , André de 
la Rodie , Jean Guicbeton , Guillaume Rousseau et 
Jeui Nean* Ces religieux prennent la qualité de baillirs, 
ofiBciers et religieux , dans la suite de l'acte. On yoit 
^'ii manquait plusieurs officiers , comme TAIguier 
Àgvarius , qui fournissait la pitance ; le Condarim , 
fui fournissait les habits et le Faraturus , qui 
donnait les fourrures. Linfirmier , l'aumAnler et 
plusieurs autres qui > après s'être plaints que Tévéquè 
avait voulu s'emparer des lits et meubles de deut 
religieux décédés , François Simon et Jean Beatichéne, 
disaient que les évéques séculière ^ peu hité/essés à 
connaître les besoins des religieui[, par ces exactions 
iniques et lyranniquement exercées par les officiaux » 
les avaient réduits à manquer du nécessaire, c E» 
quibus , disent les religieux , sœ^nssimé nonHngU , quoi 
dolefUes reterimus , quod nos prior et religim , poU i 
pktumofficium divinutn^ horà eongfuà ptandiiveli 
nihil j vel meîiuk quid decet repériebamm , ttsw mn^ 
magnU ei suspiriis murmembus^. Ils ajoutJriènt qoA Idi 

h nom àe car âitial âé VnraîtâMHl. B f«t ]Miit-ètr« archeTéqtM àp 
TarentaUe et mourut à Borne , au moU de septembre iWlï, 
Voyè* Vlh'êtotre nouPtlU de tabbaye de Toumus , par Juennia » 
in-ft.^'. » Cette note eat d» M. de Beauregard. 

13. 



9S ) Eue II MAtlTlNEAt^ lO.* ÉVÉQUti. (1422 

titulaires , entrant dans les bénéfices , n'y trouvaient 
aucune des choses nécessaires^ pour en supporter les 
charges. 

<c Enfin, on convint , de part et d^autre^ de felre 
des sacrifices. Le procureur de Févêque promet d'a- 
bandonner les biens meubles des religieux décédés : 
Exceptis tamen et reservatis equo , $eu jummto , munito 
cellâ 9 brida » et etiam uno lecto munito , ctdcitrâ , pul^ 
vinari , quatuor îentaminibus , duobus cooperturis , duo-^ 
lus caputegiis et uno auridulari. S'il ne reste à la suc«^ 
cession qu'un cheval et qu'un lit , l'êvèque les pren^ 
dra ; s'il s'en trouve plusieurs , l'évéque prendra melius 
animal et le meilleur lit , ainsi que la meilleure pièce 
d*argenterie et le bréviaire que Févêque sera tenu de 
distribuer aux religieux', à condition que celui auquel 
îl sera donné, payera 60 sous au religieux armoirier. 
Quant aux simples religieux , Févêque leur laisse leurs 
meubles , excepté le cas où ils auraient résigné. 

<K Les religieux abandonnèrent , en échange , deux 
moulins à Feau, appelés les moulins de Mainelais, sur là 
Semagne, avec leurs usances et pêcheries. Ils sont situés 
sur le chemin de Luçon aux Moutiers-sur-le-Lay (1). 
Ils se chargent, en outre , de faire célébrer , chaque 
année ^ le troisième jour après la Pentecôte , une 
messe solennelle, à laquelle Févêque sera tenu, pour 
le repos de Fâme de Jean Chevalier , seigneur de la 
IIothe-St.*Sulpice. 

< Cet acte est passé en présence d'Etienne Fillon » 
curé de S.te-Gemme et de Guillaume Legis , curé de 

(i) « Il y a quelques années que M. de Mercy a «rrent6 ces 
moulins. » ^ IfoU de JRf . 4$ Beauregard. 



1423 ) EliB n MABTIlIBAir , iO.< BTÉQim. (99 

Saint-Martin-Lars. La procuration de Tévéqae est du M 
octobre, même année, et donnée en. présence de Gilles 
de la Roche et de Gui de Oleriis ( peut-être de TOule- 
rie ) scutiferis et le lieu auquel il est passé est indiqué : 
in camerâ nostro parlamenti ( ou paramenti ) , m caslro 
fiostro de Monasteriis. 

« Cet accord ne tarda pas à être ratifié, par le com- 
missaire apostolique , le 13 mars 1426 , en présence 
de Philippe de Ragnencour,abbé élu et confirmé de Saint 
Martin de AlteyOf diocèse de Rouen, de Jean de Tha* 
Tonne, religieux de Toumus , de Sl-f Jehan Bitrari, du 
diocèse de Chatons et de Gaultier Bérard, damoiseau 
(domicello)j du diocèse de Lyon. Le droit contesté aux 
èyéqnes, dans les siècles postérieurs , tut confirmé (ac 
un arrêt >• 

5. On trouve, sous la date du ii décembre 1423^ 
un acte d'homnuige fait à Hilie , évéque de Luçon » 
avec douze deniers d'annuau, pour des terres, par rtii^ 
gieux et honnite homme , frère Pierre Paris , sous* 
prieur de l'église de Luçon , constitué par 1^ prieur «t 
les religieux de cet établissem^t ecclésiastique, afin 
de faire hommage à leur évèqu^ (l). 

6. Il paraît que ce prélat tint toujours pour le parti 
français, à rencontre des Bourguignons et des Anglais, 
car Charles VU le qualifie , dans des lettres déjà citées 
(2) y de son bon et féal sujet. Néanmoins , si ce prélat 
obtint de l'autorité royale la disposition des forteresses 
défitendaDtes de spn éyéché ;.s'il y plaça des capitaines^ 



Si 



I) M * de D. Fonfeneau. 
^') Pu 6 ikOY«inbr« 1484. 



ÎOQ ] Elie II Martine ait, to."^ évégns* ( t&/k 

et des garnisons , il s'en tr^oira biiutâl dépouillé f 
ainsi que je vais le filire connaître. 

7. Nous arrivons à une époque d'événements mal- 
ll^eureux pour Luçon et particulièrement pour rétablis- 
sement religieux de ce lieu. Ils furent le résultat 
de l'ambition et de la cupidité d'un grand Seigneur , 
<lui abusa de sa puissance et usa brutalement de la 
force 9 » s-appuyant de prétendus droits, dont il coa-* 
naissait bien toute la fatilité. Je veux parler de Geor- 
ges de la Tremouille, qui joua un si grand rôle k la 
cour de Charles VII et est reconnu, pour avoir, à un^ 
certaine époque, gouverné le royaume. Or, Georges de 
la Tremottille Jouissait , dans Luçon , d'une seigneurie 
dont j'ai indiqué plusieurs possesséuni, et il éleva la 
prétention de considérer , comme dépendant de lui, tout 
ce qui était la propriété de l'évéque et du chapitre de 
Iaiçob, Toujours est-il cpi'un jour il entra de force dana 
la forteresse de Luçon , appartenant à l'évèque , en 
diassa le capitaine nommé par c^luirci et en établit 
un antre, pour y cQmmmider en sop pom. Ensu^e il 
ae porta , avec des troupes et des canonf , devant 1q 
château des Moutiers-sur4e-Lay , cous le prétexte qy^ 
cette localité dépendait de sa baronnie deMareuil-sur- 
le-Lay , et l'assiégea , musique l'église. Sans ce siège ^ 
où il fut tiré bon nombre de coups de canons^, il y eut 
un grand nombre d'hommes tués , tant prêtres (i) , que 
clercs et gens de guerre. Enfin les assiégés fiirent obIi« 
gés de capituler, et la Tremouille s'empara, non-seu« 
tement de ce qui appartenait à Tévéque , aux personneft 

(3) On sait que le monastère d^s Moatterf-4ur*le*L»j était 
une espèce de succursale" du monastère de Luçon. 



im) ElIb'II MÂRTINBÀI7, 10.« âTÉOUB. ( 101 

de sa suite et même aux habitants, et laissa garnison 
et capitaine dans le château. 

8. Non content de s'être établi ainsi, en maître , à 
luçon et aux Meutiers-sur-le-Lay , sous le prétexte 
qu'il airait la supériorité féodale sur ces deux localités, 
et dominait ainsi tout le canton, par la petite armée 
qa'il ayait réunie, Georges de la Tremouille s'ingéra de 
lever, sur les yassaux de Luçon, une taille en espèces, 
de deux mille sept cents écus vieux et une aulre 
taille de même valeur, en denrées. Non content de cela, 
il s'enapara de la jouisssance de tout le temporel de 
révéché et du chapitre , dans un rayon asseï éloigné 
de huçan. 

9. n parait qu'EUe Hartineau , mourut le 7 février 
1423—1494. C'est la data donnée, à la fois, par le car- 
tulaôre et les deux catalogues des évéques de Luçon. 
L'un de ces catalogues porte qu'il résigna son évécbé, 
en âiveur de son successeur. Enfin le eartulaire dît 
qu'EUe Martiqeau siégea six ans, cinq mois et $epb 
jours {!)• 

10. La persécution envers Tévéché de Luçon , et ce 
qui en amendait , continua à la mort d'Elïe Marti- 

(I) Je croU devoir placer ici une note de M. de Beaaregard, 
tewtive à £itB MArtineaa. 

< I9oiu soapcomioiis que Ips aniiet de ce prélat tont cellef 
qu'on voit sur l'un des petits pavillons carrés de Tévéché , qal 
donne sur le jardin • Ces armes sont celles d'on évè^ne très- 
certainement et la construction de ces denx bâtiments » qui ont 
subsisté , malgré les ruines et les incendies , ne peut-être ro-> 
portée à un temps plus moderne. Ces mêmes armes se trouvent 
encore sur une espèce de contre-fort , qui sert de passage et de 
porte de l'église aux cloîtres , du côt4 de l'évèché. Mais elles 
sont trës-altérées et à peine reconnaissables « à raison dis leur 
ancienneté et de Tignorance de l'artiste. Elles sont au haut du 
bâtiousnt* rious parlerons ailleurs de ces armes ». 



lOa } GmLtAClllE n GOJON» U.'' ÉrÈQCR. (i4â4 i| 

neau , car, à la mort de ce prélat , Georges de la Tre^ 

mouille ^'empara de tout ce qui avait appartenu au, ^ 

prélat 9 après l'avoir tenu , pendant sa vie , dans la 1 

position la plus précaire. ' 

Xn. Guillaume h Gojon , fut le U.» évêque de ' 

Luçon. On a vu que l'un des catalogues, prétend que ' 

ce fut par suite de la résignation de son prédécesseur. ^ 

Alors t il est à croire qu'il lui aura succédé immè* i 

diatement. ^ 

5^. Le cartulaîre et les catalogues appèlent ce prélat ^ 

BosoN ou GotON. D*un autre côté , M. de Beauregard* ^ 

(t) a cru qu'il était de l'illustre maison de Goyon de ^ 

Normandie, passée en partie en Bretagne. Maïs, d'aprèsr ^ 

des données que je suis parvenu à recueillir , je pense '> 
qnil était , non de cette maison de Goyon , mais d'une 
Êimille du Bas-Poitou ^ appelée Gojon^ et qui apos^ 

sêdé , vers cette époque , entr'autres domaines , celui ^ 

de-Piorin, paroisse de St.-*Philbert-du-Pont-Charault (2). i 

3. Guillaume Gojon s'étant montré trés-attaché k \ 

Charles VII , ainsi que son prédécesseur, obtint enfin,. i 
de l'autorité royale , la remise des forteresses dépen-^. 

dantes de son évéchê. Je vais ici donner la copie de la \ 
pièce qui établit ce fait et d^ citée plusieurs fois. 

« Charles, par la grâjce de Dieu , roi de France, i 

aux sénéchaux du Poitou , de Limosin ou à leurs | 

lieutenants , salut : Nostrç amé e^ féal conseiller ^ i 

^1) E vécues de Luçon, 

\i) Aveu rendu, le 1A> janvîec 1525 , à François , seigneur dct 
Puy-du-Fou , MalHèvre et BrouilYac , à cause de ladite seigneu- 
rie de Brauillac, dte plusieurs objets situés, très-près de la ville d^ 
Fontenay-le-Comte , par I^icolas Gojon, écuyer, seigneur de P^iyo- 
rin , à cause de Simone du Vignaiilt, sa femme. Cette pièce fait 

Îtartie des documents manuscrits que j'ai recoeillia , pour écrir» 
'histoire de la ville de Fontenay. 



1424 ) GCUXAUME tl GOJOK, IL* ÉTÉQUE. { lOS 

Guillaume , à présent évêque de Luçon , nous a foit 
exposer que, à cause de son dit ëvéché et des droits de 
la temporalité d'iCeluy » lui compétent et appartiennent 
et est seigneur des chasteaux de Luçon, où est relise 
cathédrale dudit évéché, et des Moutiers ; et en iceux 
chasteaux ont^ lui et ses prédécesseurs, toute justice 
et juridiction , haute , moyenne et basse , droit de 
mettre et instituer, en icelles forteresses, capitaines, tels 
que bon lui semble, sans et que autre personne quel- 
conque y ait aucun droit , ne se doit entremettre d'y 
mettre ou ordonner capitaines. Et ce nonobstant , en 
Fan 1418 , auquel temps feu Germain de Paillard était 
évesque dudit évèché et pour ce que exposé que ledit 
Germain (Paillard] , qui était natif du pais de Bour- 
gogne , adhérait et faisait sa demeurance avec nos en- 
nemis et rebelles , en les conseillant et favorisant , à 
l'instigation d'aucuns , nous mismes et ordonnasmes 
capitaines , de par nous , esdits chasteaux et forte- 
resses , et d'icelui reçûmes les serments de les garder, 
de par nous , sans les rendre à autres , sans nos congés 
et licences. Par le moyen de laquelle institution de ca« 
pitaines ainsi feits esdttes forteresses «et reçoit ce que 
ledit Germain , audit an 1418 , alla de vie à trépas et 
par son décès , fut pourvu audit évéché HéHe , prédé- 
cesseur dudit Guillaume exposant, homme natif dudit 
évéché de Luçon , notre bon et féal snbjet , lequel, et 
pareillement ledit exposant, ont toiqourstenœt adhéré 
notre parti , sans vouloir adhéi:er à autre , iceux ca- 
pitaines ont toujours demeuré et encore demeurât ès- 
dites forteresses et icelles occupent et gouvernent , 
comme en s'en disant capitaines , de par nous. Poui^ 



104 ) GUÛXAUBIB n GOJOff , ll.« ivâi^UB. i 1424 

quoi ledit exposant est frustré de ses droits et posses- 
sion, qu'il a et lui appartiennent» de mettre et instituer 
capitaines èsdits chasteaux , et par cqpséquence et con- 
tinuation qui s'en pourrait ensuivre , de tout état dé- 
bouté au tenîps avenir de sesdites possessions, qui se-' 
rait déroger à ses droits épiscopaux, en diminution 
d'iceux et au grand préjudice dudit exposant , si pour- 
vu ne lui était remède compétant et comme il dit, re- 
quérant humblement icelui. Nous , ces choses considé- 
rées, voulant la maintenue des droits des églises de 
notre royaume,vous mandons et commettons que Tem- 
péchement par nous mis à èsdites places, àl Institutioa 
et destitution des capitaines, à la cause dessus dite, vos 
ostiez , en faisant jouir ledit évèque des choses dessus 
dites, en la forme et manière , comme il faisait par avant 
l'empêchement dessus dit, nonobstant quelconques let- 
tres de don ou commission de capitaines , ou de garde^ 
sur ces faites et [les serments envers nous faits , par 
lesdits capitaines ou commis , lesquels nous déchargeons 
et voulons estre déchargés, par ces présentes et quel- 
conques lettres subreptices à ce concernantes. Donné 
à Bourges , le seizième jour de novembre ^ l'an de 
grâce 1424, et de nostre règne, le tiers. Parle roi, ea 
la relation de son conseil. ( Signé ) N/Villebresme». 
4. Par suite de cette nmtrée dans ses droits, âufl^ 
laume Gèjon , évéquie de Luçqû , établit tm petson^ 
nage d'une des maisoUâ les plus marquantes da PoitMt 
NobkhommeTTlsXm Chabot, stigneur de Psessiguy > eâ 
paillé de capitaine et go^^itnew de la fimisréM dé 
l'église de Luçonet du fort des MoutSerft-sor-le^lay.Gé 
n'était qu^é Contmâàtïoâ des mèmei^ ten^ùm qUè 



1429-1431 ) GuiLLAUiiE n GaroN, 11.* Èr. ( 105 

Tristan Chabot » remplissait déjà au nom de rantorité 
royale. Aussi on le maintint aux profits et gages qu'il 
ayait do temps des deiix précédents évéques deLuçon. 
Ces lettres contenaient injonction d'obéir à ce capitaine. 

5. n est non contestable que la chapellenie deSainte* 
FlaiTOy fondée par la famille de ce nom, dans Féglise de 
Saint Mathurio de Luçon » d'abord à cent livres de 
rente et ensuite avec des biens donnés, au lieu et place 
de cette redevance , devint d*une grande importance* 
D'abord^ le chapelain rendait un aveu des biens ea 
question à Tévéque de Luçon (1) ; mais bientôt le pré- 
sentateur réclama, en disant que c'était à lui à souscrire 
cet acte. Néanmoins , par acte notarié, du 8 décembre 
1429 , Messire Jean de Sainte-Flaive consentit à ce que 
les chapelains delà chapellenie en question fissent l'hom* 
mage aux évéques de Luçon. En même temps ce pré- 
sentateur se réservait le patronage de la chapelle et 
Finspection sur le service fait par le chapelain. Déplus» 
celui-ci était astreint à offrir annuellement au seigneur 
de Sainte-Flaive une paire de gants blancs, soit au châ- 
teau de Sainte-Flaive ou à un h'eu à pareille distance^ 
aa plus , de la ville de Luçon. 

6. La persécution conunencée par Georges] de la 
Tremouille contre ElieMartineau , continua contre Guil- 
laume Gojon, qui ne put pas jouir des revenus de son 
évéché , vit son autorité avilie et même sa vie en 
danger. C'est ce qui le détermina à se réfugier, dans la 
ville d'Angers, avec une partie de son chapitre. 

7. Ce prélat tomba malade, dans cette ville, et, le^25 

(l)ÂTevda 30 juillet 1419. EL* de D, FonUneau, 

14. 



106 ) JEÀN II FlEURT, 12.« ÉViQUE. ( USl 

mars 1431 y il légua à son chapitre cinquante réaux d'or, 
une fois payés ^ pour son anniversaire. 

8. Guillaume Gojon y mourut le lendemain , 26 mars 
U31 et fut inhumé à Angers. Il avail siégé six ans un 
mois et dix jours. 

XIII. Jean ii FLÉURt , i2.« éyéque de Luçon , fut 
élu par le chapitre , et un écrivain (1) , qui avait de 
nombreux documents* originaux sous les yeux, dit 
que sa nomination causa de grands, troubles. 

2. On ne dit point de quelle maison était ce prélat, 
mais puisqu'il existe une famille de ce nom dans le pays, 
on peut croire que Jean Fleury en est sorti. En effet , 
lés évéques , dans ces temps , étaient élus par leurs 
chapitrés et la plupart des moines ou des chanoines 
de Luçon étaient du Bas-Poitou» 

3. On a dit que Jean Fleury devint évéque par élec- 
tion et que sa nominatioq causa de grands troubles. 
Eji effet, il paraît que le chapitre fut divisé, pour œ 
choix , et qu'une partie des chanoines chargés de l'é* 
lection, la minorité probablement, fit choix d'un au- 
tre sujet, nommé Jean' de Guierelay (2). Or, cet autre 
sujet élu et ceux qui avaient contribué à son élection 
se maintinrent en état d'hostilité contre Jean Fleury , 
et la majorité du chapitre dé Luçon. Dés lors Tanar- 
chie fut complète 9 dans cet établissement ecclésiasti- 
que. 

(1) M. de Beauregard , Evéquâi de Luçon, 

ti^ Ce que je dis ici« en tout ce qnî concerne ,1e| en^nprîe^i 
de la maUon de la Tremoaille . envers l'évèché de Lnçon , ré- 
sulte de pièces et noUmment deja transaction da 10 octobre 
14S7 , dont je parlerai: à sa dàte« 



lias ) Jban II Fleurt , 1^.« iyÉQrâ. ( t07 

4. Dans an tel état de chose, Jean Fleory que le 
pouvoiF i-oya( et raatortté refigiense reeonnnrent 
comme érfiqne de Lnçon , et les membres du chapi<* 
Ire de LtiçoÉ,(|o| étaient du parti de ce prélat se refo* 
gièr^t à Poitiers. Ils ne pouvaient rien faire de mieux, 
poisqa'ils ne kmchident point leurs revends » qui 
étaient perçus au compte de la maison de Ift Tremouille, 
et que&éïkielettr existrace était constamment menacée. 

5.. Noujs avons déjà indiqué Thôtel des Trois-Pilîers 
de PoHiers, comme la maison de refuge de Tabbé , en- 
SDÎte de Vêvêque et de» religieux de Luçon, dans la 
capitale de la province , lorsque des troubles déso- 
laient le paya , et ce fut là où Jean Fleury et les siens 
s'établirent alor». Or , il parait que les trésorier ,. 
doyen et chanoines de St.-Hîlaite-le-Grahd , avaient 
bâti une boucherie , tout prés , ce qui était fort génanC 
poui^ le voisinage. Sur cela, il intervint, à la suite 
d'an ph)cès». entre Tévéque et le chapitre de Luçon» 
d'une part y et les trésorier, doyai et chanoines de 
la collégiale de S.t-^Hilaire,, d'autre part, le 29 juin 
1433, un acte portant que ces derniers. c( font et tien- 
nent à présent leur boucherie au bout dudit lieu de 
Saint-Ilaire , en une place, tenant d'une part au mur 
et hostel desdits, demandeurs ( évéque et, diapitre de 
Luçon) , contre lequel mur est assis l'appentif de la-> 
dite boucherie, et, par devant,, à la Grant Rue, par la- 
quelle on va du maiicbé vieil (f) audit lieu de Samt*» 
Ilaire', et d'undes.bouts au piler et. prener de lostel 
desdits , du cousté devers Saint-Nicolas, et d'autre 
çouslé aux deux derniers piliers ^ du cousté deveis. 

(i) La pUce^Rojale «ctoellft. 



108 ) Jean n FiEimT^ 12.^ byéqitb. (,1433-1436 

Seint-IIaire, qai sont joignant, de rantre, de la maison 
oa pagoères l'on vouloit tenir lescole appartenants 
aoxdits demandeurs, d Pour mettre fin à la contesta- 
tation ; il fut convenu que « ladite place, avecques ses 
entrées et issues, demeurerpient la propriété! de.^aint- 
Ilaire, et l'autre pilier ( celui placé au nord ) , celle 
deVéglise de Luçon , sansque eelleci pmsse ^d^mofi^ 
lesdits deux piliers , en aucune manière , et, en récom- 
pensation,, retour et eschange de droit. » MM. de Saint- 
Il£|ire cédèrent à MM. de Luçon a trente sous tournois 
de rente , sur la somme de trente-cinq sous sept der 
niers maille tant de ceux que légats , que lesdits de- 
mandeurs étoient tenus , par chascun an, assavoir est 
jBur ladite maison , de Luçon, appelée la maison des 

Ïrois-Piliers : et sur certaines maisons 

»... assises et tenant en la rue de la Traverse 
(2) et sur certaines treilles assises au bout desdits dé* 
fendeurs. . . . audit lieu delà Traverse, ja 

6. Par suite de la persécution de Georgeô^ de la Tre- 
mouille envers Tévéque de Luçon , ce prélat fut 
obligé de se pourvoir en justice contre ce personnage 
devant l'autorité judiciaire. Alors il fit juger , 
en 1436 , par le parlement , encore siégeant dans la 
vîïle où il se trouvait et à rencontre du sire de la 
Tremouille , qu'à lui évêque de Luçon appartenait le 
droit de nommer les capitaines chargés de la garde des 
châteaux de Luçon et des Moutiers-sur-le-Lay , sauf 
au roi à accorder l'institution de droit , et celui de 

(l) On voit , d'après ce passage , que VétaWîssement relîgîeui 
de Laçon possédait & Ppitiers plusieurs maisoQS et des vignes. M.^ 
d€ D* Fonteneau, ' - > 



1436-1437) JeARII FumUT, I2.« iTÊQVE. ( 109 

leyer des taill^,tàilles qniavaient été «leyés de vivefor- 
€69 comme on l'a vu , par Georges de la TremonUle à 
réyé^e de Luçon, qui fot ainsi rétabli dans ses droits 
(1). Plus tard, une transaction termina définitivement 
ces différents. 

7. Notis trouvons, sons Vannée 1437» un acte. portant 
que Guillaume Chabot, écuyer, nommé par le roi , capt* 
taine des châteaux et forteresses de Luçon et des Mou-: 
tiers-sur-Ie-Lay, avait prêté serment entre les mains de 
ïeanFleury,évéquedeLuçon,et était, sur sa demande » 
demeuré chargé surtout de la garde des Moutiers. 

'8* Avec nn i^ersonna^ comme. Georges de la Tre- 
moville , un «niSt«da' j^lement n'était pas un titre 
suffisant , si qn ne pouvait pas le Cadre appuyer , par 
la for^ matérîelte. KwumoiQs cet adroit personnage 
ne voulut pas paraître se mettre en opposition directe 
avec Fautorité de la justice , ce qui aurait été une 
révolte effective contre le roi, dont elle émaiiait.nagit 
de finesse , et ayant remis par force les places de l'é- 
vèché de Luçon aux capitaines nojmmés par le prélat 
et institués par le roi , il se porta, de $a personne et 
di\et un dé ses bâtards (2) et bon nombre de gendar- 
mes^ et d'ouvriers, sur une mothe (3), appelé le moulin 
du Puy-du-Fou (4) , lieu situé dans le fief de l'évêque 
ou de son chapitre ^ et en haine de Vatrtt dû yarU" 

(1) Jïf.« de D. Fonteneau. 

(2) Les bâtards de'la maison ?é la ^Trémomlle' ( et elle en a eu 
beaucoup ) ont joué un asses grand rôle dans Tbistoire du Poitou. 

(3) Sorte «le toaa^elle. . 

(&) Du nom de la terre oa même de lA famille de ce nom, en B«s« 
Poitou. 



110 ) iUM n Ttmn , 12.« ÉVfiQUE. ( 143T 

metU (1} , et exdlés par la minorité dû chapitre et 
par }eaa dû Giiérelay , élu t^ue par elle, ils y bâ*^ 
tirent une bastille. Le terrain sur lequel on construisit 
appartenait à Amory Sapinaud (^, dppt ii parait qu'oii 
n'eut pas Tagrément, etjpour édifier cette forteressi^ 
on abattit plusieurs maisons et» on prit le bois, dans leS: 
forêts de Févêque de Luçon (3). Cette, forteresse ainsi 
faite y et elle se trouvait tout préside Tèglise catbédrale 
de Luçon. Georges^ de la Tremouille y plaça des gens 
de guerre 9 sous les ordres de son bâtard, qui, bientôt 
isolidement établis là, commencèrent à agir activement, 
dané Fintérét de leur parti. Ils brisèrent et rompirent 
la catbédrale et son docb^, à coups de canons., agis-, 
salit amsi contre Dieu et V Eglise^ Puis ils se n^É^ent à ma-^ 
nœuvrer contre les droits del-èvéque, mais d^uné^ 
manière moins marquante, il faut le dire ^ (fie quelque^^ 
années auparavant * 

En effet , dans là transaction qu'on, venra plus tard^^ 
l'évêque de Luçon prétend que le parti delà Tremouille^ 
a fait prendre , à la Touche-Landry > six^vingt brebis 
appartenant au prélat.;; qu'il avait donnée tutelle à des 
mineurs à la Motbe-Jaudouin ; quÙl ; avait voulu lever 
la bourse (4) es marchés de Luçon, et faire juger les con-_ 
testations yadvenues, et qu'enfin il prétendait mettre, 
barbier , . en la ville de Luçon. 

(i) Expression employée , dans la transaction qu on donnera plns^ 
tard. 

(2) Cette fan^lle a marqué en Bas-Poîtou et a fourni le dernier 
généralissime des armées Vendéennes. Ce personnage a été successi— . 
vement dépato delà Vendée et pair de France. 

(5) Bans les touches , dit le document , snr lequel je m'appoîe. 
Dans le Bas-Poito^^ on donne encore ce nom>aju^' U^is taîiiia» 

(h) Toucber l'argent du pé^. 



^Ul ) ISAN n FtKCKt 9 12.« ivfiQin. (111 

9^«Le8ed acte, ditH.dftBe8Dregaid(l),qiii nous 
^it panr«a 4e te prélat , est un teiUnieiilî ou plat6t 
une eertaine prière , rapportée an. cartnlaire. 

«r Fremièremeiit , j'ordom» mon corps à la sëpnl- 
» tara de Féglise et^ yeux être sépnRnré en Téglise de 
D Lnçon, dedans le inur et anprès de la pécine de 
» l'auttiefl des stages blancs , oA sera; fait un arceau 
1» ^ en ieatoi sera faide une jmage de sainct Jeban* 
a» Baptiste et unaiepréseBlation de moi» que monsieur 
» swirt Idiane-Bapliste présentera à Nostre^Dame et 
» anraladit ymage de sainct Jeban, en un Eollet, enses 
» malais par escrlpt : Solvum foc trnmm tuw» » Beuz 
» mem^ 4)eni»l»i» m fii ;. et » en rjmage de ma dicte 
a> présentation^.seraescriptyen un antraroUrt tinte, 
» Domine fjsfimm^ wm emfundar in,mtemum , que|je 
^ tiendrai à.mainsJcHncteSy estant de genoux. 

» Item, JO' laisse à Nostn»*Dame de Luçon 20 marcs 
» d'aisgents. , pour firire une ymagede Nostre^Dame , 
» du poids de dix marcs et le demeurant , pour dire 
D deux plats serrans à Taultier. 

» Item , je veux que tous mes biens ipeubles soient 
» pour accomplir les œuvres et manges que j'ai en- 
1» commencé , et le rendu pour fiûre ma sépulture et 
» aider à faire la secréterie et reyestiére. Et, tou- 
w tes mes debtes » tant par arrêt que autrement , 
}» je laisse à mon successeur et au chapitre de ladite 
D esglise de Luçon, par moitié , pour £aiire une librairie, 
3> au long du dortoir, jusqu'à la chambre de l'évesque. » 
3> Du 18 août 1441 , daté des Moutiers-sur-le-Lay , In 
D cornera paramenH ipiius caUri »• 

(1) Evéçue* de Lufim, 



112 ) Jean n Flburt, 12.« évéqitb. ( 1441 

10. <K CesdispositÛMis annoncent, dans ce prélat, du 
goût pour les sciences. Cette bibliothèque a été incen- 
diée» pendant les guerres de religion. On ne trouTe, 
dans réglise de Luçon, aucun vestige d'arceau, si ce 
n'est, peut-être, près delà sacristie qu'il a bâtie , vers 
la droite de la porte ». 

11. Il paraît aussi que Jean Fleury , que le docu- 
ment sur lequel je m'appuie appelé Monseigneur^ Jean 
Fleury , évesque et seigneur de Luçon , autorisa l'éreo 
tion de la chapelle de Belle-Croix, paroisse de Challans. 
Mais ce même document place ce &it sous Tan 1400, 
époque où Etienne Loypeau occupait le siège épiscopal 
de Luçon. Je crois donc qu'il y a ^i erreur de copiste 
et j&subatitueà cette date celle 1440 (1). 

12. Jean Fleury mourut le 17 octobre 1441 , d'après 
le cartulaireetnos deux catalogues. L'un d'eux dit que 
ce prélat siégea onze ans cinq mois et onze jours , et M. 
de Beauregard lui donne dix ans et seize jours de pon-- 
tificat. 



n)Voi 

pelle , Té 



I Voir , pour ce qui concerne la réédificatîôn de cette cha- 

Vépiscopat du cardinal Louis de Bourbon , SO.e évéque do 

Luçon. 



-^MM 



LIVRE TROISIÈME. 



1. 1441 -1481. NICOLAS CCEUR» I3.« tfyéqoe. -- II. 1481* 
i46t. ANDBÉ DE LA ROCHE, I4.« éréqae. — DI. l4eS- 
1490. raCOLAS n BOUTAUp , I5.« éréqae. ^ IV. 1490- 
i494. MATHURIN DE DERCÉ , I6.« éyéqae. ^ Y. 
1494-1614. PIERRE ^DE SACIERGES, 17.* éyèqae. — YI. 
!514-1523. LâDISLâS DU FAU, i8 • ëyé<jue.— YU. 1823- 
1524. JEAN DE LORRAINE , cardinal-diacre , 19.« ëyêque. 
- Vm. 1824-1827. LOUIS DE BOURBON , cardinal-prétre ^ 
90. • érèque. 

1. Nicolas Coeitr fut le 13.« ëvéqnede Lnçon» il 
était firère (1) da fameux Jacques Cœur, argentier du 

(i) La cartnlaîra de l'éTèché èe Lqçoq » que M. da Baaaregard 
dite ici de 1850 » an annonçant qu* il n'est que la copie d*an pins 
ancien , contient évidemment une erreur, dans le patia^ auiTant : 
« Gettuicy fut file de Jacquet Cceur « riche marchand de Bourges» 
auteur de la forge des premiers douaains , depuis condempné et fu- 
gitif en Alexandrie , chea le soldan turc. » L'on de me» catalogues 
porte la même mention. 

15. 



114 ), Nicolas Gqeub , 13.« byéque. ( 1*41 

roi Charles y H , qui contribua tant, par sa grande 
fortiane , tonte acquise dans le commerce » à délivrer 
la France du joug de l'Angleterre , et ne fut payé de 
ce si grand service, que par la plus noire ingratilude, 
rhumiliation d'une condamnation et la déloyauté d*une 
confiscation. 

2. Une grande notabilité , presque unique dans sa 
spécialité, comme Test celle de Jacques Cœur, doit né- 
cessairement dominer la modeste notice biographique de 
son frère , Tévéque de Luçon. Il faut donc parler de 
Jacques avant de dire un mot de Nicolas. MaiSi traitant 
4e rhistoire ecclésiastique du Bas-Poitou ^ je vais lais- 
ser parler des écrivains Poitevins. 

« Audit an ( 1453 ), ditBouchet (1] , Jacques Cœur , 
trésorier de Frmce^ fot banni da loyaume éi loos ses 
biens confisqués , pour ayoir pillé le ps^s de Lan^ie- 
doo 9 retenu le» ftiances du t<A , envoyé amois eC 
armuriers aux Turcs et rais entre teurs mains un chré- 
tien 9 qui en avoit esté délivré. Pour ces cas, avoit esté 
condamné à mort , mâiis le roi Charles septième , qui 
estoit clément , «tqut avoit esté fort bien secouru par 
lui , dans sa nécessité , commua sa mort en bannisse- 
ment. Toutefois ne put empêcher la confiscation, qui 
•estoit de grands, bi^is acquis par ledit Jacques Cceur. 
€es biens furent cause de son bannissement et desti- 
tution entière de lui et des siens.. .Ceux qui ma- 
nient les financés de& rois y doivent avoir Fœil et ne 
se manisfester souda'm , ni vdter de si haute belle, j» 

(f ) AnnmU9 étAcqttitatne. 



iw ) Nicolas Coëcr, !«.• irtom. ( tvi 

3. Actndlement ëcootons notre vénérable prédéces*^ 
seur (1)^ dans le travail relatif aux évéques de Lnçon , 
qoi avait déjà «Hé le passage ci-dessus des Annales 
iAtqttUaine. fl y a Ams Topinion de ce prélat one Juste 
apprédâ^n des fiadts et quelcpie chose qm flatte le 
€©ur» 

ff Nous citons de préfl^rence» ditril, le témoignage 
de Bouchet , parce qu'il est Thistorien de la province^ 
et qu'après avoir rapporté les bruits répandus sur l'ad*- 
ministration de Jacques Cœur, il nous £ait connaître la 
seule cause de sa disgrâce. 

« Presque tous les historiens ont peint Jacques Ccenr, 
eomme vn concussionnaire , un dissipateur et un tral*^ 
tre. M. Bonami , membre de FAcadémie des inscrip* 
tiofis 9 a -donné au public un mémoire , qui tave 
€6 Baiaifitre des inculpations dont on Ta chargé si 
iojustement.. Selon M. Bonami «. Jacques Ckeur ser- 
vit aussi bien le roi, dans ses finances, que La Hire et 
Saiûtrailles, dans les années. H lui prêta cent mille 
écus , pour lui aider à reconquérir la Normandie. Son 
commerce s'étendait dans^ toutes les parties du monde», 
en Orient avec les Turcs et les Perses • en Afrique avec 
les Sarrasins. Des vaisseau:^ y des galères, trois cents 
&cieurs répandus en divers lieux, le rendirent le plus 
riche particulier de l'Europe. Charles lui confia l'am- 
bassade de Lausanne, envoyée pour terminer le schisme 
4e FéKx Y. Ce fut dans l'absence, que^ lui occasionna 
cette missioii , que ses envieux jurèrent sa perte. Le 
roi oublia ses services et le sacrifia à ses ennemis p 

(1) M. àt Beauregarcl. 



116 ) Nicolas Coibur » ia.« éyêqdb. ( l44£r 

gai se partagèrent ses dépouilles» Le parlement ^ ce 
corps qui a quelquefois servi les passions des rois, 
comme ilasu les réprimer, fut injuste, pour cette fols, 
et condamna l'infortuné ministre à une peine infa*- 
mante (1) et à cent mille écus. On l'accusa de concus- 
sion, lui dont le commerce avait enrichi la France , 
on osa même l'accuser d'avoir empoisonne Agnès So- 
Tel , cette femme célèbre , qui, sous les charmes de la 
volupté , cachait le cœur d'un héros ; et , pour prix 
de ses faveurs , exigeait que Charles reconquit son 
royaume. Les seules actions dont on trouve des preu^ 
ves , furent la vente d'armes et de machines de guerre 
aux Turcs, et d'avoir rendu aux infidèles un esclave 
chrétien, qui avait trahi son maître; l'une était in- 
nocente, l'autre pouvait s'excuser^i 

«c Les commis de Cœur tuî restèrent fidèles. L^un 
d'eux, qui avait épousé sa nièce, lut rendit la liberté 
en le faisant évader d^m couvent de religieux de 
Beaucaire, dans lequel il était 'détenu. Après avoir 
été emprisonné à Poitiers , il se sauva à Rome. Le 
pape Calixte m lui confia le commandement d'aune 
flotte qu'il armait contre les Turcs. Il mourut en ar- 
rivant à Chio, en 1456. Tout ce qu'on ajoute à l'his- 
toire de ce ministre malheureux , peut prêter à l'iur 
térêt d'un roman, mais contrarie la vérité de Iliis- 
toire. » 

4* Le bit est certain , ce fut par l'influence de son 
frère Jacques Cœur , que Nicolas Cœur arriva k Fé- 

(I) U y a ici erreiv; Jacques Gœar , ne fat pai condamné |Mur 
le parlement , mais par le grand conseil ou plat(>t'par uns commi»- 
aion. 



lUâ-1444 ) NIGOIAS COBXJR , i9.« iYÈQVE. { 117 

Tèché de Luçob, et ce choix fot le résultat de Télec- 
tion. Ed effet, l'influence de Fargentier duRoi jusqu'i 
sa disgrâce fut inunense et elle devait surtout être 
grande en Poitou^ parce qu'à Poitiers demeurèrent, de 
1418 jusqu'à 1438, (1) la cour et le parlement et même 
Charles YII, le plus souvent 

Quoiqu'il en soit , il parait que Nicolas Cceur qui fut 
d'abord chanoine de la sainte chapelle de Bourges (2) , 
prit possession de Tévèchë de Luçon, peu après la 
mort de son prédécesseur, c'est^nlire, à la fin de 
1441. Mais cette jouissance fut- loin d'être paisible, 
ainsi qu'on le veira bientôt , et le frère de l'airgen- 
tier eut probablement un compétiteur, mais on ignore 
son nom. 

5. Les difficultés pouir les places fortifiées de l'évêché 
de Luçon et relativement à la bastille la Tremouille à 
Luçon existaient toujours , aussi on trouve des lettres 
de Charles YH , du 27 février 1443-1444 , (3) adressées 
à Henry de Launay , capitaine des Houtiers^sur-le^ 

(1) Jacques Cœur ne sanit que tard k la cour de Charles VII 
à Poitiers. En eflFet , on lit-, dans le voyage fait en Orient , en 
lA59etlA55« par Bertrandon de la Brocquière« conseiller et 
écnyer tranchant du duc de Bourgogne , traduction , en fran- 
çais moderne , de Legrand d'Aussy. le passage suivant ; « S'y trouva 
( à Damas ) plusieurs marchands génois , vénitiens , catalans et 
français. Ces derniers étaient venu» acheter différentes choses « spé- 
cialement des épices , et compuient aller à Baruth ( l'ancienne Be^ 
ryte ) s'embarquer sur la galère de Narhonne qui y était. Parmi eux 
il y avait tm nommé Jacques Cœur, qui depuis a Joué un grand 
rôle, en France, et a été argentier du roi. Il nous dît quels galère 
éuit alors à Alexandrie, et que probablement messire de Toulon- 

Seon viendrait le prendre à Baruth, avec ses trois camarades, Pierre 
e Vaudrai , Godefroi de Toisy et Jean de la Boc. » 
(S} Ce fait était demeuré inconnu à M. de Beauregard. 
(5] A,* de D. lonteneau. 



Ijay , pcmr tai joindre de remettre cette place et 
ïèvêqiie de Lucon. Où y étaMH qm Vévêché avait été- 
«Il détaet division , et que le prélat a prêté son iser*- 
ment de fidétitè. 

6. En Tannée 144T [() , peu après la mort de 'Geor- 
ges de la Tremouille , ce champion si redoutable ^ 
pùTÊT les évéqae» de Luçon, il fiil procédé au pai^tage d& 
Ja succession de ce personna^,eiiiKeCaifaeriite dei*ilè- 
BodcbardtSa veiEve aigissattl ^i cette qualité, et epmmj^ 
4QtriQe de Ii0iiis>. Georges et autres , ses enfonts mi^ 
peors, et son fils aftiè» Jean de la Tremouille , écuyer ^ 
setgueor de lonvelë. Dans œ partage figispôrent les. 
leires de Loçon et de Boumezeau. 

7. M. de Beauregard n'avait pas trouvé d^acte de 
Nicolas CkBuf. Eu Void un : (c Le 15 |uillet 144S , (^ 
ee prélat accorda à Jean Foudiier , (3) ècnjrer , sei^ 
gneur de l'Ementmërè, une permission pour laçons^ 
trociioa d'une chapelle près l'église fàroissiale de Saint- 
Pierre des Herbiers»» La famille Foucbier a possédè- 
long-temps la sdgneurie de la ville des Herbiers. 

8. Un acte important est de cetteépoque, je veux par-^ 
1er des lettres patentes du 6 mars 1448, (4) concernant 
les privilèges des^ ^eiïs d'église^ nobles^ saliniei^ 

(i) Le 15 ttmX. M^lde D. I^nteneati. 

(2) M.^ de D. FonUneau^. # 

(5) D« même maison que le baron de Brandoîs » actuellement 
propriétaire du château de la Mothe-Achard » et gendre de M. lis 
premier président Seguier. AI» de Bran dois est un savant modeste» 
qui a des connaissances trè^-étendues sur l'histoira daPoit^ifc« m^ 
patrie. 

(A-) Voir lo Recueil des ord*^ du Louvre»^ 



^auire&bahUaats dn bas-pays, de P^tou et du dîo^ 
eëse de Luçon. £e& eonces^iom de' droits qu'on 00 
fatsa^ cpie renoairellec ea grande partie, éUîent très- 
favorables aux habitants du diocèse de Nicolas CœuTt 
«n général , et çpivant leurs diverse» .positions socia- 
les , ioxj0 en retiraient avantage. 

9. Venons à. ipMfapie cbost deptopartioDHerzsur 
l'exposé que TévâiM et le chapilie èe Loçoi firoot 
aa roi 9 9»» le boitrg des Mouliers«^r«le*-Lay était. 
tiiahgcmià, trte*peupl6 , placé snt les boids é'ane 
graodd rivière et Ayant un beau gcand ckeaaia, et 
anan aor ee qpe le prélal^da diocèae y Ssôsait aou-* 
venlsdréaidiBiu^è, le roi y établit denoL foires-ft) 
L'oK fat fiiiée «a tedi àpréa l'Ascensioii ^ et l'^antm 
aa m^cdt après la Teos^tet. Les mèasea lettres éte« 
hOMai, dans le.liau dont il est questim icr^ on mar- 
^é, le mardi de chaque semaine. 

i^. Mais la pei^colton exercée par la maison de la 
IkeinoiiiHe wvevs Févèclié de Luçon existait toujoars* 
(^ Aaa^ w » qmUtè de suzerain , comme baron de 
SbQrenilr^w-le-Lay , Georges de la Tremooille opposant 
à kt concession des foires et marchés aux Montiersh 
snr-le-Lay, faite par le roi à Tévéque de Luçon, agit 

(l)CeilettretioatprroÎ9 datées dé janvier Utf8-f&89 » naSt 
«eite date eat celle ^e la confirmation de cette conceiiioa » «pr^ 
le désistement de la maison de la TremoviUe. 

(%) Cette baine de la maison de la TremoaîTle contre Nicolas 
CoMT pi^venait de ee f«e 6eor|;es U . ayant acheté , 'en ISfeSl , ém 
marquis de Montlerrat les terrea de Saint-Fargeau * Oonxy « Pui- 
sage etTovcy, et^qne n'ajantjptrles payer, elles (nrent revendoes. 
en février iioO , à Jacques Cœur , firère de Tévéque de Luçon. 
Voir à ce sujet , Jacques Cœur ^ par le kuotk l^ouvé r o«f rti|p 
e^ienx , qui a para en f SAO. 



120 ) Nicolas Cobxjrp l3.* èvèqve. { l4si 

même à main drmée, à ceqa'Qpardt^pour empftcher 
un établissement si utile à mie localité; que son de- 
voir, comme seigneur supérieur , aurait du être de 
protéger. 

11. D'après les anciens usages^ l^archevéque de 
Bordeaux^ les prélats ses suffragans , et même les 
abbés de l'Aquitaine , étaient dispensée de l'hommage 
et de- rinvestiture, mais ils ne pouvaient transmettre & 
leurs héritiers que ce qu'ils possédaient avant d'être 
entrés dans les ordres. Une ordonnance de Louis YH 
(l]y avait dérogé, mais ses dispositions étaient pea 
suivies. C'est ce qui engagea Charles YII à confirmer, 
par lettres du 23 Juin 1451 , (2) la dispense d'taives^ 
titurev pour les prélats et abbés de la province ec- 
clésiastique de Bordeaux, et à accorder à ceux-ci la 
faculté de transmettre i leurs héritiers la totalité de 
leurs successions. 

12. Nicolas Cœur eut un neveu , fils de son frèrid 
l'argentier , Jean Cœur , qui fut comme l'élève de l'é* 
vêque de Luçon , et. devint archevêque de Bourges, en 
1446 , à la recommandation de Charles Vn , qui écri- 
vit pour le recommander, d'une manière toute par- 
ticulière , au pape Eugène lY. 

Je vais donner la biographie de ce prélat , d'après 
M. de Beauregard , qui fait connaître d'abord que}Jao 
ques Cœur eut de son mariage avec Marie Hacé de 
Leodepart , 1.^ Geoffiroi Cœur , seigneur de la Chaus- 
sée, échanson de Louis XI ^2.^ Germaine Cœur » ma- 

(I) Qrd, du Louvre , 1. 1» p. 7. 

{2)ibid, t. xm« p. U7. 



U&i] Nicolas CoKuR , 13.« évéquis. ( I2i 

Kée à Louis de Harlay , baron de Monglat ; 3.o Marie 
qui fut femme d'Eustacbe L'builIier;4.o Renaud Cœur, 
qui ne laissa pas d'enEsint^ et ne fut peut-être pas 
marié ; S.» Et Jean Cœur , archevêque de Bourges , 
et auparavant doyen de cette métropole , de la sainte 
chapelle de la même ville , et de l'église cathédrale 
de Limoges. 

« Ce prélat , dit mon savant et honorable ami , se 
distingua par son éloquence et sa piété. Il monta sur 
tesiége de Bourges à vingt-cinq ans, et montra dans un 
^e si peu avancé , la prudence et les vertus d'un 
vieillard. Il eut le courage de refuser à Louis XI , le 
tyran dé la France , une dignité ecclésiastique pour le 
fib d'un de ses courtisans. Le roi , iiui Favait exilé 
de son siège, ne put lui refuser son esthne et oublia 
cette démarche ferme et vertueuse. Après avoir con- 
tribué à fonder^ l'université et consolé son peuple af- 
fligé de la peste » il mourut , dans son abbaye de St. 
Sulpice , d'une maladie contagieuse , le 25 juin 1483. 
On transporta son corps, avec grande pompe , dansi 
son église métropolitaine , où il fut inhumé, sous une 
tombe de marbre noir , avec cette épitaphe qu'il avait 
choisie : Memorarequœ mea et mbstatUia. Les armes dé 
cette tamiiie sont : D'azur^ à là face d'or , chargé dé 
trois coquilles de sable. » 

Ensuite le même auteur transcrit ce passage d'Ame^ 
lot de ia Houssaye. ( Mémoires historiques.) 

« Jacques Cœur avait bâti le château de Saint Far- 
geau. Il eut un fils, archevêque de Bourges, leur pa- 
trie. Ce fut cet archevêque qui, dans la guerre du bien 
public , débaucha le duc de Nemours du service de 

16. 



122 ) Nicolas C(»ur» 13.« évtQtnâ. ( 1451 

Louis XI 9 auquel il avait promis de tenir son parti. Il 
en coûta la vie à ce duc , dé^capité en 1477 , dont 
Louis XI eût des regrets en mourant , dit Philippe de 
Gommines ». 

c< Cette note et la précédente , continue M. de Beau- 
regard 9 paraissent très-contradictoires. Amelot de Ta 
Houssaye , a puisé ce trait , qui s'accorde mal avec 
Fopinion que tous les historiens ont eue de ce prélat , 
dans un ouvrage imprimé à la suite des mémoires de 
Gommines , sous le titre de Cabinet de Louis XI , par 
l'hermite de Solier. L'auteur ajoute que cet archevê- 
que avait conseillé au duc d'enlever le roi , pour so 
venger de ce qu'il avait incendié le château de Saint 
Fargeau , après en avoir chassé Geoffroi Cœur. Un 
conseil si violent répugne à croire d'un homme ver- 
tueux ». 

Nous ajouterons à cette notice que Jean Goeur , qui 
fut d'une piété exemplaire, était , comme on Ta vu, abbé 
de St. Sulpice de Bourges où il avait une cellule con- 
tigue aux autres cellules du monastère et au 
même dortoir, dans laquelle il se retirait souvent, 
pour penser à Téternité. Enfin , il accompagna la dé» 
pouille mortelle de Charles VII , mort à Meun-sur- 
Yèvre , le 2â juillet 1461 , jusqu'à Paris ou à St. Denis, 
où il fit le service funèbre de ce monarque. 

12. Nicolas Cœur mourut, le l.*' octobre 1451 , sui- 
vant le cartulaire et mes deux catalogues , après avoir 
siégé dix ans et seize jours. Il fut enterré dans l'église 
métropolitaine de Bourges où reposa, plus tard , son ne- 
veu, l'archevêque de cette ville. Les épitapbes faites pour 
les deux prélats sont excessivement modestes et sem- 



1451 ) NiCOlAS COBUR , 13.« ÉVÉOUV. ( 123 

blaient être dominées par les événements malheureux 
dont Jacques Cœur, le chef de la famille , avait été 
frappé. Sur la tombe de l'évéque de Luçon , on plaça 
cette inscription : SepuUus est hic Dominu^ Micolaut 
CordUs , Episcqpus Lucionem^s. 

14. La mort de Tévêque de Luç<m arriva » en eflet , 
an commencemMDit die la série des faits malheureux qui 
afOligèreot son frère Fargentier* On voit que ce fut le 23 
jmU^ 1451 ^ que ce damier fut arrêté à Taillebourg » 
en* Saintonge , odi 11 se trouvait auprès du rot, comme 
prévenu d'avoir empoisonné Agnès Sorel , dont il avait 
été rami et qui l'avait &it un de ses exécuteurs tes- 
tamentaires. Cette machiniition , ourdie par plus d'un 
grand persopuage , avait surgi d'une dénonciation 
faite par Jeanne de Vendôme, tenune de François de 
Montberon , seigneur de Mortagne-sur-Gironde. Alors 
on renferma Jacques Cœur et on commença par le 
dépouiller. Puis une commission fut nommée, pour 
instruire son procès ( et on sait ce que c'est qu'une 
commission ] ; et, à l'accusation d'empoisonnement, on 
joignit celle d'aVoir fait sortir de l'argent du royaume, 
d'avoir commis des exactions en {.anguedoc , d'avoir 
renvoyé à Alexandrie un esclave chrétien ; d'avoir , 
$ans la permission du roi et du pape' , transporté des 
armes chez les Sarrasins et d'avoir envoyé au Soudan 
un harnais complet. A là suite de ces nouvelles chai- 
ges, Jacques Cœur fut transporté, du château de Tail- 
lebourg , dans celui de Lusignan , en Poitou , où son 
frère , l'évêque de Luçon , ne put pas probablement 
lui adresser des consolations (1) , car l'argentier ne fut 

(I) Jean Coifit, urchevè^ae de Bourges , fiUde Targentier , sol- 



^4 ) Nicolas Coeur , 13.^ éyéqce* ( Uik% 

interrogé (1) là que le 10 septembre 1451 j époque où 
le prélat était déjà malade. Enfin , Vwi des hommes à 
^ui la France et Charles VII devaient le plus fut , après 
une longue procédure , avec menace de la question et 
avoir été conduit de Lusign^ , dans le château de 
Maillé, près Tours , puis dans celui de Poitiers, et vingt-, 
deux mois d'emprisonnement , condamné le 29 mai 
1453 9 par le grand conseil, séant dans le château de 
Lusignan , sous la présidence du chancelier Guillaume. 
Juvenal des Ursins , à la peine de mort , commuée eu 
une dégradation publique , avec bannissement et con-. 
fiscatton de tous ses biens. Cette dernière partie de la 
condanmatiôn était la plus intéressante pour les juges 
iniques de l'argentier , puisqu'ils deVaicQt eu profit. 
ter (2). 

Nicolas Cœur , on l'a dit , ne vit que les commen- 
cements des malheurs de son frère. Le prélat poil- 
yait croire que la voix de la justice se ferait entendre ; 
^ n'en fut pas ainsi, 

II. Anbrb de la Roche , 14.« évêque de Luçon , 
^tait probablement de la maison qui porte, aujour-^ 

Ucîta vainement la perjtnîssion de voir son père. Voir Jacque$ Cœur, 
par le baron Trouvé. 

(1) Par GnîUanme Gouf&er , premier chamHellan du roî , qui nq 
tarda pas à profiter amplement de la confiscation prononcée contré, 
celui qu'il était appela à juger pou^. la forme, 

(2) GuiUaume Gouffiei: eut , dans son' lot» les terres de Bois]^ 
et de Roanne, qui devinrent un comté et un duché pour sa 
itmille. Mais Antoine de Cbabannes , comte de Dammartin , fu^ 
encore le mieux pourvu , car il s'enrichit de lai seigneurie de 
tSaint Fargeau et des 'baronies de Toucy et de Pereuse ,' ce qui 
comprenait presque tout le pays de Puiaaye çt coi^sifttait e^ 

- pitis dô vingt paroisses. • ' 



<4S4 ) André bb ia Roche , i4.« èvûqve. { tau 

d'hui le Dom de la Rocbe-St.-André (1), et qui a 
marqué surtout dans la marine (2)*. H est probable 
qu'André , qui était , dés 1422 , cbanoine régulier de 
Luçon (3) f dut son siège à une élection et qu'il corn* 
mença à siéger , dés lors, dés la fin de 1451. 

2. Il parait que , lorsqu'à cette époque , un sujet était 
présenté à un évoque pour une cbapellenie , le prélat 
avai| le droit et même Thabi^nde de l'examiner et do 
jui refuser Finstitution, s'il le jugeait à propos. On en 
a un exemple, dans ce qui se passa le 30 mars 1454. 
Ce jour là , Pbilbert de Sle.-Flaive, chevalier, seigneur' 
de FAnguillier , présenta son fils Placide , pour la 
cbapellenie créée par sa famille «tlans l'église de St. 
Matburin de Luçon , à l'hôtel de Notre-Dame. 

Le bénéfice était vacant depuis huit jours seulement,, 
par la mort du titulaire , maii^ l'emploi était assez 
lucratif pour ne pas le négliger. Alors s'engagea un 
colloque entre le présentateur, Iç présenté et le prélat , 
et ce dernier , après plusieurs discours , répondit que 
pour certaines causes {4) , il ne conférerait pas la 
chapellenfe en question à Placide de S.te Flaive. 

3. Cette cbapellenie fut concédée à un homme d'une 
haute capacité et que nous verrons sucçessivemenj; 

(1) Od trouve lei La Boche«St.-Andcé , ayant un antre nom 
propre , celui de Dite , qui est tnentionoé daçs lc9 bans de 
H9I. On y voit paraître , en effet, Jean Dizé, sieur de ia Roche- 
5aint-André. 

(2) Il y a plasiears cTiefs d'escadre de ce nom , notainmenl 
celui qui , suas |a restauration , a été l'un des représenunta, de 
^ Vendée , à la cliambré éleclite. 

(5) Voir ci-dessus , (lage 97. 

ifi) Mx eertit eausis. 



136 } AjYORÉ DB lA Roche » 14.« ivâoirB. ( ÎKS 

grandir. Cet homme est Nicolas (1) Boutaud; Boaifr 
Vamièe suivante , îl résigna ce bénéfice dans les mains 
de Tofficial, agissant pour l'évéque, qui concéda en 
échaAge à cet ecclésiastique la cbapelLenie deNotre-Dame 
des Ëssarts, à l'autel de Saint Jean-Baptiste» dont le 
revenu était à peu près d'égale importance. Sur cela 
rofDciai accorda son tnsa à Placide* de S.te Flaive » 
probablement frère de Philbert^ pour la chapelle de 
S.telPIaive\ dan^rêglisê de St. Hathurîn de Luçon (2}« 



Ces bénéfices , conu^e ^pn le i;ent bien, n'étaient pa& 
sujets à résidence^ Si on ne taisait pas personnellement 
le service qu'ils- comportaient > on. en chargeai^ un 
autre: prêtre i et à moindre frais. De cette manière la 
possession d'un bénéfice simple, était très-avantageuse. 
Du reste , il ne pouvait pas en être autrement y pour 
Nicolas Boutaud , qui était vicaire général i Luçon , 
et Valler ego , on peut le dire , d'André de la Roche » 
comme on va le voir. Sa résidence habituelle au chef% 
lieu de Tévêché et auprès de l'évêquë ét^t obligée. 

4. Un acte du même temps, à peu près (3)» fait 
connaître, que Févêché de; Luçon ay^t- use rente à 
percevoir , sur le prieuré d'Esnande, en Âunis. Sans 
doute les revenue de cet établissement ecclésiastique 
étaient saisis , car un mandement fut donné à Jean de 
Chambes-Monsoreau , de feire payer ce qui était dû 
à l'évéque de Luçon , par le commis aux revenu& 
du prieuré en question. 

(i) U est quelquefois appelé Nicole Boutaud^ 

(2) M,i de Z). JB'onteneau. 

(3) Ou 30 août IftSff. M. s de D.' Fontçneau^ 



tus ) AiCMUft M tk RoGHB , 14.« £vA<rra. { lât 

5. Alors les grandes solemiités religieuses attiraient 
de trés^tawi et les fidèles et surtout les dignitaires de 
l'église. Or, après la canonisation de Vincent Ferrier, 
le pape Pie H envoya en Bretagne le cardinal de Coetivy 
(i) , pour dire procéder à l'élévation du corps. Beau- 
coup de prélats assistèrent à cette cérémonie , qui eut 
lieu àVannes^leS Juin 1458, et André de laRocbe, évéque 
de Lnçon y parut accompagné de Léon Guérinet, évèque 
de Poitiers, de Philippe Rouault de la Rousselière (â) , 
évéque de Maillezais, de Jean de Beauveau, évéque d'An- 
gers , de Guillaume de Malestroit , évéque de Nantes et 
d'autres prélats encore. Pierre II, duc de Bretagne, 
pour faire les frais de cette cérémonie, imposa un 
fouage de cinq deniers par feu , mais les Bretons le 
doublèrent et les fêtes durèrent quatre jours (3). 

6. A André de la Roche était réservé de mettre fia 
aux contestations qui existaient depuis si long-temps 
entre son évéché et son chapitre et la maison de la 
Tremouille, représentée alors par Louis de la Tre- 
mouillé , chambellan du roi , seigneur de Sully , de 
Craon , de Luçon ( en partie), de Mareuil , de S.te- 
Hermine , etc , fils aîné et principal héritier de Geor- 
ges de la Tremouille et de Catherine de TIsle-Bouchard, 
veuve de ce dernier. Le mandataire de ceux-ci fut 

(f ) Dom Lobîneaa , Hittoire des Sotniê de Breiaçne, 

(2) De la famille Rouault , l'une dei.plus illustres du Poilon 
et qui a fourni notamment Tristan Rouault , vicomte de 'l'houurs , 
an XIV .e siècle, du chef de sa femme Péronelle de Thouars. 

(5) Les carmélitea des Couets , près Nantes , avaient la ralolte , 
la ceinture et plusieurs lettres écrites par Vincent Kerrier. A la 
le\ée de son corps , le cardinal de Coetivy donna ces objets et 
en outre un doigt du saint , à la duchesse Françoise d' A m boise» 
qui les laissa à ce monastère. 



lââ ) Àndbjb dé la Rochb » 14.e livâQùiB. ( listf 

Jehan de la Motlie (!]. Ceux qui eurent d'abord le6 
pouvoirs de l'éyôque et du chapitre de Luçon , furent 
Jean Avril , docteur en droit civil et canonique , plrè-^ 
vôt de réglise cathédrale de Poitiers , M:^ Guillaume 
Papin , maître des requêtes ^ Nicolas Boiltaud , ar- 
chiprétre de Pareds et vicaire-général , et Jean Morel 
ouMoreau (2); Les personnages ne firent , sans doute , 
qu'élaborer les clauses de Farrangement et ce furent 
Louis Pignardet François*Pierre Texeon , personnages 
aujourd'hui inconnus , par leurs &its et gestes » qui lé 
conclurent {3)i 

La trahsaction en qilestion fut faite à là fin dé 
1458. Dans sa première partie , on établit toutes les 
violences, toutes les voies de fait, toUte^ les exac- 
tions de Georges de la Tremouille et des siens, envers 
les évéques et le chapitre de Luçon. Le seigneur et 
la dame de la ^remouille ne les^contestaient que dans 
une faible portion et s'appuyaient ^ pour ce qui avait 
été fait, par leur parti , sur le droit de juridiction ^ 
et de mettre capitaine dans les forteresses , comme 
possesseurs des seigneuries et baronnies de Luçon 
et Mareuil. Par exemple , ils disaient qu'il n'y avait 
point eu vol , ni violence envers Févèque , Elle 
bartineau , pour avoir une grosse somme , mais que 
celui-ci avait payé, pour certome et juste cause ^ et 
que si aucuns biensavaient été pris du domaine deTé- 
vèché , c'était par .les gens de Luçon et à leur 
persuasion , durant le débat , pour Févéché , entre les 
deux contendants , Elie Martineau et Jean de Guierelay.- 

(I) Procuration du 16 mai i&i>8. 
{1) Procuralioa du 29 juillet 1456. 
(S) Procuration du 2 août 14^. 



14SB ) ANDBB DB la RoCBB , li.e ÉVÉQCB. ( 129 

Enfin, pour le bien de la paix et Tincertitude des 
jugements, on convint: i.° que les deux seigneurs 
( TEvéque et la Tremouille } auront chacun la justice, 
en leur fief, et sur leurs hommes et dépendances 
avec le titre de chatelleuie (1) ; 2.° la Tremouille re- 
nonça à metU*e des capitaines à Luçon , à Triaize et 
aux Moutiers-sur-le-Lay , et ce droit fut consacré à 
rëvéqoe; 3.<> le bail de St. Philbert et la forteresse 
bâtie à Luçon , au moulin de Puy-de-Fou , furent 
abandonnés à Tévèque et au chapitre ; 4.<^ la Tre- 
moaille renonça au droit de paqueraige, sur les troupeaux 
de révéque et du chapitre ; S." il consentit à l'établis* 
sèment de deux foires et d'nn marché aux Moutiers ; 
6.« e^fiû pour indemniser l'évêque et le chapitre de 
Luçon des pertes qu'ils lui avaient fait éprouver , le 
sire de la Tremouille et sa mère se déclarèrent débi- 
teurs de trois mille écus d'or, valant 27 sous 6 deniers 
toomois pièce, et, pour le payement de cette somme , 
il fut accordé ({ualre ans de répit , moyennant la rente 
de trois cents écus d*or , assignée sur toutes les terres 
du débitemr. En outre , le chapitre se trouva libéré , 
pendant dôbx années , de la rente de vingt et uo 
septiers froment , qu'il devait à la baronnie de Hareuil. 

Ce traité fut conclu avec une foule de formalités , 
probablement nécessaires alors. Il fut d'abord arrêté 
à Chinon , par Nicolas Boutaud et Jean Moreau , pour 
l evêque de Luçon ; ratifié par celui-ci et son cha- 
pitre, le 6 novembre 1457 ; approuvé par le roi, le 
5 mai 1458 , et homologué par arrêt du parlement , du 

(1) P1a8 tard, ces àeux 8iMgae;ari«t furent coaiIdér^M conuBO 
uie& baronaies» ainsi qu'on le veira. 

17. 



lâO ) Andeé ]>e la Roche , 14 ^ évêque. ( 1461 
2 août 1458 , sur les conclosions conformes du pro- 
cureur général. On voit aussi désignés comme témoins, 
pour cet acte important , noble et puissant seigneur 
Messire Amory d'Ëstissac» honorables hommes el sages 
Guillaume Papin , conseiller^du roi , maître des requê- 
tes , le Galloys de Vîllîers , Aignan Viole , Pierre 
Prévost et Guillaume Limousin. 

7. D'après- cette transaction , Tévêque de Luçon se 
pourvut de nouveau devant l'autorité royale, pour faire 
confirmer rétablissement de deux foires et d'un marché 
aux Moutiers-sur-Ie-Lay. D'après le désistement de la 
maison de la Tremouille , cette concession fut déei- 
demment accordée > par lettres du mois de janvier 
1458—1459. Le droit à payer au trésor , pour cet octroi, 
fut fixé à cinquante écus d'or (1). 

8. Le gouvernement du diocèse de Luôod s^oabla 
probablement une charge trop forte pour André de ta 
Roche , car il se fit nommer , pour coadjuteur , le 15 
février 1461 , Nicolas Boutaud , (2) que l'on a vu tra^ 
vailler en qualité de vicaire-général mandataire de 
l'évéque de Luçon , à un arrangement avec la maison 
de la Tremouille. C'est Nicolas Boutaud qui nous ap- 
prend lui-même (3) qu'il avait eu la qualité de coadju- 
teur , sous son pré|décesseur. Néanmoins , il ne fut 
point sacré en cette qualité , puisqu'on voit que cette 
cérémonie eut lieu, à son égard, lorsqu'il devint évê- 
que titulaire. 

(I) flf.» de JD. Fonteneau, 
2) Cette date résulte du temps que le eartulaîre dit que Nicolas 
Boutaud siégea et qui suppose qu'on joignit le temps de son 
coadjutorat à celui pendant lequel il fut évèque titulaire. 

(3) Dans un décret du 19 mai 1^69 , relatif à l'éjjlise àvi 
Mràtiers, qu'on rapportera h sa date. 



t462 ) NkCOLAS^ BoifTAC]^ , 15> ÉVÉQUE. ( 13i 

9. André de la Roche ne conserva inéme point jus- 
qu'à sa mort le gouvernement de Fëvêché de Luçon , 
car il transmit cette dignité à . André Boutaud , son 
coadjoteur , te 26 août 1461. 

10. Ce fiit postérieurement â ta prise de possession 
de son successeur , qu'André de la Roche paya son 
tribut à la nature. H mourut le 12 février 1462 , d'après 
nos deux catalogues. Celle du 16 février 1462 , donnée 
par M. de Beanregard (1} et peut-être même par le 
cartulaîre y est erroriée. 

lïl. Nicolas ii Boutauo , 15.^ êvéque de Luçon , 
succéda par résignation (2] à André de la Roche , son 
prédécesseur dont il était déjà le coadjuteur. Cette ré- 
signation eut lieu , le 26 août 1462 (3) et, dés le 26 se; - 
tembre suivant , (4) Nicolas fut sacré par le cardinal 
archevêque de Rouen. 

2. Ce prélat (5) était d'une famille noble et ancienne 

(l) Evéque» de Luçon-» 

(t) Le cartulaîre le dît positivenoeat et je Hs dans un de met 
caiaitfgues :. t.^icoUiU9 Bouiaud , . . . obttnuit Epticopatum, per 
rtsignatioTum dicU de la Roche, C'est celui-là soubs lequel se 
£t le changemeot et la translation de régularité en séculsirité , 
et de moynes en chaqoines ». 

(3) M. de Beauregard cite deux notes, qui sont an calendrier 
de Tancien bréviaire de Lu<;Qn« L'une« qui râpond au 26 août, 
perte : T^. fuit nominatus Episcopus Lucionenst's . 

(4) La seconde note porte en regard du 26 septembre : Domino 
nostro Pio. . ( sans doute Papœ >..„ ce mot a été soustrait par 
le relieur , unno 4.^ Pontificatus : Ludovicui gratta Dei Frati" 

coru/n rege anno suce ( sans doute coronationis ) nationis 

primo 9 incarnaiionis daminica MCCCCIJCI (1461). «On sait, 
dit M. de Beauregard , que Pie 11 avf.it succédé à Calixte liL 
«o 14I>8 , et Louis XI e.st luunlé sur le trune , en lÂGl *. 

(5) M., dp Bteauregaid^ évéques de Luçon. (ws savant ajoote que 
les armes de cette famille étaient : de gueuler à trois demi-voU dur. 
Au contraire , d'après un manuscrit de !>. Kslîennol , ces mûmes 
armes seraient : d'azur» 4 ^rois chevrons d'or, accompagnés de trois 
triamjUs dé méiv^» 



132 ) Nicolas Bootaud , I5.c BvâQtJs. ( 1462 

du Poitou 9 qui a possédé , pendant plusieurs siècles , 
la seigneurie de l'Aubonière , dite ancienneuient l*Au- 
bouinière des Champs ,^ située dans ce diocèse j à quel* 
que distance de celle de Bessay. Cette maison ne sub- 
siste plus que par les femmes. Elle a donné plusieurs 
évoques à l'église de France ». 

3. Presqu'aussitôt son exaltation sur le siège épiseo* 
pal, Nicolas Boutaud obtint , le 7 décembre 1462 , une 
bulle^du Pape Pie II, qui accordait aux éyéques de Luçon 
le pouvoir de faire faire des visites , par dç» délégués, 
dans toutes les églises , les monastères et autres lieux 
où ces prélats avaient coutume de la faire , de droit 
ou d'usage , et d'en faire percevoir les droits (1). 

, 4. Il est un événement physique, bien marquant, qui 
eut lieu , à cette époque , sur les côtQS du Bas-Poitou. 
On prétend que , le 31 octobre 1463 , la mer se relira 
tout-à-coup de beaucoup de lieux qu'elle couvrait 
auparavant à mer basse. Cette retraite spontanée et 
instantanée des eaux dont la tradition a conservé le 
souvenir et qui est mentionnée dans divers documents 
(2) , dut beaucoup faciliter les dessèchements , alors 
entrepris, ou commencés peu après. 

6. L'achenal de Luçon qui , ainsi qu'on l'a vu déjà ^ 
était d'un si grand intérêt pour tout i Le pays , avait , 
dans ce temps , besoin de réparations considérables. 

(I) M,* de D. Fonteneau, 

{^À) Mutamoient dans une requèle présentée à l'inteiiclant de 
Poitou , par les habitante de Maillezais , en 1757 , où on se ré- 
fère à des pièces ancienaes. On a prétendu que cette retraite des 
eaux se fit surtout sentira SHailicAais. On sait qu'un autre retrait 
des eaux ^ en Ras-Poitoa , eut iieu de 935 à 963 , sous le rè{;ne 
de GuiUelme Téte-d'F.toupes , comte de Poitou. Voir à ce sujet, 
l'Htitoire des rois, et ducs d'Aquitaine et de* comte» de Po%9qu , 
par MM. do la Foiitenelle et Duiour. 



1463 ) Nicolas Bootacd , I5«ê bvéqub. ( 133 
C'est ce qui fit que plusieurs particuliers , qui eu étaient 
Yoisios , se cotisùreqt et firent deux mille livres tour- 
nois, pour le réparer. Mais cette somme n'étant pas 
suffisante , on s'adressa à Tautorilé, qui taxa des pa- 
roisses, même à deux à trois lieues , comme Sainte- 
Gemme p Saint- Aubin-de-la-Plaine , etc. , et des sei- 
gneurs y comme celui de la Claye et autres. On paya 
généralement , mais quelques paroisses et quelques 
seigneurs ayant résisté, ils (iirent condamnés à acquitter 
leur taxe, par arrêt du parlement, du 13 juillet 1463. 

Dans cette année , Nicolas Boutaud nomma 
Regnault Giresmez , écuyer ; Seigneur d'Ambly » 
capitaine du Château de Luçon. Le Sénéchal du Poitou 
prétendait avoir le droit de pourvoir à cet emploi , 
mais révéque obtint gain de cause. 

6. 11 fut fait , le 18 août 1463, un échange entre Té- 
véque et l'aumônier du chapitre de Luçon. Par cet 
acte « Pierre Faucea , aumônier , du consentement du 
chapitre et du sous-prieur , en Tabsence du prieur , 
céda au prélat l'ancienne chapelle de i'aumônerie, 
avec les maisons et jardins , tenant d'une part à la doAe 
ou douhê (1) de la forteresse dudit lieu , par laquelle 
on va, de présent , du port de Luçon à la chapelle 
St. Mathurin de Luçon , d'autre au chemin par lequel 
on va du portea (2) de ladite forteresse à la maison du 
curé de Luçon (3], et d'autre à la maison de Guillaume 
Chaillot, qui sont au segretin (sacristin) de Luçon, 
le jardin situé parle derrière, près de la rue qui va 
à la maison de Guillaume Chaillot. 

(i) On appelle doue , en Fas- Poitou , un amas d'eau stagnante; 
ici , par ce mot , on aeinblc entendre un sentier. 

(2) Portea , aujourd hui ., porleau , portail d'entrée dune cour . 
(5) On voit que déjà , il y avait un curé à Luçon. 



134) NïCGLAS BOUTAUD , 15.e ÊVÊQUE. (1463 

» L'évêque lui cède eu échange la chapelle , maison » 
verger, issues, etc. , dits de St. Sauveur , auquel ou 
a accoutumé faire le sëne ( synode ) , derrière la maisoQ 
de Mattmria Rastaud , d'autre à la rue ou chemin 
du Tour du grand Bourgneuf à la Yase , de Tautrc 
à la maison et verger de Jean Maupou , et le verger 
par derrière et la maison et verger de Rastaud. 

» Il fut convenu par cet acte , qui fui; passé en 
chapitre , présidant Meçsire François Marchand, que. 
Tàumônier fera le service accoutumé et continuera de; 
donner Thospitalitè aux pauvres afSuants audit lieu> 
de Luçon », 

7. On trouve encore une transaction , passée le 24 
octobre 1463, entre Taumônier (1) et les prieur et 
religieux du chapitre de Luçon , en présence et du 
consentement de Révérend père en Bieu^Messire Nicolas, 
par la grâce de Dieu , évéque de Lttçan ^ au sujet des 
droits de pâturage dans les communaux de Luçon , 
des terres et domaines de Faumônerie déchargés de 
tous droits seigneuriaux, envers ledit chapitre , de 
quelques rentes et d'un pré à Taumônerie , dans la 
paroisse de Triaize , le tout pour la fondation d'une 
messe , tous les vendredis » dans la chapelle de ladite 
aumônerie (2). 

. Suivant cet acte , Taumônier se plaignait de ce que ^ 
d'après une transaction passée avec le chapitre , ce 
corps percevait de lui une rente de neuf septiers d^ 
méture(3), pour subvenir aux aumônes générales qui 

(i) Cétait encore Pierre Sanccau ou Fauceau* 

(^) Note de l'époque. 

(5) Mélange de frouient et d'orge d'hivei^. 



1465-1467) Nicolas Boutacp, 15.« bvéqu. ( 135 
le même chapitre était dans Tusage de faire, trois 
fois par semaioé , à tous les pauvres de Luçon seule- 
ment. Dans cette pièce , on dit aussi que les habitants 
de Luçon croissaient toujours en nombre. 

8. Les évéques de Luçon jouissaient d'un droit , 
appelé le Roi-Bœuf ^ qui consistait à se faire donner 
la chair d'un bœuf , la veille de Noël. Lesjèvéques af- 
fermaient ordinairement ce droit, qui occasionnait soor. 
vent des contestations. Un procès s'étant engagé entre 
différents particuliers , pour cette prestation, il 
fut terminé aux grandes assises de Fontenay-le-Comte, 
par une transaction du 20 mars 1465 , qui changea 
le droit, dans une redevance annuelle de trente sous[l]. 

9. Un peu après (2) , un acte fait connaître qu'il 
existait une confrérie de St. Lucas , établie au château, 
de Luçon et que cet établissement possédait des rentes, 
d'un produit assez considérable. 

10. Oo trouve, sous la date do 8 juin 1467,, un 
aveu rendu à Tévéque de Luçon, par Jacques de> 
Surgères , seigneur de Cerisay et de la Floceliière , 
pour son hôtel de la Coudraye, situé & Luçon. 

Cette seigneurie de la Coudraye de Luçon , illustrée 
par deux de ses possesseurs (3) et dont il sera souvent 

(i) M. è9 Béatiregard. « -JEvéqueê ^e Luçon, — Jlf/ de D: 
Fonteneau. 

(2) 10 mai I&67 , avea & 1*évéque de T.uçon, par Jean Demont , 
écvjer , teigoevr -da U Fébfetière , à cause de Mer^iierite Albine, 
aa leaime » pour un hcibergement , f Uoé en la ville de liuçon, 
M.ê d9 D. Fonieneau, 

(5) l«* Jacquet de Sallo • conseiller au parlement de Parîs , en 
1619 et créateur du journal des savants ; 2.<> et le chevalier de 
Loynet > de la Coudxaye , offiteier de marine et membre de 1 aa- 
semblée constituante» dont je viens d'écrire l'article, pour lis snp«> 
plément de la Biographie universelle de Micbaud. 



136 ) Nicolas Boutaud , 15.« ÉvèotrE. ( Uù7 

queâtioù , a loDg-teiups appartenu à la maisop de Sur- 
gères [1] ;elle était d'une grande importance. Elle relevait 
en grande partie, à hommage lige et à droit de rachat, 
de la cbatellenie , depuis baronnie royale de Cham- 
pagné-sur*-mer. De cette terre dépendait la moitié du 
droit de péage et minage (2) , et de doqner mesure à 
blé et à vin, sur le marché de Luçon. Ces droits se 
percevaient en commun , d'abord avec l'abbé et en- 
suite avec réyèque de Luçon , qui avait l'autre moitié 
de ses produits. 

Il . Une entreprise d'une grande importance fut faîte 
par' Nicolas Boutaud. Il y avait un pea plus de cent 
cinquante ans que le titre d'abbé de Luçon avait été 
converti en dignité épiscopale. Par suite le nîonastère 
était devenu un chapitre , mais ce chapitre n'était pas 
séculier , il était régulier. Ceux qui en faisaient partie 
n'étaient pas des chanoines , ils étaient dés religieux. 
Or , .le prélat que l'on vient de nommer ratreprit de 
dianger cet ordre de choses , il voulut séculariser son 
chapitre , avoir près d« lui de véritables chanoines 
et non des moines. 

îâ. Et d'abord /si on voulait traiter la tiuestion des 
avantages et des inconvénients de ces deux'posïtiôns , 
il y aurait beaucoup à dire. Des reUgieu:$: qpi p'avaient 
point à s'occuper des détails d'une existence indivi- 
duelle et qui trouvaient , sans peine , ni soin aucuns» 
à leur portée , toutes les choses nécessaires à la vie 
pouvaient donner tous leurs instants à. TeXiéeutiou de 

(i) Ell« appartenait encore en 4S58 , i 567 et 1^83 -à - Louise 
dfi ^ur^ëres » veuve xiu seigneur des Arpentils^ ' * ' 

(2) Droit sur la vente du Lié au marché. 



iU9 ) Nicolas U BoiTAro , IS/évâQUC. ( 13Ï 

leurs devoirs religieux et à radmtnistralion des $acre-> 
ments. Au lieu de cela , des prêtres séculiers posscdeut 
et sont assujétis à tous les embarras de la propriété et 
h veiller aux soins de leurs ménages. De là , il résulte 
qu'fl^ ont moins de temps disponible pour Dieu et aou 
culte et qu'ils s'attachent d'autant plus aux choses tem- 
porelles. Néanmoins, par compensation, on peut citer 
les abus et les désordres qui souvent se sont manifestés, 
dans les monastères. Le derga régulier fut sans doute 
un besoin des temps anciens , tandis que le clergé 
séculier convint mieux à notre état de civilisation 
avancée. 

13. Quoiqu'il en soit , on peut croire que le projet 
de Vévèque Boutaod fut étudié avec maturité, et par 
hii et par son chapitre , et que les mesures de mise à 
exécution furent parfaitement entendues , comprises; 
et voulues, par toutes les parties intéressées , puisqu'il 
n'y eut presque .point d'opposition. Enfin , je suis 
fondé à présumer qu'un des dignitaires de Luçon , qui 
cumulait sa position avec un emploi de confiance ,.au* 
prés du pape .Paul II , aida à applanir toutes les 
difficultés. 

14. La bulle de sécularisation de Tinsigne église de 
Luçon, donnée la veille des ides de janvier , c'est-à-- 
dire le 12 janvier 1468-1469 , par le pape Paul II , est 
dite avoir été rendue sur les réclamations du roi Louis, 
de Micolag, évéque de Luçon, et du chapitre do lëglise 
de Luçon , ordre de St. Benoît. Après avoir prononcé 
la sécularisation de cette <^.gUseet de ses différents mem- 
bres, on entre dims des détails de suppression delit/es 
anciens , d'établissements de titres nouveaux, en échaii* 

18. 



13S ) Nicolas II BotfAUD, 15.e ÉvâotÈ. (i469 
ge des ancieDS et d'appropriations de blenset de revenus. 
La dignité de prieur de ladite église (1) , occupée par 
Aymeri Goyon , licencié en décret, est transférée en 
décanat ; il est ajouté que le doyen , dijjnitaire su- 
périeur de réglise , sera électif. L'emploi d*anrïî5::ii?r , 
dont est pourvu Pierre Saucean , bachelier en théolo- 
gie , devient un archidiaconé et même le grand ar-* 
chidiaconé (2). La sacristie, occupée par Pierre Hélye, 
est changée en archidificoné d'Aizenay. L'archiprêtré 
rur^ de Pareds , dont jouit M. Jacques Bignet, abré* 
viateur des lettres, apostoliques et familier du pape (3) , 
est remplacé par Tarchidiaconé de Pareds. La cban- 
Irerie fut conservée , c'était l'emploi de Guillaume 
Cresson ; l'Aiguerie qui est celui de Louis Cbarruau , 
forme une prévoté. La trésorerie , place où se trouve 
Nicolas Giraud , bachelier en droit , prend le nom de 
chancellerie en dignité. Le sous-prieuré , où est placé 
Maurice Limosin , est transformé en sous-décanat , et 
ettqfin , fa chambrerie, que possédait Jacques HubloOi 
change ce titre pour une sous-chantrerie. 

Les prévôtés de St.-Laurent-de-Parthenay , titulaire 
Guillaume Gervain; de Fontenay, titulaire Jean Bernard; 
et des Essarts, titulaire Valérien de la Roche , sont éta- 
blies et le prieuré de chacune de ces églises est affecté 

(1) La nomenclature qa*on va donner fait connaître les anciens 
•mplois . qui existaient dans le chapitre régulier de Luçon. 

(2) Je me sers de cette expression usuelle, pour distinguer cet 
arcbidiacre ; sans titre particulier. 

(3) le suppose , je le répète , que Jacques Bignet, à cause de 
sa position auprès du pape , a aidé à l'expédition de cette bulle. 
L'église cathédrale de MaiUeaais , placée dans U même position qna 
celle da Luçon » ne fut aécularisée que bien plas Urd et an 1639 
fculament. 



1469) Nicolas n Boutaud , iS.% ivÈQUE. ( 139 

à la préyoté qui en porte le nom. Ces prévotés, le sous- 
décanat et lasous-ehantrerie sont érigés en personnats. 

15. Trente-deux prébendes^ ebtiéres et sept demi- 
prébendes , formant des canonicats , sont érigées dans 
réglise devenue séculière de Luçon. On distribue en- 
suite des prébendes entières aux dignitaires Aymeri 
Goyon , Pierre Sauceaa , Pierre Hélye , Jacques Bignet , 
Guitiaume Cresson ^ Louis Charruau , Nicolas Giraud et 
Ivon Simon , ancien cbancelier , et Maurice Limosin , 
érigé chancelier en dignité , Jacques Hublon , Jean 
Bernard , et Yalérien de la Roche. Puis on fait la 
même opération pour de simples moines et clercs, qui 
sont érigés aussi eu chanoines , savoir : Jean Avril ^ 
docteur en droit civil et canonique ; Pierre David , 
Jean Baraton , Jean Poitevin , licencié en droit ; Jac- 
ques Marchand , François Belin , Jean Guillon , GuiK 
iaume Cotereau, Guillaume Rousseau, Gabriel Ber- 
tbelot , licencié en droit civil et canonique; Henri 
Mervaud , Pierre du Bois , Pierre Grolleau , Guillaume 
Prévoust , Pierre du Moutîer, Léonard de la Roche,- 
Uathurin de Laurriére , Etienne de Horp , Nicolas 
Challon et Jacques Gobert. Pierre Texier, Louis Pré- 
voust, Pierre RufDn «Mathieu Gazeau , André Durand, 
Léon Hyver et Regnaud Goyon , autres moines clercs, 
deviennent chanoines aussi , mais à semi-prcbendes. 

16. Il fut établi des dispositions pour la couleur du 
vétenient, qui était noir , avec aumusse grise ; sur la 
composition du chapitre , et pour la nomination , par 
révéque aux canonicats et prébendes, à mesure des . 
vacances. La nomination du doyen était réservée au 
chapitre; sauf laconQrmaiion par Tévêque. 



14Ô ) Nicolas II Boùtaud , 15.« évêoûe. ( I469 

17. En général on indiqua l'église de Poitiers , comme 
le typd qu'on devait prendre, pour Têglise séculière de 
Luçon. L'office divin était semblable ^ maison ne devait 
pas omettre l'office de la sainte Vierge Marie , qui était 
la patrone de l'église. 

18. Les appropriations de revenus étaient faites , soit 
sm la mense générale du chapitre , soit en objets 
particuliers. Je donnerai à ce siget quelques indi- 
cations , parce qu'elles se rapportent à des localités 
et, dans les histoires particulières , ces m^es indica- 
tions ont certaine importance. 

Pour le décanat , après avoir parlé de la commande 
de l'abbaye de l'IIe-Chauvet , on assigne entre autres 
choses , des terres situées entre les deux canaux de 
Luçon y un fief de vignes appelé la Minée et le fief 
de Restaud. L'archidiacre proprement dit , appelé de- 
puis le grand archidiacre , exerçait ' ses fonctions et 
prenait les droits qui en dépendaient ^ sur les églises 
et monastères situés dans les doyennés de Mareuil et de 
Talmont. Il avait , pour son habitation, la maison de 
rinSmerie et ses dépendances et il prenait , pour gros 
fruits de sa prébende , la tierce partie des fruits, prove- 
nant du prieuré de St.-Étîenne-de-Brillouet. 

L'archidiacre d'Aizenay , qui exerçait ses droits et 
prélevait les rétributions y attachées , dans les anciens 
doyennés d'Aizenay et de Montaigu , jouissait des re- 
venus affectés ci«-devani à la sacristie ; on lui aRectait 
mie maison appelée le Bourdeau et tout ce qui en dé- 
pendait. De plus, il avait des revenus, dans les paroisses 
du Champ-St.-Père et de St.-Vincent-sur-Graon , avec 
le tiers des fruits du prieuré d'AspreinonL 



!46* } Nicolas U Boutacd , !».• tyÈQvt. { 141 

L'arehîdiacre de Pareds , qui également exerçait ses 
fcMitioiis et touchait les rétributions y affectées , dans 
rancien archiprêtré de ce nom , avait pour gros fruits 
de sa prébende , le tiers des produits d'un prieuré dit 
de Mignone. 

Le chantre , dont le logement fut fixé dans une 
maison contigue à la sacristie , reçut les revenus du 
bibliothécaire (1} , des prés entre les deux canaux de 
Luçon et un fief de vigne appelé la Sexterce. 

Le prévôt prit ce qui était à l'aiguier, et eut des re- 
venus dans la paroisse de St.*Jean-de-Beugné et de S.te- 
Gemme , et autour de Luçon. De plus , une maison 
du nom de la Blouquiérc , située dans la paroisse de 
rne-d'Olonne lui fut affectée. 

Nicolas Giraad» qui était trésorier , vit cette dignité 
conservée pour lui et, pendant sa vie seulement, pour 
être éteinte après, en conservant ses anciens revenus 
autour de Luçon et , pour gros fruits, ce que percevait 
le trésorier dans la paroisse d'Olonne. 

Ives Simon , qui devint chancelier, eut pour lui et 
ses successeurs, dans la chancellerie, comme gros fruits, 
ce que percevait Taiguier, dans les marais de Mont , 
le prieuré de St.-Hermand , et une maison appelée la 
Rouffiëre. 

Le sousHdoyen fut autorisé à s'approprier les revenus 
du sous-prieur et ce que Taiguier percevait à Cbaillé , 
(diocèse de Maillezais , le fief de vigne appelé Poveseou , 
situé proche Luçon et pour gros fruits de sa prébende , 

(i) Armariuê. 



142 } Nicolas II. Boutaud , 15.» évêqcb^ ( i46Sl 

le quart des revenus du prieuré de Fleury » diocèse 
de Saintes. 

Le sous-chantré eut, pour gros fruits, les revenus de 
la chantrme supprimée et des perceptions à &ire 
dans la paroisse de la Meilleraye. 

Il fut pris des mesures aussi , pour IcSl prévotés de 
Parthenay , de Fontenay et des Essarts ; des réunions 
furent faites à la mense capitulaire et le prieuré de 
Guire-Ennays (1] fut déclaré uni à celui de Parthenay. 

18. Des appropriations sont créées aussi pour les 
chanoines, et on n'entrera point dans des détails, à 
ce sujet. Seulement on voit que le chapitre de Luçon 
distribue les revenus des prieurés de Mbrtagne , de 
Roussay , de Chavagne-en-Pareds , de la Meilleraye , 
du Champ-St.-Père , de Cbalians , d'Apremont , de 
BriUouet , de la Caillère , de SL-Vînceûlrsar-Graon , 
etc. D'autres revenus sont pris dans les paroisses de 
St.-Vincent-de-^hauché et de la Cbapelle-Thémer. 

Il est dit que Tévêque et le chapitre créeront six 
hebdomadiers et un certain nombre de chapelains » eu 
avisant à leur entretien. 

19. Des régies sont établies, pour la juridiction^ par 
un document postérieur et ime réclamation faite , à 
ce sujet , par un évêque de Luçon , feront suffisam*^ 
ment connaître ce que la bulle établissait, en cette 
partie. 

20. A révêque demeure, outre son palais épiscopat 

(i) C'est Saint-Sauveur-dc-Givre-cn-Mai, près Bressuîre , et 
sur U route de celte ville à Parihcnay. 



!469 ) Nicolas II Boctavd , 15.e évéqub. { iiS 
la maison des Piliers à Poitiers et une à Beugné » 
objets appliqués à perpétuité à la mense épiscopale. 

21. Pour ta fabrique de l'église cathédrale de Luçon, 
on aiïecte des redevances sur le prieuré de Médoc 
(1) « à Boussay j au Beugnon-en- Gâtine , à Sainte- 
Soline , à St.-Martin-Lars , à St.-Jean-de-Liversay , i 
St.-Saaveur-de-Guîre-Énnays , à la Chapelle-Thémer 
et ailleurs ; de plus , une prébende fut retenue pour 
la psalette. 

D'autres dispositions sont encore établies qu'on ne 
peut reproduire, sans beaucoup alonger unc.analjse, 
qui a déjà trop d'étendue. 

Les suites données à cette bulle seront connues , 'par 
les observations dont nous avons dit un mot et qu'on 
reproduira bientôt. 

22. Il parait que, peu après son élévation au siège 
èpiscopal de Luçon, Nicolas Boutaud , abandonna le 
séjour des. Mouliers-sur-le-Lay , qu'habitaient ordinai- 
rement ses prédécesseurs, pendant la belle saison. 
Probablement que le pillage et les dévastations de cette 
localité , par les partisans de la maison de la Tremouille, 
avaient rendu ce lieu inhabitable. Toujours est- il que 
Nicolas Boutaud établit sa résidence habituelle à Ste.- 
Hermine ,.dans une ancienne maison qui subsistait 
encore du temps où M. de Beaoregard écrivait 
(2). Il y vivait, d'après lé même auteur, dans rintimilé 
avec les membres de son chapitre» 

(1) Prioraiwn de Medoe, 

(2) Evégu0i de Luçon. 



144) Nicolas IIBouTAUD, 15.** KvfiQUÉ;. (1469-14ÏO. 

, 23. Lç Ueu des MouUers-^ur-le-Lay, ainsi privé de la 
présence de Févéque diocésain et de son entourage , il 
fallait lui donner une légère indemnité. C'est ce qui 
décida Nicolas Boutaud à établir , par décret du 19 
mai 1469 , dans le prieuré sécularisé de l'ancienne 
résidence d*été de ses prédécesseurs ,'un prieur sécu- 
lier et deux compagnons ou vicaires , pour y adminis* 
trer les sacrements et y dire les heures canoniales. On 
trouvera , plus tard , l'existence d'un procès avec la 
femille de ce prélat, pour l'exécution de cette fon- 
ction. 

' 24. Charles , duc de Guyenne, frère de Louis XI^ 
prince apanagiste du Poitou , (1) rendit des lettres pa- 
tentes , en 1470 , pour la sécularisation du chapitre de 
JLuçon. 

25. J'ai déjà parlé de Tachenal de Luçoq , de son 
importance et de l'avantage que les habitants de la 
ville de Luçon , l'évêque de ce diocèse et le seigneur 
de Champagne en retiraient. Or , il y avait souvent des 
réparations à faire à ce canal et, par fois, il surgissait 
des contestations afin de savoir pour combien chacunes 
des parties intéressées y contribueraient. Un débat de 
cette natureavaitlieu, enl470, entre Nicolas Boutaud , 
évêque de Luçon et les habitants, mais il fut terminé , 
par transaction du 23 juillet de cette même année (2). 

26. Il est des actes qui passeraient inaperçus » si 
les noms des personnes qui y ont pris part, ne 

(i) M. de Bea1lrega^(l ,' Evêquea de JL^çon , ^nî rapports que 
ces lettres se trouvaient aux archives de l'évèché , case f .re, 
liasse des bulles de sécularisation. 

(2) Jf .« de D. fonteneau. 



\Vli) NiODLAS BotTAiTD , 18.« ivéoU^. ( Htë 

rappetaient des circonstaQces postërienres, d'une cer-^ 
laine importance* Ainsi , le 8 aTril 1472, Tabbé de 
SL-Michel-en-rHerm , par acte reçu devant Pierre 
Gybouin , notaire juré de sa cour , anrenta à Catherine 
Serpentine , Teuve de Vincent Ribandon et à Guillaume 
MaroUeau des places de mer pour mettre des rêcU 
appelés i)rekz (i) , saymr ; la Vojfne du cbftteau» à mettre 
neuf rects^ et la Croze^ à en tenir quinze* Cette con- 
cession fut foite moyennant quinze sous de cens. Mais 
la mer se retira bientôt , on ne put plus tendre de 
filets f dans cet endroit , et les arrentataires abandon^ 
nèrent cette pêcherie. Alors les moines la desséchè- 
rent et là fut formée, du nom de celui qui d'abord 
avait tiré parti du local pour la pêche , la riche ca- 
bane de Ribandon , la meilleure de toutes celles que 
possédait l'abbaye de St.-Michel-en-rHerm , qui en 
possédait tant et de si belles (3). 

27. Par suite de la bulle de sécularisation , Tévéque 
et les membres du chapitre de Luçon, s'empressèrent de 
léffiger les statuts de cette église. Ils furent arrêtés en 
chapitre , le 7 novembre 1472 ^ par l'èvâque Nicolas 
Boutaod f Aymeri Goyon , doyen ; Pierre Sauceau , 
archidiacre ; Pi^re Hélie , archidiacre d*Aizenay ; 
Guillaun^e Cresson , chantre ; Louis Charruaud t prévôt 
de Luçott ; Maurice Limousin » sous-doyen ; Jacques 
Hublon t ^ns-chantre ; Valérien de la Roche , prévôt 
des Essarts ; Gabriel Berthelot , Matburbi de Lai^'iére» 

Îl) On donnftît cm nom à deê fiieif , p<»iir prendra <ki pou son. 
ï) L'abbaye de M -Wichel-en-rHerin , possédait en dernier 
lien , en menie abbatiale et en mense eoaventueile , «ti re« 
venu de plue de trois cpnt mille livres. La cabane do Ribandon, 
aujourd'hui dWisée en quatre escpkiîtationi s nendprèa de aoixaate 
mille, francs de ref«AB net. 

19. 



14B ) Nicolas BouTAtrb , 1S.« êtêque. ( i47^ 

Jean GroUeau , Léonard de la Roche et Regnaiid GoyoD> 
chanoines; faisant pour tout le chapitre, en présence 
de deux témoins, vénérable homme, M.® Luc Râteau, 
prêtre licencié en lois « et noble homme Gui d'Aulnis , 
écuyer ,du diocèse de Luçon /sous les seings de deux 
témoins , qui étaient Pierre de la Coussaye , prêtre ^ 
bachelier en droit , notaire apostolique et Philippe 
Babouet , clerc , notaire royal à Luçonv 

Il parait qu'un seul membre du chapitre , Jacques 
Marchand , chanoine , s'opposa à ces statuts , mais son 
opposition fut jugée téméraire. Pour faire homologuer 
ces articles par le saint siège , on donna pouvoir a 
Jacques Bignet , archidiacre de Pareds , à Michel de 
Bay , Hugues Jacob et Nicolas Guischard , solliciteurs 
en cour de Rome , de faire tout ce qu'il conviendrait. 

Ces statuts contiennent une foule de dispositions qu'il 
est impossible d'énumérer ici. Pour les connaître il 
faut lire ce document en entier (1). 

28. Ces mêmes statuts furent confirmés par le pape 
Sixte IV , par une bulle du 13 mars 1472-1473. 

29. « Quelque tfemps après ces règlements (2) , qui 
traitent de^ offices , de la police du li^hapitre et des 
droits communs , te chapitre eut une contestation avec 
Nicolas Boutaud. Elle fut terminée par une transaction 
dont roriginal n'existe pas , mais la copie indique le 
nom des notaires* 

«. l.o L'évéqne consent que les actions intentées 
par tes chanoines , dignitaires et hebdomadiers contre 

(1) On le donnera a«x pièce» justificatives. 

(2) M. de Bcauregard , Evéçues de Luçon. 



un ) Nicolas Bouta dd , ÎS.^ bvéqub. ( R7» 

des cfaanoioes f- dignitaires et hebdomadiers seront 
iugées par le chapitre , prés|dé par l'évâque » ou , en 
son absence , par le doyen ou tous autres que le cha- 
pitre et ré^éqqe chpisiront« 

« 2.<> Quant aux actions et procès entre les mem- 
bres de l'égiiso et les étrangers , Tévéque jugera les- 
dites causes ou par lui ou ses vicaires et officiaux , 
pourvu qu'ils soient chanoines. Autrement il prendra 
4es officiera dans le chapitre et le tribunal sera iiUrck 
sfpla coptïti/t. 

« 3.0 Quand tes fiautes légères des membres du cba- 
pih'e forceront à les punir, la peine sera infligée a& 
diapitre , comme de dro|t. 

<r 4.<> Dans les fkutes plus graves et quand^les mem- 
bres de l'église seront prévenus de crimes , le chapitre 
n'y pourra procéder sans Tévéque, pédant qu'il sera 
dans son diocèse; pourra cependant le chapitre infor- 
mer à rencontre du coupable , même faire décréter 
de prise de corps ; que si Tévéque était éloigné de 
son diocèse (in remoHs) , le chapitre alors jugera au 
^finitif 9 mais seulement au chapitre général. H parait 
qu'il n'est point question , dans cet article , de crimes^ 
ejp matière ecclésiastique. 

a 5.** Si les crimes étaient tellement énormes que^ 
le prévenu dût être déposé de ses bénéfices ou offices,, 
alors le chapitre s'abstiendra de rendre aucune sen- 
tence , dans l'absence de l'évéque , ou au moins , sans 
son consentement exprès. Si l'évéque faisait une longue 
absence , son grand vicaire pourra procéder au juge^ 
notent» du concert avec le doyen et le chapijtre.. 



14^ Nicolas Boutaud» iB.« évêqcs. ( 1473 

<c 6.^ Quant au jugement des autres officiers de l'église, 
il sera déyola , comme ^ droit, àTévéque présidant 
le chapitre 9 au doyen et à celui qui présidera le cha- 
pitre alors 9 de quelque nature que soit le crime ; 
réyéque désignant , pour ces occasions , le président, 
son grand vicaire spécial , à condition que les deniers 
provenant des épices soient appliqués à la &brique. 

te 7.0 Si les chapoines , dignUf^ires ou les hebdoma- 
diers , possédant des bénéfices, dans le diocèse et hors 
de l'église, commettent des &utes dans le service divin ou 
dans l'administration des siacreat^nta , ils seront justi- 
ciables d^ Vévéque , de son officiai et autres officiers. 

« S.° Toutes les fois que les titulaires des bénéfices 
réunis à la m^ise capitulaire viendront h mourir , on 
mettra des, vicaires à leur place. Et les vicaires de la 
Jléorthe et de Triaize seront obligés de comparaître au 
synode et l'évéque leur donnera des lettres, sansi 
émoluments dç sceau , ^nî le salaire du secrétaire ^ 
selon l'usage. 

« 9^ Le doyen fera desservir Féglise de,.,.... ( sans 
doute de Bessay ) , par des chapelains , et ne sera 
pas tfflu de furendre des lettres de non résidence. 

« lO.Q Les arrentements des biens immeubles , des 
bénéfices dépendants du chapitre , ainsi que les autres 
biens , ne se fera jamais que dans les chapitres gêné-- 
ranx et même , en ce cas , la présence de l'évéque 
sera nécessaire pour les objets dont la valeur esLcéde 
vingt sous de rente ou cent de valeur. Dans ce 
cas , on attendra son retour. 



1473 ) Nicolas Boutaud , i5»e évéqub. ( 149 

siœ erit et remandni cammunii prout est ^ inier ip»o$ 
Dom, Epwn et €a]^tulum et cum et quotm illas vacare 
coniigerit , eisâem pracidebitur , intra mensem depersonâ 
idoneà. Etri pro eoUatiane fadénâA » idem Dam. EpisciH 
pus dictum eapitulwn accedere non possit aut noUt , re- 
quiâtus ex parte capUuli , super colkUionem » taubiiur 
signifioare eonsensum dvm modo idem diUus Episeopus 
fuerit in diœoesi Lueionensi , sm protrincià. Ipse auêem 
agente extradictam provinciam , dicto ttmpore elapso , 
Capitulum providerit. 

Doium onti* 1472 (1) » Cette tramactioD a été homo- 
loguée par une buUe du pape » la même amiée. 

30. Il est curieux de yolr comment cette bulle et ce 
qui en a été la suite ont été jugés par un prélat, qui a 
occupé le siège de Luçon , deux siècles après le moment 
de son émission (2). 

a La circonstance du temps , dit-il , auquel on dit 
que cette bulle a été accordée , est remarquable. C'est* 
en 146S , qui est Justement Tannée en laquelle la cour 
de Rome faisait tous ses efforts en France pour faire 
abroger la pragmatique-sanction et avait obtenu du 
roi Louis XI » des lettres patentes pour cette abroga- 
tion f à Tenregistrement desquelles le parlement s'op- 
posa avec tant de générosité et de succès. 

« Il ne fondrait donc pas s'étonner si la cour de 
Rome , en même temps , aurait voulu insérer dans 
ime bulle de sécularisation une infinité de clauses qui 

(1) Sans douto avant Pâques ou 1&75. 

(!2) M. riicolas Colbert , «Uns un mémoire par lui publié h Tocca- 
sioa d'un procès contre son chapitre et contre Emeri Rocbcreau , 
/chajiccUer «t chanomo.- 



150 ) NKIOIAS BOUTAUl^, 15.6 ÉvÉQUE. ( 1473 

tendraient à abolir la pragmatique , et si on avait ob- 
tena , en 1469 , des lettres patentes du roi Louis XI ^ 
pour &ire registrer la bulle , en la sénéchaussée de. 
Poitou , sans y avoir au moins fait mention , ni de ta 
juridiction ,. ni des autres clauses abusives. 

« Mais rien n'est plus capable de faire voir ou la 
supposition ou Tabus de cette bulle que ce qu'on ne Ta 
osé présenter au parlement où elle aurait été lors, 
indubitablement rejetée. 

c< La contravention à la pragmatique-saBction est 
toute évidente. 1 ."> La pragmatique abroge les réserves. 
La bulle les rétablit , ne donnant Télection des doyens- 
et la confirmation à Tévéque que cessantibus reservcUio^ 
nibm apostoliciSf et obligeant le doyen à Êiire sermeni» 
au pape. 2'> La pragmatique conserve la puissance en* 
tiére des ordinaires. La bulle ne donne pouvoir àl'é^ 
véque de faire des statuts , dans son chapitre , qu'à 
la charge qu'ils seront homologués, en cour de Rome.. 
3.0 Par la pragmatique , les bulles et les rescrîts doi- 
vent être adressés à des juges prochains, in partibus.^ 
Cette prétendue bulle est adressée entre autres à Tévê- 
qned'Ostie, que Ton môle avec desévêques de France,^ 
pour conserver à la cour de Rome la possession de> 
commettre des juges étrangers. 

« L'évêque de Luçon a été en. possession d'une pleine 
juridiction , depuis l'érection de l'évêché, faite en 1317,. 
jusqu'à la sécularisation , faite en 1468. La sécularisa^ 
lion a changé la possession de l'évêque. )>. 

« Celte clause de juridiction f ajoutait-on , est tel- 
lement supposée , que dans la bulle d'hpn^oiogalion, 






Ù73 ) Nicolas Boutaud , 15.« évéqc&. ( 151 

des statate de l'église , qui est de 1472 , on n'en fait 
aucune mention et que le chapitre ayant obtenu , en 
1469 , des lettres patentes de Louis XI , pour* faire re- 
gistrer la bulle an siège de Poitiers » il n'y est pas dit 
un mot de cette juridiction commune » qui eut été 
néanmoins le point le plus important , puisqu'il dé- 
pouillait l'évoque d'un droit qui lui avait toujours 
appartenu. 

a On n'a pas même, dans cette bulle, fait aucune men* 
tion delà bulle d'érection , pour y déroger , c'est une 
subreption qui rend nulle cette concession de juri- 
diction. 

«C'est une espèce d'exemption déguisée , émanée de 
cour de Roine , qui n'a point d'autre titre qu'unebuUe». 

31. A ce point donné et les statuts de l'église de 
Luçon ainsi établis , il faut faire connaître le serment 
que prétait l'évéque de Luçon , en prenant possession 
de son siège, il jurait fidélité à réglise, qu'il devait 
considérer comme son épouse. 11 promettait de défendre 
ses droits et de garder le secret des délibérations. Il 
faut se reporter à la formule du serment, telle qu'elle 
existait dans les registres capitulaires (1). 

32. 'Les chanoines et les dignitaires avaient aussi 
un serment à inrèter , au moment de leur installation. 

(i) Vùrma juramenti in ecclesiâ eathedraU Luctonenti : 

Ego r^N. Epîscopus ecclesîse cathedralîs Lncîonensis juro ex 
nnnc et promitto este fidelis huic ecclesis sponsae meae. Item 
quod sécréta capîtiiiaria nemlni pandam , neque etiam alterî 
dominorum canonicomm , si de eo tractatum fuerit et quod res 
et Ubertates pro iriribus defendam , et si qiitt alienata fuerint 
ad jus Tel proprietatem revocabo jnnctid meum posw. Sic me 
Beufl adja^et et h«c sancta Dei evangelûi. Amen. 



i&i ) ^eOhXS BOUTAUD , iS.« àvÈQÛÉ' ( i4?4 

Ils iNTomettaient fidélité à l'église , de défendre ses 
libertés et de garder le secret des délibéraUons (1). 

33« Luçon foamit alors une &miUe , qui marcpia au 
dernier point , dans les sciences chirurgicales , ceyai la 
famille CoUot. L'un de ses membres commença à faire, 
dans sa ville natale , l'opération de la pi^re , lors- 
qu'elle était inconnue encore dans le reste de la France, 
tandis qu'on la pratiquait déjà en Italie et en Allema* 
gne. (2] Louis XI attira Gollot à Paris, et ce fut en 
1474 (a) qu'il fit la première opération à' grand appa^ 
reil qui ait été faite à Paris. Cet habile opérateur vint 
mourir à Luçon , au commencement du XYL*" siècle^ 

34. On arriYB au temps où certaines églises oble^ 
paient des privilèges particuliers. Aussi on .volt , en 
1479, Jean Tbolin, cardinal-prêtre, agissant au nom 
du souverain pontife , accorder cent jours d'indulgence 
à jamais à ceux qui visiteraient l'abbaye de la Blanche 
de Noirmoutiers (4) et aussi à ceux qui feraient l'au* 
mône à cet établissement ecclésiastique, qui se trouvait 
en avoir besoin. Ces mdulgences furent présentées d'a- 
bord à révèque de Luçon , pour avoir son visa , puis- 
qu'il s'agissait de leur faire produure effets dans son 
diocèse. 

(i) Jur^menttMm tolenme quod soht fiert in recepiiom. stn^ 
gulorum canonicorum hute ecclestœ ( Lttctonensi ) : 

Ego N. canonîcas ecclesiae cathedralis LucîonensU jnro et 
promitto ^eate fideltt kuic ecclesi«. Item qnodl Jura , ret , liber- 
tates ejusdem pro viribos defendam. Item quodf sécréta capital- 
ria oemini paodam « . neqne etiam alteri domiDorum ,. si de eo 
tractatum fuerit. Sic me Ûeus adjuvet , et sont bec sancla Oei 
evangelia. 

fS) Glémencean de la Serrîo , Tabieties Htwèotifws, 
(S) Chroniaue Scandakuw « sur l'aa AA74. 
(4} Jlf .* de là. ionienêém. 



1481-4490) Nicolas Bout AUD| 15.* èyèqve. ( 153 

35. Une police , poar la conservation des dignes et ca- 
naux de dessèchements des marais » était nécessaire , 
afin de conserver de si précieux travaux. Aussi , le 
10 juillet 1481 , des ordres furent donnés par le sé- 
néchal de Poitou y contre Jean de la Tremouille[l) « pré- 
vôt de Luçon , • qui se permettait de faire pacager 
des bestiaux sur le grand bot. On lui reprochait aussi 
de vexer les bouchers de Luçon. Dans ces lettres , on dit 
que l'achenal qui va de Luçon à la mer est d'une grande 
utilité pour le commerce. (2) 

36. n a déjà été question du droit ûuRoi-^BtBuf. Il oc- 
casionna encore , en 1482 , un procès qui se termina par 
une transaction passée entre Tévéque de Luçon « d'une 
part. Maîtres Suzannet et Catherine CoifTard, sa femme 
d'autre part. Ceux-ci , en remplacement d*un quart du 
droit du Roi-Bceuf, qu'ils devaient sur un certain flef, 
s'obligèrent de payer à l'avenir à l'évéque , une rente 
annuelle de trente sous* (3) 

37. Au commencement de l'été 1486 , on se mi( à 
jouer des Mystères à Poitiers (4) et on s'y rendit de 
toute la province et même de Luçon. On sait que c'est 
là l'origine du théâtre Français. 

38. Nicolas Boutaud mourut , le 27 décembre 1490 , 
après un très-long exercice de ses fonctions. Un de mes 
catalogues lui donne vingt-huit ans , dix mois et douze 
jours d'épiscopat. M. de Beauregard^qui a probablement 
suivi le cartulaire, élève ce temps à un an de plus. Il est 

(1) C'était SUIS donta un bâtard de la maison de la TreaowUe. 

(î) Jlf .• de B, Fonteneau. 

(3) M. de Beau regard. Eçique» de Luçon, 

<&) Drem-da-Radier . Btàl. du Fo9iou. — Mémoires M.» 

20. 



154 } MATRumif rm Dercj^ , 16.< tvÈQtt. ( 1491 

probable , comme je Tai déjà dit , que, dans un de ces 
calculs , onatenu compte à ce prélat du temps où il avait 
exercé comme coadjuteur* 

IV. MAtHURIN DS DeRCÉ , OU DE HeRCÉ , OSt pOUr 

moi le i6.* évéque de Luçon. (1) Il était de la maison 
de ce nom ou plutôt de Hercê , qui a fourni plusieurs 
prélats à l'église et notamment , en dernier Ueu^l'évèque 
de Nantes ; cette famille est des environs de Laval. 

2. Mathurin de Dercé , était doyen (â) du chapitre 
de Luçon y lorsqu'il fut nommé, par ce même cha-^ 
pitre 9 au scrutin et à la majorité des voix , à la 
dignité d'évèque de ce diocèse. On doit croire que les 
chanoines , qui devaient être pressés d'user d'un droit 
que l'autorité royale voulait leur enlever, ISrent ce choix 
presqu'aussitôtlamprt de Nicolas Boutaud, c'est-à-dire, 
dans les premiers jours de 1491. 

2. Il est toujours certain que Mathurin de-Dercé fui 
élu évêque , avant le 21 avril 1491. En efifet , dans 

Jl) L'abbé Hngnesda Temps, dans son livre du dergé de France, 
îq«e Mathurin de Dercé eoi&ne évéque de Luçon • mais le car— 
tulaire et les deux catalogues ne contiennent pas ce nom.M.de Reau- 
regard indique l'élection seulement et les faits qui s'y rapportent'; 
i\ ttii lient pas compte du droit » tout en le reconnaissant. 

(2) Mathurin de Dercé avait «ans doute remplacé , en qualité de 
doyen du chapitre de Luçon, Aymeri Goyon , qui le premier, 
avait été pourvu de cette dignité , lors de la bulle de sécularisa- 
tion. M. de Beaure^ard s'éuit proposé de feire , pour les doyens 
de Luçon , un travail analogue à son travail sur les évéqoes, mais • 
d'après ce que m'a dit ce vénérable prélat , vien n'était encore 
terminé , au moment de la grande révolution de 1789. Il est k re- 
gretter que cet ouvrage n'ait pas été fini , sortout pour l'époque où 
nous sommeil d'après ce passage du livre sur lesévéquei. cKous trai- 
terons plus au long , dit l'auteur , ce trait d*histoire , dans le cata- 
logue de nos doyens et nous rapporterons les titres inconnus jusqu'à 
nous, qui nous ont appris l'origine des débats el le despotisme qui 
força le chapitre de Luçon et son doyen au silence* » • 



1491 j MàTOTEIN PB DBRCÉ, 15.* BVÊQI». ( 155 

un acte de cette date, qui est le contrat du mariage 
de Jean Chevalleau , seigneur de Boisragoo (1) avec 
Louise de St.-Gelais de Lusignan , Mathurin de Dercé, 
oocle de l'épouse , se qualifie d'évèque de Luçon. 

3« Aussitôt sa homiaation à Tévéché de Luçon « 
Mathurin de Dercé se rendit à Bordeaux auprès du 
métropolitain (2) ^pour faire confirmer sou élection et^ 
il appela là qui de droit. Alors le procureur du roi , 
d'oD côté y et, d'un autre côté , Yalérien delà Roche , 
[3], Simon Assailly (^) et Nicolas Olivier , ciianoines, 
formèrent opposition à la confirmation de l'élu , et 
dirent qu'ils appelaient , comme d'abus , de l'élection. 
Sur cela , Tarclievéque de Bordeaux , nomma des 
commissaires dont faisait partie Florent de Allemagne, 
abbé commandateur de St. Savin » et chanoine de 
Poitiers , pour faire information. 

5. Devant les commissaires présidés par Tabbé Fio* 
reqt de Allemagne et au jour indiqué par eux , Ma^ 
thurin de Dereé comparut et rapporta le prpcé&-verbal 
de sa nomination , en le taisant étayer par les déebh' 
rations des chanoines , qui l'avaient loyalement et càr 
noniquement éhi. Mais au même moment , Pierre de 
Sacif rge , maître des requêtes ^ se présenta au no» 
d« roi Louis XI» pour contredire l'éiection» et exposa 

(1) Cette famille existe encore en Poitou et a marqué k plusieurs 
^poqaes , et notanimeal lors des ^fuerres de .religion. Ua dases 
membres , Chevalleau de la TiiUrdière , fi(;ure dans une histoire dA 
sorcelierie , dent le souvenir a'cst conservé dans le pays. 

(2) Ou Toit qu'alors l'archevêque conGrmait l'élection des évoque» 
àe sa province. 

(3) l'rebableineaf un LaBocke-Saint-Andié. 

(4) Û'uno famille de Niort, encore existante, qui a fourni un per- 
sonnaf^e qui a uarque daua l'Amérique franvaise. 



156 ) MàTHURIN de DeRCÉ , 16.« ÉVÊQUE. ( t49i 

que sa majesté , d'après la pragmatique-sanction , Ta- . 
vait pourvu lui-même de révêché de Luçon et que 
c'était à lui que devait être déféré le titre d'évêque. 

6. Sur cela, les commissaires réservèrent aux par- 
ties à se pourvoir, comme elles l'entendraient. Alors 
TafTaire fut portée au parlement de Paris. Là, il y 
eut de vifs et longs débats , et Matburin de Dercé et 
et le chapitre de Luçon peignirent , sous des couleurs 
fortes, mais trop vraies, la conduite de Pierre de 
Sacîerge,dans cette affaire, et surtout la moralité de ce 
personnage. Celui-ci chercha aussi à repousser les allé- 
gations de son adversaire , <en le calomniant. Mais 
la lutte , malgré que d'un côté était le bon droit , de- 
vint tout-à-fait inégale , pour Matburin de Dercé. 
f( Cette élection , dit M. âe Beauregard (1) fut con- 
trariée par la nomination de Louis XI , qui sacrifia , 
en cette occasion , les droits de l'église à l'ambi- 
tion d'une de ses créatures , sur là tête duquel il 
accumula toutes les dignités. Le chapitre et son évê- 
que luttèrent quelque temps contre la volonté absolue 
de ce roi despote. Enfin Rome s'en mêla et , après 
bien des débats , une transaction termina la contes- 
tation. Pierre de Sacierge céda à Matburin de Dercé 
une partie des domaines dé Tévéché et garda le titre 
d'evêque.» 

7. En effet , Matburin de Dercé voyant l'impossibi- 
lité de prolonger la lutte, se vit réduit à plier , malgré 
son bon droit. S'étant rendu à Poitiers , il transigea dcr 
vaut notaires, le 19 novembre 1494 , sur l'intervention 

(i) Evéques de Luçon. 



i495] MatHITRIN BB DerCE , 16.* ÉVÈQVE. ( 157 

de son parent, Charles de Saint-Gelais-Lusîgnan, évèque 
de Margiteritis et abbé de Montierneuf , avec Pierre de 
Sacierge, son compétiteur. Il céda à ce dernier tous 
sesdroitsàréyécbéde Luçon 9 et celui-ci abandonna 
à Dercé la terre des Magnilset consentit à lui &ire une 
rente de 400 livres* De plus» il laissa à cet évèque, dé- 
pouillé de son titre ^ la nomination A quatorze bénéfices» 
savoir : deux dignités dans le chapitre» six prébendes 
de chanoine et six cures. (1) 

Cet acte assez extraordinaire par ses dispositions , fut 
néanmoins confirmé par le Parlement. Il le fut aussi 
par la confirmation de l'autorité papale , par bulle des 
Kalendes de février 1494-1495. 

8.0n nesaittropce (Juedevint Mathurin de Dercé» aprôs 
cet arrangement. Sans doute qu'il vécut paisiblement 
avec les avantages que lui avait faits la transaction 
de Poitiers » disposant des bénéfices laissés à sa des- 
tination » en faveur de ses amis. Mais le chapitre de 
Luçon» qui ne voulait, sous aucun prétexte , de Pier)re 
deSacierge , fit encore une nouvelle tentative, qui ne 
fut pas non plus couronnée de succès. 

T. Pierre de Sagierge est par moi indiqué cpmme 
le XVII.* évèque de Luçon. J'ai déjà dit qu'il ne fut 
point élu par le chapitre et que ce fut Louis XI' et le 
pouvoir papal qui rélevèrent au siège de Luçon , 
malgré Tèlection régulière , faite par le chapitre» de la 
personne de Mathurin de Dercé. 

2. Pierre de Sacierge était d'une famille noble 
du Haut-Poitou , et fils du premier mariage d'Etieune 

(i) Cet indications recllficront la Gallià Chrtsttàna, 



158 ) PlEABB DjÊE SACIJBRGB& , 17.« ÉVÈQU^ . { i4aS 

de Sacierge (1) avec Jeanne Regoaud 4e la Moriniére ; 
il y eut aussi de cette union une fille, Sibile de Sacierge ^ 
qui épousa Jean Ferré (2) , et on parlera des en£auDits de 
ces deux époux, dans cet article. 

3. On a déjà indiqué la répugnance du chapitre de 
Luçon à recevoir Pierre de Sacierge pour évêque ; il 
faut en faire coniiàttre la cause. 

(( Brantôme , dans son éloge du roi Charles VIU , dit 
M. de Beauregard (3) , rapporte Tbistoire plaisante du 
fou de Louis .XI , qui osa lui reprocher d'avoir fait 
mourir son frère , en rapportant l'aveu qu'il avait 
fait de son crime à l'image de Notre-Dame de Clêry. 

a Entre plusieurs bons tours de dissimulations , 
feintes , finesses et galentries que fit ce bon roi , en 
son temps , dit Brantôme » ce {ht cehd , lorsque par 
gentille industrie , il fit mourir son frère , le duc de 
Guyenne , quand il y pensoit le moins et lui faisoit 
le plus beau semblant de l'aimer ^ lui vivant , et de 
le regretter après sa mort , si bien que sinon par le 
moyen de son fol , qui avoit été audit duc son frère , 
et il l'avoit retiré après lui aprè^sa mort , car il étoit 
plaisant. Etant donc un jour dans ses bonnes prières et 
oraisons à Cléry , devant Notre-Dame , qu'il appéloit sa 
bonne patronne , au grand autel , et n'ayant personne 
près de lui , sinon ce fol , qui en étoit un peu éloigné 

(1) On sftit qu'il a existé* dansr 1« diocèse de Poitiers , un 0U>na#- 
tère appelé Sacierge ; on i|3;iiore si c'est de là que la famille de 
l'évéque de Luçoa tirait sou nom. 

(2) La famille de Ferré existe encore dans le ITaut-Poitoa. 
(?) Evéquet de Lnçon, 



^ 



U9^] PlBR&B DE SACIERGBt i7/ÉTÉQCE. (159 

etdnqnel il ne se doutoit qu'il fht si fol , fet , sot , 
qu'il ne pîM rien rapporter ; il Tentendoit » comme 
il dis(rft : <r Ab I ma bonne dame , ma petite maîtresse , 
9 ma grande amie , en qui j*ai eu toujours mon re- 
» confort f je te prie de supplier Dieu pour moi et 
» estre mon advocate envers lui , qu'il me pardonne 
» la mort de mon frère « que f ai fait empoisonner 
» par ce mescbant abbé de St.-Jean , ( notez encore 
qu'il eust bien servi en cela , il l'appeloit mescbant; 
ainsi faut-il appeler toujours telles gens de ce nom ; ) 
» je m'en confesse à toy comme à ma bonne patronne 
d et maltresse , mais aussi qu'eussé-je sceu faire ? Il 
h ne faisoit que troubler mon royaume. Fay-moy 
^ doncques pardonner , ma bonne dame » et je scay 
M ce que je te donneray ». [ Je pense qull vouloit en- 
tendre quelques beaux présents , ainsi qu'il étoit cou- 
tomter d'en faire tous les ans force grands et beaux 
à l'église ). he fol n'étoit point si reculé , ni dépourvu 
de sens , ni de mauvaises oreilles , qu'il n'entendit 
et leiint fort bien le tout ; ensorte qu'il le redit à 
lai » en présence de tout le monde > à son disner et 
à autres , lui reprocbant ladite affaire et lui répétant 
souvent qu'il avok (ait mourir son firére. 

» Qui fut étonné « ce fut le Roi ; ( il ne fait pas 
bon^ se fier i ses fols qui quelquefois font des traits 
de sages , et idisent tont ce qu'ils savent » ou iHen 
le devinent par quelque instaict divin ; ] mais il ne 
le garda gudres ^ car il passa Je pas • comsie les 
autres , de peur qu'en réitérant , il fiit scandalisé 
davantage. » 

4. c( Nous sommes forcés de le dire, dit le vénérable 



160) Pierre de Sacierge, IT/évéqce* (1496 
personnage qui s'est occupé avant nous des èyéques de 
Luçon (1). Pierre de Sacierge dut la faveur de Louis 
XI à la faiblesse avec laquelle il consentit à déplacer 
d'un dépôt public et à livrer au roi des actes dont il 
était dépositaire et qui eussent transmis à la postérité 
la preuve incontestable que Louis était coupable d'un 
fratricide , mais la véracité de Thistoire nous a vengé 
de cette trahison , et le tribunal devant lequel les 
rois doivent trembler , a couvert d'opprobre Louis 
XI , le tyran et l'assassin de son frère le duc de 
Guyenne.» 

5. c( Voici ce que dit Bouchet , en ses annales d'A- 
quitaine , année 1472 : 

« Un jour que lé duc de Guyenne goùtoit avec 
» ladite dame de Montsoreau , au lieu de St.-Sever , 
» l'abbé de St.-Jean-d'Angély , para une pêche qu'il 
» donna à la dame de Montsoreau pour boire » dont 
» elle mangea la moitié , et le duc de Guyenne l'au- 
» tre en mauvaise heure,; car bientôt après ladite 
» dame de Montsoreau alla de vie à trépas et ledit 
» duc de Guyenne n'en fit depuis son profit, et l'an 
» 1472 , le 12 de Mai , mourut à Bourdeaux. Or , 
» faut-il entendre que, avant le trépas du duc, Tabbè 
» fut accusé d'avoir baillé la poison (2J en ladite pêche 
)> à ladite de Montsoreau et au duc » et fut consti- 
» tiié prisonnier , et pour faire son procès , parce 
» qu'estoit homme d'église ^ commis à l'évesque d'An- 

(1) M. de Beauregard , Evéqueê de Luçon. 

(2) Le peapk du Ba«-Poitou met encore le mot poiion au féminin. 



1496 ) PlERlUB DE SaCIERGE , 17.« JÊYÉQUB. ( 161 

» giers le cardinal (1) la Ballue et à Messire Louis 
» d'Ainboise et estoit greffier M.« Pierre de Sacierge , 
» secrétaire dudit éyéqne d'Angiers. Dés que le roi fut 
» averti du trépas du duc de Guienne , son frère , il 
» manda audit H.® Louis d'Amboise qu'il se retirastde- 
» vers lui et lui feroittout plein de bien et mener avec 
» lui ledit Sacierge , son greffier , mais qu'il apportast 
» avec eux le procès qui ayoit été fait contre Tabbé 
» de Saint-Jean-d'Angély. Ainsi on rescrivit audit M.« 
» Louis , et [à frère Pierre d'Amboise, son frère, qui lors 
» étoit abbé de Saint-Jouinnle-Mames, près Thouars, 
» et à cette rescription lesdits d'Amboise et de Sacierge 
» s'en allèrent vers le roi Louis et emportèrent avec 
^ eux ledit (procès , qui fut cause de rappeler en grâce 
1» les enfants de Messire Pierre d'Amboise , seigneurde 
^ Chaumont [2] , qui estoient douze , tous enfants ma- 
^ les , lesquels ont fleuri dans la cbevalerie et en 
» l'église ; car ledit Louis d'Amboise , fut tantôt après 
» évesque d'Alby% l'autre abbé de Cluny , l'autre ar- 
^ chevesque de Rouen (3).. Et au regard dudit Sacier- 
^ ge , fut procureur du roi au grand conseil , puis 
^ nialtre des requêtes , puis évesque de Luçon et de- 
* puis cbancelier de Milan , pour le roi Louis XII , 
i» lesquelles choses ont donné grosse occasion de penser 
» que le roi Louis XI étoit coupable dudit empoison* 
^ nement , dont toutefois n'a rien esté escrit par les 

(i) On sent combien un homme aasȔ corrompu que la Ballue 
pouvait inspirer de confiance. Avec un pareil jupe , Louis XI 
ponyait faire décider le procès , selon son bon plaisir. 

(%> Ce beau château que l'on voit à gauche de l'autre edté de 
la Loire , en allant de Tours à Paris. 

(5) « Nous en connaissons un autre , dit M. de Beanregard » 
abbé de I^otre-Dame da Poitiers et enterré dans cette église ». 

21. 



162) Pierre de Sacibrge, 17/ èvèqce. 1496 

y> chroniqueurs : Quant à moi , je ne le puis croire ». 
Les dernières expressions étaient dictées par la pni- 
dence. Bouchet a commencé à écrire du temps de 
Louis Xn et de M. de Sacierge, mais la franchise 
ayec laquelle Bouchet nous cite des faits certains dé<- 
montre qu'il était persuadé du crime de Louis XI. 
Belleforest , La Noue et Dupleix rapportent les mêmes 
faits et de la même manière. 

6. On ne peut guère se dispenser de parler ici de 
Jean Faure Versois , abbé de Saint-Jean-d'Angély , 
qui aurait été instrument dont se serait servi Louis 
XI , pour Tempoisonnement de son frère le duc de 
Guise. « On scaît , dit M. de Beauregard (1) , que lé 
duc de Bretagne détenant en prison Vabbé de St.-Jean- 
d'Angély , dans le château de Nantes , après un conp 
de tonnerre , il fut trouvé mort , la tête violette , la 
langue sortie de la bouche. On crut qu'il avait été 
empoisonné par le roi Louis XI (^) ». 

7. La conduite coupable de Pierre de Sacierge ne 
parait pas douteuse. Dépositaire de pièces importantes, 
il les aura livrées à Louis XI , qui usait souvent de 
pareils moyens et qui s'en servit notamment dans la 
grande afTaire de la spoliation du vicomte de Tbouars , 
ainsi que je l'ai prouvé ailleurs (3). Un écrivain qui 
s'est occupé spécialement de l'histoire de St. Hilaire- 
le-Grand^ de Poitiers (4), attribue la faveur de Sacier- 

(1) Eçégues de Luçon. 

(2) Dom Lobineaut comme Tajonte M. d« BeaoregarJ, con- 
trarie ce dernier fait. 

(3) Voir mon Philippe de Comyne en Po/t<m, 

, ('i) Bapaillon . . Htitoire nuinuêcrùe des dfffn'iairês de Sami 
Hi'aire de Poitiers. . 



1496 ) PlERSB PB SaCOR^E » i7.« ÉViQUC. ( I6S 

ge à la mèoie cause. Elle fut tellement grande que 
les bénéfices s'amoncelèrent sur sa téie. Il fut à la foi^ 
jnaitre des requêtes, sous-doyen de. Saint Hilaire-ler 
Grand (i) , chanoine de TégUse cathédrale de PoiUers, 
abbé de Notre-Dame la grande de la même ville (â) , 
{»rieur de Cbàteau-l' Archer , en Haut-Poitou , en aU 
tendit que d'autres dignités tinssent se reposer sur 
sa tète. 

8. C'est dans cette position qu'il vint disputer l'é- 
Téché de Laçon à Mathurin de Dercé y légalement êbi 
par le chapitre. On a vu comment il apparut à Bor- 
deaux , devant le métropolitain, réclamant pour lui et 
avec la protection et la nomination de Louis XI , une 
dignité qui ne lui appartenait pas. De guerre lasse , 
l'évéque élu flat obligé de céder et Dercé se retira du 
débat, ainsi qu*on Ta dit, avec des avantages pécu- 
niaires et le droit de nomination à quatorze bénéfi- 
ces, dcmt huit dans le chapitre dont il était doyen f 
«t qui Favait honoré do ses suffrages. 

9. Mais le chapitre de Luçon ne voulait pas abso- 
lament avoir Pierre de Sacicrgc pour évoque , sans 
doute parce que la conduite de ce personnage lui était 
trop connue. Aussi, dès qu'il eut connaissance de la 
transaction que Mathurin de Dercé avait faite avec le 
persoDoage , objet de son mépris , il considéra le 
siège épiscopal comme vacant et il procéda à une 
nouvelle élection. Le choix tomba sur Gilles Mar-^ 

(1) n oecapalt cette place , dij U90. 

(2) L'épitfe dédicatoire de Pi«rre-Jacqaes de Vitry, dont j«> 

parUiai pluf tard , donne poallivcuiiut ce tilre à $Aciec^4. 



154 ) Pierre de Sàcierge » i7.« évéque. ( 1499 

chand (1) • Et celai-ci était appuyé par Maurice Cla- 
veurier , lieutenant-général à la sénéchaussée de Poitou 
qui fut même solliciter à Paris pour son protégé. 
Néanmoins Pierre de Sàcierge l'emporta encore et 
Gilles Marchand fut débouté de ses prétentions et 
même condamné à une amende , ainsi que les cha- 
noines qui rayaient élus. Dans cette affaire ^ on dit 
à Pierre de Sàcierge des vérités dures , celui-ci rc- 
pliqua^ en portant des accusations graves contre son 
adversaire , et ceux de son parti. La cour ordonna la 
suppression des mémoires publiés, de part et d'autre , 
qui étaientde véritables libelles difTamatoires, et défen- 
dit aux avocats d'en* faire paraître, de semblables à 
l'avenir , à peine d'amende arbitraire (2). 

10* Dans une telle position , il n est pas étonnant 
que Pierre de Sàcierge fût plus souvent à Poitiers 
que dans le BasrPoitou. Aussi M. de Beauregard dit 
qu'il ne résidait que trés-peu dans la ville de Luçon 
et que le temps qu'il donnait à son diocèse , il le pas- 
sait au château des Moutiers-sur-le-Lay. 

11. Les bénéficiers du diocèse de Luçon résistaient 
encore aux droits de visite que l'évêque voulait exer- 
cer sur eux, malgré la décision rendue contre le mo- 
nastère de Saint-Michel-en-l'Herm. Dans un autre 
procès , jugé le 22 juin 1499 , Pierre de Sàcierge 
obtint de nouveau gain de cause (3). 

12. Il parait que ce prélat jouissait toujours de la fa- 
veur de Louis Xn /puisqu'il était près de lui , en i499 

(1) Cet évèqne élo a été inconna à BI. de Beauregard. 
(3) Ibid. 



1499 ) PlEBBS BE SACIEBGE 9 17.e ÉVÉQUE. ( 165 

lorsque ce prince reconnut les privilèges et les droits de 
la province dont il épousait la souveraine (1), Anne de 
Bretagne , auparavant veuve du roi Charles VIII 9 son 
{NTédécesseur. 

13. Alors vivait René Gamier , né à Luçon , qui 
passait pour le plus savant homme de son temps (2}* 
Ce fut dans le droit civil qu*il excella et on croit qu'il 
le professa à Poitiers. Son esprit était vif , a-t-on dit 
(3] , son geste agréable , sa voix sonore , et personne 
ne se tirait avec plus d'adresse de l'embarras résultant 
de la contradiction réelle ou apparente des textes de 
droit. Néanmoins, on le dira , aucun ouvrage n'est at- 
tribué à René Gamier et son savoir , dès*lors , sera 
demeuré inutile par ceux qui sont venus après lui. 

14. Nous arrivons à l'époque où Pierre de Sacierge 
fut appelé à jouer un grand rôle en pays étranger , 
position dont il a été déjà dit un mot. On croit que 
ce fut par l'entremise du cardinal d'Amboise , alors 
principal ministre » avec la famille duquel il avait eu 
des relations , ainsi qu'on l'a vu , que l'évéquej de 
Luçon. parvint à entrer dans les bonnes grâces de 
Louis XII ,*qui régnait alors. Aussi , quand ce prince 

(Vi Voîcî l'ordre des comparants» présents à cet acte roois : 
par le roi. MM. les cardinaux de St. Pierre ad Vincu/ac\ d'Am- 
boise ; le seigneur de Ravestin . le prince d'Orange , le marquis 
de Rothelin , les comtes de Bohan , do Guise , de» l-igny . de 
Danois , de Bieuz , les évèquesd'Alby , de St. Brienc , de Luçon, 
de Léon , de Septe » de Cornouailles , de Bayeus ; MM. de Gié 
et de Bandricourt , maréchaux de France » de Sens , chancelier 
de Bretagne , de la Tremouiile , de Chanmont , de Beaumont , 
d'Avaugour , de Tournon ; les abbés de Bédon , etc. 

(2) Dreux da Badier . Bib. du Poitou , t. I, p. 430. 

(3) L'auteur des additions A TociTrage de Jean Tritbeme , ayant 
pour titre : De ^Scriptoribus Ecclé9iastict$. 



166 ) Pierre de Sacierge , 17.^ bvéqcB' ( U^9 

se décida à aller , avec une armée , revendicjoer les 
^oits qu'il avait sur le duché de Milan , du chef de 
Valentine Visconti , son aieule , le personnage dont 
nous nous occupons fut de Texpédition. On sait que lé 
roi de France et son armée étaient, en juia 14^9 , 
à Lyon , et que celte même armée qui ne tarda pas 
à passer les Alpes , s'empara en vingt jours du Mi* 
lanais » sous le commandement du maréchal de Trivulce» 

Alors Louis XII voulut jouir de son triomphe ; il 
arriva en Italie et fit son entrée triomphale à Milan , 
le 6 octo})re 4499 et il paraît que Sacierge y figura , 
car c'est lui sans doute qu'a voulu indiquer Jean d'An- 
thon » sous la dénomination d*Évéque de Pallmu (!}. 

15. Pierre de Sacierge devait , en effet , pa- 
raître dans cette cérémonie , puisqu'il était appelé à 
exercer une haute fonction , dans cette contrée. 
Louis XII l'ayant nommé chancelier de Milan , 
il se trouvait placé à la tête de la justice , dans 
un pays dont la valeur française avait si prompte* 
ment fait la conquête. 

16. Le roi de France repartit pour se rendre dans 
ses états , au commencement de décembre 1499 , et 
dès le mois de janvier 1500 , les Milanais se révol- 
tèrent, à mesure que Ludovic Sforce revenait , pour 
reprendre possession de son duché , avec une armée 
de 8000 Suisses et un secours de l'empereur. Alors 
une partie des Français qui se trouvaient à Milan, 

(i) «Il n'y a jamais eu, dit le bibliophique Jacob , dansrédilion 
qu'il a donnée en 1834, des Chroniques de Jean étAuthon , 
d'évéché à PalUaa , en Poitoa- ; mais k Lnçen , dont Pierre de 
Sacierge était alori évèque «. 



f 500 ) Pierre de Sacibrge , 17.e évéqcb. ( i67 

et notammeiit le chancelier de Sacierge , se retirèrent 
dans le chàtean de cette ville (1) , tandis que le maré- 
chal de Trivttlce se jetait an dehors , pour tenir la 
campagne. 

17. Sur l'avis qui fut* donné à Louis XII de la 
révolte des habitants de Milan et de la reprise de pos- 
session de Ludovic Sforce , il envoya une armée atf« 
delà des Monts , sous le commandement de Louis de 
la Tremouille , en même temps qu'il e^ipédiait son 
premier ministre , le cardinal d'Amboisé , en Italie. 

Louis de la Tremouille et son armée étaient , au 
commencement d'avril 1500, dans les envirms de 
Novare , devant les forces de Ludovic Sforce» et prêts 
à leur livrer bataille ^ lorsque » après plusieurs jours 
de pourparlers , ce dernier fut abandonné par presque 
tous les siens. Plus que cela , les Suisses qui étaient 
demeurés avec lui le trahirent au dernier pomt , car 

{{) m\jB iroîsiioit jttjtT ds février (ISOO) • tvr les cîiiq henret da 
initia , sortirent de la place (Atn Milan) le cornue de Ligny , le seî- 
gnenr Jean-Jacquea (Trivalcf) . le seii^nenr d'Anzon et le capitaine 
Couraioge . avec troit cents hommes d'armes et deux rents Suisses. 
Pour la f^arde do château demeurèrent 500 soudards, sous la 
garde da seigneur de ITspy et de IVIessire Codebecarre , capi- 
taines de la place . avec grand'force d'artillerie et de vivres , 
pour bien long-temps ; et avec eux demeurèrent le cardinal de 
Cdme « Tévèque de Luçon , cbaoceller de Milan , l'évéque de 
Kovare , nn ambassadeur de Venise , lequel mouroit de peur ; 
Messire Claude d*Ais et Messire Geoffroy Caries , docteurs ; la 
comtesse de Mîsoc » femme ^a seîgnenr Jean-lacques » et une 
sienne fille. Après que tout fut mis en ordonné police , au partir 
pria le comte de Ligoy , les capitaines de la place , que à la 
garde d'icelle eussent le profit du roi et leur honneur , pour 
recommandés ; et que de danger n'eussent doute , ear leur se- 
cours et oit en voîe^ qui asMa d'hette Itiit tiendroit àbefoin ». 
Chronigues de Jean d'Authon, 



168 ) Pierre de Sagierge , 17.«évéque. ( 1500 

ils le liyrèrent au général français , qui le fit ainsi 
son prisonnier. Ce malheureux prince conduit d'abord 
à Pierre-Encise , puis dans un château du Berry , 
fut enfin confiné dans les prisons de Loches où il 
mourut, au bout de quatre à cinq ans. 

18. La nouvelle de la capture de Ludovic Sforce 
et celle de son frère , le cardinal Ascagne , qui devint 
aussi le prisonnier des Français , fut bientôt connue 
dans le château de Milan. Cette forteresse , aussi , ne 
tarda pas à être délivrée , la ville ayant ouvert ses 
portes au cardinal d'Amboise, qui y arriva le lende- 
main (1) du jour où l'ancien duc de Milan était tombé 
dans les mains des Français (2). 

Nous ne nous arrêterons pas à une entreprise qui 
fut faite pour brûler le château de Milan (3] , et nous 
arriverons à un acte , d'un genre particulier. 

19. Dans ces àiècles éloignés de nous ^ il était des 
règles inconnues au temps où nous vivons. Une révolte, 
une émeute avait-elle lieu , ce n'était pas assez de 
punir ceux qui y avaient joué un rôle principal , on 
rendait encore les masses responsables de cette in- 
fraction à la soumission due au pouvoir. En général 
on ne faisait plus de ces exemples si cruels , qui 
consistaient à anéantir des populations entières ou au 
moins à les décimer; mais il fallait une expiation et 
elle consistait dans une amende honorable, dans une 
demande générale d'un pardon , pour le manquement 

(1) Le il avril l&OO. 

(2) Chrontçues de Jean tfAuthon, 
(5) Jbid. 



qo'bii avait à 86 reprocher* ^om allons trouver an 
exemple de eette manière. Et d'abord , voyons la 
formé employée poor cette sorte de demande d'am- 
nistie. 

« Le quatorzième jour d'avril (1500), dit un au- 
teur, qui mérite toute confiance (1) ; les seigneurs et 
Potestats de Milan se rendirent à Y igève , au-devant 
du cardinal d'Amboise , pour le supplier très-hum- 
blement que son plaisir fust aller prendre logis dedans 
la ville de Milan , et regarder le peuple d'icelle en 
pitié , sans le vouloir du tout punir , selon le démé- 
rite de son forfait ; auxquels fit réponse ledit car- 
dinal , que pour l'heure , en la ville souillée de vice 
tant prodigieux, n'entr^^it , mais an château , qui 
toujours avoit tenu bon pour le roi , s'en alloit loger : 
et qu*il fit »• 

20. Tenons à la cérémonie qui suivit et comme dit 
Fauteur que nous suivons, à Vamende honorable pour 
le roif que ceux de la ville de Milan firent, pour 
satisfaire à leur rébellion. 

« Le jour du saint-vendredi , IT.^» d'avril ( 1500 ), dit 
l'auteur déjà cité {2) , à la prière et supplication des 
seigneurs et du peuple de Milan , lesquels se soumet- 
toientà la miséricorde du roi et au plaisir et vouloir 
du cardinal d'Amboise', comme lieutenant-général du 
dk seigneur , promettant , de corps et de bienâ , i 
leurs méfaits et défauts du tout satisfaire , pour rece- 
voir l'tfnende honorable d'iceux , et aussi pour traiter 

(1) Jean JTAatlkon , Iiittorîographe et cliroiiîqiieat- an roi. 
(1) Chroniques de Jean d'Authon, 



170 ) PlBRAE BE SaCIERGE , 17.« ÉTÉQIIB' ( IMO 

de la profitable due aa roi (1) » à cause des frais et 
mises que , au moyen de leur rébellion» avoit atancés» 
en la maiscMi de la ville se transporta ledit cardinal 
d'Amboisç , accompagné de l'évéque de Luçon , chan- 
celier de Milan , du maréchal de Trivulce , du sei- 
Ipieur de Grammont , du seigneur de Neufchâtel , 
et de plusieurs grands personnages. 

» Les plus solennels misséres et autre menu peuple 
.de la ville , avec quatre mille petits enfants , à chefs 
découverts , et vêtus -de robes d'humilité , en proces- 
sion générale , avec l'image de notre Seigneur Jèsu»- 
Christ en croix, illec à la venue dudit cardinal 
d'Âmboise s'assemblèrent ; et , par un docteur firent 
proposer maintes belles choses , promettant de non 
jamais commettre rébellion, ni faire chose contre la 
sacrée majestée de la France, ne faire chose contre leur 
honneur , dont ils pussent de nul reproche ou diffame 
être notes ou atteints , et que delà en avant semble- 
roient St. Pierre , lequel , pour avoir Seigneur Jésus- 
Christ renié , eut de ce méfait tant amère douleur , 
que tout son temps , après ce délit , plus fervent ea 
fut en son service ; et , sur ce , fit le cardinal Réponse» 
que St. Pierre avoit trois fois renié son maître , et 
que eux d'ainsi le faire se donnassent bien garde. 
Après ce, demandèrent humblement pardon de leur 
déloyauté et rébellion , en obligeant eux et leurs 
biens , pour les mises et dépenses que le roi avoit , 
à ce moyen , faites pour mettre sus son armée , à la 
somme de trois cents mille écus , requérant audit 
cardinal, que l'armée de France, qui. encore étoit 

(1) CeU t'entend d'une groMe amende à payer an roi. 



1500 ) PlBRRB m^ SAaERGB , tT.« ÉTAQUIT. . ( 171 

en Lombardie , fui» le plus tôt que faire se pourrotl 
renyoyée ea France; pour alléger le pays, qai'plus 
sans désertion ne la pouvott soutenir, et puisque^ 
chascun fut réintégré dans son ofiDee. Plusieurs 
autres requêtes mirent sus , qui- trop longues 
sieroient à décrire. Leur propos mis à fin, ledit car- 
dinal d'Amboise la réponse consulter \oulut avec, 
l'évêque de Luçon, le maréchal de Trivulce , le sei- 
gneur de Grammont et autres chambellans et conseil- 
lers du roi ^ qui là étoient , et fut avisé qu^^un nommé 
Michel Ris , docteur en chacun droit , feroit la ré- 
ponse , par laquelle montra clairement aux Milanois 
leur déloyauté damnable, inexcusable trahison et ir- 
réparables défauts; et ce , néanmoins , pour démon- 
trer à iceux iniques $ que le pouvohr de douce misé*, 
ricorde amollit le glaive de rigoureuse justice , sup- 
posé que, parleur démérite, eusse mortelle puni- 
tion desservie ; ce nonobstant leur donna , de par le 
roi , ledit cardinal , leurs vies et biens sauves , les. 
exhortant , nne foi pour toutes , de non jamais com- 
mettre crime de rébellion mémoriale , à peine de 
punition àtoujours-mais encourir ; et au regard de leurs 
requêtes , fut dit qu'ils les bailleroient par écrit , et 
que réponse telle leur seroit faite , que contenter se 
devroient et exceptant toutefois de la rémission les 
iiuteurs principaux de la rébellion ; et , ce fait , tous 
les petits en&nts passèrent en procession devant le 
cardinal d'Amboise , en criant à haute voix : France / 
France 1 miséricorde ! ». 

Si. Plus tard (1] , le roi envoya dans le Milanais y 

(1). Em jviUtt 1900. 



172 ) ^Pimus DE Saciejblge» 17 • étAqub. ( iSQ2 

pour gGUY0ni€ar cette province, Charles d'Amboise , 
saigneur de Chaumont , neveu du cardinal d'Amboise. 
C'était encore un des amis de Pierre de Sacierge. Mais 
celni-ci ne parait pas avoir beaucoup prolongé son sé- 
jour en Itatie 9 car on le retrouve bientôt en Poitou. 

22. En effet , Guillaume de Chenelle , capitaine de 
Montaigu, avait été excommunié par l'évéque de 
Luçon et il recourut au métropolitain, qui admit son 
appel. Pierre de Sacierge s'adressa alors au pape Ale- 
xandre YI 9 qui déclara , qu'en agissant comme il 
l'avait fait , l'archevêque de Bordeaux avait entrepris 
sur les droits de l'évéque de Luçon , son sufFragant (1). 

23. En ce temps , il existait en Poitou une grande 
famine , dont le clergé de Luçon , d'après certaines 
données (2) , fit ensorte d'atténuer les effets » dans 
tout son territoire. Pour foire connaître toute la ri-. 

V gueur de ce fléau , nous allons laisser parler un 
écrivain du temps. 

ce En cette même année 1502 (3) , là peste eut cours 
par le royaume de France , et mémement en Bour- 
bonnois , Berry y Saintonge , Poitou , Touraine , An- 
jou , et au pays de France, comme àTParis, à Orléans et 
en plusieurs autres lieux ; et tant , que les autres villes 
et villages demeuroient inhabités , et s'enfiiyoit le peu- 
ple par les bois et déserts pourillec se loger et garantir 
leurs vies , où souvent se mourroient sans secours,sans 
adjutous y et deconfès/comme bétes brutes , demeurant 

(i) M.* dt JD. FonUneau. 

(2) Mémoires M.s. 

(S) Chroniques de Jean d'Authon. 



1503 ) PiBBRB PB SACIBE6B y IT.» É^ÈQO^. ( 17» 

Henàa» sar la dure, au danger des chiens et des loups, 
qoi souvent à panse pleine en faisoient leur pâture : tel- 
lement que, après que les acharnés et curés en furent, se 
prirent ftiix. petits en&nts par les champs , et i la 
parfio anx hommes ; si que plusieiirs en dévorèrent 
et eussent plus à plein , si le roi et les seigneurs 
de France n'y eussent pourvu, par chasses-continuelles» 
d<mt ils nétoyèreni le pays ». 

24. Après avoir fait connaître que la non résidence 
était un des griefs du chapitre contre Tévêque , M. de 
Beauregard parle d'un procès qu'il avait trouvé dans 
les archives. 

« La contestation Itat mise, dit-il, vers 1^03. Le 
chapitre avait nommé à trois hebdomades»qui avaient 
vaqué au mois de septembre, dans un temps où la peste- 
était grande et dangereuse , au lieu de Luçon ; sans- 
doute qu'il n'avait pas consulté son évéque. Les trois 
hebdomadiers décédés étaient Pierre Herlet, Messire Ni- 
colas Regnon (1) et Jeaû LocheFixi« Malgré que l'évéque. 
eut nommé trois si^ets , le chapitre nomma de son côté 
et un des pourvus fut Messire Robert de Réjarry , 
qui depuis devint chanoine. Sans doute que le chapi- 
tre fut mécontent de voir Tévéque nommer seul à 
ces offices et il invoqua, dans sa complainte, Tar-; 
ticle du concordat fait avec l'évéque Routaud qui, 
dit cette pièce , avait rendu la nomination commune, 
pour que le chapitre eût quelque bénéfice à nommer. 
Nous ignorons coounent cette affaire fut terminée ». . 

» Le chapitre se plaint que son évéque ne faisait aa-^ 

(l) D'unt famille encore eiiitante , enr Bai^PuIia^ 



174 ) Pierre de Sa€ierge , 17.^ ivÉQUB. ( iS^oS 

ciine résidence à Luçon , mais qu'il se tensdt habi>- 
tuellement aux Moutiers-snr-le-Lay ». 

25^ Cène fut pas la seule contestatioa » dit H.* de 
Beauregard (1) , entre Tèvéque elson chapitre. Un vieux 
débris de procédure nous apprend que l'êvéque s'op*- 
posa à ce que le doyen présidât le chapitre , en son 
absence » et prit le titre de chefl Le chapitre soute-^ 
nait le contraire et disait , en parlant affaire , que 
révêque ne pouvait venir au chapitré et le^ présider 
qu'avec les habits ordinaires des chanoines. Nous, 
ignorons quelle fut la suite de cette affairée ». 

26. Le titre d'abb.é de Notre-Dame de la Grenetière 
étant venu à vaquer» Pierre de Sacierge s'en fitpour^ 
voir y sans doute par rautorité royale , vers Tannée. 
1505. . 

27. C'est ici le cas de noter un abus extrêmement 
grave, qui s'introduisait dans les monastères et dont 
la . nomination de Vévéque Pierre de Sacierge , au 
titre d'abbé, était un ex*emple. On enlevait aux moines 
le choix de leurs supérieurs et l'on donnait à ce chef 
étranger à la maison , la plus grande partie des re^ 
venus 9 dont il faisait l'usage qu'il voulait. D'abord 
les conojnandes, c'était ainsi qu'on appelait ces dis- 
positions , ne furent que d'une courte durée et les 
papes ne permirent de les donner que pour six mois 
au plus. Dans l'usage, on conférait à des ecclésiasti- 
ques séculiers les bénéfices réguliers , et on donnait 
ainsi aux monastères des chefs qui n'avaient même 

(I) EHqvMë de Xnfon. 



iS06 ] PlElURB INB SaCIBRGE , 17.« ÉYÉQUE. ( 175 

pas qualité pour les posséder. Les commandes ne furent 
établies d'une manière fixe et à toujours , que par le 
concordat de 1516 , dont on parlera bientôt. 

28. On trouve, sous la date du 2 mai 1506 , une 
sentence des abbé et chanoines de Notr>Dame-la- 
Grande de Poitiers , sans doute délégués à cet effet , 
qui statue sur une complainte formée par Jean Susanet, 
chanoine et sousnloyen de Téglise cathédrale deLuçon, 
qui prétendait avoir été troublé , dans ses droits tem- 
porels , par le chapitre et notamment par Messire 
Robert Béjarry , Jean de la Morière , Yalentin de 
Thorigné et Antoine de St. Gelais (1). 

29. Chaque évêque de Luçon devait , à son entrée 
solennelle , faire faire une chapelle , qui demeurait à 
son église. Il paraît que Pierre deSacierge ne la fit 
confectionner qu'en 1508 [2]. « Le marché fut fait avec 
un marchand brodeur et il fut convenu que cette 
chapelle , composée de trois chappes , une chasuble ,> 
trois courbeaux, devait être plus belle que celle 
donnée par Jean Mérïchon », 

30. On voit, d'après cette donnée comparative^ que 
Jean Mérichon , avait lui-même donné une chapelle 
à l'église cathédrale de Luçon. La famille Mérichon , 
actuellement éteinte , a joué un grand rôle , à cette 
époque ; elle était de la Rochelle et possédait à Poitiers 
le fief des halles. Jean Mérichon , dont il est question 
ici , était propriétaire d'une belle maison à la Ro- 

(I) M,» de V. Fcnteneau. 

(^) M« âê Beavregard , Evéçuiê de Lmfon, 



476 ) PnÊAftE DE SAGIER6B , 17/ ÈVÈQVti. { iM9 

chisne {{) , très-bien conservée, es dernier lieu. Quoi«- 
^'ayant dans la faveur de Louis XI , celui-ci le 
croyait susceptible de bien défendre ses intérêts pécu- 
niaires , même à l'encontre de lui ; car le rusé roi 
écrivait à un de ses affîdés : « Tachez d'acheter la 
maison de Jehan Méricbon , mais ne dit^ pas que 
c'est pour moi , car il me la feroit payer trop cher (2) d. 

31. L'habitude que Sacierge s'était faite de cumuler 
les emplois à gros revenus ne lui faisait pas négliger 
les moins importants y et même ceux qui étaient iur 
compatibles avec une position plus élevée. Il était à 
la fois évêque de Luçon et sous-doyen de Saint- 
Hilaîre-le-Grand dePoi^ers. Or , on le voit, en 1509 , 
se faire nommer encore à une place de chanoine , dans 
la même collégiale de Saint-Hilaire (3). La soif d'ar- 
gent et de places, chez ce personnage, était réellement 
inextinguible. 

32. Pierre de Sacierge avait le goût des -construc* 
tions et ses immenses revenVis lui permettaient de 
satisfaire à de pareilles dépoises. Il par^t qu'» 1509, 
il fit-reconstruire l'hôtel du sous-doyenné de Saint- 
Hllaire-le-Grand de Poitiers (4j. Il fit aussi bâtir la 

(I). J'ai vu cette maison occupée par un chef d'instltatîon , 
nommé Goblet. 

(2) Arcère » dan» son Jiisfoire de la Bochelïe « ptfrU en détail 
de la famille Mérichon. M. de Beaoregard reproche f avec raison» 
è Thibaudeau , de n'avoir pas consulté cet outrage , car l'auteur 
de V Abrogé de tHtsioire du JP^t'tou , oo parlp que d^OUvin 
Mérichon. 

(3) Bapaillon , Hiitaire manuscrtte des dtjfnitairea dt^ Saint" 
Hilatre-ie-Grand^ 

{^Ibtd. 



1509 ) PoSBfiS DE SaCIBHGB , 17.« tvÈQVE. [ 177 

maison abbatiale de Notre-Dame-la-Grande , dans la 
même ville (1). 

32. Une construction plus importante encore , due à 
Pierre de Sacierge , fut celle du collège de Geleam ou 
i'Ageliasis , dans la grande rue de Poitiers ^ où les - 
Minimes avaient été placés avant la révolution , et 
qui sert actuellement à la manutention des vivres (2). 

33. Une preuve encore du goût de M. de Sacierge 
pour les lettres , est , comme le fait remarquer M. de 
Beauregard , la dédicace qui lui fut faite par Pierre- 
Jacques de Vitry (3) , d'un poëme latin , où il célé- 
brait la délivrauce merveilleuse de la ville de Poitiers 
du joug des Anglais, le 15 avril 1200 (4]. 

a Cet ouvrage , dit H. de Beauregard , écrit d'un 
style très-recberché , dans lequel on trouve du feu 
et de rimagmation , offre souvent des mots qui sont 
inintelligibles »• 

31. « On commençait sans doute , dit H. de Beau- 
regard (5), à cultiver les sciences daus le diocèse de 
Laçon, sous l'épiscopat de Pierre de Sacierge. 
Bu moins , de son temps , on vendait des livres , qui 

(1) M. de Bevare^nà, Mvéçuei de Luçon, 

(2) Voir la notice particalière sur ce collège » qui le tronTS 
asi pièces juitificalivee. 

(3) Voici le titre de cet ovvrige''» imprimé en. . . . chea les 
irktts Bouchel« à Jraitiers : < Petri-Jaeobi V ictriaeentit campam, 

de triumphatiê » adj'utricê Maria fera « apud Pictones , 

Angh's ; lifter unuê , ad ritm doetusimum » tum reliogiâumum 
Fttrum Saetergiacumt benignitate divinà Luxionentem Eptseopum. 

I (h) Vojes dani les^fpièces justificatives-, la notice sur la dé^ 

livrtnce de Poitiers • à cette époque • ou plutôt sur ce qu'on 
appelle le Miracle des Gléi. 

(K) Bpéquêt de Luçon, 

23. 



178) PlKRRlS DE SâCÏËRGE , 17.c ÉVÊQtE. (1513 

étaient encore tares , dans le lieu de sa résidence ; car 
nous avons trouvé une lettre du roi Louis XII, donnée 
à Blois , le 5 février 1509—1510 , par laquelle le 
bon roi exempte de toutes charges publiques , comme 
tailles , etc. , un libraire , nommé Jehan Clemenceau , 
demeurant atu» MomUers-sur-le-Lay. A peine en ce 
moment , termine par dire le savant écrivain , et il 
traçait ces lignes au moment où allait éclater la grande 
révolution de 1789 , en trouvons-nous un , dans tout 
le diocèse ». 

' 35. « Si M. de Sacierge , a dû sa fortune , dit M. 
de Beauregard à une infidélité , sans doute qu'il ra- 
cheta cette faiblesse par de grandes qualités , au moins 
de grands talents , puisqu'il sut conserver ses places 
et son crédit sous trois règnes ; et qu'après avoir dû 
son avancement à un roi cruel et perfide , il mérita la 
confiance de deux rois , dont l'un fut l'idole du peuple 
Jr^ançais , qui ne prononce jamais encore son nom 
sans regret et qui lui décerna le surnom le plus tou- 
chant , comme le plus beau ; il nommait le roi son 
père ». 

36. Ce prélat assista à l'espèce de concile qui tin! i 
Plse, vers cette époque (1), car son nom se trouve 
parmi ceux des pères de cette réunion ecclésiastique. 
T^éanmoins quelques auteurs (âj prétendent qu'il n'y fut 
pas , de sa personne , et qu'il se contenta d'y en- 
voyer des députés. 

37. n paraît que, vers la fin de sa vie , Pierre de 

(1) De 1512 à i^m. 

(s) M. de Beauregard , Evéçues de Luçon. 



15U ) PlSRR£ m ÇaCIOTGB , t7.« l^YÊQUB. ( 179 
Sacierge s'était démis de son titre de sous-doyen de 
Saint-Hilaire-le-Grand , en faveur de Toussaints Ferré, 
son neveu , fils de sa sœur, Sibyle de Sacierge. Ce qui 
le prouve .c'est que les 6 et 7 septembre 1514 (1) , 
ce dernier prend le titre de sous-doyen de Saînt- 
Hilaîre , en acquérant pour son oncle des maisons 
faisant partie du collège de Geleasîs. 

Du reste , Toussaints Ferré avait été , par sop 
oncle , placé dans le chapitre de Luçon où il rem- 
plissait l'office de prévôt. On en trouvera la preuve, 
plas tard , dans les stipulations qu'il fit pour la suçr 
cession du prélat , son protecteur. 

38. Pierre de Sacierge cessa de vivre , le 9 septembre 
1514 , et presque tous les documents sont d'accqrd à ce 
sujet(2). Mais dans quel lieu? C'est là, la difficulté. L'abbé 
da Temps (3), assure qu'il mourut à Padoue, en 
Italie , et il suppose qu*il revenait du concile dePise. 
• Mais, dit M. de Beauregard (4), nous n'en avons 
point vu de preuves^et comment l'aurait-on d'aussi loin 
transporté à Poitiers ? D'ailleurs ce fut par son ordre 
que ToussainU Ferré , son neveu , passa le 6 et le 
7 de septembre 1S14, les actes d'acquisition de quel- 
q^e8 maisons du collège. Ne semble-t-il pas que 
cette circonstance prouve que Pierre de Sacierge était 
à Poitiers , à cette époque ? » 

(i) Voir, aw piècei juilificalWei , la notice tur îê eellige de 
GeleasiSm 

(2) Sauf l'obituaire do Notre-Danuï-la-Granaji de Poitieri . 
qui fixe l anniversaire de ce prélat , au Iti novembre. 

(3) Clergé de France, 
(k) Eçéquet de Luçon. 



180 ) PlERAB DE SACIERGE , 17.*^ ÉVÉQUE. ( 1514 

39. La dépouille mortelle de Pierre de Sacierge fut 
placée dans la chapelle du collège de Geleasis , ainsi 
que rapprend un passage des mémoires manuscrits des 
Minimes de Poitiers , qui^eurent, en dernier lieu , la 
possession de ce collège (1). 

40. Pierre de Sacierge , malgré son goût pour les 
constructions , laissa une fortune énorme , résultat du 
revenu du cumul d'une multitude de places. Les mé- 
moires des Minimes de Poitiers (2) parlent de trois 
cents mille livres , somme qui représenterait aujour- 
d'hui plusieurs millions , en argent monnoyé , non 
monnoyé et dettes (3). 

41. II paraît qu'aussitôt la mort de Pierre de Sa- 
cierge , le chapitre de Luçon , à qui il avait été imposé 
pour évéque , par le despotisme de Louis XI , agit 
sans aucun délai contre ses héritiers^ pour reprendre 
les procès non jugés entre lui et le prélat décédé. 
Laissons parler à ce sujet , M. de Beauregard (4j. 

' «( Le 14 novembre 1514 , comparut au chapitre de 
Luçon M. Toussaints Ferré (5) y propre lignager de feu 
Messire de Sacierge et tant pour sopif plusieurs de- 
mandes contre lui , comme héritier , que en contem- 
plation de ladite église , dont ledit Ferré était prévôt 
(6j j donna au chapitre la ,somme de six mille livres à 

(i) Voir la Notiee . sur le collège de GeUaeit, 

(5) C'est-à-dire en dettes actives ou plutôt en créances. 
{%) Evéguet de Luçon. 

(5) Je pense que cette famille est la même que celle de Ferré 
de Pérou » qui existe encore dans les environs de Poitiers. 

(6) Ceci prouve que Sacierge fit entrer son neveu dans le cbiH 
pitro do Luçon. 



1514 ] PlEnEE DE Sacierge j 17.« ÉVÉQUE. ( 181 

condition qu'on fonderait douze anniversaires pour son 
dit parent , l'évêque de Luçon et qu'on fonderait à 
Fautel de Veniâ, pour chaque jour , une messe qui 
serait chantée en note , par Fun (des choristes et les 
enfants du bas chœur. 

« Toussaints Ferré ajouta à cette fondation le don 
d'un ornement d'église,, d'un drap d'or apporté de 
Hilan par ledit feu éyéque , en outre de celui qu'il 
devait à son entrée et qu'il avait baillé ci-devant. Il 
donna en outre trois mille francs, pour les réparations 
des maisons épiscopales. 

« Sans doute que le chapitre jugea que cette fonda- 
tion et cette dernière somme , exigeaient son extrême 
reconnaissance.Le nomdeM. de Saciergese rappelle tous 
les jours dans l'office divin , à la messe , après l'é- 
lévation , un enfant de chœur s'approche du célé- 
brant et au Mémento des morts , il dit , à voix haute : 
Mémento , Domine , orare pro reverendis Episcopis du 
Fau et de Sacierge (1) ; aux jours de fêtes , c'est le 
diacre qui remplit ce devoir. Son successeur, comme 
nous le verrons , fit une pareille fondation d. 

n y a bien des réflexions à faire sur les passages 
que je viens de transcrire. On voit le chapitre de 
Luçon quji fut si humilié d'être obligé de subir le 
joug d'un homme qu'il n'estimait pas et contre lequel 
il plaida toujours , souscrire i des actes de souvenir 

(1) « In neeronologio Ituetonenii hœc notanda occurrere pe^ 
totum annwn ultimd die cuj'ush'àet mentis et prima teçuentis 
ceUbrantur annivertaria DD^ Ladielai du Fau et Pétri ^ Sa- 
cierge , Epitcoporum, nisi occurrat Fatwn iokmM. • > M.i do 
D Eitiennot. 



182 ] PlERRB DE SACIEBGE , 17.e ÉVÊQUE. ( 15U 

qu'on aurait peut-être dû qu'à un prélat vénéré* Mais 
l'héritier de Sacierge s'exécuta en donnant des valeurs 
très-considérables pour le temps et la mort était venue 
anéantir des sentiments de répulsion trop légitimes; 
le chapitre de Luçon ne voulut donc plus voir Pierre 
de Sacierge et le crime qui l'avait fait arriver à l'épis- 
copat y mais seulement un des évéques qui avaient 
occupé le siège de Luçon. 

42. C'est le lieu de dire quelques mots du temp^ 
que Pierre de Sacierge occupa le siège épiscopal de 
Luçon. Selon un de nos catalogues » ce fut pendant 
vingt-trois ans, neuf mois et six jours et je pense 
que c'est aussi le calcul du cartuiaire. Mais , même 
depuis le 27 décembre 1490 , ^ jour de la mort de 
Nicolas Boutaud , arrivée le 27 décembre 1490, jus- 
qu'au 9 septembre 1514 , époque où Pierre de Sacierge 
cessa de vivre , il n'y a même pas tout-à-fait ce laps 
de temps. De plus ce dernier personnage ne surgit , 
comme candidat à l'évêché, qu'après Tèlection de 
Mathurin de Dercé. Enfin si , comme je Tai fait , on 
considère cet évêque élu , comme le véritable évêque 
de Luçon jusqu'à son abdication , contenue dans la 
transaction du 19 novembre 1494, la durée del'épisco- 
pat de Pierre de Sacierge doit encore être ré4uite d'a- 
viron quatre ans. 

VL Ladisxasou Lancelot (i) du Fau , 18.e évêque 
de Luçon , fut aussitôt la mort de Pierre de Sacierge > 



(I) On rendait soaYent alors lo nom latin de Ladiilaus , par 
celui de Lancelot. 



1514 ) LANCELOÏ Bt7 FaU, 18.« ÈYÈQVE. ( 183 

éla évéque (l), par le chapitre de Luçon , qui tenait 
à exercer ses droits et à ne pas les voir annihiler , 
commela chose était arrivée pour le titulaire décédé. 

2. Lorsqu'il fut élu , Ladislas du Fau était chanoine 
de Luçon et protonotaire du saint-siége. Mais s'étant 
livré aussi à l'étude du droit , le chanoine de Luçon 
était en même temps président aux enquêtes du par- 
lement de Bordeaux. Ce cumul de fonctions , ' dans 
des villes assez éloignées , semble aujourd'hui fort 
extraordinaire. 

3. Ladislas du Fau était fils de Louis du Fau , sei- 
gneur du Fau , en Touraine et d'Antoinette de Menon. 
Le père de Louis était Jean du Fau {2) , maître de 
rbôtel du roi , originaire d'une ancienne maison de 
Bretagne (3) , qui épousa Jeanne de Bourbon » fille 
naturelle de Charles I , duc de Bourbon. Jeanne de 
Bourbon était née de Jeanne de Souldet , alors mariée 
et elle fut légitimée , en octobre 1490 , en même-temps 
qu'on lui accordait la permission de porter des ar- 
moiries qui rappelaient son origine (4). Jeanne de 
Bourbon y de son mariage avec Jean du Fau, euti 
outre Louis du Fau , Jeanne du Fau, femme de Pierre 
L'hermite , seigneur de Beauvais , fils du grand prévôt, 

(I) « Laditlau» du Fmu , dît une de met listes , de gremib 
capituli et à canoni'cis electus. Tenuit episcopatum, àii Vautre» 
per eleetionem de tpêo faciam per canotncos dictœ ecclesiee , de 
quorum numéro erat 

(3) Les armes de la maison du Fau , sont : éC argent à trois /ace» 
de gueules i sniTant les frères Sainte Alartbe. Les bénédictins du 
Poitou , indiquaient ces armoiries , f oatime fasoées de tro%§ pt'èevê. 
(3) Les frères de Sainte Marthe , Ht'st, de la maison de Bourbon, 
{h.) D'argent à une barre d'axur , chargée de fleurs de lyS' 
d'or, rangées 3 «/ 5 , sous une cotice de guêules « en barre , 
écarteléet ichiqueté d'or et de sable % Le père Anselme. 



184 ) Lancelot du Fau » i8.« ÉvâQUB* ( 1514 

compère de Louis XI. Louis du Fau, eut, de son union 
avec Antoinette de Menou » outre réyéque de Luçon 
(1) Hardouin du Fau y qui eut un fils du nom d'Adrien. 
4. A raison de sa descendance d'une bâtarde de la 
maison de Bourbon , Lancelot dû Fau faisait paraître 
des fleurs de lys dans son écusson. Cet écusson était 
assez compliqué et a donné lieu à des difficultés. 
Laissons parler à ce sujet M. de Beauregard (2) , qui 
indique les lieux où ces armoiries se trouvaient à 
Luçon. 

c( C'est pour cette raison , dit-il , ( parce que Jeanne 
de Bourbon était son ayeule } que , dans ses armes , 
il porte ècartelé au 2« et au ^^ , échiqueli d'or et de sable , 
à la barre semée de Frattce. Cependant ces armes ne 
sont pas celles qu'on attribue à Jeanne de France , 
son ayeule : ces armes telles que nous les donnons , 
se trouvent en trois endroits ; l'un sur des murs exté- 
rieurs de nos cloîtres , dans le pilier qui; fait l'angle » 
vis-à-vis la porte du côté de là psalette. L'autre est sur 
un sceau imprimé sur papier , dans un acte compris 
dans les titres des hebdomades ; les écusson^ de ce 
sceau ne sont pas reconnaissables.... On trouve, en 
troisième lieu , les armes de M. du Fau , sur la 
porte de l'évéché , qui sort sur le clottre , mais 
tellement effacées qu'à peine les peut-on apercevoir. 

5. L'élection de Ladislas du Fau , fut contestée 
par Philibert de la Guiche , moine de l'ordre de St 
Benoit. Celui-ci avait été nommé par Tarchevéque 
de Bourges , en qualité de primat d'Aquitaine, à la 

(I) Incoonn à MM. de Sainte Marthe. 
(S) Epéq%i€S de Luçùn, 



1514 } LANCËLOT du Fau , 18.« SVâQUK. ( 1S5 

requête du roi François I"*. Néamnoins il parait que 
rarchevèqae , qui était Âatoine Bohier , dont la 
mémoire est ea vénération dans Téglise de Bourges et 
qui devint cardinal, en 151 7, avait acqniescé moins 
au désir du roi qu'à celui qu'il avait de faire valoir 
sa prétendue primatie (1). Quoiqu'il en soit , Ladislas 
du Fao fut assez heureux pour se faire maintenir 
dans l'êvéché de Luçon , malgré l'intervention du 
métropolitain et la volonté du roi (2j. 

6. La mort de Pierre de Sacierge , évèque de Luçon , 
a\ait aussi laissé vacante la place d'abbé du monas- 
tère de Notre-Dame de la Grenetiére , de l'ancien or- 
dre de St.-Beno!t Or ^ le 22 septembre 1514 , les 
religieux de cet établissement ecclésiastique se réu- 
nirent 9 pour nommer un nouvel abbé (3) , et cette as- 
semblée fut extrêmement tumultueuse. La majorité 
des moines élut frère Pierre Ribolteau , et une minorité 
assez forte porta son choix sur frère Pierre Fresneau. 
Un parti ne voulut point céder à l'autre et l'anar- 
cliie fut à son comble » dans cet établissement ecclé- 
siastique. La pièce qui' donne ces détails est curieuse 

(i) II.' de Beatiregard , Eçéqwi de Luçon» 

(2) On trouve « dans la GaZ/t'n ChruWana » la copie de la lettre 
suivante , écrite par François 1 à l'archevêque de Bourges. 

< M de Bourges » pour ancones causes qui me încliiieDt , je 
TOUS prie que incontinent me veillies envoyer un dévolu ae 
l'éTécbé de Luçon , au nom d# irère Philibert de la Guiscke « 
mon conseiller et chambellan. Et ai ce ne veilles faire faulte»snr 
tous les' plaisirs et services que me désirez faire et ft Dieu , qui 
toit votro garde. Escript. à Lyon « le S8* jour de juillet, {Signé ) 
FRANÇOIS et plus bas Cotheileau ». 

(5) Sur Tautorisation donnée , le I& dudil mois , par )et vîcaîref- 
géaôrauz du diocèse de Lùçon , le siège épiscopal vaeeni. 

24. 



^t8Sn LÀNCEtOT DU FAU, 18.e BVÉQUE. ( 181& 

et fait conbaUre les cérémonies usitées ]alors ^ dans les 
élections ecclésiastiques (1). 

ï. Il paraît que le traité fair"par Toussaints Ferré, 
neveu de Pierre de Sacierge , alors dernier évêque de 
Luçon , n'était pas de nature à libérer entièrement la 
succession de ce prélat, envers l'établissement religieux 
de Luçon. En effet on trouve , sous la date du 8 avril 
1515 (2) , une transaction entre les héritiers de Sacierge 
et Lancelot du Fau , alors évêque , et le chapitre de 
Luçon y pour une messe de Notre-Dame en note et 
douze anniversaires-, et pour cela les héritiers don- 
nèrent une somme d'argent. Ensuite, ils en convinrent 
d'une autre , pour les réparations à faire à l'église , aux 
cloîtres et à la maison épiscopale. 

8. En 1516 fut conclu , entre François I , roi de 
France , et le pape Léon X , le fameux traité à qui 
on donna le nom de concordat qui enleva définitive- 
ment aux chapitres des églises cathédrales, la nomi- 
nation aux évêchés. On prit , pour prétexte de cette 
mesure , les désordres que par fois les élections avaient 
entraînés. 

9. Le concordat fut, ainsi qu'on le voit , le troublé le 
plus notable apporté aux libertés de l'église gallicane. 
Aussi les parlements et l'université refusèrent de don- 
ner leur agrément à ce traité. Il parut même si odieux 
à la nation , qu'en plusieurs localités , dans nombre de 
circonstances et pendant long-temps , on ne tint au- 
cun compte de ses dispositions. Mais enfin comme cela 

(1) M ê de I). Fonteneau. 
(2)lètd. 



1517 ) LM€VU>T m ¥AV , 18.» ÉTÉQUE. ( 187 

arrive le plus souyeDt , le pouvoir royal ani sur ce 
point à Tautorité papale » flnit par l'emporter. 

10. L'abbé du Temps (1). prétend que cet évéque 
renouvela les statuts dressés par Nicolas Bootaud , en 
1472. a Je n'en ai aucune preuve , *dit M. defieau- 
regard [Sj. Le cartuiaire rapporte un règlement pour 
la solennité des fêtes , fait au chapitre général d^hivep 
de 1517 y de concert avec M. du Fau et du consente- 
ment du Pape y et U en rapporte un a^tre , presque 
semblable, de 1515. 

a Peut-être doit-on rapporter au temps de Tépiscopat 
de ce prélat un autre règlement , concernant les ob- 
servances de chœur , les cérémonies et les usages 
de l'église , qui étaient inscrits dans le chœur même 
ainsi que l'ordre de la solennité des fêtes , en deux 
tableaux : Ex, tabulatis duobiLS inihi exislentes exesiptœ* 
Nous rappelerons tous ces règlements» quand nous par^ 
lerons des usages de notre église (3). Nous observerons 
seulement qu'il est défendu , dans un article , de 
IraTerser le chœur , et que dans ua autre, on ordonne 
à ceux qui vont prendre les chappes de passer entre 
le cancel et le sépulchre. Le cancel est l'espace con- 
tenu entre le chœur et l'autel , qu'on nomme sanc-> 
tuaire y>. 

U. M. de Beauregard (4) , s'est demandé ce qu'on 
doit entendre par cette expression ne pas traverser U 

(i) Clergé de France. 
(2} Evéqtkea de Luçon, 

(3) U eit fâcheux , pour la science » quQ l'auteur n'ait pas 
pu terminer les travaux qu*il annonçait. 

(4) E9équ€9 de Luçon, 



iÊS ) L&ffTGBLOT JÀJ FAU y 18.e lftvÊQUB« ( IS17 

duBur f entre lecancel et le sépulchre et plus particulier 
rement ce qui était indiqué par le nom de sépulchre (i)» 

« Peut-être , dit-il , était-ce celui d'un des fonda* 
teurs ou bienfaiteurs de cette église, peut-être celui 
d*un àbbé ? C'es{ le cas de nous plaindre des ravages 
qu'a essuyés notre église, Tune des plus anciennes dé 
France , dans laquelle on ne trouve aucun monument 
de tant de générations qui l'ont habitée , si ce n'est 
les débris , les restes des anciennes constructions 
qui attestent ses malheurs et ses ruines »• 

12. » Nous bazarderons , continue le savant écrivain , 
une autre conjecture au sujet de ce tombeau. En ré-* 
parant , en 1773 , le chœur de l'église , on trouva en 
creusant le sol pour asseoir le pavé , l'ouverture 
d'une chapelle souterraine , petite et située au milieu 
du chœur. Le pavé était en mosaïque , la voûte en 
était saine et entière et les murs étaient ornés d'une 
peinture à fresque, dont les couleurs brillantes s'effa- 
cèrent dés qu'on* les toucha. Voici tout ce que nous 
avons pu recueillir de cette découverte. Nous serions 
tenté de croire que cette chapelle était le lien dans 
lequel reposait la sainte Eucharistie qu'on ne conservait 
pas toujours au maître autel. Plusieurs églises anci^i*- 
nes n'ont que très-tard adopté l'usage de l'y garder , 
d'abord suspendu en potence , comme i Paris , dans 
l'église métropolitaine , à l'abbaye de la Trappe , à 
Moutiemeuf de Poitiers et à Luçon ; puis dans des 

(1) Inutile de dire que ce Ténérable écrivain reconnaît qu'il 
ne peut être ici question du sépulchre de M. du Fau , si ces 
statuts ont été donnés du temps de ce prélat et aussi à raison 
de ce qao cet évéque ordbiina, pour lui , une tombe' en cuivre peu 
élevée de terre et que le document en question parle d'un tombeau. 



1517 ) LANCEIDT bU FjU7; i8.e ÉvAQVB. ( 189 

réserres et dans des tabernacles. Noos connaissons, dans 
la proYince , ane pareille chapelle qui se nomme h 
tombeau. On le voit dans réglke de Notre-Dame de 
Poitiers , église extrêmement ancienne , si elle n'est 
pas la plus ancienne de cette ville. Elle est située ^us le 
maître antel , élevée déterre de plusieurs pieds, comme 
rétdt anciennement celai de Luçon. Le Saint-Sacrement 
y repose plusieurs Jours de Tannée , depuis le jeudi 
Saint jusqu'au dimanche de Pâques , d'où il est porté 
au grand autel , avec une solennité qui attire à cette 
église un grand concours de fidèles. Cette cérémonie / 
qui se fait à la pointe du jour , rappelle la résurrection 
du Sauveur du monde , qui n'était plus l'esclave de 
la mort , au soleil levant , crto jatn sole. Derrière le 
mdtre autel et au-dessus d'une couverture du tom-» 
beau, on* a peint à fresque le triomphe de Jésus- 
Christ , sortant éclatant des bras de la mort , avec 
une ioscription de 1^60. . 

« Peut-être le tombeau de l'église de Luçon était- 
il destiné à une pareille cérémonie. L'église de Poitiers 
dont nous parlons a conservé cette dévote solennité et 
celle de Luçon a perdu jusqu*à la mémoire de ses 
fêtes : Solemnitates evoltUœ sunl. Is. XXIX. » 

13. C^est ici le cas de dire que Ladislas du Fau , 
ordonna de faire ^'quatre colonnes de cuivre avec un 
auiier y en foçon de potence , où pend la Sainte Eucha-- 
ristie , et que ces] colonnes , qui forent faites sans 
doute du vivant du prélat ^ furent apposées, ainsi qu'il 
l'avait écrit dans ses dispositions , autour du grand 
autier , au chœur de Véglise* 



190 ) LANCEIOT du FaU, 18.e ÉVÉOTO. ( IStT 

14. Ladisks du Faa rendit ^le 4 octobre 1517 , une 
déclaration au roi (1) , pour faire connaître les revenus 
et les charges de Féglise de Luçon. Les détails que 
contient cette pièce ^ pour le personnel , sont curieux^ 
On y yoit que cette cathédrale avait trente chanoines 
prébendes , compris Tévéque , six chanoines hebdo- 
madiers y dix-huit vicaires et choristes , un mautre de 
psallette et huit petits enfants. Les officiers de Téglise 
consistaient en deux chappiers ^ un fabricaire , un 
gardeur des ^ chappes et du trésor de Téglise , deux 
coutressonneurs de cloches , un procureur .du chapitre^ 
un receveur , un boulanger , un organiste» un bâton- 
nier et deux bedeaux. Il existait un autre cathégorie 
d'officiers , composée du scribe do chapitre , du gou-* 
vemeur de l'horloge , du sonneur des grosses cloches^ 
du souffleur d'orgues et du couvreur d'ardoises de 
l'église (2). 

On indique aussi, dans cette déclaration, les aumônes 
obligées de l'église de Luçon.ËlIes consistaient dans trois 
aumônes ordinaires et générales , toutes les semaines, 
de neuf grands pains et de plus, par jour, à quatre pau- 
vres, chacun un pain et une pinte de vin. En outre, 
le premier jour de carême à [cent pauvres , cent 
pains , cent harengs et cent chopineâ de vin , et enfin, 
le jeudi de la cène , cent vingt pains et cent vingt 
chopiues de vin. 

15. Vers ce temps , on allait beaucoup en pèlerinage 
à Saint-Jean-de-Compostelle , pour gagner les indul-" 

(!) MiS de D. I onteneau, 

(S) La cathédrale de Lnçon est actuellement couTCrte en tniUi 
courbe», à cause^ des coups de rent de mer. 



1B22 ) LANCEIOT liU Fau , 18.e ÉVlQUE. ( IH 

gences, et avant de partir , on faisait son testament. 
On trouve que cet usage était surtout 'suivi dans le 
diocèse de Luçon. 

16. Alors parurent des lettres-patentes signées à 
Lyon , par le roi François I.*' , en forme de charte 
perpétuelle. Elles portaient amortissement de tous droits 
envers le roi par les gens et biens d'église , des 
trois évéchés du Poitou, Poitiers, Luçon et Maillezais: 
Ces lettres donnaient pouvoir de régler les conditions 
suivantes de Tamortissement à Geoffroy d'Estissac , 
évéque de Maillezais , et à Aymar de Boisy , abbé de 
Cluny et de St.-Denis-en-France9 et elles furent enre- 
gistrées à la chambre des comptes , le 26 juin 1522. 
Pierre Régnier , lieutenant-général en Poitou et com- 
missaire en cette partie , les ût publier^ le 5 août 
suivant , et les trésoriers de France , en Poitou , ex- 
pédièrent des lettres en conséquence, 

17. Par suite de ces lettres-patentes, on enjoignit aux 
g^is d'église , soit séculiers ou réguliers , de quelque 
état et condition qu'ils fussent, de déclarer tous etcba- 
cuns les biens , terres , Seigneuries , possessions Justi- 
ces, juridictions, cens, rentes , dîmes, champarts , 
droits*, fruits > profits et émoluments quelconques, tenus 
du roi en fief ,. arrière-fief ou censives , en quelques 
diocèses ou juridictions qu'ils fussent situés et assis , 
appartenant aux églises , abbayes , prieurés , prévôtés, 
collèges , dignités', paroisses , communautés , confrai- 
ries , ladreries , hôpitaux ou autres établissements de 
main-morte qfielconque qu'ils possédaient, dans lesdits 
diocèses du Poitou , de présent , par eux et leurs pré- 
décesseurs , ci-devant et par le passé acquis ou qui 



193 ; LàNCBLOT bu FaU , 18.« ÉVÉQ0fi. ( 1522 

leur airaient été donnés , légués ou aumônes ^ à qnelc^ue 
titre qae ce fût , jusqu'à lors» 

18. Lancelot] du Fau , dit H. de Beauregard (1) , 
transigea ayec son chapitre, en 1522, sur des contes- 
tations concernant les droits respectifs de réyéque et 
du chapitre. Pour passer cet acte , dont nons n'ayons 
aux ^cbiyes qu'une copie qui dit. qu'elle a été passée 
sous le seing des notaires Pierre Guiibaud et Raoul 
Quéraud , on assembla un chapitre extraordinaire et 
chacun des membres fut ayerti,'parle référendaire , 
qui en fit son rapport , dans lequel il nomme tous 
Messieurs , déclare ceux qui sont malades ci entre 
autres le refus d'un nonmié Dupkssis y de ne youloir 
assister au chapitre. 

« Art. 1.*' de la transaction.—L'éyêque disait ayoîr 
le droit de tenir et faire tenir le senne (synode } [2\ dans 
son église, par ses officiers qui, en son absence , pour- 
raient commettre, qui bon leur semblerait. Les chanmnes 
au contraire s'y opposaient. Le chapitre consent qae 
le 5enn« ou synode soit tenu, pouryuque l'éyéque on 
ses officiers y commettent un notable personnaige , 
abbé ou autre constitué en dignité ou persmnaige ( per- 
sonnât ou chanoine de ladite église }, si ses officiers 
ou yicaires ne sont chanoines , car s'ils le sont , ils 
pourront le tenir. 

«c Art. 2. L'éyéque ayait imposé sur son diocèse et 
clergé un subside charitaiif , de soji propre mouyement 

(1) Evéques de Luçon, 

(2) Qnelqaef actes anciens donnent à cette assemblée le nom 
de Mnjie ou sêna , d'oà est venu le nom de synode on qui en 
dérive Ini-méme. 



1522) LÀNCELOt BU Fau, 18.^ ÉTÊQ1TE. (193 

sans le consentement du chapitre. Statué qu'à Tayenir 
l'évèque, ni ses successeurs ne pourront imposer , ni 
pour subside charitatif^ ni pour joyetkx ayéneineni, 
aucun subside , sans le consentement du chapitre. 

« Art. 3k Les ecclésiastiques, qui possédaient des 
bénéfices incompatibles , étaient obligés d'obtenir des 
lettres de dispenses de Tévêque. On nommait ces dis- 
penses des lettres de non desserviendo. L'évéque voulait 
astreindre à cette formalité les chanoines qui possé- 
daient des cures. Il consent à les en dispenser , à 
condition que les vicaires qu'ils commettront prendront, 
tous les ans , de l'évéque , des lettres de rigimine, pour 
I^elles ils payeront à l'évéque Ssoùs 6 deniers. 

«Art 4^ L'évéque exigeait des chanoines des droits 
de sceau , pour les lettres de chambre , lettres de grâ- 
ce et expéditions des lettres de collation. Convenu que 
les choses resteront en état , pendant la vie de l'évéque. 

ff Art. 5. Le chapitre et l'évéque voulaient récipro- 
quement se forcer à des réparations des domames de 
l'église ou de l'évéché. Accordé que chaque partie 
fera les réparations , comme elle le voudra. 

c( Art. 6. L'évéque prétendait avoir le droit de don- 
ner à ïriaize des lettrés de curatelle. Les chanoines 
lui objectaient qu'il n'y avait aucune juridiction , ni 
haute, ni basse , ni moyenne. On convint de s'en 
rapporter à des gens de loi. 

a Art. 7. n y avait incertitude sur l'étendue réci- 
proque des fiefs. Convenu qu'on fera en conunun une 
enquête, que les parties nommeront des officiers , 
pour faire l'examen des titres. 

25. 



194 } LANCELOT bu FAU , 18.e ÉVÊQCE. ( 1522 

a Nous croyons que ces débats furent les seuls qui 
troublèrent la paix entre l'évéque et son chapitre ». 

19. De la présence des armoiries de^ M. du Fau , sur 
une des portes de Tévéché , H. de Beauregard (1) a 
conclu avec raison qu'il avait contribué à la cons- 
truction de cet édifice. « Sans doute , ajoute-t-il . que 
le mur de Tévéché auquel cette porte (2] sert d'issue 
soutenait jadis une chapelle. On aperçoit aisément de 
Tescalier de ce palais d'anciennes fenêtres , terminées 
en Ogive. Les greniers du chapitre empêchent qu'elles 
ne soient visibles en dehors ». 

2a. M. du Fau est le premier des anciens évéques de 
Luçon y à la connaissance de M. de Beauregard (3), qui 
ait eu un sceau. Il portait l'image de la sainte Vierge 
et les armes dti prélat , dans un petit écusson. 

21. On verra, plus tard, à l'article de Louis de 
(ourbon^ que ce cardinal prince résidait i Luçoa, du 
temps de l'épiscopat de Lancelot du Fau et quelles con- 
séquences en a tiré ^ avec une grande sagacité » celui 
qui , avant nous , s'est occupé de l'histoire des évéques 
de Luçon. Si cette conjecture est fondée , il £aiut 
en conclure que ce 'prélat était initié aux grands 
secrets de l'état. S'il en a été autrement, il y aurait 
à croire que des liens étroits d'amitié unissaient du Fan 
au prince dont nous parlerons. Il n'y avait, du reste, 
entre eiix qu'une alliance assez éloignée , par Jeanne 
de Bourbon , ayeule du premier de ces prélats. 

(i) Voir ci-dessus N. 4. 

(s) GeUe qui sortait sur le cloître. 

(3) Ev^ues de Luçon 



1523 ) LANCJBLOT du Fa0 , 18.« ÉVÊQUC. ( 195 

22. Ce prélat fonda, dans son église cathédrale , par 
son testament , fait au château de^ï'au , le 23 avril 1523 , 
douze anniversaires , avec un ne recorderts , chanté par 
le chanoine qui avait dit la messe. Il légua au chapitre, 
pour l'acquit de cette fondation » la moitié de la sei- 
gneurie dé Saint-J[ean-de-Bengné (1} , dont il Jouissait 
par indivis avec la maison de la Tremouille , qui 
possédait l'aûfre moitié , d'où elle avait pris le nom 
de la seigneurie conunone. Ladidas du Fau donna 
aussi au chapitre cinq cents écus d'or soleil , valant , 
dit I'a(te 9 mille livres 'tournois , et de plus un ome* 
ment très-riche eu drap d'or merdii y c'esUà dire » 
brodé de l'écusson de ses armes. 

23. Ce prélat donna encore cent livres tournois à 
son chapitre , à condition que lors de la principale 
messe quotidienne , le diacre , au memenHo des vivants 
dirait à haute et intelligible voix , de son vivant : 
Mémento orare pro reverendo episcopô nostro ; et après 
sa mort : Mémento orare pro defuncto domino reterenâo ^ 
Imœ mémorial Ladislao du Fau qnondam hujus eccleêiœ 
epiicopo. Cette fondation s'exécutait ponctuellement, 
ainsi que nous l'a appris M. de Beauregard , en parlant 
de M. de Sacierge* qui déclare de plus ignorer pour- 
quoi le diacre ou Tenfant de chœur joignaient au nom 
de du Fau celui de Sacierge, qui n'était placé qu'après. 
Néanmoins le vénérable écrivain ajoute : « Il est pro^ 

(I) M. de Beauregard fatt remarquer qu'il ne faul pas confondre 
celte seigneurie avec le fief Vigier , qui fut donné au chapitre , 
par un Prévost , chanoine de l'église de Luçon. La moitié de 
seigneurie léguée par l'évèque provenait , du reste , de Thomas 
Prévost et de dame Philippe de Beileville , son épouse , qui la 
tenaient eux-mêmes de nobles Jehan du Plessis el son fils. 

(S) M^ de Beauregard , Epiques de tuçwi. 



196 ) Langblot du Fau, 18.« évêque. ( 152a 

bable que cette addition a été faite du consentement 
de M. du Fau , qui aura permis au chapitre d'éterniser 
ainsi sa reconnaissance pour M. de Sacierge , également 
son bienfaiteur. Nous verrons ailleurs que cette fon- 
dation , d'une espècejare, a été imitée^ dans une autre 
église y par un évêque de Luçon (1) ». 

24. Qu'il me soit permis d'émettre ici une supposi«^ 
tion , qui prendra quelque force dans des faits anté- 
rieurs. On connaît l'esprit d'opposition du chapitre de 
Luçon pour Pierre de Sacierge , et le dégoût qu'il éprou^ 
yait d'avoir pour chef un homme qui devait sa haute 
position à un crime^ Or , cet esprit de répulsion se 

sera manifesté , on n'en peut douter 9 quand on coih 
naît l'esprit humain y avec une nouvelle force 9 à la 
mort du personnage. D'ailleurs ne l'a-t-on pas dit, si 
on doit des égards aux vivants 9 aux morts ou ne doit 
que la vérité ; là commence le véritable domaine de 
l'histoire. N'est-il pas probable que le chapitre de 
Luçon aura , dans cette position , répugné à donner 
à son dernier prélat un souvenir que lui et ses héritiers 
avaient cherché à arracher par une grande munificence? 
Alors Ladislas du Fau ^ pour applanir les difficultés , 
en fondant un anniversaire pour lui, aura fait ajouter 
à son nom , celui de Sacierge. Ainsi , la mémoire d'un 
prélat vénérable aura été , par suite de l'humilité et 
de l'esprit de tolérance de celui-ci , accolée au nom 
d'un personnage que l'histoire a gravement entaché ! 

25. La date de la mort de Ladislas du Fau n'est pas 
bien positive. M. de Beauregard (2] , qui s'appuie sans 

(i) M. de Beaareiçîurd , -Bi;<?7ttM de Luçon.- 
(%) Ibtd, 



1523 ) LANCELOT du Fau, 18.C ÈXÈQVE. ( 197 

doute suc le cartulaire , indique le 13 mai 1523. Une 
de mes listes porte le 13 mai 1524 ; ainsi , si l'un 
entend parler de l'ancien calendrier et l'autre du nou- 
veau 9 il y a accord. Mais l'autre de mes catalogues 
porte le 13 mars 1524. L'indication du temps de l'ë* 
piscopat de ce prélat , fixé par le premier de ces do* 
cuments à neuf ans , dix mois et quatre jours » ne lève 
point la difficulté y car» à dater même de la mort de 
Pierre]de Sacierge, jusqu'au 13 mal 1524, on ne trouve 
point cet espace de temps. 

26. Hais positivement , on doit fixer la date du décès 
de Ladislas ou Lancelot, comme on l'appelait indiffé- 
remment , à l'année 1523 , par la raison qu'on trouve, 
sous la date du 2 septembre da la même année , un 
acte par lequel , en agissant dans l'exercice de leurs 
fonctions , les vicaires-généraux de Luçon déclarent 
que le siège épiscopal est vacant (1}, 

27. Ainsi qu'il l'avait ordonné par son testament , 
Ladislas du Fau , fut enterré dans le chœur de son 
église cathédrale, sous une tombe de cuivre. Enefiet 
ses ordonnances de dernière volonté étaient ainsi 
conçues : « Je veux que mon corps soit ensépulturé 
en mon église de Luçon , au milieu du chœur d'icelle* 
Item , je veux que mes exécuteurs fassent mettre sur 
ma fousse une tombe de cuyvre , belle et honorable 
(2). Item , je ordonne qu'il soit faict , en ma dicte église , 
une belle aygle de cuivre , poin* soutenir les livres de 
chantrerie , au milieu du chœur d'icelle >^. 

(i) M. 9 d$ D. Fonteneau, 

(2) Cette tombe et les cinq colonnes de cuivre au grand autel , 
faites par ordre de ce prélat furent enlevées par les protestants » 
lors dç U surprise du fort et du château , en 1568. 



198 ] Jean i>p LoaRAiNs,. 19«e èyèqve. ( i5&3 

va. JEAN DB LoRRAiNB, cardinaMiacre , 19.e év£- 
que de Luçon^ fut appelé à ce siége^ par la .voie de la 
postulation (1). On entend par cette expression que le 
chapitre fit choix de ce personnage et qu'au lieu de 
le déclarer élu , il ,1e demanda au roi et par suite 
au saint siège , pour être soa évéque , en 1523. 

2. Jean de Lorraine , était fils de René II , duc de 
Lomraine «t de Philippe de Gueldres. 

3. Ce personnage entrj» dans la faveur de François I.% 
qui rayait envoyé à Rome , en 1821 , pour y traiter 
des afEeûres d'une grande importaiite. 

4. Jean de Loiraine ne prit pas possession du siège 
de Luçon et continua à résider à la cour. Peut-être 
lui donna-t-on ce siège à cause de ses rdsftlons en 
Italie et pour les causes qui , à ce qu'on présume , 
fixèrent le cardinal Louis de Bourbon à Luç(»i^ même 
avant le temps où il devint évéque de ce diocèse. Il 
aurait été amsi destmé à demeurer dans ce Heu d'exil 
pour y traiter de grands intérêts et en défii^tive , 
on aura, pu se dispenser de continuer à lui imposer èe 
sacrifice. Quoiqull en soit , on reproduira iri^tôt des 
développements étendus à ce siqet , pour éclaircir un 
fait historique aussi mystérieux. 

5. Ce fut du temps où le titre d'évéque de Luçon 
reposait sin* la tète de ce prince de la maison de 
Lorraine, et les octobre 1523^qu'eut lieu avec un grand 
éclat 9 la dédicace de l'église cathédrale de Luçon. «Les 

(1) Je lis ce qui suit dans un de mes catalogues des évéques de 
Luçon : c Decimus sextus fuit Joannes Lotharingiœ, cardinalis- 
diaconus , fuit per canonicot poUitlatu$ et à sedé ap&stoltcA 
promeus , nunqùam tamen fecit ponetsionem » sed in eurià 
fuit exiêtens > 



ISM ) JSAN BB LORRAINB , 19.^ ÉtAqUB. ( 199 

duuMrtnes , dit M. de Beauregard (1) ignoraient qne 
plusieurs siècles aupararant ^ on célébra, dans leur 
^lise y la fête de la dédicace. Le cartulaire dit que la 
raison qui la détermina, était que nulle part on n'ap- 
percevait les croix qui sont sur les murs le signe de 
ronction sainte. On consacra plusieurs autels. Nous 
caiuectur0n& qu'on avait taii des répairaticNosà Téglise.» 

Ce fiit Louis, évéque de Tennopile et sufGragant 
de Saintes , qui fit cette cérémonie, sur la demande dv 
chapitre de Luçon. On reviendra sur cette circons- 
tance» qui a donné lieu à des réflexions d'une haute 
portée , et qui trouveront leur place , lorsqu'on traitera 
de répiseopat de Louis de Bourbon. 

6. Le cardinel Jean de Lorraine finit par résigner 
révécfaé de Luçon au cardinal Louis de Bourbon , au 
commencement de 1524 , au plus tard , en se réser- 
vant une pension de cent flrancs. 

7. Jean de Lorraine , cardinal-diacre , sous le titre 
de St.-ODuphre , après avoir quitté l'évéché de Luçon fut 
nonun4 au siège de Reims et eut aussi celui de Narbonne, 
sur la résignation de Jules de Hédicis. Il prit pos- 
session de ce dernier siège, en 1524, et fut chargé, 
à diverses époques , d'administrer les diocèses de 
Valence , Verdun , Thérouanne , Alby, Nantes , Metz 
et Âgen. Ce personnage cumula aussi sur sa tète les 
titres d'abbé de Cluny , de Marmoutiers , de Fécamp 
et Saint-Ouen. S'étant ensuite rendu en Italie , et ayant 
assisté , en février 1550 , au conclave où le cardinal 
Giolchi , depuis Jules m , fut élu souverain Pontife , 

(I) Etféçuet de Lueon, 



ÛdO ) Jean db Lorraine , 19.e jÊvfiQtE. ( 15â4 
le cardinal Jean , de Lorraine fut , au retour de ce 
voyage , frappé d'une attaque d'apoplexie , àNeuvy* 
sur-Loire^ où il mourut ^ le 10 mai 1550. Sa dépouille 
mortelle fut d*abord transportée à {oinville , puis à 
Nancy^ où elle fut inhumée dans Féglise des cordeliers. 

Vin. Louis DE Bourbon , cardinal-prétre , 20.e évê" 
que , succéda , ainsi qu'on Ta vu , par voie de ré- 
signation f au cardinal Jean de Lorraine , et il prit 
possession de ce siège» le 11 janvier 1524 (1]« 

2. Louis dé Bourbon était fib de François dé Bour- 
bon, comte de Vendôme et de Marie de Luxembourg. 
Cette branche delà maison dé Bourbon (2} était sortie 
de celle des comtes de la Marche , descendue du roi 
Louis IX, dit le Saint. Louis de Bourbon, qui se trouva 
être l'oncle de cet antre cardinal de Bourbon que la 
ligue déclara roi de France, sous le nom de Charles 
X,et grand oncle d'Henri de Bourbon-Navarre , qui 
fut Henri IV, naquit au château de Ham, en Picardie , 
le 2 janvier 1493. II eut pour parrain, son oncle , Louis 
de Bourbon , prince de la Roche-snr-Yon et le bap-> 
téme lui fut administré, par Guillaume Marafin ^ évè- 
que de Noyon. 

(i) M. de Beaareçard dit qne Louî« de Bourbon était évèqae 
de Lnçon, dès le iB janvier iS2& , parce qn*il a sans doute va 
un acte de cette date où figure ce prélat. Or', j*ài un do mes 
catalofi^ues qui indique positivement l'époque du il de ce mois » 
pour le commencement de Tépiscopat de ce cardinal» en ce qui 
concerne Lufon. Il fait connaître aussi qu'il occupa ce siège par voie 
de résignation : < Johannes de LotharingiA , dit un de nos catalo- 
gues. . , . resignavit in favorem Domini Ludovici de Borbonixf 
presbyteri-cardinalù eiiam tune in ipsâ urbe exiêtentis , retentà 
pensione centum Ubrarum >. 

(2) La bimane he de Bourbon- Vendôme portait : de France , aU 
bâton péri de gtieules en bande , chargé de trois lions d'argent. 



i%» ) Lôdi» BB BotiHBœr , âo.^ i&tâQUE. ( âût 

3. DestUé i î'tl&t eêelésiâsUqtte , Léiits de ttdnfbon 
fit ses études au cdîlêge de PfaVàrre à Paris et reçut 
la tonsure, de bëraie keorè, desn^iDs^da tardinal 
Geol'ges d'Amboise. É n'àràit encore que dix-sept ans , 
lérsqu'3 fiît chargé 9 en 1510, de Tadministration du 
diocèse de Laoîi. Cd fut le 3 înai f&17, qu'il reçut 
Tonction èpiscôpale, dans Téglise de Sainte Catherine 
du Yal-ées^Ecoliërs , de la diain du Cardinal Philippe 
de Luxembourg , légat du pape , assisté d'Etienne...., 
évéque de Paris > et dé Jean.. , évéque de Lisieux, 
en présence du cardinal de Boi^ et d*un grand nom« 
bre de prêtais et de seigneurs. Bien peu après, et le 
prenâier ftMéi de la même année, il reçut du 
pape Léon X,le chapeau de cardinal, avec le titre 
de cardinai-^véque de Preneste , sous le titre de Saipt 
Sylviestre et ensuite sous eelui de Sainte Sabine. 

4. Un fait tout-^HGMt curieux , constaté par le car- 
tqlaîrç et .un de nos catalogues et remarqué , avec 
raison » par te «savant éerivain , qui nous a précédé* 
daM ta e&nière, ù'est que le tardfnal Louis de 
Bourbon imlntait Luçon , lorsqu'il devint évéque de' 
cette ville et même auparavaiit. H. Éè Beauregai'd en 
a tiré une curieuse tônclueionque je vais reproduire. 

5. « Nous l'avDns déjà dît , le cardinal de Bourbon 
Elisait sa demeure, à Luçou ,' avant d'en avoir été 
nommé évéque; le cartùlaire lef remarque avec atteç- 
tatîôn. On demandera comment un jenpè prince , élevé 
dès son enfance aux plus hautes dignités , c^iargé de ! 

J'^ministratton d'un, évêché ,'quî pouvait choisir pour 
son s^ouir où la cour briljante de François I," ou dejs - 
climats plus beaux et plus salubres , avait pu fixer 

26- 



âOâ ] Louis de Bourbon , 20^ jêvêque* ( 1S24 

son domicile dans un lieu désert , mal sain et placé 
à l'extrémité du royaume. Si l'amitié pour M. du Fau 
eut été la cause gfii eyt.4étermiiié ce j[eyne prince à 
se fixer auprès de lui , il aurait laissé Luçon à l'épo- 
que de la mort, de ce prélat ; il parait . ^'il y 
resta , même après la nominatioii du cardinal de 
Lorraine. On se demandera encore pourquoi le cardinal 
de Bourbon demeurant à Luçon , n'a pas fait la consfr* 
criaition de l'église en 1524. CeUe cérémonie fut faite 
par Louis , évéque do. Termopiles ^ suffragant de Sain- 
tes. Nous répondrons que les plus grands intérêts 
i^etenaient à Luçon le cardinal de Bourbon et qu'il y 
traitait avec cet évéque suffragant à^ Saintes les af- 
faires les plus importantes. 

6. <r Le siège de Saintes était alors occupé par Julien 
Soderini > qui était évéque , lïejpuis 1516. te prélat était 
neTeu/et successeur de -François Sodériuf.' Gèlui^ , né 
à Florence , dhiie :£amiUe noble i âccompugna , pat^ 
ordre de sarépuMiqucvv leroICMrles Wtly dans son 
expé(Ution de Naples. En .149^-/11 fut envoyé en am- 
bassade auprès do roLrLoais XII^ ^Alêi(^nâre yi\ le 
décora de la pourpilE(v^t.s(Hi attadiement à la cour 
d^^ France lui. mérita Tévécbéde^ Saintes. Disgracié 
sous. Léon X ^ et enfermé , par son ordre ,.au château 
St. Ange , il dut au pape Adrien VI, sa liberté qu'il perdit 
encore sous ce même pontife , irrité de rattachement 
de Soderini aux intérêts de la cour dé France et des' 
sollicitations qu'il ayait employées auprès de François 
1.*'', pour que ce prince envoyât une flotte en Sicile, 
à l'effet dé favoriser ies' desseins de ce prince sur la 
Ldmbàrdie. Il fut élargi ^ en 1 524 ^ mais il mourut bien- ^ 
tôt après. 



VSM ) Lomd m Booiwm , âO«e tvtQoi. (903 
7. (( Son nereu Jidien Sodetml, après avoir été suc* 
cesseur ,de France^, aon oncfe , daîas ses éyéchés d'I- 
talie , hérita encwe de son évéchë de Saintes et surtout 
de son attachement à la cause de la France. Ughelli 
assure qu'il ne cessa d'exhorter François 1 , à s'em- 
parer du royaume d'Italie et qu'il joua un grand rôle, 
dans les négociations secrètes de son oncle. Or , ce 
sont ces négociations qui déterminèrent très-probable- 
m«it la cour de France à envc^er le cardinal de Bour- 
bon à Luçon et qui y réunirent Louis , suffragant de 
Saintes. Cette réunion offrait des motifs qui empé-^ 
chaient les ennemis de la France de pénétrer le vé- 
ritable objet de ces intrigues. La consécration de ré-- 
glise de Luçon n'était peut-être qu'un prétexte pour 
retenir dans cette ville Tévéque de Termopiies. Cette 
cérémonie, qui se ût avec beaucoup d'éclat, eut lieu 
le 3 octobre 1523 , dans un temps où François I , 
commençait & perdre les provinces et ses conquêtes 
dltalie ; de cette Italie qui fut , sous trois rois , le 
tombeau des Français ; qui fut la chimère qui coût^ 
tout fors l'honneur (1) et sur laquelle même en signant 
le traité de Madrid , il comptait encore. Que de maux, 
il eut épargnés à la France , s'il eut été fidèle à cea 
traités ; les maux qui la désolent encore sont son 
ouvrage r ». 

8. 6c L'évêque de Saintes était Tâme de ses desseins 
et les conférences de Luçon furent peut-être l'origine 
de cette confédération de tous les princesd'Italie con- 

(t) < On se rappelle que François I , prisonnier à la bataille do 
Favie , écrivit ces mots à ^.mëve: « iÙadamo « tout est perdu j^' 
» fors rhonneuf m, ..... 



tre> QsArtes^îiiiM, qu'on, homma ta liga& saliife. Il -est 
probableqa&M. du Eaa, évâqae. de Loçofi y n'étaM 
pas étranges* à toutes ces négôdatims »« 

9. Uae cérémoQie religieuse,, qojî eut} da r^teotis-. 
sèment dans le pays, fot la con^cr^tkm.qiHiu^ fait au 
mois de décembre 1524, par le eappe Lattonii < éyéqaiç 
d'Evreux, avec TagrémeiU du cardinal Louis de Boor- 
l)on , évéque de Luçon , de ta. chapelle de la. Belle-? 
Croix de Challans^ dcmtj'ai d^j^n occasion d<; pax*^ 
1er, sous Tépi^op^t de Jean Fl^û^y. Cettac]iapeUe,rd^ 
puis détruite, fut rétablie et augmentée, en Tannée. 1521^ 
par la permission de, l'éyéque L^j^l^s da Fai^ f et^oi^ 
note que' la cérémonie fut faîte du temps où Iç MManais^ 
et la Lombardie étaient te, ttpéàtre^de'lagperre.entro. 
François I , roi de France et le roi d'Ësps^gne y et kVé-^ 
poqueoù un grapd navire, espagnol , qur lavait é).é brûlé 
par les Bretons ojm par les Normands, fort rîcbeet chargé 
de précieuses n^chandises, fut submergé et péril; idans 
les eaux, entre Beauvoir et Tilo de Noirmootii^rs. 

Le prprès-verbal de cette cérémonie a été conservé 
et comme il contient des détailla èurienx, je crois con- 
VenaMe de le reproduire ici, 

iO, Procès^ Verbal de Vérecii<m y ccmstruclion , réparalwU' et 
consécration de la chapelle de la Belle- Croix , paroisse de 
Ghallans > , bâtie dès Van 1 4Q0 ^ : a/fseç_ la perjnission 4e Jean 
Flory t . évjêque de Luçpn , rui^cp en 1521 , et rétablie par 
Us paroissiens avec Ui pùrmissUm <£b Véoêque LadisUu du 
FoM , da sa déeembre 1534. 

Sachent toa& « que Van de Xpire Seigneur 1400 et le S.e Xqar 
du nioi^ (l'ao0.tvle ÇQv.érend père en JJésusrCjbkrlM^ monseigneoff 
Jeikn fiory, évoque et seigneur de Luçon i accorda^la per- 



1531 ) Umà te BèoRBOii i».« t^rtotm. ( M8 



1 de ednétnilre la ehépelfe dé la Belle-Groix » «toe dans 
IsparolBlè deChaliaBs , laifoeHe ayant été depafs énlièremeiit 
ruinée et Retraite «n Tan fSfil « par la permission et do con^ 
sealemcnU deréferend père, en lèsns-Clirfst , monseignear 
LodltttB dal'ao i èrèiiae et selirnenr de Loçen , les paroissiens 
ta- rètaAUre&t. Bile n'étaft aaparayant couverte quedetnlletf, 
de la longiiear sealemenl de 20 pfeds , de 15 de large et 8 de 
iMtit^ Ilsra«gnieiif èrent eeiidldéràblement , y firent de grandes 
dèp^Ése^ et ta rendirent beaticoap pins propre. François I ré^ 
«uaftaftors en France , et en Fan 1524, le mercredi, 2a.eda 
mois de décembre, le Hilanals et la Lombardie étalent alors le 
tifëâtve de fo gnerre entre le sasdit roi de France et le rd 
d'Bsi^gne, et aoqnef temps fl arrlra qa'ait grand navire es- 
pagael ^qdl avaitété brûlé par les Bretons on par les Normands; 
fort rfche et chargé de pl^clenses marchandises , fnt submergé 
et pèrif dënS les ean entre Beauvoir et l'Ile de Noinnoutiérs. 
Cette chapelle fat bénfte par réyérend père , en Jésus-Christ , 
monseigneur LattonA , carme , évèque d'Bvreux (1). Gela se fit 
de ragrément et par la permission de MH. les vénérables 
tlcâfres , pour le spirituel et le temporel j de monseigneur 
letévérendfssime père, en Jèsus-Cbrlst «Leuls de Bourbdn^ 
eardfaial^prètre , titre de Sainte Sabine , évèque et seigneur 
de Luçoii. Ledit seigneur évèque bénissant cette chapelle, 11 
y consacra trois autels qui y étaient , savoir : un en l'honneur 
dfe la bienheureuse Vierge Marie , un autre en llionneur dé 
la très-sainte Trinité , et le dernier en Thonneur du bienheu- 
reux apôtre St. Barthélémy, et, sous la table de chacun de ced 
autels et droit au milieu ,11 posa quelques reliques , dans des 
fioles de verre et enveloppées dans du taffetas rouge , et 'p 
dans chacune de ces fioles , trois grains d*encens , avec un 
petit bmet écrit en parchemin , signé de sa main , contenant 
son nom , quelles sont les reliques et le nohibre des indul- 
gences' qu'il a donné et accordé à tous ceux qui véritablement 
pénitents et confessés , visiteront, ledit jour, la chapelle et seâ 
aiitels. Bt premièrement , de rautoritê de Téglise , il en â 

[^l On a préteAdii qvm cet évè<iuo Eamiteiism était tuSiêff^ 
d6ré>^4^ de^PôItîers. 



sm ) Jjym ixB BoierRfioif ^ sq.o^évAqiie: ( tm 

acoprdé un an et oeiit. Jours à U^us oeux<i0l'deyatttciiacliB 
desdits autels, diraient cinq Pater lef, cinq Aoe. M<Mi^ ta 
mémoire des cinq plaies do NotretS^Ignenr , et inoacdiaqaa 
autel» cent (i«arante Jours^ Ledit selgiieur. et èvfiqne posa 
aassi sous l'autel de la bienheureuse Vierge JIftarle; quelques 
reliques de la Sainte Croix ; an second , des reliques da 
^pulcre de Notre Seigneur , et à l'autre , de St^ Gorentio. 
Et le lendemain Jeudi , il consacra cinq autels dans l'église 
paroissiale dudit Ghallans; le premier, en l'honneur de St. 
JËutrope ; le second , en l'honneur de St. Sébastien.; letroi* 
^ième , en l'honneur de St. Mathurin ; le quatrième en l'hon* 
neur de St. Roch ; et le cinquième , en l'bonnepr de St 
piacre. U mit, sous ces autels, des reliques en la même forais 
et manière qu'il avait fait dans la cfiapelle de la Belle-Croix. Et 
ledit Jour Jeudi, sur le soir, on enleva tous les tableaux et toutes 
les staluesqui étaient dans l'église, avec tous les* bancs et les 
bois , et on les mit dans le ballet elle cimetière où ils demeurè- 
rent pendant toute la nuit. Environ l'heure du crépuscule delà 
nuit le révérend évêqne se rendit à l'église, avec le clergé et le 
peuple , et tiradutabeiiiaclele Saint Sacrement, enchanlantet 
psalmodiant , le porta avec les reliques dévotement à la cha- 
pelle qui est dans le cimetière , et les y laissa avec des cierges 
allumés , et quelques personnes qui y veillèrent et passèi'ent 
la nuit. Il retourna ensuite à l'église où étant debout devant 
le cruciflx , qu'on n'avait pu déplacer , il anathématisa tous 
les esprits immondes qui y pouvaient être , leur enjoignant 
de sortir et de se retirer de ladite église et de s'en aller dans 
les déserts , en leur défendant de nuire à personne. Après 
cela, il donna ordre que deux des plus Jeunes prêtres de 
la paroisse passassent la nuit en prières , dans ladite église . 
et ceux-là furent MM. René Laudeac et Pierre Billon,quiéUient 
en effet des plqs Jeunes , et avec eux Jean Poyneau , sons- 
diacre et Jean Pouverreau , acolyte. Pendant la nuit , ils fi-* 
rent une croix de sable et de cendre , en forme de croix de 
St. André. Elle commençait d'un bout à l'angle du mur de 
l'autel de St. Jean et venait finir à l'angle de Taûtel de la 
Tierge , de Tautre bout commençait à l'angle du mur de 



iSâ6. ) LOUIB BB BODEIM, SD.^ t/^È&m. Hft 

réglise» dans la chapelle de St.- Nicolas, et flnlssalt à la pf seine, 
qui e8t4erriërele8 fonds ba^ttemanx. Le lendemain Tendredl/ 
qal était le 3û.e Jonr de décembre de ladite année f 524 , le 
révérend éTéqae, environ l'heure da lever dn soleil, se 
rendit à Téglise qn'il trouva fermée , et 8*y étant revêtu de 
ses habits itontiftcaia , il récita à genooK les psaumes péni-^' 
tendaux , il fil ensnlte trois processions autour de VégUse ,' 
en aspergeant les murs extérieurs avec de l'eau bénite > et 
à I^ fiii de chaque procession , Il commanda aux deux dfa-' 
cres , anl gâtaient ao^edans , de lui ouvrir les portes , frap-^* 
pant contre arec son bâton pastoral , disant l'antienne iÉllomiè 
portas^ êic. Elles diacres répondaient : ifiÊii9stMêr^gU)ritàt' 
à l4t troisième. feés, les diacres lui ouvrirent la porte et n 
entraravec le clergé et qoelques diacres, le peuple étant de-' 
mi^uné «a dehors. On dressa ensuite une table» pour ledit' 
sei^eur évéque .et le clergé, proprement ornée de lumN' 
aaire» et des autres choses nécessaires , et , après plusieurs^ 
<»ai8ons:etvéDëBiotiteSf 11 lit trois fols en dedans la procès-^' 
sion autour des murailles , les aspergea et lava avec de l'eau' 
grégorienne qu'il avait làlte pour la chapelle et non avec 
«lift dont II «valt aspergé les murs par dehors. Il fit ensuite 
l'asperslonisur le pavéde l'église avec de Feau grégorienne, 
et ayant rèelté' lés Utahtes grec^vtes et latines , A écrivit avec 
stm hdtoA pastoral , dans la croix de sable. Les choses ainsi 
parachevées^ : il alla avec grande solennité , accompa|i;nè du 
dcrgé ei du ^ poupfe , reprendre le Saint ^crenicnt qut re- * 
posait aveeles reliques ,^ dans la susdite chapelle. Laproeessrfon' 
quron fit autour de l'église étant finie, Il commença la con-' 
sécratioii des cinq antels qu'H n'avait pas consacrés le jeudf 
précédent et paracheva les cérémonies nécessaires et convena- 
bles «pootla blenséàncél et la pompe de la dédicace de cette 
église. Sl'quoiqoe^e neuf autels qui y étalent ancfeifnemeiit / 
il y en eit quelques-uns de consacrés , comme il paraissait par' 
cescrodxlUte^dessusetqu'il y en eut d'autres quf ^avalent des 
atUelsporCltlIiBVllcoaBacranéanitioina fous ces neuf afateTs, avec 
un antre, qui ne Tavalt pas été , et on en ôta les *aotels por- 
tatif»., excepté celpl qui était é' l'autel de St. MalHutin. Le 
premier 4e.ce8>âutela^ fût consacré en l-heAnedr^ la bien-:' 



heareose Vleisa Marie ^Id second > enllfdiiiialirdd flfKiiolas) 
le Iroisième , ea rboimeur de St. ^ean-BapUstti ; le quatrième * 
en rbonnenr de St. lulien ; et le cinqiilëine » en l*lionnear de 
S.teMarie«Magdelaine, et en tons ces autels tt posa des reH- 
qaes,en 1« mdpie Corme pt manlèraqii'ii afraii fait dans la sas- 
dite chapelle. Après tontes ces iCérémonies étantes solehnl^ 
tés 9 il célébra la messe deroflice de la Dédicace^ H en InsUIna 
i|ne fôte , il ordonna qu'elle fût gardée , cètélirée «t solennfsée, 
tous les ans , dans ladite église , ledit Jour, sodécèmlHre , «t 
Il enjoignit au peuple , sous peine de pèoM mortel » de liaire 
on ce Jpnr-IÂ des oblations » comme au Jomr de la nàtlTlté de 
Notre Seignenr. Enûn, derantorité de l'église , dont 11 était 
revêtu, H ordonna* concéda et accorda à perpétnUè à tous 
ceux ^gardant et cbommant > ce Jour*là , cette fête» ecvè^ 
ritablement pénitents et confessés, visiteront lesdlts aiiieis , 
unanetcentJoars4'indulgence, et à ceux qui diront cinq 
Water no$ter et cinq. 4w Maria , en mémoire des cinq pintes 
de Notre Seigneur > devant l'on desdits autels cent quarante 
Jours pour chacun. . . 

. Furent présents ^ nol^les gens > Hené Joosseanme et lean 
Marclumd, écoyers-, MH. Respecte de SpuUandeau et de la 
Jousselennière ; MM. fiUenne Brunetean, lacqoes fialland. 
Mercure 9riend , fermiers dndit Ghallans; André $anvfli9Èt et 
Thomas Achard , vicaires de M. le Recteur (i) ; Jean Potin, 
Gabriel Bodin , Jean Bordier , Julien Perret , Jacques lOartl* 
neau , Nicolas Bordier , Nicolas SiUard.> Nieelas Bonry « Etien- 
ne Bernard , François Ghauvet , DenIjS Trignand, Jean Poo- 
verreau , Jean Regnaud et les susdits landeae. et BlUe»;* tous 
prêtres. résidents dans ladite paroisse ^MM« Thomas Bonnên et 
Hl'atb^nn Mo^sard, vice^gérants de. V* Varobtdiaçre , aasiatanis; 
Edouard Crochet / Guillaume Gauvart, André Benssean et 
Geaufroy Nauleau, tous prêtres; Gn^Uaume Bernscé^ iloeh 
Blandin ^, Jean Foucaud elt Jean PQlnean , sons^dlaeres ; Maî- 
tres Mathurin Robert et Antoine Yoisin , Je^ nsu4et et 
Pierre Rondeau, fabriqueucs en. charges < Maurice Martin cl 
Jacques Bre<^el, sacristes; Pierre et Jacques Hossand^Ma- 
thMri4 et ^^ 9«fand, leen et Bertrand .flayinii i Jean 



1524 ) Louis de Bourbon, 20.e éyéqub. ( 209 

Camus , GniUaame BoaUn , Galllanme Brianceaa , Yves, Jean 
et Bonaventore Bonneteau , Jean Anglbaud , Guillaame Thi- 
baud , Jnchanos et LaoTent Martin , Jean Potin , Hagaes 
GaiUochon , Jean Rafln et Pierre Yayron , habitants aadit 
Cballans , arec ane mnltitude infinie d'autres personnes de 
Tnn et de Taotre sexe , tant de ladite paroisse que d'au- 
tres , les noms et surnoms desquels étaient et sokil encore 
inconnus à celui qui écrit. En fol de quoi quelques-uns des 
sus-nommés , ont signé et paraphé les présentes , ledit Jour 
30 décembre , Tan susdit 1524. 

Ainsi signé , G, Bodin , présent ; £. Laudeae , J'ai passé la 
nuit ; iY. Silîard , présent : P. Billon , J'ai passé la nuit ; M. 
Cailîon , présent ; /. Bordier , présent ; /. Perret , présent ; 
J. Pouverreau , présent et J'ai passé la nuit ; et JRf. Briend , 
présent, (i). 

11. Le nombre des fêtes était très-considérable dans 
le diocèse de Luçon , et le cardinal de Bourbon crut 
dcYoir f aYCc raison » . les réduire , sauf plus tard à 
s'attendre à en Yoir diminuer encore le nombre. Je Yais 
donner ici le texte français de Fordonnance de ce 
prélat (2). 

12. Ordonnance du cardinal Louis d$ Bourbon , évéque de 
Luçon , qui indique les {êtes qui doivent être célébrées à 
l'avenir» {dans son diocèse , du 28 juillet 1526. 

Louis de Bourbon , par la permission divine , cardinal- 
. prêtre de la très-sainte église romaine > titre de sainte Sabine 



(1 

celle 



(1) On trouve , & la suite de cette pièce , une note pareille à 
ile de rordonnance sur ia suppression de quelques fêtes , par 
le cardinal de Bourbon. On reproduira cette note , à U suite du 
'document dernier cité. 

^8) M« de Beauregard avait trouvé seulement l'indication de 
cette ordonnance dans le cartulaire et il avait pris le texte latin 
de pièce » dans les constitutions synodf'ateeà^ M. d'IUiert 

27. 



210 ] Loms 1>Ë Bourbon , 20.« év£qijb. ( 1626 

évêque et seigneur de Luçon , à toas ceax qui le i»réftent notre 
mandement verront , salât éternel en Notre Seigneur. Nous 
appliquant à notre devoir pastoral, et examinant avec tout 
le soin et Tatlention possible tout ce qui peut convenir i 
rordre et à Tëtat ecclésiastique et contribuer le plus au bien 
et à l'avantage de nos diocésains et du public et procurer 
le salut des âmes , et recherchant avec une grande sollici- 
tude d'esprit ce que nous pourrions établir et ordonner de 
plus à propos , pour les mœurs dés sujets de notre diocèse 
de Luçon , et qui soit en même-temps conforme au régime 
et à radministralion ecclésiastique , nous'avons d'abord sur- 
tout clairement jeconnu que rien ne s'écartait plus du droit 
chemin et né donnait une plus grande occasion de pécher, 
à plusieurs, que la trop grande multitude des fêtes , s'en trou- 
vant un grand nombre qui méprisent les dimanches et les 
autres Jours de fêtes , qui ont été de tout temps chommées 
et gardées dans l'église, à cause delà dévotion qu'on a à 
certaines fêtes particulières , ce qui tend à la ruine et à la 
perte , non seulement des corps^ mais aussi des âmes, puisqu'il 
y en a même quelques-uns qui , suivant leur propre sens , 
célèbrent des fêtes qu'ils se sont choisies à leur fantaisie et 
qui n'ont aucunement été instituées par l'église , dont Us 
méprisent ainsi les préceptes. De-Ià vient qu'on en voit ordinai- 
rement grand nombre aux Jours de fêtes , tellement sujets 
à leur ventre , à leur gueule et au vin , qu'il semblerait 
qu'elles n'auraient été instituées que pour se livrer ainsi à 
la gourmandise et à la fénéantise , c'est ce qui produit en- 
core une grande calamité et misère pour les pauvres et né- 
cessiteux, car étant contraints de gagner chaque Jour leur 
vie et celle de leur famille , par le travail de leurs mains, 
ce grand nombre de fêtes les empêche d'y vaquer et d'en 
recevoir le salaire qu'ils pourraient employer à se nourrir , 
eux et leur famille. A ces causes , pressé par notre soUici- 
tude paternelle , de l'avis des gens de bien et savants, fon- 
dé sur les ordonnances des prélats nos prédécesseurs , vou- 
lant arrêter et prévenir de tels inconvénients et dangers , 
nous enjoignons et commandons , par notre présent mande- 
ment et ordonnance , que nous voulons être gardés et ob- 



ilS26 ) Louis bb Bourbon, ao.<» BvitQUK. ( fiii 

serves à perpèkilté , qa'il ne soit dorénavant , dans notro 
diocèse de Lnçon , gardé et chommé d'autres fêtes que cellet 
marquées cl-dessons : que tous les Jours, de dimanche soient 
célét)rés par Véglise , avec une entière vénération ; que 
les autres fêtes soient solennisées avec la dévotion requise , 
selon la coutume , les fêtes mobiles : le saint Jour de Pâques ^ 
avec les Jours lundi et mardi Immédiatement , le Jour de 
l'Ascension ^ celui de la Pentecôte, pareillement avec les Jours 
landi et mardi immédiatement suivants » ceux de la trè»- 
sainte Trinité, la^ête-Dieu ; les fêtes immobiles seront con* 
servées selon leur ordre , ainsi qu'elles sont marquées dans 
le calendrier , savoir : dans le mois de Janvier , celles de la 
Circoncision de N. &, des Rois et de St. Hilaire, évêquede 
Poitiers ; en février , celle de la Purification de la bienbeo- 
reuse Tlerge et de St. Matthias, apêtre ; en mars, celle de 
r Annonciation de N.-D.; en avril, celle de St. Marc, évan- 
géliste; en mai , celles des apôtres S.t Philippe et S.t Jacques 
et de l'Invention de la S.te Croix ; en Juin , celle de la Na* 
tivité du bienheureux St. Jean-Baptiste et celle des apôtres 
St. Pierre et St. Paul; en Juillet , celle de Sainte Marie-- 
Magdeleine > celle de l'Apôtre St. Jacques , de St. Christophe , 
martyr , et de Sainte Anne , mère de la Vierge Marie , le même 
Jour ; en août, celles de la Transfiguration de Notre Seigneur, 
de St Laurent , martyr, de l'Assomption de la divine Vierge 
Marie et de l'apôtre St. Barthélémy ; en septembre, celles de la 
Nativité de la divine Vierge Marie , de l'apôtre St. Matthieu et 
St. Michel, archange ; en octobre # celles de l'évangéliste SI* 
Luc et des apôtres St. Simon et St. Jude; en novembre, celles 
de tous les Saints , de la Commémoration des Défunts , de St 
Martin , archevêque , de la Présentation de la divine Vierge , 
de S.te Catherine, vierge , et de l'apôtre St. André ; en décem^^ 
bre, celles de St. Nicolas, évêqoe , de la Conception de la 
divine Vierge Marie , de l'apôlr© St. Thomas , de la Nativité 
de Notre Seigneur , de St. Etienne , preiçier martyr , de SI. 
Jean , apôtre et évangéliste et celle des saints Innocents , 
martyrs. Pour ce qui est des fêles des Saints en Thonneur des- 
((uels les églises sont dédiées % qu'elles soient célébrées par 



212 ] Loms DE Bourbon , ' âO.e éveque. ( 1526 

cette église là, à certain Jour solenaeL une fois seulement dans 
l'année. Quant aux fêtes des Dédicaces de tontes les églises 
denotire diocèse deLuçon, elles seront dorénavant solennisées* 
le premier dimanche avant le synode; d hiver , auquel Jour , no- 
tre église cathédrale de Luçon a accoutumé de faire la fête de la 
Dédicace propre de chaque église. Enûn , nous voulons que les 
autres fêtes qui ne sont point énoncées avec les ci-dessus com- 
mandées et pour lesquelles le peuple pourrait avoir une dé- 
votion particulière , soient (quant au peuple seulement) trans- 
férées au dimanche immédiatement suivant. Et sera le présent 
notre mandement irrévocablement gardé et observé dans 
tout notre diocèse de Luçon , par tous nos sujets et diocésains, 
et publié dans tous nos synodes , afin que aucun en puisse pré- 
tendre cause d'ignorance , et que s'il arrivait , ce qu'à Dieu ne 
plaise , que quelqu'un eût la présomption de le transgresser , 
nous voulons qu'il encoure les censures ecclésiastiques et soit 
soumis à la sentence arbitraire de nous et de nos vicaires , et 
afin que le tout demeure à perpétuité ferme et stable , nous 
avons fait apposer à ces présentes notre sceau rond , et icelles 
contre-signe par notre secrétaire. Donné à Luçon , en notre 
palais épiscopal, le 28.e jour du mois de Juillet , l'an de notre 
Seigneur 1526. 

Aiiisi signé , H. DE GO.VDA , vicaire. 

Signé , J. BODIN, pour copie (1). 

(I) L'original écrit en lalîn , en lettres {rothiques rempli d*abré- 
yiations» sur un grand parchemin « fut trouvé dans les archives de 
l'efrlise deChaUans où il était conservé depuis ^^ ans. Cette ordon- 
nance fut imprimée , pour la première fois , avec la permission de 
M. de Lescure , alors évêque de Lçon , en 171 i , par Demetrius 
Corbin , prêtre du diocèse de 1 jmerick , en Irlande, docteur en 
théolo{];ie et recteur de Challans. Cette pièce ayant été traduite en 
français , par François Dorineau , écujrer , lieutenant-généiaL garde 
scel et sénéchal de la baronnie dudit Challans > elle (ut imprimée 
une seconde lois, par les soins du même prêtre Corbin, qui en ob- 
tint encore la permission de François Dandigné , docteur en 
théologie , doyen de LuÇon et vicaire-général de M. de Bussy de 
Rabutin , évêque dudit Luçon. 

Cette note -se trouve à la suite de la copie française de ce docu-< 
ment. A la fin de l'original en latin , on lit : Signât, L. card^ 
(ie Borbon : Bsaufils , secret, ugillat. tn cer4 ruùr4» 



1S27 ) Louis db Boitiibok , âo.e ÉvfiQUB. ( 213 

13. Ayant résidé à Luçon , même ayant d'en être 
nommé évéque, le cardinal de Bourbon, devait être 
désireux d'attacher son nom à cette localité. Aussi il 
reconstruisit une partie des cloîtres (1). 

14. n est à croire que le cardinal Louis de Bourbon, 
qui babitait[Luçon , ayant d'en être évéqne , remplit 
effectivement les fonctions de prélat de ce diocèse. 
Néamnoins ses antres dignités ecclésiastiques , car il 
était notamment abbé de St.-Denis-en-France, de Saint- 
Coroeiile de Compiègne , de Sainte Serge d'Angers » et 
de Saint Léonard de Saint Phare et proviseur de 
la maison de Sorbonne, l'obligèrent à avoir un 
c(Hidjuteur , ou comme on disait alors un suf- 
fragant (2}. Ce fut l'un des fils du seigneur de la 
Forêt-sui^Sèvre , ayant pn titre d'évéque in parlibui 
infideHunif Guillaume de la FoUrest ,évéque de Sébaste, 
qui fut chargé de ces fonctions. 

15. Louis de Bourbon cessa (4) d'être évêque de 

(i) < Ce prélat a sans doute contribné à la construction d'une 
ptrtie des cloîtres ; on Toît encore êeê armet sur la porta exté- 
rieure de la psallette , sous le ballet >. M. de Beauregard , Evé^ 
ytt« de Luçon» 

(2) rions avons' trouvé * dans un acte dont noua ignorons la 
Bttare« qa'en 1526, Guillaume de la Fourest, év éque seiastensts 
^tait snffragant de Louis de Bourbon , évèque de Luçon ». M. de 
^Qregird , JËvéques de Luçon, 

(3) On entend auîourd*hni , particulièrement par ce titre , un 
évèqae relativement à l'archevêque , son* métropolitain. 

(fi] C'est à tort que l'abbé du Temps dît que Louis de Bour- 
bon cessa d'être évêque de Luçon , en 1525. « Ludovtcus de 
Sorbonio , presbyter cadtnalis tenuit episcopatum , à die iija- 
nuarii 1524., usq. ad sextum julii 1S!27 et sic per très année 
gumque mtM0^ et dies 9i$inti quatuor >. Catalogue dea éyèques 
4e Luçon. 



B14 ) L(Xm BB fiOUBBONt 2Ô.e ivàQVE. ( 15â7 
Loçofi, le 6 jain lSâ7 (1). Il résigna le siège à Miles 
dmiierSy doyen de ChartreB» en prenan [en échange 
Tabbaye de Notre-Dame de la €(rioinbe, dans ce dernier 
diocèse, et en retenant , en outre» une pension sur le 
siège épiscopal qu'il abandonnait (2}. 

16. Outre le si^ge de Luçon » le cardinal Louis de 
Bourbon obtint les évéchés de Laon(3), et de Treguier 
ist ftit enfin pourvu de rarchevêché de Sens (4]. 

Peu apràs avoir quitté révéclié de Luçon , Louis de 
Sôurbon fût appelé à la célèbre assemblée des no- 
tri)les de 15S8 9 ordonnée par François I , et il y prit 
"place imniédiatement après le légat du pape. Il se 
Tendit f en 1^50, au coBclave où fut élu le pape Paul III. 
Le cardinal Louis de Bourbou fut chargé de présider à 
toutes les grandes cérémonies religieuses qui se rat* 
tachaient à la famille royale , aussi il donna» dans Fé^ 
^tise de Notre-Dame de Paris , la bénédiction nuptiale 
à Magdelaîne de France , qui épousait Jacques Y , roi 
d'Ecosse ; il baptisa à Fontainebleau le Dauphin , de^ 
puis roi, sous le titre de François II , et il fit les obsèques 

(1) Oa verra que son successeur prit possession ^ dêilô lende- 
mtâix A 7 juin 1527. 

(2) 'Voir le catalof^ue déjà cité et on donnera le passage en 
yexkint de BfUkea d'iilier^. 

(5) « Peut-être, dit M. de Beanregrard , n'étaît-il qu'adminîs- 
tr&tear «le tes églises. Par un abus très-pernicieux , les riches 
prélats > surtout ceux d'une, haute naissance , percevaient les re- 
venus de plusieurs évéchés et abandonnaient le soin de leurs trou- 
peaux à deis évéques sans titre et qui étaient leurs (prands-vicaires » . 

(6) U fît son entrée à Sens , le 22 janvier 1556. Il^fit achever 
le palais épiseopal de cette métropole , commencé par son prédé- 
cefsew ^ fit édifier en totalité et avec une grande magnificence 
les chMeaux de Brenon et de Villeneuve , et enrichit d'objets 
très-précieux le trésor de sa cathédrale» 



1527) Louis DE BouHBON , 20.e evêqub. (215 

de François I, à St. Denis. Plus tard, Lonis de Bourbon 
couronna la reine Catherine de Mèdicis ; baptisa son 
petit-neveu , Henri de Bourbon , fils atné d'Antoine 
roi de Navarre , et fut même chargé » par Henri H , de 
commander une armée qui devait agir en Picardie. 

17. Le cardinal Louis de Bourbon qui a conservé» la 
réputation d'un prélat vertueux , instruit et capable 
(1) j mourut au palais Bourbon » à Paris*, le 11 mars 
1556 , à l'âge d'environ soiisante ans. Son corps fîit 
porté à Laon où on l'inhuma dans le chœur de l'é- 
glise cathédrale , sans aucune inscription , ainsi qu'il 
Tavait demandé et comme si c'eut été pour faire con- 
traste avec les dispositions testamentaires de son suc- 
cesseur (2). On plaça le cœur de ce prélat, dans l'église 
de l'abbaye de St. Denis , dont il avait été un des bien- 
faiteurs (3) et près du chœur , on lui éleva une statue, 
sur une colonne de porphtre. ^ 

18. M. de Beauregard (4) a cité les vers suivants &its 
à la looso^e de ce prélat, par Jean Vital , poëte Italien. 

Sic romanuê habet mérita , Jjudovice , senatut 
Noêtram rem magnus , te 9%Mdente , tttam. 
Et guamçts virtute cales et lumine cîaro , 
Sanguiw's tVtutras nobiUoris avos : 
Reltgio tamen insignes superaddit honorée 
Teque tocat patrem Gallia tota suum. 

(î) Voir ce que disent de ce prélat les frères S. te Marthe» 
Tetra Melle , Ciaconius , et le père de acoste. 

(%) Voir rarticle de Miles dliUera. 

(5) n avait construit la partie de l'abbaje de St. Denis , ap- 
pelé le palais Bourbon et enricbi le trésor d'une cbâsse de son 
ayeul St. Louis , en argent doré et ornée de Timage des douia 
pairs de Franee. 

(4) Eçégws dé XMçon. 



UVRE QUATRIÈME. 



I. 1527— 1882. MILESouMILLOND'ILLIERS,21.cë^êquc, 
— ir. 1852—1562. RENE DE BAILLON DU LUDE , 22.e 
ëvêque. — nr. 4562—1579, BAPTISTE TIERCELIN , 23.e 
évêque. — rV. 1579—1584. RENÉ DE SALLA , 24.e évêque. 

L Miles ou Millon b'Illiers (1) , 21 .<^ évêque de 
Luçon , obtint ce siège en 1527 , par résignation, avec 
réserve de pension faite par le cardinal Louis de Bour- 
bon, à qui il donna encore en échange son abbaye de 
la] Colombe, au diocèse de Chartres (2). 

(1) Le cartolaîre et nn de mes catAloguet le nomme Milo. A 
Chartres il était connu sous celui de Mille ou Mile d'Illiers. 

(2) c Uectmus octmvus , dît nn de mes catalogaes t fuit Milo 
d'Illiers , qui habuit Episcopatum à prœfato de Borbonio , cautà 
permutationis cum abbatià Beatœ Marias de Columbis Camolensi» 
diocetis , et cum retenttone pensionit, Accepit posêesiionem dicti 
episcopatus pro dicto Milone d'illien , dominus Martinus Bou» 
chier , abbas incliti monasterfi tanctt Johannis in Valle , carno^ 
iensii diœceti» >. 



1527 j MUXON dIlLUSRS , 21.* BTÊQUE. ( 317 

Cet évéqae fit prendre possession du siège épiscopal 
de Luçon , par Martin Boucher » abbê de St.-Jean- 
en-Vallée, diocèse de Chartres , le 6 juillet 1527. 

2. Miles d'Bliers fut d'abord religieux de l'abbaye de 
Notre-Dame de la Colombe » au diocèse de Chartres » 
puis chambrier et wfin ^bbé de ce monastère. Il devint, 
en 1508 , doyen de Téglise cathédrale de Chartres (1) , 
dignité qu'il conserva , j&Q devenant èvèque de Luçon. 

3. La Caunilletd'niiers est de TOrléanais, où elle 
jouait un rèle marquant (2). Yvon d'Illiers fut un des 
commissaires chargés d'établir, sous Charles YIII , une 
nouYelIe enceinte d'Orléans, et une des rues de cette ville 
porte son nom. Auparavant,Fk>rentd'Illiers, se distingua 
au niémorable siège de cette ville , et on a ses mé- 
moires^ dans les collections Petitot , Michaud et autres. 

Florent d'Illijsrs , qui mourqt en UM ^ laissa. plu- 
sieurs enfants , notamment Millon dllliers» évtquede 
Luçon , et son frèfe ahié , Jean dllliers , qui , de sçm 
mariage avec Marguerite de Chaourse , n'eut que des 
filles f dont l'une épousa Jacques de Daillon du Lude. 



(1) ■ Miles d'Illîers , quoique non chanoine , fu4 reçu doyen 
(hchipiiie de Chartvet , en^ 1508 ; il consetsa ee titra , afaè» sa 
nomÎDfttjipQ à Véy^é d^ tuçan et ne le perdit que par sou 
élévation au siégé de ^Chartres ». M. de SenteuU le trésor de N. 
^. dt Chartres. 

(2] M. de Beauregard prétend que la maison d'illiers descendait. 
«D ijgoè AiieclA • Au maifni^eattUft de* Vtsndâfna. Philippe , fils 
pmné d'un fipuchara * «9mt^ de Y«<>doi|^e » «^^t épçi^s^ Yq^nd^ 
^^l^iers ; aurait stipuU'que lé second fils de leur unio'n prendrait le 
nom et les armes de la maison d'illiers , et les d'illiers dont il est 
question ici , en seraient descendus. «^CoAsulter à ce ««jet l'abbé 
Uttperron , chanoine d'Auxerre , qui a donné une Histoire de 
^ maiiçn d'illiers. 

• 28. •• • 



I . 



218 ) MiLLON DfLtfERS , 21.« ÉTÉQUE. ( 1527 

4. « Le nom dlUîers , dît M. de Beauregard (1) est 
tires-connu dans cette église ( de Chartres ) qui a eu deux 
évêques et deux doyens de cette maison. 

» Le premier connu estltfiles ouMilîon (âj, qui fut d'a- 
bord doyen de Chartres en 1458 , puis évêque en 1459. 
Ce prélat joua un grand rôle , dans les aiffaires de son 
temps, et fut employé en diverses ambassades. Dans 
lès commentaires de Pie II , qui sotit imprimés sous le 
nçwQ 4e Gobellin» on trouve à rjannée 1558, cette 
remarque : Fuit eo Umpore RomB Decanm CarmtensU 
Ugalm Frqnciœ , qui ad Calixtum de rebm Tvrcarum 
g$$tum venerat , m $uœ gentis sludUo instoAcU, 

* » Le second fut René d'illiers , son frère , qui lui 
succéda en '1480 et qui mourut en 1507. 

» Le neveu de celui-ci , Charles d'illiers (3) qui fut 
doyen de Chartres , et permuta , en 1508 , avec son ne- 
veu , Miflon d'illiers , qui nous fournît cet article , et 
abandonna à son oncle Tabbaye dé la Colombe. 

)} f^'un de ees prélats , évéque de Chartres , a été le 
bienfaiteur de cette église , où son nom est en vénéra- 
tion. Les embellissements de l'église et surtout de l'un 
àe. se^ clocheFS «un .des plus beaux du royaume , sont 
Son ouvrage. Noos pensons que' c'est Milldn, le premier 
doyen , dont nous avons parlé ». 

5. Donnons quelque chose de pkîs pi^cis -sut; ee (ure- 
inler évéque. Miles d'illiers fut' ^ il ftiut le dire, , un des 

'"-(4) iEj9é^ut8 de Latfont-- 

(2) Granâ oncle de Tévêqûe àt tuçon» ' 

(5) Oacle d^ Vévèque de Lqçoq et frère de Florent d'illiers. 



1527 ) BIOXOH D'iLilJERS , 2L.« ÉvâQUB. ( 219 

prélats les plus, emportés et les plus vicieux de tou$ 
ceux que mentionue l'histoire , et il faut, croire que 
révéque de Luçoh valait beaucoup mieux que son 
grand oncle. Laissons parler^ sur ce dernier» les écrivains 
du pays Cbartrain. 

a MUes d Illiers , dit Tun- d*eux (i) , 97.« évoque de 
C3iartres , dé 14^ à 1493 ^ portait d'or à six annelets 
de gueMe , 3 , 2 et t» Il Ait nommé réguliéreroeal , par 
le chapitre assemblé , le 1 3 .niai 1 45^ , sur lettres de 
pffioaisfi^ioii délivrées par le roi , le 9 mars pi^cêdênft ; 
mais il ne prit possesceion qu'au mois de décembre 1459t 
Lor» de cette élection , il était doyen du chapitre et , en 
même temps , curé de St.-Nicolas de la Paye , près 
Blois et UUers. Il conserva cette dernière cure » 
même étant évéque. Chartres n'eut guères de prélat 
plus turbal^t. Débauché , despote ^ querelçur , Miles 
eut des démêlés cçMBtiauels avec son chapitre.... d Le^ 
choses s'aigrirent à tel point , sous son épiscopat ^ dit 
un. autre écrivain (2], il y eut un tel feu croisé dlh-; 
terdits et d'excommunications , que le prélat , aptes 
avoir fait retentir le parlement de ses plaintes , obséd§ 
le pape de ses aecnsations contre les chanoines , prit 
le parti de^ battre en retraite / en résÂgnant son évécbé 
à son neveti'René ; ce qui donna naissance à une dif- 
ficulté de plus D. 

Pour les mcQurs de Miles dlUlers , ce qu'en disent 
BonaTenture Desperriers (3) et Rabelais (4} n'offre pa» 

(1) Do jeu V Hittoi're de la vt'lU de Chartre$. . ' .^. 

{^) n. de Santeul ; Trésor de K.-D. de Chartrtsî'" 
(3)^37.e nouvelle. ^ (A,) ^Panta^ruel , liv^j^Uï^^.^ç. ^ //_ ^Jl 



320) MiLtON DltLIEHS, 21.e ÉVÊQUE. (1532 

de bertîtode , inafs , quant' aux procès def cet évéqûe 
de Chartres avec son chapitre , pour des intérêts pé- 
cnnidires ou des questions de prèséançe , À'hônneurs 
ou de prérogatives , on peut dire qu*ils sont tellement 
nombreux et si [singuliers, la plupart, à liaison des 
inrétentions soulevées parTévéque, fu-qn auratt peine 
à s'en faire mie idée. Enfin , Mil^si d'Iiliers finit par 
^re ^:[^c<HnmuBté par ie pape ^ et*, t)1^9dné aa der- 
nier point , il ne voi|kit;pa$ en tenir, jeumpfe et don* 
na lieu à un scandale,, d^ to natur9^^.ia%p1iis grave (i) ; 
c'est par la preuve de ee fait ^«e j6 termki^ai» sur 
le. compte de ce ^prélat , m cHaol ê^ ^ocmnents 
officiels (2). 

«. Sous révêquè dé Luçon , Uilès d'fllîérs , on 
¥etrouve encore la mentiwi ^e noïiveatix flf&ats, re- 
lativement à Fachenal de Luçon. Le roi d^na ordre' 
défaire contribuer les seigneurs de t* Tremouille et de 

(i^ Ces documents m'oat été fournis |>ar ua ieanc et. éiudit 
ioîâgi^trat ; M. Btinol^t, jti(rBi9ùp|^léant«ia tribunal de ChaHres. 

.(2),.« Pi'ocès-^verbdl dra^imartpn , d'« iO octobre 1&70 » faif« au; 
nom du cbapîtrë de Chartres. , à l'évèque Mlles d'illiera , étant 
Sans sa' chaire épîsco^ale , à -1% diroilé'dts Atateft dà cKcfettir , podr 
qu'il eût à se retirer de rA({U4e>^ Mant exfioimnaaié pa3r L'attloriié 
appàloUque , et du refus fait , par ledit évéqne , de soiçtir de réalise; 
va lequel tefus , tous lés cbd'Aoines , ébàpelâms' et clercs, de 
U^^îaa-aa feraient retiriîs » pour ne p^s commuaiquer » in divints, 
avec un ezcoixiinunié ; nonobstant quoi ledit évèqne , assisté de 
ses neveux et chapelains , aurait chanté les pétiMéi .haureS > cé^ 
lébré la grand' messe , donné la bénédiction au peuple , comme s'il 
n'eut point été lié par wia- «sentence d'excommunication >• — 
texploft de Tan (472, fait eu v'ërfû de lettres toyaîes obtenues 
par le chapitre de Charti;e$, coatpq le S- évé<^e de Chartres» 
excommunié par le Pape , pour voir dire que défenses lui seront 
faites de se se présenter en l'église , jusqu'à ce qu'il ait obtenu 
absolution ». --Pour fiiilir' d» peindre ce {feesànoa^ v' il) faut 
aussi citer un. arrêt 4^ parl^me^t ^ du i.er :févfier 143^ » qui, le 
condamne à.^OO livres d'amende , et son secrétaire } nommé Beio|^s» 
aussi en iOO Ui^Ms'ti'aibend^'/ '^our fuuiùtéi, '* ^ ' > ' 



1532) ibLLm B'iLUBRây 21 .e trÈQVn. (221 

Champagne à son entretien » en mentionnant que , de 
toate ancienneté , il était navigable ; que sans lui \eÈ 
marebandises ne pourraient pas arriver dans l'inté- 
rieur et qu'ii était de plus utile aux seigneurs , à cause 
des dixiits qu'ils percevaient. Les commissaires nommée 
dédarent le seigneur de la Trémouiile tenu des rêpa-' 
rations depAië le port et hftvre jusqu'au marais Tail-> 
lefer , èl éelttî de Champagne , depuis le marais Tail- 
lefer Jusqu'à la mer. Le seigneur de la Flocellière est 
aussi condamné pour une part , à ces réparations. 
Mais ces sefgneuns forment opposition a Tordonnance. 
des cotiarmisiMiired et assignent devant le sénéchal de 
Pottoô. Sur ci^la ) le roi ftiit saisir par provision les 
droits et péages du canal , pour les employer , aussi par 
provision , aux répafMiotts. Pendant ce temps l'achenal 
tombe en ruine. EnOn , le 4 mai 1532 , le fdi prend 
us» déoiiipB djèfisitiva » cmforme & la première , et les 
seigneurs sont contraints de réparer une voie d'eau si 
nécessaire i pour la prospérité du pays (1). 

7. On sait que lea évéquea se faisaient porter assez 
généralement par des seigneurs » lors de leur première 
ontréedans la ville épistûopale , et il «st des abbés qui 
jouissaient du même droit (2}. On trouve la preuve de 
l'existence d'un droit pour l'évèqoe de Luçon , 
dans un avvu du 20 octobre 1532 » et si le prélat ne 
se faisait pas porter , au moins » il faisait conduire sa 
m(mture par .un seigneur. En effet , daus cet acte : 

(1) Mémoire manuscrit. 

(2) Boclîn f Recherches sur Sàumur , <)ui mentionne ce droit 
et cofametatll •^sx^rçaît poiMr t'Abbéde St. Florent ^e Mototgione. 

(5) M$. dû D. fMdeMMU. - 



S^ ) MiJLLON DlLLIE^S> 21 .« ÈytQOJK. ( I53â 

a Charles du Bouchet , écuyer , seigneur de Sainte- 
Gemme , déclare tenir de Messire Miles d'Illiers , évéque 
et seigneur de Luçon, tant pour lui que pour. ses 
vassaux , à cause de la cathédrale et de la cbat^Uenie 
de Luçon , à foi et hommage lige f sans ligenoe et 
à droit de rachat , au devoir et service de se trouver 
et venir au devant dudit êvêQ^e , jusqu'à Teutréede la 
ville , près Téglise de Saint Mathurin ,:par ou arrive 
ledit évêque , pour sa première entrée ; lecpiel dit 
Bouchet y doit être en pourpoint de soie et en chausses 
semelées , Tépée au côté , et doit prendre le 4îh;^al 
de l^évéque [ dieyal bon et conforme à la digiâté du 
prélat] , et le conduire par les rênes 4q la Jl)ride9. défais 
ledit lieu jusqu'à la porte de l'église cathédrale. Puis 
Févéque descendu , ledit seigneur de S)e. GeQune doit 
avoir le f^heval pour lui x>. 

8. C'est vers cette époque que des doctrines religieuses 
d'abord nouvelles et hardies , pour ne rien dire de 
plus f commencèrent à se produire en Poitou. 

On sait qu'au commencement du XVIi^ siècle , 
Luther, un religieux Allemand, de l'ordre de Saint 
Augustin, s'éleva contre les indulgences accordées à 
raison d'une croisade préchée contre les Turcs qui , 
comme les Arabes au moyen âge, paraissaient tendre 
à la conquête de l'Europe entière ; ne s'étevftftt pas^ 
seulement contre l'abus des indulgences, Lutfaep at-^ 
taqua les^ mœurSc du clergé qui alors laissaient beau- 
coup à désirer et annonça le besoin d'une réforme. 
Mandé à Rome , par le pape Léon II , le novateur 
résista , et trouvant de l'appui d^ns un prince de la 
maison de Saxe , il se fit chef de secte. . 



1534 ) MlIXON D-iLLIHaS , 21 .« ÉTÊQUE. ( 22» 

Ce ne furent pas les disciples de Luther qui travail- 
lèrent en Poitou à réformer l'œuvre des siècles. Jean' 
Cauvin on Çbauvin y dont on rend mal le nom par 
celui de Calvin (1) , Chanoine ou curé de la ville de 
Noyon , non admis à la prêtrise , avait marché sur les 
traces de Luther , et avait aussi fait sa secte. De sa 
personne ^ il se rendit à Poitiers , où il trouva des dis- 
ciples (2) , commença ses prédications et fît , de la pro- 
vince de Poitou 9 une des contrées où ses croyances ont 
eu le plus de retentissement , où elles ont le plus fait 
couler de sang et où elles se sont le mieux conservées , 
puisqu'une notable partie des habitants de la contrée 
professe encore la réforme. 

9. Or i en 1524, il existait aux Essarts, en Bas- 
Poitou , une fiUe pauvre , appelée par les uns Marie 
Secaudelle 90 Bdaudelle (3) » et par les autres Marie 



{!) On a reiida la nom de Chauvin , en latin, par Caïçinus , pnitf 
£uÀant passer ce mot du latin en français , on en a fait Calvin, 

(2) Ce fut «n 1523 que Calvin Tint à Poitiers où il fit connaissance 
avec le Sage', docteur en droit , qui comme lui , était de Noyon. 
Alors Calvin parvint h rendre à ses doctrines Reitfnier , lieutenant- 
général en la sénéchaussée de Poitou , Antoine de la Dugie, doc- 
teur en droit , Philippe Vernon « procureur , Jean Vef non , Alher 
Babinot et probablement le docte Jean Boisceau de la Borderie , 
qui depuis revintàlafoi orthodoxe. Alors le chef de secte commença 
ses prédications tant à Poitiers dans la maison du lieutenant- 
général Begoier ; qUe dans les cavernes de Croutelle et de Saint 
Benoit. On connatt encore près de cette dernière localité , la grotte 
à Calvin, Vernon demeura en qualité de ministre à Poitiers , et ïtg 
autrea furent prêcher les nouvelles doctrines ailleurs» Voir à ce 
eujet ThÛ>ai^deau« . Abfégé de l'H%$to}re du Poitou. 

(py Toir Areère / Ht'ét, de ht Rochelle. D'après l'usage d^alots 
de féminiser les noms propres , cette fille devait appartenir à une 
fiimllke-dotti le mota était Becaad.oa Belaud. Ces noms existent 
encore en Bas-Poiv>aL - . t 



ââ4 ) MiucN D'I&UERS , ai«6 È^qjm. ( 1534 

Gaborit (1). Cette fille fut placée en serrice à La Ro- 
chelle ^ et ayant eu occasion d'entendre les prédications 
des* novateurs^ elle adopta leurs doctrines. « Sortie de 
La Rochelle , dit M. de Beauregard (2] , elle porta aux 
Essarts f sa patrie , le venin dont elle avait été infectée 
dans cette ville et elle osa défier au comlpat un re- 
ligieux franciscain. Cette hardiesse éveilla Tattention 
des magistrats , et condamnée au supplice du feu ^ par 
le sénéchal de Fontenay (3) , Marie mourut avec cette 
tranquillité qu'inspire le fanatisme (4), On croyait alors 
que Terreur était un crime digne de mort. Peut-être 
que la rigueur dont on usa contre les disciples des 
nouveaux sectateurs alluma , dans leur cœur ^ cette 
haine implacable qui versa tant de sang ». 

10. Un procès eut lieu de nouveau à raison du droit 
que les évéques deLuçon prétendaient exercer et qu'on 
appelait le melius animal. Ce droit n'était appuyé 
sur aucun titre et ne tirait son origine que sur un 
usage qu'avait le prélat de prendre ^ à la mort de tous 
les prieurs et curés de son diocèse , séculiers et régu- 
liers , le bréviaire et le cheval de selle qui avaient 
servi au défuirt » ou dix livres dix sous en argent , k 
son choix. 

(I) Notamment dans qb martyrologe protestant ; îl paraîtrait que 
la mère de Marie« étant devenujB yçuve et s^étâpt mariée, on donnait 
par fois à cette fille le nom de 4Q1» beftu^pèrç. Du relate, le nom 
4e Gaborit est aussi très-coniwvn çn. Çaa-PoitQii, 

' (%) £»éfue3 de Luçan, . . . ' 

(5) Par François Brisson , liéntenant-gé(i.éral àt là sénéchaitS'^ 
aée de Poitou à Fontenay- le-Comte , père du fameux- Barnabe 
Brisaon et de Pierre Brissen^ dqfit j'f i dopfié U. chronique ,^ dfus 
les Chranigueê fontenatsiennfiê, 

' (A) £Ua fut brûlée ans Esearta ; néanmoiiM qmeltUM^Uia pré* 
tendent que son supplice eut lieu à Fontenayf « :. . 



1539 ) MltLON B'IlUBRS , 21 .« BVÉQUB. ( 327 

Celui qui résista à l'exercice de ce droit fat Matku- 
riD RouflSneao , prôtre-vicaire d'une paroisse dépen* 

dant d'une des abbayes. d'ÀBgers , 

à raison du décès de Jean Balleron , religieux 
et prieur-curé de ladite église. L'affaire fut d'a- 
bord jugée par l'Official de Luçon , qui domia gain de 
cause à Miles d'illiers , son évéque. Sur l'appel porté 
devant l'auditeur du siège métropolitain de Bordeaux , 
il y eut f le 17 octobre 1535 , conlBrmation de la sen- 
tence de Luçon. 

11. Un titre, relatif au domaine deChoi^^eaux » da 
31 Mars 1538 j fait mention d'un cartulaire de l'évécbé 
de LuçoB , recouvert de bois : le dernier n'était proba- 
blemait qu'une copie de celui-ci. 

12. Un manuscrit important de l'administration de 
Miles dUliers , comme évéque de Luçon , est demeuré. 
Ce sont ses Constitutions Synodales , publiées dans le 
Synode général de la St. Luc 1539 et imprimées , à 
Paris f dans le courant de la même année (1). Nous 
alloBs laisser M. de Beauregard (2) tendre compte de 
cet intéressant document. 

« Ces statuts sont précédés d'une préface écrite , 
comme le reste du livre , en latin id'un style simple , 
coulant et plein d'une onction que répandent des pas- 
sages de la sainte écriture , heureusement appliqués, n 
prévient les pasteurs auxquels il adresse son livre que 
ces constitutions canoniques sont en partie tirées des 
recueils des statuts faits par les évéques qui l'ont pré- 

(1), Cet ouvrage est très-rare. 
(2) Evéques de hucon, 

29. 



â28 ) MiLLON D'IlLIBRS , 21. e ÉVÉQUfi. ( 1539 

cédés , des canons des conciles de la province déjà 
publiés , auxquels il a joint des règles ecclésiastique^ 
nouvelles , d'après le conseil et les lumières des ec- 
clésiastiques les plus savants. Cette préface est suivie 
de six vers 9 à la tête desquels Fauteur Antoine 
Giraud ( de Luçon ) a mis son nom qu'Us n'immorta- 
liseront pas. 

<( Les Statuts Synodaux sont contenus dans viugt- 
quatre divisions, qui sont nommées AuJ^igues.(l} Chaque 
rubrique est subdivisée en articles» 

» La première rubrique traite de la comparution au 
Synode et nous apprend que cette assemblée avait lieu 
deux fois Tannée , le jeudi avant la fête de l'Ascension 
et celle de St. Luc. 

» Tous les ecclésiastiques devaient s'y trouver , sous 
les peines canoniques , après toutefois qu'il aura été 
pourvu à l'administration des paroisses. Les abbés, 
doyens ruraux et les archidiacres doivent s'y rendre 
avec leurs étoles jejuni rasiqiie omnes coronam et bar- 
bam. Ce dernier article nous apprend que les gens 
d'église faisaient raser leur barbe et c'est précisément 
à l'époque où les laïques la tenaient très - longue. 
Français I avait autorisé cet usage. 



* (1) On sait que par le mot Rubrica on entendait le titre d'nne 
loi qui dans les manuscrits et dans les premiers livres imprimés 
était écrit en rouge. 



1539 ) HUXON D'IijJBBS , 21.® ÉTÉQUB. ( 229 

» La seconde rubrique traite des sacrementSi et du 
casuel. 

D La troisième traite du baptême. L'évéque dit que 
les prêtres doivent porter l'étole à l'administration de 
tous les sacrements. En parlant de la nature de Teau 
nécessaire pour conférer validement ce sacrement , 
il parait exclure l'eau de la mer : aquâ elementari 
liçpÂidâ de fonte j puteo vel pluviali , non alià. On dé- 
fend aux moines et aux prêtres d'être parrains , à 
moins qu'ils ne soient constitués en dignité , nisi 
consangvineis. On défend de recevoir plus de deux 
parrains et une marraine , pour un garçon ; deux 
marraines et un parrain pour une fille. On défend aux 
mères de coucHer leurs enfants avec elles. 

» La quatrième traite de la confirmation. Elle an- 
nonce que l'évêque seul peut conférer ce sacrement 
et défend de le recevoir des abbés ou autres minis- 
tres , de manière à laisser croire que quelques-uns 
s'arrogeaient ce droit. Elle prescrit l'usage des ban- 
deaux sur le front dont on voit encore la pratique 
dans la métropole de Paris, 

» La cinquième traite du sacrement de Tordre et 
on fixe rage de dix-huit ans^ pour le sous-diaconat. 

2) La sixième traite du sacrement de reucharistie. 
Il faudrait la rapporter en entier , si on voulait ex- 
traire tout ce qu'il y a de beau sur cette matière. On 
voit que , dans ces temps-là , on ne lavait jamais les 
purificatoires qui étaient de lin ou de soie , mais 
qu'après avoir servi, on les brûlait. 



296 ) MlLtOir D'IlUERS , 21. e ÉVÊQUE. f 1539 

« La septième traite du sacrement de pénitence et des 
cas réservés. L'évéque accorde aux confesseurs des 
paroisses» hors de Luçoù^ la permission d'absoudre 
les personnes du sexe de ces cas résenrés , à eon^i- 
tion que les personnes CQupables sero&t de la confrérie 
de la présentation de Notre-Dame de FégUse cathédrale 
de Luçon. 

» Les péchés réservés à l'évêque sont au nombre de 
trente-neuf et la réserve] paraîtrait sévère. 

» La huitième rubrique traite du mariage. Tous les 
articles en sont «lairs , bien exposés et les principes 
s^mt exactement les mémtô que ceux que le coBcile 
de Trente a sanctionnés. 

» La neuvième traite du sacrement de rextréme- 
onction, 

» La dixième des dîmes et des droild des pai«is« 
ses , pour le temporel. 

» La onzième parle do la manière dont les curés 
doivent recevoir les testaments et attribue à la juridic- 
tion purement ecclésiastique la connaissance de Texé- 
cutiondes actes que les ecclésiastiques auront reçus (1). 

» La treizième traite des moeurs des ecclésiastiques. 
L'un des articles de cette rubrique ordonne aux ecclé- 
siastiques d'avoir des habits longs qwm talares. Cette 
expression appuie le système de l'abbé Boileau , frère 
du satyrique des Préaux , qui soutenait que l'habit 

(1) L'analyse de la douzième rubrique ne se trouve point dans 
noire manuscrit. 



15M ) MnXOH h'ÎLUSBSf 21 .• Atêqub. ( 131 

d'un prêtre devait être à moitié jambe , opinion qui 
1»! valut le surnom de docteur singulier. On ajoute à 
cette dimension en longueur de ne point user vestibus 
^xpecteroHê , fnmaiaHs , parîitis , $ed claueis tindecum- 

dfii^ à eoUo deeuper et non /te'a relrà » non apertis 

maniùie* 

Un article suivant dit : prohibtmusneutatUur lunatis 
œmnHi et timitum fene^raiis caleeis , caligis icaratis , 
eamaiis froncioMs , aut Mretis replicatis. Quant à la 
couleur des habits , elle n'est point indiquée , sinon par 
ces mots : Hinc tineta de colore quo banœ personœ eccle- 
siaeticœ utuntur in nostrâ dimeei. 

x> Les chapeaux étaient sans doute encore une parure 
trop mondaine , car l'évéque en prohibe l'usage à tous 
les ecclésiastiques de son diocèse , surtout à l'église , mais 
ils doivent porter des capuchons ou des camaux de 
drap noir. 

D^On y improuve la chasse clasnolam avec des feucons 
et oiseaux de proie , ainsi que celle qui se fait avec des 
chiens y comme trèsnllspendieuse et dissipante. On re- 
commande d'éviter les jeux trop publics et trop fré- 
quents de la boule , et on interdit les dés et les cartes. 

» On y défend les cérémonies ridicules qui avaient 
lieu à la fête des Innocents ou de St. Nicolas , surtout 
les mascarades. 

D En général cet article est rempli des lois les plus 
plus sages. 

La quatorzième traite de la conservation des biens 
des [églises et de la manière de les fiiire administrer. 



232 } MiLLGN B'IlLIBRS , 21 .« ÉYÉQUE. ( 153^ 

D La quinzième parle des églises et cimetières. Dan» 
ce paragraphe , on revient encore à la défense des 
jeux et des parades dans les églises ^ à certains 
jours de fête , ce qui fait croire que de pareils abus 
étaient communs : Nec in festis S.ti Nicolai , Catharinœ, 
Innocentium , prétexta recreationis scolasiici , clerid vel 
sacerdotes stultum aliquid vel ridiculum sociant in eccle^ 
siâ. Deniquè àb ecclesiâ objiciantur vestes siUuorum. 

D La seizième parle des paroissiens étrangers, 

» La dix-septième fait des règlements pour les pré- 
dicateurs envoyés dans les paroisses et les quêteurs. 

» Il parsdt que , dans ce temps-là , les abus que les 
réformateurs ont relevés , avec tant de fiel , étaient fort 
communs dans le diocèse de Luçon. Des prêtres , des 
moines y avec de fausses lettres de Rome et des reliques, 
enlevaient aux pauvres les secours que sont toujours 
disposés à leur offrir les hommes sensibles. Cet article 
donne des règlements prudents , sages , pour que les 
fidèles ne soient plus trompés ; Tévêque recommande 
aux curés de commencer , avant de permettre les quêtes, 
par subvenir aux besoins des pauvres et des malades 
de leur paroisse. 

» Il défend de laisser publier de§ indulgences , non 
reconnues par Téglise , et il finit par recommander 
aux pasteurs et aux prédicateurs de rappeler aux fidèles 
les besoins de la tabrique de Féglise cathédrale et de 
leur recommander la confrérie de la Présentation de 
Notre-Dame de Téglise de Luçon. 



I53d ) MlIXON ul'IujEns, ^i^tYÈQXm. ( 233 

» Nous remarquerons que c'est la seule fois que 
Texisteuce de cette association dévote au service de la 
S.te Vierge » soit venae à notre connaissance. 

> La dix-huitième traite de l'excommunication. 

y> La dix-neuvième parle de Texécution des ordres 
émanés du tribunal de Févéque , des formalités et des 
frais des actes faits à ce sujet. 

» La vingtième s'occupe de la célébration des fêtes 
et on y renouvelle l'ordonnance de Louis , cardinal 
de Bourbon » que nous avons citée à l'article de ce 
prélat 

» La vingt-et-unîème traite des médisants et des 
blasphémateurs. 

)i On y défend aux prêtres et aux clercs de disputer 
avec des laïques des articles de foi , et on y recom- 
mande le culte et l'honneur dû aux images. On y 
cite ces passages : Gentibus pro lectione pidura est. Pio 
iurœ sunt libri msticorum. 

D Nous l'avons déjà dit , toutes ces ordonnances sont 
tirées ou des conciles généraux ou de ceux de la 
province , fous inspirés par l'amour de la discipline , 
et tous appuyés sur les principes de la meilleure théo- 
logie. Ils nous font regretter les autres actes de cet 
évêque qu'il a dû multiplier, dans un épiscopat assez 
long (1) ». 

(i) m Miles d'IlHers dît anparurant M. de Bcanreçard , a sîégé 
long-temps, maïs les pertes qu'ont éprouvées nos archives dans la 
longue durée des guerres de religion ne nous ont transmis aucun 
acte imporUnt. Le seul monument de son épiscopat est un recueil 
de constitutions synodale». ...» 



â34 ) MUXON D'iLLDERS, 2i.« ÈTÈQXm. ( i5SS 

13. Après cet exposé, l'auteur des noies sur les 
Evêqtm de Luçon , ajoute , mais quelques pages apràs , à 
ce que Ton vient de transcrire : 

a Nous aurions dû , dit-il , à la suite du compte 
que nous rendons des constitutions , faire mention 
d'un livre qu'il recommande à tous les curés 
d'avoir avec eux et qu'il fit imprimer avec lesdites 
constitutions auxquelles cet ouvrage se trouve 
réuni. C'est le livre intitulé : Opm triparHtuim , de Dei 
prcBcepiis , de confessione et de arte bene marienii « du 
chancelier Gersôn. C« livre imprimé en finançais et 
latin , dans la même édition , est précédé d'une lettre 
pastorale de Millon , dans laquelle il déclare qu'il a 
fait à cet ouvrage beaucoup d'additions. L'évéque 
ajoute 9 qu'il accorde quarante jours d'indulgence à 
ceux qui en feront ou entendront la lecture , et il 
ordonne aux curés d'en lire un chapitre à chaque 
prône des paroisses. Ce livre fut publié au synode 
d'hyver de 1539. 

» Le titre général en est singulier : Instructions des 
evréSf pour instruire ïesîmpi^ peuple. Il est enjointe 
tous les curés , vicaires , maîtrts des eschôles^ d'hôpitatUx 
et autres presbtres , partout Tévêchi de Luçon , d'avoir 
avecques eux le présent livre et en* lire souvent , €ty a 
grans pardons et indulgences en ce faisante». 

14. Des difficultés , dont on ne connaît pas bien 
l'objet , s'étaient élevées entre Miles d'IUîers et son 
chapitre » elles furent terminées p«r un accord de 
Tan 1539 , pendant que Pierre Marchand était doyen 
de ce même chapitre. 



1540 j MiLLON dIlUBRS ,21.6 BVÉQUE. ( .235 

15. On trouve qu'au commencemeut derannée 1540 , 
il avait existé un procès entre le clergé de Luçon et 
Louis de Thorigqy , héritier de Nicolas Boutaud , évé- 
quede Luçon, à raison de la fondation faite, parce 
prélat , aux Moutiers-sur-le-Lay (1). Plus pacifique que 
Louis de Thorigny , Gui de Tborigny , héritier de 
Gelui«ci 9 transigea sur cette contestation ^ en 1540 (2). 

16. Une des seigneuries de Luçon appartenait encore, 
vers ce temps à la maison de la Tremouille. En effet, 
on trouve , le 18 septembre 1540 , François de la Tre- 
mouille rendant au roi hommage lige , au devoir de 
rachat , pour sa chatellenie et seigneurie de Luçon. 

17. n a déjà été question du bail de St.-Philbert à 
Luçon. On en trouve encore la mention , dans un acte 
du 10 Juin 1547 , où Tévéque Miles dllliers déclare 
qu'en sa terre , chatellenie et seigneurie de Luçon , 
il y a place à bâtk, prés le boulevard et portail d'en- 
trée du château dudit Seigneur , audit Luçon >; appelé 
le bail de St. Philbert (3). 

18. L'iDdicatîon qu'on . va dqnner peut être utile , 
pour reconnattre d'anciennes localités. Le même jour 
10 Juin 1547 , Miles d'IlUers , évéque et baron dç 
de Luçon , accensa un terrain de dix-huit pieds de 
long , pour y bâtir une maison , près le boulevard 
et le portail d'entrée du cbâlean dudit seigneur évo- 
que ; tenant ledit terrain , d^un tàté à la muraille de 

'' •...■,'. 

(1) Voyez ci-dessus Ilî , 23. 
(2^ M. s de 2). Bonteneau 
(5) Idem, 

30. 



â36 ) MiLLON D'iLtIERS , 21.e ÉTÊQUB, ( 1547 

ladite forteresse ou bail St. Philbert , et d'antre bout 
traversant la JDouhej jasqu'an chemin qui va de la 
halle dudit Luçon à la maison de la Ramée et 
église cathédrale de Luçon , au long des Dtmhcs du- 
dit bail St. Philbert (1). 

19. Des lettres de garde-gardienne furent accordées 
au chapitre de Luçon , par Henri II , à Yillers- 
Cotterets , en Août 1547 , et elles furent enregistrées , 
plus tard, à la sénéchaussée de Poitiers. 

20. Miles dllliers avait pour vicaire-général , spi- 
rituel et temporel , Christophe Marchand , abbé corn- 
mendataire d'Orbestier , archidiacre et chanoine à 
Luçon , et il lui avait donné ses lettres avec puissance 
de substituer un ou plusieurs vicaires^ avec telle ou 
semblable puissance ou limitée comme lui. Or , le 4 
Novembre 1547 , le prélat parlant à son vicaire-géné- 
raly lui déclara qu'il révoquait cette clause, et il en 
fut dressé acte. 

21. Je mentionnerai ici un induit accordé, par le 
pape Jules III , le 11 {Avril 1548, A un membre de la 
maison de Fouchier, seigneur du Gué de S. te Flaive 
et de l'Ementmère et à sa famille. 

Au dos de cette pièce et pour lui faire sortir effet , 
dans le diocèse de Luçon , un visa fut apposé par 
Jacques Clemenceau , sous-chantre de la cathédrale 
et vicaire-général de l'évéque Miles dllliers. 

22. En Octobre 1549 y le roi Henri II adressa an 

(I) M. s de D. Fonitneau. 



1549 ) MnXON D'IlXIBIlS f 2i.e BT£quB. ( 337 

sénéchal ^4 Poitoa » aux fins de notifier aux évéques 
de Poitiers , de Luçon et de Maillezais que leurs dio- 
cèses devaient payer, pour la suppression de la gabelle, 
dans le Poitou, savoir: le diocèse de Poitiers 16,400 
livres tournois , le diocèse de Luçon , 3,940 livres 
toamoîs t et le diocèse de , Maillezais , 5,240 livres 
tournois , pour leurs parts de 200,000 écus d*or , à 
acquitter par plusieurs provinces et enfin dans les 
25,000 livres tournois , pour frais de poursuites ; Poi- 
tiers 911 livres; Luçon, 218 livres;] et Maillezais, 
290 livres. 

23. ce On voit , dans un acte , dit H. de Beauregard, 
(i) notre évéque prendre la qualité de seigneur de 
Luçôn. II Tétait en efTet, et jouissait, soit par suc- 
cession , soit par acquêt de la baronnie de Luçon. » 

Cette dernière conjecture est la véritable. En effet , 

par acte, du 8 1549, Miles dllliers , évéque 

de Luçon et doyen de Chartres , demeurant alors , y 
est-il dit , au château des Mouliers-sur-le-Lay , acheta 
d'Anne de Laval , douairière de la Tremouille , la 
terre et baronnie de Luçon , qu'elle avait eue , par 
cession , de Louis de la Tremouille , son fils ainé.JLe 
prix fut fixé à huit mille livres tournois , pour cette 
propriété, qui relevait directement du roi & cause de 
don comté de Poitou. Le fondé de pouvoirs de la Dame 
de la Tremouille , était Gabriel de Mouleves , prieur 
de Grammont , près Chinon. 

24. Or, devenu propriétaire de la seigneurie de 

(1) Évéques dt Luçon, 



238) MiLLON DlLLÏERS , 21.e ÉVÈQtk. (1549 

Luçon, provenant de la maisonr de la IWnîiouîlIe , 
Miles d'illîers voulut monumenter son commencement 
de jouissance , d'une manière sol'eïinelle. En Consé7 
quence , le lendemain de la Nativité Notrê-Èame , 9 
septembre 1549 , ce préiat prit iJôss'essîon de cette 
baronnie , avec un grand éclat. C*était uh* jour de 
foire à Luçon et ceux qui se trouvaient à cette ré- 
union commerciale virent approcher tout -*■ à - fcoop , 
sous là halte et au milieu des marchands (l) , Miles 
dllliers , dans ses habits épîscopàux , * précédé de' 
l'appariteur du chapitre , portant la mas^è' d'argent 
et des chanoines ^ iioarchaiit processionii^llement. Pois 
l'appariteur cria par la. JiuGhe,dnd\t lieu, c'est-^-dire à 
l'endroit où se faisaient .d'ordiaaii;e^1e$ pid)lieatj[oii$ : 
Or, Oyès , et l'évèque donna ordre à,uu des officiers 
de lire son acte d'acquisition , et le sénéchal dressa 
l'acte de prise de possession , i|iii fato-Kigoé paC' «n 
très-grand nombi» de .perâonnes. •. j. » 

25/ On vit encore se renouveler ', poîur la'dçrAîèif'è 
fois, des difficultés relativement au )iiminaifé àè Tç- 
glîse cathédrale de Poitiers. On connaît 'W^Jléciàîons 
antérieures, rendues .coûtre les. égjisé^ du 'diocèse de 
Luçon , et pourtaht, le droit cessa énçote, d^eti^é'payé. 

Tremonlll«. « On r^war^ae < dit unr ancien cn^moirp » , i^a'c^^ 
(cette seigneurie) n'avait point d'autre* clièf d'homœ âge que la 
halle do^dii lieu , la tnar^oe la .plus. £onsidér%bll) !et< 'la* "plus A^pOh^ 
rente , la première dans le» dénombr^meats^ le sicge d^.la juri- 
diction et de la justice , la base et le fonkleVuéni'de tôûs les 
droits qui s'y rapportent comme à leur source et le principal de 
tons les . nkenibr^s qi|i s'y Fa9semble«it,,4Qonpfpe4ttA0 lervc «Keft _. . 
C'était la baroDuic profane, l/aulrs était ecclésiastique , de l'ancien 
domaine de révècné, et a pour chet'-lieu l'Hôtel épiscopal et le 
ch&Uau de Luyon , ou il y a uu capitaine établi pai^ l'érôque. . '. » 



I55i ) Mnxon i>'1ùjbr$, âi.e tvÈQm. (239 

Ifafs relise 'de Poitiers obtint une sentence par défaut 
du sénéchal de Poitou / et enfin ,- sur l'appel, cette 
seiitoice Ait eot^Bmée-, par uil arrêt déRnitif dd 
parleâieiit de Paris i en date du 7 septembre 1651. 

26. Comme, liijles ^IHiers i^idait par Ms daAs:$on 
dojenné de Chartres , il avait besoin â*W^ sorte de 
coadjuteiir^ poor le rei^plai^er. C'était un memk)^ de 
soa cliapitre ^^Tioairerg^éiral , sacré éyéqpe et pii^*tfii|t 
un titre étranger. Je yeuxippurler ipi 4e lean L,ebliinct 
ebwolMe-^;allO<ipie]? « 90US*dojen de Luçon et év^uQ 
deSalonnie (I) dont <pi rcytronre^a Je ;|iom a|Ileors* . 

« Miles d'niiers» dit 'M. de Beauregard (2) , a sans 
doute contribué à rétèdilir'les bittiments de réglise; Les 
ckrftiies sont en partie; se» ourrage , et ! ses armes ^ 
placées en^ plusieurs endroiis (8} , <en font foi. Partout 
100 .écQÊàm.est barré et en banniôre. C'est, ainsi 

■ . • !^ :»:'.).*,,..'. J « ' '• .'. .'•.;. ; 

(1) On lit ce qui suit • dans un fragment du nécrologe ' de 
Luçon, .extrait defl AuanuçQrjts de. J>. Estiennpt ; *Anntversar. 
î)otninV du*Bianû\ 'episcop-i, feVtâ siitundà' Pasàfite O/flciiirà diei 
«MKAI V 4iâb ^totkMVi^MnaêiUkiêraltàra'iSmuii'J(kimni$'Ba^hstb 
*cum' €fH9t9rf^ ni Mb, •mu!-.-: » - • i . •» ; ... .1 

•■•(2J E^'é^^'de Lutim:^'-''''^ . .n . , • ' : f • I 

/3) Les ar/nes d'IUjcrs-Vendôrne , dit ^.' de BcauxegarJ , «ont ; 
d'Or,' à SIX anrieléts 'de giiéuUs. Lfc's ëcûysons «ont'carrfcs', comm^ 
ceux ài^B s€i^hetfr» baAiH»rê49.'^'>^ Loà- «ffiioii^li'' que' noiis ' doAikont 
m, {h, 9tiv^ntmèfu$ d Griffons amit\'pifi^é'tmatvtçria% 4^iiik 
sosi^ manuscftf J sept celle* de Millon d'IlUerfl., tUes se vqipn^ 
BÎir une des croisées de la bibliothèque du cKapilrc de Lnçon et 
èHés «ârft accbsiées d'une tnîtrc' et d-'niie crosse. Les émaux "h'j 
«ont {HMOti'mafr^iiâil Le l.er et':ik.e t|uftTtt«rs> sont «^illfers ^Lfc> 
%9 et S'^ aoAl dep alIianc«Ai ^^i npus^oi^t encore inconnues, ^i^r 
le tout de Vendôme -anciea.: d'Argent au chef de gueules t avi^ 
Lyon d'azur , brochant l'un Sur' l'autre » Lé '3*.6 quartier â' 
quatce bandes tu longneUf ■ éV le S.e un lion. ' ' * ' - 



240} MUXON 0*IlXIER$^ SKe: Éy^Qra. (1551 

qu'on les voit au-deasiis de }|^ porte de l'escaHor qpi 
monte au chapitre , au-desspus âHme croi^ de la 
bibliothèque ,. à côté d'uç autre ^1 aux cle&4ea jvoûiteft 
du c)ottre , 4u cé^é de V^^éché. ,L.a<p2^iei 4ii ^Ué 
des magasins est sans doute la plus ancienne. On 
voit égalcit&ent s^ armes v sur les p^ïérs^ d'une cha- 
pelle de l%Kse ^ du cÀté du cimetière > aVeé te^ nom^ 
de Jésus 9 de Marie , de Paul m et FraAçôâ 1^ ^ ee 
qui^ prouve qu'ils ont été eon^ruits'' de sckq (émpi^. 
Peut^tre même a-t-it feit Mrè câ édifiée^ à sesr 
dépens? Danâ toupies lieux oA soirf ^cëès ces' ar- 
moiries , ^t«s porfeiil ^llIlMrs > ' qui sont neuf 
annelets ». 

28. Un acte fait connaître parfaitement le caractère 
de Miks dTJlliers » son goût pour les cérémonied et 
la i^eprésentation , et le désir de Hure pa^er son nom 
à la postérité; C'est le testament de Joe piélat , queje 
vais reproduire presque en entier ^ à cause de son 
originalité. .. , ; . 

« Aa nom da P^re , etc. N<>à$ Miles (fTlUers \ par la. grâce 
d&nieu et du St.. Siège ApostoUaue^ Eyêqtte et Baroo; de 
LuçoD , et ës-Doyen de la trës-ancienne église de Chartres , 
fondée en r honneur de la Vierge ., qui deTiaU enlisfiler le 

Sauveur du monde Filleul et neveu jije très-rév. pères 

en Dieu et illustre^ personnes, l^éssir^ Miles et.'Rénë^d'U' 
liers., en leur vivant, êvêques de Ubartre^ y sain de. corps..», 
étant de lâge de soixante ans , veux et ordonne^e , quelqae 
|[iàrt que Je décède, mon corp^soit poHé à ma maison èa- 
^Cinlcale de Chartres. (Ici , .M^es dUliers ordonne des prières 
et 'des* services, avec une pompé extraordinaire, n demande 
^eles àbbés, religieux, le clergé de' Chartres et les oP- 
flcicr^ de Justice soient tous invités à la cérémonie de ses 
obsèques et fait des legs >^ à presque toutes Içs élises , soit 



155! ) Mium D'IlXIBRB, 31 .« ÉTfiQUB.' ( 241 

de cette ttne^ soit de se» terres, dans mie desquelles 11 
fdvde six prébendes ]. 

« Jlem , Je f eux <iae mon eorps , après le serviee fait , soit 
iabomé en Jègllse. des fcères presebeors de Chartres , en 
la YOùle même gae i*tf faU faire , où frléent lés corps de 
fea H. Mlles d'illlers , en son vivant , évéqaè de Chartres « 
( grand onde ) et de Teo M: Charles d'Illfers , doyen de 
Chartres , mon oncle et principal bienfaitear -, et ÉHir ioelle 
voûte soit faite une sépulture de cuivre » élevée de terre de 
quatre pieds et de douze pieds de long , et que sur icelle 
tombe soient élevées les efflgies de trois évéques ; savoir : 
celle dudlt Miles dniiers, évèque de Chartres, qui sera 
tout an milieu , et celle audit René d'flliers , aussi évéque 
de Chartres .« lenanir un cœur de cuivre entre ses mains, 
qui sera du c^té dpxtre et la mienne du cété aénestre, 
avec récriture convenable tout A rentour. 

« Iteoi , J'ordonne qu'à l'un des bouts de ladite tiwnbe , 
savoir : en Joignant les télés desdites efflgies , soJt fait un 
moïse de cuivre , à dire les épii^lolies , sans toutefois ew-* 
pescher de descendre dans ladite voûte. 
» 

« J<«m,qu*au chœur de ladite église , il soit fait, de mes 
biens , on aigle de cuivre de la sorie de celui qui est au 
prieuré de Saint MarUn-des>Champs , à Paris , et un pupitre 
à dire les évangiles , de cuivre , et le mettre au côté droit 
auprès le Saidran dudit maitre autel. 

( Ici , le testateur recpmmandeqoe tous ces ouvrages soient 
beaox et bien Mts» ^^^ <^ remarques minutieuses, lire» 
commande ep Qutre des 'services et prières û dire, cha*- 
qne année , avec une grande solennité dans cette église , 
auxquels le clvtpitre de Chartres était invité À députer trois 
dignitaires et trois chanoines à qui on devait payer une 
f6rle rélribulion. Les ofQcieni de Justice et ceux de la ville 
étaient également priés à assister à ces cérémonies, et, pour 
s assurer aussi de leurs concours , Miles d'illiers leur allouait 
aussi' des droits dé présence considérables ). 



34â ) MaiOK .l>lLi;.D$BS , 21 .e JBVâQlïB. (1551 

« jnem>Je lëgae à tolUoarSt aii,.do]^eii de l'égii9« de 
Chartres , ma maison de la Ballay^re « considérant que 
fea M. d'niiers , en son vivant , èvêque de Chartres , mon 
grand oncle el parrain, Chartes d'iIUers, noii «ncle et 
moi y avons tena i-espace. de eeni.ffliâledûyelinè de Char- 
tres, sans faire dç grands biena: Xcrint aossl qne les doyens 
qaand Us vont visiter lenrs paroisses., n*ont ni' Ibgis, ni 
étalde , $ont contraints loger a la taverne , qal n'>e^ obose 
looable ni très-convenable. 

( Ici , des dons inflnis à tontes les paroisses qui dépen- 
daient de son doyenné , sartoot à celle de Gustelle on 
Gnstrelle , où , dil-tt , nous avons fait inhumer le cœar de 
fôu Messire d'Illiers , mon père }« 

. « /fem , Je venx et ordonne qne, en quelque part que Je 
décède, que mon cœur soit enterré en Téglise cathédrale de 
Lusson , devant le maître atttel et au lien que J'ai montré & 
Mons. révêque de Salonnie , mon sufiflragant , ( Jean Leblanc } , 
ban<^ne et sonbz-doyen dudit Lusson> et à M.es Jean Lemafre, 
docteur en théologie et Jacques Clemenceau , tous deuit 
chanoines et mes vicaires audit Lusson. Et qu'en icelul lieu 
soit fait une tombe de cuivre , de dix pieds de long ou 
environ et de la largeur de celle de M. Lançelot du Fau ; 
en son vivant , évêque de Luçon , en laquelle tombe sera 
mis lefQgie d'un évêque , tenant un cœur entre ses 'mains 
et l'écrlteau à l'entour, Cy-gist, etc. , avec mes armes, aux 
deux côtés et aux quatre coins. 

« Item, ordonne que an costé sénesire du chœur dudit 
Lusson , soient faits deux piliers de cuivre', de six ou sept 
pieds de haut, portant mes armes et ft Iceux piliers soient 
mis une table de enivre delà longuefur et largeur suffi- 
sante pour porter une effigie d*èvéque , estant les mains 
Jointes , la tète ïiue'et à genoux , revêtu d'une Chappe et 
eimements pontMcavx , et soit èèrit' âi^détaht delà table : 
« Des. biens de Monseigneur 'HfleÀ d'niiérs, évêque seig. de 
» Luçon et doyen de Chartres ». • ' ' •* 

« Ilem, Je donne à la fabrique 4e L|^oikjd|Mi^,(çei^UYf fi» 



1651 ) Ua^JOn B^IUIBBi » 21.« âTÉQUB. ( 243 

loornois, poar estre emplc^èes à acbeTer de dore les 
elottres et , en ebaseane dalnroye , mettre deux escaseons de 
mee aimee 9 eemme à celles que J'ai déjà fait Caire, 

« ném , Je donne et lègue à toufours , mais à mes sac* 
cessenrs évèsqaes de Laçon , la terre on seigneurie dodit 
Laçon que J'ai acqaise de Madame Anne de Laval , veave 
de fea H. François de la Tremooille , Dame propriétaire de 
ladite terre , à la charge que lesdits évesques soient tenus 
bailler, parchascun an, aux chapitre et chanoines de Luçon, 
la somme de soixante-cinq livres tournois » pour la fonda- 
tion de matines du Mercredi des Quatre-Temps de Noël , 
lesquelles Matines Je veux être dites solemneUemenl à chantre 
et sous-chantre , avec la sonnerie et luminaire accoutumés 
es fêtes solemnelles , en y gardant les cérémonies qu'on 
garde en TégUse de Chartres , savoir : est que durant le 
dernier psalme des matines , sortent deux chanoines da 
chœar et s*en vont au rëvestiaire avec quatre enfants de 
chcsar avec la croix , les cierges , encens , sous-diacre et 
diacre , revêtus de dalmaliques blanches et au milieu du 
cbœar se doit chanter , par ledit diacre , révangile Hfinui 
«fl Gabriel , Jusqu'à la fin , où est : Ecce aneilla Domini^ fiai 
nUhi , etc. Ce fait , le prêtre qui a commencé Matines se doit 
mettre à genoux , aussi le chantre , sous-chantre , avec les 
deux chappiers , des deux côtés de lui , devant Talgle , et 
tons ceux du chœur se prosterneront sur leurs sièges et 
chanteront bien posément et dévotement l'antienne Salve 
Beffina , avec versets et l'oraison Deue qui beaim Maria VH^ 
ginis , utero , etc. , après lesquelles le chantre dira Deprofitndie^ 
à la suite l'oraison Deue qui inler. Ce fait , on se lèvera , le 
diacre portera l'exposltlop de révangile. Bt entend. qu'on 
diatriboe la somme de vingt Uvres aux chanoines et dix livres 
aa lias chœor aux présents , tonte excuse cessante , hors 
maladie. 

« Jlem, Je veux que ledit mercredi soit fait un anniversaire 
Bolennel avec les' distributions de trente livres , et à l'an- 
niversaire et auxdltes matines sera sonnée la pM gfoBSé 

cloebe qt mie aeole* JU teiS' le c«i<A adifêQ4rtf I qpe ^ 

31. 



244 ) HlIXÔN D'IIXIEBS , 21. e ÉvAQI^E/ ( 1651 

dite terre que J'ai achetée de ladite Dame de la-Trennoome, 
huit mille livres en principal » sans les ventes -et loyaux 
coalements tai retirée, Je yenx qu^en cra cas des deniers 
qui en seront rendus , en soit baillé deux mille livres an 
chapitre de Luçon pour acheter soixante-cinq livres de rente , 
en bonne assiette , pour ladite fondation. Et du reste des 
deniers, ]e veux être ladite fondation et des suites des deniers > 
Je veux être convertis eh réparations utiles et nécessaires es 
maisons épiscopales et réparations de Gharroux < sans doute 
Ghateauroux ), la Bune , Beugné-FEvêque autrement dit Tabbé, 
Ste.-Radégonde , la Touche-Landry et des Magnils , pour y 
faire faire le service divin. ( Encore plusieurs donations à 
SI. Malhurln de Luçon , les Gerisiers et autres églises , pour 
ornements, à ses armes). Quant à.mès meubles , les donne 
aux hôtels-de-vUIe de Gharlres. 

» Et pour l'accomplissement de mon présent Testament , 
Je. fais et élis mes exécuteurs Meeslre Jehan.de Daillon^ 
chevalier de Tordre du roi , comte du Lude et baron dUliers , 
M. révêque de Salonne , mon suffiragant , chanoine et soubz- 
doyen de Luçon ; ensemble M, le protonotaire des Granges , 
abbé de Bois-GroUand ( Guillaume Gathus), M. Jehan Le 
Maire , docteur en théologie ei prieur de YiUeroy , autre 
chanoine et mon vicaire « et JeanMlQlle , conseiller et avocat 
à Chartres , et baillif de mon doyenné de Ghartres. 

Fait le. Vendredi , il fi dç ffev^mbre-t jour de la Présent. 
N. b. lô&l , et aabont'eMiOfl&rU: Ma est. £. dejjiçon». 

. ■ '. ' î .•'''■ \ ' , 

29. « 'Jamais Te^ament ; dit un Ecclésiastique ^i a 
exaD[iiDè .1^ 4^positiQn$ 4é ^Hes dlUiers , . n'est entre 
dans de plus grands détails que celui-ci » pour les 
cérémonies des funérailles du testateur où tout devait 
respicejr .la pompci «iet^ia niagnjy&cence. Lès idées de 
g^uidfi^f ^,de:noblesse:Sont môwetrapsfiçûses aas:; fou- 
datJoAS UiW.Oa iie> ttowfe-T^ti ^U» cette pièce. 



fiaiMIipiri dîfiR 9 là simplicttédlasi. homme occupé de 
rétemité» et. tout. an. contraire y respire le faste et 
ToiYneil »... 

' 30; Ce testament ne fal point exëcfotëf dàoâ sa 
pfas grandel pàitie/ snrtoat relativement à b-èessiônf 
de la baronnie laïque âeLneoii à réyèqoe de cette 
TîUe , et Je vais biei^ftt parl^ do procès qui, eut Ijeu 
entre le prélat et son cbapttre ^ les héritiers d'IlMcrs« 
Pe jpius^^M-' dj^ Beajiregard (1) &it connaître que la 
tombe .^ cuimpa.» i^'a Jamais, éti^ placée , non plus que; 
la tablo d^ marbre, et. que la fondation du mercredi 
avant Noël étaii dqmefUPée inconnue dans l'église dei 
Lnçc^n^: ^ •. ^ mv. •....,.. 

31. B'ô'ù provient cette non exécution des dernières 
volontés âè iBilês d'illiers ? D'après un mémoire ma- 
naécrit , celatîent à ce que Toriginal du testament avait 
étéi soustrait. Un document dont iL sera bientôt ques*^ 
tion doBiie beaûcdup de toce à cette assertion. 

, 32. Pans qne, transaction de Tan 1S52 , .on voit le 
chapitre de Luçon , représenté par René du Puy-du- 
Fo]]^, iA llji^tre famille de. ce nom » archidiacre et 
abbé de;Noirmoutters et MaUre Jean le Blanc , évèque 
deSalonnie. 

33. On trouve des indications qui établissent que 
Miles dlUit^r^demeurait'tantètÀ Chartres » tantôt à Lu- 
çon. Touj<prs est-il que quân4 ce prélat résidait dans sa 
ville épiscopale et qu'il le faisait attester par son cha- 

{{) Evéquss de Luhftn, 



ptti^ i mi tfflatt qa'il pouvait toucher tous 1«6 rcrreniw 
de SES bëDéficès ^ saçCles digtribotidi» (1).' - 

34. Miles d'Dliers se décida à résigner (2} son évêché 
& 8W petitHneyea-lnreton , René de D^iUoa duLi:^e , 
ea i^pâ^^i ^t M. deBeawegard ^ indice poûti^iaeB^ 
16 43 AîVril dQ cette emép^ ; . . , 

'"^S. Criant & l'époque de la mort ^e Dfiies dllHens ^ 
li. de Bèauregard (3] a' relevé des érirenirs l^ebappéei» 
à d'aiiibres écrirams. «Les frères dé S.të'Martbë /ïans 
leiir Gaide ChrèUenne/dit-fl , fotît Vître^iiloli dlHi^is ,; 
Jusqu'à 1568. On trouve céttef assertion iParrfldled^ 
doyens de Cliaiftres, en pàrlaiit dé iW; ^ecàréûlttan 
ad 1^68 retinuitr guà ab himam^ reeesnt. Si^^i^ 
époque est bien certaine Hillon» qui ét^it âojen..4& 
Chartres , en 1508 , aura v^cii biluçh lQng4emps\. * 



. a Mais il est .certakk qu'i l'époque^d^/ides » 

n'existait piiïs. Le lïatté fait avee.«0nrfaéritSer4:€ai lâSl 

et 156d^ déiBootrai^e.les^auteQrs/Jdeda Gaideiair^ 

tienne se sont trompés. Millon n'existait plus dès 1555. 

J'en trouve la preuve datls Iç rcgfsiti' c^hx&iiré (é). ». 
. . • ; . . . • ^'.;.v[ -•*. "î '/• 

^1)' « Attestation cia cKai^tlre Ae'^Loçôn*,^<^n' itm,fpét^ 
taot qud Mile» dj'Illieffl ,; .é\^^qnQ H pb v)^<^e . (Jf :'^i^n )C^ 'M^. 
doyen de CLartres » était résuUnt dans son diocèse «t j /aifait 
les fonctions épiscopaica et qa'vn qualité de résidatlt « *il-poir* 
vait toucher tons les revenus de quelqut» bénéfice qu'il pouvait 
avoir , à l'exception des dis.ti^ii)atie,n» ^ etc. » M. d.e «S^oteul^ 

Trésor de îf.jy: de Chartres. ; -. . v/ . 

(%) « D, Milo d'Mdiérèé. dh uh de; nfm-f^é^fMSii^iÉmt 

£pf'$copatu », On lit dans Vautre :, < Benatu^ D, JJatilqn» 

habuit EpUcopatum à "Domino 'd'Huer s resùfnattone viéi ytùitA..: »• 
(5) Ef^égmet rftf X«f«»^ . . . ^ . ; * '•; 'i' ' '' 

(4) Ici on cite une commission , dont |è parlerai bientôt , ayant 
pour but de traiter avec l'héritier de Miles d'illiers» en Janvier 
Î5:;&->i5S^; Donc ce personnage éti^it d^jà .déeéd^. ^ ' i 



1<552. ) R£2fi M DaOLON , ^.« ÉVÉQC7B. ( 247 

4..BBin& rDB Dauxoic du Litdb , fiit le 22.e évéque de. 
LaçoB »rfar la fésignation que lui en fit Miles d'IIliers son 
grand-oude-breton (1) et sans doute aussi par le con- 
septemeiit du roi, i qui le choix des prélats était dévolu» 
àTei^^lusion des chapitres , d'après le concordat pass^ 
entre JF^ançofs I «t I^n X« On a yu.que £on pré- 
décea^eur cessa d'être évéque de Luçon ,'. le 28 Mars 
1552 , et c'est à. cette .époque qu'on doit f^ire com->. 
meocer l'adininistration de son successeur. 

2. LiëmgiâtreBdes déHbéra(iollMâl^Mail»es , enpoi^ 
lan^de René dé Baiflon, Uappelent M. Tei/u. Ce n'est )mm1 
àèireHi{u'iilefit été éhoM parle cbajâti^i qui le ccncèpl 
dat j^aitenlevA le diPoi|d*étection, mais onvxnâ^, par 
ceoiotf ftftrdcofitutflFeqiiè^ce titulaire a'avaifc posrepr 
l'o&dficb éiflscet[Mile. Ainsi yfl se trouvajldans la mém» 
posffîMi quë'rétatt %vânt , 'un élo 4a «faapllres non* 
eâeofa^aâclé.' ••- •'* ^ ' ,. -^ • » 

3. 'La tnatsbn de Dâillon était ancienne et illustre, 
le^dé bâillon f qui vivait soiis le règue de Ç3iàrles 
V / Alt taplbitiè de Cètit lioïndéb d^armes et épousa' 
une sœilf du coniiétà1)lè,Du Guesclin. Sou fils, Gilles 
de Daillon ;iÉat'b1e^é en l'an 1442, eu combattaiit' le^ 
AngUis-'tevftntPkppeietiMurut desaliteb de sësblessu- 
rasir Jtanll de DaiHon» combattit avec gloiire et fiitaus» 
BBaf\0)é comtM pàdfififlileaff ;il eut pour fils Jean lU 
d^ DâBlâDi, iseignenr du Lude ^ qui parvint^ un liaul 
p0kii , dansla fevèmr du roi Louis XI » qui le^fit citem-! 
bélfattiy vapiUiiiie de 1& porte et ée cent hommes é'arines^^ 
baiUi daGottentin, et jsaoocnîveDMntgoi»r^nieur^A4; 

(1) l^Iîltfs crnilers^ réiilnoa auM« laÊUaje d.é ' H tî olôjnlH» 4' 
Rotté jlft/DiiitUte;.' ' î;, . :. •/: ri.. ....•! 



248 ) René de DAulon» 22.e évêque. ' (1552- 

leDçon et Au Perche, da Daaphiné et de l'Artois. 
Renommé comme homme dé guerre , Jean; TÎI l'était 
surtout comme négociateur et aussi Louis XITappétàit 
Maître Jean des habiletés. Ce seigneur eut de Marie de 
Laval , Jacques de Daillon , baropl du Ludlèy'dônt Bran- 
thome a écrit la Vie et qui fut conseiller et chambellan 
de Louis XII et de Fraiîiçôîs I, et gr^uveirtifeinf dé là 
Rochelle et de Fôntàrabie ,^ marié àleann^, dàmë 
dllliers , firfe et héritière de Jean seignéurdUliiers et de 
Bfargaeritede Chicnt^ J)e Cfftte uiiiof^ vint. Jes^ lYde 
Baiilen\ premier comte du Lade , baron dllliers ^t de 
BriaBçon ; isénédial d'AïQOu^ ^d^eyali^r 4e ;l!prdre du, 
roi 9 .oàinftaine. dô cîqquante:homxi»ps^ 'd'aines :,.g|tm* 
Tenieor. du BâiCou , de la Roehelle et 4u pays d'Au-^ 
nm et UentoiMtrgêiiéral ^n, G^fenne > U fie fit rcsmfir-^ 
quer ^co^ant PQronne/qp'il ,^ida- fi dépTror , , ^pjjs to 
maréchal de la Mark , du prince de Nassis^^^i I'm-^ 
siégeait ;et fuj. envoyé en Guîenne ,, en^ 1,54-2 ^^.pçur pa- 
cifier cet^e province. En 1544, Jeap IV ^dCyPi^Hlôii, 
^btint réréctiondu Ludé. ep cçipté-^, et;» pn^ i5'^7 , il 
fut envoyé en Poitou /ave^c des po^pir^irès^^^ 
Çepèr^Wn^ç^ mourut à Bord^^uxVj^n :1^57. ,: , 

4..ReD&dèâE»àiiloii étaitffiisideJeMlV de Drilloa^ 
èonlefdii Ludè et barondlltletrs^d'Ahnk'âeBatarnay; 
èèlte dernière! sqrlait du; maiSagè: de François 4e Ba-* 
tam&y ,' Karoii du Bopchage et de: FitaBçeise dé Maillé* 
yèfMfOB éé Lnçon avait pour firmes 1 <<?GQi de^DaiOoiit: 
comtedu Lude et gowel^nieui' di9cFoitèa;iâ;^!Fr9B{iHS' 
dé Bâillon::^ xoigtë de Briaoçon ^ '■ qui fut tuéaii siège! 
de Poitiers ^ en 156T; 3.'> Et un autre François de Dailr 
Ion ,1 chevalier de l'ordre. Ses sœurs étaient. L^Françôiseî 



1553 ) Rbiié db DAnxoii , 22/ éyéqujb* ( 249 

de DaOIoo , mariée au seigneur de Matignon ; 2.<> Anne 
de Daillon , mariée au marquis de Ruffec , du nom de 
Yolvire ; 3.» et Françoise de Daillon , épouse de Jean 
de ChourseSy seigneur de Malicome, qui fut gouverneur 
du Poitou 9 après son beau-frère Gui de Daillon , et eut 
des relations multipliées avec le chapitre de Luçon , 
pendant les guerres de religion. 

5. Mais ayant de parler de Tévéque de Luçon , il est 
bon de dire un mot du principal personnage de sa 
famille » de son frère atné » dont l'influence fut sigrande, 
sur tout ,1e Poitou , pendant cette période. Gui de 
Daillon , comte du Lude, fut placé conune enfant d'hon* 
neur auprès du prince qui régna ensuite sur la France , 
arec le nom de Henri] U. Il illustra son nom , jeune 
encore , à la défense de Metz /.à la bataille de Renti et 
à la prise de Calais. Il épousa Jacqueline du Motier 
de la Fayette et était gouverneur du Poitou , lorsque 
son frère René de Daillon obtint l'évéché de Luçon. 

6. Dès 1552 y on voit un vicaire-général de Luçon» 
Christophe Marchand^ doyen du chapitre, agir au,. 
nom de René de Daillon , évéque du diocèse. 

7. Une masse de domaines était affectée pour for- 
merles prébendes des membres du chapitre de Luçon. 
Or 9 les revenus de ces domaines variaient f de manière 
que la portion affectée à chaque chanoine ne pouviait 
pas toujours ^tre la même. C'est ce qui fit qu'en 15$^ , 
on arrêta qu'un règlement du gros des prébendes' in 
chapitre se ferait ^ à Vaveuir» de:20 en 20 ans (l). 

(1) Mém. manuscrit. 



250 ) René de Daiixon , 22.e étéque. ( 1553 

8. NéanmoiDS , on doit croire qae JRené de Daillon 
s'absenta » peu après sa prise de possession du diocèse, 
dont il ayait le. titre de prélat. Toujours est-il qu'on 
trouve un acte daté du 27 Février 1554 où figure Ch. 
Marchand , liceucié en droit , abbé d'Orbestier , doyen» 
chanoiDe et officiai de Luçon et vicaire-général en 
spirituel et temporel , de Messire Reué de Daillon , doc- 
tenr es droits , évéqne et administrateur en spirituel 
et temporel de l'évéché de Luçon. 

9. René de Daillon se montra tout d'abord très-bien 
disposé à soutenir les droits de son évêché et de son 
chapitre* Aussi , connaissant les dispositions du testa- 
ment de Miles d'Illiers, qui léguait à ses héritiers la sei- 
gneurie laïque de Luçon, par lui acquise delà dame dé 
la Tremouille, il s'intitula évèque et baron de Luçon (1). 
Plus que cela , il agit contre ses parentes Hélène et 
Marguerite dllliers , nièces et héritières de i'évôque 
Miles d'UlierSy pour faire ordonner l'exécution du tes- 
tament de ee dernier , en ce qui eoneemait les éta- 
blissements religieux de Luçon. 

10. Pendant le procès et saisie , par son titre d'héri- 
tière de Miles dllliers, des objets dépendants de la suc- 
cession de ce prélat , Marguerite d'Iljiers reçut , en 
1554, les aveux des vassaux de la seigneurie laïque 
dé Luçon. 

11. Le chapitre de Luçon était alors en voie èe tran- 
saction avec les héritiers de l'évêque Miles dHIiers. 
En effet, le 18 Janvier 1554— 1555 > H donna une 

(I) M de Beanregard , Evéquet de Luçok: 



commiiSkHi i tl^s ^anoifiei pour Iraiier atec dame 
Caâi^fne de LaTd[,idame de Pignemy /da paieiiient 
des arrérages de la Mite de M libres , léguée au 
chapitre , f est-fl dj<l , p»* féa M. Miles dliliers et à 
laquelle «Hé #aft teMe , eomme tiéritlère H pour ac- 
cepter la dâégation ^'eUe fliisaft de «ette rente sar 
MM. CSoistèphe tfardiand, dojreo^ et Glaade Mar- 
chand , s^gneuf de la Métairie ^ ffieyeittaDt oa fond 
qu'elle leur abandonnait (^]. 

Itaisque les héritiers de Miles dtniers traitent pour 
une rente àe B5 tivrés donnée par leur auteur au cha« 
pitre de Luçon , il faut que , pour cette fondation , il 
y eut eu ai/«iitfiaeêopd ou aivét (9). Mais le traité ci-^ 
dessos nMPttoDBft ii^aâMapas te procès prfndpd , pour 
le testane&t de lâes dlIKers. 

l»« Ce vii dQQW 4 9^9m fpie l'«rîgioal du testa-' 
madi,àQWWféttAwmtétèMmtt9^ chercha 

à en iaimiW0^er 1^ «taym ipar #e» d^^ticaia de 
téaKHBS. 

?our cela une Information ftrt fkite devant François 
Brïsson, sénéchal de Ï'onléuay-Ie-Comte , assisté de 
Banfrais , son greffier, les 15 et 16 Juin 1555 , à la 
requête de René de DatUon , éréque de Luçon et de 

{!) c Cetlt voite,.. ait fH,, éê Bet«n^9M4 » «té aaortîe, il y 
i eairiron Ift anjs ( 177JS ) , .saiM do^te ,qu W la croyait aeulement 
constituée. Il parait pat (es actes que nous rapportons qu'elle était 
foncière et inamortissable , puisque c'était un legs ». 

(S) M, de Beauregard fait connaître « gue le Mùsus n'eut 
pas lien , à moins que la cérémonie qu'en est dans l'usage de 
faire » la nuit de m^l , de chanter la |;énéalogle . ne lui ait 
été substituée >. 

32. 



2S2 ) BWÉ DB DAUXON , 2a.e ÉTftfilTB. ( 1555 

son chapitre/ coptre dame HargQ^ite d-IUiers, venve 
de Messire François d'Hommea,. cbevalier, et dame 
Hilaire dllliers, fenmie de Biessire Jean d'Ho. Comme 
ce dernier était gentilhomme de ta chambre du roi, 
il avait ses causes commises à la «iiambre des requêtes 
et ce fut y comme délégué , que le sénéchal de Fontenay 
fit cette enquête , qui eut lieu dans rhôte^erie où 
pendait pour enseigne la baleine à Luçon. 

13. M. de Beauregard (1} nous a donné le sens de 
quelques-unes des dispositions de cejtte enquête^ qui 
sont assez curieuses . pour faire connaître les hommes 
et les choses de l'époque. 

(c Lepratniertémoin.entendu estJfacques Qémenceau, 
licencié en droit , cbantre^chanoine de Lqcpja , âgé de 
53 ans ou environ ; il dit que depuis plus de douze ans, 
il a été auditeur en la cour ecclésiastique des Moutiers^ 
sur-le^Lay , et a été depuis lè temps serviteur et do- 
mestique du seigneur Mlles dltîiers , son grand Vicaire, 
en 1547 ; que ledit d'Hliers , trois ou quatre ans avant 
son décès acquit la seigneurie de Luçon » de Dame de 
Laval f pour l^ prix dç 8000 livres. Le marchjé fut&it, 
au nofn de ladite Dame , par le prieur de Grammont; 
avec pouvoir; de la retirer; dans trois^ aps ; que le- 
dit traité conclu, ledit évéque le lendemain de la 
Nativité Notre-Dame , prit possession de cette terre... 
(2] ; que par plusieurs foî^ , 11 lui a ouï dire qu'il 
voulait léguer cette bâronnie à ses successeurs , évê- 

(1) Hvéques de Luçon, 

(2) On a donné des détails , sur cette prise de pbsses&îoa . et 
ils sont puisés surtout dans la déposition qu*on analyse ici. 



1S5S ) RbRÉ m DAILLOH f «.« ÉTÊQVB. ( 253 

faesde Liiçon; qa'il Tavait même dit devant Reaë 
d'Homme», ditrf^ de Chartres » son neveu d. 

« Clemenceau rapparie ensuite qu'il a entendu dire 
à Hiles dUliers tout le contenu de son testament , 
notamment pour son cœur , dont il a marqué le lieu 
de sépulture à Messire Jean le Blanc» évéque. n in- 
dique également la circonstance de la représentation 
de cuivre sur laquelle il voulait qu'on gravât ces mots : 
MUeUj Miles, Miles , avec son nom, et celui de ses 
oncles ; qu'il est reeors que ledit évéque a voulu faire ' 
une fondation, en Téglise de Luçon, et qu'un certain 
jour de Mercredi , il avait fait faire un pareil service au 
chapitre des Houtiers-sur-le-Lay , et fait distribuer audit 
évéque, ilui Clemenceau, aie Blanc, àPrévost etâutres 
chanoines , undemi^écusol et qu'il avait calculé à quoi 

monterait pareille distribution à Luçon , 

. • . , qu'il voulait qu'on appelât cette fondation son 
Missus , et qu'il a vu, entre les mains de Jeudy , son 
testament. 

» Parmi les autres témoins , on entend Pierre Dubec , 
chanoine de l'église collégiale des Moutiers-^sur-lcs*Lay. 

» Jacques Jeudy,^ secrétaire de Hiles dllliers , dépose 
qu'il a écrit le testament , sous la dictée de cet évéque , 
et qu'il l'a déposé entre les mains du juge de Fontenay , 
c'est la minute ; qu'une copie signée de lui Jeudy , et 
de M. Cathus , abbé de Bois-Groland , est restée entre 
les mains dudit défunt , qui déclara au déposant , en 
Noël 1552 , qu'il voulait aller à Paris , au carême , 
consulter son testament. 

r^ Pierre de Lauriére , écuyer, seigneur de Lauriére , 



chanoine .<te.biifW^ ^€311 LeHaoc^ cbAMine deli^ 
et archidiacre de Pareds , dépose] également des mêmes 
faite et finfonhatiiim eA àigiiée: Pli. BbissO!^ et 

14. €e^ dé|po0itip0s M safBrait pas ^ A ee qu'il pav«tt ^ 
peur étaUiiiIal réalité du teatament de liilea d'Illknw 
L'instrufteot qui inMiimaDtait k0 vé)MMl&4(i €«4 6vè« 
que lOioigitU toujQOTS » et C0 ftit, «an dMte, daos 
rtspoif 4» ae le pr^eorei qof m obtint) le St Mân 1560 , 
dai lettre», portant çMipmla<rire h rencontra d& Mar^ 
guérite A'IUtar» (1) > yeov» da aeignew d'Homme» > 
lettre» ifnly <m doftle croiro , d'aprte tes faita aiibaè* 
qwnti 'f n'euiMt paa de réaaltaté 

it. II j^ratt 4tié sous lé rapport dès i^m et de 
8ôn ifeû de ^aryoilr^ le dergé du fias-Pbitoa , en gëûéral, 
pouvait ulorâ prêter à la critique. En effet , tm préti% 
de Cette coutréé , appelé CtaveaU , ayant élë traduit 
devant le parlement, pour un délit , on rintefrogeâ en 
Français et en Latin* Lès répondes dé eé ^tteda ita- 
Mil^^t a M JM» sétt peu à'ijastruction et sa eulpdbUilfk 
Aussi en statuant sur le sort de cet individu t les ma- 
gistrats arrêtèrent que de très-bum^es remontrances 
seraient faites au roi sur rtgrnorance et la scandaleufi^ 
condttUe de certain$ prêtres et dera du royaume. 

16. Ett Octobtfri&», en procéda* laréferfiMitioii de 
la coutume de I^oitôtt , et René dé BailIcA j ^ pouvèat 

(1) Sansclopte qn Hélène d'Illiers , aat*« lifèèèèt llAriltè^è* êtlit 
déjà morte , sars laisser de postérité , paisqu'à Tavenir , ii <* ^^^ 
plttt ^UQitioh i[î«e «ie.Mi tœur« 



1S59) Renb M DAIl.1^^ {».i» «VÉOeti. ( âSS 

pas ne teMté à PoflJens ^ s'y fit représenter' par un 
mandataire (1). C'est ici le cas de réparer une omis-* 
sion, éd fafeatit tonnattre qti^ cette Kiïâme coutume 
9Yait m rédig«èet pabliée, en 1514 (2). 

17. Le protestantisme commençait à apparaître en 
Poitou f et François II, qni régnait alors , vonlut ané- 
antir la nouvelle croyance » en recom'ant aux armes , et 
en IMsant payer aux novateurs les frais ijue lui oc^ 
casioimeiiaient ses levées de troupes* Les sénéchaux de 
Poitou et de Fontcnay , reçurent l'ordre de lever un 
emprunt forcé de mille livres , sur Tévéché de Luçon» 
et de cinq eents livres, sur le chapitre de celte ville* 
La lettre du mari de la malheureuse Marie 8tu»t est 
curieuse à consulter (3) , car elle fait connaître qu'au 

(I) A !• CMnptf «tiiMi da 10 Ottobfe itSH9 , on Ht : c Et |»r«- 

imèrtmeut |)«iir Télat àt Vé^\Ue Kéfrérend pfre en Dità. , 

Metstrd f^9bé 4« Daii^ , évéqiie êê Laçon , abbé et Charfotiic 
et \tt ^tfysti » chanoîtws el tbapitre de Kiiçon , et Uê re\i(f\eHx 
et couvent diviit Cfaarrovx , far ledit mâttfe Nicole Lé Il6î , tieaire 
général ilndtt évé<|aé , àsfisté de maître Frtnçoià Pouper, leur 
procvrMirtf 

(S) Dn Ut dans le procès-verbal de publication , fait en octobre 
151% : < Les coûtâmes et articles ci-dessns écrits » ont été cspn- 
bllés au réfectoire du rouveot des frères mineurs de la ville de 

Poitiers en présence de M.e Jean Garnier , procureur 

des doyen , cbanoines et chapitre de Luçon , le siège épiscopal va- 
cant... > En effet, Pierre de Sacierj^e, était mort le i9 Septem- 
itiîh , et sî Ladîslas du Fau« avait été élu pour le remplacer, 
cette élection était contestée , comme on Ta vu » par Vautorité 
royale. 

(3) CHere. et bien amét • tAvs scavés les troubles ^«i font 
aojourd'iiai dn fait de la religieo-, entre les snbjets de nos reyanme, 
paye , terrée et seigneuriee et comme » bmAz umbre d'&celle « ancmis 
se sent je eslevéa à l'eacontre ^ n««a , contreveMnectenfret-^ 
gnana nos ordonnances et injonctione. A qnoy désirant par tons 
moyena pourvoir et meame à pacifier lesdita troubles et oster 
anidila dévoyés leur meuvaise volonté et opinion •» noue avons , 
pour y pourvoir et résister à leurs entreprises , esté centraint 



2$6 ) Hbn6 DAILLON 9 39«« ÉTfiQGE. ( 1560 

besoin on autorisait alors à disposer on à mettrç 
en gage , même les reliquaires. ., 

18 Du reste , on a la quittance de la somme de ^ 
liyres demandée par le roi au chapitre de Luçon (!)• 

faire lever et mettre sus certain nombre de gens de guerre et 
requérir Tostre éyesqne , mais vous en particulier , <}ue pow 
partie du payement et solde desdits gens de guerre , vous nous 
veuilliés^ de vostre part^ comme à ceux k qui le fait touche « 
autant qu'à nuls autres , ayder de vos facultés et jusqu'à y em- 
ployer par engagement , s'il en est besoing et ne pouvea • par 
autre moyen, recouvrer plus promptement deniers i vos vaxsseles 
et autres prétieux meubles , mesme les reliquaires et joyaux de 
vostre église » de la somme de cinq cents Uvies. £t^ pour vous 
faire cette requeste , avons commis nostre sénescbal de Poictou ou * 
son lieutenant , vous prions et exhortons à cette cause que 
mettons par vous en considération ce que dessus, vous ilous 
veuilliés octroyer et accorder ladite somme et icelle promptement» 
fornir ea mains du trésorier de nostre espargne ou de nostre 
receveur général à Poitiers • par les quittances de l'on d'eux re- 
présentant ; lesquelles vous feront rendre et restituer icelle dite 
somme sitôt qu'elle aura esté levée et recouverte , comme enten- 
dons estre faict sur les biens de ceux qui auront esté et seront 
trouvés rebçlles , sur lesquels nous avons ordonné assiette » cot« 
tisation et levée en estre fairte. Et où sériés de ce faire refu* 
sans ou délayans , atteudu qu'il est question du sontenement de 
la religion et conservation des ministres d'icelle » voulons et en- 
tendons estre procédé à l'encontre de vous et vos biens * selon 
les pouvoirs et instructions qu'avons à cette fin fait expédier 
audict séneschal ou son dict lieutenant. Si n'y faictes faute , car 
tel est nostre plaisir. Donné à Saint-Germain-en~Lays , le 8.e 
jour d'Octobre 1560. Signé Fràiyçots , et plus bas t Bvrgeitsis* 
^iu dos , est écrit : A nos chers et bien amés les doyen ^ cha- 
noines et chapitre de VégUse de Lusson. 

(1) Voici la formule de cette quittance : « Je » Guillaume Mes- 
nagîer , conseiller du roi et receveur général de ses finances , en 
la charge et généralité de Languedoct , établi à Poictiers « confesse 
avoir reçu comptant de MM. les doyen, chanoines et chapitre 
de Luçon « par les mains de M Loys de la Métairie , la somme 
de 500 livres tournoys , en monoye de douzains » de laquelle somme 
ils ont fait prêt an roi , pour subvenir aux fraia de la guerre» à 
rencontre des rebelles et désobéissant audit seigneur , icelle dite- 
tomme de 500 livres à moi ordonnée par le roi nostre dit sei- 
gneur , pour convertir et employer au fait de mondit office, dent 
je me tiens content et bien payé » et en ai quitté et quitte les- 
dits doyen , chanoines et chapitre susdits et tous outres. » 
Tesmein moa seing manuel y mis , le 15.0 jour de Koyembfdr 
1560. Signé, &(I£2>]HAG1£R. 



1560 ) RSliÉ BB DAILION , iS2.« ÉVÉQUB. ( SST 

19. Qncommençaitalors à cnniider les dignités ecclé- 
siastique^, dans le diocèse de Laçon. En effet, nous 
voyons , (1) le 4 Âyril 1560 , René Pinchon , abbé de 
Horeilles et chanoine de Luçon , être mis en possession 
de la dignité de doyen de cette dernière église (2). 

20. L'état poKti4ùe du pays de Pbifon et les désordres 
qai existaient dans cette province engagèrent le clergé 
des diocèses de Poitiers , Maillezais et Luçon de feire 
des i^montrances au roi , au mois de. novembre 1560 , 
sur la position du pays et le progrès dés nouvelles doc- 
trines. On y parlait de l'espoir d'un futur Concile gé- 
néral; on y notait la difficulté qu'avaient le^bé- 
néfiçiers à résider dans les lieux qui leur étaient as- 
signés 9 à cause des avanies qui leur étaient continuei- 
lement faites ; on demandait le bannissement des mini^ 

,.ire». Qt <pie ceux qui n'assisteraient pas aux messes 
farociialesj è^ jours de dimanches et fêtes parochiales , sayt 
des églises cathédrales , collégiales ou d*aucun monastère 
ou couvent , et signement d'y avoir fait leurs Pâques , wns 
fe congé de leur curé , fussent censés et réputés ^ jugés 
et condamnés comme hérétiques ; qu'ils fussent privés de 
la sépulture ecclésiastique et que leurs testaments fus- 
sent déclarés nuls, et que les maisons oi^ se feraient 
les prédications non orthodoxes fùssjsnt confisquées au 
profit du fi$c ou des pauvres. On sollicitait aussi réta- 
blissement de nouvelles règles , pour les bénéfices et les 



(1) M.$ de D. Fonteneau. 

(X) René Piachoti , eut prol 
httmni p René Lelebrre , qui 

(h) H.8 de D. F^nUiu^u. 



(X) René Piachoti , eut probftbleiDeiit pcuir saccestevr f d$Bù$ le 
décuuit p René Lelebrre , qui mounit le 90 Mare 1569* 



sus ) BvNÊ DE. fiAiuAir^ ^e^trhtoB. ( »6i 
dtinôs '6t dei mesorefl coQtra ceux qui ne soliniiiise-' 
raient pas les Jours 4e dimandies et de ÊÈbes, (l)« 

21. Toujours est-îl que le procès avec les héritiers 
de Miles cTIUiers durait toujours , mais qb sentait le 
besoin de le terminer. En effet , le 9 Janvier 1561 , le 
cbapUre donna uoe procuration {2) à'quelquesc^oinesi 
pour transiger ^vecM^rguerited'UUersidajaied'Homiueâ, 
liéritiére do l'évéque M^ d'UUers, relativement à an 
, legs , pour des updations meoliannées dfU5 son testa^ 
méat » et pour traiter^ de ^la vente jdç la baroqnie oa 
du droit qui lai appartient 

^.' Le projet qu'on vient de voir annoncé âeviat 
btemftt une réalît*. En tffet, le S Mars 1861— iS6Sf, 
le sdgneur d'Hommes , tant en son àtm que èomme 
ayant pouvofrde la dame Marguerite élHiers, sa mère, 
héritière de Vévéqiae Miles d'IIliers ^ frattsporta an 
chapitre de Lxiçon , par contrat d^cfaân^ , lalyaronnit, 
terre et seigneurie de Luçon , avec ses apparteoaAces 
et dépeildances , consistant y j est-il dit , en drcrfts et 
façons d'hommages, justice , juridiction , haute , mo*- 
yenne et basse , hommages^ vassaux , domaines , prés» 
hois , fourest , garennes , coinpiants , terres , terràges, 
Ibur y moulins bamiaux , droits de TéroÙe , halles » 
droits dlcelle , cens , rentes , ventes et honneurs et 
toutes choses quelconques en dépendant , sans aucune 
exception. 

23. On Ta vu déjà et Uen des fois , l'autre baronnie 

<t) Cette rptèce* Mi BÎRVuU -$ f our W diocèse 46 Lyiçoa , ^r Reaé 
Guyot , sout^deyen et cMnoine d« c«tt4» égU|« , procureçir if^^ 
y «at-il dit , de Bené DaiUoa . évéqne et da clergé dndlt Lnçoa. 

(2) Regtsirei capitulaireê de l'ivéché d* Xnpoii, 



1562 } RjBirâ DE DAIIXON , 22." iYÉQUB. ( 259 

OU seigneurie de Luçon appartonait par avance à ré- 
tablissement ecclésiastique de cette localité, a ITest-ce 
point pour cela , dit M. de Beaoregard (1) , que les 
anciens religieux prenaient la qualité de bailUÈ de 
Luçon , car on est certain que les seigneurs ecclésias* 
tiques avaient des officiers de leur ordre ? j». 

24. Dans une demande en compulsoire formée par 
Kené de Daillon , on voit qu'il prend le titre d'évéque 
de Luçon , d'abbé de Charroux , et même d*abb6 
de k Bussière. Ce personnage cumulait ainsi de 
hautes dignités ecclésiastiques. 

25. Par un autre acte capitulaire du l.*' Décembre 
1562 , le chapitre de Luçon autorisa deux chanoines à 
emprunter 2,400 livres de H. Tocsin de la Popeliniëre 
(1) y celui qui^ plus tard, écrivit lliistoire des guerres 
de religion et autres bons livres (2). Ces fonds , dit 
l'acte, étaient destinés à acquérir de haute et puissante 
dame Marguerite d'Illiers et de noble homme , haut 
et puissant René d'Honunes , (3] la baronnie , terre ef 
seigneurie de Luçon , gm fvA de la Tremauilîe. 

26. Hais arriva bientôt un événement de la plus 
grande importance. On veut parler de la surprise de 
Luçon, par les protestants. Laissons parler , à ce 8q)ety 
Fauteur d'une Chronique locale (4). 

(i) JE^équeê de Luçon. • 

(2) Lancelot àa Voesin , seigneur de la Popelînîère. 

(5) La vraie et entière Histoire des troubles. — L'Histoire de 
France , etc. , 1550 à i^^^V Histoire des Histoires. -^L'amiral 
de France, etc, 

(4) Ces mots ont été mal copiés. 

(5) léi Chronique du Lanaon, insérée dans les Chroniques 
Fontenaistennes , et formant le l.er document de cette collection. 

33. 



fitd ) RBHâ SB DAaLON , 22.e ÉVÉQtB. ( iS68 

' «( E( doiitre rdrâonnanee du petit roi Charly IX ^ 
fôiie a Orléans ( en Janvier 156â ) , par les trois états i 
ise sont élevés en un moment avec épées f pistolets » 
arquebuses, piques , hallebardes, cottes de mailles , ar- 
mures et autres bâtons défendus ^ tant de Fontenay , 
de la Châtàigneraye , Cbantonnay , Puybeliard , Thiré , 
Fouillé f Poussais , Monsireigne , Lnçon que d'autres 
liaroisses » et arrivèrent audit lieu de Luçon » le dernier 
jour d'Avril 1562 , qui fut un jeudis jour de cène , et 
«litrèrent en Téglise cathédrale cauteleusement , par 
subtils moyens. Toutefois que ceux de ladite église se 
fussent mis en défense (1) et sonné les cloches en tocsin. 
Hais cela ne ^réussit de beaucoup, mais, s'ils eussent 
continué leur mal eut augmenté ; lesquels, eux entrés , 
rompirent et brisèrent tous les images et autels , et 
les renversèrent par terre (2). Et en outre mirent les 
livres par pièce , avec partie des ornements , mais les 
riches et bons ne furent laissés, £t en firent autant en 
l'église de Saint-Mathurin!, Saint-Philbert et à la Made- 
laine (3) , et mirent et laissèrent garnison en ladite 
cathédrale », 

' (I) M. de Beatireg^ar4 , qui a igaol-é Téifioqae de la surprise 
de Luçon » faU c^noaitre-que le clergé de Luçon s'atteudait à 
^ne attaque et avait déjà pris quelques prècanlions : « Quoique 
l'époque précise de cette surprise , dît>il , nous aoit ÎAcoïkikiie » 
nous voyons que le 17 Avril ( 1562 ) , le chapitre « dans son 
assemblée capitulaire , donna ordre à Chaateeldre , chanoine , de 
faire apporter de Triai ze lee bâtons à feu , pour se garder contre 
les Huguenots et de faire âes provisions pour ceux qui gardt- 
Vaiént 1 église , pendant la nuit » . 

{%) « Dès 1562 et au mois d'Avril , Luçon fut surpris et 
pillé par les protestants ; du moins l'église , les bâtiments da 
chapitre , la maison de l'évAque et celles des c)ianoines furent pillés, 
laccagés et très>endofnmagés ». AI. de Beauregàrdj^^j^ttesaTêZiifOi». 

<5} ,C%»t l'église de l'Iiopitâl. 



09% ) RBRi DE Dauxoh , as.« Èrton. ( Mi 

27. Un des diefe des révoltés qjoi surprirent et pil-* 
lèreat la cathédrale de Luçon , fat nn des dignitaires 
éà cette église , Louis Boutaud , prévôt de Fontenay » 
qui , imbu des nouvelles doctrines., s'était marié (1)» 

28. La surprise de la cathédrale de Luçon , fut suivie 
du saccageaient de beaucoup d'autres églises. En effet , 
comme ledit un chroniqueur (2), les autres s'en allireiU 
ée paroisse en paroisse faire le semblable. L'église de 
NalUers fut pillée le même jour que celle de Luçon. Le 
lendemain, i.''' Mai , ce fut au tour, de celle de Mouzeuil. 
Enfin la vigile de la Trinité , l'église du Langon et tou- 
tes celles de la ville de Fontena^ furent pillées. Il en 
fut ainsi successivement de toutes les églises du Bas-;- 
Poitou. 

29. Il palpait que les protestants occupèrent Luçon, 
pendant quelque temps , et que les membres du chapitre 
furent , pour leur sil^reté , obligés de s'éloigner. Aussi 
les registres capitiylaires ne mentionnent des délibéra- 
tions qu'ap mois d'Août suivant (3). Ce fut le. 24 de ce 
mois 9 que Louis Bonnereau , chanoine, demanda à 

{I) < Un« observation asses tînguUère , c'est que le capitaine 

ide Luçon ) est nommé , dans un des titres de l'évèché , Louia 
outand , que précisément il y avait alors pour prévôt de Fott* 
tenaj* un homme de ce nom , et qu'au chapitre général de No- 
Temore IG62 , on trouvé ces mois , dans la liste du chapitre t 
Ludo^ifus Boutaud , prtpposttus Fontem'aci , vacat pér contoîa'^ 
tionem ad nupttas. Nous serions tentés de penser que Boutaud , 
imbu des nouvelles erreurs aurait trahi s:i foi et peut-être son 
église ». M.- de Beaure^ard ; évéquês de Luçon, r^ * Le chef des 
brigands , fut un nommé Boutaud » prévôt de Fontenay , apostat 
et marié » — Mémoire M. s de M. D. 

(S) Chronique du Langon. 

(3) Quelques ordonnances datées du mois de Juin < semblent, dit 
M. de Beaaregard , être prises par quelques commissaires qui > 
peut-être ne résida4eat point à Luyun ». 



S6& ) Rbnb db Dauxon » 2â.^ étéque. ( iS6â 

fiiire sa rigoureuse , ajoutant qu'il s'était présenté dés 
la saint Jean , mais qu'il ne l'avait pu, au moyen de ce 
que l'église ( cathédrale ] , en ce temps , avoU esté prinse^ 
polluée , occupée et usurpée par ceux de la nouvelle seete. 

30. Mais, dès la prise de Luçon , par les protestants , 
l'autorité judiciaire avait instruit sur ce grave événe- 
nement. Aussi on trouve une information faite, à la 
requête de l'évéque et du chapitre de Luçon, le 25 
Juillet 1562 , par Michel Tiraqueau (i) , sénéchal de 
Fontenay-le-Gomte. 

<K Les témoins (2} entendus déposent qu'ils ont vu 
l'église cathédrale de luçon occupée par des gens de 
guerre embatonnés de toutes sortes d'armes de guerre, 
comme hallebardes et arquebuses ; qu'ils les ont vus et 
entendus dans le clocher , sonnant du tambourin ; 
qu'ils ont mis en fuite les chanoines , lesquels ont été 
fosrcés de prendre des habits séculiers , et que plusieurs 
qui sont revenus au pays , y ont été vus revêtus de tête 
habits ; que l'église a été pillée, les images rompues , 
les autels démolis. 

» Un témoin dépose qu'ayant été pris, comme catho- 
lique , on l'a conduit de force dans Téglise , dans la- 
quelle il a vu que les protestants ont dépavé Têglise , 
pour y chercher des trésors ; qu'ils y ont fait du feu, 
pour faire cuire leur marmite et qu'ils y ont établi des 
lits pour y coucher ; que ceux qui l'ont retenu lui ont 

(1) M.€ de D. Fonteneau. 

(2) Les técnoins consistaient dans un huUsier , denz marcliands 
et deux bouchers de Fontenaj qui avaient été à Luçon , an jour 
de foire , pour affaire de leurs états respectifs. * 



1563 } RsifÉ DB DAnXOK f 22.« ÉTÊQinB. f 263 

dit qae leur ministre , nommé Chaigneyerd , avait prig 
toutes les chasses , reliques et joyaux d'argent , montant 
à une pleine pipe ; qu'ils ont pris et levé les fruits de 
l'éyéché et se sont emparés des maisons épiscopales et 
de celles des chanoines (1) j0. 

31 • René de Daillon , qui yoyait l'honson se rembrunir 
de pins en plus , en Bas-Poitou , à raison des prises 
du protestantisme et du projet des novateurs de recou- 
rir aux armes , songea à quitter l'évéché qu'il adminis- 
trait , sans avoir , depuis dixans qu'il l'occupait, songé 
à recevoir l'onction épiscopale. Il est vrai qu'il avait 
plus les qualités d'un homme d'épée et d'un adminis- 
trateur civil que d'un prélat, et la fin de sa vie le 
prouva, n ne &ut donc pas s'arrêter à l'un de nos ca- 
talogues qui le £aJt passer de Luçon à un autre siège 
ëpiscopal , & celui de Bayeux (2). 

Dans la réalité il échangea , avec la réserve d'une 
pCTsion , son titre d'évéque de Luçon , avec Baptiste 
TIercelin , son parent , pour l'abbaye des Chàteliers , 
pjés Saint-Maixent, dans le diocèse de Poitiers. Depuis 
René de Daillon ne fut plus conn^ que sous le nom 
d'abbé des Chflteliers (3j. 

32. Or, René de Daillon , qui fixa sa demeure la plus 
habituelle dans son abbaye des Châteliers , et avec le 
titre d'abbé de ce monastère , se fit , dans les guerres 

(1) M. de Beanre^rard , évéçuea de Luçtm. 

(2) < D. Bênatns dd Daillon da Lude » non contecratiM » et 
translalus ad episcopatam Basocensem ». 

rS) On \h dans l'autre catalogue: « Baptîsta Thiercelin , ha» 
bttit episcopatum & prefato D. Daillon , cansà permntationif cum 
abbatià beatae'Mariae de Gaatellariis , prope urbem santi Mazentii , 
PictaTeniiidioceaiff et cum reientione pentionis »# 



364 ) Rbkb ]>& Daoxov t ^'p ÉvâQUfi. ( m% 
de religion , une réputation qui n'allait guère à un 
bomme d'église. On le vit armé prendre part aux faits 
d'armes de l'époque et commander même , dans plui 
aieurs rencontres. « L'histoire du Poitou ^ dit M. de 
Beauregard (1) , nous a conservé un trait du courage 
et de la prudence de ce seigneur. En 1576 , à la nais- 
sance de la ligue » les protestants voulurent surpren- 
dre Niort , mais René de Daillon , connu sous le nom 
d'abbé des Châteliers , ranima par sa valeur le courage 
des habitants et la ville lui dut son salut »>. Plus tard , 
en 1569 , l'abbé des Châteliers se renferma dans Poi- 
tiers qu'il aida à défendre contre l'amiral de Coligni» 

33. L'anciep évéqi^e de Luçon sut , . par sa conduite, 
éa^ les deux positions diverses où il s^ plaça , appe- 
ler la faveur des rois sous lesquels il vécut. |>ans la 
première promotion du Saint-Esprit » Henri III le nomma 
commandeur de cet ordre , et , plus tard , peuri IV 
le fit Conseiller d'Etat 

34. Pour en finir avec René de Daillon , nous dirmg 
que nous doutons fort qu'il ait été nommé , plus tard , 
i révéché de Bayeux , ainsi qu'on la prétendu, et qu'il 
mourut bien positivement en 1601. 

III. Jean-BaptistbTiercelin , 23.« évêque de Luçon, 
occupa ce siège, ainsi qu'on l'a vu déjà , par suite d'une 
permutation faite , de l'agrément du roi , la chose est 
positive f avec René de Daillon , qui retint une prasion 
sur l'évêché , et eut , en outre , en échange l'abbaye 
des Châteliers. Cette permutation fut faite par acte 
reçu devant Nicolas Brissard et Jean Yvert, notaires du 

(1) Evêques d^ Lvçoh. 



I 



i56â ] l.-B; TlEttCBLlN , S3.é ifiTÊQUE. ( 26& 

Chàtelet de Paris , lè Samedi ^ Saint , 38 &tars 
1«B2-^1563 (i). 

â. Baptiste Tierceliti , était fils atné de Cbarles Tier- 
celin , seigneur de la Roche-du-Maîne et d'Anne turpiil 
de Crissé. On connaît la célébrité de laRoche-du-Maine, 
l*un des grands capitaine^ des règnes de François I«^ 
et d'Henri It , et dont Branthome a fait connaître les 
faits et gestes. A la bataille de Pavie où il comman- 
dait , comme lieutenant , la compagnie du duc d'Alen- 
çon , il donna des preuves de courage , tandis que son 
capitaine fit très-mal. Demeuré prisonnier , il obtiirt 
plus tard sa liberté et déCmdit Fossan , en Italie, contre 
Cbârles«*Quint. Ce prince , content d'avoir rencontré 
un homme de cœur , voulut lui montrer son année 
jxmr {ttt faire fiainr. Elle était très-belle, et leguwrier 
Poitevin lai dit ingénument qu'il préférerait bien la 
trouver piètre et ruinée. C'est dans cette rencontre 
que l'empereur demandant à la Rochenla-Maine coii> 
bien il y avait de Journées pour aller à Paris , célui-d 
fit cette énergique réponse : « Si , par journées , vous 
entendeÉ batailles , il y en aura bien au moins une 
douzaine , à moins que l'agresseur n'ait k tété rom- 
pue dés la preolière ». On Jiurait un livre à faire dm 
grands fiiits d'armes et des belles réponses du g^and 
la Rochendu-Maine. 



(1) II. de Beaaregard* Ceil dune pîtt eirtenr qm M< Brtqvél i 
dans sa notice aur les excès commis par les protestants dans le 
diocèse de Luçon « note du reste assez exacie et dont jt tné iitais 
sarvi» aTsnce que l'éTèque Tiefoelin fut sacré e« i56i. En aéns 
inverse la Gallia Christmna na parle da cet éTéque qu'à data' 
da ltt75. 



â66 ) J.-B. TiERCEUN, â3.« ÉYâQCE. { 1563 

3. Des recherches faites , par M, de Beaaregard (i) » 
donneraient à croire que la famille dont était Févéque 
de Luçon , était originaire du Bas-Poitou. En effet « 
ce savant personnage , avait découvert , dans les ar- 
chives de Fabbaye des Fontenelles , un acte de donation 
d'une rente d'un quartier de seigle fait par Geoffroi 
Tiercelin ^ Miles^ et par son fils Yàlet^ ayeuls de Tier- 
celin , et la confirmation d'une rente de même espèce 
et quantité de blé , par Honordis , femme de ce dernier. 
Ces rentes, dont les actes étaient de lannée 1273 , se 
trouvaient établies sur la terre de la Guignardière, 
paroisse d'Avrillé, 

4. Toujours estril que Baptiste Tiercelin , quoique 
fils aîné et principal héritier de sa maison , renonça à 
ce tiU'e et à des alliances honorables , pour entrer 
dans l'ordre ecclésiastique. Ses autres frères étant ve- 
nus à mourir , il décida ses père et mère à marier sa 
sœur unique à François d'Appelvoisin , de cette an- 
cienne famille des abords de la forêt de Chantemerle , 
et qui était le lieutenant de la compagnie d'hommes 
d'armes du nom de la Roche-du-Maine. Par le contrat 
de mariage, qui précéda cette union et daté du Si 
Avril 1542 , il fut stipulé que le futur joindrait à son 
nom celui de Tiercelin de la Roche*du-Maine et tous 
les biens de cette dernière maison furent substitués en 
faveur du fils aîné qui naîtrait de cette union. 

5. n nous faut noter d'abord que les protestants 
ayant abandonné Luçon (2) » après avoir inutilement 

(i^ Evéçite* de Luçon* 

(2; Ils airaindonnèreiit aussi Fontenay , vers la même époqiMi 
emmeniaiit avec ' aux leur ministre Dumoulin » qui d'abord répu^ 
gnaitàles suivre, aioM que le fait connaitrela Chroniçuedu Langon. 



lSe2-i63) J.*B. TifeRCELiKrv 23.^ ivâQUfi. (357 
assié^ , (M)iir nde première fois « le mènastëfë de 
SaiiitrMic9ieI-eti-rHern!i (1] , le cliapitre dil diocèse 
reloimià dms sa Tîfle êpi^opate, pour s'y maintenir, 
« «t sabs éonte , dit If. de Beanrégiea^d {â) , qiïe la 
fûTter^se et le cMteaâ fiirent solgneu^mentgardfe, 
par des troupes x>. 

e. n parait qu'une permutation de fonctions supé- 
rieures ecclèriastifues était alors un fait tout simple et à 
l'égard duquel les inférieurs^par exenqple les chanoines» 
les religieux et les abbés» n'avaient qu'à s'incliner. Aussi 
on voit , le 23 AvrÀ 1562 — 1563 , Pierre GaiAard , 
cDré de Saint-Gefmain-de-Prinçay » être introduit 
dans le chapitre de Luçon , et produire la jpermutâ- 
tion opérée entre René de Dàitlon et B«iptisté Tierceîiéf. 
En même temps il notifia la révocation de tous pod- 
voirs et vicariats et fit connaître que lui ^til 'était 
vicaire m spiritualibus et tèmpàralibuB de révérend 
père en Dieu iBapliste tiercelin » êVêqde de Luçon , 
non encore sacré (3)« 

7. La ville de Luçon était alors dans Fanarchie» 
beaucoup de f ^is sans aveu et armés s'y étaient ré- 
fugiés et ils volaient et outrageaient impunément les 
anciens habitants* Ce désordre venait de ce queî'é- 
vêqué et le chapitre avaient chacun droit de chatel- 
lenie et de justice et qu'il y avait continuellement 

(1) C est encore U throniqne qu'on vient de cher qnî fait 
connaître cette tentative sur Saint-Michel-eii-rHerm , qui dar« 
doni&e à quinze îoun , et qui n'eut poar résultat que roccupàtion 
du bourg » mais non celle de rab«iaje. 

(2) Evéques de Luçon, 

(3) U. de Beauregard ^ Bwéqueè <Ar Lufon* 

u. 



268 ) l.-B. TIERCEU5 9 ^3.^ ÉTÉQUÏ. ( 156) 

conflit sur le point de savoir qui devait poursuivre 
sur les délits commis dans ce territoire. Sur cela» le 
chapitre de Luçon s'adressa (1) au sénéchal de Fontenay, 
c^était toiyours Michel Tiraqueau , et ce digne magis- 
trat se mit au-dessus de toutes les considérations qui 
entravaient le cours de la justice , et » par une sentence, 
du 22 Novembre 1563 , il ordonna à l'évèque et à ses 
officiers de faire perquisition des crimes et délits dé- 
noncés et de l'en certifier, dans quinze jours , foute 
de quoi , il serait autrement procédé (2). 

8. L'évèque de Luçon fut mécontent de Michel 
'ïiraqueau ^ dans cette circonstance. En effet , il s'a- 
dressa directement au roi Charles IX et obtint de lui , 
e^ jDécembre 1563, l'autorisation d'ajourner au par- 
lement ce sénéchal et même le sénéchal de Poitiers. 
Voici ^T quoi le prélat établissait ses griefs. L'édit 
f[u'on vient d'indiquer ordonnait la vente des biens 
ecclésiastiques situés hors des lieux où étaient les 
églises et principaux manoirà des bénéfices et les es- 
timations devaient (avoir lieu au denier vingt-cinq t 

(1) I^t motifs donnés dans la reqn£to méritent d'être transcrits 
ici : « Au moyen des troubles advenus ci'devant à Luçon et 
1|6UX circonvoisios , plusieurs mauvais garçons , vdleurs , lar- 
rons - vagabonds et gens sans aveu , se sont retirés à Luçon où 
Hs valent , baptent nuit et jour, oiAtragent et dérobtnt tout ce 
qu'ils peuvent ; portent pistolets » pistoies j arquebuses et autres 
bâtons et armes défendues « et tellement que les manans et ha- 
bitaus dudit lieu 1l^ont aucune assurance de leurs personnes , ni 
de leurs biens , et à quoi lesdîts doyen » chanoines et cbapître 
de Luçon, pour leur égard, auroient voulu donner ordre pour faire 
justice et punition desdits déliaquans , ce que ne peuvent faire 
commodément à cause de leurs dites seigneurie et baron nie du- 
dît Luçon , parce que révérend monaeigneur l'évèque a aussi 
•droit de chatellenie dont ses officiers ne tiennent compte d'es. 
faire poursuite , etc. 

(^ Mémoire particulier et de l'époque. 



1564 ) J.-B. TlERCELIN , 23.« ÈVÈQVK. ( 26^ 

pour les biens nobles, et au denier vingt, pour les 
bieDS roturiers , devant le remploi être fait » en rentes» 
au denier douze. En exécution de cette disposition , 
on aliéna mie partie de la terre des Moutiers-sur-le» 
Lay , où était le manoir de campagne de Tévéque. Le 
prélat prétendit que c'était une violation des restrictions 
apportées à la vente des biens du clergé. Il ajoutait 
que les adjudicataires , même avant d'avoir payé » 
s'étaient saisi des fruits de l'année , abattaient les 
futaies et détruisaient les étangs. Sur cela i les magis- 
trats qui avaient procédé aux adjudications furent 
ajournés , mais on ignore ce qu'il en advint. 

9. Le cbapitre de Luçon, devenu propriétaire de la 
baronnie laïque de cette localité en rendit hommage 
et dénombrement au roi , à cause de son comté de 
Pwtott, le 12 Février 1563— 15Ô4 (1). 

« La balle , dit un document particulier (2) , est la 
première employée dans ledit aveu et dénombrement, 
avec les droits de vente et de péages en trois places » 
deux desquelles sont énoncées être proches et joignan- 
tes à ladite halle où se vendent des marchandises , et 
l'autre distante et éloignée , et en laquelle se placent 
les bestiaux et les chevaux qui s'exposent en vente 
les jours de foire. 

(1)^ M. Ae ReanrefçaH mentionne cet avea , comme ayant 
été fait, au nom du chapitre» le lit Décembre 1562, par ieaa 
àe Thorigné , chanoine de Laçon. fîéanmoins nous trouvons ua 
Homniaiçe de la baronnie de Luçon , faite au roi . à cause d» 
•on château do Fontenay-U-Comte » par Marguerite d'IllicFi ,. 
iame d' Hommes. 

(^) Mémoire manuscrti. 



a Le mêip/^ aveu pocte, ea içFme exprès, toi^ droit 
de poHce;, k causç de ladite bar4)po|e eti visitat^oa sur 
chacune des deoréesQtmarebaodisçs qHî^ aiT)i^ent aq^it 
Meude Luçoa^et qui y swt ei^posèes m. ye^te^ les jom$ 
da&ireet de marché, avec toutcequiQ la coqtiiiqe du 
Poitou baille, et octroyé à. diioit de I^aromiie', sap; 
rien des droits exceptés, et tous droits de juptlceap: 
partenants aux seigneurs, barons du p^ys : ce sont 
les tenues ». 

10. La prise d'armes des. novateurs était iine cause 
ou au moiD$ un prétexte pour lever des contributions 
sur le clergé. Aussi , en Mars 1563 , le diocèse de Luçoa 
ù\t t£txé à cinquante mille écus 9 avec autorisation, de 
vendre des biens ecclésiastiques jiisqu'à. concurrence 
dci l'imposition établie. 

11. Baptiste Tiercelin ne prit possession effective 
du siège épiscopal qu'en 1564. Je vais tr^nfiwre l'acte 
qui constate ce fait» 

«. A^ujoard'h^l dimanche > 5 de Mars (1564.) 

da matla, est arrivé. en ce lieu Révérend père en Dlea 
Messire Baptiste Tiercelin , évéque de Lnçon , accompagné 
de liant et puissant René de Sanzay , chevalier-, seigneur 
deL.Saint-Marsaalt , gentilhonwe ordinaire de. la cbamhiire. dp 
roi , lieutenant , pour le roi , de ce pays et. contrée de 
Poitou , pour l'exécution de Tédit de pacification , le seigneur 
de Tyors et plusieurs gentilshommes. Us ont descendu es- 
maisons épiscopales dudit Luçon. Et instamment: après ledit 
l^évérend , accompagné des susdits , est venu à la grande 
porte et entrée principale de Tégllse cathédrale , au devant 
de laquelle se sont trouvés tous Messieurs . et le^ ofQciers 
de cette église. Et après que M. René Guyot » chanoine- 
aumônier , sous-doyen et officiai dudit lieu a eu fort ja ha- 



t564 ) J.-*B. ThBRCBLIN ». a3;« [CTÉQra* ( 271 

ranima, coiil9«iPit aTertis80Bieiil4f^ehav8e9et devoirs d»dH 
Eév^ttid eny^FS son église, cbapilre et diocèse qu'il a: pro- 
noncée en latin et que mon dit sienr Gnyot lai ent revéta le 
rochet et ledit Révérend honorablement entré en icelle , M. 
Jacques Clemenceau » cliantre , a commencé^ â clianter Tt 
Hetim. ^alfdafl^M^» qqi a été saivi Jusqu'à la fin , quoi faisant 
le Réyérend est monté à Tantel , Ta baisé et accompagné 
desdiis Clemenceau et Guyot , est allé à la chaire épiscopale « 
8^ est assis et a célébré la messe /n jNmItf/kratf 6iw , durant 
laquelle et après L'offertoire a été fait un diseouis^ par H. 
Qplpm|>at , docteur de P^ris en. la sorbonne, et le lende^ 
main ledit Révérend a fait son entrée au chapitre. 

\% Aussitôt sa pdse de possession , réyêcpie Tjercelin 
Toulut faire la visite de son diocèse » mais il en fut 
caupéché par les novateiu's , et il porta plainte , pour 
cet eippêchement , devant le fameux La Haye (1) , 
lieutenant-général en Poitou (2). 

13. Dans un pareil temps de désordre» les erimes 
q^. pouvaient qu'être très-communs parce que , trop 
souvent , ils demeuraient impunis. C'est ainsi que , le 
30. Août 1564 ,, Jean Girard, archer de la compagnie 
du duc d'Anjou , fut tué d'un coup d'épée à la mamelle 
gauche y près: de la porte de l'infirmerie de Luçon (3) , 
par Jeaq Chasteigper t dit le verd , tenant à. la nour 
vffiUe secte , h\ la suite de quelques propos. Un gen* 
tilhomme appelé Marmande (4) , avait tiré son. épée^ 

(1) Voir , relativement à La Haye , la Chronique dé Brisson , 
imprimjée dans les Chroniques Fontenaistennes . 
(i) M. de Beauregard , Evéques de Luçon. 

(5) « Cette parte , dit M. 4^ Beaare(rard , servait d'entrée à vn 
terrain qui comprend plusieurs maisons de chanoines et qui re«> 
monte à la porte de la psalette. On voyait encore, il y aqueU 
q^es années , les vestiges de cette porte , vis-à-vis la maison 
destinée an sacristain. » 

(6) Seigneur de la terre de ce nom , prè8.fiiftre«il^fliiff*i««Layv 



â73 ) J.-B. TlERCBUlf y 23.« évÉQUE. ( i56i 

pour empêcher le Verd de porter de nouveaux coups ^ 
mais il était trop tard, et Girard , qui armé , n'avait 
pas eu le temps de se défendre , était déjà mort de 
la blessure qu'il venait de recevoir (Ij. 

14. Nous voyons à Luçon , le 3 Avril 1564—1565 » 
se formuler la manifestation d'un artisan de Luçon 
contre la religion catholique. En effet , ce jour là est 
dressé un acte constatant que Jean Guignard , cloutier, 
rue du Bourgneuf , a refusé de cesser son travail la 
lundi de Pâques. 

15. À présent arrivons aux excès sans nombre com- 
mis parles protestants en Bas-Poitou, et qui eurent 
lieu à cette époque. Au lieu d'en donner le récit , nous 
préférons, pour qu'on nous tienne comme plus 
véridique , de les établir par les plaintes qui les 
constatent. 

16. Du reste les plaintes portées à l'évéque de Luçon 
par les différents ecclésiastiques de son diocèse sont 
si nombreuses qu'on n'en indiquera ici qu'une partie. 

Le 4 Mai 1564, à Luçon, devant] Tévéqué et le 
seigneur de Sanzay , remplaçant M. du Lude , gouver- 
neur du Poitou , on trouve le curé de Saint-Germain- 
TAiguillon , qui][s'excuse de ne pouvoir dire la messe 
dans sa paroisse, parce que les habitants deMouilleron- 

(i) On a une enquête sur ce fait. Jean Girard était né à Luçon 
et passait pour être doux et paisilile. Tous deux étaient armés» 
et Chasteigner s'adressa ainsi à Girard, c Si tu veux dire que ta 
es de ma qualité 9 qui suis gentilhomme « je te montrerai que ta 
en as menti » . A cela , Girard répondit : c Je ne suis point de 
ta qualité et n'en voudrais être ». Sur cela s'engagea la dispute» 
et Chéstoigner frappa Girard à l'improyiste. 



iSe% ) J.-B. TlERCBLUf ) 23/ £VÊQ0E. ( 273 

eih*Pareds , menacent de lui couper * la gorge s'il la 
dit. Il y avait eu un synode protestant dans ce dernier 
fieu y depuis Iiuit jours. Du reste , son église était à 
peu près détruite. 

Le curé de Houilleron-en-Pareds disait que les 
protestants s'étaient emparés de son église et y faisaient 
le préclie. Ils jouissaient de ses domaines et on 
rempéchait d'exercer. 

Le curé des Redoux , venu exprès à Luçon, pour 
satisraire aux ordres de l'évéque , s'excusait de ne 
pas résider , par le motif qu'il y avait deux ans que 
4Son église et sa cure avaient été ruinées. Il faisait 
remarquer que sa paroisse était entre Pouzauges , 
Mouilleron , Chavagnes et Montsireigne , localités qui 
avaient toutes des ministres de la nouvelle religioft. 
n y avait quelques mois, ayant voulu relever un 
autel j on l'en empêcha et on le menaça de le tuer. 

Des déclarations de non exercice du culte sont faiteis 
pour Saint-Jacques de Pouzauges , Chavagnes , Mont«- 
sireigne^ Tillay , le Talud , Saint&*Gemme-des-Bmyère9 
et autres lieux. L'église de Tillay « précédemment 
ruinée, avait été détruite en entier, depuis quinze 
jours. 

Le prieur de Saint-Gervais , François Prévost , avait 
été «diassé de ce lieu. Le seigneur de Chantebusain , 
Jacques et Louis de Clerembault, Damasien Frucboy , 
le seigneur de la Chazelle-Gruzereau , le seigneur de 
Boisfoussez , le seigneur de la Fourest-Arcqueloye et 
autres jouissaient du prieuré , depuis le 29 juin 1562. 
Ils avaient tué un des serviteurs du prieur et avaient 



6tê biiser ies.ménbles du priew , chez Antoine JMvbst, 
sôg&eurite la ReâbrîBière. 

Le recteur de Saint-Michel-Mont-Hâldi^ s'excwe 
de ce qu'il ne fait pas de service ., sur ce que le sei- 
gneur de la Belolières'y oppose. Il y a, dans la localité, 
un ministre à qui même on a proposé de lui donner 
de l'argent ; il ne se fait point de service au Boupère. 

Le curé de Saint-Généronx de GirbuaiTd , au coli- 
traire dit qu'il a fait le sei^rice dîvfti saas contMiia*^ 
tion 9 mais que âeatemetit R^&é Rigàigaeau^ s^gaeor 
de la Maigriàre /refuse de payer la dîme. 

Le 16 dudit mois de mai » comparaissent d'àtttreU 
eodésiàstiques» devant Tévéqué tt M» de Samay réiim 
à.Luçon. 

Le curé de Saint-Etiennew-de-Corcoué entre dans de 
grands détails. En Mai 1561 , son église fût violée par 
Pierre Dupuy , bâtard de la Bouanchière , servitettfr 
de Donatien Buor , seigneur de la Morliêré; Au mois 
dfe Mars suivant ^ on s'empara de son prieut*ô et ce 
furent Louis et Clément Rondau , père et 81s , sei-^ 
gneur du Parc. Une pacification a lieu , et Jean dé 
Machecoul , seigneur de YieilleVigne t lô fait rentrer 
dans la jouissance de son bénéfice , ibais le 11 Février 
dernier , Donatien Buor » André L^&ai^an et le 
seigneur de la Clartére du Falleron, le chassât de sa 
maison et vont même le mœacer à Rocbeservière où 
il exerçait le saint ministère. Alors il va porter plainte 
a» Seigneur de Martigiie ^ diux Esairta » U celui-ci lui 



iS64 ] 1-B. TlEBCBUlf » 23.'' ÉYÉQUB. ( 97S 

dit qoe si ses béoêfices étaient en Bretagne , il y aurait 
mis ordre, et que comme ils sont en Poiton, il doit 
s'adresser au seigneur de Sanzay. Le curé de Saint* 
£tienoe-de-Corcoué , finit par dire que , dans un I9I 
état de choses, il a été obligé de se retirer à Nan^. 

On pourrait signaler des plaintes fiutcs , yers le 
même temps , par le prieur ide Tillay , le curé de 
Nienil-Ie-Ddent f vexés par le sagneur de Yilleder (1) 

et antres. 

Le 17 Mai , de nouvelles plaintes' sont encore adresh 
sées à l'ëvéque Tiercelin , postérieurement à la plainte 
qu'on voit qu'il avait formulée pour Tadresser au roi. 

Presqu'aussit5t le curé de Saint-Cyr-en-Talmondais , 
vient dire au prélat que , dans la nuit du 7 au 8 sep- 
tembre 1564 9 les protestants sont entrés dans son 
église^, ont brisé le tabernacle et les fonds baptismaux. 

Le 30 du même mois ,. le curé de Saint-Pierre-des«- 
Moutiers-sur-le-Lay , déclare que les prétendu» réfiar* 
niès[|perçoivent les fruits de son bénéfice. 

Le 12 Octobre» le curé de Saint-Germàla ^ fiurâs 
MouiUeron-en-Pareds, déclare avoir cessé toilt service » 
saaf les baptêmes. II a été menacé de mort ^['chez lai , 
par des habitants de Mouilleron , mais il ne veut pas 
les nommer , parce qu'il les craint. 

Le prieur-curé de Saint-Michel-Moatmalchus], dédare 
que, depuis son premier rapport / La Bellotiéie a battu 
un prêtre. 

ff) Je noterai sitr cette locfaKlé de VilYedor, b trésor qu'on ▼ a 
trouvé vers 1815. Il ro»sitt«tt en ua ban nombre de monaâtM «et 
<ltt XV.e siècle , parmi les quelles une magnifique pièce espt» 
(;nole àt I^rdiaani et d'Isabelle.d'une valeur de SOD fr euTiron. 

35. 



276) J.-B. TiERCELIN 9 23.® ÉTÉQtB. (1565 

Le Ticaire do Bourg sotis la Roche , sonuné de dé- 
clarer si le service divin se faisait dans sa paroisse ; 
si les édits étaient observés et si le recteur jouissait 
paisiblement de son bénéfice , répond que, depuis Noël, 
il a administré les sacrements, étant commis pour 
cela , mais qu'Antoine Chabot , seigneur des Aigneaux, 
prétendu réformé , jouit du bénéfice et a t>utragé on 
autre vicaire , Mathias Prévost , qui i'èa sauvé en Rhi. 

Le 13 Octobre » Antoine Boyleau, curé du Puybel- 
liard , expose que La Peletière , dit le jeune Landreau 
et le seigneur de Bournezeau se voient continuellement. 

Le lendemain , Louis Buet , prieur de Saint-Pierre 
du Luc , déclare que le premier Août précédent , Jean 
Leroux , seigneur de la Drugière , accompagné de BO 
hommes à cheval et armés , sont entrés dans l'église, 
y ont nais leurs chevaux et ont brûlé la porte. Ensuite 
ils Ont été à la cure pour chercher le curé qu'ils an- 
nonçaient vouloir tuer. Celui-ci s'est retiré dans la 
tour de l'église où il est demeuré cinq à six jours. 
Une vieille femme fut violée avec des circonstances 
atat>ees9 dans cette expédition. 

Enfin» on trouve encore des plaintes postérieures à 
ces dates. Le 20 Mars 1565 , Matthieu Chevreul , prêtre, 
prétend avoir été fi^appé à coups de bâton pendant qu'il 
iSisait la messe , par le seigneur de St.-Cyr-en-Talmon- 
dâiset de Poiroux. 

Le 5 Avril y Gilles Garon, curé de] St^-Yincent- 
d'Ësterlaages ayant voulu chasser du bois de sa cure 
vm cheval qui y pacageait, le seigneur deja Ramée 



\ . 



1565 } J.-B. TdBRCELDI 9 33.9 iVÉQU. ( S77 

et an autre protestant le battirent et I» menacâreiit 
de le chasser de sa cure. 

Antoine Boyleau , curé du PnybelUard , se plaint 
de nouveau , le 10 septembre , des excès du seigneur 
de La Peletière , qui Fempêche d'exercer et s'empare 
de son temporel, a Finalement , dit-il , icellui Peletière , 
le 20 Juillet dernier , l'a excédé , baptu et nAvré jus- 
qu'au nombre de sept grands coups d'épée, deux sur 
la tête y deux au bras droit, le reste en autres 
endroits de son corps , pensant l'avoir laissé pour mort , 
et de fait a esté long-^temps au Ut , entre les mains 
des barbiers. • . . x> 

Le 11 Septembre , une plainte est portée à Tévéque 
de Luçon, par Julien Giraudet , nommé curé de St.« 
Jean de Beugné, par le comte du Lude , et agréé par 
le prélat; il a été vexé par François Boutaud, ci- 
devant abbé de Talmont i Claude de la Gruhe et au- 
tres gentilshonunes qui marchent accompagnés d'hom- 
mes armés. 

Enfin ledit jour , une autre plainte est portée par 
le curé de Saint-Aubin-de-la-Plaine , à raison des 
vexations commises , à son égard» par Claude des Villa- 
tes et autres. 

18. On trouve ce qui suit dans les remontrances 
adressées au roi par Baptiste Tiercelin , évéque de 
Laçon , le 10 Septembre 1565. 

L'abbaye de Talmont où il y avait dix-hiiit à vingt 
religieux » est ruinée. Depuis quatre ans on n'y fait^ . 
plas de service divin. Les moines ont été mis hors du 
monastère , par Boutaud » abbé apostat ^ qui a tout 



ffS ) J.*B. TlBRCBLUf , 23.' ÉVâQUB. ( 1565 

détruit dans la maison et a été jusqu'à vendre les biens 
de rétablissement. 

A Saint-Cyr^n-Talmondais , plus de serrice. Le prieur 
s'est retiré ailleurs et a affermé son temporel. Dans sa 
visite f Févéque a trouvé l'église pleine de foin. 

A Boumezeau , l'église est située dans le cbâteau ; 
il en est résulté que le seigneur , qui est protestant , 
a fait murer la porte extérieure. De cet édifice, il a 
&it une grange ^ et du ballet , une écurie. 

A Bessay » point ^ service divin t à cause du sei- 
gneur du lieu et du seigneur de Marmande, qui ont» 
tous les deux*» adopté les nouvelles docCrines. 

Au Sbnon» on ne dit plus la messe. Le 19 Août 
précédent » le curé d^ ce lieu faillit être tué d'un 
eOQp de pistolet 

A Houilleron«en--Pareds, défaut d'exercice mtier éd 
culte catboUque. Les protestants font Ikire le prêche, 
dans l'église » depuis trois ans » quoique le Seigneur ne 
paraisse jamaia dans cette localité. 

A Puymaufrais » plus de service» 

A Saint-Martin-Lars , absence de service. Le seigneur 
de Puythumer » fait &ire le prêche^ dans l'église de 
cette paroisse » par un valet et jouit des revenus de la 
cure f contre la volonté de la dame du flieu. 

Alt Puybelliard , le curé a été chassé par le sdgneur 
de la Pelelière. . 

A la Bretonniére , pomt d'exercice du culte et l'église 
eat^un réceptacle d'ordures. 



iSM ) ).-B. TiraiCBLiN » as.e iytam. ( 979 
De mêoie , à Moacbamps , qui est fions la dêpen- 
danoè du seigoeor de Soubise. 

A la JandonniAre » H y a ministre et prddie. 

Au Givre , le seignear de la Rabretière empêche 
l'exercice da culte de Dieu. U est accusé d'avoir tué 
le seigneur de Bazdges. 

Point d'exercice de la religion , non plus, à Sahit- 
Somin, à Honsireigne y à Saint-Fulgent, à PouzaugeSt 
i Saint-Révérend 9 à Froid-Fond , à Saint-Paul-de- 
Montpénit, au Falleron , à Landevieille , à Nesmy et à 
SaintrGerv^. Il en est de même au prieuré de Fontaine. 

19. Tous ceux qui ont étudié l'histoire de bonne 
foi et qui veulent transmettre les impressions qu'ils ont 
ressenties , reconnaissent que les révolutions politiques 
et religieuses ont eu pour cause des abus que les 
gouvernants n'cMit pas eu soin de prévenir. Or , si 
celui qui trace ces lignes malgré ses autres manifes- 
tations » élevait la voix de lui-même en ce sens , il 
y aurait des hommes, qui lui en feraient sans doute un 
crime. Hais c'est une antre voix qu'il les condamne 
à entendre , c'est celle de ce savant chanoine de Luçon, 
de ce vénérable évêque d'Orléans qu'il va emprun» 
ter ici , pour justifia son raisonnement. 

90. a U faut l'avouer, dit H. de Beauregard (1) , le dé» 
sordre était grand, parmi les gens d'église. Il égalait son 
ignorance, et l'inconduite des prêtres, la licence de leuES 
mœurs justifiaient , sinon les violences dont ils étaient 



MO ) J.-B. TlBRCBlUf , â3.« ÉVÉQUB. ( 1565 

les yictimes , au moins u^ prétexte dont les novateors 
se servaient contre le clergé , pour Justifier leurs plaintes. 

« Le clergé de Luçon n'était point exempt des incul- 
pations qui retentirent contre tous les ministres de l'é- 
glise catholicpie , et Baptiste Tiercelin s'en plaignit au 
chapitre lui-même ( réunion générale du mois d'Octobre 
1565 ] , dans laquelle et y présidant , il rendit Tordon- 
nance suivante : 

« Après aydr fait , par ci-devant, plaslenrs remontrances, 
tant parUcallères qae générales et publiques , nomtnément 
celle qui est contenue au dernier synode , tenu par mol , 
laquelle est toute aullientique et publique de laqueUe ne 
pouvës prétendre cause d'ignorance ; J'ai délibéré et conclnd 
si Je ne connois que l'on ne se resipisque et fosse continua* 
Uon de vivre de bien en mieux en décbassant de vos maisons 
toutes et chacunes les femmes mal fammées et notoirement 
suspectionnées , ]'ai délibéré et conclud déclarer , par écrit , 
et soubz notre seing et scel , pour excommuniés ceux qui 
ne voudroient acquiescer à nostre présente remonstrance , 
faisant attacher la sentence d'excommunication , après ra- 
voir prononcée dans ce Jieu de chapitre , ou autre lieu que 
voirons eslre pour le mieuz. 

« Et quand il n'y aurait d'autre raison que l'animosité de nos 
ennemis contre nous et la malice des temps , Joint les vœux 
et les serments que nous avons faits à Dieu et à notre mère 
saincte Église, il est besoin de les garder et de chasser et purger 
toutes choses qui cothérisent nos consciences et scandalisent 
nostre prochain. Protestons procéder contre ceux qui ne 
voudroient obéir à la présente remonstrance , tant par pri- 
vation de leurs oflices , bénéfices ecclésiastiques , qu'en leurs 
personnes ou autrement , comme de droit. 

« Gonunandant cette présente protestation être enregistrée 
au papier du scribat de céans , afin de faire apparoir , en 
temps et Ueu , du deyoit que Je fais vous en advertir 



iS€5 ) J.-B. TiERCBLIN, 23.6 ^VfiQUE. ( 281 

et admonester. Car Je prétends passer pins entre contre les 
contomax , désirant certainement de tout noatre corar qu'ils 
ne noos en baillent 'occasion , car ce sera à nostre très- 
grand regret , si J y sais contraint , aimant mieux y procéder 
par donçeuf , comme J'ai toujours fait Jusqu'ici , que par la 
rlgaear, laquelle Je serais contraint exécuter , si Je n*y 
cennols amendement ». 

21. Au. surplus 9 pour la plus grande publicité , et* 
la même année , l'évéque Tiercelin fit imprimer ses 
Statuts (Ij arrêtés en.synoâe. 

22. On a ya que le doyenné de Mareull avait été 
réuni 9 depuis long-temps , au décaiiat de l'église ca- 
thédrale de Poitiers* Aussi , en 1565 , nous trouvons 
René Lefevre , président du parlement , doyen de 
Poitiers et de son annexe le doyenné rural de Mareuil» 
réclamant , nonobstant la division de l'ancien 
évéché de Poitiers, de plusieurs curés du diocèse de 
Luçon f savoir : des uns , une mine (2) de blé froment; 
et des autres » une mine de seigle (3). 

23. Le 25 Novembre 1565 , le chapitre de Luçon 
rendit un nouvel honunage au roi (4] pour la baronnie 
dudit lieu > provenant de la maison de la Tremouille. 
Cet aveu fut foit, au nom du chapitre, par Jean Provost, 
élu par lui , conune hwaxM xAtmX et mouratU [5} i- 
pour le représenter. ~ 

(1) Sancttonet et canonet Synodi Luctonemtt , iatinè et^aWci « 
par J.-B. Tiercelin » 1565 , ii^^ o 

(f) Une mine te composait en général de huit petits boisseaux. 
C'était une deiyii-cliarge ou un sac. ^ 

(3) Mémoire particulier, < • • 

(&) Mémoire manuscrit. 

(5) Ayant 1789, ces expressions n auraient pas eu besoin d'être 



S82 ) J.-B. TiBRCBtlN » â3.« ÉvÊQim. ( ilM 

24. Eo Juillet 1566 » Tévéque B. Tierœlin , exposa à 
Jonthas Petit , lieutenant^&iénil} à la sénëebanâoée 
de Fontenay , qu'il avait , d'après t'ordre du roi » essayé 
de rétablir le service divin à la Bretoonière , à Sainte- 
Gemme , à Bessay et à Saint-Cyr-en-Talmondais , et 
demanda l'exercice du droit séculier pour y pourvoir. 
Sur cela, et d'après les conclusions conformes d'André 

^Reynouf , avocat du roi » la saisie des biens temporeU 
de ces cures fut ordonnée au profit du roi » Jusqu'au 
moment où le service divin serait rétabli dans les 
lieux ei^dessos indiqués. « Cette mesure , dit H. 
Briquet (1] , avait évidemment pour but d'eidevef 
aux protestants les domaines et les revenus du eleigèi 
dont Us s'étaient emparés^ ». 

25. Sur les bords de la mer et dans des lieux où il 
n'existe actuellement qu'une seule croyance religieuse, 
I '\s protestants étaient alors nombreux. Aussi on trouvei 
sous la date du 14 Septembre , un certificat du euré 
dePoiroux, qui atteste devant Tévéque de Luçon , alors 
au cbâteau des Moutiers-sur-»Ie-Lay , que les )[)rotes- 
tanls font le prêche, dans cette paroisse et dans une 
grange dépendant de la cure, qui a été prise de force 
par le seigneur de l^int^Cyr ^ baron de Polroux. 

' 26. Dans la localité de Pouzaug;es ^ dans lacpieUe le 
protestantisme est encore dominant ou peu s'en fout, 

expliquées» maïs aujoord'liaî il est bon de dire pour pkisîdors 
lecrteurs , que if s g6tis de màîn-inorte ^ c'est-à-dire « les corpora- 
tions étaient obligés de cboisîr un individu à ta mort duquel 
était dû le droit de mutation. 

(4) Excès commis par les protestants , dims le diocèse *</# 
Xittfon. 



1$67 ) J.-B. TiBRCEUN , 23.^ ÉVÉQUB. ( 283 

H se fit , vers cette époque , ane de ces démoDstra- 
tioDS , en &yeur des nouvelles doctrines > que l'histoire 
doit enregistrer , de toute nécessité. 

« Nous siears de Paypapin , des Echardiëres, de laBelotiëre» 
Bellère , Rolandlère et Ghanyinfëre , genUlshommes soas- 
signès et aatres paroissiens et habitants da vieux Poazaages 
et circonvoisins « estant tous assemblés, après rinvocatlon 
da nom de l'éternel » pour adyiser an maintien et accrois- 
sement de notre sainte religion réformée , promeltons una- 
nimement vivre et mourir en icelle , et renonçons tous . 
aax suppositions et idolâtrie papistique , pour n'y Jamais 
retoarner, alns protestons de les absorber et détester de 
toat cœur et dorénavant faire entière profession de ladite 
religion réformée , comme celle qui nous est enseignée par 
les saints prophètes et apôtres > en présence de Honsieur 
Morean , nostre pasteur et ministre du saint évangile. 

Et pour plus ample témoignage d'une môme volonté , d'a- 
battre, ruiner et détruire le temple , autrement la babylone 
papistique dudit lieu , approuvant la rupture et tout ce qui 
y fat fait aujourd'hui , est accordé que les deniers qui pro- 
Tiendront de la grande et petite croix , trois calices et custodes 
d'argent et antres meubles qui sont es mains de M. Jean Texier, 
Thomas Ougué et Michel Claveau et autres , meubles dont 
est gardialalre M.e Mathurin Barrioa , seront employés aux 
frais et mises qi|'il conviendra faire et principalement pour 
envoyer i nos MM. les princes , pour obtenir nostre mandat. 

Et aussi dit que s'il advient , qu'aucun de nous Idi re.- 
cherché ou en peine , pour cet effet, nous Jurons ensemble 
derasslster de tout nostre pouvoir et moyen, pour J'en tirer, 
ce qui a étiè entre nous tous , sur nos fois et serments , pour 
se donner les uns aux antres , par le présent concordat ,' 
signé de nos mains, à Pouzanges, le I4.e Décembre 1567, 
leqael demeuré es mains de M.e Mathurin Barrion , pour en 
délivrer copie , si besoin est. ( Signé } de la Boumolière , 
François Girard- Cacaudière , Gui Jaillard, René Bodin , Le 
Toarneur-Chauvfère , G. Moreau , Jean Texier , T. Dugué , 

36. 



284 ) }.-B. TmRGBLm , â3.« BTÉQUE. ( 1567 

Gardereaa , Marcband , GlaTerean » Robelin , Robin , François 
Morin , J. Tinet, Tarpaalt , RouUand « Thomas Tissean , LoU 
Poamerols , Roolanger , Barrot , Tarcaod , Â. Neau , Brossard, 
SaooUet , Paapilleaa , Gherpentier , T. Ylnet , Morin , Morean, 
B. Texler » Lois Garan » Gochat , J.Estancheaa, Gauderat, Jar- 
deran , Laarent Joaet , Tiereelin, Broachard , Julien MIeheao, 
Roussineaa , BlUea , Jamet» Paanlt, Basson , Bonnenfaat, 
Gartron « Boivet et S. Dallet. 

Bst encore ledit acte , signé : Gui Jaillard , René Bodin , 
B. Morean , Le Touraeur-dn-Guë , Texier , Gardereau , Cla- 
Terean , Turpault^ François Morisset, Ronssineau , Le Blouard, 
Brossard , Lois Charron , Gochet , J. Tlnet , Turcaud , Laurière, 
Glouet et M. Barrion , pmr copie , eolUUionnie à forigiwd , 
le 20 Janoier 1568. 

27. On sent tout ce qu'avait d'énergique un pareil 
acte f dressé avec éclat par les novateurs, contre la foi 
catholique. Faisons aussi remarqua le grand nombre de 
signatures apposées à cet acte , parmi lesquelles nous 
retrouvons les noms de maisons nobles de la pro- 
vince , comme celles de Jaillard , Bodin de la Rollan- 
dière , Claveau et autres , et de familles bourgeoises 
du canton , notamment des familles Bairion, Saoolet, 
Brossard , Neaut , Pûault , Charron et autres. 

28. Au mois de Décembre f 567 , l'assemblée du clergé 
de France s'était obligée de donner au roi , dans le 
délai de dix ans , une somme de 7,560,056 livres 16 
sous 8 deniers, dont la distribution faite, d'abord 
entre tous les évéchés , devait ensuite l'être entre ious 
les bénéficiers de chaque évéché. Pour cet effet; des 
assemblées particulières du clergé de chaque diocèse 
eurent lieu , dans les villes épiscopales, mais les trou- 
bles recommencèrent dans le Bas-Poitou et notamment 



1568 ) J.-B. iteftCEini , d3,« ivÈQxm. ( sas 

roccopaUonde Luçon parles réroltés, empêchèrent la 
réonioD, dans cette ville , des bénéficiers du diocèse. Sur 
cela , le roi Charles IX, par lettres da 26«... 1568, adresh 
sées à réyêque de Luçon on à ses vicaires, autorisa la 
séoiiion en question , partout où on jugerait conve- 
nable, même dans une ville étrangère au diocèse. 

29. A cette époque Luçon se trouvait sans fortiflca- 
tiens , le fort ayant été ruiné , quelques années aupara- 
vant. Cette place n'était donc pas tenable et ce fut ce qui 
détermina le chapitre à faire transporter ses papiers 
et objets les plus précieux dans le monastère de St.- 
Hiehel-en-rHerm , qui était alors la place de sûreté 
des catholiques de ce canton. Ce fut Chanteclerc, 
chanoine de Luçon , qui fut chargé de la conduite de 
quatre pipes remplies de papiers et de les surveiller, 
dans le lieu du dépôt (1). Les personnes marquantes » 
de la foi orthodoxe , qui se trouVaieut peu éloignées 
de Saint-Michel , y portèrent aussi leurs trésors. 

30. a Luçon ne tarda pas , dit M. de Bèauregard (â), 
à éprouver de plus grands malheurs. Les éditsde paix 
que Catherine de Médicis faisait rendre» quand elle le 
croyait avantageux à la politique et à ses intérêts , 
étaient de part et d'autre , mal observés. Le prince de 
Condé reprit les armes sous le prétexte qu'on prépa- 
rait aux réformés leS; plus rigoureux traitements. La 
Rochelle , déchirée par les deux partis , fut obligée 
de se soumettre à celui des protestants. Ste. Hermine » 
seigneur du Fa , en Angoumois , s'en rendit maître 
et fut établi commandant en chef , par le prince de 

(1) Notes mannscrîtfls. 

(2) Evêques de Luçon. 



S86 ) J.-B. TlERCBLIN, 23.^ ÉvâQUE. [ 1568 

Gondé. Il ne tarda pas à lever des troupes » grossies 
par les mécontents > qui abordèrent de toutes parts 
dans celte Tille devenue le rempart des protestants. 

a Les milices que S.te Hermine avait levées s'étes- 
dirent dans le Bas-Poitou et attaquèrent Luçon , qd 
n'avait qu'une faible garnison. Depuis quelques jours 
les chanoines avaient pris des précautions, non seule- 
ment pour la sûreté de Luçon, mais pour établir des 
Gabarits , composés de pierres et de clayes, pour eoi- 
pêcher les Rochelais de pénétrer par le passagedela 
Charrie et les marais |de Triaize. Les chanoines se 
dispersèrent et s'échappèrent déguisés. Innocent Chan- 
teclerc , qui de simple choriste était devenu successi- 
vement secrétaire du chapitre , puis chanoine , voulut 
défendre le château et l'église , dans lesquels il s'était 
retranché avec quelques officiers de cette église ; il 
paraît même qu'il y commandait en chef. Le chapitre 
avait proposé à M. de Salo (1) de Beauregard d'en être 
le capitaine. Il refusa, sans doute; puisque peu de 
jours avant la prise de Luçon, on fit offrir le même 
poste àun^ieur du Sableau ,^ qui apparemment n'eut 
pas le temps de s'y rendre. Luçon fut bientôt investi, sa 
faible garnison composée de quelques soldats du Comte 
de Lude , fit une vigoureuse défense. Un canon ou une 
autre arme à feu , emporta , en éclatant, le bras droit 
de Chanteclerc , qui , malgré cette cruelle blessure , 
tirait du bras gauche avec tant d'adresse qu'aucun de 
ses coups ne portait à faux. Les Rochelais , comman- 



(1) ^e la famille qui a produit Tinventeur du Journal det 
Savants» 



1568 ) J.-B. TiERCBLiN , 23/ èyAqve. ( 287 

dés par Jean Boisseau et Trousseau-la-BelIe » irrités 
de la résistance de ce prêtre , donnèrent un assaut, le 
18 Février 1568 (qui » à notre manière de compter » 
serait 1569 ) , et emportèrent cette place. Une partie 
des assiégés , au nombre de cent , fut passée au fil de 
l'épée. Parmi ceux-ci , une information a conservé les 
noms de Messires Pierre Macé , Germain Amand , 
Bfaurice Hassiot , Julien Giraudet et Laurent Ribouleau , 
officiers de Téglise. Innocent Chanteclerc et Matliuria 
Rond f choriste , furent pendus , et le corps du pre- 
mier fut tiré à coups d'arquebuse. 

« Les habitants de Luçon , parmi lesquels on trouve 
les noms des receveurs de l'évéque et du chapitre , 
portèrent les armes contre exix et furent des traîtres » 
qui contribuèrent à sa ruine ». 

31. Gui de Daillon', comte du Lude, et frère 
aîné de René , qui avait occupé le siège épiscopal de 
Loçon, protégeait particulièrement les établissements 
ecclésiastiques de ce lieu. Ce fut au moment où il 
arrivait , pour défendre cette place et presqu'à la vue 
de ce seigneur , (1} que les protestants l'occupèrent. 

32. L'évéque Tiercelin , obligé de quitter Luçon , se 
réfugia d'abord à Niort où il se fit délivrer , le 10 
Mars 1568 , une sorte de certificat de présence » par 
le comte du Lude , gouverneur de Poitou. Cette 
pièce est d'un assez grand intérêt , pour être repro» 
duite ici. 

(f) M« de Beavregard , Evéqueê de Luçon, 



288 ) J.-B. TiEHCBUN , 23.* ÉVÉQVB. ( 1568 

« Gdi de Datllon , comte da Lode » . . certifloas qne. . . 
aa Uea de Laçon , sont pois un moys en ça entrés le§ en- 
nemis da roi , sortis de la ylUe de La Rochelle , lesquels oui 
forcé les chanoines dudit lien , prins ancans preslres et 
chanoines et en aaroyent pendu et estranglé rang et 
nngvaatre qu'ils aaroyent taé aa lieu de Ste.-Gemme , dis- 
tant dadit Luçon d*ane lleae environ , courent le pays dudit 
Luçonnoys , auquel ils auroient broslé plusieurs esgUses et 
monastères 9 comme ont fait leurs semblables partout ce pays 
de Poitou ; ils auroyent donné si grande crainte et fait telle 
peur aa peuple et entre autres aux gens d'église , que pla- 
slenrs d'iceux aaroyent abandonné Nnrs maisons et biens , 
dont ce révérend Messire Baptiste Tler^lin^ évesqae et baron 
dudit Luçon , et seigneur de la Roche-du-Mayne , nous a 
requis la présente certification. Faict à Niort, le I0.e Jour 
de Mars 1568 ». 

33. « Pendant que les compagnies des* protestants 
portaient , dans le Bas-Poitou , le fer et le feu , les 
habitants de Luçon mirent en cendres l'église deLuçon^ 
le palais épiscopal , les maisons du chapitre et celles des 
chanoines (1). Les abbayes, les églises paroissiales, tout 
fut la proie des soldats ou des flammes. Samuel Béjarry 

(1) Noat allont extraire de la CHBOHiQua dv Lhhgon • ce qui 
est relatif à cette occnpatîon de Luçon « par les protestants : 
« Et le 18 de Février 1567 , suivant l'ancienne supputation , 
soitîrent» tant de La Rochelle que de Marans « de ceux de ladite 
religion , savoir de douze à treize cents » tant de pied que de 
cheval « et descendirent au Gué et vers le Poiré. « • . « prirrnt 
leur chemin vers Luçon. ...» à la Bouchardière « au champ 
Bi(Tot , au sentier de Patagne , se rendant à Mouzeuil et droit à 
Luçon , où ils arrivèrent environ une heure de soleil du soir. Et 
firent tant , avec feu et rousine » qu'ils firent btûler les portes 
de Tégiise cathédrale et toutefois elles étaient maçonnées en 
dedans. Mais , avec piques et autres longs b&tons , les déma- 
çonnèrent et entrèrent dedans et de nuit , néanmoins la défense 
de ceux du dedans et du clocher où Us y furent tués maintes* 
]usqu au nomhre de cinquante-neuf personnes , qui furent mis en 
une citerne , étant en l'église ; et rompirent les vitraux, défer- 
rèrent et emportèrent les ferrures , comme aussi ils firent des 



1568 ) J.-B, TlUCBUN t â3.e ÉTÊQITB. ( 989 

seipieur de la Roche-Looherie (1) attaqua les religletix 
de Trizay-sar*le-Lay (3). Ceux-ci firent uneTigourease 
défense et furent à leur tour , insulter le château de 
la Roche. Béjarry y eut un bras cassé (3). Il s'en fit 
fiiire un de fer , et , par représailles , il fut avec plus 
de succès brûler Tabbaye et les maisons de Trizay.-)» 

34. Dans c^te fâcheuse position de choses , il y eut à 
Nantes , en Ayril 1568 » une assemblée du clergé du 
diocèse deLuçon , pour aviser aux mesures à prendre , 
dans la circonstance. L'évéque et beaucoup de digni* 
taires y assistèrent, et, le âl duditmois,il fut dressé; 
devant un notaire de la \ille où avait, lira rassemblée, 
^un procès^verbal constatant 9 ainsi qu'on yasonunaire- 
ment les mentionner , les ravages commis par les 
protestants , dans le Bas-Poitou. 

Le 18 Février 1568, les protestants venus de La 
Rochelle , brûlèrent la cathédrale de Luçon , l'église 
paroissiale de Saint Mathurin , l'évèché et les maisons 
des chanoines, et emportèrent les vases sacrés , les 

orgues 9 brûlèrent les ^ cierges , ^ Uvrea et ornements et antres 
choses propres aa serTÎce oe Dieu en IVgUse ; rompirent six 
cloches qui y étaient , et de pins quatre à Saint-Mathurin et les 
emportèrent toutes les dix. Et furent audit Luçon josqu'^an 27 
février , auquel jour eurent aussi grande peur » comme leur cou-* 
tume était de (aire. Et s*en furent à M«rans par le passsge du 
Braud. ... ». 

(1) Béjarry de la Roche-f'Ouherîe , était Valné des deux frères 
Béjarry «qui ont beaucoup marqué, dans les guerres de religion. 

(2) L'abbaye de Trisay • située dans la paroisse de PnymauCniis. 

(5^ Ce fut le second des frères Béjarry , seigneur de la Gué— 
menière, qui eut un bras cassé et se fit faire un bras de fer , 
dont il prit son surnom ; mais les auteurs de l'époque » contre 
la tradition du pays , indiquent une autre localité comme étant 
celle où ce che( protestant eut le bras cassé. 



390) J.-B. TIBRGBLIN, â3.e ÉVÉQUE. ( 1568 

ornements et les cloches. Ils pendirent Innocent Gban- 
teclerc » chanoine » tuèrent huit autres prêtres et près 
de cent laïques. Dix jours après, les protestants retin- 
rent et brûlèrent FëgUse de St. Philbert , contigue à 
la cathédrale , ainsi que celle de Taumônerie. 

L'église de Saint-Pierre-des-Moutiers-sur-le-Layest 
brûlée le 28 Février et le château de cette localité , où 
résidait Tévêque , est livrée au pillage. Dans la nuit 
du 7 au 8 Avril 1568 , les protestants reviennent au 
château des Moutiers , qu'ils finissent de piller , puis 
ils emportent toutes les ferrures de cet édifice et ils 
y. mettent le feu. 

Les églises collégiales et du doyenné de Montaiga 
brûlées , de même que celles de Notre-Dame et de St. 
Nicolas de Montaigu , ainsi que les presbytères. 

Le clocher de la Merlatière abattu et l'église pillée, 
le 15 Mars 1568. Le même jour Féglise de Lairière, 
et celles de St. Jean et de St. Nicolas de la Chaise 
sont brûlées. 

' L'église d'Ârdeiay pillée et les cloches brisées. L'é- 
glise d'Âubigny brûlée. L'église et la cure de la 
Boissière brûlées , et le curé tué. Les églises de Nesmy, 
de Stw-André-d'Ornay , de S.te-Flaive et des Moutiers- 
les-Maufaits brûlées. 

L'église de Legé , brûlée depuis quinze jours et quatre 
cents hommes massacrés , tant prêtres que laïques ; 
les autres habitants rançonnés. 

Le 6 Avril 1568 , les deux églises de Rocheservière 
et celle de la GroUe pillées. 



1568 ) I.-B. TnSECBLIlf , 23.® ÉVÉQUB. ( 291 

L'église de Bouaie , près Rocbeservière , pillée samedi 
dernier etj les aatels abattus. 

L'église de Saint-Falgent , pillée et les habitante 
rançonnés, en Avril 1568. 

L'église de St.-Hermand9 pillée en Février 1568, 
le clocher brûlé ; Féglise de Hareuil brûlée. 

Les églises et les presbytères des. deux Lues et de 
St.-Cbristophe-de-Chartrasse, brûlés. L'église de Sahit- 
Denis-da-Payré , brûlée. Celle d'Aizenay , brûlée et 
saccagée ; à la fin d'Avril , lés habitants se cotisèrent, 
pour empêcher qu'elle ne soit brûlée. Les églises 
de St.-Dents delaChevasse et deBeaufoa , sont brûlées ; 
le couvent de S.te Foi , à Olonne , brûlé , ainsi que 
l'église de St.-George8-de-Poitindoux et le couvent 



Jacques de Billy , abbé deSt.-Michel-en-l'Herm, dé- 
clara que 9 depuis six mois , il avait un capitaine et des 
soldats, pour garder son abbaye. 

35. On trouve encore une information faite à Paris 
le 19 Juillet 1568, devant Simon Brûlé, commissaire 
examinateur au Chàtelet,à la requête de Tévêque Tier- 
celin sur la ruine des églises et les excès des protes- 
tants, dans le diocèse de Luçon. On va foire connaître 
quelques-unes des dépositions de cette enquête. 

Pierre Gautreau de rAubouinière, demeurant à Varen- 
nes, près Thouars, dépose que , peu de jours avant la 
Pentecôte dernière , l'église et le presbytère de Saint- 
Florent-des-Bois, ont été brûlés et démolis; c'est depuis 

37: 



j J.-B. TiBRCBLUf , â3.» ÉVÉQUB. ( 1868 

redit de pacification et lors que les catholiques demeu- 
raient tranquilles. 

François Lingier, seigneur de Marmânde et de 
St. Christophe, demeurant à Marmande » âgé de 52 ans, 
alors à Paris , dépose que , depuis redit de pacificatioD 
publié 9 les protestants ont commis des ei^cès , parti- 
culièrement envers les ecclésiastiques et aussi des vols. 
La justice n'a pas pu agir , eux étant les plus forts 
et allant par troupes de 1,000 , 1,200 et même 2,000 
hommes à cheval et à pied , sous les capitaines Malus, 
Clou, Cantinière , La Grange-Maronière , les enfants 
de la Bretèche , le capitaine Cacandière , son beau- 
père , appelé Girardière et Cbardière. A Legé, ils ont 
tué plus de 400 hommes. Ils pillent partout , et quelques- 
uns d'entr'eux ont 8 , 10 et 12,000 livres. Il y a eu 
des meurtres et des excès à St.-Christophe*du-Ligneron. 
Ils ont des ministres plus qu'ils ne doivent et en veu- 
lent à Févêque. le seigneur de Vieille-Vigne et ses 
enfants , riches et opulents , sont causes desdits trou- 
bles , excès et assassinats ; beaucoup de protestants les 
suivent. 

Thomas Landreau , seigneur de Lestang ou là Barre t 
près Nantes , âgé de 9t ans, né à N.-D. de Mont , dé- 
clare ^ûé, dejpuîsl'êdÉ ,.plus de quarante églises ont été 
bfôlées par feâ capitaines Cantinière ^ Malus et Clou , 
sous le seigneur de Vieille- Vigtie , leur chef et le capi- 
taine Cacandière. — A Legé , 400 personnes tuées. - 
Depuis trois semaines ou un mois, plusieurs églises 
brûlées. — Depuis peu fes villages de Saint-Christophe- 
de-Lignéron , Commequiers , THerbergement entier , 
Le' Luc , Beaufnu Saint-Georges-Poitendoia , 



1568 ) J.-B. TlERCBIilf f â3.e ÉYÉQUB. ( 293 

Sainte-Flaive et autres lieux ^ ont été pillés et brûlés. 

Jean Bpusseau , praticien , à St.-Christophe-do- 
Ligneron , dit que , le 10 ou le 12 du mois de Mars 
1568 , 200 protestants sont entrés au Ligneron j ont 
pillé et tué 18 à 20 personnes ; Us mirent le feu i 
l'église et il fut si violent que les cloches en fondirent 
Malus , le Clou et Cantiniére^ commandaient. Un autre 
témoin dépose de même. Les églises de Legé et de If 
Grolle , brûlées. 

36. Pour subvenir au payement de leurs troupes , 
les chefs protestants et notamment le roi de Nayaire 
et le prince de Condé, établirent, dans les cantons du 
Bas-Poitou où ils dominaient , des commissaires pour 
affermer les biens ecclésiastiques , en toucher les fer- 
mages et même pour les vendre. Jacques Pinault et 

Jean Guillon, furent pla£és en cette qualité à Luçon (1). 

« 

n existe encore des actes qui constatent les ventes 
de biens ecclésiastiques faites par les chefs protestants (2). 

(i) Mémot'rei M. 9 

(2) Voicî nn de ces actes que le fendîste Moîsgas fit insérer , 
en 1787 , dans les afficbes du Poitou. 

« Je f Jean de la Valade « commis par nos saigne nrs las princes 
de Navarre et de Gondé , à la recepte des deniers provenant de 
la vente des biens ecclésiastiques' es évèchés de Luçon et de 
Ma^lesais , confesse avoir reçu de Gilles de Lescorce , écujet\ 
sieur de la D , la somme de deux cents livres tournois, 

pour Vadjudication qui lui a été faite par IVIM. lea commissaires 
à ce députez » de tous les biens et domaines de la fabrique de SA- 
Hermine , non compris ce qui en a été vendu, qui sont ar- 
bres noyers et les prestations d^icelle fabrique» pour quarante 
Hvraa tournois de rente , à payer d'une moitié finance ; 
ladite finance à raison du denier dix , ladite somme de deux 
cents livres tournois » de la laquelle je me tiens pour content 
et bien jpayé , et en quitte ledit sieur de la O 

Fait à Fontenay-le-Gomte • le dix-neuvième jeur de Mai mil 
cinq cent soixante- neuf, (signé) de la Valade. 



294} J.-B. TlBRCBLlN , â3.e ÉYÊQUE. ( 1569 

37. Le père de Févêque de Luçon , celui qu'on a 
appelé le grand la Roche du Maine , mourut dans son 
château de Chitré , près Chatellerault , le 2 Juin 1S69, 
à Fâge de 85 ans. Sa femme , Anne de Turpin-Crissë » 
rayait précédé dans la tombe (1). Alors Tunion des 
familles Tiercelin et Appelvoisîn s'était opérée, par la 
naissance de plusieurs enfants, et cette maison a 
existé jusqu'à la révolution de 1789 (2). 

38. En 1569» la ville de Poitiers était assiégée par 
Tamiral de Coligny et les protestants (3) et beaucoup 
de combattants du Bas-Poitou se trouvèrent, dans la 
place et devant , à la défendre. « Jean de Barro 
(4) f abbé de Notre-Dame des Fontenelles , se Joignit 
aussi aux gentilshommes , et vint comme le dit le 
journal du siège de Poitiers (5) , en bon équipage et en 
courageux gentilhomme ^ c'est-à-dire armé, avec le 
dessein de servir à la- défense de la ville. Ce n'était pas 
trop la place, ni le métier d'un prêtre, dit M. de 
Beauregard (6) , mais cet abbé avait à se venger des 
protestants , qui avaient mis son abbaye en cendres. 

(1) Elle était morte en Bon château de la Chàtaîgneraye » en 
Touraine, en 156i. 

(2) Le dernier de ses membres a été le Marquis d'Âppelvoîsin 
de la Boche du (Maine , officier général « dont la fille a porté 
les biens de cette| famille à ' M. le Marquis de la Brousse de 
'VerteiUac » ancien député > membre du conseil général de la 
Vienne. 

(3) D*aprè9 la Chronique du Langon , ce siège commença vers 
le 8- juillet et fut levé enviion. le i.er septembre 1S69. 

(U) Thibaudeau , dit Jean de Barre , mais M. de Beauregsrd 
qu& avait lu la signature de cet abbé et de son' prédécf;sseur et 
onele > Pierre de Barro » dit avec raison qu*il faut lire ainsi ce 
nom. La famille de Barro était des environ d'Airvault où elle 
a possédé plusieurs terres considérables. 

(o) Par Liberge. 

(6) Mvéques de Luçon. 



A 



1569 } J.-B. TlBRCBLIN , 23.e ÉVÊQUE. ( 295 

Jean de Barro devint doyen de Féglîse de Luçon , en 
1583, et succéda, en son abbaye, à Pierre de Barro. 

39. Pour résister aux mouvements des novateurs , 
les dépositaires de l'autorité royale crurent que le 
mieux était de réunir les forces dont on pouvait dis- 
poser, au centre même du mouvement insurrection- 
nel. En conséquence une montre de rarrièré-ban du 
Poitou , fut assignée à Luçon, pour le 28 Octobre 1569 , 
parle Comte de Sanzay , capitaine-général des arrières^ 
bans de France Les commissaires de la montre étaient 
Michel de Boisgiraud , écuyer , seigneur de Gra- 
veron , commis par le Comte du Lude , gouverneur 
du Poitou et M. Jean Bertrand, élu de Montforl- 
L'amaury et contrôleur des guerres. Le seigneur de 
Salles et François Sauvestre , seigneur de Clisson , 
chevalier de Tordre , furent capitaine et lieutenant de 
cet arrière-ban. Ils firent confectionner , à Poitiers , 
par Jean Girard , tailleur d'babits, les saies et casaques 
do livrée de cette réunion d'hommes de guerre , pour 
une somme de 900 liv. (1). 

40. Baptiste Tiercelin mit tout en œuvre, pour re- 
médier aux maux qui désolaient son diocèse. En 
décenibre 1569 , il présenta requête au comte du Lude, 
afin de le prier d'informer sur les pillages des novateurs , 
dans le Bas-Poitou ," et le 26 de ce mois , le gouver- 
neur du Toitott , qui se trouvait alors au château de 
la Roussiére , près Coulonges-ies-Royaux , répondit fa- 
vorablement à cette demande^ Plus tard, et le 13 janvier 

(1) Le dernier payement , po^ar cette fourniture , montant h 
2M) fr. . fut opéré au commencement de 1570. .Mêm. m. s 



29,6 ) J.*B. TiERCBUN ^ 23.e ÉVÉQUB. ( 1569 

1570 , Pierre Gallard , yicair&-général, adressa de Luçod 
une requête à M. de la Frezelière , lieutenant dagoa- 
yerneur du Poitou , afin de paryeuir au rétablissement 
de Tordre dans cetteyiUe^parrexpulsiondesprotestants, 
qui venaient de s*en emparer. Dç pardlles plaintes 
furent , le 19 dudit mois, ad^e^sées à La Haye, lieu- 
tenant-général du Poitou f aux fins ;par; lui d'assigner 
à révéque de Luçon et au prieur des Moutiers-«ous- 
le-Lay , les maisons des prétendus réformés qui avaient 
pillé et dévasté le château et le prieuré des Moutiers. 
Dès la veille, on avait demandé la même chose, pour 
révéque et les chanoines , relativement à Luçon. Les 
dévastateurs étaient , disait-on , des hommes du peu- 
ple de Luçon , des Moutiers et de Bournezeau. Sur 
cela , le lieutenapt-^énér^ de Poitou , le fameux la 
Haye , qui se trouvaU à Luçon , rendit une ordonnance 
portant arrestation de plusieurs habitants de Luçon , 
pris parmi ceux qui avaient démoli la cathédrale , le 
palais épiscopal et les maisons canoniales. Il fut dit, 
de plus , que le séquestre serait mis sur les biens des 
délinquants , et leurs maisons furent assignées pour 
logement à l'évéque de Luçon et aux chanoines. 

Peu après , et le 17 février 1570 , le Syndîc-gtoéral 
du clergé de France , étant à Angers , présenta une 
requête au Roi , sur les ruines et pilliaçes des protes- 
tants , dans le diQcèse de Luçon. 

41. Vers ce temps, Luçon fut repris par les catho- 
liques qui tentèrent de s'y fortifier; laissons encore 
parler, à ce sujet, M. de Beaoregard (1). « La ville 

(1) Evégues de Luçon. 



1570 ) J.-B. TiERCÊLIN , 23.è BVÉQDB. ( 297 

fut reprise par les troupes de du Lude » eu 1570 (1). 
Puigaîllard fit construire un fort à Luçon , à la nab- 
sance des deux forts (2) et à leur rencontre , un bon 
fossé de cinquante pieds renferma plusieurs maisons ; 
il y avait quatre éperons relevés de vingt-quatre 
en œuvre. 



<c Ce fort , nommé de Saint Jacques , parce qu'il 
était dans le canton de Tancienne chapelle de Saint 
Jacques ou Saint James , non anglais , qui fait partie 
aujourd'hui de la métairie du doyen d*Âizenay , nous 
a été très-long-temps inconnu. Il était situé dans le 
lieu où commence le port aujourd'hui et dans le carre- 
four qui mène sur la levée et le chemin de Triaize , 
en se jetant sur la gauche et comprenait les maisons 
et jardins qui tiennent au port , vers le levant. M. 

(1) D'après la Popeliniè^e , Ut protestants abandonnèrent 
alors cette place. 

(2) Voîri ce que dît le frère de Laval on plutôt la Pope- 
liaière»de rétablissement Je ce fort. « Ces deux chemins sont 
àexrx bantes et larees levées » qui tranchent et séparent les 
marais de ce pays-là , faites tant pour la conduite et passage 
ordinaire , que pour assurer les marais des eaux , qui autrement 
les couvriraient tout le lon|]r de l'an , si elles ne s'écouloyent es 
fossés de la terre desquels ces levées* fossoyées des deux cotés» 
sont faites. Ceux du pays les appellent bots , le mot corrompu 
de bords .' pour ce qui a sont vrays bords aux marais proch-aina, 
par lesquels chacun seigneur cognoist mieux les marais qui lui 
sont propres. Et d'autant que ces deux chemins se viennent . 

t 'oindre a l'entrée de Luçon , Puygaillard fit trancher cetl« dou- 
»le avenue et' y bastit un fort « dedans lequel il comprit cinq 
ou six maisons , pour y accommoder quatre compagnies de gens 
de pied qu'il y ntiist, sous la charge du capitaine Mascaron. Le 
fort estoit fait de gazons , entretenus de bonnes fascines , dont 
la forme estoit quarrée. Au reste , bien fossoyé et flanqué de 
quatre coings , rejettes et-eslevev en bastions qui avançoyent asses 
pour la défense des courtines ; voire que sans canon malaisé- 
ment l'eust-on scn preùdre ; joint que la contrescarpe du fossé 
mon toit presque à fleur du fort. « 



298 ) J.-B. TiEBCELIN , 23.e BVÊQUE. ( 1570 

Papin , ancien officier de notre église » m*a dit que, 
dans sa jeunesse, cet endroit portait encore le nom de 
Saint Jacques et qu'il a vu tirer des terres du petit 
jardin qui termine Luçon , vis-à-vis le fossé qui reçoit 
les eaux de la tête du canal, des] pierres de taille de 
très-grande dimension. 

a Le pont de la Charrie , fut également protégé 
et défendu. Tous les préparatifs étaient faits pour 
arrêter les Roclielais et pour leur fermer les passages, 
dans le dessein où était Puygaillard de les amener aa 
combat, avec un désavantage presque assuré x>. 

42. Le combat qu'avait provoqué Puygaillard eut 
lieu, et tout près de là, à Sainte-Gemme. Le mercredi, 
14 juin 1570, les protestants s'étaient ébranlés et étaient 
venus de la Rochelle , sous le commandement de La 
Noue , avec de l'infanterie , de la cavalerie , 300 
lansquenets et trois pièces de canon, pour assiéger le 
fort de Luçon. Or , le lendemain les catholiques , sous 
les ordres de Puygaillard , avaient été les reconnaître 
et comptaient les surprendre , mais Pluviaut averti se 
retira au camp de La Noue. Ces deux chefs et les 
autres capitaines protestants tinrent alors conseil et 
se décidèrent , en laissant trois compagnies à observer 
le fort , à aller prendre position dans la plaine de 
Sainte-Gemme où cette armée se rangea en bataille. 
Les catholiques se dirigèrent sur leurs ennemis , mais 
à mesure qu'ils arrivaient , ils étaient taillés en pièce, 
n'ayant pas eu la précaution de se former en corps 
de bataille et de se réunir en force avant d'attaquer. . 
Plus que cela, les premiers corps, défaits , les vain- 



1570 ) J.-B. TiERCBLIll , 23.« âvÉQUB. ( 299 

qaeurs se portèrent sur les autres et les forcèrent à 
se débander. De cette manière, 500 catholiques périrent 
et plus de 800 fur^t faits prisonniers* Le carnage 
aurait été plus grand, si La Noue , toujours humain 
et modéré , n'eut arrêté TefiTusion du sang. 

Je Fai dit ailleurs (1) , si cette victoire de Sainte- 
Gemme fut une des plus brillantes obtenues par les 
protestants en Bas-Poitou, à l'avant-garde de la 
cavalerie protestante , était Vieillevigne de Saint 
Etienne ; puis après , avec le fort de cette armée , 
Béjarry de la Rocbe-Louherie ; et enfin , Finfanterie 
était aux ordres de Puy viaud , ayant Cressonnière et 
Bessay, pour ses lieutenants et Champagne portant 

• son drapeau Les protestants eurent à regretter 

quelques officiers de marque , notamment Boutou de 
Granzay , frère puiné du seigneur de la Baugisière, 
qui fut tué à la première charge et Chasselandière , 
enseigne de St. Etienne, qui , blessé au commence- 
ment de l'action, continua à combattre et mourut 
le lendeaiain , -des suites de ses blessures et de ses 
fatigues. » 

Puygaillard, on doit le dire aussi , fit des prodiges 
de valeur , mais il ne put soréter la déroute de la 
cavalerie , qui entraîna TinCanterie et rendit toute . 
résistance impossible. 

« Cela arriva , dit l'auteur de la Chronique du Lan^n^ 
le jeudi , 15 juin , entre Luçon et le bois-taillis de 
Sainte-Gemine. Les huguenots prirent dix-sept en- 

(1) Dans une note » sot U Chronique du Lançùn, inférée 
dans mes Chroinçuêi Fontenaist'ennes. 

38. 



900 ) J.-B. TlBaCBUN i 23.6 âVÉQTS. ( 1570 

seignes et trois cornettes, qu'ils] jNrésentèrent àHas- 
caron}, étant à Luçon , tenant encore le fort. Mais, 
ce voyant et qu'il ne pouvait sortir , se rendit et lui et 
les siens, sortirent sans armes et prirent tous leurs che- 
mins à Fontenay^tantMascaron que ceux qui avaient 
été blessés , nuds et demeurés desdites garnisons. 2> 

Ainsi resta Luçôn aux protestants, qui, sous 
les ordres de La Noue , forent assiéger la ville de 
Fontenay. 

43. Sur cela parut l'édHt de pacification , donné 
à Saint-Germain-en-Laye « le 8 août 1Ô70 , négocié 
par Biron, qui était boiteux , et par le seigneur de 
Malassise (1). Alors quelques membres du clergé ren-' 
trèrent dans Luçon , que les protestants] abandomiè- 
rent , pour se réfugier à La Rochelle. 

44. Parmi les chefs protestants qui vexaient le pins 
le clergé du Bas-Poitou, on remarquait Giron de 
Béssay , seigneur du château de ce nom , et des pour- 
suites furent dirigées particulièrement contre lui. Nous 
allons en faire connaître la principale cause: Tiercelin 
de la Rocbe-'du-Maine , 'évéque de Luçon , pour sous- 
traire les meubles et les papiers les plus précieax de 
Étm évéché , les avait fait trafnsporter dans le château 
du seigneur de la Charouliére » gentilhomme catholique , 
et cesmémes objets demeurèrent en ce lieu Jusqu'au 15 
août 1570. Alors on croyait n'avoir plus rien à craindre 
des attaques des individus de la nouvelle croyance , 

(!) Cette paix reçat , «la nom d'an des négociateurs et de 
i'înfittnité de Tan ire » la hom de paiT boiteuse et mal assise 
Elle n'ent qu'un faible cours. 



1570 } J.-B. TlBRCBUR j 93.« ÉYÈQUB. ( 801 

par la raison qae l'édit de pacification avait été 
enregistré au parlement et publié à La Rochelle et 
dans tout le Poitoa. Mais cet état de calme apparent 
n'arrêta pas Giron de Bessay, qui se transporta « ledit 
jour f dans la maison du seigneur de la Cbarouliére , 
qui était absent ainsi que ceux qui pouvaient défendre 
ce manoir. Bessay s'y introduisit donc , maltraita Pierre 
Gaillard , vicaire-général du diocèse, qui s'était retiré 
en ce lieu, ainsi que ses serviteurs. Puis il s'empara 
des meubles et n^piers de l'évéché et les fit tiansporter 
en son cbâtea.rtie Bessay. Ensuite , ce chef protes- 
tant maltraita et rançonna plusieurs autres prêtres 
du diocèse , et s'empara du château des Moutiers-sur- 
le-Lay , dont il toucha les fermages de la terre» dé- 
pouillant ainsi l'évêque de Luçon de la meilleure partie 
de son revenu. 

Sur CCS excès , le roi Charles IX manda au sénéchal 
du Poitou 9 ou à son lieutenant , d'instruire contre 
Giron de Bessay » mais la continuation des troubles fit 
que ces poursuites n'eurent guère de résultat. 

M. Par suite de toutes les plaintes ci-devant indi- 
quées, il fut fait, le 29 octobre 1570, une enquête 
à Luçon , devant Bonaventure Paniques , conseiller à 
la sénéchaussée de Poitou, commis par ordonnance 
du lieatenant*-général La Haye , en date du 22 dudit 
mois. On y constata que l'église cathédrale et les 
maisons épiscopale et canoniales de cette localité , 
étaient dans un état presque complet de destruction , 
par le fait des protestants ; qu'il était impossible d'y 
faire Toffice divin et d'y habiter , conformément à 



302 ) J.-B. TlEftCBLUf, 23.^ £vfiQUB. ( 1570 

redit de pacification. Dans cette pièce, on dit que 
Luçon est à six lieues de La Rochelle -et sur la route 
du Bas-Poitou, de la Bretagne et de l'Anjou. Les ha- 
bitants de Luçon sont indiqués comme imhus des 
nouvelles doctrines, pour la plupart , et allant à 
Champagne et à Bessay , pieux où se faisaient le 
prêche et où on tenait même des synodes. 

46. n paraît que dès avant cette époque , Baptiste 
Tiercelin, voyant l'impossibilité qui existait pour lui 
d'habiter dans son diocèse, à moins d*f voir ses jours 
continuellement menacés , prit le parti de se retirer 
à Poitiers. 

n est à noter que Baptiste Tiercelin avait un motif 
déterminant pour résider au chef-lieu de la pro- 
vince. En effet, à sa dignité de Prélat, il joignait 
le] titre de Prieur de l'église collégiale de Sainte 
Radégonde de Poitiers , qu'il conserva même après 
s'être démis de l'évêché de Luçon. Il fit même rebâtir 
la maison affectée à son ^prieuré et , avant la révo- 
lution de 1789 , ses armes se trouvaient encore placées 
dans le vitrail. M. de Beauregard (1) les avait vues 
entières , à la porte du jardin, donnant sur le rempart, 
près du pont-neuf , avec cette inscription : Baptiste 
Tiercelin , Evêque de Luçon , Prieur de V église Modem 
S.te Radégonde; Seign. delà Roche^vrMaine j 1579. De 
plus , l'écrivain que nous citons , avait rencontré, au 
trésor àe S.te Radégonde, Tacte de fondation d'un 
Obit à dire, à l'endroit du MçmentOf pour les morts. 

(1) Evéquês de Luçon. 



1S70 ) ).-B. TDBRCBUH , fi3.<^ ÉVÊQUE. ( S03 

47. Il y a lieu de croire que le château d'habitatioD 
que les évéques de Luçon avaient à la campagne , ne 
tarda pas à être détroit , après le «départ de Baptiste 
Tiercelin » pour Poitiers. En effet , nous lisons dans 
M. de Beauregard (1) , le passage suivant : <c Les 
protestants n'avaient épargné aucun des lieux qui 
pouvaient servir d'asyle à l'évêque de Luçon et à ses 
chanoines. Ceux-ci avaient eu la douleur de voir dévorer 
par les flammes l'ancien château des Moutiers-sur*le- 
Lay f qui pouvait être regardé comme une forteresse, 
avant rinvention du canon, et dans lequel les évé- 
qaes avaient le 'droit de nonuner un capitaine. L'in- 
formation faite par le sénéchal de Fontenay , Brisson, 
en 1570 » fait monter à 70,000 liv. , somme énorme , 
la dépense des réparations de cet antique château o. 

49. Une partie des chanoines de Luçon suivirent 
l'exemple de leur évêque , comme on va le voir ; et, à 
Poitiers, ils firent l'offlce dans l'église des Cannes. 

c( Enfin , dit M. de Beauregard (2) , le chapitre de 
Luçon , du moins en partie » se retira à Poitiers.... 

<r Cependant cette translation souffrit de grandes dif- 
ficultés et pendant qu'un certain nombre de chanoi- 
nes se rendaient à Poitiers , auprès de leur évéque, 
un plus grand nombre vint commencer à Luçon à 
relever les ruines de leur église cathédrale. En effet, 
le service s'y fit comme à l'ordinaire, et les assem-^ 
blées capitulaires furent tenues également Les re- 
gistres en font foi » et si le registre après avoir rap» 
porté un acte du 17 janvier 1569, passe à la date du 

il) Evêquet de. Luçen . 
2) Idem. 



304 ) J.-B. TlERCELm e^« ÉTÉQim. ( 1571 

37 janvief 1$70 , c'est qa'à cette époque le chapitre 
se conforma à l'édit de Chartes IX , qai^ fixait ao 
mois de janvier , le eommencement de l'année. La 
véritable époque , où le service fiit repris , est du 
9 octobre 1570 , et , vo le pitoyable état de Téglise, 
il se fit à l'église Sainte Madelaine, à l'hApital. 

50. « Celte division da corps du chapitre fit naître 
des contestations inévitables : On obtînt des sentences» 
des arrêts » et nous présumons que la victoire pencba 
du côté du parti de M. de Tiercelin. 

«t Un^ransaction arrêta ces scandaleux débats » pen- 
dant lesquels chaque partie du chapitre voulait priver 
celle qui était éloignée d'elle des revenus affectés aux 
prébendes. Lés revenus étaient saisis , les plus adroits 
s'en emparaient et;^les détournaient à leur profit. 

a Cette transaction fut passée sous les yeux et d'après 
le conseil de Richard-d'Elbenne , conseiller du Roi à 
Poitiers, le 2 juin 1571 , mais seulement par manière 
de provision et jusqu'à ce que la ville de La Rochelle 
fût retournée sous l'obéissance du Roi. 

a On y réglait que tes chanoines résidant à Poitiers 
et à Luçon gagneraient les fruits de leurs prébendes 
et les distributions , en tenant des rôles exacts » pour 
se faire respectivement raison; que dans ces deux 
villes on tiendrait des chapitres tant généraux que 
particuliers dont les emimUiom se communiqueront 
respectivement. 

« Les nominations aux bénéfices et autres affaires 



1571 ) J.-B. TÏERCSLIN , 23.^ Év£Qini. ( 305 

de grande importance se commumqueront à la partie 
da chapitre séant'à Poitiers. 

ir Les registres^ de tout Ice qui a été|négoci6 s'en- 
verront à Poitiers, [pour y voir tout ce qui a été 
arrêté depuis la prinse de Luçon. 

a Les portions de ceux qui resteront à Poitiers , 
seront affermées en blé et en vin. 

<x La portion des non-residants /k Luçon etàPoi- 
tiersy sera attribuée à la fabrique, pour les réparations. 

« Cette transaction est signée du notaire Yergnaud , 
et se trouve, en copie, au .trésor du chapitre ». 

51. a Cet accord provisionel [fut trouvé si] ex- 
traordinaire que bientôt on en j9t un autre, ou 
peut-être sentiton qu'il donnerait matière à des 
contestations nouvelles , car les édits de pacification 
rendirent la paix au Bas-Poitou. Quoiqu'il en soit , 
le 25 juin de la même année , d'après un compromis 
passé , le 23 , entre les chanoines résidants à Poitiers 
et ceux de Luçon » par le ministère du chanoine Âulbin 
Blaye , fondé de pouvoirs , et le choix des arbitres, 
qui furent noble homme Me Jean Roigne , lieutenant 
particulier de Poitiers , et Richard d'Ëlbepe , conseiller 
à la sénéchaussée , il fut convenu que l'avis des deux 
magistrats arbitres serait la base de la transaction. 
Ils ne tardèrent pas à le donner , et , le 22 , intervint 
la transaction suivante : 

« i^ Que le service accoutumé être foit , sera fkit 



306 ) J.-B. TlBRCEUN , â3.« ÉTÊQUB. { 1571 

et continnë à Luçon et non à PoiUers , va les édits 
de paix. 

a 2^ Les chanoines gagneront les fruits et distribit- 
tioDS de la manière qu'ils l'avaient fait et selon les 
constitutions, to observant de faire lai, pointe. 

« 30 L'évéque gagnera, absent comme présent» et 
aura deux chanoines non-résidants , pour lui aider , 
qui gagneront comme lui. 

a 4'' Les afTaires de grande importance ne se déci- 
deront qu'aux chapitres , qui tiendront selon l'usage , 
mais les arrêtés leur seront communiqués pour y 
aviser et en ordonner un délibéré, par le chapitre, 
en sa présence. 

«( 5"^ Le scribe sera tenu de communiquer audit 
évêque tbus les actes capitulaires. 

« 60 Tous ceux qui ont perçu les revenu^ du cha- 
pitre, depuis février 1568 , seront tenus d'en rendre 
compte sous deux mois , pour que la somme en 
provenant soit également répartie. Tous ceux qui ont 
fait des emprunts, au nom du chapitre , seront tenus 
de justifier de l'emploi qu'ils ont fait des sommes 
qu'ils ont empruntées. On demandera le même compte 
à ceux qui «nt perçu les deniers de la fabrique de 
ladite église. 

c( 70 Lesdits comptes et les pièces justificatives 
commes fermes • actes , etc. , seront apportés à Poitiers, 
sous /trois mois, auquel lieu s'assembleront descom- 
missaiies nommés pour cet effet. 



1571 ) J.-B. TlBRCBUlf, 23.e ÉVÉQUE. .( 307 

« 8» Oq donnera les revenus et domaines da chapi- 
tre à ferme , à prix d'argent on de denrées , et les- 
dits revenus provenant des fermes , seront perças par 
UQ receveur laïque , solvable , catholique et de probité. 

« 9» Les distributions qui demeureront ^ par la non 
présence des chanoines, excepté celles comprises au 
3.e article , seront employées à la réparation de l'é- 
glise de Luçon. 

« 10<> Les chanoines de Luçon députeront , par 
acte capitulaire , uu ou deux chanoines , qui viendront 
eo la ville de Poitiers , devers ledit révérend évéque , 
avec procuration et charge spéciale jpour icelui re- 
connaître comme leur chef et supérieur , et comme tel 
le respecter et advoukf , pour Vaivenir :, et en dedam 
tinjjf mois. 

« 11» L'article ooncemMit la présence de deux 
chanoines nonnrésidants , par manière de provision 
et pour un an seulement , sauf l'exigence des afGadres. 

« 12» Tous procès mus entre les parties demeureront 

iteints. 

« La minute est signée Roigne , d'Elbenne , Baptiste 
Tlercelin , Blanc , chanoine , Chaillou et Vrignaud , 
notaires » le 23 juin 1571. 

52. a Le 21 juillet suivant 1571 , M. l'évéque &it . 
demander» par un huissier du chapitre , s'il entendait 
adhérer en tous les points à la transaction que nous 
rapportons. Le chapitre déclara son adhésion et nomma 

39- 



308 ) J.-B. TiBRCBUIf , 23.^ iVÉQUE* ( 1571 

M. ToUet 9 chanoine-commissaire , pour aller le ratifier 
de nouveau. Le chanoine partit sur le champ, pour 
remplir la commission » et déclara à l'évêque qu'il le 
tenait , au nom de ses députants , comme leur chef 
et supérieur , et lui délaissa la procuration du chapitre. 

a Je ne sais comment cette déclaration, ûdtQ avec tant 
de bonne foi , put déplaire à Tévéque. Il se plaignit 
qu'on la faisait trop promptement , et qu'au surplus on 
aurait dû députer , non le chanoine Toilet , qui était un 
de ses absents y mais un autre du parti contraire, 
et que les soumissions du chapitre n'étaient pas telles 
qu'il ,Ies désirait : ceci se passait , le 4 août. Cepen- 
dant i'évéque fait réponse , le lendemain , qu'il ac- 
cepte ladite déclaration , sur laquelle il se résene 
de faire des remontrances, et [signe la réponse faite, 
en présence de deux notaires ». 

43. « Le chapitre ne 'fut] peut-être pas convoqué 
de la manière accoutumée dans les affaires majeures 
ou bien Etienne Toilef excéda les pouvoirs qui lui avai^t 
été confiés. Le 28 juillet 1571 , une autre procura- 
tion avait été donnée Ri Noël Poncelet , théologal, 
pour aller déclarer à l'évêque qu'on le reconnaissait 
supérieur , tant au lieu de Luçon que dans son diocèse. 
Quoiqu'il en soit , le 24 novembre suivant , un cha- 
noine, porteur de procuration de deux autres, se 
présente à M. Galland , grand-vicaire de Baptiste 
Tiercelin , et désavoue , assisté de notaires , la décla- 
ration de Toilet. Galland leur répond que l'évêque est 
absent , mais qu'il se contente d'être reconnu supé- 
rieur, aux termes de la bulle d'érection de Fêvéché , et 
cette affaire finit ici. 



1571 ) J.*B. TlEftCfiLm , 2a.c ÉTÈQUB. ( 809 

c Ces faits sont paisés dans les archives du chapitre ; 
il serait aisé de trouver les minutes à Poitiers ». 

54. « Vers le commencement de Tannée suivante » 
Baptiste Tiercelin vint à Luçon et se livra aux occu- 
pations de son ministère. U travailla avec zèle à la 
conversion de ses diocésains errants et au recouvrement 
des domaines ecclésiastiques aliénés. On ne peut peindre 
les pdnes que lui coûterait les travaux de son ministère, 
quand on se rappellera que la plus grande partie de 
son diocèse était infectée des erreurs du calvinisme » 
et que La Rochelle» toujours armée, toujours le 
centre de Terreur , et dans laquelle résidaient les 
hommes puissants , inondait de troupes et d'armées 
le Bas-Poitou ». 

55. « Une partie do peuple était errante , parce 
qu'elle était peu instruite. Pour commencer à ré- 
pandre les lumières et Tinstrudion , ce prélat établit» 
dans son église » la charge d'écolâtre ou de maître des 
écoles , selon que les états d'Orléans, en 1563 , Tavaient 
ordonné. Une prébende fut affectée à cet ofGice , qui 
fut possédé par Michel Papin , depuis doyen. Il lut 
pourvu du premier canonicat qui vint à vaquer. Cet 
office fut divisé, dans des temps postérieurs, d'abord 
entre un maître de lecture et d'écriture, et un maître 
de latin. De nos jours , de ce premier ofiBce on a fait 
ime place de régent de quatrième, dans le séminaire 
de Luçon >.à la nomination de laquelle Tévéque, le 
chapitre et les habitants concourent également ». 

56. Un événement important pour l'établissement ec- 
clésiastique de Luçon avait été Tacquisition faite par 



310 ) J.-B. TiBRCfiLm , 23. ÈwÈQim. ( 1572 

le chapitre de la baronaie dite laïque ou qui fut à la 
Ttemouille. Il y ayait,! en effet, bien peu loin du châ- 
teau épbcopal et de ia cathédrale aux halles ^ chef-lieu 
de la baroBoie qu'on vient d'indiquer. Ensuite il existait 
parfois des dissensions entre l'évéque et son chapitre et 
par résultat ce corps pouvait beaucoup gêner le prélat. 
UHes dllliers avait 'senti la nécessité de placer sur la 
la tête du chef ecclésiastique de Luçon les deux sei~ 
gneurfes de la localité , mais ses dispo^tions tes* 
tamentaires n'avaient pas été suivie. Toujours est-il 
que Baptiste Tiei'eelin, ayant naanifesté à ses chanoines 
le désir d'avoir la baronnie laïque de Ltkçon , pour 
lui et sels successeur ^ le chapitre y accéda, afin de 
mettre le dernier sceau à la paix intérieure (1). Des 
commissaires furent en conséquence nommés, pour 
travailler à ce traité , et un projet d'acte fut fait par 
lequel le chapitre abandonnait à l'évêqfne la seigneurie 
em question , et recevait , en échange , fa métairie ée 
la fiixmerie , faisant partie de la terre de Triarze et 
le domaine de la Dune. Néanmoins, il était dit 
que te dkapi^ nié pfeâ^it qile SQÙ liv. âe i^eVêMi, 
podr la Inense et qxté ië surplus^ i^viendr^ât àhtû^ 
bilqfue do l'église de ÎLuçotf. 

Céi stcfe fat d'âfbord iigtiè par tes C6ikmflslsàijrëir 
nommés pêff les pattîes , lé 8 février f 5TO. Ênéiiité il 
fîff irsttfâé, te âSdudff inois (2), dans tine aâ^bfê» 
câpitulftârë , pffÈsmte eplicopo; et, pom^ prottvëf^ae 

(#) M. dtt B«8ail0g4r(l , Mvéçmét th JUu^^tu 
(2) Up mémoire manii»4rrit doone à ce traité la date.dii2S< 
février êïïf% 



1572) J.-ft. TlBRCELW , 23.° ÉVÊQCB. ( 3!i 

le traité était complet , les titres de proprlélé forent 
échangés, de part et d'autre (1). 

<K Aiosi par cet échange » dit un mémoire manuscrit, 
les deux baronnies qui faisaient tout le territoire de 
Luçon, commencèrent à n'être plus qu'un même 
domaine , en la main .et, possession de l'église. Par ce 
moyen » les seigueurs évéques de Luçon d[emeurèrent. 
seuls seigneurs du territoire dudit lieu , sanp y con- 
Dattre aucunes enclaves étrangères » si ce n'est de 
trois ou quatre maisons et très peu de domaines qui 
s'y rencontrent , tenus censîvement au sefgneur de 
Champagne^ encore sont-elles renfermées dans leur 
consistance, bornées 'et limitées, et n'altèrent aucuil 
droit sur le territoire . universel ou sur ce . qui en. 
dépend ». ' ■ . • ^^ 

Il y a bien ^elque chose à dire «fOr le feoèteifu 
de ee mècooire , qui étaflt écr\i dans un sen^ favora^ 
bie à i^^véque de Lu^. En effet , la lâèignëurie de 
Champagne avait de^dïroitd imfiortai^ sur une partie' 
de la kftaHUs de Luçon et de M relevait è KenAnàge* 
ligig et i droit de rachat , la seigneurie de" la C<m^ 
drafe , diiude à Luç<ni vnéme et dont on a dëfà eu 
oocasiim de' parier. Or, le propriétaire de ce^ sei^ 
gneurie jo^toait d'abord- avec Tabbé , ensiiltif aved l-â-* 
Tëque de la moitié du droit de péage et minage y et 
de donner mesure à blé et à vin , dedans les quatre 
portes de la viUe de Luçon. ta sdgneurie de la Cou- 



(i) Le 24 ftvmt 1572 « Goptitter lierce^ confirma à: k veuire 
Fromaget * le btU que le chapitre \m avaU couehtt daia baronr- 
nie laïque <le Luçon. 



31â ) J.-B. TlBRCBLUI , &.^ ÉVftQUB» ( 1573 

draye de Laçon, appartenait alors à la famille de 
Surgères (1). 

47. La différence dans le cbif&e de l'argent, entre 
la fin da XVI.e siècle et notre époque 9 se révèle par 
le bail à ferme de la baronnie de Luçon qui fut à la 
Tremouilïe , consentie par le chapitre de Luçon à une 
famille Fromaget , le 23 juin 1572. On voit que le 
fermage annuel n'est fixé qu'à trois cents livres tour- 
nois et quelques réserves. 

58. On trouve , sous la date du mois d'avril 1573 , 
une remontrance adressée par Baptiste Tiercelin , évè- 
que de Luçon » 'à l'assemblée du clergé de France , 
qui devait se réunir f à la fin de ce^mois et reniiseà 
l'archevêque de Bordeaux , primat d'Aquitaine (2). Le 
prélat, après avoir exposé la ruine des églises et les 
désastres des ecclésiastiques de son idtocèse, déclare 
qu'il lui est impossible, ainsi qu'a ses chanoines, 
d'habiter Luçon , $ moins qu'on ne leur fasse Taban- 
doD des maisons. des protest^nts^/iui deviendraient alors 
maisons canoniales, . conformément aux jugements du 
Lieutenant - général de Poitou. Néanmoins Baptiste 
Tiercelin demandait à vendre une partie des biens 
ecclésiastiques et à transporter son siège épiscopal 
ailleurs qu'à Luçon , h cause du voismage de La 
Bochelle. 

(l)]En f 858 et Iti67. U Coudraye était possédée par dame Loaita 
de Surgèrea . veuve da seigneur des Arpentils et plct tard i 
en 158S, par le seigneur des Arpentils. 

(2) Cette circonstance porte à croire que Baptiste Titrcelia 
n*aasista pas à l'afsembUe du clergé de IfïïZ , ainsi que Ta cra 
M. de Beearegard, 



1574 ) J.oB. TirBRCEUll , 23.® ÉTÉQUB. ( 313 

59. Un cahier du consistoire de Monchamps (1) fait 
connaître les commencements du protestantisme dans 
cette localité, «c Sur la fin [dudit mois de juillet 1573; 
y est-il dît / on logea dans la chambre du deflunt 
Monsieur Baptiste Estort, décédé (2), Monsieur de la 
FayoUe > ministre de la parole de Dieu, en l'église de * 
Coulonges et de Mouilleron , et le 14 août en suivant , 
nous le priasmes débaptiser les enfants qui s'en suivent, 
ce qu'il fit dans la grauge de la maison noble de Fief 
Goyau ,|le plus secrètement qu'il nous fut possible. t> 
On yoit ensuite ^ qu'en 1574 , La Fayolle se retira 
dans le château du Parc , paroisse de Mouchamps » 
et qu'il y baptisa encore secrètement les enfants. 

60. Pendant ce temps les novateurs continuaient 
l'œuvre qu'ils avaient commencée. On trouve, en effet, * 
une sentence, du 20 janvier 1574 , par laquelle la 
sénéchaussée de Poitou à Fontenay-le-Comte , donne 
acte à Michel Papin , chanoine et grand-vicaire de 
Luçon f des nouveaux désordres auxquels les proies*» 
tants se sont livrés dans le diocèse de Luçon. Le 
magistrat quiî reçoit cette déclaration est Bilaire Go- 
guet, qui se qualifie de lieutenant-général pour le 
Roi et la Reine douairière de France , Reine d'Ecosse. 

61. Jusqu'ici nous avions vu les partisants de la 
nouvelle doctrine agir toiqours par voies de fait. Nous 
arrivons au moment où ils organisèrent les moyens 
de s'approprier ce qui appartenait au clergé. Aussi 
nous trouvons, sous la date du 25 mars 1574 , une 

(i) Mémoire imprimé mr un procèi * pour (aire cesser It précbe 
à Moachamps. 
(S) C'était le premier ministre de eette localilé. 



ai4 ) J.-B. TXSRCEUN» 23.'' ÉvâQUE. ( 1574 

coowission donnée , par le maire et Jes membres du 
conseil de La Rocbeile ^ à Nicolas Fourestier de la 
Coqueterie , commandant à Luçon , pour recevoir les 
revenus des bénéfices et faire vendre les meubles, 
J>esUaux et récoltes des ecclésiastiques. On signifia, 
par ministère d'huissier y cette commission à chaque 
fermier, avec commandement de payer la somme qu*oo 
jugeait qu'il devait , entre les mains de la Coqueterie, 
tel, à défaut de payement^ on saisissait les meubles du 
fermier on même on le constituait prisonnier. 

62. La levée en armes des protestants en Bas-Poitou, 
qui eut lieu au commencement de 1^74, et notamment 
la prise de Fontenay , arrivée au mois de février , déter- 
jminèrentles chanoines et autres ecdésiastiques qui se 
.trouvaient ià Lnçon , à se retirer, dès le premier jour 
ide cai^ème» 4e8 uns prâs de lemrsconfccres 4 Poitiers , 
im AXiitre^ li Nantes et les autres à Angers. Ils firent 
WQsi pour ila^sârelé 4e leurs personnes etj no(ami»aat 
pavée que IcJieude^LuçiMi était non feimé et bors.d!é(at 
4^ti« déCandu. 

63. La jiouvelle prise d*armes des protestants obligea 
aussi beaucoup d'eccléslastiques.à quitter le plat pays do 
Bas-Poitou et à se retirer , suivant leur commodité , 
dans les villes de JPoitieES , d'Angon et de Nantes. 

6*. Au mois de septembre 15749 la ville de Fonteaay- 
de^Iomte , fut reprise sur les protestante , .après po 
assez l^ng siège (ij. 

(I) Voir pour les dclaUs de ce aiége , la chronique de Pi0fre 
Br%$fon, insérée 4ao^ ia«s Chroniques TonUnaitt^nnes. 



1574) J.-B. TiBCBUN, 23.e BVÉQUE. ( 315 

Alors la plupart des membres du chapitre de Luçon 
revinrent dans cette ville; mais bientôt les Rochelais 
y arrivèrent à Timproviste , et pendant la messe , et 
taèrent une parti^ des prêtres et même des séculiers 
qui se trouvaient dans le lieu saint et s'emparèrent 
des autres , pour les conduire dans leur cité. A la 
suite de cette expédition , les novateurs firent des 
courses dans les campagnes, s*emparant des catholiques 
de marque gu^ils rencoùtraieut. Ils firent ainsi pri- 
sonniers le curé d*Aizenay , les prieurs^^de St.-Martin , 
de Péault et de Ghauchë, le seigneur du Buignon et 
son fils , et le seigneur de Chantebuzain. Les prison- 
niers rendus à La Rochelle', on ne leur accdrdait leur 
liberté que moyennant une grosse rançon. 

65. Le 16 décembre 1574 , il y eut , dans l'église de 
St.-Jean-de-Montaigu (1] , sur la convocation d'un 
grand-vicaire de Luçon et d'après les ordres du Roi , 
îine assemblée des ecclésiastiques et bénéficiers du 
^Poitou, n s'agissait de la répartition d'une soDune 
de 12,000 liv. à laquelle le diocèse de Luçon avait été 
taxé, pour sa cote-part^ dans la vente des biens du cler- 
gé, autorisée par le pape, jusqu'à la valeur d'un million 
de francs. On exposa les troubles, qui avaient eu lieu, 
et quelques ecclésiastiques demandèrent inutilement 
fQe lai réunion fût ajournée jusqu'au temps où on 
n'aurait rien à craindre de la part des protestants. 

66.. Le 3 novembre 1574 , le duc de Montpensier 

(0 L'O 25 mars de la même année , acte avait été donné par 
a sénéchaassée de Fontenay à Julien GoUardeau , procurenr de 
i'évèqae de Luçon . de l'impossibilité de réonir le clerjnré , dans 
^^ parages , à cause dea troubles. 

40. 



316 ) J.-B. TlBRCBUN , 23.e ÉTÊQI7B. ( 1575 

imposa le diocèse de Lnçon à 5,220 Ky. pour subvenir 
à la noDiriture et entretien de son armée, pendant 
deux mois et demi (1) , pour ensuite continuer, sur le 
même taux, par chaque mois. L'évéque et tes ec- 
clésiastiques réclamèrent et exposèrent que, depuis 10 
à 12 ans , ils né touchaient pas leurs revenus et qu'ils 
avaient tout perdu. Par suite, le roi Henri III , étant 
à Paris , le 3 novembre 1574 , exempta les réclamants 
de toutes taxes et impositions* et du service militaire. 

Nonobstant cette décision, le doc de Mont|)ensier 
exigea les- taxes ^par lui établies sur le clergé , en 
Ba»-Poitou , et établit des saisies (2) et des conunissaires. 
Sur cela, Tévéque appela comme d'abus , et les juges 
de Poitiers firent citer devant eux un nommé Billard , 
receveur de ces droits et les commissaires établis aux 
saisies. Enfîji , le 11 j février 1576 , le roi maintmt 
le^^ exemptions déjà çrononqées. 

67. A cette époque le monastère de St. Michel-en- 
l'Herm , avait pour; abbé ou pour prieur, cœnobiarcha, 
Jacques de Billy (3] , par suite de la résignation que 
lui en avait fait (4) un de ses fi*ères , du nom de 
Jean , qui se fit chartreux. Or , Jacques de Billy, après 
avoir fait ses premières études à Paris , étu^é le droit 

(1) heê comxpitisaîrM nçmaiéi^ pimii lev£r ces. tasea*. fuient 
Leuis Ponchet , Nicolas Chauveau et Etienne. 

(2) Le& revenna 4^ji. bén^fice^ ftif eni adjugée, d^ant Hilaîre 
Goguety lieutenant-général de la sénéchaussée de Poitoa*, à U 
résidence de IÇonîenay. 

(5) N'é en iSSS , à' Guise. > de Louis de Billy. qni en était 
nouverneur. Il a été déjà q^uestion de Jacques de BiUy, p. S9I. 

(h) Jean de Biiiy résigna aussi à son frère le titre d'abbé des 
Chùieliers » su}y^ut]a Briog^ unip: 



1575 ] J.-B. TlEftCBUN , 23.e ÉTÊQfTE. ( 317 

à Orléans , et complété son éducation à Poitiers » était 
devenu un homme très-savant , surtout dans les langues 
grecque et hébraïque , et un littérateur distingue. 
On a de lui des traductions latines, 1° des OEuvres de 
St. Grégoire de Nazianze (1) ; 2° des Lettres dlsidbre dé 
Peluse (2) ; 3® àes. OEuvres de Jean Damascène (3) ; et de 
quelques Ouvrages de St. Jean Chrysostàme (4) ; plus , 
il a publié Six Livres , en vers , du second advémment 
de Notre Seigneur (5). 

Mais on a encore de Jabqikes de BQly un dernier 
ouvrage (6) , que ne mentionne pas la Biographie w/d» 
verselle. Il a pour titre : Anthologia sacra ex probatis- 
^mis utriusque linguœ patribus collecta , atque octastutris 
tersibus comprehensa. Dans le titre de ce livre , Vautcuf 
prend positivement le titre d'abbé , ou de prieur de 
St.-Michel*en4'Herm (7) ; mais Tépttre dédîcatoîre * 
cardial Nicolas Pellevé , cardinal-archevêque de Sens, 
tfest pourtant pas datée de là (8).. 

Jacques de Biiljr mourut à Paris » le St5 décembre 
1581 , chez sion ami le bénédicthi Gilbert Genébcard» 

(1) 1596 a t»-fol. En 1S82 , Genebrard et Chatard enctonnèreat 
une nouveUe édition en fei voV. •, en y joignant la TÎi de l'auteur. 

(^) 15S5 , in-iol. - A la fin se trouve un travail intitulé : 
mcrarum oÔservattonum îibrî duo , qui fait connaître Jacques 
de Bill y , comme un à9È premierf critiàuev de son «iècle. 

P) 1377 » ,n-fol. . 

(4) 1581, 

(5) 1576. 

(6) Un exeoiplaîre de ce livre se trouve dans ma bibliothèque 
poitevine, 

Ç) AucioreD. Jacobo Billio » S, Michaeh's in eremo Cceno- 
ftrchâ. 

(8) Ex trincentiàno Cœnobio €t eduum juniarum 1575. On 
trotive -ctr t«te du Kvre deu* pièces de vers tatim ; de Jean 
UaioTd d'A^^ueptirn et de Gilbert Ge«^br»(Kd. s 



318 ) J.-B. TlBRCEUN, 23,* ÉTÊQUE. ( 1576 

professeur d'Hébreu:s , reDommé par sa vaste érodiKoD , 
la publication d'un grand nombre d'ouvrages et son 
exagération comme Ugueur. On sait qu'à ce dernier 
titre , il fut pourvu de Tarchevéché d'Aix , qu'Henri 
IV, qu'il avait attaqué avec une âpretê extrême, lui 
enleva aussitôt qu'il fut monté sur le trône. 

68. Le 16 novembre 1575 , M. Tîercelin, évêque 
de Luçon , fut installé à l'université de Poitiers , 
comme juge subdélêgué de la cour conservatoire apos- 
tolique. 

59. Dans un procès-verbal fait à Fontenay-le-Comte, 
le 23 mars 1576, Baptiste Tiercelin fit établir que, depuis 
environ deux mois, les compagnies 'de gens de guerre 
de l'opinion nouvelle qui désolaient jle pays , s'étaient 
emparés de plusieurs lieux du diocèse , potamment de 
la ville de Talmo ; que cela l'avait empêché de réunir 
son clergé, pour l'établissement et payement des derniers 
iiiif(6ts ; et que même beaucoup d'ecctésiasUquesavaiœt 
été fiiits prisonniers. Dans ce document, on expose que 
ces troubles ont commencé dès le mois de février 
1574 , et que Philippe de Chateaubriand, seigneur des 
Boches-Bariteaux , gouverneur de Fontenay, a , par 
précaution, fait arrêter tous les. deniers publics de la 
dite ville et des environs ^ et empêché qu'on ne les con- 
duisit à Poitiers, parla cramte où il était qu'ils fussent 
volés en route. 

70. Dans cette même année 1576, on demanda, pour 
la première fois, la régale sur Tévêché de Luçon, et 
Baptiste Tiercelin , qui était pourvu do siège, depuis 



1676*) J.-B. TiERCELIIf , 23.* ÉVÊQXJE. ( 919 

plus de 15 ans , s'en défendit en faisant valoir les fables 
débitées par Boucbet et autres « sur la fondation de 
Luçon et en prétendant que Téglise de ce lieu datait 
d'environ 620 , et ' existait avant qu'il y eût des 
rois en France. Passant à d'autres considérations , il 
disait que le chapitre de Poitiers avait , après l'érec- 
tion du monastère de Luçon en évêché , conservé des 
possessions à Champagne , le doyenné rural de Mareuil 
UDi au décanatde Poitiers et le droit de luminaire sur 
toutes les Eglises du Luçonnais , et même un droit de 
bissexte dans quelques-unes. Ces moyens de défense 
eurent quelques succès. Il ne falut pas payer , et 
la décharge fut accordée à cause des troubles qui 
désolaient le pays. Aussi on trouve une quittance 
donnée par Baptiste Tiercelin , seigneur de la Roche- 
du-Maine et évèque de Luçon, au receveur-géné- 
ral des finances du roi , de la décharge de la som- 
me à laquelle le diocèse avait été taxé. 

71. Nous avons parlé des commencements du protes- 
taotisme à Mouchamps (1), d'autant plus que c'est en- 
core un des lieux où les individus dé cette croyance 
sont encore très-nombrenx. Il est donc bon de dire que 
ce fiit, suivant le document déjà cité (2j , et après les 
troubles de l'année 1577 , et le 10 septembre de la même 
année , que la première publication publique des nou- 
velles doctrines fut faite à Mouchamps par le minisire 
Sibileau » qui ^ à la suite , baptisa trente enfants. Dès 
le mois suivant Dominique de^Losse, dit la Touche^ 

(f ) y oh eî-dessus, page 5l5. 

(2) On Ta indiqué dtns la mêine pa^. 



sâo ) J.-B. TiE&cBUN I âa.® ÉVÊQUB. ( 157$ 

devint ministre de Mouebamps , en même temps qu'il 
rétait à Saiat-Fulgeut (1). 

72. Parmi les domaines ecclésiastiques du Bas-- 
Poitou , ^ui furent alors vendus » j'indiquerai la terre 
de Châteauroux , paroisse de la ^Réortbe , adju- 
gée le 9 novembre 1577 , à Louis Suriette , sei- 
gneur de TÂubraye. Plus tard » ce domaine fut retiré 
des mains de l'acquéreur et on le verra devenir l'ba- 
bitation de campagne des évèques de Luçon. 

73. Baptiste Tiercelîn , comme évêque de Luçon , 
rendit bommage au roi , le 4 mars 1578 , pour la 
baronnie de ce lieu , qui fut à la Tremoùille ,. et désigna 
encore la halle , comme cbef-Iieu de cette seigneurie. 

74. En 1578, Jean Coytart , de thaiyré en Aunîs, 
publia un ouvrage, en latin, sur une maladie épidé- 
mique qui avait sévi en 1557. Ce médecin dédia son 
livre à Baptiste Ttereelin « dont il fit Vêlage (â}< 

S5« La formation de la ligue :dont le bat était d'ex- 
clure la maison de Bourbon de la eouroime de France 
et la reprise des annesr, avee uiie grande violacé ^ 
dand te Bas-^Pottou, déeidèreiit Baptisl^ TierceMa à 
abandonner Tévéchë de> Luçon ^ en 1579 » ^à se con- 

(t^ Dominique de Losse dit la Touche , assista • pour la province 
du Poitou , au synode protestant » tenu à S&utnur , en jtiin IS96* 
(2) De fibribtm puryuTAtù epidemteiê qutD dnno ^£(57 , etc* m-^. 
C'est par cette épitre dédicatoire' qu'on apprend que Baptiste 
Tiercelîn était l'alné de sa famille et qu'il abandonna ses droits 
d'hérédité, pour se faire homme d'égHse. Ces détailis. écûent de- 
meurés inconnus à Thibaudeau , et on n'en dit rien, non plus, 
dans la nouvelle éditioB «le VftiSfot're dùPoUtou, 



1579 ) h^% TlBR€l£DI ^ 23.® ÉVtQUB. ( 3âl 

tratef du titire d'abbé de la Colombe » qa'il possédait 
déjà. Du reste , en nous. occiq>aitf de son successeur , 
nous bidiqueroos Facte qui monumente cette inteih- 
tion. et te fait lui-même. 

76. Nous avons encore à parler , sous Tannée 1582 , 
de Baptiste Tiwcetin , qui» depuis assez long-temps^ 
n'était pius évéque de Luçon et ne prenait plus que 
le titre d'abbé de la, Colombe. Or, comme on l'a 
déjà TU , chaque évéque de Luçon devait fournir à 
son église , lors de son entrée en possession , une 
chapelle garnie de trois chappes , une chasuble , deux 
dalmatiques avec leur garnitures^ ou {payer une 
somme de 300 écus. En fait , Baptiste Tiereelin n'a- 
vait point rempli cette obligation et le chapitre de 
Luçon lui fit un procès , pour cela , devant la cour 
des requêtes du palais à Paris. Eo défense , l'abbé de la 
Colombe objecta qu'il n'avait jamais vu le statut 
qui mentionne çqtte obligation ; et fût jusqu'à dire 
que si elle avait existé pour ses prédécesseurs 
évéques de Luçon , elle avait été abrogée. Le chapitre 
répondait à Tiereelin qu'il ne pouvait ignorer ce statut; 
qu'il l'avait vu et qu'il avait juré de l'observer lors 
de sa prise de possession. Par suite , les parties tran- 
sigèrent 9 le 23^ juin 1582 , et Baptiste Tiereelin , 
qui agissait par un mandataire , se redima de la 
demande qui- loi était faite moyennant quatre cents 
écus sols. 

IV. René db Salla , XXIV.e évéque , succéda à 
Baptiste Tiereelin que les troubles , qui désolaient le 
Bas-Poitou 9 déterminèrent à prendre le parti de la 



322 ) BeRÉ de SâUJL , 24.« ÉVÉQUB. ( 157» 

retraite. <c II forma , dit M. de Beauregard , le projet 
de se démettre de son êvéchë , et , le 25 février 1579 / 
M. Bichon , [alors sous-doyen , chanoine et grand-* 
vicaire de ce prélat , déclara au chapitre qu'il per- 
mutait son évêché » et, le vendredi , 6 novembre 1579 , 
il paraît que sa démission était acceptée , puisqu'on 
charge Aulbin Blaye , chanoine , de dresser des mé- 
moires concernant la réception de M. l'Ev^pie , et de 
les consulter. C'est donc mal à propos que l'abbé du 
Temps y fixe le commencement de Tépiscopat dé ce 
personnage à Tannée 1578. 

2. [René de Salla (1) , était d'une famille noble du 
Bas-Poitou , éteinte depuis long-temps. Aussi cet évo- 
que prend-il , dans plusieurs actes , le titre d'écuyer 
et de seigneur de la Bremaudière des Essarts. René 
de Salla, lorsqu'il fut appelé à Tépiscopat^ était re- 
ligieux Célestin de l'abbaye de Jard« 

3. Mais de quelle nature était le titre d'évéque qu'a 
porté de Salla ? Ecoutons , à ce sujet » M. de Beaure- 
gard (2J. 

<c MM. de S.te Marthe , disent que René de Salla 
était évéque confidentiaire , qu'il n'avait que le titre 
d'évéque, et que les revenus de l'évêché étaient ré- 
servés à MM. de Richelieu. Nous serions portés à croire 
que René de Salla était confidentiaire. Le peu dç 
revenu qu'il paraît avohr eu, le misérable inventaire 
de ses meubles , son testament même qui annonce 

(1) Ua de mes catalogues» écrit eo latlo, Tappèle mal à propos 
Renaiua de la Salle. 

(2) Evéques de Luçon» 



1579 ) René D£ SAIXA , 24.« ÉyfiQUB. ( 323 

des dons de pea de valeur ; tout foit croire qu'il Jouis- 
sait d'un modique revenu et que le reste passait en 
d'antres mains. . . . 

«( Les seigneurs de la cour se disaient donner , 
poar récompense » les évéchés et les antres bénéfices. 
La cour I forcée à payer les services , dans ces temps 
de troubles » suppléait ainsi à l'épuisement des finan- 
ces. Souvent même les protestants avaient part à de 
pareilles largesses , qui épuisèrent l'église et empêchè- 
rent long-temps d'y &ire rétablir l'ancienne discipline, 
que le Concile de Trente avait renouvelée et qui ne 
fat reçu qu'au conunencement du siècle suivant. 

« Au surplus , le cartulaire de Luçon a le premier 
fait nattre le soupçon dont se plaint M. l'abbé du 
Temps ; dans la liste^des évêques , où le nom de ce 
prélat est écrit d'une écriture de ce temps y on lit : 
Hic eral confiduciaritAS defuncti Domini de Belleville , 
eqmtU regii (1) d. 

4. n ne nous [parait pas douteux , par les faits 
connus , que Ton doit considérer René de Salla , 
comme un évêque qui administrait avec une sorte de 
portion congrue , comme on l'a dit plus tard > pour 
les curés (2), 



Îi) Cette mention se trouve aussi snr un de nos catalo^^nes. 
*) Cette opinion est aussi celle de M. D. ... , qui s'exprime 
ainsi .* « Il est à croire que Bené de Salla n'était f éeliement 
que confidentiaîre. Dans ces temps malheureux , on donnait sou- 
vent des bénéfices à des laïques , soit pour les récompenser » 
soit pour tout autre motif. C'est ce qui explique Tétat de pau- 
vreté et pour ainsi dire de misère , où vivait cet évéque. > 

4i. 



324 ) RbNÉ DB SALLA, 24.e ÉVÊQUE. ( 1580 

Mais était^il évéqae confidentiaire, pour la maison 
de Richelieu , ainsi que la suite des faits donnerait à 
le croire , ou bien était-ce pour le compte de la maison 
de Belle ville? Là , nous semble résider la difficulté 
que nous laisserons indécise. 

5. Si les revenus de l'évêché de Luçon , sous l'épis- 
copat de René de Salla , n'étaient pas perçus au profit 
de la maison de Richelieu, c'était sans doute pour Fran- 
çois de Belle ville, de l-ancienne maison anglaise de Har- 
pedane, établie dans Touest de la France, lors de la 
domination anglaise. Belleville, s'était d'abord attacha 
au prince de Condé et à son parti , et il s'en retira 
ensuite et se montra catholique zélé. Cette variation, 
dans sa conduite, lui fit donner le nom de Guille- 
Bedomh qui » dans l'ididme poitevin , signifiait alors 
déserteur (1). 

6. On trouve, sous la date du 2 décembre 1579 , nn 
acte par lequel René de Salla, élu êvéque de Luçon ,. cfe- 
meurai^à la Bremandière , paroisse dès Essarts , donne 
pouvoir à Michel Papin , de retirer des mains de 
Messire Baptiste Tiercelîn, abbé de la Colombe , naguères 
évéque de Luçorij tous lés titres, lettres et Chartres , tou- 
chant le spirituel' et temporel de l'évêché. Cette procu- 
ration, passée aux Essarts, est signée René de Salla ^ 
sans adjonction d'aucun titre. 

7^ René de Salla , après avoir pris possession de 
révêdié de Luçon , mit beaucoup de retard à se faire 
donner l'onction épiscopale. Aussi ie> chapitre de Luçon, 
qui sentait le besoin d'avoir autre chose qu'un prélat 

(i) Arcère > Htst. de Lot Rochelle. 



1581 ) René db Salla , 24.e évéqub. ( 3â5 

éla , manifesta t par plusieurs actes capiiuiaires » le 
mécontentaient qu'il éprouvait du retard que nous 
venons de signaler. Par exemple» lorsque ce person- 
nage vint , le 14 mars 1580 , demander sa portion 
des pots-de-vin des fermes de Triaise , on lui répondit 
qu'il en jouirait seulement, quand il ferait les fonctions 
i'éoéque , tti ordre requis. 

8. ce Luçon f sous Tépiscopat de René de Salla , dit 
M. de Beauregard (1] » fut encore le théâtre de guerres 
et de troubles. Plusieurs fois le chapitre fut contraint 
de chercher sa sûreté , dans les villes voisines. Mon- 
taigu fut pris et une ordonnance capitulaire enjoint 
au boulanger du chapitre de cuire du biscuit pour 
provisions, en cas de siège; et commande des four- 
nitures de munitions , en commun , avec les habitants 
du lieu qui se chargeaient de la garde du fort de céans. Un 
autre fort bâti par M. des Yillates de Champagne, près le 
canal y est démoli. On ignore où était situé ce fort. 
Probablement c'était près de la Charrie et vi^-vis 
Champagne, i» 

9. René de Salla , se décida sans doute , en Tannée 
1581 , à recevoir la consécration épiscopale , car on 
trouve y à la date du mois de septembre de cette an- 
née , sur le registre capitulaire des permissions ac- 
cordées à quelques chanoines, qui avaient démandé 
à aller assister au sacre de l'évêque. On ne dit pas 
où cette cérémonie devait avoir lieu. 

10. René de Salla n'avait pas encore obtenu de 
son prédécesseur f au commencement de 1582, la res- 

(l) Evéquci de Luçon» 



326 } Rbn£ de 8AIXA , â4,e É^'ÉQUB. ( 1582 

titution des papiers de son êyëchë ; car , le 23 mars 
de cette même année, il donna /pouvoir à Michel 
Papin , son grand-yicaire , poui les retirer des mains 
de M. de la Roche da Maine. Dans cet acte le man- 
dant s'intitule évêque et baron de Luçon. 

11. C'est le cas d'indiquer ici une sentnce du sé- 
néchal de Luçon , du 9 mai 1582 , qui condamne 
un nouveau marié , appelé Simon Soullard , à une 
amende de soixante sous et un denier , pour n'avoir 
pas tiré à la qumtaine, le premier dimanche de 
carême. C'était une obligation imposée , à peine d'a- 
mende 9 aux nouveaux mariés de la banlieue , cou- 
chant hors des portes. Le jour ci-dessus indiqué, ils 
devaient se [trouver , vers midi , derrière un pré in- 
diqué , avec une gaule , pour se livrer à ce jeu , 
faute de quoi ils jetaient jpunis. 

12. Pour les trois évéchés du Poitou , il existait une 
espèce de lien qui se reportait à leur origine commune. 
Le siège épiscopal de Poitiers , dont avaient été 
démembrés les évéchés de Maillezais et de Luçon, 
était considéré, dans la province, comme une sorte de 
métropole et on se conformait volontiers à ce qui 
émanait de lui. Ajoutons qu'il existait entre les trois 
prélats poitevins une véritable entente cordiale. C'est 
ainsi que nous voyons qu'en 1583 , un rituel fut pu- 
blié pour les trois évéchés de Poitiers , de Maillezais 
et de Luçon (1). Ce livre fut l'ouvrage de Jean du Ver- 
gier , doyen de la faculté de Théologie et chanoine de 

(1) Ia-8.0 y imprimé, partie en gothique , pour Simon Frire et 
Jean Main , marchands libraires. 



] ReHÉ de SALLAfy 2^.^ ÉTfiQCE. ( 8:27 

la cathédrale de Poitiers ; et levêque Geoffroy de St. 
Belin , lui donna son approbation , le 16 avril 1583 , 
en prescrivant le rite romain i tous les ecclésiastiques 
de son diocèse. 

13. Nous avons été en position de relever plusieurs 
fois , dans ce travail » des erreurs échappées aux 
Savants auteurs de la nouvelle Gaule chrétienne. C'est 
ainsi qu'ils ne mentionnent Jean de Barro, comme doyen 
de Luçon , que sous l'an 1592', or, le procès-verbal 
de sa prise de possession existe f et il est du 31 
octobre 1583. 

14. On s'occupa, vers ce temps, de réparer l'ache- 
Dâl de Luçon , opération à laquelle l'ëvéché et le 
chapitre de Luçon devaient concourir. En effet , on 
voit que le 7 octobre] 1583, honorable homme Messire 
Pierre Orceau » *!seigneur de Beaurepaire , dont la 
qualité n'est pas, du reste, autrement indiquée dans le 
document sur lequel nous travaillons (2) , reçoit un 
plei{[e et caution , pour l'exécution du rabais sur les 
réparations du bot et acheneau de Luçon , jusqu'au 
port de la Charrie. 

15. ce Ce prélat , dit M. de Beauregard , paya au 
chapitre , pour son droit de chappe ou de réception , 
trois cents écus d'or , le 19 mars 1584, et il fut reçu 
et installé , dans son église cathédrale , le 26 de ce 
même mois. Les remontrances lui furent faites par 
M. Papin , archidiacre et son grand-vicaire y>. 

(i) M.t de JD. Fonteneau , ar^h. de l'éyliee de Luçon, 
(2) Notes anciennes. . 



328 ) RfiNÉ DE SaiXA » â4.e ÊVÊQITB. ( 1584 

Si René de Salla fut réellement sacré dès 1581 , 
comme les congés accordés à des chanoines doivent 
le foire croire , on doit trouver un délai bien long 
entre la consécration et l'entrée officielle du prélat, 
dans sa cathédrale. Peut-être fut-il absent du Poitou , 
dans cet intervalle ? On peut le croire , puisqu'on ne 
rencontre aucun acte de lui. 

16. Presqu'aussitôt sa prise de possession , René de 
Salla commença une tournée épiscopale , dans son 
diocèse 9 et pendant son voyage, il devait cesser d'ex- 
ister. En efTety il mourut » le 18 avril 158i, dans la 
maison noble de Mortorgueil (1) j paroisse dé Saint- 
Yinceot-sur-Graon , appartenant alors à la famille de 
Thorigné. Sa dépouille mortelle fut , d'après ses ordres, 
portée à Luçon , et enterrée dans le chœur de sa 
cathédrale. 

17. Atteint par une maladie mortelle , dans le petit 
manoir de Montorgueil , René de Salla , y fit son tes- 
tament j quelques heures avant sa mort. Cet acte est 
assez important pour devoir prendre place ici , sauf 
quelques retranchements. 

« An nom da Père , etc. , René de SaUa , par la permis- 
sion divine , évêque de Loçon , gisant au lit malade. • • • 
VQ qu'il n'y a notaires , J'ai fait signer mon testament par. . . 
(2) en la maison de Montorgueil. 

« Je yeux que mon corps soit enterré an chœur de Luçon , 
en la sépulture de mes prédécesseurs. 

(1) Montorffueil tombé à l'état de simpie métairie, afanti789> 
ainsi que le ait AI de Beauregard » est aujoard'lmi une jolis 
maison bourgeoise, appartenant à M. Millet , membre du conseil 
général de la Vendée. 

(2} Ici un mot qui évidemment est mal écrit. 



1584 ) RBITB BB SAILA f 24.6 BVÊQI7B. ( 329 

« Je désire , outre le senrloe de mes obsèques , an antre 
senfice , pourquoi Je veux estre employé de mes biens trente* 
huit escus que m*ont coûté mon calice et la patenne, et 
barettes , ou bien lesdites choses ^ «a choix de MM. Michel 
Papin et Pavid Rochereau , mes exécuteurs testamentaires* 
Je yeux aussi , pour cet effet , eslre employé la somme de 
cent Tingt-oinq livres qui me sont dues par MM. Papin et 
Ricbon , en messes , annuels et services et aumônes » à 
Laçon et aux Essarts. 

« Je donne à mes héritiers la somme de douze escus , et 
celle de deux cents livres qui me sont dues aux Moutiers. (i). 

« Item , le donne à Louis de Salla et A Margoerilte de 
Sâlla , mes neveu et nièce , tous mes meubles et la somme' 
de six vingts eseus , par moitié , pou0 les entretenir aux 
èe^es« 

« Ilemi Je donne au flfs puisné de la Piretière , mon neveu, 
par résignation « mon prieuré de Trelze*Yents. 

« Ifem , Je veux estre donné à Louis de Salla , escnyor , 
]D(m neveu , et qu'il' soit mis en bonne pension , loi assigne 
eiâomula j^rébimU ë$ l/énéike 9^ fcd acquis [^) àXainies^ei 
(oas.les droit» que. J'ai au gouvernement deXainlonge. 

« Item, Je donne à Mèssire de la Planche, mon frère» 
la somoie de trente escus nn tiers. 

« Je donne à ma nièce de la Bk^elièfe , ce qui m'est dû 
par le vicaire de Saini-AndVé« 

« Item « à M. Duvergier , mon aumônier , cinquante escus. 

« le donne, à mon neveu de la Piretière , mon cheval ; 
à la dame Joachime de Gharruyau , dame de Monter* 
gtiell (3) , une croix d'or où sont quatre saphirs blancs 

!i) On sftît que là était le château des é^èquès de Luçon. 
2) Il semblerait» d'après cela, qae les bénéfices étaient alors dans 
le commerce et qu'on' pouvait notamment en disposer par testament. 
(3) La dame cliez laquelle il était mort et qui» sans doute, lui 
avait donné ses soins. 



330 ) RbNÉ BB SaLLA , 24.e ÉVÉQUE. ( 1^84 

(i) , et à ma nièce Margaeritte de Salla , mes deux anneaux 
d*or , ainsi qu'ils sont garnis de pierres. 

« Telle est mon Intention et dernière tolonté que J'ai 
merchè de mon seing , en présence de Baptiste de Tho- 
rlgnë , escayer , seigneur de Montorgueil , de damoiselle 
Joachlme Gharruyan sa femme, et de damoiselle Renée 
des Hommes (2) ». 

18. n fat, à la mort de René de Salla , le 26 avrii 
1584, procédé à un inyentaire^des effets ^nobiliers dé- 
laissés par lui. Cet! acte fut dressé par le sénéchal 
de Luçon, à la requête de Michel Papin, licenciées 
droits , chanoine et grand-vicaire de Luçon et exécu- 
teur testamentaire de ce prélat. On y voit que les 
héritiers de celui-ci étaient les enfants de Jacques de 
Salla , écuyer , seigneur de la Bremandière » repré- 
sentés par Pierre Chabotz, écuyer, seigneur de la 
Guimandière et Charlotte de Salla , sœur de Tévêquo 
décédé ist femme de Charles Haingameau , écuyer > 
seigneur de la Grenouillère, de Curzon et de la Planche. 
Les meubles de peu de Talemr portés dans cet inven- 
taire , furent vendus à Luçon. Quelle diffërenœ entre 
la modeste fortune du prélat , dont la notice finit 
ce livre, avec les immenses richesses laissées par cet 
autre évéque de Luçon , par le nom duquel (3] nous 
terminerons le livre que nous allons commencer! Ce 
contraste est tout à feit de nature à fixer l'attention 
de Vobservateur. 

(i) M. àe Beanregard croit que ce sont des diamants. 

(2) De la Emilie des Hommes, qui vient de s'éteindre, dans 
mon honorable garent, M. des Hommes d'Archais. 

(3) Kous voulons parler dn cardinal de Bîchelieo. 



yVRE CmQtJIÈME. 



1. 1984«^59S« Ji4G«Itta DWIJttttfrEICWUMb 2Mèlj«iM- 

ëyôqae. — IV. i606 — 1633 , AnfÀND-MilN BUHMh»- 
RICBBtlEtr , 9»fi ëytqnt. 

1. Jacques du Plessiv de IUcheuect , m détenant 
le 25.e évéqae de Laçon , commença mie ërenodveHe» 
pour cet établissement ecclësiastrqae. En effet ,' ft dat^ 
de l'exaltation de ce prélat , qui eot Ken en 1584^ ^ 
Tévéché de Luçon fut inféodé à une famille marquante 
des confins du Poitou et de la Touraine. 

â. Donnws m «iplqo^ détails fur la malfioa dii 
neBsi»AicMieu » ai^iieiwieet déjà illustre r n^is qqi^ 
d&iriiitUeB plus « pour avoic surtout fourni Iç oardin^l- 
miaisIrB q^ nous venons occuper d'abord le si^ 
^iaeopai de iuQra, - ^^, 

La Camille' du Plessis tire son now fmé âneiènie 
chatellenie dite du Plessis des firextx. , qoli relevait ée> là 
baro^e d'Angtes^, 1>aronide appartenant à l'^évAtiiè 



332 ) JACQ. du PlESSIS-RiCBEUBU , â5.e ÉViQ. { 1584 

de Poitiers. Le premier individu de cette maison dont 
l'existence est reconnue, s'appelait Guillamne , seigneur 
du Plessis des Breux et de la Peroutiére , qui vivait en 
1201. Il eut pour fils Pierre , seigneur du Plessis des 
BreuXy qu'on trouve sous l'an 1249. Après vient Guil- 
laume II y seigneur du Plessis des Breux en 1308 , qui 
laissa Pierre II ,, seigneur d«rla B»4me t^re en 1331. Ce 
personnage eiit pour fHs Guillaume IIi, seigneur du 
Plessis d^ Breux , mort «a - 1378 » qui épousa Char- 
lotte de la Celle , fille du sénéchal de Carcassone , dont 
^iMieuiPs enfents , notamment Pieire ÏÏI,,qut conti- 
-nua la branche du Plessis » .et Sauvage du P|e$is, 
seigneur de. la Yervoliére , marié eii. 1388 ».avec 
Jteftfe^aM Le Groing. De Pierre III sortit Geoffroy du 
Plessis 9 seigneur de la Yervoliére , dont on connaît le 
testament de Tan 1477. Il avait épousé, vers 1460, Perrine 
j(^i]Ucrdç Çlérambault^ fille et.hérilière.de Jeap Gillier 
pfif. Çléçi\mbault , seigneur de Richelieu. Ce fut par 
ce mariage que |a terre, de Jlichelieu entra dans la 
n)ai3Qnj.du Plegsis , qu'on. ..appela alors puplessis- 

Geoffroy duPlessi^etPerriae Gillier dé Clérambanlt, 
eurent pour fils François Duplessis , seigneur de la 
'Vëi^oljëiré , de Richelieu et déBëçày , qui futécuyer 
%céMïànt d(sr ^ teint i et fil'sén testaarieM en 1493. 
"ïi'^avaît épousé, le 26 novembre 1456, Renée Eveil- 
îèchïéû. De ce mariage sortîi^ François II , du Plessis , 
seigneur de Richelieu ; il épousa d^abôrd ,' rib janvier 
dH»?îi JBôÎPW» d«.Laval ., fil}e de Jean , seigneur de 
fSi^,;Mi:4? ^UÇ iffe^aièrç upion , if eut. Louis du 
JUjMûô de:Ri]çhélieu.,,.FraBiÇQ/S U> du Plessis , s'unit 
en secondes-tfoces à Anne Le RorY dame du Ghilloa , 



1584 ] IaCQ. du PLBSSIS*RiCHBUEU f 25.e ÉT£Q. ( 333 

fille de Guyon i seigneur da Cbillou , yice-amiral de 
France. De cette dernière union , vinrent Antoine 
du Plessis-Richelieu , dît le Moine , qui servit avec 
distinction sous les rois François II et Charles IX , 
et Jacques du Plessis-Richelieu , dont il est question 
dans cet article. 

3. Jacques du Plessis-Richelieu fut , comme puîné, 
destiné pour l'église, et ses études prirent cette direc- 
tion. Il devint bientôt doyen de l'église cathédrale de 
Poitiers , aumônier ordinaire du roi Henri II » abbé 
de la Chapelle-aux-Planches et de Niœil-sur-rÂutise. 

Quoique revêtu de dignités ecclésiastiques élevées , 
Jacques du Plessis-Richeiieu n'était point encore dé- 
finitivement engagé dans les ordres sacrés. Il ne Tétait 
même pas, lorsqu'il fut nonuné évéque de Luçon, en 
1584. On ne sait trop la date précise de cette no- 
mination , mais on trouve un acte du chapitre de 
Luçon, du 9 novembre de cette année, dans lequel 
il est dit qu'il y avait alors un évéque eslu de Luçon. 
Pais dans un autre acte capitulaire , du 10 décembre 
suivant , on déclare que , comme cet évéque n'est pas 
saaé , les actes de Tévéché seront faits par les vicaires- 
généraux du chapitre. ^ 

4. Nous avons dit que Jacques du Plessis-Richelieu 
n'était que dans les ordres mineurs, au moment de 
sa nominatipn à l'évéché de Luçon , qui remonte sans 
nul doute en 158^. En effet , il reçut le sou^diaconat , 
seulement le 15 juin 1585, (1) des mains de M. de St. 
Bellin , évéque de Poitiers. 

(I) Ifi. de Beàuregârd. 



334 ) JA€Q. bu PLESSIS-RICHBLIBU , âS.c ÉTÊQ. ( 1586 

5. Jacques da Plessis^Richelieu écrivit au chapitre 
de LuçoQ f le 17 septembre 1S86 , que ses bulles étaient 
expédiées (i). 

6. Les dépenses considérables dans lesquelles le roi 
de France était entraîné pour la réducUan ei riunm 
de tout son peuple à la religion cntholiqus » firent qae 
le pape Tautorisa f le 30 janvier 1586 ^ à prendre sur 
le clergé du royaume une rente de cinquante mille 
écus, en permettant au clergé de vendre des bois de 
haute fuiaye , engager , faire baux à longues années ou 
emphytéôses , vendre à faculté de rachat perpétuel et tous 
moyens. Cette autorisation ayant été vérif ée , te sn 
mars , les agents généraux du clergé , commisttiires 
ea cette partie (S] , par lettres du SMl mai 1666 , 
adressées à Tévéque de Luèon ou i son vkairo-générd , 
domiérent qualité à Févéque et aux syndics du (fioeèse 
de Luçon , de procéder aux opérations permises pour 
réaliser le don fait au Roi > mais à la charge d'y 
procéder, en présence éa sénéchal dé Toiitenay«te- 
Comte 9 ou de son lieutenant , de la religion ^«à^d^ 
lique. 

7. XJn grand procès éclata , vers cette époque ^ étitre 

(I) Cette lettre prouve que M. de Beaaregard était dans Ver- 
rew , lorsqii'il disait qn» cet évâque o*^vait obtenu ses bnlles que 
le 9 novembre 1587. 

(9) Les iMtrts ((6nérft«s en ohtfè étaient CVtHtfs . eardît«1 de 
Bourbon ; Lpjs , cardinal de Gnise ; Hiefr^mo , évesque de Ber- 
game , nonce du p9pe*i Pierre de "Gondj ,- éVesqtte de ^aris » 
coiiieiller 4i& Bpi^» «on consçil dVtat ; Fbnsotin Ke^ard et 
fiqn Broé , présidents aux étiquetes .du .parlement de Paris; 
Loys ^guiër , Ptcrre' truelle et Jeiin Léro^ j conseiller» du même 
parlement ; Gabriel de Gourmont , abbnâ cpmmandaiiûr» de 0iiLorst 
et Guarray de Montîgault , abbè de Cbatitlon<-suf-SeinB'. L'or- 
donnance, dont on donne l'analyse et dont j'ai l'original* «st 
revêtue des signatures de tous ces personnages* 



1586} JACQ.im9LBM0--ltlGttta!W»S5*«ÉvAO- < 338 

le dmiAtre 4e Lttçon et la dame d^ duanpagné (1), 
n paraît que Ton voulait rendre celle-ci responsable 
des dommages que le mari de cette dame avait causés 
aux cbani^iiies pédant la guerre civile. Nous n'avons 
pas une donnée positive sw les condusiens prises par 
rétablissement ecclésiastique dont il s^agft contre la 
veuve du baron de Champagne , mais nous voyons la 
teneor de lettres qui s'y réfèrent', et de plus , quel- 
ques-unes de ces lettres ont été écrites par des person- 
nages éndaeineat hiatoriqaes , de sorte que ces doco^- 
ments sont , par euxHoaêmes , de valeur à être re» 
cueillis. La première de ces lettres est du roi de 
Navarre , depuis Henri lY, roi de France [2]. 

Uess.^ du chapUre de Lusson , ayant scen que vous pour* 
SQlyès en procès la damolselle de Gbampaignè , pour ctiose 
adyenoe dorant les troubles et faitts scobs nostre advea , 
qoe nous désirons estre assople , suivant les édicts de paix ; 
nous yods avons voUu faire ce mot , afin que toas faefez 
cesser ladite porsnitte , sans la renoQveller,soub8qaeiqiie 
prétexte que «e soit. En quoi nous assorant que vous yous con- 
(oimerès â Dostre yotoalé , prierons Dieu vous avoir en sa 
tarde. A La RocheUe , le 19 Juin i586. 

V.Te HENRY. 

8. Tient ensuite une autre lettre écrite encore au 
chapitre de Luçon , par le duc de Nevers , de la 
maison de Savoie : 

Messieurs, J'ai esté adverU que vous poursuivez encore 
a^]ollrd*bul en procès la damolselle de Cbampaigné , pour 

(i) ftebetn d'Avatttotir , tvitnv dn teîtfttMr 4a la fcaroanie 

(^ €#tu Ifttirs , qtiî esisttiit a«x artlâvet 4a ckapîlre 4« 
Uçon , D« se trooTe japint dans la coUecilon de M. Berger de 
Aiytay , maîi nous aïlona renvoyer à ce savant , pont qu'elle 
ptiim éMrev dint le Mippléimfit I eMt« «lème centelfimi. 



336) JaGQ^ bu PtBSSlS-RlCHBUBU, 25.<^ BY^OmS. ( 1584 

certaines aoUonsqoelefea sieur de Ghampaignè , son mari, 
fit ans troables passés par le commandement da roi de 
Navarre , et ce dont la mémoire doit estre abolie , par les 
édits de paix. J*ai son , de sa majesté , qu'il yoas ayoit desjà 
escrit , se donc il se scandalise n'avoir recea response ; fai 
bien vonla , tant pour son service que poar la raison , 
qoCaossi pour l'aiTeclion que je porte à tons cens à qui la- 
dite damoy^elle appartient, voas enescrlre, tant poar vous 
prier instamment voas «déporter de ceste action , pour lin- 
térôt du service du roy de Navarre , qa'en ma faveur , qui 
d'ailleurs n'ai beaucoup d'occasion de me louer de yoas 
autres , Messieurs , ou après vous en avoir recberctié de 
courtoisie et prié vous dépouiller de l'animosité que 
falctes en ce faict paroistre contre cens de nostre pariy, 
Je seray contreinct m'eider des voyes que J'ai en la main, 
pour aquiescer à Fanlmosité , comme vous faictes de vostre 
costé , et où me ferés paroistre de raflection , J'oserai 
de revanche et vous demeurerai pour Jamais trës-ailectionnè 
et plus assuré amy. 

HENRY DE SAVOIE. 

Sur le dos de cette lettre » on avait écrit : a La 
présente a esté reçue le vendredi , 15 d'aoust 1586, 
et rhomme envoyé exprés de La Rochelle , le jour 
précédent , à laquelle le chapitre a fait la réponse 
ci-dessous 2>. 

On n'a point trouvé la copie de cette réponse. 

9. Enfin vient une lettre écrite par la dame de Cham- 
pagne elle-même et adressée à Memeurs Us daim , chor 
noines et chapitre de Lusson. 

Messieurs, J'ai tant désiré entretenir la paix avec tous mes 
voizins et faire paroitre l'aflécUon que J*ai à toujours pour vods, 
que J'ay librement effectué le commandement que m'a (ait 
Monsieur le duc de Nemours, de laisser la poursuite desdes- 
pens, dommalges et intérêts que Je preténdz contre vous qoe 
mes procbes me con^eilloist poursuivre & tonte instance, pour 



158» } lACQ. BÛ^LBSSIS-BI(ttBImv^<**^AOm. ( S3T 
m'atoir, A tort «l sans eanze^miseen Mfz de procès de La 
Charrie et de Xcfalz0 , mondlt Meor m'ayam asaaré qae voitre 
tntentioii estpUden^an faire Jamalfi^pp^wsaUe» aios en passer 
une accord qui yeaille acquit à Ions lés jdeox, aûn que Jamais 
n'y ait moyen de contester pont* ce sngét , ce que J*ai mandé à 
mon procareur, lequel in*a rescript que poursnyyrez à tonte 
instance etqn'il estoit besoin de respondrc,. ce qten'ay vonlla 
faire sans que J'aye scea votre volonté, que Je. vous supplie 
m'escrire demain que serez assemblez en votre chapitre , afin 
qaè Je me descharge de ma promesse , et prenne le conseil de 
mes parans ' et' atnis, qne Je désire «ci'vlr de guyde à meg ac<- 
tlona^ ee qui attendant vous deitienrfri$jlpè§ affectionnée voy^lne 
et parfaite amie, 

ISÀBEAU D'AVAtGOTO. 

De Champagne, ce 2e Jour d'octobre 1586. 

Pi. Je vous prie que vostre réponse soit de vous sinée. 

10. On ne sait trop quel Ait le résàltat de ce procès, 
mais d'après cette dernière lettre , on doit penser qu'il 
se termina par une transaction* > 

11. Nom trouvons r sons la date dii 30 juin 1589, 
nne ordonnance rendue à La RocheUe par Michel Vtxk* 
ranlt de l'Hôpital, cofuseiiler du roi", màltré des fe^ 
quêtes et garde des sceaux de Navarre et GauCher-de 
Sainte-Marthe, trésorier général de FrancaenPoitott; 
députés , tous les deux potur rexèdalioh de là trèyb ao* 
cordée au roi de Navarre. Par cette f>ièce.et jcéponteirt 
à une supplique des grands vicaires, ides diocèses de 
Luçon et de ftfaillezais, qui demaîndaiâQt àétie exemittés 
des décimes, kxause des* pettes:.;pAi' ei» dites i il" 
dirent que les réclamants se pouvoiraient pardevimle 
roi et fourniraient Tétat de ce qui avaif; été touché de 
leurs revenus au nom du roi de Navarre. Puis statuant 
sur le provisoire , ils ordonnèrent que des revenus des 



àem. évéchès ei chapiti^ SMatonyt perclus, Jixsqi^à 
décision cfiiflidftve, moitié entre h» wasàos i^Qfiir 
laume Dreux , nommé recoTeur pour le roi , el moitié 
pour le trésorier du roi de Navarre , et cela à dater 
du i9 jiûllet, au Ueuda atoisf de novembre» terme 
d*aboid indiqué. 

12, «L'évêque de Liicon, Jacques du Pies^S|dit 
M. de Beauregard (1), ne &L aucune résidence dans 
révéché de Lacan, soit «ue k«h guerres coixtinaelles 
rayent déteumè de la résidence fseîlipifiLne fbt qaele 
préte-nom de la maison du Plessis de Richelieu, qoi 
probablement percevait les revenus de Têvéché sous 
son nom. 

a Nous avons déjà remarqué que nos rois don- 
naient les évéctaés de Fviaiee et )es^ richea abbayes 
comme des récompenses aux généraix de leurs ar- 
mées, aux seigneurs df^ la cotun 

« Cette assertion pavait fiondée sur deusi témoignages 
fpl sont d'un. grsÉd poids. 1^ l^ chapitre eut de 
longs démêlés avsc H. H(jrver» suçfiiessear de hsr 
ques du Plessis, et dans deux pièces* pro4uîte^ daas 
le proieès avec cet évècpie:* le ebâ^itre ose avancer 
que fa maisoi» de ftichelienii le mpt^r 4e BiçbeUeua 
iMides ffevenus deL'évéché aona le/wm 4e Jaiav&es. 
» Toutes le» féis^que le chiipilisça eu k tosîtorpoi^to 
^éflfsuralien^ de rivtehé»^ it a pftrlé de l^ dane de 
Mcheliett, 4»mme si eUe eut perçu les ir^vwusdQdtt 
évéeb&x^ 

Nbus pourrions ajouter beaucoup* à ces preuves, 

' (1) Bvêpnê deLufan» 



159a)JACO. DO PlB8S»RiCHBLIBI;, il5.«ÉTfiQinB. (339 

mais la démonstratioB est complète. Jacques do 
Plessis ne nous parait qa*ao êyéqoe titulaire qui n'en 
porta que le nom et qat ne fot antre chose qu'un in- 
strument à l'aide duquel sa famille» la maison du 
Pleasis-Hicbelien, s'attribua les revenus de révéchè de 
Luson. 

13. LO'Cliapitre ne pouTait tdérer cet ëtat de chose, 
tout à fiiit âcheux pour lui et désastreux pour le 
diocèse, sous le pohit de me religieux. Aussi pour le 
faire cesser, cet établissement ecclésiastique entreprit 
un procès, au commencement de 1592 , à rencontre de 
Jacques du Plessis-Richelieo» aux fins notamment de 
lui bire partager les charges qui pesaient sur lui, et 
de iaire contribuer ce prélat titulaire à l'entretien et aux 
réparations de l'église cathédrale de Luçon et à l'achat 
de doehefi et d'ornements dont cet établiss^ent se 
trouvait dépourvu. 

14. On ignore le lien et la date précise de la mort 
de Jacques du Plessis-Richeliea , mais probablement 
cet événement s'effectua vers le milieu du mois de 
jum 1S92. En effet, d'abord dans la liste générale 
des membres de l'église qu'on appelle au chapitre gé-- 
néral, au commencement de crtte année , on y trouve 
le nom de cet évéque titulaire , sans Êdre m«ilion 
de son décès. Puis , le S juillet de la même année , 
on tient une assemblée où on indique unei réunion 
du chapitre , pour le 6 du même mois , afin de pour- 
voir ^ estîl dit dans l'acte, à l'administratioa do 
diocèse. 

15. Or , nous allons arriver à l'autre personnage , 
qui parut occuper le si^ de Luçon , mais toujours 

43- 



340) FhAHÇOIS HTTBft» 26/ ÉVÉQI7B. . (1592 

dans rintérèt de la même [famille et pour lui Cadre 
arriver des rev^ius dont la destination était de faire 
soutenir dignement à un prince de l'église le rang 
assigné à sa position sociale* 

II. Fbançois Htver ou YvBR , figure comme 26.« 
évéque de Luçon , d'après notre ordre de numéro; 
c'était un évéque confidentiaire qui jouissait des re- 
venus de l'évéché du Bas-Poitou , au nom de la 
maison du Plessis-Richelieu* Laissons parler à ce sujet, 
le catalogue des évéques de ce territoire. 

« Frandscus} .Yver (1) , Rector parochiàlis ecclem 
de Braye , diœcesis Pictamemis dictus Tver esi confi- 
dentiarius dommorum de Richelieu , in quorum favarem 
Rex Gailiœ concessit episcopatum , mb beneplacito suo 
et post obitum Jacobi du Plessis suprà nominalù 

2. On le voit, François Hyver était curé de Braye. 
^'est une localité du Haut-Poitou ou du moins de 
révéché de Poitiers » et dépendant, sous certains rap* 
ports , sous celui de Tadministralion notamment , de la 
province de Touraine. Ce curé était probablement 
religieux , car dans^ une procédure entre lui et le 
chapitre de Luçon » il est qualifié de firére , dénomi- 
nation qui ne se dcmnait pas à un ecclésiastique 
séculier. 

3.' Nous ignorons de quelle famille était François 
Hyver , qu'on trouve aussi indiqué avec le nom d'Y vert 
ou d'Hyvert. M. de Beauregard a pensé qu'il pouvait 
être de là famille municipale de Niort , qui a fourni 
l'auteur du Printemps d'Yver (2). Comme aucun docu- 

(1) Dans ' ane. copie on Ut Yvcrt. 

(2) Voir f pour cet oavri 
Potiou , par Dreux-du-Ka 



(2) Voir » pour cet ouvrage et pour son attteur, U bibliothèque du 

" * ''tadier. 



1593) FRAirçOIS HtYER, 86«. ÉTÊQUE. (341 

ment ne rattache le curé de Braye , évèque confiden- 
tiaire de Luçon , à cette famille niortaise , nous ne 
nous arrêterons pas à l'indication de notre savant ami. 

4. n paraît que dès le mois de juin 1593 (1) ; François 
Hyver était nommé évêque de Luçon. Néanmoins ce fut 
seulement le 20 septembreM594 , que le roi Henri lY, 
donna des lettres par lesquelles il conférait; à ce per- 
sonnage le titre d'administrateur du diocèse. Aupara- 
yant , le roi avait donné celui d'économe temporel 
des revenus deTévèchéde Luçon , à un nommé Bajon. 

5. Du reste , François Hyver voulut , dès sa nomi- 
nation au titre d'évéque, agir en cette qualité et 
trouva de la résistance dans les membres du chapitre 
de Luçon. En effet , le procès commencé contre Jacques 
du Plessis-Richelieu fut repris avec lui , qu'on qualifie 
de sot-disanr nommé par le roi pour être pourvu de 
l'évéchi de Luçon ^ et contre l'économe du temporel. 
On voulait les faire contribuer aux réparations , à 
l'achat de cloches et d'ornements de l'église cathédrale ; 
les choses les plus nécessaires à l'exercice du culte 
manquant absolument , par suite des désastres de la 
guerre civile. Sur cette action » le parlement de Paris 
rendit, le 13 août 1593 , un arrêt qui ordonna la 
visite des lieux. 

6. Laissons parler ^ relativement à cette contestation, 
celui qui, avant nous, s'est occupé des évéqaes de Luçon. 

<x L'événement le plus intéressant de l'épiscopat de 
Févèque Hyver, dit-il , est une contestation , qui dura 
près de douze ans , entre lui et le chapitre. 

(I) Indication donni* dans son ffrand procès avec le chtpitri. 



342) FaAl«Ç0l8 iHtV£R, â6.« ÉvâQTO, (.mS 

a Elle ayait comn^ncé sous. M. lacfiieSfAu Pleasis, 
^ ne se tenuina qu'en 1609 , par les soins et L'adresse 
du cardinal de Ridielieii. 

a Nous avons souvent parlé des malheurs de Téglise 
de Luçon. La guerre de religion en fut la cause ;, et 
le nombre des ennemis de l'église , qui l'entouraient 
de toutes parts, après avoir perdu la foi» entraioala 
perte. d'une partie des biens du chapitre et de révéché, 
et la ruine entière et de l'église et des maisons de 
révéque et du chapitre. 

« Cène fut pas la seule cause des maux qui » pendant 
tant d'années, ravagèrent Téglise-mère du diocèse. Nous 
avons vu que les derniers évéques ou négligeaient de 
recevoir l'onction sainte « ou fuyaient leur ville ^s- 
copale , pour aller ailleurs vivre plus :surem^. A 
peine M. deSalla résida-t-^il quelques années , la mort 
le ravit , comme il comQiença à donner ses soins an 
diocèse. M. Jacques du Plessis ne résida jamais A Luçon; 
du moins dans les registres du chapitre et daqs les 
actes de l'évéché , rien ne nous dit qu'il ait ixabi\è 
Luçon. 

«' Il faut le dii^e jk la louange des chanoines lie l'é- 
glise 4e Luçon , jamais peut-être n'eurent-tiis plus à 
cœur la conservation de leur église, le:ppaiati^'<ies 
règlçs canoniques et des ancieps usages de leurs de- 
vanciers , que dans des temps , où ^pressés par les 
ennemis de la foi , obligés de ménager les armées do 
roi et des rebelles , souvent de leur offrir des subsis- 
tances , délaissés par leurs évéques , ils trouvaient au- 
tour d'eux tant de moyens de dissipation , sans être 
surveillés ou soujlenus par lenr chef. 



1593) EHAHfKMS BTYBEt 26.e iTfiQOB. (343 

« Mais tant de défenses ayant épiusé leurs revends , 
ies contributions aux besoins de Tétat revenant fré- 
quemment , ils crorent pouvoir faire partager leurs 
charges à leurs ëvéques qui , depuis long-temps, con«- 
sommaient loin de Luçon leurs revenus, et les faire 
contribuer à l'entretien et aux réparations de l'église. 

a Le chapitre forma sa demande contre Jacques du 
Plessis. Il en fit suite contre François Hyvert , avec 
d'autant moins de ménagraient qu'il fut instruit que cet 
éréque n'était qu'on fantôme , pour ainsi dire , sous 
le nom duquel la maison puissante du Plessis allait 
Jouir, en apparence loBg4enkps encore, du revenu de 
rèvécbé , sans eft faire remplir les devoirs. » 

7. Avant de voir les suites qu'eut le premier arrêt 
rendu dans cette affaire, parlons delà manière dont 
<m considérait à Luçon cet évéque nommé. A défaut 
de s'être &it sacrer et d'avoir pris solennellement pos- 
session , Hyver, n'était point regardé comme un 
véritable évéque, et le siège était réputé vacant. 
<t Les lettres du roi ( portant sa nomination 
d'administrateur ) , dit H. ée Beauregard , ne furent 
accordées que pour contrarier le chapitre qui s'était 
mis de fui«*mémeL, $ede vacante^ administrateur tant 
du temporel que du spirituel , et qui , malgré les 
lettres , se réserva toii}ours de donner les titres et de 
conférer les bénéfices : il ne parait pas que les col- 
lations ayent été inquiétées. Néanmoins il les suspendit 
et plusieurs titulmres se firent pourvoir ou par l'ar- 
chevêque de Bordeaux ou par d'autres prélats. )» 

8. 8ma évéque réel, luttant contre un prête-nom, 
ayant jfiulement le titre d'évêque D«mmé pour trans- 



344) François Hyybr» 26.« étêqttb. ( 1593 

mettre les revenus de cette prélatnre à une famille 
puissante, le chapitre de Luçon avait besoin d'un 
doyen qui eût de la capacité et de Fénergie, pour dé- 
fendre les droits de cet établissement ecclésiastique. 
Or, le personnage qui remplissait cet emploi important, 
M. de Barro , vint à mourir» et il fallut le remplacer. 
On convoqua en conséquence le grand chapitre d'byver, 
en réglise cathédrale , pour le mardi 11 octobre 1593, 
afin de faire choi?L du chef du chapitre. L'ordre du jour 
étant indiqué, M. Martin Morandeau demanda à être 
introduit et déclara qu'il comparaissait au nom et comme 
procureur de M^ Pierre Bréchard , seigneur de La Cor- 
biniére , conseiller du roi , commissaire général des 
vivres et magasins de France; et, en cette qualité, il 
s'opposa à ce qu'aucune élection f&t faite d'un dojen, 
au préjudice de celle qu'il entendait faire pour ledit 
Bréchard , en vertu du don qui avait été octroyé à celui- 
ci, par le roi, dudit droit de nomination. Il ajouta 
que , si on n/avait égard à son opposition et qu'on passât 
outre, il protestait d'appeler de cette décision et de 
prendre les chanoines à partie , suivant les lettres d'éco- 
nomat et le brevet octroyé par sa majesté audit man- 
dant. Néanmoins le chapitre ne tint compte de Toppo- 
sition , et procédant par voie de scrutin , Michel Papin, 
grand archidiacre, fut élu doyen de Luçon (1). 

9. Sur cela Michel Papin se pourvut devant le parle- 
ment et exposa que le siège épiscopal de Luçon était va- 
cant, ainsi que le siège archiépiscopal de Bordeaux d'où 

(1) Archives de Véçéché de Luçon, Jasqu* ici Michel Papin n'é- 
tait indiqué comme doyen de Luçon, que louf Ttiinée 1609. 



1593} François Hyveri â6.e tvÈQm. ( 345 

relevait Loçon; qu'il n'y avait aucun grand vicaire au 
ressort, recevant les arrêts et règlements de la cour, 
et que, dans une telle position , il demandait à être 
autorisé à se pourvoir devant tel autre coUateur qu'on 
indiquerait pour obtenir la confirmation et promotion 
oécessaire sur l'élection faite de sa personne , par les 
chanoines de l'église cathédrale de Luçon, comme 
doyen de ladite église. Sur cela et conformément aux 
conclusions du procureur-général, le parlement séant 
alors à Tours, par arrêt du 21 octobre 1593 , commit 
l'archevêque de Tour3 ou son grand-vicaire , pour 
pourvoir Michel Papin et lui donner des lettres de 
confirmation nécessaires à raison de son élection comme 
doyen de Luçon. 

En conséquence, le 23 dudit mois, Noël Rondeau, 
vicaire-général de Simon de Maillé, archevêque de 
Tours, donna à Michel Papin des lettres de confir- 
mation, comme doyen de Luçon , et celui-ci fut ins- 
tallé, en cette qualité , ïe 29 dudit mois. 

10. Nonobstant son installation , Michel Papin eut 
encore à lutter pour se perpétuer dans son décanat. 
On ne yit pourtant point un élu de Pierre Bréchard 
se présenter pour combattre le doyen canonique* 
ment élu. Ce fut un personnage qui paraissait comme 
nommé directement par l'autorité royale , quoique ce 
ne fût qu'une formule employée pour donner plus de 
poids à celui qui n'était que l'homme du commissaires 
général des vivres. Le prétendant se nommait Le Roy. 
Une procédure s'engagea entre lui et Michel Papin, 
devant le !grand conseil , mais cette cour débouta 
Le Roy de Teffet des lettres par lui obtenues de sa 



m) François Htvee , 26.<» éiAqitb. (159S 

majesté; renvoya le procès devant le pifflement» 
pour faire droit aux parties et condamna Le Roy aox 
dépens. Sur cela » le chapitre de Luçon présenta re- 
quête an parlement » pour fiiire statner sur le fond. 
On ne trouve point Tarrét définitif, mais on doit croire 
qu'il fut fovorable à Michel Papin , puisqu'on voit 
encore ce dernier , plus tard , dans l'exerdce de 
ses fonctions de doyen. 

11. Nous trouvons écrit , de la inain d*un docte 
ecclésiastique , le document dont la copie suit, et que 
nous mentionnons ici , parce qu'il y prend place , dans 
Tordre des dates: 

« Six vingts ans après cette sécularisation, en 1595 , 
le chapitre de Luçon , seul , sans la participation de 
l'évêque , fait faire en cour de Rome un Traussumptuin, 
c'est-à-dire une copie collationnée sur l'exhibition qu'il 
fait d'un Sumpium imaginaire , qui ne parait point 
avec extension. Dans ce Transsumptum de tontes les 
clauses qui n'étaient qu'en abrégé dans le Sumptum ; 
et cette collation se £aiit , comme par une espèce de 
procès devant le cardinal Camérier , après avoir appelé 
les intéressés, par citation à la porte de la chambre 
Apostolique et au champ de Flore. Cette pièce est 
demeurée ensevelie, jusqu'en 1642, qu'on l'a £adt 
paraître au jour. 

« Cette copie de bulle , qui n'est point celle de la 
véritable sécularisation , et qui porte toutes les inar-' 
qnes de fausseté , contient plusieurs causes abusives , 
comme intercalliition , celle par laquelle on drame le 
privilège aux chanoines de cetteéglise de teidr, avec 
leurs chanomiesf toutes sortes d'autres bènâBces, même 



im ] VvJOÊÇOiis BTVBa,.2S,« tvtom. ( 347 

des eaxes el deâ digmtèd, encofe ()u'elle( (tasseat des 
praiiiére»daii9 deségHses càthéArales ^ d» la résidence 
desqiieUef^ on les dtepenseb 

« Mais entre ees cinses 'abusives est celle par la- 
(foeSe ce» moines , qui ne pouvaient demander que 
l'affiranchissement d& la régularité , se font attribuer 
iHie juridicllon commune avec Pévéque , sur les digni- 
tés , chanoines , choristes et autres ecclésiastiques qui 
cempesenl la cathédrale , et mène sur les pievsonnes 
de leurs faufnUles « qui soirt pour Tordinaire laSques ^ 
pour toutecksorteB d'actiM» ^ soit dvites oa criminelles , 
dont la ji»idictîo& s'exercerait en cenumuL » 

12. S^r cet aefe , fiiit dans on temps d^anarehie, pour 
le diocèse de Luge», M. Beauregard s'exprime comme 

il suit (1). 

«La bnlléde sécularisation (de janvier 1468—1469) 
avait péri, avec les autres titres du chapitre, dit-il, 
dans les guerres de religion. Le chapitre en demanda 
mie seconde grosse à Rome, ce qui se nomme un 
sumptum , dams lequel il s'est glissé bien des fautes. Ce 
mnptum est un papier sur un rouleau. Il est long d'un 
demi^pied, et large prodigieusement. 

<(La bulle d'approbation des statuts du chapitre, 
rendue le 13 mars 1472, a eu le même sort que la 
précédente. Le chapitre a demandé un stmptum, qui 
est authentique et qui a été délivré en 1602 et enregistré 
en parlement, en 1645. ]> 

13. De plus en plus la position de François Hyvw 
devenatt singulière. A certains égards , il était trsdté 

(t) Mpéaueê de Lueon. 



3tô } François Ht^er , â5.« évAque. ( 1 598 

comme évèque et il recevait tous les honneurs dus à 
son titre. En eSet y ayait-il des actes féodaux à faire, 
c'est à lui qu'ils s'adressaient. C'est ainsi que nous 
voyons, le 14 juillet 1598, François desNouhesde La 
Tabarière^ baron de La Lande, seigneur de Bodet, 
faire hommage à François Hyver, nommé évèque de 
Luçon par le roi, pour sa terre de Pont-de-Vie, 
paroisse du Poiré. 

14. Sous un autre point de vue, on ne tenait aucan 
compte de François Hyver et de son élection. C'est 
ainsi que le il août 1597, le chapitre de Luçon déclare 
conférer à André Loyau, le siège épiscopalva4Xinl, une 
chapellenie à l'Ile-Bouin. Le 8 janvier 1600, il donne, 
à cause de la vacance du siège, un démissoire à ce 
clerc , pour aller prendre la tonsure où il voudra. Le 
6 avril 1598, le chapitre de Luçon, toujours par la 
même cause, confère la chapellenie deL'Auberdière, 
dans l'église de La Grenetière, à un religieux de ce 
monastère. 

15. L'évéque nommé paraissait peu soucieux d'user 
de son droit de nomination aux bénéfices du diocèse, 
quand il ne devait pas en résulter pour lui un avan- 
tage. Mais un canonicat dans le chapitre de Luçon 
étant venu à vaquer, il y nomma son frère Aimé 
Hyver qui prit possession, malgré le chapitre dont la 
résistance fut énergique. Alors le bénéfice fut demandé 
et obtenu en cour de Rome » comnie vacant , à cause 
de la nullité des provisions accordées par un soi-disant 
évèque. Or, le débat s'étant engagé entre les deux con- 
currents, devant le parlement, la nommaiion d'André 
Hyver fut déclarée nulle et son compétiteur, le protégé 
du chapitre , fut reconnu conune un de ses membres. 



1599 ) [FbâKÇOIS HTTBR» 26.0 ÉtAqUE. ( 349 

16. Alors babitait, dans le marais méridional du 
Bas-Poitou et près de Saint-Micbel-en-L'Herm un 
personnage à la fois bomme de guerre et bomme de 
plume. C'était Lancelot du Yoesin de La Popeiinière, 
auteur d'une histoire des troubles de son temps ; il obtint 
vers cette époque (1) un privilège du roi pour faire im- 
primer YHistoire des Histoires. 

17. Les événements dont nous avons rendu compte 
nous ont bien détournés du procès commencé par le 
chapitre , contre Tèvéque nommé de Luçon. Nous 
rappelerons qu'un arrêt du parlement, en date du 13 
août 1593 , avait ordonné une visite de la catbédrale 
de Luçon et des objets qui y existaient pour le service 
du culte. Cette visite fut faite par le sénécbal de Fon- 
tenay, Pierre Brisson. a Nous n'avons plus l'original de 
ce procès-verbal qui a été soustrait depuis long-temps de 
la procédure , dit M. de Beauregard , mais un inven- 
taire des pièces de ce procès le rapporte assez en 
détail et ceux dont il est rempli , nous appremient des 
choses intéressantes. Un fait qui démontre combien 
les évoques habitaient peu leur maison , c'est qu'à 
cette visite on trouva dans ja cour de l'évêché des 
arbustes qui en gênaient l'exercice et qui avaient plus 
de quinze ans. 

n Toutes réparations faites par le chapitre ou celles 
qui étaient encore à faire et auxquelles Hyver n'avait 
contribué en rien , furent estimées monter à 891 5 écus. 

oc Ce procès-verbal fut reçu par arrêt , le 25 Juin , 
1596 , sauf à débattre. Mais sur de nouveaux incidents 

ri) Le 6 juillet 4899. 



310 ) FbAHÇOIS HTm , M.« ÉVÉO0B. ( 1899 

et la proeédfire ayant 616 6garee chez le rapporteur , 
le sâi6dial de Ciyray « fot Doi!im6 commtesaire pour 
Inire one noayelle yisite. » 

18. n paraît qu'au mois de mars 1598, François 
Hyyer , obtint de la cour de Rome ses bulles en 
qualit6 d'6véque de Luçod. Cette position de choses 
ne le détermina pas à se faire donner Fonction épis- 
copale. Plus que cela , le chapitre obtint l'année sui- 
vante un arrêt du parlement qui le condamnait à se 
laire sacrer , et il n'en tint encore aucun compte. 

19. Le procès entre le chapitre de Luçon et Fran- 
çois Hyyer (1) , évèque nommé et baron de Loçon , 
était toujours pendant devant le parlement t et de 
plus on y avait joint une demande contre le prélut, 
pour fournitures d'ornements , conformément à l'usage, 
à raison de son avènement à Tépiscopat. Or, cette eour 
rendit le U juin 1603 un arrêt qui condfluimait ce der- 
nier à donner un tiers du revenu de l'évêcbê pour 
réparer l'église cathédrale et les bâtiments du palais 
épiscopal. 

20. Cette décision n'était probablement rendue 
qçe par provision , car on aperçoit encore la pro- 
cédure continuer. Des remarques , puisées dans cette 
procédure ont été faites par M. de Beauregard , et nous 
allons les consigner ici : 

« C'est dans les divers écrits des pièces de ce procès, 
dit-il, qu'on voit l'opinion du chapitre sur le rôle 
que jouait M. Hyver. Cet évoque y est traité d'homme 

(1) Ainsi Doromé dang l'extrait de Varrét et autres documents qui 
a*y rattachent on de l'époque. 



FlUNÇOIS HtVBR 9 26.® JBTÊOUE. ( 354 

d0 paille dont ladomrn de Richdieu $*eU servie pour jouir 
de Vivêché. 

ic On lai reproche d'avoir, dès 1599 , été condamné, 
par arrêt à se faire Tsacrer ëTéque et de ne l'avoir 
pas Tonin, par le même motif. 

<( En parlant de raccord et d'une transaction pro- 
jetée, le chapitre dit que les chanoines députés à Paris, 
traitèrent avec M. de Richelieu , qui tenait et levait 
les revenus de l'évèché. 

a On lui reproche qu'ayant été nommé au mois de 
jok 1593, et pourvu des bulles au mois de mars 1598, 
il a négligé de se faire sacrer ; quH a abandonné le 
diocèse et les églises polluées par les hérétiques , ce 
(pii prouve que ledit Hyver n^est qu'une personne attitrée 
et un croc où pend ledit évêchè^ sous le nom duquel le S.*' 
de Richelieu en a toujours joui , comme auparavant sous 
le nom de messire Jacques du Plessis. 

« Ces expressions , souvent réitérées , dans les pro- 
ductions et requêtes du chapitre , et qui n'ont jamais 
été impugnéeg par Hyver , démontrent que ce n'était 
point une vaine et fausse allégation du chapitre et que 
les seigneurs de Richelieu ont joui de TévéchédeLuçon 
comme d'un bien propre. 

« Cet abus était criant , mais commun , conune 
nous l'avons fait remarquer. » 

Si. Après cette reprise de la procédure , il fut question 
de transiger, et le chapitre de Luç(m nomma deux de 
ses chanoines qui furent à Paris» pour s'aboudier non 
seulement avec Friu^gois Hyver, mais avec la &mille 
du Plesfiîs«-KkbeUea, dont un membre coantiaençait à 



352 ) François Htter, 26.^ bvêque. ( 1 599 

prendre aussi lui et respectivement avec Hyver^ le titre 
d'évêque de Luçon. Sur cela, trois arbitres furent 
nonunés et ils rendirent, le 2 décembre 1604, une 
sentence arbitrale qui condamnait l'éyéque à payer 
toutes les réparations faites et à faire à la cathédrale et 
au palais épiscopal, à fournir les objets nécessaires an 
culte etc., sauf 3,000 fr. par aii et pendaQt trois ans à 
prendre sur la fabrique. On statua aussi sur d'autres 
contestations et un du Plessis-Richelieu est indiqué 
comme mandataire de l'éTéque. 

Un arrêt du parlement ordonna l'exécution proyi- 
soire de cette sentence, mais en joutant que c'était 
sans rien préjuger au fond. 

Nous verrons, plus tard,>e procès recommencer et 
finir pour jamais. 

22. Comme le dit M. dé Beauregard, comme le 
porte cet article et qu'on le dira dans l'article 
suivant , on ne sait trop jusqu'à quelle époque on doit 
considérer François Hy ver comme» ayant , en qualité 
d'évêque nommé , occupé le siège de Luçon. Il 
prenait ce titre en 1605 et en 1606 , mais alors 
il existait un autre évêque, ainsi qu'on va en être 
convaincu. 

23. On ignore ce que devint cet évêque nommé, 
jamais sacré, condamné par arrêt à recevoir l'onction 
épiscopale et s'y refusant, lorsqu'il eut enfin abandonné 
le titre dont il s'était paré pour ménager des revenus 
à une famille puissante , et aussi pour assurer un titre 
épiscopal à un de ses membres. L'époque de la mort 
de François Hyver nous est également inconnue. 



1599) A.*L.DCrPLE$SI9-RlCHBIffU, 27.«ÉVÉQUE. ( 3ô3 

m. Alphonse-Louis du Plessis-Richelieu » fut le 
27.e évéque déjjiçon. Il était fils de François III du 
Plessis-Richelieu , grand prévôt de France et chevalier 
de Tordre , et de Suzanne de la Porte. Alphonse-Louis 
du Plessis-Richelieu y né en 1584 ^ était le frère aîné 
d'Armand-Jean du Plessîs , destiné à devenir si célèbre; 
puisqu'il domina véritablement son siècle. 

2. Si on en croyait le dictionnaire hisloriqm de Moréri, 
Alphonse Louis aurait été doyen de Téglise de Saint- 
Martin-de-Tours , au moment de son exaltation à 
répiscopat Dans jce recueil on le fait même remplacer 
son grand oncle» Jacques Duplessis. D'après ce système 
on ne tiendrait aucun compte de François Hyver. 

3. Dire positivement quand Alphonse-Louis du Plessis 
devint évéque de Luçon , est chose réellement difficile. 
En effet, comme on Ta vu , la maison de Richelieu , 
et notamment le grand prévôt François III , jouissait 
effectivement des revenus de l'évéché de Lucon » dont 
l'avait gratifié l'autorité royale » suivant l'usage abusif 
de cette époque , et François|} Hyvçr n'était qu'un 
prëtre-nom , disposé dès que le moment en serait 
venu, à céder son titre d'évéque nommé , en faveur 
d'an membre de la famille dont il était la créature » 
et dés que ce nouveau candidat^ à Tépiscopatse trou- 
verait en âge d'y arriver. 

4. D'abord on peut même se demander si ce per- 
sonnage fut évéque de Luçon , en réalité, ce A pro- 
prement parler^ dit M. de Reauregard» Alphonse-Louis 
ne jouit jamais de l'évéché de Luçon » et s'il paraît 
décoré du titre d'évéque, c'était pour que le chapitre 



354) A.-L. DITPLESS1S*KICHBLIB0» 27.® ivÉQfîB. ( 15S9 

de Laçon r&lenttt ses démarches fitigteuses contre les 
détentears et les usurpateurs des biens de l'évéchè. » 

5. Hais en tenant Alplionse-Louis pour évêque de 
Luçon y au moins comme évêque apparent» recherchons 
répoque où on peut le considérer comme tel. 

a II paraît , dit le savant personnage qui s'est occupé 
ayant nous des évëques de Luçon (1) que dès le 7 août 
1595, les défenseurs d'Hy ver montraient déjà ce jeune 
évêque, comme le vrai titulaire. Le procureur Ménard 
qui soutenait les droits d'Hyver, lorsque Brisson , sé- 
néchal de Fontenay vint faire la visite des réparations, 
en voulant éloigner cette formalité ordonnée cependant 
par arrêt, déclare que Vévéqiie était aux universitis et 
Viconome Bpiritiuil en Anjou. L'évêque dont il parte est 
Alphonse-Louis , qui à peine avait alors quinae ans, et 
l'économe Sfûrituel était Hyver. 

«Noos voyons ^core reparaître ce jeune prélat,' 
dans un acte du 25 octobre 1604, où le chapitre nomme 
deux députés pour aller à Paris transiger avec Hyver 
et. . . . du Plessis, se prétendant respectwerneni évéqne 
de Luçon. On remarquera , dans cet acte , que le nom 
de du Plessis n'est précédé d'aucun nom de baptftne. 
n est probable que la famille, qui prétendait offirir un des 
éeax frères, ne voulait pas, à dessein, dés^ner le prénom 
de l'un d'eux. Alphonse-Louis avait alors vii^&dem 
ans. D 

6. L'occupation même nominale de l'évôché de 
Luçon , par Alphonse-Louis du Plessis , ne dut pas 
être de longue durée, car il parait qu'il se démit de 

(i) M. do Beatnreffftrd. 



1605) Â.-L. DUPlBSSIS-RiGHBLIBU, 27.e ÉviQUE. (355 

son titre de prélat dès [1606 (1) , époque où il entra à 
la Grande-Chartreose » dans laquelle il fit profession , 
l'année suivante. En 1610 , il était procureur de cet 
important établissement ecclésiastique. 

7. Nous allons voir bientôt Ânnand4ean du Plessis 
remplacer son frère aîné sur le trône pontifical de 
Lnçon » mais auparavant suivons ce dernier dans les 
actes les plus patents de sa vie. 

8. C'était bien sincèrement qu'Alpbonse-Louis du 
Plessis avait renoncé aux grandeurs du monde , et 
il vécut à la Grande-Chartreuse, pendant vingt 
années , dans la pratique Tde la plus parfaite bumilité 
et des autres vertus chrétiennes. Mais lorsque son 
frère puîné fut devenu tout-puissant à la cour de 
France » il ne parut pas convenable à ce cardinal-roi 
de laisser son aîné dans une position si obscure. Alors , 
et en 1623 » l'ancien évéque de Luçon , fut tiré du 
cloître pour passer à l'archevêché d'Aix » d'où il arriva 
en 1628 , à l'archevêché de Lyon. L'année suivante , 
le Pape Urbain YIII , nomma Alphonse*Louis du Plessis, 
cardinal-prêtre, en [contravention à l'ordonnance de 
Sixte-Quint , portant que deux frères ne doivent jamais 
être dédorés , en même temps , de la pourpre romaine. 

9. En 1632 , le cardinal Alphonse de Richelieu fîit 
fait grand aumônier de France], chevalier de l'ordre 
du Saint-Esprit , et il obtint successivement plusieurs 
riches abbayes, notamment celles de Saint-Etienne de 
Caen, de Saint-Victor de Marseille, de Saint-Paul de 

(1) On Ht, dans une de nos listes : 

Alphonsui du Piesid de Btchelteu, non conieeratus, îraniiiî ad 
carthutianorum ordMem. 

45. 



dfi6) A.-L. ]>u;PLBSSUhAlCHSLlBU, 27.« BVÉQUB. (1606 

Gormeiy et de La Chaise-Dieu. Il devint aussi abbé 
commaudataire de l'abbaye de rile-Cbauvet, diocèse 
de LuçoD. Enfin il remplaça son frère le cardinal- 
ministre comme proviseur de la maison de SorboQDe 
où on conservait son portrait (Ij. 

Le cardinal de (Lyon fut envoyé en] ambassade à 
Rome, par la cour de France en 1635 et 1636 [2]. Dans 
ce voyage il obtint le titre de La Sainte-Trinité in 
monte pincio. U se trouva au conclave de 1644 où 
Innocent X fut élu pape, et Tannée suivante il présida à 
Paris l'assemblée générale du clergé de France. 

10. Revêtu de la pourpre romaine et devenu arche- 
vêque de Lyon , Alphonse du Plessis n'oublia point 
l'humilité religieuse; il venait souvent faire des re- 
traites à la Grande-Chartreuse qu'il avait autrefois 
édifiée par sa piété [et par son obéissance (3). Au retour 
de son ambassade à Rome, lorsque la peste disait 
d'affreux ravages dans son diocèse , il se montra plein 
de zèle et de charité pour ses diocésains, et il mit plus 
d'une fois sa vie en péril. 

11. Alphonse-Louis du Plessis-'Richeliea ftit atteint à 
Lyon , au commencement de 1635, d'une maladie mor- 
telle, pendant laquelle il donna des preuves d'une grande 
piété. Peu avant sa mior^t, il disait à son confesseur: 

(il M. de Beauregard dît qa il ressemblait beaucoup à celai de 
sou trère. 

(8) Pour les lettres écrites à Louis XUI et à ses miuisUes par le 
cardinal de Lyon pendant cette ambassade , consulter le Conservateur 
de mai 1755, U existait aussi dans la bibliothèque de M. Bouthelliér, 
ancien évèque de Troyes , un manuscrit contenant les lettres de ce 
cardinal » écrites depuis le 7 octobre 1622 iusqu* au 15 arril 1631 • 
Ce recueil in-folio se trouve aujourd'hui à la bibltotlièque da roi' 

(5) Document envoyé de Lyon. 



f605) A.4.. m PumS-RlCHBIIEIT, Sf7.e ÉTtOOS. (357 
«Ah! père Gibelin^ père Gibelin qae le cardinal de 
LyoD serait mieux dans le lit de Dom Alphonse , que 
Dom Alphonse dans le lit du cardinal de Lyon ! » 

12. Il mourut le 23 mars 1653, à l'âge de 71 ans» 
et fut enterré dans Téglise de la Charité de Lyon , qu'il 
avait fait construire avec une magnificence extraor- 
dinaire (i). On voit^sor ce tombeau l'épitaphe suivante 
qu'il avait lui-même composée : 

Paupernatus stim, paupertatem vovi; 
Pauper morior et inter pauperes sepdiri volo. 

13. a On ne conçoit qu'à" peine , dit M. de]Beaure- 
gard , comment Alphonse , le plus riche prélat de son 
temps , qui avait accumulé sur sa tête un nombre 
incroyable de bénéfices et d'abbayes , voulait per- 
saader à la postérité qu'il mourait pauvre. » 

14. Tout ce qui se[rattache^au nom de Richelieu'a 
de l'importance , et surtout pour l'êvêché de Luçon, 
dont pour beaucoup il a constaté l'existence. C'est 
ce qui nous a engagé à nous étendre sur un cardinal 
de ce nom éclipsé par un autre cardinal son puîné. 
Nous en finirons , relativement au premier » par l'ap- 
préciation de sa valeur morale, donnée par cet autre 
prélat dont nous sommes en quelque sorte l'annota- 
teur et le continuateur. 

« M. Dreux-du-Radier , dans sa bibliothèque du 
PtnlQUf dit, de ce prélat , que c'était un génie plus 
sombre que brillant , plus solide qu'agréable. I! écri- 
vait assez bien et parlait mal. Jamais il (ne put faire 

(l) Dans ta chapelle ,de la Vierge, à gauche da grand autel. 



358) A-JfiAN DUPLBSSIS-RlCHBIJBU,âS.«âVÉQUE. (1605 

un vers latin. De tous les poètes,^ [il n'aimait qae 
Lucain. H savait Sénèque par cœur, [et en avait fait 
de grands extraits. On a de lui quelques lettres écrites 
à son frère Armand, qui le tira malgré lui du cloitre. 
L'abbé Michel du Pin a écrit sa vie , en françstis , 
imprimée m-12 , en 1653. » 

J'ai y dans ma collection de portraits historiques , le 
portrait du cardinal de Lyon, gravé par Moncomet, 
et une autre gravure , plus en grand, et faite par Mellan, 
à Rome. II y a de la ressemblance entre les deux 
cardinaux du nom de Richelieu. 

IV. ârmand-Jean du Plessis de Richelieu , 28.« 
évêque de Luçon , et qui fut Thomme le plus marquant 
de tous les prélats qui occupèrent ce siège , était le 
frère germain et putné de son prédécesseur. On a dit 
déjà que leur père était François III du Plessis , sei- 
gneur de Richelieu , grandjrévôt de France et cheva- 
lier des ordres du roi , et qu'ils avaient pour mère 
Suzanne de la Porte. M. de Beauregard (1} fait sortir 
cette dame de la maison de la Porte-Yezins et c'est une 
erreur. La famille de la Porte de la Heilleraye , était 
une maison toute différente , ainsi que nous l'ayons 
démontré ailleurs (2). Le» père de Suzanne de la Porte 
était François de la Porte , seigneur de la Lunardière, 
célèbre avocat au parlement de Paris et., de son pre- 
mier mariage avec Claude Bochard de FarenvilUers , 
celui-ci avait eu Suzanne de la Porte , mariée avec 
François m du Plessis«Richelieu, Ce fut de son second 

(1) Evéqttes de Luçon» 

(2) Dans nQtre notice sur h Maréehai de La Sîeilîeraye, 



1(»05) A.-JfiAN DU PUSSI^RlCHEUEU , 28.« ÉVÉQUB. (359 

mariage avec Madeleine Charles du Plessis-Piqnet, qae 
sortirent le commandeur Amador de la Porte , qui 
figura avec distinction dans la marine et Charles !.«" 
de la Porte , seigneur de la Meilleraye , dont le fils, 
porteur du même prénom , aidé sans doute qu'il fut « 
par son cousin-germain, le cardinalj de Richelieu, 
arriva aux hautes positions de grand -maître de 
Tartillerie, de maréchal de France et de duc et pair . 

2. «r Armand-Jean du Plessis, connu sous le nom 
de cardinal de Richelieu , dit M. de Beauregard , naquit 
au château de Richelieu , qui n'était anciennement 
qu'un simple château peu distingué du Haut-Poitou. 
Plusieurs biographes font naître ce prélat si fameux à 
Paris , mais notre assertion parait démontrée , l^». par 
une lettre de La Fontaine , à sa femme , dans laquelle 
il dit que , de son temps » on montrait à Richelieu , la 
chambre où il était né ; 2.o Par le plan de ce château , 
mis au jour par Jean Marot , dans lequel il indique 
également le pavillon et la chambre dont parle La Fon- 
taine, et que les voyageurs voient toujours, quand ils 
vont visiter ce superbe château ; 3.o par le sentiment 
d'un nombre de savants , comme Perrault , dans ses 
Hommes illustres , le savant père Jacob , dans sa Bi^ 
Uiothèque des Prélats, etc. . 

3. Armand perdit son père à l'âge de cinq ans. 
Le prieur de St. Florent de Saumur fut son maître. 
Après les premiers éléments des connaissances â la 
portée de son âge , il fut mis au collège de Navarre 
où était élevée la première noblesse du royaume. Il 
y fit ses humanités et, à celui de Lisieux, son cours 
de philosophie. Destiné pour les armes, il apprit à 



360 ) Â.-JBAN DU PlESSIS-RiCHBIIBU , 28" ÉVÂQinS. («605 

monter à cheyal et , dans xm âge peu aTancê , il crevait 
être on des écuyers les plus forts , poor manier un 

cheyal avec aisance et le monter avec grâce. » 

• 

Ajoutons que pendant que le jeune Richelieu disait 
des études y dans Tidée d'être hopme de guerre, il 
se faisait appeler le marquis (1) du Chlllou^ du nom 
d'une terre de la Gâtine du Poitou, dont la propriété 
était advenue dans sa famille , par Guyon du Chillou , 
vice-amiral de France , personnage dont il a été déjà 
parlé , à l'occasion de Jacques du Plessis-Richelieu. . 

4'. a Comme Armand , dit encore notre devancier , 
était peu favorisé de la fortune , et qu'il était cadet 
de sa maison ^ il laissa l'exercice des armes, pour 
ae livrer à l'étude de la théologie. 

c( II avait déjà commencé son cours de théologie, 
peut-être même avait-il commencé sa licence , lorsque 
son frère Alphonse , depuis cardinal de Lyon , ayant 
laissé son évêché de Luçon , pour entrer à la Char- 
treuse , il le sollicita pour lui-même , et s'y fit nommer 
par Henri lY , qui"*, dés lors , ne rappelait plus que 
son ivêque. 

5. a Armand n'avait pas encore vingt-deux ans , 
mais comme il était intéressant pour lui de jouir des 
revenus de l'évéché de Luçon ; que le chapitre dis- 
putait à M. Hyver , sous, prétexte qu'il n'était pas 
sacré ,. il partit pour ftome 21 dessein de solliciter ses 
bulles et une dispense d'âge. Il arriva dans cette ville, 
pendant la fameuse conférence , connue sous le nom 

(i) Biogr. wtiv. 



1605 } A.-teAN IM7 PJLBSSI5-BiCHEUB0 , 28.« ÈyÈQJSE. ( 361 

de auxiliis. Cette conférence était traitée par les plus 
&meux théologiens de l'Italie. Le jeune prélat y parla 
ayec une grande facilité des secours naturels et de la 
manière dont Dieu agit sur la liberté et l'âme de l'homme^ 
en présence du Pape Paul V. Ce succès ne contribua 
pas peu à lui faire obtenir les dispenses dont il avait 
besoin , et il fut sacré , le 17 avril 1607. 

«c Yictorio Siri , dans son Mercure , assure que le 
Pape lui accorda cette grâce » exk lui disant ; Mquum 
est ut qui supra (Btatem mpis intraœtatem ordineris. Les 
ennemis de Richelieu » disent , au contraire » que pour 
obt^r ses balles, il trompa le Pape (1) , en deman- 
dant l'absolution au Souverain Pontife, après son 
ordination , et que le Pape avait dit , «r Ce jeune évo- 
que a de l'esprit^ mais ce sera un jour on grand 
fourbe. » 

6. « Armand retourna sur-le-champ à Paris , soit 
qu'il n'^M; que ses thèses de docteur â soutenir , soit 
qu'il eût enc(M*e celle de sa licence. La Houssaye re- 
marque qu'il la soutint en camail et en rochet , chose 
très^commune pour les évéques qui veulent faire des 
actes après leur sacre. Cette circonstance nous fait 
croire qu'il alla achever sa licence , ce qui devient 
une particularité que La Houssaye a mal expliquée. 

«( Nous rapporterons ici cette annecdote , sur la foi 
d'un auteur, qui paraît juger sévèrement Richelieu. Si 
elle était vraie , elle prouverait que l'ambition était , 
dès sa jeunesse , une passion déterminée. Cet auteur 
assure que , selon l'usage de tous ceux qui font des 

(1) M)émotre» de Montgfat. 



362 ) A.-JfiàNDUPLBSSI8-RiCHBUBU| 28.* ÉVÊQUË. ( 160S 

actes en Sorbonne , Richelieu avait mis une question 
tirée de l'écriture sainte , à la tête de la thèse qu'il 
soutenait. La question était: Quis erit similis mhi? 
et la première lettre de chaque paragraphe com- 
mençait par une lettre de son nom , en latin Richœlius. 
Le nombre des lettres qui est neuf, est exactement 
celui qui est réglé pour le nombre des paragraphes , 
dans l'université de Paris. 

« Un fait plus certain et qui pourrait faire conclure 
que Richelieu est mort avec les sentiments de sa 
jeunesse , c'est son testament fait à Paris , peu de 
temps avant sa mort et qui est le dernier. Il dé- 
clare qu'il annule tous les testaments qu'il peut avoir 
faits , s'il ne s'y trouve pas écrit de sa main , et avant 
la signature , ces mots d'un psaume : Satiàbar cum 
apparuerit gloria tua , pensée qui peint énergiquement 
les désirs d'un ambitieux. » 

8. Le chapitre de Luçon » qu'avait lassé la Jouissance 
prolongée par la famille du Plessis-Richelieu des re- 
venus de l'évéché , sous le nom de deux membres de 
cette même famille , et sous le nom de François Hyver, 
ne vit, dans le jeune Armand-Jean du Plessis , évêque 
nommé et même sacré , mais allant continuer ses 
études, qu'une nouvelle phase de cette attribution 
abusive d'un siège épiscopal à une Camille. En consé- 
quence il reprit, le 10 novembre 1607, le procès que 
la transaction du 4 décembre 1604 , n'avait îâi 
qu'arrêter, sans l'éteindre entièrement. Les chanoines 
de Luçon disaient, du reste , avec raison : <c Vous , 
dernier venu, vous voulez, sans doute , vous attribuer 
aussi les revenus affectés au titre épiscopal du Bas- 



1608) A.-JEANDUfPLBSSIS-RïCHBLlEU,!;28.«ÉVÊQUB. { 36â 

Poitou, sans en supporter les charges et sans en 
exercer les fonctions. Or , ii;|faut qu'on tel état dé 
chose 9 contraire aux lois divines et humaines , cesse 
et justice doit enfin être [rendue. » 

9. Quoiqu'il cnsoitt lorsque Arinand*Jean du Plessis- 
Richelieu^eut terminé ses études en Sorbonne, il s'^n- 
pressa de se rendre à Luçon , prâr y exercer réelle- 
menl^Ies fonctions attribuées à son titre d'éyéque^Ii 
prit possession effective de son évéchéy le 21 décembre 
1606 f jour de la fête de St. Thomas , ap6tre. Dès 
ce moment y on yit le jeune prélat chercher à réparèlr 
les maux qui étaient le résultat du défaut de résidence 
de ses prédécesseurs » et surtout des guerres ciyiles qui 
avaient désolé le pays. 

10. Vers ce temps » il y eut un ; procès entre le 
chapitre de Luçon et le curé^de la Meilleraye » prés 
Pouzauges » procès que nousine mentionnons ici que 
par la singulière indication historique donnée pen- 
dant cette contestation. Les chanoines de Luçon disaient 
que la terre de la Meilleraye était de la première fon- 
dation de l'abbaye de] Luçon , faite par un roi d'An-- 
gleterre ^ prisonnier pour avoir. tué i/son frère j qui donna, 
disaient-ils , cette terre à ladite [abbaye. Depuis elle 
aurait été délaissée pour l'entretien d'un religieux qui 
était le chambrier et à raison de la résidence à 
laquelle l'obligeait cette fonction , il établit à la Meil- 
leraye un vicaire-perpétuel , dont le curé dudit lieu 
tenait la place. 

Ce curé contredisait le premier fait cité et amoin- 
drissait bien la prétendue fondation royale. Suivant 

46. 



364) À.-JfiAN>U PtESSIS-RiGHBUBU ; 28« ÉvâQUE. ( 1608 

lai , la terre [de la Meilleraye n'aurait été qu'un fief 
de la paroisse de ce nom , paroisse dans laquelle le 
chapitre prenait terrages, cens » rentes et deniers., 
fief ,augmenté|d'ailleurs par une moitié dans un autre 
fief, commun avec le^ seigneur de Puymorin et ce 
dernier|fief , aurait emporté^ non-seulement les mêmes 
devoirs que l'autre » mais même des droits de justice 
et d'assises. Or , cette dernière moitié , dans le fief le 
plus important .de la paroisse de la Meilleraye, serait 
advenue au chapitre , par uite de la donation que Id 
en aurait fait un membre de la famille de Puymorin» 
en se faisant religieux à Luçon. 

11. Peu après son (arrivée à LuçOn , il s'éleva des 
difficultés [entre l'év^e et les protestants de cette 
localité], pour la^constructioni; d'un temple. La lettre 
(1) suivante écrite à MM.^d^ Villamoul et de Hirande , 
délégués des ^.églises réformées de France à Paris, par 
le consistoire de Luçon , donne à ce sujet des détails qui 
ont quelque [importance : Aussi nous la reproduisons 
ici. 

« Messieurs , nous ayons entenda depuis deux Jours qae 
M. révesqoe de Lnsson a tascbé de préoccuper M.gr le duc 
de SnUy (1) , selon son entreprise , d'empescher le bâUment 
de nostre temple , supposant icelut estre trop prochain de 
son église cathédrale et qu'il pourroit advenir de la sédition , 
si nous le parachevons là ; et qu'il auit)it offert lieu plus 
commode : et de faire cesser tout Fintérest de nostre église 
pour les bâUments commencés. Mais la vérité se trouve 
' claire comme le Jour , tout au contraire : le Ueu de 

(1) Cette pièce est extraltef de U nouvelle édition des Mémoires 
de Duplessit-Mornay » publiée par M. Aogaig et ptr moi. 

(2) Il était gouverneur du Poitou. 



1609) Â.4BAllBirPUBSSIS-RlCHBLIBU,28.«ÉyÊQCB. ( 365 

nostre temple est loing de ladlcte cathédrale de quatre à 
cinq cents pas , de mesme de son palais ëpiscopal et presque 
de tous ceux des chanoines ; plus loin d*icelle de cent cin- 
quante pas qu'autres lieux où nous avons eu nos as- 
semblées , depuis yingt-cinq ans en çà , tant durant la guerre, 
qne nous ayions le presche vis-à-vis la grande porte de 
ladite église et à quinze pas d'icelle. Et depuis que ledit 
sienr évesqne a pris à louage le logis de sa demeure pré- 
sente f dont il nous a fallu retirer , nous nous sommes as- 
semblés y a six mois Jusques en ce lieu , qui n'est qu'à 
quarante pas de ladite cathédrale , et n'en est advenu , dieu 
merci, aucune sédition ni parole y tendant. Et si avons ren- 
contré souvent ledict vieux évesque (i) , allant à la messe , et 
nous au presche , on en revenant , outre qu'il ne nous a Jamais 
allégué cette raison prétendue, mais bien a confessé à quelqu'un 
des nostres que ne pouvions choisir lieu plus sur pour nous à 
Lusson , surtout au mauvais temps , et que la demande tour- 
nerait à nostre Incommodité , Joinct que nostre dit temple est 
enclos de toutes parts , des logis de ceux de la religion , parmi 
lesquels 11 n'y a qu'un seul papiste ; mesme nostre dit temple 
n'est dans son flef. Quant à la sédition , c'est sans sujet d'en, 
prétendre la -crainte et plus maintenant que Jamais , c'est la 
paix commane de tout le royaume , dieu merci , que par- 
ticulièrement entre les habitants de ce lieu , où elle a esté 
ferme , mesme durant l'embrasement de la guerre , ni ledict 
seigneur n'entend l'exciter ou la favoriser ; et ne p<Airrolt 
Justement se plaindre de pas ung de cêulx de nostre église -, 
ce qu'il nons a confessé plusieurs fois. Nous avons voullu 
lui répondre de tous ceux de nostre église qu'ils ne com- 
menceront la sédition et ne lui dénieront rien da ce qu'ils 
lui doivent « et vivront autant et plus modestement que 
Jamais , sans alléguer qu'il y a ici des officiers de Justice pour 
châtier les plus désordonnés. Et pour la récompense il nous 
a entretenu deux mois sur l'expectative d'en baiHer en lieu 
commode. Lui avons faict porter parole de deux logis de cette 
ville , avec rnng desquels nous eussions pu nous accommoder 

(1) On ne sait trop de quel ivêque il est ^uestioti ici > 



366} A.-JfiAl«DDPLBSSIS^RlCHBU£0f,28.« ÉTÊQUE. (1609 

par écliange ; sar quoi ne nous a fafct aocone réponse , 
Binon sar la fin de mars , qu'il nous a dit vouloir nous ré- 
Qompenser en argent, noas offrant 700 livres, tant pour 
nostre fonds que les matériaux et main de Tonvrler , va 
rexcessive perte de plus de 5 à 600 livres ;. par quoi le 
foit pris ne lai apporter aacun]troQble , et ne retarder à 
rentreprise de son bâtiment , ains loi te^ir la parole qu'il 
fit entendre à son arrivée en décembre dernier , disant avoir 
commandement du roi de nous entretenir en paix , tant de 
Tune que de l'autre religion , et son désir estre de ne nous 
incommoder [et de rien innover avec] nous. Hais se voyant 
esloigné de ses fins , il a usé de menaces envers nous , 
quoique sans sujet de plainte ; il non» a aUégné que nostre 
temple est trop prés du logis de sa demeure et que ai nous 
parachevions , cela poarroit causer du scandale. Nons avons 
répondu que (nostre dictj temple es! forl loing de son logis 
épiscopai et de tout lieu où se dict la messe ; et que celai 
de sa demeure àl présentj est à des mineurs de son église , 
nullement de son fief mais d'un gentUbomme 'qui relève 
nûment du roy , et qu'il pourrait se tSaire ciraprès , qqand 
nous nous serions retirés , que noua fussions encore trop 
préa , à aon gré , d'nng autre logis qu'il pourroit prendre 
on son successeur, et qu'ainsi ceste église açrolt toujours 
à recommencer ; ce qui tu| eauseroit des incommoditéf in- 
supportables ; lai avons {offert de teqir [fermée la porte de 
nostre temple qui aort en la rue de son logis , tandis qu'il 
y feroil sa demeure , mais il s'en est moqué. H a cherché 
occasion de se plaindre des J nostresl, a faici menacer 
quei^ues^ungs , disant ieeux ne l'avoir salué faisant sa 
procession devant leurs portes ; et s'est trenvé que l'ung des 
accusés estoit parti pour aller à Paris , trois Joura avant la- 
4ic|e procession, et Vautre desdits accusés, avoir esté 
4nrai|t ieeUe à 500} pas de son logis. Il a privé ung boa 
viei^ard d'un ofilce de sergent de s» terre de Lusson , sans 
q^'iceluy aye Jamais maJversè , n'ayant antre raispn , sinon 
qu'U eat 4e \a^ ^c^ligion réformée , ayant défendu eipresaè- 
ment à son sénéchal de recevoir aucune personne pour ses 
officiera q^e catboUqqea roo|iai9&* Bçef , 1^ i^ur^ pass^ , u 



1609) A.-JBAN SU PlESSB-RlCHELlBU» SS.*" ÊTÉQUE. (367 

a rebaptisé plHsiears personnes, lesquelles Tavolent esté en 
l'église réformée. Voilà au yrai ce qui s'est passé toacbant 
nostre temple et ses offres , de quoi vous aurions pieça ad- 
vertls qu'espérions pouvoir nous accoinmoder autrement et 
dont iroos supplions informer mondict seigneur de Sully , et 
tenir roide si Ton poursuit à nous incommoder , comme nons 
y sommes résolus , outre que nostre bâtiment sera prest à 
recevoir sa couverture , un coing dicelui estant ruiné , que 
la ploie a un peu ébranlé. Gependçint nous supplions l'é- 
ternei vous mainiei|ir en sa digne garde et bénir vos labeurs 
et ensemble favoriser de ses grâces et bénédictions nostre 
povre esglise , et cependant demeurons , Messieurs , vos plus 
affectionnés à vous obéir. 

Les pasteur , anciens et diacre de l'église de Losson , et 
an nom de tous, BONAUD, pasteur en 

ladicte esglise. 

Falet en eonsistoire , le 5 avril i009. 

iâ. NoQtcilereiis id , comme un type de cette manie 
des confiscations , mesure si ordinaire au moyen âge 
et qui s'était perpétuée jusques-là , une stiite d'articles 
adressés au roi vers ce temps ^ 'par l'évêque et le 
clergé du diocèse de Luçon. On y établit Tétat de dé- 
gradation des églises et édifices religieux , par suite 
des guerres civiles , et on y demande que les biens 
de ceux de la religion prétepdue réformée , qui ont 
commis ces dégradations , soient confisqués an profit 
de réglise , en dédommagements des dégradations par 
çnx commises. 

13. Si le clergé avait des prétentions exagérées à 
l'encontre des protestants , ceux^i aussi tendaient à 
dépouiller les ecclésiastiques d'une bonne partie de ce 
qui fermait leur dotation^ et notamment êa droit de 
iMisselage perçu par les curés dans Tévéché de Luçon. 



368 ) A.-JeAN du PlBSSIS-RICH£U£U, 28.» BVÉQUE. ( 1609 

Pour preuve , nous citerons » le passage suiyant des 
remontrances de rassemblée de Gergeau. 

56. Supplient aussi trës-bumblement yolre Majesté dedëchar- 
ger ceux de ladite religioD du droit de boisselage que les corés 
de plusieurs paroisses du Poitou et d'ailleurs , \eulent eiiger 
d'eux , combien que ledit droit non plus que les dixmes 
personnelles ne soient dus que par eeux auxquels lesdits 
curés administrent les sacremenls , et non pas ceux de la- 
dite religion qui en sont exempts par le 2.e article des 
particulières^ 

Sur cela , ïè^onseil d'état, rendit à Paris, le 18 
avril 1609 , la d^ision suivante , qui un peu plos 
tard fut revêtue de la signature , HENRY , 
Et plus bas » FoRGBT. 

6a Majesté veut et ordonne , conformément à Tarticle 25 de 
redit de Nantes , que ceux de ladite religion ayent avis et 
contrainte , par toutes voies dues et raisonnables , sous les 

peines portées aux édits , qu'ils payent et acquittent les 

dixmes et autres droits aux curés et autres ecclésiastiques, et à 
tous autres à qui elles appartiennent , selon l'usage et coa- 
tume desdits lieux , et au surplus l'article 2 des particuliè- 
res sera gardé. 

14. On a vu que le procès entre Févéque et le cha- 
pitre de Luçon avait été repris , peu après la nomination 
d'Armand Duplessis. Enfin, le 4 Juin de Tannée 1609, 
Févéque de Luçon et son chapitre passèrent une tran- 
saction définitive , par laquelle ils terminèrent les vi& 
démêlés qu'ils avaient ensemble sur divers objets. S 
yfut réglé et stipulé] que l'état des gro$ et a:utres biens 
de l'église de Luçon demeurerait sous l'administration du 
chapitre tel qu'il était avant le procès. Ce règlement 
embrassait la distribution de ces gros, le payement des 
distributions des chanoines , des officiers et du bas- 



1609 ) Â.-JBAN du PLBSSIS-RiCHSLIEU , 28.« BVÊQUE. ( 369 

chœur, et les autres charges du chapitre. Par la même 
transaction, la maison du Bourdeau, les oblationsde 
réglise 9 les entrées et réceptions des chanoines, les 
annates selon la bulle de sécularisation et le fief sa- 
cristain , restèrent à la fabrique. Quant aux répara- 
tions des ruines de l'église , il fut arrêté que le re- 
venu de la fabrique serait le premier employé et qu'on 
s'en servirait préalablement pour l'entretien du dedans 
de l'église , et les réparations] de la maison et appar- 
tenances du Bourdeau. Conformément à la même tran- 
saction , si le revenu de la fabrique venait à n'être 
pas suffisant pour réparer l'église , l'évéque s'engagea 
au tiers des réparations , pour cette fois seulement , 
et le chapitre aux deux autres tiers. Mais , les répa- 
rations finies , les chanoines se chargèrent pour l'a- 
venir de l'entretien, sans que l'évéque et ses succes- 
seurs pussent être tenus d'y contribuer en aucune 
chose , sauf les cas de vimaire , foudre et guerre où 
leur contribution devait être :dans la même propor- 
tion que ci-dessus. 

On décida [de plus que l'achenal de Luçon serait , 
conformément à une sentence de 1536 , entretenu par 
l'évéque , depuis le; port de Luçon jusqu'auprès de 
Taillefer à l'occident , et que le chapitre serait tenu 
au bot de l'achenal. Quant aux dépens , ils furent 
compensés entre les parties. 

a Ainsi se termina , dit M. de Beauregard , cette 
contestation > par une transaction où un prélat jeune 
encore et âgé seulement de vingt-quatre ans , fit la 
loi à son chapitre f. et donna des preuves de la su- 
périorité de son esprit sur tout ce qui l'entourait. 2> 



370) A.-JeAN du PLBSSIS-RlCHBLmn , â8« ÉTÉQÛE. ( 1609 

15, Du reste , il est à croire que Richelieu s'exécuta 
on ne peut niieux , en employant de fortes sommes 
aux réparations de la cathédrale et du palais épiscopal 
de Luçon. L'apparition des armoiries de la maison 
du Plessis, placées à la yoàte de la nef de l'église, 
prouvent le concours du prélat , car le chapitre n'au- 
rait pas consenti à l'application de ces signes , si cette 
dépense eut été faite par lui. 11 rebâtit également 
l'évéchéy où ses armes sont répandues aussi, avec 
profusion. 

16. Mais ces réparations en grand ne se firent sans 
doute que successivement et même plus tard. ïjn effet, 
Armand de Richelieu , que nous verrons arriver minis- 
tre dirigeant y revêtu de la pourpre romaine, possédant 
des revenus immenses et habitant des palais somp- 
tueux^ n'était à son arrivée à Luçon qu'un çvéque 
ayant des revenus très-minimes » dépourvu des objets 
les plus nécessaires à son . rang ^ et habitant un 
manoir tel que le plus petit propriétaire de nos jours 
aurait peine à s'en contenter. Quel contraste entre 
ces deux positions ! On trouve la plus ancienne très- 
bien établie dans des lettres, que nous allons donner , 
écrites par l'évêque de Luçon , vers 1609 , à M.me 
de Bourges , une amie de sa Camille, qui habitait 
Paris (1). 

Lie LETTB£. 

Madame , ayant permis à Gorbonnler de faJre on lonr à 
Paris , poar quelques affaires , J*ay esté bien ayse d'avoir 
cesle occasion de yoos assurer que si J'ay esté paresseux à 

(4) Cette dame demeurait devant les blancs manteaux > aaîvant 
\m adresses de sei lettres , qu'a donné d'abord D. Delort , 
dans ses Voyages aux environs de Paru. Paris» Ricard-^a- 
Bois: 1821 , t. f « l.re p. 101 et suivantes. 



1609) Â.-JeAN du PLESSIS-RiCHELIEU, 28.e ÉVÊQUE. (371 

YODS escrire , ce n'est pas tootesfois que le n'aye la mémoire 
qae ie doits ayoir de yoas , mais bien le peu de commodité 
qui se présente d'escrlre comme on youdroit ; car bien que 
nous ayons des messagers ordinaires , il ne faut que man- 
quer d'ane beare , poar perdre Foccasion d'enyoyer ses 
lettres ; le ne yeax point tant m'excnser , que le n'adyoue estre 
un peu beaucoup paresseux ; mais cela n'empescbe pas que 
ie ne recognolsse les obligations que ie vous ay et que ie 
ne soubaiste les moyens de m'en reyancber. Je songe , siir 
ma foy , tous les Jours à marier Madeleine (l) , mais 11 ne 
86 trouye ny gentilbommes ny autres qui ayent de Targent 
By du drap. Nous sommes tous gueux en ce pays , et moy 
le premier , dont Je suis bien fascbé , mais U y faut appor- 
ter remède si on peut. Tel que le soye , le suis bien yostre 
seryiteur , mais si inutile que le n'ose me prëyalotr de ce 
titre , que le désire toutesfois me conseryer A Jamais pour 
demeurer. Madame, 

Votre seryiteur humble, 
ARMAND , Eyes. de Lucon. 

n.me LETTRE. 

Madame , ]*ai reçeu les chappes que ypasm'ayez enyoyées , 
qui sont yenaes extrêmement belles , et ont esté reeeaes 
telles de la compagnie à qui ie les debyols;' Je yous ai 
un million d'obligations , non pour cela seulement , comme 
yoQs ponyez penser , mais pour tant de bons offices que ce 
papier n'en peut porter le nombre. Je suis maintenant en 
ma baronnie aymé , ce me yent-on faire croire , de tout 
le monde ; mais te ne puis que yous en dire encore ; car 
tous les commencementa sont beaux comme yons scayez. 
Je ne manqueray pas d'occupations Icy , ie yous assure , 
car tout y est tellement ruiné qu'il làut de l'exercice pour 
le remettre. Je suis extrêmement mal logé , car ie n'ay 
aucun lien où le puisse faire da feu, à cause de la fumé». 
Tous Jugez bien que ie n'ay pas , besoin de grand hlyer ; 
mais il n'y a remède que la patience. le youf puis assurer 

(1) C'était prolwbleinent une fille ou une nièce de M.me à^ 
Bourges. » 

47. 



372 ) A.-JBAN DU PiBSSIS-BiCHELIEIT 9 28.« ÉTÉQUB. ( 1609 

que J'ay le plus Tllain éyèchô de Franee , le plas eroUë et 
le plus désagrrëable , mais le yoos laisse à penser qael est 
réyêqae? n n'y a ici aucnn lien pour se promener , ny Jardin , 
ny allée , ny quoique ce soit, de façon que J'ai ma maison 
pour prison. le quitte ce discours pour vous dire qaenoas 
n'ayons point trouvé , dans mes bardes , une tonique 
et une dalmatique de taffetas blanc, qui accompagnoyent 
les ornements de damas blanc que yous m'ayez fait faire ; 
c'est ce qui falst que le croy que cela a esté oublié. Mon 
aumosnler deffunct dit qu'on yous l'enyoya de Noyseaq pour faire 
esternir les espaules, et que peut-estre cela aura esté on- 
blié cbez le faiseur d'ornements. Je yous supplie d'en scavoir 
la yérité , afin que le sache s'il est perdu ou non ; c'est 
une partie de la succession de deffuntM. de Luçon, car je 
n'ay trouyé autres ornements de luy que ceux là. H afalla 
que J'en aye faist faire d'autres pour la feste , car autrement 
Je n'eusse peu officier. Mais l'espérance que J'ay eue qu'il 
n'y auroit rien de perdu , m'a faist cl^oisir une autre cou- 
leur, affln que si on recouyre [.ce qui est égaré, fen 
aye de deux couleurs. 

n faut que Je yous dise que J'ay accepté le lict de yeloon 
de madame de Blarconnet, lequel Je faits accommoder, 
ensorte qu'il yaudra 300 liy. Je faits faire force autres meo- 
blés , mais il me manquera une tapisserie ; s'il y avoit 
moyen de changer les pentes de ce lict de delltint M. de iaçon 
de soye et d'or, ayec une tente de Bergame pareille à oelle 
que yous m'ayez déjà achetée , cela m'aecommoderoit fort. 
n y a encore à Richelieu quelques pièces dndict Uet comme 
le fond , et que Je yous envoyerois. Yous voyez comme ie 
yous escrits de mon ménage, qui n'est pas encore bien gamy; 
mais le temps fiera tout. 

ray pris un gentilhomme pour maistre d'hostel , qui me 
sert extrêmement bien et à yostre mosde , sans luy c'estolt 
mal. Mats ie n'ay besoin que de yoir mes comptes; car, 
quelque compagnie qui vienne me yolr , il scait fort bien 
ce quTfi faut faire. K^'est le Jeune Labroue , qui estolt gen- 
tilhomme servant de M. de Montpensier. À la fin on troare 
tout faist. Tout le monde ne pensoit pas , au commence- 



1609) À.-JBAN DUPLESSIS-RICHBLIEU, 28.«ByÉQUE. [373 

ment » qu'il fist tout ce qa'il faist , mais Je voas assure qu'il 
triomphe; Toat nostre faist va honorablement ; car on croit 
que le Bnis nn grand Monsieur en ce pays. Je vons entre- 
tiendrais toat aaJoQrd'hay, mais il se fais! tard, ce qal 
faist qne ie sais contraint de finir et de yoas dire que ie \ 
sois, Yostr^ bien humble serviteur , 

Ji^MANh , Éves. de Lnçon^ 

Madame, ie vous prie me fi^re faire im manchon de la 
moitié des peaux de marthe de M. le commandeur , coU'-- 
vert dé velours ras noir , car il faist froit çn ces quartiers. 
Tons me manderez , s'il vons i^aist , combien Je debvray & 
mondist sieur le commandeur, pour la moitié de ces peaux. 

madame Magdeleine trouvera ici que Je lui baise les mains ; 
Je erois qu'elle sera mariée à ceste heure. 

17. Noos avoine ya oomnotent Ricbeliea se trouva 
très-gêné et Hial établi à Loçon , lorsqu'il y arriva 
eo qualité d'évéque. Voyons-le à présent un peu mieux 
dans ses affaires et se préparant à aller à Paris , ea se 
disant bi^n» sans doute» qu'il n'était pas fiiit pour 
deneiirerjtoiqoiirg simple possesseur du plus tntotn / 
Au fPhis crotté et du plu9 désagréable évéché de France. 
Pour cela nous transcrirons une autre de ces lettres '^ 
à madame de Bourges. 

' in.» LETTRB. 

«Madame, cette lettre vous assurera 4e mon seq^venir 
et du service que Je désirerais vous pouvoir rendre , et /^çu^sl 
cérémonie , vons ^rler dé me départir toujours votre assis- 
tance en mes négociations , auxquelles Je pense , méditaiit 
déjà mon voyage à Paris, Je vous prie de voir s'il n'y aarall* 
pas moyen de trouver ime petUe tapisserie pareUleàoellé 
qne vous priâtes la peyne de m'acbepter, lorsque Jr'e^t^ip. 
malade, c'est-à-dire du prix, car Je n'ay pas besoin > de 
grand hyver , ma Bourse estant fort foible. 61 vous 



y 



374} A.-JbâNDU PlBSSIS-RiCHÉLLBU, 28.« EVÊQUE. (1610 

en Irovrèz une , voas m*obligerez de l'arrester , s'il tous 
plaist, et, pour cela, J*enyoye¥al ce qa*il faudra, 8l elle se 
troaye derant mon arrivée. Pour de la vaisselle d'argent, 
H. de Bourges scaist mon Intention, qui est d*en avoir, aa 
cas que le puisse tirer l'argent qui m'est deub à Paris ; mais 
sans cela , Je ne puis rien dire. Pour un logis , Je ne scay que 
faire , n'ayant point de meubles à Paris , et les logis estant 
si chers : si s'en trouve on à bon compte , ie le prendrois. 
Toutefois l'incommodité des chambres garnies estant grande, 
«insy que tous les ans , )'est)ëre dorénavant et que cela 
estant , Il Daudra que Je fasse hies provisions en temps et 
lieux. Mandez-moi vostre advis , car il faut que J'aâvoae 
que ie m'en trouve bien ; le vous prie aussi de me man- 
der ce que vaut le vin dans Paris , le muy , d'autant qa'â 
en faire mener d'Icy , il me reyiei^iroit à dix-sept escosla 
pipe , rendu en cave. Au cas que vous trouviez que J'en 
doibve faire mener , mandez^moy , s'il vous plaist , si on 
troQveroit où le mettre, fil vous me donnez bon conseil, 
yous m'obligerez fort, car Je suis fort Irrésolu , prinelpatement 
pour un logis , appréhendant fort la quantité des n^enbles 
qu'il faut. Et, d'autre costé ,. tenant do vostre homear, 
c'est-à-dire , estant un peu glorieux , Je Vou3rpîs bien , 
estant plus A mon ayse , paroistre d'avantage , ce qne Je 
ferois plus commodément, ayant un logis à moyj G'iest grande 
pitié que de pauvre noblesse , mais il n'y a remède centre 
fortune bon cœur. Je vous donne beaucoup de peine, Je 
TOUS en demande pardon, et vous supplie de croire qne 
Je suis , Madame , vostre bien humble serviteur. 

ARMAND > évcs. de Luçon. 
Ce 10 Juin 1610. 

- W.' Armand-Jean du Plessis , évoque de Luçon , 
^éfçidit hommage au roi , le 10 avril 1610 , à .cause 
4e son château de Fontenay , pour le tempiNrel de 
r4vêché. : On y trouve de grands détails et on y 
Kienlionne notament la moitié des péages sur Tache- 
Bal, en partageant avec le seigneur de Champagne , 
ef^ lé' droit ide visite et de policé , sur les denrées et 



1610) A.-JBAN BDPl.BgSIS-RlCHBUBU/28.«ÉySQUB. (375 

mardiaiidises arrivant par là ou mises en Vente à 
Lnçon. 

Il faut noter ici qu'à l'extrémité du diocèse de Luçoo 
vers les chateUenies de NaUiers et de Tlslêau , très>^ 
rapprochées du reste de la ville de Luçon , était là 
seigneurie de la Grenouillière ; dont le territoire s'é- 
tendaity de Touest à Test , jusqu'à la petite rivière de 
Corde. Cette même rivière, dont le cours est très- 
sinueux , était la limite entre les évéchés de Luçon 
et de Maillezais. 

19. A présent Tévéque de Lu(pn , bien assis snr 
Bçn siège* SQ-rend a la Meillerayev près de Partbdnafv 
voir soft oncle de la Porte; H-ynn aussi vlsitei' son 
riche prieur* de Côussaye ,• près Mirebeau , dont il 
était déjà ndotf avant d'arriver à. Vépiscopat. Et de là 
il écrit.» en,,septembre 1610 , toujours à 1^ d^meiqut 
s'oc^ltp^it ^ se9 intérêts pfècuniaires , madame, de 
BwigtSv è. Paris- y espérant même la voir arrivent 
ce prieuré , dans \m voyage qu'elle paraissait- être dâiïs[ 
l'intention de faire a là chapelle des Ardilliers» à Sdtujj})^.^ 
Du reste j^ npus allons continuer à donner ces docu- 
ments originaux,» :4ui offirentuQrVéritable intérêt. 

IV. LETTRKr-.Ji Jâ même..' 

Ifadauie ; mettant la- main à' la -pkmie ^om 'vouê^tmlrt , 
le VOUS' envoya maaittà et quand , -^e' cfu^ voas restoU ' ^ileDW 
dea ^niaea qao Yooa avez -fatep poar moy ; il y à quarante 
piatolea. et. vingt sols èB-monnoye., qai font les cent quarante- 
cinq liyrea dont ]$.^i^oa». ^stoU demeuré .redafablç. l?^awt 
ces Jours derniers p^r la Melleray e , J -aj appris de mpQ «focle. 
les traverses ^ue f on vous donne en vos affajreset^y.-pris 
part aux déplaisirs que vous en recevez. Toi^tesfois vostre 
conlract devant avoir lieu» comjne, tout cbacuB .res|ime^. 



376) A.-JBAN DUPLBS8I»*RlGHELIBU» âS.eBVÉQUB. ( 1611 

J'espère qoe yoas serez bientôt hors de rennny dont on 
trouble yostre repos. Je yoadrois avoir moyen de contribuer 
quelque chose pour vous en tirer , Je m'y employerois très- 
volontiers , et bien qae ma bourse ne soif pas garnie comme 
Il faot , si est-ce que là , vous offrant avec ce pen que Je 
pois, Je vous prieray de disposer de tout ce qui est mien, 
comme estant , Madame , 

Votre très-humble serviteur. 
ARMAND f èvèq. de Luçon. 
A Godssay , ce 28 septembre I6l0. 

y.e LETTRE. — A la même. 

Madame , envoyant ce laquais ^ Paris , J'ai désiré qa*a 
deeusl de vos noBVelles , que 'je me promets estre telles 
f«e Je les souhaite. Je me ré|onis de vostre voyage des 
ArdiUlers «.pour espérer le bonheof de vous voir en mon her- 
mitage de Goussay , où vous aurez Ko^i poavoir. Je voqs 
rends mille grâce de la peine que vous avez eue de veQdre 
ma taptsseMe , par-là vous connoisCre.z la misère d'un pau- 
vre moyne qui est réduit à la vente de ses meubles et à 
la. vie mstlqae. Ne faisant pas si tbst estât dé quitter ce 
^^Joqr , ppur preMre oeM de la ville ^ en qhelfue lien que 
Je sois^ vo|is pourrez yous assurer f|ue Je vpas souhailerai 
toujours, autant de. bonheur que personne au monde , comme 
estant vérftablenient , Madame , ' 

' Votre bleh humble servitear. 

,, : ! ' \, AJIMANt>9' éves; de Xi^on^c; 

YLa LCTTffEr — A là miême« 

Vli4ame, bieii-qiie iie^ lâttces. ne- vous pdteeoit eitit^fa'à 

l^ptKlupité , ie pe laisse toutesfdis 4e vous esorire pour 

vous témoigner le souvenir' quie'i'ar'de vous , el^ vwb ra* 

fr^^h^ir la mémoire de ceps qnLvcmairotventcoDtimemoy. 

*fe suis fascRè de ne pouvoir tous ieaunëigner que par 
përelè^ «drabiéki .je suis vostre servttenï', nislis ma foy. Je 
tàé :rdéôi|neis cH indlile qàe ma bonne* volonté ne sert pas 
héeiGrcoiip à ceux à qui Je' désire rendre du servtce.^ Ufant, 
à c« compté, que Je me plaigne de monmaùb^"*- *♦ crae 



16iâ ) À.-JBA1I BUPLESHS-RICHBIIBU, 28.« ÈVÈQm. (377 

le prie Biea qa'il me rende plas heareux à l'avenir ; qoand 
cela sera mes efforts vous confirmeront ce que mes paroles 
voas témoignent. Cependant Je vous prie de me mander ce 
qae me coasteront deax douzaines de plats d'argetit de 
belle grandeur , comme on les faists ; Je voudrois bien qu'il 
y ent moyen de les avoir pour cine cens escus , car mes forces 
ne sont pas grandes. Je scay bien que pour cent escus de 
plus , vous ne voudrez pas que raye quelque cbose de chétif. 
Je suis gueux comme vous savez, de façon que Je ne puis faire 
fort l'opulent ; mais toutefois lorsque f auray plats d'argent , 
ma noblesse sera fort relevée. Quand J'auray sceu le prix , 
Je vous envoyeray cinc cens escus , s'ils y peuvent fournir , 
et vous prieray de me vouloir faire eeste faveur que d'achever 
de me mettre en ménage , puisque vous avez commencé. Je 
TOUS Importune toujours , mais Je scay bien que vous ne le 
trouverez point mauvais ; c'est ce qui m'en donne la liberté 
et qui m'oblige à demeurer, 
Madame , 

Votre bien humble serviteur , 
ARMAND , Evéque de Luçon. 
Je baise les mains à Madame Magdelefaie , que J'estime 
être maintenant en son ménage. 

20. Un des premiers besoins du diocèse de Luçon , 
était rétablissement d'un séminaire. En effet , les 
prêtres manquaient» dans le Bas-Poitou» et ceux qu'on 
élevait à cette position n'avaient pas. généralement 
l'instruction nécessaire. Richelieu s'ent^dit donc ai- 
sellent d'abord, sur ce point» avec un bon nombre 
d'ecclésiastiques et les syndics du diocèse permirent » 
le âl avril 1610 » l'ét^lissement d'un séminaire à 
Luçon » et autorisèrent le prélat à imposer une soouiae 
de 3»000 livres sur les bénéfices de plus de 800 
livres d(e revenu » et des lettres patentes du roi » dn^ 
août 1611 » bomyologuèrent ces dispositions et ces lettres 
furent vérifiées au parlement , le 7 septembre 1612. 



378] A.-JBAN DU PLBSSIfr-BiCHEUEU, âS.e ÉTÊQUE. (1613 

Depuis, voyant rimpossibilité de reconnaître le 
revenu exact des bénéfices et de trouver la limite 
indiquée d'abord , on obtint, le 12 août 1613, de 
nouvelles lettres patentes à Taide desquelles les syn- 
dics taxèrent tous les bénéficiers non curés- Plusieurs 
et des plus riches, comme Tabbé de St-Michel-en- 
THerm et le Prieur de St-Georges-de-Montaigu résis- 
tèrent d'abord , mais à la fin ils se déterminèrent à 
payer. On s'occupa d'abord du matériel de l'établis- 
sement en travaillant aux constructions. 

H. de Beauregard parle, dans les termes suivants, de 
la fondation du Séminaire. 

ail (Richelieu) établit un séminaire à Luçon, et 
acheta de ses deniers une maison pour y rassembler 
ceux qui se destinaient à l'Eglise. Cette maison , étant 
trop petite, fut abandonnée, et M. de Colbert porta 
le séminaire au lieu où nous le voyons aujourd'hui. 
L'ancien séminaire était situé dans la rue qui va de la 
petite place près l'Eglise à la paroisse, non loin de la 
maison du bénéfice de St Flaive. 

a Cette maison , connue autrefois sous le nom de la 
Souchs fut achetée, le 12 mars 1612. J'ignore si une 
petite maison située vers la Plaine, sur le bord du 
Marais et qui portait le nom du Petit-Séminaire n'avait 
pas été achetée, dans le même temps, pour^ servir de 
maison de campagne et d'objet de promenade aux Sémi- 
naristes. Elle porte encore le nom du Petit-Séminaire. 
Sur le mur principal , qui est placé au nord , on lit ces 
mots, gravés sur une pierre: Seminaverit homo hoc metel. 
Peut-être aussi a-t-elle pris son nom de cette inscrip- 
tion? Quoiqu'il en soit, elle dépendait de la chambre 



eedéâiiisik[Q&«tilift«t ^itie dn ire1WBU<dfis âéniliairai. 
£Ub a été v«b4w en 1787.» 

22. C'fest à ratifiée' Ml 1 qoe doivent ^tre reportés les 
pitMlëi^ p» '8e Rifhdîeu dàas la carrière des affaires 
^publiques qui devait le eonduire si liaiit. Laissons parler 
a ce «ujet ocrtm qiii a é(M amtet neos , sur las évéque^ 

ce L'auteur delà vie du père Jpseph, qui devint Tami^ 
le conseil et Tarent du Carffinal , dit M. de Beauregard, 
fait remonter plus haut que 1614, l'origine de la favpur 
de Richelieu. II rappelle une négociation relative à Taf^ 
fifeice^ ftetevrault doutée yidigieuitfiit chargé par la 
aefaie, ea l6tl. CUitte afftrb^ étSàk aeiiéàte. Le yète 
Jo^efii prit ie oomèil de Richelien ^iiii sei^i'àit ipel* 
4^fi}i^ i isoii paneiw^J>d6SlU»cb^> ptëi «dé Mirebeau. 
i.'*affataB Tèossît auigrë de la Reine. Le père Joseph thi 
prrMiblii|r jeu attribua ^out ie «Dèrîteâ tlieheKeii étî^ 
Ipropplaià la ileiie^ «omne ui^ liomtii^ d'ua genre 
ékvé«t capable des ;plaft %t^faà0S ^MSaâres. to 
^ ^S; A't^^mOrt^ iUatbiiriii Bureau , écûyer ,; sej^ëur 
Ile !a ButrelHdre, habitant de )a paroisse dôBoufCârè, 
qtâ ariffa 1e**â3 ma/ltflS', le clergé qui mi^aît , avec 
iranseù, qu'i)n vôtilM ^enterrer ce géntllhominè dans 
l%lî»e, la fit lartiier avec soin. En «ffet ,* il n'y èiit 
irien\fa)>ord, tnais le ^ dudît n)ois lea Tporles furent 
ictitoneée^ et un grand nombre ' de prjofestanfs 
^votrturent procéder à f inhûmatiouj daiis TMïs^Vïir 
la dépouille mortefle de la BufTetière.Le clergé de 
aâipMciipeietIteic i Mi wBq ties s'y ^oièteii(^ù^iitïxïénU 
Parmi ceux qui apportèrenl: Je 4X>]9is 4ii i^^iPédé oiiiqui 
assîstèrefit à la cérémonie et sonnâr^it les doolsies 

48 



680) A.-JBAN DQPlBSSIS-RiCHBLIEU, 28.«ÉTÉ0tTE. ( 16i8 

étaiqnt Nicolas Sagot, seignear de laGirardière; Samson 
Morin , écuyer, seigneur de la Cfaâtaigneraye ; Baptiste 
Buor, ëcuyer, seigneur de la Lande-Baor; Isaac de 
Machecoul , écuyer, seigneur de la Toncbe ; François 
Suzannet, écuyer, seigneur de Ppnthabert, sénéchal 
deMontaigu; Samsqn Morin, éeuyer» seigneur de la Ca- 
dussière. Une information sur ces faits fut coounencée 
quelques jours après à la requête du procureur du Roi 
et du promoteur de Tévèque de Luçon , par Bareau, 
isergent royal, assisté de Jacques Chassulon, notairejde 
la baronnie de Montaigu. 

24.[ Nommé. député par le cletgé^de V i^oyincede 
Poitou I l'évéquQ tde Luçon âguva ainsi aux états 
g^oiéraux de Paris, en 1614 ,>û il joua, un grand rôle. 
Si ce fut Marguemont, arcbevéqae de JL^on ^ qui ré- 
pondit an discom^.da roi ; le jour de Touyeriai^de 
l'assemblée , le ^7oetQbre ; >i>, pins tard, Lacroix , 
éyéque de. Grenoble , M la^nemontrânèe au roi* , qaï 
demanda les celliers* ai}] plus lard^ pour br semaine 
suivante, ce fut Bjiclj^eliea.qui, le 23 février 1615, 
jour indiqué pour la çlôtm^e des él;aitst!^t,;la présen- 
tation , fut l'orateur jde tout le clergé, a (i } Sa baraogue 
eut pour objet le retrancbement de testes les dépenses 
excessives , eh gratifications et en . pensions, aecor* 
dées sans nécessité /la restitution . des biess de 
l'égiise possédés par lés biiguenots , racçompliss^odei^ 
du double mariage avec .^'JSspagne; la suppression de 
l'hérédité et de la vénalité des charges. 

« L'év^^ 4^(Xus(^ « pnçipWL eette ^ppresaioa 

(I): Apètçu hi'sfotique'sw' là 'eaitse et ta ttnne des étais gêné- 
roiMP* n-8 j ITSQ/âttfté A'àmd'avfteixr, 'd*ifiip^iixieur> ni de libraire. 



1618) A.-JBA1I D0 PUIflSIS-BlCHBIIBn^SS.* l6VÊQirB. (381 

avec véhëmenGe. De là, il passa aax ecclésiastiques. 
Il dit que les magistrats foisaient des entreprises sur 
Tautorité de l'église , et il exprima qir Toen sur la part 
que ses ministres devaient avoir des afEadres de Tétat (1). 

a Lorsque l'évéque de Luçon eut fini sa harangue , 
le président de Sénecey fit son discours, comme orateur 
de la noblesse. Ces deux ordres s'étaient si bien con- 
certés, que les points] les plus essentiels de leurs cahiers 
étaient calqués les uns sur les autres. La publication 
du concile de Trente , le rétablissement de la religion 
catholique, dans le Béam et ailleurs , une défense ab- 
solue des cours souveraines de se mêler de la foi , de 
Fautorité du Pape ^ des règles monastiques , des ap- 
pels conune d'abus , furent la base fondamentale de 
leur opinion. i> 

Sur ces demandes, on dit d'abord aux députés qu'on 
répondrait à leurs cahiers avant qu'ils partissent de Paris; 
puis , le 24 mars , sous le prétexte que ce travail était 
trop long , on renvoya les membres des états-géné- 
raux chez eux. ^Dans le discours de clôture , le chan- 
celier de Sillery , énonça cependant que le roi prenait 
la résolution d'établir une chambre pour la recherche f: 

des financiers , de retrancha les pensions et d'abolir 
la vénalité des charges. On sait que ces promesses 
n'eurent aucun résultat définitif. 

25. H. deBeauregard indique la conduite de Richelieu 
aux états de Paris, comme celle d'un homme pressé 
d'arriver, et qui serait enfin parvenu à ses fins. « A, la 

(I) C« discours • été imprimé, dans le tempi, ions ce titre : Ho" 
rangue prononcée , en la êalle du Petit-Bourbon, 4h 23 février 
1645 « à la clôture doêsétatê de Parié , (par J.-Arm. do Pussis- 
B1CBBI.UV.) In-^. Paris ( Sébastien Cramoisi. 



dMwe à» l'assemiièe t dit-il , il porta la pai^ au mm 
et l'égiiBe. Sm éiscôufà iaiprimé depuis fut fort goùfé 
alota^ il le serait pas aujvurd'buî. il j fit, au nom Ai 
cleii§p§f cteux demandes a« itn, qui firent, êès iors, 
connaître le désir qu'il avait d'entrer dans le ministère. 
L'une était de laisser à la reine-uère Marie de Médîcis 
le gouvernement des afiaires, l'autre d'appelé un plos 
grand nombre de prélats dans le conseil. C'étai4 exprUaef 
le désiff qu'il avait d'être choisi et w même temps flatter 
la reine et s'en faire une protectrice. »^ 

26. En 1616» les ;Jbèliments du s^oinaire de Luçna 
étant entièrement terminés, cm s'occupa d'organiser 
définitivement cet établissement il fnt reconnu que les 
DominatkMis et destitutions de régents et les règlemmls 
à faire, pour la conduite de ce lieu d'étude, appartien- 
draient à l'évéque et à ses successeurs. Le premier 
principal de ce collège fut Antoine Frossart, docteur 
en théologie, cbanoine préceptorial et curé de Luçchi; 
ii se livra de pies à l'enseignement des cas de conscience. 
Mais ce premier principal s'étant retiré, en seréseryant 
200 livrea de pension, on appela^ par contrat ùa 14 
décemlire 1616, les orateriens dans cet établisaea^ent 
et ils s'y établirent sans opposition. 

27. Les manœuvres de Richelieu, en ISli, et surtout 
sa conduite aux états de 16 14, ne tardèrent pas à avoir 
un résultat > appuyé que le jurélat fut par le mabrédial 
d'Ancre et par la marquise de GuerchevUle qui pouvaient 
tout sur l'esprit de la reine-régente. Cette piineesae le 
fit d'abord son premier aumônier, et, le 30 novembre 
1616 , le rqi le nomma secrétaire d'état de la guerre et 
dea affaires étrangères , emploi qu'on s'étonnerait 
bien aujourd'hui de voir entre les mains d'un évéque. 



iUl) â.4jb^kbp PlJ;SS]»-*RlCW].lBr, SB."" ÊVàQQE. (383 
AiBsî Bkhelî#u fqt enlevé 9 u«e yrenû^e fois», à 
soa diocè&e, pour 6tee enaplojè «uCgouYen^ement 
de réUt. Alors CoacUti Youlaît même lui faire doonei 
sa âtaiission du titre d'êvéque de Lufoii, maâs le jeune 
ministre» eounaîssant riostabilité des grandes charges, 
refusa de' se^'reodre au ^ir du {avorK Celui-ci insiâlat 
se fâcha méme^ mais Richelieu (rfTrit d'abandoouer les 
affaires et lareiue le retint ainsi, pour quelque temps, 
dans la nouvelle 'position qui lui avait été faite. 

28. L'évéque de Luçon ne tarda pas à perdre le pour 
voir qui avait été mis en ses mains pendant cinqmois 
seutement Un parti puissant s'était formé contre son 
protecteur Concini>o le maréchal d'Ancre, et ce 
personnage fut massacré , le 24 avril 1617. 

La reine-mère se retva à Bloîs et Richelieu crut devoir 
suivre sa protectrice dans son exil et refuser l'offre que 
Luyneslui fit de demeurer dans le conseiL II avait jugé, 
avec raison, que pour arrivera une grande puissance 
le mieux était de s'attacher à la reine-mère. Du reste, 
révéqoe de Luçon avait été assez adroit pour obtenfr 
un ordre de suivre cette princesse près de laquelle , 
pensait-on , il pourrait rendre de bons offices au roi 
ou plutôt à ceux qui gouvernaient en son nom. 

99. A Blois bientôt ftichelien porta ombrage à Luynes, 
favori de Louis XIII et qui était le véritable chef du 
ministère. On commença à s'apercevoir qu'il tra- 
vaillait surtout à rétablir la puissance de Marie de 
Médicis. On lui mgoigmt donc de quitter cette princesse 
et de se rendre dans son diocèse. 

30. Le palais éptscopal de Luçon avait cessé d'être 
occupé depuis 30 à 40 ans , et Richelieu n'en avait ha- 



384) A.-JEAN DUPLBS8I»-RlCHBLIE0t 28.«ÉTÉQUfi. ( 1617 

bitë , depuis son [arrivée en Bas-Poiton, qu'une petite 
partie, lorsqu'il avait cessé d'être dans une maison à 
loyer. Or, en 1617, de nouvelles dégradations se ma- 
nifestant, dans ce manoir, il fallut entièrement l'aban- 
donner. Alors et le 20 novembre de cette année le cha- 
pitre, pour arranger son évéque, lui céda une maison 
canoniale, touchant au palais épiscopal et bien pins 
habitable que lui. Sur cela Richelieu à son retour de la 
cour prit sa résidence dans [la maison qu'on venait de 
mettre à sa disposition. 

31. Vers ce temps , Richelieu établit un hospice de 
capucins à Luçon. La lettre ci-après, écrite par le 
prélat au provincial de cet ordre, se rapporte à 
cette fondation. 

Mon père , ayant ci-devant témoigné an R. P. Honoré qoe 
Je désirois établir an; hospice, en ce lieu et le R. P. Joseph, à 
qui J'en ai parlé, m'ayant fait connoitre qne Ton agrëeroit 
mon dessein , Je prends la plume pour voqs prier de vouloir 
donner commission de planter la croix ici, le plus tôt qa*fl se 
pourra. J'ai bien appris que vous ne pouviez accepter les 
convens que dans vos chapitres , mais qne celte difficulté 
ne- vous arresioit point , pour ce qui est des hospices. Cest 
ce qui me fait croire qne celui dont Je vous écris s'établira, 
si vous l'avez agréable , à quoi votre zèle vous portera , Je 
m'assure , si vous considérés qoe la fervenr qni est à pré- 
sent échauffée en ces quartiers , pourroit se refroidir avec le 
temps. Je ne vous en dirai pas davantage , pour vous con- 
vier de m'accorder ce dont Je vous requiers , sachant 
que vous contribuerez volonUers à ce qui est en vous, 
pour l'avancement d'une si bonne œuvre. Seulement Je 
vous conjure de me faire part en vos saintes prières et de 
croire que Je suis, mon père, votre très affectionné serviteur. 

ARMAND , évesqne de Lnçon. 
De Luçon , le 2S décembre 1617. 



1617} A.4BAJff]>0PLBS5IS«-RlGHBUBU,S8.<BVÉQD2. ( 385 

Deux ans après et ra 1619 , les capucins s'établi- 
rent i Fontenay-Ie-Gomte , et, quoique cette ville fût 
située hors de Tévéché de Luçon » le chapitre de cette 
cathédrale facilita cett^ création. 

32. Ce fut .pendant cette période de son séjour à 
Luçon et dans le teinps qu'il passa à son prieuré de 
Coussay, que Richelieu se livra à la composition d'un 
ouvrage de controverse intitulé : Les prifwipaux points 
de la foi cafholiquef défendus conlre récrit adressé au roi 
Vor les quatre ministres de Charenion, €e livre fut d'abord 
imprimé à Poitiers , chez Antoine Mesnier , format 
in-8». y en 1617. Ensuite et surtout lorsque l'évéque 
de Luçon fut devenu premier ministre , il en fut ftiit 
un grand nombre d'autres éditions (1); Gazllius a 
traduit cet ouvrage en latin et cette traduction a été 
imprimée, format m-8». , en 1623. Un protestant , 
David Blondel , a voulu réfuter le travail de Riche- 
lieu, par un volume inS."* , imprimé à Sedan , en 
1619 , soins ce titré : Modeste^ repense de la sincérité et 
vériU des églises réformées^] €onth]les iniceetii^es de Vé^f^ 
?«e de Luçon.- 

<x Cet ouvrage, dit M. de Beauregard , que l'au- 
teur de VHistoire'idelamère^et du fils assure avoir 
été composé eti six semaines , n'a point fait à Ri-f 
chelîeu, la réputation de théologien à laquelle il aspi- 
rait. On y retrouve les renseignements de Du Perron 
et de Bellarmih, mais;seuIement^daDS un ordre nou- 
veau. L'évéque de Luçon y décèle même une érudition 

(l) Notamment Paru, ia-8«^6i8; Paris, in<4, 1629; Rouen, in-8^ 
16dO; Paris; imp. t6jU\e , in-folîo , I6ï%. A la tête de eetle édition, 
on Tpit nae gravttf e repréaeiitant rauteor, arec t«tte .inscription au 
bas : Le grand Cardinal de Mtcheiieu, 



M6 ) A.4fiAN DU I^LBâSffi-R]€flBLmGr,'âB.*^^BrVfiQ€E. [ 161S 

très bornée. On peut reuArqaer qetil d Iraduif Rren- 
Itonus Jfbf us 9 nomd'm grmnnaSrien'cmfra^ partes 
mots : le Jfo»f« de Térmce. H ne connaissait pas ,^ans 
doute , Fauteur dont il parlait. 

« On doit étif^ peu ^terpris Au peu de soKâité des 
<wyr«tgœ tbéolQgifiies de Hicfadieu. fii^rak de ses 
études , à peine cocniiieneées ,. jfxt les mus ée sm 
évéchè « peut-4tre par les îdàes ée l'amMâon , ce prélat 
n'avait jamais py.dmiBer à la {théolcigte la tei^s 
iiu*exige une >étiKfe «fkprafandie et qui enteasse tant 
ûs choses, h 

Nëattmoitts , aotre^devaMcier a cru iaroir moififier 
ainsi 4u*il suit son epMieii tmr le livre de comiravBist 
ioiA i\ tsst qvesttmi ici» . ^ 

« iHalgtife i dH-ÂU ^t jdoUs portiaDs ee jugement sxr 
cet^uvrafe de Tév^ue <de Luçoa ; nova ne cj^vws ins 
«otts dissiunyler qs'H 31^ ijiroduit (juelqiiéa firaite. 
Jacques de Goras » genlilbominê proteatant^ après avoir 
«sscâftè irois ans IL de TiHteiHiâ et éte devum nnais^ 
ire; de. lemieiwa; eft Agenois , «t^aprii.de réfuter ce 
livre , mais les fortes preuves que lui offititaa lecture, 
le toucha au point qu'il, se déteiw^ina à embrasser la 
relijfion catholiques ii abjura ^a erreur eikre les 
inains de 1-évéque de Montauban. Cpras publia les 
motifs de sa conversion:» 4lai]y9im eavr9\ge imprimera 
Paris » ea tôe^., tn-lâ^ sous œiitre : JU^covti^mn 
de Jacques de Coras , dédiée à Nosseigneurs Idu Clergi 
Dans cet quyrage , il rétracte ses erreurs £t;e& parti- 
culier un livre qu'il avait fait paraître / cinq ans ao- 
ïiaravmil » intitulée UmpossibUitï de Vûmon entre Ti- 
ylise fifarmèen <a mméitne. (1) Corâsest fatrtèkirda 

(I) Voyea le dictÎQanaîre de Moreri, 



1619 ) A.-Jea.^ DtT PlESSÏS^RtCfiÉtlBtr , 2é^.« ÉttfQtlÉ. ( 3S7 
ppëme de Xonaç ^dopi parle Boileau ,: dans sa t* SiaJtire. 
le lonasIilcottiHi 8ii€lied)Mi9la f»oiig8fér«< ' 

33.. Iiisq0-id. te doyem du cb^fHii^e: di^, XuçaP' était 

Sébastien le BomfiheiHer, «bbé de la Cocbètfev fi^e.de 

rarebeyêque de iTaim portant lemémendB» é^e^electa 

fameux abbé de Rancé., L'abbé c(e la Cochére était Pami 

particulier de Richelieu qui le chargea de plqsie,ur3 

miâflîonft de confiance aiosi qu 'on le verna Jii^pjlô^ 

Ce persmmagei, cpii :dciviiii évéque^ é'Aitei^. cpiandlf 

le cardtaaf de Ricbeliétr eut qnfRê sofU^ éyéché,> 

donna sa résignation ^u déednat de Lui^on, enlt^i^^ 

Cet abaiidon fut faj^. en faveur d'un autrô ,a|i^f de 

KicheUeu, à s^i^m M Nicotaï Orceau » .i^banoÂn^ djf 

même ch«pîDreetJeils fùtadnvse par promiaianS'.éfc* 

irrrêes par le pape Paul V , le' tendes kaflendes de hmé» 

1618. Nicolas Orceau fut installé^ comîne dby^n d^e 

LuQOD» i6i4'9ij|idQ la m^e année. , ,, ;/f.,*"7..' 

%. OU' trouve^ sous Fànnée i^tô, MmètAsiftMB» 

de joui:, mais probablement du commencement' êë 

rannée une lettre écrite de Luçon au roi par Ric'hdiëù j* 

alors é^Aivie de ce diocèse. ti^mév\pf.0 

kà; cap e'fest Tœwpre d'oM «droit oouctiaan*. 



« Sircm 1/9 ne. maoimç^ai pas d'observer réligîcuâemeEii Ui^ 
CQlPioa?4emeoto de voir^ iiiai.e8téi; lie les ^i ratuis eb ce lieu 
^ oi^Jr'^l 4(A vçt^n^^ i^^4 prient , par.iiigi travail que yàt ^n^^ 
^ Xseprts contre Vbérëke. £q qaf^lQfie part que Je sois, voire 
^ «i^aj^4(ô« veee^ra dq^ preuves de moA ^ff^cLion et de ma 
^fidéUtf^', P'i9iy««t Jaif|ft|À eQ;, ni ne pouvant, avoir autre [hinï^ 
..deiW^t le^ l^pxi qo^ aon service., Je. ^^i^ bien, SEre/ qa& 
qa^^ifmw-^vm^^ q/i^a^ vejQ^eat moinç de bleq que U sin|c'ér[ié 
de unis iiftentl9f^.nel(QiJi^eafiiar^« tac^^Pt dévoua persuader 



> 



•■]' 



';rTi:.Tî;n 



3S8 ) A.-JeAN du PLBSSIS-BICHBUBV , 28.* ÉVÉQUE. ( 1619 

le contraire. Mais Je sais assuré que votre majesté daignant 
considérer mes actions, ils ne viendront pas à bout de leurs 
desseins. Lors, Sire, qa*il vous a pla de prendre le gouver- 
nement de votre état, votre majesté me fit Thonneor de rendre 
de moi les témoignages qu'an fidèle sujet doit attendre de son 
maître ;.en3uiie, elle me commanda de suivre la reine, sa 
mère, p^ur demeurer près d'elle. U y avait quelques-uns qui 
avaient dessein de m'éloigner delà confiance qu'elle me té- 
moignait. Ils tâchèrent de lui persuader qu'elle se devait défler 
de moi , parce que , disaient-ils , J'étais trop passionné pour 
le service de votre majesté ; maiâ tant s'en faut qu'Us passent 
parvenir à leura fins. Au contraire, la reine, votre mère, a*ayant 
qucune Intention que de vivrç en repos sous votre ol)éi8sance, 
s'aflécmlt d'avantage à me vouloir du bien et à se confier à 
moi. Quelques temps après ces personnes eurent recours à 
d'autres moyens et entreprirent de me rendre suspect à ceux 
qui sont auprès de votre majesté pour après me mettre en 
vôtre âisgcAoe;Dè8 lors, par leurs artifices « divers broits se 
r^ndirçnt que votre majesté n'avait pas pour agréable que Je 
fusse d'avantafi[e auprès de la reine votre mère; ce qa'ayant 
entendu , Je la suppliai de me permettre de faire un toar chez 
moi, pour quelques Jours,' afin d'avoir lien d'apprendre par- 
ëenlièremtol votre volonté. Depuis ce temps , Sire , J'ai vécu 
«( m^an^aisoi^ ,. priant. Dieu pour la prospérité de votre ma- 
Jcjâli^*^ recherchant, parmi mes livres, une occupation con- 
venâbié à ma profession. On m'a toujours témoigné que la 
vo'fo'nté de votre majesté était que , dans quelque temps. Je re- 
tournasse préside la^reine. votre mère: même 11 lui a plains 
m^n^ler qu'elle en était assurée de bonne part. Sur cela. J'ai 
attendu Ihonneur de vos commandements. Je croyais , Sire, 
qu'en .me gouvernant de cette façon , non-seulement Je de- 
meurerais exempt de blâme ^ en ta bouche de tout le monde ; 
iïïi\\s même que mes actions seraient approuvées de ceux qui 
me' vdqd'raiént le inoins de bien. N'ayant pas eu ce lionbear 
4ue Je melpromettais. Je tâcherai de l'acquérir et si bien faire 
(luécèuiqui me rendent de mauvais sét'vices se ferment la 
l^opcbé d'eux-mêmes; C'est, SireV^'but que Je me propose 
suppliant î)teu de ne me point faire miséricorde , si J'ai Jamais 
eu aucune pratique , ni pensée contraire à votre service. » 



1 619 ) A.-lBAN DU PlBSSIS-RlCHEUEC , 28.« ÉYÊQ17Ë. ( 389 

35. Mais II arriva que le parti qai triomphait , jugea 
qu'il existait toujours une "[correspondance et des re- 
lations entre Marie [de Médicis et Richelieu. Celui-ci 
fut , d'après cela , surj la demande de Luynes , le 
puissant du joure , et aussi à l'instigation du duc d'Es- 
pernon , éloigné du centre du royaume et exilé à Avi- 
gnon. Rendu dans les états du pape , l'évéque de Luçon 
eut à peine la facilité de voir quelques proches parents. 

36. Ce fut pendant son exil que Richelieu s'oc- 
cupait d'écrire des livres 'de^doctrine. Aussi c'est à 
Avignoù qu'il composa son Instruction du Chrétien ^ qui 
parut pour la première fois;, format tn-So, à Poitiers 
chez Antoine Mesnierj, en 1619. 

«c On compte , dit M. de Beauregard , jusqu'à vingt- 
quatre éditions de cet ouvrage. La dernière qui est de 
Lyon 9 inr\2 • 1656 , porte qu'elle a été revue et cor* 
rigée par • Son Ëminence » mais] elle Jest exactement la 
même. Ce livre a été traduit [en arabe » par le père 
Juste de Beauvais , capucin ; en basque , par Sylvain 
Pouvreau ; et en latin , par Gazilius. La singularité 
de]ces {traductions est une (adulation à la puissance du 
ministre. 

a Le livre est précédé de deux épttres dédicatoires ; 
la prenûère » à ses diocésains ; Tautre , aux curés du 
diocèse de Luçon , let elles sont datées du i.^^ septembre 
1618 (à Avignon}. Dans Fépitreaux curés , iLdéclare 
que son iDtention;,est que tous les dimanches et toutes 
les fêtes , ils lisent une leçon de son. instruction à la 
grande messe , et que la lecture s'en fasse distinctement 
et posément. Il signe; la lettre iltrès affectionné confrère 
et serviteur , ARMAND , Evéque dCjLuçon. 



390} AWSAN pUf LESSI9-BXCHBX.IEU» 28,* ivtQVB. ( 1619 

« Cet ^javrage est distribué par leçons et en forme 
de.catôcbisme^ La première leçon est un petit discours 
^tilulé: Le Curé au peuple qui [lui est commis. Dans 
cette leçon > le curé fait l'éloge de son zèle , celui du 
livre et pose les pretnieris principes de la religion. 
L'antecMT^ ce semble, n'aqrait pas dû lui-même chan- 
ter SG6 louanges. Le9 leçons sont au nombre de 28 
et finissant par cette formule : Vous prierez Dieu pour 
l'auteur de cette Instruction. 

c( Le^ autres leçons ont pour objet les douze articles 
du Symbole des Apôtres , les Conunendeme^ls de Dieu , 
ceuX'de TEglise^ les Péchés capitaux ;, TOraison do- 
minicale, la Salutation ^angélique et les Sacrements. 
Cet ouvrage peut être regardé comme un excellent 
catéchisme. La morale est jointe au dogme. Elle est 
brève j touchante, et surtout les principes sont clairs 
et à la portée de tout le monde. L'auteur qui péné- 
trait l'esprit de ses auditeur^ , craint de lès ennuyer , 
et quoigue la plus longue dp ses instructions ne pas- 
se pas dix à douze pages ^ il ordonne aux curés de Tes 
diviser. 

c( Le livre dont nous parlons est le catéchisme du 
diocèse de Luçon ^ mais mis squsi une ^utre forme qae 
celle qui lui a jeté don^^ée depui^. Nous avons vu Miles 
dllfiers ordonner Tlippression et la distribution d'un 
ouvrage .semblable , qui est celui de Gersén. Richelieu 
a voulu îiùitef cet exemple dans un temps où les 
catéchismes par demaiides et réponses n'étaient pas 
encore connus, ni en usage. » 

.37*, .On.trouvç^^.upé lettre dç révéqùè ,de. Luçon 
adressée à sop frère a^iné, ver^ cette époque ^ car elle 



»I19} A^AUHimiPUBSSe^HlCHBUM, SS.^'évAqijb. ( 391 
fat écrite 'd'ÀTJgQon. Nobs allons la transcrire id : 

Mon frère, le porteur s'en allant pratiquer son art â Paris 
(i), le n'ay pas voulu le laisser aller sans le charger de 
cestroifimotSr, pour vous dire que ie suis en peine de vofr- 
lie rôeeptkm à Paris , n'ayant recev aucunes nouvelles de 
vous depuis la venue de M. Burine , le Jeune. J'ai esté 
assuré , par ceste voye de vostre sanlé , dont ie loue Dieu , 
le suppliant qu'il vous la continue. 

Je vous prie de m'envoyer une belle Haquenée, mais 
belle toat-Â-fait ; s'il se peut , Je voudrais bien aussi que vous 
paissiez m'envoyer deux petites pièces d'orfèvrerie , de cent 
escfls les deux , pour Joindre à deux monstres et quelques 
autres petites pièces que Je veux donner au Ueu que vous 
scavez. 

De vous dire ce <qae Je désirerais , il m'est impossible ; 
seulement vous puis-Je dire que Je voudrois quelque chose 
conforme à ma condition. Je vous supplie me mander si 
vous sortirez d'affaire fians procès, et me croire , mon frère , 
vostre très bumble frère et serviteur. 

ARMAND , éves. de Luçon. 

ray prié H. de la Coohère de ?oas mettre es mains l'ar- 
gent qui 0era nécessaire pour les cboses que Je vous prie 
de me fairo achepier d'autant qu'il vaut myeux ne rien donner 
que de donner un maigre présent. Celui que Je veux faire ne 
sera pas fort grand, mais pour le moins consistera- t-il en plu- 
sieurs pièces. 

HtAfygnQtk , ce . « . . 

38. Pendant son séjour à Avignon , Richelieu crut 
devoir 9 par un acte marquant de munificence , prou- 
ver son attachement pour l'église cathédrale dont il 
était le prélat. En effet» le 12 février 1619 , il donna 
an chapitre de Luçon » la garniture de sa chapelle^ 

(1) Il 8*agit probablement d'va «Benbre de la iamille Collot. 



392) A-JbaN 0I7PL£SSIS-RICHBL1£U»28.«ÉTÉQ17B. (1619 

consistaat dans les articles suivants ; à savoir : une 
croix 9 un calice , des burettes » une cuvette à lunettes, 
six chandeliers , on bénitier^ un goupillon » deux grands 
vases à laver , deux grands bassins , deux grandes 
châsses de reliques (fj» une clochette et une botte à 
hosties f le tout d'argent vermeil : plus , une crosse , 
ses ornements et trois tentures de tapisserie de Flandre, 
qui étaient tant dans sa maison épiscopale de Luçon , 
qu'en sa maison de Goussay. .Ces tentures étaient des- 
tinées à tapisser le chœur de la cathédrale de Luçon. 

39. La reine-mére s'était décidée à la fin d'octobre 
i618, de quitter Blois et de se[ retirer à Ângouléme» 
sous la protection du duc d'Espemon , qui fit exprès 
le voyage de Metz, bien accompagné, et la conduisit 
dans la ville!, chef-lieu de son gouvernement. Cette 
fuite fut sur le point dé faire naître la guerre civile 
et les partis semblaient disposés à recourir aux armes. 

40. Dans cette position de chose , après un séjour 
de plusieurs mois à Avignon , Richelieu fut rappelé 
de cet exil , parce que la cour sentit qu'elle avait 
besoin de cet habile politique, pour négocier un rac- 
commodement entre Louis XIII et sa mère. 

Si on en croit un ouvrage déjà cité fâ) , oe fut le 
père Joseph qui intervint encore dans cette affaire. 
Ce religieux qui avait conservé des relations avec la 
cour , où on avait besoin de ses conseils et de ses 
lumières , fit envoyer , près de la reine , l'abbé de 

(i) Cet deux châsses étaient peut-être destinées à contenir lt« 
reliques que Ricbeheu avait données à son chapitre dès i617, et 
qu'il lui nt remettre par Kicolas Orceau, archidiacre d'A^ieoay. 

(2) Hisi^ du péri Joieph du Tremblay, 



1619) A.-JhANB0PLB88IS-RICHBLIBV, SS.^ÉVÊQUB. (393 

la Gochère» doyen de Luçon et ami du cardinal. Or, 
ce personnage n'aurait pas eu de peinera donner à en- 
tendre à Marie de Médicis, qu'elle devait, comn^e 
préliminaire d'un rapprochement , demander le rappel 
de Richelieu Cette princesse » du reste , se prêta d'au- 
tant plus à cette démarche qu'elle sentait que Tévéque 
deSLoçon, dans son propre intérêt à lui , avait le 
plus grand besoin de ce qu'elle pût revenir à la cour. 

41. Toujours est-il que Tévéque de Luçon fut engagé, 
par la cour , à se rendre d'Avignon à Angoulême où 
s'était réfugiée la reine-mère, pour opérer une récon- 
ciliation entre elle et son fib. a Tous les historiens , dit 
M. de Beauregard, remarquent que, dans cette occasion, 
il donna tout à son intérêt. Le raccommodement fut 
lent et peu sincère. » 

42. Un écrivain à qui nous devons la monographie 
d'un grand seigneur de l'époque (1) , nous fait connaître 
en ces termes les circonstances de l'arrivée de Richelieu 
à Angoulême. 

a Au plus fort des hrouilleries qui étaient dans cette 
cour, dit-il , et dans la plus grande difficulté des af- 
faires, l'évoque de Luçon depuis cardinal de Richelieu , 
se rendit, à Angoulême. Il n'y pouvait arriver dans une 
plus favorahle coi\joncture pour lui. La rein&-mère était 
lasse des conseils de .Rucelay (2), et n'approuvait pas 
quelques libertés qu'il prenait en sa présence. Leduc 

(!) Hiti. du dut d'Mtpernan» f« 3« p. i9A et «utv. 

(S) GéntiVliômme Florentin, dont le père s*était enrichi en France 
en Y faisant des affaires, te fils, pourvu ainsi d'une grande fortune , 
te ut donner de rîcfa^ abbayes, el se ItTra aux intrigues de cour. 



^94) A.-JBA1I DrPtiaSffi-IIlCHBZinffV 99.«'âvAQigB. (1619 

d'Esperoon en était très-mal satisbit ausai ^ et ne sai»- 

haitait rien tant que son l'éloignement ^ ea pour le 

moins quelque disgrâce. Le traité de paix s'en aliaiC 

d'ailleurs être conclu. L'éréqUe de Luçoa arrivant là-- 

dessus, ne pouvait manquer q«e dB toutes p»rl8, soit 

de la part du roi ou de celle dé la reine, on ne lui 

sût très-bon gré du succès , pomr peu qu'il' y contribuât 

et qu'il ne fât très-bien accueilli A la cour de larrin^ 

mère. Ce fut à mon avis un [des plus avantageux effets 

qu'il pouvait recevoir de sa bonne fortune et ce qui 

attira , par succession de temps , tous les^ autres grandis 

avantages qui relevèrent au point de grandeur où nous 

l'avons vu. Il vint mettre pied' à terre au logis du dae 

d'Espemon, et ne voulut pas seulement entrer dans la 

ville sans savoir s'il Taurait pour agréable /et le prince 

de trouver bon qu'il rendit h la rétne sa première visite 

en 99 compagnie. Le duc le reçut avec le plus favorable 

accueil qu!il se pouvait désûrer (j'y étais présent.) lia 

alldrciit ensembfe aa logia de 1» reioe, (gûâ fut dès lors 

persuadée, par le duc, de lui donner les ^eoAQx qu'elle 

n'avait encore confiés à personne, et de le faire chef de 

son conseil , ce qui fut fiiil dès le Imdemain. d 

43. Nous voyons encore /d'après le récit dtr même 
auteur, la manière dont eurent Heu les négociations et 
comment le duc d'Espemon dominait alors Richelieu 
qpai n'était encore que le modeste évéque de Luçon tont 
près d'arriver pourtafat'au poste de cardinal-ministre. 

<c Tandis que cette paix s'était traitée, dit-il , la plu- 
part des consetls avaient été tenus dàîift le legist da dac. 
L'évéque de Lucon y était très^âssidn. Il n'avait poibt 
d'autre toble que ta siettne. Il attendait souvent, diinssa 



1619 ) A.-JeAN bu PLESSIS-RiCHEUBU, 28.9ÉVÊQ0B. (395 

salle ou dans sa chambre les heures de sa commodité 
et nous lui voyons garder des respects qui promettaient 
des suites d'une très constante amitié. Le duc favorisait 
aussi tous ses intérêts , et était son ami partial et dé- 
claré en toutes choses. Nous verrons , avec le temps » 
le changement qui arriva à ces bonnes dispositions , et 
par-là, il nous sera jfacile de juger combien nous devons 
faire peu de fondement sur les volontés des hommes 
qu'une passion , un petit intérêt , et ce qui est plus 
léger encore , un simple soupçon est capable de faire 
changer en un instant. » 

44. Dans ces temps , parmi ces événements , si fa- 
vorables pour révêque de Luçon , il surgit bientôt un 
fait malheureux , qui le frappa dans ses affections les 
plus chères. Parmi les avantages qui avaient été ac- 
cordés à la reine » par le traité qui se fit alors et 
auquel Tévêque de Luçon prit la part la plus active , 
se trouvaient le gouvernement général de TÂiyou et 
les gouvernements particuliers d'Angers , de Chinon et 
des Ponts-de-Cé. Or , aussitôt l'évêque de Luçon fit 
attribuer à son frère aîné , du Plessis-Richelieu » déjà 
mestre de camp du régiment de Piémont , le gou-^ 
vemement de la ville et du château d'Angers , en 
même temps qu'il faisait distribuer les autres gou- 
vernements à des personnages de son parti , ses pa-^ 
rents ou ses amis. 

Sur la conclusion du traité et ses suites , Rucelay 
avait quitté la cour de la reine , ainsi que le marquis 
de Môuy , intime de celui-ci. Le marquis de Thémines, 
grand ami de ces personnages et surtout du premier 
ne pouvait quitter Marie deMédicis , était retenu prés 

50 



396 } A.^8iJf OU PLESSIS-BlCmUEC» 28.e ÉTÉOUB. ( 1619 

de cette princesse à cause de sa charge , et pourtant 
il voulut témoigner à ses amis la part qu'il prenait 
aux injures qu'iQl croyait que ceux-ci avaient eu à 
éprouver , en querellant ceux qui y avaient le plus 
contribué et ceux qui avaient seuls tiré parti des avan- 
tages obtenus par la reine, a Thémines » ayant entre- 
pris de venger les ressentiments de tous les aubres , dit 
un auteur déjà cité (1), feignit de vouloir tirer des éclair- 
cissements de Richelieu d'une chose assez légère. De 
l'éclaircissement , il s'en fit » comme c'est l'ordinaire, 
une querelle ; mais la partie ayant été diverses fois 
rompue par les amis , tantôt d'm parti , tantôt de 
l'autre ; un jour , en pleine rue , le marquis de Thé- 
mines monté sur un bidet ; rencontra Richelieti. Il mit 
pied à terre , ils parlèrent ensemble; l'entretien ne M 
pas long f on leur vit incontinent l'épée & la main , ie 
marquis se plia et gagna le dessous de celle de Riclie- 
lieu qui était plus longue que la sienne. En se pliant, 
il reçut un coup qui allait tout le long du dos et ne 
faisait qu'effleurer la peau. Mais, de la sienne, 9 donna 
du même temps, dans le cœur de Richelieu , dont il 
tomba roide mort par terre , sans jamais parler , ni se 
mouvoir. Je fus inopinément spectateur de ce coilbat 
avec quelques autres. Combien de grandes charges fu- 
tures vîmes-nous vaquer ^r ce petit coup , et qu'est» 
ce que ne devait pas espérer ce mort de rinfinie puis* 
sanco de son firère , dans le conrs d'une longue vie ! » 

45. Enfin la reine-mère quitta AngoulÔme pouraHer 
trouver le roi et se rendit au château de Goussières , 
en Touraine, appartenant au duc de Honthason , et y 

(1) Httt. du due d*Espernon^ 



1619) A.-JBA1I nu PlBSSIS-RiCHEUBV, 28.e ÉTÊQVB. ( 39? 

séjoama. Le roi voulant jEaiire plus d'honneur à âa 
mère » se porta là avec toute sa cour le lendemain de 
l'arrivée de celle-ci. « Ce ne furent à Tabord , dit un 
auteur (1) » que témoignages d'amour et de tendresse 
réciproques. Leurs majestés s'en allèrent à Tours, le 
même jour 9 et y demeurèrent qulque temps ensemble ; 
mais enfin , après toutes ces feintes caresses , le roi 
ayant repris la route dé Paris f laissa la reine plus 
mal satisfaite de se voir obligée d'aller à Angers , après 
les assurances qui loi avaient été données qu'elle ne 
quitterait plus la cour, qu'elle n'était contente de tous 
les respects dont on avait voulu/Qatter sa crédulité . » 

(( Dès lors , continue le même auteur , elle ( la reine- 
mère ) fit dessein de se ressentir du mauvais traitement 
de Laynes et d'obtenir » par une seconde guerre , ce 
qu'elle n'avait pu acquérir par cette première paix. 
L'évêque de Luçon devenu tout-puissant auprès d'elle , 
n'était pas marri de la voir dans ce sentiment. Il jugeait 
que , tandis qu'elle serait éloignée de la cour , le pou- 
voir de sa maîtresse n'étant pas grand , le sien ne serait 
que fort peu considérable , et cet esprit qui embras- 
sait déjà de la pensée le gouvernement de l'état, souf- 
frait presque plus impatiamment que la reine même , 
les obstacles qui s'opposaient à la haute ambition dont 
il était remplf. 

« Ainsi , dès l'heure même t il commença de réu- 
nir tous les esprits mal satisfaits du) gouvernement 
présent, pour les attacher aux intérêts de la reine 
mal contente. B ne lui fut pas. difficile de lui acquérir 
beanoMp* et partisants*... Le conte de Soissons et 

(1) Hit t. du due d'Eêpernon, 



3fB) A.-JJBAH JdU PlESSlS-RlCHBUEU, 28.e ^ÉQUB (1619 

la comtesse sa mère , les ducs de Longuevilie et 
de Vendôme y le grand prieur de France , les ducs de 
Mayenne y de Retz et plusieurs autres seigneurs de 
grande distinction , furent de la partie. Si le duc d'£s« 
pernon n'eut pas été dans la première affaire , il ne 
ne se fut pas engagé en celle-ci » 

47. Nous avons déjà fait connaître les dispositions 
prises pour rétablissement d'un séminaire à Luçon , 
puis nous ayons vu édifier ies bâtiments néces- 
saires pour cet établissement , et enfin , en dernier 
lieu on apperçoit cet établissement fonctionnant 
tout-à-fait. 11 rendait les plus grands services, lorsque 
révoque et les pères de l'Oratoire qui occupaient ce lieu 
demandèrent au parlement l'enregistrement des lettres 

• patentes constitutives de cette création, et qui étaient en 
date du 2 août 1613. Alors le chapitre , prenant toul-à- 
coup parti contre son évéque » forma opposition à ces 
lettres patentes et à l'imposition qu^elles autorisaient à 
percevoir prétendant que cette imposition était vexatoire 
et constituait une charge extraordinaire et trop lourde 
pour le diocèse. En tout cas, le chapitré contestait le 
mode de répartition. 

48. On a parlé, plus d'une fois,(lj du droit de lu- 
minaire exercé par la cathédrale de Poitiers sur les 
églises du diocèse de Luçon et de Maillezais, depuis la 
division opérée du 'Poitou, en trois évêchés, par le 
pape Jean XXII. Or, les guerres de i^eligion ayant mis 
obstacle au jugement de ce droit le doyen de l'église 
cathédrale de Poitiers se prétendant à raison de cela , 
doyen de l'église de Mareuil-sur-Lay, qu'il disait annexe 

(1) Yoyei aotamuieiit ct-desius p. 61 , 93 , et 3â8« 



1620} AJbAH mj PUB0a8-BlGOBLIB0 , 28.0 ÉvAqUE. ( S99 

de sa cathédrale et l^chapitre même de la cathédrale 
de Poitiers 9 firent citer les doyen et chanoines da 
chapitre de Luçon et les syndics de ce diocèse , poor les 
faire condamner de nouveau au payement da droit de 
luminaire prétendu dû à la cathédrale de Poitiers qui, 
disaient-ils, n'avait pas pu perdre à l'érection de 
Luçon et Maillezais, en évéchés, ainsi que le disait, du 
reste, la bulle d'érection. Armand-Jean du Plessis- 
Richelieu, évéque de Luçon, intervint dans cettejafTaire 
et son nom fut sans doute d'un grand poids dans la ba- 
lance , car par arrêt du parlement de Paris , du 7 mars 
1620, les curés du diocèse de Luçon, furent déchargés 
du droit de luminaire réclamé pour la cathédrale de 
Poitiers. Le succès fut de peu de durée, ainsi qu'on le 
verra bientôt. 

49. On était alors en crainte d'une nouvelle levée 
d'armes de la part des -protestants, et il est curieux de 
faire connaître , à cette occasion , un traité qui fut fait, 
le 21 juillet 1620 , dans une assemblée générale du cha- 
pitre et des habitants de Luçon « sans acception de 
croyance religieuse. Il fut dit en effet, que le chapitre, 
les habitants catholiques et les habitants protestants de 
Luçon s'unissaient pour défendre , de concert et dans 
un commun intérêt, ladite localité de Luçon, en temps 
de guerre. Par suite , on convint que les habitants se 
retireraient de nuit dans la cathédrale, les cloîtres et 
Tenclôture, en y entrant, pendant l'hy ver, à 5*heures du 
soir, et en été à 7 heures^ du soir, pour en sortir Tété 
à 6 heures du matin et l'hyver à 7 heures du matin. 
Les sentinelles des cloîtres devaient être fournies par 
les métayers du voisinage et les gardes par les habitants 



Md) A*-JbAII W PL«SM9*B«»»UBIJ» 98.* iiFÉQCm. ( ftfifl» 

du bourg* U0 conseil de neuf personnes ^ dont trois 
cbanoin^Sy s» habitants oathoUqpies et six habitant?» 
protestants était chargés de la direction de» afiEaif es, 
et ce conseil pou^aît délibérer an nombre de six 
menbres. 

Dans ce traité , on proteste qu'on veut »• mainUmir 
et conserver ensemble , selon la yolonté du roi , de la 
reine-mére , des princes et gourerneurs du royaume. 

Revenons à la série des événements politiques et 
généraux de Tépoque. 

50. Dans Tétat de chose, aignaté précédemmenU Marie 
de Médicis s'était rendue à Angers qu'elle considérait 
comme un nouvea« lieu d'exil qu'on lui avait assigné» 
et ses partisants , comme si ce n'eut pas été pouur &iffe 
la guerre au roi , mais pour agir contre le duc de 
Lugnes , son favori , et faire rendre à la reine-mère la 
position qui lui appartenait , armèrent dans leurs gou- 
vernements. Mais à ce point donné les ambitions des 
grands se croisèrent. Le duc de Mayenne qui avait 
réuni des forces montant à plus de 18,000 hommes 
voulait que la princesse vint se placer sous sa pro- 
tection afin de faire sa condition meilleure. A cela, le 
duc d'Espernon objecta que le départ de la reine de sa 
résidence d'Angers passerait pour une fuite et lui ferait 
perdre les provinces d'entre Loire et Garonne, et 
d'après cela il proposa de joindre ses forces à celles du 
djuc de Mayenne et de se rendre sur Angers où ib 
auraient renforcé l'armée de là reine de plus de 
28,000 hommes. 



Mao) k.4EAnvePiMËm^acsiBSLan^ SB^t^von. («dt 
51. Ce parti ne fat point aocepté par Marie de Mé- 
dias. Suivant Fauteur d^ cité (i), ce fot Tévéque de 
LuçoD qui fit décider que la reine ne quitterait pas 
Angers et qu'elle refuserait Toffire du duc d'Espemoo. 
Le prélat aurait tail prendre ce parti » parce qu'il ne 
voulait point qu'il y eût auprès de la reine quelqu'un 
qui pût le £adre déchoir du pouroir qu'il avait sur son 
esprit. Plus tard il interpréta d'une autre manière et 
dans l'intérêt du roi, le conseil qu'il avait donné. 

52. Alors commença la guerre entre (le roi et les 
partisants de la reine-mère. C'est cette guerre qui , 
réduite à de minimes proportion» » a été appelée Ai 
guerre des Pœ/Uê^ie^Cé. Le roi , s'étant d'abcxrd rendu en 
Normandie, soumit la ville deCaen, qui s'était dé- 
clarée pour les mécont^ts. Puis arrivé en A^u , 
avec son armée , il eut de nombreux pourparlers avec 
sa mère , par ambassade. Enfin, Louis XIII fit attaquer 
les Ponts-d&Cé , et après un léger combat , toutes les 
forces de la reine se dissipàrent. 

$3. Après la débite et les défections des siens» la 
reine-mère ne se trouva plus en position de continuer 
les négociations >t il lui fallut subir la loi de son flls, 
ou plutôt celle du duc de Luynes , favori de celui^ïL 
De cette manière tous ceux qui avaient pris parti par- 
UM les [mécontents furent laissés h la merci du pouvoir. 
Quant à Marie de Médicis , il lui fut permis d'aller à 
la cour, a C'était , dit un écrivain à qui nous avons 
emprunté d^à [2] tout ce que désirait l'évéque de 

(1) L'bîftoriêa du dnc d'Espernon. 
(S) tiiêt, du dut d*Etp€rnon, 



402} A.-lBANMPtBSSI8^Rl(aBLlS!r, SS.^ÉVÊQITE. (1620 

Lnçon. Aussi prit-on de cela sujet de dire qu'il était 
d'accord avec les ennemis de la reine avant leur 
arrivée ; qu'il avait empêché la réunion de ses forces 
et détourné les personnes capables de comman- 
dement de la venir servir , étant bien assuré d'obtenir 
la seule condition qu'il désirait , sans se mettre en peine 
des autres serviteurs de la reine. Je ne me rends pas 
garant de ces bruits , mais ils eurent cours en ce 
temps-là. » 

54. Ajoutons que l'évèque de Luçon, pour se rat** 
tacher au favori , le duc de Luynes , par des liens de 
famille, négocia à ctf te époque, le mariage de sa nièce da 
nom de Yignerot du Pont-Cpurlay , avec le marquis de 
Combalet , neveu du favori de Louis XIII. Ce même 
favori, si puissant, si riche , ne tarda pas, du reste, 
à cesser de vivre et à laisser ainsi le champ libre à 
Richelieu. 

55. La récompense de Richelieu , pour la négociation 
entre la reine-mère et le roi , fut le chapeau de car- 
dinal , qui lui fut accordé par le pape Grégoire XY , 
le 5 septembre 1622 , sur la demande de la cour de 
France, qui d'abord avait sollicité cette distinction 
pour un autre prélat. 

56. C'était la reine-mère qui avait demandé conmie 
la condition principale, en quelque sorte , de sa ré- 
conciliation à son fils , que son favori Richelieu , fftt 
élevé au cardinalat. Aussi Marie de Médicis , ne revint 
à la cour qu'après avoir eu la certitude que l'évèque 
de Lnçon avait été , par le Souverain Pontife , revêtu 
de la pourpre romaine; et quand ce prélat eutf|reça 



1622 ] A.WBAIf DU PUSaSI^BlCfinUED» 28.« ÉVÈQUft. (403 

en grand appareil la bârette de la main dn roi et qu'il 

eut rempli les formalités d'usage » il se rendit auprès 

de Marie de Médieis , et il loi dtt que la pourpre dont I 

il lui était redevable , le ferait toujours souvenir du 

yœu solennel qu'il avait fait de répandre son sang» 

pour son service. On sait comment fut remplie, plus 

tard , cette protestation du plus grand dévouement. 

57. Ce titre de prince de l'église romaine n'était 
qu'un marchepied offert à Richelieu , pour arriver au 
dernier degré du pouvoir. Le connétable duc de Luy- 
nes étant mort» le crédit de la reine en fut relevé. 
Elle eut donc entrée au eojosejl de son fils et die y fit 
admettre Richelieu » qui bieatftt y prit la première 
place. 

58. «t Pendant que Richelieu » dit M. de Beauregard, 
mettait , à profit les intrigues de la cour et qu'il for- 
çait, par adresse, Louis XIII à soUiciterpour lui le 
chapeau que ce monarque desthiait à un autre , le 
diocèse et la ville de Luçon étaient encore le théfttre 
de nouveaux troubles. Les habitants de cette viHe 
étaient en état de guerre ; elle était gardée avec soin 
par les bourgeois confédérés avec le diapitre. Ghaccm 
à son tour faisait la garde le jour et la nuit. Peut-^étre 
qu'on négligea ces sages précautions. Soubise humilié 
devant St.-]ea&-d'Angély , et qui avait été obligé d'im- 
plorer la clémmce du roi , reprit les armes , tomba sur 
Luçon , le l.er de mars 1622 , s'en empara , pilla 
l'église , la ville , mit le feu aux archives de l'évéché 
et causa de grands dommages , constatés par un procès- 
verbal que nous rapporterons. Ces dégâts durèrent ^ 
sept jours. 

5! 



404]'^Â.-J£AN DU PLESSIS-RlCHBUElTy 28. e ÉVÊQUÉ. ( 1622 
D'après Arcère (1) , la ville de Luçon se racheta do 
pillage f moyennant une forte rançon. Le récit de 
Thibaudeau (2) semblerait faire croire le contraire. 
<K Soubise y dit*il ^ avait 7,000 hommes de pied et 
600 chevaux. Les principaux chefs de son armée étaieot 
le comte de Marenne, La Mothe-St. -Surin , Yaudoré, 
Ballebat, RoUandière : ils avaient trois pièces de canon 
de fonte et quatre de fer. Ces troupes pillèrent Luçon, 
et firent toutes sortes de profanations dans les ^lises. » 

S9. Notre devancier n'a pas dcmné le procès-verbal 
dont il parlait , mais nous l'avons retrouvé. Il est ré- 
digé par des magistrats y le 13 avril 1622, pour cons^ 
tater les dommages faits à l'église cathédrale de Luçon 
et aux édifices religieux des environs et dépendances, 
et donne des détails sur cette levée de boucliers. On 
y constate. que Soubise, soi-disant chef des églises 
prétendues réformées des provinces de Poitou , Anjou , 
AuniSf Saintonge et autres, pour le service du Roif serait 
venu loger avec ses troupes, dans le bourg de Luçon, 
le dernier jour de mars précédent, et y aurait séjourné 
jusqu'au 7 du mois d'ayril, alors courant ; qu'ils se^ 
raient délogés, après avoir commis plusieurs voies 
d'hostilité, ruiné Téglise cathédrale, pillé, brûlé, 
déchiré où emporté les titres et papiers de révécbè et 
du chapitre. On indique une foule d'autres faits , no- 
tamment l'enlèvement des cloches et des goutières de 
plomb de l'église cathédrale , et la destruction d'oo 
bon nombre de tableaux^ à l'huile et de sculptures en 
bois. Ils auraient fait brûler JuchegroUe et la Maison- 

(1) Hist. de La Rochelle. 

(2) Hùt, du Poitou. 



A.-JJSAN DU PUSSIS-RlCHSUBCi 28.« BYÊQUB. ( 40& 

Neuve de Triaizë, emmené les bestiaux de ces* 
domaines et dégradé l'église dudit lieu de Triaize. Du - 
reste , nous donnerons, plus tard, au moins en partie, 
(1] cette pièce intéressante. 

60. Une lettre autographe , et signée Armand de 
Richelieu , évoque de Luçon doit , nonobstant son dé- 
&ut de date , être placée vers l'époque oA nous nous 
trouvons arrivés. Cette dépêche est adressée aux députés 
du clergé de Luçon , et Févéque leur enjoint de faire 
£aih*e une information des vexations , piUeries et misè- 
res dont ils ont été travaillés et dont ils se ressentiront 
long-temps. Le prélat leur annonce qu'il veut leur pro- 
curer du soulagement et qu'ils doivent faire faire une 
information de ces griefs, afin qu'on y puisse remédier, 
en indiquant les décimes qui ont été levés par les chefs 
des révoltés , et en faisant connaître que depuis six 
mois, le pays est plein de gens 'de guerre , ruinant 
indifféremment tout le monde , et les ecclésiastiques 
plus que les autres. 

Nous croyons que c'est d'après le contenu de cette 
lettre, qu'aura été rédigé le procès-verbal dont nous 
avons fait connaître les principales dispositions. 

61. Le prélat n'oubliait pas alors de pourvoir à la 
conservation des biens de son église. En effet, on% 
trouve que le 29 avril 1622 , il fut accordé, par le roi 
Louis XIII, à Armand^ean du Plessis de Richelieu, 
évéque et baron de Luçon , aumônier de la reine- 
mère , une sauve-garde pour ses possessions , avec au- 
torisation de faire tous actes conservatoires de ses. 

(1) Voir les pièces jastificstÎTes. 



Mfi) A.-JBAH bu PUSfilS^BlCHSlIEUt 2&e ÉtAOUB ( 1622 

droits et d'exercer toutes contraiiitas contre ses 
débiteurs. 

62. Laissons notre savant devancier continuer d'es- 
quisser le résultat définitif de cette levée de bouclien 
de& protestants en Bas^Poitou. 

a Le rebdle ( Soubise] , dit M. deBeauregard ^ s'em- 
paira des SabkMl'Olomie , qu'il mit à eonblbutiofi , et 
dont il exigea une siNonne ^rme , proporti(MUiée au 
courage qu'avaient montré ses braves habitants* 

Nous trouvons des détails, à ce sujet, dans un 
ouvrage spécial à la province (1). 

« Soubise , dit Thibaudeau , alla assiéger les Sables- 
d'Olonne , où il avait quelques, partisants : les gentils- 
hommes qui s'y étaient renfermés , forent tués , après 
une vigoureuse résistance. Les Olonnais , voyant qu'ils 
ne pouvaient se défendre plus long-temps , demandè- 
rent composition au duc de Soubise. On lit , dans 
y Histoire de la Rébellion , que le duc répondit qull 
ne voulait traiter qu'à deux conditions ; la première , 
qu'on lui donnerait cent mille écus ; la seconde , qu'on 
lui livrerait les plus belles filles de la ville à discré- 
tion, pour lui et ses favoris. Bayle , dit que ce récit 
est un^ midimfice qui a tout Vair d'une càlomme. Les 
ptonpaîB, ne pouvant payer la somme qu'on leur 
demandait , et ne voulant pas se soumettx'e à un teaité 
au3s| honteux ;, répondirent que Soubise était rnsÉàre 
de lewr ville et qu'ils se r^adai^t à discfétioa« 

« Le duc leur proposa d'airtres a)nâitions; ee fut 
de lui payer 20,000 écus, lui fournir 80 piôces de 

(1) Htst. du Poitou. 



J 



i6S2) A j£Al» BU PUSSSIS-RlCHBLUBU , 28.« ÉVfiQUB. ( 407 

canon et trois vaisseaux; il leur offrait ce moyen de 
se racheter du pillage. Les Olonnais acceptèrent ce 
traité et l'exécutèrent ; mais Soubise ne tint point sa 
parole ; il permit à ses soldats le pillage pendant deux 
heures. Ils y commirent tous les désordres imagina- 
bles ; emportèrent les calices , ornements et cloches 
des églises , brisèrent les images , profanèrent ce qu'il 
y avait de plus sacré ; ils firent des drapeaux des plus 
beaux ornementa, enlevèrent tout ce qui appartenait 
aux habitants, et les laissèrent presque nus, expo^ 
ses à la plus grande misère. » 

Il y a du vrai dans cela , car quant à la destruction 
des églises et de tout ce qui tient au culte , Soubise 
s'y employa et y fit employer les siens , de telle sorte 
que son souvenir , sous ce point de vue , s'est conservé 
en Bas-Poitou ; mais quant à l'une des conditions qui 
aurait été d'abord imposée aux habitants des Sables , 
c'est ime de ces fibles accusatrices que l'un des partis 
ne se faisait pas fiiute alors de déverser sur l'autre. 

63. Ici se place un des principaux faits d'armes de 
cette campagne, le combat des Roches-Bariteaux , 
pour lequel nous laissons parler Thibaudeau (1). 

« Le comte de la Rochefoucault rassembla la noblesse 
du Poitou , pour aUer venger ces brigandages et lui 
donna rendez-vous au château des Roches-Bariteaux^ 

c: L'Echasserie avertit les gentilshommes de ses 
amis et ses voisins , qui se rendirent à son château , 
le 24 février, au nombre de 30 cavaliers , et le même 
jour ils allèrent aux Roches-Bariteaux , où le seigneur 

(1) Hi$4. €Af Pàtiou, 



408) A. -Jean du Plbssis-Ricbelieu, fiô.® étêqûe. ( ie22 
da liea avait assemblé un bon nombre de cavaliers. 
Le comte de la Rocbefoucault leur envoya dire de se 
jeter dans Talmont y que Soubise menaçait d'assiéger. 
Ils partirent des Roches , le !.<'<' février , au nombre 
de quatre-vingts chevaux , maîtres et valets , et trente 
mousquetaires. Un ^ parti de rebelles, qui était à 
Mareuil , instruit^ de leur marche , se présente sur le 
chemin pour les attaquer. Ils étaient en beaucoup plus 
grand nombre que les catholiques : plusieurs étaient 
d'avis de se retirer ; mais les Roches-Bariteaux ré- 
pondit qu'il n'avait Jamais fui et que, combattant pour 
son Dieu et son Roi , on ne devait rien craindre. Ayant 
ainsi encouragé sa troupe , il la disposa à recevoir 
avec avantage l'attaque des ennemis ; il rangea ses 
mousquetaires dans un lieu convenable , se mit à la 
tète de sa cavalerie» le pistolet à la main ; il ne voulut 
point prendre de salade ou armure de tête , afin de 
pouvoir plus facilement se faire entendre et comman- 
der. Les troupes de Soubise s'étant approchées d'en- 
viron cent cinquante pas, furent étonnées de voir 
que celles des catholiques avaient si bonne contenance 
et les attendaient de pied ferme. Les rebelles s'arrê- 
tèrent un instant ; ils paraissaient n'oser aller plus 
loin. Les Roches , voyant leur inaction , avança lui- 
même de cinquante pas , en les appelant au combat. 

a Cressonnière , lieutenant de Soubise , s'approcha 
alors avec sa troupe. Les catholiques la reçurent avec 
courage : le combat dura plus d'une heure et demie 
jusqu'après le coucher du soleil, sans qu'il y eût un avan- 
tage décidé pour l'un ou l'autre parti. Les Roches, ayant 
eu son cheval tué sous lui , combattit pendant une heure 



1622) A.j£A5BUPLESSIS-RlCfl£tIBU, ^S.^ ÉTÉQUE. (409 

à pied ; son chapeau , ses habits étaient percés des 
coups qu'on lui avait portés; il ne reçut cependant 
que deux blessures légères à la tête ; le comte de 
Grasset (l) , son fils ^ fut blessé à la main. Montorgueil, 
lieutenant de des Roches^Bariteaux , se distingua aussi 
dans ce combat , et se tint long-temps sur le champ 
de bataille avec douze des siens en criant Vive le Roi ! 
tandis que les troupes calvinistes se retiraient. L'Echas- 
serie , ayant eu son cheval tué , fut blessé d'un coup 
de carabine au défaut de sa cuirasse , et mourut la 
nuit suivante. Logerie , qui n'avait pas de cuirasse , 
fut tué des premiers. Les catholiques perdirent quinze 
à seize hommes , le chevalier d'Âsson fut du]^nombre 
des blessés. 

a II y eut 60 ou 80 morts du côté des rebelles. 
Cressonnière , lieutenant de Soubise , fut fort regretté 
des siens ; son fils » le baron du Petit-Château , fut 
blessé à mort ; le baron de la Grève fut aussi blessé. 
On compta parmi les morts ^ la Cbateneraye de Mon- 
taigu , le fils du seigneur de la Maison-Neuve-Mon«- 
tournais , Marmende et son fils , les Beaupré de 
Chasselendière. On en trouvait tous les jours quelques- 
uns de morts , dans les pâtis , fossés et buissons où 
ils s'étaient réfugiés , après avoir été blessés. Le roi , 
instruit de ce combat , témoigna à les Roches-Bariteaux 
la satisfaction qu'il avait des services qu'il lui avait 
rendus. Pour le dédommager des pertes et des dépen- 
ses qu'il avait faites , il lui donna les biens du baron 
de la Grève , qui avait été tué dans cette action. 2> 

Cette confiscation probablement ne fut que provisoire, 

. (I) Lisez le comte de Grastay. 



410) Ai-JEÂNimPLESSIS-RlCHELIEIT, 28.«£rËQl7B. (1632 

car la famille Darcot , hérita des biens da baron de la 
Grève , qui portait ce nom. 

64. <c Soubise » continue M. de Beanregard , youlat 
se jeter en Bretagne , mais le roi à la tête d'nne armée 
légère ^ renforcée par toute la noblesse du Bas-Poitou, 
qui vint se Joindre squs ses drapeaux, marcha contre 
Soubise. 

a Ce prince cainpa à Challans , et ne voulut pas en- 
gager le combat contre les ennemis de la religion 
avant d'avoir invoqué le Dieu qui donne la victoire. 
Les registres de la paroisse de Challans , qui conser- 
vent un procès-verbal ou journal du séjour de Louis 
Xni dans cette petite ville , rapportent les nouKS des 
seigneurs qui » à l'exemple du roi voulurent faire 
précéder le combat par les sages et précieuses pré- 
cautions dont s'honorent des héros cjirétiens ; presque 
tous les chefs communièrent. Soubise se jeta dans l'ile 
de Riez 9 dans laquelle il eut été inattaquable , si la 
présence du roi n'eut inspiré aux chefs de son année 
une audace courageuse qui leur assura la victoire. 

65. <c L'Ile-de-Biez , était alors défendue par la mer, 
par la rivière de Vie, qui n'offrait aucun gué et par 
un canal impraticable. L'armée du roi l'y suivit , en 
profitant , pendant la nuit d'un seul moment qui per- 
mettait de passer un bras de mer qui , à son reflux, 
était aux troupes du roi toute espèce de retour , sinon 
par une levée où à peine quatre hommes eussent pu 
passer de front. Soubise , étonné de. tant de courage 
et peut-être déconcerté par la présence du roi , n'osa 
soutenir le combat. Avec des forces supérieures , il 
fuit honteusement ; son armée fut entièrement détruite ; 



16ââ ) Â.-JBAN DU PLBSSIS-RICHBLIEIT , 28.« ÉYÊQUB. (411 

plas de deux mille hommes furent tués ; comme ils 
s'embarquaient sur la rivière de St -Gilles » plus de sept 
cents furent faits prisonniers , parmi lesquels on comptait 
cent gentilshommes. Le chef rebelle eut lui-même peine 
à se sauver, à la tête de cinquante chevaux , et alla 
cacher , à La Rochelle , sa honte et sa défaite {!]. 

66. (c C'est ici le lieu de remarquer que presque tous 
les historiens , 'qui ont parlé de cette action , confon- 
dent la défaite de Soubise , en llle-de-Riez , qui est 
en Bas-Poitou , avec celle qu'il Ressuya dans me-de- 
Ré 9 qui est une lie située {vis-à-vis l'Âunis. Le roi 
victorieux prit sa route par Apremont , où il sqour- 
na f et se tendit à Saintes. » 

67. On a parlé plus haut du journal concernant les 
circonstances ^u séjour de Louis Xin à Challans. Nous 
allons donner ce document qui existe sur les registres 
de l'état civil de cette paroisse pour l'année 1522 et il 
est écrit de la mam du curé d'alors. 

Ce Joard'hai treizième Jour da mois d'avril 1622, Monsieur de 
Soubise prit nie de Riez, environ les huit heures da maUn et 
y entra ce môme Jour avec son armée , composée de bien ciçq 
à six mille hommes tant de cavalerie qu'infanterie , et à Tabord 
y fut un grand nombre de soldats et nombre d'habitants, Jus- 
qu'à 12 ou quinze mille desdtls habitants, tant audit Riez que 
de lions, des marais qu'autres lieux. 

«Le Jeudi quatorzième Jour du mois d'avril 1622^ le roi 
Louis xni vint de Legé , loger dans cette viUe de GhaUans et 
y arriva, environ les 2 à 3 heures après midi , avec toute son 
armée, assisté de Mgr. le prince, Mgr. de Soissons, Mgr. le 
cardinal de Retz^ Mgr. Tarchevéque de Reims, Mgr. de Ven- 

(i) Pour cette eampagpe et quant à ce qui cooceme les localités , 
consulter ma Statiê tique du département de la Vendée. Voir 
aussi mon DupUsiis^Mornay à la Forét-surSèvrè. 

53, 



412) A.-Jean du Plessis* Richelieu^ 28.« eyéqctb. ( 1622 

dôme, M. le comte deSt-Paol, M. le comte de Gliambertet 
tonte sa eoar, avec lot» ses régiments d'Infanterie et de ca- 
yalerie. Le logis de sa majesté fal cheqx Massé-Groasseao » 
sieor de la Goursqndjère , celai de M. le prince fat cheax 
Mme de Logerle, et celai de M. de Soissons fat celai des hé- 
ritiers tiéf mat Plornin, devant la halle, an boot vers le minage, 
et le roi, avec tonte sa coor, concba dans cette dite ville la nuit 
da Jeudi 14 venant an vendredi 15 dndit mois où ledit vendredi 
le roi entendit la sainte messe dans Féglise de ce lieu de Chai- 
lans , environ les 3 heures après-minuit. Et le même Jour de 
vendredi , le roi ayant entenda la sainte messe monta à cheval 
et s'en alla avec sa cornetie blanche devant Riez , et M. le 
prince s'en alla dans les Hoas, par les chaussées de Comme- 
qniers, et de Riez s'en retourna auxdits Monts, où il y coucha 
la nuit dndit vendredi venant au samedi 16. Et ledit Jour de 
samedi étant venu , le roi commanda de mettre en rang son 
armée, pensant que M. de Soubise étoit encore datis Riez; 
maJs 11 s'étott déjà sauvé à la nage lui et sa cavalerie, devant 
St-GUles , et la nuit auparavant du vendredi i*4e venant au sa- 
medi 16e, comme dit est. De sorte que le Roi étant arrivé Tin- 
fanterie dudit Soubise fut trouvée dans des bateaux et dans 
des maisons de Croix- de- Yie , St-GlUes et Riez, et par-là 
antonr; laquelle fut défaite par leç gens du roi et les paysans 
qui les désarmèrent et Les déponillèreut de leurs vêtements et 
pois après les tuèrent crneUement, dont il fut mis à mort d^s 
seigneurs Jusqu'au nombre de deux mille cinq cents de compte 
fait, cent vingt-deux que la mer a engloutis, et de prips un 
nombre de 680, de compte fiatt, qui firent menés prisQttnîers 
à l'aumonnerie à Nantes , p<»r être mis aux galères. 

Les gens du roi allolent eh grande dévotion, croyant fer- 
mement que ledit sieur de Soubise rendroU combat. La raison 
est que moi Germain Regnandineau fut, depuis le Jeudi 14 , à i 
heures après midi Jusqu^ao samedi 16 , Jour et nuit à confesser 
et communier. Entre autres entendu en confession* M. de 
Soissons elles proches de sa personne, M. le prince et les 
proches de sa personne , le âls de M. le garde-sceau , M. le 
comte de St Paul et tous ses gens, et un ^rand nombre de 
seigneurs et gentilshommes. 



1622) A--JBAN DU PlESSIS-RICHELIEU,28.« ÉVÊQUS. (413 
Et, le samedi 16, après la défaite de cette infanterie hngae- 
note, le roi prit son chemin poar aller à Apremont où il a 
coachê la nuit da samedi venant an dimanche , et aadit lieu 
d'Apremont fat arrêté an conseil, par sa maje8té,le passement 
parlaGarnache. 

Le ]oar de M.St M arc 25 d'ayril 1622, commandement fat 
fait à trente des environs et proches paroisses de la Garnache » 
de par le roi, de venir passer et démolir ladite Garnache les- 
quels forent l'espace dedeox mois, poar la démolir, et le 10 
Jaillet aodit an, la grande tour pont da chateaa fat fait tomber 
par terre. 

• Ce fat Toalongeon, premier capîitaine du régiment d'Es- 
tlssac, qai fut chargé de démolir le chateaa de la Garnache. 

68. Les protjestants essayèrent bien {de venir au se- 
cours de Soubise , lorsqu'il se trouva acculé par Tannée 
royale, dans le marais septentrionnal du Bas Poitou. 
Mais si cette tentative n'eut pas de succès , elle donna 
lieu à un trait de courage digne des beaux temps d'A- 
thènes et de Rome, et que, dès lors , il est. conve- 
nable de rappeler ici. 

Plus de 900 protestants s'étaient réfugiés dans le 
fort de la Chaume-d'Olonne , et / croyant qu'aucun 
secours ne leur arriverait y ils se rendirent à la pre- 
mière sommation. 

Hais un corps de troupes royales avait à peine pris 
possession de la place , qu'apparurent 30 iiavires, qui 
venaient au secéurs de l'armée de Soubise , et pour la 
pr^ddre à leur bord , si elle ne jugeait pas pouvoir 
résister aux catholiques. Ignorant la défaite des leurs 
à Riez , les capitaines tirent approcBer leurs navires 
près du fort de la Chaume. Alors les officiers royalistes 
firent monter^ sur une tour Tofficier qui auparavant 



414 ) A.4EAX D€ PlBSSIS-RiCHBLIEC , 28.^ ÉVÉQUE. ( 1622 

commandait là , pour les protestants , et un minis- 
tre protestant , et on les obligea » le poignard sur la 
poitrine , de crier à la flotte d'arriver à eux. 

Sur cela » la flotte protestante envoya vingt hommes 
dans trois chaloupes , qui entrèrent dans le port. Aussi- 
tôt on s'empara d'eux ^ on les désarma et on les con- 
fina dans le fort. Conmie on ne les vit point revenir , 
on commença à avoir quelque crainte à bord des na- 
vires et on mit une chaloupe en mer avec six hommes, 
commandés par un marin habile et brave ^ de Tlle-de- 
Ré , appelé Foran. La chaloupe arrivée fut également 
prise , ainsi que les hommes qui la montaient. Alors le 
chef catholique renvoyaJila chaloupe , montée par six 
de ses hommes qui prirent les vêtements des matelots 
qui la montaient à l'arrivée et qui mirent Foran au 
milieu d'eux ; puis la chaloupe s'approcha de la flotte 
protestante^ et on voulut forcer Foran de lui crier 
d'avancer 9 en lui annonçant que s'il ne le faisait pas, 
il serait immédiatement poignardé sur place. Mais 
celui-ci f lorsqu'il fut à distance d'être entendu , n'eut 
qu'un seul cri , qu'il proféra de toute la force de ses 
poumons ; ce fut : Trahison ! Trahison ! et cela jus- 
qu'à ce que les ! matelots catholiques , qui voulaient 
l'obliger à tromper les siens , l'eussent étendu mort 
sur la place à coups de poignards. Alors les vaisseaux 
Bochelais, avertis par cet acte de courage du piège 
qui leur avait été tendu et aiuquel ils venaient d'é- 
chapper par le dévouement sublime d'un des leurs , 
s'empressèrent de rebrousser chemin. 

69. or L'arméerde Soubise , en pillant Luçon, con- 
tinue f M. de Beauregard , avait détruit les matériaux 



1622) A.-JEAlf DUPLESSIS-RlCHEtlBU, 28.«£VÉQUB. ( 415 

destinés à rétablir une croix sur la place de Xuçon. 
Les protestants, dans les premiers troubles , l'avaient 
abattue. Cette croix, dans le principe, avait été 
élevée par les soins de vénérable Jean de Bon , 
chanoine. Le cartulaire rapporte cette fondation , sous 
l'année 1526 ^ en ces. termes : 

Magister Joannes de Bon, presbiter canonicas eccleslas Lu- 
cionensis , fecit constrai , la solo ipsias ecclesise, anam domam 
palcbram, qaam inhabltat, cam Yirgalto; si de borto» ipsl 
domal coDtigao , ecclesiam vertas, ad septentrionem ipsias 
domas praecipaajanaa. Goram qua qoidem domo ipse , idem » 
constrai fecit palcbram et altam crucem lapideam cam imagi- 
nlbas ad cracis pedemappositiset muro circam vallatam ^oam 
etlam dedicari procaravit cam Ipais imaginlbas per reverendls- 
Qimam in Gbristo patrem dominlcanum Jobannem Batborum 
episcopam Ebronensem et safiGragaueum Plctaviensem , de 
consensa dominoram vicarloram in spiritaalibas et tempera- 
libas reverendissiml In Gbristo patrls et domini Ladovici de 
BorbonloEpiscopl et domini LnciQnensis. Qai quidem reteren- 
dissimos, ad supplication em dicli de Bon, oflQcialis ejus, conlnlit 
omnibas Cbristi fidelibas qaolibet die veneris pa8sionem,coram 
iUâ crace salatantibus, in memoriam passionis Domini nostri 
Jesa Gbristi , Tidellcet , tanqaam cardlnalis, centum dies, et 
tanqaam episcopas qaadraginta dies indulgentis, et facla est 
Ipsa cracis et Imagtnam circamstantinm dedicalio penoltima 
mensis Jalii anno Domini 1526. 

« Cette place où fi}t élevée cette croix. , et qui est 
maintenant entourée d'arbres , porte encore, daijisles 
actes , le nom de la place de la Belle-Croix. » 

Nous verrons bientôt rétablir cette croix , en y ajou- 
tant une inscription ofE^nsante pour les Rochelais et 
louangeuse pour Richelieu. 

70. cr Le cardinal de Richelieu (1) , plus puissant que 

(1) M. àt Beauregard , Evégues de Luçon. 



416) A4EAN DUPL£SSlS-RH:HEUE17,28.e£Tâ«C7E. (1622 

jamais y depuis son retour à la cour , devint l'arbitre 
du conseil et y supplanta tous ses riyaux. Bientôt 
les soins assidus qu'il fut obligé de donner aux affaires 
lui parurent incompatibles avec ses devoirs , comme 
ëvèque , et il se démit de Tévéché de Luçon, après 
avoir commencé à réparer les .maux qu'avait causés 
Soubise. Avant cpie d'abandonner sonévèché » il érigea 
une cure aux Sables-d'CHonne, et il stipula , dans la 
fondation , que le curé serait non-seulema!it gradué , 
mais encore bachelier de la faculté de Théologie de 
Paris. Depuis l'union du prieuré de Vendôme à cette 
cure , qui était avant runiou , à la présentation du 
duc d'Orléans , est alternative , avec la nomination 
simple de l'évéque. Cette union a été décrétée par M. 
de Mercy. » 

71. Nous trouvons à la date du 23 octobre 1622, 
Pierre Cytois , avocat , nanti de l'ofifice de juge des 
baronnies de Luçon. C'était le frère de François Cytois, 
médecin du cardinal de Richelieu , qui a publié plu- 
sieurs ouvrages, et cette famille existe encore en 
Poitou, 

72. La dame douairière de Rohan , faisait faire le 
prêche dans les églises de Mouchamps etdeVendrenne, 
lieux qui étaient de sa dépendance féodale. Sur cela, 
le cardinal de Richelieu , évéqué de Luçon , provoqué 
par le curé de Mouchamps , en porta plainte et par 
arrêt du conseil privé du roi il Ait iait ordonnance, 
du 16 février 1623, à la dame de Rohan d'abandon- 
ner aux catholiques l'église de Mouchamps , pour y 
exercer leur culte. 

73. Voici au surplus la lettre écrite par. le cardinal 



417) Â.-lBAN DUPtBSSB-RlGHBIJEUy â8.^ÉVÉQUE. (1622 

de Richelieu , an chapitre de Luçôn y le 5 janvier 1673 , 
en abandonnant le gouvernement de son évéché (1). 

« ifesstears , ça* esté à mon grand regret qae Je me suis 
démis de mon ëvèché , poar ne pouvoir y rendre en per- 
sonne l'assidaité que mon devoir dësiroit de moi. Mais les 
lois de la conscience m'y ayant obligé , le me sois éiadiè 
à transporter ce bénéfice à one personne dont yons poor-« 
riez recevoir de la consolation et qoi pent apporter , quand 
et qaand « en l'exercice; de S9 charge , le soin et la vigilance 
nécessaires. Une chose me sais-Je réservée qae Je conser- 
verai InYlolablement , savoir ; le contentement d'avoir esté 
long-temps chef d'âne compagnie » an bien et au mérite de 
laquelle J'ai, dès le commencement, voué mon cœur et mon 
afTecUon^ et de plus la volonté immuable de vous servir 
es occasions , avec autant de zèle que Jamais , désirant vous 
faire ressentir de ce transport , cet avantage que pour un 
esvêqne vous soyez assuré d'en avoir deux et celui qui 
TOUS assistera par sa présence , et moi qp! , bien qu'absent, 
aurai topjours le même esprit de cliarité pour vous et la 
même passion à rechercher vos intérêts , que J'ai ci-devant 
témoignée. L'inclination qqe vous avez de tout temps làon- 
trée à m'aimer vous porte , Je m'assure , à me rendre la 
pareille et A vous souvenir de moi en vos prières publi- 
ques et privées , comme Je vous supplie d'affection. Pour 
vous y convier ^ Je donne à vostre esglise la chapelle en- 
tière avec laquelle J'avois accoustumé de vous assister; Je 
vous al aussi obtenu une décharge des décimes que le vous 
envoie pour preuve de ce que Je désirerois faire pour vous , 
en plus importante occurence et du désir que J'ai , qu'ayant 
place en vos cœurs , vous vous souveniez de moi au chœur 
de vostre esglise , et que vous croyez que Je suis très- 
entièrement , Messieurs , vostre bien affectionné à V09s 
servir , en toutes oceaaions. 

Ls GAïuNprAL D£ EIGI1E{.][EU. 
A FoBtalaeblçan , le 5 janvier 1625. 

(1) Cette lettre était conservée dans les arcliives de l'évéclié de 
LnçoD , et c'est M. de Beanregard qui en a donné le texte. 



1622) A.-JEANDUPLBSSlS-RlCHEtlEV» 28.®ÉVÊ0UE. (418 

74. Le diocèse de Luçon allait se tronver avoir deux 
évéques en effet , car on doit croire qae la puissance 
du cardinal-ministre devait protéger beaucoup le diocèse 
de Luçon. Du reste , nous suivons ce prélat dans ce 
qui a trait au Bas-Poitou jusqu'au moment où il cessa 
de vivre 9 en réservant deiâ articles des deux évéques 
qui se succédèrent, de son vivant , sur le siège de 
Luçon tout ce qui ne se rapporte pas au grand nom 
dé Richelieu. 

76. Il est probable que Richelieu , postérieurement 
à sa démission du titre d'évêque de Luçon , continua les 
réparations commencées [au palais épiscopal de cette 
localité. En effet » nous avons dit qu'on y voyait, avant 
la révolution de 1789 , les armes de la maison de 
Richelieu et elles y étaient prodiguées dans Tomemen- 
tation. Or, la^plupart de ces écussons étaient accom- 
pagnés d'une ancre ^ marque de la dignité de surin- 
tendant de la navigation et Richelieu n'eut ce titre 
qu'en 1624* (1). Donc ces dernières réparations ne 
furent terminées que postérieurement à l'époque où le 
cardinal-ministre se ftit démis du modeste évéché du 
Bas-Poitou. 

76. Le mémorable siège de La Rochelle , entrepris 
par Richelieu, l'ancien évéque de Luçon , et dirigeant 
encore les affaires de ce diocèse ^ fut un , événement 
extrêmement important pour ce territoire. Nous ne 
donnerons pas de détails sur cette entreprise qui 
SQOuta à la renommée du cardinal. Il sufiira de dire 
que la reddition de cette place eut lieu en 1628. 

(1) M, de Beauregard. 



IOâ'3} A.-JeAR du PLBSSISrRidhBUBU, 2S^ ÉVOQUE. (419 

77. <c Dès que La Rocbelle fut [soumise « dit H. de 
Beauregard ^ le chapitre ordonna la reconstlrnction 
d'un monument de;Ia piété ^e '[nos pères (la croix 
de la place de la Belle-Croix. (1). Thomas Tajraud 
et Morin Richou » chanoines-commissaires àlafabrique 
de régli^e^ furent [chargés de [ce soin: le denûeiç 
composa rinscription] que nous donnons jici et qiiU 
rappelé l'insulte fiiite àiraadeiuie.croix et la prisera 
la ville de La Rochelle. *• : . ; j, 

Ajino salatis. . .RopeHani, somma et singnlari illaatrissim^et 
reverendisslmf Dom. dom. Gardlnallsde Richelleanaperrtinè 
hajasce ecclesia» cathedralis Lncfonensfs episcopi^pradenUâ,^ 
eonsUIa acTigflils in dillonem chrisUanisslml ae liHrIcàssiittI 
Feg^ m4ovloi: Xin* mfra./qQindecim nieosiam terra «niaÉl^e: 
presBjl^ ac. ter fo^ato Anglo snpe^bis raiXbns comeatam feroate^ 
fedacantùr, samptiî fabrics dictaB ecclesiœ réaedidcata regorge, 
(fuus ; olîm , ai) ifildem' in cathôiicos ' farentfbus eversâ Jabebaln.- 
I.a«s^teè',^Tfffciilf(IuèiiiatrtV^«i«Uè<FBe «mutbâs, pfomimfê^ 
JaftUfliôi ^mam :: .^: ii./i ;., : ^, .:..;.' ', :,::■"- t)h 
Qamû TSii» rèriiaiquéi vlcer>, iUxosque réflnwr ' rro irroq 

O! Riipena,taiun prodidite^om. * ^ <, , - .,r.t1 r.t 
Corn domitara patas sablimi cornaacœlo 

ftifcrteetregno, t>crfltfa;deprimeri8. ' ' ' ^ ** 

Br^ati aime foror Eégf lifstlllasse tôt anais? - < ' ! ol 

SèoMcarnmfesUtetQlitAM^lcp* _ ;^ { L:ah 

Hm cro^fdam reg;)|pas,iPC!dibiis proslrataji^bat . ^ ^;^.^\^ 

Saerilegis;.cam tadecidiserigilnr. . ... ^„^^' 

Hanc Venerare, precor, pronosqtie et tristis adora ' ' ^. ^^^ 

Pendentem Gbristam; sieérilalma fldes. - « aoUld 

78. Après la prise dci La Rochelle /'en liS2S;;1e 
carduial de Richelieu ordonna que les; chflteaut^ 'déis ' 
Tilles, où la religion calviniste ëtdit strtvte , Wràiéht'l 
démolis. ^^ '^^ 

^ • 55. 



4M|.} A.-JBAK du PUàSI»«IC&BLlB<T» â8«ÉTfiQm. (164â 

' 79. Le cardinal de Richeliea, moorot le 4 décembre 
1M2 » âgé de 5T ans y et après avoir été dix-huk ans 
Âkiislre. Pea d'hommes eurent pkis de pnissaiiee , 
bé^Vent plus de gloire et laissèrent plus^ de riâieSses; 
VSté la bfograpbië é\ta tef pèr^nage ii^enife pas 
iiii9 notire plhn. Nous n'ayèi^'vcmlu fkire coanâicrë 
4àè ^vëque dé Luç^n> et i^arKb dous'avt^-^êie 
ëblfgé de pat'W dû caFifiBai^^il^rev Itàiiseï^ ; m 
reste, s'exprimer sur lui notre i^^ant deràticiën 

/^ÉO'., « tl est plus difûcîie qu^qnije, le pense , dit M,, 
àei l^QftWjsgeurd , . ^&. j^ger le iq^^îQç^): d# Bîd^eUou (^ 
dÉiÉc afisigneii une placé dan» Ifbistoke; Si onr con^ 
dttlIè^cMi 'les bistoriens de sa vre, od eeui- qàt ouf 
écrft^rhistoire dé Louis Xin, les uns le louent comme un 
l^i^^.^yant,, loéyo^e verJlaeuJ^f comme linv^fegpiiiet 

de l'état et du roi, a tout fait pour eos^ et <pit, 
pour en asswerle boidmifv a {Mmik aîastidira i^frwitft 
la baine de ses contempoftttns; ' ik r ; i 

« Les autres , au cootralre^,. en. ayouanJt,,^'4L était 
le plus profond etelarplua f^midr^poIttique^Asi^ 
dont il a été le modérateur»: èt^^Aotit^ il â^ gouvesÉénlds 
destins, attaqùisât ses mœurs ef ^coûSamnènfleS'motiâ' 
de ses actioQ^^J^^ec^diAi^ a. tout asservi aj.sbn amr 
biiion, tout jusqu'.JL. li| jTeligifQç., . . ^ -^v .:- . 
,^ Ajjî^ajïi^ir qfl^j|«ie tcju^s^eps?iyé.j3e IwrUj^^ansIa 
^w^^P^^H*^? j^ijïtaUsé ^e, q^dii?al îià V^mn 

LÛçon, Hic&elieu saisit avec avidité ïes premferç.'raçr 
ports qu'il eut avec la cour pour s'y introduire et sa- 
crifia tout pooç y régner en mfliê^.'TH^^èmnifërént ïbs 



164âJ A.-JBAN ])UPUZSSIS*RIGHBIIEU» fiS® ÉVÊQUE. (tôt 

iiQiistices qa'4l a faites , les Tictifoes qu'il a frappées, le 
saf« q^'ila vecsé. ua auteur de sa yie , (LeclercJ compte^ 
plu9 de 80 personnes de Barque ^ bannies et chassées: 
de la CQur ; plus de 80 emprisonnées ; 50 snppÛciées ffn 
qui n'ont évité la mort que par une fuite précipitée et. 
un grand nombre dont les biens ont été confisqua, ] ' 

«t Ils le peignent sotis les couleurs de l'ingratitude la 
plus 0oire, il a persécuté, baï ses bienfaiteurs et ses 
maîtres, la reine-mére, Gaston son fib, la refaie 
femme de Louis XIII à laquelle ils osent dire qull a 
voulu plaire ; le roi lui-même dont il fit le malbeur 
en troublant sa maison. 

«Ils nous le donnent comme un disciple de Machia- 
vel, plus savant que son mattre^ plus fourbe, plus 
faux que son maître, trompant les rois, violant sa 
foi, éludant les traités quand il ne croyait pas qu'il 
fût de son intérêt de les violer, désavouant les ministres 
et blâmant les généraux d'avoir suivi les ordres qu'il 
leur intimait en secret et dont leur tête répondait , 
quand ils ne les suivaient pas. 

« Ils comptent les richesses qu'il a ramassées, lés biens, 
immenses qu'il a laissés, les dignités , les titres dont it 
était couvert, les abbayes sans nombre qu'il avait ac- 
cumulées. 

<i Ils blâment l'ambition qu'il a eu de.se faire un nom 
dans tous lous les genres et de vouloir être le premier 
en tout. Us font rougir sa mémoire de la perÂcution 
élevée contre le grand Corneille dont 11 immortalisa le 
Gid, en le Ssdsant censurear par l'académie , quand celui- 
ci préféra la gloire de l'avoir fait à l'or et a la faveur. 



wo) a.-Jbak do PLfièsB-BicHBEifiu, â8«ÉvÉegr 
». Le cardinal de Richelieu, mcorot le/ ^ 
1»2 , âgé de 5T ans , et après avoir ét^f^ ^ 
éikiislfe. Peu d'hommes euient pito f' 
àc^&ent plus de gloire- et laisjjèrenf'^ | V 
Raijfre la biographie d-tm tèf i^ f 1 ^ 
SttBè notire plan. 




4Ql?«ftW¥«apd. 

et M afisignen „«. j,,^, ; 

««è ou tes hiatùtie^lf^ ^ 

écrït'lTÇiistoiredéLr/M. 

W»IHd w gnij^ ^^ changements qui 

de l'état et ^ ^^ ^^ ^^^ intelUgîbles. 

pour en assp 

la haine d *^^^® ^® dialogue sur la mort du 

as y permettrons également quelques 

« Les ' , 

le plos 

^Qt ; .. JFcou/e, gars, est^il bien vrai^ 

dest* ^^ ^''^^ disent au pa/at'^ ? 
j^ (?ii« ce cardinal d'importance 

y Qui gavemait tote la France 

Esi mort et btUi au tombea ? 

^ Pré suTy il est bien ^t bea. 

i; Jfenni ^iune meUe feras crère \ 

Car onéit gl'il faisait accrère.^ 

ont éiaitmôri quand il darmaU. . > . .: . 

^- £hè0nj crès le donc tot-à'-fcnt. •. 

1- S'itési si fin, à tonlavis. 



5r. 



IBAH DU PlBSSIShRlCHEUKU, 28* BTÉ<2UB. (423 

^ * Tnppfl (jpris) fe parodisf 

\fL -rippi La Rochelle, 

-5> ^^,. ^ «^ Perpignan : 

' "^v *v ^ '-^nc fermement. 






•\ 



/ 
5 



"^pigrammés est 

.ces que contient 

. de différents temps. 

uès 1600. Le livre est rare 

i^^ous ne citons des satires faites 

que celles-ci , parce qu'elles sont 

province. 

A II &ut Tavouer, ceux qui louent et ceux qui 
oinent le cardinal de Richelieu se sont peut-être 
également éloignés de la vérité. Pour le juger avec 
impartialité y il faut penser aux temps auxquels il a 
vécu, aux mouvements dont la France était agitée et 
que la loyauté , la fermeté d'Henri IV avait à peine 
suspendus y et, que l'inquiétude de Marie de Médicis 
pouvait faire reparaître encore, à l'esprit léger et in- 
constant de Gaston, ^toujours jaloux de son frère et 
mécontent de ne pas administrer le royaume lorsqu'il 
pouvait à peine gouverner sa maison. Enfin à la haine 
invétérée des deux partis des catholiques et des pro- 

(I) Ls Génie Pofteptnne' coailtm àcB pièces de plusieurs au- 
teurs. 



424) A.-JbA!I Df4PLB9S]S*RlCfiEtfBCt 88BÉirtQbfi«.((l9l2 

testants, dont il fiiOMt ipiéantir te defntek* {Klor sa- 
gement goQveroer la Fraiice^ 

S3. a La France doit trop à Riebelieu, pourvue l'his- 
toire soit toujours sévère ., toujours injuste envers lui. 
Le cardinal de Richelieu a commencé le premier à don- 
ner à la France cette prépondérance, dans le système 
politique de l'Europe et qu'elle a conserva jusqu'à nos 
Jours qu'elle est devenue l'objet de la pitié de ses 
voisins (Ij. Il a relevé la gloire des armes françaises ; 
il avait rendu au roi sa puissance et » en détroisant 
l'intermédiaire de la féodalité (2), il a soustrait le peuple 
à l'empire des grands; il a diminué leur puissance. 
De son temps , le peuple fut heureux. Il a prépaie la 
gloire de Louis XIV et ce monarque lui est redevable 
d'un des plus beaux règnes de l'empire français; il a 
montré du zèle pour la religion. Il en a soutenu le 
crédit et l'autorité ; il a donné l'entrée de la cour à des 
hommes vertueux. Qu'on se rappelle que c'est soas 
son ministère que les Vincent, les Bérulle, les Ollier 
et tant de saints ecclésiasques , trouvèrent, dans le 
conseil du roi, des protecteurs, des amis qui soutinrent 
les beaux établissements de St Sulpice , de St Lazare 
et de St Magloire. Il a le plus contribué à faire recevoir 
et mettre en pratique les règles du St Cobcile de Trente. 
Il a fait naître les sciences qui se perdent et qui s'ou- 
blient dans le bruit des armes. Il a protégé , enrichi les 

(i) Oa voit que ptos d*aAe foît on a jagé qnù le» {;eUTernftnl9 en 
Fr40c9 ne maintenaient pas celle puifesance au rang quelle doit 
raiionnablement avoir. O, L. F. 

(!l) En détruisant la ftodalîté et , en îaolaat niaai le trône , n'a- 
t-ii pas préparé la révolution de 1789? D. L. F. 



IM2) A.-JfiAKim PiBSSIS-ElCHEUEIJ^ 2S» tYÈQVB, (425 

savante; il 'a payé généreusemenl; les^ essais d'un talent 
médiocre, pour encourager le génie timide et naissant. 

Si. a Peut-être , dans tout ceci, trouvera-t-on que 
ffdOftpâylOBS'béatftoii)» dii-ministre-et' peu de Téréque 
dëliiiléii'; oè; dickièlé'' tbildéit béaiic6up;;Qb''on pense 
qoRâ dèt«ât étPe^l'ëtaiif^dafis^Ie^^'il'^^irouTftiân'ït'ciu'- 
p^aÉ;;4lénué de pâslëursv^èpiils 'Vingi>^^; privS de 
nfihistres, dépdutflë i^ l>éïi6âèei^^^#les protestadi^ 
et l^s' oaiboliq«îe9 s'empafâient à TenW: Lliréirgion^ 
te^^serdro qui en est fe mite éteint i é&a eoiàlifle. tï 
rMst¥cKsil ét^rèelaira^, séit jfSirè^ outra^ dé piété ; 
soit par des traités de contreVérsé.-éurtoui il fit des 
visites fréquentes et rapprocha de luises coopérateurs, 
souvent rassemblés en synodes, dans lesquels il publia 
des statuts, qui rappellent Tancienne discipline trop 
négligée. Il établit un séminaire à Luçon...» 

85. Disons un mot de Timmense fortune laissée par 
le cardinal de Richelieu. On sait qu'il légua le palais 
somptueux qu'il avait construit à Paris et appelé le 
Palais-Cardinal, au roi Louis XIII: c'est le Palais- 
Royal. Il laissa le surplus de ses biens à son neveu, au 
fils de sa sœur, Armand-Jean de Yignerot du Pont- 
Courlay, à la charge de prendre le nom et les armes 
de la maison du Plessis-Richelieu qui , sans cette dis- 
position, périssaient avec lui. Dans ces derniers temps, 
la famille Yignerot de Pont-Courlay, originaire des 
rives de la Sèvre-Nantaise , a pris fin dans le duc de 
Richelieu, ministre sous la restauration, et c'est un 
neveu maternel de ce dernier personnage de la famille 
de Chapelle de Jumillhac , qui de nouveau vient faire 
revivre le nom de du Plessis-Richelieu, éteint avec le 



Jm ) A.-JBA1I BU PLBSm-RlCHfiUfiU f âfr» [tVÈQm ( iU2 

cardinal-iniiiistre » et prend ie titre de doc conféré i sa 
grande puissaqce. 

86. Qui ne oonnatt pas la figure austère , fine , maligne 
et pointae du cardinal de Ricbelieo? Les traits de ce 
personnage qni a tant marqué sur la acànedeoiande 
ont été reprodiiUs un grand nomlire de fois par la gnr 
vnre. Je possède un portrait original de loi qui se 
trouvait originairement dans la galerie de son cousin- 
germain, le maréchal duc de la Meilleraye et de plus 
la gravure de ce même portait » au imflieu d'un bon 
nombre d'autres /^destinées] à rappeler le cai^ial- 
nodnisire, d'abord» mpdestç^vèque.d^ 








:i.^i^>r-v.