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J {A^^r^
, ifi^f^
600008734S
ARCHIVES HISTORIQUES
I DU
BAS -POITOU.
2.
Signature de V Éditeur^
Footenay-teCointe, Imp. d« OAVDUI Fils Aîné.
DU MONASTÈRE
ET
;t:
DE LUCON,
m i.-D. SE LÀ FONTEILLE DE VAUDORÉ,
^^utMmàtn iw VUmrm m France ( AcAniHii dm ImcmpiiOHt bt
Bcutt LimBs) . Mbhbkb non Ktuùàm du Comité des PraucÀTioiii
SamuQims au ICiratTtes tm L'IUsTRUcnoii Pcbuqub r d'un oraud
WaULVK SOOMS SATAHTBSa FlUllçyilt SI AimAiioàMt.
P&SMIÈEB PÀETIB.
6AUDIN Fils AIné » bfPBomm-LiBRÀnuB-ÉDiTBUR.
PARIS.
OEIUGHB , BUI DO BovLOT» 7. — DUMOULIN, QUAI DIS Aoeos-
îns, 13. — Ëo. LEGRAND, QOAl OU AociusTUU, 59. —
X8CHSNEE, VUCBDB LA GOLONIIADB DU LOUTU, 12.
1847.
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s^, m.-f^
600008734S
ARCHIVES HISTORIQUES
DU
BAS-POITOU.
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Dans ces qaelqnes lignes écrites à la hÀle , et soas rim-
pression doaloarease qui les a dictées , n'attendez pas de
moi f Messieurs , que J'énumëre et que Je cherche à appré-
cier les importants travaux dont M., de la Fontenelle a en-
richi les volumes de nos Mémoires , les numéros de nos
Bulletins. Il me suffira d'établir, comme un fait incontesta-
ble , que ses recherches sur les peuples de l'ancien Poitou ,
sur les voles romaines de ce pays , sur les coutumes de
Charroux , et principalement sur les vigueries et les ori-
gines de la féodalité , sont à la hauteur de ceux de ses
ouvrages qui ont le plus assuré sa réputation scientifique.
AJoutèrai-Je que jusqu'à ses derniers moments il n'a cessé
de se consacrer tout entier aux recherches historiques qui
faisaient le charme tle son existence ; que naguère encore
il projetait d'élever un monument durable à toutes nos
illustratitms poitevines? Déjà quelques-nns des matérianic
étalent préparés , et , dans un temps peu éloigné , il se
proposait de réunir ses collaborateurs pour arrêter les bases
de celte glorieuse biographie. Nous sommes , en effet , réu-
nis dans la demeure de notre collègue , mais c'est pour
lui dire un dernier adieu.
M. de la Fontenelle n'est plus , et sa mort laisse un vide
immense dans nos rangs ; mais-, au milieu de nos Justes
regrets , n'oublions pas , Messieurs , qu'il est un privilège
réservé aux intelligences d'élite : c'est de laisser autre chose
après elles qu'un souvenir périssable , bientôt effacé comme
la génération qui l'a recueilli ; c'est de vivre dans les an-
nales de la science après, avoir vécu dans la mémoire des
hommes.
(1) Deax autres discours ayai^t été prononcés , Tan par M. Legeotil,
conseiller au nom de la Cour royale; l'autre par M. Flandin^ premier
avocat général , président de la Société d'agriculture , au nom de cette
compagnie^
(2) M. Ârmand-Désiré de la Fontenelle , né au château de Yâudoré , com-
mune de Saint- Jouin'-de-Milly , arrondissement de Bressuii^ ( Deax-
Sèvres ) , le 24 avril 1784 , avait été nommé consefiler auditeur à la
Cour de Poitiers , le 2 Juillet I8u8 ; -« procureur impérial à La Rochelle,
le 28 mai 1809 -, ~ conseiller à la Cour de Poitiers , te 2 septembre 1813.
JX
-0 avait reçu la crois de la Léetoo-dlMMiiienr , le I. mare I8M , pour
prendre rang à partir da S2 mai 182&. Depuis PaDOée 1883 il était mem-
bre da eonieil général des Denx-Sèvres. — M. de la FonleneUe n*aTait
pas accompli sa soiiante-troisième année lofaqo*tt est déeédé à Poitiers ,
i« 12 février 1847.
(a) Les prinelpaiix ostvïagei pofoUés par M. de la FonteneUe , sont :
h-Manuêl raiionné éêê o^Uiên de l'ëtol ewil , I8I3, in- 19. - Cet
ouvrage a ea dans éditions ; la première , tirée à deux mille
cKemplaires , avait été épuisée en quelques semaines.
H.~jré«otre« ef wrre f om à mMB de Dwpleitn-Mommy { avec M. Augois )
12 vok ln-8 Paris , Trenttél et Wnrtz , 1823-1842.
m.'-Hiitoire d'Olivier de CUêêon , connétable de France , 2 vol. in-8.
Paris, Virmitt Didot, 1886.
ly.^HtfsiM mmgUhfrançaiie ^ première série, 5 vol. In-B.; deuxième
série , s vol. < 1834 à 1843 ). Oe Journal fondé et dirigé par M.
de U Fonteadlo, contient, Indépendamment de la chronique,
des comptes rendus et autres articles signés D. L. F. , plusieurs
mémoires importants du même auteur , notamment : I. IfoÈiee
mir nU-JHm ( Yendée ) , 1636 , t. IT p. 961 à 984 , mentionnée
par rinstitat ; 8. Friêê de- Breu^iire pur Duçueeelin en 1371,
I8S6 , t. IV , p. 369 à 869 , égalameut mentionné par flnstitnt t
3. Le chdieuu de Mer^femi (Vendée), 1884 , t. l , p. 913; 4.
Jfotiee iwr U palaU de jmîiee de FoUiere , ins, , Poitiers ,
1837, t V. p. 108; 5. 5aMiry de jr««léMi, 1843, deuxième
série , t. II , p. 300 à 353 , etc. , eto.
Y,"Çhromique$ FentemMenmeê , 1841 , in-8., contenant , i. la ebro-
que du Langon ; 9. la olironique de Pierre Brisson ; s. la cbro-
nique de la guerre des troli Henri.
VI.--JKalDtre dee Boi$ e$ Dueê ^AqmiMne et de» Comtet de PoiUm
( avec Dufour ) , 1849. Get ouvrage devait former deux volu-
mes i»«. ; le premier seulement a paru.
yn^SkMêêique on IfeeeripUom génirmU de la Vendée par Cawlean
( nouvelle édition ) , Fontenay4e-Gomte , Robuchon , 1844 , in*6.
Vin.-JMNi»«l de Leriehe, anoeal dm roi d St-Maixent , ftw lee
gnerree de religion, 9t.-Maixent , 1846 /in*8.
IX.— Jfiilotrv en monaiiire eê dee Bfféqnee de Luçan , in-8. Cet
* ouvras», dont les dernières épreuves ont été corrigées peu de
Jours avant la mort de H. de la FonteneUe , paraîtra Incemam-
X-'Lûiê ei neagee muaritêmee de VAgniiaim du nord i Poitou , Aunis
et Saintooge ;. M fSenfiies de cet Important ouvrage sont tirées
' et ii serait vivement à désirer que rimpresslon fût continuée.
XL—BiêM/re dee Seignenre de Pwrlenaig et de la Gaetine du Peitou,
" Cet oavFage est encore inédit ; 'mate dans le Bnlletin de la
Société d*agriculture de Poitiers , 1839 , t. VU , p. 314 à 332 ,
M. de la Fontenelle en a publié un extrait intitulé le Maréchal
\ " de la Meilkraye.' -Cetid notice a été également imprimée dans
la Revue littéraire de TOuest , 1830 , p. 129 à 163.
XU.'-Artielei biographiquei insérés dans le supplément de la Bi9-
graphie univenelle de Michaud, à partir du 56.e volume. —
Les articles de M. de la Fontenelle sont signés F. T. E.
XlU.-'Notice iur le Poitou , insérée dans le tome lY de THistoire des
villes de France, par Aristide Guilbert, publiée depuis 1844.
L'artide sur Cognac (t. III , p. 6t2 ) est également de M. de
la Fontenelle.
Indépendamment de ces ouvrages , M.^ de la FonteneHe a publié bn
assez grand nombre de mémoires dans divers recueils, notamment dans
ceux de la Société d'agriculture de Poitiers et de la Société des Anti-,
quaires de rOuest de la même ville. Il convient -de mentionner les plus
importants :
I. - 'SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE.
M. de la Fontenelle avait été admis le 29 décembre I82I , trois ans
-après la fondation de la Société. — Nommé secrétaire perpétuel le 9
décembre 1825 , il conserva ces fonctions pendant 16 ans ; après sa dé-
^mission ( 20 février 184^1 ) , U fut successivement^, en 1843 , vice- président ,
^et en 1845 , président de la Société.
Parmi les nombreux articles qu'il a fournis on peut citer :
^I. Piècei dei Barons trouvées à Chauvigny , 1828 , -t. «H , p.^05 , ré-
4mprimé en 1832 sous le titre de: KoUce sur des pièces antiques
trouvées à Chauvigny ( Vienne ) , in-8. , «Poitiers.
2. Recherches swr la langue Poitevine , 4830 , t. HI, p. 33.
'A, Comptes rendus des travaux de la Société , I830*3I*34 , t. m . p.
63 à 98 et 266 à 276 ; ^. Y, p. 60.
4. Coopérations des Poitevins à la conquéie de V Angleterre par Guil-
laume le Bâtard , 1830 , t. UI , p. 363 à 365 » inséré également'dans
la Revue normande , 1832 , et dans la Revue anglo-française , t. I.,
p. 36 i t. II, p. 221.
6. Notice swr l'octogone de JUonlmorillon , 1835 , t Y , p. 149 à 156.
6. Les arts et métiers à Poitiers pendant Us XUI , XIV et XV siècles,
1836 , t. YI , p. 77 à 109 ; mentionné honorablement par Mnstitut
en 1837. ,
7. Recherches sur les chroniques du monastère de Saint Mesixent en
Poitou, 1837, t. YI, p. 170 à 179, 212 à 241 et 266 à 27l.~Deux
fois mentionné par l'InstHut , au concours de 1837 et à celui de I8S8.
8. Notice nécrologique sur M. de Uontbrom , I84I , t. IX , p. 139 à 144.
0. Améliorations agricoles introduites ou à introduire dans le départe-
ment de la Vienne , 1845 , t. XIII , p. 6 à 21.
XJ
UL Becherthêi ëwt tkortieulimrê dii lumt Poilmi-^ p&rii«ulih'ê$iunt dam
Itf iempi a»eUn$ , t. XIII, p. 118 à 124, ete., etc.
U. — SOCIËTË DES AKTIQUAIRES DE VGUEST.
Avant d*éBaméfer les travaux de M. de la PooteDeHe comme membra
de la Société dee AntiqoaiKs de rooeit , U eit juste de rappeler qa*oa
lai doit ridée de fonder an mosëe d*anti(|iiités à Poitiers. Le 30 décem-
bre I83I , k la séance poMiqoe de la Société d'agricoltore , il s'exprimait
ainsi : « Serait-il vrai qa'an roopient même où nous parlons , U serait
« question de détruire.... le temple St-Jean ?.... Un tel excès de vanda-
cSsme n'est pas supposable dans un slède do lumière.... Une rue dans
K le quartier indiqué peut être ouverte sans que le monument de Saint-
« Jean soit un obstacle. Que cet édifice , au contrain , embélisse lu
« nonvefle ligne de communication , qu'il y gagne un pourtour.... qui
« formera une plaoe que Fétranger instruit viendra visiter ; que là soit
« formé un musée d'antiquités départementales dont le local sera plus en-
« lieux encore que tout ce qu'il pourra contenir. » -~ Bientôt une double
réclamation de la Société d'Agrlcultare de Poitiers et de celle des An-
tiqi^res de Normandie appuya le voeu émis par M. de la Fontenélle.
M. Ludovic Yitet vint ensuite à Poitiers. Enfin, une délibération du
eoosefl général décida que le temple Saint-Jean serait conservé; peu de
temps après , cet édifice avait reçu sa destination actuelle , et on lisait
ces mots au-dessus de la porte d'entrée: mvséb des ATrnQcrrés db
i/oTEST, 1834. — Après avoir fondé un musée , l'idée de s'associer pour
la reehercbe , l'aude , la conservatton et la description des antiquités
(te la province, se présentait naturellement; aussi, dans le courant de
la même année-, le i» août 1834 , M. de la Fontenélle inscrivait-il son
nom parmi ceux des fondateurs de la Société des Antiquaires de l'Ouest,
dont il ftit vice-président en 1836 , et président en 1808.
Dans les bulletins il a inséré :
K Un rapport sur un fragment de manuscrit intitulé Lymogeê ioti6x lêi
Jngloyi , 1836 , p. 18.
5. Viitown â^inêialULtUm c9mme priHdent ( 23 novembre 1837 ) p. 366 à
371.)
3. Jfoiie9 HHf «ne ehêrh de 1686 , eaneemani Vahbaye de Charrimx ,
1838, p. 74.
4. Mloeution prononcée dans la séance du 29 mars 1838 , p. 80 à 88.
6. Lettre à M, Fauriel iwr la tharte d'Jlaon ,1838, p. 110 à 123.
^ JV»fe twr le projet de retttmraUon de$ tombeaux dOiron, 1838 , p. 162.
7. IHteowe de clôture de Vannée académique 1837-1^ , p. 163.
s«. Beeherehei iur le$ deux vota romainet de Limonum ( Poitieri ) à
JuUomagos ( Àngen ) ,et de Limonum au Portas Namnetum ( I^jinr
Cej), 1B4I« p. 8t k U6.
XIJ
Dans les mémoires il a publié :
I. Recherches 8yr lei peuples qui habitaient le nord de Vaneien Poi-
tou sur la Loire et la mer , lors de la conquête des Romains et de
Vintroduetion du christianisme , t. I. , 1836 , p. 75 à 123 , reprodai-
tes dans les notes du tome i. de Pédition de l*Histoiie du Poitou
de Thibeaudeau , publiée à Niort par Robin et Cie
». Le siège de Partenay en 1419 , t. I. p. 161 à 176. - Inséré également
dans la Revue anglo-française , t. ni , p. 405 à 416.
3. La Fronde en Poitou , t. I , p. 176 à l»3.
4. Le due Guillaume Fier-à-Bras et la duchesse Emme , t. m , 1837 ,
p. 217 à 225. ( Extrait de PHistoire des comtes dn Poitou. )
5. Le Poitou et ses prindpaua souvenirs ftiftoH^net, discours prononcé
à la séance publique du 19 août 1838 , t. y , 1838 , p. 6 à 18. —
Inséré également dans la Revue anglo-française*
6. Notice relative à une pièce d'argent swr laquelle on Ui les mots ;
Guilelmo et Victoria , t. V , 1838 , p. 153 à 156» insérée aussi dana
la Revue numismatique , 1838 , p. 433.
7. Recherches sur les vigueries et iks origines de la féodalité en Poitou^
t. y , 1838 , p. 326. à 480.
8. Les coutumes de Charroux , t. DC , 1842 , p. 419 à 466.
Une Notice sur Isabelle d'Angoulime , dont M. de la Fontenelie s*est
occupé Jusqu'à ses derniers moments , était destinée à la Société des
Antiquaires, de FOnest , et sera publiée par ses soins.
Parmi les autres ouvrages de M. de la Fontenelie on peut encore dter :
I. Les ladres de Niort ^ in-8.. , Bourbon-Vendée, 1832.
$. Sur quelques erreurs historiques relatives au Poitou, ïnS, Foi*
tiers 1834.
3. 5ttr Farchileciure féodale , à Vœcasion du château deXherveux , in-
8. ; Poitiers , I835^
4« Duel projeté à Bordeaux en 1285, potir décider de la couronne
de Sicile , in-8. Poitiers , 1835^
5. Philippe de Comyne en Poito^ .> iB-8« , Douai , I836« -^ Bfentionné
par rinstitut.
fi. Notice sur Tristan Rouault , in-s^ , Niort et Poitiers , 1837.
7. Notice sur les privilèges des verriers , In 8. , Blois , 1887.
8. Sur le commerce de Niort et de La Rochelle avec la Flandre , par
Gravelines , au XlII.e siècle , in-8. , Niort , 1837.
9. Deux voyageurs du Poitou à Tombouetou ( Paul Imbert et René
Caillé) ^In-e., Niort, 1838.
10. Duplessy-Uornay à la For H-eur- Sèvres , 1842 , in-s. de 38 pages ,
etc., etc.
lA plupai't de ces mémoires sont mentionnés dans une note iulitulc»
XtlJ
IftdicaiMm det principakê publiealioni kUloriquêê de M. de la Fim-
kneiU de FatMic»ré.— PaiIb , Crapélet , 1B39 » in^S. de 15 pages.
(4) M. de la Foatendle a été révéla d'un grand nombre de tllres
identifiqucs ; il était conservateur des monaments lilstorlqnes du Poi*
(oa et de F Aquitaine da nord , — correspondant da ministère de l'Ins-
tracUoQ publique pour les pubUcatloos historiques ( Comité des cliartes
chroniques et inscriptions ), — correspondant de la Commission royale
d'iiistolre de Belgique , — inspecteur divisionnaire de la société pour la
conservation et la description des monuments historiques , — oorre»-
pondant de la Commission des archives ^Angleterre ( c^est à lui qu*est
dû {'envoi fait en 1835 à la bibliothèque publique de Poitiers d*on ex-
emplaire des ouTrages publiés par cette commission ; li bibliothèques de
ftance seolement possèdent cette grande et Importante oolleetlon , sur
laquelle M, de la Fontenelle a publié une notice en 1835 , dans les
Bulletins de la Société d'agriculture, t. Y , p, 368 ) , —président de la
section d'archéologie et d:histoire au congrès de Caen ( 1833 ; , —secré-
taire général dn congrès de Poitiers ( 1834), •- président du congrès de
Douai ( 1835) , etc, , etc. Il prit , en outre , une part active au congrès
STchéologiqae tenu à Poitiers , en I8i3 , par la Société française pour
la conservation et la description des monuments historiques. Il présida
la seconde séance, fut le président et le rapporteur de la commission des
VŒUX ( son rapport est inséré dans le compte rendu de ce congrès , p.
se à 236 , et , indépendamment d'un grand nombre de communications
vediales , H donna une note sur les diverses formes des tombeaux chré-
tiens découverts en Poitou , et sur les matières dont ils sont composés
( ibid. . p. SOI à 205 ),
M. de la Fontenelle était membre d'un grand nombre de sociétés sa-
vantes. Sans parler de celles d'agriculture de Poitiers et des Antiquaires
de rouest , dont il a été question ci-dessus , il appartenait aux Sociétés
des Antiquaires de France , — de Normandie , — de la Morinle , — de
la Picardie et du Midi , — à celle de mistolre de France , — à l'Insti-
tut historique , — aux Sociétés académiques d'Angers , Angooléme ,. Blols ,
Bourbon-Yendée, Caen, ( 3 sociétés) ; Cherbourg , Douai • Evreux ( 2
sociétés ) ; Falaise , le Mans , Metz , liantes , Niort ( 2 sociétés ) ; Orléans,
Kochefort , Bouen , Saint-Qnentin , Tours et Yaleoce ; — à la Société
géologique de France, —à la Société Linnéenne de Normandie ,-- et à
TAssociation agricole du centre de l'Ouest. — Enfin , hors de France , il
était membre de la Société des Antiquaires de Londres et de l'Associa-
tion britannique d'archéologie ; il avait été désigné pour faire partie de
celle des Antiquaires dn nord de l'Europe , à Copenhague.— Mais, parmi
toutes ces distinctions académiqnes , le titre dont il devait être le plus
fier était sans contredit celui de membre correspondant de l'Institut de
France ( académie des inscriptions et belleslcttres ) , qui lui avait été ac-
cordé en 1838,
TABLE
DES MATIÈRES.
Pages.
iovertissement^ v.
BiscoQrs prononcé aux Fanèrailles de M. de la Fon-
TBNBLI.JS , le 15 Février iai7 , par M. Léon Fayb. . vit.
LIVRE PREMIER.
' Servant d'introduction , depuis l'époque de la fon^
dation da Monastère de Luçon , Jasqa'à son érection
en fivècbé» en 1317. 1.
LIVRE DEUXIÈME.
I. 1317 , le Monastère de Lnçon est érigé en Evêcbé. 53.
II. — Série des £vôq{ies de LaQon.-^l3l7— 1334 , Pierre
de la Voyrie, premier Ëvèqae 65.
m. 1354—1353 Bfigiiaud de Thfmar$ , deuxième Evèque. 68.
lY. 1354 , Jean h Jofevri , troisième Evéqn«. ... 73.
y. 1354-1357, ^au»i<rr^ quatrième Evêque 74.
VI. 1357— 1360 , Guyl, cinquième Evèque. .... Ibid.
TU. 1360—1375, Elie I, sixième Evèque 73.
YIII. 1373^1387 , GuiUaume L dfi la^ RoehefaucauU .
septième Evèque 80.
IX. 1388—1407 , Etienne Loypeau > huitième Evèque. 83.
X. 1408— 1418, Germain Paillard , neuvième Evèque. 88.
S92SI2 HflBiyVSiilSILISIDlS fitii^IlâlIlISS;^
Pages.
ÎI. 141»— 4424, EUe n,Marîineau, dixième Evètioe. 93.
in. 1424—1 430, Guillaume IL GcSon , onzième Evêqoe. 102.
Xin. 1431—1441 , Jean 17. Flewry, douzième Evèqae. 10&
LIVRE TROISIÈME.
1. 1441-^451, NMUu CoNir, treizième Eyèqoe. . lis.
H. 1451—- 1462 , André de la Boche , quatorzième Eyèqoe. 124.
m. 1462—1490 , NicoUu IL Boutoud , quinzième BYéqoe. I3i .
lY. 1490— 1494, Mathurin deDercé, seizième Evèqae. 154.
y. 1494— 1514 « Pkrre de Saeierges ^ dix-septième
Evèqae , 157.
¥1. 1514—1523 , LadUlas du Fau , dix-holtième Evêqoe. 182.
YII. 1523— i524,/(Min de Lorraine , cardinal-diacre , dix-
neoYlème Evèqae 199.
nn. 1524—1527 , LouU de Bourbon, cardinat-prètre ,
vingtième Evèqae 200.
LIVRE QUATRIÈME.
I. 1527—1552 , MHêi on MiUon D'illiers , vingt-et-
unième Evèqae , 216.
n. 1552—1562, Jleti^ de DaUUm du £f«itf, vingt-deax-
ième Evoque 247.
m. 1562— 1579, BaptiiU Hî^ctfltn , vingt- troisième
Evèqae 264.
IV. 1579—1584, Bené de Salla , vingt-quatrième Evèqae. 321«
LIVRE CINQUIÈME.
Pages
I. 1584— 1592, Jacques Duplessis- Richelieu , vingt-
. cinquième Evèque 3:>l .
11.1592—. .. f François Byver , vingl-sixiëme Evoque. 340.
III 1605 , Alphonse- Louis Duplessis- Richelieu ,.
vingt-seplième Evoque 555.
ly. 1606 — 1623 , Armand-Jean Duplessis - Richelieu ,
vingl-huiliëme Evêque 358.
FIN DE LA TABLE DE LA PREMIERE PARTIE.
Dtl MONASTÈRJE ET DES ÉyÊQUES
UVRÉ PREMIER
BBEVAirr D'INTEODCCTION f
Dinys t'érbovE db ta ^ôKbATioN du monastIbe de luçon |
nmopià, mu tectiow nr ÉHeai , ir 1517.
OUGHfBS DÛ MONAST]^ DB tUÇOR • SÉRIB BB 8Bg ABBÉ8.
t. LuçoH, ott mêttie Lussort , comme on écrivait , il
y a deux à trois Aiécles (l), lucicmum, Lucionium, tel
ÎMxmtm f est une localité qui se trouvait » dans le
principe , au fond du golplie septentrional formé par
Vocian en Poitou et tout-à-fait sur le littoral, m
littorb maris (2) , et est placée, dans ces derniers temps ,
aqbord dn marus qui , par suite du retrait de la mer
et des travaux de dessécbanent , tient la place de ce
même golphe. (3)
<4) JNof»iMMnt , lorfqtii le Cwdinal d« RioluUett occupait U
siég* épUcopal de ce lien. • ,
(S) if.* de D. Eêtietmo't.
(5) t>an8 un docciinent ancien » Inçon est placé «u iB.e degré •
80 minutée de longitude et au k€,mB 20 minutée de latitude, ilaia
«l^nslB Dtetiatmaire Géographique d'Agnès , on trouve cette indice^
tton Donr hftqpn : If ng. occident. ^, 50. l«t. 46. 27. iti.
2 ) QRIGIHE D£ IlfÇON. WAVLE»^
2. Ua monastère célèbre , depuis deveiMi an évéctô »
fut établi très-anciennement dans cette localité , mai»
la difficulté esC d'assig^er la . date réelle de cette
fondation et de connaître )e fimdateur. Pont décider
ce point , en connaissance de cause , il faut recourir
aux sources et les apprécier , en s*éclaiïant du
flambeau de la. critique. . .
3. Avant de donner la version véritable de la
fondation du monastère de Luçon , "il est bon de
faire connaître le récit fabuleux de la création de
cet établissement ecclésiastique. H sembte , en effet ,
que deux à trois siècle^ en arriè|'ede.iiou3 » on croyait
que , puisqufB Tbistoire. générale est peêcëdée par une
ère fabuleuse , la mythologie ;. on devait aussi > pour
les histoires particulières , procéder de la m^me ma-
nière , en commençant par le faux, pour arriver enfin
au vraL Alors n'existait point cet esprit d^examep ,
ai nécessaire quand on. écrit l'histoire ,^ et pour le prou-
ver y en ce quiéphçeme le Poitou t nous allons dpnn^
là relation de la fondatfon du monastère de Luçon ,
suivant Bouchet, auteur des ilnna{e$ d' Aquitaine f dont
nos bons aïeux tenaient pour vraies toutes les paroles.
4. « Audit tetnps , (1 ), régnbit en Angleterre
un Roy, nommé Cloël, qui esdiûa Glocestre. Et parce
qu'il estoit rebelle aux Romains et ne vouloit estre
obéissant à l'empire , l'Empereur Go&stantius prépatra
grosse armée pour luy faire la guerre : mais le Roy
Cloël s'humilia , et fit un traité de paix avec Cons-
tantius , par lequel il se rendit tributaire à TEmpire
(I) Bouchçt , Annales d'Aquitaine , l.re ptrt. ch. V.
tiomaôn : et dnq semaines oa eoTiron après , alla de^
vie à trépas : à lay safTlTaût «ne fille nommée Héleine
(bien iostraite es arts libâranx » de belle et élégante
forme , et lonable prudence ) à qai appartenoit le ro-
yaume d'Angleterre, et à ceste raison Constantius Tes-^
pousa , et eut d'elle trois fils: je n*ay pen scavoir le nom
da premier ; le second fut AomméLocios , qui estoit le
nom de son bisayeol roy d'Angleterre, comme on peut
Toir au traité de 2o. Monumetems , et le tiers fut nomihé
ConsUmUus : et comme J'ay trouvé par la fondation de
fEgHse cathédrale de Luçon, en Poitou , contenue en-
une bymae, commençant Gaudê Lutionum : ledit Lucius
eocit son iirère âisné , à ceste cause fut banny du pays*
et condamné à demeurer en religion toute sa vie : et
pour ce fiaiire » son père Te mit sur mer , en un navire
frété de grandes richesses et reliques , avec plusieurs
prestres et dévotes personnes , qui tous se rendirent ,
par la conduite des vents , ainsi que Dieu voulût , au
lieu de présent appelé Luçon , qui est sur la mer , et
iflec Luchis s'arresta et y fonda une belle Abbaye
et Eglise , à l'honneur de Nostre-Dame , qu'il nomma
de son nom , scavoir est , Luçon : où fl vesquit avec
<ses prestres religieusmient : et depuis a esté érigée en
esvèché, comme nous verrons ci^après; desquelles
choses nos historiens n'ont rien escrit , mais ont seu-
lement parlé du tiers fils nommé Constantinus , qui
depuis fut Empereur , et appelé Constantin-le-Grand »»
5. L'existence de ce Lucius, personnage^ créé pour
donner une étymologie à la localité de Luçon , comme
celle de ce frère atné envers qui il se serait rendu
coupfl^le du crime de Gaïn à rencontre d'Abel y sent
4 ) OBIGINB dB LVÇON^ VAMLSê.
de pure invention. Du reste il ne foot pâis râttrtMe)r
à Bouchet , ^oi n'était qu'un écrivain créante y n'in<*
ventant pas probablement les fables qu'il écrivait et
dont la tâche consistait à recueillir les contes antérieurs
à lui et à les monumenter dans ses annalei, Nous
trouvons , en effet » la version relative à Lûfon dan»
les documents de la localité.
6. Jean Bounin » GhanoiDe-Hebdomaâier et Scribe
de l'Eglise cathédrale de Luçon , ué à la Flocelliète. ^
dans ce diocèse » fit imprimer > vers le milieu dti
XViI.<' siècle , un poëme latin , aux les antiquiiéft
de Luçon , qu'il accompagna de pièces justificativea (i).
Là se voit encore la fable de Lucius , 3econd fils
de Constantin-Chlore et d'Hélène,' et frère fle Çons*
tantin-le-6rand » et ce Lucius aurait tiîé un frère aîné
dont on continue à ne pas donner le nom ; toujours
est-il qu'obligé de se sauver , par suite de ce crime ,
il se serait embarqué avec un certain nombre de prê-
tres. Sur quel point ceyaisseau était-il dirigé? C'est
ce qui n'est pas bien établi , toujours est-il que le
navire aurait fait naufrage en Bas-Poitou , dans un
lieu appelé en Français Nauffret : de cette circonstance ,
JVatrfs fractxjL (2).
(1) Cet ouvrage est înlîlulé : Antiquitates urbts et eoclesta» Lu-^
cionensù authoritate prûbaiutn historiconum , trafiitione veteteum ,
ac ejusdem ecclesiœ indubitatâ fide comprobatœ , operâ et studio
SSL. Joannis ountn , presbiteri Flocelleriani , diciœ ecclesiœ 2>u~
etonensis hebdùmadern , née non capHûli^ ejùsdem srriùm.' Je per-
lerai plus en détail de ce livre, à sa date^ •
(2) Dans notre système , nous ne voulons cepen^nt paa nier en-
tièrement Texistence d'un lieu situé peu loin de Luçon , et appelé
Nauffret • par suite d'un naufrage. Feut-^tra ce lieu a~t«il existé
0HI6INB loB tVÇm. FABLES. ( 8
Cest ce qae Bounin rend par ces mots :
Fertur sed in ipsp
Porta naufraginm basse | locusque vocatur ,
^ Raufret, • ,
Mais renda dans ce liea , Lucios cnit que Died
ne Toalait pas qu'il fût plus loin. Alors il ferma là
an établissement , y bfttit une Eglise en l'honneur dé
la Vierge , qui fut desserrie par les prêtres yenus aveô
hi et qui se firent moines.
Plus que cela, Ludu^ construisit sur ce point U,
Tille f qui depuis a été appelée Luçon. ,
• ..... Construtît et urlieia
Lacius ipse svtà rite de nomme dlottmi
Cette cité aurait été autrefois grande et célèbre ,
inais elle aurait été , quelques siècles après , détruite
par les Northmans {i}.
7. Ce que Bounin a donné de plus grave , à Fappui de
b &ble, sur la fondation de Luçon , est ,1a prose qui
se chantait 9 de temps immémorial , daqs T^Église de
et a-t-U été mangé par la mer , comme nous l'écrivait on f ayant
ami. n est» du reste , des pointf où dee conatràotions religîeusef
rappellent des infortnnes de mer. Il ferait donc poaaible qu'àla fon-
dation de Luçon se rapport&t le fait d'nn naufra^re. Mais il y a loin
encore du possible au vrai. Nous anroas à noter , pl^ s tard , quel«
qnes circonstances qui prouvent que les. Moines de Luçon voulaient
monument$r l'existence de leur Lucius. — Du reste des recherches
faites en dernier lieu , nous ont appris que Nauffrei était à Tem^
bouchnre du Lay, dans la mer. Plus tard , et à l'occasion » nous
entrerons en quelques détails , à ce sujet.
(I) On trouvera, dan* Ici pitcei jvitificatlvctf, le PoSme àé rilib-
dooiiidîer de Luçon.
$ ) ORIGINE DE tVQOlf. FABIB^
cette localité,, le dimanchje d'après rAscension, jour
où se célébrait la fête des reliques. <ic Cette hymne, dit
un écriyàin dont les travaux relatifs au Poitou sont
e§tîmés (1) ne paraît pas excéder lé treizième siècle ,
contient d'une manière , je ne dirai pas plus certaine
inais plus claire e^ plus détaillée, l'histoire deç an-
tiquités de la Ville et de l'Église d^ Luçon; et l'auteur
aurait fort bien pu supprimer ses vers et sa prose ,; em
nous donnant cette pièce , qui est un extrait de la lé-
gende deLudus. (2). On y fait faire à ConstarUius Chloru$.
le personnage d'un fort bon catholique. C'est lui , dans
cette prose ; qui confie des reliques à son fills^ ea
lui donnant plusieurs clercs pour compagnons de vo-
yage^ et qui renvoie à sa bonne aventura,. après l'avoir
recommandé à Dieu dans ses prières» Tout cela est
fort pieux pour un prince payea. tel qu'était Cotis^
Yastissimo Mari
Helinquentî patriam y
Per patris industriam
NaTO praeparatiir.
Quae tam TÎctualibus
Quam multî^ pîgnorîbus.
Sanctoi*um ditatur
Et ut nil deficiat ,, '
QuînDeo serviat ,
Torba cïericomm
yLuget pâter filium «
Passurum exHium,
SubDeitutelâ
Hune commendat precibus...»
(1) Dreux du Radier, t^. HUt. du Poitou.
(2) Mous donnerons cette prose» dans les pièce» jaslîficativM.
ORIGtNE DB ÏX^Om. FABLES. ( 7
8. Jç pourrais encore citer la cbromqae de St.-Haixent
dite de Maillezais» comme ayant adopté la fà^Ae de Ltk-
tm. (i}Mais ce documelitaété écrit par Pierre Rajmond,
abbé de S.t^Maixent, vers le milieu du XII.* siècle.
Or, il est tout simple que /quan^u monastère de Luçon
on croyait à une fausse origine, pour cet établissement
ecclésiastique, eette fausse donnée ait eu du retentis^
sèment à peu de distancé* de là, dans la monastère
de&t^'Maixent. (2) Je 'dirai la même chose, pour ce
qui Gcmceme la Chronique du Langon. (3)
9. Nous allons donner une autre version relative i
la fimdation du monastère de Luçon.
Le chanoine, auteur de ï^lfaiMllo BUMredeVAh^
hoji^ de S.tFUiberi -de limtHUê [k) s'exprime ainsi en
ee - qui (ônclie Luçoo. a On croit qu'il ( S.t Fi|ibert )
prit encore 90ia de l'Abbaye 4e Saint-lfichel-en-'
rfierm ^ fondée par aoaami, l'Évéque AnsoaM» prètf
de la mer et de Luçon ;' et de celle' de Notre-Dame
de Luçon de laquelle Je vais parler.
cL'àuteur dé la vie de notre Saint ne dit pas un mot
(i) Abdo. DCGCLXXVO. Cœnobiym Saneim MoHm Uàctom^
9is', ^uod ÏMCtuê quidam imperialis incœpit , et poêtia saneti^
wnit FkiiibêriUM , âiitracftnm «sU Chteam* AaUêaè*
(S) M. Mérclie^t^ dd Xoiisîgiry-, tncien élère de l'école dei
Charte» » « , dam an article insérA an l.er toK de !« Biblfofhèfuê
de r école de» Chartes, 'fontenu qoe cette chronique a été écrite à
Biailleiaie» miis cette allégation eat erronnée , ainsi q«e je l'tî prouvo
et que je l'établirai encore pliu pofitiTei|ieBl;4 da«a un trayail ffé«*
cial.
(s) Voir cette même chronique^ parmi lei ChrmUquerFàmt^nài^
êtennes , pag. 7 et suiv.
i^) Vol. in-ft.«
8 ) ORIGINE DE LtrÇON. FABLES.
de cette Abbaye ,. m de 5on oi^ne^ dont Fàlcon parle
fort au long « dans sa Chroûiqae de Tournus. Mais comme
celui-ci écrivait 400 ans après, il a èmbarassé sa nar*
ration de plusieurs circonstances qui la .rendent fabu-
leuse. Néanmoins, coniraie l'auteur de la Ghroniqueda
Maillezais en avait déjà parlé auparavant , et que le
P. MabiUon pe parait pas imprauyer ce qu'il a dit
(i) , je vais foire un précis, de ce qu'il y a de plus yrair
^einbkd>le , et que l'on ne p«ut presque pais révoquer
en doute. >> .^
({ Un certain Lucim de race impériale , étant venu
ae CônstaÂitinople , aborder ^ur les côt^i? du Poitou )f
fonda lé monastère de Luçon qui a donné origine à la
ville de ce nom- H em^a^a Ja iFiemràastiquè etS.t
Filibert se cbarg^a de le.cwAiire. Le êdSùt abbé mit
dans son monastère de Jfenooutiers une parfîe des re«*
liques que ce IsmviS avait app.orté^ avee hd^ Be I>Kr-
^¥it|«^ deft relîqme$:f|irwt( tisamfêréèii à Toannis^
où il jUjsa reste qae tré^peu; o
10. Ici Lucius , encore de race impériale , aborde sur
les côtes de Poitou et fonde U itioaâsUr6:jdéi;LUfiin.
Mais il se met sous la conduite de St. Pbilbert, ce qui
indique*, dès-lors , qa'ôti tx'ëntend pas pàrîèf d^tùie
iondaCion se rapportant au temps de Constantin-^e^
prand. Au lieu de çeUi ^ c'est une création du TS.«
siècle > et le personnage de racé impériale, en' tenant
tin moment son existence pour réelle, ne pouvait qu'être
de la mabontles Empereurs- dû Ba^EiSafpire. Inutile de
. (i) C'est une erréi/ir , et plot tird on rerra ^e bom Hfabilloii
a fait preuve de plus de criti([U4.
OftlGINË DB LVÇOK. I^ABLBS. ( 9
iire, do reste , quece n'est là que la substitutim d'une
bble à une autre lEable , et qu'on ne peut pas plus
trourer place i ce prétendu Lucius t dans les familles
impériales » à une époque qu'à une autre.
11. D'autres écrivains ont encone donné, pour fon-
dateui^ au monastère de Luçon , un personnage du
Dom de Lucius , mais ce même personnage n'aurait
été qu'un simple moine , disciple de Philbert , Abbé
de lumièges et de Her et non un personnage de race
Impériale » ce qui modifie encore la version de l'his-
ionen de Toumus. Du reste laissons-les parler:
« Laçon doit son origine , disent les uns (1) » â un
très-ancien monastère qui fut fondé par un disciple de
St. Pbilbert. Ce fondateur nommé Lucius , donna son
nom à cetter Abbaye ».
c Eue ( la ville de Luçon ) , dit un auteur plus
moderne (â) , doit sa fondation à un disciple de St. Pbil-
bert, nommé Lucius , qui y fonda un Abbaye , sous
l'invocaflon de Notre-Dame et de St. Benoit (3) en 676 »•
Nous fenns remarquer que rien ne constate encoro
qif il ait exbté un obscur moine du nom de Lucius ,
placé sous la conduite de St. Philbert , et qui aurait
construit le monastère de Luçon. Ce n'est donc que
(I) Longneroe , duer^. de Is France. — La Martînière , Dtet.
ii la Framee*
(3) Dnmoalin » Géoçr. de la Frknci» Je me dlipeoM de citer
i'intret anteor» t pour ne paa trop ni'étei&dre«
(3) Ce patron» datii le •yitème de laateiir» ne pourrait pae
itre S.t Benoîst de Qvînçaj. Ce lerait le grand S.t Benoiti « dont
^ ordre éradit des Bénédictine a tiré ion nom.
2.
ÎO ) tOmcmB DE LtTÇOT^. CHTTIQÙE.
la même narration dég^i^êe dèà c)t(5<^stàticëà tftû ëta^
bKssatént son absurdité ëvidente. De pltt^ , si ntt
Mmple lïibine du nom dé Lncius et disciple de St.
Philbert ponvait être considéfré comme le Tondatenr
de Luçon , cela serait en opposition avec les fables
des deux premiers Lucius , et rentrerait assez , sauf
Texistence de ce personnage de peu d'importance ,
dans le système que nous allons bientôt établir.
12. Telle est la ftbie , entière d'abord , pois modt*-
fiée ensuite, qu'on a rattachée à ta fondation dti
monastère de Luçon. H y a quelques siècles , ta manie
était de faire dériver les noms des villes des noms des
fondateurs qu'on leur imposait, pour peu qu'il y eût de
ressemblance ; ainsij telle cité passait pour avoir été
construite par un personnage Troyen ou au moins
Romain, si les noms présentaient quelqu'analogie (1). La
critique a depuis long^temp» fait rais^ti de ces erreurs,
qui ne supportent plus 1« choc d'une discussion sérieuse»
13. Le plus souvent, au contraire, une ville, un
bourg , ou un monastère , tire son nom de circons-
tances relativies à la localité sur laquelle on a cons-
truit , à la nitture du sol , à la fosi^n du lieu , près
ÂejA mer, vers des marais, sur une rivière , ete (â).
14. Quant à Luçon , un savant , notre collaborateur
pour les travaux relatifs à Phistoire du Poitou » s'ex-
prime ainsi :
(I) On pourrait , à ce è^jflft , faire de nrombrenses citations^ *
0t) Sî Ton voulait dohnner dea indications en ce sens , elles se
raient si nombreuses, qu'on croit deyoir s'en abstenir. '
<mwxB m ivçion. cmnQVH. ( ii
c Le nom LucH)n aignifie mot à mot, dans la
langue Kelto-Kimeriqae , les nuirais ». (i).
C'est en efitt Vétjmio^ que donne m fotear (2)
qui a bien perdu de son crédit depuis que t dans
ees damiers temp? , on s*est Rvrt a des travaux
sérieux et réflècbis sur la Hngubtiqoe. D^prés lui»
le nom d^ tuçm secaiC composé de deux mots
ceUiqiies » Luk , marais ^ et cw $ envirooné. « Or »
LocoBi , dit un savant Bénédictm (3) » est , en effet ,
preaipie envircmné par des marais ».
15. Concluons en disant ,^ soit qu'on doive ou non
s'arrêter à Tétymologie donnée par Bullet et Dufour t
au nom de Luçon , qu'il est bien des noms de lieux à
qui on ne peut pas assigner une ëtymologie • à raison
de ee 91e la mut des temps ne permet pas toujours
de ceoEuJIfe les circonstances qui se sont rattachées à
kv édification. Toqtours est-U qu'il nous parait dé-
montré que le monastère de Luçon n'a point été fondé
ni par un Lucius , frère de Constantin-Ie-Grand , ni
par un Lucius de la maison des Empereurs de Coiis<-
tantinople , sous le bas empire »ni même par un simple
moine , portant encore le même nom : ce n'est donc
que par la manie que Ton avait , dans des siècles
éloignés de nous , de vouloir qu'une localité bâtie eût
toiyours un nom dérivé de son fondateur „ qu'on ^
(1) DafiBQr » âg taneièn Poitûu*
(2) Bullet.
(3) Dofli Fonteaçan. Du retW » conme on doit écrire rbi«t«ire>
d*«a0 sniiibse coii«ci«ttcienM » jt dirai ici qii« mon MtTant am»^^
compatriote, M. Cardin , n^adopte point l'étjoioloQÎe du nom dn
Lnçnn , d'aprèa Bullet.
12 ) ORIGINE DE LUÇON. VERSION VÉRITABLE. ( 682.
imaginé un Lucius, pour être le créatecur du monastère
de Luçon (1).
n. ActuellemeBt entrons dans le vrai :
Le savant Dom Mabillon , place la fondation da
monastère de Luçon, sous l'an 68â (2).
n est à croire que cet établissement ecclésiastique
iut créé (3) par Ansoald ^ évéque de Poitiers , et qu'il
fut mis par lui sous le gouvernement de St. Philbert ,
qui, expulsé de Jumièges vint créer d'abord le monas-
tère de l'île d'Her. Aussi on honorait ce saint, comme
un des patrons de l'Eglise Abbatiale ; il y avait sa
chamelle (4) , sans compter l'Eglise paroissiale , placée
sous son vocable et dont nous parlerons plus tard.
2. Un érudit dont on peut à bon droit invoquer le
sentiment , quand il s'agit des antiquités du Poitou ,
DomEstiennot, (5) attribue à Philbert la fondation des
fi) Il noi|ft teraît £Bicile de donner de nombrei» exemples , k l'ap*
pm de notre opinion.
(2) Atmai Bensd.
h) Dufour, Htst. de Poitou, T. i.er.
hS M» de D. Eatimnot.
(5) On lit dans les mannscriu de D. Estiennot :
« In basilica Lucionense olim extttereiTi altana et ampliùs ut
patet ex regeètU eccleeiœ : pluramodà sunt ^ et plerague patronos
ac tutelares alioe veteribu» dttm$si$ êuscepere, JNulium enim tnodà
supereêt S» Benedt'cto eacrum, imà nec sancto Pf^tliberto, soUlicet
ht duo eanett olim ae diu tutelaree et patroni Lueionii extiterint,
Utriusgue tamen feetum de prœcepto observatur , et quidem eanct*
Benedictt eum euccentore, ut statm't ordtnar Lucionense vetut. »
Pois on troave ailleurs :
« Porrhà sanctuê BenedictusLucioni patronus tîle ipse est qui et
Quùîciaei ad miltionem , Episeoput videitcet qui ut tradunt é Sa—
maria Arianorum pereecutionem fugien^ Auguetoritum Pictonum
appulit , ibique diem claueit extremum, »
Plus loin il est dit que S.t Benoist« vénéré à Lnçon et à Quinçaj,
est présumé avec iondement , avoir été Evéque de Poitiers.
682.) ORIGINE BB LtJÇOK. VBRSIOH VÉRITABLB. (13
monastères d'Her ou de Noirmoutiers , de St. Benoit
de Qninçay , de Luçon et même de St.-Michel-en-
THenn , et cela avec le concours d'Ânsoald , évèqae
de Poitiers.
3. Laissons parler , sor ce point , notre ooUabora!-
teor le docte Dufonr (1} :
joc La fondation de Laçon est placée par MabBlon ,
sons Fan 682 (S), n n'est guère douteux qu'elle ne soit
due au pieux tiAe d'Ansoald , évéque de Poitiers » et
non pas au personnage fiibuleux» appelé Lncius,
qualifié hnperialii , c'est^«-dire Issu d'une Camille
Impériale, n demeure asseï constant que ce monastère
fht également mis sous la direction de St. Philbert: on
l'y honorait comme patron ; et dans son Eglise » de*
Tenue Cathédrale depuis la bulle de Jean XXII, datée
du 13 Âoftt 1317 f 11 exista , jusqu'en 1790 , une
Chapelle sous son Inyocatlon. Ses successeurs sont
demeurés Inconnus jusques vers la moitié du XI.*
siècle (3).
4. n y a plus» un savant Bénédictin en s'emparant
d'anciens documents (4) va Jusqu'à prétendre qu'An*
ii) Htêt. du Poitou» T. l.er
(2) jinnai, Bened.
?5) Nov.GaU. Chriif.^ ^
(&) Je yaît transcrire iei mi firagmem des maniucrits de Dom
Estiennot.
« Momachum in Luetant profuti fiure têoBiUs D, D»
« Antoaidut vir nobilù tœeuh potenU'A nnmûm /ui^em Piciavo»
rumque epùcopus , ^«t , ut refert Monachuê Gemêtieensië tu çitâ
sancit Philibertù mh eodem PhiliUrto admom'tus, in eju$ $e conciUç
commendavtt ex integro, ti êub religioniê notma epiicopalem cœpit
ineiinare potentiam, »
En Buroe eêt écril , de la main de Dom. Fonteaeaa» AmoM ,
évégvê de Poiiierê , religieux de V Abbaye de Luçon»
16 ) ORIGINE DE LUÇON. VERSION v£rITABLB. ( 68â,
« Qu'en ce temps-là, Luçon n'était encore qu'un bourg et
piéme qu'un village qui dépendait de Nennoutiers i».
Mais il faut ajouter que puisque dans ce bourg , dé-
pendant du monastère de l'ile d'Her, il se trouvait des
moines ; ces religieux étaient nécessairement des
moines du monastère de ille d'Her , transférés depuis
à Deas et ailleurs, et enfin à Toumus ; et que, dès
lors, et par suite d'une conséquence inévitable, réta-*
blîssement religieux de Luçon n'avait point une exis«
tence indépendante et n'était pas autre cbose qu'un
prieuré dépendant de l'abbaye que je viens d'indiquer.
9. Peut-être est-il bon de dire ici ce qu'étaient les
prieurés. Ces petits établissements ecclésiastiques con*
sistaient en des maisons dépendantes d'une abbaye où
l'on envoyait un certain nombre de religieux , pour
exercer le service divin et administrer les biens que
le monastère possédait dans le canton. Le chef de ces
trois ou quatre moines s'appelait modestement Prior
Fratrum , îe premier des Frères , et du titre donné i
cette humble dignité résultait la dénomination de ces
sortes d'établissements. Us furent si nombreux au midi
de la Loire , parce que le Clergé régulier finît par ne
laisser rien à faire au Clergé séculier, que dans la
plupart) des paroisses il y eut un prieuré. Nous yeri'ons,
plus tard, ce queldeviennent ces sortes d^tablissements
quand le nombre des moines diminua et qu'il y eut
augmentation pour les ecclésiastiques ordinaires.
10. Or , rendu à ce point, il est impossible de ne
pas donner en quelques mots la monographie du vé-
ritable fondateur du monastère de Luçon , de cet
68S. ) ààiàmE i>Ë iuçon. vebsiôn viaitABii. ( IT
hbnmfe^ Joiiai Haï si grand rôle dvis son siècle^ ^t
contribua A pulanomnent à tfrer le Bas-Poltèn dé lA
barbarie.
Pbflbcrt (i) naquit pu VIL* décle , dans l'aneienM
yiUe d'Eaase , en Yaseonie (2) , de Filiband , ipii eâ
était éTêqae^ et il fot éteré dans la yiUë de Tic. San
éducation achevée , il fbt enroyé à la eov da roi
Sagoberth L« Ce ftit là qa'il conttdt Ouen * depnif
jffcheyèqae de lUmen , ipà càchàiip 90u$ Un baudrier
d'or, un iervUeitr de Dim. Sentant meA loi t à Tingt
ans , le désir de se retirer dn monde » il se rendit à
Rebiâa i en Brie » où il prit rhablt religieux » sons
Â{^e 9 abbé de ce monâstttd. A la mort de céhii*«i^
il fotélu pour le remplacer , mds don attachement à
la rigueur de la règle , élera contre lui une forte op-^
po6iâ<tt. Alors il quitta le bâton paMoral et praiiant
celui de vofageHr » 11 visita une partie des établisse^
memts rdigksux dae Gaules et même de lltalte , 8*ar«
rèta particulièfement à Luxeuil, Lax&oium^ et à
Bobio , BMvm , et dans d'autres lieux , pour y pmn
dre d'atiles enseignements, et aviser, par rinitractioh
puisée dams la ^atique, k eholsir entré les règles da
St Basile^ de St. Maeaire , de St^ Golombàn et de St.
BeBott, qui divisaient alors le monde miftiastique. A
son retour , il obtint du roi Chludwig II la concessfana
de la localité de lumièges, Gemeticum^ et y bâtit, en
SM , ce monastère d'une si haute réputation.
Phiibert croyait peut-être avoir foraié là dn établis»
(i) FiUbertui.
(2) H$li$ano Tirriton'o.
18 ) ORIGINE BE XirçON. VERSION TiRlTARU. ( 683.
sèment , pour y passer sa yie. Il n'en fat rien j car les
passions haineuses s'attachèrent encore à lui,. en .Neus-
trie. Ouen , archevêque de Rouen , son ancien ami ^
prit même parti contre lui et à l'instigation dHébrouin»
maire du pal^s , Pfinceps Francorum » il le fit
détenir. dans sa vifle épiscopale. Rendu à la liberté;
Philbert se dirigea vers le Poitou où il reçut le meil-
leur accueil de l'évêque Ansoald. Celui-ci donnait trop
au monde , et Philbert Téclaira. En retour le Prélat
concéda à l'abbé une !le inhabitée, aux confins de lapro-
vince et vers l'Armorique, nie d'Her, dont l'évêque
avait eu la propriété, par suite d'un échange avec son
chapitre, et Philbert y créa un nouveau monastère,
qui eut mie grande célébrité. On y vit jusqu'à six
cents moines , tirés de Jumièges , qui y firent flemrir
la religion , la doctrine et les bonnes mœurs; de plus,
ils. desséchèrent le sol et le cultivèrent. Non content
de cela encore, le fondateur de Jumièges créa une
marine, qui fut un sujet dé prospérité, pour ison second
établissement. Lorsqu'on connaît la force de l'associa-
Uon, on doit sentir ce que pouvait faire alors une masse
de six cents religieux obéissant avec précision aux
ordres d'un chef intelligent , comparativemmt à une
Oiasse non homogène de travailleurs , dispersée sur le
sol» et non stimulée par l'intérêt et le déshr de posséder,
qui existent dans nos sociétés modernes.
On sait que Philbert créa <l'autres établissements
ecclésiastiques , notamment celui de Quinçay , près
Poitiers. Hais au dire des savants Bénédictins (1) et
(0 Nov. Gall. Chntt.
684. ) OMGINB BB LtJÇOH. TEHSIOll TÉRITABLB. ( (9
comme on Ta rapporté déjà , 11 fbnda aussi celui de
Luçon,daiis ime localité dépendante d'abord de Tabbaye'
de rue d'Her. Ainsi on doit considérer Philbert/
i^on comme le premier abbé , au moins comme le
premier fondateur du monastère dont nous écrivons
rhistoire.
A la prière d'Ouen » qui finit par reconnaître ses
torts envm PhiUiert, celui-ci retourna à Jumièges *
après huit ans d'absence , et les habitants de la Neus-
Me , pénétrés de joie , se portèrent par milliers au-'
devant «de lui. Le saint abbé fut assez heureux pour
recevoir Tévèque Ansoald, dans son premier monastère*
Hais Philb^ ne voulut pas finir ses jours sur la terre
GemOique , IHea le rappelait en Poitou , et il vint
moarbr, dans son monastère de rilé d'Her , le 20 août
688 ou 684; d'autres placent sa mort au mémo
Jour de l'année 690 , ce qui est tcop retardé.
m. On trouve dans les manuscrits de MM. Robert
du Dorât (i) que : « D'après la chronique d'Adon ,
archevêque de Vienne , Carloman et Pépin menèrent
leur ost contre Hunaud t duc d'Aquitaine, et prireni 1$
eh&ieau de Luçon [2] et étant sur le chemin , ils parta-
(f^Une copie prMqv'entîère de cei documents, prUo pur les soing
de D, Fonteneau, existe à la bibliothèque de la ville de Poitiers, On
crojait les originaux perdus , mais on les a retrouvés en Limousin.
(S} C'est encore la même erreur échappée aussi à Tbibaudeau ,
Hùt, du Poitou qui, en citant Meichin et en relevant la fîibie de
Lucius » s'exprime ainsi : « Luçon n'a d'ailleurs jamais tiré son nom
de Lueîus. On lit dans Eginhard, qui vivait au temps de Charle* .
magne , que cet endroit se nommait le bourg de Lu€ s Lucœ CaS'
trum, »£ginhard ne parle aucunement de Luçon»
9Û ) INYAâlOJIS ht& NORXHHAljtS. (816»
gèrcait ensemble le royaume 4q France , en m lieu
appelé le vieux Poitiers ». Mais il est éyî^ent que ces
compilateur^ se sont trompés, en appliquant ^ jUiçon»
en Bas-Poitou , un nom latin qui se rapporte à Loches >
en Touraine, et que la première de ces localité n'a
pas été prise, lors de la lutte entre les descendants dos,
Maires du palais et la branche Aquitanique de la race
Blérowingienne.
â* Bientôt l'Oucât de la France fut en pi;pîe m% i^'
vasions successives des popul^ons enrantea de la Sew*
dinavie » qui se livrèrent aux plus: grands désor^lres»
Le Bas-Poitou en éprouva sur-tout l^ isffetâ., et la
première déserte des Northmans eut Mm dam l'il^
Bfnm. Toujours est-il que ces barbares pprt^reaMt^ d^QB*
^us 1^ Ueu^ où ils abordèrent^ le fer et le feu* LucoQ
^t aussi leur visite , dès les premiers temps^ /Mtîs.^
par fois, il y avait une sorte de trêve, en C9;
sens que si les Danois arrivaient à une éffHpxtf sur'
l'ancien sol des Gaules , ils retournaient dans leur
pays , chargés des dépouilles des vaincus , à une
autre époque. Souvent on espérait ne plus les voir
revenir, de sorte qu'on réédifiait......... et peu après
les Mécréam (i) revenaient et tout ce qu'on avait fait ,
en travaux de restauration , demeurait en pure perte.
3. Les monastères étaient alors à la fois des établisse-
inents religieux et 4e civilisation. Les deux pouvoirs,
lorsqu'ils étaient divisés, agissaient donc dans le même
sens > pour donner aux monastères un lustre dont la
religion et le pays tiraient également avantage. Or ,
Cl] Expresftioa par laquelle on indiquait les I^orthmaDS.
817^ lU^fOIllIATIONfPJkliSAUrrilBHOITD'AHUNE. (2U
la àymsiie des Maires do palais » qui était parreDm 4.
exclofe da po|iY<>ir la race Cbevelae , se&tit que FiDr.
flnence do Cliergë loi était sortoot otile , à la fois poor
âeigner tooCt têotatiiie contre son aoteritè et poor
rendre florissmls les pays sor lesqoels elle devait
régner. Car fiasons la part de Tégoinne et croyons-
que, dand certaines aetions^Uy a aossi le eftténtiHtaii^»
poor Iebjieapo)>lic.
Toison» est-il qoe DnKM, depois somommé dU«
niane, naqoit à;liBgnelone^ (1)^ enLangoedoc, enTSO,
et fui élevé à la coar des monarqbes Pippin et Karie-
ma^ie* lïAatd , homme de conviction, iïsefltreligietix
dM» TaMbagre de Sle.-Seine, en Borgondie < et devint-
«isoite abbé do monastère de St-Saaveni4i'Aniaae /
qo'il fonda, dan9 l«|diocése où U était né. Ensoite, homme
de grande capacité , il manifesta l'idée^de réformer,
les monastères et cette pensée apparot no poovoir , ,
comme une idée bonne et civilisatrice. Aossi Lodwij^-
Keu^ , d'abord roi d'Aqoitaine et ensoite empereor, (2)
àlaniort de Karlemagne , Tadopta entièrement. Benolt-
d*Aniane fat donc autorisé à réformer les monas-.
1ères 4e France et d'Aqoitaine (3) et il remplit î,
avec on grand zèle , cette pieose et honorable
mission. Il réfonpa notamment plosieors] mo-
nastères en Poitoo et les mit soos la règle de St.
Benoit da Mont-Cassm , le Patriarche des moines de
rOccident. Les statots qoe cet homme de piété et
(i)Baill«t, VigdêsSéiùitê.
(2) Voir YHistotre dêê Rots ef des Dues etAçuteame tt des '
Comtes eh Poitou par de la Fontanelle et DuCbnr. Le l.er voinma <le
ce livre paralir» es même tempi qve V Histoire des Mfueê de lâà§cn»
(?) On sait que U différence était grande alori.
22) IKCBNDÎE ET RECONSTRtCTIOT DB LUÇON. ( 853-963.
d'action téàigeA farent adoptés , au Concile , ou plutôt
à la diette d'Aiî-la-Chapfille , de 817 (1):
^ ]>'après les docpments qa'on^^ pu r^sisilUr jctt fa^.
conséquences qui en d^ouleat , oa doit craife 99%(l^
moiiastàre de Luçonifut un de ceux qui f uf ent jr^r^:
jfié^ V c'est-àHlijce » réorganisés piar B^mo^H'Aniftae.:
4. Mais combien peu dura cette olrganisatioû du lûo-
nastére ou du prieuré de liuçon , car alors Ijft. division
entre ces deux natures d'établissemesits e^léstosUquiÇ^f
n'était guère tranchée ! Toiyours est-il que ai. 1^)
Northmans s'étaient cimtentés de dévasta jp^qu'id.
I0 monastèi^e deLuçon» jls le livrèrent aux ftwP36ke«i, .
cp .Mai 853 (2). ... 5 • •.. 'j •'
; . •' ?
5'. Un point à noter , d'après la chronique de Mail- j
lezâis (3) , c'est que le monastère dfe Luçon était encore. j,
eh ruine, en 877. , .. '
6. Cet établissement ecclésiastique fut rebâti, vers 963» , %
(4) par Ebles, évêque de Limoges , trésorier de St. Itilaire f]
de Poitiers et abbé de St.-Maixent et daSt.-Michel-en*- ^
l'Herm. L'abbé Ebles, frère de Guillelme Têie^'Etoupes^ i
comte de Poitou , aimait le Bas-Poitou et il fut inhumé ^
dans l'église du monastère de St^-Michel-en-l'Herm » ,
qu'il avait également reconstruit (5). -^
(1) Voir le recueil des Historiens àe France^ S.t Benoit d' AniaiiA |
mourut le 11 février 821. 4
(2] Ckron, Engol.-Chron. Adetn. Caban^-Chron. Aqùitan» '
(3) AnnoDGGGLXXVII, Cœnobtum Sanciœ Martof Lu€iofienstSs .
dsstructum erat. Chron MaUeac.
(4) Ce fut l'année où il fit rendre au monastère de S.t Malzent tous
les biens dont il avait été dépossédé. Voir les M9. de Dm Fonicneau.
{^) Chron. Màllme.
963;) St:. Wmm i txm DBS PAtAONS OB LDÇOH. ( 93
7. Ce *ftil probablement après la reâtanration da
monastère de Lnçon , par Fabbé Ebles, qa'ml St
Benoit lut recoimu c<KDaie Tun des patrons de cette
loealité, et là est ladifflcolté. En effet doit-on entendre
par ce nom , le grand St. Beûott » patriarche des pieux
cénobites de l'Occident et celui dont St. Benoit d'A-
niane .voulut établir la règle ? Toujours est-il qu'un
ecclésiastique instruit du diocèse de Luçon £aJt re-
marquer que c'est prècisémeut la fSte de ce person->
nage, d'une si grande énergie , qui se célébrait à Luçon
et dans son territoire (!]. Mais ne serait-ce point plu-
tôt le souvenir de St. Benoit d'Aniane , venu sur les
lieux, le réformateur des moines , qu^on aurait youlu
conserver? Encore une autre version, un cénobite te-
nant au Poitou , au moins par ses œuvres , Benott-de-
Quinçay , qu'on a prétendu être venu de Samarie (2) ^
et avdr été évéque de Poitiers , au dire d'un savant
bénédictin (3)^ aurait gouverné le monastère de Luçon y/
et grmdement amélioré sa position. Mais Saint ^
Benoit- de -Quinçay existait vers le milieu du YII.*
siècle et cette action du saint des bords du Mios-
son ^4) se serait reportée à un temps bien éloigné I
Enfin ne voyons-nous pas un autre Benoît , nous nous
servons de ces expressions, parce que les dates pré-
(1) Voir une dêi notes de la nonvelle édition de V Histoire de
PotYott,[par TKibaudeau.
(SQJDom Fontenean prétend que le nom latînds Soiarye« bourg
& pea{de distance de Poitiers , Samarvia , a été pris mal à propos ,
pour celnl de Satnaria « Samarie » localité bien étrangère. On sait
que la monomanie de cette époqno était de faire arriver léa bonuBea
marquants» de bien loin.
(3J D. Eatiensot.
(4}Riiîsseau sur lea bords daquel se trouTe S.t Benoit de Quinçay,
près Poitiers.
eêdemineot acmnéès now i»nbaiiai^ût » rèitaifferré--
tàblbsément religieux de LaçoD ?(<) Quel ^it ûoae
£ë Bentoît , lorsqu'il n'y a fias A rëc^rislfèt l'épocjuè
de ta vie du graud St. Benoit, A ékn^ftié de Hau»; qat
St Benoît de Sàtbarie, vivait vèi^ le mllieili du TD[.«
fliëde; que Benoîtd'Aniane eàt mort, €^ 8Si , M que lé
ttv^t <Estieimot kiâi({ue une reâitaui«tiiiti dé ses ?
8. À ce sujet, je ne puis m'empécher de jEadre re-
xnarQuer que la mémoire d'un St. Benoît , qu'en croit
être St. Benoit-de-Qdinçay et qui est peut-être SU
.Benoît d'Âniane , s'est conservée dans plusieurs é^es
du Bas*Poitou et notamment dans celle d'Aizenay ^
qui étsut originairement le chef 4ieu du petit peuj^
des Agésinaies (2). Il existait même , dans cette localité ^
nnostensoir et un calice qui passaient pour avoir servi
à i'un des deux saints dont il est ici question ($)•
9. tTdùjdurs est-il qu'il «('agit d'^lEâniuer , ce qu'a
4gtiS f dans ceâ temps êlôigi]^» Tétabli^in^ l%%eux
Wd Luçto^ À'saadéi «iïipte prièUrS d^ènâaiÉt du ina^
véàkéAeSté PUIterNl'Her^ de Déàs oUèeTuuitoud^
{i)Circa annuinS6ti,,JBenedtctu8,,, restauravit,»,Q^utnctaçmcùr.
tiucionenai'cœnotia, îftâ. de 1>. Ëàtiénnot»
(^ Voir mes Hécheir^éKéê .%ur iew ptttU jièuptèi jiti kâl^ikhtà
2e Nord du Poitou , vers la mer et la Loire , lors de ia cçht-
^inéte des RofHàtHS et de Vintràdûetion Bû ChriiWanisme.
(3) J*aL ynàAisenay, il y. a dix-huit ans, pendant un voy^e
àdentlfi^iie que je faisais daiis la Vendée, rosténsoîr et le èàlict
dont je viens de parler. Ils étaient d'une foirme particulière ei faits
d'un jnélânge d'or, d'argent et de cuivre, à rinstàr des jpièces
<7anloÎ8e8. Je rbfcofanmandai hhh au crcdré dé ne pas se dessaisîîr
d'objets aussi précieux,on au moins denep&sle fairë^sàiis m'en ins-
truire, au préalable... J'ai appris depuis que roAensoir et Je eaiîce
avaient ét6 vendua à vil prix ou ôchao^ésypour de;i objets ds pcfu de
râleur.
ioM— 106^ JsxK kr 6iRAri>, ABiiâs oib lvçon. ( tt
Detmt-fl Itidèpe&daiit et à quelle époque eut liea eet
éyénèîneiit? D'abord il y a lieu de croire que 0a fè^
taurâtiôn, pair St Benoit de Quinçay et ensuite la vie
errante et tajàbonàe (1) des Moines de^l'ëtablissement ^
originairement filés dans lUe d'Her, et leur éloigne-
ment du pays, portèrent les religieux, qui se trouvaient
à Luçon, à se constituer eu étatd'indépendance complète
et à se créer une existence à part. Pour la question
de l'époqûeje prends celle où apparaissent les Âbés de
Ldçou , à dé&ut d*autre antérieure et comme cette oA
eatlieo cet ëv&iement si intéressant , pour cette {(H
calité« .
lY. n ist ï #raiarqaer que Ton ne trouve îien d«
rdaHf ^n BÉroiiastére de Luçon , pendant tout le counmt
du IL.'sièclé. Cëite cfrcâkii^taiioe tient, 8<^t aox midlmini
dés toàtps^ ^ à la pMè des doeuments Ustoriquei.
â« Ce n'est même que vers le milieu du XL* siècle que
rao^voît paraître les abbés de Luçon. (2} Jean, Johannes^
le premier que l'on rencontre , assista ^ en 1Ô40 , à la
oenséeraticm de Téglise du monastère de la ïrinîté de
Yendômet où se trouyërrat tant de prélats et de di-
gaitâôres ecclésiastiques. En 1047, il souscri^t la
cbarte de fondation de Notre-Dame de Saintes.
3. On tMî que leaïi ûxA pour successeur, vers IMD,
sur le siège abbatial de Luçon , Girmi !•«' , Gitauâm ,
éeeond sAbé qui eêt flemeviré inconnu ux auteurs de
la nouTèDè Gaiâe Gbrétienne* (3) • '• -
(l)SaBs en ap^ii,tei l6 i«»t • j«tiie sors i» «««te esprestion >
parce qu'Erméntaire lui-même Ta empIo\ée«
g) Nov. GaU. Vhrtif.
) Ma de D. BoÀHneêtv^
4.
26 ) . GmAjDfD i.^% s.*" ABBâ DB lUÇON. (1060^1068
4.Ea 1060, lorsque Hombert /abbé de Maillezaisvint
à mourir, un chapitre solennel fat tenu » pour le rem^
placer. A cette assemblée , assistèrent d'abord Guil-
lelm€t-Gui-Geoffroy , comte de Poitou et duc d'Aqui-
taine et les évêques de Poitiers et de Saintes. Plusieurs
abbés s'y trouvèrent aussi et Giraud , abbé de toiçoni
y siégea entre les abbés de Cluny et de S.t Jean d*Aa-
gély. Le choix se porta sur Goderan, religieux jd'une
grande distinction> et qui plus tard devint évêque de
Saintes (1}.
B. Mais, dn peu aprèscette époque, c^êtait en 1068,
régnait encore Guillehne-Gui-Geoffroy, comte de Poitou
et duc d'Aquitaine. Or, ce prince déclara alors la guerre
à Foulques-Rechin, comte d'Anjou, prenant parti
pour Geofiroy-Barbù , frère putné de ce dernier et
retenu en^ prison par son frère aîné. Alors le duc-
comte , ayaAt. réuni une armée considérable , marcha
contre son ennemi , s'empara des faubourgs , puis de
la place de Saumur et livra aux flammes , non seu-'
lemént les. habitations ; mais encore les églises de S.t
Florent, de St.Jean-BaptisteetdeSt Pierre.: Malgré qu'Tl
soit difficile de justifier de tels excès, on leii comprend
encore , quand il s'agît d'une guerre contre uii rival.
Biais ce qu'on ne comprend, pas, c'est que la même
année 6uillehne-Gui-Geofiroy>e portajsur Luçon, s'em-
para du château ie cette localité et brûla le monastère
de Notre-Dame et son église (2). Dans cette expédition
(î) M.$ de D. Fonteneau. M. Ch. Arnanlt. Htst, de Maillexaie
(î) Anno MLXVlll, Guido . ecnui duxii uxorem Aldeardiml
filiam Rotberti , ducù Burgundùe et nep$am Mmriçi^ regiê FroH'*
1082 ) GuUtD i.^f 9.« ABBÉ DE LUÇOIT. ( Vf
de colère I dont les inotib sont à pea prés igncMrës» (1)
beaucoup de personnes des denx sexes furent ifaises à
mort, n paraît que, repentant de ces excès, le duc^
comte fonda Tabbaye de MontiemeuC de Poitiers» mais
cette expiation ne remédiait pas au mal qu*il avait fait
en Bas-Poitou.
6. Dragon, abbé de MaiUezais, ayant abdiqué son titre»
pour se rendre à Cluni et y mourir saintement, un
Chapitre fut tenu à Poitiers , m 1082, pour choisir celui
à qui on devait remettre la dignité de chef du monas-
tère de Maillezab.' Girand, abbé de Luçon, se trouva
à cette réunion à laquelle assistèrent également Guil-
lèhne-Gui-GeofTroy comte de Poitou et duc d'Aqui*
taine, et Isambert II, évéque de la province. Gaufred
fut élu abbé de Maillezais (2).
eorum rtlictà Mathide* Tum eceptt eattrum iMcionenie €t mamute'-'
rhan tanetœ Mariœ Virginie, quod est in eodem Castro, combuisit»
mulPoêçuê homùuê ae feminoê m eu ^xtmxit, Chroo. Malleac.
« L'an l067. Lé dac ( Gm-Geoniroy-GaUlelme) , espouM la pria-
cease Aldearde , fille de Robert II , doc de Bourgogne* nîepce du
roi Henri l.*** , et pais après , nieu de raisons que nous îgnoronf*
il fut assiéger le château de Luçon , qu'il prît et réduisit en cen-
dres « sans pardonner au monastère de r?ostre-Diime« ny encore à
homme et femme trouvés dans le fort L'an 1068 , le duc jetta let
iondements da Montiecneuf » de Poitiers..».. • Besly* Comi» d9
Foit.
(1) Néanmoins on doit dire qu'on lit ce qui suit dans les manuf-
criude D. Estiennot.
« Quod sijuttojudtcio et juste hœe flatntnis dederit Guido , co^
mes rictavorum , quia hosiis sui dominio in erant , justiori sanè
combiusit castrum Lucionense quod debitutn et rationabile obse-
quium Domino proprio denegabat» Veriim m prowuscuà belii cœde
fontes et insontes eamdem sortempatiuntur, »
(S) M.* dçD. Fonieneath ^ lu. Ch. Araaalt, Hist. de Maiiiê^
lois»
9» } GpOFFBjOV » 3.<î ABBBÉ IXE lUCQir. ( ^09^
7, Le monastère de LnçoD; joaissait pppb^ement
d'une réputation de sainteté , à la fin du Xj siècle»
car Gosçelin de Parthenay, archQvégue de Bordeaux^
y fut ii^umé, en 1086 (Ij. On S£^ii que ce prélat était
de la maison des seigneurs de Partbenay, qui de lui
prirent^ par souvenir de la dignité d'un de leurs parent?»
le surnom de V Archevêque qu'ils joignirent à la déno-
mination de lemr seigneurie (2]«
8. Geoffroy, Goffredus , fut ensuit^ abbé de tuçon ,
en 1091 (3) et il serait le troisième abbé de ce lieu.
Ce fut sous son administration que r<m commença à
réédifier entièrement l'église et le monâst^e de Luçon,
brûlés, comme on l'a vu, en 1068, par 6utllelme-6ui-
Geoffroy, comte de Poitou et duc d'Aquitsàne. Ce prince
entreprit cette reconstruction , par les conseils dtf papa
Grégoire YII, dont le nom primitif était Hildebrand.
Ce n'était pas assez, en effet, que d'avoir fondé un
nouveau ^monastère , celui de Montiemeitf , il fellait
(1) jinno 1086 • defuneti sunt Goscelmus , archfepi^copus Bur-
digaiensts et Isembertus, Pictaviensts epiitcopus , quoiytm alter te-
pulttis est tn Sancto Cypriano , alter tn Sanctœ Mariof Lucionens.
Çœnobio^ Chroa. Malleac,
— Sepeliuntur m basilicâ Lueionensi , nobites virt D, D. Gos*
eehnus archieptscopus Burdigalensta » gui vùsit armo 1086. Gaital.
Lucion.
(2^ Il ne faut point admettre ropînion de ceux qui prétendent qiijB
les Farlhenay-l'Arckevéquey descendaient d'un archevêque de
Bordeaux , de la maison de Parthenay. La généalogie de cette fa«
mille établit le contraire. Du reste » comme le prouve fort bien La
Boque , Us mâJes seuls prenaient le surnom de rÂrchevèque , tan-
dis que les filles ne portaienl que le nom de Partheoay.
(5) Anno MXCI Gofredus Lucionens, AbbaSt eut successerurtt
Maynaldus , Daniel , Giiraudus. , Gi'ràertut^ C<VP«. MaWwc.
(4) M,* de D. Estiennot.
iedt— 1101) GSOFFEOT £T BjOUUD, ABBÉ8. ( »
aussi relever rancim étebU^aement ecclériastiqiie qu'on
aTaitlîYré aux Oammes, Uidepmîser les religieux du mal
qu'on leur avait fait, et se racheter du péché, par d'abou*
dantes aumônes. Du reste , le duc<;omte Guiiielme-GuH
Geoffroy fit, à la suite de son méfait, un voyage à
Rome , (1) et , dans la ville sainte, il puisa d'utiles en-
9. Geoffroy était encore abbé de Luçon, en 1095, car
il souscrivit, cette année, la charte de dotation faite
par Ârbertn, vicomte de Thouars, en faveur deTé-
glise de Saint-Nicolas de la Chaise-le-Vitomte. (2] Cet
abbé n'était donc point décédé, en 1091 , comme le dit^
par erreur , une chronique locale (3).
10. Renaud , Rot naldus, fut ensuite abbé de Li]çon(4)
et le quatrième » rang, et, sous son gouvernement
les moines de ce monastère s'engagèrent à faire parti*
ciper à leurs prières SaintrBruno, fondateur des Char-
treux , mort peu avant et le 6 octobre 1101 (5).
(1) M,s de JD. Eittennot.
Ma de D, Fcnteneati, — MJ de D, Housseau • à la bibliot.
da Aoi.
(3) Chro». Malkac.
(&)n ne pal être élu, en 1091» comme Ta dît D. Eatiennot , en M
fondant sur la Chronique dite deMaîUezaU» dont le rédacteur « ou Fa
déjà dit,a commis une erreur^puisqueGeoffror asaUte encore comme
abbé , à un acte de 1095. Pour faire concorder les textes , il Ca-
drait que Geoffroy eût été remplacé, de lait, dès 1091, par Renaud «
en consenrant son titre , ce qui est peu probable.
Kéanmoins^ et on en conviendra ici, le témoi£;nage d'une cbronîqns
de la localité est £ût pour embarratscr beaucoup , quand on adopte
une opinion contraire.
(5) Nov. GalU Çhritt.
SO] DANIBty GiBAUDn, GBRBSET, ABBBBT. {flOf-4030
11. Daniel succéda à Renaud , comme cinquième
abbé de Luçon (1) et dut siéger entre Tan 1100 et l'an
1110.
iâ. Après Daniel , le siège abbatial de Luçon fut oc-
cupé par Giraudlly GirauditSf[2) qui aurait été ainsi le
sixième cbef de cet établissement ecclésiastique»
13. Gerberty GirberiuSf{S} succéda à Giraud II, comme
septième abbé de Luçon. On présume qu'il commença
à siéger , vers Tan 1,120.
14. L'égGse de Luçon se trouvant terminée, elle fut
CMisacrée, en 1121, (4} lorsque Gerbert était abbé de ce
monastère.
' 15. Nous mentionnerons (Arbert ; Arbertus , comme
successeur de Gerbert et dès lors comme huitième abbé
Gomm de Luçon. Il dut être élu avant 1130*
16. Cë[(ut sans doute cet abbé qui reçut le bref de
concession du pape Innocent II ^ du 26 février 1130 ,
et adressé aux abbés de Luçon, de Nieuil-sur-l'Autise,
et de Saint-Liguaire 9 pour excommunier Hugues de
Bochefort, de Ruperfarti, et lancer un interdit sur ses
terres, parce qu'il avait enlevé des dimes à l'abbaye de
Saint-Maixent. C'était alors le moyen de contrainte
(1) Chran. MaUeae,
(^)Ibtd.
(h) Anno MCXX1J\ Ecclesia. Sanciœ MàTM Lueiamnêù fuit
' Bocrata iS KaUnd. Mai. Qiroii# Mftlleac.
(S) M.9 dej). Fonteneau.
1131^1137 ) ..^IBBKr f 8.« AMfi BS CUÇON. ( 81
oDpIoyépâr la ttiar de Rome,. contre k» Jalqpaes qpi
s'emparaient da temporet des ecdMagthpKg.
17. L'abbé Arbert figure, comme témoin, dans me
charte donnée, en 1131, par GnillanmeJeune, deniier
Comte de Poitou et duc d'Aqnitaine, en favenr de
l'àbbaye de Saint-Jean-d'Angély (1). Pent-étre cet Albert
esUille même qui- transigea arec Geoflroj, abbé de
Saint-Laon de Thouars [2] ?
18. Ce Ait pendant le gouTemement abbatial d'Arbert
([06 forent données les lettres dé Ludwig-Gros roi de
h*ance et nn diplftmeâe Xadwig-Jeuneroi de France
et duc d'Aquitaine par Aliénor , sa femme, datées de
1137, par lesquelles les cbapitres et monastères de
rAquitaine et notamment de la province ecclésiastique
de Bordeaux, fiirent confirmés dans la liberté d'élire
leurs prélats et abbés et maintenus dans la possessioii
des privilèges , immunités , et Inens accordés i Irars
19. Vers ce temps atssi le monastère de Luçon eut
un procès considérable avec l'abbaye de MJarmoutierSt
près Tours, pour le moulin de la Roche-sur-Yon. Ce
difKrmt fut ^terminé par GuiUelme Adalelme , éyèque
de Poitiers.
(1) Betly « eomf* tU PoiV. La 6««1« Ckrétîeiuia commet «ui«
erreur, à ce sujet, en datent ce titre de iO0O,lendie qnil eet de liSO»
(2) M.ê d9 JD. J^oneeneotCk
(3) Ihid.
(4) E$o GwVehnut « JDm* grdiût , Pictavtentiê Spittopu» , ptr
82;) ^CI, :^« ABSÉ HE 1X^1S(. ' i lit»
âO. On ignore Tépocpie du décès d'Aiteit; MaiB ton*
jours ést-ii qoèGiii le renïplà^ sur le siège aUiatiài
de Luçon ^ vers l'an 1140 ; il serait dés-lors le neuvième
ftbbér cobUH.
SU On croit que cq fut sous son adminifitration qpe
régjis^ de Luçon y déjà dédiée a la Yierge^ reçyt défi-*
pitiyement^ pour, second patron y Saint Benoit
Reste toujours la solution de la question souIey6e;prè»
cédemment.
^ â2. On connaît un acte dé cet abbé. Ce (ut le don ^
quli fit d'un ëalice doré au inonastère de Nuaillé^, sùi=* I
Yàiit lin ancien inyeiitaîre de cet abbaye /que X)om ^
êstiennôt droit être de il40 f2]« Cet acte dé munifi- i
cèhce porte à croire que Tabbé Gui était ortgibiurô i
du Éaut-Poilou. i
-••■'' • ^ . • • • i • •• . ■ ^
prtésènièm pdgtnam posfèrtiaits tr'ado mémoriœ qudît côftcôr'dtà j
iitWhdta iit inprèBsèntiâ nosità^ cân^rtf «n*if& îi2/di; quœ[ iHft» trU&n ]
abbatem beati Martini majorts monasterii et abbatem beatœ Maricf ^
Lucioi\ensis monasterii de quodam t^olendino,çui est apud Héchàm-^ i
castrum , quod vufgariter dicitur super Hohium, Cum enim utra^
que pars adj'udicium à nobis vocata ; sejustitiam in prœdicto mtH '!
hndinobabere dixisset , et raiianes suas in- .pro^nUA iftètm^ et
àïericorum nostrorûm éxposuissét , Tiahc çoficorcltam fectmus quod *
0bbàiMmàh:.^i.I)ucùniénsit ecâl&iieS. ^idqûid jûtïê tN^ 'jp'rtBfl^ j
molendittû se bab.,,, majoris beati Martini moimsteno . ouminà^dar*
feht 'étdirnit,,. accepfis à'fratribus mafoHsûiohâhtérii' qvMdringe^^
^ sojtidis ^ndigtmn9i» mtmeths* StiiqMtgyrgo Kietis fimàîffirp^f^
eentiâ nostrà et cleriogrum nostrorûm côncordiam factan^^t ^aii|
ïnfrtnqere prœsumpserit anathematis gîadio feriatur t'Ufitèlrfàe^uM t
huic concordiœ Golbertus decanus , magister Hilarius , ïdiuren-
tius archipresbyter, Guilïebnus de Mortuomare , Tetbaudui abbas , |
Mumaetsmiè, GuStùitMi^, aha^lMeinùndeûi,(htiiitkmiqUi'iène :
eratpricrde Rûchàéé GduffiMtia'dèl^i^itaà» : . r-. ^ ,->- I
£x Cartul. S. Martin. Major, mona^ Turon^ *' '}
(i)M.*de D.FonteTteau. ... 1\
{t) Nov, GaU. Ckrist, -; M.\d< J). Eêiim^t. . >^
^
llSir ) N. iOJ Attfi BB mCMMUfU. ( SS .
y. A partir do déeé» de Gui, 9."« aM6 » tt f
a , dans la Gaule GhréUmne, une lacune pour la sMé
des abbfe de Laçon et leg manosctits de Som Fente-
nean et les antres documents i notre disposition , ne
nons perôiettent pas de la remplir.
â. Qimqo'il en soit, nous allons mentionner deux
diplômes felatif^ au monastère de tecon , mais> dans
leur contexte » le personnage oceupant lesié^e abba-
tial n'est pas nommé. Toujours est-il qu*Henri n , roi
d'Angleterre et dac d'Aquitaine, et la Reine-Duchesse
Âliénor, (1) se trouvant à Chizé, vers 1157, (2] concédè-
rent , par deux titres, Tun émané dujnari et l'autre de la
femme » à l'établissement religieux de Notre-Dame de
Luçon 9 un domaine appelé la Paludeuue , consistant
dans le marais » dit le marais du Comte , sur Templ»*
cément duquel on avait bâti la tt'Aade Choupeaux (3)
et'la propriété de la redevance due, pour le pacage des
brebis et des porcs. Les religieux furent déclarés ex-
empts de toutes les prestations dues aux prédécesseurs
des donateurs , qui concédèrent également toute la
tene labourable du domaine , sous la conditicm que
personne n'habiterait sur le chemin de communication
conduisant au Gué-d'Alleré (4) , afin de ne pas encom*
brer le passage destiné au Prince , lorsqu'il allait à la
diasse {B)« Néanniofas si i malgré tout, queiquéi iiidi-
vidos venaient àse fixer sor ce point^Hènri II et Alifinof
Cet! U date ÎBdlqvte pv D. FoAtenem.
yHia CadupeUiê,
Goaunviie iwtvelUde l-aTroAdUMiiicnt de La^Rociitlle^ ié*
peirteinent de U Ghareote-Inférieure.
(5) ProbebUflaent à la chMae dea oiieaux de mer et de livi^ve^ fui
daWupV •VH>iH t^ore , eue tjrii-cQmipiuis dans ces parages.
" • 5. • • •
M ) GuiLLBUfBi il.« AmA DB tVÇON. ( il82-f 1^8
pennettàient qu'ils .deTinsseut. les hommes do mqnas-^
iér^ (ta Luçon. I^ doQa,teii]» racommaDidaieiit d^ ;ie
pas. laisser perdrejes fniiH!l|is;e9 de^.Ofappirewx et s?
ràserraient le droit d'appeler k Jat/gueir^., le cas adr
venant, les habitante. de cette localité; Ge dtplôaie^
jrevétu des sfgnatares de GeOftrgy, archqvèqa^de ppr-
,ûmij^ / de Cakm , ëvâqoe de. Poitiers ,. det S^hilipi^'»
év64ue de:Bayeiix M abb^ dis MeuléoD..
■ ^;,Guîneliiae/ tfûtIîéîmMS/'êtàît abbé de Lnçon , en
1182, et nous le VoyôiiS figura, comiaaetémoînV dans
une ctiarte relative à Boisgrollandi Dans té fiiit /Pierre
de Voluyre, vQùtant ^ai'f tir pour Jérusalem,, donna à
Benoit, abbé de. Boisgrolîarid et à ces religieUl la qua-
trième pailîe dés J^sfS^uér^u^^ leur maison ditué au
jPôiré dé Cuiizon , et èomiâé le dônatietûr n'avait paît
son sceau particulier^ îï lit signer Fàbbé de Luçon (1).
h est aussi* fait inénfion de l'abbé Guillèlme, dans le
don consent ; là même année 1182, par Pierre deà
Ëssarts , aux moines' de XUçon, deVéglisé de Saint Tho-
nijas , martyry et ,de quelques autres'objeCs!cfûi formèr^^nt
ta prévôté desEssarts, di^itqde cetié église (2].Ceméine
abbé est encore mentionné /dan^une charte de 1192 ,
relative à KTailIezais. '.
4J Evrard ^ I^ardus; dev|itt aUbé dcrLuçon; ,-^tpré9
6iiinelm&; dont Uèpoqueidui décds.est ignorée » ^
conserva assez long-temps ce titre ^ ou du UMÛns de
1198 à 1216. Ce fat sôtt» s6n administration que Pierre
de Yoluyre , chevalier» ^onna aux sKunesde huçon
" (I) fTdû. Gaa. Christ,^ Cartuh Zncion, / ^
(S) M.$ deD. lonteneau. '
dnqaante sèiis ée rente amnaelle, pour sidyteiilrà U
dépense de delà deigeft, qid devaient toojoars Inràler,
dans l'église du monastère» Cet acte est daté du jovtr
de Pâqoes , fi airrft 4206^ Philippe était roi de France
et Jean roi d'Angleterre (!}•
5. Peu après l'an 1200 , on tronve^ dans le Bas*-*
Poitou , une famille qui portait le nom de Luçon et
qui sans {doute possédait » dés le principe- des noms
propres , de grsuEides possessions dans cette localité.
En 1206 » Pierre et Hugues de Luçon » de Lutione ^
figurent dans une cbarte f2}.
6. Dans ces temps si éloignés de nous , on procédai^
par daasiflcationde noble etdcrotqrier , non-^ulemciit
poor les personnes , mais aussi pour les domaines. Ovi
prte de Luçon , la terre de Brédurière , qui appwr-
tient à la dernière famille (3} pourvue de FolBcci
important de sénéchal ia Poitou»était routée roturière,
Hugues de Luçon » qui avait la supériorité féodale , sq
le domaine en question , Tannoblit en 1214 » d'après la
demande de Pierre Farsit , qui le possédait. Cette
concession (ut ratifiée^ l'aimée suivante» par Aimery i
Vicomte de Thouars (4).
On trouve encore Pierre de Luçon, dansune charte
de 1221, que ncms allons citer bientôt
7. C'est aussi à peu près vers cette époque qu'on
commence à rencontrer la série des seigneurs de
(l)lVo». Galh Càrtêt CartuL Lucwn.
(2) M.ê de D. Fonteneau.
(3) La famille de BeufVier.
{h) 9Î s de D. Fmtcneau.
9$, ) EVR4A]»» lâ.« ABBÉ im LVCOR^. { lâM^lît?
Luçon 9 car la possession de cette localité était akM
partagée entre les religieux du monastère de &te Marie
et des personnages laïques. P'abord » en 1206 , figure^
dans un actct , Raoul de Taunay , de Taunicu» , cheva^er^
6eû;neur de Luçon, {miles ^ dominus Ludonertsis ^ qui
donne des marais au monastère de BoisgroUand (1) , et
l'acte est passé à Luçon même ; pui3 en iâoa , Raoul-
de Machecoul , chevalier» seigneur de Luçon , ratifie
le don fait par son prédécesseur Raoul de Taunay , ea
présence de Josbert» abbé de Trisay^ d'Ostence , abbé de
UoreiUes» de Pierre , abbé de BoisgroUand et autres»
Biais il y eut une contestation, relative à une portion
de ce môme marais ; (aussi on trouve , sous Tannée
1217 f (2) des lettres testimoniales deBeatrix , fiUe de
Bernard de Machecoul et dame de Luçon, pour cons<-
tater une transaction faite entre des particuliers , vâu
^ujet /est-'il dit , d'tm marais , situé dans le territoire
de Luçon , qu'un juif avait acquis, du vivant de Raoul
de Taunay le Vieux , àieul de Beatrix et que Jean
d'Auhiis, avait depuis acheté du juif, du temps de no*
ble homme Raoul de Taunay le Jeune , oncle de la
même Beatrix. Ensuite se trouvent les lettres testimo*-
niales d'Âhnery de Thouars, seigneur de Machecoul et
de Luçon , pour constater eette transaction.
Le monastère de BoisgroUand avait reçu eoT, don
une autse portion de marais , située près de Luçon,
de la part de Bernard de Secondigny , et deBrunefaye,
sa femitie;; et Âimery ^ vicomte de TbouAts et Beatrix^
dame de Machecoul et de Luçon, confirmèrent ces dis*
(1) Jlf.« de JD. Fonteneau. ^
{î)lbid.
fùâOomf par une charte de l'an 1219 (l),fidteetfpié*
«ente de GniMine , aUbé de Boisgrollaod t de Herre
Bndé, chevalier y et de plusieurs antres.
La posseasH» de des marais était commime i pla-
filam. Ce qui le prouve , c'est qo'en 1221 , Pierre de
LBçon , diclara donner à Gnfflelme^abbé de Boisgrol*-
land, tons les droits qu'il avait, avec Hugues de Lnçon,
sonfrère , et Bernard de Secondigny , dans les marais
cédés par ces derniers (2).
Aimery , vicomte de Thouars , fit plus que de rati*
fier les^ms fiiits au monastère [de BoisgroUand , dans
les marais de Luçon , car il fit remise à cet toblisse-
ment ecclésiastique de tous les droits de taillées qu'il lui
devait, tant dans ces marais que dans toutes ses autres
teires^jusqu'à la Grange du Poiré deCurzon. Cet acte
fitfpaasé, le22 mai 1221, dans la maison que le vi-
rante possédait à Luçonl(3).
8. Hugues était abbé de Luçon, de 1216 à 1220 (4) ,
rt ce fiit , de sop temps , que Pierre de Yoluyre fit de
grandes libéralités au monastère de HoureiÙes.
9. Vers Tan 122S , le monastère de Luçon (5)
reçut plusieurs dons. Thibault Frelin , seigneur
du Champ-St.-Pére, le gratifia d'une maison , située
dans cette localité , des moulins de Sauvaget et d'au-
(1) M.* de D. Fomeneau.
(2) lôid.
(3) Ihid.
m Betly , évéque de Poîtien, — M.* de'D, Eêtimmot. — Nov.
GaiL Chrut.
(5) CartuU JjucioHt
38f ) HUGDK y i3.« ABBÈ làB, WÇ&É.. ( HZÛ^ini
très hiritoges (i). Uupea plos tàvd:, Maurice de Stbnt-^^
faucon, doipm à Luçon Féglise de Ronssay et îles di)^ .
maines (2). .. /;..>:/.; . '. ,-
- i(K fions Taimée 1232, on tronvcf nn iK>mm§
Vital Grcâmictier , quaUflé; de btnwgms de St;-lilicii€i-i
on-rHenn, qui donné des tenres au 'mon^Btére de
luçon (3)«
11. Nous avonn mentionné te dot de la terre de
Ghoupeaux (4) , fait au même monastère par Henri
II Plantagenet et AUénor d^Âquitame , sa femme. ï^o-
bablement que la maison deHauléon , qui était quasi
souveraine de rAunis , avait des droits sur. cette loca-
lité. En effet ., en 1233, Savary , seigneur de Mauléon,
de Talmont et de Benon , confirme la posses^on de
Glumpeaux, appelée imulade Chaappeh, auxTeligîaix
de Luçon. On voit, de plus, dsms cette diartê» le nom
du prieur de la localité (5j , et que le don d'Henri II
et d'Âliénor , n'était qu'une sorte de rati^cation d'une
précédente libéralité, faite par l'un des Guillelme ^
comte.de Poitou et duc d'Aquitaine [S).
12. n ne faut pas croire que l'exercice de la puis-
sance féodale se soit borné à des^ droits à exercer ,
elle entraînait aussi avec elle des obligations, qui
' (I) Poar indiquer le genre de possession, on se Serf notamment
de ces mots : oticha , une oache • pratum , un pré » haya , une
haie.
(2) On emploie ces expressions dans la charte , Grangùt', Ar€a,
etc.
(3) CartuL Lucion,
(h) Sut l'an il57,
(S) A.Brillonet,
(e)M.^ deD.Fonteneau.
selataaieiit pasift^qjppn .la Hberté de la peMÉùsà
é^nsA lions ¥oy<MM» qojeii' mars Idtâ.» leamie^idame
deJa.SiOclie->M];-¥w et ide^Loçop^ ta xettdaiitiiPi»
toise, sço hommage l%e A^AIpî^asd» idEnnte^dePt^^
(1) s'engagea, par «erpoent, de ne pas se iparier à un
etmemi da roiXoùis tX^ ou dii Comte Atçbônse^ frère
de celui-ci. L'obligation qe paraissait pas sans doutç
sofS^te^ car à la lûême époque on obligea Âimerjr^
vicomte dé Thduars , et son frère Geoffroy de Tbouars^
Irësârier de St/Hitàire de Poitiers., de cautionner Ù
promesse^ de la dame de Luçon.
Noos trouvons , plus tard , des conséijueoces de cet
acte.
lâLËn avril 1249 , Jeanne , 'dame de Loçon et de la
ttoehe-sur-Ton.,, femme de Jtfamrice deBelleville^ fidt
un accord avec Alphonse ^ comte de Poitou. .Dana if
même mois , Maurice de Belleville et Jeanne, dame de
LuçoQfit de la Soebe^ur-Yon , accordent , pour cin(i
ans/ au même comtç Alpbonse , la jouissance de leiii
château de la Boche-nsuc^Ton. ; . f
n fût ^t en novembre, 1236 une libéralité aux-reliF-
girax deLliçoli^qui eut de rimportancè;psir ses résultats*
Ce fiit te don cdj^çWj par GmllaumeGreflisin , bourgeofe
de PoitiCT»- (2)., .d'un emplacement et d'un herberg^^
meht^ Ptdtea «eu HerbergainmUum , dans un Meu appela
les Pillerfii de Gautier , Ptlarii Galteri^,^ ^ituê dans
}a cénslve de Saint<*Hilaire4e-Grand.f3).€'est là où fut
'(^'^i^^*'^^<'^*^^^.^<^^^^*^ ^^ Hojftiiine» Poifieri* S.® iroU
' fî) ilf .* d0 D. Fontenequ.
(SQ ThiliaadMii , a^égé de l'Hùtaire du Fétêous dit qu^ y
40.) Hugues , IZ.^ amè m LueoN. ( IMI
édifié Iliôtel dit des Ttois-Pfliers, qiii serVit derefoge
aux moines de.Liiçon , penddnt les guerres civiles , et
jm dernier lieu et aujourdliui eueore , est devenu une
iiôtelleriey portant toujours le même nom (i).
* 15. A cette époque, nous trouvons que la sei-
gneurie de Luçon appartenait à Jeanne ,. ^ui était à
la fois dame de ce lieu et de la Roche-sur-Yon , et
femme de Maurice de Belleville , seigneur de Montaigu
et de laGamache (2); et, sans doute, à raison de la pro-
messe faite au roi et au comte Alphonse^ en 1242 ,
elle ne s'était mariée que du consentement de ces
deux princes*
16. Nous mentionnerons ici un don fait [à Tabbaye
de Maillezais, en février 1261 , par des particuliers î
de tout ce qu'ils possédaient, parce que cette charte, est
rédigée dans le langage poitevin , qui est encore aujôur-
«vaiilà une porte de TîUe. ^U.f«at âtve qoa e'éuît une ponrte p8#tl-
eulîère au quartier on faubourg Saint-Nicola« » qu'elle iesmait dil
eâté dtt Sud. Nous empruntons cette remarque à autrui.
(l) < En remontant la rue de la Traacliée > on laisse k gaucKà
rhoteldes Trois-Piliers , appartenant autrefois au monastère de
l#aten , auquel il avait été «édé» par un poitevîii, nommé' Cuillaume
Qrossin » en 1256 ; il est .déaî^fné d^ la chartct de df^tioik sons
le nom àes Ptliers de Goutter. Ce nom lui vient de trois piliers
dont lusege n'a point été bien déterminé » et qui se trouVelif 'én-^
core aujourd'hui compris dans la maçonnerie du mur d^enfrée.
Dès le temps de Boucnët /au commencement du XVI. e siècle «cette
maison était une auberge relie servait de limitd entre le bcnir(]r'de
Saint-Hilaire, soumis à la juridiction du chapitre « et U villa ,p|Or:
prement dite : deux petites figures \ |»lacées à droite et à. gauche »
dans les montants de la porte,, du coté de la cour, indiquaient»
dît-on « 'deux territoires. L'une de ces petites figures existe encore»
dans le montant.de gauche « l'autre a été couverte par la,, maçon-
nerie. » H. Fouéarf ; Poitiers et ses ihôhuments.
(2) Don de rente &it par eux , en Février iSSG , au prieuré de la
Boche-sur-Yon. Jlf.* deï). Fonteneau. -^ 'Voir à^ssi les act«8 de
iS4»99citésct-do«ms. t..
I27â-lâ86 } Maurice , 14.« Amt ob ujçov. ( 4i
dli!ii[eiiiisage dans leBajhPoitou et parUcaUéremeDt dans
lesenYirons de Lucon (1). Il s'agit, du reste, de localw
lès rapprochées de ce. point et c'est on document impor-
tant f pour la linguistique.
17. Une vente de quelques maison? et héritages » &ite
en décembre 1273 ^ à Pierre ^ ahbé, et aux religfeur
de Saint-Michel-en*rHerm , par des particuliers (2),*
mérite d'être mentionnée ici» parce qu'il est dit que oes.
immeubles sont situés au château de Luçon (3). Or ,
il&ut que Ton sache que l'on entendait » par l'expre9-r.
âoo de château» une yille ou un bourg fortifié. En un»
mot , tout ce qui était dans l'enclôture et sous la
protection d'un château , était indiqué] comme fiituô
dans ce château (4).
18. Maurice était abbé de Luçon à la finj du XIII>.
flécle , car on le trouve qui fait un accord avec l'abbé
des Fontenellei) » en 1286 (5).
19. A la fin du Xin.« siècle» la seigneur» de Luçm.
occasionna une grave contestation. Elle fut décidée pàr^
des arbitres dèihaut parage » qui furent Guide Lusignan»
seigneur de Fère et de Perat » et Philippe de Beau-*
(i) M.* de B. Fonieneau.
(%)Ibtd.
(5) V«até kîte y%i des ixirticfilièTt à bhn Pierre « liamlilê ùlU ,
par k grâce do Dieu , de Sent Mîcheu de l'Ers et an coayent de
cette nréme abbaye , de rHerbergement qn'ils avaient au chàf eaii de
Luçon , aTOP quelques héfH^p, ia yènï^ eeeliée .daa aeeym:
MonseîmenrMacé'de Saint Venant» chevalier sénécl^n N. S. le
Boî de France en Poitou et dan «ian de Rettaut de Mircoimay. %'"
(6) En 4S7&, on trotive la mèntio* de Gaufk'êdiu dê^ Xnr^W^.
«ale<tf«. On Mit que cette qualification dé yalet . emportait alors
l'idée d'nn titre de noblesf e«
QS)ïfo9.Gan. Christ. ' - ,;.
6.
^ ) MAtjRiCB f 13.« AB6é m ItTÇOlir. ^ ( ii^
manoir, chevalier , sénéchal du Poitou. Il s'agissait
d'un différent élevé entre Droc de Meiio et Droyn ,
son fils, d'une part ; et Jean d'Harcourt, maréchal
de France, et Jeanne sa femme, veuve en premières
noces de Geoffroy de Lusignan , d'autre part; et le*
lè li%e avait pour objet les terres de Luçon et de
Safnte-Herniine , accordées par Geoffroy de Lusignan,
à Eustache, sa fille , en la mariant à Broc de Mello.
Geâ^éme6 terres furent, par «la sentence , confirmées
à-Droyn de Mello , leur fils , à qui on adjugea, déplus^
lÀ téite de Prahec et une autre encore (1).
20. (.es rois de France , qui successivement avaient
été appelés à la possession du Poitou et même de l'Âqui*
taine , par suite de la confiscation exercée sur la mai*
soù djÇ Plantagenet , à cause du meurtre de Jean-sans-
terre, sur son neveu Arthur, tenaient , avec raison,
à maintenir l'ancien état de choses , dans le pays, pour as-
fiwar leiir domination/ C'est ainsi qu'en juin4âSd,Pbi-^
lîppe^9[àrdi , roi de France , confirma aux chapitres et
monasières d'Aquitaine, la liberté d'élire lemrs ëvéqneft
et leears idibés, en assurant de nouveau, la i^ossessiôn
des privilèges , immunités et biens donnés aux églises
. -fil^ La position des Jai& était alors bien précaire en
fi^aàce. Up jour on les chassait et un autre jour on leâ
iiapnelait , parce qu'ils étaient , pour le souverain ,
iln^ yêriiàble mine à exploiter , car il ne les tolérait
qtt'm, leur faisant payer de grosses sommes d'argent t
(1) M.* de Z>. Fontenuiu. La natencê est du M so4t 128&
1293 ) MaUBICB , 13.* ABBÉ ]>B LVÇOIC. ( 4â
qu'un leur arrachait, de temps à antre. Or, voici qa'à
la fin dn Xin> siècle, Philippe-Bel , roi de France ,
sur la demande du clergé du hant et da I>as Poitou ,
consentit à l'expubion de ces mArëans. Mais c'étaU
DB revenu perdu pour le fisc et il (kllait , en les chas-«
sant, rembourser aux Israélites , au moins une partie
des prêts qu'ils avaient fhits au prince. Pour parvenfar
à ce résultat , on établit un fouage , focagium on foagium^
C'était un impôt perçu par feu , de ceux qui tenaient
feu et lieu. Mais alors les ecclésiastiques et les noble»
prétendaient n'être tenus à aucun tribut et ils furent »
pour tout le Poitou , déclarés exempts de cette nature
dimpôf 9 par des lettres données , en 1293 , à Saint-
6ennain-en-Laie (1).
23. Si , dans toutes les institutions , led abus finissent
par slntroduire , il paraît qu'il en fut ainsi pour iep
mites. que Tévéque de Poitiers faisait faire, dans son
Taste diocèse , par ses archidiacres et ses archiprétres»
afin de s'assurer que tout se passait dans le plus grand
JDtérèt de la religion. En effet » on voit que ces offi<«
ciers, faisaient une affaire d'intérêt pour eux de lu
missioa qui leur était donnée, en mettant le bas clergé
à contribution, d'une manière tout k fait criante, et que
Ton aurait peine i croire, si un document non contes^ '
table ne levait pas tout doute à ce sujet. Ils exigeaient
une forte somme pour un prétendu droit de diambre ;
ils mataient avec eux un nombre de chevaux bien
supérieur à celui prescrit par le Concile de Latran p
et ils exigeaient que leur hôte les fit ferrer tous ; ils
se montraient délicats à l'excès sur les sauces des mets
(I) M.* de V. FonUncau.
44 } Maurice; i3.« abbé de luçon. ( 1298
qu'on leqr offrait et sur les moyens d'éclairage qu'on
leur fournissait , et enfin , après avoir reçu tout cela
'en nature \ ils s'en faisaient encore donner le prix ,
sinon ils allaient jusqu'à menacer de l'excommunica-
tion» pour arriver à leur but. Néanmoins on doit croire
qu'une telle conduite n'était pas toujours celle des Ar-
chidiacres et dés archiprétres du Poitou. Toujours est-
il que le mal fut si grand que (1] Gauthier de Bruges ,
évêquede Poitiers ^ se crut obligé de réprimer les abus
signalés. D'après son règlement du 9 décembre 1298, il
fut ordonné que les établissements religieux et les ec-
clésiastiques feraient une honnête réception aux archi-
diacres et aux archiprétres , sans qull y eût pourtant
rien d'extraordinaire; que dans leurs tournées les ar-
chidiacres n'auraient pas plus de sept chevaux, et les
archiprétres au-delà de deux ; que ces envoyés ecclé-
siastiques seraient logés et nourris, eux, leurs domes-
tiques et leurs chevaux , par ceux sujets aux visites,
qui payeraient aussi la ferrure des chevaux en cas de
besoin, et fourniraient de plus le luminaire. Tous les
anciens droits de chambre , de sauce et de luminaire
furent supprimés! 11 fut dit encore qu'on pourrait se
rédimerdes embarras de la réception, en donnant aux
archidiacres neuf deniers de droit de sauce , * autant
pour le luminaire , et dix-huit deniers pour la ferrure ;
les archiprétres n'avaient droit qu'à la moitié de cette
fixation. Enfin, le prélat déclara nulles toutes ex-
communications], interdictions et suspenses , relatives
aux droits de visite.
vr. On ne sait pas à quelle époque précise fut élu
(1) M.^ de D. JBonteneau-
1303] PlSRRB INB JJL VOTRIB, U.« nBSm. ABBÉ, (tt
Pierre de la Yoyrie ^ ou de la Yerrie , ou de la
Yoyere , Petrus de Tereya (1) , qui était destiné à 4Hn
le dernier abbé et le premier évêque de Lnççn. n dnt
prendre possession du siège abbatial tout-à*fait à la fin
du XIIL« ou, au moins I dès les premiers Jouis
du Xiy.« siècle.
â. Une contestation s'éleva devant le sénéchal de
Saintonge, entre le monastère deLuçonj et le procureur
du roi 9 en Saintonge et Aunis, pour la juridiction sur
rUe et la Villa de Choupeaux , ainsi que sur le do-
maine des marais Coustau et d'Autravers. Sur cela f
une transaction fut faite , le 9 février 1302— 1303 (â),
entre Pierre abbé et les religieux de Luçon , d'une part;
et Guillaume Lescuyer , ayant cause du rai , de l'autre ;
il fut reconnu, entre autres points et arrêté , que l'abbé
et les religieux de Luçon avaient la baute justice de
Choupeaux» qu'ils auraient la petite voirie de sept sous
et demi et même de soixante sous; qu'ils percevraient les
droits de vente; qu'ils pourraient faire prendre les vo-
leurs et les garder pendant huit jours et huit nuits ;
qu'ils détiendraient même au besoin, et pendant quarante
jours, ledëlinquant pour voies de CBiit,aBn de s'assurer |si
l'individu battu guérirait. Du reste , il fut établi qu'en
général les malfoiteurs de Choupeaux , seraient remis
(2} Il est dit ailleurs, de Vexafa , ce qui le fait appeler Pierre de
VeMDcay * par Oom Kstietinot , qui le tient toujours pour être
d'uoe famille noble du Poitou . .portant pour armes une croix fleo-
rounée • sans dire de quelle couleur et ni sur quel fond. Pïuus parle-
rons, plus tard, de cette maison, lorsque l'abbé sera devenu évêque
de Luçon.
(1) Le vendredi après la Chandeleur 1302. L'acte est passé par
Pierr» Bougaerin , prêtre et çarde-scel à La Rochelle , en présen-
ce de Pierre d'Ambois et d'Alln do Berner , témoins. M,* de D.
iontencuu.
«6} PnRUMlAVOTOi» 9WX.A9i6« (t307«t90S
à Guillaume Lescuyer^ c'est-i-^^m, aa procureur da
3. Le doyen de la cathédrale de Poitiers » était eii
{possession d'un droit de visite et de* procuration , taof
tous ies monastères du diocèse. Probablement il en
abusait comme les archidiacres et les arcbiprétres en
avaient aussi abusé* Aussi par une bulle donnée ^
le 20 octobre 1304 (1), le pape Clément Y, siq^
prima le droit que réclamait le doyen de Poitiers;
•mais pour indemniser ce dignitaire < le souverain
Pi^tife réunit au décanat du diocèse le titre de doyen
de Mareuil-sur-Ie-Lay , ce qui étab^lissait dès-lors d€^
points de contact fir&qpients entre le doyen de Poitiers
et l'abbé de Luçon.
4. Le séjour du pape Clément V et du roi Phitippë-
Bel, à Poitiers, en 1307, et la destruction de Tordre
des Templiers , qui en fut la suite , eurent sans doute
du retentissement en Bas-Poitou ; mais nous n'avonsc
trouvé aucun document à ce sujet.
&. Le pape Clément Y avait une grande prédilection
pour le siège métropolitain de Bordeaux ^ et probable-
ment parce qu'il l'avait occupé (2). En effet , de l'an
1305 à Fan 1308 , on voit une série de privilèges ex-
traordinaires pour ce siège. D'abord il est soustrait à
la primatie de l'archevêché de Bourges ; on accorde
à l'archevêque de Bordeaux le droit de visite, dans^
les diocèses de sa province ecclésiastique ; on désigne
les honneurs à lui rendre pendant sa tournée > on lui
(5) M.t de 2). Fonteneau,
(l) Bertrand de Goth Tut arche vô^oe de Bordeaux , etc..
permet de feirepoUier tout ee qu'il Jugera ooiiTenaldA^
dans les syBodes de ses sufBragaute; il obtient le droit
4e râite, dans les églises eathédrales et eollègiales des
diocèses pla(;iËs sons sa primatie; il est autorisé , dana
œtte ciroonsefiptioQ , à cootinuer une visita commea-^
o6e, à {Qstmtre pour crimes secrets et notoires, à exercer,
sa jftridictlon sur les usurpateurs et détenteurs de
bieiH ^désiastiques et autres: à lever des impôts t
sur le deigé de sa j^vinee , afin de dépoter à Romo
et aflleors (!}• De plus « un serment devait èt^e prêta
i rardievêque de Bordeaux » par les évè^es set
soffiiagantâ.
Pour qu'Arnaud d'Aux, év<que de Poitiers» ne pûl
prétendre cause d'ignorance de Tétat de vassalité oA
le Souverain Pontife le plaçait, loi et ses collègues en«<
vers leur métropolitain ; A. de Ganteloup^ archevêque
de Bordeaux » lut écrivit, afin qu'il fit publier les but
les de Clément y (2).
|6, Mais il parait qu'il y eut résistance "des évèques et
même de tout le clergé de la province ecclésiastique
46 Bordeaux /à Texercice de la puissance confêrée à
l'archevêque. On. recourut à Tautorîté royale et Phi*
Sppe-Bel , donna des ordres» en mai 1310 , pdtar
fiôre cesser les empiétations des officiers du métropo^
Utain (2] et mamtenir amsi les libertés de Téglise gai*
(1) Voir* pour oef pmilégei, dans les manascritt de DomFoDtA-
B«aii i mi« iéri« 4« buUes , qui coonmence à U date du 6 f^orembre
43t)S et finit à celle 4ii ^21 Novembre 1308.
(1) Lettrée du 8 Mer» 4307^i30B. if .• dt^ 2>. Fwdnutm,
(5) Du 2 Mai 1310. Lettre de PhîUppe-Bel , qui ordonne au té^
uéchal de Poitou » de faire cesser les vexations des officiiirf de U
proviQce ecclésiastique de Bordeaux cbntre les évoques'^ It^s 6ffi<^
ciauz et autret juges dcclésiastiquei. -^ Da m6aie Jour « &«[ inèaifl^
48} PiERR£ BE hX YOTRIÇ , 14.« ET DERN. ABBÉ. ( 1309
Ueane » en ne. permettant, pas à l'arcbevêque d'attenter
atix droits des évéques , se3 suf&agants.
7. En 1309, il existait un procès très-important
entre Tabbé et les religieux de' Luçon , représen-
tés par frère Pierre de la Voyrîe , abbé de Luçen
et Jean Robert , procureur de ce monastère , et Denys
de Melle , seigneur de Sainte-Hermine et de Gemac >
pour les droits sur le marché et le minage de Luçon.
Cette contestation fut terminée par un arbitrage fait:
par Nicolas Beau , seigneur de Ste. Gemme et Jean
Bourneuf y clerc , et le traité qui contient la mention
de certains droits peu connus , comme ceux de cohuagCf.
étalage ptievdgeaLUX foires et marchés, des dispositions
importantes et des termes assez curieux., fut reçu dans
le courant de ladite . année , par Jean^ garde-*
sceau (1) du roi à Fonteàay ^ assisté de témoins.
ordre de ne point emprisonner les clercs et dé tes remettre ans,
évéqnes, et enfin de ne faire aucun acte de* justice en matière «cri—,
minelle ,. contre les clercs et les ecclésiastiques. Injonction aassi'de
be rien exiger des roturiers» pour les acquisitionf faites datia 'lea
£efs et arrière-fiefs dea-eccûsiastrquda. Af.' de D, JBonteneau,. -
r- (1} Voici un passade de cet acte ^ transcrit dans raiièt du eon«
seil du ^7 avril 1782, qui maintientle droit de minage à Luçon > en
faveur dé rivéq,ue.de Luçon etilu marquis de la Goudxaye.
ft Nons r lesdits abbé et procurei^r , disent et propousent que pouc
la moitié delà vende et pourla moitié dau minage , que lïous au-
rions personnes ô noblfi faomtne Monsieur BeUeyiUe « en la ville de
Luçon , nos pouriens prendre , arrester et justicier par de vaut .noA
et avoir telle amende , comme il a fait selon us et coutume, de- pa^tf
de vende et do minage non paye , et de lever ou de faire lever les*
dites amendes pour notre main et d'avoir 1^ regard des boikseàuiCen
ladite Ville , et d'en avoir la demande d'icelle et de ceux qui à atlH-'
ires boisseaux que à ceos dau minage ou qui ne soient droiturér «
vendraient ou achèteraient > et de âice. venir pardeva,9t HQÇ ou .^par-
devant, notre commandeur pu petitoire ou par semonce, ceos' qui
ontles^boisseaujc de la ville ousque Von voudrait vendre et acheter
pu de faire que nul ne vendast, mais au boisseau daû minage', en fa*
cohua ou menlieu public et y)utes cestes choses et chacune pré so^
1317) PnE]IBDBI.AYQniB,U.«RnBEll. ABBÉ. (49
8. On y2| bientôt Toir le mmastèie de Loçon s'élever
en ]i06ition et deveidr un éyéché. Mais auparavant
4'arriver à ce changon^t, il est convenable de faire
comaitre tontes les localités à qui cet ébd>lissement
administrait les secours de la religion, en y envoyant
des religieux , qui y exerçaient les fonctions de prieur
ou de cive.
Parlons d'alxMtl du territoire qui forina la circons^
cription du diocèse de Luçon , en indiquant
et mettant hors de ligne , le lieu même deLuçoUi oik
était le monastère et celui des MouUers-sur-le«*Lay9
où était un prieuré Ms-considérable oti plutôt uo
seeond monastère, dépendant de celui de Luçon.
BOUS poyont lutre «tef» ^|»1oit6r purnos ùxl ftr autrea «n U tîIU
deLscon» en fief et arrière-fief , audit teîgnear de Saint-Hermino »
tant en la côhne qné' en maiaon , en conrtila el mbea que en ve^
Belle* « qnn*en qœlfnea feutret lieux que ce soit et de lever les
amendée et payement par notre main , eaus en reconnaître ledit
•eigneur de Saint-Hermine à touverin ; deaquellea ekotes et chncu-
need't^ellef est accordé par nousîlesditt^reli^eux pour nos et pour
antres, aurbns > tiendrons , verrons et exploiterons les choses tou-
tes dessus dites, en la ville de Luçon , en fief et nrrière-fiei audit
seigneur # tant en ladite cohue que tant ea maisons » en courtiJs «
en ruhes , en venelles et la' bourse , lever ainsi toutes voyes qua
pour la vende et pour le mina^ non paye » nous ne pourrona
prendre t ni arrester en ladi{e terre dudit sei^jneur de Saint-Her-
mine » mais ceux dius quels U vende ou le mmage teroient dui>
tant seulement et •aussj. poyra- ledit seigneur , pour son cohnage
et étalage et levage aux jours Ûatz foire» et daut mafchés , pren-
dre et aux autres jo^rs que ih seront dus et arrester en nef et
trrière-fiefà de nojis lesdits. religieux, pour le cohuage » étalage
et levage non i>âyè aildit acigneur de Sainte-Hermine. De recbeC
comme nous le^ta religieux disons que le cimmetierre devant la
porte de Saipt-'Etiénne de l'église de l'abbaye de Luçon doit être
nj^tre, en toute Juridistion ;'gratode et petite et en toute propriété ,
accordé fut entre noo» lesdites parties , que nous lesdits reli-
gieux pourrions ensevelir Quelques perso^inea que nous voudrions
et prendre et arrester, pour notre vende et pour notre minaget et
user de juridiction , comme à tel cas appartenant en la forme et
en. la manière q^e dessus es) accordé en la terre audit seigneur ,
et aiira ledit seiglftuf, àtkArt/ ifimisietierre cy comme il est cy-
dassuB divtié ion' tHïhi^»' 3bW Mlag« «t tes autffeaidavomi >•
7.
U) ViÉSÉE i>E LA VOYItlB , 14.^ BT DBRK. AWA. { Idlf
Irans le doyenné de Maréiiil-«ur4e-Lay : - Màreafl ,
le Tablier ^ TenansauU » la ft6çhe-*sur-1roil /Rosalay ,
iSaint-^£tienne-du-Bois , Sainte^Pexine , Beanfou > le
Simon , Saint-Aubîn-dc-ïa-Plaine , Dessay , Corps y
. Sainte-Gemme, Saint-Grégoîre-de-là-PIaîne, le Bourgs
isous^la-Roche , Natliers , Bellenoué , Chasnay , la Ge^
nétouse, la Brelonnîère, Puymaufray, Saint^ermand ,
Sainte-flennine , Beugné, Saint-Martin -Lars, Saint-
Hilaire-de-Vonst, la Chapellé-Themef ^ Saitit-Dems-la-
Chévasse , Sâligny , tes Magnils-Rtègmers , Briliouet «
la Tineusê.
• Dans le doyenné de Talmoiït : 9aSnte«-FlaiYe , Mar-
tinet'9 Aubigny,1e$ Clouseàmt , le Champ-Saint-Përe',
Saint- Vineént*^r-<îmon et le Givre.
Dans Tarebidiaconat d'Âizenay : le Bds-de-Cé^S ^
Âspremont , Ghallaïui » Salnt-'Sanveur-dchPerrier et
$*roide Fond*
[ Dans lé doyenné 4e Montaîguî la Gnyonnière ,
€haucbë et Chavapics près Montaiga. .
Dans le doyenue de Paréds : Saint-Médard'-de«*!a-Ré^
orthe , Saint-fliIaire-<d<i-Bois ^ la Jaudonnière , la
Meilleraye , Vendrenneset la Caillére.
Dans le territoire qui fut indiqué, plus tard, pour com^
poser le diocèse de Maillezais, le monastère de Luçôn^
desservait encore les localités qu'on va &ire connaître.
Dans le doyenné de Fontenay, le prieuré de Sainte-
Marie de Fontenay auquel était attaché le titre de
cloyen,, le prieuré du Langon et le prieuré de Saint-
Valérien (i).
{{) Llndîc«jtioii de* prienréft ,^ii îmngon et de Sâint-yalérien»
^tôoifoé «strAÎte d^J'AB^îen G»r^iiilMxe^de linçon, j^ar^t douteusQ.
i3l7} JfmKKBVBiJk.YotÉJ^fU.*nmMMiA»mk. [Si
Dans l'arcb^rétrt d*Ardin : Saint-MarUanJe-Ghafflé*
«A èiaàt un prieuré et le. Beugoon-en-Gâtiiie. ,
Bans le doyenné de Saint Laurent-sor-Sèvre : lemo»
nastère de Lnçon dess^rait Ronssay ùA fut itabU un
prieuré considérable*
&ifin dans la partie du Poitou qui dmieura à Tév^
ché d& Poitiers » après son démembrement , lemonaa-
tëre de Luçon avait encore des points à desservir et
de grands biais à faire administrer. Ils étaient dans
Varclriprfttré de Parthenay et se trouvai^it phtcésssous
un prévét de Parthenay »chef des moines de Luçon, dans
ces parages, et qui devait pourvoir à Texerdce du
culls à Saint-Laurent et à Saint-Jean de Parthenay , et
à S«nt-Satumin du Tallud , petite localité près de
cette ville».
9. On le voit , il y avait à pourvoir au service divin
pour soixante ou quatre-vingts paroisses, et dansbeaù^
coup d'elles, il y avait des prieurés, qui comportaient
le séjour de plusieurs moines^ De plus , outre le mo-
nastère de Luçon , cette abbaye avait sous elle des
petits monastères annexés , comme celui des Moutiers-
sur-le-Lay , et, dans tous ces monastères, grands et
petits , il existait une quantité dé religieux. Il n*est
donc guère possible de porter à un nombre inférieur
à deux cents, celui des moines de Luçon , au momrat
où cet établissement ecclésiastique cessa d'être une ab-
baye, pour s'élever en dignité, dans Téchelle ecclésias-
tique. On peut même raisonnablement élever à trois
cents le nombre total des religieux de Luçon ^ à
l'époque donnée ; il faut noter, du reste, qu'alors non-
seulement les moines priaient , mais qu'aussi ils tra-
52 } Pierre de la yotAiE, U.^ et bern. abré. ( 1317
vaillaïent, en suivant le système de Saint Benott ,
qui disait que travailler, c'était prier ; et on sait qu'on
leur doit , en Bas-Poitou, une bonne partie du dessè-
chement des marais et du défrichement des Bruyères*
10. Actuellement si nous cherchons à découvrir quelle
était la richesse de rétablissement religieux qui nous
occupe , toujours pour l'époque indiquée , nous devons
la croire très-grande. En effet , il fallait une] forte
masse de produits, pour faire exister convenablement
deux à trois cents moines, même en y comprenant le
travail des mains des religieux. Puis il y avait à cons-
truire et à orner des églises , à pourvoir aux besoins
du culte et à faire encore bien d'autres dépenses. Or,
nous trouvons déjà Tabbaye de Luçon pourvue degraQd»
biens , et il y a lieu de croire qu'elle en possédait d'au-
tres, à présent inconnus , dans les paroisses qui étaient
desservies par ses religieux, car alors on ne satisfai-
sait point aux besoins de§ ministres des cultes par des
traitements ou des rétributions en argent , mais bien
par TafTectation spéciale d'immeubles. De tout cela ,
on doit conclure que l'établissement religieux de Lùçon
possédait de grands revenùs,au commencement du XIV^
siècle, qw est l'époque où nous nous arrêtons ici.
UVRE DEUXIÈME
I lSi7,le monastère deLuçon est ërîgë en ëvéch^. II. «^
Série des ëvêques de Luçon. — 1317 — 1554 , PIERRE DE
ÏA VOYRIE , i.*» évéque. — ffl. 1554—1585 , REGI^AUD
DE TÎIOUARS, 2.« évêque. —IV. 1554, JEAN I. JOFEYRI»
3.« évéque. — V. 1554 - 1557, GAULTIER , 4.» évêque. —
— YI. 1557-1560, GUI L, 5.» évoque. —^^11. 1500-1575 ,
EUE I, 6.e évêque. — VUI. 1575-1587 , GUILLAUME J[.
DE LA ROCHEFOUCAULT , 7.* évéque. — IX. 1588-
4407, ETIENNE LOYPEAU , 8.e évêque. —X. 1408-*
1418 , GÎERMAIN PAILLARD, O* évêque.-^ XL 141g.
1424, ELIE II MARTINEAU, 10.« évêque.— XH. 1424
-1450, GUILLAUME II GOJON ,11.* évêque. — XIU.
1451-1441 , JEAN H. FLEURY , 12.* évêque.
l.Un pape , Aquitain de nation , Jean XXII [1} occur
paitia chaire de St. Pierre , au commencement du XIT.*"
(I) Son nom éuit Jacques Dotsn ou ^Euse. Il était né àCahors
d'une famille de cordonniers « suivant les uns , et d'une maison
noble , d'après les autres. Toujours est-il qu'étant , par des études
soutenues « devenu très-fort dans la théologie , dans le droit et
dans la médecine , il entfa dans les ordres sacrés et devint suc-
cessivement évêque de Fréjas et d'Avignon , et ensuite cardina)-
évéque de Porta. Pieux , régulier et d'une haute capacité , il fut élu
à Lyon , le 7 aoAt 1516 , pour reosplacer la pap« Clément V ',
mort depuis deux ans. Nous aurons occasion de parler de son
élection.
5«) Lb BfOyASTERB M LtÇONt^ (1^17
siècle et crut qu'un des moyens de rendre triomphante
la religion du Christ et de rehausser l'éclat du culte
de Dieu, dans sa patrie , était d'augmenter le nombre
des prélats » en divisant, en plusieurs évêchés^îes^^dib-
eèses trop étendus. Celui dte^ Poitiers était surtout de
ce nombre, puisqu'il contenait une vaste province
allant , pour ainsi dire, des rives de la Loire aux bords
de la Charente , et peuplée de prés d'un million d'ha-
bitants (!}. Alors plus d'un monastère de Bénédictins
devint un chapitre dioc^ain » et plus d'un abbé fiit
élevé i la dignité d'évèque [2} , et il en fut ainsi pour
les établissements religieux de Maillezais et.de Luçon »
et pour leurs abbés.
2. Laissons parler Jean XXII lui-même, en tradtiË
sant, à peu près, &s- paroles^ de sa bulle.
ne Notre Sauveur, à qui tout est soumis , voyant que
la moisson était abondante et les ouvriers rares , en
i^rtant de grand matin , comme un père de famille ,
envoie pour les différentes heures du jour , des ou-
vriers dans sa vigne.
€c Amsi le pontife souverain de Rome, le vicaireide
Dieu sur la terre , doit agir de la même manière, au-
tant qu'il lui est possible ; ainsi quand la moisson s'ac-
croît , c'est-à-dire , quand la population augmente , il
doit ajouter dé nouveaux ouvriers.^ pour fortifier la
(1) M. Dureau de la Malle , dans un travail inséré » ender-
jBÎer lieu , dans las Mémoires de \ Académie de§ Jn^criptiom et
Bêliez-Lettres , a prouvé , que» v«#8 cette époque » la population
de l'Aquitaine était au moins aussi coandérabie qu'aujourd'hui.
(2) Cette Indication se trouve ailleurs > et je n'ai fait que la.
copieç.
1317) àSMt EN iWÈCBÈ. , ( a
garde du tronpeaa , seloo rexpressimi da prophète «
en augmentant le nombre des pasteurs , et enfin en
destinant à la cultare de la vigne du Seigneur un plu3
grand wioifare de travailleurs.
« D'après ces principes et insj^ par notre soIlieH-
tode pastorale , après, avoir considéré la moUitode de
peuple que le Très-Haut a placé en Poito« , nous avons
iogé qa'im seul pasteur, dans celte contrée si vaste et
si ïialUtèe , ne pouvait ^connaître chacune de ses
fnrebis et qu'il était impossible que, pour un tel teni>
toire , pour une telle population, on pftt recourir >
tm seul prélat , ttfit de la part des ecclésiastiques
que des laïques.
« Déterminé aussi à donner plus d'éclat au * culte
de Dieu et à pourvoir à Tavancement spirituel dés âmes,
nous, après eh avoir confêré avec nos vénérables
frères les cardinaux, avons , par leur conseQ , et en
v^rtu de la plénitude de notre pouvoir apostolique ,
pour la plus grande gloire de Dieu , l'exaltation de
son église et le salut des âmes , divisé le diocèse de
iPoitiers, en trois évéchés, en assignant, k chacun d'eux,
mie certaine portion de territoire. Et, pour parvenir à
ces fins , nous avons érigé en cité les lieux de BlaiU»-
^is et de Luçon , conune étant déjà considérables et
abondants en choses nécessaires à la vie. Ainsi, par la
fbrc?de notre puissance et d'après le conseil de nos
frères , nous voulons que les églises des monastères
antiques de Maîllezais et de Luçon , soumis à Tordre
de Saint Benott , soient considérées comme églises ca^
thèdrales & perpétuité. De cette manière, ces deux villes
^i que celle de PoRierSi auront diacune leur diocèse
S6 j Le monastère de Luçon , ( 1317
particulier , distinct et séparé des deux autres , ainsi
qtx'iX va être dit. Or , pour faire une distribution con->
Tenable de territoire , nous attj^uons et assignons à
toujours à la cité de Maillezais, pour le ressort de son
évéché , les doyennés ruraux de Fontenay ( le Comte) ,
de Saint-Laurent ( sùr-Sôvrç) » de Yihiers et de Bres«
isiiire et l'arcMpreveré d'Ârdin ; et à la ei^ de Luçoni
leg doyennés ruraux |de Ifareuil ( sur-le-Lay ) , de
^^aImont , d'Aizenay et de MoQtaigu « et rardiipreyeré
-de Paredsi; le tout dêp^dant ci-devant de l'évêché de
I^oitiers, avec les églises » les dignités, les personnats
teiTitoriaùti , leurs droits et leurs défiendances , ensem-
ble les monastères» prieurés séculiers et réguliers, avec
JâS juridictions spirituelles et temporelles y afférantes «
ainsi que le tout avait dépendu jusqu'ici du diocèse de
IPoitiers ^ ou de Févêque de cette ville.
r .c( PQurtant, continue le Souverain Pontife > nous
^^ntendons aucunement préjudicier aux hcmunages
.i}ni.pourjraient étrç dus^dans les deux nouyea.Qx dio-
.'Cèses, envers Tévéque de Poitiers , et nous entendons
«mèmie qu'Us soient .continués^ comme parle passé. Par
isuite, onsera obligé de le conduire,lors de son joyeux
-avénementf de l'église de Notr^Dame-la-^Grande Jusqu'à
Téglisé catbédrale de Poitiers,, églises qui dii reste,
.^emeu^neront toujours sous l'autorité de l'évê^e de
; Poitiers. Néanmoins nous exemptons , pour lespVituel
€Oimne pour le temporel., de la juridiction et supr^
^matie. de Tévéque , du chapitre et de Téglise de Poitiers^
4es deux territoires nouvellement indiqués et qui seront
assignés, pariasmte , aji^xévêiiaes des chapitres etaux
•jdiocéses de lIaiUe2aiB ^M tuço^ , dopt le territoire e^
ci-dessus circonscrit.
13f^ ) É8IGÉ BH ÉTÉCHÉ. ( 57
9 Nous YOuliMis que les prééminence « sapériorité ,
juridiction rt exercice de droit , tant sons le rapport
temporel que «piritnel , qai ayaient ci-devant dépendu ,
de droit ordinaire , de Tévéque , du chapitre et de
Téglise de Poitiers , passent désormais « de plein droit,
aux évéques qui seront appelés, par la suite , à la
prééminence des églises et chapitres desdites yilles de
Maillezais et de Luçon , conformément aux attributions
de territoire par nous faites. Ce que dessus excepté ,
nous n'entendons absolument rien réduire , ni diminuer
des droits , firuits , revenus , dignités , avantages , per-
sonnats et offices de Téglise de Poitiers ; le reste de son
ancioi territoire , retendue des doyennés et archipreve-
rés déjà indiqués prélevée , demeurant à la cité de
Poitiers , pour former son diocèse.
» Notre intention positive ainsi établie , pour l'avan-
tage et le saint des populations , nous désifons qu'elle
ait tout son effet, à ^avenir, nonobstant tout change-
ment quelconque. D'api^ès cela , et en vertu de notre
autorité , nous foisons trés-expresse défense à qui que
ce soit , quelque soit sa prééminence sociale , archevé-
que y é véque ou même roi , d'aller à rencontre de notre
présente manifestation de volonté apostolique , et cela
sous aucun prétexte, en quelque façon et manière que ce
soit. Plus que cela » nous proclamons nul, par avance ,
tout ce qui pourrait contrarier notre déclaration de
volonté. Et même , en vertu des conseils à nous don-
née et de notre pleine puissance , nous déclarons Tex-
communication encourue par le fait même de l'oppo-
sition au présent acte, pour les personnes, de même
8
SB ); LE BOntSrtM DE I^UQON , ( 1317
i|ue Ffnterdit contre les communautés et la suspense
contre les monastères , chapitres et eorporations qui'
se permettraient de contrerenit* , en connaissance de
cause , aux présentes dispositions ^ à moins toutefois
que, dans le délai de huit jours , à compter de la pu*-
bUcatiôn de cet acte , ilis ne viennent à exprimer un-
profond repentir. Encore ne pourraienMls être absous
que par nous , si ce n'est à l'apticlè de la m(^
}> Qu'il soit donc prohibé , à qui que ce soit , de
détruire ou même de contre-dire , ' par une téméraire
atudac«» » cet instrument de division , création , exalta-
tiou , constitution , attribution de territoire , assujétis-
sjBOiçnt f exemption , délivrance , inhibition et promul-^
gation. Et, s'il arrivait que quelqu'un fût assez osé d'y
attenter; qu'il apprenne qu^il encourrait la haine de
Dieu et de ses Apôtres, lés bienheureux Saint JNeire
et Saint Paul.
» Donné à Aviguon , aux ides d'août , l'an premier
de notre poAtificat (1).
S. n est à noter que quand les Papes érigeaient des
èvédiés , dans d^ villes non encore décorées au titre
de cité , et pour se conformer aux règles suivies, lors
de l'introduction du christianisme , dans les Gaules ,
Qû les êvêcbés avaient toigours été placés dans les
dief'-lieux de» peuples , ils conféraient préalablement à
ces villes le titre de cité (2j. Aussi lit-on dans la bulle
(i)La copie de i'orîgînal de ceUe bulle est aux ^îàcQH jii8ti$c|itivé«.
' (%) GeUe remorque a aussi été faite par uotre «avant correspon-
dant , M. le président Chardon , dans son Histaire de la nlle
d'jituserre*
isù) ÉRIGÉ m tvÈacL { m
doiAoiiTietit dé dotmier le Bens les expmflUMfesoiTaa-
tes: JfeRt(tc«mMm et 4ê Luetmiio mlloêin chilùÉei'trigi^
mus y et ciiiiMum wcabulo deecramw.
4« De plus , comme d^aïutres Font déjà (ait remaniror
(1) 9 cette bulle prouve a que la puissance des papes
» était souveraine sur la terre de France : en efTet ,
]i pour rérection de Tévéchë de Haiilezais» le pape ne
» pense à consulter, ni le foi, ni Tévèque de Poitiers.
» L^avis des cardinauic , son exacte connaissance trt tai
» plénitude dé SoA pouvoir , voilà ses seuls guides » I
Ajoulons que le pape va pliis )oin , puisqu'il défend i
qui que ce soit, quelle que soit sa supréniatie sociale ,
fiit-il même roi , et cela s'adressait au toi de France,
de contrarier sa déclaratioa de volonté , à peine d'el-
coomiunication.
B. Ainsi , il est 'bon de jet^ un coup d^oeil très-
raq^ide sur la position dans laquelle se trouvait alors le
royaume de France et sur le monarque appelé à te
.gouverner. Louis IL dit Hutin « était mort en juin ou
juillet 131Me laissant qu'une fille et sa seconde femme^
Clémeace de Bongr4e » enceinte. Pbilippe-le-Long ,
• comte de Poitiers , avait été , à la mort de Louis X »
établi récent du royaume , en attendant l'accouche-
ment de la reine Clémence. Celle-ci donna le Jour
, à im prince » Jean I , que souvent on n'inscrit pas dans
la liste des rois de France , parce qu'il ' ne vécut que
.quelques jours. Alors Pbilippe-le-Loog alla se faire sa-
crer roi à Reims., le 9 janvier 1317 , et, de retour à
(I) NoUmroent a poor ces derniers temps» M. Ch. Amanite
^Ds Min Hiitoire de SîaiUezaU» dont j« capÎB ies expressions.
60 ) LE MONASTERE DE LUÇON, (1317
Paris , il fit déclarer , le 2 février suivant , que les
Mi et la coutume irwiolablément observées parmi les
Français, excluaient les files de H courowae (1), C'était
l'application de la loi salique , -dont le principe fiit de
nouveau mis en question , lors de ravènement de
Philippe^e-p-Valois , au trône.
On sent que, dans une telle position , le nouveau
roi avait des ménagem^ts à garder avec Iq saint siège.
Cependant c'était lui qui , alor^ comte de Poitiers et
par l'ordre de Louis-Hutin , avait réuni vingt-trois
cardinauxàLyon, les avait teiius presque malgré eux
en eooclavë , en leur annonçant qu'ils n'obtiendraient
leur liberté que quand ils auraient élu un pape , et le
pape qulls choisirent, le 7 août 1316^ fi|t précisément
Jacques Sossa , qui prit le nom de Jean XXII. Philippe-
le-Long avait donc grandement contribué à faire Jac-^
ques Dossa , pape , et celui-ci aurait dû lui en avoir
quelque reconnaissance. Mais U arriva , comme trop
souvent, que le pape se souvint peu du, roi » qui alors
simple prince l'avait foit arriva au sublime poste de
vicaire de Jésus-Christ sur la terre. Il ne vît, dans son
aoci^n aoii, qu\in roi faible, obligé de le ménager dans
sa nouvelle position , et il en tira parti pour abaisse^
le pouvoir monarchique en France , en élevant la pa-
pauté. Un souverain bien établi n'aurait jamais toléré
une entreprise 9 comme la création de nouveaux sièges
épiscopaux , sans le concours du pouvoir civil.
6. L'évéque de Poitiei[S, dont le territoire se tr6u-«
(1) Art de f>érifier les dates. On fera remarquer qae la [loi saliqu»
n'avait trait qu'à la transmission des biens et qu'on en a fait Taj^pli'-^
cation , pour excLuv« les filles de la succession au trône.
1317 ) tusà m tvtCBÉ. l M
yait ainsi divisé était Foitius d'Aux (1). On dott croire
qu'il fiit trés-^mécontent de voir son diocèse ainsi ré*
doit. On a même dit qu'il y eut une apposition f<Mtnée
à cette création , mais il n'y a rien de positif à ce siqet,
d'autant mieux qu'il y a eu eireur, dans l'indication doft-
DéeRpur le prélat qui occupait alors le diocèse de Poi«
tier8.(2; Peutrétreque si celui-ci eut exprimé son mé*
contentement d'une manière énergique, il aurait obtena
l'érection de son siège gh aurcheyécbé. C'est du
moins ce qui arriva , à la même époque et pour
In même position , à l'évéque de Toulouse (3).
7. n ihut pourtant le dire, la Iralle d'érection des
èvéchés de Haillezais et de Luçon , conserva certains
droits de l'évéque dePmtiers, dans le territoire qu'on
assujettit au gouvernement spirituel de deux autres
prélats. Par exemple, les paroisses des diocèses nouvelle*
m^t créés continuèrent à subvenir au luminaire de
l'église cathédrale de Poitiers. Ensuite nous verrons
les évéquesde Haillezais et de Luçon considérer comme
un métropolitain , en quelque sorte , le prélatdu cbef-
lieu de la province du Poitou, l'évéque de Poitiers.
(1) T^even et sncceBseiir du cardinal Arnaud d*Anz, danarévècKé
da Poitiera^ qu'il occupa avant la mort de aon oncle « mort en I3S0.
On trouve Fortîua d* Aux • évéque de Poitiers > dès 1315 « et il p»-
ralt qu'il le fut juaqu^au 8 août 1353 ', époque de sa mort.
(2) Lequel pape Jean (XX! l) selon la chionique de Martin, étigm
réréclié de Tolose en archevêché , et le diviia en six évéchéa : Ner—
bonne en deU3^ évèchéi : Alby en deux » et Poitiers en trois » aavoir
est Poitiers » Luçon et Maillesais i qui est pour desmentir ceux qui
diseni queTévéque de Poitiers Gautier (de Bruges), appella du papa
Clément de ce qu'il avait divisé en trois son évécbé. Car du temps
de ladite division était évéque de Poitiers Araoul d'Auz , et78.e..«»
Boucfaet , Annaies tTAqwt.
(5) Gathala-Gotore^ Al'l^ dn Oufircy.
fift ) IB BronASTÂRB M L0ÇON» ^(1317
8. Le âo«vel ëvdoUê ^é Jji^oti^ en obtenant ^Mnir sa
«ircondcrlpIiM, leâ dôy^tmés de Marêuil» Àe tàwoià^
d^Aizenais^t deMMtaiguet l'arcliiprev^éde Vareêk
fecenfi un tèrritoirèf très^êtenâu, qui est entré
depuis, sauf àévLX ^oiâmuned (1) dans le départemoit
•de la Vendée et le n^vel êvèché de Luçon. D'uvcôtè,
è l'ouest, il était borné par la mer et s'étendait presque
Jusqu'à la Loire et allait , dans quelques parties no-
tament vers Pouzanges et Tifikuges, jusque à la Sèyre-
Itantaise on ne s'en éloignait guère. Hais, dn c6ié du
marais et v^*s Foi]ftaiay-4e-Gomte, tille attribuée au
diocèse de MaiUèasais» t'étailaulre cboseet letrëe-petit
ruisseau des Cordes était la ligne séparafive entre Nal-«
liers ettfoujEeuiU à pane à deux lieises de Luçon*
De cette manière cette cité épiscopale se irouvait
bornée/ de bien près^^ par des paroisses attribuées au
diocèse de Maillezais, comme faisant partie de l'archt-
preYeréd'Ârdin ou du doy=eimé deFeBtena]r4e-Comte(2}.
Aussi en partant du sud-ouest, on indiquera^ comnae
étrangères au diocèse dont il est questionici^lesparoisseSi
de Champagné-sur-Mer, Puyraveau, Chaillé-les-Ma-
rais, le Langoa , KtouzeniU Petosse , Pouillé , Sainte
"Yalêrfen » Saint4Iàrtin-des-Fontaines , Saint-<Laurent--
' (i) Celles de Legé et àe Samt-'Ettenne-^e-Oorroué , dépeadamtts
litijoard'huidiiâépattemeat dé la Loire-Inférieure et de Tévèclié de
Kantes.Mais Cbt ancien évècbé a perdu, en faveur du nouvel évèclié
de Luçon ou de la Vendée, les tominuà:es de nie-fiouin, de la Bruf«
' fiëre , de Cttgand et de la Betnardière.
{\) Comme' je l'ai dit dans mes Recherches sur tes peuples fv%
habitaient le nord du PoitoUflo chef-lieu de ce derutier doyenné était
primitivement h Saint-Pierierda-Chettnfi.
1317 \ ÈKieAmt^fÈOià. ( 63
redfi(l] et Thonanato.
Aa siir[d«s pour bie» ^ig|tr de la cirooQftertplkni du
diocèse de Lopui, ra moment de 8ob èrecUoii, il
ftnt 96 reportera la carie qui ert Jointe à cet ourrage.
9. Par suite de cette même circonscription, le diocèse
de Locon se tronra contenir enTiron 230 paroisses (2]; il
y avait en outre dissèminësur son territoire, un certain-
nombre d'aUiayes qui étaient celles d'Orbetrier, de
Saânte-liarie4' Angle, de lalGrenetièret des Fontendles»
de BoisgroUand , du Breuil-^Herbault , de Talmont , de
Sainte-Mwie-^eJard , de Saint-Micbd-a-1'Herm » de,
rile-CbauTet et de Trisay. J'aurai par la suite occasion
de parler en particulier de chacun de ces établisse
ments ecclésiastiques,
10. Si on recbercbait à présent quelles ferent les
nôsons particulières aux^localttés de Lnçon et de Mail-
lezaiSt qui purent engager le pape Jean XXII, i £ùre
deux évéïdiés de cm deux uumastères » on pourrait être
assez embarrassé,Etait-cerabondance des choses nécefr*
saires i la vie dans les deux villes épiscopales (3) ? Mais
cette facilité de satisfaire les besoins se rencontre dana
toute la province , pour ainsi dire. Toujours est^il que,
(I) Cette paroUse , malgré ton dénomînafeur, ne faisait pat partie
de i'arcbipreveré dePeredi ^ elle dépendait du doyenné de Fontenay.
(f) Je ne £ze pas potitÎTeraent le nombre > car il y a eu snccea-
aivement , des suppreiriona et dea érection de paroisses. Dans le
lwre4 d'avant la réTolntîon de 1789 , document dont je parlerai pluâ
tard, le nombre exact est de 936 paroisses.
(5) Voir les propres termes delà bullo.
(64 LE HONASTàRB DB LtfÇm » (iâlY
8i diviser un diocèse aussi grdnd que Tétait alors celui
de Poitiers, constituait'une bonne opération, c'en était
une fort mauvaise que de jdacer si prèsVun de l'autre
les deux sièges de Luçon et de llaiUezais. Ce dernier
diocèse notamment , qui s'ëtmdait jusqu'au Mai » en
Anjou , aurait eu plus convenablement pour cbef4ieu,
le monastère de Mauléon , par exemple ou tout autre
point moins rapproché de Luçon.
11. II y a donc lieu de croire* que ce furent surtout
des considérations personnelles (1} aux deux abbés de
Luçon et de Maillezais qui déterminèrent Jean XXII à
faire deux évéchés de leurs monastères. Aussi dans le
bref adressé par le Souverain Pontife à Pierre de la
Yoyrie , il établit que ce sont les excellentes disposi*-
tions de cet abbé pour l'épiscopat, qui l'ont déterminé
dans sa maniée d'agir (2).
12. On peut même assurer » comme le dit un jeune
écrivaiii de notre contrée déjà cité (3)» que les abbés
de Luçon et de Maillezais avai^t été à la cour papale
d'Avignon solliciter le cbangemient de leur bâton abba-
tialy pour une crosse pastorale. Aussi furent-ils sacrés,
dans la seconde Rome, le 20 novembre 13i7,le dimanche
avant la sainte Catherine , par Béranger dé Beziers ,
cardinal-évêque d'Ostie. C'est le prieur d'Ardin , Lucas
(1) Bertrand Dapui et Jean Tissandier, qui furent les premiers
évèques de Moniauban et de Rieux. siégen érigés à la même époque,
étaient nés à Cahors et avaient des relations de parenté o^ d'intimité
avec Jean Dossa « devenu le pape Jean XXU. On peut tirer une
induction de cola , pour l'élévation h Tépiscopat des abbés 4e Luçoa
et de Maillezais.
(2) Voir ce document » parmi les pièces justificatives.
(5) M. Ch. Axntnlt , ffisU de Maillezais.
1347 ) PnUtl PB U[VOT«IB • l.« ÉTtQDl ( W
de Harsay, qui ayant iwristé i la eÉrémMie, en rend
comptet de afi propre main (i)»
13.Ilfistbonde noter ici, qaeaUnbQll^ de leanXXII»
duDugeait tm^^-fliit la position du ebef da monaatève
deLoçon , pulBqne d'un abbé , elle en ftdsait nnèvéqMt
il n'y ayait point de changraient peur ainsi dire » «
oe (pu cnneemait les relîgiea?L qui » loin de devenir
chanoines sécnliers, demeondent tpnijoars moines.
Alors » an lien d'obéir inn abbé w levait poor supérieur
uéyAvic, él le ebapitre de celoi-ci était régulio*. H ne
fbt séçqlarisé qne beaneoop pins tord , ainsi qu'on
le verra i la date de cet événement*
. n. J'ai remis Jusquiei A parler , en détoil, du per-
sonnage qui fut le demitf abbé et le premier évéque
de Luçon.
PiBBllB BB LA YBIRIB OU DB LA YOTRIB. «T C'CSt alnsi
qu'il nous semble , dit M. de Beauregard (â) qu'on doit
traduire le nom de Vereya , employé dans la bulle
d'érection de l'abbaye de Luçon et dans un andai ca-
(I) Qm troVTe h ilMutiiMi tninata àkn§ le MuMUcrit àû )a
CWiiî^iia de Saint-Maixent, dite de Mallleiaît.
Ann9 gratiœ MCCCXVII^ tn çyilia Astumpîionis beatm
,Mariœ • domnu9 Joanne» , Papa XXII , m secundo afmo 9ui
pontificatut monatterià MalUaeensê et lÂtetonente erexii m «e-
cleêtàê • cathedroUi et reverendos patrei Gau/ridum Paverelii ,
tune abbatem MalUacentem , et Petrum de la Vofrte , tune ab^
baîetn Lucionenaem ^ prtmos, epiicopoê t'ii dtct%ê eecleâiiê l'n
Avim'one » ubi tune Momana èuria reatdebat « fèctt per reveret^
dum patrem dommmm Berengarium de Bitteriê • tumc epitçopum
Hoêtiemam, cçnfeerari die tfommif^ fmU featuwn^ ptatef Çaiharinœt
^mno çua «i|pra«
Et qui uidit teetimtmium peHubuii uidekM frater Lueoê de
Manayo , tune pri»r d€ Ardunç , fui terfpui ifœe.
(S) Evéfuit de Luçon»
9.
66) Pierre DE LA yoTiUE,l><rirÉQiJB. (1317
talogae qu'on trouve à la tête d'un trartulaire idecette
église. Quelques écrivains ont donné à cet évèque le
nom de Vizençay. Peut-être son véritable nom. est-il
de la Yoyrie. On ne sait point de quelle maison il
était (1) -et cet évéque «st peu connu. Il était abbé do
Luçon en 1347 , et en devint premier évéque , quoique
M. Thibaudeau y dans son abrégé derhistoireduPoilaUf
ait imprimé qu'il fut le second évéque de ce siège....
La bulle d'érection de Tévéché et le cartulaire don-
nent à ce {urélat le titre de Dominus ; nous avons vu
des actes dans le trésor de la Ranconniêre (2) où il
prenait celui de Frater Petrus ».
fi. <c Dom JUEazet , religieux de la congrégation de
Saint. Maur , qui travaille à l'bistoire du Poitou (3J ,
pense que les armes du premier évéque de Luçon soDt
une croix fleuronnée.
a Nous serions portés à croire que les armes de ce
prélat , sont celles qu'on volt à la voûte de l'église t
au-dessus de l'entrée du chœur et de la chapelle de St.
Symphorien. Les mêmes armes se trouvent dans Tan-
cien bréviaire à l'usage des religieux de Luçon , avec
une crosse d'abbé. Ce Jbréviaire est manuscrit (4) et
(1) La nuiÎBon de la Voy.rie existe encore en Bas-Poîtou » ^
plusieurs de ses membres se sont distingués » en dernier Hen *
dans le service militaire. L'un d'eux s'est retiré avec le grade
de colonel de gendarmerie et l'autre , rolonel d'infanterie t &
pris sa retraite, après plusieurs campagnea en Algérie.
(2) Terre près de Luçon , appartenant à la famille de Begnoa-
(5) Cet historiographe du Poitou a très-peu travaillé. On n'a <le
lui que quelques extraits et deux ou trois dissertations • me''
ceanx qui sont joints aux manuscrits de Dom Fenteneau*
(k) Breviarium ad usum monaehorum ecelesïœ LuetonefUtt :
Tel est le titre de ce manuscrit « que j'ai retrouvé dans la bibliotbè*
^Qo pubUfae de la ville de Bourbon-Vendée.
1317} PlSBHBME LA YoTBIE, i.^ ÉYtQm. { 67
presqae le seal reste d'une bibliothëqoe très-ricfae que
IL de Colbert , éyé^e de Luçon , a fini d'appauvrir ,
en la dépouillant des derniers manuscrits qu'elle pos-
sédait, qni passèrent avec lui à Auxerre , lors de sa
translation à ce siège et qui depuis furent réunis à la
bibliothèque du roi (1}. Par Veiamen que nous avons
&it de ce manuscrit, d'après les principes du diction-
naire diplomatique de Dom de Yesne , il nous a paru
que les caractères minuscules avec lesquets il est écrit
ne remontent pas au-dessus de 1280; ainsi les armes de
rabbé de Iniçon, dont il est orné, ne doivent pas re-
monter au-dessus de eette époque. Secondement , on
trouve, au catendrier » la fête du roi St. Louis , de la»
même main qui a copié tout le manuscrit. Or , Saint
Louis , qui est mort le 25 août 1280 , n'a été canonisé
qu'en l'an 1282 et probablement ce bréviaire n'a existé
qne quelques années après la canonisation du saint
roi » ce qfA nous a fait conclure que les armes d'abbé
qu'on y voit ^ sont celles, de Pierre de la Yoyriey der-
nier abbé et premier évéque de Luçon (2) ».
3. Sous ce premier évéqtie et en 1922 (3) une de-
moiselle d'une famille illustre du vgisinage ^ ou plutôt
d'une branche cadette de la maison de Lusignan,
(1) Ob «'occupera an ce point» plvf tard » iorequ'il sera question
^e l'é^èque Nicelas Colbert.
(2) Nous Usons dans une note» qpi se rapporte à une date
éloignée , il n'y a rien dans les archives de Lnçon de pins an-
cien qne l'an 1517, L'on voit snr l'ancien portail. de l'église » les*
armes d'nn abbé qnî sont trois chevrons brisés. Dans l'éffUse
l'on Toit en quantité d'endroits le» . . . de trois poissons mis en
hce l'un sur Tautre. Je crois que ce sont les armes des Chabot»
qui ont fait reb&tir l'église » C'est nne erreur » ces trois poissons
sont trois brochets » qui étaient les armes du chapitre de Luços»
Ç5) Le samedi d ATant la Saint Qément « 1922.
68 ) RSC^l^Atm DB ÏHOUARS , ^^ iVÈQXm. ( 1334
}« tetlx parlèJr de Colette de Bessay , qualifiée ÛBDamm^
$èUe (1), donna tous ses biens meubles et itûmeobles au
mùnastère de Luçon.
4. Il parait que Pierre de la Voyrie occupa , pebdant
enyiron dix-huit ans , révéché de Luçon , et qu'il
mourut f le 12 novembre 1333 (2).
in.R£6NAfrD(3) i^jSiTnovAs^fReginaidu$deThoarcio^
filttesecond évèque de Luçon. Il était issu de la branche
des seigneuis de Pouzauges , que eommraça son père ,
Hugues de Thouars» seigneur de Pouzauges et de Mau-
Ibm (4). et né du premier mariage de ce seigneur avec
Isàbeau de» Noyers. U était religieux dans le monas*
(i) Colette dé Beisajro , dorniceUa,
^ (2) C'est )a dtte dotinée pHr H. 4e Ëeànre*arâ. Cèlto ddt An-,
cieoà catalogues est du 12 novembre i534. il j a d^s^tors do
l'incertitude , à ce sujet.
(5) Dans quelques actes on loi dbniiB le noiA db Rajinoad »
Maymofuhu.
(\) Hugues de Thouars , seigneur de Pousauges et dto MauIéon«
qui se fit remarquer daus les guerres Ançlo-^Prauf aises » était fil»
Sniné de Gui II , vicomte de Thouark et de Marguerite de Brienne.
eut , de son premier mariage avec Isabeau des Noyers , outre
RayionoAd • évèqùe de Luçon ^ l^o Jean de Thouars » seigneur de
Pousauges » marié à Jeanne de Mathas , et mort sans enfants »
avant ISSiT ; %^ Miles de Thouars* seigneur de Tiffauges» qui hérita,
à la mort de Jean , de la terré de Pousauges et servit comme
cneyalier banneret ; i,^ A jmeri de Thouars , que Besly n'a
connu , d'après sa notice sur la maison de Thouars , insérée
dkns l'HtVfdfVè de» ^ands officiers de la cùv^'bnm , que eomme
présent au contrat de mariage de Simon de Thouars , comte
de Dreux , du 43 Juillet 1363» mais dont on parlera bientôt ; 4.^
. Marie de Thouars » iemme'de Robert de Mathas ; 5.<^ Et Louise
^Se Thouars » mariée à Louis de Beauniont • seigneur de Bressolre»
D'un second mariage avec Jeartne de Beauçay , Hoaues de Thouars--
Pousauges eut encore 1.^ Guy ou Guiard de Thouars » qualifié
aeigùeur de la Chaise» dans un acte de i553 , et mort sans
postérité ; S.® £t Eléonore de Thouars » mariée à Gérard de
Macheconl , seigûeur de la Benaste : On doit dire pourtant quA
Îielques auteurs prétendent que Hugues de Thouars n'aut pas
enâtnt^ de sooi mariage avec Jeanne de Beatiçay.
183I--18S7) BarnAVA M THOOABi» 9.* tfiom. ( Mr
tére deLnçM, loisqa'il Ait élo érèque de ce dioeise , le
16 mai 1334| et cela est came que l)inqa'fliùl prélat,
00 taddoBue la qualité de frère, /hiler » dans plusieun
actes et dans im ancien catalogue des éréques, qui ont
occupé le siège de Luçon (<)•
S. Le lundi avuit la Penteoôte 1387 , Tévéque de
Luçon autorisa l^sbbé des Fontenellei i édifier ua
ofatojre » dans une maison dite des .irdémMi ou d'Ar*
dennes et d'y faire rofflee avec sa frtees » mais ca
prenant préalablement la permission du curé de la
paroisse dont cette maison dépendait (2) Regnaud de
Tl^ouars , on le voit^ cherchait, autant quH était en
lui, à maintenir la juridiction de Fordinaire.
8. Si à raison de la non sécularisation de réyè*
dié de Luçon et de son ancienne qualité de religieux de
ce monastère, Regnaud de Thouars avait, ainsi qu'on
Tient de le yoir, conservé le titre de frère, il parait
qu'il était dans la classe de ceux qui pouvaient possé-
der des bleus et en disposer (3). En effet , son (irère
atné , Jean de Thouars , seigneur de Pouzauges, étant
mort Sans enfent,Ia veuve'de celui-ci, JeannedeMatfaas,
se trouyant à la Roche-sur-Yon , en 1337 , et portée
d'un grand amour pour la famille du mari qu'elle avait
perdu , donna tous ses biens à Regnaud de Thouars ^
évéque de Luçon et à Aymeri de Thouars , ses
deux beaux^frères {*). Les biais ainsi concédés
(1) No9, GaU. Chrièt, Beily , vicomtes de 3^êuar§. M. 4t
Beanregard. Svéguat ifoXiMi.
(%) M.^ de Beauregard, Evé^ueê de Luçon.
5j Voir ce qû^tn vt dira Weatdt. à l'ocoMmo dNan T«li|ptiiK
dignitaire d« chepitre régulier de Lvçob.
CI) Archivée du rofmêmê 8* 180 m.® 78 : il j a lie» lèe caroîva
96 ) ftBGHAtTD mt TnmABB f ïï.^ Svfiora. ( 1341^-1347
par Jeanne de Hathas, tpn sans doute /n'avait
pas de procbes parents , loi provenaient dessuccéssionsr
de Regnaud , sire de Pons et de Jeanne , comtesse de
Périgord, ses cousin et cousine.
4. Regnaud de Tliouars et son frère ne tinrent pa^
beaucoup à la possession des biens qui feur' avaioit
été donnés par leur belle-sœur Jeaime de Matbas» car^
quelques moi& après , on les T6it. prenant dès disposi-^
UiHis pour les vendre (!)• ,
5. Pegnaud deThouars était àPârfs, en avril 13^1,
car on trouve un acte, par lequel il vendît alors ^ de
concert avec son frère Aymeri de Thoùars , au roi
Philippe de Valois » la seigneurie du Pont de Bergerac.
Cette terre provenait aux deux frères du don qui leur
avait été consenti , amsî qu'on Fa vu , par Jeanne de
Mathas , leur belle-sœur (2).
. 6. Un traité fort important M fait.^ le bindi après
la Pentecôte 1347 (3), C'était un partage entre Regiml^
dm "de Thocurdoj évêque de Luçon et son chapitre ,
p(»rtant partage des biens de l'église caÀèdrale de ce
que cet Aymeri àè Thottars est l6 même qvi, étant à Naples, en
1559, chargea ' plnsieuKS clievaliers «de Tendre les' bien» qu'il
avait en France. La procoration sa trouve au même dépôt « n«®
79. t
(i) Procuration de Regnaud » évâque- de -Luçon « & plusieurs,
po.ur vendre les biens qui lui avaient été transportés et à son
irère Aymery de Thouars , par Jeanne de Mathas » veuve de' Jean
de Thouars , chevalier < son frère , en i559. Archives du ro^
yaum, S. 180, nj> 77.
(2) Archivée du royaume s S, 180, n,* 121.
(5^ Cet- acte est copié dans les manuK^its de Dom Fonteueftu,
avec la ratification d'Amavenus • archo?4quo de Bordeaux* VL
de Beauregard parle de cet acte»
lieo. .Pour se décliarger des deroirâ dcmt il avait
été tenu josques^là enveiS' les religieux fomiaiit son
chapitre , le prélat leur cède les terres de Triaize et de
Bichebonne , avec l'office claustral de la cellererie.
L'archevêque de Bordeaux confirma ces dispositions,
le 7 ]u!n 13*7.
7. Renaud , établit dans son église la dignité de tré-
sorier (i). Voici comment s'exprime le cartulaire :
« Frater Rtniundus instituit in eederiâ LueioMfkii
» digniUUem The8aurarii,de concilioet ascense capiMif
]> ordinandQ , quod eidem dignitaUecclesim de MagnetlU
» ( desMagnils ) ad mam collcUionem spectantemt tinto-
j» tur et incorporetur cumjuribus ejusdemeccletiœ etper»
» tinentiis universis. Item quod Thesaurarius habeat cu-^
» ram gncB eidem ecclesiœ numinH animarum » •
-« Frère Nicolas Bartbtomi » archidiacre , Joignit à ce
don tous les acquêts qu'il avait faits à Olonne et à la
Chaume (2) , à condition que le Trésorier célébrerait
ou ferait célébrer deux messes , chaque jour, à l'autel
du crucifix, dans l'église de Luçon et donnerait à man-
ger et à boire, ad plenam t^fectionem corpori$t à cent
pauvres , au jour des Cendres , de la vigile de Saint
Nicolas de mai, la veille de la Nativité de N.-D. et celle
de Sainte Catherine, auxquels jours le chapitre ferait
câébrer un anniversaire , pour le repos de son âme.
n ordonna , en outre , qu'à ces mêmes jours , le trè-
^rier ferait célébrer , un anniversaire de trois messes
(l)M de Befturegard, Evéqties de Luçon^
if) On voit ^'alori lei relî({iaiu. poavti«nt poitéder d«i bient*
dont une à trois chappes ^ et demande qae sa a6piiltiire
soit marquée devant ledit autel du crucifix.
aRemond (Ij veut que le religieux trésorier fasse sa
résidence au monastère de Luçon et que, dansTégUse,
il soit vêtu ainsi que les autres moines, avec quelques
peines et amendes contre lui, s'il manque à don-
ner aux pauvres la réfection susdite et à célébrer les
messeSé » Cette fondation fut acceptée par le ebapltro»
Van iU9y et ratifiée par les papes Clément YI^ et
Ijtmocent VL
c( Sans doute que Funion des Magnils n'eut pas lieu,
car le curé ne paye (2} qu'une redevance assez modi-
que en blé. Le domaine d'Oioime porte encore le nom
de la Trésorerie ».
8. Dans son testament , Tévêque Regnaud de Thouars,
n'otiblia pas son église cathédrale. Il y établit une
chapelle où chaque jour on devait dire la Messe. Ce
fut le Crocier , dont la dignité fût supprimée , plus
tard, dans la bulle de sécularisation , qui fut diargé
de la desserte , pour laquelle le pr^t assigna im
revenu assez considérable (3).
(i) Oa a TU que qb préUt ^tait ifidif'éremmeqi n^pellé B«|ppA«d
et Bt^jmoDà» Jtajrmondus,
(2) C'est-à-dire , payait avant la révolution de 1789, au moment
Ofk M. de Beaaregard écrivait se>jB ^ole» «vr h» ^fj^qviesi» JLuçoiit
^5) Lea biens Ugp^s povr ceU^ fopdati^p eonsîstai^nt ; i.P Daaa
rh^rbergement des Cbastinera ou des CliàteifrAer.s ; 2.° une maiaon
au Puybeiliard; "S,^ r.inquante->un journaux de ^i^^aea, «-yec lairig^e
Botoise et une autre ; 4.<* trois journaux de prés ; 5.<^ quatre sep-
tiers de terre et une rente 4e trois sepUprs de seigle. Ces domaines »
ainsi que nous l'apprend M. de Beanregard, portaient eacore arant
la réTolationde 1799 , le n^m <de.U Crocerie»* ht% IvMBfif donnés
9. RegnaiJid 4e Tbonars , mourut le ' 13 .mars 1353
(1); élu le le mai 1334 , il avait règpé prés de 20 ans.
Mais Tanden cartulaire qui loi fait occuper le siège
épiscopal 20 ans quatre mois et quelques jours^, doit
tommettre une erreur» si la preniière date estexactç.
IF. JsAïf I » Jafevri f (9) 3.* évéqae de laçon. Ce
prélat f originaire du midi » occupa sucçessîvemeQt
plusieurs évècbcs (3}* Il parait qu'il fut pourvu du siè-
ge épiscopal de Luçon^ le 5 mai 1354. (4) <k Le témoi-
gnage de Tabbé Hugues du Temps , qui a donné plu-
sieurs volumes d'une France chrélimnê est formel
et nous force de compter ce prélat au nombre des
évéqaes de Luçon, malgré le silence do cartulaire »
qui n'a recueilli que les noms des évéques dont les
actes sont connus. Celui-ci n'ayant étéévéquedeLuçon
que pendant un temps trés-coort , n'en a peab-étre
fiât aucon ».
2. Jean Jofevri ne fit que passer, pour ainsi dire ,
dans Vévéché de Luçon. Cardés le 21 novembre 1354,
des bulles le traniféraientao Pay-en-Velay (5). Cela.eut
par ]QLegnaud de Tbooars pro^tnant probablement de ion patrU
moine , car on sait <fue la maison de Ihonara pottédait la seî-
ftnaorie'd» Pn^beHiarîi , faisant partie des troia {sarp^nie» ^
-Cbantonnay > 8i£;oarna7 et du Puybelliard.
(1) Le manuacrît de M. de Beaure^ard dit le 18 mari 1588 ,
ce qm est nne erreur , au ro«ins pour l'aïuiét. La dat0 Vffi
j'assigne eM celle d'aB,(:ieos caialo^nes.
(2) Le nom de ce prélat est écrit quelques fois Joêvren', dg
Jaur4tu «m df Jaustm^eâ, On sait qve l'wlbogTSffte 40» iWPit
propres n'était pas bien fixée à cette époqne.
(3) Il fat évéque de RicE , Valence « Lof on , 'EJnw «t ^n P^y-
^en-Yelay , m^i» on n'est pas d'accord sur l'époque de son passage
.fl'nn sié^ k nn antre.
(^) M.gr de Beanregard « Eçéque$ de tjuçon*
(6)D'aiitr6S documenta disent qn'il pasM d'abord i VéTèchéd*£]ne.
10
74 ) Gaultier et Gui ï. , 4.«i[T 5.» éyéquës. (1 361
lieu , d'après M. deBeauregard (1) , « malgré les pré-*
tentions dû la cour de Rome , peut-être aussi celles
de la cour de France , qui Tune et l'autre s'efforçaient
d^anéantir la loi dé la Pragmatique-Sanction , en con-*
trariant les élections des églises »»
Ce prélat fut cbargè, vers ce temps, parle papeinno*
cent VI, de traiter la paix entre Jean , comte d'Ârma*-
gnac et Gaston-PhcBbus , comte de Foix.
4. Jean Jofevri mourut, en 1361, et on lui éleva un
toml>eau, dans Téglise de St. Vosy.
V. Gaultier , 4.« évêque de Luçon , était né à
Bourges ou du moins en Berri [^). Si on en croit l'abbé
du Temps (3j, il fut nommé en 1354. Le nom de ce
prélat est porté dans le cartulaire de Luçon , mais
on ne trouve aucun acte de lui.
VL Guii.®*", fut le 5.« évéquede Luçon et j'admets
ce taom sur ma liste , malgré une autorité bien im-
posante.
ti L'abbé du Temps ^ dit M. de Beauregard, place
avant Ëlie un évéque qu'il nomme Gui, sur le téâioi-
gnage d'un registre du Vatican. Outre le silence de
notre cartulaire, qui doit être pour nous une autorité
sufiQsante pour le rejeter , nous pensons qu'un pareil
monument ne peut prouver que cet évéque ait occupé
le siège de Luçon. Les papes , pour accroître leur
pouvoir et le nombre de leur créatures » nonunaient
(1) Evéquet de Luçon.
(2) Gaïterttu Biturex , dît une ancienne liste dçs évéqves do
Luçon ; Gaîterius , natione Biturigum, dit nne autre. On ignoro
le nom de famille de ce prélat.
(3) CUrgi de France.
f357-l360 ) Gui i.^ btElib i.« , 5.« et 6,« tYÈvnss. (7&
presque toujours aux éyéchés vacantSy pais les chapi-
tres tes combattaient souvent et ils étaient soutenus
souvent aussi par la cour de France qui , en attaquant
les droits de l'église gallicane , semblait vouloir les
reconnaître , en maintenant les élections , contre les
prétentions de la cour de Rome. Delà souvent trois
sujets se présentaient, à la fois, pour titulaires du même
siège. Delà les exemptions, accordées, aux chapitres ,
pour prix du sacriGce de leur nomination et de feurs
droits. Ainsi peu à peu les anciennes régies se sont
abolies et la discipline s'est relâchée , .car en même
temps que les nominations excitaient llimbition des
sujets étrangers des églises y elles conduisirent insen-
^lement à voir les dignîtéls, les prélatures et les évè»
cbés se multiplier sur les mêmes têtes , et les églises
abandonnées de leurs chefs , mirent en oubli les lois
des anciens conciles, jusqu'au moment où le concile de
Trente abolit des abus si pernicieux ».
2. Néanmoins, comme il est certain, d'après un do-
cument non pontestabléfl], que le 19 mai 1357, Gui
t.*^ , fut élu évéque de Luçon , par le chapitre de cette
cathédrale, il est impossible de ne pas l'indiquer ici.
3. Gui 1.^' n'occupa pas long-temps le siège épiscopal
de Luçon; car il devint évéque de Maillezais, en 1360/
VIï. Eue I.^' > (2) est > à mon compte , le VJ.«. évoque
de Luç(m. Puisque son prédécesseur Gui I , passa» en
1360 à révêché de Maillezais ,. on doit croire qu'Ëlie I,
le remplaça, vers cette époque, sur le siège de Luçon.
(1) M^de^ D. Fonteneau.
(% JEha$ , d'après nof deux aacîenf cattlognet . Son nom d«
rt) ÉLtt ï. , 6.* ÉvÈQm. [ m7-ms
raVâùÊe aibsi l'époque dérîntrotiteatîdn de ce prélat ,
^e la Gaale Chrétientie et Fabbê Dutemps semblent
ajotirnei* jusqu'en lâ?â, temps oâ, du reste , it siégeait
encoi'e.
2. Comme on Ta déjà fait remarquer , malgré Fé-
rection de rétablissement religieux de Luçon en évécbé,
les moines de Luçon n'avaient point cessé de l'être et,si
leur réunion formait un chapitre , c'était un chapitre
régulier. Aussi les religieux de Luçon figuraient à toutes
les assemblées de Tordre de St. Benoit. Seulement au
lieud^étre représentés là par un abbé» ils l'étaient par le
prieur claustral, premier dignitaire après l'éyêque.Aussiy
dans un chapitre provincial tenu à Limoges , en 1367 ,
ce même dignitaire âgura avec les abbés de St. Jouia
de Marne, de àt. Maixent et deS.te Croix de Taîmont,
et on y rendit une ordonnance» qui établissait les obli-
gations des religieux (1) .
3. On trouve» sous la date du 28 février 1368 « une
transaction ^itre l'évéque et le chapitre de Luçon d'une
part» et Brideau de Chàteaubriant» chevalier » seigneur
de Ghampagnê-sur-Mer» d'autre part »^ au siyet de
l'achenal de Luçon et, dès lors» c'est le casde parler de
ce canal.
L'achenal de Luçon, allant de^Luçon à la mer» a été
construit à une époque trés-t'eculéé et qu'on ne peut
pas préciser. Il était d'un grand avantage, pour le com-
merce et même pour le^ dessèchements des marais.
Ensuite, il donnait lieu à des perceptions de droits, pour
les seigneurs » mais» en même temp» f il oeeasioniiait
(i) Voir coUe ordonnance, dans le veciieU dti père Labbe»
( iSflS • * Eue I. , «.• fiVÊQ«E. ( tr
Aes dépend eettsîdérable» et , poat les feteBM à peiw
ceroir , comme pour les traTamt à feire , SM? eut
s^m'gissâittt de grares procès. Dans cehxl dont Q esl
id question 9 réréqne et le chapitre, disaient qu'onlre
la première moitié , l'antre moitié de Tachenal, com-
mençant an marais Taillefer , tirant droit au Pent de
la Giarrie et de là Jusqu'à ta nttr » avec tous les pro-
fits el émoluments « rivages^ aventures , juridietioil
hante , moyenne et basse , amarr^aoelts et autres
profits dttdil achenal et leurs appartenances était leur
propriété et ils ajoutaient que les bots (1) , renfermé»
daus lesdiles bornes, leur appartenaient encore.
Brideau de Chateaubriand , prétendrait le cofitrairuf
et le prouvât, sans doute^ en partie.TouJours est-il que
cette seconde portion de l'achenal, la portion inférieu-
re f fut reconnue comme sa propriété; tandis que le bot,,
depuis la limite susdite , jusqu'à la mer fut déclarée
appartenir à Tévéque et au chapitre , à la charge par
eux de faire bosser et embosser ledit bot.
n paraît que le seigneur de S.te Herm.ine prétendait
au tiers des droits qui pouvaient appartenir à la sei-
gneurie de Champagne. Or , comme il n'était pas pré-
sent au traité , il fut dit que , s'il ne voulait pas en
tenir , il en aurait la faculté et qu'aussi Tévéque et
le chapitre ne seraient point engagés envers lui.
n fut reconnu encore que rien n'était changé , pour
les droits du diapitre et de Taiguier de Luçon, à
raison de la pêcherie dans le canal de Luçon , qui n'é*
tait pas comprise dans la transaction. En conséquence,
{î) Un bot est nne levée ou digne, et on entend par r on Irtf-
èot, le fMà creusé a« fîeif àti Bçt.
78) Eue L , 6.* ÉTËQUS. (1368-1374^
ùBL convint que Brideau de Cbâteaubriand m pourrait
pas empêcher les pécheurs , yenant de la mer , de.
transporter leur pois$on , par Tachenal, dau» la ville de.
Luçon. On ajouta qu^ si Tachenal n'était pas en état ^
les péçheui:s pourraient. vendre leur poisson „ vers
Triasze.
Les parties^ arrêtèrent aussi que révéqué et le cha^^
pitre pourraient faire passer leurs blés, vins et autres,
denrées par TacbenaL . ^
Né)einmoins coinme ce traité était fàvorabFe à Brideaa
de Chateaubriand , il s'obligea de payer trente sous de
rente à Févêque et au chiqpitre de Luçon , à l'époque
^ la St. Michel.
Cet acte fut passé le mardi après l'Ascension , et
Fontenay-le-Comte , devant Jehan , chevalier , garde
du scel audit lieu, pour le prince de Galles r duc
d'Aquitaine.
4.Eajuinl374,ilfut accordé des lettres de saavegarde
royale, à Tévéque et au chapitre de Luçon, pour eux ,
leurs biens et leurs défenseurs, en Saintonge et dans les
sénéchaussées de Poitou et d'Angoulême. On teur
donna, pour*gardieas, le gouverneur de la Rochelle
et le baiTli des exemptions de Touraine , d'Anjou , de
Poitou et d'Angoumois. De pareilles lettres furent ex-
pédiées pour l'évêque et l'église de Maillezais.
5. Dans la même année 1374 (2), nous'trouyons la
mention de V église de SL-^Mathurin du cimetière pa^
roissiat de Luçon. Il en Tésulte que cette église , pa-*
(1) Ord, du Louvre^
(2) Charte da 3 décembre i^^ M* d^ J). FmUneau^
I3î4-lâr5 ) EUB I., 6.« ÉV<Qt7É. ( W
roissiale d'àtant la réyolution de 1789 , et détruite
pendant cette méme[réyolntion , n'était, dans le prin^-
cîpe , qu'une chapelle de cimetière.
6. Une chapellenie ftit fondée , par la maison de
Sainte-Flaive, qui reçut son nom de la paroisse de ce
nom 9 dans cette église de St'-Hatburin de Lucon , dont
Je viens de parler. Or , dés le principe , il y eut des
cont^taticms, pour cette fondation, entre le chapelain
de cette chapelle çt Thibaut, Jean etPerrotde Sainte-
Flaîye, fondateurs (1). Ce procès fiit terminé par tran*
sacti<m consentiQ le 3 décembre 1374, et homologuée
par arrêt du Parlement de Paris (âj.
7. Mais toutes les discussions n'étaient pas finies ^
pour la chapellenie de Sainte-Flaive de Féglise de St.-
Mathurin. Car la fondation de Pierre de Sainte-Flaive
était de cent livres de rente , et alors une rente fon-
cière était considérée comme une redevance, qui gre-
vait beaucoup les biens immeubles. Aussi la famille
Sainte-Flaive proposa une dotation en immeubles, au
lieu de la rente de IQO livres, et cette proposition
liit agréée , ainsi que je vais le SaJre connaître bien tôt.
8. Il faut assigner la fin de Tépiscopat d'Elie l.*' à
Tannée 1375 , au plus tard ,^ à raison de Tayènement de
«on successeur. Mais on n'est pas plus édifié sur l'é-
poque positivel où finit son épiscopat , s'il se teimina
par la mort du titulaire ou autrement , que sur le
nom de Camille decelui«ci. Du reste, ici finit le temps de
.grande obscurité, pour la série des évèques de Luçon.
(1) lia étaient plutôt enfants an fondateur , car le véritable
isndateur était Pierre de Sainte-Flaiv» , ainii qu'on va le voir.
(2) Jf.' dcD. Fontenew,
Hfi^ GUIL. DP i*4&9CfliFpl9C40|LT» 7.« ÉT|Qe|{. (1375
9» II faiilt sgouterque préGedemaieQlt Tobsçuntê était
4)li]S grande qu'aujourd'hui et avant J^ découyertesque
je suis parvenu à Eajre* Pour Iç prom^r» je Yai3 laisser
parler un Yèaérable éerivfiin^ quiH'a précédé dans
h ^mère (1).
a L'ancien eartulaire dit que les évèques Eite ^ Ga«-
tbier et Renaud , ont tenu le siège de Lnçon j ai ans
10 mois et 3 jours ; ils ne comprennent pas Jean Jo^
feyry (â) , qui a peu régné , et dont les aetes lui ont
été inconnus. J'ai lieu de croire que c'«st par des aetes
subséquents qu'il a eru constater .l'existence des évé-
ques dont il donne le catalogue , en quoi il peut etnXf
:an évéque dont la trandaJtl<»i a été pioopipte et qui
n'a pas résidé ^ peut»^rie Ignoré » 4p$âque son épi$-
copatfiolt incontestaUe »^
10. Or , il y avait évidemment une erreur de calcul
extrêmement forte , dans le'cartuidre , en [supposant
que le règne des trois évéques Regnaud , Gmltier et
Elle, entre lesquels il faut inlercaller feani Jofevrie »
et Gui I , n'a pas duré 25 ans. En^ffet , il n'esta pas
contestable que Regnsrad de Thouars «st dervena éyér-
iqoe «a 133i » et noius alM^ng v^ir que GuiUa««ie de
la Ro<^foucault Tétait dés 1375. Il en résuHe que ccis
4>inq évéques ont occupé le siège de Luçon cp^kon
quarante ans et non pas moUis de vingt-*cijQq a^s.
VIII. Guillaume de la Roghefoucaclt , 7.* êvéque
de Luçon , était fils de Gui VU , seigneur de la
Roehefoucault et ée Blanzac et d'Agnès de Gu*-
{A) M. èe Baajiregard, Evéques de Luçon.
(2) Ni Gai I , ainsi qa on Ta tu ^éeédeauncot.
i37l»-1381) Gun. Bl^LA ROCHBFOUCAULT ,7.«iYÉQ17B. (Si
lant (i). n était religieux dans le monastère de Loçon^
quand il fut .élq évéqne de cette localité. Aussi le cartu-
laire l'appelle Frôler GuUlélmus (2). .
2. Mais à quelle époque a commencé Tépiscopat de
ce prélat ? Suivant M. de Beauregard (3) , Guillaume de
la Rochefoucault serait devenu év^ue de Luçon, ^i
1387 (4) et il serait mort, le 27 janvier 1387.<i Ces deux
dates t dit le savant prélat , ne sont point contradic-
toires. Tannée alors coinmençant au samedi-saint Cet
usage ne fut changé qu'm l'année 1564 et Charles IX»
par son ordomiance, rendue à Roussillon^ fixa le com-
mencement de Tannée au l.^"' Janvier ».
3. Or , il faut reporter bien plus avant le commence-
ment de Tépiscopat de Guillaume de la Rochefoucault.
En effet , nous le voyons ratifiant» par un décret que
Dom Fonteneau (5) place vers Tan 1375 , Taflbctatioa
de biens faite par la maison de S.te Flaive , pour la
dotation de la chapellenie fondée dans l'église de Saint
Ifolburin de Luçon , au lien de la rente de cent livres,
qui en faisait primitivement l'assiette. J'ai déjà eu oc-
casion de parler de cet arrangement (6).
4. Ensuite, le 17 mars 1380 — 1381 , nous trouvons
ft) Gàtt, Chrùt, — Daehefne, généalogie de la maùon de
iti Rœhe/oueauli*
(2) Un seal de no» caialo^ei l'iiuii<}iie ainsi.
(3) Eçéqtue de Luçon,
(&) Les denx listes dont Je me sers se contentent d'indiquer
la mort de cet évé^ue au ''Û janvier i587 , sana parler de son
entrée en fonctions.
(5) M.« de D. Fonteneau.
(6) Yoyea ci-d«»8ttf. YII. 7. .
M.
sa} GOIL.DCLA ROGHEFOUCÀtTIT iT.^'éVÉQlTB. fl381-1388
bien positiyement Guillaume de la Rochefoucault ,
evéque de Luçon , confirmant la fondation faite par
Territurus de Montournais , seigneur de Puymorin ,
idans l'église paroissiale de Montournais (1).
5. a Ce prélat (2) avait fondé une messe chantée ,
chaque Jour, à Tautel de la sainte Vierge et une orai-
son sur son tombeau , qui s'y disait immédiatement
après la messe , par le religieux qui Tavaitl célébrée,
avec les vêtements sacerdotaux , lequel religieux de-
vait faire Taspersion sur le tombeau. Pour l'acquit de
*cette fondation, il abandonnait, aux religieux et au cha-
pitre, 50 livres qui lui étaient dues, pour la poursuite
de la réunion à la mense eapitulaire des bénéfices du
doyenné de TaImont,de celui d'Aizenay, de rarchiprétré
.de Pareds et des églises Paroissiales de Luçon , de S.te-
Gemme près Luçon. et du Poiré-sur-la-Rocbe. La perte
des titres ne nous permet plus de connaître les do-
maines qui furent réunis. Peut-être Funfon n'eut-elle
pas lieu , du .moins en entier ? On crqit que ces domai-
,nes furent vendus en 1563 , sous le nom du prieuré
de la chanoinie , en la paroisse du Poiré. Cet acte ,
daté des Moutiers-sur-le-Lay , ancien Château-Moutiers,
éloigné de deux lieues de Luçon , séjour ordinaire des
premiers évêques, est de Tannée 1387 et du 17 janvier,
ce qui, à notre manière de compter, est de 1388 ».
6. Guillaume de la Rochefoucault mourut le 27 jan-
vier 1387—1388 (3).
(1) M.' de D. Fonteneau.— Extrait des papiers dn ehapltre àû
Luçon.
(2) M. de Beauregard , Evêques de Luçùn,
(3) Cette daie, est positiTe* C'est celle dn cartulaîre et de vm
deux anciens catalogues.
1388) EHEHlfB LOTPBAU , 8/ ÉVÉQUB. ( 83
IX* ETiBififs LoTPBAU (1) a été le 8.* évéque de
Luçœi. n fat élu , d'après un registre du Vatican , . le
4 mai 1388 (2).
S. M. de Beanregard (8) nous fait connaître la bio«
graphie de cet évéque que TUbaudeau (4) a mal*à-
propos appdé Loiseau.
« Etienne Loypeau » était conseiller et aumteler dé
lean , fils de France » duc de Beny , comte de Poitou,
Ce prince lui conféra la dignité de trésorier de l'église
de St. Hilaire de Poitiers ; il est à croire que ce fat
(5) incontinent après que le roi Charles Y fut rentré en
possession des Â[>inaines du Poitou et que cette pro?ince
eut été donnée en apanage, avec le Berry et l'Auvergne,
audit duc Jean. La qualité de trésorier de cette église
est justifiée par une charte de ce prince, du 14 janvier
1380. Elle porte concession, par lui faite, de plusieurs
précieuses reliques, dont le roi Charles V , sur la fin
de ses jours , lui avait fait présent , et dont il commet
la charge audit Etienne Loypeau.
« n était aussi chanoine de St. Hilaire. Il fonda une
messe et donna , pour. cet effet , la terre et château
de Drené, en 1387. Cette terre est passée dans la mai-
son de Hortemar. Il était en même temps chanoine
de réglise de Poitiers , de celle de Bourges , curé de
(1) Siefhmmi LoypM , dTif rèt le oartulair* et les catftlo|piee
tncient.
(i) D'entrée docamoQU fixent cette élection tu 4 mère de la
même année.
(Z) Eiféque* de Lufon*
(&) Abrégé de thùtoire du Poitou,
(5) Comme trésorier de St. HiUlre de PoitiVrs , Etienne a.oj-
psstt a ^té incoxinu aux auteurs de la Gaule Chcétîenne.
^7 Etienne Loypeau , 8.« évêque. * (1388
St. Gilles et St. Leu de Paris , commensal et chapelaia
da pape et enfin éyêque de Luçon , comme il se voit
par les registres et un ancien inventaire des reliqaes
de St. Hilaire » de l'an 1406 h.
D II était pavent de Louis Loypeau , prévôt et gou-
vemeur de la ville , château et marquisat de Mézières»
commandant du ebàteau du Bouchet , ainsi qu'il parait
par un contrat de mariage de. damoiselle Marguerite
Loypeau , sa fiUe , passé le 20 juillet 140Q *.
» Ces trois alinéas, continue M. de Beauregard , sont
extraits d'un manuscrit de Rapaillon , chanoine de St
Hilaire-de-Poîtiers , lequel contient l'histoire des abbés
et des dignitaires de cette église. Le ^lanuscrit est en-
ire les mains de M. l'abbé Dutrehan (1) , trésorier.
Rapaillon vivait en 1360 et a laissé dix volumes tn-f.*
manuscritSi de l'histoire de $t, Hilahre. C'est un recueil
précieux. »
3. Un titre (3) £adt connaître positivement ce qui se
passa à l'égard des reliques dont il vient d'être parlé.
Elles consistaient l.<> dans du sang de Jésus^hrist;
â.o du bois de la Vraie-Croix ; 3.^ un fragment de la
Couronne d'Epine'; 4.<>et un morceau de la Table, sur
lâquéllefut posé son corps, dans le sépulcre , morceau
teint de son sang. Ces reliques^ déposées dans la cham-
(1) M. l'abbé Dutreban issti d'une maî$oa noble au Bm-
Poit.oa. avait été auparavant chanoine de Strasbourg. Son frer
était seigneur de là Jarrie , paréieae de Saint-André-»ur-Sèvre,
terre possédée aujourd'hui par Madame la marauise d'£f£at*
(2) Cette coUection manuscrite, qui aurait été » utile poOf
écrire l'histoire du Poitou » est perdue.
(5) U est daté du 14 Janvier l580-138i et se trouve copiée»»
Us manuscrits de O. Fonteneau.
1395-1399 ) Etienne Lotpsav, 8.« iviQUE («s
bre da roi à Poitiers, ftirent doimêes.par Jean, dac de
Berry , comte de Poitou, à Etienne Loypeati , trésorier
de St. Hilaire-de-Poitiers , qui les céda ensuite à cette
même église. Ce don fut fait en présence de Nicolas
Mengin (1) , secrétaire et maître de la chambre aux de«
mers du duc et de Pierre de Giac » son clerc.
4. Les simples prêtres tenaient alors à honneur d'être
inhumés» comme des chanoines, dans les cloîtres de
Luçon. C'est ainsi qu'en 1395, JeanCousmeri,prêtrei
déclara eslire sa sipulturey dansle chapitrej[2) et donna,
pour cela, une bonne quantité de boisselies (3) de terre.
5. Comme Etienne Loypeau cumula ses doublés fonc*
tions d'évêque de Luçon et de trésorier de St. Hiiaire-
de-Poitiers , il résidait souvent dans cette dernière
Tille (4j. Aussi ses vicaires-généraux étaient obligés de
le remplacer habitfiellement « tant pour les fonctions
du culte que pour ce qui cpncemait les intérêts ma-
tériels. Et nous voyons, le 28 janvier 1398—1399
(5) « Les vicaires-généraux de révérend père en Dieu ,
Monseigneur Etienne , par la grâce de Dieu, évêque de
Luçon et le chapitre de l'église dudit lieu, fait baillette
d'une aubraie (6] prés Luçon j».
6. Néanmojns , nous trouvons Etienne Loypeau ,
donnant un acte , le 2 juillet 1399 , sous le scel de la
51] Cette famille exUte uncore dans le Ilant-Poltoa.
%) Cartut,Lucton,— yi.* de D. Fontoneau.
M. d.
(3) Bot'scelertas , est-îl dit . dans l'acte.
(4) < Etienne Loypeau faisait sa tésid
le Beauref^ard, Evéques de Luçon.
Etienne Loypeau faisait sa tésidence à Poitiers.
(5) M.* de ï), Fonteneau, —r Extraits piis dans les archives de
TévècKé de Luçon,
(6^ Une aubraie est une pièce « dam le marais, entouiée d'eaa
et plantée en arbiea.
86. ) Etienne Lotpbav, 8<<» jéyéqvb. (1400— 140 1
Roche-sar-YoQ , pour annobUr le do0»me de la Ro-
chette 9 paroisse des Clouseaux , en faveur de Jeanne
Eymel, femme de Joachim Gauteron , de Jean Gau-
teron et de Ifiirie Eymel. Le [H^élat retrait IajusUce(l].
7. <( C'est sous le pontificat d'Etienne Loypean » dit
M. de Beauregard , que Nicolas Fabri^ aoraôni^ de
Féglise de Luçon , fonda la chapelle de S^te Magdelaine,
( nous verrons plus tard que ce n'est pas c^e qui porte
ce nom) , pour procurer aux malades la &cuUé d*en<!^
tendre la sainte messe : Utpauperes Chrisêù i^bi eoçU^
i&Ues y prœsertm débiles in electise xistentes possirU (W^àUre
missam et dévote inspicere bomirium Jesum Christumn^^
Cette fondation est du 2 février 1400.
8. Charles VI donna , du consentement de Jean ^ duc
de Berry, qui en était pourvu, et pour en jouir après
la mort dé ce prince , par lettre du 12^^juiHet 1401^ le
comté de Poitou à Jehan , duc de Touraine , son second
fils , mais il se réserva la garde de la cathédrale de
Luçon et des autres églises , de fondation royale ou au^
trement privilégiées , qu'elles ne pouvaient être sépa-^
rées du domaine de la couronne (2].
9. *La chapellenie de Sainte Flaive , fondée dans
l'église de Saint Mathurin de Luçon /à l'autel de
Notre-Dame , occasionna encote de nombreux actes,.
^ (1) M.^ de D, Fonfeneau, Vers ce temps, le mène prélat tran-
sigeait avec des particuliers de la paroisse de Saînte-Fiaive « pour
dés droits dos à Vèvèclié. Il transigeait aussi » le 2 juillet 1399^,
avec des habitants de la Mothe-Achard, pour des redevances, en
présence de M. Martineau . licencié en droit , archidiacre da
Luçon , Pierre Ganter , prieur de Cherché et autres.
(i) Ord. du L<m9, Tom. VllI , p. W2-
1401— 1403 j ErnimB LorpsAu , 8/ Bviots. (jfr
en 1401 et 1402 (1)1 On y Toit snccessivement deux
chapelains (2) et des transactions sur procès , mus ou i
monyoir.
10. Nous venons- de parler de l'élise de StMathnrin
de Luçon, qui n'était alors qne la chapelle du cimetière
de cette localité. Or^nous trouvons, sous Tannée 1403,
la mention de Téglise paroissiale de Luçon , qui était
sons le vocable de St. Philbert (3).
il* Use donation importante fbt faite vens ce temps
f4) i rétablissement religieux dont nous écrivons rhto-
toire , par un homme marquant. En effet , Pierre Bochet,
président au parlement , par dévotion pour Vigliu d$
Luçon et m l'htffmewr de Bieu et delà benqiele Vierge
Marie , donna les moulins de Chamailiard , avec toutes
leurs dépendances, dans les paroisses du Champ-Saint-
Père et de Saint-Yincent-sur-Graon , à la charge de
célébrer deux messes, par an , à son intention.
12. iLe désir de se fiiire inhumer avec les religieux de
LuçoUrgagnait encore, au commencement du XV.« siè-
cle. C'est ainsi que nous voyonâ Jean Remond, prêtre,
léguer tous ses biens au monastère , afin d'obtenûr une
(1) M.«de D.Fonteiieau.
(2) r^icolas Lio^îer et Jean Choopîn ou Cboppîn. Ce dernier
^i .était aoMi chapelain de la chapelle du Château -tienf, deewtr^
novo^ de Luçon . qn il résigna le 12 janvier IftûO —1401 • entre lea
mains de l'évêque , transigea avec un comme Bardonnea, pour un
droit de complant , et avec un prêtre appelé Pniterea. On le voit;
les noms actuellement en euu étaient alors en ea » comme lea
prononcent encore lea gens de la campagne.
(5) Jean des Chenanlt et Jeanne des Chenault • veuve de Simon
Roquelean » de la paroisse de St. Phithert de Luçon. Manùte.
d» jD. Fontetuau,
(\) Le pénultième jour de septembre liO&. Cart. Lucion.
88 ) Germain Vxtllâxd , 9.*^ Évioim. [ 1407
place là, pour 3a dépouille mortelle et des prières (1);
et Jean Girard , peu après (2} disposer aussi de presque
tous ses biens , à cet effet , en ne foisant qu'une faible
réserve.
13. Etienne Loypeaumouruty. le 13 septembre 1407,
d'après le catalogue placé à la suite dçs' bulles et les
deux catalogues manuscrits. Mais lé cai^tulaire , comme
les deux catalogues, disent qu'il siéga vingt ans neuf
mois et deux jour^, ce qui n'est pas exact. « Sans
doute, comme le dit H. de Beauregard (3)» que le car-
tulaii*e suppose qu'il succéda» sur le ebamp, i son pré-
décesseur. »
' 14. Le même écrivain présume qu'Etienne Loypeaa
moufut et fut inhumé à Poitiers , lieu de sa résidence
la plus habituelle.
X. Germain PAiLLAnn, 9.^ évêque deLuçon, en 1407
ou 1408 ; il est nommé diversement par les auteurs ,
savoir : Paillât par le cartulaire et les deux catalo-
gues d'évèques et par M. de Beauregard ; Pallabd ,
par un registre de la chambre des comptes ; mais une
ordonnance royale qu^ je vais bientôt citer, des titres,
son épiiaphe et Blanchard (4) le désignent sous son
véritable nom , celui de Paillard.
^ 2. Ce prélat était d'Auxerre (5) et d'une famille de
magistrature qui a fourni plusieurs membres au. parle-
ment de Paris et d'autres personnages placés dans de
hautes positions sociales. Philippe Paillard , bouigeois
(1) Le 26 novembre 1WI6. Cartul. Jjucîon,
2} U 15 janvier 1406—1407. CartuL Lucton.
JEvéques de Luçon,
%) Eloges des premiers présidents du parlement de' Paris,
p) il ne * faut pas » d*aprèt ce qu£ dit M. de Beauregard »
i
1408 ) aSHMAiN ^AILLASD , 9/ ÉVÉ<H^. ( 80
de Beaune » fut' mi des garants dû traité de Grenillon
consenti , eii 1359 , entre le doe de Bourgogne et lé
roi d'Ângleteire (1). Christophe Paillard, frère aîné de
Germain, fat conseiller-midtreen lacliambre des comptes
et employé par le roi Louis XI , en diverses négocia-'
lions 9 particolièrement au traité de paix, qui suivit la
guerre dite du bien public ^ et, en 1470, il fut envoyé,
par le roi , pour sommer la ville d'Auxerre deseren-*
dre (^. Philippe Paillard , fi^re de Christophe et de
Germain , lot archidiacre de Noyon et secrétaire du
foi.
V n se voit, dit Blanchard , Elogti de$ prmim fti^
ndenti du parhmeifU de Paris f dans le chœur des C^es«
tins de Paris, les sépultures des deux frères du nom
et de la famille Paillard ; la première est celle de Ger-
main Paillard ,••... évéque de Luçon ; la deuxième
sépulture est celle de Philippe de Paillard , archidia-
cre de Noyon , secrétaire du roi , sur laquelle est
gravée cette épitaphe :
Bic jacei venerabilis et discretus magisler
Philippu$ Paillardi , archidiacanus
Naoiomensis et prœpo$itu$ S,**» Walburgis
De fumis : aeriim , Noiarim , Secretariui
Domini nostri Régis , qui obiit Pontiis
Octavâ die septembris anno Domini 14161
Anima èjus requiescat in pace.
» Palliât , dil le même auteur , en ses additions ,
dans la Vraie et piXr fuite sdenee des armoiries^ dit que
confôiiare cette famlUe atec «ne a«tre en même nom , q«i a poe^
Bédé la seigneurie de Jumon^ille . dont elle prenait son tumom*
(2) Bévue Anglo-Françàùe , 2.e série , tome 2., p. 190 et i9i.
(2) M. de Beaoregard , Evéques de Luçon.
1 »
9d ) <}EBMAIN PAILLARD 9 9.* É¥ÉQIIB. { 1408
Philippe Paillard , archidiacre , portait d'argent , à
trois tBurteaux de^ablet au chef de gueule , chargée d'une
croix palée , mise au quartier dextre , d'or , adextrée d'une
étoile de mémef qu'il met pour brisure , à la différence
de Germain , «on firère , ayant l'un et Vautre ^ chargé
cette croix , à cause de leur mé|re , «œur de Philippe
de Moulins , évéque de Noyon n.
3. Germain Paillard fut élevé par Philippe àe Mou«-
lins (1) , éyéque de Noyon, frère de sa mère^ et destiné
à l'état ecclésiastique, en même temps qu'il étudiait le
droit. Aussi il fut à la fois conseiller au parlement de
Paris (2) , et chantée en dignité de l'église de Paris. On
le tira du chapitre de la capitale , pour le Êdre éyéque
de Luçon.
4. Germain Paillard envoya d'abord des députés au
concile de Pise et il finit par s'y rendre lui-même ,
puisqu'on trouve le nom de ce prélat, parmi ceux des
pères de ce concile (3).
5. Les religieux des monastère du Bas-Poitou , qui
avaient^été long-temps indépendants de celui de Luçon,
subissaient avec peine la suprématie du chef de
celui-ci, depuis qu'il était devenu évèque. Les moines
deSt-Michel-en-l'Herm, bien pluls riches que ceux de
Luçon, étaient surtout dans cette position et ils résistè-
rent beaucoup , mais inutilement. En effeti un arrêt du
(i) U ne parait paa que ce prélat Fàt de la famiUa poltaTÎna
du mèn^ nom , qui a fourni le précepteur du roi Françoia I.er.
(2) Suivant Blanchard « déjà cité , Germain Paillard exerça lea
fonctions de conseiller au parlement de Paria « pendant les
années 1405 , lft(Mt et t40S.
(5) M« de Beauregtrd , Evéquei de Zmeon*
1415—1418 ) eBRMAIBr PAHXARD , 9.* STiora. ^91
jMoienimt de Paris , du 4 avril 1415 , maintint Fé-
Téque de Luçon, dans son droit de joridiction, sur
i'abbaye de St-Michel-«D*l'Herm.
5. «Onlit, dans<nn registre de la chambre des eomptes.
de Paris , poor 1417, commencé et fini ea 1418, que
Monseignevir Germain Paillard » évèqae de Laçon ,
prête au roi 400 livres (i) »«
7. Si Germain Paillard était d'une maison Bourgui-
gnone , il était aussi Bourguignon,, par ses opinions po-
litiques. Aussi quand le Dauphin-Régent Charles , de-
depuis Charles YII , se fut réfugié à Poitiers avec sa
cour et son parlement , Tévéque de Luçon fit sa de-
mewTonce ctvec les ennemis du prince et les relies , en les
conseiUani et favorisant (2); Cela détermina le Dauphin-
Bégent à mteyer à Germain Paillard la possession des-
ehftteau et forteresses de Févêché de Luçon et à y placer
des capitames , dont le prince reçut le sermentCet ordre
de'cfaose dura assez long-temps, ainsi qu'on le verra.
8. n parait aussi que Germain Paillard avait , sur
la fin do sa carrière , abandonné son évéché , pour se
retirer à Paris, fly mourut, au mois d'octobre 1418,
(3) et fut enterré, suivant qu'H Favait demandé , dans
le clHBar de Féglise des Céiestins de la capitale, prés
de son oncle. Philippe de Moulins , évéque de Noyon ,.
et à côté de la place où reposait la dépouille mortelle
de son 4rére P^iUppe de Paillard (4) , mort très-peu
de temps auparavant.
(1^ Wi; de Beaureg&rd » E»éçue$ de Luçon^
(2) Ezprettioos employées dans les lettres de Gharlet..VII / du-
& novembre i^^ , ^e je donnerai pins tard-
(3) Le 8 octobre « suivant le cartalaire et les deux cmlalognea « et
leD, suivant l'épîtaphe qu'on va rapporter.
(%) Celui-ci mourut en septembre i4iJS. ToLc soq épitaj^ibei ci-
deàsui.
n ] G. FîilLL. ET EUEn.gVL^aT, 9,« ET iOi« ÉV. (441?
On plaça sarcla tcmbe de Germain PaSlard.» réypi-
taplie suivaiite :
Hicjdcet rêver endm in Chri$tù PMêr
Gemanus Paillardi , de antisskdoro ,
Episco]^ luoanenas Dçmni noêiri
fiegis comUiarius y qui ohiit Parisiû
Sexta die mmsis octobris 1418.
Aîiima ejus requiescat in pece.
9, Le cartulaîre ^e] Luçon dit qu'il sîêge^ (1) vingt
ans et vingt-cinq jours, ce qui est feu?:. L'un dç nos
catalogues est plus exact (2).
XI. fllLcp n MAj^jmEAf} y lO.*" év^ue d,e Laçon f
^tait né dans le Bas-Poitou , ainsi qu'un documentau-
9ientique l'établit positivement (3}. On doit dopcicroire
qu'il était d'une des familles de ce nom ^ qui existent
encore dans ce pays.Si le cartulaire et les dey^ catdogi»e5
rappellent MartînelU (4) , c'est qu'ayant François I.^' ,
conmie le fait remarquer M. de Qeauregard (5) , tons
les actes s'écrivaient en latin. Il faut filouter, c^ , si on
voulait en donner la raison , cela mèperait tfop loi^»
c(ue l'on mettait ces méme^ noms au génitif.
2. i;]ie Martîn^u , qui occupa probajblement lesiég»
épiscopâl de Lufon» presqu'aussîtôtledécèsdeGfeniiaiB
(1) M. d^ Beanregard , JSvégues tfe jAi^çon.
(2) Germanus Paillât , obiit 8 octobriç 1&18 , tenuît episco*
|»atum annis undecim et diebuA viginti quinque.
^ (S) L'ordonnança de Charles VII, da 6 ncrrembre i&8&«déjà
chfre porte : « Ledit Germain ^Paillard] alla de ^ie à trépas et
par son décès fut pourvu audit évdché « HéUe... Ixomme natif
dlidit évécbé de Luçon ».
(4> De là plasienrs l'ont appelé , mal-à-propos , Elîe Mitftigel.
(5) Evégues de Luçon*
Hi8\ MU» U MAMJUnAVf iO.« ÉyÈQms ( gS
Failtefd I 6at la flatisbctioii de mettre fin imn grand
I^océ^ 9.^1 ^xiitait, depuis long-'temps , entre tooles les
^^ifles de «on diocèse et Féglise cathédrale de Poitiers ,
posr le buninaire de cdle-cL'; Je vais rendre compte
de ortie /contestation dont je m'étais josqtfid abstenu
de parler.
Dans le principe, toutes les églises du Poitou devaient
continuer au luminaire de la cathédrale de Poitiers »
par le payement d'un droit déterminé , qui était plus
ou moins ifort, suivant rimportance de chaque égfise.
G? lumjnaire était considérable et même plus qu'a»-*
eun antre da royajame, disait les documents du temps.
II était tout en cire et on n'evafkff^it pas d'huile.
Le droit devait se payer au Chevecier, à Poitiers , le
jeudi avant l'Ascension.
Après rérection de Luçon et^de Maillezais en évé«
chés y les paroisses qui en dépendaient refusèrent de
payer le droit de luminaire p mais le Cheveder de
Poitiers se rendit à Avignon» devant le pape Jean XXII
et fit promettre aux deux évéques de Luçon et de
Maillezais et aux députés des deux diocèses » que le
payement du droit continuerait Comme il y eut néan-
moins négligence dans l'exécution de la promesse , le
Souverain Pontife donna deux ordres exprès» pour &ire
cesser cet état de chose.
M^s bientôt un grand procès éclata pour le lumi-
naire, entre le elergé de Luçon et de Maillezais ,
contre le Chevecierde Poitiers , devant le parlement
{!) On donnera > dans les pièces justificatives » la liste des re«
devances d« tontes les paroisses du diocèse do Lnçon , d'après
Vaiiciea P4>i|ilU.
94 ) ELIB n MARTIXEAV , 10.* ÉtÉQUB. f 1418
da prince de Galles, due d'Aquitaine. Oa ne refusait
pas alors le payemmt du diroit en entier , seulement
le clergé du Bas^Poitoa ne Youlait pas payer kla forte
monnaie, et offrait de se libérer à la monnaie ancienne^
Néanmoins il fut condamné à payer à la forte mon-
naie , sur les conclusions du procureur général du
Prince Noir*.
Sous Charles Y , cette condamnation fut approuvéa
et sortit son effet.
Mais^ en 1408 , le clergé du diocèse de Luçon re^
commença à plaider, pardeyantle parlement, pour le
luminaire^ Il prétendit, de nouveau ^ ii'étre tenu de se
libérer qu'en la monnaie usuelle.
Sur cette contestation , un interlocutoire Ait rendu
et une enquête fut faite. Or, en 1411 , la condanma?^
tionà la forte mpnn^e fut de nouveau prononcée.
Peu à prés , une autre coqtestatioq vint encore à
surgir. Les églises du diocèse de Luçon, demandèrent
à ne pas porter leur rétribution à Poitiers , et on dirait ,,
pour elles , que c'était une vexation. En effet , si des
curés étaient tenus à vingt sous et. plus par an , d'aur
très ne devaient que cinq sous et le voyage coûtait
plus que la redevance. Il était donc juste , di$ait-on ,
pour le clergé du Bas-Poitou , qu'un receveur fit établi^
sur les lieux , pour percevoir te droit de luminaire.
Ce procès se débattait , avec une grande activité , en
1415 , non-seulemrat pour les églises du diocèse de
Luçon , mais encore pour celles du diocèse de Maille-
zais. Enfin cette contestation finit par un accord^,
portant que le Chevecier de Poitiers établirait un rece-
veur à Luçon , qui percevrait le droit de luminaire , le>
jeudi devant la sine (synode] de T Ascension. On maixi>
U19 — 1422 ) VUE n MAETUIBAU » 10.« ÉVÉQCB. ( 95
tint le droit ancien à la forte m<»inaie , et onyi(|oata
gaelque chose yjpoor le droit de portage , ce qoi cùWh
titoa le traitement da receveur.
3. Ce liit aussi dans ce temps , que fut mise à exé-
cution la réforme des monastères de l'ordre de Saint
Benoît en Aquitaine , réforme projetée par le pape
Martin V. Jean , abbé de 8t. Junien de Noaillé , près
Poitiers, fut Tun .de» commissaires (1}. Le chapi-
tre de Luçon n'était pas encore sécularisé ; ce* n'était,
en quelque sorte, qu'un monastère debénédictins, placé
à la tète d'un diocèse et régi par un évéque, et il fut
dès-lors , soumis à la même mesure que les simples
abbayes du même ordre.
4. Nous devons à M. de Beauregard (2) la connais-
sance d'un fiiit curieux I relatif à l'administration
d'Etté liartineau.
m L'acte le plus important fiiit par cet évéque et
qui *8oit venu Jvsqu'à nous , dit-il , est une transaction
passée entre lui et les religieux de Luçon. Cet acte a
été passé dans le réfectoire des religieux , lieu où ils
tenaient leurs assemblées capitulaires , le 22 octobre
1422 (3). L'abbé du Temps n'a eu qu'une connais-
sance impaifrite de cet acte , lorsqu'il assure que l'é-
vèque fut présent en personne ; il ne comparut que par
procureur. Cet acte est curieux , parce qu'il fixe l'ori-
gine du droit, dont lesévéques de Luçon ont toujours
Joui de prélever, sur la succession des curés de leur
(1) Acte «tu il juillet iki9 -^ M.* de D. Fpntemtm.
Evéqueê de JUifoii.
On trouve encore \
liât et Jeen ËheYall
» de D. Fimt€wau.
, , Acte du 11 mulet
S Evéqueê de ijuçon»
On trouve encore un acte paisé le SB octobre 4&S8 , entre
ce prélat et Jeen Ëhevalier « seigneur de la Mothe-St.^ulpice
96 ) EMEH MARTINE AU, 10;^ ÈxiQVE. (142^
diocèse, le cheval da caré ou, à son défkut Uû lit. Ce
drmt de déport se nomme le meliuè animal; Il a liea au
décès de chaque curé.
» Il par^dt qu'alors les paroisses étaient , pour la
plupart , gouTernées par des religieux. L'évêque de
Luçén succédant aux droits des abbés réguliers s'em-«
parait , à la mort des titulaires , de la succession des^
bénéJBciers , comme les abbés S'emparaient de la côte
morte des religieux , qui appartient aux maisons ré-
gulières desquelles ils sont sortis , et rabbé Biraaud de
Thouars , lors du partage des biens de Tabbaye dé
Luçon ayec les religieux , s'était réservé , ainsi qu'à(
ses successeurs , toute la succession des biens metible^
et immeubles de tous les religieux, tant de ceux qui
gouvernaient les cures que de ceux qui ne tenaient que
des bénéfices sans charge d'âme. Ce droit était tyran**
nique et préjudiciait , soit au monastère de Luçon ,
soit aux successeurs aux^ bénéfices dont les bàtimeota
ne pouvaient être réparés. Après bien des réclamationSy
Martin Y , nomma conunissaire , pour terminer ces
différents, Louis de Palude (de la Fallu ) , abbé dQ
Toumus et cbambrier de sa chambre (1). Les religieux
comparurent devant lui , en présence d'un notaire, enn
(i) « Lotiîs de la PaUae était d'tme ancien n« maison àe Bresse',
qai porte pour armes : de GueuU , à la Croix d'Hermine. II était
fiis d^Aimé ou Aimon de la Pallu , <,l)evalier , seigneur dé-
VaremlKin et d'Alix de Govgenonv 11 fut^ relrgieus de Tournus
dès 1583. Le titre qu'il prend de chambrîer du Pape Maitin; Y «
lui \îentdè ce qu'il fut! un des gardes du c&nclave , dtins lequef
ce pontife fut nommé, le jour de- St. Màvtin . iA>i7. Il' aésiBta
au concile de Constance et fut nommé président d'un chapitre
général pour la réfontation de l'ordre des Bénédictins. Il assista
également au concile de BUe , en ,1431 , et • fut fait érèque dû
Lausanne. Il passa au siège de Maurienne i en 1&49. 11 avait
été déjà nommé cardinal, par le pape Félix V« et prit alors
U2S) Eus n HABTINBAU f iO.« ÊTÉ90S. ( 97
semble le pFocaresr de réVéqoe^étaU André (ru>g«m«
4orum , cvaé de Laçoo, Les religieux étaient frères
André Proréa , prieur ; Denis de Bans , pénitencier ;
Jean Nicolaï , drapier ; Jean Sorcetelli , chambrier ;
Jean Prouteau, prévôt; Renaud Lemoulin» àrmoirier;
Pierre Paris, sous-prieur; Pierre Trolel , crossier ;
Etienne Pressans , .... ; Nicolas Raguetel , sous-
aiiflM>nier ; Jean Gaudeau ou Gourdeau » sous-sacriste ;
Etienne de Pont-de-Yie , Nicolas Olivecel , André de
la Rodie , Jean Guicbeton , Guillaume Rousseau et
Jeui Nean* Ces religieux prennent la qualité de baillirs,
ofiBciers et religieux , dans la suite de l'acte. On yoit
^'ii manquait plusieurs officiers , comme TAIguier
Àgvarius , qui fournissait la pitance ; le Condarim ,
fui fournissait les habits et le Faraturus , qui
donnait les fourrures. Linfirmier , l'aumAnler et
plusieurs autres qui > après s'être plaints que Tévéquè
avait voulu s'emparer des lits et meubles de deut
religieux décédés , François Simon et Jean Beatichéne,
disaient que les évéques séculière ^ peu hité/essés à
connaître les besoins des religieui[, par ces exactions
iniques et lyranniquement exercées par les officiaux »
les avaient réduits à manquer du nécessaire, c E»
quibus , disent les religieux , sœ^nssimé nonHngU , quoi
dolefUes reterimus , quod nos prior et religim , poU i
pktumofficium divinutn^ horà eongfuà ptandiiveli
nihil j vel meîiuk quid decet repériebamm , ttsw mn^
magnU ei suspiriis murmembus^. Ils ajoutJriènt qoA Idi
h nom àe car âitial âé VnraîtâMHl. B f«t ]Miit-ètr« archeTéqtM àp
TarentaUe et mourut à Borne , au moU de septembre iWlï,
Voyè* Vlh'êtotre nouPtlU de tabbaye de Toumus , par Juennia »
in-ft.^'. » Cette note eat d» M. de Beauregard.
13.
9S ) Eue II MAtlTlNEAt^ lO.* ÉVÉQUti. (1422
titulaires , entrant dans les bénéfices , n'y trouvaient
aucune des choses nécessaires^ pour en supporter les
charges.
<c Enfin, on convint , de part et d^autre^ de felre
des sacrifices. Le procureur de Févêque promet d'a-
bandonner les biens meubles des religieux décédés :
Exceptis tamen et reservatis equo , $eu jummto , munito
cellâ 9 brida » et etiam uno lecto munito , ctdcitrâ , pul^
vinari , quatuor îentaminibus , duobus cooperturis , duo-^
lus caputegiis et uno auridulari. S'il ne reste à la suc«^
cession qu'un cheval et qu'un lit , l'êvèque les pren^
dra ; s'il s'en trouve plusieurs , l'évéque prendra melius
animal et le meilleur lit , ainsi que la meilleure pièce
d*argenterie et le bréviaire que Févêque sera tenu de
distribuer aux religieux', à condition que celui auquel
îl sera donné, payera 60 sous au religieux armoirier.
Quant aux simples religieux , Févêque leur laisse leurs
meubles , excepté le cas où ils auraient résigné.
<K Les religieux abandonnèrent , en échange , deux
moulins à Feau, appelés les moulins de Mainelais, sur là
Semagne, avec leurs usances et pêcheries. Ils sont situés
sur le chemin de Luçon aux Moutiers-sur-le-Lay (1).
Ils se chargent, en outre , de faire célébrer , chaque
année ^ le troisième jour après la Pentecôte , une
messe solennelle, à laquelle Févêque sera tenu, pour
le repos de Fâme de Jean Chevalier , seigneur de la
IIothe-St.*Sulpice.
< Cet acte est passé en présence d'Etienne Fillon »
curé de S.te-Gemme et de Guillaume Legis , curé de
(i) « Il y a quelques années que M. de Mercy a «rrent6 ces
moulins. » ^ IfoU de JRf . 4$ Beauregard.
1423 ) EliB n MABTIlIBAir , iO.< BTÉQim. (99
Saint-Martin-Lars. La procuration de Tévéqae est du M
octobre, même année, et donnée en. présence de Gilles
de la Roche et de Gui de Oleriis ( peut-être de TOule-
rie ) scutiferis et le lieu auquel il est passé est indiqué :
in camerâ nostro parlamenti ( ou paramenti ) , m caslro
fiostro de Monasteriis.
« Cet accord ne tarda pas à être ratifié, par le com-
missaire apostolique , le 13 mars 1426 , en présence
de Philippe de Ragnencour,abbé élu et confirmé de Saint
Martin de AlteyOf diocèse de Rouen, de Jean de Tha*
Tonne, religieux de Toumus , de Sl-f Jehan Bitrari, du
diocèse de Chatons et de Gaultier Bérard, damoiseau
(domicello)j du diocèse de Lyon. Le droit contesté aux
èyéqnes, dans les siècles postérieurs , tut confirmé (ac
un arrêt >•
5. On trouve, sous la date du ii décembre 1423^
un acte d'homnuige fait à Hilie , évéque de Luçon »
avec douze deniers d'annuau, pour des terres, par rtii^
gieux et honnite homme , frère Pierre Paris , sous*
prieur de l'église de Luçon , constitué par 1^ prieur «t
les religieux de cet établissem^t ecclésiastique, afin
de faire hommage à leur évèqu^ (l).
6. Il paraît que ce prélat tint toujours pour le parti
français, à rencontre des Bourguignons et des Anglais,
car Charles VU le qualifie , dans des lettres déjà citées
(2) y de son bon et féal sujet. Néanmoins , si ce prélat
obtint de l'autorité royale la disposition des forteresses
défitendaDtes de spn éyéché ;.s'il y plaça des capitaines^
Si
I) M * de D. Fonfeneau.
^') Pu 6 ikOY«inbr« 1484.
ÎOQ ] Elie II Martine ait, to."^ évégns* ( t&/k
et des garnisons , il s'en tr^oira biiutâl dépouillé f
ainsi que je vais le filire connaître.
7. Nous arrivons à une époque d'événements mal-
ll^eureux pour Luçon et particulièrement pour rétablis-
sement religieux de ce lieu. Ils furent le résultat
de l'ambition et de la cupidité d'un grand Seigneur ,
<lui abusa de sa puissance et usa brutalement de la
force 9 » s-appuyant de prétendus droits, dont il coa-*
naissait bien toute la fatilité. Je veux parler de Geor-
ges de la Tremouille, qui joua un si grand rôle k la
cour de Charles VII et est reconnu, pour avoir, à un^
certaine époque, gouverné le royaume. Or, Georges de
la Tremottille Jouissait , dans Luçon , d'une seigneurie
dont j'ai indiqué plusieurs possesséuni, et il éleva la
prétention de considérer , comme dépendant de lui, tout
ce qui était la propriété de l'évéque et du chapitre de
Iaiçob, Toujours est-il cpi'un jour il entra de force dana
la forteresse de Luçon , appartenant à l'évèque , en
diassa le capitaine nommé par c^luirci et en établit
un antre, pour y cQmmmider en sop pom. Ensu^e il
ae porta , avec des troupes et des canonf , devant 1q
château des Moutiers-sur4e-Lay , cous le prétexte qy^
cette localité dépendait de sa baronnie deMareuil-sur-
le-Lay , et l'assiégea , musique l'église. Sans ce siège ^
où il fut tiré bon nombre de coups de canons^, il y eut
un grand nombre d'hommes tués , tant prêtres (i) , que
clercs et gens de guerre. Enfin les assiégés fiirent obIi«
gés de capituler, et la Tremouille s'empara, non-seu«
tement de ce qui appartenait à Tévéque , aux personneft
(3) On sait que le monastère d^s Moatterf-4ur*le*L»j était
une espèce de succursale" du monastère de Luçon.
im) ElIb'II MÂRTINBÀI7, 10.« âTÉOUB. ( 101
de sa suite et même aux habitants, et laissa garnison
et capitaine dans le château.
8. Non content de s'être établi ainsi, en maître , à
luçon et aux Meutiers-sur-le-Lay , sous le prétexte
qu'il airait la supériorité féodale sur ces deux localités,
et dominait ainsi tout le canton, par la petite armée
qa'il ayait réunie, Georges de la Tremouille s'ingéra de
lever, sur les yassaux de Luçon, une taille en espèces,
de deux mille sept cents écus vieux et une aulre
taille de même valeur, en denrées. Non content de cela,
il s'enapara de la jouisssance de tout le temporel de
révéché et du chapitre , dans un rayon asseï éloigné
de huçan.
9. n parait qu'EUe Hartineau , mourut le 7 février
1423—1494. C'est la data donnée, à la fois, par le car-
tulaôre et les deux catalogues des évéques de Luçon.
L'un de ces catalogues porte qu'il résigna son évécbé,
en âiveur de son successeur. Enfin le eartulaire dît
qu'EUe Martiqeau siégea six ans, cinq mois et $epb
jours {!)•
10. La persécution envers Tévéché de Luçon , et ce
qui en amendait , continua à la mort d'Elïe Marti-
(I) Je croU devoir placer ici une note de M. de Beaaregard,
tewtive à £itB MArtineaa.
< I9oiu soapcomioiis que Ips aniiet de ce prélat tont cellef
qu'on voit sur l'un des petits pavillons carrés de Tévéché , qal
donne sur le jardin • Ces armes sont celles d'on évè^ne très-
certainement et la construction de ces denx bâtiments » qui ont
subsisté , malgré les ruines et les incendies , ne peut-être ro->
portée à un temps plus moderne. Ces mêmes armes se trouvent
encore sur une espèce de contre-fort , qui sert de passage et de
porte de l'église aux cloîtres , du côt4 de l'évèché. Mais elles
sont trës-altérées et à peine reconnaissables « à raison dis leur
ancienneté et de Tignorance de l'artiste. Elles sont au haut du
bâtiousnt* rious parlerons ailleurs de ces armes ».
lOa } GmLtAClllE n GOJON» U.'' ÉrÈQCR. (i4â4 i|
neau , car, à la mort de ce prélat , Georges de la Tre^
mouille ^'empara de tout ce qui avait appartenu au, ^
prélat 9 après l'avoir tenu , pendant sa vie , dans la 1
position la plus précaire. '
Xn. Guillaume h Gojon , fut le U.» évêque de '
Luçon. On a vu que l'un des catalogues, prétend que '
ce fut par suite de la résignation de son prédécesseur. ^
Alors t il est à croire qu'il lui aura succédé immè* i
diatement. ^
5^. Le cartulaîre et les catalogues appèlent ce prélat ^
BosoN ou GotON. D*un autre côté , M. de Beauregard* ^
(t) a cru qu'il était de l'illustre maison de Goyon de ^
Normandie, passée en partie en Bretagne. Maïs, d'aprèsr ^
des données que je suis parvenu à recueillir , je pense '>
qnil était , non de cette maison de Goyon , mais d'une
Êimille du Bas-Poitou ^ appelée Gojon^ et qui apos^
sêdé , vers cette époque , entr'autres domaines , celui ^
de-Piorin, paroisse de St.-*Philbert-du-Pont-Charault (2). i
3. Guillaume Gojon s'étant montré trés-attaché k \
Charles VII , ainsi que son prédécesseur, obtint enfin,. i
de l'autorité royale , la remise des forteresses dépen-^.
dantes de son évéchê. Je vais ici donner la copie de la \
pièce qui établit ce fait et d^ citée plusieurs fois.
« Charles, par la grâjce de Dieu , roi de France, i
aux sénéchaux du Poitou , de Limosin ou à leurs |
lieutenants , salut : Nostrç amé e^ féal conseiller ^ i
^1) E vécues de Luçon,
\i) Aveu rendu, le 1A> janvîec 1525 , à François , seigneur dct
Puy-du-Fou , MalHèvre et BrouilYac , à cause de ladite seigneu-
rie de Brauillac, dte plusieurs objets situés, très-près de la ville d^
Fontenay-le-Comte , par I^icolas Gojon, écuyer, seigneur de P^iyo-
rin , à cause de Simone du Vignaiilt, sa femme. Cette pièce fait
Îtartie des documents manuscrits que j'ai recoeillia , pour écrir»
'histoire de la ville de Fontenay.
1424 ) GCUXAUME tl GOJOK, IL* ÉTÉQUE. { lOS
Guillaume , à présent évêque de Luçon , nous a foit
exposer que, à cause de son dit ëvéché et des droits de
la temporalité d'iCeluy » lui compétent et appartiennent
et est seigneur des chasteaux de Luçon, où est relise
cathédrale dudit évéché, et des Moutiers ; et en iceux
chasteaux ont^ lui et ses prédécesseurs, toute justice
et juridiction , haute , moyenne et basse , droit de
mettre et instituer, en icelles forteresses, capitaines, tels
que bon lui semble, sans et que autre personne quel-
conque y ait aucun droit , ne se doit entremettre d'y
mettre ou ordonner capitaines. Et ce nonobstant , en
Fan 1418 , auquel temps feu Germain de Paillard était
évesque dudit évèché et pour ce que exposé que ledit
Germain (Paillard] , qui était natif du pais de Bour-
gogne , adhérait et faisait sa demeurance avec nos en-
nemis et rebelles , en les conseillant et favorisant , à
l'instigation d'aucuns , nous mismes et ordonnasmes
capitaines , de par nous , esdits chasteaux et forte-
resses , et d'icelui reçûmes les serments de les garder,
de par nous , sans les rendre à autres , sans nos congés
et licences. Par le moyen de laquelle institution de ca«
pitaines ainsi feits esdttes forteresses «et reçoit ce que
ledit Germain , audit an 1418 , alla de vie à trépas et
par son décès , fut pourvu audit évéché HéHe , prédé-
cesseur dudit Guillaume exposant, homme natif dudit
évéché de Luçon , notre bon et féal snbjet , lequel, et
pareillement ledit exposant, ont toiqourstenœt adhéré
notre parti , sans vouloir adhéi:er à autre , iceux ca-
pitaines ont toujours demeuré et encore demeurât ès-
dites forteresses et icelles occupent et gouvernent ,
comme en s'en disant capitaines , de par nous. Poui^
104 ) GUÛXAUBIB n GOJOff , ll.« ivâi^UB. i 1424
quoi ledit exposant est frustré de ses droits et posses-
sion, qu'il a et lui appartiennent» de mettre et instituer
capitaines èsdits chasteaux , et par cqpséquence et con-
tinuation qui s'en pourrait ensuivre , de tout état dé-
bouté au tenîps avenir de sesdites possessions, qui se-'
rait déroger à ses droits épiscopaux, en diminution
d'iceux et au grand préjudice dudit exposant , si pour-
vu ne lui était remède compétant et comme il dit, re-
quérant humblement icelui. Nous , ces choses considé-
rées, voulant la maintenue des droits des églises de
notre royaume,vous mandons et commettons que Tem-
péchement par nous mis à èsdites places, àl Institutioa
et destitution des capitaines, à la cause dessus dite, vos
ostiez , en faisant jouir ledit évèque des choses dessus
dites, en la forme et manière , comme il faisait par avant
l'empêchement dessus dit, nonobstant quelconques let-
tres de don ou commission de capitaines , ou de garde^
sur ces faites et [les serments envers nous faits , par
lesdits capitaines ou commis , lesquels nous déchargeons
et voulons estre déchargés, par ces présentes et quel-
conques lettres subreptices à ce concernantes. Donné
à Bourges , le seizième jour de novembre ^ l'an de
grâce 1424, et de nostre règne, le tiers. Parle roi, ea
la relation de son conseil. ( Signé ) N/Villebresme».
4. Par suite de cette nmtrée dans ses droits, âufl^
laume Gèjon , évéquie de Luçqû , établit tm petson^
nage d'une des maisoUâ les plus marquantes da PoitMt
NobkhommeTTlsXm Chabot, stigneur de Psessiguy > eâ
paillé de capitaine et go^^itnew de la fimisréM dé
l'église de Luçonet du fort des MoutSerft-sor-le^lay.Gé
n'était qu^é Contmâàtïoâ des mèmei^ ten^ùm qUè
1429-1431 ) GuiLLAUiiE n GaroN, 11.* Èr. ( 105
Tristan Chabot » remplissait déjà au nom de rantorité
royale. Aussi on le maintint aux profits et gages qu'il
ayait do temps des deiix précédents évéques deLuçon.
Ces lettres contenaient injonction d'obéir à ce capitaine.
5. n est non contestable que la chapellenie deSainte*
FlaiTOy fondée par la famille de ce nom, dans Féglise de
Saint Mathurio de Luçon » d'abord à cent livres de
rente et ensuite avec des biens donnés, au lieu et place
de cette redevance , devint d*une grande importance*
D'abord^ le chapelain rendait un aveu des biens ea
question à Tévéque de Luçon (1) ; mais bientôt le pré-
sentateur réclama, en disant que c'était à lui à souscrire
cet acte. Néanmoins , par acte notarié, du 8 décembre
1429 , Messire Jean de Sainte-Flaive consentit à ce que
les chapelains delà chapellenie en question fissent l'hom*
mage aux évéques de Luçon. En même temps ce pré-
sentateur se réservait le patronage de la chapelle et
Finspection sur le service fait par le chapelain. Déplus»
celui-ci était astreint à offrir annuellement au seigneur
de Sainte-Flaive une paire de gants blancs, soit au châ-
teau de Sainte-Flaive ou à un h'eu à pareille distance^
aa plus , de la ville de Luçon.
6. La persécution conunencée par Georges] de la
Tremouille contre ElieMartineau , continua contre Guil-
laume Gojon, qui ne put pas jouir des revenus de son
évéché , vit son autorité avilie et même sa vie en
danger. C'est ce qui le détermina à se réfugier, dans la
ville d'Angers, avec une partie de son chapitre.
7. Ce prélat tomba malade, dans cette ville, et, le^25
(l)ÂTevda 30 juillet 1419. EL* de D, FonUneau,
14.
106 ) JEÀN II FlEURT, 12.« ÉViQUE. ( USl
mars 1431 y il légua à son chapitre cinquante réaux d'or,
une fois payés ^ pour son anniversaire.
8. Guillaume Gojon y mourut le lendemain , 26 mars
U31 et fut inhumé à Angers. Il avail siégé six ans un
mois et dix jours.
XIII. Jean ii FLÉURt , i2.« éyéque de Luçon , fut
élu par le chapitre , et un écrivain (1) , qui avait de
nombreux documents* originaux sous les yeux, dit
que sa nomination causa de grands, troubles.
2. On ne dit point de quelle maison était ce prélat,
mais puisqu'il existe une famille de ce nom dans le pays,
on peut croire que Jean Fleury en est sorti. En effet ,
lés évéques , dans ces temps , étaient élus par leurs
chapitrés et la plupart des moines ou des chanoines
de Luçon étaient du Bas-Poitou»
3. On a dit que Jean Fleury devint évéque par élec-
tion et que sa nominatioq causa de grands troubles.
Eji effet, il paraît que le chapitre fut divisé, pour œ
choix , et qu'une partie des chanoines chargés de l'é*
lection, la minorité probablement, fit choix d'un au-
tre sujet, nommé Jean' de Guierelay (2). Or, cet autre
sujet élu et ceux qui avaient contribué à son élection
se maintinrent en état d'hostilité contre Jean Fleury ,
et la majorité du chapitre dé Luçon. Dés lors Tanar-
chie fut complète 9 dans cet établissement ecclésiasti-
que.
(1) M. de Beauregard , Evéquâi de Luçon,
ti^ Ce que je dis ici« en tout ce qnî concerne ,1e| en^nprîe^i
de la maUon de la Tremoaille . envers l'évèché de Lnçon , ré-
sulte de pièces et noUmment deja transaction da 10 octobre
14S7 , dont je parlerai: à sa dàte«
lias ) Jban II Fleurt , 1^.« iyÉQrâ. ( t07
4. Dans an tel état de chose, Jean Fleory que le
pouvoiF i-oya( et raatortté refigiense reeonnnrent
comme érfiqne de Lnçon , et les membres du chapi<*
Ire de LtiçoÉ,(|o| étaient du parti de ce prélat se refo*
gièr^t à Poitiers. Ils ne pouvaient rien faire de mieux,
poisqa'ils ne kmchident point leurs revends » qui
étaient perçus au compte de la maison de Ift Tremouille,
et que&éïkielettr existrace était constamment menacée.
5.. Noujs avons déjà indiqué Thôtel des Trois-Pilîers
de PoHiers, comme la maison de refuge de Tabbé , en-
SDÎte de Vêvêque et de» religieux de Luçon, dans la
capitale de la province , lorsque des troubles déso-
laient le paya , et ce fut là où Jean Fleury et les siens
s'établirent alor». Or , il parait que les trésorier ,.
doyen et chanoines de St.-Hîlaite-le-Grahd , avaient
bâti une boucherie , tout prés , ce qui était fort génanC
poui^ le voisinage. Sur cela, il intervint, à la suite
d'an ph)cès». entre Tévéque et le chapitre de Luçon»
d'une part y et les trésorier, doyai et chanoines de
la collégiale de S.t-^Hilaire,, d'autre part, le 29 juin
1433, un acte portant que ces derniers. c( font et tien-
nent à présent leur boucherie au bout dudit lieu de
Saint-Ilaire , en une place, tenant d'une part au mur
et hostel desdits, demandeurs ( évéque et, diapitre de
Luçon) , contre lequel mur est assis l'appentif de la->
dite boucherie, et, par devant,, à la Grant Rue, par la-
quelle on va du maiicbé vieil (f) audit lieu de Samt*»
Ilaire', et d'undes.bouts au piler et. prener de lostel
desdits , du cousté devers Saint-Nicolas, et d'autre
çouslé aux deux derniers piliers ^ du cousté deveis.
(i) La pUce^Rojale «ctoellft.
108 ) Jean n FiEimT^ 12.^ byéqitb. (,1433-1436
Seint-IIaire, qai sont joignant, de rantre, de la maison
oa pagoères l'on vouloit tenir lescole appartenants
aoxdits demandeurs, d Pour mettre fin à la contesta-
tation ; il fut convenu que « ladite place, avecques ses
entrées et issues, demeurerpient la propriété! de.^aint-
Ilaire, et l'autre pilier ( celui placé au nord ) , celle
deVéglise de Luçon , sansque eelleci pmsse ^d^mofi^
lesdits deux piliers , en aucune manière , et, en récom-
pensation,, retour et eschange de droit. » MM. de Saint-
Il£|ire cédèrent à MM. de Luçon a trente sous tournois
de rente , sur la somme de trente-cinq sous sept der
niers maille tant de ceux que légats , que lesdits de-
mandeurs étoient tenus , par chascun an, assavoir est
jBur ladite maison , de Luçon, appelée la maison des
Ïrois-Piliers : et sur certaines maisons
»... assises et tenant en la rue de la Traverse
(2) et sur certaines treilles assises au bout desdits dé*
fendeurs. . . . audit lieu delà Traverse, ja
6. Par suite de la persécution de Georgeô^ de la Tre-
mouille envers Tévéque de Luçon , ce prélat fut
obligé de se pourvoir en justice contre ce personnage
devant l'autorité judiciaire. Alors il fit juger ,
en 1436 , par le parlement , encore siégeant dans la
vîïle où il se trouvait et à rencontre du sire de la
Tremouille , qu'à lui évêque de Luçon appartenait le
droit de nommer les capitaines chargés de la garde des
châteaux de Luçon et des Moutiers-sur-le-Lay , sauf
au roi à accorder l'institution de droit , et celui de
(l) On voit , d'après ce passage , que VétaWîssement relîgîeui
de Laçon possédait & Ppitiers plusieurs maisoQS et des vignes. M.^
d€ D* Fonteneau, ' - >
1436-1437) JeARII FumUT, I2.« iTÊQVE. ( 109
leyer des taill^,tàilles qniavaient été «leyés de vivefor-
€69 comme on l'a vu , par Georges de la TremonUle à
réyé^e de Luçon, qui fot ainsi rétabli dans ses droits
(1). Plus tard, une transaction termina définitivement
ces différents.
7. Notis trouvons, sons Vannée 1437» un acte. portant
que Guillaume Chabot, écuyer, nommé par le roi , capt*
taine des châteaux et forteresses de Luçon et des Mou-:
tiers-sur-Ie-Lay, avait prêté serment entre les mains de
ïeanFleury,évéquedeLuçon,et était, sur sa demande »
demeuré chargé surtout de la garde des Moutiers.
'8* Avec nn i^ersonna^ comme. Georges de la Tre-
moville , un «niSt«da' j^lement n'était pas un titre
suffisant , si qn ne pouvait pas le Cadre appuyer , par
la for^ matérîelte. KwumoiQs cet adroit personnage
ne voulut pas paraître se mettre en opposition directe
avec Fautorité de la justice , ce qui aurait été une
révolte effective contre le roi, dont elle émaiiait.nagit
de finesse , et ayant remis par force les places de l'é-
vèché de Luçon aux capitaines nojmmés par le prélat
et institués par le roi , il se porta, de $a personne et
di\et un dé ses bâtards (2) et bon nombre de gendar-
mes^ et d'ouvriers, sur une mothe (3), appelé le moulin
du Puy-du-Fou (4) , lieu situé dans le fief de l'évêque
ou de son chapitre ^ et en haine de Vatrtt dû yarU"
(1) Jïf.« de D. Fonteneau.
(2) Les bâtards de'la maison ?é la ^Trémomlle' ( et elle en a eu
beaucoup ) ont joué un asses grand rôle dans Tbistoire du Poitou.
(3) Sorte «le toaa^elle. .
(&) Du nom de la terre oa même de lA famille de ce nom, en B«s«
Poitou.
110 ) iUM n Ttmn , 12.« ÉVfiQUE. ( 143T
metU (1} , et exdlés par la minorité dû chapitre et
par }eaa dû Giiérelay , élu t^ue par elle, ils y bâ*^
tirent une bastille. Le terrain sur lequel on construisit
appartenait à Amory Sapinaud (^, dppt ii parait qu'oii
n'eut pas Tagrément, etjpour édifier cette forteressi^
on abattit plusieurs maisons et» on prit le bois, dans leS:
forêts de Févêque de Luçon (3). Cette, forteresse ainsi
faite y et elle se trouvait tout préside Tèglise catbédrale
de Luçon. Georges^ de la Tremouille y plaça des gens
de guerre 9 sous les ordres de son bâtard, qui, bientôt
isolidement établis là, commencèrent à agir activement,
dané Fintérét de leur parti. Ils brisèrent et rompirent
la catbédrale et son docb^, à coups de canons., agis-,
salit amsi contre Dieu et V Eglise^ Puis ils se n^É^ent à ma-^
nœuvrer contre les droits del-èvéque, mais d^uné^
manière moins marquante, il faut le dire ^ (fie quelque^^
années auparavant *
En effet , dans là transaction qu'on, venra plus tard^^
l'évêque de Luçon prétend que le parti delà Tremouille^
a fait prendre , à la Touche-Landry > six^vingt brebis
appartenant au prélat.;; qu'il avait donnée tutelle à des
mineurs à la Motbe-Jaudouin ; quÙl ; avait voulu lever
la bourse (4) es marchés de Luçon, et faire juger les con-_
testations yadvenues, et qu'enfin il prétendait mettre,
barbier , . en la ville de Luçon.
(i) Expression employée , dans la transaction qu on donnera plns^
tard.
(2) Cette fan^lle a marqué en Bas-Poîtou et a fourni le dernier
généralissime des armées Vendéennes. Ce personnage a été successi— .
vement dépato delà Vendée et pair de France.
(5) Bans les touches , dit le document , snr lequel je m'appoîe.
Dans le Bas-Poito^^ on donne encore ce nom>aju^' U^is taîiiia»
(h) Toucber l'argent du pé^.
^Ul ) ISAN n FtKCKt 9 12.« ivfiQin. (111
9^«Le8ed acte, ditH.dftBe8Dregaid(l),qiii nous
^it panr«a 4e te prélat , est un teiUnieiilî ou plat6t
une eertaine prière , rapportée an. cartnlaire.
«r Fremièremeiit , j'ordom» mon corps à la sëpnl-
» tara de Féglise et^ yeux être sépnRnré en Téglise de
D Lnçon, dedans le inur et anprès de la pécine de
» l'auttiefl des stages blancs , oA sera; fait un arceau
1» ^ en ieatoi sera faide une jmage de sainct Jeban*
a» Baptiste et unaiepréseBlation de moi» que monsieur
» swirt Idiane-Bapliste présentera à Nostre^Dame et
» anraladit ymage de sainct Jeban, en un Eollet, enses
» malais par escrlpt : Solvum foc trnmm tuw» » Beuz
» mem^ 4)eni»l»i» m fii ;. et » en rjmage de ma dicte
a> présentation^.seraescriptyen un antraroUrt tinte,
» Domine fjsfimm^ wm emfundar in,mtemum , que|je
^ tiendrai à.mainsJcHncteSy estant de genoux.
» Item, JO' laisse à Nostn»*Dame de Luçon 20 marcs
» d'aisgents. , pour firire une ymagede Nostre^Dame ,
» du poids de dix marcs et le demeurant , pour dire
D deux plats serrans à Taultier.
» Item , je veux que tous mes biens ipeubles soient
» pour accomplir les œuvres et manges que j'ai en-
1» commencé , et le rendu pour fiûre ma sépulture et
» aider à faire la secréterie et reyestiére. Et, tou-
w tes mes debtes » tant par arrêt que autrement ,
}» je laisse à mon successeur et au chapitre de ladite
D esglise de Luçon, par moitié , pour £aiire une librairie,
3> au long du dortoir, jusqu'à la chambre de l'évesque. »
3> Du 18 août 1441 , daté des Moutiers-sur-le-Lay , In
D cornera paramenH ipiius caUri »•
(1) Evéçue* de Lufim,
112 ) Jean n Flburt, 12.« évéqitb. ( 1441
10. <K CesdispositÛMis annoncent, dans ce prélat, du
goût pour les sciences. Cette bibliothèque a été incen-
diée» pendant les guerres de religion. On ne trouTe,
dans réglise de Luçon, aucun vestige d'arceau, si ce
n'est, peut-être, près delà sacristie qu'il a bâtie , vers
la droite de la porte ».
11. Il paraît aussi que Jean Fleury , que le docu-
ment sur lequel je m'appuie appelé Monseigneur^ Jean
Fleury , évesque et seigneur de Luçon , autorisa l'éreo
tion de la chapelle de Belle-Croix, paroisse de Challans.
Mais ce même document place ce &it sous Tan 1400,
époque où Etienne Loypeau occupait le siège épiscopal
de Luçon. Je crois donc qu'il y a ^i erreur de copiste
et j&subatitueà cette date celle 1440 (1).
12. Jean Fleury mourut le 17 octobre 1441 , d'après
le cartulaireetnos deux catalogues. L'un d'eux dit que
ce prélat siégea onze ans cinq mois et onze jours , et M.
de Beauregard lui donne dix ans et seize jours de pon--
tificat.
n)Voi
pelle , Té
I Voir , pour ce qui concerne la réédificatîôn de cette cha-
Vépiscopat du cardinal Louis de Bourbon , SO.e évéque do
Luçon.
-^MM
LIVRE TROISIÈME.
1. 1441 -1481. NICOLAS CCEUR» I3.« tfyéqoe. -- II. 1481*
i46t. ANDBÉ DE LA ROCHE, I4.« éréqae. — DI. l4eS-
1490. raCOLAS n BOUTAUp , I5.« éréqae. ^ IV. 1490-
i494. MATHURIN DE DERCÉ , I6.« éyéqae. ^ Y.
1494-1614. PIERRE ^DE SACIERGES, 17.* éyèqae. — YI.
!514-1523. LâDISLâS DU FAU, i8 • ëyé<jue.— YU. 1823-
1524. JEAN DE LORRAINE , cardinal-diacre , 19.« ëyêque.
- Vm. 1824-1827. LOUIS DE BOURBON , cardinal-prétre ^
90. • érèque.
1. Nicolas Coeitr fut le 13.« ëvéqnede Lnçon» il
était firère (1) da fameux Jacques Cœur, argentier du
(i) La cartnlaîra de l'éTèché èe Lqçoq » que M. da Baaaregard
dite ici de 1850 » an annonçant qu* il n'est que la copie d*an pins
ancien , contient évidemment une erreur, dans le patia^ auiTant :
« Gettuicy fut file de Jacquet Cceur « riche marchand de Bourges»
auteur de la forge des premiers douaains , depuis condempné et fu-
gitif en Alexandrie , chea le soldan turc. » L'on de me» catalogues
porte la même mention.
15.
114 ), Nicolas Gqeub , 13.« byéque. ( 1*41
roi Charles y H , qui contribua tant, par sa grande
fortiane , tonte acquise dans le commerce » à délivrer
la France du joug de l'Angleterre , et ne fut payé de
ce si grand service, que par la plus noire ingratilude,
rhumiliation d'une condamnation et la déloyauté d*une
confiscation.
2. Une grande notabilité , presque unique dans sa
spécialité, comme Test celle de Jacques Cœur, doit né-
cessairement dominer la modeste notice biographique de
son frère , Tévéque de Luçon. Il faut donc parler de
Jacques avant de dire un mot de Nicolas. MaiSi traitant
4e rhistoire ecclésiastique du Bas-Poitou ^ je vais lais-
ser parler des écrivains Poitevins.
« Audit an ( 1453 ), ditBouchet (1] , Jacques Cœur ,
trésorier de Frmce^ fot banni da loyaume éi loos ses
biens confisqués , pour ayoir pillé le ps^s de Lan^ie-
doo 9 retenu le» ftiances du t<A , envoyé amois eC
armuriers aux Turcs et rais entre teurs mains un chré-
tien 9 qui en avoit esté délivré. Pour ces cas, avoit esté
condamné à mort , mâiis le roi Charles septième , qui
estoit clément , «tqut avoit esté fort bien secouru par
lui , dans sa nécessité , commua sa mort en bannisse-
ment. Toutefois ne put empêcher la confiscation, qui
•estoit de grands, bi^is acquis par ledit Jacques Cceur.
€es biens furent cause de son bannissement et desti-
tution entière de lui et des siens.. .Ceux qui ma-
nient les financés de& rois y doivent avoir Fœil et ne
se manisfester souda'm , ni vdter de si haute belle, j»
(f ) AnnmU9 étAcqttitatne.
iw ) Nicolas Coëcr, !«.• irtom. ( tvi
3. Actndlement ëcootons notre vénérable prédéces*^
seur (1)^ dans le travail relatif aux évéques de Lnçon ,
qoi avait déjà «Hé le passage ci-dessus des Annales
iAtqttUaine. fl y a Ams Topinion de ce prélat one Juste
apprédâ^n des fiadts et quelcpie chose qm flatte le
€©ur»
ff Nous citons de préfl^rence» ditril, le témoignage
de Bouchet , parce qu'il est Thistorien de la province^
et qu'après avoir rapporté les bruits répandus sur l'ad*-
ministration de Jacques Cœur, il nous £ait connaître la
seule cause de sa disgrâce.
« Presque tous les historiens ont peint Jacques Ccenr,
eomme vn concussionnaire , un dissipateur et un tral*^
tre. M. Bonami , membre de FAcadémie des inscrip*
tiofis 9 a -donné au public un mémoire , qui tave
€6 Baiaifitre des inculpations dont on Ta chargé si
iojustement.. Selon M. Bonami «. Jacques Ckeur ser-
vit aussi bien le roi, dans ses finances, que La Hire et
Saiûtrailles, dans les années. H lui prêta cent mille
écus , pour lui aider à reconquérir la Normandie. Son
commerce s'étendait dans^ toutes les parties du monde»,
en Orient avec les Turcs et les Perses • en Afrique avec
les Sarrasins. Des vaisseau:^ y des galères, trois cents
&cieurs répandus en divers lieux, le rendirent le plus
riche particulier de l'Europe. Charles lui confia l'am-
bassade de Lausanne, envoyée pour terminer le schisme
4e FéKx Y. Ce fut dans l'absence, que^ lui occasionna
cette missioii , que ses envieux jurèrent sa perte. Le
roi oublia ses services et le sacrifia à ses ennemis p
(1) M. àt Beauregarcl.
116 ) Nicolas Coibur » ia.« éyêqdb. ( l44£r
gai se partagèrent ses dépouilles» Le parlement ^ ce
corps qui a quelquefois servi les passions des rois,
comme ilasu les réprimer, fut injuste, pour cette fols,
et condamna l'infortuné ministre à une peine infa*-
mante (1) et à cent mille écus. On l'accusa de concus-
sion, lui dont le commerce avait enrichi la France ,
on osa même l'accuser d'avoir empoisonne Agnès So-
Tel , cette femme célèbre , qui, sous les charmes de la
volupté , cachait le cœur d'un héros ; et , pour prix
de ses faveurs , exigeait que Charles reconquit son
royaume. Les seules actions dont on trouve des preu^
ves , furent la vente d'armes et de machines de guerre
aux Turcs, et d'avoir rendu aux infidèles un esclave
chrétien, qui avait trahi son maître; l'une était in-
nocente, l'autre pouvait s'excuser^i
«c Les commis de Cœur tuî restèrent fidèles. L^un
d'eux, qui avait épousé sa nièce, lut rendit la liberté
en le faisant évader d^m couvent de religieux de
Beaucaire, dans lequel il était 'détenu. Après avoir
été emprisonné à Poitiers , il se sauva à Rome. Le
pape Calixte m lui confia le commandement d'aune
flotte qu'il armait contre les Turcs. Il mourut en ar-
rivant à Chio, en 1456. Tout ce qu'on ajoute à l'his-
toire de ce ministre malheureux , peut prêter à l'iur
térêt d'un roman, mais contrarie la vérité de Iliis-
toire. »
4* Le bit est certain , ce fut par l'influence de son
frère Jacques Cœur , que Nicolas Cœur arriva k Fé-
(I) U y a ici erreiv; Jacques Gœar , ne fat pai condamné |Mur
le parlement , mais par le grand conseil ou plat(>t'par uns commi»-
aion.
lUâ-1444 ) NIGOIAS COBXJR , i9.« iYÈQVE. { 117
Tèché de Luçob, et ce choix fot le résultat de Télec-
tion. Ed effet, l'influence de Fargentier duRoi jusqu'i
sa disgrâce fut inunense et elle devait surtout être
grande en Poitou^ parce qu'à Poitiers demeurèrent, de
1418 jusqu'à 1438, (1) la cour et le parlement et même
Charles YII, le plus souvent
Quoiqu'il en soit , il parait que Nicolas Cceur qui fut
d'abord chanoine de la sainte chapelle de Bourges (2) ,
prit possession de Tévèchë de Luçon, peu après la
mort de son prédécesseur, c'est^nlire, à la fin de
1441. Mais cette jouissance fut- loin d'être paisible,
ainsi qu'on le veira bientôt , et le frère de l'airgen-
tier eut probablement un compétiteur, mais on ignore
son nom.
5. Les difficultés pouir les places fortifiées de l'évêché
de Luçon et relativement à la bastille la Tremouille à
Luçon existaient toujours , aussi on trouve des lettres
de Charles YH , du 27 février 1443-1444 , (3) adressées
à Henry de Launay , capitaine des Houtiers^sur-le^
(1) Jacques Cœur ne sanit que tard k la cour de Charles VII
à Poitiers. En eflFet , on lit-, dans le voyage fait en Orient , en
lA59etlA55« par Bertrandon de la Brocquière« conseiller et
écnyer tranchant du duc de Bourgogne , traduction , en fran-
çais moderne , de Legrand d'Aussy. le passage suivant ; « S'y trouva
( à Damas ) plusieurs marchands génois , vénitiens , catalans et
français. Ces derniers étaient venu» acheter différentes choses « spé-
cialement des épices , et compuient aller à Baruth ( l'ancienne Be^
ryte ) s'embarquer sur la galère de Narhonne qui y était. Parmi eux
il y avait tm nommé Jacques Cœur, qui depuis a Joué un grand
rôle, en France, et a été argentier du roi. Il nous dît quels galère
éuit alors à Alexandrie, et que probablement messire de Toulon-
Seon viendrait le prendre à Baruth, avec ses trois camarades, Pierre
e Vaudrai , Godefroi de Toisy et Jean de la Boc. »
(S} Ce fait était demeuré inconnu à M. de Beauregard.
(5] A,* de D. lonteneau.
Ijay , pcmr tai joindre de remettre cette place et
ïèvêqiie de Lucon. Où y étaMH qm Vévêché avait été-
«Il détaet division , et que le prélat a prêté son iser*-
ment de fidétitè.
6. En Tannée 144T [() , peu après la mort de 'Geor-
ges de la Tremouille , ce champion si redoutable ^
pùTÊT les évéqae» de Luçon, il fiil procédé au pai^tage d&
Ja succession de ce personna^,eiiiKeCaifaeriite dei*ilè-
BodcbardtSa veiEve aigissattl ^i cette qualité, et epmmj^
4QtriQe de Ii0iiis>. Georges et autres , ses enfonts mi^
peors, et son fils aftiè» Jean de la Tremouille , écuyer ^
setgueor de lonvelë. Dans œ partage figispôrent les.
leires de Loçon et de Boumezeau.
7. M. de Beauregard n'avait pas trouvé d^acte de
Nicolas CkBuf. Eu Void un : (c Le 15 |uillet 144S , (^
ee prélat accorda à Jean Foudiier , (3) ècnjrer , sei^
gneur de l'Ementmërè, une permission pour laçons^
trociioa d'une chapelle près l'église fàroissiale de Saint-
Pierre des Herbiers»» La famille Foucbier a possédè-
long-temps la sdgneurie de la ville des Herbiers.
8. Un acte important est de cetteépoque, je veux par-^
1er des lettres patentes du 6 mars 1448, (4) concernant
les privilèges des^ ^eiïs d'église^ nobles^ saliniei^
(i) Le 15 ttmX. M^lde D. I^nteneati.
(2) M.^ de D. FonUneau^. #
(5) D« même maison que le baron de Brandoîs » actuellement
propriétaire du château de la Mothe-Achard » et gendre de M. lis
premier président Seguier. AI» de Bran dois est un savant modeste»
qui a des connaissances trè^-étendues sur l'histoira daPoit^ifc« m^
patrie.
(A-) Voir lo Recueil des ord*^ du Louvre»^
^auire&bahUaats dn bas-pays, de P^tou et du dîo^
eëse de Luçon. £e& eonces^iom de' droits qu'on 00
fatsa^ cpie renoairellec ea grande partie, éUîent très-
favorables aux habitants du diocèse de Nicolas CœuTt
«n général , et çpivant leurs diverse» .positions socia-
les , ioxj0 en retiraient avantage.
9. Venons à. ipMfapie cbost deptopartioDHerzsur
l'exposé que TévâiM et le chapilie èe Loçoi firoot
aa roi 9 9»» le boitrg des Mouliers«^r«le*-Lay était.
tiiahgcmià, trte*peupl6 , placé snt les boids é'ane
graodd rivière et Ayant un beau gcand ckeaaia, et
anan aor ee qpe le prélal^da diocèae y Ssôsait aou-*
venlsdréaidiBiu^è, le roi y établit denoL foires-ft)
L'oK fat fiiiée «a tedi àpréa l'Ascensioii ^ et l'^antm
aa m^cdt après la Teos^tet. Les mèasea lettres éte«
hOMai, dans le.liau dont il est questim icr^ on mar-
^é, le mardi de chaque semaine.
i^. Mais la pei^colton exercée par la maison de la
IkeinoiiiHe wvevs Févèclié de Luçon existait toujoars*
(^ Aaa^ w » qmUtè de suzerain , comme baron de
SbQrenilr^w-le-Lay , Georges de la Tremooille opposant
à kt concession des foires et marchés aux Montiersh
snr-le-Lay, faite par le roi à Tévéque de Luçon, agit
(l)CeilettretioatprroÎ9 datées dé janvier Utf8-f&89 » naSt
«eite date eat celle ^e la confirmation de cette conceiiioa » «pr^
le désistement de la maison de la TremoviUe.
(%) Cette baine de la maison de la TremoaîTle contre Nicolas
CoMT pi^venait de ee f«e 6eor|;es U . ayant acheté , 'en ISfeSl , ém
marquis de Montlerrat les terrea de Saint-Fargeau * Oonxy « Pui-
sage etTovcy, et^qne n'ajantjptrles payer, elles (nrent revendoes.
en février iioO , à Jacques Cœur , firère de Tévéque de Luçon.
Voir à ce sujet , Jacques Cœur ^ par le kuotk l^ouvé r o«f rti|p
e^ienx , qui a para en f SAO.
120 ) Nicolas Cobxjrp l3.* èvèqve. { l4si
même à main drmée, à ceqa'Qpardt^pour empftcher
un établissement si utile à mie localité; que son de-
voir, comme seigneur supérieur , aurait du être de
protéger.
11. D'après les anciens usages^ l^archevéque de
Bordeaux^ les prélats ses suffragans , et même les
abbés de l'Aquitaine , étaient dispensée de l'hommage
et de- rinvestiture, mais ils ne pouvaient transmettre &
leurs héritiers que ce qu'ils possédaient avant d'être
entrés dans les ordres. Une ordonnance de Louis YH
(l]y avait dérogé, mais ses dispositions étaient pea
suivies. C'est ce qui engagea Charles YII à confirmer,
par lettres du 23 Juin 1451 , (2) la dispense d'taives^
titurev pour les prélats et abbés de la province ec-
clésiastique de Bordeaux, et à accorder à ceux-ci la
faculté de transmettre i leurs héritiers la totalité de
leurs successions.
12. Nicolas Cœur eut un neveu , fils de son frèrid
l'argentier , Jean Cœur , qui fut comme l'élève de l'é*
vêque de Luçon , et. devint archevêque de Bourges, en
1446 , à la recommandation de Charles Vn , qui écri-
vit pour le recommander, d'une manière toute par-
ticulière , au pape Eugène lY.
Je vais donner la biographie de ce prélat , d'après
M. de Beauregard , qui fait connaître d'abord que}Jao
ques Cœur eut de son mariage avec Marie Hacé de
Leodepart , 1.^ Geoffiroi Cœur , seigneur de la Chaus-
sée, échanson de Louis XI ^2.^ Germaine Cœur » ma-
(I) Qrd, du Louvre , 1. 1» p. 7.
{2)ibid, t. xm« p. U7.
U&i] Nicolas CoKuR , 13.« évéquis. ( I2i
Kée à Louis de Harlay , baron de Monglat ; 3.o Marie
qui fut femme d'Eustacbe L'builIier;4.o Renaud Cœur,
qui ne laissa pas d'enEsint^ et ne fut peut-être pas
marié ; S.» Et Jean Cœur , archevêque de Bourges ,
et auparavant doyen de cette métropole , de la sainte
chapelle de la même ville , et de l'église cathédrale
de Limoges.
« Ce prélat , dit mon savant et honorable ami , se
distingua par son éloquence et sa piété. Il monta sur
tesiége de Bourges à vingt-cinq ans, et montra dans un
^e si peu avancé , la prudence et les vertus d'un
vieillard. Il eut le courage de refuser à Louis XI , le
tyran dé la France , une dignité ecclésiastique pour le
fib d'un de ses courtisans. Le roi , iiui Favait exilé
de son siège, ne put lui refuser son esthne et oublia
cette démarche ferme et vertueuse. Après avoir con-
tribué à fonder^ l'université et consolé son peuple af-
fligé de la peste » il mourut , dans son abbaye de St.
Sulpice , d'une maladie contagieuse , le 25 juin 1483.
On transporta son corps, avec grande pompe , dansi
son église métropolitaine , où il fut inhumé, sous une
tombe de marbre noir , avec cette épitaphe qu'il avait
choisie : Memorarequœ mea et mbstatUia. Les armes dé
cette tamiiie sont : D'azur^ à là face d'or , chargé dé
trois coquilles de sable. »
Ensuite le même auteur transcrit ce passage d'Ame^
lot de ia Houssaye. ( Mémoires historiques.)
« Jacques Cœur avait bâti le château de Saint Far-
geau. Il eut un fils, archevêque de Bourges, leur pa-
trie. Ce fut cet archevêque qui, dans la guerre du bien
public , débaucha le duc de Nemours du service de
16.
122 ) Nicolas C(»ur» 13.« évtQtnâ. ( 1451
Louis XI 9 auquel il avait promis de tenir son parti. Il
en coûta la vie à ce duc , dé^capité en 1477 , dont
Louis XI eût des regrets en mourant , dit Philippe de
Gommines ».
c< Cette note et la précédente , continue M. de Beau-
regard 9 paraissent très-contradictoires. Amelot de Ta
Houssaye , a puisé ce trait , qui s'accorde mal avec
Fopinion que tous les historiens ont eue de ce prélat ,
dans un ouvrage imprimé à la suite des mémoires de
Gommines , sous le titre de Cabinet de Louis XI , par
l'hermite de Solier. L'auteur ajoute que cet archevê-
que avait conseillé au duc d'enlever le roi , pour so
venger de ce qu'il avait incendié le château de Saint
Fargeau , après en avoir chassé Geoffroi Cœur. Un
conseil si violent répugne à croire d'un homme ver-
tueux ».
Nous ajouterons à cette notice que Jean Goeur , qui
fut d'une piété exemplaire, était , comme on Ta vu, abbé
de St. Sulpice de Bourges où il avait une cellule con-
tigue aux autres cellules du monastère et au
même dortoir, dans laquelle il se retirait souvent,
pour penser à Téternité. Enfin , il accompagna la dé»
pouille mortelle de Charles VII , mort à Meun-sur-
Yèvre , le 2â juillet 1461 , jusqu'à Paris ou à St. Denis,
où il fit le service funèbre de ce monarque.
12. Nicolas Cœur mourut, le l.*' octobre 1451 , sui-
vant le cartulaire et mes deux catalogues , après avoir
siégé dix ans et seize jours. Il fut enterré dans l'église
métropolitaine de Bourges où reposa, plus tard , son ne-
veu, l'archevêque de cette ville. Les épitapbes faites pour
les deux prélats sont excessivement modestes et sem-
1451 ) NiCOlAS COBUR , 13.« ÉVÉOUV. ( 123
blaient être dominées par les événements malheureux
dont Jacques Cœur, le chef de la famille , avait été
frappé. Sur la tombe de l'évéque de Luçon , on plaça
cette inscription : SepuUus est hic Dominu^ Micolaut
CordUs , Episcqpus Lucionem^s.
14. La mort de Tévêque de Luç<m arriva » en eflet ,
an commencemMDit die la série des faits malheureux qui
afOligèreot son frère Fargentier* On voit que ce fut le 23
jmU^ 1451 ^ que ce damier fut arrêté à Taillebourg »
en* Saintonge , odi 11 se trouvait auprès du rot, comme
prévenu d'avoir empoisonné Agnès Sorel , dont il avait
été rami et qui l'avait &it un de ses exécuteurs tes-
tamentaires. Cette machiniition , ourdie par plus d'un
grand persopuage , avait surgi d'une dénonciation
faite par Jeanne de Vendôme, tenune de François de
Montberon , seigneur de Mortagne-sur-Gironde. Alors
on renferma Jacques Cœur et on commença par le
dépouiller. Puis une commission fut nommée, pour
instruire son procès ( et on sait ce que c'est qu'une
commission ] ; et, à l'accusation d'empoisonnement, on
joignit celle d'aVoir fait sortir de l'argent du royaume,
d'avoir commis des exactions en {.anguedoc , d'avoir
renvoyé à Alexandrie un esclave chrétien ; d'avoir ,
$ans la permission du roi et du pape' , transporté des
armes chez les Sarrasins et d'avoir envoyé au Soudan
un harnais complet. A là suite de ces nouvelles chai-
ges, Jacques Cœur fut transporté, du château de Tail-
lebourg , dans celui de Lusignan , en Poitou , où son
frère , l'évêque de Luçon , ne put pas probablement
lui adresser des consolations (1) , car l'argentier ne fut
(I) Jean Coifit, urchevè^ae de Bourges , fiUde Targentier , sol-
^4 ) Nicolas Coeur , 13.^ éyéqce* ( Uik%
interrogé (1) là que le 10 septembre 1451 j époque où
le prélat était déjà malade. Enfin , Vwi des hommes à
^ui la France et Charles VII devaient le plus fut , après
une longue procédure , avec menace de la question et
avoir été conduit de Lusign^ , dans le château de
Maillé, près Tours , puis dans celui de Poitiers, et vingt-,
deux mois d'emprisonnement , condamné le 29 mai
1453 9 par le grand conseil, séant dans le château de
Lusignan , sous la présidence du chancelier Guillaume.
Juvenal des Ursins , à la peine de mort , commuée eu
une dégradation publique , avec bannissement et con-.
fiscatton de tous ses biens. Cette dernière partie de la
condanmatiôn était la plus intéressante pour les juges
iniques de l'argentier , puisqu'ils deVaicQt eu profit.
ter (2).
Nicolas Cœur , on l'a dit , ne vit que les commen-
cements des malheurs de son frère. Le prélat poil-
yait croire que la voix de la justice se ferait entendre ;
^ n'en fut pas ainsi,
II. Anbrb de la Roche , 14.« évêque de Luçon ,
^tait probablement de la maison qui porte, aujour-^
Ucîta vainement la perjtnîssion de voir son père. Voir Jacque$ Cœur,
par le baron Trouvé.
(1) Par GnîUanme Gouf&er , premier chamHellan du roî , qui nq
tarda pas à profiter amplement de la confiscation prononcée contré,
celui qu'il était appela à juger pou^. la forme,
(2) GuiUaume Gouffiei: eut , dans son' lot» les terres de Bois]^
et de Roanne, qui devinrent un comté et un duché pour sa
itmille. Mais Antoine de Cbabannes , comte de Dammartin , fu^
encore le mieux pourvu , car il s'enrichit de lai seigneurie de
tSaint Fargeau et des 'baronies de Toucy et de Pereuse ,' ce qui
comprenait presque tout le pays de Puiaaye çt coi^sifttait e^
- pitis dô vingt paroisses. • '
<4S4 ) André bb ia Roche , i4.« èvûqve. { tau
d'hui le Dom de la Rocbe-St.-André (1), et qui a
marqué surtout dans la marine (2)*. H est probable
qu'André , qui était , dés 1422 , cbanoine régulier de
Luçon (3) f dut son siège à une élection et qu'il corn*
mença à siéger , dés lors, dés la fin de 1451.
2. Il parait que , lorsqu'à cette époque , un sujet était
présenté à un évoque pour une cbapellenie , le prélat
avai| le droit et même Thabi^nde de l'examiner et do
jui refuser Finstitution, s'il le jugeait à propos. On en
a un exemple, dans ce qui se passa le 30 mars 1454.
Ce jour là , Pbilbert de Sle.-Flaive, chevalier, seigneur'
de FAnguillier , présenta son fils Placide , pour la
cbapellenie créée par sa famille «tlans l'église de St.
Matburin de Luçon , à l'hôtel de Notre-Dame.
Le bénéfice était vacant depuis huit jours seulement,,
par la mort du titulaire , maii^ l'emploi était assez
lucratif pour ne pas le négliger. Alors s'engagea un
colloque entre le présentateur, Iç présenté et le prélat ,
et ce dernier , après plusieurs discours , répondit que
pour certaines causes {4) , il ne conférerait pas la
chapellenfe en question à Placide de S.te Flaive.
3. Cette cbapellenie fut concédée à un homme d'une
haute capacité et que nous verrons sucçessivemenj;
(1) Od trouve lei La Boche«St.-Andcé , ayant un antre nom
propre , celui de Dite , qui est tnentionoé daçs lc9 bans de
H9I. On y voit paraître , en effet, Jean Dizé, sieur de ia Roche-
5aint-André.
(2) Il y a plasiears cTiefs d'escadre de ce nom , notainmenl
celui qui , suas |a restauration , a été l'un des représenunta, de
^ Vendée , à la cliambré éleclite.
(5) Voir ci-dessus , (lage 97.
ifi) Mx eertit eausis.
136 } AjYORÉ DB lA Roche » 14.« ivâoirB. ( ÎKS
grandir. Cet homme est Nicolas (1) Boutaud; Boaifr
Vamièe suivante , îl résigna ce bénéfice dans les mains
de Tofficial, agissant pour l'évéque, qui concéda en
échaAge à cet ecclésiastique la cbapelLenie deNotre-Dame
des Ëssarts, à l'autel de Saint Jean-Baptiste» dont le
revenu était à peu près d'égale importance. Sur cela
rofDciai accorda son tnsa à Placide* de S.te Flaive »
probablement frère de Philbert^ pour la chapelle de
S.telPIaive\ dan^rêglisê de St. Hathurîn de Luçon (2}«
Ces bénéfices , conu^e ^pn le i;ent bien, n'étaient pa&
sujets à résidence^ Si on ne taisait pas personnellement
le service qu'ils- comportaient > on. en chargeai^ un
autre: prêtre i et à moindre frais. De cette manière la
possession d'un bénéfice simple, était très-avantageuse.
Du reste , il ne pouvait pas en être autrement y pour
Nicolas Boutaud , qui était vicaire général i Luçon ,
et Valler ego , on peut le dire , d'André de la Roche »
comme on va le voir. Sa résidence habituelle au chef%
lieu de Tévêché et auprès de l'évêquë ét^t obligée.
4. Un acte du même temps, à peu près (3)» fait
connaître, que Févêché de; Luçon ay^t- use rente à
percevoir , sur le prieuré d'Esnande, en Âunis. Sans
doute les revenue de cet établissement ecclésiastique
étaient saisis , car un mandement fut donné à Jean de
Chambes-Monsoreau , de feire payer ce qui était dû
à l'évéque de Luçon , par le commis aux revenu&
du prieuré en question.
(i) U est quelquefois appelé Nicole Boutaud^
(2) M,i de Z). JB'onteneau.
(3) Ou 30 août IftSff. M. s de D.' Fontçneau^
tus ) AiCMUft M tk RoGHB , 14.« £vA<rra. { lât
5. Alors les grandes solemiités religieuses attiraient
de trés^tawi et les fidèles et surtout les dignitaires de
l'église. Or, après la canonisation de Vincent Ferrier,
le pape Pie H envoya en Bretagne le cardinal de Coetivy
(i) , pour dire procéder à l'élévation du corps. Beau-
coup de prélats assistèrent à cette cérémonie , qui eut
lieu àVannes^leS Juin 1458, et André de laRocbe, évéque
de Lnçon y parut accompagné de Léon Guérinet, évèque
de Poitiers, de Philippe Rouault de la Rousselière (â) ,
évéque de Maillezais, de Jean de Beauveau, évéque d'An-
gers , de Guillaume de Malestroit , évéque de Nantes et
d'autres prélats encore. Pierre II, duc de Bretagne,
pour faire les frais de cette cérémonie, imposa un
fouage de cinq deniers par feu , mais les Bretons le
doublèrent et les fêtes durèrent quatre jours (3).
6. A André de la Roche était réservé de mettre fia
aux contestations qui existaient depuis si long-temps
entre son évéché et son chapitre et la maison de la
Tremouille, représentée alors par Louis de la Tre-
mouillé , chambellan du roi , seigneur de Sully , de
Craon , de Luçon ( en partie), de Mareuil , de S.te-
Hermine , etc , fils aîné et principal héritier de Geor-
ges de la Tremouille et de Catherine de TIsle-Bouchard,
veuve de ce dernier. Le mandataire de ceux-ci fut
(f ) Dom Lobîneaa , Hittoire des Sotniê de Breiaçne,
(2) De la famille Rouault , l'une dei.plus illustres du Poilon
et qui a fourni notamment Tristan Rouault , vicomte de 'l'houurs ,
an XIV .e siècle, du chef de sa femme Péronelle de Thouars.
(5) Les carmélitea des Couets , près Nantes , avaient la ralolte ,
la ceinture et plusieurs lettres écrites par Vincent Kerrier. A la
le\ée de son corps , le cardinal de Coetivy donna ces objets et
en outre un doigt du saint , à la duchesse Françoise d' A m boise»
qui les laissa à ce monastère.
lââ ) Àndbjb dé la Rochb » 14.e livâQùiB. ( listf
Jehan de la Motlie (!]. Ceux qui eurent d'abord le6
pouvoirs de l'éyôque et du chapitre de Luçon , furent
Jean Avril , docteur en droit civil et canonique , plrè-^
vôt de réglise cathédrale de Poitiers , M:^ Guillaume
Papin , maître des requêtes ^ Nicolas Boiltaud , ar-
chiprétre de Pareds et vicaire-général , et Jean Morel
ouMoreau (2); Les personnages ne firent , sans doute ,
qu'élaborer les clauses de Farrangement et ce furent
Louis Pignardet François*Pierre Texeon , personnages
aujourd'hui inconnus , par leurs &its et gestes » qui lé
conclurent {3)i
La trahsaction en qilestion fut faite à là fin dé
1458. Dans sa première partie , on établit toutes les
violences, toutes les voies de fait, toUte^ les exac-
tions de Georges de la Tremouille et des siens, envers
les évéques et le chapitre de Luçon. Le seigneur et
la dame de la ^remouille ne les^contestaient que dans
une faible portion et s'appuyaient ^ pour ce qui avait
été fait, par leur parti , sur le droit de juridiction ^
et de mettre capitaine dans les forteresses , comme
possesseurs des seigneuries et baronnies de Luçon
et Mareuil. Par exemple , ils disaient qu'il n'y avait
point eu vol , ni violence envers Févèque , Elle
bartineau , pour avoir une grosse somme , mais que
celui-ci avait payé, pour certome et juste cause ^ et
que si aucuns biensavaient été pris du domaine deTé-
vèché , c'était par .les gens de Luçon et à leur
persuasion , durant le débat , pour Févéché , entre les
deux contendants , Elie Martineau et Jean de Guierelay.-
(I) Procuration du 16 mai i&i>8.
{1) Procuralioa du 29 juillet 1456.
(S) Procuration du 2 août 14^.
14SB ) ANDBB DB la RoCBB , li.e ÉVÉQCB. ( 129
Enfin, pour le bien de la paix et Tincertitude des
jugements, on convint: i.° que les deux seigneurs
( TEvéque et la Tremouille } auront chacun la justice,
en leur fief, et sur leurs hommes et dépendances
avec le titre de chatelleuie (1) ; 2.° la Tremouille re-
nonça à metU*e des capitaines à Luçon , à Triaize et
aux Moutiers-sur-le-Lay , et ce droit fut consacré à
rëvéqoe; 3.<> le bail de St. Philbert et la forteresse
bâtie à Luçon , au moulin de Puy-de-Fou , furent
abandonnés à Tévèque et au chapitre ; 4.<^ la Tre-
moaille renonça au droit de paqueraige, sur les troupeaux
de révéque et du chapitre ; S." il consentit à l'établis*
sèment de deux foires et d'nn marché aux Moutiers ;
6.« e^fiû pour indemniser l'évêque et le chapitre de
Luçon des pertes qu'ils lui avaient fait éprouver , le
sire de la Tremouille et sa mère se déclarèrent débi-
teurs de trois mille écus d'or, valant 27 sous 6 deniers
toomois pièce, et, pour le payement de cette somme ,
il fut accordé ({ualre ans de répit , moyennant la rente
de trois cents écus d*or , assignée sur toutes les terres
du débitemr. En outre , le chapitre se trouva libéré ,
pendant dôbx années , de la rente de vingt et uo
septiers froment , qu'il devait à la baronnie de Hareuil.
Ce traité fut conclu avec une foule de formalités ,
probablement nécessaires alors. Il fut d'abord arrêté
à Chinon , par Nicolas Boutaud et Jean Moreau , pour
l evêque de Luçon ; ratifié par celui-ci et son cha-
pitre, le 6 novembre 1457 ; approuvé par le roi, le
5 mai 1458 , et homologué par arrêt du parlement , du
(1) P1a8 tard, ces àeux 8iMgae;ari«t furent coaiIdér^M conuBO
uie& baronaies» ainsi qu'on le veira.
17.
lâO ) Andeé ]>e la Roche , 14 ^ évêque. ( 1461
2 août 1458 , sur les conclosions conformes du pro-
cureur général. On voit aussi désignés comme témoins,
pour cet acte important , noble et puissant seigneur
Messire Amory d'Ëstissac» honorables hommes el sages
Guillaume Papin , conseiller^du roi , maître des requê-
tes , le Galloys de Vîllîers , Aignan Viole , Pierre
Prévost et Guillaume Limousin.
7. D'après- cette transaction , Tévêque de Luçon se
pourvut de nouveau devant l'autorité royale, pour faire
confirmer rétablissement de deux foires et d'un marché
aux Moutiers-sur-Ie-Lay. D'après le désistement de la
maison de la Tremouille , cette concession fut déei-
demment accordée > par lettres du mois de janvier
1458—1459. Le droit à payer au trésor , pour cet octroi,
fut fixé à cinquante écus d'or (1).
8. Le gouvernement du diocèse de Luôod s^oabla
probablement une charge trop forte pour André de ta
Roche , car il se fit nommer , pour coadjuteur , le 15
février 1461 , Nicolas Boutaud , (2) que l'on a vu tra^
vailler en qualité de vicaire-général mandataire de
l'évéque de Luçon , à un arrangement avec la maison
de la Tremouille. C'est Nicolas Boutaud qui nous ap-
prend lui-même (3) qu'il avait eu la qualité de coadju-
teur , sous son pré|décesseur. Néanmoins , il ne fut
point sacré en cette qualité , puisqu'on voit que cette
cérémonie eut lieu, à son égard, lorsqu'il devint évê-
que titulaire.
(I) flf.» de JD. Fonteneau,
2) Cette date résulte du temps que le eartulaîre dit que Nicolas
Boutaud siégea et qui suppose qu'on joignit le temps de son
coadjutorat à celui pendant lequel il fut évèque titulaire.
(3) Dans un décret du 19 mai 1^69 , relatif à l'éjjlise àvi
Mràtiers, qu'on rapportera h sa date.
t462 ) NkCOLAS^ BoifTAC]^ , 15> ÉVÉQUE. ( 13i
9. André de la Roche ne conserva inéme point jus-
qu'à sa mort le gouvernement de Fëvêché de Luçon ,
car il transmit cette dignité à . André Boutaud , son
coadjoteur , te 26 août 1461.
10. Ce fiit postérieurement â ta prise de possession
de son successeur , qu'André de la Roche paya son
tribut à la nature. H mourut le 12 février 1462 , d'après
nos deux catalogues. Celle du 16 février 1462 , donnée
par M. de Beanregard (1} et peut-être même par le
cartulaîre y est erroriée.
lïl. Nicolas ii Boutauo , 15.^ êvéque de Luçon ,
succéda par résignation (2] à André de la Roche , son
prédécesseur dont il était déjà le coadjuteur. Cette ré-
signation eut lieu , le 26 août 1462 (3) et, dés le 26 se; -
tembre suivant , (4) Nicolas fut sacré par le cardinal
archevêque de Rouen.
2. Ce prélat (5) était d'une famille noble et ancienne
(l) Evéque» de Luçon-»
(t) Le cartulaîre le dît positivenoeat et je Hs dans un de met
caiaitfgues :. t.^icoUiU9 Bouiaud , . . . obttnuit Epticopatum, per
rtsignatioTum dicU de la Roche, C'est celui-là soubs lequel se
£t le changemeot et la translation de régularité en séculsirité ,
et de moynes en chaqoines ».
(3) M. de Beauregard cite deux notes, qui sont an calendrier
de Tancien bréviaire de Lu<;Qn« L'une« qui râpond au 26 août,
perte : T^. fuit nominatus Episcopus Lucionenst's .
(4) La seconde note porte en regard du 26 septembre : Domino
nostro Pio. . ( sans doute Papœ >..„ ce mot a été soustrait par
le relieur , unno 4.^ Pontificatus : Ludovicui gratta Dei Frati"
coru/n rege anno suce ( sans doute coronationis ) nationis
primo 9 incarnaiionis daminica MCCCCIJCI (1461). «On sait,
dit M. de Beauregard , que Pie 11 avf.it succédé à Calixte liL
«o 14I>8 , et Louis XI e.st luunlé sur le trune , en lÂGl *.
(5) M., dp Bteauregaid^ évéques de Luçon. (ws savant ajoote que
les armes de cette famille étaient : de gueuler à trois demi-voU dur.
Au contraire , d'après un manuscrit de !>. Kslîennol , ces mûmes
armes seraient : d'azur» 4 ^rois chevrons d'or, accompagnés de trois
triamjUs dé méiv^»
132 ) Nicolas Bootaud , I5.c BvâQtJs. ( 1462
du Poitou 9 qui a possédé , pendant plusieurs siècles ,
la seigneurie de l'Aubonière , dite ancienneuient l*Au-
bouinière des Champs ,^ située dans ce diocèse j à quel*
que distance de celle de Bessay. Cette maison ne sub-
siste plus que par les femmes. Elle a donné plusieurs
évoques à l'église de France ».
3. Presqu'aussitôt son exaltation sur le siège épiseo*
pal, Nicolas Boutaud obtint , le 7 décembre 1462 , une
bulle^du Pape Pie II, qui accordait aux éyéques de Luçon
le pouvoir de faire faire des visites , par dç» délégués,
dans toutes les églises , les monastères et autres lieux
où ces prélats avaient coutume de la faire , de droit
ou d'usage , et d'en faire percevoir les droits (1).
, 4. Il est un événement physique, bien marquant, qui
eut lieu , à cette époque , sur les côtQS du Bas-Poitou.
On prétend que , le 31 octobre 1463 , la mer se relira
tout-à-coup de beaucoup de lieux qu'elle couvrait
auparavant à mer basse. Cette retraite spontanée et
instantanée des eaux dont la tradition a conservé le
souvenir et qui est mentionnée dans divers documents
(2) , dut beaucoup faciliter les dessèchements , alors
entrepris, ou commencés peu après.
6. L'achenal de Luçon qui , ainsi qu'on l'a vu déjà ^
était d'un si grand intérêt pour tout i Le pays , avait ,
dans ce temps , besoin de réparations considérables.
(I) M,* de D. Fonteneau,
{^À) Mutamoient dans une requèle présentée à l'inteiiclant de
Poitou , par les habitante de Maillezais , en 1757 , où on se ré-
fère à des pièces ancienaes. On a prétendu que cette retraite des
eaux se fit surtout sentira SHailicAais. On sait qu'un autre retrait
des eaux ^ en Ras-Poitoa , eut iieu de 935 à 963 , sous le rè{;ne
de GuiUelme Téte-d'F.toupes , comte de Poitou. Voir à ce sujet,
l'Htitoire des rois, et ducs d'Aquitaine et de* comte» de Po%9qu ,
par MM. do la Foiitenelle et Duiour.
1463 ) Nicolas Bootacd , I5«ê bvéqub. ( 133
C'est ce qui fit que plusieurs particuliers , qui eu étaient
Yoisios , se cotisùreqt et firent deux mille livres tour-
nois, pour le réparer. Mais cette somme n'étant pas
suffisante , on s'adressa à Tautorilé, qui taxa des pa-
roisses, même à deux à trois lieues , comme Sainte-
Gemme p Saint- Aubin-de-la-Plaine , etc. , et des sei-
gneurs y comme celui de la Claye et autres. On paya
généralement , mais quelques paroisses et quelques
seigneurs ayant résisté, ils (iirent condamnés à acquitter
leur taxe, par arrêt du parlement, du 13 juillet 1463.
Dans cette année , Nicolas Boutaud nomma
Regnault Giresmez , écuyer ; Seigneur d'Ambly »
capitaine du Château de Luçon. Le Sénéchal du Poitou
prétendait avoir le droit de pourvoir à cet emploi ,
mais révéque obtint gain de cause.
6. 11 fut fait , le 18 août 1463, un échange entre Té-
véque et l'aumônier du chapitre de Luçon. Par cet
acte « Pierre Faucea , aumônier , du consentement du
chapitre et du sous-prieur , en Tabsence du prieur ,
céda au prélat l'ancienne chapelle de i'aumônerie,
avec les maisons et jardins , tenant d'une part à la doAe
ou douhê (1) de la forteresse dudit lieu , par laquelle
on va, de présent , du port de Luçon à la chapelle
St. Mathurin de Luçon , d'autre au chemin par lequel
on va du portea (2) de ladite forteresse à la maison du
curé de Luçon (3], et d'autre à la maison de Guillaume
Chaillot, qui sont au segretin (sacristin) de Luçon,
le jardin situé parle derrière, près de la rue qui va
à la maison de Guillaume Chaillot.
(i) On appelle doue , en Fas- Poitou , un amas d'eau stagnante;
ici , par ce mot , on aeinblc entendre un sentier.
(2) Portea , aujourd hui ., porleau , portail d'entrée dune cour .
(5) On voit que déjà , il y avait un curé à Luçon.
134) NïCGLAS BOUTAUD , 15.e ÊVÊQUE. (1463
» L'évêque lui cède eu échange la chapelle , maison »
verger, issues, etc. , dits de St. Sauveur , auquel ou
a accoutumé faire le sëne ( synode ) , derrière la maisoQ
de Mattmria Rastaud , d'autre à la rue ou chemin
du Tour du grand Bourgneuf à la Yase , de Tautrc
à la maison et verger de Jean Maupou , et le verger
par derrière et la maison et verger de Rastaud.
» Il fut convenu par cet acte , qui fui; passé en
chapitre , présidant Meçsire François Marchand, que.
Tàumônier fera le service accoutumé et continuera de;
donner Thospitalitè aux pauvres afSuants audit lieu>
de Luçon »,
7. On trouve encore une transaction , passée le 24
octobre 1463, entre Taumônier (1) et les prieur et
religieux du chapitre de Luçon , en présence et du
consentement de Révérend père en Bieu^Messire Nicolas,
par la grâce de Dieu , évéque de Lttçan ^ au sujet des
droits de pâturage dans les communaux de Luçon ,
des terres et domaines de Faumônerie déchargés de
tous droits seigneuriaux, envers ledit chapitre , de
quelques rentes et d'un pré à Taumônerie , dans la
paroisse de Triaize , le tout pour la fondation d'une
messe , tous les vendredis » dans la chapelle de ladite
aumônerie (2).
. Suivant cet acte , Taumônier se plaignait de ce que ^
d'après une transaction passée avec le chapitre , ce
corps percevait de lui une rente de neuf septiers d^
méture(3), pour subvenir aux aumônes générales qui
(i) Cétait encore Pierre Sanccau ou Fauceau*
(^) Note de l'époque.
(5) Mélange de frouient et d'orge d'hivei^.
1465-1467) Nicolas Boutacp, 15.« bvéqu. ( 135
le même chapitre était dans Tusage de faire, trois
fois par semaioé , à tous les pauvres de Luçon seule-
ment. Dans cette pièce , on dit aussi que les habitants
de Luçon croissaient toujours en nombre.
8. Les évéques de Luçon jouissaient d'un droit ,
appelé le Roi-Bœuf ^ qui consistait à se faire donner
la chair d'un bœuf , la veille de Noël. Lesjèvéques af-
fermaient ordinairement ce droit, qui occasionnait soor.
vent des contestations. Un procès s'étant engagé entre
différents particuliers , pour cette prestation, il
fut terminé aux grandes assises de Fontenay-le-Comte,
par une transaction du 20 mars 1465 , qui changea
le droit, dans une redevance annuelle de trente sous[l].
9. Un peu après (2) , un acte fait connaître qu'il
existait une confrérie de St. Lucas , établie au château,
de Luçon et que cet établissement possédait des rentes,
d'un produit assez considérable.
10. Oo trouve, sous la date do 8 juin 1467,, un
aveu rendu à Tévéque de Luçon, par Jacques de>
Surgères , seigneur de Cerisay et de la Floceliière ,
pour son hôtel de la Coudraye, situé & Luçon.
Cette seigneurie de la Coudraye de Luçon , illustrée
par deux de ses possesseurs (3) et dont il sera souvent
(i) M. è9 Béatiregard. « -JEvéqueê ^e Luçon, — Jlf/ de D:
Fonteneau.
(2) 10 mai I&67 , avea & 1*évéque de T.uçon, par Jean Demont ,
écvjer , teigoevr -da U Fébfetière , à cause de Mer^iierite Albine,
aa leaime » pour un hcibergement , f Uoé en la ville de liuçon,
M.ê d9 D. Fonieneau,
(5) l«* Jacquet de Sallo • conseiller au parlement de Parîs , en
1619 et créateur du journal des savants ; 2.<> et le chevalier de
Loynet > de la Coudxaye , offiteier de marine et membre de 1 aa-
semblée constituante» dont je viens d'écrire l'article, pour lis snp«>
plément de la Biographie universelle de Micbaud.
136 ) Nicolas Boutaud , 15.« ÉvèotrE. ( Uù7
queâtioù , a loDg-teiups appartenu à la maisop de Sur-
gères [1] ;elle était d'une grande importance. Elle relevait
en grande partie, à hommage lige et à droit de rachat,
de la cbatellenie , depuis baronnie royale de Cham-
pagné-sur*-mer. De cette terre dépendait la moitié du
droit de péage et minage (2) , et de doqner mesure à
blé et à vin, sur le marché de Luçon. Ces droits se
percevaient en commun , d'abord avec l'abbé et en-
suite avec réyèque de Luçon , qui avait l'autre moitié
de ses produits.
Il . Une entreprise d'une grande importance fut faîte
par' Nicolas Boutaud. Il y avait un pea plus de cent
cinquante ans que le titre d'abbé de Luçon avait été
converti en dignité épiscopale. Par suite le nîonastère
était devenu un chapitre , mais ce chapitre n'était pas
séculier , il était régulier. Ceux qui en faisaient partie
n'étaient pas des chanoines , ils étaient dés religieux.
Or , .le prélat que l'on vient de nommer ratreprit de
dianger cet ordre de choses , il voulut séculariser son
chapitre , avoir près d« lui de véritables chanoines
et non des moines.
îâ. Et d'abord /si on voulait traiter la tiuestion des
avantages et des inconvénients de ces deux'posïtiôns ,
il y aurait beaucoup à dire. Des reUgieu:$: qpi p'avaient
point à s'occuper des détails d'une existence indivi-
duelle et qui trouvaient , sans peine , ni soin aucuns»
à leur portée , toutes les choses nécessaires à la vie
pouvaient donner tous leurs instants à. TeXiéeutiou de
(i) Ell« appartenait encore en 4S58 , i 567 et 1^83 -à - Louise
dfi ^ur^ëres » veuve xiu seigneur des Arpentils^ ' * '
(2) Droit sur la vente du Lié au marché.
iU9 ) Nicolas U BoiTAro , IS/évâQUC. ( 13Ï
leurs devoirs religieux et à radmtnistralion des $acre->
ments. Au lieu de cela , des prêtres séculiers posscdeut
et sont assujétis à tous les embarras de la propriété et
h veiller aux soins de leurs ménages. De là , il résulte
qu'fl^ ont moins de temps disponible pour Dieu et aou
culte et qu'ils s'attachent d'autant plus aux choses tem-
porelles. Néanmoins, par compensation, on peut citer
les abus et les désordres qui souvent se sont manifestés,
dans les monastères. Le derga régulier fut sans doute
un besoin des temps anciens , tandis que le clergé
séculier convint mieux à notre état de civilisation
avancée.
13. Quoiqu'il en soit , on peut croire que le projet
de Vévèque Boutaod fut étudié avec maturité, et par
hii et par son chapitre , et que les mesures de mise à
exécution furent parfaitement entendues , comprises;
et voulues, par toutes les parties intéressées , puisqu'il
n'y eut presque .point d'opposition. Enfin , je suis
fondé à présumer qu'un des dignitaires de Luçon , qui
cumulait sa position avec un emploi de confiance ,.au*
prés du pape .Paul II , aida à applanir toutes les
difficultés.
14. La bulle de sécularisation de Tinsigne église de
Luçon, donnée la veille des ides de janvier , c'est-à--
dire le 12 janvier 1468-1469 , par le pape Paul II , est
dite avoir été rendue sur les réclamations du roi Louis,
de Micolag, évéque de Luçon, et du chapitre do lëglise
de Luçon , ordre de St. Benoît. Après avoir prononcé
la sécularisation de cette <^.gUseet de ses différents mem-
bres, on entre dims des détails de suppression delit/es
anciens , d'établissements de titres nouveaux, en échaii*
18.
13S ) Nicolas II BotfAUD, 15.e ÉvâotÈ. (i469
ge des ancieDS et d'appropriations de blenset de revenus.
La dignité de prieur de ladite église (1) , occupée par
Aymeri Goyon , licencié en décret, est transférée en
décanat ; il est ajouté que le doyen , dijjnitaire su-
périeur de réglise , sera électif. L'emploi d*anrïî5::ii?r ,
dont est pourvu Pierre Saucean , bachelier en théolo-
gie , devient un archidiaconé et même le grand ar-*
chidiaconé (2). La sacristie, occupée par Pierre Hélye,
est changée en archidificoné d'Aizenay. L'archiprêtré
rur^ de Pareds , dont jouit M. Jacques Bignet, abré*
viateur des lettres, apostoliques et familier du pape (3) ,
est remplacé par Tarchidiaconé de Pareds. La cban-
Irerie fut conservée , c'était l'emploi de Guillaume
Cresson ; l'Aiguerie qui est celui de Louis Cbarruau ,
forme une prévoté. La trésorerie , place où se trouve
Nicolas Giraud , bachelier en droit , prend le nom de
chancellerie en dignité. Le sous-prieuré , où est placé
Maurice Limosin , est transformé en sous-décanat , et
ettqfin , fa chambrerie, que possédait Jacques HubloOi
change ce titre pour une sous-chantrerie.
Les prévôtés de St.-Laurent-de-Parthenay , titulaire
Guillaume Gervain; de Fontenay, titulaire Jean Bernard;
et des Essarts, titulaire Valérien de la Roche , sont éta-
blies et le prieuré de chacune de ces églises est affecté
(1) La nomenclature qa*on va donner fait connaître les anciens
•mplois . qui existaient dans le chapitre régulier de Luçon.
(2) Je me sers de cette expression usuelle, pour distinguer cet
arcbidiacre ; sans titre particulier.
(3) le suppose , je le répète , que Jacques Bignet, à cause de
sa position auprès du pape , a aidé à l'expédition de cette bulle.
L'église cathédrale de MaiUeaais , placée dans U même position qna
celle da Luçon » ne fut aécularisée que bien plas Urd et an 1639
fculament.
1469) Nicolas n Boutaud , iS.% ivÈQUE. ( 139
à la préyoté qui en porte le nom. Ces prévotés, le sous-
décanat et lasous-ehantrerie sont érigés en personnats.
15. Trente-deux prébendes^ ebtiéres et sept demi-
prébendes , formant des canonicats , sont érigées dans
réglise devenue séculière de Luçon. On distribue en-
suite des prébendes entières aux dignitaires Aymeri
Goyon , Pierre Sauceaa , Pierre Hélye , Jacques Bignet ,
Guitiaume Cresson ^ Louis Charruau , Nicolas Giraud et
Ivon Simon , ancien cbancelier , et Maurice Limosin ,
érigé chancelier en dignité , Jacques Hublon , Jean
Bernard , et Yalérien de la Roche. Puis on fait la
même opération pour de simples moines et clercs, qui
sont érigés aussi eu chanoines , savoir : Jean Avril ^
docteur en droit civil et canonique ; Pierre David ,
Jean Baraton , Jean Poitevin , licencié en droit ; Jac-
ques Marchand , François Belin , Jean Guillon , GuiK
iaume Cotereau, Guillaume Rousseau, Gabriel Ber-
tbelot , licencié en droit civil et canonique; Henri
Mervaud , Pierre du Bois , Pierre Grolleau , Guillaume
Prévoust , Pierre du Moutîer, Léonard de la Roche,-
Uathurin de Laurriére , Etienne de Horp , Nicolas
Challon et Jacques Gobert. Pierre Texier, Louis Pré-
voust, Pierre RufDn «Mathieu Gazeau , André Durand,
Léon Hyver et Regnaud Goyon , autres moines clercs,
deviennent chanoines aussi , mais à semi-prcbendes.
16. Il fut établi des dispositions pour la couleur du
vétenient, qui était noir , avec aumusse grise ; sur la
composition du chapitre , et pour la nomination , par
révéque aux canonicats et prébendes, à mesure des .
vacances. La nomination du doyen était réservée au
chapitre; sauf laconQrmaiion par Tévêque.
14Ô ) Nicolas II Boùtaud , 15.« évêoûe. ( I469
17. En général on indiqua l'église de Poitiers , comme
le typd qu'on devait prendre, pour Têglise séculière de
Luçon. L'office divin était semblable ^ maison ne devait
pas omettre l'office de la sainte Vierge Marie , qui était
la patrone de l'église.
18. Les appropriations de revenus étaient faites , soit
sm la mense générale du chapitre , soit en objets
particuliers. Je donnerai à ce siget quelques indi-
cations , parce qu'elles se rapportent à des localités
et, dans les histoires particulières , ces m^es indica-
tions ont certaine importance.
Pour le décanat , après avoir parlé de la commande
de l'abbaye de l'IIe-Chauvet , on assigne entre autres
choses , des terres situées entre les deux canaux de
Luçon y un fief de vignes appelé la Minée et le fief
de Restaud. L'archidiacre proprement dit , appelé de-
puis le grand archidiacre , exerçait ' ses fonctions et
prenait les droits qui en dépendaient ^ sur les églises
et monastères situés dans les doyennés de Mareuil et de
Talmont. Il avait , pour son habitation, la maison de
rinSmerie et ses dépendances et il prenait , pour gros
fruits de sa prébende , la tierce partie des fruits, prove-
nant du prieuré de St.-Étîenne-de-Brillouet.
L'archidiacre d'Aizenay , qui exerçait ses droits et
prélevait les rétributions y attachées , dans les anciens
doyennés d'Aizenay et de Montaigu , jouissait des re-
venus affectés ci«-devani à la sacristie ; on lui aRectait
mie maison appelée le Bourdeau et tout ce qui en dé-
pendait. De plus, il avait des revenus, dans les paroisses
du Champ-St.-Père et de St.-Vincent-sur-Graon , avec
le tiers des fruits du prieuré d'AspreinonL
!46* } Nicolas U Boutacd , !».• tyÈQvt. { 141
L'arehîdiacre de Pareds , qui également exerçait ses
fcMitioiis et touchait les rétributions y affectées , dans
rancien archiprêtré de ce nom , avait pour gros fruits
de sa prébende , le tiers des produits d'un prieuré dit
de Mignone.
Le chantre , dont le logement fut fixé dans une
maison contigue à la sacristie , reçut les revenus du
bibliothécaire (1} , des prés entre les deux canaux de
Luçon et un fief de vigne appelé la Sexterce.
Le prévôt prit ce qui était à l'aiguier, et eut des re-
venus dans la paroisse de St.*Jean-de-Beugné et de S.te-
Gemme , et autour de Luçon. De plus , une maison
du nom de la Blouquiérc , située dans la paroisse de
rne-d'Olonne lui fut affectée.
Nicolas Giraad» qui était trésorier , vit cette dignité
conservée pour lui et, pendant sa vie seulement, pour
être éteinte après, en conservant ses anciens revenus
autour de Luçon et , pour gros fruits, ce que percevait
le trésorier dans la paroisse d'Olonne.
Ives Simon , qui devint chancelier, eut pour lui et
ses successeurs, dans la chancellerie, comme gros fruits,
ce que percevait Taiguier, dans les marais de Mont ,
le prieuré de St.-Hermand , et une maison appelée la
Rouffiëre.
Le sousHdoyen fut autorisé à s'approprier les revenus
du sous-prieur et ce que Taiguier percevait à Cbaillé ,
(diocèse de Maillezais , le fief de vigne appelé Poveseou ,
situé proche Luçon et pour gros fruits de sa prébende ,
(i) Armariuê.
142 } Nicolas II. Boutaud , 15.» évêqcb^ ( i46Sl
le quart des revenus du prieuré de Fleury » diocèse
de Saintes.
Le sous-chantré eut, pour gros fruits, les revenus de
la chantrme supprimée et des perceptions à &ire
dans la paroisse de la Meilleraye.
Il fut pris des mesures aussi , pour IcSl prévotés de
Parthenay , de Fontenay et des Essarts ; des réunions
furent faites à la mense capitulaire et le prieuré de
Guire-Ennays (1] fut déclaré uni à celui de Parthenay.
18. Des appropriations sont créées aussi pour les
chanoines, et on n'entrera point dans des détails, à
ce sujet. Seulement on voit que le chapitre de Luçon
distribue les revenus des prieurés de Mbrtagne , de
Roussay , de Chavagne-en-Pareds , de la Meilleraye ,
du Champ-St.-Père , de Cbalians , d'Apremont , de
BriUouet , de la Caillère , de SL-Vînceûlrsar-Graon ,
etc. D'autres revenus sont pris dans les paroisses de
St.-Vincent-de-^hauché et de la Cbapelle-Thémer.
Il est dit que Tévêque et le chapitre créeront six
hebdomadiers et un certain nombre de chapelains » eu
avisant à leur entretien.
19. Des régies sont établies, pour la juridiction^ par
un document postérieur et ime réclamation faite , à
ce sujet , par un évêque de Luçon , feront suffisam*^
ment connaître ce que la bulle établissait, en cette
partie.
20. A révêque demeure, outre son palais épiscopat
(i) C'est Saint-Sauveur-dc-Givre-cn-Mai, près Bressuîre , et
sur U route de celte ville à Parihcnay.
!469 ) Nicolas II Boctavd , 15.e évéqub. { iiS
la maison des Piliers à Poitiers et une à Beugné »
objets appliqués à perpétuité à la mense épiscopale.
21. Pour ta fabrique de l'église cathédrale de Luçon,
on aiïecte des redevances sur le prieuré de Médoc
(1) « à Boussay j au Beugnon-en- Gâtine , à Sainte-
Soline , à St.-Martin-Lars , à St.-Jean-de-Liversay , i
St.-Saaveur-de-Guîre-Énnays , à la Chapelle-Thémer
et ailleurs ; de plus , une prébende fut retenue pour
la psalette.
D'autres dispositions sont encore établies qu'on ne
peut reproduire, sans beaucoup alonger unc.analjse,
qui a déjà trop d'étendue.
Les suites données à cette bulle seront connues , 'par
les observations dont nous avons dit un mot et qu'on
reproduira bientôt.
22. Il parait que, peu après son élévation au siège
èpiscopal de Luçon, Nicolas Boutaud , abandonna le
séjour des. Mouliers-sur-le-Lay , qu'habitaient ordinai-
rement ses prédécesseurs, pendant la belle saison.
Probablement que le pillage et les dévastations de cette
localité , par les partisans de la maison de la Tremouille,
avaient rendu ce lieu inhabitable. Toujours est- il que
Nicolas Boutaud établit sa résidence habituelle à Ste.-
Hermine ,.dans une ancienne maison qui subsistait
encore du temps où M. de Beaoregard écrivait
(2). Il y vivait, d'après lé même auteur, dans rintimilé
avec les membres de son chapitre»
(1) Prioraiwn de Medoe,
(2) Evégu0i de Luçon.
144) Nicolas IIBouTAUD, 15.** KvfiQUÉ;. (1469-14ÏO.
, 23. Lç Ueu des MouUers-^ur-le-Lay, ainsi privé de la
présence de Févéque diocésain et de son entourage , il
fallait lui donner une légère indemnité. C'est ce qui
décida Nicolas Boutaud à établir , par décret du 19
mai 1469 , dans le prieuré sécularisé de l'ancienne
résidence d*été de ses prédécesseurs ,'un prieur sécu-
lier et deux compagnons ou vicaires , pour y adminis*
trer les sacrements et y dire les heures canoniales. On
trouvera , plus tard , l'existence d'un procès avec la
femille de ce prélat, pour l'exécution de cette fon-
ction.
' 24. Charles , duc de Guyenne, frère de Louis XI^
prince apanagiste du Poitou , (1) rendit des lettres pa-
tentes , en 1470 , pour la sécularisation du chapitre de
JLuçon.
25. J'ai déjà parlé de Tachenal de Luçoq , de son
importance et de l'avantage que les habitants de la
ville de Luçon , l'évêque de ce diocèse et le seigneur
de Champagne en retiraient. Or , il y avait souvent des
réparations à faire à ce canal et, par fois, il surgissait
des contestations afin de savoir pour combien chacunes
des parties intéressées y contribueraient. Un débat de
cette natureavaitlieu, enl470, entre Nicolas Boutaud ,
évêque de Luçon et les habitants, mais il fut terminé ,
par transaction du 23 juillet de cette même année (2).
26. Il est des actes qui passeraient inaperçus » si
les noms des personnes qui y ont pris part, ne
(i) M. de Bea1lrega^(l ,' Evêquea de JL^çon , ^nî rapports que
ces lettres se trouvaient aux archives de l'évèché , case f .re,
liasse des bulles de sécularisation.
(2) Jf .« de D. fonteneau.
\Vli) NiODLAS BotTAiTD , 18.« ivéoU^. ( Htë
rappetaient des circonstaQces postërienres, d'une cer-^
laine importance* Ainsi , le 8 aTril 1472, Tabbé de
SL-Michel-en-rHerm , par acte reçu devant Pierre
Gybouin , notaire juré de sa cour , anrenta à Catherine
Serpentine , Teuve de Vincent Ribandon et à Guillaume
MaroUeau des places de mer pour mettre des rêcU
appelés i)rekz (i) , saymr ; la Vojfne du cbftteau» à mettre
neuf rects^ et la Croze^ à en tenir quinze* Cette con-
cession fut foite moyennant quinze sous de cens. Mais
la mer se retira bientôt , on ne put plus tendre de
filets f dans cet endroit , et les arrentataires abandon^
nèrent cette pêcherie. Alors les moines la desséchè-
rent et là fut formée, du nom de celui qui d'abord
avait tiré parti du local pour la pêche , la riche ca-
bane de Ribandon , la meilleure de toutes celles que
possédait l'abbaye de St.-Michel-en-rHerm , qui en
possédait tant et de si belles (3).
27. Par suite de la bulle de sécularisation , Tévéque
et les membres du chapitre de Luçon, s'empressèrent de
léffiger les statuts de cette église. Ils furent arrêtés en
chapitre , le 7 novembre 1472 ^ par l'èvâque Nicolas
Boutaod f Aymeri Goyon , doyen ; Pierre Sauceau ,
archidiacre ; Pi^re Hélie , archidiacre d*Aizenay ;
Guillaun^e Cresson , chantre ; Louis Charruaud t prévôt
de Luçott ; Maurice Limousin » sous-doyen ; Jacques
Hublon t ^ns-chantre ; Valérien de la Roche , prévôt
des Essarts ; Gabriel Berthelot , Matburbi de Lai^'iére»
Îl) On donnftît cm nom à deê fiieif , p<»iir prendra <ki pou son.
ï) L'abbaye de M -Wichel-en-rHerin , possédait en dernier
lien , en menie abbatiale et en mense eoaventueile , «ti re«
venu de plue de trois cpnt mille livres. La cabane do Ribandon,
aujourd'hui dWisée en quatre escpkiîtationi s nendprèa de aoixaate
mille, francs de ref«AB net.
19.
14B ) Nicolas BouTAtrb , 1S.« êtêque. ( i47^
Jean GroUeau , Léonard de la Roche et Regnaiid GoyoD>
chanoines; faisant pour tout le chapitre, en présence
de deux témoins, vénérable homme, M.® Luc Râteau,
prêtre licencié en lois « et noble homme Gui d'Aulnis ,
écuyer ,du diocèse de Luçon /sous les seings de deux
témoins , qui étaient Pierre de la Coussaye , prêtre ^
bachelier en droit , notaire apostolique et Philippe
Babouet , clerc , notaire royal à Luçonv
Il parait qu'un seul membre du chapitre , Jacques
Marchand , chanoine , s'opposa à ces statuts , mais son
opposition fut jugée téméraire. Pour faire homologuer
ces articles par le saint siège , on donna pouvoir a
Jacques Bignet , archidiacre de Pareds , à Michel de
Bay , Hugues Jacob et Nicolas Guischard , solliciteurs
en cour de Rome , de faire tout ce qu'il conviendrait.
Ces statuts contiennent une foule de dispositions qu'il
est impossible d'énumérer ici. Pour les connaître il
faut lire ce document en entier (1).
28. Ces mêmes statuts furent confirmés par le pape
Sixte IV , par une bulle du 13 mars 1472-1473.
29. « Quelque tfemps après ces règlements (2) , qui
traitent de^ offices , de la police du li^hapitre et des
droits communs , te chapitre eut une contestation avec
Nicolas Boutaud. Elle fut terminée par une transaction
dont roriginal n'existe pas , mais la copie indique le
nom des notaires*
«. l.o L'évéqne consent que les actions intentées
par tes chanoines , dignitaires et hebdomadiers contre
(1) On le donnera a«x pièce» justificatives.
(2) M. de Bcauregard , Evéçues de Luçon.
un ) Nicolas Bouta dd , ÎS.^ bvéqub. ( R7»
des cfaanoioes f- dignitaires et hebdomadiers seront
iugées par le chapitre , prés|dé par l'évâque » ou , en
son absence , par le doyen ou tous autres que le cha-
pitre et ré^éqqe chpisiront«
« 2.<> Quant aux actions et procès entre les mem-
bres de l'égiiso et les étrangers , Tévéque jugera les-
dites causes ou par lui ou ses vicaires et officiaux ,
pourvu qu'ils soient chanoines. Autrement il prendra
4es officiera dans le chapitre et le tribunal sera iiUrck
sfpla coptïti/t.
« 3.0 Quand tes fiautes légères des membres du cba-
pih'e forceront à les punir, la peine sera infligée a&
diapitre , comme de dro|t.
<r 4.<> Dans les fkutes plus graves et quand^les mem-
bres de l'église seront prévenus de crimes , le chapitre
n'y pourra procéder sans Tévéque, pédant qu'il sera
dans son diocèse; pourra cependant le chapitre infor-
mer à rencontre du coupable , même faire décréter
de prise de corps ; que si Tévéque était éloigné de
son diocèse (in remoHs) , le chapitre alors jugera au
^finitif 9 mais seulement au chapitre général. H parait
qu'il n'est point question , dans cet article , de crimes^
ejp matière ecclésiastique.
a 5.** Si les crimes étaient tellement énormes que^
le prévenu dût être déposé de ses bénéfices ou offices,,
alors le chapitre s'abstiendra de rendre aucune sen-
tence , dans l'absence de l'évéque , ou au moins , sans
son consentement exprès. Si l'évéque faisait une longue
absence , son grand vicaire pourra procéder au juge^
notent» du concert avec le doyen et le chapijtre..
14^ Nicolas Boutaud» iB.« évêqcs. ( 1473
<c 6.^ Quant au jugement des autres officiers de l'église,
il sera déyola , comme ^ droit, àTévéque présidant
le chapitre 9 au doyen et à celui qui présidera le cha-
pitre alors 9 de quelque nature que soit le crime ;
réyéque désignant , pour ces occasions , le président,
son grand vicaire spécial , à condition que les deniers
provenant des épices soient appliqués à la &brique.
te 7.0 Si les chapoines , dignUf^ires ou les hebdoma-
diers , possédant des bénéfices, dans le diocèse et hors
de l'église, commettent des &utes dans le service divin ou
dans l'administration des siacreat^nta , ils seront justi-
ciables d^ Vévéque , de son officiai et autres officiers.
« S.° Toutes les fois que les titulaires des bénéfices
réunis à la m^ise capitulaire viendront h mourir , on
mettra des, vicaires à leur place. Et les vicaires de la
Jléorthe et de Triaize seront obligés de comparaître au
synode et l'évéque leur donnera des lettres, sansi
émoluments dç sceau , ^nî le salaire du secrétaire ^
selon l'usage.
« 9^ Le doyen fera desservir Féglise de,.,.... ( sans
doute de Bessay ) , par des chapelains , et ne sera
pas tfflu de furendre des lettres de non résidence.
« lO.Q Les arrentements des biens immeubles , des
bénéfices dépendants du chapitre , ainsi que les autres
biens , ne se fera jamais que dans les chapitres gêné--
ranx et même , en ce cas , la présence de l'évéque
sera nécessaire pour les objets dont la valeur esLcéde
vingt sous de rente ou cent de valeur. Dans ce
cas , on attendra son retour.
1473 ) Nicolas Boutaud , i5»e évéqub. ( 149
siœ erit et remandni cammunii prout est ^ inier ip»o$
Dom, Epwn et €a]^tulum et cum et quotm illas vacare
coniigerit , eisâem pracidebitur , intra mensem depersonâ
idoneà. Etri pro eoUatiane fadénâA » idem Dam. EpisciH
pus dictum eapitulwn accedere non possit aut noUt , re-
quiâtus ex parte capUuli , super colkUionem » taubiiur
signifioare eonsensum dvm modo idem diUus Episeopus
fuerit in diœoesi Lueionensi , sm protrincià. Ipse auêem
agente extradictam provinciam , dicto ttmpore elapso ,
Capitulum providerit.
Doium onti* 1472 (1) » Cette tramactioD a été homo-
loguée par une buUe du pape » la même amiée.
30. Il est curieux de yolr comment cette bulle et ce
qui en a été la suite ont été jugés par un prélat, qui a
occupé le siège de Luçon , deux siècles après le moment
de son émission (2).
a La circonstance du temps , dit-il , auquel on dit
que cette bulle a été accordée , est remarquable. C'est*
en 146S , qui est Justement Tannée en laquelle la cour
de Rome faisait tous ses efforts en France pour faire
abroger la pragmatique-sanction et avait obtenu du
roi Louis XI » des lettres patentes pour cette abroga-
tion f à Tenregistrement desquelles le parlement s'op-
posa avec tant de générosité et de succès.
« Il ne fondrait donc pas s'étonner si la cour de
Rome , en même temps , aurait voulu insérer dans
ime bulle de sécularisation une infinité de clauses qui
(1) Sans douto avant Pâques ou 1&75.
(!2) M. riicolas Colbert , «Uns un mémoire par lui publié h Tocca-
sioa d'un procès contre son chapitre et contre Emeri Rocbcreau ,
/chajiccUer «t chanomo.-
150 ) NKIOIAS BOUTAUl^, 15.6 ÉvÉQUE. ( 1473
tendraient à abolir la pragmatique , et si on avait ob-
tena , en 1469 , des lettres patentes du roi Louis XI ^
pour &ire registrer la bulle , en la sénéchaussée de.
Poitou , sans y avoir au moins fait mention , ni de ta
juridiction ,. ni des autres clauses abusives.
« Mais rien n'est plus capable de faire voir ou la
supposition ou Tabus de cette bulle que ce qu'on ne Ta
osé présenter au parlement où elle aurait été lors,
indubitablement rejetée.
c< La contravention à la pragmatique-saBction est
toute évidente. 1 ."> La pragmatique abroge les réserves.
La bulle les rétablit , ne donnant Télection des doyens-
et la confirmation à Tévéque que cessantibus reservcUio^
nibm apostoliciSf et obligeant le doyen à Êiire sermeni»
au pape. 2'> La pragmatique conserve la puissance en*
tiére des ordinaires. La bulle ne donne pouvoir àl'é^
véque de faire des statuts , dans son chapitre , qu'à
la charge qu'ils seront homologués, en cour de Rome..
3.0 Par la pragmatique , les bulles et les rescrîts doi-
vent être adressés à des juges prochains, in partibus.^
Cette prétendue bulle est adressée entre autres à Tévê-
qned'Ostie, que Ton môle avec desévêques de France,^
pour conserver à la cour de Rome la possession de>
commettre des juges étrangers.
« L'évêque de Luçon a été en. possession d'une pleine
juridiction , depuis l'érection de l'évêché, faite en 1317,.
jusqu'à la sécularisation , faite en 1468. La sécularisa^
lion a changé la possession de l'évêque. )>.
« Celte clause de juridiction f ajoutait-on , est tel-
lement supposée , que dans la bulle d'hpn^oiogalion,
Ù73 ) Nicolas Boutaud , 15.« évéqc&. ( 151
des statate de l'église , qui est de 1472 , on n'en fait
aucune mention et que le chapitre ayant obtenu , en
1469 , des lettres patentes de Louis XI , pour* faire re-
gistrer la bulle an siège de Poitiers » il n'y est pas dit
un mot de cette juridiction commune » qui eut été
néanmoins le point le plus important , puisqu'il dé-
pouillait l'évoque d'un droit qui lui avait toujours
appartenu.
a On n'a pas même, dans cette bulle, fait aucune men*
tion delà bulle d'érection , pour y déroger , c'est une
subreption qui rend nulle cette concession de juri-
diction.
«C'est une espèce d'exemption déguisée , émanée de
cour de Roine , qui n'a point d'autre titre qu'unebuUe».
31. A ce point donné et les statuts de l'église de
Luçon ainsi établis , il faut faire connaître le serment
que prétait l'évéque de Luçon , en prenant possession
de son siège, il jurait fidélité à réglise, qu'il devait
considérer comme son épouse. 11 promettait de défendre
ses droits et de garder le secret des délibérations. Il
faut se reporter à la formule du serment, telle qu'elle
existait dans les registres capitulaires (1).
32. 'Les chanoines et les dignitaires avaient aussi
un serment à inrèter , au moment de leur installation.
(i) Vùrma juramenti in ecclesiâ eathedraU Luctonenti :
Ego r^N. Epîscopus ecclesîse cathedralîs Lncîonensis juro ex
nnnc et promitto este fidelis huic ecclesis sponsae meae. Item
quod sécréta capîtiiiaria nemlni pandam , neque etiam alterî
dominorum canonicomm , si de eo tractatum fuerit et quod res
et Ubertates pro iriribus defendam , et si qiitt alienata fuerint
ad jus Tel proprietatem revocabo jnnctid meum posw. Sic me
Beufl adja^et et h«c sancta Dei evangelûi. Amen.
i&i ) ^eOhXS BOUTAUD , iS.« àvÈQÛÉ' ( i4?4
Ils iNTomettaient fidélité à l'église , de défendre ses
libertés et de garder le secret des délibéraUons (1).
33« Luçon foamit alors une &miUe , qui marcpia au
dernier point , dans les sciences chirurgicales , ceyai la
famille CoUot. L'un de ses membres commença à faire,
dans sa ville natale , l'opération de la pi^re , lors-
qu'elle était inconnue encore dans le reste de la France,
tandis qu'on la pratiquait déjà en Italie et en Allema*
gne. (2] Louis XI attira Gollot à Paris, et ce fut en
1474 (a) qu'il fit la première opération à' grand appa^
reil qui ait été faite à Paris. Cet habile opérateur vint
mourir à Luçon , au commencement du XYL*" siècle^
34. On arriYB au temps où certaines églises oble^
paient des privilèges particuliers. Aussi on .volt , en
1479, Jean Tbolin, cardinal-prêtre, agissant au nom
du souverain pontife , accorder cent jours d'indulgence
à jamais à ceux qui visiteraient l'abbaye de la Blanche
de Noirmoutiers (4) et aussi à ceux qui feraient l'au*
mône à cet établissement ecclésiastique, qui se trouvait
en avoir besoin. Ces mdulgences furent présentées d'a-
bord à révèque de Luçon , pour avoir son visa , puis-
qu'il s'agissait de leur faire produure effets dans son
diocèse.
(i) Jur^menttMm tolenme quod soht fiert in recepiiom. stn^
gulorum canonicorum hute ecclestœ ( Lttctonensi ) :
Ego N. canonîcas ecclesiae cathedralis LucîonensU jnro et
promitto ^eate fideltt kuic ecclesi«. Item qnodl Jura , ret , liber-
tates ejusdem pro viribos defendam. Item quodf sécréta capital-
ria oemini paodam « . neqne etiam alteri domiDorum ,. si de eo
tractatum fuerit. Sic me Ûeus adjuvet , et sont bec sancla Oei
evangelia.
fS) Glémencean de la Serrîo , Tabieties Htwèotifws,
(S) Chroniaue Scandakuw « sur l'aa AA74.
(4} Jlf .* de là. ionienêém.
1481-4490) Nicolas Bout AUD| 15.* èyèqve. ( 153
35. Une police , poar la conservation des dignes et ca-
naux de dessèchements des marais » était nécessaire ,
afin de conserver de si précieux travaux. Aussi , le
10 juillet 1481 , des ordres furent donnés par le sé-
néchal de Poitou y contre Jean de la Tremouille[l) « pré-
vôt de Luçon , • qui se permettait de faire pacager
des bestiaux sur le grand bot. On lui reprochait aussi
de vexer les bouchers de Luçon. Dans ces lettres , on dit
que l'achenal qui va de Luçon à la mer est d'une grande
utilité pour le commerce. (2)
36. n a déjà été question du droit ûuRoi-^BtBuf. Il oc-
casionna encore , en 1482 , un procès qui se termina par
une transaction passée entre Tévéque de Luçon « d'une
part. Maîtres Suzannet et Catherine CoifTard, sa femme
d'autre part. Ceux-ci , en remplacement d*un quart du
droit du Roi-Bceuf, qu'ils devaient sur un certain flef,
s'obligèrent de payer à l'avenir à l'évéque , une rente
annuelle de trente sous* (3)
37. Au commencement de l'été 1486 , on se mi( à
jouer des Mystères à Poitiers (4) et on s'y rendit de
toute la province et même de Luçon. On sait que c'est
là l'origine du théâtre Français.
38. Nicolas Boutaud mourut , le 27 décembre 1490 ,
après un très-long exercice de ses fonctions. Un de mes
catalogues lui donne vingt-huit ans , dix mois et douze
jours d'épiscopat. M. de Beauregard^qui a probablement
suivi le cartulaire, élève ce temps à un an de plus. Il est
(1) C'était SUIS donta un bâtard de la maison de la TreaowUe.
(î) Jlf .• de B, Fonteneau.
(3) M. de Beau regard. Eçique» de Luçon,
<&) Drem-da-Radier . Btàl. du Fo9iou. — Mémoires M.»
20.
154 } MATRumif rm Dercj^ , 16.< tvÈQtt. ( 1491
probable , comme je Tai déjà dit , que, dans un de ces
calculs , onatenu compte à ce prélat du temps où il avait
exercé comme coadjuteur*
IV. MAtHURIN DS DeRCÉ , OU DE HeRCÉ , OSt pOUr
moi le i6.* évéque de Luçon. (1) Il était de la maison
de ce nom ou plutôt de Hercê , qui a fourni plusieurs
prélats à l'église et notamment , en dernier Ueu^l'évèque
de Nantes ; cette famille est des environs de Laval.
2. Mathurin de Dercé , était doyen (â) du chapitre
de Luçon y lorsqu'il fut nommé, par ce même cha-^
pitre 9 au scrutin et à la majorité des voix , à la
dignité d'évèque de ce diocèse. On doit croire que les
chanoines , qui devaient être pressés d'user d'un droit
que l'autorité royale voulait leur enlever, ISrent ce choix
presqu'aussitôtlamprt de Nicolas Boutaud, c'est-à-dire,
dans les premiers jours de 1491.
2. Il est toujours certain que Mathurin de-Dercé fui
élu évêque , avant le 21 avril 1491. En efifet , dans
Jl) L'abbé Hngnesda Temps, dans son livre du dergé de France,
îq«e Mathurin de Dercé eoi&ne évéque de Luçon • mais le car—
tulaire et les deux catalogues ne contiennent pas ce nom.M.de Reau-
regard indique l'élection seulement et les faits qui s'y rapportent';
i\ ttii lient pas compte du droit » tout en le reconnaissant.
(2) Mathurin de Dercé avait «ans doute remplacé , en qualité de
doyen du chapitre de Luçon, Aymeri Goyon , qui le premier,
avait été pourvu de cette dignité , lors de la bulle de sécularisa-
tion. M. de Beaure^ard s'éuit proposé de feire , pour les doyens
de Luçon , un travail analogue à son travail sur les évéqoes, mais •
d'après ce que m'a dit ce vénérable prélat , vien n'était encore
terminé , au moment de la grande révolution de 1789. Il est k re-
gretter que cet ouvrage n'ait pas été fini , sortout pour l'époque où
nous sommeil d'après ce passage du livre sur lesévéquei. cKous trai-
terons plus au long , dit l'auteur , ce trait d*histoire , dans le cata-
logue de nos doyens et nous rapporterons les titres inconnus jusqu'à
nous, qui nous ont appris l'origine des débats el le despotisme qui
força le chapitre de Luçon et son doyen au silence* » •
1491 j MàTOTEIN PB DBRCÉ, 15.* BVÊQI». ( 155
un acte de cette date, qui est le contrat du mariage
de Jean Chevalleau , seigneur de Boisragoo (1) avec
Louise de St.-Gelais de Lusignan , Mathurin de Dercé,
oocle de l'épouse , se qualifie d'évèque de Luçon.
3« Aussitôt sa homiaation à Tévéché de Luçon «
Mathurin de Dercé se rendit à Bordeaux auprès du
métropolitain (2) ^pour faire confirmer sou élection et^
il appela là qui de droit. Alors le procureur du roi ,
d'oD côté y et, d'un autre côté , Yalérien delà Roche ,
[3], Simon Assailly (^) et Nicolas Olivier , ciianoines,
formèrent opposition à la confirmation de l'élu , et
dirent qu'ils appelaient , comme d'abus , de l'élection.
Sur cela , Tarclievéque de Bordeaux , nomma des
commissaires dont faisait partie Florent de Allemagne,
abbé commandateur de St. Savin » et chanoine de
Poitiers , pour faire information.
5. Devant les commissaires présidés par Tabbé Fio*
reqt de Allemagne et au jour indiqué par eux , Ma^
thurin de Dereé comparut et rapporta le prpcé&-verbal
de sa nomination , en le taisant étayer par les déebh'
rations des chanoines , qui l'avaient loyalement et càr
noniquement éhi. Mais au même moment , Pierre de
Sacif rge , maître des requêtes ^ se présenta au no»
d« roi Louis XI» pour contredire l'éiection» et exposa
(1) Cette famille existe encore en Poitou et a marqué k plusieurs
^poqaes , et notanimeal lors des ^fuerres de .religion. Ua dases
membres , Chevalleau de la TiiUrdière , fi(;ure dans une histoire dA
sorcelierie , dent le souvenir a'cst conservé dans le pays.
(2) Ou Toit qu'alors l'archevêque conGrmait l'élection des évoque»
àe sa province.
(3) l'rebableineaf un LaBocke-Saint-Andié.
(4) Û'uno famille de Niort, encore existante, qui a fourni un per-
sonnaf^e qui a uarque daua l'Amérique franvaise.
156 ) MàTHURIN de DeRCÉ , 16.« ÉVÊQUE. ( t49i
que sa majesté , d'après la pragmatique-sanction , Ta- .
vait pourvu lui-même de révêché de Luçon et que
c'était à lui que devait être déféré le titre d'évêque.
6. Sur cela, les commissaires réservèrent aux par-
ties à se pourvoir, comme elles l'entendraient. Alors
TafTaire fut portée au parlement de Paris. Là, il y
eut de vifs et longs débats , et Matburin de Dercé et
et le chapitre de Luçon peignirent , sous des couleurs
fortes, mais trop vraies, la conduite de Pierre de
Sacîerge,dans cette affaire, et surtout la moralité de ce
personnage. Celui-ci chercha aussi à repousser les allé-
gations de son adversaire , <en le calomniant. Mais
la lutte , malgré que d'un côté était le bon droit , de-
vint tout-à-fait inégale , pour Matburin de Dercé.
f( Cette élection , dit M. âe Beauregard (1) fut con-
trariée par la nomination de Louis XI , qui sacrifia ,
en cette occasion , les droits de l'église à l'ambi-
tion d'une de ses créatures , sur là tête duquel il
accumula toutes les dignités. Le chapitre et son évê-
que luttèrent quelque temps contre la volonté absolue
de ce roi despote. Enfin Rome s'en mêla et , après
bien des débats , une transaction termina la contes-
tation. Pierre de Sacierge céda à Matburin de Dercé
une partie des domaines dé Tévéché et garda le titre
d'evêque.»
7. En effet , Matburin de Dercé voyant l'impossibi-
lité de prolonger la lutte, se vit réduit à plier , malgré
son bon droit. S'étant rendu à Poitiers , il transigea dcr
vaut notaires, le 19 novembre 1494 , sur l'intervention
(i) Evéques de Luçon.
i495] MatHITRIN BB DerCE , 16.* ÉVÈQVE. ( 157
de son parent, Charles de Saint-Gelais-Lusîgnan, évèque
de Margiteritis et abbé de Montierneuf , avec Pierre de
Sacierge, son compétiteur. Il céda à ce dernier tous
sesdroitsàréyécbéde Luçon 9 et celui-ci abandonna
à Dercé la terre des Magnilset consentit à lui &ire une
rente de 400 livres* De plus» il laissa à cet évèque, dé-
pouillé de son titre ^ la nomination A quatorze bénéfices»
savoir : deux dignités dans le chapitre» six prébendes
de chanoine et six cures. (1)
Cet acte assez extraordinaire par ses dispositions , fut
néanmoins confirmé par le Parlement. Il le fut aussi
par la confirmation de l'autorité papale , par bulle des
Kalendes de février 1494-1495.
8.0n nesaittropce (Juedevint Mathurin de Dercé» aprôs
cet arrangement. Sans doute qu'il vécut paisiblement
avec les avantages que lui avait faits la transaction
de Poitiers » disposant des bénéfices laissés à sa des-
tination » en faveur de ses amis. Mais le chapitre de
Luçon» qui ne voulait, sous aucun prétexte , de Pier)re
deSacierge , fit encore une nouvelle tentative, qui ne
fut pas non plus couronnée de succès.
T. Pierre de Sagierge est par moi indiqué cpmme
le XVII.* évèque de Luçon. J'ai déjà dit qu'il ne fut
point élu par le chapitre et que ce fut Louis XI' et le
pouvoir papal qui rélevèrent au siège de Luçon ,
malgré Tèlection régulière , faite par le chapitre» de la
personne de Mathurin de Dercé.
2. Pierre de Sacierge était d'une famille noble
du Haut-Poitou , et fils du premier mariage d'Etieune
(i) Cet indications recllficront la Gallià Chrtsttàna,
158 ) PlEABB DjÊE SACIJBRGB& , 17.« ÉVÈQU^ . { i4aS
de Sacierge (1) avec Jeanne Regoaud 4e la Moriniére ;
il y eut aussi de cette union une fille, Sibile de Sacierge ^
qui épousa Jean Ferré (2) , et on parlera des en£auDits de
ces deux époux, dans cet article.
3. On a déjà indiqué la répugnance du chapitre de
Luçon à recevoir Pierre de Sacierge pour évêque ; il
faut en faire coniiàttre la cause.
(( Brantôme , dans son éloge du roi Charles VIU , dit
M. de Beauregard (3) , rapporte Tbistoire plaisante du
fou de Louis .XI , qui osa lui reprocher d'avoir fait
mourir son frère , en rapportant l'aveu qu'il avait
fait de son crime à l'image de Notre-Dame de Clêry.
a Entre plusieurs bons tours de dissimulations ,
feintes , finesses et galentries que fit ce bon roi , en
son temps , dit Brantôme » ce {ht cehd , lorsque par
gentille industrie , il fit mourir son frère , le duc de
Guyenne , quand il y pensoit le moins et lui faisoit
le plus beau semblant de l'aimer ^ lui vivant , et de
le regretter après sa mort , si bien que sinon par le
moyen de son fol , qui avoit été audit duc son frère ,
et il l'avoit retiré après lui aprè^sa mort , car il étoit
plaisant. Etant donc un jour dans ses bonnes prières et
oraisons à Cléry , devant Notre-Dame , qu'il appéloit sa
bonne patronne , au grand autel , et n'ayant personne
près de lui , sinon ce fol , qui en étoit un peu éloigné
(1) On sftit qu'il a existé* dansr 1« diocèse de Poitiers , un 0U>na#-
tère appelé Sacierge ; on i|3;iiore si c'est de là que la famille de
l'évéque de Luçoa tirait sou nom.
(2) La famille de Ferré existe encore dans le ITaut-Poitoa.
(?) Evéquet de Lnçon,
^
U9^] PlBR&B DE SACIERGBt i7/ÉTÉQCE. (159
etdnqnel il ne se doutoit qu'il fht si fol , fet , sot ,
qu'il ne pîM rien rapporter ; il Tentendoit » comme
il dis(rft : <r Ab I ma bonne dame , ma petite maîtresse ,
9 ma grande amie , en qui j*ai eu toujours mon re-
» confort f je te prie de supplier Dieu pour moi et
» estre mon advocate envers lui , qu'il me pardonne
» la mort de mon frère « que f ai fait empoisonner
» par ce mescbant abbé de St.-Jean , ( notez encore
qu'il eust bien servi en cela , il l'appeloit mescbant;
ainsi faut-il appeler toujours telles gens de ce nom ; )
» je m'en confesse à toy comme à ma bonne patronne
d et maltresse , mais aussi qu'eussé-je sceu faire ? Il
h ne faisoit que troubler mon royaume. Fay-moy
^ doncques pardonner , ma bonne dame » et je scay
M ce que je te donneray ». [ Je pense qull vouloit en-
tendre quelques beaux présents , ainsi qu'il étoit cou-
tomter d'en faire tous les ans force grands et beaux
à l'église ). he fol n'étoit point si reculé , ni dépourvu
de sens , ni de mauvaises oreilles , qu'il n'entendit
et leiint fort bien le tout ; ensorte qu'il le redit à
lai » en présence de tout le monde > à son disner et
à autres , lui reprocbant ladite affaire et lui répétant
souvent qu'il avok (ait mourir son firére.
» Qui fut étonné « ce fut le Roi ; ( il ne fait pas
bon^ se fier i ses fols qui quelquefois font des traits
de sages , et idisent tont ce qu'ils savent » ou iHen
le devinent par quelque instaict divin ; ] mais il ne
le garda gudres ^ car il passa Je pas • comsie les
autres , de peur qu'en réitérant , il fiit scandalisé
davantage. »
4. c( Nous sommes forcés de le dire, dit le vénérable
160) Pierre de Sacierge, IT/évéqce* (1496
personnage qui s'est occupé avant nous des èyéques de
Luçon (1). Pierre de Sacierge dut la faveur de Louis
XI à la faiblesse avec laquelle il consentit à déplacer
d'un dépôt public et à livrer au roi des actes dont il
était dépositaire et qui eussent transmis à la postérité
la preuve incontestable que Louis était coupable d'un
fratricide , mais la véracité de Thistoire nous a vengé
de cette trahison , et le tribunal devant lequel les
rois doivent trembler , a couvert d'opprobre Louis
XI , le tyran et l'assassin de son frère le duc de
Guyenne.»
5. c( Voici ce que dit Bouchet , en ses annales d'A-
quitaine , année 1472 :
« Un jour que lé duc de Guyenne goùtoit avec
» ladite dame de Montsoreau , au lieu de St.-Sever ,
» l'abbé de St.-Jean-d'Angély , para une pêche qu'il
» donna à la dame de Montsoreau pour boire » dont
» elle mangea la moitié , et le duc de Guyenne l'au-
» tre en mauvaise heure,; car bientôt après ladite
» dame de Montsoreau alla de vie à trépas et ledit
» duc de Guyenne n'en fit depuis son profit, et l'an
» 1472 , le 12 de Mai , mourut à Bourdeaux. Or ,
» faut-il entendre que, avant le trépas du duc, Tabbè
» fut accusé d'avoir baillé la poison (2J en ladite pêche
)> à ladite de Montsoreau et au duc » et fut consti-
» tiié prisonnier , et pour faire son procès , parce
» qu'estoit homme d'église ^ commis à l'évesque d'An-
(1) M. de Beauregard , Evéqueê de Luçon.
(2) Le peapk du Ba«-Poitou met encore le mot poiion au féminin.
1496 ) PlERlUB DE SaCIERGE , 17.« JÊYÉQUB. ( 161
» giers le cardinal (1) la Ballue et à Messire Louis
» d'Ainboise et estoit greffier M.« Pierre de Sacierge ,
» secrétaire dudit éyéqne d'Angiers. Dés que le roi fut
» averti du trépas du duc de Guienne , son frère , il
» manda audit H.® Louis d'Amboise qu'il se retirastde-
» vers lui et lui feroittout plein de bien et mener avec
» lui ledit Sacierge , son greffier , mais qu'il apportast
» avec eux le procès qui ayoit été fait contre Tabbé
» de Saint-Jean-d'Angély. Ainsi on rescrivit audit M.«
» Louis , et [à frère Pierre d'Amboise, son frère, qui lors
» étoit abbé de Saint-Jouinnle-Mames, près Thouars,
» et à cette rescription lesdits d'Amboise et de Sacierge
» s'en allèrent vers le roi Louis et emportèrent avec
^ eux ledit (procès , qui fut cause de rappeler en grâce
1» les enfants de Messire Pierre d'Amboise , seigneurde
^ Chaumont [2] , qui estoient douze , tous enfants ma-
^ les , lesquels ont fleuri dans la cbevalerie et en
» l'église ; car ledit Louis d'Amboise , fut tantôt après
» évesque d'Alby% l'autre abbé de Cluny , l'autre ar-
^ chevesque de Rouen (3).. Et au regard dudit Sacier-
^ ge , fut procureur du roi au grand conseil , puis
^ nialtre des requêtes , puis évesque de Luçon et de-
* puis cbancelier de Milan , pour le roi Louis XII ,
i» lesquelles choses ont donné grosse occasion de penser
» que le roi Louis XI étoit coupable dudit empoison*
^ nement , dont toutefois n'a rien esté escrit par les
(i) On sent combien un homme aasȔ corrompu que la Ballue
pouvait inspirer de confiance. Avec un pareil jupe , Louis XI
ponyait faire décider le procès , selon son bon plaisir.
(%> Ce beau château que l'on voit à gauche de l'autre edté de
la Loire , en allant de Tours à Paris.
(5) « Nous en connaissons un autre , dit M. de Beanregard »
abbé de I^otre-Dame da Poitiers et enterré dans cette église ».
21.
162) Pierre de Sacibrge, 17/ èvèqce. 1496
y> chroniqueurs : Quant à moi , je ne le puis croire ».
Les dernières expressions étaient dictées par la pni-
dence. Bouchet a commencé à écrire du temps de
Louis Xn et de M. de Sacierge, mais la franchise
ayec laquelle Bouchet nous cite des faits certains dé<-
montre qu'il était persuadé du crime de Louis XI.
Belleforest , La Noue et Dupleix rapportent les mêmes
faits et de la même manière.
6. On ne peut guère se dispenser de parler ici de
Jean Faure Versois , abbé de Saint-Jean-d'Angély ,
qui aurait été instrument dont se serait servi Louis
XI , pour Tempoisonnement de son frère le duc de
Guise. « On scaît , dit M. de Beauregard (1) , que lé
duc de Bretagne détenant en prison Vabbé de St.-Jean-
d'Angély , dans le château de Nantes , après un conp
de tonnerre , il fut trouvé mort , la tête violette , la
langue sortie de la bouche. On crut qu'il avait été
empoisonné par le roi Louis XI (^) ».
7. La conduite coupable de Pierre de Sacierge ne
parait pas douteuse. Dépositaire de pièces importantes,
il les aura livrées à Louis XI , qui usait souvent de
pareils moyens et qui s'en servit notamment dans la
grande afTaire de la spoliation du vicomte de Tbouars ,
ainsi que je l'ai prouvé ailleurs (3). Un écrivain qui
s'est occupé spécialement de l'histoire de St. Hilaire-
le-Grand^ de Poitiers (4), attribue la faveur de Sacier-
(1) Eçégues de Luçon.
(2) Dom Lobineaut comme Tajonte M. d« BeaoregarJ, con-
trarie ce dernier fait.
(3) Voir mon Philippe de Comyne en Po/t<m,
, ('i) Bapaillon . . Htitoire nuinuêcrùe des dfffn'iairês de Sami
Hi'aire de Poitiers. .
1496 ) PlERSB PB SaCOR^E » i7.« ÉViQUC. ( I6S
ge à la mèoie cause. Elle fut tellement grande que
les bénéfices s'amoncelèrent sur sa téie. Il fut à la foi^
jnaitre des requêtes, sous-doyen de. Saint Hilaire-ler
Grand (i) , chanoine de TégUse cathédrale de PoiUers,
abbé de Notre-Dame la grande de la même ville (â) ,
{»rieur de Cbàteau-l' Archer , en Haut-Poitou , en aU
tendit que d'autres dignités tinssent se reposer sur
sa tète.
8. C'est dans cette position qu'il vint disputer l'é-
Téché de Laçon à Mathurin de Dercé y légalement êbi
par le chapitre. On a vu comment il apparut à Bor-
deaux , devant le métropolitain, réclamant pour lui et
avec la protection et la nomination de Louis XI , une
dignité qui ne lui appartenait pas. De guerre lasse ,
l'évéque élu flat obligé de céder et Dercé se retira du
débat, ainsi qu*on Ta dit, avec des avantages pécu-
niaires et le droit de nomination à quatorze bénéfi-
ces, dcmt huit dans le chapitre dont il était doyen f
«t qui Favait honoré do ses suffrages.
9. Mais le chapitre de Luçon ne voulait pas abso-
lament avoir Pierre de Sacicrgc pour évoque , sans
doute parce que la conduite de ce personnage lui était
trop connue. Aussi, dès qu'il eut connaissance de la
transaction que Mathurin de Dercé avait faite avec le
persoDoage , objet de son mépris , il considéra le
siège épiscopal comme vacant et il procéda à une
nouvelle élection. Le choix tomba sur Gilles Mar-^
(1) n oecapalt cette place , dij U90.
(2) L'épitfe dédicatoire de Pi«rre-Jacqaes de Vitry, dont j«>
parUiai pluf tard , donne poallivcuiiut ce tilre à $Aciec^4.
154 ) Pierre de Sàcierge » i7.« évéque. ( 1499
chand (1) • Et celai-ci était appuyé par Maurice Cla-
veurier , lieutenant-général à la sénéchaussée de Poitou
qui fut même solliciter à Paris pour son protégé.
Néanmoins Pierre de Sàcierge l'emporta encore et
Gilles Marchand fut débouté de ses prétentions et
même condamné à une amende , ainsi que les cha-
noines qui rayaient élus. Dans cette affaire ^ on dit
à Pierre de Sàcierge des vérités dures , celui-ci rc-
pliqua^ en portant des accusations graves contre son
adversaire , et ceux de son parti. La cour ordonna la
suppression des mémoires publiés, de part et d'autre ,
qui étaientde véritables libelles difTamatoires, et défen-
dit aux avocats d'en* faire paraître, de semblables à
l'avenir , à peine d'amende arbitraire (2).
10* Dans une telle position , il n est pas étonnant
que Pierre de Sàcierge fût plus souvent à Poitiers
que dans le BasrPoitou. Aussi M. de Beauregard dit
qu'il ne résidait que trés-peu dans la ville de Luçon
et que le temps qu'il donnait à son diocèse , il le pas-
sait au château des Moutiers-sur-le-Lay.
11. Les bénéficiers du diocèse de Luçon résistaient
encore aux droits de visite que l'évêque voulait exer-
cer sur eux, malgré la décision rendue contre le mo-
nastère de Saint-Michel-en-l'Herm. Dans un autre
procès , jugé le 22 juin 1499 , Pierre de Sàcierge
obtint de nouveau gain de cause (3).
12. Il parait que ce prélat jouissait toujours de la fa-
veur de Louis Xn /puisqu'il était près de lui , en i499
(1) Cet évèqne élo a été inconna à BI. de Beauregard.
(3) Ibid.
1499 ) PlEBBS BE SACIEBGE 9 17.e ÉVÉQUE. ( 165
lorsque ce prince reconnut les privilèges et les droits de
la province dont il épousait la souveraine (1), Anne de
Bretagne , auparavant veuve du roi Charles VIII 9 son
{NTédécesseur.
13. Alors vivait René Gamier , né à Luçon , qui
passait pour le plus savant homme de son temps (2}*
Ce fut dans le droit civil qu*il excella et on croit qu'il
le professa à Poitiers. Son esprit était vif , a-t-on dit
(3] , son geste agréable , sa voix sonore , et personne
ne se tirait avec plus d'adresse de l'embarras résultant
de la contradiction réelle ou apparente des textes de
droit. Néanmoins, on le dira , aucun ouvrage n'est at-
tribué à René Gamier et son savoir , dès*lors , sera
demeuré inutile par ceux qui sont venus après lui.
14. Nous arrivons à l'époque où Pierre de Sacierge
fut appelé à jouer un grand rôle en pays étranger ,
position dont il a été déjà dit un mot. On croit que
ce fut par l'entremise du cardinal d'Amboise , alors
principal ministre » avec la famille duquel il avait eu
des relations , ainsi qu'on l'a vu , que l'évéquej de
Luçon. parvint à entrer dans les bonnes grâces de
Louis XII ,*qui régnait alors. Aussi , quand ce prince
(Vi Voîcî l'ordre des comparants» présents à cet acte roois :
par le roi. MM. les cardinaux de St. Pierre ad Vincu/ac\ d'Am-
boise ; le seigneur de Ravestin . le prince d'Orange , le marquis
de Rothelin , les comtes de Bohan , do Guise , de» l-igny . de
Danois , de Bieuz , les évèquesd'Alby , de St. Brienc , de Luçon,
de Léon , de Septe » de Cornouailles , de Bayeus ; MM. de Gié
et de Bandricourt , maréchaux de France » de Sens , chancelier
de Bretagne , de la Tremouiile , de Chanmont , de Beaumont ,
d'Avaugour , de Tournon ; les abbés de Bédon , etc.
(2) Dreux da Badier . Bib. du Poitou , t. I, p. 430.
(3) L'auteur des additions A TociTrage de Jean Tritbeme , ayant
pour titre : De ^Scriptoribus Ecclé9iastict$.
166 ) Pierre de Sacierge , 17.^ bvéqcB' ( U^9
se décida à aller , avec une armée , revendicjoer les
^oits qu'il avait sur le duché de Milan , du chef de
Valentine Visconti , son aieule , le personnage dont
nous nous occupons fut de Texpédition. On sait que lé
roi de France et son armée étaient, en juia 14^9 ,
à Lyon , et que celte même armée qui ne tarda pas
à passer les Alpes , s'empara en vingt jours du Mi*
lanais » sous le commandement du maréchal de Trivulce»
Alors Louis XII voulut jouir de son triomphe ; il
arriva en Italie et fit son entrée triomphale à Milan ,
le 6 octo})re 4499 et il paraît que Sacierge y figura ,
car c'est lui sans doute qu'a voulu indiquer Jean d'An-
thon » sous la dénomination d*Évéque de Pallmu (!}.
15. Pierre de Sacierge devait , en effet , pa-
raître dans cette cérémonie , puisqu'il était appelé à
exercer une haute fonction , dans cette contrée.
Louis XII l'ayant nommé chancelier de Milan ,
il se trouvait placé à la tête de la justice , dans
un pays dont la valeur française avait si prompte*
ment fait la conquête.
16. Le roi de France repartit pour se rendre dans
ses états , au commencement de décembre 1499 , et
dès le mois de janvier 1500 , les Milanais se révol-
tèrent, à mesure que Ludovic Sforce revenait , pour
reprendre possession de son duché , avec une armée
de 8000 Suisses et un secours de l'empereur. Alors
une partie des Français qui se trouvaient à Milan,
(i) «Il n'y a jamais eu, dit le bibliophique Jacob , dansrédilion
qu'il a donnée en 1834, des Chroniques de Jean étAuthon ,
d'évéché à PalUaa , en Poitoa- ; mais k Lnçen , dont Pierre de
Sacierge était alori évèque «.
f 500 ) Pierre de Sacibrge , 17.e évéqcb. ( i67
et notammeiit le chancelier de Sacierge , se retirèrent
dans le chàtean de cette ville (1) , tandis que le maré-
chal de Trivttlce se jetait an dehors , pour tenir la
campagne.
17. Sur l'avis qui fut* donné à Louis XII de la
révolte des habitants de Milan et de la reprise de pos-
session de Ludovic Sforce , il envoya une armée atf«
delà des Monts , sous le commandement de Louis de
la Tremouille , en même temps qu'il e^ipédiait son
premier ministre , le cardinal d'Amboisé , en Italie.
Louis de la Tremouille et son armée étaient , au
commencement d'avril 1500, dans les envirms de
Novare , devant les forces de Ludovic Sforce» et prêts
à leur livrer bataille ^ lorsque » après plusieurs jours
de pourparlers , ce dernier fut abandonné par presque
tous les siens. Plus que cela , les Suisses qui étaient
demeurés avec lui le trahirent au dernier pomt , car
{{) m\jB iroîsiioit jttjtT ds février (ISOO) • tvr les cîiiq henret da
initia , sortirent de la place (Atn Milan) le cornue de Ligny , le seî-
gnenr Jean-Jacquea (Trivalcf) . le seii^nenr d'Anzon et le capitaine
Couraioge . avec troit cents hommes d'armes et deux rents Suisses.
Pour la f^arde do château demeurèrent 500 soudards, sous la
garde da seigneur de ITspy et de IVIessire Codebecarre , capi-
taines de la place . avec grand'force d'artillerie et de vivres ,
pour bien long-temps ; et avec eux demeurèrent le cardinal de
Cdme « Tévèque de Luçon , cbaoceller de Milan , l'évéque de
Kovare , nn ambassadeur de Venise , lequel mouroit de peur ;
Messire Claude d*Ais et Messire Geoffroy Caries , docteurs ; la
comtesse de Mîsoc » femme ^a seîgnenr Jean-lacques » et une
sienne fille. Après que tout fut mis en ordonné police , au partir
pria le comte de Ligoy , les capitaines de la place , que à la
garde d'icelle eussent le profit du roi et leur honneur , pour
recommandés ; et que de danger n'eussent doute , ear leur se-
cours et oit en voîe^ qui asMa d'hette Itiit tiendroit àbefoin ».
Chronigues de Jean d'Authon,
168 ) Pierre de Sagierge , 17.«évéque. ( 1500
ils le liyrèrent au général français , qui le fit ainsi
son prisonnier. Ce malheureux prince conduit d'abord
à Pierre-Encise , puis dans un château du Berry ,
fut enfin confiné dans les prisons de Loches où il
mourut, au bout de quatre à cinq ans.
18. La nouvelle de la capture de Ludovic Sforce
et celle de son frère , le cardinal Ascagne , qui devint
aussi le prisonnier des Français , fut bientôt connue
dans le château de Milan. Cette forteresse , aussi , ne
tarda pas à être délivrée , la ville ayant ouvert ses
portes au cardinal d'Amboise, qui y arriva le lende-
main (1) du jour où l'ancien duc de Milan était tombé
dans les mains des Français (2).
Nous ne nous arrêterons pas à une entreprise qui
fut faite pour brûler le château de Milan (3] , et nous
arriverons à un acte , d'un genre particulier.
19. Dans ces àiècles éloignés de nous ^ il était des
règles inconnues au temps où nous vivons. Une révolte,
une émeute avait-elle lieu , ce n'était pas assez de
punir ceux qui y avaient joué un rôle principal , on
rendait encore les masses responsables de cette in-
fraction à la soumission due au pouvoir. En général
on ne faisait plus de ces exemples si cruels , qui
consistaient à anéantir des populations entières ou au
moins à les décimer; mais il fallait une expiation et
elle consistait dans une amende honorable, dans une
demande générale d'un pardon , pour le manquement
(1) Le il avril l&OO.
(2) Chrontçues de Jean tfAuthon,
(5) Jbid.
qo'bii avait à 86 reprocher* ^om allons trouver an
exemple de eette manière. Et d'abord , voyons la
formé employée poor cette sorte de demande d'am-
nistie.
« Le quatorzième jour d'avril (1500), dit un au-
teur, qui mérite toute confiance (1) ; les seigneurs et
Potestats de Milan se rendirent à Y igève , au-devant
du cardinal d'Amboise , pour le supplier très-hum-
blement que son plaisir fust aller prendre logis dedans
la ville de Milan , et regarder le peuple d'icelle en
pitié , sans le vouloir du tout punir , selon le démé-
rite de son forfait ; auxquels fit réponse ledit car-
dinal , que pour l'heure , en la ville souillée de vice
tant prodigieux, n'entr^^it , mais an château , qui
toujours avoit tenu bon pour le roi , s'en alloit loger :
et qu*il fit »•
20. Tenons à la cérémonie qui suivit et comme dit
Fauteur que nous suivons, à Vamende honorable pour
le roif que ceux de la ville de Milan firent, pour
satisfaire à leur rébellion.
« Le jour du saint-vendredi , IT.^» d'avril ( 1500 ), dit
l'auteur déjà cité {2) , à la prière et supplication des
seigneurs et du peuple de Milan , lesquels se soumet-
toientà la miséricorde du roi et au plaisir et vouloir
du cardinal d'Amboise', comme lieutenant-général du
dk seigneur , promettant , de corps et de bienâ , i
leurs méfaits et défauts du tout satisfaire , pour rece-
voir l'tfnende honorable d'iceux , et aussi pour traiter
(1) Jean JTAatlkon , Iiittorîographe et cliroiiîqiieat- an roi.
(1) Chroniques de Jean d'Authon,
170 ) PlBRAE BE SaCIERGE , 17.« ÉTÉQIIB' ( IMO
de la profitable due aa roi (1) » à cause des frais et
mises que , au moyen de leur rébellion» avoit atancés»
en la maiscMi de la ville se transporta ledit cardinal
d'Amboisç , accompagné de l'évéque de Luçon , chan-
celier de Milan , du maréchal de Trivulce , du sei-
Ipieur de Grammont , du seigneur de Neufchâtel ,
et de plusieurs grands personnages.
» Les plus solennels misséres et autre menu peuple
.de la ville , avec quatre mille petits enfants , à chefs
découverts , et vêtus -de robes d'humilité , en proces-
sion générale , avec l'image de notre Seigneur Jèsu»-
Christ en croix, illec à la venue dudit cardinal
d'Âmboise s'assemblèrent ; et , par un docteur firent
proposer maintes belles choses , promettant de non
jamais commettre rébellion, ni faire chose contre la
sacrée majestée de la France, ne faire chose contre leur
honneur , dont ils pussent de nul reproche ou diffame
être notes ou atteints , et que delà en avant semble-
roient St. Pierre , lequel , pour avoir Seigneur Jésus-
Christ renié , eut de ce méfait tant amère douleur ,
que tout son temps , après ce délit , plus fervent ea
fut en son service ; et , sur ce , fit le cardinal Réponse»
que St. Pierre avoit trois fois renié son maître , et
que eux d'ainsi le faire se donnassent bien garde.
Après ce, demandèrent humblement pardon de leur
déloyauté et rébellion , en obligeant eux et leurs
biens , pour les mises et dépenses que le roi avoit ,
à ce moyen , faites pour mettre sus son armée , à la
somme de trois cents mille écus , requérant audit
cardinal, que l'armée de France, qui. encore étoit
(1) CeU t'entend d'une groMe amende à payer an roi.
1500 ) PlBRRB m^ SAaERGB , tT.« ÉTAQUIT. . ( 171
en Lombardie , fui» le plus tôt que faire se pourrotl
renyoyée ea France; pour alléger le pays, qai'plus
sans désertion ne la pouvott soutenir, et puisque^
chascun fut réintégré dans son ofiDee. Plusieurs
autres requêtes mirent sus , qui- trop longues
sieroient à décrire. Leur propos mis à fin, ledit car-
dinal d'Amboise la réponse consulter \oulut avec,
l'évêque de Luçon, le maréchal de Trivulce , le sei-
gneur de Grammont et autres chambellans et conseil-
lers du roi ^ qui là étoient , et fut avisé qu^^un nommé
Michel Ris , docteur en chacun droit , feroit la ré-
ponse , par laquelle montra clairement aux Milanois
leur déloyauté damnable, inexcusable trahison et ir-
réparables défauts; et ce , néanmoins , pour démon-
trer à iceux iniques $ que le pouvohr de douce misé*,
ricorde amollit le glaive de rigoureuse justice , sup-
posé que, parleur démérite, eusse mortelle puni-
tion desservie ; ce nonobstant leur donna , de par le
roi , ledit cardinal , leurs vies et biens sauves , les.
exhortant , nne foi pour toutes , de non jamais com-
mettre crime de rébellion mémoriale , à peine de
punition àtoujours-mais encourir ; et au regard de leurs
requêtes , fut dit qu'ils les bailleroient par écrit , et
que réponse telle leur seroit faite , que contenter se
devroient et exceptant toutefois de la rémission les
iiuteurs principaux de la rébellion ; et , ce fait , tous
les petits en&nts passèrent en procession devant le
cardinal d'Amboise , en criant à haute voix : France /
France 1 miséricorde ! ».
Si. Plus tard (1] , le roi envoya dans le Milanais y
(1). Em jviUtt 1900.
172 ) ^Pimus DE Saciejblge» 17 • étAqub. ( iSQ2
pour gGUY0ni€ar cette province, Charles d'Amboise ,
saigneur de Chaumont , neveu du cardinal d'Amboise.
C'était encore un des amis de Pierre de Sacierge. Mais
celni-ci ne parait pas avoir beaucoup prolongé son sé-
jour en Itatie 9 car on le retrouve bientôt en Poitou.
22. En effet , Guillaume de Chenelle , capitaine de
Montaigu, avait été excommunié par l'évéque de
Luçon et il recourut au métropolitain, qui admit son
appel. Pierre de Sacierge s'adressa alors au pape Ale-
xandre YI 9 qui déclara , qu'en agissant comme il
l'avait fait , l'archevêque de Bordeaux avait entrepris
sur les droits de l'évéque de Luçon , son sufFragant (1).
23. En ce temps , il existait en Poitou une grande
famine , dont le clergé de Luçon , d'après certaines
données (2) , fit ensorte d'atténuer les effets » dans
tout son territoire. Pour foire connaître toute la ri-.
V gueur de ce fléau , nous allons laisser parler un
écrivain du temps.
ce En cette même année 1502 (3) , là peste eut cours
par le royaume de France , et mémement en Bour-
bonnois , Berry y Saintonge , Poitou , Touraine , An-
jou , et au pays de France, comme àTParis, à Orléans et
en plusieurs autres lieux ; et tant , que les autres villes
et villages demeuroient inhabités , et s'enfiiyoit le peu-
ple par les bois et déserts pourillec se loger et garantir
leurs vies , où souvent se mourroient sans secours,sans
adjutous y et deconfès/comme bétes brutes , demeurant
(i) M.* dt JD. FonUneau.
(2) Mémoires M.s.
(S) Chroniques de Jean d'Authon.
1503 ) PiBBRB PB SACIBE6B y IT.» É^ÈQO^. ( 17»
Henàa» sar la dure, au danger des chiens et des loups,
qoi souvent à panse pleine en faisoient leur pâture : tel-
lement que, après que les acharnés et curés en furent, se
prirent ftiix. petits en&nts par les champs , et i la
parfio anx hommes ; si que plusieiirs en dévorèrent
et eussent plus à plein , si le roi et les seigneurs
de France n'y eussent pourvu, par chasses-continuelles»
d<mt ils nétoyèreni le pays ».
24. Après avoir fait connaître que la non résidence
était un des griefs du chapitre contre Tévêque , M. de
Beauregard parle d'un procès qu'il avait trouvé dans
les archives.
« La contestation Itat mise, dit-il, vers 1^03. Le
chapitre avait nommé à trois hebdomades»qui avaient
vaqué au mois de septembre, dans un temps où la peste-
était grande et dangereuse , au lieu de Luçon ; sans-
doute qu'il n'avait pas consulté son évéque. Les trois
hebdomadiers décédés étaient Pierre Herlet, Messire Ni-
colas Regnon (1) et Jeaû LocheFixi« Malgré que l'évéque.
eut nommé trois si^ets , le chapitre nomma de son côté
et un des pourvus fut Messire Robert de Réjarry ,
qui depuis devint chanoine. Sans doute que le chapi-
tre fut mécontent de voir Tévéque nommer seul à
ces offices et il invoqua, dans sa complainte, Tar-;
ticle du concordat fait avec l'évéque Routaud qui,
dit cette pièce , avait rendu la nomination commune,
pour que le chapitre eût quelque bénéfice à nommer.
Nous ignorons coounent cette affaire fut terminée ». .
» Le chapitre se plaint que son évéque ne faisait aa-^
(l) D'unt famille encore eiiitante , enr Bai^PuIia^
174 ) Pierre de Sa€ierge , 17.^ ivÉQUB. ( iS^oS
ciine résidence à Luçon , mais qu'il se tensdt habi>-
tuellement aux Moutiers-snr-le-Lay ».
25^ Cène fut pas la seule contestatioa » dit H.* de
Beauregard (1) , entre Tèvéque elson chapitre. Un vieux
débris de procédure nous apprend que l'êvéque s'op*-
posa à ce que le doyen présidât le chapitre , en son
absence » et prit le titre de chefl Le chapitre soute-^
nait le contraire et disait , en parlant affaire , que
révêque ne pouvait venir au chapitré et le^ présider
qu'avec les habits ordinaires des chanoines. Nous,
ignorons quelle fut la suite de cette affairée ».
26. Le titre d'abb.é de Notre-Dame de la Grenetière
étant venu à vaquer» Pierre de Sacierge s'en fitpour^
voir y sans doute par rautorité royale , vers Tannée.
1505. .
27. C'est ici le cas de noter un abus extrêmement
grave, qui s'introduisait dans les monastères et dont
la . nomination de Vévéque Pierre de Sacierge , au
titre d'abbé, était un ex*emple. On enlevait aux moines
le choix de leurs supérieurs et l'on donnait à ce chef
étranger à la maison , la plus grande partie des re^
venus 9 dont il faisait l'usage qu'il voulait. D'abord
les conojnandes, c'était ainsi qu'on appelait ces dis-
positions , ne furent que d'une courte durée et les
papes ne permirent de les donner que pour six mois
au plus. Dans l'usage, on conférait à des ecclésiasti-
ques séculiers les bénéfices réguliers , et on donnait
ainsi aux monastères des chefs qui n'avaient même
(I) EHqvMë de Xnfon.
iS06 ] PlElURB INB SaCIBRGE , 17.« ÉYÉQUE. ( 175
pas qualité pour les posséder. Les commandes ne furent
établies d'une manière fixe et à toujours , que par le
concordat de 1516 , dont on parlera bientôt.
28. On trouve, sous la date du 2 mai 1506 , une
sentence des abbé et chanoines de Notr>Dame-la-
Grande de Poitiers , sans doute délégués à cet effet ,
qui statue sur une complainte formée par Jean Susanet,
chanoine et sousnloyen de Téglise cathédrale deLuçon,
qui prétendait avoir été troublé , dans ses droits tem-
porels , par le chapitre et notamment par Messire
Robert Béjarry , Jean de la Morière , Yalentin de
Thorigné et Antoine de St. Gelais (1).
29. Chaque évêque de Luçon devait , à son entrée
solennelle , faire faire une chapelle , qui demeurait à
son église. Il paraît que Pierre deSacierge ne la fit
confectionner qu'en 1508 [2]. « Le marché fut fait avec
un marchand brodeur et il fut convenu que cette
chapelle , composée de trois chappes , une chasuble ,>
trois courbeaux, devait être plus belle que celle
donnée par Jean Mérïchon »,
30. On voit, d'après cette donnée comparative^ que
Jean Mérichon , avait lui-même donné une chapelle
à l'église cathédrale de Luçon. La famille Mérichon ,
actuellement éteinte , a joué un grand rôle , à cette
époque ; elle était de la Rochelle et possédait à Poitiers
le fief des halles. Jean Mérichon , dont il est question
ici , était propriétaire d'une belle maison à la Ro-
(I) M,» de V. Fcnteneau.
(^) M« âê Beavregard , Evéçuiê de Lmfon,
476 ) PnÊAftE DE SAGIER6B , 17/ ÈVÈQVti. { iM9
chisne {{) , très-bien conservée, es dernier lieu. Quoi«-
^'ayant dans la faveur de Louis XI , celui-ci le
croyait susceptible de bien défendre ses intérêts pécu-
niaires , même à l'encontre de lui ; car le rusé roi
écrivait à un de ses affîdés : « Tachez d'acheter la
maison de Jehan Méricbon , mais ne dit^ pas que
c'est pour moi , car il me la feroit payer trop cher (2) d.
31. L'habitude que Sacierge s'était faite de cumuler
les emplois à gros revenus ne lui faisait pas négliger
les moins importants y et même ceux qui étaient iur
compatibles avec une position plus élevée. Il était à
la fois évêque de Luçon et sous-doyen de Saint-
Hilaîre-le-Grand dePoi^ers. Or , on le voit, en 1509 ,
se faire nommer encore à une place de chanoine , dans
la même collégiale de Saint-Hilaire (3). La soif d'ar-
gent et de places, chez ce personnage, était réellement
inextinguible.
32. Pierre de Sacierge avait le goût des -construc*
tions et ses immenses revenVis lui permettaient de
satisfaire à de pareilles dépoises. Il par^t qu'» 1509,
il fit-reconstruire l'hôtel du sous-doyenné de Saint-
Hllaire-le-Grand de Poitiers (4j. Il fit aussi bâtir la
(I). J'ai vu cette maison occupée par un chef d'instltatîon ,
nommé Goblet.
(2) Arcère » dan» son Jiisfoire de la Bochelïe « ptfrU en détail
de la famille Mérichon. M. de Beaoregard reproche f avec raison»
è Thibaudeau , de n'avoir pas consulté cet outrage , car l'auteur
de V Abrogé de tHtsioire du JP^t'tou , oo parlp que d^OUvin
Mérichon.
(3) Bapaillon , Hiitaire manuscrtte des dtjfnitairea dt^ Saint"
Hilatre-ie-Grand^
{^Ibtd.
1509 ) PoSBfiS DE SaCIBHGB , 17.« tvÈQVE. [ 177
maison abbatiale de Notre-Dame-la-Grande , dans la
même ville (1).
32. Une construction plus importante encore , due à
Pierre de Sacierge , fut celle du collège de Geleam ou
i'Ageliasis , dans la grande rue de Poitiers ^ où les -
Minimes avaient été placés avant la révolution , et
qui sert actuellement à la manutention des vivres (2).
33. Une preuve encore du goût de M. de Sacierge
pour les lettres , est , comme le fait remarquer M. de
Beauregard , la dédicace qui lui fut faite par Pierre-
Jacques de Vitry (3) , d'un poëme latin , où il célé-
brait la délivrauce merveilleuse de la ville de Poitiers
du joug des Anglais, le 15 avril 1200 (4].
a Cet ouvrage , dit H. de Beauregard , écrit d'un
style très-recberché , dans lequel on trouve du feu
et de rimagmation , offre souvent des mots qui sont
inintelligibles »•
31. « On commençait sans doute , dit H. de Beau-
regard (5), à cultiver les sciences daus le diocèse de
Laçon, sous l'épiscopat de Pierre de Sacierge.
Bu moins , de son temps , on vendait des livres , qui
(1) M. de Bevare^nà, Mvéçuei de Luçon,
(2) Voir la notice particalière sur ce collège » qui le tronTS
asi pièces juitificalivee.
(3) Voici le titre de cet ovvrige''» imprimé en. . . . chea les
irktts Bouchel« à Jraitiers : < Petri-Jaeobi V ictriaeentit campam,
de triumphatiê » adj'utricê Maria fera « apud Pictones ,
Angh's ; lifter unuê , ad ritm doetusimum » tum reliogiâumum
Fttrum Saetergiacumt benignitate divinà Luxionentem Eptseopum.
I (h) Vojes dani les^fpièces justificatives-, la notice sur la dé^
livrtnce de Poitiers • à cette époque • ou plutôt sur ce qu'on
appelle le Miracle des Gléi.
(K) Bpéquêt de Luçon,
23.
178) PlKRRlS DE SâCÏËRGE , 17.c ÉVÊQtE. (1513
étaient encore tares , dans le lieu de sa résidence ; car
nous avons trouvé une lettre du roi Louis XII, donnée
à Blois , le 5 février 1509—1510 , par laquelle le
bon roi exempte de toutes charges publiques , comme
tailles , etc. , un libraire , nommé Jehan Clemenceau ,
demeurant atu» MomUers-sur-le-Lay. A peine en ce
moment , termine par dire le savant écrivain , et il
traçait ces lignes au moment où allait éclater la grande
révolution de 1789 , en trouvons-nous un , dans tout
le diocèse ».
' 35. « Si M. de Sacierge , a dû sa fortune , dit M.
de Beauregard à une infidélité , sans doute qu'il ra-
cheta cette faiblesse par de grandes qualités , au moins
de grands talents , puisqu'il sut conserver ses places
et son crédit sous trois règnes ; et qu'après avoir dû
son avancement à un roi cruel et perfide , il mérita la
confiance de deux rois , dont l'un fut l'idole du peuple
Jr^ançais , qui ne prononce jamais encore son nom
sans regret et qui lui décerna le surnom le plus tou-
chant , comme le plus beau ; il nommait le roi son
père ».
36. Ce prélat assista à l'espèce de concile qui tin! i
Plse, vers cette époque (1), car son nom se trouve
parmi ceux des pères de cette réunion ecclésiastique.
T^éanmoins quelques auteurs (âj prétendent qu'il n'y fut
pas , de sa personne , et qu'il se contenta d'y en-
voyer des députés.
37. n paraît que, vers la fin de sa vie , Pierre de
(1) De 1512 à i^m.
(s) M. de Beauregard , Evéçues de Luçon.
15U ) PlSRR£ m ÇaCIOTGB , t7.« l^YÊQUB. ( 179
Sacierge s'était démis de son titre de sous-doyen de
Saint-Hilaire-le-Grand , en faveur de Toussaints Ferré,
son neveu , fils de sa sœur, Sibyle de Sacierge. Ce qui
le prouve .c'est que les 6 et 7 septembre 1514 (1) ,
ce dernier prend le titre de sous-doyen de Saînt-
Hilaîre , en acquérant pour son oncle des maisons
faisant partie du collège de Geleasîs.
Du reste , Toussaints Ferré avait été , par sop
oncle , placé dans le chapitre de Luçon où il rem-
plissait l'office de prévôt. On en trouvera la preuve,
plas tard , dans les stipulations qu'il fit pour la suçr
cession du prélat , son protecteur.
38. Pierre de Sacierge cessa de vivre , le 9 septembre
1514 , et presque tous les documents sont d'accqrd à ce
sujet(2). Mais dans quel lieu? C'est là, la difficulté. L'abbé
da Temps (3), assure qu'il mourut à Padoue, en
Italie , et il suppose qu*il revenait du concile dePise.
• Mais, dit M. de Beauregard (4), nous n'en avons
point vu de preuves^et comment l'aurait-on d'aussi loin
transporté à Poitiers ? D'ailleurs ce fut par son ordre
que ToussainU Ferré , son neveu , passa le 6 et le
7 de septembre 1S14, les actes d'acquisition de quel-
q^e8 maisons du collège. Ne semble-t-il pas que
cette circonstance prouve que Pierre de Sacierge était
à Poitiers , à cette époque ? »
(i) Voir, aw piècei juilificalWei , la notice tur îê eellige de
GeleasiSm
(2) Sauf l'obituaire do Notre-Danuï-la-Granaji de Poitieri .
qui fixe l anniversaire de ce prélat , au Iti novembre.
(3) Clergé de France,
(k) Eçéquet de Luçon.
180 ) PlERAB DE SACIERGE , 17.*^ ÉVÉQUE. ( 1514
39. La dépouille mortelle de Pierre de Sacierge fut
placée dans la chapelle du collège de Geleasis , ainsi
que rapprend un passage des mémoires manuscrits des
Minimes de Poitiers , qui^eurent, en dernier lieu , la
possession de ce collège (1).
40. Pierre de Sacierge , malgré son goût pour les
constructions , laissa une fortune énorme , résultat du
revenu du cumul d'une multitude de places. Les mé-
moires des Minimes de Poitiers (2) parlent de trois
cents mille livres , somme qui représenterait aujour-
d'hui plusieurs millions , en argent monnoyé , non
monnoyé et dettes (3).
41. II paraît qu'aussitôt la mort de Pierre de Sa-
cierge , le chapitre de Luçon , à qui il avait été imposé
pour évéque , par le despotisme de Louis XI , agit
sans aucun délai contre ses héritiers^ pour reprendre
les procès non jugés entre lui et le prélat décédé.
Laissons parler à ce sujet , M. de Beauregard (4j.
' «( Le 14 novembre 1514 , comparut au chapitre de
Luçon M. Toussaints Ferré (5) y propre lignager de feu
Messire de Sacierge et tant pour sopif plusieurs de-
mandes contre lui , comme héritier , que en contem-
plation de ladite église , dont ledit Ferré était prévôt
(6j j donna au chapitre la ,somme de six mille livres à
(i) Voir la Notiee . sur le collège de GeUaeit,
(5) C'est-à-dire en dettes actives ou plutôt en créances.
{%) Evéguet de Luçon.
(5) Je pense que cette famille est la même que celle de Ferré
de Pérou » qui existe encore dans les environs de Poitiers.
(6) Ceci prouve que Sacierge fit entrer son neveu dans le cbiH
pitro do Luçon.
1514 ] PlEnEE DE Sacierge j 17.« ÉVÉQUE. ( 181
condition qu'on fonderait douze anniversaires pour son
dit parent , l'évêque de Luçon et qu'on fonderait à
Fautel de Veniâ, pour chaque jour , une messe qui
serait chantée en note , par Fun (des choristes et les
enfants du bas chœur.
« Toussaints Ferré ajouta à cette fondation le don
d'un ornement d'église,, d'un drap d'or apporté de
Hilan par ledit feu éyéque , en outre de celui qu'il
devait à son entrée et qu'il avait baillé ci-devant. Il
donna en outre trois mille francs, pour les réparations
des maisons épiscopales.
« Sans doute que le chapitre jugea que cette fonda-
tion et cette dernière somme , exigeaient son extrême
reconnaissance.Le nomdeM. de Saciergese rappelle tous
les jours dans l'office divin , à la messe , après l'é-
lévation , un enfant de chœur s'approche du célé-
brant et au Mémento des morts , il dit , à voix haute :
Mémento , Domine , orare pro reverendis Episcopis du
Fau et de Sacierge (1) ; aux jours de fêtes , c'est le
diacre qui remplit ce devoir. Son successeur, comme
nous le verrons , fit une pareille fondation d.
n y a bien des réflexions à faire sur les passages
que je viens de transcrire. On voit le chapitre de
Luçon quji fut si humilié d'être obligé de subir le
joug d'un homme qu'il n'estimait pas et contre lequel
il plaida toujours , souscrire i des actes de souvenir
(1) « In neeronologio Ituetonenii hœc notanda occurrere pe^
totum annwn ultimd die cuj'ush'àet mentis et prima teçuentis
ceUbrantur annivertaria DD^ Ladielai du Fau et Pétri ^ Sa-
cierge , Epitcoporum, nisi occurrat Fatwn iokmM. • > M.i do
D Eitiennot.
182 ] PlERRB DE SACIEBGE , 17.e ÉVÊQUE. ( 15U
qu'on aurait peut-être dû qu'à un prélat vénéré* Mais
l'héritier de Sacierge s'exécuta en donnant des valeurs
très-considérables pour le temps et la mort était venue
anéantir des sentiments de répulsion trop légitimes;
le chapitre de Luçon ne voulut donc plus voir Pierre
de Sacierge et le crime qui l'avait fait arriver à l'épis-
copat y mais seulement un des évéques qui avaient
occupé le siège de Luçon.
42. C'est le lieu de dire quelques mots du temp^
que Pierre de Sacierge occupa le siège épiscopal de
Luçon. Selon un de nos catalogues » ce fut pendant
vingt-trois ans, neuf mois et six jours et je pense
que c'est aussi le calcul du cartuiaire. Mais , même
depuis le 27 décembre 1490 , ^ jour de la mort de
Nicolas Boutaud , arrivée le 27 décembre 1490, jus-
qu'au 9 septembre 1514 , époque où Pierre de Sacierge
cessa de vivre , il n'y a même pas tout-à-fait ce laps
de temps. De plus ce dernier personnage ne surgit ,
comme candidat à l'évêché, qu'après Tèlection de
Mathurin de Dercé. Enfin si , comme je Tai fait , on
considère cet évêque élu , comme le véritable évêque
de Luçon jusqu'à son abdication , contenue dans la
transaction du 19 novembre 1494, la durée del'épisco-
pat de Pierre de Sacierge doit encore être ré4uite d'a-
viron quatre ans.
VL Ladisxasou Lancelot (i) du Fau , 18.e évêque
de Luçon , fut aussitôt la mort de Pierre de Sacierge >
(I) On rendait soaYent alors lo nom latin de Ladiilaus , par
celui de Lancelot.
1514 ) LANCELOÏ Bt7 FaU, 18.« ÈYÈQVE. ( 183
éla évéque (l), par le chapitre de Luçon , qui tenait
à exercer ses droits et à ne pas les voir annihiler ,
commela chose était arrivée pour le titulaire décédé.
2. Lorsqu'il fut élu , Ladislas du Fau était chanoine
de Luçon et protonotaire du saint-siége. Mais s'étant
livré aussi à l'étude du droit , le chanoine de Luçon
était en même temps président aux enquêtes du par-
lement de Bordeaux. Ce cumul de fonctions , ' dans
des villes assez éloignées , semble aujourd'hui fort
extraordinaire.
3. Ladislas du Fau était fils de Louis du Fau , sei-
gneur du Fau , en Touraine et d'Antoinette de Menon.
Le père de Louis était Jean du Fau {2) , maître de
rbôtel du roi , originaire d'une ancienne maison de
Bretagne (3) , qui épousa Jeanne de Bourbon » fille
naturelle de Charles I , duc de Bourbon. Jeanne de
Bourbon était née de Jeanne de Souldet , alors mariée
et elle fut légitimée , en octobre 1490 , en même-temps
qu'on lui accordait la permission de porter des ar-
moiries qui rappelaient son origine (4). Jeanne de
Bourbon y de son mariage avec Jean du Fau, euti
outre Louis du Fau , Jeanne du Fau, femme de Pierre
L'hermite , seigneur de Beauvais , fils du grand prévôt,
(I) « Laditlau» du Fmu , dît une de met listes , de gremib
capituli et à canoni'cis electus. Tenuit episcopatum, àii Vautre»
per eleetionem de tpêo faciam per canotncos dictœ ecclesiee , de
quorum numéro erat
(3) Les armes de la maison du Fau , sont : éC argent à trois /ace»
de gueules i sniTant les frères Sainte Alartbe. Les bénédictins du
Poitou , indiquaient ces armoiries , f oatime fasoées de tro%§ pt'èevê.
(3) Les frères de Sainte Marthe , Ht'st, de la maison de Bourbon,
{h.) D'argent à une barre d'axur , chargée de fleurs de lyS'
d'or, rangées 3 «/ 5 , sous une cotice de guêules « en barre ,
écarteléet ichiqueté d'or et de sable % Le père Anselme.
184 ) Lancelot du Fau » i8.« ÉvâQUB* ( 1514
compère de Louis XI. Louis du Fau, eut, de son union
avec Antoinette de Menou » outre réyéque de Luçon
(1) Hardouin du Fau y qui eut un fils du nom d'Adrien.
4. A raison de sa descendance d'une bâtarde de la
maison de Bourbon , Lancelot dû Fau faisait paraître
des fleurs de lys dans son écusson. Cet écusson était
assez compliqué et a donné lieu à des difficultés.
Laissons parler à ce sujet M. de Beauregard (2) , qui
indique les lieux où ces armoiries se trouvaient à
Luçon.
c( C'est pour cette raison , dit-il , ( parce que Jeanne
de Bourbon était son ayeule } que , dans ses armes ,
il porte ècartelé au 2« et au ^^ , échiqueli d'or et de sable ,
à la barre semée de Frattce. Cependant ces armes ne
sont pas celles qu'on attribue à Jeanne de France ,
son ayeule : ces armes telles que nous les donnons ,
se trouvent en trois endroits ; l'un sur des murs exté-
rieurs de nos cloîtres , dans le pilier qui; fait l'angle »
vis-à-vis la porte du côté de là psalette. L'autre est sur
un sceau imprimé sur papier , dans un acte compris
dans les titres des hebdomades ; les écusson^ de ce
sceau ne sont pas reconnaissables.... On trouve, en
troisième lieu , les armes de M. du Fau , sur la
porte de l'évéché , qui sort sur le clottre , mais
tellement effacées qu'à peine les peut-on apercevoir.
5. L'élection de Ladislas du Fau , fut contestée
par Philibert de la Guiche , moine de l'ordre de St
Benoit. Celui-ci avait été nommé par Tarchevéque
de Bourges , en qualité de primat d'Aquitaine, à la
(I) Incoonn à MM. de Sainte Marthe.
(S) Epéq%i€S de Luçùn,
1514 } LANCËLOT du Fau , 18.« SVâQUK. ( 1S5
requête du roi François I"*. Néamnoins il parait que
rarchevèqae , qui était Âatoine Bohier , dont la
mémoire est ea vénération dans Téglise de Bourges et
qui devint cardinal, en 151 7, avait acqniescé moins
au désir du roi qu'à celui qu'il avait de faire valoir
sa prétendue primatie (1). Quoiqu'il en soit , Ladislas
du Fao fut assez heureux pour se faire maintenir
dans l'êvéché de Luçon , malgré l'intervention du
métropolitain et la volonté du roi (2j.
6. La mort de Pierre de Sacierge , évèque de Luçon ,
a\ait aussi laissé vacante la place d'abbé du monas-
tère de Notre-Dame de la Grenetiére , de l'ancien or-
dre de St.-Beno!t Or ^ le 22 septembre 1514 , les
religieux de cet établissement ecclésiastique se réu-
nirent 9 pour nommer un nouvel abbé (3) , et cette as-
semblée fut extrêmement tumultueuse. La majorité
des moines élut frère Pierre Ribolteau , et une minorité
assez forte porta son choix sur frère Pierre Fresneau.
Un parti ne voulut point céder à l'autre et l'anar-
cliie fut à son comble » dans cet établissement ecclé-
siastique. La pièce qui' donne ces détails est curieuse
(i) II.' de Beatiregard , Eçéqwi de Luçon»
(2) On trouve « dans la GaZ/t'n ChruWana » la copie de la lettre
suivante , écrite par François 1 à l'archevêque de Bourges.
< M de Bourges » pour ancones causes qui me încliiieDt , je
TOUS prie que incontinent me veillies envoyer un dévolu ae
l'éTécbé de Luçon , au nom d# irère Philibert de la Guiscke «
mon conseiller et chambellan. Et ai ce ne veilles faire faulte»snr
tous les' plaisirs et services que me désirez faire et ft Dieu , qui
toit votro garde. Escript. à Lyon « le S8* jour de juillet, {Signé )
FRANÇOIS et plus bas Cotheileau ».
(5) Sur Tautorisation donnée , le I& dudil mois , par )et vîcaîref-
géaôrauz du diocèse de Lùçon , le siège épiscopal vaeeni.
24.
^t8Sn LÀNCEtOT DU FAU, 18.e BVÉQUE. ( 181&
et fait conbaUre les cérémonies usitées ]alors ^ dans les
élections ecclésiastiques (1).
ï. Il paraît que le traité fair"par Toussaints Ferré,
neveu de Pierre de Sacierge , alors dernier évêque de
Luçon , n'était pas de nature à libérer entièrement la
succession de ce prélat, envers l'établissement religieux
de Luçon. En effet on trouve , sous la date du 8 avril
1515 (2) , une transaction entre les héritiers de Sacierge
et Lancelot du Fau , alors évêque , et le chapitre de
Luçon y pour une messe de Notre-Dame en note et
douze anniversaires-, et pour cela les héritiers don-
nèrent une somme d'argent. Ensuite, ils en convinrent
d'une autre , pour les réparations à faire à l'église , aux
cloîtres et à la maison épiscopale.
8. En 1516 fut conclu , entre François I , roi de
France , et le pape Léon X , le fameux traité à qui
on donna le nom de concordat qui enleva définitive-
ment aux chapitres des églises cathédrales, la nomi-
nation aux évêchés. On prit , pour prétexte de cette
mesure , les désordres que par fois les élections avaient
entraînés.
9. Le concordat fut, ainsi qu'on le voit , le troublé le
plus notable apporté aux libertés de l'église gallicane.
Aussi les parlements et l'université refusèrent de don-
ner leur agrément à ce traité. Il parut même si odieux
à la nation , qu'en plusieurs localités , dans nombre de
circonstances et pendant long-temps , on ne tint au-
cun compte de ses dispositions. Mais enfin comme cela
(1) M ê de I). Fonteneau.
(2)lètd.
1517 ) LM€VU>T m ¥AV , 18.» ÉTÉQUE. ( 187
arrive le plus souyeDt , le pouvoir royal ani sur ce
point à Tautorité papale » flnit par l'emporter.
10. L'abbé du Temps (1). prétend que cet évéque
renouvela les statuts dressés par Nicolas Bootaud , en
1472. a Je n'en ai aucune preuve , *dit M. defieau-
regard [Sj. Le cartuiaire rapporte un règlement pour
la solennité des fêtes , fait au chapitre général d^hivep
de 1517 y de concert avec M. du Fau et du consente-
ment du Pape y et U en rapporte un a^tre , presque
semblable, de 1515.
a Peut-être doit-on rapporter au temps de Tépiscopat
de ce prélat un autre règlement , concernant les ob-
servances de chœur , les cérémonies et les usages
de l'église , qui étaient inscrits dans le chœur même
ainsi que l'ordre de la solennité des fêtes , en deux
tableaux : Ex, tabulatis duobiLS inihi exislentes exesiptœ*
Nous rappelerons tous ces règlements» quand nous par^
lerons des usages de notre église (3). Nous observerons
seulement qu'il est défendu , dans un article , de
IraTerser le chœur , et que dans ua autre, on ordonne
à ceux qui vont prendre les chappes de passer entre
le cancel et le sépulchre. Le cancel est l'espace con-
tenu entre le chœur et l'autel , qu'on nomme sanc->
tuaire y>.
U. M. de Beauregard (4) , s'est demandé ce qu'on
doit entendre par cette expression ne pas traverser U
(i) Clergé de France.
(2} Evéqtkea de Luçon,
(3) U eit fâcheux , pour la science » quQ l'auteur n'ait pas
pu terminer les travaux qu*il annonçait.
(4) E9équ€9 de Luçon,
iÊS ) L&ffTGBLOT JÀJ FAU y 18.e lftvÊQUB« ( IS17
duBur f entre lecancel et le sépulchre et plus particulier
rement ce qui était indiqué par le nom de sépulchre (i)»
« Peut-être , dit-il , était-ce celui d'un des fonda*
teurs ou bienfaiteurs de cette église, peut-être celui
d*un àbbé ? C'es{ le cas de nous plaindre des ravages
qu'a essuyés notre église, Tune des plus anciennes dé
France , dans laquelle on ne trouve aucun monument
de tant de générations qui l'ont habitée , si ce n'est
les débris , les restes des anciennes constructions
qui attestent ses malheurs et ses ruines »•
12. » Nous bazarderons , continue le savant écrivain ,
une autre conjecture au sujet de ce tombeau. En ré-*
parant , en 1773 , le chœur de l'église , on trouva en
creusant le sol pour asseoir le pavé , l'ouverture
d'une chapelle souterraine , petite et située au milieu
du chœur. Le pavé était en mosaïque , la voûte en
était saine et entière et les murs étaient ornés d'une
peinture à fresque, dont les couleurs brillantes s'effa-
cèrent dés qu'on* les toucha. Voici tout ce que nous
avons pu recueillir de cette découverte. Nous serions
tenté de croire que cette chapelle était le lien dans
lequel reposait la sainte Eucharistie qu'on ne conservait
pas toujours au maître autel. Plusieurs églises anci^i*-
nes n'ont que très-tard adopté l'usage de l'y garder ,
d'abord suspendu en potence , comme i Paris , dans
l'église métropolitaine , à l'abbaye de la Trappe , à
Moutiemeuf de Poitiers et à Luçon ; puis dans des
(1) Inutile de dire que ce Ténérable écrivain reconnaît qu'il
ne peut être ici question du sépulchre de M. du Fau , si ces
statuts ont été donnés du temps de ce prélat et aussi à raison
de ce qao cet évéque ordbiina, pour lui , une tombe' en cuivre peu
élevée de terre et que le document en question parle d'un tombeau.
1517 ) LANCEIDT bU FjU7; i8.e ÉvAQVB. ( 189
réserres et dans des tabernacles. Noos connaissons, dans
la proYince , ane pareille chapelle qui se nomme h
tombeau. On le voit dans réglke de Notre-Dame de
Poitiers , église extrêmement ancienne , si elle n'est
pas la plus ancienne de cette ville. Elle est située ^us le
maître antel , élevée déterre de plusieurs pieds, comme
rétdt anciennement celai de Luçon. Le Saint-Sacrement
y repose plusieurs Jours de Tannée , depuis le jeudi
Saint jusqu'au dimanche de Pâques , d'où il est porté
au grand autel , avec une solennité qui attire à cette
église un grand concours de fidèles. Cette cérémonie /
qui se fait à la pointe du jour , rappelle la résurrection
du Sauveur du monde , qui n'était plus l'esclave de
la mort , au soleil levant , crto jatn sole. Derrière le
mdtre autel et au-dessus d'une couverture du tom-»
beau, on* a peint à fresque le triomphe de Jésus-
Christ , sortant éclatant des bras de la mort , avec
une ioscription de 1^60. .
« Peut-être le tombeau de l'église de Luçon était-
il destiné à une pareille cérémonie. L'église de Poitiers
dont nous parlons a conservé cette dévote solennité et
celle de Luçon a perdu jusqu*à la mémoire de ses
fêtes : Solemnitates evoltUœ sunl. Is. XXIX. »
13. C^est ici le cas de dire que Ladislas du Fau ,
ordonna de faire ^'quatre colonnes de cuivre avec un
auiier y en foçon de potence , où pend la Sainte Eucha--
ristie , et que ces] colonnes , qui forent faites sans
doute du vivant du prélat ^ furent apposées, ainsi qu'il
l'avait écrit dans ses dispositions , autour du grand
autier , au chœur de Véglise*
190 ) LANCEIOT du FaU, 18.e ÉVÉOTO. ( IStT
14. Ladisks du Faa rendit ^le 4 octobre 1517 , une
déclaration au roi (1) , pour faire connaître les revenus
et les charges de Féglise de Luçon. Les détails que
contient cette pièce ^ pour le personnel , sont curieux^
On y yoit que cette cathédrale avait trente chanoines
prébendes , compris Tévéque , six chanoines hebdo-
madiers y dix-huit vicaires et choristes , un mautre de
psallette et huit petits enfants. Les officiers de Téglise
consistaient en deux chappiers ^ un fabricaire , un
gardeur des ^ chappes et du trésor de Téglise , deux
coutressonneurs de cloches , un procureur .du chapitre^
un receveur , un boulanger , un organiste» un bâton-
nier et deux bedeaux. Il existait un autre cathégorie
d'officiers , composée du scribe do chapitre , du gou-*
vemeur de l'horloge , du sonneur des grosses cloches^
du souffleur d'orgues et du couvreur d'ardoises de
l'église (2).
On indique aussi, dans cette déclaration, les aumônes
obligées de l'église de Luçon.ËlIes consistaient dans trois
aumônes ordinaires et générales , toutes les semaines,
de neuf grands pains et de plus, par jour, à quatre pau-
vres, chacun un pain et une pinte de vin. En outre,
le premier jour de carême à [cent pauvres , cent
pains , cent harengs et cent chopineâ de vin , et enfin,
le jeudi de la cène , cent vingt pains et cent vingt
chopiues de vin.
15. Vers ce temps , on allait beaucoup en pèlerinage
à Saint-Jean-de-Compostelle , pour gagner les indul-"
(!) MiS de D. I onteneau,
(S) La cathédrale de Lnçon est actuellement couTCrte en tniUi
courbe», à cause^ des coups de rent de mer.
1B22 ) LANCEIOT liU Fau , 18.e ÉVlQUE. ( IH
gences, et avant de partir , on faisait son testament.
On trouve que cet usage était surtout 'suivi dans le
diocèse de Luçon.
16. Alors parurent des lettres-patentes signées à
Lyon , par le roi François I.*' , en forme de charte
perpétuelle. Elles portaient amortissement de tous droits
envers le roi par les gens et biens d'église , des
trois évéchés du Poitou, Poitiers, Luçon et Maillezais:
Ces lettres donnaient pouvoir de régler les conditions
suivantes de Tamortissement à Geoffroy d'Estissac ,
évéque de Maillezais , et à Aymar de Boisy , abbé de
Cluny et de St.-Denis-en-France9 et elles furent enre-
gistrées à la chambre des comptes , le 26 juin 1522.
Pierre Régnier , lieutenant-général en Poitou et com-
missaire en cette partie , les ût publier^ le 5 août
suivant , et les trésoriers de France , en Poitou , ex-
pédièrent des lettres en conséquence,
17. Par suite de ces lettres-patentes, on enjoignit aux
g^is d'église , soit séculiers ou réguliers , de quelque
état et condition qu'ils fussent, de déclarer tous etcba-
cuns les biens , terres , Seigneuries , possessions Justi-
ces, juridictions, cens, rentes , dîmes, champarts ,
droits*, fruits > profits et émoluments quelconques, tenus
du roi en fief ,. arrière-fief ou censives , en quelques
diocèses ou juridictions qu'ils fussent situés et assis ,
appartenant aux églises , abbayes , prieurés , prévôtés,
collèges , dignités', paroisses , communautés , confrai-
ries , ladreries , hôpitaux ou autres établissements de
main-morte qfielconque qu'ils possédaient, dans lesdits
diocèses du Poitou , de présent , par eux et leurs pré-
décesseurs , ci-devant et par le passé acquis ou qui
193 ; LàNCBLOT bu FaU , 18.« ÉVÉQ0fi. ( 1522
leur airaient été donnés , légués ou aumônes ^ à qnelc^ue
titre qae ce fût , jusqu'à lors»
18. Lancelot] du Fau , dit H. de Beauregard (1) ,
transigea ayec son chapitre, en 1522, sur des contes-
tations concernant les droits respectifs de réyéque et
du chapitre. Pour passer cet acte , dont nons n'ayons
aux ^cbiyes qu'une copie qui dit. qu'elle a été passée
sous le seing des notaires Pierre Guiibaud et Raoul
Quéraud , on assembla un chapitre extraordinaire et
chacun des membres fut ayerti,'parle référendaire ,
qui en fit son rapport , dans lequel il nomme tous
Messieurs , déclare ceux qui sont malades ci entre
autres le refus d'un nonmié Dupkssis y de ne youloir
assister au chapitre.
« Art. 1.*' de la transaction.—L'éyêque disait ayoîr
le droit de tenir et faire tenir le senne (synode } [2\ dans
son église, par ses officiers qui, en son absence , pour-
raient commettre, qui bon leur semblerait. Les chanmnes
au contraire s'y opposaient. Le chapitre consent qae
le 5enn« ou synode soit tenu, pouryuque l'éyéque on
ses officiers y commettent un notable personnaige ,
abbé ou autre constitué en dignité ou persmnaige ( per-
sonnât ou chanoine de ladite église }, si ses officiers
ou yicaires ne sont chanoines , car s'ils le sont , ils
pourront le tenir.
«c Art. 2. L'éyéque ayait imposé sur son diocèse et
clergé un subside charitaiif , de soji propre mouyement
(1) Evéques de Luçon,
(2) Qnelqaef actes anciens donnent à cette assemblée le nom
de Mnjie ou sêna , d'oà est venu le nom de synode on qui en
dérive Ini-méme.
1522) LÀNCELOt BU Fau, 18.^ ÉTÊQ1TE. (193
sans le consentement du chapitre. Statué qu'à Tayenir
l'évèque, ni ses successeurs ne pourront imposer , ni
pour subside charitatif^ ni pour joyetkx ayéneineni,
aucun subside , sans le consentement du chapitre.
« Art. 3k Les ecclésiastiques, qui possédaient des
bénéfices incompatibles , étaient obligés d'obtenir des
lettres de dispenses de Tévêque. On nommait ces dis-
penses des lettres de non desserviendo. L'évéque voulait
astreindre à cette formalité les chanoines qui possé-
daient des cures. Il consent à les en dispenser , à
condition que les vicaires qu'ils commettront prendront,
tous les ans , de l'évéque , des lettres de rigimine, pour
I^elles ils payeront à l'évéque Ssoùs 6 deniers.
«Art 4^ L'évéque exigeait des chanoines des droits
de sceau , pour les lettres de chambre , lettres de grâ-
ce et expéditions des lettres de collation. Convenu que
les choses resteront en état , pendant la vie de l'évéque.
ff Art. 5. Le chapitre et l'évéque voulaient récipro-
quement se forcer à des réparations des domames de
l'église ou de l'évéché. Accordé que chaque partie
fera les réparations , comme elle le voudra.
c( Art. 6. L'évéque prétendait avoir le droit de don-
ner à ïriaize des lettrés de curatelle. Les chanoines
lui objectaient qu'il n'y avait aucune juridiction , ni
haute, ni basse , ni moyenne. On convint de s'en
rapporter à des gens de loi.
a Art. 7. n y avait incertitude sur l'étendue réci-
proque des fiefs. Convenu qu'on fera en conunun une
enquête, que les parties nommeront des officiers ,
pour faire l'examen des titres.
25.
194 } LANCELOT bu FAU , 18.e ÉVÊQCE. ( 1522
a Nous croyons que ces débats furent les seuls qui
troublèrent la paix entre l'évéque et son chapitre ».
19. De la présence des armoiries de^ M. du Fau , sur
une des portes de Tévéché , H. de Beauregard (1) a
conclu avec raison qu'il avait contribué à la cons-
truction de cet édifice. « Sans doute , ajoute-t-il . que
le mur de Tévéché auquel cette porte (2] sert d'issue
soutenait jadis une chapelle. On aperçoit aisément de
Tescalier de ce palais d'anciennes fenêtres , terminées
en Ogive. Les greniers du chapitre empêchent qu'elles
ne soient visibles en dehors ».
2a. M. du Fau est le premier des anciens évéques de
Luçon y à la connaissance de M. de Beauregard (3), qui
ait eu un sceau. Il portait l'image de la sainte Vierge
et les armes dti prélat , dans un petit écusson.
21. On verra, plus tard, à l'article de Louis de
(ourbon^ que ce cardinal prince résidait i Luçoa, du
temps de l'épiscopat de Lancelot du Fau et quelles con-
séquences en a tiré ^ avec une grande sagacité » celui
qui , avant nous , s'est occupé de l'histoire des évéques
de Luçon. Si cette conjecture est fondée , il £aiut
en conclure que ce 'prélat était initié aux grands
secrets de l'état. S'il en a été autrement, il y aurait
à croire que des liens étroits d'amitié unissaient du Fan
au prince dont nous parlerons. Il n'y avait, du reste,
entre eiix qu'une alliance assez éloignée , par Jeanne
de Bourbon , ayeule du premier de ces prélats.
(i) Voir ci-dessus N. 4.
(s) GeUe qui sortait sur le cloître.
(3) Ev^ues de Luçon
1523 ) LANCJBLOT du Fa0 , 18.« ÉVÊQUC. ( 195
22. Ce prélat fonda, dans son église cathédrale , par
son testament , fait au château de^ï'au , le 23 avril 1523 ,
douze anniversaires , avec un ne recorderts , chanté par
le chanoine qui avait dit la messe. Il légua au chapitre,
pour l'acquit de cette fondation » la moitié de la sei-
gneurie dé Saint-J[ean-de-Bengné (1} , dont il Jouissait
par indivis avec la maison de la Tremouille , qui
possédait l'aûfre moitié , d'où elle avait pris le nom
de la seigneurie conunone. Ladidas du Fau donna
aussi au chapitre cinq cents écus d'or soleil , valant ,
dit I'a(te 9 mille livres 'tournois , et de plus un ome*
ment très-riche eu drap d'or merdii y c'esUà dire »
brodé de l'écusson de ses armes.
23. Ce prélat donna encore cent livres tournois à
son chapitre , à condition que lors de la principale
messe quotidienne , le diacre , au memenHo des vivants
dirait à haute et intelligible voix , de son vivant :
Mémento orare pro reverendo episcopô nostro ; et après
sa mort : Mémento orare pro defuncto domino reterenâo ^
Imœ mémorial Ladislao du Fau qnondam hujus eccleêiœ
epiicopo. Cette fondation s'exécutait ponctuellement,
ainsi que nous l'a appris M. de Beauregard , en parlant
de M. de Sacierge* qui déclare de plus ignorer pour-
quoi le diacre ou Tenfant de chœur joignaient au nom
de du Fau celui de Sacierge, qui n'était placé qu'après.
Néanmoins le vénérable écrivain ajoute : « Il est pro^
(I) M. de Beauregard fatt remarquer qu'il ne faul pas confondre
celte seigneurie avec le fief Vigier , qui fut donné au chapitre ,
par un Prévost , chanoine de l'église de Luçon. La moitié de
seigneurie léguée par l'évèque provenait , du reste , de Thomas
Prévost et de dame Philippe de Beileville , son épouse , qui la
tenaient eux-mêmes de nobles Jehan du Plessis el son fils.
(S) M^ de Beauregard , Epiques de tuçwi.
196 ) Langblot du Fau, 18.« évêque. ( 152a
bable que cette addition a été faite du consentement
de M. du Fau , qui aura permis au chapitre d'éterniser
ainsi sa reconnaissance pour M. de Sacierge , également
son bienfaiteur. Nous verrons ailleurs que cette fon-
dation , d'une espècejare, a été imitée^ dans une autre
église y par un évêque de Luçon (1) ».
24. Qu'il me soit permis d'émettre ici une supposi«^
tion , qui prendra quelque force dans des faits anté-
rieurs. On connaît l'esprit d'opposition du chapitre de
Luçon pour Pierre de Sacierge , et le dégoût qu'il éprou^
yait d'avoir pour chef un homme qui devait sa haute
position à un crime^ Or , cet esprit de répulsion se
sera manifesté , on n'en peut douter 9 quand on coih
naît l'esprit humain y avec une nouvelle force 9 à la
mort du personnage. D'ailleurs ne l'a-t-on pas dit, si
on doit des égards aux vivants 9 aux morts ou ne doit
que la vérité ; là commence le véritable domaine de
l'histoire. N'est-il pas probable que le chapitre de
Luçon aura , dans cette position , répugné à donner
à son dernier prélat un souvenir que lui et ses héritiers
avaient cherché à arracher par une grande munificence?
Alors Ladislas du Fau ^ pour applanir les difficultés ,
en fondant un anniversaire pour lui, aura fait ajouter
à son nom , celui de Sacierge. Ainsi , la mémoire d'un
prélat vénérable aura été , par suite de l'humilité et
de l'esprit de tolérance de celui-ci , accolée au nom
d'un personnage que l'histoire a gravement entaché !
25. La date de la mort de Ladislas du Fau n'est pas
bien positive. M. de Beauregard (2] , qui s'appuie sans
(i) M. de Beaareiçîurd , -Bi;<?7ttM de Luçon.-
(%) Ibtd,
1523 ) LANCELOT du Fau, 18.C ÈXÈQVE. ( 197
doute suc le cartulaire , indique le 13 mai 1523. Une
de mes listes porte le 13 mai 1524 ; ainsi , si l'un
entend parler de l'ancien calendrier et l'autre du nou-
veau 9 il y a accord. Mais l'autre de mes catalogues
porte le 13 mars 1524. L'indication du temps de l'ë*
piscopat de ce prélat , fixé par le premier de ces do*
cuments à neuf ans , dix mois et quatre jours » ne lève
point la difficulté y car» à dater même de la mort de
Pierre]de Sacierge, jusqu'au 13 mal 1524, on ne trouve
point cet espace de temps.
26. Hais positivement , on doit fixer la date du décès
de Ladislas ou Lancelot, comme on l'appelait indiffé-
remment , à l'année 1523 , par la raison qu'on trouve,
sous la date du 2 septembre da la même année , un
acte par lequel , en agissant dans l'exercice de leurs
fonctions , les vicaires-généraux de Luçon déclarent
que le siège épiscopal est vacant (1},
27. Ainsi qu'il l'avait ordonné par son testament ,
Ladislas du Fau , fut enterré dans le chœur de son
église cathédrale, sous une tombe de cuivre. Enefiet
ses ordonnances de dernière volonté étaient ainsi
conçues : « Je veux que mon corps soit ensépulturé
en mon église de Luçon , au milieu du chœur d'icelle*
Item , je veux que mes exécuteurs fassent mettre sur
ma fousse une tombe de cuyvre , belle et honorable
(2). Item , je ordonne qu'il soit faict , en ma dicte église ,
une belle aygle de cuivre , poin* soutenir les livres de
chantrerie , au milieu du chœur d'icelle >^.
(i) M. 9 d$ D. Fonteneau,
(2) Cette tombe et les cinq colonnes de cuivre au grand autel ,
faites par ordre de ce prélat furent enlevées par les protestants »
lors dç U surprise du fort et du château , en 1568.
198 ] Jean i>p LoaRAiNs,. 19«e èyèqve. ( i5&3
va. JEAN DB LoRRAiNB, cardinaMiacre , 19.e év£-
que de Luçon^ fut appelé à ce siége^ par la .voie de la
postulation (1). On entend par cette expression que le
chapitre fit choix de ce personnage et qu'au lieu de
le déclarer élu , il ,1e demanda au roi et par suite
au saint siège , pour être soa évéque , en 1523.
2. Jean de Lorraine , était fils de René II , duc de
Lomraine «t de Philippe de Gueldres.
3. Ce personnage entrj» dans la faveur de François I.%
qui rayait envoyé à Rome , en 1821 , pour y traiter
des afEeûres d'une grande importaiite.
4. Jean de Loiraine ne prit pas possession du siège
de Luçon et continua à résider à la cour. Peut-être
lui donna-t-on ce siège à cause de ses rdsftlons en
Italie et pour les causes qui , à ce qu'on présume ,
fixèrent le cardinal Louis de Bourbon à Luç(»i^ même
avant le temps où il devint évéque de ce diocèse. Il
aurait été amsi destmé à demeurer dans ce Heu d'exil
pour y traiter de grands intérêts et en défii^tive ,
on aura, pu se dispenser de continuer à lui imposer èe
sacrifice. Quoiqull en soit , on reproduira iri^tôt des
développements étendus à ce siqet , pour éclaircir un
fait historique aussi mystérieux.
5. Ce fut du temps où le titre d'évéque de Luçon
reposait sin* la tète de ce prince de la maison de
Lorraine, et les octobre 1523^qu'eut lieu avec un grand
éclat 9 la dédicace de l'église cathédrale de Luçon. «Les
(1) Je lis ce qui suit dans un de mes catalogues des évéques de
Luçon : c Decimus sextus fuit Joannes Lotharingiœ, cardinalis-
diaconus , fuit per canonicot poUitlatu$ et à sedé ap&stoltcA
promeus , nunqùam tamen fecit ponetsionem » sed in eurià
fuit exiêtens >
ISM ) JSAN BB LORRAINB , 19.^ ÉtAqUB. ( 199
duuMrtnes , dit M. de Beauregard (1) ignoraient qne
plusieurs siècles aupararant ^ on célébra, dans leur
^lise y la fête de la dédicace. Le cartulaire dit que la
raison qui la détermina, était que nulle part on n'ap-
percevait les croix qui sont sur les murs le signe de
ronction sainte. On consacra plusieurs autels. Nous
caiuectur0n& qu'on avait taii des répairaticNosà Téglise.»
Ce fiit Louis, évéque de Tennopile et sufGragant
de Saintes , qui fit cette cérémonie, sur la demande dv
chapitre de Luçon. On reviendra sur cette circons-
tance» qui a donné lieu à des réflexions d'une haute
portée , et qui trouveront leur place , lorsqu'on traitera
de répiseopat de Louis de Bourbon.
6. Le cardinel Jean de Lorraine finit par résigner
révécfaé de Luçon au cardinal Louis de Bourbon , au
commencement de 1524 , au plus tard , en se réser-
vant une pension de cent flrancs.
7. Jean de Lorraine , cardinal-diacre , sous le titre
de St.-ODuphre , après avoir quitté l'évéché de Luçon fut
nonun4 au siège de Reims et eut aussi celui de Narbonne,
sur la résignation de Jules de Hédicis. Il prit pos-
session de ce dernier siège, en 1524, et fut chargé,
à diverses époques , d'administrer les diocèses de
Valence , Verdun , Thérouanne , Alby, Nantes , Metz
et Âgen. Ce personnage cumula aussi sur sa tète les
titres d'abbé de Cluny , de Marmoutiers , de Fécamp
et Saint-Ouen. S'étant ensuite rendu en Italie , et ayant
assisté , en février 1550 , au conclave où le cardinal
Giolchi , depuis Jules m , fut élu souverain Pontife ,
(I) Etféçuet de Lueon,
ÛdO ) Jean db Lorraine , 19.e jÊvfiQtE. ( 15â4
le cardinal Jean , de Lorraine fut , au retour de ce
voyage , frappé d'une attaque d'apoplexie , àNeuvy*
sur-Loire^ où il mourut ^ le 10 mai 1550. Sa dépouille
mortelle fut d*abord transportée à {oinville , puis à
Nancy^ où elle fut inhumée dans Féglise des cordeliers.
Vin. Louis DE Bourbon , cardinal-prétre , 20.e évê"
que , succéda , ainsi qu'on Ta vu , par voie de ré-
signation f au cardinal Jean de Lorraine , et il prit
possession de ce siège» le 11 janvier 1524 (1]«
2. Louis dé Bourbon était fib de François dé Bour-
bon, comte de Vendôme et de Marie de Luxembourg.
Cette branche delà maison dé Bourbon (2} était sortie
de celle des comtes de la Marche , descendue du roi
Louis IX, dit le Saint. Louis de Bourbon, qui se trouva
être l'oncle de cet antre cardinal de Bourbon que la
ligue déclara roi de France, sous le nom de Charles
X,et grand oncle d'Henri de Bourbon-Navarre , qui
fut Henri IV, naquit au château de Ham, en Picardie ,
le 2 janvier 1493. II eut pour parrain, son oncle , Louis
de Bourbon , prince de la Roche-snr-Yon et le bap->
téme lui fut administré, par Guillaume Marafin ^ évè-
que de Noyon.
(i) M. de Beaareçard dit qne Louî« de Bourbon était évèqae
de Lnçon, dès le iB janvier iS2& , parce qn*il a sans doute va
un acte de cette date où figure ce prélat. Or', j*ài un do mes
catalofi^ues qui indique positivement l'époque du il de ce mois »
pour le commencement de Tépiscopat de ce cardinal» en ce qui
concerne Lufon. Il fait connaître aussi qu'il occupa ce siège par voie
de résignation : < Johannes de LotharingiA , dit un de nos catalo-
gues. . , . resignavit in favorem Domini Ludovici de Borbonixf
presbyteri-cardinalù eiiam tune in ipsâ urbe exiêtentis , retentà
pensione centum Ubrarum >.
(2) La bimane he de Bourbon- Vendôme portait : de France , aU
bâton péri de gtieules en bande , chargé de trois lions d'argent.
i%» ) Lôdi» BB BotiHBœr , âo.^ i&tâQUE. ( âût
3. DestUé i î'tl&t eêelésiâsUqtte , Léiits de ttdnfbon
fit ses études au cdîlêge de PfaVàrre à Paris et reçut
la tonsure, de bëraie keorè, desn^iDs^da tardinal
Geol'ges d'Amboise. É n'àràit encore que dix-sept ans ,
lérsqu'3 fiît chargé 9 en 1510, de Tadministration du
diocèse de Laoîi. Cd fut le 3 înai f&17, qu'il reçut
Tonction èpiscôpale, dans Téglise de Sainte Catherine
du Yal-ées^Ecoliërs , de la diain du Cardinal Philippe
de Luxembourg , légat du pape , assisté d'Etienne....,
évéque de Paris > et dé Jean.. , évéque de Lisieux,
en présence du cardinal de Boi^ et d*un grand nom«
bre de prêtais et de seigneurs. Bien peu après, et le
prenâier ftMéi de la même année, il reçut du
pape Léon X,le chapeau de cardinal, avec le titre
de cardinai-^véque de Preneste , sous le titre de Saipt
Sylviestre et ensuite sous eelui de Sainte Sabine.
4. Un fait tout-^HGMt curieux , constaté par le car-
tqlaîrç et .un de nos catalogues et remarqué , avec
raison » par te «savant éerivain , qui nous a précédé*
daM ta e&nière, ù'est que le tardfnal Louis de
Bourbon imlntait Luçon , lorsqu'il devint évéque de'
cette ville et même auparavaiit. H. Éè Beauregai'd en
a tiré une curieuse tônclueionque je vais reproduire.
5. « Nous l'avDns déjà dît , le cardinal de Bourbon
Elisait sa demeure, à Luçou ,' avant d'en avoir été
nommé évéque; le cartùlaire lef remarque avec atteç-
tatîôn. On demandera comment un jenpè prince , élevé
dès son enfance aux plus hautes dignités , c^iargé de !
J'^ministratton d'un, évêché ,'quî pouvait choisir pour
son s^ouir où la cour briljante de François I," ou dejs -
climats plus beaux et plus salubres , avait pu fixer
26-
âOâ ] Louis de Bourbon , 20^ jêvêque* ( 1S24
son domicile dans un lieu désert , mal sain et placé
à l'extrémité du royaume. Si l'amitié pour M. du Fau
eut été la cause gfii eyt.4étermiiié ce j[eyne prince à
se fixer auprès de lui , il aurait laissé Luçon à l'épo-
que de la mort, de ce prélat ; il parait . ^'il y
resta , même après la nominatioii du cardinal de
Lorraine. On se demandera encore pourquoi le cardinal
de Bourbon demeurant à Luçon , n'a pas fait la consfr*
criaition de l'église en 1524. CeUe cérémonie fut faite
par Louis , évéque do. Termopiles ^ suffragant de Sain-
tes. Nous répondrons que les plus grands intérêts
i^etenaient à Luçon le cardinal de Bourbon et qu'il y
traitait avec cet évéque suffragant à^ Saintes les af-
faires les plus importantes.
6. <r Le siège de Saintes était alors occupé par Julien
Soderini > qui était évéque , lïejpuis 1516. te prélat était
neTeu/et successeur de -François Sodériuf.' Gèlui^ , né
à Florence , dhiie :£amiUe noble i âccompugna , pat^
ordre de sarépuMiqucvv leroICMrles Wtly dans son
expé(Ution de Naples. En .149^-/11 fut envoyé en am-
bassade auprès do roLrLoais XII^ ^Alêi(^nâre yi\ le
décora de la pourpilE(v^t.s(Hi attadiement à la cour
d^^ France lui. mérita Tévécbéde^ Saintes. Disgracié
sous. Léon X ^ et enfermé , par son ordre ,.au château
St. Ange , il dut au pape Adrien VI, sa liberté qu'il perdit
encore sous ce même pontife , irrité de rattachement
de Soderini aux intérêts de la cour dé France et des'
sollicitations qu'il ayait employées auprès de François
1.*'', pour que ce prince envoyât une flotte en Sicile,
à l'effet dé favoriser ies' desseins de ce prince sur la
Ldmbàrdie. Il fut élargi ^ en 1 524 ^ mais il mourut bien- ^
tôt après.
VSM ) Lomd m Booiwm , âO«e tvtQoi. (903
7. (( Son nereu Jidien Sodetml, après avoir été suc*
cesseur ,de France^, aon oncfe , daîas ses éyéchés d'I-
talie , hérita encwe de son évéchë de Saintes et surtout
de son attachement à la cause de la France. Ughelli
assure qu'il ne cessa d'exhorter François 1 , à s'em-
parer du royaume d'Italie et qu'il joua un grand rôle,
dans les négociations secrètes de son oncle. Or , ce
sont ces négociations qui déterminèrent très-probable-
m«it la cour de France à envc^er le cardinal de Bour-
bon à Luçon et qui y réunirent Louis , suffragant de
Saintes. Cette réunion offrait des motifs qui empé-^
chaient les ennemis de la France de pénétrer le vé-
ritable objet de ces intrigues. La consécration de ré--
glise de Luçon n'était peut-être qu'un prétexte pour
retenir dans cette ville Tévéque de Termopiies. Cette
cérémonie, qui se ût avec beaucoup d'éclat, eut lieu
le 3 octobre 1523 , dans un temps où François I ,
commençait & perdre les provinces et ses conquêtes
dltalie ; de cette Italie qui fut , sous trois rois , le
tombeau des Français ; qui fut la chimère qui coût^
tout fors l'honneur (1) et sur laquelle même en signant
le traité de Madrid , il comptait encore. Que de maux,
il eut épargnés à la France , s'il eut été fidèle à cea
traités ; les maux qui la désolent encore sont son
ouvrage r ».
8. 6c L'évêque de Saintes était Tâme de ses desseins
et les conférences de Luçon furent peut-être l'origine
de cette confédération de tous les princesd'Italie con-
(t) < On se rappelle que François I , prisonnier à la bataille do
Favie , écrivit ces mots à ^.mëve: « iÙadamo « tout est perdu j^'
» fors rhonneuf m, .....
tre> QsArtes^îiiiM, qu'on, homma ta liga& saliife. Il -est
probableqa&M. du Eaa, évâqae. de Loçofi y n'étaM
pas étranges* à toutes ces négôdatims »«
9. Uae cérémoQie religieuse,, qojî eut} da r^teotis-.
sèment dans le pays, fot la con^cr^tkm.qiHiu^ fait au
mois de décembre 1524, par le eappe Lattonii < éyéqaiç
d'Evreux, avec TagrémeiU du cardinal Louis de Boor-
l)on , évéque de Luçon , de ta. chapelle de la. Belle-?
Croix de Challans^ dcmtj'ai d^j^n occasion d<; pax*^
1er, sous Tépi^op^t de Jean Fl^û^y. Cettac]iapeUe,rd^
puis détruite, fut rétablie et augmentée, en Tannée. 1521^
par la permission de, l'éyéque L^j^l^s da Fai^ f et^oi^
note que' la cérémonie fut faîte du temps où Iç MManais^
et la Lombardie étaient te, ttpéàtre^de'lagperre.entro.
François I , roi de France et le roi d'Ësps^gne y et kVé-^
poqueoù un grapd navire, espagnol , qur lavait é).é brûlé
par les Bretons ojm par les Normands, fort rîcbeet chargé
de précieuses n^chandises, fut submergé et péril; idans
les eaux, entre Beauvoir et Tilo de Noirmootii^rs.
Le prprès-verbal de cette cérémonie a été conservé
et comme il contient des détailla èurienx, je crois con-
VenaMe de le reproduire ici,
iO, Procès^ Verbal de Vérecii<m y ccmstruclion , réparalwU' et
consécration de la chapelle de la Belle- Croix , paroisse de
Ghallans > , bâtie dès Van 1 4Q0 ^ : a/fseç_ la perjnission 4e Jean
Flory t . évjêque de Luçpn , rui^cp en 1521 , et rétablie par
Us paroissiens avec Ui pùrmissUm <£b Véoêque LadisUu du
FoM , da sa déeembre 1534.
Sachent toa& « que Van de Xpire Seigneur 1400 et le S.e Xqar
du nioi^ (l'ao0.tvle ÇQv.érend père en JJésusrCjbkrlM^ monseigneoff
Jeikn fiory, évoque et seigneur de Luçon i accorda^la per-
1531 ) Umà te BèoRBOii i».« t^rtotm. ( M8
1 de ednétnilre la ehépelfe dé la Belle-Groix » «toe dans
IsparolBlè deChaliaBs , laifoeHe ayant été depafs énlièremeiit
ruinée et Retraite «n Tan fSfil « par la permission et do con^
sealemcnU deréferend père, en lèsns-Clirfst , monseignear
LodltttB dal'ao i èrèiiae et selirnenr de Loçen , les paroissiens
ta- rètaAUre&t. Bile n'étaft aaparayant couverte quedetnlletf,
de la longiiear sealemenl de 20 pfeds , de 15 de large et 8 de
iMtit^ Ilsra«gnieiif èrent eeiidldéràblement , y firent de grandes
dèp^Ése^ et ta rendirent beaticoap pins propre. François I ré^
«uaftaftors en France , et en Fan 1524, le mercredi, 2a.eda
mois de décembre, le Hilanals et la Lombardie étalent alors le
tifëâtve de fo gnerre entre le sasdit roi de France et le rd
d'Bsi^gne, et aoqnef temps fl arrlra qa'ait grand navire es-
pagael ^qdl avaitété brûlé par les Bretons on par les Normands;
fort rfche et chargé de pl^clenses marchandises , fnt submergé
et pèrif dënS les ean entre Beauvoir et l'Ile de Noinnoutiérs.
Cette chapelle fat bénfte par réyérend père , en Jésus-Christ ,
monseigneur LattonA , carme , évèque d'Bvreux (1). Gela se fit
de ragrément et par la permission de MH. les vénérables
tlcâfres , pour le spirituel et le temporel j de monseigneur
letévérendfssime père, en Jèsus-Cbrlst «Leuls de Bourbdn^
eardfaial^prètre , titre de Sainte Sabine , évèque et seigneur
de Luçoii. Ledit seigneur évèque bénissant cette chapelle, 11
y consacra trois autels qui y étaient , savoir : un en l'honneur
dfe la bienheureuse Vierge Marie , un autre en llionneur dé
la très-sainte Trinité , et le dernier en Thonneur du bienheu-
reux apôtre St. Barthélémy, et, sous la table de chacun de ced
autels et droit au milieu ,11 posa quelques reliques , dans des
fioles de verre et enveloppées dans du taffetas rouge , et 'p
dans chacune de ces fioles , trois grains d*encens , avec un
petit bmet écrit en parchemin , signé de sa main , contenant
son nom , quelles sont les reliques et le nohibre des indul-
gences' qu'il a donné et accordé à tous ceux qui véritablement
pénitents et confessés , visiteront, ledit jour, la chapelle et seâ
aiitels. Bt premièrement , de rautoritê de Téglise , il en â
[^l On a préteAdii qvm cet évè<iuo Eamiteiism était tuSiêff^
d6ré>^4^ de^PôItîers.
sm ) Jjym ixB BoierRfioif ^ sq.o^évAqiie: ( tm
acoprdé un an et oeiit. Jours à U^us oeux<i0l'deyatttciiacliB
desdits autels, diraient cinq Pater lef, cinq Aoe. M<Mi^ ta
mémoire des cinq plaies do NotretS^Ignenr , et inoacdiaqaa
autel» cent (i«arante Jours^ Ledit selgiieur. et èvfiqne posa
aassi sous l'autel de la bienheureuse Vierge JIftarle; quelques
reliques de la Sainte Croix ; an second , des reliques da
^pulcre de Notre Seigneur , et à l'autre , de St^ Gorentio.
Et le lendemain Jeudi , il consacra cinq autels dans l'église
paroissiale dudit Ghallans; le premier, en l'honneur de St.
JËutrope ; le second , en l'honneur de St. Sébastien.; letroi*
^ième , en l'honneur de St. Mathurin ; le quatrième en l'hon*
neur de St. Roch ; et le cinquième , en l'bonnepr de St
piacre. U mit, sous ces autels, des reliques en la même forais
et manière qu'il avait fait dans la cfiapelle de la Belle-Croix. Et
ledit Jour Jeudi, sur le soir, on enleva tous les tableaux et toutes
les staluesqui étaient dans l'église, avec tous les* bancs et les
bois , et on les mit dans le ballet elle cimetière où ils demeurè-
rent pendant toute la nuit. Environ l'heure du crépuscule delà
nuit le révérend évêqne se rendit à l'église, avec le clergé et le
peuple , et tiradutabeiiiaclele Saint Sacrement, enchanlantet
psalmodiant , le porta avec les reliques dévotement à la cha-
pelle qui est dans le cimetière , et les y laissa avec des cierges
allumés , et quelques personnes qui y veillèrent et passèi'ent
la nuit. Il retourna ensuite à l'église où étant debout devant
le cruciflx , qu'on n'avait pu déplacer , il anathématisa tous
les esprits immondes qui y pouvaient être , leur enjoignant
de sortir et de se retirer de ladite église et de s'en aller dans
les déserts , en leur défendant de nuire à personne. Après
cela, il donna ordre que deux des plus Jeunes prêtres de
la paroisse passassent la nuit en prières , dans ladite église .
et ceux-là furent MM. René Laudeac et Pierre Billon,quiéUient
en effet des plqs Jeunes , et avec eux Jean Poyneau , sons-
diacre et Jean Pouverreau , acolyte. Pendant la nuit , ils fi-*
rent une croix de sable et de cendre , en forme de croix de
St. André. Elle commençait d'un bout à l'angle du mur de
l'autel de St. Jean et venait finir à l'angle de Taûtel de la
Tierge , de Tautre bout commençait à l'angle du mur de
iSâ6. ) LOUIB BB BODEIM, SD.^ t/^È&m. Hft
réglise» dans la chapelle de St.- Nicolas, et flnlssalt à la pf seine,
qui e8t4erriërele8 fonds ba^ttemanx. Le lendemain Tendredl/
qal était le 3û.e Jonr de décembre de ladite année f 524 , le
révérend éTéqae, environ l'heure da lever dn soleil, se
rendit à Téglise qn'il trouva fermée , et 8*y étant revêtu de
ses habits itontiftcaia , il récita à genooK les psaumes péni-^'
tendaux , il fil ensnlte trois processions autour de VégUse ,'
en aspergeant les murs extérieurs avec de l'eau bénite > et
à I^ fiii de chaque procession , Il commanda aux deux dfa-'
cres , anl gâtaient ao^edans , de lui ouvrir les portes , frap-^*
pant contre arec son bâton pastoral , disant l'antienne iÉllomiè
portas^ êic. Elles diacres répondaient : ifiÊii9stMêr^gU)ritàt'
à l4t troisième. feés, les diacres lui ouvrirent la porte et n
entraravec le clergé et qoelques diacres, le peuple étant de-'
mi^uné «a dehors. On dressa ensuite une table» pour ledit'
sei^eur évéque .et le clergé, proprement ornée de lumN'
aaire» et des autres choses nécessaires , et , après plusieurs^
<»ai8ons:etvéDëBiotiteSf 11 lit trois fols en dedans la procès-^'
sion autour des murailles , les aspergea et lava avec de l'eau'
grégorienne qu'il avait làlte pour la chapelle et non avec
«lift dont II «valt aspergé les murs par dehors. Il fit ensuite
l'asperslonisur le pavéde l'église avec de Feau grégorienne,
et ayant rèelté' lés Utahtes grec^vtes et latines , A écrivit avec
stm hdtoA pastoral , dans la croix de sable. Les choses ainsi
parachevées^ : il alla avec grande solennité , accompa|i;nè du
dcrgé ei du ^ poupfe , reprendre le Saint ^crenicnt qut re- *
posait aveeles reliques ,^ dans la susdite chapelle. Laproeessrfon'
quron fit autour de l'église étant finie, Il commença la con-'
sécratioii des cinq antels qu'H n'avait pas consacrés le jeudf
précédent et paracheva les cérémonies nécessaires et convena-
bles «pootla blenséàncél et la pompe de la dédicace de cette
église. Sl'quoiqoe^e neuf autels qui y étalent ancfeifnemeiit /
il y en eit quelques-uns de consacrés , comme il paraissait par'
cescrodxlUte^dessusetqu'il y en eut d'autres quf ^avalent des
atUelsporCltlIiBVllcoaBacranéanitioina fous ces neuf afateTs, avec
un antre, qui ne Tavalt pas été , et on en ôta les *aotels por-
tatif»., excepté celpl qui était é' l'autel de St. MalHutin. Le
premier 4e.ce8>âutela^ fût consacré en l-heAnedr^ la bien-:'
heareose Vleisa Marie ^Id second > enllfdiiiialirdd flfKiiolas)
le Iroisième , ea rboimeur de St. ^ean-BapUstti ; le quatrième *
en rbonnenr de St. lulien ; et le cinqiilëine » en l*lionnear de
S.teMarie«Magdelaine, et en tons ces autels tt posa des reH-
qaes,en 1« mdpie Corme pt manlèraqii'ii afraii fait dans la sas-
dite chapelle. Après tontes ces iCérémonies étantes solehnl^
tés 9 il célébra la messe deroflice de la Dédicace^ H en InsUIna
i|ne fôte , il ordonna qu'elle fût gardée , cètélirée «t solennfsée,
tous les ans , dans ladite église , ledit Jour, sodécèmlHre , «t
Il enjoignit au peuple , sous peine de pèoM mortel » de liaire
on ce Jpnr-IÂ des oblations » comme au Jomr de la nàtlTlté de
Notre Seignenr. Enûn, derantorité de l'église , dont 11 était
revêtu, H ordonna* concéda et accorda à perpétnUè à tous
ceux ^gardant et cbommant > ce Jour*là , cette fête» ecvè^
ritablement pénitents et confessés, visiteront lesdlts aiiieis ,
unanetcentJoars4'indulgence, et à ceux qui diront cinq
Water no$ter et cinq. 4w Maria , en mémoire des cinq pintes
de Notre Seigneur > devant l'on desdits autels cent quarante
Jours pour chacun. . .
. Furent présents ^ nol^les gens > Hené Joosseanme et lean
Marclumd, écoyers-, MH. Respecte de SpuUandeau et de la
Jousselennière ; MM. fiUenne Brunetean, lacqoes fialland.
Mercure 9riend , fermiers dndit Ghallans; André $anvfli9Èt et
Thomas Achard , vicaires de M. le Recteur (i) ; Jean Potin,
Gabriel Bodin , Jean Bordier , Julien Perret , Jacques lOartl*
neau , Nicolas Bordier , Nicolas SiUard.> Nieelas Bonry « Etien-
ne Bernard , François Ghauvet , DenIjS Trignand, Jean Poo-
verreau , Jean Regnaud et les susdits landeae. et BlUe»;* tous
prêtres. résidents dans ladite paroisse ^MM« Thomas Bonnên et
Hl'atb^nn Mo^sard, vice^gérants de. V* Varobtdiaçre , aasiatanis;
Edouard Crochet / Guillaume Gauvart, André Benssean et
Geaufroy Nauleau, tous prêtres; Gn^Uaume Bernscé^ iloeh
Blandin ^, Jean Foucaud elt Jean PQlnean , sons^dlaeres ; Maî-
tres Mathurin Robert et Antoine Yoisin , Je^ nsu4et et
Pierre Rondeau, fabriqueucs en. charges < Maurice Martin cl
Jacques Bre<^el, sacristes; Pierre et Jacques Hossand^Ma-
thMri4 et ^^ 9«fand, leen et Bertrand .flayinii i Jean
1524 ) Louis de Bourbon, 20.e éyéqub. ( 209
Camus , GniUaame BoaUn , Galllanme Brianceaa , Yves, Jean
et Bonaventore Bonneteau , Jean Anglbaud , Guillaame Thi-
baud , Jnchanos et LaoTent Martin , Jean Potin , Hagaes
GaiUochon , Jean Rafln et Pierre Yayron , habitants aadit
Cballans , arec ane mnltitude infinie d'autres personnes de
Tnn et de Taotre sexe , tant de ladite paroisse que d'au-
tres , les noms et surnoms desquels étaient et sokil encore
inconnus à celui qui écrit. En fol de quoi quelques-uns des
sus-nommés , ont signé et paraphé les présentes , ledit Jour
30 décembre , Tan susdit 1524.
Ainsi signé , G, Bodin , présent ; £. Laudeae , J'ai passé la
nuit ; iY. Silîard , présent : P. Billon , J'ai passé la nuit ; M.
Cailîon , présent ; /. Bordier , présent ; /. Perret , présent ;
J. Pouverreau , présent et J'ai passé la nuit ; et JRf. Briend ,
présent, (i).
11. Le nombre des fêtes était très-considérable dans
le diocèse de Luçon , et le cardinal de Bourbon crut
dcYoir f aYCc raison » . les réduire , sauf plus tard à
s'attendre à en Yoir diminuer encore le nombre. Je Yais
donner ici le texte français de Fordonnance de ce
prélat (2).
12. Ordonnance du cardinal Louis d$ Bourbon , évéque de
Luçon , qui indique les {êtes qui doivent être célébrées à
l'avenir» {dans son diocèse , du 28 juillet 1526.
Louis de Bourbon , par la permission divine , cardinal-
. prêtre de la très-sainte église romaine > titre de sainte Sabine
(1
celle
(1) On trouve , & la suite de cette pièce , une note pareille à
ile de rordonnance sur ia suppression de quelques fêtes , par
le cardinal de Bourbon. On reproduira cette note , à U suite du
'document dernier cité.
^8) M« de Beauregard avait trouvé seulement l'indication de
cette ordonnance dans le cartulaire et il avait pris le texte latin
de pièce » dans les constitutions synodf'ateeà^ M. d'IUiert
27.
210 ] Loms 1>Ë Bourbon , 20.« év£qijb. ( 1626
évêque et seigneur de Luçon , à toas ceax qui le i»réftent notre
mandement verront , salât éternel en Notre Seigneur. Nous
appliquant à notre devoir pastoral, et examinant avec tout
le soin et Tatlention possible tout ce qui peut convenir i
rordre et à Tëtat ecclésiastique et contribuer le plus au bien
et à l'avantage de nos diocésains et du public et procurer
le salut des âmes , et recherchant avec une grande sollici-
tude d'esprit ce que nous pourrions établir et ordonner de
plus à propos , pour les mœurs dés sujets de notre diocèse
de Luçon , et qui soit en même-temps conforme au régime
et à radministralion ecclésiastique , nous'avons d'abord sur-
tout clairement jeconnu que rien ne s'écartait plus du droit
chemin et né donnait une plus grande occasion de pécher,
à plusieurs, que la trop grande multitude des fêtes , s'en trou-
vant un grand nombre qui méprisent les dimanches et les
autres Jours de fêtes , qui ont été de tout temps chommées
et gardées dans l'église, à cause delà dévotion qu'on a à
certaines fêtes particulières , ce qui tend à la ruine et à la
perte , non seulement des corps^ mais aussi des âmes, puisqu'il
y en a même quelques-uns qui , suivant leur propre sens ,
célèbrent des fêtes qu'ils se sont choisies à leur fantaisie et
qui n'ont aucunement été instituées par l'église , dont Us
méprisent ainsi les préceptes. De-Ià vient qu'on en voit ordinai-
rement grand nombre aux Jours de fêtes , tellement sujets
à leur ventre , à leur gueule et au vin , qu'il semblerait
qu'elles n'auraient été instituées que pour se livrer ainsi à
la gourmandise et à la fénéantise , c'est ce qui produit en-
core une grande calamité et misère pour les pauvres et né-
cessiteux, car étant contraints de gagner chaque Jour leur
vie et celle de leur famille , par le travail de leurs mains,
ce grand nombre de fêtes les empêche d'y vaquer et d'en
recevoir le salaire qu'ils pourraient employer à se nourrir ,
eux et leur famille. A ces causes , pressé par notre soUici-
tude paternelle , de l'avis des gens de bien et savants, fon-
dé sur les ordonnances des prélats nos prédécesseurs , vou-
lant arrêter et prévenir de tels inconvénients et dangers ,
nous enjoignons et commandons , par notre présent mande-
ment et ordonnance , que nous voulons être gardés et ob-
ilS26 ) Louis bb Bourbon, ao.<» BvitQUK. ( fiii
serves à perpèkilté , qa'il ne soit dorénavant , dans notro
diocèse de Lnçon , gardé et chommé d'autres fêtes que cellet
marquées cl-dessons : que tous les Jours, de dimanche soient
célét)rés par Véglise , avec une entière vénération ; que
les autres fêtes soient solennisées avec la dévotion requise ,
selon la coutume , les fêtes mobiles : le saint Jour de Pâques ^
avec les Jours lundi et mardi Immédiatement , le Jour de
l'Ascension ^ celui de la Pentecôte, pareillement avec les Jours
landi et mardi immédiatement suivants » ceux de la trè»-
sainte Trinité, la^ête-Dieu ; les fêtes immobiles seront con*
servées selon leur ordre , ainsi qu'elles sont marquées dans
le calendrier , savoir : dans le mois de Janvier , celles de la
Circoncision de N. &, des Rois et de St. Hilaire, évêquede
Poitiers ; en février , celle de la Purification de la bienbeo-
reuse Tlerge et de St. Matthias, apêtre ; en mars, celle de
r Annonciation de N.-D.; en avril, celle de St. Marc, évan-
géliste; en mai , celles des apôtres S.t Philippe et S.t Jacques
et de l'Invention de la S.te Croix ; en Juin , celle de la Na*
tivité du bienheureux St. Jean-Baptiste et celle des apôtres
St. Pierre et St. Paul; en Juillet , celle de Sainte Marie--
Magdeleine > celle de l'Apôtre St. Jacques , de St. Christophe ,
martyr , et de Sainte Anne , mère de la Vierge Marie , le même
Jour ; en août, celles de la Transfiguration de Notre Seigneur,
de St Laurent , martyr, de l'Assomption de la divine Vierge
Marie et de l'apôtre St. Barthélémy ; en septembre, celles de la
Nativité de la divine Vierge Marie , de l'apôtre St. Matthieu et
St. Michel, archange ; en octobre # celles de l'évangéliste SI*
Luc et des apôtres St. Simon et St. Jude; en novembre, celles
de tous les Saints , de la Commémoration des Défunts , de St
Martin , archevêque , de la Présentation de la divine Vierge ,
de S.te Catherine, vierge , et de l'apôtre St. André ; en décem^^
bre, celles de St. Nicolas, évêqoe , de la Conception de la
divine Vierge Marie , de l'apôlr© St. Thomas , de la Nativité
de Notre Seigneur , de St. Etienne , preiçier martyr , de SI.
Jean , apôtre et évangéliste et celle des saints Innocents ,
martyrs. Pour ce qui est des fêles des Saints en Thonneur des-
((uels les églises sont dédiées % qu'elles soient célébrées par
212 ] Loms DE Bourbon , ' âO.e éveque. ( 1526
cette église là, à certain Jour solenaeL une fois seulement dans
l'année. Quant aux fêtes des Dédicaces de tontes les églises
denotire diocèse deLuçon, elles seront dorénavant solennisées*
le premier dimanche avant le synode; d hiver , auquel Jour , no-
tre église cathédrale de Luçon a accoutumé de faire la fête de la
Dédicace propre de chaque église. Enûn , nous voulons que les
autres fêtes qui ne sont point énoncées avec les ci-dessus com-
mandées et pour lesquelles le peuple pourrait avoir une dé-
votion particulière , soient (quant au peuple seulement) trans-
férées au dimanche immédiatement suivant. Et sera le présent
notre mandement irrévocablement gardé et observé dans
tout notre diocèse de Luçon , par tous nos sujets et diocésains,
et publié dans tous nos synodes , afin que aucun en puisse pré-
tendre cause d'ignorance , et que s'il arrivait , ce qu'à Dieu ne
plaise , que quelqu'un eût la présomption de le transgresser ,
nous voulons qu'il encoure les censures ecclésiastiques et soit
soumis à la sentence arbitraire de nous et de nos vicaires , et
afin que le tout demeure à perpétuité ferme et stable , nous
avons fait apposer à ces présentes notre sceau rond , et icelles
contre-signe par notre secrétaire. Donné à Luçon , en notre
palais épiscopal, le 28.e jour du mois de Juillet , l'an de notre
Seigneur 1526.
Aiiisi signé , H. DE GO.VDA , vicaire.
Signé , J. BODIN, pour copie (1).
(I) L'original écrit en lalîn , en lettres {rothiques rempli d*abré-
yiations» sur un grand parchemin « fut trouvé dans les archives de
l'efrlise deChaUans où il était conservé depuis ^^ ans. Cette ordon-
nance fut imprimée , pour la première fois , avec la permission de
M. de Lescure , alors évêque de Lçon , en 171 i , par Demetrius
Corbin , prêtre du diocèse de 1 jmerick , en Irlande, docteur en
théolo{];ie et recteur de Challans. Cette pièce ayant été traduite en
français , par François Dorineau , écujrer , lieutenant-généiaL garde
scel et sénéchal de la baronnie dudit Challans > elle (ut imprimée
une seconde lois, par les soins du même prêtre Corbin, qui en ob-
tint encore la permission de François Dandigné , docteur en
théologie , doyen de LuÇon et vicaire-général de M. de Bussy de
Rabutin , évêque dudit Luçon.
Cette note -se trouve à la suite de la copie française de ce docu-<
ment. A la fin de l'original en latin , on lit : Signât, L. card^
(ie Borbon : Bsaufils , secret, ugillat. tn cer4 ruùr4»
1S27 ) Louis db Boitiibok , âo.e ÉvfiQUB. ( 213
13. Ayant résidé à Luçon , même ayant d'en être
nommé évéque, le cardinal de Bourbon, devait être
désireux d'attacher son nom à cette localité. Aussi il
reconstruisit une partie des cloîtres (1).
14. n est à croire que le cardinal Louis de Bourbon,
qui babitait[Luçon , ayant d'en être évéqne , remplit
effectivement les fonctions de prélat de ce diocèse.
Néamnoins ses antres dignités ecclésiastiques , car il
était notamment abbé de St.-Denis-en-France, de Saint-
Coroeiile de Compiègne , de Sainte Serge d'Angers » et
de Saint Léonard de Saint Phare et proviseur de
la maison de Sorbonne, l'obligèrent à avoir un
c(Hidjuteur , ou comme on disait alors un suf-
fragant (2}. Ce fut l'un des fils du seigneur de la
Forêt-sui^Sèvre , ayant pn titre d'évéque in parlibui
infideHunif Guillaume de la FoUrest ,évéque de Sébaste,
qui fut chargé de ces fonctions.
15. Louis de Bourbon cessa (4) d'être évêque de
(i) < Ce prélat a sans doute contribné à la construction d'une
ptrtie des cloîtres ; on Toît encore êeê armet sur la porta exté-
rieure de la psallette , sous le ballet >. M. de Beauregard , Evé^
ytt« de Luçon»
(2) rions avons' trouvé * dans un acte dont noua ignorons la
Bttare« qa'en 1526, Guillaume de la Fourest, év éque seiastensts
^tait snffragant de Louis de Bourbon , évèque de Luçon ». M. de
^Qregird , JËvéques de Luçon,
(3) On entend auîourd*hni , particulièrement par ce titre , un
évèqae relativement à l'archevêque , son* métropolitain.
(fi] C'est à tort que l'abbé du Temps dît que Louis de Bour-
bon cessa d'être évêque de Luçon , en 1525. « Ludovtcus de
Sorbonio , presbyter cadtnalis tenuit episcopatum , à die iija-
nuarii 1524., usq. ad sextum julii 1S!27 et sic per très année
gumque mtM0^ et dies 9i$inti quatuor >. Catalogue dea éyèques
4e Luçon.
B14 ) L(Xm BB fiOUBBONt 2Ô.e ivàQVE. ( 15â7
Loçofi, le 6 jain lSâ7 (1). Il résigna le siège à Miles
dmiierSy doyen de ChartreB» en prenan [en échange
Tabbaye de Notre-Dame de la €(rioinbe, dans ce dernier
diocèse, et en retenant , en outre» une pension sur le
siège épiscopal qu'il abandonnait (2}.
16. Outre le si^ge de Luçon » le cardinal Louis de
Bourbon obtint les évéchés de Laon(3), et de Treguier
ist ftit enfin pourvu de rarchevêché de Sens (4].
Peu apràs avoir quitté révéclié de Luçon , Louis de
Sôurbon fût appelé à la célèbre assemblée des no-
tri)les de 15S8 9 ordonnée par François I , et il y prit
"place imniédiatement après le légat du pape. Il se
Tendit f en 1^50, au coBclave où fut élu le pape Paul III.
Le cardinal Louis de Bourbou fut chargé de présider à
toutes les grandes cérémonies religieuses qui se rat*
tachaient à la famille royale , aussi il donna» dans Fé^
^tise de Notre-Dame de Paris , la bénédiction nuptiale
à Magdelaîne de France , qui épousait Jacques Y , roi
d'Ecosse ; il baptisa à Fontainebleau le Dauphin , de^
puis roi, sous le titre de François II , et il fit les obsèques
(1) Oa verra que son successeur prit possession ^ dêilô lende-
mtâix A 7 juin 1527.
(2) 'Voir le catalof^ue déjà cité et on donnera le passage en
yexkint de BfUkea d'iilier^.
(5) « Peut-être, dit M. de Beanregrard , n'étaît-il qu'adminîs-
tr&tear «le tes églises. Par un abus très-pernicieux , les riches
prélats > surtout ceux d'une, haute naissance , percevaient les re-
venus de plusieurs évéchés et abandonnaient le soin de leurs trou-
peaux à deis évéques sans titre et qui étaient leurs (prands-vicaires » .
(6) U fît son entrée à Sens , le 22 janvier 1556. Il^fit achever
le palais épiseopal de cette métropole , commencé par son prédé-
cefsew ^ fit édifier en totalité et avec une grande magnificence
les chMeaux de Brenon et de Villeneuve , et enrichit d'objets
très-précieux le trésor de sa cathédrale»
1527) Louis DE BouHBON , 20.e evêqub. (215
de François I, à St. Denis. Plus tard, Lonis de Bourbon
couronna la reine Catherine de Mèdicis ; baptisa son
petit-neveu , Henri de Bourbon , fils atné d'Antoine
roi de Navarre , et fut même chargé » par Henri H , de
commander une armée qui devait agir en Picardie.
17. Le cardinal Louis de Bourbon qui a conservé» la
réputation d'un prélat vertueux , instruit et capable
(1) j mourut au palais Bourbon » à Paris*, le 11 mars
1556 , à l'âge d'environ soiisante ans. Son corps fîit
porté à Laon où on l'inhuma dans le chœur de l'é-
glise cathédrale , sans aucune inscription , ainsi qu'il
Tavait demandé et comme si c'eut été pour faire con-
traste avec les dispositions testamentaires de son suc-
cesseur (2). On plaça le cœur de ce prélat, dans l'église
de l'abbaye de St. Denis , dont il avait été un des bien-
faiteurs (3) et près du chœur , on lui éleva une statue,
sur une colonne de porphtre. ^
18. M. de Beauregard (4) a cité les vers suivants &its
à la looso^e de ce prélat, par Jean Vital , poëte Italien.
Sic romanuê habet mérita , Jjudovice , senatut
Noêtram rem magnus , te 9%Mdente , tttam.
Et guamçts virtute cales et lumine cîaro ,
Sanguiw's tVtutras nobiUoris avos :
Reltgio tamen insignes superaddit honorée
Teque tocat patrem Gallia tota suum.
(î) Voir ce que disent de ce prélat les frères S. te Marthe»
Tetra Melle , Ciaconius , et le père de acoste.
(%) Voir rarticle de Miles dliUera.
(5) n avait construit la partie de l'abbaje de St. Denis , ap-
pelé le palais Bourbon et enricbi le trésor d'une cbâsse de son
ayeul St. Louis , en argent doré et ornée de Timage des douia
pairs de Franee.
(4) Eçégws dé XMçon.
UVRE QUATRIÈME.
I. 1527— 1882. MILESouMILLOND'ILLIERS,21.cë^êquc,
— ir. 1852—1562. RENE DE BAILLON DU LUDE , 22.e
ëvêque. — nr. 4562—1579, BAPTISTE TIERCELIN , 23.e
évêque. — rV. 1579—1584. RENÉ DE SALLA , 24.e évêque.
L Miles ou Millon b'Illiers (1) , 21 .<^ évêque de
Luçon , obtint ce siège en 1527 , par résignation, avec
réserve de pension faite par le cardinal Louis de Bour-
bon, à qui il donna encore en échange son abbaye de
la] Colombe, au diocèse de Chartres (2).
(1) Le cartolaîre et nn de mes catAloguet le nomme Milo. A
Chartres il était connu sous celui de Mille ou Mile d'Illiers.
(2) c Uectmus octmvus , dît nn de mes catalogaes t fuit Milo
d'Illiers , qui habuit Episcopatum à prœfato de Borbonio , cautà
permutationis cum abbatià Beatœ Marias de Columbis Camolensi»
diocetis , et cum retenttone pensionit, Accepit posêesiionem dicti
episcopatus pro dicto Milone d'illien , dominus Martinus Bou»
chier , abbas incliti monasterfi tanctt Johannis in Valle , carno^
iensii diœceti» >.
1527 j MUXON dIlLUSRS , 21.* BTÊQUE. ( 317
Cet évéqae fit prendre possession du siège épiscopal
de Luçon , par Martin Boucher » abbê de St.-Jean-
en-Vallée, diocèse de Chartres , le 6 juillet 1527.
2. Miles d'Bliers fut d'abord religieux de l'abbaye de
Notre-Dame de la Colombe » au diocèse de Chartres »
puis chambrier et wfin ^bbé de ce monastère. Il devint,
en 1508 , doyen de Téglise cathédrale de Chartres (1) ,
dignité qu'il conserva , j&Q devenant èvèque de Luçon.
3. La Caunilletd'niiers est de TOrléanais, où elle
jouait un rèle marquant (2). Yvon d'Illiers fut un des
commissaires chargés d'établir, sous Charles YIII , une
nouYelIe enceinte d'Orléans, et une des rues de cette ville
porte son nom. Auparavant,Fk>rentd'Illiers, se distingua
au niémorable siège de cette ville , et on a ses mé-
moires^ dans les collections Petitot , Michaud et autres.
Florent d'Illijsrs , qui mourqt en UM ^ laissa. plu-
sieurs enfants , notamment Millon dllliers» évtquede
Luçon , et son frèfe ahié , Jean dllliers , qui , de sçm
mariage avec Marguerite de Chaourse , n'eut que des
filles f dont l'une épousa Jacques de Daillon du Lude.
(1) ■ Miles d'Illîers , quoique non chanoine , fu4 reçu doyen
(hchipiiie de Chartvet , en^ 1508 ; il consetsa ee titra , afaè» sa
nomÎDfttjipQ à Véy^é d^ tuçan et ne le perdit que par sou
élévation au siégé de ^Chartres ». M. de SenteuU le trésor de N.
^. dt Chartres.
(2] M. de Beauregard prétend que la maison d'illiers descendait.
«D ijgoè AiieclA • Au maifni^eattUft de* Vtsndâfna. Philippe , fils
pmné d'un fipuchara * «9mt^ de Y«<>doi|^e » «^^t épçi^s^ Yq^nd^
^^l^iers ; aurait stipuU'que lé second fils de leur unio'n prendrait le
nom et les armes de la maison d'illiers , et les d'illiers dont il est
question ici , en seraient descendus. «^CoAsulter à ce ««jet l'abbé
Uttperron , chanoine d'Auxerre , qui a donné une Histoire de
^ maiiçn d'illiers.
• 28. •• •
I .
218 ) MiLLON DfLtfERS , 21.« ÉTÉQUE. ( 1527
4. « Le nom dlUîers , dît M. de Beauregard (1) est
tires-connu dans cette église ( de Chartres ) qui a eu deux
évêques et deux doyens de cette maison.
» Le premier connu estltfiles ouMilîon (âj, qui fut d'a-
bord doyen de Chartres en 1458 , puis évêque en 1459.
Ce prélat joua un grand rôle , dans les aiffaires de son
temps, et fut employé en diverses ambassades. Dans
lès commentaires de Pie II , qui sotit imprimés sous le
nçwQ 4e Gobellin» on trouve à rjannée 1558, cette
remarque : Fuit eo Umpore RomB Decanm CarmtensU
Ugalm Frqnciœ , qui ad Calixtum de rebm Tvrcarum
g$$tum venerat , m $uœ gentis sludUo instoAcU,
* » Le second fut René d'illiers , son frère , qui lui
succéda en '1480 et qui mourut en 1507.
» Le neveu de celui-ci , Charles d'illiers (3) qui fut
doyen de Chartres , et permuta , en 1508 , avec son ne-
veu , Miflon d'illiers , qui nous fournît cet article , et
abandonna à son oncle Tabbaye dé la Colombe.
)} f^'un de ees prélats , évéque de Chartres , a été le
bienfaiteur de cette église , où son nom est en vénéra-
tion. Les embellissements de l'église et surtout de l'un
àe. se^ clocheFS «un .des plus beaux du royaume , sont
Son ouvrage. Noos pensons que' c'est Milldn, le premier
doyen , dont nous avons parlé ».
5. Donnons quelque chose de pkîs pi^cis -sut; ee (ure-
inler évéque. Miles d'illiers fut' ^ il ftiut le dire, , un des
'"-(4) iEj9é^ut8 de Latfont--
(2) Granâ oncle de Tévêqûe àt tuçon» '
(5) Oacle d^ Vévèque de Lqçoq et frère de Florent d'illiers.
1527 ) BIOXOH D'iLilJERS , 2L.« ÉvâQUB. ( 219
prélats les plus, emportés et les plus vicieux de tou$
ceux que mentionue l'histoire , et il faut, croire que
révéque de Luçoh valait beaucoup mieux que son
grand oncle. Laissons parler^ sur ce dernier» les écrivains
du pays Cbartrain.
a MUes d Illiers , dit Tun- d*eux (i) , 97.« évoque de
C3iartres , dé 14^ à 1493 ^ portait d'or à six annelets
de gueMe , 3 , 2 et t» Il Ait nommé réguliéreroeal , par
le chapitre assemblé , le 1 3 .niai 1 45^ , sur lettres de
pffioaisfi^ioii délivrées par le roi , le 9 mars pi^cêdênft ;
mais il ne prit possesceion qu'au mois de décembre 1459t
Lor» de cette élection , il était doyen du chapitre et , en
même temps , curé de St.-Nicolas de la Paye , près
Blois et UUers. Il conserva cette dernière cure »
même étant évéque. Chartres n'eut guères de prélat
plus turbal^t. Débauché , despote ^ querelçur , Miles
eut des démêlés cçMBtiauels avec son chapitre.... d Le^
choses s'aigrirent à tel point , sous son épiscopat ^ dit
un. autre écrivain (2], il y eut un tel feu croisé dlh-;
terdits et d'excommunications , que le prélat , aptes
avoir fait retentir le parlement de ses plaintes , obséd§
le pape de ses aecnsations contre les chanoines , prit
le parti de^ battre en retraite / en résÂgnant son évécbé
à son neveti'René ; ce qui donna naissance à une dif-
ficulté de plus D.
Pour les mcQurs de Miles dlUlers , ce qu'en disent
BonaTenture Desperriers (3) et Rabelais (4} n'offre pa»
(1) Do jeu V Hittoi're de la vt'lU de Chartre$. . ' .^.
{^) n. de Santeul ; Trésor de K.-D. de Chartrtsî'"
(3)^37.e nouvelle. ^ (A,) ^Panta^ruel , liv^j^Uï^^.^ç. ^ //_ ^Jl
320) MiLtON DltLIEHS, 21.e ÉVÊQUE. (1532
de bertîtode , inafs , quant' aux procès def cet évéqûe
de Chartres avec son chapitre , pour des intérêts pé-
cnnidires ou des questions de prèséançe , À'hônneurs
ou de prérogatives , on peut dire qu*ils sont tellement
nombreux et si [singuliers, la plupart, à liaison des
inrétentions soulevées parTévéque, fu-qn auratt peine
à s'en faire mie idée. Enfin , Mil^si d'Iiliers finit par
^re ^:[^c<HnmuBté par ie pape ^ et*, t)1^9dné aa der-
nier point , il ne voi|kit;pa$ en tenir, jeumpfe et don*
na lieu à un scandale,, d^ to natur9^^.ia%p1iis grave (i) ;
c'est par la preuve de ee fait ^«e j6 termki^ai» sur
le. compte de ce ^prélat , m cHaol ê^ ^ocmnents
officiels (2).
«. Sous révêquè dé Luçon , Uilès d'fllîérs , on
¥etrouve encore la mentiwi ^e noïiveatix flf&ats, re-
lativement à Fachenal de Luçon. Le roi d^na ordre'
défaire contribuer les seigneurs de t* Tremouille et de
(i^ Ces documents m'oat été fournis |>ar ua ieanc et. éiudit
ioîâgi^trat ; M. Btinol^t, jti(rBi9ùp|^léant«ia tribunal de ChaHres.
.(2),.« Pi'ocès-^verbdl dra^imartpn , d'« iO octobre 1&70 » faif« au;
nom du cbapîtrë de Chartres. , à l'évèque Mlles d'illiera , étant
Sans sa' chaire épîsco^ale , à -1% diroilé'dts Atateft dà cKcfettir , podr
qu'il eût à se retirer de rA({U4e>^ Mant exfioimnaaié pa3r L'attloriié
appàloUque , et du refus fait , par ledit évéqne , de soiçtir de réalise;
va lequel tefus , tous lés cbd'Aoines , ébàpelâms' et clercs, de
U^^îaa-aa feraient retiriîs » pour ne p^s commuaiquer » in divints,
avec un ezcoixiinunié ; nonobstant quoi ledit évèqne , assisté de
ses neveux et chapelains , aurait chanté les pétiMéi .haureS > cé^
lébré la grand' messe , donné la bénédiction au peuple , comme s'il
n'eut point été lié par wia- «sentence d'excommunication >• —
texploft de Tan (472, fait eu v'ërfû de lettres toyaîes obtenues
par le chapitre de Charti;e$, coatpq le S- évé<^e de Chartres»
excommunié par le Pape , pour voir dire que défenses lui seront
faites de se se présenter en l'église , jusqu'à ce qu'il ait obtenu
absolution ». --Pour fiiilir' d» peindre ce {feesànoa^ v' il) faut
aussi citer un. arrêt 4^ parl^me^t ^ du i.er :févfier 143^ » qui, le
condamne à.^OO livres d'amende , et son secrétaire } nommé Beio|^s»
aussi en iOO Ui^Ms'ti'aibend^'/ '^our fuuiùtéi, '* ^ ' > '
1532) ibLLm B'iLUBRây 21 .e trÈQVn. (221
Champagne à son entretien » en mentionnant que , de
toate ancienneté , il était navigable ; que sans lui \eÈ
marebandises ne pourraient pas arriver dans l'inté-
rieur et qu'ii était de plus utile aux seigneurs , à cause
des dixiits qu'ils percevaient. Les commissaires nommée
dédarent le seigneur de la Trémouiile tenu des rêpa-'
rations depAië le port et hftvre jusqu'au marais Tail->
lefer , èl éelttî de Champagne , depuis le marais Tail-
lefer Jusqu'à la mer. Le seigneur de la Flocellière est
aussi condamné pour une part , à ces réparations.
Mais ces sefgneuns forment opposition a Tordonnance.
des cotiarmisiMiired et assignent devant le sénéchal de
Pottoô. Sur ci^la ) le roi ftiit saisir par provision les
droits et péages du canal , pour les employer , aussi par
provision , aux répafMiotts. Pendant ce temps l'achenal
tombe en ruine. EnOn , le 4 mai 1532 , le fdi prend
us» déoiiipB djèfisitiva » cmforme & la première , et les
seigneurs sont contraints de réparer une voie d'eau si
nécessaire i pour la prospérité du pays (1).
7. On sait que lea évéquea se faisaient porter assez
généralement par des seigneurs » lors de leur première
ontréedans la ville épistûopale , et il «st des abbés qui
jouissaient du même droit (2}. On trouve la preuve de
l'existence d'un droit pour l'évèqoe de Luçon ,
dans un avvu du 20 octobre 1532 » et si le prélat ne
se faisait pas porter , au moins » il faisait conduire sa
m(mture par .un seigneur. En effet , daus cet acte :
(1) Mémoire manuscrit.
(2) Boclîn f Recherches sur Sàumur , <)ui mentionne ce droit
et cofametatll •^sx^rçaît poiMr t'Abbéde St. Florent ^e Mototgione.
(5) M$. dû D. fMdeMMU. -
S^ ) MiJLLON DlLLIE^S> 21 .« ÈytQOJK. ( I53â
a Charles du Bouchet , écuyer , seigneur de Sainte-
Gemme , déclare tenir de Messire Miles d'Illiers , évéque
et seigneur de Luçon, tant pour lui que pour. ses
vassaux , à cause de la cathédrale et de la cbat^Uenie
de Luçon , à foi et hommage lige f sans ligenoe et
à droit de rachat , au devoir et service de se trouver
et venir au devant dudit êvêQ^e , jusqu'à Teutréede la
ville , près Téglise de Saint Mathurin ,:par ou arrive
ledit évêque , pour sa première entrée ; lecpiel dit
Bouchet y doit être en pourpoint de soie et en chausses
semelées , Tépée au côté , et doit prendre le 4îh;^al
de l^évéque [ dieyal bon et conforme à la digiâté du
prélat] , et le conduire par les rênes 4q la Jl)ride9. défais
ledit lieu jusqu'à la porte de l'église cathédrale. Puis
Févéque descendu , ledit seigneur de S)e. GeQune doit
avoir le f^heval pour lui x>.
8. C'est vers cette époque que des doctrines religieuses
d'abord nouvelles et hardies , pour ne rien dire de
plus f commencèrent à se produire en Poitou.
On sait qu'au commencement du XVIi^ siècle ,
Luther, un religieux Allemand, de l'ordre de Saint
Augustin, s'éleva contre les indulgences accordées à
raison d'une croisade préchée contre les Turcs qui ,
comme les Arabes au moyen âge, paraissaient tendre
à la conquête de l'Europe entière ; ne s'étevftftt pas^
seulement contre l'abus des indulgences, Lutfaep at-^
taqua les^ mœurSc du clergé qui alors laissaient beau-
coup à désirer et annonça le besoin d'une réforme.
Mandé à Rome , par le pape Léon II , le novateur
résista , et trouvant de l'appui d^ns un prince de la
maison de Saxe , il se fit chef de secte. .
1534 ) MlIXON D-iLLIHaS , 21 .« ÉTÊQUE. ( 22»
Ce ne furent pas les disciples de Luther qui travail-
lèrent en Poitou à réformer l'œuvre des siècles. Jean'
Cauvin on Çbauvin y dont on rend mal le nom par
celui de Calvin (1) , Chanoine ou curé de la ville de
Noyon , non admis à la prêtrise , avait marché sur les
traces de Luther , et avait aussi fait sa secte. De sa
personne ^ il se rendit à Poitiers , où il trouva des dis-
ciples (2) , commença ses prédications et fît , de la pro-
vince de Poitou 9 une des contrées où ses croyances ont
eu le plus de retentissement , où elles ont le plus fait
couler de sang et où elles se sont le mieux conservées ,
puisqu'une notable partie des habitants de la contrée
professe encore la réforme.
9. Or i en 1524, il existait aux Essarts, en Bas-
Poitou , une fiUe pauvre , appelée par les uns Marie
Secaudelle 90 Bdaudelle (3) » et par les autres Marie
{!) On a reiida la nom de Chauvin , en latin, par Caïçinus , pnitf
£uÀant passer ce mot du latin en français , on en a fait Calvin,
(2) Ce fut «n 1523 que Calvin Tint à Poitiers où il fit connaissance
avec le Sage', docteur en droit , qui comme lui , était de Noyon.
Alors Calvin parvint h rendre à ses doctrines Reitfnier , lieutenant-
général en la sénéchaussée de Poitou , Antoine de la Dugie, doc-
teur en droit , Philippe Vernon « procureur , Jean Vef non , Alher
Babinot et probablement le docte Jean Boisceau de la Borderie ,
qui depuis revintàlafoi orthodoxe. Alors le chef de secte commença
ses prédications tant à Poitiers dans la maison du lieutenant-
général Begoier ; qUe dans les cavernes de Croutelle et de Saint
Benoit. On connatt encore près de cette dernière localité , la grotte
à Calvin, Vernon demeura en qualité de ministre à Poitiers , et ïtg
autrea furent prêcher les nouvelles doctrines ailleurs» Voir à ce
eujet ThÛ>ai^deau« . Abfégé de l'H%$to}re du Poitou.
(py Toir Areère / Ht'ét, de ht Rochelle. D'après l'usage d^alots
de féminiser les noms propres , cette fille devait appartenir à une
fiimllke-dotti le mota était Becaad.oa Belaud. Ces noms existent
encore en Bas-Poiv>aL - . t
ââ4 ) MiucN D'I&UERS , ai«6 È^qjm. ( 1534
Gaborit (1). Cette fille fut placée en serrice à La Ro-
chelle ^ et ayant eu occasion d'entendre les prédications
des* novateurs^ elle adopta leurs doctrines. « Sortie de
La Rochelle , dit M. de Beauregard (2] , elle porta aux
Essarts f sa patrie , le venin dont elle avait été infectée
dans cette ville et elle osa défier au comlpat un re-
ligieux franciscain. Cette hardiesse éveilla Tattention
des magistrats , et condamnée au supplice du feu ^ par
le sénéchal de Fontenay (3) , Marie mourut avec cette
tranquillité qu'inspire le fanatisme (4), On croyait alors
que Terreur était un crime digne de mort. Peut-être
que la rigueur dont on usa contre les disciples des
nouveaux sectateurs alluma , dans leur cœur ^ cette
haine implacable qui versa tant de sang ».
10. Un procès eut lieu de nouveau à raison du droit
que les évéques deLuçon prétendaient exercer et qu'on
appelait le melius animal. Ce droit n'était appuyé
sur aucun titre et ne tirait son origine que sur un
usage qu'avait le prélat de prendre ^ à la mort de tous
les prieurs et curés de son diocèse , séculiers et régu-
liers , le bréviaire et le cheval de selle qui avaient
servi au défuirt » ou dix livres dix sous en argent , k
son choix.
(I) Notamment dans qb martyrologe protestant ; îl paraîtrait que
la mère de Marie« étant devenujB yçuve et s^étâpt mariée, on donnait
par fois à cette fille le nom de 4Q1» beftu^pèrç. Du relate, le nom
4e Gaborit est aussi très-coniwvn çn. Çaa-PoitQii,
' (%) £»éfue3 de Luçan, . . . '
(5) Par François Brisson , liéntenant-gé(i.éral àt là sénéchaitS'^
aée de Poitou à Fontenay- le-Comte , père du fameux- Barnabe
Brisaon et de Pierre Brissen^ dqfit j'f i dopfié U. chronique ,^ dfus
les Chranigueê fontenatsiennfiê,
' (A) £Ua fut brûlée ans Esearta ; néanmoiiM qmeltUM^Uia pré*
tendent que son supplice eut lieu à Fontenayf « :. .
1539 ) MltLON B'IlUBRS , 21 .« BVÉQUB. ( 327
Celui qui résista à l'exercice de ce droit fat Matku-
riD RouflSneao , prôtre-vicaire d'une paroisse dépen*
dant d'une des abbayes. d'ÀBgers ,
à raison du décès de Jean Balleron , religieux
et prieur-curé de ladite église. L'affaire fut d'a-
bord jugée par l'Official de Luçon , qui domia gain de
cause à Miles d'illiers , son évéque. Sur l'appel porté
devant l'auditeur du siège métropolitain de Bordeaux ,
il y eut f le 17 octobre 1535 , conlBrmation de la sen-
tence de Luçon.
11. Un titre, relatif au domaine deChoi^^eaux » da
31 Mars 1538 j fait mention d'un cartulaire de l'évécbé
de LuçoB , recouvert de bois : le dernier n'était proba-
blemait qu'une copie de celui-ci.
12. Un manuscrit important de l'administration de
Miles dUliers , comme évéque de Luçon , est demeuré.
Ce sont ses Constitutions Synodales , publiées dans le
Synode général de la St. Luc 1539 et imprimées , à
Paris f dans le courant de la même année (1). Nous
alloBs laisser M. de Beauregard (2) tendre compte de
cet intéressant document.
« Ces statuts sont précédés d'une préface écrite ,
comme le reste du livre , en latin id'un style simple ,
coulant et plein d'une onction que répandent des pas-
sages de la sainte écriture , heureusement appliqués, n
prévient les pasteurs auxquels il adresse son livre que
ces constitutions canoniques sont en partie tirées des
recueils des statuts faits par les évéques qui l'ont pré-
(1), Cet ouvrage est très-rare.
(2) Evéques de hucon,
29.
â28 ) MiLLON D'IlLIBRS , 21. e ÉVÉQUfi. ( 1539
cédés , des canons des conciles de la province déjà
publiés , auxquels il a joint des règles ecclésiastique^
nouvelles , d'après le conseil et les lumières des ec-
clésiastiques les plus savants. Cette préface est suivie
de six vers 9 à la tête desquels Fauteur Antoine
Giraud ( de Luçon ) a mis son nom qu'Us n'immorta-
liseront pas.
<( Les Statuts Synodaux sont contenus dans viugt-
quatre divisions, qui sont nommées AuJ^igues.(l} Chaque
rubrique est subdivisée en articles»
» La première rubrique traite de la comparution au
Synode et nous apprend que cette assemblée avait lieu
deux fois Tannée , le jeudi avant la fête de l'Ascension
et celle de St. Luc.
» Tous les ecclésiastiques devaient s'y trouver , sous
les peines canoniques , après toutefois qu'il aura été
pourvu à l'administration des paroisses. Les abbés,
doyens ruraux et les archidiacres doivent s'y rendre
avec leurs étoles jejuni rasiqiie omnes coronam et bar-
bam. Ce dernier article nous apprend que les gens
d'église faisaient raser leur barbe et c'est précisément
à l'époque où les laïques la tenaient très - longue.
Français I avait autorisé cet usage.
* (1) On sait que par le mot Rubrica on entendait le titre d'nne
loi qui dans les manuscrits et dans les premiers livres imprimés
était écrit en rouge.
1539 ) HUXON D'IijJBBS , 21.® ÉTÉQUB. ( 229
» La seconde rubrique traite des sacrementSi et du
casuel.
D La troisième traite du baptême. L'évéque dit que
les prêtres doivent porter l'étole à l'administration de
tous les sacrements. En parlant de la nature de Teau
nécessaire pour conférer validement ce sacrement ,
il parait exclure l'eau de la mer : aquâ elementari
liçpÂidâ de fonte j puteo vel pluviali , non alià. On dé-
fend aux moines et aux prêtres d'être parrains , à
moins qu'ils ne soient constitués en dignité , nisi
consangvineis. On défend de recevoir plus de deux
parrains et une marraine , pour un garçon ; deux
marraines et un parrain pour une fille. On défend aux
mères de coucHer leurs enfants avec elles.
» La quatrième traite de la confirmation. Elle an-
nonce que l'évêque seul peut conférer ce sacrement
et défend de le recevoir des abbés ou autres minis-
tres , de manière à laisser croire que quelques-uns
s'arrogeaient ce droit. Elle prescrit l'usage des ban-
deaux sur le front dont on voit encore la pratique
dans la métropole de Paris,
» La cinquième traite du sacrement de Tordre et
on fixe rage de dix-huit ans^ pour le sous-diaconat.
2) La sixième traite du sacrement de reucharistie.
Il faudrait la rapporter en entier , si on voulait ex-
traire tout ce qu'il y a de beau sur cette matière. On
voit que , dans ces temps-là , on ne lavait jamais les
purificatoires qui étaient de lin ou de soie , mais
qu'après avoir servi, on les brûlait.
296 ) MlLtOir D'IlUERS , 21. e ÉVÊQUE. f 1539
« La septième traite du sacrement de pénitence et des
cas réservés. L'évéque accorde aux confesseurs des
paroisses» hors de Luçoù^ la permission d'absoudre
les personnes du sexe de ces cas résenrés , à eon^i-
tion que les personnes CQupables sero&t de la confrérie
de la présentation de Notre-Dame de FégUse cathédrale
de Luçon.
» Les péchés réservés à l'évêque sont au nombre de
trente-neuf et la réserve] paraîtrait sévère.
» La huitième rubrique traite du mariage. Tous les
articles en sont «lairs , bien exposés et les principes
s^mt exactement les mémtô que ceux que le coBcile
de Trente a sanctionnés.
» La neuvième traite du sacrement de rextréme-
onction,
» La dixième des dîmes et des droild des pai«is«
ses , pour le temporel.
» La onzième parle do la manière dont les curés
doivent recevoir les testaments et attribue à la juridic-
tion purement ecclésiastique la connaissance de Texé-
cutiondes actes que les ecclésiastiques auront reçus (1).
» La treizième traite des moeurs des ecclésiastiques.
L'un des articles de cette rubrique ordonne aux ecclé-
siastiques d'avoir des habits longs qwm talares. Cette
expression appuie le système de l'abbé Boileau , frère
du satyrique des Préaux , qui soutenait que l'habit
(1) L'analyse de la douzième rubrique ne se trouve point dans
noire manuscrit.
15M ) MnXOH h'ÎLUSBSf 21 .• Atêqub. ( 131
d'un prêtre devait être à moitié jambe , opinion qui
1»! valut le surnom de docteur singulier. On ajoute à
cette dimension en longueur de ne point user vestibus
^xpecteroHê , fnmaiaHs , parîitis , $ed claueis tindecum-
dfii^ à eoUo deeuper et non /te'a relrà » non apertis
maniùie*
Un article suivant dit : prohibtmusneutatUur lunatis
œmnHi et timitum fene^raiis caleeis , caligis icaratis ,
eamaiis froncioMs , aut Mretis replicatis. Quant à la
couleur des habits , elle n'est point indiquée , sinon par
ces mots : Hinc tineta de colore quo banœ personœ eccle-
siaeticœ utuntur in nostrâ dimeei.
x> Les chapeaux étaient sans doute encore une parure
trop mondaine , car l'évéque en prohibe l'usage à tous
les ecclésiastiques de son diocèse , surtout à l'église , mais
ils doivent porter des capuchons ou des camaux de
drap noir.
D^On y improuve la chasse clasnolam avec des feucons
et oiseaux de proie , ainsi que celle qui se fait avec des
chiens y comme trèsnllspendieuse et dissipante. On re-
commande d'éviter les jeux trop publics et trop fré-
quents de la boule , et on interdit les dés et les cartes.
» On y défend les cérémonies ridicules qui avaient
lieu à la fête des Innocents ou de St. Nicolas , surtout
les mascarades.
D En général cet article est rempli des lois les plus
plus sages.
La quatorzième traite de la conservation des biens
des [églises et de la manière de les fiiire administrer.
232 } MiLLGN B'IlLIBRS , 21 .« ÉYÉQUE. ( 153^
D La quinzième parle des églises et cimetières. Dan»
ce paragraphe , on revient encore à la défense des
jeux et des parades dans les églises ^ à certains
jours de fête , ce qui fait croire que de pareils abus
étaient communs : Nec in festis S.ti Nicolai , Catharinœ,
Innocentium , prétexta recreationis scolasiici , clerid vel
sacerdotes stultum aliquid vel ridiculum sociant in eccle^
siâ. Deniquè àb ecclesiâ objiciantur vestes siUuorum.
D La seizième parle des paroissiens étrangers,
» La dix-septième fait des règlements pour les pré-
dicateurs envoyés dans les paroisses et les quêteurs.
» Il parsdt que , dans ce temps-là , les abus que les
réformateurs ont relevés , avec tant de fiel , étaient fort
communs dans le diocèse de Luçon. Des prêtres , des
moines y avec de fausses lettres de Rome et des reliques,
enlevaient aux pauvres les secours que sont toujours
disposés à leur offrir les hommes sensibles. Cet article
donne des règlements prudents , sages , pour que les
fidèles ne soient plus trompés ; Tévêque recommande
aux curés de commencer , avant de permettre les quêtes,
par subvenir aux besoins des pauvres et des malades
de leur paroisse.
» Il défend de laisser publier de§ indulgences , non
reconnues par Téglise , et il finit par recommander
aux pasteurs et aux prédicateurs de rappeler aux fidèles
les besoins de la tabrique de Féglise cathédrale et de
leur recommander la confrérie de la Présentation de
Notre-Dame de Téglise de Luçon.
I53d ) MlIXON ul'IujEns, ^i^tYÈQXm. ( 233
» Nous remarquerons que c'est la seule fois que
Texisteuce de cette association dévote au service de la
S.te Vierge » soit venae à notre connaissance.
> La dix-huitième traite de l'excommunication.
y> La dix-neuvième parle de Texécution des ordres
émanés du tribunal de Févéque , des formalités et des
frais des actes faits à ce sujet.
» La vingtième s'occupe de la célébration des fêtes
et on y renouvelle l'ordonnance de Louis , cardinal
de Bourbon » que nous avons citée à l'article de ce
prélat
» La vingt-et-unîème traite des médisants et des
blasphémateurs.
)i On y défend aux prêtres et aux clercs de disputer
avec des laïques des articles de foi , et on y recom-
mande le culte et l'honneur dû aux images. On y
cite ces passages : Gentibus pro lectione pidura est. Pio
iurœ sunt libri msticorum.
D Nous l'avons déjà dit , toutes ces ordonnances sont
tirées ou des conciles généraux ou de ceux de la
province , fous inspirés par l'amour de la discipline ,
et tous appuyés sur les principes de la meilleure théo-
logie. Ils nous font regretter les autres actes de cet
évêque qu'il a dû multiplier, dans un épiscopat assez
long (1) ».
(i) m Miles d'IlHers dît anparurant M. de Bcanreçard , a sîégé
long-temps, maïs les pertes qu'ont éprouvées nos archives dans la
longue durée des guerres de religion ne nous ont transmis aucun
acte imporUnt. Le seul monument de son épiscopat est un recueil
de constitutions synodale». ...»
â34 ) MUXON D'iLLDERS, 2i.« ÈTÈQXm. ( i5SS
13. Après cet exposé, l'auteur des noies sur les
Evêqtm de Luçon , ajoute , mais quelques pages apràs , à
ce que Ton vient de transcrire :
a Nous aurions dû , dit-il , à la suite du compte
que nous rendons des constitutions , faire mention
d'un livre qu'il recommande à tous les curés
d'avoir avec eux et qu'il fit imprimer avec lesdites
constitutions auxquelles cet ouvrage se trouve
réuni. C'est le livre intitulé : Opm triparHtuim , de Dei
prcBcepiis , de confessione et de arte bene marienii « du
chancelier Gersôn. C« livre imprimé en finançais et
latin , dans la même édition , est précédé d'une lettre
pastorale de Millon , dans laquelle il déclare qu'il a
fait à cet ouvrage beaucoup d'additions. L'évéque
ajoute 9 qu'il accorde quarante jours d'indulgence à
ceux qui en feront ou entendront la lecture , et il
ordonne aux curés d'en lire un chapitre à chaque
prône des paroisses. Ce livre fut publié au synode
d'hyver de 1539.
» Le titre général en est singulier : Instructions des
evréSf pour instruire ïesîmpi^ peuple. Il est enjointe
tous les curés , vicaires , maîtrts des eschôles^ d'hôpitatUx
et autres presbtres , partout Tévêchi de Luçon , d'avoir
avecques eux le présent livre et en* lire souvent , €ty a
grans pardons et indulgences en ce faisante».
14. Des difficultés , dont on ne connaît pas bien
l'objet , s'étaient élevées entre Miles d'IUîers et son
chapitre » elles furent terminées p«r un accord de
Tan 1539 , pendant que Pierre Marchand était doyen
de ce même chapitre.
1540 j MiLLON dIlUBRS ,21.6 BVÉQUE. ( .235
15. On trouve qu'au commencemeut derannée 1540 ,
il avait existé un procès entre le clergé de Luçon et
Louis de Thorigqy , héritier de Nicolas Boutaud , évé-
quede Luçon, à raison de la fondation faite, parce
prélat , aux Moutiers-sur-le-Lay (1). Plus pacifique que
Louis de Thorigny , Gui de Tborigny , héritier de
Gelui«ci 9 transigea sur cette contestation ^ en 1540 (2).
16. Une des seigneuries de Luçon appartenait encore,
vers ce temps à la maison de la Tremouille. En effet,
on trouve , le 18 septembre 1540 , François de la Tre-
mouille rendant au roi hommage lige , au devoir de
rachat , pour sa chatellenie et seigneurie de Luçon.
17. n a déjà été question du bail de St.-Philbert à
Luçon. On en trouve encore la mention , dans un acte
du 10 Juin 1547 , où Tévéque Miles dllliers déclare
qu'en sa terre , chatellenie et seigneurie de Luçon ,
il y a place à bâtk, prés le boulevard et portail d'en-
trée du château dudit Seigneur , audit Luçon >; appelé
le bail de St. Philbert (3).
18. L'iDdicatîon qu'on . va dqnner peut être utile ,
pour reconnattre d'anciennes localités. Le même jour
10 Juin 1547 , Miles d'IlUers , évéque et baron dç
de Luçon , accensa un terrain de dix-huit pieds de
long , pour y bâtir une maison , près le boulevard
et le portail d'entrée du cbâlean dudit seigneur évo-
que ; tenant ledit terrain , d^un tàté à la muraille de
'' •...■,'.
(1) Voyez ci-dessus Ilî , 23.
(2^ M. s de 2). Bonteneau
(5) Idem,
30.
â36 ) MiLLON D'iLtIERS , 21.e ÉTÊQUB, ( 1547
ladite forteresse ou bail St. Philbert , et d'antre bout
traversant la JDouhej jasqu'an chemin qui va de la
halle dudit Luçon à la maison de la Ramée et
église cathédrale de Luçon , au long des Dtmhcs du-
dit bail St. Philbert (1).
19. Des lettres de garde-gardienne furent accordées
au chapitre de Luçon , par Henri II , à Yillers-
Cotterets , en Août 1547 , et elles furent enregistrées ,
plus tard, à la sénéchaussée de Poitiers.
20. Miles dllliers avait pour vicaire-général , spi-
rituel et temporel , Christophe Marchand , abbé corn-
mendataire d'Orbestier , archidiacre et chanoine à
Luçon , et il lui avait donné ses lettres avec puissance
de substituer un ou plusieurs vicaires^ avec telle ou
semblable puissance ou limitée comme lui. Or , le 4
Novembre 1547 , le prélat parlant à son vicaire-géné-
raly lui déclara qu'il révoquait cette clause, et il en
fut dressé acte.
21. Je mentionnerai ici un induit accordé, par le
pape Jules III , le 11 {Avril 1548, A un membre de la
maison de Fouchier, seigneur du Gué de S. te Flaive
et de l'Ementmère et à sa famille.
Au dos de cette pièce et pour lui faire sortir effet ,
dans le diocèse de Luçon , un visa fut apposé par
Jacques Clemenceau , sous-chantre de la cathédrale
et vicaire-général de l'évéque Miles dllliers.
22. En Octobre 1549 y le roi Henri II adressa an
(I) M. s de D. Fonitneau.
1549 ) MnXON D'IlXIBIlS f 2i.e BT£quB. ( 337
sénéchal ^4 Poitoa » aux fins de notifier aux évéques
de Poitiers , de Luçon et de Maillezais que leurs dio-
cèses devaient payer, pour la suppression de la gabelle,
dans le Poitou, savoir: le diocèse de Poitiers 16,400
livres tournois , le diocèse de Luçon , 3,940 livres
toamoîs t et le diocèse de , Maillezais , 5,240 livres
tournois , pour leurs parts de 200,000 écus d*or , à
acquitter par plusieurs provinces et enfin dans les
25,000 livres tournois , pour frais de poursuites ; Poi-
tiers 911 livres; Luçon, 218 livres;] et Maillezais,
290 livres.
23. ce On voit , dans un acte , dit H. de Beauregard,
(i) notre évéque prendre la qualité de seigneur de
Luçôn. II Tétait en efTet, et jouissait, soit par suc-
cession , soit par acquêt de la baronnie de Luçon. »
Cette dernière conjecture est la véritable. En effet ,
par acte, du 8 1549, Miles dllliers , évéque
de Luçon et doyen de Chartres , demeurant alors , y
est-il dit , au château des Mouliers-sur-le-Lay , acheta
d'Anne de Laval , douairière de la Tremouille , la
terre et baronnie de Luçon , qu'elle avait eue , par
cession , de Louis de la Tremouille , son fils ainé.JLe
prix fut fixé à huit mille livres tournois , pour cette
propriété, qui relevait directement du roi & cause de
don comté de Poitou. Le fondé de pouvoirs de la Dame
de la Tremouille , était Gabriel de Mouleves , prieur
de Grammont , près Chinon.
24. Or, devenu propriétaire de la seigneurie de
(1) Évéques dt Luçon,
238) MiLLON DlLLÏERS , 21.e ÉVÈQtk. (1549
Luçon, provenant de la maisonr de la IWnîiouîlIe ,
Miles d'illîers voulut monumenter son commencement
de jouissance , d'une manière sol'eïinelle. En Consé7
quence , le lendemain de la Nativité Notrê-Èame , 9
septembre 1549 , ce préiat prit iJôss'essîon de cette
baronnie , avec un grand éclat. C*était uh* jour de
foire à Luçon et ceux qui se trouvaient à cette ré-
union commerciale virent approcher tout -*■ à - fcoop ,
sous là halte et au milieu des marchands (l) , Miles
dllliers , dans ses habits épîscopàux , * précédé de'
l'appariteur du chapitre , portant la mas^è' d'argent
et des chanoines ^ iioarchaiit processionii^llement. Pois
l'appariteur cria par la. JiuGhe,dnd\t lieu, c'est-^-dire à
l'endroit où se faisaient .d'ordiaaii;e^1e$ pid)lieatj[oii$ :
Or, Oyès , et l'évèque donna ordre à,uu des officiers
de lire son acte d'acquisition , et le sénéchal dressa
l'acte de prise de possession , i|iii fato-Kigoé paC' «n
très-grand nombi» de .perâonnes. •. j. »
25/ On vit encore se renouveler ', poîur la'dçrAîèif'è
fois, des difficultés relativement au )iiminaifé àè Tç-
glîse cathédrale de Poitiers. On connaît 'W^Jléciàîons
antérieures, rendues .coûtre les. égjisé^ du 'diocèse de
Luçon , et pourtaht, le droit cessa énçote, d^eti^é'payé.
Tremonlll«. « On r^war^ae < dit unr ancien cn^moirp » , i^a'c^^
(cette seigneurie) n'avait point d'autre* clièf d'homœ âge que la
halle do^dii lieu , la tnar^oe la .plus. £onsidér%bll) !et< 'la* "plus A^pOh^
rente , la première dans le» dénombr^meats^ le sicge d^.la juri-
diction et de la justice , la base et le fonkleVuéni'de tôûs les
droits qui s'y rapportent comme à leur source et le principal de
tons les . nkenibr^s qi|i s'y Fa9semble«it,,4Qonpfpe4ttA0 lervc «Keft _. .
C'était la baroDuic profane, l/aulrs était ecclésiastique , de l'ancien
domaine de révècné, et a pour chet'-lieu l'Hôtel épiscopal et le
ch&Uau de Luyon , ou il y a uu capitaine établi pai^ l'érôque. . '. »
I55i ) Mnxon i>'1ùjbr$, âi.e tvÈQm. (239
Ifafs relise 'de Poitiers obtint une sentence par défaut
du sénéchal de Poitou / et enfin ,- sur l'appel, cette
seiitoice Ait eot^Bmée-, par uil arrêt déRnitif dd
parleâieiit de Paris i en date du 7 septembre 1651.
26. Comme, liijles ^IHiers i^idait par Ms daAs:$on
dojenné de Chartres , il avait besoin â*W^ sorte de
coadjuteiir^ poor le rei^plai^er. C'était un memk)^ de
soa cliapitre ^^Tioairerg^éiral , sacré éyéqpe et pii^*tfii|t
un titre étranger. Je yeuxippurler ipi 4e lean L,ebliinct
ebwolMe-^;allO<ipie]? « 90US*dojen de Luçon et év^uQ
deSalonnie (I) dont <pi rcytronre^a Je ;|iom a|Ileors* .
« Miles d'niiers» dit 'M. de Beauregard (2) , a sans
doute contribué à rétèdilir'les bittiments de réglise; Les
ckrftiies sont en partie; se» ourrage , et ! ses armes ^
placées en^ plusieurs endroiis (8} , <en font foi. Partout
100 .écQÊàm.est barré et en banniôre. C'est, ainsi
■ . • !^ :»:'.).*,,..'. J « ' '• .'. .'•.;. ;
(1) On lit ce qui suit • dans un fragment du nécrologe ' de
Luçon, .extrait defl AuanuçQrjts de. J>. Estiennpt ; *Anntversar.
î)otninV du*Bianû\ 'episcop-i, feVtâ siitundà' Pasàfite O/flciiirà diei
«MKAI V 4iâb ^totkMVi^MnaêiUkiêraltàra'iSmuii'J(kimni$'Ba^hstb
*cum' €fH9t9rf^ ni Mb, •mu!-.-: » - • i . •» ; ... .1
•■•(2J E^'é^^'de Lutim:^'-''''^ . .n . , • ' : f • I
/3) Les ar/nes d'IUjcrs-Vendôrne , dit ^.' de BcauxegarJ , «ont ;
d'Or,' à SIX anrieléts 'de giiéuUs. Lfc's ëcûysons «ont'carrfcs', comm^
ceux ài^B s€i^hetfr» baAiH»rê49.'^'>^ Loà- «ffiioii^li'' que' noiis ' doAikont
m, {h, 9tiv^ntmèfu$ d Griffons amit\'pifi^é'tmatvtçria% 4^iiik
sosi^ manuscftf J sept celle* de Millon d'IlUerfl., tUes se vqipn^
BÎir une des croisées de la bibliothèque du cKapilrc de Lnçon et
èHés «ârft accbsiées d'une tnîtrc' et d-'niie crosse. Les émaux "h'j
«ont {HMOti'mafr^iiâil Le l.er et':ik.e t|uftTtt«rs> sont «^illfers ^Lfc>
%9 et S'^ aoAl dep alIianc«Ai ^^i npus^oi^t encore inconnues, ^i^r
le tout de Vendôme -anciea.: d'Argent au chef de gueules t avi^
Lyon d'azur , brochant l'un Sur' l'autre » Lé '3*.6 quartier â'
quatce bandes tu longneUf ■ éV le S.e un lion. ' ' * ' -
240} MUXON 0*IlXIER$^ SKe: Éy^Qra. (1551
qu'on les voit au-deasiis de }|^ porte de l'escaHor qpi
monte au chapitre , au-desspus âHme croi^ de la
bibliothèque ,. à côté d'uç autre ^1 aux cle&4ea jvoûiteft
du c)ottre , 4u cé^é de V^^éché. ,L.a<p2^iei 4ii ^Ué
des magasins est sans doute la plus ancienne. On
voit égalcit&ent s^ armes v sur les p^ïérs^ d'une cha-
pelle de l%Kse ^ du cÀté du cimetière > aVeé te^ nom^
de Jésus 9 de Marie , de Paul m et FraAçôâ 1^ ^ ee
qui^ prouve qu'ils ont été eon^ruits'' de sckq (émpi^.
Peut^tre même a-t-it feit Mrè câ édifiée^ à sesr
dépens? Danâ toupies lieux oA soirf ^cëès ces' ar-
moiries , ^t«s porfeiil ^llIlMrs > ' qui sont neuf
annelets ».
28. Un acte fait connaître parfaitement le caractère
de Miks dTJlliers » son goût pour les cérémonied et
la i^eprésentation , et le désir de Hure pa^er son nom
à la postérité; C'est le testament de Joe piélat , queje
vais reproduire presque en entier ^ à cause de son
originalité. .. , ; .
« Aa nom da P^re , etc. N<>à$ Miles (fTlUers \ par la. grâce
d&nieu et du St.. Siège ApostoUaue^ Eyêqtte et Baroo; de
LuçoD , et ës-Doyen de la trës-ancienne église de Chartres ,
fondée en r honneur de la Vierge ., qui deTiaU enlisfiler le
Sauveur du monde Filleul et neveu jije très-rév. pères
en Dieu et illustre^ personnes, l^éssir^ Miles et.'Rénë^d'U'
liers., en leur vivant, êvêques de Ubartre^ y sain de. corps..»,
étant de lâge de soixante ans , veux et ordonne^e , quelqae
|[iàrt que Je décède, mon corp^soit poHé à ma maison èa-
^Cinlcale de Chartres. (Ici , .M^es dUliers ordonne des prières
et 'des* services, avec une pompé extraordinaire, n demande
^eles àbbés, religieux, le clergé de' Chartres et les oP-
flcicr^ de Justice soient tous invités à la cérémonie de ses
obsèques et fait des legs >^ à presque toutes Içs élises , soit
155! ) Mium D'IlXIBRB, 31 .« ÉTfiQUB.' ( 241
de cette ttne^ soit de se» terres, dans mie desquelles 11
fdvde six prébendes ].
« Jlem , Je f eux <iae mon eorps , après le serviee fait , soit
iabomé en Jègllse. des fcères presebeors de Chartres , en
la YOùle même gae i*tf faU faire , où frléent lés corps de
fea H. Mlles d'illlers , en son vivant , évéqaè de Chartres «
( grand onde ) et de Teo M: Charles d'Illfers , doyen de
Chartres , mon oncle et principal bienfaitear -, et ÉHir ioelle
voûte soit faite une sépulture de cuivre » élevée de terre de
quatre pieds et de douze pieds de long , et que sur icelle
tombe soient élevées les efflgies de trois évéques ; savoir :
celle dudlt Miles dniiers, évèque de Chartres, qui sera
tout an milieu , et celle audit René d'flliers , aussi évéque
de Chartres .« lenanir un cœur de cuivre entre ses mains,
qui sera du c^té dpxtre et la mienne du cété aénestre,
avec récriture convenable tout A rentour.
« Iteoi , J'ordonne qu'à l'un des bouts de ladite tiwnbe ,
savoir : en Joignant les télés desdites efflgies , soJt fait un
moïse de cuivre , à dire les épii^lolies , sans toutefois ew-*
pescher de descendre dans ladite voûte.
»
« J<«m,qu*au chœur de ladite église , il soit fait, de mes
biens , on aigle de cuivre de la sorie de celui qui est au
prieuré de Saint MarUn-des>Champs , à Paris , et un pupitre
à dire les évangiles , de cuivre , et le mettre au côté droit
auprès le Saidran dudit maitre autel.
( Ici , le testateur recpmmandeqoe tous ces ouvrages soient
beaox et bien Mts» ^^^ <^ remarques minutieuses, lire»
commande ep Qutre des 'services et prières û dire, cha*-
qne année , avec une grande solennité dans cette église ,
auxquels le clvtpitre de Chartres était invité À députer trois
dignitaires et trois chanoines à qui on devait payer une
f6rle rélribulion. Les ofQcieni de Justice et ceux de la ville
étaient également priés à assister à ces cérémonies, et, pour
s assurer aussi de leurs concours , Miles d'illiers leur allouait
aussi' des droits dé présence considérables ).
34â ) MaiOK .l>lLi;.D$BS , 21 .e JBVâQlïB. (1551
« jnem>Je lëgae à tolUoarSt aii,.do]^eii de l'égii9« de
Chartres , ma maison de la Ballay^re « considérant que
fea M. d'niiers , en son vivant , èvêque de Chartres , mon
grand oncle el parrain, Chartes d'iIUers, noii «ncle et
moi y avons tena i-espace. de eeni.ffliâledûyelinè de Char-
tres, sans faire dç grands biena: Xcrint aossl qne les doyens
qaand Us vont visiter lenrs paroisses., n*ont ni' Ibgis, ni
étalde , $ont contraints loger a la taverne , qal n'>e^ obose
looable ni très-convenable.
( Ici , des dons inflnis à tontes les paroisses qui dépen-
daient de son doyenné , sartoot à celle de Gustelle on
Gnstrelle , où , dil-tt , nous avons fait inhumer le cœar de
fôu Messire d'Illiers , mon père }«
. « /fem , Je venx et ordonne qne, en quelque part que Je
décède, que mon cœur soit enterré en Téglise cathédrale de
Lusson , devant le maître atttel et au lien que J'ai montré &
Mons. révêque de Salonnie , mon sufiflragant , ( Jean Leblanc } ,
ban<^ne et sonbz-doyen dudit Lusson> et à M.es Jean Lemafre,
docteur en théologie et Jacques Clemenceau , tous deuit
chanoines et mes vicaires audit Lusson. Et qu'en icelul lieu
soit fait une tombe de cuivre , de dix pieds de long ou
environ et de la largeur de celle de M. Lançelot du Fau ;
en son vivant , évêque de Luçon , en laquelle tombe sera
mis lefQgie d'un évêque , tenant un cœur entre ses 'mains
et l'écrlteau à l'entour, Cy-gist, etc. , avec mes armes, aux
deux côtés et aux quatre coins.
« Item, ordonne que an costé sénesire du chœur dudit
Lusson , soient faits deux piliers de cuivre', de six ou sept
pieds de haut, portant mes armes et ft Iceux piliers soient
mis une table de enivre delà longuefur et largeur suffi-
sante pour porter une effigie d*èvéque , estant les mains
Jointes , la tète ïiue'et à genoux , revêtu d'une Chappe et
eimements pontMcavx , et soit èèrit' âi^détaht delà table :
« Des. biens de Monseigneur 'HfleÀ d'niiérs, évêque seig. de
» Luçon et doyen de Chartres ». • ' ' •*
« Ilem, Je donne à la fabrique 4e L|^oikjd|Mi^,(çei^UYf fi»
1651 ) Ua^JOn B^IUIBBi » 21.« âTÉQUB. ( 243
loornois, poar estre emplc^èes à acbeTer de dore les
elottres et , en ebaseane dalnroye , mettre deux escaseons de
mee aimee 9 eemme à celles que J'ai déjà fait Caire,
« ném , Je donne et lègue à toufours , mais à mes sac*
cessenrs évèsqaes de Laçon , la terre on seigneurie dodit
Laçon que J'ai acqaise de Madame Anne de Laval , veave
de fea H. François de la Tremooille , Dame propriétaire de
ladite terre , à la charge que lesdits évesques soient tenus
bailler, parchascun an, aux chapitre et chanoines de Luçon,
la somme de soixante-cinq livres tournois » pour la fonda-
tion de matines du Mercredi des Quatre-Temps de Noël ,
lesquelles Matines Je veux être dites solemneUemenl à chantre
et sous-chantre , avec la sonnerie et luminaire accoutumés
es fêtes solemnelles , en y gardant les cérémonies qu'on
garde en TégUse de Chartres , savoir : est que durant le
dernier psalme des matines , sortent deux chanoines da
chœar et s*en vont au rëvestiaire avec quatre enfants de
chcsar avec la croix , les cierges , encens , sous-diacre et
diacre , revêtus de dalmaliques blanches et au milieu du
cbœar se doit chanter , par ledit diacre , révangile Hfinui
«fl Gabriel , Jusqu'à la fin , où est : Ecce aneilla Domini^ fiai
nUhi , etc. Ce fait , le prêtre qui a commencé Matines se doit
mettre à genoux , aussi le chantre , sous-chantre , avec les
deux chappiers , des deux côtés de lui , devant Talgle , et
tons ceux du chœur se prosterneront sur leurs sièges et
chanteront bien posément et dévotement l'antienne Salve
Beffina , avec versets et l'oraison Deue qui beaim Maria VH^
ginis , utero , etc. , après lesquelles le chantre dira Deprofitndie^
à la suite l'oraison Deue qui inler. Ce fait , on se lèvera , le
diacre portera l'exposltlop de révangile. Bt entend. qu'on
diatriboe la somme de vingt Uvres aux chanoines et dix livres
aa lias chœor aux présents , tonte excuse cessante , hors
maladie.
« Jlem, Je veux que ledit mercredi soit fait un anniversaire
Bolennel avec les' distributions de trente livres , et à l'an-
niversaire et auxdltes matines sera sonnée la pM gfoBSé
cloebe qt mie aeole* JU teiS' le c«i<A adifêQ4rtf I qpe ^
31.
244 ) HlIXÔN D'IIXIEBS , 21. e ÉvAQI^E/ ( 1651
dite terre que J'ai achetée de ladite Dame de la-Trennoome,
huit mille livres en principal » sans les ventes -et loyaux
coalements tai retirée, Je yenx qu^en cra cas des deniers
qui en seront rendus , en soit baillé deux mille livres an
chapitre de Luçon pour acheter soixante-cinq livres de rente ,
en bonne assiette , pour ladite fondation. Et du reste des
deniers, ]e veux être ladite fondation et des suites des deniers >
Je veux être convertis eh réparations utiles et nécessaires es
maisons épiscopales et réparations de Gharroux < sans doute
Ghateauroux ), la Bune , Beugné-FEvêque autrement dit Tabbé,
Ste.-Radégonde , la Touche-Landry et des Magnils , pour y
faire faire le service divin. ( Encore plusieurs donations à
SI. Malhurln de Luçon , les Gerisiers et autres églises , pour
ornements, à ses armes). Quant à.mès meubles , les donne
aux hôtels-de-vUIe de Gharlres.
» Et pour l'accomplissement de mon présent Testament ,
Je. fais et élis mes exécuteurs Meeslre Jehan.de Daillon^
chevalier de Tordre du roi , comte du Lude et baron dUliers ,
M. révêque de Salonne , mon suffiragant , chanoine et soubz-
doyen de Luçon ; ensemble M, le protonotaire des Granges ,
abbé de Bois-GroUand ( Guillaume Gathus), M. Jehan Le
Maire , docteur en théologie ei prieur de YiUeroy , autre
chanoine et mon vicaire « et JeanMlQlle , conseiller et avocat
à Chartres , et baillif de mon doyenné de Ghartres.
Fait le. Vendredi , il fi dç ffev^mbre-t jour de la Présent.
N. b. lô&l , et aabont'eMiOfl&rU: Ma est. £. dejjiçon».
. ■ '. ' î .•'''■ \ ' ,
29. « 'Jamais Te^ament ; dit un Ecclésiastique ^i a
exaD[iiDè .1^ 4^positiQn$ 4é ^Hes dlUiers , . n'est entre
dans de plus grands détails que celui-ci » pour les
cérémonies des funérailles du testateur où tout devait
respicejr .la pompci «iet^ia niagnjy&cence. Lès idées de
g^uidfi^f ^,de:noblesse:Sont môwetrapsfiçûses aas:; fou-
datJoAS UiW.Oa iie> ttowfe-T^ti ^U» cette pièce.
fiaiMIipiri dîfiR 9 là simplicttédlasi. homme occupé de
rétemité» et. tout. an. contraire y respire le faste et
ToiYneil »...
' 30; Ce testament ne fal point exëcfotëf dàoâ sa
pfas grandel pàitie/ snrtoat relativement à b-èessiônf
de la baronnie laïque âeLneoii à réyèqoe de cette
TîUe , et Je vais biei^ftt parl^ do procès qui, eut Ijeu
entre le prélat et son cbapttre ^ les héritiers d'IlMcrs«
Pe jpius^^M-' dj^ Beajiregard (1) &it connaître que la
tombe .^ cuimpa.» i^'a Jamais, éti^ placée , non plus que;
la tablo d^ marbre, et. que la fondation du mercredi
avant Noël étaii dqmefUPée inconnue dans l'église dei
Lnçc^n^: ^ •. ^ mv. •....,..
31. B'ô'ù provient cette non exécution des dernières
volontés âè iBilês d'illiers ? D'après un mémoire ma-
naécrit , celatîent à ce que Toriginal du testament avait
étéi soustrait. Un document dont iL sera bientôt ques*^
tion doBiie beaûcdup de toce à cette assertion.
, 32. Pans qne, transaction de Tan 1S52 , .on voit le
chapitre de Luçon , représenté par René du Puy-du-
Fo]]^, iA llji^tre famille de. ce nom » archidiacre et
abbé de;Noirmoutters et MaUre Jean le Blanc , évèque
deSalonnie.
33. On trouve des indications qui établissent que
Miles dlUit^r^demeurait'tantètÀ Chartres » tantôt à Lu-
çon. Touj<prs est-il que quân4 ce prélat résidait dans sa
ville épiscopale et qu'il le faisait attester par son cha-
{{) Evéquss de Luhftn,
ptti^ i mi tfflatt qa'il pouvait toucher tous 1«6 rcrreniw
de SES bëDéficès ^ saçCles digtribotidi» (1).' -
34. Miles d'Dliers se décida à résigner (2} son évêché
& 8W petitHneyea-lnreton , René de D^iUoa duLi:^e ,
ea i^pâ^^i ^t M. deBeawegard ^ indice poûti^iaeB^
16 43 AîVril dQ cette emép^ ; . . ,
'"^S. Criant & l'époque de la mort ^e Dfiies dllHens ^
li. de Bèauregard (3] a' relevé des érirenirs l^ebappéei»
à d'aiiibres écrirams. «Les frères dé S.të'Martbë /ïans
leiir Gaide ChrèUenne/dit-fl , fotît Vître^iiloli dlHi^is ,;
Jusqu'à 1568. On trouve céttef assertion iParrfldled^
doyens de Cliaiftres, en pàrlaiit dé iW; ^ecàréûlttan
ad 1^68 retinuitr guà ab himam^ reeesnt. Si^^i^
époque est bien certaine Hillon» qui ét^it âojen..4&
Chartres , en 1508 , aura v^cii biluçh lQng4emps\. *
. a Mais il est .certakk qu'i l'époque^d^/ides »
n'existait piiïs. Le lïatté fait avee.«0nrfaéritSer4:€ai lâSl
et 156d^ déiBootrai^e.les^auteQrs/Jdeda Gaideiair^
tienne se sont trompés. Millon n'existait plus dès 1555.
J'en trouve la preuve datls Iç rcgfsiti' c^hx&iiré (é). ».
. . • ; . . . • ^'.;.v[ -•*. "î '/•
^1)' « Attestation cia cKai^tlre Ae'^Loçôn*,^<^n' itm,fpét^
taot qud Mile» dj'Illieffl ,; .é\^^qnQ H pb v)^<^e . (Jf :'^i^n )C^ 'M^.
doyen de CLartres » était résuUnt dans son diocèse «t j /aifait
les fonctions épiscopaica et qa'vn qualité de résidatlt « *il-poir*
vait toucher tons les revenus de quelqut» bénéfice qu'il pouvait
avoir , à l'exception des dis.ti^ii)atie,n» ^ etc. » M. d.e «S^oteul^
Trésor de îf.jy: de Chartres. ; -. . v/ .
(%) « D, Milo d'Mdiérèé. dh uh de; nfm-f^é^fMSii^iÉmt
£pf'$copatu », On lit dans Vautre :, < Benatu^ D, JJatilqn»
habuit EpUcopatum à "Domino 'd'Huer s resùfnattone viéi ytùitA..: »•
(5) Ef^égmet rftf X«f«»^ . . . ^ . ; * '•; 'i' ' ''
(4) Ici on cite une commission , dont |è parlerai bientôt , ayant
pour but de traiter avec l'héritier de Miles d'illiers» en Janvier
Î5:;&->i5S^; Donc ce personnage éti^it d^jà .déeéd^. ^ ' i
1<552. ) R£2fi M DaOLON , ^.« ÉVÉQC7B. ( 247
4..BBin& rDB Dauxoic du Litdb , fiit le 22.e évéque de.
LaçoB »rfar la fésignation que lui en fit Miles d'IIliers son
grand-oude-breton (1) et sans doute aussi par le con-
septemeiit du roi, i qui le choix des prélats était dévolu»
àTei^^lusion des chapitres , d'après le concordat pass^
entre JF^ançofs I «t I^n X« On a yu.que £on pré-
décea^eur cessa d'être évéque de Luçon ,'. le 28 Mars
1552 , et c'est à. cette .époque qu'on doit f^ire com->.
meocer l'adininistration de son successeur.
2. LiëmgiâtreBdes déHbéra(iollMâl^Mail»es , enpoi^
lan^de René dé Baiflon, Uappelent M. Tei/u. Ce n'est )mm1
àèireHi{u'iilefit été éhoM parle cbajâti^i qui le ccncèpl
dat j^aitenlevA le diPoi|d*étection, mais onvxnâ^, par
ceoiotf ftftrdcofitutflFeqiiè^ce titulaire a'avaifc posrepr
l'o&dficb éiflscet[Mile. Ainsi yfl se trouvajldans la mém»
posffîMi quë'rétatt %vânt , 'un élo 4a «faapllres non*
eâeofa^aâclé.' ••- •'* ^ ' ,. -^ • »
3. 'La tnatsbn de Dâillon était ancienne et illustre,
le^dé bâillon f qui vivait soiis le règue de Ç3iàrles
V / Alt taplbitiè de Cètit lioïndéb d^armes et épousa'
une sœilf du coniiétà1)lè,Du Guesclin. Sou fils, Gilles
de Daillon ;iÉat'b1e^é en l'an 1442, eu combattaiit' le^
AngUis-'tevftntPkppeietiMurut desaliteb de sësblessu-
rasir Jtanll de DaiHon» combattit avec gloiire et fiitaus»
BBaf\0)é comtM pàdfififlileaff ;il eut pour fils Jean lU
d^ DâBlâDi, iseignenr du Lude ^ qui parvint^ un liaul
p0kii , dansla fevèmr du roi Louis XI » qui le^fit citem-!
bélfattiy vapiUiiiie de 1& porte et ée cent hommes é'arines^^
baiUi daGottentin, et jsaoocnîveDMntgoi»r^nieur^A4;
(1) l^Iîltfs crnilers^ réiilnoa auM« laÊUaje d.é ' H tî olôjnlH» 4'
Rotté jlft/DiiitUte;.' ' î;, . :. •/: ri.. ....•!
248 ) René de DAulon» 22.e évêque. ' (1552-
leDçon et Au Perche, da Daaphiné et de l'Artois.
Renommé comme homme dé guerre , Jean; TÎI l'était
surtout comme négociateur et aussi Louis XITappétàit
Maître Jean des habiletés. Ce seigneur eut de Marie de
Laval , Jacques de Daillon , baropl du Ludlèy'dônt Bran-
thome a écrit la Vie et qui fut conseiller et chambellan
de Louis XII et de Fraiîiçôîs I, et gr^uveirtifeinf dé là
Rochelle et de Fôntàrabie ,^ marié àleann^, dàmë
dllliers , firfe et héritière de Jean seignéurdUliiers et de
Bfargaeritede Chicnt^ J)e Cfftte uiiiof^ vint. Jes^ lYde
Baiilen\ premier comte du Lade , baron dllliers ^t de
BriaBçon ; isénédial d'AïQOu^ ^d^eyali^r 4e ;l!prdre du,
roi 9 .oàinftaine. dô cîqquante:homxi»ps^ 'd'aines :,.g|tm*
Tenieor. du BâiCou , de la Roehelle et 4u pays d'Au-^
nm et UentoiMtrgêiiéral ^n, G^fenne > U fie fit rcsmfir-^
quer ^co^ant PQronne/qp'il ,^ida- fi dépTror , , ^pjjs to
maréchal de la Mark , du prince de Nassis^^^i I'm-^
siégeait ;et fuj. envoyé en Guîenne ,, en^ 1,54-2 ^^.pçur pa-
cifier cet^e province. En 1544, Jeap IV ^dCyPi^Hlôii,
^btint réréctiondu Ludé. ep cçipté-^, et;» pn^ i5'^7 , il
fut envoyé en Poitou /ave^c des po^pir^irès^^^
Çepèr^Wn^ç^ mourut à Bord^^uxVj^n :1^57. ,: ,
4..ReD&dèâE»àiiloii étaitffiisideJeMlV de Drilloa^
èonlefdii Ludè et barondlltletrs^d'Ahnk'âeBatarnay;
èèlte dernière! sqrlait du; maiSagè: de François 4e Ba-*
tam&y ,' Karoii du Bopchage et de: FitaBçeise dé Maillé*
yèfMfOB éé Lnçon avait pour firmes 1 <<?GQi de^DaiOoiit:
comtedu Lude et gowel^nieui' di9cFoitèa;iâ;^!Fr9B{iHS'
dé Bâillon::^ xoigtë de Briaoçon ^ '■ qui fut tuéaii siège!
de Poitiers ^ en 156T; 3.'> Et un autre François de Dailr
Ion ,1 chevalier de l'ordre. Ses sœurs étaient. L^Françôiseî
1553 ) Rbiié db DAnxoii , 22/ éyéqujb* ( 249
de DaOIoo , mariée au seigneur de Matignon ; 2.<> Anne
de Daillon , mariée au marquis de Ruffec , du nom de
Yolvire ; 3.» et Françoise de Daillon , épouse de Jean
de ChourseSy seigneur de Malicome, qui fut gouverneur
du Poitou 9 après son beau-frère Gui de Daillon , et eut
des relations multipliées avec le chapitre de Luçon ,
pendant les guerres de religion.
5. Mais ayant de parler de Tévéque de Luçon , il est
bon de dire un mot du principal personnage de sa
famille » de son frère atné » dont l'influence fut sigrande,
sur tout ,1e Poitou , pendant cette période. Gui de
Daillon , comte du Lude, fut placé conune enfant d'hon*
neur auprès du prince qui régna ensuite sur la France ,
arec le nom de Henri] U. Il illustra son nom , jeune
encore , à la défense de Metz /.à la bataille de Renti et
à la prise de Calais. Il épousa Jacqueline du Motier
de la Fayette et était gouverneur du Poitou , lorsque
son frère René de Daillon obtint l'évéché de Luçon.
6. Dès 1552 y on voit un vicaire-général de Luçon»
Christophe Marchand^ doyen du chapitre, agir au,.
nom de René de Daillon , évéque du diocèse.
7. Une masse de domaines était affectée pour for-
merles prébendes des membres du chapitre de Luçon.
Or 9 les revenus de ces domaines variaient f de manière
que la portion affectée à chaque chanoine ne pouviait
pas toujours ^tre la même. C'est ce qui fit qu'en 15$^ ,
on arrêta qu'un règlement du gros des prébendes' in
chapitre se ferait ^ à Vaveuir» de:20 en 20 ans (l).
(1) Mém. manuscrit.
250 ) René de Daiixon , 22.e étéque. ( 1553
8. NéanmoiDS , on doit croire qae JRené de Daillon
s'absenta » peu après sa prise de possession du diocèse,
dont il ayait le. titre de prélat. Toujours est-il qu'on
trouve un acte daté du 27 Février 1554 où figure Ch.
Marchand , liceucié en droit , abbé d'Orbestier , doyen»
chanoiDe et officiai de Luçon et vicaire-général en
spirituel et temporel , de Messire Reué de Daillon , doc-
tenr es droits , évéqne et administrateur en spirituel
et temporel de l'évéché de Luçon.
9. René de Daillon se montra tout d'abord très-bien
disposé à soutenir les droits de son évêché et de son
chapitre* Aussi , connaissant les dispositions du testa-
ment de Miles d'Illiers, qui léguait à ses héritiers la sei-
gneurie laïque de Luçon, par lui acquise delà dame dé
la Tremouille, il s'intitula évèque et baron de Luçon (1).
Plus que cela , il agit contre ses parentes Hélène et
Marguerite dllliers , nièces et héritières de i'évôque
Miles d'UlierSy pour faire ordonner l'exécution du tes-
tament de ee dernier , en ce qui eoneemait les éta-
blissements religieux de Luçon.
10. Pendant le procès et saisie , par son titre d'héri-
tière de Miles dllliers, des objets dépendants de la suc-
cession de ce prélat , Marguerite d'Iljiers reçut , en
1554, les aveux des vassaux de la seigneurie laïque
dé Luçon.
11. Le chapitre de Luçon était alors en voie èe tran-
saction avec les héritiers de l'évêque Miles dHIiers.
En effet, le 18 Janvier 1554— 1555 > H donna une
(I) M de Beanregard , Evéquet de Luçok:
commiiSkHi i tl^s ^anoifiei pour Iraiier atec dame
Caâi^fne de LaTd[,idame de Pignemy /da paieiiient
des arrérages de la Mite de M libres , léguée au
chapitre , f est-fl dj<l , p»* féa M. Miles dliliers et à
laquelle «Hé #aft teMe , eomme tiéritlère H pour ac-
cepter la dâégation ^'eUe fliisaft de «ette rente sar
MM. CSoistèphe tfardiand, dojreo^ et Glaade Mar-
chand , s^gneuf de la Métairie ^ ffieyeittaDt oa fond
qu'elle leur abandonnait (^].
Itaisque les héritiers de Miles dtniers traitent pour
une rente àe B5 tivrés donnée par leur auteur au cha«
pitre de Luçon , il faut que , pour cette fondation , il
y eut eu ai/«iitfiaeêopd ou aivét (9). Mais le traité ci-^
dessos nMPttoDBft ii^aâMapas te procès prfndpd , pour
le testane&t de lâes dlIKers.
l»« Ce vii dQQW 4 9^9m fpie l'«rîgioal du testa-'
madi,àQWWféttAwmtétèMmtt9^ chercha
à en iaimiW0^er 1^ «taym ipar #e» d^^ticaia de
téaKHBS.
?our cela une Information ftrt fkite devant François
Brïsson, sénéchal de Ï'onléuay-Ie-Comte , assisté de
Banfrais , son greffier, les 15 et 16 Juin 1555 , à la
requête de René de DatUon , éréque de Luçon et de
{!) c Cetlt voite,.. ait fH,, éê Bet«n^9M4 » «té aaortîe, il y
i eairiron Ift anjs ( 177JS ) , .saiM do^te ,qu W la croyait aeulement
constituée. Il parait pat (es actes que nous rapportons qu'elle était
foncière et inamortissable , puisque c'était un legs ».
(S) M, de Beauregard fait connaître « gue le Mùsus n'eut
pas lien , à moins que la cérémonie qu'en est dans l'usage de
faire » la nuit de m^l , de chanter la |;énéalogle . ne lui ait
été substituée >.
32.
2S2 ) BWÉ DB DAUXON , 2a.e ÉTftfilTB. ( 1555
son chapitre/ coptre dame HargQ^ite d-IUiers, venve
de Messire François d'Hommea,. cbevalier, et dame
Hilaire dllliers, fenmie de Biessire Jean d'Ho. Comme
ce dernier était gentilhomme de ta chambre du roi,
il avait ses causes commises à la «iiambre des requêtes
et ce fut y comme délégué , que le sénéchal de Fontenay
fit cette enquête , qui eut lieu dans rhôte^erie où
pendait pour enseigne la baleine à Luçon.
13. M. de Beauregard (1} nous a donné le sens de
quelques-unes des dispositions de cejtte enquête^ qui
sont assez curieuses . pour faire connaître les hommes
et les choses de l'époque.
(c Lepratniertémoin.entendu estJfacques Qémenceau,
licencié en droit , cbantre^chanoine de Lqcpja , âgé de
53 ans ou environ ; il dit que depuis plus de douze ans,
il a été auditeur en la cour ecclésiastique des Moutiers^
sur-le^Lay , et a été depuis lè temps serviteur et do-
mestique du seigneur Mlles dltîiers , son grand Vicaire,
en 1547 ; que ledit d'Hliers , trois ou quatre ans avant
son décès acquit la seigneurie de Luçon » de Dame de
Laval f pour l^ prix dç 8000 livres. Le marchjé fut&it,
au nofn de ladite Dame , par le prieur de Grammont;
avec pouvoir; de la retirer; dans trois^ aps ; que le-
dit traité conclu, ledit évéque le lendemain de la
Nativité Notre-Dame , prit possession de cette terre...
(2] ; que par plusieurs foî^ , 11 lui a ouï dire qu'il
voulait léguer cette bâronnie à ses successeurs , évê-
(1) Hvéques de Luçon,
(2) On a donné des détails , sur cette prise de pbsses&îoa . et
ils sont puisés surtout dans la déposition qu*on analyse ici.
1S5S ) RbRÉ m DAILLOH f «.« ÉTÊQVB. ( 253
faesde Liiçon; qa'il Tavait même dit devant Reaë
d'Homme», ditrf^ de Chartres » son neveu d.
« Clemenceau rapparie ensuite qu'il a entendu dire
à Hiles dUliers tout le contenu de son testament ,
notamment pour son cœur , dont il a marqué le lieu
de sépulture à Messire Jean le Blanc» évéque. n in-
dique également la circonstance de la représentation
de cuivre sur laquelle il voulait qu'on gravât ces mots :
MUeUj Miles, Miles , avec son nom, et celui de ses
oncles ; qu'il est reeors que ledit évéque a voulu faire '
une fondation, en Téglise de Luçon, et qu'un certain
jour de Mercredi , il avait fait faire un pareil service au
chapitre des Houtiers-sur-le-Lay , et fait distribuer audit
évéque, ilui Clemenceau, aie Blanc, àPrévost etâutres
chanoines , undemi^écusol et qu'il avait calculé à quoi
monterait pareille distribution à Luçon ,
. • . , qu'il voulait qu'on appelât cette fondation son
Missus , et qu'il a vu, entre les mains de Jeudy , son
testament.
» Parmi les autres témoins , on entend Pierre Dubec ,
chanoine de l'église collégiale des Moutiers-^sur-lcs*Lay.
» Jacques Jeudy,^ secrétaire de Hiles dllliers , dépose
qu'il a écrit le testament , sous la dictée de cet évéque ,
et qu'il l'a déposé entre les mains du juge de Fontenay ,
c'est la minute ; qu'une copie signée de lui Jeudy , et
de M. Cathus , abbé de Bois-Groland , est restée entre
les mains dudit défunt , qui déclara au déposant , en
Noël 1552 , qu'il voulait aller à Paris , au carême ,
consulter son testament.
r^ Pierre de Lauriére , écuyer, seigneur de Lauriére ,
chanoine .<te.biifW^ ^€311 LeHaoc^ cbAMine deli^
et archidiacre de Pareds , dépose] également des mêmes
faite et finfonhatiiim eA àigiiée: Pli. BbissO!^ et
14. €e^ dé|po0itip0s M safBrait pas ^ A ee qu'il pav«tt ^
peur étaUiiiIal réalité du teatament de liilea d'Illknw
L'instrufteot qui inMiimaDtait k0 vé)MMl&4(i €«4 6vè«
que lOioigitU toujQOTS » et C0 ftit, «an dMte, daos
rtspoif 4» ae le pr^eorei qof m obtint) le St Mân 1560 ,
dai lettre», portant çMipmla<rire h rencontra d& Mar^
guérite A'IUtar» (1) > yeov» da aeignew d'Homme» >
lettre» ifnly <m doftle croiro , d'aprte tes faita aiibaè*
qwnti 'f n'euiMt paa de réaaltaté
it. II j^ratt 4tié sous lé rapport dès i^m et de
8ôn ifeû de ^aryoilr^ le dergé du fias-Pbitoa , en gëûéral,
pouvait ulorâ prêter à la critique. En effet , tm préti%
de Cette coutréé , appelé CtaveaU , ayant élë traduit
devant le parlement, pour un délit , on rintefrogeâ en
Français et en Latin* Lès répondes dé eé ^tteda ita-
Mil^^t a M JM» sétt peu à'ijastruction et sa eulpdbUilfk
Aussi en statuant sur le sort de cet individu t les ma-
gistrats arrêtèrent que de très-bum^es remontrances
seraient faites au roi sur rtgrnorance et la scandaleufi^
condttUe de certain$ prêtres et dera du royaume.
16. Ett Octobtfri&», en procéda* laréferfiMitioii de
la coutume de I^oitôtt , et René dé BailIcA j ^ pouvèat
(1) Sansclopte qn Hélène d'Illiers , aat*« lifèèèèt llAriltè^è* êtlit
déjà morte , sars laisser de postérité , paisqu'à Tavenir , ii <* ^^^
plttt ^UQitioh i[î«e «ie.Mi tœur«
1S59) Renb M DAIl.1^^ {».i» «VÉOeti. ( âSS
pas ne teMté à PoflJens ^ s'y fit représenter' par un
mandataire (1). C'est ici le cas de réparer une omis-*
sion, éd fafeatit tonnattre qti^ cette Kiïâme coutume
9Yait m rédig«èet pabliée, en 1514 (2).
17. Le protestantisme commençait à apparaître en
Poitou f et François II, qni régnait alors , vonlut ané-
antir la nouvelle croyance » en recom'ant aux armes , et
en IMsant payer aux novateurs les frais ijue lui oc^
casioimeiiaient ses levées de troupes* Les sénéchaux de
Poitou et de Fontcnay , reçurent l'ordre de lever un
emprunt forcé de mille livres , sur Tévéché de Luçon»
et de cinq eents livres, sur le chapitre de celte ville*
La lettre du mari de la malheureuse Marie 8tu»t est
curieuse à consulter (3) , car elle fait connaître qu'au
(I) A !• CMnptf «tiiMi da 10 Ottobfe itSH9 , on Ht : c Et |»r«-
imèrtmeut |)«iir Télat àt Vé^\Ue Kéfrérend pfre en Dità. ,
Metstrd f^9bé 4« Daii^ , évéqiie êê Laçon , abbé et Charfotiic
et \tt ^tfysti » chanoîtws el tbapitre de Kiiçon , et Uê re\i(f\eHx
et couvent diviit Cfaarrovx , far ledit mâttfe Nicole Lé Il6î , tieaire
général ilndtt évé<|aé , àsfisté de maître Frtnçoià Pouper, leur
procvrMirtf
(S) Dn Ut dans le procès-verbal de publication , fait en octobre
151% : < Les coûtâmes et articles ci-dessns écrits » ont été cspn-
bllés au réfectoire du rouveot des frères mineurs de la ville de
Poitiers en présence de M.e Jean Garnier , procureur
des doyen , cbanoines et chapitre de Luçon , le siège épiscopal va-
cant... > En effet, Pierre de Sacierj^e, était mort le i9 Septem-
itiîh , et sî Ladîslas du Fau« avait été élu pour le remplacer,
cette élection était contestée , comme on Ta vu » par Vautorité
royale.
(3) CHere. et bien amét • tAvs scavés les troubles ^«i font
aojourd'iiai dn fait de la religieo-, entre les snbjets de nos reyanme,
paye , terrée et seigneuriee et comme » bmAz umbre d'&celle « ancmis
se sent je eslevéa à l'eacontre ^ n««a , contreveMnectenfret-^
gnana nos ordonnances et injonctione. A qnoy désirant par tons
moyena pourvoir et meame à pacifier lesdita troubles et oster
anidila dévoyés leur meuvaise volonté et opinion •» noue avons ,
pour y pourvoir et résister à leurs entreprises , esté centraint
2$6 ) Hbn6 DAILLON 9 39«« ÉTfiQGE. ( 1560
besoin on autorisait alors à disposer on à mettrç
en gage , même les reliquaires. .,
18 Du reste , on a la quittance de la somme de ^
liyres demandée par le roi au chapitre de Luçon (!)•
faire lever et mettre sus certain nombre de gens de guerre et
requérir Tostre éyesqne , mais vous en particulier , <}ue pow
partie du payement et solde desdits gens de guerre , vous nous
veuilliés^ de vostre part^ comme à ceux k qui le fait touche «
autant qu'à nuls autres , ayder de vos facultés et jusqu'à y em-
ployer par engagement , s'il en est besoing et ne pouvea • par
autre moyen, recouvrer plus promptement deniers i vos vaxsseles
et autres prétieux meubles , mesme les reliquaires et joyaux de
vostre église » de la somme de cinq cents Uvies. £t^ pour vous
faire cette requeste , avons commis nostre sénescbal de Poictou ou *
son lieutenant , vous prions et exhortons à cette cause que
mettons par vous en considération ce que dessus, vous ilous
veuilliés octroyer et accorder ladite somme et icelle promptement»
fornir ea mains du trésorier de nostre espargne ou de nostre
receveur général à Poitiers • par les quittances de l'on d'eux re-
présentant ; lesquelles vous feront rendre et restituer icelle dite
somme sitôt qu'elle aura esté levée et recouverte , comme enten-
dons estre faict sur les biens de ceux qui auront esté et seront
trouvés rebçlles , sur lesquels nous avons ordonné assiette » cot«
tisation et levée en estre fairte. Et où sériés de ce faire refu*
sans ou délayans , atteudu qu'il est question du sontenement de
la religion et conservation des ministres d'icelle » voulons et en-
tendons estre procédé à l'encontre de vous et vos biens * selon
les pouvoirs et instructions qu'avons à cette fin fait expédier
audict séneschal ou son dict lieutenant. Si n'y faictes faute , car
tel est nostre plaisir. Donné à Saint-Germain-en~Lays , le 8.e
jour d'Octobre 1560. Signé Fràiyçots , et plus bas t Bvrgeitsis*
^iu dos , est écrit : A nos chers et bien amés les doyen ^ cha-
noines et chapitre de VégUse de Lusson.
(1) Voici la formule de cette quittance : « Je » Guillaume Mes-
nagîer , conseiller du roi et receveur général de ses finances , en
la charge et généralité de Languedoct , établi à Poictiers « confesse
avoir reçu comptant de MM. les doyen, chanoines et chapitre
de Luçon « par les mains de M Loys de la Métairie , la somme
de 500 livres tournoys , en monoye de douzains » de laquelle somme
ils ont fait prêt an roi , pour subvenir aux fraia de la guerre» à
rencontre des rebelles et désobéissant audit seigneur , icelle dite-
tomme de 500 livres à moi ordonnée par le roi nostre dit sei-
gneur , pour convertir et employer au fait de mondit office, dent
je me tiens content et bien payé » et en ai quitté et quitte les-
dits doyen , chanoines et chapitre susdits et tous outres. »
Tesmein moa seing manuel y mis , le 15.0 jour de Koyembfdr
1560. Signé, &(I£2>]HAG1£R.
1560 ) RSliÉ BB DAILION , iS2.« ÉVÉQUB. ( SST
19. Qncommençaitalors à cnniider les dignités ecclé-
siastique^, dans le diocèse de Laçon. En effet, nous
voyons , (1) le 4 Âyril 1560 , René Pinchon , abbé de
Horeilles et chanoine de Luçon , être mis en possession
de la dignité de doyen de cette dernière église (2).
20. L'état poKti4ùe du pays de Pbifon et les désordres
qai existaient dans cette province engagèrent le clergé
des diocèses de Poitiers , Maillezais et Luçon de feire
des i^montrances au roi , au mois de. novembre 1560 ,
sur la position du pays et le progrès dés nouvelles doc-
trines. On y parlait de l'espoir d'un futur Concile gé-
néral; on y notait la difficulté qu'avaient le^bé-
néfiçiers à résider dans les lieux qui leur étaient as-
signés 9 à cause des avanies qui leur étaient continuei-
lement faites ; on demandait le bannissement des mini^
,.ire». Qt <pie ceux qui n'assisteraient pas aux messes
farociialesj è^ jours de dimanches et fêtes parochiales , sayt
des églises cathédrales , collégiales ou d*aucun monastère
ou couvent , et signement d'y avoir fait leurs Pâques , wns
fe congé de leur curé , fussent censés et réputés ^ jugés
et condamnés comme hérétiques ; qu'ils fussent privés de
la sépulture ecclésiastique et que leurs testaments fus-
sent déclarés nuls, et que les maisons oi^ se feraient
les prédications non orthodoxes fùssjsnt confisquées au
profit du fi$c ou des pauvres. On sollicitait aussi réta-
blissement de nouvelles règles , pour les bénéfices et les
(1) M.$ de D. Fonteneau.
(X) René Piachoti , eut prol
httmni p René Lelebrre , qui
(h) H.8 de D. F^nUiu^u.
(X) René Piachoti , eut probftbleiDeiit pcuir saccestevr f d$Bù$ le
décuuit p René Lelebrre , qui mounit le 90 Mare 1569*
sus ) BvNÊ DE. fiAiuAir^ ^e^trhtoB. ( »6i
dtinôs '6t dei mesorefl coQtra ceux qui ne soliniiiise-'
raient pas les Jours 4e dimandies et de ÊÈbes, (l)«
21. Toujours est-îl que le procès avec les héritiers
de Miles cTIUiers durait toujours , mais qb sentait le
besoin de le terminer. En effet , le 9 Janvier 1561 , le
cbapUre donna uoe procuration {2) à'quelquesc^oinesi
pour transiger ^vecM^rguerited'UUersidajaied'Homiueâ,
liéritiére do l'évéque M^ d'UUers, relativement à an
, legs , pour des updations meoliannées dfU5 son testa^
méat » et pour traiter^ de ^la vente jdç la baroqnie oa
du droit qui lai appartient
^.' Le projet qu'on vient de voir annoncé âeviat
btemftt une réalît*. En tffet, le S Mars 1861— iS6Sf,
le sdgneur d'Hommes , tant en son àtm que èomme
ayant pouvofrde la dame Marguerite élHiers, sa mère,
héritière de Vévéqiae Miles d'IIliers ^ frattsporta an
chapitre de Lxiçon , par contrat d^cfaân^ , lalyaronnit,
terre et seigneurie de Luçon , avec ses apparteoaAces
et dépeildances , consistant y j est-il dit , en drcrfts et
façons d'hommages, justice , juridiction , haute , mo*-
yenne et basse , hommages^ vassaux , domaines , prés»
hois , fourest , garennes , coinpiants , terres , terràges,
Ibur y moulins bamiaux , droits de TéroÙe , halles »
droits dlcelle , cens , rentes , ventes et honneurs et
toutes choses quelconques en dépendant , sans aucune
exception.
23. On Ta vu déjà et Uen des fois , l'autre baronnie
<t) Cette rptèce* Mi BÎRVuU -$ f our W diocèse 46 Lyiçoa , ^r Reaé
Guyot , sout^deyen et cMnoine d« c«tt4» égU|« , procureçir if^^
y «at-il dit , de Bené DaiUoa . évéqne et da clergé dndlt Lnçoa.
(2) Regtsirei capitulaireê de l'ivéché d* Xnpoii,
1562 } RjBirâ DE DAIIXON , 22." iYÉQUB. ( 259
OU seigneurie de Luçon appartonait par avance à ré-
tablissement ecclésiastique de cette localité, a ITest-ce
point pour cela , dit M. de Beaoregard (1) , que les
anciens religieux prenaient la qualité de bailUÈ de
Luçon , car on est certain que les seigneurs ecclésias*
tiques avaient des officiers de leur ordre ? j».
24. Dans une demande en compulsoire formée par
Kené de Daillon , on voit qu'il prend le titre d'évéque
de Luçon , d'abbé de Charroux , et même d*abb6
de k Bussière. Ce personnage cumulait ainsi de
hautes dignités ecclésiastiques.
25. Par un autre acte capitulaire du l.*' Décembre
1562 , le chapitre de Luçon autorisa deux chanoines à
emprunter 2,400 livres de H. Tocsin de la Popeliniëre
(1) y celui qui^ plus tard, écrivit lliistoire des guerres
de religion et autres bons livres (2). Ces fonds , dit
l'acte, étaient destinés à acquérir de haute et puissante
dame Marguerite d'Illiers et de noble homme , haut
et puissant René d'Honunes , (3] la baronnie , terre ef
seigneurie de Luçon , gm fvA de la Tremauilîe.
26. Hais arriva bientôt un événement de la plus
grande importance. On veut parler de la surprise de
Luçon, par les protestants. Laissons parler , à ce 8q)ety
Fauteur d'une Chronique locale (4).
(i) JE^équeê de Luçon. •
(2) Lancelot àa Voesin , seigneur de la Popelînîère.
(5) La vraie et entière Histoire des troubles. — L'Histoire de
France , etc. , 1550 à i^^^V Histoire des Histoires. -^L'amiral
de France, etc,
(4) Ces mots ont été mal copiés.
(5) léi Chronique du Lanaon, insérée dans les Chroniques
Fontenaistennes , et formant le l.er document de cette collection.
33.
fitd ) RBHâ SB DAaLON , 22.e ÉVÉQtB. ( iS68
' «( E( doiitre rdrâonnanee du petit roi Charly IX ^
fôiie a Orléans ( en Janvier 156â ) , par les trois états i
ise sont élevés en un moment avec épées f pistolets »
arquebuses, piques , hallebardes, cottes de mailles , ar-
mures et autres bâtons défendus ^ tant de Fontenay ,
de la Châtàigneraye , Cbantonnay , Puybeliard , Thiré ,
Fouillé f Poussais , Monsireigne , Lnçon que d'autres
liaroisses » et arrivèrent audit lieu de Luçon » le dernier
jour d'Avril 1562 , qui fut un jeudis jour de cène , et
«litrèrent en Téglise cathédrale cauteleusement , par
subtils moyens. Toutefois que ceux de ladite église se
fussent mis en défense (1) et sonné les cloches en tocsin.
Hais cela ne ^réussit de beaucoup, mais, s'ils eussent
continué leur mal eut augmenté ; lesquels, eux entrés ,
rompirent et brisèrent tous les images et autels , et
les renversèrent par terre (2). Et en outre mirent les
livres par pièce , avec partie des ornements , mais les
riches et bons ne furent laissés, £t en firent autant en
l'église de Saint-Mathurin!, Saint-Philbert et à la Made-
laine (3) , et mirent et laissèrent garnison en ladite
cathédrale »,
' (I) M. de Beatireg^ar4 , qui a igaol-é Téifioqae de la surprise
de Luçon » faU c^noaitre-que le clergé de Luçon s'atteudait à
^ne attaque et avait déjà pris quelques prècanlions : « Quoique
l'époque précise de cette surprise , dît>il , nous aoit ÎAcoïkikiie »
nous voyons que le 17 Avril ( 1562 ) , le chapitre « dans son
assemblée capitulaire , donna ordre à Chaateeldre , chanoine , de
faire apporter de Triai ze lee bâtons à feu , pour se garder contre
les Huguenots et de faire âes provisions pour ceux qui gardt-
Vaiént 1 église , pendant la nuit » .
{%) « Dès 1562 et au mois d'Avril , Luçon fut surpris et
pillé par les protestants ; du moins l'église , les bâtiments da
chapitre , la maison de l'évAque et celles des c)ianoines furent pillés,
laccagés et très>endofnmagés ». AI. de Beauregàrdj^^j^ttesaTêZiifOi».
<5} ,C%»t l'église de l'Iiopitâl.
09% ) RBRi DE Dauxoh , as.« Èrton. ( Mi
27. Un des diefe des révoltés qjoi surprirent et pil-*
lèreat la cathédrale de Luçon , fat nn des dignitaires
éà cette église , Louis Boutaud , prévôt de Fontenay »
qui , imbu des nouvelles doctrines., s'était marié (1)»
28. La surprise de la cathédrale de Luçon , fut suivie
du saccageaient de beaucoup d'autres églises. En effet ,
comme ledit un chroniqueur (2), les autres s'en allireiU
ée paroisse en paroisse faire le semblable. L'église de
NalUers fut pillée le même jour que celle de Luçon. Le
lendemain, i.''' Mai , ce fut au tour, de celle de Mouzeuil.
Enfin la vigile de la Trinité , l'église du Langon et tou-
tes celles de la ville de Fontena^ furent pillées. Il en
fut ainsi successivement de toutes les églises du Bas-;-
Poitou.
29. Il palpait que les protestants occupèrent Luçon,
pendant quelque temps , et que les membres du chapitre
furent , pour leur sil^reté , obligés de s'éloigner. Aussi
les registres capitiylaires ne mentionnent des délibéra-
tions qu'ap mois d'Août suivant (3). Ce fut le. 24 de ce
mois 9 que Louis Bonnereau , chanoine, demanda à
{I) < Un« observation asses tînguUère , c'est que le capitaine
ide Luçon ) est nommé , dans un des titres de l'évèché , Louia
outand , que précisément il y avait alors pour prévôt de Fott*
tenaj* un homme de ce nom , et qu'au chapitre général de No-
Temore IG62 , on trouvé ces mois , dans la liste du chapitre t
Ludo^ifus Boutaud , prtpposttus Fontem'aci , vacat pér contoîa'^
tionem ad nupttas. Nous serions tentés de penser que Boutaud ,
imbu des nouvelles erreurs aurait trahi s:i foi et peut-être son
église ». M.- de Beaure^ard ; évéquês de Luçon, r^ * Le chef des
brigands , fut un nommé Boutaud » prévôt de Fontenay , apostat
et marié » — Mémoire M. s de M. D.
(S) Chronique du Langon.
(3) Quelques ordonnances datées du mois de Juin < semblent, dit
M. de Beaaregard , être prises par quelques commissaires qui >
peut-être ne résida4eat point à Luyun ».
S6& ) Rbnb db Dauxon » 2â.^ étéque. ( iS6â
fiiire sa rigoureuse , ajoutant qu'il s'était présenté dés
la saint Jean , mais qu'il ne l'avait pu, au moyen de ce
que l'église ( cathédrale ] , en ce temps , avoU esté prinse^
polluée , occupée et usurpée par ceux de la nouvelle seete.
30. Mais, dès la prise de Luçon , par les protestants ,
l'autorité judiciaire avait instruit sur ce grave événe-
nement. Aussi on trouve une information faite, à la
requête de l'évéque et du chapitre de Luçon, le 25
Juillet 1562 , par Michel Tiraqueau (i) , sénéchal de
Fontenay-le-Gomte.
<K Les témoins (2} entendus déposent qu'ils ont vu
l'église cathédrale de luçon occupée par des gens de
guerre embatonnés de toutes sortes d'armes de guerre,
comme hallebardes et arquebuses ; qu'ils les ont vus et
entendus dans le clocher , sonnant du tambourin ;
qu'ils ont mis en fuite les chanoines , lesquels ont été
fosrcés de prendre des habits séculiers , et que plusieurs
qui sont revenus au pays , y ont été vus revêtus de tête
habits ; que l'église a été pillée, les images rompues ,
les autels démolis.
» Un témoin dépose qu'ayant été pris, comme catho-
lique , on l'a conduit de force dans Téglise , dans la-
quelle il a vu que les protestants ont dépavé Têglise ,
pour y chercher des trésors ; qu'ils y ont fait du feu,
pour faire cuire leur marmite et qu'ils y ont établi des
lits pour y coucher ; que ceux qui l'ont retenu lui ont
(1) M.€ de D. Fonteneau.
(2) Les técnoins consistaient dans un huUsier , denz marcliands
et deux bouchers de Fontenaj qui avaient été à Luçon , an jour
de foire , pour affaire de leurs états respectifs. *
1563 } RsifÉ DB DAnXOK f 22.« ÉTÊQinB. f 263
dit qae leur ministre , nommé Chaigneyerd , avait prig
toutes les chasses , reliques et joyaux d'argent , montant
à une pleine pipe ; qu'ils ont pris et levé les fruits de
l'éyéché et se sont emparés des maisons épiscopales et
de celles des chanoines (1) j0.
31 • René de Daillon , qui yoyait l'honson se rembrunir
de pins en plus , en Bas-Poitou , à raison des prises
du protestantisme et du projet des novateurs de recou-
rir aux armes , songea à quitter l'évéché qu'il adminis-
trait , sans avoir , depuis dixans qu'il l'occupait, songé
à recevoir l'onction épiscopale. Il est vrai qu'il avait
plus les qualités d'un homme d'épée et d'un adminis-
trateur civil que d'un prélat, et la fin de sa vie le
prouva, n ne &ut donc pas s'arrêter à l'un de nos ca-
talogues qui le £aJt passer de Luçon à un autre siège
ëpiscopal , & celui de Bayeux (2).
Dans la réalité il échangea , avec la réserve d'une
pCTsion , son titre d'évéque de Luçon , avec Baptiste
TIercelin , son parent , pour l'abbaye des Chàteliers ,
pjés Saint-Maixent, dans le diocèse de Poitiers. Depuis
René de Daillon ne fut plus conn^ que sous le nom
d'abbé des Chflteliers (3j.
32. Or, René de Daillon , qui fixa sa demeure la plus
habituelle dans son abbaye des Châteliers , et avec le
titre d'abbé de ce monastère , se fit , dans les guerres
(1) M. de Beanre^rard , évéçuea de Luçtm.
(2) < D. Bênatns dd Daillon da Lude » non contecratiM » et
translalus ad episcopatam Basocensem ».
rS) On \h dans l'autre catalogue: « Baptîsta Thiercelin , ha»
bttit episcopatum & prefato D. Daillon , cansà permntationif cum
abbatià beatae'Mariae de Gaatellariis , prope urbem santi Mazentii ,
PictaTeniiidioceaiff et cum reientione pentionis »#
364 ) Rbkb ]>& Daoxov t ^'p ÉvâQUfi. ( m%
de religion , une réputation qui n'allait guère à un
bomme d'église. On le vit armé prendre part aux faits
d'armes de l'époque et commander même , dans plui
aieurs rencontres. « L'histoire du Poitou ^ dit M. de
Beauregard (1) , nous a conservé un trait du courage
et de la prudence de ce seigneur. En 1576 , à la nais-
sance de la ligue » les protestants voulurent surpren-
dre Niort , mais René de Daillon , connu sous le nom
d'abbé des Châteliers , ranima par sa valeur le courage
des habitants et la ville lui dut son salut »>. Plus tard ,
en 1569 , l'abbé des Châteliers se renferma dans Poi-
tiers qu'il aida à défendre contre l'amiral de Coligni»
33. L'anciep évéqi^e de Luçon sut , . par sa conduite,
éa^ les deux positions diverses où il s^ plaça , appe-
ler la faveur des rois sous lesquels il vécut. |>ans la
première promotion du Saint-Esprit » Henri III le nomma
commandeur de cet ordre , et , plus tard , peuri IV
le fit Conseiller d'Etat
34. Pour en finir avec René de Daillon , nous dirmg
que nous doutons fort qu'il ait été nommé , plus tard ,
i révéché de Bayeux , ainsi qu'on la prétendu, et qu'il
mourut bien positivement en 1601.
III. Jean-BaptistbTiercelin , 23.« évêque de Luçon,
occupa ce siège, ainsi qu'on l'a vu déjà , par suite d'une
permutation faite , de l'agrément du roi , la chose est
positive f avec René de Daillon , qui retint une prasion
sur l'évêché , et eut , en outre , en échange l'abbaye
des Châteliers. Cette permutation fut faite par acte
reçu devant Nicolas Brissard et Jean Yvert, notaires du
(1) Evêques d^ Lvçoh.
I
i56â ] l.-B; TlEttCBLlN , S3.é ifiTÊQUE. ( 26&
Chàtelet de Paris , lè Samedi ^ Saint , 38 &tars
1«B2-^1563 (i).
â. Baptiste Tierceliti , était fils atné de Cbarles Tier-
celin , seigneur de la Roche-du-Maîne et d'Anne turpiil
de Crissé. On connaît la célébrité de laRoche-du-Maine,
l*un des grands capitaine^ des règnes de François I«^
et d'Henri It , et dont Branthome a fait connaître les
faits et gestes. A la bataille de Pavie où il comman-
dait , comme lieutenant , la compagnie du duc d'Alen-
çon , il donna des preuves de courage , tandis que son
capitaine fit très-mal. Demeuré prisonnier , il obtiirt
plus tard sa liberté et déCmdit Fossan , en Italie, contre
Cbârles«*Quint. Ce prince , content d'avoir rencontré
un homme de cœur , voulut lui montrer son année
jxmr {ttt faire fiainr. Elle était très-belle, et leguwrier
Poitevin lai dit ingénument qu'il préférerait bien la
trouver piètre et ruinée. C'est dans cette rencontre
que l'empereur demandant à la Rochenla-Maine coii>
bien il y avait de Journées pour aller à Paris , célui-d
fit cette énergique réponse : « Si , par journées , vous
entendeÉ batailles , il y en aura bien au moins une
douzaine , à moins que l'agresseur n'ait k tété rom-
pue dés la preolière ». On Jiurait un livre à faire dm
grands fiiits d'armes et des belles réponses du g^and
la Rochendu-Maine.
(1) II. de Beaaregard* Ceil dune pîtt eirtenr qm M< Brtqvél i
dans sa notice aur les excès commis par les protestants dans le
diocèse de Luçon « note du reste assez exacie et dont jt tné iitais
sarvi» aTsnce que l'éTèque Tiefoelin fut sacré e« i56i. En aéns
inverse la Gallia Christmna na parle da cet éTéque qu'à data'
da ltt75.
â66 ) J.-B. TiERCEUN, â3.« ÉYâQCE. { 1563
3. Des recherches faites , par M, de Beaaregard (i) »
donneraient à croire que la famille dont était Févéque
de Luçon , était originaire du Bas-Poitou. En effet «
ce savant personnage , avait découvert , dans les ar-
chives de Fabbaye des Fontenelles , un acte de donation
d'une rente d'un quartier de seigle fait par Geoffroi
Tiercelin ^ Miles^ et par son fils Yàlet^ ayeuls de Tier-
celin , et la confirmation d'une rente de même espèce
et quantité de blé , par Honordis , femme de ce dernier.
Ces rentes, dont les actes étaient de lannée 1273 , se
trouvaient établies sur la terre de la Guignardière,
paroisse d'Avrillé,
4. Toujours estril que Baptiste Tiercelin , quoique
fils aîné et principal héritier de sa maison , renonça à
ce tiU'e et à des alliances honorables , pour entrer
dans l'ordre ecclésiastique. Ses autres frères étant ve-
nus à mourir , il décida ses père et mère à marier sa
sœur unique à François d'Appelvoisin , de cette an-
cienne famille des abords de la forêt de Chantemerle ,
et qui était le lieutenant de la compagnie d'hommes
d'armes du nom de la Roche-du-Maine. Par le contrat
de mariage, qui précéda cette union et daté du Si
Avril 1542 , il fut stipulé que le futur joindrait à son
nom celui de Tiercelin de la Roche*du-Maine et tous
les biens de cette dernière maison furent substitués en
faveur du fils aîné qui naîtrait de cette union.
5. n nous faut noter d'abord que les protestants
ayant abandonné Luçon (2) » après avoir inutilement
(i^ Evéçite* de Luçon*
(2; Ils airaindonnèreiit aussi Fontenay , vers la même époqiMi
emmeniaiit avec ' aux leur ministre Dumoulin » qui d'abord répu^
gnaitàles suivre, aioM que le fait connaitrela Chroniçuedu Langon.
lSe2-i63) J.*B. TifeRCELiKrv 23.^ ivâQUfi. (357
assié^ , (M)iir nde première fois « le mènastëfë de
SaiiitrMic9ieI-eti-rHern!i (1] , le cliapitre dil diocèse
reloimià dms sa Tîfle êpi^opate, pour s'y maintenir,
« «t sabs éonte , dit If. de Beanrégiea^d {â) , qiïe la
fûTter^se et le cMteaâ fiirent solgneu^mentgardfe,
par des troupes x>.
e. n parait qu'une permutation de fonctions supé-
rieures ecclèriastifues était alors un fait tout simple et à
l'égard duquel les inférieurs^par exenqple les chanoines»
les religieux et les abbés» n'avaient qu'à s'incliner. Aussi
on voit , le 23 AvrÀ 1562 — 1563 , Pierre GaiAard ,
cDré de Saint-Gefmain-de-Prinçay » être introduit
dans le chapitre de Luçon , et produire la jpermutâ-
tion opérée entre René de Dàitlon et B«iptisté Tierceîiéf.
En même temps il notifia la révocation de tous pod-
voirs et vicariats et fit connaître que lui ^til 'était
vicaire m spiritualibus et tèmpàralibuB de révérend
père en Dieu iBapliste tiercelin » êVêqde de Luçon ,
non encore sacré (3)«
7. La ville de Luçon était alors dans Fanarchie»
beaucoup de f ^is sans aveu et armés s'y étaient ré-
fugiés et ils volaient et outrageaient impunément les
anciens habitants* Ce désordre venait de ce queî'é-
vêqué et le chapitre avaient chacun droit de chatel-
lenie et de justice et qu'il y avait continuellement
(1) C est encore U throniqne qu'on vient de cher qnî fait
connaître cette tentative sur Saint-Michel-eii-rHerm , qui dar«
doni&e à quinze îoun , et qui n'eut poar résultat que roccupàtion
du bourg » mais non celle de rab«iaje.
(2) Evéques de Luçon,
(3) U. de Beauregard ^ Bwéqueè <Ar Lufon*
u.
268 ) l.-B. TIERCEU5 9 ^3.^ ÉTÉQUÏ. ( 156)
conflit sur le point de savoir qui devait poursuivre
sur les délits commis dans ce territoire. Sur cela» le
chapitre de Luçon s'adressa (1) au sénéchal de Fontenay,
c^était toiyours Michel Tiraqueau , et ce digne magis-
trat se mit au-dessus de toutes les considérations qui
entravaient le cours de la justice , et » par une sentence,
du 22 Novembre 1563 , il ordonna à l'évèque et à ses
officiers de faire perquisition des crimes et délits dé-
noncés et de l'en certifier, dans quinze jours , foute
de quoi , il serait autrement procédé (2).
8. L'évèque de Luçon fut mécontent de Michel
'ïiraqueau ^ dans cette circonstance. En effet , il s'a-
dressa directement au roi Charles IX et obtint de lui ,
e^ jDécembre 1563, l'autorisation d'ajourner au par-
lement ce sénéchal et même le sénéchal de Poitiers.
Voici ^T quoi le prélat établissait ses griefs. L'édit
f[u'on vient d'indiquer ordonnait la vente des biens
ecclésiastiques situés hors des lieux où étaient les
églises et principaux manoirà des bénéfices et les es-
timations devaient (avoir lieu au denier vingt-cinq t
(1) I^t motifs donnés dans la reqn£to méritent d'être transcrits
ici : « Au moyen des troubles advenus ci'devant à Luçon et
1|6UX circonvoisios , plusieurs mauvais garçons , vdleurs , lar-
rons - vagabonds et gens sans aveu , se sont retirés à Luçon où
Hs valent , baptent nuit et jour, oiAtragent et dérobtnt tout ce
qu'ils peuvent ; portent pistolets » pistoies j arquebuses et autres
bâtons et armes défendues « et tellement que les manans et ha-
bitaus dudit lieu 1l^ont aucune assurance de leurs personnes , ni
de leurs biens , et à quoi lesdîts doyen » chanoines et cbapître
de Luçon, pour leur égard, auroient voulu donner ordre pour faire
justice et punition desdits déliaquans , ce que ne peuvent faire
commodément à cause de leurs dites seigneurie et baron nie du-
dît Luçon , parce que révérend monaeigneur l'évèque a aussi
•droit de chatellenie dont ses officiers ne tiennent compte d'es.
faire poursuite , etc.
(^ Mémoire particulier et de l'époque.
1564 ) J.-B. TlERCELIN , 23.« ÈVÈQVK. ( 26^
pour les biens nobles, et au denier vingt, pour les
bieDS roturiers , devant le remploi être fait » en rentes»
au denier douze. En exécution de cette disposition ,
on aliéna mie partie de la terre des Moutiers-sur-le»
Lay , où était le manoir de campagne de Tévéque. Le
prélat prétendit que c'était une violation des restrictions
apportées à la vente des biens du clergé. Il ajoutait
que les adjudicataires , même avant d'avoir payé »
s'étaient saisi des fruits de l'année , abattaient les
futaies et détruisaient les étangs. Sur cela i les magis-
trats qui avaient procédé aux adjudications furent
ajournés , mais on ignore ce qu'il en advint.
9. Le cbapitre de Luçon, devenu propriétaire de la
baronnie laïque de cette localité en rendit hommage
et dénombrement au roi , à cause de son comté de
Pwtott, le 12 Février 1563— 15Ô4 (1).
« La balle , dit un document particulier (2) , est la
première employée dans ledit aveu et dénombrement,
avec les droits de vente et de péages en trois places »
deux desquelles sont énoncées être proches et joignan-
tes à ladite halle où se vendent des marchandises , et
l'autre distante et éloignée , et en laquelle se placent
les bestiaux et les chevaux qui s'exposent en vente
les jours de foire.
(1)^ M. Ae ReanrefçaH mentionne cet avea , comme ayant
été fait, au nom du chapitre» le lit Décembre 1562, par ieaa
àe Thorigné , chanoine de Laçon. fîéanmoins nous trouvons ua
Homniaiçe de la baronnie de Luçon , faite au roi . à cause d»
•on château do Fontenay-U-Comte » par Marguerite d'IllicFi ,.
iame d' Hommes.
(^) Mémoire manuscrti.
a Le mêip/^ aveu pocte, ea içFme exprès, toi^ droit
de poHce;, k causç de ladite bar4)po|e eti visitat^oa sur
chacune des deoréesQtmarebaodisçs qHî^ aiT)i^ent aq^it
Meude Luçoa^et qui y swt ei^posèes m. ye^te^ les jom$
da&ireet de marché, avec toutcequiQ la coqtiiiqe du
Poitou baille, et octroyé à. diioit de I^aromiie', sap;
rien des droits exceptés, et tous droits de juptlceap:
partenants aux seigneurs, barons du p^ys : ce sont
les tenues ».
10. La prise d'armes des. novateurs était iine cause
ou au moiD$ un prétexte pour lever des contributions
sur le clergé. Aussi , en Mars 1563 , le diocèse de Luçoa
ù\t t£txé à cinquante mille écus 9 avec autorisation, de
vendre des biens ecclésiastiques jiisqu'à. concurrence
dci l'imposition établie.
11. Baptiste Tiercelin ne prit possession effective
du siège épiscopal qu'en 1564. Je vais tr^nfiwre l'acte
qui constate ce fait»
«. A^ujoard'h^l dimanche > 5 de Mars (1564.)
da matla, est arrivé. en ce lieu Révérend père en Dlea
Messire Baptiste Tiercelin , évéque de Lnçon , accompagné
de liant et puissant René de Sanzay , chevalier-, seigneur
deL.Saint-Marsaalt , gentilhonwe ordinaire de. la cbamhiire. dp
roi , lieutenant , pour le roi , de ce pays et. contrée de
Poitou , pour l'exécution de Tédit de pacification , le seigneur
de Tyors et plusieurs gentilshommes. Us ont descendu es-
maisons épiscopales dudit Luçon. Et instamment: après ledit
l^évérend , accompagné des susdits , est venu à la grande
porte et entrée principale de Tégllse cathédrale , au devant
de laquelle se sont trouvés tous Messieurs . et le^ ofQciers
de cette église. Et après que M. René Guyot » chanoine-
aumônier , sous-doyen et officiai dudit lieu a eu fort ja ha-
t564 ) J.-*B. ThBRCBLIN ». a3;« [CTÉQra* ( 271
ranima, coiil9«iPit aTertis80Bieiil4f^ehav8e9et devoirs d»dH
Eév^ttid eny^FS son église, cbapilre et diocèse qu'il a: pro-
noncée en latin et que mon dit sienr Gnyot lai ent revéta le
rochet et ledit Révérend honorablement entré en icelle , M.
Jacques Clemenceau » cliantre , a commencé^ â clianter Tt
Hetim. ^alfdafl^M^» qqi a été saivi Jusqu'à la fin , quoi faisant
le Réyérend est monté à Tantel , Ta baisé et accompagné
desdiis Clemenceau et Guyot , est allé à la chaire épiscopale «
8^ est assis et a célébré la messe /n jNmItf/kratf 6iw , durant
laquelle et après L'offertoire a été fait un diseouis^ par H.
Qplpm|>at , docteur de P^ris en. la sorbonne, et le lende^
main ledit Révérend a fait son entrée au chapitre.
\% Aussitôt sa pdse de possession , réyêcpie Tjercelin
Toulut faire la visite de son diocèse » mais il en fut
caupéché par les novateiu's , et il porta plainte , pour
cet eippêchement , devant le fameux La Haye (1) ,
lieutenant-général en Poitou (2).
13. Dans un pareil temps de désordre» les erimes
q^. pouvaient qu'être très-communs parce que , trop
souvent , ils demeuraient impunis. C'est ainsi que , le
30. Août 1564 ,, Jean Girard, archer de la compagnie
du duc d'Anjou , fut tué d'un coup d'épée à la mamelle
gauche y près: de la porte de l'infirmerie de Luçon (3) ,
par Jeaq Chasteigper t dit le verd , tenant à. la nour
vffiUe secte , h\ la suite de quelques propos. Un gen*
tilhomme appelé Marmande (4) , avait tiré son. épée^
(1) Voir , relativement à La Haye , la Chronique dé Brisson ,
imprimjée dans les Chroniques Fontenaistennes .
(i) M. de Beauregard , Evéques de Luçon.
(5) « Cette parte , dit M. 4^ Beaare(rard , servait d'entrée à vn
terrain qui comprend plusieurs maisons de chanoines et qui re«>
monte à la porte de la psalette. On voyait encore, il y aqueU
q^es années , les vestiges de cette porte , vis-à-vis la maison
destinée an sacristain. »
(6) Seigneur de la terre de ce nom , prè8.fiiftre«il^fliiff*i««Layv
â73 ) J.-B. TlERCBUlf y 23.« évÉQUE. ( i56i
pour empêcher le Verd de porter de nouveaux coups ^
mais il était trop tard, et Girard , qui armé , n'avait
pas eu le temps de se défendre , était déjà mort de
la blessure qu'il venait de recevoir (Ij.
14. Nous voyons à Luçon , le 3 Avril 1564—1565 »
se formuler la manifestation d'un artisan de Luçon
contre la religion catholique. En effet , ce jour là est
dressé un acte constatant que Jean Guignard , cloutier,
rue du Bourgneuf , a refusé de cesser son travail la
lundi de Pâques.
15. À présent arrivons aux excès sans nombre com-
mis parles protestants en Bas-Poitou, et qui eurent
lieu à cette époque. Au lieu d'en donner le récit , nous
préférons, pour qu'on nous tienne comme plus
véridique , de les établir par les plaintes qui les
constatent.
16. Du reste les plaintes portées à l'évéque de Luçon
par les différents ecclésiastiques de son diocèse sont
si nombreuses qu'on n'en indiquera ici qu'une partie.
Le 4 Mai 1564, à Luçon, devant] Tévéqué et le
seigneur de Sanzay , remplaçant M. du Lude , gouver-
neur du Poitou , on trouve le curé de Saint-Germain-
TAiguillon , qui][s'excuse de ne pouvoir dire la messe
dans sa paroisse, parce que les habitants deMouilleron-
(i) On a une enquête sur ce fait. Jean Girard était né à Luçon
et passait pour être doux et paisilile. Tous deux étaient armés»
et Chasteigner s'adressa ainsi à Girard, c Si tu veux dire que ta
es de ma qualité 9 qui suis gentilhomme « je te montrerai que ta
en as menti » . A cela , Girard répondit : c Je ne suis point de
ta qualité et n'en voudrais être ». Sur cela s'engagea la dispute»
et Chéstoigner frappa Girard à l'improyiste.
iSe% ) J.-B. TlERCBLUf ) 23/ £VÊQ0E. ( 273
eih*Pareds , menacent de lui couper * la gorge s'il la
dit. Il y avait eu un synode protestant dans ce dernier
fieu y depuis Iiuit jours. Du reste , son église était à
peu près détruite.
Le curé de Houilleron-en-Pareds disait que les
protestants s'étaient emparés de son église et y faisaient
le préclie. Ils jouissaient de ses domaines et on
rempéchait d'exercer.
Le curé des Redoux , venu exprès à Luçon, pour
satisraire aux ordres de l'évéque , s'excusait de ne
pas résider , par le motif qu'il y avait deux ans que
4Son église et sa cure avaient été ruinées. Il faisait
remarquer que sa paroisse était entre Pouzauges ,
Mouilleron , Chavagnes et Montsireigne , localités qui
avaient toutes des ministres de la nouvelle religioft.
n y avait quelques mois, ayant voulu relever un
autel j on l'en empêcha et on le menaça de le tuer.
Des déclarations de non exercice du culte sont faiteis
pour Saint-Jacques de Pouzauges , Chavagnes , Mont«-
sireigne^ Tillay , le Talud , Saint&*Gemme-des-Bmyère9
et autres lieux. L'église de Tillay « précédemment
ruinée, avait été détruite en entier, depuis quinze
jours.
Le prieur de Saint-Gervais , François Prévost , avait
été «diassé de ce lieu. Le seigneur de Chantebusain ,
Jacques et Louis de Clerembault, Damasien Frucboy ,
le seigneur de la Chazelle-Gruzereau , le seigneur de
Boisfoussez , le seigneur de la Fourest-Arcqueloye et
autres jouissaient du prieuré , depuis le 29 juin 1562.
Ils avaient tué un des serviteurs du prieur et avaient
6tê biiser ies.ménbles du priew , chez Antoine JMvbst,
sôg&eurite la ReâbrîBière.
Le recteur de Saint-Michel-Mont-Hâldi^ s'excwe
de ce qu'il ne fait pas de service ., sur ce que le sei-
gneur de la Belolières'y oppose. Il y a, dans la localité,
un ministre à qui même on a proposé de lui donner
de l'argent ; il ne se fait point de service au Boupère.
Le curé de Saint-Généronx de GirbuaiTd , au coli-
traire dit qu'il a fait le sei^rice dîvfti saas contMiia*^
tion 9 mais que âeatemetit R^&é Rigàigaeau^ s^gaeor
de la Maigriàre /refuse de payer la dîme.
Le 16 dudit mois de mai » comparaissent d'àtttreU
eodésiàstiques» devant Tévéqué tt M» de Samay réiim
à.Luçon.
Le curé de Saint-Etiennew-de-Corcoué entre dans de
grands détails. En Mai 1561 , son église fût violée par
Pierre Dupuy , bâtard de la Bouanchière , servitettfr
de Donatien Buor , seigneur de la Morliêré; Au mois
dfe Mars suivant ^ on s'empara de son prieut*ô et ce
furent Louis et Clément Rondau , père et 81s , sei-^
gneur du Parc. Une pacification a lieu , et Jean dé
Machecoul , seigneur de YieilleVigne t lô fait rentrer
dans la jouissance de son bénéfice , ibais le 11 Février
dernier , Donatien Buor » André L^&ai^an et le
seigneur de la Clartére du Falleron, le chassât de sa
maison et vont même le mœacer à Rocbeservière où
il exerçait le saint ministère. Alors il va porter plainte
a» Seigneur de Martigiie ^ diux Esairta » U celui-ci lui
iS64 ] 1-B. TlEBCBUlf » 23.'' ÉYÉQUB. ( 97S
dit qoe si ses béoêfices étaient en Bretagne , il y aurait
mis ordre, et que comme ils sont en Poiton, il doit
s'adresser au seigneur de Sanzay. Le curé de Saint*
£tienoe-de-Corcoué , finit par dire que , dans un I9I
état de choses, il a été obligé de se retirer à Nan^.
On pourrait signaler des plaintes fiutcs , yers le
même temps , par le prieur ide Tillay , le curé de
Nienil-Ie-Ddent f vexés par le sagneur de Yilleder (1)
et antres.
Le 17 Mai , de nouvelles plaintes' sont encore adresh
sées à l'ëvéque Tiercelin , postérieurement à la plainte
qu'on voit qu'il avait formulée pour Tadresser au roi.
Presqu'aussit5t le curé de Saint-Cyr-en-Talmondais ,
vient dire au prélat que , dans la nuit du 7 au 8 sep-
tembre 1564 9 les protestants sont entrés dans son
église^, ont brisé le tabernacle et les fonds baptismaux.
Le 30 du même mois ,. le curé de Saint-Pierre-des«-
Moutiers-sur-le-Lay , déclare que les prétendu» réfiar*
niès[|perçoivent les fruits de son bénéfice.
Le 12 Octobre» le curé de Saint-Germàla ^ fiurâs
MouiUeron-en-Pareds, déclare avoir cessé toilt service »
saaf les baptêmes. II a été menacé de mort ^['chez lai ,
par des habitants de Mouilleron , mais il ne veut pas
les nommer , parce qu'il les craint.
Le prieur-curé de Saint-Michel-Moatmalchus], dédare
que, depuis son premier rapport / La Bellotiéie a battu
un prêtre.
ff) Je noterai sitr cette locfaKlé de VilYedor, b trésor qu'on ▼ a
trouvé vers 1815. Il ro»sitt«tt en ua ban nombre de monaâtM «et
<ltt XV.e siècle , parmi les quelles une magnifique pièce espt»
(;nole àt I^rdiaani et d'Isabelle.d'une valeur de SOD fr euTiron.
35.
276) J.-B. TiERCELIN 9 23.® ÉTÉQtB. (1565
Le Ticaire do Bourg sotis la Roche , sonuné de dé-
clarer si le service divin se faisait dans sa paroisse ;
si les édits étaient observés et si le recteur jouissait
paisiblement de son bénéfice , répond que, depuis Noël,
il a administré les sacrements, étant commis pour
cela , mais qu'Antoine Chabot , seigneur des Aigneaux,
prétendu réformé , jouit du bénéfice et a t>utragé on
autre vicaire , Mathias Prévost , qui i'èa sauvé en Rhi.
Le 13 Octobre » Antoine Boyleau, curé du Puybel-
liard , expose que La Peletière , dit le jeune Landreau
et le seigneur de Bournezeau se voient continuellement.
Le lendemain , Louis Buet , prieur de Saint-Pierre
du Luc , déclare que le premier Août précédent , Jean
Leroux , seigneur de la Drugière , accompagné de BO
hommes à cheval et armés , sont entrés dans l'église,
y ont nais leurs chevaux et ont brûlé la porte. Ensuite
ils Ont été à la cure pour chercher le curé qu'ils an-
nonçaient vouloir tuer. Celui-ci s'est retiré dans la
tour de l'église où il est demeuré cinq à six jours.
Une vieille femme fut violée avec des circonstances
atat>ees9 dans cette expédition.
Enfin» on trouve encore des plaintes postérieures à
ces dates. Le 20 Mars 1565 , Matthieu Chevreul , prêtre,
prétend avoir été fi^appé à coups de bâton pendant qu'il
iSisait la messe , par le seigneur de St.-Cyr-en-Talmon-
dâiset de Poiroux.
Le 5 Avril y Gilles Garon, curé de] St^-Yincent-
d'Ësterlaages ayant voulu chasser du bois de sa cure
vm cheval qui y pacageait, le seigneur deja Ramée
\ .
1565 } J.-B. TdBRCELDI 9 33.9 iVÉQU. ( S77
et an autre protestant le battirent et I» menacâreiit
de le chasser de sa cure.
Antoine Boyleau , curé du PnybelUard , se plaint
de nouveau , le 10 septembre , des excès du seigneur
de La Peletière , qui Fempêche d'exercer et s'empare
de son temporel, a Finalement , dit-il , icellui Peletière ,
le 20 Juillet dernier , l'a excédé , baptu et nAvré jus-
qu'au nombre de sept grands coups d'épée, deux sur
la tête y deux au bras droit, le reste en autres
endroits de son corps , pensant l'avoir laissé pour mort ,
et de fait a esté long-^temps au Ut , entre les mains
des barbiers. • . . x>
Le 11 Septembre , une plainte est portée à Tévéque
de Luçon, par Julien Giraudet , nommé curé de St.«
Jean de Beugné, par le comte du Lude , et agréé par
le prélat; il a été vexé par François Boutaud, ci-
devant abbé de Talmont i Claude de la Gruhe et au-
tres gentilshonunes qui marchent accompagnés d'hom-
mes armés.
Enfin ledit jour , une autre plainte est portée par
le curé de Saint-Aubin-de-la-Plaine , à raison des
vexations commises , à son égard» par Claude des Villa-
tes et autres.
18. On trouve ce qui suit dans les remontrances
adressées au roi par Baptiste Tiercelin , évéque de
Laçon , le 10 Septembre 1565.
L'abbaye de Talmont où il y avait dix-hiiit à vingt
religieux » est ruinée. Depuis quatre ans on n'y fait^ .
plas de service divin. Les moines ont été mis hors du
monastère , par Boutaud » abbé apostat ^ qui a tout
ffS ) J.*B. TlBRCBLUf , 23.' ÉVâQUB. ( 1565
détruit dans la maison et a été jusqu'à vendre les biens
de rétablissement.
A Saint-Cyr^n-Talmondais , plus de serrice. Le prieur
s'est retiré ailleurs et a affermé son temporel. Dans sa
visite f Févéque a trouvé l'église pleine de foin.
A Boumezeau , l'église est située dans le cbâteau ;
il en est résulté que le seigneur , qui est protestant ,
a fait murer la porte extérieure. De cet édifice, il a
&it une grange ^ et du ballet , une écurie.
A Bessay » point ^ service divin t à cause du sei-
gneur du lieu et du seigneur de Marmande, qui ont»
tous les deux*» adopté les nouvelles docCrines.
Au Sbnon» on ne dit plus la messe. Le 19 Août
précédent » le curé d^ ce lieu faillit être tué d'un
eOQp de pistolet
A Houilleron«en--Pareds, défaut d'exercice mtier éd
culte catboUque. Les protestants font Ikire le prêche,
dans l'église » depuis trois ans » quoique le Seigneur ne
paraisse jamaia dans cette localité.
A Puymaufrais » plus de service»
A Saint-Martin-Lars , absence de service. Le seigneur
de Puythumer » fait &ire le prêche^ dans l'église de
cette paroisse » par un valet et jouit des revenus de la
cure f contre la volonté de la dame du flieu.
Alt Puybelliard , le curé a été chassé par le sdgneur
de la Pelelière. .
A la Bretonniére , pomt d'exercice du culte et l'église
eat^un réceptacle d'ordures.
iSM ) ).-B. TiraiCBLiN » as.e iytam. ( 979
De mêoie , à Moacbamps , qui est fions la dêpen-
danoè du seigoeor de Soubise.
A la JandonniAre » H y a ministre et prddie.
Au Givre , le seignear de la Rabretière empêche
l'exercice da culte de Dieu. U est accusé d'avoir tué
le seigneur de Bazdges.
Point d'exercice de la religion , non plus, à Sahit-
Somin, à Honsireigne y à Saint-Fulgent, à PouzaugeSt
i Saint-Révérend 9 à Froid-Fond , à Saint-Paul-de-
Montpénit, au Falleron , à Landevieille , à Nesmy et à
SaintrGerv^. Il en est de même au prieuré de Fontaine.
19. Tous ceux qui ont étudié l'histoire de bonne
foi et qui veulent transmettre les impressions qu'ils ont
ressenties , reconnaissent que les révolutions politiques
et religieuses ont eu pour cause des abus que les
gouvernants n'cMit pas eu soin de prévenir. Or , si
celui qui trace ces lignes malgré ses autres manifes-
tations » élevait la voix de lui-même en ce sens , il
y aurait des hommes, qui lui en feraient sans doute un
crime. Hais c'est une antre voix qu'il les condamne
à entendre , c'est celle de ce savant chanoine de Luçon,
de ce vénérable évêque d'Orléans qu'il va emprun»
ter ici , pour justifia son raisonnement.
90. a U faut l'avouer, dit H. de Beauregard (1) , le dé»
sordre était grand, parmi les gens d'église. Il égalait son
ignorance, et l'inconduite des prêtres, la licence de leuES
mœurs justifiaient , sinon les violences dont ils étaient
MO ) J.-B. TlBRCBlUf , â3.« ÉVÉQUB. ( 1565
les yictimes , au moins u^ prétexte dont les novateors
se servaient contre le clergé , pour Justifier leurs plaintes.
« Le clergé de Luçon n'était point exempt des incul-
pations qui retentirent contre tous les ministres de l'é-
glise catholicpie , et Baptiste Tiercelin s'en plaignit au
chapitre lui-même ( réunion générale du mois d'Octobre
1565 ] , dans laquelle et y présidant , il rendit Tordon-
nance suivante :
« Après aydr fait , par ci-devant, plaslenrs remontrances,
tant parUcallères qae générales et publiques , nomtnément
celle qui est contenue au dernier synode , tenu par mol ,
laquelle est toute aullientique et publique de laqueUe ne
pouvës prétendre cause d'ignorance ; J'ai délibéré et conclnd
si Je ne connois que l'on ne se resipisque et fosse continua*
Uon de vivre de bien en mieux en décbassant de vos maisons
toutes et chacunes les femmes mal fammées et notoirement
suspectionnées , ]'ai délibéré et conclud déclarer , par écrit ,
et soubz notre seing et scel , pour excommuniés ceux qui
ne voudroient acquiescer à nostre présente remonstrance ,
faisant attacher la sentence d'excommunication , après ra-
voir prononcée dans ce Jieu de chapitre , ou autre lieu que
voirons eslre pour le mieuz.
« Et quand il n'y aurait d'autre raison que l'animosité de nos
ennemis contre nous et la malice des temps , Joint les vœux
et les serments que nous avons faits à Dieu et à notre mère
saincte Église, il est besoin de les garder et de chasser et purger
toutes choses qui cothérisent nos consciences et scandalisent
nostre prochain. Protestons procéder contre ceux qui ne
voudroient obéir à la présente remonstrance , tant par pri-
vation de leurs oflices , bénéfices ecclésiastiques , qu'en leurs
personnes ou autrement , comme de droit.
« Gonunandant cette présente protestation être enregistrée
au papier du scribat de céans , afin de faire apparoir , en
temps et Ueu , du deyoit que Je fais vous en advertir
iS€5 ) J.-B. TiERCBLIN, 23.6 ^VfiQUE. ( 281
et admonester. Car Je prétends passer pins entre contre les
contomax , désirant certainement de tout noatre corar qu'ils
ne noos en baillent 'occasion , car ce sera à nostre très-
grand regret , si J y sais contraint , aimant mieux y procéder
par donçeuf , comme J'ai toujours fait Jusqu'ici , que par la
rlgaear, laquelle Je serais contraint exécuter , si Je n*y
cennols amendement ».
21. Au. surplus 9 pour la plus grande publicité , et*
la même année , l'évéque Tiercelin fit imprimer ses
Statuts (Ij arrêtés en.synoâe.
22. On a ya que le doyenné de Mareull avait été
réuni 9 depuis long-temps , au décaiiat de l'église ca-
thédrale de Poitiers* Aussi , en 1565 , nous trouvons
René Lefevre , président du parlement , doyen de
Poitiers et de son annexe le doyenné rural de Mareuil»
réclamant , nonobstant la division de l'ancien
évéché de Poitiers, de plusieurs curés du diocèse de
Luçon f savoir : des uns , une mine (2) de blé froment;
et des autres » une mine de seigle (3).
23. Le 25 Novembre 1565 , le chapitre de Luçon
rendit un nouvel honunage au roi (4] pour la baronnie
dudit lieu > provenant de la maison de la Tremouille.
Cet aveu fut foit, au nom du chapitre, par Jean Provost,
élu par lui , conune hwaxM xAtmX et mouratU [5} i-
pour le représenter. ~
(1) Sancttonet et canonet Synodi Luctonemtt , iatinè et^aWci «
par J.-B. Tiercelin » 1565 , ii^^ o
(f) Une mine te composait en général de huit petits boisseaux.
C'était une deiyii-cliarge ou un sac. ^
(3) Mémoire particulier, < • •
(&) Mémoire manuscrit.
(5) Ayant 1789, ces expressions n auraient pas eu besoin d'être
S82 ) J.-B. TiBRCBtlN » â3.« ÉvÊQim. ( ilM
24. Eo Juillet 1566 » Tévéque B. Tierœlin , exposa à
Jonthas Petit , lieutenant^&iénil} à la sénëebanâoée
de Fontenay , qu'il avait , d'après t'ordre du roi » essayé
de rétablir le service divin à la Bretoonière , à Sainte-
Gemme , à Bessay et à Saint-Cyr-en-Talmondais , et
demanda l'exercice du droit séculier pour y pourvoir.
Sur cela, et d'après les conclusions conformes d'André
^Reynouf , avocat du roi » la saisie des biens temporeU
de ces cures fut ordonnée au profit du roi » Jusqu'au
moment où le service divin serait rétabli dans les
lieux ei^dessos indiqués. « Cette mesure , dit H.
Briquet (1] , avait évidemment pour but d'eidevef
aux protestants les domaines et les revenus du eleigèi
dont Us s'étaient emparés^ ».
25. Sur les bords de la mer et dans des lieux où il
n'existe actuellement qu'une seule croyance religieuse,
I '\s protestants étaient alors nombreux. Aussi on trouvei
sous la date du 14 Septembre , un certificat du euré
dePoiroux, qui atteste devant Tévéque de Luçon , alors
au cbâteau des Moutiers-sur-»Ie-Lay , que les )[)rotes-
tanls font le prêche, dans cette paroisse et dans une
grange dépendant de la cure, qui a été prise de force
par le seigneur de l^int^Cyr ^ baron de Polroux.
' 26. Dans la localité de Pouzaug;es ^ dans lacpieUe le
protestantisme est encore dominant ou peu s'en fout,
expliquées» maïs aujoord'liaî il est bon de dire pour pkisîdors
lecrteurs , que if s g6tis de màîn-inorte ^ c'est-à-dire « les corpora-
tions étaient obligés de cboisîr un individu à ta mort duquel
était dû le droit de mutation.
(4) Excès commis par les protestants , dims le diocèse *</#
Xittfon.
1$67 ) J.-B. TiBRCEUN , 23.^ ÉVÉQUB. ( 283
H se fit , vers cette époque , ane de ces démoDstra-
tioDS , en &yeur des nouvelles doctrines > que l'histoire
doit enregistrer , de toute nécessité.
« Nous siears de Paypapin , des Echardiëres, de laBelotiëre»
Bellère , Rolandlère et Ghanyinfëre , genUlshommes soas-
signès et aatres paroissiens et habitants da vieux Poazaages
et circonvoisins « estant tous assemblés, après rinvocatlon
da nom de l'éternel » pour adyiser an maintien et accrois-
sement de notre sainte religion réformée , promeltons una-
nimement vivre et mourir en icelle , et renonçons tous .
aax suppositions et idolâtrie papistique , pour n'y Jamais
retoarner, alns protestons de les absorber et détester de
toat cœur et dorénavant faire entière profession de ladite
religion réformée , comme celle qui nous est enseignée par
les saints prophètes et apôtres > en présence de Honsieur
Morean , nostre pasteur et ministre du saint évangile.
Et pour plus ample témoignage d'une môme volonté , d'a-
battre, ruiner et détruire le temple , autrement la babylone
papistique dudit lieu , approuvant la rupture et tout ce qui
y fat fait aujourd'hui , est accordé que les deniers qui pro-
Tiendront de la grande et petite croix , trois calices et custodes
d'argent et antres meubles qui sont es mains de M. Jean Texier,
Thomas Ougué et Michel Claveau et autres , meubles dont
est gardialalre M.e Mathurin Barrioa , seront employés aux
frais et mises qi|'il conviendra faire et principalement pour
envoyer i nos MM. les princes , pour obtenir nostre mandat.
Et aussi dit que s'il advient , qu'aucun de nous Idi re.-
cherché ou en peine , pour cet effet, nous Jurons ensemble
derasslster de tout nostre pouvoir et moyen, pour J'en tirer,
ce qui a étiè entre nous tous , sur nos fois et serments , pour
se donner les uns aux antres , par le présent concordat ,'
signé de nos mains, à Pouzanges, le I4.e Décembre 1567,
leqael demeuré es mains de M.e Mathurin Barrion , pour en
délivrer copie , si besoin est. ( Signé } de la Boumolière ,
François Girard- Cacaudière , Gui Jaillard, René Bodin , Le
Toarneur-Chauvfère , G. Moreau , Jean Texier , T. Dugué ,
36.
284 ) }.-B. TmRGBLm , â3.« BTÉQUE. ( 1567
Gardereaa , Marcband , GlaTerean » Robelin , Robin , François
Morin , J. Tinet, Tarpaalt , RouUand « Thomas Tissean , LoU
Poamerols , Roolanger , Barrot , Tarcaod , Â. Neau , Brossard,
SaooUet , Paapilleaa , Gherpentier , T. Ylnet , Morin , Morean,
B. Texler » Lois Garan » Gochat , J.Estancheaa, Gauderat, Jar-
deran , Laarent Joaet , Tiereelin, Broachard , Julien MIeheao,
Roussineaa , BlUea , Jamet» Paanlt, Basson , Bonnenfaat,
Gartron « Boivet et S. Dallet.
Bst encore ledit acte , signé : Gui Jaillard , René Bodin ,
B. Morean , Le Touraeur-dn-Guë , Texier , Gardereau , Cla-
Terean , Turpault^ François Morisset, Ronssineau , Le Blouard,
Brossard , Lois Charron , Gochet , J. Tlnet , Turcaud , Laurière,
Glouet et M. Barrion , pmr copie , eolUUionnie à forigiwd ,
le 20 Janoier 1568.
27. On sent tout ce qu'avait d'énergique un pareil
acte f dressé avec éclat par les novateurs, contre la foi
catholique. Faisons aussi remarqua le grand nombre de
signatures apposées à cet acte , parmi lesquelles nous
retrouvons les noms de maisons nobles de la pro-
vince , comme celles de Jaillard , Bodin de la Rollan-
dière , Claveau et autres , et de familles bourgeoises
du canton , notamment des familles Bairion, Saoolet,
Brossard , Neaut , Pûault , Charron et autres.
28. Au mois de Décembre f 567 , l'assemblée du clergé
de France s'était obligée de donner au roi , dans le
délai de dix ans , une somme de 7,560,056 livres 16
sous 8 deniers, dont la distribution faite, d'abord
entre tous les évéchés , devait ensuite l'être entre ious
les bénéficiers de chaque évéché. Pour cet effet; des
assemblées particulières du clergé de chaque diocèse
eurent lieu , dans les villes épiscopales, mais les trou-
bles recommencèrent dans le Bas-Poitou et notamment
1568 ) J.-B. iteftCEini , d3,« ivÈQxm. ( sas
roccopaUonde Luçon parles réroltés, empêchèrent la
réonioD, dans cette ville , des bénéficiers du diocèse. Sur
cela , le roi Charles IX, par lettres da 26«... 1568, adresh
sées à réyêque de Luçon on à ses vicaires, autorisa la
séoiiion en question , partout où on jugerait conve-
nable, même dans une ville étrangère au diocèse.
29. A cette époque Luçon se trouvait sans fortiflca-
tiens , le fort ayant été ruiné , quelques années aupara-
vant. Cette place n'était donc pas tenable et ce fut ce qui
détermina le chapitre à faire transporter ses papiers
et objets les plus précieux dans le monastère de St.-
Hiehel-en-rHerm , qui était alors la place de sûreté
des catholiques de ce canton. Ce fut Chanteclerc,
chanoine de Luçon , qui fut chargé de la conduite de
quatre pipes remplies de papiers et de les surveiller,
dans le lieu du dépôt (1). Les personnes marquantes »
de la foi orthodoxe , qui se trouVaieut peu éloignées
de Saint-Michel , y portèrent aussi leurs trésors.
30. a Luçon ne tarda pas , dit M. de Bèauregard (â),
à éprouver de plus grands malheurs. Les éditsde paix
que Catherine de Médicis faisait rendre» quand elle le
croyait avantageux à la politique et à ses intérêts ,
étaient de part et d'autre , mal observés. Le prince de
Condé reprit les armes sous le prétexte qu'on prépa-
rait aux réformés leS; plus rigoureux traitements. La
Rochelle , déchirée par les deux partis , fut obligée
de se soumettre à celui des protestants. Ste. Hermine »
seigneur du Fa , en Angoumois , s'en rendit maître
et fut établi commandant en chef , par le prince de
(1) Notes mannscrîtfls.
(2) Evêques de Luçon.
S86 ) J.-B. TlERCBLIN, 23.^ ÉvâQUE. [ 1568
Gondé. Il ne tarda pas à lever des troupes » grossies
par les mécontents > qui abordèrent de toutes parts
dans celte Tille devenue le rempart des protestants.
a Les milices que S.te Hermine avait levées s'étes-
dirent dans le Bas-Poitou et attaquèrent Luçon , qd
n'avait qu'une faible garnison. Depuis quelques jours
les chanoines avaient pris des précautions, non seule-
ment pour la sûreté de Luçon, mais pour établir des
Gabarits , composés de pierres et de clayes, pour eoi-
pêcher les Rochelais de pénétrer par le passagedela
Charrie et les marais |de Triaize. Les chanoines se
dispersèrent et s'échappèrent déguisés. Innocent Chan-
teclerc , qui de simple choriste était devenu successi-
vement secrétaire du chapitre , puis chanoine , voulut
défendre le château et l'église , dans lesquels il s'était
retranché avec quelques officiers de cette église ; il
paraît même qu'il y commandait en chef. Le chapitre
avait proposé à M. de Salo (1) de Beauregard d'en être
le capitaine. Il refusa, sans doute; puisque peu de
jours avant la prise de Luçon, on fit offrir le même
poste àun^ieur du Sableau ,^ qui apparemment n'eut
pas le temps de s'y rendre. Luçon fut bientôt investi, sa
faible garnison composée de quelques soldats du Comte
de Lude , fit une vigoureuse défense. Un canon ou une
autre arme à feu , emporta , en éclatant, le bras droit
de Chanteclerc , qui , malgré cette cruelle blessure ,
tirait du bras gauche avec tant d'adresse qu'aucun de
ses coups ne portait à faux. Les Rochelais , comman-
(1) ^e la famille qui a produit Tinventeur du Journal det
Savants»
1568 ) J.-B. TiERCBLiN , 23/ èyAqve. ( 287
dés par Jean Boisseau et Trousseau-la-BelIe » irrités
de la résistance de ce prêtre , donnèrent un assaut, le
18 Février 1568 (qui » à notre manière de compter »
serait 1569 ) , et emportèrent cette place. Une partie
des assiégés , au nombre de cent , fut passée au fil de
l'épée. Parmi ceux-ci , une information a conservé les
noms de Messires Pierre Macé , Germain Amand ,
Bfaurice Hassiot , Julien Giraudet et Laurent Ribouleau ,
officiers de Téglise. Innocent Chanteclerc et Matliuria
Rond f choriste , furent pendus , et le corps du pre-
mier fut tiré à coups d'arquebuse.
« Les habitants de Luçon , parmi lesquels on trouve
les noms des receveurs de l'évéque et du chapitre ,
portèrent les armes contre exix et furent des traîtres »
qui contribuèrent à sa ruine ».
31. Gui de Daillon', comte du Lude, et frère
aîné de René , qui avait occupé le siège épiscopal de
Loçon, protégeait particulièrement les établissements
ecclésiastiques de ce lieu. Ce fut au moment où il
arrivait , pour défendre cette place et presqu'à la vue
de ce seigneur , (1} que les protestants l'occupèrent.
32. L'évéque Tiercelin , obligé de quitter Luçon , se
réfugia d'abord à Niort où il se fit délivrer , le 10
Mars 1568 , une sorte de certificat de présence » par
le comte du Lude , gouverneur de Poitou. Cette
pièce est d'un assez grand intérêt , pour être repro»
duite ici.
(f) M« de Beavregard , Evéqueê de Luçon,
288 ) J.-B. TiEHCBUN , 23.* ÉVÉQVB. ( 1568
« Gdi de Datllon , comte da Lode » . . certifloas qne. . .
aa Uea de Laçon , sont pois un moys en ça entrés le§ en-
nemis da roi , sortis de la ylUe de La Rochelle , lesquels oui
forcé les chanoines dudit lien , prins ancans preslres et
chanoines et en aaroyent pendu et estranglé rang et
nngvaatre qu'ils aaroyent taé aa lieu de Ste.-Gemme , dis-
tant dadit Luçon d*ane lleae environ , courent le pays dudit
Luçonnoys , auquel ils auroient broslé plusieurs esgUses et
monastères 9 comme ont fait leurs semblables partout ce pays
de Poitou ; ils auroyent donné si grande crainte et fait telle
peur aa peuple et entre autres aux gens d'église , que pla-
slenrs d'iceux aaroyent abandonné Nnrs maisons et biens ,
dont ce révérend Messire Baptiste Tler^lin^ évesqae et baron
dudit Luçon , et seigneur de la Roche-du-Mayne , nous a
requis la présente certification. Faict à Niort, le I0.e Jour
de Mars 1568 ».
33. « Pendant que les compagnies des* protestants
portaient , dans le Bas-Poitou , le fer et le feu , les
habitants de Luçon mirent en cendres l'église deLuçon^
le palais épiscopal , les maisons du chapitre et celles des
chanoines (1). Les abbayes, les églises paroissiales, tout
fut la proie des soldats ou des flammes. Samuel Béjarry
(1) Noat allont extraire de la CHBOHiQua dv Lhhgon • ce qui
est relatif à cette occnpatîon de Luçon « par les protestants :
« Et le 18 de Février 1567 , suivant l'ancienne supputation ,
soitîrent» tant de La Rochelle que de Marans « de ceux de ladite
religion , savoir de douze à treize cents » tant de pied que de
cheval « et descendirent au Gué et vers le Poiré. « • . « prirrnt
leur chemin vers Luçon. ...» à la Bouchardière « au champ
Bi(Tot , au sentier de Patagne , se rendant à Mouzeuil et droit à
Luçon , où ils arrivèrent environ une heure de soleil du soir. Et
firent tant , avec feu et rousine » qu'ils firent btûler les portes
de Tégiise cathédrale et toutefois elles étaient maçonnées en
dedans. Mais , avec piques et autres longs b&tons , les déma-
çonnèrent et entrèrent dedans et de nuit , néanmoins la défense
de ceux du dedans et du clocher où Us y furent tués maintes*
]usqu au nomhre de cinquante-neuf personnes , qui furent mis en
une citerne , étant en l'église ; et rompirent les vitraux, défer-
rèrent et emportèrent les ferrures , comme aussi ils firent des
1568 ) J.-B, TlUCBUN t â3.e ÉTÊQITB. ( 989
seipieur de la Roche-Looherie (1) attaqua les religletix
de Trizay-sar*le-Lay (3). Ceux-ci firent uneTigourease
défense et furent à leur tour , insulter le château de
la Roche. Béjarry y eut un bras cassé (3). Il s'en fit
fiiire un de fer , et , par représailles , il fut avec plus
de succès brûler Tabbaye et les maisons de Trizay.-)»
34. Dans c^te fâcheuse position de choses , il y eut à
Nantes , en Ayril 1568 » une assemblée du clergé du
diocèse deLuçon , pour aviser aux mesures à prendre ,
dans la circonstance. L'évéque et beaucoup de digni*
taires y assistèrent, et, le âl duditmois,il fut dressé;
devant un notaire de la \ille où avait, lira rassemblée,
^un procès^verbal constatant 9 ainsi qu'on yasonunaire-
ment les mentionner , les ravages commis par les
protestants , dans le Bas-Poitou.
Le 18 Février 1568, les protestants venus de La
Rochelle , brûlèrent la cathédrale de Luçon , l'église
paroissiale de Saint Mathurin , l'évèché et les maisons
des chanoines, et emportèrent les vases sacrés , les
orgues 9 brûlèrent les ^ cierges , ^ Uvrea et ornements et antres
choses propres aa serTÎce oe Dieu en IVgUse ; rompirent six
cloches qui y étaient , et de pins quatre à Saint-Mathurin et les
emportèrent toutes les dix. Et furent audit Luçon josqu'^an 27
février , auquel jour eurent aussi grande peur » comme leur cou-*
tume était de (aire. Et s*en furent à M«rans par le passsge du
Braud. ... ».
(1) Béjarry de la Roche-f'Ouherîe , était Valné des deux frères
Béjarry «qui ont beaucoup marqué, dans les guerres de religion.
(2) L'abbaye de Trisay • située dans la paroisse de PnymauCniis.
(5^ Ce fut le second des frères Béjarry , seigneur de la Gué—
menière, qui eut un bras cassé et se fit faire un bras de fer ,
dont il prit son surnom ; mais les auteurs de l'époque » contre
la tradition du pays , indiquent une autre localité comme étant
celle où ce che( protestant eut le bras cassé.
390) J.-B. TIBRGBLIN, â3.e ÉVÉQUE. ( 1568
ornements et les cloches. Ils pendirent Innocent Gban-
teclerc » chanoine » tuèrent huit autres prêtres et près
de cent laïques. Dix jours après, les protestants retin-
rent et brûlèrent FëgUse de St. Philbert , contigue à
la cathédrale , ainsi que celle de Taumônerie.
L'église de Saint-Pierre-des-Moutiers-sur-le-Layest
brûlée le 28 Février et le château de cette localité , où
résidait Tévêque , est livrée au pillage. Dans la nuit
du 7 au 8 Avril 1568 , les protestants reviennent au
château des Moutiers , qu'ils finissent de piller , puis
ils emportent toutes les ferrures de cet édifice et ils
y. mettent le feu.
Les églises collégiales et du doyenné de Montaiga
brûlées , de même que celles de Notre-Dame et de St.
Nicolas de Montaigu , ainsi que les presbytères.
Le clocher de la Merlatière abattu et l'église pillée,
le 15 Mars 1568. Le même jour Féglise de Lairière,
et celles de St. Jean et de St. Nicolas de la Chaise
sont brûlées.
' L'église d'Ârdeiay pillée et les cloches brisées. L'é-
glise d'Âubigny brûlée. L'église et la cure de la
Boissière brûlées , et le curé tué. Les églises de Nesmy,
de Stw-André-d'Ornay , de S.te-Flaive et des Moutiers-
les-Maufaits brûlées.
L'église de Legé , brûlée depuis quinze jours et quatre
cents hommes massacrés , tant prêtres que laïques ;
les autres habitants rançonnés.
Le 6 Avril 1568 , les deux églises de Rocheservière
et celle de la GroUe pillées.
1568 ) I.-B. TnSECBLIlf , 23.® ÉVÉQUB. ( 291
L'église de Bouaie , près Rocbeservière , pillée samedi
dernier etj les aatels abattus.
L'église de Saint-Falgent , pillée et les habitante
rançonnés, en Avril 1568.
L'église de St.-Hermand9 pillée en Février 1568,
le clocher brûlé ; Féglise de Hareuil brûlée.
Les églises et les presbytères des. deux Lues et de
St.-Cbristophe-de-Chartrasse, brûlés. L'église de Sahit-
Denis-da-Payré , brûlée. Celle d'Aizenay , brûlée et
saccagée ; à la fin d'Avril , lés habitants se cotisèrent,
pour empêcher qu'elle ne soit brûlée. Les églises
de St.-Dents delaChevasse et deBeaufoa , sont brûlées ;
le couvent de S.te Foi , à Olonne , brûlé , ainsi que
l'église de St.-George8-de-Poitindoux et le couvent
Jacques de Billy , abbé deSt.-Michel-en-l'Herm, dé-
clara que 9 depuis six mois , il avait un capitaine et des
soldats, pour garder son abbaye.
35. On trouve encore une information faite à Paris
le 19 Juillet 1568, devant Simon Brûlé, commissaire
examinateur au Chàtelet,à la requête de Tévêque Tier-
celin sur la ruine des églises et les excès des protes-
tants, dans le diocèse de Luçon. On va foire connaître
quelques-unes des dépositions de cette enquête.
Pierre Gautreau de rAubouinière, demeurant à Varen-
nes, près Thouars, dépose que , peu de jours avant la
Pentecôte dernière , l'église et le presbytère de Saint-
Florent-des-Bois, ont été brûlés et démolis; c'est depuis
37:
j J.-B. TiBRCBLUf , â3.» ÉVÉQUB. ( 1868
redit de pacification et lors que les catholiques demeu-
raient tranquilles.
François Lingier, seigneur de Marmânde et de
St. Christophe, demeurant à Marmande » âgé de 52 ans,
alors à Paris , dépose que , depuis redit de pacificatioD
publié 9 les protestants ont commis des ei^cès , parti-
culièrement envers les ecclésiastiques et aussi des vols.
La justice n'a pas pu agir , eux étant les plus forts
et allant par troupes de 1,000 , 1,200 et même 2,000
hommes à cheval et à pied , sous les capitaines Malus,
Clou, Cantinière , La Grange-Maronière , les enfants
de la Bretèche , le capitaine Cacandière , son beau-
père , appelé Girardière et Cbardière. A Legé, ils ont
tué plus de 400 hommes. Ils pillent partout , et quelques-
uns d'entr'eux ont 8 , 10 et 12,000 livres. Il y a eu
des meurtres et des excès à St.-Christophe*du-Ligneron.
Ils ont des ministres plus qu'ils ne doivent et en veu-
lent à Févêque. le seigneur de Vieille-Vigne et ses
enfants , riches et opulents , sont causes desdits trou-
bles , excès et assassinats ; beaucoup de protestants les
suivent.
Thomas Landreau , seigneur de Lestang ou là Barre t
près Nantes , âgé de 9t ans, né à N.-D. de Mont , dé-
clare ^ûé, dejpuîsl'êdÉ ,.plus de quarante églises ont été
bfôlées par feâ capitaines Cantinière ^ Malus et Clou ,
sous le seigneur de Vieille- Vigtie , leur chef et le capi-
taine Cacandière. — A Legé , 400 personnes tuées. -
Depuis trois semaines ou un mois, plusieurs églises
brûlées. — Depuis peu fes villages de Saint-Christophe-
de-Lignéron , Commequiers , THerbergement entier ,
Le' Luc , Beaufnu Saint-Georges-Poitendoia ,
1568 ) J.-B. TlERCBIilf f â3.e ÉYÉQUB. ( 293
Sainte-Flaive et autres lieux ^ ont été pillés et brûlés.
Jean Bpusseau , praticien , à St.-Christophe-do-
Ligneron , dit que , le 10 ou le 12 du mois de Mars
1568 , 200 protestants sont entrés au Ligneron j ont
pillé et tué 18 à 20 personnes ; Us mirent le feu i
l'église et il fut si violent que les cloches en fondirent
Malus , le Clou et Cantiniére^ commandaient. Un autre
témoin dépose de même. Les églises de Legé et de If
Grolle , brûlées.
36. Pour subvenir au payement de leurs troupes ,
les chefs protestants et notamment le roi de Nayaire
et le prince de Condé, établirent, dans les cantons du
Bas-Poitou où ils dominaient , des commissaires pour
affermer les biens ecclésiastiques , en toucher les fer-
mages et même pour les vendre. Jacques Pinault et
Jean Guillon, furent pla£és en cette qualité à Luçon (1).
«
n existe encore des actes qui constatent les ventes
de biens ecclésiastiques faites par les chefs protestants (2).
(i) Mémot'rei M. 9
(2) Voicî nn de ces actes que le fendîste Moîsgas fit insérer ,
en 1787 , dans les afficbes du Poitou.
« Je f Jean de la Valade « commis par nos saigne nrs las princes
de Navarre et de Gondé , à la recepte des deniers provenant de
la vente des biens ecclésiastiques' es évèchés de Luçon et de
Ma^lesais , confesse avoir reçu de Gilles de Lescorce , écujet\
sieur de la D , la somme de deux cents livres tournois,
pour Vadjudication qui lui a été faite par IVIM. lea commissaires
à ce députez » de tous les biens et domaines de la fabrique de SA-
Hermine , non compris ce qui en a été vendu, qui sont ar-
bres noyers et les prestations d^icelle fabrique» pour quarante
Hvraa tournois de rente , à payer d'une moitié finance ;
ladite finance à raison du denier dix , ladite somme de deux
cents livres tournois » de la laquelle je me tiens pour content
et bien jpayé , et en quitte ledit sieur de la O
Fait à Fontenay-le-Gomte • le dix-neuvième jeur de Mai mil
cinq cent soixante- neuf, (signé) de la Valade.
294} J.-B. TlBRCBLlN , â3.e ÉYÊQUE. ( 1569
37. Le père de Févêque de Luçon , celui qu'on a
appelé le grand la Roche du Maine , mourut dans son
château de Chitré , près Chatellerault , le 2 Juin 1S69,
à Fâge de 85 ans. Sa femme , Anne de Turpin-Crissë »
rayait précédé dans la tombe (1). Alors Tunion des
familles Tiercelin et Appelvoisîn s'était opérée, par la
naissance de plusieurs enfants, et cette maison a
existé jusqu'à la révolution de 1789 (2).
38. En 1569» la ville de Poitiers était assiégée par
Tamiral de Coligny et les protestants (3) et beaucoup
de combattants du Bas-Poitou se trouvèrent, dans la
place et devant , à la défendre. « Jean de Barro
(4) f abbé de Notre-Dame des Fontenelles , se Joignit
aussi aux gentilshommes , et vint comme le dit le
journal du siège de Poitiers (5) , en bon équipage et en
courageux gentilhomme ^ c'est-à-dire armé, avec le
dessein de servir à la- défense de la ville. Ce n'était pas
trop la place, ni le métier d'un prêtre, dit M. de
Beauregard (6) , mais cet abbé avait à se venger des
protestants , qui avaient mis son abbaye en cendres.
(1) Elle était morte en Bon château de la Chàtaîgneraye » en
Touraine, en 156i.
(2) Le dernier de ses membres a été le Marquis d'Âppelvoîsin
de la Boche du (Maine , officier général « dont la fille a porté
les biens de cette| famille à ' M. le Marquis de la Brousse de
'VerteiUac » ancien député > membre du conseil général de la
Vienne.
(3) D*aprè9 la Chronique du Langon , ce siège commença vers
le 8- juillet et fut levé enviion. le i.er septembre 1S69.
(U) Thibaudeau , dit Jean de Barre , mais M. de Beauregsrd
qu& avait lu la signature de cet abbé et de son' prédécf;sseur et
onele > Pierre de Barro » dit avec raison qu*il faut lire ainsi ce
nom. La famille de Barro était des environ d'Airvault où elle
a possédé plusieurs terres considérables.
(o) Par Liberge.
(6) Mvéques de Luçon.
A
1569 } J.-B. TlBRCBLIN , 23.e ÉVÊQUE. ( 295
Jean de Barro devint doyen de Féglîse de Luçon , en
1583, et succéda, en son abbaye, à Pierre de Barro.
39. Pour résister aux mouvements des novateurs ,
les dépositaires de l'autorité royale crurent que le
mieux était de réunir les forces dont on pouvait dis-
poser, au centre même du mouvement insurrection-
nel. En conséquence une montre de rarrièré-ban du
Poitou , fut assignée à Luçon, pour le 28 Octobre 1569 ,
parle Comte de Sanzay , capitaine-général des arrières^
bans de France Les commissaires de la montre étaient
Michel de Boisgiraud , écuyer , seigneur de Gra-
veron , commis par le Comte du Lude , gouverneur
du Poitou et M. Jean Bertrand, élu de Montforl-
L'amaury et contrôleur des guerres. Le seigneur de
Salles et François Sauvestre , seigneur de Clisson ,
chevalier de Tordre , furent capitaine et lieutenant de
cet arrière-ban. Ils firent confectionner , à Poitiers ,
par Jean Girard , tailleur d'babits, les saies et casaques
do livrée de cette réunion d'hommes de guerre , pour
une somme de 900 liv. (1).
40. Baptiste Tiercelin mit tout en œuvre, pour re-
médier aux maux qui désolaient son diocèse. En
décenibre 1569 , il présenta requête au comte du Lude,
afin de le prier d'informer sur les pillages des novateurs ,
dans le Bas-Poitou ," et le 26 de ce mois , le gouver-
neur du Toitott , qui se trouvait alors au château de
la Roussiére , près Coulonges-ies-Royaux , répondit fa-
vorablement à cette demande^ Plus tard, et le 13 janvier
(1) Le dernier payement , po^ar cette fourniture , montant h
2M) fr. . fut opéré au commencement de 1570. .Mêm. m. s
29,6 ) J.*B. TiERCBUN ^ 23.e ÉVÉQUB. ( 1569
1570 , Pierre Gallard , yicair&-général, adressa de Luçod
une requête à M. de la Frezelière , lieutenant dagoa-
yerneur du Poitou , afin de paryeuir au rétablissement
de Tordre dans cetteyiUe^parrexpulsiondesprotestants,
qui venaient de s*en emparer. Dç pardlles plaintes
furent , le 19 dudit mois, ad^e^sées à La Haye, lieu-
tenant-général du Poitou f aux fins ;par; lui d'assigner
à révéque de Luçon et au prieur des Moutiers-«ous-
le-Lay , les maisons des prétendus réformés qui avaient
pillé et dévasté le château et le prieuré des Moutiers.
Dès la veille, on avait demandé la même chose, pour
révéque et les chanoines , relativement à Luçon. Les
dévastateurs étaient , disait-on , des hommes du peu-
ple de Luçon , des Moutiers et de Bournezeau. Sur
cela , le lieutenapt-^énér^ de Poitou , le fameux la
Haye , qui se trouvaU à Luçon , rendit une ordonnance
portant arrestation de plusieurs habitants de Luçon ,
pris parmi ceux qui avaient démoli la cathédrale , le
palais épiscopal et les maisons canoniales. Il fut dit,
de plus , que le séquestre serait mis sur les biens des
délinquants , et leurs maisons furent assignées pour
logement à l'évéque de Luçon et aux chanoines.
Peu après , et le 17 février 1570 , le Syndîc-gtoéral
du clergé de France , étant à Angers , présenta une
requête au Roi , sur les ruines et pilliaçes des protes-
tants , dans le diQcèse de Luçon.
41. Vers ce temps, Luçon fut repris par les catho-
liques qui tentèrent de s'y fortifier; laissons encore
parler, à ce sujet, M. de Beaoregard (1). « La ville
(1) Evégues de Luçon.
1570 ) J.-B. TiERCÊLIN , 23.è BVÉQDB. ( 297
fut reprise par les troupes de du Lude » eu 1570 (1).
Puigaîllard fit construire un fort à Luçon , à la nab-
sance des deux forts (2) et à leur rencontre , un bon
fossé de cinquante pieds renferma plusieurs maisons ;
il y avait quatre éperons relevés de vingt-quatre
en œuvre.
<c Ce fort , nommé de Saint Jacques , parce qu'il
était dans le canton de Tancienne chapelle de Saint
Jacques ou Saint James , non anglais , qui fait partie
aujourd'hui de la métairie du doyen d*Âizenay , nous
a été très-long-temps inconnu. Il était situé dans le
lieu où commence le port aujourd'hui et dans le carre-
four qui mène sur la levée et le chemin de Triaize ,
en se jetant sur la gauche et comprenait les maisons
et jardins qui tiennent au port , vers le levant. M.
(1) D'après la Popeliniè^e , Ut protestants abandonnèrent
alors cette place.
(2) Voîri ce que dît le frère de Laval on plutôt la Pope-
liaière»de rétablissement Je ce fort. « Ces deux chemins sont
àexrx bantes et larees levées » qui tranchent et séparent les
marais de ce pays-là , faites tant pour la conduite et passage
ordinaire , que pour assurer les marais des eaux , qui autrement
les couvriraient tout le lon|]r de l'an , si elles ne s'écouloyent es
fossés de la terre desquels ces levées* fossoyées des deux cotés»
sont faites. Ceux du pays les appellent bots , le mot corrompu
de bords .' pour ce qui a sont vrays bords aux marais proch-aina,
par lesquels chacun seigneur cognoist mieux les marais qui lui
sont propres. Et d'autant que ces deux chemins se viennent .
t 'oindre a l'entrée de Luçon , Puygaillard fit trancher cetl« dou-
»le avenue et' y bastit un fort « dedans lequel il comprit cinq
ou six maisons , pour y accommoder quatre compagnies de gens
de pied qu'il y ntiist, sous la charge du capitaine Mascaron. Le
fort estoit fait de gazons , entretenus de bonnes fascines , dont
la forme estoit quarrée. Au reste , bien fossoyé et flanqué de
quatre coings , rejettes et-eslevev en bastions qui avançoyent asses
pour la défense des courtines ; voire que sans canon malaisé-
ment l'eust-on scn preùdre ; joint que la contrescarpe du fossé
mon toit presque à fleur du fort. «
298 ) J.-B. TiEBCELIN , 23.e BVÊQUE. ( 1570
Papin , ancien officier de notre église » m*a dit que,
dans sa jeunesse, cet endroit portait encore le nom de
Saint Jacques et qu'il a vu tirer des terres du petit
jardin qui termine Luçon , vis-à-vis le fossé qui reçoit
les eaux de la tête du canal, des] pierres de taille de
très-grande dimension.
a Le pont de la Charrie , fut également protégé
et défendu. Tous les préparatifs étaient faits pour
arrêter les Roclielais et pour leur fermer les passages,
dans le dessein où était Puygaillard de les amener aa
combat, avec un désavantage presque assuré x>.
42. Le combat qu'avait provoqué Puygaillard eut
lieu, et tout près de là, à Sainte-Gemme. Le mercredi,
14 juin 1570, les protestants s'étaient ébranlés et étaient
venus de la Rochelle , sous le commandement de La
Noue , avec de l'infanterie , de la cavalerie , 300
lansquenets et trois pièces de canon, pour assiéger le
fort de Luçon. Or , le lendemain les catholiques , sous
les ordres de Puygaillard , avaient été les reconnaître
et comptaient les surprendre , mais Pluviaut averti se
retira au camp de La Noue. Ces deux chefs et les
autres capitaines protestants tinrent alors conseil et
se décidèrent , en laissant trois compagnies à observer
le fort , à aller prendre position dans la plaine de
Sainte-Gemme où cette armée se rangea en bataille.
Les catholiques se dirigèrent sur leurs ennemis , mais
à mesure qu'ils arrivaient , ils étaient taillés en pièce,
n'ayant pas eu la précaution de se former en corps
de bataille et de se réunir en force avant d'attaquer. .
Plus que cela, les premiers corps, défaits , les vain-
1570 ) J.-B. TiERCBLIll , 23.« âvÉQUB. ( 299
qaeurs se portèrent sur les autres et les forcèrent à
se débander. De cette manière, 500 catholiques périrent
et plus de 800 fur^t faits prisonniers* Le carnage
aurait été plus grand, si La Noue , toujours humain
et modéré , n'eut arrêté TefiTusion du sang.
Je Fai dit ailleurs (1) , si cette victoire de Sainte-
Gemme fut une des plus brillantes obtenues par les
protestants en Bas-Poitou, à l'avant-garde de la
cavalerie protestante , était Vieillevigne de Saint
Etienne ; puis après , avec le fort de cette armée ,
Béjarry de la Rocbe-Louherie ; et enfin , Finfanterie
était aux ordres de Puy viaud , ayant Cressonnière et
Bessay, pour ses lieutenants et Champagne portant
• son drapeau Les protestants eurent à regretter
quelques officiers de marque , notamment Boutou de
Granzay , frère puiné du seigneur de la Baugisière,
qui fut tué à la première charge et Chasselandière ,
enseigne de St. Etienne, qui , blessé au commence-
ment de l'action, continua à combattre et mourut
le lendeaiain , -des suites de ses blessures et de ses
fatigues. »
Puygaillard, on doit le dire aussi , fit des prodiges
de valeur , mais il ne put soréter la déroute de la
cavalerie , qui entraîna TinCanterie et rendit toute .
résistance impossible.
« Cela arriva , dit l'auteur de la Chronique du Lan^n^
le jeudi , 15 juin , entre Luçon et le bois-taillis de
Sainte-Gemine. Les huguenots prirent dix-sept en-
(1) Dans une note » sot U Chronique du Lançùn, inférée
dans mes Chroinçuêi Fontenaist'ennes.
38.
900 ) J.-B. TlBaCBUN i 23.6 âVÉQTS. ( 1570
seignes et trois cornettes, qu'ils] jNrésentèrent àHas-
caron}, étant à Luçon , tenant encore le fort. Mais,
ce voyant et qu'il ne pouvait sortir , se rendit et lui et
les siens, sortirent sans armes et prirent tous leurs che-
mins à Fontenay^tantMascaron que ceux qui avaient
été blessés , nuds et demeurés desdites garnisons. 2>
Ainsi resta Luçôn aux protestants, qui, sous
les ordres de La Noue , forent assiéger la ville de
Fontenay.
43. Sur cela parut l'édHt de pacification , donné
à Saint-Germain-en-Laye « le 8 août 1Ô70 , négocié
par Biron, qui était boiteux , et par le seigneur de
Malassise (1). Alors quelques membres du clergé ren-'
trèrent dans Luçon , que les protestants] abandomiè-
rent , pour se réfugier à La Rochelle.
44. Parmi les chefs protestants qui vexaient le pins
le clergé du Bas-Poitou, on remarquait Giron de
Béssay , seigneur du château de ce nom , et des pour-
suites furent dirigées particulièrement contre lui. Nous
allons en faire connaître la principale cause: Tiercelin
de la Rocbe-'du-Maine , 'évéque de Luçon , pour sous-
traire les meubles et les papiers les plus précieax de
Étm évéché , les avait fait trafnsporter dans le château
du seigneur de la Charouliére » gentilhomme catholique ,
et cesmémes objets demeurèrent en ce lieu Jusqu'au 15
août 1570. Alors on croyait n'avoir plus rien à craindre
des attaques des individus de la nouvelle croyance ,
(!) Cette paix reçat , «la nom d'an des négociateurs et de
i'înfittnité de Tan ire » la hom de paiT boiteuse et mal assise
Elle n'ent qu'un faible cours.
1570 } J.-B. TlBRCBUR j 93.« ÉYÈQUB. ( 801
par la raison qae l'édit de pacification avait été
enregistré au parlement et publié à La Rochelle et
dans tout le Poitoa. Mais cet état de calme apparent
n'arrêta pas Giron de Bessay, qui se transporta « ledit
jour f dans la maison du seigneur de la Cbarouliére ,
qui était absent ainsi que ceux qui pouvaient défendre
ce manoir. Bessay s'y introduisit donc , maltraita Pierre
Gaillard , vicaire-général du diocèse, qui s'était retiré
en ce lieu, ainsi que ses serviteurs. Puis il s'empara
des meubles et n^piers de l'évéché et les fit tiansporter
en son cbâtea.rtie Bessay. Ensuite , ce chef protes-
tant maltraita et rançonna plusieurs autres prêtres
du diocèse , et s'empara du château des Moutiers-sur-
le-Lay , dont il toucha les fermages de la terre» dé-
pouillant ainsi l'évêque de Luçon de la meilleure partie
de son revenu.
Sur CCS excès , le roi Charles IX manda au sénéchal
du Poitou 9 ou à son lieutenant , d'instruire contre
Giron de Bessay » mais la continuation des troubles fit
que ces poursuites n'eurent guère de résultat.
M. Par suite de toutes les plaintes ci-devant indi-
quées, il fut fait, le 29 octobre 1570, une enquête
à Luçon , devant Bonaventure Paniques , conseiller à
la sénéchaussée de Poitou, commis par ordonnance
du lieatenant*-général La Haye , en date du 22 dudit
mois. On y constata que l'église cathédrale et les
maisons épiscopale et canoniales de cette localité ,
étaient dans un état presque complet de destruction ,
par le fait des protestants ; qu'il était impossible d'y
faire Toffice divin et d'y habiter , conformément à
302 ) J.-B. TlEftCBLUf, 23.^ £vfiQUB. ( 1570
redit de pacification. Dans cette pièce, on dit que
Luçon est à six lieues de La Rochelle -et sur la route
du Bas-Poitou, de la Bretagne et de l'Anjou. Les ha-
bitants de Luçon sont indiqués comme imhus des
nouvelles doctrines, pour la plupart , et allant à
Champagne et à Bessay , pieux où se faisaient le
prêche et où on tenait même des synodes.
46. n paraît que dès avant cette époque , Baptiste
Tiercelin, voyant l'impossibilité qui existait pour lui
d'habiter dans son diocèse, à moins d*f voir ses jours
continuellement menacés , prit le parti de se retirer
à Poitiers.
n est à noter que Baptiste Tiercelin avait un motif
déterminant pour résider au chef-lieu de la pro-
vince. En effet, à sa dignité de Prélat, il joignait
le] titre de Prieur de l'église collégiale de Sainte
Radégonde de Poitiers , qu'il conserva même après
s'être démis de l'évêché de Luçon. Il fit même rebâtir
la maison affectée à son ^prieuré et , avant la révo-
lution de 1789 , ses armes se trouvaient encore placées
dans le vitrail. M. de Beauregard (1) les avait vues
entières , à la porte du jardin, donnant sur le rempart,
près du pont-neuf , avec cette inscription : Baptiste
Tiercelin , Evêque de Luçon , Prieur de V église Modem
S.te Radégonde; Seign. delà Roche^vrMaine j 1579. De
plus , l'écrivain que nous citons , avait rencontré, au
trésor àe S.te Radégonde, Tacte de fondation d'un
Obit à dire, à l'endroit du MçmentOf pour les morts.
(1) Evéquês de Luçon.
1S70 ) ).-B. TDBRCBUH , fi3.<^ ÉVÊQUE. ( S03
47. Il y a lieu de croire que le château d'habitatioD
que les évéques de Luçon avaient à la campagne , ne
tarda pas à être détroit , après le «départ de Baptiste
Tiercelin » pour Poitiers. En effet , nous lisons dans
M. de Beauregard (1) , le passage suivant : <c Les
protestants n'avaient épargné aucun des lieux qui
pouvaient servir d'asyle à l'évêque de Luçon et à ses
chanoines. Ceux-ci avaient eu la douleur de voir dévorer
par les flammes l'ancien château des Moutiers-sur*le-
Lay f qui pouvait être regardé comme une forteresse,
avant rinvention du canon, et dans lequel les évé-
qaes avaient le 'droit de nonuner un capitaine. L'in-
formation faite par le sénéchal de Fontenay , Brisson,
en 1570 » fait monter à 70,000 liv. , somme énorme ,
la dépense des réparations de cet antique château o.
49. Une partie des chanoines de Luçon suivirent
l'exemple de leur évêque , comme on va le voir ; et, à
Poitiers, ils firent l'offlce dans l'église des Cannes.
c( Enfin , dit M. de Beauregard (2) , le chapitre de
Luçon , du moins en partie » se retira à Poitiers....
<r Cependant cette translation souffrit de grandes dif-
ficultés et pendant qu'un certain nombre de chanoi-
nes se rendaient à Poitiers , auprès de leur évéque,
un plus grand nombre vint commencer à Luçon à
relever les ruines de leur église cathédrale. En effet,
le service s'y fit comme à l'ordinaire, et les assem-^
blées capitulaires furent tenues également Les re-
gistres en font foi » et si le registre après avoir rap»
porté un acte du 17 janvier 1569, passe à la date du
il) Evêquet de. Luçen .
2) Idem.
304 ) J.-B. TlERCELm e^« ÉTÉQim. ( 1571
37 janvief 1$70 , c'est qa'à cette époque le chapitre
se conforma à l'édit de Chartes IX , qai^ fixait ao
mois de janvier , le eommencement de l'année. La
véritable époque , où le service fiit repris , est du
9 octobre 1570 , et , vo le pitoyable état de Téglise,
il se fit à l'église Sainte Madelaine, à l'hApital.
50. « Celte division da corps du chapitre fit naître
des contestations inévitables : On obtînt des sentences»
des arrêts » et nous présumons que la victoire pencba
du côté du parti de M. de Tiercelin.
«t Un^ransaction arrêta ces scandaleux débats » pen-
dant lesquels chaque partie du chapitre voulait priver
celle qui était éloignée d'elle des revenus affectés aux
prébendes. Lés revenus étaient saisis , les plus adroits
s'en emparaient et;^les détournaient à leur profit.
a Cette transaction fut passée sous les yeux et d'après
le conseil de Richard-d'Elbenne , conseiller du Roi à
Poitiers, le 2 juin 1571 , mais seulement par manière
de provision et jusqu'à ce que la ville de La Rochelle
fût retournée sous l'obéissance du Roi.
a On y réglait que tes chanoines résidant à Poitiers
et à Luçon gagneraient les fruits de leurs prébendes
et les distributions , en tenant des rôles exacts » pour
se faire respectivement raison; que dans ces deux
villes on tiendrait des chapitres tant généraux que
particuliers dont les emimUiom se communiqueront
respectivement.
« Les nominations aux bénéfices et autres affaires
1571 ) J.-B. TÏERCSLIN , 23.^ Év£Qini. ( 305
de grande importance se commumqueront à la partie
da chapitre séant'à Poitiers.
ir Les registres^ de tout Ice qui a été|négoci6 s'en-
verront à Poitiers, [pour y voir tout ce qui a été
arrêté depuis la prinse de Luçon.
a Les portions de ceux qui resteront à Poitiers ,
seront affermées en blé et en vin.
<x La portion des non-residants /k Luçon etàPoi-
tiersy sera attribuée à la fabrique, pour les réparations.
« Cette transaction est signée du notaire Yergnaud ,
et se trouve, en copie, au .trésor du chapitre ».
51. a Cet accord provisionel [fut trouvé si] ex-
traordinaire que bientôt on en j9t un autre, ou
peut-être sentiton qu'il donnerait matière à des
contestations nouvelles , car les édits de pacification
rendirent la paix au Bas-Poitou. Quoiqu'il en soit ,
le 25 juin de la même année , d'après un compromis
passé , le 23 , entre les chanoines résidants à Poitiers
et ceux de Luçon » par le ministère du chanoine Âulbin
Blaye , fondé de pouvoirs , et le choix des arbitres,
qui furent noble homme Me Jean Roigne , lieutenant
particulier de Poitiers , et Richard d'Ëlbepe , conseiller
à la sénéchaussée , il fut convenu que l'avis des deux
magistrats arbitres serait la base de la transaction.
Ils ne tardèrent pas à le donner , et , le 22 , intervint
la transaction suivante :
« i^ Que le service accoutumé être foit , sera fkit
306 ) J.-B. TlBRCEUN , â3.« ÉTÊQUB. { 1571
et continnë à Luçon et non à PoiUers , va les édits
de paix.
a 2^ Les chanoines gagneront les fruits et distribit-
tioDS de la manière qu'ils l'avaient fait et selon les
constitutions, to observant de faire lai, pointe.
« 30 L'évéque gagnera, absent comme présent» et
aura deux chanoines non-résidants , pour lui aider ,
qui gagneront comme lui.
a 4'' Les afTaires de grande importance ne se déci-
deront qu'aux chapitres , qui tiendront selon l'usage ,
mais les arrêtés leur seront communiqués pour y
aviser et en ordonner un délibéré, par le chapitre,
en sa présence.
«( 5"^ Le scribe sera tenu de communiquer audit
évêque tbus les actes capitulaires.
« 60 Tous ceux qui ont perçu les revenu^ du cha-
pitre, depuis février 1568 , seront tenus d'en rendre
compte sous deux mois , pour que la somme en
provenant soit également répartie. Tous ceux qui ont
fait des emprunts, au nom du chapitre , seront tenus
de justifier de l'emploi qu'ils ont fait des sommes
qu'ils ont empruntées. On demandera le même compte
à ceux qui «nt perçu les deniers de la fabrique de
ladite église.
c( 70 Lesdits comptes et les pièces justificatives
commes fermes • actes , etc. , seront apportés à Poitiers,
sous /trois mois, auquel lieu s'assembleront descom-
missaiies nommés pour cet effet.
1571 ) J.-B. TlBRCBUlf, 23.e ÉVÉQUE. .( 307
« 8» Oq donnera les revenus et domaines da chapi-
tre à ferme , à prix d'argent on de denrées , et les-
dits revenus provenant des fermes , seront perças par
UQ receveur laïque , solvable , catholique et de probité.
« 9» Les distributions qui demeureront ^ par la non
présence des chanoines, excepté celles comprises au
3.e article , seront employées à la réparation de l'é-
glise de Luçon.
« 10<> Les chanoines de Luçon députeront , par
acte capitulaire , uu ou deux chanoines , qui viendront
eo la ville de Poitiers , devers ledit révérend évéque ,
avec procuration et charge spéciale jpour icelui re-
connaître comme leur chef et supérieur , et comme tel
le respecter et advoukf , pour Vaivenir :, et en dedam
tinjjf mois.
« 11» L'article ooncemMit la présence de deux
chanoines nonnrésidants , par manière de provision
et pour un an seulement , sauf l'exigence des afGadres.
« 12» Tous procès mus entre les parties demeureront
iteints.
« La minute est signée Roigne , d'Elbenne , Baptiste
Tlercelin , Blanc , chanoine , Chaillou et Vrignaud ,
notaires » le 23 juin 1571.
52. a Le 21 juillet suivant 1571 , M. l'évéque &it .
demander» par un huissier du chapitre , s'il entendait
adhérer en tous les points à la transaction que nous
rapportons. Le chapitre déclara son adhésion et nomma
39-
308 ) J.-B. TiBRCBUIf , 23.^ iVÉQUE* ( 1571
M. ToUet 9 chanoine-commissaire , pour aller le ratifier
de nouveau. Le chanoine partit sur le champ, pour
remplir la commission » et déclara à l'évêque qu'il le
tenait , au nom de ses députants , comme leur chef
et supérieur , et lui délaissa la procuration du chapitre.
a Je ne sais comment cette déclaration, ûdtQ avec tant
de bonne foi , put déplaire à Tévéque. Il se plaignit
qu'on la faisait trop promptement , et qu'au surplus on
aurait dû députer , non le chanoine Toilet , qui était un
de ses absents y mais un autre du parti contraire,
et que les soumissions du chapitre n'étaient pas telles
qu'il ,Ies désirait : ceci se passait , le 4 août. Cepen-
dant i'évéque fait réponse , le lendemain , qu'il ac-
cepte ladite déclaration , sur laquelle il se résene
de faire des remontrances, et [signe la réponse faite,
en présence de deux notaires ».
43. « Le chapitre ne 'fut] peut-être pas convoqué
de la manière accoutumée dans les affaires majeures
ou bien Etienne Toilef excéda les pouvoirs qui lui avai^t
été confiés. Le 28 juillet 1571 , une autre procura-
tion avait été donnée Ri Noël Poncelet , théologal,
pour aller déclarer à l'évêque qu'on le reconnaissait
supérieur , tant au lieu de Luçon que dans son diocèse.
Quoiqu'il en soit , le 24 novembre suivant , un cha-
noine, porteur de procuration de deux autres, se
présente à M. Galland , grand-vicaire de Baptiste
Tiercelin , et désavoue , assisté de notaires , la décla-
ration de Toilet. Galland leur répond que l'évêque est
absent , mais qu'il se contente d'être reconnu supé-
rieur, aux termes de la bulle d'érection de Fêvéché , et
cette affaire finit ici.
1571 ) J.*B. TlEftCfiLm , 2a.c ÉTÈQUB. ( 809
c Ces faits sont paisés dans les archives du chapitre ;
il serait aisé de trouver les minutes à Poitiers ».
54. « Vers le commencement de Tannée suivante »
Baptiste Tiercelin vint à Luçon et se livra aux occu-
pations de son ministère. U travailla avec zèle à la
conversion de ses diocésains errants et au recouvrement
des domaines ecclésiastiques aliénés. On ne peut peindre
les pdnes que lui coûterait les travaux de son ministère,
quand on se rappellera que la plus grande partie de
son diocèse était infectée des erreurs du calvinisme »
et que La Rochelle» toujours armée, toujours le
centre de Terreur , et dans laquelle résidaient les
hommes puissants , inondait de troupes et d'armées
le Bas-Poitou ».
55. « Une partie do peuple était errante , parce
qu'elle était peu instruite. Pour commencer à ré-
pandre les lumières et Tinstrudion , ce prélat établit»
dans son église » la charge d'écolâtre ou de maître des
écoles , selon que les états d'Orléans, en 1563 , Tavaient
ordonné. Une prébende fut affectée à cet ofGice , qui
fut possédé par Michel Papin , depuis doyen. Il lut
pourvu du premier canonicat qui vint à vaquer. Cet
office fut divisé, dans des temps postérieurs, d'abord
entre un maître de lecture et d'écriture, et un maître
de latin. De nos jours , de ce premier ofiBce on a fait
ime place de régent de quatrième, dans le séminaire
de Luçon >.à la nomination de laquelle Tévéque, le
chapitre et les habitants concourent également ».
56. Un événement important pour l'établissement ec-
clésiastique de Luçon avait été Tacquisition faite par
310 ) J.-B. TiBRCfiLm , 23. ÈwÈQim. ( 1572
le chapitre de la baronaie dite laïque ou qui fut à la
Ttemouille. Il y ayait,! en effet, bien peu loin du châ-
teau épbcopal et de ia cathédrale aux halles ^ chef-lieu
de la baroBoie qu'on vient d'indiquer. Ensuite il existait
parfois des dissensions entre l'évéque et son chapitre et
par résultat ce corps pouvait beaucoup gêner le prélat.
UHes dllliers avait 'senti la nécessité de placer sur la
la tête du chef ecclésiastique de Luçon les deux sei~
gneurfes de la localité , mais ses dispo^tions tes*
tamentaires n'avaient pas été suivie. Toujours est-il
que Baptiste Tiei'eelin, ayant naanifesté à ses chanoines
le désir d'avoir la baronnie laïque de Ltkçon , pour
lui et sels successeur ^ le chapitre y accéda, afin de
mettre le dernier sceau à la paix intérieure (1). Des
commissaires furent en conséquence nommés, pour
travailler à ce traité , et un projet d'acte fut fait par
lequel le chapitre abandonnait à l'évêqfne la seigneurie
em question , et recevait , en échange , fa métairie ée
la fiixmerie , faisant partie de la terre de Triarze et
le domaine de la Dune. Néanmoins, il était dit
que te dkapi^ nié pfeâ^it qile SQÙ liv. âe i^eVêMi,
podr la Inense et qxté ië surplus^ i^viendr^ât àhtû^
bilqfue do l'église de ÎLuçotf.
Céi stcfe fat d'âfbord iigtiè par tes C6ikmflslsàijrëir
nommés pêff les pattîes , lé 8 février f 5TO. Ênéiiité il
fîff irsttfâé, te âSdudff inois (2), dans tine aâ^bfê»
câpitulftârë , pffÈsmte eplicopo; et, pom^ prottvëf^ae
(#) M. dtt B«8ail0g4r(l , Mvéçmét th JUu^^tu
(2) Up mémoire manii»4rrit doone à ce traité la date.dii2S<
février êïïf%
1572) J.-ft. TlBRCELW , 23.° ÉVÊQCB. ( 3!i
le traité était complet , les titres de proprlélé forent
échangés, de part et d'autre (1).
<K Aiosi par cet échange » dit un mémoire manuscrit,
les deux baronnies qui faisaient tout le territoire de
Luçon, commencèrent à n'être plus qu'un même
domaine , en la main .et, possession de l'église. Par ce
moyen » les seigueurs évéques de Luçon d[emeurèrent.
seuls seigneurs du territoire dudit lieu , sanp y con-
Dattre aucunes enclaves étrangères » si ce n'est de
trois ou quatre maisons et très peu de domaines qui
s'y rencontrent , tenus censîvement au sefgneur de
Champagne^ encore sont-elles renfermées dans leur
consistance, bornées 'et limitées, et n'altèrent aucuil
droit sur le territoire . universel ou sur ce . qui en.
dépend ». ' ■ . • ^^
Il y a bien ^elque chose à dire «fOr le feoèteifu
de ee mècooire , qui étaflt écr\i dans un sen^ favora^
bie à i^^véque de Lu^. En effet , la lâèignëurie de
Champagne avait de^dïroitd imfiortai^ sur une partie'
de la kftaHUs de Luçon et de M relevait è KenAnàge*
ligig et i droit de rachat , la seigneurie de" la C<m^
drafe , diiude à Luç<ni vnéme et dont on a dëfà eu
oocasiim de' parier. Or, le propriétaire de ce^ sei^
gneurie jo^toait d'abord- avec Tabbé , ensiiltif aved l-â-*
Tëque de la moitié du droit de péage et minage y et
de donner mesure à blé et à vin , dedans les quatre
portes de la viUe de Luçon. ta sdgneurie de la Cou-
(i) Le 24 ftvmt 1572 « Goptitter lierce^ confirma à: k veuire
Fromaget * le btU que le chapitre \m avaU couehtt daia baronr-
nie laïque <le Luçon.
31â ) J.-B. TlBRCBLUI , &.^ ÉVftQUB» ( 1573
draye de Laçon, appartenait alors à la famille de
Surgères (1).
47. La différence dans le cbif&e de l'argent, entre
la fin da XVI.e siècle et notre époque 9 se révèle par
le bail à ferme de la baronnie de Luçon qui fut à la
Tremouilïe , consentie par le chapitre de Luçon à une
famille Fromaget , le 23 juin 1572. On voit que le
fermage annuel n'est fixé qu'à trois cents livres tour-
nois et quelques réserves.
58. On trouve , sous la date du mois d'avril 1573 ,
une remontrance adressée par Baptiste Tiercelin , évè-
que de Luçon » 'à l'assemblée du clergé de France ,
qui devait se réunir f à la fin de ce^mois et reniiseà
l'archevêque de Bordeaux , primat d'Aquitaine (2). Le
prélat, après avoir exposé la ruine des églises et les
désastres des ecclésiastiques de son idtocèse, déclare
qu'il lui est impossible, ainsi qu'a ses chanoines,
d'habiter Luçon , $ moins qu'on ne leur fasse Taban-
doD des maisons. des protest^nts^/iui deviendraient alors
maisons canoniales, . conformément aux jugements du
Lieutenant - général de Poitou. Néanmoins Baptiste
Tiercelin demandait à vendre une partie des biens
ecclésiastiques et à transporter son siège épiscopal
ailleurs qu'à Luçon , h cause du voismage de La
Bochelle.
(l)]En f 858 et Iti67. U Coudraye était possédée par dame Loaita
de Surgèrea . veuve da seigneur des Arpentils et plct tard i
en 158S, par le seigneur des Arpentils.
(2) Cette circonstance porte à croire que Baptiste Titrcelia
n*aasista pas à l'afsembUe du clergé de IfïïZ , ainsi que Ta cra
M. de Beearegard,
1574 ) J.oB. TirBRCEUll , 23.® ÉTÉQUB. ( 313
59. Un cahier du consistoire de Monchamps (1) fait
connaître les commencements du protestantisme dans
cette localité, «c Sur la fin [dudit mois de juillet 1573;
y est-il dît / on logea dans la chambre du deflunt
Monsieur Baptiste Estort, décédé (2), Monsieur de la
FayoUe > ministre de la parole de Dieu, en l'église de *
Coulonges et de Mouilleron , et le 14 août en suivant ,
nous le priasmes débaptiser les enfants qui s'en suivent,
ce qu'il fit dans la grauge de la maison noble de Fief
Goyau ,|le plus secrètement qu'il nous fut possible. t>
On yoit ensuite ^ qu'en 1574 , La Fayolle se retira
dans le château du Parc , paroisse de Mouchamps »
et qu'il y baptisa encore secrètement les enfants.
60. Pendant ce temps les novateurs continuaient
l'œuvre qu'ils avaient commencée. On trouve, en effet, *
une sentence, du 20 janvier 1574 , par laquelle la
sénéchaussée de Poitou à Fontenay-le-Comte , donne
acte à Michel Papin , chanoine et grand-vicaire de
Luçon f des nouveaux désordres auxquels les proies*»
tants se sont livrés dans le diocèse de Luçon. Le
magistrat quiî reçoit cette déclaration est Bilaire Go-
guet, qui se qualifie de lieutenant-général pour le
Roi et la Reine douairière de France , Reine d'Ecosse.
61. Jusqu'ici nous avions vu les partisants de la
nouvelle doctrine agir toiqours par voies de fait. Nous
arrivons au moment où ils organisèrent les moyens
de s'approprier ce qui appartenait au clergé. Aussi
nous trouvons, sous la date du 25 mars 1574 , une
(i) Mémoire imprimé mr un procèi * pour (aire cesser It précbe
à Moachamps.
(S) C'était le premier ministre de eette localilé.
ai4 ) J.-B. TXSRCEUN» 23.'' ÉvâQUE. ( 1574
coowission donnée , par le maire et Jes membres du
conseil de La Rocbeile ^ à Nicolas Fourestier de la
Coqueterie , commandant à Luçon , pour recevoir les
revenus des bénéfices et faire vendre les meubles,
J>esUaux et récoltes des ecclésiastiques. On signifia,
par ministère d'huissier y cette commission à chaque
fermier, avec commandement de payer la somme qu*oo
jugeait qu'il devait , entre les mains de la Coqueterie,
tel, à défaut de payement^ on saisissait les meubles du
fermier on même on le constituait prisonnier.
62. La levée en armes des protestants en Bas-Poitou,
qui eut lieu au commencement de 1^74, et notamment
la prise de Fontenay , arrivée au mois de février , déter-
jminèrentles chanoines et autres ecdésiastiques qui se
.trouvaient ià Lnçon , à se retirer, dès le premier jour
ide cai^ème» 4e8 uns prâs de lemrsconfccres 4 Poitiers ,
im AXiitre^ li Nantes et les autres à Angers. Ils firent
WQsi pour ila^sârelé 4e leurs personnes etj no(ami»aat
pavée que IcJieude^LuçiMi était non feimé et bors.d!é(at
4^ti« déCandu.
63. La jiouvelle prise d*armes des protestants obligea
aussi beaucoup d'eccléslastiques.à quitter le plat pays do
Bas-Poitou et à se retirer , suivant leur commodité ,
dans les villes de JPoitieES , d'Angon et de Nantes.
6*. Au mois de septembre 15749 la ville de Fonteaay-
de^Iomte , fut reprise sur les protestante , .après po
assez l^ng siège (ij.
(I) Voir pour les dclaUs de ce aiége , la chronique de Pi0fre
Br%$fon, insérée 4ao^ ia«s Chroniques TonUnaitt^nnes.
1574) J.-B. TiBCBUN, 23.e BVÉQUE. ( 315
Alors la plupart des membres du chapitre de Luçon
revinrent dans cette ville; mais bientôt les Rochelais
y arrivèrent à Timproviste , et pendant la messe , et
taèrent une parti^ des prêtres et même des séculiers
qui se trouvaient dans le lieu saint et s'emparèrent
des autres , pour les conduire dans leur cité. A la
suite de cette expédition , les novateurs firent des
courses dans les campagnes, s*emparant des catholiques
de marque gu^ils rencoùtraieut. Ils firent ainsi pri-
sonniers le curé d*Aizenay , les prieurs^^de St.-Martin ,
de Péault et de Ghauchë, le seigneur du Buignon et
son fils , et le seigneur de Chantebuzain. Les prison-
niers rendus à La Rochelle', on ne leur accdrdait leur
liberté que moyennant une grosse rançon.
65. Le 16 décembre 1574 , il y eut , dans l'église de
St.-Jean-de-Montaigu (1] , sur la convocation d'un
grand-vicaire de Luçon et d'après les ordres du Roi ,
îine assemblée des ecclésiastiques et bénéficiers du
^Poitou, n s'agissait de la répartition d'une soDune
de 12,000 liv. à laquelle le diocèse de Luçon avait été
taxé, pour sa cote-part^ dans la vente des biens du cler-
gé, autorisée par le pape, jusqu'à la valeur d'un million
de francs. On exposa les troubles, qui avaient eu lieu,
et quelques ecclésiastiques demandèrent inutilement
fQe lai réunion fût ajournée jusqu'au temps où on
n'aurait rien à craindre de la part des protestants.
66.. Le 3 novembre 1574 , le duc de Montpensier
(0 L'O 25 mars de la même année , acte avait été donné par
a sénéchaassée de Fontenay à Julien GoUardeau , procurenr de
i'évèqae de Luçon . de l'impossibilité de réonir le clerjnré , dans
^^ parages , à cause dea troubles.
40.
316 ) J.-B. TlBRCBUN , 23.e ÉTÊQI7B. ( 1575
imposa le diocèse de Lnçon à 5,220 Ky. pour subvenir
à la noDiriture et entretien de son armée, pendant
deux mois et demi (1) , pour ensuite continuer, sur le
même taux, par chaque mois. L'évéque et tes ec-
clésiastiques réclamèrent et exposèrent que, depuis 10
à 12 ans , ils né touchaient pas leurs revenus et qu'ils
avaient tout perdu. Par suite, le roi Henri III , étant
à Paris , le 3 novembre 1574 , exempta les réclamants
de toutes taxes et impositions* et du service militaire.
Nonobstant cette décision, le doc de Mont|)ensier
exigea les- taxes ^par lui établies sur le clergé , en
Ba»-Poitou , et établit des saisies (2) et des conunissaires.
Sur cela, Tévéque appela comme d'abus , et les juges
de Poitiers firent citer devant eux un nommé Billard ,
receveur de ces droits et les commissaires établis aux
saisies. Enfîji , le 11 j février 1576 , le roi maintmt
le^^ exemptions déjà çrononqées.
67. A cette époque le monastère de St. Michel-en-
l'Herm , avait pour; abbé ou pour prieur, cœnobiarcha,
Jacques de Billy (3] , par suite de la résignation que
lui en avait fait (4) un de ses fi*ères , du nom de
Jean , qui se fit chartreux. Or , Jacques de Billy, après
avoir fait ses premières études à Paris , étu^é le droit
(1) heê comxpitisaîrM nçmaiéi^ pimii lev£r ces. tasea*. fuient
Leuis Ponchet , Nicolas Chauveau et Etienne.
(2) Le& revenna 4^ji. bén^fice^ ftif eni adjugée, d^ant Hilaîre
Goguety lieutenant-général de la sénéchaussée de Poitoa*, à U
résidence de IÇonîenay.
(5) N'é en iSSS , à' Guise. > de Louis de Billy. qni en était
nouverneur. Il a été déjà q^uestion de Jacques de BiUy, p. S9I.
(h) Jean de Biiiy résigna aussi à son frère le titre d'abbé des
Chùieliers » su}y^ut]a Briog^ unip:
1575 ] J.-B. TlEftCBUN , 23.e ÉTÊQfTE. ( 317
à Orléans , et complété son éducation à Poitiers » était
devenu un homme très-savant , surtout dans les langues
grecque et hébraïque , et un littérateur distingue.
On a de lui des traductions latines, 1° des OEuvres de
St. Grégoire de Nazianze (1) ; 2° des Lettres dlsidbre dé
Peluse (2) ; 3® àes. OEuvres de Jean Damascène (3) ; et de
quelques Ouvrages de St. Jean Chrysostàme (4) ; plus ,
il a publié Six Livres , en vers , du second advémment
de Notre Seigneur (5).
Mais on a encore de Jabqikes de BQly un dernier
ouvrage (6) , que ne mentionne pas la Biographie w/d»
verselle. Il a pour titre : Anthologia sacra ex probatis-
^mis utriusque linguœ patribus collecta , atque octastutris
tersibus comprehensa. Dans le titre de ce livre , Vautcuf
prend positivement le titre d'abbé , ou de prieur de
St.-Michel*en4'Herm (7) ; mais Tépttre dédîcatoîre *
cardial Nicolas Pellevé , cardinal-archevêque de Sens,
tfest pourtant pas datée de là (8)..
Jacques de Biiljr mourut à Paris » le St5 décembre
1581 , chez sion ami le bénédicthi Gilbert Genébcard»
(1) 1596 a t»-fol. En 1S82 , Genebrard et Chatard enctonnèreat
une nouveUe édition en fei voV. •, en y joignant la TÎi de l'auteur.
(^) 15S5 , in-iol. - A la fin se trouve un travail intitulé :
mcrarum oÔservattonum îibrî duo , qui fait connaître Jacques
de Bill y , comme un à9È premierf critiàuev de son «iècle.
P) 1377 » ,n-fol. .
(4) 1581,
(5) 1576.
(6) Un exeoiplaîre de ce livre se trouve dans ma bibliothèque
poitevine,
Ç) AucioreD. Jacobo Billio » S, Michaeh's in eremo Cceno-
ftrchâ.
(8) Ex trincentiàno Cœnobio €t eduum juniarum 1575. On
trotive -ctr t«te du Kvre deu* pièces de vers tatim ; de Jean
UaioTd d'A^^ueptirn et de Gilbert Ge«^br»(Kd. s
318 ) J.-B. TlBRCEUN, 23,* ÉTÊQUE. ( 1576
professeur d'Hébreu:s , reDommé par sa vaste érodiKoD ,
la publication d'un grand nombre d'ouvrages et son
exagération comme Ugueur. On sait qu'à ce dernier
titre , il fut pourvu de Tarchevéché d'Aix , qu'Henri
IV, qu'il avait attaqué avec une âpretê extrême, lui
enleva aussitôt qu'il fut monté sur le trône.
68. Le 16 novembre 1575 , M. Tîercelin, évêque
de Luçon , fut installé à l'université de Poitiers ,
comme juge subdélêgué de la cour conservatoire apos-
tolique.
59. Dans un procès-verbal fait à Fontenay-le-Comte,
le 23 mars 1576, Baptiste Tiercelin fit établir que, depuis
environ deux mois, les compagnies 'de gens de guerre
de l'opinion nouvelle qui désolaient jle pays , s'étaient
emparés de plusieurs lieux du diocèse , potamment de
la ville de Talmo ; que cela l'avait empêché de réunir
son clergé, pour l'établissement et payement des derniers
iiiif(6ts ; et que même beaucoup d'ecctésiasUquesavaiœt
été fiiits prisonniers. Dans ce document, on expose que
ces troubles ont commencé dès le mois de février
1574 , et que Philippe de Chateaubriand, seigneur des
Boches-Bariteaux , gouverneur de Fontenay, a , par
précaution, fait arrêter tous les. deniers publics de la
dite ville et des environs ^ et empêché qu'on ne les con-
duisit à Poitiers, parla cramte où il était qu'ils fussent
volés en route.
70. Dans cette même année 1576, on demanda, pour
la première fois, la régale sur Tévêché de Luçon, et
Baptiste Tiercelin , qui était pourvu do siège, depuis
1676*) J.-B. TiERCELIIf , 23.* ÉVÊQXJE. ( 919
plus de 15 ans , s'en défendit en faisant valoir les fables
débitées par Boucbet et autres « sur la fondation de
Luçon et en prétendant que Téglise de ce lieu datait
d'environ 620 , et ' existait avant qu'il y eût des
rois en France. Passant à d'autres considérations , il
disait que le chapitre de Poitiers avait , après l'érec-
tion du monastère de Luçon en évêché , conservé des
possessions à Champagne , le doyenné rural de Mareuil
UDi au décanatde Poitiers et le droit de luminaire sur
toutes les Eglises du Luçonnais , et même un droit de
bissexte dans quelques-unes. Ces moyens de défense
eurent quelques succès. Il ne falut pas payer , et
la décharge fut accordée à cause des troubles qui
désolaient le pays. Aussi on trouve une quittance
donnée par Baptiste Tiercelin , seigneur de la Roche-
du-Maine et évèque de Luçon, au receveur-géné-
ral des finances du roi , de la décharge de la som-
me à laquelle le diocèse avait été taxé.
71. Nous avons parlé des commencements du protes-
taotisme à Mouchamps (1), d'autant plus que c'est en-
core un des lieux où les individus dé cette croyance
sont encore très-nombrenx. Il est donc bon de dire que
ce fiit, suivant le document déjà cité (2j , et après les
troubles de l'année 1577 , et le 10 septembre de la même
année , que la première publication publique des nou-
velles doctrines fut faite à Mouchamps par le minisire
Sibileau » qui ^ à la suite , baptisa trente enfants. Dès
le mois suivant Dominique de^Losse, dit la Touche^
(f ) y oh eî-dessus, page 5l5.
(2) On Ta indiqué dtns la mêine pa^.
sâo ) J.-B. TiE&cBUN I âa.® ÉVÊQUB. ( 157$
devint ministre de Mouebamps , en même temps qu'il
rétait à Saiat-Fulgeut (1).
72. Parmi les domaines ecclésiastiques du Bas--
Poitou , ^ui furent alors vendus » j'indiquerai la terre
de Châteauroux , paroisse de la ^Réortbe , adju-
gée le 9 novembre 1577 , à Louis Suriette , sei-
gneur de TÂubraye. Plus tard » ce domaine fut retiré
des mains de l'acquéreur et on le verra devenir l'ba-
bitation de campagne des évèques de Luçon.
73. Baptiste Tiercelîn , comme évêque de Luçon ,
rendit bommage au roi , le 4 mars 1578 , pour la
baronnie de ce lieu , qui fut à la Tremoùille ,. et désigna
encore la halle , comme cbef-Iieu de cette seigneurie.
74. En 1578, Jean Coytart , de thaiyré en Aunîs,
publia un ouvrage, en latin, sur une maladie épidé-
mique qui avait sévi en 1557. Ce médecin dédia son
livre à Baptiste Ttereelin « dont il fit Vêlage (â}<
S5« La formation de la ligue :dont le bat était d'ex-
clure la maison de Bourbon de la eouroime de France
et la reprise des annesr, avee uiie grande violacé ^
dand te Bas-^Pottou, déeidèreiit Baptisl^ TierceMa à
abandonner Tévéchë de> Luçon ^ en 1579 » ^à se con-
(t^ Dominique de Losse dit la Touche , assista • pour la province
du Poitou , au synode protestant » tenu à S&utnur , en jtiin IS96*
(2) De fibribtm puryuTAtù epidemteiê qutD dnno ^£(57 , etc* m-^.
C'est par cette épitre dédicatoire' qu'on apprend que Baptiste
Tiercelîn était l'alné de sa famille et qu'il abandonna ses droits
d'hérédité, pour se faire homme d'égHse. Ces détailis. écûent de-
meurés inconnus à Thibaudeau , et on n'en dit rien, non plus,
dans la nouvelle éditioB «le VftiSfot're dùPoUtou,
1579 ) h^% TlBR€l£DI ^ 23.® ÉVtQUB. ( 3âl
tratef du titire d'abbé de la Colombe » qa'il possédait
déjà. Du reste , en nous. occiq>aitf de son successeur ,
nous bidiqueroos Facte qui monumente cette inteih-
tion. et te fait lui-même.
76. Nous avons encore à parler , sous Tannée 1582 ,
de Baptiste Tiwcetin , qui» depuis assez long-temps^
n'était pius évéque de Luçon et ne prenait plus que
le titre d'abbé de la, Colombe. Or, comme on l'a
déjà TU , chaque évéque de Luçon devait fournir à
son église , lors de son entrée en possession , une
chapelle garnie de trois chappes , une chasuble , deux
dalmatiques avec leur garnitures^ ou {payer une
somme de 300 écus. En fait , Baptiste Tiereelin n'a-
vait point rempli cette obligation et le chapitre de
Luçon lui fit un procès , pour cela , devant la cour
des requêtes du palais à Paris. Eo défense , l'abbé de la
Colombe objecta qu'il n'avait jamais vu le statut
qui mentionne çqtte obligation ; et fût jusqu'à dire
que si elle avait existé pour ses prédécesseurs
évéques de Luçon , elle avait été abrogée. Le chapitre
répondait à Tiereelin qu'il ne pouvait ignorer ce statut;
qu'il l'avait vu et qu'il avait juré de l'observer lors
de sa prise de possession. Par suite , les parties tran-
sigèrent 9 le 23^ juin 1582 , et Baptiste Tiereelin ,
qui agissait par un mandataire , se redima de la
demande qui- loi était faite moyennant quatre cents
écus sols.
IV. René db Salla , XXIV.e évéque , succéda à
Baptiste Tiereelin que les troubles , qui désolaient le
Bas-Poitou 9 déterminèrent à prendre le parti de la
322 ) BeRÉ de SâUJL , 24.« ÉVÉQUB. ( 157»
retraite. <c II forma , dit M. de Beauregard , le projet
de se démettre de son êvéchë , et , le 25 février 1579 /
M. Bichon , [alors sous-doyen , chanoine et grand-*
vicaire de ce prélat , déclara au chapitre qu'il per-
mutait son évêché » et, le vendredi , 6 novembre 1579 ,
il paraît que sa démission était acceptée , puisqu'on
charge Aulbin Blaye , chanoine , de dresser des mé-
moires concernant la réception de M. l'Ev^pie , et de
les consulter. C'est donc mal à propos que l'abbé du
Temps y fixe le commencement de Tépiscopat dé ce
personnage à Tannée 1578.
2. [René de Salla (1) , était d'une famille noble du
Bas-Poitou , éteinte depuis long-temps. Aussi cet évo-
que prend-il , dans plusieurs actes , le titre d'écuyer
et de seigneur de la Bremaudière des Essarts. René
de Salla, lorsqu'il fut appelé à Tépiscopat^ était re-
ligieux Célestin de l'abbaye de Jard«
3. Mais de quelle nature était le titre d'évéque qu'a
porté de Salla ? Ecoutons , à ce sujet » M. de Beaure-
gard (2J.
<c MM. de S.te Marthe , disent que René de Salla
était évéque confidentiaire , qu'il n'avait que le titre
d'évéque, et que les revenus de l'évêché étaient ré-
servés à MM. de Richelieu. Nous serions portés à croire
que René de Salla était confidentiaire. Le peu dç
revenu qu'il paraît avohr eu, le misérable inventaire
de ses meubles , son testament même qui annonce
(1) Ua de mes catalogues» écrit eo latlo, Tappèle mal à propos
Renaiua de la Salle.
(2) Evéques de Luçon»
1579 ) René D£ SAIXA , 24.« ÉyfiQUB. ( 323
des dons de pea de valeur ; tout foit croire qu'il Jouis-
sait d'un modique revenu et que le reste passait en
d'antres mains. . . .
«( Les seigneurs de la cour se disaient donner ,
poar récompense » les évéchés et les antres bénéfices.
La cour I forcée à payer les services , dans ces temps
de troubles » suppléait ainsi à l'épuisement des finan-
ces. Souvent même les protestants avaient part à de
pareilles largesses , qui épuisèrent l'église et empêchè-
rent long-temps d'y &ire rétablir l'ancienne discipline,
que le Concile de Trente avait renouvelée et qui ne
fat reçu qu'au conunencement du siècle suivant.
« Au surplus , le cartulaire de Luçon a le premier
fait nattre le soupçon dont se plaint M. l'abbé du
Temps ; dans la liste^des évêques , où le nom de ce
prélat est écrit d'une écriture de ce temps y on lit :
Hic eral confiduciaritAS defuncti Domini de Belleville ,
eqmtU regii (1) d.
4. n ne nous [parait pas douteux , par les faits
connus , que Ton doit considérer René de Salla ,
comme un évêque qui administrait avec une sorte de
portion congrue , comme on l'a dit plus tard > pour
les curés (2),
Îi) Cette mention se trouve aussi snr un de nos catalo^^nes.
*) Cette opinion est aussi celle de M. D. ... , qui s'exprime
ainsi .* « Il est à croire que Bené de Salla n'était f éeliement
que confidentiaîre. Dans ces temps malheureux , on donnait sou-
vent des bénéfices à des laïques , soit pour les récompenser »
soit pour tout autre motif. C'est ce qui explique Tétat de pau-
vreté et pour ainsi dire de misère , où vivait cet évéque. >
4i.
324 ) RbNÉ DB SALLA, 24.e ÉVÊQUE. ( 1580
Mais était^il évéqae confidentiaire, pour la maison
de Richelieu , ainsi que la suite des faits donnerait à
le croire , ou bien était-ce pour le compte de la maison
de Belle ville? Là , nous semble résider la difficulté
que nous laisserons indécise.
5. Si les revenus de l'évêché de Luçon , sous l'épis-
copat de René de Salla , n'étaient pas perçus au profit
de la maison de Richelieu, c'était sans doute pour Fran-
çois de Belle ville, de l-ancienne maison anglaise de Har-
pedane, établie dans Touest de la France, lors de la
domination anglaise. Belleville, s'était d'abord attacha
au prince de Condé et à son parti , et il s'en retira
ensuite et se montra catholique zélé. Cette variation,
dans sa conduite, lui fit donner le nom de Guille-
Bedomh qui » dans l'ididme poitevin , signifiait alors
déserteur (1).
6. On trouve, sous la date du 2 décembre 1579 , nn
acte par lequel René de Salla, élu êvéque de Luçon ,. cfe-
meurai^à la Bremandière , paroisse dès Essarts , donne
pouvoir à Michel Papin , de retirer des mains de
Messire Baptiste Tiercelîn, abbé de la Colombe , naguères
évéque de Luçorij tous lés titres, lettres et Chartres , tou-
chant le spirituel' et temporel de l'évêché. Cette procu-
ration, passée aux Essarts, est signée René de Salla ^
sans adjonction d'aucun titre.
7^ René de Salla , après avoir pris possession de
révêdié de Luçon , mit beaucoup de retard à se faire
donner l'onction épiscopale. Aussi ie> chapitre de Luçon,
qui sentait le besoin d'avoir autre chose qu'un prélat
(i) Arcère > Htst. de Lot Rochelle.
1581 ) René db Salla , 24.e évéqub. ( 3â5
éla , manifesta t par plusieurs actes capiiuiaires » le
mécontentaient qu'il éprouvait du retard que nous
venons de signaler. Par exemple» lorsque ce person-
nage vint , le 14 mars 1580 , demander sa portion
des pots-de-vin des fermes de Triaise , on lui répondit
qu'il en jouirait seulement, quand il ferait les fonctions
i'éoéque , tti ordre requis.
8. ce Luçon f sous Tépiscopat de René de Salla , dit
M. de Beauregard (1] » fut encore le théâtre de guerres
et de troubles. Plusieurs fois le chapitre fut contraint
de chercher sa sûreté , dans les villes voisines. Mon-
taigu fut pris et une ordonnance capitulaire enjoint
au boulanger du chapitre de cuire du biscuit pour
provisions, en cas de siège; et commande des four-
nitures de munitions , en commun , avec les habitants
du lieu qui se chargeaient de la garde du fort de céans. Un
autre fort bâti par M. des Yillates de Champagne, près le
canal y est démoli. On ignore où était situé ce fort.
Probablement c'était près de la Charrie et vi^-vis
Champagne, i»
9. René de Salla , se décida sans doute , en Tannée
1581 , à recevoir la consécration épiscopale , car on
trouve y à la date du mois de septembre de cette an-
née , sur le registre capitulaire des permissions ac-
cordées à quelques chanoines, qui avaient démandé
à aller assister au sacre de l'évêque. On ne dit pas
où cette cérémonie devait avoir lieu.
10. René de Salla n'avait pas encore obtenu de
son prédécesseur f au commencement de 1582, la res-
(l) Evéquci de Luçon»
326 } Rbn£ de 8AIXA , â4,e É^'ÉQUB. ( 1582
titution des papiers de son êyëchë ; car , le 23 mars
de cette même année, il donna /pouvoir à Michel
Papin , son grand-yicaire , poui les retirer des mains
de M. de la Roche da Maine. Dans cet acte le man-
dant s'intitule évêque et baron de Luçon.
11. C'est le cas d'indiquer ici une sentnce du sé-
néchal de Luçon , du 9 mai 1582 , qui condamne
un nouveau marié , appelé Simon Soullard , à une
amende de soixante sous et un denier , pour n'avoir
pas tiré à la qumtaine, le premier dimanche de
carême. C'était une obligation imposée , à peine d'a-
mende 9 aux nouveaux mariés de la banlieue , cou-
chant hors des portes. Le jour ci-dessus indiqué, ils
devaient se [trouver , vers midi , derrière un pré in-
diqué , avec une gaule , pour se livrer à ce jeu ,
faute de quoi ils jetaient jpunis.
12. Pour les trois évéchés du Poitou , il existait une
espèce de lien qui se reportait à leur origine commune.
Le siège épiscopal de Poitiers , dont avaient été
démembrés les évéchés de Maillezais et de Luçon,
était considéré, dans la province, comme une sorte de
métropole et on se conformait volontiers à ce qui
émanait de lui. Ajoutons qu'il existait entre les trois
prélats poitevins une véritable entente cordiale. C'est
ainsi que nous voyons qu'en 1583 , un rituel fut pu-
blié pour les trois évéchés de Poitiers , de Maillezais
et de Luçon (1). Ce livre fut l'ouvrage de Jean du Ver-
gier , doyen de la faculté de Théologie et chanoine de
(1) Ia-8.0 y imprimé, partie en gothique , pour Simon Frire et
Jean Main , marchands libraires.
] ReHÉ de SALLAfy 2^.^ ÉTfiQCE. ( 8:27
la cathédrale de Poitiers ; et levêque Geoffroy de St.
Belin , lui donna son approbation , le 16 avril 1583 ,
en prescrivant le rite romain i tous les ecclésiastiques
de son diocèse.
13. Nous avons été en position de relever plusieurs
fois , dans ce travail » des erreurs échappées aux
Savants auteurs de la nouvelle Gaule chrétienne. C'est
ainsi qu'ils ne mentionnent Jean de Barro, comme doyen
de Luçon , que sous l'an 1592', or, le procès-verbal
de sa prise de possession existe f et il est du 31
octobre 1583.
14. On s'occupa, vers ce temps, de réparer l'ache-
Dâl de Luçon , opération à laquelle l'ëvéché et le
chapitre de Luçon devaient concourir. En effet , on
voit que le 7 octobre] 1583, honorable homme Messire
Pierre Orceau » *!seigneur de Beaurepaire , dont la
qualité n'est pas, du reste, autrement indiquée dans le
document sur lequel nous travaillons (2) , reçoit un
plei{[e et caution , pour l'exécution du rabais sur les
réparations du bot et acheneau de Luçon , jusqu'au
port de la Charrie.
15. ce Ce prélat , dit M. de Beauregard , paya au
chapitre , pour son droit de chappe ou de réception ,
trois cents écus d'or , le 19 mars 1584, et il fut reçu
et installé , dans son église cathédrale , le 26 de ce
même mois. Les remontrances lui furent faites par
M. Papin , archidiacre et son grand-vicaire y>.
(i) M.t de JD. Fonteneau , ar^h. de l'éyliee de Luçon,
(2) Notes anciennes. .
328 ) RfiNÉ DE SaiXA » â4.e ÊVÊQITB. ( 1584
Si René de Salla fut réellement sacré dès 1581 ,
comme les congés accordés à des chanoines doivent
le foire croire , on doit trouver un délai bien long
entre la consécration et l'entrée officielle du prélat,
dans sa cathédrale. Peut-être fut-il absent du Poitou ,
dans cet intervalle ? On peut le croire , puisqu'on ne
rencontre aucun acte de lui.
16. Presqu'aussitôt sa prise de possession , René de
Salla commença une tournée épiscopale , dans son
diocèse 9 et pendant son voyage, il devait cesser d'ex-
ister. En efTety il mourut » le 18 avril 158i, dans la
maison noble de Mortorgueil (1) j paroisse dé Saint-
Yinceot-sur-Graon , appartenant alors à la famille de
Thorigné. Sa dépouille mortelle fut , d'après ses ordres,
portée à Luçon , et enterrée dans le chœur de sa
cathédrale.
17. Atteint par une maladie mortelle , dans le petit
manoir de Montorgueil , René de Salla , y fit son tes-
tament j quelques heures avant sa mort. Cet acte est
assez important pour devoir prendre place ici , sauf
quelques retranchements.
« An nom da Père , etc. , René de SaUa , par la permis-
sion divine , évêque de Loçon , gisant au lit malade. • • •
VQ qu'il n'y a notaires , J'ai fait signer mon testament par. . .
(2) en la maison de Montorgueil.
« Je yeux que mon corps soit enterré an chœur de Luçon ,
en la sépulture de mes prédécesseurs.
(1) Montorffueil tombé à l'état de simpie métairie, afanti789>
ainsi que le ait AI de Beauregard » est aujoard'lmi une jolis
maison bourgeoise, appartenant à M. Millet , membre du conseil
général de la Vendée.
(2} Ici un mot qui évidemment est mal écrit.
1584 ) RBITB BB SAILA f 24.6 BVÊQI7B. ( 329
« Je désire , outre le senrloe de mes obsèques , an antre
senfice , pourquoi Je veux estre employé de mes biens trente*
huit escus que m*ont coûté mon calice et la patenne, et
barettes , ou bien lesdites choses ^ «a choix de MM. Michel
Papin et Pavid Rochereau , mes exécuteurs testamentaires*
Je yeux aussi , pour cet effet , eslre employé la somme de
cent Tingt-oinq livres qui me sont dues par MM. Papin et
Ricbon , en messes , annuels et services et aumônes » à
Laçon et aux Essarts.
« Je donne à mes héritiers la somme de douze escus , et
celle de deux cents livres qui me sont dues aux Moutiers. (i).
« Item , le donne à Louis de Salla et A Margoerilte de
Sâlla , mes neveu et nièce , tous mes meubles et la somme'
de six vingts eseus , par moitié , pou0 les entretenir aux
èe^es«
« Ilemi Je donne au flfs puisné de la Piretière , mon neveu,
par résignation « mon prieuré de Trelze*Yents.
« Ifem , Je veux estre donné à Louis de Salla , escnyor ,
]D(m neveu , et qu'il' soit mis en bonne pension , loi assigne
eiâomula j^rébimU ë$ l/énéike 9^ fcd acquis [^) àXainies^ei
(oas.les droit» que. J'ai au gouvernement deXainlonge.
« Item, Je donne à Mèssire de la Planche, mon frère»
la somoie de trente escus nn tiers.
« Je donne à ma nièce de la Bk^elièfe , ce qui m'est dû
par le vicaire de Saini-AndVé«
« Item « à M. Duvergier , mon aumônier , cinquante escus.
« le donne, à mon neveu de la Piretière , mon cheval ;
à la dame Joachime de Gharruyau , dame de Monter*
gtiell (3) , une croix d'or où sont quatre saphirs blancs
!i) On sftît que là était le château des é^èquès de Luçon.
2) Il semblerait» d'après cela, qae les bénéfices étaient alors dans
le commerce et qu'on' pouvait notamment en disposer par testament.
(3) La dame cliez laquelle il était mort et qui» sans doute, lui
avait donné ses soins.
330 ) RbNÉ BB SaLLA , 24.e ÉVÉQUE. ( 1^84
(i) , et à ma nièce Margaeritte de Salla , mes deux anneaux
d*or , ainsi qu'ils sont garnis de pierres.
« Telle est mon Intention et dernière tolonté que J'ai
merchè de mon seing , en présence de Baptiste de Tho-
rlgnë , escayer , seigneur de Montorgueil , de damoiselle
Joachlme Gharruyan sa femme, et de damoiselle Renée
des Hommes (2) ».
18. n fat, à la mort de René de Salla , le 26 avrii
1584, procédé à un inyentaire^des effets ^nobiliers dé-
laissés par lui. Cet! acte fut dressé par le sénéchal
de Luçon, à la requête de Michel Papin, licenciées
droits , chanoine et grand-vicaire de Luçon et exécu-
teur testamentaire de ce prélat. On y voit que les
héritiers de celui-ci étaient les enfants de Jacques de
Salla , écuyer , seigneur de la Bremandière » repré-
sentés par Pierre Chabotz, écuyer, seigneur de la
Guimandière et Charlotte de Salla , sœur de Tévêquo
décédé ist femme de Charles Haingameau , écuyer >
seigneur de la Grenouillère, de Curzon et de la Planche.
Les meubles de peu de Talemr portés dans cet inven-
taire , furent vendus à Luçon. Quelle diffërenœ entre
la modeste fortune du prélat , dont la notice finit
ce livre, avec les immenses richesses laissées par cet
autre évéque de Luçon , par le nom duquel (3] nous
terminerons le livre que nous allons commencer! Ce
contraste est tout à feit de nature à fixer l'attention
de Vobservateur.
(i) M. àe Beanregard croit que ce sont des diamants.
(2) De la Emilie des Hommes, qui vient de s'éteindre, dans
mon honorable garent, M. des Hommes d'Archais.
(3) Kous voulons parler dn cardinal de Bîchelieo.
yVRE CmQtJIÈME.
1. 1984«^59S« Ji4G«Itta DWIJttttfrEICWUMb 2Mèlj«iM-
ëyôqae. — IV. i606 — 1633 , AnfÀND-MilN BUHMh»-
RICBBtlEtr , 9»fi ëytqnt.
1. Jacques du Plessiv de IUcheuect , m détenant
le 25.e évéqae de Laçon , commença mie ërenodveHe»
pour cet établissement ecclësiastrqae. En effet ,' ft dat^
de l'exaltation de ce prélat , qui eot Ken en 1584^ ^
Tévéché de Luçon fut inféodé à une famille marquante
des confins du Poitou et de la Touraine.
â. Donnws m «iplqo^ détails fur la malfioa dii
neBsi»AicMieu » ai^iieiwieet déjà illustre r n^is qqi^
d&iriiitUeB plus « pour avoic surtout fourni Iç oardin^l-
miaisIrB q^ nous venons occuper d'abord le si^
^iaeopai de iuQra, - ^^,
La Camille' du Plessis tire son now fmé âneiènie
chatellenie dite du Plessis des firextx. , qoli relevait ée> là
baro^e d'Angtes^, 1>aronide appartenant à l'^évAtiiè
332 ) JACQ. du PlESSIS-RiCBEUBU , â5.e ÉViQ. { 1584
de Poitiers. Le premier individu de cette maison dont
l'existence est reconnue, s'appelait Guillamne , seigneur
du Plessis des Breux et de la Peroutiére , qui vivait en
1201. Il eut pour fils Pierre , seigneur du Plessis des
BreuXy qu'on trouve sous l'an 1249. Après vient Guil-
laume II y seigneur du Plessis des Breux en 1308 , qui
laissa Pierre II ,, seigneur d«rla B»4me t^re en 1331. Ce
personnage eiit pour fHs Guillaume IIi, seigneur du
Plessis d^ Breux , mort «a - 1378 » qui épousa Char-
lotte de la Celle , fille du sénéchal de Carcassone , dont
^iMieuiPs enfents , notamment Pieire ÏÏI,,qut conti-
-nua la branche du Plessis » .et Sauvage du P|e$is,
seigneur de. la Yervoliére , marié eii. 1388 ».avec
Jteftfe^aM Le Groing. De Pierre III sortit Geoffroy du
Plessis 9 seigneur de la Yervoliére , dont on connaît le
testament de Tan 1477. Il avait épousé, vers 1460, Perrine
j(^i]Ucrdç Çlérambault^ fille et.hérilière.de Jeap Gillier
pfif. Çléçi\mbault , seigneur de Richelieu. Ce fut par
ce mariage que |a terre, de Jlichelieu entra dans la
n)ai3Qnj.du Plegsis , qu'on. ..appela alors puplessis-
Geoffroy duPlessi^etPerriae Gillier dé Clérambanlt,
eurent pour fils François Duplessis , seigneur de la
'Vëi^oljëiré , de Richelieu et déBëçày , qui futécuyer
%céMïànt d(sr ^ teint i et fil'sén testaarieM en 1493.
"ïi'^avaît épousé, le 26 novembre 1456, Renée Eveil-
îèchïéû. De ce mariage sortîi^ François II , du Plessis ,
seigneur de Richelieu ; il épousa d^abôrd ,' rib janvier
dH»?îi JBôÎPW» d«.Laval ., fil}e de Jean , seigneur de
fSi^,;Mi:4? ^UÇ iffe^aièrç upion , if eut. Louis du
JUjMûô de:Ri]çhélieu.,,.FraBiÇQ/S U> du Plessis , s'unit
en secondes-tfoces à Anne Le RorY dame du Ghilloa ,
1584 ] IaCQ. du PLBSSIS*RiCHBUEU f 25.e ÉT£Q. ( 333
fille de Guyon i seigneur da Cbillou , yice-amiral de
France. De cette dernière union , vinrent Antoine
du Plessis-Richelieu , dît le Moine , qui servit avec
distinction sous les rois François II et Charles IX ,
et Jacques du Plessis-Richelieu , dont il est question
dans cet article.
3. Jacques du Plessis-Richelieu fut , comme puîné,
destiné pour l'église, et ses études prirent cette direc-
tion. Il devint bientôt doyen de l'église cathédrale de
Poitiers , aumônier ordinaire du roi Henri II » abbé
de la Chapelle-aux-Planches et de Niœil-sur-rÂutise.
Quoique revêtu de dignités ecclésiastiques élevées ,
Jacques du Plessis-Richeiieu n'était point encore dé-
finitivement engagé dans les ordres sacrés. Il ne Tétait
même pas, lorsqu'il fut nonuné évéque de Luçon, en
1584. On ne sait trop la date précise de cette no-
mination , mais on trouve un acte du chapitre de
Luçon, du 9 novembre de cette année, dans lequel
il est dit qu'il y avait alors un évéque eslu de Luçon.
Pais dans un autre acte capitulaire , du 10 décembre
suivant , on déclare que , comme cet évéque n'est pas
saaé , les actes de Tévéché seront faits par les vicaires-
généraux du chapitre. ^
4. Nous avons dit que Jacques du Plessis-Richelieu
n'était que dans les ordres mineurs, au moment de
sa nominatipn à l'évéché de Luçon , qui remonte sans
nul doute en 158^. En effet , il reçut le sou^diaconat ,
seulement le 15 juin 1585, (1) des mains de M. de St.
Bellin , évéque de Poitiers.
(I) Ifi. de Beàuregârd.
334 ) JA€Q. bu PLESSIS-RICHBLIBU , âS.c ÉTÊQ. ( 1586
5. Jacques da Plessis^Richelieu écrivit au chapitre
de LuçoQ f le 17 septembre 1S86 , que ses bulles étaient
expédiées (i).
6. Les dépenses considérables dans lesquelles le roi
de France était entraîné pour la réducUan ei riunm
de tout son peuple à la religion cntholiqus » firent qae
le pape Tautorisa f le 30 janvier 1586 ^ à prendre sur
le clergé du royaume une rente de cinquante mille
écus, en permettant au clergé de vendre des bois de
haute fuiaye , engager , faire baux à longues années ou
emphytéôses , vendre à faculté de rachat perpétuel et tous
moyens. Cette autorisation ayant été vérif ée , te sn
mars , les agents généraux du clergé , commisttiires
ea cette partie (S] , par lettres du SMl mai 1666 ,
adressées à Tévéque de Luèon ou i son vkairo-générd ,
domiérent qualité à Févéque et aux syndics du (fioeèse
de Luçon , de procéder aux opérations permises pour
réaliser le don fait au Roi > mais à la charge d'y
procéder, en présence éa sénéchal dé Toiitenay«te-
Comte 9 ou de son lieutenant , de la religion ^«à^d^
lique.
7. XJn grand procès éclata , vers cette époque ^ étitre
(I) Cette lettre prouve que M. de Beaaregard était dans Ver-
rew , lorsqii'il disait qn» cet évâque o*^vait obtenu ses bnlles que
le 9 novembre 1587.
(9) Les iMtrts ((6nérft«s en ohtfè étaient CVtHtfs . eardît«1 de
Bourbon ; Lpjs , cardinal de Gnise ; Hiefr^mo , évesque de Ber-
game , nonce du p9pe*i Pierre de "Gondj ,- éVesqtte de ^aris »
coiiieiller 4i& Bpi^» «on consçil dVtat ; Fbnsotin Ke^ard et
fiqn Broé , présidents aux étiquetes .du .parlement de Paris;
Loys ^guiër , Ptcrre' truelle et Jeiin Léro^ j conseiller» du même
parlement ; Gabriel de Gourmont , abbnâ cpmmandaiiûr» de 0iiLorst
et Guarray de Montîgault , abbè de Cbatitlon<-suf-SeinB'. L'or-
donnance, dont on donne l'analyse et dont j'ai l'original* «st
revêtue des signatures de tous ces personnages*
1586} JACQ.im9LBM0--ltlGttta!W»S5*«ÉvAO- < 338
le dmiAtre 4e Lttçon et la dame d^ duanpagné (1),
n paraît que Ton voulait rendre celle-ci responsable
des dommages que le mari de cette dame avait causés
aux cbani^iiies pédant la guerre civile. Nous n'avons
pas une donnée positive sw les condusiens prises par
rétablissement ecclésiastique dont il s^agft contre la
veuve du baron de Champagne , mais nous voyons la
teneor de lettres qui s'y réfèrent', et de plus , quel-
ques-unes de ces lettres ont été écrites par des person-
nages éndaeineat hiatoriqaes , de sorte que ces doco^-
ments sont , par euxHoaêmes , de valeur à être re»
cueillis. La première de ces lettres est du roi de
Navarre , depuis Henri lY, roi de France [2].
Uess.^ du chapUre de Lusson , ayant scen que vous pour*
SQlyès en procès la damolselle de Gbampaignè , pour ctiose
adyenoe dorant les troubles et faitts scobs nostre advea ,
qoe nous désirons estre assople , suivant les édicts de paix ;
nous yods avons voUu faire ce mot , afin que toas faefez
cesser ladite porsnitte , sans la renoQveller,soub8qaeiqiie
prétexte que «e soit. En quoi nous assorant que vous yous con-
(oimerès â Dostre yotoalé , prierons Dieu vous avoir en sa
tarde. A La RocheUe , le 19 Juin i586.
V.Te HENRY.
8. Tient ensuite une autre lettre écrite encore au
chapitre de Luçon , par le duc de Nevers , de la
maison de Savoie :
Messieurs, J'ai esté adverU que vous poursuivez encore
a^]ollrd*bul en procès la damolselle de Cbampaigné , pour
(i) ftebetn d'Avatttotir , tvitnv dn teîtfttMr 4a la fcaroanie
(^ €#tu Ifttirs , qtiî esisttiit a«x artlâvet 4a ckapîlre 4«
Uçon , D« se trooTe japint dans la coUecilon de M. Berger de
Aiytay , maîi nous aïlona renvoyer à ce savant , pont qu'elle
ptiim éMrev dint le Mippléimfit I eMt« «lème centelfimi.
336) JaGQ^ bu PtBSSlS-RlCHBUBU, 25.<^ BY^OmS. ( 1584
certaines aoUonsqoelefea sieur de Ghampaignè , son mari,
fit ans troables passés par le commandement da roi de
Navarre , et ce dont la mémoire doit estre abolie , par les
édits de paix. J*ai son , de sa majesté , qu'il yoas ayoit desjà
escrit , se donc il se scandalise n'avoir recea response ; fai
bien vonla , tant pour son service que poar la raison ,
qoCaossi pour l'aiTeclion que je porte à tons cens à qui la-
dite damoy^elle appartient, voas enescrlre, tant poar vous
prier instamment voas «déporter de ceste action , pour lin-
térôt du service du roy de Navarre , qa'en ma faveur , qui
d'ailleurs n'ai beaucoup d'occasion de me louer de yoas
autres , Messieurs , ou après vous en avoir recberctié de
courtoisie et prié vous dépouiller de l'animosité que
falctes en ce faict paroistre contre cens de nostre pariy,
Je seray contreinct m'eider des voyes que J'ai en la main,
pour aquiescer à Fanlmosité , comme vous faictes de vostre
costé , et où me ferés paroistre de raflection , J'oserai
de revanche et vous demeurerai pour Jamais trës-ailectionnè
et plus assuré amy.
HENRY DE SAVOIE.
Sur le dos de cette lettre » on avait écrit : a La
présente a esté reçue le vendredi , 15 d'aoust 1586,
et rhomme envoyé exprés de La Rochelle , le jour
précédent , à laquelle le chapitre a fait la réponse
ci-dessous 2>.
On n'a point trouvé la copie de cette réponse.
9. Enfin vient une lettre écrite par la dame de Cham-
pagne elle-même et adressée à Memeurs Us daim , chor
noines et chapitre de Lusson.
Messieurs, J'ai tant désiré entretenir la paix avec tous mes
voizins et faire paroitre l'aflécUon que J*ai à toujours pour vods,
que J'ay librement effectué le commandement que m'a (ait
Monsieur le duc de Nemours, de laisser la poursuite desdes-
pens, dommalges et intérêts que Je preténdz contre vous qoe
mes procbes me con^eilloist poursuivre & tonte instance, pour
158» } lACQ. BÛ^LBSSIS-BI(ttBImv^<**^AOm. ( S3T
m'atoir, A tort «l sans eanze^miseen Mfz de procès de La
Charrie et de Xcfalz0 , mondlt Meor m'ayam asaaré qae voitre
tntentioii estpUden^an faire Jamalfi^pp^wsaUe» aios en passer
une accord qui yeaille acquit à Ions lés jdeox, aûn que Jamais
n'y ait moyen de contester pont* ce sngét , ce que J*ai mandé à
mon procareur, lequel in*a rescript que poursnyyrez à tonte
instance etqn'il estoit besoin de respondrc,. ce qten'ay vonlla
faire sans que J'aye scea votre volonté, que Je. vous supplie
m'escrire demain que serez assemblez en votre chapitre , afin
qaè Je me descharge de ma promesse , et prenne le conseil de
mes parans ' et' atnis, qne Je désire «ci'vlr de guyde à meg ac<-
tlona^ ee qui attendant vous deitienrfri$jlpè§ affectionnée voy^lne
et parfaite amie,
ISÀBEAU D'AVAtGOTO.
De Champagne, ce 2e Jour d'octobre 1586.
Pi. Je vous prie que vostre réponse soit de vous sinée.
10. On ne sait trop quel Ait le résàltat de ce procès,
mais d'après cette dernière lettre , on doit penser qu'il
se termina par une transaction* >
11. Nom trouvons r sons la date dii 30 juin 1589,
nne ordonnance rendue à La RocheUe par Michel Vtxk*
ranlt de l'Hôpital, cofuseiiler du roi", màltré des fe^
quêtes et garde des sceaux de Navarre et GauCher-de
Sainte-Marthe, trésorier général de FrancaenPoitott;
députés , tous les deux potur rexèdalioh de là trèyb ao*
cordée au roi de Navarre. Par cette f>ièce.et jcéponteirt
à une supplique des grands vicaires, ides diocèses de
Luçon et de ftfaillezais, qui demaîndaiâQt àétie exemittés
des décimes, kxause des* pettes:.;pAi' ei» dites i il"
dirent que les réclamants se pouvoiraient pardevimle
roi et fourniraient Tétat de ce qui avaif; été touché de
leurs revenus au nom du roi de Navarre. Puis statuant
sur le provisoire , ils ordonnèrent que des revenus des
àem. évéchès ei chapiti^ SMatonyt perclus, Jixsqi^à
décision cfiiflidftve, moitié entre h» wasàos i^Qfiir
laume Dreux , nommé recoTeur pour le roi , el moitié
pour le trésorier du roi de Navarre , et cela à dater
du i9 jiûllet, au Ueuda atoisf de novembre» terme
d*aboid indiqué.
12, «L'évêque de Liicon, Jacques du Pies^S|dit
M. de Beauregard (1), ne &L aucune résidence dans
révéché de Lacan, soit «ue k«h guerres coixtinaelles
rayent déteumè de la résidence fseîlipifiLne fbt qaele
préte-nom de la maison du Plessis de Richelieu, qoi
probablement percevait les revenus de Têvéché sous
son nom.
a Nous avons déjà remarqué que nos rois don-
naient les évéctaés de Fviaiee et )es^ richea abbayes
comme des récompenses aux généraix de leurs ar-
mées, aux seigneurs df^ la cotun
« Cette assertion pavait fiondée sur deusi témoignages
fpl sont d'un. grsÉd poids. 1^ l^ chapitre eut de
longs démêlés avsc H. H(jrver» suçfiiessear de hsr
ques du Plessis, et dans deux pièces* pro4uîte^ daas
le proieès avec cet évècpie:* le ebâ^itre ose avancer
que fa maisoi» de ftichelienii le mpt^r 4e BiçbeUeua
iMides ffevenus deL'évéché aona le/wm 4e Jaiav&es.
» Toutes le» féis^que le chiipilisça eu k tosîtorpoi^to
^éflfsuralien^ de rivtehé»^ it a pftrlé de l^ dane de
Mcheliett, 4»mme si eUe eut perçu les ir^vwusdQdtt
évéeb&x^
Nbus pourrions ajouter beaucoup* à ces preuves,
' (1) Bvêpnê deLufan»
159a)JACO. DO PlB8S»RiCHBLIBI;, il5.«ÉTfiQinB. (339
mais la démonstratioB est complète. Jacques do
Plessis ne nous parait qa*ao êyéqoe titulaire qui n'en
porta que le nom et qat ne fot antre chose qu'un in-
strument à l'aide duquel sa famille» la maison du
Pleasis-Hicbelien, s'attribua les revenus de révéchè de
Luson.
13. LO'Cliapitre ne pouTait tdérer cet ëtat de chose,
tout à fiiit âcheux pour lui et désastreux pour le
diocèse, sous le pohit de me religieux. Aussi pour le
faire cesser, cet établissement ecclésiastique entreprit
un procès, au commencement de 1592 , à rencontre de
Jacques du Plessis-Richelieo» aux fins notamment de
lui bire partager les charges qui pesaient sur lui, et
de iaire contribuer ce prélat titulaire à l'entretien et aux
réparations de l'église cathédrale de Luçon et à l'achat
de doehefi et d'ornements dont cet établiss^ent se
trouvait dépourvu.
14. On ignore le lien et la date précise de la mort
de Jacques du Plessis-Richeliea , mais probablement
cet événement s'effectua vers le milieu du mois de
jum 1S92. En effet, d'abord dans la liste générale
des membres de l'église qu'on appelle au chapitre gé--
néral, au commencement de crtte année , on y trouve
le nom de cet évéque titulaire , sans Êdre m«ilion
de son décès. Puis , le S juillet de la même année ,
on tient une assemblée où on indique unei réunion
du chapitre , pour le 6 du même mois , afin de pour-
voir ^ estîl dit dans l'acte, à l'administratioa do
diocèse.
15. Or , nous allons arriver à l'autre personnage ,
qui parut occuper le si^ de Luçon , mais toujours
43-
340) FhAHÇOIS HTTBft» 26/ ÉVÉQI7B. . (1592
dans rintérèt de la même [famille et pour lui Cadre
arriver des rev^ius dont la destination était de faire
soutenir dignement à un prince de l'église le rang
assigné à sa position sociale*
II. Fbançois Htver ou YvBR , figure comme 26.«
évéque de Luçon , d'après notre ordre de numéro;
c'était un évéque confidentiaire qui jouissait des re-
venus de l'évéché du Bas-Poitou , au nom de la
maison du Plessis-Richelieu* Laissons parler à ce sujet,
le catalogue des évéques de ce territoire.
« Frandscus} .Yver (1) , Rector parochiàlis ecclem
de Braye , diœcesis Pictamemis dictus Tver esi confi-
dentiarius dommorum de Richelieu , in quorum favarem
Rex Gailiœ concessit episcopatum , mb beneplacito suo
et post obitum Jacobi du Plessis suprà nominalù
2. On le voit, François Hyver était curé de Braye.
^'est une localité du Haut-Poitou ou du moins de
révéché de Poitiers » et dépendant, sous certains rap*
ports , sous celui de Tadministralion notamment , de la
province de Touraine. Ce curé était probablement
religieux , car dans^ une procédure entre lui et le
chapitre de Luçon » il est qualifié de firére , dénomi-
nation qui ne se dcmnait pas à un ecclésiastique
séculier.
3.' Nous ignorons de quelle famille était François
Hyver , qu'on trouve aussi indiqué avec le nom d'Y vert
ou d'Hyvert. M. de Beauregard a pensé qu'il pouvait
être de là famille municipale de Niort , qui a fourni
l'auteur du Printemps d'Yver (2). Comme aucun docu-
(1) Dans ' ane. copie on Ut Yvcrt.
(2) Voir f pour cet oavri
Potiou , par Dreux-du-Ka
(2) Voir » pour cet ouvrage et pour son attteur, U bibliothèque du
" * ''tadier.
1593) FRAirçOIS HtYER, 86«. ÉTÊQUE. (341
ment ne rattache le curé de Braye , évèque confiden-
tiaire de Luçon , à cette famille niortaise , nous ne
nous arrêterons pas à l'indication de notre savant ami.
4. n paraît que dès le mois de juin 1593 (1) ; François
Hyver était nommé évêque de Luçon. Néanmoins ce fut
seulement le 20 septembreM594 , que le roi Henri lY,
donna des lettres par lesquelles il conférait; à ce per-
sonnage le titre d'administrateur du diocèse. Aupara-
yant , le roi avait donné celui d'économe temporel
des revenus deTévèchéde Luçon , à un nommé Bajon.
5. Du reste , François Hyver voulut , dès sa nomi-
nation au titre d'évéque, agir en cette qualité et
trouva de la résistance dans les membres du chapitre
de Luçon. En effet , le procès commencé contre Jacques
du Plessis-Richelieu fut repris avec lui , qu'on qualifie
de sot-disanr nommé par le roi pour être pourvu de
l'évéchi de Luçon ^ et contre l'économe du temporel.
On voulait les faire contribuer aux réparations , à
l'achat de cloches et d'ornements de l'église cathédrale ;
les choses les plus nécessaires à l'exercice du culte
manquant absolument , par suite des désastres de la
guerre civile. Sur cette action » le parlement de Paris
rendit, le 13 août 1593 , un arrêt qui ordonna la
visite des lieux.
6. Laissons parler ^ relativement à cette contestation,
celui qui, avant nous, s'est occupé des évéqaes de Luçon.
<x L'événement le plus intéressant de l'épiscopat de
Févèque Hyver, dit-il , est une contestation , qui dura
près de douze ans , entre lui et le chapitre.
(I) Indication donni* dans son ffrand procès avec le chtpitri.
342) FaAl«Ç0l8 iHtV£R, â6.« ÉvâQTO, (.mS
a Elle ayait comn^ncé sous. M. lacfiieSfAu Pleasis,
^ ne se tenuina qu'en 1609 , par les soins et L'adresse
du cardinal de Ridielieii.
a Nous avons souvent parlé des malheurs de Téglise
de Luçon. La guerre de religion en fut la cause ;, et
le nombre des ennemis de l'église , qui l'entouraient
de toutes parts, après avoir perdu la foi» entraioala
perte. d'une partie des biens du chapitre et de révéché,
et la ruine entière et de l'église et des maisons de
révéque et du chapitre.
« Cène fut pas la seule cause des maux qui » pendant
tant d'années, ravagèrent Téglise-mère du diocèse. Nous
avons vu que les derniers évéques ou négligeaient de
recevoir l'onction sainte « ou fuyaient leur ville ^s-
copale , pour aller ailleurs vivre plus :surem^. A
peine M. deSalla résida-t-^il quelques années , la mort
le ravit , comme il comQiença à donner ses soins an
diocèse. M. Jacques du Plessis ne résida jamais A Luçon;
du moins dans les registres du chapitre et daqs les
actes de l'évéché , rien ne nous dit qu'il ait ixabi\è
Luçon.
«' Il faut le dii^e jk la louange des chanoines lie l'é-
glise 4e Luçon , jamais peut-être n'eurent-tiis plus à
cœur la conservation de leur église, le:ppaiati^'<ies
règlçs canoniques et des ancieps usages de leurs de-
vanciers , que dans des temps , où ^pressés par les
ennemis de la foi , obligés de ménager les armées do
roi et des rebelles , souvent de leur offrir des subsis-
tances , délaissés par leurs évéques , ils trouvaient au-
tour d'eux tant de moyens de dissipation , sans être
surveillés ou soujlenus par lenr chef.
1593) EHAHfKMS BTYBEt 26.e iTfiQOB. (343
« Mais tant de défenses ayant épiusé leurs revends ,
ies contributions aux besoins de Tétat revenant fré-
quemment , ils crorent pouvoir faire partager leurs
charges à leurs ëvéques qui , depuis long-temps, con«-
sommaient loin de Luçon leurs revenus, et les faire
contribuer à l'entretien et aux réparations de l'église.
a Le chapitre forma sa demande contre Jacques du
Plessis. Il en fit suite contre François Hyvert , avec
d'autant moins de ménagraient qu'il fut instruit que cet
éréque n'était qu'on fantôme , pour ainsi dire , sous
le nom duquel la maison puissante du Plessis allait
Jouir, en apparence loBg4enkps encore, du revenu de
rèvécbé , sans eft faire remplir les devoirs. »
7. Avant de voir les suites qu'eut le premier arrêt
rendu dans cette affaire, parlons delà manière dont
<m considérait à Luçon cet évéque nommé. A défaut
de s'être &it sacrer et d'avoir pris solennellement pos-
session , Hyver, n'était point regardé comme un
véritable évéque, et le siège était réputé vacant.
<t Les lettres du roi ( portant sa nomination
d'administrateur ) , dit H. ée Beauregard , ne furent
accordées que pour contrarier le chapitre qui s'était
mis de fui«*mémeL, $ede vacante^ administrateur tant
du temporel que du spirituel , et qui , malgré les
lettres , se réserva toii}ours de donner les titres et de
conférer les bénéfices : il ne parait pas que les col-
lations ayent été inquiétées. Néanmoins il les suspendit
et plusieurs titulmres se firent pourvoir ou par l'ar-
chevêque de Bordeaux ou par d'autres prélats. )»
8. 8ma évéque réel, luttant contre un prête-nom,
ayant jfiulement le titre d'évêque D«mmé pour trans-
344) François Hyybr» 26.« étêqttb. ( 1593
mettre les revenus de cette prélatnre à une famille
puissante, le chapitre de Luçon avait besoin d'un
doyen qui eût de la capacité et de Fénergie, pour dé-
fendre les droits de cet établissement ecclésiastique.
Or, le personnage qui remplissait cet emploi important,
M. de Barro , vint à mourir» et il fallut le remplacer.
On convoqua en conséquence le grand chapitre d'byver,
en réglise cathédrale , pour le mardi 11 octobre 1593,
afin de faire choi?L du chef du chapitre. L'ordre du jour
étant indiqué, M. Martin Morandeau demanda à être
introduit et déclara qu'il comparaissait au nom et comme
procureur de M^ Pierre Bréchard , seigneur de La Cor-
biniére , conseiller du roi , commissaire général des
vivres et magasins de France; et, en cette qualité, il
s'opposa à ce qu'aucune élection f&t faite d'un dojen,
au préjudice de celle qu'il entendait faire pour ledit
Bréchard , en vertu du don qui avait été octroyé à celui-
ci, par le roi, dudit droit de nomination. Il ajouta
que , si on n/avait égard à son opposition et qu'on passât
outre, il protestait d'appeler de cette décision et de
prendre les chanoines à partie , suivant les lettres d'éco-
nomat et le brevet octroyé par sa majesté audit man-
dant. Néanmoins le chapitre ne tint compte de Toppo-
sition , et procédant par voie de scrutin , Michel Papin,
grand archidiacre, fut élu doyen de Luçon (1).
9. Sur cela Michel Papin se pourvut devant le parle-
ment et exposa que le siège épiscopal de Luçon était va-
cant, ainsi que le siège archiépiscopal de Bordeaux d'où
(1) Archives de Véçéché de Luçon, Jasqu* ici Michel Papin n'é-
tait indiqué comme doyen de Luçon, que louf Ttiinée 1609.
1593} François Hyveri â6.e tvÈQm. ( 345
relevait Loçon; qu'il n'y avait aucun grand vicaire au
ressort, recevant les arrêts et règlements de la cour,
et que, dans une telle position , il demandait à être
autorisé à se pourvoir devant tel autre coUateur qu'on
indiquerait pour obtenir la confirmation et promotion
oécessaire sur l'élection faite de sa personne , par les
chanoines de l'église cathédrale de Luçon, comme
doyen de ladite église. Sur cela et conformément aux
conclusions du procureur-général, le parlement séant
alors à Tours, par arrêt du 21 octobre 1593 , commit
l'archevêque de Tour3 ou son grand-vicaire , pour
pourvoir Michel Papin et lui donner des lettres de
confirmation nécessaires à raison de son élection comme
doyen de Luçon.
En conséquence, le 23 dudit mois, Noël Rondeau,
vicaire-général de Simon de Maillé, archevêque de
Tours, donna à Michel Papin des lettres de confir-
mation, comme doyen de Luçon , et celui-ci fut ins-
tallé, en cette qualité , ïe 29 dudit mois.
10. Nonobstant son installation , Michel Papin eut
encore à lutter pour se perpétuer dans son décanat.
On ne yit pourtant point un élu de Pierre Bréchard
se présenter pour combattre le doyen canonique*
ment élu. Ce fut un personnage qui paraissait comme
nommé directement par l'autorité royale , quoique ce
ne fût qu'une formule employée pour donner plus de
poids à celui qui n'était que l'homme du commissaires
général des vivres. Le prétendant se nommait Le Roy.
Une procédure s'engagea entre lui et Michel Papin,
devant le !grand conseil , mais cette cour débouta
Le Roy de Teffet des lettres par lui obtenues de sa
m) François Htvee , 26.<» éiAqitb. (159S
majesté; renvoya le procès devant le pifflement»
pour faire droit aux parties et condamna Le Roy aox
dépens. Sur cela » le chapitre de Luçon présenta re-
quête an parlement » pour fiiire statner sur le fond.
On ne trouve point Tarrét définitif, mais on doit croire
qu'il fut fovorable à Michel Papin , puisqu'on voit
encore ce dernier , plus tard , dans l'exerdce de
ses fonctions de doyen.
11. Nous trouvons écrit , de la inain d*un docte
ecclésiastique , le document dont la copie suit, et que
nous mentionnons ici , parce qu'il y prend place , dans
Tordre des dates:
« Six vingts ans après cette sécularisation, en 1595 ,
le chapitre de Luçon , seul , sans la participation de
l'évêque , fait faire en cour de Rome un Traussumptuin,
c'est-à-dire une copie collationnée sur l'exhibition qu'il
fait d'un Sumpium imaginaire , qui ne parait point
avec extension. Dans ce Transsumptum de tontes les
clauses qui n'étaient qu'en abrégé dans le Sumptum ;
et cette collation se £aiit , comme par une espèce de
procès devant le cardinal Camérier , après avoir appelé
les intéressés, par citation à la porte de la chambre
Apostolique et au champ de Flore. Cette pièce est
demeurée ensevelie, jusqu'en 1642, qu'on l'a £adt
paraître au jour.
« Cette copie de bulle , qui n'est point celle de la
véritable sécularisation , et qui porte toutes les inar-'
qnes de fausseté , contient plusieurs causes abusives ,
comme intercalliition , celle par laquelle on drame le
privilège aux chanoines de cetteéglise de teidr, avec
leurs chanomiesf toutes sortes d'autres bènâBces, même
im ] VvJOÊÇOiis BTVBa,.2S,« tvtom. ( 347
des eaxes el deâ digmtèd, encofe ()u'elle( (tasseat des
praiiiére»daii9 deségHses càthéArales ^ d» la résidence
desqiieUef^ on les dtepenseb
« Mais entre ees cinses 'abusives est celle par la-
(foeSe ce» moines , qui ne pouvaient demander que
l'affiranchissement d& la régularité , se font attribuer
iHie juridicllon commune avec Pévéque , sur les digni-
tés , chanoines , choristes et autres ecclésiastiques qui
cempesenl la cathédrale , et mène sur les pievsonnes
de leurs faufnUles « qui soirt pour Tordinaire laSques ^
pour toutecksorteB d'actiM» ^ soit dvites oa criminelles ,
dont la ji»idictîo& s'exercerait en cenumuL »
12. S^r cet aefe , fiiit dans on temps d^anarehie, pour
le diocèse de Luge», M. Beauregard s'exprime comme
il suit (1).
«La bnlléde sécularisation (de janvier 1468—1469)
avait péri, avec les autres titres du chapitre, dit-il,
dans les guerres de religion. Le chapitre en demanda
mie seconde grosse à Rome, ce qui se nomme un
sumptum , dams lequel il s'est glissé bien des fautes. Ce
mnptum est un papier sur un rouleau. Il est long d'un
demi^pied, et large prodigieusement.
<(La bulle d'approbation des statuts du chapitre,
rendue le 13 mars 1472, a eu le même sort que la
précédente. Le chapitre a demandé un stmptum, qui
est authentique et qui a été délivré en 1602 et enregistré
en parlement, en 1645. ]>
13. De plus en plus la position de François Hyvw
devenatt singulière. A certains égards , il était trsdté
(t) Mpéaueê de Lueon.
3tô } François Ht^er , â5.« évAque. ( 1 598
comme évèque et il recevait tous les honneurs dus à
son titre. En eSet y ayait-il des actes féodaux à faire,
c'est à lui qu'ils s'adressaient. C'est ainsi que nous
voyons, le 14 juillet 1598, François desNouhesde La
Tabarière^ baron de La Lande, seigneur de Bodet,
faire hommage à François Hyver, nommé évèque de
Luçon par le roi, pour sa terre de Pont-de-Vie,
paroisse du Poiré.
14. Sous un autre point de vue, on ne tenait aucan
compte de François Hyver et de son élection. C'est
ainsi que le il août 1597, le chapitre de Luçon déclare
conférer à André Loyau, le siège épiscopalva4Xinl, une
chapellenie à l'Ile-Bouin. Le 8 janvier 1600, il donne,
à cause de la vacance du siège, un démissoire à ce
clerc , pour aller prendre la tonsure où il voudra. Le
6 avril 1598, le chapitre de Luçon, toujours par la
même cause, confère la chapellenie deL'Auberdière,
dans l'église de La Grenetière, à un religieux de ce
monastère.
15. L'évéque nommé paraissait peu soucieux d'user
de son droit de nomination aux bénéfices du diocèse,
quand il ne devait pas en résulter pour lui un avan-
tage. Mais un canonicat dans le chapitre de Luçon
étant venu à vaquer, il y nomma son frère Aimé
Hyver qui prit possession, malgré le chapitre dont la
résistance fut énergique. Alors le bénéfice fut demandé
et obtenu en cour de Rome » comnie vacant , à cause
de la nullité des provisions accordées par un soi-disant
évèque. Or, le débat s'étant engagé entre les deux con-
currents, devant le parlement, la nommaiion d'André
Hyver fut déclarée nulle et son compétiteur, le protégé
du chapitre , fut reconnu conune un de ses membres.
1599 ) [FbâKÇOIS HTTBR» 26.0 ÉtAqUE. ( 349
16. Alors babitait, dans le marais méridional du
Bas-Poitou et près de Saint-Micbel-en-L'Herm un
personnage à la fois bomme de guerre et bomme de
plume. C'était Lancelot du Yoesin de La Popeiinière,
auteur d'une histoire des troubles de son temps ; il obtint
vers cette époque (1) un privilège du roi pour faire im-
primer YHistoire des Histoires.
17. Les événements dont nous avons rendu compte
nous ont bien détournés du procès commencé par le
chapitre , contre Tèvéque nommé de Luçon. Nous
rappelerons qu'un arrêt du parlement, en date du 13
août 1593 , avait ordonné une visite de la catbédrale
de Luçon et des objets qui y existaient pour le service
du culte. Cette visite fut faite par le sénécbal de Fon-
tenay, Pierre Brisson. a Nous n'avons plus l'original de
ce procès-verbal qui a été soustrait depuis long-temps de
la procédure , dit M. de Beauregard , mais un inven-
taire des pièces de ce procès le rapporte assez en
détail et ceux dont il est rempli , nous appremient des
choses intéressantes. Un fait qui démontre combien
les évoques habitaient peu leur maison , c'est qu'à
cette visite on trouva dans ja cour de l'évêché des
arbustes qui en gênaient l'exercice et qui avaient plus
de quinze ans.
n Toutes réparations faites par le chapitre ou celles
qui étaient encore à faire et auxquelles Hyver n'avait
contribué en rien , furent estimées monter à 891 5 écus.
oc Ce procès-verbal fut reçu par arrêt , le 25 Juin ,
1596 , sauf à débattre. Mais sur de nouveaux incidents
ri) Le 6 juillet 4899.
310 ) FbAHÇOIS HTm , M.« ÉVÉO0B. ( 1899
et la proeédfire ayant 616 6garee chez le rapporteur ,
le sâi6dial de Ciyray « fot Doi!im6 commtesaire pour
Inire one noayelle yisite. »
18. n paraît qu'au mois de mars 1598, François
Hyyer , obtint de la cour de Rome ses bulles en
qualit6 d'6véque de Luçod. Cette position de choses
ne le détermina pas à se faire donner Fonction épis-
copale. Plus que cela , le chapitre obtint l'année sui-
vante un arrêt du parlement qui le condamnait à se
laire sacrer , et il n'en tint encore aucun compte.
19. Le procès entre le chapitre de Luçon et Fran-
çois Hyyer (1) , évèque nommé et baron de Loçon ,
était toujours pendant devant le parlement t et de
plus on y avait joint une demande contre le prélut,
pour fournitures d'ornements , conformément à l'usage,
à raison de son avènement à Tépiscopat. Or, cette eour
rendit le U juin 1603 un arrêt qui condfluimait ce der-
nier à donner un tiers du revenu de l'évêcbê pour
réparer l'église cathédrale et les bâtiments du palais
épiscopal.
20. Cette décision n'était probablement rendue
qçe par provision , car on aperçoit encore la pro-
cédure continuer. Des remarques , puisées dans cette
procédure ont été faites par M. de Beauregard , et nous
allons les consigner ici :
« C'est dans les divers écrits des pièces de ce procès,
dit-il, qu'on voit l'opinion du chapitre sur le rôle
que jouait M. Hyver. Cet évoque y est traité d'homme
(1) Ainsi Doromé dang l'extrait de Varrét et autres documents qui
a*y rattachent on de l'époque.
FlUNÇOIS HtVBR 9 26.® JBTÊOUE. ( 354
d0 paille dont ladomrn de Richdieu $*eU servie pour jouir
de Vivêché.
ic On lai reproche d'avoir, dès 1599 , été condamné,
par arrêt à se faire Tsacrer ëTéque et de ne l'avoir
pas Tonin, par le même motif.
<( En parlant de raccord et d'une transaction pro-
jetée, le chapitre dit que les chanoines députés à Paris,
traitèrent avec M. de Richelieu , qui tenait et levait
les revenus de l'évèché.
a On lui reproche qu'ayant été nommé au mois de
jok 1593, et pourvu des bulles au mois de mars 1598,
il a négligé de se faire sacrer ; quH a abandonné le
diocèse et les églises polluées par les hérétiques , ce
(pii prouve que ledit Hyver n^est qu'une personne attitrée
et un croc où pend ledit évêchè^ sous le nom duquel le S.*'
de Richelieu en a toujours joui , comme auparavant sous
le nom de messire Jacques du Plessis.
« Ces expressions , souvent réitérées , dans les pro-
ductions et requêtes du chapitre , et qui n'ont jamais
été impugnéeg par Hyver , démontrent que ce n'était
point une vaine et fausse allégation du chapitre et que
les seigneurs de Richelieu ont joui de TévéchédeLuçon
comme d'un bien propre.
« Cet abus était criant , mais commun , conune
nous l'avons fait remarquer. »
Si. Après cette reprise de la procédure , il fut question
de transiger, et le chapitre de Luç(m nomma deux de
ses chanoines qui furent à Paris» pour s'aboudier non
seulement avec Friu^gois Hyver, mais avec la &mille
du Plesfiîs«-KkbeUea, dont un membre coantiaençait à
352 ) François Htter, 26.^ bvêque. ( 1 599
prendre aussi lui et respectivement avec Hyver^ le titre
d'évêque de Luçon. Sur cela, trois arbitres furent
nonunés et ils rendirent, le 2 décembre 1604, une
sentence arbitrale qui condamnait l'éyéque à payer
toutes les réparations faites et à faire à la cathédrale et
au palais épiscopal, à fournir les objets nécessaires an
culte etc., sauf 3,000 fr. par aii et pendaQt trois ans à
prendre sur la fabrique. On statua aussi sur d'autres
contestations et un du Plessis-Richelieu est indiqué
comme mandataire de l'éTéque.
Un arrêt du parlement ordonna l'exécution proyi-
soire de cette sentence, mais en joutant que c'était
sans rien préjuger au fond.
Nous verrons, plus tard,>e procès recommencer et
finir pour jamais.
22. Comme le dit M. dé Beauregard, comme le
porte cet article et qu'on le dira dans l'article
suivant , on ne sait trop jusqu'à quelle époque on doit
considérer François Hy ver comme» ayant , en qualité
d'évêque nommé , occupé le siège de Luçon. Il
prenait ce titre en 1605 et en 1606 , mais alors
il existait un autre évêque, ainsi qu'on va en être
convaincu.
23. On ignore ce que devint cet évêque nommé,
jamais sacré, condamné par arrêt à recevoir l'onction
épiscopale et s'y refusant, lorsqu'il eut enfin abandonné
le titre dont il s'était paré pour ménager des revenus
à une famille puissante , et aussi pour assurer un titre
épiscopal à un de ses membres. L'époque de la mort
de François Hyver nous est également inconnue.
1599) A.*L.DCrPLE$SI9-RlCHBIffU, 27.«ÉVÉQUE. ( 3ô3
m. Alphonse-Louis du Plessis-Richelieu » fut le
27.e évéque déjjiçon. Il était fils de François III du
Plessis-Richelieu , grand prévôt de France et chevalier
de Tordre , et de Suzanne de la Porte. Alphonse-Louis
du Plessis-Richelieu y né en 1584 ^ était le frère aîné
d'Armand-Jean du Plessîs , destiné à devenir si célèbre;
puisqu'il domina véritablement son siècle.
2. Si on en croyait le dictionnaire hisloriqm de Moréri,
Alphonse Louis aurait été doyen de Téglise de Saint-
Martin-de-Tours , au moment de son exaltation à
répiscopat Dans jce recueil on le fait même remplacer
son grand oncle» Jacques Duplessis. D'après ce système
on ne tiendrait aucun compte de François Hyver.
3. Dire positivement quand Alphonse-Louis du Plessis
devint évéque de Luçon , est chose réellement difficile.
En effet, comme on Ta vu , la maison de Richelieu ,
et notamment le grand prévôt François III , jouissait
effectivement des revenus de l'évéché de Lucon » dont
l'avait gratifié l'autorité royale » suivant l'usage abusif
de cette époque , et François|} Hyvçr n'était qu'un
prëtre-nom , disposé dès que le moment en serait
venu, à céder son titre d'évéque nommé , en faveur
d'an membre de la famille dont il était la créature »
et dés que ce nouveau candidat^ à Tépiscopatse trou-
verait en âge d'y arriver.
4. D'abord on peut même se demander si ce per-
sonnage fut évéque de Luçon , en réalité, ce A pro-
prement parler^ dit M. de Reauregard» Alphonse-Louis
ne jouit jamais de l'évéché de Luçon » et s'il paraît
décoré du titre d'évéque, c'était pour que le chapitre
354) A.-L. DITPLESS1S*KICHBLIB0» 27.® ivÉQfîB. ( 15S9
de Laçon r&lenttt ses démarches fitigteuses contre les
détentears et les usurpateurs des biens de l'évéchè. »
5. Hais en tenant Alplionse-Louis pour évêque de
Luçon y au moins comme évêque apparent» recherchons
répoque où on peut le considérer comme tel.
a II paraît , dit le savant personnage qui s'est occupé
ayant nous des évëques de Luçon (1) que dès le 7 août
1595, les défenseurs d'Hy ver montraient déjà ce jeune
évêque, comme le vrai titulaire. Le procureur Ménard
qui soutenait les droits d'Hyver, lorsque Brisson , sé-
néchal de Fontenay vint faire la visite des réparations,
en voulant éloigner cette formalité ordonnée cependant
par arrêt, déclare que Vévéqiie était aux universitis et
Viconome Bpiritiuil en Anjou. L'évêque dont il parte est
Alphonse-Louis , qui à peine avait alors quinae ans, et
l'économe Sfûrituel était Hyver.
«Noos voyons ^core reparaître ce jeune prélat,'
dans un acte du 25 octobre 1604, où le chapitre nomme
deux députés pour aller à Paris transiger avec Hyver
et. . . . du Plessis, se prétendant respectwerneni évéqne
de Luçon. On remarquera , dans cet acte , que le nom
de du Plessis n'est précédé d'aucun nom de baptftne.
n est probable que la famille, qui prétendait offirir un des
éeax frères, ne voulait pas, à dessein, dés^ner le prénom
de l'un d'eux. Alphonse-Louis avait alors vii^&dem
ans. D
6. L'occupation même nominale de l'évôché de
Luçon , par Alphonse-Louis du Plessis , ne dut pas
être de longue durée, car il parait qu'il se démit de
(i) M. do Beatnreffftrd.
1605) Â.-L. DUPlBSSIS-RiGHBLIBU, 27.e ÉviQUE. (355
son titre de prélat dès [1606 (1) , époque où il entra à
la Grande-Chartreose » dans laquelle il fit profession ,
l'année suivante. En 1610 , il était procureur de cet
important établissement ecclésiastique.
7. Nous allons voir bientôt Ânnand4ean du Plessis
remplacer son frère aîné sur le trône pontifical de
Lnçon » mais auparavant suivons ce dernier dans les
actes les plus patents de sa vie.
8. C'était bien sincèrement qu'Alpbonse-Louis du
Plessis avait renoncé aux grandeurs du monde , et
il vécut à la Grande-Chartreuse, pendant vingt
années , dans la pratique Tde la plus parfaite bumilité
et des autres vertus chrétiennes. Mais lorsque son
frère puîné fut devenu tout-puissant à la cour de
France » il ne parut pas convenable à ce cardinal-roi
de laisser son aîné dans une position si obscure. Alors ,
et en 1623 » l'ancien évéque de Luçon , fut tiré du
cloître pour passer à l'archevêché d'Aix » d'où il arriva
en 1628 , à l'archevêché de Lyon. L'année suivante ,
le Pape Urbain YIII , nomma Alphonse*Louis du Plessis,
cardinal-prêtre, en [contravention à l'ordonnance de
Sixte-Quint , portant que deux frères ne doivent jamais
être dédorés , en même temps , de la pourpre romaine.
9. En 1632 , le cardinal Alphonse de Richelieu fîit
fait grand aumônier de France], chevalier de l'ordre
du Saint-Esprit , et il obtint successivement plusieurs
riches abbayes, notamment celles de Saint-Etienne de
Caen, de Saint-Victor de Marseille, de Saint-Paul de
(1) On Ht, dans une de nos listes :
Alphonsui du Piesid de Btchelteu, non conieeratus, îraniiiî ad
carthutianorum ordMem.
45.
dfi6) A.-L. ]>u;PLBSSUhAlCHSLlBU, 27.« BVÉQUB. (1606
Gormeiy et de La Chaise-Dieu. Il devint aussi abbé
commaudataire de l'abbaye de rile-Cbauvet, diocèse
de LuçoD. Enfin il remplaça son frère le cardinal-
ministre comme proviseur de la maison de SorboQDe
où on conservait son portrait (Ij.
Le cardinal de (Lyon fut envoyé en] ambassade à
Rome, par la cour de France en 1635 et 1636 [2]. Dans
ce voyage il obtint le titre de La Sainte-Trinité in
monte pincio. U se trouva au conclave de 1644 où
Innocent X fut élu pape, et Tannée suivante il présida à
Paris l'assemblée générale du clergé de France.
10. Revêtu de la pourpre romaine et devenu arche-
vêque de Lyon , Alphonse du Plessis n'oublia point
l'humilité religieuse; il venait souvent faire des re-
traites à la Grande-Chartreuse qu'il avait autrefois
édifiée par sa piété [et par son obéissance (3). Au retour
de son ambassade à Rome, lorsque la peste disait
d'affreux ravages dans son diocèse , il se montra plein
de zèle et de charité pour ses diocésains, et il mit plus
d'une fois sa vie en péril.
11. Alphonse-Louis du Plessis-'Richeliea ftit atteint à
Lyon , au commencement de 1635, d'une maladie mor-
telle, pendant laquelle il donna des preuves d'une grande
piété. Peu avant sa mior^t, il disait à son confesseur:
(il M. de Beauregard dît qa il ressemblait beaucoup à celai de
sou trère.
(8) Pour les lettres écrites à Louis XUI et à ses miuisUes par le
cardinal de Lyon pendant cette ambassade , consulter le Conservateur
de mai 1755, U existait aussi dans la bibliothèque de M. Bouthelliér,
ancien évèque de Troyes , un manuscrit contenant les lettres de ce
cardinal » écrites depuis le 7 octobre 1622 iusqu* au 15 arril 1631 •
Ce recueil in-folio se trouve aujourd'hui à la bibltotlièque da roi'
(5) Document envoyé de Lyon.
f605) A.4.. m PumS-RlCHBIIEIT, Sf7.e ÉTtOOS. (357
«Ah! père Gibelin^ père Gibelin qae le cardinal de
LyoD serait mieux dans le lit de Dom Alphonse , que
Dom Alphonse dans le lit du cardinal de Lyon ! »
12. Il mourut le 23 mars 1653, à l'âge de 71 ans»
et fut enterré dans Téglise de la Charité de Lyon , qu'il
avait fait construire avec une magnificence extraor-
dinaire (i). On voit^sor ce tombeau l'épitaphe suivante
qu'il avait lui-même composée :
Paupernatus stim, paupertatem vovi;
Pauper morior et inter pauperes sepdiri volo.
13. a On ne conçoit qu'à" peine , dit M. de]Beaure-
gard , comment Alphonse , le plus riche prélat de son
temps , qui avait accumulé sur sa tête un nombre
incroyable de bénéfices et d'abbayes , voulait per-
saader à la postérité qu'il mourait pauvre. »
14. Tout ce qui se[rattache^au nom de Richelieu'a
de l'importance , et surtout pour l'êvêché de Luçon,
dont pour beaucoup il a constaté l'existence. C'est
ce qui nous a engagé à nous étendre sur un cardinal
de ce nom éclipsé par un autre cardinal son puîné.
Nous en finirons , relativement au premier » par l'ap-
préciation de sa valeur morale, donnée par cet autre
prélat dont nous sommes en quelque sorte l'annota-
teur et le continuateur.
« M. Dreux-du-Radier , dans sa bibliothèque du
PtnlQUf dit, de ce prélat , que c'était un génie plus
sombre que brillant , plus solide qu'agréable. I! écri-
vait assez bien et parlait mal. Jamais il (ne put faire
(l) Dans ta chapelle ,de la Vierge, à gauche da grand autel.
358) A-JfiAN DUPLBSSIS-RlCHBIJBU,âS.«âVÉQUE. (1605
un vers latin. De tous les poètes,^ [il n'aimait qae
Lucain. H savait Sénèque par cœur, [et en avait fait
de grands extraits. On a de lui quelques lettres écrites
à son frère Armand, qui le tira malgré lui du cloitre.
L'abbé Michel du Pin a écrit sa vie , en françstis ,
imprimée m-12 , en 1653. »
J'ai y dans ma collection de portraits historiques , le
portrait du cardinal de Lyon, gravé par Moncomet,
et une autre gravure , plus en grand, et faite par Mellan,
à Rome. II y a de la ressemblance entre les deux
cardinaux du nom de Richelieu.
IV. ârmand-Jean du Plessis de Richelieu , 28.«
évêque de Luçon , et qui fut Thomme le plus marquant
de tous les prélats qui occupèrent ce siège , était le
frère germain et putné de son prédécesseur. On a dit
déjà que leur père était François III du Plessis , sei-
gneur de Richelieu , grandjrévôt de France et cheva-
lier des ordres du roi , et qu'ils avaient pour mère
Suzanne de la Porte. M. de Beauregard (1} fait sortir
cette dame de la maison de la Porte-Yezins et c'est une
erreur. La famille de la Porte de la Heilleraye , était
une maison toute différente , ainsi que nous l'ayons
démontré ailleurs (2). Le» père de Suzanne de la Porte
était François de la Porte , seigneur de la Lunardière,
célèbre avocat au parlement de Paris et., de son pre-
mier mariage avec Claude Bochard de FarenvilUers ,
celui-ci avait eu Suzanne de la Porte , mariée avec
François m du Plessis«Richelieu, Ce fut de son second
(1) Evéqttes de Luçon»
(2) Dans nQtre notice sur h Maréehai de La Sîeilîeraye,
1(»05) A.-JfiAN DU PUSSI^RlCHEUEU , 28.« ÉVÉQUB. (359
mariage avec Madeleine Charles du Plessis-Piqnet, qae
sortirent le commandeur Amador de la Porte , qui
figura avec distinction dans la marine et Charles !.«"
de la Porte , seigneur de la Meilleraye , dont le fils,
porteur du même prénom , aidé sans doute qu'il fut «
par son cousin-germain, le cardinalj de Richelieu,
arriva aux hautes positions de grand -maître de
Tartillerie, de maréchal de France et de duc et pair .
2. «r Armand-Jean du Plessis, connu sous le nom
de cardinal de Richelieu , dit M. de Beauregard , naquit
au château de Richelieu , qui n'était anciennement
qu'un simple château peu distingué du Haut-Poitou.
Plusieurs biographes font naître ce prélat si fameux à
Paris , mais notre assertion parait démontrée , l^». par
une lettre de La Fontaine , à sa femme , dans laquelle
il dit que , de son temps » on montrait à Richelieu , la
chambre où il était né ; 2.o Par le plan de ce château ,
mis au jour par Jean Marot , dans lequel il indique
également le pavillon et la chambre dont parle La Fon-
taine, et que les voyageurs voient toujours, quand ils
vont visiter ce superbe château ; 3.o par le sentiment
d'un nombre de savants , comme Perrault , dans ses
Hommes illustres , le savant père Jacob , dans sa Bi^
Uiothèque des Prélats, etc. .
3. Armand perdit son père à l'âge de cinq ans.
Le prieur de St. Florent de Saumur fut son maître.
Après les premiers éléments des connaissances â la
portée de son âge , il fut mis au collège de Navarre
où était élevée la première noblesse du royaume. Il
y fit ses humanités et, à celui de Lisieux, son cours
de philosophie. Destiné pour les armes, il apprit à
360 ) Â.-JBAN DU PlESSIS-RiCHBIIBU , 28" ÉVÂQinS. («605
monter à cheyal et , dans xm âge peu aTancê , il crevait
être on des écuyers les plus forts , poor manier un
cheyal avec aisance et le monter avec grâce. »
•
Ajoutons que pendant que le jeune Richelieu disait
des études y dans Tidée d'être hopme de guerre, il
se faisait appeler le marquis (1) du Chlllou^ du nom
d'une terre de la Gâtine du Poitou, dont la propriété
était advenue dans sa famille , par Guyon du Chillou ,
vice-amiral de France , personnage dont il a été déjà
parlé , à l'occasion de Jacques du Plessis-Richelieu. .
4'. a Comme Armand , dit encore notre devancier ,
était peu favorisé de la fortune , et qu'il était cadet
de sa maison ^ il laissa l'exercice des armes, pour
ae livrer à l'étude de la théologie.
c( II avait déjà commencé son cours de théologie,
peut-être même avait-il commencé sa licence , lorsque
son frère Alphonse , depuis cardinal de Lyon , ayant
laissé son évêché de Luçon , pour entrer à la Char-
treuse , il le sollicita pour lui-même , et s'y fit nommer
par Henri lY , qui"*, dés lors , ne rappelait plus que
son ivêque.
5. a Armand n'avait pas encore vingt-deux ans ,
mais comme il était intéressant pour lui de jouir des
revenus de l'évéché de Luçon ; que le chapitre dis-
putait à M. Hyver , sous, prétexte qu'il n'était pas
sacré ,. il partit pour ftome 21 dessein de solliciter ses
bulles et une dispense d'âge. Il arriva dans cette ville,
pendant la fameuse conférence , connue sous le nom
(i) Biogr. wtiv.
1605 } A.-teAN IM7 PJLBSSI5-BiCHEUB0 , 28.« ÈyÈQJSE. ( 361
de auxiliis. Cette conférence était traitée par les plus
&meux théologiens de l'Italie. Le jeune prélat y parla
ayec une grande facilité des secours naturels et de la
manière dont Dieu agit sur la liberté et l'âme de l'homme^
en présence du Pape Paul V. Ce succès ne contribua
pas peu à lui faire obtenir les dispenses dont il avait
besoin , et il fut sacré , le 17 avril 1607.
«c Yictorio Siri , dans son Mercure , assure que le
Pape lui accorda cette grâce » exk lui disant ; Mquum
est ut qui supra (Btatem mpis intraœtatem ordineris. Les
ennemis de Richelieu » disent , au contraire » que pour
obt^r ses balles, il trompa le Pape (1) , en deman-
dant l'absolution au Souverain Pontife, après son
ordination , et que le Pape avait dit , «r Ce jeune évo-
que a de l'esprit^ mais ce sera un jour on grand
fourbe. »
6. « Armand retourna sur-le-champ à Paris , soit
qu'il n'^M; que ses thèses de docteur â soutenir , soit
qu'il eût enc(M*e celle de sa licence. La Houssaye re-
marque qu'il la soutint en camail et en rochet , chose
très^commune pour les évéques qui veulent faire des
actes après leur sacre. Cette circonstance nous fait
croire qu'il alla achever sa licence , ce qui devient
une particularité que La Houssaye a mal expliquée.
«( Nous rapporterons ici cette annecdote , sur la foi
d'un auteur, qui paraît juger sévèrement Richelieu. Si
elle était vraie , elle prouverait que l'ambition était ,
dès sa jeunesse , une passion déterminée. Cet auteur
assure que , selon l'usage de tous ceux qui font des
(1) M)émotre» de Montgfat.
362 ) A.-JfiàNDUPLBSSI8-RiCHBUBU| 28.* ÉVÊQUË. ( 160S
actes en Sorbonne , Richelieu avait mis une question
tirée de l'écriture sainte , à la tête de la thèse qu'il
soutenait. La question était: Quis erit similis mhi?
et la première lettre de chaque paragraphe com-
mençait par une lettre de son nom , en latin Richœlius.
Le nombre des lettres qui est neuf, est exactement
celui qui est réglé pour le nombre des paragraphes ,
dans l'université de Paris.
« Un fait plus certain et qui pourrait faire conclure
que Richelieu est mort avec les sentiments de sa
jeunesse , c'est son testament fait à Paris , peu de
temps avant sa mort et qui est le dernier. Il dé-
clare qu'il annule tous les testaments qu'il peut avoir
faits , s'il ne s'y trouve pas écrit de sa main , et avant
la signature , ces mots d'un psaume : Satiàbar cum
apparuerit gloria tua , pensée qui peint énergiquement
les désirs d'un ambitieux. »
8. Le chapitre de Luçon » qu'avait lassé la Jouissance
prolongée par la famille du Plessis-Richelieu des re-
venus de l'évéché , sous le nom de deux membres de
cette même famille , et sous le nom de François Hyver,
ne vit, dans le jeune Armand-Jean du Plessis , évêque
nommé et même sacré , mais allant continuer ses
études, qu'une nouvelle phase de cette attribution
abusive d'un siège épiscopal à une Camille. En consé-
quence il reprit, le 10 novembre 1607, le procès que
la transaction du 4 décembre 1604 , n'avait îâi
qu'arrêter, sans l'éteindre entièrement. Les chanoines
de Luçon disaient, du reste , avec raison : <c Vous ,
dernier venu, vous voulez, sans doute , vous attribuer
aussi les revenus affectés au titre épiscopal du Bas-
1608) A.-JEANDUfPLBSSIS-RïCHBLlEU,!;28.«ÉVÊQUB. { 36â
Poitou, sans en supporter les charges et sans en
exercer les fonctions. Or , ii;|faut qu'on tel état dé
chose 9 contraire aux lois divines et humaines , cesse
et justice doit enfin être [rendue. »
9. Quoiqu'il cnsoitt lorsque Arinand*Jean du Plessis-
Richelieu^eut terminé ses études en Sorbonne, il s'^n-
pressa de se rendre à Luçon , prâr y exercer réelle-
menl^Ies fonctions attribuées à son titre d'éyéque^Ii
prit possession effective de son évéchéy le 21 décembre
1606 f jour de la fête de St. Thomas , ap6tre. Dès
ce moment y on yit le jeune prélat chercher à réparèlr
les maux qui étaient le résultat du défaut de résidence
de ses prédécesseurs » et surtout des guerres ciyiles qui
avaient désolé le pays.
10. Vers ce temps » il y eut un ; procès entre le
chapitre de Luçon et le curé^de la Meilleraye » prés
Pouzauges » procès que nousine mentionnons ici que
par la singulière indication historique donnée pen-
dant cette contestation. Les chanoines de Luçon disaient
que la terre de la Meilleraye était de la première fon-
dation de l'abbaye de] Luçon , faite par un roi d'An--
gleterre ^ prisonnier pour avoir. tué i/son frère j qui donna,
disaient-ils , cette terre à ladite [abbaye. Depuis elle
aurait été délaissée pour l'entretien d'un religieux qui
était le chambrier et à raison de la résidence à
laquelle l'obligeait cette fonction , il établit à la Meil-
leraye un vicaire-perpétuel , dont le curé dudit lieu
tenait la place.
Ce curé contredisait le premier fait cité et amoin-
drissait bien la prétendue fondation royale. Suivant
46.
364) À.-JfiAN>U PtESSIS-RiGHBUBU ; 28« ÉvâQUE. ( 1608
lai , la terre [de la Meilleraye n'aurait été qu'un fief
de la paroisse de ce nom , paroisse dans laquelle le
chapitre prenait terrages, cens » rentes et deniers.,
fief ,augmenté|d'ailleurs par une moitié dans un autre
fief, commun avec le^ seigneur de Puymorin et ce
dernier|fief , aurait emporté^ non-seulement les mêmes
devoirs que l'autre » mais même des droits de justice
et d'assises. Or , cette dernière moitié , dans le fief le
plus important .de la paroisse de la Meilleraye, serait
advenue au chapitre , par uite de la donation que Id
en aurait fait un membre de la famille de Puymorin»
en se faisant religieux à Luçon.
11. Peu après son (arrivée à LuçOn , il s'éleva des
difficultés [entre l'év^e et les protestants de cette
localité], pour la^constructioni; d'un temple. La lettre
(1) suivante écrite à MM.^d^ Villamoul et de Hirande ,
délégués des ^.églises réformées de France à Paris, par
le consistoire de Luçon , donne à ce sujet des détails qui
ont quelque [importance : Aussi nous la reproduisons
ici.
« Messieurs , nous ayons entenda depuis deux Jours qae
M. révesqoe de Lnsson a tascbé de préoccuper M.gr le duc
de SnUy (1) , selon son entreprise , d'empescher le bâUment
de nostre temple , supposant icelut estre trop prochain de
son église cathédrale et qu'il pourroit advenir de la sédition ,
si nous le parachevons là ; et qu'il auit)it offert lieu plus
commode : et de faire cesser tout Fintérest de nostre église
pour les bâUments commencés. Mais la vérité se trouve
' claire comme le Jour , tout au contraire : le Ueu de
(1) Cette pièce est extraltef de U nouvelle édition des Mémoires
de Duplessit-Mornay » publiée par M. Aogaig et ptr moi.
(2) Il était gouverneur du Poitou.
1609) Â.4BAllBirPUBSSIS-RlCHBLIBU,28.«ÉyÊQCB. ( 365
nostre temple est loing de ladlcte cathédrale de quatre à
cinq cents pas , de mesme de son palais ëpiscopal et presque
de tous ceux des chanoines ; plus loin d*icelle de cent cin-
quante pas qu'autres lieux où nous avons eu nos as-
semblées , depuis yingt-cinq ans en çà , tant durant la guerre,
qne nous ayions le presche vis-à-vis la grande porte de
ladite église et à quinze pas d'icelle. Et depuis que ledit
sienr évesqne a pris à louage le logis de sa demeure pré-
sente f dont il nous a fallu retirer , nous nous sommes as-
semblés y a six mois Jusques en ce lieu , qui n'est qu'à
quarante pas de ladite cathédrale , et n'en est advenu , dieu
merci, aucune sédition ni parole y tendant. Et si avons ren-
contré souvent ledict vieux évesque (i) , allant à la messe , et
nous au presche , on en revenant , outre qu'il ne nous a Jamais
allégué cette raison prétendue, mais bien a confessé à quelqu'un
des nostres que ne pouvions choisir lieu plus sur pour nous à
Lusson , surtout au mauvais temps , et que la demande tour-
nerait à nostre Incommodité , Joinct que nostre dit temple est
enclos de toutes parts , des logis de ceux de la religion , parmi
lesquels 11 n'y a qu'un seul papiste ; mesme nostre dit temple
n'est dans son flef. Quant à la sédition , c'est sans sujet d'en,
prétendre la -crainte et plus maintenant que Jamais , c'est la
paix commane de tout le royaume , dieu merci , que par-
ticulièrement entre les habitants de ce lieu , où elle a esté
ferme , mesme durant l'embrasement de la guerre , ni ledict
seigneur n'entend l'exciter ou la favoriser ; et ne p<Airrolt
Justement se plaindre de pas ung de cêulx de nostre église -,
ce qu'il nons a confessé plusieurs fois. Nous avons voullu
lui répondre de tous ceux de nostre église qu'ils ne com-
menceront la sédition et ne lui dénieront rien da ce qu'ils
lui doivent « et vivront autant et plus modestement que
Jamais , sans alléguer qu'il y a ici des officiers de Justice pour
châtier les plus désordonnés. Et pour la récompense il nous
a entretenu deux mois sur l'expectative d'en baiHer en lieu
commode. Lui avons faict porter parole de deux logis de cette
ville , avec rnng desquels nous eussions pu nous accommoder
(1) On ne sait trop de quel ivêque il est ^uestioti ici >
366} A.-JfiAl«DDPLBSSIS^RlCHBU£0f,28.« ÉTÊQUE. (1609
par écliange ; sar quoi ne nous a fafct aocone réponse ,
Binon sar la fin de mars , qu'il nous a dit vouloir nous ré-
Qompenser en argent, noas offrant 700 livres, tant pour
nostre fonds que les matériaux et main de Tonvrler , va
rexcessive perte de plus de 5 à 600 livres ;. par quoi le
foit pris ne lai apporter aacun]troQble , et ne retarder à
rentreprise de son bâtiment , ains loi te^ir la parole qu'il
fit entendre à son arrivée en décembre dernier , disant avoir
commandement du roi de nous entretenir en paix , tant de
Tune que de l'autre religion , et son désir estre de ne nous
incommoder [et de rien innover avec] nous. Hais se voyant
esloigné de ses fins , il a usé de menaces envers nous ,
quoique sans sujet de plainte ; il non» a aUégné que nostre
temple est trop prés du logis de sa demeure et que ai nous
parachevions , cela poarroit causer du scandale. Nons avons
répondu que (nostre dictj temple es! forl loing de son logis
épiscopai et de tout lieu où se dict la messe ; et que celai
de sa demeure àl présentj est à des mineurs de son église ,
nullement de son fief mais d'un gentUbomme 'qui relève
nûment du roy , et qu'il pourrait se tSaire ciraprès , qqand
nous nous serions retirés , que noua fussions encore trop
préa , à aon gré , d'nng autre logis qu'il pourroit prendre
on son successeur, et qu'ainsi ceste église açrolt toujours
à recommencer ; ce qui tu| eauseroit des incommoditéf in-
supportables ; lai avons {offert de teqir [fermée la porte de
nostre temple qui aort en la rue de son logis , tandis qu'il
y feroil sa demeure , mais il s'en est moqué. H a cherché
occasion de se plaindre des J nostresl, a faici menacer
quei^ues^ungs , disant ieeux ne l'avoir salué faisant sa
procession devant leurs portes ; et s'est trenvé que l'ung des
accusés estoit parti pour aller à Paris , trois Joura avant la-
4ic|e procession, et Vautre desdits accusés, avoir esté
4nrai|t ieeUe à 500} pas de son logis. Il a privé ung boa
viei^ard d'un ofilce de sergent de s» terre de Lusson , sans
q^'iceluy aye Jamais maJversè , n'ayant antre raispn , sinon
qu'U eat 4e \a^ ^c^ligion réformée , ayant défendu eipresaè-
ment à son sénéchal de recevoir aucune personne pour ses
officiera q^e catboUqqea roo|iai9&* Bçef , 1^ i^ur^ pass^ , u
1609) A.-JBAN SU PlESSB-RlCHELlBU» SS.*" ÊTÉQUE. (367
a rebaptisé plHsiears personnes, lesquelles Tavolent esté en
l'église réformée. Voilà au yrai ce qui s'est passé toacbant
nostre temple et ses offres , de quoi vous aurions pieça ad-
vertls qu'espérions pouvoir nous accoinmoder autrement et
dont iroos supplions informer mondict seigneur de Sully , et
tenir roide si Ton poursuit à nous incommoder , comme nons
y sommes résolus , outre que nostre bâtiment sera prest à
recevoir sa couverture , un coing dicelui estant ruiné , que
la ploie a un peu ébranlé. Gependçint nous supplions l'é-
ternei vous mainiei|ir en sa digne garde et bénir vos labeurs
et ensemble favoriser de ses grâces et bénédictions nostre
povre esglise , et cependant demeurons , Messieurs , vos plus
affectionnés à vous obéir.
Les pasteur , anciens et diacre de l'église de Losson , et
an nom de tous, BONAUD, pasteur en
ladicte esglise.
Falet en eonsistoire , le 5 avril i009.
iâ. NoQtcilereiis id , comme un type de cette manie
des confiscations , mesure si ordinaire au moyen âge
et qui s'était perpétuée jusques-là , une stiite d'articles
adressés au roi vers ce temps ^ 'par l'évêque et le
clergé du diocèse de Luçon. On y établit Tétat de dé-
gradation des églises et édifices religieux , par suite
des guerres civiles , et on y demande que les biens
de ceux de la religion prétepdue réformée , qui ont
commis ces dégradations , soient confisqués an profit
de réglise , en dédommagements des dégradations par
çnx commises.
13. Si le clergé avait des prétentions exagérées à
l'encontre des protestants , ceux^i aussi tendaient à
dépouiller les ecclésiastiques d'une bonne partie de ce
qui fermait leur dotation^ et notamment êa droit de
iMisselage perçu par les curés dans Tévéché de Luçon.
368 ) A.-JeAN du PlBSSIS-RICH£U£U, 28.» BVÉQUE. ( 1609
Pour preuve , nous citerons » le passage suiyant des
remontrances de rassemblée de Gergeau.
56. Supplient aussi trës-bumblement yolre Majesté dedëchar-
ger ceux de ladite religioD du droit de boisselage que les corés
de plusieurs paroisses du Poitou et d'ailleurs , \eulent eiiger
d'eux , combien que ledit droit non plus que les dixmes
personnelles ne soient dus que par eeux auxquels lesdits
curés administrent les sacremenls , et non pas ceux de la-
dite religion qui en sont exempts par le 2.e article des
particulières^
Sur cela , ïè^onseil d'état, rendit à Paris, le 18
avril 1609 , la d^ision suivante , qui un peu plos
tard fut revêtue de la signature , HENRY ,
Et plus bas » FoRGBT.
6a Majesté veut et ordonne , conformément à Tarticle 25 de
redit de Nantes , que ceux de ladite religion ayent avis et
contrainte , par toutes voies dues et raisonnables , sous les
peines portées aux édits , qu'ils payent et acquittent les
dixmes et autres droits aux curés et autres ecclésiastiques, et à
tous autres à qui elles appartiennent , selon l'usage et coa-
tume desdits lieux , et au surplus l'article 2 des particuliè-
res sera gardé.
14. On a vu que le procès entre Févéque et le cha-
pitre de Luçon avait été repris , peu après la nomination
d'Armand Duplessis. Enfin, le 4 Juin de Tannée 1609,
Févéque de Luçon et son chapitre passèrent une tran-
saction définitive , par laquelle ils terminèrent les vi&
démêlés qu'ils avaient ensemble sur divers objets. S
yfut réglé et stipulé] que l'état des gro$ et a:utres biens
de l'église de Luçon demeurerait sous l'administration du
chapitre tel qu'il était avant le procès. Ce règlement
embrassait la distribution de ces gros, le payement des
distributions des chanoines , des officiers et du bas-
1609 ) Â.-JBAN du PLBSSIS-RiCHSLIEU , 28.« BVÊQUE. ( 369
chœur, et les autres charges du chapitre. Par la même
transaction, la maison du Bourdeau, les oblationsde
réglise 9 les entrées et réceptions des chanoines, les
annates selon la bulle de sécularisation et le fief sa-
cristain , restèrent à la fabrique. Quant aux répara-
tions des ruines de l'église , il fut arrêté que le re-
venu de la fabrique serait le premier employé et qu'on
s'en servirait préalablement pour l'entretien du dedans
de l'église , et les réparations] de la maison et appar-
tenances du Bourdeau. Conformément à la même tran-
saction , si le revenu de la fabrique venait à n'être
pas suffisant pour réparer l'église , l'évéque s'engagea
au tiers des réparations , pour cette fois seulement ,
et le chapitre aux deux autres tiers. Mais , les répa-
rations finies , les chanoines se chargèrent pour l'a-
venir de l'entretien, sans que l'évéque et ses succes-
seurs pussent être tenus d'y contribuer en aucune
chose , sauf les cas de vimaire , foudre et guerre où
leur contribution devait être :dans la même propor-
tion que ci-dessus.
On décida [de plus que l'achenal de Luçon serait ,
conformément à une sentence de 1536 , entretenu par
l'évéque , depuis le; port de Luçon jusqu'auprès de
Taillefer à l'occident , et que le chapitre serait tenu
au bot de l'achenal. Quant aux dépens , ils furent
compensés entre les parties.
a Ainsi se termina , dit M. de Beauregard , cette
contestation > par une transaction où un prélat jeune
encore et âgé seulement de vingt-quatre ans , fit la
loi à son chapitre f. et donna des preuves de la su-
périorité de son esprit sur tout ce qui l'entourait. 2>
370) A.-JeAN du PLBSSIS-RlCHBLmn , â8« ÉTÉQÛE. ( 1609
15, Du reste , il est à croire que Richelieu s'exécuta
on ne peut niieux , en employant de fortes sommes
aux réparations de la cathédrale et du palais épiscopal
de Luçon. L'apparition des armoiries de la maison
du Plessis, placées à la yoàte de la nef de l'église,
prouvent le concours du prélat , car le chapitre n'au-
rait pas consenti à l'application de ces signes , si cette
dépense eut été faite par lui. 11 rebâtit également
l'évéchéy où ses armes sont répandues aussi, avec
profusion.
16. Mais ces réparations en grand ne se firent sans
doute que successivement et même plus tard. ïjn effet,
Armand de Richelieu , que nous verrons arriver minis-
tre dirigeant y revêtu de la pourpre romaine, possédant
des revenus immenses et habitant des palais somp-
tueux^ n'était à son arrivée à Luçon qu'un çvéque
ayant des revenus très-minimes » dépourvu des objets
les plus nécessaires à son . rang ^ et habitant un
manoir tel que le plus petit propriétaire de nos jours
aurait peine à s'en contenter. Quel contraste entre
ces deux positions ! On trouve la plus ancienne très-
bien établie dans des lettres, que nous allons donner ,
écrites par l'évêque de Luçon , vers 1609 , à M.me
de Bourges , une amie de sa Camille, qui habitait
Paris (1).
Lie LETTB£.
Madame , ayant permis à Gorbonnler de faJre on lonr à
Paris , poar quelques affaires , J*ay esté bien ayse d'avoir
cesle occasion de yoos assurer que si J'ay esté paresseux à
(4) Cette dame demeurait devant les blancs manteaux > aaîvant
\m adresses de sei lettres , qu'a donné d'abord D. Delort ,
dans ses Voyages aux environs de Paru. Paris» Ricard-^a-
Bois: 1821 , t. f « l.re p. 101 et suivantes.
1609) Â.-JeAN du PLESSIS-RiCHELIEU, 28.e ÉVÊQUE. (371
YODS escrire , ce n'est pas tootesfois que le n'aye la mémoire
qae ie doits ayoir de yoas , mais bien le peu de commodité
qui se présente d'escrlre comme on youdroit ; car bien que
nous ayons des messagers ordinaires , il ne faut que man-
quer d'ane beare , poar perdre Foccasion d'enyoyer ses
lettres ; le ne yeax point tant m'excnser , que le n'adyoue estre
un peu beaucoup paresseux ; mais cela n'empescbe pas que
ie ne recognolsse les obligations que ie vous ay et que ie
ne soubaiste les moyens de m'en reyancber. Je songe , siir
ma foy , tous les Jours à marier Madeleine (l) , mais 11 ne
86 trouye ny gentilbommes ny autres qui ayent de Targent
By du drap. Nous sommes tous gueux en ce pays , et moy
le premier , dont Je suis bien fascbé , mais U y faut appor-
ter remède si on peut. Tel que le soye , le suis bien yostre
seryiteur , mais si inutile que le n'ose me prëyalotr de ce
titre , que le désire toutesfois me conseryer A Jamais pour
demeurer. Madame,
Votre seryiteur humble,
ARMAND , Eyes. de Lucon.
n.me LETTRE.
Madame , ]*ai reçeu les chappes que ypasm'ayez enyoyées ,
qui sont yenaes extrêmement belles , et ont esté reeeaes
telles de la compagnie à qui ie les debyols;' Je yous ai
un million d'obligations , non pour cela seulement , comme
yoQs ponyez penser , mais pour tant de bons offices que ce
papier n'en peut porter le nombre. Je suis maintenant en
ma baronnie aymé , ce me yent-on faire croire , de tout
le monde ; mais te ne puis que yous en dire encore ; car
tous les commencementa sont beaux comme yons scayez.
Je ne manqueray pas d'occupations Icy , ie yous assure ,
car tout y est tellement ruiné qu'il làut de l'exercice pour
le remettre. Je suis extrêmement mal logé , car ie n'ay
aucun lien où le puisse faire da feu, à cause de la fumé».
Tous Jugez bien que ie n'ay pas , besoin de grand hlyer ;
mais il n'y a remède que la patience. le youf puis assurer
(1) C'était prolwbleinent une fille ou une nièce de M.me à^
Bourges. »
47.
372 ) A.-JBAN DU PiBSSIS-BiCHELIEIT 9 28.« ÉTÉQUB. ( 1609
que J'ay le plus Tllain éyèchô de Franee , le plas eroUë et
le plus désagrrëable , mais le yoos laisse à penser qael est
réyêqae? n n'y a ici aucnn lien pour se promener , ny Jardin ,
ny allée , ny quoique ce soit, de façon que J'ai ma maison
pour prison. le quitte ce discours pour vous dire qaenoas
n'ayons point trouvé , dans mes bardes , une tonique
et une dalmatique de taffetas blanc, qui accompagnoyent
les ornements de damas blanc que yous m'ayez fait faire ;
c'est ce qui falst que le croy que cela a esté oublié. Mon
aumosnler deffunct dit qu'on yous l'enyoya de Noyseaq pour faire
esternir les espaules, et que peut-estre cela aura esté on-
blié cbez le faiseur d'ornements. Je yous supplie d'en scavoir
la yérité , afin que le sache s'il est perdu ou non ; c'est
une partie de la succession de deffuntM. de Luçon, car je
n'ay trouyé autres ornements de luy que ceux là. H afalla
que J'en aye faist faire d'autres pour la feste , car autrement
Je n'eusse peu officier. Mais l'espérance que J'ay eue qu'il
n'y auroit rien de perdu , m'a faist cl^oisir une autre cou-
leur, affln que si on recouyre [.ce qui est égaré, fen
aye de deux couleurs.
n faut que Je yous dise que J'ay accepté le lict de yeloon
de madame de Blarconnet, lequel Je faits accommoder,
ensorte qu'il yaudra 300 liy. Je faits faire force autres meo-
blés , mais il me manquera une tapisserie ; s'il y avoit
moyen de changer les pentes de ce lict de delltint M. de iaçon
de soye et d'or, ayec une tente de Bergame pareille à oelle
que yous m'ayez déjà achetée , cela m'aecommoderoit fort.
n y a encore à Richelieu quelques pièces dndict Uet comme
le fond , et que Je yous envoyerois. Yous voyez comme ie
yous escrits de mon ménage, qui n'est pas encore bien gamy;
mais le temps fiera tout.
ray pris un gentilhomme pour maistre d'hostel , qui me
sert extrêmement bien et à yostre mosde , sans luy c'estolt
mal. Mats ie n'ay besoin que de yoir mes comptes; car,
quelque compagnie qui vienne me yolr , il scait fort bien
ce quTfi faut faire. K^'est le Jeune Labroue , qui estolt gen-
tilhomme servant de M. de Montpensier. À la fin on troare
tout faist. Tout le monde ne pensoit pas , au commence-
1609) À.-JBAN DUPLESSIS-RICHBLIEU, 28.«ByÉQUE. [373
ment » qu'il fist tout ce qa'il faist , mais Je voas assure qu'il
triomphe; Toat nostre faist va honorablement ; car on croit
que le Bnis nn grand Monsieur en ce pays. Je vons entre-
tiendrais toat aaJoQrd'hay, mais il se fais! tard, ce qal
faist qne ie sais contraint de finir et de yoas dire que ie \
sois, Yostr^ bien humble serviteur ,
Ji^MANh , Éves. de Lnçon^
Madame, ie vous prie me fi^re faire im manchon de la
moitié des peaux de marthe de M. le commandeur , coU'--
vert dé velours ras noir , car il faist froit çn ces quartiers.
Tons me manderez , s'il vons i^aist , combien Je debvray &
mondist sieur le commandeur, pour la moitié de ces peaux.
madame Magdeleine trouvera ici que Je lui baise les mains ;
Je erois qu'elle sera mariée à ceste heure.
17. Noos avoine ya oomnotent Ricbeliea se trouva
très-gêné et Hial établi à Loçon , lorsqu'il y arriva
eo qualité d'évéque. Voyons-le à présent un peu mieux
dans ses affaires et se préparant à aller à Paris , ea se
disant bi^n» sans doute» qu'il n'était pas fiiit pour
deneiirerjtoiqoiirg simple possesseur du plus tntotn /
Au fPhis crotté et du plu9 désagréable évéché de France.
Pour cela nous transcrirons une autre de ces lettres '^
à madame de Bourges.
' in.» LETTRB.
«Madame, cette lettre vous assurera 4e mon seq^venir
et du service que Je désirerais vous pouvoir rendre , et /^çu^sl
cérémonie , vons ^rler dé me départir toujours votre assis-
tance en mes négociations , auxquelles Je pense , méditaiit
déjà mon voyage à Paris, Je vous prie de voir s'il n'y aarall*
pas moyen de trouver ime petUe tapisserie pareUleàoellé
qne vous priâtes la peyne de m'acbepter, lorsque Jr'e^t^ip.
malade, c'est-à-dire du prix, car Je n'ay pas besoin > de
grand hyver , ma Bourse estant fort foible. 61 vous
y
374} A.-JbâNDU PlBSSIS-RiCHÉLLBU, 28.« EVÊQUE. (1610
en Irovrèz une , voas m*obligerez de l'arrester , s'il tous
plaist, et, pour cela, J*enyoye¥al ce qa*il faudra, 8l elle se
troaye derant mon arrivée. Pour de la vaisselle d'argent,
H. de Bourges scaist mon Intention, qui est d*en avoir, aa
cas que le puisse tirer l'argent qui m'est deub à Paris ; mais
sans cela , Je ne puis rien dire. Pour un logis , Je ne scay que
faire , n'ayant point de meubles à Paris , et les logis estant
si chers : si s'en trouve on à bon compte , ie le prendrois.
Toutefois l'incommodité des chambres garnies estant grande,
«insy que tous les ans , )'est)ëre dorénavant et que cela
estant , Il Daudra que Je fasse hies provisions en temps et
lieux. Mandez-moi vostre advis , car il faut que J'aâvoae
que ie m'en trouve bien ; le vous prie aussi de me man-
der ce que vaut le vin dans Paris , le muy , d'autant qa'â
en faire mener d'Icy , il me reyiei^iroit à dix-sept escosla
pipe , rendu en cave. Au cas que vous trouviez que J'en
doibve faire mener , mandez^moy , s'il vous plaist , si on
troQveroit où le mettre, fil vous me donnez bon conseil,
yous m'obligerez fort, car Je suis fort Irrésolu , prinelpatement
pour un logis , appréhendant fort la quantité des n^enbles
qu'il faut. Et, d'autre costé ,. tenant do vostre homear,
c'est-à-dire , estant un peu glorieux , Je Vou3rpîs bien ,
estant plus A mon ayse , paroistre d'avantage , ce qne Je
ferois plus commodément, ayant un logis à moyj G'iest grande
pitié que de pauvre noblesse , mais il n'y a remède centre
fortune bon cœur. Je vous donne beaucoup de peine, Je
TOUS en demande pardon, et vous supplie de croire qne
Je suis , Madame , vostre bien humble serviteur.
ARMAND > évcs. de Luçon.
Ce 10 Juin 1610.
- W.' Armand-Jean du Plessis , évoque de Luçon ,
^éfçidit hommage au roi , le 10 avril 1610 , à .cause
4e son château de Fontenay , pour le tempiNrel de
r4vêché. : On y trouve de grands détails et on y
Kienlionne notament la moitié des péages sur Tache-
Bal, en partageant avec le seigneur de Champagne ,
ef^ lé' droit ide visite et de policé , sur les denrées et
1610) A.-JBAN BDPl.BgSIS-RlCHBUBU/28.«ÉySQUB. (375
mardiaiidises arrivant par là ou mises en Vente à
Lnçon.
Il faut noter ici qu'à l'extrémité du diocèse de Luçoo
vers les chateUenies de NaUiers et de Tlslêau , très>^
rapprochées du reste de la ville de Luçon , était là
seigneurie de la Grenouillière ; dont le territoire s'é-
tendaity de Touest à Test , jusqu'à la petite rivière de
Corde. Cette même rivière, dont le cours est très-
sinueux , était la limite entre les évéchés de Luçon
et de Maillezais.
19. A présent Tévéque de Lu(pn , bien assis snr
Bçn siège* SQ-rend a la Meillerayev près de Partbdnafv
voir soft oncle de la Porte; H-ynn aussi vlsitei' son
riche prieur* de Côussaye ,• près Mirebeau , dont il
était déjà ndotf avant d'arriver à. Vépiscopat. Et de là
il écrit.» en,,septembre 1610 , toujours à 1^ d^meiqut
s'oc^ltp^it ^ se9 intérêts pfècuniaires , madame, de
BwigtSv è. Paris- y espérant même la voir arrivent
ce prieuré , dans \m voyage qu'elle paraissait- être dâiïs[
l'intention de faire a là chapelle des Ardilliers» à Sdtujj})^.^
Du reste j^ npus allons continuer à donner ces docu-
ments originaux,» :4ui offirentuQrVéritable intérêt.
IV. LETTRKr-.Ji Jâ même..'
Ifadauie ; mettant la- main à' la -pkmie ^om 'vouê^tmlrt ,
le VOUS' envoya maaittà et quand , -^e' cfu^ voas restoU ' ^ileDW
dea ^niaea qao Yooa avez -fatep poar moy ; il y à quarante
piatolea. et. vingt sols èB-monnoye., qai font les cent quarante-
cinq liyrea dont ]$.^i^oa». ^stoU demeuré .redafablç. l?^awt
ces Jours derniers p^r la Melleray e , J -aj appris de mpQ «focle.
les traverses ^ue f on vous donne en vos affajreset^y.-pris
part aux déplaisirs que vous en recevez. Toi^tesfois vostre
conlract devant avoir lieu» comjne, tout cbacuB .res|ime^.
376) A.-JBAN DUPLBS8I»*RlGHELIBU» âS.eBVÉQUB. ( 1611
J'espère qoe yoas serez bientôt hors de rennny dont on
trouble yostre repos. Je yoadrois avoir moyen de contribuer
quelque chose pour vous en tirer , Je m'y employerois très-
volontiers , et bien qae ma bourse ne soif pas garnie comme
Il faot , si est-ce que là , vous offrant avec ce pen que Je
pois, Je vous prieray de disposer de tout ce qui est mien,
comme estant , Madame ,
Votre très-humble serviteur.
ARMAND f èvèq. de Luçon.
A Godssay , ce 28 septembre I6l0.
y.e LETTRE. — A la même.
Madame , envoyant ce laquais ^ Paris , J'ai désiré qa*a
deeusl de vos noBVelles , que 'je me promets estre telles
f«e Je les souhaite. Je me ré|onis de vostre voyage des
ArdiUlers «.pour espérer le bonheof de vous voir en mon her-
mitage de Goussay , où vous aurez Ko^i poavoir. Je voqs
rends mille grâce de la peine que vous avez eue de veQdre
ma taptsseMe , par-là vous connoisCre.z la misère d'un pau-
vre moyne qui est réduit à la vente de ses meubles et à
la. vie mstlqae. Ne faisant pas si tbst estât dé quitter ce
^^Joqr , ppur preMre oeM de la ville ^ en qhelfue lien que
Je sois^ vo|is pourrez yous assurer f|ue Je vpas souhailerai
toujours, autant de. bonheur que personne au monde , comme
estant vérftablenient , Madame , '
' Votre bleh humble servitear.
,, : ! ' \, AJIMANt>9' éves; de Xi^on^c;
YLa LCTTffEr — A là miême«
Vli4ame, bieii-qiie iie^ lâttces. ne- vous pdteeoit eitit^fa'à
l^ptKlupité , ie pe laisse toutesfdis 4e vous esorire pour
vous témoigner le souvenir' quie'i'ar'de vous , el^ vwb ra*
fr^^h^ir la mémoire de ceps qnLvcmairotventcoDtimemoy.
*fe suis fascRè de ne pouvoir tous ieaunëigner que par
përelè^ «drabiéki .je suis vostre servttenï', nislis ma foy. Je
tàé :rdéôi|neis cH indlile qàe ma bonne* volonté ne sert pas
héeiGrcoiip à ceux à qui Je' désire rendre du servtce.^ Ufant,
à c« compté, que Je me plaigne de monmaùb^"*- *♦ crae
16iâ ) À.-JBA1I BUPLESHS-RICHBIIBU, 28.« ÈVÈQm. (377
le prie Biea qa'il me rende plas heareux à l'avenir ; qoand
cela sera mes efforts vous confirmeront ce que mes paroles
voas témoignent. Cependant Je vous prie de me mander ce
qae me coasteront deax douzaines de plats d'argetit de
belle grandeur , comme on les faists ; Je voudrois bien qu'il
y ent moyen de les avoir pour cine cens escus , car mes forces
ne sont pas grandes. Je scay bien que pour cent escus de
plus , vous ne voudrez pas que raye quelque cbose de chétif.
Je suis gueux comme vous savez, de façon que Je ne puis faire
fort l'opulent ; mais toutefois lorsque f auray plats d'argent ,
ma noblesse sera fort relevée. Quand J'auray sceu le prix ,
Je vous envoyeray cinc cens escus , s'ils y peuvent fournir ,
et vous prieray de me vouloir faire eeste faveur que d'achever
de me mettre en ménage , puisque vous avez commencé. Je
TOUS Importune toujours , mais Je scay bien que vous ne le
trouverez point mauvais ; c'est ce qui m'en donne la liberté
et qui m'oblige à demeurer,
Madame ,
Votre bien humble serviteur ,
ARMAND , Evéque de Luçon.
Je baise les mains à Madame Magdelefaie , que J'estime
être maintenant en son ménage.
20. Un des premiers besoins du diocèse de Luçon ,
était rétablissement d'un séminaire. En effet , les
prêtres manquaient» dans le Bas-Poitou» et ceux qu'on
élevait à cette position n'avaient pas. généralement
l'instruction nécessaire. Richelieu s'ent^dit donc ai-
sellent d'abord, sur ce point» avec un bon nombre
d'ecclésiastiques et les syndics du diocèse permirent »
le âl avril 1610 » l'ét^lissement d'un séminaire à
Luçon » et autorisèrent le prélat à imposer une soouiae
de 3»000 livres sur les bénéfices de plus de 800
livres d(e revenu » et des lettres patentes du roi » dn^
août 1611 » bomyologuèrent ces dispositions et ces lettres
furent vérifiées au parlement , le 7 septembre 1612.
378] A.-JBAN DU PLBSSIfr-BiCHEUEU, âS.e ÉTÊQUE. (1613
Depuis, voyant rimpossibilité de reconnaître le
revenu exact des bénéfices et de trouver la limite
indiquée d'abord , on obtint, le 12 août 1613, de
nouvelles lettres patentes à Taide desquelles les syn-
dics taxèrent tous les bénéficiers non curés- Plusieurs
et des plus riches, comme Tabbé de St-Michel-en-
THerm et le Prieur de St-Georges-de-Montaigu résis-
tèrent d'abord , mais à la fin ils se déterminèrent à
payer. On s'occupa d'abord du matériel de l'établis-
sement en travaillant aux constructions.
H. de Beauregard parle, dans les termes suivants, de
la fondation du Séminaire.
ail (Richelieu) établit un séminaire à Luçon, et
acheta de ses deniers une maison pour y rassembler
ceux qui se destinaient à l'Eglise. Cette maison , étant
trop petite, fut abandonnée, et M. de Colbert porta
le séminaire au lieu où nous le voyons aujourd'hui.
L'ancien séminaire était situé dans la rue qui va de la
petite place près l'Eglise à la paroisse, non loin de la
maison du bénéfice de St Flaive.
a Cette maison , connue autrefois sous le nom de la
Souchs fut achetée, le 12 mars 1612. J'ignore si une
petite maison située vers la Plaine, sur le bord du
Marais et qui portait le nom du Petit-Séminaire n'avait
pas été achetée, dans le même temps, pour^ servir de
maison de campagne et d'objet de promenade aux Sémi-
naristes. Elle porte encore le nom du Petit-Séminaire.
Sur le mur principal , qui est placé au nord , on lit ces
mots, gravés sur une pierre: Seminaverit homo hoc metel.
Peut-être aussi a-t-elle pris son nom de cette inscrip-
tion? Quoiqu'il en soit, elle dépendait de la chambre
eedéâiiisik[Q&«tilift«t ^itie dn ire1WBU<dfis âéniliairai.
£Ub a été v«b4w en 1787.»
22. C'fest à ratifiée' Ml 1 qoe doivent ^tre reportés les
pitMlëi^ p» '8e Rifhdîeu dàas la carrière des affaires
^publiques qui devait le eonduire si liaiit. Laissons parler
a ce «ujet ocrtm qiii a é(M amtet neos , sur las évéque^
ce L'auteur delà vie du père Jpseph, qui devint Tami^
le conseil et Tarent du Carffinal , dit M. de Beauregard,
fait remonter plus haut que 1614, l'origine de la favpur
de Richelieu. II rappelle une négociation relative à Taf^
fifeice^ ftetevrault doutée yidigieuitfiit chargé par la
aefaie, ea l6tl. CUitte afftrb^ étSàk aeiiéàte. Le yète
Jo^efii prit ie oomèil de Richelien ^iiii sei^i'àit ipel*
4^fi}i^ i isoii paneiw^J>d6SlU»cb^> ptëi «dé Mirebeau.
i.'*affataB Tèossît auigrë de la Reine. Le père Joseph thi
prrMiblii|r jeu attribua ^out ie «Dèrîteâ tlieheKeii étî^
Ipropplaià la ileiie^ «omne ui^ liomtii^ d'ua genre
ékvé«t capable des ;plaft %t^faà0S ^MSaâres. to
^ ^S; A't^^mOrt^ iUatbiiriii Bureau , écûyer ,; sej^ëur
Ile !a ButrelHdre, habitant de )a paroisse dôBoufCârè,
qtâ ariffa 1e**â3 ma/ltflS', le clergé qui mi^aît , avec
iranseù, qu'i)n vôtilM ^enterrer ce géntllhominè dans
l%lî»e, la fit lartiier avec soin. En «ffet ,* il n'y èiit
irien\fa)>ord, tnais le ^ dudît n)ois lea Tporles furent
ictitoneée^ et un grand nombre ' de prjofestanfs
^votrturent procéder à f inhûmatiouj daiis TMïs^Vïir
la dépouille mortefle de la BufTetière.Le clergé de
aâipMciipeietIteic i Mi wBq ties s'y ^oièteii(^ù^iitïxïénU
Parmi ceux qui apportèrenl: Je 4X>]9is 4ii i^^iPédé oiiiqui
assîstèrefit à la cérémonie et sonnâr^it les doolsies
48
680) A.-JBAN DQPlBSSIS-RiCHBLIEU, 28.«ÉTÉ0tTE. ( 16i8
étaiqnt Nicolas Sagot, seignear de laGirardière; Samson
Morin , écuyer, seigneur de la Cfaâtaigneraye ; Baptiste
Buor, ëcuyer, seigneur de la Lande-Baor; Isaac de
Machecoul , écuyer, seigneur de la Toncbe ; François
Suzannet, écuyer, seigneur de Ppnthabert, sénéchal
deMontaigu; Samsqn Morin, éeuyer» seigneur de la Ca-
dussière. Une information sur ces faits fut coounencée
quelques jours après à la requête du procureur du Roi
et du promoteur de Tévèque de Luçon , par Bareau,
isergent royal, assisté de Jacques Chassulon, notairejde
la baronnie de Montaigu.
24.[ Nommé. député par le cletgé^de V i^oyincede
Poitou I l'évéquQ tde Luçon âguva ainsi aux états
g^oiéraux de Paris, en 1614 ,>û il joua, un grand rôle.
Si ce fut Marguemont, arcbevéqae de JL^on ^ qui ré-
pondit an discom^.da roi ; le jour de Touyeriai^de
l'assemblée , le ^7oetQbre ; >i>, pins tard, Lacroix ,
éyéque de. Grenoble , M la^nemontrânèe au roi* , qaï
demanda les celliers* ai}] plus lard^ pour br semaine
suivante, ce fut Bjiclj^eliea.qui, le 23 février 1615,
jour indiqué pour la çlôtm^e des él;aitst!^t,;la présen-
tation , fut l'orateur jde tout le clergé, a (i } Sa baraogue
eut pour objet le retrancbement de testes les dépenses
excessives , eh gratifications et en . pensions, aecor*
dées sans nécessité /la restitution . des biess de
l'égiise possédés par lés biiguenots , racçompliss^odei^
du double mariage avec .^'JSspagne; la suppression de
l'hérédité et de la vénalité des charges.
« L'év^^ 4^(Xus(^ « pnçipWL eette ^ppresaioa
(I): Apètçu hi'sfotique'sw' là 'eaitse et ta ttnne des étais gêné-
roiMP* n-8 j ITSQ/âttfté A'àmd'avfteixr, 'd*ifiip^iixieur> ni de libraire.
1618) A.-JBA1I D0 PUIflSIS-BlCHBIIBn^SS.* l6VÊQirB. (381
avec véhëmenGe. De là, il passa aax ecclésiastiques.
Il dit que les magistrats foisaient des entreprises sur
Tautorité de l'église , et il exprima qir Toen sur la part
que ses ministres devaient avoir des afEadres de Tétat (1).
a Lorsque l'évéque de Luçon eut fini sa harangue ,
le président de Sénecey fit son discours, comme orateur
de la noblesse. Ces deux ordres s'étaient si bien con-
certés, que les points] les plus essentiels de leurs cahiers
étaient calqués les uns sur les autres. La publication
du concile de Trente , le rétablissement de la religion
catholique, dans le Béam et ailleurs , une défense ab-
solue des cours souveraines de se mêler de la foi , de
Fautorité du Pape ^ des règles monastiques , des ap-
pels conune d'abus , furent la base fondamentale de
leur opinion. i>
Sur ces demandes, on dit d'abord aux députés qu'on
répondrait à leurs cahiers avant qu'ils partissent de Paris;
puis , le 24 mars , sous le prétexte que ce travail était
trop long , on renvoya les membres des états-géné-
raux chez eux. ^Dans le discours de clôture , le chan-
celier de Sillery , énonça cependant que le roi prenait
la résolution d'établir une chambre pour la recherche f:
des financiers , de retrancha les pensions et d'abolir
la vénalité des charges. On sait que ces promesses
n'eurent aucun résultat définitif.
25. H. deBeauregard indique la conduite de Richelieu
aux états de Paris, comme celle d'un homme pressé
d'arriver, et qui serait enfin parvenu à ses fins. « A, la
(I) C« discours • été imprimé, dans le tempi, ions ce titre : Ho"
rangue prononcée , en la êalle du Petit-Bourbon, 4h 23 février
1645 « à la clôture doêsétatê de Parié , (par J.-Arm. do Pussis-
B1CBBI.UV.) In-^. Paris ( Sébastien Cramoisi.
dMwe à» l'assemiièe t dit-il , il porta la pai^ au mm
et l'égiiBe. Sm éiscôufà iaiprimé depuis fut fort goùfé
alota^ il le serait pas aujvurd'buî. il j fit, au nom Ai
cleii§p§f cteux demandes a« itn, qui firent, êès iors,
connaître le désir qu'il avait d'entrer dans le ministère.
L'une était de laisser à la reine-uère Marie de Médîcis
le gouvernement des afiaires, l'autre d'appelé un plos
grand nombre de prélats dans le conseil. C'étai4 exprUaef
le désiff qu'il avait d'être choisi et w même temps flatter
la reine et s'en faire une protectrice. »^
26. En 1616» les ;Jbèliments du s^oinaire de Luçna
étant entièrement terminés, cm s'occupa d'organiser
définitivement cet établissement il fnt reconnu que les
DominatkMis et destitutions de régents et les règlemmls
à faire, pour la conduite de ce lieu d'étude, appartien-
draient à l'évéque et à ses successeurs. Le premier
principal de ce collège fut Antoine Frossart, docteur
en théologie, cbanoine préceptorial et curé de Luçchi;
ii se livra de pies à l'enseignement des cas de conscience.
Mais ce premier principal s'étant retiré, en seréseryant
200 livrea de pension, on appela^ par contrat ùa 14
décemlire 1616, les orateriens dans cet établisaea^ent
et ils s'y établirent sans opposition.
27. Les manœuvres de Richelieu, en ISli, et surtout
sa conduite aux états de 16 14, ne tardèrent pas à avoir
un résultat > appuyé que le jurélat fut par le mabrédial
d'Ancre et par la marquise de GuerchevUle qui pouvaient
tout sur l'esprit de la reine-régente. Cette piineesae le
fit d'abord son premier aumônier, et, le 30 novembre
1616 , le rqi le nomma secrétaire d'état de la guerre et
dea affaires étrangères , emploi qu'on s'étonnerait
bien aujourd'hui de voir entre les mains d'un évéque.
iUl) â.4jb^kbp PlJ;SS]»-*RlCW].lBr, SB."" ÊVàQQE. (383
AiBsî Bkhelî#u fqt enlevé 9 u«e yrenû^e fois», à
soa diocè&e, pour 6tee enaplojè «uCgouYen^ement
de réUt. Alors CoacUti Youlaît même lui faire doonei
sa âtaiission du titre d'êvéque de Lufoii, maâs le jeune
ministre» eounaîssant riostabilité des grandes charges,
refusa de' se^'reodre au ^ir du {avorK Celui-ci insiâlat
se fâcha méme^ mais Richelieu (rfTrit d'abandoouer les
affaires et lareiue le retint ainsi, pour quelque temps,
dans la nouvelle 'position qui lui avait été faite.
28. L'évéque de Luçon ne tarda pas à perdre le pour
voir qui avait été mis en ses mains pendant cinqmois
seutement Un parti puissant s'était formé contre son
protecteur Concini>o le maréchal d'Ancre, et ce
personnage fut massacré , le 24 avril 1617.
La reine-mère se retva à Bloîs et Richelieu crut devoir
suivre sa protectrice dans son exil et refuser l'offre que
Luyneslui fit de demeurer dans le conseiL II avait jugé,
avec raison, que pour arrivera une grande puissance
le mieux était de s'attacher à la reine-mère. Du reste,
révéqoe de Luçon avait été assez adroit pour obtenfr
un ordre de suivre cette princesse près de laquelle ,
pensait-on , il pourrait rendre de bons offices au roi
ou plutôt à ceux qui gouvernaient en son nom.
99. A Blois bientôt ftichelien porta ombrage à Luynes,
favori de Louis XIII et qui était le véritable chef du
ministère. On commença à s'apercevoir qu'il tra-
vaillait surtout à rétablir la puissance de Marie de
Médicis. On lui mgoigmt donc de quitter cette princesse
et de se rendre dans son diocèse.
30. Le palais éptscopal de Luçon avait cessé d'être
occupé depuis 30 à 40 ans , et Richelieu n'en avait ha-
384) A.-JEAN DUPLBS8I»-RlCHBLIE0t 28.«ÉTÉQUfi. ( 1617
bitë , depuis son [arrivée en Bas-Poiton, qu'une petite
partie, lorsqu'il avait cessé d'être dans une maison à
loyer. Or, en 1617, de nouvelles dégradations se ma-
nifestant, dans ce manoir, il fallut entièrement l'aban-
donner. Alors et le 20 novembre de cette année le cha-
pitre, pour arranger son évéque, lui céda une maison
canoniale, touchant au palais épiscopal et bien pins
habitable que lui. Sur cela Richelieu à son retour de la
cour prit sa résidence dans [la maison qu'on venait de
mettre à sa disposition.
31. Vers ce temps , Richelieu établit un hospice de
capucins à Luçon. La lettre ci-après, écrite par le
prélat au provincial de cet ordre, se rapporte à
cette fondation.
Mon père , ayant ci-devant témoigné an R. P. Honoré qoe
Je désirois établir an; hospice, en ce lieu et le R. P. Joseph, à
qui J'en ai parlé, m'ayant fait connoitre qne Ton agrëeroit
mon dessein , Je prends la plume pour voqs prier de vouloir
donner commission de planter la croix ici, le plus tôt qa*fl se
pourra. J'ai bien appris que vous ne pouviez accepter les
convens que dans vos chapitres , mais qne celte difficulté
ne- vous arresioit point , pour ce qui est des hospices. Cest
ce qui me fait croire qne celui dont Je vous écris s'établira,
si vous l'avez agréable , à quoi votre zèle vous portera , Je
m'assure , si vous considérés qoe la fervenr qni est à pré-
sent échauffée en ces quartiers , pourroit se refroidir avec le
temps. Je ne vous en dirai pas davantage , pour vous con-
vier de m'accorder ce dont Je vous requiers , sachant
que vous contribuerez volonUers à ce qui est en vous,
pour l'avancement d'une si bonne œuvre. Seulement Je
vous conjure de me faire part en vos saintes prières et de
croire que Je suis, mon père, votre très affectionné serviteur.
ARMAND , évesqne de Lnçon.
De Luçon , le 2S décembre 1617.
1617} A.4BAJff]>0PLBS5IS«-RlGHBUBU,S8.<BVÉQD2. ( 385
Deux ans après et ra 1619 , les capucins s'établi-
rent i Fontenay-Ie-Gomte , et, quoique cette ville fût
située hors de Tévéché de Luçon » le chapitre de cette
cathédrale facilita cett^ création.
32. Ce fut .pendant cette période de son séjour à
Luçon et dans le teinps qu'il passa à son prieuré de
Coussay, que Richelieu se livra à la composition d'un
ouvrage de controverse intitulé : Les prifwipaux points
de la foi cafholiquef défendus conlre récrit adressé au roi
Vor les quatre ministres de Charenion, €e livre fut d'abord
imprimé à Poitiers , chez Antoine Mesnier , format
in-8». y en 1617. Ensuite et surtout lorsque l'évéque
de Luçon fut devenu premier ministre , il en fut ftiit
un grand nombre d'autres éditions (1); Gazllius a
traduit cet ouvrage en latin et cette traduction a été
imprimée, format m-8». , en 1623. Un protestant ,
David Blondel , a voulu réfuter le travail de Riche-
lieu, par un volume inS."* , imprimé à Sedan , en
1619 , soins ce titré : Modeste^ repense de la sincérité et
vériU des églises réformées^] €onth]les iniceetii^es de Vé^f^
?«e de Luçon.-
<x Cet ouvrage, dit M. de Beauregard , que l'au-
teur de VHistoire'idelamère^et du fils assure avoir
été composé eti six semaines , n'a point fait à Ri-f
chelîeu, la réputation de théologien à laquelle il aspi-
rait. On y retrouve les renseignements de Du Perron
et de Bellarmih, mais;seuIement^daDS un ordre nou-
veau. L'évéque de Luçon y décèle même une érudition
(l) Notamment Paru, ia-8«^6i8; Paris, in<4, 1629; Rouen, in-8^
16dO; Paris; imp. t6jU\e , in-folîo , I6ï%. A la tête de eetle édition,
on Tpit nae gravttf e repréaeiitant rauteor, arec t«tte .inscription au
bas : Le grand Cardinal de Mtcheiieu,
M6 ) A.4fiAN DU I^LBâSffi-R]€flBLmGr,'âB.*^^BrVfiQ€E. [ 161S
très bornée. On peut reuArqaer qetil d Iraduif Rren-
Itonus Jfbf us 9 nomd'm grmnnaSrien'cmfra^ partes
mots : le Jfo»f« de Térmce. H ne connaissait pas ,^ans
doute , Fauteur dont il parlait.
« On doit étif^ peu ^terpris Au peu de soKâité des
<wyr«tgœ tbéolQgifiies de Hicfadieu. fii^rak de ses
études , à peine cocniiieneées ,. jfxt les mus ée sm
évéchè « peut-4tre par les îdàes ée l'amMâon , ce prélat
n'avait jamais py.dmiBer à la {théolcigte la tei^s
iiu*exige une >étiKfe «fkprafandie et qui enteasse tant
ûs choses, h
Nëattmoitts , aotre^devaMcier a cru iaroir moififier
ainsi 4u*il suit son epMieii tmr le livre de comiravBist
ioiA i\ tsst qvesttmi ici» . ^
« iHalgtife i dH-ÂU ^t jdoUs portiaDs ee jugement sxr
cet^uvrafe de Tév^ue <de Luçoa ; nova ne cj^vws ins
«otts dissiunyler qs'H 31^ ijiroduit (juelqiiéa firaite.
Jacques de Goras » genlilbominê proteatant^ après avoir
«sscâftè irois ans IL de TiHteiHiâ et éte devum nnais^
ire; de. lemieiwa; eft Agenois , «t^aprii.de réfuter ce
livre , mais les fortes preuves que lui offititaa lecture,
le toucha au point qu'il, se déteiw^ina à embrasser la
relijfion catholiques ii abjura ^a erreur eikre les
inains de 1-évéque de Montauban. Cpras publia les
motifs de sa conversion:» 4lai]y9im eavr9\ge imprimera
Paris » ea tôe^., tn-lâ^ sous œiitre : JU^covti^mn
de Jacques de Coras , dédiée à Nosseigneurs Idu Clergi
Dans cet quyrage , il rétracte ses erreurs £t;e& parti-
culier un livre qu'il avait fait paraître / cinq ans ao-
ïiaravmil » intitulée UmpossibUitï de Vûmon entre Ti-
ylise fifarmèen <a mméitne. (1) Corâsest fatrtèkirda
(I) Voyea le dictÎQanaîre de Moreri,
1619 ) A.-Jea.^ DtT PlESSÏS^RtCfiÉtlBtr , 2é^.« ÉttfQtlÉ. ( 3S7
ppëme de Xonaç ^dopi parle Boileau ,: dans sa t* SiaJtire.
le lonasIilcottiHi 8ii€lied)Mi9la f»oiig8fér«< '
33.. Iiisq0-id. te doyem du cb^fHii^e: di^, XuçaP' était
Sébastien le BomfiheiHer, «bbé de la Cocbètfev fi^e.de
rarebeyêque de iTaim portant lemémendB» é^e^electa
fameux abbé de Rancé., L'abbé c(e la Cochére était Pami
particulier de Richelieu qui le chargea de plqsie,ur3
miâflîonft de confiance aiosi qu 'on le verna Jii^pjlô^
Ce persmmagei, cpii :dciviiii évéque^ é'Aitei^. cpiandlf
le cardtaaf de Ricbeliétr eut qnfRê sofU^ éyéché,>
donna sa résignation ^u déednat de Lui^on, enlt^i^^
Cet abaiidon fut faj^. en faveur d'un autrô ,a|i^f de
KicheUeu, à s^i^m M Nicotaï Orceau » .i^banoÂn^ djf
même ch«pîDreetJeils fùtadnvse par promiaianS'.éfc*
irrrêes par le pape Paul V , le' tendes kaflendes de hmé»
1618. Nicolas Orceau fut installé^ comîne dby^n d^e
LuQOD» i6i4'9ij|idQ la m^e année. , ,, ;/f.,*"7..'
%. OU' trouve^ sous Fànnée i^tô, MmètAsiftMB»
de joui:, mais probablement du commencement' êë
rannée une lettre écrite de Luçon au roi par Ric'hdiëù j*
alors é^Aivie de ce diocèse. ti^mév\pf.0
kà; cap e'fest Tœwpre d'oM «droit oouctiaan*.
« Sircm 1/9 ne. maoimç^ai pas d'observer réligîcuâemeEii Ui^
CQlPioa?4emeoto de voir^ iiiai.e8téi; lie les ^i ratuis eb ce lieu
^ oi^Jr'^l 4(A vçt^n^^ i^^4 prient , par.iiigi travail que yàt ^n^^
^ Xseprts contre Vbérëke. £q qaf^lQfie part que Je sois, voire
^ «i^aj^4(ô« veee^ra dq^ preuves de moA ^ff^cLion et de ma
^fidéUtf^', P'i9iy««t Jaif|ft|À eQ;, ni ne pouvant, avoir autre [hinï^
..deiW^t le^ l^pxi qo^ aon service., Je. ^^i^ bien, SEre/ qa&
qa^^ifmw-^vm^^ q/i^a^ vejQ^eat moinç de bleq que U sin|c'ér[ié
de unis iiftentl9f^.nel(QiJi^eafiiar^« tac^^Pt dévoua persuader
>
•■]'
';rTi:.Tî;n
3S8 ) A.-JeAN du PLBSSIS-BICHBUBV , 28.* ÉVÉQUE. ( 1619
le contraire. Mais Je sais assuré que votre majesté daignant
considérer mes actions, ils ne viendront pas à bout de leurs
desseins. Lors, Sire, qa*il vous a pla de prendre le gouver-
nement de votre état, votre majesté me fit Thonneor de rendre
de moi les témoignages qu'an fidèle sujet doit attendre de son
maître ;.en3uiie, elle me commanda de suivre la reine, sa
mère, p^ur demeurer près d'elle. U y avait quelques-uns qui
avaient dessein de m'éloigner delà confiance qu'elle me té-
moignait. Ils tâchèrent de lui persuader qu'elle se devait défler
de moi , parce que , disaient-ils , J'étais trop passionné pour
le service de votre majesté ; maiâ tant s'en faut qu'Us passent
parvenir à leura fins. Au contraire, la reine, votre mère, a*ayant
qucune Intention que de vivrç en repos sous votre ol)éi8sance,
s'aflécmlt d'avantage à me vouloir du bien et à se confier à
moi. Quelques temps après ces personnes eurent recours à
d'autres moyens et entreprirent de me rendre suspect à ceux
qui sont auprès de votre majesté pour après me mettre en
vôtre âisgcAoe;Dè8 lors, par leurs artifices « divers broits se
r^ndirçnt que votre majesté n'avait pas pour agréable que Je
fusse d'avantafi[e auprès de la reine votre mère; ce qa'ayant
entendu , Je la suppliai de me permettre de faire un toar chez
moi, pour quelques Jours,' afin d'avoir lien d'apprendre par-
ëenlièremtol votre volonté. Depuis ce temps , Sire , J'ai vécu
«( m^an^aisoi^ ,. priant. Dieu pour la prospérité de votre ma-
Jcjâli^*^ recherchant, parmi mes livres, une occupation con-
venâbié à ma profession. On m'a toujours témoigné que la
vo'fo'nté de votre majesté était que , dans quelque temps. Je re-
tournasse préside la^reine. votre mère: même 11 lui a plains
m^n^ler qu'elle en était assurée de bonne part. Sur cela. J'ai
attendu Ihonneur de vos commandements. Je croyais , Sire,
qu'en .me gouvernant de cette façon , non-seulement Je de-
meurerais exempt de blâme ^ en ta bouche de tout le monde ;
iïïi\\s même que mes actions seraient approuvées de ceux qui
me' vdqd'raiént le inoins de bien. N'ayant pas eu ce lionbear
4ue Je melpromettais. Je tâcherai de l'acquérir et si bien faire
(luécèuiqui me rendent de mauvais sét'vices se ferment la
l^opcbé d'eux-mêmes; C'est, SireV^'but que Je me propose
suppliant î)teu de ne me point faire miséricorde , si J'ai Jamais
eu aucune pratique , ni pensée contraire à votre service. »
1 619 ) A.-lBAN DU PlBSSIS-RlCHEUEC , 28.« ÉYÊQ17Ë. ( 389
35. Mais II arriva que le parti qai triomphait , jugea
qu'il existait toujours une "[correspondance et des re-
lations entre Marie [de Médicis et Richelieu. Celui-ci
fut , d'après cela , surj la demande de Luynes , le
puissant du joure , et aussi à l'instigation du duc d'Es-
pernon , éloigné du centre du royaume et exilé à Avi-
gnon. Rendu dans les états du pape , l'évéque de Luçon
eut à peine la facilité de voir quelques proches parents.
36. Ce fut pendant son exil que Richelieu s'oc-
cupait d'écrire des livres 'de^doctrine. Aussi c'est à
Avignoù qu'il composa son Instruction du Chrétien ^ qui
parut pour la première fois;, format tn-So, à Poitiers
chez Antoine Mesnierj, en 1619.
«c On compte , dit M. de Beauregard , jusqu'à vingt-
quatre éditions de cet ouvrage. La dernière qui est de
Lyon 9 inr\2 • 1656 , porte qu'elle a été revue et cor*
rigée par • Son Ëminence » mais] elle Jest exactement la
même. Ce livre a été traduit [en arabe » par le père
Juste de Beauvais , capucin ; en basque , par Sylvain
Pouvreau ; et en latin , par Gazilius. La singularité
de]ces {traductions est une (adulation à la puissance du
ministre.
a Le livre est précédé de deux épttres dédicatoires ;
la prenûère » à ses diocésains ; Tautre , aux curés du
diocèse de Luçon , let elles sont datées du i.^^ septembre
1618 (à Avignon}. Dans Fépitreaux curés , iLdéclare
que son iDtention;,est que tous les dimanches et toutes
les fêtes , ils lisent une leçon de son. instruction à la
grande messe , et que la lecture s'en fasse distinctement
et posément. Il signe; la lettre iltrès affectionné confrère
et serviteur , ARMAND , Evéque dCjLuçon.
390} AWSAN pUf LESSI9-BXCHBX.IEU» 28,* ivtQVB. ( 1619
« Cet ^javrage est distribué par leçons et en forme
de.catôcbisme^ La première leçon est un petit discours
^tilulé: Le Curé au peuple qui [lui est commis. Dans
cette leçon > le curé fait l'éloge de son zèle , celui du
livre et pose les pretnieris principes de la religion.
L'antecMT^ ce semble, n'aqrait pas dû lui-même chan-
ter SG6 louanges. Le9 leçons sont au nombre de 28
et finissant par cette formule : Vous prierez Dieu pour
l'auteur de cette Instruction.
c( Le^ autres leçons ont pour objet les douze articles
du Symbole des Apôtres , les Conunendeme^ls de Dieu ,
ceuX'de TEglise^ les Péchés capitaux ;, TOraison do-
minicale, la Salutation ^angélique et les Sacrements.
Cet ouvrage peut être regardé comme un excellent
catéchisme. La morale est jointe au dogme. Elle est
brève j touchante, et surtout les principes sont clairs
et à la portée de tout le monde. L'auteur qui péné-
trait l'esprit de ses auditeur^ , craint de lès ennuyer ,
et quoigue la plus longue dp ses instructions ne pas-
se pas dix à douze pages ^ il ordonne aux curés de Tes
diviser.
c( Le livre dont nous parlons est le catéchisme du
diocèse de Luçon ^ mais mis squsi une ^utre forme qae
celle qui lui a jeté don^^ée depui^. Nous avons vu Miles
dllfiers ordonner Tlippression et la distribution d'un
ouvrage .semblable , qui est celui de Gersén. Richelieu
a voulu îiùitef cet exemple dans un temps où les
catéchismes par demaiides et réponses n'étaient pas
encore connus, ni en usage. »
.37*, .On.trouvç^^.upé lettre dç révéqùè ,de. Luçon
adressée à sop frère a^iné, ver^ cette époque ^ car elle
»I19} A^AUHimiPUBSSe^HlCHBUM, SS.^'évAqijb. ( 391
fat écrite 'd'ÀTJgQon. Nobs allons la transcrire id :
Mon frère, le porteur s'en allant pratiquer son art â Paris
(i), le n'ay pas voulu le laisser aller sans le charger de
cestroifimotSr, pour vous dire que ie suis en peine de vofr-
lie rôeeptkm à Paris , n'ayant recev aucunes nouvelles de
vous depuis la venue de M. Burine , le Jeune. J'ai esté
assuré , par ceste voye de vostre sanlé , dont ie loue Dieu ,
le suppliant qu'il vous la continue.
Je vous prie de m'envoyer une belle Haquenée, mais
belle toat-Â-fait ; s'il se peut , Je voudrais bien aussi que vous
paissiez m'envoyer deux petites pièces d'orfèvrerie , de cent
escfls les deux , pour Joindre à deux monstres et quelques
autres petites pièces que Je veux donner au Ueu que vous
scavez.
De vous dire ce <qae Je désirerais , il m'est impossible ;
seulement vous puis-Je dire que Je voudrois quelque chose
conforme à ma condition. Je vous supplie me mander si
vous sortirez d'affaire fians procès, et me croire , mon frère ,
vostre très bumble frère et serviteur.
ARMAND , éves. de Luçon.
ray prié H. de la Coohère de ?oas mettre es mains l'ar-
gent qui 0era nécessaire pour les cboses que Je vous prie
de me fairo achepier d'autant qu'il vaut myeux ne rien donner
que de donner un maigre présent. Celui que Je veux faire ne
sera pas fort grand, mais pour le moins consistera- t-il en plu-
sieurs pièces.
HtAfygnQtk , ce . « . .
38. Pendant son séjour à Avignon , Richelieu crut
devoir 9 par un acte marquant de munificence , prou-
ver son attachement pour l'église cathédrale dont il
était le prélat. En effet» le 12 février 1619 , il donna
an chapitre de Luçon » la garniture de sa chapelle^
(1) Il 8*agit probablement d'va «Benbre de la iamille Collot.
392) A-JbaN 0I7PL£SSIS-RICHBL1£U»28.«ÉTÉQ17B. (1619
consistaat dans les articles suivants ; à savoir : une
croix 9 un calice , des burettes » une cuvette à lunettes,
six chandeliers , on bénitier^ un goupillon » deux grands
vases à laver , deux grands bassins , deux grandes
châsses de reliques (fj» une clochette et une botte à
hosties f le tout d'argent vermeil : plus , une crosse ,
ses ornements et trois tentures de tapisserie de Flandre,
qui étaient tant dans sa maison épiscopale de Luçon ,
qu'en sa maison de Goussay. .Ces tentures étaient des-
tinées à tapisser le chœur de la cathédrale de Luçon.
39. La reine-mére s'était décidée à la fin d'octobre
i618, de quitter Blois et de se[ retirer à Ângouléme»
sous la protection du duc d'Espemon , qui fit exprès
le voyage de Metz, bien accompagné, et la conduisit
dans la ville!, chef-lieu de son gouvernement. Cette
fuite fut sur le point dé faire naître la guerre civile
et les partis semblaient disposés à recourir aux armes.
40. Dans cette position de chose , après un séjour
de plusieurs mois à Avignon , Richelieu fut rappelé
de cet exil , parce que la cour sentit qu'elle avait
besoin de cet habile politique, pour négocier un rac-
commodement entre Louis XIII et sa mère.
Si on en croit un ouvrage déjà cité fâ) , oe fut le
père Joseph qui intervint encore dans cette affaire.
Ce religieux qui avait conservé des relations avec la
cour , où on avait besoin de ses conseils et de ses
lumières , fit envoyer , près de la reine , l'abbé de
(i) Cet deux châsses étaient peut-être destinées à contenir lt«
reliques que Ricbeheu avait données à son chapitre dès i617, et
qu'il lui nt remettre par Kicolas Orceau, archidiacre d'A^ieoay.
(2) Hisi^ du péri Joieph du Tremblay,
1619) A.-JhANB0PLB88IS-RICHBLIBV, SS.^ÉVÊQUB. (393
la Gochère» doyen de Luçon et ami du cardinal. Or,
ce personnage n'aurait pas eu de peinera donner à en-
tendre à Marie de Médicis, qu'elle devait, comn^e
préliminaire d'un rapprochement , demander le rappel
de Richelieu Cette princesse » du reste , se prêta d'au-
tant plus à cette démarche qu'elle sentait que Tévéque
deSLoçon, dans son propre intérêt à lui , avait le
plus grand besoin de ce qu'elle pût revenir à la cour.
41. Toujours est-il que Tévéque de Luçon fut engagé,
par la cour , à se rendre d'Avignon à Angoulême où
s'était réfugiée la reine-mère, pour opérer une récon-
ciliation entre elle et son fib. a Tous les historiens , dit
M. de Beauregard, remarquent que, dans cette occasion,
il donna tout à son intérêt. Le raccommodement fut
lent et peu sincère. »
42. Un écrivain à qui nous devons la monographie
d'un grand seigneur de l'époque (1) , nous fait connaître
en ces termes les circonstances de l'arrivée de Richelieu
à Angoulême.
a Au plus fort des hrouilleries qui étaient dans cette
cour, dit-il , et dans la plus grande difficulté des af-
faires, l'évoque de Luçon depuis cardinal de Richelieu ,
se rendit, à Angoulême. Il n'y pouvait arriver dans une
plus favorahle coi\joncture pour lui. La rein&-mère était
lasse des conseils de .Rucelay (2), et n'approuvait pas
quelques libertés qu'il prenait en sa présence. Leduc
(!) Hiti. du dut d'Mtpernan» f« 3« p. i9A et «utv.
(S) GéntiVliômme Florentin, dont le père s*était enrichi en France
en Y faisant des affaires, te fils, pourvu ainsi d'une grande fortune ,
te ut donner de rîcfa^ abbayes, el se ItTra aux intrigues de cour.
^94) A.-JBA1I DrPtiaSffi-IIlCHBZinffV 99.«'âvAQigB. (1619
d'Esperoon en était très-mal satisbit ausai ^ et ne sai»-
haitait rien tant que son l'éloignement ^ ea pour le
moins quelque disgrâce. Le traité de paix s'en aliaiC
d'ailleurs être conclu. L'éréqUe de Luçoa arrivant là--
dessus, ne pouvait manquer q«e dB toutes p»rl8, soit
de la part du roi ou de celle dé la reine, on ne lui
sût très-bon gré du succès , pomr peu qu'il' y contribuât
et qu'il ne fât très-bien accueilli A la cour de larrin^
mère. Ce fut à mon avis un [des plus avantageux effets
qu'il pouvait recevoir de sa bonne fortune et ce qui
attira , par succession de temps , tous les^ autres grandis
avantages qui relevèrent au point de grandeur où nous
l'avons vu. Il vint mettre pied' à terre au logis du dae
d'Espemon, et ne voulut pas seulement entrer dans la
ville sans savoir s'il Taurait pour agréable /et le prince
de trouver bon qu'il rendit h la rétne sa première visite
en 99 compagnie. Le duc le reçut avec le plus favorable
accueil qu!il se pouvait désûrer (j'y étais présent.) lia
alldrciit ensembfe aa logia de 1» reioe, (gûâ fut dès lors
persuadée, par le duc, de lui donner les ^eoAQx qu'elle
n'avait encore confiés à personne, et de le faire chef de
son conseil , ce qui fut fiiil dès le Imdemain. d
43. Nous voyons encore /d'après le récit dtr même
auteur, la manière dont eurent Heu les négociations et
comment le duc d'Espemon dominait alors Richelieu
qpai n'était encore que le modeste évéque de Luçon tont
près d'arriver pourtafat'au poste de cardinal-ministre.
<c Tandis que cette paix s'était traitée, dit-il , la plu-
part des consetls avaient été tenus dàîift le legist da dac.
L'évéque de Lucon y était très^âssidn. Il n'avait poibt
d'autre toble que ta siettne. Il attendait souvent, diinssa
1619 ) A.-JeAN bu PLESSIS-RiCHEUBU, 28.9ÉVÊQ0B. (395
salle ou dans sa chambre les heures de sa commodité
et nous lui voyons garder des respects qui promettaient
des suites d'une très constante amitié. Le duc favorisait
aussi tous ses intérêts , et était son ami partial et dé-
claré en toutes choses. Nous verrons , avec le temps »
le changement qui arriva à ces bonnes dispositions , et
par-là, il nous sera jfacile de juger combien nous devons
faire peu de fondement sur les volontés des hommes
qu'une passion , un petit intérêt , et ce qui est plus
léger encore , un simple soupçon est capable de faire
changer en un instant. »
44. Dans ces temps , parmi ces événements , si fa-
vorables pour révêque de Luçon , il surgit bientôt un
fait malheureux , qui le frappa dans ses affections les
plus chères. Parmi les avantages qui avaient été ac-
cordés à la reine » par le traité qui se fit alors et
auquel Tévêque de Luçon prit la part la plus active ,
se trouvaient le gouvernement général de TÂiyou et
les gouvernements particuliers d'Angers , de Chinon et
des Ponts-de-Cé. Or , aussitôt l'évêque de Luçon fit
attribuer à son frère aîné , du Plessis-Richelieu » déjà
mestre de camp du régiment de Piémont , le gou-^
vemement de la ville et du château d'Angers , en
même temps qu'il faisait distribuer les autres gou-
vernements à des personnages de son parti , ses pa-^
rents ou ses amis.
Sur la conclusion du traité et ses suites , Rucelay
avait quitté la cour de la reine , ainsi que le marquis
de Môuy , intime de celui-ci. Le marquis de Thémines,
grand ami de ces personnages et surtout du premier
ne pouvait quitter Marie deMédicis , était retenu prés
50
396 } A.^8iJf OU PLESSIS-BlCmUEC» 28.e ÉTÉOUB. ( 1619
de cette princesse à cause de sa charge , et pourtant
il voulut témoigner à ses amis la part qu'il prenait
aux injures qu'iQl croyait que ceux-ci avaient eu à
éprouver , en querellant ceux qui y avaient le plus
contribué et ceux qui avaient seuls tiré parti des avan-
tages obtenus par la reine, a Thémines » ayant entre-
pris de venger les ressentiments de tous les aubres , dit
un auteur déjà cité (1), feignit de vouloir tirer des éclair-
cissements de Richelieu d'une chose assez légère. De
l'éclaircissement , il s'en fit » comme c'est l'ordinaire,
une querelle ; mais la partie ayant été diverses fois
rompue par les amis , tantôt d'm parti , tantôt de
l'autre ; un jour , en pleine rue , le marquis de Thé-
mines monté sur un bidet ; rencontra Richelieti. Il mit
pied à terre , ils parlèrent ensemble; l'entretien ne M
pas long f on leur vit incontinent l'épée & la main , ie
marquis se plia et gagna le dessous de celle de Riclie-
lieu qui était plus longue que la sienne. En se pliant,
il reçut un coup qui allait tout le long du dos et ne
faisait qu'effleurer la peau. Mais, de la sienne, 9 donna
du même temps, dans le cœur de Richelieu , dont il
tomba roide mort par terre , sans jamais parler , ni se
mouvoir. Je fus inopinément spectateur de ce coilbat
avec quelques autres. Combien de grandes charges fu-
tures vîmes-nous vaquer ^r ce petit coup , et qu'est»
ce que ne devait pas espérer ce mort de rinfinie puis*
sanco de son firère , dans le conrs d'une longue vie ! »
45. Enfin la reine-mère quitta AngoulÔme pouraHer
trouver le roi et se rendit au château de Goussières ,
en Touraine, appartenant au duc de Honthason , et y
(1) Httt. du due d*Espernon^
1619) A.-JBA1I nu PlBSSIS-RiCHEUBV, 28.e ÉTÊQVB. ( 39?
séjoama. Le roi voulant jEaiire plus d'honneur à âa
mère » se porta là avec toute sa cour le lendemain de
l'arrivée de celle-ci. « Ce ne furent à Tabord , dit un
auteur (1) » que témoignages d'amour et de tendresse
réciproques. Leurs majestés s'en allèrent à Tours, le
même jour 9 et y demeurèrent qulque temps ensemble ;
mais enfin , après toutes ces feintes caresses , le roi
ayant repris la route dé Paris f laissa la reine plus
mal satisfaite de se voir obligée d'aller à Angers , après
les assurances qui loi avaient été données qu'elle ne
quitterait plus la cour, qu'elle n'était contente de tous
les respects dont on avait voulu/Qatter sa crédulité . »
(( Dès lors , continue le même auteur , elle ( la reine-
mère ) fit dessein de se ressentir du mauvais traitement
de Laynes et d'obtenir » par une seconde guerre , ce
qu'elle n'avait pu acquérir par cette première paix.
L'évêque de Luçon devenu tout-puissant auprès d'elle ,
n'était pas marri de la voir dans ce sentiment. Il jugeait
que , tandis qu'elle serait éloignée de la cour , le pou-
voir de sa maîtresse n'étant pas grand , le sien ne serait
que fort peu considérable , et cet esprit qui embras-
sait déjà de la pensée le gouvernement de l'état, souf-
frait presque plus impatiamment que la reine même ,
les obstacles qui s'opposaient à la haute ambition dont
il était remplf.
« Ainsi , dès l'heure même t il commença de réu-
nir tous les esprits mal satisfaits du) gouvernement
présent, pour les attacher aux intérêts de la reine
mal contente. B ne lui fut pas. difficile de lui acquérir
beanoMp* et partisants*... Le conte de Soissons et
(1) Hit t. du due d'Eêpernon,
3fB) A.-JJBAH JdU PlESSlS-RlCHBUEU, 28.e ^ÉQUB (1619
la comtesse sa mère , les ducs de Longuevilie et
de Vendôme y le grand prieur de France , les ducs de
Mayenne y de Retz et plusieurs autres seigneurs de
grande distinction , furent de la partie. Si le duc d'£s«
pernon n'eut pas été dans la première affaire , il ne
ne se fut pas engagé en celle-ci »
47. Nous avons déjà fait connaître les dispositions
prises pour rétablissement d'un séminaire à Luçon ,
puis nous ayons vu édifier ies bâtiments néces-
saires pour cet établissement , et enfin , en dernier
lieu on apperçoit cet établissement fonctionnant
tout-à-fait. 11 rendait les plus grands services, lorsque
révoque et les pères de l'Oratoire qui occupaient ce lieu
demandèrent au parlement l'enregistrement des lettres
• patentes constitutives de cette création, et qui étaient en
date du 2 août 1613. Alors le chapitre , prenant toul-à-
coup parti contre son évéque » forma opposition à ces
lettres patentes et à l'imposition qu^elles autorisaient à
percevoir prétendant que cette imposition était vexatoire
et constituait une charge extraordinaire et trop lourde
pour le diocèse. En tout cas, le chapitré contestait le
mode de répartition.
48. On a parlé, plus d'une fois,(lj du droit de lu-
minaire exercé par la cathédrale de Poitiers sur les
églises du diocèse de Luçon et de Maillezais, depuis la
division opérée du 'Poitou, en trois évêchés, par le
pape Jean XXII. Or, les guerres de i^eligion ayant mis
obstacle au jugement de ce droit le doyen de l'église
cathédrale de Poitiers se prétendant à raison de cela ,
doyen de l'église de Mareuil-sur-Lay, qu'il disait annexe
(1) Yoyei aotamuieiit ct-desius p. 61 , 93 , et 3â8«
1620} AJbAH mj PUB0a8-BlGOBLIB0 , 28.0 ÉvAqUE. ( S99
de sa cathédrale et l^chapitre même de la cathédrale
de Poitiers 9 firent citer les doyen et chanoines da
chapitre de Luçon et les syndics de ce diocèse , poor les
faire condamner de nouveau au payement da droit de
luminaire prétendu dû à la cathédrale de Poitiers qui,
disaient-ils, n'avait pas pu perdre à l'érection de
Luçon et Maillezais, en évéchés, ainsi que le disait, du
reste, la bulle d'érection. Armand-Jean du Plessis-
Richelieu, évéque de Luçon, intervint dans cettejafTaire
et son nom fut sans doute d'un grand poids dans la ba-
lance , car par arrêt du parlement de Paris , du 7 mars
1620, les curés du diocèse de Luçon, furent déchargés
du droit de luminaire réclamé pour la cathédrale de
Poitiers. Le succès fut de peu de durée, ainsi qu'on le
verra bientôt.
49. On était alors en crainte d'une nouvelle levée
d'armes de la part des -protestants, et il est curieux de
faire connaître , à cette occasion , un traité qui fut fait,
le 21 juillet 1620 , dans une assemblée générale du cha-
pitre et des habitants de Luçon « sans acception de
croyance religieuse. Il fut dit en effet, que le chapitre,
les habitants catholiques et les habitants protestants de
Luçon s'unissaient pour défendre , de concert et dans
un commun intérêt, ladite localité de Luçon, en temps
de guerre. Par suite , on convint que les habitants se
retireraient de nuit dans la cathédrale, les cloîtres et
Tenclôture, en y entrant, pendant l'hy ver, à 5*heures du
soir, et en été à 7 heures^ du soir, pour en sortir Tété
à 6 heures du matin et l'hyver à 7 heures du matin.
Les sentinelles des cloîtres devaient être fournies par
les métayers du voisinage et les gardes par les habitants
Md) A*-JbAII W PL«SM9*B«»»UBIJ» 98.* iiFÉQCm. ( ftfifl»
du bourg* U0 conseil de neuf personnes ^ dont trois
cbanoin^Sy s» habitants oathoUqpies et six habitant?»
protestants était chargés de la direction de» afiEaif es,
et ce conseil pou^aît délibérer an nombre de six
menbres.
Dans ce traité , on proteste qu'on veut »• mainUmir
et conserver ensemble , selon la yolonté du roi , de la
reine-mére , des princes et gourerneurs du royaume.
Revenons à la série des événements politiques et
généraux de Tépoque.
50. Dans Tétat de chose, aignaté précédemmenU Marie
de Médicis s'était rendue à Angers qu'elle considérait
comme un nouvea« lieu d'exil qu'on lui avait assigné»
et ses partisants , comme si ce n'eut pas été pouur &iffe
la guerre au roi , mais pour agir contre le duc de
Lugnes , son favori , et faire rendre à la reine-mère la
position qui lui appartenait , armèrent dans leurs gou-
vernements. Mais à ce point donné les ambitions des
grands se croisèrent. Le duc de Mayenne qui avait
réuni des forces montant à plus de 18,000 hommes
voulait que la princesse vint se placer sous sa pro-
tection afin de faire sa condition meilleure. A cela, le
duc d'Espernon objecta que le départ de la reine de sa
résidence d'Angers passerait pour une fuite et lui ferait
perdre les provinces d'entre Loire et Garonne, et
d'après cela il proposa de joindre ses forces à celles du
djuc de Mayenne et de se rendre sur Angers où ib
auraient renforcé l'armée de là reine de plus de
28,000 hommes.
Mao) k.4EAnvePiMËm^acsiBSLan^ SB^t^von. («dt
51. Ce parti ne fat point aocepté par Marie de Mé-
dias. Suivant Fauteur d^ cité (i), ce fot Tévéque de
LuçoD qui fit décider que la reine ne quitterait pas
Angers et qu'elle refuserait Toffire du duc d'Espemoo.
Le prélat aurait tail prendre ce parti » parce qu'il ne
voulait point qu'il y eût auprès de la reine quelqu'un
qui pût le £adre déchoir du pouroir qu'il avait sur son
esprit. Plus tard il interpréta d'une autre manière et
dans l'intérêt du roi, le conseil qu'il avait donné.
52. Alors commença la guerre entre (le roi et les
partisants de la reine-mère. C'est cette guerre qui ,
réduite à de minimes proportion» » a été appelée Ai
guerre des Pœ/Uê^ie^Cé. Le roi , s'étant d'abcxrd rendu en
Normandie, soumit la ville deCaen, qui s'était dé-
clarée pour les mécont^ts. Puis arrivé en A^u ,
avec son armée , il eut de nombreux pourparlers avec
sa mère , par ambassade. Enfin, Louis XIII fit attaquer
les Ponts-d&Cé , et après un léger combat , toutes les
forces de la reine se dissipàrent.
$3. Après la débite et les défections des siens» la
reine-mère ne se trouva plus en position de continuer
les négociations >t il lui fallut subir la loi de son flls,
ou plutôt celle du duc de Luynes , favori de celui^ïL
De cette manière tous ceux qui avaient pris parti par-
UM les [mécontents furent laissés h la merci du pouvoir.
Quant à Marie de Médicis , il lui fut permis d'aller à
la cour, a C'était , dit un écrivain à qui nous avons
emprunté d^à [2] tout ce que désirait l'évéque de
(1) L'bîftoriêa du dnc d'Espernon.
(S) tiiêt, du dut d*Etp€rnon,
402} A.-lBANMPtBSSI8^Rl(aBLlS!r, SS.^ÉVÊQITE. (1620
Lnçon. Aussi prit-on de cela sujet de dire qu'il était
d'accord avec les ennemis de la reine avant leur
arrivée ; qu'il avait empêché la réunion de ses forces
et détourné les personnes capables de comman-
dement de la venir servir , étant bien assuré d'obtenir
la seule condition qu'il désirait , sans se mettre en peine
des autres serviteurs de la reine. Je ne me rends pas
garant de ces bruits , mais ils eurent cours en ce
temps-là. »
54. Ajoutons que l'évèque de Luçon, pour se rat**
tacher au favori , le duc de Luynes , par des liens de
famille, négocia à ctf te époque, le mariage de sa nièce da
nom de Yignerot du Pont-Cpurlay , avec le marquis de
Combalet , neveu du favori de Louis XIII. Ce même
favori, si puissant, si riche , ne tarda pas, du reste,
à cesser de vivre et à laisser ainsi le champ libre à
Richelieu.
55. La récompense de Richelieu , pour la négociation
entre la reine-mère et le roi , fut le chapeau de car-
dinal , qui lui fut accordé par le pape Grégoire XY ,
le 5 septembre 1622 , sur la demande de la cour de
France, qui d'abord avait sollicité cette distinction
pour un autre prélat.
56. C'était la reine-mère qui avait demandé conmie
la condition principale, en quelque sorte , de sa ré-
conciliation à son fils , que son favori Richelieu , fftt
élevé au cardinalat. Aussi Marie de Médicis , ne revint
à la cour qu'après avoir eu la certitude que l'évèque
de Lnçon avait été , par le Souverain Pontife , revêtu
de la pourpre romaine; et quand ce prélat eutf|reça
1622 ] A.WBAIf DU PUSaSI^BlCfinUED» 28.« ÉVÈQUft. (403
en grand appareil la bârette de la main dn roi et qu'il
eut rempli les formalités d'usage » il se rendit auprès
de Marie de Médieis , et il loi dtt que la pourpre dont I
il lui était redevable , le ferait toujours souvenir du
yœu solennel qu'il avait fait de répandre son sang»
pour son service. On sait comment fut remplie, plus
tard , cette protestation du plus grand dévouement.
57. Ce titre de prince de l'église romaine n'était
qu'un marchepied offert à Richelieu , pour arriver au
dernier degré du pouvoir. Le connétable duc de Luy-
nes étant mort» le crédit de la reine en fut relevé.
Elle eut donc entrée au eojosejl de son fils et die y fit
admettre Richelieu » qui bieatftt y prit la première
place.
58. «t Pendant que Richelieu » dit M. de Beauregard,
mettait , à profit les intrigues de la cour et qu'il for-
çait, par adresse, Louis XIII à soUiciterpour lui le
chapeau que ce monarque desthiait à un autre , le
diocèse et la ville de Luçon étaient encore le théfttre
de nouveaux troubles. Les habitants de cette viHe
étaient en état de guerre ; elle était gardée avec soin
par les bourgeois confédérés avec le diapitre. Ghaccm
à son tour faisait la garde le jour et la nuit. Peut-^étre
qu'on négligea ces sages précautions. Soubise humilié
devant St.-]ea&-d'Angély , et qui avait été obligé d'im-
plorer la clémmce du roi , reprit les armes , tomba sur
Luçon , le l.er de mars 1622 , s'en empara , pilla
l'église , la ville , mit le feu aux archives de l'évéché
et causa de grands dommages , constatés par un procès-
verbal que nous rapporterons. Ces dégâts durèrent ^
sept jours.
5!
404]'^Â.-J£AN DU PLESSIS-RlCHBUElTy 28. e ÉVÊQUÉ. ( 1622
D'après Arcère (1) , la ville de Luçon se racheta do
pillage f moyennant une forte rançon. Le récit de
Thibaudeau (2) semblerait faire croire le contraire.
<K Soubise y dit*il ^ avait 7,000 hommes de pied et
600 chevaux. Les principaux chefs de son armée étaieot
le comte de Marenne, La Mothe-St. -Surin , Yaudoré,
Ballebat, RoUandière : ils avaient trois pièces de canon
de fonte et quatre de fer. Ces troupes pillèrent Luçon,
et firent toutes sortes de profanations dans les ^lises. »
S9. Notre devancier n'a pas dcmné le procès-verbal
dont il parlait , mais nous l'avons retrouvé. Il est ré-
digé par des magistrats y le 13 avril 1622, pour cons^
tater les dommages faits à l'église cathédrale de Luçon
et aux édifices religieux des environs et dépendances,
et donne des détails sur cette levée de boucliers. On
y constate. que Soubise, soi-disant chef des églises
prétendues réformées des provinces de Poitou , Anjou ,
AuniSf Saintonge et autres, pour le service du Roif serait
venu loger avec ses troupes, dans le bourg de Luçon,
le dernier jour de mars précédent, et y aurait séjourné
jusqu'au 7 du mois d'ayril, alors courant ; qu'ils se^
raient délogés, après avoir commis plusieurs voies
d'hostilité, ruiné Téglise cathédrale, pillé, brûlé,
déchiré où emporté les titres et papiers de révécbè et
du chapitre. On indique une foule d'autres faits , no-
tamment l'enlèvement des cloches et des goutières de
plomb de l'église cathédrale , et la destruction d'oo
bon nombre de tableaux^ à l'huile et de sculptures en
bois. Ils auraient fait brûler JuchegroUe et la Maison-
(1) Hist. de La Rochelle.
(2) Hùt, du Poitou.
A.-JJSAN DU PUSSIS-RlCHSUBCi 28.« BYÊQUB. ( 40&
Neuve de Triaizë, emmené les bestiaux de ces*
domaines et dégradé l'église dudit lieu de Triaize. Du -
reste , nous donnerons, plus tard, au moins en partie,
(1] cette pièce intéressante.
60. Une lettre autographe , et signée Armand de
Richelieu , évoque de Luçon doit , nonobstant son dé-
&ut de date , être placée vers l'époque oA nous nous
trouvons arrivés. Cette dépêche est adressée aux députés
du clergé de Luçon , et Févéque leur enjoint de faire
£aih*e une information des vexations , piUeries et misè-
res dont ils ont été travaillés et dont ils se ressentiront
long-temps. Le prélat leur annonce qu'il veut leur pro-
curer du soulagement et qu'ils doivent faire faire une
information de ces griefs, afin qu'on y puisse remédier,
en indiquant les décimes qui ont été levés par les chefs
des révoltés , et en faisant connaître que depuis six
mois, le pays est plein de gens 'de guerre , ruinant
indifféremment tout le monde , et les ecclésiastiques
plus que les autres.
Nous croyons que c'est d'après le contenu de cette
lettre, qu'aura été rédigé le procès-verbal dont nous
avons fait connaître les principales dispositions.
61. Le prélat n'oubliait pas alors de pourvoir à la
conservation des biens de son église. En effet, on%
trouve que le 29 avril 1622 , il fut accordé, par le roi
Louis XIII, à Armand^ean du Plessis de Richelieu,
évéque et baron de Luçon , aumônier de la reine-
mère , une sauve-garde pour ses possessions , avec au-
torisation de faire tous actes conservatoires de ses.
(1) Voir les pièces jastificstÎTes.
Mfi) A.-JBAH bu PUSfilS^BlCHSlIEUt 2&e ÉtAOUB ( 1622
droits et d'exercer toutes contraiiitas contre ses
débiteurs.
62. Laissons notre savant devancier continuer d'es-
quisser le résultat définitif de cette levée de bouclien
de& protestants en Bas^Poitou.
a Le rebdle ( Soubise] , dit M. deBeauregard ^ s'em-
paira des SabkMl'Olomie , qu'il mit à eonblbutiofi , et
dont il exigea une siNonne ^rme , proporti(MUiée au
courage qu'avaient montré ses braves habitants*
Nous trouvons des détails, à ce sujet, dans un
ouvrage spécial à la province (1).
« Soubise , dit Thibaudeau , alla assiéger les Sables-
d'Olonne , où il avait quelques, partisants : les gentils-
hommes qui s'y étaient renfermés , forent tués , après
une vigoureuse résistance. Les Olonnais , voyant qu'ils
ne pouvaient se défendre plus long-temps , demandè-
rent composition au duc de Soubise. On lit , dans
y Histoire de la Rébellion , que le duc répondit qull
ne voulait traiter qu'à deux conditions ; la première ,
qu'on lui donnerait cent mille écus ; la seconde , qu'on
lui livrerait les plus belles filles de la ville à discré-
tion, pour lui et ses favoris. Bayle , dit que ce récit
est un^ midimfice qui a tout Vair d'une càlomme. Les
ptonpaîB, ne pouvant payer la somme qu'on leur
demandait , et ne voulant pas se soumettx'e à un teaité
au3s| honteux ;, répondirent que Soubise était rnsÉàre
de lewr ville et qu'ils se r^adai^t à discfétioa«
« Le duc leur proposa d'airtres a)nâitions; ee fut
de lui payer 20,000 écus, lui fournir 80 piôces de
(1) Htst. du Poitou.
J
i6S2) A j£Al» BU PUSSSIS-RlCHBLUBU , 28.« ÉVfiQUB. ( 407
canon et trois vaisseaux; il leur offrait ce moyen de
se racheter du pillage. Les Olonnais acceptèrent ce
traité et l'exécutèrent ; mais Soubise ne tint point sa
parole ; il permit à ses soldats le pillage pendant deux
heures. Ils y commirent tous les désordres imagina-
bles ; emportèrent les calices , ornements et cloches
des églises , brisèrent les images , profanèrent ce qu'il
y avait de plus sacré ; ils firent des drapeaux des plus
beaux ornementa, enlevèrent tout ce qui appartenait
aux habitants, et les laissèrent presque nus, expo^
ses à la plus grande misère. »
Il y a du vrai dans cela , car quant à la destruction
des églises et de tout ce qui tient au culte , Soubise
s'y employa et y fit employer les siens , de telle sorte
que son souvenir , sous ce point de vue , s'est conservé
en Bas-Poitou ; mais quant à l'une des conditions qui
aurait été d'abord imposée aux habitants des Sables ,
c'est ime de ces fibles accusatrices que l'un des partis
ne se faisait pas fiiute alors de déverser sur l'autre.
63. Ici se place un des principaux faits d'armes de
cette campagne, le combat des Roches-Bariteaux ,
pour lequel nous laissons parler Thibaudeau (1).
« Le comte de la Rochefoucault rassembla la noblesse
du Poitou , pour aUer venger ces brigandages et lui
donna rendez-vous au château des Roches-Bariteaux^
c: L'Echasserie avertit les gentilshommes de ses
amis et ses voisins , qui se rendirent à son château ,
le 24 février, au nombre de 30 cavaliers , et le même
jour ils allèrent aux Roches-Bariteaux , où le seigneur
(1) Hi$4. €Af Pàtiou,
408) A. -Jean du Plbssis-Ricbelieu, fiô.® étêqûe. ( ie22
da liea avait assemblé un bon nombre de cavaliers.
Le comte de la Rocbefoucault leur envoya dire de se
jeter dans Talmont y que Soubise menaçait d'assiéger.
Ils partirent des Roches , le !.<'<' février , au nombre
de quatre-vingts chevaux , maîtres et valets , et trente
mousquetaires. Un ^ parti de rebelles, qui était à
Mareuil , instruit^ de leur marche , se présente sur le
chemin pour les attaquer. Ils étaient en beaucoup plus
grand nombre que les catholiques : plusieurs étaient
d'avis de se retirer ; mais les Roches-Bariteaux ré-
pondit qu'il n'avait Jamais fui et que, combattant pour
son Dieu et son Roi , on ne devait rien craindre. Ayant
ainsi encouragé sa troupe , il la disposa à recevoir
avec avantage l'attaque des ennemis ; il rangea ses
mousquetaires dans un lieu convenable , se mit à la
tète de sa cavalerie» le pistolet à la main ; il ne voulut
point prendre de salade ou armure de tête , afin de
pouvoir plus facilement se faire entendre et comman-
der. Les troupes de Soubise s'étant approchées d'en-
viron cent cinquante pas, furent étonnées de voir
que celles des catholiques avaient si bonne contenance
et les attendaient de pied ferme. Les rebelles s'arrê-
tèrent un instant ; ils paraissaient n'oser aller plus
loin. Les Roches , voyant leur inaction , avança lui-
même de cinquante pas , en les appelant au combat.
a Cressonnière , lieutenant de Soubise , s'approcha
alors avec sa troupe. Les catholiques la reçurent avec
courage : le combat dura plus d'une heure et demie
jusqu'après le coucher du soleil, sans qu'il y eût un avan-
tage décidé pour l'un ou l'autre parti. Les Roches, ayant
eu son cheval tué sous lui , combattit pendant une heure
1622) A.j£A5BUPLESSIS-RlCfl£tIBU, ^S.^ ÉTÉQUE. (409
à pied ; son chapeau , ses habits étaient percés des
coups qu'on lui avait portés; il ne reçut cependant
que deux blessures légères à la tête ; le comte de
Grasset (l) , son fils ^ fut blessé à la main. Montorgueil,
lieutenant de des Roches^Bariteaux , se distingua aussi
dans ce combat , et se tint long-temps sur le champ
de bataille avec douze des siens en criant Vive le Roi !
tandis que les troupes calvinistes se retiraient. L'Echas-
serie , ayant eu son cheval tué , fut blessé d'un coup
de carabine au défaut de sa cuirasse , et mourut la
nuit suivante. Logerie , qui n'avait pas de cuirasse ,
fut tué des premiers. Les catholiques perdirent quinze
à seize hommes , le chevalier d'Âsson fut du]^nombre
des blessés.
a II y eut 60 ou 80 morts du côté des rebelles.
Cressonnière , lieutenant de Soubise , fut fort regretté
des siens ; son fils » le baron du Petit-Château , fut
blessé à mort ; le baron de la Grève fut aussi blessé.
On compta parmi les morts ^ la Cbateneraye de Mon-
taigu , le fils du seigneur de la Maison-Neuve-Mon«-
tournais , Marmende et son fils , les Beaupré de
Chasselendière. On en trouvait tous les jours quelques-
uns de morts , dans les pâtis , fossés et buissons où
ils s'étaient réfugiés , après avoir été blessés. Le roi ,
instruit de ce combat , témoigna à les Roches-Bariteaux
la satisfaction qu'il avait des services qu'il lui avait
rendus. Pour le dédommager des pertes et des dépen-
ses qu'il avait faites , il lui donna les biens du baron
de la Grève , qui avait été tué dans cette action. 2>
Cette confiscation probablement ne fut que provisoire,
. (I) Lisez le comte de Grastay.
410) Ai-JEÂNimPLESSIS-RlCHELIEIT, 28.«£rËQl7B. (1632
car la famille Darcot , hérita des biens da baron de la
Grève , qui portait ce nom.
64. <c Soubise » continue M. de Beanregard , youlat
se jeter en Bretagne , mais le roi à la tête d'nne armée
légère ^ renforcée par toute la noblesse du Bas-Poitou,
qui vint se Joindre squs ses drapeaux, marcha contre
Soubise.
a Ce prince cainpa à Challans , et ne voulut pas en-
gager le combat contre les ennemis de la religion
avant d'avoir invoqué le Dieu qui donne la victoire.
Les registres de la paroisse de Challans , qui conser-
vent un procès-verbal ou journal du séjour de Louis
Xni dans cette petite ville , rapportent les nouKS des
seigneurs qui » à l'exemple du roi voulurent faire
précéder le combat par les sages et précieuses pré-
cautions dont s'honorent des héros cjirétiens ; presque
tous les chefs communièrent. Soubise se jeta dans l'ile
de Riez 9 dans laquelle il eut été inattaquable , si la
présence du roi n'eut inspiré aux chefs de son année
une audace courageuse qui leur assura la victoire.
65. <c L'Ile-de-Biez , était alors défendue par la mer,
par la rivière de Vie, qui n'offrait aucun gué et par
un canal impraticable. L'armée du roi l'y suivit , en
profitant , pendant la nuit d'un seul moment qui per-
mettait de passer un bras de mer qui , à son reflux,
était aux troupes du roi toute espèce de retour , sinon
par une levée où à peine quatre hommes eussent pu
passer de front. Soubise , étonné de. tant de courage
et peut-être déconcerté par la présence du roi , n'osa
soutenir le combat. Avec des forces supérieures , il
fuit honteusement ; son armée fut entièrement détruite ;
16ââ ) Â.-JBAN DU PLBSSIS-RICHBLIEIT , 28.« ÉYÊQUB. (411
plas de deux mille hommes furent tués ; comme ils
s'embarquaient sur la rivière de St -Gilles » plus de sept
cents furent faits prisonniers , parmi lesquels on comptait
cent gentilshommes. Le chef rebelle eut lui-même peine
à se sauver, à la tête de cinquante chevaux , et alla
cacher , à La Rochelle , sa honte et sa défaite {!].
66. (c C'est ici le lieu de remarquer que presque tous
les historiens , 'qui ont parlé de cette action , confon-
dent la défaite de Soubise , en llle-de-Riez , qui est
en Bas-Poitou , avec celle qu'il Ressuya dans me-de-
Ré 9 qui est une lie située {vis-à-vis l'Âunis. Le roi
victorieux prit sa route par Apremont , où il sqour-
na f et se tendit à Saintes. »
67. On a parlé plus haut du journal concernant les
circonstances ^u séjour de Louis Xin à Challans. Nous
allons donner ce document qui existe sur les registres
de l'état civil de cette paroisse pour l'année 1522 et il
est écrit de la mam du curé d'alors.
Ce Joard'hai treizième Jour da mois d'avril 1622, Monsieur de
Soubise prit nie de Riez, environ les huit heures da maUn et
y entra ce môme Jour avec son armée , composée de bien ciçq
à six mille hommes tant de cavalerie qu'infanterie , et à Tabord
y fut un grand nombre de soldats et nombre d'habitants, Jus-
qu'à 12 ou quinze mille desdtls habitants, tant audit Riez que
de lions, des marais qu'autres lieux.
«Le Jeudi quatorzième Jour du mois d'avril 1622^ le roi
Louis xni vint de Legé , loger dans cette viUe de GhaUans et
y arriva, environ les 2 à 3 heures après midi , avec toute son
armée, assisté de Mgr. le prince, Mgr. de Soissons, Mgr. le
cardinal de Retz^ Mgr. Tarchevéque de Reims, Mgr. de Ven-
(i) Pour cette eampagpe et quant à ce qui cooceme les localités ,
consulter ma Statiê tique du département de la Vendée. Voir
aussi mon DupUsiis^Mornay à la Forét-surSèvrè.
53,
412) A.-Jean du Plessis* Richelieu^ 28.« eyéqctb. ( 1622
dôme, M. le comte deSt-Paol, M. le comte de Gliambertet
tonte sa eoar, avec lot» ses régiments d'Infanterie et de ca-
yalerie. Le logis de sa majesté fal cheqx Massé-Groasseao »
sieor de la Goursqndjère , celai de M. le prince fat cheax
Mme de Logerle, et celai de M. de Soissons fat celai des hé-
ritiers tiéf mat Plornin, devant la halle, an boot vers le minage,
et le roi, avec tonte sa coor, concba dans cette dite ville la nuit
da Jeudi 14 venant an vendredi 15 dndit mois où ledit vendredi
le roi entendit la sainte messe dans Féglise de ce lieu de Chai-
lans , environ les 3 heures après-minuit. Et le même Jour de
vendredi , le roi ayant entenda la sainte messe monta à cheval
et s'en alla avec sa cornetie blanche devant Riez , et M. le
prince s'en alla dans les Hoas, par les chaussées de Comme-
qniers, et de Riez s'en retourna auxdits Monts, où il y coucha
la nuit dndit vendredi venant au samedi 16. Et ledit Jour de
samedi étant venu , le roi commanda de mettre en rang son
armée, pensant que M. de Soubise étoit encore datis Riez;
maJs 11 s'étott déjà sauvé à la nage lui et sa cavalerie, devant
St-GUles , et la nuit auparavant du vendredi i*4e venant au sa-
medi 16e, comme dit est. De sorte que le Roi étant arrivé Tin-
fanterie dudit Soubise fut trouvée dans des bateaux et dans
des maisons de Croix- de- Yie , St-GlUes et Riez, et par-là
antonr; laquelle fut défaite par leç gens du roi et les paysans
qui les désarmèrent et Les déponillèreut de leurs vêtements et
pois après les tuèrent crneUement, dont il fut mis à mort d^s
seigneurs Jusqu'au nombre de deux mille cinq cents de compte
fait, cent vingt-deux que la mer a engloutis, et de prips un
nombre de 680, de compte fiatt, qui firent menés prisQttnîers
à l'aumonnerie à Nantes , p<»r être mis aux galères.
Les gens du roi allolent eh grande dévotion, croyant fer-
mement que ledit sieur de Soubise rendroU combat. La raison
est que moi Germain Regnandineau fut, depuis le Jeudi 14 , à i
heures après midi Jusqu^ao samedi 16 , Jour et nuit à confesser
et communier. Entre autres entendu en confession* M. de
Soissons elles proches de sa personne, M. le prince et les
proches de sa personne , le âls de M. le garde-sceau , M. le
comte de St Paul et tous ses gens, et un ^rand nombre de
seigneurs et gentilshommes.
1622) A--JBAN DU PlESSIS-RICHELIEU,28.« ÉVÊQUS. (413
Et, le samedi 16, après la défaite de cette infanterie hngae-
note, le roi prit son chemin poar aller à Apremont où il a
coachê la nuit da samedi venant an dimanche , et aadit lieu
d'Apremont fat arrêté an conseil, par sa maje8té,le passement
parlaGarnache.
Le ]oar de M.St M arc 25 d'ayril 1622, commandement fat
fait à trente des environs et proches paroisses de la Garnache »
de par le roi, de venir passer et démolir ladite Garnache les-
quels forent l'espace dedeox mois, poar la démolir, et le 10
Jaillet aodit an, la grande tour pont da chateaa fat fait tomber
par terre.
• Ce fat Toalongeon, premier capîitaine du régiment d'Es-
tlssac, qai fut chargé de démolir le chateaa de la Garnache.
68. Les protjestants essayèrent bien {de venir au se-
cours de Soubise , lorsqu'il se trouva acculé par Tannée
royale, dans le marais septentrionnal du Bas Poitou.
Mais si cette tentative n'eut pas de succès , elle donna
lieu à un trait de courage digne des beaux temps d'A-
thènes et de Rome, et que, dès lors , il est. conve-
nable de rappeler ici.
Plus de 900 protestants s'étaient réfugiés dans le
fort de la Chaume-d'Olonne , et / croyant qu'aucun
secours ne leur arriverait y ils se rendirent à la pre-
mière sommation.
Hais un corps de troupes royales avait à peine pris
possession de la place , qu'apparurent 30 iiavires, qui
venaient au secéurs de l'armée de Soubise , et pour la
pr^ddre à leur bord , si elle ne jugeait pas pouvoir
résister aux catholiques. Ignorant la défaite des leurs
à Riez , les capitaines tirent approcBer leurs navires
près du fort de la Chaume. Alors les officiers royalistes
firent monter^ sur une tour Tofficier qui auparavant
414 ) A.4EAX D€ PlBSSIS-RiCHBLIEC , 28.^ ÉVÉQUE. ( 1622
commandait là , pour les protestants , et un minis-
tre protestant , et on les obligea » le poignard sur la
poitrine , de crier à la flotte d'arriver à eux.
Sur cela » la flotte protestante envoya vingt hommes
dans trois chaloupes , qui entrèrent dans le port. Aussi-
tôt on s'empara d'eux ^ on les désarma et on les con-
fina dans le fort. Conmie on ne les vit point revenir ,
on commença à avoir quelque crainte à bord des na-
vires et on mit une chaloupe en mer avec six hommes,
commandés par un marin habile et brave ^ de Tlle-de-
Ré , appelé Foran. La chaloupe arrivée fut également
prise , ainsi que les hommes qui la montaient. Alors le
chef catholique renvoyaJila chaloupe , montée par six
de ses hommes qui prirent les vêtements des matelots
qui la montaient à l'arrivée et qui mirent Foran au
milieu d'eux ; puis la chaloupe s'approcha de la flotte
protestante^ et on voulut forcer Foran de lui crier
d'avancer 9 en lui annonçant que s'il ne le faisait pas,
il serait immédiatement poignardé sur place. Mais
celui-ci f lorsqu'il fut à distance d'être entendu , n'eut
qu'un seul cri , qu'il proféra de toute la force de ses
poumons ; ce fut : Trahison ! Trahison ! et cela jus-
qu'à ce que les ! matelots catholiques , qui voulaient
l'obliger à tromper les siens , l'eussent étendu mort
sur la place à coups de poignards. Alors les vaisseaux
Bochelais, avertis par cet acte de courage du piège
qui leur avait été tendu et aiuquel ils venaient d'é-
chapper par le dévouement sublime d'un des leurs ,
s'empressèrent de rebrousser chemin.
69. or L'arméerde Soubise , en pillant Luçon, con-
tinue f M. de Beauregard , avait détruit les matériaux
1622) A.-JEAlf DUPLESSIS-RlCHEtlBU, 28.«£VÉQUB. ( 415
destinés à rétablir une croix sur la place de Xuçon.
Les protestants, dans les premiers troubles , l'avaient
abattue. Cette croix, dans le principe, avait été
élevée par les soins de vénérable Jean de Bon ,
chanoine. Le cartulaire rapporte cette fondation , sous
l'année 1526 ^ en ces. termes :
Magister Joannes de Bon, presbiter canonicas eccleslas Lu-
cionensis , fecit constrai , la solo ipsias ecclesise, anam domam
palcbram, qaam inhabltat, cam Yirgalto; si de borto» ipsl
domal coDtigao , ecclesiam vertas, ad septentrionem ipsias
domas praecipaajanaa. Goram qua qoidem domo ipse , idem »
constrai fecit palcbram et altam crucem lapideam cam imagi-
nlbas ad cracis pedemappositiset muro circam vallatam ^oam
etlam dedicari procaravit cam Ipais imaginlbas per reverendls-
Qimam in Gbristo patrem dominlcanum Jobannem Batborum
episcopam Ebronensem et safiGragaueum Plctaviensem , de
consensa dominoram vicarloram in spiritaalibas et tempera-
libas reverendissiml In Gbristo patrls et domini Ladovici de
BorbonloEpiscopl et domini LnciQnensis. Qai quidem reteren-
dissimos, ad supplication em dicli de Bon, oflQcialis ejus, conlnlit
omnibas Cbristi fidelibas qaolibet die veneris pa8sionem,coram
iUâ crace salatantibus, in memoriam passionis Domini nostri
Jesa Gbristi , Tidellcet , tanqaam cardlnalis, centum dies, et
tanqaam episcopas qaadraginta dies indulgentis, et facla est
Ipsa cracis et Imagtnam circamstantinm dedicalio penoltima
mensis Jalii anno Domini 1526.
« Cette place où fi}t élevée cette croix. , et qui est
maintenant entourée d'arbres , porte encore, daijisles
actes , le nom de la place de la Belle-Croix. »
Nous verrons bientôt rétablir cette croix , en y ajou-
tant une inscription ofE^nsante pour les Rochelais et
louangeuse pour Richelieu.
70. cr Le cardinal de Richelieu (1) , plus puissant que
(1) M. àt Beauregard , Evégues de Luçon.
416) A4EAN DUPL£SSlS-RH:HEUE17,28.e£Tâ«C7E. (1622
jamais y depuis son retour à la cour , devint l'arbitre
du conseil et y supplanta tous ses riyaux. Bientôt
les soins assidus qu'il fut obligé de donner aux affaires
lui parurent incompatibles avec ses devoirs , comme
ëvèque , et il se démit de Tévéché de Luçon, après
avoir commencé à réparer les .maux qu'avait causés
Soubise. Avant cpie d'abandonner sonévèché » il érigea
une cure aux Sables-d'CHonne, et il stipula , dans la
fondation , que le curé serait non-seulema!it gradué ,
mais encore bachelier de la faculté de Théologie de
Paris. Depuis l'union du prieuré de Vendôme à cette
cure , qui était avant runiou , à la présentation du
duc d'Orléans , est alternative , avec la nomination
simple de l'évéque. Cette union a été décrétée par M.
de Mercy. »
71. Nous trouvons à la date du 23 octobre 1622,
Pierre Cytois , avocat , nanti de l'ofifice de juge des
baronnies de Luçon. C'était le frère de François Cytois,
médecin du cardinal de Richelieu , qui a publié plu-
sieurs ouvrages, et cette famille existe encore en
Poitou,
72. La dame douairière de Rohan , faisait faire le
prêche dans les églises de Mouchamps etdeVendrenne,
lieux qui étaient de sa dépendance féodale. Sur cela,
le cardinal de Richelieu , évéqué de Luçon , provoqué
par le curé de Mouchamps , en porta plainte et par
arrêt du conseil privé du roi il Ait iait ordonnance,
du 16 février 1623, à la dame de Rohan d'abandon-
ner aux catholiques l'église de Mouchamps , pour y
exercer leur culte.
73. Voici au surplus la lettre écrite par. le cardinal
417) Â.-lBAN DUPtBSSB-RlGHBIJEUy â8.^ÉVÉQUE. (1622
de Richelieu , an chapitre de Luçôn y le 5 janvier 1673 ,
en abandonnant le gouvernement de son évéché (1).
« ifesstears , ça* esté à mon grand regret qae Je me suis
démis de mon ëvèché , poar ne pouvoir y rendre en per-
sonne l'assidaité que mon devoir dësiroit de moi. Mais les
lois de la conscience m'y ayant obligé , le me sois éiadiè
à transporter ce bénéfice à one personne dont yons poor-«
riez recevoir de la consolation et qoi pent apporter , quand
et qaand « en l'exercice; de S9 charge , le soin et la vigilance
nécessaires. Une chose me sais-Je réservée qae Je conser-
verai InYlolablement , savoir ; le contentement d'avoir esté
long-temps chef d'âne compagnie » an bien et au mérite de
laquelle J'ai, dès le commencement, voué mon cœur et mon
afTecUon^ et de plus la volonté immuable de vous servir
es occasions , avec autant de zèle que Jamais , désirant vous
faire ressentir de ce transport , cet avantage que pour un
esvêqne vous soyez assuré d'en avoir deux et celui qui
TOUS assistera par sa présence , et moi qp! , bien qu'absent,
aurai topjours le même esprit de cliarité pour vous et la
même passion à rechercher vos intérêts , que J'ai ci-devant
témoignée. L'inclination qqe vous avez de tout temps làon-
trée à m'aimer vous porte , Je m'assure , à me rendre la
pareille et A vous souvenir de moi en vos prières publi-
ques et privées , comme Je vous supplie d'affection. Pour
vous y convier ^ Je donne à vostre esglise la chapelle en-
tière avec laquelle J'avois accoustumé de vous assister; Je
vous al aussi obtenu une décharge des décimes que le vous
envoie pour preuve de ce que Je désirerois faire pour vous ,
en plus importante occurence et du désir que J'ai , qu'ayant
place en vos cœurs , vous vous souveniez de moi au chœur
de vostre esglise , et que vous croyez que Je suis très-
entièrement , Messieurs , vostre bien affectionné à V09s
servir , en toutes oceaaions.
Ls GAïuNprAL D£ EIGI1E{.][EU.
A FoBtalaeblçan , le 5 janvier 1625.
(1) Cette lettre était conservée dans les arcliives de l'évéclié de
LnçoD , et c'est M. de Beanregard qui en a donné le texte.
1622) A.-JEANDUPLBSSlS-RlCHEtlEV» 28.®ÉVÊ0UE. (418
74. Le diocèse de Luçon allait se tronver avoir deux
évéques en effet , car on doit croire qae la puissance
du cardinal-ministre devait protéger beaucoup le diocèse
de Luçon. Du reste , nous suivons ce prélat dans ce
qui a trait au Bas-Poitou jusqu'au moment où il cessa
de vivre 9 en réservant deiâ articles des deux évéques
qui se succédèrent, de son vivant , sur le siège de
Luçon tout ce qui ne se rapporte pas au grand nom
dé Richelieu.
76. Il est probable que Richelieu , postérieurement
à sa démission du titre d'évêque de Luçon , continua les
réparations commencées [au palais épiscopal de cette
localité. En effet » nous avons dit qu'on y voyait, avant
la révolution de 1789 , les armes de la maison de
Richelieu et elles y étaient prodiguées dans Tomemen-
tation. Or, la^plupart de ces écussons étaient accom-
pagnés d'une ancre ^ marque de la dignité de surin-
tendant de la navigation et Richelieu n'eut ce titre
qu'en 1624* (1). Donc ces dernières réparations ne
furent terminées que postérieurement à l'époque où le
cardinal-ministre se ftit démis du modeste évéché du
Bas-Poitou.
76. Le mémorable siège de La Rochelle , entrepris
par Richelieu, l'ancien évéque de Luçon , et dirigeant
encore les affaires de ce diocèse ^ fut un , événement
extrêmement important pour ce territoire. Nous ne
donnerons pas de détails sur cette entreprise qui
SQOuta à la renommée du cardinal. Il sufiira de dire
que la reddition de cette place eut lieu en 1628.
(1) M, de Beauregard.
IOâ'3} A.-JeAR du PLBSSISrRidhBUBU, 2S^ ÉVOQUE. (419
77. <c Dès que La Rocbelle fut [soumise « dit H. de
Beauregard ^ le chapitre ordonna la reconstlrnction
d'un monument de;Ia piété ^e '[nos pères (la croix
de la place de la Belle-Croix. (1). Thomas Tajraud
et Morin Richou » chanoines-commissaires àlafabrique
de régli^e^ furent [chargés de [ce soin: le denûeiç
composa rinscription] que nous donnons jici et qiiU
rappelé l'insulte fiiite àiraadeiuie.croix et la prisera
la ville de La Rochelle. *• : . ; j,
Ajino salatis. . .RopeHani, somma et singnlari illaatrissim^et
reverendisslmf Dom. dom. Gardlnallsde Richelleanaperrtinè
hajasce ecclesia» cathedralis Lncfonensfs episcopi^pradenUâ,^
eonsUIa acTigflils in dillonem chrisUanisslml ae liHrIcàssiittI
Feg^ m4ovloi: Xin* mfra./qQindecim nieosiam terra «niaÉl^e:
presBjl^ ac. ter fo^ato Anglo snpe^bis raiXbns comeatam feroate^
fedacantùr, samptiî fabrics dictaB ecclesiœ réaedidcata regorge,
(fuus ; olîm , ai) ifildem' in cathôiicos ' farentfbus eversâ Jabebaln.-
I.a«s^teè',^Tfffciilf(IuèiiiatrtV^«i«Uè<FBe «mutbâs, pfomimfê^
JaftUfliôi ^mam :: .^: ii./i ;., : ^, .:..;.' ', :,::■"- t)h
Qamû TSii» rèriiaiquéi vlcer>, iUxosque réflnwr ' rro irroq
O! Riipena,taiun prodidite^om. * ^ <, , - .,r.t1 r.t
Corn domitara patas sablimi cornaacœlo
ftifcrteetregno, t>crfltfa;deprimeri8. ' ' ' ^ **
Br^ati aime foror Eégf lifstlllasse tôt anais? - < ' ! ol
SèoMcarnmfesUtetQlitAM^lcp* _ ;^ { L:ah
Hm cro^fdam reg;)|pas,iPC!dibiis proslrataji^bat . ^ ^;^.^\^
Saerilegis;.cam tadecidiserigilnr. . ... ^„^^'
Hanc Venerare, precor, pronosqtie et tristis adora ' ' ^. ^^^
Pendentem Gbristam; sieérilalma fldes. - « aoUld
78. Après la prise dci La Rochelle /'en liS2S;;1e
carduial de Richelieu ordonna que les; chflteaut^ 'déis '
Tilles, où la religion calviniste ëtdit strtvte , Wràiéht'l
démolis. ^^ '^^
^ • 55.
4M|.} A.-JBAK du PUàSI»«IC&BLlB<T» â8«ÉTfiQm. (164â
' 79. Le cardinal de Richeliea, moorot le 4 décembre
1M2 » âgé de 5T ans y et après avoir été dix-huk ans
Âkiislre. Pea d'hommes eurent pkis de pnissaiiee ,
bé^Vent plus de gloire et laissèrent plus^ de riâieSses;
VSté la bfograpbië é\ta tef pèr^nage ii^enife pas
iiii9 notire plhn. Nous n'ayèi^'vcmlu fkire coanâicrë
4àè ^vëque dé Luç^n> et i^arKb dous'avt^-^êie
ëblfgé de pat'W dû caFifiBai^^il^rev Itàiiseï^ ; m
reste, s'exprimer sur lui notre i^^ant deràticiën
/^ÉO'., « tl est plus difûcîie qu^qnije, le pense , dit M,,
àei l^QftWjsgeurd , . ^&. j^ger le iq^^îQç^): d# Bîd^eUou (^
dÉiÉc afisigneii une placé dan» Ifbistoke; Si onr con^
dttlIè^cMi 'les bistoriens de sa vre, od eeui- qàt ouf
écrft^rhistoire dé Louis Xin, les uns le louent comme un
l^i^^.^yant,, loéyo^e verJlaeuJ^f comme linv^fegpiiiet
de l'état et du roi, a tout fait pour eos^ et <pit,
pour en asswerle boidmifv a {Mmik aîastidira i^frwitft
la baine de ses contempoftttns; ' ik r ; i
« Les autres , au cootralre^,. en. ayouanJt,,^'4L était
le plus profond etelarplua f^midr^poIttique^Asi^
dont il a été le modérateur»: èt^^Aotit^ il â^ gouvesÉénlds
destins, attaqùisât ses mœurs ef ^coûSamnènfleS'motiâ'
de ses actioQ^^J^^ec^diAi^ a. tout asservi aj.sbn amr
biiion, tout jusqu'.JL. li| jTeligifQç., . . ^ -^v .:- .
,^ Ajjî^ajïi^ir qfl^j|«ie tcju^s^eps?iyé.j3e IwrUj^^ansIa
^w^^P^^H*^? j^ijïtaUsé ^e, q^dii?al îià V^mn
LÛçon, Hic&elieu saisit avec avidité ïes premferç.'raçr
ports qu'il eut avec la cour pour s'y introduire et sa-
crifia tout pooç y régner en mfliê^.'TH^^èmnifërént ïbs
164âJ A.-JBAN ])UPUZSSIS*RIGHBIIEU» fiS® ÉVÊQUE. (tôt
iiQiistices qa'4l a faites , les Tictifoes qu'il a frappées, le
saf« q^'ila vecsé. ua auteur de sa yie , (LeclercJ compte^
plu9 de 80 personnes de Barque ^ bannies et chassées:
de la CQur ; plus de 80 emprisonnées ; 50 snppÛciées ffn
qui n'ont évité la mort que par une fuite précipitée et.
un grand nombre dont les biens ont été confisqua, ] '
«t Ils le peignent sotis les couleurs de l'ingratitude la
plus 0oire, il a persécuté, baï ses bienfaiteurs et ses
maîtres, la reine-mére, Gaston son fib, la refaie
femme de Louis XIII à laquelle ils osent dire qull a
voulu plaire ; le roi lui-même dont il fit le malbeur
en troublant sa maison.
«Ils nous le donnent comme un disciple de Machia-
vel, plus savant que son mattre^ plus fourbe, plus
faux que son maître, trompant les rois, violant sa
foi, éludant les traités quand il ne croyait pas qu'il
fût de son intérêt de les violer, désavouant les ministres
et blâmant les généraux d'avoir suivi les ordres qu'il
leur intimait en secret et dont leur tête répondait ,
quand ils ne les suivaient pas.
« Ils comptent les richesses qu'il a ramassées, lés biens,
immenses qu'il a laissés, les dignités , les titres dont it
était couvert, les abbayes sans nombre qu'il avait ac-
cumulées.
<i Ils blâment l'ambition qu'il a eu de.se faire un nom
dans tous lous les genres et de vouloir être le premier
en tout. Us font rougir sa mémoire de la perÂcution
élevée contre le grand Corneille dont 11 immortalisa le
Gid, en le Ssdsant censurear par l'académie , quand celui-
ci préféra la gloire de l'avoir fait à l'or et a la faveur.
wo) a.-Jbak do PLfièsB-BicHBEifiu, â8«ÉvÉegr
». Le cardinal de Richelieu, mcorot le/ ^
1»2 , âgé de 5T ans , et après avoir ét^f^ ^
éikiislfe. Peu d'hommes euient pito f'
àc^&ent plus de gloire- et laisjjèrenf'^ | V
Raijfre la biographie d-tm tèf i^ f 1 ^
SttBè notire plan.
4Ql?«ftW¥«apd.
et M afisignen „«. j,,^, ;
««è ou tes hiatùtie^lf^ ^
écrït'lTÇiistoiredéLr/M.
W»IHd w gnij^ ^^ changements qui
de l'état et ^ ^^ ^^ ^^^ intelUgîbles.
pour en assp
la haine d *^^^® ^® dialogue sur la mort du
as y permettrons également quelques
« Les ' ,
le plos
^Qt ; .. JFcou/e, gars, est^il bien vrai^
dest* ^^ ^''^^ disent au pa/at'^ ?
j^ (?ii« ce cardinal d'importance
y Qui gavemait tote la France
Esi mort et btUi au tombea ?
^ Pré suTy il est bien ^t bea.
i; Jfenni ^iune meUe feras crère \
Car onéit gl'il faisait accrère.^
ont éiaitmôri quand il darmaU. . > . .: .
^- £hè0nj crès le donc tot-à'-fcnt. •.
1- S'itési si fin, à tonlavis.
5r.
IBAH DU PlBSSIShRlCHEUKU, 28* BTÉ<2UB. (423
^ * Tnppfl (jpris) fe parodisf
\fL -rippi La Rochelle,
-5> ^^,. ^ «^ Perpignan :
' "^v *v ^ '-^nc fermement.
•\
/
5
"^pigrammés est
.ces que contient
. de différents temps.
uès 1600. Le livre est rare
i^^ous ne citons des satires faites
que celles-ci , parce qu'elles sont
province.
A II &ut Tavouer, ceux qui louent et ceux qui
oinent le cardinal de Richelieu se sont peut-être
également éloignés de la vérité. Pour le juger avec
impartialité y il faut penser aux temps auxquels il a
vécu, aux mouvements dont la France était agitée et
que la loyauté , la fermeté d'Henri IV avait à peine
suspendus y et, que l'inquiétude de Marie de Médicis
pouvait faire reparaître encore, à l'esprit léger et in-
constant de Gaston, ^toujours jaloux de son frère et
mécontent de ne pas administrer le royaume lorsqu'il
pouvait à peine gouverner sa maison. Enfin à la haine
invétérée des deux partis des catholiques et des pro-
(I) Ls Génie Pofteptnne' coailtm àcB pièces de plusieurs au-
teurs.
424) A.-JbA!I Df4PLB9S]S*RlCfiEtfBCt 88BÉirtQbfi«.((l9l2
testants, dont il fiiOMt ipiéantir te defntek* {Klor sa-
gement goQveroer la Fraiice^
S3. a La France doit trop à Riebelieu, pourvue l'his-
toire soit toujours sévère ., toujours injuste envers lui.
Le cardinal de Richelieu a commencé le premier à don-
ner à la France cette prépondérance, dans le système
politique de l'Europe et qu'elle a conserva jusqu'à nos
Jours qu'elle est devenue l'objet de la pitié de ses
voisins (Ij. Il a relevé la gloire des armes françaises ;
il avait rendu au roi sa puissance et » en détroisant
l'intermédiaire de la féodalité (2), il a soustrait le peuple
à l'empire des grands; il a diminué leur puissance.
De son temps , le peuple fut heureux. Il a prépaie la
gloire de Louis XIV et ce monarque lui est redevable
d'un des plus beaux règnes de l'empire français; il a
montré du zèle pour la religion. Il en a soutenu le
crédit et l'autorité ; il a donné l'entrée de la cour à des
hommes vertueux. Qu'on se rappelle que c'est soas
son ministère que les Vincent, les Bérulle, les Ollier
et tant de saints ecclésiasques , trouvèrent, dans le
conseil du roi, des protecteurs, des amis qui soutinrent
les beaux établissements de St Sulpice , de St Lazare
et de St Magloire. Il a le plus contribué à faire recevoir
et mettre en pratique les règles du St Cobcile de Trente.
Il a fait naître les sciences qui se perdent et qui s'ou-
blient dans le bruit des armes. Il a protégé , enrichi les
(i) Oa voit que ptos d*aAe foît on a jagé qnù le» {;eUTernftnl9 en
Fr40c9 ne maintenaient pas celle puifesance au rang quelle doit
raiionnablement avoir. O, L. F.
(!l) En détruisant la ftodalîté et , en îaolaat niaai le trône , n'a-
t-ii pas préparé la révolution de 1789? D. L. F.
IM2) A.-JfiAKim PiBSSIS-ElCHEUEIJ^ 2S» tYÈQVB, (425
savante; il 'a payé généreusemenl; les^ essais d'un talent
médiocre, pour encourager le génie timide et naissant.
Si. a Peut-être , dans tout ceci, trouvera-t-on que
ffdOftpâylOBS'béatftoii)» dii-ministre-et' peu de Téréque
dëliiiléii'; oè; dickièlé'' tbildéit béaiic6up;;Qb''on pense
qoRâ dèt«ât étPe^l'ëtaiif^dafis^Ie^^'il'^^irouTftiân'ït'ciu'-
p^aÉ;;4lénué de pâslëursv^èpiils 'Vingi>^^; privS de
nfihistres, dépdutflë i^ l>éïi6âèei^^^#les protestadi^
et l^s' oaiboliq«îe9 s'empafâient à TenW: Lliréirgion^
te^^serdro qui en est fe mite éteint i é&a eoiàlifle. tï
rMst¥cKsil ét^rèelaira^, séit jfSirè^ outra^ dé piété ;
soit par des traités de contreVérsé.-éurtoui il fit des
visites fréquentes et rapprocha de luises coopérateurs,
souvent rassemblés en synodes, dans lesquels il publia
des statuts, qui rappellent Tancienne discipline trop
négligée. Il établit un séminaire à Luçon...»
85. Disons un mot de Timmense fortune laissée par
le cardinal de Richelieu. On sait qu'il légua le palais
somptueux qu'il avait construit à Paris et appelé le
Palais-Cardinal, au roi Louis XIII: c'est le Palais-
Royal. Il laissa le surplus de ses biens à son neveu, au
fils de sa sœur, Armand-Jean de Yignerot du Pont-
Courlay, à la charge de prendre le nom et les armes
de la maison du Plessis-Richelieu qui , sans cette dis-
position, périssaient avec lui. Dans ces derniers temps,
la famille Yignerot de Pont-Courlay, originaire des
rives de la Sèvre-Nantaise , a pris fin dans le duc de
Richelieu, ministre sous la restauration, et c'est un
neveu maternel de ce dernier personnage de la famille
de Chapelle de Jumillhac , qui de nouveau vient faire
revivre le nom de du Plessis-Richelieu, éteint avec le
Jm ) A.-JBA1I BU PLBSm-RlCHfiUfiU f âfr» [tVÈQm ( iU2
cardinal-iniiiistre » et prend ie titre de doc conféré i sa
grande puissaqce.
86. Qui ne oonnatt pas la figure austère , fine , maligne
et pointae du cardinal de Ricbelieo? Les traits de ce
personnage qni a tant marqué sur la acànedeoiande
ont été reprodiiUs un grand nomlire de fois par la gnr
vnre. Je possède un portrait original de loi qui se
trouvait originairement dans la galerie de son cousin-
germain, le maréchal duc de la Meilleraye et de plus
la gravure de ce même portait » au imflieu d'un bon
nombre d'autres /^destinées] à rappeler le cai^ial-
nodnisire, d'abord» mpdestç^vèque.d^
:i.^i^>r-v.