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HISTOIRE GÉNÉRALE
DES
AUTEURS SACRÉS
ET ECCLÉSIASTIQUES.
BEAUGENCY. - IMPRIMEniE DE F. RENOU.
HISTOIRE GÉNÉRALE
DES
AUTEURS SACRÉS
ET ECCLÉSIASTIQUES
QUI CONTIENT
LF.l-n VIE, LE CATALOGUE, LA CHITIQDE, LE JUGEMENT, LA CHRONOLOGIE, L'ANALYSE
ET LE DÉNOMBREMENT DES DIFFÉRENTES ÉDITIONS DE LEURS OUVRAGES ;
CE qu'ils RENFERMENT DE PLUS INTÉRESSANT Sl'U LE DOGME, SUR LA MORALE ET SUR LA DISCIPLINE DE L'ÉGLISE ;
L'HISTOIRE DES CONCILES TANT GÉNÉRAUX QUE PARTICULIERS, ET LES ACTES CHOISIS DES MARTYRS,
PAR LE R. P. DOM REMY CEILLiER
Bénédictin de la Congrégation de Saint-Vannes et de Saint-Hydulplie, Goadjuteur de Flavigny.
NOUVELLE ÉDITION
SOIGNEUSEMENT REVUE, CORRIGÉE, COMPLÉTÉE ET TERMINÉE PAR UNE TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES,
PAR L'ABBÉ BAUZON, ANCIEN DIRECTEUR DE GRAND SÉMINAIRE,
DÉDIÉE *
AU CLERGÉ CATHOLIQUE FRANÇAIS,
HONORÉE DES SUFFRAGES DE PLUSIEURS ÉVÊQUES,
Des eacoiitajenienls de plusieurs Vicaires Oéiéraux, Ditecleors de Séminaires et d'un grand mmlre de personnajes dislinjuK
de la France el des pajs élranjers.
TOME ONZIÈME
PAEIS
CHEZ LOUIS VIVES, LIBRAIRE-ÉDITEUR
5, RUE DELAiMBBE, 5.
1862.
m 1 6 ^^33
5 9-9Ô
TABLE
DES CUAPITRES. ARTICLES ET PARAGRAPHES
COniTENUS DAIMS CE VOLUME.
Pages
CHAPITRE I". Saint Fulgencc, évêque d e Ruspe
et confesseur (Pèro latin, 535) 1
Art. I. Histoire de sa vie 1
Art. II. Des écrits de saint Fulgence. ... 10
§ I. Des livres h Mouime 10
§11. Li-vTC contre les Ariens 10
§ m. Les trois livres au roi Trasamond. . 19
§ IV. Lettre de saint Fulgence sur le vœu
de continence 25
§ v. Lettres à Galla et à Proba 96
§ VI. Lettres à Eugippius, à Théodore et à
Vénantie 29
§ VII. Livre de la Foi orthodoxe à Donat. 32
§ VIII. Livre contre le sermon de Fastidio-
sus 31
§ IX. Lettres de saint Fulgence à Scarilas
et à Ferrand, diacre 35
§ s. Lettre à Jean et à Vénérius .... 41
§ SI. Lettre des évêques d'Afrique aux
moines de Scythie 44
§ XII. Lettre au comte Régin 50
§ sill. Livre de la Trùîif^ à Félix. ... 50
§ XIV. Des deux livres de la Rémission des
péchés 52
§ XV. Des trois livres de la Vérité de la
Prédestination et de la Grâce de Dieu. 56
§ XVI. Du livre de la Foi 63
§ XVII. Du livre de la Foi contre l'évêque
Pinta, de quelques Homélies 69
§ xvm. Des livres contre Fabien. ... 70
§ XII. Des ouvrages de saint Fulgence que
nous n'avons plus 74
§ XX. Des écrits faussement attribués à
saint Fulgence 75
§ XXI. Jugement des ouvrages de saint
Fulgence. Catalogue des éditions qu'on
en a faites 75
CHAP. H. Saint Rémi, évèque de Reims et
apôtre des Français (écrivain latin, 535). . 76
CHAP. III. Eugippius, abbé de Lucullane (avant
l'an 567), et Ferrand, diacre de Carthage
(vers 547, écrivains latins) 85
CHAP. IV. Adrien, Laurent de Novarre, Mar-
ceUin, Elpidius, Gilles, Orientius (écrivains
latins du vi» siècle) 95
CHAP. V. Epiphane Scholastique (écrivain la-
tin), Théodore Lecteur (écrivain grec vers
l'an 535) 102
CHAP. VI. Sévère de Sozopole, Jean de Scy-
thople, Rasile de Cilicie, Jean d'Egée, Jean
Epiphane de Constantinople, Epiphane de
Constantinople (écrivains grecs du vi= siè-
cle) 106
CHAP. VII. Saint Jean I (526), saint Félix IV
P««ei
(529), Boniface 11 (531), saint Jean II (533)
et saint Agapet (536), papes 112
CHAP. VIII. Denis surnommé le Petit (écrivain
latin, 510) 121
CHAP. l.\. Saint Césaire, évêque d'Arles (écri-
vain latin, 540) 125
ART. I. Histoire de sa vie 125
Art. II. Des écrits de saint Césaire d'Arles. 128
§ I. De ses sermons recueillis dans VAp-
pendice de ceux de saint Augustin. . . 128
§ II. Des homélies de saint Césaire recueil-
lies dans la Bibliothèque des Pères et par
Baluze 143
§ ni. De quelques autres homélies que l'on
a attribuées à saint Césaire 147
§ IV. Des règles de saint Césaire .... 147
§ V. Des lettres de saint Césaire. . . . 152
§ VI. Jugement des écrits de saint Césaire.
Éditions qu'on en a faites 155
CHAP. X. Saiut Benoît, jiatriarche des moines
d'Occident (écrivain latin, 543) 156
CHAP. XI. Éphrem, patriarche d'Antioche (écri-
vain syrien vers 546), saint Barsanuphe,
anachorète (écrivain grec vers l'an 550). 171
CHAP. XII. De Procope de Gaze, Eusthate
(écrivain grec, moine du vi" siècle), un
Commentateur anonyme sur l'Octateuque,
Choricius, sophiste de Gaze (écrivains grecs
vers l'an S46) 176
CHAP. XIU. Jobius, moine d'Orient (écrivain
grec du VF siècle) 181
CHAP. XIV. Cosme d'Egypte, surnommé Indi-
copleustes (écrivain grec du vi= siècle) . . 186
CHAP. XV. Silvérius (538) etVigile (555). papes. 192
CHAP. XVI. Arator, poëte chrétien (écrivain
latin, 551) 197
CHAP. XVU. Pontien, évêque d'Afrique (340),
et Aurélien, évêque d'Arles (546) (écrivains
latins, anonymes grecs du vi» siècle). . . 198
CHAP. XVllI. Saint Viventiole , évêque de
Lyon (540) ; Léon, archevêque de Sens ;
Trojanus, évêque de Saintes ; saint Nicé-
tius, évêque de Trêves (566); et Mappinius,
évêque de Reims (550, écrivains latins). . 201
CHAP. XIX. Cassiodore, chancelier et premier
ministre de Théodoric, roi d'Italie, et en-
suite abbé de Viviers (écrivain latin, 560). 207
Art. I. Histoire de sa vie 207
Art. II. Des écrits de Cassiodore 212
§ I. Des lettres de Cassiodore 218
§ II. De l'Histoire ecclésiastique appelée
Tripartite, de la Chronique, du Comput
pascal et de l'Histoire des Golhs. . . 220
S III. Du, Commentaire de Cassiodore sur
M
TABLE DES CHAPITRES.
les Psaumes 223
§ IV. Du Commentaire sur leCantique des
Cantiques attribué à Cassiodore ... 226
§ V. Du Livre de l'Institution aux lettres
divines 226
§ VI. Traité des sept arts libéraux, de l'o-
raison, de l'orthographe et des tropes
ou des figures 235
§\i]. Du Traité de l'âme 238
§ VIII. Des livres de Cassiodore (jui sont
perdus, ou qu'on lui a faussement attri-
bués 242
Abt. m. De la doctrine de Cassiodore. . . !43
Abt. IV. Jugement des écrits de Cassiodore.
Éditions qu'on en a faites 353
CHAP. .\X. Justinien, empereur (écrivain grec,
566) 23*
CHAP. .\XI. Dacius, évoque de .Milan; Justi-
nien et Juste, évéques d'Espagne ; Aprigius,
évèque de Badajoz ( écrivains latins du
VI» siècle); Arétas, évèque de Césarée ; Aga-
pet, diacre do Coustantinople; Constantin
le diacre (tous écrivains grecs vers l'an
535) 264
CHAP. .\.\II. Zacharie, évèque de Mitilène
(après l'an 536); Théodore et Cyrille de Scy-
tople; Timolhéc, prêtre de Jérusalem; Eu-
sèbe, patriarche d'Alexandrie (écrivains
grecs du vi' siècle) 270
CHAP. X.MII. Saint Crégentius, archevêque de
Taphar (553) ; Nouuosus et Eutychieu (écri-
vains grecs du vi« siècle) 279
CHAP. XXIV. Junilius, évèque d'Afrique (530) ;
Primase, évèque d'Adrumète (553); Bellator
efMucien (vers le même temps, écrivains
latins) 281
CHAP. XXV. Facundus, évèque d'Uermiane
(547), et Rustique, diacre de Rome (549,
écrivains latins) 285
CHAP. XXVI.VictordeTunones (566); Libéral,
diacre de Carthage (vers 556) ; Victor de
Capoue (550, écrivains latins) 302
CHAP. XXVII. Saint Fortunat (576); Eusèbe,
évèque d'Antibes (avant 573): saint Ger-
main, évèque de Paris (576);.\lérérius, évè-
que d'Angoulème (vers 570 ; écrivains la-
tins) 306
CHAP. XXVIII. Saint Fcrréol, évèque d'Uzès ;
saint Domnole, évêijue du .Mans (57G); saint
Félix, évèque de Nantes (382); Chilpéric,
roi de France (écrivains latins du vi' siècle). 312
CHAP. XXl.X. Sainte Radcgoudc, reiuc de
France (587), et sainte Césarie, abbesse de
Saint-Jean d'Arles (vi« siècle ; écrivains la-
lins) ai5
CHAP. XXX, Saint Gildas, abbé deRuis; saint
Frédolin, abbé de Sainl-llilaire, à Poitiers
(écrivains latins du vi« siècle) 318
CHAP. .\XXI. Jauuarin, moine de Saint-Auré-
lien d'Arles (après l'an 553) ; saint Prétex-
tât, évèque de Rouen (58G); salut Véran,
évèque de Cavaillon (après l'an 389); Aut-
monde. évèque de Toul (à la fin du vi' siè-
cle; écrivains laliiis) 321
CHAP. XXXII. Saint Aunaire, évèque d'Auxcrrc
(586); Etienne, prêtre d'Auxerre; Si-dalus,
«vêquc de Béliers; saint Yrieix, abbé d'A-
tane (591); Gontran, roi de France (593 ;
écrivains latins) 323
CHAP. XXXllI. Pelage I, pape (559) 327
CHAP. .XXXIV. Les papes Jean IH (572); Pe-
lage II (390) 333
CHAP. XXXV. Timothéc, prêtre de Constanti-
nople. .4nonymc sur la réception des ma-
nichéens (auteur anonyme qui écrit contre
les manichéens; écrivains grecs du vi« siè-
cle) 340
CHAP. XXXVI. De la Chronique d'Édesse et
d'une autre chronique anonyme, par des
écrivains grecs du vi« siècle 342
CHAP. X.XXVII. Julien, évèque d'Halicar-
nasse ; Domitien, évoque d'Ancyre (écri-
vains grecs du vi« siècle); Vérécundus, évè-
que d'Afrique (écrivain laliu du \l' siècle);
Paul le Silentiaire ; Eustralius, prêtre de
Constantinople (écrivains grecs, même siè-
cle). Cogitosus (écrivain latin, même siècle). 344
CHAP. XXXVIII. Agnellus (vers 556), Gordien,
Simplice (570) et Colomba (598, écrivains
latins) 349
CHAP. XXXIX. Saint Martin de Dume, archevê-
que de Brague (écrivain latin, vers 580). . 350
CHAP. XL. Eutychius (582) et Jean le Scholas-
tiquc (575), patriarches de Constantinople
(écrivains grecs) 352
CHAP. XLI. Grégoire (593) et saint Anastase
(598), patriarches d'Antioche (écrivains
grecs) 856
CHAP. XLII, Saint Grégoire, évèque de Tours
(Père latin, 595) 365
Art. I. Histoire de sa vie 365
Art. 11. Des écrits de saint Grégoire de Tours. 367
§1. L'Histoire ecclésiastique des Français. 367
§ II. Livre de la Gloire des Martyrs. . . 372
§ III. Livre dii Martyr, des Miracles et de
la Gloire de saint Julien 374
§ IV. Livre de la Gloire des Confesseurs. . 375
§ V. Des Miracles de saint Martin . . .377
§ VI. les T'ies des Pères 379
§ VII. Des Commentnires sur les Psaumes,
des Miracles de saint Ayuiré, des Actes
de saint Julien et-de l'Histoire des sept
DorniaJit 383
§ VIII. Des Vies de saint Uaurille, de saint
rnciJ, et de quelques autres écritsattri-
bués à saint Grégoire de Tours. . , . 384
§ IX. De quelques ouvrages de saint Gré-
goire qui sont perdus 385
Art. m. Doctrine de saint Grégoire de Tours 385
Abt. IV. Jugement des écrits de saint Gré-
poire de Tour» 395
CHAP. XLIII. Marins, évèque d'Avcnches (596);
Tétérius, clerc de l'église d'Auxcrre ; Uoté-
rius, historien (écrivains latins, vers le
même temps) 399
CHAP. XLIV. Dyname, Patrice (écrivain latin,
601). , 400
CHAP. XLV. Saint Fortunat, évèque de Poi-
tiers (écrivain laliu, vers 609); Baudonivie,
religieuse de Poitiers (vers le même temps). 402
CHAP. XLVI. Evagre d'Epiphanie, historien
ecclésiastique (écrivain grec, après l'an 593),
Jean d'Asie ou d'Éphèse (écrivain grec,
vers le même tempç). 415
TABLE DES en APURES. VII
CHAP. XLVII. Saint Léandre, évÉque de Se- l'an CIÎJ); saint Bcrtchran, évêquo du Mans
ville (éoriTiiin latin, fi03); Jean, abbiS de (écrivain lutin, aprèa l'au 029); saint l'ro-
Biclnr (écrivain latin, 590) 422 tade, do licsançon (écrivain latin, C2S);
CHAP. XLYIII. Jean le Jeûneur, patriarche de saint Kusiase, abbé de Liiseu (écrivain la-
Constantinuple (écrivain grec, tiO^); Lici- tin, G2.'i); Luculeutius (temps incertain,
nien, évCque de Cartbagcnc (écrivain la- écrivain latin) , . • . 630
tin, 595); Sévère, évéque de Malaga (écri- CHAP. LV. Marc (écrivain latin, 012); Sébas-
vain latin, vers le mémo temps) . . . . 420 tien et Siniplice, disciples de saint Benoît;
CHAP. XLIX. Saint Grégoire le Grand, pape et Eutrope, évéque de Valence, et Maxime,
docteur de l'Église (Père latin, 601). . . 429 évù([ne de Saragosse (tous écrivains latins
Abt. I. Histoire de sa vie 429 au coinnicncenient du vii" siècle). . . .634
Art. II. Des écrits de saint Grégoire. . . . 441 CHAP. LVl. Marc l'Ermite (écrivain grec, épo-
§ I. De ses livres de Morale sur Job. . , W que incertaine, peut-être au commence-
§ II. Des homélies sw)- le prophète Ézéchiel. 452 ment du v» siècle ; Galland le place en390). 636
§ III. Des homélies sur les évangiles . . 458 CHAP. LVII. Audronicien, Lucius Charinus,
§ IV. Du Pastoral de saint Grégoire. . . . 4G2 Méthrodore, Héraclien et Léontius (écri-
§ V. Des Dialogues de saint Grégoire. . . 470 vains grecs, vers le commencement du
Art. m. Des lettres de saint Grégoire. . . . 479 vii« siècle) C43
§1. Lettres du premier livre 479 CHAP. LVlll. Les papes Boniface IV (614),
§ II. Livre ii. Des lettresde saint Grégoire. 486 Deusdedit (616), Boniface V (625), Hono-
§ m. Livre m. — — 490 rius (C28), Jean IV (642) 645
§ IV. Livre iv. — — 494 CHAP. LIX. Jean Philoponus (écrivain grec,
§ V. Livre V. — — 499 610), Tbéodose, Conon, Eugène Thémistius,
§ VI. Livre vi. — — 503 Théodore, Nicias, Léontius et Georges Pi-
§ vu. Livre VII. — — 506 sidès (écrivains grecs, vers le même temps). 650
§ VIII. Livre viil. — — 509 CHAP. LX. Hésychius, prêtre de Jérusalem
'§ IX. Livre ix. — — 513 (écrivain grec, en 513 d'après Galland), et
§ X. Livre x. — — 518 Hésychius, prêtre de Constantinople (écri-
§ XI. Livre XI. — — 520 vain grec, versle même temps, peut-êtreen
§ XII. Livre XII. — — 528 513 d'après Galland 654
§ XIII. Livre XIII. — — 529 CHAP. LXI. Léonce, évêque de Naples en Cy-
§ XIV. Livre xiv. — — 535 près (écrivain grec, entre 602 et 616). . . 658
§ XV. Appendice aux lettres de saint Gré- CHAP. LXII. Léonce de Bysance, avocat, et
goire 535 depuis moine (écrivain grec, 610). . . . 666
Art. iv. Du Sacramentaire de saint Gre'goire CHAP. LXllI. Nicéphore,maître d'Antioche (écri-
et des autres écrits qui regardent la Celé- vain grec, commencement du viin siècle);
bratiôn des offices divins 537 saint Siméon Stylite le Jeune (597, écrivain
Art. v. Des Commentaires sur le premier grec); Paul, diacre de Mérida (écrivain la-
livre des Rois, sur le Cantique des Canti- tin, 610) 673
ques, sur la Pénitence, et de la Concor- CHAP. LXIV. Saint Jean Climaque, abbé du
dance de l'Écriture 545 Mont-Sinaï (écrivain grec, 605); Jean, abbé
Art. VI. Extraits des écrits de saint Gré- de Raïthe (écrivain grec, après 605). . . 676
joire, par Patérius et par Alulfe. . . .651 CHAP. LXV. Agathias, poète et historien (écri-
Art. vil. Doctrine de saint Grégoire. . . .552 vain grec, 590): Auremond, abbé du Maire
Art. viii._ Jugement des écrits de saint Gré- (écrivain latin, 625); Sonnace, évêque de
goire. Éditions qu'on en a faites. . , .583 Reims ; Florent prêtre de l'église de Trois-
CHAP. L. Saint Euloge, patriarche d'Alexan- Châteaux (écrivains latins, après 625). 692
drie (608); Saint Grégoire, évêque d'Agri- CHAP. LXVI. Dorothée, archimandrite : Hypéré-
gente (vers 598; écrivains grecs) .... 587 chius, prêtre; Antioehus, moine de Saint-
CHAP. LI. Anastase Sinaïte, prêtre et moine Sabas (écrivains grecs, au commencement
(écrivain grec, vers 680) 594 du vil" siècle) 695
CHAP. LU. Fauste, moine de Glanfeuil (écri- CHAP. LXVII. Modeste, patriarche de Jérusa-
vain latin, VIF siècle) 610 lem (écrivain grec, 629); Georges d'AIexan-
CHAP. LUI. Saint Colomban, abbé de Luxeuil drie (630); Jean, moine d'Antioche (vers le
(écrivain latin, 615) 612 même temps; écrivains grecs); Aransius,
Art. I. Sa vie 612 Helladius, Juste, Nonnitus et Conantius,
Art. 11. Écrits de saint Colomban 617 évêques d'Espagne (écrivains latins au
§ i. Règle de saint Colomban 617 commencement du vii« siècle) 698
§ II. Instructions ou discours de saint Co- CHAP. LXVIII. Jean Mosch, abbé (619 ou 620),
lomban 622 et Sophrpne, évêque de Jérusalem (619 ou
g III. Des lettres de saint Colomban. . . 624 744) (écrivains grecs) 700
■ § IV. Poésies de saint Colomban . . . . 62T CHAP. LXIX. Saint Isidore, évêque de Séville
§ T. Des ouvrages de saint Colomban qui et docteur de l'Église (écrivain latin, 636). 710
sont perdus 629 CHAP. LXX. Braulion, évêque de Sarragosse
§ VI. Jugement des écrits de saint Colom- (vers l'an 646); Jean, évêque de la même
ban. Édition? qu'on en a faites. . . . 629 ville; saint Sulpice, évêque de Bourges;
CHAP. LIV. Varnahaire (écrivain latin, après saint Didier, évêque de Cabors; Vérns,
vni
TABLE DES CHAPITRES.
Figt*
éyèqne de Rodez ; saint Valère, abbé (655;
tous écrivaius latins du vii« siècle) . . .728
CHAP. LXXI. Saint Gnl, abbé, (646); Jonas,
abbé d'Elnone; saint Cuméen, abbé en Hi-
beniie; saint Donat, abbé de Besançon; la
Bègle du Maître (deux anonymes; tous
écrivains latins du vii« siècle) .736
CHAP. LXXII. Marculphe, moine (660): saint
Livin (vers l'an 656); Eugène, évêque de
Tolède (657); Apollonius de Novarre (xv« siè-
cle ; écrivains latins) 739
CHAP. LXXIII. Frédiîgaire, historien (658), et
ses continuateurs ( écrivains latins du
vil" siècle) 744
CUAP. LXXIV. Les papes Tbéodore I (649),
saint -Martin (655) et Maure, archevêque de
Ravenne (648; écrivains latins) 748
CHAP. LXXV. Saint Éloi, évêque de Noyon
(659): saint Ouen, évêque de Rouen (683;
écrivains latins ) 753
CHAP. LXXVI. Saint Maxime, abbé de Chryso-
polis (écrivain grec, 662); Anastase, disciple
de saint Maxime (même année) ; Anastase,
apocrisiaire (666); Théodore et Théodose
(vii« siècle ; tous écrivains grecs) .... 760
CHAP. LXXVII. Saint Udephonse, archevêque
de Tolède (667); Quiricius de Barcelone
et Taion de Saragosse (écrivains latins,
Ters le même temps) 773
CHAP. LXXVIIl. Saint Priest ou Préjcct, évêque
de Clermout (678); saint Léger, évêque
d'Autun (6"8): saint Arbogaste, évêque de
Strasbourg (678), et Ternacc, évêque de Be-
sançon (vers 680 ; tous écrivains latins). . 778
CHAP. LXXIX. Les papes Vitalien (672), saint
Agathon (682), saint Léon II (684), saint
Benoit 11 (685) 781
CHAP. LXXX. Saint Siviard, abbé (vers 687,
écrivain latin): Jean, archevêque de Thes-
saloniquc; Théodore, abbé de Rhaîte ;
Pierre de Laodicée; Thalassius; l'abbé
Isaïe: l'abbé Théofride : Cosme, moine de
Jérusalem : Pantaléou, diacre de Constan-
tinoplc (écrivains grecs du vu* siècle). . . 786
CHAP. LXXXI. Julien, archevêque de Tolède
(690); Idalius, évêque de Barcelone (vers le
même temps; écrivains latins) 791
CHAP. LXXXII. Théodore, archevêque de Can-
torbéry (690, écrivain latin) 796
CHAP. LXXXlll. Saint Fructueux, archevêque
de Brague (666); Adamnan, abbé de Hi (704
ou 705); Arculfe, évêque gaulois (vers le
même temps); Céolfride, abbé de Wire-
mouth et de Jarou (716) 799
CHAP. LXXXIV. Saint Adelme , évêque de
Schirburn (709): Apponius (vu» siècle); Cres-
conius. évêque d'Afrique (viF siècle; écri-
vains latins): Démétrius de Cizique; Jean
de Nicée (du vii" siècle; écrivains grecs);
saint Lucius, archidiacre (vi»ouvii« siècle,
écrivain latin) 804
CHAP, LXXXV. Ursin, abbé de Ligugé; saint
Ausbert de Rouen; Évance, abbé de Tro-
clar; Défenseur, moine de Ligugé (sur la fin
du vii° siècle ; écrivains latins); Denis de
Telmera (écrivain syrien) 811
FIN DE LA TABLE
Ptgu
CHAP. LXXXVI. Conciles du vi« siècle. . . .814
Art. I. Conciles d'Épaone et de Lyon (517). 814
Art. II. Des conciles de Constanliuople (518),
de Jérusalem (518), de Tyr (518) et de
Rome (519) glS
Art. III. Conciles d'Arles (524), de Lérida
( 524) et de Valence (524) 823
Art. IV. Des conciles de Junque (524) et de
Carthagc (525) 828
Art. V. Du concile de Carpentras (527), du
second d'Orange (529), du troisième de Va-
lence (329) et du second de Vaison (529). . 831
Art. VI. Concile de Tolède (531) 839
Art. VII. Des conciles de Rome (530, 531). 841
Art. viii. De la conférence des Catholiques
avec les Orientaux ou Sévériens, à Constan-
tinople (533; 843
Art. IX. Du second concile d'Orléans (533). 847
Art. X. Des conciles de Clermont en Auver-
gne (535), et de Carthage (535) 849
Art. XI. Conciles de Constantinople et de
Jérusalem (536). . . • 851
Art. XII. Troisième concile d'Orléans (538) et
du concile de Barcelone (540) 856
Art. XIII. Du concile d'Afrique (541) et du
quatrième concile d'Orléans (541). . . .859
Art. XIV. Des conciles de Constantinople
(54Ti, du cinquième d'Orléans (549); du
deuxième de Clermont (549) et concile de
Toul (550) 862
Art. XV. Concile de Mopsueste (550), du se-
cond concile de Constantinople, cinquième
général. Edit de Justinicn contre Origène. . 865
Art. xvi. Conciles de Paris (551), d'Arles (554)
et de Paris (557); ordonnance de Childebert
(?58): édit de Clotaire (559) 882
Art. XVII. Conciles de Landaf (560). . . .884
Art. sviii. Concile de- Brague (863). . . .885
Art. XIX. Conciles de Saintes (563), de Lyon
(566) et de Tours (566) 886
Art. XX. Conciles de Brague et de Lugo (572) 891
Art. XXI. Conciles de Paris (573) et de Chft-
lons (579) 892
Art. xïu. Conciles de Màcon (581), de Lyon
(583) et de Braine (580) 894
ART. XXIII. Conciles de Valence (584) et de
Mâcon (585; 896
Art. XXVI. Conciles d'Auxerre (après 585;, de
Clermont (585) et de Constantinople i587). 897
Art. XXV. Conciles de Tolède(586)et de Nar-
bonne (589), de Sauriciac et de Rome (589). 899
Art. XXVI. Des conciles de Poitiers et de Metz
au sujet de troubles excités & Sainte-Croix
de Poitiers (590) 905
Art. XXVII. Des conciles de Nanterre (591),
de Saragosse (592), de Tolède (597), et de
Barcelone (599} 906
CHAP. LXXXVll. Des conciles du \ii« siècle. . 908
Art. 1. Concilesde Rome(OOl), de M'orchester
(601), de Byzacène (602), de Numidie (602),
de Cantorbéry (605), de Rome (606), de To-
lède (610) et d'Égara (614) 908
Art. II. Conciles de Paris (615), de Kent
(617), de Séville (619) et de Théodosiopo-
lis (020) 'Mi
DES C1IAP1TBES.
HISTOIRE GÉNI'RALE
DES
AUTEURS SACRÉS
ET ECCLÉSIASTIQUES.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
[suite du vi" siècle.]
CHAPITRE I.
Saint Fulgence, évêqne de Ruspe et confesseur.
[Père latin, en l'an 533.]
CHAPITRE I".
niSTOIRE DE SA VIE.
l. Genséiic, roi îles Goths , s'étant em-
paré de Cartilage, en chassa tous les séna-
teurs après les avoir tlépouillés de leurs
biens. Gordien, aïeul de saint Fulgence, fut
de ce nombre. [1 se retira en Italie avec sa
famille et y mourut quelque temps après.
Deux de ses fils retournèrent en Afrique
dans l'espérance de recouvrer la succession
de leur père ; mais ils ne purent demeurer
dans Cartilage où leurs maisons avaient été
données aux prêtres ariens. Etant toutefois
rentrés dans la possession de leurs biens par
l'autorité du roi, ils passèrent dans la By-
zacène et s'établirent .■'iTélcpte. L'un d'eux,
nommé Claude, épousa Marie-Anne, femme
chrétienne et d'honneur, dont il eut un iils
qu'il nomma Fulgence. C'était en 468. Claude
ne survécut pas longtemps à la naissance de
ce fils. Marie-Anne, sa mère, chargée seule
de son éducation, lui fît apprendre dès' son
bas âge les lettres grecques, afin qu'il pro-
nonçât mieux celte lani;ne, et ne lui permit
point de pai 1er, ni de hre eu latin qu'il n'eût
XI.
appris par cœur flomère entier et une bonne
partie de Ménandre. Fulgence prononça en
effet toute sa vie le grec comme s'il eût été
né dans la Grèce, gardant exactement les
aspirations et toutes les autres propriétés de
cette langue. Après cela, elle lui donna des
maîtres pour la langue latine et pour la
grammaire , dans lesquelles il fit de grands
progrès.
2. Ses études furent interrompues par le
soin qu'il fut obligé de prendre de ses af-
faiies domestiques. Mais il se conduisit en
tout suivant les ordres et les avis de sa mère
à laquelle il était parfaitement soumis. Il
usait de son pouvoir avec bonté, traitant ses
débiteurs avec douceur et sans les vexer ja-
mais. Les reproches qu'on lui en lit ne con-
tribuèrent pas peu à lui faire trouver pesant
le poids des affaires dont on l'avait chargé ;
et, commençant à se dégoûter de la vie du
monde, il sentit croître en lui l'amour d'une
vie toute opposée à celle du siècle. 11 visi-
tait souvent les moines, prenant plaisir dans
leurs conversations et à s'instruire de leurs
observances. Ayant considéré que la retraite
et l'abstiueuce dans laquelle ils vivaient, les
mcUaieut à couvert des tentations du siècle,
Il opl clinr.
gè dos nlT.iires
de su Tainillu.
Cai.. II.
2
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIOITS.
et qu'ils vivaient ensemble dans une vraie
charité, il fut vivement touclié d'embrasser
le même ëtat, sedistint souvent à lui-même :
« Pourquoi travaillons-nous dans ce siôcle
sans l'espérance des biens futurs? Si nous
désirons de nous réjouir, quoiqu'il soit beau-
coup mieux de bien pleurer que de se mal
réjouir, les plaisirs de ceux dont la cons-
cience est tranquille en Dieu et qui ne crai-
gnent rien que le péché, ne sont-ils pas pré-
férables? « Sur ces réilexions et sur d'autres
très-salutaires, il forma le dessein de renon-
cer au monde ; mais il ne s'en ouvrit à per-
sonne, se contentant de s'exercer dans la
c.p.iii. maison de sa mère à la retraite, au jeune et
à la prière. 11 rompit insensiblement avec
ses anciens amis, diminua la quantité du
boire et du manger qu'on avait coutume de
lui servir, ne fréquenta plus les bains ; en
sorte qu'étant encore laïque, il vivait com-
me un moine. Ceux qui l'avaient coiuiu, ne
sachant point la cause de son changement,
l'attribuèrent à une faiblesse d'esprit. Mais
Fulgence, en qui l'amour de la vie reli-
gieuse croissait chaque jour, ayant lu un
sermon de saint AugusUn sur le psaume
XXXVI, en fut si touché, qu'il résolut de ren-
dre, public son dessein en changeant d'ha-
bit, afin qu'il ne fût plus obligé de recevoir
amiablement chez lui ceux avec qui il avait
vécu longtemps d'une manière mondaine.
3. La plupart des évêques que Gensciric
avait contraints de soitir de leurs diocèses,
étaient relégués dans les lieux voisins. Ce
prince en usait ainsi dans l'espérance que,
souflVant les incommodités de l'exil proche
du lieu de Icni- demeure, ils en seraient plus
tentés de renoncer à la foi catholique. Fauste,
l'un de ces évêques , bâtit un monastère
lap. 1'. dans le lieu de sou exil, où il vivait avec tant
d'édification qu'il s'attirait le respect de lous
les chrétiens. Fulgence, de qui il était connu,
l'alla trouver pour lui ouvrir son cœur. Le
saint évoque sachant que Fulgence, né de
parents nobles et riches, avait été élevé
dans les délices, le rebuta d'abord, comme
s'il ne fût venu dans son monastère que
pour tromper par un extérieur de piété les
servitiHU's do Dieu qui y demeuraient. <c Vous
serez, lui dit-il, reçu au nomijre des moines
lorsque, ayant changé votre ancienne habi-
tude de vivie dans les plaisirs, vous ne se-
rez point ollcnsi; à la vue des mets et des
vêlemenls les plus vils. » Ce discours ne (it
qn'augnu'nlcr dans Fulgence le désii' d'une
Il so rcliro
dans un mo>
vie retirée et pénitente. Il se jeta aux ge-
noux de Fauste, lui baisa la main, et, les
yeux baissés vers la terre, il lui demanda
avec beaucoup d'humilité l'entrée du mo-
nastère pour y vivre sous sa discipline. Le
saint vieillard, ne pouvant se refuser h ses
prières, lui accorda sa demande aux condi-
tions de l'éprouver pendant peu de jours,
pour savoir si ses actions étaient d'accord
avec ses paroles. Le bruit de la retraite du
jeune homme se répandit bientôt dans sa
famille et parmi ses amis. Les gens de bien
le congratulaient de s'être fait moine. Les
méchants que cette retraite couvrait de cou- cap.v,
fusion, en murmuraient. Mais plusieurs avec
qui il avait lié amilié dès son enfance suivi-
rent son exemple et renoncèrent au monde.
Sa mère fut troublée de sa retraite, parce
qu'elle se reposait sur lui du soin de sa
maison, et vint au monastère en criant et se
lamentant , comme si son fils eut été i\ la
veille de sa mort. Quoique pieuse, elle char-
gea d'injures l'évoque Fauste, en lui disant :
(i Rendez le fils à sa mère et le maître au ser-
viteur. Les évêques ont toujours comblé les
veuves de bienfaits. Pourquoi soull'rez-vous
aujourd'hui que la maison d'une veuve pé-
risse par vous? » L'évêque lui représenta
avec beaucoup de sagesse, que ce n'élait point
lui qui lui avait enlevé son fils, et qu'elle
ne devait point trouver mauvais qu'il se fût
consacré au service de Jésus-Christ ; il lui
refusa même de le voir : ce qui lui fit re-
doubler ses cris et ses larmes. Fulgence qui
aimait tendrement sa mère et qui l'enten-
dait g(''mir, en fut sensiblement touché ; mais
élevant son cœur ;\ Dieu il demeura ferme.
Après cette épreuve , Fauste l'admit sans
peine dans sa communauté , disant à ses re-
ligieux : « Ce jeune homme pourra suppor-
ter tous les travaux que \ous lui iuqioserez,
puisqu'il a pu mépriser la douleur de sa
mère. » Ses austérités furent incroyables ,
il n'usait ni de vin ni d'huile, mangeant et
buvant si peu, que son corps en devint tout
desséché et sa peau converle d'ulcères. Mais
à mcsiu-e que sa chair s'atlaiblissait, son es-
prit prenait de nouvelles forces; et comp- c^p. n,
tant p(uu- rien tout ce qu'il faisail, il s'élu-
diait à devenir de jour en jour plus parfait.
Il laissa à sa mère la portion de bien (jui
lui appartenait quoiqu'il eût un frère plus
jeuiH! que lui nonuni'^ Claude, voulant toute-
fois (|uo cette portion fut ensuite donnée à ce
frère, s'il se conduitait bien. Par celte sage
CnAPITltl': I. — SAIXT FIXGKNCE DE RUSPE.
[Vl' SIKCLE.]
ilisposilion, il songeait i'i abattro rorjriicil ilc
son jeune frère, afin qiie, s'il ne voulail pas
(■•Ire Inmilile par un uinlif de pii'-li", il appi'it
(lu moins à IV'trn i\ cause ilc la siuccssiiin à
laquelle sa sagesse |)ouvail lui dcuuK!!- lieu
de prétendre.
4. Il ne restait plus aucun des obstacles
(pie Fulj,'cnco avait eus à surmonter dans
les commeiK'cmeuts de sa conversion, lors-
(]ue, la persécution s'allumani de nouveau,
IVhêque Fauste se trouva obligé de changer
souvent de demeure pour se cacher. Cela
obligea Fulgencc, de l'avis de Fauste même,
de passer à un monastère voisin où il y
avait peu de moines, mais d'une grande
simpliciti-, et dont l'abbé, nornuK- Félix, était
son ami dès sa jeunesse. L'abbé le recrut,
non-seulement avec joie, mais connaissant
sa capacité, il voulut lui céder le gouverne-
ment de sou monastère. Fulgencc s'en ex-
cusa , et après plusieurs contestations, ils
convinrent, du consentement de la commu-
nauté, de le gouverner ensemble. Fulgence
était chargé particulièrement de l'instruc-
tion des frères et des étrangers, Félix, du
temporel et de l'hospitalité ; mais ils ne fai-
saient rien l'un et l'autre que de concert.
L'incursion des Barbares les ayant peu de
temps après obligés de quitter leiu- monas-
tère, ils sortirent avec toute leur commu-
nauté, et après un assez long voyage dans
les régions inconnues de l'.Afrique, ils s'arrê-
tèrent à Sicque, attirés par la fertilité du
lieu et par la charité de cjnelques fidèles qui
les avaient re(^ns. Il y avait dans le voisi-
nage un prêtre arien , riche , barbare de
naissance, cruel et très-animé contre les ca-
tholiques, qui était chai-gé de la desserte
d'une paroisse. S'apercevant que le nom de
Fulgence devenait célèbre dans ces cantons,
il le prit pour un évêque déguisé en moine,
et craignit qu'il ne ramenât à la foi catho-
lique ceux qu'il avait engagés dans l'erreur.
En efl'et, Fulgence travaillait à réconcilier
tous ceux qu'il pouvait, en les invitant par
de salutaires instructions à se convertir. Le
prêtre arien mit donc des sentinelles sur
le chemin pour arrêter Félix et Fulgence. Le
premier portait quelques pièces d'or pour la
subsistance des frères. Se voyant arrêté, il
les jeta où il put, sans que les gardes s'en
aperçussent. Ils les menèrent tous deux liés
au prêlre arien, qui leur demanda d'une
voix clfrayante, pourquoi ils étaient venus
secrètement de leur pays, contre le service
des rois chréliens? Comme ils se préparaient
!\ lui répondre, le prêtre, sans leur d(unicr
I(! liiisir de parler , les lit frapper. Alors ,
l'abbé Félix, poussé d'i.n mouvement de
charité, dit : « Epargnez mon frère Ful-
gence (pii n'a pas la force de souffrir les
tourments : peut-être mourra-t-il entre vos
mains; que voire colère se tourne contre
moi qui suis cause de tout, je ne sais que
répondre.» L'arien, étonné de cette charité,
fit un peu éloigner Fulgence et ordonna à
ses gens de frapper rudement Félix. En- cip. u
suite, il revint à Fulgence, à qui la délica-
tesse de tempérament ne permit pas de
soutenir longtemps les coups de bâton.
Pour avoir quelque relâche, il s'écria qu'il
avait quelque chose à dire. Ou le lui per-
mit, et alors il commença à raconter l'his-
toire de son voyage avec tant d'agrément
que le prêtre arien peusa oublier toute sa
cruauté. Mais dans la crainte de paraître
vaincu, il ordonna de le frapper une se-
conde fois et fortement , disant : Je pense
qu'il veut me séduire. Enfin, il leur fit raser
la tête a l'un et à l'autre, et après les avoir
dépouillés, il les chassa de sa maison. En
passant à leur retour par la plaine où ils
avaient été pris, ils retrouvèrent toutes les
pièces d'or que l'abbé Féli.x avait jetées.
Us les reçurent comme venant de la main
de Dieu ; ils lui en rendirent grâces et s'en
retournèrent chez eus, sans s'émouvoir des
ignominies qu'ils avaient souffertes pour l'a-
mour de la religion ; regardant au contraire
la nudité à laquelle on les avait réduits ,
comme la marque d'une insigne victoire.
L'évêque qui était à Carthage pour les
ariens, informé de la cruauté que ce prêtre
avait exercée contre Fulgence qu'il connais-
sait, voulut l'en châtier. Mais Fulgence, loin
d'écouter ceux qui l'excitaient à demander
vengeance, leur répondit cpi'il n'était pas
permis à un chrétien de la chercher en ce
monde; que Dieu savait de quelle manière
il devait défendre ses serviteurs , et que
plusieurs seraient scandalisés de voir un
catholique et un moine demander justice à
un évêque arien,
3. Néanmoins pour éviter de nouvelles
cruautés de la part des ariens, ils sortirent
de cette province, et se retirèrent dans un
autre lieu qui n'était pas éloigné de la leur,
aimant mieux avoir les Maures pour voisins
que de s'exposer encore à la violence des
ariens. Ils y fondèrent un monastère près de
11 ff-nde LD
D^slère.
IIlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
(«p. m. la ville nommde Idicli. Ce fut en cet endroit
que Fulgencc, lisant dans les Institutions et
les Conférences de Cassieu , les vies admira-
bles des moines d'Égfvpte, forma le dessein
d'aller dans leur pays , tant pour renoncer
aux fonctions d'abbé, et vivre sous l'obéis-
sance dans l'humilité, que pour pratiquer les
lois d'une abstinence plus rigoureuse. Pré-
voyant que si son dessein venait A être connu
on l'eiupèdicrait de l'exécuter, il alla à Car-
thageavec un seul moine, nommé Rédemp-
tus, qu'il avait choisi pour le compagnon de
son voyage, et s'embarqua pour Alexandrie.
De là il passa avec un vent favorable à Sy-
racuse, où il fut bien reçu par l'évêque Eu-
lalius, homme de grande vertu, qui avait im
monastère où il passait avec les moines fout
le temps que ses fonctions lui laissaient lilire.
Fendant le repas qu'il donna à Fulgcnce ',
comme on vint à parler des choses de Dieu,
comme il était d'usage à la table des évo-
ques, il connut bientôt aux discours de son
hôte , que c'était un homme d'un grand
savoir , sous l'apparence et l'habit d'un
moine. Il ne voulut pas toutefois lui deman-
der, en présence des convives , qui il était,
ni pourquoi il était venu. Mais après le dîner
il le flt venir, et le pria de lui apporter le li-
vre des Institutions et des Conférences, dont
il avait commencé à dire quelque chose pen-
dant le repas. Fulgence obéit sur le champ,
instruisit Eulalius du contenu de ces livres.
L'évêque admirant sa science, voulut savoir
de lui par quel motif il était venu d'Afrique.
Fulgence ne dissimula point que c'était pour
.iller vivre dans le désert de la Thébaïde, où il
pùtimilerlesvertusdes moines qui y étaient,
et mourir au monde. « Vous faites bien, lui
dit l'évêque, de chercher la jierfection; mais
vous saveï aussi qu'il est impossible de plaire
à Dieu sans la loi. Le pays où vous allez est
séparé par un schisme perfide de la com-
munion de saint Pierre. Tous ces moines,
dont on loue l'abstinence admirable , ne
communiqueront point avec vous dans le sa-
crement de l'autel. Que vous servira-t-il d'af-
lliger votre corps par les jeûnes, tandis que
votre Ame qui vaut mieux manquera de con-
solation spirituelle. Relournez-vous-en, mon
fds, de peur de mettre votre foi en danger.
J'ai eu le même dessein que vous avant d'être
évoque, mais cette raison m'en a détourné. »
Fulgence se rendit à un avis si salutaire.
Mais à la persuasion d'Eulalius, il demeura
quelques mois ù Syi-acuse, retiré d^ns un petit
logement, que cet évêque lui donna. Quoi-
qu'il ne voulut y recevoir que très-peu de
choses pour sa subsistance, il ne laissait pas
d'y exercer l'hospitalité envers les étran-
gers, ce qui remplissait Eulalius d'admira-
tion et de joie. Cet exemple lui fut même un
motif de devenir de jour en jour plus libéral
et plus miséricordieux envei-s les pauvres.
G. Après que l'hiver fut passé, Fulgcnce |_J'
traversa par terre la Sicile, pour aller voir ""■"•
un évêque nommé Rufinien, que la violence
de la persécution avait obligé de quitter
l'Afrique pour se retirer dans une petite île
où il pratiquait la vie monastique. Le but de c»;.
ce voyage était de consulter Rufinien sur
celui qu'il avait eu le dessein de faire en
Egypte : non qu'il eût de la défiance sur
l'avis qu 'Eulalius lui avait donné, mais parce
qu'il s'imaginait que dans les choses dou-
teuses il fallait consulter plusieurs personnes.
Mais le conseil de Rufinien fut le même qpie
celui d'Eulalius. Fulgence ne pensa donc
plus à aller en Egypte. Ayant trouvé l'occa-
sion d'aller à Rome par mer, il en profita
pour visiter les sépulcres des apôtres. C'était
vers l'an 500. Ce fut en cette année que le
roi Tbéodoric vint dans cette capitale du
monde. Sa présence remplit toute la ville de
joie. Fulgence fut non-seulement témoin de
la pompeuse réception qu'on fit.^ ce prince,
il assista encore à la harangue qu'il fit en
présence du sénat et du peuple. Mais toute
l'impression que ces spectacles firent sur
son esprit, se réduisit à la réflexion qu'il fit
sur les degrés de beauté que devait avoir la
Jérusalem céleste, puisque la splendeur de
Rome terrestre était si grande ; et sur les de-
grés de gloire, dont devaient jouir les saints
qui contemplent la vérité, puisqu'on accor-
dait tant d'honneur en ce monde aux ama-
teurs de la vanité.
7. Le désir de revoir son monastère lui fit n i
bientôt quitter Rome; il s'embarqua pour
l'Afrique par la Sardaigne. Ses frères, en le c.p. ,
voyant, ne savaient s'ils devaient ou se plain-
dre d'abord de ce qu'il les avait quittés, on
plutôt lui ti'moigner leur joie de son retour.
Aucun néanmoins n'osa le blùmor de s'être
retiré; mais tous s'empressèrent de rendre
' tfox sicul moris est in convivio sacerdotum,
dum de divinis rcbus ortiis est sermo, vintm sin.
gnlaris snenlUe loculio sua continua prodidit.
Vitii Kulgfliit., cap. XII.
vr SIKCLE.
CIIAPITIIE 1. — SAINT FULGENGE DE UL'Sl'E.
grâces à Dieu pour f5on retour, el t\ lui donner
de grandes marques de charitd. Un nommé
Sylvestre qui était im bon cliri'tion, et l'un
des premiers do la Byzacène, lui oll'rit tiii
endroit propre à bâtir nu monasti'^re. Ful-
gcnco l'accepta, et il eut la consolation de
le voir dans peu rempli d'un grand nom])r(î
de sujets qu'il avait engagés par ses exhor-
tations ;\ reuoncei- au siècle. Après les avoir
gouvernés pendant quelque temps, il alla se
cacher dans une île en un autre monastère
où il savait que l'on observait avec plus
d'exactitude l'ancienne discipline. 11 y vécut
en simple moine, s'occupant ;ï écrire, parce
qu'il avait la main bonne, et à faire des éven-
tails de feuilles de palmier, comme il avait eu
coutume d'en faire dans le monastère où il
était abbé. Il s'occupait aussi dans sa cellule
à la lecture, et voyait fréquemment les reli-
gieux de la communauté, dont il gagna l'es-
time et l'amitié.
8. L'abbé Félix et ses moines ayant ap-
pris le lieu de la retraite de Fulgence, enga-
gèrent l'évoque Fauste à le revendiquer
comme son moine. Fauste menaça d'excom-
munication les moines de l'ile où Fulgence
s'était retiré, s'ils refusaient de le renvoyer;
et il le menaça lui-même d'une semblable
peine en cas de désobéissance. Il revint, fut
obligé de reprendre la charge d'abbé, et,
afin qu'il ne pût plus quitter le monastère,
ni être ordonné dans une autre église, Fauste
l'ordonna prêtre. Sa l'éputation était si grande
en Afrique qu'on l'aurait demandé pour
évoque, si on avait pu en ordonner. Mais le
roi Trasamond avait défendu de ponrvoir d'é-
véques les églises vacantes. Quoique cette
défense mît l'esprit de Fulgence en repos ,
sachant toutefois que les évêqnes avaient ré-
solu de faire des ordinations, nonobstant ledit
du roi, il sut si bien se cacher qu'on ne put le
trouver, et qu'après l'avoir élu en plusieurs
endroits, on fut obligé d'en élire d'autres.
9. Mais lorsqu'il vit la province de Byzacène
remplie de nouveaux évêqnes, en sorte qu'il
restait peu d'églises cathédrales vacantes, et
ceux qu'on avait nouvellement élus envoyés
en exil par ordre du roi Trasamond, il crut
qu'ayant évité d'être élevé à l'épiscopatpour
cette fois, il n'avait plus rien à craindre à
l'avenir, et retoui-na en son monastère. La
ville de Huspc était ime de celles que l'on
n'avait point pourvues d'évôque, parce qu'un
diacre nonnné Félix, qui n'avait pas assez
de mérite pour se faire choisir lui-même,
avait trouvé le moyen d'empêcher l'élection
d'un autre à la faveur de la puissance sécu-
lière. Les plus honnêtes gens de la ville, pé-
nétrés de douleur de se voir seuls sans pas-
teur, ayant ap|iris que Fulgence était de-
meuré prêtre, s'adressèrent à Victor, primat /
de la Byzacène, comme on le menait par or-
dre du roi à Carthage, et obtinrent permis-
sion de faire ordonner Fulgence par les évê-
qnes voisins. Victor consentit même qu'on
l'allât surprendre dans sa cellule. Il s'assem-
bla à cet efî'el une troupe nombreuse qui le
prit et l'emmena, le conduisant à celui qui
devait faire l'ordination, en sorte qu'on ne
le pria pas de recevoir l'épiscopat, on l'y
contraignit. Le diacre qui avait ambitionné
le siège de Ruspe mit une embuscade sur le
chemin par où devait passer Fulgence après
la consécration ; mais le peuple de cette
ville, je ne sais par quelle inspiration du
Saint-Esprit, l'amena par un autre chemin
que celui où son enuemi l'attendait. Ful-
gence fut mis dans la chaire épiscopale,
célébra le même jour les divins mystères,
et tout le peuple, après avoir reçu de ses
mains la communion, se retira avec joie. Le
diacre, averti de ce qui était arrivé, céda à
la volonté de Dieu et se soumit. Saint Ful-
gence le reçut sans délai et avec bonté : en-
suite il l'ordonna prêtre. Mais il mourut dans
l'aunée, et le procurateur, qui avait appuyé
sa brigue, fut réduit à une pauvreté extrê-
me. On met l'ordination de saint Fulgence
en 508, la quar;jntième année de son âge,
étant né en 468.
10. L'honneur de l'épiscopat n'occasionna socnnduuo
aucun changement dans les mœurs de saint «i"'"i-'-
Fulgence. Il conserva l'état de moine et
toutes les pratiques de la vie monastique,
ne portant jamais d'habits précieux, conti-
nuant ses jeûnes accoutumés et vivant so-
brement. Hiver et été il n'était vêtu que Ca.-. xvni.
d'une tunique fort pauvre, qu'il ceignait
d'une ceinture de peau à la manière des
moines, sans porter ' VOrarium, suivant la
coutume des évoques. C'était une - écharpe
de toile autour du cou, dont est venue notre
1 Orario quidem, sicut omnes episcopi, nun-
quam utebatiir : pelliceo cingulo tanquam mona-
chus cingebalur. Vila Fulg., cap. xvui.
* Fleury, liv. XXX Hist. ecclés., tom. VII, pag.
6
HISTOIRE GKNKRALE DES
diolc. Il ne portait pas la chaussure des
clercs, mais telle des moines, et marcliait
souvent nu-pieds, si ce n'est dans le monas-
tère où il se sen'ait ordinairement de la
chaussure commune aux autres. Jamais il ne
porta de chasiilile piëcieusc, ou de couleur
éclatante, ni n'eu peimil de telle i\ ses ndi-
gieux. C'était un habillement ordinaire qui
couvrait tout le corps. Il portait par dessous
sa chasuble nn petit manteau noir ou blanc;
et quand le temps était doux, quelquefois
dans le monastère, il ne portait que le man-
teau. Il n'ùtait pas même sa ceinture pour
dormir; et il offrait le sacrifice avec la même
tuni([ue dans laquelle il couchait, disant,
que pour cette sainte action il fallait plutôt
changer de cœur que d'habits. Personne ne
put jamais l'obliger à manger de la chair de
quelque espèce qu'elle fût. Il se nourrissait
d'herbes, de grains et d'œufs, sans les assai-
sonner d'huile, tant qu'il fut jeune ; dans sa
vieillesse on lui persuada d'en user, de peur
que, sa vue venant à s'allaiblir, il ne put plus
lire. Tandis qu'il se porta bien il s'abstint du
vin : lorsqu'il fut obligé d'en boire par rai-
son de santé, il le trempait avec tant d'eau
qu'il ne sentait point le goût du vin. Avant
que l'on avertit les frères pour les veilles de
la nuit, il se levait pour prier, lire, dicter,
ou méditer, parce qu'il n'en avait pas le loi-
sir pendant le jour, étant occupé pour les
all'aircs de son peuple. Quelquefois il des-
cendait pour célébrer les Vigiles avec les
serviteurs de Dieu, mais il ne manquait pas
de vaquer aux exercices dont nous venons
c>p. xi». (Je parler. Jusqncs-k'i on no l'avait vu en au-
cun endroit, saus demeurer avec des moi-
nes; c'est pourquoi la première grûce qu'il
demanda aux citoyens de Uuspe, depuis
qu'il en fut fait évêque, fut de lui donner
une place propre pour bâtir un monastère.
Plusieurs s'empressèrent de seconder ses
désirs. Postliuraien entre autres lui donna
un piMit héritage qui n'était pas éloigné de
l'église, où des pins trcs-élevés formaient
un bois, dont la verdure rendait l'endroit
agréable. Saint FuJgence r;icce]ila d'autant
plus volontiers, qu'il tiouvail pur les lieux
mêmes les bois nécessaires à l'édifice. Il fit
venir aussitôt l'abbé Félix avec la plus grande
partie de sa communauté, l'autre demeura
sons la conduite d'im des frères noiiim('! Vi-
tal ; mais avec la même union entré les deux
monastères que si ce n'en eût été qu'un
sinl ; en sorte que, si l'on recevait quelques
AUTEURS ECCLESIASTIQUES,
nouveaux moines dans l'un ou dans l'autre,
ils y avaient rang suivant le temps de leur
conversion.
1 1 . Pendant que saint Fulgence était oc- s-im
ciipé â ces œuvres de piété, le roi Trasa- wjéen»
moud l'envoya prendre par les ministres de
sa fureur, pour le conduire en Sardaigne
a\ecles autres évéques. Quelle que fut la don- c»r-xi-
leur du Saint d'abandonner son Eglise avant
qu'il eût le temps de l'instruire, il témoigna
néanmoins sa joie de participer a la glo-
rieuse confession de ses confrères. Il sortit
de Ruspe accompagné de moines et de
clercs, laissant tous les la'iques en pl.icc. La
ville de Cartilage le reçut avec honneur, on
lui fit des présents, qu'il envoya au monas-
tère qu'il faisait billir, et s'embarqua sans
rien emporter que les richesses d'une science
singulière, dont il faisait part à tous ceux
chez qui il allait. Quoique saint Fulgence fut
par l'ordination le dernier de tous les évé-
ques exilés, ils le reconnaissaient pour le
premier, h cause de sa science et de sa vertu.
Dans les choses douteuses, le primai et tous
les autres évéques voulaient toujours l'enten-
dre pour savoir son avis , et le chargeaient
d'expliquer les résolutions communes. Lors-
qu'il s'agissait aussi de répondre au nom de
tous aux évéques d'oulre-mer, soit sur la foi,
soit sur d'autres matières, on lui en donnait
la commission, en quoi on l'a comparé à Au-
rèle de Carthage qui écrivait ordinairement
au nom des évéques du concile d'Afrique ce
qu'ils y avaient résolu en commun. Outre les
lettres publiques que saint Fulgence écrivait
au nom de soixante t'vêques exilés, il en écri-
vait encore de particulières pour tous ceux
qui l'en priaient, lorsqu'ils avaient quelques
avis .i donner à leur peuple, ou quelqu'un à
corriger. C'était encore à saint Fulgence que
s'adressaient ceux qui avaient été punis de
quelques censures ])ar leurs évéques ab-
sents, afin qu'il intercédât pour eux. N'ayant
pu emmener avec lui assez de moines pour
en former un monastère, il persuada .1 deux
évéques, l'un nommé Illustre, et l'autre Jan-
vier, de demeurer avec lui , et ayant ras-
semblé ipielqiu's moines et quelques clercs .
il composa l'image et la ressemblance d'une
grande communauté. Tout était commun
entre eux, la table, le cellier, l'oraison, la
lectuie, aucun ne s'élevait insolcnnnent au-
dessus des autres : siudement les moines se
distinguaient par une plus grande «lustérité
que les clercs, et ne possédaient rien en pro-
SIKCLE.
CHAPITRE I. — SAINT FUl.fiKNCE DE lUJSPE.
T.n.
fait
pi'O. I,ii iiKiisoii où ils clciiiiMiiaicnt ('liiil l'n-
rarlo do la villn tir Ca^liari : les alllim'"s y
vcnaiont recevoir le remède de la consola-
tion : on y accordait ceu\ qui dlaient en dil-
férèiid : et ceux qni aimaient i\ cntendi'e les
divines Ecritures, IrouvaionI dans coite mai-
son de quoi se satisfaire. On y faisait l'au-
mône, que le saint accompagnait ordinai-
rement de quel<[ue insiruclion, et il arrivait
souvent ([ne ceux, dont il avait soulagL^ les
besoins, emlirassaienl par ses exhortations
la viemonastiqne.
12. Cependant le roi Trasamond, feignant
saTil! de vouloir s'instruire, s'informa qui était le
plus puissant di'fenseur de la doctrine catho-
lique. On hii nomma Fuiyence entre les
évêques exilés. Aussitôt le roi le fit venir à
Carthage, où le saint Evêque , profitant de
l'occasion , instruisait soigneusement du
mystère de la Trinité les catholiques qui
venaient le trouver à son logis, leur ensei-
gnant comment le Père, le Fils et le Saint-
Esprit ne sont qu'un seul Dieu, quoicpie la
diU'ércnce des personnes demeure. Tous les
fidèles s'empressaient de le venir entendre,
parce qu'il parlait avec ime grâce particu-
lière. II répondait à tous ceux qui l'interro-
geaient, sans en mépriser aucun, toujours
prêt à écouter lui-même les autres, et à ap-
prendre d'eux, s'il se trouvait que Dieu leur
eût révélé quelque chose de mieux. Il en-
seignait k ceux qui s'étaient laissés rebapti-
ser, de pleurer leur faute , et les réconciliait
ensuite à l'Eglise. Il soutenait les autres prêts
de tomber, ceux-ci à leur tour se trouvant
fortifiés par ses discours , attaquaient avec
confiance les ariens. Le roi , averti des pro-
grès que la foi catholique faisait dans Car-
thage par le ministère de saint Fulgence,
lui envoya un écrit plein du venin de l'héré-
sie arienne , avec ordre d'y répondre au
plus tôt. Comme cet écrit était fort long, le
saint évêque le réduisit à quelques objec-
tions divisées pai articles, auquelles il joi-
gnit des réponses nettes et solides. Avant
de les envoyer à Trasamond, il les exa-
mina longtemps avec plusieurs person-
nes habiles , les fit même connaître au
peuple ; puis il les donna au roi qui les
attendait avec impatience. Trasamond les
lut attentivement , admira l'éloquence de
leur auteur, loua son humilité, mais il
ne mérita pas de connaître la vérité. Le
peuple de Carlhage, sachant que les pro-
positions du roi avaient été réfutées, se ré-
jouit secrèlcmenl do la victoire quo la foi
catholique avait remportée sur l'arianisme.
13. Pour ('prouver encore la science du n i" p'»-
samt éveqnn, le roi lui envoya d autres ques- j','';jj'°°' "'
lions, enjoignant au poi-teur de les lire seu-
lement une fois devant lui, sans lui pormet-
Ire d'en tirer copie. Ce prince craignait que cjp. mu
saint Fidgence n'insérât dans sa réponse les
paroles de l'écrit, comme la première fois,
et que tonte la ville ne connut une seconde
fois qu'il avait éîé vaincu. Saint Fulgence
pouvant i\ peine se ressouvenir de ce qu'on
lui avait lu , dilTérait de répondre. Mais,
pressé d'obéir , il composa les trois livres
adressés à Trasamond , dans lesquels, en
répondant avec étendue aux questions du
roi, il lui faisait voir que le Verbe, en se fai-
sant chair, avait aussi pris une âme raison-
nable. Le roi, étonné de la réponse de saint
Fulgence, n'osa plus lui faire de question ;
mais un des évêques ai'iens, nommé Pinta,
fut plus hardi. Ilcomposaun écrit, auquel ce
saint évêque répondit de façon qu'il fit voir à
ses adversaires que vainement ils étaient re-
venus au combat. 11 écrivit un autre traité
touchant la divinité du Saint-Esprit, contre
un prêtre nommé Ahragila. Les ariens, ne se
trouvant point assez forts pour se défendre
contre lui, persuadèrent à Trasamond de le
renvoyer en Sardaigne, disant qu'ayant déjà
perverti quelques-uns des évêques de leur
secte, elle serait en danger dë'périr, s'il res-
tait plus longtemps à Carthage.
14. Le roi céda à leurs remontrances, et " « "'lé
l-nû seconde
pour dérober au peuple le départ du saint '"'=•
évêque , il le fit embarquer de nuit. Mais les
vents contraires arrêtèrent le vaisseau sur
la côte pendant plusieurs jours : ce qui don- <'»p- "iv,
na lieu à presque toute la ville de s'y assem-
bler pour lui dire adieu, et de communier
de sa main. 11 prédit à un nommé Juliatée,
qui s'afUigeait de son départ, que son exil
ne serait pas long, et que l'Eglise recouvre-
rait bientôt sa liberté ; mais il lui recom-
manda de tenir là-dessus un grand secret,
ne voulant point passer pour prophète. Une
demandait jamais à Dieu de faire des mira-
cles ; et lorsqu'on le pressait quelquefois de
prier pour des infirmes, il se contentait de
dire au Seigneur : « Vous savez ce qui con-
vient au salut de nos âmes, que votre vo-
lonté soit premièrement accomplie.» Une de
ses maximes était que les miracles * ne don-
' Mirabilia non conferunl homini juslitiam sed
mSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap. x*rii.
Sn écr:i<i
]t ^ort Cl- ««Il
e 1 i I , e -^ i> .
vient à Ra»i f ,
C«J>. XklX.
ncnt pas la justice, mais la réputation, qui
sans la justice ne sert qu'à nous fViire con-
damner au s\ipplicc éternel. Arrivé en Sar-
daigne, il bàlit un nouveau ' monastère,
avec la permission de Brumas. évoque de
Cagliari. près de l'église du martyr saint
Saturnin, loin du bruit de la ville. Il assem-
bla en ce lieu plus de quarante moines, aux-
quels il faisait observer exactement la règle
de leur profession, surtout l'article qui dé-
fend d'avoir rien en propre, mais qui veut
que tout soit en commun; ce qu'il regar-
dait comme l'essentiel de la vie monasti-
que. Il disait qu'un moine pouvait quelque-
fois être obligé par l'infirmité de son corps
à prendre une nourriture plus délicate ; mais
que de s'attribuer la propriété même des
petites choses, c'était un signe d'orgueil et
d'avarice. Il distribuait lui-même avec une
grande discrétion les besoins aux serviteurs
de nieu, faisant attention aux forces ou à la
faiblesse de chacun, avertissant ceux à qui
il donnait davantage, de s'en humilier à
cause de leur faiblesse. Comme il avait
grand soin de prévenir les demandes de ses
religieux, aussi ne voulait-il pas qu'ils le pré-
vinssent, mais qu'ils attendissent avec une
entière résignation. C'était assez pour être
refusé que de lui demander. Il regardait
comme de véritables moines ceux qui, en
mortifiant leiffs volontés, étaient toujours
prêts de se conformer en tout aux avis et
aux préceptes de l'abbé. C'est pourquoi il
ne permettait pas que celui qu'il avait pré-
posé au gouvernement de son monastère,
fit quelque chose, sans l'avoir consulté au-
paravant. 11 préférait ceux en qui il voyait
un graud amour pour la lecture et la science
spirituelle quand même la faiblesse de leur
corps les eût absolument empêchés de tra-
vailler de leurs mains, à ceux qui ne s'oc-
cupaient qu'au travail corporel.
15. Pendant son séjour en Sardaigne, il
écrivit plusieurs lettres et composa divers
écrits dont nous parlerons dans la suite. Il
finissait son ouvrage contre Fausle de Riez,
lorsque le roi Trasamond mourut. C'était en
02.3, le 28 mai. Ce prince, avant de mourir
avait fait jurer à Ilildéric, son successeur.
qu-î pendant son règne il n'ouvrirait point
les églises aux catholiques et ne leur ren-
drait point leurs privilèges. Hildéric, croyant
ne pas fausser son serment, donna ses ordres
avant d'être roi pour le rappel des ëvcques
catliolicpies, et pour faire ouvrir les églises.
Il ordonna en même temps, par une bonté
singulière, d'élire des évêques partout où il
en manquait. Ainsi, saint Fulgence retourna
en Afrique avec les autres évêques exilés
sous le règne de Trasamond. Ils furent re-
çus à Carthage comme des confesseurs de
Jésus -Christ , surtout saint Fulgence qui
était plus connus que les autres dans cette
ville, d'où il était sorti seul. Le peuple as-
semblé sur le rivage ne l'eut pas plutôt
aperçu, qu'il s'éleva un grand cri de joie,
et on entendit chanter les louanges de
Dieu en toutes sortes de langues. C'était
à qui recevrait le premier sa bénédiction ,
et tous s'etforçaient de le toucher au moins
du bout des doigts. Les évêques allèrent
d'abord à l'église de Saint-Agilée, précédés
et suivis du peuple qui les conduisait comme
en triomphe. Les plus zélés environnèrent
saint Fulgence pour le soulager dans la
chaleur et lui faire un passage libre. Dieu,
pour montrer la charité de ses peuples, per-
mit qu'il survînt une grande pluie : ils n'en
furent point dissipés, et comme saint Ful-
gence marchait la tête nue, les plus nobles
étendirent sur lui leur manteau pour en
éloigner la pluie. Le saint, après avoir vi-
sité ses amis h Carthage. en sortit pour se
rendre à Iluspe. Pendant tout le chemin qui
était long, les peuples vinrent au-devant de
lui de tous les côtés portant des lampes, des
flambeaux et des branches d'arbres, en ren-
dant grâces à Dieu de ce qu'il leur faisait
voir un si saint personnage. A son retour à
Ruspc, il continua de vivre avec les moines;
mais pour ne point diminuer l'autorité de
l'abbé Félix, il voulut lui-même être soumis
à uu autre, ne faisant rien dans son propre
monastère, sans avoir atiparavant consulté
l'abbé Félix. Il ne voulut pas même s'attribuer
quelque chose en propre dans le monastère,
ni user d'aucune autorité sur les moines. Et
afin - que ses successeurs ne pussent rien
hominum nntitinm. Quisquis autem hominibus
fueril noins, nisi fnerit justus ad a-tenia perve-
niet supplicia cotulrninatus Vila Fulg., cap. 25.
• Drumasio Catnrilanœ civilalis antislile,prius,
sicul dccuil postulalo, nocii/m propriis sumptibus
moiiaKlcriiim fabricavit. Vila Fulfi., l'np. xxvii.
* l'arum fuil bealo Ftil^geiilio verbix et operi-
6m.« hanc huwililalcin scriiti ac rctinere, nisi per
scripluram qvoqur firmarel, nihil se in illo mo-
na$lerio proprium vindicare, nec pro potestatc.
cnAPirnE i. — saint FULnENCE de ruspe.
Son
té, M
U3.
Cap.
hnmil.
T.orX en
[Vl' SIKCI-E.]
prétpndrc «an pn'Jiulicc dos moines do son
inonastèro, il (h'clara par ('crit qu'il n'y prc^-
toniiait plus l'ion lui-mômi', et que, s'il y de^
lueuiait, ce n'ctail pas qu'il en eût le ilroit,
mais parce qu'on voulait bien le lui permct-
Ire. 1! poussa plus loin ses pri'caulions ; car
il aclietii une maison dans le voisinage do
l'église , et la bAtit commodihuont pour
qu'elle servit à la demeure de l'évèquc de
lluspc. Il pourvut encore aux logements dos
clercs, et au r6p;loment de lours mmurs; vou-
lant qu'ils fussent tous proches de l'Kglise,
que chacun d'eux cultivât un jardin de ses
propres mains, qu'ils s'étudiassent h psal-
modier avec grâce et à bien prononcer,
qu'ils évitassent le faste dans lours habits, et
qu'ils ne s'ingérassent pas dans le maniement
des affaires séculières, de peur que cette
occupation no los détournât trop souvent des
fonctions de leur ministère. Il les choisit pres-
que tous d'entre ses moines. Il prescrivit
deux jours ' de jeûne la semaine, le mercredi
et le vendredi, à tous les clercs, aux veuves,
et à ceux des laïques qui le pouvaient , leur
ordonnant en outre de se trouvei' aux offices
et aux prières du jour et de la nuit.
16. Dans un concile tenu à Junque, en 524,
un évéque nommé Quod-mlt-Deus, lui dis-
puta la préséance; tout le concile l'adjugea
a saint Fulgence. Le saint ne dit mot, pour
ne point préjudicier à l'autorité du concile.
Mais s'étant trouvé encore dans celui de Suf-
féte, avecle même évoque, il supplia publi-
quement de le mettre devant lui : ce que les
évéques du concile lui accordèrent, en admi-
rant son humihté. Un an avant sa mort il quitta
secrètement son église et son monastère ,
pour seretirerenunautre qu'il avait fait bâtir
sur un petit rocher dans File de Circine. Là
il redoubla ses mortifications et ses larmes,
vaquant continuefiemeut à la prière ou à la
lecture, comme s'il eût senti approcher son
dernier jour. Mais la chanté l'obligea de re-
9
tourner â Ruspe pour faire cesser les plaintes
que l'on faisait de son absence. Il y tomba
jnalado , et pondant [ilus do deux mois qu'il
fut attaqué de douleurs très-aiguës, il disait
sans cesse â Dieu : « Donnez-moi maintenant
la patience, et ensuite le pardon.» Ses méde-
cins étaient d'avis de lui faire prendre les
bains. « Pourront-ils, leur répondit-il, empê-
cher qu'un homme ne meure, après avoir
accompli le temps de sa vie? S'ils ne le peu-
vent, pourquoi voulez qu'('tant près de mou-
rir, je relâche quelque chose de la rigueur
de la profession que j'ai observée depuis
longtemps? » Se voyant près de sa fin , il as-
sembla tous ses clercs et ses moines, et après
leur avoir demandé pardon de la sévérité
dont il craignait d'avoir usé envers eux,ildis-
tribua l'argent qui lui restait aux veuves,
aux orphelins et aux étrançers, les nommant
cliacun pau leur nom. Il n'oublia pas ses
clercs dans cette distribution , sachant leurs
besoins. A l'égard de ceux qui le venaient voir
il leur donnait sa bénédiction. Il mourut le
premier jour de janvier de Tan 333 , le vingt-
cinquième de son épiscopat, et le soixante-
cinquième de son âge. On ne put point lui
donner la sépulture le même jour, mais on
porta son corps * dans l'oratoire du monas-
tère, où les clercs et les moines passèrent
toute la nuit à chanter des psaumes, des
hymnes et des cantiques. Le matin , après
que les peuples du voisinage furent arrivés
pour ses funérailles, il fut porté par les mains
des prêtres à l'église de la ville, que l'on
nommait la Seconde, et où le saint évêque
avait mis des reliques des apôtres. Il fut le
premier qui mérita d'être enterré dans cette
basilique , aucun prêtre, ni laïque n'y ayant
jusque-là eu sa sépulture suivant l'ancienne
coutume. Mais ou passa au-dessus de l'usage
à cause de l'amour que l'on portait au saint
évêque. Les habitants de Ruspe éprouvèrent
en plus d'une occasion les eifets de l'inter-
sed prochariiate inter monachos habitari. Consi-
derans eixim vir providus , ne quod servi Vei
simplices prœjudicium postea paterentiir, obicem
conlradiclionis in hac scriptu7-a successoribus
suis apposuit. Emit tamen juxta Ecclesinm do-
mum, oui fabricandœ cvram maTimam diligen-
ter inipendit : ne fuluro successori suo deesset
hospilium. Vita Fulg., cap. xxix.
' Per singulns septimanas omnes clericos ac
viduns et quicumque potuisset ex laïcis qunrla
et sexta feria stntuit jejunare, quotidianis vigi-
liis, jejuniis, malutinis et respertinis oratiunibus
adesse prœcipitns omnes. Ibid.
» Ipso autem die sanctum corpus ejus sepeliri
minime potuit : sed in oratorio monasterii cons-
titiitum, tota nocte illa in psahnis, hymnis et
canlicis spiritualibus vigilare monachos simul
et clericos invitavit. Mane rero sncerdotum ma-
nibus ad ecclesiam civitatis quœ Secunda dicitur,
«fti etiam reliquias apostolorum conslituerat ,
deporlaltis, sortitus est honorabile monumentuyn.
Primtis plane iti eadem basilica pontifex poni
meruit, wfcî nullum mortuum, neque sacerdotem,
i\eqne laïcum, sepeliri consuetudo sinebat antiqua.
Sed magna vis dilcctionis removebat impedimen-
tum consueludinis. Jbid.
10
HISTOIRE GE.NKR.\LE DES
Érri» t.»
MJOI FoIgtD-
cession de saint Fulgcnce, particulièrement
dans l'incui-sion des Maures. Toute la pro-
vince eut ti Foulliir de leur part des maux
infinis, et une Imrrible caplivilc. Le saint,
servant comme de mur aux babitants de
Ruspe, les préserva de la cruauté de ces bar-
bares. Les laïques et les clercsue s'accordanl
point pourl'éleclion d'un successeur, le siège
vaqua presqu'un an entier, après quoi on
élut Félicien, qui fut installé le même jour
que saint Fulgence était mort. C'est ce que
dit l'auteur de sa vie qui était un de ses dis-
ciples. (Juelques-uns croient que c'est Fer-
rand, diacre de l'église de Cartliage, mais la
cbose n'est point certaine , et il parait que
celui qui a composé celte vie, avait non -seu-
lement été disciple de saint Fulgence , mais
qu'il l'avait encore suivi partout , ce qu'on
ne peut dire du diacre Ferrand.
17. Les écrits que nous connaissons de
lui sont dix réponses aux dix objections des
ariens; trois livres à Trasamond; un livre
contre Pinta ; trois livres à Monime ; deux li-
vres de la rémission des péchés; plusieurs
lettres, dont la iiremière est à Proba, dame
Romaine ; un livre à Donat sur la foi; divers
traité sur la proposition de Jean Maxen-
ce: Un de la Trinité a souffert; trois livres
de la vérité, de la prédestination et de la
grâce ; la lettre à Jean et à Vénérius, au
nom des évoques d'Afrique ; dix livres con-
tre Fabien; un traité adressé à Victor; un
traité de la foi à un laïque, nommé Pierre :
un autre où il répondait à cinq questions du
diacre Ferrand; un traité à Réginus, et plu-
sieurs sermons. Voilà l'ordre dans lequel on
aurait dû mettre les ouvrages de saint Ful-
gence, si on eut voulu les placer suivant le
temps où ils paraissent avoir été composés.
Maison ne s'est point embarrassé, dans la nou-
velle édition de ses œuvres à Paris, en 1684,
de les mettre selon l'ordre chronologique, et
l'on a mis en premier lieu les trois livres à
Monime, qiioique saint Fulgence ne les ait
écrits qu'après ceux qu'il adressa au roi Tra-
samond. .Nous suivrons néanmoins cette nou-
velle édition pour la commodité des lecteurs.
ARTICLE n.
D£S ECRITS DE SAINT FULGENCE.
§1-
Des Livres à Monime.
Utr« 4 I.Mouime.un des principaux amis de saint
'. Adk-
ire-
AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Fulsonce, lui avait écrit plusieurs lettres, m»» m»
dans lesquelles il lui demandait son senti- '^;' , ^'^^
ment sur plusieurs diflicullés qu'il ne pou- j^';!-* ""■*
vait résoudre lui-même, quoiipi'il ne fut pas
sans érudition. Le saint évêque, chargé de
diverses occupations, ne se trouva point en
état de répondre à Monime aussitôt qu'il l'au-
rait souhaité : il ne le fit que dans son second *•*•"■ ' " ''•
exihlansl'ile de Sardaignc, c'ost-à-dire, vers
l'an 321. Il renferma dans trois livres ses ré-
ponses aux difficultés de son ami. La pre-
mière était touchant la doctrine de saint
Augustin sur la prédestination. Monime qui
n'avait pas bien conçu ce que ce Père en-
seigne sur cette matière, s'était imaginé que,
suivant les principes établis dans son livre
de la Perfection de la justice , et ailleurs,
Dieu nous prédestinait également au mal
comme au bien, au péché comme à la vertu,
à la mort comme à la vie. Pour appuyer son
scnlinicnt, il apportait dans ses lettres quel-
ques passages des écrits de saint Augustin.
Saint Fulgence emploie son premier livre tout
entier à montrer que, dans le sentiment de
saint Augustin, Dieu ne prédestine point les
hommes au péché, mais seulement à la peine
ou au supplice qu'ils ont mérité par leurs
péchés. 11 montre que ce saint docteur, en ca?. >.
disant qu'il y a des hommes prédestinés à la
mort, n'a pas entendu par le terme de mort la
première mort de l'àmc dans laquelle les en-
fants naissent, ou celle que nous nous don-
nons par nos crimes pr iprcs , mais la seconde
mort, c'est-à-dire , les tourments que nous
méritons par nos péchés, soit ceux que nous
avons commis avant le baptême, quand nous
mourons sans avoir été régénérés; soit ceux
que nous commettons depuis le baplêmc ,
lorsque nous mourons sans les avoir cttacés
par la pénitence. C'est cette mort que lepé- cap. v,.
cheur se donne lui-même par le mépris qu'il
fait des divins commandements, que Dieu
punit par une double mort : la première,
dans la séparation de l'àine et du corps , la
seconde dans les supplices éternels, dont il
punil làuie et le corps. Comme donc en Dieu
il n'y a point de péché, le péché ne peut pas
venir de lui, ni par conséquent être son ou-
vrage. Or il ne pr.ulestine que ce qu'il fait,
ou ce qu'il veut faire : il ne fait point de
mal , ni ne le veut faire : le mal n'est donc
point un elfet de sa prédestination. D'où il ci.-. >„.
suit que les méchants ne sont point prédes-
tini'S pour faire le mal, mais seulement pour
souffrir la peine due à leurs péchés. La pré-
[Vl' SlLCLE.]
dcslinatinn ' ne renferme point une néccssito
do contrainle pour hivoloiilé humaine, mais
mu' jiisie , miséricordieuse el éternelle dis-
position de l'ieuvie ili^ Dieu, par laquelle il
accorde gratuitement le pardon à un miséra-
ble, tandis qu'il en punit un autre; le tout par
un conseil secret, mais juste, de sa volonté.
Dieu prévient par sa miséricorde celui qu'il
veut, sauver, quoiqu'il en soit indigne: il
c»r. T11-. trouve l'autre digne de sa colère. Il donne
gratuilemeut la grâce ;"! celui (]ui on est indi-
gne : par elle l'impie étant justilié se trouve
éclairé par la bonne volonté qu'il lui inspire,
et il reçoit en même temps le pouvoir de
faire de bonnes œuvres; en sorte qu'il com-
mence il vouloir le bien par la miséricorde;
de Dieu qui le prévient; et par la même mi-
séricorde qui le suit et l'accompagne, il peut
faire le bien qu'il veut. Dieu - donne aussi
la grâce â celui qui la mérite, lorsqu'il rend
aux œuvres de l'homme juste la récompense
éternelle, de telle sorte que, soit qu'étant
juste lui-même, il justifie l'impie par sa mi-
séricorde, selon ces paroles de saint Paul :
Rom. 11,20. Montrant tout ensemble (ju' il est juste et qu'il
justifie celui qui a la foi en Jésus-Christ; soit
aussi que, plein débouté, il donne au juste
la gloire qui lui est due, selon ces autres pa-
Rnm. VIII, rôles du même apôtre : Ceux qu'il a justi-
fiés, il les a glorifiés. C'est toujours la grâce
qui agit, et qui commence le mérite dans
l'homme, en le rendant juste, et qui le con-
somme et le perfectionne, en le couronnant
delà gloire. C'est elle qui commence à met-
tre la bonne volonté dans l'bomme, qui aide
ensuite cette bonne volonté ; de sorte que la
cn.\prniii I. — . SAINT FUi/'.ivNCE \m nusPE.
11
même volonté qui est rendue Ijonne par le
don do Dieu, suiraonte ensuite la mauvaise
concupiscence par son divin secours, et est
cnlin établie lie Dieuniêiiie dans cet heureux
état où elle n'a plus de mauvaises concupis-
cences. Saint Fulgencc enseigne qu'il n'y a
dans l'Écriture : C'est le Seigneur qui prépnrr
lu cdlnnté , que parce que le prophète a pré-
dit par ces paroles que Dieu nous la donne-
rait. C'est de cette bonne volonté qu'il entend
le cœur nouveau et l'osprit nouveau que
Dieu promet dans Ezéchiel. Dieu nous donne'
ce cœur nouveau afin que nous marchions
dans ses préceptes; et c'est en cela que con-
siste le commencement de la bonne volonté.
Il nous donne aussi de garder et de prati-
quer ses commandements, ce qui regarde
l'elfet de la bonne œuvre : d'où nous ap-
prenons que c'est un don de Dieu de ce que
nous voulons faire le bien, et de ce que nous
pouvons le pratiquer. Ce Père autorise cette cap.
doctrine par divers passages de l'Écriture ,
où nous lisons que la volonté et le pouvoir
de faire le bien nous viennent de Dieu; d'où
il infère que c'est Dieu même ' qui fait en
nous tout le bien que nous faisons en lui , la
bonne volonté et la bonne œuvre venant de
lui. 11 eu infère encore que, par la prédesti-
nation , Dieu prépare non-seulement la va-
lonté par laquelle nous voulons le bien ,
mais encore les bonnes œuvres que nous fai-
sons. Il prouve que la vie éternelle, qui est
la récompense de la bonne vie, est encore un
don de Dieu, et que, comme la bonne vie est
donnée " gratuitement aux personnes justi-
fiées, la vie éternelle est de même donnée
PrtT, ri 1,
LVPfh.
xxivi,36.
' Prœdestinationis nomine non aliqua volun-
tatis hitmanœ coactilia nécessitas exprimitur,
sed niisericors et justa futuri operis dicini sem-
pilerna dispositio... ciijus hoc opus est in homine
ut occulUv roltintatis suœ noti tamen injiislo
consilio, aut gratuitnm misericordiam prœrnget
misero aut debitam juslitia}n rependat injuslo ..
ac sic aut istum prorsus imlignuin misericordia
prœveiiiat, aut illum ira dignum inveniat. Ipse
eniin dnnat gratis indigna gratiain qua jusiifi-
catus impins illuminetur munere bunœ volan-
latis, et facullate bunœ nperatinnis ut pnve-
nienle misericordia bonum velle incipial, el sub-
séquente misericordia bonum quod vult facere
valent. Tahg., lib. Il ad Monim., cap. vu.
- Donat eliam gratiam digno in retributione
mercedis œternœ ut scilicet, sive cum impium pie
justilicat jiistus , quia de ipso .ipostolus dicit :
Ut sit ipse ju?tu3 et justiCcaus eum qui ex fide.
est Jesu. Seu cum justum juste (jlorificat pius ,
quiaquosjustificavit, illos et glorificavit, eadem sit
operatio graliœ quœ meritum hominis bonum
et initiât ad juslitiam et consununat ad glo-
riam. Primo inctioans in homine bonam volun-
latem deinde eamdem voluntatem adjurons in-
choatam ut eadem voluntas et divino dono bona
sit et divino adjutorio malam concupiscentiam
superare possit, et Dco perficienle talis poslmo-
dum ipsa voluntas sit ut malam concupiscetitiam
liabcre non possit. Ibid., cap. viii.
' Dat Deus cor norum ut injusti/icationibus ejus
ambulenius, quod perlinet ad bonœ volunlalis
initium ; dat etiam ut judicia ejus obscrvemus
et faciamv.s, quod pertinet ad bonœ operationis
effectum. Unde cognoscimus Dei esse et ut bonum,
facere velimus, et ui bonum facere valeamus. IHd.
et cap. IX.
* Omne igitur opus quod a nobis in Deo fit,
Deus in nobis facit. Ex ipso est ergo et voluntas
bo a et operalio bona. Ibid.
* En gratia dalur non solum juslificalis vila
bona, sed etiam glorificatis vita œterna. Quod
12
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
par irrâce à celles que Dieu a glorifiées,
cp... C'est, dit-il, saint Paul qui nous apprend
ntn..x. cette vérité, lorsqu'il nous dit : La mort
est la solde du péché ; mais la vie éternelle
est une grâce de Dieu en Nntre-Seigveur Jé-
sus-Christ. Car pourquoi r.-Vpûlrc appclle-t-
il la mort la paie et la solde du péché, et
dit-il que la vie éternelle est une grAce, si ce
n'est parce que la première est donnée à
celui à qui elle est due, au lieu que la se-
conde est accordée par pure grâce à celui
qui n'y a aucun, droit? Or, lorsque Dieu puuit
de mort le pécheur, il punit en lui l'œuvre
mauvaise, qu'il n'aurait point commise, s'il
ne s'était retiré de Dieu ; au lieu que lors-
qu'il accorde la vie éternelle , il achève, en
glorifiant le juste , l'ouvrage qu'il avait lui-
mcm.e commencé, enle rendant juste, d'impie
Tip. I. qu'il était. Il montre par les paroles du psau-
me que la grâce de Dieu, que David exprime
par le mot de miséricorde, prévieut notre
volonté, et qu'elle la suit pour l'empêcher
de retomber dans le mal; elle prévient l'im-
pie ' afin qu'il devienne juste; elle le suit
lorsqu'il est devenu juste, de peur qu'il
ne redevienne impie. Elle prévient l'aveugle
pour lui communi(juer une lumière qu'il n'a-
vait pas : elle le suit lorsqu'il voit , aliu de
lui conserver la lumière qu'elle lui a donnée.
Ainsi la grâce ne rappelle pas seulement au
bon chemin, en justiliunt celui qui était dans
l'égarement : elle le garde encore et l'aide
dans le chemin pour le conduire au don de
la gloire éternelle. Or toutes ces choses,
c'est-à-dire les commeucemcnls de notre vo-
cation, les accroissements de la justice, et
les récompenses de la gloire, ont toujours été
renfermées dans la prédestination de Dieu,
parce qu'il a prévu les œuvres futures de sa
c>r iM.
grâce dîxns la vocation, dans la justification,
et dans la glorification des saints, selon que
le dit l'.\potre dans sonÉpitre aux Romains.
2. Quoique Dieu n'exécute que dans le
temps ce qu'il a ordonné pour l'avantage
de ses élus, on ne laisse pas de dire qu'il l'a
fait de toute éternité, parce que sa volonté
est immuable; c'est ainsi que nous regar-
dons ses promesses comme déjà accomplies,
parce que nous ne doutons point qu'elles ne
le soient un jour, rien n'étant capable de
l'empêcher de les exécuter tôt ou tard, selon
sa volonté. Il a donc pu, comme ' il a voulu, ci? x<».
en prédestiner quelques-uns à la gloire et
d'autres à la peine due à leurs péchés. Ceux
qu'il a prédestinés à la gloire, il les a pré-
destinés à la justice ; mais ceux qu'il a pré-
destinés à la peine, il ne les a pas prédesti-
nés au péché. II couronne dans ' les saints
la justice qu'il leur a donnée gratuitement,
qu'il a conservée en eux gratuitement, qu'il
a consommée et perfectionnée gratuitement
en eux. Mais il condamnera les méchants
pour leur impiété, et leur injustice qu'il n'a
point faites en eux. Dans les uns il glorifie
ses propres œuvres ; dans les autres il con-
dimine des œuvres qui ne sont pas les sien-
nes. Dans les justes, comme dans les injus- cip. \<^.
tes, il faut considérer trois choses : le com-
mencement de la volonté, le progrès de
l'aclion, et la fin de la rétribution; attribuer
à uu Dieu bon et juste tout te que nous
voyons être bon et juste, et regarder comme
indigne de lui tout ce en quoi nous n'aper-
cevons ni bonté ni justice. D'où il suit qu'en
ce qui regarde la foi, et les bonnes œuvres,
nous ne devons nous glorifier de rien, n'ayant
rien, selon l'Apôtre, que nous n'ayons reçu icor. ni.
de Dieu. C'est gratuitement* qu'il appelle les cj... i».
Pauli lenemus prcedicalione compertum dicentis :
Slipendium eiiiiii peccati mors, gratia autem X)vÂ
vita œterna in Cliii.sto Jesu. Cur autem mors sii-
pendium, vila rero œterna gratia dicitiir, nisi
ijuia illa redditur, hœc donatur ? Sed nbi illam
Deus reddil npus mnlum peccatoris hoinims pu-
nit, quod nullalcnus fecisset liomn, nisi dis-
cessissel a Dco. Cum vero Deus douai litam
œternam, opus suutn quod inchoavil justifi-
cans impium, perficit gluri/lcans justtim. Ibid..
cnp. X.
' Misericordia prœvenit impium ut /iat jusius.
SuUsequitur justum ne fiât iinpius. Prwienil cœ-
cum ut lumen, quod non invenil doiiel.Suhsequitur
videiitcm xit lumen, qund conlulit, sériel; et ideo
vnn solum erranlem justiftcanito ad viam rerocat,
sed etiam bene ambulanlrm tuslodil et adjuvat,
ul ad donum glorificalionis œternœ perducal.
Hœcaulem omnia,id est et vocalionis noslrœ ini-
tia, et justiftcationis augmenta, et glorificalionis
prœmia, in prœdestinalione scmper ])cus Itabuit :
quia et in rocatinne it in justificalione d in glo-
rificatione sanctorum , gratiœ suic opéra futurœ
pricscirit. Il)iil., cap. xi.
* Perinde potuit , sicut roluit , prœdestinare
quosdani ad glariam, qvosdam ad pœnam. Sed
quos prd'destinaiùl ad glariam, prœdeslittavit ad
justitiam. Quos autem prœdeslinavil ad pœnam
non privdestinatit ad culpam. Il)i(l., rap. xiii.
' In sanclis cnronat Deus justiliam, quam eis
gratis ipse tribuit, gratis sen'niit, gratv<que per-
fccil. Iiiiquos autem condemnabit pro impitlate
rel injustitia quam ipse in eis non fecit. In illis
enim opéra sui/ glorificat, in istis opéra non sua
condemnal. \b\<\., lap. xiii.
* Unns autem Deus est qui gratis el vocal prœ-
ClTAPITrtl': I. — SAINT FLlI.r.ENCE DR RUSPË.
Cap. »vi.
Cnp. x\l.
x.ili.
Cai, \ni.
Cap. is*
[VI* SIÈCLE.]
pi'iUlcsIinds; qu'il Justifie ceux qu'il appelle;
et qu'il glorifie ceux qu'il jusiilio.
3. Siiint Fulpeuce cxiimirin cusuito si Dieu
a prodosliuo les uK'cliauts pour faire le mal
qu'il devait piiuir eu eux, on s'il les a pré-
destintis au supplice, parce qu'il a prévu
qu'ils feraieut de uianvaises aciious. Il pose
deux principes ; l'un, que ' l'orj^nieil est le
commenccHieut de tout péché; l'autre, que'
la volonté de la créature raisounahle ne
peut être sans quelque amour, et qu'elle ne
peut aimer qu'elle ne se poito à (luelque
cliosc, connue à l'objet de son amour; de
sorte qu'étant établie, comme au milieu cn-
ti-e le souverain bien pour lequel elle a été
créée, et les biens int't'rienrs, au-dessus des-
quels elle est élevée , il est nécessaire ou
qu'elle s'arrête misérablement aux biens in-
férieurs, ou qu'elle se repose heureusement
dans le bien souverain : car elle est entraî-
née par un certain amour, soit lorsqu'elle se
soumet à son Créateur, soit lorsqu'elle do-
mine sur la créature. Mais comme elle est
humiliée, lorsqu'elle s'élève , de même elle
s'élève par son humilité ; Dieu donnant sa
grâce aux Immblcs, tandis qu'il résiste aux
superbes. Ce n'est pas' que Dieu trouve l'hu-
milité dans l'homme avant de l'y avoir mise
lui-même; mais en lui donnant sa grâce il le
rend humble. Saint Fulgence conclut de tout
cela, que l'orgueil, qui est le principe de la
mauvaise volonté, n'étant point de Dieu , on
ne peut pas dire non plus que la mauvaise
action soit de lui, au contraire, qu'il la pu-
nit justement ; et qu'ainsi il n'a point pré-
destiné l'homme à la mauvaise volonté, puis-
qu'il ne devait point la lui donner, et qu'il ne
la fait pas. Ne faisant rien qui ne soit dans
l'ordre , comment aurait-il prédestiné au pé-
ché qui est contre l'ordre ? Nous voyons que
13
dans les saintes Ecritures, afin qu'on évite le
péché, on commande la charité : // a réglé
et ordonné en moi In charité, dit l'i'jpoux; et si
on y * fait att(!ution on trouvera que la
source de tout péché n'est autre chose que
l'amour déréglé, par lequel la créatiu-e rai-
sonnable renverse l'ordnî que Dieu avait
établi dans le monde, et que c'est en per-
dant volontairement cet ordre de la charité
qu'elle s'est perdue elle-uiême. Or, ce n'est
point à ce renversement que la créature
raisoiuialjle a éti' prédestinée de Dieu. Sa °
prédcslinalion n'est autre chose qu'une pré-
paration éternelle des œuvres futures dans
laquelle ou ne trouvera aucune cause du
mal, parce que l'origine du péché n'a ja-
mais procédé de Dieu. Comme il lui con-
vient^ d'être la cause de toute la bonne
action, il est indécent de lui imputer la
cause d'aucune mauvaise œuvre. D'ail-
leurs, on ne peut produire quelque raison
qui nous porte à croire (jue Dieu prédestine
au péché. N'est -il pas écrit au contraire
que Dieu n'a pas fait la mort, qu'il est
juste et qu'il a aimé la justice? Disons donc
que Dieu a prévu toutes les actions des
hommes, bonnes et mauvaises, parce que
. rien ne peut lui être caché ; mais qu'il n'a
prédestiné que les bonnes , qu'il a prévu
qu'il serait lui-même dans les enfants de la
grâce ; qu'à l'égard des mauvaises actions
des impies, il les a seulement prévues;
qu'en conséquence, il a, par un etiet de sa
miséi'icorde, prédestiné les bons à la gloire,
et par un effet de sa justice, les méchants
aux supplices. Saint Fulgence prie Monime cap. nvi.
de faire attention '' à l'endroit du neuvième
chapitre de l'Épître aux Romains, où l'Apô- n"'"". '•
tre, pour marquer la distinction entre les
élus et les réprouvés, appelle les premiers
C^p. XXI,
Ctp xxii
Saii.
'Jap.
XXIV.
1%
desti7iatos, et jusli/icat vocalos, et gloriflcat jiis-
tificatos. Ibid., caii. xvi.
* Si initium peccali requirilur, nihil aliud nisi
svperbia invenilur. Ibid. cap. xvn.
' Voluntas creaturœ ralionalis sine cjualicum-
que amore esse non jiotest : nec sic potest dili-
gere ut amorem suum non velit ad aliquid rele-
gare, quœ inter summum bonum a quo creata
est, et in/imum bonum cui prœlata est , medio
quodam loco posita, profecto aut in infimo bono
necesse est miserabiliter jaceat, aut in summo
bono veraciter feliciterque requiescat. Ibid.,
cap. xvni.
' Neque vero Deus hiimiles, quibus dal gratiam,
anle datam humiles invenit ; sed dando gratiam
humiles facit. Ibid., cap. xvni.
* Peccali initium si attend lur, puto quod nihil
est aliud quam ordinataruni a Deo rerum inor-
dinata rationalis creaturœ dilectio, quœ sponte
perdendo dilectionis ordinem perdidit et salutem.
Iljid., cap. SX.
5 ^eque enim alia est ejus prœdestinatio, nisi
futurorum nperum ejus œterna prœparalio, in
qua nullius causa mali poterit inveniri. quia ex
voluntate Dei nunquam processit origo peccali.
Ibid.
^ Sicut competit Deo bono ut causa sit totius
boni operis, sic incongruum est ut impulatur ei
causa cujuslihet operis mali. Ibid., cap. xxi.
'' Sic appareat et in vasis misericordiœ non ex
ipsis sed ex Deo esse quod boni sunt, et in Viisis
irœ.non ex Deo sed ex ipsis esse quod mali sunt.
Ibid., cap. XXVI.
14
iiistoihe générale des auteurs ecclésiastiques.
Cap. ixTif.
c-r». lux.
vases de misériconics. les secniids vases de
colère. « Il est notoire, dit-il, que l'on ne peut
dire de Dieu qu'il soit en colère, si ce n'est
lorsque l'iniquité de l'homme a précède. Il
l'est encore que les élus sont apjiclés vases
de miséricorde, et non vases de justice ,
parce que c'est de Dieu et non d'eux-mê-
mes qu'ils sont justes , au lieu que les ré-
prouvés sont méclianls d'eux-mêmes. » Saint
Fidgence fait voir iiprès cela que, les mé-
chants ayant abandonne Dieu les premiers
en se livrant à leurs mauvais désirs, Dieu
les abandoune et les punit avec justice; que
leurs péchés sont la seule cause poui-quoi
Dieu les prédestine à la seconde mort, c'cst-à
dire aux supplices ; qu'ils sont eux-mêmes la
cause de leur première mort, qui est celle
de l'âme et qui consiste dans le péché ; que
l'on doit dire que la première mort de l'iiom-
me vient de lui-même et la seconde de Dieu ;
qu'ainsi ' la première mort est la cause de la
seconde, et la seconde la peine de la premiè-
re ; que' Dieua prévu les mauvaises actions
des pécheurs ; mais que ne les ayant point
préordonnées , il est équitable dans la peine
qu'il leur destine. Il rapporte un lon^ pas-
sage du second livre de saint Au<,'uslin sur
le baptême des enfants, pour montrer que
ce Père a enseigné constamment que l'or-
gueil est la seule cause du péclié de l'hom-
me, et qu'il n'est point prédestiné au péché,
mais à la peine due à son péché. Il en cite un
autre du premier livre sur le même sujet, où
sr.inl A:giistin dit nettement qu'encore que
la prédestination ne puisse être sans la pres-
cience, la prescience peut être sans la pré-
destination : par la prédestination. Dieu pré-
voit ce qu'il doit faire lui-même, c'est pour-
quoi il est écrit : // a fait les choses futures.
Mais il peut prévoir celles qu'il ne fera pas ;
c'est ainsi qu'il prévoit les péchés des hom-
mes. Il remarque que saint .Vugnstin n'ayant
pu répondre aux objections que quelques
Gaulois avaient faites contre son livre de la
Prédestination, parce que la mort ne lui en
donna pas le loisir, saint Prosper y suppléa,
Ani!fU do
EccoiM livre,
k MoDlme ,
i»e. î-..
montrant dans sa réponse ;\ la quatorzième
objection des Gaulois , que l'infidélité de
ceux qui ne croient point .'t l'Kvaiigile n'a
point pour cause la prédestination de Dieu,
qui est auteur des biens et non des maux ;
que Dieu a bien prévu leur infidélité, mais
que sa prescience ne leur a imposé aucune
nécessité de ne pas croire.
4. Les ariens prétendaient que le sacri-
fice du corps et du sang de Jésus-Christ ne
devait être ollert qu'au Père seul et non pas
h toute la Trinité. C'était une suite de leur er-
reur sur la divinité du Verbe; car ne recon- c>p- •" •'
n-.
naissant pas le Fils pour Dieu, et soutenant
qu'il était d'une substance dillërente du
Père, ils devaient nier conséquemment qu'il
fût digne du même honneur que le Père.
Saint Fulgencc, voyant qu'ils ne laissaient
pas de se llalter d'avoir la même foi que VÉ-
glise, et que celle de l'Kglisc était la même
par laquelle Abraham plut h Dieu, prouve
que, ce patriarche ayant sacrifié aux trois
personnes de la Trinité, nous devons en faire c«p. t.
de même. Il prouve la même chose d'Isaac,
des Prophètes , et de l'Église catholique ' où
le sacrifice salutaire est également olïert au
Père, au Fils et au Saint-Esprit, c'est-à-
dire, à la sainte Trinité; comme c'est au
nom de ces trois personnes qu'elle con-
fère le baptême. Quoique dans la prière de
celui qui offre le sacrifice, il ne soit fait
mention que du Père seul, il n'en résulte
aucun préjudice pour le Fils et le Saint-
Esprit . parce que la consommation de ce
sacrifice renferme le nom de ces deux per-
sonnes, et qu'encore que les paroles du prê-
tre s'adressent nommément au Père, l'obla-
tion se fait en l'honneur de tonte la Trinité.
L'Eglise latine faisait en ce temps-là une
prière, par laquelle elle demandait à Dieu
que le Saint-Esprit descendit sur les dons,
c'est-;\-dire sur le pain et le vin, pour les
changer au corps et an sang de Jésus-Christ.
Les Grecs ont conservé cette prière; mais
ils ne la récitent qu'après les paroles de la
consécration. Les Latins la disaient tantôt
' Prima igitur mors animœ quam sibi liomo
inlulit, secunJœ mortis causa esl : el secuiula
mors quam D us homini reddidil primœ tnorlis
est pœna. Ibid., rap. xxvii.
' Peccata itaqiie liominum cuncla quidem Deus
in pcccalonbus pnisciril fulura : cl quia ipse
non ea prwdi'stinavil fuciinda, juste prœdeslina-
viljudicio punienda, lliid., «ip. xxvn.
' Cdlltolici fidèles Siire debent omne cujusiihet
honorilicentiœ el salularis sacrificii obsequium
cl Patri et Filio et Spirilui Snnrlo, lioc est sanc-
lip Trinilali ab Ecclesia pariler exhiberi. In cu-
jus ulique uomine uno manifestum est sanchim
quoque baptisnia cetebrari. Neque enim prtvju-
dicium Filin cet Spirilui Sancio cnmparalur,
dum ad Palrispersonam prccalioab offcrenle di-
rigilur: cnjus consumnialin, dum Filii cl Spiri-
lus Sancl complectilur iiomen. osUndil nullum
esse in TrinitJle discrimen. Fulg., lib. II ad Uo-
nim., eap. v.
[VI° SIÈCLE.]
CHAPlTltl': I. — SAINT FUI.GENCK DE lU'SPK.
4 S
IS j. XLVIM,
lu.
JoaD. X[V,
il.
.■ivanl , tiiiili'il aprrs. Nous ne la liisoiis
plus, ot à s;i plaie nous disons aiissiirit apiôs
l'olilatioti du pain el du vin : « Venez, sanc-
tificalonr. Dieu élerncl, bénissez ce sacrifice
cif. VI. (pii esl prt''par(; ù votre saint nom. » Celte
prière Inurnissail aux ari(Mis une objection
contre la divinité du Saint-Ksprit , disant
qu'il était moindre que le Pore et le Fils,
l>uisqu'il était envoyé par eux. Saint Ful-
i;ence réjioud , (|ue si, le Saiut-Ksprit est
moindi'c que le Père et le Fils, parce qu'il
est envoyé par eux, le Fils est donc aussi
moindre que le Père et le Saiiil-Esprit, puis-
que nous lisons ([uc le Père et le Saint-
Esprit l'ont envoyé. «Mais, ajoutc-l-il , ni
la mission du Fils , ni celle du Saint-Esprit
ne sont locales : elle sont spirituelles , com-
me l'est aussi la venue du Père dans les
cœurs des lidèles, dont Jésus-Christ dit dans
l'Kvangile : Si quelqu'un m' aime, il gardera ma
parole : et mon Père l'aimera, et notis vioi-
drons à lui, et nous ferons en lui notre de-
i ,,.. vir. meure. Il montre par l'Ecriture que l'immen-
sité est un attribut commun aux trois per-
sonnes ; que toute la Trinité concourt à la
sanctification de l'Eucluiiistie ; que l'invo-
cation paiticulière du Saint-Esprit mar-
que souvent les dons du Saint-Esprit, la cha-
rité, la paix, la foi, la continence; que, ces
dons, pouvant être aufjmeutés ou diminués.
Car. V II. ne peuvent être la même chose que le Saint-
Esprit qui est immuable de sa nature ; et
que ce sont ces dons que l'on demande pour
c»p. is. tout le corps de l'Eglise dans le sacrifice,
n'y en ayant point d'occasion plus convena-
cjp. X. ble, que lorsque le corps ' et le sang de Jé-
sus-Christ sont offerts, dans le sacrement du
pain et du vin, par le corps même de Jésus-
c»p. "• Christ qui est l'Église ; que c'est pour cela
que nous demandons que la même grâce
qui a fait l'Eglise le corps de Jésus-Christ,
en fasse persévérer tous les memin-es dans
l'unité par les liens de la charité. Ce que
nous (li'iiiaMdons dignenu'ut, lorsque nous
demandons (jue cela se fasse en nous par le
don de cet Esjjrit, qui est l'esprit du Père et
du Fils , parce que la sainte et naturelle
unité, égalité ettharit(! de la Triniliî, qui est
un s(nd et vrai Dieu, sanctifie par sou una-
nimité ceux qu'elle adopte. Saint Fulgence
montre que sans la charité les autres dons
du Saint-Esprit sont inutiles; que plusieurs ' Cnp.u,
ont disd ibué leurs biens aux pauvres, aux-
quels cela n'a servi de rien, parce qu'ils se
sont perdus, en ne se mettant point en peine
d'acquérir la charilt; qu'ils devaient uni(jue-
mcnl s'eû'orcer d'avoir ; que ceux-là perdent
le Saint-Esprit qui se séparent de l'unité de
l'Église; qu'ainsi la grâce' du Saint-Esprit
n'est point chez tous les hérétiques; que
lems sacrifices, tandis qu'ils sont héréti-
ques, ne peuvent plaire ;'i Dieu ; que l'on ne
peut reconnaître la vertu de sanctification
dans les sacrifices de ceux qui offrent, étant
séparés de l'unité de l'Eglise; que Dieu
n'accepte d'autres sacrifices que ceux de
l'Eglise seule, parce qu'elle les offre dans
l'unité ; que les hérétiques , en quittant le
schisme pour revenir à l'unité de l'Égiisc,
offrent h Dieu une hostie d'une odeur agréa-
ble ; mais que c'est la charité qui fait qu'ils
reviennent, et qui rend leur sacrifice agréa-
ble. Il rapporte quelques passages de saint
Augustin, pour faire voir que par le Saint-
Esprit qui nous est donné par l'imposition
des mains, les saints Pères 'ont entendu la
charité qui est répandue dans nos cœurs
par le Saint-Esp'-it. Monime avait aussi de-
mandé l'explication de ce que dit saint Paul
dans sa première aux Corinthiens, que la
virginité est une chose de conseil, et non
pas de précepte : il pensait que la virginité
était un œuvre de surérogation, et y rap-
portait ce qui est dit du Samaritain de l'É-
vangile qui donna deux deniers à l'hôte, en
lui disant : Ayez bien soin de cet homme, et
I Cor. vu
' Hcec œdificalio spiritaiis nunquam oppor-
timitis pi'titur, quam cuin ab ipso Christi cor-
pore, quod est Ecclesia, in sacrameiUo panis et
calicis ipsuin Cliristi corpus et sanguis o/fertur.
Ibiil., cap. SI.
- Mulli faciiUales pauperibus erogantes, quia
non curaierunt acquirendœ char itati sludium
impemlere, res quidein suas donaierunt, quod
ideo nihil eis profiiit, quia seipsos perdiderunt,
vnii acquirendo charilatem quant ucquirere de-
buerant. Ibid., cap. ix.
3 Uude manifeslum est apud oiunes hœreticos
Spiritus Sancti gratiim non cssc, nec eornia sa-
crificia, quandiu liœretici sunt, passe Deoplacere :
neque spiritulis gratiœ sanctificationem sacri/i-
ciis eorum tribut qui offerunt ab ecclesiastici
corporis unitale disjuncti : solius enim Ecclesiœ
Deus delectatur sacrificiis, quœ sacri/icia Dco
facit imitas spiritaiis. Cap. xi.
' Spiritus autem Sanctus, quod in sola catho-
lica Ecclesia pcr manus imposilionein dari dici-
tur, inmium hoc intelligi nifijores nostri volue-
ruiil quod Àposlolus ait : Quoninm charitas Dei
diffusa est in cordibiis nostris per Spiritum Sauc-
tuiu ijui datus est nobis. Ibid., cap. xii.
16
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
tout ce que vous dépenserez de plus, je vous le
rendrai à mon retour. Saint Fulgence con-
vient que l'Apôtre parle en cet endroit et en
d'autres des œuvres desurérogation ; et après
avoir allégué ce que saint Augustin, saint
Ambroise et Opiat de Miléve ont pensé sur
cette matière, il dit qu'il importe peu en
quel sens on entende les deux deniers de
surérogation, parce qu'un même passage de
l'Écriture peut avoir divers sens tous ap-
prouvés, que la virginité est une chose de
volonté et non de nécessité, qu'on peut la re-
garder comme une œuvre de surérogation,
de même que le travail des mains que saint
Paul s'imposait pour subvenir à ses besoins,
quoiqu'il lui eût été libre de vivre de l'Évan-
gile, comme les autres apôtres.
Atê'ye do o. U était parvcnu à saint Fulgence que
«!• > M.»- les ariens, voulant s'autoriser dans leur er-
reur par les premières paroles de l'Kvan-
gile selon saint Jean : Le Verbe était avec
Dieu, soutenaient qu'autre chose était d'ê-
•>»•'• tre chez quelqu'un, ou avec quelqu'un, et
autre d'être dans quelqu'un ; que le Fils
était avec le Père , mais qu'il n'était pas
dans le Père. Us apportaient pour exemple
un habit que nous disons bien être avec
nous, lorsque nous le tenons en main, mais
qu'on ne peut dire être dans nous. Ce Père
fait remarquer l'indécence de la comparai-
c«p. :. «! son par rapport au Verbe de Dieu. Ensuite
il montre que, si tout ce qui est avec Dieu,
est extérieur à Dieu, et que si tout ce qui
est dans lui, lui est intérieur, il s'ensuit que
nous sommes plus intimes à Dieu que son
propre Fils. Car il est dit de lui : // était
avec Dieu dès le commencement ; au lieu qu'il
A,:. xMii, est dit de nous , que c'est en lui que nous
avons la vie, le mouvement et l'être, et que
DoB.i :.ic. tout est de lui, par lui, et en lui. Il rapporte
divers passages de l'Écriture où ces paro-
les avec et dedans se prennent indifférem-
cap. r: >t mcnt. U cst dit dans saint Jean : Je prierai
j«». 1 V, mon Père, et il vous donnera un autre consola-
leur, savoir l Esprit de vente. Vous le connaî-
trez, parce qu'il demeurera avec vous et qu'il
sera dans vous. D'où il conclut, que lorsqu'il
est dit que : LeVerbe était avec Dieu, c'est com-
me si l'i^vangélislc avait dit : // était en Dieu,
parce que le Fils qui est le Verbe-Dieu dit
que non-seulement le Père est dans lui, mais
4;us III, qu'il est lui-même dans le Père : Ae voyez-
vous pas que je suis dans mon Père, et que mon
Père est en moi ? Il est vrai que nous sommes
dans Dieu et avec Dieu, mais ce n'est pas de
la même manière que le Fils unique est
dans Dieu et avec Dieu. Il est dans Dieu,
comme né naturellement de Dieu, c'est-â-
dire de la propre substance du Père; au lieu
que nous somimes ses enfants par grâce et
non par nature. •
§n.
Livre contre les Ariens.
1. Le li\Te des réponses aux dis objections h*,^«M
des ariens parait être le premier des cents 'i^"^^» - = ■
de saint Fulgence, selon l'ordre des temps.
Il le composa étant à Caitbage, où le roi Tra-
samond l'avait fait venir de Sardaigne vers
l'an 321. Ce prince, qui voulait éprouver son
savoir, lui envoya diverses objections contre
la foi catholique, avec ordre d'y répondre
promptement. Elles étaient fort longues, et
d'au style aussi obscm- que barbare. Le saint
les réduisit, les divisa par articles , et y joi-
gnit des réponses claires et solides.
2. Les ariens disaient : Les noms de Père , ««i»"» »
la {■■emleie
et de Fils sont difl'érents : leur nature est •^""«■'ijt-
donc aussi difl'érente. Saint Fulgence répond
que la difl'érence des noms marque en Dieu
la distinction des personnes , et non pas une
diversité de nature. Les noms de Père et de
Fils sont des noms relatifs qui ne séparent
point la nature de celui qui engendre de la
nature do celui qui est engendré. Ils signi-
fient au contraire une même nature dans le
Père et le Fils. Cela se trouve même dans les
hommes où les noms de père et de fils em-
portent nécessairement la même nature dans
l'un et dans l'autre, puisque tous deux sont
hommes, quoique l'un soit appelé père, l'au-
tre fils. Mais l'un est appelé père, afin qu'on
connaisse qu'il a engendré uu fils; et l'autre
est nommé fils, afin qu'il soit connu qu'il est
engendré du père. Ainsi cette diversité de
noms est nécessaire pour la distinction des
personnes, chacun de ces deux noms jjère et
fils est relatif. Mais il n'y a qu'un nom pour
marquer la nature commune àl'un et àl'au-
tre, qui est celui de substance, parce que leur
substance est une et la même. Le Fils est
Dieu comme le Père est Dieu.
N'est-il pas écrit, ajoutaient les ariens, que Rl,^„„ \
la génération du Fils est inctfable ? « Cela est jmuoÔ" W
63.
vrai, répond saint Fulgence; mais si l'on ne
peut raconter sa génération, ni expliquer de
quelle manière elle s'est faite, il n'est pas écrit
qu'on ne peut pas la connaître. De ce qu'on ne i«i. L.n.
peut expliquer une chose, il ne suit pas qu'il
[VI" SIÈCLE.]
sûil iiiipossiljlo (le siivoiiwnu'llc elle est. (Jui
[unil (lire tlo Dieu (oui c(! (lu'il est ? l'cisoiiiio.
Il n'est pas néaimioins permis d'ignorer qu'il
cxislc. Il est si l'acile de le connaKrc, cpie
"•'>"• l'Apôtre nous assure que lea pli ilos<i/)/ics sont
inexciisalilcs, parce qu'ayant connu Dieu, ils ne
l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont
point rendu tp-àces. Couime done ' il ne nous
est pas permis d'ignorer la divinité de J6-
sus-Ghrist, quoique nous ne puissions l'expli-
quer, la connaissance de sa génération ne
nous a point été refusée, encore que nous
ne puissions pas en faire connaître la ma-
nière.
°r°'oi,°. ^' ^'^ objectaient divers passages, où le
"• ■"■«• Fils est appelé créateur , entre autres celui-
111, «r"''' ci : Le Seigneur m'a créé le commencement de
ses voies. Saint Fulgcnce répond, que cela
doit s'entendre de la génération temporelle
du Fils, selon laquelle il est né dp la Vierge,
et a été créé le commencement des voies du Sei-
gneur, non iiouv donner l'être à de nouvelles
créatures, mais pour réparer les anciennes :
ce qu'il a fait par ses apôtres, en les faisant
eux-mêmes le commencement de cette créa-
tion, selon que l'apôtre saint Jacques le dit de
Jtcob. 1, 18. Dieu le Père : C'est lui qui par le mouvement
de sa volonté, nous a engendrés par la parole de
vérité, afin que nous fussio7is comme des prémi-
ces de ses créatures. En distinguant dans Jé-
sus-Christ les - propriétés de ses deux na-
tures, la nature divine et la nature humaine,
on explique comment on dit de lui qu'il est
engendré, et qu'il est créé. Il est engendré
selon sa naissance ineflable du Père; il est
créé selon sa naissance humaine, par laquelle
il est né d'une servante, serviteur lui-même,
c'est-à-dire qu'il est engendré comme Dieu ,
et créé comme homme.
"c oïlî ^- ^^'^'® pourquoi , dites-vous , deman-
daient les ariens aux catholiques, que le Fils
est né de la substance du Père ? « C'est, ré-
pond saint Fulgence , que nous ne pouvons
adorer que ce qui est Dieu substantielle-
ment. Or nous voyons tellement un Dieu
Père, que nous croyons aussi un Fils et un
Saint-Esprit. La foi qui nous enseigne à ado-
CII.\PITRE I. — S.MNT FULGENCE DE RUSPE.
n
rcr i^t à craiudrc! un Dieu, ne nous enseigne
pas (ju'il soit im pi'rsoiuicilcnu^nl, ni dislin-
gu(! ])ar uiu! diversité de substance, de peur
(lu'cn adorant diverses substances, nous ne
t()mi)ions dans l'erreur des gentils rpii ado-
rent plusiem's dieux : ou dans l'erreur de
Sabeliius, en niant avec lui l'existence du
Fils et du Saint-Esprit, et la Trinité des per-
sonnes. 1) Il prouve ce que la foi nous en-
seigne sur ce sujet, par un grand nombre
de témoignages de l'Ecriture, remarquant
sur celui d'Isaïe , où il est dit que deux sé-
raphins répètent jus([u'ii trois fois: Saint,
saint, saint, au lieu qu'ils ne disent qu'une
fois : Le Seigneur Dieu des armées , que c'est
pour nous apprendre qu'il y a en Dieu trois
personnes, et une seule substance. « Car k
quoi bon ^, dit-il, répéteraient-ils trois fois:
Saint, s'il n'y a pas trois personnes en Dieu?
Pourquoi ne diraient-ils qu'une seule fois :
Le Seigneur Dieu , s'il n'y a pas en Dieu une
seule substance? Il faut donc , s'en tenir
à la règle de la vraie foi , par laquelle nous
croyons que le fils de Dieu est de la subs-
tance du Père, c'est-à-dire de ce que le Père
est lui-même; qu'il en est né d'une manière
ineU'able sans commencement , et qu'on l'a-
dore comme vrai Dieu avec le Père. »
5. Le Fils, disaient les ariens, n'est point nfron^psia
*- CÎDqiiJunie ou-
égal à son Père, puisqu'il est engendré , et J"''""-
que le Père ne l'est pas. Saint Fulgence ré-
pond qu'il faudrait au contraire dire qu'il
n'est pas égal au Père, s'ils étaient tous les
deux non engendrés. Car clans deux non
engendrés, la divinité est ditférente : au lieu
que dans celui qui est engendré de celui qui
n'est pas engendré , l'unité de nature se
trouve évidemment. C'est pourquoi le Fils
de Dieu, étant de la substance du Père, ne
peut en avoir une moindre que la sienne,
ni une différente. Jésus-Christ ne marque-t-
il pas son égalité avec son Père , lorsqu'il
dit : Mon père et moi, nous sommes une même ^mn. x,m.
chose, et encore : Tous honorent le Fils comme it'ii- v, 23.
ils honorent le Père?
6. Les ariens insistaient : Autre est le Père Réionsos
de la lumière, autre est la lumière. Le Père U""'
' Sicut ergo Cliristi divinitatem ignorare non
debeinus, licel enarrarenun possimus, ila dicini-
talis ejus quainvis nulli suppetat emirratio non
est taintn fidelibus adempla cognitio. Lih. Contra
Àrian., pag. 53.
* Àgnoscatur ilaque in Christo proprie tas
ulriusque nalurœ, ut sine errore possit intelUgi
et creatus et genitus : genilus quippe est secun-
XI.
dum quod de Domino inenarrabiliter natus est
Doiiiinus. Creatus autem secundum humanum
generationem, qua de ancilla natus est serius.
Fiilg., Contra Àrian., pag. S7.
3 Quid est ergo quod tertio Sanctus dicitur, si
non trina est in divinitate persona ? Cur semel
Doaiiuus D<!us dicitur, si non una est in divini-
tate substanlia ? Ibid.
18
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
est l'auteur de la lumière, le Fils la lumière :
ils ne sont donc point éfraux. Saint Fulgence
répond, que le Pore et le Fils sont une même
lumière substantiellement. Il le prouve, parce
que le nom de lumière renferme nécessaire-
ment celui de la Divinité , selon que le dit
1 jmo. 1,5. saint Jean dans sa première Épitre : Ce que
nous vous enseignons, est que Dieu est la lu-
mière même. D'où il suit que celui qui est
Dieu , est aussi lumière ; et que celui qui n'est
pas lumière, n'est pas Dieu. « Il faut donc
croire, dit-il, que le fils est lumière de lu-
mière, parce qu'il est ne Dieu de Dieu : car,
en voulant nier que le Père soit lumière,
tandis que l'on dit que le Fils est lumière , ce
serait blasphémer contre le Père. Recon-
naissons donc que le Père est dans le Fils
lumière, et le Fils dans le Père lumière, la
jMn. HT, Lumière disant d'elle-même: Je suis dans
13.
mon Père, et mon Père dans moi. »
Biprauiii 7. Le Père est autre que le Saint-Esprit,
jKiion, i>.g. puisque le Fils dit : Mon Père vous donnera un
ioM. iK, autre consolateur. Le Fils est encore autre
lud. T,32. que le Père, selon qu'il dit lui-même : Il y
en a un autre qui rend témoignage de moi.
Saint Fulgence répond, que le mot autre
dans ces deux endroits est mis pour distin-
guer les personnes de la Trinité , et non
pour marquer entre elles une diflerence de
nature et de substance. Si le Père rend té-
moignage au Fils , on ne peut douter qu'il
ne soit une personne distinguée du Fils; s'il
est véritablement son Père, il est donc aussi
de môme nature. C'est pourquoi le Fils dit :
Mon Père et moi , nous sommes une même chose.
Il appuie sa réponse sur le décret du concile
de Nicée, où le Fils fut dit consubstanliel au
Père ; et remarque que , qaoique ce terme ne
.se trouve pas dans les Écritures , la doctrine
signifiée par ce tenne s'y trouve; qu'il a été '
d'usage dans l'Église, lorsqu'il s'élevait de
nouvelles erreurs, d'employer de nouveaux
termes pour les combattre ; comme on a
employé le mot de non engendré , en parlant
du Père, pour confondre Sabellius qui ne
voulait pas reconnaître trois personnes en
Dieu. Il ajoute que ses adversaires qui don-
bullièaie
nent aux catholiques le nom à'homousiens,
parce qu'ils confessent que les trois person-
nes de la Trinité sont cbnsubstantielles, ne
peuvent refuser d'être nommés triousiens ,
puisqu'ils soutiennent que les trois pci-son-
nes de la Trinité sont chacune d'une subs-
tance dillërente.
8. C'est faire injure au Père, disaient les
ariens, de croire que le Fils lui soit égal , et j«"o". i
de lui rendre un semblable honneur. «La foi
apostolique, répond saint Fulgence, ne fait
point d'injure i\ Dieu, mais elle l'honore , en
assiu-ant que la substance divine ne peut ni
êtie changée, ni être diminuée. C'est pour
cela qu'elle enseigne, que le Fils est égal au
Père, parce que l'unité de substance dans
tous les deux, conserve à chacune de ses
personnes la plénitude de sa perfection. Ce
Père fait le même raisonnement à l'égard du
Saint-Esprit, disant que si le Seigneur eût
voulu qu'on le regardât comme une créature,
il n'aurait pas commandé qu'on le joignît à
lui et au Père dans le sacrement de bap-
tême : Allez, dit-il à ses apôtres, enseignez m^"
toutes les nations, bnptisez-les au nom du Père,
du Fils et du Saint-Esprit, n
9. L'Écriture dit, en parlant de la généra- ,f„'J;î^"'^
tion du Fils, qu'il a été engendré du sein '^^"""'• *•
avant l'aurore ; ce qui, disaient les ariens,
ne peut s'entendre que d'une naissance char-
nelle. Saint Fulgence répond, que le terme
de sein ou de ventre ne se dit de Dieu, en
cet endroit, que dans un sens métaphori-
que; et que l'Écriture se sert souvent de
cette figure, lorsqu'elle parle de Dieu, com-
me on voit dans le livre des Proverbes, où
nous lisons : Les yeux de Dieu considèrent P""- "■>
les bons et les mauvais ; que. par le terme de
ventre, on doit entendi'e la nature divine; et
que ces mots : A vant l'aurore, signifient que
la naissance du Fils est éternelle, et qu'elle
n'a pas commencé dans le temps. Encore
donc que nous confessions que le Fils est né
du sein de la Vierge selon la chair, nous ne
douions pas qu'il ne soit né engendré du
sein du Père, c'est-à-dire de la substance du
Père; au contraire nous confessons ' qu'il est
' Mintm est quod in hnc nomine sonus tan-
tnm a qiiibiisdam itttenditur, ncc dicli intelligen-
tUi invrstigatur, cum pleraque non sint antigui-
Itis dicta, et pro tempornm cnusnruiiiqtie oppor-
tunitatibus professioni fiUei reperianlur inserla.
Sicul iugeiiiliis l'aler, nusquam in Scripluris ca-
nonicis legitiir, et tamen secundum fidei verita-
lem ingritilus prœdkatur tidrersus Snliellium , qui
l'ait em Filiumque non communione substantiœ
vniim iutelligil, sed personali singul<iritate con-
ftindit. Fiil^'., lil). Contra Ariiin., p.ig. 63.
' Liret ergo conftteamur Filium secundum cnrnem
ex utero Yirginisprocrealum.nnii tamfn nmbigi-
mus de utero Patrùi, id est de l'utri:) subst4uilia
genitum , imn sic confileniur Filiiim de utero Dci
rerum Vetim nalum esse, sicul de Yirginis utero
[vi" siÈCLt:.]
ne' du sein du Vive, vnii Diou, comme il est
lie vrai homme du sein de la Viern;e.
.or<f>ii 10. Il u'ost nas iiormis de dire que Dieu
mil cl- ' '_ . *
">. w» soit composé tle trois parties. C'est la dcr-
nii^-re objection des ariens, .'i laquelle saint
Ful|:rence répond qne l'Kglise enseigne avec
vérité, (ju'il y a trois personnes en Dieu, et
une seule substance. Si par le nom de
Djuicr. Qiejj Q,^ ,jp jiojt eniendre que le Père seul
dans l'Écriture, où il est dit, que le Sei-
gneur est un et qu'on ne doit servir que lui,
il s'ensuivra qne nous ne devons au Fils au-
cune marque d'adoration, ni de servitude,
parce que tout ce qui n'appartient point ;\ la
nature de Dieu seul, ne mi'rite point d'ado-
ii. ïcvi, i-ation de notre part. Comment donc est-il dit
du Fils, que les anges et toutes les vertus l'a-
dorent et le louent continuellement dans le
•I. iixi, ciel? Il est dit encore que tous les rois de la
terre l'adoreront, et que toutes les nations le
serviront. Serait-il adoré des hommes et des
anges, s'il n'était pas de la substance d'un
Dieu? Ce Père rapporte un grand nombre
de passages pour prouver la divinité du Fils
et du Saint-Esprit, entre autres celui delà pre-
"■'• mière Épître de saint Jean, où il est dit : // y
en trois qui rendent tèmoiynage dans le ciel, le
Père , le Verbe et le Saint-Esprit, et ces trois
sont une même chose. Il y en ajoute un de saint
Cj'priendans son Épitre de l'Unité de rt'fjlise,
et finit sa réponse en disant que nous n'ado-
rons pas un Dieu composé ' de trois parties,
mais que , conformément à la règle de la foi
apostolique, nous confessons que le Fils est
coéternel h son Père, né de lui sans commen-
cement , parfait comme lui et d'une puis-
sance égale; que le Saint-Esprit est Dieu,
qu'il n'est diÛ'érent ni du Fils ni du Père, et
qu'il n'est confondu ni dans l'un ni dans
l'autre. L'Esprit du Père et du Fils est un et
le même, et quoiqu'il procède tout entier du
Père, il est néanmoins tout entier dans l'un et
dans l'autre, sans être divisé dans les deux,
étant inséparablement commun à tous les
M Pu:?., deux. Avant d'envoyer cet écrit au roi, saint
Fulgence l'examina avec plusieurs habiles
gens. Ce prince le lut, sans en être touché.
Mais le peuple, à qui on l'avait communi-
Cn.\PITRE I. — S.MNT FULGENCE DE RUSPE.
d9
que, triompha de la victoire que la foi catho-
lique avait remportée sur l'arianisme.
§ m.
Les trois livres au roi Trasamond.
1. Trasamond, voulant éprouver de non- oco.inmK!
I • 1 • T^ t ï • "* livre*.
veau le savoir de samt Fulgence, lui envoya
d'autres questions par un de ses officiers, nom-
mé Félix , avec ordre de les lire seulement
une fois devant lui, sans lui permettre d'en
prendre copie. Carie roi craignait qu'il n'in-
sérât dans sa réponse les propres paroles de
l'écrit, comme il avait fait à l'égard des ob-
jections des ariens, et que tout le peuple ne
fiit encore une fois témoin de l'avantage qu'il
remporterait sur ceux de cette secte. Saint
Fulgence fit d'abord dillicidté de répondre à
un écrit, dont il savait à peine le contenu.
Pressé cependant par Trasamond , il lui
adressa trois livres que nous avons encore ,
et qu'il composa à Carthage quelque temps
après le précédent.
2. Il commence le premier livre par faii'e Anaiy.o du
, , n 1 , -, , . P'emior livre,
ressouvenir ce prince de la façon dont il lui p«eo9.
avait ordonné de l'écrire, témoignant qu'il
ne s'était rendu à ses ordres , que par
la crainte qu'on ne l'accusât d'un dédain or-
gueilleux, ou de défiance de sa foi. (( Car cap. i.
je ne doute point, lui dit-il, Prince très-
clément, que vous ne sachiez que c'est à
peu près la même chose parmi les chré-
tiens de renoncer la foi, ou de ne vouloir pas
la défendre. » Il témoigne partout un grand
respect pour Trasamond, quoique hérétique
et persécuteur de l'Église , et le loue surtout
de son application à s'instruire de la religion.
« On a vu rarement jusqu'ici, dit-il, qu'un
roi barbare occupé du gouvernement de ses
états, fût touché d'un désir si ardent d'ap-
prendi-e la sagesse. Ce ne sont d'ordinaire m.
que des gens de loisir, ou des romains, qui s'y
appliquent si fortement. Les barbares se font
gloire d'ignorance , comme si elle leur était
propre. » Mais il lui fait remarquer que la in.
recherche de la vérité n'est un grand bien que
lorsqu'on la recherche sincèrement. Après 17.
ce préambule il remarque que presque tou-
verum non dubitamus hominem processisse. Ibid.,
pag. 65.
' Non ergo ex tribus partibus unum colimus
Deum, sed apostoticœ fidei regiilam retinenles,
perfectiim et consempiternum Filium, de perfecto
et seinpiterno Pâtre, sine initia genitum, et potes-
tate non imparem, et natura fatemur œqualem.
Sunctwn quoque Spirilum non aliud fatemur esse
quam Deum, nec a Filio, nec a Pâtre diversum, nec
in Filio, nec iti Paire confustim. Unus est enim,
atque idem Patris et Filii Spiritus, totus de Pâtre
procedens, totus in utroque consistens, nec est di-
visus in singulis, quœ inscparabiliter est utrius-
que communis. Fulg., ibid., pag. 68.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap. T.
Cap. Ti.
Joio. I, 1.
Op. Tii.
C*p. X, i:
X, XI, XII
>MI.
20
les les h(?résies ne sont venues que faute
d'avoir bien compris le m^•sl^^p do l'Incarna-
tion. Les Lérétiqiies qui ont erré sur ce mys-
tère, ou ne l'ont pas cru comme il est, ou ne
l'ont pas cru du tout. Les manichéens, ne
jiouvant pas s'imaginer qu'au Pieu eiît pris
une véritable diair, parce qu'ils la croient
naturellement souillée, et d'un mauvais prin-
cipe, ont mieux aimé croire que la chair dans
Jésus-Christ n'en avait que l'apparence, plu-
tôt que la réalité. Il leur oppose le témoi-
gnage de l'apôtre saint Jean, conçu en ces
termes : Tout esprit qui confesse que Jisus-
C/trist est venu datis une chair véritable, est
de Dieu. Lt tout esprit qui ne confesse jxis que
Jésus-C/iri:t est venu dans la chair, n'est jmnt
de Dieu : c'est l'Antéchrist. Photin ne niait
point que Jésus-Christ fut né d'une Vierge,
ni qu'il eût pris d'elle une véritable chair;
mais il sootenait qu'il n'était pas Dieu, ne
concevant pas qu'il put être né substantiel-
lement de Dieu le Père, et qu'il se fût en-
suite fait chair. Saint Fulgence fait voir, par
ces trois premières paroles de l'Evangile,
selon saint Jean : Au commencement était le
Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était
Dieu , que la naissance du Verbe est éternelle,
qu'il est une personne distinguée de celle du
Père et de la même substance. Il y avait d'au-
tres hérétiques qui niaient également que Jé-
sus-Cliiist bit Dieu et homme ; et d'autres
qui rejetaient sm- la divinité tout ce qui doit
se rapporter à la nature humaine dans Jésus-
Christ. Pour réfuter toutes ces hérésies, et
établir en même temps la foi catholique sur
l'Incarnation, ce Père entreprend de montrer
qu'il y a en Jésus-Christ, médiateur de Dieu
et des hommes, deux natures parfaites, unies
en une seule personne. Il le fait, en alléguant
un grand nomhre de passages de l'Ecriture,
où l'on voit qu'il y a trois choses en Jésus-
Christ : la chair, l'àme raisonnable et la divi-
nité. Il s'applique pailicuhèrement ù montrer
qu'il a une âme raisonnable. Il demande à
ceux qui le niaient , si l'âme n'a point été
créée de Dieu , ou si elle n'a point été viciée
parle péché, ou si elle est d'une nature plus
vile que le coips, ou euDn si Dieu ne pouirait
pas la guérir de sa blessure. On ne peut dire
que l'àme n'ait point été créée de Dieu, ni
qu'il soit impossible à Dieu de la guérir de la
phiie qu'elle a rerue par le péuhé. Il ne se-
rait pas moins alisurdc d'avancer qu'elle est
d'une nature inférieure au corps, puisque
c'est elle qui lui donne la vie. Il parait aussi
qu'elle a été plus blessée par le péché que
le corps, puisqu'elle était, ii raison de son
intelligence, plus capable do résister an ten-
tateur. D'où il suit que l'homme entier ayant
été blessé par le péché. Dieu a aussi sauvé
l'homme entier, en le prenant : afin que l'on
coinuit que le créateur de l'homme on ('-tait
devenu le réparateur, .\quoi il faut ajouter,
que la qualité de Médiateur que l'Écriture
donne à Jésus-Christ, suppose nécessaire-
ment qu'il est Dieu parfait et homme par-
fait. Aussi l'Évangéliste, après avoir établi
sa divinité, en disant: Au commencement
était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le
Verbe était Dieu, établit ensuite son huma-
nité, en ajoutant : Et le Verbe aété fuit chair,
et il a habité parmi nous. S'il a été fait chair,
disaient les hérétiques, il n'a donc point eu
d'âme. Saint Fulgence répond que l'Ecri-
ture, en parlant de l'homme entier, se sert
quehpiefois du nom de chair, et quelquefois
du seul terme d'«mf." Toute chair , àxl Isaie ,
vei'ra le salut de Dieu, c'est-A-dire l'avènement
du Sauveur. Et Moïse en marquant le nom-
bre des descendants du Jacob qui entrè-
rent avec lui en Egypte, dit qu'Us étaient en
tout soicanteet quinze âmes. D'ailleurs Jésus-
Chiist parle lui-même de son âme en beau-
coup d'endroits. Et saint Pierre, dans les
Actes des apôtres, la distingue en termes ex-
près de son corps.
3. Le second livre à Trasaraond a pour
titre : De l'Immensité du Fils de Dieu. Mais
saint Fulgence ne laisse pas d'y traiter en-
core de la réparation du genre humain par
le sang de Jésus-Christ, d Quel homme, dit-il,
aurait pu être le médecin du genre humain,
tous avant tiré leur orisine d'une racine cor-
rompue? Les anges ne pouvaient point répa-
rer la chute de l'homme, puisqu'eux-mèmes
avaient été capables de tomber par leur na-
ture. Il n'y avait donc que la vertu divine,
c'est-à-dire le Fils de Dieu qui est la vertu
et la sagesse du Père, qui piit rétajjlir l'hom-
me après sa chute, comme il a empêché par
son secours la chute des anges qui ont per-
sévéré dans le bien. Le Fils étant Dieu par
nature, il est aussi immense et éternel.
Comme le Père est dans le Fils, le Fils est
dans le Père. Cette unité naturelle prouve
l'égalité de ces deux personnes, qui est telle
que l'iulini a engendré l'infini, et que l'in-
liui est né de l'infini, sans que le Père ait
rien perdu de son immensité. Le Père a tout
fait par le Fils, autrement l'on ne pourra^
C«f. w
J .n. 1,
Cip. ivt
Alt. 11,
3 . 31.
Sfrn.nl II
yf. s;i.
C,. 1.
[Vl' SIÈCLE.]
pas dire qno le Fils est la vertu, la sagesse
et la main ilc Diou, ni qiw tontes choses ont
été faites par le Fils; ce ipii est contraire à
rFcriluie qui lui donne les noms de sagesse,
de vertu et de main, et qui nous assure que
rien tle tout ce qui est fait n'a été lait sans
lui. Quelqu'un dira peut-être : Il est écrit
que le Verbe était au commencement, mais
non pas avant le commencement. «Cette ob-
jection, dit saint Fulgencc, ne peut tomber
clans l'esprit que de ceux qui n'enleudcnl
pas la force du terme commencement, qui
doit se rendre par éternel, cela seul devant
passer pour princii)e et pour commence-
ment , qui n'a rien de préexistant. Que si
l'on objecte que, de ce que le Fils s'appelle
■•>>, lui-même le commencement, sa naissance doit
aussi avoir un commencement ; il s'ensuivra
que le Fils doit avoir aussi une fin , puis-
'iS. qu'il dit dans l'Apocalypse : Je suis le com-
mencement tt la [in. Alors que répondra-t-
on à ce que dit saint Jean dans sa pre-
. V, mière Epitre : Le Fils est le vrai Dieu, et
la vie éternelle ? Il faut donc dire avec l'É-
glise catholique et apostolique', que Jésus-
Christ est nommé la fin , parce qu'il sei-a
éternellement, uon-sculoment dans la suIj-
stance , selon laquelle il est né naturelle-
ment éternel du Père , mais encore dans
celle qu'il a prise dans le temps de sa mère ;
et qu'on lui donne avec vérité le nom de
principe, parce que, selon la substance di-
vine, il est coéternel à celui qui l'a engendré.
On peut dire encore que Jésus-Christ est le
principe , parce que les choses qui n'étaient
pas, ont eu par lui leur existence; et qu'il est
la fin, parce que plusieurs choses qui ont com-
mencé d'être, ont par lui d'être toujours, n
On objectait , qu'il y avait aussi des créa-
uAr 711,3. tures sans commencement, comme Melchi-
sédecli, dont il est dit dans l'Épitre aux Hé-
breux, qu'il a été sans père, sans mère, sans
généalogie, et qu'il n'a eu ni commencement,
ni fin de sa vie. Saint Fulgence répond, qu'il
n'appartient à aucune créature d'être sans
commencement, toutes ayant été faites de
rien; que l'on ne doit point prendre à la lettre
ce qui est dit de Meichisédech, Adam étant le
seul d'entre les hommes qui n'ait point été
CIIAPITHI': I. — SAINT FULGENCE UE RUSPE.
21
engendré de père ni mère ; que c'est pro-
prement de Jésus-ChrisI, dont Melchis('dech
a été la figure, qu'il est dit, qu'il est sans père
et sans mère ; puisqu'en tant que Fils de
Dieu, il est né sans mère ; et qu'en tant que
fils de l'Homme , il est né sans père. Saint
Fulgence explique ensuite divers passages ,c.p. tm.
de l'Écritm-e qui paraissent contraires <i
l'immensité du Fils, en disant que, quoi-
qu'il soit substantiellement partout, il n'est
pas également dans tout; qu'il est partout
par sa puissance ; qu'il n'est pas partout par
sa grâce, mais seulement dans ceux <i qui il
la donne, et en qui il opère. Que l'Ecriture u,
établit clairement l'immensité du Fils, lors-
qu'elle dit qu'il est la splendeur delà gloire
du Père, le caractère de sa substance, et s»i>. m, 26
qu'il soutient tout par la puissance de sa nbr. 1,3.
parole ; que s'il est dit que le Fils est des-
cendu du ciel , ce n'est pas par un mou-
vement local, en sorte qu'il soit tellement
descendu selon la substance de sa divi-
nité, qu'il n'ait plus été dans le ciel, lors-
qu'il est descendu sur la terx'c ; que l'Écri- caj. «.
ture n'emploie ces façons de parler à l'é-
gard de Dieu, que pour se proportionner h
la faiblesse de uotre esprit ; qu'au surplus il G.n«. xi.ô.
est dit également du Père, qu'il descendit
pom- voir la tour de Babel : et du Père et jr„„. m-,
du Fils, comme aussi du Saint-Esprit, qu'ils ' ' '
feront leur demeure dans le cœur de ceux
qui aiment le Fils. Les trois personnes de la •
Trinité viennent et s'en retournent d'une
manière qui nous est incompréhensible, et
qui marquent de leur part, non un mouve-
ment de lieu en lieu, mais les effets de leur
bonté envers les hommes. Quoique remplis- cip. <i.
saut tout par leur immensité, il est dit qu'ils
viennent chez quelqu'un, lorsqu'ils daignent
se manifester à lui : et qu'ils s'en éloignent,
lorsqu'ils cessent de lui communiquer la lu-
mière de leur amoui-. Mais Dieu n'est pas
pour cela absent localement, lorsqu'il aban-
donne avec justice celui qui n'est pas digne
de le posséder : comme il n'est pas présent
localement à celui qu'il visite par un effet de
sa miséricorde, lorsqu'il l'en a rendu digne ;
il faut juger de la présence, ou de l'avène-
ment des trois personnes de la Trinité, com-
' Veritas est catholicœ atque apostolicœ fidei
relinenda, quœ sicut Christum propterca finem
nominal, quia non solum in illa suhstantia qun
natus est naturaliler sempiternus ex Paire, sed
eliani in ea quam in temporc sumjtsit ex maire, cré-
dit sine fine perpetmim. Sic eum ideo juste prœ-
dical, reracilerque principium, quoniam in dirina
quam liabet subslantin, genituri seiiiper asserit
coictenmm. Lib. II ad Trasam., cap. v.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
me on jupe de ce qui est dit de leur repos.
Dieu ne se reposa point après avoir créé le
monde, comme s'il eût beaucoup fatigué en
cif m. le créant. La création s'est faite par sa vo-
lonté seule, ainsi que le dit le Psalmiste :
Il a fait tout ce qu'il a voulu, dans le ciel, sur
la terre, dans la mer et dans tous les al/lmes.
La venue et la descente de Dieu n'ont donc
rien de local , ces façons de parler ne ser-
vant que pour nous faire voir que Dieu a
bien voulu nous faire part de ses grâces et
de ses lumières. Saint Fulgence explique
» "• dans le même sens le terme de monter. Il est
dit dans saint Jean, que Jésus-Christ répon-
j<Mi>.<i,i7. (jji à Marie : Ne me touchez pas, car je ne suis
pas encore monté vers mon Père. Mais il est
uTiii "."*■ ^^ aussi dans saint Matthieu , que Jésus-
Christ s'étant présenté devant Marie et les
autres saintes femmes , elles lui embrassè-
rent les pieds et l'adorèrent. « Comment, dit
ce Père, Jésus-Clirist aurait-il refusé à Ma-
rie de le toucher, sous prétexte qu'il n'était
point encore monté à son Père, et lui aurait-
il accordé la même grâce un moment après,
si l'on devait prcndi-e à. la lettre le terme de
monter. Jésus-Christ, en refusant à cette fem-
me de le toucher, parce qu'il n'était pas en-
core monté à son Père, la reprenait tacite-
ment de ce qu'elle croyait inférieur au Père
celui qu'elle pleurait comme mort ; et en lui
permettant quelque temps après de le tou-
cher, il voulait la convaincre de la vérité de
cip. iiT, sa résurrection. Dans la première appari-
tion il a insinué à Marie, qu'elle devait le
croire égal à son Père ; et dans la seconde,
qu'elle ne pouvait point douter de la résur-
rection du corps qu'elle avait vu mettre dans
le tombeau. » Il montre que le terme élever,
lorsqu'on parle de Dieu dans les saintes
Écritures, doit s'expliquer dans le sens que
nous donnons au tenne de sanctifier dans
l'Oraison dominicale. Comme nous y deman-
dons, non pas que Dieu soit sanctifié, mais
qu'il nous donne la grâce de sanctification,
ou que son nom soit sanctifié dans nous
par nos bonnes œuvres , de même lorsque
nous demandons que Dieu soit élevé, nous
demandons de l'être nous-mêmes par le
progrès dans l'intelligence des choses divi-
« A'cmo ascendit in cœlum, nisi qui de cœlo des-
cendit Filius hominis qui est in cœlo : non quia
humana Christi subslnnlia fuissel uliique di/Juiia,
sed qtioniam unus idcnique Dei Filius alquf ho-
minis Filius verus Deu-f ex Pâtre, sicul homo
nés. Il enseigne que par la vertu do Jésus- '■"'■ '
Christ, qui guérit l'hémorroïsse, il ne faut
cntendjc autre chose que la guérison mira-
culeuse de cette femme par la vertu de ojuxt. «
Dieu, et non pas qu'il sortit du Sauveur une
vertu distinguée de lui, n'étant pas conceva-
ble comme une vertu sort d'une vertu ; que i»i
sou immensité parait, en ce que, selon l'E-
criture, U connaît les plus secrètes pensées Jun. n,:
de l'homme ; et en ce qu'il dit lui-même :
Personnne n'est monté au ciel que celui qui est ibib. u.l
descendu du ciel, non' que sa nature hu- ]
maine soit répandue partout , mais parce
qu'étant fils de Dieu et fils de l'homme , jkd. ni.i
vrai Dieu, né du Père, comme il est viai
homme , parce qu'il est né de l'homme , il
remplit selon sa divinité, qui n'est renfermée
dans aucun lieu, le ciel et la terre , quoi-
qu'alors il fut localement sur la terre, selon cap. ivm.
son humanité. Parla distinction de ces deux
natures, on explique comment il est \Tai de
dire que Jésus-Christ viendra sur les nues ,
que toute chair le verra , qu'il est monté au ap<ic.i.i,i
ciel à la vue de ses apôtres , et qu'il est le a.i ,,■>■
Dieu vrai et vivant , qu'il habite dans les
cœurs des fidèles par la foi. Saint Fulgence i Tko ».i,i
tire sa dernière preuve de l'immensité du i6.' ' '
Fils et des autres personnes de la Trinité,
de la forme du baptême. Selon le précepte
du Seigneur-, le baptême doit être conféré
au nom du Père , du Fils et du Saint-Esprit.
Si donc les trois personnes de la Trinité c«..j'
sanctifient dans le baptême, il est évident
que le baptême, s'adniinistrant dans toutes
les parties du monde en un même temps,
les trois personnes y doivent être présentes ;
et dès lors on ne peut constester l'immen-
sité au Fils, comme au Pore et au Saint-Es-
prit : autrement il faudrait ôler le nom du
Fils de la forme du baptême.
A. Dans le troisième livre saint Fulgence An,!,
revient au mvstère de l'Incarnation, dont "• » t">^-
ition.l.
il avait déjà traite avec assez d'étendue dans c.;-
le premier. Il y attaque surtout ceux qui
enseignaient que la Divinité avait souffert :
d'où il suivait qu'elle avait été détériorée par
son union avec la nature humaine dans
Jésus-Clirist. Le but de ce troisième li\Te
est donc de montrer qu'il y a en Jésus-Christ
revus ex homine, licet secundum veram humani-
Inlem sunm locntitcr, tune cssel in terra, secun-
dum dirinilnlmi tainen, quie nullatcnus loco
conlinetur, cwlum totus impkrel et terram. Lit'. I
ad Trasim., cap. xvii. .
[Vl" SIÈCLE.]
niAPITRR I. — SAINT
deux natures, ilonl l'uuo qui est la divinité
il l()uj(uii'S été impassible; et l'autre qui est
la nature humaine, a soullert la mort; et
"• que CCS deux natures sont unies en Jésus-
Clirist en une seule poi sonne, chaque iialuie
conservant les proiiriétés. » Nous croyons ,
dit ce Père , que le Fils de Pieu ' est né îivant
tout commencement, de la substance du
Père, qu'il est Dieu do Dieu, et Seigneur de
Seigneur; qu'il n'est pas de rien, mais du
Père; et qu'il n'est point d'une autre nature,
parce qu'il n'y a rien eu de cocternel ù
Dieu, qui ail pu donner naissance au Fils.
Que la personne du Père soit autre que celle
du Fils , c'est ce que le Fils déclare en plu-
>'"' • sieui's endroits de l'Evangile : Je ne suis pas
seul , dit-il, 7nuis nwn J'ire qui m'a envoyé est
avec moi : que la substance du Père soit la
même que celle du Fils, c'est encore ce que
loan.iii,»!, Je pjig déclare en disant : Celui qui croit en
moi, ne croit pas en moi, mais en celui qui
m\i envoyé : et celui qui me voit , voit celui
qui m'a envoyé. Il n'y a donc qu'un Fils en-
cai . ni. gendre de la nature du Père , qui est appelé
unique ou scid engendré. Comme il est
insépai'ablc - du Père, à cause de l'unité
de leur nature, il ne peut être confondu
avec le Père à cause de la propriété de
loan. 1, 12. sa personne. Il est vrai que le Fils a donné
à tous ceux qui l'ont reçu, le pouvoir
cir.ii-. d'être faits enfants de Dieu. Mais ce ne
sont que des enfants adoptifs qui n'ont de
commun avec le Fils unique que le nom et
la gloire; mais non pas la nature ni la di-
V, v:. gnité. Étant vrai Dieu, il s'est fait homme;
mais en prenant la forme d'esclave , il est
demeuré plein de grâce et de vérité. Devenu
passible par son Incarnation et sujet à la
mort, il n'a pas senti comme Dieu l'aiguillon
FUÏ-r.ENCE DF. IIUSPE. 2:j
delà mort, il l'a élcinto elle-même. C'est
toutefois le seul et môme Jésus-Christ' quia
fait et soull'ert tout cela, ]virce que la nature
divine et la luitiue hinnaine ont dcuuMin; dans
un et même ChrisI, Dieu n'ayant point ('té
confondu dans l'homme, mais uni à l'hom-
me ; de manière qu'il a donné dans la mê-
me persoime des niar([iies de l'existence de
ces deux natures; de la tlivinité par ses mira-
cles, de l'humanité par les infirmités de sa
chair. C'est pourquoi l'Apôtre appelle le
seul et même Jésus-Christ crucifié , et la
sagesse et la vertu de Dieu : Nous prêchons , i co.. 1,23,
dit-il, JésHS-Cltrist crucifié, qui est un scan-
dale aux Juifs , mais qui est la force de Dieu
et la sagesse de Dieu à ceux qui sont appelés.
Le commerce de notre Uédemplion deman-
dait que celui qui devait en être le niédialciu-
fut vrai homme et vrai Dieu , mais de ma-
nière que, les deux natures étant unies en
une personne. Dieu ne fût pas confondu
dans l'homme, ni l'homme dans Dieu. Car
aucun homme n'aurait été propre pour
vaincre l'ennemi du genre humain, si dans
Jésus-Christ, médiateur de Dieu et des hom-
mes, il y avait eu quelque chose de moins
que l'homme, ou que l'homme, que Dieu
avait pris , eût été consumé par son union
avec la divinité. En effet la nature humaine
ne pouvait être consumée dans sa répara-
tion ; puisqu'une partie , c'est-à-dire celle
qui est condamnée , ne sera pas consumée
par l'éternité des supplices. Dieu a donc été ca;.. vu.
fait homme sans aucun changement de sa
substance ; et on ne peut pas diie qu'une
partie de la divinité soit demeurée dans le
Père, et l'autre dans le sein de la Vierge.
Le Fds est demeui-é dans le Père tout ce
qu'il était pour être fait dans le sein de la
' Credimus Dei Filium ante omne prorsus ini-
tium de Patris substantia genilain, Dcum de Deo,
Dominum de Domino ; non ex nihilo, quia de Pa-
ire : von ex alla nalura, quia aliquid fuit coœ-
lerniim Deo, iinde origo Filio prœstarelur... Ad
liane dislinctionem géminée personœ, et professio-
nem unius subslantiœ in Pâtre et Filio pcrdocen-
dam, ipse Filius dicit : Qui crédit in uie, non cré-
dit in me, sed in enm qui uiisit lue : et qui vidct
me, videt eum qui me misit. Lil). 111 ad Trasimond.,
cap. ni.
* Sicut inseparabilis est unitate naturœ, sic in-
confusibilis permanet proprietate personœ. Ibid.,
cap. ni.
5 J7;iMS idemque Christus Dei et hnminis Filius
qui et scmetipsum exinanivit, et plenus gratice ve-
ritatisque permamit, vere passus, passioni non
suhjaccns; vere mortmis, mortem non sentiens
sed exstinguens. Bœc aulem cnncta unus Christus
et gessit et pertulit, qui in uno eodrmque Cliristo
vera divinitatis , veraque humanilatis nalura
permansit, dum Dcus non confusus homini, sed
unitus, sic in una persona utriusqve naturœ per-
manentis indicia demonstravit , vt verus Deus et
plenus veris dirinisque virtutibus in homine cla-
reret assumpto, et reritas infirmilatis l)umanœ ve-
rnm plenumque tiominein monstraret in Deo.
Propler quod beatus Àpostohis jinum eumdemque
Cliristum, et crucifixum prœdicat, et Dei rirtutem
sapientiamque pronuntiat, dicens : Nos autem
priEdicamus Cliristum crucifixuu), Judîeis quidem
scandalum , ipsis autem vocatis Christuui Dei et
Dei sapientiam. Ibid., cap. vi.
24
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cip. rwt.
Vierge tout ce qu'il n'était pas. Le remède
de notre infirmité demandait que comme
l'unilé de nature ' demeure dans le Père et
le Fils, l'unité de personne demeurât en
Jésus-Christ; et que comme la distinction
personnelle ne fait pas deux substances dans
le Père et le Fils, la distinction des deux
natures ne fit pas deux poi-sonnes en Jésus-
Clirisl. Et encore, que comme l'unité de
nature ne confond pas le Père avec le Fils,
de même l'unité personnelle ne confondit
pas l'homme avec le Verbe; et que de même
qu'à cause de l'unité de nature, le Fils uni-
que ne peut jamais être séparé du Père : de
même aussi à cause de l'unité de personne ,
l'homme ne puisse être séparé de Uicu qui
se l'est uni. Mais cela devait se faire de telle
sorte qu'encore que le Christ ne puisse être
divisé ni confondu , le seul et même Christ
fit en même temps, étant véritablement Dieu
et homme , ce qui appartient à Dieu et à
l'homme. L'Apôtre marque clairement l'une
iicor. iiti, et l'autre nature, lorsqu'il dit : Encore qu'il
ait été cnici/ié selon la faiblesse de la chair,
il vit néanmoins par la vertu de Dieu.
cp. ii.i. 5. Après avoir ainsi établi la distinction
des natures et l'unité des personnes en
Jésus-Christ, saint Fulgence répond aux
objections de ceux qui soutenaient qu'en-
core que la Divinité soit impassible en elle-
même, elle avait néanmoins souffert depuis
sou union avec la chair. Il prouve par divers
iiCf.r.1,13. passages de lÉcriture, qu'elle est égale-
ment immuable en elle-même , et unie à
l'homme dans Jésus-Christ; que n'étant sus-
ceptible d'aucun changement dans le Père,
elle n'en peut être susceptible dans le Fils ,
le temps ne pouvant rien ajouter à ce qui
est immuable de sa nature, ni en rien dimi-
nuer. Il montre qn'ii cause de l'unité de per-
sonne, on dit de Jésus-Christ que le Sei-
gneur de gloire a été crucifié, et l'Auteur de
la vie mis à mort. Mais, en expliquant ce qui
est propre à chacune des deux natures , il
II«br. I. 10,
II.
montre que lorsque saint Pierre dit dans les
Actes que Dieu a oint de l'Esprit Saint et df
force Jésus de Nazareth , cela doit s'entendre
de la nature hvmiaiire, elle seule étant dési-
gnée par le nom de Nazareth où en effet
elle a pris sa naissance. 11 distingue encore
les autres choses qui doivent s'atlriltuer à la
nature humaine, à l'exclusion de la divine.
Les pleurs que Jésus-Christ versa sur La-
zare; le trouble qu'il ressentit en son âme h
la veille de sa passion; toutes les infirmités
de son enfance , l'accroissement de son âge
et de sa sagesse : tout cela appartient à la
nature humaine, quoiqu'on les dise de Jésus-
Christ à cause de l'unité de personne dans
les deux natures. C'est encore de la nature
humaine que l'on doit entendre ce qui est
dit dans l'Kpître aux Hébreux , que Jésus
qui avait été rendu pour un peu de temps
inférieur aux anges, a été couronné de
gloire et d'honneur à cause de la mort qu'il
a soufferte. Dieu par sa bonté ayant voulu
qu'il mourût pour tous. Les mouvements de
joie, de tristesse, d'ennui, de crainte, appar-
tiennent visiblement à la nature humaine,
de môme que le désir que Jésus-Christ té-
moigna de manger avec ses disciples avant
sa passion; mais quoiqu'il ait eu les infir-
mités de notre nature, il les a eues volontai-
rement, comme il a souffert volontairement
la mort. C'est ce qu'il témoigne dans saint
Jean lorsqu'il dit : J'ai le /Muroir de quitter
la vie, et j'ai le jwuvoir de la reprendre.
Au reste ce n'est ni dans son âme ni dans sa
divinité, mais dans son corps seul qu'il est
mort. L'Évangile le dit clairement lorsqu'il
rapporte que Joseph d'.Vrimathie demanda
à Pilate d'enlever le corps de Jésus, et que
Pilate lui ayant permis, il enleva le corps
de Jésus, l'embauma et l'ensevelit. Néan-
moins, à cause de l'unité de personne, on
doit dire que Dieu' n'a jamais abandonné
l'homme qu'il a pris dans le aein de la
Vierge, ni à la mort, ni dans le tombeau.
Cap. Ilii M
XtV,
ITI.
Cap. III.
Cap. ixii.
JoiD. \ti,;o.
' Hcec enim infirmitatis nostrœ medela poscebat,
ut, sicnt naturatis unitas in Pâtre manet et Filio,
sic personalis unitas manerel in Clirislo; et sicul
personalis dislinctio dtias non focil in Paire et
Fiho substantias, sic luituralis discrelioduas non
faccret m Cliristo ptrsonas; ac riirsus, sicul uni-
las 7iaturalis Palrem non confundit et Fitium,
sic unitas personalis hominem mm confunderel et
Verlium : cl qurniadmodum n gcnitore Dco per
uiiilaUni nalurœ nunqunm srgrrgnri polcst uni-
genilus Filius, sic a susceptore Deo per vnilatem
pcrsomr nungiiam poasri lionio scparari suscep-
tus; sic tamen, ut quamvis Chrislus nec confundi
possrt aliqnando, nec dividi: unus tamen atque
idem Cliristus ; et e.T reritalr pnssionis hnnianw,
quœ noslrn fucrant redderct : cl ex verilale im-
]iassilnlitnlis ditin(r, quœ sua fueranl Iribueret.
Lit), m ad Trasam.. cnp. vni.
' Propter unitaiem verojersonee, quoniam Deus
hominem quem ex Virginis utero suscrpit , nec in
morte, nec in sepulcro deseruil, propterea Joan-
nes adjrcit : llii er{;o propter pnrasopveii Jiidn'u-
ruin, rpiia jiixUi crat luuuuuientuin, posueruDl Jc-
fuin. I,il\ III, rap. xxv.
[VI' SIÈCLE.]
CHAPITRE I. — SAINT FULGENCE DE RUSPE.
25
C'est pourquoi rHvnni^t'IisIc ajoute que
ibM. (1. Joseiili mil .h'sus (huis un s(''puli'ro tout neuf
oi'i peisouue n'avait iMicore t'té mis. Saiut
i^lV. ""' Fu'gcnce rapporte plusieurs passages du
Nouveau Testament qui marquent cette uni-
té de personnes , et ajoute ([u'en enns(5-
quence de celte unité, on dit que le Fils de
Dieu est mort, quoique la Divinité soit im-
I5JII. passible en elle-même. Il répète une seconde
fois que' la divinité de Jésus-Christ n'a point
mu. abandonné son corps dans le sépulcre, ni
son âme dans les enfers, et que c'est sa di-
vinité qui a empèclié la corruption de son
corps dans le tomljcau, comme elle a empo-
ché que ràuio ne fût sensible à la douleur
de l'enfer : n'étant pas juste qu'une chair
exempte de la corruption du péché, en res-
sentit dans le tombeau , ni qu'une âme
exempte de l'eschnaj^e du péelu», soullVit
quelque chose dans l'enfer. Ou ne peut pas
dire que la nature humaine h laquelle le
Fils de Dieu s'est uni, ait été tout entière
dans le tomlicau ni dans l'enfer. Jésus-Christ
ne fut dans le tombeau que selon sa chair,
et son âme seule descendit aux enfers. Ce
Père finit son troisième livre par une récapi-
tulation qui renferme ce que l'on doit croire
siu- l'Incarnation du Fils de Dieu, et par un
détail des erreurs qui se sont élevées sur ce
mystère, disant que tous ceux qui y persé-
véreront jusqu'à la mort, seront infaillible-
c.p. xM.T, ment condamnés. Il dit aussi quelque chose
des hérésies qui ont attaqué la divinité du
Saint-Esprit, et montre qu'il est vrai Dieu,
n'y ayant que Dieu seul qui puisse sancti-
fier dans le baptême, répandre la charité
dans le cœur de l'homme, et habiter dans
les fidèles. Il prie Dieu de rendre le roi
Trasamond attentif à la parole de vérité et
de l'éclairer de façon qu'il croie au Fils de
Dieu, et qu'il honore Notre-Seigneur Jésus-
Christ de la même manière qu'il honore le
Père. Le roi admira la réponse du saint
évêque, mais il n'osa plus lui faire des ques-
tions. Un évêque du parti des ariens répli-
qua à l'écrit de saint Fulgence. Nous n'avons
plus cette réplique, ni la réponse que le
saint lui opposa, dans laquelle il montra,
r»ig Vil., selon la remarque de l'auteur de sa Vie,
ea[>. ixill.
1 Nec carni suœ defuit, cum animam suam in
inferno dol re non sineret, nec animam suam in
inferno deseruit, cum in sepulcro mmew suam a
corruptione servaret. Dignum namque fuit ut
carnem sepulcri non corrumperel locus , quum
peccati non corrupit affectus; et animam dolor
que ses adversaires avaient été vaincus par
son premier ('ciit, c'cst-ù-dire par ses ré-
ponses anx dix objections des ariens, et que
les raisons que l'évêque Pinta lui avait oppo-
sées étaient tout à fait vaines.
§ IV-
Lettres de saint Fulgence sur le vœu
de continence. ,
1. Une jeune femme s'iilant trouvée ré- „î?„7,'i',;j.''°
duite à l'extrémité, dans une maladie, avait
embrassé la pénitence par l'imposition des
mains suivant la coutume de l'Église. Le
vœu (le continence était annexé à cette sorte
de pénitence ; mais la femme, pour l'exécu-
tion de ce vœu , dépendait de la volonté de
son mari. Comme il était jeune lui-même et
qu'il ne croyait point pouvoir vivre dans la
continence, voyant que sa femme avait re-
couvré la santé, il consulta saint Fulgence
sur la manière dont il devait se comporter
avec elle. Ce Père ne nous a point fait con-
naître ce jeune homme. Il parait seulement
qu'il demeurait en un lieu assez éloigné,
puisque les mauvais temps de l'hiver l'a-
vaient empêché de lui faire passer sa ré-
ponse aussitôt qu'il l'aurait souhaité. Sa let-
tre est aussi sans date. Ainsi l'on ne peut en
marquer le temps. On l'a mise toutefois la
première de celles de saint Fulgence dans
l'édition que nous suivons. Le jeune homme
lui avait demandé quelles règles l'on devait
garder dans l'usage du mariage, et si une
personne mariée était obligée de garder un
vœu de continence.
2. Sur la première demande le saint répond Anaijsf d«
A ^ celio leltre,
que l'usage du mariage non-seulement n'est fe "•*■
point mauvais en lui-môme, mais encore qu'il ,, R*^'»' ""
est permis, et que selon l'Apôtre le lit nuptial "«s'-
est sans tache quand le mariage est traité
avec honnêteté; que le même apôtre, en ap-
pelant devoir conjugal, l'obligation que les
époux contractent à. cet égard, fait bien voir
qu'ils ne peuvent se refuser mutuellement
ce devoir , et qu'en même temps ils le peu-
vent sans crime. Mais saint Fulgence dit que
l'usage du mariage doit avoir pour fin la gé-
nération des enfants', et non le plaisir; que
non contingeret inferni, quam servitus nequivit
tenere peccati. Ihiil., cap. xxxi.
2 Justilia utendi conjugii hœc est, ut non cx-
plendœ lilndinis, sed suhslituendœ prolis obtentu,
sibi coitjuges congruo lempore misceantur. Fulg.,
Epist. 1, pag. 145.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pllr tes wcux.
2G
toutefois ce plaisir n'est pas un crime sem-
blalile à celui de l'adulli-rc ; mais que c'est
toujours un poché léger qui s'cflace par la
prière ' et par les bonnes œuvres. 11 veut
qu'aussitôt après la naissance des enfants, on
leur procure une réj-'énératiou spirituelle '
par le sacrement du baplêmc. Il enseigne
que la fidélité dans le mariage diminue les
fautes que l'on y commet par fragilité, et
qu'elle en obtient le pardon, pourvu qu'elle
soit accompagnée des œuvres de miséri-
corde, qui ont tant de pouvoir dans la reli-
gion chrétienne, et qui y sont si essentielles
que non-sculcmcnt ceux qui vivent dans le
mariage, mais ceux encore qui gardent le
célibat, doivent les pratiquer pour recevoir
la récompense ou de leur fidélité ou de leur
virginité. Il met la fornication au nombre
des crimes qui fciment l'entrée du ciel, sur-
tout dans les personnes mariées.
3. A l'égard des vœux que l'on a faits à
Dieu , saint Fulgence décide, d'après les
écrivains sacres, que l'on ne peut se dispen-
ser de les accomplir. Mais il soutient que le
vipu de continence fait par une des person-
nes mariées ne peut pas o]>liger l'autre, ni
dispenser celle qui a fait vo:;u de lui rendre
le devoir conjugal, parce qu'il n'est pas per-
mis aux personnes mariées de faire vœu de
continence, n'ayant pas leur corps en leur
propre pouvoir. C'est pourquoi il met de la
diii'érence entre le vœu d'une vierge et
d'une veuve, d'avec les personnes mariées,
disant qu'il est libre à celles-là de faire vœu
de continence, mais que celles-ci ne le peu-
vent que d'un commun consentement, dans
le désir d'otl'rir à Dieu sur l'autel de la foi
un sacrifice en odeur de suavité. Ces prin-
cipes posés, il conclut que si les personnes
qui l'avaient consulté s'étaient engagées una-
nimement par vœux à la continence ', elles
devaient la garder ; et que si elles se sen-
taient tentées quelquefois des désirs de la
chair, elles devaient recourir au secours de
la divine miséricorde , pour en obtenir la
grâce 'de résister à la tentation ; mais que
s'il n'y avait qu'une des deux qui eut fait
vœu de continence, et cela sans le consen-
tement de l'autre, elle devait regarder ce
vœu comme téméraire , et rendre le devoir
avec une chaste sincérité, à celle qui n'avait
point fait vœu. Il leur représente à l'un et à
l'autre la nécessité des bonnes oeuvres, en
leur disant que s'ils ne peuvent vivre dans
la continence, ils ne peuvent se dispenser
de faire l'aumône, de pratiquer la justice, de
veiller ;\ la bonne conduite de leurs domesti-
ques, d'élever leurs enfants dans la crainte
du Seigneur, et d'être plus attentifs à leur
donner une bonne éducation , qu'à leur
amasser des richesses.
§v.
Lettres à Galla et à Proha.
l. Saint Fulgence était dans son second
exil, lorsqu'il apprit que Galla, fille du con-
sul Symmaque , venait de perdre son mari
qui était aussi consul, et avec lequel elle
n'avait pas vécu un au entier. Le diacre qui
lui apporta cette nouvelle, lui apprit aussi
que Galla avait résolu de demeurer veuve.
Il lui écrivit donc, et pour la consoler de la
mort de son mari, et pom* l'instruire des de-
voirs d'une veuve chrétienne. Il commence
sa lettre par l'éloge des vertus de son mari,
ne doutant point que Dieu ne l'eût enlevé
dans la Heur de son âge pour le faire jouir
d'un bonheur éternel. Il en prend occasion
de la consoler de sa mort, lui disant avec
l'Apôtre qu'elle n'avait pas lieu de s'attris-
ter comme font les autres hommes qui
n'ont point d'espérance; parce que la mort
ne nous enlève point les fidèles, mais seu-
lement ceux qui ont vécu en ce monde dans
les ténèbres, c'est-à-dire dans le crime. Car,
les hommes de cette condition , lorsqu'ils
entendront dans les sépulcres la voix du
Fils de Dieu , ne ressusciteront point à la
vie connue les justes, mais à leur condamna-
tion. Il lui représente que Dieu n'accorde
point son royaume suivant la ditl'érence des
âges, mais à la vertu ; qu'une longue vie n'est
point précieuse devant ses yeux, mais celle-
L«nic-
' Conjiigalus si in uxore sua, naturali duntaxat
usu, aliquantulum intemperatus exccdal, non so-
litm scilicel gcneralionem quœrens, sed aliquando
libidini carnix obedicns; hoc quidem sine culpa
non fncit; talii autcm culpa cilius bcnc operanti
atquc nranli remillilur. Ibid.
' Cum nnla fueril proies diluendam celcrius spi-
rilali generalione non ncgligat. Ibid., pag. 146.
' Et siquidem continenliampari vorislis assensu,
teniiremvcstrœdileclionis ctim Dei timorc servate:
et si quando carnisinfirmitas mentem piit.ial.ani-
mus ad auxilium divinœ iniseralionis occurrat,
ncc cédai libidini. Si rero continenliaw unus ves-
trum sine alterius rovit asstnsu, temerarie sevo-
vi-'fse cngnoscul, et dcbitum cnnjugi casla siiioe-
rilalc redhibcat. Ibid., png. 119.
CHAPITIIE 1. — SAINT FULGENCE DE lUJSPE.
[vr SIÈCLE.]
1;\ seule que l'on a passée dans les bonnes œu-
vres, ne fiit-clle que de peu de durée. Il passe
de h\ au devoir des veuves et après lui avoir
dit (juc la viryinilé est supérieure eu dignité '
au uiariape, il lui fait considiher la viduit(!
où elle se trouve , comuie un don de Dieu,
<jui veut l'élever par degrés à ce qu'il y a
diMueillcur. Il roniaïquii que la foi et les nni-
vres de miséricorde iloul les chrélieus doi-
vent s'occuper n'ont lieu qu'en celle vie, et non
pas en l'autre ; que Dieu nous donne quel-
quefois certains biens qui ne peuvent par eux-
mêmes nous rendre licureuxni malheureux,
comme sont les enfants, les richesses cl la
santé ; que c'est pour cela qu'il les donne aux
bons et aux méchants, et qu'il les ôle quel-
quefois aux uns et aux autres ; que si Job a
clé heureux, lorsqu'il vivait avec justice et
piété dans l'abondance, il a été encore plus
heureux et plus juste, lorsqu'il fut réduit à
une extrême pauvreté ; que l'Évangile nous
représente deux hommes, dont l'un qui était
le mauvais riche, a été malheureux quoique
comblé de richesses et dans une parfaite san-
té, et l'autre nommé Lazare était heureux
quoique pauvre et couvert d'idcères. « Ces
sortes de biens, continue saint Fulgence, ne
peuvent donc nous rendre véritablement heu-
reux par l'usage que nous en faisons ; et il
est toujours avantageux de les mépriser,
quand, dans le mépris que l'on en fait, l'on
a en vue la gloire de Dieu, et non pas de
plaire aux hommes. Il en est de même du ma-
riage. On peut le contracter avec une bonne
intention, et le mépriser de même. Susanne
s'est rendue recommandable par la chasteté
conjugale. Judith et Anne l'ont été davantage
en vivant dans la viduité ; mais Marie a fait
beaucoup mieux en gardant une virginité en-
tière. » Il propose à Galla l'exemple de ces
deux veuves célèbres par lems vertus, l'une
dans l'Ancien Testament, l'autre dans le Nou-
veau ; et celui de Pi'oba sa sœur, qui, après
avoir consacré à Dieu sa virginité, vivait dans
Rome avec tant d'édification, qu'il semblait
27
qu'elle avait oublié sa naissance, vivant dans
les humiliations, all'eclant de servir tout lo
monde, se refusant pour ainsi dire le néces-
saire alin d'en noinrir les pauvres, et cmplo-
yaul i\ les vêtir ce d(mt elle aurait pu se vê-
tir elle-même, contente de ce qu'il y avait de
plus vil. Il luiconseille donc, qu'encore qu'elle
lui soit supérieure par l'excellence de la vir-
ginité, de la prendre pour compagne dans la
pratique de toutes les autres vertus ; de mé-
priser avec elle la noblesse de son exfraction,
qui est le foyer de l'orgueil ; de s'appliquera
la prière, au jcilne et à l'aumône ; mais dans
toutes ces bonnes teuvrcs d'éviter la vaine
gloire, on cherchant non les louanges des
hommes, mais de plaire ("i Dieu ; enfin de ne
pas s'attribuer à elle-même ses bonnes œu-
vres, mais à la grâce de Dieu. ciSoyez persua-
dée", lui dit-il, qu'il ne peut y avoir en vous
aucune faculté de vouloir, ni de faire le bien,
si vous ne l'avez reçue par un don gratuit de
la divine miséricorde ; que c'est Dieu qui opè-
re en vous le vouloir elle parfaire selon qu'il
lui plaît. En vous disant néanmoins que vous
ne devez rien attribuer à votre propre vertu,
je ne prétends point dire que vous deviez
vous méfier en quelque chose de la bouté et
du secours de Dieu. 11 est fidèle dans toutes
ses paroles, et saint dans toutes ses œuvi'es.
Il ne vous refusera pas son secours dans ce
monde, ni la récompense dans l'autre. Ne
cessez pas de vous entretenir de ses divines
paroles, et mettez tout votre plaisir dans la
lecture des livres saints. »
2. Saint Fulgence marque dans la lettre .u^""" p"J'.
dont nous venons de parler, qu'il en avait •^iph-'».
écrit ' une à Proba, sœur de Galla. Il était
donc naturel de placer celle-ci la première.
Cette illustre vierge avait souvent pressé le
saint évêquo , par le ministère d'un Serviteur
de Dieu, nommé Tutus, de lui donner quel-
ques discours en l'honneur de la virginité ,
et où il fût aussi parlé de l'humilité chré-
tienne. Le saint évêque trouva d'aboi'd que
cela était au-dessus de ses forces , considé-
' Àtlamen a muliere mipta mulier innupta et
virgo, non parra gradus dignitatc, discernilur.
Fulg., Epist. 2, pag. 134.
' Firmiler Une nullam tihi facullalem inesse
passe bonœ voluntatis aut operis, nisi id gratuilo
munere dicinœ miserationis accepetis. Scito ergo
Deum in te opemri et velle et pcrftcere pro hona
xoluntate Ncc quia dixi, nihilte deberepropnœ
assignare virtuti, ideo tibi est de dicina virlute ac
pictate in aliquo diffidendum. Fidelis est enim
Deus in verbis sttis, et sanctus in omnibus opcri~
bus suis : ncc tibi auxilium den''gabit in hoc sœ-
culo, nec prœinium subtrahet in futuro.. .. Num-
quam cesses a divinis eloquiis, et totain delecta-
tionem cordis tui Scripturis sanctis indulge. Fulg.,
Epist. 2 ad Gallam, pag. 161.
3 Disponinms de jejunio et oratione aliquid scri-
bere ad sororem tuam sanctam Christi cirginem
Probam, sicut in epistola quam ad eam nuper
dedi mea pollicitatio continetur. Ibid., pag. 139.
HISTOIRE GILNÉR.\LE DES AUTEURS ECCLÉS1ASTIQLT:S.
28
rant qu'il n'y a rien de mieux par rapport
au corps que la virpinilé, ni de plus suMime
par rapport à l'âme qu'une fidèle humilité.
Mais dans la confiance que Proba oblien-
drait elle-même de Dieu, par ses prières, la
grice d'exécuter ce qu'elle demandait de lui,
il l'entreprit. « Celui, lui écrit-il, qui a fait
tout ce qu'il a voulu ', est le même qui, par
un don gratuit de sa grâce, vous a consa-
cré vierge pour lui-même , et sa grâce est
donnée sans aucun mérite précédent, afin
qu'on lui en rende de continuelles actions de
grâce , dans une pure humilité de coîur.
C'est le Fils unique de Dieu, et le Fils unique
d'une Vierge, le seul époux de toutes les
vierges sacrées, le fruit, l'honneur et le don
de la sainte virginité. Consenez donc avec
soin le dépôt qui vous a été confié; et jugez
par le nom même de vierge, qui vient de
celui de vertu, du mérite d'un si grand bien
que vous avez, parce que Dieu vous a ac-
cordé de l'avoir , en faisant que vous lui
consacriez votre virginité. » Saint Fulgence
fait voir que le don de la virginité lorsqu'il
renferme l'intégrité de l'âme et du corps, est
plus grand que tous les autres dons, sans
prétendre toutefois que le mariage soit un
mal. Ali contraire, il le reconnaît pour l'ou-
vrage de Dieu, et l'appelle même un don de
Dieu , quoiqu'il le croie beaucoup au-des-
sous de la virginité. Il fuit un parallèle des
avantages de la virginité et des inconvé-
nients du mariage. Il montre en même
temps quelle doit être la vie d'une vierge
pour pouvoir se promettre tout le bien qui
est attaché à son état. Il veut qu'elle fuie
les délices du siècle, soit dans le boire , soit
dans le manger, soit dans les vêtements ;
qu'elle mortifie sa chair par des jeûnes et
des abstinences modérés, en sorte qu'elle
en soit affaiblie, et non pas épuisée ; qu'eUe
donne aux pauvres ce qu'elle retranche de
ses aliments ; qu'elle cherche uniquement à
plaire à Jésus-Christ son époux , et non pas
aux hommes ; qu'elle se garde de l'orgueil
qui est le commencement et la source de
tous les péchés. Il marque qu'il y a deux
sortes d'orgueil dans les personnes qui font
profession de piété. L'une en méprisant la
vie des autres , l'autre en attribuant à ses
propres forces quelque chose de leurs bon-
nes œuvres. Il dit qu'une vierge qui tombe
dans l'un ou l'autre de ces excès n'est point
une vraie vierge de Jésus-Christ qui n'admel
à son lit nuptial que les humbles , et qui en
chasse les superbes. Il conseille donc à Pro-
ba de ne jamais se comparer aux autres,
mais à elle seule, et de s'occuper tellement
de ses propres infirmités, qu'eUe ne cherche
.point à se llatter des défauts des autres.
Pour lui faire sentir le danger de la vanité ,
il rapporte une partie des Psaumes xxxvii
et XXIX. Le prophète avait dit dans celui-là :
Les gémissements de mon cœur ne vous sonl
point cac/tcs, o mon Dieu, et tous mes désirs sont
devant vous. « Celui qui parlait ainsi, dit sain!
Fulgence, avoue qu'il s'était élevé ' quel-
quefois de ses forces et de sa santé, lorsqu'il
dit dans l'autre Psaume : J'ai dit dans mmt
abondance , je ne serai jamais ébranlé. Mais
parce qu'en parlant ainsi il avait été aban-
donné de la grâce divine , et qu'il avait suc-
combé dans son infii-mité, il ajoute en re-
coniuiissant sa faute : C'était , Seigneur , par
un pur effet de votre bonté que vous m'aviez af-
fermi dans l'état florissant oh j'étais. Atissitôt
que vous avez détourné votre visage de dessus
moi, j'ai été tout rempli de trouble. Et afin de
montrer que nous devons sans cesse de-
mander humblement le secours de Dieu ,
quoique nous l'ayons déjà eu, il ajoute : Je
crierai vers vous. Seigneur, et j'adresserai à
mon Dieu mes prières. Or , personne ne pi-ie
et ne demande quand il croit qu'il ne lui man-
que rien , ou qu'il croit pouvoir conserver pai
ses propres forces ce qu'il a. Au contraire
' Yirginem sacram te sibi munere gratuito fe-
cit, qui omnia quiEcatmiue voluit fccit : a quo
ideo gratia nuUis prœccdentibus mentis datur, ut
illi semper gratiarum aclio pura cordis humilitate
reddatur. Hic est autein unigenitus Dei Filius,
umgenitus etiam Virginis filius, unus omnium
sacrarum sponsus, sanctœ rirginitaiis fructus,
decus el munu-t. l-:pist. 3 ad Probam., pag. IGo.
» Islenitlem quilwc dicebat.falctursealiqurndo
taiiquam de virlute .<aniliilis elaluin; dicitenim
in alio Psalnio : V^m dixi in fihiindîiutia luea, uon
niovebor in a;lenuini. El gmVi /toc dicens, adjuto-
rio divinœ graliit fueral désertas, sequilur di-
cens : Domine, in bona volunlale tua pr.'cslilisli
docori meo virluleui : avorlisli facieiu luani a me
et factus funi nonturbalus. Et ul oatenderet adju-
torium divinœ gratiœ quamvis jam habilum liu-
mililer esse sine inlcrniissione poscendum, Itoc
quoque subnectil : Ad le, Domine, elaniatio et aJ
Dcum niinini deprccabor. Kemo autem depreca-
lur el rogal qui non aliquid se cognoscit minn.<s
habcre, aul quod Itabel suatanluni polesl virtutf
servare. tiiiisyHi.s iijiturcl hcnc/icium rogal et ad-
juloriiim pugilat, neccsse csl ul el cvidenliani »■««•
imhecilliltilis el egeslalisagnoscal. l'ulg. , t'/iist. 3
ad Probam, pag. 17*.
GflAPITnE I. — SAINT FULGENCE DE RUSPE.
Lpltro fiiia-
iTiimv h Hro-
la, {>ag. 17 i.
[Vl' SIÈCLE.]
coliii ([iii (lomaiidc du secours rocnmiait
('■vidonimciil ol sa lalMt-sso nt sa pau\ rcli^. »
Sailli l'^ilii;oiico l'ait voir :\ l'rolja que les
I)lus ^aaiuls saints ne sont pas en co monde
sans allliotions ; qn'ils y sont souvent agités
de prandes tentations, ii cause de la révolte
de la ("liair contre l'esprit ; riuc ce n'est pas
riiuhistrio ni la force de l'iiomiuo qui les
délivre de la loi de péché, qui est dans leurs
membres, mais la seule grâce ' du Sauveur
qui ne se donne qu'aux humbles, et gra-
tuiteuiout; que cette grâce est tellement don-
née aux humblc3 , qu'on ne peut pas même
être humble sans elle; qu'elle est donnée de
Dieu alin que nous commencions ii être hum-
bles, et que nous ne cessions pas de l'èlre ;
eiï sorte qu'elle fait que nous soyons hum-
!>les, et que nous persévérions dans l'humi-
liîé ; qu'elle ne serait jamais elle-même de-
venue l'épouse de Jésus-Christ par l'intégrité
de sa foi et de sa chair, si elle ne l'eût aimé
en méprisant le vanités du siècle ; mais aussi
qu'elle ne l'aurait pas aimé, s'il ne l'eût jiré-
veiuie de son amour, et ne lui eut encore
donné gratuitement de l'amour pour lui-
même.
3. La seconder lettre à Proba est une ins-
truction sur la prière et la componction de
cœur. L'une cl l'autre étant un don de Dieu,
saint Fulgence exhorte cette vierge à les de-
mander à Dieu , comme essentielles à un
chrétien. La componction de co;ur excite
l'att'ection de la prière, et une humble prière
mérite le secours de Dieu. La componction
de cœur fait attenlion à ses plaies; la prière
demande le remède de la santé. Quelque
avancés que nous soyons dans la vertu, en
ce monde, il nous reste toujours des progrès
h faire jusqu'à ce que nous soyons arrivés à
la possession de la céleste patrie. Nous
avons toujours des ennemis à combattre au
dedans et au dehors, et les armes les plus
propres pour les vaincre, sont les larmes, la
prière, l'humilité de cœur. Mais ces armes
29
sont (les dons de nien ([ii'il fiiiil lui deman-
der; aucun iKunme ne pouvant ni jinnser
an bien , ni le faire de (pielque naliire qu'il
soit, sans le secours gratuit de Dieu, ainsi
que l'enseigne l'ApiUrc dans son Épitre aux
Philippiens. Encore donc que nous ayons
des motifs de rendre grâces à Dieu pour ses
bienfaits, nous devons toutclbis le prier sans
cesse pour obtenir de lui de nouvelles grâ-
ces , parce que tandis que nous sommes eu
cclUi vie, comme nous ne pouvons être sans
péché, aussi ne pouvons-nous pas rendre
une soumission parfaite à ses divins com-
mandements.
4. Saint Fulgence avait écrit une troi- itur»»
siènie lettre à Proba, où il traitait de l'orai- pe^du.!'""'"'
son et du jeûne. Nous ne l'avons plus. Il en
dit quelque chose dans sa lettre* à Galla.
§ VI.
Lettres à Eucjyppius, à Théodore et à
Venantie.
1. La lettre à Eugyppius est une nfponse i-ourc an-
celle qu il en avait reçue, et un remercî- m E.,gv|,piu=,
ment du présent que cet abbé lui avait en- '"^"
voyé. Pour mieux lui en témoigner sa re-
connaissance, il lui fit présent de ses trois
livres à. Monime, en le priant de lui en dire
son sentiment. Il parait qu'il pria aussi Eu-
gyppius de lui faire copier quelques livres
dont il avait besoin. Toute la lettre qu'il lui
éciivit roule sur la charité qu'il dit n'être
autre chose que l'amour même. Il n'eu est
pas de cette vertu comme des autres affec-
tions de l'homme. Il peut souhaiter d'avoir
beaucoup d'argent ou autres choses tempo-
relles, sans en avoir en effet. Il peut souhai-
ter même certains dons spirituels, comme
celui des langues, de la prophétie, sans les
avoir ; mais il ne peut désirer ni aimer la
charité, sans l'avoir en même temps. Saint
Fulgence met donc le domicile de cette
vertu dans le cœur d'un homme de bonne
' Ab Imc loge peccati, non virtus cujuslibet ho-
minis fortis, non inditstria sapientis, sed sola li-
bérât gfaiia Sulvatoris, quœ non nisi huniilibus
gratis datur : Deus eiiira superbis resistit, lui-
milibus autem dat gratiam. Verumlnmen liœc gra-
tta sicut nonnisi huinilibus datur, sic hinnilis
homo esse non potest, nisi delur. Datur enim tit
hiimiles esse incipiant, et datur lit huniiles esse
non desinant. Gratia igitur Dei facit nt et Inimi-
les simus et huniiles perseverare possimus Ne-
que vero fidei veritate carnisque integritate spiri-
talitertalisponsomipsisses.si non eum contempla
vanitate sœculi dilexisses: nec tamen eum fuisses
atiqualenus dikctura, nisi fuisset gratuita sponsi
dilectioneprœventa. Dixiautem. te prœventam non
solum dilectione qua ille te dilexit.sed eiiam dilec-
tione, quam tibi gratis ut a te diligeretur, infudit.
Epist. 3 ad Probain, pag. 175.
2 Disponimus de jejunio et oratione aliquid
scribere ad sororein tuam Probani. EpUt. 2,
pag. 139.
30
IlISTOinE GÉNÉRALE DES
Ltinï
Théodor« ,
pif. IS6.
volontd. Mais il ne veut pas que l'on juge
de la bonne volonté par l'action même; l'in-
tcnlion de celui qui apit doit décider de sa
bonté; parce que ce n'est pas ce que fait un
homme, mais la fin pour laquelle il agit,
qui fait connaître sa volonté.
2. Un sénateur nommé Tliéodore, qui
avait été consul en oOo, s'était donné tout à
Dieu, el avait embrassé la continence avec
sa femme. II paraît que parmi les œuvres de
piété qu'il prati(juaif, il exerçait particuliè-
rement l'hospilalilé ; qu'il avait bien reçu
quelques ecclésiastiques qui étaient allé de
Sardaigne à Rome ; qu'il s'était entretenu
avec eux de saint Fulgencc, dont la réputa-
tion était grande ; et qu'il avait même té-
moigné souhaiter de recevoir quelques let-
tres de sa part. Romulus écrivit aussi à saint
Fulgence pour lui faire part de la conver-
sion de Théodore, et du désir qu'il avait de
recevoir de ses lettres. Ce furent là les mo-
tifs qui engagèrent le saint Docteur à lui
écrire, quoiqu'il no l'eiît jamais vu. 111e con-
gratule d'avoir rompu tous les liens qui le
tenaient attaché au siècle, et d'avoir foulé
aux pieds un monde qui le foulait lui-même
à ses pieds lorsqu'il l'aimait. Il relève l'avan-
tage que l'Église lire de la conversion des
grands, en ce que leurs exemples sauvent
avec eux plusieurs personnes. « Car, encore ',
dit-il, que Jésus-Clirist soit mort également
pour tous les fidèles, et qu'il leur ait fait part
d'un égal bienfait de la Rédemption , puis-
que, selon r.\pôtre, tous ceux qui ont été
baptisés en Jésus-Christ, ont été revêtus de
Jésus-Christ, et qu'il n'y a maintenant plus
AUTEURS ECCLKSIASTIOLTi:S.
de juif ni de gentil , d'esclave ni de libre ,
ni d'homme, ni de femme, n'étant tous qu'un
en Jésus-Christ ; cependant la conversion
des puissants du siècle contribue beaucoup
aux conquêtes et aux acquisitions de Jésus-
Christ. Si la crainte qu'on a d'eux en fait
trembler plusieurs , à la vue de leur conver-
sion plusieurs recourent à la miséricorde di-
vine. D'où il arrive qu'ils en entraînent beau-
coup avec eux dans la voie du salut, ou dans
leur perte. Les grands du monde doivent
donc s'attendre à être punis sévèrement, si
par leurs mauvais exemples ils sont aux au-
tres une occasion de chute ; ou à de grandes
récompenses, s'ils leur donnent l'exemple
d'une sainte vie. Car, qui est celui qui ne
méprisera pas une petite maison en voyant
un sénateur mépriser un palais bâti de mar-
bre? Qui est celui qui, pour acquérir les
biens célestes, ne méprisera pas les terres-
tres, en voyant un consul romain se hâter
d'arriver au ciel par le mépris des richesses
temporelles?» Saint Fulgence fait remarquer
que c'est en lui qu'a été accompli cette pa-
role du Piophète : Ce changement est l'ou-
vmge de la droite du Très-Haut , et que com-
me par la miséricorde de Dieu qui a opéré
en lui, il avait di'j.'i appris à ne point se glo-
rifier dans l'abondance de ses richesses, il
lui restait encore de ne point se confier dans
sa propre vertu, ni d'attribuer à ses propres
forces le mépris qu'il faisait des honneurs du
monde, le désir qu'il se sentait pour le ciel,
et le plaisir qu'il trouvait dans l'accomplis-
sement des commandements de Dieu. «Vous
n'auriez point tout cela^, dit-il, si vous ne
' Quamris enim CliriKltts irqualiter sit prn cunc-
tis lidelihus mortnuf: el œquale cunctis benelicium
redetiiptionis iiiipenderit , diccnie Apostolo : Qiii-
ciiinque in Chrislo bnptizati cstis Omucs ciiim
vos uniim estis in Cliristo Jcsii. Galat. ni, 27, (rt-
men cotiversio potenlium sœcuii mulltim militai
acquisitiotnbns Chrinli... in taiium tremore p!u-
rijiii cnniremiscunt, et in taiium conrersionc mnlli
ad aubsidium ?»ixera()0"i.s diiinœ confugiunl. lia
(U ul qui sunl in sœcuii culmine constiluti, aul
plurimos secum perdant, aul secum mullos in via
salulis acquiranl. Magna taies aul poina manel ,
si multis prœbeanl malœ imitalionis laqueum;
aul gloria, si mullis oslendanl sanclw conrersa-
lionis exemplum. Quis enim non parvam despiciat
cellam, qunndo senaUir despicil domum. marmo-
ratain? (juis «on lerrena ccmlemnens ad acqui-
renda ca'lcslia sibi co)isulal, quando ad co'lum
rnmanus consul Icrrenorum corilemptu fcslinal?
Fulg , Episl. 6 ad Tlirod., pa;;. ISG.
' ftœc omnia nullalonis Itabercsnisi a Dca mu-
ncre graluilœ dnnalionis accipercs : non hoc hn-
mini dal nalura, sed gralia : non hoc ex quali-
lale condilionis hvniaiiœ habetur sed ex benigui-
tatc divinie illuminalionis acquiritiir... Ilujus
graliw adjutorium seniper eslnobis a Deo poscen-
duin : sed ne ipsum quod poscimus, noslris viri-
bus assignenius : neque enim haberi polesl ipse
sullem oralionis alferlu», nisi divinilus fuerit at-
IribulU'S. Ul crgo desideremus adjutorium gratiœ,
hoc ipsum quoque opus esl gratiœ. Ipsa namque
incipil infundi , ul incipinl posci; ipsa quoque
amplius infundilur , cum poscenlibus dalur. (luis
rero polesi graliam poscere nisi relit? Sed nisi in
eo Dcus ipsam rolunlalem operelur, relie nulla-
tenus poteril Propter quod beatus Apostolus, non
solum bona opéra hominum, sed eliam bonam
rolunlalem Deum in mibis operari testatur, di-
cens: Uinis est euim qui iipcratur in vobis el vclle
et pcrfitere pro Ixiua voluiitate. Kulj,'., Episl. 6 ad
Theod., pag. 188.
[Vl" SIÈCLE.]
l'aviez reçu gratuitomiMil tU- Dimi. Ces clio-
ses ne sont point un don de lu nature, mais
do la p:r;\ce ; on ne les possède point par la
qualitii de la condition humaine , mais on
les acquiert avec le secours de la lumière
divine. Nous devons le demander sans cesse
ù Dieu, et ne pas même attribuer h nos pro-
pres forces la prière que nous faisons A ce
sujet; puisque nous ne pouvons pas même
avoir le désir ou raH'eclion de la prière, si
Dieu ne nous la donne. Or , désirer le se-
cours de sa grâce, c'est l'ouvrage de -la
grâce même ; elle commence â nous être
donnée alin que nous commencions par la
demander; elle augmente dans nous à me-
sure que Dieu l'accorde à nos prières. Mais
qui peut demander la grâce s'il ne le veut î
Et toutefois si Dieu n'opère en nous la vo-
lonté même , nous ne pouvons vouloir. C'est
pourquoi l'Apôtre dit que Dieu opère en nous
non-seulement les bonnes œuvres, mais
aussi la bonne volonté. » Il exhorte Théo-
dore à la pratique de l'humilité chrétienne,
à laquelle seule la vie éternelle est promise ;
â s'occuper des saintes lectures afin d'ap-
prendre dans les livres saints à se connaître,
et qui il devait être; et à faire de bonnes
œuvres devant Dieu et devant les hommes.
Il lui souhaite et à sa vénérable mère, de
même qu'à sa femme qu'il appelle sa sœur
i\ cause qu'ils vivaient en continence, la pro-
tection de l'inséparable Trinité.
=op- 3. Ce fut aussi à la prière d'un de ses
V f-
i«s. amis nomme Juniims que saint Fulgcnce
écrivit à Venantie. Nous n'avons plus la let-
tre de Junilius ; nous savons seulement qu'il
y saluait le saint évèque de la part de cette
femme, qii'on ne connaît point d'aillem-s. La
réponse de saint Fulgence est intitulée]: De
la Vraie pénitence et de la réti'ibution future. Il
y pose pour principe qu'aussitôt cpie la cha-
rité ' habite dans le cœur de l'homme, le pé-
ché ne le domine plus; et qu'elle fait non-
seulement éviter les péchés présents, mais
encore pardonner les passés. Il taxe d'im-
piété et de sacrilège les pécheurs obstinés et
endurcis, qui, à la vue de leurs crimes et
d'une longue vie passée dans les désordres,
se persuadent qu'il n'y a point de miséri-
corde à espérer pour eux, et tâchent de le
persuader aux autres ; ne faisant point at-
CII.\PITUE I. — S.MNT FULCENCE DE RUSPE.
31
tcnlion à ces paroles de Jésus-Christ : Ce ne '-°=- »■"•
sont point les saints, inuis tes malades qui ont
besoin de médecin, u Si notre médecin est ha-
bile , dit saint Fulgence, il peut guérir tou-
tes nos inlhinilés ; si noire Dieu est niis('ri-
cordieux, il peut remcttn! tous nos péchés.
Cette bonté n'est pas parfaite, qui ne sur-
monte pas tout le mal, ni la médecine par-
faite ItH-squ'il y a des maladies qu'elle ne
peut guérir. Quel péché, je vous prie, peut
être irrémissible, puisque Dieu est propice à
toutes nos iniquités, ainsi que le dit le Psal- pmi.ch, i,
î» y, *•
miste?Ou pouvons-nous croire qu'il y ait en
nous dos maux incurables, puisqu'il est dit
que le Seigneur guérit toutes nos langueurs?
Peut-être dira-t-on que ceux-là peuvent être
sauvés, qui, après avoir commis des péchés,
méritent d'en obteuii- le pardon par le bap-
tême ; mais que les péchés que l'on commet
après avoir reçu ce sacrement, sont irrémis-
sibles. Mais n'est-ce pas h des baptisés que
l'apôtre saint Jean disait dans sa première
Épitre : Mes petits enfants, je vous écris ceci uo .n,
afin que vous ne péchiez point ; que si néan-
moins quelqu'un pèche, nous avons pour avocat
envers le Père, Jésus-Christ qui est juste. Car
c'est lui qui est la victime de pi'opitiation pour
nos péchés. Quelque grand que soit donc le
péché, Dieu peut le remettre k celui qui se
convertit ; mais celui-là se ferme la porte de
1 indulgence qui désespère de la rémission
de ses péchés. »
Ce Père fait consister la conversion du pé-
cheur dans deux choses, savoir, qu'il espère
le pardon en faisant pénitence de ses péchés,
et qu'il fasse pénitence de ses péchés dans
l'espérance du pardon. « Car souvent, dit-il,
l'ennemi du salut ôte l'espérance à celui qui
se repent, ou la pénitence à celui qui espère
le pardon. Judas fît pénitence de son péché,
et toutefois il perdit le salut, parce qu'il n'es-
péra point que Dieu lui ferait miséricorde. Il
y en a d'autres qui ne craignent point la jus-
tice de Dieu, parce qu'ils espèrent tout de
sa bonté. Leur espérance est vaine ; c'est de
ceux-là que l'Apotre veut parler dans son
Épître aux Romains, lorsqu'il dit qu'ils seront
justement condamnés pour avoir dit : Pou?-- Rom. m, s.
quoi ne ferions-nous pas le mal afin qu'il en ar-
rive du bien ? Il est donc évident que la péni-
tence est vaine, lorsqu'on désespère- de l'in-
' Hœc charitas ulii hahitare cœperit, non per-
mittit doiiiinari peccatiim , sed cooperit mxiltitu-
dinein peccatorum : nec solum prœsentia peccata
facil ritari, quin etiam prœterita facit omnia re-
hurari. Idem., Episl. 7, pag. 190.
' His indiciis eiidenter agnoscimus inanitcr ho-
33
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dulgence ; et que c'est inutilement que l'on
espère la rémission de ses fautes, lorsqu'on
KtKii.iiii, n'en fait pas pénitence. » Il prouve par le té-
moignage d'Ézéchicl, qu'il n'y a aucun temps
dans la vie où l'homme ne puisse se convertir;
en sorte qu'on peut dire que la pénitence n'est
jamais tardive devant' Dieu à qui tout est
présent, le passé comme le futur. Si la lon-
gue durée des péchés était capable de vain-
cre la miséricorde de Dieu, Jésus-Clirist ne
serait pas venu dans le dernier âge du mon-
de pour en ôter les pécliés, et le sauver. Il
apporte en preuve de la miséricorde de Dieu
la parabole du Samaritain, et dit que comme
il n'y a aucune plaie ' incurable à notre Mé-
decin, il n'y a aucun temps où la médecine cé-
lestepuisse manquer. Dieu se réjouit toujours
de notre conversion', et il n'y a point de
temps, pendant que nous sommes en cette
vie, qui ne soit propre à notre conversion.
C'est ce qui parait par ces paroles de la se-
II pti. m, coude Ëpitre de saint Pierre : Le Seigneur n'a
point retardé l'accomplissement de sa promesse,
comme quelques-uns se l'imaginent ; mais ilnous
attend avec jMtieme, ne voulant point qu'au-
cun jjérisse, mais que tous retournent à lui par
la pjénitence. Cela parait encore par la para-
bole du père de famille qui envoya des ou-
vriers ;\ sa vigne, à diverses heures de la
journée, qui marcpient les divers degrés de
l'âge de l'homme, dans lesquels Dieu nous
invite à la pénitence en différentes manières,
par les tribulations, par les infirmités, afin
qu'ayant abusé de la sauté du corps pour pé-
cher, nous apprenions à nous en abstenir
dans l'infirmité. Saint Fulgence met une dif-
férence entre posséder les biens de cette vie
et les recevoir, et entre soullrir les maux de
cette vie et les recevoir. « Ceux-là seuls, dit-
il, reçoivent Jes biens en cette vie qui en font
leurs délices, et y mettent leur félicité ; ceux-
là reçoivent les maux en cette vie, qui les
souffrent en patience dans la crainte de Dieu,
et dans l'espérance des biens éternels. Il ne
veut pas que la patience de Dieu envers
EpisL 8 ad
nous, nous soit un motif de difféier notre
pénitence ; au contraire, il nous exhorte à
nous convertir au plus tôt, sans différer de
jour en jour, de peur que la colère de Dieu
ne vienne à fondre sur nous inopinément. »
§ MI.
Livre de la Foi orthodoxe à Donat.
1. Donat, à qui est adressé le livre de la ou»iiin<iu
Foi orthodoxe, que l'on met pour la huitième imrt \ d».
lettre de saint Fulgence, était un jeune hom- "^^ " "
me , qui , après s'être appliqué à l'étude des "'•
lettres humaines , faisait son occupation or-
dinaire de la lecture des livres saints. 11 y
cherchait à nourrir son âme, la ferveur de sa
foi le mettant au-dessus des plaisirs du corps.
S'étant trouvé avec des ariens , ils lui pro-
posèrent un argument par lequel ils préten-
daient montrer que le Père est plus grand
que le Fils. Donat qui n'était pas encore as-
sez instruit dans la science des divines Écri-
tures , ne put répondre à la difficulté , mais
il en demanda la solution à saint Fulgence.
2. Ce Père le loue d être demeuré ferme
dans la foi, sans s'être laissé ébranler par la
force d'un argument dont il n'avait pu don-
ner la solution ; et pour le mettre en état de
répondre dans la suite aux dilficuJtés que
les hérétiques pourraient lui faire sur les
mystères de la Trinité et de l'Incarnation,
il lui en donne une explication exacte.
« Croyez , lui dit-il , que la sainte Trinité ,
c'est-à-dire le Père , le Fils et le Saint-Es-
prit est un vrai Dieu ; qu'elle est d'une seule
nature , d'une seule essence , d'une seule
toute-puissance , bonté , éternité et immen-
sité; en sorte que lorsque vous entendez dire
un seul Dieu Père, Fils et Saint-Esprit, vous
conceviez qu'il n'y a qu'une nature dans la
Trinité ; et lorsque vous entendez nouuner
la Tiinité, vous reconnaissiez que les trois
personnes du Père , du Fils et du Saint-Es-
prit sont une même divinité. Car il y a trois
persoimes, le Père, le Fils et le Saiut-Esprit :
ca livre, piç.
minem pwnitrre, si dum pœnitentia geritur.indul-
grnUa desperatur. et frustra indulgentiain sperari
sinepeccalorumpœnilentia. Fulg.,£'pi«<. 7,pag.l92.
' l'œnileutia numquam estnpud Deum sera , in
cujus conspeclu !:emper pro prœKcnlibus hubcntur
tani prœterild quani futura. IhiJ., pag. I'j3.
' Sicut crgo medicn nostro nulla est incuriihilis
plaga, ita nec in aliquo vulnere, nec in aliquo
lempore cœlestis polesl dcficere niedicina. IbiJ.
' Semper aulem dcleclalur coniersione nosira ,
nec tempus hominis quaindiu in hac vita est, po-
suit, quo propiliari conversa non possit : imo
tempus omne prœsentis rilœ contersioni nnstrœ
cugiwscitur députasse. Bcatus eniin Petrus dicit :
Non lardât Dumiiiu;-, etc. lliiJ., pag. 194.
' Très enim persona" suni , Pater et Filius et
Spiritu^ Sanclus: idco Trinilas dicitur. Sed una
substanlia est Patris cl Fitii et Spirilus SancH:
ideo ipsa Trinilas unus Deus veraciler a fidclibus
prœdicalur. Fulg., L:pisl. 8, pag. 198.
[VI" SIÈCLE.]
c'est pour cela que l'ou dit Triuili; ; mais
C(unnic il n'y a qu'une substance du l'ère,
du Fils et du Saint-Esprit , c'est pour cette
raison que la Trinité est appelée vérilaljje-
nient un seul l)i(;u par les lidèles. (Ju'il y
ait trois personnes, c'est ce que l'iM-.rilnre
^ Jom. ïi.i, ilit clairement : Je ne suis pas seul, dit le Sau-
veur dans saint Jean, mais mon Père qtci m'a
envoijè est avec moi. Et en parlant du Sainl-
iMti. KIT, Esprit, il dit : Je prierai mon Pt't-e, et il mus
donnera un autre amsolateur, savoir, l'Esprit
de vérité. Il a commandé aussi que l'on bap-
tisât les nations au nom du Père , du FWs et
du Sainl-l']sprit. On ne peut pas dire néan-
moins qu'il y ait trois dieux, i\ cause de l'u-
nité de nature des trois personnes. Et parce
qu'il ne peut y avoir de diversité dans la na-
ture de la Trinité, c'est pouniuoi il y a dans
les trois personnes une égalité suLstantielle,
à raison de l'unité de leur nature , quoique
chacune ait ses propriétés distinctes. » Saint
Fulgence rapporte divers passages de l'Écri-
ture sainte, pour montrer que la Trinité est
un seul Dieu. Mais parce que les hérétiques
soutenaient que ces passages ne s'enten-
dent que d'une seule personne , il les presse
par ces raisonnements : « La loi de Dieu ne
permet point aux fldèles d'adorer deux dieux :
il faut donc qu'ils croient que le Père et le
Fils ne sont naturellement qu'un seul Dieu ;
ou qu'ils ne reconnaissent point le Fils pour
Dieu, ou qu'en le reconnaissant pour Dieu ,
ils refusent l'adoration au Père. »
Comme les ariens ne niaient point la di-
vinité du Père, mais seulement celle du Fils,
il allègue contre eux ces paroles de saint Tlio-
joan. xï,!8. mas : Mon Seigneur et mon Dieu. 11 fait encore
un autre argument : « Si le Fils, dit-il, n'é-
tait point un seul Dieu avec le Père, il ne se-
rait point de la même nature que lui ; et s'il
était d'une autre nature , il serait indubita-
blement créature. Or, s'il était créature, l'É-
criture sainte ne nous commanderait pas de
l'adorer. Il y a plus , c'est qu'elle le nomme
I joan. V, expressément Dieu: Nous savons, nous dit
saint Jean, Cfie le Fils de Dieu est venu , et
qu'il nous a donné l'intelligence, afin que nous
connaissions le vrai Dieu , et que nous soyons
en son vrai Fils ; c'est lui qui est le vrai Dieu
et la vie éternelle. Il suit de là que le Fils,
selon sa nature divine , n'est pas moindre
qrie son Père, mais égal au Père, parce qu'il
CHAPITRE I. — S.\INT FULGENCE DE RUSPE.
33
est tellement vrai Dieu que le Père ne l'est
pas davantage. Mais parce que le Fils, né do
la nature de Dieu le Père, est aussi né de la
nature de la Vierge, sa mère, et qu'en con-
s(''((u<Mue il est vrai Dieu et vrai homme, ou
doit dire de lui qu'il est égal au Père comme
Dieu , et comme homme inférieur au Père.
Il lui est égal selon la nature dans laquelle
il est le ci'éaleur des aiig(!s ; il lui est infé-
rieur selon la nature dans laquelle il est le
rédempteur des hommes. »
3. (I La vraie foi, dit-il, nous enseigne Sniiodeia-
aussi que le Saint-Esprit est Dieu. Comment 2i«'' '
pourrait-on le nier, puisque le l'rophète lui p>^'-"^"',
attribue la création de toutes choses, et que iP";|<:"' »»•
l'Apôtre déclare, que nous sommes le temple *•
du Saint-Esprit, en la même manière , que ' '"'■•'"i m
^ et VI, vj.
nous le sommes du Père et du Fils? Comme
nous avons été faits à l'image de la Trinité,
le Sauveur a voulu que nous soyons renou-
velés dans le baptême, au même nom de la
Trinité. Ainsi c'est le même Dieu Père, Fils
et Saint-Esprit, qui, par sa toute puissante
bonté, crée les hommes, et justifie les pé-
cheurs par sa miséricorde toute gratuite. »
Saint Fulgence reconnaît qu'il est si essen-
tiel de nommer les trois personnes de la Tri-
nité dans l'administration du baptême, qu'il
déclare que ce sacrement' serait nul, si l'on
omettait le nom du Fils ou du Saint-Esprit.
Voici les règles qu'il donne àDonat, pour lui
apprendre à distinguer l'erreur d'avec la vraie
foi : « Il n'y a, dit-il, qu'un Dieu en trois per-
sonnes, dont la nature est la même. Si donc
vous voyez quelqu'un confesser l'unité de
nature du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
mais néanmoins soutenir qu'il n'y a aussi
quune personne, regardez-le comme un hé-
rétique sabellien. Si vous en trouvez quelques
autres qui confessent tellement trois person-
nes , qu'il veuillent aussi qu'on reconnaisse
trois natures, ne doutez pas qu'ils ne soient
ariens. Si quelqu'un confesse que la na-
ture du Père et du Fils est la môme, et qu'il
enseigne que celle du Saint-Esprist est diffé-
rente, en sorte qu'il avoue que le Fils est
égal au Père, et qu'il dise que le Saint-Es-
prit est seul moindre et inférieur, celui-là
est infecté de l'hérésie de Macedonius, et
doit être rejeté comme hérétique par tous
les fidèles. » Il ajoute que pour ne point tom-
ber dans les hérésies des manichéens, des
' Mysterium autem redemptionis humanœ mdla
ralione per/lcilur, si in baplisiiw cet Filii, vel
XI.
tipiritiLS Sancti Vncabutum subtrahatur. Fulg.,
Lpist. 8, piig. 205.
34
HISTOIRE GENÉHALE DES
photiniens, des ariens, des nestorieiis, et des
eutycbéeiis sur rincarnalion, il faut recon-
naître qu'il y a deux natures en Jésus-Clirist,
iHiies sans confusion en une scide personne ;
de manière que la nature que le Fils a du
Père n'est point confondue avec celle qu'il a
prise de la Vierge ; que Jésus-Christ n'a ja-
mais eu deux personnes, parce que c'est le
même Dieu, lils unique, qui est né du Père se-
lon la divinité ', et d'une Vierge selon la chair.
Ps.1. uni, «C'est le Verbe Dieu, dit il, qui est né de
Dieu, et le Verbe qui étant fait chair est sorti,
C'est le comme un époux, de sa chambre nup-
tiale, même qui, ayant conservé la propriété
des deux natures, a été crucifié selon la fai-
Hcor. xiii, blesse de la chair, et qui vil par la vertu de
Dieu. » Il exhorte Douât à s'appliquer à la
lecture des saints Pères, pour se confirmer
de plus en plus dans la doctrine de la foi.
§ vni.
Livre contre le Sermon de Fastidiosm.
Lettre da
Vicinr X faÏDt
FulgeDCe,[^ag.
£68.
livre À Vicier,
fiç. 3(0.
Cap. II.
1. On rapporte au retour de saint Fulgence
dans sou Eglise de Ruspo, après la mort de
Trasamond qui arriva en 523, son livre con-
ti'c un arien nommé Fastidiosus. Cet homme
avait d'abord été moine, et ensuite fait prê-
tre ; mais, ayant quitté la vie monastique et
les fonctions de prêtre pour mener une vie
licentieuse, il avait aussi abandonné la foi
catholique, et s'était jeté dans le parti des
ariens. Il en soutint ouvertement les erreurs,
jusqu'à les prêcher publiquement. Un de ses
discoui's étant tombé entre les mains d'un
nommé Victor, celui-ci l'envoya à saint Fid-
gence avec une lettre très-humble, dans la-
quelle il le priait de réfuter Fastidiosus, se
recommandant en même temps aux prières
du saint évêque , qu'il savait s'intéresser de-
puis plusieurs années à son salut.
2. Les catholiques assuraient que la Tri-
nité était indivisilile et inséparable. Fastidio-
sus qui les ajjpelait homousicns, en inférait
qu'il fallait dire, selon eux, que toute la Tri-
nité était incarnée, qu'elle avait soullort la
mort, qu'on l'avait mise dans le tombeau.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qu'elle était descendue aux enfers, et res-
suscilée le troisième jour. Saint Fulgence
fait voir que la Trinité est indivisible et dans
ses opérations et dans sa nature. « Elle est
indivisible dans ses opérations, dit-il, puis-
que toutes les trois personnes opèrent insé-
parablement, aucun ouvrage n'ayant été fait
parle Père, sans que le Fils et le Saint-Esprit
ne l'aient fait aussi. » Il rapporte sur cela
un grand nombre de passages de l'Écri-
ture. Un des plus précis est celui où Jé-
sus-Christ dit dans saint Jean : Tout ce giie
le Père fait, le Fils le fait de même. Or on
voit par un autie endroit , que ce que le
Fils fait, il le fait dans le Saint-Esprit, dans
lequel il dit lui-même qu'il chassait les dé-
mons. La Trinité est inséparable dans sa na-
ture, puisqu'elle est une. Il est certain d'ail-
leurs que Dieu est charité, et qu'il y aurait de
la folie à dire que la charité est séparable ,
puisque c'est elle qui lie d'un amour insépa-
rable ceux qui étaient divisés auparavant.
Ce Père montre ensuite qu'il n'y a que le
Verbe qui se soit incarné, dire que la Tri-
nité entière s'est fuite chair, ce serait tom-
ber dans l'hérésie des salelliens, qui n'ad-
mettaient en Dieu qu'une seule personne et
une seule nature. « L'Église catholique, dit-il,
divinement inspirée * et instruite de la vé-
rité de la foi, enseigne qu'il n'y a qu'une na-
ture de la Tiinité, mais aussi elle sait donner
il chaque personne ce qui lui est propre. Or
elle croit que c'est le Fils seul qui s'est fait
homme pour nous racheter. La raison en est,
que le Fils a pris un corps et une ànie, non
dans l'unité de nature, mais dans l'unité de
personne, qui n'est pas la même dans le Fils
que dans le Père et le Saint-Esprit. Comme
donc l'unité de personne n'a pas fait qu'il y
eût deux personnes en Jésus-Christ, quoi-
qu'il y eût deux natures, elle n'a pas non
plus rendu l'Incarnation commune à la sainte
Trinité. L'Incarnation est bien l'ouvrage de
la Trinité ; mais elle est particulière à la per-
sonne du Fils qui s'est revêtu seid de la
chair. » Pour donner quelque jour à ce rai-
sonnement, saint Fulgence dit, qu'il est claii*
Join. T, 19.
Cap. IT.
* Non confunditur natura, quant Dei Filius ha-
belex Pâtre, cuni ea nalura quam idem Drus
snmpsit ex Virgine. Sed nec haliuit Cliristus duas
aliqitnndo pemonas, quia idem Dfus unigenilus et
sccundum diviuilatem nains esl de Paire, cl secun-
dum C'irnem firoccssil ex Virgine. Et qui y,erbuin
Deux 7ialus eut de Deo, idem Verbum caro facinm
lanquaiu sponsus processil de tlialamo siio. Ipse
unus quiscrcata utriusquepropriclate natura; ; et
cnicifixiis est ex iiirirmilale,et vivil ex virlute Dei.
Fulg., Epist. 8, piif;. 2(17.
' Catliolica vero Ecclesia, divinilus inspirala,
teneiis fîdei verilalem, sicut norit unam ualuram
sanclœ Trinilatis assercre, ita caulissime sua Iri-
bnil unicuiquc personiF. Fiilg., lib. Contra Fasli-
diosuHi, cap. II.
[VI' SiÈttE.]
(juc l'unitë de nature et la trinité do per-
sonnes en Dieu, sont niaM|iii''es dans ces pa-
Gones I. :c. rôles de la Gcni^-so : faismis r/imnme à notre
ii)iiif/c et rcssoii/ilaiice, l'écrivain sacré ayant à
dessein nicMé le sinyulioravec le pluriel, l'un,
pour sij;niiier l'unité de nature dans Dieu ,
l'autre, la pliualilé de peisonnes. L'imasc
selon laquelle l'hounuc a (Hé formé uiarcjue
l'iioiuuie intérieur, qui renferme trois choses
naturellement, savoir la mémoire, l'intel-
ligence et la volonté ; et encore que ces
trois clioses ne soient pas des personnes
subsistantes, elles se trouvent néanmoins dis-
tinguées l'une de l'autre. L'application qu'il
fait de cet exemple, est comme la pensée,
qu'il ap[)clle notre verbe, a besoin pour
être manifestée au dehors du son de la voix
corporelle : de même le Verbe divin a été
fait chair, pour pouvoir être vu des yeux du
corps et manié des mains; et de même que
la voix, dont le verbe intérieur est com-
me revêtu, lui est propre, quoique les au-
tres facultés de l'âme aient part à sa mani-
festation ; ainsi le Fils de Dieu s'est seul in-
carné, quoique l'Incarnalion soit l'ouvrage de
toute la Trinité. « C'est, dit-il, le Fils seul qui,
dans la chair qu'il a prise, a soutfert, a été
mis dans le tombeau, et est ressuscité. Uien
de tout cela ne peut se dire du Père ni du
Saint-Esprit, parce que la personne du Fils
n'est pas la même que celle du Père et du
Saint-Esprit. » Saint Fulgence ajoute, que,
si Fastidiosus n'avait pas misérablement
abandonné cette foi, il pourrait encore espé-
rer le salut ; mais que l'ayant niée et de vive
voix, et par ses actions, il n'était pas surpre-
nant que , corrompu dans ses discours et
dans sa conduite, il fût devenu rcanemi de
la lumière.
§ IX.
Lettre de saâit Fulgence ri Scwilas , et à
Ferrand, diacre.
Leiiro do 1. Un nommé Scarilias s'élant trouvé à ta-
Mini Fuigcn- ble chez im catholique , qui s'appelait Even-
tus, la matière de la conversation tomba sur
le mystère de l'Incarnation. Un de la compa-
gnie avança que ce n'était pas le Père, mais
le Fils qui s'était incarné. Un autre dit en
général qu'un Dieu en trois personnes s'é-
tait fait chair pour nous délivrer de la servi-
tude à laquelle nous avions été réduits par
la prévarication d'Adam. Après qu'on eût
fini sur cette matière, mi trcisièuie •li' qne
CHAPITRE I. — SAINT FULGENCE DE RUSPE.
35
ce n'était pas Dieu qui avait créé les mou-
ches, les scorpions, ni les autres animaux
venimeux; mais (|u'ils élaieid l'ouvrage du
di'-nion depuis sa élude. Tout le monde s'op-
posa à celte proposition , et il fut convenu
que l'on consulterait saint Fulgence , tant
sur cet article, que sur celui de l'Incarna-
tion. Scarilas lut chargé d'en écrire au saint
évoque , qui lui répondit par un livre qui
est intitulé de l'Incarnation du Fils de Dieu.
2. Saint Ful"ence, après y avoir établi les „ / uwçdo
•- . , , riDcarn«lioD,
mêmes principes que dans le livre precé- p"6.*«ii.
dent , décide que c'est du Fils seul que l'on
doit dire qu'il s'est incarné, et que c'est pour
cela- que l'Évangéliste saint Jean a dit : Nous '""• '■ "•
avons vu sa gloire comme du Fils unique du
Père, étant plein de grâce et de vérité. Le Fils
dit lui-même : Dieu a tellement aimé le mon- Join.n'.i».
de qu'il a donné son Fils unique , a finque qui-
conque croit en lui ne périsse point , mais qu'il
ait la vie éternelle. Car Dieu n'a pas envoyé son
Fils dans le monde pour condamner le monde ,
mais afin que le monde soit sauvé par lui. Ce-
lui qui croit en lui n'est pas condamné, mais
celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce
qu'ilne croit pas ati nom du Fils unique de
Dieu. Le Sauveur , comme le fait remarquer
saint Fulgence, se nomme trois fois Fils en
cet endroit, et deux fois Fils unique. Il assui'e
en même temps qu'il a été envoyé du Père
pour sauver le monde. « Si la Trinité , dit-il ,
fût venue elle-même dans la chair, le Fils ne
se dirait pas envoyé du Père. Or Jésus-Christ
n'a pu mentir : il faut donc croire que dans la
Trinité une personne a envoyé, c'est-à-dire
le Père, et que l'autre a été envoyée, c'est-à-
dire le Fils. Le Père a envoyé la vérité qu'il
a engendrée ; il a envoyé la sagesse dans la-
quelle il a fait toute chose ; il a envoyé le Ver-
be qu'il a produit. » Saint Fulgence veut que
l'on distingue deux avènements dans le Fils
de Dieu, disant qu'il vient autrement lorsqu'il
est envoyé du Père, et autrement lorsqu'il
vient avec le Père. « Lorsqu'il vient envoyé du
Père, dit-il, c'est dans une nature cjui le rend
inférieur au Père, et même un peu au-dessous
de la nature des anges, c'est-à-dire, dans la
nature humaine, et il n'a été envoyé qu'une
seule fois de cette sorte pour la rédemption
du genre humain. Mais, lorsqu'il vient avec
le Père, il est égal au Père, et on ne peut dire
combien de fois il est venu en cette manière,
parce qu'on ne peut les nombrer. C'est de cet
avènement que le Fils dit dans saint Jean :5« Jû,h. ut
quelqu'un m'aimr, il gardera ma parole, et mon
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Sotte da lU
rro de l'Iaur-
Jmq. 1, 1,9,
36
Père l'aimera, et nous ciendronsù lui et nous fe-
rons en lui notre demeure. Le Saint-Esprit est
venu aussi sous la forme d'une colombe ;
mais il ne lui a pas été uni personnellement,
n'ayant pas été fait colombe, comme le Fils a
été fait chair. La figure de la colombe, sous
laquelle il a apparu marquait que c'était par
lui que nous devions recevoir la charité ,
comme ce don fut marqué dans la suite par les
lang:ues de feu , sous lesquelles il apparut le
jour de la Pentecôte. Si la Trinité s'était faite
chair, comme par la participation de la
chair nous sommes faits fri'res de celui qui
est fait chair, dès loi-s nous ne serions pas seu-
lement les enfants de Dieu le Père, mais en-
core les frères de toute la Trinité. C'est une
giande absurdité de dire que le Père est né
dans le temps, lui à qui il est propre de tou-
te éternité de n'être point né, et d'avoir en-
gendré. Il est donc de la vraie foi de croire
que ce n'est ni le Père , ni le Saint-Esprit ,
mais le Fils seul, qui, né de Dieu le Père, est
aussi né seul de la Vierge Marie. Llncarna-
tion ne lui est point commune avec le Père
et le Saint-Esprit , quoique d'une même na-
ture, parce que la personne du Fils n'est
point commune au Père et au Saint-Esprit.»
Saint Fulgence dit en termes exprès que le
Saint-Esprit' procède du Père et du Fils, et
qu'il lui est propre de n'avoir point engen-
dré et de n'être pas né.
3. Sur la seconde question ce Père dit,
que l'Écriture nous assurant que Dieu a fait
toutes choses, et que rien n'a été fait sans lui,
il faudrait donner un démenti à l'écrivain sa-
cré, si l'on voulait soutenir que les mouches,
les scorpions et autres insectes ne sont point
l'ouvrage de Dieu. » C'est, dit-il, Dieu qui a
formé lui-même, dans le temps de la création,
tous les animaux que la terre et les eaux
produisent , comme il a fait les cieux , la
terre et tout ce qu'ils contiennent. » Il mon-
tre par l'assemblage des parties du scorpion
qu'il n'a rien qui ne puisse tourner à la louan-
ge du Créateur; que le venin même qu'on
attribue à cet animal devrait servir de leçon
aux hommes, en les faisant souvenir qu'ils
ne sont blessés des animaux que par une
suite de la peiue due à leurs transgressions ;
que cela parait visiblement , en ce que les
animaux à quatre pieds, les plus grands et
les plus forts, comme sont les chameaux,
les chevaux, les bœufs, et les éléphants,
sont encore soumis à l'homme, tandis qu'il
est quelquefois ému et ébranlé lui-même par
la morsure d'un petit insecte qu'il pourrait
facilement écraser de deux doigts. Saint
Fulgence dit donc qu'il n'y a aucune na-
ture mauvaise, soit qu'elle soit animée , soit
qu'elle ne le soit pas. Qu'A l'égard des in-
sectes qui s'engendrent de la corruption
des chairs et des fruits , on peut dire que
Dieu ne les a pas formés dans les six pre-
miers jours de la création . mais qu'il a don-
né l'être aux choses dont ils devaient ensui-
te être formés. Il met cette diÛ'érence entre
les péchés des justes et ceux des méchants,
que ceux-là se font par* la nécessité de l'in-
firmité, au lieu que les autres sont l'ellet d'une
mauvaise volonté. « Dans les justes, dit -il, la
volonté de pécher n'est pas suivie de l'eflet ;
si le désir du péché nait d;ins eux par infir-
mité , il est surmonté par la grâce de Dieu. Les
méchants, au contraire , privés du secours de
la grâce, divine sont précipités par leur mau-
vaise volonté où leur mauvaise cupidité les
entraîne. C'est pour cela que les fautes des
saints sont appelées des péchés , et non pas
des crimes, péchés pour lesquels ils sont tel-
lement repris et châtiés par le Père, qu'ils ne
sont point condamnés par le Juge. Ce n'est
pas que la correction ne soit une suite du ju-
gement, mais c'est la suite d'un jugement
paternel, par lequel Dieu juge et châtie mi-
séricordieusement ses enfants pour les sous-
traire au supplice de la damnation éternelle.»
Il compte pour un péché de? justes le rire de
Sara, qui marquait qu'elle doutait de la pro-
messe que l'Ange lui avait faite qu'elle au-
rait un tils ; et pour un crime des méchants
l'orgueil d'Agar envers sa maîtresse.
4. Le diacre Ferrand proposa à saint Ful-
Leiir» t
• Proprium est Spirilus Sandi quod nec genuit
ipse necnatus est. Sed de genilore geniloque pro-
cedil. Fuit;., lib. De Incarnat., pag. 107 et -408.
' Peccata justorum sunt ex nece-^sitateinfirmi-
talis; peccata iniquorum sunt ex inlentione pessi-
mœvoluntalis. In illis .<tic peccati reperilur esor-
tus, ut non subsequalur effeclus. Quia , elSi per
infirmitalcm nascilur, ]ier Dei gralinm superalur.
Illos auteni gratiœ privalos auxilio, précipitât
mala voluntas quo duxerit prava cupiditas. Idto
culpœ snnclorum peccata dicuntur esse, non cri-
mina, pro qiUbus sic corripiuntur a Paire et non
condemnanlur a Judice : quœ taiiien correptio
perlinel ad judicium, sed pntermtm. quo Deus /S-
tio^ suos miseticordiler et judicnt et flagellai, eos
a supplicio sempilcrnœ damnaiionis cripiat.Fulg.,
lilii De Incarnat., piig. 427.
[Vl' SIÈCLE.]
CHAPITRE I. — SAINT FULGENCE DE RUSPE.
37
p:cncc uno question an sujet du hiiplt-mo d'im
lOthiopion, iY celto occasion. Un joun(i liom-
nic de cette nation, esclave d'un clircMicn ',
venu des exti'(5uiitus d'une province iiaibaro
où il n'avait ni reçu le bapICme, ni été dclai-
ré des lumières de la i,'râc(! de J('sus-Chrisl,
avait depuis éïé instruit dans la relifiion par
les soins de ses maîtres ; on l'avait mené à
l'Eglise, et mis, selon la coutume, an rang
des catliécura^nes. Aux approches de la fêle
de l';\qnes, il fut inscrit entre les compétents,
reçut toutes les instructions qui regardent
nos mystères, fut exorcisé après le scrutin
solennel, renonça au démon , suivant qu'il
était d'usage, apprit le Symbole parc(eur cl
le récita tout haut devant le peuple. Après
quoi on lui donna la formule et l'explication
de l'Oraison dominicale. Instruit de tout ce
qu'il devait croire , et comment il devait
prier, on le préparait au baptême, lorsqu'il
fut saisi d'une grosse fièvre. Mais comme il
restait pou de jours jusqu'au Samedi-Saint,
cjuoique la lièvre augmentât jusqu'à le met-
tre en danger de mort, on le garda pour
être baptisé avec les autres. A l'heure du
baptême solennel il fut porté à l'Église, pour
y être régénéré et recevoir une vie nouvelle.
Mais comme il n'avait plus ni voix , ni mou-
vement, ni connaissance, et qu'il ne pou-
vait répondre aux interrogations du prêtre ,
on répondit pour lui, comme on fait pour les
enfauts. Il reçut donc le baptême, et mourut
peu de temps après, sans qu'il donnât aucun
signe de connaissance qu'il eût reçu ce sa-
crement. i( Je demande , dit Ferrand à saint
Fulgeuce, ce que l'on doit penser de son sa-
lut? N'est-ce pas un obstacle pour lui h la vie
éternelle d'avoir été privc'^ de l'usage de la
voix? Car je ne vois pas comment uno per-
sonne en âge de raison peut être justifiée
par la confession d'autrni, cela ne convient,
ce me seinltle, qu';uix enfants qui n'ont que
le péclni originel.» A celte question Ferrand
en ajoute une autre , savoir si cet Éthiopien
eût été sauvé, quand même il n'aurait pas
reçu le baptême; ce qu'il avait fait précé-
demment pouvant, ce semble, lui mériter
la grâce de l'expiation. Il demande encore
pourquoi l'on ne baptisait point les morts ,
dont la foi et la dévotion pour le baptême ont
ét(' connues pendant leur vie, et qui n'ont pas
recule baptême parce qu'une mort précipitée
les a enlevés de ce monde. Il demande enfin
s'il ne nuisait point aux baptisés de ne pas
manger la chair du Seigneur, ni de ne pas
boire son sang, quand ils mouraient subite-
ment entre le baptême et la communion , le j<„„, „, u.
précepte du Sauveur étant précis : Si vous ne mn. xri,
mangez la chai?- du Fils de l'homme, et ne bu-
vez son sang, vous n'aurez point la vie en vous.
5. Saint Fulgence, avant de répondre à
la première question , montre par l'autorité
de l'Écriture, que la foi dans les adultes doit
précéder le baptême, et que, soit qu'ils
soient baptisés , soit qu'ils meurent sans l'a-
voir été, ils seront indubitablement condam-
nés, s'ils n'ont pas cru. Sur ce principe il
déclare que non-seulement ceux-là seront
damnés qui meurent sans baptême , mais
encore tous les hérétiques; parce qu'encore
qu'ils aient été baptisés selon la forme de
l'Église , ils n'en ont pas la foi ; celle qu'ils
BépoDse h
la pramlèra
question.
1 Religiosi cujusdam viri famulus , œtate ado-
lescens, colore Mlhiops, ex uUimis credo barba-
rœ provinciœ partibiiit, xibisicco solis igneicalo-
re fascanlur, addiiclus, salutaris lavacrinecdum
fuerat aspergine mundalus. aut micante Chrisli
gratia dealbatus. Hic ergo dominorum ftde-
lium diligentia, sacramentis ecclesiasticis im-
buendus , ad Ecclesiam traditur; fit ex more ca-
tkecumenus. Post aliquanluin nihilominus tem-
poris, propinquante solemnUate Paschali, inter
competenles offerlur, scribitur, eruditur. Univer-
sa quoque religionis catholicœ reneranda mys-
teria cognoscens atque pcrcipieiis, celebraio so-
lemniter scrutinin perexorcismum contra diabo-
lum vindicatur; cui se renunliare conslanler,
fient hic coiisuetudi poscebat, auditiirus Symbo-
lum profitetur. Ipsa iiisriper sancti Syinboli verba
memoriter in conspectii fidelis populi clam i-oce
pronuntians , piatti regulam Doininicœ orationis
accepit. Simulqtie jnm et quid crederet, et qnid
oraret intelligcns , (xUxiro baptismali parabatur,
cum subito violentis invaditur febribus et crescente
lethali infirmitate turbatur. Persuasit dierum,
brevitas ut ad fontem cum cœteris abluendus dif-
ferretur, sive potius servaretur. Hora exoptata
cunctis advenerat in qiia populus, acquisitionis
Redemptori suo per baptismum consepultus, vitam
veterem poneret et novam resurrectionis fidem
innovatus assumerct. Tune ille in extremô halilu
constitutus, sine voce, sine motu, sine sensu, nihil
valens sacerdoti interroganti respondere, defe-
renlium manihus adportatur ; et pro eo, v obis quasi
pro infante respondentibus, mente absentissimus
accepit baptismum, qucm se accepisse, post pau-
lulum mortuus, in hac prœsenti arbitror vita,
nescieit. Quœso nunc xilrum nihil ad œternam
beatitudincm consequendam vox ablata nocuerit...
quomodo namque potuerit œtas illa rationis ca~
pax aliéna confessione purgari, non video. Nonne
solos parvulos rite credimus offerentium fide sal-
vari, quos originali lantinn novimus iaiquitate
damnari? Ferrandus, Epist. 11 adFulg,
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
38
ont n'dtanl qu'une foi feinte, et la charité
n'étant pas en eux ; c'est pourcpioi ils ne peu-
vent être appelés fidèles , étant plutôt enne-
mis de rÉtîlise. Ce Père décide ensuite que
l'on ne peut douter du salut du jeun(> Ktliio-
pien : ayant eu la fui et le sacrement du
baptême, il en avait aussi reçu l'eti'et. « Sa
foi, dit-il, avait précédé; il l'avait confes-
sée publiquement eu prononçant le Symbo-
le. Rien n'a donc pu empêcher qu'il ne reçut
l'etlet de ce sacrement qui consiste dans la
régénération. La perte de la parole ne lui a
pu nuire, puisqu'il n'avait pas changé de sen-
timent, n Saint Fulgence apporte en exem-
ple le baptême de l'eunuque de la reine de
Candace. « Tout ce que le diacre Philippe de-
manda de lui, dit-il, fut de croire de tout son
cœur. La confession de foi de l'eunuque pré-
céda, et aussitôt le diacre lui administra le
baptême. Pourquoi donc la perte ' de la parole
aurait-elle nui à ce jeune Éthiopien, puis-
qu'il l'heure du baptême on ne devait plus
l'interroger sur la foi qu'il avait auparavant
confessée, en récitant le Symbole? La con-
fession des autres, continue saint Fulgence ,
ne lui aurait servi de rien à cet âge ', si la
sienne n'avait précédé ; au lieu qu'elle lui
a servi', parce que la charité de ses frères a
achevé, en répondant pour lui, ce qu'il avait
commencé lui-même , en croyant et en con-
fessant publiquement sa foi. Comme donc il
a cru quand il connaissait, et qu'il a reçu le
sacrement étant encore en vie, quoique sans
Bom. T, It.
Bépome
Il B«cooâe
connaissance, nous disons sans crainte qo'il
est sauvé : parce que telle est la vertu du sa-
crement de baptême , qu'elle elTace non-
seulement le péché originel, mais encore
tous les autres péchés commis avant cet
régénération. C'est ce que dit saint Paul :
Par le jugement de Dieu nous avons été con-
damnés pour un seul péch'\ au lieu que nous
sommes justifiés par ta grâce après plusieurs
péchés; et c'est aussi la foi des fidèles, aucun
ne doutant' que, le péché originel étant re-
mis dans le baptême , les péchés de la vo-
lonté propre ne soient aussi elTacés. »
6. Sur la seconde question saint Fulgence
répond , qu'encore que cet Éthiopien eût eu <i"«»uon
la foi, il n'aurait pas été sauvé s'il n'eut reçu
le baptême, parce que Jésus-Christ nous de-
mande l'un et l'autre pour le salut. «Le che-
min, dit-il, qui conduit est la confession de la
foi ', mais le salut est dans le baptême. Or ,
comme dans cet âge la foi ne lui aurait servi
de rien sans le baptême, de même le bap-
tême lui aurait été inutile s'il n'eût pas eu la
foi , et s'il ne l'eût confessée. »
7. Il dit sm- la troisième question : « Nous
ne baptisons' point les morts, parce que tout i<""""'
péché, soit originel, soit actuel, se trouvant
commun à l'àme et à la chair , aucun n'est
remis si l'àme est séparée de sa chair ,
parce que, selon saint Paul, chacun doit être
jugé suivant ce qu'il a fait dans son corps ,
soit le bien, soit le mal. D'ailleurs la chair ne
peut point être baptisée sans l'âme, parce que
B^pooM i
U lroi>iime
' Kon hoc vtique fuit hora baptismatis interro-
gamlus, quod esl anlea in Symboli proniintia-
lifiiie confessus. Hihilitaquc illi ad œternain bea-
titudinem consequ ndam vox ablala nocuit, qui
qu'tmdiu potuil, in ipsa fidei confessione perman-
sit. Fulg.,£|)iS<. 12, pag. 221.
* Ideoisiiim recte dicimus sine dubitatione sal-
valum. quia et intclligens credidil, et quod cre-
didit propria confessione firmavit : et deinde quam-
vis jam non intelliyens, tamen adliuc vivens, sa-
cramentuni sanctœ regeneralionis accepit. Nam
per sancti baptismatis sacramentum, illa vita est,
peccttti originalis ne-Tibus absoluta, quœ fucrat
cjusdem peccati rinculis obligala. Et quia fanlu
esl virtus sancti baptismatis ut ubi vitam inre-
nerit in qua illud originalis peccati vinculum
solval, omniaque super adjecta repereril, secun-
dtp nalii-iliitis bene/icio diluât, juita illud Apos-
toli : Àsnm }\\(\\(Àam ex uao in conilcmnatioiicm,
grati-T aulem ex nuillis delictis in jnslificnliono.
digneillum crcdimus'esse salvatum. lliid., pag. 222.
' Illo autem originnli peccain dimisso, (uncta
peccata, quœ propria rnluntale conlra.rcrat, di-
missa fuisse nemo fldelium dubitat. Fulg., Epist.
12, pag. 223,
* Via salutis fuit in confessione , salus in bap-
tismale. Aani, in illa œtale, non sulum ei con-
fessio , sine baptismale, nihil prodesset, sed nec
ipsum baptisma non credenti neque confitenti nul-
latenus pro/iceret ad salulcm. Ibid.
' Jlortuos aulem propterea non baptisamus ,
quia omnc peccdlu m sive originale sire actuale,
quia simul esl aniinœ cantique commune, nihil
eorum dimitlitur si n sua carne anima separetur:
Onines enira nos uianifestari oportet ant« tribunal
Christi, ut recipial uuusquisque propria corporis
proulgessit, sive bouiiin sivc nialum. Caro quoque
sine anima non potest baptizari, quia nec re-
missionem peccalorum accipere, nom res quœ
non vivit, sicul peccare, ita pœnitenliam peccati
hnbere non potest... Igitur et si fuit cujusquam
fiventis volunlas fidelisque devolio; qui tamen
defunrlus est sine bapli.smntis sacranunto, ideo
nwrtuus baptizari non putuit, quia ab illo cor-
pore anima cujus fuit volunlas /idelis devotioque
discessit... Illa wystcria quir iihte baptisma in
Ecclesia gcruntur, concipi spiritalcm hominent
faciunl, non renasci. Ibid., pag. 22t,
CIIAIMTHE I. — SAINT FULGENCE DE IIUSI'E.
I liniolti. Ml,
35.
la quatrième
[Vl'' SIKCLi:.]
sans l'ànie clic no peut recevoir la ri'niissioa
(les pdclu's : car do môme que ce qui est sans
vie ne peut pcclicr, de niènie aussi ne peut
recevoir le pardon du ijcché. Qnchpie gran-
de qu'ait donc é[é la volonté de i-cccvoir le
Ijaplônic, si l'on vient à mourir sans l'avoir
re(;u , on ne peut le recevoir apri'-s la mort ,
parce que l'âme de qui iMait celle hotmc vo-
lonté est séparée du corps. Les mystères qui
se passent dans l'I'^glise avant le baptême
font bien concevoir l'homme spirituel, mais
ils ne le l'ont pas rcnailre. Ainsi il faut s'en
tenir constamment aux canons des Pères qui
veulent que les malades, qui ne peuvent ré-
poudre pour eux-mêmes, soient baptisés sur
la foi de ceux qui témoignent qu'ils veu-
lent l'être. Les Pères ont bien conçu que ce-
lui-là n'est point coupable, qui a été cmpê-
cbé par la perte de la parole de témoigner
sa voloulé, et qui n'a rien fait d'ailleurs pour
marquer qu'il avait changé de seuliuient . »
Il veut que l'on s'en rapporte d'autant plus
à leurs décisions, que l'Église étant la co-
lonne ' et la base de la vérité , elle ne peut
rien décider que de vrai par rapport ;\ l'ad-
ministration des saints mystères de notre
rédemption, et de la réconciliation du genre
hvmiain.
8. A l'égard de ceux qui meurent avant
d'avoir reçu le corps et le sang de Jésus-
Cbrist, saint Fulgencc dit qu'il ne faut point
en être en peine. « Que fait-on, dit-il, dans
le sacrement du baptême, sinon que ceux
qui croient deviennent les membres de Xotre-
Seigncur Jésus-Christ, et que par l'unité de
l'Église ils appartiennent à son corps 1 Puis
donc que nous sommes tous un môme pain
et un même corps, chacun de nous com-
mence de participer à ce pain, lorsqu'il com-
mence à être membre du même corps, c'est-
à-dire de Jésus-Christ ; ce qui se fait dans le
baptême. » Ce Père apporte en preuve an
sermon de saint Augustin aux nouveaux bap-
tisés. Après quoi il conclut que l'on - ne peut
douter en aucune façon que chacun des fidè-
les ne soit participant du corps et du sang
de Jésus-Christ , lorsqu'il devient, dans le
baptême, membre du corps de Jésus-Christ,
39
et que l'on ne doit pas croire que celui-là a
été privé de la participation du pain ou du
calice, qui, étant dans l'unité du corps de Jé-
sus-Chi'ist, est sorti de ce inonde avant d'a-
voir mangé ce pain et bu ce calice. C'est en
conséquence de cette doctrine que l'on a
cessé depuis plusieurs siècles de donner mô-
me aux enfants l'eucharistie avec le bap-
tême.
9. Le même diacre Fcrrand proposa à
saint Fulgencc cinq autres ([ucsiions , le
priant en même temps de lui envoyer le li-
vre de la Foi à Pierre, la lettre à Jean de
Tharse, et celle à Proba. Le livre à Pierre
était donc déjà écrit, lorsque Fci'rand con-
sulta saint Fulgencc pour la seconde fois.
10. Fcrrand demandait, en premier lieu,
si, la Trinité étant inséparable, parce qu'elle
n'a qu'une même nature, une même opéra-
tion, et une même volonté, on peut dire que
les trois personnes sont séparaljles. Saint
Fulgence répond que la Trinité ne serait pas
inséparable, si les personnes pouvaient el-
les-mêmes être séparées. 11 fait donc voir
que tous les attributs qui conviennent à une
des trois personnes, conviennent aussi aux
deux autres, à l'exception des propriétés re-
latives, et qu'ainsi l'on ne peut dire qu'elles
soient séparables , de même qu'il n'est pas
permis de les confondre. « Qu'on montre, dit-
il, quelques termes qui soient tellement pro-
pres à une personne qu'ils ne conviennent
pas à une autre. Comme il n'est pas pos-
sible d'en trouver, il faut convenir que les
trois personnes sont d'une même et insé-
parable nature, si l'on en excepte, comme
on vient de vous le dire, les termes relatifs de
Père et de Fils et de Saint-Esprit. » Il cou-
firme sa réponse par les témoignages de saint
Ambroise, et de saint Augustin, qui. confor-
mément aux livres saints ont enseigné c[ue
les trois personnes n'étaient point sépai-a
blés, parce qu'elles sont unies nécessaire
ment Tune avec l'autre par l'unité de nature.
H. La seconde question de Ferrand était
de savoir, si l'on peut dire que la divinité
de Jésus-Chi'ist est née, qu'elle a souffert,
qu'elle est morte, comme ou dit que le Fils
Vlnir». Ilh.
x.\.\ii;hi.o«-
cU*. inif. 314,
lam. VU.
^utre Icltro
(]a Fcrrnnd à
Mlnt Fulgen-
cc,pa^. 'J)A.
satat Fulgro*
ce & la pre-
)i iùrc »iues-
1 on,ias.22J
Béfonse 4
la secondo
que^lioa, pag.
210.
1 Quia Ecclesia veraeiter columna et firmamen-
tum veritatis ab Aposlolo noncupalur, quidquid se-
cundiim ipsius Ecclesiœ constituta in sanctis inijs-
teriis redemptinnis et reconciliationis humanœ,
inlra eain datur et accipilur,firmaveritate datiir^
firma veritate percipitur. Fulg. Epist. 12, pag. 224.
2 Arbiiror nec cuiquam esse aUquatcnus ambigen-
dum, tune tmumquemqtie fidelium corporis, san-
guinisque dominici participeiv- fieri quando in
baptismale membrum corporis Cliristi efjlcitur, nec
alienari ab illopanis calicisve consortio, etiamsi,
antequam panem illtim comedat et calicembibal,
de hoc sœculo in unitate corporis Christi consti-
tutus abscedat. Ibid. pag. 227.
40
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
de Dieu est ne, qu'il a souffert , qu'il est
mort. Saint Fulgence répond : puisque, se-
lon Ferrand, en disant que la divinité
de Jésus-Clirist a souil'ert, on sous-enteu-
dait , dans sa chair, cette expression ne porte
aucun préjudice à la foi par laquelle l'É-
glise catholique croit et enseigne que la di-
vinité du Fils de Dieu est impassible et im-
muable. 11 rapporte quelque passages de l'E-
criture, et quelques autres de saint Augus-
tin, de Gclase, de saint Ambroise et de saint
Léon, pour montrer qu'on s'est quelquefois
servi de termes ou semblables ou équiva-
lents.
Bfpcnu! I 42. Ferrand demandait, en troisième lieu,
It uois^èica
qoMtion.pae. si l'âme de Jésus-Christ connaît parfaitement
la divinité, et s'il se connaît lui-même, en
tant qu'homme, de la même manière que le
Père, le Fils et le Saint-Esprit se connais-
sent mutuellement. Saint Fulgence répond,
qu'il serait très-dur et entièrement éloigné
de la pureté de la foi, de dire que l'àme de
Jésus-Christ n'a pas une pleine connaissance
de sa divinité, avec laquelle nous croyons
qu'elle n'a fait naturellement qu'une per-
sonne ; que, selon saint Jean, ime des préro-
jmd. iiM. gatives de Jésus-Christ est que Dieu ne lui
donne pas son esprit par mesure; que saint
Ambroise a enseigné clairement que l'àme
de Jésus-Christ a une pleine connaissance
de toute la divinité, et que, si l'on disait que
l'àme de Jésus-Christ n'a pas une entière
connaissance de sa divinité, il faudrait dire
aussi qu'elle n'a pas en elle toute la sagesse
et toute la vertu. Ce Père décide donc que
l'on peut dire que l'âme de Jésus-Christ a
une pleine connaissance de sa divinité ; mais il
ne veut pas décider si l'on doit dire que l'àme
de Jésus-Christ connaît sa divinité, comme
la divinité se connaît elle-même. 11 parait
croire que l'àme de Jésus-Christ connaît au-
tant que la divinité, mais non pas de la mê-
me manière.
Ré,„„„ t 13. La quatrième question regarde la
q.f.uVi.TprE! prière dans laquelle le prêtre disait presque
**'■ dans toutes les Églises d'Afrique ' que le Fils
règne avec le Père dans l'unité du Saint-Es-
prit. Cette formule, disait Ferrand, ne sem-
Tjle-t-elle pas mai-quer que le Fils règne seul
avec le Père, et que le Saint-Esprit n'est pas
éternel? Cela serait visiblement contre l'ar-
ticle de la foi par lequel nous confessons l'u-
nité du règne du Père, du Fils et du Saint-
Esprit. Saint Fulgence lui répond : « l'Église
catholique ne prie pas en vain le Père par
le Fils; parce que le Fils, fait homme, est le
médiatem- de Dieu et des hommes, et prêtre
étemel selon l'ordre de Melchisédech ; qu'il
est entré par son propre sang dans le sanc- ,
tuaire, c'est-à-dire dans le ciel, où il est à la
droite de Dieu et prie pour nous. C'est donc
parce qu'il est en même temps le prêtre et
l'hostie, que nous prions le Père par lui.
D'où vient que quelquefois nous disons dans
la même prière ' : Par le prêtre éternel, vo-
tre Fils Notre-Seigneur Jésus-Christ. » Les
ariens qui ne pouvaient s'empêcher de re-
connaître que l'Église en disant Gloire au
Père et au Fils, le confessait Dieu comme
son Père, avaient changé cette formule, et
disaient : Gloire au Père par le Fils, parce
qu'il ne croyaient pas que le Fils fût Dieu.
Comme il y avait encore des hérétiques
qui niaient dans Jésus-Christ la vérité de
la chair, les saints Pères avaient ajouté,
avec raison, dans cette prière, les termes
de prêtre éternel. En effet , lorsque nous
disons que nos prières sont ofîertes à Dieu
par le prêtre éternel Notre-Seigneur Jé-
sus-Christ, nous confessons en lui la vérité
de la chair humaine. Car tout pontife, dit ud.r. r, i.
saint PaiU, étant pris d'entre les hommes, est
établi pour les hommes , en ce qui regarde le
culte de Dieu, afin qu'il offre des dons et des
sacrifices pour les péchés. « Mais , continue
saint Fulgence, lorsqu'après avoir dit dans
cette prière : Votre Fils, nous ajoutons : Qui
vit et règne dans l'unité du Saint-Esprit, nowsi
faisons mention de l'unité de nature dans le
Père, le Fils et le Saint-Esprit , comme pour
montrer que le même Jésus-Christ, qui, eu
qualité de prêtre, prie pour nous, est d'une
môme nature avec le Père et le Saint-Esprit.
Ces mêmes paroles ' : Dans l'unité du Saint-
Esprit, montrent que nous croyons l'unité
de nature du Saint-Esprit avec le Père et le
' Quare ergo in oraliotiibus sacerdotum : Pcr
.lesuin Ctiristiim Filiuin tiium, Uominum noslniin,
qui tecuui vivit et régnât in tiiiitate Spiritus Saiic-
ti, per universas pêne Africœ regiones catholica
dicere consuevil Ecclesia, tanquam solus Filins
cum Pâtre possideat regtium in unitate scilicet
Spirilus Sancli. Fulp., lipist. 14, pag. 257.
' Nam bene nosti, nonnumqitam dici: Per sacer-
dotem œlcrDum Filiuin luinn, Doininum nostruiu,
Josum Cliriftum. Ibid., pag. 2.")8.
' Cm m vern in unitale Spirilus Sanrii dieimus,
unam naluram Spiritiis Sancli cum Paire Filio-
que monstramtis. Ibid., pa);. 2U0.
[VI" SIÈCLE.]
Fils. Or, runifd de nature dans ces Irois per-
sonnes qu'est-cUe iuitro chose qu'un seul
Dieu en trois personnes; et que signific-t-
elle, sinon l'unitd do règne dans ces trois
personnes? La diversité de nature peut
marquer la diversité de puissance dans un
règne ; mais où il y a une unité naturelle de
règne, là est aussi une même puissance de
régner.
«,>!'""■• » 14. Par la cinquième question le diacre
q..«iion, fjg. bcrrand demandait comment on devait en-
tendre ce que dit saint Luc, eu parlant de la
Cène du Seigneur, que Jésus prit première-
ment le calice, qu'il le donna i\ ses disciples, et
Lue. un, n. qu'ayant pris ensuite le pain, il dit : Ceci est
mon coi-ps; que prenant après avoir soupe le
calice, il dit alors : Ce calice est la nouvelle
alliance en mon sang, lequel sera répandu pour
vous. Est-ce, disait Ferrand, un calice donné
deux fois, ou sont-cc deux diflërents cali-
ces? Saint Fulgence répond que quelques
interprètes soutiennent que c'est un seul et
unique calice donne une seule fois par Jé-
sus-Christ à ses disciples ; et que c'est par
anticipation que saint Luc dit d'abord que
Jésus-Christ le distribua ;\ ses apôtres ; mais
que selon d'autres le même calice fut donné
deux fois. Ce Père convient que ces deux
interprétations sont catholiques ; et il pen-
che beaucoup pour la seconde, dans laquelle
il trouve plusieurs mystères, entre autres
que la double distribution du calice signifie
les deux Testaments : la première l'Ancien,
et la seconde le Nouveau. « C'est, dit-il, pour
cela que, dans la même Cène, Jésus-Christ '
mangea la pâque judaïque, qu'il était néces-
saire d'ofi'rir, et qu'il donna le sacrement de
son corps et de son sang, qu'il fallait instituer
pour le salut des fidèles. Quoique ces deux
Testaments paraissent diûërents par la célé-
bration des sacrifices, puisque dans l'un on
oilrait un agneau, et que dans l'autre, Jé-
sus-Christ, qui était figuré par cet agneau,
s'est offert lui-même , la foi en est néan-
moins la même. Car il n'y a qu'une foi ^ du
Nouveau et de l'Ancien Testament. Par elle
les anciens Pères croyaient les promesses
que nous croyons aujourd'hui accomplies
en nous. «
CHAPITRE L — SAINT FULGENCE DE RUSPE.
41
§X.
Lettre à Jean et à Vénérius.
1. Les livres do Fausto de Riez sur la , lhi„.i.
Jean cl «0
grâce, ayant été rendus publics à Constan- J','j"'î,''^"„'|'j'
tiuople , y causèrent beaucoup de bruit, ou saMaiBoo.
parce qu'il y établissait des principes tout
contraires à la doctrine de l'Eglise sur cette
matière. Jean, archimandrite, et Vénérius,
diacre, envoyèrent ces livres à saint Ful-
gence. Ils écrivirent en même temps aux
évoques relégués en Sardaigne par Trasa-
mond , pour leur marriucr ce qu'ils trouvaient
de mauvais dans l'ouvrage de Fauste. Ils
expliquaient eux-mêmes leur doctrine sur
la grâce et sur la prédestination. Nous n'a-
vons plus leur lettre , et nous n'en connais-
sous le contenu que par ce qui en est dit dans
la réponse que leur firent les évoques d'A-
frique, par la plume de saint Fulgence. Quoi-
qu'ils eussent reçu la lettre de Jean et de
Vénérius, étant encore en exil, ils ne répon-
dirent néanmoins qu'après leur retour en
Afrique, qui arriva aussitôt après la mort de
Trasamond qu'on met le 28 de mai 323.
2. Il n'y eut que douze évêques qui sous- ^^f^^f,"""/^!
crivirent à cette réponse. Saint Fulgence n'y ^'jg;'»- f"?-
mit pas son nom, peut-être parce qu'il avait
déjà répondu en particulier à Jean et à Vé-
nérius par les trois livres de la Prédestina-
tion et de la grâce, qu'il leur avait adressés,
avant de leur écrire au nom des évêques
d'Afrique. Car ces trois livres sont cités dans
cette lettre , de même que les livres contre
Fauste, que saint Fulgence avait écrits à leur
prière.
3. Les évêques d'Afrique témoignent à „;^„'';^',;,\.''''
Jean et à Vénérius que, si leur lettre les avait
réjoais, elle leur avait aussi causé de la tris-
tesse ; qu'elle leur avait donné de la joie,
en leur apprenant qu'ils pensaient saine-
ment sur la doctrine de la grâce de Dieu , et
causé de la douleur, en leur marquant que
quelques-uns des frères voulaient élever le
libre arbitre de l'homme aux dépens de la
grâce. Ils remarquent que Dieu le permet
ainsi , afin de faire connaître davantage la
force de la grâce, parce qu'on ne la connaît
' Propterea et in eadem ccena et judaicum pas-
cha comedit, quod oportebat o/ferri, et sacramen-
tum corporis sui et sanguiais dédit, quod ad sa-
liUem fidelium oportebat institui. Fulg., EpistAi,
png. 264,
2 Quippe una est fides Novi et Veteris Testa-
menti. Bœc in antiquis Patribus credebat pro-
missa, quœinnobis jam crédit impleta. Ibid.,pag.
268.
42
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
point, si on ne l'a reçue, et qu'on la combat
tant qu'on ue l'a point ; parce que sans elle '
on ne connaît aucune vérité, en sorte qu'il
est comme nécessaire que l'homme lui ré-
siste ou par paroles ou par actions. Car l'ef-
fet de la grâce de Dieu dans Tbomme est
qu'ayant rcru le don de la foi et de la charité,
il fasse paraître dans ses paroles une bonne
doctrine , et qu'il s'applique à faire de bon-
nes (Ouvres. C'est donc de Dieu que nous
vient toute la grâce de la bonne doctrine et
des bonnes œuvres, comme c'est de lui aussi
que nous recevons même la bonne pensée ;
afin que nous apprenions à nous glorifier
dans le Seigneur, et non pas en nous-mô-
^n^ Cor. m, mes; puisque c'est lui qui, selon l'Apùtre,
nous rend capables même de la bonne pen-
sée. Les évèques d'Afrique infèrent de là
que, s'il y en a quelques-uns qui, n'ayant
pas reçu la grùce, ne savent pas même qu'ils
ne l'ont point, ceux qui ont reçu de Dieu
cette grâce , doivent d'autant plus en pren-
dre la défense qu'ils voient qu'elle n'est pas
donnée à tous, lis conviennent qu'il y a avant
la grâce un libre arbitre ' dans l'homme ;
mais ils soutiennent qu'il n'est pas bon, parce
qu'il n'est pas éclairé ; qu'ainsi si la grâce
n'est point donnée , on ne peut pas dire que
le libre arbitre soit bon. Il en est, disent-ils,
du libre arbitre sans la grâce, comme de l'œil
sans la lumière ; de même donc cjuc lœil a
un besoin continuel de la lumière, pour qu'il
puisse même apercevoir la lumière , de mê-
me aussi le libre arbitre de l'homme ne peut
pas même connaître la grâce , si celte grâce
divine ne lui est donnée par le Saint-Esprit.
Jean et Yéuérius avaient dit dans leur let-
tre qu'Ésaû et Jacob n'étant pas encore nés,
celui-ci avait été choisi par une miséricorde
toute gratuite, cl celui-là condamné à cause
du péché originel, par un juste jugement de
Dieu ; mais leurs adversaires , c'est-à-dire
les semi-pélagiens prétendaient qu'Ésaii était
la figure du peuple j uif, qui devait être con-
damné pour ses mauvaises œu\Tes futures,
et que Jacob figurait les gentils, que Dieu
devait sauver à cause des bonnes œuvres
qu'ils feraient à l'avenir. Les évèques d'A-
frique disent qu'on ne doit pas rejeter cette
dernière explication ; mais aussi qu'on doit
reconnaître dans Esaii et dans Jacob le choix
que Dieu fait des uns par une bonté toute
gratuite, et la réprobation qu'il fait des au-
tres par une juste sévérité. C'est pourquoi ,
ajouleut-ils , comme il est certain qu'Ésau
a été un vase de colère, et Jacob un vase
de miséricorde , on doit croire certainement
qu'Ésaii, avant d'être condamné, avait mé-
rité avec justice la colère de Dieu, et que
Jacob pour être sauvé a reçu gratuitement
le don de la miséricorde prévenante. Donc ,
celui-ci, justifié gratuitement par la grâce de
Dieu, a été destiné â la gloire, et celui-là, par
une juste colère de Dieu, a été préparé à la
peine ; en sorte que Dieu a montré dans Ja-
cob la miséricorde de sa bonté gratuite , et
dans Ésaii le jugement d'une juste sévérité.
4. A l'égard des enfants, ils enseignent '
que l'on doit s'en tenir A la règle de la vérité
catholique : savoir, que celui qui est baptisé
est sauvé, et que celui qui meurt sans bai>-
tême est damné à cause du péché originel.
Ils disent sur la grâce que * celui-là n'en
pense pas dignement qui croit qu'elle est
donnée â tous les hommes , puisque non-
seulement la foi n'est pas commune à tous,
mais qu'il y a encore des nations à qui l'I-;-
vangile n'a point été annoncé : Commeiit, dit
r.\pôtre, invoqueront-ils celui en qui ils n'ont
point cru? £t comment o-oiront-ils en lui, s'ils
Sallo i
mIjsc.
> Ouandoquidem ipsa gralia nullatenus agnos-
cilur nisi detur: guœ quamdiu non est in homine,
lamdiu necesse est ut ei aut sermone repugnet,
aut opère. Episcopi Afrieani , Episl. ad Joan. ,
pag. 270.
' Ànte largitatem quippe gratiœ est in homine
qiiidcm libertini arbilrium, sed non bonum, quia
non illitminatum. Proinde, nisi gratin detur, bo-
mim ipsum arbilrium non liabetur. Sic namque
est ipsum liberum liomini^ arbitrium, sicul est
oculus sine luce... Sicut ergo corporis oculus sem-
per indiget lumen accipere, ut ipsum lumen possil
aspicere; sic et libero arbitrio hominis nuUa po-
tesl gratiœ suffragari cognitio, nisi detur ipsius
gratiœ spirilalis infusio. \hU\., pag. 270.
' De parvulis vero indubitanler trnenda est ca-
tholicœ régula veritatis ; quia parvulus qui bap-
iizatur, gratuita Dei bonitate salralur ; qui vero
sine baptismale nwritur, propter originale pec-
calum damnalur. Iliid., pajr. 272.
* De gralia vero non digne sentit quisquis eam
pulal omnibus hominibus dari, cum non solinii
non omnium sil fides, sed adhuc nonnullœ génies
inieniantur a4 qims fidei prœdicaiio non perve-
nil. Apnslolus aulem dicil: Qiiomodo iuvocabunt
in iniL'in uon crcdiilcruul ? elc. Kon ilaque gralia
omnibus datur, quandoquidem ipsius gratiœ par-
ticipes esse non possunl, qui fidèles non sunl.nec
possunl credere, ad quns invenilur ipse fidei au-
dilus minime pervenisse. Ipsa vero gralia quibus-
cunique datur, non (equaliler datur, sed seouii-
lium luciisuraiu Uuuatioui? Clirisli. //ifj., pag. :;7J,
CIIAriTllE I. — SAINT FULGEN'CE DE RUSPE.
E|.lo
Sulle da I !■
[VI' SIÈCLE.]
n'en ont point entendu jMrler? Comment en en-
tendront-ils jjarler, si personne m leur prèclie?
I,ii grilcc n'osl ddiic point iloiini'e i'i Ions, puis-
(|ue ceux-là n'eu pciivciil èlio p;iilici|);iiils,
(|iii uc sont point lidMes, et que ceux-là ne
peuvent croire à qui l'on ne trouve point que
la parole de la foi se soit fait entendre. La
grùce même n'est pas donnée également à
tous ceux à qui elle est donnée ; mais elle
est donnée à chacun de nous selon la mesure
du don de Jésus-Christ. Le salut ' de l'homme
est tellement l'cU'et de la miséricorde de
Dieu qu'il l'est aussi de la volonté humaine,
mais eu sorte que c'est la miséricorde qui
prévient et la volonté qui suit. La seule mi-
séricorde de Dieu donne le commencement
du salut, la volonté de l'homme y coopère ;
la miséricorde en prévenant la volonté di-
rige son cours, la volonté humaine en obéis-
sant, suivie toutefois de la miséricorde, court
à la récompense. Ils disent que, pour bien
entendre ces paroles de l'Apôtre : // fait mi-
séricorde à qui il lui plaît, il endurcit qui il
lui plaît, il faut faire attention à celles qui
suivent : Le potier n'a-t-il pas le pouvoir de
faire de la même masse d'argile un vase destiné
à des usages lionorables, et un autre destiné à des
usages vils et tionteujv ? parce qu'il en est de
Dieu à l'égard de la masse corrompue des
hommes comme du potier à l'égard de la
masse d'argile. C'est une grâce que le potier
fait à ce vase de le destiner à des usages ho-
norables, c'en est une que Dieu fait à l'hom-
me qu'il choisit dans sa miséricorde. Le ju-
gement qu'il exerce envers celui qu'il endur-
cit, c'est-à-dire qu'il abandonne, est juste
parce qu'il le traite selon ses mérites. Au
reste -, quand il est dit que Dieu endurcit
qui il lui plaît, ce n'est pas qu'il pousse per-
sonne au mal, seulement il ne le retire pas
de son iniquité.
S. Ces évêques concihent ces deux en-
43
droits de l'Écriture : C'est Dieu qui of/ire en
nous le vouloir et le faire, et : Si voiis voulez et
si vous m'écoutez, vous mangerez les biens de la
terre, par celui-ci : Opérez votre salut avec
crainte et tremblement : car c'est Dieu qui
opère en vous le vouloir et le faire selon qu'il
lui plaît. Parce que l'homme ' a le libre ar-
bitre, Dieu lui donne des préceptes pour les
accomplir, mais sou libre arbitre n'en est
pas capable s'il n'est aidé de Dieu. De cette
manière l'homme connaît, en entendant le
précepte qu'on lui fait, qu'il doit agir, mais
qu'il doit à Dieu tout le bien qu'il veut et
qu'il fait: Que Dieu, dit l'Apotre, vous appli-
que à toute bonne œuvre, afin que vous fassiez
sa volonté, lui-même faisant en vous ce qui lui
est agréable. Ils regardent comme une absur-
dité ce que Jean et Vénérius avaient écrit
que les semi-pélagiens appelaient vases de
miséricorde ceux qui, en ce monde , pos-
sédaient quelque dignité sécidière ou ec-
clésiastique, et vases d'ignominie les clercs,
les mohies et les laïques. Ils disent que ce
ne sont pas les dignités qui ont les vases
d'honneur, mais la charité. Sur la question
de la prédestination, ils s'en tiennent à ce
qii'en dit saint Paul, savoir que tous ceux-là
sont ' prédestinés que Dieu veut sauver, et
disent que l'Apôtre n'emploie le terme de
tous que parce que, dans les deux sexes, il
y eu aura de toutes les conditions, de toutes
les nations et de tous les âges qui seront sau-
vés. « Car , ajoutent- ils , la volonté du Dieu
tout puissant s'accomplit toujours, parce que
sa puissance n'est sm-montée en aucune ma-
nière. Car c'est lui qui a fait tout ce qu'il
a voulu dans le ciel, sur la terre, dans la
mer et dans tous les abîmes , et à la volonté
duquel personne ne résiste. » Ils remarquent
que ce n'est que des adultes dont il est dit
que Dieu vivifie la volonté pour la rendre
bonne et active, afin qu'ils coopèrent eux-mê-
I']|ni|r.ll,f3.
Uol.r.
SI.
' Digne ulrumque tenelur si ordo reclus serve-
lur (liriaw miscricordiœ et voluntatis htimanœ,
ul nia pru'veniul, hwc sequalur, sala Dei miseri-
cordii inilium saiulis conférât; fui demde volun-
tas kominis coopcratrix suœ salutis exsistat, ut
misericnrdia Dei pra'veniens voluntatis Irumanœ
dirigal cursum, et humana voluntas obediens,
eadeni miitcricordia sul)se(juente currat,ad prœ-
vium. lîpiscoiii Afiicaui, Epist. ad Joan., pa^. 2TS.
2 Deus aut m obdurare dicitur, iton quia ad
iniquitatem compellit, sed cum ab iniqnitate non
eripit : quod, qnia jtislus est, juste facit. Ibid.
3 Quonium habet homo liberum arbitrium, au-
dit pra'cepta quœ faciat: scd ad implenda prœ-
cepta liberum arbitrium idoneum nullatenus efp.-
citur nisi divinilus adjuvetur. lia fil ut se operari
debere homo cognoscat, dum prœceptum accipit,
et Deo se sciât semper omne bonum debere, quod
vull ac facit. Ibid., pag. 274.
* Omnes autem pnedestinati ipsi sunt quos vult
Deus salvos fieri. Qui propterea omnes dicuntur,
quia in ulroque sexu ex omni honiinuni génère,
grndu, œtate et conditione salvantur. Semper
quippe voluntas Dei omnipolentis impleiur, quia
polestas ejus nullatenus vincitur : ipse est etiim
qui omnia quœcumque voluit fecit in cœlo et in
terra, in mari et in omnibus abyssis, et cujus vo-
luntati nemo resistit. Ibid., pag. 271.
44
HISTOIRE GÉXÉR.VLE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
mes à leur salut ; mais qu'à l'égard des enfants,
dans lesquels la volonté ne peut être boni-
fiée, il faut dire qu'ils sont sauvés par l'opé-
ration de la grAce sainte. Ils enseignent que
le libre arbitre, qui était sain et entier dans
le premier homme, est maintenant comme
ébranlé par sa propre infirmité dans les en-
fants de Dieu, mais qu'il est relevé et forti-
fié par la grâce dont Dieu les gratifie. Ils di-
sent, sur la question touchant l'origine des
âmes, ou qu'il faut la traiter ' sans aigreur, ou
n'en point parler du tout, parce que, soit qu'el-
les viennent par propagation , soit qu'elles
soient créées pour chaque corps, ce qui n'est
pas clairement exprimé dans les saintes Écri-
tures , on ne doit faire de recherche sur cette
matière qu'avec beaucoup de précaution ,
surfout à cause que les fidèles peuvent igno-
rer ce qui en est, sans courir aucun danger
pour la foi, mais que l'on doit croire que les
âmes de tous les enfants qui naissent con-
tractent le péché originel, et que le sacre-
ment du saint baptême est nécessaire à tous
pour rompre le lien du péché d'origine. Vou-
lant ensuite apprendre à Jean et à Vénérius
avec quelle chanté ils doivent traiter leurs
adversaires, ils lem- disent : Dememez fer-
mes et inébranlables par la grâce de Dieu dans
la foi véritable, et conservez-la dans toute
sa pureté. Témoignez à ceux, qui sont d'un
sentiment contraire au vôtre , une charité
sincère, et ne désespérez pas de leur con-
version; car celui qui ignore aujourd'hui la
vérité sur quelque point particulier, la con-
naîtra peut-être demain , Dieu la lui faisant
connaître. L'Écriture ne dit-elle pas que dès
le moment que Dieu veut une chose , il la
peut exécuter? Adressons lui donc nos priè-
res pour eux , enfin qu'il opère en eux la
connaissance des vérités qu'ils contestent.
Ayons pour eux des sentiments de charité et
d'amour dont Dieu nous tiendra compte et
doit nous récompenser un jour, pleinement
convaincus et entièrement persuadés qu'au-
cun de ceux qui sont écrits dans ses décrets '
éternels pour être du nombre des prédesti-
nés, ne périra jamais , mais que la volonté
de Dieu s'accomplira pleinement en eux. Dieu
lui-même les sauvant par sa grâce et les fai-
sant arriver à la connaissance parfaite de la
vérité, parla lumière qu'il répandra dans leur
esprit. Ils citent le passage du pape Hor-
misdas en faveur de saint Augustin, et deux
ouvrages de saint Fulgence sans le nommer :
savoir , ses trois livres de la Prédestination et
de le Grâce, et les cinq qu'il avait écrits con-
tre Fauste. Ce qui fait voir qu'il n'écrivit cette
lettre au nom des évêques relégués en Sar-
daigne qu'après leur retour. Car il était lui-
même de retour dans son Kglise lorsqu'il
écrivit ses livres de la prédestination et de la
grâce, comme le témoigne l'auteur de sa vie.
§ XI.
Lettre des évêques d'Afrique aux moines de
Scythie.
\ . Nous avons déjà remarqué que les moi-
nes de Scythie, députés à Rome pour y faire
approuver leur proposition : Un de la Trinité
a souffert, n'ayant point trouvé dans cette
Église l'appui qu'ils en espéraient, s'avisè-
rent de consulter les évêques relégués en
Sardaigne par Tiasamond, roi des Vandales.
Ils leur adressèrent donc, en 521, un écrit en
forme de lettre sigm; de quatre d'entre eux :
Pierre diacre, Jean, Léontius, et im autre
Jean. C'était comme une profession de foi ,
où ils déclaraient que sur l'Incarnation ils
s'en tenaient à la décision du concile de Chal-
cédoine, admettant deux natures en Jésus-
Christ , unies en une seule personne , sans
mélange ni confusion , et sans aucun chan-
gement. En conséquence ils reconnaissaient
que la sainte Vierge est véritablement mère
de Dieu. Mais ils disaient que, la chair étant
devenue propre à une personne de la Trini-
té, on pouvait dire a^n'unde la Trinité a souf-
fert, qu'il a été crucifié en sa chair, et non
pas en sa divinité. Outre le concile de Chal-
cédoine , ils faisaient profession de recevoir
ceux de Nicée, de Coustantiuople et d'Éphèsc
Sfilhi»
ea SaMii
J.«ç. î'7.
' Quwstionem vero animarum aut lacitam de-
bemus relinquere, aut sine contenlione Iraclare ;
quia sive ex propagine venianl, sive novœ singulis
corporihus fiant, quod sanctarum Scripturariim
auctoritas n<m manifeste prouuntial, cum caulela
débet inquiri : maxime qxiod sine fidci deirimenlo
potest a fidelibus ignorari. Jllud prœcipiie ohscr-
vandum est et tenendum nascenlinm parvulorum
animas nexu, peccali originalis obstriclas. omni-
busque necessarium esse sancti baptismatis sa-
cramenlum, quo dirumpitiir peccnli originalis
vincnlum. Episc. Afrii-., Epist. ad Joan., pag. 275.
' Scienles quoniam in cnnspcctu Dci quisqui^
de numéro prœdestinalorum fuerit, non peribit,
et in oninibM.v volunlas Omnipolentis implebitur,
ut per gratiam salri fiant, el agnilionem verUatis,
Domino illuminantr. percipiant. lbi<l.
CHAPITRE I. — SAINT FULGENCE DE IIUSPE.
' :at»* dii\
, , ag. SUi.
[Vl'" SIKCLE.]
;ivcc les lettres de saint Léon, et de con-
damner tous ceux qiu; le Sainl-Siôge a rôgn-
lirii'iuout comlainnùs. Sur la niàce, ils sui-
vaiiMil la doctrine de saint Auf;ustin , re-
connaissant avec ce Pore que l'iiomnic qui
avait d'abord été créé avec une entière li-
luuté de faire le bien et le mal, élant deve-
nu par son péché esclave du péché mémo ,
n'avait pu être délivré que par la grâce de
Jésus-Christ ; que sans celle grâce il ne peut
plus penser ni désirùr aucun bien; qu'elle
le fait agir , non par une nécessité de vio-
lence, mais par une douce insinuation du
Saint-Esprit : qu'ainsi c'est de Dieu que vien-
nent et le commencement des bonnes pen-
sées, et le consentcmeut au bien, do môme
que les bonnes actions. Ils appuyaient celte
doctrine des passages des Pères et des con-
ciles, et tinissaient par xni anathèmc ;\ Pela-
ge, A Célcslius, k Julien, A leurs sectaleurs,
et nommément aux livres que Fauste de Riez
avait écrits contre la vérité de la prédestina-
lion.
2. Jean, diacre, porteui-de la lettre des moi-
nes de Scylhie, la rendit aux évoques exilés,
qui chargèrent saint Fulgence d'y répondre
on leui-nom. Quinze d'entre eux souscrivirent
à cette réponse. Saint Fulgence la commen-
ce en disant que le salut de l'homme en cette
vie consiste dans une foi pure ef droite en
Dieu, qui opère par la charité. Puis, après
avoir rapporté quelques passages de la pro-
fession de foi de ces moines sur l'Incarnation,
il établit la doctrine des deux natures unies
en une seide personne en Jésus-Christ, mon-
trant que le Fils de Dieu s'est non-seulement
fait chair, mais qu'il a pris celle chair dans
le sein de la Vierge : en sorte qu'il est vrai
de dire que la bienheureuse ' Marie a conçu
et enfanté Dieu le Verbe en tant que fait chair.
« C'est le même, dit-il, qui est Dieu et hom-
me, la nature humaine ayant été si admi-
rablement unie au Verbe, lorsqu'il s'est fait
homme, qu'elle n'a point une seconde per-
sonne. Car c'est la nature humaine^ qui a
été unie à la divinité , et non la personne.
45
Dieu n'est donc ])oint dans Jésus-Christ ,
comme il était dans los prophèlos et dans
les patriarches. 11 a pris l'iioiumo onlier pour
réparer en lui tout ce qu'il lui avait donné
dans la création. » Saint Fulgence dit de la
chair ^ de Marie, qu'elle a été une chair de
pi'ché, ayant été conçue comme los autres
hommes; mais que la chair que le Verljo a
prise dans elle n'a eu que la l'essemblance
du péché , c'est-A-dire la mortalité. Il ajoute
que celle bienheureuse Vierge n'esl devenue
more de Dieu par aucun mérite humain,
mais par un eûet de la bonté divine ; que
Dieu en mourant selon la chair a détruit en
nous une double mort, celle du corps et celle
do l'âme : l'une, en nous faisant ressusciter
par sa grâce de la mort de l'inGdélité; l'au-
tre, en faisant ressusciter nos corps.
3. Le Verbe, avant de se faire homme, n'é- f"""''' '"
tait point le Christ. Il ne l'a été que lorsque, '"'•■°'
prenant la forme d'esclave, il s'est anéanti
lui-même. Au contraire la chair de* Jésus-
Christ n'a jamais été sans le Verbe, ni con-
çue personnellement. Elle a pris dans le Ver-
be-Dieu sou commencement personnel. Ce
n'est point la Trinité qui s'est incarnée, c'est
le Fils seul, c'est- A-dire une personne' de
la Trinité, Jésus-Christ, Fils unique de Dieu,
qui est Dieu sur toutes choses. Dieu parfait,
et homme parfait. « C'est pour nous en con-
vaincre, dit-il, qu'il a ordonné A ses apôtres
d'aller enseigner les nations et de les baptiser
cm nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ,
nous enseignant par cette forme du baptême
qu'il a prescrite lui-même , que nous ne de-
vons point séparer les natures dans le Fils ,
ni croire que la nature humaine n'ait point
eu de part à l'œuvre de notre rédemption ,
ni admettre deux personnes en Jésus-Christ;
puisque c'est le môme Fils de Dieu Noire-
Seigneur Jésus-Christ qui a créé le monde ,
et qui a répandu son sang pour nous. C'est
pour cela que quiconque est régénéré dans
le baptême au nom du Père , du Fils et du
Saint-Esprit, est baptisé en la mort et au
nom de Jésus-Christ, afin qu'il paraisse évi-
' Beata Maria Deum Verbuni: secundum quod
caro faclum est, et concepit et peperit. Fulg., Epist.
17, rag. 290.
* Accessit Deo humana substaïUia, nonpersona.
Ibid., pag. 291.
' Caro Marice quœ in iniquitatibus humana so-
lemnitale fuerat concepta, caro fuit utique pec-
cati, quœ Filium genuit in simiUtudinem carnis
peccati. Ibid., pag. 292t
^ Sed Verbum illud sine carne Deus œtcrnui
fuit, caro aulem Christi sine Verbo non solum
Christus aliquando non fuit, sed nec personaliter
conceplu fuit. Ibid., pag. 293,
5 Igitur non Trinitas, sed solus Filius, id est
una ex Trinitale persona Christus Dei Filius
unicus, ut nos salvos faceret, carne conceplus
et natus est de ventre Virginis matris, Ibid.,
pag. 296. '
46
rriSTOiRE GÉXÉnALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
demmcnf que nous sommes ensevelis par le
bapti'me avec celui au nom duquel il est
constant que nous sommes baptisés. » Saint
Fulgence assure que telle est la croyance de
l'Église romaine, le sommet de l'univers; et
celle de tout le monde clirélien, ajoutant
que cette Église a reçu cette foi des deux
grandes' lumières saint Pierre et saint Paul,
dont elle possède les corps, et qui l'ont l'un
et l'autre illustrée par les rayons de leur
doctrine. Saint Pierre dit en cflcl dans les
Aci. ii,3«. Actes des apôtres : Que chacun de vous soit
baptisé au nom de Jésus-Christ jKivr obtenir la
Bon,. Ti, 3. rémission de vos jn-chcs. Et saint Paid : Ne sn-
vez-vousjMS que nous tous, qui avons été bapti-
sés en Jésus-Christ , nous avons été baptisés en
sa mor/? Jésus-Christ a non-seulement eflfacé
nos iniquités par sa mort , mais il nous a en-
core rendu la faculté des saintes pensées que
Dieu avait accordées au premier liommc dans
sa création. <( Car cetliomme, dit-il, qui avait
été créé exempt- de la nécessité de pécher,
étant tombé dans le crime , et ayant perdu
par sa chute la santé de son âme, il a perdu
en même temps le pouvoir de penser iy Dieu.
Il a oublié de manger son pain, et étant dé-
pouillé du vêlement de la foi, et tout cou-
vert de blessures que lui avait faites la con-
cupiscence de la chair, il était tellement de-
meuré accablé sous la servitude du péché ,
qu'il n'aurait jamais pu avoir aucun com-
mencement de bonne volonté, s'il ne l'avait
reçu de Dieu, qui le lui donne gratuitement.
Par la chute du premier homme la mort est
donc entrée dans le monde avec le péché ;
et l'un et l'autre sont passés li ses descen-
dants. Dire , comme faisaient quelques-uns,
que les enfants ne contractent point le pé-
ché originel, c'est nier que leur chair soit
une chair dépêché, ce qui est contre la doc-
trine expresse de l'Apùtre ; c'est dire qu'il j"»"- '
n'y a aucune dillerence entre leur chair et
celle que le Fils unique de Dieu a prise dans
le sein de la Vierge; c'est dire encore que les
enfants n'ont pas besoin du secours du Sau-
veur, et c'est tomber conséquemment dans
l'hérésie de Pelage. Si les enfants naissent
sans péché, il n'y a rien en eux (pii puisse
être purifié par la régém-ration spirituelle,
et c'est en vain qu'on leur confère le bap-
tême pour la rémission de leurs péchés. Tou-
tefois ce baptême est donné uniformément'
aux enfants comme aux adultes , afin que
l'on connaisse qu'ils ont tous la tache du pé-
ché originel. C'est la foi seule du Rédemp-
teur, qui nous délivre de ce péché d'origine,
et il nous en délivre non à cause de la foi
qu'il trouve en nous , mais par celle qu'il
nous donne : car la foi n'est pas de nous ,
elle est un don de Dieu. Paul, lorsqu'il était
un blasphémateur et un persécuteur', n'a
pas été aidé delà grâce de Dieu, parce qu'il
voulait croire ; mais afin qu'il voulût croire,
il a reçu le don de la grâce prévenante,
qui trouva dans sa volonté non pas un com-
mencement de foi , mais le blasphème , la
cniauté, les outrages et l'ignorance avec
l'incrédulité. Car, depuis que le premier
homme " s'est volontairement souillé par le
péché, et s'est assujetti en péchant à mille
' Propterea omnis qui in nomine Patris et Filii
et Spiritus Sancti sacrnmento sanctœ régénéra-
tions alHuitur, nonnisiin Christi morte ac nomine
baptizatur, ut eiidenler apparent illi nos conse-
puttos esse per baptismum inmorte, in cujus une
constat nomine baptizatos.Qund, duorum magno-
rum luminarium, Pelri scilicel, Paulique vcrbis,
tanquam splendcntibus radiis illustrata, eorum-
quc decorata corporibus romana, quœ mundi
cacumrn est, tenet et docet Ecclesia. lolusque cum
ea chrislianus orbis. Fui?., Epist. 17, pag. 298.
* Peccans itaquc illc qui sine peccandi neccssi-
tate creatus est, in co quod animœ sanilalem de-
linquemln perdidit, ctiam itla cngitandi quœ nd
Deum pertinent, amisit prolinus facullatem. Ohli-
lus est enim manducare panem suiim, et expolia-
lus vestimenlo ftdei carnalinmque conrupiscen-
liarum vulneribus sauciatus, sic jacuil nppressus
ditione peccali, ut nullalenus aliqnod bonce ro-
tuntatis inilium habere poluissel, nisi hoc Deo
gratis douante sump&isset. IMd., pag. 300.
' Quod baptismalis sacramenlum idco unifor-
miter infanlibus mnjoribusque confertur vt om~
nibus originalis inesse peccati mactila cognosca-
lur. Ibid., pag. 303.
' Cm m ergo Paulus esset blasphemus et perse-
cutor et contumeliosus, non ideo est ndjiitus Dei
gratia, quia credtre roliiit; sed ut credere rellet,
donum gralim prœrenientis acrepit, quœ in ejus
roluntate non aliqnod credulilatis initium, sed
blasphemium, sœvitiam, cnniumelias et ignoran-
tiam in incrediilitale reperit. Iliiii., pag. 30G.
' Ex quo enim primus liomo naluram suam vo-
luntarie viliarit. atque oppressif , ita crcrit in-
firmilas, ut nisidirinœ gratia- medicamento prw-
vcnlurn in unoquoque hominc sanetur atque ad-
juvelur liberum indesxnenter arbitrium, sit qui-
dem liberum, non tamen bonum : sit liberum, non
tamen rectum: sit liberum, non tnmen sanum :
sit liberum, non tamen jiistum : el quanlo magis
a bonitale, rectiindine. sanitnte, jusiitiaque lilie-
rum. tanio magis nifi/ihVr, perrersitatis. infirmi-
tatis atqw iniquitatis mortifera serritute capli-
tum ; Qui enim farit peccaluni fcrviis esl |ipri'ali,
[Vl' SIÈC/,E.]
iiiliiinilrs, sa faiblossc est devenue si gran-
de i[ii(', si lo libre arbitre ilo cbaqno bonimo
eu pailiciilicr n'esl j^néri cl ii't>st aiib'^ ]iai'
celte gi'Acp , il peut bien être libre, mais il
110 sera ni bon, ni droit, ni sain, ni juste;
et plus il est ainsi atlrancbi de la bonté, de
la santé, delà droiture et de la justice, plus
il est asservi et sujet i\ la servitude niorlello
de la malice, de l'injustico, de la faiblesse
et de riuitjuité, suivant celte parole de saint
jMn. vui, j,.;in ; Celui qui iimwwt le péc/ié est esclafc du
n rnr. Il, j)^cltè;c{ cette autre de saint Pierre: Quicon-
que est vaincu , est esclave de celui qui l'a vain-
cu. Ainsi, tant que le pécbé n^gne dans l'bora-
nie, il a, A la vérité, un libre arbitre, mais
qui est libre sans Dieu, et non pas libre sous
l'empire de Dieu; c'est-à-dire libre de la
justice , et non pas libre sous la grâce ; et
dès lors il est libre, mais d'une liberté misé-
rable et esclave, n'ayant ptiint été délivré
pai" la grâce toulc gratuite d'un Dieu qui fait
Bom. viso. miséricorde. C'est ce que saint Paul nous
fait entendre clairement par ces paroles :
lorsque vous étiez esclaves du péc/té , vous étiez
dcms une fausse liberté à l'égard de la justice.
Quiconque donc est libre à l'égard de la jus-
tice ne peut point faire des œuvres de justi-
ce : parce que tant qu'il est esclave du pécbé
il n'est capable que de pécher. Or il n'y a
que la grâce de Jésus-Cbrist notre libérateur
qui puisse nous délivrer de cette servitude
du pécbé. »
^suiie, lu;. 4. Celte liberté, qui ne naît pas du libre
arbitre de l'homme, mais qui est donnée par
la miséricorde gratuite de Dieu, prend son
commencement de la bonne volonté, comme
notre vie prend le sien de la foi, laquelle ne
naît point de notre volonté, mais nous est
donnée par le Saint-Esprit. C'est cet Esprit
Saint qui forme Jésus-Christ dans le cceur
des fidèles selon la foi, comme il a formé
Jésus-Christ selon la chair dans le sein de la
Vierge. Loin que la grâce détruise le libre
arbitre ', elle le guérit ; elle ne l'ûte pas,
mais elle le corrige, l'éclairé , l'aide et le
ClTAPrmH I. — SAINT FULGKNCE DK IIUSPI-;.
M
conserve. Saint Fulgoncc fait voir que Dieu,
en donnant la foi à (|uelf|iies-uns , lors((u'il
la refuse ."i d'autres, ne f:iil pdinl acceplidU
de persoime, puisqu'il use à l'i'gard des hom-
mes, comme un potier ;'i l'égard d'une masse
d'argile dont il fait tantôt un vase d'honneur,
el lanlnt un vase d'ignominie. Il avoue que
l'on peut dire en un sens que l'bomme peut
croire naturellement, quoiqu'il lui soit donné
de Dieu de croire ; étant évident qu'il est
créé pour croire , parce que par la foi la na-
tiu'c humaine est renouvelée de sa vétusté ,
cl qu'il est même contre la nature de l'hom-
me de ne pas croire en Dieu ; puisque son
incrédulité ne lui vient pas de la création ,
mais de la transgression volontaire du com-
mandement de son Créateur. 11 enseigne que
lorsque l'Apôtre dit qu'il y a des peuples
qui font naturellement ce que la loi com-
mande, cela doit s'cnlendre des peuples fi-
dèles et convertis , qui , sans avoir la lettre
de l'Ancien Testament, en exécutaient les
préceptes par la grâce du Nouveau ; que la
coimaissance de Dieu , cl la foi ne servent
de rien sans la charité ; et que si Dieu ne
donne pas la foi à tous, il faut adorer en cela
la profondeur de ses jugements , se conten-
ter de reconaîlre qu'il exerce gratuitement
sa miséricorde envers ceux qui sont sauvés;
adorer sa justice à l'égard de ceux qui sont
condamnés, et chanter avec un cœur contrit
et humilié la justice et la miséricorde du Sei-
gneur qui nous montre dans les vases de co-
lère, destinés à la perdition, que nulle ini-
quité ne peut plaire à sa justice, et qui nous
fait sentir dans sa conduite envers les vases
de miséricorde que sa bonté peut remettre
tous les péchés à qui il lui plaît. En expli-
quant ces paroles de saint Paul : Dieu veut \ Ti™
qus tous les hommes soient sauvés, et qu'ils par-
viennent à la connaissance de la vérité , il sou-
tient que ceux-là se trompent qui prétendent
que saint Paul .suppose en cet endroit une
volonté générale et égale de sauver tous les
hommes. « Ceux qui soutiennent, dit-il ^,
et a quo quisdevictus est, huic et servus addictus
est'? Régnante igitur peccato, habet quidem lihe-
rwm arbitrium, sed liberam sine Deo, non libe-
rum sub Deo, id est, liberum juslitia, non lihe-
rum sub gratia, et ob hoc pesslme atque scrvili-
ter liberum, quia non rfratuito miserentis Dsi
immere liberatum. Hoc Àpostolus evidenter insi-
nuât, dicens : Cum enim servi essetis peccati, li-
beri fuistis justitiae. Servire igitur justitiœ non
potest qui jusLiliœ liber est: quia quamdiu est
peccati servus, nonnisi ad serviendum peccato
reperitur idoneus. Ab isia servilute peccati nemo
liber efficitur, nisi qui liheratoris Christi gratia
tiberatur, ut scilicel liberalus a peccato servus
fiât Deo. Fui?., Epist, 17, pag. 307.
1 Gratia humanum non auferlur, sed sanalur;
non adimitur, sed corrigitur, illuminalur. adju-
vatur atque servaiur arbitrium. ibid., pag. 309.
- Illud vcro apostolicum ubi dicitur d.' Deo :
Oui vult omnes homines salvos fieri et ad aguitio-
4S
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUT:S.
que celte volonté de Dieu regarde aussi bien
les réprouvés que les élus, n'entendent point
comme il faut le texte de TApôtre. Us ne
font point assez d'attention à cette parole si
certaine de l'Écriture, qui, pour nous assurer
de la toute puissance de Dieu, nous dit : //
a fait tout ce qu'il a voulu dans le ciel , sur la
terre, dans la mer et dans tous les abîmes. Qu'au-
ront à répondre, ajoute-t-il, ces personnes
qui croient que la volonté de Dieu par la-
quelle il veut que tous les hommes soient
sauvés, est égale envers ceux qui doivent être
rachetés, et envers ceux qui doivent être dam-
nés, lorsqu'on leur demandera comment il
se peut faire que Dieu veuille que tous les
hommes soient sauvés, et que tous cependant
ne le soient pas? Répondront-elles que Dieu
attend la volonté de l'homme, afin que la
récompense soit justement donnée à ceux
qui veulent le bien , et que ceux qui ne le
veulent pas, soient justement condamnés ? >>
Saiut Fulgence fait voir , par le discerne-
ment que Dieu fait entre les enfants, combien
cette réponse est frivole ; puisque l'on ue peut
pas dire que le bon ou le mauvais usage de
leur volonté soit la cause ou de leur salut
ou de leur damnation. Si Dieu, pour sauver
les hommes, n'excite ni ne change leur vo-
lonté, mais l'attend, comment donne-t-il le
salut éternel aux enfants qui meurent aus-
sitôt après le baptême , sans avoir attendu
ni trouvé en eux une bonne volonté ? Com-
ment en condamne -t-il d'autres, qui sont
morts sans baptême , au supplice éternel ,
sans avoir trouvé en eux aucune faute d'une
mauvaise volonté? Il appelle ces ennemis de
la grâce, non les défenseurs, mais les trom-
peurs du libre arbitre; et il ajoute ' : «Quand
donc on parle de tous ceiLX que Dieu veut
sauver , il faut l'entendre de manière que
nous ne nous imaginions pas que per-
sonne ne puisse être sauvé que par la volonté
de Dieu , ni que la volonté d'un Dieu tout
puissant puisse n'être pas accomplie, ou que
quelque chose en puisse empêcher l'elJet en
quelque manière que ce puisse être. Car
tous ceux que Dieu veut qu'ils soient sauvés,
sont indubitablement sauvés , et personne
ne peut être sauvé sinon ceux que Dieu veut
qu'ils le soient, et il n'y en a aucun qne
Dieu veuille qu'il soit sauvé, qui ne le soit
en eil'et , parce que notre Dieu a fait tout
ce qu'il a voulu faire. Tous ceux donc
que Dieu veut qu'ils soient sauvés, sont ef-
nem veritatis venire, nonsicut oportet intelligunt,
qtii hanc Dei voluntatem sicul in vasis misericor-
diœ, sic et in vasis irœ accipiendam pulant, mi-
nus considérantes veracissiinam Scriplurœ sen-
tentiam, qu<B divinœ commendans omnipotentiam
voluntatis : Omnia, inqiUt, quaecumque voliiit fe-
fecit in cœlo et in terra, in mari et in omnibus abis-
sis... Proinde hi qui voluntatem Dei qua omnes
homines vuU salvos fieri, œqualent circa redi-
mendos et damnandos exislimant, cum inlerrogati
fuerint cur velil Deus omnes homines salvos fieri
nec tamen omnes salvi fiant, quid re^pondebunt?
An itlud quod vestra eos dicere testatur epistola,
quia Deuscxspectat hominis voluntatem , ut œquum
sit in volentibus prœmium, in noientibus autem
justa damnatio? Sed ut prnlixitatcm vitantes
omittamus alla quœ possunt pro veritate fidei huic
pravœ sententiœ replicari, intérim testimonio con-
vincantur atque confundantur non loquentium
hominum, sed tacentium parvulorum.. In eis nam-
que nec bona voluntas est, ut œquum sit in vo-
lentibus prœmium; nec mala.ut sit in noientibus
justa damnatio. Si ergo ad salvandos homines
sicul isti volunl, non excitât, neque mutât, sed
exspectat hominum voluntates, quomodo infanti-
bus qui baptisantur, et in eadcm infantia moriun-
lur, dnnat ceternam salutem, quoruyn bonam nec
exspectat nec inienit voluntatem? Item alios quo-
mndo sine baptismale morluns œternis cruciati-
bus dnmnat, cum in eis nullam culpam malir vo-
luntatis inieniat ? lliiil., paj.'. 318.
' Quocirca itlos omnes qxtos Deus vuU salvos
fieri, sic intelligere debemvs ut nec aliquem pute-
mtts salvum fieri pos.'ie nisi voluntate Dei, nec
existimemus voluntatem omnipotentis Dei, aut in
aliquo non impleri, aut aliquatemus impediri.
Omnes enim quos Deus vult salvos fieri sine du-
bitatione salvantur, nec possunt salvari nisi quos
Deus vult salvos fieri. nec est quisquam quem
Deus saivari velit, qui non salvetur : quia Deus
noster omnia quaecumque voluit fecit. Ipsi omnes
iitique salvi fiunt quos omnes vult salvos fieri :
quia hœc salus non illis ex humana voluntate tias-
cilur sed ex Dei bnna voluntate prœstatnr. Ve-
rumtamen in his omnibus Iwminibus, quos Deus
rull salvos faccre, non totum oninino genus si-
gnificatur hominum, sed omnium universitas sal-
randorum. Ideo autem omnes dicli sunt, quia ex
omnibus hominibus omnes istos divina bonitas
salvat, id est, ex omni génie, conditione, œtate,
ex omni lingua, ex omni provincia. In his omni-
bus ille sermo twstri Redemptoris implelur. quo
ait: Cum exaltatus fncro a terra, omnia traham ad
meipsum. Quodrion ideo dixit quia omnes omnino
trahit, sed quia nemo snlvus fil. nisi quem ipse
Iraxerit. Sam et alibi dicit: Nemo potest vcnire
ad me, nisi Pater qui misit me traxcrit eum. Item
alibi: Onine quod dédit mihi Pater ad me veniet.
m ergo sunt omnes quos vult Deus salvos fieri et
ad agnilionem veritati» venire. Est autem fami-
liari divinis eloqiiiis, ul omnes nonnumquam di-
canl, nec tamen omne humanum genus in ipsis
omnibus semper inlelligi debere commoneant.
Ibid., pag. 'Jùl et 322.
JoaD.
ai.
[Vl° SIÈCLE.]
lectivcmcnt sativi's, parce qiio ce n'est jininl
par leur propre viiloiiti', mais par la volmité
de Dieu qu'ils oMii'iuiciil le saliil. Ainsi
quaml ou parle de Idiis les Ikiiiuikîs (pie
Dieu veut sauver, ou lui doit jias entendre
absolunieul et eulit'reineut tout h; K<'"if 1'"-
niain, mais seulement la totalité de ceux qui
seront sauvés, que l'Écriture appelle du
nom do tous, parce que c'est d'entre tous
les hommes que la divine l)onté choisit tous
ceux qui sont sauvés, c'est-à-dire qu'elle
les prend de toute nation , de toute condi-
tion , de tout Ape , de toute langue, de toute
province. C'est dans tout cela que cette pa-
role de nolie Hédempleiir est accomplie :
Quand on m'aura élevé de la terre je tirerai
tout à moi ; non pas qu'il tire absolument à
lui tous les hommes sans exception ; mais
parce que personne n'est sauvé, sinon ceux
que le Fils tire h lui. Car il dit encore ail-
leurs : Personne ne peut venir à moi, si mon
Père qui m'a envoyé ne le tire. Et encore :
Tout ce que mon Père m'a donné viendra à moi.
Ce sont donc là tous ceux que Dieu veut
sauver, et faire venir à la connaissance de la
vérité. »
Saint Fulgence prouve par un grand nom-
bre d'exemples tirés de l'Écriture , que le
root de tous, ou totts les hommes, ou toutes les
nations, ne doit pas toujours s'entendre
d'une totalité entière, absolue et sans excep-
tion : « Car autrement, dit- il, on serait obligé'
d'avouer que le mensonge se trouverait mê-
me dans la parole de Dieu. Il est dit daus le
prophète Joël : Je répandrai mon esprit dans
les derniers jours sur toute chair ; prophétie
que saint Pierre dit avoir été accomplie dans
les cent vingt personnes sur lesquelles le
Saint-Esprit descendit en forme de langues
de feu. Le même apùtre disait aux Juifs :
Ad. II, 38 8t Faites pénitence, et que chacun de vous soit bap-
tisé au nom de Jésus-Christ pour obtenir la ré-
mission de vos péchés, et vous recevrez le don du
Saint-Esprit. Car la promesse a été faite à
vous , et à vos enfants , et à tous ceux qui sont
éloignés, autant que le Seigneur en appjellera.
CriAPITHE 1. — SALNT FUI.GENCE DE RUSPE.
4!)
iaSI. 11,29.
Il appelle iloiu' liiiis cpiiconipio est appelé du
SeigiKMir. Il est dit dans h's Psaumes que ton- , '""i- ■•'>"•
tes les nations, que Dieu a faites, viendront,
qu'elles l'adoreront, et qu'elles glorilieronl
son nom ; et toutefois Jésns-Christ dit t\ ses
apôlres : Vous serez hais de toutes les nations à MjhIi.i.ïî.
cause de mon nom. L'I'Jcriture est-elle donc
contraire à elle-même ? A Dieu ne plaise !
Mais elle a compris sous le terme de tous,
ceux qui dans les nations devaient se con-
vertir, et glorifier parleur foi le nom du Sei-
gneur; et tous les incrédules, qui, dans les
mêmes nations , devaient persévérer par
leur impiété dans la haine du nom de Jé-
sus-Christ. Nous lisons dans l'Épltre aux coios.. 1,10
Colossiens , que tout a été créé par le
Fils daus le ciel et dans la terre, les cho-
ses visibles et les choses invisibles ; et au
même endroit, qu'il a plu au Père de récon-
cilier par lui toutes choses avec soi, ayant
pacifié, par le sang qu'il a répandu sur la
croix, tant ce qui est dans la terre, que ce
qui est dans le ciel. Dira-t-on que Jésus-
Christ a pacifié tout ce qui est dans le ciel
et sur la terre? S'il en était ainsi, il faudrait
de deux choses l'une : ou nier que le diable
ou les anges ont été créés par Jésus-Christ,
ou dire qu'il les a réconciliés par le sang de
sa croix. L'une et l'autre de ces deux proposi-
tions sont insoutenables, et il n'y a pas moins
d'impiété à dire que le diable n'a pas été
créé par Jésus-Christ, qu'à croire qu'il a eu
part à la réconciliation de Jésus-Christ. » A
l'occasion de ce passage, saint Fulgence don-
ne une autre expfication à ces paroles de l'A-
pôtre : Dieu veut sauver tous les hommes : a De
même qu'on dit que^ toutes choses ont été
créées par Jésus-Christ, parce qu'il n'y a
rien que le Père n'ait créé dans son Fils et
par sou Fils, de même, dit ce saint évêque,
on doit dire que tous sont réconciliés avec
Dieu en Jésus-Christ et par Jésus-Christ, parce
qu'il n'y a aucun homme qui soit réconcilié
avec Dieu autrement que par la croix de Jé-
sus-Christ. Par cette règle ainsi appuyée sur
l'autorité des divines Écritures, nous devons
' Dicil Dominus per prophetam Joël: In novis-
simis diebus etViimlam de Spirilu ineo super om-
nem carueni. Quod in cenlwm viginti hominibus,
in qtios Spirilus Sanctus linguis igneis venil, fac-
tum beatus Pelrus ostendit. Si ergo hic omiieni
carnein oinnes oinnino putareriinus homines in-
telligi, incipiet, quod absit, mendax œstimari ser-
mo divinus. Ibid.
2 Omnia ergo per ChrisCum et in Christo creata
XI.
siuit, qtiia nihilest quod non per Filiuin et in Filio
creaoerit Pater. El omnia per ipsum atque in ipso
reconciliantur,q%iianullus est hominum qui sine
cruce Christi reconviliationis beneficium conse-
qualur. Ex hac igiluf régula, quœ cœlestibus in-
serta nwnstratur oraculis, sicintelligamus omnes
homines quos vult Deus salvos fieri, ut noveri-
■mus otnnes qui salcantur, nonnisi ex ejus gra-
tuila bonitate salvari. Ibid., pag. 312.
4
50
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
entendre de telle sorte, que Dieu veut sauver
tous les /lommes, que nous sachions que de
tous ceux qui soûl sauvés il n'y en a pas un
qui ne soit sauvé par la bonté gratuite du
Seig-neur. ii Saint Fulgence Onit par une réca-
pitulation de ce qu'il avait dit sur le mystère
de l'incarnation et sur celui de la grâce. « A
quoi il ajoute que Dieu qui a créé l'homme,
lui a préparé par le décret de sa prédestina-
tion, la foi, la justification, la persévérance
et la gloire ; el (juc quiconque ne reconnaît
point la vérité de la i)ré(lestination par la-
quelle saint Paul dit que nous avons été élus
en Jésus-Christ avant la création du monde,
ne sera point du nombre des élus, et n'aura
point de part au salut, s'il ne renonce à cette
erieur avant de mourir. » 11 dit néanmoins
que l'on ne doit point cesser de prier pour
ces sortes de personnes , afin que Dieu les
éclaire par sa grâce qui fait fructifier la pa-
role divine; parce que c'est en vain qu'elle
frappe nos oreilles, si Dieu par un don spiri-
rituel n'ouvre l'entendement de l'homme in-
tériem'.
§ XII.
Lettre au comte Régin.
. J'"«/l !• Le comte Régin avait écrit à saint Fui-
comte Brpia *-'
Jcum!" ''"'' gence pour le consulter sur deux points. Le
premier de doctrine, savoir si le corps de
Jésus-Christ était corruptible ou s'il était de-
meuré incori'uptible. Le second de morale,
regardait la vie que doit mener un homme
engagé dans la profession des armes. Nous
n'avons jilns la lettre de ce comte. Saint Ful-
gence ne lépondit qu'à la première de ses
questions, la mort l'ayant empêché de satis-
faire à la seconde. Régin s'adressa donc au
diacre Ferrand qui l'instruisit sur ce qu'il
souhaitait par une lettre que nous avons en-
core.
B«pni..(. Je 2. Ce qui avait engagé Régin à consulter
lui Fulccn- . _, , , ., ... ,
» Bi-sin, saint Fulgence sur la corruptibilite ou Ini-
corruptiliilité du corps de Jésiis-Clirist , était
la dispute élevée depuis quelque temps en-
tre les eutycliéens d'Orient, les uns soute-
nant que le corps de Jésus-Christ avait été
incorruptible dès le moment de sa concep-
tion; les autres qu'il avait été corruptible
avant sa passion, et qu'il était incorruptible
depuis sa résurrection. Saint Fulgence dis-
tingue deux sortes de corruption, l'une du
péché, qui renferme la concupiscence et le
péché môme ; l'autre du corps, qui consiste
>ali
ce
lii;. 323,
dans l'altération sensible dos parties du
corps, et dans sa si'-paration d'avec l'âme.
Ce principe posé, il répond que Jésus-Christ,
ayant pris une nature sujette à la mort, a
aussi été sujet à la faim , à la soif et à la fa-
tigue , qui sont des faiblesses inséparables
d'une nature sujette à la mort, et qui cau-
sent la mort même, puisque par la soif, la
faim et la fatigue, se fait la dissolution du
corps d'avec l'àme. Il iijoute qu'il a encore
été sujet à la corruption qui consiste dans
la mort, puisqu'il est mort réellement ; mais
qu'il n'a point essuyé celte autre sorte de
corruption qui entraîne une si grande alté-
ration des parties, que le corps est réduit en
pourriture et en poussière , étant ressuscité
le troisième jour, toutes les paities de son
corps entières; que depuis sa résurrection
il est absolument incorruptible par l'union
inséparable de son âme avec son corps, qui,
par la gloire dont il jouit, est comme spiri-
tualisé. Il cite sur cela un témoignage de
saint Augustin tiré de sa lettre à Consentius.
A l'égard de la première sorte de corruption,
il soutient qu'elle n'a eu aucun lieu dans Jé-
sus-Christ, n'ayant contracté ni péché origi-
nel, ni péché actuel ; que pendant sa vie mor-
telle il n'a point été sujet aux passions qui
préviennent la l'aison et causent des trou-
bles involontaires , et que s'il a quelquefois
soufl'ert les impressions de la tristesse et des
autres infiiinilés de notre ftme, c'a été vo-
lontairement de sa part, pour nous montrer
qu'il nous prêterait son secours dans de sem-
blables ai'llictions que nous soutirons néces-
sairement.
§ XlII.
Livre de la Trinité à Félix.
1. Félix, (jui est qualifii- notaire, se trou- p.iiJ*'"?,^',
vait souvent avec des hérétiques qui tû- f"'*""-
chaient de l'engager dans leurs erreurs. Vou-
lant non-seulement éviter les pièges qu'ils
lui Icndaioiit à cet ellel, mais les ramener
lui-même à la vérité de la foi catholique, il
pria saint Fulgence de l'instruire exactement
de la doctrine orthodoxe sur la Trinité. Fé-
lix avait encore spécifié, ce semble, quelques
autres articles sur lesquels il avait besoin
d'instruction : car outre celui de la Tjrinité ,
suint Fulgence traite encore de ce qui re-
garde les anges cl l'homme.
2. « La foi que nous voulons vous faire con- . }-'J" ■"
naiire, lui répondit le saint évoque, est celle J^.'j,^*'"'
[vr SIKCLE.]
par qui les paliiafclms, les prophMcs et les
apôtres ont été justifiés, et les martyrs cou-
ronnés; celle (pio la sainte Ef^lise, répandue
par toute la terre , a professée jusqu'ici, et
qu'ont enseignée successivement les évo-
ques qui se sout assis à Rome dans la chaire
cip. 1. de saint Pierre, ou à Anlioclio ; à Alexan-
drie dans la chaire de saint Marc ; ;\ Éphèsc
dans la chaire de saint Jean, et ;\ Jérusa-
lem dans celle de saint Jacques. Contraignez
donc les ariens, les douatistes, les nesto-
riens et les autres hérétiques de communi-
quer avec ces Eglises auxquelles les ap(Mres
ont présidé. Ils ue veulent pas y consentir,
parce qu'étant divisés de l'unité de l'Eglise
par leur foi erronée, ils ont mieux aimé faire
". un parti, d 11 dit encore que cette foi est la mê-
me que celle dans laquelle Félix avait été ré-
généré autrefois en croyant au nom du Père
et du Fils et du Saint-Esprit. 11 explique cette
foi en disant : « Le Père n'est pas le Fils', le
Fils n'est pas le Père, le Saint-Esprit n'est
ni Père ni Fils. Étant trois, quel est , je vous
pi'ie, le nom unique du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, dans lequel il faut que uous
soyons baptisés, sinon le nom de la Divinité
qui ne peut être triplé ? Car encore que nous
disions que le Père *est Dieu, que le Fils est
Dieu, que le Saint-Esprit est Dieu, nous ne
disons pas ti-ois dieux, parce qu'il est écrit :
Deui. ïi,». Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est un. U
est donc un en nature, non en personne, car
autre est la personne du Père, autre celle du
Fils, autre celle du Saint-Esprit. Le Père n'est
engendré d'aucun, le Fils est engendré du Pè-
re, le Saint-Esprit procède du Père et du Fils.
Ces noms relatifs fout la Trinité, les essen-
tiels ne se triplent pas. Toutefois quelque
nom que vous prononciez de ces trois dans
la sainte et souveraine Trinité, il signifie une
CHAPITRE L — SAINT FULC.ENCE DE IIUSPE.
M
mémo chose, parce que l'essenci' (hi l'ère;,
du Fils et du Saint-Esprit n'est pas dill'érentc.
Si elle l't'tait, le Fils ne serait pas véritahle-
mcut engendré du Père, et le Saint-Esprit
no procéderait pas du Père et du Fils. Il y a c«p. m.
donc trois coéternels, consubstanticls et coes-
sentiels. Quand on a demandé aux saints Pè-
res ce qu'étaient ces trois, ils n'ont pas osé
dire que c'étaient des essences, des substan-
ces ou des natures, de peur que l'on ne crût
qu'ils avaient diverses essences, ou natures
ou substances; mais ils ont dit trois person-
nes et une essence, afin que l'unité d'essence
marquât l'unité de Dieu, et que les trois per-
sonnes marquassent la Sainte Trinité. Cette
Trinité inséparable et immuable n'admet
point trois dieux comme elle n'admet point
trois essences, ou substances ou natures. »
Saint Fulgence allègue, pour prouver la Tri- 'J-
nité des personnes en une seule nature, les
passages que l'on rapporte communément,
et il en use de même pour établir la divinité
du Fils et du Saint-Esprit. Et, pour faire con-
cevoir cette unité de nature en trois person-
nes, il donne divers exemples tirés des choses
créées. «Tout corps, dit-il, soit grand, soit pe-
tit, a un nombre départies, une mesure et un
poids; il ne peut être sans ce nombre, sans
ce poids et sans cette mesure, et là où se
trouve l'un des trois, les deux autres s'y trou-
vent nécessairement. Dans l'âme de l'hom-
me se trouvent la mémoire, le conseil et la
volonté, l'un des trois ne peut être sans les
deux autres. » Il cite un Père qui avait mar-
qué également ces trois choses dans l'àme,
en disant lorsqu'il priait Dieu: «Que je me
souvienne de vous, que je vous conçoive,
que je vous aime. »
3. Sur l'incarnation, il dit qu'elle n'appar-
tient point à toute la Trinité, mais au Fils
Suite da li-
vre de la Irl-
Dite,
• Pater Filius non est, Filius Pater non est,
Spiritus Sanctus nec Pater nec Filius. Et cum
ires sint, quod est, rogo, nomen unum Patris et
Filii el Spiritus Sancti, in quo nos oporteat bapli-
zari. nisi illud scilicet nomen deitatis quod tripli-
cari non polest ? Quamvis enim dicamus Patrem
Dium, Filium Deum, Spirituni Sanctum Deum,
iamen non dicimus très deos, quia scriptum est:
Audi, Israël , Domiaus Deus tuus uuus est. Vnus
est igilur Deus in nalura, non in persona ; quia
alia est persona Patris, alia Filii, alia Spiritus
Sancti. Pater a nullo est genitus , Filius a Pâtre
est genitus, Spiritus Sanctus a Pâtre Filioque
procedens est. Ista relativa nomina Trinitatem
faciunt. Essentiatia vero nullo modo triplican-
lur; quodlibet de his nominibus in illa sancta ,
summaque Trinitate dixeris. unum idemque si-
gni/icat. ^on est diversa Pati-is et Filii et Spiri-
tus Sancti essentia. Quod si esset , nec veraciter
Filius a Pâtre gigneretur , nec Spiritus Sanc-
tus a Pâtre Filioque procederet... Ergo sunt tria
quœdam coœterna, consubstantialia, coessentia-
lia. Sed cum quœreretur a Patribus, et dicere-
tur, quid tria ? ]\'ec essentias, nec substantias, nec
naturas dicere ausi sunt; ne aligna forte diversitas
crederetur essentiarum. aut naturarwn, aut sub-
stantiarum : sed dixerunt très personas, unam
essentiam : uti una essentia declararet Deum
unum, 1res autem personœ Sanctam Trinitatem
ostenderent. Fulg., lib. De Trinit., cap. ii et in,
pag. 329 et 330.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
52
c... r,. seul, n'étant pas permis de croire que le Pè-
re ou lo Saint-Esprit se soient faits liomme,
ni ([uils aient sou(l'erl comme homme. Il ap-
pelle mission du Saint-Esprit son apparition
en forme de colombe et de langue de feu, et
il met cette dill'érence entre la mission du
Fils et celle du Saint-Esprit, que celle-ci n'a
été que pour un temps, au lieu que la mission
du Fils qui consiste dans son union pei-son-
nelle avec la nature humaine durera toujours.
V,,:. Il enseigne que c'est par la puissance de la
Trinité que toutes choses ont été créées, que
les anges sont les premiers et les excellents
des êtres créés, qu'une partie d'entre eux
sont déchus de leur état pour n'avoir pas
voulu faire la volonté de leur Créateur, et
qu'en conséquence de leur désobéissance ils
seront punis dans les flammes éternelles,
parce cpi'il était en eux de persévérer dans la
béatitude dans laquelle ils avaient été créés,
que les autres, pour s'être attachés à leur
Créateur, ont acquis une béatitude encore
plus grande, de laquelle ils ne pourront ja-
mais déchoir, leur volonté étant tellement
fixée au bien qu'il ne lui est plus hbre de
vouloir pécher, ni de le pouvoir. Saiut Ful-
gence dit que quelques grands et doctes per-
sonnages ont assuré que les anges étaient
composés de deux substances : l'une qu'ils
appellent esprit incorporel, par lequel ils sont
sans cesse occupés de la contemplation de
Dieu; l'autre corporelle avec laquelle ils ont
de temps en temps apparu aux hommes. Dieu,
pour réparer la perte des anges tombés du ciel
par leur désobéissance, a créé l'homme, en
le formant de corps et d'âme. L'âme de l'hom-
me est raisonnable et immortelle. Il aurait mê-
me été immortel selon le corps, s'il n'eût pas
péché , mais en punition de son péché son
corps est devenu sujet à la mort. Pour le ra-
cheter, le Fils unique de Dieu s'est fait chair,
alin défaire les fonctions de médiateur entre
Dieu et les hommes. Ce n'est donc poiut en
. lui-même que l'homme doit se glorifier s'il est
délivré, mais daus le Seigneur de qui il a reçu
tout ce qu'il a. « Nous ne disons point pour
cela ', ajoute ce Père, que le genre humain
ait perdu son libre arbitre, car il avait sou
libre arbitre avant d'être délivré par la grâce
• Kechocdicimus, quod liberum urbitrium per-
dideril humanum genus. llabel enim antequam
Ubereivr gralia SaUaloris, ad inalum, non ad
bonuiii proclive; iiuapropUr ipsuiii liberum arbi-
trium gratia Uei liberalur, ulbonum velit et pos-
sit. lia entm quUliim ex Pulribus ail quod gralia
du Sauveur, mais alors ce libre arbitre était
porté au mal et non au bien. C'est pourquoi
il a i.esoin d'être délivré par la grâce, afin
qu'il veuille et qu'il puisse faire le bien, se-
lon ce que dit un des Pères, qu'il faut que la
grâce prévienne l'homme, lorsqu'il ne veut
pas encore, afin qu'il veuille; et qu'elle le
suive lorsqu'il veut, afin qu'il ne veuille pas
inutilement. Ainsi avant que l'homme ait la
foi, il a le libre arbitre, mais pour le mal; et
lorsqu'il a la foi, il a le libre arbitre pour lo
bien , mais après qu'il a été délivré par la
grâce de Dieu. » Il distingue avec saint Au-
gustin la grâce des deux états, en disant
qu'.\.dam, avant son péché, avait une grâce
par laquelle il pouvait avoir la justice s'il l'eût
voulu , mais que la grâce par laquelle les
hommes sont rachetés de la masse de perdi-
tion est plus forte, puisqu'elle fait que l'hom-
me veut et qu'il veut si bien, qu'il aime avec
tant d'ardeur qu'il surmonte , par la volon-
té de l'esprit, la volupté de la chair. Il en-
seigne que , tandis que nous sommes en ce
monde, nous ne pouvons y être sans péché,
mais qu'après le baptême il nous reste un
moyen de les etfacer qui est la pénitence ; que
ceux-là se trompent beaucoup qui croient pou-
voir commettre impunément des péchés sous
prétexte qu'ils fout quelques aumûmes aux
pauvres, qu'il faut faire des aumônes , mais
auparavant quitter le vice. Il dit aussi quel-
que chose des diflércuts degrés de gloire que
les hommes posséderont dans le ciel, en pro-
portion des mérites qu'ils se seront acquis
par leur vertu sur la terre. Il établit com-
me certain que tous les corps des hommes,
soit ceux qui ont été consumés par le feu ou
dévorés par les bêtes, ou engloutis dans les
eaux, ressusciteront en \m moment, chacun
dans leur propre sexe ; que les bons jouiront
dans le ciel d'une félicité éternelle avec Dieu,
et que les méchants seront punis par des sup-
plices qui u'aurout point de fin.
§XIV.
Les deux livres de la Rémission des péchés.
{ . L'auteur de la Vie de saint Fulgence rap-
porta à son Stecond exil ses deux livres de la
Dei prœveniat nolentem ut velil ; subsequatur vo-
Icntem, ne frustra relit. Ac sic Iwmo antequam sit
(idclis habel liberum arbilrium ad malum , habct
fidelis liberum arbitriuni et ad bonum, gralia Dei
scilicet liberatuin. Fulg., lib. De Trinil. , cap. x,
pag. 336.
Cip. xn
Ilt'IUlMii D ù -
pL'Ctié-, ecnl'
ven Itn Gil.
[vr SIÈCLE.] CHAPITRE I. — SAINT
/Irmiasinn des pMiês. Il les composa pour
rc'pondro ii la consiillation tl'iiii homme de
pi^ti^ noinmi! Enlhymius qui di^sirait sa-
voir qui sont ceux h qui Dieu louict les pé-
chés eu cette vie, et si par sa loiite-[)uissancc
il ne les remet pas quelquefois aux morts
après cette vie.
pre.""o"rhïr'o", 2. Saiut Fulgcuce explique dans son pre-
"^Kiii'^T. mier livre en quoi consiste la rémission des
péchés. «Par elle, dit-il, Dieu arrache de la
puissance des tén(Nbres ceux qu'il transfère
dans le roj-aume de son Fils ; par elle, ils sont
délivrés de la peine éternelle pour jouir d'u-
ne joie qui n'aura point de fin ; par elle, ils
sont déchargés du poids, c'est-^-dire du pé-
ché qu'ils ont contracté dans leur naissance,
de même que de ceux qu'ils ont commis dans
leur jeunesse. Elle est telle que, pour nous
l'obtenir, le Fils unique de Dieu s'est fait
T. bomme et a rcipandu son sang. » Il dit que,
pour parvenir à la rémission des péchés, trois
choses sont nécessaires : la foi, les bonnes œu-
vres et le temps , en sorte qu'on ne peut l'ob-
tenir si quelqu'une de ces trois choses vient
Ti. à manquer. 11 ne laisse pas d'avancer que
la seule conversion du cœur, quand elle est
vraie, peut obtenir de Dieu la rémission des
péchés, mais de la manière qu'il s'explique
dans la suite, il veut que cette conversion soit
II. accompagnée de pénitence, en quoi il s'auto-
i>.i.xji,i-.. rise de ces paroles du Prophète: Si vous êtes
convertis et si votis gémisse: si<r vos fautes, voiis
serez sauvés. « Ce n'est pas sans raison, ajou-
te-t-il, que l'Ecriture dit ces deux choses né-
cessaires pour obtenir le salut : car il j- en a
qui, etl'raj'és à la vue de leurs péchés en gé-
missent dans la prière, et qui toutefois ne
Cap'!"'. quittent pas leurs mauvaises habitudes. Ils
avouent leurs fautes, mais ils ne cessent d'en
commettre. Ils s'accusent humblement devant
Dieu, mais ils continuent de faire les mêmes
péchés qu'ils ont confessés avec humilité. Ils
demandent un remède au médecin, et ils ren-
dent leur maladie incurable en l'augmentant
FULGENCE DE UUSPE. 53
par lein-s désordres. Mais c'est inutilement
qu'ils cherchent h apaiser le juste Juge par
h'ur'S paroh\s, tandis f|u'ils irriloul sa colère
parleMrsniauvaisesailions.Il faut donc que le
pécheur pleure en même temps ses fautes et c»r. tm.
qu'il se convertisse.» Ce Père mot parmi les
pi'chés dont on doit faire pénitence ceux que
l'on a commis par ignorance, en quoi il s'auto-
rise des exemples de David et de saint l'atd,
qui ont l'un et l'autre demandé pardon des
péchés qu'ils avaient commis par ignorance. -
Il met cette diflV-rence entre rimpi('té et l'ini-
quité, que l'impiété renferme ou l'infidé'lité
ou une foi dépravée : en ce sens les infidèles »"
sont des impies, parce qu'ils ne croient pas
en Dieu, et les hérétiques peuvent aussi être
regardés comme impies, parce que leur foi
n'est pas véritable. L'iniquité se dit de tou-
tes les actions qui souillent les mœurs. Ainsi,
la conversion, pour être agréable devant Dieu
doit renfermer en même temps la vraie foi et
la bonne vie. « Mais ce n'est que dans l'Église im
catholicpie seule', dit-il, que l'on donne et
que l'on reçoit la rémission des péchés. C'est ,„
cette Église que l'Époux appelle lui-même son
unique colombe; c'est elle qu'il s'est unique-
ment choisie, qu'il a fondée sur la pierre, à
laquelle il a donné les clefs du royaume des
cieux, et la puissance de lier et de délier les
péchés, selon que la Vérité même l'a promis
à saint Pierre, en disant : Vous êtes Pierre,
et sur cette pierre je biUirai mon hglise. tjui- i».
conque se trouve hors de cette Église qui a
reçu les clefs du royaume des cieux , n'est
pas dans la voie du ciel, mais dans la voie
de l'enfer, soit qu'il demeure sans baptême,
comme les païens, soit qu'il l'ait reçu au
nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, s'il
persévère dans l'hérésie. Car encore que
quelqu'un soit baptisé au nom de ces trois
personnes, soit au dedans, soit au dehors de
l'Église, il n'acquerra point la vie éternelle
par le mérite du baptême, s'il ne finit sa vie
dans le sein de l'Église catholique. Quicon-
1 In sola ergo Ecclcsia catholica datur et acci-
pitur remissio peccatornm, qnam ipse sponsus
unam esse dicit columham suam , vnam electam
suam, qiiam super pelrain fundavit , cui claves
regni cœloruvi dédit, ctii etiam poteslntem lirjandi,
solvendique coitccssit, sicut bento Pctro veritas
ipsa veraciter repromiltil, dicens : Tu es Petrus,
et super liaiic petram tPdifioabo Ei'clesiam ineam.
Ab hac Ecclcsiii quœ claves regni cœlorum accepit,
quiaquis foris est , non cœli l'iam graditur, sed
inferni; non snlnmsi remaneat sine baptismopa-
ganus,sed eliam Si in nominc Palris et l'ilii et
Spiritns Sancti baptizatus perseverel, hœreti-cus.
Neque enim per baplismi merilum adipiscitur -ve-
ram vitam, si quis in nomine Patris et Filii et
Spirit^is Sancti sive intra Ecclesiam, sire extra
Ecclesiam baptizatus, non tamenintra Ecclesiam
catholicam terminaril hanc vitam : neci'ivrt per
ecclesiastici baptismatis sacramenttim qui non
tenuerit ecclesiasticœ fidei cliaritatisque consor-
tium. Ille enim salralnr sacramento baptismatis,
quem intra Ecclesiam catlioUcam vsque ad obi-
tnni prœsenlis vitœ tenuerit unitas charilatis.
Fui},'., lib. I De Rem. pecca'., cap. mx.
54
HISTOIIIE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cjp- XI*.
XX11 tlxxiti.
AnolT'c du
ffrn.iH liTrp,
Cip. 1.
Jar II, t7.
que ne gardera pas le lien de la foi et de la
charité ne vivra point par le sacrement du
baptême. Celui-là seul sera sauvé par ce sa-
crement, que l'unité de la charité aura retenu
dans l'Église catholique jusqu'à la mort.
Néanmoins, dans le siècle présent, les justes
et les pécheurs sont mêlés ensemble dans l'É-
glise catholique ' par la communion des mê-
mes sacrements et la profession de la même
foi, mais non pas par la ressemblance de leurs
mœurs et de leur conduite : en sorte qu'on
peut dire que les méchants y sont de corps
et non de cœur ; qu'ils en professent la foi,
mais qu'ils n'en font pas les œuvres.» Il trou-
ve dans l'arche de Noé la figure de l'Église
catholique, de même que dans la maison de
Raab. « De même, dit-il , que tous ceux qui
ne se trouvèrent ni dans l'arche, ni dans
la maison de cette femme, périrent; ainsi
tous ceux qui ne sont point dans l'Église ca-
tholique périront éternellement. » Sur quoi il
rapporte un passage de saint Cyprien, qui a
dit aussi que l'arche était la figure de l'É-
glise, et l'eau du déluge la figure du baptê-
me. Il exhorte donc tous ceux qui sont hors
de l'Église d'y rentrer au plus tôt, en leur
promettant le pardon de leurs péchés s'ils y
rentrent avec une vraie foi et le cœur con-
trit. Il combat en passant ceux qui niaient
que l'Église eût le pouvoir de remettre les
péchés, soutenant qu'il n'y en a point qu'elle
ne puisse remettre; et que le péché qu'elle
n'aura pas remis en ce monde ne pourra pas
être remis en l'autre. Selon ce Père, le pé-
ché contre le Saint-Esprit, que l'Écriture dit
n'être pas rémissible, est l'impénitence fi-
nale.
3. Api-ès avoir établi dans le premier livre
que la rémission des péchés ne s'accorde
que dans l'Église catholique , et h ceux qui
joignent les œuvres à la foi, parce que de
même que la foi est morte sans les œuvres,
ainsi que nous l'apprend saint Jacques, de
Rom.
SI.
Rom.
i».
même, selon saint Paul, tout ce qui ne vient
pas de la foi est péché. Il entreprend de
montrer que la rémission des péchés n'est
accordée' qu'à ceux qui en ce monde ont
fait pénitence. Saint Pierre dit dans sa j" p»"-
seconde Épitre, que le Seigneur n'a point
retardé l'accomplissement de sa promesse,
comme quelques-uns se l'imaginent ; mais
qu'il nous attend avec patience, ne voulant
point qu'aucun périsse, mais que tous retour-
nent à lui par la pénitence. Comme ce n'est f'p. "•
seulement que dans ce monde que Dieu nous
attend à pénitence , ce n'est aussi que dans
ce monde que la rémission de nos péchés
nous est donnée. Si l'on pouvait faire dans
l'autre une pénitence fructueuse, cet apôtre
ne dirait pas que Dieu attend les pécheurs
avec patience, parce qu'il ne veut pas qu'au-
cun périsse. « Mais, dit-il, qui sont ceux dont il
ne veut pas la perte ? Ce sont ceux qu'il a con-
nus dans sa prescience et qu'il a prédestinés
pour être conformes à l'image de son Fils.
Aucun' de ces prédestinés ne périt. Car,
gid peut }vsister à la volonté de Dieu ? Ils sont
donc prévenus gratuitement par la miséri-
corde de Dieu avant la fin de leur vie. Leur
cœur est touché d'une componction humble
et salutaire ; Dieu lui-même les convertit et
leur inspire des sentiments de pénitence, se-
lon qu'il l'a ordonné dans les desseins éter-
nels de sa miséricorde entièrement gratuite à
leur égard, afin qu'étant convertis ils ne péris-
sent point, mais qu'ils aient la vie éternelle.
C'est d'eux, sans doute, qu'il faut entendre ces
paroles de saint Paul : Dieu veut que tous les
hommes soient sauvés, et qu'ils arrivent à la
C07inaissance de la vérité. Car du moment que
celui qui a fait tout ce qu'il a voulu, veut ce-
la, c'est-à-dire que les élus soient sauvés, il
fait toujours ce q>i 'il veut, sans que rien puisse
y mcttie obstacle. Ainsi ce que veut la vo-
lonté immuable et invincible du Tout-Puis-
sant, s'accomplit en eux ; et comme cette vo-
1 Timotlj. it,
' Inlra caihnlicam quippe Ecclesiam in prœ-
setxli sœculo jusli eliniqui tcnenlur admixli, sa-
cramenlorum scilicet communione , non morum,
id est, societate creduUtatis, non similitudine con-
versationis. Aon ergo corde scd corpore , quia
profcssinne non opère. Ibid., oap. xvn*i, jing. 374.
' Isl07'um nemo périt : voliiiitati aut'-iii pjus
quis rcsislit ? /s<i (inle fmem pnvsenliœ vitœ Dei
miserimrdia gratis prœveniunlur; ipsi corde con-
Irito et humiltati) snhibhlcr coniptingunlur : cl
ouinc» ad pœniUnliam divino minière convcrtun-
lur : (id quam sunl divinilus prwdeslinuii pcr gra-
tuilam qraliam, ut conversi non perçant, scd ha-
beanl tilam œlernam. Hi prncul dubio sunt om-
1105, quod secunduin heati Pauli prœconixim Deus
vult salvos fieri cl iii agiiitioncm vi>ritati.< venire.
Utiia enim ille hoc viill qui omnia quœcumqu^
voluit fccil, quod vnU sempcr insupcrabililer fa-
cil. Hoc xtlique in eis impiclur, quod omnipoten-
tis Vci roliintas incontmulahilis cl insuperabilis
habrl : cujus si ut mulari roluntas non polcst m
disposUione , ila nec prohiheiur, ncc impeditur
polcstas in opère : quia ncc n qnilalem illius va-
let quisquam juste reprelundcre, ncc misericor-
diam ipsius polesl aliquis obviare. Lib. Il, aip. n,
pag. 381.
CHAPITRE I. — SAINT FUI.GEXCE DE RUSPE.
Cap. III.
Sap. T, 1,
Sap. III, II.
Cap. r.
Bccl. T, 8.
II Cnr. Ti|
II Cn,
10.
Cip. VI,
Psal. I, 6.
Galat. YI,7.
Cap. VII,
cl VIII,
[VI" SIÈCLE,]
loiité divine n'est sujclto'à. aucun clmnge-
niciit dans l'ordre do ses rt'solutions et de ses
de.'^seins, de même elle ne peut être ni re-
tardi5e, nf cmpèchiie dans leur exécution ;
parce que, de nn^nie que personne ne peut
accuser ni reprendre la justice de ses dé-
crets, de même personne ne peut mettre
obstacle aux elTets de sa miséricorde, »
■4, Saint Fuli^on^e objecte ([u'il est dit dans
le livre de la Satresse, qu'au jour du juj;c-
ment , les méchants seront surpris d'éton-
nement, en voyant contre leur attente les
justes sauvés, eux dont la vie leur par.iissait
une folie, 11 réjiond que l'on ne peut en infé-
rer que le salut doive être accordé en ce jour
à ceux qui ont passé cette vie dans les cri-
mes; mais seulement que le salut que les
impies n'avaient poizit espéré, a été accordé
aux justes, qui l'avaient mérité dès cette vie
par leurs vertus. Les impies n'oht point de
salut à espérer, parce que selon la parole du
Sage : L'espérance de ceux qui rejettent la sa-
gesse et l'instruction, est vaine : leurs travaux
sont sans fruits, et leurs œuvres soiit inutiles.
L'Écriture montre assez clairement que l'au-
tre vie n'est pas un temps de pardon, mais
de vengeance, lorsqu'elle nous dit : Ne dif-
férez point de vous convertir au Seigneur, et ne
remettez point de jour en Jour : car sa colère
éclatera tout d'un coup, et il vous perdra au
iourde la vengeance; etl'Apûtre, après avoir
marqué que cette vie est le temps auquel
nous devons travailler à notre salut, dit que
dans l'autre nous paraîtrons devant le tribu-
nal de Jésus-Christ, pour y être jugés selon
nos œuvres. D'où saint Fulgeuce conclut
que la vie éternelle ne nous sera point don-
née dans le siècle futur, si dès celui-ci nous
n'avons obtenu la rémission de nos fautes :
parce que, dans ce jugement, la miséricorde
ne justifiera pas l'impie, mais la justice dis-
tinguera le juste de l'impie, selon qu'il est
écrit dans le psaume x* : Le Seigneur inten'oge
le juste et V impie. Ne vous trompez pas, dit
l'Apôtre, l'homme ne recueillera que ce qu'il
aura se>7ié. Vous ne recueillerez en l'autre
vie que ce que vous aurez semé en celle-ci.
Ce qu'il exprime, en ajoutant : Car celui
qui sème dans In chair, recueillera dans la
chair la corruption ; et celui qui sème dans
l'esprit, recueillera dans l'esprit la vie éter-
nelle. Saint Fulgcnce rapporte divers autres c«P' ■«. ».
~ ^ '^ XI, Xtl,XIIICt
passages de la .sainte Lcrituie, pour mon- »"•
trer qu'on n'obtient la rémission des pé-
chés qu'en cette vie, et cpae tous ceux qui
mourront en état de péché, seront damnés :
ce qui fait voir qu'il ne parle que des péchés
qifuionnent la mort à l'àme, et non des pei-
nes qui peuvent rester ft expier aux justes.
Il cite la parabole du mauvais riche et de
Lazare, qui prouve évidemment qu'après
cette vie les bons ne peuvent passer au lieu
de la demeure des méchants, ni les méchants
an repos des bienheureux. Il dit qu'il y a >v.
cette dillerence entre la pénitence des élus
et des réprouvés, que la tristesse de ceux-là,
qui est selon Dieu, produit pour le salut une
pénitence stable , en sorte qu'étant péni-
tents eu ce monde, et véritablement conver-
tis, le salut éternel leur est donné dans l'au-
tre ; au lieu que la pénitence de ceux-ci ne iicr. t.i,
cesse pas même dans laulre monde, parce
qu'ils ne l'ont pas faite en cette vie. Car il
ne faut pas s'imaginer que tovis ceux qui
confessent leurs péchés en obtiennent la ré-
mission, lorsqu'ils ne les confessent que de
bouche; Dieu, qui connaît le fond des
cœurs, ne faisant point attention aux paro-
les. Saûl, repris par Samuel, confessa son ^i »••?• ^'i
péché, tout saisi de crainte : cependant il
n'en obtint point le pardon, parce que son
cœur n'était pas droit devant le Seigneur, La
raison qu'en donne ce Père, c'est que la
confession qu'il avait faite de son crime ',
avait pour principe la crainte du châtiment
qu'il avait mérité, et non Ihorreur du crime
qu'il avait commis, « Il nchaïssait point, dit-il,
son péché, mais il craignait une peine qu'il
ne voulait pas souÛ'rir : il ne détestait pas son
crime, mais il était saisi de crainte à la vue
de la vengeance divine qui allait tomber sur
sa tête, David % au contraire, repris par le
prophète Nathan, confessa son péché et en
obtint le pardon, parce qu'aussitôt il quitta
le désir du péché, et etlaça par la pénitence
celui qu'il avait commis, »
' Ad Saiilem increpandum cum propheta Sa-
muel advenisset, ille pcrterritus peccatum suum
confessus est, nec tamen est iiidulgentiam conse-
culus : qui,! cor cjus non erat coram Deo, Illa
enim peccati conl'cssio ex timoré fuit supplicii,
non ex horrore peccati. Non odivit quod fecerat.
sed timuit quod nolebat : nec culpamsuam con-
fersione culpavit , sed ad prœsens divini furoris
percussus terrore contremuit. Lib. II De Rem.
peccat., cap, sv, pag. 398.
2 David conversus peccandi protinus abjecit de-
sideriitm, et pœnileiulo ipse suum punivit admis-
sum. Ibid.
56
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
c«p. «rr. 5. «La confession des péchés', dit-il, devient
donc utile, lorsque le péclieur, après avoir
confessé ce qu'il avait fait de mal , ne le fait
plus à l'avenir, et lorsqu'il s'applique à sur-
passer par ses bonnes œuvres le mérite de
Boai. V, !o. ses crimes passés : afin que, selon l'Apôtre,
où il y avait eu une abondance de péchi\ il
y ait une surabondance de grâce. » Saint Ful-
gence blâme la conduite de ceux qui, ne
connaissant pas la vertu de la pénitence, se
repentent tellement de leurs fautes, qu'ils
n'en espèrent point le pardon, et dit qu'en
désespérant de l'obtenir, ils ne font qu'aug-
menter leurs péchés ; que telle fut la péni-
tence de Judas , que ce traître eut le temps
d'obtenir la rémission de son crime, et que Jé-
sus-Clirisl qui est mort pour les impies ne lui
aurait point refusé le bénéfice du pardon, s'il
ne se fût ôté à lui-même, par sou désespoir,
iip. XIII. le moyen de le mériter. Pour prouver en-
core qu'il n'y a que cette vie où l'homme
puisse opérer son salut , le saint évéque
rapporte ce qui est dit dans l'Évangile des
dillcrentes heures auxquelles le Père de fa-
mille envoya des ouvriers travailler à sa vi-
gne. Il prétend que ces ditlurentes heures
marquent les ditlërents âges du monde et
des hommes, disant qu'en tout- temps de la
vie présente, tout péclieur véritablement
converti à Dieu, en obtient aussitôt la rémis-
m. sion de ses péchés ; mais aussi que person-
ne ne sort avec sécurité de cette vie, si
avant de la finir il ne renonce à l'iniquité.
§ XV.
Des trois livres de la Vérité, de la Prédestination
et de la Grâce de Dieu.
oct.jion do 1. Saint Fulircnce, de retour en Afrique,
(eriueu 521. après la mort de Trasamond arrivée au mois
de mai de l'an 523, composa trois livres pour
établir la vérité de la prédestination et de la
grâce de Dieu, contre ceux qui prétendaient
Cip.>. que les dons delà divine bonté dépendaient
de la qualité des actions des iiommes : en sorte
que Dieu ne leur fit aucune grâce qu'ils ne
l'eussent méritée, et qu'il n'eût prévu qu'ils
la mériteraient, s'il leur conservait la vie. Il
adressa ces livres à Jean et à Vénérius qui lui
avaient rapporté les mauvais sentiments que
quelques-uns, qui faisaient toutefois profes- "
sion de la religion cathoiiiiue , avaient rela-
tivement à la prédestination et sftr la grâce.
2. Dans le premier livre, ce Père se propose *"•'?
de montrer que la prédestination est purement ff- '»*
gratuite. « L'iiomme , dit-il, avait été créé
tel, qu'il pouvait ou pécher ou ne pas pécher
par sa propre volonté : c'est pourquoi il a été Cip. u
justement puni pour avoir péché volontaire-
ment, n'ayant été contraint de pécher par au-
cune nécessité naturelle du corps ni de l'âme.
Par ce péché volontaire de l'âme, l'homme est
devenu sujet à la mort. Tout le genre humain
a été enveloppé dans la prévarication du pre-
mier homme, et conséquemment dans la ser-
vitude à laquelle son péché l'avait réduit. Jé-
sus-Cluist, seul médiateur de Dieu et des hom-
mes, a été exempt de cette servitude, dans
laquelle les enfants mêmes sont compris, par-
ce qu'encore qu'il soit né vrai homme, la con-
cupiscence de la chair n'a eu aucune part à
sa naissance, étant né du Saint-Esprit. Aussi
sa mère est demeurée vierge depuis son en-
fantement, comme elle l'était avant de l'avoir
conçu. Car il n'était pas convenable que Dieu
qui, en créant la chair humaine, lui avait ac-
cordél'intégritcde la virginité, l'otât à la chair
de laquelle il voulait naître. Mais afin qu'il y
eût une surabondance de grâce, où il y avait
eu une surabondance de péché, Jésus-Christ
n'a pas seulement effacé le péché, par lequel
le premier homme a souillé toute la race, mais
il a fait encore que tous les autres péchés
que nous commettons de nous-mêmes sont
remis par sa grâce à ceux qui croient en lui.
Par le jugement de Dieu, dit l'Apôlre, nous
avons été condamnés pour un seul péché, au lieu
que nous sommes justifiés par la g race après plu-
sieurs /x-c/tés. Celte grâce de Dieu par laquelle
nous sommes sauvés n'est donnée à personne
en vue d'un mérite précédent, comme ce n'est
pas non plus en vue des mérites que Dieu sé-
pare les uns de la masse corrompue, tandis ^
qu'il y laisse les autres. La bonté de Dieu "''•■
toute gratuite éclate dans ceux à qui il fait
miséricorde, comme la justice paraît dans
ceux à qui il ne la fait pas, parce qu'étant
coupables, ils mérileni d'être punis. » L'argu-
livre,
Boin. r, 16.
' Tune ergo prodesl peccali confessio, si con-
fessiis peccntum quoi mule feccral, ultra non fa-
cUU : et biiuoruiH studio njiernm pnvIiTilorum
criminum mcrila superare coittendul : ut secun-
duin Àpostoli dicluin , iibi îiliiiiidavit lU'iMaituui ,
gii|n;rabuiiilitgraliii. lliid., cuii. .\\i, |>U(;. 39a.
' In quacnmque rita' prœsentis a'iate omnis
iniquus , aut in(pius loto corde fueril conrersus
ad Dcum, staiiui praterilvnim omnium remis-
sionem accipicl pcccaloruin. Ibiil., cap. .wiu, jMig.
4UI.
[vr SIKCLE.]
CFIAPITRE I. — SAINT FHF.r.ENCIi; DK UUSPE.
r>7
ment sur lequel saint Fulgence presse le plus
ponr montrer que la prédestination est pure-
ment gratuite, est tiré de l'oxeinplc des en-
fants dont les uns mourants aussilôt après
avoir reçu le baptême sont sauvés, et les au-
tres prévenus par la mort avant d'avoir reçu
Cip. VI. ce sacrement, sont damnés. Il soutient qu'il
n'y a aucune ditlV'rencc de mérite (]ui fasse
que lie ilcux enfants, l'un soit choisi et l'autre
réprouvé; et que si l'on a égard à la volonté'
des parents, ceux qui sont chrétiens ont dé-
siré avec beaucoup d'empressement ([ue letu'
enfant fut baptisé, et (pie toutefois leur lils
étant prévenu parla mort avant d'avoir reçu
le baptême, il est condamné au feu éternel;
tandis qu'un enfant qui est né de parents infi-
dèles, et quiconircleurvolonté aété conduit
A la grâce du baptême, est fait héritier de Dieu
et cohéritier de Jésus-Christ. « Qu'est-ce que
Dieu , dit-il , avait prévu de fulur dans ces
deux enfants , qui devait empêcher que la
charité paternelle ne pût servir de rien à l'un,
et faire qu'une cruauté ennemie profitât beau-
coup à l'antre ? Qui est-ce qui peut pénétrer la
profondeur de ces jugements de Dieu? Mais
aussi qui est-ce qui ne reconnaîtra pas ici la
miséricorde de la bonté gratuite, et la jus-
tice de la divine sévérité? N'y ayant rien de
méritoire dans les actions de ces deux enfants,
ni aucune différence de cause dans leur ori-
gine, il est évident qu'ils ont été l'un et l'au-
tre liés par les liens du péché originel ; mais il
n'est pas connu pourquoi ils n'ont pas tous les
sM'. deux été délivri'S. Pourquoi, dira quelqu'un.
Dieu, n'a-t-il pas* fait sentir à l'un et à l'au-
tre les elfets de sa miséricorde graluilc, [mis'
qu'ils étaient coupables d'un môme péché? »
Saint Fulgencc n'pond, sans vouloir appro-
foutlir les jugements incompréhensibles de
Dieu, que ces deux enfants ne sont ni tous
tieux délivrés, ni tous deux condamnés, par-
ce que Dieu qui ne peut ni voidoir, ni faire le
mal, a voulu par une juste sévérité que l'on
exigeât de l'un sa dette, et par une bonté
gratuite, que la dette fut remise à l'autre.
3. Ce Père, comparant ensuite la cause c^-
des enfants qui meurent sans baptême, avec
celle des adultes qui meurent dans l'inlidé-
lité , n'y trouve point de ditl'ércnce h cer-
tains égards. « La cause des adultes ', dit-il,
et des enfants qui achèvent le cours de la
vie présente dans l'intidélilé avant d'avoir
reçu le baptême , est la môme quant à la
participation du péché originel. Les uns et
les autres passeront de cette vie dans le feu
éternel, qui est préparé au diable et à ses
anges ; parce que la cédule par laquelle la
malice du séducteur les tient soumis à sa
puissance, n'a pas été effacée par la miséri-
corde du Sauveur. Dieu rendra à chacun se-
lon ses œuvres ; en sorte que non-seulement
ils brûlent, à cause du péché originc^l, dans
le feu éternel, où les enfants mêmes qui
sont morts sans avoir reçu le baptême, et
qui n'ont ftiit aucune action bonne ou mau-
vaise, doivent brûler; mais encore ils souf-
frent, eu punition de leur mauvaise volonté,
des peines d'autant plus grandes, qu'ils ont
ajouté au premier péché un plus grand nom-
bre d'iniquités qui leur sont propres, » 11 dit
* Si vero parentum consideretur volunlas, illi
qui christiani sunt , ul eorum filius baptizaretur
sollicite volueriinl, instantissiine concurrcrunt,
quorum tamen filius aniequam haplizaretur morte
prœventus, a-ternis est igiiibus deputnlus : ille ve-
ro qui de inftdelibus natus esl,conlrarolunlatem
parentum perductus ad gratiam baplismi, factus
est hœres Dei et cohœres Chrisli. Quid in liis prœ-
x'idit Deus futurum, ul uni nihil conferre posset
charilas parentalis, et alteri multum crudelitas
prodesset hostilis ? Quis istam profundilatem judi-
ciorum Dei penelrare valeat .' Quis non tant' n hic
et misericordiam gratuitœ bonitalis, et justiliam
divince severitalis agnoscat ? Ubi enim duorum
parvulorum, nec in actilnis aligna sunt mérita,
nec in origine dissimilis c(tusa, manifestum qui-
dem nobis est quod ambo fuerint originalis pec-
cali vinculis obligati, occuUumvero cur non rim-
bo fuerint absohiti. Vulg., \ih. De PrœdesC, chikxm,
pag. 447.
* Dicet aliquis cur non ambobus largilus est
Deus graiuitam misericordiam , cum iinus ambos
rcatus obstrinxerit? Cui, salva incomprehensibili
altitudine judiciorum Dei, respondemus ideo non
ulrumque liberatum ess' vel ulrumqiie damna-
tum , quia Deus qui malum nec velle polest ali-
quando nec facere, ab uno jusla seviritate debi-
tum prœcepit exigi. altericcro graluitn jussit bo-
nitule dimitti. Ibid., rap. xni, pag. 448.
' Causa vero majorum atque parvulorum qui
sine baptismale cursum vitœ prœsentis in infide-
litate consummant, quantum attinet ad commu-
nioncm originalis peccali, una est; etexhacutri-
que ibunt in ignem œternum qui paratus est dia-
bolo et angclis ejus, quiuineis chirographum quo
sihi eos deceploris nequiiia suhdidit, Salvatoris
gratin non dclevit. Sed in eo est majorum causa
detevior, quia rationis utendœ facultatc percepta,
respuiinl aut negligiint regeneralionis salutare re-
médium, sine quo non solum regno potiri nequi-
bunl, quin elinm gravioribus suppliciis suhjace-
bunt... quanio amplius propria' iniqvilalis adji-
ciunt. Ibid., cap. xiv, pag. 449.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cip.x<'>
58
qu'aucun chrétien ne doit douter que la grâ-
ce ne prévienne ceux à qui le péché originel
ou les péchés actuels, sont remis; que ceux-
là se trompent beaucoup qui s'imaginent que
la grâce est donnée également à tous les
hommes; que les saints Pères que Dieu a il-
luminés par sa griice prévenante afin qu'ils
crussent, et qu'il a ensuite remplis de son
esprit, afin qu'ils enseignassent aux autres,
suivant en toutes choses la vérité de la pré-
dication apostolique, ont très-certainement
connu ' et ont donné à connaître dans leurs
livres et dans leurs lettres que la grâce de Dieu
n'est pas généralement donnée à tous les hom-
mes, parce que Dieu la donne gratuitement.
Selon le saint évéque, la grâce dont Dieu '
fait part aux vases de miséricorde , com-
mence par l'illumination du cœur ; elle ne
trouve dans l'hommo aucune bonne volonté ;
mais c'est elle qui forme la bonne volonté
même. «C'est elle, dit-il, qui nous cherche la
première, afin que nous la cherchions ; et nous
ne pouvons ni l'accepter, ni la rechercher
par nos désirs, si elle-même ne produit ce
consentement et cette recherche dans notre
cœur. Nul homme ne peut désirer cette grâ-
ce ou la demander, personne même ne la
pourra connaître, s'il ne la reçoit auparavant
de celui qui la donne avant toute bonne
œuvre, et avant même toute bonne volonté,
afin qu'elle prépare la bonne volonté de
l'homme, qu'elle la lui inspire, qu'elle l'é-
claire, qu'elle l'excite, qu'elle la conserve et
qu'elle la perfectionne. Ainsi, pour que la
grâce de Dieu soit connue de l'homme, pour
qu'elle en soit aimée, qu'il la désire et qu'il
la demande, il faut qu'elle soit avant toutes
choses donnée à cet homme qui ne la con-
naît point, ne l'aime poiut, ne la désire cl ne
la demande point. C'est donc celte grâce
PrOT. Tlll
».
CaoU ir, S,
Belir. III. l
«11.
elle-même qui se fait connaître, qui se fait
aimer et demander.» Saint Fulgence appuie
cette doctrine par divers passages de l'Kcri-
ture, en particulier par ce qui est dit dans
les Proverbes, que c'est le Seigneu7' qi/i pré-
pare la volonté, et qui nous donne consé-
qucmment le commencement de la foi, selon u,. in
que Jésus-Christ l'enseigne lorsqu'il dit à
l'Église, dans le Cantique des cantiques : Vous
viendrez, et en commençant par la foi, vous avan-
cerez.CePèrc ajoute, que c'est une chose cer-
taine et dont personne ne doit douter, que
nous ne pouvons ni avoir la foi ', ni croî-
tre dans la foi après l'avoir reçue, si celui
que saint F'aul appelle l'auteur et le consom-
mateur (le notre foi, ne nous donne cette foi
précieuse, ne la fait croître en nous après
nous l'avoir donnée, et ne la mène jusqu-'à sa
dernière perfection, après l'avoir ainsi aug-
mentée en nous. « La volonté humaine', dit- c»r. "m.
il, peut bien avant que d'avoir la foi mériter
par eUe-même le châtiment et la punition,
mais jamais elle ne pourra par elle-même
mériter la foi. Et afin que l'on n'attribue
point Ri différence des grâces aux mérites
ou aux actions humaines, saint Paul nous »«•
enseigne que la grâce donne elle-même le
commencement des mérites. Il y a, poui-suit-
il, diversité d'oj/érations surnaturelles, tnais il
n'y a qu'un Dieu, gui opère tout en tous.
C'est un seul et un même esprit qui opère
toutes ces choses , distribuant à chacun se-
Ion qu'il lui plaît. » Saint Fulgence fait voir
que le commencement de cette grâce salu-
taire ne consiste donc pas dans les forces
de la nature, ni dans les préceptes de la loi,
mais dans l'illumination du cœur ; parce
que les préceptes peuvent bien se faire en-
tendre aux oreilles de la chair , mais ils ne
peuvent pénétrer jusqu'aux oreilles du cœur
I Cnr. TU t,
E gt II.
' ni enim sancli Patres, apostolicœ prwdicatio-
nis tenentes per omnia verilatem , certissime ce-
gnoverunt cognoscendum quod libris et epistolis re-
liquerunt, gratiam Dei non omnibus hominibus gc-
neraliler dari. Iliil)., caji. xv, pag. 450.
' Ista gratia quam Deus rasis misericordiœ
gratis donat, ab illuminalUme cordis incipit, et
hominis volunlatem non bonnm invenit ipsa, sed
facit; atqxie ul eligalur, ipsa prius eligil, neque
suscipitur aul diligitur.nisi hoc ipsa in corde lio-
minis operelur. Ergo et susceplio et desiderium
graliœ opiisipsius eslgraliœ. Islam gratiam nul-
lus liominum desiderare relposcere , sed iiec co-
gnnsccrepoterit, nisi cam prius ab illn accipiat ;
gui eam nullis prœcedenlibns operibus aut i olun-
talibus bonis ad hoc largitur, ul volunlalein in
gua semper maneat, ipsa prœparet, ipsa donet,
ipsa illuminet, ipsa excilel, ipsa conservel, ipsa
consumet. Ul ergo gratia Dci cognoscatur et
diligatur, desiderctur, ac posluletur, prius dona-
tur homiyii non cognoscenti, non diligenti, non
desideranli, neque postulanli. Ipsaitaque se facil
cognosci, diligi , desiderari, poslutari. llùb., cap.
XV et XVI, png. 430.
' Cerlum est igitur /idem in nobisnec esseposse,
nec cresccre, nisi illc nobis eam Iribuat, tribiilain
augeat, auclam pcrficiat, quem auctorem, con-
summatnremque fidei apostolica pro/itelur auc-
toritas. Iliid., cap. xvii, pag. 452.
* Uumana volunlas priusquam accipiat pdem,
punilioncm per seipsam polesl mereri, non fidem.
Ibid., cap. xvui, pag. 453.
CHAPITRE I. — SAINT FULGENCE DE RUSPE.
[VI° SIÈCXE.]
si la grAce spirituelle ne les y fait entendre.
C'est elle qniopoie' et la liiniièicctle saint,
atin que l'iiommc <[ii'cllo prévient connaisse
que les préceptes de la loi, qu'il écoutait
non-seulement sans fruit, mais à sa condam-
nation, lorsqu'il n'avait pas le pouvoir de
les accomplir, sont saints, justes et bons;
mais aussi afin qu'il reçoive la charité, par
laquelle il puisse aimer et pratiquer ce qu'il
connaît. Ce Père répète ce qu'il avait déjà
dit souvent, que la jjrâce n'est pas donnée à
tous, et la raison qu'il en donne, c'est que la
foi n'est pas commune à tous.
4. Le dessein de l'auteur dans le second
livre est de montrer que le libre arbitre est
non-seidemcnt dans les bons, mais encore
dans les méchants; avec cette différence que
dans les bons il est aidé et élevé par la grâce
du Rédempteur, au lieu que dans les mé-
chants il est délaissé et puni par l'équité et
la justice d'un Dieu vengeur. « Dieu, dit-il, en
nous disant, par un de ses Prophètes, que si
nous voulons l'écouter, nous serons 7-assasiés
des bieju de la (erre ; et que si nous ne le vou-
lons pas, et si nous l'irritons contre 'nous,
l'é/jée nous dévorera, marque clairement le
libre arbitre de l'homme, et que le vouloir
et le non-vouloir est au pouvoir de notre vo-
lonté. Mais lorsque l'Apôtre dit que c'est
Dieu qui opère en nous le vouloir et le par-
faire, selon qu'il lui plaît, il montre que la
volonté de l'homme a besoin d'être dirigée
par la grâce de Dieu pour vouloir le bien, et
d'être aidée de lui pour le faire. Eu nous
commandant * de vouloir le bien, on nous
montre ce que nous devons avoir ; mais
parce que nous ne pouvons pas même avoir
ce vouloir de nous-mêmes , nous sommes
50
avertis de le demander i\ celui qui nous lo
connnande ; et nous ne pouvons pas même
le demander à Dieu, s'il ne forme dans notre
emur la volonté de le demander. » Ce Père c.p.i.
rapporte un grand nombre de témoignages
de ri*;criture, par lesquels il parait ' claire-
ment que le libre arbitre de l'honnne est de
telle nature que, soit qu'il s'agisse de com-
mencer quelque bien, il ne le peut faire s'il
n'est prévenu de la grAce; soit qu'il s'agisse
de l'achever, il ne peut encore y réussir si
la grâce qui l'a prévenu ne l'aide jusqu'à la
fin. Saint Fulgence fait voir que c'est aussi "■
de Dieu que nous vient le dessein et la vo-
lonté de prier; que la volonté de l'homme xnour.
suit toujours la grâce de Dieu qui la précè-
de ; que c'est elle seule * qui a rendu Paul
fidèle, d'infidèle qu'il était; que Paul a tou-
tefois cru volontairement, et travaillé volon-
tairement à l'œuvre du Seigneur ; mais qu'il \n.
n'aurait pu ni croire, ni travailler, s'il n'a-
vait reçu d'en haut le don de la grâce qui a
travaillé en lui et avec lui. « C'est là, dit ce
saint évêque, la doctrine des Pères catholi-
ques ' ; ils l'ont reçue des apôtres. On l'en-
seigne sans aucun doute dans l'Église, et
elle a toujours été suivie, par les évoques
grecs et latins, d'un commun consentement
et sans partage, confirmés les uns et les au-
tres, dans ces sentiments, par l'infusion du
Saint-Esprit. » 11 ajoute que c'est pour la dé- stmi.
fense de la même doctrine que saint Augus-
tin a tant travaillé contre les pélagiens et les
autres ennemis de la grâce , et il invite ceux
qui désirent sincèrement le salut éternel à
lire les écrits de ce Père. Il parait extrême-
ment surpris de la comparaison que quel-
ques-uns faisaient du don de la grâce avec
' Operatur ergo gratia et illuminationem in ho-
minibus et salutem : vt mandata legis, quœ do-
nec liomo implere nonpoteral, non tantum i/iuti-
liter, sed etiam damnabililer audiehat, adjutorio
gratiœ prœventus, non snlum sancta et justa et
bona esse noverit, verum eliam cfiaritatem acci-
piat, qua possit et deligere et implere quoi dixit.
Ibiil., cap. XX, pag. '454.
* Dum ergo pra-cipitiirnobis ut velinius, osten-
ditur quid habere debcamus ; sed quia id ex nobis
habere non possumus, admonemur ut a quo nobis
datur prœceptum , ab ipso petamus auxilium.
Quod lamen non possumus poscere, nisi Deus in
iwbis operetur et velle. Fulg., lib. Il De Prœdest.
cap. IV, pag. 4fil.
^ Ilis aique hujusmodi leslimoniis, quibus tam
nnvum qvam vêtus refertum est iestamenlum,
taie esse hominis demonstratur arbitrium, ut sive
ad inchoanda quœ bona sunt nihil possit, nisi
ipsum gralia divina prœvenerit, sive ad perfi-
cienda nullatenus sibi sufflcerevaleat, nisi gralia
qua prœvcnitur, eadem jugiter adjuvetur. Ibid. ,
cap. xvin, pag. 463.
' Ut esset Paillas ex infideli fidelis, sala gralia
operala est... atque ila volunlarie quidem Pau-
lus credidil , volunlarie abundnntius illis om-
nibus laboravit ; sed et credere ei laborare non
posset, nisi desupcr donum gratiœ in se ac
secum operanlis acciperet. Ibid., cap. xvi, pag.
470.
^ Bœc ilaque catholicorum Patrum aposlolicis
instilulionibus trodita permanet in Ecclesiis sine
aliqua dubitalione doctrina, quam grœci , latini-
que ponti/ices, Sancti Spiritus infusiune firmati,
uno atque indissociabili semper lenuere conseimt,
Ibid., cap. xvni, pag. 472.
60
HISTOIRE GÉXKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
les dix marcs d'argent que le père de fa-
mille douna à ses serviteurs, pour les faire
Lut xn.ij, profiter pendant son absence, ainsi qu'il est
rapporté dans l'Évangile. Il leur fait voir que
cette paraljûie ne peut pas même autoriser
leur doctrine, puisque ce père de famille ne
reçut aucun gage de ses serviteurs, et qu'au
contraire Dieu nous donne et sa grâce et le
gage du Saint-Esprit, comme le dit l'Apô-
iicor. T, t, tre dans ses Epitrcs. Il rejette aussi ce que
disaient les mêmes ennemis de la grâce, que
les vases d'honneur dont parle l'Apôtre mar-
quent les grands, les riches et les puissants
Rrb». 1,11 du siècle; et les vases d'ignominie, les
clercs, les moines et tous les laïques. 11 sou-
tient que cette idée est fausse, et que saint
Paul a parlé des prédestinés et des réprou-
ctf.an. vos. Il dit, à cette occasion', « qu'en ce mon-
de il n'y a point dans l'Église des dignités
supérieures à celle de l'évèque, ni dans le
■ siècle aucune dignité au-dessus de celle
d'un empereur chrétien. Mais il ne faut pas
s'imaginer, ajoute-t-il, que chaque évêque
soit un vase de miséricorde, préparé pour
la gloire, dès qu'il est élevé à la dignité
épiscopale. Non, mais il le sera, si, plein de
sollicitude pour le troupeau commis à ses
soins, il veille continuellement sur lui ; s'il
lui prêche la parole de Dieu ; s'il l'exhorte
avec instance, à temps et à contre-temps ;
s'il emploie les répréhensions, les prières,
les corrections; s'il instruit avec soin et une
patience infatigable, et qu'il n'entreprenne
point par une orgueilleuse usurpation de
gouverner avec un esprit d'empire et de do-
mination ; mais si, au contraire, remph de
la doctrine et des écrits des apôtres , il se
rend un modèle de vertu pour toute sorte de
personnes, et que loin de regarder comme
un sujet de joie et de complaisance, ce com-
ble de grandeur où il se voit élevé pour un
peu de temps, il s'étudie pai- une vraie et
sincère humilité à donner l'exemiilc d'une
vie sainte et édifiante. De même un empe-
reur ' n'est pas un vase de miséricorde des-
tiné h la gloire, parce qu'il a reçu la souve-
raine puissance sur la terre ; mais il le sera,
si, étant élevé sur le trône de l'empire, il vit
dans la foi orthodoxe ; si, pénétré d'une vraie
humilité de cœur, il soumet et fait servir à
la sainte religion le faite de la dignité roya-
le; s'il aime mieux servir Dieu avec crainte
que commander h son peuple avec orgueil ;
s'il modère sa sévérité par un esprit de dou-
ceur; si sa puissance est accompagnée de
honte; s'il se l'ait plus aimer que craindre ;
s'il songe au bien de ses sujets ; s'il exerce
tellement la justice qu'il ne néglige la mi-
séricorde; si, sur toutes choses, il se sou-
vient qu'il est fils de la sainte mère l'Eglise
catholique, et qu'il doit faire servir sa puis-
sance à lui procurer partout le monde le re-
pos et la paix. Car l'attention que les princes
chrétiens ont poin- le bien de l'Eglise, les
rend plus grands et plus Uorissants que les
combats pour le maintien de leur puissance
temporelle, en quelque partie du monde que
ce soit. Ce n'est donc point, continue saint
Fulgence, par aucune dignité du siècle ou
de l'Église, mais par la foi qui opère par la
charité, que chacun devient un vase d'hon-
neur par le don de Dieu, qui fait miséricor-
de. Le Sauveur n'appelle pas heureux ceux
qui possèdent les dignités ou séculières ou
ecclésiastiques, mais les pauvres d'esprit,
ceux qui ont le cœur pur, qui ont faim et
> Quantum pertinel ad hujus temporùi vitam ,
constat (plia inEcclesia uemo pojitifice polior, et in
sœculo nemo christiano impcraiore celsiorinveni-
tur. Seil non ideo quilihet epUcopus vas miscri-
cordiœ puletur in gloriam prœparatum, qui pon-
li/icali nnlitia fiingitur; sed si pro grege sibi
credilo sollicitits semper invigitct, prœdicet ver-
bum, inslct opportune, importune, arguât, obse-
crel. increpel. in omni patieutia et doclrina; nec
sibi dominatum supcrbus usurpare contendal ,
sed aposlolicis informaliis eloquiis, exemphtm se
cunctis exliibeat ; nec si ultius altiludinis cnlta-
lum sibi gaudeat temporale fasligium, sed si se
humili corde fidelibus prœbeal bonœ coniersalio-
nis exempluui. Iliid., cap. 22.
• Clenienlissimus quoque imperalor non ideo
est vas vtisericordia- prœpnralum in gloriam,
quia apicem tcrret>i princtpalus accepil, sed si in
impcriali culmine recta jide vivat, et vera rordis
humililate prwditus , culmen regiœ dignitatis
sanclœ religioni subjicial ; si magis in timoré
serviat Deo, quam in tumore dominari populo
delcctetur ; si in eo lenitas iracundiam miliget ,
omet benignilas potestatcm ; si se magis diligen-
dum quam metuendum cunctis exhibcal : si suh-
jcclis !:atubriter consulat -. si juslitiam sic teneat
vt misericordiam non relinquat : si prœ omnibus
se snncta' matris Ecclesiœ calholicœ memineril
plium, ut ejuspaci atque tranquillilali per wii-
vcrsum mnndum prodesse facial suum principa-
lum. Magis cnim cliriiitianum regitur ac propa-
gatur imperium , dum ecclesiasticos slatuit, per
universam terram consulilur, quam cum in parte
quarumque Icrrarum pro temporuli securitate
pugnalur. Non crgo per quamlibcl saruliaul Ec-
clesiir digniintem, sed per ftdrm quœ per dilectio-
nrm operalur. vnusquisque vas in honorem, dono
Uci miHTanlis elJicitur. ll>iJ. , cap. xxu, iiag. 477.
CIIAPITIIE I. — SAINT FL'LGENCE DE RUSI'E.
[Vl" SIÈCLE.]
soif do la juslico. l)ira-l-on ([uc rempL-rcui'
Goiisluntin t'iait un vase do misthicordo, et
(|ii'Aiit(iitii; et l'aiil (''taieiit des vases d'igno-
iiiinie? Que J'em|iereui' Tliéoduse élail un
vase de miséricorde destiné à la {jloire, et
que Jean le Tliébaïen, moine de profession,
sans l'avis duquel il ne livrait jamais de ba-
taille, parce (ju'il le reyaidail comme l'ora-
cle de Uieu, était un vase de déshonneur?
Il n'y a. personne ipi oserait nier que les
saints évèiines Innocent do Rome, Alhanasc
d'Alexandrie, llilaire de Poitiers, Aui;ustin
d'IIippone et un içraud nomln'C d'autres qui
ont l'ait paraître leur zèle pour l'Église dans
la défense de la foi, soient des vases de mi-
séricorilc; mais y aura-l-il quelqu'un d'assez
ennemi de la foi et de la charité pour oser
appeler vases d'ignominie Paul, Antoine,
Jean, Hilarion, Macaire et tant d'autres so-
litaires- célèbres par la pureté de leur foi et
de leurs mœurs? »
S. Saint Fulgence traite encore de la pré-
destination dans le ti'oisième livre , où il fait
voir que ceux que Dieu a prédestinés à la
gloire , le sont aussi aux bonnes œuvres par
lesquelles ils doivent mériter cette gloire. Il
dit qu'il est important d'instruire les fidèles
de ce qui regarde cette doctrine , afin que
lorsque l'on connaît que la prédestiualion di-
vine est une préparation éternelle de la grâ-
ce, on attribue à la même grâce les efi'ets de
cette prédestiualion, qui sont la vocation, la
juslillcation et la gloire. Car le Seigneur nous
a élus en Jésus-Christ avant la création du mon-
Gl
de, afin que nous fussions saints et irrépréhensi-
btes devant ses yeux. « La certitude ('■IitucIIc ',
dil-il, de cette pi('destiiiatioii divinr' es! si as-
surée, non-seulement par rapjjort aux œuvres
qui y conduisent , mais encore par rapport
aux [leisonncs qui doivent y avoir part, qu'il
ne peut arriver que quelqu'un de ceux qui ap-
partiennent à ce nombre heureux perde la
grâce du salut ; de même qu'il ne se peut
faire qu'aucun de ceux qui n'y sont pas com-
pris , y ari'ivc. Car devant Dieu qui sait tou-
tes choses avant même qu'elles arrivent , le
nombre des prédestinés n'est ni douteux ni
incertain , comme l'etlet des œuvres qu'il a
ordonnées, ne peut l'être. Et celui qui choisit
et adopte les élus pour ses enfants en Jésus-
Clirist, en doit connaître le nombre d'une ma-
nière certaine et assurée, lui qui a réglé tou-
tes choses avec mesin-e, avec nombre et avec poids,
ainsi que ledit r Écriture. C'était les élus que
Dieu promettait à Abraham lorsqu'il lui di-
sait : /{egardez le ciel, et compte: les étoiles si
vous le pouvez ; c'est aiiisi que Je multiplierai vo-
tre race. C'est d'eux dont il est dit dans le pro-
phète Daniel : En ce temps-là tous ceux de vo-
tre peuple qui seront trouvés écrits dans le li-
vre seront sauvés. C'est à eux que Jésus-Christ
adresse la parole quand il dit : Réjouissez-vous -luc. %,ia.
de ce que vos noms sont écrits dans le ciel. C'est
d'eux qu'il est dit encoie dans Daniel : Ceux doi.. mi.
qui en auront instruit plusieurs dans la voie de ^'
la justice, brilleront comme des étoiles dai^s toute
l'éternité. C'est d'eux enfin qu'il est dit dans le
Psaume cxivi", maispris dans un sens spirituel:
Sap. XI, 21.
GOD.
Dàu.
' Cujus prœdesiinationis ila manet wterna fir-
niitas, et firma œlernilas, non solum in dispesi-
tione operum, verum etiam in numéro persona-
ruin; ulnec de illius pleailiidine quispiam saluiis
œternœ graliam pcrdal, nec exlra illius numeri
quantitalein ad donum salutis wternœ perveniat.
Deo enim qui scit omnia anteqnam fiant, sic non
est incerlus prœdeslinatorum numerus, sicutdis-
positorum operum diibUis apiid eum non inveni-
tur e/fecius. Apud se habct cerlissimumnumerum
prœdeslinatorum ille , qui eos in adoptionem filio-
rum per Ckristum prœdestinavil : quia iii mensu-
ra et numéro et {joudere cuucta disposuit. Ipsos
enim promisit Abraliœ dictns : Respiue iu cœluiQ,
et uumera stellas, si potes diuumerare eas, et di-
xit. Sic erit semeu tuum. Et crtedidit .\brabain Deo,
et reputatum est ei ad justitiam. De his dicitur Do/-
nieli prophelœ : Et in tempore illo salvus erit po-
polus tuus oiuuis, qui inveuietur scriptus in libre.
Ipsis utique Salvalor noster ait : (laudete quia
Domina vestra scripta sunt in cœlis. De his in libro
suncti Danielis dicilur : Qui ad juàtiliam erudiuut
uiultos, fulgebuut quiisi ftellée in perpétuas a'tcrni-
tales. Isli spirilaliler inleUigunlur in Psalmo, ubi
dicilur de Deo : Qni numerat multitudinem stel-
larum, et omnibus eis nomina vocat. Proinde
qui numerat multitudinem slellarum, non potesl
suorum ignorare numerum fUiorum. Illi ergo
numéro nec aliquis addilur , nec aUquis àe-
miltitur; quia idem numerus secundum proposi-
tu/m Dei prœdestinanlis impletur. fiam quia se-
cundum propositum voiunlulis suœ Deus sanc-
tos suos prœdcslinavit, de quo scriptum est :
Quia omnia qutecumque voluit, fecit : ita ne-
mo polest ejus mutare prœdeslinationcm, sicut
nullus polest ejus vinccre volitntalem. Quod si
numerus ille certus non est apud Deum, aut divi-
na scientia fallUur, aiU voluntas divina mulalur,
aut divina virlus advtrsila!e qualibet superalur.
Quod si aliquid horum soU pos.-iuiU impii dicere,
aut forte nec impius aliquis audet hurum dicere
aliquid; nemu dicinani prœdestinatiunem neget :
Quandoquidem illius Dei prœdestinalio verapror-
stis asserilur, cujus et scientia irreprehensibilis,
et voluntas incommutabilis, et virlus insuperabi-
lis invenitur. Fulg., lib. 111 De Prœdest., cap. iv ,
pag. 183.
62
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES,
P..I. ciLfi, // sait le nombre prodigieux des étoiles , et il les
cannait toutes jtar leur nom. Celui qui coniple
la multitude des étoiles ne peut ij^norer le
c«p. t. nombre de ses enfants. Or, de ce nombre nul
n'est retranche, comme nul n'y est ajouté ;
parce que le nombre est rempli selon le dé-
cret de Dieu qui a prédestiné ses élus. Ainsi
celui dont il est écrit qu'iV a fait tout ce qu'il
a voulu, ayant prédestiné les élus selon le
décret de sa volonté, personne ne peut chan-
ger l'ordre de cette prédestination, comme
personne ne peut empêcher l'efTet de sa vo-
lonté. Que si le nombre des prédestinés n'est
pas certain et assuré de la part de Dieu, il
faut donc reconnaître ou qu'il se trompe
dans ses connaissances, ou que sa volonté
est sujette au chanirement, ou que sa force
et sa puissance peuvent être surmontées.
Mais, comme il n'y a que des impies qui
osent avancer ces choses, et qu'il y en a
même parmi les impies qui n'oseraient les
soutenir, que reste-t-il à conclure, sinon que
personne ne doit nier la prédestination divi-
ne, puisqu'il ne peut arriver que cette prédes-
tination de Dieu ne soit véritable et assurée,
lui dont la connaissance est certaine, la vo-
lonté immuable, et la puissance invincible. »
Cap. VI, 6. «11 serait très-mauvais de répondre que
si la prédestination a lieu, nous ne devons
ni prier, ni veiller, mais faire toutes les vo-
lontés de la chair, puisque si nous sommes
prédestinés, nous serons infailliblement sau-
vés. Cette réponse ne peut être apportée,
parce que la grâce qui nous a été préparée
par la divine piédestination, nous est donnée
de Dieu afin que nous veillions, que nous
priions, et que nous ne cherchions point à
fBom. iiii, satisfaire la chair dans ses désirs déréglés.
Or, comment se pourrait-il' faire que quel-
qu'un reçût la grâce et qu'il ne fit point les
œuvres de la grâce, elle-même opérant
en lui ? Car la grâce est donnée par le Saint-
G.:tL T, s» Esprit ; et les fruits du Saint-Esprit sont la
" "' ckarité, la joie, la paix, la patience, l'humanité,
la bonté, la foi, la douceur, la tempérance. Ainsi
donc dire : Si l'homme est prédestiné, il ne
doit ni prier, ni veiller, c'est comme si on
avançait qu'une prsonne à qui Dieu aiu-ait
* Quomodo enim fieri potesl ut gratiam quisque
accipial et opéra gratiœ,ipsa gralia in se opérante,
non facial? C.ratia quippe per Spiritum Sanctiim
dalur; fructus autem Spiritus est cliarilas, gau-
dium, pax, touganiinitas, etc. Ibid., cap, vi, pag.
485.
• Yolunlas Omnipolenlis nec esse e^^l in cmmibus
promis une longue vie, fond('e sur cette p.i.
rôle : l\e veuillez plus chercher les choses néces-
saires à la vie, ne doit rien faire. Nous lisons
que Dieu ajouta par sa bonté quinze années à iv r.oe. t
la vie du roi Ezéchias. Ce prince sur la certitude
que Dieu lui avait donné de prolonger sa vie,
devait-il pour cela dire qu'il lui était inutile de
boire et de manger, ou de penser aux autres
besoins de la vie ? Comme donc l'amour de la ctp. n;.
vie fait chercher les choses nécessaires pour
la soutenir, de même la grâce que Dieu nous
a préparée par sa prédestination, fait que
nous travaillons, que nous prions et que nous
veillons. » Ce Père ajoute que c'est à ceux qui v.n.
nient la prédestination, d'eu eflacer la doctri-
ne des Épîtres de saint Paul, où il a non-seu-
lement enseigné la prédestination, mais en-
core ordonné de la prêcher avec confiance
et vérité.
7. En s'expliquant sur cette proposition n.
de saint Paul : Dieu veut que tous les hommes
soient sauvés, il dit premièrement qu'il est né-
cessaire' que la volonté du Tout-Puissant
s'accomplisse en toutes choses ; qu'ainsi tout
ce que veut celui à la volonté duquel rien
ne résiste, ari-ive ; parce que la puissance de
Dieu étant égale à sa volonté, il ne veut rien
qu'il ne le puisse faire. Il dit en second lieu
qu'il y a bien des choses que Dieu pourrait
faire, que néanmoins il ne fait pas , mais
qu'il n'y a rien qu'il veuille faire, et qu'il ne
fasse pas. Etant donc certain que tous les
hommes ne sont pas sauvés, il dit qu'il faut
entendre le terme de tous dans la proposi-
tion de saint Paul, en ce sens, que Dieu veut
qu'il y ait des hommes sauvés de toutes les
nations, de tous les âges, de toutes les condi-
tions, de toutes les langues : « Ce qui renfer- x.
me, dit-il, des élus d'entre les maîtres et d'en-
tre les serviteurs ; d'entre les rois, et d'entre
les soldats, en un mot de toutes sortes d'état.»
Il prouve que Dieu n'a pas voulu le salut de
tous les hommes en particulier, puisque se-
lon l'Evangile il n'a pas voulu le faire con- Mtiii.xi,!i
naître à des hommes qui auraient cru en lui,
s'ilsl'eussentconnu. «Que si l'on répond, (iil-il, cip. n.
que le Sauveur n'a pas voulu se faire connaî-
tre h quelques-mis, parce qu'il connaissait lui-
impleatur. Fit ergo quidquid ille voluerit, cujus
roluntali nemo resislit : nec enim potestas Dei
minor est quam voluntas; el ideo iiihil inrenilur
relie, quod non possil facere. (Jiurdam quidrm
Deus facere posscl el nonfacit. Mhil eal tanien
quod fieri velil aliquando,nec faciel. Ibid., cap. ix,
pag. 488.
[VI" RIliCLE.]
CITAPITRE I. — SAINT FULGENCE DE IIUSPE.
G3
mriiii' la (liircU' t\r leur fd'iir, il est loiijdiirs
vrai que Dieu n'a pas voulu lu salut do tes
'■ endurcis. Comiuo on connaît ceux (ju(? Dieu
veut sauver par la cour.aissanco qu'il leur
donne de son Évangile; on connaît aussi ceux
qu'il ne veut pas sauver par le refus qu'il leur
fait de la piédiealion decenièuie Kvanyile.))
Saint Fulgence traite ensuite de la dill'érenco
de l'état du premier homme et du nôtre. « Le
premier liomme avant son péché jouissait,
dit-il, d'une liberté si pleine et si entière,
qu'il ne sentait rien qui lui résistât. 11 était
sain et heureux. Il avait toutefois besoin du
secoui's de la grâce ; mais cette grâce était
telle qu'il pouvait s'en servir, ou ne pas s'en
servir, demeurer avec son aide dans l'état
de droiture et de justice où il avait été créé,
ou abandonner cet état par sa propre volonté.
Maisdepuis le péché, le libre arbitre del'liom-
me est inlii'uie: devenu esclave du péché, il
a besoin d'une grâce prévenante qui le dé-
livre et le fortifie, et qui le rende victorieux
dans les combats que la chair livre à l'esprit.»
"• 8. Saint Fulgence examine après cela la
question de l'origine de l'âme, sur laquelle
Jean et Vénérius l'avaient aussi consulté. Il
y avait là-dessus deux opinions: les uns di-
saient que l'âme est créée et mise en même
temps dans le corps pour qui elle est créée
'de Dieu; d'autres soutenaient que l'âme est
'■ produite par la propai;ation comme le corps.
Le saint évèque, miitant la retenue de saint
Augustin, qui, ayant à traiter la même ques-
tion, l'avaitlaissée indécise en avouant qu'elle
était au-dessus de ses lumières, se contente
défaire voir que ces deux opinions ont l'une
et l'autre leurs difficultés ; qu'en suivant la
première, on a peine à concevoir comment
se contracte le péché originel, mais qu'il
n'est pas plus aisé de dii'e comment se fait
la génération des âmes. Il se borne donc à
répondre que nous devons croire que l'ùme
n'est pas un corps, mais un esprit ; qu'elle
n'est point une portion de la substance de
'• Dieu, mais une créature ; qu'elle n'est point
mise dans le corps comme dans une prison
pour ses péchés passés , mais qu'elle y est
mise, selon l'ordre de Dieu, pour l'animer et
le faire vivre, et qu'étant unie à la chair, elle
contracte le péché originel, dont elle est pu-
rifiée par le baptême.
§XVI.
Du livre de la Foi.
; Il 1 . On met parmi les ouvrages que saint Ful-
gence composa depuis son second retour en f»' » Piorr» :
. P . ,. '■" "lï*' l'on
AliKiiic, c ('st-i'i-dae, depuis l'an o^.'J , celui 5*'- '^"''i)'"
* ' do C4) Ii\r0|
(jui est intitulé : De lu Foi, on de ta Kîujk de p'i!-"'"-
la vraie foi. Il est adressé à un laïque nommé
Pierre, (jui, allant k Jérusalem, et craignant
d'être surpris par les hérétiques dont r( Irient
était rempli, souhaitait avant de partir, d'a-
voir une règle de foi qui eu contint tous les
articles, afin de savoir ce qu'il devait croire,
et éviter de tomber par h'i dans les pièges des
hérétiques. Saint Fulgencc le loue de son
zèle pour la pureté de la foi, en lui repré-
sentant que sans cette vertu il est impossible
de plaire à Dieu, la foi étant le fondement '^"f- '•
de tous les biens, et le commencement du
salut de l'homme. Il lui dit de se souvenir
en quelque lieu qu'il se trouvera, qu'il a été
baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-
Esprit, et qu'il doit conséquemment croire
de tout son cœur que le Père est Dieu, que
le Fils est Dieu, que le Saint-Espiit est Dieu,
c'est-à-dire, que la sainte et ineffable Trinité
est un seul Dieu. « Car, ajoutc-l-il, il n'y a
qu'une même essence ou substance, ou na-
ture du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
quoique personnellement le Père soit autre
que le Fils, le Fils autre que le Père, et le
Sitint-Esprit autre que le Père et le Fils. » Il
prouve l'unité d'un Dieu en trois personnes
par ces paroles de la Genèse : Faisons V liomme Gecès. i, 20.
à notre image et ressemblance ; et par celles d'I-
saïe qui entendit les séraphins crier : Saint,
saint, saint est le Seigneur Dieu des armées, isai. vi,3.
« Comme nous croyons, dit-il, que le Fils seul
est né, la foi catholique nous enseigne aussi .c^j.. n.
qu'il est né se ul selon la chair; en sorte que c'est
le même Fils de Dieu, Dieu lui-même, qui est né
du Père avant tous les siècles selon sa nature
divine, et né dans le temps selon la nature hu-
maine. Celte double naissance est d'un même
Fils de Dieu ; la naisance divine selon laquelle
il estcoéternel à son Père; la naissance hu-
maine selon laquelle le Fils de Dieu s'est a-
néanti en prenant la forme d'esclave dans le
sein de sa mère. C'est selon cette forme qu'il
a été crucifié, mis dans le tombeau ; qu'il est
ressuscité et monté au ciel quarante jours
après sa résurrection, d'où il viendra â la fin
des siècles juger les vivants et les morts. »
2. (I Croyez donc, continue saint Fulgence, ,„.
que le Christ, Fils de Dieu, c'est-à-dire une
personne de la Trinité, est vrai Dieu, en sorte
que vous ne doutiez pas qu'il ne soit né de
la nature du Père. Croyez aussi qu'il est vrai
homme, en sorte que vous ne doutiez pas
64
HISTOIRE GÉNÉR.VLE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qu'il n'ait une chair comme tous les autres
liommes, et non pas une chair d'une nature
iliUerente, soit céleste ou aéiieune. Mais en-
core que la chair de Jésus-Christ soit de mô-
me nature que celle des autres hommes, elle
a toutefois été courue et est née sans péché,
ayant une origine ditférente de celle des au-
tres hommes. Comme il est né selon la chair'
dje la sainte Vierge Marie, elle est aussi vérita-
blement mère du Fils unique de Dieu. Il y a
donc deux natures en Jésus-Christ, mais unies
en une seule personne sans confusion et sans
division. C'est par le Fils seul selou la chair
que nous avons été réconciliés : mais ce n'est
pas par lui seul selou la divinité. La Trinité
nous a réconciliés avec elle-même par l'incar-
nation du Fils qui est l'ouvrage de la Trinité».
Ci-l"iJ 3. Après avoir instruit Pierre sur les mys-
tères de la Trinité et de l'Incarnation, il dit
qu'il doit croire que tous les autres êtres, soit
spirituels, soit corporels, sont l'ouvrage de
Dieu qui les a créés de rien ; que les êtres
spirituels et intelligents subsisteront éteruel-
lement parla volonté du Créateur; qu'il a
créé ces êtres de telle manière qu'ils fussent
obligés de l'aimer plus qu'eux-mêmes, les
ayant fait ce qu'ils sont sans aucim mérite
précédent de leur pari; que les anges, ayant
été créés libres et en pouvoir de mériter leur
béatitude avec le secours de la grâce, ou de
déchoir de leur état bieuheureux par leur
faute, une partie a été conQrmée dans l'a-
moiu- de Dieu qu'elle ne peut plus perdre ;
et l'autre périra par une aversion volon-
taire pour Dieu, qui sera punie des peines
élerncUes; que l'homme, qui avec la liberté,
avait reçu de Dieu dans sa création le don
de l'immortalité et de la félicité, est déchu
de cette prérogative par sou péché, et s'est
assujetti lui et toute sa postérité à la mort et
au péché; que Dieu n'a pas néanmoins per-
mis que toute la masse du genre humain pé-
rit éternellement, mais qu'il en a délivré
plusieui-s par sa grâce, laissant les autres
dans l'étal de damnation où le pi'ché les
avait réduits; que le commencement' de la
bonne volonté et de la bonne pensée ne vient
pas de nous, mais de Dieu qui nous le donne :
ce qui parait par le diable et ses anges , qui
depuis qu'ils ont été précipités dans les té-
nèbres inférieures par suite de leur chute,
n'ont pu et ne pourront avoir aucune bonne
volonté. 11 enseigne que les impies comme
les justes ressusciteront, avec cette ditl'é-
rence que les justes seront changés, et que
les impies ne le seront pas; c'est-à-dire, que
les corps des uns et des autres ressusciteront ,
mais que les corps des impies ne seront
point changés, conservant toujours leur cor-
ruption et leur ignominie ; au lieu que les
corps des justes deviendront spirituels, in-
corruptibles et glorieux; que Dieu n'a donné
aux hommes que le temps de cette vie pour
acquérir la vie éternelle et pom- faire une
pénitence fructueuse, et que la pénitence,
en quelque temps de la vie qu'on la fasse, est
utile pour la rémission des péchés quels
qu'ils soient, pourvu cpi'elle soit accompa-
gnée d'une douleur sincère d'avoir péché,
et qu'on renonce de tout son cœur aux pé-
chés passés; que toutefois la pénitence n'a
d'etfet que dans l'Kglise catholique, à qui Dieu
a donné en la personne de saint Pierre le
pouvoir de lier et de délier; qu'aucun homme*
ne doit, dans l'espérance de la miséricorde
de Dieu demeurer longtemps dans le péché,
puisqu'il l'égard même du corps, personne ne
voudrait être longtemps malade dans l'espé-
lance de guérir un jour; que comme la miséri-
corde de Dieu reçoit et absout ceux qui se con-
vertissent, sa justice rejettera et punira les
endurcis. « Ce sont ceux-là , poursuit-il, dont
il est dit qu'ils pèchent contre le Saint-Esprit,
et qu'ils ne recevront la rémission de leurs
pé.chés ni en ce moude ni en l'autre. Dieu,
pour nous donuer le moyen de parvenir à la
gloii'B, a institué des sacrements eu dillerenls
temps. Depuis ' l'institution du baptême au-
* Ista causa est qua Deus factus est filius Vir-
ginis Mariœ,et Jlaria Virgo fada est maler uni-
gcniliDei. Fulg., lib. De Fide, cap. u. jjag. 508.
' Uonœ quoquevoluntatisel cugitalionis inilium
non liomini ex seipso nasci, sed divinilus prœ-
parari et Iribui in eo Deus evidenler ostcndit,
quod neque diahulus, neqve uliquis angelorum
ejiis ex qxto ruinœ illius merilo in hancsunl infe-
riorem delrusi caliginem, bonam poluit aut po-
teril resumere voluntalein. Iliiil., pag. Sll, cap. ui.
' Ahsqve sacinniento baptismutis, prœter eos
qui in Ecclesia caUwlica sine baptismale pro
Christo sanguinem fundunt, nec regnitm cœlorum
potest guisquam accipere, nec vitam a'tcrnam.
Quiasiie in calholica, sive in hœresi quacumqtie
vel schismale quisquam in nomine Pairis et FilH
et Spiritu.i Sancti bopli^mi sacraiiientum accepe-
rit, iutegrum sacramentum accipil; sed salulem
quœ virtus est sacramenti, non habebil si extra
catlwlicinn Ecclesiam ipsum sacramentum habue-
rit. Ergo ideo débet ad Ecclesiam redire non ut
sacramenlum baplismatis iterum accipial, quod
nemo débet in qii"libcl hominc baptizato repctcre :
sed ut in socielate catliolica vitam œlernam ac-
ClIAriTIll': I. — SAINT FULGKNCE DE lUJSPE.
[Vl' SIÈCLE.]
cnii ne peut nirivor an royaume des cicux,
sans recevoir ce sacronioiit dans l'Kglise ca-
tholique, ou sans rt'paiulre sou sang pour Jé-
sus-Christ. Tout homme donc, qui reçoit le
baplc^nic an nom du Pi-rc, et du Fils cl du
Saint-Esprit, soit dans la foi talliolii(ne , soit
dans l'hérësie , soit dans le schisme , re-
çoit à la vérité le sacrement, mais il ne re-
çoit pas le salut qui est la vertu du sacre-
ment, s'il le reçoit hors de l'Kgliso catholi-
que. C'est pourquoi il doit retourner à l'É-
glise catholique non pour y être baptisé une
seconde fois, ce qui n'est pas permis; mais
pour recevoir la vie éternelle dans la société
catholique , n'étant pas possible d'acquérir
la vie éternelle sans demeurer dans l'unité
de cette Église, quelques grandes aumônes
que l'on fasse , et quand même on répan-
drait son sang pour le nom de Jésus-Christ.
Il en est de même des œuvres de miséricorde,
elles ne servent de rien pour le salut lors-
qu'on les fait hoi-s de l'Église catholique; si
ce n'est ' peut-être qu'elles diminueront la
force des tourments, mais elles ne placeront
personne au rang des enfants de Dieu, si elles
ne sont faites dans l'Église catholitpe. Le
baptême même ne sutht pas pour le salut,
l'eùt-on reçu dans l'Église catholique, si,
après avoir été baptisé, l'on vit mal. Ceux
mêmes qui vivent bien doivent s'appliquer
aux œuvres de miséricorde, parce qu'encore
que leurs péchés soient légers, ils en com-
mettent quelques-uns chaque jour, pour les-
quels les justes et les saints doivent dire pen-
dant tout le temps de cette vie : Remettez-
nous nos dettes, comme nous les remettons à nos
débiteurs. Et parce que ces sortes de péchés
légers se commettent même dans l'usage des
choses permises, c'est pour les éviter que les
humbles serviteui's de Jésus-Chi-ist, qui sou-
«.•S
liaitcnt de servir le Seigneur sans empê-
chements, fuient le mariage, s'abstiennent
de la chair et du vin autant que la santé du
corps le leur permet, non que ce soit un pé-
ché d'avoir une femme (car c'est' Dieu qui
a institué et béni le mariage dans les pre-
miers hommes) ou de boire du vin, ou de
manger de la chair; mais ils agissent ainsi
parce qu'ils sont persuadés que la virginité
est piéférable au mariage, et que l'absti-
nence des viandes et du vin rend un genre
de vie plus pure. Les secondes et les troisiè-
mes noces ne sont pas même défendues,
mais elles doivent être chastes , l'exci's dans
l'usage légitime du mariage n'étant pas
exempt' de péché véniel. Quant à ceux qui
ont fait vœu de continence, s'ils se marient
ils commettent un crime de damnation par
le violemeut de la foi qu'ils ont donnée à
Jésus-Christ. Mais ceux-là posséderont le
royaume dos cieux * qui est promis aux
saints, qui, sachant qu'une chose est permise
et qu'eUe peut contribuer au progrès d'une
meilleure vie , font vœu librement de l'ob-
server, et l'obsen'ent en efJet avec fidéUté et
sans retard. Car Dieu rendra la récompense
du royaume céleste, qu'il a promis , à qui-
conque l'emplira les vœux qu'il lui aura
faits. »
4. Saint Fulgence réduit ensuite tout ce
qu'il a dit à (juarante articles qu'il estime
être autant d'articles de foi. Il les commence
tous par ces paroles : Tenez pour certain et
ne doutez nullement. Voici ce qu'ils contien-
nent de plus remarquable : « Nous devons te-
nir pour certain que le Père '", le Fils et le
Saint-Esprit sont natm-ellement un seul Dieu
au nom duquel nous sommes baptisés; et
que la sainte Trinité est naturellement un
seul et vrai Dieu étemel et sans commence-
Arlîclos do
roi.poï.SJ.
expiât... qui si et eleemosynas largas facial et pro
nomine Christi etiam sanguinem fiindat, pro eo
quodin hac vita non teiiuit Ecclesiœ cathoiicœ uni-
tatem, non habebit œternam salutem. Ibid., pag.
519.
> Sicut sine Ecclesiœ cathoiicœ societate, nec
baptisnms alicui potest prn(tesse,nec opéra mise-
ricordiœ, nisi forte ut mitius torquealur,non la-
men ut inter (ilios Dei deputetur : sic intra ca-
tholicam Ecclesiam per solum baptismum vita
wterna non acquiritur, si posl baptismum maie
vivatur. Ibid., pag. 520.
' Conjugium inprimis hominibus Deus et ins-
tuit et benedixit. Ibid., pag. 520.
' In talibus et si fuerit aliquis conjugalis ex-
cessus , qui tamen legitimum non violet to-
IX.
rum, habebit nonnullum sed veniale peccatum.
Ibid.
* Tune unusquisque regnum ccelorum quod
sanctis promittitur, possidebit, si... quodscit esse
licitum et ad profectum melioris vilœ pertinere
cognoscit, et Ubenter voveat et celeriter reddat...
Omni enim voventi Deo et reddenti quod vovit,
ipse quoque Deus reddet cœlestis regni prœmia
quœ promisit. Ibid., pag. 52t.
5 Firmissime tene cl nullatenus dubites Patrem
et Filium et Spirilum Sanclum unum esse natu-
raliter Deum in cujus nomine baptizati sumus...
id est sanctam Trinitatem esse solum naturali-
ter verum Deum... sine initio sempiternum... in-
commutabilem... rerum omnium visibilium alque
invisibilium creatorem. Ibid., pag. 521, 522.
6U
HISTOIRE GKXÉHALE DES
ment, immuable et crëateur de toutes les
clioses visibles et invisibles ; que la nature
du Pt're. ' du Fils et du Sainl-Espiit est une
et la même, mais qu'U y a trois personnes ;
que le seul Dieu Fils, c'est-à-dire, une per-
sonne de la Trinité est Fils du seul Dieu Père,
et que le Saint-Esprit qui est aussi une per-
sonne de la Triuité n'est pas du seul Père,
mais ensemble l'Esprit du Père et du Fils ;
que le même Saint-Esprit' qui est un Espiit
du Père et du Fils, procède du Père et du
Fils ; que la Trinité est un Dieu immense par
sa vertu et uon par son poids, et qu'elle
comprend toutes les créatures, soit corpo-
relles, soit spirituelles, par sa vertu et par
sa présence. Xousdevons' tenir pour certain
qu'une personne de la Tiinité, c'est-à-dire.
Dieu le Fils né seul de la nature du Père, et
d'une et même nature avec le Père, est né
dans la plénitude des temps d'une vierL'e, et
que le Verbe a été fuit chair ; que comme il
est Dieu parfait, il est aussi homme parfait,
ayant pris la véritable chair du genre humain
et une âme raisonnable, sans péché; qu'il y a
en Jésus-Christ deux natures unies insépara-
blement, mais sans coid'usion: la nature divi-
ne, qu'il a en commun avec le Père, selon ce
«ju'il dit : Mon Père et 7noi sommes vnc même
chose , et la natuie humaine, selon laqueUe ce
Dieu incarné dit : Mon Père est plus gi'and que
moi;qyni le Dieu Verbe fait chair n'a qu'une
personne de su divinité et de sa chair; que
la chair de Jésus-Christ n'a pas été concjue
dans le sein de la Vierge avant son union
avec le Verbe, mais dans le même temps ;
que le Fils unique de Dieu fait chair s'est of-
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
fert pour nous en sacrifice à Dieu ; lui h qui,
avec le Père et le Saint-Esprit, les paliiar-
ches, les prophètes et les prolres ollVaienl dos
sacrifices d'animaux dans TAncien Testa-
ment et à qui dans la nouvelle loi la sainte
Eglise catholique ne cesse d'otl'rir par toute
la terre le sacrifice du pain et du vin ; ipie le
Verbe fait chair a toujours ' conservé la même
chair selon laquelle il est né de la Vierge ; que
c'est dans celte chair qu'il a été crucifié, qu'il
est mort, qu'il est ressuscité, qu'il est monté
au ciel, qu'il est assis à la droite de Dieu, et
qu'il viendra juger les vivants et les morts ;
que Dieu est le souverain bien; qu'il n'y a
rien de créé qui ne soit bon de sa nature ;
que le mal n'est que la privation du bien.
D'où il suit qu'il n'y a que deux maux pour
la créaliue raisonnable, l'un par lequel elle
s'est éloignée volontairement du souverain
bien par le péché, et l'autre qui consiste
dans la peine éternelle dont elle sera punie
malgré elle. Nous devons tenir pour certain
qu'il n'y a aucune créature qui soit de même
nature que le Créateur ; que l'état des saints
anges est immuable, en sorte qu'ils ne peu-
vent déchoir de leur béatitude; que les es-
prits célestes et l'homme sont les seuls à qui
Dieu ait accordé la raison ; qu'Adam et sa
femme ont été créés sans péché et avec le
libre arbitre par lequel ils pouvaient pécher
ou ne pas pécher ; qu'ils ont péché par leur
propre volonté et non par nécessité ; que par
leur péché la nature humaine a été tellement
changée en mal qu'elle est devenue l'esclave
du péché et de la mort ; que tout homme qui
est conçu par la voie 'ordinaire du mariage
' Firmissime teiie et nullatenus dubiles Patris
et Fila cl SpirUus Sancli unam quidem esse na-
turam, très vcro esseperson<is...solum Deum Fi-
lium, id est, unam ex Trinilate personam, solius
Dei l'atris esse Filium ; Spiritum vero Sanctum
ipsum quoque unam ex Trinitate personam non
solius Patris, scd simul Patris et Filii esse Spi-
ritum. Ibid., pag. S22, 523.
* Firmissime tene et nullatenus dubites eum-
dem Spiritum Sanctum, qui Patris et Filii unus
spirilus est, de Pâtre et Filio procedere... Trini-
tatem Deum immensum esse virtute , non mole;
et omnem creaturam spiritulem atque corpora-
lem virtute ejus et prœsentia contineri. Ibid.,
pag. 523.
' Firmissime tene et nullatenus dubites unam
ex Trinitate personam, id eut Deum Filium qui
de natura Dei Patris solus natus est, et uitius
ejusdem 7mlurœ cum Pâtre est. ipsum tn pleni-
tudine temporis de Virgme natum. Yerbum car-
iiem factum... sicul de Deo pâtre pcrfectum Deum,
xta de Virgine maire perfeclum hominem geni-
tum, id est Verbum Deum, habentem scilicet sine
peccato veram nostri generis carnem et animam
rationalem... Verbi, quod caro factum est, duas
naturas inconfusibiliter atque inseparabiliter
permanere : unam divinam quam habet cum PO'
tre communem , secundum quam dicit : Ego et
Pater uiiuin sumus; alteram kumanam secundum
quam ipse Deus incarnatus diril : Pater major
me est. Deum Verbum carnem factum unam ha-
bere divinilatis suœ carnisque personam... Car-
nem Christi non sine ditinitate conceptam in utero
Virginis, priusquam susciperetur a Verbo : sed
ipsum Verbum Deum suœ carnis acceplione con-
ceptum. Ibid., p,ig. 523,524 et 525.
' Firmissime tene Verbum carnem factum eam-
dem humanam carnem semper reram habere, qua
de Virgine Verbum Deus natus est, qua crucifixus
et mortuus est, qua resurrexil et in cœlum as-
cendil, et in dextera Dei sedet, qua etiam ventu-
rus est judicare vivos et mortuos. Ibid., pag. 526.
' Firmissime tene non solum homines jam ra-
tione utenles, verum etiam parvulos, qui sive in
CHAPITIŒ I. — SAINT FlJLdENCK DK UKSl'lS.
[VI* SIÈCLE.]
naît avec lo pdcliL^ oriifincl ; que noii-seiilc-
menl ceux (|iii mil rusaf;'e de raison, mais
oncorc les eiil'anls, soit qu'ils ineiireiil tians
le sein de leur luèrc , soit qu'ils ineuront
a[)rès Ctrc nés, seront punis du sup[)Iicc du
feu éternel, s'ils sortent de ce monde sans
avoir reçu le sacrement de haplème ; parce
qu'encore qu'ils n'aient ])ninl do péclii's pro-
pres ils ont contracté la damnation du péché
originel par leur conception et Iciu- nais-
sance charnelle. »
5. « Nous devons croire certainement que
Jésus-Christ viendra juger les vivants et les
morts, pour glorifier ceux qu'il a justifiés
gratuitement par la foi en cette vie, et à qui
il a accordé la persévérance dans la foi et la
charité de la sainte mère l'Eglise, pour les
rendre semblables aux anges, selon qu'il l'a
promis, et les faire arriver à un état de per-
fection dont ils ne pourront jamais déchoir;
comme il viendra aussi pour envoyer le dia«
blc et ses anges dans le feu éternel, et avec
eux les hommes injustes et impies; que la
résurrection de la chair sera commune aux
bons et aux méchants, avec cette ditlérence
que les bons seront changés, c'est-à-dire que
leurs corps deviendront immortels et incor-
ruptibles, au lion que ceux des méchants ne
changeront pas; qu'excepté ceux (jui don-
nent leur sang pour le nom de Jésus-Christ,
et qui par là sont baptisés dans leur sang,
aucun homme n'aura la vie éternelle , s'il
n'a obtenu la rémission de ses péchés dans
le baptême; qu'outre le baptême, les adul-
tes doivent encore faire pénitence de leurs
péchés, et professer la foi catholique selon
la règle de la vérité; mais que le baptême
sutlit pour le salut aux enfants qui ne peu-
vent croire par leur propre volonté, ni faire
pénitence pour le péché qu'ils ont contracté
67
par leur naissance; que pcrsonnt^ ne peut,
eu ce monde, faire pénitence, si Dieu no l'a
écliiirr- et converti par sa misi^ricorde gra-
tuilt;; que l'iiouimc peut lire les livres saints
ou entendre la ])ai()le divine de la bouche
de quelques prédicateurs que ce soit, mais
qu'il ne peut obéir aux divins commande-
ments, si Dieu ne le prévient par sa grâce
de manière (pi'il croie de cœur ce qu'il en-
tend des oreilles du corps, et qu'ayant reçu
de Dieu la bonne volonté et la vertu , il
veuille et puisse faire ce fjuc Dieu lui com-
mande; que toutes les choses passées, les
présentes et les futures, sont invariablement
connues de Dieu; qu'ainsi, il a conuu avant
tous les siècles ceux à qui il devait donner sa
grâce par la foi ', sans laquelle personne n'a
pu être délivré de la coulpe du péché tant
originel qu'actuel, depuis le commencement
du monde jusqu'à la fin ; que tous ceux que
Dieu, par une bonté toute gratuite, fait des
vases '■'de miséricorde, et qui ont été pré-
destinés de Dieu avant la création du monde
pour être du nombre de ses enfants, ne peu-
vent périr : de même qu'aucun de ceux qu'il
u'a point prédestinés à la vie étemelle ne
peut, en aucune manière, être sauvé. Car la
prédestination est la préparation du don
gratuit par lequel l'Apôtre dit que nous
avons été prédestinés pour être les enfants
adoptifs de Dieu par Jésus-Christ.
Nous devons croire fermement que le bap-
tême peut être' non-seulement dans l'Eglise
catholique, mais encore chez les hérétiques
qui baptisent au nom du Père et du Fils et
du Saint-Esprit ; que toutefois il ne sert de
rien lorsqu'il est conféré hors de l'Eglise,
quoiqu'on ne doive point le réitérer ; qu'ainsi
tout homme * qui est baptisé hors de l'Église
catholique ne peut être participant de la vie
uteris matrum vivere incipiunt et ibi moriuntur,
sive jam de matribus nati sine sacramento snncli
baptismalis quod datur in nomine Palris, etc.,
de hoc sœculo transeunt, ignis œterni sempiterno
supplicio puniendos. Quia, etsipeccatum propi-iœ
actionis nullum habuerunt. originalis lamen pec-
cati damnalionem carnali conceptione et nativi-
(ale Iraxerunt. Ibid., pag. 527.
Firmissime tene Deum anle omnia sœcula
scire quibvs esset per fidem gratiam largiturus,
sine qua nemo poluit ab initia mundi usque in
finem a realu peccati iam originalis quant actua-
lis absolvi. Ihid., pag. 629.
' Firmissime tene omnes quos vasa misericor-
diœ graiuita bonitate Deus facit, ante conslitutio-
nem mundi in adoptionem fiUorum Dei prœdtsti-
natos a Dec : neque perire passe aliquem corum
quos Deus prœdestinavit ad regnum cœlorum, nec
quemquam eorum quos Deus non prœdestinavit
ad vitam, ulla passe ralione salrari. Prœdesti-
natio enim illa gratuitœ donalionis est prœpara-
tio, qua nos Àpostoius ait pr(edestinatos in adop-
tionem filiorum per Jesum Christum. Ibid.
3 Firmissime tene sacramentum. baptismatis non
solum intra Ecclesiam cailwlicam, sed etiam apud
hœreticos qui in nomine Patris et Filii et Spiri-
tus Sancti baptizant, esse passe; sed extra Ec-
clesiam cathoUcam pradesse non passe : ideo et
si ab hœreticis in nomine Patris et Filii et Spi-
ritus Sancti fuerit datum, venerabiliter agnoscen-
dum et ab hoc nullateiius iterandum. Ibid.
' Firmissime tene omnem extra Ecclesiam ca-
thoUcam baptizatum parlicipem fieri non passe
vitœ wternœ si ante finem vitœ hujus, catholicœ
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
éternelle, si, avant la fin de sa vie, il ne
rentre dans cette Église et ne s'y incorpore.
Car nous ne voyons point au temps du dé-
luge qu'il y ait eu quelqu'un qui se soit sau-
vé liors de l'Arche. On doit donc conclure
de là que non-seulement ' tous les païens,
mais qu'encore tous les juifs, les hérétiques
et les schismatiques qui meurent hors du
sein de l'Ét^lise, sont précipités dans les flam-
mes éternelles préparées au diable et à ses
anges; qu'encore qu'un hérétique ' ou un
scbismatique ait été baptisé au nom du Pè-
re, du Fils et du Saint-Esprit, qu'il fasse de
grandes aumônes, et qu'il soutire même la
mort pour le nom de Ji'sus-Christ, tout cela ne
lui est d'aucune utilité pour le salut, s'il per-
sévère dans l'hérésie ou le schisme, qui con-
duisent à la mort. Nous sommes encore obli-
gés de croire que le salut n'est pas pour tous
ceux qui ont été baptisés dans l'Église catholi-
que, mais pour' ceux-là seulement qui, après
le baptême , vivent bien, en s'abstenant des
vices et des concupiscences de la chair ; que
les justes ' et les saints ne peuvent être en
ce monde sans péché ; qu'ainsi il est néces-
saire que tout homme travaille à eU'acer ses
péchés, jusqu'à la fin de sa vie, par les au-
mônes, les jeûnes, la prière et les larmes;
que toute créature de Dieu est bonne, et que
si les serviteurs de Dieu s'abstiennent de la
chair ou du vin, ce n'est que pour mortiûer
leur corps, et non pas qu'ils les croient im-
mondes; qu'encore qu'il soit mieux de vivre
dans la continence, le mariage est bon, et
que Dieu a institué non-seulement les pre-
mières, mais encore les secondes el troisiè-
sièmes noces; enfin que l'Église catholique
est semblable à une aire ' dans laquelle les
pailles sont mêlées avec le grain jusqu'à la
fin des siècles, c'est-à-dire les bons avec les
méchants par la communion des mêmes sa-
crements; que ce mélange se rencontre dans
tous les états, soit des clercs, soit des moi-
nes, soit des laïques ; qu'on ne doit pas
abandonner les bons à cause des méchants,
mais tolérer les méchants à cause des bons,
autant que la raison de la foi et de la charité
le demande, c'est-à-dire, s'ils ne répandent
point dans l'Eglise les semences de leur per-
fidie, ou s'ils n'excitent pas les frères à des
actions mauvaises par leurs pernicieux exem-
ples ; étant certain qu'un homme qui croit et
qui vit bien dans le sein de l'Église catholi-
que ne peut être souillé par les péchés de
ceux qui vivent mal, pourvu qu'il ne consen-
te point à leurs mauvaises actions, ou qu'il
ne les favorise pas. n
6. Saint Fulgence dit à Pierre de fuir, ^.^^^
comme une peste et comme un hérétique, J« '•'
quiconque enseignera contrairement à ces '^
quarante articles de foi. On en trouve un qua-
rante et unième dans quelques imprimés.
Mais les manuscrits n'en comptent que qua-
rante , et le saint évéque lui-môme dit en
termes formels qu'il a conclu son traité de
la Foi après le quarantième article, ajou-
tant que le loisir ne lui avait pas permis d'en
mettre davantage. D'ailleurs , ce quarante
et unième article n'a aucun rapport avecice
traité. Seulement, il y est parlé , au commen-
Atlle>
i
ot tu
non ftierit redditus atque incorporatus Ecclesiœ...
iN'om et in diebus diluvH neminem legiinus extra
arcam potuisse nalcari. Il)i(l., pag. 529.
' Firinissime tene non solum omnes paganos
sed etiam omnes judœos et omnes hœrelicos, at-
que schismaticos, qui extra Ecclesiam catholicam
finiunt prœsenlcm vitam, in ignem œlernum itu-
ros, qui paratus est diabolo et angelis ejus. Ibid.,
pag. 530.
' Firmissinie tene quemlibet hœreticum sive
schismaticum in nomine Patris et Filii et S/iiri-
tus Sancti baptizatum, si Ecclesixe catliolicœ non
fuerit aggregatus , quantascumque elcemosynns
fecerit, etsi pru Christi nomine etiam sangninem
fuderil, nullatenus passe salvari. Omni enim ho-
inini qui Ecclesiai culliolicw non lenet unitnlem
iieque baptismus, neque eleemosyna quamlibet
copiosa, neque mors pro nomine l'IirixH suscepta
pro/icere poteril ad salutem, quamdiu in eo vel
hœretica vel schisiiinlica pravilas persévérai quw
ducil ad morlem. Ihid.
' Firmissime (t;'c non omnts, qui inlra Eccle-
siVijH callioUciim bapUzantur, accepluros esse vi-
tam (eternam , sed eos qui percepto baptismale
recte viDunt, id est, qui se abslinuerunt a vitiis et
concupiscentiis camis. Ibid.
' Firmissime tene etiam justos alque sanclos
homines sine peccalo hic neminem vivere posse :
semperque omni homini esse necessarium el pec-
cata sua usque in finem ritœ prœsentis eleemosy-
nis. jejuniis, oratione, vel lacrymis dihiere. Ibid.
» Firmissime lene aream Dei esse catholicam
Ecclesiam et intra eam usque in finem sœatli fru-
mento mixlas paleas conlineri, hoc est bonis ma-
los sacramentoru)n comnntnione misceri : el in
omni pi-ofessione sive clericorum , sive monacho-
rum, sive Inicorum , esse bonos simul et malos :
ncc pro malis bonos deserendos. sed pro bonis
malos, in quantum exigil fidei et charitalis ratio,
lolerandos, id est, sive in Eccksia nullius perfx-
diœ semiita spnrgunt , vel fralres od aliquod
malum opus morlifera imitatione non ducunl :
nec posse aliquem intra Ecclesiam calholicani
rerle credentem, beneque viventem, aliéna unquam
maculari peccalo, si cuiquam peccanli nec con-
senlionem prœbeat, nec favorem. Ibid.
1.0 IlTro dti
Fol roii'ro
la, u u<>i
Il I p nil 0 9 f
&3t.
[vi° SIÈCLE.] CHAriTRE I. — SAINT
cpmcnl, do la Tiinit(5 et do rincarnalion :
mais cola môino ost iino prouve qu'il ne doit
point faire partie du livre adresse^ A l'ierro,
où ces deux articles sont traités fort aulon^'.
§ XVII.
Du livre de la Foi contre l'évcquc Pinta ,
de quelques Homélies, et des livres contre
Fabien.
1. L'aulcnr de la Vie de saint Fulqencc ',
en parlant des trois livres que ce saint adres-
sa à Trasamond, dit que ce prince en fut si
étonné, qu'il n'osa pins lui faire do ques-
tions; qu'un évoque arien, nommé l'inta,
répondit à ces trois livres, et que saint Ful-
gencc lui répliqua par un ouvrage particu-
lier. Nous avons un écrit qui porte le nom
de saint Fulgence, avec le titre de Réponse
à Pinta. Mais ce ne peut être celui que ce
Père composa contre cet ëvèque arien. Saint
Fulgence, au rapport^ de l'auteur de sa Vie,
faisait voir, dans sa réplique à Pinta, que
les ariens avaient été terrassés dans ses trois
livres ;\ Trasamond , et que les raisons que
Pinta lui avait opposées étaient vaines. On
ne voit rien de tout cela dans l'écrit qui nous
reste; il n'y est parlé ni des livres à Trasa-
mond, ni de la l'éponse de Pinta ; la sainte Écri-
ture y est d'ailleurs citée d'après une version
diU'érente de celle que saint Fulgence a sui-
vie dans ses ouvrages. C'est l'ancienne Ita-
lique que suit cet auteur, au lieu que saint
Fulgence cite ordinairement l'Écriture sui-
vant la version Vulgate. On voit aussi, par
l'explication que l'auteur de la Réponse à
Pinta donne du terme consubstantiel, qu'il ne
savait pas le grec, puisqu'il dit que ce ter-
me ' signifie une seule substance, au lieu qu'on
doit le rendre par de même substance. Saint
Fulgence ne serait point tombé dans cette
faute, lui qui, dès sa jeunesse, avait appris si
parfaitement la langue grecque, qu'il la par-
lait comme s'il eut été élevé en Grèce. Au
reste, cet ouvrage n'est presque qu'un tissu
de passages de l'Ecriture, rassemblés sous
différents titres. Dans l'un, on rapporte les
passages de l'Écriture qui prouvent l'unité
de Dieu; dans l'autre, ceux qui marquent
l'égalité du Père et du Fils; et dans les sui-
vants, ceux qui rendent témoignage à la di-
vinité du Fils et du Saint-Esprit, et à la Tri-
FULGENCE DE RUSPE.
69
nité dos personnes en Dion. Il finit par un
précis de ce que la foi callioiiquo enseigne
sur la Trinité et sur l'Incarnation.
2. Nous avons dix sermons parmi les vrais somon. .it
ouvrages do saint Fulgence. Le premier est «.p»;. iio.
inlilul(5 : Des Dispensateurs ou des Économes
du Seirpicur. La matière en est tirée de la
parabole de l'ICvangilo, où il est dit : Qui est i."c. m.u.
le dispensateur fidèle et prudent que le maître
établira sur ses serviteurs, pour distribuer à
chacun, dans le temps, la mesure de blé qui lui
est destinée? Saint Fulgence fait voir que la
qualité de dispensateur appartenait non-seu-
lement aux apôtres, mais qu'elle appartient
encore aux évoques qui sont chargés, par
leur ministère, de dislribuer à chacun le
pain de la divine parole, figuré par la mesu-
re de blé dont parle ri'>angile. Il y montre
aussi qu'il n'est personne qui ne puisse ac-
complir le précepte de l'aumône, parce que
Dieu ne l'ordonne que suivant les facultés
d'un chacun, et que dans ceux qui n'ont
rien, leur bonne volonté supplée. Le second i-n;. wi.
sermon traite des deux naissances de Jésus-
Christ. Selon la première, il est né du Père
avant tous les siècles. Selon la seconde, il
est né de la Vierge dans les derniers temps.
Il fait voir que l'Incarnation est une grande
preuve de l'amour de Dieu pour les hommes ;
et, comparant le premier homme avec le se-
cond, c'est-à-dire Adam avec Jésus-Christ,
et Eve avec Marie, il fait voir que si Adam a
souillé le monde par son péché, Jésus-Christ
l'a purifié par son sang et par sa grâce ; et que
si le diable s'est servi d'Eve pour nous ôterla
vie, l'ange est venu à Marie pour lui annoncer
que la vie nous serait rendue. Le troisième
sermon est en l'honneur du martyr saint
Etienne. Le saint évoque y dit que la chari- 55,.
té servit d'armes à ce soldat de Jésus-Christ ,
et que ce fut par la force de cette vertu qu'il
vainquit la cruauté de Saul; de manière qu'a-
près l'avoir eu pour persécuteur sur la terre,
il mérita de l'avoir pour compagnon de sa
gloire dans le ciel. Il traite trois sujets diffé- y, ,
rents dans le quatrième discours : de la fête
de l'Epiphanie, qu'il appelle Manifestation,
parce qu'en ce jour le Fils de Dieu s'est ma-
nifesté aux Mages ; de la mort des Innocents
et des présents que les Mages offrirent à Jé-
sus-Christ, lorsqu'ils vinrent l'adorer. Il dit
que si le Sauveur s'enfuit en Egypte pour
Vita Fulg., pag, 23.
Ihid.
' Homos namque imus ousia, substantia grœco
seriHOne appelhitur. Pag. 535.
70
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
éviter 1.1 fureur d'Hérode, ce ne fut point
par aucune crainte humaine, ni par aucune
nécessité, mais par une dispcnsation divine,
afin que, dans le temps, il pût être attaché
à la croix sur laquelle il devait répandre le
sang de notre rédemption; que ceux qui
doutent de la divinité de cet enfant s'en con-
vaincront en faisant attention' à l'étoile qui
précéda les Majics, et leur montra le che-
min : car cette étoile n'avait jamais paru
jusque-l.'i. Cet enfant venait de la créer et de
la députer aux Mages qui venaient l'adorer.
Il ajoute que par les trois présents ditl'ércnts
qu'ils lui oiïrirent, on peut confondre les hé-
résies qui se sont élevées sur l'Incarnation,
r.f. ;„a. parce qu'ils prouvent que Jésus-Christ est
vrai Dieu, \Tai roi, et vrai homme. Le cin-
quième discours est sur la charité. L'auteur
y enseigne que nous la devons à tous et en
tous temps , à ceux que nous connaissons et
à ceux que nous ne connaissons pas, h nos
amis et même à nos ennemis ; que la chari-
té' s'augmente dans nous à mesme que la
cupidité diminue, qu'elle rend libre celui que
l'amour du monde ne tient point captif, et
qu'elle est la racine de tous les biens, comme
M6. la cupidité est la racine de tous les maux. Le
sixiènie, qui est sur saint Cyprien, nous re-
présente en peu de mots su constance, son
zèle, sa vigilance pastorale, sa charité et la
grandem- de sa foi. Le septième a pour ti-
tre : Du Larron crucifié avec Jésus-Christ. 11
n'est ni si grave ni si bien soutenu que les
précédents. Le huitième est sur la fête de la
6C9. Pentecôte. L'auteur s'y fait cette objection :
« Si quelqu'un vous dit : Vous avez reçu le
Saint-Esprit, pourquoi ne parlez-vous pas
toutes sortes de langues? A'ous lui répon-
drez que vous parlez toutes sortes de lan-
gues, parce que vous êtes dans le corps de
Jésus-Christ, c'est-à-dire dans l'Kglise, qui
parle toutes sortes de langues. » Je ne sais si
cette réponse est digne de saint Fulgence.
510. Le neuvième, qui est un éloge de saint Vin-
cent, martyr, n'est pas de saint Fulgence,
mais de saint Augustin, parmi les sermons
duquel il se trouve dans le cinquième tome
de la nouvelle édition, au nombre 276 ; les
premiers mots ne sont pas toutefois les mê-
mes dans cette édition et dans celle des œu-
vres de saint Fulgence; mais il n'y'a point
de différence dans le reste du discours. Le
dixième est sur ces paroles du prophète Mi-
ellée : Je t'apprendrai, â homme , ce que c'est
que le bien, et ce qui t'est utile, c'est d'agir sui-
vant la justice, et d'aimer la miséricorde. Saint
Fulgence veut que tout homme agisse envers
soi-même comme les jugesde la terre agissent
envers ceux que l'on traduit devant leurs tri-
bunaux comme coupables. Ils renvoient l'in-
nocent, et punissent selon les lois ceux qui
sont convaincus du crime. « Soyons nos pro-
pres accusateurs, continue-t-il, examinons
les replis les plus secrets de notre cœur, et
condamnons tout ce que nous avons fait de
mal. Punissons nos fautes par une sincère
pénitence. Voilà le jugement que Dieu veut
que nous rendions contre nous-mêmes. Il
demande encore rpie nous fassions justice
aux autres, c'est-à-dire que nous ne leur fas-
sions rien de ce que nous ne voudrions pas
qu'on nous fît ; mais, au contraire, que nous
leur fassions ce que nous souhaitons nous
être fait à nous-mêmes. A l'égard de la mi-
séricorde, on peut faire voir en deux maniè-
res qu'on l'aime ; l'une, lorsqu'on reprend
celui qui pèche, et qu'on lui accorde le par-
don quand il promet de se corriger; l'autre,
lorsqu'on donne à l'indigent ce dont il a
besoin.»
§ XMII.
Des livres contre Fabien.
p.;. 511.
Lw lirrfi
conirf Fal'
1. Saint Fulgence s'étant trouvé avec un
arien de queUjuc léputation, nommé Fabien, »oip«iJ'ui.
ils entrèrent en dispute sur divers points de
religion, particulièrement sur la Trinité et
sur l'Incarnation. Au sortir de la conférence,
Fabien répandit dans le public plusieurs dis-
cours sous le nom de saint Fulgence, disant
qu'il s'était expliqué de cette sorte dans l'en-
tretien qu'il avait eu avec lui. Comme il n'y
avait rien de vrai dans tout ce que Fabien
avait attribué à saint Fulgence. ce Père en
entreprit la réfutation dans un long ouvrage
' Hinescis veram hujHS Pueri deitalem, aUende
slKllaui in cœlo fulgenlem, Magu^ pra'cvd('nlc7n et
iler igitoranlibus oslcndcnlcm. llu-c slilta nun-
quniii aille (ijiparuil, ijuia iiunc eaiii Puer isle crea-
vitel mtigis ad se l'enicnUbus prœviam dtpulavil.
Fulg., Serm. i, pag. 501.
• Tniitum rero augetur eharitas gu€.nlmn fueril
iiiimiiiiiln ciipiililas, et illuiii faeil clitirtias .icin-
per liberum guem iwti tenuerit cupidilas mundanu
caplivuiii. Charilas est raiti.r omnium bonoriim,
cupidilas est nidix omuiuii: malorum. HiTiu. 5,
pag. 565.
[vr SIÈCLE.]
qu'il divisa en douze livres. Il no nous en
reste que des frayraents, qui ont été donnés
au public par le Père Cliitllct, et iinprimi>s
dans le recueil des Œuvres de saint Ful-
gence.
ri.'*'iTr! ^- '■''' premier livre avait pour litre : Du
Tf, 1-E. .". Trh-Ilaut, du Consolateur, de la qualité d'en-
voyr, de docteur et de juge. Saint Fulgoncc y
faisait voir que le Fils est Dieu, Très-Haut,
et la vie comme le Père, et que tout ce que
le Père fait, le Fils le fait aussi ; que Dieu
le Père peut être appelé consolateur, pnis-
iic.r. i,j, que saint Paul l'appelle le père des miséri-
cordes, et le Dieu de toute consolation ; que
les otlices de juge, de docteur et d'envoyé,
conviennent au Père et au Saint-Esprit, quoi-
que le nom d'ani^o du grand conseil se dise
proprement du Fils. La raison qu'en donne
saint Fulgence, c'est que Dieu le Père a lui-
même annoncé aux hommes la venue de
son Fils pour leur salut, ainsi qu'on le lit
A.io..iv,in. dans la prophétie d'Amos. Il montrait dans
le même livre qu'il y a deux natures en Jé-
sus-Christ unies en une seule personne ; en
sorte que c'est le même qui est Fils de Dieu
et Fils de l'homme; que l'erreur des nesto-
riens, condamnée par l'Éulise, consiste prin-
cipalement en ce qu'ils enseignent qu'il y a
en Jésus-Cluist deux personnes, comme il y
a deux natures, disant qu'une de ces deux
personnes appartient au Fils de Dieu, et l'au-
tre au Fils de l'homme.
LWrfc'ond, 3. Voici cc que saint Fulgence enseignait
dans le second livre : Le Saint-Esprit gémit ou
demande pour nous lorsqu'il nous inspire de
gémir nous-mêmes pour nos fautes, et de
nous adrçsserà Dieu ; mais on ne peut pas
dire qu'il gémisse véritablement, parce qu'é-
tant Dieu, il n'est sujet à aucune misère qui
lui donne lieu de gémir : Jésus-Christ, néan-
moins, prie pour nous comme homme et en sa
qualité de prêtre ; d'où vient qu'il est dit dans
I josn. 11,1. la première Épitre de saint Jean : Nous avons
pour avocat auprès du Père, Jésus-Christ, qui
est juste. Mais si Jésus-Christ demande com-
me homme, il a de quoi nous donner comme
Dieu. 11 est dit , dans la première Épitre de
iipnr.1,13, saint Pierre, que les anges désii'ent de coiuiai-
tre le Saint-Esprit ; et dans saint Matthieu,
M=iih..tti.i, qu'ils voient continuellement la face du Père.
"' Serait-ce que le Saint-Esprit fut plus grand
que le Père? Non. C'est au contraire pour
marquer leur égalité. Les anges voient con-
tinuellement la sainte Trinité, et ils souhai-
tent toujours de la voir, parce que leur
CHAPITRE 1. — SAINT Fl'LCENCE DE RUSPE.
71
amour ne changeant point d'objet, il ne peut
cesser de se porter vers lui, comme vers lo
bien immuable. Le désir des anges marque
l'aclivili! de leur amour.
4. Dans le troisième livre, l'auteur distin- ,.'•'"• ""'■
guait ce qui est propre à chaque personne de '■''•
la Trinité d'avec ce qui est commun aux trois
personnes. «Il est propre auPère, dit-il, d'en-
gendrer, au Fils d'être né, au Saint-Esprit de
procéder du Père et du Fils; mais l'immen-
sité est un attribut commun au Père, an Fils
et au Saint-Esprit; les trois personnes sont
un seul Dieu; mais on no peut pas dire que
le Père soit Dieu du Fils, si ce n'est à raison
de la nature humaiue à laquelle le Fils s'est
uni. Il est Père du Fils selon la nature divine,
et non pas son Dieu. Au contraire, Jésus-
Christ est véritablement notre Dieu, nous
qui sommes chrétiens, et qui ne reconnais-
sons point d'autre Dieu que lui ; mais il n'est
pas le Dieu des manichéens, qui soutiennent
qu'il n'a pas donné la loi. Il n'est pas le
Dieu des Juifs, qui au lieu de le regarder
comme un Dieu vivant, plein de gloire, le
regardent comme un homme mort depuis
longtemps. Il n'est pas le Dieu des ariens,
qui ne le croient pas un Dieu de même na-
ture que sonPère. Il n'est pas le Dieu de tous
ceux qui ne pensent pas calholiquement. »
5. Le culte que nous devons à Dieu, faisait , um qo».
la matière du quatrième livre. Saint Fulgence 5^2-
y faisait voir par l'autorité de l'Écriture, que
le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sont éga-
lement adorables. Il y distinguait le culte de
latrie ou d'adoration, de celui de dulie, di-
sant que le premier ne convient qu'à Dieu,
et que le second peut convenir aux créatu-
res, selon ce que dit saint Paul ; Assujettissez- c.iia v, ;?,
vous les uns aux autres par une charité vraiment
spirituelle, ■parce que Jésus-Christ est Dieu et
homme tout ensemble. « Lorsque, dit-il, nous
disons de lui qu'il est Fils de Dieu, nous ne
séparons pas l'humanité de la divinité, à
cause que c'est la môme personne qui est
Dieu et homme. D'où vient que le Sauveur se
dit tantôt Fils de Dieu, tantôt Fils de l'hom-
me? Parce que c'est le même qui est Fils de J«n.n,r.
Dieu et Fils de l'homme. Quoique le nom nib- '".' 's-
d'Esprit se dise quelquefois du Père et du
Fils, celui du Saint-Esprit ou d'Esprit-Conso-
lateur estrései'vé à la troisième personne. Le
Saint-Esprit est Dieu comme le Père et le
Fils, et nous sommes le temple non-seule-
ment du Père et du Fils, mais aussi du Saint-
Espi'it, en sorte que nous lui devons le culte
72
HISTOIIIE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
193.
iota, T, 19.
me, |i<s. (,U2.
LitTfl fcp-
liùme, !■-.
t>iu.
I l'clr. 1,12.
Matib.zritl,
10,
Jo»n. XVI,
13.
de latrie comme au Père et au Fils. De là
^^ent que l'Église catlioliiiue qui est le tem-
ple (le la sainte Tiiuité, ne cesse di- lui ollVir
un sacrifice spirituel.
6. Saint Fuliicnce traitait dans le cinquiè-
me li\Te, de la qualité d'imat^e donnée au
Fils, montrant qu'il est tellement l'image du
Pore, qu'il est aussi de même nature; que le
Fils n'imite pas le Père dans ses œuvres, et
n'en fait pas de semblables, mais qu'il fait ab-
solument les mêmes , ainsi qu'il le dit lui-mê-
me dans saint Jean : Tout ce que le l'ère fait,
le Fils aussi le fuit comme lui. Pour donner à
Fabien un exemple de la Trinité dans les
choses créées, ce Père lui proposait l'âme hu-
maine, dans laquelle on distingue trois clio-
ses : la mémoire, l'intelligence et la volonté.
7. Il prouvait dans le sixième, que le Fils
est coéternel au Père ; que le Père a pu l'en-
gendrer sans commencement, parce que la
natui e de celui qui est sans commencement,
n'ayant pas commencé d'êlre, n'a pu non
plus commencer d'engendrer; que l'homme
a été fait à l'image non d'une seule personne
divine, mais de toute la Trinité; qu'il y a en
Dieu trois personnes en une seule nature ;
que comme le feu n'est pas antérieur à sa
splendeur, de même le Père n'est pas anté-
rieur au Fils ni au Saint-Esprit; que la sa-
gesse, c'est-à-dire, le Fils, est la splendeur
de la lumière éternelle ; qu'ainsi ii est éter-
nel lui-même, n'y ayant point de splendeur
delà lumière éternelle qui ne soit éternelle,
8. Dans le septième, qui avait pour titre :
De l' Egalité et de l'unité du Saint-Esprit avec
le Père et le Fils, saint Fulgence établissait
la divinité du Saint-Esprit par divers passa-
ges de l'Écriture. Il y demandait, ainsi qu'il
l'avait déjà fait dans le second livre, com-
ment on devait entendre ce que dit saint
Pierre, que les anges désirent de pénétrer
le Saint-Esprit. Pénétrer en cet endroit ne
signilie autre chose que connaître , et que
l'on ne jjcut douter que les anges qui, se-
lon l'Evangile , voient toujours la face du
Père, ne connaissent aussi le Saint-Esprit,
qui n'est ni moindre ni plus grand que le
Pèie. 11 est dit dans saint Jean que l'Esprit
de vérité ne parlera pas de lui-màne; mais
qu'il dira tout ce qu'il aura entendu. Saint
Fulgence dit que cet endroit, au lieu d'être
contraire à la divinité du Saint-Esprit, mar-
que qu'il est de même nature avec le Père
et le Fils; qu'il entend le Père et le Fils par-
ler, comme le Fils voit ce que le Père fait ,
et comme il dit lui-même : Je dis ce que j'ai
vu dans mon Père. Or, par cette façon de
parler, le Fils se disait égal au Père ; d'oii
les Juifs prirent occasion de le vouloir faire
mourir, parce qu'en disant que Dieu était
son Père, il se faisait égal à Dieu.
9. Le huitième livre était intitulé : De la
Mission du Fils et du Saint-Esprit. Fabien
avait comparé la mission du Saint-Esprit à
celle des anges. Saint Fulgence, pour faire
sentir le faible de cette comparaison, montre
que l'immensité étant un attribut du Saint-
Esprit, puisque, par toute la terre, on baptise
en son nom, et que tous les fidèles sont scel-
lés de son sceau; c'est une preuve qu'il est
Dieu, et tpi'ii ne passe pas d'un lieu à un au-
tre comme les anges. «Sa mission, dit-il, est
bien ditl'éreute de la leur. Ils sont envoyés
pour faire ce qui leur est commandé de la part
de Dieu ; mais le Saint-Esprit, comme Dieu,
comble de ses g races et de ses bienfaits ceux
qu'il veut. S'il n'était pas de même nature
et de même puissance que le Père et le Fils,
serait-il nécessaire pour la validité du bap-
tême, de le nommer avec le Père et le Fils ?
Sa mission n'est donc autre que la collation
de ses dons. Si donc, de ce qu'il est dit en-
voyé, on en infère qu'il passe d'un lieu en
un autre, il faudra dire la même chose du
Père et du Fils, qui, selon l'Évangile, vont
et font leur demeure dans celui qui garde
leur parole. Mais c'est par la grâce que Dieu
habite dans les fidèles, et c'est aussi par la
commuiiicaliondes dons du Saint-Esprit que
le Saint-Esprit nous est envoyé. Lorsque
nous offrons le corps et le sang de Jésus-
Christ *, nous demandons ce qu'il a deman-
dé pour nous, lorsqu'il a bien voulu s'ollrir
pour nous; savoir, que nous soyons un tous
ensemble, comme il est un avec son Père.
Et lorsque, dans la bénédiction ' de la fon-
taine baptismale, nous demandons l'avéue-
ment du Saint-Esprit, nous ne demandons
»re nol-
Ei'bc ,
' Boc nobi.1 poscimus cum corpus et sanguinem
Chrùti o/leiiniti.^, qitod nobis popnscil quaiido se
pro nobis offcrre dignalus est CItrislus. Fiag. 28,
hb. VIII, Conlra Fabiau., pag. 619.
' ni in foHiisbi'.iiediclionc, non sic miUi petimus
Spirilum Sanchim tanquam localriii ejus posca-
mus uilic/Uum , sed in Deo l^alre scicnics Sipirilus
Sancii naturalitir esse origincm, ab ipso Veo l'a-
trespirilalisdoni poscimus In rijil (item, nominc rjus
nuncupante • doua ejujs. Il)iii., Krag. 19, png. 62
irlh.n,
[VI" sifeci.E.] aiAl'ITltlî I. — SAINT
pas son av(^noinont local ; mais sachant qu'il
tiro natiii'ollcraent son orip;ino du Pi'rc, nous
(Icnianilons au Pl'vo miMU{\ la collation des
lions (lu Saint-l!]s[iiit, en nommant ces iloiis
tlu nom mémo du Saint-Espril. Il faut ontcu-
drc par cos dons, les sept esprits do Dieu,
que saint Joau dit, dans son Apocalypse, être
envoyés par toute la terre. Toute mission
n'est pas toujours apparition. Le Saint-Es-
prit n'a apparu que deux fois : l'une en for-
me de colondjo, l'autre en forme do lanf:;ues
de feu; mais il est envoyé souvent sans qu'il
paraisse. La mission des anges n'est pas non
plus toujours sous une figure sensible; ce
n'est que quand Dieu leur ordonne. Le dia-
ble ne fut point envoyé h Job, il lui fut seu-
lement permis de le tenter. »
iO. Le titre du neuvième livre est : De
VInvocntion de la Sainte Trinité. Fabien ob-
jectait que toutes les oraisons et les prières
communes, même l'Oraison dominicale, s'a-
dressaient cl la seule personne du Père.
Saint Fulgence n'en disconvient point, mais
il soutient que la Trinité entière est honorée
dans l'invocation d'une seule personne. Il
rapporte quelques passages de l'Écriture,
dans lesquels il prétend trouver qu'Abraham
a invoqué en même temps le Père et le Fils.
Il en cite un où saint Etienne invoque Jésus-
Christ seul; et ajoute que, dans les prières
que nous adressons au Père, nous concluons
toujours par le nom du Fils et du Saint-Es-
prit, comme si nous disions au Père de nous
accorder par son Fils ce que nous deman-
dons, comme il a fait par son Fils que nous
fussions; aussi saint Paul assure, d'une voix
prophétique, que quiconque invoquera le nom
du Seigneur sera sauvé. Il donne encore l'ensei-
gnement suivant : « Bien cpie l'Incarnation
soit l'ouvrage de toute la Trinité, on ne peut
pas dire que Jésus-Christ soit le Fils de la
Trinité ; mais selon sa divinité il est Fils du
seul Père, et selon son humanité Fils de
la seule Vierge Mario; le nom de Jésus-Christ
n'est pas le nom de l'homme seul, mais aussi
le nom de Dieu ; et il se prend néanmoins
quelquefois dans l'Écriture pour marquer
la nature divine seule, quelquefois la nature
humaine seule, et souvent les deux ensem-
FlILr.E.NCE DE RUSPE. 73
ble; la sainte Église catholique n'offre point
le sacrifice aux personnes, mais ensemble
j'i toute la sainte Triniti-, et, comme lors-
(pr(!l!o adresse ses piières i\ la personne du
Père, elle invoque en môme temps toute la
sainte Trinité : de même lorsqu'elle sacrilio
au Père, elle sacrifie aussi^'i la Trinité. Lors-
que, dans nos actions de grâce, nous nous
adressons au Père et au Fils, alors nous con-
sidérons le Fils selon sa divinité; et quand
nous rendons griice au Père par le Fils,
nous le considérons comme homme. Mais
parce qu'il est constant qu'il n'y a qu'une
nature de la sainte Trinité ', c'est avec jus-
tice que les fidèles terminent les psaumes et
los hymnes par ime mènjc glorification du
Père, du Fils et du Saint-Esprit.»
1 1 . Dansle dixième livre saintFulgence con-
tinuait h faire voir que ce qui est dit de la per-
sonne du Père dans le Symbole des apôtres,
convient aux autres personnes de la Trinité ;
qu'ainsi, c'est du Fils comme du Père qu'il est
dit dans ce Symbole qu'il est tout-puissant et
créateur du ciel et de la terre. Il définit le
Symbole un pacte ou abrégé ^ de la doc-
trine chrétienne, et ne doute pas qu'il ne soit
des apôtres. Il ajoute : « Comme il convenait
de confesser non - seulement le mystère
de la création, mais encore celui de la ré-
demption du genre humain , ce Symbole
fait aussi mention de l'incarnation du Fils
de Dieu, de sa naissance de la Vierge Ma-
rie par l'opiiratioa du Saint-Esprit , de sa
mort, de sa sépulture et de sa résurrection :
après quoi nous faisons profession de croire
au Saint-Espril, qui est l'Esprit du Père et du
Fils, et qui pi'ocède de l'un et l'autre; en sorte
que le symbole rend témoignage à la divini-
té du Fils et du Saint-Esprit , comme à la di-
vinité du Père, en montrant que le Fils et le
Saint-Esprit tirent leur origine naturelle du
Père. )) Il fait aussi mention de la sainte Église
catholique, pour nous apprendre qu'elle est la
maison de Dieu, la cité éternelle du Rédemp-
teur; et que quand l'on n'est point dans sa so-
ciété ni uni avec elle, on n'obtient point la ré-
mission de ses péchés, et on ne parvient point
par la résurrection de la chair à la vie éter-
nelle, mais au supplice d'une mort éternelle.
jrnn. IK, J~i.
Mallh, il,
Jrn
M
I»,
I.ivro dlxiè.
mn, l'Og. 6^2.
' A'a?n quia unam naturam constat esse sanc-
tœ Trinilati-i, dignum est ut una gloria Patri et
Filio et Spiritui Scincto dicalura fidelibus inhym-
nis et psaliiiis. Fulg., lib. IX Contra Fabian.,
frag. 3i, pag. 642.
' Est autem symbolum quoddam verum pactum
veraque coll'jtio in cujus brevit.ate totius creduli-
lalis chrislianœ summa consista. Lib. X, pag.
632.
74
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Ael. Il, ^<i.
Act iiii.i;.
Ael. I, 17,
Ad. xtx, I.
(,'iirJlior8 5iir
la i-riifcï«irn
du SalDI-K'.
Iiil, Hg.(C3.
Le dernier fragment du dixième livre, est
une récipitulation des divers ar<?uments que
saint Fulgence avait apportés dans tout l'ou-
vra ixe, pour étal)lir la divinité du Saint-Esprit :
« Les œuvres du Père et du Fils, dit-il, lui sont
communes, c'est lui qui a alTermi la vertu des
cieux, les anges désirent de le connaître, il
est descendu sur Jésus-Christ au moment de
son baptême ; ce sacrement s'administre en
son nom comme en celui du Père et du Fils,
ou plutôt le nom de ces trois personnes est
un et le même. C'est lui qui nous confère
la grAce d'adoption, nos corps sont son tem-
ple, c'est en son nom que Jésus-Christ chas-
sait les démons ; enfin, il remplit par son im-
mensité le ciel et la terre.» Ce sont là les preu-
ves que saint Fulgence apporte de la divinité
du Saint-Esprit ; il prétend que dans les en-
droits du livre des.\ctes des apôtres, où il est
dit que plusieurs avaient été baptisés au nom
du Seigneur Jésus, il faut entendre sous ce
nom ' les trois personnes de la Trinité, parce
qu'il ne peut y avoir de ditl'erence naturelle
de nom dans la Trinité où la nature est une,
et parce que saint Pierre qui est dit avoir bap-
tisé au nom de Jésus-Christ, ne pouvait avoir
agi contre la doctrine de son Maître, qui a
ordonné de baptiser au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit.
§XLX.
Des ouvrages de saint Fulgence que nous n'avons
plus.
1. Hincmar, archevêque de Reims, et Ra-
Iramue, moine de Corbie, répondant l'un et
l'autre aux objections des Grecs, citent deux
passages tirés du livre des Questions sur la
procession du Saint-Esprit, sous le nom de
saint Fulgence. Il enseigne dans ces deux pas-
sages, que tout ce qui appartient à la nature
divine ' est commun aux trois personnes, de
telle manière que chaque personne a quel-
que chose qui lui est propi-e ; c'est le propre
du Père d'engendrer, du Fils d'ôtreengendré,
Alirislli.
et du Saint-Esprit de procéder du Père et du
Fil*. Dans toutes ces propriétés il ne se fait
aucune séparation de la nature divine, elles
ne servent qu'à faire connaître les personnes.
Nous n'avons point d'autre connaissance de
ce livre, à moins que ce ne soit le même que
ce Père composa à la prière du prêtre Abra-
gila. Celui-ci était intitulé : Du Snint-Esprit ,
et saint Fulgence y faisait voir par un grand
nombre de passages de l'Écriture, que le
Saint-Esprit est un seul Dieu avec le Père et le
Fils. Il ne serait pas surprenant qu'il eût par-
lé dans cette ouvrage de la procession du
Saint-Esprit, puisqu'il en parle en beaucoup
d'autres endroits. Cependant, Hincmar etRa-
tramne ' citent de lui un livre des Questions
sur la procession du Saint-Esprit. On peut
donc croire que ce Père avait écrit un ou-
vrage particulier sur cette matière.
2. Saint Isidore* de Séville fait mention
d'un livre qui contenait le rapport de ce qui
s'était passé dans une conférence où saint
Fulgence avait disputé sur la foi en présence
du roi Trasamond. Ce livre n'est pas venu
jusqu'à nous , non plus que celui du Saint-
Fsjjrit adressé à Abragila, et dont il est parlé
dans la \'ie de saint Fulgence.
3. Il est aussi fait mention dans cette Vie
d'une excellente lettre de ce saint évéque imiitii-j"-
aux catholiques de la ville de Carthage, dans f"';''*"L,
laquelle il découvrait tous les artifices dont
les ennemis de la foi usaient pour les sédui-
re ; de deux livres où il traitait du jeune et
de la prière , pour l'instruction de la vierge
Proba; de deux lettres écrites au nom des
évéques relégués en Sardaigne , à une fem-
me de condition nommée Stéphanie, et dont
un arien , nommé Fastidiosus , avait trans-
crit plusieurs choses dans un discours qu'il
avait fait contre la foi catholique; et d'une
lettre à un évêque nommé Jean , apparem-
ment de Tarse, où saint Fulgence prouvait
que la douceur chrétienne ne permettait pas
de livrer un coupable aux juges séculiers;
de dix livres contre Fabien, et de sept Hvres
Lptire atz
CarlhariDoi» .
LtTrM eonlr^
Fah:fD, eni >
trc Faii.ti-, «1
contre fm't.
' Sed attende quiddixeril Christus aijus doctri-
ttam veraciler lenuit l'etrus. In nomine quippe
Patris et Filii et Spiritus SancU génies baptizari
debere prœcepil. Hoc prœceptum Peints lenacissi-
me cuslodivil... et quod docuit bapdzari in nomi-
ne Jcnu Chrisli, in uno bniitizaiil nomine Patris
et Filii et Spiritus Sanili. Niilla esl cnim in Tri-
nilale diversitas naturalis nominis, ubi cit ipsa
unilas naturalis. Ibid., lib. X, pag. 661.
' Sic tutum quod est ipsa natura commune tri-
bus invenilur esse personis, ut aliquid lamen, iii-
veniatur, quo proprie unaquœque persona nosca-
tur.Samproprium Patris dicimus esse quod genuit;
propriu m dicim us Filii esse quod soJiw de solo Pâ-
tre nalus est; proprium Spiritus Sancii, quod de
Paire Filioquc procedit. In liis vero propriis nul-
la est nalurœ separatio, ned qua-dam pirsonalis
agnilio. Fulg., hb. De Spiritus Sancti processione,
pag. 663.
» Ibid.
* Isjilorus, Uist. nat. de Scriptor. ecclesiast.,
cap. XIV.
F.iv m..
.iirn K.i li-
Soriiion *iir
U Circoud-
■lîimon ^iir
U Puriflca-
|)nn. Il n>'t
; de 8,iinl
Fii'pen«,pos.
rF.iti)i.iDio.
Traité de la
Prédestina-
lioD et de 11
erâcc, j'a-.â,
ID Aji[ tnduc.
[VI' siÈCLK.] CHAI'irilb; I. — SAINT
contre Fiiusle de Riez. Tous ces dcrits sont
perdus, ù la n^serve do quel(incs fragments
des livres contre Fabien, et de ce que Fasti-
diosus avait copié des lettres A Sti^plianie.
Nous avons encore perdu son vérital)le traité
contre l'évoque Pinta.
4. Il avait sans doute fait beaucoup plus
de discours que nous n'en avons de lui. Ou-
tre ceux dont nous avons parlé plus haut, il
y en a un sur la Circoncision, qui est diicnede
lui. On y reconnaît son style et sa doctrine ,
son attention h prendre la défense de la foi
sur la Trinité et sur l'Incarnation en toute
occasion, soit contre les ariens, soit contre
les manichéens ; et son zèle pour l'unité de
l'Église, qu'd appelle, comme dans ses au-
tres ouvrages, la maison de Dieu.
5. Le sermon sur la Purification de la
Sainte Vierge est moins éloquent que le pré-
cédent : d'ailleurs, la fête de la Purification
n'était point établie en Occident du vivant de
saint Fulgence. L'auteur la regarde comme
aussi célèbre que celles de la Nativité de Jé-
sus-Christ, de la Circoncision et de l'Epipha-
nie ; il dit que quelques-uns la croyaient
même la plus illustre de toute les solennités
de l'année, et que tous les fidèles assistaient
à la célébration des mystères, tenant un cier-
ge allumé en leur main. La fête de la Puri-
iication fut établie A Antioclie en 527, l'an-
née d'après le tremblement de terre qui ren-
versa une grande partie de cette ville ; mais
on ne commença à la célébrer à Constanti-
nople que l'indiction cinquième du règne de
Justinien, c'est-à-dii-e en o4i, d'où elle passa
ensuite dans le reste du monde chrétien.
[Le cardinal Mai a publié tome I Biblio-
thec. Nou., pag. 494-490, un discours sur l'E-
piphanie non encore édité ; il l'a trouvé dans
plusieurs discours manuscrits du Vatican,
sous le nom de saint Fulgence, mais il ne se
pi'ononce pas sur son authenticité.]
§XX.
Des écrits faussement attribués à saint
Fulgence,
1. Théophile Raynaud s'estdonnéde grands
mouvements pour persuader au public que
le traité de la Prédestination et de la grcîce ,
que l'on regardait depuis longtemps comme
un ouvrage supposé , était véritablement de
saint Fulgence. Mais ses raisons n'ont con-
vaincu personne, et l'on a continué démet-
tre ce traité parmi les écrits qui portaient
FULGENCE DE lllJSPE.
73
ù faux le nom de ce Père. Il n'est pas en ef-
fet vraisemblable (pie saint Fulgence, après
avoir composé un livre sur la prédestination
et la grAce, pendant son exil en Sardaigue,
comme le dit Théophile lleynaud, en ciU
compose! trois autres sous le même titre, aus-
sitôt après son retour en Afrique, pour satis-
faire aux questions que Jean et Vénérius lui
avaient proposées. Ajoutons que la doctrine
de ce traité est contraire à celle de saint Ful-
gence sur la grâce et la prédestination ; que
l'auteur possédait même si peu cette matière,
qu'il raisoime tantôt en demi-pélagien , et
tantôt suivant les principes de saint Augus-
tin. Son style n'a pas non plus la netteté de
celui de saint Fulgence.
2. Des quatre-vingts sermons qui se trou-
vent dans ['Appendice, il y en a (jnelques-uns
qui sont do saint Augustin, et qui se lisent
sous son nom dans la nouvelle édition de ses
œuvres. On ne sait point de qui sont les au-
tres, si ce n'est que la plupart paraissent d'un
autem" africain ; ils sont précédés d'une pré-
face, qui est sans doute de celui qui a fait le
recueil de ces discours, croyant qu'ils étaient
de saint Fulgence; c'est une fortchétive piè-
ce, tant pour les pensées que pour le style.
§ XXI.
Jugement des ouvrages de saint Fulgence. Ca-
talogue des éditions qu'on en a faites.
1. La vertu et le savoir de saint Fulgence
le rendirent également la gloire et l'orne-
ment de l'Église d'Afrique. Vrai disciple de
saint Augustin , il ne se contenta point d'en
épouser les sentiments, il en imita la con-
duite, et il fut comme lui le défenseur de la
grâce de Jésus-Christ contre les demi-péla-
giens, et de sa divinité contre les ariens. Son
style est moins pur et moins châtié que ce-
lui de son maître; mais il est net et facile.
Il montre partout beaucoup de vigueur et de
force d'esprit, soit dans ses expressions, soit
dans ses raisonnements, et met les matières
les plus abstraites dans un si beau jour, qu'il
les rend inteUigibles aux esprits les moins
pénétrants. Toutefois, soit dans la crainte de
ne les avoir pas assez développées, soit je
ne sais par quel autre motif, il les explique
souvent de ditlérentes manières , ce qui lui
occasionne des redites et le rend trop dill'us
et trop abondant. On voit par plusieurs de ses
écrits, surtout par ce qui nous reste des li-
vres contre Fabien, qu'il se plaisait dans les
Fiil
Sprmon«
■mfnl at-
its rt ».iirl
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M.
Jnptîfrent
di*= i^rrils ito
f.int Fulgca-
HISTOIUE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
îC* HUtr«£rî.
7G
questions épineuses, et qu'il les traitait avec
beaucoup de subtilité. Quand il décide, c'est
toujours en s'appuyaut sur l'autorité des di-
vines Écritures dont il était très-instruit. Il
alli'gue aussi les témoignages des Pères, par-
ticulièrement de saint Augustin. Il donne pour
maxime, et il la suivait lui-même , que dans
toutes les questions ' qui forment quelque
doute par leur obscurité, il faut s'en tenir
à leurs défmitions , Dieu les ayant éclairés
gratuitement par sa grûce prévenante , afin
qu'ils crussent ; et les ayant ensuite remplis
de son esprit , atin qu'ils enseignassent les
autres.
2. Nous ne connaissons point d'édition des
Œuvres de saint Fulgence, plus ancienne que
celle de Bâle, en 1556; on en fit d'autres en
la même ville, en l.i66 et 1587 ; à Anvers, en
1374; à Cologne, en 1G18; à Lyon, en 1G33 ,
1632 et 1671, avec les ouvragesdu pape saint
Léon. Ils se trouvent aussi dans le neuvième
tome de la Bibliothc'qw des Pères, imprimée
dans cette ville, en 1G77. Le traité de l'In-
carnation a été imprimé séparément dans le
vingt-septième tome de cette bibliothèque.
Le Père Sirmond donna quelques opuscules
de ce Père, eu 1G22 et en 1643; Caméra-
rius, en 1634, et le Père Chifflet, en 1649 et
1636 , en ont fait de même. Le livre de la
Foi' adressé à Pierre, a été inséré dans VAp-
jicndice du sixième tome de saint Augustin.
L'édition la plus complète est celle de Paris,
en 1G84, in--4i>, chez Guillaume Desprez. L'é-
diteur a revu les ouvrages de saint Fulgenco
sur plusieurs manuscrits, et mis au bas du
texte les leçons variantes que le Père ChifiQet
lui avait communiquées, après les avoir ti-
rées lui-même de la bibliothèque de la Char-
treuse-aux-Portes, dans divers manuscrits.
Il ne manque à celte édition que quilques
notes critiques , tbéologiques et historiques,
et plus d'ordre dans l'arrangement des ou-
vrages de saint Fulgence : car on n'y a suivi
ni l'ordre des temps, ni celui des matières;
elle est d'ailleurs assez exacte, en bon pa-
pier et en beaux caractères. La Préface n'est
point de l'éditeur; on y voit quels sont les
véritables ouvrages de ce Père , eu quel
temps ils ont été écrits, ceux que nous n'a-
vons plus, et ceux qu'on lui a faussement
attribués.
[L'édition de Paris a été réimprimée à Ve-
nise, en 1742, in-folio, et dans la Palrologie
latine, tom. LXV.]
CH.4P1TRE II.
Saint Rémi, évêqac de Reims, et apôtre des Français.
[Écrivain latin, 535.1
nii. TerS 1 âQ
1 . Au milieu des persécutions que l'Eglise de
Reims eut à soutlVir de la part des Huns et
des Vandales, Dieu, par un effet admirable de
sa providence, lui préparait un soutien et un
consolateur daus la personne de saint Rémi.
Un solitaire, nommé Montan, qui vivait dans
les exercices de la piété aux environs de la
ville de Laon, auiioura sa naissance à Gilinie,
dont l'âge avancé ne lui permettait plus d'es-
pérer d'être mère : mais l'événement justifia
la prédiction du solitaire. Cilinie, au bout de
neuf mois, eut un fils qui fut nommé Rémi au
baptême. Son père se nommait Emile. Il de-
meurait dans le château de Laon, où il prati-
quait avec Cilinie, sa femme, toutes sortes de
vertus. Il parait qu'on iieut fixer la naissance
de saint Rémi vers l'an 439, puisque dans une
lettre qu'il écrivit en 512, il dit qu'il avait
alors cinquante-trois ans d'épiscopal, et que
selon l'opinion commune il n'avait que vingt-
doux ans quand il fut élu évoque de Reims.
On lui donne deux frères ; l'un nommé Prin-
cipe, qui fut évoque de Soissons : le nom de
l'autre n'est pas connu. On sait seulement
' DijjUMii est, fratres charissimi, uf in singuHs-
qnibusque senlentiis in qtiibus iiubilo cujusdum
obscurilatis ambigiinus, :-anctorum Palntm dcfi-
nitionibus hœreamus : quos prmveniens viisericor-
dia Dei gratis illuminavitut crcderent, et sequr:'^
iiistruxi( spiritalilcr ut docercnt. Fulft., lib I !>'•
l'nvdr.tl., cap. .w, ymg. WO.
ntlnn
li csl fn't
éifOqofl de
hi-iii.s , ^crb
lia ICI.
Sa rniidulfo
[vi« SIÈCLE.] CIIAPITltE II. -. SAINT RÉ
qu'il s'cngaf^oa dans le mariage, et qu'il ciil
pour fils saint Loup, qui est compté parmi les
évoques de Soissoiis.
2. L'éducation de saint llémi répondit ;'i la
"' noblesse de sa naissance, et h la piété de ses
pore et mère. Il fit des progrès considérables
dans 1rs lettres humaines et dans la vertu.
Souvent il se dérobait de la compagnie de ses
proches pour vaquer à la prière et ;\ la lec-
ture des livres saints, se retirant à cet cQot
en un lieu secret du cliàteaii de Laon, qu'on
regardait encore du temps d'Hincmar avec
vénération. L'amom- de la perfection le por-
ta ù quitter la maison paternelle pour aller
vivre dans une solitude éloignée, où, n'ayant
que Dieu pour témoin, il s'abandonna à la
ferveur de son zèle, redoublant ses jeûnes,
ses veilles, et ses prières.
3. Ce fut de cette retraite qu'on le tira pour
le mettre sur le siège épiscopal de Reims, va-
cant par la mort de Bennade. C'était vers l'an
461, dans la vingt-deuxième année de son
fige. Les canons de l'Eglise demandaient un
âge plus avancé pour un évoque ; mais il y
a des vocations extraordinaii'es, et l'Eglise
ne s'est point toujours astreinte à ses pro-
pres lois. Quoique saint Paid défende d'or-
donner évêqueunnéophite, on ne laissa pas
de choisir saint Ambroise pour évoque de Mi-
lan, dans le temps qu'il n'était que catéchu-
mène. Dieu justifia le choix qu'on avait fait
de saint Rémi par une lumière céleste dont il
l'investit au moment que l'évêque qui le con-
saûrait répandait sur sa tête l'huile sainte.
4. Sa conduite pendant son éplscopat fut ad-
mirable, étant toujours occupé ou à la prière,
ou à la méditation de l'Écriture, ou à l'ins-
truction de son peuple, ou à la conversion
des infidèles, ou à combattre les hérétiques.
On le comparaît à saint Paul pour le feu et
Sl'tnn. lili,
VIII K,.l<l.
MI, ÉVftQUE DE REIMS. 77
l'onction do ses discours : car il était iialunl-
Innent éloquent, et avait l'esprit i^xceilent.
Il faut rapporter ici ce que saint Sidoine Apol-
linaire en dit dans une lettre à Principe de
Soissons, où il fait l'éloge de ces deux frères :
« J'ai piis plaisir, lui dit-il, d'examinru' avec
quelle tlignité vous remplissez l'un et l'antre
les obligations de l'épiscopat. La maison do
l'ancien pontife Aaron peut à peine être com-
parée ;\ celle de votre père. En approchant
des saints autels, vous n'y olfrez point un feu
étranger, mais l'encens d'une agréable odeur
avec les victimes de la charité et de la chas-
teté. Combien de fois n'avez-vous pas enchaî-
né parla vertu de vos discours ceux qui, com-
modes taureaux indomptés, refusaient de su-
bir le joug de la loi sainte ? Combien de fois
n'avez-vous pas inspiré l'amour de la pureté à
d'autres, qui comme des animaux lascifs, s'a-
bandonnaient aux plaisirs les plus infâmes ?
Combien de fois n'avez-vous point porté par
vos exhortations les pénitents à gémir de
leurs fautes devant Dieu? Combien de fois n'a-
vez-vous point obligé des perfides à mettre
bas toute dissimulation, à se déclarer pour
la saine doctrine, à faire publiquement pro-
fession de la vraie foi, à suivre la voie du
salut, et à espérer la vie éterueUe, en les fai-
sant passer du schisme, de l'hérésie et de
l'hypocrisie, à l'amour sincère de la vérité ? »
3. L'éloge que saint Sidoine fait des écrits se=,crits,
de saint Rémi, dans une lettre qu'il lui écri-
vit, est d'autant plus considérable, qu'il est le
seul auteur contemporain qui en ait parlé, et
que ces écrits n'existant plus, nous ne pou-
vons en juger par nous-mêmes. Saint Sidoine
n'en marque ni les titres, ni les sujets ; il se
contente de dire qu'Us étaient en plusieurs vo-
lumes, et qu'ayant trouvé moyen de les avoir '
par un homme d'Auvergne qui gagna par ar-
»
' Qtiidam ab Àvernis Belgicam pelens,pnstqiiam
Rhemos advenerat , scribam tuum seu bibliopolam
prelio ofpcio re demeritnm, copiosissimn, velis no-
lis, declamalionum luarum schedio emunxit. Qui
redux nobis atqiie oppido gloriabundus, quippe
perceplis tôt voluminibus quidquid detiilerat ,quan-
guam mercari paralis, promunere ingessit. Curœ
mihi fuit, iisque quistudent, cum merilo lecluri-
remus.plurima tenrre, cinida transcribere. Om-
nium assensu pronnntiatum, pauca nunc passe
similia dictari. Elenim rarus aul nuUus est cui
meditaiuro par assl'tial dispositio per causas, po-
sitio per litteras, compnsitio per syllabas; ad hoc
opriartunitas in eïemplis, fidcs in testiinoniis,pro-
prietas in rpilhelis, urbanitasin figuris.virlus in
argumenlis, pondus in sensibus, flumen in verbis,
fulmen in clausulis. Structura vero forlis et, flr-
ma, conjunctionumque perfacetarum nexa cœsif
ris insolubilibus : sed nec liinc minus lubrica et
lœvis ac modis onniibus erotundata : quœque lec
loris linguam inolfensam decenter expédiai, ne
salebrosas passa juncturas, per cameram palati
volulala balbutiai. Tota denique liquida prorsus et
ductilis, veluti cum crysiallinas cruslas,autony
chintinas non impacto digiius ungue perlabitur :
quippe si niliil eum rimosis obicibus exceptum
tenax fractura removetur. Quid plura ? Xon extat
ad pra'sens vivi honiinis oratio quam perilia tua
non sine labore iransgredi qneat, ac supervadere.
Unde el prope suspicor , Domine papa , propter
eloquium exundans atqne inefj'abile fvenia sit dic-
toj te svperbire. Sed licet bono fulgens ut cons~
cientiœ, sic dielionis ordinatissime ; nos tibi ta-
men minime sumus refugiendi, qui bene scripta
HlSTOmK GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
78
pent ou autrement le secrétaire de saint Ré-
mi, tout son soin, après les avoir reçus, fut
(le s'a])plir[uor avec ceux de ces gens qui fai-
saient profession d'étude, de les lire et de
les transcrire ; mais qu'il ne se trouva per-
sonne d'entr'eux qui écrivit avec autant de
grâce et de perfection qu'il y en avait dans
l'oritrinal. Il loue en frénéral la justesse de
ses discoiu^, qui se soutenaient partout avec
autant de solidité que d'agrément, la gran-
deur de ses sentiments, la force de ses ex-
[M-essions, la convenance des exemples qu'il
rapportait, la fidélité et l'exactitude des té-
moignages dont il appuyait ses raisons, le
choix des épilhètes, la grâce et la politesse des
figures, la force des raisonnements. 11 ajoute
que les paroles y coulaient comme un Ueu-
ve, et que les conséquences portaient coup
comme la foudre ; que chaque partie était
lollcment liée l'une avec l'autre, que le tout
qu'elles formaient se soutenait parfaitement ;
que la structure en était si coulante, le style
si délicat et si beau, qu'on pouvait le com-
parer h une glace de cristal Lien polie, sur la-
quelle l'ongle coule sans sentir la plus petite
inégalité. « Que dirai-je davantage? contiimc-
t-il, il n'y a point dediscom-s d'homme vivant
k présent, que le vôtre ne puisse aisément
éclipser, et peu s'en faut qu'il ne me vienne
en pensée, pardonnez-moi, seigneur évêque,
cette expression, qu'il est difficile que tant de
mérite ne vous inspire quelque vanité. Mais
quand même la pureté de votre conscience,
qui égale votre éloquence, vous mettrait au-
dessus des atteintes de l'orgueil, vous ne de-
vriez pas rebuter les louanges que nous vous
donnons, puisqu'encore que nous ne soyons
pas en état d'écrire rien qui mérite d'être
loué, il ne nous est pas libre de ne pas louer ce
qui est bien écrit. N'appréhendez donc pas
à l'avenir notre jugement, qui n'a rien de
mordant ni de satyrique ; et si votre modes-
tie vous empêche de nous faire part de la doc-
trine renfermée dans vos écrits, où nous pou-
vons trouver de quoi nous enrichir, nous ne
négligerons rien pour vous les enlever, et
nous consentirons volontiers qu'on aille les
prendre jusques dans votre cabinet, fallût-
il ponr cela suborner ceux à qui vous les au-
riez confiés. ))
G. On ne peut donc douter que saint Ré- c«n«vii.. i
mine se soit rendu célèbre dans les Gaules, *"!;•
autant par sa doctrine et par son éloquence
que par sa piété. Mais ce qui donna le plus
d'éclat à son épiscopat, fut la conversion du
roi Clovis et d'un grand nombre de Français.
Ce prince, qui était fils de Childéric, lui avait
succédé dans la royauté en 481, étant âgé
d'environ quinze ans. Dans le dessein 'd'étein-
dre la puissance des Romains dans les Gaules,
où ils dominaient depuis Jules-César, il livra
bataille à Siagrius , gouverneur des Gaules
pour les Romains, qui faisait sa résidence
ordinaire à Soissons, et le vainquit. En 493,
Clovis - épousa Clotilde, fille de Chilpéric, et
nièce de Gondebaud, roi des Bourguignons.
Elle était chrétienne et catholique, quoique
son oncle et toute la nation des Bourgui-
gnons fissent profession de l'arianisme. Clo-
vis était encore païen : mais il ne laissait pas
d'avoir beaucoup d'égard pour les chrétiens,
d'épargner les églises et d'honorer les saints
évèques. Le premier fruit de son mariage
avec Clotilde fut un fils. Cette princesse, vou-
lant le faire baptiser, en prit occasion d'ex-
horter le roi à quitter le culte des faux dieux
pour n'adorer que le créateur de l'univers.
Son discours ne persuada point Clovis ; mais
il ne s'opposa point au baptême de son fils,
qui mourut portant encore l'habit blanc,
c'csf-à-dire dans la même semaine où il
avait été baptisé. Le roi, touché de cette
mort, en rejeta la cause sur le baptême que
son fils avait reçu, disant que si on l'avait
consacré ù ses dieux il ne serait pas mort. Il
eut ' un second fils, que la reine fit aussi
baptiser, et nommer Clodorair. Quelque
temps après il tomba malade : et le roi, ne
doutant point qu'il ne dut mourir comme son
frère, fit des repioches amers à Clotilde de
l'avoir fait baptiser ; mcais l'enfant guérit par
les prières de la mère. Elle ne cessait de
presser le roi de renoncer au culte des ido-
les, et toujours sans succès, jusqu'à ce que,
se trouvant en péril d'être entièrement dé-
fait par les Allemands dans la bataille do
laudamus, et si laudanda non scribinins, quocirca
desine in posterum noslra declinare juilicia quœ
nil mordax, nihilque niinanlur increpnlorium.
Alioqui sidislulerii noslram sterililatem facundis
fœcundare coUoquiis. aucupabimur nundittas in-
Volanlum; el uUro scrinia tua, connivcnlibits no-
bis ac subornanlibus, effraclorum manus arguta
poptilabitur. Siilonius, Episl. 7, lib. IX.
> Gromir. Turon., lit). Il Ilist. Franc, caii. xxvi.
' Ibid., cap. xxviu, et lib. III. cip. xxix.
• Ibid., cap. XXX.
[VI° SIÈCLE.]
CHAPITHE II. — SAINT
Tolliiiic, il promit, on ëlcvaiit los yeux au
rirl, fiup si Jt'sns-Clirist, que CInlihIc diiçait
(■'Iro if! Fils du Dieu vivant, lui iloniiait la
vicloirc, il croirait ' en lui et se ferait bap-
tiser en son nom. A peine avait -il fait
cette promesse que les Allemands, tournant
le dos, commenc(''ront à fuir et ;\ demander
quartier. Celait la quinzième ainiëe du rè-
gne de Clovis, etran^DOdeJiisus-Christ. Au
retour de cette expédition, qui s'était faite
près de Cologne, le roi, en passant ù Toul,
emmena * avec lui un saint prêtre, nommé
Védastus ou Woast, atin qu'il l'instruisit en
chemin et le préparât au baptême. La reine,
de son côté, fit venir saint R(''iin', qui continua
de l'instruire, en lui représentant qu'après le
vœu qu'il avait fait si solennellement, il ne
pouvait plus se dispenser d'embrasser la re-
ligion cbrctienne. « Je ue délibère plus là-
dessus, lui répondit le roi, mais il reste une
dilliculté, qui est de faire agréer le cliange-
ment que je projette h mon peuple et à mon
armée. » Il assembla donc ses soldats et les
principaux de la nation, qui, touchés de
Dieu, s'écrièrent d'une voix unanime, qu'ils
quittaient de bon cœur les dieux mortels, et
qu'ils étaient prêts à suivre le Dieu immor-
tel, que le saint évéqiie Rémi prêchait,
nnumojc 7_ On prépara tout pour le baptême du
roi et des Français, et, en attendant, saint
Rémi et le prêtre Védastus continuaient de
les instruire, leur faisant observer, suivant
la coutume de l'Église, quelques jours de
jeiine et de pénitence. Plasieurs évêques se
rendirent à Reims pom" cette solennité, qui
fut fixée, non à Pâques, comme le dit Hinc-
mar, mais à la Noël, ainsi que le marque '
saint Avite, évêque de Vienne, dans sa let-
tre au roi Clovis. On avait* paré magnifique-
ment les rues, depuis le logis du roi jusqu'à
la cathédrale, qui était éclairée d'un grand
nombre de cierges composés d'une cire mê-
lée d'essences exquises, qui en s'exhalant
avec la fiamme rendaient une odeur mer-
veilleuse. Saint Rémi alla prendre le roi à
son palais, d'où l'on marcha en procession
RÉMI, ÉVÊQUE DK REIMS. 7»
vers l'Église, le clergé précédait avec les
croix et les saints Évamriles, en rhantantdes
litanies. L'évéque conduisait Clovis par la
main, suivi de la reine et du peuple. Le roi,
frappé de cet appareil, dit à saint Rémi : Mon
père, est-ce ta le royaume de Dieu que vous me
jirumelle:? Non, ré[)ondit le saint évèque, ce
n'est que le commencement du chemin pour
y arriver. Dans l'action du baptême, il lui
dit : Baissez la tète, fier Sieambre '', adorez ce
que vous avez brûlé, et brûlez ce que vous avez
adoré, lui faisant comprendre par là qu'il de-
vait respecter les temples du Seigneur, et
jeter au feu les idoles qu'il avait adorées si
longtemps. Il baptisa ensuite Albollède, sojur
du roi, et plus de trois mille Français. Le roi
avait une autre sœur, nommée Lantilde,
qui, quelque temps auparavant, avait em-
brassé la religion chrétienne, mais qui, sé-
duite par quelques hérétiques, était tombée
dans l'arianisme. Saint Rémi, l'ayant retirée
de l'erreur, la lui fit abjui-er; puis il l'oignit
du saint chrême, et l'admit ainsi à la com-
munion de l'Eglise.
8. Albollède ne survécut pas longtemps , H'.';" 'î
à son baptême. Clovis, qui l'aimait, fut vive- J;,';;j|'„'"op.'
ment touché de sa moi-t, ce qui engagea ,1,'^'°"^^^',
saint Rémi à écrire à ce prince une lettre de '"*"
consolation où il lui représente qu'Alboflède
étant morte dans des sentiments aussi chré-
tiens, il y avait plus de sujet de se réjouir de
sa mort que de s'en attrister; que Dieu ne
l'avait enlevée de la terre que pour la placer
dans la gloire, et lui donner la couronne
qu'elle méritait pom" lui avoir consacré sa
virginité ; que des chrétiens ne doivent point
pleurer celle qui a mérité d'être la bonne
odeur de Jésus-Christ; qu'elle doit, au con-
traii'e, faire leur joie, puisque, par le crédit
qu'elle a auprès de son époux, elle peut ob-
tenir des secours à ceux qui en demandent.
« Ainsi, mon seigneur, ajoutait le saint évè-
que, bannissez tout chagrin de votre cœur,
afin que votre esprit, jouissant de toute sa
tranquillité, vous continuiez de gouverner
vos États avec votre sagesse ordinaire. Que
* Greg. Turon., lib. II Hist. Franc, cap. xxvi.
' Ibid.. in Append., pag. 1340, et Bollaud., ad
diem 6 fcbruarii.
' Igilur qui celeber est natalis Christi, sit et
vestri, quo nos sciUcet Christo, quo Christus or-
tus est mundo, in quo vos aniinam Deo, vitam
]>rn>spniihii!i. fnmam posteris cansecrastis. Avitus,
Kpist. 41, tom. Il, Op. Siimoiid., pag. 83, 84. Le
PÈreSirmond qui nous a donné cette lettre, fait cette
remarque ; Ùocet porro, quod hactenus ignoravi-
mus in vigilia Natalis Domini celebratum Ctodovei
baptisma, non in vigilia Paschœ quod Bincmarus
Rhemensis falso sibi et rerum nostrarum scripto-
ribus persuaaerat. Ibid.
' Gregor. , Turon.
5 On croit que les Sicambres ëtaieut des peuples
au-delà du Rhiu, et compris parmi les Français,
dont Clovis était roi.
80
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
les peuples, dont vous êtes le chef, et dont
le couvernement vous est confié, ne vous
voient point dans la tristesse, eux qui par
vous sont accoutumés A vivre dans la pros-
périté. Soyez vous-même votre consolateur,
et ne permettez point que le chagrin trouble
la sérénité de votre àme. Dieu même, le roi
du ciel, se réjouit d'avoir appelé à lui votre
sœur pour la placer dans sa gloire avec les
choîurs des vierges. » Saint Rémi recomman-
dait à Clovis le prêtre Maccolus, porteur de
sa lettre, disant qu'il serait allé lui-même
tâcher de le consoler, sans l'extrême rigueur
de l'hiver. Celte lettre est sans date.
Lfitre de 9. Il n'y en a point non plus à la seconde let-
Mlnl «cm 4 •' • , : , . .
ciois. iihj. ii-e (me le saint evêque lui écrivit, mais on voit
que ce prince se préparait alors a la guerre
contre les Goths, qui occupaient encore une
partie des Gaules, qu'ils infectaient de l'a-
rianisme. Ainsi on peut la rapporter à l'an
506 ou 307. Le dessein de Clovis fut approuvé
de tous les Français.Mais avant de l'exécuter,
il défendit ' à toute son armée de piller les
vases sacrés des églises, ni de faire aucune
insulte aux vierges ou aux veuves consacrées
h Dieu, aux clercs, à leurs enfants, à leurs
domestiques ou aux serfs de rj]glise. Saint
Rémi l'ai donnait des avis snr le gouverne-
ment des peuples que Dieu soumettait à sa
puissance. «Choisissez-vous, lui dit-il, des con-
seillers qui fassent honneur à votre dignité
et qui soutiennent votre réputation. Honorez-
les prêtres, et prenez toujours leujs conseils.
Le bien de vos états dépend de la bonne in-
telligence que vous entretiendrez avec eux.
Relevez et soulagez vos peuples et vos ci-
toyens, consolez et secourez les affligés, pro-
tégez les veuves, nourrissez les orphelins et
faitesen sorte que tousvos sujets vous aiment
et vous craignent, que toutes vos paroles et
vos ordonnances soient accompagnées de
justice. N'exigez rien des pauvres ni des
étrangers ; que la porte de votre palais soit
ouverte à fous ceux qui iront pour vous de-
mander la justice; que personne ne sorte
mécontent d'auprès de vous; que les grands
biens que vous avez hérités de vos ancêtres
soient distribués de façon qu'ils servent à
racheter les captifs et à les délivrer de la
servitude; que tous ceux qui se présentent
devant vous ne s'aperçoivent point que vous
les recevez comme des étrangers. Admettez
lettre it
1 lut ^
les jeunes gens à vos parties de plaisirs, trai-
tez de vos affaires avec les vieillards si vous
voulez régner heureusement, et passer pour
un prince grand et généreux. »
10. Clovis en étant venu aux mains avec
Alaric défit son armée près de Veuille en Poi- t*')"»' _''"
fou, le tua lui-même, conquit presque toute JJ;', ,1;",°''^
l'Aquitaine, et s'avan(;a jusqu'à Toulouse, ',°,^.VL''"u*
d'où il enleva les trésors d'Alaric qui faisait '•*• ""
sa demeure ordinaire en celle ville. C'était
en 507 et 508. Quand la guerre fut finie avec
les Goths, il écrivit une lettre circulati'e aux
évêques des Gaules pour les avertir de répé-
ter ce qu'on pouvait leur avoir enlevé pen-
dant la guerre, et même de demander la li-
berté des captifs, soit clercs, soit laïques. Il mit
toutefoispourcondition, qu'ils ne répéteraient
que ceux qu'ils connaissaient, et que, pour
éviter la fraude, ils scelleraient de leur an-
neau les lettres qu'ils écriraient à ce sujet. D
finit sa lettre en se recommandant à leui-s
prières. Il parait, par la lettre ' sj-nodale du
premier concile d'Orléans, qu'il s'était as-
semblé par ordre de Clovis. Nous n'avons
plus la lettre qu'il écrivit à ce sujet aux évo-
ques de son royaume. On ti'ouve dans le Spi-
cilége et diinsV Appendice des Œuvres de saint
Grégoire de Tours un diplôme de Clovis pour
la fondation du mouastère de Mici au dio-
cèse d'Orléans, adressé à l'évêque Euspice,
dans lequel ce prince l'exhorte, comme évé-
que diocésain, et quelques autres du royau-
me dénommés dans ce diplôme, de protéger
ce monastère avec ses dépendances. Ce prince
mourut en 511, dans la quarante-cinquième
année de son âge et la trentième de son rè-
gne.
11. Quelque temps avant la mort de Clo- „,„,'-'^;';;i"J
vis, saint Rémi avait, à sa recommandation, 'IfJ'jî,"-,..',.''"
élevé à la prêtrise un ecclésiasti(]ue nommé j;^^ t.'i^J'X
Claude. Il lui arriva de tomber dans une fau- l°'^-^[^^°;,
te qui ne pamt pas assez grande à saint Ré-
mi pour méritej-la déposition. Il se contenta
donc de le réconcilier à l'I'^glise par la péni-
tence. Trois évêques des Gaules: HéracJe,
évoque de Paris, Théodose d'Auxeire et Léon
de Sens désapprouvèrent sa conduite, pré-
tendant qu'elle était contraire aux saints ca-
nons, et se plaignirent ù lui-même par une
lettre commune de ce qu'il s'était relâché à
l'égard de Claude, d'une manière qui avilis-
sait son caractère. Le saint, sensible à ces rc-
> In Appeiuiice Operum Gregorii Tiiron.
1327, et loin. IV Cuncil., pan. 1012.
paj.'.
» ïom. IV Condl., pag. 1404.
[Vl" SIÈCLE.]
CIIAPITaE II. — SAINT RÉMI, ÉVOQUE DE REIMS
proches, criil devoir jtislifuu' sii conduile. Il
leur (.écrivit donc, que s'il iiviiil oi-doiiiic piè-
tre celui pour lequel ils l(5inoij^niiieiil tant de
ini^pris, ce n'avait cté par aucun nuitif d'in-
térêt, mais i'i la pricro et sur le téiuoij^na.ue
d'un grand roi, qui méritait bien que l'on eût
pour lui des égards, puisqu'il était et le pré-
dicateur et le défenseur de la foi catiiolique
dans son niyaumc ; qu'en disant (pie ce prin-
ce avait fait élever (>laude à la préirise contre
les canons, ils s'arrogeaient eux-mêmes l'au-
torité du Souvcrain-Pnntife, pour prononcer
sur une matière où il s'agissait de condamner
le procédé du maître des peuples, et le père
de la patrie, et le vainqueur des nations ;
qu'à l'égard du sacrilège dont Claude était
accusé, il les avait priés de trouver bon qu'il
expiât cette faute par la pénitence ; qu'en
cela il n'avait fait que suivre les règles pres-
crites dans les Ecritures où nous lisons que
la pénitence délivra les Niuivites de la ruine
dont ils étaient menacés; que le saiut Pré-
curseur avertit les peuples d'effacer leurs pé-
chés par de digues fruits de pénitence ; que
saint Jean, dans l'Apocalypse, enjoignit aux
évèques d'Asie de réformer par la pénitence
ce qu'ils avaient fait de mal dans l'adminis-
tration des Eglises. « Mais, ajoule-t-il, il me
parait par votre lettre, que vous appréhendez
plutôt que ce prêtre ne se convertisse et ne
vive, quoique vous ne puissiez ignorer que
le Seigneur a dit : Je ne veux point la mort
du pécheur, mais plutôt qu'il se convertisse et
qu'il vive. N 'est-il pas plus expédient de suivre
la volonté du Seigneur, que de nous en écar-
ter ? Il ne nous a pas établis pour dominer
sur les peuples avec hauteur, mais pour les
conduire avec douceur, et plus pour édilier
les fidèles que pour leur faire sentir les effets
d'un zèle trop violent et trop amer. » Il se
plaint de ce que ces trois évêques voulaient
le rendre responsable de certains etlets qu'un
nommé Celse avait confiés à Claude, et de
la personne même de Celse qui avait dispa-
ru. « Vous ne me demandez, leur dit-il, des
choses impossibles que pour avoir occasion
de me traiter avec plus d'indignité, et vous
poussez la raillerie jusqu'à me reprocher le
nombre de mes années en me traitant de ju-
bilé, parce qu'il y a cinquante-trois ans que
je suisévêcpje. »
12. Il ne paraît pas moins de vigueur dans
la lettre que saint Rémi écrivit à Foulques,
évêque de Tongres. En voici l'occasion :
L'église de Mouzon avait toujoui-s été de la
XI,
81
jinidiction de l'évêque de Reims. Comme
elle conline avec le diocèse do Tongres ou de
Liège, Foulques ne se vit pas plutôt en pos-
session de son si('ge, que, sans se donner le
loisir d'en examiner les di-uits, il onloiuui
des prêtres et des diacres pour l'église de
Mouzon, y établit un archidiacre, un primi-
cier, et s'ap[)ropria certains revenus dépen-
dants de cctt(( église. Saint iténii, informé du
procédé de Foulques, l'en reprit vivement,
mais sans s'écarter des règles de la charité,
ne pensant qu'A obliger ce nouvel évoque à
se cout(înir dans les bornes de sa juridic-
tion, et à se conduire avec plus de prudence
et de retenue. Il lui représente qu'au lieu de
lui faii'e injure en usurpant ses droits, il au-
rait dû commencer son épiscopat par lui
donner avis de son ordination ; que si avant
d'être élu évêque, il ne connaissait point les
canons de l'Église , il était de son devoir de
s'en instruire aussitôt après son élection;
mais que s'il en était instruit dès lors, la
faute qu'il avait commise en faisant des or-
dinations dans un diocèse étranger , était
beaucoup plus grande , que les taxes ou les
redevances qu'il avait exigées des habitants
de la ville de Mouzon ou de ceux qui en cul-
tivaient les terres, marquaient trop d'avidité
pour les biens temporels, et que cette avi-
dité donnait lieu de croire qu'il recherchait
plus les biens de l'Eglise que l'épiscopat.
Enfin il lui déclare qu'il a déposé les prêtres
et les diacres qu'il avait ordonnés contre le
prescrit des canons. 11 semble vouloir por-
ter cette affaire au jugement des évêques.
Mais peut-être que Foulques ne l'attendit
pas, et qu'il se désista de ses prétentions sur
le spirituel et le temporel de la ville de Mou-
zon et de son territoire, qui dépendent en-
core aujourd'hui de l'archevêché de Reims.
13. Le diacre Hormisdas ayant été élu
pour succéder au pape Symmaque, mort le
9 juillet de l'an 514, saint Rémi lui écrivit
aussitôt pour le congratuler sur son exalta-
tion. Nous n'avons plus celte lettre ; mais
nous avons la réponse d'Hormisdas, dans la-
quelle en déclarant saint Rémi son vicaire
et son légat dans tout le royaume de Clovis,
qu'il appelle son fils spirituel, il le congra-
tule de ce que par un eUet extraordinaire de
la grâce, et par des miracles comparables à
ceux qu'ont faits les apôtres, il avait depuis
peu converti et baptisé ce prince avec toute
la nation des Français.
14. Nous apprenons d'Hincmar et de Flo-
(j
Lettre iz
fnini R.-nil au
pape florniis-
d^s : elle ost
ferdue. ïom.
IV Concii,
Saint KÉmi.
82
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
COBCI'f. Tttll
IV C«u
cooroDd on doard qu'il se tint un concile dans les Gaules
OÙ saint Rémi fut invité de se trouver. Ce
n'était donc pas à Reims, puisque c'aurait
été à lui à inviter les autres. Un évèque
arien, qui était un çri-and sophiste, et si rem-
pli de lui-même qu'il se croyait en état de
confondre les évêques catholiques par ses
raisonnements philosopliicpies, était de l'as-
semblée. .\ucun des évêques présents ne
voulut parler avant l'arrivée de saint Rémi.
Aussitôt qu'il parut, tous se levèrent par
honneur, .'i la réserve de l'évèque arien. La
peine suivit de près son insolence. Comme
le saint passait devant lui, il se sentit tout à
coup frappé d'une paralysie qui lui ôta dans
le moment l'usage de la parole. Tout le
monde s'attendait que saint Rémi, ayant fini
de parler sur la matière qui faisait le sujet
du concile , l'arien prendrait la parole ;
mais il ne put en proférer une seule. Alors
reconnaissant sa faute, il en demanda par-
don par signes, en se jetant aux pieds du
saint, qui lui parla en ces termes : « Au nom
de Notre-Seigneur Jésus-Cbrist, vrai Fils du
Dieu vivant, si vous avez véritablement les
sentiments qu'on doit avoirde sa divinité, par-
lez et confessez hautement ce que l'Église ca-
tholique en croit. » A ces paroles , l'hérétique
qui , d'aiicn superbe était devenu catholi-
que humble et soumis, confessa publique-
ment tout ce que l'Église catholique croit de
la divine et inséparable Trinité et de ITu-
carnation de Jésus-Christ , promettant qu'il
ne quitterait jamais cette croyance. C'est
ainsi que saint Rémi, après avoir puni cet
homme oigueilleux, à cause de son infidé-
lité, lui rendit par la vertu de Dieu la santé
de l'ûme et du corps, faisant connaître à
tous les prêtres du Seigneur qui étaient pré-
sents, et à tous ceux qui dans la suite en-
tendraient parler de cette merveille, com-
ment ils devaient se comporter, tant à l'é-
gard de leurs frères qui se révolteraient con-
tre Jésus-Christ ou contre son Église, qu'a-
vec ceux qui reconnaissant leur faute, re-
tourneraient sincèrement à Jésus-Christ, qui
par sa bouté a daigné se faire et notre pro-
chain et notre frère.
13. Nous ne connaissons point d'autre con-
cile où saint Rémi ait assisté. Mais il est re-
marqué dans ' les actes de la Conférence de
Lyon, qui se tint vers l'an 500, que l'exem-
ple de ce saint évêque, qui, après la conver-
sion de Clovis, détruisait partout les autels
des idoles, et étendait la foi par la multitude
de ses miracles, excita plusieurs évêques à
s'assembler pour essayer de réunir les ariens.
Il mourut, suivant l'opinion la plus commune,
le treizième jour de janvier de l'an 53.3, âgé
d'environ quatre-vingt-quatorze ans, dont il
en avait passé soixante-douze dans l'épisco-
pat. Il se fit un grand nombre de miracles à
son tombeau, où son corps est encore au-
jourd'hui tout entier dans l'abbaye de son
nom à Reims.
16. De tous les écrits de saint Rémi il ne
nous reste que les quatre lettres dont nous
avons parlé ; on les trouve dans les Recueils
des conciles, à la suite des ouvrages de saint
Grégoire de Tours, et dans l'Histoire de la
métropole de Reims, par dom Guillaume Mar-
lot, prieur de Saint-Nicaise *. Ces lettres en
supposent d'autres, et on ne peut guère dou-
ter qu'il n'en ait écrit à saint Sidoine Apolli-
naire, à saint Avite de Vienne, et à d'autres
grands hommes de son siècle de qui il en
recevait. On a dit longtemps qu'il en avait
reçu une de saint Benoit pour le prier de
s'employer auprès du Seigneur, afin d'en
obtenir la délivrance d'une jeune fille qui,
depuis son enfance, était violemment tour-
mentée du démon. Mais on n'a attribué cette
lettre «^ saint Benoit , que sur l'auloritë
d'Hincmar, qui parait n'avoir pas bien pris
la pensée de Fortunat. Cet auteur avait rap-
porté dans l'histoire de la vie de saint Rémi,
que le père de cette fille, qui était de la pre-
mière condition, et allié, ce semble, au roi
Alaric, l'avait conduite à Rome au tombeau
de l'apôtre saint Pierre dans l'espérance
qu'elle y serait guérie ; mais que', de l'avis
du béni serviteur de Dieu , qui veillait à la
'alal Hé(
S« mort
(11.
1 Providente Domino Ecclesiœ suœ et inspirante
pro salule lolius genlis, cor domini Remigii, qui
ubique altaria deslruebat idolorum et veram fi-
dem potentfr cum multiludinc signorum ampli/i-
cabal, faclum est ut episcnpi plures congrega-
renlur, si fieri possel, ut ariani, qui religionem
chrislianam scindebant. ad unilalem passent re-
verli. Tom. IV Concil., pag. 1318.
* Ou les trouve aussi dans Gallaad, avec le Tes-
tament de saint Rémi, tom. X, pag. 80S-808, et dans
leloiucXXVdela Palrologie latine, d'aprisCalLiml,
etd'aprc's les Actes de la province ecclésiastique de
Reims, (idilés par ordre de M(;r Gousset. fl.'cdileur.J
' Tune parentes ejus et ipsius benedicti servi
Dei et Àlarici régis Gotliorum a/falibussuffragati
cum a-grola sobole ad sanclissimum H migium
antintHem pervenerunt. Fortunat.in Vita S. Hemi-
gii, Mabillon., tom. 11 Annal, pag. 61.
CIIAriTUE 11. — SAINT UÉMI , ÉVÈQUK UE UEIMS.
3«lUt Uc-
[Vl" SIÈCLE.]
garde de ce tombeau, et sous la protection
d'Alaric, roi dcsGotlis, il l'aviiit euimcndc do
Home à Reims, pour la pr(''senler à saint Ui5-
nii, qui on était L'\èi]ue. llincmar a l'ait du
mot de béni, qui dans Forlunat est atljcctif,
un nom appellaliret propre. Il est sans ap-
parence que saint Benoit t'ùt alors en assez
grande rc'pntaliou de miracles, pour qu'on
lui renvoyât des possédés, qui n'aui-aicnl pu
être délivrés au tombeau de l'apôtre saint
Pierre ; il est môme fort douteux qu'il connût
alors saint Réiui, ni qu'il en fût connu, puis-
qu'il avait tout au plus vingt-sept ans lors de
la mort d'Alaric; étant né vers l'au 480, et
ce prince étant mort en 507.
•17. Nous avons deux testaments sons le
nom de saint Uémi ; l'un beaucoup plus long
que l'autre. Le premier est rapporté dans le
septième livre des Formules anciennes du pré-
sident lirisson , qui l'avait lire des écrits
d'IIiucmar et de Flodoard, et des archives
de l'église de Reims. 11 doutait si peu de son
authenticité, que, voyant qu'on ne l'avait en-
core donné que traduit en français par M. du
Chcsne, il crut rendre service aux étrangers
de le faire imprimer en latin. Dom Guillaume
Marlot, grand prieur de Saint-Nicaise, nous
a donné le second, qui est moins orné et plus
simple. Ils commencent et finissent tous les
deux de la même manière , et sont signés
des mômes téiuoius. Saint Rémi dit , à la fln
de chacun, qu'après avoir fait et signé son
testament, il avait légué à la Basilique des
saints martyrs Timothée et Apollinaire, un
plat d'argent du poids de six livres pour les
fi'ais de son tombeau. Quelques savants ont
contesté ces deux testaments sur certains
termes qui s'y trouvent, et qu'ils prétendent
n'avoir pas été en usage dans le siècle de
saint Rémi , et sur ce que l'on ne trouve ni
dans l'un, ni dans l'autre, ni le jour, ni le
mois, ni l'année, ni le nom des consuls sous
H.rici, lesquels ils ont été faits. Us disent encore
cin'ons.' qu'il cst liors d'apparence que le saint évo-
que ait vanté, comme on fait dans le plus long
testament , les miracles qu'il avait opérés.
Mais on soutient qu'il n'y a aucun terme dans
83
CCS deux pièces qui n'ait été on usage dans le
siècle de saint Uémi, ou parmi les Français,
ou dans les États voisins ; qu'il faut bien que
les dates voulues par les lois aient été mises
dans ces deux tcslamenls, puisqu'elles 'sont
rappelées à la lin ; et que si le saint évoque
y a rapporté les miracles que Dieu avait opé-
rés par son ministère, il n'a rien dit de plus
que saint Paul, qui n'a pas cru devoir lais-
ser ignorer aux fidèles qu'il avait été ravi au
troisième ciel; ni que saint Romain, qui, au
rapport de saint Grégoire de Tours, ne fai-
sait point difliculté de raconter les guéri-
sons miraculeuses faites par l'imposition de
ses mains et par la vertu de la croix. Aussi
les plus habiles antiquaires jeroivont ces
deux testaments sans aucune difliculté. Dom
Mabilion * les cite plusieurs fois dans sa Di-
plu7natique et dans ses A7malcs. Ils sont en-
coi'e cités par M. Ducange. Mais ce qui met,
ce semble, la chose hors de doute, c'est que
les églises de Reims, de Laon , d'Arras, et
plusieurs autres dénommées dans ces testa-
ments, jouissent encore aujourd'hui de tous
les biens qui leur ont été légués par saint
Rémi ; et que quand on a voulu les leur con-
tester, elles ont été maintenues dans leur
possession par l'autorité de ces testaments.
Saint Principe, évéque de Soissons, y est rap-
pelé en sa qualité de frère de saint Rémi ,
et on sait , par saint Sidoine , qu'il était en
efl'et son frère. On y rappelle aussi Loup ,
évéque de Soissons depuis la mort de son
père, et le prêtre Agricola, tous deux ne-
veux de saint Rémi. Ce sont eus qu'il fait
ses
Reims
d'argent d'une grandeur extraordinaire, dont
le roi Clovis lui avait fait présent à son bap-
tême, en ordonnant à Loup, son neveu, d'a-
voir soin qu'on en fit un encensoir et un ci-
boire en forme de tour ornée de difl'érentes
figures, et que l'on y gravât trois vers' qu'il
avait lui-même fait graver sur un autre ci-
boire ou calice qu'il avait légué à l'église de
Laon . Ce ciboire se conserva * dans l'église
de Reims jusqu'au temps d'Hincmar, oîi on
légataires universels avec l'église de
. Il avait donné à cette église un vase
GrcîOr. Tu-
r>noQHls la
Vitid l'uliiiix,
cap. t, j a^'.
U5I.
Ul.c-
Cill,.
' Peractum Rhemis die et consule supradicto.
Brisson. de FormuL, pag. 770, et Marlot, pag. 185.
- Mabilion, tom. 1 Annal. , pag. 63. dans sa Di-
plomatique, pag. 274 et 275; et Dugange, verb.:
Missoriuin.
' Quod vas ad nostra usque tempora perdura-
vil donec fusum in redemplionem datum est
christianorum, ut a ministris diaboli liormanis
redimeret pretio argentei calicis, quos de potes-
lale teiiebrarum redemerat effusus sanguis cali-
cis, Christi videlicet passionis. Hincuiarus, in Vila
Remigii.
' Uauriat hinc populus vitam de sanguine sacro
Injeclo œtei'mis qiiem fudit vulnere Christus.
Remigiusreddit Domino sua vota sacerdos.
Uiucmarus, ibid.
u
HISTOUIE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
LcCfttBfncn'
•llril'Ué
l'employa, après l'avoir fait fondre, au rachat
des captifs faits en Champagne, dans l'iniip-
tion des Normands. La foi de saint Rémi sur
la présence réelle du corps et du sang de
Jésus-Christ était clairement exprimée dans
ces vers, par lesquels il invitait le penple ' à
venir puiser dans ce calice le sang que Jé-
sus-Christ avait fait couler de ses plaies pour
lions donner la vie.
[Plusieurs savants doutent que les dnnx
testaments soient de saint Hémi. Le Pî-rc
Suyskens, dans les Acla sanctomm, parait
avoir démontré que le pins ample est une
pièce supposée. L'abbé Bye, savant bollaii-
diste, a fortifié les preuves du Père Suys-
kens d'une dissertation intitulée : Réponse aux
Mémoires de M. des Roches, Bruxelles, 1780,
in-8. L'abbé Ghesquière a démontré la mê-
me chose dans les Acta sanctoj-um Bclgii *.]
18. Villalpand fit imprimer à Rome, 1598,
ie"i°'.!"'d« sous le nom de saint Rémi, évéque de Reims,
•"'• un commentaire sur les Kpitresde saint Paul.
D l'avait tiré d'un manuscrit du monastère de
Sainte-Cécile; et pour constater au public que
ce commentaire portait le nom de saint Ré-
mi, évéque de Reims, il en fit dresser un
acte par un notaire delà Chambre-Apostoli-
que, et mit cet acte entête du Commentaire.
Villalpand ajoute dans sa Préface qu'il avait
vu d'autres manuscrits dans les bibliothèques
du Vaticanet du Mont-Cassin, où ce Com-
mentaire était aussi attribué à ce saint évo-
que. Saint Sidoine Ai)oliiiiaire qui avait eu en
main plusieurs volumes des écrits de saint Ri'--
mi, ne parle que de discours ou de déclama-
lions. Il n'insinue pas même qu'il eût expliqué
quelque partie de l'Éciiture; et ce qui fait voir
que le Commentaire sur les Epitres de saint
Paul n'est pas de lui, c'est que l'auteur, en
interprétant cesparolcsde l'Epître aux Ephé-
l;^^.ei. t, siens : entretenez-vous de psaumes , d'hymnes
et de cantiques spirituels , cite cet endroit du
Tom. VIII
BIbl. Hil.,
|.>g. 10S«.
dix-neuvième chapitre de la Règle de saint
Benoit, que saint Rémi n'avait ni vue ni pu
voir : Appliquons-nous tellement à psalmodier,
que notre esprit s'accorde avec notre voix. On
cite encore dans ce Commentaire d'autres
écrivains postérieurs à saint Rémi , savoir :
Cassiodore, saint Grégoire le Grand et le vé-
nérable Rède. D'ailleurs le manuscrit de la
Bibliothèque de Sainte-Cécile n'est pas d'un
âge à faire une foi entière et indubitable; il
n'est que de l'an 10G7 , indiction cinquième,
plus de cinq' cent trente ans après la mort
de saint Rémi. Je ne sais même si le notaire
Ugolin a été exact dans son certificat. L'ins-
cription du manuscrit porte simplement ',
que Rémi étant à Reims a expliqué les Épl-
trcs de saint Paul d'une manière claire et élé-
gante. Ce Rémi n'est point qualifié évéque.
Il faut donc entendre cette inscription de
quelque autre écrivain du même nom qui
aura demeuré eu cette ville; et on ne peut
mieux raiipliijuer qu'à Rémi, moine de Saint-
Germain d'Auxerre , célèbre par plusieurs
commentaires sur l'Ancien et le Nouveau Tes-
tament, que Foulques, archevêque de Reims,
appela en cette ville pour y enseigner les bel-
les-lettres et la théologie sur la fin du neu-
vième siècle. Villalpand objecte que si le
Commentaire sur les Épitres de saint Paul
était de Rémi d'Auxerre ou de quelque moi-
ne bénédictin, il aurait, en citant la Règle de
saint Benoit, qualifié ce saint, son maître ou
son père , et n'aurait pas manque; de parler
de l'état monastique en divers endroits où il
était naturel d'en parler. Mais ces attentions
ne sont pas du goût de tous les écrivains. Ils
savent témoigner dans l'occasion leur respect
pour leur législateur, et leur zèle pour leur
état; mais ils ne rafl'eclenl point i\ tout pro-
pos. [Les Commentaires sur les Kpîtres de
saint Paul sont reproduits au tome CXXXI,
col. 47 et suiv. de la Patroloyie latine.]
Bfcfrd.,
XIS.
Tom.
EiM.
Vilt.lpi
Dm. « I
Plull.
VU!
P«t. pig
' Ces vers se trouvent dans le tome I.XV de la
Patrologic latine, avec l'épitaphe du roi Clovis,
qu'on dit avoir été composée pur saint Hémi. [L'é-
I diteur.)
* Voyez Oudinj Supplem. ad Boll. pag, 135. Ces
observations sont tirées dulDictionnaire de Felter,
édition de M.M. Simonin et Colloinbel. ('tVdiïfur.y
' Remigius Rhcuiis exposuit Epistolas sancti
Pauli apostoli scrmone luculento. Tom, VIII Bibl.
Pat., pag. 888.
[VI' SliCLE.]
CHAPITIIE m. — EUGIPPIUS ET FEURAiND.
85
CHAPITRE III.
Engippins, abbé de Lucullane [avant l'an 567], et Ferrand, diacre de
Carthage [vers l'an 547. J
[Écrivains latins.]
; o„, „„,, 1. Eugippius, célèbre dans l'Église par son
'■vW-' savoir et sa |)iétii, fut d'abord moine dans le
monastère de Saint-Séverin , près de Favia-
ues, dans la Noriquo. Ce qui le piMsiiadc ,
c'est qu'il assista ;\ la mort de ce saint abbé
en -482 ; qu'il accompagna ' son corps lors-
qu'on le transporta eu Italie en 188, et qu'il
raconte diverses choses do lui dont il avait été
témoin. Le corps de saint Séverin, après
avoir demeuré dans le duché d'Urbin jusque
vers l'an 493, fut porté, à la prière d'une da-
me napolitaiue nommée Barbarie, au châ-
teau de Lucullane, entre Naples et Pouzoles,
où l'on bâtit im monastère sous le nom de
Saint-Séverin, pour y loger ses disciples,
qu'Odoacre avait transportés en Italie avec
les peuples de la Norique, en 488. Marcien
fut, ce semble, le premier abbé de ce monas-
tère, et* Eugippius après lui.
Il é«rii I. 2. U arriva sous le consulat ' d'Imnortunus,
ris de sa: m ^
'S°T«m ? c'est-ti-dire en 309, qu'un laïque de qualité
i.n.p.e,w. adressa h un prêtre une lettre où il faisait la
vie d'un moine d'Italie, nommé Basilice.qui
s'était sanctifié dans le monastère de Titas,
montagne voisine de la ville de Rimini. Ce
prêtre communiqua cette lettre à plusieurs
personnes qui en tirèrent des copies. Eugip-
pius l'ayant lue, témoigna à quelques servi-
teurs de Dieu qu'il ne fallait pas laisser dans
l'oubli les grandes actions de saint Séverin.
Le laïque qui avait écrit la vie de Basilice, in-
formé des discours et des désirs d'Eugippius,
lui écrivit aussitôt qu'il était prêt d'écrire
aussi celle de saint Séverin, s'il voulait lui
fournir des mémoires. Eugippius dressa des
mémoires, tant sur ce qu'il avait appris par
des témoins oculaires ou digues de foi, que
sur ce qu'il avait vu lui-même; mais il sen-
tait beaucoup de répugnance à. confier une si
belle matière à un homme du monde, qui en
la chargeant des ornements de l'éloquence
humaine, oterait la connaissance des vertus
du saint àlous ceux qui n'étaiont((ue peu ou
point instruits des h(;lles-lcttros. Il pi'it donc
le parti de les envoyer au diacre Paschase
qui les lui avait demandés, uniquement pour
les lire. Mais, Eugippius en lui envoyant ses
mémoires, lui écrivit une lettre que nous
avons * encore, dans laquelle il le priait d'en
composer lui-même l'histoire de saint Séve-
rin, sans écouter les sentiments que son hu-
milité avait coutume de lui suggérer. Il le
conjurait par la même lettre de ne point ou-
blier dans cette histoire les miracles que Dieu
avait opérés, soit dans la translation des re-
liques du saint, soit à Lucullane, disant qu'il
pourrait les savoir exactement d'un nommé
Deogratias, qui en était fort bien instruit, et
qu'il lui envoyait. Il remarquait qu'il n'avait
rien mis dans ses mémoires qui pût faire
connaître ni la famille, ni le pays dont saint
Séverin avait tiré sa naissance, parce que
son humilité lui avait toujours fait cacher
aux bommes ce qu'il était et d'où il était ;
mais que son langage faisait juger qu'il était
né latin. Le diacre Paschase, ayant lu les mé-
moires d'Eugippius, jugea qu'ils étaient di-
gnes de voir le jour en l'état qu'il les avait
mis ; que l'éloquence des plus habiles ne
pouvait y rien ajouter; que le style simple
et facile, dont ils étaient écrits, les rendait
bien plus capables d'édifier l'Église ; qu'ainsi
il ne croyait point devoir y toucher. Pas-
chase en donne une autre raison, qui est que
l'on rapporte toujours beaucoup mieux ce
qu'on a vu soi-même, que ce qu'on a appris
des autres, et qu'Eugippius ayant été disci-
ple de saint Séverin , avait plus de facihté
que personne de faire connaître les vertus
de son maître dont 0 avait éprouvé la soli-
> Vita Severinl apud Bolland, ad diem octavam "' Engipp. Epist. ad Paschas. Tom. I Jan. Bol-
januarii. land. pag. 184.
* Isidor. De Scriptor. Eccles., cap. xm. » Jbid.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
gij.flUS,
dite par une longue suite d'années. Paschase
prouve l'ntililé que l'on retire de l'histoire
des vies des saints, par l'impression que le
récit de leurs vertus fait sur l'esprit de ceux
qui l'entendent, et par l'attention que saint
Paul a eue de faire aux Hébreux un élog-e
raccourci des grands bommes de leur na-
tion. Eugippius suivit le conseil de Paschase,
et publia la vie de saint Séverin telle qu'il
l'avait écrite, et que nous l'avons aujour-
d'hui. Elle est divisée en douze chapitres,
dont le dernier renferme l'histoire de la
translation de son corps de la Norique en
Italie, et depuis dans le monastère de Lu-
cullane. Les liollandistes ont mis à la tète de
cette Vie les deux lettres d'Eugippius et de
Paschase. Elle avait été donnée avant eux
par Yelsérus et par Surius; mais ils l'ont
revue sur de nouveaux manuscrits. [On la
trouve au tome LXIl de la Patrologie latine,
col. H53-1200.] Nous l'avons en français de
la traduction de M. d'Andilly.
BiEio aïii- 3. Saint Isidore ' de Séville, qui parle de
cet écrit d'Eugippius, lui attribue une règle
pour les religieux de son monastère, qu'il
leur laissa, dit-il, à sa mort, comme par tes-
tament : uous ne l'avons plus. Mais saint Isi-
dore ne dit rien du Recueil tiré des œuvres
de saint Augustin, dans lequel Eugippius
fait des extraits des sentiments et des pen-
sées de ce saint Docteur, dont il a compo-
sé un ouvrage divisé en trois cent trente-
huit chapitres. Ce Recueil a été imprimé en
deux tomes .'i Bâle , en 1542; ;\ Venise,
en 1343, [et dans la Patrologie latine, au
tom. LXII, col. 349-1088, avec nue observa-
tion de Basnage sur Eugippius]. Il est adres-
sé à la vierge Proba. Cassiodore ' et Sige-
bert de Gemblours regardaient cet ouvrage
comme très-utile, parce qu'Eugippius y avait
ramassé ce qu'on aurait eu peine de trouver
dans une bil)liothèque entière. Il paraît que
Cassiodore ne jugeait pas moins favorable-
ment les autres écrits d'Eugippius ' , puis-
qu'il en conseillait la lecture *, disant que,
quoiqu'il ne fût pas fort habile dans les belles-
' Isidor., De Scriploribus eccles., cap. m.
' Ca?sii)(i. De Divin, lectionibits, cap. xxiii. Si-
gcbertus, De Scriitlorib. ecclcsiasl., cap. x.\xix.
' Le Dictionnaire de Kellcr signale une Vie de
saint Augustin deFavian :ellc est inséii^c daiisHol-
lauilus ooninie étant l'oeuvre d'F.iigippiiis; M. Mi-
gne n'a pu trouver cet écrit. fL'c'dilcur.)
* Convenu ul presbyleri Eugippii opéra neces-
sario légère debealis, quem nos quoque vidimus,
lettres, il était bien rempli de la science de
l'Écriture sainte. Cassiodore l'avait vu, mais
il ne dit pas en quel endroit. Sigebert dit
qu'Eugippius vivait du temps de Pelage se-
cond et de l'empereur Tibère Constantin,
c'est-à-dire vers l'an 380. Ce qui a donné lieu
de distinguer l'Eugippius dont il parle de
l'Eugippius qui écrivit, en 5 il, la vie de saint
Séverin, et qu'Isidore de Séville met sous
l'empire d'Anastase. Mais il est visible que
Sigebert s'est trompé, puisque Cassiodore,
qui avait vu l'Eugippius, auteur du Recueil
des sentences de saint Augustin, le môme dont
parle Sigebert, était mort avant l'an 567,
âgé de plus de quatre-vingt-treize ans. Il est
donc inutile de distinguer deux abbés du
nom d'Eugippius.
4. C'est le même qui a composé tous les ..^""i-,'
ouvrages dont nous venons de parler, à qui î;„'d'4''Éo5Îj
saint Fulgence adressa un traité en forme ' ""
de lettre sur la charité, comme potu- le re-
mercier des eulogies ou petits présents qu'il
lui avait euvoyés, et à qui Ferrand, diacre
de Carthagc, écrivit aussi sur l'unité de na-
ture et d'essence en Dieu, et sur les deux
natures en Jésus-Christ. On a imprimé la j„„_ _
lettre de Ferrand dans l'Appendice des OEu- J°l'-' '"f
vres de saint Fulgence.
5. Ses autres lettres ont été imprimées à
Dijon, en 1649, par les soins du Père Chif-
llet; et depuis dans le neuvième tome de
la Bibliothèque des Pères, à Lyon, en 1G77.
[Dans Galland, tome XI, pag. 317-398, et
dans la Patrologie latine, tome LXV, parmi
les Lettres de saint Fulgence, et dans le
tome LXMI, où l'on trouve les autres ou-
vrages de Ferrand, d'après Galland.] Fer-
rand se nommait aussi Fulgence. Victor de
Tunes dit qu'il (lorissait la sixième année
après le consulat de Basile, c'est-à-dire en
547. Mais nous avons fait remarquer qu'il
était en relation avec saint Fulgence de Rus-
pc, mort en 533 ; cl il faut bien que, dès cette
année-là, il ait été en réputation de savoir,
puisque ce fut à lui que le comte Réginon
s'adi'cssa pour apprendre de lui de quelle
ùrum quidem non vsqne adeo sœcnlnrihus litleris
criidiluin; sed Scriplurarum divinnriim leclione
plcnissimitm. Hic ad parenlem noslram Probam,
virgincm sacram, ex operibus sancli Aiiguslini
vahie beatissimi quiViliones ac sentrniius uc di-
versas rcs deporans in uno corpore nercssaria
iiimis dispensalionc collgil, et in trcccntis Iri-
genla octo capitulis coUncavit, Cassiodor., De Di-
vin, kclion., cap. xxui.
[vr SIIX.LE.
CHAPITRE III. — EUr.IPPIUS ET FERRAND.
87
irriDd au
.11 lu Hà' ~
B. Tom. IX
t.
manière devait vivre un liiunnio do guerre ,
n'ayant pu recevoir d'insiruction li'i-dessus
de sainl Fulgeucc, ;\ «jui il en avait écrit
quelque temps avant sa mort.
C). Ferrand tlonne ;\ R(''L;inon sept refiles ',
qu'il ro|::;arde comme siillisaulcs pour rendre
un homme de guerre spirituel et bon chré-
tien '. La première est de croire que le se-
cours de la prAcc de Dieu est ni^cessairc pour
chaque action, comme l'Apùlre le reconnaît
lui-même, lorsqu'il dit : C'est par la grâce de
Dieu que je suis ce que je suis. La seconde ,
de faire en sorte que sa vie soit un miroir
où ses soldats voient ce qu'ils doivent faire
eux-mêmes. La troisième , de ne pas souhai-
ter de commander aux autres , mais de leur
être utile. La quatrième, d'aimer la républi-
que comme soi-même. La cinquième, de pré-
férer les choses divines aux choses humaines.
La sixième, de n'être pas trop juste, c'est-à-
dire de ne pas exercer la justice avec trop
de sévérité, mais de la tempérer par la dou-
ceur et par la miséricorde. La septième, de
se souvenir qu'il est chrétien. Quoique ces
règles soient claires par elles-mêmes, Fer-
rand ne laisse pas cependant de les expliquer
avec beaucoup d'étendue. Il rappelle à la pre-
mière, par laquelle il défend àRéginon d'at-
tribuer à ses propres forces les événements
où il se sera conduit avec courage, avec sa-
gesse et avec bonheur, les sentiments d'hu-
milité que Moïse tâcha d'inspirer au peuple
d'Israël, à la veille d'entrer dans la Terre-
Promise, en ces termes : Ne dites pas dans
votre cœur. 'c'est ma propre vertu, c'est ma pro-
pre puissance qui m'a fait faire une si grande
action ; mais vous vous souviendrez du Seigneur
votre Dieu, parce que c'est lui qui vous donne
la force de faire de si grandes choses. Et ces
paroles du Prophète -.C'est le Seigneur qui ap-
prend mes 7nains à combattre, et mes doigts à
faire la guerre. Il fonde la seconde règle sur
ce que l'exemple d'un chef d'armée a iniîni-
ment plus de force pour porter les soldats à la
vertu, que son autorité et son pouvoir. « Saint
Jean-Baptiste , dit-il, n'ordonna point aux sol-
dats qui vinient le consulter sur leur devoir,
de mettre bas les armes et d'éviter les com-
bats, de ne s'appliquer qu'à la prière ; mais
il leur dit : N'usez point de violence, ni de
fraude envers personne; et eonlcntc^vous de vo-
tre paie. Ces avis sont également pour un
général d'armée. Il faut qu'il puisse dire à
ses soldats avec autant de vérité et de con-
fiance que disait Sanmél à ceux qu'il gou-
vernait : Me voilà présent; qui de vous peut
m'accuser de lui avoir enlevé son bœuf ou son
âne, ou de m'étre servi de mon pouvoir pour lui
nuire ou l'opprimer, ou de m'étre laissé gagner
par des présents? Il tant aussi qu'on lui répon-
de, comme les Israélites répondirent à ce pro-
phète : Voui n'avez nui à aucun de nous, vous
n'avez opprimé personne , vous n'avez rien reçu de
nos )nai7is. n Ferrand blâme, dans l'explication
de la troisième règle, les généraux d'armée
qui, en fatiguant les peuples par leurs exac-
tions, les font succomber, et ne laissent à
leurs successeurs que des gémissements et
des larmes. Il veut donc qu'ils aient égard à
la situation des lieux ; que non-seulement ils
ne fassent tort à personne, mais qu'ils em-
pêchent que les autres n'en fassent; surtout
qu'ils veillent à ce que ceux à qui ils don-
nent quelque accès auprès d'eux, ne vendent
point les grâces. La raison de la quatrième
l'ègle est que Réginon, en aimant la républi-
que comme lui-même, lui procurera autant
qu'il sera en lui tous les avantages qu'il sou-
haiterait pour lui-même : la paix, la tranquil-
lité, l'abondance. Il rapporte les marques
de charité et d'amour que Moïse et David
donnèrent à leurs peuples, en demandant à
Dieu de pardonner à ces peuples, ou de fai-
re tomber sa colère sur eux-mêmes. Sur la
cinquième règle, il dit que ce comte doit em-
ployer son autorité pour faire triompher la
foi catholique; et, à cette occasion, il lui
adresse une profession de foi, où il fait voir
qu'il n'y a qu'un Dieu en trois personnes ;
que la natm-e divine est la même, sans aucune
ditférence, dans le Père, le Fils et le Saint-
Esprit ; que ce ^ qui distingue les personnes
I nefft xr.
31.
H Rc^.XLlf,
17i
' Gratiœ Dei adjiHorium tibi necessarium per
actiis singulos crede . dicens ciiin Apostolo : Gratia
Dei sum id quod suru. 2. Vita tua spéculum sit
uhi milites videanl quid agere debeant. 3. Non
prœesse appelas, sed prodesse. 4. Diligc rempu-
blicam sicut teipsiim. 5. Humanis divinaprœpone.
6. Noli esse mullum justus. 7. Mémento te esse
christianum. Ferraud., Epist. ad Reginon., tom.
IX Bibi Pat., pag. 494.
^ La fin de cet Opuscule a été donnée par Ang.
Mai., dans le Spicilegium rom., tom. IV, pag. 573-
377. f L'éditeur.)
2 Ubi hoc tantummoJo recipit dislinctionem
quod ad invicem sibi sunt, Pater scilicet ad Fi-
lium, Filius ad Patrem, Spirilus Sanctus ad eos
de quibus et cum quibus et spiritîis et sanctus
est,lut ipse soins in Trinitate appelletur Sanctus;
propriumque sit Patris generare, proprium Filii
HrSTÛIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
88
divines, est le rapport qu'il y a entr'elles, du
Père au Fils, du Fils au Père, et du Saint-Es-
prit au Père et au Fils ; parce qu'il est propre
au Pèred'engcndrer, au Fils de naître, et au
Saint-Esprit de procéder des deux, comme
étant l'Esprit du Père et du Fils; que le Fils en
se faisant homme a tellement pris la vérité de
notre substance, qu'il n'a pas doublé la sin-
gularité de sa personne, en sorte qu'encore
qu'il y ait deux natures en Jésus-Christ, il
n'y a qu'une personne ; que le Seigneur Jé-
sus est le même qui est nommé Fils dans la
Trinité parfaite, lorsque nous sommes bapti-
sés au nom du Père, duFilsctduSaint-Esprit;
qu'il est en même temps grand et petit, im-
passible et passible,véritablement et propre-
ment Fils de Dieu le Père, véritablement et
proprement Fils de la Vierge Marie, médiateur
de Dieu et des hommes à cause des deux na-
tures, dont l'une lui est commune avec Dieu,
et l'autre avec nous ; qu'il n'a pas commencé
d'être Dieu en naissant de la Vierge, mais qu'il
a pris d'elle une chair véritable ; qu'il doit
venir juger les vivants et les morts, condam-
ner les incrédules, sauver ceux qui croient,
si toutefois ils ont persévéré dans l'Eglise
catholique, et s'y sont purifiés de leur péchés,
l'Eglise ' catholique étant le lieu où le bon
Médecin guérit nos plaies. Ferrand exhorte
Réginon à travailler à la conversion des hé-
rétiques qui pourraient se trouver dans son
armée, et à répandre les semences de la vé-
rité dans les pays où la vraie religion ne se-
rait point connue, s'il se trouvait en guerre
avec de semblables nations, ou qu'il eût be-
soin d'y conduh'e ses troupes ; d'être exact i
tenir sa parole et son serment, soit qu'il s'a-
gisse de faire grâce à l'ennemi, ou au cou-
pable, ou d'accorder aux siens la récompen-
se ; mais d'être extrêmement réservé à jurer,
, suivant ce précepte de l'Évangile : Ne jurez
en aucune sorte, contentez-vous de dire : Cela
est, ou : Cela n'est pas; de consulter en toutes
choses la sainte Église; d'être obéissant aux
prêtres du Seigneur, de ne rien faire sans
leur avis, et de se conformer partout aux
lois et aux canons de l'Eglise. Il lui conseille
de suivre * les usages des Eglises où il se
trouvera, pourvu qu'elles professent la vraie
foi, de peur d'ofifenser les fidèles de ces lieux
par l'obseiTation de quelques rils sacrés qui
leur soient inconnus. La sixième règle porte
qu'il ne faut pas être trop juste, c'est-à-dire
qu'un chef ne doit par toujours sui\Te la ri-
gueur de la justice ; mais employer tantôt la
sévérité en punissant le crime, tantôt les me-
naces et quelquefois le pardon, suivant les
différentes circonstances ; dissimuler certai-
nes choses ; tolérer quelques abus, en punir
d'autres légèrement ; pardonner quelques fau-
tes à la prière des prêtres. « Une justice rigou-
reuse, dit-il, rend terrible un général d'ar-
mée ; mais quand il est sévère en tout temps
en et toute occasion, il ne fait que des infidè-
les ; au lieu qu'en tempérant la rigueur parla
bonté il se fait aimer ; et en se faisant aimer
il fait plus de bien à la république qu'en se
faisant craindre. » Pour expliquer la septième
règle : Souvenez-vous que vous êtes chrétien, il
fait un parallèle des préceptes de la loi an-
cienne avec ceux de l'Évangile : La loi défen-
dait de tuer, l'Evangile défend même de se
fâcher. La loi permettait de haïr ses enne-
mis, l'Évangile ordonne de les aimer, et de
prier pour ceux qui nous persécutent, ne nous
laissant espérer le pardon de nos fautes, qu'à
condition que nous les pardonnerons à ceux
qui nous ont offensés.
7. Il semblait qu'après la lettre de saint
Léon et les décrets du concile de Chalcédoine,
l'hérésie d'Eutychès était tellement abattue,
qu'il n'était plus nécessaire de l'attaquer.
Cependant AnatoJius, diacre de l'Église ro-
maine, cnL;ai:ea Feirand à la combattre de
nouveau. Eutychès niait que le Verbe eût
pris la nature humaine dans le sein de Ma-
rie toujours vierge, et en conséquence qu'il
fût consubstantiel à sa mère ; en sorte que,
ne reconnaissant point deux natures en Jésus-
Christ, il en retranchait absolument une. D y
en avait d'autres qui ne pouvaient se persua-
der xjiie, n'y ayant qu'une personne en Jésus-
Christ, il fût composé de deux natures. Ce sont
là les deux erreurs que Ferrand se propose de
réfuter dans sa lettre à Anatolius, qui est sans
date. «S'il était vrai, dil-il, comme le disent
les hérétiques, que la chair du Verbe de Dieu
était étrangère à celle de la Vierge, ce serait
ère de U
fS- 602-
nasci, proprium Spiritus Sancti de nlroquc pro-
cedere. Fi'Trumlws, Epist. ad Iteginoii.,. toiii. IX
Bibl. Palrum., jiag. <fl8.
' Calholica Ecclesia statio est ubi vulnera nos-
ira bonus ilcdicus sanat. Iliiii., p.ng. 499.
' Tu vero, vir sapiens, Ecdesiw ad quant per-
veneris, si approbas fidcm, seqiicre coiisuetudi-
nem : nec unurpcs aliquam sacri ritus facere iw-
vitatem. Ibid., pag. 500.
[Vl' SIÈCLE.]
CHAPITRE HT. — EUOn'PIUS ET FERRAND.
8!)
sans raison qno l'on assurerait que le Fils tlo
Dieu est aussi fils de l'iioranie. Car coniiueiit
le Fils de Dieu serait-il naturellement le lils
de riioniiue s'il ne lirait pas son origine de
riiouime ? Or, il ne tire pas son origine do
riuiiume, si, conçu dans le sein virginal de
Marie , il n'a pas tiré la chair de la chair
même ? N'est-il pas dit dans l'Évangile que
jMiT. ■, II. le Vvrbe a été fuit chair 1 Si vous ujo deman-
dez d'où il a ëté fait chair, saint Paul vous
Gai«t, iT, répondra pour moi : Lorsque tes temps, dit cet
apôtre, ont été accornplis. Dieu a envoyé son
Fils formé (finie femme. Si le Vcrhc a éti' fait
Bom.i.s. chair d'une femme, il est induhilable que la
chair du Verbe a été prise d'une femme. Mais
poui'quoi le même apûtre dit-il que le Fils
de Dieu est né selon la chair du sang de Da-
vid ? Comment serait-il de la race de David,
s'il n'était né selon la chair de la Vierge Ma-
rie, qui était elle-même de la race de David ?
De même que Marie descendait de David, de
même Jésus-Christ tirait son origine de la
G lai ni, chair de David. Saint Paul dit encore que les
promesses de Dieu ont été faites à Abraham et
à sa race, c'est-à-dire, à l'un de sa race qui est
Jésus-Christ. Quo peut-on dire de plus évident,
de plus clair ? L'Apôtre ne dit-il pas que le
Christ est de la race d'Abraham, comme il
avait dit qu'il est de la race de David A cause
de Marie sa mère ? C'est à ceux qui ne veu-
lent pas reconnaître que le Verbe se soit fait
chair de la chair de Marie, à nous apprendre
comment le Christ est de la race d'Abraham,
et comment il a été fait delà race de David.))
Ferrand dit ensuite que la chair de Jé-
sus-Christ est entièrement sainte, ayant
été purifiée par son union avec la divinité,
en sorte que la nature de notre chair se trou-
ve dans la chair de Jésus-Christ, mais non
pas la coidpe de notre nature. Il montre qu'il
était de la justice de Dieu que l'auteur de la
mort fût vaincu en Jésus-Christ par la même
chair qu'il avait surmontée dans Adam, et
que cette chair qui était sans péché mourût
pour nous di'livrer de nos péchés. « D'où vient,
dil-il, que saint Paul, traitant du mystère de
l'Incarnation dansl'Epitre aux Hébreux, dit :
ueir. 11 ^^ "^ *'^*^ P"* rendu le libérateur des anges,
"■ mais de la race d'A brakam. C'est pourquoi il
a fallu qu'il p'it en tout semblable à ses frères,
pour être envers Dieu un pontife compatissant
et fidèle en son ministère, afin d'expier les pé-
chés du peuple. Or comment Jésus-Christ au-
rait-il pu être en tout semblable à ses frères,
s'il leur avait été dissemblable en substance ?
Et comment pouvait-il leur être semblable
en substance, si ce n'est en se faisant chair
de la chair mémo do Mario?» Ferrand mon-
tre après cela que l'unité de personne dans
Jésus- Christ n'emporte pas l'uniti; de subs-
tance. <( 11 est, dil-il, selon l'.Vpôtre médiateur
de Dieu et des hommes ; il est donc néces-
saire qu'il soit Dieu et homme, n'y ayant
point de uK'diateur qu'entre deux personnes,
elles fonctions de nii'diateur étant de réunir
les personnes divisées. S'il n'y a qu'une na-
ture en Jésus-Christ, elle lui est conAaune
avec Dieu le Père, ou avec les hommes : car
elle ne peut être commune à Dieu et aux
hommes. Or, Jésus-Cluisl est d'une même
substance avec le Père, ou consubstantiel,
ainsi que parle le Concile de Nicée : il y a donc
une substance, ou une nature en Jésus-I^.hrist
qui lui est commune avec le Père. Mais pour
être médiateur entre Dieu et les hommes, il
ne sntlit pas qu'il soit un avec Dieu, il faut
encore qu'il soit un avec les hommes : Je leur
ai donné la gloire que vous m'avez donnée, di-
sait le Sauveur à son Père au moment de sa
passion, afin qu'ils soient un, comme nous
sommes un. Je suis en eux, et vous en moi.
Comment Jésus-Christ est-il dans le Père, et
comment est-il en nous? Il est dans le Père,
parce qu'il n'y a qu'une substance du Père
et du Fils : il est dans nous, parce qu'il a pris
une substance de même nature que la nôtre.
On ne peut donc pas dire qu'il n'y a en lui
qu'une substance : il y en a deux, une dans
laquelle il est une même chose avec le Père;
l'autre dans laquelle il est une même chose
avec nous. » Les eutychéens disaient qu'il n'y
avait qu'une nature en Jésus-Christ qui était
composée de la divinité et de la chair: Ferrand
pour montrer l'absurditéde cette réponse, dit
qu'il s'ensuivrait, ou que cette nature ne serait
pas la nature du Père, et que dès lors on ne
pourrait pas dire que le Fils lui soit consubs-
tantiel ; ou que si c'est la nature du Père,
la Sainte Vierge est non-seulement la mère
du Fils, mais encore de toute la Trinité.
8. Les ariens objectaient ordinairement
que si le Fils était un avec le Père, il suivrait
de là que le Père avait souffert, et consé-
quemment la divinité. Ferrand répond avec
les catholiques, que le Père et le Fils sont
un en substance, et non en personne ; qu'il
n'y a qu'une nature du Père et du Fils, mais
qu'autre est la personne du Père, et autre
la personne du Fils; que le Fils, en se fai-
sant homme, a tellement pris la nature hu-
I Tlmolb. Il,
90
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
maine qu'il ne s'est fait qu'une personne de
la chair et du Verbe, ces deux natures de-
meurant disting-uécs l'une de l'autre ; qu'ain-
si, ce n'est pas la Trinité qui a soull'ert, mais
le Fils seul, qui est né et a soutl'ert selon la
nature humaine h laquelle il s'est uni. « Par
la naissance de la chair' en Jésus-Christ, dit-il,
le nombre des substances a augmenté en lui ;
mais la singularité de la personne est de-
meurée. D'où vient qu'encore qu autre soit
la nat^ure de la divinité, et autre la nature
de l'humanité, il ne se fait pas de la Trinité
une quaternité, parce que la Trinité est des
personnes, et qu'il n'en est demeuré qu'une
en Jésus-Christ. Il suit encore de là que Jé-
sus-Christ est un et toujours un à cause de
la singularité d'une personne, qui en lui ne
peut être divisée ni sous-di visée, ni doublée,
quoique nous croyons qu'il est de deux na-
tures et dans deux natures. C'est selon la
iMi.. X, 30. nature divine qu'il dit : Mon Père et moi som-
mes une même chose. C'est selon la nature hu-
joan. I. , maine qu'il dit : Mon Père est plus grand que
moi. Parce que le Fils, selon la divinité, n'est
pas créature', mais créateur; il est un de la
Trinité. Et parce que le même Fils a bien
voulu souflrir selon l'humanité, on peut dire
à cet égard, qu'un de la Trinité a soutfert. »
Par où l'on voit que Ferrand approuvait la
proposition des moines de Scythie : Un de la
Trinité a souffert. Il croit que c'est la même
chose que si l'on disait : Dieu a soufl'ert. Il
ajoute que cette proposition ne renferme au-
cune ambiguïté, parce qu'il n'est personne
qui ne sache que c'est le Fils qui a souffert,
ainsi que l'Evangile le déclaie partout. Il con-
vient que l'Apocrisiaire d'Eutychès avança
cette proposition dans le concile de Chalcé-
doiuc, et qu'elle y fut rojelée, parce que les
Pères de cotte assemblée firent moins d'at-
tention à la proposition en elle-même qu'au
sens dans lequel cet apocrisiaire la prenait.
11 donne trois raisons poui- lesquelles quel-
ques-uns doutèrent de la catholicité de cette
proposition. La première, c'est qu'il leur pa-
rût qu'en disant qu'un de la Trinité a souf-
fert, on distinguait celui qui avait soutfert de
la Trinité même, comme on distingue l'hom-
me de la ville où il demeure. La seconde, de
peur que l'on ne ciùt que la substance mê-
me de la divinité pût devenir passible. La
troisième, dans la crainte qu'un sophiste, qui
demanderait, quel est celui de la 'l'rinité qui
a soutfert, et à qui on répondrait: C'est le Fils,
n'en inférât de cette réponse, ou que la Trini-
té est une trinifé de Fils, ou qu'il est le Fils
de la Trinité. Il fait voir que ceux qui crai-
gnaient qu'en reconnaissant Marie pour véri-
tablement et proprement mère de Dieu, on
ne fut obligé de dire qu'elle était consubs-
tantielle à la divinité, craignaient sans fonde-
ment, parce que celui qui naît est toujours
consubstantiel à la personne de qui il naît,
et que le Verbe ayant pris de Marie une sub-
stance par laquelle il lui est consubstantiel,
c'est ainsi qu'il est né d'elle. On peut dire
que Marie a engendré' la divinité du Fils,
mais incarnée, parce que l'homme mortel ne
pourrait engendrer la divinité éternelle sans
la chair. Mais si l'on se contente de dire que
Marie, toujours vierge, a proprement engen-
dré l'humanité, et non pas la divinité, il pa-
raîtra en quelque manière qu'elle a engen-
dré un pur homme ; qu'elle n'a pas néan-
moins engendré de cette sorte, puis qu'elle
a engendré proprement le Verbe fait chair.
Il faut donc confesser que Marie est vérita-
blement la mère de Dieu-Christ, pour ôter
tout soupçon sur la réalité de la chair en
Jésus -Christ. Ferrand, après avoir détruit
l'hérésie des eulychéens, revient à la propo-
sition des moines de Scythie : Un de la Tri-
' Crevit ergo per nativitatem carnis in Christo
numerus substanliarum, singularilas vero per-
sonœ perseveravit. hicirco quannis alia sit na-
tura divinilatis, alia humaiiitnlis, non sil Irini-
las illa qualernitas ; quia personanim est trini-
tas, quœ in Christo una permansit. Unus est
proinde Ckrislus et semper unus propler unius
personœ singularitalem, qua-in eo nec dividi, nec
subdividi, nec duplicari polesl, quamvis ex dua-
bus et in dunbus credatur esse naturis. Ferraud.,
Epist., ad Anatol., Tom. IX Bibl. l'ai., pag. 505.
« Fihus ergo secundum divinilatem, quia non
est creatura sed creator, unus est de Trinitatc; et
quia ipse secundum Itumanilalem dignatus est
pâli, propler hoc unus de Trinitatc dicitur passus.
Taie est itaque, qu-anlum credo : Vnui est de Tri-
nitatc passus, quale est dicere : Deus est passus.
Ibid.
' lia igitur proprie, sicut veraciler. Maria
divinilatem Filii genuit, sed incarnatam : sine
carne enim divinilatem sempiternam generare
non posset homo mortalis... Si dixero: Maria
semper virgo prnphe genuit humanitutem, non
proprie genuit divinilatem , videbilur suh aliquo
modo honiineni purutn genuisse quem nullo modo
ita gcnuil quia Yerbum carnem factum proprie
genuit. Recte ergo dicimus : Maria reraciter est
mater Dei Cliristi, ut non essel suspicio phanla-
siœ. Fcrraud., ibid., pag. 508.
[vi" SIKCI.E.] CnAPITRE m.
nitc a soii/p'vt. Il voiil qu'avant de l'avancor,
on reconnaisse qu'en Dieu il n'y a qu'une
nature et trois personnes, dont une, savoir
le Fils, sans cesser d'cMre Dieu, s'est fait
lioninie, est ne', et a soull'crt; que l'on con-
fesse que le Fils ait soull'ert dans la nature
qu'il a prise de sa mère seul et sans le Père
et le Saint-Esprit; et non pas dans la nature,
selon laquelle il est Dieu, et un avec le Pî-rc
et le Saint-Esprit; que l'on ne peut dire que
la divinitd du Fils ail souffert, parce que c'est
sa chair qui a soull'ert, et que celle cliair ap-
partient i\ la personne du Fils, qui n'est point
commune au Père ni au Saint-Esprit. Il veut
que l'on confesse encore qu'il y a deux na-
tures en Jésus-Clirist, et que l'on fasse pro-
fession de suivre les décrets du concile de
Chalcédoine et la doctrine de la lettre de saint
Léon, en ajoutant que, par l'incarnation du
Fils de Dieu, la Trinité n'a pasausmenté en
personnes, parce que la personne du Fils est
demeurée dans sa singularité après l'union
de la nature divine avec l'humaine. A l'égard
de celui qui avancerait que la bienheureuse
Marie a proprement engendré Dieu, Ferrand
demande qu'il confesse auparavant que la
divinité du Fils de Dieu, déjà née du Père,
n'a pu naître proprement qu'en prenant une
chair humaine et une àme raisonnable, c'est-
à-dire l'homme entier et parfait; et que cette
naissance temporelle n'a point donné le com-
mencement à la divinité, mais à la chair, qui
n'a commencé d'être qu'en commençant
d'être unie à la divinité.
u-ue «u 9. Nous n'avons pas en entier la lettre que
JïSs^ajS' Ferrand écrivit à l'abbé Eagippius '. Il éta-
blit, dans ce qui nous reste, l'unité de sub-
stance en Dieu et la trinité des personnes,
en opposant sur ce sujet la croyance des ca-
tholiques aux erreurs des ariens. Il montre
aussi contre les nestoricns qu'il n'y a en Jé-
sus-Clu'ist qu'une seule personne de Dieu et
de l'homme, et contre les eutychéens, que
les deux natures, la nature divine et la na-
EUGIPPIUS ET FEIIFIAND.
91
turc humaine, sulisistcnt depuis leur union.
iO. Il traite la môme matière dans la let-
tre qu'il écrivit à Sévère, scholastiqiic ou
avocat h Couslanlinople. Après avoir rap-
porté les erreurs des sabelliens et des ariens
sur la Trinité, il propose la croyance de l'É-
glise apostolique, disant qu'elle confesse
contre Sabellius, trois personnes en Dieu, et
coulre Arius, une seule substance ou nature,
n montre aussi que Jésus-Christ est vérita-
blement Dion, et pour prouver qu'il n'y a en
lui ([u'une seule personne, il ;illègue la forme
du ba[)téme, et fait ce raisonnement : « Si la
personne do Dieu et de l'homme en Jésus-
Christ n'est pas une et la même, quelle est
donc la personne que l'on nomme dans le
baptême, lorsque l'on nomme le Fils? S'ils
disent que c'est la personne du Fils de Dieu,
comme ils ne confessent pas que le Fils de
l'homme soit le même que le Fils de Dieu,
il suit de là que la grrice du Médiateur est
ôtée du sacrement du baptême, et que notre
réconciliation ne se fait pas dans ce sacre-
ment, puisqu'elle ne peut se faire sans le
Médiateur. S'ils disent que c'est la personne
du Fils de l'homme cpje l'on nomme dans la
forme du baptême, ce ne sera donc pas au
nom de la Trinité que nous serons baptisés,
puisqu'on ne peut pas dire que la Trinité soit
nommée où l'on ne nomme pas la personne
du Fils de Dieu, mais seulement celle du Fils
de l'homme. » Ferrand rapporte un grand
nombre de passages qui prouvent qu'en
Jésus-Christ il n'y a qu'une seule personne,
quoiqu'il y ait deux natures. « Il est dit, dit-
il , dans saint Jeao : Personne nest monté au
ciel que celui qui est descendu du ciel, savoir le
Fils de l'homme, qui est dans le ciel. Com-
ment cela se peut-il faire, si ce n'est pas la
même personne qui est descendue du ciel,
et qui y est montée ? On voit, par le psaume
Cix, que Jésus-Christ est Fils de David, et
Seigneur de David. Cela fait voir clairement
qu'il n'y a en Jésus-Christ qu'une personne,
Ldltro i S«.
v^rn Kclinla*.
1lr{iie h Coni-
lnntfno{il6.
lOJ.HOO.
Joan. m, 13,
' Angélo Ma'i a retrouvé celte Épître et l'a p\i-
bliée dans le 3= volume Scriptor. veter., pag. 169-
185. Ferraod j- expose d'abord nettement l'iiérésie
arienne qu'il réfute en détail, tandis qu'il y combat
sommi'.rement plusieurs autres hérésies, celles des
photiniens, des manichéens, des patripassiens, des
nestorieus, des eutychéens, dont l'erreur venait de
naître. 11 nous fait connaître incidemment, uu nom-
mé Adveutitius. Celui-ci avait envoyé un discours
arien à saint Augusiin, qui en fait une longue ré-
futation. Ferrand rappelle de nouveau que le Saint-
Esprit procède du Père et du Fils; il dit à la fin de
sa lettre que Jésus-Christ, le Prêtre éternel, a lui-
même enseigné à son Église, à offririons les jours
le sacrifice de la messe pour les vivants, pour les
morts et en mémoire des martyrs. Voici ce pas-
sage ; Christits Ecclesiam siiam docuit in quoli-
dianis sacrificiis hanc custodire regulatii ut pro
peccaioribus sive adhuciu terra laboranlibus, si-
ve jam de sœculo recedenlibus orationem faciat,
pro martyribus vero gratiarum déferai actio-
nem. Ibid., pag. 183. [L'éditeur.)
92
HISTOIRE GÉNER.\LE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
autrement il ne pourrait être en môme temps
Fils de David et Scia^neur de David. » De tous
ces passages Ferrand conclut que le Verbe,
en se faisant chair ', a uni les natures et n'a
pas doublé la personne ; qu'il a uni les na-
tures de façon qu'elles ne sont point con-
fondues et ne le seront jamais, en sorte que
la divinité n'a point été changée en l'huma-
nité, ni l'humanité absorbée par la divinité;
mais que chaque nature, demeurant en son
entier, faisait les fonctions qui lui étaient
propres, se faisait connaître par ses œuvres,
et était appelée de son nom, sans être
distinguée personnellemeut. Il combat ceux
qui ne reconnaissaient qu'une seule na-
ture en Jésus-Christ, depuis l'union de la
nature divine avec la nature humaine. Il
montre, par l'exemple de l'homme, qu'un
composé de deux natures peut bien avoir un
nouveau nom, sans que les deux natures
soient confondues, l'âme spirituelle de l'hom-
me n'étant point confondue avec son corps,
et ces deux natures étant distinguées l'une
de l'autre depuis leur union. « S'il n'y a,
ajoute-t-il, qu'une nature en Jésus-Christ, ou
elle est répandue partout, ou elle est dans
un lieu fixe et déterminé. On ne peut pas
dire qu'elle soit répandue partout, puisqu'il
est dit que Jésus-Christ ressuscita le troisiè-
me jour d'entre les morts, et qu'il monta au
ciel. On dira encore moins qu'elle est fixée
à un certain lieu, puisque Jésus-Christ, qui
est la sagesse de Dieu, pénètre en cette qua-
lité, et remplit tout par l'immensité de son es-
sence, disposant tout avec douceur; et que,
lorsqu'il se sépara, selon la chair, de ses dis-
ciples, il leur promit d'être avec eux jusqu'à
la consommation des siècles. Jésus-Christ est
doncpai'tout, comme Verbe de Dieu, mais il
n'est pas partout comme homme, c'est-à-dire
selon son âme raisonnable et sa chair, avec
lesquels il est un tout. »
H . Pelage et Anatolius, diacres l'un et l'au-
tre de l'Église romaine, informés de la con-
damnation des trois chapitres dans le con-
cile de Constantinople, écrivirent à Ferrand
pour le prier de leur marquer ce que l'on
devait penser sur cette atlaire, après qu'il
en aurait délibéré avec l'évéque de Carthage
et les autres évêques les plus éclairés de
l'Afrique. 11 paraît qu'ils ne doutaient pas
que la condamnation des trois chapitres
n'eût été faite par la suggestion des acé-
phales contre le concile de Chalcédoine, et
la lettre de saint Léon. Ferrand fut assez
longtemps sans leur faire de réponse; mais,
voyant que les évêques d'Afrique ne se dé-
claraient point, il répondit, en son propre
nom, (ju'il ne lui paraissait ' point expédient
de blâmer ce qu'avaient fait les évêques as-
semblés à Chalcédoine, ni d'examiner de nou-
veau la lettre d'ibas, qu'il croyait y avoir
été approuvée, de pour qu'en formant quel-
que doute sur les décrets d'un concile reçu
sans aucune difficulté dans toutes les Églises
d'Orient et d'Occident, il ne perdît tout à
coup son autorité, et que fous ses décrets
touchant la foi ne fussent révoqués en dou-
te. «Tout ce qui a été une fois arrêté, dit-il,
dans le concile et l'assemblée des saints Pè-
res, doit toujours demeurer ferme et stable. »
Il compare l'Eglise catholique à une fontaine
scellée, qui ne peut jeter par une môme ou-
verture de l'eau douce et de l'eau amère, et
qui conséquemment n'a pu, par la bouche
de ses évêques, proférer des définitions de
foi, et approuver dans Ibas une doctrine
contraire : «Ce qu'elle aurait fait, ajoute-t-il,
si la lettre de cet évêque avait été favorable à
l'hérésie de Xestorius; puisque, non-seule-
ment cette lettre n'a pas été ' condamnée
dans le concile de Chalcédoine, mais qu'elle
y a été reçue. A[)pliqucrons-nous à nos Pères
cette maléiliclion du Prophète : Malheur à
vous qui donne: aux ténèbres le nom de lumiè-
re. On dira peut-être que leiu- foi était or-
lip* et 1 Antl
' Carnem suscipifiido naluras aditnavit, non
personam duplicarii. ?iaturas plane adumivil,
sine confusione pcrmancnles, et in sœcula per-
mnnsurœ. Sic eniin adiinttvil, ul nec divinilas in
humanilatem mutarelur, nec humanitas a divi-
nitntc absorberelur ; sed ulraque iidiuraincolu^
mis custixlila suis offlciis ulerelur, suis optribus
agnosceretur, suis nominibus rocarelur : verum-
tamen personis propriis von di^tinguerelur.
Epist. ad Sevfruiii, pas. 511.
' Non expedil anliquorum Palrum, qui Chalcc-
dnnensi noscunlur interfuisse concilio, vilupe-
rari deliberalionem , relraclarijiidiciuni, muUiri
senlenticim, ne Synodus venerabilù! apud omnes
Ecclcsias Oricnlis eC OccidenUs ptr annos lam
plurimos sine aliqua dubitatione /irmata, perdal
subito rererentiam xuam: nec possil in dejinilio-
nibus /idei robur inflcxibile custodire, si cvrperit
ex âliqua parle fragilis uul reprelicnsione digna
conrinci : quidquid scmel slaluilur in concilio el
congrcgatione sanctornm l'utrum, perpétuant de-
bel oblinerc jugiter firmilatem. Episi. ad l'elag.,
pag. 515.
' Epistolam damnare notuerunt, imo etiam
suscipere volucrunt. rurrand., Epist. ad Pelag.,
pag. 515.
[VI" SIÈCLE.]
thodoxe, mais qu'ils ont rpçn mal .'i-propos
la Icllro d'Ibas; mais (jui pciil soiiUVir une
somlilahle ri'[)orisi'? Oiic leur aurait-il servi
d'anallK'inatiscr Ncstorins et Eutycli6s, s'ils
avaient reçu une lettre qui fill favorable aux
blaspliùmcs de Nestorius? S'ils l'ont rerue
par i;::nnranoe, c'est une faute qui ne va pas
moins (ju'à aucanlir leur nutorili'. Mais s'ils
l'ont reçue avec connaissance de cause, et
pensant toutefois le contraire de cette let-
tre, ils se sont rendus coupaltles du crime de
fiction, et donneront occasion aux ennemis
de la foi de lus accuser d'avoir favorisé l'er-
reur de Nestorius, en même temps qu'ils la
condamnaient. » Ferrantl soutient donc qu'il
n'y a en ni ignorance ni dissinudalion A l'é-
gard de la lettre d'Ibas, et que, n'y aj-ant au-
cune partie du concile de Chalcédoine digne
de repréhension, on doit regarder, comme
l'ouvrage du Saint-Esprit, tout ce qui s'y est
passé. Il représente les évêques de ce con-
cile sortant de leur tombeau au jour de la
résurrection, et demandant, en présence de
Dieu, à ceux qui rejetaient la lettre d'Ibas,
<iuelles raisons ils avaient de ne la point re-
cevoir comme catholique. «Serait-ce, dit-il,
parce que le vénc'rable Ibas a blâmé saint
("<yrilled'Alexaudrie?Mais le même Ibas a fait
connaître qu'il avait depuis communiqué avec
saint Cyrille. S'il était répréhensible pour
avoir mal parlé de saint Cyrille, n'est-il pas
digne de pardon pour s'être réconcilié avec
lui? Si l'évêque d'Édesse et les autres évêques
orientaux ont censuré les chapitres, ou ana-
thématismes de saint Cyrille, parce qu'ils ne
les entendaient pas, c'est un efl'et de l'infir-
mité humaine ; mais en recevant ces chapi-
tres, lorsque saint Cyrille les eut expliqués,
ils ont donné des marques d'une charité vrai-
ment sacerdotale, sans porter aucun préju-
dice à la vérité. S'il y a quelques endroits
.dans la lettre d'Ibas, qui, à cause de leur
obscurité, semblent contraires aux règles de
la vraie foi, on doit s'en rapporter à nous
qui avons été plus en état que personne d'en
CHAPITRE m. — EUr.lPPIUS ET.FEnRAND.
«j;j
bien prendre le sens, l'ayant appris de la bou-
che nièuie (le celui qui a dicte'' la lettre. J']n-
fin (]uelle raison aurions-nous de croire que
cette lettre puisse favoriser Nestorius, dont
l'auteur a anathématisé de vive voix cette
hérésiarque en notre présence , par notre
ordre, et de manière que nous l'avons ouï?
Il a de plus reçu la lettre de saint Léon, et
il a souscrit avec nous à la confession de la
vraie foi. » Forrand ajoute, que si l'on croit
que l'erreur de Nestorius soit cachée dans
la lettre d'Ibas, cela ne peut nuire ni aux
grands, ni aux petits, puisque l'erreur de
Nestorius fut condamnée publiquement dans
le concile de Chalcédoine ; qu'on ne peut non
plus alléguer, pour rejeter cette lettre, les
différents d'Ibas avec saint Cyrille, puis qu'ils
se sont réconciliés depuis, et qu'ils sont morts
dans la communion l'un de l'autre, et qu'en-
suite de leur léconciliation, Ibas et tous les au-
tres évoques orientaux ont été renvoyés dans
leurs sièges, en présence de l'empereur Mar-
cien, et du Siége-Apostolique ' qui a la pri-
mauté dans toute l'Kglise, représenté par ses
légats. «Qu'est-ce qui sera stable ', dit Fer-
rand,si ce que le concile de Chalcédoine a éta-
bli est révoqué en doute ? » Il cite un endroit de
la lettre de Capréolus, évéque de Carthage,
à l'empereur Théodose, et une autre de celle
qu'il écrivit au concile d'Éphèse, où il dit qu'il
n'y aura plus rieu de stable daus les choses
divines et humaines, si l'on examine de nou-
veau ce qui a été décidé depuis longtemps
dans les assemblées des évoques. Il avoue
que s'il y avait eu quelque accusateur de la
lettre d'Ibas dans le concile de Chalcédoine,
il aurait peut-être pu ' appeler du jugement
du concile. Mais à qui? Il n'y avait point de
juge supérieur dans l'Église , puisque cet
accusateur avait eu devant ses yeux les lé-
gats du Siége-Apostolique, avec le consente-
ment duquel tout ce que ce concile a défini
doit passer pour irrévocable, comme étant
d'une force et d'une autorité invincible. Il
ajoute, que si l'on* rétractait ce qui avait
* Ibi fuit in legalih suis Sedes Apostolica, pri-
matum tenens universalis Ecclesiœ. IbiJ., pag. 516.
* Quid erit firmum, si quod statuit Chalcedo-
nense concilium vocalur in ditbium ? Ibid.
^ Si tune aliquis accusator Epistolœ, cujus ca-
tholica esse dictatio claruit, ad majora judicia
provocaret, appellationi forsilan sccunduin con-
siietudinem locns pateret. Sed quo irel ? Àut ubi
majores reperiret in Ecclcsia judices ? Ànle se ha-
bens in legatis suis Àpostolicam Sedem,qua con-
Sentiente, quidquid illa deflnivit eynodus , accepit
robur invictum- Ibid., pajr. 316.
* Haheo dicere : Si relractenlur ChalcedonensiS
concilii décréta, de Mcœna synodo cogitemus ne
simile detrimentum patiatur. Universalia conci-
lia, prœcipue illa quibus romance Ecclesiœ cojl-
sensus accessit, secundœ auctoritatis locum posl
canonicos libres tenent. Sicut legentibus Scriptii-
ram divinitus inspiratam non licet aliquid repre-
hendere, quamvis minime valeant altitudinem cas-
94
HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
élë statue dans le concile de Clialcédoinc, il
était à craindre que l'on n'en fit autant à
ré},'ard du concile de Nicée; que les conciles
généraux, ceux-hï surtout que l'Eglise ro-
maine a approuvés, ont une autorité que
l'on peut appeler la seconde après celle des
livres canoniques; que comme il n'est pas
permis à ceux qui lisent l'tïcriturc divinement
inspirée, d'y reprendre quelque chose, quoi-
qu'ils ne puissent pas pénétrer la profondeur
des oracles célestes : de même il n'est per-
mis à personne de douter de la vérité des
décisions des conciles, confirmées par l'an-
tiquité et observées par la postérité, ni de re-
fuser de leur obéir. Il continue ainsi : « Que
sert-il d'être ' en dispute avec les morts, ou de
ti'oubler l'Église, à cause des morts? Si quel-
qu'un claut encore en vie est accusé et con-
damné, et qu'il vienne à mourir avant d'avoir
mérité d'être absous, il ne peut plus être
absous par le jugement des hommes. Au
contraire celui qui ayant été accusé et en-
suite absous, est passé au Seigneur dans
la paix de l'Église, il ne peut plus être con-
damné par le jugement des hommes. Ce-
lui qui, étant accusé, meurt dans le sein de
l'Eglise, avant que sa cause ait été exami-
née par les évéques , il doit être censé ré-
servé pour le jugement de Dieu, de manière
qu'aucun homme ne puisse prononcer une
sentence contre lui. Si Dieu lui fait donc
miséricorde, notre sévérité ne pourra lui
nuire ; et si Dieu lui a préparé des supplices,
l'indulgence dont nous usei'ons à son égard
ne lui servira de rien, n Ferrand insistant
sur ces paroles de saint Paul : Ne vous élevez
point au-delà de ce que vous devez dans les sen-
timents que vous avez de vous-mêmes, mais te-
nez-vous dans les bornes de la modération, dit
qu'il peut être permis ii des particuliers de
dire et d'éci'ire leurs iieutiments, tandis qu'ils
prêchent la vraie foi ; mais qu'ils ne doivent
pas obliger les autres î\ les signer, ni à les
embrasser avec une soumission aveugle ; que
les saints docteurs de l'Église à qui Dieu , de-
puis les apôtres, a donné le talent d'ensei-
gner les catholiques, et de combattre les hé-
rétiques, nous ont laissé leurs écrits, sans les
avoir fait souscrire de personne ; que c'est
un privilège réservé aux livres canoniques
et aux décrets des conciles généraux, de n'ê-
tre ni réfutés ni rejetés de personne, mais
d'être embrassés et reçus de tout le monde.
La conclusion de la lettre de Ferrand est,
que l'on ne doit admettre aucune' révision
du concile de Chalcédoine, ni des autres con-
ciles semblables, et qu'il faut observer en
entier ce qu'ils auront décidé ; il défend d'ac-
cuser les morts, de susciter à leur occasion des
disputes entre les vivants ; et il veut que per-
sonne ne puisse donner à ses propres écrits,
en obligeant les autres d'y souscrire, une
autorité que l'Église catholique ne donne
qu'aux seuls livres canoniques.
1:2. Le diacre Ferrand nous a laissé une
Collection des canons des conciles tant d'O-
rient que d'Occident. C'est une des plus an-
ciennes que l'on connaisse parmi les Latins.
Elle est composée de deux cent trente-deux
canons, dont toutefois il ne donne pas le
texte entier, mais seulement le sommaire et
l'extrait, marquant ù la fin de chacun, de
quels conciles ils sont tirés, et s'ils se trouvent
dans un seul ou dans plusiem-s conciles. 11 y
en a beaucoup des conciles provinciaux cl
nationaux , d'Afrique, de Nicée, d'.\ncyi'e,
de Laodicée, d'.\ntioche, de Gangres, de
Sardique, de Constantinople; mais la plupart
sont sur des matières de discipline, ce qui
donne lieu de croire que Ferrand composa
cette Collection par ordre de Boniface , évo-
que de Carthage, aussitôt après le rappel des
canûn«
CODCiir!'
remeols
«rril. de 1
ruid.
dei
in
Ju-
do
leslis oraculicomprehendere ; sic omnino nec ali-
ter concilia quœ vetusta l'irmovit, et ctistodivit
devola poslerilas, obedieitliam de nobis exigunt,
nullum relinquenles dubitandinecessilatem. Ibiil.
' Quid prodest cum dormieiitibus hnbere certa-
men, aul pru dormienlibus Ecctesiam perlurhari ?
Si quis adliuc in corpore morlis hujus accusalus
et dnmnalus, antequum mereretur absohi de
sœculo raptits esl, absolvi non potesl ulterius
huinano judicio. Si quis accnsalus el dbsoiutus,
in puce Ecclesiœ transivit ad Dominum, condem-
nari non potesl humuno judicio. Si quis accu-
satus, ante diem saccrdotalis examinis, rcpCnlina
vncalione prœventus est, inlra sinum malris
Ecclesiai conslilulus , divino inlclligendum est
judicio reservatus. De hoc nullus homo potett
nianifestam proferre sentenliam : cui si Deus
indulgentiam dedil, nihil nocet nostra severilas ;
si supplicium prwparavit , nihil prodest nostra
benignilus. Ibitl.
' Dignelur ilaque beaiitudo veslra très istas
régulas diligenter altcndire, ut concilii Chalcedo-
nensis vel similium nulla relractatio pateat; sed
quœ semcl slatuta suni, iutfmerala serventur:
ni pro mortuis fralribus nulla generentur inter
vivos scandala; ut nullus libro suo per subscrip-
tioiicsplurimoruuifdure velil. aucloritalem quam
solis canonicis libris Ecclesia deluM. iUid.
pag. 517.
[VI' siÈaE.] CHAPITRE IV. — AnTlIEN,
ëv(^(liios par Hildciic, pour i'(H;il)lir lu ilisci-
pliiic dans los églises il'Arriqiic. 11 cite aussi
dans celte Collection les épitrcs ddcriitales
des papes, nommément de saint Sirice. Celte
CoUeclion l'ut im[iiiinéc à Taiis en 1598,
avec celle de Cri'scoiiiiis; en lUOi), avec l'an-
cien Code de l'Éj^lisc romaine par Denys-le-
Pelit; et en IGGl dans la Hiblollièque du
Droit Canon ancien, par Jull'elle, en deux
volumes in-fol. La Vie de saint Fulgwice
porte daus les manuscrits le nom de Fer-
rand ; mais nous avons fait remarquer (jue ce
Ferrand paraissait être un des disciples du
saint, qui l'avait accompai^né dans ses voya-
ges ; ce qu'on ne peut dire du diacre de Car-
tilage. Ses lettres sont écrites avec beaucoup
de feu; mais le style en esl aisé, simple et
concis. Celle qui esl adressé au comte Ilégi-
non fut imprimée à Strasbourg en 1516, iu-8,
sur un manuscrit de la bibliotlii-que d'Hir-
LAURENT DE NOVARRE, ETC.
95
sango. Crcsconius, dans sa Préface sur son
Alirc(j('' des canons , ciic la Collection de Fer-
rand. Avant le p6re Chifllet, Achillcs Sta-
lius avait donné ù Home en 1578, une partie
des écrits do ce diacre, avec nue lettre à
Anselme, arcli('véc|ue de Milan ; mais cette
lettre ne peut être de Ferrand, puisqu'Ansel-
me, évèque, n'a vécu que dans le ix° siècle.
C'est aussi sans raison iju'on a attribué ii Fi'v-
raiid trois livres de Vigile de Tapso contre
les erreurs de Nestoriusel d'Eutycliès. Nous
avons parlé dans l'article de saint Fulgenco
des deux lettres que Ferrand lui écrivit ; l'une
au sujet du baptême d'un Ethiopien , qui
étant cathécumène avait perdu l'usage de la
parole et la présence d'esprit, en sorte qu'il
n'avait pu répondre dans l'action du bap-
tême; l'autie toucliant la Trinité, l'Incarna-
tion, et la nécessité de participer au corps
et au sang de Jésus-Christ.
CHAPITRE IV.
Adrien, Laurent de Novarre, Marcellin, Elpidins, Gilles, Orientius.
[Écrivains latins du M" siècle.]
Airin. 1. On ne sait point au juste en quel temps
Adrien llorissait. Ussérius croit que c'était
vers l'an 533. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il
est plus ancien que Cassiodore, qui parle ' de
lui dans un de ses ouvrages, où il le joint à
Ticonius, donatiste, à saint Augustin, à saint
Eucber, et à Jumilius, parce qu'ils avaient
tous donné quelques règles pour l'intelligence
des divines Écritures, et expliqué, par diverses
comparaisons, ce qui paraissait inintelligible.
L'importance de ces ouvrages avait engagé
Cassiodore à les recueillir avec soin. Mais il
ne dit point s'il avait tiaduit, ou fait traduire
de grec en latin ce qu'Adrien avait fait sur
cette matière. Nous ne l'avons aujourd'hui
qu'en grec, sous le titre à'Inti-oduction à la
sainte Écriture, Marquandus Fréhérus la fit
imprimera Augsbourg, en 1601, avec les no-
tes de David Haschélius, à qui cette édition
est dédiée. Elle a paru depuis dans le neu-
vième tome des Critiques sacrées [de Péarson,
d'où elle a passé au tome XCVHI de la Palro-
logie grecque, avec traduction latine des édi-
teurs, et notice tirée de Fabricius, col. 1273-
1311.] Pbotius, qui avait lu cet écrit d'A-
drien -, dit qu'il est très-utile pour ceux qui
commencent à étudier les divines Écritures.
Dans les éditions, dont nous venons de par-
ier, on a eu soin de citer à la marge tous les
endroits, soit de l'Ancien, soit du Nouveau
Testament, allégués dans l'ouvi'age d'Adrien.
2. Sigebert de Gemblours^ dans son traité
des Écrivains ecclésiastiques attribue à Lau-
rent un livre intitulé des Deux temps , dont
Lauréat do
Novarre.
' Primum est posl hiijus operis instituta ut ad
introdiictores Scripturœ divinœ quos postea refe-
remus, sollicita mente redeamus, id est, Tico-
nium donalistam , sanctiim Augustinum de doc-
trina christiana, Àdrianum, Eucherium et Jumi-
lium, quos sedula curiositate collegi: ut quibus
eral similis intenlio inuno corpore adunati coJi-
ces clauderentur. Qui modos elocutionum explana-
tionis causa formantes, per exemplorum diversas
similitudines intelligi faciunt quœ prius clausa
manserunt. Cassiod., lib. De Divin, leclion., cap. s.
^ Lecta est Àdriani lutroductio in sacram Scriji-
turam, utilis liber m' qui ad eam primum aggre-
diunlur. Phot., cod. 2, pag. 3.
' Sigebert, De Script. Eccles., cap. cxx.
96
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
le premier s'était écoulé depuis Ad;im jus-
qu'à Jésus-Christ, cl dont le second doit durer
depuis Jésus-Christ jusqu'à la fin du monde.
Il ne dit pas quel était ce Laurent, se conten-
tant de remarquer que la douceur de ces dis-
cours lui avait fait donner le surnom do Mil-
lifluvs ou Mielleux. Il ajoute qu'il avait fait
aussi des homélies ; mais il n'en marque pas
le sujet. Marfrarin de la Bipne qui fait Lau-
rent évèque de Novarre , dit qu'il fut trans-
féré de cette ville en celle de Milan, dont il
le compte pour le vingt-cinquième évèque.
Il conjecture que c'est ce Laurent dont En-
uode de Pavie a fait un si bel éloge dans la
Diction ' ou discouis qu'il envoya à Honorât,
évèque de Novarre pour la Dédicace de l'E-
glise des Apôtres. La Bigne donne à ce Lau-
rent le livre des Deux tetitps , qu'il intitule :
Homélie sur la jxnittnce^ parce qu'en effet elle
roule presque entièrement sur cette matière.
Il lui en donne une seconde sur l'aumône,
qui, dans les manuscrits, porte le nom de
Laurent , et qui est de môme style que le li-
vre des Deux temps. Dom Mabillon* lui en at-
tribue une troisième sur la Chananéc, qu'il a
trouvée jointe dans un manuscrit au livre
des Deux temps. Il adopte la conjecture de la
Bigne, et l'appuie d'une autre diction d'En-
nodè pour le jour anniversaire de l'installation
de Laurent sur le siège de Milan. Ennode y
loue la patience de cet évoque dans les per-
sécutions qu'il avait eues à souffrir de la part
de ses ennemis, et dans l'exil où il avait été
envoyé par Odoacre après la prise de Milan.
Il témoigne que son retour en cetto ville lui
avait rendu la joie, et fait tarir les larmes de
ses habitants. Ennode dit au même endroit
que Laurent, dans le concile de Home, assem-
blé pour l'all'aire de Symmaque, réprima par
la douceur et le miel de ses discours l'impé-
tuosité des menaces de ceux qui avaient en-
trepris la déposition de ce pape. Tout cela
« Eiinod. Diction. 2, pag. 1736.
* Mdhinun., Aualect.,iiiie. 560, cdit. Par. 1723.
' Eniiodhis, Diction., pag. 1732.
* IJomilia de Chananœa, llabilloD., Analtcl.,
p.ig. 55.
' Peccatum nwndi quid eut ? Diiiclum Adam
fer traduceni seniinis ad filios deioluttun. I.iiii-
rent., hom. de Pœnil., tom. IX Bibl. Fat., pag.
4C5.
* Ex illa die illaque hora qua egressus est de
Invacro, ipse tibi (s fons jugis et diulurna re-
iiiissio. Aon opiis Itahes doctore , non dcTlra sa-
ccrdotis. Mox vl ascfndisti de sacro fonte, vesli-
liis es veste alba et unctits es unguenlo mystico :
convient à l'auteur de l'homélie sur la Cha-
nanée. Il y fait mention de ses adversaires ,
et s'y plaint de ce que par leur malice, lui et
ceux de son parti avaient été maltraités. Le
temps et le lieu où il pronon(;a ce discours
marquent que ce fut au retour de son exil
après la victoire que Tliéodoric remporta sur
Odoacre. Car il le prononça la nuit* et dans
la place publique. Enfin cette homélie à toute
la fluuceur de style que Sigebcrt relève dans
celle des Deux tetnps ou. de la pénitence.
3. Dans celle-ci Laurent distingue deux Ho.-»6;i
sortes de péchés, et deux manières de les }*^"j;'.;^ï
remettre ; le péché d'Adam ' qui est passé r-f- , .♦
' 11 ID*D« le la
par la voie do la génération à tous ses des- |;;'',X1„ J
cendants ; et le péché que chacun commet J^°^ j"''
par ses propres actions. Ils sont remis l'un
et l'autre par le bajitéme ; mais les péchés
propres se remettent aussi par la pénitence.
L'auteur appelle le péché d'Adam ' le péché
du monde. De la façon dont il s'explique sur
la vertu du baptême, on dirait que son senti-
ment est qu'après l'avoir reçu chacun est
devenu à soi-même une source continuelle de
force et de doctrine, en sorte que le minis-
tère des prêtres, et le secours de la grâce
ne sont plus nécessaires. « Aussitôt, dit-il',
que vous êtes sorti des sacrés fonts, on vous
a revêtu de l'habit blanc, on vous a oint de
l'onction mystique, puis l'invocation de la
sainte Triuilé ayant été faite sur vous, il est
venu sur vous une triple vertu qui vous a
rempli d'une doctrine nouvelle. Dès lors
Dieu vous a constitué votre propre juge et
votre arbitre ; il vous a donné une telle con-
naissance, que vous pouvez apprendre de
vous-même le bien et le mal, et distinguer
entre le mérite et le péché. Et parce que, de-
meurant dans les liens du corps et de ses
membres, vous ne pouvez être libre du pé-
ché, ni vivre exempt de faute après le bap-
tême, il a mis eu vous-même le remède dont
fiicta est super te invocalio, et venit super le trina
virtus quce tas novum liac nova perfudit doc-
trina. Exinde teipsum staluit tibi judicem et ar-
bilriuui, deditque tibi notitiam ut possis ex te
discere bonum et malum , id est intcr meritum
et peccatum. Et quia non paieras mancns in mem-
bris corjiorisque conipagc liber cxistere a pec-
cato, immunisque a noxa, posl baptismum rc-
medium tuum in teipso stotuit, remissioncm in
arbilrio luo posuit ut non qua-ras sacerdotem
cum nécessitas ftagi' •ori/.j sed ipse jam ac si
scitus per-^'picuusque magister errorcm tuum in-
tra te entendes et peccatuni luum pœnitudine
abluas. Ibid., pag. 466, 467.
[vi« SIÈCLE.] ADRIEN, LAURENT DE NOVARRE, MARCELLIN, ETC.
vous avez besoin, laissant la rémission Je
vos fautes à votre libre arbitre, en sorte que
dans la nécessité vous n'avez pas besoin de
recourir au prétie. Mais vous pouvez do
vous-même, comme un maître expérimenté,
corriger l'erreur qui est dans vous, et cllacer
votie pécbé par la pénitence. Ainsi que la
dureté de ccrnr, le désespoir, la paresse ces-
sent, la fontaine ne tarit jamais, l'eau est au
dedans, l'ablution est au pouvoir du libre
arbitre, la sanctification dans l'industrie, la ré-
mission dans l'ail iiudance des larmes » Mais
Laurent s'expliiiuo dans la suite. 11 fait voir
au pécheur qu'en vain il compterait sur ses
propres mérites, sur la force de son àme, et
la vigueur de ses entrailles ; qne debout au-
jourd'hui, demain il tombera, s'il n'y prend
garde ; qu'il veuille ou ne veuille pas, que son
Ame est souvent embarrassée dans les fdets
du corps ; qu'elle n'en est pas délivrée par
elle-même, à moins que, secourue de la grâce
de Dieu, elle ne s'adresse à lui par la péni-
tence ; en sorte qu'elle puisse dire avec le
Prophète : Mon ûme s'est échappée, comme un
passereau du filet des pécheurs; le filet a été
brisé avec le secours du Seigneur, et j'ai été dé-
livré. L'âme était arrêtée dans le filet; elle'
s'en est échappée, non par ses propres forces,
mais par le secours divin. C'est dans le mémo
sens qu'on doit entendi'e ce que Laurent dit
dans le même discours, immédiatement après
avoir rapporté ces paroles de saint Paul :
Qui me délivrera du corps de cette mort? « La
vie', est entre vos mains; la victoire est dans
votre libre arbitre : si vous avez voulu, vous
avez vaincu ; si vous ne voulez pas, vous de-
meui'erez vaincu. Celui qui veut vaincre fait
des ellbrts : celui qui désespère perd la vic-
toire. «Toutes ces façons de parler n'excluent
point le besoin de la grâce; elles n'ont pour
but que d'animer le pécheur à travailler à la
correction de ses vices et à faire pénitence
de ses fautes. D'où vient qu'en parlant en-
suite de Zacbée, il dit que « le Seigneur de-
meura' chez lui, et inspii-a dans son âme le feu
delà foi, et la seci-ète ardeur du Saint -Esprit,
de façon que, brûlant de l'amour de Dieu et
'J7
du feu de la foi, il ditù Jésus-Clu'ist : Je m'en
vais donner la moitié de mon bien aux pauvres.
Comme s'il avait dit : Je vois maintenant, je
connais ce que je dois faire. Mon Sauveur,
c'est de vous et non de moi-même que vient la
correction et l'amendement de mes mœurs. »
Laurent cite cet exemple, et celui de la fem-
me pécheresse, pour engager les pécheurs à
ue point désespérer de leur salut, mais à re-
courir à Dieu qui est toujours prêt à les re-
cevoir. Quant A ce que dit cet auteur qu'un
baptisé qui tombe dans le péché après le
baptême n'a pas besoin de recourir au prê-
tre, il ne veut, ce semble, dire autre chose,
sinon qu'il sait de lui-même, pour l'avoir ap-
pris dans les instructions qu'on lui a données
avant le baptême, ou dans la semaine du
baptême, qu'il est obligé de faire pénitence,
et que la pénitence est un moyen pour ef-
facer les péchés commis depuis le baptême.
C'est ]iourquoi il ajoute : « Ne cherchez plus '
Jean-Baptiste; n'allez plus au Jourdain :
soyez-vous à vous-même Jean-Baptiste. »
4. Dans l'Homélie surl'aumùne, Laurent Hom.Mcsnr
la représente comme un remède ellicace aux ix Bib.:'i'ai!
plaies de notre conscience, et capable de
rappeler l'âme des portes de la mort; com-
me la racine de tous les biens , ajoutant
qu'elle comble le juste de mérites, qu'elle
absout le pécheur de ses péchés, et le sou-
lage même dans ses maladies. Il enseigne que
c'est par une providence particulière que tous
les hommes ne naissent pas également dans
les richesses. « Ceux, dit-il, qui en abondent
n'en font que trop souvent un mauvais usage
en les faisant servir à leurs passions déré-
glées. Dieu a mis auprès d'eux les pauvres,
afin qu'ils leur servent comme de fontaine,
où ils puissent se purifier des taches de leurs
péchés. )) Il explique ces paroles de Jésus-
Christ : Lorsque vous donnerez l'aumône, que 1,^,11, ,., 3
votre main gauche ne sache point ce que fait vo-
tre main droite, de la vaine gloire que l'on
doit éviter dans les œuvres de miséricorde ,
Dieu en devant être la fin, et non le désir de
plaire aux hommes.
0. U prononça, comme on l'a déjà dit, Hoir.éiiciur
' In laqueo hœrebat anima, ereptaest nonisuis
ciribus, sed dicino prwsidio. Ibid., pag. 467.
* Vita in manu est, Victoria in arbilrio est. Si
voluisti, vicisH. Si nolueris, victus relinqueris.
Qui mit vincere conaticr tU vincat, qui desperat
amisil Victoria m. Ibid.
^ Mansit apud illum Christus, inspiravit illi
ignem fidei, Spirilus Sancti occuUum ardorem ,
XI.
ut amore Dei et calore fidei flagrans talia verba
depromeret : Domiue, eece dimidium bonorum
nii;ûruiii do pauperibus... lanquam si ita diceret:
Modo vidi, modo cognovi : Saluator, non ex me ,
sed ex te fada est correclio mea. Ibid., pag. 469.
' NoUte jam quœrere Joannem neque Jorda-
nem, ipsc tibi esta Baptista. Ibid., pag. 467.
98
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
6CTIU.
. outi»;». son discours sur la Chanande, la nuil ' et
NMoii, fs- dans la place publiijue. Il fait voir, par les
instances réitérées de cette femme, que l'on
doit toujours demander ^ Dieu jusqu'à ce
que l'on ait obtenu l'etlet de sa demande ;
mais qu'il ne sufBt pas de lui demander de
bouche, que le cœur doit aussi faire entendre
sa voix ; que tous les lieux sont propres à la
prière, quand on sait se recueillir en soi-mê-
me; la place publique, le bain peuvent nous
servir de temple. Ces trois homélies sont
d'uu style simple et coupé.
6. On met ordiuairement - le comte Marcel-
liu au rang des écrivains ecclésiastiques,
parce qu'il a renfermé dans sa Chronique plu-
sieurs faits intéressants pour l'Eglise. Tri-
thème le qualifie de chancelier de l'empereur
Justinien. 11 parait, par Cassiodore, qu'il avait
exercé cet emploi, des le temps que Justinien
n'était que patrice. Cela ne l'empêcha point
de s'appliquer à divers ouvrages pour l'utilité
publique. Cassiodore ' marque quatre livres
de géographie, où, comme il le dit ailleurs,
Marcellin ' faisait la descriplion des villes de
Coustantinople et de Jérusalem, avec une
grande exactitude; marquant la route qu'il
avait suivie en allant d'une de ces villes i\
l'autre. Cet ouvrage n'est pas venu jusqu'à
nous. Mais nous avons sa Chronique précé-
dée d'une petite préface, où il dit qu'il l'a
commencée <i la première année de l'empe-
reur Théodosc, et conduite jusqu'au consu-
lat de Magnus, c'est-à-dire jusqu'en .518, ce
qui fait un espace de quarante ans; que de-
puis il a ajouté à sa Chronique seize autres
années, à commencer depuis la première de
l'empire de Justin jusqu'au quatrième con-
sulat de Justinien, qui fut en 534. Il y a ap-
parence qu'il ne conduisit pas plus loin sa
Chronique, et qu'il mourut en cette année-là ,
n'étant pas vraisemblable qu'il eût disconti-
nué de rapporter les principaux événements
du règne de son maître, s'il eût vécu plus
longtemps. Car Justinien ne mourut qu'en
Dp
566. Aussi la Chronique de Marcellin, dans
l'édition d'Anvers, par Antoine Schnnhovins,
chanoine de Bruges, ne va que jusqu'en 334.
C'est la première de toute-. Celle de Panvi-
nius s'étend jusqu'à la dernière année de
l'Empire de Justinien, parce qu'ily a compris
la continuation de la Chronique de Marcellin
par quelque auteur inconnu. Les autres édi-
teurs en ont usé de même ; mais en faisant
passer le tout sous le nom de Marcellin.
Le Père Sirniond qui a donné cette Chronique
plus correcte et plus entière en 1619, à Paris,
a eu soin de distinguer ce qui était de Mar-
cellin, et ce qu'on y avait ajouté. C'est sur
son édition qu'on l'a mise dans le neuvième
tome de la Bibliothèque des Pères à Lyon, en
1677. Elle se trouve encore dans le recueil w
des œuvres de ce Père, à Paris, en 1696, [et i-«t
dans le tome LI de la Patrologie latine, col.
9i3.] Il est parlé dans cette Chronique des
assemblées que saint Grégoire de Nazianze,
maître de saint Jérôme, faisait dans l'Église
deSaintc-Anastasie, à Coustantinople, dans
le temps que les ariens s'étaient emparés de
la grande église de cette ville ; des conciles
de Const<antinople,cn381 ; d'Éphèse, en'i.30;
et deChalcédoine, en4ol ; dabrigandage d'E-
phèse en 449; des évêques de Rome, Da-
mase, Sirice, Anastase et autres juscpi'à Pe-
lage ; de saint Ambroise, qui y est appelé la
forteresse de la foi; de saint Jean-Chrysos-
tôme et de ses successeurs dans le siège épis-
copal de Constantinople; de Théophile d'A-
lexandrie; de saint Épiphane et de plusieurs
autres évoques d'Orient; de la découverte '
des reliques de saint Etienne, premier mar-
tyr, par un saint prêtre nommé Lucien qui
écrivit en grec la relation de cette décou-
verte ; du transport de ces mêmes reliques à
Gonstanlinoplc, par Eudoxie, femme de Théo-
dose; de saint Augustin; de l'invention du
chef de saint Jean-Baptisto par deux moines
qui étaient allés par dévotion à Jérusalem ;
et de son transport à Emèse, où il fut trou-
Tom.
SlnnuDi
. IX Bi
' Scrmocinaixlihua nobis sommis recesxil a vo-
bis ; nox transfudil se in diem. 0 convenlua fo-
rensis ! Putest cnim in hic esse conventus Eccle-
sia: Fecil nox in foro Ecdesiam. png. 53.
* Aiionyinus Mellicensis de Scriplorib., Eccles.,
cap. Lvi. Mir.-Kus de Scriplorib., Eccles., oaii. cxi..
' llarcellinus qualuor libros de lewporum qua-
lilaiibus et posiiionilnis locorum pulclierrima
proprielale conficiens, ilineris sui trumilem lau-
dabitiler pcrcurrit. Cassiodorii!', Delnslitul. div.,
cnp. XVII,
* Idem porro Marcellimts Conslanlinopolila-
nam civitnloii et urbem riicrosolymitanam minu-
tissima narralione descripsit. Cassiodorus , ibid.,
cap. xsv.
» I.ucinnus,presbijter, vir sanctus, cui revelavU
Veiis, /lis con.'iulibns Ilonorio I, et Tlieodosio,
locum sepulchri cl reliquiantm sancti Siephani,
primi miirlyris , scripsit ipsam rcrelalionem
grœco sermone ad omnium Ecctesiarum perso-
nas. IMarri'l., in Chronico, nd iio. 415.
[xrsùxix.] ADRIEN, LAUllENï DE NOVAUlll
vii ' tic nouveau sous le pontifical d'Uranius
en 453, par le prêtre Marcelle; de saint Pros-
por et (le SCS écrits ; de Gcnnadc de Cons-
taniiudple, et do ses Commonlaires sur Da-
niel; de la perséculion des Vandales en Afri-
que ; de Jean d'Antioche et de ses écrits con-
tre les eutycliéens; de saint Flavicn et de sa
constance dans la foi; delà division des l\sli-
ses d'Orient et d'Occident; des brouilleries
arrivées dans l'Église de Constantinople à
l'occasion de cette proposition : Un de la
Trinité a <;o)(/jcrt; et de plusieurs autres faits
qui font voir que le comte Marccllin s'était
intéressé à transmettre à la postérité ce qui
lui avait paru de plus remarquable dans les
événements qui avaient quelque rapport <i
l'histoire de l'i-ldise. On le qualifie comte ^
d'Illyrie, quoiqu'il ne se donne pas lui-même
ce titre. L'anonyme de Méleth' le fait romain
de naissance.
7. Dans les Gaules, RusticusElpidius se ren-
dit célèbre par son savoir et par sa piété.
Quoique diacre de l'Église de Lyon, il ne lais-
sait pas de s'appliquer à la médecine. La ré-
putation qu'il s'acquit dans cet art le fit con-
naître à Théodoric, roi des Ostrogoths, qui
voulut l'avoir auprès de lui. Ce prince était
arien, mais il ne refusait point son estime aux
évoques ni aux autres ministres de l'Église
catholique. Elpidius se conduisit h la cour
avec beaucoup de sagesse et de modestie , ne
faisant rien qui fût contraire k son état. Il sut
même par ses bons oûices ' gagner l'amitié
et la conGance du roi , ce qui le mit en état
de servir ses amis. C'était à luiqu'Eunodede
Pavie se croyait ' redevable de la bienveil-
lance de Théodoric. Elpidius, ayant conçu
le dessein d'embellir Spolète, en réparant les
ruines de plusieurs édifices de cette ville, ce
prince lui en accorda la permission, en rele-
vant °, dans les lettres qu'il lui fit expédier à
ce sujet, son mérite et ses longs services. El-
MAliCICLLlN, E'J'C. !)9
pidius avait une maison à Arles infestée par
les démons. Saint Césaire' la bénit, et aussi-
tôt l'infestiition cessa. Nous avons une lettre
de saint Avit , évèque de Vienne ;'i Elpidius ,
dans " laipielle il le prie d'employer ses ta-
lents dans la médecine jiourle ri'tablissement
du lîls d'un seigneur gaulois nommé Célcr;
et quatre d'Eunode de Pavie, où l'iivè'que lui
parle de diverses maladies dont il était aflli-
gé. Dans l'une, qui est la quatorzième du neu-
vième livre , il marque que Dieu avait permis
qu'il fût dans les bonnes grâces de 'J'h('odo-
ric °, afin que l'état ecclésiastique qui était
alors dans sa décadence, no péril point eu tièrc-
ment. Dans la huitième lettie du huitième li-
vre,il loue'" l'éloquence d'Elpidius et sa gran-
de facilité às'exprimer, témoignant beaucoup
d'empressement pour recevoir de ses lettres.
« Il ne trouva pas, dit-il, d'autre moyen d'en
avoir, que de lui en écrire lui-même, ne dou-
tant pas qu'Élpidius ne dût y répondre, n II
ne nous reste toutefois aucune lettre d'Elpi-
dius, ni à saint Avit de Vienne, ni àEnnode de
Pavie. Ce dernier, dans la vingt et unième
lettre du neirvième livre, se plaint à Elpi-
dius de ce que passant à Milan il ne s'y était
point arrêté, et qu'il en était sorti avec au-
tantde rapidité que .s'il eût eu les ailes d'Icare,
sans l'avoir même fait saluer. 11 semble lui
reprocher de n'en avoir agi ainsi que parce
qu'à l'exemple de ceux qui se trouvent tout
à coup dans la faveur des puissants du siè-
cle, il avait oublié ses amis.
8. On a imprimé dans la Bibliot/irqne des
Pères, dans le Recueil des poètes chrétiens , à
Bâle, en 1562 ; et dans le Recueil des poé-
sies attribuées à Lactance et à Marbaudus,
à Leipsick , deux poèmes d'Elpidius : tous
les deux sont en vers hexamètres " . Le
premier est composé de soixantedouze vers
cpii forment vingt-quatre strophes, chacmie
de trois vers , où l'auteur traite de divers
écrits d'EI-
pidiDS.
' noc igitur venerabile caput sub Uranio me-
moratœ'Emisenœ episcopo civitatis per Marcellum
presbyterum coiistat invenlum, Vincomelo et Opi-
linne consulibus. mense februario die 24, média
jejiuiiorum paschaliiun sepHinana. Marcel., ibid.
.1(1 ;iii. loS.
2 Miroeus, ubi supra, cap. cxl. Cassiodor., ubi
supra.
3 Anonynius Mellicensis, cap. LVi.
* Cyprianus, in Viln Ctrsarii, lib. I, num. 21.
6 EÏinod., lib. IX, Epist. 14.
« Cassiodor., lib. IV, Epist. 20.
' Oyprian., in Vila Cœsarii, ubi supra.
« Avitus, Epist. 35.
' Sein quia Deux propiLius Ubi sic graliaM in-
vicli frincipis cnntulit ut htimilitas ecclesiaslica
non periret. Eunodius, lib. IX, Epist. 14.
'" Quibiis modis fraternitatemtuam ad scriben-
dum quave arte sollicitem, quando liomo verbo-
runi locuples in me siléntia peregrina custodis.
Elegi ut te loqui loquendo faciam et illam Alli-
cam eruditionem ad epistolas alia garrulilatc
producam. Enuod., lib. VIII, Epist. S.
" Ces lieux poèmes se trouvent dans le tome LXII
de la Patrologie latine , après la Bibliothèque des
Pères de Lyon ; ils sont traduits dans les Portas
chrétiens, par M. Félix Clémeut, Paris, 1837. {I.'é-
diteur.)
mSTOIRE GÉNÉRAI.E DES AUTEITIS ECCLÉSIASTIQUES.
100
points historiques de l'Ancien et du Nouveau
Testament, maïqnant en même temps les
mystères sijfuiliés dans l'Aiitien et accom-
plis dans le Nouveau. Par exem[»le, après
avoir rapporté dans la première strophe la
séduction d'Èvc, dans le paradis terrestre,
par le serpent, il rapporte dans la seconde
l'annonciation du mystère de l'Incarnation
faite à la Sainte Vierge par le ministère de
l'ange. Après avoir parlé dans la septième
de la confusion des langues à la tour de Ba-
bel, il raconte dans la suivante comment, au
jour de la Pentecôte, saint Pierre et les au-
tres apôtres parlaient diflérentes langues.
La neuvième comprend l'histoire de la vente
de Joseph par ses frères. La dixième marque
de quelle manière le traître Judas, pousse par
un mouvement d'avarice vendit Jésus-Christ
aux Juifs. 11 fait dausla onzième et la douziè-
me le parallèle de l'immolation d'Isaac avec
le sacrifice de Jésus-thiist sur la croix. 11
trouve dans la treizième et la quatorzième du ^
rapport entre la manne et les caillesdonnées
miraculeusement aux Israélites, et les sept
pains dont Jésus-Christ rassasia quatre mille
hommes. La quinzième et la seizième com-
parent Moïse, montant sur la montagne de
Siuaï pour y recevoir la loi, avec Jésus-Christ
prêchant aux peuples sur la montagne. Les
huit strophes suivantes renferment diilerents
points d'histoire du Nouveau Testament. Le
second poème traite des bienfaits' de Ji'sus-
Christ envers les hommes en commençant à
la création du monde, et en finissant à la
mort qu'il a soutl'ert pour notre salut sur
l'arbre de la croix. 11 y ajoute quelque chose
du règne des bienheureux dans le ciel, com-
me étant une suite des bienfaits du Sauveur.
Quelques-uns ont cru qu'Elpidius avait com-
posé un tioisième poème pom- soulager sa
douleur en une certaine occasion ; mais les
deux vers sur lesquels ils se fondent ' ne le
' Bine eliam nostro nugata est schéma dolori,
Gairula mendcsis fingens satyromala musis.
FJpi.i., Carm. de Cliiifli bcmficiis , tom. I.\ Bibl.
Pair., png. 4C3.
' Voici ce que dit, d'une manière plus exacte,
doin Ceillier dans uu autre volume :
Eu parlant d'Orient, dans le seizième volume
de cette histoire, p. 18», nous avons dit, que sui-
vant l'opinion la plus conimuni", on le faisiiit es-
pnpnol de naissance, et évoque d'KIvire ; et nous
n'avons fait mention que d'une partie de son poème
imprimé à Anvers, en 1600, avec les n^^U^
tin Uelrio.
Il faut retoucher ces deux a
ffj ton
disent pas clairement. En tout cas ce poème
n'est pas venu justju'à nous. On trouve h la
suite des deux poèmes d'Elpidius cchii que
Sédulius a fait en vers éh' iaques; c'est une
comparaison de l'Ancien Testament avec le
Nouveau. Il est mis dans la Bibliothèque des
Pèns sous le nom du consul Ast('rius, et il y
a des manuscrits qui l'attribuent à Claudien
Mauunert. Mais Bède en fait auteur Sédulius.
Si on l'a mis sous le nom d'Aslérins, ce n'est
apparemment que parce qu'ayant trouvé ce
poème parmi les papiers de Sédulius déjà ^1^°'
mort, .\stérius eu fit faire des copies, comme '
de ses autres ouvTages en vers, et les rendit
publiques.
9. Saint Césaire, évéque d'Arles, idlant à i.>iw gi
Rome, se fît accompagner d'un abbé nommé
Gilles, gaulois de naissance, qui gouvernait
un monastère dans la Gaule Narbonnaise ; et
du prêtre Messien qui lui servait de secré-
taire. L'abbé Gilles présenta avec Messien
eu son propre nom, au pape Sjmmaque, une t»™. i
supplique que nous avons encoie, dans la- ^°ù"' **
quelle ils demandent l'un et l'autre que l'É-
glise d'Arles soit maintenue dans ses privi-
lèges qui lui avaient été accordés par le Saint-
Siège, en particulier que i'évèque d'.Vix fût
tenu de venir a Arles quand il y serait man-
dé par révoque de cette ville, soit pour les
conciles , soit pour les autres affaires ecclé-
siastiques. Il parait que cette supplique n'était
que pour appuyer celle que saint Césaire
avait présentée lui-même à Symmaque. Ce "■''•
pape lui n'-pondit par une lettre datée du
H juin de l'an 514, où il confirme les pri-
vilèges de l'Église d'Arles, avec pouvoir ;\
saint Césaire d'assembler les évèqiies des
Gaules et d'Espagne quand il en serait be-
soin. »
10. Sigebert de Gemblours met Orientins', , .'"'""";'
" ' f «que d t
ou, comme il l'appelle, Orentius, parmi les ^Hi.rïVi!
écrivains ecclésiastiques pour avoir composé p,',",,jf.8Î
Premièrement, il paraît, par les Actes du saint,
que les Bollundistcs ont donnas, qu'il était cvôque
d'Anch, (Bolland, ad diem, l mai, p. Cl, tom. Il,
Bilil. Labb., p. 596); qu'il y avait encore des piïcns
dans sou diocèse, et qu'il en convertit un ^raud
nombre ; qu'Aélius et Littorius, pi'nt'ranx de l'ar-
mée romaine, étJUit venus altaqurr Thèodoric, roi
des (lOths, qui remuait alors dans la ville de Tou-
louse ; ce prince iirien qui ne se sentait pas assez de
forces pour résister aux euuemis, envoya I'évèque
Orient en ambassade vers ces deux (lènéraux jiour
traiter de la paix ; iju'Aétius le re(;ut hnuorable-
ent ; mais que Littorius, n'ayant ténioi^'né pour
JljîViuo du mépris, eu fut puni par ceux-là mêmes
[VI- SIÈCLE.] ADRIEN, LAURENT DE NOVARRE , MARGELLIN, ETC.
101
un poème en vers hdroïqiios, intitulé : Mi'-
moirc on avortissciuciil aux tidcles. I^'upiiiion
lii plus coumiunc l'ait Orioiiliiis cs[iaj;iiol do
naissance et évoque d'Elvire. On trouve, en
cilet, HU évf^qup tic ce nom qui souscrivit en
qualitû d'évc'(|uo do ccllo ville au coiicilo de
Tarragoue en ulC. Il i)ai'ail d'ailleurs, par
Fortunat, dans la Vie de saint Martin de
Tours, et par saint Sidoine Apollinaire, dans
la douzic'iuc lettre de sou neuvième livre,
qu'Orientius élail espagnol. Ce qui peut em-
barrasser, c'est que le poème que nous avons
sous le nom d'Orentius est en vers élégia-
(pies, c'est- ù-dirc hexamètres et pentamè-
tres, au lieu que celui dont parle Sigebcrt
était en vers hexamètres, ou comme il le
dit', en vers héroïques. Mais c'était l'usage,
ilans le siècle de Sigcbcrt, c'est-à-dire dans
le onzième et le douzième siècles, que l'on
appelle les siècles de la basse latinité, d'appe-
ler vers héroïques tons ceux qui n'étaient
point lyriques. Le poème d'Orientins renfer-
me de très-bejles instructions sur les devoirs
de l'homme envers Dieu et envers le prochain.
Four engager l'homme à l'amoiu- de Dieu ,
il fait voir en détail de combien de bienfaits
Dieu l'a comblé, tant par rapport au corps
que par rapport ti ITime. 11 insiste tellement
sur la nécessité de cet amour, qu'il assure
que Dieu ne demande autre chose, et qu'il
sullit à l'homme ' de rendre amour pour
amour. U règle la conduite que nous devons
tenir à l'égard de noire prochain sur cette
maxime : « >ie faites pas A autrui ce que vous
ne voulez point qui vous soit fait à vous-mê-
mes, et faites aux autres ce que vous voudriez
que l'on vous fit. d II s'explique nettement sur
la manière dont nous ressusciterons, disant '
à qui il avait refusiî 1.1 paix, c'est-à-dire parles Tou-
lousaius, eutru les iiiaius île ijui il élail toiiibr'. Ci/tte
ambassade que l'un met vers l'an 439, soiill'rirait
lieaucoup de dilTieiillés, si l'on ne savait par le té-
moignage de Salvien ', q>ie les Goths dans leurs
guerres avec les Romains, di!pult;rent souvent des
évoques catholiques pour leur demander la paix.
Les auteurs de Xn Nouvelle Gaule chrétienne-, fout
également saint Orient, évèque d'Aucli; mais ils
préleudeut que ee fut en 323, et qu'il gouverna
celte église jusqu'en 3G4.1ls se fondent sur un mo-
nument qui ne paraît être que du xu= siècle. Les
actes produits par les Uollandistes, sont plus an-
ciens; et quoiqu'ils ue soient pas originaux, on
peut s'y arrêter préférablemcnt au monument de
l'Église d'Auib, d'un âge postérieur.
L'édition du Poème d'Orient par Martin Delrio,
n'eu coiupreud que le premier livre. Outre celle
qui parut à Anvers, chez Joachim Trogner eu 1599
ou 1600, on eu fit deux à Salamanque, l'une eu 160-J,
in-4, chez Antoine Taberniel ; et une seconde eu
1641. 11 en parut une troisième à Leipsick, eu lOul,
in-8. avec les notes d'André llivinus. fuis ce poème
fut imprimé dans la Biblotlièque des Pères à Colo-
gne, en 1618, et dans celle de Paris et de Lyou. Dom
Martèue ayant recouvré l'ouvrage entier dans ua
manuscrit d'euviron SOO ans, le publia avec quel-
ques autres anciens opuscules, à Rouen en 1700,
in-4., et en 1717, dans le cinquième volume de ses
Anecdotes. Le Poème d'Orient est cité par Fortu-
nat, de Poitiers ', dans le livre de la Vie de saint
Martin, et par Sigebert de Gemblours ; son nom se
lit à la tète de l'ouvrage, dans le manuscrit de l'É-
glise de Tours, d'où ou l'a tiré pour le donner au
public, et à la fin du second livre'' ; en sorte qu'on
ne peut se méprendre sur l'auteur. Ce second livre
est une invective contre la vaine gloire, le men-
songe, la gourmandise et l'ivrognerie dont il fait
une peinture capable de donner de l'horreur de ces
1 Salïian.. lib. VII De Providenlia.
3 Gallia CbrisliaDa cova, ton). I, j'ag. 'A'i.
3 Marteo. Prolog. Id poë:ii. Onci.l., loin. V .^necdot,, pag. 18.
vices. Il fait voir l'incoDstanee des biens temporels
pour lesquels on se donne tant de peines, et l'a-
vantage qu'il y a à leur préférer des biens éter-
nels. C'est à ce sujet qu'il décrit les calamités qui
désolaient les Gaules; les incursions des barbares,
les guerres, les incendies, la famine. Il passe de là
à la description des supplices destinés aux méchants
dans l'enfer, et à la félicité dont les justes jouiront
dans le ciel. L'ouvrage porte le titre de Commoni-
torium ou d'avertissement.
U est suivi de quelques petites pièces de poésie,
qui roulent toutes sur des matières de piété : sur
la naissance du Sauveur, sur les divers nomsqu'on
lui doune, comme de Vertu, de Sagesse, de Verbe,
d'Époux, de Fleur, de Pierre, d'Agneau, etc. ; sur la
Trinité, sur l'Incarnatiou. Dans une, il explique les
noms propres ou impropres qu'on donne à .lésus-
Chrisl. On t'appelle Lion, parce qu'il est le roi des
rois, comme le lion l'est des bêtes féroces. U est
nommé Sagesse, parce qu'il est la règle de la vie ;
et Doigt de Dieu, à cause que c'est par lui que la
loi de Dieu a été écrite. Vient ensuite un poème de
louanges, où l'auteur entre dans le détail des créa-
tures qui louent Dieu; puis des formules de prières
au nombre de vingt-quatre. Le manuscrit de Tours
n'a fourni que la première et la vingt-quatrième. On
ne sait ce que les autres sont devenues. La Vie ou
les actes d'orient, se trouvent dans le second tome
delà Nouvelle bildiolhèque du Père Labhe et dans
les Dollandislcs au premier jour de mai. i>
1 Conimonilorium fidelibus scripsit métro he-
roico, ut mulceat legcnlem suavi breviloquio. Si-
gebert., cap XXXIV.
- Suljlcit ut Dominum servus amalus âmes.
Pag. 877.
' Ora; color, sanguis, venœ, cutis, ossa, capilli
ut nunc lahunlur, sic ilerum venient...totum ade-
rit, toium dicersa ex parte coibit... pars volucri
aut pisci, pars lanialu feris. Ibid.
4 Ul prccaiores viccens Ortenllus omnes,
SsQCtorum TCQiam promercor procibus.
102
HISTOIRE ui:n!:rale des auteurs ecclésiastiques.
que ce sera dans le même corps, avec les
mêmes veines, le môme sani;, la même cou-
leur, la même peau, les mêmes os, les mê-
mes cbevcux, les mêmes membres, soit qu'ils
aient ëlë réduits en poussière dans le tom-
beau, soit qu'ils aient été dévorés par les
bêtes ou mancés par les poissons, en sorte
que dans le même corps où nous avons fait
le bien et le mal, nous serons ou punis ou
récompensés selon le mérite de nos actions.
Il tire des preuves de la résurrection, de la
révolution qui se fait annuellement dans la
nature, où nous voyous les arbres, qui dé-
pouillés de leui-s feuilles pendant l'hiver,
paraissent morts, revivre au printemps , et
donner des fruits eu automne. Ensuite Orien-
tius invective contre les vices d'impureté,
d'envie, d'avarice, et finit son poème par les
avantages de l'aumône, montrant qu'il ne
faut pas attendre à la mort pour donner,
parce qu'alors on ne donne que ce qu'on ne
peut plus retenir. Il fait auesi l'éloge de la
paix qu'il veut que nous ayons toujours non-
seulement dans la boucbe, mais aussi dans
le cœur, fallùt-il lui sacrifier nos ressenti-
ments. Il semble qu'il manque quelque cho-
se et qu'Orientius combattait encore les pé-
chés de gourmandise, de paresse, d'orgueil
et peut-être quelques autres, mais les ma-
nuscrits ne portent que ce que nous avons
dans les imprimés. Ce poème a de la dou-
ceur, les vers en sont coulants et les matiè-
res traitées avec beaucoup de netteté. Mar-
tin Delrio le fit imprimer à Anvers, en 1600,
avec des notes de sa façon qu'il soumet à la
censure de la sainte Eglise apostolique, ca-
tholique et romaine. On l'imprima depuis à
Salamanque, en 1644, avec les mêmes notes,
et ensuite dans le huitième tome de la lii-
blothègue des Pères, à Lyon en 1677 ; [dans
le tome X de la Bibliollièque de Galland, avec
uue notice, et dans le tome LXI de la Patro-
lotjie lutine, d'après Galland.]
CH.VPITRE V.
Epipiane scholastique [écrivain latin], Thodore lecteur [écrivain grec].
[Vers l'an 535.]
Ej)t;.banp
icbAl Astique.
1. Épiphaue, que l'on a surnommé scho-
lastique, apparemment parce qu'il faisait les
fonctions d'avocat, était itahcn de naissance,
et très-habile dans les langues latine et grec-
que. Cassiodore, qui connaissait ses talents,
l'engagea ' à traduire en latin les Histoires
ecclésiastiques de Socrale, de Sosomène et
de Théodoret, afin, dit-il, que la Grèce ne se
vantût pas de posséder seule un ouvrage si
admirable et si nécessaire à tous les chré-
tiens. Quand Épiphane les eut traduites,
Cassiodore en fit un seul corps d'histoire di-
visé en douze livres, à qui il donna le nom
d'Histoire fri/xtrtite. Mais en réduisant en un
corps les histoires de Socrate, de Sosomène
et de Théodoret, il ne s'assujettit point à les
rapporter en leur entier et dans le même
ordre qu'elles avaient été écrites. Il prit de
chacune ce qui lui paraissait meilleur, citant
à la marge les endroits d'où il les prenait,
' rasfiodor., Prwfat.iv Pi.<!(or.(nparti7.,pag.l89.
et lit). Inslit. diiin., cap. .\mi.
avec le nom d'auteur, et toujours suivant la
version d'Épipliane, qui parait assez fidèle et
assez exacte. On avait déjà en latin les deux
livres de Vllistoire ecclésiastique d'Eusèbe,
traduits par Rufin, qui y eu avait ajouté deux
autres, dans lesquels il comprenait ce qui s'é-
tait passé depuis la vingtième année du rè-
gne de Constantin jusqu'à la mort du grand
Théodose, c'est-à-dire jusqu'à l'an 395. L'ilis-
Joire trijxirtite servit de continuation à celle
de Hufin. Le scholastique Epiphane mit aussi
en latin les Commentaires de Didyme sur les u.i.di'.I^J;
Proverbes de Salomon et sur les sept Épitres '' "" " '"
canoniques, de même que ceux de saint Epi-
phane sur les Cantiques. Mais il ne nous res-
te aucune de ses versions, si ce n'est celle
qu'il fit des histoires de Socrate, de Soso-
mène et de Théodoret à la prière de Cassio-
dore, et celle de la collection des A/y/VrM si/-
nodales écrites à l'empereur Léon, l'an 438;
pour la défense du concile de Chalcédoinc.
Celle collection, qui se tro\ive dans le qua-
trième toiue des Conciles du Père Labhc, a
ÉPIPHANE SCHOLASTIQUE, THKOnORE LECTEUR.
[vr SIKCLE.]
été donnée plus correcte et avec quelques
iui^uKMilatuMis par M. Baluzo, sur un uia-
lui.scrit (le lleauvais et siu' un aulre ilo l'Ab-
bayo de Corbic, tous les deux très-anciens
et d'environ huit cents ans.
TModor. 2. On ne%ait pas d'où était Théodore, qui
;"'• *" a aussi travaillé sur l'histoire. 11 y a quel-
ques preuves qu'il était papiilaj^onien, mais
elles ne sont pas certaines. 11 lit dans l'Église
de Constantinoplc les fonctions de lecteur, et
il parait qu'il ne parvint pas à un plus haut
ilogré, puisque le nom lui en est demeuré.
Suidas dit qu'il avait écrit l'histoire de l'E-
glise depuis Constantin jusqu'à Justinien ' ;
mais il faut lire .lusiin au lieu de Justinien,
à mohis que Tluodore n'ait écrit quelque
chose de plus que ce que nous avons de lui.
Il composa d'abord une Histoire tripartite,
qui n'était qu'une compilation de Socrate,
de bosomène et de Théodoret. 11 la divise en
deux livres, dont le premier commence à la
vingtième année de Constantin, et le second
tinit à l'Empire de Julien. Cet ouvrage est en
manuscrit, à Venise,-dans la Bibliothèque de
Saint-Marc. On ne l'a pas encore mis sous
presse. Léo Allatius en avait eu un exemplaire,
d'où M. de Valois a tiré un grand nombre de
dillérenles leçons pour les histoires de Socra-
te, de Sosomèue et de Théodoret. A ces deux
livres, Théodore, lelecteur, en ajouta deux au-
tres de son propre fonds, commençant le pre-
miei' où Socrate avait fini, et conduisant le se-
cond jusqu'au règne de Justin l'Ancien, c'est-
à-dire jusqu'en 318. Nous n'en avons plus
qu'un extrait publié en grec et en latin sous
le nom de Nicéphore Calliste. Il suit avec
assez d'exactitude l'ordre des temps jusqu'à
la mort de l'empereur Anastase. Mais il y a
moins de suite dans le reste de l'ouvrage,
qui semble être un nouvel extrait tiré ou de
Théodore même, ou peut-être de quelque
auti-e historien, puisque Théodore y est cité
lui-même. Outre l'extrait de Théodore, fait
103
par Nicépliore Calliste, on rapporte quelques
endroits cités par saint Jean Damascènc ,
par le septième concile et par d'autres. Dans
le passage que saint Jean Damascène rap-
porte du quatrième livre de Vllistoire ecclé-
siastique de Théodore , cet historien met fort
au long un événement que Victor de Tunes
raconte en peu de mots sur l'année 498. Un
arien, nommé Olympius, blaspliémant dans
le bain public du Palais d'Hélène à Constan-
tinoi)le contre la Sainte Trinité, pc'-rit aussitôt
misérablement par la main d'un ange, qu'il
vit lui verser trois seaux d'eau bouillante, ou
de feu sur le corps ; il en mourut, quoiqu'il fût
alors dans un bain d'eau l'ioidc. On lît^ un ta-
bleau représentant ce miracle par ordre de
l'empereur Anastase, et on le mit dans le lieu
même où la chose était arrivée. Les ariens,
que ce miracle fâchait beaucoup , obtinrent
d'Eutychien, concierge de ce palais , en lui
donnant de l'argent, qu'il ùtâl le tableau sous
prétexte de le nettoyer. Mais Anastase l'y
fit remetti-e. Théodore ajoute qu'outre le
tableau fait par ordre de l'Empereiu", on en
voyait un autre fait par Jean, diacre et dé-
fenseur de l'Kglise de Saint-Étienne, proche
du Palais d'Hélène, homme extrêmement
zélé pour la foi de la consubslantialifé ; qu'il
y avait le nom et même la demeure de tous
ceux qui avaient été témoins des blasphè-
mes d'Olympius et de sa mort, en particulier
de ceux qui avaient soin du bain ; que ce ta-
bleau se voyait encore dans le temps qu'il
écrivait. Théodore dit que les catholiques
qui ouïrent les blasphèmes d'Olympius, le
voulaient tuer ; mais qu'ils en furent empê-
chés par Magnus, prêtre de l'Église des Apô-
tres, qui était un homme admii-able et un
vrai servitem" de Dieu. Cet historien avait
marqué l'année du miracle et le nom des
consuls, mais saint Jean Damascène a omis
l'un et l'autre, disant seulement que la chose
était arrivée sous le 23 du mois de décembre ,
» Le tome VU du Spicilegium romanum, pag. 29
et 32 de la préface, coutient en grec uu fragment sur
la cause du suhisme des studites qui, d'après leur
elief Tlitiodore, se séparèrent pour quelque temps
des patriarches Tarasius etNicéphore ; c'est un pré-
cieux fragment d'iiistoire ecclésiastique. Voir Bou-
uetty, table alphabétique des auteurs profanes et
ecclésiastiques découverts par Mai. {L'éditeur.)
2 Sub hoc consulatu die 23, mcnsis decembris,
lerribile ingensque miraculuin contiyit quod om-
nium aures perculit... Ubi vero res isla ad impe-
ratoris Anaslasii aures pervenit, jussit ut mira-
cdlum cûloribus in tabula depiolor in superiori
labri parte afflgereiur. Porro Jonnnes quidam dia-
conus et sanctœ illius Ecclesiœ Stephaniprimi mar-
tyrisnomine dicatœ defensor, vir, si qiiis alius, se-
lumprodogmate consubstanlialitalis luemlo nus-
quain non exserens, ipso quoqiie non pingendam
modo, scdut eorum qui illic lavabunlur nomina
et ubi ipsorum quisque habitaret, adscribendiun
curavit; insuper et illorum qui aqiias minislra-
bant nomina subjecit. Atqui hœc quidem imago ad
hoc usque tempus rei gestœ fidem< facit. Dauias-
ccu., Orat. 3, de imaginibus , pag. 377, e.r Ilist.
Eccles. Theodor., tom. IV.
104
msTomii: générale des auteurs ecclésiastiques.
c'est-.'^-dire le jour même de \oiil. Le fait
est encore attesté par Tliéopliane, par Sui-
das, et il est rapporté dans l'Histoire mélan-
gée par Adon cl par Sigebert. D y en a qui
pr(''tcndent qu'au lieu de Théodore on doit
lire Théodorct dans le texte de saint Jean
Damascène. Mais ils n'ont pas fait attention
que Théodoret, étant mort avant le règne
d'Anastase, n'a pu rapporter un événement
qui se passa sous ce prince. Il faut donc
convenir que ce miracle a été rapporté par
Théodore, le lectciu-; et que par le quatrième
livre de son Histoire, d'où saint Jean Damas-
cène dit qu'il l'a lire, on doit entendre le
second des deux livres qu'il ajouta aux deux
de l'Histoire tri/xirtite qu'il avait composée
à la prière de l'évéque ou d'un prêtre de
Gangres en Paphlagonie, en se servant des
histoires de Socrate , de Sosomène et de
Théodoret.
c.qoiii» ^- On peut remarquer ce qui suit, dans l'A-
fr.J^rX: hrégé de l'histoire de Théodore, fait par Ni-
loir. de Kéo. céphore Callisle : que l'impératrice Eudoxie,
étant allée à Jérusalem, envoya à Pulchérie
le portrait de la Sainte Vierge, peint par saint
Luc '; que Pulchérie mourut après avoir fait
quantité de saintes actions, et avoir donné
tout son bien aux pauvres; que l'empereur
Marcién, son mari, loin de désapprouver son
testament, fournit libéralement les fonds né-
cessaires pour l'exécuter. « Du temps du pa-
triarche Gennade, dit-il, il y eut un peintre
dont la main sécha en punition de ce qu'il
avait osé peindre le Sauveur sous la forme
de Jupiter; on le doit représenter sous une
autre ligure, et lui faire des cheveux clairs
et crêpés; à Constanlinople, sous le pontifi-
cat du même Gennade, il arriva un incendie
donl Marcien , économe de l'église , arrêta
le cours avec le livre des Évangiles , par ses
prières et par ses larmes, Deutérius , pour-
suit-il, évoque des ariens de Conatantinople,
au lieu de dire les paroles (jue le Sauveur
nous a enseignées, eut la hardiesse de dire,
en baptisant un homme nommé Barbas ' :
Barbas est baptisé au nom du Père, par le
Fils, dans le Saint-Fsprit : mais que l'eau
qui était dans les fonts s'écoula à l'heu-
re même; Barbas s'enfuit et dit à tout le
monde ce qui était arrivé. Timothée, évo-
que de la même ville pour les catholi-
ques, ordonna ' que les fidèles réciteraient
en toutes leurs assemblées le Symbole de
Nicée, au lieu qu'on ne le récitait aupara-
vant que le jour du Vendredi-Saint, lorsque
l'évoque instruisait ceux qui devaient rece-
voir le baptême, n Tliéodore raconte qu'il y
avait sur la frontière de la Perse et des In-
des un fort nommé Tzundader que Cava-
de, roi de Perse, souhaitait de réduire à
son obéissance, parce qu'il apprit qu'il y
avait dans cette forteresse beaucoup d'ar-
gent et de pierreries. Il eut d'abord recours
aux enchantements des mages et à la magie
des juifs, pourchasser de ce lieu les démons
qui, à ce qu'on disait, gardaient le fort;
mais cette tentative n'ayant pas réussi, de
l'avis de quelques personnes, il implora la
puissance du Dieu des chrétiens. L'évéque,
ayant donc assemblé les'fidèles, célébra les
saints mystères, y participa, les distribua au
peuple, chassa les démons, par la force du
signe de la croix, et mit Cavade en posses-
sion du fort. Ce prince, étonné du miracle,
donna à l'évoque le premier rang que les
manichéens et les juifs avaient tenujusque-l;i
dans la Perse, et permit h ses sujets de faire
profession de la religion chrétienne. Almon-
dare, pi'ince des Sarrazins, ayant embrassé
la loi de Jésus-Christ, Scvèrelui envoya deux
évêques de sa secte pour l'engager dans
l'erreur. Mais ce prince, par une inspiration
de Dieu, reçut le baptême de ceux qui sou-
tenaient le concile de Chalcédoinc; et comme
ces deux évoques le pressaient toujours
d'embrasser leur doctrine, il usa de l'artifice
suivant pour leur eu faire voir la fausseté. Il
feignit d'avoir reçu des lettres par lesquel-
les on lui mandait que saint Michel archan-
ge était mort. Los deux évoques lui ayant ré-
pondu que cela n'était pas possible : « Com-
ment donc, leur rcplicpia-t-il, Jésus-Clirist
' Pulcheriœ Eudoxia imaginem llalris Christi
quamLucas aposlolus pinxerat llicrosoltjmis mi-
Sil. Tlieodor., Hb. I Uisl.
' Deulerius episcoims arianorum Conslantino-
poli cum Uarbartun quemdam, sicdictum, hapli-
zarel, rcprobala elcorrupla dominica Iradilione,
ausus est inter baplizandum dicere : Uajilizatur
Bnrl:a5, in nomino l'.itris fer Filium in Sancto
Siiiritu; quo dicta aqua in colymhelhra cvanitit.
Barbas vero arrepta fuga- exivit, et miracuhim
hoc ciinclis significavil. Tlieodor., lih. Il Uisl.
' Timolhetis ab cnniris rogatits symholum fidei
trecentorumdecem eloclo Palntmpersingulas sy-
naxes dici curavit, cum anlea semel ttiiilum in
anno in Parasceva, scilicel dominicœ passionis,
tcmpore quo episcopus caleckisabal, recitatum es-
set. IbiU.
[vi" SIÈCLE.] HPIPHAXE SCIIOI>ASTI0UE
n-t-il pu mourir sur la croix, s'il n'a pas
doux iiiihiros, puisqu'un augo no saurait ni
mourir ni nu'me soull'rirîi) Lns ôv('(jups, ne
pouvant ri'|)li(iucr h cet ai'guniont, se retirè-
rent confus. Deux autres évèqucs, dont l'un
était orthodoxe, l'autre arien, entrèrent un
jour en dispute. L'arien savait l'art de rai-
sonner; mais l'orlliodoxe n'ayant que de la
piété et de la foi, proposa à son adversaire
de renoncera la dispute, et de se jeter tous
deux dans le feu pour reconnaître par cette
épreuve lequel des deux soutenait la vérité.
L'arien refusa cette condition ; mais l'orllio-
doxe se jeta dans le feu, conféra du milieu
des flammes avec l'arien, sans sentir aucune
incommodité. Théodore parle de la transla-
tion d'un grand nombre de reliques à Cons-
tantinople , savoir de celles de saint Timo-
tliée, de saint André, de saint Luc, de saint
Jean Chrysostùme, et de sainte Anastasie. L
dit qu'on trouva, dans l'Ile de Chypre ', le
corps de saint Barnabe, apôtre, sous un ar-
bre ; qu'il avait sur sa poitrine l'Évangile de
saint Mathieu, écrit de la main de saint
Barnabe même ; que les habitants de cette
ile obtinrent pour ce sujet que leur Eglise
ne dépendrait plus de celle d'Antioche ; et
que l'empereur Zenon mit cet Evangile
dans l'église de Saint-Étienne , bûtie dans
l'enclos du Palais.
Édiiions iio 4. h'Bistoire de Théodore , le lecteur , fut
110 lil>loiro. .
imprimée à Pans, en 1544, avec celles d Eu-
sèbe, de Socrate, de Sosomène et des au-
tres historiens grecs, par les soins de Robert
Etienne, mais en grec seulement. On l'impri-
ma en grec et en latin à Genève en 1612, et
encore à Paris en 1673, de la version et avec
les notes de monsieur Valois. [Les extraits
I qui nous restent de l'Histoire Ecclésiastique
de Théodore, sont reproduits d'après Valois
et Suarez,au tome LXXXVI de la Patrologie
grecque, col. 157-2280, avec deux notices :
l'une tirée de Mai', Biblioth. Nova, tome VI,
p. 152 ; et l'autre tirée de Fabricius dans la
notice de Mai. On retrouve la Préface que
Théodore avait mise à la tête de son Histoire
, THI'OnonE LECTEUR. 103
ecclésiastique. L'extrait donné par Suarez
dans ses notes aux ouvrages de saint Nil,
p. 614 , énumère les L'ujjositions de la foi.
Timoihée compte onze expositions. La pre-
mière est celle de Nicée ; la deuxième celle
d'Antioche ; la troisième est celle qui fut
présentée ;'i l'empereur Constant par ceux
qui étaient avec Narcisse dans les Gaules;
la quatrième est celle qui fut envoyée par
Eudoxe h ceux qui étaient dans l'Italie.
L'auteur compte trois expositions de Sir-
mium, dont la première fut lue h Rimini
après le consulat d'Eusèbe et d'Hypatius. La
huitième exposition fut faite a Sélcucus par
ceux qui étaient avec Acace. La onzième
et dernière fut faite à Constantinople, avec
l'addition qu'on ne pouvait point dire qu'il
y eût en Dieu subsistance et essence. Théo-
dore ajoute : u Ulphilas, évéque des Gbths,
souscrivit d'abord h cette Exposition, car
précédemment il avait embrassé la foi de
Nicée, suivant en cela l'exemple de Théo-
phile, évéque des Goths, qui avait assisté
au concile de Nicée et avait souscrit à ses
décrets.] Le président Cousin a traduit en
français l'Histoire de Théodore.
5. Aubert le Myre ' met Théodore, le lec- En ;.ie
teur dans le xiV siècle, disant qu'il vivait vers ''"" » '■*"'■
l'an 1320; ce qui est une erreur grossière,
puisque saint Jean Damascène, qui écrivait
dans le vm" siècle, cite l'histoire de Théodore,
ainsi qu'on l'a dit plus haut. L'opinion com-
mune est qu'il vivait vers l'an 520, et qu'il
finit son Histoire avant le cinquième concile
général, c'est-à-dire avant l'an 533, à cause
du titre de sainte mémoire ^ qu'il donne à
Théodoret, dont les écrits, ni la personne ne
furent point épargnés dans ce concile. Ce
qui le prouve mieux, c'est que Théodore
qui parle souvent du concile de Chalcédoine,
ne dit rien de celui de Constantinople, que
nous connaissons sous le nom de cinquième
général. Aurait-il oublié ou négligé de par-
ler d'une assemblée où il se passa tant de
choses remarquables ?
' Reliquiœ Barnabœ apostoli inventœ sunt in
Cypro sub arbore ceralen, liabenles sub pectore
ecangelium Malthœi mantiipsius Barnabœ scrip-
tum : qua occasione Cyprii viclores i vaserunt ut
Metrnpolis ipsorum liherum habeat episcopalum,
nec Antiocheni episcopi jurisdictionisubsit. Evan-
gelium autem illud Zenon in Palalio sub atia co
rona condit. Tlieod. lib. [I Hist.
2 Vixit autem Theodorus Anagnosles sive Lec-
tor sub annxitn millesimum Irccenlesimum vice-
Si'mi/m. Aubertus, ia Auctu aria, cap. ccccxxvu.
■^ Tlieodoret. V.Tles. Proleg., pag. 20.
106
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE VI.
Sévère de Sozople, Jean de Scythople, Basile de Cilicie, Jean d'Egée, Jean et
Epiphane de Constantinople, [Épiphane de Chypre].
[Écrivains grecs Ju vi« siècle.]
Sivcre
Soiople.
1. L'hérésie cutychdcnne trouva dans Sé-
vère un si zélé défenseur, qu'elle l'a regardé
comme son second fondateur. Il était de So-
zople, ville de Pisidie. Né avec ' un esprit
lurbident et inquiet, on le vit souvent chan-
ger de sentiment et toujours prêt à brouiller.
La première religion qu'il suivit * fut celle du
paganisme, dont on prétend ' qu'il ne se
délit jamais entièrement. De Sozople il passa
à Béryte pom- y apprendre l'éloquence du
barreau et y étudier les lois. Il ne Lorna pas
1;\ son application ; il apprit encore la magie.
On lui en lit des reproches. Pour s'en mettre
à couvert, et éviter les châtiments de sa vie
déréglée, il reçut ' le baptême à Tripoli, en
Phénicie, dans l'Église de Saint-Léouce ,
martyr. Mais avant que la semaine de son
baptême fût écoulée, il renonça à l'Église
catholique dans laquelle il l'avait reçu, et
se jeta dans le parti des acéphales. S'élant
retiré dans un monastère composé de moi-
nes de cette secte, situé entre Maïume et
Gaza, il y embrassa l'état monastique. Les
principaux maîtres qu'il eut dans l'impiété
eutychéenne fuient Marnas '' et Uomain qui
gouvernèrent successivement le monastère
d'Éleuthérople en Palestine. Etant allé ° à
Alexandrie avec plusieurs des acéphales, il
y mit le trouble dans l'Église. Les divisions
qu'il causa parmi le peuple allèrent jusqu'à
former une guerre civile. Mais il pensa en
être la victime, et il ne put éviter que par
la faite la punition qu'il avait méritée. Les
alexandrins l'anathémalisèrent avec ceux de
sa suite , et prononcèrent contre eux toutes
les censures ecclésiastiques. Il parait que
Sévère était dès lors prélre dans sa secte.
Du moins l'était-il ' quand il réfuta l'écrit
d'un nommé Lampécius, prêtre messalien.
Nous n'avons plus cet om-rage. Celui de
Lampécius était intitulé : Testament. Sévère,
obligé de sortir d'Alexandrie , se retira *
avec les siens dans le monastère de l'abbé
Néphale, qui avait depuis quelque temps
quitté la secte des acéphales pour se réunir
à l'Église catholique. Les disputes qu'il excita
dans cette maison l'en firent chasser par les
moines avec beaucoup d'autres qui suivaient
les mêmes errem-s que lui. C'était en 310.
La même année, il alla à Constantinople,
autant pour chercher de l'appui à ceux de
sa secte, que pour se plaindre' des mauvais
traitements qu'il avait reçus de la part des
catholiques. Plusieurs de ceux, qu'il avait
séduits, le devancèrent dans cette ville;
d'autres l'y accompagnèrent, faisant en tout
près de deux cents '"moines venus d'Orient.
L'empereur Anasfase le reçut avec honneur,
lui et ses moines qui, se sentant appuyés de
la puissance impériale, jetèrent le trouble
dans Constantinople. Us y tenaient" des as-
semblées particulières, baptisaient en secret
et en public tous ceux qui prenaient parti
dans leur secte. Sévère, qui avait "plusieurs
fois anathématisé Pierre Mongus, ne rougit
point alors de se joindre à ceux de sa com-
munion ; et lorsqu'on lui en faisait des re-
proches , il répondait que ce n'était point
Mongus, mais Pierre d'.\paméeà qui il avait
dit analhème. La réunion de tous ces enne-
mis de la vérité avait pour but de ruiner le
concile de Chakédoine, et de faire déposer
Macédonius qui en prenait la défense. Ma-
cédonius dit " anathème à tous ceux qui se
déclareraient contre ce concile. Dorothée,
moine d'Alexandrie '\ composa un écrit assoe
cnllé pour soutenir les décrets de Ghalcédoi-
ne, et le présenta à Magna, femme du frère de
III, cap. xxxui. — 9 ibid., cap. xliv. — '» Toiii. IV
Concil., pag. IU4. - " Tom. V Concil., pag. 124.
1! Libérât., cap. .\ix. — " Tlieoplian., in Chro-
121.— ' Photius, Cod. 52, pag. 41. — ' Evagr.,'lib. nog., pag. 104. — " Ibid.
' Tom. V Concil., pag. 121. — - Ibid., pag. 40.
— ' Ibid., pag. 120. — ' Evagr., lib. III, cap', xxxui.
— ' Liberalus, caj). xix. — ^ Tom. V Concil., pag
SIÏVÈnE SOZOPLE , JEAN DE SCYTHOPLE , ETC.
[Vl* SIÈCLE.]
l'empereur Anaslase, qui était demeurée
conslante dans la foi catliolique. Nous n'a-
voHs plus ce livre. Anaslase le lut ; mais le
trouvant plus fort et mieux ti'availh; qu'il ne
le pensait, il relégua Dorothée à Oasis, fai-
sant des railleries sur son ouvrage, parce qu'il
l'avait intitulé : Tra(j(kUe di' l'clnf présent des
choses. 11 arriva en 311 une sédiliou à Cons-
tantinople ù roccasion du Trisagion. Sévère,
qui était alors en cette ville, écrivit ' sur ce
sujet à Soierie de Césarée, en Cappadoce,
piétcndaut que c'était Macédonius qui avait
excité ce luniulte. Liljérat ■ fait mention de
plusieurs autres lettres de Sévère contre Ma-
cédonius et contre le concile de Chalcédoine.
Il y en avait une à Flavion d'Anlioche, une
à Maronas, lecteur, une troisième aux évé-
ques Élcusin etEutychius, et une quatrième
à Œcnménius, avocat d'Jsaurie. Il assurait
dans ces lettres que si l'on voulait auathé-
matiser le concile de Clialcédoiue, tous les
acéphales se réunii-aient à l'Église. Flavieu
d'Anlioche, qui, pour apaiser les eutychéens
irrités contre lui , avait anathématisé en
■pleine Église ce concile, ne laissa pas d'être
déposé par les eutychéens mêmes en .t12.
-Anaslase en étant informé envoya aussitôt
Sévère s'emparer du siège d'Anlioche : ce
qu'il fit ' au mois de novembre de la même
année. Le jour de son ordination*, il ana-
thématisa le concile de Chalcédoine, et dé-
clara en même temps qu'il recevait VHénoti-
(fie de Zéuon ; qu'il entrait dans la commu-
nion de Timothée de Constantinople et de
Jean d'Alexandrie. Il mit dans les Diptyques
le nom de Pierre Mongus ; et toutefois il re-
çut à sa communion Pierre d'Ibérie et les
autres acéphales , quoiqu'ils continuassent
de se séparer de l'Église d'Alexandrie. Dans
les Synodiques qu'il envoya aux évêques de
son patriarchat, et aux autres pour leur don-
ner avis de sou intronisation, et pour leur
demander leur communion, il anathémati-
sait ^ le concile de Chalcédoine, et tous ceux
qui enseignaient qu'il y a en Jésus-Christ
deux natures, avee leurs propriétés. Ces Sy-
nodiques ne furent pas reçues de tous. Julien
de Bostres en Arabie, Epiphaue de Tyr,
et quelques autres les rejetèrent. Les Isau-
res * dirent anathème à Sévère et à ceux qui
le suivaient , reconnaissant que Xénaïas ,
• Evagr., lib. III, cap. xliv. — 2 Libérât., cap. six.
— ' Evagr., lib. III, cap. sxxui. — > Libérât., cap.
XIX, et tom. V Concil., pag. 121. — '= iCvagr., lili.
Ui, cap. xxxni. — ^ /jjd., cap. xxxi.
I(»7
évôtpie de Hiéraple, les avait trompés, on
les attirant au parti des eutychéens. Sévère,
pour se venger de ceux (pii refusaient de
s'unir ;\ lui, fil, par le ministère des ulliciiU'S
de l'empereur Anaslase, charger '' de chaînes
et bannir en divers endroits un grand nom-
bre d'évêques, d'ecclésiasti(]ues et de moines.
Deux évêques, Cosine d'Epiphanie et Sévé-
rien d'Aréthuse, choqués des lettres synodi-
ques de Sévère, se séparèrent de sa commu-
nion, et lui envoyèrent, à Autiochemème, im
écrit par Icqnrl ils le déposaient de l'êpis-
copat. Aurélius, archidiacre d'Epiphanie,
pofteur de cet écrit, craignant les violences
de Sévère, se déguisa et prit les habits d'une
femme. Il parut devant Sévère, ayant un
voile qui lui couvrait entièrement le visage,
pleurant, et jetant de profonds soupirs. En
cet état, il lui donna l'acte de sa déposition,
comme s'il lui eût présenté une requête.
Après quoi se glissant dans la foule, il se
sauva avant que Sévère eût pu savoir ce que
contenait l'écrit. Anaslase informé de ce qui
s'était passé, ordonna à Asiatique, comman-
dant des troupes dans la Phénicie, de chas-
ser les deux évêques de leurs sièges. Mais
ce prince, sur les sages remontrances de cet
officier, changea de sentiment. L'évêque Sé-
vérien signa *, en 536, la requête que Paul
d'Apamée, dans la seconde Syrie, présenta
contre Sévère à l'empereur Justinien. Élie
de Jérusalem, pour avoir refusé les Synodi-
qi/es de Sévère, fut déposé ^ et banui à Cuila,
dans l'Arabie sur le bord de la mer Rouge.
L'empereui" Anastase, étant mort en 318,
Justin, son successeur, commanda, dès '" la
première année de son règne, que l'on arrêtât
Sévère, et qu'onlui coupât la langue, en hai-
ne des blasphèmes qu'il prononçait chaque
jour contre le concile de Chalcédoine. Vi-
talien, maître de la milice, et Irénée, comte
d'Orient, furent chargés de l'exécution de
cet ordre. Mais Sévère, averti, s'enfuit d'An-
lioche au milieu de la nuit. Dans une lettre
où il décrivait la manière dont ou l'avait
chassé de son siège, il se plaignait de la ri-
gueur avec laquelle Irénée avait exécuté sa
commission, disant que cet otlicier avait fait
garder tous les chemins de peur qu'il ne
s'échappât. Évagre " témoigne qu'U y avait
des personnes qui assuraient que Vitalien
" Theophan., in Chronog., pag. 107. — ^ Tom. V
Concil.. pag. 105. — «Tom. VII Concil, pag. 89.
'" Evagr., lib. lY, cap. iv.
" Ibid.
108
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Ecrits de
SÉTère.
avait demandt* la langue de Sévère, pour se
veneer des di-clamalioii'; qu'il avait faites
contre lui. Environ huit ans après la mort
de l'empereur Justin, c'est-à-dire en 535,
Sévère, ayant appris qu'/Viitliime, évéque de
Trébizonde, avait été transféré sur le siège
de Conslanlinople, en la place d'î-^piphane
mort cette année-là, vint en cette ville avec
quelques-uns des principaux de la secte des
acépbales, savoir : Pierre, chassé d'Apamée,
et un moine syrien nomiué Zoara. Ils y cau-
sèrent beaucoup de désordres, et les abbés
catholiques de Constantinople en portèrent
leur plainte au pape Au;apef. Le Pape vint
sur les lieux, où ayant exyminé les plaintes
formées contre Sévère, il le ' condamna, et
avec lui Pierre d'Apamée et Zoara. On ne
sait ce que Sévère devint depuis. L'empereur
Justinicn, dans une constitution adressée au
pati-iarche Mennas, ordonna ' que les écrits
de Sévère seraient bridés, et défendit de les
transcrire sous peine d'avoir le poing coupé.
2. Ils étaient en très-grand nombre, com-
me on le voit parle catalogue qu'en a donné
domMonlfaucon, dans celui des' manuscrits
de la bibliothèque du chancelier Séguier, qui
marque sous le nom de Sévère, patriarche
d'Antioche , chef des acéphales, des homé-
lies.des apologies , des ouvrages de contro-
verse, des lettres, des commentaires sur cer-
tains endroits de ri'Àriture , et quelques au-
tres écrits. Ses homélies furent ' traduites en
syriaque et distribuées en trois tomes , dont
le premier eu contenait quarante-trois; le se-
cond quarante-sept ; le troisième trente-cinq,
en tout cent vingt-cinij. Anastasesinaïte rap-
porte " l'explication que Sévère donnait des
trois jours de la sépulture du Sauveur. Il com-
mençait le premier au moment de sa mort,
disant que son âme était dès-lors descendue
aux enfers, qu'ainsi l'on pouvait dire que dès
cette heure , qui était la neuvième du ven-
dredi, Jésus-Christ avait été dans le cœur ou
dans le sein de la terre. Il restait encore trois
heures de ce jour, depuis la neuvième jus-
qu'à la douzième; parce que, suivant le pré-
cepte de la loi, les Juifs comptaient leur jour
de fêle d'un soir à un autre. Depuis le soir
du vendredi jusqu'au coucher du soleil, le
' Tom. V Concil., pa;;. 14. — > Ibid., pag. 266.
— " Bililiot. Sogneriuna , pag. S3-68. — * Asse-
mani, Bibliul. Orient., pag. i!)i, loin. I.
' Anaslas. Syuaïla . Quœal. 152. [Galland a pu-
blié,au tôine .\I de sa Uiblioth. Script, vet. pag. 221-
227, cet l'crit sous le iioui de Concordanlia Evan-
gelislarum circa ea quœ in sepulcro Uomini cou-
corps de Jésus-Christ demeura dans le tom-
beau; voilà le second jour. Il y resta depuis
le soir du samedi jusqu'au lever du soleil du
dimanche; voilà le ti-oisième jour. Quoique
de ces trois jours il n'y en ait qu'un d'entier,
on ne laisse pas de compter trois jours, en
prenant une partie pour le tout. Nicéphorc
Calliste avait vu deux* lettres de Sévère, l'u-
ne à l'empereur Justinien, l'autre à Théodo-
ra, sa femme. Il y a des auteurs qui lui attri-
bueut un li\ re des Itites du baptême et de la
communion, à l'usage des clu'éticns de Syrie,
imprimé en syriaque et en latin à Anvers, en
1572, par les soins de Guido Fabricius. Mais
cet éditeur lui a fait porter le nom de Sévère,
patriarche d'Alexandrie. Ce qu'on cite des
autres écrits de Sévère est tiré des Chaînes
sur l'iùcriture, ou de quelques Recueils des
passages des anciens , sous le nom de saint
Jean Damascène. Galéus cite quelques-uns de
ses discours sm* Isaïe. Sévère avait composé
un livre sous le titre d'Ami de la vérité, mais
où en ellél il s'appliquait a établir l'erreur et
le mensonge. Il y réfutait tous les témoigna-
ges des Pères que l'on avait coutume d'ap-
porter, pour prouver que les deux natures
sont unies indivisiblement dans Jésus-Christ
en une seule personne. Il en apportait d'au-
tres qu'il avait corrompus et altérés. A l'é-
gard des passages qu'il n'avait pu corrom-
pre , ou auxquels il ne pouvait répondre , il
les rejetait comme tirés d'ouvragessupposés.
Cet écrit était, ce semble, pour contre-ljalan-
cer celui que Jean de Césarée avait fait pour
la défense du concile deClialcédoine. Comme
Jean s'autorisait dans cet écrit des Pères qui
avaient enseigné une doctrine conforme à
celle de ce concile, Sévère en composa un au-
tre , où il prétendait montrer que l'évcque de
Césarée avait altéré plus de deux cents pas-
sages de ces Pères. Les monophysites, répan-
dus dans l'Egypte et dans l'Orient, faisaient
tant de cas du livre de Sévère qu'ils le préfé-
raient à l'Evangile de saint Jean, et qu'ils
n'admettaient aucun témoignage des Pères
avant d'avoir vu ce que Sévère en avait dit.
Anasiase sinaïte' parle fort au long de cet ou-
vrage, dont il rapporte plusicui's endroits. Les
Syriens ont " encore aujourd'hui les écrits
gerunt. Il croit qu'il est l'muvre d'HésIcbius, jirê-
Ire de Jérusalem. L'auteur y parle aussi du salibal
et de la variété des cxeinpluires de l'Évaugile selon
saint .Man.l
" Nieephor., lib. XVII Ilist., cap. vin.
■ AnastasiusSyuaïta iii Oilego, ■\i[>. Lxvii.
' Moriuus, Prœfal. ad ordin. Jacobilarum.
[vi« siKCLE.] SfivftTlE DE SOZOPLE, JE
de ce faux pnlriarclic on p;r;iii(l(' vimumu-
lion, jusf|ii';\ l'appeler lii liOiiclie de Ions les
doctotiis. "Nous aurons lieu de parler une
seconde fois de Sëvère dans l'article des Con-
ciles cit! Constanlinople et de Jérusalem où il
fut condamne.
[Angëlo Mai a publié plusieurs ouvrages
on fragments de Sévère d'Anlinclic. Voici ce
qu'en ilit M. lionnetly ' : — 1° Fi'agments de
ses écrits contre Julien d'Halicarnassc , en
latin {Spicilegium ronianum, tom. X). Sé-
vère fut un de ceux qui combattirent avec
le plus do science ce Julien d'IIalicarnasse,
vers 510, chef de la secte des incorruptibles,
qui prétendaient que le Christ n'avait pas
soufl'ert eb n'était mort qu'en apparence. Le
Cardinal a tiré cet ouvrage d'un codex copte,
avec l'aide d'un maronite, Franeois Malié-
sébo. L'ouvrage est de longue haleine. L'é-
diteur a tratluit d'abord le commencement
en entier ( 1C9-194 ), puis il s'est contenté
d'extraire les passages où étaient cités des
témoignages inconnus des Pères, parmi les-
quels saint Cyi'ille et le pape Jules (194-201).
— 2° Fragments grecs qui ne se trouvent
pas dans la Clinîne des Pères grecs, publiés
en grec et en latin , par Junius , à Londres,
éa 1637 ; et en latinj, ;i\ Venise, en 1587 ,
par Comilolus, dont le Cardinal relève plu-
sieurs erreurs (201-7:28). — 3° Fragment
d'une lettre à celle de Théodore (m. 722-
728 ). — 4° Fragment de sa lettre à Jean, ar-
chevêque d'Alexandrie, de la secte de Théo-
dore (728-729). — 0° Discours prononcé de-
vant l'empereur Anastase I"qui le favorisait
(728-730). — 6° Formule de la vraie foi, a-
dressée à l'ami de Dieu , l'empereur Anas-
tase , et que celui-ci voulut faire passer com-
me une loi dans l'Eglise (731-738). — Tous
ces opuscules de Sévère sont remplis de l'hé-
résie des monophysites dont il fut le soutien.
Les manuscrits arabes contiennent un bien
plus grand nombre de fragments de cet au-
teur, et sur cette erreur, qui, née au v° siè-
cle, est encore vivace dans l'Orient. — 7°
Fragments de ses écrits perdus, en grec :
S. V. IX (725-741). Les fragments donnés
ici sont extraits d'une Chaîne des Pères sur
Isaïe et Ézéchiel. — 8° Quatre homélies tra-
duites du grec en syriaque et du syriaque en
latin, publiées ici en latin (742-750). Le sujet
de ces homélies est : une sur les louanges
AN DE SGYTIIOPLE, ETC. 109
de saint Antoine; deux sur sainte Droside,
et une sur saint Tlialléiaiis. 11 n'y a rien dans
ces opuscules (juc d'orthodoxe et d'édifiant.
Les homélies de Sévère étaient au nombre
de 128, sur lesquelles 43 ont été- perdues, et
les autres existent en syriaque dans la Bi-
bliothèque du Vatican, d'où le savant Cardi-
nal espère les tirer et les publier; elles furent
traduites en syriaque par Jacob d'iulesse,
suinonmié le Traducteur, lequel mourut en
710. Il existe en outre, en syriaque, un im-
portant ouvrage du même Sévère contre Ju-
lien, évêque d'Halicarnas.se, chef de la secte
des incorruptibles, c'est-à-dire de ceux qui
soutenaient que, avant sa passion et sa mort,
le corps du Christ était incorruptible ; on y
trouve un grand nombre de textes inédits
que M"' Mai nous promet de publier. — 9°
Hornilia de sancta Dcimatre scmperqiœ virgine
Maria (S. R. X. 212), traduite du syriaque,
éloignée de ces explications symboliques ou
flguratives de la Bible, mises en vogue parles
écrivains protestants. — 10° Fragments des
Commentaires sur saint Lue, eu grec (Classis
atwtoresX. 408-457 et 470-473). — 11° Com-
mentaiie sur le chap. 2 des .\ctes des apôtres,
la Pentecôte (457-470). On y trouve d'excel-
lents passages, tels que celui contre les phan-
tasiastes et les manichéens (412-5 14); celui où
il reconnaît le corps et le sang du Seigneur
cachés sous les espèces eucharistiques ( 438-
439). — 12° Extrait d'un Commentaire sur
Z>ame/ (Script. Veter 1. 30). — 13° Lettres
à Ammonius le scholastique et à l'évêque
Maron (33-39).]
3. Jean ^de Scythople, scolastique, au lieu i,»"'!''''^''''
de prendre, comme avait fait Sévère, le parti
de ceux qui avait abandonné l'Église, écri-
vit contre eux, nommément contre Eutychès
et Dioscore, qui refusaient de reconnaître
deux natures en Jésus-Christ. Son ouvrage,
que nous n'avons plus , était distribué en
douze livres. 11 l'avait composé à la prière
d'un patriarche nommé Julien, que l'on croit
être le même qui gouvernait l'Eglise d'An-
tiochc vers l'an 476, et qui mourut de douleur
de voir cette Église, dont il était légitime pos-
sesseur, ravagée par Pierre-le-Foulon, célè-
bre eutychéen cpii, appuyé de l'autorité de
Basilisque, s'était emparé par force de ce
siège. Jean de Scythople écrivait d'un style
pur et clair, se servant de termes convena-
' T,ible alphabétique analytique, etraisonnéed es
auteurs découverts et édités par le cardinal Mai.
[L'éditeur.)
s Photius, Cod. 95, pag. 250.
110
HISTOIRE GÉNÉRALE ITES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
blés à son omTage. Il combattait fortement
l'erreur, et n'abusait point îles lémoig-nages
de l'Kcriture, se servant de raisonnements
de logique quand l'utilité de sa cause le de-
mandait. L'auteur qu'il réfutait dans son
écrit n'avait pas mis son nom au sien; il s'é-
tait caché adroitement sous ce titre : Trai-
té contre Nestorius, dans le dessein de sur-
prendre les simples et de les engager à lire
son ouvrage sans méfiance. Pliotius, de qui
nous avons pris tout ce que nous venons de
rapporter de Jean de Scythople, conjecture
. que l'auteur du Traitv contre Nestorius était
Basile de Cilicie, parce (pie depuis il composa
un autre écrit, en forme de dialogue, contre
l'ouviage de Jean de Scythople. « Ce dialo-
gue, ajoute Photius, était digne de la religion
de Basile, c'est-à-dire de l'hérésie des euty-
chéens dont Basile était partisan, n Jean de
Scythople écrivit aussi avec autant d'érudi-
tion ' que de piété pour la défense du con-
cile de Chalcédoine. Il n'en est rien venu jus-
qu'à nous.
B«ic de 4. Il ne nous reste rien non plus des écrits
de Basile de Cilicie. 11 était prêtre de l'Eglise
d'Antioche dans le lemps que Flavien en occu-
pait le siège, etqu'Anastase gouvernait l'Em-
pire. l\ avait composé une flistoire ecclésiasti-
(/î/e divisée ^ en trois livies, dont le premier qui
commençait en 450 , époque à laquelle Mar-
cion fut élu emperem-, finissait à la mort de
saint Simplice, évoque de Rome, arrivée eu
483. Le second renfermait ce qui s'était passé
depuis Zenon jusqu'en S18, année où l'empe-
reur Anastase mourut. Le troisième racontait
l'élection de Justin à l'fc]mpire, avec quelques
circonstances du commencement de son rè-
gne. Pour preuve des faits qu'il avançait,
Basile rapportait les lettres que des évoques
s'étaient écrites mutuellement : ce qui cntlait
beaucoup sa narration, la coupait, en inter-
rompait le fil, et la rendait obscure et em-
barrassée. Ce n'était pas là son seul défaut:
le style en était peu poli et fort inégal. L'ou-
vrage de Basile contre Jean de Scythople ne
Viilait pas mieux, il était écrit' d'un style bas,
et plein de fautes. Ce n'élail presque qu'un
composé de sophismcs et d'invcclivcs. Il l'a-
vait dédié à un nommé Léonce, qui lui avait
persuadé de l'cnlreprendrc. Entre les inju-
res dont il chargeait Jean de Scythople, Pho-
tius fait remarquer qu'il l'.ippelait chicaneur ;
• Pliotius, Cnd. 23), pag. 890. — ' Idem, Cad.
i2, paft. 27. -» Iiiem, Cod. 107, pag. 282 et 283.
Suidas, ia fasilio. — • Phctius, CoJ. 41, pag. 27.
qu'il l'accusait de manichéisme ; d'avoir ré-
duit le carême à trois semaines ; d'avoir per-
mis qu'on mangeAt de la volaille pendant ce
temps-là; d'avoir observé des cérémonies
païennes ; d'avoir trop donné à ses plaisirs ;
de n'avoir pas altendu pour communier que
le sacrifice fût achevé, et d'avoir pris les saints
mystères aussitôt après l'Évangile, pour al-
ler plutôt se mettre à table. Basile avait di-
visé son ouvrage en seize livres. Les treize
premiers, qui étaient en forme de dialogue,
combat [aient ce que Jean avait dit dans son
premier livi-e contre les erreurs d'Eulychcs
et de Dioscore. Les trois derniers form.iient
un discours suivi, dans lequel Basile attaquait
ce que Jean avait dit dans ses second et troi-
sième livres. Le but de l'ouvrage de Basile
était de combattre l'union personnelle des
deux natures en Jésus-Christ, et de montrer
qu'il est nécessaire d'admettre deux fils, l'un
fils de Dieu, l'autre fils de Marie. C'était se dé-
clarer ouvertement pour l'hérésie de Nesto-
rius. Basile toutefois ne le nommait pas; mais
il louait Diodore de Tarse et Théodore de
Mopsueste. Il ne condamnait pas non plus
clairement saint Cyrille; mais il disait que
Jean de Scythople, contre qui il écrivait,
s'appuyait principalement sur les douze cha-
pitres ou anathématismes de ce Père, parti-
culièrement sur le douzième, dans lequel il
parle de Pieu, comme ayant soufl'erlla mort.
Si Basile de Cilicie est le même que celui
que ''Suidas dit avoir été évoque d'Irénople,
il faut lui atlribuer encore un traité contie
Arcbélaiis, prêtre de Colonia. Suidas n'en
dit pas le sujet ; mais il assure que ce Basile
ressemblait à celui de Césarée en esprit et
en vertu ; ce qui, ce semble, est une preuve
suffisante pour distinguer le Basile dont il
parle, de Basile, prêtre d'.Vntiochc, quoiqu'ils
aient été l'un et l'autre de Cilicie; l'un par
sa naissance; l'autre, parce qu'il étaitévéquc
d'Irénople, ville de Cilicie.
5. Photius ' parle d'un autre historien j,.,
nommé Egée qu'il dit avoir été pi'ètre, et de **''
la secte des nestoriens ". Il avait écrit l'his-
toire ecclésiastique de son siècle en dix li-
vres, dont les ciuq ]Hemiers commençaient
au règne du jeune Théodose et à la naissan-
ce de l'hérésie de Nestorius, et finissaient à
l'année de la déposilion de Pierre-le-Foulon ,
c'est-à-dire, en 477 et 478, ou peut-être en
' Kviilpinniciil il y n ici faute des oopistcs; il faut
lirp dos oulyclKiou?. Voypz le vol. VIII, pag. HK, et
'•i-dcs?ou9, pag. Ml. (L'édileur.J
d'ft-
[w siiccLE.] SliViÏRE DE SOZOPLE, JEAN DE SCYTIIOPI.E,
E'Iï:.
111
484 : carPieiTC-le-Foulonfut coniliunn(5 plus
d'une fois. Le style de Jean d'I-^iii^o ëlail net
et fleuri. En parlant du concile d'Eplièse, il
rapportait exactement ce qui s'y était passé,
mais il faisait voir ;\ l'occasion du faux con-
cile tenu en la mémo ville, appelé onlinairc-
ment le brigandage d'Kphèse, son attache-
ment pour rh('>r<'sie, on donnant des éloges
à cette asseiulilée, i\ Dioscoi'(\ et ;\ ses secta-
teurs. Il hlâmait au conta-aire le concile de
Clialcédoinc, dont il rapportait aussi les actes.
11 composa ' mémo un écrit exprès pour en
combattre les décrets. .\ l'égard d(>s cinq
derniers livres de ?,on Histoire , Pliotiiis ne
nous en a rien appris, parce qu'il ne les avait
pas lus. Il ne nous reste des écrits de Jean
d'I'^géc qu'un seul passage lapporti! dans la
cinquième action ^ du second concile de Ni-
cée, et un dans le second livre de VHistoire
de Théodore, lecteur, qui dit que Jean d'l']gée
était de la secte des eutycbécns. Il rapporte'
d'après lui, que l'empereur Anastase tira de
Sévère un écrit, par lequel il lui promettait
avec serment qu'il ne condamnerait point le
concile de Chalcédoine; que néanmoins le
jour de sou sacre, il le condamna publique-
ment dans l'Église, à l'instance de ses par-
tisans, qui étaient comme lui de la secte des
acéphales.
6. Ce prince en agit tout autrement arec
Jean de Cappadoce, prêtre de Constantinople,
et syncelle de Timothée, patriarche de cette
ville. Celui-ci, qui avait été substitué .'i Macé-
donius envoyé en exil à Gangres, étant mort
le 3 avril ol7, Jean de Cappadoce'fut ordon-
né ' à sa place le 24 du même mois. Mais,
avant son ordination, Anastase lui fit con-
damner le concile de Chalcédoine. Le peuple,
au contraire , lui demanda avec de grandes
instances d'anathématiser Sévère. Jean , de-
puis la mort d'Anastase arrivée le 9 de juil-
let 318, n'eut aucune peine à satisfaire le peu-
ple,Il dit^ anatbème à Sévère en présence de
douze évéques ; et comme il n'avait condam-
né le concile de Chalcédoine, que parce qu'A-
nastase l'y avait contraint, il déclara devant
tout le peuple assemblé -dans l'Église, qu'il
reconnaissait tous les conciles qui avaient
confirmé la foi de Nicée, principalement ceux
de Constantinople, d'Eplièse et de Chalcédoi-
ne. Il fit plus, à la demande du peuple , ilau-
' Photius., Cod. S5, png. 47. — ^ Tnm. VII Con-
cil, pag. 369. — 3 Tlieodor. Lector. lib. II.
' Theoplian., in Chronog., pag. 112, el VirtorTu-
ucns., inC/iroHi\,,p.'ig. 337.
nouça que le lendemain, qui était le seizième
jour de juillet 518, on célébrerait la mémoi-
re des saints évêques qui s'étaient assemblés
à Cludcédoinc, et qui, avec ceux de Conslau-
tiiiople el d'Eplièse, avaient contiinn' In Sym-
bole de Nicée. Il fit mettre dans les Diidyqnes
les noms de ces trois conciles et celui de Ni-
cée, ensemble les noms d'Eiiphémius et de
Mac(''donius, ses préd(''cesscurs, et celui du
pape saint Léon. Pour autoriser ce qu'il avait
fait, il assembla un concile de quarante évê-
ques, qui se trouvaient h Constantiuo[ile. Il
y fut ' ordonné que la mc'moirn des patriar-
ches Eu|ihémius et Macédonius serait réta-
blie; qu'on annulerait toutes les procédures
faites contre eux, et que l'on dirai! h Sévère,
faux évoque d'Aulioche , nu anatbème l'ter-
nel. Ensuite le patriarche Jean écrivit ;\ tous
les métropolitains, pour leur faire part du
résultat du concile, dont il leur ' envoya les
Actes, les priant de les confirmer. Il nous
reste deux de ces lettres, l'une* î^i Jean, pa-
triarche de Jérusalem; l'autre à Épiphane,
évêque de Tyr. Elles sont très-courtes, parce
que les Actes du concile qu'il y avait joints
suffisaient pour donner une pleine connais-
sance des affaires qu'on y avail traitées. En
S19, les légats, que le pape Hormisdas avait
euvoyés ;\ Constantinople pour la réunion des
Églises d'Orient avec celles d'Occident, étant
arrivés, Jean de Constantinople reçut le For-
mulaire qu'ils devaient faire signer à tous
ceux qui voudraient se réunir. Il voulut d'a-
boi-d faire son acceptation en forme de lettre ;
mais, après quelque contestation avec les lé-
gats, il convint de mettre seulement ' une
petite préface au libelle ou au Formulaire tel
que le Pape l'avait envoyé. Il déclarait dans
cette préface qu'il était entièrement d'accord
avec le Pape, qu'il recevait les quatre conci-
les, et condamnait tous ceux qui avaient con-
trevenu en quelque manière que ce fût à
leurs décrets, ou qui s'eflbrçaient d'en retran-
cher la moindre syllabe. Il décrivit de sa main
le Formulaire du Pape et le souscrivit, en da-
tant sa souscription du 28 de mars 519, sous
le consulat de Justin et d'Eutharie. La même
année il écrivit '" au pape Hormisdas pour le
congratuler sur la réunion des Églises, en lui
faisant honneur de cet ouvrage. Dans une
autre lettre, datée du quatorzième des calen-
' Tom. V Concil , pag. 179,
IG2, lfi3. — T Ihid., pag. lS(i.
» Toui. IV CodC!'/, pag. 14S0.
10 ThWI i.orr I/.01
182. - « Ihid., pag.
- 8 iMd.,pag. 186.
1» Ihid., pag. 1491.
112
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Éplphane,
Con>UntiOD-
pi. (K) jpla<
des de février, sous le consulat de Vitalien et
de Rustique, c'est-à-dire du dix-ncuviôme de
janvier de l'an 320, il marquait 'au Paiic que
la fête de Pâques devait se célébrer cette
année-là le 19 d'avril. Jean mourut vers le
même temps, ayant occupé le siège de Cons-
tantinople, environ trois ans.
7. Son successeur fut le prCtre Épiphane,
son sjTiceUe. Il fut élu par l'empereur Jus-
Udetb'ii-'re.) tin, du consentement des évéques, des moi-
nes et du peuple. .Avant de parvenir à l'é-
piscopat il avait été chargé de l'instruction
des catécluimèncs dans l'église de Constan-
tiuople.L'ApocrisiaircdeDorolliée,évôquede
Tliessaloniijue, ayant demandé, en 319, aux
légats du pape Hoimisdas, des députés pour
recevoir les libelles ou souscriptions au for-
mulaire de ceux qui voudraient accepter la
réunion, Épiphane, n'('tant encore que prêtre,
fut envoyé avec l'évêque Jean, un des légats,
et le comte Licinius. Il accepta lui-même, de-
puis son élévation sur le siège de Constan-
tinople, les conditions de la paix conclue par
Jean, son prédécesseur , avec le pape Ilor-
misdas, et les ratifia dans un concile qu'il
tint dans sa ville épiscopale, où il reçut aussi
les décrets de Cbalcédoine. Nous avons de lui
Vojei l'«r*
t<cle du paie
HoriDUdvt
en latin cinq • lettres qu'il écrivit à ce pape,
tant pour lui donner avis de son ordination,
que pour lui déposer sa croyance, et lui dé-
clarer qu'il condamnait tous ceux dont le
Pape avait défendu de réciter les noms dans
les Dyptiques. En 523 , le pape Jean étant
venu à Constantinople', le patriarche Épi-
phane M'invita à faire l'oUice ; mais le Pape
ne l'accepta qu'après qu'on lui eût accordé
de s'asseoir à la première place. Épiphane
mourut en Tt'Aa. [Les lettres à Hormisdas se
trouvent parmi les lettres de ce pape, tome
LXXll de la Patrologie latine , col. 497, 307,
523. La sentence portée par Épiphane et par
le concile assemblé contre Sévère et Pierre,
se lit au tome LXXXVI de la Patrologie grec-
que, col. 783-786, d'après Mansi, tom. VIII
Concit., pag. 1137. Assémani énumère qua-
rante - cinq canons parmi les œuvres d'E-
pipliane de Constantinople, tora. I Biùl.
orient. , pag. 619. A. la suite de la sentence
rapportée dans la Patrologie grecque, on trou-
ve une exposition des préséances des patriar-
ches et des métropohtains, par Épiphane de
Chypre. Elle est publiée d'après Constant
Porph., lib. Il De Aulœ Byzantitiœ cœretnon.,
édit. Bonn., tome I, pag, 791.]
CH.VPITRE VU.
Saint leso
I*', pap«, en
e23.
Saint Jean I [526], saint Félix IV [529], saint BonifaceII[531], saint Jean II [535]
et saint Agapet [ 536], évêqnes de Rome.
1. Le pape saint Jean 1" du nom, avait suc-
cédé à Hormisdas, le treizième d'août de l'an
323, après une vacance de scptjours.il était*
natif de Toscane, et fils de Constantius. Son
épiscopat fut de deux ans neuf mois et dix-
sept jours. Il arriva en 325 que l'empereur
Justin, par un grand zèle pour la religion
chrétienne, voulut obliger les ariens à se con-
vertir, et faire consacrer leurs églises à l'u-
sage des catholiques. Théodoric,roi(l'Ralie,
qui était arien, irrité du projet de Justin,
menaça de traiter de môme les catholiques
en Italie, et de la remplir de carnage. Il
obligea» donc le Pape d'aller lui-même a
Constantinople pour faire révoquer les or-
dres donnés contre les ariens, et leur faire
rendre leurs églises. Saint Jean y alla accom-
pagné de quatre sénateurs, qui tous avaient
été consuls. Toute la ville de Constantinople
alla le recevoir jusqu'à douze milles, avec
des cierges et des croix. L'empereur Justin se
prosterna devant lui, et voulut être couronné
de*^ main. Le Pape, à l'invitation du patriar-
che Epiphane, célébra l'oflice solennellement
en latin le jour de Pâques, et communiqua
avec tous les évoques d'Orient , excepté Ti-
mothée d'Alciandrie, ennemi déclaré du con-
cile de Cbalcédoine. On n'oublia rien dans
Constantinople pour faire honneur au Pape:
la joie y fut universelle, parce que les an-
< Tom. IV Concil; pap. 1521.
' Ibid., |.a).'. 1534, 1537, 1545, 1546, 1555.
' .MareelliniC/ironic, ad an. 525.
' Lib. Pontifical., tom. IV Concil.
» Ibid.
pag. IGOO.
[vi' sifccr.E.] CIIAPITllK VII. — S.VTNT JlîAN I, SAINT FKLIX IV, ETC.
1I.T
cions des Grecs assuraient que depuis le
grand Constantin et saint Sylvestre , on ne
se souven.iit pasijm! le Vicaii'e de saint l'ierrc!
fui venu tians la Clii"ïce. Le pape .lean avec les
(|uatre sénateurs qui l'accompagnaient, ayant
repn^senté i\ l'empereur Justin le péril dont
l'Ilalie était lueiuicée au cas que les ordres
qu'il avait doniu'-s contre les ariens l'iisscnl
exécutés, en obtint la révocation, et par k\
l'Italie fut délivrée. Cependant le roi Tliéo-
doric ' lit mettre en prison les deux plus il-
lustres sénateurs, Symmaque et Hoëce, son
gendre, accusés l'un et l'autre de crimes d'É-
tat. Boëce fut arrêté ;\ Pavie et mis h mort
vers l'an 32.5; Symmaque eut le mèuie sort.
Ce prince lit encore arrêter le pape Jean à
sou retour avec les quatre sénateurs ; appa-
remment comme complice de Boëce et de
Symmaque, c'est-A-dire, de vouloir soute-
nir la dignité du sénat contre les entre-
prises de Tiiéodoric. Mais Théodoric, crai-
gnant l'indignation de Justin , n'osa les
f.iire mourir : il se contenta de les tenir en
une rude prison oii le pape Jean mourut le
27 mai 326. Son corps fut transporté de Ra-
vcnne à Rome , et enterré à Saint-Pierre. Il
est honoré dans l'Église comme un martyr.
Nous avons deux lettres sous son nom,
que l'on regarde comme supposées ^ La pre-
mière, qui est adressée à l'archevêque Za-
charie, est composée des paroles des lettres
d'Innocent I", de Zosime, de Symmaque, et
du cinquième concile tenu à Rome sous le
pontilicat de ce dernier. La date en est faus-
se : car elle est du quinzième des calendes
de novembre sous le consulat de Maxime et
d'ÛIybrius , c'est-à-dire du 18 octobre 323.
Or, Olybrius ne fut point consul cette année-
lù, ce ne fut qu'en 326. La seconde est aux
évèques d'Italie qu'il exhorte à défendre la
foi catholique contre <!es ariens, et à consa-
crer leurs églises , comme on le faisait en
Orient. EUe est datée du troisième des ides
de juin sous le consulat de Maxime et d'O-
lybrius. Cette date est fausse, puiscjue Maxi-
me et Olybrius ne furent pas consuls ensem-
ble. Maxime le fut en 523. Mais Jean n'ayant
été fait pape qu'au mois d'août de cette année,
il ne put écrire eu cette quahté le troisième
des ides de juin, c'est-à-dire le onzième de
ce mois. Il faut ajouter que cette lettre est,
tiiiuuii' 1.1 précédente, une compilation tirée
en [)arlie (les lettres de saint Léon, et en par-
tie do la seconde Kpitre de saint Paul aux Cn-
rinlliiiMis; qu'elle est contraire à la vérilc'" de
l'histoire, en ce qu'elle suppose que le pape
Jean, au lieu de demander .'i l'empereur Jus-
lin la rt'vocaliou de son édit contre les ariens,
connue Théodoric l'en avait chargé, aiuait
au contraire contribué à l'exécuter, en fai-
sant faire lui-même en Italie, ce que Justin
avait ordonné de faire dans l'Orient ; et
qu'elle tend à déshonorer la mémoire de ce
pape, en le faisant passer pour un homme
de mauvaise foi. Il s'était engagé de la part
du roi d'Italie, A empêcher que les ariens ne
fussent d('^pouillésde leurs églises en t)rienl;
la lettre suppose qu'il fit tout le contraire;
que non-seulement il ne demanda point que
les églises fussent conservées aux ariens ,
mais (ju'il aida à les leur ûler en les consa-
crant à Constantinople et ailleurs pour les
catholiques. D'ailleurs on fait faire au Pape
dans celte letlre ce raisonnement ridicule :
« J'ai consacré des églises des ariens à Cous-
tanliuople, au désir de Justin, prince catholi-
que : consacrez-en en Italie, malgré l'oppo-
sition de Théodoric, prince arien.» Saint Gré-
goire de Tours 'dit qu'aussitôt que Jean eut été
placé sur le Saint-Siège il consacra plusieurs
églises des ariens pour les catholiques : ce
qui irrita tellement le roi Théodoric qu'il en-
voya des gladiateurs par toute l'Italie avec
ordre d'égorger tous les catholiques qu'ils
trouveraient. L'anonyme donné par M. de
Valois à la suite d'Amien Marcellin, raconte
la chose autrement. Il dit ' que le roi Théo-
doric, informé de l'édit de l'empereur Justin
pour chasser les ariens de l'Empire, envoya
le pape Jean à Constantinople pour détour-
ner ce prince de l'exécution de cet édit;
mais que Justin ayant persévéré dans sa ré-
solution, Théodoric fit mettre le Pape en pri-
son à son retour à Ravenne. Il semble que
dans la variété des opinions sur ce fait, il
vaut mieux s'en tenir à ce qu'en dit Anastase
le Bibliothécaire, qui assure que le Pape ob-
tint de l'Empereur ce qu'il lui demanda de
la part du roi d'Italie, et que, par là, celle
province fut délivrée des maux dont Théo-
doric l'avait menacée.
2. Le s\iccesseur de Jean siu- le Sainl-
IV, i«l.o.
• Libérât., Pontifical., ibid.
' On le tniuve Jau3 Mansi, tom. VIII, col. COS-
G07. (L'éditeur.)
XI.
' Gregor. Turonensis, lib. I De Gloria martyr..
cap. XL, png. 7(J6.
* Ibid. in Notis. cap. xl, lil). I.
8
HISTOIIŒ GÉNÉRALE DES AUTECTS ECCLÉSIASTIQUES.
Siège fut Félix IV, du ' pays des Samnitcs,
fils de Castor. Le roi Théodoric le choisit'
après une mûre délibér;Uion : car, encore
qu'il ne fût point dans l'Église catholique, il
ne voulait pour évoques que des personnes
d'un mérite distingué. Le sénat de Rome ap-
prouva le choix que ce prince avait fait de
Félix. Ainsi il fut ordonné le 12 juUlet de l'an
556. Théodoric ne survécut que trois mois au
pape Jean ; se voyant près de mourir, il fit re-
connaître pour roi des Goths AthSlaric son pe-
tit-fds qui n'était Agé que de huit ans. Nous
avons ' une de ses lettres adressées au sénat
de Rome dans laquelle il témoigne avoir pour
agréable l'élection qu'ils avaient faite de ce-
lui que Théodoric avait désigné pour évêque
de Rome. Félix mourut après trois ans et
deux mois de pontificat. [Il est honoré comme
sain!.] Il avait bûli dans Rome, en un lieu ap-
pelé la rue Sacrée, l'église de Saint-Cùme et
Saint-Damicn, et rebâti celle de Saint-Satur-
nin, mîirlyr, qui avait été consumée par les
llamines. Dos trois lettres que nous avons '
sous le nom de Félix IV, il y en a deux qui
sont rejetées Comme apocryphes, savoir les
deux premières : l'une est adressée ù tous
les évoques, l'autre ù Sabine. Elles sont tou-
tes les deux datées du consulat de Larapa-
dius et d'Oreste : la première des calendes
de mars, c'est-;\-dire du 1" de ce mois de
l'an 530; la seconde du 11 des calendes de
novembre, c'est-à-dire du 21 octobre de la
môme année, neuf jours après la mort de
Félix, car il mourut le i2 du même mois.
Ces deux lettres ne sont que des lambeaux
de celles de Sirice, d'Innocent, de saint Léon,
de saint Grégoire, auxquels on a joint un
long passage du troisième livre des Rois,
et qiielques autres tirés du premier chapitre
de l'Ecclésiastique et de l'Épître aux Ephé-
siens. La troisième a passé quelque temps
sous le nom de Félix III, parce qu'elle était
datée du consulat de Boëce, qu'on suppose
être arrivé en 487; mais il n'arriva qu'en
510, seul temps auquel saint Césaire, à qui
cette lettre est adressée, était déjà évêque.
Un ancien manuscrit au lieu de Boëce porto
Manorlius qui fut consul en 528, la vingt-
cinquième ou même la vingt-septième année
de l'épiscopat de saint Césaire. La date de
la lettre du pape Félix est du troisième des
noncs de février, c'est-à-dire du troisième
de ce mois. Elle confirme un règlement que
saint Césaire avait fait ou plutôt renouvelé,
perlant défense d'élever à l'épiscopat cens
qui n'avaient pas auparavant servi dans le
clergé. Ce règlement était appuyé non-seu-
lement sur les anciens canons de l'Église, et
sur l'autorité de saint Paul qui défend à
Timolhée d'imposer l'-ghement les mains à
jKTsoitne; mais encore sur la fâcheuse expé-
rience que l'on avait que quelques-uns de
ceux que l'on avait promus au sacerdoce,
sans les avoir auparavant éprouvés suflisam-
ment, avaient mené une vie toute séculière
depuis leur promotion. Le Pape donne aussi
pour raison de confirmer ce règlement, la
diflicullé qu'il y a d'enseigner les autres
quand on ne s'est pas doniié le temps d'ap-
prendre, et do savoir commander quand on
n'a pas appris à obéir.
3. .\près la mort de Félix IV, arrivée le
12 d'octobre 529, on élut pour lui succéder
Bonifacc 11', Romain de naissance, et fils de
Sigisvult, qui était de la race des Goths. Il
fut ordonné le quinzième jour du même
mois dans la Basilique de Jules ; mais en mê-
me temps, un autre parti choisit un nommé
Dioscore, qui se fit ordonner dans la Basili-
que de Constantin. Le schisme ne dura que
vingt-neuf jours, Dioscore étant mort le dou-
zième de novembre suivant. On croit que
le roi Athalaric donna occasion à ce schis-
me en voulant, à l'imitation de Thi''odoric ,
avoir part à l'élection d'un pape. Quoi qu'il
en soit, Boniface fit analhématiser Dioscore
après sa mort ; puis ayant assemblé un con-
cile, il y fit passer un décret qui l'autorisait à
se désigner un successeur. En vertu de ce
décret, signé des évoques, il les obligea de
reconnaître le diacre Vigile. Mais ce décret
fut cassé dans un concile qui se tint quelque
temps après, comme étant au déshonneur
du Saint-Siège et contraire aux saints ca-
nons. Boniface s'avoua même coupable de
ce qu'il s'était nommé pour successeur Vi-
gile, et brûla en présence de tous les évo-
ques, du clergé et du sénat, le décret qu'il
avait fait passer pour s'autoriser à ce sujet.
Boniface tint, on 531, un concile à Rome, où
les plaintes d'Élienne de Larisse fm-ent exa-
minées. Les évéques d'Afrique lui firent une
1 Tlm
S^lm Ro
hco II, i-a' '
• Lib. Poniif., tom. IV Concil., pag. G19.
> Caâfioilur., lib. III Var. Ejiist. «5, pag. 231,
lom. 1 E<lil. Vend. an. {li'i. - » Iliid.
♦ Toin. IV Concil., pag. 1G50 etseq. [DansMausi ,
tom. VIII, col. 6u8-tiC9.]
5 Lil>. Ponlifical.. tom. IV Concil, pag. 1682.
[vi- siKCLE.] CllAPITRR \U. — SAINT JEAN I, SAINT FÉLIX IV, RTC
d('putalion pour obtenir de lui iiuo conslilu-
tion qui obli:;cùt IMvâquo de CarUiaj^e do
faire tontes choses av(îc le conseil du Siége-
Aposlolique. lléparatus était alors évoque do
l\l
Cartilage. Le Pontitical* met la mort de saint
Bonifacc au 17 d'octobre de l'an 531 ; d'au-
tres la mettent dans le mois de décembre de
la même année. On trouve dans les Recueils
des conciles une lettre de ce pape h Kula-
lius, évôcpie d'Alexandrie, par laquelle il lui
fait part de la réunion de l'évèque de Car-
thage avec l'iiglise romaine, supposant que,
dès le temps d'Aurèle, évoque de cette ville,
l'Église d'Afrique n'était plus dans la com-
munion de celle do Rome. Cela seul suffit
pour prouver la supposition de cette lettre,
puisqu'il est constant que rÉglisc d'Afrique
n'a pas cessé nu moment d'être unie de
communion avec les papes Bonif.icc l", Cé-
lestin et tous les autres qui ont gouverné
l'Église de Rome jusqu'à saint Bouiface IL
Pourne rien dire des lettres de saint Léon et
des autres pa[)es aux évoques d'.\frique, il
suftira de remarquer ici que Symmaque ,
qui occupait le Saint-Siège quelques années
avant Boniface II, envoyait tous les ans aux
évèques d'Afrique relégués en Sardaigue par
le roi Trasamond, de l'argent et des habits.
Non-seulement il leur écrivit *, mais il leur
envoya encore des reliques de saint Nazaire
et de saint Romain. Il faut ajouter que l'on
ne connaît aucun évèque d'Alexandrie qui
ait porté le nom d'Eulalius ; que cette lettre
n'est qu'un tissu mal assorti de divers en-
droits de celles de saint Léon, d'Hormisdas,
et même de saint Grégoire, postérieur à Bo-
niface II, et que l'imposteur qui l'a fabriquée
n'a eu en vue que de ternir la mémoire de
saintAugustiUjdesaintFulgence, de saintEu-
gène de Carthage et de* tant d'autres grands
évèques, qui ont souffert dans la persécution
des Vandales, en les faisant passer pour des
schismatiques, et conséquemment indignes
d'être honorés dans l'Église. Il faut porter le
même jugement de la requête qu'on sup-
pose avoir été présentée à Boniface II par
Eulalius, dans laquelle il excommunie tous
ceux de ses prédécesseurs ou de ses succes-
seurs, et tous autres qui auraient attenté ou
qui attenteraient aux privilèges de l'Église
romaine. Pouvait-ou prêter à un évèque un
langage et des prétentions plus ridicules ?
Les censures d'Eulalius sont précédées du
Formulaire qu'Hormisdas fit souscrire pour
la réunion ; mais il n'y est pas en entier ; elles
sont suivies d'un long fragment de la lettre
du môme Pape, qui fut lue dans l'action cin-
quième du concile de Constantinople' , sous
Mennas; en sorte que cette requête est un
ramas de ditféronts morceaux. La date seule
en prouve la fausseté, puisqu'elle est du
troisième consulat de Justinien, qui n'arriva
qu'après la mort de Boniface IL Mais on ne
peut former aucun doute sur la lettre de ce
pape il saint Césaire d'Arles. Cyprien, diacre
de cette Église, en fait mention dans la Vie '
de ce Saint. C'est d'ailleurs une réponse ;\ la
lettre que ce saint évèque avait écrite i\ Fé-
lix, prédécesseur de Bonifacc, pour le prier
de confirmer, par l'autorité du Saint-Siège, la
doctrine de la grâce prévenante, en décla-
rant que c'est elle qui nous inspire le com-
mencement de la foi et de la bonne volonté.
Saint Césaire se crut obligé de s'adresser
l;\-dessus au Saint-Siège, parce que quelques
évèques des Gaules soutenaient que l'on de-
vait attribuer le commencement de la foi à
la nature et non pas' à la grâce. Le prêtre et
abbé Arménius fut porteur de cette lettre,
qui est datée du huitième des calendes de
février, sous le consulat de Lampadius et
d'Oreste, c'est-à-dire du 28 de janvier 330. Il
parait, par le commencement de cette lettre,
que saint Césaire en avait écrit deux sur le
même sujet, l'une à Félix IV, l'autre à saint
Boniface II, mais avant qu'il sût son élévation
au pontificat, pour le prier de presser Félix
de lui faire réponse. Elles sont perdues tou-
tes deux. Le pape saint Boniface dit dans la
sienne que les Pères, surtout saint Augustin et
les Papes ses prédécesseurs, ont prouvé avec
tant d'étendue que la foi même est un don
de Dieu, qu'il n'ètaitpluspermis d'en douter,
ni à lui de s'étendre sm- cette matière; d'au-
tant que Césaire lui-même avait démontré ,
cette vérité par plusieurs passages de l'Écri-
ture rapportés dans sa lettre ; qu'il y avait
marqué que les évèques des Gaules assemblés
en concile à Orange, étaient convenus unani-
mement que la foi par laquelle nous croyons
en Jésus-Christ est conférée parla grâce pré-
veuaute de Dieu, et que, sans le secours de
cette grâce, nous ne pouvons rien faire de
bon selon Dieu, ni le vouloir, ni le commen-
' Lib. Pontifical., tom. IV Concil., pag. i682.
» Apud Eunod., lib. II Epist. 14.
' Tom. V Concil., pag. iâl.
* Cyprian., iu Vita Cœsar., lib. I, num. 33.
110
IIISTOIRF- GÉNf:RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ccr , le Sauveur ayant dit : Sans moi vous ne
sauriez rien faire. «11 est donc ' ceilain et ca-
tholique, ajoute le p ipe Ronifacc, que dans
tous les liieas dont la foi est le chef, la misé-
ricorde de Dieu nous prévient lorsque nous
nevou]onspas,arniquenousvoulions; qu'elle
est dans nous lorsque nous voulons, et qu'elle
nous suit afin que nous persévérions dans le
loi. LTui. bien.» Il prouve celte doctrine par divers pas-
M«.<cii. sages de l'Écrilure, et dit qu'il ne peut assez
s'étonner qu'il y ait encore des personnes
qui pensent coutrairciuent ;\ cette doctrine
et qui, infectées d'une ancienne erreur, attri-
buent à la nature ce qui est un bienfait de la
Rom. 11. grâce de Jésus-Christ, l'auteur et le consom-
mateur de la foi. Il laisse à saint Césaire de
réfuter lui-même les sentiments erronés con-
tenus dms une lettre qu'un certain prêtre
lui avait communiquée, ou que cet évèque
avait ensuite fait passer à Rome, espérant
que Dieu, par son ministère, changerait telle-
ment les cœurs des ennemis de la grâce,
qu'ils conviendraient que leur changement
provient d'elle, lorsqu'ils se sentiraient dispo-
sés à confesser ce qu'ils niaient auparavant,
c'est-à-dire que toute bonne volonté vient
de la grâce et non de la nature.
s. m jmo 4, Saint Jean II, surnommé Mercure, romain
uc ■dol»i''Al de naissance, lîls de Projectus et prêtre du ti-
II
IbaUtîc. Ca-'
Ld!!'îiL. 1.x tre de Saint-Qément, succéda à Boniface II, le
eiVc t^'.'is»! 22 janvier, la seconde année d'après le consu-
lat d'Oreste etdeLampadius, c'est-à-dire en
532. Quelque temps après son ordination, un
défenseur de l'Église romaine se plaignit à
Atlialaric que, pendant la vacance du Saint-
Siège, quelques-uns saisissant avidement la
circonstance du temps avaient, pour se fai-
re récompenser des brigues qu'ils faisaient
pour l'élection, extorqué des promesses sur
les biens de l'Église, pour lesquelles ou avait
exposé publiquement en vente jusqucs aux
vases sacrés. Le roi voulant remédier à ses
abus écrivit au pape Jean une lettre qui de-
vait être commiuiiquée à tous les patriai-chcs
et aux Églises métropolitaines, où régnaient
apparemment les mêmes abus, portant que
son intention était qu'on observât un décret
du sénat, fait du temps du très-saint pape Bo-
niface, par lequel il était dit que, si quicon-
que promettait quelque chose par sol-même
ou par une personne interposée, pour obtenir
un évêché, le contrat serai! déclaré nul* avec
restitution de ce qui aurait été donné, .\tha-
laric permet néanmoins aux olliciers de son
palais, de prendre jusques à trois mille sous
d'or pour l'expédition des lettres, lorsqu'il y
aura de la dilliculté touchant l'élection du
Pape, à condition que les olliciers riches n'eu
prendront rien du tout, puisque c'est du bien
des pauvres. Mais à l'égard des autres pa-
triarches, lorsqu'il sera nécessaire d'expé-
dier aussi dans le palais, des lettres pour leur
élection, les officiers pourront prendre jusgups
à deux mille sous ; mais, pour les simples évè-
ques, on se contentera de distribuer au petit
peuple cinq cents sous. Q permet encore à
toutes sortes de personnes, pourvu qu'elles
soient d'une probité connue, de citer devant
les juges des lieux ceux qui auront reçu de
l'argent pour- une élection, accordant au dé-
lateur la troisième partie de la somme que
l'on pourra recouvrer. Par une autre lettre *,
adressée au préfet de Rome, le roi ordonna
que son édit et le décret du sénat contre la
simonie, seraient gravés sur des tables de
marbre que l'on placerait à l'entrée du par-
vis de Saint-Pierre.
o. Au mois de juin de l'an 533, l'empereur
Justinien envoya àRomeHypace, archevêque
d'Éphèse, et Démétrius, évêqne de Philippcs,
avec uue lettre oîi, après avoir assuré le pa-
pe Jean de tout le respect qu'un fils doit à
son père, et du désir sincère qu'il avait de
voir tous les évêqucs dùrient parfaitement
unis avec le Saint-Siège , il lui donnait avis
que quelques personnes, mais en fort petit
nombre, niaient que Jésus-Christ, Fils uni-
que de Dieu, qui est né du Saint-Esprit et
de Marie mère de Dieu toujours vierge ; et
qui a été crucifié, fut un de la sainte et con-
substautielle Trinité, qu'on dût l'adorer avec
le Père et le Saint-Esprit, que le même fût
consubslantiel à nous selon l'iiumanité et
consubstantiel au Père selon la divinité. 11
paraissait à l'Empereur que ces sortes de
personnes étaient infectées de l'hérésie de
Xestorius, distinguant avec cet hérésiarque
deux fils dans Jésus-Christ, le Verbe de Dieu
L.IU
.'et n
COB- \
r,.i.
> Cerlum est enim alque catholicum quia in
omnibits bonis, quorum caput est fuies, noienles
nos adhuc inisericordia divina prœvenial, ut ve-
limus , insil in nnbis cum volumus , sequalur
eliain ul in fide duremu^, sicut David propheta
dicil : Ueus luous, misericûrJia cju.^ prtpvenict
me. El alibi : Misericordia vaen cum ipso est. El
ilerum : Sliseriroriiin ejus subsoqiictur me. Et
I'aulu%: Quis prior dédit ei, et relrilitiplur illiî
Qiiouiau) ex ipso et pcr ipsum et iu ipso suul om-
nia.
« Ibid. Epist. Ifi.
CHAPITRE Vil. — SAINT JEAN 1, SAINT Fl'lLIX IV, ETC.
Ivi" SIÈCLR.]
et le Cliiisl. Il rccdiiiiall que lous les dvi^ques
lie l'Église catholique et apostolique, avec les
;iliiii''s des saints monastères, tenaient une
iloiliine contraire ; et, pour niai(iner (|iielie
était la sienne, il fait une profession de foi
dans laquelle il déclare que Jésus-Cluisl, Fils
unique et Verbe de Uieu, né du Père avant
lous les siècles et né du Saint-Esprit et de
Marie mère de Dieu dans les derniers temps,
est une des personnes de la sainte et con-
substantielle Trinité; qu'il nous est consubs-
tantiel et passiljlc selon son humanité, et
consubstanticl au Père et impassible selon sa
divinité ; qu'il est véritablement et propre-
ment Dieu, et qu'ainsi la sainte et glorieuse
Vierge Marie est proprement et véritable-
ment mère de Uieu, non que le Verbe ait
pris son commencement d'elle; mais par-
ce qu'il est descendu du ciel, et qu'il est né
d'elle selon la chair. 11 ajoute qu'il reçoit les
quatre saints conciles de Nicée, de Cons-
tantinople, d'Ephèse et de Chalcédoine, assu-
rant que tous les évêques d'Orient en faisaient
de même. Après quoi il prie le Pape, pour
ferm-U' la bouche à quelques moines qui ne
pensaient pas sainement sur la foi, de lui
adresser des lettres et au patriarche de Cons-
taulinoplc, où il déclarerait qu'il les recevait
à sa communion, et tous ceux qa\ confes-
saient les articles ci-dessus, et qu'il condam-
nait ceux qui ne les approuvaient pas. Le
Pape, dans sa réponse qui est du 8 des calen-
des d'avril, sous le consulat de Justinien pour
la quatrième fois , et de Paulin, c'est-à-dire
du 2o de mars 334, loue le zèle que Justiuien
témoignait pour la foi, et son respect pour
le Saint-Siège. 11 approu\e ensuite sa confes-
sion de foi, disant que la doctrine qu'elle
renferme est celle que tous les Pères et les
évoques de Rome ont enseignée, et que qui-
conque en professe une contraire se déclare
lui-même séparé de la sainte communion et de
l'Église catholique. Le Pape parlait princi-
palement de Cyrus et d'Euloge, qui avaient
été envoyés à Rome du monastère des acé-
mètes, pour soutenir que Jésus-Christ n'est
117
pas un de la Sainte 'J'rinité, et que Marie n'est
pas proprement mère de Dieu. Jean II fit ce
qu'il pid pourles ian\encràla saine doclrine.
mais les voyant opiniâtres dans l'erreur, il
rehisa de les admettre à sa communion, et
les sépara de l'I'iglise catholique, jusf[u'ii ce
qu'ils en eussent embrassé la foi et condam-
ne; leurs erreurs, en piianl toutefois l'Empe-
r(Mir de leur accorder sa communion et sa
bienveillance, si, à l'avenir, ils voulaient re-
venir à l'unité de l'Église. Il fait l'éloge d'Hy-
pace et de Démétrius, envoyés de Justinien,
mais il ne dit rien des présents qu'ils avaient
apportés à l'apôtre saint Pierre , qui consis-
taient en un vase d'or du poids de cinq livres ,
entouré de pierreries, deux calices d'argent
de six livres chacun , deux autres de quinze
livres, et quatre voiles tissus d'or. 0 y en a qui
ont voulu contester ces deux lettres : celle de
Justinien au pape Jean, et celle de ce pape à
Justinien; mais outre qu'elles ne renferment
aucuu caractère de supposition, elles sont ci-
tées l'une et l'autre dans des monuments que
personne ne conteste , savoir dans la lettre
de ce même pape' aux sénateurs romains, et
dans la Constitution ^ de Justinien à Épiphane,
patriarche de Constantinople.
6. Après le départ des députés de ce prin- Leiire du
^ ... , 1 r^pe Jean aux
ce, le nape sauit Jean écrivit aux sénateurs de sénaicurs m-
' L L ^ m iDS, tO:il.
Rome, Aviénus et autres dénommes dans iv concu.
l'inscription de sa lettre , pour les instruire ,
suivant leur désir, de la réponse qu'il avait
faite à l'Empereur. «Justinien notre Ois' nous
a marqué, leur dit-il, qu'il s'était élevé une
dispute sur ces trois questions, savoir : Si
Jésus-Christ peut être appelé une personne
des trois de la Sainte Trinité; s'il a souffert
en sa chair, la divinité demeurant impassi-
ble ; et si la Sainte Vierge Marie doit être
. nommée proprement et véritablement mère
de Dieu. Nous avons approuvé la foi de l'Em-
pereur comme catholique, et montré que ce
qu'il a dit sur chacune de ces propositions
est conforme à l'Écriture et aux Pères. » Le
Pape rapporte ensmte les passages de l'É-
criture et des Pères, qui autorisaient ces
» Tom. IV Concil., pas. 1731.
« Justin., lib. Vil Cod.
3 Justinianus imperator, filins noster, ni ejtis
Epislolœ tenore cognovistis , de kis tribus orta
cerlamina fuisse significa fil : Ulrum unus ex Tri-
nitate Chrvstus et Dnus nnstcr dicipossil , hoc est
una de tribus personis Sa)iclœ Triiiitalis sancta
pcrsona : an Deus Chrislus carne perlulerit iin-
pussibili Deilale : an veraciter et proprie maler
DominÎDci noslri Maria semper Yirgo debeat ap-
pellari. Prohavimus in his calholicam imperatoris
fidem, el ita esse prophelis et aposlolicis vel pa-
trum exemplis evidcnter ostendiinus nnuin ex
sancta Trinitate Chrislum esse, hoc est unum de
tribus sanctœ Trinitatis personis sanctam esse
personam sive subsistenliam evidenter ustendi-
mus. Joan., Episl. ad sénat., pag. 1751.
118
HISTOIRE GENERALE DES
propositions. Saint Aufîustia est le premier
des Pères qu'il cite, disant ' que l'Eglise ro-
maine en suit et en observe la doctrine sui-
vant les décrets de ses prédécesseurs. Après
quoi il rapporte des témoignages de plusieurs
autres anciens docteurs de l'Église, des deux
saints Grégoire de Nazianze et de Nice, de
Proclnsde Constantinople, de saint Cyprien,
de saint Cyrille, de saint Léon, de Léporius
et de Gélase. Il déclare ensuite que l'Église
romaine a condamné les moines acémètes,
qui ont paru évidemment être dans l'erreur
de Nestorius. C'est pourquoi , conformément
au canouf? qui défend à un clirétien de par-
ler ni de communiquer avec un excommunié,
il avertit les sénateurs de ne pas leur parler,
et de n'avoir rien de commun avec eux. Le
pape Jean, en approuvant la proposition de
l'empereur Justiuien, qui revenait à celle des
moines de Scytliie , ne fit rien de contraire
à ce qu'avait fait Hormisdas, son prédéces-
seur : car ce pape ne condamna ni cette pro-
position, ni ceux qui la soutenaient . Seule-
ment il témoigna du mécontentement de leur
conduite et des troubles qu'ils avaient exci-
tés dans Rome.
7. Vers l'an 534, le pape saint Jean reçut des
Tni' "tqucs lettres de saint Césaire d'Arles et do quelques
t"^'t'k,èî. autres évoques des Gaules, en plaintes con-
ir Hg. i*i°t tre Conluméliosus, évêque de Riez, convain-
''■^'- eu de plusieurs crimes, de son prnpi'e aveu.
Le Pape écrivit sur cela trois lettres; l'une à
saint Césaire, l'autre aux évéques des Gaules,
la troisième au clergé de Riez, dans les-
quelles il dit qu'il avait interdit Conlumélio-
sus de toutes ses fonctions, et ordonné qu'il
serait renfermé dans un monastère pour
faire pénitence, après néanmoins en avoir
demandé lui-même la permission aux évo-
ques, par une requête où il confesserait son
péché, la requête datée du jour de sa de-
mande, avec les noms des consuls. Le Pape
charge saint Césaire de l'exécution de cet or-
dre, et aussi de nonmicr, en la place do Con-
tuméliosus, un visiteur pour l'administraliou
de l'Église de Riez , à condition qu'il ne se
mêlerait que de la célébration des saints mys-
tères, sans loucher ni aux ordinations des
LcMro An
Mint Jrao &
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
clercs, ni au temporel de l'Église. Jean II
joignit à sa lettre à saint Césaire une hste des
canons contre les évêques condamnés par les
conciles de la province ; savoir le septième
chapitre de l'Kpitre décrélale du pape Sirice
à Hymérius de Tarragone ; le 25' et le 29' des
Canons apostoliques ; le quatrième et le (juin-
zième d'Antioche, et le neuvième de Nicée.
A la suite de la lettre de Jean II à saint Cé-
saire d'Arles, on en a mis une autre dont
l'auteur est inconnu, et que quelques-uns
croient être saint Césaire même, qui porte
en tête plusieurs canons sur la même ma-
tière , c'est-à-dire , contre les ministres des
autels, coupables do queUpie crime capital.
Pour ce qui est de la lettre h Valère, attribuée
à Jean II, c'est un composé de fragments ti-
rés des écrits d'Ilhace à Varimade, et de ceux
de saint Léon. Le style eu est diÛërent de
celui des lettres du pape Jean, et la date des
consuls en est fausse '.
8. Saint Jean eut pour successeur saint Aga-
pet' romain de naissance, fils du prêtre Gor-
dien ; il fut ordonné le 4 de mai de l'an 535, et
tint le Saint-Siège onze mois et dix-huit jours.
Dès le commencement de son poutificat il fit
brûler au milieu de l'Église, en présence de
tout le monde, les formules d'anathèmes que
le pape Boniface II avait exigées des évoques
et des prêtres contre la mémoire de Dios-
core, son compétiteur. L'empereur Justiuien
ayant appris son ordination, lui envoya sa
confession de foi, avec une lettre par laquelle
il le priait de conserver dans leurs dignités
ecclésiastiques les ariens convertis; et de
faire son Vicaire, dans l'Illyrie, l'évoque de
Jusiinianée, ville deDaidanie, que ce prince
avait fait bâtir auprès du village où il était
né.
9. Le pape saint Agapet répondit à l'empe-
reur par deux lettres ditférentes. Dans l'une il
approuve la confession de foi que ce prince
lui avait envoyée, et qui était la môme qu'il
avait envoyée par les évoques Hypace et
Déméirius; il y déclare encore qu'il ne souf-
frira point que Cyrus et les autres moines
acémètes soient rétablis dans la communion
de l'Église, à moins qu'après une satisfaction
Ibld IT
s» -
LctIrfS
rnlnt A^aT>ei
Jti-titii.n,
• Ilem sanctuit Auguslxnns cujus docirinam se-
cumiiim firccccssoriun meoriiin slatula romana
$equilur et serval Ecclesia. Ibid.
* Acœmetas monachos qui nestoriani evidenter
npparueranl romana damnai Ecclesia, a quibus
vos proplcr canonem qui cum excoinmimicalin
chrhHanum nec loquincc communicare perniiUit,
admnnere non desino ut rorum ctiain simpHcem
coUocutionem vitetis, nihiUjue vobis cuvi eis œs-
limalis esse commune. Iliiii., pag. 1751.
» lAh. Pontif., tom. IV Concil ,\ing. 1785.
' On trouve les lettres de Jean 11 dans Mansi ,
»niTi. VIII, col. ■îOl-SIl, et dans lo lom. LWI de la
Palrotogie latine, eol. n et suiv. [L'éditeur }
CHAPITRE VII. — SAINT JEAN I. SAINT FÉLIX IV, ETC.
[Vl" SIÈCLE.]
canonique, ils n'aient cnibrassi) la doctrine
.-ipostoiiqne. Dans l'aiitro, il remercie Jusli-
iiicii des conipliiuents de congratiilalioa (lu'il
lui avait faits sur son élévation au poiitilicat,
cl le félicite liii-nième sur ses victoires et sur
ses conquêtes. Il loue aussi son zèle pour la
réunion des ariens ; mais il lui représente qu'il
ne doit ni ne peut rien faire contre les ca-
nons des Porcs et les décrets du Siégc-Apos-
toii(]ue, qui défentlent de promouvoir aux
ordres les hérétiques réconciliés, et de les
conserver dans le rang qu'ils occupaient
avant leur réconciliation. Il ajoute que si
ceux, dont ce prince lui a parlé, souhai-
tent d'embrasser véritablement la vraie foi,
ils doivent se soumettre aux règles de l'É-
glise ; et que s'il leur reste de l'ambition,
c'est une preuve que leur conversion n'est
pas solide. Justiuieu avait demandé que l'af-
faire d'Etienne de Larisse , qui avait imi>loré
la protection du Saint-Siège sous le pontifi-
cat de Boniface, au sujet d'un jugement
lendu contre lui par Epiphane de Constan-
tinople, fût terminée par les légats du Pape
à Constantinople ; Agapet promet d'en com-
mettre l'exécution à ceux qu'il devait en-
voyer incessamment eu cette ville ; mais il
déclare qu'il recevait dès lors à sa commu-
nion Achille pour lequel l'Empereur s'était
employé. «Vous excusez, lui dit -il, l'évèque
Epiphane de l'avoir ordonné, parce que ça
été par votre ordre ; mais Epiphane devait
vous représenter lui-même ce qui était du
au respect duSaiut-Siége, sachant avec quel
zèle vouj en défendez les privilèges. » Il re-
met à l'envoi de ses nouveaux légats à Cons-
tantinople, de faire savoir k l'Empereur sa
résolution sur l'ordinxtion d'Achille qui avait
été fait évoque de Larisse en la place d'É-
tienne, et sur l'Evêque de Justinianée, que
Justinicn demandait pour Vicaire du Saint-
Siège dans riUyrie. Cette lettre est du lo
octobre 533.
10. Quelque temps auparavant, il en avait
écrit une aux évéques d'Afrique à cette oc-
casion. Ces évêques, assemblés en concile au
nombre de deux cent vingt-sept, pour tra-
vailler au rétablissement de l'ancienne dis-
cipline, négligée et presque abolie pendant
les persécutions des Vandales, se trouvèrent
embarrassés sur la manière dont il fallait re-
cevoir les évêques ariens qui se convertis-
saient. Si l'on devait les laisser dans leurs
charges, ou les recevoir simplement à la
communion laïque. L'avis commun des évê-
liO
qucs fut qu'on ne devait pas, en recevant les
évêques ariens convertis, les conserver dans
leurs dignités. Mais, avant que de statuer sur
cette afl'aire, ils crurent devoir consulter le
Saint-Siège. Us le consultèrent encore sur
cette autre question : Si l'on pouvait laisser
dans le clergé ceux qui, étant enfants, avaient
reçu le baptême de la main des ariens. Ils
demandèrent aussi au Pape que les évoques,
les prêtres et autres clercs d'Afrique qui
passeraient dans le pays qui est au del;\ de
la mer, sans lettres testimoniales, fussent
traités comme hérétiques. Le diacre Libérât,
chargé de porter h Home la lettre synodale
des évoques d'Afi-ique, ayant été contraint
à cause de l'hiver de retarder son voyage, on
reçut en Afrique, avant son départ, la nou-
velle de la mort du pape Jean II, et l'ordi-
nation d'Agapet. Ce qui obligea lléparatus,
évêque de Carthage d'y joindre ime lettre
de congratulation pour le nouveau Pape.
Agapet, dans sa réponse à la Lettre syno-
dale des évêques d'Afrique, les félicite d'être
délivrés des mains des hérétiques , leur té-
moignant qu'il avait partagé avec eux les af-
lliclions et les maux dont ils avaient été ac-
cablés. Il décide qu'à l'égard des évêques
ariens convertis, il faut s'en tenir aux an-
ciennes règles de l'Eglise, et se contenter
de les recevoir à l'Église catholique en quel-
que âge et en quelque manière qu'ils aient
été infectés de l'hérésie arienne, sans les
admettre dans le clergé, ni leur y conserver
aucun rang ; et que, pour éviter les inconvé-
nients de la vie vagabonde, il convient que
les évêques et les autres clercs étrangers ne
soient point reçus sans montrer par écrit la
permission de leurs supérieurs , le bon ordre
et les canons le voulant ainsi. Cette lettre
est du 9 septembre 333. Le même jour, le
pape Agapet en écrivit une en particulier à
Réparatus, évêque de Carthage, dans laquelle
il reconnaît sa prééminence sur tous les
évêques d'Aùique, le rétablissant dans tous
les droits de métropolitain, que ses ennemis
pouvaient lui avoir ôtés.
H. îvousavons deux lettres de saintAgapet
à saint Césaire d'Arles. Il témoigne , dans
la première qui est du 10 juillet 538, qu'il
était entièrement disposé à lui accorder ce
qu'il lui avait demandé pour le soulagement
des pauvres, mais que les Constitutions de
ses prédécesseurs lui défendant d'aliéner
les fonds de l'Église romaine, sous quelque
prétexte que ce fût, il ne pouvait y coutre-
Lcllrcs t
s-in( Cr?airc
d'Ares , pas.
1738.
V
I2U
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
venir, étant oblitré, pour la considération du
jugement de Dieu, d'observer inviol;il)lement
tout ce qui est ordonné par l'autorité d'un
concile. Il y joignit le canon qui défendait
celle aliénation, afin que saint Césaire ne
crût point qu'il le refusait par quelque motif
d'intérêt et d'attaclicment aux biens tempo-
rels. La seconde lettre, qui est de même date,
regarde l'atl'aire de Contuméliosus. Quoique
jugé par les évèques de France, ce dernier en-
suite d'une lettre du pape Jean II, avait appe-
lé au Saint-Siège de leur jugement. Il semble
qu'il se plaignait aussi de ce que, nonobstant
son appel, les évèques mettaient leur sen-
tence il exécution. Le Pape écrivit donc à
saint Césaire qu'il eût mieux fait d'en sus-
pendie l'exécution jusqu'à ce que la cause
de Contuméliosus eût été jugée de nouveau,
ou du moins de lui permettre de se retirer
de lui-même, sans l'enfermer dans un mo-
nastère pour y subir toute la sévérité de la
discipline. Il veut que l'appel ait lieu, pro-
met de déléguer des juges pour examiner
ce qui s'était passé en celte allaire de la
part des évèques, et ordonne que, jusqu'au
jugement qui interviendra, Contuméliosus
demeure suspens, qu'on lui rende son bien,
en sorte qu'il ait une subsistance sullisante,
sans pouvoir toutefois ni disposer du bien
de l'Kglise, ni célébrer la messe, et que l'on
nomme un visiteur à sa place pour l'adminis-
tration de son Eglise.
Lt,!r«"ini 12. Épiphane, patriarche de Constantino-
ii'n.uoùio- pie, étant mort en 333, l'impérabice Tliéo-
dora lui fit donner poursucccsseurAntbime,
évêque de Trébizonde. Quoiqu'il passât pour
catholique, il était, aussi bien que celle prin-
cesse, ennemi du concile de Chalcédoine. Son
ordination ranima tellement les acéphales,
que les principaux de cette secte , savoir :
Sévère, faux patriarche d'Antioche, Pierre,
chassé d'Apaniée, et le moine Zoara vinrent
à Constanliuople, où ils tinrent ' des assem-
blées particulières, et baptisèrent plusieurs
personnes. Les abbés catholiques de cette
ville envoyèrent- <i Home pour avenir le pape
Agapel de tous ces désordres, ayaut' parole
de l'Empereur qu'il ferait exécuter ce qxie le
Pape auiait ordonné canoniquement contre
ces schismatiques. Ce prince qui avait déjà
repris l'.^frique sur les Vandales, résolut de
reprendre l'Ilalie surThéodat, roi des Goths.
Celui-ci,épouvanté des menaces de Justinien,
écrivit ' au Pape et au sénat, que s'ils ne fai-
saient en sorte de détourner l'Empereur d'en-
voyer une armée en Italie, il ferait mourir
les sénateurs avec leurs femmes et leurs en-
fants. Agapef , obligé de se charger de cette
négociation, et n'ayant pas de quoi faire
sou voyage, engagea ' les vases sacrés de
l'Éslise de Saint- Pierre pour une somme
d'argent qui lui fut prêtée parles trésoriers
du prince, et dont il leur donna sa promesse.
En arrivant dans la Grèce on lui présenta'
un homme qui ne pouvait ni se lever, ni par-
ler. Le Pape, voyant la confiance de ceux qui
le lui avaient présenté, dit la messe, prit en-
suite le malade par la main et le fit marcher
en présence de tout le monde ; puis, lui ayant
mis dans la bouche le corps de Xotre-Sei-
gneur, il lui rendit l'usage de la parole. Il
fit son entrée à Conslaniinople le 2 février
336, accompagné des cinq évèques, ses lé-
gats, qu'il avait envoyés l'année précédente,
et de qu('l(pies clercs de l'Église romaine,
qu'il avait emmenés avec lui. Il reçut avec
honneur ' ceux que l'Empereur avait en-
voyés au -devant de lui, mais il ne voulut
point voir le nouveau patriarche Authime.
Étant ensuite allé rendre sa visite à Justinien,
il entama l'allaire qui faisait le sujet de son
voyage ; mais il ne put obtenir de détourner
la guerre d'Italie à cause des grandes dépen- »
ses que le fisc avait faites à ce sujet. Agapel
se réduisit donc à traiter des all'aires de reli-
gion. Pressé par l'Empereur et par l'Impéra-
trice de recevoir la visite d'Antliirae, il y con-
sentit, ;\ condition que cet évêque donnerait
une confession de foi calholiquc par écrit , et
qu'il retournerait à l'Église de Trébizonde,
étant impossible, disait-il', qu'un évêque
transféré demeurAt dans le siège de Constan-
tiuople. Les piésents, qu'on lui otfrit en secret,
ne purent le Uéchir, non plus que les mau-
vais traitemenls dont on le menaça. Au con-
traire, il vint ;\ bout de persuader à l'Empe-
reur de faire déposer Anthime , qui aima
mieux retourner à Trébizonde que de faire
' Tora. V Concil., png. 22.
' Ibid., pag. 31.
» Ihid.
* Libérât., in Breviar., c.ap.'xxi.
' Cassiodor., lib. XII Variar. episl. 20, pag. 183.
' Gicgor., lib. III Dialog., cap. iii.
■" Libérât, in Breviar., cap. .\xi.
' Impossibile esse aiebal translatilium hoini-
nfm in ilta sede permanere. Libcrut. iu Breviar.,
cap. \xi.
[VI' SlhCLE.]
CHAPITRE VIII. — DENYS LE PETIT.
121
(iiivertoiuent profession de la foi catholique.
On iHtil ' i\ sa place Mennas, que le Pape
consacra de sa main dans l'Église de Sainte-
Marie. Mennas recevait le concile de Chalcd-
doine, ilolailcatliolicine, et connu jiar son sa-
voir eH'int('';;rité de ses mrnurs. Le Pape avait
tenu nn concile à Constantinoplc pour juifcr
Anthinie. Il en marqua le résultat h Pierre,
évè(]ue de Jihusalem , par une lettre syno-
dale* où il dit qu'Aiithime ayant usuipc le
siège de Constanlinople contre les canons,
et refusé de quitter l'erreur d'Eutychès, il
l'avait d(''claré inditînc du nom de catliolique
et d'évèqne, jusqu'à ce qu'il reçût pleine-
ment la doctrine des Pères. « Vous devez,
ajoute-t-il, rejeter de même les autres que le
Sainl-Si(''iie a condamn('es. Nous sommes sur-
pris que vous ayez approuvé l'injure faite ;\
l'Église de Constaulinople, au lieu de nous
en avertir; nous l'avons réparée par l'ordi-
nation de Mennas, qui est le premier ' de
l'Eglise Orientale depuis saint Pierre, qui ait
été ordonné par les maius de notre Siège, n
Agapet relève cette circonstance comme ca-
pable de donner de l'éclat k la dignité à
laquelle Mennas avait été élevé , non-seule-
ment aux dt'sirs des sérénissimes empereurs;
mais du consentement unanime du clergé et
du peuple. Le Pape, pendant son séjour à
Constantinople , reçut diverses requêtes qui
furent lues dans le concile que .lustinien fit
tenir en cette ville le second jour d<; mai '.VM'i.
Agapet, après les avoir reçues, les commu-
niqua c^ l'Empereur. Il y en avait une de la
part des évoques d'Orient et de Palestine
qui se trouvaient iï Constautiuo|)le : et une
de Marien , tant en son nom que des autres
abbés de Constantinople , et de ceux de Jé-
rusalem et d'Orient qui étaient venus en cette
ville. L'iuie et l'autre c(uit(;uaient des plaintes
contre les acéphales. Mais, avant qu'on eût
pu les examiner, il tomba malade et mourut
le 22 avril 336. Il s'était * préparé quel-
ques jours auparavant à retoiuner en Ita-
lie, ayant déclaré le diacre Pelage, son Apo-
crisiaire auprès de l'Empereur. Son corps
fut transporté de Constantinople k Rome, où
il fut enterré à Saint-Pierre. La lettre à Au-
thime qu'on lui attribue est visiblement sup-
posée. Le commencement est tiré d'une lettre
d'Hormisdas, et presque tout le reste de la
lettre quatre-vingt-dix-septièmede saint Léon.
Elle est datée des calendes de mai , sous le
quatrième consulat de Justinien et celui de
Théodat, c'est-à-dire, du premier mai .53-4 ,
auquel le pape Jean II, prédécesseur d'Aga-
pet, vivait encore. [Les lettres du pape saint
Agapet se trouvent reproduites dans Mansi,
tome VIII, col. 843-60 et dans le tome LXVI
de la Patrologie latine, col. 31.]
CHAPITRE VIII.
Denys surnommé le Petit-
[Écrivain latin, 540.]
1. Denys, surnommé le Petit à cause de
sa taille, était moine de profession, et prê-
tre de l'Église romaine. Quoique scythe de
nation, il avait les mœurs et la politesse des
romains. Peut-être était-il venu à Rome étant
encore jeune avec les moines de Scythie ,
au sujet de la proposition : Un de la Trinité
a sou/fert. Il savait le grec et le latin , possé-
dait si ^ parfaitement ces deux langues qu'il
traduisait également, en lisant, le grec en
latin et le latin eu grec. Son application à
' Tom. V Co/ici;., pag. il, et Lib. in Brevario ,
cap. XXI. — ' Tom. V Coiieil., pag. 47.
' Et hoc diqnitati ejus additum esse credimus,
quod a temporibuf l'ctri iiposluli, nullum alium
l'étude de l'Écriture sainte lui en avait acquis
une si grande intelligence, que, lorsqu'on lui
demandait l'éclaircissement de quelque diffi-
culté, il répondait sur-le-champ, quelqu'em-
barrassée cpie fut la question. Mais ce qui lui
faisait le plus d'honneur, c'est qu'il répré-
sentait dans sa vie toute la perfection qu'il
avait apprise dans les livres saints. Entre ses
vertus on remarquait surtout son atTabilité à
l'égard de tout le monde , ne refusant point
de se trouver dans les conversations des
unquam orientalis Ecrlesia s^lscepit episcopum
manihus nnstrœ sedis ordiiiatum. Ibid.,pag. iiO.
' Libérât, in Brerinrio, cap. xxil.
5 Casî'.orlor., l'b. Dir. instit., cap. xxiu.
122
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
personnes du siècle ; mais il s'y faisait admi-
rer par sa modestie, par sa retenue et par sa
douceur. Son humilité était si grande, qu'il
aurait cru faire un crime de se préférer aux
derniers des ser\ileurs , quoiqu'il fût ditrne
d'être honoré de la familiarité des princes.
Il avait coutume de verser des larmes , lors-
qu'il voyait les gens du monde s'abandonner
à des joies indiscrètes ; mais il était mortifié
sans sinandarité, jeûnant sans faire des re-
proches à ceux qui ne jeûnaient point. Lors-
qu'il mangeait, c'était toujoui-s avec sobriété,
usant des mets les plus communs. Sa doc-
trine était puie et conforme en tout aux rè-
gles des Pères. Cassiodore, qui connaissait
son mérite, l'engagea t\ enseigner avec lui la
dialectique, à quoi ils employèrent l'unet l'au-
tre plusieurs années. Mais cette occupation
n'empêcha pas Denys de travailler <i divers
ouvrages qui ont été très-utiles à l'Église.
Bède le Vénérable, le qualifie ' abbé de la
ville de Rome ; mais ce n'est pas une preuve
qu'il ait été supérieur d'une communauté mo-
nastique : car on peut lui avoir donné ce nom
ou cette qualiti-, comme on la donnait en
Orient aux simples moines, lorsqu'ils s'étaient
rendus recommandablcs par leurs vertus et
par leurs mérites ; au lieu que ceux que nous
appelons abbés et supérieurs étaient connus
chez les Grecs, et distingués par le titre d'ar-
chimandriles ou d'hégumènes. Il moumt en
odeur de sainteté vers l'an 310. Cassiodore,
de qui nous avons pris ce que nous venons
de dire de Denys, témoigne ' espérer d'être
aidé de ses mérites et de ses prières auprès
de Dieu.
2. Le plus considérable des ouvrages de
Denys le Petit , est le Code des canons qu'il
composa tant des conciles d'Orient que d'Oc-
cident. On avait déjcà quelques traductions
Son Code, des coucilos tenus chez les Grecs; mais elles
étaient fort défectueuses. Denys en fit une
nouvelle renfermant les canons apostoliques
et ceux des conciles que l'on avait insérés
dans le Code de l'Église grecque, qui com-
prenait cent soixante-cinq chapitres. Il y joi-
gnit les canons du concile de Chalcédoine, et
ceux des conciles de Sardique et d'Afrique
qui étaient dans les anciens Codes de l'Église
romaine. Il fit plus : afin qu'il ne parût point
avoir négligé quelques monuments intéres-
sants pour la discipline ecclésiastique, il fit
entrer dans son Code les Décrétales des pa-
pes depuis Sirice jusqu'à Anastase II. Sa rai-
son de commencer à Sirice, fut qu'il ne trou-
va aucune lettre décrétale des Papes avant
son pontificat. Le Code de Denys fut adopté
par l'Église romaine aussitôt qu'il parût, et
il y fut regardé comme une règle de la dis-
cipline ecclésiastique. Mais il fut quelque
temps sans être rcc^u gém-ralcmcnt dans
toutes les Églises d'Occident. On continua en
France de se servir de l'ancienne CoUection
des canons, à laquelle on avait ajouté des
canons tirés des conciles des Gaules. Dans
l'alfaire de Contuméliosus, les évêques ne
trouvaient dans leur Code sur le sujet de la
déposition d'un évêque accusé de crimes,
qu'un canon du concile de Nicée et quelques
canons des conciles particuliers qui s'étaient
tenus en France. Mais le pape Jean II, con-
sulté sur cette alTaire, en .").3i, par saint Cé-
saire d'Arles, joignit ii sa réponse des extraits
du concile d'Antioche, dos Canons apostoli-
ques et des lettres du pape Sirice, qui étaient
pris du Code de Denys le Petit. Dans l'alfaire
dePrt'fextat, le roi Cliilpéric envoya aux évê-
ques un Recueil de canons , auquel on avait
ajouté ceux qui portent le nom des apôtres.
Ce Recueil n'était donc point celui de Denys
le Petit, autrement il aurait été inutile d'y
joindre les canons attribués aux apôtres,
puisqu'ils y étaient insérés. Mais, en 803, le
pajjc Adrien \" cnvoja à Charlemagne le Code
de Denys le Petit, et depuis ce temps-la il fut
reçu dans tout le royaume avec force de loi.
Il est .'i remarquer que ce code était plus am-
ple que celui de Denj's, parce qu'on y avait
ajouté les Épitres décrétales des papes Hila-
rus, Simplice, Ilormisdas et Grégoire. Ce Code
ainsi augmenté fut imprimé à Mayence en
1323, et h Paris en 1609, sous le titre de Code
de l'Eglise romaine. Nous lavons encore dans
la bibliothèque canonique de Justel, impri-
mée à Paris en 1661 ; mais on y a distingué
ce qui appartient au Code de Denys le Petit
d'avec les Prcrctales qu'on y a ajoutées de-
puis. [Les frères Ballérini, De Antiij. collect.
canon, t. Ill 0pp. Leonis , ont donné une
description détaillée de la collection de De-
nys lo Petit, d'après des manuscrits. Gal-
land, t. I, Sylloye a publié cette collection.]
Le Code de Denys est précédé d'une préface
en forme de lettre adressée à Etienne, évêque
de Salone, à qui il rend compte de son travail,
marquant qu'il l'avait entrepris à sa sollicila-
' Be<la, De Tempor. rat., cixp. xlv.
Ca^siodor., ubi supra.
Cjflc d' Te-
rjîlo l'e'ii.
[vr SiftCLE.]
iion, et i\ celle du pièlro Laurenl,son ami. Lo
Code commence [)ar les canons des apôtres;
suivent ceux do Mcc'o, d'Ancyre,de Néocosa-
rde, de Gaiij^res, d'Anlioclie, de Laodicée en
riirygie, de Gonstanlinople, de Chalcëdoiue,
de Saidi([iio, do GarlhaiiO , et de divers con-
ciles d'AtVi(iiie. On trouve après cela la let-
tre du Concile péuéral d'Afrique au pape
Boniface, celle de saint Cyrille d'Alexandrie
au sujet des exemplaires authentiques du
Symbole de Nicée; la lultrc d'Atticus de Gons-
tanlinople, sur le même sujet, avec le Sym-
bole de Nicée et les canons do ce concile ; et
la lettre du concile d'Afrique an pajie Céles-
tin. L'édilion de Justi'l met après cela la let-
tre de saint Cyrille d'Alexandrie contre Ncs-
torius, celle de ce même évéque k Nestorius
avec les douze anatliématismes , parce que
Denys le Petit les avait l'une et l'autre tradui-
tes du grec. 11 donne ensuite les Epitres dé-
crétales de Sirice, d'Innocent, de Zosime, de
Boniface, de Gëlestin, de Léon I", de Gëlase
et d'Anastase. Elles se trouvaient toutes dans
le Code de Denys; en sorte qu'il contenait les
Décrétâtes des Papes depuis l'an 383 jusqu'en
■498. Denys adressa cette collection particu-
lière des décrétales à Julien, prêtre du titre
de Sainte-Anastasie, par une préface dans
laquelle il fait l'éloge du pape Gélase, comme
étant d'un grand mérite devant Dieu.
3. Nous avons déjà remarqué que Yicto-
rius avait trouvé que le cycle lunaire des
dix-neuf ans, dont se servaient les Grecs ,
était plus sur que ceux des Latins, et que le
multipliant par le cycle solaire de vingt-huit
ans, il en avait fait un canon pascal de cinq
cent trente-deu.t ans. Les Grecs avaient' un
semblable cycle longtemps avant Victorius,
comme on le voit par George le Sy ncelle qui en
attribue un de cinq cent trente-deux ans à un
moine égyptien nommé Anien; etparPhotius
qni parle d'un cycle de cinq cent trente-deux
ans, composé par Métrodore, le même, com-
me l'on croit, que la Chronique de saint Jé-
rôme met sous le règne du grand Constan-
tin. Ainsi il faut ou que Victorius ait pris son
cycle sur celui des Orientaux, ou qu'il se soit
GHAPITIIEVIII. — DEiNYS LE PETIT.
123
rencontré avec eux dans la composition de
ce cycle. La plupart des chronologistes ont
cru (jue Denys le Petit n'avait fait que re-
loucher au cycle ])ascal de Victorius, el qu'il
en avait fait un autre de quatre-vingt-quinze
ans pour continuer celui de saint Cyrille d'A-
lexandrie, qui Unissait à l'an 531, de Jésus-
Christ. Il parait, par une de ses lettres', qu'il
avait fait deux cycles, l'un pour continuer celui
de saint Cyrille, qu'il commençait où ce Pcro
avait fini, c'est-à-dire en 332 inclusivement,
celui de ce saint évéque finissant k 531, com-
me on vient de le dire. Mais, en continuant
ce cycle, il en changea l'époque ; et au lieu
du nom odieux de Dioctétien, qui avait été un
cruel persécuteur, il aima mieux mettre le
nom de Jésus-Christ, et compter par les an-
nées de l'Incarnation. Et parce que ce cycle
de quatre-vingt-quinze ans ne suffisait pas
pour qu'après la révolution de ce nombre
d'années, toutes les nouvelles lunes el toutes
les fêtes mobiles tombassent au môme jour
du mois et de la semaine, et qu'après l'écoa-
lemcnt du cycle de quatre-vingt-quinze ans,
il aurait fallu en faire toujours un nouveau
d'un pareil nombre d'années, Denys le Petit
en composa un autre de cinq cent trente-
deux ans, que l'on peut regarder comme un
cycle perpétuel, parce qu'en effet, après sa
révolution, toutes les nouvelles lunes et toutes
les fêtes mobiles se rencontrent aux mêmes
jours du mois et de la semaine, auxquels elles
se rcncontraieut à la premièje année de ce
même cycle. Denys le commence à l'ère de
l'Incarnation. Mais on croit qu'il y a faute
dans son calcul, et qu'il a prévenu de quatre
ans la véritable année de l'Iacarnation.
4. Denys écrivit deux lettres surlaPâque,
•^ -1 ' Lollro do
l'une à l'cvêque Pétrone, en 523, l'autre à P:"i' ^"' i»
^ ' PAquo, apud
Boniface, primicier des notaires, en 326. El- ^■"'^"'■'".'îî;
' l ' dis. [ta?. 48o
les ont toutes les deux un rapport essentiel p„,u,'îi„"iiJ;
à l'ouvrage qu'il composa sur la même ma- IXyfm. ''«p!
tière, surtout la première qui paraît y avoir "'^'
servi de préface : car c'est dans celle-là qu'il
parle de ces deux cycles, et de la raison qu'il
eut de mettre le nom de Jésus-Christ' à la
place de celui de Dioclétien, que saint Cy-
' Vide Pagi Dissert, de Periodo grœco-romana,
tom. 1, pag. 4, 5, 6.
* Hoc monemus quod eyclus iste nonaginla
quinque annoruin, qtiem fecimus, non per om-
nia in seipsum recertitur : et ideo post eipedi-
lionem nonaginta quinque annorum, non ad
quintuin cyclum aamii Cyrilli, qui iiiccpit ryclos
siin^ ab rtnvn renfsimn qiiinqunge.Hmo tertio Dio.
cletiani, quorum quintum cyclumnecessario no-
bis prœposuimus. sed ad nostrum primuvi cy-
cliim, quein nos ab anno ducentesiino quadrage-
siino octavo ejurdem Diocleliatn incepiinus, lec-
lor accurrat. IMd., pag. 6, cl Dionj-s. Lpist. ad
Petron, apuJ Bueherium, pag. 486.
' Nos a ducentesiino quadragesimo octavo anno
ejusdem tyranni potiusquam principis (Diode-
124
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
quatorzième de la lune tombait un samedi,
lille d'Alexandrie avait mis au sien , suivant
la coutume de son temps et de son pays. Il
dit dans la môme lettre, qu'il s'attacbcra in-
violablement au statut du concile de Nicée,
qui porte qu'à l'avenir, pour trouver plus
aisément le premier jour de la lune , et en
suite son quatorzième, l'on se servira du cycle
de dix-neuf ans, nommé en grec : Ennea de-
cateride, comme le plus commode de tous les
cycles, parce qu'au bout de ce terme les nou-
velles lunes reviennent , h quelque chose
près, aux mêmes joui-s de l'année solaire. Il
regarde ce statut comme l'ellet de l'inspira-
tion de Dieu, et remarque que tous les ca-
tholiques qui ont depuis écrit sur la Pâque,
s'y sont attachés, sans s'en éloigner en au-
cune façon. Denys remarque ensuite que la
PAque devant , selon l'ordi-e de Dieu, se cé-
lébrer dans le cours du premier mois , il
est important de savoir en quel temps com-
mence ce premier mois, et en quel temps il
flnit. Comme la loi de Moïse ne s'explique
pas nettement sur ce point , les Pères de Ni-
cée ont fixé le commencement du premier
mois au renouvellement de la lune depuis le
huitième des ides de mars jusqu'au jour des
nones d'aviil, et le quatorzième de la lune
depuis le douzième des calendes d'avril jus-
qu'au quatorzième des calendes de mai ; en
sorte que le premier mois ne devait jamais
commencer avant le huitième des ides de
mars, c'est-à-dire avant le huitième de ce mê-
me mois; et que le quatorzième de la lune, eu
laquelle on devait faire la Pâque , ne devait
point se trouver avant le douze des calendes
d'avril, c'est-à-dire avant le 21 mars : parce
que le mois , dont le quatorzième de la lune
se trouverait avant le 21 mars, devrait être
regardé comme le dernier de l'année, et non
pas comme le premier. La remarque que
fait ici Denys se réduit à dire, que le pre-
mier mois est celui dont le quatorzième de la
lune arrive après l'équinoxe du printemps,
c'est-à-dire le 21 de mars ; et que si ce qua-
torzième de la lune arrive avant l'équinoxe ,
on doit faire la Pàque après le quatorzième
de la luue du mois suivant, qui sera alors le
premier mois selon la disposition de la loi.
C'est pour cela que la Pàque ne doit jamais
être célébrée ni avant le 22 mars, ni plus
tard que le 23 avril. Denys ajoute, que si le
ce qui, dit-il, arrive une fois dans quatre-
vingt-quinze ans , alors on doit faire la PA-
que le lendemain, dimanche; c'est-à-dire le
onzième des calendes d'aviil, ou le 22 de
mai-s, qui sera le quinzième de la lune. Il
rapporte le canon de Nicée et celui d'An-
tioche, qui défendent de célébrer cette fête
avecles Juifs, qui la célébraient toujours le
quatorzième de la lune , en quelque jour de
la semaine que ce fût : et un passage de la
lettre de saint Léon à l'impératrice Pulché-
rie, où toutefois il n'est point question du dé-
cret de Nicée sur la Pâque , mais sur les li-
mites des diocèses. Il fait mention de la lettre
de saint Protère sur la Pàque, qu'il avait,
dit-il, traduite du grec, et insérée dans son
ouvrage avec plusieurs arguments qu'il avait
empruntés des Kgyptiens qui ont travaillé
sur la même matière.
5. Outre les lettres de saint Cyrille à Nés- e/'f.t;','.
torius et contre Nestorius, celle de saint Pro- ' ' "■
tère au pape saint Léon, et les canons du
Code de l'Eglise grecque, Denys traduisit en
latin le livre de saint Grégoire de Nice, inti-
tulé : De la Formation de l'homme. Il dédia
cette traduction au prêtre Eugippius, par une
lettre que nous avons ' encore, où il fait en
peu de mots l'éloge de saint Grégoire, et où
il se plaint de la presse où le mettaient les
fréquentes conférences qu'il était obligé d'a-
voir avec les savants de Rome. Cette version
fut imprimée à Cologne, en 1573. Elle l'avait
été à Bâlc dès l'an 13G2. Mais on ne trouve,
ni dans l'une ni dans l'autre de ces éditions,
la lettre à Eugippius, ni la Préface de saint
Grégoire de Nice sur son traité de lu Forina-
tion de l'homme. Dom Mabillon a inséré ces
deux pièces parmi ses Analectes. Denys tra-
duisit encore la IVe de saint Pacùme, abbé,
llosweide lui a donné |>lace dans son Recueil
des vies des Peics, imprimé à Anvers en 1613
et 1G28. Les deux discoiu-s de saint Proclus,
évêque de Constaulinople, l'un à la louange
de la Mère de Dieu contre les blasphèmes de
Nestorius, et l'autre pour la défense d'Alba-
nase de Perrha, furent aussi traduits en la-
tin par Denys, de même que sa lettre ou to-
me aux .arméniens. Ces deux discours se trou-
vent parmi les Œuvies de saint Proclus ,
imprimées à Home en 1630; et la lettje aux
tianij inchnniiles, noluimus circulia nnflris me-
moriii l'i impii el prrsccutoris innecterc : sed ma-
gU elegimus ab Jncamalione Domini nostri
Jefu ChriaU (innoriim tempora pripnotare. Ibid,
' Mal>illi)n. Analecla, pag. 59.
SAINT CKSAinR, KVftoUE D'AllLKS. 12:5
les. Dciiys l'iiclrcssii l'i ruhlMÎGuudcnce. Du-
C!mj;o la III iiiiprimcr i'i Paris en l()(i3, iu-4°,
<i la siiilc (lu ii-iili' liistnriqiie tlii clief de saint
,I('an-I{a[)lisli". l'I'oiis les oiiviviircs ih; l)(Miys le
PcUit se tidiiviMil iiii tome LXVII de lu l'alro-
fvi» siKCi.K.] rilAriTUE IX.
Annénieiis dans la mitUotlwquc des Porcs, à
Paris, en 157.1, cl encnre ailleurs. Denys dc^-
dia celle dernière Iraduelinn ;"! Féliiien. La
dernière que nous eiinnaissions de Ini est
celle de riiisloiro de l'invenlion du clicl' de
sainlJcan-naplislc, écrite parl'abbc Marseil- logie latine, col. 0 cl suiv.J
CHAPITRE IX.
Saint Césaire, évêqiie d'Arles.
[Père latin, 5i2.1
10 .-Il 4iu;
%ct;us.
C;r ar. Vila,
lili. 1, niitii.
:t I..I». I Ac-
l.ir. Or.l. S.
)U-aoi: icti .
pJi-.l5;i.
Il oC (IcTé
4 ijiacoDai,
la [irâtrise,
"- 4 l'épis-
. il, en 501.
ARTICLE I".
IIISTOIUE DE SA VIE.
1. Ce saint, né dans le territoire de Châ-
lons-sur-Saône en 470 , d'une famille distin-
guée par sa vertu, la pratiqua lui-même dès
sa plus tendre jeunesse. N'étant âge que
d'environ sept ans, il se sentait déjà tant de
compassion pour les pauvres, que lorsqu'il
en rencontrait de mal vêtus, il leur donnait
ses habits , disant, lorsqu'il retournait à la
maison paternelle, que les passants l'avaient
dépouillé. A l'âge de dix-huit ans, il pria saint
Sylvestre, son évêque, de lui couper les che-
veux, et de lui changer d'habit pour l'engager
au service de Dieu. Ce que l'évêque lui ac-
corda, l'admettant en même temps dans son
clergé. Saint Césaire , après y avoir passé
deux ans, poussé par le désir d'une plus
grande perfection , se relira secrètement au
monastère de Lérins, pour y vivre sous la
conduite de l'abbé Porcaire. Il s'y distingua
par ses austérités et par son exactitude A rem-
plir les devoirs de l'état monastique. L'abbé
le jugeant capable d'emplois, lui donna ce-
lui de cellérier de la maison. Quelque temps
après iil'envoya à Arles pour le faire traiter
d'une maladie que ces mortiticalions lui
avaient causée.
2. Éonius, qui avait succédé à saint Syl-
vestre dans le siège de l'Église d'Arles, était
parent de saint Césaire. L'évêque le deman-
da à l'abbé Porcaire, l'ordonna diacre, puis
prêtre, et le chargea ensuite de la conduite
du monastère d'une île voisine, qui se trou-
vait dépourvu d'abbé. Il le gouverna pen-
dant trois ans, au bout desquels Éonius, qui
sentait approcher sa fin, déclara à son cler-
gé et ;ï son peuple qu'il avait jeté les yeux
sur saint Césaiie pour son successeur, afin
de rétablir la discipline ecclésiastique qui
s'était relâchée. A la mort d'Éonius, suint
Césaire, sachant qu'on voulait le mettre sur
le siège d'Arles, se cacha dans des sépulcres.
Il en fut tiré et ordonné évêque de cette ville
étant âgé de trente ans. Ennode de Pavie qui
vivait alors, dit ' que saint Césaire brilla sur
le chandelier de l'Église, entre les évêques de
son siècle, comme le soleil brille entre tous
les astres du firmament. Il fut en eô'etle res-
taurateuret le soutien de la discipline, le père
et le protecteur des orphelins , le nourricier
des pauvres. Sa vie fut un modèle de ver-
tus.
3. La première chose qu'il régla fut l'Office
divin. Il ordonna que les clercs chanteraient
tous les jours l'office de tierce, sexte et noue
dans l'Église de Saint-Étienne , afin que les
pénitents el les autres laïques pussent y assis-
ter. A l'égard de l'office de prime, on ne le
disait que le dimanche, le samedi et les fêles
solennelles. Il obligea aussi les séculiers à
chanter comme les clercs des psaumes, des
cantiques et des hymnes pour les empêcher
de causer dans l'église. Les uns chantaient en
grec, les autres en latin, soit à cause deâ étran-
gers, soit'^parce que le grec fût encore en usa-
ge dans ce pays oùles Grecs avaient fondé Mar-
seille et tant d'autres colonies. Mais il exhor-
tait ses peuples à ne pas seulement chan-
ter de bouche, mais à conformer leurs pen-
Nn :,.!).
Mnliillon.
An'ia. I,:,. I,
nu m. iS.
Sa cODduile
pend, ni ïon
C.'-ar. V I
■jm m.
inj.
ll'î; C.^-■^a^.
Casar.
Ap;n'iid. Aug,
cl :Uini'. i:,^t
' Tu cœteros velut soli$]magnitiidine astris mi-
noribiis comparala transgredcris. Ennod., lit). IX
Epist. 33, pag. 1591.
« Fleury, lib. XXXI, png.liS, tom. Vil.
126
HISTOIEE GÉNÉRALE TES
Ci«ar
llb. I,
Vlla,
DlUDt
37.
«
31.
, ViU,
DUII).
Nuoi. 31.
Lili. I,
3z.
sées et leurs mœurs aux p.iroles qu'il? pro-
nonçaient, et à rejeter les distractions avant
de se prosterner pourl'oraison. Pour se don-
ner lui-même tout entier à la lecture et à la
prédication, il se déchargea sur des écono-
mes et des diacres du soin du temporel.
Lorsqu'il n'était point appliqué .à l'un ou à
l'autre de ces exercices, ou à. la méditation
des vérités de la religion, il avait auprès de
lui un lecteur qui lui lisait ou les Livres saints
ou ceux des anciens Pères. Ces lectures con-
tinuaient môme pendant ses repas. Il prê-
chait les dimanches et les fêles; et quand il
ne le pouvait, il y suppléait en faisant lire,
par des prêtres ou par des diacres, ses pro-
pres sermons ou ceux de saint Ambroise et
de saint .\nc:ustiu. Qudquf's évoques se plai-
gnirent qu'il confiait aux piètres et aux dia-
cres le ministère de la prédication , contre
l'usage du temps. II leur répomlit : « S'ils peu-
vent lire les paroles des prophètes, des apô-
tres et de Notre-Seigneur , ils peuvent bien
lire les nôtres. « Souvent il faisait lire des ho-
mélies à matines et ii vêpres, afin que person-
ne ne manquât d'instruction. Pour en don-
ner à ceux-mêmes qui n'étaient pas de son
diocèse, il envoyait quelquefois de ses ser-
mons aux évoques éloignés, soit dans les
Gaules , soit en Italie et en Espagne. II en
donnait encore à ceux qui le venaient voir.
Il n'y avait rien d'affecté dans son style : il
était simple et à la portée de ses auditeurs.
Il disait que les discours trop étudiés n'é-
taient bons que pour les savants, et n'aimait
point la mauvaise délicatesse de ceux qui
craignaient plus de pécher contre la pureté
du langage que contre la pureté des mœurs.
Dans ses discours, il attaquait les vices com-
muns et dominants, s'altachant particulière-
ment à détruire les restes des superstitions
païennes, c'est-à-dire, les sortilèges, les au-
gures et certains honneurs que l'on rendait
aux arbres ou aux fontaines. La menace la
plus terrible dont il usait quelquefois pour
rendre les peuples attentifs aux vérités qu'il
leur prêchait, était la famine prédite par un
prophète, et qui consiste non dans la disette
de la nourriture corporelle, mais dans la pri-
vation de la parole de Dieu. Il n'ordonnait
aucun diacre qu'il n'eût atteint l'âge de trente
ans et n'eût lu au moins quatre fois tous les
livres de l'Ecriture sainte. A l'égard des per-
sonues du siècle qui s'engageaient dans lo
' Fortun., lib. V, cap. l.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
mariaee, il ordonna que, trois jours avant d'en
user, ils recevraieut dans l'Église la bénédic-
tion du prêtre. Sa maison fut toujours ouver-
te ^ tous ceux qui s'y présentaient, exerçant
l'hospitalité à toute heure et sans distinc-
tion envers les étrangers clercs ou laïques.
11 lit môme construire un logement commode
pour les malades nécessiteux, oùl'onfournis-
, sait abondamment à leurs besoins. Pour lui',
il contiima depuis son épiscopat le même
genre de vie qu'il avait mené étant moine.
4. Tandis qu'il n'était occupé qu'à remplir
les devoirs de l'épiscopat, Licinien, l'un de
ses secrétaires, fit dire au roi Alaric qu'il fai-
I sait tous ses efforts pour soumettre la ville
et le territoire d'.\rles aux Bourguignons. Le
saint évoque faisait tout le contraire, priant
jour et nuit à genoux pour la paix des na-
tions et le repos des villes en général. Mais
Alaric, sans se donner le loisir d'examiner
si l'accusation était fondée, envoya saint Cé-
saire en exil à Bordeaux. C'était vers l'an
505. Pendant qu'il y était, le feu prit dans
la ville, et le peuple, qui connaissait la ver-
tu du saint évêque, accourut vers lui, lui
criant de l'éteindre par ses prières. Il se pros-
terna en oraison devant le lieu de l'incendie
qui s'éteignit aussitôt. Le roi .\laric reconnut
son innocence, lui permit de retourner à son
Église, et ordonna que son accusateur serait
lapidé. On élait prêt de l'accabler de pierres,
lorsque le Saint, informé de la sentence, ob-
tint par ses prières qu'elle serait révoquée.
A son retour à Arles, le peuple vint au-devant
de lui, portant des cierges et des croix, et
chantant des psaumes.
5. En 506, saint Césairc présida* au con-
cile qui se tint à Agde dans le mois de sep-
tembre. Il s'y trouva vingt-trois évêques dont
plusieurs étaient sous la domination d'Ala-
ric : ce qui donne lieu de croire qu'il avait
obtenu permission de ce prince de les convo-
quer en concile. L'année suivante, 507, il
commença à bàlir un monastère ; mais l'ou-
vrage ayant été interrompu par le siège que
les Français et les Bourguignons mirent de-
vant Arles, on ne put le finir que vers l'an
512. Saint Ccsairo en donna la conduite à
Césarie, sa sœur, qu'il avait instruite à .Mar-
seille dans les exercices de la vie monasti-
que.11 composa pour elle une Règle dont uous
parlerons dans la suite.
6. Il arriva, pendant le siège de la villo
« Tom. IV Concil., pag. 1381 cl 139*.
<é dctiut t
roi Alaiic
Il •■•ti:l':«
no cog^llb ea
6M.
CpMr. Vitl.
)lh. I , l:uiii.
tS, 18, 31, 33.
lICKl^CcSli
d« ooUTO&a.
[vi* SIÈCLE.] CFIAPITRE IX.
SAINT CfeAinii;, ÉVftOUK D'AIILES.
Hii::i. 16.
d'Arlos parles Français cl les noiir2;iiii;nons,
qu'un jeune clerc, parent de saint Ci^sairo,
craignant d'élre pris avec la ville, descemlit
de luiit par le ninr avec une corde et se ren-
dit aux einuMuis. Les Gotlis qui étaituit de-
dans , en ayant été informes, se 'étirent sur
le saint dvôque avec le peuple sikliticux et
les juifs, disant qu'il avait envoyé son parent
pour livrer la ville. Ils ne voulurent point
écouter ses dt'feuses, le tirèrent de la uiai-
son de l'Eglise, et le gardèrent dtroitement
dans le Palais, rejoins de le jeter la nuit
dans le Rhône, ou de l'enferuier dans le clià-
teau du Germe, qui est aujourd'hui la ville
de Beaucaire. Mais les assiégeants ayant em-
pêché le passage de la banpie où l'on avait
mis le saint évèque, les Gotlis, oblig(;s de le
ramener, le cachèrent si bien danslel'alais,
qu'aucun catholique ne pouvait savoir s'il
était en vie'.Qucliiues jours aprè-s on décou-
vrit, par une lettre qu'un juif avait jetée du
côté des enuemis, que ceux de cette nation
invitaient les assiégeants à planter leurs échel-
les de nuit au lieu où il serait de garde, i\ la
charge de garantir les juifs de la captivité et
du pillage. Le juif, auteur de la lettre, fut
convaincu et puni , et saint Césaire justifié
et mis en liberté. Les assiégeants, ayant été
contraints de lever le siège, les Gotbs firent
sur eux un grand nombre de captifs, dont on
remplit jusqu'aux églises. Comme ils man-
quaient de vivres et d'habits, le saint évèque
y pourvut avec l'argent qu'Éonius, son pré-
décesseur, av.iit laissé au trésor de l'Église.
n ôta même celui dont les colonnes et les
balustrades étaient ornées , et donna jus-
qu'aux encensoirs, aux calices et patènes, en
disant : « Notre-Seigneur a fait la Gène dans
un plat de terre, et non avec de la vaisselle
d'argent ; on peut bien donner les vases pour
racheter ceux qu'il a rachetés par sa propre
vie. Ceux qui trouvent mauvais que l'on i-a-
chète les serviteurs de Jésus -Christ aux dé-
pens de ses vases, ne voudraient-ils pas eux-
mêmes être rachetés à ce prix, si le même
malheur leur arrivait?»
7. Saint Césaire fut accusé une troisième
fois, et mené sous bonne garde à Raveune,
par ordre de ïhéodoric, roi des Ostrogoths,
auquel la ville d'Arles était soumise. Arrivé
à Ra venue, il alla saluer ce prince qui, voyant
un homme si intrépide et si vénérable, se
leva, se découvrit et lui rendit son salut avec
127
beaucoup de jiolitesse. Après l'avoir entre-
tenu sur l'état do la ville d'Arles et les Gotlis
qui y demeuraient , il le renvoya , disant A
ceux de sa cour : «Dieu punisse ceux qui ont
fait faire iiuilihuneut un si long voyage h un
si saint homme. J'ai tremblé à son entrée;
il a un visage d'ange, et il n'est pas permis do
penser mal d'une personne si respectable. »
Le roi lui envoya;i son Ingis unbassiu d'argent
du poids de soixante livres avec trois cents
sols d'or, en le faisant prier de s'en servir
pour l'amour de lui. Mais le saint évoque
fit vendre le bassin publicpiemenl, et délivra
plusieurs captifs; ce qui engagea les séna-
teurs et les riches de la ville à lui envoyer
de grosses sommes, pour être distribuées par
ses mains. Il guérit dans la même ville le fils
d'une veuve, qui s»rvait sous le Préfet du
Prétoire, et qui, avec ses gages , donnait à
sa mère de quoi subsister.
8. De Raveune, saint Césaire alla à Rome
où sa réputation et le bruit de ce miracle
l'avaient précédé. Le pape Symmaque, qui
occupait alors le Saint-Siège, c'est-à-dire eu
513, lui donna le Pallium, et permission à
ses diacres de porter des dalmatiiiues, com-
me ceux de l'Église romaine. Car les dia-
cres ' et les évêques mêmes ne portaient
encore que des tuniques à manches étroites.
Le Pape confirma encore tous les privilèges
de l'Église d'Arles, dont quelques - uns lui
étaient contestés par l'Église de Vienne, et
chargea saint Césaire de veiller sur toutes
les affaires ecclésiastiques des Gaules et d'Es-
pagne, avec pouvoir d'en assembler les évê-
ques quand il le jugerait nécessaire, et d'em-
pêcher qu'ils ne fissent le voyage de Rome
sans sa permission.
9. Le saint évèque, de retour dans son
diocèse, versl'an oI4, continua à l'édifier par
sa vie et par ses discours. Il y tint un con-
cile en 524, et assista à quelques autres qui
se tinrent dans la suite, savoir : au concile de
Carpentras, en 527 ; à ceux d'Or£y]ge et de Va-
lence, eu 529 ; et au second concile de Vaison,
tenu le 7 de novembre de la même année.
Ses infirmités qui le faisaient souvent paraî-
tre à demi-mort, s'augmentant de jour en
jour, il vit que sa fin approchait. Alors il
demanda à ses disciples combien il y avait
jusqu'à la fête de saint Augustin, et dit :
« J'espère en Notre-Seigneur que ma mort
ne sera pas éloignée de la sienne, car vous
Il va 1 llo.
Niun. 20.
Tom. IV
Cnncîl. j.af.
1204, I2ÎÔ,
13UÙ, lUIO.
Il rctouroo
ft Arics. Sa
inor( on -ilJ,
' Fleury. lib. XXXI Ilisl. ecclés., tom. VU, pag. 178. Et S. Gregor., lib. VII Episl. 113.
HISTOIRE GKNÉllALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ri««>LP« d
tkia CtUin
428
savez ', combien j'ai toujours aimé sa doc-
trine très-catliolique. » Il se fit transporter
dans le monastère des filles qu'il avait fondé
trente ans auparavant, saclianl que la crainte
de sa mort les jetait dans de grandes inquié-
tudes, jusqu'à leur faire perdre le sommeil
et la nourriture. Après avoir tàcbé de les
consoler, il les exhorta à garder fidèlement
la règle qu'il leur avait donnée, les recom-
mandant par son testament et par ses lettres
aux évèques ses successeurs, au clergé, aux
gouverneurs et aux citoyens de la ville d'Ar-
les, afin qu'à l'avenir elles ne fussent in-
quiétées de personne. Leur ayant donné sa
bénédiction et dit le dernier adieu, il re-
tourna à l'Église méti-opolitaiuc, et mourut
entre les mains des évèques, des prêtres et
des diacres, le 27 août 542, la veiUe de la
fête de saint Augustin. Ses vertus le firent
regretter de tout le monde, des bons et des
mauvais chrétiens, et même des juifs. Sa vie
fut aussitôt après écrite en deux livres, dont
le premier, qui est adressé à l'abbesse Césa-
rie, la jeune, eut pour auteur Cyprien, évo-
que de Toulon, avec deux autres évèques,
Firmin et Viventius. Le prêtre Messien et le
diacre Etienne écrivirent le second. Ils
avaient tous été disciples de saint Césaire
et témoins de ses vertus et de ses miracles.
ARTICLE II.
DES ÉCRITS DE SAINT CÉSAIRE d'ARLES.
§1-
De ses sermons recueillis dans /'Appendice de
ceux de saint Augustin.
1. Nous avons vu qu'aussitôt que saint
Césaire eut été élevé à l'épiscopat, il se dé-
chargea, à l'exemple des apôtres, de l'adnii-
nistiation des aflaires temporelles, sur des
diacres et des économes, pour se donner
tout entier à la prédication de la parole de
Dieu; qu'il*ivait les fonctions de ce minis-
tère si à cœur, que, non content de prêcher
dans les assemblées qui se faisaient le matin
et le soir, il composait encore d'autres dis-
cours qu'il envoyait en d'autres provinces,
pour y être récités par les évèques qui n'a-
vaient pas apparemment enx-mèmcs le don
de la parole. On ne peut donc douter qiTil
n'ait composé un très-grand nombre de dis-
cours, et qu'encore qu'il nous en reste beau-
coup, la plupart ne soient perdus, ou attri-
bués à d'autres auteurs. Il y en a environ
quarante sous son nom dans la liibliuthi'fjKe
des Pères, et cent deux dans l'Appendice du
cinquième tome des Œuvres de saint Au-
gustin, qui comprend ses sermons. M. Baluze
en a fait imprimer séparément quatorze,
qu'il croyait n'avoir pas encore vu le jour,
et qui ont été mis dans le vingt-seplie-
me volume de la Bibliothèque des Pères de
Lyon, en 1677. Il s'en trouve encore quel-
ques-uns dans les Recueils des conciles, et
dans celui de Barrali. Mais il ne faut pas
s'imaginer que ce soit autant de sermons
dilTérents. Les Homélies puljliées en 1069 par
M. Baluze, se trouvent parmi celles que l'on
a mises dans VApjjendice des sermons de saint
Augustin ; et il y en a encore beaucoup de
celles qui ont été imprimées dans le huitiè-
me tome de la Bibliothèque des Pères. U en
faut dire autant des Homélies que Barradi a
données, et qu'il suppose avoir été pronon-
cées en présence des moines de Lérins.
2. La plupart des discours de ce Père ont
été attiibués à saint Augustin, quelques-uns
à saint Ambroise, et d'autres à Eusèbe d'É-
mèse *. Les auteurs de la nouvelle édition
de saint Augustin se sont donné la peine
d'examiner quels étaient les véritables ser-
mons de saint Césaire, et ils ont été guidés
dans ce travail par les règles les plus solides
de la bonne critique, fondée sur l'autorité
des manuscrits, sur la conformité du style,
l'usage familier de certains termes, les cir-
constances des temps et des lieux, et sur la
doctrine et la méthode. Ces deux cents homé-
lies qu'ils lui attribuent, ou portent son nom
dans les manuscrits, ou sont de son style,
qui est d'autant plus aisé à connaître, qu'il
lui est propre et singulier. Il est simple, net
sans aucune all'ectation, accommodé à la
portée des moins instruits. Sa doctrine est
partout conforme à celle de saint Augustin ;
ou voit dans tous ses discours la même mé-
II) OUI «I
•<lrll'U(> i
Au(:u>lin. I
S. A ml'ri>lM
et t d dulroa
* Confido in Domino quori meum transilum non
longe Uivisurus est ab ipsius : qui ut ipsi nostii,
quantum dilexi ejus catholicissimum sensum tan-
tum me etsi iliscrepanlem meritis , minime lamen
reor dislaniia longior» deposilionis meœ diem ab
ejusobitus tempore sequestrari. Cœsar. Vita, lib. II,
nuiu. 35.
' Ou encore i\ un EusM^e, t'vôque dans los riaii-
l'^s. \oycz Histoire Ultéraire de la France, touic II,
I>ag. 301 cl Buiv. Le tome LXWI de la Patrologie
[vi" SIÈCLE.] CIIAriTlVE IX. — SAINT r.H.SAinR, livftQUIî D'AULl'^S.
S.Tm.l.t/.ni
V Operurii
AiirusliDi in
A)<^oii(l. i.-i'^'t
tliode pour les commencer cl pour les Unir.
Il en est pon où il ne fasse une rc'capilnia-
lion de ce qu'il avait dit; il use dans quel-
ques-uns do certains termes, qu'on ne trouvo
que rarement ailleurs, mais dont il se sert
dans sa Uèglo pour les vicri,'es de son monas-
tère. Tel est le mot ' de canava pour mar-
quer le cellier, et de canavaria pour signifier
le coUtirier. Enfin ces cent doux discours ont
un rapport visible au style, aux termes, aux
pensées de ceux qu'il lit dans les conciles
qu'il convoqu i et auxquels il présida. Nous
avons remarqué plus liant que lorsque sa san-
té ne lui ixuinetlait pas de prèclier, il faisait
lire ou ses propres discours, ou les sermons
de saint Ambroise ou de saint Augustin.
Dans ceux qu'il composait lui-raôme, il em-
pruntait quelquefois non-seulement les pen-
sées, mais aussi les termes de ces deux Pè-
res et de Fauste de Riez ; et c'est peut-être
là la vraie raison pourquoi les copistes, qui
ne trouvaient pas son nom à la tète de
ces discours, ont attribué ;ï saint Ambroise
et à saint Augustin certains discours de saint
Césaire, où ils remarquaient les termes et
les pensées de ces deux saints évèques. Au
reste, ses boraélies furent tellement estimées,
que les écrivains qui ont vécu depuis y al-
laient puiser, comme il avait fait lui-même
quelquefois dans celles de saint Augustin.
C'est ce que l'on peut voir en les comparant
avec celles de saint Éloi et de Raban Maur.
3. Le premier discours est sur la vocation
d'Abraham marquée dans le douzième chapi-
tre de la Genèse. L'auteur y pose pour princi-
pe, ce qu'il répète souvent ailleurs, que l'An-
cien Testament a été la figure du Nouveau, et
que ce qui s'est passé alors matériellement
dans la personne des patriarches, doit se fai-
re spirituellement en nous; qu'ainsi le com-
mandement que Dieu fait à Abraham de sor-
tir de son pays, de sa famille et de la maison
de son père, marque que nous devons sortir
42!)
(le nous-mêmes, c'cstà-dire do nos vices, do
nos mauvaises liahilutles, pour ne plus pren-
dre do i)laisir que dans la pratique do la
vertu. La matière du second discours est
prise de l'ordre que Dieu doima au mènK!
patriarche de lui immoler une vache ou un
bélier, on une chèvre de trois ans. Saint Cé-
saire dit que toutes les nations qui croient en
Jésus-Christ et qui y croiront un jour, sont
enfants d'.Vbraham, non en naissant de lui
selon la chair, mais en imitant sa foi. Il se
plaint de ce que toutes les fois que le prêtre,
en célébrant le sacrifice, avertissait les fidè-
les d'élever leur cœur en haut, il y en avait
peu qui, en répondant qu'ils l'avaient tourne
vurs Dieu, le fissent avec vérité et avec con-
fiance. 11 traite, dans le troisième, du maria-
ge d'Isaac avec Rébecca, qu'il dit avoir été
la figure de celui de Jésus-Glirist avec son
Église. Le quatrième est touchant les deux
enfants que Rébecca portait dans son sein,
Jacob et Esaii. Il dit que comme ces deux
enfants ' luttaient l'un contre l'autre dans le
sein de leur mère, il y a de même dans l'É-
glise deux peuples qui sont toujours opposés
les uns aux autres, les bons et les méclianis.
«S'il n'y avait, ajoute-t-il, dansl'Église, que
des bons ou des méchants, il n'y aurait qu'un
seul peuple : mais parce que l'on trouve
dans l'Église des bons et des méchants, qui
se combattent mutuellement, savoir les hum-
bles et les superbes, les chastes et les adultè-
res, les miséricordieux et les avares, ils sont
deux peuples figurés par Jacob et Ésau. Les
bons s'efforcent de gagner les méchants pour
les engager à la vertu; les méchants, au
contraire, cherchent la perte des bons eu ta-
chant de les engager dans le mal.» Il trouve
dans ce qui se passe aujourd'inii entre les
gentils et les Juifs l'accomplissement de cette
prophétie : L'aîné servira le puîné ; « Car, dit-
il, les Juifs, qui sont le peuple aine ' figuri!
par Ésaii, servent évidemment le peuple pnî-
p«T.li).
Sorm.3,
'ïej;ii. i,
pag. se.
grecque, col. 461-566 , contient trois notices sur Eii-
sèbe (l'Émèse; 2» trois discours édités eu fiTec et eu
latin par Jean Chrétieu Guillaume Augusti; seule-
ment on a mis par mégarde le discours sur le diable
et sur l'eufer parmi les écrits d'Eusèbe d'Alexandrie.
Ibid., col. 383 et suiv. ; 3" des fragments dogmati-
ques recueillis par Augusti, et des fraguieats exé-
gétiques d'après différentes Cbaîues. {L'éditeur.)
' C:esar. Regul. ad virgin., cap. xxs, et serra.,
In Àppend. August. lit, num. 2; 270, num. 5 et 271,
num, 1.
* Sicul duo parvuli in utero Rebeccœ collide-
bantur, sic cl in ulcro Ecclesiie dun sibi pnpuli
XI.
jugiler adversantiir. Si enim aut soli mnli aul soH
boni esscnt, unus popiilus esset : quia vero in
Ecclesia et boni inveniuntur et mali; lanquaia
in ventre spiritalis Rebecc(B duo pnpuli cnllidun -
tur, humiles scilicel et superbi. ca.tti et adulteri,
misericodes et cupidi. Boni enim lucrari voliint ma-
ins, mali autem extinguere cupiunl bonns. Cœsar.,
Serm. i, pag. 21.
' Quomodo ergo populus major serviat minori,
qui hoc diligenter attendit, in chrintianis cel in,
Judœis agnoscit. Major enim et senior pupulus
Judœorum jtiniori, id est populo chrisliano ser-
vireprobatur; dum per totum mundum librosdi-
9
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
130
né, qui sont les gentils convertis à la foi de
Jésiis-Ciirist, lorsqu'ils portent partout le
monde les livres de la loi divine pour l'instruc-
tion de toutes les nations. En etl'et, les Juifs
sont dispersés par toute la terre , afin que
lorsque nous voulons inviter quelque infidèle
à la foi de Jésus-Christ en montrant que le
Messie a été annoncé par tous les prophètes,
et que cet infidèle faisant dilliculté de nous
écouter, en soutenant que les livres de la loi
divine sont de nous et non pas du Saint-Es-
prit, nous ayons dans le moment celte répli-
que certaine à leur faire : Si vous doutez de
la vérité des livres qu'on vous allègue, voilà
les livres des Juifs, nos ennemis, que nous
n'avons pu ni écrire , ni changer : lisez -les.
Et lorsque vous aurez trouvé dans ces livres
la même chose que dans les nôtres, rendez-
vous, ne soyez plus incrédules, mais fidèles.»
Sur la fin de ce discours, saint Césairc exhor-
te ses auditeurs à la pratique de la vertu, par-
ticulièrement dans le saint temps de Carême,
il les engage surtout <i se trouver exactement
auxollicesde la nuit', de tierce, de sexte et
de none ; à vivre dans la continence pendant
tout le Carême, et même jusqu'à la fin de la
fête de Pâques, c'est-à-dire jusqu'après TOc-
tave ; adonner aux pauvres ce que dans un
autre temps ils auraient dépensé pour leur
dîner; à conserver la paix avec tout le mon-
de, et à réconcilier même ceux qui étaient
en dissension ; à recevoir les étrangers, en
ne rougissant pas de leur laver les pieds, un
chrétien ne devant pas rougir de ce que Jé-
sus-Christ a fait; à faire l'aumône chacun
selon ses facultés, et à employer une partie
vinœ legis ad inslruclionem omnium genliumpor-
tare cognoscitur. Ideo eiiim per omnem terram
Judœi dispersi sunt, ut cum aliquem paganum nd
fidem ChrUti voluerimus incitare, et ab omnibus
propketis ipsum Chrislum esse annuntiatum tes-
tamur; et ille resistens dixeril, a nobis potius
quam a Spiritu Sancto libros divinœ legis esse
conscriplos ; nos habeamiis unde eum rednrguere
certa rationepossimus dicentes ei : Si de meis libris
tibi dubilatio nascilur, ecce Judœorum librns, uti-
queinimicorum nostrorum, {quos certum est, quod
ego conscribere vel immuiure non putiU) ipsos re-
Uge; et cum in ipsis hoc inveneris, quod et in
meis, noli esse incredulus, sed fidtlis. Ibid.
' Attenliust amen rogo et admoneo, fralres, ut ad
vigilias malurius surgere siudeatis, ad tertiam,
ad sextam, ad nonam fideliler veniatis. CastHa~
tem ante omnia per lolam quadragesiutam et us-
quead finem Paschœ etiam cum propriis uxoribus
custodile.Qiiodpransurieratis,paupcribuserogate.
Paccm et ipsi habetc, et qv"^ diimnles agnoveri-
S«rtn.e,7,
r«s. )j.
du jour à la prière et à la lecture, afin de pou-
voir participer dans la solennité de Pâques
à l'autel du Seigueur, et y recevoir son corps
et son sang, non à sa condamnation. Le cin-
quième et le sixième sermon sont sur le pa-
triarclie Jacob. Saint Césaire remarque que
les mariages des patriarches se sont souvent
contractés auprès des puits et des fontaines,
qui étaient les figures du baptême, par le-
quel Jésus-Christ devait purifier l'Église, son
épouse, de toutes sortes d'iniquités. Les trois
suivants contiennent un parallèle entre le pa- ]^- "• *»
triarche Joseph et Jésus-Christ, dont Joseph
était la figure. Il dit que les interprètes ne
s'accordaient pas sur le prix de la vente de
Joseph par ses frères; que dans quelques
versions on hsait vingt pièces d'argent, et
dans d'autres trente. Il trouve dans celte va-
riété la dilTéreuce des degrés d'amour que
les chrétiens auraient pour Jésus-Christ : les
uns l'aimant plus, les autres moins. Il donne
pour raison de la sévérité dont Joseph usa
envers ses frères, qu'il voulait par là les en-
gager à la confession de leurs crimes et à en
faire pénitence. Il en tire une moralité pour
la correction fraternelle, disant qu'à l'exem-
ple de ce patriarche, nous devons tellement
reprendre ceux de nos frères qui ont péché
contre nous, que nous cherchions à les cor-
riger de leurs fautes, et non pas à satisfaire
notre haine. Il parait, par la tin du huitième
discours, qui est le troisième sur Joseph,
qu'il aurait souhaité s'étendre davantage sur
ses vertus, mais qn'il abrégea afin de donner
aux pauvres, qui étaient pressés de travailler,
le temps de faire leur ouvrage. Il prêcha
lis, ad concordiam revocale. Peregrinos excipite,
nec vos pigeât eorum pedes abluere. Son erubes-
cat exerccre christianus, quod implere dignatus
est Chrislus. Cum bona voluntnle pauperibus se-
cundum vires vcslras eleemosynas erogate : liil.i-
rciu eniiu datorcm diligit Deus. /mpedtnien/a mun-
di, si ad integrum non poteslis abgcindere, vel ex
parte aliqua temperate, ut lectioni vel orationi
possitis insistere : ut in sancto exceptorio pec-
toris veslri spiritale rinum, id est, verbum Dei
abundintius reponentes, repudiatis omnibus cri-
minibus atque peccalis, cum libéra et sincera cons-
cientia Deo servire possitis : et cum sancta solem-
nitas paschalis advenerit, charitatem non solum
cum bonix, scd etiam cum malis fideliler retinen-
les, cum gaudio exsultalionis mundo corde et cas-
to corpore ad altare Domini possitis nccedere, et
corpus et sanguinem ejus unusquisque vesirum
non ad judicium animœ sua; merealur acciprre.
Ibid., pag. 22.
(JIIAPirilK ]\. — SAINT CfeAlRE, KVftOUE D'ARLKS.
[Vl" SIÈCXE.]
ilonc ces discours eu un jour ouvrier. Lo
lendouuiin il reprit la môme iiiaticrn, et mon-
tra ([uo, ('(iniiiK! aprî's la murl de Joscpli, les
Israi'liti's se niulliplièreiil, ainsi qu'il (>st dit
dans le livre de l'Exode, de môme les chré-
tiens se sont inuUipliés aprrs la mnrt do Jé-
sus-Christ. Il enseigne (pi'cilant (li'livr('s jiar
lu gr;\ce du baptême de tous nos péchés,
nous devons, avec le secours de Dieu, tra-
vailler A toutes sortes de bonnes œuvres,
parce qu'il no suQil pas que le creur soit vide
de maux, si on ne le remplit de biens.
4. Le dixième, qui a pour matière les dif-
férents entre les Israélites et les Ej^yptiens,
fut pi'ononcé quelques jours avant la fête de
P;\ijucs. On y voit que le diable no persécute
que les bons et non pas les mauvais, parce
qu'ils sont ses amis et qu'ils font toujours sa
volontiî; qu'il persécute les bons par le mi-
nistère des méchants ; en sorte qu'il est vrai
de dire que le diable a ses ministres, comme
Dieu a les siens : Dieu par les hommes sages
fait tout ce qui est bon; et le diable par les
mauvais, fuit tout ce qu'il y a de mal. Il y
a deux discours sur Moïse. On peut remar-
quer dans le second, que l'on ne donne le
nom 'de chrétiens qu'à ceux qui, étant régé-
nérés au nom de Jésus-Christ, sont morts
dans l'Eglise catholique ; et que tous ceux
qui ne sont point dans cette Église , mais
dans quelque secte particulière, en portent le
nom; que les uns sont appelés donatistes,
les autres manichéens , les autres ariens, et
d'autres photiniens. Dans le treizième il ex-
plique ces paroles de l'Exode : Le Seigneur
endiuxit le cœur de Pharaon. Pourquoi, di-
saient quelques-uns, l'iniquité est-elle imputée
à Pharaou, puisqu'il est dit que le Seigneur
avait endurci son cœur? Avant de répondre,
saint Césaire met pour principe que dans un
pécheur le désespoir vient de la considéra-
tion du grand nombre de ses péchés, et que
du désespoir nait l'endurcissement. Il sup-
pose que Pharaon était dans ce cas: d'où il
infère que son endurcissement n'était point
lui effet de la puissance de Dieu, qui à son
' In Ecclesia catholica defuncti, id est, Christi
nomine omnes qui nati fuerint, appellanlur chris-
tiani.In hœreUcis vero, aliidonalistœ, alii mani-
chœi, alii ariani, aliipholiniani dicuntur. Cœsar.,
Serin, il, pag. 40.
» Quid est autem quod dixit Deus : Ego indurabo
cor ejus, nisi ciim ab illo ablata fuerit gratia mea,
obdurabit illum nequitia sua? Et ut hoc euiden-
tius possit agnos:i, aliqiuim similitudinemde ré-
bus visibilibus charilativestne proponimus.SiciU
131
égard no fit nutro chose que de le laisser dans
l'état où il l'avait trouvé. Dieu aurait pu amol-
lir son (Meur, en le chùliant : ce qui paiail en
ce que Pharaon témoigna du re[>oiitir toutes
les fois que Dieu l'aflligea ; et qu'il retomba
dans son endurcissement autant de fois que
Dieu le d ('livra des plaies dont il l'avait frappé.
« Quel est donc, ajoute saint Césaire, le
sens'' de ces paroles : J'endurcirai son cœur,
sinon, lorsque ma grdce lui sera ôtée, son
iniquité l'endurcira?» Pour rendre la chose
sensible , il propose cet exemple : « Toutes
les fois que l'eau glacée par un grand froid
reçoit l'impression de la chaleur du soleil,
elle reprend sa première fluidité ; mais aus-
sitôt que le soleil disparait de nouveau, elle
se glace et s'endurcit une seconde fois : do
même la charité de plusieurs se refroidit et
se glace par le froid des péchés ; mais lors-
que la chaleur de la divine miséricorde sur-
vient, cette glace causée par les péchés se
dissout. C'est cette chaleur dont il est dit dans
l'Ecriture : // n'y a personne qui se mette à
couvert de sa chaleur. »
Le quatorzième est touchant les espions
des Israélites envoyés dans la terre promise,
et les raisins qu'ils en apportèrent. Il fut
prêché aux approches do la fête de Pâques;
et à l'occasion de ces raisins , saint Césaire
exhorte son peuple à se préparer par les
jeûnes, les veilles, les oraisons, les aumônes,
et par une pureté de corps et d'esprit, à
boire le cahce du salut dans cette solennité.
11 fait voir dans le quinzième, que la sentence
que Dieu prononce quelquefois contre les
pécheurs, n'est point irrévocable, lorsque
ces pécheurs se convertissent; mais aussi
qu'il leur est bien plus facile de guérir leurs
plaies, quand elle sont récentes, que lors-
qu'elles sont invétérées. Dans le seizième ser-
mon, qui regarde l'entrée des Israélites dans
la Terre-Promise, ce Père montre que ce fut
avec justice qu'ils en chassèrent les Chana-
néens, soit à cause qu'ils en étaient illégiti-
mement en possession , l'ayant usurpée sur
les descendants de Sem , fils aîné de Noé ,
enim quotiens nimio frigore aqua constringitur,
solis calore superveniente resolvitur, etdiscedente
eodem sole ilertim obduratur : ita nimirum pec-
catorum frigore refrigescil charilas multorum, et
veliit glacies obduranlur; etciuti eis iterum cator
divinœ misericordiœ supervenerit, resolvuntur;
ille utique calor de quo scriptuin est : Nou est qui
se abscondat a calore ejus. Cicsar. , Serm. 12,
pag. 46.
.Sorm. lA,
Serm. 16,
pa;. 61;.
132 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
à qui elle avait été donnée en partage ; soit les souffrances des justes en cette vie, seront i«« s,r„
it ils s'étaient récompensées dans l'antre, et les supplices
(j;. «a.
Sem». 1^,19,
S/Tfn, Sfl.
Sirro.îl.!!,
>ri. il, iv
9» et ><s.
,.r. Il»
.25,
.'.Utib. Ti, 3.
à cause des crimes inouïs dont
souillés, et dont Dieu les voulait punir, en
s.rni. n, leurolant cette terre. L'ordre queJosaédonna
pour le passage du Jourdain, et le renverse-
ment des murs de Jéricho font la matière du
dix-septième. Les dix-huit et dix-neuf regar-
dent l'histoire de David. On y voit que, le joiir
qu'ils furent prononcés , on avait lu dans l'K-
glise quelque chose des livres des Rois. Suint
Césaire trouve dans les trois inclinations
que le prophète Elle fit, pour ressusciter le
fds de la veuve, une ligure des trois immer-
sions qui se pratiquent dans le sacrement du
baptême par lequel nous ressuscitons. 11 y a
quatre discoure sur Elisée. Le saint remarque
dans le premier, que si ce prophète fit dé-
vorer par deux ours quarante-deux enfants,
ce fut pour imprimer aux anciens du respect
pour les prophètes, qu'ils méprisaient aupa-
ravant. Dans le vingt-cinquième qui est sur
ces paroles : Que votre main gauche ne sache
jmnt ce que fait la droite , il en fait l'applica-
tion aux bonnes œuvres, particulièrement à
l'amuône, voulant qu'on la fasse tellement en
public, que l'on ne cherche point à s'attirer
par là l'estime des hommes, mais seulement
à plaire à Dieu. Il explique dans le même
sens ce que l'Evangile ajoute : Lorsque vous
voudrez prier, entrez en un lieu retiré de voire
tnaison. Jésus-Christ ne défend pas les prières
publiques où tout le peuple fléchit les genoux
avec l'évoque ; mais il nous défend tout autre
motif, soit dans nos prières, soit dans nos
jeûnes, soit dans nos aumônes, que celui do
nous procurer la vie éternelle. Le vingt-sixiè-
me regarde la défense qui nous est faite t/e ne
jiKfr personne, alin ijae nous ne soyons pas
.. vr,7. jugés nous-mômes. « Il y a toujours du dan-
ger, dit- il, à juger notre prochain dans des
choses qui sont connues ' de Dieu seul ; c'est
à lui qu'il en faut laisser le jugement. Mais
nous pouvons, et nous devons même repren-
dre nos frères, quand leurs fautes sont publi-
ques et notoires, mais avec charité et avec
amour, haïssant le vice et non le pécheur.»
f«r.n. >7, ]i s'applique dans les vingt- septième et
fflrtn. 26,
|>a;. IJD.
''*■ ..
^4,1111. -8, HSi
vingt-huitième à montrer les avantages dont
pensées
dont les méchants seront punis éternellement
pour les plaisirs passagers dout il ont joui
dans ce uKuide. Le vingt-neuvième traite des
deux voies, dont l'une mène au ciel . l'autre
en enfer. Saint Césaire y dit, que non-seule-
ment Jésus-Christ nous attend dans le para-
dis, mais qu'il nous aide encore pour y aller;
que si le diable sévit contre nous, Jésus-Christ
nous console ; que le démon ne nous otfre
que de vaines douceurs , dont l'effet est de
donner la mort à notre àmc ; au lieu que
Jésus-ChrisI , eu nous exhortant à la vertu,
nous promet une félicité éternelle.
5. Le sermon sur cet endroit de saint Mal-
thieu : Malheur aux femmes qui seront grossies
ou nourrices en ce temps-là, est une compila-
tion du commentaire de saint .\uguslin sur
le psaume trente neuvième. On le croit avec
assez de vraisemblance de saint Césaire. L'au-
teur prouve que l'accomplissement des an-
ciennes prophéties, ne nous laisse aucun lieu
de douter que celles qin regardent le juge-
ment dernier ne s'accomrilissent aussi. Le
trentièm.e porte le nom de saint Cé.saire dans
deux anciens manuscrits. Il a pour malièrela
parabole des dix vierges. Le saint en Qt un
second sur le même sujet pour la féie des
vierges. Des deux,Holsténius n'en a fait qu'un
qui est imprimé dans l'Appendice du Code drs
règles par saint Benoît d'Aniane, et dans I •.
Supplément de la Bibrolhèque des Pères, à
Lyon en 1G77. Saint Césaire dit, que les vier-
ges, qui avec ' le sccoiu's de Dieu coiisers'ent
leur corps chaste, doivent travailler de toutes
leurs forces, avec sa grâce, à la purelé de leu;-
àmc, en évitant les longs discours, la médi-
sance, le murmure, l'euvie et l'orgueil; ou
obéissant avec humilité, en vaquant ;\ la priè-
re, à la lecture; en se levant avec ardeur pour
assister aux veilles de la nuit, soit qu'elles se
fassent dans l'oratoire, ou en tout autre lieu ;
en consolant les aflligés, en reprenant Io>
désobéissants. Les trente-unième et trenl,--
deuxième discours sont sur ces paroles de \'l'.-
vangile : ]'enez, les bénis de mon l'ère, ]>osh'1<'z
le royaume; retirez-vous, maudits, allez au feu
ai,
' De istit rébus quœ sunt Deo notœ et nnbis tn-
cognitœ, periculnse nnslros proxiinos juilicamus.
De ipsis enim Doiiiinm; dixit : Nolili' jinlicare ut
non jiidiceiniQi. De ilUs vero quœ aperta sunt et
publica mala, judicare et redarguere, cum cliari-
lalc liiine.i et a.mrc r' pi^v-i<r>^i^ et debenius:
oUio habentes non ho,nincin, sed peccnlum. de-
«ar., Serm. 26. pag. 121.
' Virginesquœ inlegritatem corpori.t, Df.o nuxi-
lianle, cii-stodiutU, tolis viribus cum Dei adjnto-
no laborare conlendatil, verbusilatem fiigere, dc-
tracliitncm, murmuralionem rcspuere, etc., Cm-
sar., Uom. 30, paj;. 139.
[VI' siiiCLE.J CHAPITRK IX. — SAINT CKSAIIIE, ÉVÈQUE IVARLKS.
Prrni
lU.
<'to-ne/. Saint C(îpairc' rcmarfjnp, qu'aux tor-
iiR's de Jiisus-CInist, nous sommes pii^ilesli-
iK's i\ la itloire du ciel, et non ])as au feu do
l'enfer, qui est préiKin^ au dc-nion el A ses an-
cres, niiiis non |);is l'uitius. 11 loinaniuc^ encore
que, quoi(jue la sentence ([ui coiulanmera aux
llauinics (;lernellcs les catholiques qui n'au-
ront pas l'ail de lionnes (vuvres, regarde éga-
Icmcnl les juifs, les païens cl les licTcliques;
(pic ceux-ci toutefois ' ne seront pas appe-
lés au jujiement, parce qu'ils sont d(''j;'i juges
à cause de leurincrëdulilé. A quoi il ajoute,
(pie ceux-uièniesqui croient, ne doivent point
se tlatter d'obtenir le salut par leur foi seule,
parce qu'il ue suffit pas ' de porter le nom
de chri5tien, si l'on n'en remplit les devoirs.
Dans le trento-lroi^i^•nle, il fait consister la
justice parfaite, à ne point faire aux autres ce
que nous ne voudrions pas qui nous fût fait;
à souhaiter à tous les hommes, ce que nous
nous souhaitons à nous-mêmes; et ;\ aimer
pour l'amour de Dieu, non-seulement nos
amis, mais encore nos ennemis. Il ne croit
pas qu'on puisse apjieler ' paix véritahlc,
crile qui ne nait pas de la racine de la cha-
rité. Parlant dans les deux suivants sur le
miracle fait aux noces de Cana, où l'eau fut
changée en vin, il dit, que le plus grand mi-
racle est la conversion du pécheur, puisque
l>ar ce changement l'homme, de pourriture
(pi'il était, est élevé à l'état des anges, et tiré
de la corruption de la terre pour cire placé
dans le ciel. Il déclame dans le treide-sixième
contre ceux qni ditféraient leur baptême, pour
continuer à vivre dans le dérèglement. Le
trente-septième contient l'explication de ce
passage de la première Epitre aux Corin-
thiens : Personne ne peut poser d'antre fonde-
ment que celui que f ai mis, quiest Jésus-Christ;
que si Von bâtit sur ce fondement avec de l'or,
lie l'argent, des pierres précieuses, du bois, du
fiin, de la paille,' l'ouvrage de chacun paraîtra,
et le jour du Seigneur déclarera quel il est, par-
ce qu'Usera découvert par le feu. Saint Césaire
' Advertite quia regmim cœlorum nobis prœ-
desiinatum est, gehenna autem non nobis sed
diabolo privparata est. Caesar., Ilom. 31,pag. lit.
' Adjudiciumnon ue/iiu/ij nec pagnni, nec hœ-
relici , nec judœi : quia de ipsis scriptum est :
Qui non crédit jam jiidiciitu? est. Ibid.
' !\'ihil prodestguod aliquis christianus vocatwr
ex nomine, si hoc non ostendil in opère. Ibid.,
l)ag. 142.
' Islo, non est dicendn pax quœ de radiée chari-
tatir! non consurgil. Ca>sar., Hom. 33, paj,'. 159.
■^ Illo transitorio igné de quo divit Aposlolus :
133
dit quo ceux-l.'\ se trompent qui s'imaginent
qu'en bAlissant sur le fondement, qui est Jé-
sus-ChrisJ, des péchés capitaux, ces péchés-
là mêmes peuvent être puriliés par le feu
passagerdu purgatoire. Il soidient que quand
l'Apolrc ajoute : (Juc celui dont l'ouvrage sera
brûlé, ne laissera pas d'être sauvé, quoiqu'en
passant par le feu, cela ne doit 's'entendre (pie
des péchés légers. Il fait à celte occasion une
éniimération de ces deux sortes de péchés.
Par les capitaux il entend le sacrilège, l'ho-
micide, l'adultère, le faux témoignage, le vol,
la rapine, l'orgueil, l'envie, l'avarice, la co-
lère, quand elle dure longtemps; l'ivrogne-
rie, quand on en fait une habitude. Tous ces
péchés demandent d'être expiés en ce mon-
de par une longue pénitence, par de grandes
aum(jnes, et en cessant de les commettre.
Celui qui en a été dominé ne peut ^ être pu-
lilié par le feu passager. Il sera tourmenté
dans les llanmies éternelles, sans qu'il y ait
aucun moyen de l'en délivrer. Ce Père suppo-
se néanmoins que le pécheur, après avoir dé-
testé ses péchés, aura le temps d'en faire pé-
nitence et de les ellaccr, soit par des aumô-
nes, soit par d'autres bonnes œuvres. Il met
au rang des péchés légers, d'excéder au
delà du besoin dans le boire, dans le manger,
dans le parler, de refuser durement à un pau-
vre importun , de dîner étant en santé lors-
que les autres jeûnent, de se lever tard pour
assister aux prières de la nuit, d'user du
mariage dans d'autres vues que d'avoir des
enfants, de négliger de soulager les prison-
niers, ou de visiter les malades, ou de récon-
cilier ceux qui sont en discorde, de s'entre-
tenir de discours fabuleux, soitdansl'Église,
soit hors de l'ÉgUse. Ces péchés et une infi-
nité de semblables, dont les justes même,
en ce monde, ne sont point exempts, sont du
nomljre de ceux dont l'Apcjlrc dii ' que le feu
leur servira d'épreuve, si nous ne les avons
pas effacés en cette vie par les œuvres de la
pénitence, par les prières, par les jeûnes, par
Ipse autPin salvus erit, sic tamen quasi per ignem,
non capilalia sed minuta peccata purgantur. Ca?-
sar., Hom. 37, pag. 185.
^ Quicumqne aliqua de istis peccalis in se domi-
nari cognoverit, nisi se digne anendaverit, et si
habuerit spalium, longo temporepœnilenliam ege-
rit; et Uirgas ekemosynas erogaverit et a peccalis
ipsis abslinuerit; illo Iransilorio igné purgari non
poterit, sed œterna illam flamnia sine ullo remé-
dia cruciabit. Ibid.
' Quidijuid de istis peccntis a nobis rcdcniplum
noti fuerit; illo igné purgandum est de auo diril
134
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
•. IJÔ.
&f rm. 39|
Serm. «1,
VI- «H.
les aumônes, et surtout en remettant les of-
fenses à ceux qui ont péclié contre nous. Saint
Césaire veut que nous travaillions sans ' cesse
à efl'acer ces péchés même léffers, de peur
que leur grand nombre ne vienne enfin à
nous précipiter dans l'abîme. Comme on pou-
vait lui objecter, qu'il importait peu de pas-
ser parle feu du purgatoire, pourvu que l'on
jouit ensuite de. la \ie éternelle; il prévient
cette objection et répond qu'elle n'est point
fondée, parce que le feu du purgatoire ' sera
beaucoup plus difficle à soutenir, que tou-
tes les peines que l'on peut sentir et même
s'imaginer en celte vie. Les remèdes qu'il
prescrit pour les péchés légers sont de les ra-
cheter, en visitant les prisonniers, en récon-
ciliant les personnes divisées, en jeûnant les
jours marqués par l'Église, en lavant les
pieds aux étrangers, en assistaut fi-équem-
ment aux veilles, en donnant l'aumône aux
pauvres et aux passants, en pardonnant à
nos ennemis. Il regarde ces pratiques comme
insuffisantes pour etlacer les pécliés mortels,
voulant ' qu'on y ajoute les larmes, les gé-
missements, de longs jeûnes, d'abondantes
aumônes; qu'on s'éloigne de soi-même de la
sainte table; qu'on passe un long temps dans
le deuil et la tristesse, et qu'on fasse même
une pénitence publique. Il fait voir dans le
trente-huitième sermon, que la charité est la
racine et la source de toutes les bonnes œu-
vres, et que d'elle dépend le bon usage des
biens de cette vie. Dans le trente-neuvième,
il montre que si Dieu est miséricordieux en-
vers nous dans cette vie, il nous fera sentir en
l'autre les ell'ets de sa justice ; et dans le qua-
rantième , que la charité est la fin de la loi ,
puisque si l'on a la charité, l'on possède Dieu,
et qu'en possédant Dieu, on a tout. Il fait
une fort belle antithèse entre les biens qui
sont produits par la charité, et les maux qui
sont les suites de la cupidité ; en avertissant
Àposlolus : Quia in igné revelabitur, et si cujus
opus arserit Uetrimentum jiatietur. Ibid.
' El ideo continuis orationibus et frequenlibus
jejuniU< H largioribus eleemosynis, el prœcipue
per indiilgenliain eorum qui in nos peccant, assi-
due redvmantur; ne forte simul collecta cumulum
faciant el demerganl animam. r.a,'sar., ibid.
' Sed dicit aliquis : ^'on pertinct ad me quandiu,
moras habram, si lamen ad fitam œtcrnam per-
renern. Aci'io hoc dicit, fraties, quia, ille purga-
torius ignis durior erit, quam quidquid polest in
hoc sœculo pivnarum aut cogitari, aulvideri, aut
genliri. lliid., p.ig. 18G.
' Pro capitalibus vero crinniiibus non hoc so-
Sarm. ii.t
I.«I.iiO,Jl
i«e. m-
les justes de ne point présumer de leurs mé-
rites, et les pécheurs de ne point désespérer
du pardon de leurs péchés, mais aussi de ne
pas différer d'en faire pénitence.
6. Les deux discours intitulés, de l'avéne-
ment du Seigneur, sont pour exhorter les fi-
dèles de se disposer à célébrer dignement
le jour de la naissance du Saaveur , et à y
recevoir son corps et son sang. D leur dit
qu'ils doivent songer à orner leurs âmes
d'autant de vertus, «ju'ils prendraient de soin
d'orner leurs maisons, et de se parer eux-
mêmes s'ils avaient à recevoir quekpie roi
de la terre ; qu'à l'approche de cette solen-
nité comme des autres de l'année, il con-
vient ' aux personnes mariées de vivre dans
la continence , et à tous de racheter leurs
péchés par des aumônes ; que s'il leur est
permis en ces jours de fête de régaler leurs
amis et leurs voisins , il faut que ce soit par
des repas sobres et modestes , en sorte qu'il
reste toujours de quoi subvenir aux besoins
des pauvres et des indigents. L'homélie sur
l'Epiphanie traite des dispositions que l'on
doit apporter à la célébration de cette fête.
Nous avons trois discours de saint Césaire smn. tin
sur le Carême. Dans le premier, il conjure «<W9'
ses auditeurs de se rendre de bonne heure
pendant tout ce saint temps aux veilles de la
nuit, et aux heures de tierce, de sexte et
de noue, s'ils n'en sont empêchés ou par
inlirmité ou par quelque motif qui regarde
l'utilité publique , ou par quelque raison
importante ; de ne pas se contenter des lec-
tiu'es qui se faisaient dans l'Eglise, mais d'en
faire encore de [larliculières dans leurs mai-
sons; d'employer les quarante jours de jeû-
ne à amasser de quoi nourrir leurs âmes
pendant tout le reste de l'année; de déro-
ber chaque jour quelques heures à leurs af-
faires temporelles, pour ne s'y occuper que
de Dieu. Il condamne dans le second le jeu'
lum sufPcit; sed addendœ sunt lacrymœ, gemitus,
continuala et tongo tempore prolracta jejunia,
largiores eleemosynm erogandœ, ullro nos ipsos
a communione Ecclesiœ renwrentes, et pacniteii-
tiam eliani publicam agentcs. Ibid., png. 187.
'' Qiiotidiescumque aut dits natalis Domini, aut
reliquœ fe.ttivitules advcniunt, ante plures dies,
non solum abinfelici roncuhinarum consortio,sed
eliani a pro/iriis uxoribus abstinete. Coesar., Honi.
42, p:if.'. 211.
' Tcmpns quod nobis furiosus tabula /wrftM so-
lebal auferre, Icctio divina incipiat occupare.
CxsuT., nom. 45, pag. a.'iO.
VI' SIECLE.
CHAPITRE IX. — SAINT GÉSAIUE, ÉVÊQUE D'AllLES.
135
do cIl's pour lequel on fénioignait trop d'ar-
deur, et la délicatesse dans les nicls , disant
qu'il no servait de rien d'avoir jeûné ' tout
le jour, si ensuite on accablait son âme , ou
par un exe^s do iionrrilure , ou par des ali-
ments trop délicieux. Il dit dans le troisiè-
me, que nous devons jei"iner de manière que
nous donnions aux pauvres ce rpie l'on nous
aurait dans un autre temps préparé pour
diner, au lieu de nous en réserver le prix.
11 regarde la main ' du pauvre qni reçoit des
riches comme le trésor de Jésus-Christ , qui
met dans le ciel ce qu'on lui donne, de peur
qu'il ne périsse sur la terre. Il ne veut pas
que ceux qui se trouvent réduits à la der-
nière pauvreté, s'attristent dans l'impossibi-
lité où ils sont de faire eux-mêmes Taumô-
ne; disant qu'ils en remplissent le précepte
par la bonne volonté qu'ils ont de la faire
^7'k"û'' ^'''® étaient en état. On voit par les deux
sermons qu'il a faits sur les litanies ou les
trois jours des Rogations, que cette dévo-
tion était dès lors établie dans toutes les
églises du monde ' , et qu'on les regardait
comme des jours destinés k guérir les plaies
de l'âme par la pénitence et par la prière.
On les passait dans le jeune ', dans le chant
des psaumes, dans l'oraison et dans de sain-
tes lectures. Le repas y était modique ^
comme en Carême ; et il y avait chaque jour
dans l'Église^des assemblées publiques dont
i«i,..io,sii, personne ne pouvait se dispenser. Des cinq
j'ii''scqr^' discours suivants , il y en a deux sur la fête
des martyrs, un sur celle des vierges, et deux
sur la dédicace d'une église, ou la consé-
cration d'un autel. Saint Césaire y enseigne
qu'on peut en cette vie méiùter la félicité,
mais non pas la posséder ; qu'on peut imi-
ter non-seulement les martyrs , mais Jésus-
Christ même, en pratiquant les vertus do pa-
tience, de douceur, d'iunnilité dont il nous
a donné l'exemple; que beaucoup do per-
sonnes peuvent à raison de leurs infirmités
s'excuser de jeûner, de veiller, et de faire
d'autres œuvres de piété comme étant ou
au-dessus de leurs forces ou de leur pouvoir ;
mais qu'on ne peut donner d'excuse légiti-
me de ne point aimer Dieu, ni le prochain ,
après le précepte qui nous en est fait dans
la loi ; qu'il ne sert de rien ;\ un clerc , .'i im
moine, à une religieuse, d'être chaste de
corps, si leur cœur est livré ti l'impureté ;
qu'une femme chaste et humble est préfé-
rable à une vierge orgueilleuse; qu'une per-
sonne qui se sent la conscience ' chargée de
quelque crime doit la purilierpar les jeûnes,
par les prières, par les aumônes, et s'ap-
procher, après cette préparation , de l'Eucha-
ristie , n'y ayant pas à craindre que Dieu
bannisse du banquet éternel, celui qui, pour
la correction de ses mœurs, s'éloigne volon-
tairement et par un sentiment d'humilité,
de l'autel de l'Église. Il était défendu à ceux
que l'Église excommuniait pour un crime,
de boire '', de manger, de parler avec les
fidèles. Mais cette excommunication n'était
point irrévocable ; l'Église recevait dans son
sein les excommuniés, quand ils avaient sa-
tisfait. C'était l'usage * que les hommes la-
vassent leurs mains avant d'approcher de
l'autel pour y recevoir l'Eucharistie ; les fem-
mes la recevaient sur un linge bien blanc
qu'elles tenaient dans leurs mains.
7. Le cinquante - quatrième sermon est
sur le Symbole et sur la nécessité des bon-
nes œuvres. Saint Césaire le commence par
des termes et des façons de parler qui ont
beaucoup de rapport au Symbole qui porte
iig. j I.
Serm. 6i
r. 3»3.
• Nihil prodest tota die longum diixisse jej-w-
iiium, si postea ciboruin suavitate vel niinietate
anima obruatur. Ibid., pag. 231.
^Maiius pauperis]gazophylacium esl Christi, qui
quod accipit, ne pereat in terra, in cœlo reponit.
Caesar., Serm. 46, fiag. 233.
' In isti^ tribus diebtis, quos regulariler in loto
mundo célébrât Ecclesia, nullus se a sancto con-
ventu subducat. Caesar., Serm. XI, pag. 297.
' Sine dubio peccalonun suorum vulnera dili-
git, qui in istis tribus diebus jcjunando, orando
et psallendo medicamenta sibi spiritualia non re-
quiril. Cfesar., Serm. 48, pag. 299.
5 Conviviolanobis eliam quadragesimali ordine
prœparemus, et magis legendo, psallendo vel
urando. animabus nostris spirituales epiclasquam
rorporales requiramus. Cœsur., Serw. 47, pag.298.
' Vnusquisque consideret conscienliam suam;et
qiiando se aliquo crimine vulneratum esse cogno-
verit,prius, orationibus, jejuniis vel elecmosynis
studeat mundare conscienliam suam et sic Eucha-
risliam prwsumat accipcre... Qui eiiim reatum
suum agnoscens, ipse se humiliter ab altari Ecclc-
siœ pro emendalione vitce removere voluerit, ab
œterno illo convivio excommunicari penitus non
timebit. Caesar., Hom. 52, pag. 376.
' Quidprojicitnr, et manducare et bibereetcum
hnminibus loqui non potest, et habet spem utite-
rum mertalur ad Ecclesiam revocari. Ibid.
s Omnes liri quando ad allare accessuri sunt
lavant manus suas, et omnes mulieres nitida ex-
hibent linteamina ubi corpus Christi accipianl.
Ibid.
UISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Srnn. tS|
SiTin. &6.
J^eol . - , I6i
13G
le nom de saint Alhanase. D y disting:ue
ilaiiemcnt les deux natures en Jésus-Christ,
reconnaissant qu'il est égal à son Père se-
lon la divinité, et moindre que le Père se-
lon l'humanité qu'il a prise de Marie tou-
jouis vierge avant et après son enfantement,
cl dont la vie a été sans aucune tache ni
contagion de péché. A l'égard du Saint-Es-
prit, il déclare que nous devons croire qu'il
procède ' des deux, c'est-à-dire du Père et
du Fils. Il dit aux fidèles' qu'ils doivent cha-
que année donner aux églises et aux pau-
M-es la dîme de tous les fniits qu'ils auront
pu recueillir. Il enseigne, dans le cinquan-
te-cinquième qui est sur le jugement der-
nier, que les péchés passés ne nuisent point,
si l'on ne prend point de plaisir aux pré-
sents; mais il s'explique aussitôt en disant
que comme il ne sutlit pas au juste d'être
juste, s'il ne persévère dans la justice jus-
qu'à la fin, de même l'iniquité ne nuit point
au pécheur, si, avant demourir, il l'a effacée
ou par des aumônes, ou par la rigueur de
la pénitence. L'homélie qui est la deux cent
cinquante-deuxième dans l'Appendice est en
partie de saint Augustin, et en partie de saint
'.;ésaire. Il établit dans le cinquante-sixième
il nécessité de confesser ses péchés , non-
seulement à Dieu, mais encore aux hommes
de piété et craignant Dieu. Sur ces paroles
de l'iCpitre de saint Jacques : Confessez vos
■unies l'un à l'autre, et priez l'un pour l'autre
afin que vous soyez guéris, il dit que Dieu nous
a ordonné de les confesser, non qu'elles lui
fussent inconnues, mais afin que les confes-
sant dans ce monde, nous n'en recevions pas
la confusion dans l'autre. Il réfute l'erreur de
ceux qui rejetaient les péchés des hommes
sur les constellations , ou sur un mauvais
principe; et montre que quelle que soient
les attaques du démon, il est en notre pou-
voir', avec le secours de Dieu , de mépriser
ou d'acquiescer au mal qu'il nous conseille.
On voit par le cinquante-septième, qu'on 5*™. n.
disputait, avec beaucoup d'animosité, sur le
salut de celui qui meurt aussitôt après avoir
reçu la pénitence. Saint Césaire, avant de dé-
cider la question, distingue trois manières
d'arriver à cette pénitence précipitée. « La
première, dit-il, est, quand un chrétien ne
commet point de péchés capitaux, ou qu'il en
fait pénitence aussitôt après les avoir com-
mis, s'occupant dans la suite de toute sorte de
bonnes œuvres, et rachetant même les pé-
chés légers dans lesquels il lui arrive de tom-
ber. Un fidèle de ce caractère , qui meurt
sans avoir auparavant reçu la pénitence ,
sort heureusement de ce monde, parce qu'il
l'a pratiquée pendant toute sa vie. La secon-
de ' est lorsqu'un chrétien a commis des pé-
chés légers et même des mortels, mais com-
me par ignorance et dans l'espérance d'en
faire pénitence, sans se livrer au péché avec
dessein de n'en faire pénitence qu'à la fin
de sa vie ; s'il la demande avec de grandes
instances et beaucoup de gémissements dans
ces derniers moments, fermement résolu, au
cas qu'il revienne en santé, de passer le reste
de ses jours dans les travaux de la péniten-
ce, nous pouvons et nous devons croire que
Dieu lui l'cmettra ses péchés, selon ce qui
est dit dans Ëzéchiel : En quelque jour que le Einin
pécheur se Convertisse, toutes ses iniquités serotil
mises en oubli. La troisième est celle d'un
homme qui vit habituellement dans le dé-
règlement, espérant que la pénitence qui lui
sera accordée à la mort , ell'acera tous ses
péchés. Si cet homme n'est point dans une
ferme résolution de rendre le bien d'autrui ,
de pardonner à ses ennemis , d'effacer ses
fautes par ses larmes et de faire d'autres œu-
vres de pénitence , au cas qu'il survive , il y
• Credatunusquisquefidelis qiiod Films œqualis
est Patri secundum divinitalem, et minor est Pa-
trg secundum humanitalcm carnis, quant denos-
trn'assiinipHl, id est... ex Maria Yirgine quœ vir-
go ante parlum et virgopo^l parium semper fuit,
et absque conlagione vel macula peccati perdu-
ravit... Spirilus vcro Sanclus ab ulroque proce-
dens. Cœsar., Hom. 54, pas. 399.
• Décimas annuis singulis de omni fruclu quod
colligilis Ecclesiis el paupcribus erogale. Ibid.,
pag. 400.
' Dat qvidem ille consilivm ; sed Dec avûciliante
nostrum est rcl eligerc, vil repudiare quod sugge-
rit. Cioar., Serm. 5fi, pag. 416.
• Sccundus moduv csl iupradictœ pœnitenliœ,
ut eliamsi aliquis quamdiu vixerit, non solum
parva, sed forte eliam capilalia commiltat pec-
cata; el lamen mala ipsa ignoranler quasi spe
pœnitentiœ agat, nec idco animam suam ad pcc-
cala relevet, ul adillam pœnitcntiam se reservet,
et in Iransitu suo cum grandi humilitate el cor-
dis contrilione, cum rugitu vel gemitu ipsam pœ-
nitcnliam pelai, et hoc definitis-fime in corde suo
deliberet, ut si evaserit, quamdiu vixerit, loto cor-
de el lotis viribus fructuosam pœnilenliam agat...
possumus el dcbcmus credere quod ci Dotninns
omnia dignelur peccala dimitlere, secundum il-
lud propheticum .•PeceatoriiKjuacuniquc die coa-
versiis fiieril, inuue siniquitalps ejus oblivioni tra-
deutur.l'ttg. 419.
CHAPITIIE IX. — SAINT CÉSAIRE, HVÈQUE D'ARLES.
Soi tu.
Scrni. 60,
[Vl" SIÈCLE.]
u toute apparence qu'il sera du nombre do
ceux A qui Jdsus-Clirist dira : Allez, maudits,
(liins le feu éternel. Si un lioininc dispose do
cette sorte, uie demande la pcnilence, ajou-
te saint (.îésaire,'et s'il est en âge de la rece-
voir, je puis bien ' la lui donner, mais je ne
puis lui donner ime entière sécurité, Dieu
.«cul connaissant avec (piols sentiments cet
lionime demande la pénitence. »
Les sept discours suivants traitent aussi
de la pénitence et de la rémission des pécliés.
(JnoiqLie saint Césaire ne doute pas que la
pénitence même tardive ne soit utile, quand
elle est accompagnée de douleur, de repen-
tir, d'aumônes, il fait voir qu'il y a autant de
danger que de témérité à reculer celle que
l'on doit l'aire des péchés commis, puisque
personne ne peut s'assurer d'une longue vie;
et qu'un grand nombre sont morts sans avoir
reçu eu ce monde le remède de la pénitence,
<pi'ils s'étaient Haltes de recevoir à la fin de
leur vie. Il dit à ceux que la grandeur de
leurs crimes fait désespérer du pardon, qu'ils
ne connaissent point la toute-puissance du
Médecin céleste. Et pour leur prouver qu'il
est également miséricordieux, il leur apporte
l'exemple de David, de Manassés et de la pé-
cheresse de l'Evangile, à qui un regret sin-
cère obtint la rémission de très-grandes fau-
tes. 11 ajoute que le sacrilège Achaz aurait
même obtenu le pardon des siennes, s'il eût
persévéré dans les sentiments d'humilité
qu'il témoigna d'abord. « Qui est l'homme ,
dit ce Père à ceux qui négligent de se puri-
lier des péchés qu'ils commettent chaque
jour, qui laisse ses chevaux les pieds conti-
imellement dans le fumier? N'avons-nous
[)as soin de nettoyer nos maisons et les éta-
ijles où nous logeons nos bestiaux?» C'est là
une des comparaisons familières de saint Cé-
saire ; il en apporte souvent de semblables,
137
les croyant propres .'i faciliter l'instruction
des peuples. Il les exhorte à recourir à la
confession ' de leurs pi-ché-s, pour en obte-
nir le pardon , et airiver au port ile la i)éni-
tcnce, comme ceux qui se trouvent dans un
vaisseau brisé par la tempête, recourent à
une planche pour se tirer d'une perte inévi-
table sans ce secours; de ne point se fier'
ni sur leur Age, ni sur leur santé, parce
qu'on travaille toujours trop tard à son salut,
quand on est incertain de vivre. C'était en-
core l'usage de son tcnqis, que * les person-
nes des deux sexes demandassent la péni-
tence publique, et qu'elles confessassent leurs
péchés devant toute l'assemblée. L rend grâ-
ces h Dieu de la colère que les pécheurs té-
moignaient dans ces occasions contre eux-
mêmes. Ils paraissaient couverts de ciliées,
marquant par ce vêtement qui est composé
de poils de chèvre et de poils de bouc, qu'ils
se croyaient hors du nombre des agneaux,
c'est-à-dire, des tidèles. Ce Père convient''
qu'il était en leur pouvoir de faire secrète-
ment pénitence de leurs fautes; mais il croit
qu'ils ne demandaient de la faire en public,
que parce que, considérant le grand nombre
de leurs péchés, et ne se jugeant pas en état
d'y satisfaire par eux-mêmes, ils avaient re-
cours aux prières de tout le peuple. Deman-
der la pénitence publique , c'était demander
d'êti'e excommunié ; aussi chassait-on de l'É-
glise ces sortes de pénitents, après les avoir
couverts de ciliées. Us ne demandaient d'être
excommuniés que par ce qu'ils se croyaient
indignes d'approcher de l'Eucharistie, vou-
lant qu'on les séparât quelque temps du saint
autel, afin qu'ils pussent parvenir avec une
conscience assurée à l'autel qui est dans le
ciel, et participer même en cette vie au corps
et au sang de Jésus-Christ après s'être " pu-
rifiés de leurs fautes par les humiliations, et
S«riii. 61,
' Pœnitentiam illi darc possum, integram se-
curitatem tiare non possum. Deus tamen quiom-
nium conscientias novit et imumqueinque secun-
dum suum meritum judicabil, ipse scit qua fide
aut qua iiUentione uniini pœnitentiam pcliil. Cae-
sar., Ho m. 57, jiag. 410.
' Admuneo et contestor til qui se cognoscit de
littore continenliœ, tempestate libidinis in pela-
gum lu.ruriœ fuisse jactutuin et castitalis incur-
risse naufragiuiii, peccatoruin confessionem, va-
lut tabulam fraclœ nacis velociter appréhendât :
ut per ipsamde abysso ac profundo luxuriœ pos-
sit evadere, et ad portum pœnitentiœ perveiiire.
C.Tsar., Hom. 61, pag. 426.
» Kon sanitali credentium csl, non œtati. In re-
medium salutis suœ semper tardus est, qui vilœ
suœ incertus est. Ibid., pag. .127.
' Quotiescuwque aliquem de fratribusvel soro-
ribus nostris pœnitentiam publiée videmus petere,
magnam in nobis ipsis Deo inspirante compunc-
tionem divini limoris possumus et debemus ac-
cendere. Cxsav., Hom. 62. pag. 427.
^ Et ille quidem qui pœnitentiam publiée acce-
pit, poterat eam secretius agere : sed credo con-
siderans mullitudinem peccatorum suorum videt
se contra tam gravia mala solum non passe suffi-
eere ; ideo ailjutorium totius popuU cupit expetere.
Ibi.i.
'' Et hoc attendue qund qui pœnilenliam petit,
excowwmicari se suppUcat. Denique ubi accepit
138
HISTOniE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
S«nn,
Sens
|«g. »IJ.
par la soustraction de ces divins mystères.
Pendant le temps de leur pénitence, ils s'abs-
tenaient de vin et de chair, et ils ne devaient
pas même' manger de viande après leur ré-
conciliation; mais se contenter de légumes,
d'herbes et de petits poissons, soit lorsqu'ils
mangeaient dans leurs maisons, soit ailleui-s.
"' Ces crimes soumis à la pénitence publique,
étaient l'homicide, le faux témoignage et le
parjure, les sortilèges, les divinations et l'im-
"• pudicité. Certaines personnes qui se persua-
daient que pour aller au ciel il suffisait de ne
point faire de mal, disaient quelquefois qu'el-
les souhaitaient d'être trouvées telles à la mort
qu'elles étaient sorties des eaux du baptême.
Saint Césaire ne disconvient pas que celui-
là ne soit sauvé qui meurt aussitôt après son
baptême , sans avoir eu le temps de faire de
bonnes œuvres; mais il soutient* qu'il ne
suffit pas à celui qui a vécu plusieurs années
depuis son baptême, de n'avoir point fait de
mal, et que c'est pour lui un grand mal de n'a-
voir point fait de bien en ayant eu le temps,
et de n'avoir pas fait de progrès dans la vertu.
(1 Le baptême', dil-il, a évacué en nous tous
les maux, mais nous devons, en agissant avec
la grâce de Dieu , nous remplir de tous les
biens, de peur que contents du sacrement du
seul baptême, sans nous occuper des bonnes
oeuvres, l'esprit immonde qui a été cliassé de
'■'• nous par la grâce de Jésus-Christ, ne revien-
ne, et nous trouvant vides de bonnes œuvres
n'amène avec lui sept esprits plus méchants
que lui, et que le dernier état de cet homme
ne devienne pire que le premier. »
'^■, 8. Le soixante-cinquième discours traite de
la foi. D'après saint Césaire elle tire son nom
de faire, parce qu'elle est le soutien et la
base de toutes les choses, soit divines, soit
humaines. Pour qu'elle soit entière, elle doit
renfermer la croyance de l'accomplissement
des promesses et des menaces de Dieu. Mais
elle n'est vraie en nous que lorsque nous
accomplissons par nos œuvres ce que nous
avons promis de vive voix. En vain dirions-
nous que nous croyons ce que Dieu nous ap-
prend de la béatitude et des supplices de
l'autre vie, si nous ne faisions nos efforts
poui' mériter la vie et éviter la mort éter-
nelle. L'activité de notre foi doit paiaitre
surtout dans l'accomplissement des promes-
ses que nous avons faites dans le baptême.
Ou nous y a demandé ' si nous renoncions
au diable, à ses pompes et à ses œuvres. Et
nous avons répondu, nous ou nos parrains,
si nous étions encore enfants, que nous y re-
noncions. Mais si nous manquons à de telles
promesses, peut-on compter que nous gar-
derons celles que nous faisons aux hommes?
Le prêtre présentait ^ à celui que l'on devait
baptiser un papier qui contenait la formule
des renonciations pour le souscrire ; ce qu'il
faisait après avoir répondu qu'il renonçait au
démon, à ses pompes et à ses œuvres. Saint
Césaire, après avoir montré dans le soixan-
te-sixième, qu'il ne sert de rien de porter le
nom de chrétien, si l'on n'en remplit les de-
voirs, les détaille en ces termes : « Soyez en
paix avec votre prochain, et travaillez à la ré-
tablir entre ceux qui sont en discorde. Fuyez
le mensonge, évitez lo parjure comme la
mort éternelle. Faites l'aumùne aux pauvres
suivant vos facultés. Portez " vos otirandes à
l'autel pour y être consaci'ées : car un hom-
Sarm .
pœnitentiam, cooperlus cilicio foris ejicitur. Ideo
enim se excoinmunieari rogat, quia ad percipierv-
dam Eucharistiam Domini indignum esse se jw-
dicat. El proplerea aliquamdiu se ab isto altari
alienum vuU fieri, ut ad illud altare quod in cœlo
est inereatur cinn secura conscientia percenire.
Propterea se a communione corporis et sanguinis
Christi quasi reum et .impium cuin grawli rêve-
rentia vult removeri, ut per ipsam humilitatein
tandem aliquando ad communionein inereatur
sacrosincti altaris accedere. Csesar., Hom. 62,
pag. 428.
> Etian reconciliatus pœnitens, ubicumque, aut
insuo, aut in aliéna convivio, olera, aut legumina,
aut pùtciculos invenirepotuerit, aliam carnem non
débet accipere. Ibid., pag. 429.
' Ipsi soli sufjlcit talem esse qualis de baptismi
sacrainento processil, qui statiin post acceptum
baptismum de hac luce migraveril, nnn habuit
spnliun in quo se bonis operibus exerceret ; ilte
vero qui longutn tempus Vivendi et cetatem passe
bene operandi habuit, non sufficit ei otiosum esse
a malis, si eliam a bonis volueril esse otiosM.
CiEsar., Hom, 64, pag. 452.
' Per bapti-iinuin vacuati sumus omnibus ma-
lis ; sed Dei gratia bene agenda debemus repleri
oinnibui bonis. Ibid.
' Interrogamur in baptismo ulrum abrenuntie-
vius diabolo, pompis et aperihus ejus: tt abre-
nuntialuros nos voce libéra respondcmus : quud
quia infantes per se minime pro/itcri possiinl, pa-
rentes ipsorumpro eis fidejussores existunt. Serin.
65, pag. 431.
' Quando inlerrogatus est : Abrenuntias diabolo,
pompis et operibus ejus .' Tune ei sacerdos subs-
cribendum pactum obtulit. (Jun)tdo aulem respon-
dit : Àbrenunlio, tune subscnpsil. Cajsar., Serm.
65, pag. 434.
' Anie omniasecundum vires eleemosynas pau-
ptribus exhibcle: ohlationes quw in allario con~
CHAPITRE IX. — SAirW CKSAIHK, !■ VÈQUE IVAIILES.
[VI" SIÈCLE.]
me doit roiipir do communier de l'ollVando
il'aulrui, quand il peut en fournir lui-môme.
Que ceux qui sout pu pouvoir fournissent des
cierges ou de l'huile pour les lumières. Sa-
chez par cœur le Symbole et l'Oraisou domi-
nicale : apprenez-les à vos enfants. Sachez
que vous ii'pondrez h Dieu de ceux que vous
avez levés des fonts du baptême. C'est ])our-
quoi ayez-en un soin égal ù celui que vous
devez avoir de vos propres enfants ; repre-
nez-les, corrigoz-les, afin qu'ils vivent sobre-
ment, chastement et avec piété. Vivez vous-
mêmes de façcm que vos enfants, en vous
imitant, aillent au ciel et non en enfer. Que
ceux qui sont préposés pour juger des dilli-
cultés et des procès, le fassent avec équité,
qu'ils ne prennent point de présents pour
opprimer l'innocent. Que nul ne s'enivre, et
que celui qui invite un antre ;\ manger ne le
presse point de boire au deh^i du besoin, de
peur qu'il ne perde son àmc et celle de celui
qu'ila invité. Venez à l'église chaque diman-
che. Si les malheureux Juifs observent le
sabbat avec tant d'exactitude, qu'en ce jour
ils ne font aucune œuvre terrestre : à plus
forte raison les chrétiens doivent-ils, le jour
du dimanche, vaquer à Dieu seul, et venir à
l'église pour le salut de leurs âmes. Priez-y
pour vos péchés, n'y causez pas, écoutez avec
attention les divines lectures. Rendez aux
églises la dîme de vos fruits. Que celui qui
était superbe devienne humble; que celui qui
volait commence à donner aux pauvres de sa
propre substance. » Il exhorte ses auditeurs à
abolir entièrement les restes d'une supersti-
tion païenne, appelée du. petit cerf, qu'il avait
déjà détruite lui-même en bonne partie dans
Arles ; mais il se plaint de ce qu'ils en prati-
quaient une autre, qui était de s'abstenir de
tout travail le jeudi, en l'honneur de Jupiter,
tandis qu'ils ne faisaient peut-être aucune
difficulté de travailler le dimanche.
sem, 67, Le sermon soixante-septième est sur la dis-
r'ï. 138. tinction des bons et des mauvais chrétiens.
C'est à peu près la même chose que le pré-
secrentur offerte. Erubescere débet homo idoneus
si de aliéna otHatione communicaverit. Qui pos-
sunt aul cerenlas aut nienm qund in cicindilibns
mittatur, exibeanl. Symbolum vel Oraiionem do-
minicam, et ipsi lenete, et filiis vestris ostendite.
Filins quos in baptismo excipitis, sritote vos fide-
jussores pro ipsis apud Deum e.rtitisse. Et ideo
tam illos qui de iwbis nati sunt quam illos quos
de fonte excipitis semper casliqate atque corri-
gile, ut caste, juste et sobrie vivaiit.... Omni die
dominico ad ecclesinm cnnrmite, %>,. ecclesia slan-
13'J
cc'dcnl. Le soixante-huitième est adressé aux ^,^_^°^^- "•
compétents, c'est-à-dire à ceux qui deman-
daient le l)apl6me. Il veut qu'ils s'y prépa-
rent on pai-douiKuit à leurs ennemis, eu res-
tituant le bien d'autrui, en faisant pénitence
de leurs péchés, en usant très-sobrement de
vin, et par la pratique de la vertu. Il dit à
ceux, qui devaient les lever des fonts du bap-
tême, de les engager à bien vivre et par leurs
exemples et par leurs paroles ; puisqu'ils
contractaient pour eux un pacte avec Jésus-
Cluistdans le sacrement de baptême, par le-
quel ils promettaient qu'ils renonceraient au
d(''mon, h ses pompes et à ses œuvres. Il y a sotm. 00,70,
huit discours sur la charité et l'amour cjue 7sJ 7'6, 'p.g'.
nous nous devons mutuellement, même a
nos ennemis. On y trouve plusieurs endroits
tirés de saint Augustin. L'auteur donne pour
exemples de l'amour des ennemis dans l'An-
cien Testament , le patriarche Joseph qui
combladebiens et de caresses ceux qui avaient
voulu le mettre à mort; le roi David, qui ne
voulut point tirer vengeance de son ennemi
qui l'avait maudit en face. Il dit à ceux qui
regardaient l'amour des ennemis au-dessus
de leurs forces, et qui ne pouvaient suppor-
ter les injures, de jeter les yeux sur les tour-
ments atroces que tant d'hommes, tant de
femmes, tant d'enfants et tant de jeunes fd-
les délicates ont endurés pour le nom de Jé-
sus-Christ. Il enseigne ' que l'amour des en- p^, ,,-2.
nemis n'est pas un simple conseil, mais un
précepte dont personne ne peut se dispen-
ser; que pour s'en rendre la pratique facile,
il ne faut que se souvenir que Dieu veut bien ^.._
nous pardonner nos fautes, encore qu'elles
soient incomparablement plus grandes que
celles que les hommes commettent contre
nous. Il est vrai que les plus grands saints,
comme Moïse et Élie, ont quelquefois vengé »i"-
des injures ; mais c'étaient des injures faites
à Dieu et non à eux-mêmes; et ils ne les ont
vengées que conduits par l'esprit de Dieu,
qui les animait. Saint Césaire ^ croit coupa-
bles d'un grand péché ceux qui, se trouvant
tes nolite verbosari, sed lectiones divinas patien-
ter audite.... et décimas de fructibus vestris ec-
clesiis redditr. Caesar., Serm. 66, pag. 136.
' Dominus in Evangelio, ut inimicos diligere de-
beamus, non dédit co)isilium, sed prœceptum. Cae-
sar., Serm. 73, pag. 453.
^ Scivit Spiritus Sanctus nonnuUos homines qui
cum ad aliquos honores aul divitias undecumque
acquisitas pervenerint, ila parentes suos despi-
ciunt ut eos nec vider e dignenlur. Quod si fece-
rinl, non solum peccatum, sed eliam grave cri-
110
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURiS ECCLÉSIASTIQUES.
dans l'abondance ou élevés aux honneurs,
méprisent leurs parents pauvres, jusqu'à re-
fuser de les voir. Il veut que les parents pau-
vres soient les premiers dans la distribution
des aumônes. La raison qu'il en donne est
(jiie, si nous ne donnons pas aux autres pau-
vres, d'autres leur feront la charité; mais
que si nous ne la faisons pas à nos pauvres
jiarents, il est ditlicile que d'autres la leur
strm.1t, fassent. Il prêcha le sermon sur l'obligation
'■ ■'"■ de payer les dîmes des fruits, quelques jours
avant la Saint-Jean. Il les regarde comme '
dues, et appelle envahisseurs du bicnd'autriii
ceux qui refusent de les pa^-er. Par un reste
de superstition païenne, on avait en coutume
à Arles de se laver le matin ou la nuit dans
les fontaines, ou dans des marais, ou dans
des Heures, le jour de la Saint -Jean. Saint
Césaire défend cet usage. Il s'élève aussi
contre les chansons profanes, disant qu'il est
indécent de proférer des chants dissolus et
amoureux de la même bouche qui reçoit le
corps de Jésus-Christ.
y. Saint Boniface, évêquedeMayence, cite
le discours soixante-dix-huitième sous le nom
de saint Augustin. Mais le style fait voir qu'il
est de saint Césaire. L'auteur y traite des au-
gures et de diverses autres superstitions païen-
nes, sur les jours que l'on sortait de sa maison
on qu'où y revenait. « Sans vous arrêter, dit-
il, ù de semblables observations, contentez-
vous toutes les fois que la nécessité vous obli-
ge de voyager, de vous siguer au nom de Jé-
sus-Christ, et de réciter ou le Symbole ou l'O-
raison dominicale. Après quoi mettez-vous en
cliemin avec confiance que Dieu vous aide-
ra, n II dit que quelques bouues œuvres que
l'on fasse, elles sont inutiles au salut de ceux
qui ajoutent foi aux augures et aux autres
divinations; qu'il n'est pas permis aux chré-
tiens de prier sur les foataines, ni d'avoir
dans leurs campagnes des autels ou des ar-
bres où l'on vienne faire des vœux; que ce
n'est pas un moindre mal de n'oser brûler ces
arbres après qu'ils sout tombés; que c'en est
un bien plus grand de manger des viandes
offertes aux idoles; qu'en vain celui qui en
mange voudrait s'excuser en disant qu'il s'esl
auparavant muni du signe de la croix;
que c'est comme s'il faisait le signe de la
la croix sur sa bouche, et qu'il s'enfonçât une
épée dans le cœur. Il invective ensuite contre
de semblables abus dans le soixanle-dix-neu- ^'
vième discours, principalement contre cer-
tains remèdes superstitieux que les femmes se
communiquaient les unes aux autres pour la
guérison de leurs enfants. « Il serait beau-
coup mieux *, leur dit-il, et aussi plus salu-
taire de courir à l'église dans ces maladies
dangereuses, d'y recevoir le corps et le sang
de Jésus-Christ, de s'oindre elles-mêmes et
leurs enfants de l'huile bénite, qui, selon
l'apùtre saint Jacques, leur procurerait la ré-
mission de leurs péchés et la santé du corps. »
Les sermons soixante-dix-neuvième et qua- .«r
tre-vingtième tendent i\ empêcher le peuple de ''
sortir de l'église après la lecture de l'Évangile
et avant la fin de la célébration des mystères.
Les auteurs de la vie de saint Césaire rap-
portent qu'ayant vu un jour quelques-uns des
fldèles sortir de l'église, avant qu'il eût prê-
ché, il les arrêta en leur disant que lorsqu'ils
seraient devant le tribunal de Jésus-Christ,
il ne leur serait point permis de se conduire
ainsi ; et que pour couper court à cet abus,
il ordonna de fermer les portes de l'église
aussitôt après qu'on avait lu l'Évangile. Le
concile d'.\gde, que ce saint présida, défen-
dit, par un canon exprès, aux laïques de sortir
de l'église avant d'avoir reçu la bénédiction
de l'évêquc à la fin de la messe. Saint Césai-
re eulreprend donc, dans ces deux homé-
lies, de montrer que les chrétiens ne devaient
point sortir de l'église les jours de diman-
ches ' et de fêtes solennelles, avant que l'on
eût fini la célébration des mystères. L'abus
n'était pas général. Ceux qui avaient de la
piété restaient jusqu'à la fin; mais d'autres,
et en assez grand nombre, peu attentifs au
salut de leur âme, sortaient au moment que
l'on avait fini les saintes lectures. 11 y eu avait
même qui s'amusaient à causer pendant ce
«««11»,
men se aimisixse nondiibitent.... Si quis ergo idn-
nexis est, si aliqiios parentes habueril pauperes :
ipsis prius necessaria Iribital, et sic iiidigenlibus
extraneis elcemosi/n im [aciat : quia reliquis pati-
perihus si lit. non dederUt. dabit niiiis : parentibus
vero tuis pauperibiis. si tu niliil largitus fueris,
difficile est ut nlius largialur. Cîesar., Serm. 76,
ing. 458.
' Decimœ ex debilo requirunlur, et qui cis dure
nolueril res aliénas invasil. Cœsar., Serm. 77,
pas. IGI.
' (Jiiantum reclius et snlnbrius eral ul. ad ec-
clesiam currerent. corpus et sanguinem Christi ac-
ciperent, oleo ben^dielo se et suos fidctiter perunge-
rent; elsccundum quodJacobus aposlolus dicil, non
solum sanitalem corporum,sedeliamremissinncm
accipereni prccalorum. dî-'ar., Ilom. 79, ptifr. 405.
' Kngo vos, fratres ckarissinii, ut quoliens aul in
ciiAi'iTiu-: i\. — SAINT ciisAïui':, kvêquh: D'AHLES.
[VI* SlfcCLE.J
temps, et qui, non contents de ne pas écouler
eux-môines co qu'on lisait , cmiiôdiaiLMit les
antres de proliter de la lecture. Ils se se-
raienl rendus imiius cdupahles eu s'abstenunt
de l'assemblée. Le saint leur fait renianjuer
que la messe ne consiste pas dans ki lecture
des livres saints, mais dans l'oblation des
dons, et dans la consocralinn du corps et du
sang du Seigneur. nOn peut lire, ilil-il, dans
les maisons particulières les écrits des pro-
pliMcs, des apôtres, des dvangélislcs, ou les
entendre lire par d'aulres, mais on ne peut
voir,el entendre la consécrationdiicorpsetdu
sang du Sauveur que dans la maison de Dieu.
Donc, celui qui veut célébrer la messe en en-
tier i'i l'avantage de son âme, doit demeurer
dans l'église, le coi'ps dans une postiirehum-
ble, et le cœur contrit, jusqu'à ce que l'on
ait récité l'Oraison dominicale, et que l'on
ait donné la bénédiction au peuple. Si pres-
que tous sortent après la lecture de l'Évan-
gile, ;\ qui le prêtre dira-t-il : Elevez vos
cœurs ? Comment cexxx qui sont sortis et qui
sont de corps et d'esprit au milieu des places
publiques , répondront-ils qu'ils ont leurs
cœurs élevés vers le Seigneur? ou comment
s'écrieront-ils avec une crainte mêlée de
joie : Saint , saint , saint , béni suit celui qui
vient au nojn du Seigneuri ou quand on réci-
l/il
tera l'Oraison dominicale, qui est-ce qui dira
avec humilité et vérité : /Icmetlez-nous nos
dettes, comme nous les remettons à nos débiteurs'!
Si ceux mômes qui demeurent dans l'église,
lorsqu'on fait celle piièr(;, ne remcttcnl pas
les dettes h leurs déijiteurs, ils trouvent dans
cette oraison non un remède, mais un juge-
ment contre eux, en faisant le contraire de
ce qu'ils tlisent, et ne cessant de rendre le
ma! pour le mal ; en vain ils crient au Sei- '
gneur : Délivrez-nous du mal. Si ceux qui,
étant dans l'église lors de la récitation de
celte prière, se trouvent en danger de n'en
point obtenir l'etl'et, parce qu'ils ne veuleiil
pas accomplir ce qu'ils ont promis, que pen-
seront d'eux-mêmes ceux qu'une insalialile
cupiditi's ou que l'amour de ce siècle rctical si
enlrelacés, qu'il ne leur permet pas de rester
une beure entière dans l'église? Ainsi, qu'au-
cun de vous ' n'en sorte qu'après la fin des
divins mystères. Celui qui, sans l'attendre ',
ne craint et ne rougit pas d'en sortir, se rend
coupable de deux fautes; la première, en
abandonnant les saints mystères ; la secon-
de, en attristant le prêtre qui les célèbre, et
qui s'intéresse pour lui. La bénédiction ' que
l'on y donne au peuple n'est pas d'un hom-
me, quoiqu'elle se donne par son ministère ;
et on doit la recevoir, avec autant de reron-
die dominico, aul in aliis majoribiis festivita-
tibus missœ fiunt. nullus de ecclesia discedat, do-
uée divina mysteria compleantur. Et quamvis
multi sint, de quorum fuie et devotione gaudeamus,
sunt lamcn plures de sainte animœ suœ minus
cogitantes, gui leclis dieinis lectionibus, statim
de ecclesia foris exeunl, cum tanien etitim dum
ipsœ lectioncs leguntur aliqui ex illis ita otiosis
et sœcularibus fabulis occupanlur, ut eas necipsi
audianl, nec alias avdire permillant. Isli laies
minus a nabis culparentur, si ad ecclcsiam non
venirent.-. Si diligenter attenderitis, cognoscctis
quia non tune fiunt missœ, quando divinœ lectio-
ncs in ecclesia recitantur , sed quando munera
offerunlur, et corpus vel sanguis Damini canse-
cratur. Aam lectianes sive praphelicas, sive apos-
laiicas, sive cvangelicas eliam in domibus veslris
aut ipsi légère, aul alias legentes audire potestis:
consecrationem vero corporis vel sanguinis Do-
mini non alibi nisiindoino Dei audire, rei videre
poteritis. Ideo qui vull missas ad inlegrum cum
lucro aniniœ tuœ celebrare, usquequo Oratio do-
minica dicatur et benediclio populo detur, humi-
liato corpore et coinpunclo corde se débet in ec-
clesia contiuere. Cum enim maxima pars papuli,
imo quod pejux est, pêne omnes, recitatis lectioni-
bus, exeunt de ecclesia, cui dicturus est sacer-
dos: Snrsuui corda? Àut quomodo sursum seha-
bere caria re^jiondere possunt, qui deorsum in
plaleis et corpore siuiul et corde discedunt? Vel
qualiter cum tremore simulel gaudio clamahanl:
Sanctus, sauctiis, panctiis, benedictus qui veuit in
nomine Dornini? Àut quando Oralio dominicu di-
citur, quis est qui humiliter et veraciter claniet:
Dimitte uobis débita nostra sicut dimittiiuus debi-
toribus nostris? Cum enim eliam illi qui in ecrle-
sia se continent, si non dimiserint débita debilari-
bus , ad judicium magis quam ad remedium ora-
tionem dominicam proferunt ex arequam implore
non probantur in opère : et sine causa dieunt:
Libéra uos a malo. Si ergo eliam illi periclilun-
tur[qui intus su)it si implere noluerinl quod pro-
millunt, quid de se cogitant illi quos aut insn-
tiabilis cupiditas aut amor sœculi istius[ita deli
net implicatas ut eos unius horœ momento sUire
in ecclesia non permittat? Caesar.. Ilom. 80, [iif.
468.
' Nullus ex vobis de ecclesia discedat, 7iisi mm
divina mysteria ad inlegrum fuerint celebrata.
Ibid.
5 Qui de ecclesia non perexspectatis missis cita
discedere nec metuit , nec rubtscit; dupliciler se
peccare non dubitet, dum divina mysteria deserit.
et sacerdatem pro se sollicitum contristat et de!<-
picit. Cfesar., Ham. 81, pag. 470.
' Benediclio vobis non ab hamine sed per honii-
nem datur, grato et pio animo , humiliato cor-
pore, et corde compuncto, rorem divir.œ bencdic-
tionis accipile. Ibid., pag. 471.
142
pic
naissance que de piété, le corps humilié et
le cœur contrit, comme une rosée de la bé-
nédiction divine, n
Saint Césaire exhorte ses auditeurs à faire
part à leurs voisins, et à leurs parents qui
n'auraient pu se trouver à léglise, des ins-
tructions qu'ils y ont reçues, disant que com-
me il serait cou|ial)le s'il négligeait de les
instruire , ils le seront aussi s'ils négligent
de communiquer aux autres ce qu'ils ont
serm.gi, appris. Le sermon quatre-vingt-deuxième est
*^'"" une instruction sur la prière. « Ce que nous
devons, dit-il, demander à Dieu en toultemps,
pour nous et pour tous les autres, est que
Dieu daigne nous accorder ce qu'il sait être
profitable à notre ûme. Mais avant toute au-
tre prière, nous devons lui adresser l'Oraison
dominicale, n'étant pas douteux qu'il n'exau-
ce une prière qu'il a lui-même instituée, w H
est à remarquer dans la vie de saint Césaire
qu'il obligea les laïques à chanter à haute
voix des psaumes et des hymnes, <i l'imita-
s«rn. 8j, tien des clercs. Il fut longtemps à établir cet
usage ; mais enfin il en vint à bout, comme
i m,i"'i'"''^„'^; on le voit, par l'homélie quatre-vingt-troisiè-
"• me qu'il fit le jour de rÉpiphanie. Elle roule
entièrement sur le chaut des Psaumes, sur
lesquels il fait quelques remarques généra-
les. Il conjure ses auditeurs de conformer
leurs mœurs à la sainteté de ces cantiques,
de pratiquer les vertus qui y sont recomman-
dées, et de fuir les vices qu'ils détestent. Les
deux sermons suivants sont sur la manière de
''"^v^i"' psalmodier et de prier. Toutes les fois que
les ministres de l'autel avertissaient les fi-
dèles ' d'incliner leurs tètes, ou de lléchir
les genoux*, tous devaient le faire, s'ils n'en
étaient empêchés par quelques infirmités ;
et baisser du moins la tête lorsqu'ils ne pou-
vaient fléchir le genou, pour ne pas ressem-
bler au pharisien, qui debout faisait l'éloge de
sc'n..e6,«7, ses propres mérites. Les six sermons suivants
in-i'.».' sont contre les péchés d'impureté et d'ivro-
gnerie.Saint Césaire veut qu'onlui défère ceux
qui se rendraient coupables d'adultère ou
d'autres crimes semblables, quand, après les
avoir repris en secret, ilsne se corrigentpoint.
fflSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSL\STIQLT:S.
11 répète plusieurs fois que l'usage du maria-
ge, quand il n'a pas pour fin la génônition
des enfants est un péché ; qu'un adultère qui
meurt sans avoir cessé son mauvais com-
merce, et fait pénitence, va en enfer; qu'on
doit penser de même de ceux qui entretien-
nent des concubines ; que ces sortes de cri-
mes ne sont pas moins défendus aux hommes
qu'aux femmes ; que celui ou celle qui n'e<t
pas vierge, ne mérite point la bénédiction
nuptiale ; (pi'il ne peut y avoir aucun pré-
texte de violer la foi du mariage, ou de vivre
dans l'incontinence, parce qu'il n'y en a
point de ne pas craindre Dieu qui défend ces
crimes , et qui commaude la chasteté. Il ne
croit point que l'on doive communier après
les accidents qui arrivent même invcîlontai-
rement, si l'on n'a soin d'en témoigner à
Dieu sa douleur, et si l'on ne se purilie par
l'aumône ou par quelque jeûne si la sauié
le permet. Il conseille à ceux qui se sont fait p«j. «a.
nue mauvaise habitude du vin, de s'en dé-
faire petit à petit comme ils l'ont contractée.
Comme quelques-uns disaient qu'ils ne se
souciaient point du royaume du ciel, et qu'ils
ne désiraient que le repos éternel : il leur
répond tpi'd n'y a que deux endroits ' où
l'on aille, et qu'on n'en connaît point un
troisième ; que celui qui n'aura pas mérité
de régner avec Jésus-Glu'ist, périra sans au- «s.
cun doute avec le démon.
10. On peut faire les remarques suivantes s«rm.os,
daus les onze derniers sermons de saint Cé-
saire, mis dans VApjjendice des Œuvres de
saint Augustin. Comme il y a des pauvres co-
léreux et orgueilleux, avares et voluptueux,
à qui la pauvreté ne sert de rien pour le
ciel, il y a aussi des riches humbles et doux
à qui les richesses ne sont point un obstacle
au salut, parce qu'ils en usent sans y avoir
d'attache ; c'est par l'orgueil que les anires
sont tombés du ciel dans l'enfer ; Dieu reçoit
les pécheurs aussitôt qu'ils retournent à lui
par la pénitence; la cupidité n'est jamais
sans orgueil, ni la ciiarité sans humilité ; ce s»™, m.
n'est point à Dieu que nous devons nous en
prendre, mais à nos propres iniquités, lors-
' Quotiens m altario oralur, et vos iiiclinate
capita vestra... non vobis sit lahnriosum capita
inclinare. Cœsar., Serm. 84, pag. 475.
* Dum fréquenter allendo, diacono clamante:
Flectaiiius pimua, maximam partem video velut
columnas ereclas stare conspicio ; quod christia-
nis non expedit, nec licet: non enim propter nos,
sed propter vosdiaconus clamât... Et qui pro ali-
qua in/irmitate non potest genua ftectere, vel dor-
sum curvare, vel caput non pigeât inclinare, Id.,
Serm, 85, pag, 476.
' yemo sedecipiat, duo loca sunt.et tertius non
est ullus. Quicum Christo regnare non mcrueril,
cum diabolo absque ulla dubitatione peribil. Cx-
s;ir., Uom. 91, pag. 495,
Serin, 96,
og. B05.
S.'riH. 97,
[a?. CUH.
[VI" SIÈCLE.] CHAPITRE IX. — SAINT Cl':
fjiKi nous sommes affligtis do i,Mi(M'ros, de S(!-
chcrcssos, de morlalilés et d'aiili'os Ih'iuix,
tels qu'on en soullVit ;\ Arles dans le temps
qne les Fiançais en firent le sii^gc ; les peu-
ples ' (int droit d'exijjtcr do leurs pasteurs le
Son... 94, pain de la parole divine ; et ceux-ci no peu-
vent le leur refuser sans injusiice ; ils doivent
aussi l'otlrir à ceux qui en ont du d(^goùt,
et les presser de le recevoir. Les (idèlcs doi-
vent entendre cette divine parole avec res-
pect et dans une posture diicentc, assis, ou
s-™. os debout, et non pas couchés par terre. Les
""'• prêtres ne doivent point craindre; de prêcher
la vorilë en des termes durs, lorsiju'il en est
besoin, pour dmouvoir les pécheurs, ni de
les reprendre avec force. La parole de Dieu
étant la lumière et la nourriture de notre
âme, persoinic ne doit se dispenser de l'on-
teudrc ou de la lire. Dieu, par im ellct de
sa miséricorde, a permis qu'en ce monde la
condition des hommes fût inégale, qu'il y
eût des pauvres et des riches, afin que les
uns se sauvassent par la patience, et les au-
tres par l'aumône ; ce qne les riches reçoi-
vent des pauvres, est beaucoup au-dessus de
Sera. 98, ce qu'ils leur donnent ; ils leur donnent inie
;. 513. ' '
pièce d argent, un morceau de pain, un vê-
tement, et ils reçoivent de Jésus-Christ, un
royaume, la vie éternelle, la rémission de
leurs péchés ; les riches qui refusent la sub-
sistance aux serviteurs de Dieu, occupés
Sera. 99, aux veilles, aux lectures saintes, aux prières,
> siu. ressemblent à l'ormeau et autres arbres in-
sorm. 100, fructueux, qui n'ont que des fouilles. L'on
peut distinguer trois sortes d'aumônes, utiles
toutes les trois pour le salut, dont la pre-
mière consiste h donner aux pauvres ce
qu'on a de superflu; la seconde, dans le
pardon des injures; la troisième, dans l'a-
sorm.im, mour du prochain; néanmoins l'aumône ne
suliit pas a ceux qui vivent dans le crime ; il
est nécessaire pour obtenir le pardon de
leurs fautes, qu'ils quittent l'habitude du pé-
sot.i..io3, ché, et qu'ils changent leurs mœurs; et si
"""■ l'on ne doit point désespérer du pardon de
ses péchés, on ne doit point non plus y pei--
SAlllH, ï^:vftOUE D'ARLES. U:i
si'ivc'u'or avec S(icurilé, mais s'en retirer au
plutôt et en faire pénitence. L'on peut dire
en quehjue sorte, que les orgueilleux, les
envieux, les adultères sont possédés du dé-
mon. Saint Ci'saire s'exprime ainsi ;ï l'occa-
sion d'un (uiergumèue, qui, le dimanche pré-
cédent, avait épouvanté les fidèles pendant
la célébration des mystères.
§ n.
Des Homélies de saint Césairc recueillies dans la
Ribliollihme des Pères, et par M. Baluze.
1. Des quarante-six homélies imprimées
sous le nom de saint Césaire dans la Biblio-
thèque des Pères, il y en a vingt-trois' que
l'on a mises dans l'Appendice du ciiiquièrao
tome des Œuvres de saint Augustin, parce ^'"'"'
qu'elles portaient son nom, soit dans d'an-
ciennes éditions de ses ouvrages, soit dans
quelques manuscrits. Nous venons de don-
ner le contenu de ces vingt-trois discours, de
même que des quatorze homélies publiées
par M. Baluze, sous le nom de saint Césaire,
et que l'on a aussi attribuées quelquefois à
saint Augustin. Il ne reste donc à parler que
des vingt-trois autres sermons , dont toulo-
fois les huit derniers ne paraissent pas être
de saint Césaire.
2. 11 y en a cinq sur la Pâque, dont le pre-
mier paraît imparfait. Ce saint y représente
l'étonnement et la terreur dont les démons
furent frappés à la descente de Jésus-Christ
dans les enfers. 11 trouve la figure de la Pà-
que et du baptême dans ce qui se passa à la
sortie d'Israël d'Égyte, lorsque Dieu en retira
ce peuple par le ministère de Moïse. En
effet, par la Pâque , qui signifie passage ,
nous passons de la servitude à la liberté ,
de l'iniquité à la justice, de la mort à la vie,
de la coulpe à la grâce; et nos péchés se
trouvent tellement submergés dans le baptê-
me figuré par la mer Rouge, qu'il n'en
reste pas un seul. Cette fontaine sacrée '
nous purifie même du péché d'origine , du
péché de notre premier père, que nous con-
Sormnns dfl
Il IlibllolM-
ijuedos P£re^,
CI du Hcenc.i
an M. Uoluzo,
l.n|.ri .1164 dons
l'Ait i>endlc0
do Halut Au-
Serm. 3, i,
E, 0, 7, l.ii..,
1\ billiolli.
K(r. ] af. 8.'l
el Su.;,
\«e 3J3.
' Qiiotiens vobis verbum Dei fuerit tardius prw-
dkattiyin, nolile exspeclnre ut vobis uUro debea-
mus ingerere; sed etiam vos ipsi quasi rem vobis
jure debilam. fideliter a nohis ac sitienter exigite.
Ctesar., Hom. 94, pag. 302.
' Les liomijlies de la Bibl'othèque des Pères qui
se trouvent dans VÀppendice de saint Augustin,
sont les 1, 2, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 19,
20, 21, 22, 23, 2i, 23, S'!, 31, 37, 39. Le? quatorze
de M. Baluze sont les 21, 28, 57, 60, 62, 65, 69, 73,
74, 75, 81, 90, 91, 92 de saint Césaire dans l'Appen-
dice de saint Augustin.
3 Primuin illud originale debitum sacri fontis
unda evacuavit. Illud siiigulare delicluiii jiriini
parentis interemit .. nec jam obnoxii esse possunt
primœ origini secunda nalivitale nali. Cipsur.,
Serm. 3 de Pasclia, pag. 823.
HISTOmE GiiNCIlALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
I"V. «Si.
lu
tractons en naissant, nous y sommes entiè-
rement nettoyés, absous, renouvelés: en
sorte que ceux qui reuaisscnt dans cette eau
salutaire n'ont plus aucune tache île leurpre-
mière naissance. « Jésus-Christ, dil-il, fipuré
par l'afrneau pascal de la loi, est le vérilahlc
airneau ' que nous devons manger dans une
même maison , c'est-à-dire dans l'unité de
l'Église. Donc, les ariens et tous les autres
hérétiques, étant séparés de l'Église, ne man-
gent point cet agneau dans une même mai-
son; et dés lors ils ne peuvent être sauvés;
comme ceux-là ne le furent pas qui ne se
trouvèrent point avec Noé dans l'arche dans
le temps du déluge. Mais que veut dire l'É-
crituie lorsqu'elle nous ordonne de manger
l'agneau pascal avec ses pieds ? Sinon que
nous devons confesser que Jésus-Christ est
vrai Dieu et vrai homme; qu'il est engendré
de Dieu et né de l'homme. N'imaginons rien
de corporel dans la manière dont il est en-
gendré du Pure. C'est une lumière qui pro-
cède d'une lumière. Quand vous allumez une
lampe auprès d'une autre lampe, le feu de la
seconde est le même que celui de la premiè-
re. Si vous considérez la personne dans le
Fils, elle lui est propre ; si vous faites atten-
tion à la nature , elle lui est commune avec
le Père. D vous parait deux dammes dans
les deux lampes ; mais ces deux feux n'ont
qu'une même nature. Devenus sujets à la
mort par la transgression d'Adam, Dieu, en
se faisant homme, nous a rachetés de la mort
que nous méritions par une mort qu'il n'é-
tait pas obligé de subir; et parce qu'il devait
dérober à nos yeux le corps qu'il avait pris,
et le placer dans le ciel, il crut nécessaire, au
jour de la Cène légale, d'instituer le sacre-
ment de son corps et de son sang, afin do
perpétuer la mémoire du mystère qu'il avait
oUert une fois pour notre rédemption , et
qu'il nous fût toujours présent par sa grâce.
C'est pour(pioi il nous assure ' que sa chair
est véritablement viande, et son sang un vé-
ritable breuvage : ce dont nous ne pouvons
douter, puisqiie l'auteur du don est lui-même
témoiu de la réalité et de la vérité de ce don.
C'est lui qui , quoiiiue prêtre invisible, con-
vertit par sa puissance secrète les créatures
visibles en la substance de son corps et de
son sang, en disant : Prêtiez et mangez : ceci
est mon corps; et, par une seconde sanctifica-
tion : Prenez et buvez : ceci est mon sang. Com-
me au commandement de Dieu les cieux, les
mers et la terre sont sortis du néant , par une
semljlable puissance , la vertu de sa parole
ordonne, et l'etl'et suit aussitôt. Peut-on ti-op
relever la grandeur des bienfaits opérés par
l'eflicacité de la bénédiction divine ? Jugez
par ce qui s'est passé en vous-mêmes, vous
qui êtes régénérés en Jésus-Christ, qu'il n'est
ni nouveau ni impossible que les choses tcr-
* Uic est ille agmts qiiem in una domo come-
dere ex lege prœopiiiiur. Quiil est in una domo?
Id est in unitate Ecclesiœ jubemur carnes ejns
assumere. Ariani ergo et divers(e hœreticorum
perversitates, nnri in tuia illnm comedunt dnmo.
Quod idco sicut in diluvio non salvatus est, tiisi
qui inler arcam fuit invenlus: ila dirersw fidei
homines extra Ecclesiœ domum non hahenKs
agnum qui est Christus, salci esse non possunt.
Cœsar., Ilom. G de l'ascha, lom. l\ liibt. tatr.,
pag. 824.
^ Undc mérita cœlestis confirmât autoritas :
Quia caro inca vcre est ciljus, et sangiiis meus vere
est polus. Recédât ergo omne infidelitatis amhi-
guum quaitdoquiilein qui nuctor est muneris ipse
etiam teslis est verttatis. lyam invisibilis sacerdos
visibiles crealuras in substantiam corporis et
tanguinis sui, terbi sui sécréta potestate conver-
tit, ita dicens : Accipile et édite : hoc est corpus
meuui. Et sanctificatione repetita: Accipile et bi-
bite, liic est sanguis meus. Ergo ad nulum prœci-
pientis Doinini, repente ex nihilo suhstilerunt ex-
celsa cwloruni, profunda ftucluum, vasla lerra-
rum. Pari potenlia in spirilualibus èacramenlis
verbi prœcipit virtus et rei servit cffcctus. Quanta
itaque celebranda bénéficia, vis divinœ benediclio-^^^
nis operalur ; quomodo libi novum climpossibile ^^
esse 7ion debeat, quod in Christi substantiaiu Ur-
rena et mortalia commutantur, teipsuni qui jam
in Cliristo es regeneralus, inlerroga, dudum alie-
nus a vita, peregrinus a misericordia, a sahUis
via inlrinsecus exulabas. Subito iniatus Christi
tcgibus, et salutaribus mysleriis initiatus, in cor-
pus Ecclesiœ non videiuio sed crcdendo Iransisli,
et de filio perditionis adoptivus Dei occulta ficri
puritate meruisti... Sicut ergo sine corporaUsen.<u
subito novam indulus est dignitaltm, cl sicut hoc
quod in te Dcus maculata detersit, ita cum revc-
rendum altare cibis satiandus ascendis, sacrum
Dei tui corpus cl sanguinem fide respice, honore
mirare, mente conlinge, cordis manu suscipe, cl
maxime hauslu, inleriori assume... Quod corpus
saccrdote dispensante tantum est in exiguo quan-
tum esse constat in toto. Quod cum Ecclesiu su-
mil fidelium, sicut plénum in universis , ita inle-
grum esse prohalur in singulis... Si forte esum
punis esuricntibus apponeremus, non ex toto per-
veniret ad singulos, quia particulalini et minuta-
tim portionem suam unusquisque prœsumeret.
De hoc vero pane cum assumilur nihil minus ha-
bent singuli quam unicersi. Tolum unus ; totum
duo; totum plurcs sine diminuUone percipiunt:
quia benedictio hujus sacramenti scit dialribui :
nescit dislributione consumi... Quidautem mirum
vr SIKCLli.
] ClLU'lTllE IX. — S.UNT CÉSA-IIIE, ÉVftQlIE D'ARLES.
145
rcslres cl pdrissaWci? soient cliangi's en la
substance de Jësus-Clirisl. Vous aviez depuis
longtemps perdu le droit h la vie; vous n'a-
viez point do part h la miséricorde ; vous
ëtiez comme exilés de la voie qui conduit au
salut. Aussitôt que vous avez été initiés aux
lois de Jésus-Christ, et renouvelés par ses
mystères salutaires, vous êtes passés, non
d'une uuiilièro visible, mais par la foi, dans
le corps de l'Église, et, par une pureté inté-
rieure, vous (Mes devenus de fils de perdition
enfants adoplifs. De même donc que, sans
vous en apercevoir par les sens du corps,
vous êtes revêtus subitement d'une nouvelle
dignité, et purifiés de vos taches : ainsi lors-
que vous montez à l'auttil pour vous y rassa-
sier des viandes, considérez des yeux de la
foi le corps et le sang de votre Dieu , témoi-
gnez del'étonncment par votre respect, tou-
chez-le de l'esprit , recevez-le de la main du
cœur, et prcnoz-le pour vous en repaître sur-
tout intérieurement. Le corps qui vous est
donné par la dispensation du prêtre est aussi
grand dans une partie qu'il l'est dans le tout.
Lorsque l'assemblée des iidèles le prend, il
est parfait dans tous, et chacun le reçoit tojt
entier. En quoi il se trouve bien ditlerent des
autres aliments : car si nous présentions un
morceau de pain à plusieurs personnes qui
eussent faim, chacune d'elles ne le mange-
rait pas en entier , parce qu'elles se le divi-
seraient par parties h proportion du nombre
de celles qui en mangeraient. Mais décevrai
pain, chacun en a autant que tous ensemble,
un seul le mange tout entier, deux le pren-
nent tout entier, plusiem-s le prennent tout
entier sans aucune diminution, parce que la
bénédiction de ce sacrement peut bien être
distribuée ; mais elle ne peiit être consumée.
Est-il surprenant que Dieu change par l'effi-
cacité de sa parole, ce qu'il a créé par la
même parole ? Il parait même que le miracle
n'est pas si grand de changer en mieux ce qui
est déjà créé, que de le créer de rien. Saint
Césaire rapporte plusieurs passages de l'É-
criture pour prouver le changement du pain
et du vin, au corps et au sang de Jésus-Christ ;
et la nécessité qu'il y a de les recevoir dans
le baptême pom' avoir la vie éternelle.
Sorin.ll
3. Ce saint évoque fut prié par le supérieur
d'un monastère, de faire ifiie exhortation .\
ses religieux. Il ne se lendit qu'avec quel-
que sorte de répugnance h ses instances, sa-
chant (pi'il ne pouvait rien dire ;'i ces saints
moines, qu'ils ne missent déj;ï en pratique.
Il se contenta donc de les exhorter à persévé-
rer dans la vie édilianb; qu'ils menaient, leur
disant , d'après l'Evangile, que le salut n'est
promis qu';\ ceux qui persévèrent courageu-
sement dans le bien jusqu';"» la fin. Il remar-
que qu'il y a deux édifices et deux cités que
l'on bâtit dès le commencement du monde.
« L'une, dit-il, a pour architecte Jésus-Christ;
l'autre le démon. L'une est b;ltie sur le fon-
dement de l'humilité, afin qu'elle puisse s'é-
lèvcr d'une manière solide; l'aulre, qui n'a
que l'orgueil pour base, tombera malheureu-
sement. Les humbles bâtissent avec Jésus-
Christ; et les orgueilleux avec le démon : car
on ne dislingue les enfants de Dieu et les
enfants du diable que par l'humilité et par
l'orgueil. » Saint Césaire conjure ces religieux
de s'attacher fortement â cette vertu, et d'en
faire la compagne inséparable de l'obéissance
dont ils faisaient profession. Il leur représen-
te que l'orgueil dans un laïque est un pé-
ché ; mais qu'il est un sacrilège dans un reli-
^ Scr
gicux. Il fit un autre discours à la prière de pag. s»;
l'abbé de Lérius, dont il fait un grand éloge
sans le nommer. Il fait aussi l!éloge de ses
moines et de l'ile de Lérius, d'où il dit
qu'où avait tiré un grand nombre de prêtres
et d'évèques. Il reconnaît qu'il y avait lui-
même reçu l'éducation et la nourriture spi-
rituelle et corporelle pendant un assez long
temps. Témoin ocidaire des vertus qu'on y
pratiquait, il ne demande autre chose à ces
rehgieux que de soutenir, par une exacte ob-
servation de leurs devoirs, la grande répu-
tation qu'ils s'étaient acquise presque dans
tous les endroits du monde, depuis l'Orient
jusqu'à l'Occident, en leur faisant remar-
quer que si les travaux de la vie monasti-
que étaient difficiles à supporter, ce n'était'
que lorsqu'on ne s'en faisait point d'habi-
tude ; ou pour dire plus vrai , qu'on ne les
croyait impossibles, qu'en s'imagiuant pou-
voir en venir à bout par les seules forces
est si ea qum verbo potuit creare, posait verbo
creata coniertere ? Imo jain minoris videlur esse
miracuU, si id quod ex nihilo agnoscilur condi-
disse, jam conditum, in melius mutare valeat,
Ca>sar., ibid., hom. 7, pag. S25, 826.
' Sed hœc omnia donec in consueludinem mil^
XL
tantur, laboriosa esse videntur. Et ut verius di-
cam, tamdiu iiiipossibilia judicantur, quamdiu
huinanis viribus impleri passe putanlur. Cum re-
ro o Deo oblineriel per Dei gratiam impleri passe
credunlur, nec dura, nec laboriosa, sed ieria et
suavia corn probantur. Cœsar., Efom. 23, pag. 845.
10
146
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Serm r.Sfl,
19, 30. 31. 3i,
Scrm.W,ÎC,
t»^-. ton».
de la nature. « Mais, ajoule-t-il, lorsqu'on
croit qu'ils sont supportables avec la grâce
de Dieu, et qu'on espère l'obtenir, dès lors
ces exercices, quelque pénibles qu'ils parais-
sent, deviennent doux et légers, et cessent
d'être durs et pénibles. »
4. Nous avons six homélies sur les devoirs
de la vie monastique. Le style ne permet
point de douter qu'elles ne soient de saint
Césaire. Il marque dans la deuxième que les
moines à qui il parlait habitaient une ile voi-
sine, apparemment d'Arles; puisque le mo-
nastère, dont il était abbé, n'était pas éloigné
«le cette ville. Il dit au commencement de la
sixième qu'il l'avait faite à la prière du su-
périeur de ce monastère. Comme il ne fait
pas la même remarque dans les autres, il est
à croire qu'il ue composa celle-ci que depuis
qu'il fut évèque ; et qu'il prononça les cinq
autres dans le temps qu'il était abbé. Ce sont
des exhortations à la charité, à l'humilité, à
l'obéissance, à la pénitence et au combat des
passions, à la correction des mœurs, au mé-
pris des biens et des plaisirs du monde, à la
mortification des sens. Rien ne lui paraît plus
utile que la pensée du jugement dernier, que
le souvenir des fautes passées, que la dou-
leur de les avoir commises, que la crainte
continuelle d'en commettre à l'avenir. Il con-
seille aux moines l'assiduité à l'oraison et à
la lecture ; la vigilance sur eux-mêmes pour
se conserver purs et chastes; la sobriété, la
douceur, la modestie, la sincérité de cœur,
le zèle dans le service de Dieu, la soumis-
sion à la volonté non - seulement de leurs
anciens et de leurs égaux, mais aussi de ceux
qui leui" sont inférieurs en âge. Je ne sais si
ce ne serait point de ces homélies que veut
parler Gennade ou celui qui a fait un supplé-
ment au Catalogue des hommes illustres, lors-
qu'il dit ' que saint Césaire a composé divers
opuscules très-beaux, très-agréables, tiès-
utiles et même nécessaires aux moines. Les
trente-cinquième et trente-sixième dansla^i-
bliotkpque des Pères sont encore des exhorta-
tions à des moines et à des clercs. Saint Cé-
saire fit le dernier à la prière d'un abbé. Il
fait voir dans l'un et dans l'autre que tous
les exercices extérieuis de la vie spirituelle
doivent nécessairement être accompagnés
d'humihté, de charité, de soumission, parce
• Cœsarius Arelatensis scripsit egregia et grata
et latUe mo;iut7iis necessaria opuscvli GiMiiiad.
iu Calalog., cap. lxxxvi.
que, comme la chair ne peut vivre sans l'âme,
les vertus n'ont point de véritable vie sans
la charité.
o. La trente-huitième homélie est intitu-
lée : Des Douze moyens d'obtenir la 7-émission
de ses péc/iés. Ce n'est qu'un fragment de
quelque traité ou instruction spirituelle. Ces
moyens sont le baptême, la charité ou l'a-
mour, l'aumône, l'abondance des larmes, la
confession de ses crimes, la componction du
cœur, la mortification du corps, la correction
des mœurs, l'intercession des saints, les
œuvres de miséricorde, le zèle du salut du
prochain, le pardon des injures, le martj're.
Il n'existe aucune preuve que cette homélie
soit de saint Césaire. La trente-neuvième
porte le nom de Félicitarius, évoque d'Arles,
de même que les deux suivantes. Ce peut
être une faute des copistes, qui au lieu de
Cfpsarius, auront mis Félicitarius. Elle traite
du jour du jugement dernier, et le style a la
simplicité de celui de saiut, Césaire. La qua-
rantième n'est qu'un tissu de passages de la
sainte Ecriture sur l'aumône. On trouve dans
la quarante-unième, qui est sur les dîmes, ce
qu'en dit saint Césaire dans la soixante-dix-
septième homélie, pai'mi ceUes qui sont dans
VApjKndice des Œuvres de saint Augustin.
Cette homélie ne parait pas digne de saint Cé-
saire. La quarante-deuxième est d'un auteur
plus récent que lui, puisque l'on y cite saint
Grégoire. La quarante -troisième et la qua-
ranlc-(iuatrième sont attriliuécs A saint Au-
gustin. Mais elles ne sont ni du style de ce
Père, ni de celui de saint Césaire : on peut
porter le môme jugement de la quaraule-cin-
quième, qui est une exhortation faite â des
moines et par un moine. La quarante-sixième
a pour litre : Doctrine de saint Macaire, pour
ceux qui vivent dans les monastères. On n'y
voit rien du génie ni du style de saint Cé-
saire.
A la suite des quatorze Homélies de saint
Césaire, publiées par M. Baluze, on eu a
mis deux dans le Supplément de la Diblio-
tlif'ijuc des Pères, dont la première est contre
les personnes mariées qui commettent des
adultères; et la seconde, sur le mépris de la
vie présente. Celle-là parait avoir été prise
de la seizième hoiuéliedcsaint Céfairc sur le
même sujet : celle-ci est luie compilation de
divers endroits des écrits de saint Jérôme,
de saint Augustin et de saint Grégoire le
Grand. Elle ne peut donc être de saint Cé-
saire.
S«rmoD)
faatfemtat «t.
tnt'UisA M.ol
C6saira.
S«rm. 18,
Sorra. 35,
S«riii.(lt, II,
it, i^. en.
Strni. (1,U.
Ton. XXVIl
Bill.l><l. 1.:;.
■M.
Tôni. VUI
Bl'll'ih. l'ii.
|«t. Ml.
Ilrniillrsal-
CAajiiro.
11. V o?.
-I.lu Ap-
101,1' 5.
I-.I).
IHS.
257.
[vi- sikLE.] CIIAPITRE IX. — S.MNT CÉSAIllE, ÉVftQUE D'ARLES
§in.
\M
De quelques autres homélies que l'on a attri-
buées à saint Césaire.
1. II y a iiliisicius lioiiK'lics ilans l'Appen-
dice du ciiKiiiième tome tics Œiivrcs de saint
Augustin. Elles ont quolquelbis passé sous
le nom de saint Ci'saire, maison n'a point de
preuves solides qu'il soit l'auteur de ces lio-
mc'lies. Telles sont les homélies sur le serpent
d'airain et la verge miracidensc de INIoïse ;
le premier verset du Psaume cxxxv°, et le troi-
sième chapitre des Proverbes; sur la femme
forte, et sur l'Église, à l'occasion de ce qui
en est dit dans le trente-unième chapitre du
même livre ; sur la femme pécheresse dont
U est parlé dans saint Luc ; sur ces paroles
du douzième chapitre de la première aux
Corinthiens : Si l'un des membres souffre,
tous les autres membres souffrent avec lui ; sur
le jeûne ilu Carême, et sur le jugement der-
nier. La plupart de ces homélies se lisent
sous le nom de saint Césaire dans quelques
manuscrits ; mais, en d'autres, elles portent
le nom du saint Augustin ; et quoiqu'à en
juger par le style on puisse assurer qu'elles
ne sont point de ce saint Docteur, on n'y
trouve pas non plus assez de conformité
avec celui de saint Césaire, pour les lui at-
tribuer avec certitude.
2. Barrali nous a donné dix-huit sermons
de saint Césaire, qu'il dit avoir été prononcés
devant les moines de l'abbaye de Lérins. Il
y en a plusieurs de ce nombre qui se trou-
vent dans le sixième tome de \a Bibliothèque
des /•«•«« parmi les homélies attribuées à Eu-
sèbe d'Emèse, dans le huitième tome parmi
celles de saint Césaire, et dans l'Appendice
du Code des rè(//es par saint Benoit d'Aniane.
Barrali donne également à saint Césaire et
à Faiiste de Riez, le Discours aux moines,
imprimé dans le huitième tome de la Biblio-
thèque des Pères, après les deux livmsduLibi'e
arbitre et de la Grâce. Il ne peut cependant
être que de l'un des deux ; et il y a toute appa-
rence qu'il est de saint Césaire : on y voit son
style et ses maximes. Il y parle de l'excom-
munication monastique , qui consistait à sé-
parer un frère désobéissant ou de mauvaises
mœurs, du corps de la communauté. Rien ne
paraît plus triste et plus fâcheux à ce Père ,
que de mourir dans cette séparation. Il dit
dans le même discours que Di(!ii n'est point
facile l'i accorder ses grâces, de peur que les
hommes n'en fassent peu de cas. La cin-
quième homélie dans Eusèbo d'Émèsc, qui
fait le quatrième sermon dans Barrali, In si-
xième, la neuvième et la dixième aux moines
paraissent être de saint Césaire ; toutes ces
homélies sont des exhortations A la pratique
des vertus chrétiennes et des observances
monastiques.
§IV.
Des Règles de saint Césaire.
1 . Dans le Code des règles, nous en trou-
vons deux de saint Césaire imprimées ensuite
dans le huitième tome de la Bibliothèque des
Pères; l'une pour des religieux, l'autie pour
des religieuses. Téride, neveu du saint, et
abbé d'un monastère dont le nom ne nous
est pas connu, écrivit ' la Règle pour les re-
ligieux sous la diction de son oncle, de qui il
fut chargé de la répandre en divers monas-
tères. Saint Césaire écrivit lui-même celle *
pour les religieuses, du moins cette partie
qu'il appelle Bécapitulation. Le saint évêque
commcnrait à bâtir un monastère de filles,
lorsque la ville d'Arles fut assiégée, vers l'an
S07 ; il y travaillait même de ses mains. Mais
les barbares en ayant ruiné une grande par-
tie pour prendre les bois, il ne put l'achever
qu'après la levée du siège. Il joignit au mo-
nastère une grande éghse partagée en trois :
le milieu dédié à. la Sainte Vierge; un des
côtés à saint Jean; l'autre à saint Martin. Il
fit paver toute l'éghse de grands coffres de
pierres taillées exprès pour la sépulture des
religieuses. Césarie, sa sœur, fut la première
supérieure de ce monastère. Elle s'était for-
mée auparavant dans les exercices de la vie
monastique à Marseille, dans un monastère
de filles, fondé comme l'on croit par Cassien ;
mais parce que les règlements qui s'obser-
vaient dans les différentes communautés, soit
de filles , soit de moines, n'étaient point uni-
formes, saint Césaire, pour fixer le genre de
vie de son nouveau monastère , composa la
règle qu'on y devait suivre.
2. Elle est divisée en quarante-trois ar-
ticles, dont voici les plus remarquables. Celle
qui, après avoir quitté ses parents et renoncé
Tom. VI m
MIolli. Pal
r«p. eu
«iq.
tt
ntelcs do
saint C6salie
pour les iiioi-
na et pour les
roligieusos. .
Analisa dé
la lêïle l'our
les Reli^iou-
scs. Cod, B(g.
Ijoi', 14, l.ail.
' Cod. reg., part. 2, pug. 54.
» Ibid., part. 3, pag. 25.
118
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
î.nioiti.VllI
B>l>:i..r,. Cal.
j.^. SU et
SC(|.
N'tiin. (f,49,
ei io BËcapItu*
lai. Duin. "im
Hum, ».•),
au monde, s'iitait engagée à vivre dans le mo-
nastère pour y éviter, avec le secours de Dieu,
les occasions du péché , ne pouvait en sortir
jusqu'à la mort. Aussi l'éprouvait-on pen-
dant un an avant de lui donner l'habit. Du-
rant ce temps, elle demeurait sous la conduite
d'une des ancienues, qui n'oubliait rieu pour
s'assurer de la vocation de sa novice. Après
cette épreuve, il était au pouvoir de la supé-
rieure de lui donner l'habit de la religion, et
de lui accorder un lit dans la chambre com-
mune où toutes les religieuses couchaient.
S'il se présentait des veuves ou des femmes
qui avaient quitté leurs maris, apparemment
de leur consentement, on ne les admettait
pas qu'elles n'eussent disposé de leurs biens
par écrit, afin qu'à l'avenir elles n'eussent
plus rien en propre. On en usait de môme à
l'égard des filles mineures. Il n'était permis
à aucune religieuse, pas même à l'abbesse,
d'avoir une servante à soi ; mais, dans le be-
soin, elle pouvait se»faire soulager par quel-
qu'une des jeunes. On recevait , mais avec
peine, les petites filles de six ou sept ans,
pourvu qu'on leur vil des dispositions à ap-
prendre les belles - lettres, et à obéir. Mais
on tie prenait point des pensionnaires , soit
qu'elles fussent de qualité, ou non. Le choix
du travail des mains ne dépendait pas des re-
ligieuses; c'était à la supérieure de le pres-
crire à chacune d'entre elles, suivant qu'elle
lo trouvait utile. Aucune n'avait ni chambre,
ni armoire, ni rien qui fermât. Elles cou-
chaient toutes en diûerents lits, mais dans
une même chambre. Les vieilles et les in-
firmes avaient une autre chambre commune
où elles demeuraient. Les lits étaient simples,
sans aucun ornement aux couvertures , et
leurs habits blancs. Leur coiti'urc ne pouvait
excéder la hauteur d'un pouce et de deux
bgnes. Jamais elles ne devaient élever leur
voix en parlant, ni causer, ni travailler pen-
dant la psalmodie, ni sen-ir de marraine dans
le baptême. On reprenait celles qui venaient
tard à l'Olfice divin. Si elles ne se corrigeaient
pas, après avoir été averties une seconde et
troisième fois, onles séparait de la communion,
ou de la table commune. On séparait aussi de
la prière commune ou de la taijle,cellesqui,au
lieu de s'humilier de leurs fautes, entrepre-
naient de les excuser ou refusaient d'obéir.
Chacune devait ser\ir à son tour, soit à la cui-
sine, soi t dans les autres olUces|du monastère,
excepté la supérieure. Le travail que celle-ci
prescrivait pour les veilles devait être de telle
nature qu'il n'empêchât point l'attention à la
lecture que l'on y faisait ; ce travail n'étant
permis que pour ôter l'envie de dormir en ces
heures-là. Si quelqu'uned'ellesselaissaitaller
à l'assoupissement, on l'obligeait à se tenir de-
bout pendant que les autres étaient assises. Le
travail ordinaire était en laine. Chaque jour «„„. n,
on distribuait à chacune la tâche qu'elle de-
vait remplir. Toute propriété était défendue, t:.
même dans les habits. On gardait le silence
pendant les repas, afin d'être plus attentif
à la lecture. C'était à celle qui présidait à la „
table commune de pounoir aux besoins de
chacune ; et quand il était nécessaire de de-
mander quelque chose, ce devait être plutôt
par signe que de la voix. Après Dieu toutes i-.
devaient obéir à la mère du monastère. Elles
apprenaient toutes à lire et à écrire , et fai-
saient chaque jour deux heures de lecture ,
depuis six jusqu'à huit heures du matin. Le '
reste du jour elles travaillaient à divers ou-
vrages, ne parlant que quand il en était be-
soin. On hsait pendant une partie du travail „_
qui se faisait en commun, après quoi chacune
méditait ou priait. Celles qui possédaient
quelques biens dans le monde, les offraient
humblement à la supérieure, en entrant dans
le monastère , poui- l'utilité de toutes ; mais
comme celles qui n'y apportaient rien ne
devaient pas y chercher ce qu'elles n'auraient
pas eu dans le monde ; de même aussi cel-
les qui apportaient quelque chose , ne de-
vaient pas s'en orgueiUir, ni en prendre oc-
casion de mépriser les autres.
3. La /îèf/le recommande le soin des in-
firmes. Elle établit un proviseur ou intendant
pour les atlàircs du dehors. Elle défend sous zi.
des peines grièvesauxrefigieuscsparticuhè-
res de recevoir en secret des lettres, ou des
présents de qui que soit, ni d'en envoyer,
sans la permission de l'abbesse. C'est elle qui
ordonne la discipline, c'est-à-dire, la llagel-
lation, même en présence de la communauté,
contre celles qui se trouveront coupables
de fautes publiques, comme d'avoir usé do «.
termes injm-ieux et de reproches envers leurs
sœurs, de les avoir fiappées, ou d'avoir volé
quelque chose dans le monastère. Elle veut j^
que l'abbesse, qui doit veiller non-seulement
au salut des âmes , mais encore à la con-
servation des biens du monastère, et aux
besoins de la vie, rende politesse pour poli-
tesse aux personnes du dehors , et qu'elle ^
fasse réponse à toutes les lettres des fidèles ;
et que celles qui sont chargées du soin du
CITAPITnE IX. — SAINT CI^^SAIHE, ÉVÊQUE D'ARLES.
33, 31
[VI' SIÈCLE.]
vostiairc , fournissont atix sœurs les babils
nécessaires : ils daieiit de laine; el les reli-
gieuses les faisaient elles-mômes. S'il restait
des vivres an delà du besoin journalier, on
les enfermait sous la clef. Il y avait une ca-
viste cliarj;ée de ilistribuer le vin aux sœurs
suivant leurs besoins ; et il u'était pas permis
à celle qui en avait reçu par présent de le dis-
tribuer, ni d'en prendre pour elle-même. Non-
seulement on accordait les bains <i celles qui
étaient malades ; mais encore on les obligeait
d'en user lorsque les médecins l'ordonnaient
ainsi : mais on ne les permettait point ;\ celles
qui étaient en santé. Le soin des infirmes
était confié à une sœur sage, qui savait ac-
corder l'observance régulière avec la charité
et la condescendance qu'on doit aux malades.
Si la nécessité le demandait, et la supérieia-e
le jugeait à propos , on faisait une cuisine
à part pour les infirmes. 11 y avait aussi des
sœurs chargées du soin de la cave, du vestiaire,
de la bibliothèque, des outils nécessaires à dif-
férents ouvrages qui se faisaient dans le mo-
nastère. Celles qui s'en acquittaient négligem-
ment étaient punies. Lorsqu'il arrivait que
l'abbesse excommuniait une de ses religieu-
ses pour quelque faute, on la séparait de la
communauté ; et on la mettait dans le lieu que
l'abbesse ordonnait, pour y vivre avec une des
sieurs les plus spirituelles, jusqu'à ce qu'elle
eût obtenu le pardon par sa pénitence. Mais
lorsque l'abbesse ou la supérieure avait excé-
dé en traitant avec des paroles trop dures
celle qui avait fait une faute, elle ne devait
point lui en faire d'excuse, de peur que cet
acte d'humilité envers une personne qui lui
était soumise ne diminuât son autorité. C'é-
tait donc à Dieu seul qu'elle devait demander
pardon de l'excès qu'eUe avait commis.
4. Outre l'abbesse qui était regardée comme
la mère du monastère, il y avait deux autres
supérieures, à qui toutes les religieuses de-
vaient obéir, l'une qui avait le nom d'inten-
dante, l'autre de primicière. 11 n'était permis
à personne, soit homme, soit femme, d'en-
trer dans l'église du monastère, si ce n'était à
des évèques, des abbés ou des religieux de
vertu connue , pour y faire leurs pi'ières ; ou
au proviseur, au prêtre, au diacre, au sous-
diacre et à deux lecteurs, pour la célébration
de la sainte messe ; bien moins leur était-il
permis d'entrer dans l'intérieur du monas-
tère. L'évéque le pouvait toutefois en cas de
nécessité, de même le proviseur, et les ou-
vriers pour les réparations des bidiments.
149
mais toujours de l'agrément de l'abbesse. Il
y avait un |)arloir pour recevoir les visites;
l'abbesse ne devait y aller qu'accompagnée
de deux ou (rois somu's, les autres avec une
aucieunc. Il était défendu de donner à nian- ««m. jo,
ger àpcrsoinie, pas même à l'évéque du lieu,
ni au proviseur du monastère. On le pouvait,
mais rarement, à des femmes de la ville, re-
commandable» par leurs vertus et par leuraf-
feclion pour le monastère. A l'égard des fem-
mes étrangères qui venaient ou pour recher-
cher leurs filles, ou pour rendre leur visite ,
il était au pouvoir de l'abbesse do les inviter
à manger. Si quelqu'un voulait voir sa fille, n.
ou sa parente, on ne lui refusait pas de parler
avec elle, pom'vu que ce fût en présence d'une
ancienne. L'abbesse ne pouvait se dispenser de
manger avec la communauté, à moins qu'elle
ne fut malade ou occupée légitimement. Il 3,.
était de sou devoir de prévenir celles qui,
étant d'une faible complexion, ne pouvaient
soutenir les jeûnes et les autres austérités, et n,.
qui néanmoins avaient honte de lui exposer
leurs besoins. Pour éviter les continuelles
importunités des pauvres, elle devait charger
le proviseur de leur faire distribuer les au-
mônes que le monastère était en état de faire.
Comme il n'était permis à aucune religieuse
de donner quelque chose du monastère, il
leur était encore défendu de rien recevoir,
même de leurs parents, qu'avec la permission
de l'abbesse, ou à son absence, de quelqu'au-
tre supérieure de la maison. Quand ou don- 3,.
nait des habits neufs à une religieuse, elle
devait rendre les vieux, siellen'en avaitplus
besoin, afin de les donner aux pauvres, ou à
des novices. Ces habits étaient de laine blan-
che. Il n'était pas permis d'en porter de noirs
ou d'une autre couleur. On ne gardait aucun
tableau dans l'intérieur du monastère, et on
ne permettait aucune peinture après les mu-
railles, ni dans les chambres. Les ornements
mêmes de l'église n'étaient que de laine ou
de toile, sans broderie ni Ueurs; seulement
on y mettait des croix de couleur noire ou
blanche. Si l'on en offrait de plus précieux,
on les vendait au profit du monastère, ou on
les faisait servir à l'usage de la basilique de
la Sainte -Vierge. Au reste il était expressé-
ment défendu aux religieuses de recevoir au-
cun habit , soit des clei'cs , soit des laïques,
fussent-ils parents, pour les teindi-e, les cou-
dre, les laver, ou les garder, sans une per-
mission expresse de l'abbesse.
o. L'expérience ayant fait connaître à saint Bécif-iuia-
130
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
'""■<™"T"°- Césaire que cette Rèqle u'ctait point dans sa
î>t!îrJ' c.i5' peifectiou," il y ajouta une seconde partie
lî" wm!^?ii ^o"s le litre de Récapitulation, qui conlieut
r«;.'°8-!'6.''"' diverses additions à la première partie, et
quelques cluingements. Elle est composée de
viiigt-un articles; mais on convient que les
deux derniers ont clé tirés de la Règle de
saint Benoît, et ajoutés après coup. Les six
premiers ne prescrivent rien qui ne soit dans
la R!-<jle. Le septième marque la hauteur des
coill'ures, ainsi que nous l'avons rapporté. Il
est dit dans le huitième, que lorsqu'il se pré-
sentera une postulante, on lui lira plusieurs
fois la règle dans le parloir, et qu'on ne l'ad-
meltra dansle monastère que lorsqu'elle aura
promis lihremcnt d'accomplir le contenu de
la Règle. Le neuvième veut que l'abbesse tien-
ne les clés des portes pendant le repos. Le
dixième lui ordonne de pourvoir aux besoins
de ses sœurs. Il est dit dans le douzième,
qu'après la mort de l'abbesse, les religieuses
doivent choisir pour lui succéder celle qui
aura le plus de vertu et de talent pour le
gouvernement, sans avoir égard dans leur
choix, ni à la qualité de la naissance, ni à la
parenté. Le treizième est une exhortation à
l'observation de la règle. Il est défendu dans
le quatorzième de rien reli-ancher de cette Ré-
capitulation que saint Césaire dit avoir écri-
te et souscrite de sa main, ni d'y rien chan-
ger; permettant aux religieuses de résister,
en ce cas, à leur abbesse, avec le respect con-
venable; et de recourir 'aux lettres du très-
saint l'ape de Rome, pour s'autoriser dans le
maintien de l'observance. Il laisse à la pru-
dence de l'abljcsse de régler les jeunes depuis
la Pentecôte jusqu'au premier jour de sep-
tembre; mais ilordonne que, tout ce mois et
celui d'octobre, les religieuses jeûneront le
lundi, le mercredi et le vendredi; et, depuis
le premier de novembre jusqu'à Noël, tous les
jours, hors les fêtes et le samedi. Il prescrit
sept jours de jeûne avant l'Epiphanie, et de-
puis ce jour jusqu'au Carême, le lundi, le mer-
credi et le vendredi. Au jour de Noël et de
l'Epiphanie, les veilles se continuaient depuis
la troisième heure de la nuit jusqu'au jour;
voilà ce que contient le quinzième article.
Le seizième marque ce qui regarde les repas
et la quantité de mets que l'on devait ser-
vir à la conununauté. Dans tous les jours de
' Ex noslro pcrmissu in hnc parte cam reve-
renlia et gravitate re!<istile,el hwc fieri nuUa ra-
lione jiermiltalis : .ixt secundum gacram sanclis-
simi Papa: urbis Roinœ vos munire in omnibus
jeûne on donnait trois portions, et deux seu- |
lement lorsque l'on dînait. Aux jours des [
grandes fêtes on ajoutait quelques portions,
soit à diner, soit à souper. En été comme en
hiver, on servait deux portions à diner et
trois à souper; mais les jeunes religieuses
n'en avaient que deux. Jamais on ne servait
de viandes à la communauté. A l'égard des
inflrmes on leur donnait de la volaille, et non
de grosse viande, si ce n'est que dans quel-
ques maladies désespérées l'abbesse crût de-
voir en user autrement. Dans le dix-huitième
article, saint Césaire recommande aux reli-
gieuses de prier pour lui, pour ses succes-
seurs et pour les fondateurs du monastère,
dans les otiices, soit du jour, soit de la nuit.
Il dit dans le dernier article qu'il avait fait fer-
mer certaines portes, pour une plus exacte
clôture, et défend de les ouvrir à l'avenir, sous
quelque prétexte d'utilité que ce soit. A ces
dix-neuf articles on en a ajouté deux autres,
tirés, comme nous l'avons dit, de laR'^glede
saint Benoit. Le premier regarde lacellerière
du monastère, et le second la portière. Telle
est la Règle de saint Césaire, la plus ancienne
que l'on connaisse avoir été faite pour des reli-
ligieuses cloitrées. Césarie la jemie, abbesse
du monastère de saint Césaire, la communi-
qua vers l'an 356 à sainte Radégondc, qui la
fit pratiquer - et la pratiqua elle-même dans
le monastère de Sainte-Croix qu'elle avait
fondé à Poitiers.
6. La Règle que saint Césaire établit pour |„'*'^,';„''„'°'
les moines est moins étendue. Elle porte ^^ j, \'^\
quelquefois le nom de Téride, parce que ce "'
prêtre, qui était disciple du saint évéque,
l'avait écrite sous lui, et qu'il avait eu ordre
de la répandre dans les provinces. Elle est
divisée en vingt-six articles, dont voici le
précis : On ne recevait personne dans le mo-
nastère, qu'il n'eût dessein d'y persévérer
jusqu'à la mort, et on ne lui donnait pas l'ha-
bit monastique qu'il n'eût disposé par écrit
de tous ses biens, soit en faveur de ses pa-
rents ou du monastère, afin quil n'eût plus
rien en propre. Si ses parents vivaient en-
core, on attendait leur mort pour l'obliger à
disposer des biens qu'il avait. D les donnait
alors à l'abbé, ne s'en réservant rien ; il lui
donnait aussi tout ce que ses parents lui en-
voyaient. Si toutefois il en avait besoin, l'abbé
siudete. C.Tsar. iu Rerapit., nuin. 13.
» Marlen.. Tom. I Anecd., pag. 4. et Fortunal.,
lit). VIII, pnp. IV.
CnAPITHE IX. — SAINT CIÏSAIHE, ÉVOQUE D'ARLES.
nr l'0:fice
[vi° siÈaE.]
lui en laissail l'iisncrc; s'il n'en avait pas be-
soin, on en liisposait pourl'ulililiWIe la com-
ininianté. Tonti'lait foninnin dans le mon.is-
lèrc. Les moines n'iivaient ni chamlno parti-
culière, ni armoire, ni rien qui fermât. Tons
(Icmenraient ensemble ilansnne cliambrc. Il
leur ('lait (U'icnilu de jurer, ni ilo maiuliro per-
sonne : si (juelqu'iin était trouvé a mentir, on
lui imposait une pc'nitencc réç;nlière. 11 n'é-
tait pas A leur ponvoirdc se cbnisir un travail
particulier, mais ils devaient taire celui qui
était ordonné par le snpé'rienr. Il leur était
défendu de parler pendant la psalmodie, de
môme que pendant le repas; et alin de don-
ner de la nourriture ;\ l'âme pendant qne le
corps prenait sa n'fection, c'était l'usage de
lire pendant que les antres mangeaient. L'en-
trée dn monastère était absolument défen-
due aux femmes. On appelait les frères aux
divers exercices par le son de quelque ins-
trument. Ceux qui venaient lard étaient pu-
nis de leur paresse , en recevant sur la main
jilusieurs coups de férule. Il n'était pas per-
mis de répondre lorsque l'abbé, ou le prévôt,
ou quelqu'un des anciens, faisait la correc-
tion. S'il arrivait que deux moines, irrités l'un
contre l'autre, usassent de paroles dures, ou
qu'ils eussent ensemble quebiue dispute, ils
devaient se demander pardon mutuellement
avant le coucher du soleil, dans la persua-
sion que la prière de celui qui est en colère
n'est pas reçue de Dieu, et qu'il ne lui est pas
permis de s'approcher de la sainte commu-
nion. En tout temps les moines s'occupaient
à la lecture jusqu'à l'heure de tierce, ensuite
ils travaillaient des mains, suivant l'ordre de
l'abbé. On ne devait rien faire à son insu, ni
recevoir, ni écrire des lettres sans sa permis-
sion. C'était à lui de pourvoir à la nourriture
et au vêtement de ses religieux, étant juste
que ceux qui ne devaient rien avoir en pro-
pre reçussent de leur abbé les choses néces-
saires. On devait avoir un grand soin des in-
firmes, afin de leur procurer un prompt réta-
blissement.
7. Saint Césaire exhorte les religieux à
s'acquitter avec joie et bonne volonté, des
exercices de la vie monastique, et à mettre
leur émulation à se surpasser les uns les
autres en humilité, en charité, en patience,
en douceur, en zèle pour l'Oifice de Dieu et
dans la pratique des autres vertus. Il règle
ensuite l'olfice divin, voulant que dans les
veilles, depuis le mois d'octobre jusqu'à Pâ-
ques, ils disent deux nocturnes et fassent trois
131
fois l'assemblée jinur la prière, ot que, dans
l'iiilcrvalle do chacime, un d(!la communau-
té fasse uiU! leclure en présence de tous. 11
manpie dans la distribution de l'Otlice les ré-
pons et les anlionncs qu'on devait réciter,
suivant l'ordre du Psautier, les chapitaux et
les psaumes ; il met douze psaum(!s [)Our les
samedis et les diuianclu^s, et les fêtes;, trois
antiennes et trois leçons : une des prophè-
tes, une de l'Apôtre et une de l'iîlvangile. Il
ordonne six messes ou collectes, c'est-à-dire
dos prières communes pour chaque dimanche
de l'année. Depuis Pâques jusqu'au mois do
septembre, les religieux jeûnaient le mercre-
di et le vendredi seulement ; mais depuis le
mois de septembre jusqu'à Noël ils jeûnaient
tous les jours. Ils jeûnaient aussi les deux
semaines qui précédaient le Carême, excep-
té le jour du dimanche, jour auquel il n'est
pas permis déjeuner à cause de la résurrec-
tion du Seigneur. Le jour du dimanche était
aussi excepté des jeûnes du Carême. Depuis
lejourde iVoël jus(jiraux deux semaines qui
précédaient le Carême, les religieux jeû-
naient les lundis, les mercredis et les vendre-
dis : les jours déjeunes, on donnait trois por-
tions et deux seulement aux joiu's que l'on ne
jeûnait pas. Il était défendu d'avoir auprès
de soi de quoi boire et manger hors la cham-
bre commune pour la réfection. Celui qui se
trouvait excommunié pour quelque faute était
renfeimé dans une chambre , où , avec un
ancien, il s'appliquait à la lecture jusqu'à ce
qu'il eût obtenu le pardon. La volaille et la
grosse viande étaient défendues à ceux qui
se portaient bien; mais on donnait aux infir-
mes tout ce qui leur était nécessaire. A la fin
de cette Règle, saint Césaire exhorte en peu
de mots ses religieux de rendre do continuel-
les actions de grâces à Dieu, de les avoir
retirés du monde pour les appeler au port
du repos et de la religion ; de penser sans
cesse à l'état qu'ils avaient quitté et à celui
qu'ils avaient embrassé; et de se tranquilliser
tellement sur leur passé, qu'ils ne s'occupas-
sent que de leur avenir, en se persuadant que
les péchés, que nous avons commis, renais-
sent pour ainsi dire aussitôt, si nous n'avons
soin tous les jours d'en faire tarir la source
par nos bonnes œuvres.
8. On a mis à la fin de la Règle de saint
Césaire aux religieuses, une exhortation à !«<-cod.°R
^ pari. 3, J.,
peu près semblable, mais beaucoup plus lon-
gue. Le commencement est entièrement dans
les mêmes termes. Ce qu'il ajoute est pour
Dlscf.ups
aux relîgicu-
4S2
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Lettre l O-
ntnrio. Co<l.
II.),-. Hri. 1,
|3g. 31.
les engager à vivre dans la sobri(5t(?, à n'ai-
mer le luxe, ni dans les vêtemeuts. ni dans
les repas ; mais aussi à ne point alFecter de
s'iiabiller tnip pauvrement, ni ù pousser trop
loin leur abstinence; à s'appliquer à la lec-
ture des livres saints pour tirer de ces sour-
ces divines l'eau du salut ; à se rt^jouir plu-
tôt de l'état humble de la religion fpic de la
noblesse do leur extraction, si edcctivement
elles étaient d'une naissance distinguée dans
le monde ; à joindre ;\ la lecture et à la priè-
re le travail des mains, sachant que saint
Paul a dit, que celui-là ne doit point manger
qui ne veut point travailler; à bannir de
leur chambre tous les ornements superflus,
et h s'appliquer tellement à conserver lem*
corps pur, qu'elles évitent toutes les occa-
sions de souiller leur ûme par le péché. Il
est remarqué • dans la vie de saint Césaire,
qpi'il y avait des religieuses de son monas-
tère qui s'occupaient à écrire en belles-let-
tres les livres saints.
§ V.
Des Lettres de saint Césaire.
1. Nous mettons au nombre des lettres
l'instruction que saint Césaire envoya à Ora-
torio, abbesse du monastère d'Arlue, bâli
sur la côte de la mer, par Nazaire, abbé de
Lérins. Elle est en effet en forme de lettre, et
porte ce titre dans le Code des règles de saint
Benoît d'Anianc. Le saint évèque y traite
des qualités que doivent avoir les religieuses
qui sont chargées de la conduite des âmes.
Elles doivent prendre soin du temporel des
monastères, mais s'occuper beaucoup plus
du spirituel ; ne doiuier aux atlaires exté-
rieures que le temps nécessaire, et passer
aussitôt à la prière ou à la lecture; se ren-
dre le modèle de toutes sortes de bonnes
œuvres, afin d'engager celles qui leur sont
soumises à les pratiquer ; d'avoir soin, lors-
qu'il est besoin de donner de vive voix aux
sœurs queltjues instructions, de ne leur pres-
crire que ce dont on leur donne l'exemple.
Il veut aussi qu'une supérieure, avant d'im-
poser quelques morlilicalions à sa commu-
nauté, éprouve par ellc-mèrae si l'austéiilé
en est supportable : par cxcuipie, s'il est de
la piudence de leur prescrire des jeûnes ou
des abstinences au delà de la /iègle cl de la
coutume. Elle doit aussi, lorsque l'on al-
' C.-csar. VU. lib. r.nuro. 33.
longe la psalmodie plus qu'à l'ordinaire dans
l'assemblée, se trouver la première à l'égli-
se et n'en sortir que la dernière ; être la pre-
mière au travail et ne le quitter que la der-
nière; user des mêmes aliments et de la mê-
me table que la communauté, sans en affecter
de particuliers, ni de mieux apprêtés; de
n'affecler point non plus de la singularité
dans ses babils, et de ne cluM-cber à surpasser
les autres que dans la vertu. Saint Césaire
recommande surtout à Oratorie de garder
l'égalité, soit dans la distribution des tra-
vaux, soit dans les marques d'amitié et de
charité, et de n'aimer pas plus celles dont
les façons ou le visage ont plus de grice,
mais celles-là seulement dont la vie est plus
vertueuse ; de mêler de la gravité et de la
douceur daus ses discours ; de ne parler
qu'autant que la circonstance du temps et
des affaires le demande ; de donner avec
gaieté à celles qui représentent leurs besoins,
et d'adoucir par des paroles de politesse et
de bonté ses refus, lorsqu'elle ne croira pas
devoir leur accorder ce qu'elles auraient de-
mandé; de prendre avec elle deux ou trois
des sœurs les plus parfaites, lorsqu'elle se
trouvera obligée de traiter dans le particu-
lier des affaires du monastère; enfin, d'agir
en tout pour Dieu, de s'en entretenir et de
penser souvent à lui.
2. On croit que c'est encore à Oratorie
que s'adresse luie autre instruction, qui com-
mence par ces paroles de l'Épitre aux Ro-
mains : 0 profondeur des trésors de la sagesse
et de la seience de Dieu! Mais ce sentiment ne
paraît point soutenable, puisque cette ins-
truction est mot pour mot la même que celle
dont nous venons de parler, si l'on en excep-
te une trentaine de lignes qui en font le com-
mencement et quelques autres qui se trou-
vent vers le milieu. 11 est donc plus vraisem-
blable de dire qu'elle s'adresse à quclqu'au-
tre vierge consacrée à Dieu, et que saint Cé-
saire se servit pour l'instruire, des mêmes
paroles qu'il avait employées daus sa lettre
à Oratorie. 11 fait paraître au commencement
de celle instruction une grande humilité, et
n'omet rien pour diminuer l'idée avanta-
geuse que sa r(''putalion avait fait concevoir
de lui a cette vierge. Il y avait peu de temps
qu'il était élevé à l'épiscopat lorsqu'il lui
écrivit.
3. Il nous reste deux lettres de saint Cé-
saire à Césarie sa sœur, abbesse du monas-
tère qu'il avait fondé à .\rlcs, et à toutes les
LrltreAnpfl
lltiço.
II.WI
1-art. .1,
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T.. 01
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C» jtlf.
C] al ei.
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nu.
CHAPITRE IX. — SAINT CfeAlItK, lîVftQOE D'Ani.KS.
[vr" SlfXLE.]
religieuses do sa coinnniiiauti^. Ci'sarie s'oc-
Ciii)alt assidûment de la leeluro des livres
saints, et do la méditation des vërit(5s qu'ils
roiil'ciniPiit. Connue elle élait donc parla il e-
nient inslrnih^ de ses devoirs, ce ne l'ut qu'a-
vec peine que le saint évoque lui écrivit sur
ce sujet, et dans la vue seule de la conduire
à uni! plus grande perfection. La première
chose qu'il lui recommande et à ses reli-
gieuses, est de savoir quelle est la volonté
de Dieu, et de s'informer exactement de ce
qui peut lui plaire ou lui déplaire ; ensuite
(le combattre foitemenl contre le vice de
l'orgueil, afin qu'ayant déraciné cette tète
de tous les péchés, les autres soient plus fa-
ciles .'i détruire. Il lui recommande aussi
cette humilité sincère que Jésus-Christ nous
a enseignée ; de ne se laisser jamais em-
porter à la colère ou d'en réprimer les
premiers mouvements aussitôt qu'ils com-
mencent A se faire sentir; de bannir entiè-
rement l'envie ; de savoir se taire et parier
î"! propos, parce qu'il est des temps et des cir-
constances où il n'est point permis à une su-
périeure de se taire ; d'éviter toute familia-
rité avec des personnes d'un sexe diil'érent,
et même de ne s'en souvenir que dans une
prière très-pure ; de ne point les regarder eu
face, à moins que ce ne soit des prêtres et des
lévites d'une vertu éprouvée, et en qui l'a-
mour de la charité habite; de ne pas pren-
dre plaisir dans la douceur de la voix d'un
lecteur, de peur qu'il n'en rejaillisse quel-
que impression fâcheuse sur les autres sens
du corps. La seconde lettre, excepté le com-
mencement et la fin, est la même que l'ex-
hortation générale aux religieuses, impri-
mée dans le Code des^ règles, h la suite de
la Règle que saint Césaire a écrite pour des
fdles. Quelques-unes disaient qu'elles n'a-
vaient point d'éloignement pour les hom-
mes, parce qu'elles voulaient avoir de quoi
vaincre. Saint Césaire leur dit que l'on doit
résister de toutes ses forces contre les autres
vices, mais qu'à l'égard de l'impureté , le
moyen le plus sûr est d'en fuir l'occasion.
Cette lettre a été imprimée dans le huitième
tome de la BiOliot/ièque des Pères, sous le ti-
tre de Lettre à certains Germains , d'où elle
est passée dans le vingt-septième volume de
la même bibliothèque, mais sans ce titre, et
avec la même clause qu'elle a dans le Code
des règles. Saint Césaire y dit que cetle lettre,
lorsqu'il paraîtra devant le tribunal de Jé-
sus-Christ, lui servira de témoignage de
ir,.\
l'exactitude avec laquelle il avait représen-
té aux lilles do son monastère les devoirs
de leur l'tat.
•4. A la suite de la sixième lettre du pape
Jean II, à saint Césaire, on trouve un dis-
cours très-pathétique pour l'exécution des
anciens canons sur la pénitence. Quoiqu'il
ne porte point le nom de saint Césaire, il
n'est presque pas douteux qu'il ne soit do
lui. On y reconnaît son génie, son style, son
zèle pour la discipline ecclésiastique. Le saint
y combat particulièrement ceux qui voulaient
que les clercs lUîposés pour les mêmes fautes
qui avaient occasionné la déposition de Con-
tuméliosus, pussent être rétablis dans leur
ministère. Saint Césaire traite cette indtd-
gencc d'une fausse piété et d'une fausse mi-
séricorde, parce qu'il n'est pas permis de
pardonner à un coupable , dont l'exemple
peut entraîner un grand nombre dans le dé-
sordre. Il s'autorise en cela des canons de
Nicée, des Églises d'Afrique et des Gaules,
des écrits de saint Cyprien et de saint Chry-
sostôme, et d'une lettre de Fauste de Riez,
sur le célibat des clercs, qui n'est pas venue
jusqu'à nous.
5. Nous avons parlé dans l'article du pape
Symmaque de la requête que saint Césaire
lui présenta pour demander la condamnation
de plusieurs abus qui avaient cours dans les
Gaules, où l'on ne faisait guères de ditlicultés
d'aliéner les biens de l'Église et même de s'en
emparer ; et où l'on admettait souvent dans
le clergé, des laïques, sans les avoir éprou-
vés en la manière prescrite par les canons.
Le Pape répondit à sa recpiête par une dé-
crétale datée du 6 novemlire, sous le consu-
lat de Probus, c'est-à-dire l'an 513. Saint Cé-
saire, étant à Rome la même année, obtint
par une seconde requête présentée au mê-
me pape, la conservation des privilèges de
l'Église d'Arles, conformément aux règle-
ments faits par saint Léon, comme on le voit
par la lettre du pape Symmaque aux évê-
ques des Gaules, en date du 13 novembre
513. Par une autre lettre du 11 juin 514 , le
même pape ordonna, à la requête de l'abbé
Egidius, et de Messien , notaire de saint Cé-
saire, que ce saint évêquc veillerait sur tou-
tes les affaires ecclésiastiques des Gaules et
d'Espagne , qu'il en assemblerait les évê-
ques, lorsqu'il en serait besoin, et qu'ils ne
pourraient venir à Home sans sa permission.
Il ordonna aussi que l'évêque d'Aix serait
tenu de venir aux mandements de saint Cé-
dlreourit do
MiDt C'Miret
Ton. IV Con-
oll. pag. tTtSt
Hti]iiPtc? do
5<iiut Cd^airo
fM [lape Swn-
nia']ue. Toiii.
IV. Concil.,
pnf 1J57.
IMd. l^aç.
1303 11 1310.
151
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
saire, soit pour les conciles, soit pour les au-
tres afTaires ecclésiastiques.
LeiireiBo. 6. Quclqucs aunées auparavant, c'est-à-
i.«".'c;.°".'i, dire vers l'an 306, on tint à .\gde un concile
""^ ' de plusieurs évêques. Ruricius, évéque de
Limoges fut invité à s'y rendre ; mais soit
que la lettre d'invitation ne lui eut pas été
rendue, soit qu'il eût d'autres raisons de ne
point se trouver à cette assemblée, il n'y
vint point. Saint Césairc, qui avait présidé à
ce concile, eut quelque peine de n'y point
voir l'évêque Ruricius, dont il respectait
et la vertu et le mérite. Il paraît que Ruri-
cius lui en écrivit une lettre d'excuse. Mais
saint Césaire ne reçut point cette lellre, dont
il voulut bien rejeter la faute sur la négli-
gence du porteur. C'est ce qu'il témoigne
dans celle qu'il écrivit à cet évêque, en lui
donnant avis que l'on avait projeté de tenir
un autre concile à Toulouse l'année suivante.
Il chargea de sa leitre le prêtre Capillutus
qu'il recommande à Ruricius, en disant qu'il
espérait recevoir de lui la réponse au retour
de ce prêtre.
T.si.mfr.1 7 u faut mettre parmi les écrits de saint
Al* -ami C'. A
l'iro. coj. Césaire son Testament adressé aux prêtres
"■■s. t»rt. T, r
l'f. 53 et aux diacres de TEglise d'Arles, et à l'ab-
besse Gésarie, qu'il avait lui-même faite su-
périeure du monastère des filles établies à
Arles, n le commence en souhaitant la pais à
cette Église. Après quoi il déclare qu'il veut,
qu'après sa mort, le monastère de Saiut-Jean,
le môme que celui des filles qu'il avait fon-
dé, et dont Césarie était supérieure, demeure
sous la puissance de l'évêque d'Arles, et soit
l'héritier de tous ses biens. Et dans la crainte
que quelques-uns de ses parents ne vins-
sent à inquiéter ce monastère ou l'évêque
son successeur, il veut que n'ayant possédé,
étant évéque, aucuns biens de sa famille, ils
se contentent de ce qu'il leur avait donné
pour les reconnaître. Il prie son successeur,
à cpji il donne le nom d'archevêque, de vou-
loir bien recevoir de lui les habits dont il se
revêtait aux fêtes de Pâques , et dont on lui
avait fait présent. Il lui lègue aussi quelques
autres vêtements, lui laissant la liberté de
distribuer les autres, tant à ses clercs, qu'aux
laïques, peut-être à ceux qui l'avaient servi.
Il ordonne que les autres donations qu'il pou-
vait avoir faites, soit par letli'e ou de vive
voix, aient lieu. Il témoigne un grand désir
que la maison du sous-diacre Auguste serve à
loger le proviseur du monastère, et que ces
filles n'aient à l'avenir d'autre proviseur, et
qu'il n'y ait point de prêtres pour la Basili-
que de Sainte-.Marie, que du choix de l'ar-
chevêque d'.\rles, qu'il conjure par la sainte
et inséparable Trinité d'empêcher que ledit
monastère ne soit inquiété dans la jouissance
de ses biens, de ses immunités et de ses pri-
vilèges. Il entre dans le détail de certaines
terres, vignes et redevances qu'il lui avait
données, voulant que si, par le malheur des
temps, ce monastère venait à être détruit ,
tous ces biens et autres qu'il spécifie, revien-
nent à la mère Église , de qui il paraît qu'il
les avait tirés avec le consentement des frè-
res, c'est-à-dire du clergé, pour en faire do-
nation à son monastère. Il fait aussi quel-
ques petits legs à l'abbesse Césarie, et à
quelques autres personnes, recommandant
tous ses domestiques à l'évêque son succes-
seur.
8. On ne peut guères douter que le nom-
bre des sermons et des lettres de saint Cé-
saire n'ait été beaucoup plus grand que ce
qui nous en reste. Les lettres de plusieurs
papes qui lui sont adressées, supposent clai-
rement des réponses de sa part, ou qu'il leur
avait écrit. L faut dire la même chose des
lettres de saint Ruricius de Limoges, d'En-
node de Pavie, et de saint Avit de Vienne,
adi'essées à ce saint évêque. Nous n'avons
ni celles qu'il leur avait écrites, ni les répon-
ses qu'il devait leur avoir faites. Il n'en reste
qu'uue adressée au premier. Nous avons aus-
si perdu la lettre que saint Césaire écrivit au
pape Félix IV, en lui envoyant le résultat du
second concile d'Orange, tenu en 529. Par
cette lettre, il demandait au Pape la confir-
mation des décrets de ce concile. Félix étant
mort pendant qu'Arménius, porteur de la
lettre de saint Césaire, était en chemin pour
Rome, Boniface U, à qui elle fut rendue, fit
ce que saint Césaire souhaitait à l'égard du
second concile d'Orange par une lettre da-
tée du 23 janvier 530. Quelques-uns ont at-
tribué à saint Césaire un ouvrage sur la grAce
et le libre arbitre. Il en est parlé dans l'article
de ce saint' ajouté au Catalogue de Gennade.
Mais l'auteur de cet article ne dit pas que
ftcrll
ninr O!
qui wnt
dus.
'•Ira
' De gratia quoque et libcro arbilrio edidil tes-
liinonia diviiiarum ScriiHuranim cl snndorum
Pdirum judiriis munila, ubi doccl hoiniiiem uihil
de proprio agere buiii passe, nisi eum divina gra~
lia preveniril. Quod opus eliam papa Félix per
suam epislolam roboravit, et in lalius promnl-
gavit. Ucuniul. iii Cal:il.,cap. lxxxvi.
[vi'sii:r.i.E.] CHAPITRE IX.
saint Ciisairo ait coaiposc un dcrit exprès sur
cette matière : mais seulement qu'il avait
recueilli des tt$moi;inag;cs derKcriturc, forti-
fiés par rautorité des l'ères, pour montrer
que riiomme ne peut de lui-même faire au-
cuu bien, s'il n'est prévenu de la grice de
Dieu. Ce qu'ajoute cet écrivain que le Pape
coiilirma par de nouveaux passages, l'ou-
vrage de saint Césaire, fait voir , ce semble,
qu'il faut enleudre par cet ouvrage, les dé-
crets du coucile d'Orange que saint Césaire
avait envoyés à Home pour y ètrecontirmés,
et non pas un écrit particulier de ce saint
évéque ; si ce n'est qu'étant très-instruit sur
cette matière, et fort versé dans la lecture
des écrivains sacrés et ecclésiastiques, il ait
lui seul fourni la matière de ces décrets. Il
est vrai qu'on n'y cite que des passages de
l'Écriture ; mais il est certain aussi qu'ils
sont composés des propres termes des Pères
de l'Église, nommément de saint Augustin;
ainsi que Binius ' l'a remarqué dans ses No-
tes sur ce concile.
§ VI.
Jugement des écrits de saint Césaire : éditions
qu'on en a faites,
1. Tout plaît dans les écrits de saint Cé-
saire. Le style en est uni, net et simple ; les
pensées nobles, mais d'un tour aisé ; les rai-
sonnements solides et concluants; les exem-
ples persuasifs, et toujours à la portée de
ceux pour qui il écrivait. Il n'affecte ni ter-
mes extraordinaires , ni figures trop recher-
chées. Son éloquence est toute naturelle.
Quand il combat les vices et qu'il exhorte à
la vertu , il se contente de montrer d'une
manière très-simple, mais pathétique, la lai-
deur du péché, et de faire l'éloge de la vertu;
de donner de l'horreur de l'un par les suites
fâcheuses qui sont inévitables , et d'inspirer
de l'amour pour l'autre par la vue des biens
qu'elle procure. Il s'appuie partout de l'au-
torité de l'Ecriture qu'il avait étudiée avec
soin, et quelquefois des témoignages des Pè-
res grecs et latins, dont il avait lu les écrits.
On voit qu'il s'était particulièrement arrêté à
ceux de saint Augustin , dont il fait profes-
sion d'êU-e disciple. Non-seulement il en suit
la doctrine , il en emprunte aussi les pen-
sées et les termes, et quelquefois des endroits
entiers , auxquels il ne fait que joindre un
' Tom. lY Concil, png. 1675.
SAINT CÉSAinn, ÉVÊQUE D'AULES.
153
exorde et une pérfu-aison pour en faire un
discours. Mais il parait qu'il n'usait de celte
liberté que quand il n'avait pas assez de loi-
sir ou assez de santii pour en composer de
lui-même.
2. Les Homélies de saint Césaire, après
avoir été souvent confondues parmi celles de cé'"i
saint Ambroise et de saint Augustin, ont été
recueillies dans V Apjicndirc Au cinqaihmc vo-
lume des amvres de ce Père à Paris, en 1683,
et dans l'édition d'Anvers ou d'Amsterdam,
en 1700. Pour les distinguer aisément d'un
grand nombre d'autres homélies dont les
auteurs sont incertaius, l'on a mis le nom
de saint Césaire à la marge de chacune des
homélies qui sont de lui, et en tête les rai-
sons de les lui attribuer. Ce recueil contient
cent deux homélies de saint Césaire, parmi
lesquelles se trouvent les quatorze que M. Ba-
luze fit imprimer à Paris en 1GG9 ; la plupart
de celles que nous avons dans le huitième et
le vingt-septième tomes de [aBibliothh/uedes
Pères à Lyon, en 1677 ; et quelques-unes du
premier tome de la Chronologie des saints et
Ao7nrnesi7/;«/?'es de l'abbaye de Lérins, par Bar-
rali à Lyon, en 1613. Les autres données par
Barrali sont des discours faits à des moines ; et
il y en a beaucoup de ce genre dans les huitiè-
me et vingt-septième tomes de la Bibliothèque
des Pères. A l'égard des discours ou lettres à
des religieuses, on les a insérés dans le Code
des règles, imprimé d'abord à Rome, en 1661,
puis à Paris, en 1663, et ensuite à Lyon, en
1677, dans le huitième tome de la Biblio-
thèque des Pères, avec les Règles de saint Cé-
saire , tant pour des religieuses , que pour
des moines. La Règle pour les religieuses se
trouve aussi dans les Annales du Père le
Cointe, sur l'année 336, avec des notes. Elle
fut donnée pour la première fois au public
par Etienne Moquot à Poitiers, en 1621, avec
quelques éclaircissements de François Mei-
nard sur certains termes de cette Règle qui
sont très-obscurs. Stellortius la fit réimpri-
mer à Douai, en 1626, dans sou Recueil inti-
tulé : Fondements des ordres; et BoUandus
dans le premier tome des Vies des saints du
mois de janvier. Pour ce qui est du Testament
de saint Césaire, il se trouve dans le Code des
règles, dans V Histoire des archevêques d' Arles,
par Saxi , dans les Annales ecclésiastiques de
Baronius, sur l'an 308, et dans celles de Fran-
ce par le Père le Cointe, sur l'an 342. Les
Actes ou décrets du second concile d'Orange,
auxquels on peut dire que saint Césaire eut
156
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
le plus de part, ont été Iradiiifs en fiançais
et imprimés eu cette langue, cliez Piquet, à
Paris, en IGio, par les soins d'Audré Dabil-
lon.
[Le tome XI de Galland contient les 14 ho-
mélies publiées par Baluze , les Règles et
quelques autres ouvrages. On trouve dans
la l'atroloyie latine, tom. LXVII, col. 997, les
sermons, les homélies , les opuscules et les
épîtres de saint Césaire; on doit cependant
remarquer qu'on renvoie les sermons au
tom. V de saint Augustin dans VAppendire.
Ses sermons ont été traduits en français par
l'abbé Dujal de Villeueuve , Paris , 1760 , 2
vol. in-12,]
CHAPITRE X.
Saint Benoît, patriarche des moines d'Occident.
[543.)
Nal*MDto
de e^lQt Bo-
u'M, vprï l'an
im. Son édu.
canon. Annal.
Bcncd.|jag. 3.
1. Saint Benoit', notre législateiu-, naquit
vers l'an 480, dans le territoire de Norsie, au-
trefois ville épiscopale de la province de Va-
lérie, maintenant de l'Ombrie, dans le duché
de Spolète. Saint Grégoire ne dit point * de
quels parents il était né ; il marcpie seule-
ment qu'il était de condition libre, ce que
le Martyrologe de Florus entend d'une fa-
mille noble. Pierre diacre ' est le premier qui
nous apprenne, que son père se nommait
Eutrope, sa mère Abondantia, et son aïeul
Jiistinien ; d'où quelques-uns ont inféré que
saint Benoit dcsccuiilait de l'empereur Justi-
nien : opinion insoutenable, puisque ce prin-
ce était Tluace de naissance, de basse condi-
tion, et qu'il ne vint au monde qu'après saint
Benoît. Aussitôt qu'il fut en âge d'apprendre
les belles-lettres, on l'envoya à Rome; mais
voyant la^ corruption de ceux cpii les étu-
diaient avec lui, il se retira secrètement de
cette ville, et s'étant dérobé h la poursuite de
Cyrilla, sa nourrice, qui l'avait suivi, il vint à
un lieu nommé Sublac, à quarante milles de
Rome , où il s'enferma dans une caverne
fort étroite. On rapporte sa retraite A la pre-
mière année du règne de Théodoric, roi des
Goths en Italie , c'est-à-dire à l'an 494 , qui
était la quatorzième ou la quinzième de saint
Benoit, .\ussi saint Grégoire dit qu'il était en-
core enfant, et l'abbé Bertarius', qu'il avait à
peine atteint l'âge de puberté. Ce([ui est vrai
est que suivant l'édit de l'empereur Valenti-
nien le Vieux, il n'était pas permis aux jeu-
nes gens qui venaient à Home pour y faire
leurs études , d'y demeurer au delà de leur
vingtième année.
2. Il demeura trois ans dans la caverne
de Sublac , sans que personne en sût rien ,
excepté un moine romain qui l'ayant ren-
contré auprès de cette solitude et ayant ap-
pris son dessein, lui promit le secret, le re-
vêtit de l'habit monastique et lui donna tous
les secours qui dépendaient de lui. Romain
demeurait dans un monastère voisin sous
un abbé nommé Théodat : mais il se déro-
bait quelquefois et portait à certains jours
ce qu'il se retranchait de sa portion à saint
Benoit. Comme il n'y avait point de chemin
pour arriver h sa caverne du côté du mo-
nastère de Théodat , Romain attachait le
pain i\ une longue corde avec une clochette
pour avertir Benoît de le prendre. Vivant
ainsi dans sa grotte sans aucun commerce
avec les hommes , il ne savait pas même
quel jour il était. Il arriva que la fête do
Pâques de l'an 497, un prêtre d'un lieu assez
éloigné, ayant préparé à manger pour lui-
même, Dieu lui fit connaître par révélation,
le lieu où était son serviteur qui mourait
de faim ; il le trouva à grande peine ; mais le
saint solitaire, étonné de l'arrivée de cet hôte,
ne voulut point lui parler qu'après avoir
fait ensemble la prière. Leurs discours rou-
lèrent sur les choses de Dieu et du salut. Le
prêtre, après en avoir parlé quelque temps,
invita Benoît ;\ manger, lui disant que c'était
Il d^iiiftnr
b'iir. Ai
BMiPd. Ml
M. Ion. tom.
lat:. 3. cl An
ord. S, B(
DC-i. Idlll. 1
r»r. KU, fel I
' On peut voir la heUr vAui\c do M. de Mouta-
lenihnrt sur fii}\nt nnioit, nu Imiio fl, livre Kf des
Moines d'Occident. {L'éditeur.)
* «"îreg., lib. Il Vialog.^ enp. i,
3 Petr., lil». De VirisiUnHr., cap. i.
^ bertar., iu liymuo de Sancto Bencdiclo.
CIIAPITHR X. — SAINT BENOIT, PATRlAltCIIE.
[vi' siÈaE.]
lo jour do Pilques auquel il no lui clait pas
permis de jeûner. Ils nianj^èrenl ensemble de
ce que le prêtre avait apportii ; et, leur repas
fini, le prètro retourna ;\ son éjj;lise. Vers le
mémo temps, des pâtres trouvèrent lienoît
caché dans sa caverne, et le voyant couvert
d'une peau de brebis dans des broussailles, ils
le prirent pour une bètc ; mais lors(ju'ils con-
nurent que c'était un serviteur de Dieu , ils
le respectèrent. II y en eut même plusieurs
qui, gagnés par ses discours, quittèrent leurs
mceurs brutales, et embrassèrent la religion
chrétienne. Depuis ce temps-hï il comracnra
à être connu des peuples du voisinage. Plu-
sieurs le venaient voir et lui apportaient de
la nourriture; pour les remercier, il nourris-
sait leurs âmes de diverses instructions salu-
taires. Le démon en fut envieux. Un jour,
Benoît étant seul, le souvenir d'une femme
qu'il avait vue, excita en lui une tentation si
violente , qu'il fut près de quitter sa solitu-
de. Mais Dieu secourut son serviteur. Benoît,
revenu à lui-même et rougissant de sa fai-
blesse , se jeta , pour éteindre les feux de la
tentation, dans un tas d'orties et d'épines
qu'il aperçut auprès de lui, s'y roula long-
temps à nu , de sorte qu'il en sortit tout en
sang. Le fruit qu'il retira de cette victoire,
fut que depuis il n'eut plus de pareilles ten-
tations à combattre.
3. Son nom étant devenu fort célèbre ,
plusieurs quittèrent le monde et se rangè-
rent sous sa conduite.. A quelques distances
de Sublac, il y avait un monastère dont l'ab-
bé étant mort, tous les sutïrages de la com-
munauté se réunirent à lui donner Benoît
pour successeur. Les religieux vinrent le
trouver et le pressèrent avec beaucoup d'ins-
tance de se charger de leur conduite. Il le
refusa longtemps, disant que leurs manières
ne pourraient s'accorder avec les siennes :
mais fatigué par leurs importunités, il con-
sentit enfin à être leur abbé. Comme il vou-
lait les corriger et les obliger de vivre con-
formément à leur état , ils se repentirent
bientôt du choix qu'ils avaient fait de lui,
le regardant comme un homme sans expé-
rience, peu propre à conduire les autres, dur
et sans miséricorde. Ils dissimulèrent néan-
moins leur colère dans les commencements;
mais voyant qu'il ne relâchait rien de sa sé-
vérité, et leur paraissant insupportable de
quitter leurs anciennes habitudes , ils pri-
rent unanimement le parti de se défaire de
lui en lui donnant du vin empoisonné. Lors-
irn
qu'il était ^ table, on lui présenta à bénir le
premier verre qui était pour lui, tous sui-
vant la coutume du monastère, tenant en
main leurs verres pour être bénits en même
temps. Benoit étendit la main et fit le si^^no
de la croix : aussitôt le verre, dans lequel
était le breuvage de mort, se cassa comme
s'il y eût jeté une pierre. L'homme de Dieu
comprit aussitôt ce que c'était ; et se levant
de table, il dit aux moines, d'un visage tran-
quille : ((Que le Dieu tout-puissant vous par-
donne , mes frères ; pourquoi m'avez-vous
voulu traiter de la sorte ? ne vous avais-je
pas prédit que vos mœurs et les miennes no
pourraient s'accorder? allez chercher un su-
périeur qui vous convienne; vous ne m'au-
rez plus à l'avenir. » Leur ayant ainsi parlé,
il retourna dans sa solitude, persuadé qu'en
restant plus longtemps avec des religieux
indociles, non-seulement il ne pourrait les
faire changer de conduite , mais qu'il serait
lui-même en risque de déchoir de sa fer-
vem".
4. C'était vers l'an 510. De retour à Su-
blac, il s'y entretint avec lui-même sous les
yeux de celui qui pénètre les secrets du
cœur les plus cachés, presque toujours occu-
pé de la prière, de la lecture et de la médi-
tation des livres saints. Ses vertus et ses mi-
racles lui attirèrent tant de disciples qu'il bâ-
tit douze monastères, en chacun desquels il
mit douze moines sous la conduite d'un ab-
bé soumis à sa correction. On connaît en-
core les lieux et les noms de ces monastè-
res; mais si l'on en excepte celui de Sublac
et celui de Sainte - Scholastique , autrefois
Saint-Côme et Saint-Damien , les autres ne
sont aujourd'hui que de simples oratoires.
La réputation de saint Benoît passa d'abord
à Rome, d'oîi elle s'étendit dans les provin-
ces les plus éloignées. Les plus nobles de
cette ville et les personnes de piété vinrent
le voir dans sa solitude. Quelques-uns même
lui donnèrent leurs enfants pour les élever,
non dans la science des arts vains et inutiles,
mais, pour les former dans la vertu et dans
la piété. Équitius lui donna son fils Maur, âgé
de douze ans, et le patrice Tertullus son fils
Placide, encore enfant : deux sujets de grande
espérance. Les Actes de saint Placide rappor-
tent ceci à l'an S22.
5. Dans cette année et pendant les sui-
vantes, saint Benoit opéra plusieurs merveil-
les que les auteurs de sa vie ont eu soin de
rapporter. Il demeurait, en ô28, dans un de
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HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
158
ses douze monastères, qui avait vue sur le lac
de Sublac, ou qui n'eu était pas éloigné,
lorsque le jeune Placide y allant puiser de
l'eau, tomba lui-même dans le lac dont l'eau
l'emporta loin de terre, environ la portée
d'un trait. Saint Benoit ayant eu connaissan-
ce de cet accident, appela Maur et lui dit de
courir vite au secours de cet enfant. Maur
ayant demandé à son abbé sa bénédiction,
ainsi qu'il était dès lors de coutume, courut
jusqu'à l'endroit où l'eau emportait Placide,
et l'ayant pris par les cheveux que l'on ne
rasait point encore alors jusqu'à la peau, il
le retira sain et sauf des eaux. Sitôt qu'il fut
à terre , il regarda derrière lui, et voyant
qu'il avait marché sur l'eau, il fut étonné
d'avoir fait ce qu'il n'aurait jamais osé ten-
ter. De retour dans le monastère, il raconta
la chose à saint Benoît, qui attribua ce mi-
racle, non à ses propres mérites, mais à l'o-
béissance de son disciple. Maur, au contraire,
l'attribuait au commandement de son maître,
soutenant qu'il ne pouvait pas avoir part à
une chose qu'il avait faite sans s'en aperce-
voir. Placide décida la contestation , en di-
sant : <c Lorsqu'on me lirait de l'eau, je voyais
sur ma tète la melote , c'est-à-dire le man-
teau de l'abbé, et lui-même qui me tirait. »
La melote était une peau de mouton que les
moines portaient sur leurs épaules. Placide
avait alors environ quinze ans : d'où vient
que saint Grégoire, en parlant de cet événe-
ment miraculeux, l'appelle enfant. Quelque
temps après, saint Benoit, cédant à l'envie
d'un prêtre d'une église voisine, nommé Flo-
rentins, qui s'imaginait que la grande répu-
tation du saint abbé nuisait à la sienne, lais-
sa tous ses mnnastères sous la conduite des
supérieurs qu'il leur avait donnés, et vint à
Cassin, petite ville sur le penchant d'une
haute montagne dans le pays des Samnites.
n y avait sur le sommet de cette montagne
un ancien temple d'Apollon, que les paysans
adoraient encore , et, tout autour, des bois
consacrés à l'idole, où ils faisaient des sacrifi-
ces. Ce fut là que saint Benoit fixa sa demeu-
re. 11 brisa l'idole, renversa l'autel, coupa les
bois , bûtit un oratoire de saint Martin dans
le temple même d'Apollon , et un de saint
Jean à l'endroit où était l'autel des idoles, et
se mit à instruire de la vraie religion tout le
peuple d'alenlour. 11 travailla après cela au
logement de ses religieux, n'ayant point d'au-
tre architecte que lui-même, et point d'au-
tres ouvriers que ses moines. On met la fon-
dation de ce monastère vers l'an 529. En
arrivant; sur le Mont-Cassin, il y trouva un
ermite nommé Martin, qui lui céda la place.
Ce solitaire avait coutume, dans les commen-
cements de sa retraite, de s'attacher avec une
chaîne de fer afin qu'il ne pût aller au delà
de sa longueur; mais il ne prit plus cette pré-
caution depuis que saint Benoît lui eut don-
né cet avis salutaire : « Si vous êtes serviteur
de Dieu, que ce soit la chaîne de Jésus-Christ
qui vous tienne attaché et non pas une chaî-
ne de fer. »
6. Le nombre de ses disciples augmentant
de jour en jour, saint Benoit leur donna une
règle qui fut trouvée si sage que, dans la suite
des temps, on la reçut dans tous les monas-
tères d'Occident ; elle admet sans distinction
les enfants, les jeunes gens et les adultes,
les pauvres et les riches, les nobles et ceux
qui sont de basse condition, lesesclaves et les
libres, les doctes et les ignorants, les laïques
et les clercs. Les parents rendaient moines
leurs enfants en les otl'rant au monastère;
mais les adultes s'engageaient dans l'état
monastique par une profession volontaire.
Ceux - là pèchent donc contre la Règle de
saint Benoît, qui ne reçoivent dans leurs mo-
nastères que des nobles àTexclusion de ceux
qui sont d'une condition ou basse ouservile.
On voit que saint Augustin pensait de même
là-dcssus, et que son sentiment était que l'on
ne pouvait, sans un grand péché, refuser'
l'entrée des monastères même aux esclaves,
aux gens de la campagne et au commun du
peuple, pourvu toutefois que ceux qui étaient
en servitude eussent obtenu la liberté de
leurs maîtres. La raison qu'il donne de cette
conduite est que l'on a vu souvent des per-
sonnes de ces sortes de condition se rendre
illustres et recommandaljlcs par leur piété et
leurs autres grandes qualités : Dieu ayant
liflru.. loi,
1 AddiL h'
neiî. [>«£. St'>
* A'uîiC leniunt plerttmque ad liane profissio-
nem servitutis Dei et ex conditione sertili ; vel
eliam liherti, vel propler hoc a dominii-- liberali
site Itbcrundi, et ex vilarusticana, et plchcio la-
bnre^ tanto utii/ue felicius, quanlo furtius edu-
cati: qui si non admiUaiitur, grave deliclum est.
MuUi enim ex eo numéro lere magni et, imitandi
eTlilcrunt. Kam propterea infirma mundi elrgit
Deus ut cnnfunderet fortia, et stulta mundi cicgil
ut confundtrcl sapientes ; etignol>ilia mundi et ea
quœ non sunt, tanquam sint, ut ea quœsunt tva-
cuentur : ut non glorirtur omnis carocoram Dca.
Aiiyust., De Oper. monach., cap. xxu.
[VI' siKCLE.l CHAPITRE X. — SAINT
choisi les moins supcs scion le monde pour
confondre les sages; les faibles pour con-
fondre les puissants; les plus vils et les plus
nu^prisahlos pour dt'lniiie ce qu'il y a de plus
grand, afin que nul homme ne se glorifie de-
vant lui. Il ajoute que les gens de la campa-
gne et ceux qui sont accoutumes h vivre du
travail de leurs mains sont d'autant plus pro-
pres à l'étal monastique qu'ayant été élevés
durement, ils en peuvent plus aisément sup-
porter les austérités. La Jtt'gle de saint Benoit
ne fait point mention des frères Convers,
c'est-à-dire des religieux qui n'étaient occu-
pés qu'aux ministères extérieurs. Ils n'ont été
admis dans les communautés que vers le xi°
siècle.
7.11 n'y avait pas longtemps que l'on avait
commencé à bâtir le monastère du Mont-Gas-
sin, lorsque le patrice Tcrtullus y vint dans
le dessein de voir ce nouvel édifice ; mais plus
encore pour y voir son fils Placide, et Maur
que saint Benoit y avait amenés avec lui.
Quelques historiens le fontaccompagnerdans
ce voyage parplusieurs nobles romains, nom-
mément par Boëce, célèbre par ses vertus,
son savoir et la dignité de consul qu'il avait
exercée avec éclat. Mais il était mort dès l'an
523, par l'ordre du roi Théodoric qui, sous de
fausses accusations, lui avait fait souITrir de
grands tourments, et ensuite fait trancher la
tête. Tertullus fit une donation solennelle des
biens qu'il avait aux environs de ce monas-
tère, et d'un grand nombre de terres de son
patrimoine dans la Sicile. Il paraît qu'il y
avait près de Cassin un monastère de filles ,
sm- lequel saint Benoit avait inspection et
autorité, puisqu'il en excommunia deux pour
quelques fautes qu'elles avaient commises.
Mais on ne sait pas si ce fut là que sainte
Scholastique , sa sœur, se consacrai Dieu, ou
dans quelque autre maison près du Mont-
Cassin. Saint Grégoire nous apprend seule-
ment qu'elle s'était vouée à Dieu dès l'en-
fance, et qu'elle vivait dans un monastère
proche de celui de son frère.
8. On rapporte à l'an 334 la fondation du
monastère de Téracine, danslaCampanie. Il
fut bâti sur les terres d'un homme de piété
qui avait prié saint Benoit de lui envojer
quelques-uns de ses disciples. Il en envoya
d'autres en Sicile avec saint Placide ; d'au-
tres en Espagne et en diverses provinces.
Saint Placide finit ses jours par le mar-
tyre que lui firent soutlnr les Barbares,
qui, vers l'an 541, firent une irruption dans
loir. I An.
Dttl Doiiad ,
BENOIT, PATUlAltCIIE. 159
la Sicile. On a imprimé i Messine, en 1691,
l'Histoire de l'invention et de la translation
de ses reliques et de celles de ses compa-
gnons. Elles avai(!nt été trouvées à Messine,
dans l'Église de Saint-Jean-Baptiste, dès l'an
1G88. Nous avons les Actes de leur martyre;
mais on convient qu'ils ont été interpolés.
La mission de saint Maur en France par
saint Benoît, à la prière d'un é vèque du Mans,
est attestée par Amalaire et par Adrévald,
moines de Fleury, qui vivaient l'un et l'autre
dans le neuvième siècle; par une charte de
Louis -le -Pieux, où saint Maur est appelé
abbé de Glanfeuille et disciple de saint Be-
noît, et où il est dit que ce saint l'avait en-
voyé en France; par saint Odon, abbé de
Cluny , né dans le neuvième siècle et mort
dans le dixième; par Adalbert, évêque de
Prague , qui , dans le même siècle , fit un
voyage en France pour en voir les plus célè-
bres monastères ; et par quantité d'écrivains
des siècles suivants. L'inscription trouvée sur
son tombeau, en 883, porte qu'il était venu
en France sous le règne du roi Tliéodebcrt,
c'est-à-dire vers l'an 342. Brouvérus, dans
le livre, des Antiquités de Fulde, dit que l'on
conservait dans un monastère de Tours la Rè-
gle que saint Benoît avait écrite de sa propre
main, et qii'il avait donnée à saint Maur lors-
qu'il l'envoya en France; et qu'à la fin de
cette Règle on lisait la signature de ce saint
législateur en ces termes : Code du pécheur
Benoît, qualité que les hommes de piété et
même les évêques prenaient dans le sixième
siècle.
9. Un homme de condition, nommé Théo-
probe, que saint Benoît avait converti et qui
avait beaucoup de part à sa confiance, étant "''''• i°E' "^
un jour entré dans sa cellule, le trouva qui
pleurait amèrement, mais non pas dans le
temps de sa prière où il avait coutume de ré-
pandre des larmes. Il s'arrêta longtemps, et
voyant que celles qu'il versait alors venaient
de la tristesse, il lui en demanda la cause.
«Tout ce monastère que j'ai bâti, lui répon-
dit le saint, et tout ce que j'ai préparé avec
beaucoup de travail et de soin pour l'usage
des frères, a été livré aux profanes par le ju-
gement de Dieu. A peine ai-je pu obtenir le
salut des personnes. » L'accomplissement de
cette prophétie se vérifia quarante ans après,
lorsque les Lombards, faisant la nuit une ir-
ruption dans le monastère du Mont-Cassin,
le ruinèrent entièrement.
10. Ce fut vers l'an 541 que saint Benoît
SlIntUrnotl
prédit Idrililiû
du inoiiaolèio
Cns,
IGO
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
«oirnii.1 B». propbtilisa de la sorte. L'année suivante, il
LT' ÉfMd' pr<''dit les calamités qui devaient agiter vio-
lée, as-';, lemmeut la ville de Home. Bélisaiie ayant
quitte ITlalie, les Gotliscn devinrent les maî-
tres une seconde fois, sous la conduite de To-
tila, qui était devenu leur roi, après la mort
d'Hildibalde. Totila ayant ouï dire que saint
Benoit avait l'esprit de prophétie, voulut, en
passant d;ins la Campanie, s'en convaincre
par lui-même. 11 vint ;\ sou monastère, mais
il lui fit savoir auparavant qu'il allait venir.
Pour l'éprouver, il se fil précéder d'un de ses
écuyers nommé Higrgon, à qui il fit prendre la
chaussure et les habits royaux qui étaient de
pourpre, et le fit accompagner de trois sei-
gneurs, qui étaient le plus ordinairement près
de sa personne, nommés Vult, Uudéric et Bli-
din, avec des écuyers et un grand cortéj^e.
Higgon étant ainsi entré dans le monastère,
saint Benoit qui était assis, l'ayant aperçu
de loin, lui cria : «Mon fils, quittez l'habit que
vous portez, il ne vous appartient pas. n Rig-
gon se jeta par terre épouvanté d'avoir vou-
lu tromper le saint. Tous ceux de sa suite en
firent autant, sans qu'aucun osât approcher,
après qu'ils se furent relevés. Ils retournè-
nèreut aussitôt trouver Totila, à qui ils racon-
tèrent eu tremblant de quelle manière leur
tromperie avait été découverte. Alors le roi
vint lui-même trouver le saint abbé, et dès
qu'il le vit, il se jeta par terre sans oser en
approcher. Saint Benoit, qui était assis, lui
dit de se lever; et voyant qu'il n'osait, il ac-
courut et le releva lui-même. Il lui reprocha
sa cruauté ; et ce priuce lui ayant peut-être
demandé ce qui devait lui arriver, le saint
lui parla en ces termes : «Vous avez jusqu'ici
commis beaucoup de mal, et vous en com-
mettez tous les jours; cessez enfin de faire
tant de crimes et d'injustices. Vous entrerez
à Rome, vous passerez la mer, et après avoir
régné neuf ans, vous mourrez le dixième. »
Tout cela fut accompfi dans la suite. Totila
fort épouvanté, lui qui était la terreur des au-
tres, sortit du monastère, après s'être recom-
mandé aux prières de l'homme de Dieu. De-
puis ce temps-là il fut beaucoup plus doux et
plus liumain : ce que l'on aperçut particuliè-
rement dans le siège et la prise de Naples,
où il traita les captifs avec une bonté (pic l'on
ne devait pas attendre d'un barbare et d'un-
ennemi. Quelque temps après, saint Benoit
s'enlretenanl avec l'évéque de Canose, des
ravjigcs (Je Tolila, cet évêque disait en parlant
de Rome : « Ce roi la rainera en sorte qu'elle
ne sera plus habitée. » Saint Benoit lui répon-
dit : (I Non, la ville de Rome ne seia point dé-
peuplée par les barbares ; mais elle sera bat-
tue de tempêtes, de foudres et de tremble-
ments de terre; elle s'aflaiblira comme un
arbre qui sèche sur sa racine.» Saint Grégoi-
re rend témoignage à l'accomplissement de
cette prophétie, disant que de son temps la
ville de Rome ne présentait qu'un spectacle
atl'rcux, ses murs étant dt-truits, ses maisons
renversées, et la plupart des églises ruinées
par des tempêtes et des tremblements de
terre.
1 1 . Le môme pape nous apprend que sainte „,„, "g"
Scholastique venait une foisl'an voir son frère, ^° ,;,;-i,[;,'
qui, accompagné de ses disciples, allait la re- J ?\„'';,i.'^|
cevoir à quelque dislance de son monastère *'"' "''
dans une métairie dépendante du Mont-Cas-
siu, autant pour lui éviter la peine de mon-
ter sur le sommet de la montagne, que parce
que c'était déj;\ l'usage que les femmes n'en-
trassent point dans les monastères d'hom-
mes. Après avoir passé la journée à louer
Dieu et à s'entretenir des choses saintes ,
ils mangèrent ensemble sur le soir dans le
même lieu où ils avaient coutume de se ren-
contrer. Gomme ils étaient encore à table et
qu'il se faisait tard, la sainte pria son frère
de ne la point quitter celte nuit, afin de pou-
voir parler ensemble de la joie céleste jus-
qu'au lendemain matin. Saint Benoit le re-
fusa, ne croyant pas devoir passer la nuit
hors de son monastère. Le temps était fort
serein. Sainte Scholastique, voyant qu'elle
ne pouvait lléchirla volonté de son frère, fit .^
Dieu sa prière avec tant de larmes qu'elle
obtint ce qu'elle souhaitait. Il s'éleva tout à
coup un orage violent, mêlé d'éclairs, de ton-
nerre, et d'une pluie si abondante que ni
saint Benoit, ni les frères qui l'accompa-
gnaient, ne purent mettre le pied hors de la
maison. Le saint demeura donc malgré lui,
et passa la nuit avec sa s(eur en s'enlreteuant
de choses spirituelles. Le lendemain ils re-
tournèrent chacun chez soi. Toutes les reli-
gieuses n'observaient pas alors une chMure
si exacte que celles qui suivaient la règle do
saint Césaire. Il y en avait à qui il était per-
mis de sortir quelquefois pom* des causes
raisonnables; et tel était apparemment l'u-
sage du monastère de sainte Scholasli(jue.
Trois jours après celte entrevue, sainl Be-
noit étant dans son monastère, et levant les
yeux, vit l'ùine de sa sci-ur entrer dans le
ciel en forme de colombe. Ravi de sa gloire,
CHAPITRE X. — SAINT HRXOIT, PATRlAnr.IlE.
[Vl* SifeCLE.]
il rfiiidil grâces à. Dieu, dc-dara sa mort à
ses rclifiieux, et les envoya pniir n|iporlerlo
corps l'i son monastère, et le mettre dans le
tondicau qn'il avait pn'pnrë pour lui-même;
afin, dit saint Grégoire, que la mort ne sépa-
rât pas les corps dont les esprits avaient tou-
jours été unis en Dieu. Saint Benoit ne sur-
vécut pas longtemps à sa sœur. La mémo
année, qui était 5-43, il prédit sa mort;\ quel-
ques uns de ses disciples qui demeuraient
avec lui, en leur recommandant le secret ; et
à d'autres plus éloignés, leur donnant des si-
gnes pour la connaître. Six jours a vaut qu'elle
arriv;Nt,il fit ouvrir son tombeau. Aussitôt il
fut saisi d'une lièvre violente; et comme elle
allait tous les jours en augmentant, le sixième
jour il se fit porter' dans l'Oratoire, se pré-
para ù la mort en recevant le corps et le sang
de Jésus-Christ, et levant les yeux et les
mains au ciel, entre les bras de ses disciples
qui le soutenaient, il rendit l'esprit en priant,
le samedi 21 de mars oi3, la veille du di-
manche de la Passion, environ la soixante-
troisième année de son âge. Il fut enterré
dans l'Oratoire de Saint-Jean-Baptiste, qu'il
avait bâti à la place de l'autel d'Apollon.
Quelques-uns ont avancé sa mort jusqu'à l'an
530 ; mais ils n'ont pas fait attention que ce ne
fut qu'en 542 qu'il reçut la visite de Totila,
comme on voit par Procope dans son troisiè-
me livre de la Guerre des Goths. Cet auteur dit
encore dans le quatrième, que Totila mourut
la onzième année de son règne, ladix-liuitiè-
me de la guerre des Goths, c'est-à-dire en 532,
au mois d'août. Or, saint Benoît lui avait pré-
dit qu'après avoir régné encore neuf ans il
mourut le dixième. Il s'était écoulé un espace
de neuf ans et quelques mois entre le mois
d'août de l'an oo2 et le temps de la prédiction
de saint Benoît ; ce qui ne s'est pu faire qu'en
mettant au mois de mai de l'an 342 l'entre-
vue de ce saint avec Totila. Au reste, quoi-
qu'on ne puisse mettre l'aunée de la mort
de saint Benoit avant l'an 342, il n'est pas
' Sexto die in Oratorium deferri voluW, ubi
exitum suum dotninici corporis et sanguinis jht-
ceptionecommiuiiuit. Gregor., lib. Il Dialog., cap.
xxxvu.
* Surrexit in monaslico ordine snnctus Benedic-
tus, vir Den digiiiis, Spiritii Sancto plenus... iste
in religione ferventissimus, lîegulam suis, dictante
Spiritu Sdncto ,prœscripsit, et ordinem nionusti-
ciim jam tune vacillanteni renovavit et firmavit.
Anselin. Havelb. iu Saxouia episcop. Toiu. XIII
Spicilegii, pas,. 112.
' Hœc a sanctis canonibus antequam Sanctus
Xi.
161
logue.
ais(ï de prouver qu'elle soit arrivée en 543,
et ce n'est que par des conjectures que l'on
avance qu'elle suivit de près la veiuie du roi
des Goths au Mont-Cassin.
12. Sa mémoire a toujours été depuis en t:\Kf /.t
, > ' ,• 1 1..'. i- . it "'"' Benoît :
grande vénération dans 1 li,glise ou on 1 a re- •• iitsi».
gardé comme ^ un homme digne de Dic\i et
rempli du Saint-Esprit; c'est à lui que. l'or-
dre monastique, déjà chancelant en Occident,
est redevable de sa splendeur. Il en renou-
vela la discipline, la fortifia autant par son
exemple que par sa Règle, qui a été louée
dans les conciles ' comme ayant été dictée
par le même Esprit qui a dicté les canons
de ces assemblées : d'où vient qu'elle est
communément appelée la Règle sainte. Elle
est l'ondée principalement sur le silence et la
retiaite, l'iiumilité et l'obéissance*.
13. Saint Benoit l'a divisée en soixante-
treize chapitres, précédés d'une préface ou
prologue, dans lequel il exhorte ceux qui dé-
sirent de la pratiquer, à demander à Dieu
son secours par des prières ardentes et réi-
térées; à sejpré parer pour entrer dans le che-
min qui mène à la vie, par les mouvements
d'une foi sincère, et par la pratique des bon-
nes œuvres, sans lesquelles on n'arrive ja-
mais à cette vie bienheureuse. Il veut que,
craignant Dieu, ils ne s'élèvent point de va-
nité à cause de leur bonne vie; mais qu'en
reconnaissant que tout ce qu'ils ont de bien
procède de la grâce du Seig-neur, ils glori-
fient Dieu qui produit en eux les bonnes ac-
tions, et disent avec saint Paul : C'est par la
grâce de Dieu que je suis ce que je suis. Il
déclare que sa Règle est comme un école où
l'on apprend à sei-vir Dieu, et que son des-
sein est de n'y ordonner rien qui soit trop
rude et trop difficile; mais, parce qu'il pou-
vait s'y rencontrer quelques points un peu
austères, la raison et la justice le voulant
ainsi pour pm'ifier l'âme de ses vices, il aver-
tit qu'on ne doit point s'en effrayer, étant
indubitable que l'on trouve toujours l'entrée
Spiritus per beatuni Benedicttim codem Spiritu,
quo et sacri canones cunditi sunt,X\e'^u\Am mona-
ckorum ediderit, de hvjusmodi sunt décréta. Con-
o.W. Durian. 2, tom. VI Concil. Harduini, pag. 154,
anno 874.
* La Ri'gle de saint Benoît commentée se trouve
daus le tome LXVI de la Palrologie latine, col.
125, avec la Vie de saint Benoit eu grec et en la-
tin, les opuscules autbeutir|uos et suppose's du saint,
et les monuments qu'on joint à ses_ouvrages. (L'é-
diteur.)
M
HISTOIRE OÉXliRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Qo»lr« sor-
lei d« moine*.
Cap. I.
Ouailles et
rnnellnn? de
VuUU et àf.'^
mfrts 5u|.É-
r'O'TS du mo-
Ul.tirc.
C%p. I'.
162
de la voie du salut diroito, lorsque l'on com-
mence d'y marclier. «Mais, ajoule-t-il, à me-
sure que l'on fait des prosnès dans l'oliscr-
vance régulière et dans la foi, le cœur ve-
nant à s'ouvrir et à s'étendre par la douceur
incllable de l'amour, on court avec joie dans
le chemin des commandements de nieu; et
si l'on persévère à pratiquer la doctrine de
Jésus-Christ jusqu'à la nK)rt dans le monas-
tère, on participera parla patience aux souf-
frances du Sauveur, et on méritera enûu d'a-
voir part il son royaume. »
1-4. .\près ce préambule, saint Benoît com-
mence sa Hèyle par la distinction de quatre
sortes de moines. La première est, des cé-
nobites qxii vivent dans une communauté
réglée sous la conduite d'un abbé. La se-
conde, des anachorètes ou ermites, qui après
s'être éprouvés longtemps dans un monas-
tère, se retirent dans un désert pour mener
seuls une vie encore plus parfaite que celle
que l'on mène dans les communautés. La
troisième qui est très-pprnicieuso, est celle
des sarabaïtes, qui demeurent deux ou trois
ensemble, ou même seuls, vivant .'i leur fan-
taisie, sans suivre de règle et sans pasteur
qui les gouverne. Ils témoignent par leur
tonsure qu'ils se sout consacrés à Dieu;
mais ils font voir par leurs actions qu'ils lui
sont aussi infidèles qu'ils sont encore atta-
chés au monde. La quatrième sorte de moi-
nes comprend les girovagues ou vagabonds,
qui courent continuellement de monastère
en mimastère, sujets à leur bouche et à leurs
plaisirs. Ce sont les pires de tous.
15. C'est uniquement pour les cénobites
que saint Benoit a écrit sa Jîègle. L'abbé
choisi pour les gouverner doit toujours se
souvenir qu'il est chargé du gouvernement
des âmes, et qu'il doit en rendre compte au
jour du jugement, où se fera un examen ri-
goureux de sa doctrine etdel'obtiissance de
ses disciples; qu'il doit leur enseigner la ver-
tu, encore plus par ses actions que par ses
point dissimuler les fautes de ceux qui pè-
chent, et toutefois il doit se contenter de re-
prendre de paroles pour la première et se-
conde fois ceux qui ont les inclinations plus
nobles et l'esprit plus docile. A l'égard des
superbes, des désobéissants et des opiniâ-
tres, sa conduite doit être dilférente: il faut
(fu'il les châtie de verges, ou de quclqu au-
tre punition corporelle, sachant que l'insensé
ne se corrige point par de simples paroles.
Il est aussi de son devoir de s'accommoder
aux manières de ceux qui lui sont soumis,
tâchant de gagner les uns par des caresses,
les autres par des réprimandes, ceux-là par
des exhortations. Qu'il ait surtout plus d'at-
tention au salut des âmes qu'aux choses
temporelles, se souvenant qu'il est écrit que
rien ne manque à ceux qui craignent Dieu.
Il no peut dans des allhiros d'importance se
dispenser d'assembler la communauté, d'en
proposer le sujet, et de demander l'avis de
chacun, même des plus jeunes, parce que
Dieu révèle souvent aux jeunes ce qui est
mieux : mais après avoir mûrement examiné
leurs avis, la décision doit dépendre de lui,
et tous sont obligés de lui obéir. Dans les
moindres choses il lui sulUt de consuiler les
anciens. Dans l'élection d'un abbé, la com-
munauté doit avoir égard à la sagesse et à
la doctrine du sujet, et non pas an rang qu'il
lient dans le monastère. L'obligation où il
est de plus profiter que de présider, demande
qu'il soit docte, et qu'il entende bien l'Écri-
ture sainte, afin qu'il puisse tirer des ensei-
gnements, tant de la loi ancienne que de la
nouvelle; qu'il soit chaste, sobre, miséricor-
dieux; qu'il haïsse les vices, et qu'il aime
les frères ; qu'il les reprenne avec prudence
et sans excès; qu'il travaille plus à se faire
aimer qu'à se faire craindre ; qu'il ne soit ni
turbulent, ni inquiet, ni trop soupçonneux,
parce qu'autrement il ne serait jamais en
repos. S'il arrive que la communauté choi-
sisse pour abbé une personne qui en dissi-
paroles, afin qu'en expliquant de vive voix mule les vices et les désordres, l'évoque dio-
aux i)lus inlelligciits les préceptes de l'Évan
gile, il les repn'scnle par ses œuvres à ceux
qui sont plus simples cl plus grossiers. Il ne
doit faire acception de ])i!rsounes dans le
monastère; n'aimer point l'un plus que l'au-
tre, excepté celui qu'il trouvera le plus ver-
tueux; ne point préférer le noble à celui qui
a été de condition sei-vile, s'il n'y en a quel-
que cause raisonnable : étant tous un en
Jésus-Chri.^t, soit libres, soit esclaves; ne
césain, ou les abbés doivent pourvoirai mai-
son de Dion d'un dis])ensateur plus lidèlc :
car c'était à l'évêque ou aux abbés à ordon-
ner celui que la communauté avait choisi.
Dans quelques monastères le prieur ou pré-
vôt était ordonne' par l'évêque, ou par les
abbés qui ordonnaient l'abbé nuhne : ce qui
lui donnait quelquefois occasion de se re-
garder comme un second abbé, et de causer
des dissensions dans la communauté. Pour
Cap. III.
VI" sikc.i.E.]
obvier i\ cet abus, saint Benoit veut que l'aL-
bi^ailon son pouvoir l'entière disposiliou de
son monastère; que ce soit lui qui ('tablisso
des doyens et même le prieur, pourvu qu'il
fasse ce choix avec le conseil dos anciens.
Le prieur est chargé par la Khjlc de faire
avec respect tout ce que l'abbé lui coninian-
"• le. L'otlice des doyens est de veiller sur dix
moines, soit pendant le travail, soit pendant
les autres exercices; leurs mœurs et leur
capacité iloivent èlre telles que l'abbé puisse
avec assurance leur confier luie partie de sa
charcre. C'est pourquoi on ne doit point les
choisir selon le rangcpi'ils tiennent,. mais se-
lon le mérite de leur vie, leur science et Iciu'
sagesse.
foci. r^ .lu 10. Outre les officiers pour le gouvernement
du monastère, la lî('<jlc en marque d'autres
^'- pour le service ordinaiie. Elle veut que celui
que l'on choisit pour cellérier soit sage, d'un
esprit miîr et discret, sobre, et qu'il exerce
avec douceur envers toute la communauté,
l'office de père ; qu'il ait soin de toutes clioses,
sous les ordres de l'abbé ; qu'il donne aux reli-
gieux les choses dont ils ont besoin, sans les
attrister, en les rebutant avec mépris; qu'il
preime soin des malades, des hôtes et des
pauvres ; qu'il traite les biens du monastère
avec le même respect que l'on traite les vases
qui servent au saint autel; qu'il ne se laisse
aller ni à l'avarice , ni fi la prodigalité , et
qu'il fasse tout avec discrétion et avec me-
sure. Dans les grandes communautés on lui
donnait des aides, afin qu'il pût remplir plus
^^,1. aisément les devoirs de sa charge. L'abbé
commettait à quelqu'autre de bonne vie et
de bonnes mœurs, le soin tant des outils, que
des habits et autres choses semblables, dont
il retenait lui-même un mémoire , pour se
souvenir et de ce qu'il donnait, et de ce qu'il
recevait , lorsque les frères se succédaient
les uns aux autres dans l'exercice de ces
emplois. La propriété était défendue à tous,
jusques dans les moindres choses, un livre ,
.x-,M. (les tablettes, un poinçon à écru-e. Mais on
leui' accordait l'usage de tout cela.
""',t',:î'"" l"?- Celui qui se présentait pour entrer dans
le monastère n'était reçu qu'après que l'on
.|i. i .!•. avait éprouvé sa vocation. On le laissait pen-
dant quatre ou cinq jours frapper à la porte;
on lui en refusait l'entrée avec mépris, cl on
CHAPITRE X. — SAINT ISENdlT, l'A'l'ItLXnCHE.
If.:i
ne la lui accordait que lorsqu'il persévérait
couslaïunient dans sa demande, l'uis on le
mellail pour ijuelques jours dans le logement
des hôtes, ensuite dans celui des novices, où
il méditait, prenait sou repas et son sommeil.
On confiait sa conduite i^i quelque ancien
propre il gagner les àmos, qui examinait avec
soin tontes ses actions pour savoir s'il cher-
chait Dieu avec sincérité ; s'il se portait avec
zèle à l'office divin, à l'obéissance et aux
autres morliiicalions humiliantes. L'ancien
l'avertissait aussi de toutes les peines qui se
rencontrent dans le chemin du ciel. Si, après
deux mois !e novice persévérait, on lui lisait
la Iti-filc par ordre et de suite, en lui disant :
(i Voilà la loi sous laquelle vous voulc/C com-
lialtre; si vous pouvez la garder, entrez ; si
vous ne le pouvez, retirez-vous librement. »
Au bout de six autres mois, on lui lisait en-
core la Rèfjle, et une troisième fois au bout
de quatre mois. Après un an de persévérance
on le recevait, s'il promellait de garder tout
ce que la lH'çjk ordonnait. Il faisait sa profes-
sion dans l'Oratoire, en présence de toute la
communauté, promettant la stabilité, la con-
version de ses mœurs et l'obéissance. Il ré-
digeait par écrit sa promesse, ou s'il ne savait
écrire , quelqu'un à sa prière l'écrivait pour
lui, mais il la signait de sa main et la mettait
sur l'autel. S'il avait quelques biens, il les
distribuait aux pauvres avant de faire pro-
fession, ou les donnait au monastère par un
acte solennel , sans se réserver rien du tout.
Alors on le revêtait des habits du monastère,
et on gardait les siens peur les lui rendre,
s'il arrivait qu'un jour il en sortit. Néanmoins
on ne lui rendait point sa promesse , que
l'abbé avait soin de retirer de dessus l'autel:
elle devait être gardée dans le monastère. Si c>i.. lu.
quelque personne noble otirait son fils à Dieu
dans le monastère, et que l'enfant fût en bas
âge, le père et la mère faisaient une semblable
promesse, ' qu'ils enveloppaient de la palle
ou nappe de ï'aulel, avec leur oiirande et la
main de l'enfant. Les parents ne pouvaient
rien donnera l'enfant, mais seulement au
monastère par forme d'aumônes ou de re-
connaissance. En ce cas, ils en faisaieut
nue donation authentique, en se réservant,
s'ils voulaient , l'usufruit pendant leur vie.
Ceux qui étaient pauvres faisaient simple-
' Si quis de nobilihus iiffetl filiiim xuiim Deo
in wonasterio, si ipse puer miiture wUitc est, l'U-
reiites eji(s faciant pctilioncm : et cum ohlniione
ipsam pelitionem, et moiiiim pueri iiuoliant in
palla altaris, et sic cum offerant. Itcytil., cap,
LIX
164 HISTOIRE GÉNÉllALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Ca;. u.
Vins.
tJïi. VIII.
ment leurs promesses par écrit, et présen-
taient leur enfant et leur offiande eu présence
de témoins. Si quelqu'un de l'ordre des prê-
tres demandait d'être reiju, on ne le recevait
qu'après l'avoir mis aux épreuves : s'il per-
sévérait et promettait de garder la Règle, on
l'admettait dans la communauté, où ou lui
donnait la première place après l'abbé, par
respect pour le sacerdoce. Aloi-s il faisait les
bénédictions et célébrait la messe, mais tou-
jours avec dépeudance de l'abbé, étant sujet,
comme les autres, à la discipline régulière.
On accordait un rang médiocre aux autres
ecclésiastiques , quand après leurs épreuves
ils avaient promis de garder la Règle et la
stabilité. Du reste chacun tenait dans le mo-
nastère le rang de sa réception, à moins que
l'abbé n'en disposât autrement, eu égard au
mérite de la pei-sonue. Ainsi celui qui était
veim au monastère à la seconde heure du
jour tenait un rang inférieur à celui qui était
venu à la première, de quelque quaUté et de
quelque âge qu'il fùl. Les plus jeunes ren-
daient honneur aux anciens, en les appelant
noriTies , c'est-à-dire pères , se levant devant
eux, leur cédant la place, et leur demandant
la bénédiction. Les anciens appelaient les
jeunes leurs frères. Les petits enfants, et
ceux qui étaient un peu plus âgés se tenaient
aussi selon leur rang dans l'Oratoire. Si im re-
ligieux étranger demandait l'hospitalité , on
le gardait en qualité d'hùle autant de temps
qu'il souhaitait, pourvu qu'il se conlenlùt de
l'ordinaire qu'il y trouvait, et qu'il ne trou-
blât point le monastère par ses superlluités.
S'il reprenait ou remontrait rpielque ciiose,
l'abbé recevait ses avis; et si l'on était édilié
de sa conduite, on le priait de demeurer dans
le monastère, et il était au pouvoir de l'abbé
de lui donner un rang un peu plus élevé,
s'il l'en trouvait digne. Mais l'abbé ne devait
jamais admettre un moine d'un autre monas-
tère connu , sans le consentement de son
abbé, ou sans lettres de recommandation.
18. Voici quelle est la disposition de l'Of-
fice divin, tant pour le jour que pour- la nuit :
(( Durant l'hiver, dit la Règle, c'csl-i\-dirc de-
puis le premier jour de novembre jusqu'à Pâ-
ques, on se lèvera à la huitième heure de la
nuit, c'est-à-dire à deux heures. L'abbé lui-
même aura soin de sonner l'Oflice divin, ou
de conimetlre cette charge à un religieux si
exact, que chaque chose se fasse à son heu-
re. Ce qui restera de temps après les veilles
de la nuit , c'cst-à-dirc après l'oUicc de noc-
turne que nous appelons Matines, sera em-
ployé par les religieux à apprendre les psau-
mes, ou à les méditer, ou à qiu'hpie lecture
nécessaire. Depuis Pâques jusqu'au premier
jour de novembre, c'est-à-dire pendant l'été,
on disposera l'heuie de Matines en telle sorte
qu'on puisse commencer Laudes au point du
jour. Chatpie jour, à Matines, on chantera
douze psaumes qui seront précédés du qua-
tre-vingt-quatorzième et d'une hymne que
saint Benoit nomme ambrosienne , parce
(pie la plupart sont de la composition de
saint Ambroise. Après six psaumes , tous
les frères, étant assis, liront l'un après l'au-
tre trois leçons', à chacune desquelles on
dira un répons, dont le troisième se ter-
minera par le Gloria. Ensuite on dira six
autres psaumes avec Alléluia, puis une le-
çon de l'Apôtre que l'on dira par cœur, avec
le verset et la litanie, c'est-à-dire le Kyrie
eleison. Ainsi finira l'office de la nuit. En été,
on dira le même nombre de psaumes, mais
comme les nuits sont plus courtes, on ne
hra point de leçons dans le livre , et au lieu
des trois leçons ordinaires, en on dira une
par cœur de l'Ancien Testament, qui sera
suivie d'un répons bref. Les leçons des Vi-
giles ou matines seront de l'Ecriture Sainte,
de l'.Vncien et du Nouveau Testament, ou des
explications qui en ont été faites par les plus
célèbres docteurs de l'Église et les Pères or-
thodoxes. Les jours de dimanche on se lè-
vera |)lus matin, et, après avoir chanté six
psaumes et le verset, tous étant assis, on
lira quatre leçons avec leurs répons, et au
quatrième seulement, celui qui chantera di-
ra le Gloria, au commencement duquel tous
se lèveront pour rendre hoimeur à la Sainte
Trinité. Après ces leçons, on dira par ordre
six autres psaumes avec leurs antiennes et
leur verset, auxquels on ajoutera quatre au-
tres leçons avec leui-s répons. Puis trois
cantiques tirés des Prophètes, et quatre le-
çons du Nouveau Testament. Après le qua-
trième répons, l'abbé commencera l'hymne :
Te Deum laudamus, laquelle étant achevée,
il lira la leçon de l'Évangile, à la fin de la-
quelle tous ayant répondu : Amen, il ajoutera
de suite l'hymne : Te deccl laus ; puis la bé-
nédiction étant donnée, on commencera les
Laudes. »
«Aux fêies des saints et aux autres solen-
nités, rollice des Matines se fera comme le di-
manche, excepté les psaumes, les antiennes
cl les leçons propres du jour. S'il arrive qu'on
Cap. Tl
[vi" sii'icr.E.J
CFTAriTRE X. — SAINT DENOIT, PATniATtr.lTK.
lOE
so soit love trop Ind, on iil)i'(''p;cra qiielquo
clioso (les h'cjoiis on dos vf'pons pour diro.
toujours les Landes au point du jour. Miiis
on usera île tontes sortes de préciuilions
pour cmpiîchcr que cet accident n'arrive,
et celui qui en aura ('té la cause par sa m'-
plij^ence en fera une juste satisfaction dans
l'Oratoire. An\ /jiiides du Jiniaïu'.lie, ou dira
les psaumes lxvi, i,, cwii, lxii avec le canti-
qiio : /Jeneclicite et le psaume : Laudaté; une
leron de r.\pocaI}'pse par cœur, le répons,
une iiynuie tle saint .\nil)roise, le verset, le
cantique : licnedicius, la litanie, et l'on linira
It'i.» Saint Benoit marque en détail les psau-
mes que l'on devait dire clia(iue jour de la
semaine, et vent qu'outre les psaïuncs, l'on
dise un cantique tiré des PropliMes, selon
l'usage de ri'iglise romaine'. Il veut aussi
que celui qui pi-éside au chreur dise tout
haut, h. la fin des Matines et des Vêpres, l'O-
raison dominicale , afin que si quelqu'un
avait quelques peines contre un autre , il
soit e.Kcité ;\ pardonner les injures, selon la
promesse qu'il en fait, lorsqu'il dit dans cette
prière : « Pardonnez-nous nos oli'enscs, com-
me nous les pardonnons à ceux qui nous
ont otl'ensés. » Aux autres heures de l'Office
il suffira de dire tout haut la derinore partie
de cette oraison, afin que tous ensemble ré-
pondent : Sed libéra nos à malo. On com-
mencera les heures de Prime, de Tierce,' de
Sexte cl de None par le verset : Deus in adju-
toriiim. Après quoi l'on dira l'hymne propre
à chacune de ces heures, trois psaumes, une
leçon, le verset et la litanie, et on finira. Si
le nombre des religieux est assez grand, on
les chantera avec antiennes ; s'il ne l'est
pas, on se contentera de les psalmodier. A
Vêpres, on dira quatre psaumes avec antien-
nes, puis une leçon de l'Apôtre, un répons,
une hymne de saint Ambroise, le verset, le
cantique : Magnificat, la litanie , l'Oraison
dominicale, et on finira. A Complies, on dira
trois psaumes, sans les chanter et sans an-
tiennes : suivra l'hymne de cette heure, une
leçon, le verset, la litanie, la bénédiction, et
on finira. Saint Benoît, pour marquer la fin
de chaque Office, se sert de ces paroles :
Cr,,..
Missœ siiit ou missii' fiant , c'esl-^i-dire que
l'Office étant achève!, on renvoyait ceux qui
y avaient assisté. Les psaumes ipTil pres-
crit pour les heures du jinir et de l;i nuit
sont les mômes que nous récitons encore
dans notre Ordre. Il avertit que si la distri-
bution qu'il a faite des psaunu's pour les Of-
fices, tant lie la nuit que du jour, ne plaît
pas ti quelqu'un, il peut les distribuer au-
trement, pourvu que chaque semaine on di-
se le Psautier en entier, contenant cent cin-
quante psaumes; et que tous les] dimanches
on le recommence à Mutines. « C'est le
moins, dit-il, que nous puissions faire, puis-
que nos Pères le disaient fout entier chaque
jour, selon que nous l'apprenons de l'his-
toire de leur vie. n Quoiqu'il ne prescrive
point d'autres prières, il suppose clairement
que les religieux s'appliquaient d'eux-mêmes,
en certaines heures, i l'oraison mentale,
lorsqu'il dit qu'elle doit être courte et pure,
si ce n'est qu'on la prolonge par les mouve-
ments d'une inspiration particulière et de la
grâce divine. « Mais, ajoute-t-il, en com-
munauté on fera toujours l'oraison courte,
et le supérieur ayant fait le signe, tous se
lèveront ensemble en silence , après avoir
fait la révérence à Dieu.» 11 était toutefois
permis, hors le temps de l'Ollice, d'entrer
dans l'Oratoire et d'y prier, non à voix haute,
mais avec larmes et pureté de cœur. C'est
la disposition qu'il demande dans ceux qui
prient. « Si, dit-il, lorsque nous voulons par-
ler de quelque chose à des personnes de gran-
de qualité, nous ne le faisons qu'avec humi-
lité et révih-ence, combien plus devons-nous
oll'rir nos prières à Dieu, qui est le Seigneur de
l'univers, avec une profonde humilité et une
dévotion toute pure, sachant que nous no
serons pas exaucés pour la quantité de nos
paroles, mais pour la pureté de nos cœurs
et la componction de nos larmes. »
19. Après les Oihces divins, le reste de la
journée devait être employé au travail des !"«!.
mains et à la lecture des bons livres. De- cap. xivnt,
puis Pâques jusqu'au premier d'octobre, les
religieux, sortant le matin, travaillaient h ce
qui était nécessaire, depuis la première bcu-
TraTall des
maîDS, et loc-
' Canliciim unumquodqtie die suo, ex Prophe-
tis, sicul psallit Ecclesia romana, dicnlur. Plane
agenua matulinavel vespcrtina non transeat ali-
quundo nisi in uliinio per ordinem Oratio donti-
nica, omnibus atidienlibus, dicahir a prioreprop-
ler scandalorum spinas quœ oriri soient in mo-
naslerio: vl convenli peripsius orationis sponsio-
nem, qua dicunt: Dimitte nobis débita uostra, si-
ciit et nos liimittimus debitoribiis nostris, purgent
se ab hujusmodi vitio. Cœleris vcro agendis, ulU-
nia pars ejus oralionis dicalur, ul ab omnibus
respondentur ; Sed libéra nos à malo. ReguL,
cap. xni.
HISTOIRE GKN'KRALE DES AUTEURS ECCLKSIASTIQUES.
IGU
rc jusqu'à la quatiicme, c'csl-à-tlirc depuis
six heures jusqu'';» dix ; après ces quatre
heures de travail, ils s'occupaient à la lec-
ture jusques vers Sexte. Après Stxte, se le-
vant de table, ils reposaient sur leurs lils en
silence. Mais, si quelqu'un voulait lire, on
ne l'en enipèchnii point, pourvu qu'il le fil
sans troubler les autics. On disait iXone plus
tôt que de coutume au milieu de la huitième
heure, c'est-à-dire à une heure et demie,
puis on travaillait jusqu'à Vêpres: ce qui fai-
sait environ sepl heures de travail par jour,
avec deux heures de lecture. « Que si, ajou-
te saint Benoît, la nécessité du lieu, ou la
pauvreté, oblige les religieux à recueillir
eux-mêmes leurs fruits, qu'ils ue s'en attris-
tent point, parce qu'ils seront véritablement
moines, lorscju'ils vivront du travail de leurs
mains, comme ont fait nos pères et les apô-
tres. Que tout néanmoins se fasse avec me-
sure, à cause des faibles. » Mais depuis le pre-
mier^d'octohre jusqu'au commencement du
Carême, ils s'occupaient à]Ia lecture jusqu'à
la seconde heure complète, c'est-à-dire jus-
qu'à Imit heures du malin. Alors on disait
Tierce, puis tous travaillaient jusqu'à ^Vo/îp.-
ce qui faisait sept heures de travail tout de
suite. [Au premier coup de Noue, chacun quit-
tait son ouvrage pour se tenir prêt aus(!cond
coup. Après le repas, on s'appliquait à_la lec-
ture ou à apprendre des psaumes. Eu Carê-
me, la lecture durait depuis le matin jusqu'à
Tierce, et le travail depuis neuf heures jusqu'à
quatre heures après midi. Au commencement
du Carême, chacun prenait un livre de la Bi-
bliothèque pour le lire de suite. Pendant les
heuies de la lecture , un ou deux des an-
ciens, choisis à cet etl'et, faisaient la revue
du monastère, pour voir si quelqu'un dor-
mait ou s'amusait à causer et à interrompre
les autres. Aux jours où l'on ne jeûnait pas,
les religieux, aussitôt après le souper, s'as-
sayaient tous en un même lieu, où l'un d'eux
lisait les conférences, ou les Vies des Pères,
ou quelque autre livre d'édification; mais
non pas les livres de Moïse, ceux de Josué
et des Juges, ni les livres des Rois, dont la
lecture n'aurait point été utile en cette
heure-là. Si c'était un jour de jeûne, on fai-
sait celte assemblée un peu après les Vèjjrcs,
et on lisait quatre ou cinq feuillets, autant
qu'il en fallait pour donner le temps à ceux
qui étaient occupés à ditTércnts exercices
pour se trouver à Compiles, api'ès lesquelles
il n'était ])lus permis à personne de parler,
sinon pour quelque ui'cessité, ou par l'ordre
de l'abbé. Le dimanche, tous vaquaient à la
lecture, excepté ceux qui étaient chargés de
divers offices. S'il s'en trouvait qui ne pus-
sent méditer ni lire, on les obligeait de faire
quelque ouvrage, afin qu'ils ne demeuras-
sent pas oisifs. On prescrivait aussi des tra-
vaux plus faciles à ceux qui étaient faibles
et délicats. Ceux qui travaillaient trop loin
de la maison pour revenir à TOratoiie aux
henires accoutumées, se mettaient à genoux
au lieu du travail, et récitaient leur Office
avec crainte. Ceux qui étaient eu voyage le
disaient aussi en particulier aux hernies pres-
crites, comme ils le pouvaient. Personne ne
choisissait son travail, il était imposé par les
supérieurs ; et ceux qui savaient des métiers
ne pouvaient les exercer qu'avec la permis-
sion de l'abbé et en toute humilité. Si quel-
qu'un d'eux s'élevait par vanité, prétendant
être habile dans son art, et s'imaginaut ap-
porter quelque utilité au monastère, on lui
interdisait l'exercice de son art, qu'il ne pou-
vait reprendre si l'abbé ne le lui ordonnait
de nouveau, après avoir reconnu qu'il était
plus humble qu'aviparavant. Si l'on vendait
quelque chose de l'ouvrage des artisans du
monastère, ceux qui en étaient chargés ne
pouvaient rien retenir du prix pour eux, ni
l'augmenter au delà de la valeur par un es-
prit d'avarice : mais ils étaient obligés de don-
ner ces ouviages un peu à meilleur marché
que les séculiers, afin que Dieu fut glorifié
en tout. La distinction que saint Benoit fait
des artisans d'avec ceux qui ne l'étaieut pas,
montre que le commun des moines n'était
que de simples ouvriers, et que les plus no-
bles se réduisaient par humilité au rang '
du plus bas peuple, qui n'avait pas besoin
d'étude pour cntendie la langue latine, parce
qu'elle était encore vulgaire. Ces artisans
étaient simples laïques, il parait même qu'il
y en avait peu alors qui fussent initiés dans
les ordres sacrés. Mais comme on recevait
des clercs et des|prêtrcs dans le monastère, et
que l'habit était commun à tous, ils n'étaient
distingués que par la tonsure '. Les minis-
tres sacrés avaient les cheveux rasés jusqu'à
la chair : les autres les portaient plus longs.
Ca)'. ^1 II.
' l'Iciiii , liv. XX.MI Ilist. cccks, , jiag. 305,
Umi. Ml.
' M;il)illiiii, tiiiii. I Annal., pag. 57.
Ilahiu do
oiurs.
[vr siKcr.K.] CIIAI'ITHE X. — SAINT
20. On (Iniiniiil lies liahils ;uix nidiiips siii-
vaiil lii (|ii;ilili- (lu pMvs plus ciiaud nu ]ilus
;»p. i.t. fioicl. Sainl licnoii estimu (pic dans les lieux
tempérés il sullisail que chacun eût «ne cu-
cullo et une tunique, la cucullo plus épaisse
pour riiiver, plus rase pour l'élé, et iiusca-
pulairc pour le travail. C'était depuis long-
temps riiabit ordiuairc des pauvres et des
gens de la campagne. 11 ne marque point la
couleur de ces v("'l(Mnonts; mais l'usage an-
cien est que la cucuUi; et le scnpulairc fussent
noirs, et la tunique blanche. Elle se met-
tait immédiatement sur la chair. La cuculle
avait un capuce, et enveloppait les épaules,
descendant sur le reste du corps. Cet habil-
lement devint, pour sa commodité, commun
à tout le monde dans les siècles suivants ; et
il a duré dans l'Europe jusques ' vers le xv"
siècle. Xon-seulcment les clercs et les gens
de lettres, mais les nobles même et les cour-
tisans portaient des capuccs et des chape-
rons de diverses sortes. Le scapulaire avait
aussi un capuce. Les moines s'en servaient
pendant le travail, parce que dans ce temps
ils (jlaient leur cuculle, qu'ils reprenaient
aussitôt après pour la porterie reste du jour.
A la suite des temps les moines ont porté le
scapulaire ■ non-seulement pendant le travail,
mais durant tout le jour, ne se servant de la
cuculle que pour les Olfices divins et de sem-
blables exercices. Chacun avait deux tuni-
ques et deuxcuculles, soit pour changer pen-
dant la nuit, soit pour les laver. Ils les pre-
naient au vestiaire commun, et y remettaient
les vieilles. Ils y en prenaient aussi de meil-
leures que celles qu'ils portaient ordinaire-
ment, lorsqu'il leur arrivait de sortir du mo-
nastère : mais ils étaient obligés après leur
retour de les remettre au vestiaire après les
avoir lavées. On doiniait aux pauvres les ha-
bits que les moines rendaient lorsqu'ils en
recevaient de neufs. Les étoffes dont on les
habillait, étaient celles qui se trouvaient dans
le pays k meilleur pris. L'abbé était chargé
de veiller que les habits ne fussent point trop
courts pour ceux qui devaient s'en servir,
mais d'une juste longueur. Pour ôter tout
sujet de propriété, il donnait à chacun toutes
les choses nécessaires, c'est-à-dire, outre les
habits et les chaussures, un mouchoir, une
ceinture, un couteau, une aiguille, des ta-
blettes et un poin(;;on à écrire. La garniture
Cgip.xit'.
nENOlT, PATniAltCHE. I(i7
des lits consislail eu une |)aillasse, luin cou-
verlure de laine et un clicvel. Cliaciiu iivait
son lit ; mais les moines rouciiaieut tous en
un même lieu, au moins dix ou vingt enscra-
l)le, si la communauté était nombreuse. Une
lampe brûlait toute la nuit dans le dortoir ;
et il y avait t(nijours quelque ancien dans
chaque chambre pour observer la conduite
des autres. Us dormaient tout vêtus, m(;me
avec leur ceinlure, pour être toujours pnMs
i\ se lever pour l'Olllce. Les jeunes n'avaient
point leurs lits proclics l'un de l'autre, mais
ils étaient mêlés avec ceux des anciens; et,
se levant pour aller ù l'Olllce, ils s'éveillaient
doucement l'un l'autre pour (jter toute ex-
cuse aux paresseux.
21. La ^èjr^e ordonne pour chaque repas D«i«iionr.
deux portions cuites, afiu que celui qui ne
pourrait manger de l'une mangeât de l'au-
tre ; s'il se trouvait des fruits ou des herbes
nouvelles, on ajoutait une troisième portion, cap ^««ii.
le terme de pulmentarium, dont elle se sert,
signifie proprement des légumes cuits en étu-
vées, ou des grains réduits en bouillie; mais il
paraît, par les Actes de sainte Salaberge et Mohii. lom.
par d'autres anciens monuments, que l'on ,,,; '"'° • p'^"
servait aussi aux moines des œufs et du pois-
son. On ne leur donnait qu'une livre de pain
par jour, soit qu'on fit un repas ou deux.
Lorsque l'on devait souper, le cellérier ré-
servait la troisième partie de cette livre pour
la rendre au souper; mais il était au pouvoir
de l'abbé d'augmenter la portion s'il y avait
quelcpie travail extraordinaire. La livre ro-
maine était de douze onces, et la livre mar-
chande de seize. On ne doute point que saint
Benoit n'ait eu une mesure particulière pour
ses monastèi'es. Ce qui le prouve, c'est que
Charlemagne voulant rétablir la discipline
monastique dans les monastères de France,
envoya au Mont-Cassin pour en rapporter le hj""""^!,''
poids de la livre de pain et la mesure de l'hé-
mine de vin. Si ce prince eût voulu que l'on
se servît pour l'une et pour l'autre de lame-
sure romaine, il aurait sans doute envoyé à
Rome, et non pas au Mont-Cassin. Quelques-
uns ont cru que la livre à l'usage de ce mo-
nastère était de trente onces, parce que celle
que l'abbé Théodemar envoya à Charlema-
gne fut estimée dans le concile d'Aix-la-Cha-
pelle trente sols. Mais il est plus vraisem-
blable qu'elle no pesait que quinze onces ou
XXXIX, pas,
S13S17.
' Floriil. apuil MartHU., CommeiUar. in Rcgul.,
fa\\. LV, p;ig. 097.
Marlcii., ibid., pau'. 702.
1U8
HISTOIUE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Mal.lllni
Pri'f.l. 1 I
Brncd-rlln.
environ. Car saint Benoit veut que la livre
de pain (|ii'on dunii;iit aux roli^iciix fut de
bon poids. A l'égard do .riieuiine de vin, l'o-
pinion la mieux fondcîe est qu'elle était de
dix-huit onces. On en donnait douze A diner
et six à souper; et lorsqu'on ne faisait qu'un
repas, on la servait tout entière. Si le tra-
vail ou la chaleur l'exigeait , on augmen-
tait cette mesure. Au reste saint Benoit n'ac-
corde l'usage du vin que dans les lieux où il
en croissait, ou bien dans les monastères qui
avaient le moyen d'en acheter. Il défend la
chair d'animaux à quatre pieds, hormis ;\
ceux qui sont ou forl faibles ou malades. 11
défend aussi de donner aux enfants une aussi
grande quantité de nomriture qu'aux person-
nes âgées, voulant que tous évitent les excès.
Depuis le jour de Pâques jusqu'à la Pente-
côte les moines dînaient à Sexle et soupaient
le soir ; mais depuis la l^enlecôte et durant
tout l'été ils jeûnaient le mercredi et le ven-
dredi jusqu'à Ao«e, à moins que le travail de
la campagne ou la chaleur excessive ne les
eu empêchât. Les autres jours, ils dînaient à
Sexte,comine dans la cinquantaine de Pâques.
Depuis le troisième de septembre jusqu'au
commencement du Carême, ils mangeaient
toujoujs à None, et pendant le Carême ils ne
mangeaient qu'à i'hein-e de Vèp7'es, qui de-
vait tellement être réglée qu'on n'eut pas be-
soin de lumière durant le re[)as. En Carême
chacun otlïait, de son- propre mouvement et
avec la joie du Saint-Esprit, quelque chose de
sa portion accoutumée, c'est-à-dire, qu'il re-
fusait à son corps quelque partie du boire,
du manger, du sommeil cl de ses entretiens :
mais il devait déclarer à son abbé ce qu'il se
proposait d'oli'rir à Dieu, atin que sa mortifi-
cation fut )-(igl(!e par sou ordonnance, et ai-
dée de ses prières. On faisait toujours la lec-
ture pendant le repas, et le lecteur était
choisi chaque semaine dans la communauté;
en sorte que hvs religieux ne lisaient point
chacim à leur tour, mais ceux-là soulemeul
qui pouvaient édilier ceux qui h.'s écoulaient.
Le lecteur semainier prenait un coup à lioire
et un peu de paiu avant do lire, soil par res-
pect pour la Siiint(! communion, c'est-à-dire,
pour la sainte Eucharistie qu'il avait reçue à
la messe ; soit de peur qu'il n'eût trop de
peine a soutenir le jeûne. La lecture finie, il
prenait sou repas avec les senniiniers de cui-
sine et les serviteurs de table : car les moi-
nes se servaient les uns les autres, et aucun
n'était dispensé de servir à la cuisine, s'il
1.0^ m '!■•
des: Ici'tiMo»!
Ca;-. \x\FU
n'en était empêché par maladie ou par quel-
que occupation plus utile. Une heure avant
le re|)as, les semainiers prenaient chacini un
coup à boire et du pain sm* leur portion ordi-
naire, afin qu'ils eussent moins de peine en
servant les religieux pendant le repas. Mais
aux jours solennels ils dill'éraient cette petite
réfection jusqu'après la messe, parce qu'ils
y recevaient avec les autres la sainte Eucha-
ristie. Celui qui sortait do semaine nettoyait
toutes choses le samedi, et prenant avec lui
celui qui devait entrer en semaine, ils la-
vaient eux deux les pieds à tous les religiuux,
et rapportaient au cellérier les vases de leur
oilice nets et entiers, que le même cellérier
mettait de nouveau entre les mains de celui
qui entrait en semaine.
22. Saint Benoit veut qu'on serve les ma-
lades comme si c'était la personne même de Tm viV'S"-
Jésus-Christ ; mais il vent aussi que les ma-
lades, considérant que c'est pour l'honneur
de Jésus-Christ qu'on leur rend service, n'at-
tristent point les frères en leur demandant
des choses non nécessaires. Il y avait une
chambre particulière pour les malades, et un
religieux craignant Dieu, diligent et soigneux
pour les servir. Ou leur permettait l'usage de
la viande et des bains toutes "les fois qu'il
était à propos ; mais on n'accordait que rare-
ment le bain à ceux qui étaient en santé,
principalement aux jeunes. Lorsqu'on était
averti de l'arrivée de quelque hôte, le prieur
ou quelques religieux le venaient recevoir
avec toute sorte de charité et de respect. On
le menait ensuite à l'Oratoire, puis on hii
donnait le baiser de paix. On faisait eu sa pré-
sence quehjue lecture pour son édification.
Le supérieur rompait le jeûne, si ce n'en
était un qui fût ordonné par l'Eglise. L'ahbii
dounait à laver les mains à l'hôte, et tant lui
que toute la communauté lui lavaient les
pieds. Après quoi l'abbé mangeait avec lui,
appelant tels frères qu'il lui plaisait, pourvu
qu'il laissât toujours à la communaut(' un ou
diîux (les anciens pour maintenir la discipli-
ne. L'abbé avait sa cuisine et sa table à part
pour être en état de recevoir les hôtes à tou-
te heure sans incommoder la comnuniauté;
et tous les ans on doimait la charge de cette
cuisine à deux frères en état de se bien ac-
quitter de cet ollicc. Il y avait aussi un reli-
gieux chargé du soin de la chambre des hô-
tes, oi'i l'on mettait des lits eu sullisance et
proprement accommodés. Mais personne no
leur parlait sans ordre, excepté cehii qui était
[Vl' SIÈCLE.]
Cf. .■> (lostiné h les recevoir. Il était l'pnleraent (1»5-
feiulii i\ tous les relin-joiix de recevoir, sans
l'ordre Je l'abbd, ni lettres ni présents de per-
sonne, pas même de leurs parents, et de sortir
sans sa permission de l'enclos du monastère.
Les moines, que l'alihé envoyait dehors, si;
recommanilaient à ses prières, et à celles do
tons les frères. On faisait toujours commé-
moration des al)scnts après la dernière orai-
son de rOflice ; et lorsqu'ils étaient de retour
ils demeuraient prosternés dans l'Oratoire
sur la fin de chaque heure de l'Ollice, deman-
dant i\ tous les frères leurs prières pour ob-
tenir de Dieu le pardon des fautes qu'ils pou-
vaient avoir faites durant leur voyage. Il leur
était étroitement di>fendu de rien dire de ce
qu'ils avaient vu ou entendu au dehors, ces
sortes de rapports causant beaucoup de mal.
Pour ôter aux moines tout prétexte de sortir
du monastère, il devait être bâti de telle ma-
nière qu'on eût au dedans, s'il était possible,
toutes les choses nécessaires, l'eau, le jardin,
le moulin, la boulangerie et les commodités
pour les métiers ditl'érents. La porte était
gardée par quelque sage vieillard, qui savait
porter une parole et rapporter la r.'ponse.
Sa chambre était proche, atin que les surve-
nants le trouvassent toujours présent. S'il
avait besoin d'aide, il prenait avec lui quel-
que jeune frère. On donnait aussi des aides
aux autres olliciers du monastère qui en
avaient besoin.
23. Il n'était pas permis à un religieux
d'en défendre un autre ou de le prendre sous
sa protection, fut-il sou proche parent; ni de
frapper ou excommunier quelqu'un de sa pro-
pre autorité. Cela regardait l'abbé ou celui à
qui il en avait donné le pouvoir. Mais tous
avaient soin de veiller sur la conduite des en-
fants, et de les tenir sous une boime disci-
pline jusqu'à l'âge de quinze ans. Au delà
de cet âge, personne ne pouvait les châtier
sans le commauJeuient de labbc. S'il se
trouvait quelque moine désobéissant ou vio-
lateur de kl Règle, les anciens l'avertissaient
en secret une ou deux fois, selon le précepte
du Seigneur. S'il ne se corrigeait point, on
le reprenait publiquement devant tous. Si,
après tout cela , il demeurait incorrigible ,
on l'excommuniait, si l'on jugeait qu'il com-
prit la grandeur do cette peine. Mais s'il
était endurci, on le punissait de peines cor-
porelles, c'est-à-dire de jeûnes ou de verges.
Les moindres fautes, comme étaient celles
que l'on fiiisait en manquant dans quelque
CUAPITHl': X. — SAL\T BENOl'l', l'ATlU.VRGillC.
iO'.i
psaume ou autre partie de l'Ollice, étaient
chàli(!es l<Î!(èrenu>nl lorsque le coupable en
faisait satisfaction devant tous. La /t''/jle ap- ctp. »i.v.
pelle excommunication toute séparation de
la couununanlé, et celle séparation t'Iail pro-
porlionni'e par le jugement do l'abbé aux
fautes commises. Celui qui, poui- ipielipie
faute h'gèro, était privé de la table commu-
ne, ne commençait point de psaume ni d'an-
tienne dans l'I^giisc, et ne récitait point de
leçon jusqu'à ce qu'il eût satisfait. Il ne pre-
nait aussi son repas qu'après les religieux, à
l'heure et en la quantité que l'abbé ordon- ,,,..
nait. Mais celui qui était tomlié en do gran-
des fautes devait être privé tant de la table
commune que de l'olHce du chœur. Person-
ne ne lui parlait, et il était séparé de tous,
même dans le travail, persistant dans les lar-
mes de la pénitence, et considérant cette pa-
role terrible de saint Paul : Celui qui est cou- i co imh. v.
pable (le ce crime est livre au démon pour mor-
tifier sa chair, afin rjiie son âme soit sauvée au
jour du Seigneur. L'application que fait ici
saint Benoit de ces paroles de l'Apùtre, donne
lieu de croire qu'il parle d'une véritable cen-
sure ecclésiastique. Il ajoute que le moine
qui est excommunié de la sorte prendra seul
son repas en la quantité et à l'heure que
l'abbé aura jugé à propos; qu'il ne sera point
béni de ses frères et qu'où ne bénira poiut
la portion qu'on lui donnera. Il n'était per-
mis à aucun religieux de parler ni d'écrire à
l'excommunié sans un ordre exprès. Celui
qui faisait le contraire subissait la même pei- c»i. ix^i.
ne d'excommunication. L'abbé devait avoir j^,,,.
un grand soin des excommuniés, et envoyer
comme en secret des sages anciens pour les
exciter à une humble satisfaction. S'ils ne se
corrigeaient point, on les châtiait avec des
verges, et enûa on les chassait du monastè- j,,,,.,
re, de peur qu'ils ne corrompissent les au- „,,..
très. Celui qui était excommunié de l'Oratoi-
re et de la table commune, poui' quelques
grandes fautes, satisfaisait en cette sorte :
Prosterné en terre devant la porte de l'Ora-
toire, durant la célébration du service divin,
il gardait un profond silence ; mais, se tenant
la tète contre terre et le corps étendu , il se
jetait aux pieds de tous ceux qui en sortaient,
ce qu'il continuait jusqu'à ce que l'abbé ju-
geât qu'il avait satisfait. Lorsque l'abbé lui
commandait de venir, il se jetait à ses pieds
et à ceux de tous les frères, afin qu'ils prias-
sent pour lui. Alors, si l'abbé l'ordonnait, on
le recevait dans le chœur, sans néanmoins
170
IIISTOIIIE Gl5Ni;:HALK DES AUTEUllS ECCF.KSIASTIQUES.
qu'il lui fiil pormis d'enlonncr aucun psau-
me, de lire aucune leçon ou de faire quelque
autre fonction jusqu'à ce que l'abbé le lui eût
permis. A la fin de toutes les lieurcs de rOtQ-
ce, il se prosternait à la place où il était, et
satisfaisait de la sorte, jusqu'à ce que l'abbé
lui ordonnât de ne plus continuercetle satis-
faction. C'était aussi à l'abbc de prescrire le
temps de la peine imposée ;\ ceux qui n'é-
taient excommuniés que de la table commu-
Cjt. nK. ne. On recevait de nouveau le religieux qui
était sorti du monastère ou qui eu avait été
chassé par sa faute, pourvu qu'auparavant il
promit de n'y plus rctomljcr. Ayant été ainsi
reçu, on le plaçait au dernier rang pour éprou-
ver son humilité. S'il sortait encore, on pouvait
le recevoir jusqu'à une troisième fois; mais
après cela la porto ne lui était plus ouverte.
iiuiT. Saint Benoît finit sa Règle eu disant qu'il
l'avait dressée pour donner, à ceux qui la
pratiqueraient , des principes d'iuie vie hon-
nôtc et quelques commencements des ver-
tus religieuses; qu'à l'égard de ceux qui ten-
daient à la perfection, ils en trouveraient les
règles dans les Conférences àcCusûcii. les Vies
des Pères, et dans la /iègle de saint Basile. Il
est clair qu'il avait puisé lui-même dans ces
sources pour se perfectionner et pour former
la liègle qu'il nous a laissée.
Éiopedn 2i. Elle est écrite avec beaucoup de net-
cic-ostnigie. tetc et de prudence, haïut Gregou'e-le-Graud
y renvoie ' ceux qui désirent savoir quelle
a été la vie de ce saint législateur, disant
qu'il n'avait pu oascigner aux autres que ce
qu'il avait pratiqué lui-même. Gùme de Mé-
dicis, grand duc de Toscane, la lisait assidue-
mont. Comme on lui eu demandait un jour
la raison -, il répondit (ju'il en trouvait les
préceptes si remplis de discrétiou, qu'ils lui
paraissaient très-propres pour lui aider à
gouverner ses sujets. Il institua même uu
ordre de chevaliers, à qui il donna pour rè-
gle celle de saint Benoît.
L^riro ei 2o. La /lèi/lc cst Ic scul monument qui nous
rtaton do "^ ^
'i"',ul reste de lui, si l'on en excepte une petite, mais
J'iL/n^Mi!' '■cndre exhortation que ce saint abbé fit à ses
religieux pour essuyer leurs larmes au mo-
ment que saint Maur quitta h* M(uit-Cassin
pour aller dans les Gaules; et uu billet qu'il lui
écrivit après son départ, en lui envoyant des
reliques renfermées dans un coU'rc d'ivoire ,
où il y avait eutr'aulres trois particules de la
vraie croix. Il est remarquédansTlùstoire que
saint Maur emporta aussi avec lui un exem-
plaire de la Règle, écrit de la main même de
sou auteur, avec le poids de la livre de pain et
la mesure de l'hc'minc de vin que la Rî'gle veut
que l'on donne par jour à chaque religieux.
2G. On nous a donné diverses autres pièces *<«'i> i*»»-!
sous le nom de saint Benoit, qui sont com- ï°*',.' ^'•i,
^ J l'ffoolt» Ton 1
munément rejelées comme supposées et }.^, ,""'''^;
écrites plusieurs années après sa mort. La
première est une lettre adressée à saint Ré-
mi, archevêque de Reims, pour le prier de
di'livrpr une possédée du démon, en ofl'ranl
pour elle à Dieu le saint sacrifice. Outre que
le style est différent de celui du saint abbé ,
on convient aujourd'hui qu'il y a faute dans
Ilincraar, et qu'il a mal rendu le texte de
Fortunat, le premier auteur de la VVe de saint
Rémi. Fortunat ne dit point que saint Be-
noît ait envoyé cette possédée à saint Rémi ,
mais seidcmcnt que les parents de la fille, qui
s'étaient présentés au tombeau de l'apôtre
saint Pierre à Rome, voyant qu'elle n'y avait
point été délivrée, étaient passés de là àReims
avecdes reconiuiaudations du béni serviteur
de Dieu, qui veillait à la garde des reliques
de cet apôtre. Ce qui fait voir clairement l'er-
reur d'IIiucmar, qui au lieu de prendre le
mot de béni pour un adjectif, en a fait le nom
propre do saint Benoît. La seconde pièce est
un éloge de saint Placide, où on rélève sa
constance dans les supplices qu'il eut à souf-
frir pour la foi. Il fait partie de la Vie de ce
saint dans Surius, qu'on dit avoir été écrite
par le moine Gordien, disciple de saint Be-
noit. Mais le grand nombre de fautes dont
celte IVecst remplie l'ont fait rejeter comme
une pièce sans aucune autorité, et composée
longtemps après par uu imposteur qui s'est
donné la qualité de disciple de saint Benoit,
et fait mal à propos le compaguou de saint
Placide dans son voyage eu Sicile.
Molitllon.
l'itn. I Aoiial.
pjf. 61.
Molli, Ititd.
r>g. bc.
' Yir Dri liencdictus scripsit monachorum Rc-
gulam diacrelionf. prœcipuam, scrmone luculen-
tam. Cujwi si qiiis iielil subUUus mores, vilam-
que cognoscere, potcsl in cadcm insliluUone llc^ulaj
omnes mnijisli'rii illiiis actus inrenire ; quia
sanctus vir nnllo modo pnluil aiiler dnccre, i/uam
vixil. lirfg. lil). Il Dialog., cap. xxxvi.
5 Inlerrogalus- Cosmiis! de Medicis ma g nus
Elritriœ dux, cur assidue I\ognlain sancti nenc-
dicli versarel in manibus , rcupondii i»tud se fa-
ccrc quod scilicel ex lam prudcntihus snncli Pa-
Iris prœscriplionibus ad populos suœ /idri con-
credilos volds nccommodala média cnpcrel. Is
est, qui suh eadem Hogula Ordiurm equilum iiir-
slituit. lix TliniiK« (ialt'ti lihro nul iiisscribiliir : fte-
ligiosus, cnp. i.
[vr siKn,i;.| CIIAITI'III'; XI. — KIMIIIICM, PATltlAltCllK D'ANIKHIIII.;, ÎCTC
171
CHAPITRE XI.
Ephrcm ', patriarche d'Antiochc [vers l'an 546], saint Barsannphc , anachorète
[vers l'an 550], Enstathe le moine [an Vl siècle].
É,.,.
1. Kplircm -, quoique syrien do nation et
de langage, possédait assez bien la langue
grecque. Apr6s avoir passé par diverses char-
ges de la magistrature, il parvint A la dignité
de comte d'Orient. Il en était revêtu dès l'an
526, lorsque la ville d'Antioche, ou du moins
la plus grande partie de cette ville, fut ren-
versée par un tremblement de terre' arrivé
le 20 du mois de mai, qui était un vendredi,
vers sept heures du soir. Plusieurs person-
nes furent enveloppées dans les ruines de
cette ville, cnlr'autrcs le palriarche Eupbra-
sius. Les grandes libéralités qu'Kphrcm fit
dans cette occasion, à ceux d'Antioche pour
soulager leur misère, les Dt penser à lui pour
remplir le siège épiscopal de leur ville , que
l'on nommait ' déjà Théopolis; il était non-
seulement très -libéral envers les pauvres,
. mais il avait encore un grand zèle pour la re-
ligion catholique, dont il prit la déi'ense par
plusieurs écrits en grec, dont Pholius nous
a conservé des extraits ^.
2. Il ne parle que de trois ouvrages d'l'>
phrem, parce qu'il n'eu avait pas vu davan-
tage; mais il suppose clairement qu'il y en
avait uu plus grand nombi-e. Les trois qu'il
avait vus étaient entièrement pour la défen-
se des dogmes de l'Eglise, en particulier du
concile de Chalcédoine, dont les eutychéens
et les acéphales ne cessaient de combattre
les décrets *. Il paraît que le premier livre
était un recueil de diverses pièces. La pre-
mière lettre était adressée à un nommé Zé-
nobius, scholastiqne ou avocat d'Émèse , in-
fecté de l'hérésie des acéphales. Éphrem y
vengeait l'honneur de saint Léon et de sa
lettre à Flavien contre les termes indécents
de ceux de celte secte , et y soutenait l'usage
du Tris'ujiun. Zéuobius, séparé de l'Eglise,
prenait pour prétexte de son schisme de ce
que l'on avait divisé depuis peu cette for-
mule de louange. Mais Ephrem faisait voir
que les Orientaux attribuaient cette louange
à Jésus-Christ , et qu'ainsi ils ne péchaient
pas lorsqu'ils ajoutaient à ces paroles: Saint,
saint , saint , celles-ci : Qui est crucifié pour
nous ; que ceux de ConstanSinople et les Occi-
dentaux, raiiportanl celle louange à la sainte
et consubstautiellc Trinité, ne pouvaient souf-
frir que l'on ajoutât : Qui est crucifié pour
nous, de peur qu'il ne parût que les trois per-
sonnes divines fussent sujettes aux soull'ran-
ces; que dans plusieurs églises de l'Europe
on mettait à la place de ces mots : Qui est
crucifié pour nous, ces autres : Sainte Trini-
té, ayez pitié de nous. D'où il concluait que
les uns et les autres, s'accordaut parfaite-
ment dans les autres dogmes de la religion,
on ne pouvait, sur ces différents usages, qui
ne touchaient point au fond du mystère de
l'Incarnation, les accuser de penser différem-
ment les uns des autres sur ce sujet. Il en
concluait aussi que l'on avait eu raison, de-
puis un certain temps, de défendre d'ajouter
au Trisagiun ces paroles : Qui est crucifié pour
nous , parce que les hérétiques acéphales ,
qui prenaient cette proposition en un mau-
vais sens, en prenaient aussi occasion de
maltraiter les fidèles catholiques. Photius re-
marque qu'i^phrem, dans la même lettre et
• On ne sait pourquoi l'auteur doune à cet iSvèque
le uom do saiut ; uous l'avons suiiiiriuié. {L'éditeur.)
2 Photius, Coilic. 228, pag. 77 i.
s Clironic. Kdessen., tom. 1 Bibliotlt. orient.,
pag. 41t.
» Fvagr., lib. IV Uist., cap. VI.
5 Phot., Cod. 228, pag. 774.
8 Angd'lo Mai a pulilii'; eu grec dans les Classici
auctores, tom. X, uu fragment de l'Apologie du
eoucile de Cliakédoine et de l'Épitredu pape saint
Léon: ce même fragment est reproduit avec traduc-
tion latine au tome IV de la Bibliotheca Nova,
pag. G3. Les Scriptores vetçres du même t^dileur,
tom. VII, eontienuentun fragment du livre III Con-
tre Se'vtre, un fragment d'un discours sur ces paro-
les de l'Apôtre : Omnia experlus sum absque solo
pecc«(o, et plusieius fragments du Discours sur la
perle. Tons ces fragmenis sont réimprimés au tome
LXWVI de la Palroloqie grecque, col. 2099-2110,
avec une Notice tirée de Fabricius. (L'éditeur.)
172
HISTCHHE GliNl'jRALE DES AUTEUUS ECCLÉSIASTIQUES.
dans SCS autres écrits, compte pour le cent
soixante-sixième canon, celui qui est le se-
cond du premier concile de Conslantinopic,
avouant qu'il ne sait qui pouvait avoir in-
duit ce Père dans cette erreur. Ephrem re-
marquait, dans le premier chapitre de sa
lettre, où il entreprenait la défense de celles
de saint Lfon, tant h Flavien qu'à l'empereur
Léon, qu'il ne fallait pas comparer ce que ce
Pape avait dit de l'Incarnation, avec ce que
les anciens Pères avaient dit de la Divinité,
mais avec les endroits où ils ont parlé de
l'Incarnation. Après quoi il démontrait que
saiut Léon a reconnu, dans ces deux lettres,
que c'est le même qui est Fils de Dieu et Fils
de riiomme ; en sorte que, par l'union des
deux natures en une seule personne, il est
passible et impassible, immortel et sujet à la
mort ; qu'il y a condamné nettement Nesto-
rius, et déclaré qu'on devait le priver de la
communion de l'Église pour avoir osé dire
que la Bienheureuse Vierge n'est pas mère
de Dieu, mais seulement mère de Thomme,
que ce saint Pape appelle, dans ces lettres,
en termes exprès, Marie mère de Dieu ; et
cela d'une manière plus expresse que n'ont
fait avant lui les Pères de l'Église. Il prou-
vait, dans le second chapitre, que les expres-
sions dont saint Léon s'est servi pour mar-
quer la ditférence des natures et des opéra-
tions, étaient conformes à celles de saint Gré-
goire de Nysse , de Jules romain, et à la doc-
trine de saint Cyrille; qu'en un mol, il n'avait
rien dit qui marquât (jue les natures ne fus-
sent point unies en une seule personne. Il fai-
sait voir dans le troisième chapitre , que les
termes employés par ce pape pour marquer la
distinction des deux natures en Jésus-Clirist
ne signifiaient pas qu'il y eut deux Fils, mais
seulement deux natures unies d'une union in-
séparable, n'ayant,employé sur cette matière
que des façons de parler usitées dans l'Écrilu-
l'C et dans les Pères, nommément dans saint
Ignace, dans saint Alhauase, dans les deux
tîrégoire et dans saint Basile. Épbrem rappor-
lait, dans les quatrième et cinquième chapi-
tres, les diverses expressions de ces Pères et
quelques-unes d'Isidore de Péluse, montrant
que celles que les hérétiques censuraient
dans saint Léon étaient toutes semblables.
s.iii.d« 3_ A la lettre écrite à Zéuobius, Ephrem
prfinier liTre ■■
'l^t^it'i.'" ' en joignait plusieurs autres, dont il y en
avait une ;'i l'empereur Jiistinicn, dans la-
quelle il faisait l'éloge de la piété de ce
prince ; une touchant les moines qui demeu-
raient dans le désert ; une troisième où il
faisait voir que les Actes du jugement syno-
dal d'Antioche ne renfermaient rien que
d'exact sur les dogmes de la foi ; une qua-
trième adressée à .\nthime, où, après avoir
approuvé la sentence rendue contre lui dans
ce concile d'Antioche, il témoignait consen-
tir qu'on le reçût à la communion de l'Égli-
se, pourvu qu'il condamnât la personne d'Eu-
tycbès et ses erreurs; une cinijuième à Do-
mitien, sur la manière dont les deux natures
sont unies en Jésus-Christ, montrant qu'elles
étaient unies eu une seule et même person-
ne, en sorte qu'elles ne faisaient pas deux
personnes, comme Pierre et Paul en font
deux. Dans la sixième, qui était à Syncléti-
que de Tarse, il rapportait plusieurs passa-
ges des Pères, entr'autrcs de saint Cyrille et
de saint Grégoire de Nazianze, pour montrer
qu'eux et les Pères de Chalcédoine avaient
reconnu l'union des deux natures en une
seule personne. Dans la septième, adressée
à Anthime, évêquedeTrébizonde, il combat-
tait l'eri'eur d'Eutychès, et donnait beaucoup
de louanges à Justinien, comme à un prince
pieux et catholique. Il y combattait aussi les
évéques du faux concile d'Éplièse, qu'il ap-
pelle un brigandage, disant qu'ils avaient
enseigné, comme Eutychès, qu'avant l'union
il y avait deux natures en Jésus-Christ, mais
une seulement depuis l'union. La huitième
était écrite à un persan, nommé Brasès, qui
l'avait prié de lui expliquer le mystère de la
sainte tl consubslaulielle Tiinité par les pa-
roles seules de l'Écriture. Eplirem lit ce qu'il
souhaitait et ne produisit dans cette lettre
d'autres passages que de l'Ancien et du Non-
veau Testament. Mais dans la neinièmo, qui
est adressée à des moines dont les sentiments
n'étaient point orthodoxes, il tâche de les ra-
mener à la saine doctrine, en leur montrant
par les témoignages des saints Pères, les
opérations différentes des deux natures en
une seule personne. Il y ajoute qu'il sullil de
croire que Marie est mère de Dieu, et qu'elle
est demeurée vierge. La dixi '"me lettre était
la Synodiqiie d'un concile tenu par Ephrem
coutre Synclétique, évoque de Tarse, et con-
tre le moine Etienne, son syncelle , qui s'é-
taient tous deux laissés entraîner par quel-
ques écrits dans l'erreu:' d'EuIychès. U l'tait
marqui'danscette lettre qiie Synclétique avait
été contraint d'abjurer son erreur avant la lin
du concile, où l'on avait fait voir que saint
Cyiiile, en disant qu'il n'y a qu'une nature du
[viVsiiVcxE.] ClIAPlTnK XI. — KPIIHEM,
Vcrbo incarné, avait prif? le Icnne ilo nnhtre
pour celui de personne; qu'en d'autres en-
dioils de ses ('ciils il reconnaissait ehiiieinout
deux natures; el que telle ('lait la dneirine de
l'l';i.;lisc. Celte lettre était suivie d'une autre
A Magnus, ($vè([uc do B(5rée, dans laquelle
É[»lneni justifiait la doctrine du quatrième
C(UK'ile i;('néral, c'est- i"i- dire de Gliali'doi-
ne, savoir que Jésus-Christ est compose; de
deux natures ; et montrait que l'on n'avait
fait usage de cette proposition : // n'y a qu'une
nnlnrc du Verhe incarné, que contre ceux qui
séparaient les natures, et non pas contre ceux
qui les distinguaient, mais en reconnaissant
qu'elles étaient unies en une seule personne.
Il y avait une douzième lettre au moine Eu-
noïus sur la corruptihilitc et l'incoiruptihi-
lité, où Eplirem prouvait que les Pères s'ac-
cordaient parfaitement sur cet article; et
qu'ils avaient enseigné unanimement (pi'A-
dam, avant sa chute, avait eu une chair in-
corruptible, mais qui d'ailleurs était en tout
semblable à la nôtre. Ces douze lettres étaient
suivies de huit sermons ; le premier sur la
fête des Prophètes; le second sur celle de
Noël; le troisième sur les jeûnes de l'année;
le quatrième pour les catéchumènes ; le cin-
quième sur la fête de saint Michel archange
qu'on célébrait ù Daphné, faubourg d'An-
tioche ; le sixième sur le Carême ; le septième
sur un dimanche de Carême ; le huitième aux
néophites dans les quatre premiers jours de
leur baptême.
so^cni II- 4. Le second livre d'Éphrem contenait qua-
tre li Ki.lircil), ^ ^
i^iç. -«li. tre traités. Il justifiait dans le premier traité
certaines expressions de la lettre de saint
Cyrille à Successus, d'où il prenait occasion
de combattre l'hérésie des sévériens, mon-
trant que ce Père, dans cette lettre comme
dans tous ses autres écrits, reconnaissait en
Jésus-Christ deux natures unies sans confu-
sion en une seule personne. En effet, saint
Cyrille, pour expliquer l'union des deux na-
tures, se servait, dans sa lettre à Successus,
de l'exemple de l'homme, où le corps et
l'âme, qui sont deux natures différentes,
sont unies en une seule et même personne.
Ephrem confirmait cette doctrine par plu-
sieurs passages des Pères, nommément de
saint Grégoire de Nazianze, d'Eustathe d'Au-
tioche, d'Anliochus de Ptolémaïde, de saint
Cyrille, dans son Commentaire sur saint Jean,
PATRUncWE D'ANTIOCIIK. ETC. 173
et dans sa lettre h Eidoge; de saint Amphi-
loque d'Iconc, et de saint Ambroise, Dans
son second traité, ÉpIirem répondait h ces
cinq questions du scholasliiiue Anatolius;
la première : Si Jésus-Christ est encore chair?
la seconde : Comment, étant descendu d'A-
dam , il peut être immortel? la troisième:
Quelles preuves l'on peut alléguer que saint
Jean l'évangélistc ne soit pas mort? la qua-
trième : Comment Adam, s'il a été créé im-
mortel, a pu ignorer ce qm' lui était utile ? la
cinquième : Quel est le sens de ces paroles
de Dieu : Voilà qu'Adam est devenu semblable
à nous? Sur la première question, il prouve
par divers passages de l'Ancien Testament,
que J/'sus-Christ a eu une véritable chair, et
par divers endroits du livre des Actes des
apôtres, qu'il l'a conservée depuis sa résur-
rection. A quoi il ajoute que le sentiment una-
nime des docteurs, est que Jésus-Christ est
venu dans la chair, qu'il y est encore, et qu'il
doit la conserver jusqu'à son second avène-
ment. Il enseigne sur la seconde, que Soit que
l'on dise qu'Adam ait été créé mortel ou im-
mortel, il n'en est pas moins vrai que ce n'est
pas Dieu qui a fait la mort, mais que l'hom-
me'qui est libre de sa nature , s'est livré lui-
même à la mort par son péché, pouvant ne
pas mourir, s'il n'eût pas péché. Il répond à
la troisième, que l'on sait par tradition ' que
l'apôtre saint Jean n'est point mort, non plus
qu'Elie et Enoch, en disant que l'on peut ap-
puyer ce sentiment sur ce que Jésus-Christ
dit à saint Pierre, qui lui demandait, que
deviendrait cet apôtre : Si je veux qu'il de-
meure jusqu'à ce que je vienne, que vous im-
porte ? Que l'on ne peut pas néanmoins con-
clure de là que saint Jean soit immortel, mais
seulement inférer qu'il a été réservé avec
Enoch et Elle pour le second avènement de
Jésus-Christ. Il s'objecte qu'Eusèbe de Césa-
rée, a marqué dans son Histoire ecclésiasti-
que, que saint Jean a vécu jusqu'au règne do
Trajan, par où il semble fixer le temps de
la mort de cet apôtre. Mais il répond que cet
historien ne parle que des années que saint
Jean est resté sur la terre ; que l'Écriture
marque également le temps qu'Enoch a vécu
en ce monde, et que de môme qu'on ne peut
en conclure que ce patriarche n'a point été
transporté avec son corps, on ne peut non
plus inférer la même chose de saint Jean
' Virginem aulem Joaniiem sic superesse, ut
Enoch et Eliam, truditione habemus, et quod in
Evangelio habetur, in hune sensum trahitur.
Eplirem apud Pliot,, Cod. 229, pag. 798.
ni
HISTOIRE Gl'^NKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
t
sur ce quen dit Eusèbe ; qu'au reste, ceux
qui ont laissé par écrit l'histoire de la vie
et des actions de cet apôtre, racontent qu'il
disparut tout d'un coup. Nous n'avons plus
ces Actes. Éphrcm ajoute que cette ques-
tion n'appartient pas à la foi', mais qu'il
est toujours avantageux , dans ces sortes
de disputes, de prendre le bon parti. Il dit,
sur les deux autres questions d'Anatolius,
qu'il n'y a pas lieu de s'étonner qu'Adam,
quoiqu'il eut été créé immortel, n'ait pas
connu ce qui lui était avantageux, puisque
la même ctiose est arrivée au diable et à
ses anges qui avaient été créés immortels ;
qu'à l'égard de ces paroles : Voilà qu'Adam
est devenu semblable à nous, elles sont une
ii-onie dont Dieu s'est servi pour reprocher
au premier homme sa faute ; que l'Ecriture
parle souvent de semblables reproches que
Dieu fait aux péciicurs ; ou que si l'on veut
ne pas prendre ces paroles dans ce sens, on
peut dire que Dieu parlait en cet endroit,
suivant la fausse imagination d'Adam, pour
le couvrir de honte de ce qu'il avait osé ten-
ter de devenir semljlablc à lui.
Le troisième traité d'Ephrem, renfermait
un grand nombre de passages, tirés des ou-
vrages des Pères qui ont vécu avant le con-
cile de Chalcédoine, pour montrer que le dé-
cret qui fui fait, touchant les deux natures
et l'unité de personne, ne contient point une
doctrine nouvelle, puisqu'elle est la même
que celle que tous ces anciens écrivains ont
enseignée. Il citait saint Pierre d'.Mexandrie,
saint Athanase, saint Basile, saint Cyrille de
Jérusalem, les trois saints Grégoire de Néo-
césarée, de Xazianze et de Nysse, saint .\m-
philoque, saint Ambroise, saint Chrysostôme,
saint Épiphane, Proclus, Paul d'Emèse, Atti-
cus de Constantinople, et saint Cyrille d'A-
lexandrie. 11 citait encore les livres de saint
Denys l'Aréopagite, le quatrième livre de lu
Foi et de l'unité d'IIilaire!, évéque] de Caba-
les ; les écrits de Cyriacus, qu'il disait avoir
assisté au concile de Nicée, en qualité d'évc-
que de Paphos ; quelques lettres du pape
Jules, avec un livre de l'Union de la divinité et
de ta chair en Jcsus-C/irisf, et un traité d'Ei'é-
chlhius. Mais de tous ces écrivains, il u'en
connaissait que cinq qui se fussent servi de
cette façon de parler : // n'y a qu'une nature
du Verbe incarnée, ' savoir saint Grégoire de
Néocésarée, saint Alhanase, le pape Jules,
saint Cyrille d'Alexandrie et Eréchthius. Ce-
pendant il faisait voir qu'ils avaient reconnu
les deux natures, et que quand ils avaient
dit : i'nc nature du Verbe incarnée, ces Pères
avaient pris le mot de nature pour celui de
personne. Nous avons remarqué ailleurs que
Léonce de Bysance regardait comme suppo-
sées les lettres qu'Ephrem cite du pape Jules, ,
et que l'on devait porter le même jugement =
du Discours sur la consubstantialité, qu'il al-
lègue dans le traité suivant. Il n'y a plus de
raison de lui attribuer le livre de l'Union des
deux natures en Jésus-Christ, qu'on ne con-
naît point d'ailleurs. Gennade et Honorius
qui parlent de Jules, ne lui donnent point
cet écrit, et il ne lui est attribué par aucun
autre écrivain , avant Ephrem d'Anliochc.
Dora Contant - rapporte un passage d'une
cinquième lettre du pape Jules, où il est
parlé de l'union de la divinité de Jésus-
Christ avec son humanité, remarquant qu'il
était tiré d'un traité apologétique, composé
par un Arabe, en faveur de l'hérésie des
eutychéens; et qu'il n'y avait pas lieu de s'é-
tonner que l'auteur l'eût cité comme d'une
cinquième lettre de Jules, parce que, sui-
vant le rapport de Léonce de Bysance, les
sectateurs d'Apollinaire en avaient composé
sept sous le nom de ce pape. Ephroni conti-
nue , dans le quatrième traité qu'il compo-
sa pour retirer de l'erreur certains moines
d'Orient qui croyaient que la Divinité avait
souU'crt, à montrer par plusieurs passages des
Pères, qu'il y a en Jésus-Christ deux natures
ditrérentes, la nature divine et la nature hu-
maine, et qu'elles ont chacune leurs opéra-
lion. 11 en rapporte un d'Ephrcm de Syrie ,
tiré de son livre de l'Incarnation , et de son
Discours sur la perle évangélique. 11 cite aussi
les lettres de saint Siméon , qui fut tué dans
une sédition arrivée à Cion, ville de l'ile de
Célébos , en Asie ; une de saint Baradat à
Basile, évoque d'Antioclie; une autre adres-
sée à l'empereur Léon ; cl une quatrième de
Jacques à l'évèquc Basile.
Vojri
tcni.
, 3.'.
' Vnnm rernnaluiam Yerbiincarnalam contra
^csl<lriuru adiluccns Ctjrillus, non lollil divisio-
nriii naliirtinim, scd dualitalem liijpostasi'um.
l'hiil., |ln^■. Kll. Abittilur nalura; ni)nti)it: jiro liy-
(Mii'Uii'i Alhanabius Kiii^lolu t^d Juliuuuiu aposlu-
tiiiii liis rrrfci's ; l'nam appcUarr decci, ne jiolius
canfilcri Verdi iialuram cl hyposlasin incarna-
tam. Iliiii., i>n^'. 81 i.
* Coulant., Episl, décret, in Appcud., png. 82.
Il
l
[vi° SIÈCLE.] CIIAPITHK XI. — i;PIII)KM,
iitfniccii. 5 pliolins ne rannorld rien ni du Inti-
.1.0 (lr<i:i- I ■
' " ''"" sit'-nie livro d'I'.pliroiii tr.\iitiui'lic, ni des dis-
couis (|u'il avait vus ilo lui : ce (jui l'ail que
luuis n'en avons aucune connai.'^sance. Vers
l'an 53U cet i5vèque lit un voyas^'c en Pales-
tine avec Eusèbe ileCyziqno, Hypacc d'i'J-
plièso et le diacre Pelade, pour ladi'position
de Paul d'Alexandrie. .\ sou relour ', six moi-
nes oi'tliodoxes, chassés de leur Laurc par
l'abbé Gélase, vinrent ;'i Aiitiochc lui racon-
ter ce (pii était arrivé. Ils lui montrèrent les
livres d'.\nlipater de Bosrc. Le patriarche, y
ayant lemarqué les erreurs d'Origènc, infor-
mé d'ailleurs de tout ce que les origénistes
avaient fait à Jérusalem, publia une lettre
synodique, par laquelle il condamna la doc-
trine d'Origène. Le moine Nonmis et les au-
tres origénistes, soutenus de quelques évè-
ques, voulurent contraindre Pierre, patriar-
che de Jérusalem, d'ôter des diptyques le
nomd'l-lphrem d'Antioche. Pour faire cesser
le tumulte que Nounus et les siens avaient
excité, le patriarche Pierre ordonna secrète-
ment aux abbés Sophrone et Gélase de lui
présenter une requête, où ils le conjurassent
de ne point ûler des diptyques le nom d'É-
phrcm. Ils le firent, et Pierre envoya leur re-
quête à l'Empereur, en lui marquant les dé-
sordres que les origénistes avaient faits à
Jérusalem.
fondam- 6. Quclques anués après, c'cst-à-dirB, vcrs
ire- en l'an oiC, Théodore de Cappadoce, voulant
venger l'honneur d'Origène, et diminuer en
même temps le crédit du concile de Chalcé-
' doine, entreprit de faire condamner Théo-
dore de Mopsueste qui avait écrit contre Ori-
gène, et qui semblait avoir été approuvé par
ce concile. Il représenta * donc à l'empereur
Jiistinien, que pour ramener tous les acé-
phales, il ne s'agissait plus que de condamner
Théodore avec ses écrits, et la lettre d'Ibas :
parce que ce qui les choquait davantage, dans
le concile de Chalcédoine, était qu'on y avait
donné des louanges à Théodore de Mopsues-
te, et déclaré Ibas orthodoxe. Ce prince, ne
s'apercevant pas de l'artifice de Théodore de
Cappadoce, fit publier un édit en forme de
lottie adressée à toute l'IOglise, portant con-
damnation des Trois-Chapitfes, c'est-à-dire
des écrits de Théodore de Mopsueste, de la
PATiUAUcnK n'ANTinr.HK, v:\r.. n.-.
lettre d'Ibas, et de l'écrit de Théodoret con-
Ire les douze analhèums de sain! Cyrille, fin
obligea tous les évéqucs à y souscrire. Mucl-
qucs-iins en firent dilliculté : Épliiem d'An-
tioche fut de ce immbre; mais, voyant qu'on
le menaçait de le chasser de son siège , il
y souscrivit. Il inourui quelque temps après,
et eut poui- successeur Donmus. Les extraits
que Photius nous a conservés des livres
d'Éphrem font voir qu'il était très -versé
dans la leclurc des écrits des l'ères, et qu'il
était théologien.
[7. Saint Barsanuphe passa quchiues an- saim n„.
'1 1 . 1 r, . . (nnti(.lio, un...
nées dans le monastère de Saint-Seridon, si- '■>'<•""■
tué près de Gaza, en Palestine, où vécurent
en même temps que lui, Jean le prophète,
le bienheureu.x Dorothée et saint Dosithée.
L'amour de la contemplation le porta, en
3iO, à se renfermer dans une cellule ccardie,
afin do n'avoir plus de commerce qu'avec
Dieu. Ce fut là qu'il écrivit un traité contre
les moines qui étaient tombés dans l'origé-
nisme. Les Grecs avaient tant de vénération
pour la mémoire de ce saint qu'ils mirent
son image dans la grande Église de Gons-
tantinoplc, près de celles de saint Antoine et
d'Éphrem. Saint Barsanuphe est honoré le G
de février, avec la qualité de premier pa-
tron, à Oria,prcsdeSponto, en Italie, où ses
reliques furent transférées dans le lx" siècle.
Son Office se trouve au même jour dans les
Synaxaires des Grecs. Le cardinal Baronius
a inséré son nom dans le Mm-tijrologe ro-
main sons le M d'avriP. La doctrine de Bar-
sanuphe sur les opinions d'Origène, d'Éva-
gre et de Didyme se trouve au tome LXXXVI
de la Patrolofjie rjrecque, avec une notice de
Galland et une autre de Fabricius, col. 887-
902. Galland montre que saint Barsanuphe
a écrit son traité vers l'an SiO, sous le pon-
tificat d'Aurélien, évèque de Gaza.]
[8. Eustathe le moine est un écrivain du ki.-i.iic ;«
VI' siècle. AngéloMaïa publié * en grec une
lettre de ce moine à Timothée le scholasti-
que, probablement le faux évoque d'Alexan-
drie. L'auteur y traite des deux natures con-
tre Sévère, monophysite. C'est un savant trai-
té contre les monopbysifes. Il est reproduit
au tome LXXXVI de la Patrologie grecque,
col. 901-942.1
' Vita S. S,ib;c, pag. 3Gi et 3G.';.
- r'acuLidu.-;, lil). IV, cap, iv; Victor Tiiii. ad an.
519, et Fucuud., lib. IV ad Jlociin., cap. iv.
^ Voyez Vie des sainls par r.odoscanl. (L'éditeur.)
* ScriiJt. celer, nova, coll. toui. Vit, pa;;. 277 et
291.
176
HISTOIRE GÉNÉHALF, DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE XII.
De Procope de Gaza, et d'an commentatenr anonyme snr l'Octatenqne.
[Vers l'an 54C.1
procopo da 1. Procope, surnommé de Gaza, d'une ville
"dTj''.r*D°éî '^^ ^*^ nom, en Pliénicie, où il faisait sa de-
j'i>ui"""'i'" lï't'ure, se rendit célèbre sous les règnes de
>* u'Ûm'. Justin et de Justiuieu. Il était sophiste de
profession, c'est-à-dire, rhéteur; mais il pa-
rait qu'au moins dans ses dernières années
il se donna tout entier ;\ l'étude de l'Ecriture
sainte. Pour en acquérir plus facilement Tin-
lelligence, il lut ' non-seulement les diver-
ses versions qui avaient cours dans l'Eglise,
mais aussi les commentaires des Pères ortho-
doxes sur l'Écriture, et les homélies des hom-
mes de piété sur le même sujet. Il mit par
écrit ce qu'ils avaient dit de particulier dans
leurs explications des livres saints, copiant
jnsqu'ù leurs propres termes, sans s'embar-
rasser si leurs explicatioas étaient confor-
mes : ce qui composa un volume immense.
11 l'abrégea en retranchant ce que plusieurs
avaient dit sur une même matière, lorsqu'ils
s'étaient rencontrés, et en expliquant en peu
de mots les contrariétés qui se trouvaient
entre eux. Il crut que, de cette façon, l'on au-
rait dans son recueil un corps parfait de com-
mentaires, d'où l'on pourrait tirer, comme
d'une seule source, l'explication de toutes
les Écritures. Pour plus grande clarté il ajou-
tait quelquefois du sien à ce qu'il avait trouvé
dans les autres, mettant toutefois la réussite
de son travail dans le secours qu'il attendait
de Dieu.
Siti.nii. 2. Nous avons de lui un commentaire très-
ditlus sur l'Eplaleuque, c'est-à-dire, sur les
cinq livres de Moïse-, sur Josué et sur les Ju-
ges. On avait apparenmient encore son Com-
mentaire sur le livre de Uulli du temps de l'ho-
«^'It 1*''. t'"Si puisque cet écrivain enaltribue un à Pro-
cope surl'Octatcuque : ce qui comprend né-
cessairement le livre de Rulh. Le même Pho-
tius parle de son commentaire sur les livres
des Rois et des Paralipomènes, et sur la pro-
phétie d'Isaïe, remarquant qu'il y traitait les
matières avec autant d'étendue, que dans ce
qu'il avait écrit sur l'Octatcuque, sans toute-
fois faire de digressions inutiles, la longueur
de ses explications ne venant que de ce qu'il
y rapportait souvent les divers sentiments
des commentateurs sur une même chose. Il
s'en faut bien que ce qtie nous avons de lui
sur les livres des Rois et des Paralipomènes
soit aussi étendu que ses autres commen-
taires. Ce ne sont proprement que des scho-
lies, dans lesquelles il donne en peu de mots
le sens de la lettre. .\.ussi Jean Meursius qui
nous a donné cet ouvrage, l'a intitulé : Scho-
lies; ce qui donne lieu de croire que ce n'est
qu'un extrait de ce qu'avait vu Pholius. Le
Commentaire sur /saie est dans le goût de ce-
lui sur rOctateuque. Dans l'un et dans l'au-
tre, Procope explique le texte en divers sens,
et marque les dillerences des versions d'.\-
quila, de Symmaque, de Théodotion et des
autres. 11 les marque aussi dans son commen-
taire sur les Rois elles Paralipomènes, où il
cite souvent Josèphe, les Septante, le texte
hébreu, l'interprétation des noms hébreux
d'Eusèbe de CJsarée, un dictionnaire hé-
braïque' et les élymologies romaines ou la-
tines. Ses commentaires sur l'Eptatenquc ,
sur les Rois et les Paralipomènes ne sont pas
suivis, et quelquefois il n'explique qu'un ou
deux versets d'un chapitre ; mais sur Isaïe
il ne laisse presque rien passer.
3. II pose pour principe que celui qui veut '
f ndioilf
• l'rocop. Proleg. Comvient. in Gencs.
• Le Commenlaire sur la Genhc avait i\.é donné
en latin par Gcsuor; Maï l'a <li>iiué en pref dans le
tiiiiic VI de ses Classici auclorcs. La Chaîne grec-
que publiée à Leipsik en l'i'i, contient plusieurs
variantes et plusieurs fragments inédits snr les li-
vres de Moïse, sur Josué. les Juj,'C3, les llois elles
Paralipomènes. Le Commenlaire sur les Proverbes
et le Cantique des cantiques a été publié en grec
par Maï. Un les trouve traduits en grec et en latin
au tome LXX.VVII do la Patrologie grecque, coL
1210-1780.
' /« Tliecoc t;i (tictio:wiio hebraico expnnitur
pulsalio et clangor tubarum. Hrocop., in III Ucg.
e.ip. XIV.
' Oporlet eum qui operam dalurus est Scrip-
[VI'" SlKf.l.K.I
CKAPITIIK XII. — l'ROCtlI'K 1)H(JAZA.
rn
s'ap|ili([ucr à l'étiido de ri']critiire sainte, no
doit point regarder ce qui est dit, comme ve-
nant de lu part des linminos, mais remonter
pins liant et croire t'ermenicnt fjiie les sacrés
dogmes qui y sont dtablis tirent leur ori^nne
de Dion même qni nous les a transmis par
le canal des lioniines. Il dit nettement qne
Moïse est l'auteur du livri; ih; la (ienèsc; et
pour donner A ce législateur tout le cr<''dit
ni'cessaire, il fait remarquer qu'il a vu Dieu
même autant que l'oeil de l'honune en soit
capable, et ([ue Dieu lui a parlé' l'ace à face,
comme un ami a coutume de parler ;\ son
ami. Il ajoute que ce législateur avait connu
par inspiration divine les choses passées, les
présentes et les futures. Il combat fort au
long l'opinion des Grecs toncliaut l'éternité
du monde, montrant que si le monde est éter-
nel, par une suite nécessaire, on doit avouer
qu'il est aussi sans principe : attribut qui ne
convient qu'à Uicu seul. (]omme Procope avait
de la figure du monde une idée toute difft'ren-
te de la nôtre, il ne croit pas ' qu'il y ait des
antipodes , disant que s'il y en avait, Jésus-
Christ n'aurait pas manqué d'aller leur prê-
cher l'Kvaugile, et faire à leur égard ce qui
convenait pour le salut du genre humain. On
voit que de son temps les interprètes ne s'ac-
cordaient pas sur l'époque de la periràssion
accordée à l'homme de manger de la viande ;
mais il paraît adopter le sentiment de ceux
qui enseignaient qu'il avait'été permis d'en
manger dès le commencement du monde -.
« Il n'est pas probable, dit -il, qu'Abel eût
offert à Dieu des sacrifices d'animaux , dont
il aurait eu lui - même horreur de manger ;
et comment dès avant le déluge, Dieu au-
rait-il fait la distinction des animaux mon-
des et immondes, s'il eût également défen-
du de manger de tous. Il remarque (pie la jj;^""'''"'''
prophétie faite dans le livre de l'Kxodc, tou-
chant la destruction des idoles, ('lait ac-
complie lorsqu'il écrivait, puisque ceux, qui
auparavant les adoraient ii genoux, ne ces-
saient d'en combattre le culte ; que Dieu ne
révélait pas tout li ses prophètes, et que iMJ.iiaï.
souvent il leur cachait des choses qu'il leur
était utile d'ignorer; que , selon quelques
interprètes, Samuel apparut véritablement iniii,.iR«j.
,,11 1 .* , . 1. • n • '"1'' XtTll',
a Saiil, non que la l'ythonisse 1 ait fait appa- ^'e■»^■
railce, mais parce que Dieu le fit voir ;\ ce
prince. Procope semble approuver' le nii'ii-
songe ollicieux, comme valant autant que la
vérité, par la bonne lin que se propose ce-
lui (]ui le dit. « Il faut, dit-il, examiner le des-
sein et le but des bons et des nuichants, et
juger par là de la bonté ou de la malice de
leurs actions. Peut-on ne pas reprocher h
Ih.'rode d'avoir dit vrai dans le meurtre de
saint Jcan-Captiste ? Et ne lui eût-il pas été
plus utile de mentir, après avoir juré une
chose illicite, que de commettre ce meur-
tre?» C'est ce qne dit cet auteur pour justifier
la manière dont Chusaï, ami de David, se
conduisit envers Absalon qui s'était révolté
contre son père. Procope convient que quel-
ques interprètes désapprouvaient la dissimu-
lation dont Chusaï usa envers Absalon, en
lui otlrant des services qu'il semble n'avoir
pas voulu lui rendre. Pour lui il croit que
l'on peut interpréter en bien sa conduite,
parce qu'il avait pour but de maintenir Da-
vid dans la possession de ses droits et de ses
états. Au reste la doctrine de Procope, sur
les matières agitées dans son siècle, est très-
orthodoxe. Il reconnaît qu'il n'y a en Dieu
qu'une seule substance divine ^ du Père , du
Fils et du Saint-Esprit, et qu'une opération.
n Beg.
32 et Hii|.
turœ sacrœ, non accipere illa quce ibi trnduntur,
quasi proveniant ex hominibus... linnil^r crcdat
necesse est illa sacrosancta dogmaia ex ijjso ori-
ginem suiiiere, Deo, et inde per hoiiiiiies quasi
canales ad nos promanare. Procup., Prœf. in
Gènes.
' Nec decet ut credamus aliquam terrain infra
nos coli noslro orbi oppositam : tiarn si antipodes
forent, cerle Christus eo quoque profectus esset,
et cœtera qiiœ pertinent ad salutem humani gene-
ris ibi perfecisset. lilem, tu Gènes., caji. i, pag. 19.
^ Si esus carnium non in usu fuit, quare tra-
ditiir ovium paslor fuisse Abelus ? Et quare vic-
tiinis ex ovili petiCis placavit Deuin, si ipse illis
vesci aversabaiur? ijuare imperatur Noacho ut
bina et bina compellat in arcam de mundis etim-
mundis, postea vero septem et septem ? Si morla-
XI.
les illius sœculi abstineant carnium esu. qua ra-
tione quœdam munda, quœdum immunda nuncu-
pantur. Idem, ibid., paf<. 100.
^ Ignorantes mendacium, quod bonum finetn
pra-positum habet, veritati œquipollere. Bonorum
enim et malorum consilium, et scopus inquiren-
dus est, et sic inveniemus, ulruin bonum an ma-
lum sit. Quis enim veritatem Herodis. in cœde
Joannis Baptistœ, non merito reprehenderet ?
Cum enim illicitam' rem jurasset, satius fuisset
mentiri, quem ccedem facere. Procop., in II Reg.,
pag. i;!9.
* Focit Deus fimianipntuui : quœ non obiter in-
terjecM sunt : roluit enim ostendere non alium
{■(vli esse opificem, quam eum qui jusserit coclum
fieri. Haud enim alius imperabat et alius creabat:
utrumque prœstabul Deus, nempe divina subs-
I
478
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
En sorte, que lorsqu'il est/lit dans l'Eci ilure :
(jue le firmament soit fait, il ne faut pas s'i-
maginer qu'il y ait de la dilléreuce entre ce-
lui qui a fait le lirmamont, et celui qui a
commande qu'il se fit ; d'où vient que le Fils
dit dans l'Évangile : Mon Père, depuis le com-
menremenl du monde jusqu'aujourd'hui, ne cesse
jmnt d'agir, etj'ayis aussi incessamment comme
lui : paroles qui marquent une opération
commune au Père et au Fils. En expliquant
ce que Dieu dit à Moïse : Prenez de l'eau du
fleuve, répandez-la sur la terre sèclie, et tout ce
que vous aurez puisé du fleuve se changera en
sang, il enseigne que le Verbe de Dieu était
représenté par cette eau ' qui marquait que
comme l'eau tirée d'un fleuve est de même
n;ilure que le lleuve même, ainsi le Fils est
de la même substance que le Père, c'est-à-
dire, qu'il lui est consubslantiel, étant vie de
vie, et lumière de lumière. Ce qui est ajouté
dcrcli'nsion de l'eau sur la terre signifiait l'Iu-
cariiation du Verbe. Procope dit ailleurs que
Jésus-Christ est composé ' de deux natures,
l'une divine et l'autre humaine ; et que c'est
selon celle-ci' qu'il est prêtre; qu'encore
qu'il y ait deux natures' en Ji'sus-Chiist , il
demeure néanmoins un et indivisible par l'u-
nion de ces deux natures ; que nous suivons
Jésus-Cluist' partout où il nous mène, soit
que nous nous éloignions, soit que nous nous
approchions. Notre premier éloignemeut se
fait, lorsque nous passons de l'infidélité à la
foi : le second, du vice à la vertu : le troi-
sième, de l'imperfection ;\ la perfection do
la vie, et il ne faut pas s'imaginer que tout
cela se fasse en nous , sans le secours de
Jésus-Christ, puisqu'il a dit lui-même : Sam
moi, mus ne jMuvez rien faire. Procope sur le
second verset du chapitre seizième du qua-
trième livre des Rois, où nous lisons qu'A-
chaz consacra son lils, le faisant passer par
le feu, suivant la superstition des idoles des
nations, dit que l'on voyait encore de son
temps ' des restes de celte erreur ; et que,
dans quelques villes, on allumait une fois
l'année des bûchers au milieu des places
publiques, et que non-seulement les enfants,
mais aussi les hommes faits passaient au
travei'S de ces feux et dansaieut autour; et
que les mères dont les enfants n'étaient pas
assez forts pour passer eux-mêmes au tra-
vers de ces bûchers, les portaient sur leurs
bras au milieu des flammes, comme pour les
purifier et les garantir de maux.
[4. Le tome VI des Classiciauctores de Maï,
renferme un abrégé d'un choix d'exégèses W. m»'
sur la Genèse, par Procope'. Procope nous
apprend lui-même qu'il avait exécuté deux
grands travaux sur la Genèse ; dans le pre-
mier, il avait rassemblé sur chaque question
les citations des anciens Pères ecclésiasti-
ques sans y rien changer. Dans le second
qui était un abrégé du premier, il se con-
tentait de donner uue analyse du sentiment
des Pèies. C'est ce dernier travail que pu-
blie ici Mgr Maï. Il renferme des données
fort importantes, soit comme dogme, soit
comme critique biblique. L'auteur y traite
successivement, et avec jjcaucoup d'érudi-
tion, de la nature du monde, de la naissance
de l'homme, de son libre arbitre, du péché
originel, du premier homicide, du déluge,
piii>ii<
OuvrffM
1"
lanlia Patris, Filii et Spirilus Sancli. Ke igilur
lihiperegrinum cideulitr fi ileinceps audias Filium
Vei corum quœ fada sunl esxe opificem. Inquit
enim : Pater meus aj Jioe iisque tempiis operatiir,
et ego operor. Qiiod ail : Ad hoc usque tempo-
ris, etc., perpeiuilatcin operis vel conlinuam ope-
rationcm dénotai. Verum operatur et opeior,
operationis conniiunem socielalem edocent. l'ro-
cop. in Gènes., c.ip. l, p.ig. 22.
' Vnius Dei seriiio representabatur per aquam
quœ cj II s rei S!'/»i""i. Num aqua e ftumine accep-
ta significavil l'ilium ejusdem cuin l'aire essf sub-
slanliœ, id esl consubslanlialein. Idem., in Exod.,
cap. IV pag. 228.
• Kam ex diiabus compoititus esl Chrislus na-
turis, e.r suhtdi il spi.'isa: tiœc humana, illa di-
vina c.s(. Idem, in Exod., pag. 21l.i.
' Qitod ti'rn Filius, nempe Chrislus, sacerdos
dirilur, intelligeeum secundum humanilalem esse
nai-erdolcm. Mein, ni Gènes., cjip. xv, paR. 122.
* Licel diiir in Chrislo sinl naluro', lamcn unus
etindivisus manet utrisque naluris unitis. Idem,
in Gènes., cap. xvii, pag. 132.
' Chrislum, quocumgue nos ducat, sive receden-
tessive accedentessequimur. Prima aulem discessio
anobis ab inftdelitaU adfidem fil, secunda avitio
ad virtulem, terlia ex imprrfeclione ad pcrfec-
tioneni... A'ec vcro dira Christi opt'm fieri cogi-
landum esl, cum ipseniet : Sine, me nou quicquam
agerc potesti?, dicat. Idem, in i\um., pag. 393.
' Kt filios suos traduxit per igiicm : videtur si-
gnificarespeciem erruris qui ad noslra usque tem-
pora percenit. In quibuidam enim urbibus semel
in anno accensas jiyras per platcas quidam ins-
pexerunl et per iî/n.s- Iransilienles et sallanlcs,
non pueros modo, scd etiain viros. Infantes on-
tem a matribus geslalos per flnmmam, niinirum
prnpter depulsionem nuiloruni, el luslraiionem.
Idem, lili. IV yîc!;.,cap. xvnr, [Kig. 311.
' Voir les Annnirs de philosophie , tome X.MII
de la Collection. {L'àtitcur.)
Ivi" SIÈCLE.] CnAlMTOE XII. —
de raccioisscnicnt et do la dispersion du
genre liiiniain. rroco[)e vivait au vi" siècle,
c'est doncla docliine de ce siècle et des pré-
cédents (lu'il nous représente; on y trouvera
en outre de bonnes leçons du te.vtc grec pui-
sées dans les I/vxnjtles d'Origène. Nous re-
grettons que le savant Cardinal n'ait pas tra-
duit cet Opuscule en.latin. Le môme volume
des Clnssici aiictorcs renferme des fragments
sur le Caulii.jue des cantiques. Celte explica-
tion est sculcmcnl ascétique, fort inférieure
au Commentaire sur la Genèse , aussi il n'est
pas certain qu'elle soit de Procope. (348-378).
Dans le neuvième tome on trouve : 1° Une
explication sur les Proverbes, c'est une e.xpli-
cation morale et mystique, d'après les Pères,
des Proverbes de Salomon en grec ; 2° Une
collection des commentaires de divers Pères
sur le Cantique des cantiques. Les pièces dont
Procope donne des extraits sont : d'un ano-
nyme, d'Apollinaire, de Cyrille d'Alexandrie,
de Didyme, d'Kusèbe de Césarée, de Gré-
goire de Nysse, d'Isidore, de Rilus, d'Origè-
ne, de Philon Carpathius , de Procope de
Gaza, de Théodore!, de Théophile.]
5. Procope a imité dans ses Commentai-
res ' la brièveté et la beauté de ceux de
Théodoret ; mais son style est trop poli et
trop orné pour un commentaire qui demande
moins de travail et d'ornements. Ceux qu'il
a faits sur l'Eptateuque ont été imprimés en
latin à Zurich en 1553 , fol. de la traduction
de Conrad Clausérus, qui en avait trouvé le
teste grec dans uu manuscrit de la Biblio-
thècjue d'Augsbourg. Il s'en trouve encore
uu en cette langue dans la Bibliothèque du
Vatican, et un dans celle de Leyde. C'est
sur le même manuscrit que Clausérus a
donné en latin les commentaires de Procope
sur Josué, les Juges, les livres des Rois et les
Paralipomènes, à la suite des commentaires
snrlescinq livres de Moïse. Mais en 1620, Jean
Mem'siusfit imprimer le texte grec des scho-
lies de Procope sur les Rois, et les Paralipo-
mènes à Leyde, in-4. La traduction latine est
de Lavalérus et d'Hambergérus , et faite com-
PROCOPE DE GAZA.
179
me les précédentes sur le manuscrit d'Augs"
bourg. Nous avons aussi en grec et en latin
les Commentaires de Procope sur le prophète
Isaïe, imprimés ;\ Paris, en io80, sur un ma-
nuscrit du cardinal de la Rochefoucault, par
Jean Curlérius. Le mémo commentaire se
trouve marmscril dans la Bibliothèque du
duc de Bavière, à Munich, et dans la Biblio- o,„i„,i„.„
thèque de Saint-Marc, à Venise. On cite un liim.""""'
autre manuscrit de la Bibliothèque de Leyde
où l'on trouve quelques lettres de Procope
de Gaza. Elles n'ont point encore été ren-
dues publiques. A l'égard de celles qu'on lit,
sous le nom de Procope sopliislc, dans le Re-
cueil grec d'Aldus, on n'a aucune preuve
qu'elles soient plutôt de Procope de Gaza,
que de Procope de Césarée, tous les deux
ayant porté le nom de sophiste'. [Mais les
manuscrits qui les contiennent portent ex-
pressément le nom de Procope de Gaza.]
Photius ' attribue à celui de Gaza des Méta-
p/t7'ases ou exjilications des vers d'Homère.
L'éloge qu'il en fait, nous donne lieu d'en Turrhp. er.
regretter la perte. Turrien cite ces commen- rS."lvf'°.°w
taires sur les Proverbes, et ils sont cités par "'
Jean Curtérius dans sa Préface sur Isaïe ;
mais ils n'ont pas encore été mis sous presse, '^"'' P'''-
non plus que le Commentaire sur les douze
petits prophètes, que l'on dit avoir été tra-
duit par le Père Garnier, dans le dessein de ^^'^•
le rendre public. Gotfroid Oléarius, ayant
trouvé très-défectueuse la version que Con-
rad Clausérus à faite des Commentaires de
Procope sur l'Eptateuque, en a donné une
nouvelle sur un manuscrit grec, qu'il a en-
richie de notes. Nous ne savons point s'il l'a
fait imprimer. [La plus grande partie du to-
me LXXXVII de la Palrologie grecque , col. 1
pag. 20930, contient tout ce qui nous reste de
Procope. Les Œuvres de Procope sont divi-
sées en trois parties et renfermées en trois vo-
lumes. La première partie comprend : 1° Une
notice sur Procope tirée de Fabricius. 2° Une
dissertation de Jean Chrétien Gotlieb Er-
nesti sur les Commentaires de Procope , pu-
bliée ;\ Leipsik, en 1783; une préface de
' Maxime ad Thcodoreli brevitatem, venusta-
temque assurgit... diciio ab eo est optime quidem
exculla, sed comptior aliqiianto quam commen-
tarii prudiorem formam deceat. Phot., Cod. 206,
pag. 527.
* Viugt-deux autres épîtres ont été publiées en
grec, eu 17 lu, in-8,à VenUe,el Augélo JUiï eu a publié
aussi eent trois autres en grée seulemeut, parce
que leur mérite consiste beaucoup plus dans la
pureté et la finesse du style que dans ce qu'elles
coutieuueut. Ces cent trois lettres sont traduites
en latin au tome L.\.\.XVI1 de la l'atrologie. col,
2177-2792. (Véditeur.)
' Est item liber ejus integer homericonim vei-
suum -Metapbrases variis dicendi formis coinmu-
talœ, quœ summam viii cum dicendi factillatem,
tiim de<d(imitandi rim salis qucant ustendere.
Piiot., Cod. lUO, pag. 338.
180
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Mai'. Viennent ensuite les commentaires. On y
trouve d'abord son commentaire sur la Genèse
avec la traduction de Gesuer, et le texte grec
publié par Mai , avec plusieurs leçons et frag-
ments tires de la Chaîne de Leipsi k; 2° les com-
mentaires sur l'Exode, le Lévitifpie, les Nom-
]>res, le DeutérononiP, le livre de Josué, les
Juges, les livres des Rois, les Paralipomèues
d'après la version latine de Gesner et avec
les fragments tirés de la Chaîne de Leipsik ;
3° le commentaire sur les Proverbes de Sa-
lomon avec le texte grec publié par Mai, et
unevei"sion latine donnée par les éditeurs de
la Patrologie.
La seconde partie contient : 1° le commen-
taire sur le Cantique des cantiques, texte grec
d'après Mai , et version latine par les édi-
teurs : on y a joint des fragments de ce même
commentaire d'après un autre manuscrit ;
2° un commentaire sur le prophète Isaïe, d'a-
près l'édition de Jean Curtérius ; 3° les épî-
tres, texte grec, d'après Mai, avec une traduc-
tion laline des éditeurs de la Patrologie. Dans
la troisième partie on reproduit : 1° Le pané-
gyrique de l'empereur Auastase; ce discours
est donné en grec d'après Villoisson, tom. II
Anecd. grœc, pag. 28 et suiv. ; 2° la descrip-
tion de la basilique de Sainte-Sophie, d'a-
près l'édition de Combéfis; 3° la Monodie
ou lamentation sur Sainte -Sophie renver-
sée par un tremblement de terre. Elle est
reproduite d'après Iriartc, Catalof/ne des ma-
nuscrits grecs, in-ïoL, pag. 264 et suiv. , Ma-
drid, 1769.]
commcDia- c. Ou peut joiudre h Procnpe un commen-
ïcur aDonymo i j
!ur lotiaico- tatcur anonyme sur l'Octateuque, puisqu'au
que. Piioliu^, .^ a ' 1 1
Lod. 36, pg. rapport de Pliotius il écrivait sous le règne
de l'empereur Justin. Son ouvrage était in-
titulé : /.ivre des chrétiens, ou explication de
rUclali'uqiie. On ne sait qui était Pamphyle,
à qui il l'avait dédié. Le style en était bas,
et la construction au-dessous du commun.
Avec cela l'auteur avançait quantité de pa-
radoxes insoutenables et plusieurs inepties
qui n'auraient pas dû se trouver dans un
écrit aussi sérieux. Il disait entre autres que
le ciel et la terre ne sont pas d'uue ligure
ronde; que le ciel est en forme de voùlc ou
d'arc, que la teire est [ilus longue d'un côté
que de l'autre, et liée au ciel par ses extré-
mités; que tous les astres se meuvent par le
ministère des anges, et plusieurs auti«s cho-
ses semblables : ce quia fait dire à Photius
que cet anonyme devait être plutôt reganh-
comme un hommcî fabuleux que comme un
véritable écrivain. Il parlait de la Genèse et
de l'Exode, mais seulement en passant, s'é-
tendant beaucoup sur la description du ta-
bernacle. Il parcourait aussi les écrits des
prophètes et même ceux des apôtres. U avan-
çait que la grandeur du soleil est de deux
climats, que les anges ne sont point dans le
ciel, mais au-dessus du firmament , et qu'ils
ont leur demeure parmi nous; que Jésus-
Christ montant de la terre au ciel, était resté
entre le ciel et le firmament ; et que c'est ce
que l'on appelle le royaume des cieux. C'est
tout ce que nous savons de cet ouvrage, qui
n'est pas venu jusqu'à nous. Il était divisé
en douze livres, dont les six premiers étaient
adressés ii Pamphyle, le septième à Anasla-
se, le huitième à Pierre. L'auteur n'avait dé-
dié les quatre derniers à personne. Il assurait
dans le septième, que les cieux ne soulFri-
ronl point de dissolution. Dans le huitième
il expliquait le cantique d'Ezéchias, et ce
qui est dit de la rétrogradation du soleil. U
marquait dans le même livre qu'il avait ex-
pliqué le Cantique des cantiques. Ce com-
mentaire est perdu.
[7. Choricius, disciple de Procope de Gaza, ^^ ^1.'',°'^''^
exerça lui-même l'art de rhéteur sous Justi- '''"
nien le Grand , et égala son maître par le
nombre et l'élégance de ses écrits. J. A. Fa-
bricius en a publié deux dans le huitième
volume de sa Dibliothèqne grecque. Le premier
est un discours sur la mort de Procope ; la
traduction est de Wolf: l'autre est sur le
général Somnius; la traduction est de Guil-
laume de Hertoge. Harlès, dans la nouvelle
édition, a oublié ces deux écrits : il promet-
tailde les donner dans les suppléments; mais
les suppléments n'out point paru. Villoisson,
dans le tnme 11 des Anecdota grœca, Venise,
1781, in-4°, a mis au jour, un discours funè-
bre sur .Marie, mère de Marcien , évêque de
Gaza, et d'Anastase, évêque d'Éleuthéropolis;
et un autre discours ou déclamation d'un ty-
rannicide qui demande une récompense pour
avoir tué un tyran. Villoisson a enrichi ces
discours de noies savantes ; ils sont précédés
de plusieurs autres fragments extraits de
Miiraire Chrysocéphalus. Iiiarle, dans le Ca-
talugue de la bibliothèque de .Madrid , indi-
que un manuscrit qui contient dix-neuf dé-
clamations inédites de Choricius et quelques
aulrcs écrits. .Vngélo Mai a publié dans le
tome V du Spiciieg. roman., pag. 410-463;
quel(]ues déclamations, des descriptions, des
dictions, une ('•pilaphc ou oraison d'un jeune
[vi« SIÈCLE.] CHAPITRE XIII. — JOBHJS, MOINE D'OHIENT. 181
liomniP, un païK'çyriqiio. La profaio du miV ciili-o autres cliosos cuii-iousns la dcsniplion
uie\oluuie,pat;. xxvii, iTiireiinc tiois seiilou- d'une liorlo^o cl d'une pcinUuc de la ville
CCS do Choricius. Dans ces pai'ties on trouve de Gaza, pag. 423.]
CHAPITRE XIII.
Jobias, moine d'Orient.
[Écrivain grec du vi" siècle.]
iobtus 6eri>
v«ll .nnt !•
i4ntf de Jus*
Udn.
S« <crll>.
Fkol. CmI.
m, pag. &7S,
Ce qae eon.
tttnl l« livro
rie rlocerei-
lln> HlieLobl
TroUlème
litre, ptg»
6>S.
1. 11 j' a toute apparence que le moine Jo-
bius llorissait sons l'empire de Jnsliiiicu,
puisqu'il t'crivit contre Sévère, faux patriar-
che d'.\ntioclie et chef des eutycbéens, ana-
thémalisé plus d'une fois sous le règne de ce
prince. Ce qui nous oblige encore à le mettre
vers ce temps-l<i, c'est qu'il parle des écrits
attribués à saint Denys l'Aréopagite, dont on
n'avait pas ouï parler avant la Conférence
des catholiques avec les sévériens,en 533.
2. Il ne nous reste rien de son traité con-
tre Sévère; mais nous avons un grand nom-
bre de fragments de celui qu'il avait intitulé :
De l'Incarnation du Seigneur, divisé en neuf
livres. Jobius l'avait entrepris ù la prière d'un
homme célèbre par sa vertu, qu'il ne nomme
pas.
3. Dans le premier et le second livre, s'é-
tant proposé de montrer pourquoi le Fils
s'était fait homme, et non pas le Père ou le
Saint-Esprit, il en donne pour raison que le
Fils, portant le nom à' Image du Père , il con-
venait qu'il vînt réformer l'image de l'homme
et lui rendre la raison qu'il avait perdue, de
façon qu'il était entièrement penché vers les
choses charnelles et terrestres. Il appuie cet-
te preuve sur ce que le Sauveur s'était trou-
vé, aussitôt après sa naissance, dans une
étable, entre des bœufs et des ânes ; sur la
parabole du filet jeté dans la mer, qui prend
toutes sortes de poissons, dont il dit que
l'homme ne diÛere en rien depuis que, par
le péché, il est devenu comme irraisonnable.
Jobius apporte encore d'autres raisons qui ne
paraissent pas plus solides.
A. Il en donne une meilleure dans le troi-
sième livre, en disant qu'il était convenable
que celui qui avait créé et formé l'homme, le
réformât et le renouvelât après sa chute. Car,
encore que le Père et le Saint-Esprit soient
créateurs comme le Fils, c'est au Fils que les
divines Écritures attribuent la création de
toutes choses, comme on le voit dans le pre-
mier chapitre de l'I-^vangile selon saint Jean,
et dans les Epitres de saint Paul aux Romains
et aux Hébreux. Il demande pourquoi la ver-
tu, la gloire et la puissance étant une et la
même dans la Sainte-Trinité , il est dit dans
l'Ecriture et dans les Pères que le Père a tout
fait pour le Fils, et non pas que le Fils a tout
fait pour le Père. Il répond que c'est parce
que le Fils est appelé la droite, le bras, la
sagesse, le Verbe et la puissance du Père.
(( Mais pourquoi, ajoute Jobius, la rédemption
du genre humain ne s'est-clle pas faite par un
ange ou par un homme? « A quoi il répond :
Les hommes ont tenté plusieurs fois cette ré-
demption, comme on peut s'en convaincre
par les soins que Moïse et les prophètes se
sont donnés pour procurer le salut aux Juifs;
mais que, leurs efforts n'ayant pas été capa-
bles de sauver même un seul peuple, il leur
eût été impossible de racheter tout le genre
humain et de lier le fort, c'est-à-dire le dé-
mon, qui s'en était rendu maître ; que d'ail-
leurs l'on ne voit pas comment un homme
souillé lui-même aurait pu purifier ceux qui
étaient coupables comme lui; que la rédemp-
tion ne convenait pas plus à un ange, à qui
il n'appartenait pas de mener en triomphe
les puissances spirituelles, puisqu'élant de
môme nature qu'elles, il n'aurait pu se faire
obéir. Si saint Michel, disputant avec le dia-
ble pour le corps de Moïse, qui était un hom-
me juste, n'osa pas le condamner avec exé-
cration, comment un ange aurait-il pu nous
rendre enfantsadoptifs?L'autcurexamine, en
passant, pourquoi les eaux de la mer llouge
se divisèrent au passage de Moïse, d'Élie et
d'Elisée, et pourquoi les eaux sur lesquelles
Jésus-Christ marcha ne se divisèrent point. La
raison qu'il donne de cette différence est que
Joan, xtlt.
Rom, xr, 36.
Ilclir. 1,2.
182
HISTOIRE GÉNliinALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
les eaux qui se divisèrent au passage des
prophètes marquaieut les deux parties dout
l'homme est composé, le corps et l'âme; et
que celles qui ne se divisèrent point sous Jé-
sus-Christ signiliaient l'indivisibilité de la di-
vinité. Cette solution, et plusieurs autres sem-
blables, justifient le jugement que l'iiotiusa
porté de l'ouvrage de Jobius, en disant que
l'auteur n'y donnait pas des solutions' bien
fortes aux dilliculti's qu'il se proposait, et qu'il
se contentait de ce qui pouvait satisfaire en
apparence, sans approfondir la vérité.
ihifl. [jj. 5. Jobius passe à une autre question :
Pourquoi Dieu n'a pas racheté les hommes
par sa divinité seule? Il en donne plusieurs
raisons, dont la meilleure est que Dieu ne
nous ayant pas rachetés par sa divinité seu-
le, nous devons croire qu'il n'a pas du le fai-
re. Il montre qu'encore que Dieu soit tout-
puissant, il y a des choses qu'il ne peut pas
faire, parce que ce serait un défaut ou une
imperfection de le faire. Par celte raison, Dieu
ne peut changer, il ne peut cesser d'clre bon,
ni faire que ce qui est vrai soit faux. L'auteur
avance que la rédemption de l'homme est une
chose plus excellente que sa création, parce
que la création s'est faite parune seule parole,
au lieu que la réformation du genre humain
ne s'est faite que par l'opération du Créatem-
môme , qui par là nous a donné une mar-
que plus particulière de son amour poumons,
jwn.iii, ic. ainsi que le dit l'apotre saint Jean : Dieu a
tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils
unique pour ta vie du monde. Il ajoute que
c'est avec raison que le Verbe s'est fait hom-
me, et que cela était même nécessaire pour
notre salut, puisque tous les autres moyens
employés jusque-là avaient été inutiles. Les
prophètes, les princes du peuple, les mira-
cles opérés sous leurs yeux, les bienfaits de
Dieu, ses menaces, les supplices dont il avait
puni les pécheurs, rien de tout cela n'avait
pu changer eu mieux le genre humain. Mais
pourcpioi, s'objecte Jobius, Dieu a-t-il permis
que l'homme devienne mauvais? Que ne le
créait-il bon nécessairement ? ou enfin que ne
le faisait-il semblable aux anges? Il résont la
première objection en disant que si Dieu eut
fait l'homme bon, de façon qu'il ne pût deve-
nir méchant, c'aurait été le priver de son libre
arbitre, et conséqucmment lui ôter le moyen
de mériter. Il répond , à la seconde, que no-
tre condition aurait été plus fâcheuse qu'elle
n'est, si nous eussions été faits semblables
aux anges, qui, depuis leur péché, sont sans
espérance de leur pardon, puisqu'ils ne peu-
vent en faire pénitence, au lieu que nous
pouvons obtenir parnos travaux la rémission
de nos fautes. « Il est vrai, ajoute-t-il, que
nous tombons facilement dans le péché ; mais
aussi nous nous en relevons facilement. Dieu
nous ayant laissé plusieurs moyens de faire
pénitence , et donné toute notre vie pour
la correction de nos mœurs : ce qTi'ii n'a
pas accordé aux anges. » Il dit encore que
ceux qui voudraient que Dieu eut créé l'hom-
me nécessairement bon réduisent , sans y
penser, l'homme à la condition des animaux,
en lui ôtant le libre arbitre, parce qu'il n'ap-
partient qu'à une nature irraisonnable d'agir
nécessairement.
G. Jobius, dans le seizième chapitre (car F^.I34.
il avait divisé son ouvrage en neuf livres et
en quarante-cinq chapitrés) se proposait cet-
te question :,Pourquoi Dieu a-t-il fait l'homme
de deux parties qui ont chacune une nature
dillérenle? Photius remarque que Jobius ne
se tirait pas bien de cette dilBculté, se con-
tentant de rapporter les paroles des Pères,
et de dire qu'il était nécessaire que la subs-
tance terrestre fût ornée par l'union d'une
substance spirituelle, et que c'est pour cette
raison que l'homme est composé de corps et
d'àme. II revenait ensuite à la question de
l'Incarnation, et demandait pourquoi le Ver-
be s'était fait chair. «Ça été, répondait-il, en
partie pour nous donner l'exemple de la ver-
tu, en partie pour nous délivrer de la servi-
tude du péché et nous rétablir dans notre
liberté, et eu partie afin d'ellacer le péché
qu'.\dam nous a transmis ' et qui avait com-
me eiïacé en lui l'image de Dieu, en l'acca-
blant d'une foule de passions charnelles. »
Jobius citait, à cette occasion, un passage
d'une homélie de saint Grégoire, surnommé
le théologien. Il remarquait, après cela, que
ce qui est commun aux personnes de la Sain-
te-Trinité était souvent attribué, dans l'Écri-
• Non ita etiam recte in solutionibus procedit :
nain ut maxime soliUiones in plerisque vesliget:
in quihiii'dnm intérim solailliiiuie apparct. spe-
cics sati.ifacit, ut nikil altius ad cerliorcm veri-
tatem pcnclrcl. l'hot., f oJ. 232, pag. 578.
' Ad hwc quandoquidem Adam, victus, Dei in se
imaginent innumeris carnù passionibus obruit,
et ad posteros noxam tranumisit, idcn carnem
Doniinus induit, .lob. apiid IMn'l., piig. r>!)l.
[vi' siicci^.]
ClIAriTllE. Mil. — JUUIUS, MOlNli D'OnnîNT. 183
ture, h uiiG personne en parliculicr; et qu'en-
core que la puissance de crder fùtcomiinuie
au I*ère et au Saint-Esprit, l'Écriture l'atlri-
Jniail au Fils, ciunme elle allrihuo quelque-
fois au Pi'^rc la r('(louiptioii (lu jrcnro humain,
(pioiquc ce soit le Fils qui l'ait opérée en se
faisant homme. En général, le Père est con-
sidéré , dans l'Ancien ïestanient, comme
la cause première de toutes choses; le Fils
comme la chose agissante; le Saint-Esprit
comme celle qui donne k l'être sn perfection.
Jobius s'étendait beaucoup à montrer que le
Saint-Esprit donne la pcifeclion; d'où il in-
férait que c'était pour cela que les catéchu-
mènes se revêtaient de blanc pendant les
sept jours qui suivaient le baptême. Il mar-
que en peu de mois tout ce qui se passait à leur
égard. «On les baptise d'abord, dit-il '; en-
suite on les oint d'huile ; puis on leur fait
part du précieux sang, après quoi on les ad-
met i\ la communion du pain, n II établit, par
l'autorité de saint Luc et de saint Paul, l'u-
sage de donner premièrement le sang de Jé-
sus-Christ et ensuite son corps, en remar-
quant toutefois que le même apôtre, en d'au-
tres endroits, parle du pain avant de parler
du calice, et que la coutume de l'Église est
de présenter aux fidèles premièrement le
pain et ensuite le vin. Il ne faut pas s'éton-
ner que Jobius 'nomme pain et vin le corps
et le sang de Jésus-Christ, puisqu'en même
temps il donne le nom de snng précieux h ce
qu'il appelle vin, et qu'il nomme corps du
Seigiicnr ' ce qu'il avait appelé ;w/«, imitant
en cela les façons de parler de l'Apôtre dans
sa première Lettre aux Corinthiens, où il dit :
icor. n,!6. I\"cst-il pas vrai que le calice de bénédiction
que nous bénissons est la communion du sang de
Jésus-Christ, et que le pain que nous rompons
est la communion du corps du Seigneur ? Car
nous ne sommes tous ensemble qu'un seul pain et
un seul coi'ps, parce que nous participons tous à
vn même piain. Jobius remarque que, lors de
la consécration des mystères, on tenait aux
deux côtés ' de ceux qui les célébraient, des
éventails qui étaient la vue de ces m.ystères,
afin que ceux qui devaient être initiés ne
s'attachassent point aux choses visibles, mais
qu'ils élevassent les yeux de leur esprit au-
dessus de tout ce qui est joint ù la matière.
7. Le dix-neuvième chapitre contient les
raisons qui ont empêché Moïse de parler do
la création des anges. L'une, parce qu'il n'é-
crivait que pour les hommes : l'autre, parce
qu'il voulait faire connaître le Créateur de
l'univers par ses ouvrages sensibles ; et la
troisième, de peur qu'on ne crût que les an-
ges avaient créé le monde, s'il eût parlé
d'eux avant de parler de la création du
monde même : comme en cfFct plusieurs des
Hébreux ont attribué aux anges la création
de toutes les choses qui sont dans le monde.
Il semble dire que c'est pour détruire cette
erreur, que Dieu n'a point permis que les
anges apparussent aux hommes pendant les
trois premiers âges du monde, et il soutient
qu'ils n'ont été connus des hommes qu'après
les promesses que Dieu fit à Abraham sur
le Messie, qui devait naitre de sa race. Dans
les vingtième et vingt-unième chapitres qui
composaient le quatrième et le cinquième li-
vre,'Jobius s'appliquait à faire voir qu'il était
plus convenable que le Fils, qui est l'immua-
ble et naturelle image du Père, se fit homme
pour nous racheter et nous purifier de nos
péchés.
8. Il commençait son sixième livre, au
chapitre vingt-deuxième, où il examinait
cotte question : Pourquoi l'on attribue au
Fils les qualités de créateur, de rédempteur
et de juge ? Ce qu'il enseigne sur celte ma-
tière se réduit à dire qu'encore que ces
qualités conviennent également au Père et
au Saint-Esprit, on les approprie néanmoins
par excellence au Fils. Il traite au même
endroit du rang des personnes de la Trinité,
et après être convenu que cette matière sur-
passe l'intelligence humaine, il dit qu'il faut
s'arrêter à l'instruction que Jésus-Christ nous
a donnée en la personne de ses apôtres, aux-
quels il disait : Allez, enseignez toutes les na-
tions, en les baptisant au nom du Père, du Fils
et du Saint-Esprit : « Paroles, dit-il, qui mar-
quent bien qu'en parlant des personnes de
l'if. tas.
' Primo baplizamur, deinde ungvento xingi-
mur, inde prelioso sanguine digîiamur. Sic pror-
sus el mos est hœe adumbrans : abluit primo
aqua eos qui consecrabanlur ; mox induit el cin-
git; deinde confert olei unctionem et tumsangui-
ne axpergit, atque ad panis sumptionem adducit.
Idcin, pag. 395.
' Çum corpus dominictim 'in sacra mensa pro-
positum est : ideo qtii ab ttlroque latere sacris
operantibus adstant, flabeUa supra oblata ibi
horrenda mysteria agitare, ut n- sinant initiâtes
rébus visis inhœrere, sed eos mentis ouulis supra
onine id, quod cum maleria conjunclunt est, sm-
blalos, l'aciunt per ea quœ videnlur ad invisi-
bilem contempla tionem ascendere. Job., pag. 607.
= Ibid.
IRi
HISTOIRE GKNER.U,E DES
la Trinité, on doit mettre en premier lieu le
Père, en second lieu le Fils, et eu troisième
lieu le Saint-Rsprit, sans que l'on puisse pré-
tendre que la nature divine soit' susceptible
en elle-même de supériorité ou de sujétion,
de division ou de singularité : parce que le
nom et l'unité se disent de la substance, et que
la divinité est au-dessus de toute substance.»
11 cite en cet endroit le treizième chapitre
du livre des Aoms dicins, sous le nom de saint
■n.w-vi,. Denys rAréopasitc, et dit en parlant du nom
<•»• de Saint que l'on donne à chaque personne,
que saint Proclus,de Constantinople, ordonna
que le Trisagion serait chanté avec cette ad-
dition : Fvrt et immortel.
'■•'• "'• y. Sur la fin du sixième livre, et dans tout
le septième, Jobius traite de la Trinité, dont
il cherche des figures dans les Psaumes et
dans les autres parties de l'Écriture. A l'oc-
casion des mouvements de la terre dont il y
est parlé, il remarque trois changements :
l'un qui s'est fait de l'idolâtrie à la counais-
sauce du vrai Dieu par la loi ; l'autre de la
loi à l'Evanjiile, qui nous a donné la con-
naissance du Fils et du Saint-Esprit ; ei le
troisième qui ne se fera qu'en l'autre vie, où
nous aurons une conuaissauce parfaite de
la Trinité, autant que notre nature en est
capable. Il enseigne que, si l'Écriture ne
nous a fait d'abord connaître que le Père, ça
été pour- détourner les hommes du culte des
faux dieux, et surtout le peuple grossier, les
plus inlelligcuts ue pouvant douter que lors-
qu'on nommait Dieu le Père, ce terme n'em-
portât avec soi l'existence d'un Fils. Il montre
par plusieurs raisons, que le Père ne devait
point s'incarner, et en donne d'autres qui ex-
pliquent pourquoi le Fils ne s'est pas fait
homme dès le commencement du monde. Il in-
siste particulièrement sur ce qu'il n'était pas
convenable d'apporter un si grand remède aux
maladies des hommes, et qu'il en fallait qui
les guérissent peu à peu. Il insisle encore sur
le danger qu'il y aurait eu que les idolâtres,
en voyant un Dieu-Homme, ne s'opiniâtras-
sent davantage dansleurcidte superstitieux.
Il remarque que le Sauveur, eu conversant
parmi les hommes, se servait de paroles
humbles, pour leur cacher les rayons de sa
divinité, se contentant de l'établir par ses
œuvres miraculeuses. «Deux motifs l'engagè-
AUTEUnS ECCLESIASTIQUES.
rent, dit-il, ;\ cette conduite : l'un pour adou-
cir l'esprit des Juifs, l'aulie pour nous donner
l'exemple d'humilité. » Jobius, cite du martyr
saint Ignace, le passage où il est dit que le
prince de ce monde, c'est-à-dire le démon, ne
connaissait pas la virginité de Marie, la con-
ception du Sauveur, ni qu'il dût être attaché
à la croix. Il s'étend sur la ditférence de la
manière dont nous connaissons en cette vie la
Trinité, d'avec celle donlcile sera connue des
bienheuieux dans l'autre : et sur les raisons
que l'on peut alléguer, pour expliquer com-
ment il y a, tant dans le Nouveau que dans
l'Ancien Testament, des endroits très-diffici-
les a entendre : toutefois il parait croire qu'il
n'eu est ainsi, que parce que, s'ils étaient si
faciles à comprendre pour tout le monde, on
en aurait moins de respect et de vénération.
« D'ailleurs, ajoute -t -il. Dieu ayant obligé
l'homme depuis sou péché à un travail péni-
ble, il doit l'employer non-seulement à ga-
gner ce qui est nécessaire pour la vie du
corps, mais encore pour celle de l'àme. »
10. Il se propose deux questions dans le '''î' "'•
huitième livre. La première est, que si l'on
prouve qu'il y a en Dieu une personne du
Verbe, parce que Dieu ne peut être sans
raison; comment ne suit-il pas de là qu'il y
a dans ce Verbe même un autre Verbe, et
aussi un Verbe dans le Saint-Esprit, puis-
qu'ils sont Dieu l'un et l'autre 'l Photins con-
vient que cette objection est très-dillicile à
résoudre, et qu'encore que Jobius y ait ré-
pondu en treize manières, il ne l'a fait que
faiblement. Il ajoute que quand ses réponses
seraient capables de satisfaire des personnes
qui ont de la piété et de la religion, elles
n'en inspireraient point à un homme con-
tentieux ; qu'au contiaire, elles lui donne-
raient plutôt occasion de tourner en raille-
ries nos saints mystères. L'autre question est
de savoir pourquoi le Fils et le Saint-Esprit
procédant également du Père, l'un est ap-
pelé Fils et l'autre Saint-Esprit, et non pas
tous deux fils. Il répond que les hommes ex-
priment comme ils peuvent les diirérences des
personnes divines, quoiqu'ils ne les compren-
nent pas ; qu'au surplus, l'usage de nommer
génération l'origine du Fils, clprocession celle
du Saint-Esprit, et d'appeler l'un Fils, l'autre
Saint-Esprit, est fondé sur l'Écriture et sur
' Ipsa fecundum se divine natura neque jircé-
poni, neque siihjici npla rsl. sed supra omuem
lam numeri, iiuam siiigiilarilalis nolionem co^
localur. ^'umerus siquiriem et ttnilas de sitbslan-
tia dicuntur : divinitas vern siibslanlinm supcrut
iinicersam. Idem, p.ig. tiiiM.
fvi" srÈci.E.]
CHAPITRE XlII. — JOBIUS, MOINR D'ORIENT.
\HÔ
les (.'ci'its des saints Pi'tos, qui ont parhi ainsi.
!■«. 0.1. il. Il demande tlans le neuvième livre,
comment il peut ètic vr'ai ([iie nous soyons
snjKM'ieurs en dignili' anx anges par la gr;\ce
que nous avons acquise, et que nous leur
serons égaux dans le temps de la résurrec-
tion? .\ quoi il répond que la nature humaine,
depuis qu'elle a été unie i\ la Divinité par
l'incarnation du Verbe, et placée à la droite
du Père, surpasse à cet égard tous les anges
en dignité ; et que si nous devons leur être
semblables ;\ la résurrection, c'est qu'alors
le genre humain ne sera plus assujetti .'i la
servitude du corps, qui sera comme spiritua-
lisé. 11 trouve dans les paraboles de l'enfant
prodigue et des cent brebis, la figure des
auges et des hommes, disant que ceux-là
sont représentés par le fils aîné du père de
famille, et ceux-ci par l'oufant prodigue. La
seconde question qu'il se propose dans ce
livre, est de savoir comment Jésus-Christ
est mort pour tous les hommes, puisqu'il y
en avait une infinité de morts avant sa ve-
nue. A cela il répond que Jésus-Christ a non-
seulement prêché l'Évangile à ceux qui vi-
vaient de son temps, mais qu'il est descendu
aux enfers pour le prêcher aussi aux morts ;
et que ceux d'cutr'cux (pii avaient bien vécu
et qui ont cru en lui ont été sauvés. Il en
donne une autre raison, qui est que la ré-
surrection étant le terme où la vertu doit
recevoir sa récompense, et la croix de Jésus-
Christ donnant toute la force h cette résur-
rection, il suit de là que Jésus-Christ est
mort pour tous ceux qui participeront alors
au salut. En expliquant après cela ces pa-
^^ M1111..K, rôles de Jésus-Christ : Je ne suis pas venu
appeler les justes, mais les pécheurs à la péni-
tence, il dit qu'on ne doit pas croire que le
Sauveur se soit exprimé ainsi, comme s'il
eût voulu distinguer la multitude des hom-
mes, partie en justes et partie en pécheurs,
dont il aurait négligé les uns et appelé les
autres, puisqu'il est certain qu'il est le com-
mun Sauveur de tous, et qu'il les a tous ap-
pelés en, leur permettant de jouir du fruit
de la rédemption, et d'embrasser la doctrine
du salut, qu'il a, à cet elTet, fait annoncer
dans toute la terre. Ensuite il tiaite de l'état
dans leipiel les anges et l'honmie ont été
créés, et de la chute d'une partie de ces
anges et de celle de riininmo. Puis s'étant
pro]iosé d'examiner pourquoi Dieu a racheté
riiduime en se faisant homme |)Our eux, et
n'a pas racheté les anges , il en donne pour
raison que l'homme, étant composé de deux
natures, l'une spirituelle et l'autre matérielle;
celle-ci étant moins parfaite et ayant natu-
rellement du penchant vers le mal , il était
raisonnable que Dieu lui prêtât du secours et
laperfectiomu\t; qu'il n'en était pas de même
de la nature dos anges qui avait été créée
parfaite. « Pourquoi, demando-t-il encore, les
anges bons et mauvais sont- ils demeurés ir-
révocablement dans l'état qu'ils ont choisi
dès le commencement , les uns dans le bien
et les autres dans le mal? Pourquoi le Sau-
veur a-t-il dit, que le feu était préparé au
diable et à ses anges, encore qu'il y ait tant
d'hommes qui devaient être punis?» Il répond
à la première question : «L'immutabilité des
anges, dit-il, dans le parti qu'ils ont embrassé,
vient de ce qu'étant d'une nature simple et
non composée, ils nepeuvent changer. » Il dit
sur la seconde, qu'il est écrit que le feu est
préparé au diable et à ses anges, parce qu'é-
tant une fois pervertis par leurpropre volonté,
ils ne donnent aucune espérance de change-
ment , au lieu que l'homme peut changer de
mal en bien. C'est à raison de l'endurcisse-
ment du diable dans le mal qu'on nous obli-
ge dans le baptême à renoncer à Satan et à
ses œuvres, afin que, conservant la haine qui
doit être entre nous et lui, nous ne nous lais-
sions pas surprendre par ses artifices. Jobius
se propose encore quelques autres questions
auxquelles il ne répond pas plus solidement
qu'aux précédentes '. On voit par son ouvra-
ge qu'il était homme à s'embarrasser de beau-
coup de questions inutiles, mais qu'il n'avait
pas le talent de les résoudre nettement, et
que s'il avait de l'érudition et de l'intelligence
dans les Livres saints, comme Ip témoigne
Photius^, il n'en faisait pas toujours usage.
' Angélo M.iï a publié en grec un autre fragment
ilu même ouvrage, Classici auctores, tom. X.pag.
601-G04. Ce fragment est reproduit avee notice tirée
de Faliricius, au tome LSXXVI de la Patrologie
gfecqtte, col. 3313-3319. On trouve aussi, ibid. un
autre fragment grec d'une Confession de foi ortho-
doxe de Jùbius. Gallaud l'avait donné en latin au
tome XIII de sa Bibliothèque, p. 7U2. Mai l'a publié
en grec au tome .\ du Spirilcgium roma:uim,
p. 132. Plusieurs autres fragments qu'on lit dans
Photius sont au tome CIII de li Patrologie grec-
que. [L'éditeur.]
- Rectw religionis est amans, et diligentiœ non
conlemnenda', atque in sacrarumprœterea Scrip-
tura.-um commentatione insigniter exercitaius.
Phot., Cod. 227, pag. 578.
186
HISïOIllE GKNHUALE DES AUTEUHS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE XIV.
Cosme d'Egypte, snrnommc indicoplenste.
[Écrivain grec au vi« siècle.]
Co-me. nfà
A Ifxanilrie
l'r.. r in To| o-
Ini». II Col.
lect. Palrum,
MoDtrauc. Fi.
risils 1707.
1«E- '■
Sa Topoprn-
pbîe cbrctifn-
ne. Lili, II,
p>e. HO,
T.Ibi X, pifi
3J0.
1. Cosme, surnommé indicopleusle de sa
navigation dans les Indes, était égyptien, né
à Alexandrie. Il fut d'abord marchand, et,
tout occupé de son négoce, il s'embarqua
pour aller en Klliiopie, dans les Indes et les
autres pays d'Orient, où il espérait faire des
gains considérables. Quoique engagé dans
le négoce il ne laissait pas d'être instruit
dans les sciences, autant que son siècle le
permettait. La vue d'un état plus tranquille
et où il pourrait vaquer plus sûrement à son
salut lui lit abandonner son commerce pour
embrasser l'état monastique. Il proQta de
son repos pour composer divers ouvrages,
dont le seul qui soit venu jusqu'à nous est
intitulé : La Topograp/ife chrétienne.
2. Il semble marquer l'année en laquelle
il la composa , lorsqu'il dit, dans le second
livre de cet ouvrage, qu'il y avait vingt-cinq
ans qu'Élesban, roi des Égyptiens, avait fait
sonexpéditiou sur les Homéritcs : celte expé-
dition arriva en 522. En y ajoutant les vingt-
cinq années qui s'étaient passées depuis ,
lorsque Cosmc écrivait son second livre , il
s'ensuivra qu'il y travaillait en 3-47 sous le
règne de Jastinicn. Ce qui rend cette épo-
que ditlicile à soutenir, c'est que, dans le
dixième livre du même ouvrage, il parle de
Théodose, patriarche d'Alexandrie, qu'il ap-
pelle nouveau schismatique, comme demeu-
rant à Constantinople , où il était allé après
avoir fait un séjour fort court à Alexandrie;
et de Timothéc , son prédécesseur, qui, dit-
il, est mort depuis peu. Or, ceTimolhée, que
Cosme nomme le Jeune pour le distinguer
de Timothée Elure, mourut en 333 : et Théo-
dose, son successeur fut, après environ un an
et quatre çaois d'épiscopat , envoyé en exil ,
l'an 536, pour n'avoir pas voulu souscrire au
concile de Chalcédoine. 11 paraît donc que
Cosme écrivait son onzième livre vers l'an
533, puisque, lorsqu'il y travaillait , Théo-
dose n'avait pas encore été envoyé en exil,
et qu'il s'était seulement retiré à Constanti-
nople : ce qui arriva peu après son ordina-
tion, c'est-à-dire en 535, auquel Timothée
mourut. Le seul moyen de lever celte con-
trariété est de dire que Cosme ayant retou-
ché plusieurs fois son ouvrage , changea
quelque chose dans les dates des endroits
qu'il retouchait ; qu'il laissa celles du onziè-
me livre, qu'il avait mises d'abord, n'aj'ant
fait aucun changement en cet endroit ; mais
qu'ayant retouché son second livre, il y mit
une nouvelle date, relative au temps auquel
il y fit (juelque addition.
3. Sa Tupoyrap/tie chrétienne est divisée
en douze livres. Piiotius , qui en parle sans
en nommer l'auteur, dit que les six premiers
livies étaient dédiésàun certain Pamphyle;
le septième h Anasthasc; le huitième à Pier-
re, et que les quatre autres n'élaieiU adres-
sés à personne. Cela se trouve de môme
dans nos exemplaires. Dom Moutfaucon nous
a donné l'ouvrage entier, à la réserve du
dernier feuillet du douzième livre , sur un
manuscrit de Florence qu'il croit être du
x" siècle. Il en cite d'autres, mais impar-
faits, un de la Bibliothèque impériale, et un
de la Bibliothèque de Vatican. Celui-là ne
contient qu'une petite partie de la Topographie
chrétienne. Le douzième livre manque dans
l'autre. [Le tome XI de la Dibliotlihqitedes an-
ciens écrivains, par GiWanii, reproduit la To-
pographie chrétienne avec une notice sur Cos-
me. Le tout à reparu dans le tom. LXXXVIII
de la Palrnlogie grecque , col. 9-476. La no-
tice tirée de Galland est suivie d'une autre
empruntée à Fabricius.]
4. Le dessein de Cosme dans cet ouvrage
est de combattre l'opinion de ceux qui don-
nent au monde une figure spliérique, et qui
conséquemmenl admettent des antipodes. Il
croyait avec la plupart des anciens que la
figure du monde était plaie , et que le ciel
fait en forme de voùle, joignait ses deux
extrémités à celles de la terre. Ceux qui pen-
saient ainsi tournaient en dérision l'oiiinion
contiaire , qui est aujourd'hui reçue unani-
mement, et rendue évidente parles démons-
Ell« est di-
r\tit m doQ.
u livres.
Pbol., G' 11.
36.
Dc'ie'n do
ccl'>uii3fe.
[vr SIÈCLE.] CHAPITRE XIV.
Initions des aslrononips. Voici de quels ar-
guments Cosme se servait pour la combattre :
<(Eii siiiinosant la rondeur de la ti>rre, dit-il,
il faudrait dire qu'il y a de ses habitants qui
sont opposes diamcitralemcnt.les uns aux au-
tres, et qu'ils marchent pieds contre pieds ;
qu'il en est de même des pluies qui, dans ce
système, doivent tomber les unes contre les
aiili'cs ; ce qui est contre la droite raison. D'ail-
leurs l'Écriture nous représente dans Isaïe,
le ciel en forme d'une voiito dont les extré-
mités posent sur la superficie de la terre ; et
dans Job comme une pierre en forme de
carré. Elle dit encore que le ciel et la terre
contiennent toutes choses : ce qui ne peut
être vrai eu supposant la terre d'une figure
sphérique, car alors ce serait le ciel qui con-
tiendrait tout , et la terre même, n Cosme
ajoute à ces raisons que le tabernacle que
Moïse construisit par l'ordre de Dieu, était la
ligure de ce monde. « Or, dit-il, ce tabernacle
était un carré long; le monde est donc cons-
truit de cette manière. » Ces raisonnements
donnent lieu à cet auteur de parcourir un
grand nombre d'endroits de l'Écriture , par-
ticulièrement de la Genèse, de l'Exode, des
Prophètes et des Apôtres. Il propose un au-
tre argument qu'il croit sans réplique , qui
est que Dieu, dès le commencement, a pré-
paré aux hommes des demeures tant pour
cette vie que pour la future, savoir, la terre
et le ciel. Or, dans la supposition que la
terre est ronde, le ciel ne peut être la de-
meure des bienheureux , n'étant pas possi-
ble que la vie bienheureuse puisse s'accor-
der avec la volubilité des cieux autour de la
terre. Ses adversaires répondaient que la
terre et les cieux que nous voyons seraient
détruits à la fin des siècles, et qu'alors Dieu
en formerait de nouveaux. Cosme répliquait
que Jésus-Chrisfavait été introduit dans ces
cienx : ce qu'il prouvait par un grand nom-
bre de témoignages de l'Écriture et des Pè-
res; et que c'était là aussi que l'on devait
inti'oduire les bienheureux. En disant que
le monde est d'une figure plate , et que la
superficie de la terre est carrée et oblongue,
il dit en même temps que sa longueur de
l'Orient à l'Occident est le double de sa lar-
geur, qu'il prend du septentrion au midi. Il
avait appris cette doctrine d'un vieillard nom-
mé Patrice.
' Cum ipsorum [Romanorum] numismate, om-
nes gentes comniercium exercent, et in quovis
— COSÎME D'i:r,YPTR.
187
5. Toutes les preuves qu'il apporte pour ccqu'.i,.
l'établir se réduisent h celles que nous ve- w.T.r'i;;
nous (h; ihuiuer. 11 no s'agit donc ])his que iTcom'iy"
de rapporter ce qu'il y a d'intéressant dans
son ouvrage. Il le commence par l'invocation
du nom de Dieu le Père, le Fils cl le Saint- l^^ '' ""''
Esprit, reconnaissant que la Divinité adora-
ble et consubstantiello, est une en trois liypos- ,
tases ou personnes. Il enseigne qu'avant le uh. ii,p.ç.
déluge l'usage de la chair était interdit; et ""
que si on lit dans l'Ecriture qu'Abel gardait
les troupeaux, ce n'était que pour en avoir le
lait et la laine, et pour offrir à Dieu des sa-
crifices en holocauste de ce qu'il y avait de
mieux dans ses troupeaux. « Mais pourquoi,
s'objecte-t-il, Abcl choisissait-il les brebis les
plus grasses, s'il ne devait pas en manger? » A
cela il répond que devant être brûlées en-
tièrement suivant la nature de ce genre de
sacrifice, les plus grasses convenaient beau-
coup mieux. Étant à Adules, ville maritime i'j;. uo.
d'Egypte, vers l'an 322, il vit à l'entrée de
la ville une chaire de marbre blanc précieux
et travaillée avec beaucoup d'art, sur la-
quelle il y avait une inscription en lettres grec-
ques, qui renfermait l'histoire du règne de
Ptolémée fils, d'un autre roi du même nom
et delà reine Arsinoé. Elesban, alors roi des
Axumites, curieux d'avoir cette inscription,
donna oi-dre au préfet de la ville d'Adulés
de la lui transcrire. Celui-ci en chargea Cos-
me avec un autre négociant nommé Mennas,
qui depuis se fit moine à Raïthu, et qui était
mort lorsque Cosme écrivait son livre. Cosme ,
après avoir transcrit l'inscription, en donna
une copie au préfet, et en garda ime pour lui.
On lisait à la fin de cette inscription que Ptolé-
mée avait dédié cette chaire à Mars, la vingt-
septième année de son règne. Cosme croit
■que ce prince était du nombre de ceux qui ré-
gnèrent après Alexandre le Macédonien. 11 i.t.
parle, de l'Empire romain, comme du plus
considérable qui ait été dans le monde ; mais
ce qu'il relève le plus enlui, c'est qu'il est le
premier qui ait embrassé la foi de Jésus-Christ.
Cette foi fut ensuite portée dans la Perse par
l'apôtre Thadée, comme on le voit dans la
première Epitre de saint Pierre, où il est
dit: l'Eglise qui est dans Babylone, vous sa- iPoir. r,
lue. Une autre prérogative de l'Empire ro-
main, et qui marquait bien sa puissance,
était que toutes les nations ' recevaient ses
loco ah extremis terrœ usque ad oppositos fines,
iliud admittitur : mirantibiis talem monetam
188
HISTOIRE GENERALE DES
monnaies, et qu'elles s'en servaient dans le
commerce, n'y en ayant point d'aussi lielles
p«;. 150. dans tous les autres royaumes. Cosme croit
que les antres sont employés h divei-s offices
corporels; que les uns meuvent l'aii', les au-
tres le soleil, quelques-uns la lune et les as-
tres, et qu'il y en a aussi qui préparent les
nuées et les pluies; qu'Adam, ayant mangé
du fruit défendu le sixième jour de la se-
maine, vers midi, c'est pour cela que le Sau-
veur est mort le même jour et à la même
,53_ heure, pour nous racheter ; que l'on doit
confesser qu'il est Dieu parfait, et homme
parfait ; qu'il y a des archanges administra-
teurs députés à la garde de chaque nation et
de chaque royaume, et que chaque ' homme
a un ange gardien : ce qu'il prouve par cet
Aci. t:i, 1-. endroit des Actes où les apcMres, en parlant
de saint Pierre qu'ils croyaient dans la pri-
son, dirent, en l'entend.inl frapper h la porte :
C'est son ange; et par cet autre de saint Mat-
^juiik. mil, thieu : Les ayiges de ces enfants voient sans cesse
la face de mon Père qui est dans le ciel.
lit. nt, 6. Il croit encore que les anges ont été
créés en même temps que le ciol et la terre ;
que Moïse a écrit par l'inspiration du Saint-
Esprit; qu'il est le premier écrivain du mon-
de; qu'avant lui on n'avait pas l'usage des
lettres; que c'est Dieu qui les lui a apprises
sur la montagne de Sinaï. En quoi Cosme se
trompe évidemment, puisqu'avant que Dieu
donnât la loi à Moïse sur la montagne de Si-
naï, il lui avait ordonné de mettre par écrit
la victoire remportée sur les Amaléciies, ainsi
qu'on le lit dans le dixseptiôme chapitre de
l'Exode. Il rapporte sur la foi d'autrui, que
les Perses célébraient encore chaque année
la solennité de Mithra ou du soleil qu'ils ado-
raient comme un dieu, en mémoire de ce
176. qui était.arrivé sous le règne d'Ézéchias, à
qui Dieu donna pour signe de sa convalescen-
175. ce la rétrogradation du soleil. En pailant de
l'état du christianisme dans toutes les parties
P-g.i-i.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
du monde, il dit qu'il y avait une infinité
d'églises dans la Perse, des évoques, un grand
nombre de chrétiens, plusieurs martyrs et
des moines. Il assure que l'on voyait encore JJk- v, i*-.
de sou temps les vestiges des roues des cha-
riots de Pharaon, depuis Asserloin jusqu'aux
bords de la mer Rouge où son armée fut
noyée; que pendant que les Israélites furent
dans le désert. Dieu se servit du repos qu'ils
y avaient pour leur faire apprendre les let-
tres, qu'il avait lui-même enseignées à Moïse;
qu'étant sur les lieux il asait vu aux endi'oits
des stations ou demeures différentes des Hé-
breux dans ce désert, de grosses pierres des-
cendues des montagnes, sur lesquelles on
voyait écrit en lettres hébraïques : Départ d'un
tel endroit par une telle tribu, en tel mois,
telle année ; que les voyageurs de son temps
avaient coutume de faire de semblables re-
marques dans les hôtelleries par où ils pas-
saient ; que les lieux où les Israélites avaient
passé étaient remplis d'inscriptions que l'on
voyait encore; qu'ils avaient commimiqué l'u-
sage des lettres aux Phénicieus leurs voisins, Ptg. f^nx,
dans le temps que Cadnius régnait à Tyr;
que ce prince avait communiqué cet usage aux
Grecs, d'où il est passé à toutes les nations.
Il remarque ' que personne n'est baptisé sans *'••
faire auparavant profession de croire en la
Sainte-Trinité, et à la résurrection de la chair;
et que sans le baptême aucun n'est admis au
nombre des fidèles et des chrétiens ; que Dieu
n'a fait sa demeure dans les prophètes, qu'en
partie et qu'à certains égards ; mais qu'il est
tout entier, pleinement et universellement ^"
dans Jésus-Christ, qui est né de Sem, fils de
Xoé, selon la chair. Il enseigne que David
est ' l'auteur des cent cinquante psaumes;
qu'il les a composés par l'inspiration du Saint-
Esprit; qu'ils sont en vers, et propres pour
être chantés eu musique et,au son des ius- '"•
trumenis. D'après Cosme ^ Moïse est auteur du
Pentaleuque; Josué du livre qui porte sou
cunclis hominibus alque regnis : quia in aliis
quihuxcumque regnis similis non coinparel. Cosm.
lib. Il, pag. 148.
' Ohservnndum porro etiam hnminem quewH-
bel angelum comilem el cuslodem haberc. Iliid.,
pag. 157.
' /;i tiita Pcrtiili' regione, ecclesia; infinitw
sunl , episcopi ileni clmsli'viique populi magtio
numéro, martyres multi, monachi. lib. III, pag.
Hit.
' h'emo hcplizalnr, quin prius Sanctam Trini-
tem et nostrœ carnU resurreclionem se credere
confitealur : alms nec cum chrislianis annume-
ratur,nec fidelis esseprœdicatur. Cosiiia;, lib. V,
pag. 208.
' l'osi Moysen excitavit Deus Daridcm, qui U-
hrutn conriiiiuivil cenlum qninqunginta psalmo-
rum a Spiritu Sancio motus, ut mctrice secundum
hehraicœ. linguœ idinmn carmcn ederet, ac citm
melodid et rytiimo, inslruinenlis rnnïs, et canli-
cis, ipsos modularelur. Ibi<i., lib. .\, pag. 22J.
* Pentaleuchum Moyses scripsil... Jtsiis simililer
lihrum suum... .Siz/omm item proprioit libros
descripsit, Proverbia, Cantica, Ecclesiasien, Ibid. ,
pag. 2.J9.
VI'' SlKCLi:.
CIIAI'ITUI': XIV. — CUSxMli iJ'iaiYl'TI';,
Llb.VI,|»6.
!>■;. !7i.
LU.. Vil,
nom; Saloinon tlos Piovcrbos, dcsC;inli<jiics
et de rKcelL'siusle ;que saint l'aulc'crivit ' eu
héliiou ri'4iilic ([ii'il adressa unx llcbrenx,
et ((u'ollc l'nt traduite en f^rec, on |)ar saint
Luc on par saint Clément ; qne saint Matthieu
composa aussi son lOvangilc eu Iiébieu; qne
l'on donnait aux nouveaux baptisés le corps
et le sang de Jésus-Christ; que quoicpie les
Juilslisent Moise et les prophètes, ils ne com-
prennent pas ce qui a été pi-édit du premier
avènement du Sauveur; que les hérétiques
qui nient que la nature humaine en Jc'îsus-
Cluist soit parfaite, qu'elle ait une àmc rai-
soniuible, ou qui nient qu'il soit Dieu et égal
au Père , sont déchus du salut éternel ,
dont l'espérance réservée à ceux-là seuls qui
croient qu'il n'y a qu'un Dieu en trois liypos-
tases ou personnes, du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, et confessent que la Sainte-Tri-
nité est tonsuljslanticlle, et d'une égale puis-
sance et dignité.
7. Après avoir cité presque tous les livres
canoniques dans le cours de son ouvrage, il
déclare qu'il passe sous silence les Épitres
catholiques, disant que l'Eglise, dès les pre-
miers temps, les mettait au rang des Écri-
tures douteuses. La preuve qu'il en donne
est que ceux qui ont commenté les Livres
saints, n'ont tenu aucun compte de ces Epi-
tres ; que ceux qui ont dressé les canons
des divines Écritures, n'y ont point mis ces
Epîtres, et qu'ils les ont placées parmi les
livres d'une autorité incertaine, savoir; saint
Irénée, Eusèbe de Césarée, saint Athanase,
saint Amphiloquc , et Séverin de Cabale. Il
ajoute que plusieurs disaient qu'elles étaient
non des apôtres, mais de quelques prêtres
particuliers; qu 'Eusèbe de Césarée assurait
que la seconde et la troisième de saint Jean
étaient d'un prêtre de ce nom, dont le tom-
beau se trouvait à Ephèse, de même que ce-
lui de saint Jean l'évangéliste ; que cet his-
torien, de même que saint Irénée, ne recon-
naissait que la première de saint Pierre et la
première de saint Jean , comme étant véri-
tablement des apôtres; que d'autres admet-
taient aussi celle de saint Jaccjues ; mais que
quelques-uns les recevaient toutes; qu'on
n'en trouvait que trois chez les Syriens, sa-
• Hebrœis Paulus, utpote hebrœus , hebraice
scripHt : in Grœcam vero linguain translata ejus
Epistola fuit vrl a Luca, ut fertur, vel a Clé-
mente, ximiliterque Ecangelium secundum Mat-
Iku'Uiii. Ibid., pag. 2o3.
* Sucerdoles precuntes de o/l'crcnlibus pronun-
IH'J
voir : l'Epllre de saint Jacques, la [iremièrc
de saint Pierre et la première de saint Jean.
Il y a dans tout ce discours de Cosme peu
d'exaclilude ; et il se trouq)e manifestemeut,
lorsqu'il dit qu'aucun des anciens n'avait
conmienté ces Epitres. Nous avons vu que
Didyme les avait expliquées tout entières.
Saint Jérôme le dit expressément. Cassio- c.xioii. j»
dore 1 assure aussi, et ajoute que samt Clé- vén.pag. mi.
ment d'Alexandrie avait commenté la pre-
mière de saint Pierre, la première et la se-
conde de saint Jean, et celle de saint Jac-
ques ; que saint Augustin a laissé un com-
mentaire sur celle-ci, et dix sermons sur la
première de saint Jean. Nous n'avons plus
le canon des Écritures que Cosme attribue
à saint Irénée, si toutefois il en a l'ait un. A
l'égard de saint Athanase, il fait un canon
dans sa trente-neuvième Épître festale, et il
y met les sept Epitres catholiques entre les
livres dont l'autorité n'était pas douteuse.
Il est surprenant que Cosme, qui cite plu-
sieurs fragments de ces Épitres festales dans
son dixième livre, n'ait pas fait attention à ce
canon. Quant à ce qu'il dit que ces sept Épi-
tres n'étaient point reçues généralement, il
pouvait dire la même chose de quelques au-
tres livres de l'Écriture qui enliu ont été re-
connus pour canoniques, de même que ces
Épitres, par un consentement unanime de
l'Église, et placés dans le canon. Cosme re-
marque que le prêtre, après avoir prié dans
la célébration des mystères pour les fidè-
les vivants , priait aussi ^ pour les morts ,
en demandant à Dieu de leur accorder le
repos, et de ressusciter leur chair au jour
qu'il avait résolu de le faire, suivant ses pro-
messes qui ne peuvent être fausses.
8. Entre les Pères dont il cite les ouvra- Lit.. x.isg.
ges, pour montrer qu'ils pensaient comme
lui sur la figure du monde , il met Phi-
Ion, évêque de Carpathie, à qui il attribue un
commentaire sur le Cantique des cantiques, et
sur l'ouvrage des six jours de la création.
Philou disait dans le premier, que le Fils de
Dieu' avait pris l'homme par son incai-na-
tion ; mais qu'en échange, il s'était depuis Vnve, lom.
donné ;'i l'homme, en lui donnant sa sainte V'' *'"»'■ -"•
chair à manger à la communion. Il met en-
tiant... pro mortuis vero sic : Animœ hujus. Do-
mine, requiem concède, ressuscitans quoque car-
nem ejus, yua die decrevisti secundum veras tuas
promissiones. Lib. Vil, pag. 299.
' Filius Dei hominem accepit, ac ipsi postea vi-
cissini sanclam carncni suum comedcndam ad
\<M
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Plf. J31.
LIb.Xt,
X14.
Llli. XII,
isf. Ï40.
ccre Théodose , successeur de Timotbce-le-
Jcune, dans le siège d'Alexandrie, et Timo-
thëe lui-môme. Il rapporte trois passages de
trois sermons dill'érents de Thëodose, et six
de six sermons de Tiniothée'. Dans le qua-
trième qui fut prêché daus l'Église de Quirin
à Alexandrie, "Timothée dit de Jésus - Chiist,
que parce qu'il' était Dieu et homme tout en-
semble, il a prouvé l'un et l'autre par ses œu-
vres, en sorte que cela ne pouvait être ignoré
de ceux qui en étaient témoins, a II a donné,
dit-il, des preuves de sa di^^nité en guéris-
sant les lépreux, en rendant la vue aux aveu-
gles, en fortifiant les membres des paralyti-
ques, et en donnant la vie aux morts. C'est
pourquoi il dit avec assurance : Mon Père et
moi sommes une même chose. Il n'a pas voulu
non plus laisser ignorer qu'il était homme,
pour détruire l'erreur de ceux qui croient
qu'il n'a eu qu'un corps fantastique, et qu'il
ne s'est incarné qu'en apparence. Il a prou-
vé qu'il était vraiment homme, en s'assujet-
tissant à toutes les passions que l'infirmité
de la chair entraîne nécessairement avec
elle et qui ne sont nullement des suites du
péché : comme la faim, la soif, la fatigue, le
sommeil. »
9. Cosme emploie son onzième livre à fai-
re la description des animaux les plus rares
qu'il avait vus dans les Indes et dans l'Kthio-
pie. Il y parle aussi des poissons de mer,
entre autres du dauphin et de la tortue,
dont il dit avoir mangé ; et de quelques ar-
brisseaux qui portent des graines odoriféran-
tes, comme du poivre et du girolle. Dans le
douzième livre, il rapporte les noms des an-
ciens écrivains profanes qui ont cité quel-
que chose des livies de Moïse et des Pro-
phètes. «Ceux, dit-il, qiii ont écrit l'histoire
des Chaldéens, ont parlé de la tour que les
descendants de Noé construisirent avant de
se disperser dans toutes les parties du mon-
de. Ils pouvaient, continue-t-il, parler avec
certitude de cette tour, puisqu'il leur était
facile de la voir de leurs yeux et d'en consi-
dérer toute la structure. » C'est aussi dans
les Livres saints que les mêmes écrivains
Chaldéens, les Mèdes et lesPei-ses ont puisé
ce qu'ils savaient des événements arrivés sous
le règne d'Ézéchias, du temps de Jouas et de
la captivité de Babylone. » En parlant de la
version faite par les Septante, il dit que Pto-
léméePhiladelpbe, informé parTryphonPha-
lérus de ce que contenaient les livres des
Juifs, conçut le dessein de les faire traduire,
et qu'i cet eflet, il envoya demander des inter-
prètes au grand prêtre Éléazar ; mais Cosme
met ici Tryphon au lieu de Démétrius, com-
me lisent Aristhée, Philon, Joseph et plu-
sieurs autres. On ne peut pas dire qu'il se
soit trompé par la ressemblance des noms,
puisqu'il n'y eu a aucune entre Démétrius
et Tryphon. C'est donc de sa part une faute
de mémoire, si ce n'est qu'il ait eu un exem-
plaire défectueux de cette histoire.
10. Il ne faut pas omettre ce qu'il dit sur
le vingt-neuvième chapitre du Deutéronome,
où nous lisons que, pendant les quarante
années que les Israélites furent dans le dé-
sert, leurs vêtements et leurs souliers ne s'u-
sèrent point. Cosme soutient que cela ne doit
point se prendre à la lettre, comme le veu-
lent les interprètes, surtout les Juifs; mais
que Moïse ne veut dire autre chose en cet
endroit, sinon que rien ne manqua aux Israé-
lites dans le désert , parce que des mar-
chands venus d'ailleurs leur fournissaient
les choses nécessaires. « Comment, en eflet,
ajoute-t-il, les enfants nés dans le désert
auraient-ils pu se vêtir et se chausser? Il n'y
avait aucune proportion entre leurs corps et
ceux de leurs parents, et dès lors les vête-
ments et les souliers de ceux-ci devenaient
inutiles à leurs enfants. Comment aussi au-
raient-ils pu faire chaque jour de nouveaux
pains de propositions , si des marchands
étrangers ne leur avaient amené des blés?»
Mais quoique le raisonnement de Cosme ail
Pu- x'.
Llb. V, l^t.
communionem iribuit. Philo Carpalli : Comment.
tîi Canlic. apud Cosuiaui ludkoplasl., lib. X, pag.
329.
> Le tome III du Spicilegium romanum, pag.
"09-" 12, conlienl uu fragment d'une homélie sur
CCS panilcs: Jésus autem [aligaUts est itinere et
sedit. Ce frafimcnt complète celui que Cosme avait
piihlié. (L'Mteur.)
» (,)uia una Deus el homo ipse est, utrumque
simul ex operibus compruhalur, ita ut spectalo-
rihus non latere possU. Aiim quod natura Deus
sil ex operibus el signis ostendilttr, dum leprosos
mundat, ccecos illuminât, paralilicos roboral,
mortuis vitavi elargilur: quodque maximum est,
diserte et cum /iducia dicit : Ego el l'alor unuui
suinus. (Juod autem etiam homo sit, neque id
iti m latere rult el ignorari, ut eos inde prœver-
lerel et frangeret qui eum pkantastice advcnisse
putant; dum clare et aperle passionibus se sub-
dit: at quibus passionibus f lis scilicet quwprop-
ter infirmitatem, 4ion propler peccatum, carni
familiares sunt; esuriem dico, sitim, somuum,
defatigationem. Timoth, Aloxaudr. apud Cosmam,
lib. X, pag. sa.
11, w.
[Vl* SIÈCLE.]
quelque vraisemblance, il faut s'on lonir au
scnlimcnt conmiun, qui veut que ce soil par
lui niiraclo que les viHcuinuls et K's souliers
des Ildbreux ne se soicut pas déchirés pen-
dant les quarante années qu'ils passèrent
dans le désert. Il place le paradis terres-
tre dans une terre qu'il siqipose être au
delà de l'Océan. 11 croit que le père de
li'! r^t. '"°' s'^'n' Jean-Baptiste était grand- prêtre. Il re-
marque qu';\ Jérusalem on célébrait la nais-
sance du Sauveur le jour de l'Epiphanie,
c'est-;\-direle6 de janvier; mais que l'Éjilise
dès les premiers temps , craignant qu'en cé-
lébrant ces deu.'C solennités en un même
jour, l'une ou l'autre ne tombât dans l'ou-
bli, ordonna qu'à l'avenir l'on mettrait douze
jours d'intervalle entre la fête de Noël et celle
de l'Epiphanie.
II. Avant de travailler à la Topographie
chrétienne, Cosme avait fait nn traité' de
cosmographie générale, où il faisait la des-
cription de toutes les terres, tant en deçà
qu'au delà de l'Océan. Ce qu'il pouvait y
avoir d'intéressant dans cet ouvrage, étaitce
qu'il y rapportait des provinces de l'Ethiopie,
de l'Arabie et de l'Inde, sur lesquelles ni Stra-
bon, ni Ptoléméc, ni aucun des anciens ne
pouvaient nous donner tant de lumières que
lui, qui avait vu tous ces lieux par lui-même,
et qui en avait examiné avec soin la situa-
tion, les coutumes, et ce qu'il y avait de rare
en plantes et en animaux. Ce traité n'est pas
venu jusqu'à nous : Cosme l'avait dédié à un
de ses amis nommé Constantin. Nous avons
perdu aussi ses Tables astronomiques ^ qu'il
avait envoyées au diacre Homologus. 11 mar-
quait dans ces Tables le cours des astres re-
lativement au système qu'il avait adopté.
Théophile lui avait ' demandé un commen-
taire sur le Cantique des cantiques. Il dit lui-
CHAPITIIE XV. — COSiMIC D'I^CYI'TI'].
r.ii
LiTrci d«
Cwma qui
It ytrdus.
ïnèiiie([iril l'avait achevé avant qu'il eût com-
iiuMiié son liuitième livre de In Tnjmijraphie
chrétienne : ce commentaire est perdu. Quel-
ques-uns croient apercevoir dans ce qu'il dit
de riïvangile de saint Luc au cinquième livre
de sa Topogi-aphie , qu'il avait comn}cnlé cet
Evangile. Nous n'y avons rien trouvé qui
puisse appuyer cette conjecture. Mais il pa-
rait d'ailleurs qu'il avait expliqué cet Évan-
gile, puisqu'au rapport de Cave l'on voit en-
core la Préface qu'il avait mise à la tête do
ce commentaire. On dit que l'on conserve de
lui dans la Bibliothèque impériale ' une dis-
sertation pour prouver que la figure du mon-
de n'est pas ronde, mais plate ; et dans cel-
les ^ du Vatican et de M. Colbert, un com-
mentaire sur les endroits les plus difficiles
des Psaumes,, avec une préface où il exa-
mine plusieurs choses nécessaires pour l'in-
telligence des Psaumes ; et un autre com-
mentaire sur la paraphrase ' qu'Apollinaire
a faite sur les mêmes Psaumes. Il y a ap-
parence que la Préface sur les Psaumes est
la môme que celle dont parlenf^r'risius et
Possevin, puisqu'il est rare qu'un même au-
teur mette deux préfaces difl'érentes à un
même commentaire. Léon Allatius' donne à
CosmehChronir/ite d'Alexandiie : on ne sait
sur quel fondement, le compilateur de cette
Chronique, ayant écrit sur la fin du règne de
l'empereur Héraclius vers l'an 630,longtemps
après la mort de Cosme.
12. Le style de Cosme est simple et peu
châtié. Il traite les matières sans ordre et sans '^' '^''
méthode. Tout le mérite de son ouvrage pa-
raît consister dans la candeur avec laquelle il
rapporte les choses qu'il avait vues, et dont
la plupart sont très-intéressantes pour l'his-
toire des pays qu'il avait parcourus.
Lit. V, po;.
3»;.
des ouvrages
' Àdeant lectores tomum a nabis elaboratuin
ac Christi amanli Conslantino nuncupatxim ; ubi
universa terra lalius descripla est, tam ea quœ
ultra Oceanum sita est, quam hœc cum omnibus
regionibus. Cosmas, lib. I.pag. 113.
* Quœranlilem tubulain et delineationem uni'
versi et aslrorum molus quam nos confecinuis
ad exemplum organicœ exterorum spliœrœ, at-
quc librum quem ea de re editum a nobis ad re-
ligiosissimum diaconum homologum misimus
evolvant. IbiJ., pag. 114.
' Ego vero quoniam Cantici canticoriim inter-
pretationem, Deo juvante, completitrus eram,
quam cviinnunis ac mirabilis 'amicus noster
Theophilus a nobis expetierat, quemadmodum et
ipse nosli, liactenus comperendinabam. Nunc au-
tem eo absolulo opère, tuam petHionem implere
ordiar. Cosmas, lib. VIII, pag. 300.
* Lambecius, tom. III, Commentarior. in BibliO'
lliecam Cœsar.
6 Ducangf iu Gloss. mediœ et in/imce grœcitatis,
verbû indicopleustes, jjag. 516.
^ Idem, verb. Fone, pag. 1717.
' Léo Allât, De Consensu utriusque Ecclesiœ de
Purgatorio, pag. 9i2. Vide Prœfat. Beruardi
Montfaueoa in Cosmam; Cave verb. Cosuias; et
Oudin, tom. I, pag. 1414.
192
IIISTOmE Gl':Nt:RALE Ui:S AUTEURS ECCLLSIASTIQUES.
CHAPITRE XV.
Silvérins [538] et Vigile [555], papes.
SIMrics
éln fpt eu
SM.
PrcT. . lom.
V Contil.^-t.
"!, et M<r-
celUD.IoLliro*
cir. »d AD.
II ni frfU-
jéd'.Dleili;-*!!-
ee iTe*; it»
(iollit.
LiUtal. il>i<l.
i . Les Romains ayant appris sur la fin de
l'an 5.36, que le pape Ap:apot était mort à
Consfantinople , choisirent pour lui succé-
der Silvérius sous-diacre, fils du pape Hor-
misdas. Anastase parle de Silvérius comme
d'un intrus dans le Saint-Siège. Ayant ga-
gné par argent le roi Théodal, il aurait obli-
gé le clergé de Rome de le choisir, mena-
çant de mort ceux qui lui refuseraient leurs
sutliages. Mais Libérât, auteur du temps, et
ainsi plus digne de foi qu'.\jiâstase qui écri-
vait longtemps après, suppose clairemeut
que l'élection de Silvérius f\it libre et cano-
nique. Du moins est-il certain que le clergé
et le peuple romain le reconnurent pour leur
évêquc t'gitime. Cependant l'impératrice
Théodorîr, ayant fait appeler Vigile, diacre
de l'Église romaine, qui était demeuré à Con-
stantinople depuis la mort du pape Agapet,
arrivée le 22 avril de la même aifliée 536,
lui fit promettre secrètement d'abolir le con-
cile de Chalcédoine, et d'écrire à Théodose
d'Alexandrie, à Anthime et à Sévère, pour
témoigner qu'il approuvait leur foi , s'enga-
geant, à ces conditions, de lui donner sept
cents livres d'or, et un ordre pour Bélisaire
qui le ferait ordonner pape. Vigile donna à
l'Impératrice toutes les assurances qu'elle
souiiaitait. Il partit donc de Constanlinople
avec un ordre adressé a Bélisaire, et avec les
sept cents livres d'orque Théodora lui avait
données. Mais à son arrivée à Rome, il trouva
Silvérius en possession du Saint-Siège. 11 prit
donc le parli d'aller à Ravennes où Uélisaire
était alors avec une puissante armée. Vigile
lui montra l'ordre de l'Impératrice, lui pro-
mettant deux cents livres d'or, s'il voulait le
faire ordonner pape à la place de Silvérius.
2. Bélisaire, après avoir pris Naplcs, s'a-
vança vers Rome, qui se rendit le 10 décem-
bre de l'an 536, principalement à la persua-
sion de Silvérius. Mais l'année suivante 537,
Viliges que les Goths avaient choisi pour
leur roi ù la place de Théodat, en vint faire
le siège. Bélisaire profita de cette occasion
pour faire réussir les desseins de Vigile; et il
en prit deux prétextes, le pieniier fut que
Silvérius était accusé d'intelligence avec les
Goths; et le second, de s'être rendu odieux à
l'impératrice Théodora eu refusant de com-
muniquer avec Antilime, patriarche de Corts-
tantinople. Le premier de ces prétextes était
une calonmie : car il passait pour constant
qu'un avocat nommé Marc, et un soldat de
la garde prétorienne appelé Julien, avaient
composé sous le nom de Silvérius, de faus-
ses lettres adressées au roi des Golhs. Aussi
Bélisaire n'insista que sur le second. 11 fit ve-
nir le Pape au palais, où lui et sa femme
Antonine, confidente de l'Impératrice, s'ef-
forcèrent de lui persuader secrètement d'o-
béir à cette princesse, de renoncer au con-
cile de Chalcédoine et d'approuver par écrit
la doctrine des hérétiques, c'est-à-dire, d'An-
thime et de Sévère. Silvérius n'ayant pas
voulu se rendre à cette proposition, se re-
tira à l'Figlise de Sainle-Marie-Sabine. Béli-
saire le fit inviter une seconde fois à venir
au palais, en lui promettant sûreté avec ser.
ment. 11 y vint ; mais demeura inilexible. On
le manda une troisième fois, et quoiqu'il vit
qu'on voulait le surprendre, il ne laissa pas
de venir, après avoir recommandé ses all'ai-
res à. Dieu. Un le fil entrer seul, et depuis ce
moment les siens ne le virent plus.
3. Le lendemain Bélisaire ayant assemblé
les prêtres, les diacres et tout le clergé de
Rome, leur ordonna de se choisir un autre
pape. Quelques-uns balancèrent sur ce qu'ils
avaient à faire; d'autres résistèrent en fai-
sant sentir que la chose n'était point propo-
sable ; mais l'autorité de Bélisaire l'emporta.
Vigile fut ordonné pape le 22 novembre, el
Silvérius envoyé en exil à Patare, ville de la
province de Lycie. Aussitôt que Vigile eut été
ordonné, Bélisaire le pressa de lui payer ses
deux cents livres d'or, et d'accomplir la pro-
messe qu'il avait faite à l'impératrice Théo-
dora d'approuver par écrit la foi d'.Vnliiime.
Vii;ilc ne voulait point s'y résoudre, tant par
la crainte des Romains, que par avarice. U
arriva cependant que l'évèque de l'alare in-
formé par Silvérius môme des mauvais trai-
tements qu'un lui avait faits, alla trouver
LHierat..
SU. lUd.
CnAPITRE XV. — SILVI^.UIUS ET VIG1T,E, PAPES.
[Vl' SIÈCLE.] •
l'empereur Justinicn, qu'il menaça du juge-
ment de Dieu pour avoir ainsi chassé de son
siège le tlief d'une si grande église, disant'
qu'il y avait plusieurs rois en ce monde, mais
qu'il n'y avait qu'un pape suj- l'iiglise de tout
le monde. L'Empereur, qui ne savait rien
des oïdies que Théodora avait donnés, com-
manda que Silvi'rius fût renvoyé ;\ Rome;
que l'on informât de la vérité des lettres
qu'on l'accusait d'avoir écrites aux Gotlis ,
que s'il étaitcouvaiucu d'en être l'auteui-, il
demeurât évèqne dans quelipi'aiilro ville ; et
que s'il se trouvait qu'on les lui eût suppo-
sées, il fut rétabli dans son siège. Le diacre
Pelage que le pape Agapet avait déclaré
avant de mourir, son apocrisiaire auprès de
l'Empereur, étant gagné par l'Impératrice, fit
tous ses efforts pour empêcher l'exécution
de l'ordre donné par Justinien, et le retour
de Silvérius à Rome. Mais il n'eu vint point
à bout; ce que l'Empereur avait commandé
fut exécuté, et Silvérius fut reconduit en
Italie. Vigile en fut ell'rayé, et craignant au
retour de Silvérius d'être chassé de son siè-
ge, manda ;"i Bèlisaire de lui livrer Silvérius;
qu'autrement il ne pourrait exécuter ses pro-
messes. Ce fut de cette façon que Silv('uius
tomba entre les mains de deux défenseurs et
de quelques autres serviteurs de Vigile, qui le
menèrent dans l'ilede Palmaria, où Ils le lais-
sèrent mourir de faim, le 20 juillet o38, après
avoir tenu le Saint-Siège pendant deux aus.
4. Nous avons deux lettres sous son nom ,
l'une à Vigile qui y est qualifié faux pape, et
l'autre à Amator, évêque d'Autun ^. Mais on
convient qu'elles sont toutes les deux sup-
posées, et de la main de Mercator. Cela pa-
raît non-seulement par la conformité qu'elles
ont avec son style, mais encore parles dates
193
des consuls, dans lesquelles cet imposteur s'est
presque toujours trompé. Celle .'i Vigile est
datée du consulat de Rasile, (pii ne l'exerça
point sous le pontiticat île Silvérius: l'autre
du consulat du Justinien pour la cinquième
fois, et de Bèlisaire qui ne fut pas non plus
consul dans le temps ([ue ce pape occupait
le Saint-Si(''ge. La lettre rt \igile est un re-
proche continuel de son ambition , et de ce
qu'il était parvenu à s'emparer du Saint-
Siège i'i force d'argent. On y fait prononcer
contre lui et contre ses complices une sen-
tence d'anathème et de déposition par Silvé-
rius dans un concile de plusieurs évoques.
La lettre à Amator suppose que Silvérius en
avait reçu une de cet évêque dans le temps
de son exil. Silvérius, dans cette réponse, lui
fait im détail de tout ce que l'on avait fait
pour le dépouiller de son siège, en l'avertis-
sant qu'il avait renouvelé les anciens statuts
qui défendent de recevoir en témoignage,
contre les évéques, des personnes suspectes
ou ennemies. 11 parle dans la même lettre du
concile qu'il avait assemblé contre Vigile; et
il insinue qu'il l'avait assemblé comme il
avait pu dans le lieu même de son exil. Le
diacre Libérât ne dit rien de tout cela, et l'on
n'en trouve rien ailleurs.
5. Après la mort de Silvérius, Vigile, pour
accomplir la promesse qu'il avait faite à l'im-
pératiice Théodora, donna à Antonine, femme vconcii.pat,
de Bèlisaire, une lettre pour Anlhime de Cons-
tantinople, Thèodose d'Alexandrie ^ et Sé-
vère d'Antioche , où il leur déclarait qu'il
tenait et avait toujours tenu la même foi
qu'eux : mais il les priait de tenir la lettre
secrète , de parler de lui au contraire comme
d'un homme qui leur était suspect, afin qu'il
put achever plus sûrement l'ouvrage qu'il
Vlîl.'ojpare
en :13X. Lilo-
rai. iii Bre>.,
cap.xxit.
* SedSilverio venienie Pataram venerabilis epis-
copus civilatis ipsius venil nd Imperutorem, et
judicium Dei contestatiis est de tantœ sedis epis-
copi cxpulsione, multos esse dicens in hoc mundo
reges, et non esse unimi sicut ille vnus papa su-
per Ecclesiam lolius mundi. Liber, in Breviar.,
cap. xxn, tom. V Concil., pag. 773.
* Elles sont reproduites dans le tome LXVI de
la Patrologie latine, col. 79 et suiv. avec une no-
tice sur Silvére, tirée du l'onlifical. (L'éditeur.)
' On a de Théodose d'Ale.xaudrie quelques frag-
ments théologiques rapportés par Mai, Spicileg.
rom., p. 711-721, savoir: l°im fragment de la lettre
écrite à Sévère, patriarche d'Antioche, lors de sa
promotion au patriarchat d'.ile.Kaudrie; 2» uue let-
tre au peuple d'.Vlexandrie pendant son exil ;
3° une lettre sur la Trinité et contre les ariens.
XL
Ces opuscules reproduits au tome LXXXVI de la
Patrologie grecque, col. 277-286, sont remplis des
erreurs des nionophysites; mais on y trouve un beau
passage sur la présence réelle : " Si quelqu'un dit
qu'il y a passion, mort ou corruption dans le corps
et le [irécieux sang du Christ, que nous élevons
sur l'autel lorsque nous en accomplissons la litur-
gie en commémoration de sa mort et de sa pas-
sion, qu'il soit anathème : Si quis dixerit, in sa-
cra corpore pretiosoque sanguine Christi, quœ
svper altare exlolHmus dum ipsorum lilurginm
perficiiuus, mortem ejus ac passionem comine-
morunles, passionem aut mortem aul corruplio-
nem intervenire, anathema sit.» Pairù\.,ibid., cul.
282, dans la lettre au peuple d'Alexandrie. Quel-
ques autres fragments y sont reproduits d'après
Galland, Maï et Cosmas. [L'éditeur.)
13
Iflt
ITTSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECC LEST ASTIQUES.
avait commencé. Lilvrat qui rapporte ce fait,
ajoute que Viirile joignit à cette lettre une
confession de foi dans laquelle il rejetait les
deux nature-; en Jésus-Clirist, et la lettre de
saint Léon, soutenant qu'on ne devait pas
dire deux natures , mais que Jésus-Christ est
composé de deux natures ; et disant ana-
thème à ceux qui ne confessaient pas une
personne, une essence, ou qui distinguaient
celui qui avait fait des miracles d'avec celui
qui avait souffert. Il anatliématisait en par-
ticulier Paul de Samosate, Diodorede Tarse,
Théodore de Mopsueste, et Théodoret , avec
tous les sectateui's de leur doctrine. Ayant
ainsi écrit secrètement aux hérétiques acé-
phales, il demeura en possession du Saint-
ibid. i;j. Siège. Mais il paraît qu'ils ne lui gardèrent
point le secret, puisque sa lettre et sa pro-
fession de foi tombèrent entre les mains de
Libérât qui nous les a conservées. 11 semble
aussi qu'elles vinrent à la connaissance de
l'empereur Justinien.
vigi^'i'" ^f- G. Ce priuce, trouvant mauvais que Vigile
KToii? V ne lui eût point écrit suivant la coutume ,
co_iicii. pig. a„ç;gjt,jt après son élévation au pontilicat, et
n'eut point répondu à la lettre du patriarche
Mennas, où il faisait une déclaration de sa foi,
lui envoya le patrice Dominique avec des
lettres, où après avoir témoigné son atta-
chement à la véritable doctrine, il laissait
entrevoir quelque méliance sur la foi de Vi-
gile et sur sa conduite à son égard. Le Pape,
dans sa réponse , fait l'éloge de la piété de
l'Empereur, et de son attachement à la foi éta-
blie dans les conciles do Nicée , de Constan-
tinople, d'Ephèse et deChalcédoiue. Ensuite
il déclare lui-môme qu'il n'en avait point
d'autre ' que celle que les évéques de ces
quatre conciles ont professée, et que saint
Léon et ses autres prédécesseurs ont autori-
s''C par leurs lettres et par leurs décrets ;
qu'en conséquence il analhiJmatise tous ceux
qui tiennent une doctrine contraire, nommé-
ment Sévère l'eutychéen, Pierre d'Apamée,
Anthime intrus dans l'Église de Constanli-
nople, Zoara, Théodose d'Alexandrie, Cons-
lanlin de Laoïlicée et les autres défenseurs do
l'hérésie d'Eutychcs; en promettant toutefois
d'accorder la pénitence et la communion à
ceux d'entr'eux, qui, se repentant de leurs
égarements, embrasseront la foi établie tant
dans ces conciles que dans les lettres des évo-
ques du Siège apostolique. Il ajoute que tous
ces hérétiques ayant été déjà suffisamment
condamnés, il avait cru pouvoir se dispenser
de répondre à la déclaration que Mennas lui
en avait donnée dans sa lettre. Après quoi
il supplie l'Empereur ' dene point soulïrir que
les privilèges de la chaire de saint Pierre
soient diminués en quelque chose , par les
artifices des méchants ; et de ne lui envoyer
que des personnes catholiques et irréprocha-
bles dans leur foi et dans leurs monirs. Vi-
gile chargea le patrice Dominique, porteur de
saletti-e, de quelques commissions secrètes
pour Justinien, et qui, ce semble, regardaient
les moyens de pacifier l'Église.
7. Le Pape chargea aussi le palrice Domi- i«tic*i
nique d une lettre pour le patriarche Mennas, ye.Mi.
où U le félicite de ce qu'en recevant les quatre
conciles généraux, il s'était acquitté de la
promesse qu'il avait faite au jiape .\gapet le
jour de son ordination ; et de ce qu'il avait
reçu de môme les lettres de saint Léon, di-
sant que rien ne pouvait lui faire plus d'hon-
neur que de ne point s'éloigner de la doctrine
des évoques de Rome. Il marque que les
archives de l'Église de Constantinople étaient
remplies des lettres que saint Léon avait
écrites aux évoques de Constantinople, qui,
de leur côté, en avaient écrit aux papes. En-
suite il confirme l'anathème que Mennas
avait prononcé contre Sévère d'Antioche, et
Pierre d'Apamée, contre .\iitliimeet les autres
schismatiqnes, en oO'iant néanmoins la pé-
nitence et la communion à ceux qui pren-
draient le parti de se réunir, parce que '
Notre Sauveur n'est pas venu pour perdre
quelqu'un, mais pour sauver tous les hom-
mes par sa bonté. Ces deux lettres, qui sont
datées du quinzième des calendes d'octobre
sous le consulat de Justinien, c'est-à-dire du
' lîœc ergo quœ de fi/le n palribus sanctonim
quatuor sijnoiiorum et n designalis hcatœ rccor-
dalionis papa: Leonis F,|ii.'lolis, alque a supra
tcriptoruin noxlrorum prwdrces.<nrum coiislilulis
sunl veneruhililer defmita, per nmnin nos se-
quenles. analheninlisamus ros quicinnque de l'idri
ejus exposilioiie lel recliludine, aul dispulnre,
perverse, aut infideliter dubitare tenlaveriiU. Yi-
e\].,i:pist. i, pas. 316.
» Suppliciler preramur ut nulliiis subrepentis
insidiis priiitegin Sedis heati Peiri aposloli chris-
tianissimis trmpnrihus veslris in aliquo permit-
talis imininui. lliid., ii.nfr. 317.
' Quia Ri'Ueniplor noster non venil aliquem
p rdcre, sed omnes pro sua pietate salvare.
Eiiisl. 5, pag. 319.
CHAPITRE XV. — SlLVKmUS ET VICILK, PAI'IÎS.
Lotir» li
ProfuluruM,
.Uia|:ti«.ILId.
I»!!. Jll.
B«luiO| (ûiiit
Couclt, i&g.
[Vl* SIÈCLE.]
m septembre Sifl, étaient souscrites do la
main du pape Vigile , cl iU\ cclit! du i)alrice
Douiiiiiifiu^.
8. (Judiiiuc N'i^ilc ue diil pas (Mii' icf^a i'd('!
cominepapc l(''t;iliMU" (MMuiaul la vie doSilv(5-
rius, ou uc laiss;iit pas copcndaut de le con-
sulter de divers endroits. Nous avons encore
sa n'ponse il Profiiturus, évôfjnc de Uraj^ue
en Lusilanie, dal('e de Home le tr(jisiènic
des calcTulos do juillet, sous le consulat de
Jean , c'est-ù-dire le 29 juin de l'année 53G ,
vingt-et-un jours avant la mort de Silvé-
rius. Les collections ordinaires des conciles
lisent Eutlicrins, an lieu de Prolulurus. Mais
M. Baluze montre, par le témoignage de
plusieurs anciens manuscrits, et des Actes
du concile de Drague, cpi'il faut lire Profu-
turus, qui fut en cU'et évèrjue de Brague.
Celte lettre est divisée en plusieurs articles,
qui forment autant de décrets. ])ans le pre-
mier. Vigile condamne ceux qui,i\ l'imitation
des pi'iscillianistes, s'abstenaient de l'usage de
la viande, comme défendue et mauvaise par
elle-même, quoiqu'ils alTectassent de s'en
abstenir sons prétexte de dévotion, et les
compare aux manichéens. Il montre par l'au-
torité de l'Écrilure que rien de tout ce que
Dieu a donné à l'homme pour sa nourriture,
n'est mauvais, quand on le prend avec ac-
tions de grâces; et il ajoute que comme on
ne doit point blâmer une abstinence qui est
agréable à Dieu, on doit condamner celle
qui a pour motif l'exécration des créatures
du Seigneur. Il ordonne dans le second, que
le baptême solennel s'administrera suivant
les règlements du Siège apostolique ; que
l'on se conformera à l'usage de timles les
églises catholiques, qui, à la fin de chaque
psaume, rendent gloire au Père et au Fils et
au Saint-Esprit, en mettant la conjonction et
entre chaque personne : c'est que quelques-
uns n'en mettaient point entre le Fils et le
Saint-Esprit, comme si ce ne fût qu'une seule
personne. Le Pape réfute cette erreur par la
formule du baptême, où, suivant le précepte
de Jésus-Christ, nous invoquons séparément
le Père et le Fils et le Saint-Esprit, en met-
tant la conjonction et entre chaque personne.
Le troisième article regarde ceux qui, ayant
été baptisés dans l'Eglise, avaient reçu un
second baptême de la main des ariens, et
depuis demandaient de levenir à' l'Église
catholique. Pour instruire Profuturns de ce
qu'il devait faire en ces occasions, il lui en-
voie les règlements ecclésiastiques tii-és des
1!
archives de l'Eglise de Rome, par lesqiu-ls il
pouirait apprendre ce qui avait été décidé
sur celle matière, poui' cliariun ordre et pour
les dill'crents âges. Il l'avertit iK'-autuoins
qu'il lui sera libre de diminiKM' leur pé'ui-
tence â proportion de leur ferveur, en lui
faisant remarquer qu'il ne devait pas les re-
cevoir ])ai' l'iinposilion des mains, doni on
se sert pour faire descendre le Saint-Es[)rit,
mais par celle (juc l'on emploie pour récon-
cilier les pénitents et les rétablir dans la
sainte communion. Il marque dans le qua-
trième, que la consécration d'uiu! nouvelle
église se faisait par l'aspersion tie l'eau bé-
nite ou exorcisée ; et que lorsqu'une église
était rebâtie sur les anciens fondements, il
n'était pas besoin de la consacrer de nou-
veau; qu'il sullisait d'y célébrer la sainte
messe. Dans le cinquième, il désigne le on-
zième des calendes de mai pour le jour de
la Pâque suivante, et dit que l'ordre des
prièi'cs do la messe est toujours le même,
excepté quelques petites additions que l'on
faisait aux join-s solennels, pour en faire une
mémoire particulière; c'est-â-dire que l'on
ne changeait rien au canon de la messe, si
ce n'est qu'après le Communicantes on faisait
mémoire delà fête du jour et des saints que
l'on y célébrait. Il ajoute qu'il envoyait des
reliques à Profuturus, sans marquer de quel
saint elles étaient. 11 défend dans le sixième,
sous peine d'être chassé de l'Église de Dieu,
de baptiser en une seule personne de la
Trinité , ou en deux , ou en trois Pères, ou
en trois Fils, ou en trois Saints-Esprits, vou-
lant que, selon l'ordre de Jésus-Christ, le bap-
tême fut conféré au nom du Père et du Fils
et du Saint-Esprit. Le septième porte qu'il
n'est pas douteux que l'Eglise romaine ne
soit le fondement, la forme et le principe des
autres églises, qui, ainsi que tous les fidèles
le savent, ont tiré d'elle leur origine : parce
qu'encore que tous les apôtres aient été choi-
sis de la même manière , la prééminence a
néanmoins été accordée à saint Pioire sur
tous, ce qui l'a fait nommer Céphas, comme
étant le chef et le prince de tous les apôtres;
et qu'il est nécessaire que ce qui a précédé
dans le chef, suive dans les membres ; qu'ain-
si l'Eglise romaine a la primauté entre tou-
tes les églises ; qu'on doit lui communiquer
les causes qui regardent la personne des
cvcques, et les affaiies importantes de l'É-
glise ; et que les ap[)cllatiiuis de ces mêmes ■
causes doivent lui être réservées. Ce dernier
196
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
article qui regarde la primauté do l'Eglise
romaine ne se trouve point dans plusieurs
anciens manuscrits, non plus que l'arlicle
précédent où il est parlé de la forme du bap-
tême. Ils finissent la lettre au cinquième
article , à la fin duquel Vigile fait à l'ro-
futurus un compliment semblable à celui par
lequel se linisseni ordinairement les lettres.
Mais ces deux articles se lisent dans la Col-
lection qui porte le nom d'Isidore, et dans
celle des conciles du Père Lalibi; : on ne les
BiiD», M lit point dans l'édition de M. Baluze.
i.«ire t 9. Ce fut aussi avant la mort de Silvérius
Minl uéïa.ra
vcoMiiHï'. *ï^'^ ^^ ™' Théodebert écrivit à Vigile pour
"*• le consulter sur lu pénitence que l'on devait
imposer à celui qui avait épousé la femme
de son frère. Modéric, ambassadeur du joi,
fut porteur de cette lettre, et chargé appa-
remment de la réponse. Nous ne l'avons plus,
mais Vigile écrivit en cette occasion à suint
Césaire, évoque d'Arles, de s'informer de la
qualité du fuit, et de la disposition du péni-
tent, pour instruire ensuite le roi du temps né-
cessaire à une telle pénitence. La raison qu'il
eut de renvoyer cette adaire à saint Césaire,
fut qu'il était à propos de commettre aux
évèques qui étaient sur les lieux, la mesure
de la pénitence et l'ordre que l'on devait y
garder, afin que, eu égard à la disposition
du pénitent, ils pussent aussi accorder l'in-
dulgence. Vigile chargea saint Césaire de
prier Théodebert d'empêcher de semblables
désordres à l'avenir, et celui et celle qui s'é-
taient ainsi mariés, de continuer d'habiter
ensemble. La lettre est du 3 mars, sous le
consulat de Jean, c'est-à-dire de o38.
Ai...Jio"'iM *0- ^^ suivante est datée du 15 des calen-
ptg. 321. des de novembre , après le consulat de Ba-
sile, c'esl-cà-dire du 18 octobre 5-43, environ
quatre ans depuis la mort de Silvérius. Elle
est adressée à Auxanius, successem* de saint
Césaire dans la chaire d'Arles. Cet évêque',
aussitôt api'ès son ordination, avait envoyé
à Home le prêtre Jean et le diacre Térède
pour en donner avis au pape Vigile , à qui il
demandait en même -temps le pallium. Le
Pape, quoique disposé à lui accorder volon-
tiers sa demande, voulut auparavant avoir le
consentement de l'Empereur, pour lui mar-
quer le respect qu'il croyait dii à sa foi et à
sa piété. Il fait dans cette lettre l'éloge de
saint Césaire, invite Auxanius à l'imiter dans
ses vertus et dans sou attachement aux dé-
crets du Saiul-Siége. Dix-huit mois après,
ayant reçu les ordres du roi Childebert, et
obtenu le consentement de l'Empereur par
l'entremise de Bélisaire, le Pape écrivit
une seconde lettre à Auxanius, datée du
11 des calendes de juin, la quatrième année
après le consulat de Basile, c'est-à-dire le
22 mai oio, par laquelle il le faisait son vi-
caire dans les Gaules, avec toutes les préro-
gatives attachées à cette qualité ; l'une
lui donnait pouvoir d'examiner et terminer
les causes des évèques du royaume, en se
faisant assister d'autres évi^ques en nombre
suflisanl, à condition toutefois de renvoyer au
Saint-Siège les questions de foi et les causes
majeures, après les avoir instruites sur les
lieux ; et l'autre obligeait les évèques à pren-
dre de lui une lettre formée lorsqu'ils vou-
laient sortir du pays. Vigile lui recommande
de prier pour l'empereur Jnstinien , l'impé-
ratrice Tliéodora et le patrice Bélisaire ; et
d'employer tous les moyens qui conviennent
à un évoque pour entretenir la paix entre
l'Empereur et le roi Childebert. Il lui accorde
l'usage du pallium, comme il avait été ac-
cordé par le pape Symmaque à son prédé-
cesseur, en le chargeant de faire part de sa
lettre à tous les évèques. Par une autre let-
tre du môme jour, le Pape donna commission
à Auxanius de juger l'atl'aire de Prétextât,
en prenant avec lui un nombre compétent
d'évêques. Vigile écrivit en même temps aux
évèques du royaume de Childebert , et à
ceux qui avaient coutume d'être ordonnés
par l'évêqne d'Arles, pour les exhorter à re-
counaitre .\uxanius en qualité de son vicai-
re, à lui obéir et à prendre de lui des lettres
formées quand ils seraient obligés de faire
des voyatres un peu longs. Il déclare sus-
pens de la communion de leurs frères les
évèques qui refuseront d'obéir à celui d'.\r-
les, et de se trouver aux conciles qu'il aura
indiqués, voulant qu'en cas d'inlirmité ou
de quelque autre empêchement légitime ils
envoient de leur part un prêtre ou un diacre.
H. Auxanius n'ayant occupé que très-peii
de temps le siège épiscopal d'.Arles, on élut Jam^'îI
pour lui succéder Aurélien, à qui le pape Vi- "*'
gile accorda le même pouvoir qu'à son pré-
di'cesseur, et aux mêmes conditions, sur le
témoignage avantageux du roi Childebert,
et du consentement de l'empereur Jnstinien:
c'est ce que l'on voit par les lettres qu'il lui en
éciivit et aux évèques des Gaules, en date du
dixième des calendesdeseptembre,la cinquiè-
me année après le consulnt de Basile, c'est-à-
dire le 23 aoùl de l'an 5-iG.
LfltrcS /
rtlltn
CHAPITRE XVI. — AHATOll, POÈTE CimÉTIEN.
[VI* SIÈCLE.]
12. Le pape Vigile écrivit beaucoup d'au-
tres Icltros, et quelques trailt's qui out rap-
port h l'Iiisldire du cluquièuie cducilo géné-
ral, et qui en font méiue partie; ainsi nous
remettons h en parler en cet endroit. Quoi-
qu'il eût proposé la tenue de ce concile pour
terminer les difliculh's i[u'il y avait enlrelcs
évèqucs au sujet des Trais-C/nipili-cs, et qu'il
se trouvât alors à Constantinople , il refusa
d'assister à ce concile en personne; mais il
197
lie laissa pas de se conformer c^ ce qui y fut
di'cidé touchant la condaumalioa di-s Tniis-
Cluipitixs. Après quoi il partit d(! Constanti-
nople pour l'evcnir h. llotuo, et mourut de la
pierre k Syracuse, en Sicile, le 10 de jan-
vier S33, ayant tenu le Saint-Siège pen-
dant seize ans et demi , ;'i compter depuis
la mort de Silvérius. [ Les lettres et décrets
de Vigile se trouvent au tome LXIX de la Pa-
trolûfjle latine, col. 9 et suiv.]
CHAPITRE XVI.
Arator, poète chrétien-
[Écrivain latin, 551.)
Idld,
1. Pendant que Vigile était à Rome, le 6
avril 344, Arator lui présenta dans le sanc-
tuaire de l'Eglise du Vatican, son poème
des Actes des apôtres, composé en vers hexa-
mètres et divisé en deux livres. 11 se trouvait
là ime grande partie du clergé de Rome :
c'est pourquoi le Pape en fd lire sur-le-champ
plusieurs endroits , puis donna le poëme à
Surgentius, primicier des notaires, pour le
mettre dans les archives de l'Église. Mais
tout ce qu'il y avait à Rome de gens de let-
tres ayant prié Vigile de le faire réciter pu-
bliquement , il en ordonna la lecture dans
l'Eglise deSaint-Pierre-aux-Liens, où se ren-
dirent plusieurs ecclésiastiques et laïques,
tant de la noblesse que du peuple. Aratoi' ré-
cita lui-même les vers, à l'imitation des an-
ciens poètes, qui avaient contume de réciter
publiquement leurs vers. Il le fit en 4 jours
dill'érents, parce que les auditeurs y prenaient
tant de plaisir, qu'ils l'engageaient souvent
à répéter les mêmes endroits ; en sorte qu'il
ne put chaque jour lire que la moitié d'un
livre. Il avait été comte des domesliques, ou
capitaine des gardes, et comte des choses pri-
vées, c'est-à-dire intendant des domaines
de l'Empereur ; mais ayant renoncé au mon-
de, il avait embrassé l'élat ecclésiastique, et
il était alors sous-diacre de l'Église romaine.
C'est ce qu' Arator lui-même témoigne dans
une des deux épîtres dédicatoires en vers
élégiaques, adressées au pape Vigile. Il y re-
connaît aussi qu'il l'avait eu pour maiti'e
dans l'étude des dogmes de l'Église. L'autre
épitre dédicatoire est à Florien, abbé de Ro-
man-Moutier, dans laquelle, faisant allusion
à son nom, il dit qu'il avait ileuri dès sa jeu-
nesse en donnant aux vieillards des précep-
tes pour les conduire dans la voie du ciel.
Fortunat parle de l'ouvrage d'Arator dans la
Vie de saint Martin, et il en est aussi parlé
dans le livre des Ecrivains ecclésiastiques de
Sigebert de Gemblours.
2. Arator, après avoir publié son poëme
à Rome, l'envoya dans les Gaules à un de ses
amis, nommé Parthénius, afin qu'il le rendit
aussi public. Nous avons la letlre qu'il lui
écrivit sur ce sujet : elle est en vers élégia-
ques. Parthénius est qualifié dans l'inscrip-
tion, maître des Offices et patrice. Le Père
Sirmond l'a fait imprimer le premier sur un
manuscrit de la Bibliothèque de Reims, à la
suite des œuvres d'Ennode de Pavie, d'où
elle est passée dans le dixième tome de la
Bibliothèqne des Pèi'es. Le poëme sur les
Actes des apôtres en rend tellement l'his-
toire qu'on ne laisse pas d'y trouver plusieurs
circonstances tirées des autres livres du Nou-
veau Testament. 11 y en a même de l'Ancien,
parce que l'auteur les croyait nécessaires
pour donner plus de suite à son ouvrage. Il
semble dire que saint Pierre et saint Paul '
ne souffrirent pas le martyre le même jour
de la même année, mais en deux années dif-
férentes : opinion qui ne lui est pas parti-
culière, puisqu'on la trouve dans Prudence
' Non eadem, tamen una dies, annique voluto
Tempore sacravit repelilain passio liicem,
Arat., lib. Il, lom, J Bibl. Pat., pag. 141.
Ri(;pbprt. de
Script. Bc''\e^,
cap. xxxvliit
Se!« écrits.
Tom. X BihI.
Pal. [aj. 125,
et tom. Poet.
cliriJl. Basl-
leiC, an. lotir..
198
mSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
et dans quelques autres anciens. Maisie pape
Gélase, dans sondt-cret sur les livres apocry-
phes, rejette ce sentiment, soutenant que ces
deux apôtres ' reçurent la couronne du mar-
tyre à Rome en même temps et le même jour.
Forlunat trouve de l'éloquence ' et de l'airré-
mcnt dans le poème d'Arator: il faut bien
que le clerg:é de Rome et les gens de lettres
de celle ville, devant qui il le récita, en aient
jugé de même, puisqu'ils l'obligèrent de ré-
péter souvent les mêmes endroits, tant ils y
avaient pris de plaisir; mais aujourd'hui que
nous vivons dans un siècle plus épuré, on ne
trouvera pas les vers d'Aratorassez coulants
ni assez élevés. Le roi Théodorlc, qui l'avait
envoyé en députation auprès d'Athalaric, roi
des Gollis, le fil comte des domestiques pour
reconnaître le succès avec lequel il s'était
a(îT[uiffé de son ministère; et dans la lettre
qu'il lui écrivit', il dit qu'en cette occasion
Aralor avait fait usage du torrent de son
éloquence.
[Le? lettres et les deux livres des .\ctes
de s apôtres se trouvent dans la Bibliotlwque
des anciens écn'vaitis , par Galland, tome Xll.
Mais kl meilleure édition est celle d'Arntzen,
avec des prolégomènes et des notes, 176'J,
in-8. Elle est reproduite au tome LXVUl de la
J'atrologie latine, col 45 et suiv.
CHAPITRE XVII.
Pontien, évêquc d'Afriqne [540], et Anrélien, évêqne d'Arles, écrivains latins
[546]; nn anonyme, écrivain grec.
L<tin d«
PoQticn ft
}'f 1, (, A rour
Ju^tiai»n.
Tftiti. V Cou-
r.l. («ï. SU.
1. L'empereur Justinien ayant composé
un ouvrage pour la condamnation des Trois-
Chapitres , c'est-à-dire des écrits de Théodore
de Mopsueste, de ceux de Théodoret et de la
lettre d'ibas à Maris persan, l'adressa en
forme d'édit ou de lettre à toute l'Église,
sous le titre de Confessisn de foi. Les évo-
ques dWfrique le reçurent comme les au-
tres, et trouvèrent que ce prince n'y ensei-
gnait rien de contraire à la foi. Mais Ponlieii,
l'un d'entre eux, ne pouvant se résoudre à
condamner des personnes qui étaient mortes
dans la communion de l'Église et don! il
n'avait pas vu les écrits, fit sur cela une ré-
ponse à l'Empereur où il disait qu'il crai-
gnait beaucoup que sous prétexte de con-
damner Théodore de Mopsueste , Théodoret
et Ibas, l'on ne fit revivre l'hérésie euty-
chéenne: « Si leurs écrits, ajoutait-il, étaient
venus jusqu'à nous, et qu'il s'y trouvât quel-
que chose coutrc la règle de la foi, nous
pourrions en juger, sans condamner princi-
palement ceux qui en sont auteurs, puisqu'ils
sont morts. Il en serait autrement s'ils vi-
vaient : nous les condamnerions avec justi-
ce, si, étant repris de leurs erreurs, ils refu-
saient de s'en corriger et de les condamner.
Mais maintenant à qui ferions-nous signifier
la sentence que nous porterions contre euxî
Que nous servirait-il d'entamer une guerre
avec des morts ? 11 ne peut nous revenir au-
cune victoire du combat que nous leur livre-
rions. D'ailleurs ils sont présentement juges
par le véritable Juge, de la sentence duquel
il n'y a point d'appel. » Pontien supplie donc
TEmperenr de ne jjoint troubler la paix de l'É-
glise, de crainte qu'en cherchant à faire cpn-
damner ceux qui sont déj;\ morts, il ne fasse
mourir plusieurs vivants qui retuseront d'o-
béir à ses ordi-es, et qu'il ne se voie lui-niê-
jne obligé de rendre compte de sa conduite
à cet égard, à celui qui viendi-a un jour ju-
ger les vivants et les morts. [La lettre de
Pontien se trouve au tome LX\1I de la Pa-
trologie latine, col. 995.]
2. Quelque temps après , le bruit se ré-
S.Auiil
' Qui Patihts non diverso, sicttt hœretici gar-
riunt, sed hiw lempnre, uno codtmque die gln-
riosa morte cuw Pelro in urbe Roma cnronutus
est. Ola?. iii Décret.
' Surtis iiposlolicw, qiiœ genta vocanlur, etac-
tus fiicuiiili) eloquio vales sulcavit Aralor. l"or-
tun., lit). I De Vila S. Kartini.
' Sed lit mérita tua excmpli.<i pntius laudabili-
bus (isicramtts, jurât repclere pnmposam legnlin-
nem ijttiim non eommunibus verbis, sed tnrrenli
eloquenlia' fliimine peregisli. Cassiml., lil>. VU!
Variar. episl. li.
[Vl° SIÈCLE.]
CHAPITRE XVII. — PONTIEN, AUHÉL1EN, ETC.
lîCJ
Tj'^tio J'Ar-
Tont. VCnn-
:ll.pag. IGS.i
RCgle do
AiirilleD.
pandil dans Ips Gaulos, (jiin le pajio AiLfilc
avait l'ait, tï l'oLuasioii des 'J'niis-('/iiijii/irs,
quelque chose contre les décrets des papes
ses prëdécesseiirs, et contre les quatre con-
ciles généraux. Saint Aurélien, cvèque d'Ar-
les, lui en écrivit ; et ce pape pour le délioui-
per lui fil réponse do ne point se troubler
ni lui ni les autres évêques des Gaules, des
fausses lettres et des fausses nouvelles qu'ils
pourraient recevoir; et d'être assurés (ju'il
garderait iuviolableniont la foi de ses Pères.
Il ajoutait : « Quand l'Empereur nous aura
cougédiés , nous vous enverrons une per-
sonne qui vous instruira de tout C(> qui s'est
passé : ce que nous n'avons pu faire encore
tant à cause de la rigueur de l'hiver qu'à
cause de l'état où l'Italie est l'éduite. » Il
charge saint Aurélien d'engager le roiChiUle-
Lert à empêcher que les Goths qui étaient en-
trés dans Rome avec leur roi, ne tissent rien
dans cette ville au préjudice de l'Église, sons
prétexte qu'ils étaient d'une autre religion:
« Car, disait-il -, il est digne d'un roi catlioli-
que comme le vôtre, de défendre de tout son
pouvoir la foi et l'Eglise dans laquelle il a été
baptisé.» La lettre du Pape est du 29 avril
550. Il avait reçu celle de saint Aurélien le
14 juillet 5i'J: nous ne l'avons plus.
3. Ce saint avait, ainsi qu'on l'a déjà ditplus
haut, succédé à Auxaniusdans le siège épis-
copal d'Arles en 545. Deux ans après il fonda,
dans la même ville, un monastère pour des
hommes, par les libéralités du roi Cliildebert.
Cette fondation, qui se fit le quinzième des
calendes de décembre , la sixième année
après le consulat de Basile, c'est-à-dire, le
17 novembre 547 , fut confirmée parle pape
Vigile, ainsi qu'on peut le voir par une lettre
de saintGrégoire à Vigile, évè(pie d'Arles. On
mit dans l'église du monastère des reliques
de la vraie croix de Notre -Seigneur Jésus-
Chvisl, de la Sainte Vierge, de saint Jean-
Baptiste, de saint Etienne, de saint Pierre et
de saint Paul, de saint Jean, de saint Jac-
ques, de saint André, de saint Philippe, de
saint Thomas, de saint Barlhélemi, de saint
Matthieu et de quatre autres apôtres, de saint
Genès, de saint Symphorien, de saint Bau-
dil, de saint Victor, de saint Hilaire, de saint
Martin et de saint Césaire. La Règle, que
saint Aurélien donne aux religieux de ce
Cod. rogular
pnj. 01.
Num, H.
1-.
nouveau monastère, est divisée en cincpianlc-
six articles, dont voici les plus remarqua-
bles: Celui qui était reçu dans le monastèi'e Num. s
ne pouvait jilus eu sortir le reste de ses jours,
et la clôture en était si exacte, qu'il n'était
permis à aucun laïque d'entrer dans la mai-
son, ni dans l'église, mais seulement dans le
parloir. A l'égard des femmes, soit religieu-
ses, soit séculières, il était défendu absolu-
ment de leur parler, etdelcur [jcrmeltrel'en-
tréc de l'Église, fussent-elles prochesparcntes
de l'abbé, on des moines. On donnait à tous
ce qui leur était nécessaire pour leur vête-
ment et poin- leur nourriture : ainsi tout ce
que les religieux recevaient de leurs parents,
ou de leurs amis, restait au pouvoir de l'ab-
bé, qui en disposait ou en faveur de Celui à
qtd on l'avait donné, s'il en avait besoin, ou
pour l'usage de la communauté. Lorsqu'on
leur donnait des habits neufs, ils rendaient
les vieux, que l'on faisait servir ou à l'usage
de ceux qui étaient nouvellement reçus, ou
à l'usage des pauvres. Pour éviter le vice
de propriété , les cellules des moines ne fer-
maient point à clef, et ils n'avaient point
d'armoires où ils pussent enfermer quelque
chose. On ne recevait point il'cnfant qui n'eilt
au moins dix ans, ni d'esclave qu'il n'eût été
aflranchi, et qu'il ne fût muni de lettres de
son maître. Ceux qui étaient chargés de
quelque otlice en recevaient les clefs de des-
sus l'autel ou l'Evangile, pour les faire sou-
venir qu'ils devaient rendre compte à Dieu
de leur ministère. Les ornements de l'au-
tel ne devaient point être de soie, ni d'or,
ni chargés de pierres précieuses. Pendant
les leçons de Matines, les religieux s'occu-
paient de quelque travail manuel, comme de
faire des cordes ou des nattes, afin de s'eui-
pécher de dormir. Mais si c'était un jour de
dimanche ou de fête, on ordonnait a celui
qui se trouvait avoir sommeil, de se lever
pendant que les autres étaient assis. Il ne leur
était pas pci-mis de se parler en secret, sur-
tout la nuit, ni de parler à un excommunié,
sinon à celui que l'abbé en aurait chargé.
Si la faute d'un religieux était de nature qu'il
fallût le punir de verges, on ne pouvait lui
en donner plus de trente-neuf coups, sui-
vant la loi de Moïse. Aucun ne pouvait être
élevé au sacerdoce ou au diaconat, sans le
5, 4!>.
3-, 2-,
' Dignum est enim, et catholico sicut est, régi
conveniens, ut ftdem et Ecclesiam in (/«a Deus il-
lum voluit baplizari, omni debeat virlute defen-
dere. Vigil., Epist, ad Anrelian., toru. V ConciL,
pag. 558.
200
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Msbll. lom,
1ADQ..1 pagi
11».
consentement de l'abbé. S'il s'en trouvait
d'assez méritant pour être élevé à l'épis-
copat , il devait sortir seul du monastère ,
saus prendre un moine pour compagnon.
On srardait le silence à table , et l'on ne
manquait jamais de faire la lecture pen-
dant le repas, afin que l'àme et le corps re-
çussent en même temps leur nourriture.
Hors le cas de maladie, il n'était pas permis
à l'abbé de man^jer ailleurs qu'au réfectoire
commun. On n'y servait jamais de viandes;
mais on accordait aux infirmes de la volaille,
el a la communauté du poisson en coitains
jouis de fêtes, ou quand l'abbé le trouvait :i
propos. La Règle ne prescrit aucuns jeunes
depuis la Pentecôte jusqu'au 1" septembre,
les laissant à la disposition de l'abbé. Depuis
ce jour jusqu'au 1" novembre, les moines
jeûnaient trois fois la semaine , le lundi , le
mercredi et le vendredi. Depuis le i" no-
vembre jusqu'à Noël, ils jeûnaient tous les
jours, excepté le samedi et le dimancbe : ce
qui s'observait aussi depuis l'Épipbanie jus-
qu'à Pâques, à l'exception des grandes fê-
tes, du samedi et du dimanche. Car c'était
l'usage, non-seuleînent en Orient, mais aussi
parmi les Gotbs, de rompre le jeûne le sa-
medi et le dimanche , à cause de la sainte
communion que l'on recevait en ces deux
jours. Depuis Pâques jusqu'à la Peutecùte on
Num.înri-j. ne jeûnait que le vendredi. Tous les moines
apprenaient à lire , et lisaient depuis Prime
jusqu'à Tierce. On voit, par tous ses règle-
ments, que saint AurcHicn avait devant les
yeux la Règle de saint Benoit et de saint
7. Césaire, lorsqu'il composa la sienne. Cela
parait encore plus par les articles où il dé-
fend de recevoir et d'écrire des lettres, sans
la permission de l'abbé; d'avoir auprès de
: ?. 10, sou Ut de quoi manger ou boire ; de jurer,
de donner des malédictions à iiersonne; de
mentir, de se coucher sur sa colère, de frap-
per quelqu'un. C'est encore d'après la Règle
de saint Benoit, qu'il prescrit l'oflice de Com-
plies inusité auparavant : a l'égard des au-
tres oUlces, il a suivi un ordre tout diÛ'érent
de saint Benoit. Il met beaucoup plus de
psaumes. Il règle la longueur des leçons
pour chaque nocturne , sur la ditférence du
caractère dont les Lecfionnaircs élawril écrits,
et sur la dillérence de la longueur ou de la Jjrié-
velé des nuits. S'il arrivait que quelqu'un des
frères mourût, on veillait tour à tour auprès
du corps pendant la nuit pour l'aire des priè-
res ; cl avant del'entci'rer, on demandait àl'é-
Num.
11,12,13,
vêqueenquel lieu il fallait enterrer le mort'
Si l'évêque refusait de le dire, alors on invi-
tait des clercs , de quelque église que ce fût,
pour faire les obsèques, et on leur faisait
quelques petits présents. Saint Aurélien finit
sa Règle par ces paroles qui marquent bien
son humilité : Aurélien pécheur j'ai institué
cette Règle au nom de Jésus-Christ. A la suite
de l'Acte de fondalion de son monastère, on
lit une partie des diptyques ou tables sacrées
qui étaient en usase longtemps après la
mort de saint Aurélien. On y fait mention
des fidèles morts el vivants, et dans la mé-
moire des saints on fait celle des martyrs et
des confesseurs , dont il y avait des reliques
dans l'église du monastère.
4. Saint Aurélien donna aussi une Règle
à des religieuses. Elle est divisée en qua-
rante articles, et adressée aux vénérables
sœurs du monastère de Sainte- Marie, établi
dans la ville d'Arles. Le prologue et tous les
règlements sont les mêmes, et presqpie mot
à mot, que dans la Règle pour les moines, à
l'exception de certains endroits qui ne con-
venaient pas à des filles, tel que celui qui
parle de l'ordination. On a joint à cette Rè-
gle une lettre de Jean , évêque d'Arles, vers
la fin du vil' siècle , où après avoir reconnu
que cette Règle a pourvu sulfisamment à ce
qui regarde la quantité et la qualité des ali-
ments et des habits, il défend à ces filles de
boire etde manger, soitavec des hommes, soit
avec des femmes religieuses ou laïques, pa-
rentes ou étrangères : en leur accordant
toutefois de leur ofliir quelques rafraîchisse-
ments par oIBce de charité. Les deux Règles
de saint Aurélien se trouvent dans le Code
dressé autrefois par saint Benoit d'.\nianes,
et donné au public par Holsténius, et dans
les Annales du Père le Cointe vers l'an 348.
o. Dom Ruinart nous a donné, d'après
Fréhérus et Duchesne , une lettre de saint
Aurélien au roi Théodebert : ce n'est qu'un
compliment à ce prince sur ses belles quali-
tés, en particulier sur son affabilité.
6. Au mois d'octobre de l'an SAO, saint
Aurélien assista au cinquième concile d'Or-
léans , où il souscrivit après saint Sacerdos
de Lyon qui y présida. Dans quelques ma-
nuscrits la souscription de saint .\urélien
est avant celle de saint Sacerdos : ce qui
prouverait qu'il aurait présidé à ce concile.
Suivant l'inscription que l'on trouva sur son
tombeau en 1308, dans la chapelle de Saint-
Nizier à Lyou , il mourut dans cette ville le
les. IbiH. j»s.
39, ptrl. i.
ibia. i.»?.i-,
MiDI Auréllpn
ft Tb*oHfbcrl.
1d A[>|><0i1,
G'fg. Ti. on,
Il «J-IHA
eoDCilr d Or-
letD». Tom . V
Cnncil. pa^.
390 Sa moil
on 651.
HoIUikI. id
CHAPITRE XXm. — SAINT VUTÎNTIOLE, LÉON, ETC.
[Vl" SIÈCLE.]
ii»m 10 iiinii, seizi^mf' des calendes de juillet , la onzit^mo
année après le consulat de Justin, c'cst-iï-
dire le seizième jour de juin 352; car Juslin-
le-Jeunefut consul seul on ."liO. .Villeursqu'j'i
Lyon, on couiptail ilepuis le consulat de Ba-
sile qui fut consnl ^ul en oil , et le dernier
de tous ceux qui se trouvent dans les Fasles
ro7nains.
[Les ouvrages qui nous restent d'Aiirélien
sont reproduits aux tome LW'III de la Pa-
trologie latine, col. 3ii3 et sniw, d'après la
Co'/ec^f'oH d"lIolsl(''ni us.]
onvm-da 7. [Dans le tomo II du Spicilegium roma-
niim, pag. 1-28, .\ng. Maï a publié, en grec et
en latin quatre fiagments, historiques qui se
rapportent aux règnes de Julien , d'.\rcade ,
de Théodose et de Justinien de ."{Gi <à 365.
Ces extraits historiques ont été trouvés par
201
le Cardinal sur un codex palimpseste de
la hibliotlièque du couvent des hasiliens de
Giotto-Ferrata. L'auteur parait avoir vécu
sous Justinien qu'il appelle plusieurs fuis notre
maître ; il a servi de guide, ou plutôt a été
souvent copié par Jean Malalas , dont l'histoi-
re se trouve dans les Historiens byzantins. Ces
fragments sont précieux en ce qu'ils contien-
nent plusieurs faits nouveaux, rectilicnt plu-
sieurs autres historiens et montrent la sour-
ce où ceux-ci ont puisé. La première ligne
donne un nouveau témoignage aux miracles
arrivés loi-s de la reconstruction du temple :
(I ces prodiges ayant été annoncés à l'empe-
reur Julien, il cessa d'en ordonner la réédi-
lication. » Ces fragments sont reproduits au
tome LXXXV, de la Patrologie grecque-latine,
col. 1806-1824.]
CHAPITRE XVIII.
Saint Viventiole, évêqne de Lyon [540] ; Léon, archevêque de Sens ; Tro-
janns, évêqne de Xaintes; saint Nioétins, évêqne de Trêves.
[vers l'an 566], et Mappinins, évêqne de Reims [550].
[Écrivains latins.]
1. Nous avons déjà parlé plusieurs fois de
saint Yiveutiole, soit à l'occasion des con-
ciles où il a assisté , soit en parlant du mo-
nastère de Condat ou Condatiscon , où il
passa une grande partie de sa vie. Son savoir
et ses vertus le firent élever au sacerdoce ,
et ensuite à l'épiscopat. Il semble que saint
Avit de Vienne pressentit qu'il y parviendrait
un jour, lorsqu'en le remerciant d'une chai-
se , dont il lui avait fait présent, il lui sou-
haita en i-econnaissance un siège épiscopal.
Ce fut sur celui de Lyon qu'on le plaça. Il y
était déjà au mois de mai de l'an 317, puis-
qu'il assista en qualité d'évêque de Lyon à
la dédicace de l'Église d'Agaune , et qu'il y
prononça un discours, dont il ue nous reste
plus qu'un fragment. Au mois de septembre
de la même année , il se trouva au concile
d'Épaone. ' Il en tint lui-même un à Lyon
avec dix des évèqiies de cette assemblée ,
qui l'avaient suivi. Le détail de ses autres
actions n'est pas connu , non plus que l'an-
née, ni le jour de sa mort. Nous avons cinq
lettres de saint Avit de Vienne qui lui sont
adressées , mais aucune de ses réponses. Il
y a seulement parmi les lettres de saint Avit
im billet de saint Viventiole , par lequel il
l'invite à la solennité de saint Just '. Ago-
bard ' , l'un de ses successeurs , témoigne
que l'on voyait encore de son temps, c'est-
à-dire dans le ix' siècle, quelques-uns de
ses écrits qui étaient des preuves de sa doc-
ATir.,Ep!.|.
17,52, 51t,t>0,
C4.
Eplsl. 33.
' 11 adressa aux é vêques de la province de Lyon une
lettre assez courte pour les couvoquerau concile d'É-
paone. On trouve cette lettre au tome LXVlIde la
Patrologie latine, col. 993. (Elle a (-Xé communi-
quée d'après uu manuscrit de Toulouse. (l'e'i/ifeiir).
* YivenUolus Ecclesiœ Lugdunensis episcopus,
cujus doctrinœ fuerit, non solum ipsius, sed et
aliorum de eoscripta testantur. Agob. DeJudaïc.
siiperst., num. i.
3 Ou le trouve dans Galland, tome X, et dans la
Patrologie latine, tome LIX, parmi les QEuvresde
saint .'Vvit, col. 272. (L'éditeur.)
202
HISTOIRE GÉNltllALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Léon, areli><
S«as.
Tom. IV
CoDcil., Me.
17(9.
ToiD. V,[ac.
303.
Uld., Jif.
Fn Apprnd.
Oftpr (irrifor.
Turou. ]3g.
Tom V Corj-
triue et de son érudition. Il ajoute, que di-
vers écrivains en avaient fait l'éloge, mais il
ne dit point en quoi ces écrils consistaient.
2. Léon, archevêque de Sens, n'ayant pu
se trouver au second concile d'Orléans qui se
tint au mois de juin de l'an 333, y députa de
sa part le prêtre Orbalus. Mais il assista au
troisième, qui fut tenu dans le mois de mai
de l'an 538. Il y en eut un quatrième dans la
même ville l'an o-41. Léon ne put s'y rendre,
parce qu'il était mal alors avec le roi Cliilde-
bert. Ce prince, sollicité par le peuple de Mc-
Imi d'y érif^cr un évèché, et bien aise lui-
même de distraire cette ville du diocèse de
Sens, parce qu'elle était de son royaume,
écrivit à Léon pour lui faire part de la re-
quête des habitants de Melun. Léon répon-
dit à ce prince avec respect, mais avec fer-
meté, qu'il ne lui convenait pas de consentir
au démembrement de son diocèse; que si
ces peuples le demandaient, on devait les
regarder plutôt comme des déserteurs que
comme des fidèles ; qu'il était du devoir d'un
prince de ne point écouter des demandes qui
tendaient ii jeter le trouble dans l'Ë^dise, et
à y causer des scandales; que s'ils alléguaient
pour prétexte de l'érection de ce nouvel
évêché, qu'il ne faisait pas exactement la vi-
site de l'Église de Melun, ou qu'il n'y en-
voyait personne de sa part , ils devaient
savoir qu'il n'y avait point en cela de sa
faute, parce que les chemins lui en étaient
fermés de tous côtés; que, sans cela, il ne
manquerait pas, qnoiqu'âgé et infirme, de
faire pour l'Église de Melun ce que les saints
canoiis exigeaient de lui. Il avertit Chil-
deberl que si, contre les canons, queUpies
évoques entreprennent d'établir sans son
consentement un évéqne à Melun, il en por-
tera ses [ilainles au Pape ou au concile, et
qu'il se sépare;a de communion, tant d'avec
ceux qiii auront ordonné, que d'avec celui
qui aura été ordonné. Cette lettre se trouve
dans le Recueil des conciles du Père Sirmoud ,
dans la Gaule chrétienne de messieurs de
Sainte-Marthe , dans l'Appendice des œuvres
de saint Grégoire de Tours, et ailleurs. [On la
trouve dans Galland, tome Xll, pag. 30, avec
une notice sur Léon. Le tout est reproduit
au tome LXVllI de la Pulnilogie latine, col.
10 et seq.] Léon était mort dès l'an 549,
• Magna: virlutis fuit bcalns Trujanus anlis-
tes. (îrcg. Turou. !ib. De Gloria confessorum, cap.
LIX.
' Slatutum novcris ul quicumque se bapliza- V Concil., pag. 378,
puisqu'en cette année Constitut , évêque de
Sens, assista au cinquième concile d'Orléans.
3. Trojanus ou Tropliianus , évêque de
Xainles, différent d'un évêque dumèmenom
qui gouvernait cette Église sous Clovis eu
508 , nous est connu par l'éloge que saint
Grégoire de Tours ' fait de ses vertus, et par
une lettre qu'il écrivit à Eumérius, évêque
de Nantes, qui assista au (jualrième concile
d'Orléans en 341. Eumérius lui envoya quel-
ques diacres de son Eglise chargés d'une
lettre, dans laquelle il le consultait sur ce
que l'on devait l'aiie à réf;ard d'un enfant qui
ne se souvenait point d'avoir été baptisé,
mais seulement d'avoir eu la tête enveloppée
d'un linge, comme on a coutume d'envelop-
per celle des malades, lorsqu'ils reviennent
à la santé, de peur que le froid ne leur occa-
sionne une rechute. Trojanus répondit , que
si ce jeune homme' ou tout autre que lui ne
se souvenait point d'avoir été baptisé, il de-
vait l'être sans aucun délai, pourvu toute
fois qu'on ne put prouver par aucun autre té-
moii:nage qu'il eût reçu le baptême. [La let-
tre de Tiojanus se trouve au tome LXVII de
la l'atrolofjie lutine, col. '.103.]
4. Saint Grégoire de Tours a fait aussi
l'éloge de saint Nicétius. 11 raconte qu'il vint
au monde avec un cercle de cheveux autour
de la tête, d'oii l'on jugea dès lors qu'il était
destiné à la cléricaturc. Ses parents le mirent
fort jeune dans un monastère situé dans les
étals du roiThierri, pour y être instruit dans
les lettres et dans la piété. Ses progrès daus
l'une et dans les autres le tirent choisir pour
remplacer l'abbé qui avait pris soin de son
éducation. On ne sait pas le nom de ce mo-
nastère. Mais ce qui l'ait juger qu'il était dans
le royaume de Thierri, c'est que ce prince
avait pour Nicétius une vénération parti-
culière. En 327, il le fit ordonner évê(|ue de
Trêves. ClotaircI" qui avait succédé àThéo-
debcri, lils de Thierri, exila le saint évêque,
qui ne revint dans son église que sous le rè-
gne de Sigebcrt, qui avait succédé a une
partie des étals de son père. Saint Nicétius
assista, en 333, au premier concile de Clei"-
monl, et, en 349, à un autre concile qui se tint
dans la même ville. 11 s'était trouvé la même
année au cinquième concile d'Orléans ; et
deux ans après, c'est-à-dire en 331, il fut
tum fuUsc non rccolil, nec ab alia persona id
facliim fuisse probatur, baplinnium absiiue ulla
dilalioue pevcipiat. Trojaii. fpi.s.'. ad Eiinicr., tom.
cil. ULU,
Tiojipnt é-
te.. S« lt't<r>.
Tom. V Cnn.
cil., |>i(. S7«.
S>lDt Me<-
il T'*»'-.
Gr*«. Toron.
Vit.. Hd.
uii. ZTII.
To ti. IV
Cnoc !. pi|,'.
tviî, et loin.
V, |X|t. 891,
«Ot el >l •
CITAPITÏÏE XVni. — SAINT VIVRNTIOLE, LÉON, ETC. 203
pour leurs reliques nn ni frrnnd respect qu'ils
)odn« ntt« ,
V Coo-
. >3;.
[VI* SIKCLE.]
présent an second de Paris, où l'on examina
l'allaire de SalFarac, évoque de cette ville.
Il en convoqua lui-inèuic un dans la ville do
'J'oul au sujet de (]uelqucs insidles (]u'il avait
reencs île certaines personnes contre qui il
avait prononcé une sentence d'excommuni-
cation pour avoir contracté des mariages in-
cestueux. Il fit aussi paraître son zèle contre
les erreurs des ariens et des eutycliéens.
3. Nous avons de lui deux lettres ' sur ce
sujet, dont la première est adressée « Clodo-
sinde, princesse catholique, et dont le mari
nommé Alboin, roi des Lombards, était in-
fecté de l'arianisme. Ce prince s'était fait une
grande réputation de valeur : mais il s'in-
quiétait peu du salut de son âme , l'ecevant
tous ceux qui étaient capables de l'en éloi-
gner et de le conduire en enfer, c'est-à-dire,
les ariens à qui il ajoutait foi. Saint Nicétius
combat leurs erreurs dans sa lettre, montrant
qu'il n'y a qu'un Dieu en trois personnes ^ ;
que c'est pour cela que Jésus-Christ a ordon-
né de baptiser au nom, et non pas aux noms
du Père, du Fils et du Saint-Esprit, moulrant
qu'il n'y a qu'un Dieu et non pas trois, et que
le Fils est Dieu comme le Père. Comme les
Goths étaient dans les mêmes sentiments
que les ariens, il les combat par eux-mêmes,
et dit, que leur conduite ne se soutient pas; *
puisque d'un côté ils ont en vénération les
douze disciples de Jésus-Christ, qii'ils ont
ne font [)oint de difliculté de les enlever fur-
tivement, et que de l'autre ils lâchent d'a-
néantir la foi (pie ces disciples ont prôchée,
et qu'ils refusent d'entier dans les églises
où l'on rend un culte ii leurs ossements; ou
que s'ils y entrent, ce n'est qu'en secret. Il
propose un second argument qui était enco-
re plus à la portée de ces barbares, en le ti-
rant des miracles qui se faisaient dans les
églises des catholiques, au lieu qu'il ne s'en
opinait point dans celles des ariens. « Que
le roi Alboin les envoie, dit-il, à l'Eglise de
Saint-Martin dont on fait la fête le 11 no-
vembre ; s'ils osent y entrer, ils y verront
encore aujourd'hui avec nous les aveugles
recouvrer la vue, les sourds l'ouïe, les muets
la parole, les lépreux et tous autres malades
la santé. I) Il les renvoie encore €i l'Eglise de
Saint-Germnin d'Auxerre, à celles de Saint-
Hilaire et de Saint-Loup, où il se faisait
journellement tant de miracles, qu'il ne pou-
vait les rapporter tous, Il marque en parti-
culier que ceux que les démons possédaient
et tourmentaient, en les tenant suspendus
en l'air, étaient délivi'és, et confessaient la
sainteté de ces évèques. « Opèrent-ils les mê-
mes merveilles dans les églises des ariens ?
Non, parce qu'ils ne permettent pas eux-mê-
mes que Dieu et ses saints y habitent : un
démon n'en exorcise pas un autre. Que di-
' Les lettres et les opuscules de saint Nicétius
ont été recueillis p.ir Gallaud, tome XII, pag. 7G9,
avec une notice sur le saint évèque.Le tout est repro-
duit au tome LXVIII de la Patrologie latine.col. 361
et seq. (L'édUeur.)
' jYec dubites très in personis, nain unus in
Trinilate agnoscilur. Et ideo ad discipuloi suos
dixit : Ite , baptizate ia nomine Patris, et l'ilii, et
Sptriius Sancti : iti nomine dixit, non in nomini-
bus, quin imam Deitatem dixit non très. Nicet.,
Epist. ad Clodosind., tom. V Concil., pag. S'M.
' Quid nos ire pcr singula necesse est ? Ad duo-
decim discipidos quos habuit, veniamus, quia ipsi
Gothi hodie ipsis venerationem impendunt, et re-
liquias eoritm furtim toUunt : sed nihil ibi habent,
quia /idem eorum annullare prœsiimutil. Quidest
quod in basilicis eorum corpora ipsoriim hodie ve-
nerantur, non ingrediuntur ? Quid est quod nihil
ibidem pra'sumereaudent,nisifurtive....Uic siju-
bel addomiiiuni Murtinum per festivitatemsuam,
quam undecima die facit november, ipsos mit-
lat : et ibisi audent aliquid prœsumant, tibi cœcos
hodie illuminariconspicimus, ubi surdos audilum,
ctmutos sanilatem recipere. Nam quid dicam de
leprnsis, aut de aliis quam plurimis. qui quanta-
cumque debilitute percussi sunt, ibidem per sin-
gulos annos alii et alii sanantiir ? Fartasse di-
cam, confmgunt vel cœcos, qui cœci a nativitate
esse videntur. Quid dicam, cum inde illiiminatos
conspicimus, et ad propria, Deo niiseranle, sanos
reverti videmus? Xum quid dicam adhuc de do-
mino Germano, Hilario vel Lupo episcopis? Ubi
tanta mirabilia hodie apparent, quantum nec di-
cere verbis valeo : ubi tributnnles, id est, dœmo-
nia habentes, in aéra suspensi torquentur.et do-
minos quos dixi esse'confitentur? Auniquid in
ecclesiis eorum sic faciunl ? Kon faciunt, quia
Deu-m et dominos sanctos ibi habitare non sen-
tiunl, dœmon dœmonem non exorcizat... Quid de
domino Remigio et domino Hedardo episcopis.
quos tu, credo, vidisti? Non possumus lunla ex-
ponere, quant i mirabilia per illos Deum videmus
facere. .iudisti ab avia tua domina bonœ memo-
rie Clodhilde, qualiter in Franciam venerit, quo-
modo dominum Chlodoveumad legem catholicam
adduxeril; et cum esset Itomo astutissimus, noluit
acquiescere, antequam vera agnoscerel. Cum ista
quœ supra dixi, probata cognovit, humilis ad do-
mini Martini limina cecidit, et baptizari se sine
mora permisit. Qui baptiznlus quinta in hœre-
licos, .ilaricum vel Gundobaldum reges, fecerit,
audisli; qualia bona ipse vel filii ejus in sœculo
possederunt, non ignoralis. Tom. V Concil., pag.
835.
204
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Letlro de
S. Niciliot i
l'emi-erêuf
JuïtlDICQ.
Ti m. V Com.
Cil. le;. 83:>.
rai-je de saint Rémi et de saint Médard que
vous avez vus, comme je crois ? Il n'est pas
possible de raconter tous les prodiges que
Dieu opère par eux à nos yeux. Vous avez
ouï dire à votre aïeule Clotilde, comme elle
vint en France et de quelle manière elle
convertit le roi Clovis à la religion catholi-
que. Comme il était très-habile, il ne vou-
lut point se rendre qu'il ne connut la vérité.
Mais ajant été témoin des miracles dont nous
venons déparier, il se prosterna humblement
à la porte de l'Église de Saint-Martin et se
fit baptiser sans délai. Vous n'ignorez pas
les avantages qu'il eut depuis son baptême
contre les rois Alaric et Gondébaud , héré-
tiques; et quels biens il posséda en ce mon-
de, lui et ses enfants, n Saint Nicétius con-
jure Clodosinde de lire cette lettre au roi,
son mari, et de travailler de tout son pou-
voir à sa conversion, en la faisant souvenir
<le ce que dit saint Paul, que l'homme infi-
dèle recevra le salut par la femme fidèle.
6. Il nous reste une autre lettre de saint
Xicétius à l'empereur Justinien , dans la-
quelle il l'exhorte d'une manière très-vive,
et avec toute l'autorité que lui donnait son
zèle pour la religion et un épiscopat de
près de quarante ans, à renoncera l'erreur
qu'ilavait embrassée, sur la fin de son règne.
C'était l'erreur des incorruptibles, rejetons
des eutycliéens, qui enseignaient que le
corps de Jésus-Christ était incon-uptible, en
sorte que depuis le moment qu'il avait été
formé dans le sein de sa mère, il n'avait été
susceptible d'aucun changement, ni d'aucune
altération, pasmciue des passions naturelles
et iunoccnles, comme sont la faim et la soif.
Ce prince, pour établir cette nouvelle erreur,
donna un édit pour la faire approuver de
tous les évêques : ceux qui refusèrent furent
maltraités. Saint Nicétius lui demande pour-
quoi il prenait la défense des hérésies de Nes-
torius et d'Eutychès, après qu'elles avaient
été anathéniatisées. Il le rappelle à la foi
qu'il avait professée à son baptême, où il avait
reconnu un seul Fils en deux substances,
avec le Père et le Saint-Esprit, et non pas
deux Fils. II prouve par les paroles de Jésus-
Christ même qu'il n'est qu'une même chose
avec son Père, et prédit àjustinicn que s'il est
trouvé au dernier jour dans les mêmes- sen-
timents qu'il professait alors, il doit s'atten-
dre <i descendre dans les parties inférieures
de la terre. Pour l'engager i'i se préserver
d'une fin si fâcheuse, il le conjure de décla-
rer i\ haute voix qu'il renonce à l'erreur, et
qu'il anathématise Nestorius et Eutyehès, en
lui déclarant nettement à lui-même que tou-
te l'Italie, l'Afrique, l'Espagne et la Gaule
analhématisaient son nom depuis la publi-
cation de son édit. Cette lettre lui fut rendue
par un prêtre nommé Laclance, qui était
venu dans les Gaules visiter les saints lieux,
et qui était allé jusqu'à Trêves.
7. Jusqu'en 1659, on ne connaissait point
d'autres écrits de saint Nicétius que les deux
lettres dont nous venons de parler; la pre-
mière , écrite vers l'an 563 et la seconde
vers l'an 565. Mais dom Luc d'Achéri donna
dans le troisième tome de son Spicilége deux
petits traités qu'il ne doute point être de
saint Nicétius, tant à cause de la conformité
du style avec ces deux lettres, qu'à cause
du témoignage de saint Grégoire de Tours,
qui nous apprend que ce saint fut élevé dès
son enfance dans les exercices de la vie mo-
nastique, et que ses vertus et son savoir le
firent choisir pour remplir les fonctions
d'abbé. On voit, en etfet, que l'auteur de
ces deux traités vivait en communauté, et
qu'il en était le chef. Il y a des manuscrits
où ils portent le nom de Nicétas, évoque
des Daces; mais dans celui de Saint-Germain-
des-Prés, ils sont sons le nom de l'évcque
Nicétius. Il parait, par le commencement du
premier traité, que le saint en avait fait d'au-
tres ; mais il n'en dit pas le sujet. Son but,
dans cclni-ci, est de faire voir l'utilité des
veilles que les moines passaient ordinaire-
ment dnnslechant des psaumes, dans la lec-
turcdes livres saints et dans la prière. « Dieu
dit-il, qui, par sa providence, a pourvu à tous
les besoins de l'homme, lui a donné le jour
pour travailler, et la nuit pour se reposer de
ses fatigues. Mais combien n'y en a-t-il pas,
ajoute-t-il, qui prennent quelques heures sur
leur sommeil , soit pour plaire à ceux qui
sont au-dessus d'eux, soif pour leur intérêt
particulier? Si l'on ne fait pas un reproche à
ceux qui veillent pour se procurer les ali-
ments et les vêtements nécessaires, sera-tril
permis d'en faire à de saints religieux qui,
pour recevoir de Dieu quehjues récompen-
ses, passent une partie de la nuit à chanter
ses louanges, à le prier et à se nourrir de
pieuses lectures? On trouve néanmoins des
hommes qui critiquent ces usages, mais ce
sont des hommes qui sont sans religion et
sans foi. Connnent des actes de piété pour-
raient-ils être du goût des impies? S'il s'en
TralU d«
ailDI Nlcilnt
Tfm.Iirfpl.
dlcc. t^. 1.
C>p. I.
C>p. ii,Ii(.
t.
[VI* SIÈCLE.] CHAPITRE XYIIl. — SAINT
trouve parmi les callinliqucs qui rp;^'anlpnt
ces veilles coiiuiic inuliles, ce sont ou îles
paresseux, ou des dormeurs, ou des vieil-
lards, ou des infirnies. Si ce sont dos pa-
resseux, qu'ils rougissent en voyant l'clope
que Salomon donne à la fourrai pour sa dili-
gence cl son exMClidide au travail. Si ce sont
des dormeurs, qu'ils s'éveillcnt;'i la voix doTl^
criture ijui menace de pauvreté et d'indii;cn-
ce ceux qui aiment mieux se livrer au som-
meil que de se lever pour travailler. Si ce
sont des vieillards, c'est h tort qu'ils se plai-
gnent, puisipTon ne les presse point d'assis-
ter aux veilles : leur Age néanmoins ne les
dispense point de prier Dieu avec ferveur ;
et s'ils ne peuvent point veiller debout, ils
doivent le faire étant assis. Si ce sont des
infirmes, qu'ils ne reprennent point dans les
autres ce que la faiblesse de leur corps les
empêche de faire eux-mêmes, et que pour
suppléer à ce défaut, ils se souviennent du
Seigueur, étant couchés sur leur lit : du
moins ne doivent-ils pas regarder, comme
un fardeau trop pesant, do donner une par-
tie de la nuit deux fois la semaine, c'est-à-
dire le samedi et le dimanche, pour l'em-
ploj'er au service de Dieu, et afin de se pu-
rifier des taches qu'ils auront contractées
pendant les autres cinq jours. »
Cp, m, Saint Nicétius montre l'antiquité des veilles
par des témoignages tirés d'Isaïe et des Psau-
mes de David ; et passant de l'Ancien Testa-
ment au Nouveau, il fait voir l'usage des
veilles par l'exemple d'Anne, fille de Pha-
nuel , de Jésus - Christ , de l'apôtre saint
Pierre , de saint Paul , et de Silas , que l'on
entendit au milieu de la nuit chanter des
c»j- "• hymnes dans la prison. Il dit sur l'utilité et
la douceur des veilles, qu'on la sent mieux
par la pratique qu'on ne peut l'exprimer,
parce que c'est par le goût que l'on juge
combien le service de Dieu est doux et agréa-
ble. Le Prophète met la félicité de l'homme
en ce monde h méditer jour et nuit la loi du
Seigneur. Il est saus doute avantageux, dit le
saint évèque, de la méditer pendant le jour,
mais on fait le plus agréablement et plus effi-
cacement la nuit, où l'esprit n'est point oc-
cupé d'une infinité de soins qui l'occupent
péhdantle jour. C'est pourquoi Nicétiusveut,
qu'eu veillant des yeux nous veillions aussi
du cœur, et que, dans les prières que nous
faisons à Dieu, l'esprit accompagne nos paro-
les. Il exhorte à ne prendre de la nourriture
au repas du soir qu'avec médiocrité, de peur
VIVENTIOLK, Ll^JON, ETC. 'iO.-j
que l'abondance n'cmpôrho l'altention dans
le temps des veilles. Sur (|uoi il cite ces pa-
roles d'un évoque qu'il ne nomme pas : « De
même que la fumée met en fuite les abeilles,
de même les vapeurs qui viennent d'une
noui'riture mal digérée chassent les dons du
Saint-Esprit.»
8. Dans le traité du Bien de la nsalmodir T"" '* ■>"
qu il promet sur la fin du précédent, il dit ,. i''»'""":i».
qu on ne connaît personne avant Moïse qui ail '•
chanté à Dieu des cantiques ; et que Moïse est
le premier qui a institué des clueurs composés
des deux sexes pour chanter les louanges du
Seigneur; qu'après lui, Debbora, femme il-
lustre , fit les mêmes fonctions ; mais que
toutes les poésies de Moïse ne sont pas de
même genre ; et que celles qu'il composa par
forme de testament quelque temps avant sa
mort ne contiennent que des prédictions fâ-
cheuses pour les Israélites, au cas qu'ils vien-
draient à abandonner le Seigneur leur Dieu.
Il ajoute que depuis l'on vit parmi les Israé-
lites non-seulement des hommes, mais aussi
des femmes remplies de l'Esprit divin, chan-
ter les mystères; et que David reçut ce don
do Dieu dès son enfance, en sorte qu'on peut
le regarder comme le prince des chantres et
comme le trésor des vers faits en l'honneur
de Dieu. Saint Nicétius remarque qu'il n'y a
rien dans les Psaumes qui ne tende à l'utilité,
à l'édificalion et à la consolation du genre
humain, de quelque condition, de quelque
sexe et de quelqu'àge que l'on soit; que les
enfants y trouvenl du lait, les jeunes gens de
quoi louer, et ceux d'un âge avancé des leçons
pour régler leur vie; que les femmes y ap-
prennent la pudeur; que les orphelins y trou-
vent un père, et que les rois et les juges de
la terre y apprennent ce qu'ils doivent crain-
dre; qu'enfin les Psaumes renferment tous
les préceptes de l'Évangile et tout ce que les
prophètes ont prédit : car on y voit la géné-
ration de Jésus-Christ selon la chair, la voca-
tion des Gentils à la place des Juifs , les mi-
racles du Sauveur, sa passion , sa résurrec-
tion, son ascension dans le ciel où il est à la
droite du Père, son second avènement et le
jugement terrible qu'il prononcera sur les
vivants et les morts. Ces cantiques que chante cap.n.pa?.
l'Église catholique plaisent à Dieu lorsqu'on °'
les chante pour sa gloire, et surtout avec une
conscience pure. Le saint évêque remarque cap.m.pas.
que le .Nouveau Testament a eu aussi ses can- '°'
tiques , savoir , celui de Zacharie , père de
Jean-Baptiste, et d'Élizabelh, sa femme; ce-
206
niSTOIllE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
lui des anges à la naissance du Sauveur, et
celui «les enfants a l'onlréc de Ji^sus-Clirisl
dans la \illc de iiTusalcui. 11 remarque en-
core que l'usaire était dans les veilles d'en-
tremêler le cliant des Psaumes avec la prière
et la lecture des livres saints, afin d'engrais-
ser, pour ainsi dire, notre Ame par celle va-
riétéde mets spirituels, comme onr<'jouitdes
convives par la diversité des aliments qu'on
leur présente. « Ne nous contentons donc
pas, dit-il, de clianter de bouche ces divins
cantiques, chantons -les aussi de co::ur, en
nous occupant des vérités qu'ils contiennent,
sans laisser aller notre esprit à des pensées
étranfrcres. Que le ton môme de notre voix
n'ait rien de ces exclamations de théâtre,
qu'il convienne à la sainteté de notre reli-
gion et qu'il soit propre à exciter en nous la
douleur de nos péchés. Il faut toutefois que
nos voix s'accordent et ne soient point dis-
sonuantes, et que l'on se rencontre tellement
dans le chant et dans la prononciation, que
tous commencent et finissent en méinc temps
et d'un même ton de voix, à l'imitation des
trois jeunes hommes jetés dans la fournaise,
qui, selon le témoignage du prophète Daniel,
chantaient d'une seule bouche ce cantique :
Vous êtes béni, Seiijiiciir Dieu de nos pères. »
Saint Nicétius est d'avis que celui-là se taise
dont la voix ne peut s'accorder avec celle
des autres. Mais il veut que quand on psal-
modie, tous le fassent, que tous prient aussi
à l'heure de l'oraison commune ; et que lors-
que l'on a fait le signe pour la lecture, tous
l'écoutent avec attention, sans s'appliquer à
des prières particulières, qui doivent être
renvoyées à un autre temps. Il trouve une
grande utilité à faire précéder la prière de
la lecture, parce que l'âme, remplie des véri-
tés qu'elle a ouïes, s'en occuitc pendant l'o-
raison ; et pourmontrcr combien l'unanimité
dans la prière et dans tous les autres exerci-
ces de piété est agréable à Dieu et dans l'es-
prit de l'Église, il dit que c'est pour engager
les fidèles à cette unanimité que le diacre'
les avertit ù haute voix dans l'église du mo-
ment qu'il faut prier, fléchir les genoux,
chanter des psaumes et écouter la lec-
ture. Nous avons deux lettres 'de Florien,
abhé de Roman-Moutier, adressées à saint
Nicétius avant qu'il fût évêqiie : ces lettres
ne sont (jue des éloges de ses veitus, jiaiticu-
lièremenl de sou exactitude à remplir tous
les exercices de la vie monastique. Les ré-
ponses de ce saint ne sont pas venues jus-
qu';\ nous.
9. Vers l'an 551, saint Nicétius, étant déjà
évoque de Trêves, reçut quelques insultes
pour s'être opposé à desmariages incestueux.
Le roi 'l'héohalde indi(]ua h celte occasion
un concile AToul auquel il invita Mappinius,
évêque de Reims. Celui-ci n'ayant pas reçu
la lettre de ce prince, ne se trouva point à
l'assemblée. Tliéohalde lui en écrivit une
seconde qui fui aussi sans effet, jiarce que
Mappinius la reçut trop tard. Mais, fâché de
n'avoir'pas été invité au concile par saint Ni-
cétius même, il lui en fit des reproches assez
vifs dans une lettre, où il lui disait que la
concorde et la bonne intelligence qui doivent
réf^'ner entre les évêques, exigeaient de lui
cette inviiation, d'autant qu'il lui convenait
beaucoup mieux qu'au prince de l'instruire
du sujet de la convocation de celte assem-
blée. Il ne laissait pas de témoigner à saint
Nicétius combien il était sensible aux peines
qu'on lui f lisait; ajoutant qu'il se serait ren-
du à Tout dans le temps marqué, s'il eût re-
çu assez tût les lettres du roi, sachant bien
qu'on doit obéir à ses ordres lorsqu'ils ont
pour objet le bien de l'Église. La lettre de
Mappinius se trouve dans la Collection des
conciles du Père Labbe, dans les Recueils de
Fréhérusct de Duchesne, dans VApiiendice
des œuvres de saint Grégoire de Tours, dans
l'Histoire de la métropole de Reims, par dom
Marlot, [et dr.ns le tome LXVIlIde la Putro-
logie latine, col. 43, 4i.] On y trouve aussi
une lettre ;\ Villicus, évêque de Metz, dans
laquelle Mappinius loue sa grande dou-
ceur, son zèle et sa vigilance pastorale. Il y
dit' que ces paroles de Jésus-Christ à saint
Pierre : Paissez mes brebis, ne regardent pas
seulement les apôtres , mais tous ceux qui
sont revêtus de la dignité épiscopale. Il prie
Villicus de lui marquer le prix des porcs dans
Mappltjlii-.
évAtlue i'
Hriiii- :
lelirei.To:
Coocll., ;
«0..
DncLe^D*.
Mirlol, llb.
II Uld. Rc
iiiiii.. i«j.
3li el MM).
' Iden enim el diaconus clara voce in domo Dei
sancti prœcimii admonel cunclos, ut sivc orando.
sive iiillectenilis geiiibus, sive in psallendo, sive
in lecltonibus sollicite audiendis, unitas srrvrliir
ab omnibus; quia unanimes liomines diligit Deus
et in sua domo cas (ilicilliabilare. tiicel. De Bono
psalm., toiu. III Spicilcg., pag. 12.
' Une ?pn!e est rapportée dans lo tome LXXlWc
la Palrologie latine, col. 917. (L'éditeur.)
' Licel sanclo Pctro hoc a Domino dictum lega-
mus: l'asie ovos lueas, sed ad cunclos gui sacer-
dotale funguntiir ofjîcium perlinet pra-scns sen^
tetilia. Mappinius, episl. ad Villicuni Melensem,
toiu. I Uisl. Remens., lib, 2, cap. xx, pag. 214.
[vi«siKCLE.] CHAPITRE XIX. — CASSIODORE, CIUNCELIEn, ETC. 207
<• lorriloirc de Mclz, afin ilo lui piivnvorl'ar- vinj,'t-(Ioiix ans, ri (jii'il iiioiinil vrrs I'an5fi0,
Ci'ul iiécossairo pour en at'lictcr. Ccito loi- apivs l'aviiir cmicliio par li's lilx'raliti's des
tro. dt« mànn' quo la pivcr'diMilo , est écrile princes. Ainsi il siiivécnt h saint Xicdtius (jiii,
d'un style net et coulant. On dit ijnc Mappi- suivant l'opinion commnnc, mourut vers l'an
nius gouverna l'iijjlise de Reims pendant 5(JG.
CHAPITRE XIX.
Cassiodore, chancelier et premier ministre de Théodoric, roi d'Italie,
et ensnite abbé de Viviers.
[Écrivain latin, 500.]
ARTICLE I.
HISTOIRE DE SA VIE.
^. C'est du roi 'riK'odnrJL' nièruo que nous
apprenons la •j:ran(l(Mir de la maison de Cas-
siodore, et l'ancienuoté de sa noblesse. Ce
prince dit qu'elle était ' ti-ès-illustre autant
par les dignités de la robe, que par la pro-
fession des armes ; qu'elle s'était rendue re-
coramandable soit dans l'empire d'Oiieut,
soit dans celui d'Occident, et qu'elle s'était
distinguée avec éclat dans les sénats de Cons-
tanlinople et de Rome. Ses biens étaient si
considérables- qu'elle pouvait mettre sur
pied et entretenir des armées entières. L'aïeul
de Cassiodore qui portait le même nom, fut
revêtu du titre d'illustre , dignité considé-
rable dans l'Empire romain. Il donna des
preuves de sa valeur en délivrant à la pointe
de l'épée la Sicile et l'Abruzze de l'invasion
des Vandales. Son père eut ' tout ensemble
les dignités de tribun, de notaire ou secré-
taire d'Etat sous l'empereur Valentinien El,
ce qui lui donnait entrée dans les conseils et
les secrets du prince. Ce fut aussi sur lui
qu'il jeta les yeux pour l'envoyer en am-
bassade avecCarpilion, fils d'Aétius, général
des armées romaines, vers Attila, roi des
. Huns, qui, par ses victoires, faisait trembler
tout l'Empire. La viergeProba,sreurde Galla,
fdie de Symmaqne, était encore parente de
Cassiodore, qtd conscquemment était alliée
à ce patrice si célèbre par sa naissance, son
savoir, sa probité, sa foi et ses autres vertus.
2. Tels furent les ancêtres de Cassiodore S:. n,u-ar.
qui vint au monde dans la ville de Squillacci, "o.'"' '''°
capitale de l'Abruzze, sur le bord de la mer
de Sicile. Le temps de sa naissance n'est pas
bien certain ; mais à en juger par les grands
emplois qu'il exerça sous Odoacre, roi des
Hérules,et ensuite sous Théodoric, il faut la
mettre au plus tard vers l'an 4G!J , autre-
ment il faudrait dire qu'on lui aurait confié
les principales charges de la cour dès l'âge
de treize ou quatorze ans : ce qui est sans
vraisemblance. Outre le nom de Cassiodore
qui paraît avoir été propre à sa maison, il
portait aussi celui d'Aurèle ; et il prend en-
core dans presque toutes ces lettres le sur-
nom de sénateur, auquel il joint quelquefois
la qualité de préfet du Prétoire. Né dans un
climat heureux* pour l'esprit et pour les
mœurs, il fit de grands progrès dans toutes
sortes de science et de discipline. Il excella
dans la grammaire, la rhétorique, la dialec-
tique, la musique, l'arithmétique, la géomé-
trie, l'astronomie, les mathématiques. Il don-
na depuis des leçons sur ces ditférents arts;
et, voulant joindre la pratique à la spécula-
tion, il se rendit si habile dans la mécani-
que qu'il faisait des lampes perpétuelles qui
s'entretenaient d'elles-mêmes, et des horlo-
ges de plusieurs façons. R poussa ses re-
cherches^ jusque sur l'agriculture, et sur
l'art de découvrir les fontaines et les sources
cachées, et de juger de la qualité de l'eau
avant de l'avoir goûtée. Son traité de l'Ame
' Cassiodor., lih. 1 Varinr.
2 Ibi'1. etlib. [\Epist. 23.
' Ibid.
epist.
' Cassioiliir., lib. XII Variar. cpist. 13.
5 Cassiodor. Institut, divin., caj>. xxx, et lib. Xll,
Epist. 14, et Hb. 111 Epist. 55.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Il e«( ftll
eomlc de* do-
maiots ■près
l'.B 4^0 par
Ouoacre.
ThéodorU
l'emploie u« EU
le mioistire.
208
est une preuve qu'il savait fort bien traiter
cette matière, et qu'il était aussi instruit de
l'analomie, dont il parle dans cet ouvrage
par occasion. Nous verrons dans la suite avec
quel soin il s'appliqua à l'étude des livres
saints. Il ne parle jamais de ses maîtres,
mais il en avait un excellent dans la per-
sonne même de son père, que le roi Théo-
doric représente comme un homme sage et
vertueux.
3. Odoacre, devenu roi d'Italie, après avoir
tué Oreste, et déposé Auguslule en 476, con-
fia à Cassiodore , dont il connaissait le mé-
rite, la dignité de comte des Revenus parti-
culiers : et afin que son autorité ne fût pas
bornée à une simple intendance sur les do-
maines particuliers du royaume, il étendit sa
juridiction en lui attribuant la connaissance
des excès auxquels la brutalité des hommes
les emporte quelquefois; c'est-à-dire qu'il
confia à ses soins et à sa vigilance la chas-
teté des vivants et la sûreté des morts, ainsi
que Cassiodore ' lui-même s'explique. Il s'ac-
quitta de cette charge importante avec une
maturité' au-dessus de son âge; la tempé-
rance et la modération furent les principes
de sa conduite, que les passions de la jeu-
nesse liC dérangèrent jamais. Odoacre le fit
ensuite comte des Libéralités royales'; et, se
voyant paisible dans toute l'Italie en 488, il
lui laissa la libre admiuislraliou de la Justice
et de la polico. Odoacre, après plusieurs vic-
toires sur les Ru:;;ens, peuples de la Germa-
nie, vers la mer Baltique, fut attaqué par
Théodoric, roi des Goths, qui lui déclara la
guerre à la sollicitation de rerapereur Ze-
non. Théodoric gagna sur lui trois batailles,
l'assiégea dans Ravenne, et feigi.ant qu'O-
doacre avait conspiré contre sa personne, le
fit mettre à mort dans un -rand festin au-
quel il l'avait invité depuis ia paix qu'ils
avaient faite ensemble. Celte mort, qui arriva
en 4'J3, fut scaisiblc à Cassiodore, qui ne s'en
consola que dans l'espérance qu'elle le met-
trait en liberté de renoncer aux aû'aires pu-
bliques.
4. Il se retira sur les terres qu'il avait
dans la Calabre. A peine y fut-il, que les Si-
ciliens, portant impatiemment le joug de
leur nouveau roi, coururent aux armes pour
le secouer. D'autres peuples suivirent leur
exemple, et la guerre était prèle à slallumcr.
lorsque Cassiodore, qui ne doutait point qu'il
ne dut l'obéissance à Théodoric. s'employa
de tout son pouvoir pour apaiser cette ré-
volte dès sa naissance. Il en vint à bout, et
cette action qui n'avait eu d'autres motifs
que la charité, lui tint lieu d'un grand mérite
auprès de Théodoric. C'était en 494; ce prince
n'avait alors qu'environ dix-neuf ans; mais
ses grandes qualités le rendaient digne de
l'Empire. Pour s'y maintenir, il était néces-
saire de s'assui'cr de la paix du cùté d'Anas-
tase, successeur de Zenon, dans l'empire d'O-
rient. Théodoric jugea donc à propos de lui
écrire une lettre fort respeclueusc, et il se
servit de la plume de Cassiodore. Cette let-
tre eut le succès que le roi en attendait :
nous l'avons encore dans le recueil ' des let-
tres de Cassiodore. Théodoric lui donna en
308, le gouvernement de r.\bruzzc et de la
Lucanie ; mais, pom- ne point se priver de
l'avantage qu'il espérait de sa présence*, il
le rappela à la cour et le fit questeur. Cassio-
dore était oncore jeune alors , mais le roi
n'en avait pas moins l'esprit en repos au mi-
lieu des soins du gouvernement, parce qu'il
se tenait assuré de la capacité et de la fi-
délité inviolable de son minisire. Quelque
temps après il lui donna la charge de grand
maître des Offices ou du palais, puis celle de
préfet du Piétoire. et enfin la dignité de pa-
trice. Cassi;;doie était déj;î revêtu de cette
dernière dignité, lorsque ce prince lui écrivit
pour le rappeler auprès de lui, d'oùapparem-
mcnt quelques affaires considérables l'avaient
éloigné pour un temps. «Nous prenons tou-
jours' un extrême plaisir, lui dit Théodoric,
à voir ceux qui ont trouvé moyen d'enti-er
dans notre estime pour leurs glorieuses ac-
tions. Le soin qu'ils ont de s'étudier ^ la
vertu nous répond de l'amour et du zèle
qu'ils ont pour nous. C'est pourquoi nous
vous invitons de venir à notre cour, afin
qu'elle reçoive un noiivcl ornement par vo-
tre présence, et que vous receviez aussi un
nouveau degré de gloire par les regards fa-
vorables de voire prince. Vous méritez qu'on
vous recherche avec cmpre^semcnt, après
que vous avez mis notre règne dans une si
haute réputation, et que vous lui avez pro-
curé tant de gloire. Vous avez orné la cour
par linlégrilé de voire conscience. Vous avez
procuré aux peuples un profond repos. Vous
• Cassioi]., lib. Y! Fonn. 8. — ' Cassiodor., lib. I
Yariar., Epist. 4.— » Lib. VI Fonn. 7.
' Lib. I Yariar. Epist. \. - • Lib. I Episl. 3.
- « Lib. L\ Epist. 24. — ' Lib. III Epist. 28.
[Vl" SIÈCLE.]
CTTAPITRE XIX. — CASSlonORK, CIIANCEMKIl.
209
■u.
avez acquis d'autant plus d'estime dans le
monde, qu'on sait que vous ne vous êtes ja-
mais vendu, quol([U(^ prix qu'on vous ait of-
i'eil pour acheter votre faveur : liàtez-vous
doue de venir. » Il parait que ïliéodoric no
l'appelait avec tant d'empressement que pour
riionorer encore du consulat, qu'il exeri^a
en elli'tenSl'i. Cassiodore, après avoir passé
par tous les degrés des dignités de l'État et
de la cour, ue devait plus souhaiter que de
goûter en repos les fruits de ses études.
Mais Théodoric ne pouvant se passer de lui,
le lit une seconde fois t;i;nid maître du pa-
lais. Ce prince , jugeant bien que ce n'était
plus nue charge honorable pour Cassiodore
api'ès avoir été consul, ue voulut pas lui
commander conmie roi de l'exercer, mais il
l'en pria comme ami ; et Cassiodore s'y sou-
mit : il l'exerçait encore lorsque ce prince
mourut en 5^3.
5. Atlialaric, sou successeur, avait au plus
dix ans lorsqu'il commença à régner, et il y
avait peu d'apparence que les Goths, peuples
belliqueux, voulussent obéir aux ordres d'un
enfant, et moins encore ;\ ceux d'Amalason-
the, sa mère. Mais cette princesse, qui avait
d'excellentes qualités et un génie supérieur,
sut maintenir les peuples dans le respect et
la soumission. Dès la première année du rè-
gne d'Athalaric , Cassiodore écrivit au nom
de son maître à l'empereur Justin pour lui
demander sa protection. Il écrivit eu même
temps au sénat et au peuple de Rome pour
leur donner part de son élévation au trône,
et il y eut des ambassadeurs envoyés pour peuples souhaitaient depuis longtemps la pré-
daicnt les côtes, afin de n'âlre point à char"
ge aux provinces, et de ne point épuiser l'é-
pargne. Atlialaric, prenant de joui' eu jour
plus (1(' couliauco eu Cassiodore, lit ;\ sa solli-
citation plusieurs actions .de piété, de justice
et de sagesse. Il ordonna en particulier que
toutes les all'aires (jui legardaient les clercs
de l'Eglise roniaitio fussent portées devant
le l'ape, qiù serait charm'; de donner des
commissaires, ou de ju';er lui-même les pio-
cès. Les paroles de ce rescrit sont remarqua-
bles de la part d'un [)riui;n arien. « Nous
sommes', dit-il, d'autant plus redevables à
la divine miijesté, que nous avons reçu d'elle
lie plus grands biens que tout le reste des
hommes. Il est vrai que nous ne pouvons
rendre à Dieu lien qui égale ses bienfaits.
Cependant il veut bien nous tenir compte de
ce que nous faisons eu faveur de ceux qui le
servent. C'est pourquoi ayant mûrement con-
sidéré l'honneur qui est dû au Siège aposlo-
li((ue, nous ordonnons que quiconque est de-
mandeur contre un clerc de l'Église romai-
ne, se pourvoie d'abord devant le bienheu-
reux Pape, afin que sa Sainteté en ordonne.»
U fit une autre ordonnance^pour les appoin-
tements des professeurs de grammaire, de
rhétorique et de droit , dans laquelle il di-
sait : « Si nous enrichissons les comédiens qui
ne servent qu'aux divertissements , que ne
devons -nous point faire pour ceux à qui
nous sommes redevables de l'honnêteté des
mœurs, et par qui sont formés les esprits
qui servent d'ornement à la cour?» Tous les
recevoir les serments ordinaires. Il adressa
une quatrième lettre au clergé de Home
pour le remercier de ce qu'il avait reçu pour
pape FéUx III, que Théodoric avait établi sur
la Chaire de saint Pierre après la mort de
Jean. Le roi, pour ne rien oublier de ce qui
pouvait l'all'ermir sur le trône, se fit encore
recommander aux prières des évéques ca-
tholiques, quoiqu'il fit profession de l'héré-
sie arienne dans laquelle il avait été élevé.
Cependant Théodat, prince du sang du côté
de sa mère, entretenait des intelligences se-
crètes avec l'empereur Justinien, successem-
de Justin ; et il avait traité avec lui pour le
reudi-e maître de la Toscane. Cassiodore dis-
sipa tous ses mauvais desseins , et non con-
tent de payer de sa personne , il entretint à
ses dépens les ti-oupes des Goths qui gar-
fecture du Prétoire à Cassiodore. Atlialaric
l'éleva à cette dignité en 334 , en lui faisant
par' lettres des excuses obligeantes de ce
qu'il avait élé si longtemps à satisfaire là-
dessus les empressements de ses peuples. Ce
prince écrivit* en même temps au sénat de
Rome, .'i qui il disait : « Il semble que nous
ayons comblé de bienfaits ce grand séna-
teur, qui possède toutes les vertus dans un
souverain degré, qui est si riche par l'inno-
cence et par l'intégrité de ses moeurs, et qui
est déjà rassasié d'honneurs. Cependant si
nous pesons son mérite , nous jugerons que
nous demeurons encore redevables de toutes
les dettes dont il semble que nous soyons ac-
quittés. Car que peut-on donner en échange
de toutes les obligations dont on lui est rede-
vable, puisqu'il est la gloire de nos jours, et
'Lib. VIllEpl■s^ 24.
M.
■^ihii\., Epist. 21.
» Lib. 1X„ Epist. 24.
Ibiil., Epist. 23.
14
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
210
tant de louanges h son prince. » Mais tandis
que les peuples et les rois mettaient leur con-
fiance eu la sagesse et en l'exiituiencc de
Cassiodore, lui seul, se défiant de ses forces,
écrivait au Pape et aux évoques' pour leur
demander le secours de leurs prières, et leur
recommander les besoins de l'IOtat. Les ex-
cès auxquels Athalaric s'abandonna depuis
qu'il se fut soustrait à la conduite des gou-
verneurs qu'Amalasontlie lui avait donnés.
il composa dans la suite son livre intitulé :
De la Miinière d'enseigner les lettres divines,
qui est une espèce d'inlioduction .'i l'étude
de l'Ecriture sainte. Il fut plus aisé h Cas-
siodore de pourvoir aux besoins temporels
des Romains, chez qui il rétablit l'abondan-
ce, de même que dans la Ligurie et d'autres
provinces qui se trouvaient dans la disette.
Il fit diminnerl'imposition des tailles et en fit
décharger ceux qui avaient été réduits .'i la
abrégèrent ses jours qu"il termina la neu- pauvreté par des années stériles, trouvant
Lib. XII
E|Ul. îi.
vième année de son règne, âgé seulement de
dix-neuf ans. C'était en o3i. Cette princesse
avait déjà pris quelque mesure avec l'em-
pereur Juslinien pour se i étirer à Constau-
linople; mais la mort d' Athalaric lui fit chan-
ger de dessein, et penser à mettre Théodat
sur le trône, pour eu partager avec lui l'au-
torité. Théodat l'accepta avec joie, et il vé-
cut pendant quelque temps avec Amalason-
the dans une intelligence qui marquait une
confiance mutuelle. Mais, ne pouvant plus
surmonter la haine qu'il avait conçue depuis
plusieurs années contre cette priuces.-e dont
que c'était une conduite cruelle de dem^in-
der des subsides à ceux qui sont eux-mêmes
dans la nécessité de mendier, et de les for-
cer de donner les choses dont ils ont un
pressant besoin.
7. L'empereur Justinien, indigné de la
mort d'.\malason(he se pii'para à la venger
par la guerre ([u'il résolut de l'aire à Théo-
dat. Il dissimula d'abord le dessein de son
armement; mais Théodat, ne pouvant dou-
ter que Juslinien, aprèsavoir réduit la Sicile,
ne poursuivît plus loin ses conquêtes, lui fit
demander la paix par le sénat et par le pa-
II fait Tcn.
dr« le» y-^t
«•fr«< dr I É-
f)(c4 do S« nU
t'iLire CD 0.16.
Procop. de
Bel'» Go:b.
ut;. IV, et
Joniandcs,
cap. uz.
Csssiodnrd
Eeose h tlK*
llr de? écoes
& Rome j.our
les saintes lot-
irez.
il prétendait avoir été maltraité, il la fit met- pe Agapet, qu'il obligea pour cet ell'et d'al-
tre en prison dans un château au milieu
d'une île de Rolsène en Toscane , où il la fit
ensuite étrangler lorsqu'elle était dans le
bain, sur la fin de l'an 534, ou au commen-
cement de la suivante.
6. Cependant les troubles qui s'étaient éle-
vés dans l'Église depuis le concile de Chal-
cédoine duraient toujours. Cassiodore et dix
1er A Coustantinople. Le Tape se mit en de-
voir d'obéir ; mais, manquant d'argent pour
un si long voyage, il ne put en obtenir
qu'en donnant en gages aux trésoriers de
l'Épargne , les vases sacrés de l'Église de
Saiut-I'ierre. Cassiodore l'ayant appris, fit
sentir au roi l'indignité de cette action, et
envoya ordre aux trésoriers de rendre les
Lll.. XII,
E|>lti.Stl.
des principaux du sénat, prièrent le pape vaisseaux sacrés, et de les faire rapporter
Jean de s'expliquer sur les difficultés qui avec respect par les maiiis des diacres. Il
occasionnaient ces troubles. Le Pape leur ordonna encore que l'on rendit aux procu-
répondit, et après leur avoir expliqué ce que reurs de l'Eglise de Saint-Pierre l'obligation
l'on devait penser sur le mystère de l'Incar- du Pape. La négociation de Constantinople
nation, il leur recommanda de n'avoir aucu- fui sans ell'et : les armées de Juslinien furent
ne communication avec les acémètes, parce victorieuses partout, et Théodat déposé par
qu'ils étaient nestoriens. Cassiodore ayant les principaux officiers de san armée, comme
remarqué pendant son séjour à Rome, que indigne de gouverner. Vitigès qu'on lui dou-
l'on s'y portait avec une ardeur extrême A na pour successeur, le fit tuer près de Ra-
l'étude des lettres profanes, et qu'il n'y avait venue, où il se relira lui-même pour se ]ué-
point de maîtres publics destinés à ensei- parer à la guerre. Cassiodore fut maintenu
gner les saintes Écritures, pensa à établir en sous ce nouveau roi dans la charge de pré-
cette ville, à ses frais, des chaires de profes- fet du Prétoire; mais, après en avoir rcm-
seurs dans les écoles chréliemies, afin de pli quelques mois les fonctions , il prit le
procurer par là le salut des âmes. Il proposa parti de se retirer dans un monastère,
son dessein au pape Agapet qui avait suc- 8. il avait dt'jà vécu i)rès de soixante et
cédé à Jean H, en îi33; inaisles guerres, qui dix ans, et en avait passé plus de cinquante
commencèrent dès lors h désoler l'Italie, en dans les emplois les plus importants de la
empêchèrent l'exéculion. Pour y suppléer, cour et de l'Ktat. On met sa relraile vera
l'an 539, et on ne peut la mettre plus tôt ,
, j^j,j j^i EpUii. 2 3. puisqu'en 538 il faisait encore les fonctions
r..i.. ..doi«
■« rii.ic daw
tto lnoDl^tèr•.
I
CHAPITRE XIX. — CASSIOnonE, CIIANnELIEIl.
[Vl' SlfXLE.J
do pr(4ct du PriUoire, commo on le voit p;ir
lii villgt-dl'^lxi^u]c loltro du douzii'iue livre.
Il y iiviiit loufitcmps qu'il se le^'aidait com-
me captif iiu milieu des engagements liono-
raliles qui l'allacliaiont au monde : les mal-
lieurs de l'Italie lui préseutèrcnt une occa-
sion favorable de le quitter, pour ne i)lus
penser qu'à son salut dans le repos et dans
la retraite. Ceux qui l'ont voulu faire passer
pour une retraite forcée, n'ont pas fait at-
tention qu'il n'avait rien .'i craindre, ni de
la part des rois d'Italie, à qui il avait tou-
jours été très-utile et très-agréable; ni de la
part des peuples qui l'avaient toujours chéri
comme leur père; ni de la part de l'empereur
Justinien qui connaissait parfaitement son
mérite. Il choisit pour se retirer un monas-
tère qu'il avait fait bâtir auprès de Squillacci,
connu sous le nom de Castel dans les Let-
tres * de saint Grégoire le Grand, et sous le
nom de Viviers, parce que Cassiodore fit un
monastère double : l'un au bas de la mon-
tagne pour des cénobites, l'autre pour les
ermites sur le haut. Il faisait lui-même pro-
fession de la vie religieuse dans ce monas-
tère. Non-seulement Paul, diacre, l'appelle
moine* dans son Histoire des Lombards, mais
il se met lui-même clairement au nombre
des moines, lorsqu'il dit dans sa Préface sur
l'Explication des Psauriics : « Dieu nous fasse
la grâce d'être semblables à des bceufs infa-
tigables , pour cultiver le champ de Notre-
Seigneur avec le soc de l'observance et des
exercices réguliers. » Il établit deux sortes
de moines dans ce double monastère, les
uns pour mener, à Viviers, la vie cénobitique;
les autres pour pratiquer les exercices des
anachorètes dans la solitude de Castel. Mais,
avant d'en envoyer dans ce désert, il avait
soin de les exercer et de les éprouver dans
le monastère de Viviers. Pour donner à ses
religieux les moyens de s'instruire et les
rendi-e capables de servir ensuite l'Église par
leurs travaux et par leurs écrits, il fit venir
à Viviers la nombreuse bibhothèque qu'il
avait à Rome, et apparemment encore celle
qu'il s'était faite étant à Ravenne, et les aug-
menta toujours depuis tpnt qu'il vécut. 11 faut
l'entendre s'expliquer lui-même là-dessus à la
» Lib. \U Epist. 31, 33.
* Paul, diac, lib. I, cap. xxv.
' Qui mecuin dialecticam legit, et in exemplo
gloriosi magisteni plurimos aiinos vitam sitam
Domino prœstanle transegit. Cassiod., lib. /;w£if.
divin., cap. xxni.
211
fin de son Vtwc de l'Institution: « II.Iloz-vous"
dit-il, mes cliers frères, de faire de gramis
progrès dans la science des saintes Écritu-
res, et animez -vous-y en considérant que
c'est pour vous remplir do doctrine que j'ai
amassé un si grand nombre de livres, et des
livres si bien conditionnés et si bien choisis.»
Il enseignait hii-mémc ses religieux ; mais,
ne sulUsant pas pour un aussi pénible tra-
vail, à cause de son âge avancé et de diver-
ses occupations indispensables, il se cher-
cha un excellent collègue dans la personne
de Denys le Petit. C'est le sens que l'on don-
ne ' ordinairement aux paroles de Cassio-
dore ; mais il parait que Denys le Petit était
mort avant la construction du monastère de
Viviers, et qu'il ne survécut pas assez long-
temps au changement de vie de Cassiodore
pour avoir enseigné ensemble la dialectique
pendant plusieurs années. En effet, Cassio-
dore parle de Denys comme déjà mort dans
son livre de l' Institution, qu'il fit peu après sa
conversion, ainsi qu'il le témoigne lui-même
au commencement de son traité de VOrtho-
graphe. Il faut donc , ou que Denys ait en-
seigné en un autre temps avec Cassiodore,
ou qu'on retarde la mort de Denys.
9. On ne voit nulle part que Cassiodore
ait prescrit aux moines de son monastère
l'observation de la Règle de saint Benoit.
11 leur recommande de garder avec soin les
Règles de leur précepteur, c'est-à-dire de
leur abbé *, les instituts des Pères et ceux
de Cassien ', en les avertissant toutefois de
les lire avec circonspection dans les endroits
où cet auteur s'est éloigné de la vraie doc-
trine, et qui ont été réfutés par saint Pros-
per. Il ne laisse pas de se rencontrer très-
souvent avec saint Benoit sur divers points
de l'observance monastique, marquant com-
me lui sept heures' différentes, destinées à
la psalmodie pendant la journée ; à quoi il
joint les nocturnes ou les veilles de nuit. Il
ordonne aussi le chant des Compiles pour
terminer ' toutes les actions de la journée.
Il recommande, comme saint Benoit * le soin
des étrangers, des pauvres et des malades,
et il y a un chapitre entier de son Institu-
tion adressé aux religieux chargés du soin
* Quapropter omnes quos monasteriisepta con-
clandunt,ta7n Patrum régulas, quam prœceploris
proprii jussa sercale. Ibid., cap. xsiii.
' Ibid., cap. XXIX.
• Id. inPsal. csvi, vers. 164.
' Id. in Psal. xcx.— ' Ibid.. cap. xxxn.
Mort de
Casâîodor«>,
.cisl'an 5G3.
212
HISTOIRE GÉNÉHALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
^1
Élog* da
Cissiodore.
des malades, comme il y en a dans la Règle
de saint Benoît. Il est donc très-vraisembla-
ble que Cassiodoie, ou connaissait cette Rè-
gle, ou qu'il était informé de ce qui se pra-
tiquait dans le monastère du Mont-Gassin.
Nous n'avons aucun historien du temps qui
nous apprenne l'année de sa mort. 11 nous
assure lui-même qu'il avait quatre-vingt-
treize ans lorsqu'il mit la main à son traité
de r Orthographe. Si donc il est né en 469,
ce fut en 562 qu'il composa cet ouvrage.
Mais ce ne fut pas le dernier, et on prétend
qu'il travailla' depuis à un calcul ecclésias-
tique pour trouver le jour de Pâques, les
épaeles et les indictions. Du moins est-il
certain qu'après avoir achevé son livre de
i Orthographe, il eut encore assez de loi-
sir pour revoir ses premiers ouvrages et y
ajouter quelque chose , comme on le voit
dans son livre de l'Institution où il parle
de celui de l'Orthographe écrit longtemps
après.
iO. Mais en quelque temps qu'elle soit ar-
rivée , il y a tout lieu de croire qu'elle fut
j)récieuse devant Dieu. Les écrivains du vin'
siècle l'ont qualifié' bienheureux ; d'autres
l'ont placé parmi les confesseurs ', disant
c[u'après avoir beaucoup brillé par la sain-
teté de sa vie et par sa science dans les let-
tres divines et humaines, il vivait après sa
mort par les miracles qu'il opérait. 11 a eu
cet avantage* entre tous les docteurs de l'E-
glise, d'avoir été honoré des plus éminentes
dignités du siècle , et de s'en être acquitté
avec toute l'intégrité, la religion et la piété
imaginables, ayant toujours défendu la cause
de l'Église catholique avec fidélité , quoique
les rois qu'il servait tissent profession de
l'arianisme. Heureux d'avoir quitté la cour'
et les affaires du monde pour se disposer par
la vie pénitente à comparaître devant celui
qui examinera si sévèrement la vie des mi-
nistres des princes, et qui les jugera, non
par les raisons d'État , mais par les vérités
de son Évangile, dont pour l'ordinaire ils font
si peu de compte 1
ARTICLE n.
DES ÉCRITS DE CASSIODORE.
§ 1-
Des Lettres de Cassiodore.
i . Le plus considérable des ouvrages de
Cassiodore, dans le temps qu'il était chargé
du poids des aflaires sous les rois d'Italie, est
le recueil de ses lettres. Ses amis furent long-
temps à le presser d'en faire un corps et de
le rendre public , dans la persuasion qu'il
pourrait être utile à la postérité pour la con-
naissance de l'histoire de son temps. « On
accorde, leur répond-il, neuf années entières
aux auteurs jiour composer leurs ouvrages,
et je ne puis pas même trouver des moments
pour travailler aux miens. Sitôt que j'ai pris la
plume, on m'étourdit à force de clameurs, et
je me vois pressé de tant d'endroits , que je
ne puis achever tranquillement ce que j'ai
commencé. L'un me fatigue par des sollici-
tations importunes, l'autre vient m'accabler
du poids de l'extrême misère qui le presse;
d'autres mêmes m'environnent et m'assiè-
gent de discours séditieux et pleins de fureur.
Parmi tous ces embarras qui me permettent
à peine de parler, comment voulez-vous que
je trouve le loisir de dicter et d'écrire avec
politesse? Des inquiétudes inexplicables ne
me laissent pas le moindre repos pendant les
nuits , ayant ;ï donner ordre que toules les
villes soient suftisamment pourvues de mu-
nitions de bouche. Ainsi je me vois contraint
de parcourir en esprit toutes les provinces,
et de prendre garde si l'on exécute les ordres
que j'ai donnés. » Ses amis ne disconvenaient
point que son temps ne fût extrêmement par-
tagé par tous les embarras et par toutes les
inquiétudes inséparables des charges dont il
faisait les fonctions avec tant d'assiduité etde
suffisance : « Mais, disaient-ils , cela ne doit
pas vous détourner de mettre au jour ce que
nous demandons de vous. Rien ne vous sera
Lrllrt
Cas»lutjor
^„.
netc,
lia.
« Baron., ad ann. 862.
• Jlujus locum firophetùe beatus Cassiodorus
ita déclarât. Alcuiu. in Psal. XL.
> Cassiodorus confessor ex senaloremonachus...
fitœ sanclilate adiiiodum effulgrns, divina et lin-
7nana litUratura pollens, nonnulla perulitia Ec-
clesiœ Dei digessit... sepultus in miraculis liiit.
l'ulr. De Natal., yi^. 28u, edit. 1519.
* Auctor iste {Cassiodorus) inler omnes doeto-
res ecclesiasticos dignilalum sa'cularium honore
summa cum integrilate, religioneque et pielate
prœfulsit. Quamvifenim reges yt/s esseni ariani,
!;)«(• lamen fiilclissime perpétua tenore catholicœ
iVc/cstiT parles défendit. Coch\.Episl.a4 Thomam
Morum Angliœ cancel.
' Anliquus commenlarius in Psalnos.
[vi« SIÈCLE.] CHAPITRE XrX. — CASSIODORE, CHANCELIER.
213
Los cloq
•niicrs 11-
plus glorieux que d'avoir donné au public ,
parmi tant do travaux et d'atlaires, des ou-
vrages aussi cliiiiios d'iMn' lus (jup les vôtres.»
Cassiiulnrn n(^ pouvant ri'sister ;\ de si pres-
santes instances, couseiilit;'i publier le recueil
de ses lettres. Il semble qu'avant d'en être
sollicit(5, il les avait déji\ mises en ordre, et
qu'il en avait même retouché nnc bonne par-
tie ; mais qu'il n'avait pas encore doimé la
dernière main à cet ouvrage; il est divisé en
douze livres qu'il intitula: Z>i'w?'ses, soit à cause
des divers sujets et de la variété de la ma-
tière, soit à cause des ditl'érentes personnes
auxquelles elles sont adressées , ou au nom
desquelles elles ont été écrites , soit parce
qu'ayant été oldigé d'en écriie au nom de
plusieurs persoinies, il en avait varié le style
suivant la condition de ceux pour qui il les
écrivait et à qui il les adressait. En effet, il
y en a à des rois, ;\ des empereurs, h des sé-
nateurs, à des évêqucs et à de simples par-
ticuliers, comme à des architectes, à des ou-
vriers en marbre , à des médecins , à des
juifs.
2. Les cinq premiers livres ne contiennent
que les lettres du roi Tliéodoric, et on y
trouve peu de chose qui intéresse notre
sujet. Nous ferons toutefois remarquer que
dans la seconde du premier livre où il reprend
im nommé Théonius chargé de fournir à la
cour la pourpre nécessaire pour les vête-
ments royaux , ce prince fait une fort belle
description de la façon de teindre les étoffes
avec la pourpre, en expliquant ce que c'est.
« On en a trouva, dit-il, le secret à Tyr par le
moyen d'un chien, qui, pressé parla faim, se
jeta sur quelques coquillages que la mer
avait poussés sur le rivage. En ayant broyé
quelques-uns avec les dents, on vit sa gueule
teinte d'une merveilleuse couleur. Ceux qui
en furent témoins firent usage de ces co-
quillages pour teindre des étoffes. L'animal,
renfermé dans ces coquillages, conserve son
sang six mois après sa mort ; et pour l'expri-
mer après un si long temps , on se sert de
pressoirs faits exprès. » Il marque dansla neu-
vième lettre adressée à Eusforge, évêque de
Milan , de faire rétablir dans l'honneur de
l'épiscopat l'évoque d'Augusta accusé par
ses clercs d'avoir voulu trahir sa patrie. Les
accusateurs étant du clergé, Théiidoric no
voulut point les punir lui-nièmc; mais il les
renvoya h l'évcque de Milan , leur métropo-
litain, pour leur faire leur procès, sachant
que cet évêque était observateur des lois do
l'Eglise. Ce prince dit à cette occasion ' qu'on
ne doit pas juger légèrement ceux qui sont
élevés à une dignité aussi considérable que
l'épiscopat, et qu'il faut à peine croire d'eux
les crimes les plus connus. Cette attention
est remarquable dans un prince arien. 11 y
a deux endroits dans la seizième lettre qui
ne le sont pas moins : l'un où il dit qu'il
comptait entre les avantages de la royauté
le bien qu'il pouvait faire par humanité et
par miséricorde ; l'autre, où il avance qu'un
prince augmente ses richesses à mesure que,
négligeant l'argent qui ne mérite que du
mépris, il acquiert les trésors de la réputa-
tion, qui sontplus dignes de son estime. Il dit
dans la trentième lettre, que le devoir d'un
bon prince est non-seulement de punir le
crime, mais d'en retrancher aussi les occa-
sions. D est parlé dans la trente-cinquième
d'un poisson nommé en latin rémora , qui
arrête les vaisseaux au milieu de leur navi-
gation ; et d'un autre appelé torpilla , qui
engourdit la main du marinier cpii le tou-
che, encore que ce ne soit qu'avec quelque
instrument. On voit par la trente-septième ,
que les Goths ne doutaient pas qu'il ne fût
permis à un mari de mettre à mort l'adul-
tère qu'il trouvait avec sa femme : ces peu-
ples, comme nous l'avons vu dans Salvien ,
étaient très-cliastes , et ennemis de toutes
les libertés contraires à la pudeur. La troi-
sième du second livre est un éloge d'un gau-
lois nommé Félix, que Théodoric avait élevé
au consulat, et de son père, dont les mœurs,
l'érudition et l'éloquence l'avaient fait pas-
ser pour un Caton. Quoiqu'il fût mort depuis
plusieurs années , la mémoire de ses vertus
était encore fraîche; «parce que, dit Théodo-
ric, les belles qualités d'un homme ' vivent
encore après lui, et que ce qu'on fait de glo-
rieux ne vieillit point avec le temps.» La hui-
I.oltro IS ,
p»b-. 10.
L.-Mro
P"S- 11.
I.rltre 33,
|ag. 1«.
Lcllrc 37,
png. n.
Lettre 3, liv.
n, pag. S3.
Lettre S, 'ag.
2ô.
' Nihil in lali honore fepiscopatus) temeraria
cogilalione prœsumendnm est, ubi si proposito
crcdiliir, etiam tacilus ab excessibus excusatur.
Manifesta proindè criiniiia in talibus vix capiunt
fidem... Sed quoniam et ipsi impugnatores cleri-
catus vomine fungebaiitur.ad sanctitalis vestrce
judicitim cuncta transmisimus ordinanda, cujus
est œquilatem nioribus talibus imponere, quem
novimus traditioncm ccctesiasticam custodire.
ïheodor., lih. I Ejnst. 9, pa;;. 1.
* Bona durare nonint post liominem; et quud
gloriose gerilur, fine tcmporis non tenelur. ThcO'
dor., hb II Episl. 3, i)ag. 23.
214
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Ltitt
il>id.
Lritrî
Ltlirt
Ibid.
Lrfire
p.C-81.
Lcllrc
m, p.E. .
Ullre
tième est très-honorable aux évoques , que
Théodoiic dit être les plus propres à rendre
la justice par leur équité, qui ne sait faire
acception de personne. Aussi ce prince s'a-
dressa-t-il à l'évèque Sévère , pour distri-
buer des sommes considérables à ceux qui
avaient soutlert quelques dommages par le
'"• passage de ses troupes. Il appelle dans la
dixième letti-e le mai-iage un sacrement ' ,
qu'on ne peut profaner sans une témérité cri-
'•• minelle. Par la dix-septième il décharge un
prêtre de la ville de Trente, tiommé Butiliem,
du paiement de ce qu'il devait au fisc ; mais
il défend en même temps de faire payer à
d'autres ce que ce prêtre devait, « de peur,
dit-il , que la grâce qu'on fait à celui qui l'a
méritée , ne tourne au dommage de l'inno-
1?, cent; ce qui fait horreur à dire.» Dans la let-
tre dix-huitième il regarde comme une cho-
se messéante à un évèque il'ctre convaincu
publiquement par la perte d'un procès, d'eu
avoir entrepris ou souteim qui ne fussent
*■'• pas justes. Il dit dans la vingt-septième que
les rois ne peuvent commander à personne
d'embrasser une religion, parce que l'on ne
"> croit pas* par contrainte. Dans la vingt-neu-
vième adi-essée à un sénateur, nommé Adila,
qui avait la garde des terres et des fiefs de
la Sicile, Thi'odoric lui recommande de veil-
ler à la conservation des biens que 1 Église
de Milan possédait dans cette ile, disant que
la paix et la tranquillité des sujets fait la gloi-
re du prince , et que les personnes qui ap-
partiennent à l'Eglise , et les biens qui eu
dépendent, méritent une protection particu-
lière en vue de Dieu , qui , pour cette atten-
3?, tion, nous fait miséricorde. On voit par la
trente-huitième , qu'il mettait au rang de
ses plus grandes richesses le pouvoir qu'il
avait de rendre heureux , par le moyen de
ses tiéoors, une infinité de misérables ; et,
parla première du troisième livre, qu'il était
persuadé que la justice rendait les rois plus
forts et plus redoutables h leurs ennemis. Il
était aussi persuadé, comme il le dit dans
la onzième , que rien n'est plus glorieux à
un roi ' que de rendre ses sujets heureux.
et de n'accroître sa puissance que pour aug-
menter la félicité de ceux qui lui sont sou-
mis. La quatorzième est adressée à l'évèque
Aurigène, à qui Théodoric renvoie la suppli-
que d'un nommé Julien qui se plaignait de
ce que les sujets de l'évèque lui avaient en-
levé son bien.d Si l'exposé est vrai, lui dit-il,
punissez-en l'auteur sans délai : parce que
le mal s'augmente quand il dure, le remède
est d'en accélérer la correction.» Il dit dans
la vingt-septième qu'un juge n'est digne *
de son nom qu'autant qu'il observe les lois
de la justice d'où il le tire , l'orgueil n'étant
pas propre pour lui conserver un titre qui
n'est fondé que sur l'équité. La trente-sep-
tième est une plainte à l'évèque Pieire sur
ce qu'il retenait la portion de bien qui ap-
partenait à son frère. Théodoric lui dit que
c'était à lui, en sa qualité d'évèque, de ter-
miner cette affaire, et qu'en cas qu'il le re-
fuserait, il l'appellerait à son tribunal. Apro-
nien, du nombre des illustres, et comte des
domaines , avait donné avis au roi Théodo-
ric qu'il était arrivé à Rome un homme qui
avait le secret de trouver des eaux et d'en
faire venir dans les lieux les plus arides,
afin qu'on puisse ensuite les habiter. Le roi
témoigna beaucoup de joie de voir durant
son règne des expériences de cet art, « dont
nous lisons , dit-il , les préceptes dans les li-
vres des anciens.» Il donne lui-même lesmar-
ques d'où l'on peut conjecturer que l'eau et
la source ne sont pas éloignées; savoir, lors-
que l'herbe est fort verte, que les arbres
montent à une hauteur extraordinaire, qu'il
croit dans ce lieu des joues, qui aiment l'eau,
des cannes, des roseaux, des peupliers et des
saules. « Une autre marque , ajoute-t-il, est
quand après avoir exposé à l'air de la laine
sèclie pondant la nuit, et l'ayant mise sur la
terre en la couvrant de quelfjues vaisseaux ,
on la trouve humide le matin ; ou quand le
soleil étant levé on voit voler près de la terre
une grande quantité de petits moucherons. A
l'égard de la pi'ofondeur de la source, on la
conuait en observant à quelle hauteur s'élève
une certaine vapeur qui sort de terre. U y a
LMIre ItJ
rH> *'.
Lrltre IT|
I«5- »8.
m. 5v.
' Nec dissimulari potest vt illiud humani gcne-
ris procreabile sacra menlum scelerata temeritale
profanetur. Ibii!.. Epist. 10.
* Jleligioncm imperare non possumus, quia ne-
mo cogilur ut credal invUus. Lib. II Epist. 27,
pag. 31.
' Quid enim tam regium,quam fecisse felicemt
Bénéficia siquidcm sunl, quœ régna sublimant ;
et libcrtatis Dominus jugiier potest crescere si
sibi subjectos sludeal ampliare. Lib. 11 Episl. 11,
pag. 41.
' Taindiu judex dicitur, quamdiu et jicsliis pit-
tatur : quia nonten quod ab œquitate sumitur,
pcr superbiam non lentlur. Lib, III Epist. 27,
p.ifj. 40.
[Vl* SIÈCLE.]
encore des signes auxquels on jupe de la
quiililé des eaux avant de les avoir éprou-
vées. Car celles qui jaillissent du coté du
lovant ou du midi , sont douces, claires, lé-
gères et bonnes pour la santé. Celles au
contraire qui coulent vers le couchant ou
le septentrion sont fort fraîches , mais trop
pesantes et trop épaisses. » Ce prince ordon-
ne h Apronicn de fournir à cet homme des
deniers de l'Eparnuc de quoi subsister, et
de lui chercher pour compaf^non un ouvrier
habile dans les mécaniques et dans l'hydro-
liqne, qui puisse faii-e monter les eaux qu'il
.KT.Vvrw' ""™ découvertes. Il exhorte dans la Ireute-
*•• unième du quatrième livre , l'évèque Hmi-
lien A achever un aqueduc (jn'il avait entre-
pris de rétablir par l'autorité royale , disant
que par cet ouvrage il imitera Moïse qui
tira d'un rocher des fontaines abondantes
pigM'.™ "' V°^^' étancher la soif du peuple d'Israël. Il
dit dans la quarante-deuxième , qu'il n'y a
point d'orphelins dans les états d'un bon
prince . parce qu'il est le père commun de
tous ceux qui n'en ont point, et que la vraie
noblesse qui ' n'est contestée de personne ,
est celle qui vient de la vertu et des bonnes
II, 'v"" !"' ™'"-i'i's- Il ajoute qu'on ^ goûte plus agréable-
"'• ° ment les bienfaits qui n'ont rien coûté à
obtenir; et qu'une loi n'a rien ' de trop dif-
licile, quand le prince est le premier à s'y
soumettre.
3. Les sixième et septième livres sont com-
posés de ditl'érentes formules, soit de brevets
et de provisions des charges et des dignités
de la cour et de l'Etat, soit des permissions qui
devaient s'accorder au nom du roi. La pre-
mière formule est du consulat. Les suivan-
tes sont des dignités de patrices , de préfets
du prétoire, de préfets de Rome, dont la ju-
ridiction s'étendait l'espace de cent jets de
pierre au delà de cette ville ; de questeurs ,
de grands-maitres du palais, de comtes des
libéralités du roi, de comtes de sou patri-
moine, de ceux que l'on appelait grands; ce
n'était qu'un simple titre d'honneur, sans au-
cun appoinlement. Il y a aussi beaucoup
d'autres formules pour des dignités moins
considérables, comme de celles de vicaii-es
ou lieutenants de Rome, de notaires ou se-
CHAPITRE XIX. — CASSIUDORE, CHANCELIER.
215
Lrliro ir,,
pa^'. 78.
Lollro ta
Livres VI
Cl vu.
crétaires, do référendaires ou maîtres des
requêtes, de pri'fets des vivres, ou déju-
ges préposés pour fixer le prix du pain'et de
veiller à ce qu'il fût bon et de poids ; de
comte des médecins, ou premier médecin;
de consulaires qui étaient envoyés dans les
provinces avec une autorité presque égale à
celle des consuls ; d'intendants des provinces, ^
de comte des Goths , à qui il appartenait de
terminer les affaires que ces peuples avaient
avec les Romains ; de ducs de la Uh(Uie ou
du pays des Grisons, préposés à la garde des
frontières de l'État de ce côté-l;ï; de premier
architecte ou surintendant des bâtiments; de
capitaines du guet, soit de Rome, soit de Ra-
yonne, établis pour la sûreté des citoyens;
de tribuns des plaisirs, qui étaient chargés de
retrancher des spectacles tout ce qui pouvait
être contre l'honnêteté; de défenseurs des
villes, qui en étaient comme les maires. Dans liI' vr,
la formule du vicaire de Rome, il est parle m-
d'un prince cardinal de Rome qui suivait tou-
jours le roi. Parmi les formules des permis-
sions on en trouvait de dispense d'âge, que
le roi accordait pour rendre capables d'agir
et de contracter ceux qui, n'étant pas en âge
de le faire selon les lois, avaient toutefois la
prudence et la maturité nécessaires pour ce-
la; d'autres pour rendre valide un mariage,
et les enfants qui en étaient nés habiles à
succéder, et une pour légitimer un mariage
contracté avec une cousine germaine, ou la
fille de la tante maternelle. La plupart de ces
formules sont semées de maximes de morale
et de politique. Il est k remarquer dans la
première du septième livre, que lorsqu'il s'a-
git * de prononcer sur la vie des hommes, les
juges doivent temporiser, parce qu'il n'en est
pas de la sentence prononcée en cette occa-
sion comme des autres que l'on peut corri-
ger avec le temps; qu'd faut donc que le
glaive corrige, s'il est possible, tous les cou-
pables par la crainte qu'il imprime; mais
que l'innocence y trouve du secours, les lois
ayant autorisé le glaive pour se défendre. Il
est dit dans la troisième, qu'on ne défend
pas une cause par la force du bras, mais par
l'évidence du droit.
4. Les lettres du huitième et du neuvième 3, p^jç.'iot'"'
Lil.. VU,
fArm. 2, fjlg.
IU3.
Ibid., roriTi
3, paf, llll.
1 Bœc est indubitata noMlitas. qtiœ moribus
probatur ornata. Lib. V Epist. 12, pag. "7.
- Dulciora sunt bénéficia que nullis difficuUati-
bus obtinentur. Kpist. 15, pag. 78.
' Kulli gravis estjussio, quœ constringit et prin-
cipetn. Epist. 18, pag. 79.
* Cunclator esse débet qui judicat de salute.
Alia scnlenlia polcsl corrigi: de vila transactum
non palilur immutari.Lih.Wl, form.l, pag. 103,
216
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
li\Tes sont toutes du roiAtlialaricà l'excep-
tion de la onzième du huitième livre, qui est
d'un patrice. et adressée au sénat de Rome.
','w.' ^^ piince dit dans la dixième que les glo-
rieuses blessures' sont des éloges qui n'ont
pas besoin de bouches pour les publier;
elles sont le langage propre de la v.ileur
'•<•■ quand on les a reçues dans le combat. Atha-
laric disait à un ofiicier qui avait servi avec
honneur sous Théodoric, et à qui il donnait
la dignité de questeur : « Donnez-moi des
marques de votre fidélité enm'avertis.sant du
bien que je suis obligé de faire, et élevez-
vous avec courage contre les entreprises des
méchants. Un bon prince permet toujours
qu'on lui parle pour la justice; au contraire,
la marque certaine d'une cruauté tyranui-
que, est de ne vouloir point entendre parler
des lois anciennes. J'emploie volontiers ces
excellentes paroles de Trajan : Recevez cette
charge, et servez-vous de l'autorité qu'elle vous
donne, ou jjour la république et pour moi si Je
gouverne en prince équitable, ou pour la répu-
blique contre moi, si je m'éloigne de mon de-
voir. Considérez donc ce que j'exige de vous,
et sachez que je ne crois pas pouvoir me per-
mettre quoique cliose contre la justice. »
'■ -«• Athalani_ disait dans une autre occasion que
le règne d'un prince reçoit un de ses plus
grands ornements de la lionne conduite des
juges et des autres officiers qu'il a établis ;
que comme c'est ce qui lui fait un nom célè-
bre dans toutes les nations, c'est aussi ce qui
soutient son trône, ses ennemis étant sur-
montés avec plus de succès par les bonnes
mœurs que par les armes, et ceux que le ciel
prolègi; ne pouvant avoir d'ennemis heureux.
'■■'• Il parle d'une fontaine' miraculeuse dans la
Calabre, appelée Marcilliane, dont les eaux
croissaient prodigieusement la nuit de Pâques
lorsqu'on commençait à donner solennelle-
ment le baptême suivant l'ancienne coutume.
L'empereur Justinicn avait recommandé au
roi Théodat certaines religieuses qui se trou-
vaient hors d'état de payer les tailles, parce
que les terres pour lesquelles ou les Icui- de-
mandait avaient été ruinées par une inonda-
tion suivie de la stérilité. Le roi Théodat ren-
voya l'affaire à Cassiodore, afin qu'il s'infor-
mât du dommage que l'inondation avait causé
à ces fdles, et (ju'il le réparât de façon qu'el-
les pussent tirer quelque utilité de leurs ter-
res. Il lui ordonna aussi , à la demande du
même prince, d'empêcher qu'une dame de
qualité, nommée Véranilda, qui avait quitté
l'arianisme pour se faire cathoUque, ne fût
maltraitée par ceux de sa nation. La raison
que Théodat rend de sa conduite à cet égard,
est que Dieu, tolérant plusieurs religions dif-
férentes en ce monde, ne pouvait contrain-
dre ses sujets à une seule.
5. Dans le dixième livre sont comprises ub.x,EpM.
les lettres écrites au nom d'Amalasonthe, de •■'**■''•
Théodat, de la reine Gudéline, sa femme, et
du roi Vitigès. Théodat dit, dans celle qu'il
écrivit au sénat de Rome, qu'il avait foutes
choses en son pouvoir, mais qu'il ne se croyait
rien permis que ce qui était digne de louange.
La vingt-septième , qui est du même prince , Kpui. r,
est un ordre à Sénator , préfet du Prétoire , ^'^' '
pour soulager les provinces affligées de la
guerre et de la stérilité, surtout la Ligurie et
le pays de Venise, en faisant distribuer des
blés aux peuples de la campagne, n'étant pas
juste que ceux qui cultivent les terres et dont
les travaux avaient rempli les greniers, mou-
russent de faim. Vitigès, successeur de Théo- Epui. 32 «
dat, en écrivit une à l'empereur Justinien , '^^'
pour lui demander la paix, et une aux évo-
ques de ses étals poui- leur demander le se-
cours de leurs prières.
6. Il n'est pas difficile de reconnaître au U"« n,
style des lettres dont nous venons de parler,
qu'elles sont presque toutes de Cassiodore,
quoiqu'elles portent le nom des princes dont
il était le ministre. Celles des deux livres sui-
vants sont écrites en son nom propre, comme
préfet du Prétoire, excepté la treizième du uitr.ioSé.
,. . , j ... ml de fioine.
onzième livre, qui est au nom du sénat de
Rome. Il joint partout le nom de sénateur à
sa qualité de préfet, ce qui donne heu de
croire que ce nom lui était propre comme
celui d'.\urèle. Ces deux livres sont précédés
d'une préface dans laquelle il dit assez claire-
ment qu'il était auteur des lettres contenues
dans les dix livres précédents, et qu'après
' Vtdnera, opinio inseparabilis, siiic assertore
prœcunium , prupria lingua virtutis. Lib. VIII
Epist. in, png. 120.
' Veniaiims nd illud singulare mttnu^ sanctum-
que miraculum: nnm cumdie sacralœ noctispre-
cem baplismati.1 cœpcril sacerdos effundere, et de
ore sancto sermonum fontes emanare, mox in
altum unda prosiliens aquas suas non per mea-
lus soUtos dirigil, sedin nltituilinem ctimulumijue
transmillit. Erigitur hrutum rlementum sponte
sua, el quadam devnlione solemni prirparat se
miraculix, iil sancli/icutio wajestalis possit os-
leiidi. Lib. VIII Enist. 8, pa?. l31.
[VI* SIÈCLE.]
CHAPITRE XIX. — CASSIOnOIlE, CHA.NCELIER.
217
avoir parle en la personne des rois, il conve-
nait <iu'il parlilt en la sienne propre clans les
deux suivants. Comme on aurait pu être sur-
pris qu'il eut écrit si pende lettres étant pré-
fet du Prétoire, il eu donne pour raison qu'il
avait été aidé dans les fonctions de cette
charpie par Félix, homme également rccom-
luandable par la pureté de ses mœurs, par
son savoir et par son éloquence ; ce qui mar-
que que Félix avait partagé avec lui le soin
d'écrire les lettres et de faire les réponses né-
cessaires. La première des lettres de Cassio-
dore est adressée au sénat de la ville de Ho-
me, pour le prier de rendre grâces au roi
Athalaricet à la reine .\malasonthe, sa mère,
de ce qu'ils l'avaient honoré de la charge de
préfet du Prétoire. Il représente cette prin-
cesse comme partageant son affection et sa
tendresse maternelle entre le j'eune roi Atha-
laric, son fils, et ses sujets qu'elle aimait
comme ses propres enfants, comme étant d'un
génie supérieur à tout autre, et en vénération
dans tous les royaumes et dans tous les états
du monde. » Sa vue , dit-il, imprime le res-
pect; sa parole charme et ravit en admiration.
Quelle langue peut-on nommer qu'elle ne
sache parfaitement? Elle parle grec aussi pu-
rement qu'on parlait autrefois à Athènes ;
elle brillerait parmi les plus célèbres ora-
teurs latins que Rome ait produits ; elle pos-
sède toutes les richesses et toutes les beautés
de sa langue maternelle ; elle surpasse tous
ceux qui excellent en quelque art ou en quel-
que science, ayant une parfaite connaissance
des lettres qu'elle regarde comme un orne-
ment plus riche que le diadème ; elle sait ter-
miner en peu de mots les procès les plus épi-
neux, conduire les atl'aires de la guerre sans
rien perdre de sa tranquillité d'esprit, garder
et faire garder aux autres un grand secret,
quand il s'agit des aÛaires qui regardent le
bien public , en sorte qu'on voit les entre-
prises exécutées avant qu'on sache qu'elles
aient été résolues dans le conseil. » Il ajoute
que, ses armées, par le bon ordre qu'on y ob-
servait, ont été la terreur des peuples voisins,
et qu'elles ont fait sentir leur valeur à ceux
qui ont osé attaquer leurs frontières; que les
Français , ces conquérants fiers de tant de
^^ctoires remportées sur plusieurs peuples
barbares, out été mis en désordre dans une
grande expédition, et qu'ayant été attaqués
ils n'ont osé risquer luie bataille contre les
Gotlis, quoi(pie leur coutume soit d'attaquer
les premiers leurs ennemis et de couiii- au
combat avec ardeur. Gassiodore l'ait dans la
même lettre l'éloge du patrice Libère, pré-
fi't des Gaules.
7. Dans la lettre suivante qui est adresséeau
pape Jean, Cassiodore reconnaît que c'est par
sesjeûnes, et ceux du clergé, queles peuples
ontété ou délivrésou préservés de la famine,
qu'ils ont, par leurs larmes précieuses devant
Dieu, banni la tristesse publique, et que c'est
par les prières des saints que l'État s'est vu
promptement déchargé d'un fardeau qui
l'accablait. Toutes ces considérations don-
nent la confiance à Cassiodore de supplier
le l'ape d'otirir à Dieu ses prières, pour la
conservation des princes. Il lui demande de
prier en particulier pour lui, afin que. Dieu
lui ouvrant l'esprit, la face de la vérité se dé-
couvre à ses yeux , de peur que le corps et
les sens ne le remplissent de ténèbres. « De-
mandez, ajoute-t-il, que je me montre dans
les fonctions de juge un digue enfant de l'E-
glise catholique. Étant le père commun, vo-
tre amour n'a point de bornes. Il est de vo-
tre honneur de procurer la sûreté et le repos
aux peuples chrétiens dont la garde vous a
été donnée de la part de Dieu. Nous n'avons
entre nos mains qu'une partie des affaires ;
mais tout généralement vous est confié.
Quoique que je sois juge du palais, je me
ferai toujours gloire d'être votre disciple,
persuadé que je fais bien lorsque je ne m'é-
loigne point de vos règles. C'est donc à vous
de m'aider de vos conseils et de vos prières.
Rome, qui fait l'admiration de tout l'univers,
doit accorder son affection à ceux qui la ré-
vèrent. Sous la protection des saints apôtres
nous n'avons rien à craindre, pourvu que le
Pontife qui tient leur place ne nous refuse
pas le secours de ses prières, n Cassiodore
appelle dans cette lettre confession, la partie
de l'Église où l'on avait mis sous l'autel les
reliques des deux apôtres saint Pierre et
saint Paul.
8. Il écrivit aux évêques d'Italie pour les
supplier d'ordonner' un jeûne, afin d'obte-
nir par la voix puissante de la pénitence et
de l'humilité , la conservation des princes et
la paix; d'être eux-mêmes les consolateurs
des veuves et des orphelins, contre les en-
Lellri- tu
pifc' Jpia,
1»E. IC2.
Lettre aux
évoques d'Ita-
lie, paf. 163.
' Vos deprecor ut indicto jejunio Domino sup-
plicttis qui vilam principum nostrorum florenti
regno protendat, et i>onet quieta tempora. Cas-
siod., lib. XI Epist. ', pag. 163,
218
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
. treprises des horomes violents, sans toute-
fois renverser les lois de l'État par un excès
de piété et de tendresse; de donner à leurs
peuples des avis si utiles et si ellicaces, qu'il ne
reste plus rien à faire pour les jupes du siè-
cle ; de bannir de cliez les clirétiens l'avari-
ce, les larcins, la mollesse et tous les autres
vices, en les assurant que s'ils ne cessent
point de prêcher et d'exhorter, les peines et
les supplices ne cesseront point. Il leur de-
mande de lui donner en amis tous les avis
qu'ils jugeront nécessaires pour sa conduite.
Amb^«''?ft 9. Il y a deux lettres à Ambroise du rang
*^' "'' des illustres, et ce semble, vicaire de Ro-
me, dans lesquelles il lui recommande de
pourvoir aux besoins publics, et surtout de
secourir au plus tôt le peuple romain, qui
était dans la disette des choses nécessaires à
la vie. (' A Dieu ne plaise, lui écrit-il, que je
mange jusqu'à me rassasier, tandis qu'il y
aura un seul des Romains qui aura faim! Je
regarde leur indigence comme la mienne
propre. Je ne saurais me réjouir que la tris-
tesse ne soit bannie de leur ville. »
it,u,Yh>mt- 10. La lettre à Jean est pour lui notifier
lier, i.E. 161. qu'il. le Créait chancelier; c'est pourquoi il
l'avertit des devoirs de son ministère et de
sa charge, qu"il appelle une espèce de mi-
lice domestique. C'était aux chanceliers à
présenter au préfet ceux qui avaient obtenu
de lui audience, à leur servir d'iutcrprètc
dans le Ijesoin , et h exposer leurs requêtes.
Ils étaient tenus au secret, et obligés d'expé-
dier gratuitement les ordonnances des pré-
fets; leur nom venait des chanceaux ou des
balustrades faites en façon de treillis, où ils
se tenaient, a la porte des princes et des
préfets du Prétoire; leurs clôtures étant ou-
vertes de tous les côtés et percées partout
de petites fenêtres , on les voyait de tous les
endroits, de manière que ce qu'ils faisaient
dans leurs chanceaux ne pouvait êti-e caché.
u:tr,»i,.o. 11. Les tailles ou les subsides se pavaient
le« jogps des . . , , .
pro.iDce», ordinairement en trois quartiers, c est a-dire
lie quatre mois en quatre mois. Cassiodore
écrivit en 53-4 , aux officiers des provinces
de faire payer exactement ces tailles aux
temps marqués, et de lui envoyer chaque
fois des registres de leurs recettes pour les
mettre dans les Archives de l'État; il les
avertit en même temps de ne point abuser
de la levée de ces deniers pour satisfaire
leur avarice par des voies indirectes , qu'il
appelle une industrie détestable, prometliint
de récompenser ceux qu'il saurait s'être
comportés avec honneur et en gens do bien.
L'édit qui est joint à cette lettre contient plu-
sieurs belles maximes, entre autres, qu'il est
inutile que ceux qui rendent la justice, le fas-
sent gratuitement, s'ils permettent à ceux qui
les servent de recevoir de l'argent, et qu'une
loi n'a point de force, lorsqu'elle n'est point
soutenue de l'exemple de celui qui l'a faite.
n écrivit une seconde lettre aux juges des vt. ite.
provinces pour les exhorter h rendre la jus-
tice aux peuples, et à leur faire observer
les lois, leur enjoignant de lui envoyer tous
ceux qui auraient méprisé leur autorité, et
qu'ils n'auraient pas eu la force de punir. Il
en adressa une autre au chancelier Béatus
pour lui marquer de la part du roi, de four-
nir à un de ses domestiques nommé Davus,
toutes les choses nécessaires au rétablisse-
ment de sa santé sur le mont Laclarius où il
était allé pour prendre l'air.
12. Afin de contribuer au soulagement des Édu r»
^ Sier le pH
peuples , il fit rendre un édit , dans lequel il "•« ,''"'*"
spécifia toutes les denrées, avec leur prix,
qui était tel que les vendeurs n'y perdaient
rien, et qu'ils y gagnaient raisonnablement.
Il portait une amende pécuniaire pour les
contrevenants, et même la bastonnade, pour
mettre un frein à la cupidité par la crainte
de la perte du bien et des supplices cor-
porels ; et comme ceux qui tenaient les
hôtelleries prétendaient que cet édit ne re-
gardait que les citoyens et non pas les étran-
gers, à qui par cette fausse interprétation ils
vendaient les vivres au delà du prix fixé, il
en donna un second , par lequel il était or-
donné aux hôteliers de se conformer au pre-
mier, sous les peines qui y étaient portées;
l'amende pécuniaire était de six sols d'or.
Un geulilliommc, envoyé sur les lieux, devait
fixer le prix des choses , de concert avec les
bourgeois et l'évêque.
13. Vers l'an 536, le sénat de Rome écri- , "f"
vit fi l'empereur Justinien.pour le prier d'ac- \J^,\7^
corder le paix au roi Théodat. Le sénat fait
de ce prince une éloge magnifique. Je faisant
passer pour le plus savant et le plus sage
des rois des Romains. «C'est, ajoute-t-il', la
» Ouod si adfiuc minus est, bealorum apostolo-
rum Pelri atque Pauli petitio sanctissima cogite-
lur: iwm qui securilatem romanam sœpe drfni-
difse prohanUir ah hoslibus, gwd eril quod eo-
rum nierilis tester non trilmnt jirindpatuJi. Cas-
fioil., lib. XI i:pist. 13,pag. I(i7.
[Vl' SIÈCLE.]
CMAPITllE XIX. — CASSIODOllE, CHANCELIEU.
219
Ullro à
(•AlKtil'SUÏ 01
■ux Ligi>riOD<i|
f«S. 168.
Grop. Magn,
lib, III Dul.
I..-Mr.-. !
Jraii L[ h Vl
laljrn. pa^
I7i ir->.
•LT-r XII.
Lettres & des
cli^n-^cliers el
b des Juges de
pn- minces,
p»f. 175.
F.p;.i. I, a,
3 ni.
prière que nous f;iit Rome par la bouche do
ses sénaleurs, et si cela ne vous louche pas,
écoutez la voix dos bienliciirotix apôlros
Pierre et Paul, qui vous ilouiaTuk'nl j^ràcc
poui' une ville (pi'ils oui si souvenl di'fciuiuo
contre les ennemis qui onl été assez lémé-
raires pour l'attaijuer.»
1-4. La lettre .'i Gaiuliosus contieul une fort
belle description de la ville do Cûme sur
r.Vdda. Dans la première des deux que Cas-
sindorc ('rrivit aux Liguriens, il leur dit que
le roi Vitic;rs hMirfaii [iréseut de cent livres
d'or |)our subvenir aux besoins des peuples,
principalement des citoyens d'Asti , à la
charge de distribuer cette somme suivant les
besoins des nécessiteux. Il parait que ce fut
à l'occasion de la famine, qui affligea la Li-
gurie, en 538 ; elle fut si cruelle que les hom-
mes s'cntremangeaient. Deux femmes tuè-
rent dix-sept hommes pour s'en nourrir ; el-
les en attaijuèrent un dix-huitième qui les fit
mourir elles-mêmes. Il promet dans la se-
conde lettre qu'il fera cesser les plaintes
qu'on lui a portées sur les poids et mesures,
en punissant sévèrement ceux qui seront
trouvés en contravention. A la suite de ces
deux lettres se trouvent plusieurs formules
de ditïérentes dignités , dont les préfets du
Préliiire doimaiuul les provisions au nom du
roi. Il conférait ordinairement l'oDice de pré-
torien le jour de Noël. Les lettres à Lucius et
;i Anatolius regardent les appointements
attachés à deux de ces dignités.
15. Cassiodore nous apprend dans sa let-
tre à Jean, la manière de faire le papier,
dont il fait voir que l'usage est infiniment
préférable aux ccorces d'arbres sur lesquel-
les les anciens écrivaient. La lettre qu'il
écrivit à Vital ien est pour lui ordonner de
faire payer aux Lucquois et aux Calabrais
le cens qu'ils devaient annuellement en ar-
gent à ta ville de Rome, au lieu des bœufs
et des porcs qu'ils lui donnaient auparavant.
Il finit son onzième livre par une formule de
pardon accordé à plusieurs personnes déte-
nues dans les prisons.
IG. Les premières lettres du douzième livre
regardent le maintien de la police dans les pro-
vinces et dans les armées; et, afin de mieux
contenir les soldats dans leurs devoirs, Cassio-
dore veut que tous leurs besoins leurs soient
fom'uis, en sorte qu'aucune maison, pas même
la sienne, ni celle du roi, ne soient dispensées
(le contribuer à leur subsistance. Lorsque,
malgré ces précautions, il arrivait que les
gens de guerre faisaient (pu-lquca ravages
dans les provinces, il le réparait, soit par la
dimiiiulion des tailles, soit en distribuant
des sommes considc'rables. Si les juges des
provinces s'acqnitlaienl mal de leurs fonc-
tions, après les avoir avertis, il déclarait à
ceux qui avaient amassé de l'argent pour
rachet(!r leurs crimes par de grosses som-
mes, que leurs richesses mal acquises ne
leur seraient d'aucun secours; qu'au con-
traire il serait leur persécuteur, parce qu'il
ne savait i)as remettre des fautes pour de
l'argent , dans la pensée où il était que ce se-
rait faire un trafic du crime. Il parle dans une
autre lettre d'un vin odoriférant qu'il avait
fait acheter pour la table du roi. LesSuèves,
ayant fait une incursion chez les Vénitiens,
il leur fit remjBttre une partie des tailles. Il
en exempta aussi pour un temps la Ligurie,
à la charge que les habitants l'apporteraient
eux-mêmes dans lescotfrcs du roi au terme
qu'il leur fixa. Il punissait d'ailleurs très-
sévèrement ceux qui négligeaient de payer
les tributs dans le temps. Et parce qu'il sa-
vait (]ue les bienfaits des princes diminuent et
s'altèrent en passant par des mains étrangè-
res à moins qu'elles ne soient biens nettes, il
prit connaissance de la manière dont se fai-
sait la distribution des vivres que le roi avait
accordés aux Romains, et donna ordre à
Pierre que personne n'en profilât que les vé-
ritables Romains, à l'exclusion des esclaves et
de tous ceux qui n'avaient pas droit de bour-
geoisie dans Rome. Ayant été informe que des
officiers, sous le nom de maîtres des comptes,
retranchaient aux éghses une partie des li-
béralités du roi, il fit donner un édit qui pri-
vait des honneurs de la milice et de la no-
blesse ceux qui à l'avenir commettraient de
semblables fautes, et qui portait confiscation
des biens qu'ils avaient acquis par ces sortes
de voies, qu'il regardait comme des atten-
tats commis contre Dieu en la personne de
ses ministres. Il écrivit à Anastase, chance-
lier de Lucauie et de Calabre, de ne plus ti-
rer, même à prix d'argent, des blés de la
ville deRcggio,à cause de la stérilité de son
territoire.
17. Cassiodore fait, dansia quinzième lettre
à Maxime, la description de la ville de Squil-
lacci sa patrie, et des viviers qu'il avait fait
creuser au pied de la montagne sur laquelle
était situé l'un de ses deux monastères, appelé
Castel. Dans la dix-neuvième, il donne ordre à
un autre Maxime, vicaire de Rome, de prépa-
E(il>t. t.
Epl<t.-.
EpM.7 ol I
EpiM. 10
Episl. II.
E[-lsl. 12,
pag, 180.
Epl!l. 14,
pag. 182.
Lettres à
Maxime, pag.
181-183.
Episl. 13.
paf. 183.
220
HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEITIS ECCLÉSIASTIQUES.
rer tout ce qui diait ndcossaire pour l'entrde
r.f'.,t », solennelle du roi dans cette ville. Il ordonne,
dans la vinfctienie à Thomas et à Pierre, tré-
soriers de l'Épargne, de faire reporter par
les mains des diacres de l'Église de Saint-
Pierre les vases sacrés' que le pape Agapet
avait été obligé d'engager, et de rendre en
même temps aux procureurs de cette Église
l'obligation de ce saint pape. Cussiodore dit
qu'en cette occasion le roi Tliéodat rencliérit
sur la piété que le peuple romain avait ad-
mirée autrefois dans Alaric, qui ayant su que
ces mêmes vaisseaux sacrés avaient élé pris
dans le sac de Rome, les fit reporter en cé-
rémonie à l'Église de Saint- Pierre par les
mains de ceux qui les avaient enlevés.
Di.„l^["/n^ 18. La lettre à Déusdédit, greffier à Ra-
Hs- 1»3. ' venne, est remarquable par le détail qu'il
fait des avantages et des devoirs de cette
charge. Par leur office, les greffiers Pont les
gardiens dépositaires des droits de tout le
monde. Il les mettent h couvert des incen-
dies, des vols et de la négligence des parti-
culiers. La foi publique dont ils sont autori-
sés les met en état de réparer les pertes
d'un cbacun , en sorte que l'on peut regar-
der leur armoire comme la fortune, le refu-
ge et la sécurité de la république. L'bérilier
y trouve sans beaucoup de peine ce que ses
ancêtres lui ont conservé. Comme on a re-
cours aux actes du gretl'e, on peut dire en
quelque sorte que le greffier décide plutôt
les procès que ceux qui sont préposés pour
en connaître. Cassiodore exhorte donc Déus-
dédit .'i remplir avec honneur les devoirs de
sa charge, sans se laisser gagner par argent ;
àdonnerrt ceux qui demandentdescopies des
actes anciens de son greffe, maisftn'en point
faire de nouveaux; il lui recommande d'avoir
soin de sceller toutes ses expéditions d'un an-
neau imprimé sur la cire; de gardcraussiune
si grande uniformité dans son écriture, que
ses copies ne diffèrent en rien de l'original.
Lefire h 19. L'altération des saisons, en o.3(>, lui
ofi-i. 2ô,p.s. ayant fait prévoir quelques révolutions dans
la production et la maturité des biens de la
terre, il écrivit à Amliroise de faire de gran-
des provisions sur les récoltes de l'année
précédente. Sur quoi il dit : (( Les hommes
' Quapropter nostra prcvceptione commoniti,
et regia jussione securi, sanciorum fasa cum
obligalione chirographi acloribu.i sancU l'etri
apnsloli, sine aliqua dilalione diffnndite. Optala
referantur manibus levilarum miniileria tnlo
orbe narrandd. Huperatum est exemplum qnod
Eplil. »7,
sont dans de grandes inquiétudes lorsqu'ils
voient l'ordre des choses changé : car il.
n'arrive rien sans cause, et le monde n'est
pas gouverné ni conduit par hasard, mais
par les sages conseils de Dieu. Si donc nous
sommes étonnés lorsque nous remarquons
que les rois renversent ce qu'ils ont eux-
mêmes rétabli, quand ce ne serait qu'un
changement dépende conséquence, comme
lorsqu'ils s'habillent d'une autre manière
qu'ils n'ont coutume ; quelle doit être no-
tre frayeur et notre surprise , lorsque nous
observons tant de changements considéra-
bles dans le premier des astres, que nous
voyons privé de sa lumière et de sa chaleur;
dans la lune et dans les étoiles"; » La stérilité Kpit.
eut lieu, 'et les Vénitiens s'étant trouvés dans '"'' '"'
la disette, il leur fit distribuer des vivres, et
remettre les tributs, regardant comme une
conduite cruelle de forcer les peuples h
donner les choses dont ils ont un pressant be-
soin." Ce serait, continue-t-il, vouloir exiger
des larmes pour tribut, que de charger d'im-
pôts un peuple qui est dans l'impuissance de
les payer. » 11 paraît que le Milanais souffrit
aussi de la famine. Cassiodore y fit envoyer
de grandes quantités de blés; mais, afin que
la distribution s'en fit avec équité , et à pro-
portion de l'indigence, il en confia le soin h
Dacius, évêque de Milan, dont il connaissait
la vertu. La lettre qu'il lui écrivit sur ce su-
jet est suivie d'un édit dans lequel, après
avoir fait part aux Liguriens de la victoire
que le roi avait remportée sur les Bourgui-
gnons et les .\llemauds, il leur dit que ce
prince, faisant attention à leur indigence,
leur avait fait remise de la moitié des tributs
et ouvert ses greniers pour les soulager.
§n.
De ri/istoire ecclésiastique apjjelc'e tripnr-lite,
de la Chronique, du Cumput pascal , et de
l'Histoire desGoths.
i. L'Histoire triparlite est ainsi appelée, c. -lu.fwi
.11 . '1 Mil""" IB'"»"»
parce qu elle est composée de celles des trois mpnn». ™
auteurs grecs Socrate , Sozomène et Théo-
doret. Cassiodore les fit traduire tontes les Ci-im rr».
trois en latin par son ami Kpiphane, afin que mptriii. i«f.
* * ' ' piig. 189.
in hisloria nostra magnn intcntione relitlimiis.
Nam cum rex Alaricus urbis lionuf deprirdnliDiie
satiat'is, apostoli l'elri vasa suis defertiilihus
exccpisset, nwx ul rei cnusam habita inlerrogn-
tione cognoril, sarris liminibus deporlari diri-
pienlium mnnibus imperaril. Kpisl. iO, png. 183.
CIIAIMTRE XLX. — CASSIODORE, CHANCELIER.
Lib. IX.
. xxxtx.
[Vl* SIÈCLE.]
l;i Grince ne se vantrit pas de posséder seule
un ouvrage si ailniiialjlc et si lu'ccssaire ti
tous lesclirotiens. Lorsqu'elles furent tradui-
tes, il en forma un seul corps d'histoire,
divisé eu douze livres, choisissant des trois
ce qui lui paraissait de meilleur, se servant
tantôt de l'une, tanlùt de l'autre, sans répé-
ter ce qui était rapporté par plusieurs de ces
hisluriens. Pour éviter la confusion, après
avoir divisé son histoire en chapitres, il y
mit des titres, et eut soin démarquera cha-
que chapitre d'où il avait tiré ce qu'il y ra-
contait. Il y en a qui ont accusé le traduc-
teur l'^piphane de n'avoir su ni le grec ni le
latin, et de s'être mépris dans une chose es-
sentielle en traduisant le mot li'/iypostase
par celui de substance, au lieu de subsistance.
Mais si l'on ne peut disconvenir que le style
d'Kpiphane ne se sente de la barbarie de
son siècle, on croit pouvoir assurer qu'il a
rendu l'original grec assez exactement. Aussi
M. de Valois ne s'est guères éloigné de cette
traduction dans celle qu'il a donnée des trois
historiens grecs. A l'égard du terme d'/iypos-
tase, si Épiphane ne l'a pas rendu exaciement
en latin, c'est une faute qu'on ne doit point
faiie difliculté de pardonner à un homme
dont la profession était celle d'avocat, et non
pas de théologien. Au reste, ce n'était pas à
Cassiodore à corriger»de semblablas fautes,
puisque, par la confiance qu'il avait en son
traducteur, il pouvait supposer qu'on lisait
ainsi dans l'original grec. Il y aurait plus d'ap-
parence de lui reprocher d'avoir suivi Socra-
te dans ce qu'il dit, qu'à Rome on jeùuait
tous les jours durant trois semaines avant
Pâques, excepté le samedi et le dimanche ;
puisqu'étant en Italie, il ne pouvait ignorer
qu'à Rome le Carême ne fut de six semaines.
Mais il est évident qu'il y a faute en cet en-
droit ; car on lit de suite ces paroles : On
jeûne à Rome tous les samedis, et à plus forte
raison les samedis du Carême ; et dans un
ancien manuscrit de l'Abbaye de Lire en
Normandie, de même que dans la première
édition de l'Histoire tripartite, au lieu de
ti'ois semaines de jeûne avant Pâques, on lit
six semaines. Ajoutons que Cassiodore a pu
laisser le terme de trois semaines, qui se trou-
vait dans l'Histoire de Socrate, pour ne faire
aucun changement dansle texte de cetliisto-
rien, quoiqu'il sût parfaitement qu'à Rome on
jeûnait pendant six semaines. Cette solution
peut servir de réponse à une autre difficulté
que l'on fait à Cassiodore, d'avoir rapporté
221
sur le témoignage de Sosom^ne, que ni l'é-
vêque, ni aucun autre ne prêchait et n'en-
seignait publiquement dans l'Église de Ro-
me. Il a exposé de bonne foi ce qu'il avait
trouvé dans son oiiginal ; pourquoi lui en
ferait-on un reproche?
2. Cassiodore nous a laissé une autre his-
toire, mais extrêmement abrégée, sous le
nom de Chronique: il la dédia au roi Théo-
doric : ainsi il la composa, étant encore dans
les embarras du siècle. On a prétendu qu'il
n'avait pas apporté à cet ouvrage toute l'exac-
titude nécessaire, et qu'il s'y était trompé
dans ce qu'il a dit des consuls depuis l'em-
pereur Tibère jusqu'à Dioclétien. Àlais qu'a-
t-il pu faire de mieux que de s'en rapporter
à ceux qui, avant lui, avaient traité la même
matière avec l'aiiplaudisscment du public?
S'il a mis le consulat de Junius Brulus une
olympiade plus|tôt qu'il ne fallait, c'est pour
avoir suivi Eusèbe, qui a fait la même faute.
On doit même rejeter sur les copistes celles
qui se rencontrent dans ces sortes d'ouvra-
ges, où il leur était aisé de changer les chif-
fres, soit par ignorance, soit par faute d'at-
tention. L'alfcctatiou des empereurs à retenir
presque toujours le consulat, a aussi occa-
sionné beaucoup de méprises à ceux qui ont
traité cette matière. Ils ont fait un au ' de
'consulat de ce qui en faisait plusieurs, ne
faisant pas attention que c'était le même
prince qui retenait le consulat plusieurs an-
nées de suite. Dom Garet a eu soin, dans la
dernière édition, de rétablir les consuls sur
les anciens auteurs et sur les tables des plus
habiles chronologistes. Cassiodore entreprit
sa Chronique par l'ordre de Théodoric qui
était bien aise de se trouver en qualité de
consul à la suite de tant de grands hommes,
qui avaient été revêtus de la même dignité.
Il compte depuis le commencement du monde
jusqu'au consulat de ce prince 57:21 ans;
depuis Adam jusqu'au déluge 2243 ans; de-
puis le déluge jusqu'à Ninus,premierroi des
Assyriens, 899 ans. Après les rois des As-
syriens, dont la monarchie ne dura que 852
ans, il met les rois latins du nom de Latinus
qui fut le premier. « Ce fut, dit-il, en la vingt-
cinquième année de son règne que la ville de
Troie fut prise. Ce prince eut pour successeur
Énée qui s'était retiré auprès de lui après
* Qui continuis consularibus fecerat longum
quevulam et sine discrimiyte anntim. Pliu. Pane-
gyr. Trajan.
ClirflDlque
do Clytiodore,
I.ig. 3.-,;.
Cassiod,
Frïf.inClro.
□ic. pag. 3ai.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Comimt
jascxl dfl
la prise de Troie, et h qui il avait donné sa
fille en niaiiapre. Ces princes, au lieu de la-
tins, se nommaient romains depuis que Uo-
niulus, qui avait bâti Rome, fut monté sur
le Irùne. Leur monartliie finit à Tarquin-lc-
Superhe, sous le règne duquel l'ythagore se
rendit recommandablc par son savoir. Aux
rois succédèrent les consuls: ils étaient ordi-
nairement deux, mais ils n'avaient le gouver-
nement de la république que pour un an. Les
premiers consuls furent Junius, Brutus etTar-
quinius Collatinus. Sous le consulat de Len-
lulus et de Marcellus, Jules César, après
avoir vaincu Pompée, prit le nom d'Empe-
reur romain. » Cassiodore en compte qua-
rante-huit jusqu'à Anastase, qui est le der-
nier empereur dont il parle dans sa Chroni-
que, qu'il finit par le récit des actions les
plus éclatantes de Tbéodoric, roi d'Italie. Ce
prince donna en mariage sa fille Amalasonthe
à Eutharic qui fut consul en 519. La môme
annéeThéodoric fit de grandes magniliccnces
à Rome et à Ravcnne. Cassiodore ne pousse
pas plus loin sa Chronique. Ce qui est une
preuve qu'il la composa en cette année.
3. Dans le dénombrement qu'il fait au com-
mencement de son traité de l'Orthographe, des
ouvrages qu'il avait composés depuis sa con-
version, Cassiodore ne dit rien du Comput
pascal que nous avons parmi ses œuvres.
D'où l'on conjecture qu'il ne l'avait pas en-
core écrit alors , c'est-a-dire en oG2. 11 le fit
pour trouver le jour de Pâques, les épactes,
les îndictions, les années bissextiles, le cycle
de dix-neuf ans. Dans ceComput il commence
l'ère chrétienne à l'incarnation de Jésus-
Christ et non pas h sa naissance, devançant
ainsi d'un an l'ère vulgaire qui ne com-
mence qu'à la naissance du Sauveur.
4. Ce fut aussi sous le règne de Théodoric
que Cassiodore composa l'Histoire des Goths
divisée en douze livres : nous n'avons plus
cettehistoire; c'étaitun ouvraged'une grande
recherche. Il y tirait de l'oubli ' les anciens
rois des Goths qui n'étaient plus connus ; il y
rétablissait la race royale des Amales dans
> Telendil se eliam Cassiodorus in anliquam
prosapicm noslraiii, kclione diScens , quod vix
imijorum nolilia cana relinebat. Iste regcs Go-
tltorum longa ohli:ione celalos, latibulo vclusta-
tis cduxil. Isic Amalos cuni generis .sm clarilate
resliluil : evidenter osicndcns in dtcimam septi-
inam progeniein slirpemnos liabere regalem.Ori-
ginein gotliicam liisturiain fecit esse rouiaiiam,
coltigeiis quasi in unam coronam germen ftori-
dum, quod per liberorum campos passim fuerat
lenr premier éclat et en faisait voir dix-sept
générations entières depuis qu'elle possédait
le sceptre ; il y avait ramassé en un corps ce
qui était épars en plusieurs livres. Jornandès
ou Jordanus, évéque de Ra venue, fit un
abrégé de cette histoire à la prière de Cas-
telliiîs, à qui il le dédia. La peine qu'il té-
moigne' avoir eue dans ce travail, peut ré-
pondre de ce qu'il en avait coûté à Cas-
siodore pour faire cette Histoire: et de b.
capacité de son génie, qu'un ouvrage de
cette nature ne rebutait pas dans le temps
qu'il ét^t chargé des plus grandes affaires
du royaume. V Abrégé de Jornandès est dis-
tribué en soixante cl:apilres dont le dernier
conduit VHistoire des Goths jusqu'à la mort
de Vitigcs, leur dernier roi, et jusques au
mariage de Mathasonte, sa veuve, avec Gei^
main, frère de l'empereur Justinien, c'est-à-
dire, jusqu'en l'an 540 ; ce qui montre que
Cassiodore mit deux fois la main à VHistoire
des Goths , qu'il n'avait pu conduire d'abord
que juscju'au règne de Théodoric : et qu'il la
conduisit depuis au delà de celui de Yitigès,
puisqu'il parle d'un fils posthume, né de ce
prince et Ue Mathasonte, en qui les maisons
d'Amales el des Anices furent réunies. [L'ou-
vrage de Jornandès a été donné en français
sous ce titre : De la Succession des royaumes
et des temps et de l'origi'ne des actes des Goths,
par Jornandès ; traduction nouvelle par
M. Auguste Savagner, Paris, Panckoucke,
1842, in-8.]
§m.
Du Cominentaire de Cassiodore sur les Psaumes.
i. Après que Cassiodore se fut défait, étant ej vi
11, -1 1 1 , Ufiip» et à
à Uavenne, des embari'as. des honneurs et i»"" •"■
du som des atl'aires séculières qui sont ton- ,'• i"'"»""
^ Ici l'siumes.
jours accompagnées d'un plaisir nuisible, il
chercha son repos et sa consolation dans la
lecture des Psaumes. Il n'en eut pas plutôt
goùlé le miel spirituel qu'il s'y plongea toui
entier, par luvidité d'en rechercher les
mystères, comme il arrive à ceux qui sont
anle dispersum. Alhnlar. rcx, Epist. 25, ad Seiia-
tum urbis Homtv. pa^'. 145.
• De brevialionc Chronicorum, suades ut nos-
tris verbis (ttiodecim Cassioduri loluniina de ori-
gine acluque Getarum ab olini usqtte nunc per
generalionrs regesque descendenic, in unum et
hocparvo lihcUo coarcleni: dura salis impcria et
tanquam ab eo qui pondus hujus operis sciri
nolU, imposila. Joruaudes, Prxfat. iu Uist. Go-
thor., pag. 371.
[Vl* SIÈCLE.]
CHAPITIIE XIX. — CASSIOnORK, CHANCELIER.
223
■r. In l'Ml.
. Iltl»g.
poss(>(los d'un violpiit ilcsir. Et pour so (16-
ili)iiima;j:er de rainortmiie ([ii'il avait l'iu'ou-
Vi'u' dans les occupations du sicde, il s'ap-
pliqua à se remplir agréablement des vérités
salutaires renfermées dans ces divins canti-
ques. Il trouva d'abord un obstacle dans leur
obscurité, ce qui arrive ordiuaircuieut aux
conmicnçants, parce que le sens en est em-
barrassé par la diversité des personnes qui
y parlent, et voilé par des paraboles et des
tiguics. Cela l'obligea de recourir aux Com-
mentaires de saint .\iigiislin; mais, y ayant
trouvé une abondance infinie de matières,
qu'il compare à une mer, il crut i[ue dans la
dilliculté de retenir tout ce que ce Père avait
dit, il était à propos de l'abréger. Toules les
explications qa'il avait données des Psaumes
étaient divisées dans le sixième siècle en
quinze décades ou quinze parties composées
cliacnne de dix psaumes. Cassiodore les ren-
ferma dans un seul volume, en les abrégeant,
mais il ne faut pas le regarder comme un
simple abréviateur de saint Augustin. Il dit
lui-même qu'il ajouta, à l'abrégé qu'il en fit,
de nouvelles découvertes, dont il rend toute
la gloire à celui qui donne la vue aux aveu-
gles, la parole aux muets et l'ouïe aux
sourds. Il se servit encore de ce qu'il avait
trouvé de mieuxdans les écritsd'Ûrigène,de
saint Cyprien, de saint Athanase, de saiut
Hilaire, de saint Ambroise, do Didyme, de
saint Jérôme, de saint Léon et de quebpies
autres. C'est la remarque que le vénérable
Bède fait sur ce Commentaire ' qu'il appelle
excellent. Quoiqu'il fût renfermé dans un
seul volume, Cassiodore le partagea en trois
pour la commodité de ses religieux ; et il
voulut que l'on en gardât toujours un exem-
plaire fort correct dans la bibliothèque, afin
que s'il s'était glissé quelques fautes dans
les autres, on put recourir à celui-ci pour
les corriger. La raison qu'il eut de préférer
les Commentaires de saint Augustin, c'est
qu'outre qu'il trouvait dans son abondance"^
une grande exactitude;! traiter les matières,
il savait qu'il ne donnait jamais prise aux
' In exposilione Psalmorum, quam egregiam
fecil Cassiodorus, diligenler intuitus est quid
Ambrosius, quid HiUtrius, quid Àuguslinus, quid
Cyrillus, quid Joannes, quid cœteri Patres dixe-
runt. Beda, lib. II, in Esdram, cap. vu.
* Est eiiim Àugustiniis litteraruin omnixim ma-
gister egregius ; et quod in uberlale rarum est,
cautissiinus disputator. Decurril quippe lanquani
l'ons purissimus, nulla fœce poUuLus : sed in in-
tegritate fldei perseverans , nescit hœreticis dore,
!i(''réliques ; qu'il no leur fournissait ])oint
d'armiîs pour défendre leurs erreurs; ([u'il
('•lait parfailement catlioliquc, et qu'il biillait
dans l'Eglise comme un liomme éclairé de la
lumière céleste. Il ne le suivit pas toutefois
dans sa manière de lire; l'Iicriture. Ce l'ère
s'était servidans son explication desPsaumes
de la version latine faite du grec, parce qu'il
n'avait pas encore celle que saint Jérôme lit
sur l'hébreu. Cassiodore eut recours à celle-
ci qui t'tait en usage dans l'Église romaine.
Il eut de plus recours aux exemplaires hé-
breux, et consulta les personnes savantes
dans la langue hébraïque, suitoul pour re-
jeter les versets. Il semble, dans un endroit
de sa Préface ' dédier son ouvrage au Pape,
en le désignant sous le non de Père apustuli-
que, terme consacré pour signifier le Pape ou
du moins un évoque des grands sièges ;
mais la chose n'est pas certaine. Ce Com-
mentaire fut le premier ouvrage * que Cas-
siodore composa depuis sa conversion ; ainsi
il faut le rapporter à l'année qui suivit la
prise de Ravenne, c'est-à-dire, à l'an 439 ou
environ.
2. Il fait un grand éloge des Psaumes, des
beautés, des lumièi'es qu'ils renferment; de
la douceur, de la vertu qu'ils respirent; de
leur utilité, et remarque que c'était l'usage
de l'Église de les chanter aux veilles de la
nuit, à l'ollice du matin que nous nommons
les Laudes à Prime , à Tierce, à Sexte, à
iVûï?eet à Vêpres. Après quoi il fait diverses
observations générales, comme pour servir
de prolégomènes à son Commentaire.\.s. pre-
mière est sur le terme de prophétie qu'il dé-
finit en dilférentes manières ; celle qui paraît
la plus exacte est conçue en ces termes : La
prophétie est une façon de parler avec gran-
deur et avec vérité, façon qui est inspirée de
Dieu, et non pas inventée ni enseignée pur
les hommes : Car ce n'ajjoint été par la vo-
lonté des hommes, dit l'apôtre saiut Pierre,
que les prophéties nous ont été anciennement ap-
portées, mais ça été par le mouvement du Saint-
Espi'itquc les saints hommes de Dieu ont parlé.
unde se passent aliqua colluclnlione dcfendere :
totus cnlhuUcus, tolus orlhodoxus invenilur. et
in Ecclesia Domini suavissimo nitore resplen-
dens, superni luminis clarilate radiatur. Cassio-
dor. Prie fat. in Psalm,
3 Quocirca, Pater, apostolica lua invitatione
provocatus abyssos divinas ingrediar. Ibid.
^ Post Coiiiiiieuta PsaiLTii, ubi conversionis
meœ tempore primum studium laboris impendi.
Prœf. ia Orthograpli.
\\M. flC»!-
tloil. l'r.urit.
In l'.-i .
Remarquer
les l*ïauii>tï.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQL'ES.
UieroD. in
ElMh. c«p.
xxxr.
Apad. Cas-
siod. Pncr. iD
fMl.
Auteur àcf-
Puiim«s : di-
TPr^cs maniè-
res da \tâ
cbaoïer.
224
L'esprit de prophétie n'est pas néanmoins
inamissible, et quelquefois le Saint-Esprit,
l'inspirateur des prophètes, otl'cnsé par des
péchés même de fragilité qu'ils avaient com-
mis, se relirait d'eux, et ne les inspirait de
nouveau qu'après qu'ils l'avaient apaisé par
leur pcnitence. C'est ce que saint Jérôme
montre par plusiears manières de parler
d'Ezéchiel. Élizée avoua aussi que le Sei-
pneur lui avait caché la douleur de cette fem-
me qui vint le prier de ressusciter son fils.
Mais parce que Jésus-Christ a toujours été
exempt de péché, le Saint-Esprit s'est reposé
sur lui invariablement. Cassiodore croit que
l'on peut mcllre au rang de ceux ;\ qui Dieu
accorde le don de prophétie, ceux qui ont
reçu de lui le don d'intelligence pour bien
expliquer les divines Eciilures.
3. Sa seconde remarque regarde les di-
vers instruments que l'on employait parmi le
chant des Psaumes, les dillcientes manières
de les chanter, et celui qui en est l'auteur.
Il met au nombre de ces instruments les
harpes, les cymbales et les trompettes.
Quelquefois l'on chantait les Psaumes avec la
voix humaine seule ; en d'autres occasions
avec les seuls instruments, et souvent on
mêlait les voix humaines avec le son des
instruments. Cette diversité de voix et de son
faisait ensemble des accords merveilleux de
musique, qui, selon Cassiodore, signifiaient
que toutes les langues se réuniraient un jour
dans une même foi pour composer l'I'jglise ca-
tholique. « On trouve souvent, dit-il, à la tête
des Psaumes lesnomsd'Asaph,d'Idithun,des
enfants de Coré, et de quelques autres, non
pas que ces psaumes fussent d'eux, comme
quelques-uns leprétendent, mais parce qu'ils
étaient les principaux chantres et musiciens,
comme les directeurs de la psalmodie, et pré-
posés sur tout ce qui devait composer cette
sorte de mélodie.» Cassiodore cite quelques
passages du Nouveau Testament, où les
Psaumes sont indistinctement attribués à
David ; d'où il infère ' qu'il en est seul au-
tçur ; ce qu'il prouve encore par la croyance
commune de l'Éulise, où, lorsqu'il s'agit de
chanter quelques psaumes, le lecteur ou le
chantre n'oserait les qualifier autrement que
de David, quoiqu'ils portent en tête d'autres
noms ; et par le ti^moignage de saint Augus-
tin. .\ quoi il ajoute, que s'il y eu avait quel-
ques-uns qui fussent véiitablement d'.\saph,
de Moïse ou de quelqu'autre que de David,
ils seraient cités sous leur nom dans l'Écri-
ture, comme on cite les Evangiles sous les
noms de saint Matthieu, de saint Marc, de
saint Luc et de saint Jean.
4. Il remarque en troisième lieu, que ces coio««i.
termes, pour la m, que I on rencontre sou- ponr u oa,
vent dans les titres des Psaumes, peuvent s en- i»»
tendre en deux manières ; la première pour
marquer qu'une chose est conduite à sa fin
et il sa peifection; la seconde, que cette fin
est Jésus-Christ même, parce que, selon l'A-
pôtre, il est la fin de la loi, et qu'en lui nous
trouverons la fin et la consommation de no-
tre bonheur, ce qui doit nous le faire aimer
comme notre souverain bien. Parlant ensuite
de l'instrument appelé psahérion, et de la
signification du mot à^psaume, il dit que le
psaltérion est, au rapport de saint Jérôme,
un instrument de musique creux, fait de bois
en forme de delta, qui se louche avec un ar- D.Diei,iii. r,
chet; il est parlé du psalléi ion dans Daniel, et ".rlirp." n.
dans les Paralipomènes.
5. Ensuite Cassiodore explique la différen-
ce qu'il y a entre psaume, cantique, psaume-
cantique et cantique-psaume. Le Psaume est
ce qui se chante sur les instruments seuls;
le cantigue ce qui se chante de la voix natu-
relle seule ; le psaume-cantique est une sym-
phonie où les instruments de musique com-
mencent, et où les voix humaines suivent; le
cantique-psaume se commence par Icsvoixhu-
maines en chœur, et se continue par les ins-
truments de musique qui se mêlent aux voix.
Il dit que de la diversité de ces hymnes vient
la dillcreiice de ces inscriptions et des litres
que l'on trouve ;\ la tête des Psaumes. Ils en
ont d'autres fondés sur certaines actions sin-
gulières que l'on doit expliquer moralement.
Tel est le titre : Pour les jiressoirs ; et cet au-
tre : Le premier jour de la semaine.
6. Par le terme diapsalma, saint Jérôme
entend une continuatiou de psalmodie, parce
eDtrpHyauRK-,
MDtiquo ,elc.
Ce
«luo
que e'i
' Unde probatur universos Psalmos non mul-
torum exislere, sed lantum ipsiux D'ivid quem a
Domino conslal esse nomiimtum. Usus qunque
Ecclesiœ catholicœ Spirilus Sancli inspiratione
generaliler et immobiliter lenet, ut qiiicumque
eorum cuntamiusfueril. qui diverse nomiiieprœ-
notanlur, leclor aliud prœjudicare non audeat
nisi Psalmos David. Quod si essent proprii, id est
aut Asaph aul Mnysi, eorum nomina utique prœ-
dicarentur; siciit cl in Evangetiis fit, quando
aul Marci, aut Lucœ, aut ilattluvi, aut Jonunis
vocabiilo prnnuntiautnr. Quodeliam secutus pa-
riler Auguslinus congruenter omnes psalmos di-
cil esse Davidicos. Cassiodor., Prœf. in Psal.
CIIAIMTRE XIX. — GASSIODOUE, CHANCELIER.
Cnmi'eiil il
Ji-.i- - 1,1,11-1
(1..U4 los l',au-
[Vl' SIÈCLE.]
«lue ce terme signifie en h(''l)icu ton Jdns.
Saint Augustin le prend dans un sens con-
traire, disant que lorsqu'on trouve le mot
diapsalma dans l'iidbreu, c'est pour marquer
une pause ou discontinualion du dianl. Il
semble que cette explication soit plus du goîit
de Cassiodore que la première.
7. Saint Jérùnie a divisé le Psautier eu cinq
livres, en quoi il a été suivi par beaucoup do
personnes. Mais saint Hilaire n'a point admis
cette division, croyant qu'il était plus conve-
nable de ne point partager les Psaumes en
plusieurs livres, soit parce que dans l'iié-
breu ils ne forment qu'un seul volume, soit
parce que dans les Actes des apôtres il n'est
parlé que d'un seul livre des Psaumes. Cas-
siodore adopte ce sentiment; et s'il a divisé
le Psautier en trois parties, ce n'a été que
pour la commodité de ses religieux, alin que
trois pussent le lire en même temps. Chacune
de ces divisions renfermait cinquante psau-
mes, comme il le marque au commencement
de sa préface.
8. 11 fait remarquer qu'il est parlé de Jésus-
Christ en trois manières dans les Psaumes;
qu'il y en a qui ont rapport à son humanité;
d'autres à sa divinité, le déclarant égal et co-
éternel au Père ; et quelques-uns où il est re-
présenté comme le chef et la tète de l'Eglise.
Sur quoi il renvoie aux règles de Ticbonius,
ajoutant qu'il était nécessaire que Jésus-
Christ fût représenté sous ces trois aspects
dans lesPsaum<^p, pour nous faire connaître
qu'il y a en lui deux natures, l'iuie divine,
l'autre humaine, et que nous fussions en état
de répondre aux hérétiques qui combattent
sa divinité par des passages qui doivent
s'entendre de sa nature humaine.
9. .\près ces remarques générales, Cassio-
dore propose la méthode qu'il veut suivre
dans tout son commentaire : savoir qu'il ex-
pliquera le titre du psaume, qu'il le divisera
en toutes ses parties, pour éviter l'embarras
que pourrait causer la diversité des matières
et des personnes qui se rencontre quelque-
fois dans un même psaume ; qu'il l'expliquera
ou selon le sens littéral et historique, ou se-
lon le sens spirituel et prophétique; qu'il en
fera connaître la fin et le but, particulière-
ment par rapport à la morale, c'est-à-dire
par rapport à la faite des vices et à la prati-
que de la vertu ; qu'il fera des observations
sur le nombre des psaumes, lorsqu'il y aura
quelque chose de mystérieux renfermé dans
ce psaume ; enfin que dans le sommaire de
XI.
228
Der6;o-
qtifncAdff rb*
er tur^, en
(anViil'Br dit
celte desPiin*
l'Écriture, des
chaque psaume il se proposera quelques hé-
résies ;\ coudnittre.
10. Il s'étend beaucoup A relever l'élo-
quence des livres saints. « Le langage de
ri'crilme, dit-il, est chaste, d'une cerlitudo
iut'aillilile, d'une vérité ét(!rnellc et imnma-
bie, pure, utile, remplie de force et propre à
opérer le salut comme on le voit parle psau-
me cxviii", où le Piophète dit au Seigneur :
Votre parole m'a dunné la vie. C'est une lampe |'Ég1!'so."'
qui éclaire mes pieds, et une lumière qui me fuit
voir les sentiers oh Je dois marcher. Vraie lu-
mière,parcequ'ellenemucommandc rien qui
ne me donne la vie, qu'elle ne défend que ce
qui est nuisible, qu'elle me détourne de l'a-
mour des choses terrestres, et me persuade de
ne m'atlacher qu'aux célestes. Sous des paro-
les Irès-communcs, l'Ecriture renferme de
profonds mystères. Mais sa simplicité même a
de la grandeur. Sa vertu est telle qu'elle s'est
fait recevoir dans toutes les parties de l'uni-
vers. Eu deux mots, elle nous fait connaître la
nature inetlable de Dieu : Celui qui est, dit
Moïse , m'a envoyé. Toutes ses paroles sont
remplies de sens, quand on se donne la peine
de les approfondir. Pcut-ou douter de sou élo-
quence, puisque la vraie ' éloquence consiste
à exprimer les choses en des termes propres
et convenables ?» Il dit à la louange du livre
des Psaumes, qu'il n'y a point de sujet de con-
solation que les hommes n'y puisse trouver;
que c'est un trésor cpii profite et augmente
toujours dans un cœur pur; que ceux qui
pleurent y trouvent de quoi se consoler, les
justes les motifs solides de leur espérance, et
ceux qui sont en péril un refuge utile ; que
lorsque nous les chantons, il semble, comme
le dit saint Aihanase à Marcellin, que les pa-
roles du Saint-Esprit deviennent les nôtres
et s'accommodent à tous nos besoins. Cassio-
dore avait dit auparavant, en parlant de la
psalmodie qui se fait dans les veilles : «Pen-
dant le silence de la nuit, la voix des hom-
mes éclate dans le chant ; et par des paroles
chantées avec art et mesure, elle nous fait
retourner à celui de qui la divine parole nous
est venue pour le salut du genre humain.
Il ne se forme qu'une seule voix de tant de
personnes qui chantent, et nous mêlons no-
tre musique avec les louanges de Dieu chan-
tées par les anges, quoique nous ne puissions
' Eloquentia siquîdem estadunamquamque rem
conipetens et décora locutio. C.issiod., Prœfat.
in psalm., cap. xv, pag. 5.
13
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
226
pasles cnlcndrc. 1)11 joint à ces ('locres celui de
l'Eglise calbolique, » qui seule, dit-il, commu-
nique la vie de la grûce et la sanctificatiou,
en n^parant, par ses sacrements, le genre hu-
main qui s'était perdu par ses propres fautes.
Hors d'elle , comme hors de l'arche qui en
était la figure, on ne peut qu'être submergé.
Pure dans sa doctrine, elle n'est souillée d'au-
cune erreur, quoique nécessitée à vivre en ce
monde parmi les méchants. Elle est plus lui-
sante que le soleil, plus blanche que la neige,
sans aucune tache ni ride. » Le Commentaùs
de Cassiodore est divisé en douze parties, se-
lon l'ordre et le sens des Psaumes, qui repré-
sentent Jésus-Clirist et son ïlglise en ditfé-
rents états. C'est ce qu'il explique en douze
petits articles pour servir de Prolégomènes à
son commentaire.
§IV.
Du commentaire sur le Cantique des cantiques
attribué à Cassiodore.
i>,^,!"ucln- 1- A la suite du Commentaire sur les Psau-
1,^/°' ^nV ^"^^' 0" ^ ™'s di'iis la nouvelle édition un
"»• commentaire sur le Cantique des cantiques
qui , dans plusieurs manuscrits et dans une
édition d'Allemagne, ;\ Fribourg, en 1338,
porte le nom de Cassiodore. Il lui est aussi
attribué par plusieurs écrivains qui, dans leur
catalogue des auteurs ecclésiastiques , ont
donné celui des Œuvres de Cassiodore. Il peut
lui-même avoir douué occasion de le mettre
sous son nom , en disant sur la fin de son
(, P;f^""^,|,° Commentaire sur les Psaumes : « Examinons
"■■• à présent les paroles de Salomon, que l'on
sait avoir été déjà expliquées par divers in-
terprètes. 1) Mais, quoi(]ue cet ouvrage né soit
pas indigne de lui, puisiju'il y en a peu où le
texte du Cantique des cantiques soit expliqué
avec plus de netteté et de précision, il y a
cependant de fortes raisons pour croire qu'il
n'en est point l'auteur. La première est que
l'on y cite les explications de saint Grégoire
le Grand sur les Evangiles, ouviagc que ce
saint ne commença que depuis qu'il fut élevé
au pontificat , c'est-.^-dire depuis l'an 392 ,
plus de quinze ans au moins depuis la mort de
Cassiodore. La seconde se prend de la dilfé-
rence du style. La troisième du silence de
Cassiodore sur cet ouvrage, dont il ne dit pas
un mot dans sa préface sur le livre de l'Ortho-
grajj/te, 'où il fait le dénombrement de tous
les livres qu'il avait composés depuis sa con-
version. S'il eût travaillé surle Cantique des
cantiques iimnédiatement après avoir expli-
qué les Psaumes , comme on veut l'inférer
des dernières paroles' de ce commentaire;
eùt-il négligé d'en parler et de placer cet ou-
vrage dans son Catalogue, immédiatement
après celui qu'il a composé sur les Psaumes?
Une quatrième raison est que Cassiodore suit vi«d« i
ordinairement la version des Septante, ce iv.w'-t
que ne l'ait pas l'interprète du Cantique des
cantiques. Il faut ajouter que ce commenta-
teur parle si clairement des deux opérations
en Jésus-Christ, et les prouve avec tant de
soin, qu'on peut croire qu'il a vécu ou du
temps de la naissance du monothélisme, ou
depuis que cette hérésie eut fait du bruit dans
l'Église, (i Le Seigneur, dit-il, opérait' ce qui
était convenable à la divinité , en sorte qu'il
accomplissait aussi ce qui était de son hu-
manité, sans cesser de faire ce qui appar-
tenait à la divinité : car l'opération de la di-
vinité est distinguée en Jésus-Christ de celle
de la nature humaine. Avait-il faim? avait-il
soif? pleurait-il? soutfrait-il de la lassitude?
enfin, a-t-il pu être crucifié et mourir? C'était
autant d'opérations de la nature humaine.
Mais lorsqu'il ressuscitait les morts et qu'il
guérissait les malades, lorsqu'il se ressuscita
lui-même, c'était manifestement autant d'œu-
vres de la divinité. »
§ V.
Du livre de l'Institution aux lettres divines.
1. Cassiodore, sensiblement touché de ce oecasio»!
qu'il n'y avait point à Rome de maîtres "'"■'°
publics destinés à enseigner les divines Ecri-
tures , pendant que les auteurs profanes y ci»
Prif. io
• llaclenus quœ ad expositionem Psalmorum
perlinrre videhunlnr, decursa sunt : nunc Saln-
monU dicta videamus, quw proprios exposilurcs
htthere nosctiiitur. Cassind. inpsul., yiv^. 'nu.
' (Juin sic Dominus npenibnlur ea quœ divini-
tatis ernnl, ul nihiloiuuius pcrficcret e i quw erant
humnnitatis, el 7wn rctinquenl ea quœ eraiil di-
vinilaiis. Dtslincta esl cnim operatio in ChrisCo
divinitatis et humanilnlis. Kam quod eSuriehal,
qund sitiebal, quod flebat, quod Inssabiilur, quod
ad ullimuni crucifigi et mori paierai, humaniln-
lis opéra iranl; quod i^ero morlun.^ .luscilalial,
quod nmnilnis inftrnunilihus succurrrbat, quod
seipsuin a morluis rtssuscilnbat, evidentUsima
tranl opéra divinilatis. Comment, in Caul. cant.,
cap. V, vcrc. H, pag. 497.
[vi° SIÈCLE.] CHAPITRE XIX.
jm^iiui. t.r. (Haicnt expliques par des maiircs très-célè-
Lrcs, fil tout son possil)le,avec le saint pape
Agapet, pour établir on cette ville, h ses frais,
des chaiiTS de prol'cssouis dans les écoles
chrétiennes, à l'iniitalion de ce qui s'était
pratiqué autrefois à Alexandrie, et de ce qui
se pratiquait encore alors dans la ville de Ni-
sibo, en Syrie, où l'Hcriturc sainte était ex-
pliquée aux juifs, ce (jui devait, à plus forte
raison, se pratiquer chez les chrétiens. Mais
les guerres funestes et les troubles de l'Italie
ne lui permirent point d'exécuter un si loua-
ble dessein, comme on l'a déjà remarqué. Ce
fut pour y suppléer en quelque sorte qu'il
entreprit, dans les premières années de sa re-
traite, de donner une introduction à l'étude
de récriture sainte, dans le livre qu'il com-
posa sous le nom d'Institution aux lettres
divines. Son dessein, dans cet ouvrage, est de
donner les principes de la science de l'I^cri-
ture sainte, et même des lettres humaines ,
non en suivant les lumières de son propre
esprit, mais en s'attachant à la doctrine des
anciens Pères, dont les commentaires sur les
livres saints conduisent efficacement , selon
lui, à la contemplaliou de Dieu. Pour garder
quelque ordre dans la lecture de l'Écriture
sainte, il pense qu'on doit commencer par
apprendre de mémoire tous les Psaiimes, en
les lisant dans des exemplaires fort corrects,
de peur de prendre les fautes des copistes
pour le texte même de l'Écriture; il exhorte
aussi à apprendre par cœur toute l'Ecriture,
disant qu'il avait vu des personnes devenues
si habiles par ce moyen, que lorsqu'on leur
proposait quelques questions sur le sens d'un
passage, elles en citaient plusieurs autres
semblables dont le rapport des uns aux autres
faisait voir comment on devait les entendre.
« En etlet, dit-il, il arrive souvent que ce qui
est obscur dans un livre de l'Ecriture, est
énoncé en termes plus clairs dans d'autres,
et il faut expliquer ce qu'il y a de moins clair
par ce qui l'est davantage. C'est ainsi que
saint Paul a fait dans son Epitre aux Hébreux,
où il explique les prophéties de l'Ancien Tes-
tament par l'accomplissement qu'elles ont eu
dans le Nouveau. » Cassiodore dit ensuite
que l'on doit, après avoir acquis, par son
CASSIODORE, CHANCELIER. 2i>7
propre travail, l'intelligence de l'Écriture ,
consulter les saints Pères qui l'ont expli(piéc ;
savoir, entre les Grecs , Clément d'Alexan-
drie, saint Cyrille, évoque de la ménu" ville,
saint Chiysoslôme , saint Grégoire de Xa-
zianze et saint Basile ; mais parce qu'il écri-
vait pour des Lalins, il marque qu'il parlera
dans la suite amplemmit des Pères (jui ont(!crit
en cette langue. Il convient que quelques-
uns, sans tous ces secours, sont devenus sa-
vants dans l'Écriture sainte, et il dit, d'a-
près Cassicu et saint Augustin, (pie des per-
sonnes en ont reçu de Dieu l'intelligence par
de ferventes prières; mais il est d'avis de
suivre ' la voie commune, d'apprendre et de
se faire instruire, de peur de tenter Dieu, ce
qui n'empêche pas qu'on n'ait recours aux
lumières du Saint-Esprit et qu'on n'adresse
à Dieu ces paroles du Prophète qui, quoique
déjà si éclairé, lui disait : Dunnez-moi V intel-
ligence, afin que j'apprenne vos commandements
et votre sainte loi. Les lumières que Cassio-
dore avait puisées dans l'Écriture , soit par
son travail, soit par la prière, ne l'empêchè-
rent pas de coUationner , quoique dans un
âge déjà avancé, tout l'Ancien et tout le Nou-
veau Testament sur plusieurs manuscrits. Il
imita dans cette révision ou nouvelle édition
de l'Ecriture, ce qu'avait fait saint Jérôme
pour les distinctions des versets, les points et
les virgules, et il fit garder autant qu'il put
les règles de l'orthographe , dans un temps
où elle n'était pas encore bien réglée chez
les Latins, quoiqu'elle le fût déjà chez les
Grecs. Il s'appliqua surtout à bien rendre le
texte du Psautier, des Prophètes et des Épî-
tres (le saint Pa(d, parce qu'il s'y rencontre
de plus grandes difficultés que dans les autres
lisTes de l'Écriture.
2. Après ces remarques générales, Cas-
siodore commence son livre de l'Institution
par indiquer les écrits des Pères, que l'on
doit lire sur chaque livre de l'Octatcuque,
c'est-à-dire sur les cinq livres de Moïse, Jo-
sué, les Juges et Iluth. Saint Basile a fait neuf î>p-
homélies sur le commencement de la Genèse,
qui ont été traduites en latin par Eustathe.
Saint Ambroise a aussi expliqué l'ouvrage
des six jours ; mais Cassiodore préfère ce
' ticet hmc fuerint stupenda miracula. et om-
nia possibilia credenlihus approbentur, non nos
tanten dehere talia fréquenter expelere, sed in
usu communis doctrinœ salins permanere : ne
cum illa quœ sunt supra nos audactcr exquiri-
vxus, culpam tentationis contra prœceplum Do-
PsmI. CWIII,
Premier \o«
lume.
Écri(s des
Pères qu'OQ
dojl lire sur
rOi^laleuque,
609.
mini polius incurrere videamur... Nam et David
cum esset in lege Dominijugiter ocrupatns , lumen
clamabat ad Dominum dicens : Da ruihi iut<>l-
lectum ut discam mandata tua. Prœfat. in lib.
Inslit., pag. 509.
22«
HISTOIRE GÉNKHALE DES
Seco i<l ^o*
lutnct
Sur k-. Roi!,
cap. I, pag.
Eli.
Tro iiimt
folunio.
Sur lei Pio-
pbète«. up,
III, ^tg. (Il,
que saint Augustin a écrit sur ce li\Te en-
tier, soit dans ses ouvrages conbe les mani-
chéens, et en particulier dans ceux qu'il a
écrits contre Fauste, soit dans ses livres des
Confessions et ailleurs. Il propose à lire sur
le même livre ceux que saint Ambroise à
faits sur les Patriarches, les questions de
saint Jérôme sur la Genèse, l'ouvratre de
saint Prosper divisé en cent quarante-trois
titres et les Homélies d'Ûrif;ène, qu'il dit être
très-éloquentes. Mais parce que ce Père avait
été condamné depuis peu par le pape Vigile,
pourempécherqnc ses religieux ne s'égaras-
sent en les lisant, Cassiodorc marque les en-
droits dangereux et tous ceux qui lui parais-
saient suspects ; il détaille le nombre de tes
homélies sur l'Octateuque , excepté celles
qui étaient sur le livre de lluth, parce qu'il
ne put les trouver; pour y suppléer, il en-
gagea le prêtre Bellator à faire un commen-
taire sur ce livre; ce qu'il fit dans un ou-
vrage divisé en deux parties, qui fut joint
aux Homélies d'Origène, sur les livres pré-
cédents. Cassiodore fit un recueil de toutes
ces pièces, qu'il eut soin de faire relier en-
semble : c'est ce qu'il appelle le premier
volume de sa Bible, qu'il avait partagée en
neuf.
3. Il rassembla dans le second tout ce
qu'il trouva d'ex|)lications sur les livres des
Rois et sur les Paralipomènes. Il plaça à la
tête de ce Recueil quatre homélies d'Ori-
gène; les réponses de saint Augustin aux
six questions de saint Siniplicien, évêque de
Milan ; les trois questions que saint Jérôme
avait envoyées à Aboudantius, et quelques
autres endroits des ouvrages de ces deux
Pères, qui ont rapport à l'histoire des Rois,
de même que de ceux de saint Ambioise. Il
ne tniuva qu'une seule homélie d'Origène sur
les Paralipomènes, et parce qu'il n'avait pas
trouvé ces livres ni ceux des Rois divisés
par chapitres et par titres, il les divisa lui-
même en mettant un titre à chaque cha-
pitre.
4. Le troisième volume renfermait tous
les Prophètes, avecles courtes notes de saint
Jérôme, que Cassiodore dit être fort utiles
pour les commençants; elles étaient suivies
de dix-huit livres du même saint Jérôme sur
Isaïe, de six sur Jérémie, de quatorze sur
Ézéchiel, do trois sur Daniel et de vingt srr
les [leliîs Proiihètes. Cassiodore y juii^nit
quatorze honiéiios d'Origène, traduites par
saint Jérôme. U dit que ce Père avait com-
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
posé vingt livTes sur Jérémie, mais qu'il
n'en put recouvrer que six, quoiqu'il eût fait
chercher les autres avec beaucoup de soin.
11 ne s'en donna pas muins pour avoir les
Conmienlairesde saint Ambroise sur les Pro-
phètes, et, n'ayant pu les découvrir, il re-
commanda à ses frères de les chercher.
Nous n'en avons point de ce Père, et on ne
sait même s'il en a fait ; Cassiodore ne l'as-
sure pas.
5. Le quatrième volume était composé du o^irum»,
* ïbluiiie.
Psautier et des commentaires de saint Hi-
laii-e, de saint Ambroise, de saint Jérôme,
de saint Augustin ot de saint Athanase : mais !:'" '" ■' "•
~ lier, oft, IV,
de tous ces Pères, il n'y avait que saint Au- i-t-'"»-
gustin qui eut expliqué tous les Psaumes. A
l'égard de l'ouvrage sur les Psaumes adressé
à Marcellin, Cassiodore veut, sans doute,
parler de la lettre de ce Père à Marcellin ;
aussi ne l'appelle-t-il qu'un petit livre. ;U
parle du Commentaire qu"il avait lui-même
composé sur les Psaumes, reconnaissant qu'il
avait beaucoup emprunté a saint Augus-
tin. Il y faisait voir que les maîtres des scien-
ces séculières ont enrichi leurs éciits de di-
vers endroits des Psaumes. Il renouvelle
l'ordre qu'il avait déjà donné dans sa pré-
face sur les Psaumes, de laisser dans la bi-
bliothèque le volume du Psautier, avec les
Commentaires, pour servir à corriger les
fautes qui pourraient se glisser dans les dif-
férentes copies à l'usage des frères. Leur
Psautier était divisé en trois parties ou trois
volumes pour leur commodité.
6. Dans le cinquième volume étaient les Chi.k
ouvrages de Salomon, dont le premier est le
livre des Proverbes, qui a été commenté par g^r t„
Didyme. Epiphane, ami de Cassiodore, a tra- û\^r""iM-
duit ce Commentaire du grec en latin. Saint
Antoine appelait Didyme l'aveugle clair-
voyant, parce que la privation de la vue ne
l'avait pas empêché «le se rendre habile dans
la plupart des arts et des sciences. Cassiodore
dit que cela lui aurait paru impossible, s'il
n'avait vu lui-même un nommé Eusèbe, ve-
nu d'Asie, qui, quoique aveugle dès l'Age de '
cinq ans, avait rempli sa mémoire de tant
d'auteurs et de tant de livres, qu'elle lui te-
nait lieu de bibliothèque ; il les possédait si
parfaitement, qu'il marquait exactement les
endroits ([u'il en citait, et il était si instruit
de toutes les sciences, qu'il en expliquait tou-
tes les diflicuilés avec beaucoup de clarté.
Cassiodore apprit de lui que la ligure du ta-
bernacle et du temple de Jérusalem, res-
[vi" SIÈCLE.] CHAPITRE XIX. — CASSIOnORE, CnANCEURR.
229
lit'iie.
L)es Apto;
fhp*, tut.
semblait ti cello du ciel. Co fut sur le plan
(ju'Eusi'l)!' lui on (liiuna , qu'il lo lit dessiner
il;iiis un i;riuul livre. Lo vénoiiiblo Itèdo s'est
réglé sur cette peinture du temple dans le
livre qu'il a fait du Temple de Salomon. Le
niènui Eiisèbo découvrit i\ Cassiodore plu-
sieui's mystères signifiés par les ornenionls
du grand prêtre dans l'ancienne loi ; il lui
apprit aussi un grand nombre d'anciens ou-
vrages dont il n'avait point ouï parler. Cassio-
dore, en reconnaissance de ce service , pria
Dieu de taire abandonner à Eusèbe l'bérésie
desnovatiens dont il était infecté, et de lui
faire embrasser la vérité de la foi catholique.
Il conseille délire les Conmientaires do saint
Jérôme et ceux de Victorin , d'orateur de-
venu évêque, sur l'Ecclésiaste, qui est le se-
cond livre de Salomon. Le troisième est le
Cantiqnedcs cantiques. Ha été expliqné par
Origène en deux homélies que saint Jérôme
traduisit en latin. Rtifin expliqua aussi le Can-
tique des cantiques; mais seulement jusqu'au
quinzième verset du second chapitre. Saint
Epiphane expliqua ce livre tout entier. Ce
commentaire qui était très-court, fut mis en
latin par le scolastique Epiphane. On croit
que le commentaire que Cassiodore attribue
ici à saint Epi[)hane, est d'un nommé Phi-
Ion, que ce saint évoque ordonna évêque de
Carpathe, en Chypre; c'est du moins à lui
que Suidas l'attribue, et non pas;\ saint Epi-
phane. Cassiodore lit relier en un seul volume
tous ces commentaires avec le Cantique des
cantiques. Il remarque que saint Jérôme
croyait que le livre de la Sagesse était d'un
savant juif nommé Philon, et non do Salo-
mon, comme on le dit ordinairement ; il en
parle toutefois ensuite des trois livres précé-
dents, disant que le prêtre Bellator l'avait
expliqué en huit livres, et que saint Augustin
et saint Ambroise en avaient aussi dit quel-
que chose dans leurs homélies. A l'égard du
livre del'Ecclésiastique, que saint Jérôme dit
être l'ouvrage de Jésus, fdsdeSirac, Cassio-
dore convient qu'il est si clair, que l'on n'a
pas besoin d'interprète pour l'entendre. Il
divisa tous ces livres par chapitres afin d'en
faciliter la lecture aux commençants.
7. Le sixième volume était intitulé : Des
Agiographes. On y trouvait d'abord le livre
de Job traduit en latin par saint Jérôme sur
l'hébreu. Cassiodore remarque après ce Pè-
re, que la poésie, devenue le langage du
Saint-Esprit, et la dialectique la plus exacte,
sont employées dans ce livre. Il en rapporte
un passage pour ]irouver la résurrection,
dans les mémos tenues que nous le lisons dans
hi Vulgate. On avait de snn temps un com-
mentaire anonyme sur Job, qu'il Jugo, par la
ressemblance du style, être de saint Ililaire;
il y avait aussi des notes de saint Augustin
sur le méiuo livre. Lo prêtre Bellator lit des
commentaires sur les livres de Tobie, d'Es-
thor, de Judith, d'Esdras et desMachabées;
savoir, cimi livres sur Tobie, six sur Estlier,
sept sur Judith, et dix sur les deux livres
des Machabées ; il se contenta de joindre
aux deux d'Esdras, deux homélies d'Origène
qu'il traduisit en latin.
8. D.ins lo septième volume qui contenait
les quatre Évangiles, Cassiodore indiquait les
auteurs qui les ont expliqués avec le plus de
succès. Il nomme sur saint Matthieu, saint
Jérôme, saint Ililaire et Victorin, le même
qu'il dit avoir commenté le livre de l'Ecclé-
siaste; sur saint Luc, saint Ambroise; sur
saint Jean, saint Augustin, qui, outre ses trai-
tés sur cet évang(''liste, a fait une concorde
des quatre Evangélistes. Avant lui, Eusèbe
de Césarée avait fait quelque chose de sem-
blable dans un ouvrage intitulé : De la Diffé-
rence, ou des varinticms des Évangiles. Cassio-
dore ne désigne aucun interprète sur saint
Marc.
9. Il avait trouvé des notes sur treize Epî-
tres de saint Paul, qui étaient si estimées,
qu'on les attribuait au pape Gélase : « Car
c'est, dit- il, la coutume de revêtir de l'auto-
rité d'un grand nom ce qu'on veut faire pas-
ser pour bon.» Mais ayant lui-même examiné
ces notes, il remarqua qu'elles étaient infec-
tées de l'hérésie pélagienne. Pour ne point
priver ses frères de ce qu'il y avait de bon
dans cet ouvrage, il retrancha tout ce qui lui-
parut mauvais dans l'explication de l'I^pître
aux Romains, laissant aux plus habiles de
ses religieux le soin de corriger l'explication
des autres Ëpitres sur un autre commentaire
anonyme qu'il avait trouvé, et qui n'était,
comme le précédent, que sur treize Epitres
de saint Paul. Quanta l'Épitre aux Hébreux,
il ne trouva rien de mieux, pour en faciliter
l'intelligence, que de faire traduire les tren-
te-quatre homélies de saint Clu-ysostôme. Il
employa à cette traduction son ami Mucien,
qui parait être le même Mucien , contre qui
Facundus écrivit sur l'atfaire des Trois-C ha pi-
tres. Cette traduction se trouve encore dans
quelques bibliothèques de Paris. Cassiodore
fit aussi traduire en latin, les explications de
Toinmc.
1«S. iU.
Diiiliè.ncvo-
latnc.
Dos E|1rtpB
des !»iiôtrfl*,
pair. 51V.
230
IIISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
saint Cldmenl d'Alexandrie ?ur la première
Épitre de ?aint Pierre, sur les deux premiè-
res de saint Jean, et sur celle de saint Jac-
ques. Il y joignit un manuscrit qui contenait
ce que saint Augustin a écrit sur la même
Épitre de sainl Jacques, et ce qu'il a dit sur
la première de saint Jean dans dix sermons,
où il s'étend particulièrement sur la charité.
Ayant trouvé presqu'en même temps un
exemplaire du commentaire de Didyme sur
les sept Épitres canoniques, il le fit encore tra-
duire en laliu par Épiphane. Il donna encore
à ses frères des noies fort courtes sur toutes
les Épitres de saiul Paul. On attribuait ces
notes à saint Jérùme. Il fit venir d'.Vfrique
un autre commentaire sur les mêmes Epi-
tres que Pierre, abbé dans la province de
Tripoli, avait compose des seuls passages de
saint Augustin, sans y rien ajouter du sien,
mais avec une si giande liaison des passa-
ges les uns avec les autres, qu'il semblait
que ce fut un ouvrage suivi de ce Père. 11 se
donna beaucoup de mouvements pour trou-
ver de petites remarques, qu'on disait avoir
été faites par saint Ambroise sur les mêmes
Épitres-; mais il parait qu'il ne put les dé-
couvrir. Comme toutes ses explications n'é-
taient pas fort étendues , il en fit ramasser
de plus amples; savoir, celles qu'Origène
avait faites sur l'Epître aux Romains en vingt
livres, que Rufin réduisit à dix en les tra-
duisant ; celles de saint Augustin sur la mê-
me Épitre, mais qui ne sont point achevées;
ses questions à Simplicien sur celte Épitre ;
ses commentaires sur celle aux Galates, et
ceux de sainl Jérôme sur la même Épitre,
et sur celle à Philémon. Il fit chercher par-
tout les commentaires qu'on disait que saint
Jérôme avait faits sur les autres Épitres de
saint Paul, sans pouvoir les déterrer. Il en
trouva un de sainl Chrysostôme sur ces mê-
mes Épitres, qu'il mit dans une même ar-
moire avec les autres manuscrits grecs, afin
d'y avoir recours lorsque les explications des
latins ne seraient pas assez étendues. Il con-
seille <» ses frères de ne pas négliger les ou-
vrages des modernes, lorsqu'ils ne trouve-
ront pas de quoi se satisfaire dans ceux des
anciens. Telles sont les remarques de Cas-
siodore sur le liuitième volume.
10. Le neuvième et dernier volume de la
bc. Âiiô.de Bible, selon le partape qu'il en avait fait,
iAiot«i(«e, contenait les Actes des apôtres et l'.Apoca-
lypse de saint Jean. Pour avoir un commen-
taire sur les Actes, il avait fait traduire en
Kratlèm»
latin par ses amis, les cinquante-cinq homé-
lies de saint Chrysostôme sur i e livre qu'il
avait trouvées en grec. Il parait qu'il y avait
sur l'Apocalypse un commentaire de saint
Jérôme, et une explication couile des endroits
les jilus dilliciles par Victoiin. Il faut re-
marquer que Vigile, évèque africain, avait
écrit sur le règne de mille ans dont il est
parlé dans l'.^pocalypse , et que Tichonius,
donaliste, n'avait pas mal réussi à expliquer
certains endroits de ce même livre. Mais parce
qu'il y avait d'autres endroits de son com-
mentaire infectés de ses erreurs, Cassiodorc
mit des marques dans cet ouvrage pour dis-
tinguer ce qu'il y avait de bon d'avec ce qui
en était mauvais. Il dit aussi que saint Au-
gustin a expliqué plusieurs endroits de l'A-
pocalypse dans ses li\Tes de la Cité de Dieu,
et que depuis peu, Primase, évèque en Afri-
que , l'avait expliquée eu cinq livres avec
exactitude, et qu'il y en avait joint un sixiè-
me où il faisait voir ce qui rendait un hom-
me hérétique.
11. Après avoir désigné tons les commen- j„,J/„Và"iî'.
laleurs que l'on pouvait lire sur chaque li- '^J^,'.,".''
vre de l'Écriture sainte , Cassiodore recueil-
lit en un corps les écrivains dont les ouvra-
ges étaient intitulés : Introduction à l'Ecri-
ture, parce qu'ils y donnaient, pour ainsi
dire , la clef qui en ouvre les mystères , et
qu'ils eu découvraient les ditlercnls sens.
Ceux qu'il nomme sont Tichonius, donatiste :
saint Augustin, dans ses livres de ta Doctrine
chrétienne; Adrien, Eucher, et Junilius. évè-
que d'Afrique. Il veut que si ces introduc-
teurs ont passé quelque chose , l'on ait
recours aux commentateurs ; qu'on lise avec
soin les maîtres catholiques qui ont décidé
les questions dilliciles; que l'on aille cher-
cher, jusques dans les lettres des Pères, l'ex-
plication qu'ils y ont donnée de certains en-
droits ; et qu'enfin, l'on entre souvent en
conférence sur les dilhcultés de l'Écriture
avec des vieillards éclairés et consommés
dans l'étude. 11 convient qu'il avait appris
par cette voie beaucoup de choses et en
peu de temps; ce qu'il ne croyait pas fai-
sable avant de l'avoir expérimenté.
12. Il parle ensuite des (pialre premiers i,,"'"!""»!'
conciles généraux qui ont allermi les fon- p'*-"5-
déments de notre foi , qui en ont établi les
vérités , et nous ont appris à nous garantir
de la mauvaise doctrine des hérétiques. Ces
conciles sont ceux de Nicée , de Constanli-
nople, d'Éphèsc et de Chalccdoinc. Il ne dit
[vi* sikcLE.] CIT.VPITRR XIX. — CASSIODORE, CIIANCELIEn
rien du second de Constanfinoplo, appch' lo
2;tl
rait on chnnjfor la significalion qui a sou-
cinqui(''me g(!ni''ral , parce (lu'appaieinincnt vciil rappurt à qiicNiuo clidsc de raystdriciix.
il écrivait son livre de l'Institution avant 11 leur iléleiul encore de changer les noms
l'an 353 , auquel ce concile fut tenu. Il mar- par d'aulres synonymes, ni même les cxprcs-
quc qu'il avait t'ait traduire en laliu le volu- sions ' qui sont contre les rendes du la gram-
me circulaire du concile de Chalcédoine ; maire; la raison (pi'il en donne est que ces
c'est-à-dire comme il l'explique , le volume termes nous font mieux entendre le sens de
qui renfermait les lettres de tout le monde, l'Écriture , qui est assez belle d'elle-même,
ou plutôt celles que les évêqucs avaient (-cri- sans emprunter de l'éclat aux arts libéraux ;
tes pour la contirmation du concile de Chai- et que l'on ne doit pas regarder comme cor-
cédoine, et que l'empereur Léon avait fait roaipus et impropres, des termes que l'on
recueillir en un corps.
13. Cassiodore donne après cela, le canon
des livres de l'Écriture , en remarquant que
saint Jérôme avait traduit sur l'hébreu tous
les livres de l'Ancien Testament, en les divi-
sant par versets , afin qu'il fut plus aisé de
faire en lisant sa version , les pauses et les
ponctuations nécessaires pour en compren-
dre le sens. Il rapporte deux autres canons
de l'Écriture ; l'un de saint Augustin , et
l'autre selon l'ancienne version ; et un troi-
sième , suivant la traduction des Septante.
Saint Augustin voulait que, lorsqu'il y avait
faute dans les traductions latines, on recou-
rût au texte grec ; cela engagea Cassiodore
à procurer à ses frères un exemplaire grec
de l'Écriture , afin que rien ne leur man-
quât pour en acquérir le vrai sens.
14. Après avoir donné indistinctement à
tous ses frères des règles pour lire utilement
les divines Écritures, il s'adresse aux plus
habiles d'entre eux , qu'il avait chargés de
revoir les exemplaires des livres sacrés, et
d'en corriger les fautes. Il veut que pour
s'acquitter dignement d'un travail si impor-
tant, ils conservent les idiolismesou les pro-
priétés de la langue hébraïque ou grecque ,
et les manières de parler qui sont consacrées
dans l'Écriture, et ne sont point dans l'u-
sage commun. II les renvoie sur cela aux
livres que saint Augustin a faits sur les cinq
livres de Moïse, celui de Josué, et celui des
Juges, dans lesquels il traite des différentes
façons de parler qui sont propres aux saintes
Écritures. Il leur défend aussi d'altérer les
noms hébreux, soit d'hommes, soit de lieux,
comme sont ceux de Setli, d'Llnoch, de Noé,
de Sion, d'Oreb, d'Hermon et autres sem-
blables , parce qu'en les déclinant on pour-
' îiec nia verbn tangenda sunt, qtiœ interdum
contra artem quidein humanam posila r^periun-
tur ; sed auctoritate muUontm codicum vindi-
canltir ; corrumpi siquidem nequeunt, quœ ins-
pirante Domino dicta noscuntur. Cassiodor. De
sait par le témoignage de plusieurs manus-
crits , être ceux que Dieu a inspirés aux
écrivains sacrés. 11 rapporte plusieurs expres-
sions familières aux écrivains sacrés, et mar-
que comment on doit les entendre. « Laver
ses mains, dit-d, c'est n'avoir point de part
à quelque chose. Le terme , une fois, signifie
résolution constante et immuable: celui de
jurer, quand il est attribué k Dieu, veut dire
seulement confirmer. Le terme de pieds , se
prend [lour l'action. » Il fait remarquer que
lorsque des noms se trouvent employés dans
un cas ou dans un genre contraire aux rè-
gles de la grammaire, il faut les conserver
tels qu'ils se trouvent dans le plus grand
nombre des manuscrits ; que si toutefois il
se trouvait quelques expressions absurdes ,
il faudrait les corriger ou sur la version
grecque des Septante , revue par saint Jé-
rôme , ou sur les traductions latines que ce
Père a faites sur l'hébreu. Quant à l'ortho-
graphe , il renvoie ses frères au traité qu'il
avait fait sur cette matière ; ce qui pourrait
donner lieu de croire qu'il avait fait ce trai-
té avant le livre de V Institution: mais nous
avons déj-l remarqué que Cassiodiore, après
avoir composé le livre de l'Orthographe , re-
vit tous ses ouvrages. Il put donc ajouter à
son Institution aux divines Ecritures, ce qu'il
dit ici du livre de V Orthographe, où il fait
mention expresse de celui de l'Institution.
Il exhorte ses frères à poursuivre le travail
qu'il avait commencé sur l'Ecriture , et à
amasser autant qu'ils le pourraient, des trai-
tés sur ce sujet. 11 dit à ceux qu'il avait char-
gés de corriger et revoir les manuscrits, d'i-
miter la main de l'écrivain , afin que rien
n'en gâtât la beauté, et de considérer atten-
tivement" que ce qu'il leur confiait, était l'u-
Institut., cap. xui. Slaneat ubique incorrupta lo-
culio quœ Deo placuisse cognoscitnr, ita ut fui-
gore suo niteat, non humano desidcrio carpenda
subjaceal. ibid.
' ConsidenUe qualis vobis causa commissa sit;
232
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
tilité commune des clm'tiens , le trésor de
l'Église et la lumière des unies,
cbipiue 15. n fait admirer la dnuceur des divines
iri.p»:. El». ,
E«».eii« Ecritures , la suite des événements qu'elles
nili'iTpèr'-''" représentent, l'utilité de ses connaissances,
la solidité de sa doctrine , la beauté de ses
préceptes et de ses ordonnances. Ensuite il
propose à SCS frères l.i lecture des saints
Pères qui ont travaillé à la défense de la foi
contre les hérétiques, ou à maintenir la dis-
cipline de l'Église. Les ouvrages qu'il nom-
me sont les treize livres de saint Hilaire sur
la Trinité, les traités de saint Amltroise à
l'empereur Gratien; les quinze livres de
saint Augustin sur la 7'rinilc; le livre de la
Foi , composé par l'évèque Nicctius ; les li-
vi-es des Offices de saint Ambroise ; ceux que
saiut Augustin a composés sous les titres de
la Vraie religion , de la Doctrine chrétienne ,
du Combat chrétien, du Miroir, de la Cité de
Dieu , et de divers autres marqués dans le
Catalogue de Possidius , auquel Cassiodore
ci..p. ini, renvoie. Il leur conseille aussi la lecture de
'""' ' ' diverses histoires , qui ont du rapport à la
religion , comme sont les livres des An-
tiquités juives, par Joscphe, que l'on peut re-
garder comme un second Tite-Live ; ceux
qu'il a écrits sur la captivité des Juifs; VHis-
toire Ecclésiastique d'Eusèbc avec la conti-
nuation de Rulfin ; celles de Socrate , de
Sozomène, de Théodoret, d'Orose et de Mar-
cellin; les Chroniques d'Eusèbe, de saint Jé-
rôme et de saint Prosper, avec civile de Mar-
cellin ; les Catalogues des hommes illustres
de saint Jérôme et de Gennade de Marseille.
Cassiodore avait mis tous ces livres dans sa
bibliothèque, avecles traductions latines de
ceux qui avaient été écrits originairement en
grec. Il reconnaît que ce fut par ses soins
que l'on traduisit les livres des Antiquités
ck'p^ *"v'' y"'i'<?* de Josèphe. Il fait l'éloge de la plupart
ixii.i.c.i.i. (jgg auteurs dont il conseillait la lecture, en-
tre autres de saint Hilaire, de saiut Cyprien,
de saint Ambroise, de saint Jérôme, do saint
Augustin. Il dit de saint Cyprien ' qu'après
avoir soutenu dans la foi par ses prédica-
tions ceux qui chancelaient, relevé ceux qui
étaient tombés, et conduit jusqu'au martyre
les confesseurs , il était devenu lui-même
marf\T, afin que ses actions ne fussent pas
au-dessous de ses paroles. Il joint à ces il-
lustres écrivains le prêtre Eiigyppius, abbé
du monastère de Saint-Séverin, proche de
Naples, qui, après s'être rempli de la lectu-
re de l'Écriture sainte et des ouvrages de
saint Augustin, en composa comme un corps
de théologie, divisé en trois cent trente-
huit chapitres, réduisant en un seul volume
ce que l'on aurait à peine trouvé dans une
grande bibliothèque. Il dédia cet ouvrage h
la vierge Proba, la même à qui saint Ful-
gence adressa deux traités de la Virginité.
Il y joint encore Denys le Petit, dont il loue
la vertu et le savoir.
iG. Afin que ses religieux fussent à cou-
vert de toute surprise de la part des héréti-
ques, il leur ordonne de lire encore les Actes
des conciles d'ÉphèseetdeChalcédoineavec
les lettres que les évêques avaient écrites
pour marquer qu'ils en adoptaient la doc-
trine et les décrets ; tous ces monuments
étaient entre lem-s mains. Il leur ordonne de
rejeter tout ce qui a été fait par des auteurs
suspects, qui s'éloignent des règles commu-
nes et de la doctrine des Pères, regardant
comme l'origine de l'erreur de tout aimer
dans un auteur suspect, et de vouloir défen-
dre indistinctement tout ce que l'on y trouve,
car il est écrit : Eprouvez tout, et approuvez
ce qui est bon.
17. La cosmographie ou la géographie
pouvant être très-utile à ceux qui étudient
l'Écriture sainte, parce qu'elle leur donne la
faculté de connaître la situation des lieux
dont il est parlé dans les livres sacrés, Cas-
siodore recommande à ses frères de lire les
meilleurs géographes dont il leur avait laissé
les écrits. Il nomme l'orateur Julius, le même
apparemment qui fut précepteur du fils de
l'empereur Maximin. L'ouvrage que Cassio-
dore avait de lui sur la cosmographie était
si e.xact qu'il ne laissait rien à désirer sur
cette matière. Les mers, les îles, les monta-
gnes les plus fameuses, les provinces, les
villes, les fleuves, les peuples, fout cela y
était détaillé. Il nomme encore la description
que le comte Marcclliu avait faite de Cons-
tanlinople et de Jérusalem ; la Fable de De-
Ch4p. :
•I ixiv,
pour fe pM
nmnir c<.ii||
la ktrtllqiii
Cbip.
1>« la tiifr^rf
fr.ph .
l-
ulilitas chrislianorum, thésaurus Ecclesiœ, iu-
men animarum. Cassiod., De Institut., cap. xv,
pa«. ri)9.
' Quantos illc dubiiantes non pertulit lahi, lap-
soi vern Hrmissimn. prœdicalione solidavit, con-
fessorcs ad martyrium usque perdu. ril f Et ne
minor esset prœdicationibus suis, ipse quoque
marlyrii corona decorntus est. Iliid., cap. x\x,
pnfr. 521.
ùtt ln«^rlii-
U3.
[VI' siici.E.J CHAPITRE XIX.
nys, et la Géographie de Ploloradc « qui, rlit-
il. parle si claiiemniit do tous les lieux du
monde, qu'il scuiLlo en la lisant qu'on n'c>t
iHrangcr nulle part. Ainsi demeurant toujours
dans un uiénie lieu, ce qui est convenal)lo
aux moines, continue Cassiodore, vous i)ar-
courez en esprit ce que tant de différents
auteurs ont recueilli des travaux de l(Mirs
longs voyages. »
18. Ce ne fut pas assez pour lui d'amasser
un grand nombre de livres, ni d'en marquer
le contenu à ses disciples; il voulut leur
épaigner la peine d'ouvrir plusieurs volu-
mes, lorsqu'ils n'auraient besoin que d'un.
C'est pourquoi il écrivit lui-même, mais en
abrégé et on lettres rouges, au commeuce-
Chip. xxriii.
D< l'élud( (Irs
laltraï humai-
Ma, ]»(. &i«.
Psal. cxxrit,
2.
ment de chaque volume, ce qu'il contenait.
A la tête du volume où l'Octatcnqne était
renfermé, il mit les trois premières lettres
de ce nom Oct., et fit la m(^me chose .'i l'égard
des huit autres volumes de sa Bible.
19. Sachant que la plupart des saints
Pères avaient étudié les lettres humaines, et
que plusieurs d'enir'eux, comme saint Cy-
prien, Lactance, Viclorin, Optât, saint Hi-
laire, saint Arabroise, saint Augustin, saint
Jérôme, en avaient retiré de grands avan-
tages ; que Moïse même était très-instruit
dans toutes les sciences des Égyptiens, il
conseille l'étude des lettres profanes ii ses
religieux, pourvu qu'ils le fassent avec mo-
dération, et dans la vue d'en tirer du secours
pour l'intelligence des livres saints. Il ajoute
que si un tempérament froid qui glace le
sang dans les veines, comme parle Virgile,
et qui assiège le cœur, empêche quelques
frères de devenir parfaitement savants dans
les lettres sacrées ou dans les sciences
humaines, il faut qu'après y avoir fait un
progrès médiocre qui leur serve de fonde-
ment, ils prennent, selon que le dit le même
poète, leurs plaisirs dans les champs et dans
les ruisseaux qui arrosent les plaines. Ce
n'est pas en effet une occupation contraire à
l'état des moines de cultiver les jardins, de
labourer la terre, de se réjouir de l'abon-
dance des fruits, puisqu'il est écrit : Vous
vivrez des travaux de vos mains^ et en cela
vous serez bienheureux, et vous vous en trouve-
rez bien. Il indique à ces sortes de religieux
les auteurs qui ont écrit touchant la maison
rustique, et l'agriculture, savoir Gargilius,
Martial , Columelle , Émilien. Ils avaient
traité de la manière de cultiver la terre,
d'élever des abeilles, de nourrir des pigeons
CASSIODORE, CHANCRLIEU. 2,33
et mémo des poissons. Cassiodore avait mis
tous leurs ouvrages dans sa bibliolhèi|uo. Il
trouvait cet avantage dans ces sortes d'exer-
cices manuels, que l'on en pouvait tirer de
quoi noiu-iir les étrangers, et soulager les
malades.
20. La situation du monastère de Viviers
les invitait à jiréparer beaucoup do choses
pour les étrangeis et ponr les pauvres. Il y
avait des jardins arrosés do pliisieur.s ca-
naux, et le voisinage du petit fleuve Pellèno
fournissait du poisson en abondance. Il était
aussi très-facile d'en tirer do la mer qui
était au bas du monastère, et de le conserver
dans les réservoirs que Cassiodore avait fait
creuser dans la concavité de la montagne. Il
avaitaussi failconstruire des bains pourl'usa-
ge des infirmes, et avait fait conduire à cet
etl'et des fontaines d'une eau excellente à boire
et salutaire à ceux qui usaient de ces bains.
Il trouva le moyeu de tirer assez d'eau du
lleuve pour faire tourner les moulins de
Viviers sans les exposej- aux inondations.
Eu sorte que les religieux, ne manquant
d'aucune commodité dans l'enceinte de leur
maison, ne devaient point être tentés d'en
sortir. Il passe de la description qu'il en fait
aux écrits de Cassien, dont il leur conseille
la lecture pour connaître cpiels sont les vices
que l'on doit combatiro dès l'entrée en reli-
gion. « Cet auteur, dit-il, dépeint si natu-
rellement les mouvements déréglés de l'âme,
qu'il semble faire voir à l'œil, et même tou-
cher sensiblement aux hommes leurs pro-
pres défauts et leurs excès, et les forcer pour
ainsi dire à s'en donner de garde, au lieu
qu'auparavant les ténèbres qui les environ-
naient les empêchaient de s'en apercevoir. )>
Il leur dit que si, après s'être suffisamment
instruits et formés dans les exercices de la
vie cénobitique, ils aspirent à quelque chose
de plus parfait, ils pourront aller mener la
vie heureuse des anachorètes dans l'agréa-
ble solitude du Mont-Castel, qui ressemblait
fort à la demeure des ermites, quoiqu'enfer-
mée de murailles.
21. Entre tous les travaux des mains, il
donne la préférence h celui de transcrire des
livres, pourvu qu'on les transcrive lisible-
ment et avec exactitude. La raison qu'il
donne de cette préférence, est que les moi-
nes, en lisant et relisant si souvent les saintes
Écritures, ce qui est nécessaire pour les
transcrire, s'en remplissaient l'esprit et s'en
instruisaient eux-mêmes, en même temps
Chap. Xftx.
DefetIplIon'iQ
mûifn 16 » d-,
V vic.s, I»;,*.
Cliap. XXX,
Des copiste*
ou antiquai-
res, pag. 32..
234
HISTOIRE GÉNF:RAT,E DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
d'huile; cl de diverses horloges dont les unes
qu'ils répandaient partout la doctrine sacrée
comme une semonce céleste, qui fructifie
dans les âmes. U donne à cet art tous les
éloges qu'on peut lui donner, en disant que
l'antiquaire prêche aux hommes delà main
seule, qu'il leuraimonce le salut en silence,
qu'il fait la guerre au démon par la plume
et par l'encre; que Satan reçoit autant de
blessures qu'un habile copiste écrit de paroles
duSeigneur. «Sanssortirdesa place, dit-il, il
court diverses provinces par le moyen de ses
ouvragesquise répandenten divers endroits;
son travail est lu dans les lieux saints; les
peuples en entendent la lecture, et appren-
nent par là à se convertir et à servir Dieu
avec une conscience pure. Je n'ose presque
dire qu'on ne peut le récompenser dignement
de tant de biens qu'il procure par son art,
pourvu toutefois (ju'il agisse avec une grande
pureté d'intention, et non par ambition ou
par cupidité. L'homme, par le moyen de cet
art multiplie la divine parole; on écrit avec
trois doigts des oracles prononcés par toute
la Sainte-Trinité. On se sert de cannes et de
roseaux pour écrire des paroles célestes,
afin d'employer contre le diable, ce que lui-
même fit employer par ses ministres pour
outrager Jésus-Christ dans son divin chef, à
sa passion. Pour ne rien laisser à dire, les
écrivains imitent, en quelque sorte, Dieu
même, qui a écrit sa loi de son propre
doigt.» Mais, afin que les religieux, occupés
à transcrire les hvrcs, s'acquittassent avec
exactitude de ce travail, et qu'ils pussent
même corriger les fautes d'orthographe qui
se seraient glissées dans les originaux, il les
renvoie à plusieurs anciens auteurs qui
avaientécrit surrortliographc, et dont il avait
ramassé les ouvrages dans sa bibliothèque.
De ce nombre était Velif'-ïusLongus, Gurcius
Valérianus, Pappirianus, Adamantins, .Mar-
tirius, Eutycliès, Phocas, Diomède et Tliéoc-
tistus. Il donna encore h ses religieux d'ha-
biles ouvrieis pour leur apprendre à lelier, ù
couvrir les livres, et à en enrichir la couver-
ture, afin que le dehors répondît h la beauté
inestimable des sacrés ('crits qui étaient ren-
fermés au dedans. Il se ilonna lui-même la
peine de dessiner les dill'orentcs manières
des couvertures de livres, pour que chacun
pùl clinisir celle rpii lui plairait davantage.
Il pourvut aussi son monastère de lampes
perpétuelles, qui conservaient toujours leur
lumière, et se nouriissaient d'elles-mêmes
sans qu'on y touchai, ou qu'on les ronq)llt
Cbnp. IXXI.
Dd «olD detl
marquaient les heures au soleil, les autres
par le moyen de l'eau qui imitait le cours
du soleil, et servait pour la nuit aussi bien
que potir le jour.
22. Il dit à ceux qui étaient chargés du
soin des malades, qu'ils doivent les soulager "^'_"'"' '**'
avec beaucoup de soin, dans la persuasion
qu'ils enrecevront la récompensede celuiqui
donne les biens éternels pour les biens tem-
porels; que pour mieux remplir leurs olfi-
ces, il est h propos qu'ils se rendent habiles
dans la médecine et dans la pharmacie , en
étudiant la nature des simples et la manière
de les mélanger. 11 veut néanmoins qu'ils ne
mettent pas leur confiance dans la vertu des
herbes ni dans les conseils humains ; parce
qu'encore que la médecine soit établie de
Dieu, c'est lui qui donne la vie. Il leur con-
seille de lire Vllerbier de Dioscoride , oii
toutes les herbes des champs sont peintes
avec une propreté admirable ; et ensuite les
ouvrages d'Hypocrate , de Galien et d'Au-
rélius Cœlius, qu'il leur avait laissés dans sa
bibliothèque.
23. Lorsque Cassiodore écrivit son traité ^^'V '^"''
de V Institution Chalcédonius et Géronce qu'il ni.i^j,*;,
qualitic hommes très-saints, étaient abbés de ?'."•"". :«:^
ses deux monastères, c'est-à-dire de Viviers
et de Castel : il paraît même qu'ils en furent
les premiers abbés. Mais, quoique ce fussent
deux monastères à cause desditl'érenls exer-
cices qu'on pratiquait dans l'un et dans l'au-
tre, et à cause des deux abbés qui les gou-
vei'uaient, on jouvait en quelque sorle les
regarder comme un seul monastère, parce
qu'ils étaient renfermés dans la même clô-
ture. Dans l'exhorlalion qu'il fait à ces deux
abbés, il les avertit de disposer toutes choses
avec tant de prudence qu'ils puissent, avecla
grâce de Dieu, conduire leurs religieux fi la
possession de la vie éternelle ; il leur recom-
mande d'exercer surtoute chose l'hospilalité;
de soulager les pauvres dans tous leurs be-
soins, d'instruire dans les bonnesmœurs les
gensde la campagne, qui se présenteraient k
eux poin- apiirendre à connaitn^ la vérité et le
chemin du salut ; d'éviter eux-mêmes l'oi-
siveté ; de s'appliquer à la lecture des divi-
nes Ecritures et des commentaires des plus
célèbres iloclcurs de l'IOglise ; de lire aussi
les Vies des Pères et les Actes dos martyrs ,
pour s'exciter, à leur exemple, k la pratique
de la vertu, sacliani que la couronne s'ac-
corde non-seulement k ceux qui répandent
[vi« SIÈCLE.] CHAPITRE XIX. — CASSIODORE, CHANGELIER.
235
leur sang pour la foi, ou qui surmonteut les
tentations de la chair en vivant dans le cé-
libal; mais aussi ;\ tous ceux qui, avec le se-
cours de Dieu, nioiliiiout leurs passions et
croient tout ce qu'il faut croire. <i Que celui
qui pèche moins, dit Cassiodore , en rende
grâces ii Dieu, qui par sa miséricorde l'a
préservii de chutes ])lus fréquentes; mais
que celui qui est lonibé plus souvent , prie
Dieu continuellement, sans se défendre par
de mauvaises excuses. Rien de plus insensé
que de vouloir en imposer ;\ celui qu'on ue
peut tromper.»
24. Cassiodorc finit son livre de l'Institu-
tion par une prière qu'il semble n'avoir dic-
tée que pour en donner une formule ;\ tous
ceux qui s'appliquent .à l'élude et à la lec-
ture : « Donnez , Seigneur, i\ ceux qui
lisent et qui étudient, l'avancement et le
progrès. Accordez <i ceux qui cherchent l'in-
telligence de votre loi, le pardon et la rémis-
sion de leurs péchés, afin que, désirant avec
tant d'ardeur d'arriver à la lumière et à la
claire connaissance de vos saintes Écritures,
nous n'en soyons pas empêchés par les ténè-
bres et les nuages de nos fautes. Attirez-nous
à vous par la vertu de votre toute-puissance.
Ne permettez pas que nous nous égarions
par notre propre volonté, après nous avoir
rachetés de votre sang précieux; ni que
votre image qui est gravée en nous soit dé-
figurée , et perde la beauté de ses traits,
qu'elle ne peut conserver si vous ne la dé-
fendez des insultes de l'ennemi. Qu'il lui suf-
lise de nous avoir blessés mortellement dans
la personne d'Adam, et qu'il cesse d'em-
ployer de nouveaux moyens pour nous
surprendre et nous tromper.» Puis, s'adres-
sant à ses religieux : « Hâtez-vous, leur dit-
il, de faire de grands progrès dans les scien-
ces des saintes Ecritures. Animez-vous y en
considérant que c'est pour vous remplir de
doctrine, que j'ai amassé un si grand nom-
bre de livres et de livres si bien conditionnés
et si bien choisis. »
Le témoignage que Cassiodore se rend h
cet égard ne pouvait être suspect à des per-
sonnes qui avaient sous leurs yeux la riche
bibliothèque qu'il leur avait formée à grands
frais, et qui étaient témoins du soin qu'il
avait pris de n'y mettre que des livres utiles
et d'en orner tous les dehors et les couver-
tures. Il est de tous les anciens écrivains ec-
clésiastiques celui qui s'appliqua le plus à
faire tleurir les études, qui tit le plus de dé-
pense pour amasser dos livres, qui se donna
le plus de soin pour n'avoir dans sa biblio-
thèque que des exemplaires comnls, ([ui
eut le plus de zulo jjour faire copier les meil-
leurs livres, et le premier qui en ait fait une
occupalion réglée des moines. Cette atten-
tion, qui a produit de si grands avantages à
l'I'-glise par la mul(i[)lication des manuscrits
que les moines des autre monastères trans-
crivirent depuis, à l'imitation de ceux de Vi-
viers, était surtout nécessaire dans le temps
de Cassiodore, où la plupart des ouvrages
des anciens auraient péri par les guerres
dont l'Ilalie, la Sicile, l'Afrique et plusieurs
autres provinces furent affligées, s'il n'avait
pris la peine de les faire transcrire.
§VI.
Traité des Sept arts libéraux, dç l'Oraison, de
l'Orthographe et des Tropes ou des figures.
\. Le traité rfc's Arts libéraux suivit immé-
diatement le livre de l' Institution, quoiqu'il
eût dû, ce semble, le précéder, l'ordre vou-
lant qu'on soit instruit dans les lettres hu-
maines avant de s'appliquer à l'étude de
l'Écriture sainte. Mais Cassiodore crut devoir
donner la première place au livre de l'Institu-
tion, h cause de l'importance de la matière ,
qui est beaucoup au-dessus de celle qui fait
l'objet des Arts libéraux. Il en met sept dans
son traité dont chacun fait un chapitre par-
ticulier, savoir la grammaire, la rhétorique,
la dialectique, l'arithmétique, la musique, la
géométrie et l'astronomie. Voici ce qu'il dit
sur la grammaire : « Le nom de grammaire
vient d'un mot grec qui signifie lettre. Cad-
mus fut l'inventeur des lettres , mais il n'en
inventa que seize dont il fit part aux plus stu-
dieux d'entre les Grecs, qui, par la vivacité de
leur esprit, inventèrent les autres.» Cassiodore
nomme, entre les auteurs qui ont écrit le
mieux sur la grammaire, Hélénus et Pris-
cien, auteurs grecs, Pah'mon, Phocas, Pro-
bus,Censorinet Donat, grammairiens latins.
Il s'arrête à ce dernier, comme au plus mé-
thodique et plus propie pour aider les com-
meuçanls. 11 dit ipi'il avait lui-même fait deux
livres de Commentaires sur Donat, et que
saint Augustin avait aussi écrit sur la même
matière. Ce qui nous reste de Cassiodore
est imparfait; et nous n'avons plus le traité
de saint Augustin. Cassiodore parle aussi
d'un Recueil de figures au nombre de quatre-
Trail<i de I*
Grammaire ,
pag. 0^8, cap.
236
HISTOIRE GÉNFTRAI.E DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
De larUto-
rlqoe . pig.
S31, cjp. II.
Dg la ilia-
leeliqae, paç.
B36, cap. III.
l'h:!. m, 50.
De l'arllh.
méllqii^, ti«ir*
BOX, ca|., I .
vinp:t-dix-huit, fait par un nommé Sacerdos :
ce ftecueil u'cst pas venu jusqu'à nous.
2. Il dit, en parlant de la rclhorique, que
trois choses font l'orateur ; le génie naturel,
l'art et l'exercice; et que pour remplir la signi-
fication de son nom, l'orateurdoil enseigner,
toucher et contenter son auditeur. Il expli-
que toutes les parties de la rhétorique, et
propose à ceux qui veulent réussir en cet
art la lecture des deux livres de Cicéron,
commentés par Marias Yictorinns ; les
douze livres des Institutions i\e Quintilien, et
les trois volumes de Fortunalien, où cet au-
teur s'expliquait avec beaucoup de netteté,
et ne disait que ce qui était précisément né-
cessaire. Cassiodore définit la rhétorique :
L'art de bien dii-e.
3. Il donne trois définitions de la philoso-
phie ; la première en disant qu'elle est la
science des choses divines et humaines, autant
qu'il est possible à l'homme; la seconde, en
l'appelant ['art des arts et la discipline des
disciplines; la troisième, en la mettant dans
la ressemblance de l'homme avec Dieu suivant
que cela est possible à l'homme. Il l'appi'lle
encore la méditation de la mort. « Cette phi-
losophie, dit-il, convient aux chrétiens qui,
ayant foulé aux pieds les vanités du siècle,
doivent imiter ici bas la vie des bienheureux
dans le ciel, afin de pouvoir dire avec l'A-
pôtre .■ Notre conversation et notre vie est dans
le ciel. » Il remarque que les premiers philo-
sophes n'avaient point donné des règles
pour les syllogismes ou autres raisonne-
ments philosophiques ; qu'on les doit à Aris-
tole, qu'il regarde comme le plus grand
maître de la dialectique. Il parle des neuf
livres de Varron sur la rhétorique et la dia-
lectique, de l'inlroduction de Porphyre, des
sept livres de Boëce sur celui d'Arislote qui
a pour titre : De l'Interprétation; d'un traité
d'Apulée dcMadaurcqui était aussi intitulé :
De l'Interprétation ; d'un livre de Marins Vic-
torin sur les syllogismes hypothétiques, et
d'un traité deTullius MarccUus sur le même
sujet. Il nous apprend qu'il avait lui-même
composé d'amples commentaires sur le livre
de l'Interprétation d'Arislote, et un livre de
la Division.
4. Il regarde l'arithmétique, la musique,
la géométrie et l'astronomie comme autant
de parties des mathématiques, en mettant
toutefois l'arithmétique pour la première,
parce que les autres en ont besoin pour faire
leurs opérations. Il rapporte, d'après Josèphe.
qu'Abraham avait le premier donné aux
Égyptiens la connaissance de l'arithmétique
et de l'astronomie. A quoi il ajoute que les
saints Pères ont parlé avec éloge de ces
deux arts, et qu'ils en ont persuadé l'étude
à plusieurs, parce que ce sont des moyens
de nous faire passer de la connaissance des
choses corporelles à la contemplation des
spirituelles. Il explique avec assez d'étendue
ce qui rega)de l'arithmétique, et renvoie
aux différents traités qu'en ont fait chez lès
Grecs Nicomaque, et chez les Latins Apulée
de Madaure, et Boëce qu'il appelle homme
magnifique. Selon lui, Pythagore estimait
tant l'arithmétique, qu'il avait coutume de
dire que Dieu avait créé toutes choses avec
nombre et avec mesure ; et il croit que ce
philosophe' avait emprunté cette pensée du
livre de la Sagesse où nous lisons : Vous ré-
glez toutes choses avec mesure, avec nombre et
avec poids.
?i. C'est nu même Pythagore qu'il attribue
l'invention de la musique, sur le témoignage
d'un nommé Gaudentius, dont il avait fait
traduire les ouvrages par son ami Mucien.
Ce philosophe en conçut l'idée sur le bruit
des marteaux, et par le son que rendent des
cordes tendues lorsqu'on les touche. Cas-
siodore cite divers auteurs qui ont tjaité de
la musique, entr'autres Censorin, Alipius,
Euclide, Ptolomée, Albidus et saint Au-
gustin. Varron qui a aussi parlé de la mu-
sique lui attribue des eflets merveilleux, en
particulier d'apaiser les mouvements des
esprits violents et emportés ; ce qui revient
à la remanjue que fait Cassiodore que David
délivra Saiil de l'agitation du malin esprit,
par l'harmonie de sa harpe. Il rapporte
qu'un médecin fort habile au jugement des
anciens, nommé Asclépiade. remit un fré-
nétique en sou bon sens par le moyen d'une
symphonie. Mais il veut que l'on rejette
comme fabuleux tout ce que l'on dit de la
lyre d'Orphée et du chant des syrènes.
G. Il d('finit la géométrie: La dimension ou
mesure de la terre. 11 s'étend peu sur cette
partie dont il se contente de donner les prin-
cipes, renvoyant ceux qui voudraient s'en
instruire plus à fond h ce qu'en ont écrit Eu-
De lu m
Un- ta|..
lag. Svb.
l'a.L.
rap. '
"ini,
' Credo Irahens hoc iniliuin ah illa sfnlenlin
jirnpitelali, qnœ dirit, omnin Dcnm mensurn.nii-
mcroel poiirfere disposnisse. Cassiod., De Arilh.,
cap. IV, piig, 5i3.
[vi' siKCLE.] CHAPITRE XIX. — CASSIOnORE, CHANCELIER.
Dra Inilt
|i«rii«sd« ro*
, rai*uo, pttgt
Ml.
Traité de
Des Iropes
clide, Apollonius et Arcliim^de. II remarqno
que Boi'cc avait liacluit on latin l'ouvrapfe
il'Euclitlo. 11 dit aussi pou do cliosps del'as-
tronoiiiic (pi'il appcllo la loi des uslns, parce
qu'ils ne savent se mouvoir, ni s'arrôter que
selon les lois (luc le Créateur leur a pi-cscri-
les : d'où vient que l'on regarde comme des
événements miraculeux lorsque le soleil s'ar-
rêta pendant trois heures par l'ordre de Jo-
sud ; qu'il rétrograda de dix degrés sous le
règne d'Ezédiias, et qu'il fut obscurci pon-
dant trois heures au temps de la Passion du
Sauveur. Il rejette comme contraires à la foi
les connaissances de l'astrologie judiciaire,
et cite sur cela le sentiment de saint Basile et
de saint Augustin.
7. On croit (jne le traité intitulé : De l'Orai-
son, où Cassiodore en explique les huit par-
ties, c'est-ù-dire le nom, les cas, les déclinii-
sons, le pronom, le verbe, l'adverbe, le par-
ticipe, la conjonction, la préposition et l'in-
terjection, est un des deux commentaires
qu'il dit'avoir faits surDonat. Ce qui le prou-
ve est le rapport que ce livre a avec celui de
la Gntmmnire, et le titre ûc commetitaire qu'il
porte dans un ancien manuscrit de l'abbaye
de S.iint-Michel. On voit aussi que Cassiodore
y répond à quelques ditlicultés que l'on fai-
sait sur certaines expressions de Donat à l'oc-
casion de la composition des noms. L'autre
commentaire de Cassiodore n'a pas encore
été rendu public.
8. Il était âgé de quatre-vingt-treize - ans
lorsqu'il composa son traité de l'Orthographe.
Il y fut engagé par ses moines qui lui avaient
représenté qu'en vain ils auraient appris ce
que les anciens avaient fait, et ce qu'il y
avait ajouté lui-même, s'il ne les instruisait
de la manière dont ils devaient transcrire
leurs ouvrages. Il leur donne donc dans ce
traité toutes les règles de l'orthographe. Mai^,
ne voulant pas se faire honneur d'un ouvrage
où il ne faisait qu'abréger ceux des autres,
il nomme les auteurs de qui il avait emprun-
té, savoir: Gnéus Cornusus, \'eiléiusLongus,
CurtiusValérianus,Pappirianus, Adamantins,
Martirius, Eutycliès, Césellius, Lucius Céci-
lius, et Priscieu, le grammairien. Il marque
dans des chapitres séparés ce qu'il avait pris
de chacun de ces écrivains.
9. 11 avait mis dans uu même volume trois
237
traités de Donat, avec le Itocueil des tropcs et
des figures de Saccrdos. Ce Tfeci^eiV contenait,
comme on l'a déj;'i dit, quatre-vingt-dix-huit
tropcs et autres figures. Cassiodore dit qu'elles
n'étaient pas toutes de Sacerdos, et qu'il y en
avait de Donat ; ce qui donne lieu de croire
qu'il avait choisi dans ces deux auteurs de
quoi faire un autre recueil, ou que Sacerdos
avait puisé lui-même dans le livre de Donat.
On trouve deux livres sur cette matière dans
les éditions de Cassiodore et dans celles du
viMK'rable Bèdc. Mais par un anachronisme
de deux cents ans ou environ, il est dit dans
toutes les éditions de Cassiodore, excepté
dans celle de Nivelle à Paris, en 1589, qu'il
avait recueilli ces tropes des ('crits de Bède,
que l'on a confondu avec Sacerdos. Il est bien
plus vraisemblable que Bède a pris quelque
chose du Recueil de Sacerdos qu'il trouvait
avec les Œuvres de Cassiodore; de même
qu'Isidore de Séville, à qui l'on donne aussi
un livre des Tropes.QcXm que nous avons parmi
les écrits de Bède se trouve dans un ancien
manuscrit de l'abbaye de Fleury, où il est
attribué à Cassiodore et adressé à un diacre
nommé Galertus. Mais il est certain que le
Recueil de Cassiodore s'adressait non à ce
diacre, mais aux moines de Viviers. D'ail-
leurs il est fait deux fois mention de saint
Grégoire le Grand dans ce traité; et on sait
que Cassiodore ne vivait plus lorsque ce saint
occupait le Saint-Siège. A quoi il faut ajou-
ter que le Recueil de Cassiodore renfermait
quatre-vingt-dix-huit tropes, au lieu que le
livre qui se trouve dans le manuscrit de Fleu-
ry, et parmi les œuvres du vénérable Bède,
n'en contient pas la moitié. Pour suppléer
au Recueil de Cassiodore que l'on croit perdu,
le nouvel éditeur de ses écrits a ramassé un
grand nombre de tropes et de figures, qu'il
a trouvées dans son Commentaire sur les Psau-
mes. Il les a disposées par ordre alphabéti-
que ; et non content d'un exemple sur chaque
figure, il en a mis quelquefois plusieurs pour
l'utilité du lecteur ; en sorte que le nombre
des tropes qu'il a recueillies du commentaire
de Cassiodore et de quelques autres endroits
de ses ouvrages, passe le nombre de cent
vingt. Trope est une figure par laquelle la
signification naturelle d'un mot est changée
eu une autre qui n'est pas propre. On lit, par
uu fleuret <Io
CEcntur*.
.aKiiod ,
Prjpf. In Mb.
De Onh. pir.
Ci7'., et la Mb.
Do Gniin rap.
Ca5siod», io
' Cujus Donati gemina Commeuta rcliquimus.
Cussiod., De Grainm. cap. I, pag. 529.
' Ad amanlissiinos orthographos discuUendos
anno œlatis meœ nonagesimo tertio. Domino ad-
juvante peneni. Cussiod. Pricfat.in lib. De Orlho.
p.ig. 574.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUl'EURS ECCLÉSIASTIOUES.
Psal. ni,['is.
n.
En quel
tfmri» et à
qutfne occa-
».ciD u traité
• M fait.
Anitlv«ft Hrt
ce trnii -, clij-
|,iTi. I l>ou.-
quut I Aruo c^l
■lti«i a|>pet£a,
238
exemple dans le psaume troisième : Levez-
vous, Si'igneiir; S'iinyz-moi, mun Dieu, (i Ce
n'est pas, dit Cassiodore, que l'on fasse lever
Dieu comme s'il doimaitou s'il était couché;
mais c'est l'usage de l'Ecriture de se servir en
parlant de Dieu, dos façons de parler usitées
parmi les hommes. C'est donc dans un sens
figuré que David dit à Dieu : Levez-vous,
pour dire: Venez au plus tôt à mon secours.»
§ VII.
Du traité de l'Atne.
1. Cassiodore, après avoir donné au public
les douze livres de ses Lettres, se promettait
un peu de repos, lorsque ses amis le pressè-
rent de travailler à un traité de l'Ame et de
SCS facultés. Us souhaitaient qu'il leur apprît
sur ce svijet ce que l'on en trouvait dans les
auteurs sacrés et profanes. Ce traité leur
semblait nécessaire, parce qu'ils ne pouvaient
souQ'rir de se voir privés de la connaissance
d'une substance par laquelle l'homme con-
naît tant d'autres choses. Us ajoutaient que
pour cire instruits de co qu'elle est, il ne fal-
lait quela consulter elle-même ; et que pour-
vu qu'on l'interrogeât, elle ne manquait pas
de nous répondre, étant toujours au milieu
de nous. » Les sages, disaient-ils, ont fait aux
hommes un précepte de l'élude de soi-même;
corainenl l'accomplir si nous ne connaissons
pas même les substances dont nous sommes
composés? Nous éludions avec. ap|)licalion
le cours des astres, la nature des éléments,
la cause des pluies, des tempêtes, des vents
et des tremblements de terre, les raisons de
la piofonileur de la mer, les qualités et les
vertus des plantes; quelle excuse pouvons-
nous avoir pour nous dispenser de rentrer
en nous-mêmes, afin d'étudier et d'appren-
dre ce qu'est notre âme? » Ce sont-là les rai-
sons des amis de Cassiodgre pour l'engager
au traité dont nous parlons : il est divisé en
douze chapitres.
2. La malii'ic du premier chapitre est de
savoir pourquoi l'âme est ainsi ap|i(lie. L'au-
teur déclare que par le nom d'unie il n'entend
que celle de l'homme, parce que la vie des
bêtes est dans le sang qui leur tient lieu
d'âme, au lieu que l'âme de l'iiomnie, parce
qu'elle est immortelle, est entièrement dé-
gagée du sang; ce qui la faita])peler anaima,
c'est-à-dire si'pnré du sang ; d'où vient qu'a-
près la mort du corps elle est aussi parfaite
qu'auparavant. D'autres veulent qu'elle soit
appelée âme, parce qu'elle anime la subs-
tance de sou corps et qu'elle le vivifie. Cas-
siodore distingue l'esprit de l'âme, parce que
le terme d'es/ji-tt est un terme générique qui
se dit de Dieu, des anges et des puissances
de l'air, comme il se dit de l'âme. II fait ve-
nir le mot latin anhuiis, dont on se sert pour
signifier l'esprit, du mot grec anemos, qui si-
gnifie vent, à cause de la promptitude de ses
pensées.
3. Il enseigne qu'au sentiment des plus
habiles on peut définirl'âme de l'homme une
substance particulière, ' spirituelle, créée de
Dieu, capable de donner la vie au corps, rai-
sonnable et immortelle, et qui peut se tour-
ner Teis le bien ou vers le mal : il prouve en
particulier toutes les parties de cette défini-
tion. Que l'âme soit créée de Dieu, il n'y a
aucune personne sage qui l'ignore ou qui en
doute, puisque tout ce qui existe est ou créa-
teur ou créature; l'âme de l'homme n'a pas
la vertu de créer, au contraire elle a besoin
de Dieu pour exister; et elle est donc créa-
ture et lient de Dieu son être. Cassiodore cite
sur cela deux passages de l'Écriture, l'un de
l'Ecclésiaste, l'autre d'isaïe. Il montre qu'elle
est spirituelle, parce que tout ce qui existe
est ou esprit ou corps. « Il est évident, dit-
il, que tous les corps sont iJlendus ' en lon-
gueur, en largeur et en profondeur; on ne
conçoit dans l'âme aucune de ces trois di-
mensions : elle n'est donc pas un corps, mais
un esprit. Malgré la compagnie du corps au-
quel elle est unie, et qui semble l'appesan-
tir, elle pèse avec curiosité les dill'éicntes
opinions des hommes, elle pense aux choses
célestes, elle les examine, elle souhaite mô-
me de s'élever aux plus sublimes connaissan-
ces de son Créateur; toutes ces choses ne
peuv(!nl convenir (ju'â une substance spiri-
tuelle : d'où vient qu'elle est avertie dans les
Cip. ii.D<-
floItloD d« ri-
me ; *'le esl
S|ilnlaplle cl
Immoitelle.
F.f.l. \p, T.
lui,L>ii,ie
• Anima hominisutveraciumdoclorum consen-
lit auctorilas, est a Ueo crcaUi, sjdriliilis, pro-
pri ii/uc substanlia, stii corporis vivificalrijc, ra-
tioiiahilis (/uidem cl immortalis, sed in bunum
maluinijnc converlibilis. Cassiod. Z>c Anima, cap.
II, pag. i95.
* Hanc proinde spirilalem suhsianliam proha-
bilis cl uhsoluln ratio cnnfilttnr : quia diim iimnia
ciirponitio tribus noveriinus lincis cuntineri, ton-
gituditte, lalitudine, prufunditale, nihil laie pro-
batur m anima reperiri. Ibid.
[VI' SIÈCLE.
CHAPITRE XIX. — CASSlOnOllE, CIIANCKMEn.
2.'J0
divines Écritures de mépriser toutes les cho-
ses visibles et scnsiliics do ce monde. La
preuve qu'elle anime et vivifie le corps, c'est
qu'iuissitot qu'elle lui est unie, elle l'aime,
elle est af!lif,'ée de ses maladies, elle craint
sa dissolution et se réjouit de sa santé, n
r.assioilore explique counncniràme, p.ir son
union avec le coi'ps, sent seule la douleur et
le plaisir que l'on attribue ordinairement au
corps, et couimcut elle a des perceptions si
ditl'érentcs du son, de la lumière, des cou-
leurs, des odeurs et des saveurs, quoique ce
ne soit pas elle qui senounissedes aliments
qui lui occasionnent ces sortes de sensations,
et qu'elle ne voie et n'entende que par les
organes du corps. La laison qu'il donne de
ce qu'elle s'afïlige à la moindre blessure que
reçoit un des membres de son corps, ' c'est
qu'elle est substantiellement dans toutes ses
parties. «Si elle n'y était que virtuellement,
dit-il , elle ne serait point sensible, lorsque
l'on couperait un des membres du corps :
comme le soleil ne sent rien, lorsque l'on cou-
pe ses rayons, en les empêchant de pénétrer
en quelque endroit. Elle est donc toute dans
toutes les parties de son corps; et on ne peut
pas dire qu'elle soit plus dans l'une que dans
l'autre. Ce qui n'empêche pas qu'elle n'agisse
plus fortement en uu endroit, et plus faible-
ment dans un autre ; mais elle donne la vie à
tout le corps. Qui peut douter, continue-l-il,
que l'homme soit raisonnable, quand on voit
qu'il traite des choses divines,qu'il connaît les
choses hmaincs, et les conduit avec sagesse,
qu'il apprend les beaux arts? C'est en cela
qu'il surpasse tous les animaux, qui ne sont
pas doués comme lui de la raison. » Il ap-
pelle raison l'action de l'esprit, par laquelle
de deux choses connues nous eu inf-rons nue
troisième qui nous était auparavant iucon-
simple, est immortel : or, l'àme est simple de
sa nature; elle est donc imuiorl(,'lle. » Il dit
encore : « Toute nature laisounable qui se
meut elle-même, est immortelle : l'âme rai-
sonnable se meut elle-même ; elle est donc
immortelle. » Il ajoute , qu'étant faite à l'i-
mage de Dieu, il n'est pas permis de penser
qu'elle soit sujette à la mort. Ou dira peut-
être, comment est-elle semblable à Dieu,
puisqu'elle n'a pas le pouvoir de créer comme
Dieu des êtres immortels? Cassiodore répond
par cette compaiaison : (i La peinture qui
-nous ressemble, peut-elle imiter ce que nous
faisons 7 n II donne pour une troisième preuve
de l'immort-ilité de notre âme, le plaisir que
nous trouvons à penser à l'immortalité, le dé-
sir que nous avons de nous faire une réputa-
tion qui aille au del.'i de notre vie, la crainte
des peines éternelles dont nous sommes fi'ap-
pés, et le désir d'une immortalité bienheu-
reuse. Il convient que l'âme, quoique immor-
telle, ne laisse pas d'être susceptible de diver-
ses passions, comme nous l'éprouvons tous
les jours , parce qu'elle est sujette au chan-
gement tandis qu'elle est unie au corps.
« Elle n'eu est pas même exempte*, dit-il,
depuis sa séparation. Elle voit, elle entend ,
elle touche, non par les sensations du corps,
mais d'une manière spirituelle. Il serait ab-
surde de dire qu'elle est moins libre, dégagée
du corps, que lorsqu'elle était accablée de son
poids. » Cassiodore se sert de cette mutabi-
lité ou inconstance de l'âme, pour montrer
qu'elle n'est point une portion de la substance
de Dieu, comme quelques-uns l'ont avancé
ridiculement. 11 ajoute qu'elle n'est pas non
plus une partie de l'ange, parce que l'ange
n'est pas de nature à être uni à la chair,
comme l'âme qui compose un tout avec elle.
Il rejette l'opinion de ceux qui ont cru que
nue. C'est encore par la force et les lumiè- les âmes existaient longtemps avant leur
res de la raison que l'on a inventé les lettres
et les arts divers si utiles à l'homme.
Cassiodore prouve l'immortalité de l'àme
par le raisonnement qui suit : n Tout ce qui
n'est point composé de plusieurs parties, mais
union avec le corps, et qu'on doit l'invention
des arts aux idées qu'elles en avaient avant
cette union, et dont elles se sont souvenues
depuis.
4. Cassiodore ne croit pas que l'âme soit
Ctijp. m,
' Si qtiod fartasse rulnus acceperit. statim con-
dolet, quia ubique siibstanlialiter inserta est.
Quod si virtus ejiis tantutn essct, incisum digilum
non paierai condolere : sicut nec sal prohalur
quid quam sentire si ejus radins secare lentave-
ris. Tata ergn est in partiltussuis, nec alO/i ma-
jor, alibi ntinor est; sed alicubi intensius: alicubi
reinissius ; ubique tamen vitali intensione porri-
gitur. IbiJ., pag. 596.
• Anima vivit in se pnst hvjus sœculi amissio-
nem, sed œqvali mabilitale quœ UU altribufa
est. Videt, audit, tangit, ac retiquis sensibus effi-
cacius valet : non juin ex parlibus suis hœc in-
telligens, sed nwnia spiritualiter ex loto cognos-
cens. Àliaquin obsurdum est putare, minus passe
liberam quam mole brulissimi curporis ingrava-
tam. Ibiii., pag. 596.
240
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQLTIS.
di II qiiiiit de la nature du feu, comme quelques-uns se
itnmt,sH. le sont ima<riné, à cause de sa vivacité et de
la célérité de ses mouvements; il pense (ju'on
doit l'appeler plutôt lumière , et il en donne
deux raisons : la première , c'est qu'elle est
l'image de Dieu, qui, selon l'Apôtre, demeure
dans une lumière inaccessible, et qui, selon
saint Jean, est lui-même une lumière qui
éclaire tous les hommes. Il tire la seconde de
la clarté et de l'évidence des idées de l'àme,
qui voit les choses clairement sans le secours
d'aucune lumière extérieure. Mais il convient
que la lumière de l'àme reçoit des accroisse"
meuls par la grâce de Dieu, qui lui fait com-
prendre plus facilement des secrets même
d'un ordre naturel,
ciuf. 1», 5. Toute forme supposant nécessairement
deitme. pv. une superficie, et consequemment un corps,
et le corps étant de sa nature solide et pal-
pable, Cassiodore soutient que l'dme, qu'il
avait prouvé plus haut être spirituelle de sa
nature, n'a point de forme. Il s'objecte qu'il
piiii. 11,6. est dit de Jésus-Christ, qu'ayant la forme de
Dieu^ il n'a ]K)iut cru que ce fût pour lui une
usurpation d'être égal à Dieu. A quoi il ré-
pond que le terme de forme se prend en cet
endroit pour la nature même de Dieu. Il s'ob-
jecte encore que l'Écriture semble attribuer
des membres à lame, une langue, des mains,
des doigts , comme on le voit dans la para-
bole de l'Évangile, où l'âme du mauvais ri-
che prie celle du Lazare de lui apporter une
goutte d'eau au bout de son doigt pour ra-
fraîchir sa langue brûlée de l'ardeur des flam-
mes. Mais il soutient que l'Kcrilure n'emploie
ces fa(;ons de parler que pour s'accommoder
à la grossièreté de notre esprit, et pour nous
faire connaître , par les choses corporelles
dont nous avons l'usage, les choses spiri-
tuelles que nous ne connaissons pas : c'est
dans le même sens qu'elle donne à Dieu des
yeux, des oreilles, des mains, et d'autres
membres qui n'appartiennent qu'à l'homme.
Dm «Dm 6 Cassiodore distin''ue les vertus morales
',;;^';;'p",'J; de l'âme, qui sont la justice, la prudence, la
^,pic-5S8«i force, la tempérance, de ses vertus ou pro-
priétés naturelles, qu'il divise en cinq avec
les anciens philosophes. La première nous
rend les choses sensibles; la deuxième or-
donne certains mouvements aux organes du
corps; la troisième leur commande le repos,
' Uoc autem tcraciter fixeque credendum est,
el Deum aniiunii crearc, et occulla qw^itam ratiO'
ne juslissime illis imputare, quod primi hominis
peccato leticanlur vbnoxw... Absqne peccalo sine
lorsque l'âme veut s'appliquer avec plus d'at-
tention; la quatrième anime le corps; la cin-
quième est l'appétit du bien et d\i mal. Il en-
seigne que toutes les âmes sont semblables,
et que si elles ne font pas toutes les mêmes
fonctions, ni dans le même degré de perfec-
tion , cela ne vient que de ce que les corps
qu'elles animent ne sont pas également bien
organisés et disposés; les uns étant faibles,
comme ceux des enfants; les autres blessés
en quelque partie, ou chargés de mauvaises
humeurs, comme ceux des insensés. C'est ce
qu'il montre par l'exemple du feu, qui étant
dans le fond d'un vase fort étroit et couvert,
n'a aucune force et s'éteint. Il ne veut donc
pas que l'on dise que les âmes des insensés
soient dilTérentes de celles des hommes sa-
ges et raisonnables, ni que l'on pense que
les âmes des enfants croissent avec eux. Ce
n'est pas l'àme qui croit dans les enfants,
mais la raison, à mesure que l'âge leur don-
ne un plus long usage de la réflexion.
7. Dieu, selon Cassiodore, est seul auteur tJ^'iS^
de l'âme. Il la donne à l'homme par le souffle ^"i*»-
de sa bouche, c'est-à-dire par son comman-
dement, n'étant pas permis de penser que
Dieu, qui est un être tout spiriliiel, ait une
bouche par laquelle il ait inspiré la vie à
l'homme. Il remarque que quelques-uns
croient que les âmes des enfants sont
engendrées de celles de leurs parents, de
même que leurs corps sont enprcndrés de
ceux de leurs père et mère, ajoutant qu'ils
avaient donné dans cette opinion pour expli-
quer plus facilement la doctrine de l'Église
sur le péché originel, qu'elle croit être trans-
mis par Adam à tous ses descendants. Il ne
réfute point ce sentiment, et semble vouloir
imiter la modestie de saint Augustin qui ni>
voulut point se prononcer sur cet article. Il
dit néanmoins que l'on doit croire ferme-
ment et sincèrement que Dieu ' crée les âmes
et qu'il leur impute, par des raisons justes ,
quoi(jue cachées, le péché du premierhomme,
dont elles sont véritablement coupables, sj
l'on en excepte l'âme de Jésus-Christ qui a
été conçu du Saint-Esprit. ((Lui, dit-il, qui de-
vait ellar er les péchés des autres, n'eu avait
point sans doute : né d'une vierge, il n'a rien
tiré d'Adam, étant venu pour détruire le pé-
ché d'Adam et le mal qu'il a causé. »
dubio vcnit qui erat omnium pecrata aoluturus :
coiiceplus mijslico inspira mine, natus ex x-irgiite, »
nihil de Adam traxit qui ut Adœ malum vincert-
lur, adienil. Ibid., cap. \n, pug. ô'j'j.
[VI' SIÈCLE.]
CIIAI'ITIIE XIX. — C.\SSI0I)01U<;, C'.HA.NCKMKll.
2/.1
Cap. tx.Do
<S. 1! y a\ail des iiliildsnplu's (jui jilaraifiit
le sit''u(! (le l'àiiie dans \e cdMir, où se l'or-
mciilles esprits vitaux. (Jassiodoio cioit (|ii'(in
peut le uicllre plus vraiscmblaljlciui'iil dans
la tCte, d'où l'iio ciniduil t'I f;ouvi'iiic l'iimu-
lue. Eiitie plusieurs iais(uis (ju'il eu iloiuie,
celle qui parait la meilleure est, que lorsijue
nous votdons penser attentiveaient à quelque
chose, nous sentons que cette opération se
fait dans la tête, et que l'âme pour s'aiipli-
quer plus l'ortenuMit, l'einu', pour aiusidire,
toutes les ouvertures de l'endroit (piclle oc-
cupe, c'est-i\-dire, tous les sens.
y. Il lait ensuite la description des princi-
pales parties du corps humain et de tous ses
sens, dont il marque l'usage et les i'oactiuns.
11 en prend occasion de faire admirer la tou-
te-puissance de celui qui l'a formé , et dit
que, quelque matériel et quelque gâté que
soit ce corps par les vices auxquels il est su-
jet et par les différentes blessures qu'il a le-
çucs, il ne laisse pas d'être employé dans de
très-nobles fonctions; que c'est le corps qui
chante les célestes cantiques, qui fait les
martyrs, qui reçoit la visite de son Créateur ;
que c'est lui encore qui a reru la croix vivi-
iiantc du Rédempteur, et qu'il devient même
le temple de la Divinité, pourvu qu'il ne don-
ne point retraite aux crimes.
10. 11 donne diverses marques auxquelles
on connaît les bons et les mauvais honmies:
(1 Ceu.K-ci, dit-il, n'ont jamais de joie qui ne
soitmêlée detrislesse; aussitôt quel'emporte-
ment impétueux du plaisir les abandonne, ils
tombent dans le chagrin. Tantôt leurs yeux
sont agités au delà de ce qui est nécessaire,
tantôt ils les ont fixes. On les voit rêveurs,
changeants, inconstants, irrésolus, inquiets,
soupçonneux, occupés sans cesse à s'infor-
mer de ce que les autres pensent d'eux. Ils
commencent des discours sans les achever :
ils passent continuellement d'une occupa-
tion à une autre : et lors même qu'ils n'ont
point d'aflaires, ils en paraissent accablés.
Ils vivent dans des frayeurs continuelles ,
quoique personne ne les moleste ; leur cons-
cience leur tient lieu de sufiplice; ils sont
leurs propres bourreaux , tandis que per-
sonne ne songe à leur faire de la peine. Au
' Cum fuerimus liac luce exuti... nihil boni
malique faciemus, sed usqite ad tempus judicii,
aul de prwteritorum uctiium pracilate inœreinur,
aut de operationis nostrœ probilate lœlainur.
Cassiod. De Anitim, cap. xn, pag. 603.
» Nam et distans beutitudo bonos coniinet, et
XI.
contraire, celui (pii vit dans l'imioeencc '
après avoii' surmonté ses passions, sait se
fixer et s(! borner, il est maître do son corps;
il u'olfeuse personne; il pardonne à ceux
([iii l'ont olleusé ; il donne des marcpu-s de
charité à ceux qui le haïssent; nulle tris-
tesse ne l'abat; il ne craint pas la mort,
parce qu'il la l'egardc comme le commence-
ment de son bonheur; il ne s'échaulle point
à contester; il est véridiquc dans tous ses
discours : s'il enseigne, c'est sans arrogan-
ce ; il est libre avec humilité, sévère avec
chaiité, simple dans ses vêtements, sobre
dans le boire et le manger. Sans en être
averti, l'on n'a pas de peine à reconnaître
celui que Dieu a comblé de tant d'avanta-
ges. » Cassiodore ajoute que ce n'est pas
seulement parmi les hommes, que l'on en
trouve de ce caractère, qu'il y a eu aussi des
vierges et des veuves si portées à l'observa-
tion ifes commandements de Dieu, qu'elles
ont donné de grands exemples de patience,
surmonté l'infirmité de la chair et remporté
la couronne du maiiyie. Pour montrer com-
bien Dieu favorise ses serviteurs, il rap-
porte une partie des miracles opérés par
le ministère de Moïse, d'Elie et d'Elisée.
11. Il définit la mort : La séparation de l'â-
me d'avec le co?-ps. a Dans cet état, dit-il, l'âme
ne fait plus ni bien ni mal* ; mais seulement
elle éprouve jusqu'au jour du jugement la
douleur de ses mauvaises actions, ou elle
ressent la joie du bien qu'elle a fait. Mais
au jour du jugement, ajoute-t-il, nous re-
cevrons l'entière récompense de nos œuvres
bonnes ou mauvaises, chacun à proportion
de ce que nous aurons fait de bien ou de
mal. Ce en quoi nous serons égaux^, c'est
que nous ressusciterons tous dans un âge
parfait, en sorte qu'on ne verra plus ni en-
fants ni vieillards, ces diversités d'âges ve-
nant d'un changement qui n'aura plus de lieu
dansl'autre vie. » 11 fait une descriptioude l'é-
tat bienheureux des saints dans le ciel, et des
supplices cpie les méchants endureront dans
l'enfer. Il regarde comme inutile d'examiner
quelles seront les causes de ces supplices
éternels ; mais il ne doute pas qu'il ne puisse
y avoir un genre de tourments qui fasse
impios dispar pœna constringit. /Etas plane om-
nibus itna alque perfecla fvivra est: nam que-
madmodum ibi eiit minor, iibi non crescilur? Aut
qtiure senex. ubi non dtficilnr? Mutabilitalcs islœ
ad inlerititm tendunt. L'num est quodcumque per-
pituum. ihk\.
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24â
Livres âo
Caesiodorequi
cent perdu».
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTIÎURS ECCLÉSIASTIQUES.
jusqu'à nous. Mais M. le marquis MallVï nous
a donné depuis quelques années ses com-
mentaires sur les Épiti-es et les Actes des
apôtres, et sur l'Apocalypse.
soiillVir sans cesse les damnés, sans aucu-
ne diminution de leurs rigueur.s, et que Dieu
ne se serve à cet ellet d'une substance pro-
pre .'i augmenter le sentiment de la douleur
sans donner la mort. « De combien de peines,
dit-il. notre fimc n'est-ellc point affliprce en
ce monde, el toutefois elle ne périt point ? Ne
voyons-nous pas de certaines montagnes qui
poussent sans cesse des llammes et qui néan-
moins subsistent toujours? La salamandre
se nourrit de llammes et se rétablit par la
chaleur du feu. On voit aussi certains petits
vers qui se nourrissent dans l'eau bouil-
lante. Qui peut donc douter que le feu des-
tiné au supplice des mécliants ne doive être
élerncr? » Il finit son traité de VAme par une
très-belle prière où il reconnaît qu'il n'y a
rien en nous de digne de récompense que
Dieu ne l'y ait mis; et qu'il est infiniment
plus noble de le servir que de régner sur la
terre, puisque, par sa grâce, d'esclaves nous
devenons enfants; d'impies, justes, et de cap-
tifs, libres.
§ VllI.
Des livres de Cassiodore qui sont perdus, ou
qu'on lui a faussement attribués.
l. On voit' par la Préface de Cassiodore
sur les douze livres de ses lettres, qu'il avait
fait plusieurs panégyriques en l'honneur des
rois el des reines. Il ne nous en reste rien,
ni des douze livies de Y Histoire des Goths *
dont il parle au même endioit. Il avait aussi
composé ' un livre de la Division, une com-
pilation des titres ' et des sommaires de l'É-
critnrc. intitulée Mémorial; un traité' *5
Étytnoloyies, ini Recueil de la Grammaire de
Donat avec des commentaires ; un Recueil de
traités des fi (jures composés par Sacerdos; et il
avait corrig»' un Commentaire sur t'Fpitre aux
Romains, en retranchant ' tout ce qu'il y
avait trouve de favorable à l'hérésie péla-
gienne. Tous ces ouvrages ne sont pas venus
2. On trouve dans la Bibliothèque de Cam- ,„Ç;^f^'.;
bridge deux volumes sous le nom de Cassio- "«'<>'••
dore, dont l'un est intitulé: Des Offices ecclé-
siastiques, et l'autre : Sentences de Cassiodore
tirées de saint Cypricn. 11 y en a un troisième
dans la Bibliothèque d'Oxford sous ce titre:
Étincelles des L'critures, Pierre des Noëls lui at-
tribue un livre sur la Trinité. Mais l'eu n'a au-
cune preuve que Cassiodore soit auteur d'au-
cun de ces ouvrages. Il n'en dit rien dans son
traité de l' (Jrtliograji/ie, oxi il donne le catalo-
gue des écrits qu'il avait faits depuis sa con-
version ; et il n'en est fait mention dans au-
cun des écrivains qui ont traite des auteurs
ecclésiastiques dans le sixième ou septième
siècle. 11 n'y a pas plus de fondement de lui
attribuer les Vies de saint Paphnuce, de
saint Spiridion et de quelques autres, rap-
portées dans la première partie du h'-gen-
daire de Lipoman. Elles sont de Théodoref,
de Socrate et de Sozomène. C'est par erreur
que Gesner a dit que l'on trouvait sous son
nom dans la Bibliothèque de l'abbaye de
Saint-Micliel, seize livres inlitulés: De Rerus-
tica ; on ne peut douter qu'ils ne soient de
Columelle qui en a écrit un pareil nombre
sur la même matière, ainsi que Cassiodore le
dit lui-iuéiuc dans le chapitre .xxviii de son
Institution. Nous avons fait voir plus haut
qu'il n'était point auteur du Commentaire sur
le Cantique des cantiques. Quant au traité de
l'Amitié, qui porte son nom dans quelques
manuscrils et dans quelques éditions, il est
d'un style tout différent du sien, et l'Écriture
y est citée selon la Vulgate, que Cassiodore
ne cite jamais. Il est attribué i\ Pierre de
Blois da[is la dernière édition de ses (cuvres.
Les deux livres des Tropes et des figures im-
primés sous le nom de Cassiodore , sont
comme on l'a déjà dit, d'un écrivain qui
vivait depuis saint Grégoire-le-Grand qui y
est cité.
Slropbl«. (4f.
116. odil. |«*
' Dixinli eliam ad commendalinnem unitersi-
lalis fréquenter rcfjinis ac regibus laudes. Cassio-
(lor. Pru-fat. in lib. Variar., pag 2.
> Dundecim lihris Gollwrum liisloriam deflora-
lis priisperilalibus condidisli. U>\(\.
» l^iHiirum nniniuin rntiontm in meo libro dili-
gentius expUravi, quem de Divisione conijiosui.
lUi-iii, Uc Uialccl., pag. 5*6.
' PosI librum quoque tilulnrum yueiu de di-
vina Scriplura cnUcctum, Meinorialent volui
nuncupari. l'rn'fiU. in Orlograpti.
' Post codicem iu quo arles Donati cum com-
vtentis suis et librum de etymologiis et alium li-
brum Sarerdoii.<i de schemalibus coUegi. Ibid.
• Pnsl crpositionem lîpistolw ad Itomanns,
unde pelagianœ liereseos pra citâtes amovi. lbi<l.
[VI" SIÈCLE.]
CHAIMTIŒ XI.X. — CASSlUDOltl-:, CIIANCELIEK.
243
AHTICF^K lir.
DE LA DOCTKIXE DE CASSIODORE.
iiM"ili»!"" ^- " '"•* profonJour des divines Écrilure?,
dit Cassiodore, est cach('c sous des paroles si
communes, qu'elles ' sont remues générale-
ment de tons les hommes. Que ces Ecritures
soient divines, on en voit la preuve par ceux
mêmes qui les ont écrites; puisque des
hommes qui la plup u-t n'étaient pas savants
n'ont pu écrire des choses si élevées et éter-
nelles , s'ils n'avaient été remplis de l'es-
prit divin. Ce qui le prouve encore, ce sont
les prodiges que Dieu a faits pour autoriser
nos livres saints jusqu'ù ce qu'ils ont été ré-
pandus dans tout le monde et reçus dans
toutes les parties de l'univers. Quoiqu'une
lumière céleste brille - dans toutes les par-
ties de la sainte Écrituie, et que la vertu du
Saint-Esprit l'éclairé évidemment de ses
rayons , cela paraît néanmoins beaucoup
plus dans les Psaumes, dans les l'crits des
prophètes et dans les épltres des apôtres. On
y trouve de plus profonds mystères, et on
peut les regarder comme la forteresse de
toutes les divines Écritnres. Elles sont ap-
pelées lumière ' parce que Dieu nous les a
données pour dissiper les profondes ténèbres
de l'aveuglement des hommes et parce qa'h
la favem- de lem' clarté nous dirigeons nos
pas dans le chemin qui conduit à la vie bien-
heureuse. Nous devons demander à Dieu par
des piières continuelles ' nos besoins, et
tout ce qui est expéilii'ul [)our notre salut;
mais surtout l'intelligence de ses divines
Écritures, parce que plus on les comprend,
plus l'ûme trouve de plaisir à s'en entrete-
nir. Elles ne rrnt'ermenf rien ' d'inutile ; et
si l'on en prend bien le sens, il n'y a rien
qui ne nous puisse être de quelque utilité.
Pour en prendi-e le vrai sens, il faut lire les
commentaires ' des saints Pères, et s'arrêter
à ce qu'ils ont écrit : leurs explications nous
servent pour ainsi dire d'échelle pour par-
venir efticacement à la contemplation des
vérités que le Seigneur nous a révélées
dans les livres saints. Les Pharisiens inter-
rogés par Jésus-Christ ', de qui le Messie
devait cire fils, et eux ayant répondu : De
David. Comment donc, reprit le Sauveur,
David l'nppctle-t-il en esprit son Seigneur dans
la psaume cix ? » Cassiodore conclut de cet
endroit que David est auteur de tous les
psaumes, et dit que l'usage de l'Eglise qui
croit fermement qu'ils sont en effet de ce
saint roi, est que ceux qui les chantent publi-
quement doivent les intituler : De David, quoi-
qu'ils portent quelquefois en tète d'autres
noms.
2. Il applique aux hérétiques qui ensei- sur \, m
guent des dogmes contraires ' à ceux de """'i".
' Scripturœ divUiie sancta profunditas adeo
communes sermones kabet, ni eam universi in-
cunctantes admiltant. Eam rêvera esse divinam
hinc m'ixime datur intelligi, quod indocti siibti-
lissima, temporales œterna non nisi divino re-
pleti Spiritii potuisse tradere sentiuiitur. Quoi
miracula jugiter facta suntdonec Scriptura ipsa
mvndi ambilum divulgata compleret. Vnde ad
probalionem pertinet maximam quia lex divina
per cunctas mundi partes cognnscilur fuisse sus-
cepta. Cassiod. Prœf. in Psal., \<ag. 6.
' Quamfis omnis Scriptura divina superna luce
resplendeat, et in ea virlus Spiritus Sancti eiiden-
ter irradiet, in Psalterio tamen et Prophetis et
Epistolis apostolorum studium maximum laboris
impendi : quoniam mihi visi sunt profundiores
abyssos commovere et quasi arcem tolius Scrip-
turœ divinœ atque iiltiludinem gloriosissimam con-
tinere. Cassiod. Prœf. in Institut.
^ Scriptvram hene appellivit lucernam , quœ
humanis usibus data est et ad depellendam noctis
profundissimam cœcitatem.... per ipsam siquidem
dum ad vitœ bonœ cursum instruimur , redis
gressibus ambulamus. Cassiod. in psal. cwiii ,
pag. 393.
* Quamvis universa quœ expediunt, continuis
precibus sinl à Domino postulanda ; maxime ta-
men divinarum Scripturarum inteîlectus jugiter
expetendus est, qui quanto plus percipitur, tanto
suaviorsanctis mentibusinvenitur.ihld. pag. 397.
5 Nihil vacuum , inhil otiosum divinis titteris
continetur ; sed semper ad iitilitatem aliquam dis-
citur, quod recii->simis sensibus salubriter hau-
riatur. Cassiod. , De luatitul, cap. ssiv, pag. 523.
^ Quapropter. dilectissimi, indubitanter ascen-
da!!:us ad divinam Scripturam per expositiones
prnbahiles Patrum , velut per quamdam scalam
visionis , ut eorum sensibus provecti ad cnntem-
plationem Bomini efl'icaciter perienire mereamur.
Cassiod. Prœf. in Institut, pag. 50S.
' In Evangelio, Pharisœis ipse Dominns dicit:
Ouomodo ergo David in Spiritu vocat euni Domi-
num.dieens: Dixit Dominus Domino meo, e<c. Vnde
probatur universos Psalmos non multorum exis-
tere,sed tantum ipsius quem a Domino constat no-
minalum. Vsus quoque Ecclesiœ catholicœ Spiritus
Sancti inspiratione generaliter et immobilitertenet
ut qnicumque horum cantandus fuerit, qui di-
verso nomine prœnotantur, Itctor aliud prœdicare
non audeat, nisi psalmos David. Cassiod. Prœf. in
Psal. cap. ir, pag. 3.
* Erraverunt utique a ventre, qui contraria
matri dogmata sunt secuti, nec alvum sanctam
pia dfvotione cenerantur : ipsi enim et falsa locuti
244
HISTOIRE GKNÉR.VLE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
l'ÉçHse, et qui manquent de respect pour
lessacrés fonts dans lesquels ils ont été ré-
générés, ces paroles du psaume Lvii : Ils se
sont égarés dès (ju'ils sont sortis du sein de leur
mère; ils ont dit des choses fausses parce qu'ils
se sont éloignés des saintes traditions de
l'Église. A quoi il ajoute que les saints Pères
assemblés dans les conciles généraux '
voulant venger l'injure que les hérétiques
font il la foi, les ont condamnés par divers
décrets, et séparé de l'ICglise par le glaive
divin les iuventeius de nouvelles hérésies,
lorsqu'ils les ont trouvés obstinés à les dé-
fendre , posant pour règle que l'on ne de-
vait plus proposer de nouvelles questions sur
la foi, mais se contenter de ce qui avait été
enseigné par les anciens Pères, et obéir à
leui-s décrets salutaires sans aucun dégui-
sement. « C'est de cette manière, dit-il, que
ces saintes assemblées ont atfermi les sa-
crements salutaires de notre foi. i>
3. (( Lorsqu'il s'agit de cette foi, ajoute
Cassiodore, l'homme catholique, quoiqu'a-
gité * par les tribulations, ne sait ce que
c'est que de se laisser émouvoir par les plus
pressantes nécessités. Car c'est dans la sain-
te règle ' de la foi catholique que consiste la
droiture du cœur; la iinesse trompeuse des
hérétiques, qui est toute tortue, et qui s'é-
loigne beaucoup de cette règle, ne peut pas
confesser Dieu. L'ardeur de la foi ' croit à
proportion qu'on diminue le feu et la chaleur
delà concu[)iscence; mais lorsque notre foi
est tiède, Dieu' s'endort pour aiusi dire à
notre égai'd ; au lieu qu'il veille dans celui
dont la foi n'est point assoupie. Si nous ces-
sons de penser à lui, il cesse de nous défen-
dre ; on en voit un exemple dans ce qui ar-
riva dans la barque où il se trouvait avec
ses disciples. 11 dormait pendant que leur
foi était dans la langueur; mais aussitôt
qu'elle fut ranimée, il s'éveilla et les délivra
du danger. »
4. « La vraie définition de Dieu, poursuit
Cassiodore, est de dire ' qu'il est infini dans
ses perfections ; c'est une vertu inexplicable,
une j)iélé incompréhensible, une sagesse
ineffable. Quelques louanges qu'on lui don-
ne, elles ne seront jamais proportionnées à
la grandeur de son être et de ses perfec-
tions, qui n'ont point de lin. Le Prophète
disait de Dieu, avec vérité : Vous êtes de toute
éternité ' et dans tous les siècles ; parce qu'il
n'y a rien de passé, ni de futur par rapport
à Dieu ; tout lui est présent, le passé comme
le futur. Ainsi, lorsque le même Prophète
lui dit : Soumiez-vous , Seigneur, ce n'est
point pour le faire ressouvenir, puisqu'il ne
peut jamais rien oublier; c'est l'usage de
David d'employer ' dans les prières qu'il
fait à Dieu, les mêmes façons de parler que
nous avons coutume d'employer lorsque
nous prions les hommes. Nous pouvons
avoir quelques connaissances' des actions
Sar U 04(0.
rt d» DltD.
Ptal.ulKll,
i.
sunt qui ab ejus sanctis Iraditionibus erraverunt.
Cassioil. !ii psal, Lvn, \ia?. 18t.
• Dicamuf nunc quemadmodum universalia
sanctaque concilia /idei nostru: salutaria sacra-
menla sulidaierinl, nam saucti.'itinn Paires inju-
rium rectœ /idei non ferentes , régulas quoque
ecclesiasiicas ibidem slaluere maluerunl, et inveit-
tores novnrum tiirresum jierlinaces divino gladio
perculcrunl , decernentes nullum nllerius debere
novas incutere quwstiones, sed proliatorum vete-
rum auctorilale cnnlenlos, sine dolo et per/idia de-
cretis salutaribus obedire. Cassiod., De Institut.,
cap. n.
' Vir cnlholicus licet importunis tribulationibiis
flucluet , in parte jidei nescit quibuslihet necessi-
tilibus commoveri. Cassind. in psal. xxv, [•afi. 81.
' Direcliu cordis est fidci catholicœ sancta ré-
gula : quia Deum confileri non potest hœrelico-
rum dislorta versutia. Ul. in psa/. cxvrn, jia^'. 379.
* Tanlum enim crescil calor fidn , quantum
de flamma subtraclum fuent corpornli.,l\iU].,
pag. 390.
» Dormilare dicilttr Dominas , quando nos in
eju.t fidr Icpescimus : in que enim non dormit fi-
des, rigilal CUrLHus. .Vom si nos ab ejus conlem-
plaiione discedimus, ipse quoque a noslra defen-
sione subtrahitur; sicul initia navi factum est,
quando negligenlibus discipulis Dominus dormie-
bttt ; sed ubi pdes eorum excitata est, Dominus
quoque de somiio surre.rit, et stalim ab eis peri-
ctila marina submovil. Cussiod. in psal. cxx,
pag. 409.
« Sic laudare Domintim , ut quantum est ma-
gnus, non œstimcs e.rplicandum... Sieut nullo loco
clauditur: itanec cloquentia qnamvis amplissima
ejus possuiit prœconia terminari. Virtus incxpli-
cabilis, pietas incomprelieusibilis,sapienlia inef-
fabilis, cujus i-era de/initio est, (inem in sanctis
laudibus non habere. Id. in psal. ccuv, pag. 463.
' Tu es competenler dicitur de Deo , quia non
habel prœleritum nec futurum. M. in pMil. uxxxix,
pag. 290. Mémento illi dicitur. qui nihil aliquando
potuit oblivisci, nom enim ut ad memoriam rvdent
divinilns cnmmonetur , ante quem omne prœsens
est pneteritum et futurum. Cassiod. inpsal.c.xxai,
pag. 428.
* Usus est Propheta; fréquenter per humanas
consuetvdines Domino supplicare. Ca.^siod. ihid.
' /It/u-s ejus ex parle altqua quantum tamen
ipseconcedit, potest nolitia noslra comprehendere;
subtandam vero ipsius non pra'vatel indagare.
Id. in psal. cxLv, pag. 4G7. Deus potest dici quod
CHAPITRE XIX.
fnr II Tri-
Bite.
[Vl" SIÈCLE.]
de Dieu, lorsqu'il vrut hicii ikhis l'iicconlcr;
in.iis lions ne [louvoiis jiai-veiiir ;i coiii|ir('ii-
drc quelle est su nature ; et il nous est i)liis
facile de dire ce qu'il n'est pas, que de dire
ce qu'il est, cl d'aiipiofoiidir loule l'élendiie
de son être. C'est un lrès-L;iaiid [k'tIic' ' de
dire que quelque chose lui soit imiiossihle,
lui qui a le souverain pouvoir de faire tout
ce (jui lui plaît. Soit qu'il pardonne au pt5-
cliour ', soit qu'il le punisse, cela tourne
également à sa gloire, parce que lorsqu'il
pardonne \ il a égard à la créature qui est
son onvrapo ; et quand il punit, il fait alti'ii-
tion à nos niniivaisos actions, o
5. « Nous devons croire, continue Cassio-
dore, avec l'Église catlioliqne, que Dieu est
un * en trois personnes; le Père qui n'est point
cngenilré.lc Fils qui est engendré, et le Saint-
Esprit qui procède du Père et ilu Fils ; que
cette Sainte-Trinité est coéternelle, égale-
ment toute-puissante ; qu'en JésusClirist no-
tre Sei2;iieur, les deux natures, la divine et
l'humaine, demeurent unies en une seule
personne , chaque nature conservant ses
propriétés. Tout est commun aux trois per-
sonnes ^ à l'exception des noms. Toutes les
atitres choses, c'est-à-dire la i.ature , la
puissance, l'éternité et antres semblables
attributs leur sont communs. D'où vient que
CASSIfJDt (lit:, (.11 AXCELlEll .
245
l'Mciiliire " dit, laiilôt d'une |icisc)niu!, ce
(jiii est coniiniiii à toute la 'l'iinité ; tantôt
du Père, ce (]u'clle attriliue ailleurs au Fils;
et qu'elle marque aussi quelquefois que plu-
sieurs personnes opèrent ensemble. Au jour
du jugement, les ('lus ent(Midroiit de la bou-
che du Fils : ]hi('Z les bénis de mun l'ère;
et les réprouvés : Allez, maudits, au feu
éternel. On voit en cet endroit le Père pro-
noncer un jiigcMuent, que le Fils s'attribue,
lorsqu'il dit : Le l'ère ne juqe personne, mais
il a donné tout pouvoir déjuger un Fils. Mais
en un antre endroit, le Fils déclare qu'il
agit conjointement avec sou Père ; ce qui
doit aussi s'entendre du Saint-Esprit. 11 est
dit ' du Père, qu'il sau\e les homuu.'s; mais
cela est dit aussi du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi, l'égalité en l'unité de l'indivisible Tri-
nit.', est prouvée, et par les paroles et par
les actions. »
6. (c Le Fils, Dieu éternel et immuable '
dans sa nature, a daigné prendre la notre
pour renouveler le vieil homme, le rendre
immortel de mortel qu'il était, juste de pé-
cheur, et participant de son royaume, après
qu'il en avait été exclu ; sa bonté l'ayant
porté à ne pas soufi'rir dans ceux qui le re-
connaîtraient, la perte de son image, que
l'ennemi cruel avait voulu anéantir. Il n'y a
nonesl, non potest comprehendi quod esi. idem,
in psal. r.xLii, pag. 436.
' Uoc in Dco gravissinvum constat esse pecca-
tum , ut qnidquam illi impossibile dicatlir , qui
summe valet efjicere, quod decernit iinplere. Id.
in psal. Lxxvn, pag. 231.
* rtrasqiie res sive duin pareil, sive dum judi-
cat, ad glorinm Domini perlinere manifeslum est.
M. inpsiil. rxin, pag. 307.
' Quuproider miserelur cum s^iam respicil crea-
turani, ddiiuial aittem cum nustra opéra intuelur.
\A. in psal. cxxxmi, pag. i44.
* Tu (Ecclesia) inoffense cwicta complecleris :
Patrem quipite docens ingenitum , FUium yeni-
tur)i , Spirilum Sanctum de Pâtre et Filto proce-
dentem , iiiiuiu Dcnm, Sanclam prœdicans Trini-
tatem, cnœternam sibi et ccquulUer omnipolenlem,
Doiiiinumque Christum manentem in divinilate
sua et carne liumunilatis assuiitptœ, saiva unius
cujusqiip naturœ proprietate, unarn conliteris esse
personam. Oassiotl., Prœfat. in Pif(/.,pag. 7.
^ Scire autem dehemus ad distinguendas declu-
randfisque personas Sanctw Trinilalis sola hœc
nomiua po.ise sufficere. Nam cum dixeris : Deus
Paler , Deus Filins, Deus Spiritun Sunclus , ple-
nissime Sanclœ Trinitatis visus es déclarasse per-
sonas. Ilœc enim noiidna,inSancta Trinitate sola
svnl pro/iria. Cœtera rero, id est nalura , potes-
tas, œternilas, omnipotenlia , et his similia pro-
banlur esse communia. Ideui, in psal. lxxi ,
pag. 277.
^ Illi audieiU: Venite, beuedicti Patris moi; islis
vero dicelur : Ite in ignem feteriuun. /;( ul agnos-
cereshoc et PaVrem facere quod FiUus operalur,
hic Patrem dicil inimicos ejus confundcre , quod
Filium constat esse facturum. Ipse enim in Eoan-
gello dicit: l'aler uuu jmJicat queimiuam: sed omne
judicium dédit l'"ilio. Sed Pains testimonio Filii
gloria decenler crponilur : iiani et alibi de unitale
cooperalionis dicitur : Pulr-r meus usque modo
operalur, et ego operor ; quod eliam de Spirilu
Sancto intelligi debcrc non dubiuin est. Cuosiod.
in psal. cxxxi, pag. 431.
■> Et gloriemuriu laude tua. Et intuere quod hic
salvare dicitur Pater: legilur erium et Fiiium
snlvare. ut est illud : Venit Filius hominis salvura
farere ipiod perierat. Prcedicatur eliam salvare
Spirilum, ut est illud ad Tilum : Salvos nos fecit
per lavaei-um regenerationis et reMOvalionis Spiri-
tus Saueti. Sic indirisibilis Trinitalis a-qualilas
alque unitas, et verbis similibus et virtulibus in-
dicalur. lu psal. cv, pag. 343.
" Deus enitn œlernus atque incomniutabilis in
sua nalura permanens dignalus est assuinere
humanitalem noslram, ul velcrem hominem inno-
varet, ni de mortali fucerel immoilalem , de pec-
catore jusluin , de alienalo sui regni jubcret esse
parlicipem : ne imagincm suam in confilentibus
246
HISTOIRE GÉNKRM.E DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
point eu d'intervalle entre l'union des deux
natures. Dansl'orifrine ' mOme de l'Inrarna-
tion de Notre-Seigneur Jésus-CUiist, la sub-
stance divine a été unie ;\ l'humanité, comme
l'auL'e l'avait prédit à la Sainte Vierge. Ces
deux natures ' sont paifaites et unies sans
confusion en une seule personne dans Jésus-
Chrisl. Par l'une il règne; par l'autre il
sert : la première a créé le monde ; la se-
conde est créée. Celle qui a pris est impas-
sible ; celle qui a été prise est passible : car
nous devons, selon la doctrine des Pères,
faire tomber les opprobres que Jésus-Christ
a soutl'erts sur sa natin-e hum.àne et attribuer
les miracles qu'il a faits à sa nature divine. En
dislint'uant ainsi par l'esprit les deux natures,
nous éviterons les erreurs dans lesquelles
les hérétiques sont tombés au sujet de l'In-
carnation : caria divinité s'est tellement unie
à l'humanité, qu'elle ne peut être confondue
avec l'humanité; ces deux natui-es demeu-
rent unies sans confusion; quoiqu'après la ré-
surrection l'écononie de l'Incarnution ail été
glorifiée , la vérité de l'humanité a subsis-
té. » Cassiodore rapporte plusieurs passages
de l'Écritui-c, par lesquels ou voit que le
Sauveur, pour prous'cr à ses disciples qu'il
était véritablement ressuscité, s'est laissé
toucher par saint Thomaj, et qu'il a mangé
avec eux ; après quoi il ajoute : «Il u'est donc
pas permis de ne pas croire deux natures
parfaites et unies en Jésus-Chiist , puisque
lui-même l'a pjouvé eu tant de manières. »
Ce Père cite sur cela le témoignage de saint
Allianasc, de saint Ililaire, de saint .\m-
broise, de saint Augustin, de saint Jérôme,
de saint Cyrille, de saint Léon et du concile
de Chalcédoine. Par une suite nécessaire, il
enseigne que Jésus-Christ ' est seul Fils de
Dieu par nature, au lieu que les saints ne le
sont que par grâce ; qu'il est seul sans aucun
péché, et que c'est p;ir I li que les autres ont
été purifiés de leurs péchés ; que c'est pour
cela qu'il déclare que la chair ' qu'il a prise
dans le sein de la Vierge Marie, et qu'il s'est
rendue propre en l'unissant à sa divinité,
est une chair vivifiante : Je vous dis, eii vé-
rité, si vous ne mangez la chair du Fils de
iliomme, et ne buvez son sang, vous n'aurez
point la vie en vous. « Car encore, dit-il, que
cette chair soit prise de la nature humaine,
nous ne devons pas croire qu'elle soil comme
la nôtre, souillée pai* la contagion de quel-
ques péchés : c'est une chair adorable, sa-
lutaire, vivifiante, qui remet les péchés à
cause du Verbe, auquel elle a été unie. Jé-
sus-Christ s'est oûert en sacrifice * pour- tous
les hommes, afiu que le monde reçut par
lui lu salut qu'il ne méritait pas de recevoir
par ses propres œuvres ; mais on peut dire
que s'il s'est montré * aux perfides, il ne
leur a pas été donné, leur perfidie ayant
mis un obstacle au fruit de sa rédemption.»
Cassiodore semble dire que l'on voyait en-
core de son temps dans la ville de Jérusa-
lem ', la plupart des instruments qui avaient
i
paleretur perire pius,quam annihilare voluit cru-
delis inimicus. lu psal. cjx. pag. 359.
' In ipsa incarnattonis origine Domini Christi
(licina subslaii'ia huiiiaiiUati juncla , atque adu-
nala dtdaralur. sicul elab angelo Marin; semper
virgini prophelalum est: Spintus SaucUis supcr-
vt'uiet iu te et virlus Altissinii obrunibabit tibi :
prnpterea quod uaseetur est te sauctuiu, vocabitur
Filins Dei. Casfioil. inpsat. xxi, pag. C8.
- Duœ naturœinconfusie algue perfectœ in iina
personit siiut posilœ Domini Chrisli: quaruinest
ttna quœ régnât, el altéra quœ niinistrat : prima
creatrix, poslerior creata ; et ideo quip asuuniijsit,
impasuihilis ; qxiœ vero est assnmpta , pasfibilis.
i\am sicut Patres monent : Vemus injurias rurni,
miracula Dirinitnti : discernnmux intellectu tfUu-
rax. et noxios vitemus errorrs. Dirinitas enini sic
sihi hiinianitatem ndunavil , ut nullatoms cum
Itumanitate confundi possit , sed utraque iitcon-
fusa et adunata permanent. Quia lictl incarna-
tionis diapensalin post resurrectionem glorificata
sit , lamen in liunuinitatix reritate iiermansit...
yimium exiliale est duas 7iaturas perfectus atgve
adunalas in Christo non credere, quas toi exem-
plis vnluit de seipsa verilas prœdicare. \a psal. n,
p.ng. IG.
' Ille fChristusJ per naturam esl Filins, sanctx
vero per grntiam. Ille sine aliqiio peccato , isti
per ipsum n pecialis prohantur exuti. In pwl.
Lxxxviu, pnfî. 2Sl.
* Yita enim nostra quœ rêvera Deus esl , qui
carnem sumptam ex Yirginf Maria sihi univit
lamque pro/iriam fecil , rivifiratricem eam esse
professas est ; sicut ait in i:vangelio : Amen, amen
dico vobis, nisi inaiiiliH'avfrilis carnem l-'ilii ho-
uiinis, el bibei'ilis cjus «au^niiium , non babehifis
in Vobis viUiui U'ieniam. Quœ licrl ex humana
natura sumpta sit, non tamen eani ut nnius ho-
minis ex nobts estimare debemuspeccati alicujus
cniitngianc pollutam.sed udorabilem.salutiferam,
riiifirntricvm, quœ peccata tiimiitit, propler Ver-
buin cui adnnala esl. lu pful. x.wiii, piifî. ii)\.
' Se sacri/hium proomnihus ohtulil, ut salutem
niniidux, quant suis operibus non merebatur, nc-
ciprrel In psni. i., pap. I6i.
* Pcrfiilis tnnlum appnruit. non etinm dntus.
lu i)?3l. LX.\x:v, pas. 273.
' Ista quoque Jerusalnn , quœ adhuc in terris
[VI* SIÈCLE.]
CHAPrmR XIX. — c.vssinnnuiî;, ciianceuiî».
2«
.'ftTvi ;\ I.i pasfsion du Siuivcui'; lu pi(Mro sur
lai]U('llo il s'iUiiil assis loisqu'il l'ul iiit(M'r(if;i5
pur Pilate ; la colonne à laquelle on l'ultii-
rli;i liusqu'uu li! tlai;ella ; la couronne d't'-
pines (|u'ou lui mit sur la t(Me ; In rospau ou
la canne dont on le fiap[ia sur lutcle; la
croix ilu salut ù laquelle il fut attaché; la
lance dont ou lui perçu le côté ; le sépulcre
où on le mit après sa mort. 1! parle aussi
i\^i la table sui' laquelle il lit la Cène avec ses
disciples, et leur donna , ainsi qu'à nous , la
communion de son corps et de sou sant;- ; de
la piscine de Siloé, Oj^ure du sacré baptême;
du cénacle où il entra, les pnrtes lermees,
pour se luire voir h. ses disciples ; et du lieu
de sa résurrection. 11 tire de tout cela diver-
ses moralités, l^aus son Commvnli'ivv sur le
psaume \\°, il s'exprime plus corrcctcracnt que
les moines de Scylliie, eu disant que nous de-
vons croire' que le Sauveur, un de la Trinité,
asouQ'ert, et non,comuie disaient ces moines:
i'n de la Trinité a souffert. Il ri'duit a deux
points ' les instructions de l'Église sur la con-
duite de notre vie : le premier, à: nous ëloi-
f^ner tlu mal, parce que le pécheur ne peut pas
<oul d'un coup se porter à la praticjue des
vertus; le second, i\ faire le bien pour l'amour
duquel nous avons cessé de faire le mal. BorrÉ;ii«.
7. 1/l'',L;lisC'i ne pmpoS'' rie^^ dit (lassiodo-
re , qu'il ne soit expinlient de croire. Comme
elle est répandue ' par toute la Icrrc, ses ju-
gements s'exercent aussi dans tout l'univers.
(Juoi(pie fornuMî (le diveises nations '■ comme
une couronne de dilléicntes tleurs, elle est
unique et ne peut être divisée à la volonté
des hommes ; semblable k la tunique ' qui
couvrait le sacré corps de Jésus-CInisl, et
qui était sans couture et d'un seul tissu de-
puis le haut jusqu'en bas, elle demeure en-
tière et inviolable par une stabilité perpé-
tuelle, li)ud('esur la force de son unité. C'est
d'elle que la vérité a dit : Ij:s portes de l'enfer
ne prêonndront point contre elle. Jésus-Christ
en disant 'dans le psaume xxi° : Délivrez mon
ihite; ou à la lettre : Délivrez mon unique de
la puissance du chien, euleud par son unique,
l'Église catholique, afin que l'on sache que
jiar le terme d'unité, il a réprouvé toutes
les doctrines nouvelles, et les lonciliabu-
Ics des méchants, c'est-à-dire des héréti-
ques, qu'il compare ici à des chiens, parce
qu'en etl'et, après être sortis de l'Église ca-
tholique, ils s'empressent à la mordre et à
la lacérer. Ceux-là doivent être regardés *
est, et typum gerit illius cœleslis arcani, in se-
cunda dicisione laudala est; merito ubi est tan-
larum rerum doinicilium visuale vUiuttim. Ibi
einm piscinam natatoriain in figura sacri baplis-
iiuitis , ut ciirarct in/irmos desceiidens angélus
commovehat. Ibi Siloe (impcrante Domino) cœci
teni-bras lavit, et damnatis oculis iucis donares-
tiluit. Ibi mensa Ctiristi ca'lestihus plena deliciis
spiritualiler saliiravil apostolos ; et ne nos ab
illu cœna niinqueremur inipasli, sacer calix et
communicationein nobis prœslilil et saiutem. Ibi
lapis durissimus vestigia piiKedemploris oslendil,
quando anle Pilatum judicem con^tilit audiendus.
Ibi coliimna rcligati in se Dowini flagella lesla-
tur. Ibi spinea curona cernilur, quam idio snlu-
lari Dowino constat impodlanx. ul totius mundi
aculei collecti frangerentur . Ibiarundo servatur,
quœ t-apul Domini perçus it ut ipsum esse ini-
livm rerum terris omnibus rduitiaret. Ibi crux
illa saiutis et gloriœ, loci yevercntiam consecra-
vit. Ibi manel lancea, quœ la'.,:s Domini trans-
foravit, ut nobis illius medicina succurreret. Ibi
credenteshodie ipsiuxsepulcra vivificani.Ibi resur-
reclionis locus ad cœlos erehit corda lidelium.Ibi
Si n nie wonlium prœcipwts, ubi residentibus dia-
cipulisi'i cirnando clausisjanuis mirabiiiterSalva-
tor iniratii ; elcœlera quœ dives illapatria Domi-
ni passione promeruit. lu psal. lxxxvi , pat:. iT^.
' Cum credasunum ex Tri)iitatepassum.Cn^Mni\.
in psal. XX, pag. ni.
2 Dnobus modis vilam nostratn pia mater ins-
tituil. Primus est ut mala declinemus , quia pec-
calori bonarum rerum repente esse non polest
appetitus. Secundus, ut bona faciamus, propter
quod a vilupcrabili actione cessavimus. lu psal.
Lvi, pug. in.
' Ecclesia nescit loqui, nisi quod expedit credi.
PrcEfat. iu Psal. pag. 7.
* A'am sicut ubique dilalata est Ecclesia , ita
per orbem propngata sunl ejus sine dubilatione
judicia. lu psal. civ, pay. 3.36.
s Constat enim de variis nalionibus Ecclesiam
Dnmini quasi ex diversis ftoribus, in una coronce
specie esse formatam. In psal. Lix, pag. 188.
" Tunica vero illa quœ venit ad sortem , quœ
ejus sanclilatem corporis ambiebat , quam dicit
Evongelista desuper contextam fuisse per lotnm,
caltioltca probntur Ecclet:ia^qn(P nullatenus hu-
mano discerpenda dalur arbitrio ; sed intégra at-
que inoiolabilis , divina semper largilate prœsta-
tur. IpSa est contexla desuper , quam nemo divi-
dit , nemo disrwnpit : sed perpétua, stabililate
firmissima in unilatis suœ robore persévérât ; de
qua ipsa Veritas dicit: Et porliE iuferi non prcEva-
lebuut. In psal. Xl. pag. 70.
■> Primo dixit : Eripu auimam lueam. Modo petit
liberari Ecclesia quœ est illi unica, id est catho-
lica, ut intelligatur doclrinas novas et conciUa-
bula perdilorum uuitatis rocabulo respuisse :
hœreticos kic canibus comparons, qui cum de pe-
iielralibus noslris e.teunl, Ecclesiam Dei mordere
ac laccrare fc.'itinant. In psal. xxi, pag. 70. •
" Ipai sunt filii alieniqui abEcclcsia mairecalho-
(tf()r!(m/((i6en(«rea;irnwei.Inpsol.(;xxxxiii,pag.i6i.
248
ISTOI RE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
comme des enfants étrangers, qui sonl re-
gardés comme tels par l'Église, mère des
catholiques. Au reste ' , tout ce qui se fait
hors de son sein, ne peut se faire pour la
gloire du Seigneur. Il est dit dans le psau-
me ex vil* : Nous vous bénissons de la maison
du Seif/ncur *, c'est-à-dire de l'Eglise catholi-
que, de laquelle nous recevons le baptême
salutaire, la sainte communion, l'onction pu-
rifiante de l'huile sacrée, et toutes les vérita-
bles bénédictions. »
Cassiodore remarque sur cet endroit , que
c'est avec fruit que le peuple fidèle reçoit la
bénédiction du Seigneur par la main des
évéques; et sur ces autres paroles du même
p^i. civil, psaume : Rendez ce jour solennel par une assem-
blée nombreuse jusqu'à la corne de l'autel, û d'il'
que l'on doit célébrcrles jours de fêtes ordon-
nées eu l'honneur du Seigneur et des saints;
que les peuples les rendaient très-célèbres
par de nombreuses processions , qu'ils ac-
compagnaient de sentiments de pieté ; que
le Psalmiste, en ordonnant delessolenniscr
jusqu'à la corne de l'autel, semble condamner
ceux qui sortaient de l'Église aussitôt après
la lecture de l'Évangile, parce qu'en etlét
ils n'approchaient point de la corne de l'au-
tel, pour y recevoir le corps et le sang du
Seigneur, que l'on y distribuait dans les as-
semblées solennelles.
snries roi. 8. (1 L'éplscopat ', dit Cassiodore, est le
suprême degré du ministère ecclésiastique. 'iJ^'"'''"'-
L'évêque est a<[)[)i;U''sur-ins/tectcur,j>;ircc que
d'unsiéçe élevé il garde comme pasteur vigi-
lant, avec la grâce du Seigneur, le troupeau
qu'il lui a confié. C'est pourquoi le nomd'éfé-
que n'est pas tant un nom d'honneur que de
travail, par l'oliiigation où est l'évêque de
veiller égalementsuilui-môme comme sur le
troupeau dont il est chargi'-. C'était aussi l'u-
sage de l'appeler 7>(?re\ en sorte que le fils de-
venu évoque, était appelé le père de son père,
non par l'ordre de la naissance, mais de la
dignité. Les prêtres 'nous rendent Dieu pro-
pice par les sacrifices qu'ils lui ollrent pour
nos péchés, comme la Divinité s'est rendue
propice au genre humain, quand elle nous a
donné Jésus-Christ pour prêtre et pour hostie
tout ensemble. »
9. "Il y a, poursuit Cassiodore, deux sacre- sor «•• "•
• 1 ',• .7,1 » 1* L "^n"!!'' <**
ments qui nous délivrent' de la mort; 1 un est kipnm» n <ic
' 1 • I f»6oiI«De* ; le
le baptême, dont la grâce nous conduit à la i-tcbeorip.DM
vie; car ce n'est pointparnosméritesquenous •"« *
y parvenons, mais nous y sommes attirés par
le bienfait de la miséricorde de Dieu, qui
pour empêcher que nous n'en soyons chas-
sés par la grandeur de nos péchés, atfermit
nos pas en nous tendant la main, comme il
fit ;\ saint Pierre pour le sauver du naufrage.
Le baptême nous rétablit dans la pureté * et
dans l'innocence qu'avait Adam avant son
péché, parce qu'il efface non-seulement en
' Cœterum quidqiàd extra Ecclesiam catholicam
gerilur, nequaquam Dumiiii laudibvs applieatur.
lu ijsal. cxvir, pag. 37i.
» Benedicimus vos de domo Domini .. Ostenden-
tes Domini benediclinnem dévoue plebiper antis-
tiles salubrilcrdari.El ne hoc dubilanler accipe-
res, dixil : De domo Uoiniui , etc. id est de Eccte-
sia calholica, unde salutarc bapirisma vaiit, unde
communicatio sancta prncedil , unde olei sacrait
■unclione mundamur , unde omnis denique bene-
diclio rera prœslalur. In psal. cxvii, pag. 376.
' Constiluite diem soleiniiein , etc. Psal. cxvii ,
27 , id est deliberata ciistodite senlenlia , diem
solemnem qui honore Domini et sanctorum con-
fessionc sacratus esl. ^n i.onfrcqueiilatioiiiluis, id
est, processionihus crebris , quas populi lurba
condensai, et reddil celeberrimas riex'otione festi-
va. (juod vero addil : t'sqne ad cornu nltnris,
prohibentur aliqui forsilan fquod miUlis in usu
eslj auilita Erangelii leclionc dtscedere : nonenim
ad cornu allaris accedtint, qui communicalionis
gratta non replcnLur. Hoc de islo altari xisnali ,
ntmihi vidftur, compeieuteraccipimiis, quod cor-
pus et snnguinem Domini snlemni nobis freqiieii-
talione /arjidir. Cassiod. in psal. f.xvii, pag. 37(i.
'• EpiscnpalHS summus in licclesia gradus est.
Episcopus diclus super inspeclor, eo quod Domini
grcgem, ipsius gralia suffragante , qua^i paslor
caulissinius alla sede cu^lodiat... Qunpropter no-
nien istad non tam honoris est quani lahoris :
iMni qui alins speculnndos suscepil, se jugi débet
c.cciihationc conspicere. In psal. cviii, pag. 3r>4.
■' Christus, Dominus dicitur David, secundum
déliaient, qua creulor esl ipsius: quod ctiam in
hac noslra conversalione liodiequc conlingit , ul
filius episcopus faclus, patris sui pater voceLur,
non nasceiûii ordine , sed honore, lu psal. eu ,
pag. 3I>8.
^ Apte dicimus hoc de sacerdotibus, quolies per
inimolala sacrificia peccalis nostris propUiam fa-
ciunl Divinitalem... quomodo Divinilas prnpiliata
est humano gencri, quando nobis et saccrdotem
et hosliam ipsum contulilChrislum. lu psal. lxui,
pag. 199.
' Dii,o sunt sacramenta liberalionis noslrœ :
primum quod nos per munus haptismalis rfucit
ad ritam : non rnim illur noslris merilis perve-
nimus , srd ijisius bénéficia n>iserationis aUrahi-
viur. Dcindc ne nos cjindc permittat cxpelli, qui
gravihus ittiis probainnr onerali... ipse grcssus
nostros non sinil rowmoreri qui manuni suant
l'rtro ne mcigrretur e.tlen<lit. In psal. i.xv ,
pag. 2U3.
" Istud lavacrum quod sic abltiU maculas pec-
CHAPITHH MX. — CASSIODOUK. CIIANCKLII-:».
[vi" SIÈCLE.]
nniis le pdclid oi'iirincl, mais encore les pé-
clu'S i|iic nous avons commis parnotrc propre
volonté, l.c pérlié (pie nous appelons orii^i-
nel, provient ' en (pie^pie sorte notre nais-
sance, c'est-à-dire que nous le contractons
dès le moment que nous sommes formés
dans le soin de nos mères. Personne n'en est
exempt; les entants y sont sujets de même
que tout le reste des hommes : mais enfin ce
péché s'etlacc parle baptême. C'était l'usage
autrefois de chanter le psaume XLi' à ceux
que l'on allait baptiser , afin que se défai-
sant de tous les sujets de tristesse que le
monde fournit, ils se hâtassent d'aller au Sei-
gneur avec une entière pureté de cœur'. Ce
psaume est propre, en ell'et, à inspirer do
bons désirs. L'autre moyeu d'etfaccr nos pé-
chés est d'en faire pénitence, de les pleu-
rer ' et de s'en donner de garde à l'avenir.
La pénitence est utile dans tous' les temps
de la vie, même h la mort', l'Évangile nous
apprenant que ce fut ;\ cette heui-e que le
larron reçut sur la croix la rémission de ses
fautes. Il est permis de demander * souvent
à Dieu le pardon de ses péchés, et d'en faire
secrètement , et dans soi-même, une péni-
tence continuelle. Cette sorte de pénitence
n'empêche point qu'on ne puisse être promu
2t9
aux ilill'é'rents degrés du ministère ecclésias-
tii(iu'; mais si nous la faisons piihliipicmonl
l)ar l'ordre de r(''vê(]uc, son jugL'iiu'nt de-
vant être inviolable et diMiiiitif, [larce qu'il
le rend au nom et par l'autorité de Jésus-
Christ, les canons nous défendent l'entrée
dans les honneurs occh'siasliipios. »
Le psaimic (jue Cassiodore dit en cet en-
droit pouvoir être répété par les pécheurs
qui demandent indulgence, est le psaume l''.
Il parait, par ce qu'il ajoute, quelévèque le
récitait sur le pénitent qu'il mettait en péni-
tence publique. Il enseigne que les plus
saints ^, ne pouvant éviter entièrement le
péché en ce monde, quoiqu'ils y vivent avec
beaucoup de retenue et de dévotion, il est
nécessaire qu'ils aient recours à la prière
pour obtenir l'absolution de leurs fautes par
la miséricorde de Dieu. Mais il entend par
ces péchés des fautes légères , comme serait
de tenir des discours inutiles, de trop s'oc-
cuper du lendemain, d'être surpris de quel-
ques pensées peu convenables , et autres
choses semljlables. Il ajoute qu'un remède
assuré '' contre le péché, est de se tenir en
la présence de Dieu ; que c'est un très-grand
péché " d'être occasion à quelqu'un d'en
commettre, comme ce n'est pas un petit mé-
catorwm, salutiferi baptismatis cognoscitur indi-
care purilatcm: nbi sic omnia et originalia de-
licta, el propria admissa mundantur ; ut itlœ nos
restituât puritati in qua priinus Adam noscitur
esse procreatus. In psal. l, pag. 160.
' Prœceniri diciinus. quando aliquid nos anti-
cipare dignoscitur ; ni est illc reatus originalis
peccati qui nos antequam nascamur , ub ipso
conceplu reddit obnoxios. Unde Prophela : Ex
iniiinilatibus conccptus suiu : In psal. xv, pag. 53.
Oninis viveus. Psal. c:xLn , 2. llominem significat
gcneralem, ubi el infanlum rnta cmcluditur, qui
originali peccalo nisi aqoa regenerationis abluan-
tur , obnoxii sunt. In psal. cxui , jiag. 4.'i7. (Jua-
propter ah originali peccato, unde usque ad sœ-
culi finem vivens mitliis excipitur. In psal. xvui ,
pag. Bl. Opinione qunque fertur aliquorum, quod
Creator, sictit de corpore noslro semen carnir;
educil, ila el rie anima; qualitate anitnamnovam
passe qcnerari ; qualenus originalis Mius peccati,
quod calholica con/itelur Ecctesia per traducem
Micli rea possit ostendi, nisi dono baptismatis
fueril absoluta. Cassiuilor. De Anima, cap. vu ,
pag. :199.
5 Jdi'o hodieque bunc psulmum boni desiderii
suasorem alquei istitulorem. baptizandis congrue
décantât Ecchsia ; quattnus a tristitia hujusmodi
olienati ad Dominum tota mentis puritate festi-
veut In psal. xxxxi, pag. 135.
' Perfecta po'nitentiavst futuracavere peccata,
el lugere prœterita. lu psal. l, pag. i(jO.
' Audiant qui pœnitentiam agere in vitœ suce
termina pravn voluntate desperant, cum in evan-
gclica leclione cognoscant latroni alfixo jam cruci
■momcntanea celeritate subversum. lu psal. lxxxv,
pag. 275.
5 Uunc psalmum licet iterare, nec nobis impe-
dit ad honores ecclesiasticos expetendos : si vero
a sacerdole supra nos pœnilenliœ voto dicatur ;
guoniam ex persona datur, juste a canonibus
vetamur ultra accedere. Quidquid enim inChristi
nomine percipimus . inviolnbile nobis et definili-
vum decet esse judicium. Ita fil vt pœnitentiam
unumquemque et apud se liceat agere, et quando
per sacerdotem data fuerit , non nos permittat
ullerius ad ecclesiasticos honores accedere. In
psal. L, pag. 165.
* Num et sancti viri cum devota se conrersa-
tione tractare vidcantvr , tamen culpas ex toto
declinare non possunt, quando et oliosus sermo
reatus est et in crastinum cogitare peccatum est,
incongrua subito cogitatione compleri, et cœlera
hujusmodi. In psal. cxxix, pag. 425. Una ergo est
securitas in hoc sœculo iHventi , jugiler piis pre-
cibus inclinari; ut qui a culpa esse non Jiossu-
mus liberi,per munera pielatis mereamur ubsolvi.
Ibid., pag. 424.
' j\am qui illum {Deum) semper intuetur acie
mentis, nullitenus ad delicta coni^ertUur. In psal.
XV, pag. 49.
* Unde apparet gravissiinum esse peccatum
quando aliquis occasionem prœbuerit, unde alte-
250
HISTOIRE GÉXl'RAI.E DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
rite de donner avec le secours de Dieu, un
bon exemple aux autres ; que celui qui pè-
che perd la grâce du Saint-Esprit", que la
fragilité liuniaiue ne peut conserver, lors-
qu'elle pèche, (i D'où vient, ajoute-l-il, que
David qui avait sans doute connu qu'il avait
perdu la p-rAcc du Saint Esprit, disait ti Dieu :
licndcz-mni la joie de votre (jrûce salutaire?
Il disait : Rendez, parce qu'il s'était aperçu
de je ne sais quel déehoi de grâce, dont en
elTct on déchoit d'autant qu'on se rend ré-
préhensihlc dans sa conduite. » Cassiodore
regarde comme une suite nécessaire du pé-
ché originel ' les désirs illicites qui naissent
en nous; mais il dit en même temps que
nous ne sommes point nécessités d'y con-
sentir, et que les saints, au lieu de s'y lais-
ser emporter, les répriment avec la grâce de
Dieu par la pureté de leur coîur; qu'au sur-
plus, ce qui se trouve de défectueux dans
les mouvements déréglés du cœur ou du
corps, auxquels on n'a point consenti, s'ef-
face par l'oraison sainte, c'est-iWire par l'O-
raison doiainicale et par le signe delà croix.
Il dit que les anciens Pères' ont reconnu
sept moyens de nous procurer la rémis-
sion de nos péchés, savoir le baptême, le
martyre, l'aumône, le pardon des injures,
le soin que l'on prend de convertir ceux qui
sont dans l'égarement, l'abondance de la
charité et la pénitence. Il en ajoule un hui-
tième, qui est la communion du corps et du
saug de Jésus-Clirist, lorsqu'on s'en appro-
che dignement.
10. Car il ne doute point que nous ne bu-
vions * son sang et que nous ne soyons
nourris de son corps dans l'Eucharistie, et
que ce ne soit à la sainte communion que
l'on doive rapporter ce qui est dit dans l'É-
criture : Dieu leur a donné le /xtin du ciel.
L'homme a mangé le fjain d"s anges, u Jésus-
Cluisl, dit-il. prêtre éternel, selon l'ordre de
Melcbisédech ", a consacré son corps et son
sang salutairement dans la distribution du
pain et du vin, comme il le dit lui-même :
Si L-ous ne mangez la chair du Fils de l'hom-
me, et ne buvez son sang, vous n'aurez point
la vie éterndle. Mais l'esprit de l'homme ne
doit rien concevoir de sanglant, ni de cor-
ruptible dans cette chair et dans ce sang ;
mais les regarder comme la substance vivi-
fiante et salutaire qui a été faite la propre
substance du Verbe même, par laquelle sont
accordés la lémission des péchés et les dons
de la vie éternelle. C'est dans l'immolation*
solennelle du corps et du sang de Jésus-
Christ, et non dans celle des animaux, que
consiste le sacrifice de l'Eglise; et elle fait'
le sujet de l'assemblée des fidèles. C'est le
corps du Verbe fait chair, appelé temple
rius conscientia pollualur : sicul necilla rcsparva
est, qiiœ juvanle Domino bonisprœslal exeinplum.
In ps.il. Lxxin, pa^'. 23't.
> l\^;^)|^e dixit, quia sibi nescio quid graliœ se/i-
seral imniinutum ! (Juoniam ab illa gratia salu~
tari tanlum quis recedit, quantum se rcprrliensi-
hili coïiversalwne Iractavcrit. Kam cum dicit:
Rcdde milii la'litiam salutaris lui, gratiam se
Sidrilus Sancii sine dubio amisissc cognoveral ,
quum fragilUas humana non pniest tiabere ctim
peccai. lu psal. l, pat;. ll)2.
2 Sunl illicila desideria, quce originalis peccali
necessitale comniitlimus ; sed in eis comensu ani-
mi non tencnntr , in islis mens heala non amhii-
lal, quœ dono Domini cordis probilale superan-
tur , ut vcrbi gratia , repente pnlclirum aliquid
conrvpisrere, cibiim desideranter expelere , bonis
odoribus commoveri, iniqua subito suggestione
confnndi, et tiis similia quœ oratione sancta et
cruci signnculo dcstruunlur : Un fit ul etpeccala
sancti suggestione carnis liabeant ; et lamen dum
eis minime relaxatur effectus, ea non operari ve-
raciter lestimeutur. In psal. rxviii, pag. .378.
' Majores noslri sejitem modis peccala nobis
dimiili possc dixeriinl : primo, per hapli-sinum :
secundo , per passionem martyrii: tertio, per
eleemosynnm : quarto, per hoc quod remitlimus
peccala fralribus noslris : qmnto,cum converterit
quis peccalorem ab errore viœ suœ : sexto , per
abundantiameliaritatis: septimo,per pœnilenliam.
Addenda qiioque est commu7Ucalio corporis et
sauguinis Oomini nostri Jesu Christi; cum (amen
digne suscipilur. lu psal. vi, pag. 2i.
* Pancm cœli dédit eis. l'aucin angolorum man-
dniMvil Imino. Toltim ad communionem sacram
conrenienler referlur, quando et rjus sanguiiiem
bibimus , e( de ejus corpore saginumur. In psjil.
i.xiv, pafj. 20).
' Seqnilur : Tu es sacertlos in sternum seciin-
dum ordineiu .Melcliisedei-li. ifoc Prophela promi-
sisse Filio commémorât l'atrem : cuienim potcst
reraciter et evidenter aptari yiisi Domino Saha-
tori, qui corpus et sanguinem suum in pani.s et
eini erogatione salutariter consecrovit ! Sicvl
ipse in Erangelio dicit : Nisi inanducaverilis cnr-
M(!ni l'ilii liuMiiMis, et liihoritis cjns sniisnineni non
lialjcbili.s vitiun œtcrnuni. Sed in ista carne ac
sanguini nU cruentum, nil corruptibile mens hu-
mana coneipiat; sed vivificalricem subslontiam
atque salularem, et ipsius Verbi propriam faetam,
per quim jieccalorum remissio , el adcrnœ vitœ
donn prasiantur. In ps.il. cix, pay. 3o9.
" Sncrificium sanclœ Ecclesiœ , non- hoslia pe-
cudum , sed iste ritus nccipiendus est qui nunc
ngilur rorjioris et sanguinis immolnlione so-
Icmni quem veninrum prœvidebat. In pful. xix,
pag. 62.
' Uos dicil non sanguine pecudum , aut victi-
[vi'siKCLE.] CHAriTRE MX. — CASSIOPOnK, CTTANCEUER.
dans l'Ecriture, que l'iîglisc ndoir ' Ions les
jours, loisqn'eilc ^l5v^re son corps el son
.sang parmi los sacrements do ce très-haut
mystère. »
11. « Quoique celle Église soit une, dit
-irA
Cassiodore, elle ' a toutefois divers ollices
dislinpuês par dittVrenls degrés d'honneur,
et dont l'ordinalion esl aussi dillerenle; elle
a des lecteurs, des sous-diacres, des dia-
cres, des prêtres et des cvcqnes. »
12. « Par le péclié d'Adam', dil-il encore,
nous avons perdu la liberté de faire le bien,
mais elle nous reste pour faire le mal, c'est-.''i-
dire pour abandonner notre Créateur et
nous porter au crime. La grâce seule de
Jésus-Clnist nous peut rendre la liberté que
nous avons perdue. Ceux-là écoulent' avec
soumission la loi de Dieu et de ses précep-
tes, que Dieu fait lui-même écouter ; ceux-
là ont des désirs saints et utiles à leur salut,
qui les re(;oivcnt de sa main bienfaisante et
libérale : car depuis que la nature humaine
a été corrompue par le péché, c'est Dieu
qui met dans notre libre arbitre, le bien qui
s'y trouve, et qui, par sa bonté, lui donne
de le pratiquer. Sa grâce, qui n'est appelée
ainsi ' que parce qu'il la donne gratuite-
ment, est la grâce de Notre-Seigneur Jésus-
Christ. C'est elle qui prépare notre volonté,
qui nous aide, qui nous fortifie, qui nous
couronne. » Pour en marquer l'ellicacilé ,
Cassiodore la compare aux llèclies ai'jues et
Irès-puissantes donl il est parle' dans le psau-
me XLiv, 6: « Les llèches aiguës, dit-il" ,
sont les paroles du Sauveur , qui percent
d'une manière ulile et salutaire, le cnjur des
houunes. Ces llèches bicsscnl , mais pour
guérir; elles frappent, mais pour délivrer;
elles aballent, mais pour relever. Ces flè-
ches sont très-puissantes, parce qu'aucune
matière, quelque dure ([u'elle soit, ne leur
résiste , quand Dieu lus lance de manière
qu'il veut qu'elles produisent l'effet qu'il a
résolu.!) En expliquant le psaume L", il com-
bat ainsi les demi - pélagiens : « Lorsque
vous entendez dire' que le Seigneur pré-
vient, édifie, conduit et éclaire, sans qu'au-
cuns mérites aient précédé, quel commen-
cement pouvez-vous vouaattribuer qui vous
soit propre, sinon celui-là seul qui attire sur
voire orgueil une juste condamnation ? Vous
opposez plusieurs autres passages pour prou-
ver que les hommes ont d'eux-mêmes le
commencement de la bonne volonté, pour
recevoir ensuite le secours de Dieu, en sorte
que ce soit nous qui soyons la cause de son
bienfait, et non pas lui-même : ce qu'il
n'est pas permis de dire. Si le commence-
marum consuctudine congregandos, sed immola-
lione scilicet corporis et sanguinis sui quœ liiima-
nuni genu^ loto orbe celebrala salvavil. lu psal.
XV, pa^'. 48.
' Templtim sanctutn est Domwi heatw [ncar-
nationis adventus , quem etiam nunc quolidie
adorât Ecclesia, dum corpus et sanguinem ipsiuii
inter summi iiiysterii sacramenta vewratw lu
jisal. i;xxxvn, pag. 44."i.
' Distribuit aulem gradus Ecclesiœ qui officia
ejus distincta ordinatione dixponit , suvt eiiim in
illa leclores, sunl subdiaconi, sunt diaconi , sunt
presbyleri, sunt episcopi ; et quainvis nna sit Ec-
clesia , officia lamen contiiiet honorum varietate
distincta. In psal. XLvii, pag. 150.
' Esl quidem in mnla parte execrahilis littcrttts
arbitra, iit prœvaricalor Creatorem deserat, et
ad vitia se nefnnda concertât. In bona vero parte
arbitriiim liberum .idam peccante perdidimus ,
ad quod nisi per Christi gratiam redire nnn pos-
sumus, dicente Apostolo : Deus est cnim fjui ope-
ratiir in vobis et velle et perficere pro bona volun-
late. lu psal. r.wn, p.ig. a74.
* IIU obedienter atidiunt , quos ipse facit au-
dire: illi pruficne cupiunt , qui munus dicinitatis
accipiunt: nam post litiatam liumani generis
naturam , liberi arbilrii salutiferam partem el
Douiinus tribuit, ei operationem ipsiii^ sua pie-
tate concedit. In psal. L, pag. t61.
* Gralia eiiim dicitur gratis data: Si autem
gratia , ait Àpostolus , non ex operilius, alinquiu
gratia jam nou est gratia. Ipsa est quippe Domi-
ni gralia, quœ nus prœpftrat, adjuvat, corroborai,
et coronal. CassioJ. in psal. lxxxiv, pag. 271.
^ Sagittœ accutœ sunl verbaDomini Salvatoris,
hominum corda saluUiriler infigenlia , qute ideo
vulncrant ut sanent , ideo perculiunt ut libèrent,
ideo proslernu7tt ut erigunt... Pntcnlissimœ quia
nulla mis niatrria quamvis durissima probalur
ohsistere , quando eis insitutn est effectuin suœ
volunlalis implerr. In psal. xxxxiv. pag. 142.
" Cum audinlis prœrenire, œdifîcare, dirigere,
et erigere Doiniiium.absolrere et iUnminare nullis
prœc denlilius merilis, quid ibi proprium cœpisse
cognoscilis, nisi illud Uintum unde prn veslra .tu-
perliin juste daivnemini ? Sed diritis forsitan pro-
phetam Isaiani sic liberum arbitrium comprnhare:
.'^i volueritis bona terrte, comedetis, etc. Sed hœc
el his similia pcssima intenlione sentitis , ut cre-
datis homines a semelipsis bonœ voluntatis ini-
tium sumere , el post adjutorium divinitatis ac-
cipere : ut quod dici nef'as est . nos scinius causa
ejus beneficii. non ipse sui... Sia nobis essct bonœ
voluntatis initium , nos magis poneremus funda-
nienluw, uhi wdificaret Dominus, quod certenulla
potest mentis sanitas approbare. Qua proplcr de-
sinite asserere quœ non potestis implere. In psal.
L, pag. 161.
252
HISTOIRE GKNKRALH DES AUTEUllS ECCLESIASTIQUES.
ment de la bonne volonté venait de nous,
nous jetterions nous-mêmes les fondements
de notre salut, afin que le Seigneur élevât
au-dessus de l'édifice, ce qu'on ne peut pen-
ser ni approuver sans folie. C'est pourquoi,
cessez de vouloii' établir une chose impossi-
ble. »
Il cite contre eux ces paroles de saint
Paul : Qui a donné à Dieu quelque chose le
premier jxiur en prétendre i-écom/jense? Ht cel-
les de saint Jacques: Toute grâce excellente et
tout don parfait, vient d'en haut, et descend du
Père des lumières, « à qui, reprend Cassiodore,
personne ' ne peut otlVir rien de bon, s'il ne
l'a auparavant reçu de sa miséricorde, par-
ce que riiomme ' n'a rien de bon que ce
qu'il a reçu du Seigneur, qui est le colla-
teur de tous les Itiens, et qu'il ne peut ni
accomplir ' , ni même commencer le bien
sans le secours d^e Jésus -Christ. Malheur
donc ' à ceux qui donnant trop au libre ar-
bitre, pensent qu'il est en son pouvoir de
mériter quelques dons de Dieu. C'est Dieu
qui nous donne de vouloir le bien, et qui
l'accomplit en nous, afin que nous soyons
dignes de ses récompenses. Qu'avez - vous,
dit l'Apôtre, que vous n'ayez reçu? Si vous
l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme
si vous ne l'aviez pas reçu ? Que Ihérésie pé-
lagienne cesse de renouveler ses calomnies.
Nous ne pouvons avoir rien de bon en nous-
mêmes, si nous ne l'avons eu de Dieu. Dans
toutes sortes de bonnes actions ^ la grâce
de Dieu nous prévient , et afin que nous
ayons la volonté de le prier, il se répand
dans nous pour former cette volonté. Sa vo-
cation " précède tout mérite; elle ne nous
trouve pas dignes, mais elle nous rend tels ;
c'est pour cela qu'elle est gratuite, autre-
ment elle serait juste. C'est la bonne volon-
té de Dieu qui nous appelle et qui nous at-
tire. Nous ne pouvons rien penser ni faire
d'utile, si nous ne le recevons de l'auteur
de la bonté. Il n'y a point de dilférence de
méiite dans la vocation; elle est gratuite
pour tout le monde "". H en est de même*
de l'élection , personne ne peut se flatter
d'avoir été choisi pom- ses mérites, pas mê-
me les apôtres, à qui Jésus-Christ dit dans
l'Évangile : Ce n'est pas vous qui m'avez choi-
si ; c'est moi qui vous ai choisis, n
Cassiodore prenant i\ la lettre ces paroles
du psaume lV : Vous les sauverez pour rien,
dit qu'il est constant ' que les pécheurs sont
sauvés pour rien , parce qu'il ne l'est pas
moins que la conversion leur est donnée de
Dieu par une bonté toute gratuite. « Qu'a-
vait, dit-il, mérité le larron, pour entrer si
vite dans le paradis? Qu'avait fait le publi-
cain, qui sortit du temj)le absous tout à coup
de ses péchés.» Mais il n'exclut pas pour
cela les travaux de la pénitence, comme on
l'a vu plus haut. Ce qu'il veut dire, c'est que
celui qui récompense le pénitent, est le mê-
me qui lui donne la volonté de se conver-
tir.
13. Il enseigne qu'après la mort '", l'Ame
ne sera plus sujette aux sensations, qu'elle
dlé àe* Mini.
a,aot I* jnii(
du jucentnt.
> Nullus Mi quidquam offert primus quod bo-
num est, nisi hoc cœlesti munere concedalur. In
ps.nl. XX, pag. 64.
» Xon eniin quidquam ex se prnbi humanilas
hahet , nisi quod a Domino bonorum omnium
susceperit largitore. In psal. x, pag. 40.
' Rêvera soIujs est Chrislus , sine quo bonum
aliquod vcl incipere , vel implerc imbeciltitas hu-
mana non prrrralet. lu psal. xin pag. il.
' Vœ iUis qui liane rcgulam déclinantes in ho-
minis putant arbitrin consistere , ut mereatur ad
aliqua Dei munera pcrvenire. Ipse enim donat,
ut bona velimus:ipse perficit, ni ad ejus prœmia
pervenire possimus : quod Aposlolus lucidissime
declaravit .'Quid antcm liabfis quod non acccpisti ?
Si aiiteiu arctipisti, qiiiil gloriaris quasi non accc-
peri.-;. Desinal rrgo pelagiann hicresis redivivas
suscilare ailvmniai. I^'iliil boni er nobismelipsis
habere possumus , nisi hoc a Domino sumpscri-
mus. In psal. LVin, pag. 18j.
' In omni hnno Domini gralia prœvenimur ; et
ut vclimus rogare, ipse se dignulur infundere. In
psal. cxvui, pag. 379.
' y'ocalio Domini omnc merilum praxcdit, nec
invenit dignum sed facit ; iJto enim gratuita, alio-
quin jusla dicerelur. Hiec est ergo bona volun-
tas , quœ nos vocal et allruhil; nec quidquam
proficuum valemu.i cogilare vel facere, nist hoc
acciiiinmtis a bnnitatis autorc , sicul Aposlolus
dicil : Non cnini possnnius cogitarn aliquid a nobis
quasi ex nubis , s£d suffirientia noslra ex Ueo est.
In psal. V, pag. 23.
" yuoriiani vuliiit mc,id est.quoniam me elegit,
qtti gratis vocal universns. In ]>snl. xvir, pag. 5.'!.
' Sed Vide quid ail : ICIfgisti. ul hanc eleclionem
nemo suis merilis applicarel : sicul ipse in Evan-
gclio di.xil : Non vus uiu elegistis , 8ed ego elrgi
vos. In psal. LXIU, pag. i!(9.
" ConsliU ergopro uiliilo peccalores salvos fieri,
quardo crrtuiii est convcrsionem gratuita largi-
lale concedi. In psal. lv, pag. m. Quid enim me-
ruit latro ul sic paradisum relocUer iutroiret 1
(juiil jniblicanus qui repcnle dr Icmplo absolulus
criril ? Ipse drdil confis.-:ionis subilum vottim,
qui donnvit et pnemium. Ibid.
" Aam eu m fuerimus hac luce imperio Creatorit
CHAPITRE XI\. — CASSloliOlli;, ClIAXCKI.IKit,
[Vl* SIKCLE.]
n'(^xci'C(î qu'ù cause ilo son corps; (jifalors
clic no sera môme plus ni bien ni mai, (|uc
seuli'ini'nl elle i''i)rouveia luu' conlinnelle
douleur de ses mauvaises actions, ou ([u'elle
ressentira de la joie du bien qu'elle aura lait ;
qu'elle demeurera dans cet état jusqu'au
jour du jugement, auqnel nous recevrons la
récompense de nos univres bonnes ou mau-
vaises, quand par la voix du Seigneur, nous
aurons été ou n'qjrouvés ou admis au royau-
me éternel. Mais il semble dire eu un autre
endroit, ipie la gloire des âmes des saints
est suspendue jusqu'au jour du jugement
dernier. C'est en expliquant ces paroles du
psaume XXIV" : Son ûme jouira des biens dnns
son séjour: « La félicité, dit-il, qui est promi-
se aux saillis après la résurrect'on, ne sera
pas accordée' aux âmes des justes, sitôt
qu'elles seront dépouillées du corps, ce qui
n'empêche point le Propliôtc de dire que
l'âme du juste demeurera dans la jouissan-
ce des biens, parce que les âmes des saints
se repaissent du plaisir de l'espérance très-
certaine qu'elles ont de la récompense â ve-
nir, quoique cette récompense soit ditlerée.»
11 dit ailleurs % que la gloritication de Jésus-
Christ, môme considéré comme chef de tous
les fidèles, a été dilférée pendant celte vie,
et que la gloire de tous les fidèles est en-
core aujourd'hui suspendue jusqu'à ce qu'ils
arrivent i^i la récompense de la résurrection.
Mais il est aisé de voir que Cassiodnre ne
parle en ces endroits que de la félicité par-
faite, qui est, comme il le dit lui-même, y;/'o-
mise aux saints après la résurrection. « Cette
félicité, poursuil-il, empoi'te nécessairement
celle du corps comme celle de l'àme. Les
saints n'en jouissent aujourd'hui que selon
l'Ame et non selon le corps, qui attend sa
récompense, et qui ne lui sera donnée qu'a-
près la résiurection. Ainsi, leur félicité n'est
pas encore consommée; elle n'est pas par-
faite. Il en a été de même de Jésus-Chrisl
pendant sa vie : sa glorification n'a été ditïé-
rce que par rapport à son coi-ps.» Au reste,
exuli, simul corporis appetitiones et imbecillitates
ainittimus.... MMl boni malique facienius , sed
vsque ad tempns judicii.aut de actuuin pruritate
mwremur, aut de operalionis noslrœ probitate
lœtemitr. Cas?ioJ. De Anima, cap. xii, pag. Cl)3.
' Auiiiia ('jus in bonis Jemorabitur , quia juslis
honiinibus exiitis corporenonstatiin perfecla bea-
titudo datur. quœ sanctis in resiirreclione promit-
titur; anitnam tamen ejus dicit [Propliela] in bonis
passe remorari, quoniam elsi adlmc prœniitt illa
sunpensa sunt , quœ ntc oculus hominis vidit....
253
Cassioilmt! élait si persuadé ([ne les saints
jouissent dès à présent de la ndicité dans le
ciel, que dans son livre de l' Inslitulion , il
invoque' Denys le Petit, ne doulant point
(pi'il ne l'iil dans la gloire , auliement il
n'auiait [)innl eu recours il son interces-
sion.
ARTICLE IV.
jugement des écuits de cassiodoue
qu'on en a faites.
EDITIONS
1. 'J'(mt esl intéressant dans les ouvrages ^
de Cassiodore. Ce sont on des maximes de '
la plus sage politique, ou des instructions de
morale la plus pure, ou des leçons pour s'a-
vancer dans la connaissance des arts libé-
raux , ou des règles pour s'appliquer avec
fruit à l'étude des divines Écritures, ou un
narré fidèle d'un grand nombre d'événements
coiisidi'raliles de son temps. Il fut tout â la
fois grand politique, habile philosophe, sa-
vant interprète , excellent orateur, historien
exact et bon critique. Ajoutons qu'il fut aussi
bon théologien , puisqu'il s'est expliqué sur
la plupart de nos mystères, d'une manière
qui ne laisse rien à désirer. Son style se res-
sent toutefois de la barbarie de son siècle ; ses
lettres surtout sont chargées de cadences,
de rimes, de pointes, et de termes qu'on ne
connaissait point dans la belle latinité. Mais
la fécondité merveilleuse de pensées qu'on
y trouve , leur noblesse, leur élévation, le
tour fin et délicat qu'il leur donne, ctiaccnt
en quelque sorte ces défauts. Ses Commen-
taires en ont moins , parce que le style en
est plus naturel et plus coulant : son traité de
l'Ame est écrit avec beaucoup de netteté et
d'érudition, de même que celui de l'Instifu-
tion, qui sera toujours un monument précieux
pour tous ceux qui désirent s'instruire dans
la science de l'Écriture sainte, ou qui ont
intérêt de la procurer aux autres.
2. Les plus anciennes éditions des lettres
et des autres ouvrages de Cassiodore sont
modo (amen futiiri prœmii certissima spei delec-
lalioiie iiascuiilur. lu p<al. x.'îiv, pag. 78.
s Ui'pulisli nns, sir/niftcdt distulisti : quia et ip-
suni ad ghrificalwnem suam constat esse dilatum,
cum in hac rila moraretur, et omnium fidelium
hodicque gloria suspendilur donec ad resurectio-
nis prainia veniatur. In psal. cvii, pag. 552.
' Intcneniat pro nobis qui nobiscum ororc
consueverat,ut cujus oralione hic sumus suffulti,
ejtis nuHC possimus merilis adjuvari. Cassiod. In
Instil., cap. xxni.
('* tcri'^ do
ses oiivr.'.^e
254
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
celles de Paris eu 1589 et 1509 : on les réim-
prima à Genève en 1009 et 1050. Les éditions
de Paris sont de Guillaume Fournier, pro-
fesseui' en droit à Orléans, qui les a enrichies
de notes. Brosséus a fait celles qui se trou-
vent dans les éditions de Genève. Doni Jean
Caret en fit une nouvelle édition qui fui im-
primée à Rouen en 1679 , aux frais de Bil-
laine et de Dezalliers, libraires de Paris ; elle
a été remise sous i)resse à Venise en 1729 ;
l'éditeur a mis eu lèle la Vie de Cassiodore,
tirée de ses propres écrits, et une dissertation
où il entreprend de faire voir qu'il a été reli-
gieux de l'Ordre de saint Benoit. Cette dis-
sertation est suivie de divers t('moit:na£;es
que plusieurs auteurs célèbres ont rendus au
savoir, et à la vertu de Cassiodore. Les douze
livres de l'Histoire tripartite parurent à la
suite de l'Histoire d'Eusèbe, traduite et con-
tinuée par RulUn, chez Frani^ois Réynault,
sausdate. Il fuient mis eu français par Louis
Cyanéus, et imprimés en cette langue en
1508, chez Gille Gourhin. Panvinius Onu-
pbrius dans son Appendice sur les Fastes con-
sulaires à Venise eu 1558, a donné la Chro-
nique de Cassiodore ; ses Commentaires sur
les Psainiies furent aussi imprimés si'paré-
ment à Paris en 15^9; maison ne leuia pas
donné place avec les autres écrits de ce Père
dans le tome XI de la Dibliotlièque de Lyon.
Il y a une édition du traité de /"^?He avec les
douze livres des lettres à Ausbourgen 1533,
par les soins de Mariangélus Accursius. On
peut consulter sur fous les ouvrages de Cas-
siodore , la Préface de dom Gare! , mais sur-
tout la Vie que dom Denys de Sainte-Marthe
en a donnée en 1094, A Paris, chez Coignard.
LcsCommentaires sur les épîtres des apôtres,
surleursactes et sur l'Apocalypse, ijui avaient
été perdus pendaut plusieurs siècles, ont
été retrouvés par M. le mai quis Maffeï, dans
la bibliothèque publique de Vérone, et im-
primés en cette ville en 1732. [ Les tomes
LXIX et LXX de la J'utrologie latine contien-
nent toutes les oiuvres de Cassiodore publiés
jusqu'à ce jour. On y retrouve les commen-
taires publiés par Malleï, un fragment des
auteurs qui existaient ;"•. l'époque de Cassio-
dore d'après Maï, tom. V Spicileg. roman.
pag. 157-100. C'est un supplément au chapi-
tre XVI du livre de l'Institution de cet auteur
et qui prouve que le chapitre imprimé est
rempli de fautes. C'est un service rendu que
d'avoir ainsi rétabli le nom des auteurs et le
titre des ouvrages qui existaient au temps
de Cassiodore. Ang. Mai a encore publié deux
autres fragments qu'on ne trouve point re-
produits dans la Patroloqie. Le premier est
un supplément au livre de A rt. et disripl. lib.
litt.; il se trouve au tom. III des Clnssici nue-
tores, pag. 358, 3G4. Le deuxième fragment
est tiré d'un discours qui est attribué à Cas-
siodore, Scriptor. veter. collectio, pag. 43.]
CHAPITRE XX.
Justinicn , empereur.
lÉcrivaiu grec, luort en uCG.)
de jii&tiuiuti.
1. Jusiiuien, fils de Sabbatius et de liigli-
niza ou Vigilantia, naquit dans la Dardanie
vers l'ail 'i83. L'empereur Jusliu, souuuilo, le
fit élever avec beaucoup de soin, puis il l'a-
dopta piuir son lils. Eu 519, il le nomma
maître de la milice, et l'envoya en Orient
avec une aimée (outre les Perses, sur les-
quels il cul de l'avantage. Ayant été fait con-
sul en 521 , il lit représenter à grands frais
des jeux et des spectacles pour illustrer son
consulat. Il fui ensuite ('levé à la dignité de
palrice. En 527, l'empereur Justin se sentant
près de sa mort, le déclara Auguste, et le lit
couronner avec sa femme Théodora, le pre-
mier jour d'avril. Justin ("tant luorl quatre
mois ajirès, Justinieii se trouva chargé seul
du gouvernement de l'Empire ; il avait qua-
rante-cinq ans lorsqu'il y parvint, cl en r(''gna
trenlc-iKuif. Pendant tout s(ui règne, il fit pa-
raître un grand zèle pour la religion; maisca
zèle ne fut pas toujours accompagné de pru-
dence. Justiiiien causa beaucoup de maux à
l'Église ])ar son impiii'tiide et ])ar sa curiosité
sur les matières de la religion. On le met or-
dinairement au nombre des écrivains ecclé-
siastiques , parce (pi'il a laissé quantité de
[Vl- S1KC1.E.
CHAPITRE XX. — JLSTI.NIEN, KMPKriEUll.
255
l^titj lie
iD-lliiicn :
Corp^dudroUi
Proeop Mb.
Dt Bll. Pcr^.
Mp. ixiv,
ttr, el Sui-
its in Trtl>o>
N0Te;ies d«
lu«tiotpQ.
Ce qu'elles
MotlenDentda
reiurqadljlc.
inouiiiuciils qui concernent la loi et la disci-
pline de l'Eglise, ([noii|u'ils soient moins son
ouvratîc f|iie celni des plus famenx juris-
consultes , et des principaux olUciers de son
Empire , ou des évèques qu'il employa à
ce travail.
2. Dès le commencement de son rèpne, il
forma le desseiude réformer les lois romaines.
A cet ellet, il fit composer un code des cons-
titutions choisies des empereurs précédents.
L'ordre eu fut donné en 528 , et exécuté en
529. Il fit ensuite un corps de tous les ou-
vrages les plus utiles des anciens juriscon-
sultes, dont toutefois il se contenta de tirer
des extraits, qu'il fit rant^er sous cert-ùns ti-
tres. Il donna A ce recueil le nom de Di-
gestes ou de l'nndoctcs. (.In fut trois ani à le
composer, c'est-;\-dire , depuis le 13 de dé-
cembre de l'année 530, auquel l'ordre eu fut
donné, jusqu'au seizième du même mois de
l'an 533 , qu'il le confirma et le publia. Ce fut
pour servir d'introduction aux Digestes ({w'W
tu composer les quatre livres des Institutes.
Ayant ensuite fait corriger le Code des lois
choisies des empereurs, publié en 529, il en
donna en 334 une édition plus parfaite , qui
est celle que nous avons aujourd'hui. Le plus
célèbre des jurisconsultes qu'il employa à
ces ouvrages, était le questeur Tribonien,
homme très-savant, mais si attaché à l'argent,
que les historiens du temps disent qu'il ven-
dait la justice , et qu'il faisait ou supprimait
tous les jours de nouvelles lois, suivant les
intérêts des particuliers. Justinien le consi-
dérait autant pour son savoir que parce qu'il
lellattait disant qu'il ne mourrait point, mais
qu'il serait enlevé au ciel en corps et en âme :
car Tribonien était païen.
3. En 533 , Justinien donna plusieurs lois
pour l'Eglise, sous le titre de Novelles, parce
qu'elles étaient postérieures à la publication
de son Code. Il en donna d'autres sous le
même titre pour l'État, tant en cette année
que dans lessuivantes ; nous en avons en tout
cent soixante-huit. Le moine Mathieu, dans sa
préface sur la Collection des consfitutionsecclé-
siastiques grecques^ en compte cent soixante-
dix de Justinien , ce qui fait voir qu'il nous
en manque deux , encore n'est-on pas sûr
que toutes celles que nous avons sous le nom
de Justinien soient de lui. Voici en peu de
mots ce qu'elles contiennent d'intéressant
par rapport à la discipline de l'Église.
A. Il ne devait pas y avoir dans la grande
église de Constantinople , qu'on appelait de
Sainte-Sophie, au deii'i de soixante prêtres,
de cent diacres, de quarante diaconesses ,
de quatre-vingt-dix sous-diacres, de cent dix
lecteurs, de vingt-cinq chantres et de cent dix
portiers. Il y avait plusieurs clercs qui, mé-
prisant les églises pour lesquelles ils avaient
été ordonnés, employaient toute la protec-
tion qu'ils pouvaient avoir pour passer à un
clergé plus nombreux. Cela leur est défen-
du, parce qu'on ne pouvait douter que leur
démarche n'eût pour motif l'ambition ou l'in-
térêt. Il est aussi défendu de multiplier le
nombre des clercs au delrt de ce qu'il en
faut ordinairement pour le service de \'E-
glise. Si elle a du superflu après avoir fourni
à ses besoins, on doit l'employer à la nour-
riture des pauvres, ou en d'autres œuvres de
piété. Lorsque quelqu'un voulait bâtir un
monastère, il ne le pouvait cpi'auparavaut il
n'eût fait venir l'évêque du lieu pour consa-
crer l'endroit, par la prière et en y planlaut
le signe de notre salut , c'est-à-dire , une
croix. A l'égard de ceux qui se présentaient
pour être moines, avant de leur donner l'ha-
bit monastique , on les éprouvait toujours
dans leur habit du monde ; pendant lequel
temps il était permis à ceux qui les revendi-
quaient comme esclaves, de les reprendre,
pourvu qu'ils donnassent des preuves du do-
•maine qu'ils avaient sur eux; mais les trois
ans écoulés, il n'était plus permis <à personne
de les tirer du monastè; e. Lesmoines devaient
demeurer dans une même maison , man-
ger ensemble, et coucher en un même lieu,
mais chacun dans un lit particulier, afin qu'ils
se fussent mutuellement témoins de la régu-
larité de leur conduite. Il était toutefois per-
mis aux anachorètes d'une vertu éprouvée
de demeurer seuls. Quand il arrivait qu'un
moine quittait son monastère pour mener
une vie privée , il y laissait tous les biens
qu'il avait apportés en entrant. Un homme
ou une femme qui entraient dans un monas-
tère, pouvaient disposer de leurs biens avant
d'y entrer ; mais s'ils y entraient sans en
avoir disposé, leurs biens appartenaient au
monastère , à l'exception de la quatrième
partie , qui était laissée aux enfants ; ou de
la dot de la femme si c'était un homme ma-
rié. Si quelqu'un quittait son monastère pour
passer dans la milice ou à un autre genre de
vie , il ne pouvait reprendre ce qu'il y avait
apporté, ni entrer dans d'autres services que
celui des juges de provinces. Un moine qui
passait d'un monastère à un autre n'emportait
fie. IT.edit.
Wr. .^n lO.'t
apud Vitrij.
256
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTOURS ECCLÉSIASTIQUES.
blii|nes. Juslinien renouvelle la défense qu'il
Nowl.
rien avec lui ; et on ne trouvait pas bon que
les abbés reçussent les moines d'un autre
monaslère, pour ne point autoriser une vie
vagabonde et inconstante. Lorsqu'un moine
avait mérilé d'être admis au clergé, il lui
était défendu de se marier; s'il le faisait, on
le chassait de son église comme ayant désho-
noré sa première profession. C'était à l'évê-
que du lieu à choisir l'abbé ou l'abbesse
d'un monaslère , et dans ce choix il ne de-
vait point avoir égard au rang ou à l'anti-
quité ; mais seulement au mérite. Les ordi-
nations des évoques et des autres clercs
étaient réglées par les canons. Outre les
bonnes mœui'S et la bonne réputation , Jus
avait déj;i faite d'ordonner dos clercs au delA
du nombre établi par la fondation dans cha-
que Église. La raison qu'il en donne est que
le nombre des clercs s'était tellement aug-
menté que, les revenus de l'Église ne pou-
vant sultire à leur pension, plusieurs avaient
été obligés d'hypothéquer leurs fonds ou de
les aliéner, ce qui les avait réduits à l'indi-
gence. Il (it une autre loi portant défense
d'aliéner les biens des églises, étendant celte
défense aux monastères et aux hôpitaux. Il
déclara qu'il sciait permis aux princes et
et non à d'autres d'échanger contre Ti^glise
un immeuble d'égale ou de plus grande
tinien demande que celui que l'on veut or- valeur; que l'emphytéose des biens ecclé-
donncr n'ait point d'enfants, et qu'il n'ait
point donné d'argent pour acquérir l'épis-
copat ; qu'il ail au moins passé six mois dans
le clergé ou dans un monastère, qu'il soit
instruit des dogmes de l'Eglise et des ca-
s'il veut y conformer sa vie. La peine de
celui qui était parvenu à l'épiscopat par
simonie, est la peiie de la dignité même
que l'on avait voulu acquérir, et de celles
que l'on possédait déjà. Ceux qui avaient
reçu de l'argent étaient obligés de le res-
tituer au profit de ri:t;lise. Que si l'on for-
mail opposition à l'ordination d'un évoque, ,
on ne j)Ouvait pas passer outre que l'on n'eût
examiné les motifs de l'opposition. Un évo-
que ne peut être absent de son diocèse au
delà d'un au. Si l'aliairc intéresse son église,
et demande ime plus longue absence, l'évo-
que la fera poursui%Te par quelqu'un de son
clergé. Il ne peut non pins venir à la cour
sans le congé de son métropolitain ni avoir
audience de l'Empereur qu'il n'ait aupara-
vant communiqué son affaire au patriarche
de Constantinople nu aux apocrisiaires de la
province. Pour ce qui est des prêtres et des
autres clercs, on ne doit point en ordonner
qui ne soient savants et de bonnes mceurs,
qui n'aient été mariés qu'une fois, qui
n'aient point do coniubiues ni de femmes
veuves pour épouses. Les diacnnc^ses, soit
vierges ou veuves, auront passé cinquante
ans; s'il ariiveque parquelque nécessité l'on
en ordonne (le plus jeunes, elles entreront
danstjnolipie ninnaslèi-e. Les autres demeu-
reront seules, ou avec leur père, leur fils ou
leùis frètes. Les clercs qui quitteront leur étal
et l'habit de la cléricalure, seront réduits à
sei-vir lesmagislrals dans leurs fonctions pu-
I>e. *L
siastiques ne pourrait être perpétuelle et
qu'elle serait liornée au preneur, à ses en-
fants et petits enfants ; qu'on pourrait rece-
voir en usufruit un bien ecclésiastique, h la
charge de donnera l'Eglise un immeuble de
nous, et qu'à son ordination on l'interroge pareil revenu, et que l'un et l'autre demeu-
reraient à l'Église après la mort de l'usufrui-
tier; qu'on pourrait hypothc-quer les biens
de l'Église généralement, mais non par hy-
pothèque spéciale; qu'il ne serait permis
d'aliéner les vases sacrés que pour la ré-
demption des captifs, et que les monastères
où il y avait des oratoires et des autels ne
pourraient être vendus, échangés ou donnés
pour être tournés à des usages profanes,
comme il s'était pratiqué en Egypte, nommé-
ment à Alexandrie et dans quelques autres
endroits de l'Empire.
5. Justinicn chargea les évêqucs de veil-
ler à l'exécution d'une loi qui regardait la
levée des Irihnls, et de déclarer les magis-
trats qui feraient leur devoir, et ceux qui ne
le foraient pas; voulant qu'après que la loi
qu'il avait donnée à cet etfet auiait été pu-
bliée, elle fût gardée dans l'Église avec les
vases sacrés, et gravée sur des pierres pour
être allichée aux portiques des églises, afin
que tout le monde en eût connaissance. Le
serment que tous les gouverneurs des pro-
vinces devaient prêter en entrant dans leur
chaigo portail oulr'antres, qu'ils jniaioni par
le Dieu toul-puissaint et son Fils unique
Notre-Seigneur Jésus-Christ, par le Saint-
Esprit et par la glorieuse Marie, mère de
Dieu toujcuns vierge, par les (pialre lOvan-
giles qu'ils tenaient en main, el par les
saints archanges Michel el Cîabriel, qu'ils
parderaioni lidélilé à l'empereur Juslinien
et à sa femme Théodora ; déclarant en outre
No.fl.
»>|. bi.
[VI' SIÈCLE.]
CHAPITRE XX. — .inSTIiNMEN, EMPHREUR.
qn'ilH communiquaient avec la Irès-saintc
Kfiliso lin Dieu catli(ilii|ue et a()ostoli([nc.
No«i.ix, Par une autre lui, co prince accorda à l'K-
y:liso romaine, le privilège (ruiiiî prescrip-
tion de cent ans, au lieu de trente, ([ue les
lois précédentes lui avaient donnée. Celte
prérogative s'étendait également à toutes
les églises d'Occident ; et Justinien l'avait
aussi accordée â celles d'Orient ; mais la
loi qu'il donna ;'i ce sujet fut abrogée depuis,
et il réduisit la prescription des iiiens de
l'Église à quarante ans. il avait fait bâtir
dans la Dardanie où il était né, une grande
ïi.p.g. -7. ville qu'il nomma la première Justinianà',
pour la distinguer des autres villes auxquel-
les il avait donné son nom. Il y établit un
évêché avec la qualité de métropole, sou-
mettant à l'archevêque de ce lieu, les deux
Dacies, la seconde Mysie, la Dardanie, la
province de Prévale, la seconde Macédoine
;vi,pig. 9f, (,[ ja seconde Pannonie. Soit que les lois
qu'il avait déjà faites pour retrancher le
grand nombre de clercs inutiles, et qui deve-
naient à charge aux églises et au peuple,
fussent mal observées, ou qu'il crût néces-
saire de prendre d'autres mesures pour dé-
charger les églises, il en donna une nouvelle
par laquelle il défendit d'ordonner des clercs
pour la grande Église en la place de ceux
qui mourraient, voulant qu'au cas que le
nombre s'en trouvât au-dessous de la fon-
dation ou du besoin, on en prît de cetix qui
étaient surnuméraires dans les autres égli-
^^ xiii,p.E. ggg_ j^jaus la Novi-lle où il traite des causes
de la dissolution des mariages, il en distin-
gue de deux sortes. Il appelle les premières
ex bona gratia, c'est-à-dire, de bonne volonté,
lorsqu'il est à présumer que les deux parties
consentent à la dissolution de leur mariage.
Il marque plusieurs cas où cela pouvait ar-
river. Les autres causes sont de rigueur,
parce que la dissolution s'en fait contre le
gré, ou pour le crime d'une des deux par-
ties, comme lorsque l'une ou l'autre sont
convaincues ou d'adultère, ou d'homicide,
ou de poison, ou de quelqu'autre crime de
cette nature. Un nommé Théodore, ayant
été envoyé à Constantinople par le concile
de Carthage de l'an 535, pom- demander à
l'Empereur la restitution des biens et des
droits des églises d'Afrique usurpés par les
ariens pendant la persécution des Vandales,
ce prince ordonna que toutes les terres
usurpées sur les églises d'Afrique leur se-
raient restituées, à condition de payer les
XI.
xixvir
fOI.
2.")7
tributs. Il défendit en môme temps aux lië-
r('li<pies de baptiser, et d'avoir ni maisons
ni lieux de prières, conservant à l'Églisf; de
Cartilage tons les droits et immunités dont
«;lle jouissait aiiticfois.
(i. Il permit à l'Église de la Résurrection
de la ville de Jérusalem, de vendre les mai-
sons qu'elle avait dans la ville, pour pouvoir
subvenir aux grandon iliqK'uses (pi'elie fai-
sait pour exercer rhos|)italit('^ envers les pè-
lerins qui y allaient de toutes les parties du
monde. Le concile de Constantinople, sous
Memias, en 536, ayant dit anathème à An-
thime, à Sévère, à Pierre et à Zoara, Justi-
nien confu-ma ce jugement par une consti-
tution, où il leur défendait d'entrer dans
Constantinople, ni dans aucune ville consi-
dérable. 11 ordonnait de plus que les écrits
de Sévère seraient brûlés, avec défense de
les transcrire, sous peine d'avoir le poing
coupé. La même loi portait défense à tous
hérétiques, principalement aux sectateurs
de Nestorius, d'Eutychès et de Sévère, de
troubler la paix de l'Église par des assem-
blées illicites, et l'administration illégitime
des sacrements. Ce prince trouvant qu'il
était assez dur aux enfants de se voir enle-
ver leur père et mère par la mort, sans qu'il
leur en coûtât encore de l'argent pour les
faire enterrer, pourvut aux frais des funé-
railles , en mettant certaines impositions
sur les boutiques de la ville de Constantino-
ple. 11 destina onze cents de ces boutiques à
fournir ces frais, mais il les exempta pour
cette raison de toutes les autres charges. Cha-
que lit, c'est-à-dire chaque corps, lorsqu'on
le portait en terre, devait être accompagné
de huit religieux qui précédaient le convoi,
en chantant des psaumes, et de trois aco-
lytes. Des onze cents boutiques, il y en avait
huit cents qui fom-nissaient les fossoyeurs
nommés doyens on lecticaù'es ; ou les tirait
de tous les corps de métiers à qui ces bou-
tiques appartenaient. Les trois cents autres
boutiques donnaient seulement de l'argent
pour les gages ou les honoraires des re-
ligieux et des acolytes qui faisaient les en-
terrements. Ainsi il n'en coûtait rien ans
parents, si ce n'est qu'ils voulussent d'eux-
mêmes ajouter quelques dépenses extraor-
dinaires pour faire les funérailles avec plus
de pompe. Il régla aussi la manière de
l'aliénation des biens de l'Église et du paie-
ment des dettes, et permit les échanges de
biens et les baux emphytéotiques entre les
n
N..»f|. XL,
1 If -.'1 1.
221, «c LU-,
pag. 2G0.
2o8
HISTÛIIIE GÉNÉRALl:: DES AUTEUnS ECa.ÉSIASTIQUES.
LU, |«S,
enlises, pounu que tout cela se fit ]iar un
déciel et avec connaissance des juges. Il
défendit do lien exiger des nouveaux clercs
pour leur entrée dans le clerfré de quelque
église que ce fiil, periiK^llant toutefois de
recevoir ce qu'ils avaient coutume de don-
ner, lorsqu'ils étaient admis au clergé de
la grande Église. Il ordonna que lorsque les
clercs quitteraient réglise qu'ils desservaient,
ils seraient dès ce moment privés des émo-
luments ordinaires, et que l'ou en ferait
jouir ceux qui seraient mis A leur place.
Quant aux fondateurs des églises, il ne veut
pas qu'ils puissent y mettre des clercs de
[JE.
UCTII, pair*
!8I.
causes qui regardent les religieux ou les re-
ligieuses ; déclare celui qui est fuit évoque,
soustrait à la puissance paternelle, et ordon-
ne que dans les matières civiles les clercs
seront traduits d'al)ord devant le tribunal de
l'évèque, et ensuite devant les juges laï-
ques ; que si c'est une cause criminelle, les
juges civils en connaîtront, mais qu'ils
ne pourront condamner le cou|)able qu'il
n'ait auparavant été déposé par son évoque,
h qui il appartiendra seul de connaître des
fautes des clercs, lorsqu'elles ne mériteront
que des peines ecclésiastiques. Il donne
aussi pouvoir aux évêques d'obliger les ju-
leur autorité : seulement il leur accorde le ges de rendre justice aux parties, et déjuger
droit de les présenter à l'évèque. Four ré-
primer les entreprises des schismatiqnes, il
fit défense de célébrer le saint sacrifice <i
Constanlinople dans les oratoires des maisons
particulières, sinon par des clercs députés
par lo patriarclie de cette ville, sous peine
de confiscation de la maison où l'on aurait
offert le sacrifice. Il y a une constitution
particulière pour rfiglise de Mysic, qui porte
permission à cotte Eglise de vendre les ter-
res, les maisons et les vignes, dont les reve-
nus n'avaient point été destinés ù certains
usages par les donateurs.
7. Par une autre loi do l'an .538, Justinien
défendit de bâtir aucune nouvelle église,
avant que l'évèque eût fait sa prière au lieu
destiné, et qu'il y eût planté la croix en pro-
cession, poui' rendre la cliose publiipie, et
avant que le fondateur fût convenu avec
l'évèque du fonds qu'il voulait donner pour
le luminaire, les vases sacrés, et l'entretien
des ministres. Celui (|ui rétablissait une an-
cienne église tombant eu ruine, passait pour
fondateur. La même loi règle la manière
dont se devait faire l'alii-nation des biens de
l'Eglise, et défend aux économes d'envoyer
aux évoques non résidants dans leur dio-
cèse, de quoi subsister à Cunstautinople,
s^ils y font un séjour de plus d'une année.
1 Ce prince en donna une aulie pour intorpn:-
ter celle qui dii^Mulail aux njoiues de dis-
poser de leurs biens en faveur de ceux qui
étaient entrés en religion avant que cette
loi IVil publi(;e. Il déclare valables les dona-
tions faites avant la publication de celle Lu ;
et nulles toutes celles <pii se sont faites de-
même, quand les juges seront suspects. Par
une loi de l'an 541, il ôte aux femmes hé-
rétiques le privilège d'être préférées aux
autres créanciers du mari, pour la répéti-
tion de leurs dots ; et par une autre de la
même année, il compte l'bérésie entre les
causes légitimes que les parents peuvent
avoir de déshériter ceux qui„ étant catholi-
ques, auraient eu droit à leur succession. Il
y en a une autre qui abroge la Novcllc par
laquelle il avait accordé cent années de
prescription. Il la réduit à quarante, à ciiuse
de la dillicullé qu'il y aurait de trouver des
témoins pour un si long espace de temps.
Quoiqu'il eùl déjà donné plusieurs consti-
tutions au sujet de l'aliénation des biens de
l'Église, il en donna une nonvelle, où il
traite des diverses manières dont ces biens
peuvent être aliénés, mis en emphytéose,
donnés à loyer, et hypothéqués.
8. Nous avons trois autres lois de l'an
Sil ; la première, qui est du 20 février,
regarde l'ordination des évêques. Il y est dit
que lorsqu'il s'agira de l'élection d'un évo-
que, les clercs et les premiers de la ville s'as-
sembleront et choisiront trois personnes;
que par le décret d'élection ils feront ser-
ment sur les saints Évangiles, qu'ils ne les
ont choisis par aucune vue d'intérêt , mais
unicjucnieut à cause de leur mérite ; que le
consécraliMir choisira l'un des trois, qu'eu-
suite il lui fera donner sa profession de foi
par écrit, puis réciter la formule de l'obla-
tiou, celle du baptême et les autres prières
solennelles, que l'iUn devait apparemment
savoir par cœur ; qu'il fera aussi serment
NoTfl.Lll^l, i
ita.iii
nmii
ft-
iat.
ixm..
i-r.
3tl.
eu
i»'-
Sio.
III, ptg. l?'..
tut, pi'i
311.
puis, posant pour principe que l'on se dé- de n'avoir rien donné ni promis pour être
pouille du domaine et de la propi'iélé de évèque ; que s'il arrivait qu'on l'accusai, le
son bitui par la professinn niuna^liqne. 11 cousécraleur serait obligé de faire droit sur
renvoie aux évêques la connaissance des l'accusation, et même de poursuivre d'ollice
il cxAti,
[Vl" SIÈCLE.]
l'infornialion dans trois mois, si l'accusateiir
sf! (h'sistait. Il est ordonne par la môme loi
(le tenir tons les uns des conciles au mois de
juin ou de septembre, pour y traiter toutes
les mali^res eccUSsiastiques. Hors le temps
des eonciles, l'évéquc peut être accusé de-
vant le métropolitain, et les clei'cs et les
moines devant révè([ue. La seconde loi est
du ISniars: elle porte que les décrets des
quatre conciles généraux de Nicéc, de Cons-
lantinojile, d'Kplu'sc et de Chalcédoine au-
ront la même force que les saintes Ecritures,
et tiendront lieu de loi; que le Pajie est le
premier de tous les évêqnes, et après lui,
révè([uc de Constantinoi^le. Elle maïqne la
juridiction do l'évéque do Justiiiianée sur
ceux de Dacie, de Prévale, de Dardanie, de
Mysie , de Pannnnie , comme vicaire du
Saint-Siège, suivant la détiuition du pape
Vigile ; et ajoute que l'évéque de Carthage
et les autres évèquos jouiront des privilèges
attachés à leurs sièges ; que leurs biens se-
ront exempts des impositions extraordinai-
res ; qu'on ne pourra leur opposer que la
prescription de quarante ans ; que les legs
faits h Dieu tourneront au proflt de l'église
du domicile du testateur; que l'évéque sera
en droit de les faire exécuter; qu'ils ne se-
ront point sujets à la quarte falcidie, c'est-à-
dire à la quatrième part que l'héritier insti-
tué pouvait retenir sur les legs faits par le
testateur; et que les administrateurs d'hôpi-
taux seront mis au rang des tuteurs, et su-
jets aux mêmes lois. Elle ordonne encore
que celui qui a commencé à bâtir une église
ou une chapelle sera obligé de l'achever,
mais elle défend aux hérétiques d'en bàlir et
aux particuliers de leur vendre des biens où
il y a une église ou une chapelle bâtie, et
aux évèques de tester du bien qu'ils ont ac-
quis depuis qu'ils sont élevés à l'épiscopaî.
y. La troisième loi, qui estplus ample que
les précédentes, est datée du 1" mai. Après
avoir répété ce qui avait été réglé sur les
ordinations des évèques, elle ajoute que ce-
lui que l'on choisit pour l'épiscopat ne doit
pas moins avoir que 33 ans ; qu'on peut
élire un laïque à condition qu'il sera clerc
pendant trois mois, pour s'instruire avant
son ordination de la discipline ecclésiastique,
et de tout ce qui appartient au ministère
quotidien de l'Église, n'étant pas convena-
ble que celui qui doit enseigner les autres
reçoive des leçons après son ordination.
Elle permet qu'au cas que l'on ne 'trouverait
CHAPITRE XX. JCSTIXIEX, EMPEREUR.
239
pas trois personnes qui eussent les qualités
requises, de n'en choisir qu'une on deux,
voulant que si ceux (pii ont droit d'élire ne
font pas leur décret dans six mois, l'élection
soit dévolue â celui qui a droit de faire l'or-
dination. Celui qui aura été ordoimé contre
ces Wvules, sera chassé du siège épiscopal,
interdit pour un an , et ses biens confisqués
au profit de l'église dont il aura été élu évé-
qnc. S'il se trouve que celui qui aura formé
o[)position à l'élection d'un (■vôque soit con-
vaincu de calomnie, il sera hanui de la pro-
vince où il avait son domicile. Elle défend
la simonie, sous peine de déposition, tant
pour celui qui donne que pour celui qui re-
çoit ou qui sert d'entremetteur, s'ils sont
clercs; et de confiscation de la somme au
profit de l'Eglise. S'ils sont laïques, ils paie-
ront le double A l'Église ; et toute promesse
faite à cet égard sera de nulle valeur. La loi
peiniet néanmoins de donner pour la consé-
cration, suivant les anciennes coutumes, et
non au delà. Le Pape et les quatre patriar-
ches de Constanlinople, d'Alexandrie, d'Au-
tioche et de Jérusalem, pourront donner aux
évèques, et aux clercs, à leur ordination,
vingt livres d'or; les métropolitains et les
autres évèques cent sous d'or, et trois cents
au notaire et autres otUciers de l'évéque
consécrateur. Les clercs pourront aussi don-
ner, selon la coutume, aux ministres de l'é-
véque, de qui ils reçoivent l'ordination,
poLirvu que la somme n'excède pas le revenu
d'une année. Voilà l'origine des Annales.
Celui cpii est ordonné évêque se trouve par
cette dignité atfranchi non-seulement de
toute servitude, mais aussi de la puissance
paternelle. Il ne peut être tuteur, et ce pri-
vilège est eucore étendu aux moines; mais
les prêtres et les autres clercs peuvent l'être,
s'ils acceptent la tutelle volontairement. Ils
ne peuvent néanmoins prendre des fermes
ou des commissions, ni se charger d'aucune
atiaire temporelle , si ce n'est pour les égli-
ses : ni s'absenter de celle où ils servent qu'a-
vec des lettres de leur métropolitain. Il leur
est encore défendu de quitter leur ministère,
pour reprendre l'état séculier, sous peine
d'être privés de toutes charges et dignités, et
d'élre assujettis au service des villes. Défense
aux évèques et aux clercs de jouer ou regar-
der jouer aux tables, c'est-à-dire, aux dés,
ou d'assister a aucun spectacle, sous peine
de trois ans d'interdit. Il n'est permis, pour
quelque cause que ce soit, d'appeler les
260
HISTOIRE (JKNÉUAL UKS ALTKUHS ECCLÉSIASTIQUES.
évoques à comparailre malgré eux devant
les juges séculiers. Si deux évêques d'une
même province ont ensemble quelques dif-
ficultés, lisseront jugés par le mélro|iolitain
assisté des autres évêques de la province,
et pourront en appeler au patriarche seule-
ment. Il en sera de même si un particulier
clerc ou laïque a une allaire contre son évê-
que. Le métropolitain ne pourra être pour-
suivi que devant le patriarche. Les clercs et
les moines en matiéie civile, seront d'abord
poursuivis devant l'évêque, et au cas que
les parties acquiescent au juicemcnt, il sera
mis à exécution par le juge du lieu. Si l'une
des parties réclame dans dix jours, le juge
examinera la cause ; s'il continue la sentence
de l'évêque, son jugement sera sans appel;
s'il l'infirme, il sera permis d'en a])ppler
suivant la coutume. En matière criminelle
il sera au choix de l'accusateur de poursui-
vre les clercs devant l'évêque ou devant le
juge séculier. S'il s'adresse d'abord à l'évê-
que, après que l'accusé aura été convaincu
et déposé, le juge séculier le fera prendre,
et le jugera selon les lois. S'il commence par
le juge, l'accusé étant convaincu, le juge
communiquera le procès à l'évêque, qui dé-
posera l'accusé s'il le trouve coupable, afin
que le juge séculier le punisse suivant les
lois. S'il ne le trouve pas convaincu, il ditlé-
rera la dégradation, l'accusé demeurant en
état, et fera conjointement avec le juge rap-
port du procès à l'Empereur. Pour ce qui esl
des causes ecclésiastiques , les juges sécu-
liers n'en doivent pas connaître. C'est aussi
devant l'évêque que l'on doit poursuivre les
économes des églises et les administrateurs
d'hopiiaux pour eu qui regarde leur Jliarge;
mais il leur est permis d'appeler de l'évêque
au métropolitain, et ensuite au patriarche :
c'est que ces économes et ces administra-
teurs étaient clercs. Les évêques députés et
les apocrysiaiies des églises qui foui leur ré-
sidence dans la ville royale, ou auprès des
métroiiolitains et des patriarches, ne peu-
vent être poursuivis pendant le temps de
leur députation, suivant le privilège accordé
à tous ceux qui sont chargés d'allaires publi-
ques. 11 n'est point permis de tirer les moines
ni les religieux de leur monastère pour com-
parailre devant lesjuges; ils doivenlse défen-
dre par procmeur. Défense aux clercs d'a-
voir des femmes étrangères, et aux diaco-
nesses de deuHîurer avec des hommes sus-
pects, et aux laïques defuùe des processions
sans la présence de l'évêque et de son
clergé, et sans les croix de l'Eglise. Le
reste de cette loi qui est composée de qua-
rante-quatre chapitres regarde les religieux
et les religieuses. L'abbé doit être élu, non
pour sou antiquité, mais pour sa vertu, et il
doit être choisi par les moines les plus sa-
ges, qui feront serment sur les saints Evan-
giles (le n'avoir aucun égard dans leur élec-
tion à l'amitié particulière, ou à quelqu'au-
Ire motif de cette nature, et de n'avoir en vue
que le bien du monastère et le maintien de
la discipline. Celui qui se présente pour être
religieux ue doit en recevoir l'habit qu'au
bout de trois ans, après lequel temps per-
sonne ne pourra |)lus le répéter. Les moines
doivent demeurer tous dans un même lieu,
mais coucher dans des lits dillerents. S'il y
a des vieillards ou des infirmes, ils pourront
avoir des cellules séparées, éloignées de la
demeure commune. La même chose devra
s'observer dans les mouastères de filles ;
elles auront aussi leurs monastères séparés
de ceux des moines. Si l'on fait un legs ou
une donation à une personne, à condi-
tion de se marier ou d'avoir des enfants,
cette condition sera censée accomplie par
l'entrée dans la cléricature ou daus un mo-
nastère. Les biens de celui ou de celle qui
entre dans un monastère, appartiennent de
droit au monastère, à l'exception de la légi-
timité des enfants s'ils en ont. L'entrée en
religion résout les fiançailles en rendant les
arrhes, et même le mariage en rendant à la
femme ou au mari ce qu'on en aura reçu. Dé-
fense aux parents de tirer leurs enfants des
monastères, ni de les déshéi'iter pour y être
entrés. Les ravisseurs des religieuses ou
des diaconesses, seront punis de mort, et
leurs biens appliqués à l'église ou au mo-
nastère. Si un moine passe de sou monastère
à un autre, il ne pourra en rien emporter, et
sera puni par l'évêque. Il est défendu à tout
laïque, princi[>alement aux gens de théâtre
de piendre l'habit de religieux ou de re-
ligieuses par dérision, sous peine d'exil et
de pujiition corporelle. Les religieuses peu-
vent se choisir un prêtre ou un diacre
pour gérer leurs all'aires ou leur porter la
sainte conununion, pourvu que l'évêque de
qui elles dépendeut l'ait approuvé couune
étant d'une fui pure et de bonnes mœurs ;
mais il ne sera [luinl permis à celui qu'elles
auront choisi de deiueurer daus le monas-
tère.
rvi° SIKCLK.
CIIAPITRK XX. — JFSTIMEN, EMPEREUR.
201
Nov. r.tniii
Cf qu'il ; a
du rennniiia-
lile tliin5 le
Code de J)i>-
lîn.^n sur 1rs
niatière> ccclc-
Sl^ïliqucs.
10. Jiistinion dnnno ciumuc iino loi pour
le lion pnuvoninnent dos monastères, dans
laqnp[le il lôpoio une partie dos r(''j;lciuents
qu'il avait dôji'i faits dans les précédentes.
r,ollo-oi dt'IVnd aux moines de sortir de lonr
monasiore, et aux SL^culiers d'y entrer, vou-
lant qn';\ cet otVet l'abbé mette à la porte dos
anciens moines d'une probité connue pour
enipoclier l'un et l'autre. Elle leur défend
d'avoir rien en ]in)pre, et veut qu'après (pi'ils
auront récité tous ensemble r()liic(^ divin, ils
s'emploient à la lecture de l'Écriture sainte.
Kilo interdit l'entrée des monastères des
femme* aux liommcs sous quol([ue pr('texte
que ce soit, et aux femmes l'enirée des
monastères des hommes. Elle excopte le cas
de sépulture dans les monastères de filles,
permettant d'y faire entrer des fossoyeurs
à condition que les religieuses ne paraîtront
point devant eux, et qu'ils seront reçus ;\ la
porte et reconduits parl'abbesse avec la por-
tière. Elle enjoint k ceux qui sont cliarg-és
des monastères de veiller au maintien du bon
ordre et de la discipline. Elle règle aussi les
pénitences, voulant qu'on les proportionne
aux fautes, et peimettant de cbasser les in-
corrigibles. Ce prince défendit les assemblées
particulières des hérétiques, sous peine de
confiscation des maisons au profit de l'Eglise.
Il rétablit l'ancien usage des divorces par le-
quel il était permis aux personnes maii('es
de se séparer d'un consentement mutuel,
sans aucune autre formalité, en se donnant
toutefois l'un et l'autre un libelle de divorce.
Il défendit sous des peines très-rigoureiises
de faire des eunuques, et parce qu'on ne le
faisail que pour les vendre plus chèrement,
il déclara libres tous ceux qui auraient souf-
fert celte injure. Il accorda aux Juifs, ou,
comme porte le texte, aux Hébreux, la per-
mission de lire la Bible en hébreu et en latin
suivant l'hébreu, mais il leur défondit de se
servir d'une autre version que de celle des
Septante ou de celle d'Aquila. Quanta ceux
qui étaient de la secte des sadducéens , il
leur défendit de tenir aucune assemblée,
parce qu'ils onseinnaient qu'il n'y aura ni
résurrection ni jugement. Il parait qu'il les
accusait aussi de croire que ce n'était pas
Dieu, mais les anges qui avaient formé le
monde et tout ce qu'il contient.
11. Les Aoivllcs de Justinien réglaient,
comme on vient de le voir, presque toute la
discipline ecclésiastique de son temps. Il lit
plus dans le premier livre de son Code, où il
s'oxplii|uo sur les principaux points de doc-
lriu(ï de l'Eglise calholiqiro. coiutnençant par
ce que l'on doit croire sur la Sainle-Tririité.
Il prend pour règle le symbole de Nicée, or-
donnant do chasser tous ceux qui pensent
coiitrairoment i\ co symbole, et do rendre les
('•glises h tons les évoques qui (Mi prfifessent
la foi, suivant en cela les lois faites sur ce
sujet par les empereurs Gratien, Théodose,
\alontinieu ot ses autres prc'dé-cossein-s. Il
ordonne do brûler les livres do Porphyre con-
tre la religion chrétienne, et ceux de Nesto-
rius contre le mystère de l'Incarnation. Il dit
auathome à Nestorius, à Eutychès, .'i Apol-
linaire et ù leurs sectateurs ; et pour donner
des preuves de sa catholicité, il fait une pro-
fession de foi qui est en eQet orthodoxe, mais
il ne s'explique que sur la Trinité et sur l'In-
carnation, parce que c'étaient alors les ma-
tières les plus contestées. Quoiqu'il eût com-
battu autrefois la propositiofi des moines de
Scylhie : Un de la Trinité a souffert, il l'a-
dopte ici, en reconnaissant qa'iin de In Tri-
nité, le Verbe de Dieu, s'est incarné. Mais il
ne l'emploie que dans l'Exposition de sa foi
au pape Jean. Il y fait profession de recevoir
l'autorité des quatre conciles généraux, en
la manière que l'Église romaine les recevait.
Il traite ensuite des privilèges, des biens et
des droits des églises. Sur quoi il rapporte
les ordonnances de ses prédécesseurs. Puis
il passe à ce qui regarde les évéqties et les
autres clercs, les administrateurs des hôpi-
taux, les moines, rapportant sur chacun ce
qui en avait été ordonné par les empereurs,
et ce qu'il en avait dit lui-même dans ses
liescrits. Dans l'un de ces rescrits daté du
i" mars de l'an 328, adressé à Atarbe, il or-
donne qu'à la vacance du siège épiscopal les
habitants de la \ ille choisiiont trois personnes
dont la foi et les mœurs soient connues, afin
que l'on choisisse le plus digne ; que l'élu
ne doit avoir ni enfants ni petits enfants, de
crainte que les soins de sa famille ne le dé-
tournent du service de Dieu et de l'Église, ou
qu'il ne tourne au profit des siens ce qui a
été donné pour les pauvres ; fpi'il ne sera
point permis aux évéqucs de disposer par
testament, donation ou autrement, des biens
qu'ils auront acquis depuis leur épiscopat, si
ce n'est qu'ils les aient eus par succession
de leiu's père et mère, oncles ou frères ; qu'en
ce cas, tout le reste appai-liendra a leur égli-
se, étant visible que ceux qui lui ont donné,
l'ont fait en considération du sacerdoce;
Lih. I Cod.
m. 3 De
Episc. les- »2,
pag. 46.
262
HISTOIRE GÉNÉRALE DKS
im.hfK},
qu'après la mort des évoques les économes
rendront compte de ce qu'ils auront laissé
afin de l'appliquer au profil des églises; que
ces économes rendront compte chaque an-
née ù l'évèque, et que s'ils meurent avant
de l'avoir rendu, leurs héritiers en seront
tenus ; que les administrateurs des hôpi-
taux ne poujTont disposer de ce qu'ils auront
acquis pendant le temps de leur administra-
tion; que tous leurs acquêts appartiendront
aux hôpitaux qui, avec l'excédant des reve-
nus n(''cessaircs pour l'entretien de ceux qui
sont nourris, seront employés à acquérir de
nouveaux fonds. Ce prince défend de rien
prcndi-e pour les ordinations de tous les mi-
nislros de l'Eglise, évèques, chorévècpjes, vi-
siteurs, prêtres, etc., non plus que pour l'é-
tablissement d'un économe, défenseur de
l'Eglise ou administrateur d'hôpital, sous
peine à celui qui aura donné ou reçu à ce
sujet, d'être déposé ou privé de sa charge.
Il veut que tous les clercs chantent dans
chaque église les offices de la nuit, du matin
et du soir, c'est-à-dire les Mutines, les Lau-
des et les Vêpres, n'étant pas convenable que
les clercs consument les biens de l'Église sans
rien faire, et qu'ils portent le nom de clercs
sans en faire les fonctions. Il dit qu'il est ab-
surde que les clercs obligent des mercenai-
res à chanter à leur place, tandis que plu-
sieurs laïques assistent aux offices par dévo-
tion, et ordonne à l'évèque de chasser du
clergé ceux qui ne seront pas assidus au ser-
vice pour satisfaire à l'intention des fonda-
teurs.
12. Le second rescrit qui est adressé h.
Lpiphane, patriarche de Constantinople, et
daté du 21 lévrier, regarde la résidence des
évoques. Comme leur absence était cause
que le service divin se faisait négligemment,
que les églises était moins bien gouvernées,
et qu'ils consumaient en frais de voyages
leurs revenus , l'Empereur ordonne à Épi-
phane de notifier à tous les métropolitains
de sa ([('-pendance, que ni eux ni les évèques
d(! leurs provinces ue quittassent point leuis
églises pour venir à Constantinople sans un
ordre particulier de la cour, quelque atlaire
qui survint ; mais qu'ils eussent à envoyer
un ou deux de leurs clercs pour déclarer les
raisons qu'ils auraient de venir en cette ville.
« Si nous trouvons, ajoute Justinien, que
leur piésence soit nécessaire ici, nous leur
oi'donnerons de venir. Celui qui conticvicu-
dr.i encourra notre indignation et ser;i ex.
AUTEUHS ECCLÉSIASTIQUES.
communié par vous, si c'est un métropoli-
tain, et par son métropolitain s'il n'est qu'é-
vcque. Nous ne leur imposons point de pei-
nes pécuniaires, de crainte que le dommage
ne retourne sur les églises. » Il y a ensuite
d'autres lois qui regardent la séparation des
monastères d'hommes d'avec ceux dcsUlles,
les enfants des prêtres, les diacres et les
sous-diacres, lesdonation< pour causes pieu-
ses, l'élection et la confirmation d'un abbé
ou d'une abbesse, l'enlèvement des filles,
veuves ou diaconesses consacrées à Dieu et
plusieurs autres matières (|ui concernent la
juridiction ecclésiastique. Il ordonue.de dé-
poser un évoque qui aura réitéré le bap-
tême, et rapporte sur cela les lois d'Honorius,
de Théodose et de Valentinien, de même que
sur la défense aux chrétiens de contracter
des mariages avec les Juifs et de graver ou
peindre le signe de la croix sur la terre, sur
un caillou ou sur le marbre. Il maintient les
immunités ecclésiaslitjues, et le di'oit d'a-
sile dans les églises, conformément aux an-
ciennes lois de ses prédécesseurs.
13. En oi6, il y eut à Constantinople quel-
ques difl'érends au sujet du jour de Pâques.
Le peuple, persuadé que ce devait être le
premier jour d'avril, fil le dernier jour gras
le dimanche 4 février, car les Grecs com-
mençaient leur abstinence après le dimanche
que nous appelons la Sejsagésime, et qu'ils
nommaient le dimanche gras. Mais l'Empe-
reur, mieux informé, ordonna que l'on vendit
encore de la chair toute la semaine jusqu'au
dimanche suivant, 11 février, ti cause que
Pâques ne devait être (pie le 8 avril. Les bou-
chcr< tuèieut et étalèrent, mais personne
n'acheta ni ne nuingea de vinnde.On célébra
toutefois la Pâque au jour que Justinieu l'a-
vait ordonné, et il se trouva que le peuple
avait trop jcinui d'une semaine. Ce qui en-
gageait les Grecs à coniuiencer le Carême
api'ès le ditnanchc de la Sexagésime, c'est
qu'ils ne jeûnaient point les Samedis non
jiIms que les tlinjaiulies, excepté le Samedi-
Saini. Mais |)euilant toute la semaine de la
Sexagésime, leur abstinence ne consistait
que dans celle de la chair; ils man'jeaient
des luita^^es et des (i>ufs, nu lien que depuis
le dimanche de la (Juinquagésime, ils s'abs-
tenaient non-seulement des œufs et des lai-
tages, mais encore du poisson et de l'huile.
Ainsi ce n'était jji-opicmeiil ipi'en celte .se-
maine qu'ils eommenraieiit le jeune rigou-
reux du C.iièine.
C« qu'il fdit
ta «ujrl d<i
Ctrtme.
Tl.i-oir In
Clirf>n'>Er> ^"1
nn. 5a6, J Ri'.
[Vf SIÈCLE.) CHAPITRE XX. — JUSTIXIEX, KMI>KRRUR.
263
iU< JustiiiPII.
S> n<or[ cQ
14. Nous avons plusieurs autres t'crits de
rpinpcrcur Justiiiicu ', .«avoir, un long /ùlit
cimtre Orit/èiw, un .■uitre pour la coniiauina-
tioii lies '/'rois-C/iapilivs, adressé en forme do
lellrc et de confession de foi i\ toute l'IOglise.
Cet édit soutlVit de li-ès-grandcs dillicullés,
parce qu'un grand nombre d'évèques refu-
sèrent d'y souscrire, dans la persuasion que
c'i'tait contrevenir au concile deCliakédoiue.
De ses deux lettres, l'une est au concile de
Constantinoplc sous Mcnnas, et l'autre au
concile tenu en la même ville contre les Trois-
Cliapitres. Les liistorieus du temps - ont tlit
de ce prince qu'au lieu de s'appliquer à la
guerre dans le temps qu'il en ('tait besoin
pour coni|uérir l'Italie, il employait la plus
grande partie de son temps à exaujiuer les
dogmes des chrétiens, à de vaincs spécula-
tions et à des curiosités sur la nature divine ;
qu'il passait une partie des nuits avec les
plus vieux évèques à feuilleter les livres qui
regardaient la religion. Sa curiosité le lit
tomber dans l'erreur des incorruptibles, et il
donna sur ce sujet un édit ^ où il disait que
le corps de Jésus-Cluist, dès sa naissance,
n'était susceptible d'aucune altération, pas
même par les passions naturelles comme
la faim et la soif; de manière qu'avant sa
mort comme après sa résurrection, il man-
geait sans aucun besoin. Ce prince mourut
la quarantième année de son règue, l'an
366, âgé de 8i ans. Il fit bâtir ou réparer
(iS églises, tant h Constanlinople que dans
l'Asie Mineure et les autres parties de l'Em-
pire, 10 hôpitaux et "23 monastères. Les Grecs
font nii'uioire de lui dans leur Mcnoluf/n au
2 août. Ses lois, ses édits et ses lettres sont
d'un style grave et majestueux. Nous aurons
occasion de ]i:iiler encore de lui en faisant
riiistoire du cinquième concile général tenu ,
à Gonstantinoplit en 533.
13. [Le tome LXL\ de \a l'alroloijic latine ' ■in™ .ic
contient avec plusieurs autres écrivains, les "'""■
écrits suivants de Justinieu : 1° le livre con-
tre Oriiji'iK en grec et en latin; 2° la Confes-
sion de la véritable foi contre les Trois-Cliapi-
trcs; 3° la lettre au saintsynode contre Théo-
dore des Alopsueste ;i" la lettre contre les dé-
fenseurs de ce dernier. Les autres écrits re-
hgieux de Justinieu, ses Nouelles, sont dans
le tome LXXII de la l'airologie latine au sup-
plément du VI' siècle. Le tomeLXXXVI de la
Palruluyie y!-er(ji/e, col. 943-1132, renferme
une notice sur Justinien d'après Cave, le
traité contre Origène, l'épître contre Théo-
dore de Mopsueste, la constitution contre
Anlhime, Sévère, Pierre et Zoara, d'après
Mansi ; le traité contre les Monophysites d'a-
près Mai, un fragment de l'épître à Zode, pa-
triarche d'Alexandrie, u'aprèsMaï, un décret
de Justinien à l'abbé du mont Sinaï, d'après
Tischendorf. Toutes ces pièces de Justinien
sont reproduites en grec et en latin.]
' Le tome VII Scriptor. vêler, collectio de M.iï,
pap. 292-315, contient en prec le traite de .lustinien
contre les Monophysiles. Ou y remarque un ëtla-
taiit témoi;.'nage sur l'ortliodoxie ijerpétuelle des
poutifes romain?, taudis qu'au eoutraire il y a eu tant
dbérétiqut'3 sur les autres sièges pitriarebaux. Le
voici en grec : xXXi. -i^v ô.^Ôtiv y.'/l kX-nOu-if/ /J.;y.pl
STJ/«^«ï oispiÀscfav (?i)|ày, pag. 304. Cet opuscule, dit
Jl.Bonuetty, est eu outre précieux parle grand nom.
lire de passages inédits des l'ères qu'il nous fait
connaître. {L'e'diteur.)
2 Procop., lib. 111 De Belle Goih., cap. xxxv et
xxxiu : et Anecdol., cap. xvui.
3 Evagr. lib. IV, cap. xxxix, et TheopUan., ad
an. 536, pag. Ifi2.
26-4
HISTOIHE GKNÉllALli: DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE XXI.
Dacins, évêqne de Milan; Justinien et Jnsto, évêqnes d'Espagne; Aprigins, évêqne
de Badajoz, [écrivains latins] ; Arétas, évêqne de Césaréc ; Agapet,
diacie de Constantinople , Constantin le diacre.
[Écrivains grecs, vers l'an 535.]
Daciu», l'T.*.
qus de MlliQi
Dal. ci['. IV.
Tom. I An.
lut., \t£, 1 et
1. Ces évêques se rendirent recomman-
dables sous le règne de Justinien. Dacins,
évêque de Milan, se tronva à Constantinople
vei-s l'an 530 , lorsque le pape Vigile con-
vint avec ce prince que personne n'entre-
prendrait rien au sujet des Fnts-C/inpitrcs,
jusqu'à la décision du prochain concile; il
fut même témoin de cette convention avec
Mennas de Constantinople, Théodore deCé-
sarée et quelques autres évêques grecs et
latins. On rapporte de lui qu'étant à Corin-
tlie il délivra une maison des spectres que
les démons y faisaient paraître et qui la ren-
daient déserte. Ce fut à lui que Cassiodore
s'adressa pour distribuer des vivres au peu-
ple dans un temps de famine. On lui attribue
une CAroni^w des événements remarquables
arrivés à Milan. Elle n'a point encore été
imprimée. Mais don Mabillon, curieux desa-
voir si elle était véritablement de Dacius, et
ce qu'elle contenait, fit écrire sur cela au bi-
bliothécaire de l'Église métropolitaine, qui
répondit que cette Chronique était écrilc sur
un parchemin; qu'elle était de six cents ans;
qu'elle n'était pas toute d'une même main
ni d'un même auteur; que la première par-
tie était de Landufle-l'Ancien , la seconde
et la troisième de Landulle-le-Jcune : d'où il
était évident que Dacius n'en était point au-
teur ; que l'on trouvait toutefois son nom ;i la
tète de cette Chronique, mais d'une main ré-
cente ; qu'il n'y était fait aucune mention de
la famine arrivée sous le pontificat du pape
Silvérius, qu'elle n'allait pointan delùdu viu°
siècle, et finissait au xi' , à l'an 1067.
2. Justinien fui, selon Isidore de Séville,
évoque de Valence en Espagne, sous le rè-
gne de Théodius, vers l'an 535. Il avait trois
frères nés de la môme mère que lui, (pii fu-
i-idor. D« rent tous évêques et autcuis. 11 écrivit un
iitt'^.Iitrl'iî! traité ou un livre contenant diverses lépon-
iofl'olMI,
. ..'.lue de Vl-
irnee.
ses aux questions d'un nommé Rustique;
dont la première était sur le Saint-Esprit; la
seconde contre les bonosiaques qui ensei-
gnaient que Jésus-Christ n'était Fils de Dieu
que par adoption, et non par nature. Il faisait
voir dans la troisième réponse qu'il n'est
point permis de réitérer le baptême de Jésus-
Chrisî; et dans la quatrième la distinction
qu'il fallait faire du baptême de saint Jean
d'avec celui de Jésus-Christ. La cinquième
était pour montrer que le Fils est invisible
comme le Père. Cet ouvrage n'est pas venu
jusqu'à nous.
3. Mais nous avons le Commentaire que
Juste son frère, évêque d'Urgel, a fait sur le
Cantique des cantiques, dans lequel il donne
d'une manière très-claire et très-suivie le
sens spirituel de ce livre. Il en fait lapplica-
lion h Jésus-Christ et à son Église, que Salo-
mon représente sous les termes d'époux et
d'épouse. En expliquant ces paroles : Ceux
qui gardent les murailles m'ont enlevé mon w
manteau, il dit cfuc cela s'est accompli quand
les ennemis de la vraie foi ont démoli en-
tièrement les églises ; qu'ils ont bmié les
aidels avec les saints évangiles et les autres
livres canoniques; qu'ils ont mis en prison
les prètics du Sciuncur, ou qu'ils les ont
condamnés aux mines; el lorsqu'ils ont ôté à
l'Eglise le moyen d'otl'rir le sacrifice, de
baptiser cl de donner la communion aux fi-
dèles. Il mai(|ue en un autre endroit qu'en
renaissant en Jésus-Chrisl dans le baptême, le
péché originel qui nous es! communiqué par
la gi'néralion, est effacé. Juste compte deux
cents versets dans le Canlicjue des cantiques;
ce qui fait voir qu'il n'était point divisé
en chapitres dans les exemplaires dont il so
servait. On Irouveun évêque di-ce nom dans
le second concile de Tolède, et on ne doute
point (jue ce ne soit celui dont nous parlons.
qae dTifol.
Tom. IX
Bltil. l'st l^ag.
-31.
Il,,l, |Jg.
Tv.
[vi* SIÈCLE.] CHAPITRE XXI. — DACIUS, KVftQUE DE MILAN, ETC.
26S
Son C(n)iinenlairc(u\. iiuprimé ii Ilagiicnaii en
lo20, d'où il csl passé clans \csOrtfinduj:ogra-
p/tcs, puisilaiis le tome ix° de la liUilinthèque
des Pcirs de Lyon. Il y en a aussi niio édition
i\ Haie en Saxe, en 1G17, par Georges Hosliiis,
qui y a joint ileiix lettres sous le nom île
Juste, l'une ;iu pape Scrgiu.s ; et l'antre ii
Juste, diacie, qui l'avait engagé à compo-
ser ce Cominentuire. La prcuii('>re doit être
regardée comme supposée, puisque le pape
Scrgius à qui elle est adressée n'occupa le
Saint-Siège que sur la fin de l'an C.S7, plus de
cent ans après la mort de Juste d'Urgel.Dans
leSpicilége de don d'Achéry, où cette lettre
se trouve ', elle est inscrite : Au pape Si/rga,
qui est apparennnent le même que Sergius.
L'auteur y dit ([u'il lui envoyait un Commen-
taire qu'il avait fait depuis peu sur le Canti-
que des cantiques. Les deux autres frères de
Justinien se nommaient Nébride et Elpide.
On "ne sait d'où ils étaient évêques, ni sur
quel sujet ils avaient écrit. On voit un Né-
bride, évèque d'Égar , dans le second con-
cile de Tolède.
4. Aprigins, évêquc de Badajoz, ville de
l'Espagne dans l'Estramadure , homme sa-
vant et éloquent, fit, vers l'an 540, un com-
mentaire sur l'Apocalypse de saint Jean, d'un
style noble, où il donnait à ce livre un sens
fort spirituel. Isidore de Se ville qui l'avait
lu, dit qu'Aprigius lui paraissait avoir mieux
réussi dans l'explication do l'Apocalypse que
la plupart de ceux qui avaient écrit avant
lui. Nous n'avons plus ce Commentaire, mais
LoaïsD, dans ses notes sur le Catalogue d'Isi-
dore, témoigne avoir vu un commentaire ma-
nuscrit sur l'Apocalypse écrit en lettres go-
thiques, composé de ceux que Victorin, Isi-
dore et Aprigins avaient fait sur le même li-
vre. Aprigins composa divers autres ouvra-
ges, dont nous ne savons pas même les titres.
Il tlorissait sous le règne du roi Théodius.
3. On met vers le même temps Arétas,
évèque de Césarée en Cappadoce, dont
nous avons un Commentaire sur l'Apoca-
lypse *. Je ne sais pourquoi quelques-uns l'ont
atliihué ii un prêtre de la môme église, ni la
raison que d'autres ont eue de douter si
Arétas en avait été évè<pie, pnis<in'il dit en
termes exprès qu'André ' l'avait gouvernée
avant lui ; ce qui, ce semble, uianjue claire-
ment (ju'il gouvernait lui-môme l'Eglise de
Césarée, Inisipi'il écrivait son Commentaire.
Il le composa sur celui d'André, son pré-
décesseur, dont il rapporte de temps en
temps les explications. Mais il eut recours
aussi aux écrits dos anciens qui avaient cx-
pli((U(' l'Apocalypse en entier ou en partie. Il
cite souvent saint Grégoire le théologien, et
Eusèbe de Césarée, et quelquefois saint Jus-
tin, à qui il donne le nom de Grand. Il donne
le sens littéral et spirituel de ce livre, qu'il
explique d'un bout à l'autre avec autant de
netteté que le texte le permet. Son Commen-
taire est divisé en 72 chapitres ; au lieu que
l'Apocalypse n'en a que 22 dans nos Bibles. Il
remarque que quelques-uns ont nié qu'elle
fût de l 'apôtre saint Jean ; mais qu'il n'y a pas
lieu d'en douter, en la comparant avec l'É-
vangile et la première Epitre de cet apùtre;
que d'ailleurs elle lui est attribuée par saint
Grégoiie le théologien, par saint Basile, par
saint Cyrille, par Papias, par saint Irénée et
par saint Hyppolite qui sont des témoins di-
gnes de toi. Au verset 2 du chapitre I" où
saint Jean dit qu'// a rendu témoignage de
tout ce qu'il a vu, quelques exemplaires ajou-
taient: £t tout ce qu'il a oui, tout ce qui est, et
tout ce qui doit se faire à l'avenir: c'est la re-
marque d'Arétas. Il entend par les sept égli-
ses auxquelles l'Apôtre adresse la parole,
toutes les églises de l'univers qui sont unies
en ce monde par une même communion. Il
crte les paroles que l'on attribue à saint De-
nys, lorsqu'à la mort de Jésus-Christ le so-
leil s'obscurcit. Il enseigne que nos prières
étant présentées à Dieu par les anges qui
veillent sur nous, elles en deviennent ' plus
agréables et d'une meilleure odeur, particu-
lièiement les prières des saints qui sont déjà
bonnes en elles-mêmes. Il parait prendre à la
lettre ce qu'on lit dans quelques prophètes,
' La lettre au pape Sergius et l'explication mysti-
que sur le Cautique d' s cantiques, avec une notice
sur l'auteur par Fabricius, se trouve au toujeLXVn
de la Patrologie latine, col. 961 etsniv. {L'éditeur.)
* Voyez l'article que D Ceillier consacre de
uouveau à Arétas dans le volunie XIX de l'an-
cienne éditiou, pas- 591-592, xu de la présente
édition. L'opinion la plus vraisemblable est que
Arétas a vécu vers la fin du cinquième siècle ou
au conimenceuient du siècle suivant. {L'éditeur.)
' Andréas qui ante me Cœsareœ Cnppudociie
episcupalumlortisusest. Conunent. in Apocal.cap.
XXI. i.ag. 7fil, tom. l\ Bibl. Patr.
* .S'aHc(oru)7i preces Deo ab angelis qui nabis
prœsunl offeruninr : quœ natura quidem bonw
fragranliœ sunt, sed melioris fragrantiœ eœ red-
duntur per angeli qui eus porrigit auxilum. Cap.
XXI, pag. 700.
206
HISTÛinK GKNKIIAI.R DES AUTEURS ECCLÉSU\.STIQUES.
que le jugement dernier se fera sur la terre,
signifiée par la vallée de Josaphat , parce
qu'il y a eu plusieure combats donnos dans
cette vallée. Il parait encore croire que l'Anté-
christ viendra des pays orientaux de la Peree
où la tribu de Dan s'est établie. Ce Commen-
taire fut imprimé en grec à Vérone en 153^
et 13(58, cl à Paris en 1621 , avec les Cummcn-
l'if.-r.j. (g-^^g d'Œcuménius, fet à Oxford en iSiO
dans le tome Vlll de la Chaîne de Chamer.]
'". Il se trouve en latin dans le tome IX de la
Bibliothèque des Pères i\ Lyon en 1677, de la
traduction de Maxime Florentin, moine du
Mont-Cassin. Surins nous a donné au 13 no-
vembre un discours lalin d'Arétas en l'hon-
neur des saints martyrs Samone, Carie et
Abibus.
.r.^.TcoQs- 6. L'on a mis à la suite du Commentaire
n.u.0,1,. d'Arétas dans la Bibliothèque des Pères , 62
avis importants donnés à l'empereur Justi-
nien, par un diacre de l'ÉgUse de Constantino-
ple nommé Agapet, que ce prince avait sans
doute consulté pour savoir de quelle maniè-
re il devait se comporter dans le gouverne-
ment de l'Empire. On les imprima en grec et
on lalin à Venise en 1309 , à Bâle en 1318,
à Herbonne en 4603, à Franker en 1608, à
Francfort en 1639, à Leipsick en 1669. Ils
ont aussi été placés dans les Orthodoxngra-
pties, dans le tome II de VAuctuarium de
Fronton -le -Duc, [dans Banduri , Imjxrium
orientale, et dans Galland, lome XI, p. 233,
d'où ils ont passé dans le lome LXXXVI de
la Pafrologie grecque, col. H33-H86, avec
notices tirées de Galland et de Fabricius.]
Agapet représente à Justinien que Dieu
l'ayant élevé à la plus sublime dignité de la
terre, il doit l'honorer avec plus de zèle que
tout !e reste des hommes; qu'étant chargé du
gouvernail, il doit veiller à ce que le vais-
seau de la république ne soit point brisé par
les Uots de l'iniquité; qu'en tout il doit vou-
loir et agir de manière à plaire ù celui de
qui il a reçu la puissance ; que pour rendre
Dieu attentif à ses demandes, il doit l'être
lui-même à celles de ses peuples ; que lors-
qu'un particulier pèche, le mal en retombe
sur lui seul, mais que toute la répu]jli(|ue se
ressent des péchés du prince ; qu'il est de
son devoir de ne point se laisser aller aux
discours des llatteurs, et d'écouter au con-
traire avec plaisir ceux qui lui donneront
de bons conseils ; que la constance est une
qualité essentielle à un prince qui ne doit
point se laisser abattre par l'advei-sité, ni
élever par la prospérité ; que lorsqu'il s'agit
de la justice, le riche et le pauvre doivent
être traités également, et qu'il est digne de
l'attention d'un souverain que les ims n'abon-
dent pas en biens, tandis que les autres sont
réduits à la mendicité ; que pour gouverner
dignement, il faut qu'il se rende redoutable
à ses ennemis par sa vertu, et aimal)le à ses
sujets par des sentiments d'humanité ; qu'il
doit traiter ses domestiques comme il désire
d'être traité de Dieu ; que n'ayant personne
en ce monde qui puisse le ciuilraindrc à l'ob-
servation des lois, c'est à lui à s'en faire une
obligation. Agapet l'exhorte à fuir la com-
pagnie des méchants, parce qu'en les fré-
quentant il est comme nécessaire de soutfrir
et d'apprendre le mal ; au lieu qu'en vivant
avec les bons, on apprend à les imiter, ou
du moins à se corriger ; à ne confier l'ad-
ministration des alfaires qu'à des hommes
de probité, comme devant rendre compte à
Dieu des malversations de ses ministres ; ii ne
se regarder comme bien atfermi sur le trône
que lorsqu'il aura trouvé le secret de com-
mander à des hommes qui lui obéiront vo-
lontiers; à récompenser la vertu, afin d'en-
gager les méchants à changer de voies ; à
garder l'équité dans ses jugements envers
ses amis et ses ennemis ; à plus aimer ceux
qui lui demanderont que ceux qui lui ofl'ri-
ront des présents ; à se rendre autant supé-
rieur aux autres par la grandeur et la beau-
té de ses actions que par sa dignité et par
sa puissance ; à s'occuper des moyens de
plaire à Dieu de qui il a reçu le sceptre de
l'Empire; h implorer souvent son secours,
persuadé que celui qui est protégé de Dieu
surmonte aisément ses ennemis, et met à
couvert ses sujets de leurs insultes ; à imiter
Dieu dans ses largesses, en donnant libéra-
lement à ceux «pii out besoin ; à faire misé-
ricorde à ceux de qui il aurait reçu quel-
ques injures, se souvenant qu'il demande
lui-même à Dieu pai-don de ses fautes ; à
considérer que si les particuliers sont dignes
de supplices pour leurs mauvaises actions,
c'est une faute à un prince de ne pas faire
même le bien ; enfin à s'amasser dans le
ciel une abondance de richesses par ses bon-
nes ojuvres, en se souvenant que la mort ne
respectant point la splendeur des dignités
mondaines, il sortira un de cette vie pour
aller rendre compte en l'autre de toutes ses
actions.
7. [Dans le septième concile général, le-
CHAPITRE XXI. — riACIUS, l'^VI^OITR riK MII,AN, KTC.
[m' siècle.]
nu i"» Nii'('(>, l'nii 787. pniir l;i ili^'cnso de;
saillies iiiiauos, on lut un IVimnicnl do Coiis-
tanlin, diacre, g;irdi(Mi ili-s cliarlos et ,jiii,'0
des canses eccldsiasliqucs do l'i<'ulise de
Constanlinnple, k la lonanpe des saints mar-
tyrs. Ce Gonslanlin, dont aucun auteur ne
donne la vie, paraît avoir vécu sous Jusli-
nien, vers le vi' siècle. On regrettait vive-
ment de ne pus posséder ce magnifique lé-
raoignaii'e de la foi de rKi^lise ; or, c'est pré-
cisément ce que le savant, et nous pouvons
le dire , rinfatigal)le et heureux cardinal
Mai a découvert dans la bibliothèque du Va-
tican. Ce panégyrique est comme une liis-
tnire sommaire des persécutions. L'auteur y
expose les questions posées par les tribu-
naux païens, les réponses et les discussions
des martyrs avec leurs juges ; les diU'érents
genres de tourments qu'ils ont soufferts, les
généreuses exhortations des martyrs, leur
condamnation l'i mort, leurs actions de grâ-
ces, les exhortations qu'ils adressaient aux
païens, l'éloge et la force des martyrs. L'au-
teur termine par une exhortation aux fidè-
les, par la dédicace aux martyrs du Christ.
C'est une de ces découvertes qui doivent
consoler le savant éditeur de ces travaux.
Les Annales de philosophie ont donné une
traduction de ce précieux discours dans leur
tome XI (3" série). Le traducteur est M. Lo-
rain. Voici comment il juge celte pièce im-
portante : u Une composition, à laquelle on
faisait l'honneur de la citer publiquement
dans un concile universel, devait avoir une
puissance et une renommée contemporai-
nes. De plus, il s'attache à cette relique re-
trouvée ce genre de puissant intérêt que
l'on applique toujours, indépendamment des
tftches de lu forme, aux monuments des pre-
miers siècles de ri']glise, dans ces temps où
le christianisme était si fervent, si coura-
geux, si noble, si convaincu, si magnanime.
Qui n'a pas fait celle expi'rience en lisant
les l'èies? Malgré quelques étrangetés de
style, malgré le jeu des subtilités grecques,
et quelques métaphores violentes et intra-
duisibles, il y a, dans le panégyrique, du
mouvement, de l'énergie, de l'élan, une for-
me dramatique et animée. Le dialogue en-
tre les juges et les chrétiens est original et
s'élève jusqu'à l'éloquence. Enfin, comme
étude littéraire, comme expression histori-
que des plus hautes pensées, des idées, des
passions, des mœurs, du style d'une épo-
que grecque et clirétienne, la découverte du
267
pauégyriipie doit .-illirci- l'alIcrirMin et l'es-
lime des hommes instruits (pii aiiiieul l'an-
li(piité et les grands souvenirs du christia-
nisme. ))
8. Voici la manière énergique dont Cons-
tantin réfute le sym))olisme païen : «Que ">'*""■
vous aussi, ilisent les martyrs, et par ima-
gination ou par allégorie, vous représentiez
symboliquement les dieux sous la forme hu-
maine, nous le comprenons; mais pourquoi
vous faites-vous un dieu h tète de chit^n ; un
dieu avec des cornes ou avec des pieds d'ani-
mal; un dieu moitié homme moitié bcte; un
dieu hermaphrodite enfin, tandis que les idées
des choses divines, alors même qu'où veut leur
donucrune forme sensible, doivent conserver
une entière dignité, si nous ne voulons abso-
lument compromettre les espérances de notre
salut'? Et n'est-il pas impie, et tout à fait in-
digne d'hommes raisonnables, de désigner
Dieu sous de honteux symboles, d'imposer
l'aspect d'un chien à l'essence excellente et
première, et d'alioyer ainsi, s'il est permis
de le dire, contre la Providence? Pour nous,
dire que Dieu est plus vieux ou plus jeune,
c'est dire une chose détestable : car ce lan-
gage ne convient qu'aux créatures tempo-
relles. Mais, dans l'essence éternelle et qui
n'a poiut commencé, il n'est rien qui se
puisse mesurer par les proportions humai-
nes; cl encore bien que, à cause de l'infir-
mité de notre nature, nous donnions quel-
quefois à Dieu, et non sans convenance, des
noms humains. Dieu n'en est pas moins au
delà de tous les temps, au-dessus de tout
commencement et de toutes les propriétés
que l'on peut concevoir dans les choses
créées. Si donc nous voulons faire un noble
et sincère usage de notre raison, nous ne
concevrons pas le Père sans le Fils, ni le
Fils sans le Père ; de même que nous ne
concevons pas le feu sans son écla!, ni le so-
leil sans ses rayons, pour exprimer des cho-
ses incompréhensibles, autant qu'il est pos-
sible, sous une brève image, infiniment en-
core éloignée de la vérité. »
9. C'est en ces termes qu'il fait l'éloge des
martyrs : « 0 saintes âmes ! ô corps sacrés !
ô précieux et divin trésor, plus inestimables
que l'or et le topaze! 0 demeures du Christ,
habitacles de l'Esprit, vases des vertus ! Oui,
vous retrouverez un jour, après la décom-
position de ce misérable mélange, tout ce
qui vous appartenait dans les éléments maté-
riels dont se formait voire corps à sa nais-
U^rul-.tlon
ÉiO£0 Jos
mThrs.
268
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
sance ; mais vous les recouvrerez sanctifiés
par la récompense immortelle que vous au-
rez reçue! 0 multitude bienheureuse! 0
splendeur multiple qui éclate comme dans
une âme unique ! Quels cliauts de tiiomplie
vous célébreront dignement, ô vous dont la
victoire a surpassé les forces de la nature !
De quels trophées de mémoire éternelle, de
quels [isaumes, de quels hymnes, de quels
cantiques spirituels ceindrons-nous vos
fronts, comme de magnifiques couronnes im-
mortellemcnt fraiches et vertes. Vous avez
honoré vos parents , selon le précepte é\an-
gélique : car vous avez , par vos soutl'ran-
ces , effacé la honte de vos ancêtres, déli-
vré vos pères du déshonneur, et rendu à la
nation humaine la joie à la place du deuil.
Vous avez changé la terre en ciel , et vous
êtes comme l'ardent serein , comme l'au-
rore de la justice, et comme des étoiles qui
brillent en tout lieu ; car tous les pas que
vous faites sont dans la voie di'oite des
saints commandements. Ni un père désolé,
ni une mère s'arrachant les cheveux, ni des
enfants poussant des cris de douleur, ni des
parents éplorés, ni des amis gémissants,
rien n'a pu amollir votre fermeté. Vous n'a-
vez pas seulement combattu avec vos persé-
cuteurs , vous avez encore lutté avec la na-
ture elle-même, et vous avez vaincu cette
invincible nature qui fléchit et attendrit jus-
qu'aux bètes féroces, jusqu'à la cruauté des
leptiles empoisonnés. Vous avez vaincu la
nature qui commande tyranniqucmont à
tous les êtres vivants, par une force inté-
rieure, partout et toujours nécessaire. Et
cependant vous avez formé entre vous, ô
martyrs, une parenté léciproque par les
liens de vos communes soulfrances, et vous
vous êtes intimement unis en mêlant votre
sang au sang dans une communion de sup-
plices. Ni la soif des richesses, ni l'amour
des félicités, n'ont atl'aibli votre amour en-
vers Dieu; pour vous, la probité dans la foi
a remplacé l'or, et l'esprit d'humilité vous a
tenu lieu de toutes les richesses. L'opprobre
du Christ a eu plus de prix à vos yeux que
les trésors du monde : car votre regard
s'est attaché sur la récompense future, et
vous saviez bien que vous possédiez dans les
cieux une essence supérieure et impérissa-
ble. Au lieu des vanités de la gloire, vous
avez choisi l'ignominie pour le Christ ; an
lieu des joies folles, la contrition du coMir;
au lieu de la satiété du cœur, la continence.
Vous avez la beauté du corps dans la mor-
tification des désirs ; et votre force a été la
charité dans la faiblesse et la mort. »
10. « En quelques heures, vous avez ac-
compli de plus péniljles travaux dans la vigne
de Dieu, que ceux à qui l'on donne le nom de
patriarches. Vous vous êtes placés, par vos
œuvres, au-dessus de votre premier père :
car vous avez gardé les commandements du
Christ. Vous avez oÛert au Seigneur un sa-
crifice plus saint que celui d'Abel, l'holo-
causte de vos âmes. Aussi avez-vous été
transportés vers une immortalité plus belle
que celle d'Hénoch, sur une arche plus so-
Hde que celle de Noé, composée qu'elle est
avec les matériaux incorruptibles de la ver-
tu. C'est dans celte arche que votre âme
s'est préservée de réloulfemcnl des idoles.
Abraham a reconnu le mystère de la Trinité
dans son type, mais voilé encore et couvert
d'ombre ; mais vous, dans les combats que
vous avez soutenus, pour la Trinité, vous
vous êtes faits, d'une voix retentissante, les
héros éclatants de la vérité. Votre sacrifice
a été supérieur à celui d'Isaac, et par votre
meurtre vous avez accompli un rite sacré.
Par la sincérité de votre but. vous avez sur-
passé la vie loyale de Jacob. L'excellence de
votre vie a été, selon le saint précepte, sem-
blable à l'innocence des colombes. C'est
vous qui avez bâti l'Église, comme un illus-
tre édifice, en présentant .'i Dieu le Père la
pieuse ofi'rande de vos blessures, et en im-
molant sur l'autel, au lieu d'un chevreau,
l'humilité de votre corps. C'est pourquoi
vous avez reçu de Dieu la bénédiction, c'est-
à-diie la vie éteruelle. \'ous avez vaincu Jo-
seph en chasteté, vous qui avez repoussé la
doctrine des faux dieux, doctrine corrompue
dans ses actes comme dans ses images, et
qui avez abondonné à des tyrans débauchés
et pervers le vêtement qui vous enveloppait,
c'est-à-dire votre corps. Toutes les épreuves
de Job, vous les avez subies; et, de plus
que lui, vinis avez enduré les supplices jus-
qu'à la mort elle-même. Vous avez eu un
plus grand honneur que Moïse : car, après
avoir reçu et gardé la loi de grâce et de vé-
rité, vous avez traversé, à pied ser, l:i mer
de l'idolâlrio rougic de votre sang, el vous
êtes arrivi's dans le pays de promission,
dans la céleste Jérusalem. El déjà, aupara-
vant, vous aviez prouvé vos forces à vos en-
nemis par le grand nombre de signes el de
miracles qui avaient éclaté dans le désert,
[vi-sitcLE.] CHAPITRE XXI. — DACIUS,
c'est-'"i-(lir(5 (huis la vio religieuse; et par
votre luoil, vdiis avez ('cras(' el ('((uille sous
vos [iicils les serpents insidieux (|ui [)onrsui-
vaient les hoiuines de leurs morsures veni-
meuses. .\u lieu de la robe d'.Aaron, faite de
iiiaiu d'Iioiuuie, vous vous êtes rcv(Mus, eoni-
me il sied aux saints , de la justice du (ilirist.
Ce n'esl point dans le sang des agneaux,
mais dans votre propre sang, que vons avez
lavé voire peuple. Au bruit de vos dogmes,
comme au son retentissant de la trompette,
sont tombées les murailles des impies, les
villes ennemies, les langues parleuses et
la vainc sagesse de vos adversaires, et vous
avez ét(^ plus célcMires que le clief Josué.
Vous vous êtes montrés encore de plus
saints et plus grands ministres de Dieu que
Samuel : car ce n'est pas votre mère qui vous
a otlerts ;\ Dieu, c'est vous-mêmes qui vous
êtes donnés, et vous ne vous êtes pas livrés
pour vivre, mais pour mourir, afin de vivre
dans l'éternelle vie. Ce n'est pas avec une
fronde, comme David, mais avec une pierre
réprouvée par les bommes, que vous avez
fait tomber aux pieds du Cbrist le symboli-
que Goliath intellectuel. Après avoir, par
vos périls, brisé la tête du démon orgueil-
leux, comme des triompbateurs victorieux
et couronnes de leurs brillants exploits,
vous êtes enfin entrés dans les portes du
ciel, par un essor plus sublime que celui
d'HIie : portés par vos vertus comme par un
char divin, et appuyés comme sur des ailes
sur la force de vos œuvres, votre ascension
a été plus facile et plus durable que celle du
Prophète assis dans son char. Et mainte-
nant, enfin, avec le chœur innombrable des
anges, et dans l'immense assemblée des pre-
miers-nés des hommes, vous présidez aux
chœurs célestes devant le véritable taber-
nacle. »
S, ÉVI'IOLIE DE MILAN, ETC.
2G9
11. (( Aussi n'nandr/.-vniiK sur vos frères l'rijro um
uiuî part de la s|il('nd(Mir que vous pmsez
dans le sein th; la lumièr(! spirituelle. Car
vous êtes préposés à l'égard du genre hu-
main tout entier, comme les tuteurs des
âuies, les méd(!cinsdcs corps, la colonne ilc
la toi, la consoniination du sacerdoce, la ré-
mission des péchés, le fondement et l'appui
de l'Église, le remède des maladies, le re-
j)Os des voyageurs, le gouvernail des navi-
gateurs, la ressource des indigents; vous
soutenez ceux qui combattent, vous relevez
ceux qui tomheni, vous rendez le courage à
ceux qui se ]iiaignent, vous guidez ceux qui
s'égarent, vous gardez ceux qui marchent
dans le droit chemin, vous êtes la consol-i-
lion des affligés, et pour tous un puissant
secours et un ferme appui d'inébranlable
espérance. »
12. « Et vous, ô brebis saintes qui nous Kiimriation
écoulez, si nous sommes résolus h honorer
dignement les martyrs, soutenons des luttes
pareilles aux leurs, résistons aux séduisan-
tes tlatteries des passions, et répandons un
déluge de larmes, comme ils ont versé des
ruisseaux de sang. Que le jeûne réduise no-
tre corps, et comprime les vils instincts de
la matière. Que les ai-deurs des vices soient
étouffées sous l'inextinguible lumière des
bonnes actions. Tranchons pieusement la
tyrannie de l'impiété et du péché avec le
glaive à double tranchant de la doctrine et
de la vraie foi , et laissons nos lèvres annon-
cer librement la juste loi de Dieu, do sorte
que, après avoir imité, dans tous les temps
de cette vie, les luttes des martyrs, nous
obtenions un prix égal à celui qui leur fut
donné. »
[La l'atrologie grecque, tome LXXXVIH,
col. .477-328, reproduit le discours du diacre
Constantin avec la version latine d'Ang. Mai.]
270
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECGLESTASTIQUES.
CHAPITRE XXII.
Zachavie , évêque de Mitiîène [après 536J ; Théodore et Cyrille, évêques
de Scythople.
[Écrivains grecs du vi« sii'cle.li
Zieliarlc,
évCque dt Ui-
ItlèDA : sf:
«ni...
Toui. IV
CiDCll. JjJi^.
l.Zachaiie, surnomme scliolastiquc, ou avo-
cat, de la profession qu'il en faisait, éliulia les
belles-leltresà Alexandrie, avec le philosoplie
Amraonius. Et.mt passé delà àBérylc, il s'y
appliqua à l'étude de la jurisprudence. Sa
vertu et son savoir le firent ensuite appeler
au gouvernement de l'Éulise de Mitili'uc. Il
assista, en qualité d'évèque de cette ville, au
concile de Constanlinople , en 530, sous le
patriarche Mennas, et fut un des commissai-
res députés pour chercher Anthime, lui si-
gnifier ce ijui avait élé fait contre lui, el le
citer à comparaître devant le concile dans
trois jouis, en lui offrant le pardon s'il vou-
lait satisfaire à ce qu'on demandait de lui.
On ne sait combien d'années Zacliarie sur-
vécut à ce concile. Nous avons de lui deux
traités, l'un est un dialogue sur la création
du monde, dans lequel il fait voir contre les
philosoplies païens, que le monde n'est
point éternel, qu'il a été créé, et qu'il peut
être détruit à la volonté de celui qui l'a for-
mé de rien : il composa ce] dialogue, étant
encore à liérylc. L'autre est une rcfiilatiou
du sentiment des manichéens sur l'existence
de deux principes, l'un bon, l'autre mau-
vais. Le premier de ces traités fut imprimé
à Leipsick en lCo4, en grec et en latin, delà
traduction de Jean Tarin avec les A'otes de
Barthins. Il se trouve aussi dans le tome I"
de VAuctiiarium de Fionlon-le-Diic, et avec
la P/iiloailic d'(ti ii;tMie, inqiriinée à i'aiiscn
1G18 et 10:2 i. L'autre, qui a été traduit par
Turrien, se litautoine \ des Anciennes leçons
de Canisius, mais seulement en latin. On les
a mis tous deux dans le tuine IX de la Bi-
bliothkpie des Pères à Lyon, en 1077 ; mais
le Dialogue sur la création du monde esl de
la version de Gilbert Génébrard, professeur
royal de la lani^iuc hébraïque A Paris. [Ces
deux traités se Irouvenl aussi dans Galland,
tome XI, page 2UG, et dans le tome LXXXV
de Vd Pafrologie grecque, col. 1044, d'après
Galland.]
Pour montrer que le monde n'est point
éternel, il dit que cela parait évidemment
par sa nature même qui est composée de
différentes parties sujettes à la dissolution ;
ce qui ne sérail pas s'il était éternel. Il
ajoute qu'en le disant coélernel à Dieu, il
faut aussi le dire égal à Dieu en honneur;
ce qui est impie, puisqu'on ne peut, sans
impiété, rendre à un corps matériel, sensi-
ble et visible, le même honneur qu'à un être
qui, non-seulement ne peut être, à cause de
son infinité, renfermé dans un lieu, mais
qui est encore supérieur à tous les êtres que
nous connaissons. Les philosophes païens
répondaient qu'eu soutenant le monde éter-
nel, ils ne prétendaient pas qu'il fût pour
cela dans le même degré d'honneur que
Dieu. « L'ombre du corps, disaient-ils, estco-
élernelle au corps, et toutefois il ne s'ensuit
pas que l'ombre et le corps soient dignes
d'un honneur égal.» Zacbarie répond que
cet exemple no prouve licn. Premièrement,
parce que l'ombre suit nécessairement le
corps, qu'il le veuille ou non. Or, on ne
peut dire que le monde soit nécessairement,
en sorte qu'il existe même malgré la vo-
lonté de Dieu ; autrement ce serait mal à-
propos que l'on donnerait à Dieu le nom de
cause. En second lieu, ce n'est pas le corps
sou! qui produit l'ombre, c'est aussi la lu-
mière, étant nécessaire pour faire ombre,
que le corps se trouve à côté de la lumière,
de façon qu'il se trouve entre la lumière et
l'ombre. Les philosophes se récriaient sur
la beauté de l'univers, sur les proportions,
sur l'harmonie de ses parties. Zacbarie leur
demande, s'ils ne trouvaient pas en particu-
lier que l'homme l'ùt dans sa consliuclion
quelque cho<e d'admirable; et, passant de la
figure du corps aux qualités de l'esprit, Q
[vi« SIÈCLE.] CIIAlMTItK XXII. — Z.\C.II.MUJ
leur tleiuaiulc encore s'ils ne trouvuicnt pas
beaux Soerale, Platon, Alcibiade et Aristote.
Coiniuc ils ne pouvaient en disconvenir, il
conclut que, tous ces ^'rands luiminos étant
morts, il n'y a pas plus do raison d'attribuer
au monde l'éternité, qui est un attribut pro-
pre et essentiel à Dieu. Le traité conlvi; les
Miinic/icens est tr^s-court ; mais en même
teuii)s très-métapbysiijue et très-eniljarrassé.
Les nianicbéens admettant deux principes,
l'un bon et l'autre mauvais, il fallait néccs-
saircnuMit qu'ils lussent opposés. C'est dans
celle supposition que Zacliarie vaisonne
ainsi : « Si vous dites que le bien est une
substance, qu'il est un principe, qu'il est in-
né, non engendré et éternel, il faut nécessai-
rement que vous disiez que le mal n'est point
une substance, qu'il n'est point un principe,
qu'il est engendré et temporel : car si le bien
elle mal avaient toutes ces cboses commu-
nes, ils ne seraient pas contraires.» Il ajoute
qu'ils ne peuvent pas même dire que ces
deux principes soient contraires en substan-
ce, parce qu'il n'y a rien de contraire à la
substance, si ce n'est par rapport à ses mo-
difications et à ses accidents : d'où vient
qu'il n'y a rien de contraire à Dieu qui est le
premier et le seul bien, parce qu'il est bon
substantiellement, et qu'en lui les modifica-
tions et les accidents n'ont point de lieu.
[On trouve, dans le tome X delaScript. vet.
nova cullect., pag. 332-360, et dans le tome
LXXXV de h\ Pdtrolo'jie grecque, col. 1143-
1178, dix-neufchapitres en syriaque, de l'Bis-
toire ecclésiastique composée par Zacharie et
qui est perdue, avec des fragments sur les ori-
gines et les édifices de Home. Le même ou-
vrage est traduit en latin, <i la page 361-388.
Les fragments commencent à la mort de Xes-
torius. On y parle ensuite de Dioscore, de Pro-
tère, de Juvénal et de Tliéodose, de Pierre
ibérien, qui devint évêque de Gaza, du moi-
ne Salomon, de la mort de Zenon et de l'élé-
vation d'Anastase. Le cliapitre viii traite de
la vision de Jean le scbolastique, frère de Do-
nat, au sujet de l'empire d'Anastase ; au ix'=
il est question du siège de la ville d'-\iaida
en Mésopotamie par les Perses; le x" parle
du rachat de cette ville. La fondation de la
ville de Dara, Alarin d'.\pamée, l'éclipsé de
soleil qui ariiva à ceite époque, Ariane,
femme de Zenon et ensuite de l'empereur
Auastase font la matière des chapitres xi et
XVI. Dans celui-ci l'auteur raconte le martyre
des saints confesseurs homérites, et il donne
:, KVKOI E |)H .MITILIC.VE, ETC. 271
la lettre qu'écrivit A ce sujet Siméon, évoque
des chrétiens en Peise, à Siméon, ;,l,l,é de
Gabula, la sixième année de Justin. Le xvii"
chapitre contient un prologue de saint Mara
ou Marin, évêque d'Amida, sur l'Évangile et
sur l'économie de Jésus-Christ en sonhicar-
nalion. Le xviir' traite des évc''netn('nts qui
curent lieu sous l'empereur Juslitiien. Le .\i.\."
contient un extrait de l'Kpitrede Juhen à Sé-
vère et de l'Épitre de Sévère à Julien. Maï
fait observer que les deuxième et troisième
livres de Vllistoire d'Hvagie contieimcnt
plusieurs fragments en grec de Vllistoire ec-
clésiastique de Zacharie. L'éditeur a donné en
syriaque les fragments sur l'origine de Home
et sur ses édifices, mais il ne les a pas tra-
duits en latin parce qu'il ne les croit pas
l'œuvre de Zacharie ', d donne cependant
la traduction de quelques fragments dans la
Préface du x= volume. Dans l'énuméralion
des édifices qui ornent la ville de Rome, on
remarque « vingt-quatre églises des apo-
(( très, deux magnifiques basiliques où habite
(( l'Kmpereur.et où s'assemblent tous lesjours
(lies sénateurs; quatre-vingts grandes sta-
« lues des dieux en or et soixante-six d'i-
ci voire; quarante-six mille six cent-trois mai-
(i sous ; mille sept cent quatre-vingt-dix-sept
«palais; mille trois cent cinquante-deux
«fontaines; trois raille sept cent quatre-
« vingt-cinq statues d'airain d'empereurs et
«d'autres chefs; vingt-cinq statues d'airain
«offrant !a figure d'Abraliam, de Sara et des
«rois delà famille de David, que "Vcspasien
«avait apportées à Rome, après la ruine
« de Jérusalem, avec les portes et les au-
«tres monuments de cette ville; trente-et-
« un théâtres; deux maisons destinées aux
«accoucheuses, quatre pourles accouchées;
« deux ceut quatre-vingt-onze prisons; deux
« cent-ciuquante-quatre latrines près des
« lieux destinés aux jeux publics ; trente-sept
« portes ; le tour de la ville a vingt-et-un mille
« six cent trente-six pieds, ce qui fait quatre
« mille pas, etc., etc."»
2. [Théodore succéda à Théodose, évêque i-^lTt'V.
de Scytople, qid avait assisté au concile de Je- g''r°|'ifL«i''^I;
rusalem tenu sous Pierre, patriarche de cette sïii. '^ "
ville, contre .\uthime et d'autres hérétiques.
Il se joignit aux oiigéuistes dans les tumultes
qui eurent lieu après la mort de saint Sabas.
' Pag. 388, uote. [L'éditeur.)
'Voyez Talili' alpliabéliiiue iles auteurs découverts
pur le cardiual Mai, par Buunetty. (L'Éditeur.)
212
HISTOIRE GÉNÉRALE DES ALTEUttS ECCLESIASTIQUES.
Scilbo|.l>.
Eulh. V.I.I-
10... 11 M..-
num. Cotet.,
ye. 339.
On a de lui un écrit sur les erreurs d'Origène.
Théodore, levenu à de meilleurs scnlimenls,
pn'seiita cet écrit vers l'an ;")33 ;\ Justinienet
iiux patriarches Eutychès, Apollinaire, Doui-
ninus et Eustocbius. Montraucon In publié
d'après un luannsciil de la Hibliollièfiiie Cois-
lin. On le trouve dans le tome LX.XXVI de la
Patrologie grecque d'après Galland, Biblioth.
vet. l'ut., tome XI, pag. 204. Les savants ne
s'accordent pas entre eux pour décider si
Origène a vraiment enseigné toutes les er-
reurs signalées dans cet opuscule.]
3. Les moines de la Laure de saint Sabas,
ne pouvant soufTrir que les évêques de Pa-
lestine eussent condamné Origène, eu ap-
prouvant les actes du cinquième concile dans
celui qu'ils tinrent à Jérusalem en 354, se
séparèrent de la communion de l'Église ca-
tholique. Quelques etlbrts que fit le patriar-
che Eustochius, il ne put les ramener, et il
fallut employer l'autorité de l'empereur Jus-
tinien, qui les fit chasser, et de leur Laure
et de toute la province. Il mit à leur place
120 moines catholiiiues, du nombre desquels
était Cyrille, surnommé de Scythople, du
nom d'une ville de Palestine, où il avait pris
naissance. A l'âge de seize ans, il commen-
ça dans cette ville même à pratiquei- les exer-
cices de la vie monasti(iue. Il en sortit quel-
que temps après pour aller à Jérusalem visi-
ter les saints lieux. Sa mère, eu partant, lui
ordonna de se mettre sous lu discipline de
saint Jean-le-Silencieux, qui, après l'avoir
gardé quelque temps, l'envoya au monastère
de saint Euthymius; il y fut reçu au nombre
des moines par l'abbé Léonce, qui avait été
chargé du gouvernement de ce monastère
vers l'an 542; il passa delà dans la Laure de
saint Sabas, près deTbécué, qu'on appelait
la nouvelle, pour la distinguer de la grande
Laure, qui portait aussi le nom de ce saint. Il y
avait déjàdeuxansqu'ilydemeurait, lorsqu'il
entreprit d'écrire la vie de saint Euthymius et
celle de saint Sabas. Ainsi, c'était veis l'an
556, puisqu'il n'alla dans cette nouvelle Lau-
re que quelque temps après la tenue du cin-
(]uièuie concile général assemblé à Conslan-
linople. Il avait eu pendant ce séjour, le moyen
de s'informer des circonstances de la vie de
saint Sabas, auprès de ceux qui en étaient
instruits, pour en avoir été témoins oculaires,
comme il avait appris celle de la vie de saint
Euthymius dans le temps qu'il demeurait
dans son monastère.
4. Nous l'avons dans le tome II des.^/onK-
ments de l'Eglise grecque, imprimés à Paris,
en IC81, par les soins de M. Cotelier. Saint
Euthymius naquit sous le règne de l'empe-
reur Valence, d'une manière toute miracu-
leuse. Sa mère qui se nommait Dionyse, af-
fligée de se voir stérile, alla avec Paul son
mari, à l'Église du martyr saint Polyeucte,
qui était pioche de la ville de Mélilène sur
l'Euphrate, où ils faisaient leur demeure. Us
prièrent l'un et l'autre le saint mnrtyr de
leur obtenir de Dieu un fils, promettant de le
consacrer à son service. Leurs prières furent
exaucées. Dionyse conçut et enfanta un fils
sous le quatrième consulat de Gratien, c'est-
à-dire en 375. A l'âge de trois ans, sa mère
le consacra à Dieu entre les mains d'Olréius,
évoque deMélitène, qui, lorsqu'il fui en état
d'apprendre les lettres, le mit sous la disci-
pline d'un bon maître. Euthymius fut ensuite
mis au rang des lecteurs, et après qu'on l'eut
fait passer par tous les degrés du ministère
ecclésiastique, il vint à Jérusalem dans la
vingt-neuvième année de son âge. Il passa
60 ans dans la solitude, et mourut âgé de
89 ans, la seizième année du règne de l'em-
pereur Léon, c'est-.''i-dire l'an 473. Cyrille re-
marque que saint Euthymius, ayant lié ami-
tié avec un nommé Tliéoctiste , qui menait
comme lui la vie solitaire, ils se retiraient
ensemble ' chaque année dans le désert, huit
jours après la fêle des Lumières, c'est-à-dire
de rE|iiphanie, et qu'ils y demeuraient jus-
qu'au jour de la fête des Palmes, occupés
pendant tout ce temps à converser avec Dieu
dans la prière et dans la méditation, sans au-
cun commerce avec les hommes; que ce
temps écoulé ils s'en retournaient chacun
dans leur cellule pour se préparer à la fête
de Pâ(iues, et olfrir i\ Jésus-Christ ressusci-
tant d'entre les morts, les présents d'un cœur
pur, infiniment plus précieux que l'or que les
Mages lui olfrirent à sa naissance ; que saint
Euthymius ne trouvait pas bon que les moi-
nes de la communauté, et surtout les jeunes,
alfeclassent de se distinguer dans le monas-
tère, en jeûnant plus longtemps qu'il n'était
d'usage dans la communauté, parce qu'il
Il <rrll
\\* At Mil
verr 1 aa Âb
' Quoi annis proficiscebantur, oclavo die posl
festum I^uuiiuuiii , separali quidcm ab oiiini hu-
inano cuntubcrmo,cum Dcoaulem sulo versatiles
per precalionem ; et lotum lempus quod interce-
debat trnnsigenles m solitudine , doncc adveniiset
dies festus Palmarum. Eulh. Vila, pag. 210.
Il
kl
[vi* sikcLE.] CIIAPITIIE XXll. — ZAC.HAHIK, KVftgUK UK MITIFilNE.
273
pai'iiissail qu'eu cpliiilssiiivaioiit leur propre
volouté, et (|u'il y avait ilu ilaiiperquc la va-
uil('' u't'iil part il cetio morlilitaliou. Il parle
lie la perséciiliou excili'e par les luayes de
Perse coulre les clirélieiis sur la fin du réj;ne
il'lsdegcrde, et du baptùiuc d'uu [)riuee des
Sarrasins, iiomuit'^ Aspéljèle, h ipii ou cliau-
{jea le uoui ' daus ce saereiuiuit, eu lui diui-
luuU celui de l'ierrc. 11 dit que l'icrre, évo-
que des Sarrasins, ëtant venu voir suint Eu-
tliyiuius, eu allant au concile gémirai d'E-
plièse, il lui conseilla de se joindre à saint
Cyrille d'Alexandrie, et ;\ Acace de Mélitène,
et de faire, au sujet de la loi, tout ce quij ces
deux évèques trouveraient bon. Dans une
grande sécheresse accompagnée de stérilité,
les peuples voisins de la Laure de saint Eu-
tliymius sachant qu'il en sortait pour se reti-
rer dans le désert au temps accoutumé, ac-
coururent en foule au-devant de lui, portant'
des croix en main, et chantant de bouche et
de cœur : A'i/rie eleison. Il s'excusa de prier
pour eux, se regardant comme un pécheur;
mais ne pouvant se refuser à leurs instances,
il entra avec quelques moines dans un ora-
toire, et se mit à prier avec larmes, proster-
né contre terre. Il tomba à l'heure même
une pluie si abondante que la terre en fut
imbibée, et que les ruisseaux qui s'étaient
trouvés à sec, recommencèrent à couler en
abondance. Il avait soixante-quinze ans lors-
(|ue l'on assembla le concile deChalcédoine.
Etienne et Jean, deux de ses disciples qui y
avaient assisté, lui en apportèrent les décrets
avec diligence, pour savoir s'illes accepterait,
voulant se régler eux-mêmes sur sa conduite.
Ayant reconnu qu'ils ne contenaient rien
que de conforme à la foi catholique, le bruit
de son acceptation se répandit aussitôt daus
tout le désert, et tous les solitaires auraient
suivi son sentiment, s'ils n'en avaient été dé-
tournés parle moine Théodose, homme d'une
doctrine et de mœurs corrompues, le même
qui s-'empara depuis de l'Église de Jérusa-
lem, et qui engagea l'impératrice Eudoxie
dans l'hérésie d'Eutychès. Il fît son possible
pour y engager aussi saint Euthymius, en le
faisant déclarer contre le concile de Ghalcé-
doine; mais le saint abbé n'en voulut rien
cette assemblée, était la même qui avait été
proposée par les trois conciles précédents,
savoir : de Nicée, de r,onslanliun|ile et d'H-
plièse ; et ([ue celui de Clialcédoiiie, loin de
diiiHici dans les dogmes de Nestorius, recon-
naissait deux natures en Jissiis-Christ, sans
aucune division de pcisoiuies, suivant la
doctrine de saint Cyrille. Eudoxie, sollicitée
par son frère \'alère de rentrer dans la com-
munion de l'iiglise catholique, voulut aupa-
ravant avoir la-dessus l'avis de saint Euthy-
mius; et sachant qu'il n'entrait point dans '"■■e-s'i-
les villes, elle fit b.ltir une tour au plus haut
du désert d'Orient, à trente stades de sa Lau-
re vers le midi, afin de pouvoir l'y entretenir.
Le saint vieillard qu'elle avait envoyé cher-
cher par Cosme, gardien de la croix avec le
chorévêque Anastase, vint à la tour, et après
avoir donné sa bénédiction à l'Impératrice, il
lui dit : « Ma tille, prenez garde à vous dans
la suite; les malheurs qui vous sont arrivés
en Italie (il parlait de la mort violente de
l'empereur Valentinien son gendre, de l'ir-
ruption des Vandales, de la captivité de sa
fille Eudoxia et de ses petites-filles emmenées
à Cartilage) ne sont arrivés que parce que
vous vous êtes laissée séduire k la malice de
Théûdose. Quittez donc cette opiniâtreté dé-
raisonnable, et outre les trois conciles œcu-
méniques : de Nicée contre Arius, de Cons-
tantinople contre Macédonius, et d'Éphèse
contre Nestorius, recevez aussi la définition
de celui de Chalcédoine. Retirez-vous de la
communion de Dloscore, et embrassez celle
de Juvénal : » c'élait le patriarche de Jérusa-
lem. Eudoxie exécuta tout cela comme si elle
en avait reçu ordre de Dieu même. Elle re-
tourna aussitôt à Jérusalem, et par le moyen
des prêtres Cosme et Anastase, elle se réu-
nit au patriarche et a l'Église catholique. Son
exemple fut suivi d'une grande multitude de
moines et de laïques. Ce fut aussi saint Eu-
thymius qui engagea un célèbre anachorète,
nommé Gérasime, à se séparer delà commu-
nion de Théodose, et à consentir h la défini-
tion de foi du concile de Chalcédoine. Géra-
sime mourut en 474. Il pratiquait une absti-
nence si rigoureuse pendant sa vie, que pen-
dant le Carême il ne prenait ' d'autre nourri-
faire, soutenant que la doctrine établie dans ture que celle qu'il recevait en participant
' Euthymius Àspebetum baptizat, Pelruiii Irans-
nominnns. Ibid., pag. 221.
- ConjXmt ad eum muUitudo numerum exce-
deiiS, cruces habentes in manihus et Kyrie eleison
de more non tantum are , sed etiam labiis cordis
XI.
décantantes. Euth. Vita, pag. 256.
' Ipsum dicebant tanli fecisse abstinentiam, ut
quadraginla illns dies jejtinii .vine ciho transi-
geret , contentus sola sacranientorum participa-
tione. Eiilh. Vita, pag. 278.
18
!•»£. »M.
Vie Je silot
Salas.
ÎM. et \'i- s.
Ml-x,lom.lll
MoDOm ) Co-
Irl, ^^. â^t
21C.
'J74 iiisTomiî gem:uale des
aux saints uiyslères. Saint Eutliymius était
mort lies l'aiinée précédente. Ce fut le pa-
friaitbe Anasla^^c qui fil ses funérailles, ac-
conipagué d'uiiCTaïul nombre de clerc;;, en-
tre lesquels étaient Cluvsippe, garde de la
croix, et le diacre Fidus. Celui-ci s'étanl em-
barqué en iTO pour porter à l'empereur Ze-
non les lettres deMartyriu?, snccessenr d'.\-
nastase dans le siéjre de Jérusalem, lit nau-
frage la nuit. Se voyant en danger, il invo-
qua saint Eiilhymius, qui lui apparut niar-
cbaut sur la mer, lui ordonna de retourner,
et d'aller ensuite ti sa Laure pour en faire un
monastère. Fidus obéit, raconta à Martyrius
ce qui était arrivé. Le patriarche se souve-
nant de la prophétie du saint sur le change-
ment de sa Laure en monastère, chargea Fi-
dus de l'exécution. Il changea en réfectoire
l'ancienne église, et en bâtit une nouvelle,
où Martyrius transféra de ses propres mains,
les reliques du saint. Cyrille emploie le reste
de la vie de saint Euthymius à décrire ce qui
se passa de considérable à l'égard de ce mo-
nastère, et des abbés qui en curent le gou-
vernement. Il parle de plusieurs miracles
opérés par l'intercession du saint, comme
en ayant été témoin, ou comme les ayant
appris de personnes dignes de foi.
S. Les mêmes pei'sonnes qui l'avaient en-
gagé à écrire la Vie de saint Euthj-mius , le,
pressèrent de donner celle de saint Sabas. Ce
dernier vint au monde en 439 , dans une
bourgade du territoire de Césarée en Cappa-
doce , nommée Mutalasque. A l'âge de huit
ans il entra dans le monastère de Flaviane ,
qui n'était pas éloigné du liou de sa nais-
sance. Il apprit en peu de temps le Psautier,
et tous les exercices de la vie monastique.
Après un séjour de dix ans à Flaviane, il ob-
tint permission de son abbé d'aller à Jérusa-
lem. Elpide qui gouvernait le monastère de
saint l'assarion, l'y reçut. De là il passa dans
le désert où demeurait saint Euthymius, qui,
le trouvant trop jeune pour demeurer avec
les anachorètes, l'envoya au monastère situé
au bas de sa Laure, et dont Thcoctisfc était
abbi'. Sabas se dépouilla entre ses mains de
tout ce qu'il avait, eu se donnant tout à Dieu:
il se livra avec ardeur à tous les exercices de
p. été, se trouvant toujours le premier à l'é-
glise, et n'en sortant que le dernier. Une des
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
occupations des moines était d'aller couper
du bois dans le désert, et de l'apporter au
monastère. Sabas plus grand et plus fort que
les autres, en portait trois fois davantage.
Un moine nommé Jean ayant obtenu de Thé-
octiste d'aller ù .\lesandrie, régler quelques
allaircs temporelles de ses parents, demanda
Sabas pour l'accompagner. Il y fut reconnu
par son père et sa mère qui s'étaient établis
en cette ville depuis plusieurs années. Ils
voulurent l'obliger à changer de profession,
et voyant qu'il s'en défendait fortement, ils
le prièient d'accepter du moins vingt pièces
d'or pour son voyage. Sabas pour les con-
tenter, en prit trois, qu'il remit .'i son retour
ù l'abbé Théoctiste. A l'âge de trente ans, il
passa dans le désert , où il demeurait seul
dans une caverne : mais le samedi il revenait
au monastère, apportant son ouvrage qui
était de cimpianle corbeilles. Quelques an-
nées après il changea de demeure, et s'éta-
blit dans une autre caverne , qui se trouvait
près le torrent de Cédron. Plusieui-s étant
venus pour se mettre sous sa discipline, il
dressa au milieu du torrent un petit oratoire,
et un autel consacn-, etlois.ju'il venait quel-
que prêtre, il le priait d'y ollVir le saint sacri-
fice, son humilité l'ayant empêché jusques-là
de rerevoir l'oidination; mais quelque temps
après. Sallusle, patriarche de Ji-rusalem ,
l'ayant envoyé chercher, l'ordonna prêtre.
11 vint ensuite ' à la Laure du saint, en dédia
l'église , et ayant dressé un autel dans la
conque , il le consacra en mettant dessous
plusieurs reliques des i)lus célèbres martyrs.
C'était en iOI, la première année du règne
d'Auastase, et la cinquante-troisième de saint
Sabas. Daus le même temps il reçut dans sa
Laure un arménien nommé Jérémie, avec
ses deux disciples, Pierre et Paul, et leur
donna un petit oratoire avec permission d'y
faire l'olUce en leur langue le samedi et le
dimanche; mais, dix ans après, voyant qu'un
grand nombre d'autres arméniens s'étaient
joints il eux, il les tranféra de leur petit ora-
toire dans l'Église de Théoctiste que Snlluste
avait dédiée, et leur permit d'y faire leur of-
fice. ;\ condlion - qu'après qu'ils auraient lu
l'Evangile en leur langue, ils passeraient dans
l'Église des Grecs au temps de l'oblalion,
pour communiquer avec eux aux saints mys-
p«j. -'.111
' Àrchiepiscopus ad Laurain reuit , et Eccksia
Theoctista dedirata, sunclificulmn allure in con-
clia n Veo cundila defixil, sub nuo plurimas sanc-
\was
toruin ac victoriis clarorum martyrum reliquii
deposuil. Vila Sali., pa^. 217.
' Armenios a parvo oratorio Iranstulit, ulpsai
■C. 36.-:.
iiii SoUii
ïnvdji; i
miiiTi ur
itasu vers
i'U. II
[VI" siKCLE.] CIIAPITIIK XXM. — ZACIFAlt
Ii'tos. De celle manière, Il's arnu'iiii'iis ciHci-
biaicnt st'piii'éraenl la piemic'io [lartie de la
messe qui esl pour riiistiuctidii , et se réii-
iiissaieiil pour le saerilice. Quel([ues-uns do
ces arméniens cliantaieiit le Trisiigiun avec
l'acUlition de Picrre-Ic-Foiilon : Qui est ci'uci-
fii' j>niir 7mtis. Le saint vieillard leur ordonna
de le clianler en grec sans celte addition,
suivant l'ancienne tradition de l'Église catho-
lii]Me. Il ordonna aussi que l'assembh'c pour
le sacrifice se fcMit le samedi dans l'IOglise
de Théoolisle, et le dimanche dans celle de
la Mère de Dieu ; mais que dans l'une et dans
l'autre, l'on ferait des veilles continuelles de-
puis le soir jusqu'au malin, les jours de di-
manche. Deux ans après, c'est-à-dire en
493, saint Sabas voyant sa Lanre beaucoup
augmentée, bâtit un monastère A une lieue
de li\, en un endioit iiommii Castel. 11 les
quitta l'une et l'autre pour un temps, croyant
devoir céder ;\ des faux frères , qui s'étaient
révoltés contre lui au nombre de soixante.
Mais sachant qu'ils s'étaient retirés près de
ïh<''uui'! dans des cellules abandonnées, dont
on composa depuis la nouvelle Laure, il alla
les trouver, et les ayant gagnés par des mar-
ques de sa charité , il leur bAtit une église
par les bienfaits du patriarche Elie , et leur
donna pour supérieur un nommé Jean , le
premier de ses disciples. Il était alors dans
la soixante-neuvième année de son âge.
6. Elie avait succédé à Salluste dans le
siège de Jérusalem, en 493 ; nous avons de
lui une lettre adressée aux moines delà Laure
pour les assurer que saint Sabas, leur père,
n'avait point été dévoré par des lions comme
ses ennemis le disaient. Ce patriarche l'en-
voya, vers l'au 311, à Constautinople, avec
quelques autres abbés, pour résister à Sé-
vère, et aux autres hérétiques qui dominaient
en cette ville ù la faveur de l'empereur Anas-
tase. La lettre qu'ils présentèrent à ce prince
de la part d'Élie , portait : a Je vous envoie
l'élite des bons et fidèles serviteurs de Dieu,
des supérieurs de tout le désert, entr'autres
le seigneur Sabas, la lumière de toute la Pa-
lestine. » Anastase les reçut avec bonté, et
leur accorda à tous ce qu'ils lui demandèrent
pour l'intérêt de leurs monastères ; puis , s'a-
dressant h saint Sabas, qui lui paraissait com-
me un ange , il lui demanda le sujet de son
li:, P;vftQUE DE MITILI'LNE. 275
voyage : « Je suis venu, lui répondit le saint^
prcmièi'euicnl pour baiser les |)iedsd(! votre
[)ii'li'' ; ensuilc pour vous su|q)lierau nom de
la saiiib! cili! de Jiirnsalein, et de notre saint
arclievè(]ue, de donner la paix aux l'glises,
et de ne point troubler le sacerdoce, alin que
nous puissions jirier lrani(uilleim.Mit, jour et
nuil, pour votre sérénité', n L'empereur lui
lit (loiuirr mille sous d'or, et sachanl qu'd
voulait passer l'hiver à Conslautinople, il or-
donna ipi'on le laissât entrer au palais toutes
les fois qu'il se présenterait , sans se faire
annoncer. Quelques jours après, Anastase l'os-^oo.
l'ayant fait venir, lui dit qu'Élie, archevêque
de Jérusalem, avait seul empèclu; de con-
cert avec Flavien d'Autiochc, que les décrets
du concile do Chalcédoine ne fussent ana-
thiimalisés avec celui de Sidon ; qu'il avait
de plus refusé de consentir à la déposition
d'Eiiphémius et de Macédonius, tous deux
nestoriens ; cpie pour ces raisons , il voulait
qu'il fût chassé de son siège, et qu'on mît à
sa place un homme orthodoxe. Il lui parla
aussi d'une lettre qu'Élie lui avait écrite, et
où il disait : « Nous rejetons toute hérésie
qui a introduit quelque nouveauté contre la
foi orthodoxe, sans recevoir ce qui a été fait
ù Chalcédoine, à cause des scandales qui en
sont arrivés. Il croit, ajouta ce prince, nous
avoir trompé par là; mais nous voyons bien
qu'il est le défenseur du concile de Chalcé-
doine, et de l'hérésie de Nestorius. » On ne j^
sait en quel temps Elie avait écrit cette lettre;
mais il parait que ce fut avant le concile de
Sidon. Saint Sabas répondit qu'Élie rejetait
également la division de Nestorius, et la con-
fusion d'Eutychcs, et que marchant au mi-
lieu par le chemin de la foi catholique, il
suivait la doctrine de saint Cyrille. L'Empe-
reur promit qu'à sa considération, il n'ordon-
nerait rien contre l'archevêque, et lui ayant
encore donné de sa main mille pièces d'or ,
il le renvoya en Palestine. Saint Sabas em- 355^
ploya l'argent qu'il avait reçu à Constautino-
ple , à bâtir une église eu l'honueur de saint
Cosmeet de saint Damien, dans le lieu de sa
naissance, prenant à cet effet sa maisonpater-
nelle. Cependant Flavien d'Antiochefutchas- j^^
se de son siège, et Sévère, chef des acépha-
les, mis à sa place. Sévère rejetait le concile 3as.:m
de Chalcédoine, lecevait le faux d'Éphèse, et
modiw regulam,dialecto armeniorum, in Eccle- xibus armenicaliiigua inter se recitare ; tenipore
sia aDeo constructa exsequerenlur, maiulavitque aiUem divinw oblalionis cum iis qui grœca Ungua
Us Evangelium et reliquam officii seriem iasyiia- utebautur convenue. Vita Sab., pay. 204.
276
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
foulenait qu'après l'incarnalion, il n'y avait
on Jésus-CIirist qu'une nature. L'empereur
Auaslase, voulant le maintenir sur le siège
(l'Anliochc, y envoya des officiers avec beau-
eoup d'argent , pour gagner le peuple. Sé-
vère adressa partout ses lettres synodiques.
I^lie de Jérusalem fut du nombre de ceux
qui ne voulurent pas les recevoir. Sévère les
lui renvoya avec quelques clercs et des offi-
ciers de l'Empereur. Saint Sabas l'ayant ap-
pris, vint à Jérusalem avec les autres abbés
du désert , et chassa de la ville les porteurs
des lettres de Sévère, h qui les moines et le
peuple assemblés devant le Calvaire, dirent
1^.310. auathème à haute voix. Anastase, informé
qu'Elie avait refusé sa communion à Sévère,
en fut si irrité, qu'illc chassa de Jérusalem, et
mit A sa place Jean, fils de Marcien, qui pro-
mit d'embrasser la communion de Sévère;
mais par respect pour saiul Sabas, et pour les
autres pères du désert, qui le supplièrent de
ne point recevoir Sévère à sa communion et
3'2- de ne rien faire contre le concile de Cbalcé-
doine; il manqua à sa parole ; et au lieu de
communiquer avec Sévère , il dit anatlièuic
eu pleine assemblée à Nestorius, à Eutycliès,
à Sévère , et à quiconque ne recevait pas le
>u. concile de Chalcédoine. Tout ce qui se passa
en celte occasion ayant été rapporté à l'Em-
pereur , il prit le parti d'envoyer en exil le
patriarche Jean , Théodose et saint Sabas ,
les deux chefs de tous les moines. Ceux-ci
à qui la nouvelle en fut apportée de Jéru-
salem, assemblèrent tous leurs disciples, et
d'un commun consentement, ils écrivirent
une protestation qu'ils envoyèrent ci Anas-
tase. Elle était eu forme de requête, et por-
311. tait en substance : « Le Dieu de toutes choses
et notre Seigneur Jésus-Christ, Fils unique
de Dieu, vous a donné le sceptre de l'Empire
pour procurer la paix à toutes les églises ;
mais surtout h la Mèie des églises , en la-
quelle le grand mystère de notre rédemp-
tion à été accompli. Nous en avons reçu la
foi par la croix de Jésus-Christ , par sou sé-
pulcre , et par tous les lieux saints que l'on
adore. Nous l'avons reçue dès le commence-
ment par les oracles des prophètes, et de la
Louche des apôtres ; nous la conservons
entière, et nous la conserverons toujours par
la grâce de Dieu, sans nous laisser effrayer
par ceux qui la combattent, ni emporter par
tout vent de doctrine. Vous y avez été nourri
vous-iuèmc, et c'est dans cette créance (pie
3IC. vous avez reçu l'Empire. Il est donc étonnant
que sous votre règne , il se soit élevé un si
grand orage contre la sainte cité , dont la
suite a été que l'on a chassé avec violence
les évoques, les ministres sacrés, et les soli-
taires, en les traînant au milieu des villes,
et des lieux impurs et profanes, pour les
obliger à des choses qui blessent la foi. Si
c'est à cause de la foi que l'on' attaque ainsi
la sainte cité , qui est l'œil et la lumière de
tout le monde , comment prétend-on nous
apprendre notre créance cinq cents et tant
d'années après la venue de Jésus-Christ ? Il
parait évidemment que la réformation que
l'on veut introduire dans la foi , est la doc-
trine de l'Antéchrist, qui veut troubler la
paix des églises. L'auteur de tous ces maux
est Sévère , dont nous rejetons la commu-
nion, en vous suppliant d'à voir pitié de Sion,
la mère de toutes les églises. Fallut-il souf-
frir la mort , jamais on ne pourra nous obli-
ger à communiquer avec les ennemis de l'É-
glise , et des quatre conciles que nous rece-
vons comme les quatre Évangiles. Pour vous
en assurer, nous disons anathème à Nestorius,
qui divise Jésus-Chris! , et à Eutychès, qui
confonil la divinité et l'humanilé. » L'Empe-
reur ayant reçu celte déclaration , fut con-
seillé de garder le silence et de se tenir en
repos, i\ cause que Vitalien, irrité de ses par-
jures, avait recommencé la guerre. Ainsi le
patriarche Jean demeura paisible sur le siè-
ge de Jérusalem.
7. Il lie le tint que pendant sept ans el
neuf mois, depuis l'an 517 jusipi'en 523, au-
quel il mourut. Pieire, son successeur, et les
évéques de sa dépendance, prièrent saint
Sabas d'aller à Conslantiuople demander à
l'empereur Justinien une remise des im-
positions pour la première et seconde Pa-
lestine qui avaient été ravagées par les
Samaritains, en 530. Le saint, qiioiqu'âgé de
qualre-viiigt-freize ans, se mit en chemin au
mois d'aviil de l'année suivante 531. L'Em-
pereur, que Pierre avait informé de c6
voyage, envoya au-devant de lui ses galères ;
avec elles sortirent le patriarche Epiphane,
Hypace, évèque d'Éphèse, et un autre évo-
que nommé Eusèbe. Ils prirent saint Sabas
et le présentèrent à Justinien. Ce prince à
qui Dieu ouvrit les yeux, apercevant sur sa
tète une grande lumière en forme de cou-
ronne, courut se prosterner devant lui, lui
baisa la tète el reçut sa bénédiction. L'Em-
pereur lui oU'rit des revenus pour la subsis-
tance de ses moines ; mais le saint abbé
!>■«. 3IC
Slinl Saba>
rail liO <4câDd
Toy»»r« k CoDî-
Untiuû'.lc co
Ul.
etf '■•"•
Pag ;U3.
•tÛQ'J â '>ï(flE6'
[vr SIÈCLE.] CIIAPITHE XXII. — z.\cnAiui
r('pondil qiin loiir partagn ôtait le Sciajneur;
qu'il lie lui (lomniulait aulrc riiosn que la dé-
cliarge des Irihiils pour les lid6les de Pales-
tine, et le rétaljlisseiiieiil des l'glises hrùlées;
un secours pour les clirotieus ([uiavaieni iSté
pillés et réduits c^ un petit nand)re; l'établis-
senieiit d'un hôpital à. I(''rnsal('ni pour l(;s ma-
lades étranyeis; ([u'il le [iriail eucoi'e d'ache-
ver le hàtimcnl de l'I'lglise do la Mère de Dieu,
commencé par le patriarche Elie, et de l'aire
construire un château dans le désert, au-des-
sous de ses mouaslcres, ;"! cause des incur-
sions des Sarrasins. « Je crois, ajonta-t-il,
qu'en récompense de ces bonnes œuvres,
Dieu ajoutera à vos états l'Afrique, l^ome et
le reste de rcnipire d'Houoriiis (pie vos jiré-
décesseurs ont perdu, ù la charge toutefois
que vous délivrerez les églises des trois hé-
résies, d'Arius, de Nestorius et d'Origène. n
L'Empereur lui accorda toutes ses deman-
des, et donna tous les ordres nécessaires à
cet égard. Un jour qu'il en doimait au ques-
teur ïribonien, saint Sabas qui accompa-
gnait ce prince, se retira à l'écart pour réci-
ter les Psaimies île David, et les autres
prières de l'ollice de Tierce. Jérémie, diacre
de la grande Laure, un de ses disciples, lui
dit : « Mon père, puisque l'Empereur est si
porté à accorder vos demandes, pourquoi le
quittez-vous? Mon iils, lui répondit le saint
vieillard, ils font leur devoir, faisons le nô-
tre. 1) De retour en Palestine au mois de
septembre de la même année 5^1, il puljlia
à Jérusalem les ordres de l'Empereur, puis
à Césarée eti\Scythople, d'où étant revenu
visiter les Saints-Lieux, comme pour leur
dire adieu, il retourna à la grande Laure,
où il tomba malade au commencement de dé-
cembre. Mais sachant par révélation qu'il
mourrait dans peu de jours, il appela les
Pères de la Laure, et leiu' donna pour abbé
Mélitas de Béryte, l'exhortant à conserver
les traditions de ses monastères, qu'il lui
donna par écrit. Il demeura quatre jours
sans rieu prendre et sans voir peisonne. Le
samedi au soir, qui était le cinquième jour
de ce mois de l'an 531. il demanda et reçut '
la communion, après quoi il espira, en di-
sant ces paroles du Psaume : Seigneur ,
je recommande et remets mon nnte entre vos
, mains. Il était âgé de 94 ans. Cyrille, après
;, ÉVI>.OUE DE MITILI>-NK. 277
avoir fait l'histoire de la vie do saint Sabas'
fait celle des révolutions qui arrivèrent dans
sa LaïU'e, sous l'abbi' Mi'litas et ses succes-
seurs. Il rapporte aussi (piantilt- de miracles
faits par l'intercession du saint abbé.
8. iVest aussi do lui que nous avons la vodomini
, , ^ wnait-lo Silon-
Vie do sami Jean, dit le Silencieux, impri- ;',7'- ,'■'""';
' ' 1 III ninii, ad
lui'e parmi les Actes des saints de JJollandus. M^^pùdiJôS;
au 1.'} de mai. Le saint vivait encore lorsque
Cyrille de Seythople en écrivit l'histoire; il
marque que saini Jean avait alors cent qua-
tre ans, et ([U(' maigri' ce gi^and^ige, il avait
toujours le visage gai, et l'esprit vif. Il était
né h Nicople, en Arménie, le 8 janvier de
l'an loi, de parents riches et chrétiens, qui
rélevèrent dans la piété. Api'ès leur mort,
ayant partagé leur succession avec ses frè-
res, il se consacia ;\ Dieu k l'âge de di.K-huit
ans, et bâtit, dans le lieu de sa naissance,
une église en l'honneur de la Mère de Dieu,
avec un monastère, où il se renferma avec
dix autres personnes qui pensaient comm ^
lui i\ travailler ;\ leur salut. Dix ans après, Pag. 231.
l'évèque de Colonie, en Arménie, étant mort,
il en fut choisi évèipie, et consacré malgré
sa résistance. L'épiscopat n'apporta aucun
changement î'i son genre de vie. Il pi'atiqua,
étant évèque, les mêmes austérités qu'il
avait oliservées dans le monastère. Son
beau-frère, gouverneur de l'Arménie, au
lieu de le seconder dans l'administration de
sou diocèse, y mit le trouble, empêchant ^
les ecclésiastiipies de s'acquitter des fonc-
tions de leur ministère, violant le droit d'a-
sile, et commettant diverses violences. Le
saint évêque, obligé d'en porter ses plaintes
à l'empereur Zenon, lit pour cela le voyage
de Constantinople. .A. vec l'aide du patriarche
Kuphémius, il obtint justice de ce prince,
puis ayant mis ordre aux aff'aires de son
diocèse, et fait agréer sa démission, il re-
nonça à l'épiscopat, et passa en Palestine
pour y vivre dans un plus grand repos.
C'était en 4fll, la dixième année depuis son
ordination. Il s'arrêta dans l'hôpital de Jé-
rusalem où il demeura longtemps, priant
Dieu avec larmes de le conduire en un en-
droit propre à son salut. Dieu lui fit connaî-
tre que ce serait dans la Lanre de saint
Sabas. Il y alla : le saint ablié le reçut sans
savoir qui il était, le mit sous l'obéissance
' Cumqneclipstransegissel qitatuornihil sumev-
do et ctim inillo congressus, vespere sabhali , pe-
lita communione atque accepta , postquam pos-
tremo dixil : Domine , in manns luas commemlo
spiritum meum, animnm r'didilA'Hn Sab., pag. 3"J3.
278
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
de l'dconome, qui l'occupa aux emplois les
plus bas et les plus pénibles. On le cbarirea
ensuite du soin de recevoir les hôtes ; pi'.is,
saini Sabas, reconnaissant en lui des dons
extraordinaires de Dieu, lui donna une cel-
lule écartée, pour }• vivre dans la contempla-
tion. Il y passa trois ans. Durant les cinq
premiers jours de la semaine, il ne voyait
personne, ne prenant [las même de nourri-
ture ; mais le samedi et le dimanche il allait
à l'étrlise avant tous les autres, et en sortait
le dernier. Sa ferveur et sa componction
étaient si grandes, qu'il ne pouvait retenir
ses larmes, lorsqu'on oHrait le sacrifice '
non sanglant. Les frères en étaient dans une
confusion mêlée d'admiration, en voyant en
lui ce don des larmes, et ils eu louaient
Dieu de qui il l'avait reçu. Les trois ans de
sa retraite écoulés, il fut fait économe de la
Laure, qui reçut par son ministère de grands
p.f. Ml, accroissements. Saint Sabas pensa à le faire
ordonner piètre, et le conduisit à cet etl'et à
Élie, patriarche de Jérusalem. Sur le témoi-
gnage qu'on lui i-endit des vertus de ce so-
litaire, il voulut l'ordonner lui-mcmc ; mais
le saint le voyant prêt à commencer cette
fonction, demanda à lui parler eu secret ;
alors il lui découvrit qu'il était évcque, ci
que la vue île ses péchés l'avait obligé à
fuir dans la solitude pour y attendre la mi-
séricorde de Dieu. Élie, pour favoriser son
humilité, dit ci saint Sabas, que ce religieux
lui avait fait connaître en secret certaines
choses qui ne lui permettaient pas de l'or-
donner, lui recommandant de le laisser dans
le silence sans (ju'il fut inquiété de personne.
Ce saint abbé extrêmement aflligé de l'avoir
présenté pour être élevé au sacerdoce, pria
Dieu avec de grandes instances de lui faire
connaître ce qui l'en avait éloigné. Il l'niqtrit
dans une vision où J)i(ïu lui révéla que Jean
était un vase d'élection, qui était honoré du
caractère épiscopal. Saint Sabas se plaignit
à lui de ce qu'il lui avait rr-cliéceqpi'il était.
Je^an se voyant reconnu voulait quitter la
Laure ; mais tout ce qu'il put obtenir, fut
que le saint abbé n'en parlerait à pei-sonne.
Four lui, il se renferma dans une cellule,
où il demeura pendant quatre ans dans un
parfait silence ; il n'en sortit qu'une seule
fois pour aller à la dédicace d'une église
proche de la Lauie, paru; qu'il ne put se
dispenser d'aller saluer le patriarche Elie
qui en faisait la cérémonie. La révolte qui
survint dans cette Laure, ayant obligé
saint Sabas à en sortir pour se retirer du
Coté de Scylhople, le biouheureux Jean,âgé
alors de cinquante ans, passa d.ins le dé- ^'"
sert de Ruba, où il demeura neuf années,
n'ayant de convei-sation qu'avec Dieu, et ne
vivant que des fruits et des racines qu'il
trouvait dans cette solitude. Saint Sal>as l'y
vint trouver, et le ramena à sa Laure, qui
jouissait de la tranquillité depuis l'éloignc-
ment des rebelles; il y resta même depuis
la mort du saint abbé, et il y était encore
lors(juc Cyrille vint à Jérusalem pour visiter
les Saints-Lieux. Il passa de là ^ la Laure *""
de saint Sabas, parce qu'il avait reçu ordre
de sa mère de prendre avis du bienheureux
Jean pour ne point se laisser entraîner à
quelque doctrine pernicieuse. Il en reçut di-
verses inslructions, et fui témoin de quel-
ques miracles qu'il opéra. Il eu rapporte
d'autres sur la foi d'aulrui. Quant aux com-
bats que le saint avait soulenus pour la dé-
fense do la vérité, Cyrille laissa ii d'autres
le soin de les raconter. Surius n'avait donné
cette Vie qu'en lalin ; Heuschéiiius et Pape-
biock l'oul fait imprimer en grec et en latin.
Nous avons aussi en ces deux langues les
Vies de saint Eulhyiuius et de saint Sabas
dans les iMimmuents de rk'giiar grecque, pnr
M. Colclii-r; i-lles sont en latin seulement
diins Surins; la pieinièie ;iu iO janvier',
la seconde au 5 décembre. '
' Tanta vero et aderat compnnclio ut ipse re-
hemcnter lairymnrrtur in (empare, incruenti sn-
crificii, cl non polcral se conlinere : adeo ul l'alres
gui lidclinnt gratiam lacrymarinn, ohsIupeseereHt
el Inudarcnl Deum datorem donorum.\Ha&. Joau.,
[vi« siÈciE.J CITAPIinK XXII!. — SAINT GIVÉGENTIUS, ARCilEVÈQUE, ETC.
279
CHAPITRE XXIII.
Saint Grcgentius L554J, archevêque de Taphar ; Nounosus et Eutychien.
[Écrivains grecs.]
Ce <]ti'.i
ntt ilo 5.1. n
Tniii VI.
B'M. Pol.ixii.'.
lOll).
pmcop., lib.
1 De Ilt-I.
l'c s cap. XT
Lfl Di.ilo;uc
$oii< la nntn de
.■"lot (îréfen.
Iiit-p.^r.il( uiio
pièce siippo-
Ton.. VI
Blbl.Hal.pa;!
1113».
1. Saint Grégentius ne nous est guère con-
nu que par un Dialogue qui porte son nom ;
mais dont l'autorité n'est pas l)icn assurée.
Il y est tlil qu'il fut archevi'quc do Tupliar,
ville célèbre dans l'Arabie Heureuse où les
rois des Homériles faisaient ordinairement
leur ileuunue; (pi'il gouverna l'IIgiisc de
Taphar dans le même Icnqis qu'.X'orauiius
régnait sur ces peuples ; que ce prince fai-
sait tout par le conseil de cet archevêque ;
qu'Abramiiis mourut la Irenlicuic année do
sou règne, et que saint Gn'gcntius le suivit
de près, ayant occupé aussi pendaut trenlo
ans le siège épiseopal de Taphar. On fait
connueucor le règne d'Abramius '.i la défaite
de Duuaan, par Hicsbaan, roi il'Auxume en
l'^lliiopie, c'est-à-dire, î\ l'an 524 ; et on rap-
porte à la même année le commencement
de l'épiscopat de saint Grégentius, ce qui
oblige de mettre la mort de l'un et de l'autre
en 534, en donnant trente ans de règne à
Abramius, et trente ans d'épiscopat à saint
Grégentius, selon l'auteur du Di<i/u(juc' ; mais
il ne s'accorde point avec Procope qui, de-
puis la défaite de Duuaan, usurpateur du
royaimie des Homérites, leur donne plu-
sieurs rois jusqu'à l'an 554.
2. Cette raison a fait regarder ce Dialogue
comme une pièce supposée et de même na-
ture que la Dispute que nous avons sous le
nom de saint Athanase.avec Arius, qui est
rejctée de tout le monde comme apocryphe;
mais il y en a encore d'autres preuves. Her-
bau, qui dans le Dialogue prend la défense de
la religion juive contre le christianisme, de-
mande à saint Grégentius de lui faire voir
Jésus-Christ, qu'il disait être monté au ciel
depuis qu'il avait été mis à mort par les
Juifs. Le saint évoque croyant que de ce mi-
racle dépendait la conversion d'Herban et de
ceu.v. de sa suite, se met en prièie, demande
.1 Jésus-Christ de se manifester à ce peuple.
O, à peine le roi Abramius, les grands sei-
gneurs de sa cour, eileschrétiens qui étaient
présents, eurent-ils répondu ; Amen, que les
portes du ciel s'ouvrirent, et que Jésus-
Christ apparut à toute l'assemblée, se pro-
menant sur une nuée couleur de pourpre.
Il s'arréla auprès de l'archevêque sur un
bout de la nuée, n'étant élevé au-dessus du
peuple qu'environ de deux cents coudées, ce
qui le rendait visible à tous. Herhan, rempli
do frayeur, étail dans le siliuice : alors il vint
une voix lie la part du Seigneur, qui s'adres-
sait aux Juifs eu ces termes : C'est à la prière
de l'archcvèqae r/ue j'apparais à vos yeux, moi
que vos pires 07it eruci/ié. Tiuis cnteudironl cette
voix qui les remplit de frayeur; mais tous ne
virent pas Jésus-Christ; il fallut le ba|)téme
pour ouvrir les yeux aux Juifs. Le premier
d'entr'eux qui le reçut eut aussitôt les yeux
ouverts. Ce nouveau prodige eut plus d'effet
que le [uemier. Tous se liient baptiser, et
virent ce qu'ils ne voyaient point auparavant.
Qu'appelle-l-ou histoire fabuleuse, si cells-là
n'eu est pas une? Uieu a accordé aux apô-
tres le don des miracles. Il s'en est fait un
nombre iidini à la couversion des infidèles.
Mais ou nu lit nulle part que ceux que Dieu
a employés à ce ministère aient prié Jésus-
Christ de se faire voir à ceux qu'ils entre-
prenaient de convertir. Ils parlaient diverses
langues, ils guérissaient les malades, i-es-
suscitaient les morts, chassaient les démons,
et faisaient d'autres miracles, qui, selon la
promesse de Jésus-Christ, devaient accom-
pagner la prédication de l'Ilvangile. Jamais
aucun d'eux n'a tenté ce que l'auteur du
Dialogue attribue à saint Grégentius, qui ne
pouvait ignorer que Jésus-Christ avait refusé
de descendre de la croix, quoique les Juifs
promissent de croire en lui s'il eu descendait.
Il faut ajouter que cet auteur, en faisant
parler Herban pour la défense des Juifs, lui
fait tirer avantage du 37' verset du troi-
sième chapitre de Baruch, que l'archevêque
avait cité sous le nom de Jérémie. En quoi
il se trompe doublement , parce que non-
seulement les Juifs ne croyaient pas que le
livre de Baruch fut de Jérémie ; mais ils ne
Il.id.
10113.
HISTOIRE GI'JNKRAI.E DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
M>ii»l(> nom (•«
saint GK-i;cii-
lius.
U»»'.Iib.V
vas- Il'I.
*cr* !o> Siirr»-
•III». le* Auxa*
m les II ■••
llo(n''"'"i'C''»
280
recevaient pas même ce livre comme cano-
nique, ainsi que saint Jérôme nous en as-
sure dans sa Pnfnce sur ce proplièto. Il pa-
rait au surplus que l'on n'a intitulé ce Dia-
logue du nom de saint Grégentius, que parce
qu'on suppose qu'il conféra en elïct avec
Herban, docteur juif ; mais on ne peut le lui
attribuer on l'état que nous l'avons. Il y est
loué en 50 endroits, et il y est parlé de sa
mort cl de sa sépulture. C'est donc l'ouvrage
d'un anonyme ' qni sachant, ou feignant
qu'il y avait eu une dispute sur In religion
entre cet archevêque et Herban, en présence
du roi des Homérites, l'a rapportée en l'ajus-
tant à sa façon. L'ouvrage est divisé en qua-
tre parties, parce que la dispute continua
pendant quatre jours. Ou l'imprima à Paris,
en 1.586, de la traduction et avec les notes
de Nicolas Goulu, professeur royal de langue
grecque, ii Paris ; Fronton-lc-nuc lui donna
place dans le tome I" de son Anrtmrium,
imprimé aussi à Paris, en 1624. On le trouve
encore dans le tome I" de la Bibliothèque
grecque et latine des Pères, de la même ville,
et dans le tome VI de la Bihliot/ièqm de
Lyon, [et dans le tome LXXXVI de la Pa-
trologie grecque, col. 021-782, d'après Gal-
land, Vefcr. Patr. hibl. tome XI, p. 590.]
3. Lamhécius met entre les manuscrits de
la Ribliotlièque de Vienne un Code de lois
faites par saint Grégentius sous le nom d'A-
bramins, roi des Homi-i'ites. Ce Code qui n'a
pas encore été rendu public est divisé en
vingt-trois titres. Les Grecs en parlent dans
leurs Menées, et il en est aussi pailé dans le
Dialogue entre ce saint archevêque et Her-
ban. Le premier titre traite de l'homir idc ;
le second des enchantements, du faux té-
moignage et du vol ; le troisième de la for-
nication ; le quatrième de l'adultère. [M. Mi-
gne a reproduit, tome L.XXXVI do la Patro-
logie grecque, col. .'Î67-021, \es Lois des Ho-
mérites, d'après lioissounade, tom. V.Awcd.
gjv'c.,[). 63. Ces lois se trouvent aussià la tin
du ]«' vol. dcVIfislnire de la littérature ara-
be, par de Hamer.]
4. Nonnosus, fils du prêtre Abraham, fut
envoyé par l'ompereui- Justinieu versCaïsus,
commandant dos Sarrasins, ensuite vers
Élesbaan, roi d'Auxume, puis vers les Ho-
mérites. il faut donc mettre sa députation
' fiallaud, lom. .M, DM. tel. l'ai., p. xxu <lc lii
p lé l'a II.' et 509, ii'osi; se proïKniciT sur l'aïUlu'ulii iti!,
vuycz l'ulrol. grecque, loin. LXXXVI, l'ol. 5G3 et
siiiv. (tVdifeur.)
en 527, qui fut la première année du règne
de Justinieu ; puisqu'r>lesbaan, après avoir
défait Dunaan, roi des Homérites, en 52i,
ne tarda pas .'i embrasser l'état monastique,
ainsi qu'on le lit dans les Actes du martyre
de saint Arétas, dont le fils succéda à Éles-
baan dans le loyaume d'Auximie. Le but de
la légation de Nonnosus était d'engager Caï-
sus A prendre la piéfo- lure et le gouverne-
ment de la Palestine. Nonnosus réussit dans
sa négociation où il essuya mille dangers de
perdre la vie. Caisus vint h Constantinoplc,
amenant avec lui un nombre infini de ses
sujets, et reçut de l'Empereur le gouverne-
ment qu'il lui avait fait offrir. Nonnosus écii-
vit l'histoire de sa légation. On l'avait encore
du temps de Photius (jui en donne quelques
extraits, en remarquant qu'elle était rem-
plie de quantité de faits incroyables et qui
tenaient beaucoup du fabuleux. Nous ne l'a-
vons jilus. Il y parlait d'une certaine espèce
d'hommes extrcuiomcnt petits et tout noirs,
dont la nourriture ordinaire était les huîtres
et les ])oissons que la mor jetait dans l'île
qui leur servait de demeure.
5. Eutychien, clerc de l'Église d'Adan ,
dans la seconde Cilicie , écrivit, sous l'em-
pire de Justinieu, l'histoire de la conversion
et de la pénitence de saint Théophile , éco-
nome do la même église. Sou évêque l'ayant
dépouillé injustement de son emploi , il eut
recoiM-s au démon pour y rentrer; et lui
donna ;\ cet oll'ot un billet signé de sa main
et scellé de son sceau, par lequel il reniait
Jésus-Christ et sa mère. Frappé de l'énor-
mité de son crime, il en fit une sévère péni-
tence. Il obtint même par dillV-reulos prières
h la Sainti' \iorge que son billet lui serait
rcnilu par le démon. Eutychien, pour don-
ner du poids à une histoii'e si extraordinaire,
assui'o tju'il ('lait m' dans la maison do saint
Tlu'ophile, qu'il l'avait servi dès sou bas Age,
et qu'ayant été contiiniellement auprès de
lui, il avait vu ou ouï tout ce qu'il en racon-
tait. Nous ne connaissons pi-rsonue (]tn' ait
cité cette histoiri- avant saint Pierre Damien'
et saint Reruanl. Elle l'a été depuis par
salut Honavonture, pai- .Mbcrl-lo-Crand, par
Fidbort de Chartres, et jiai- quelques autres.
Surius et Bollandus l'ont insérée dans leurs
Itccvcih au l février. On la trouve en grec '
* Damian. Sitiu, île Snl. Mariiv. Bernard. 8orm.
in vr.rba \pnsl. ctalii. Apnil Boll. «(/ diem 4 febr.
•1 I.anil).,lil). Vlll,;ia(<. "«.
Ploi. Co^.l
[.IJ. 6 01 ..
dC'll lli
de ta !■■ fu-
sion lie ?
TUo| bilr.
CH.VPITIU'] XXIV. — JLINn.IlîS, l'IllMASK, ETC.
[Vl* SIÈCLE.]
dans los iniiniiscrits de la Bililiotliôqiic im-
périalc. l.a traduction quo nous avons est
altiihut'P i\ Paul , diacri! di; l'ûfiliso di; Na-
plcs, le in(Mno qin,an rapport de Sij;<d)nrt de
tioinlilours ', a traduit du i^icc on latin la
Vie de sainte Marie d'l5f;ypto. Si le roi Char-
les à qui Paul dc'ilia sa ti'aduction, est (;har-
lemaunc, tiiuune l'a eiu \'nssius, on ne peut
douter de l'antiquité de l'hislniro de la con-
vei'sionde saint 'riiéopliile; mais je ne sais si
elle en doit paraître |)lus aullienliipi(\ Les
grands colloques que l'on fait ternr à Tlico-
pliile avec la Sainte Vici'ge , mère de Dieu ;
l'appareil avec lequel le diable se montre à
281
lui par l'culromise d'un juif inaf,Mcicu ; l'ap-
paiitinii de la Sainte Vie,ri,'e tenant en main
le ljill(!t qu'il avait ilonné ati dialjle; et plu-
sieurs autres circonstances de cette histoire
dniment lieu de la regarder comme ayant
été embellie et amplifiée. Elle est plus am-
pli; dans Mi'IaplirasIe q le dans la traduction
latine du tliacre Paul ; Henschéuius a donné
la môme histoire eu vers hexamètres , qu'il
conjecture être de la façon de Marbodns qui,
d'archidiacie d'Angers , fut fait évériue de
Rennes en Bretagne dans le xi' siècle. [Ou
la trouve au tome clxxi de la l'utruloijie la-
tine, col. Io93-1603.]
CUAPITRE XIIV.
Jnnilius, évêqne d'Afrique [550J ; Primase, évêqne d'Atirumct [555J ; Bellator
et Mucien [vers le même temps],
[Écrivains latins]
Jïriiniiis :
1. Nous ne connaissons Jnnilius que parce
qu'il en est fait mention dans Cassiodore', et
par l'éci'it qu'il a composé sous le titre : Des
Parties de lu loi dii'ine. C'est une espèce d'iu-
Iroduction à l'étude de l'Hcriture sainte ,
adressée à Primase, évèque d'Adrumet, ville
de la province de Bysacène eu Afrique. Ils
s'étaient ' trouvés ensemble à Go'.istantino-
ple dans le temps de la tenue du cinquième
concile général. Comme ils s'entretenaient
sur des matières de doctrine , Primase de-
manda il Junilius s'il ne connaissait person-
ne parmi les Grecs qui fut versé dans l'in-
telligencc des livres saints, et qui eût assez
de zèle et il'anleur pour en instruire les au-
tres. Junilius répondit qu'il avait vu un per-
san nommé Paul, qui avait étudie à Nisibe ,
on il y avait uue école publique, où l'on ap-
priMiail l'I'lcriture sainte, comm(! il y en avait
ailleurs pour apprendre la grammaire et la
rhétorique ; qu'il avait la de ce Paul cer-
taines règles qu'il avait coutume de donner
à ses disciples pour les diriger dans leurs
études , voulant qu'ils sussent avec quelle
méthode ils devaient lire l'i'xriture , avant
de leur eu approfondir les mystères. Primase
pressa Junilius de rendre public ce qu'il
avait appris de Paul. Il le fit en deux livres
qu'il mit en forme de itialogue entre le dis-
ciple et le maître. Le disciple propose les
questions, le maître les résout *.
2. La science de l'Écriture est divisée en Anaiy.o do
se? trrîl-: lili.
deux parties dont l'une a pour objet la su- i (i«s punies
^ / '^ •' do la loi divi-
nerlicie ou l'écorce de l'Ecriture. La seconde "•-■, l'"'"- x
i ^ ^ Bibl. Pal. pni;.
Consiste dans la connaissance des choses 2'•"■
mêmes qu'elle nous enseigne. La connais-
sance de la première partie se réduit à cinq
articles, savoir : à la nature du livre , à Mtn
autorité, à son auteur, à la manière dont il
est écrit, et à l'ordre dans lequel il doit être
mis. Junilius entend par la nature du livre ,
ce dont il est composé , c'est-à-dire qu'il est
. ou historique, ou prophétique, ou figuré, ou
simplement instructif. L'historiipie contient
le récit des choses passées : il y en a dix-sept
de ce genre dans le canon de l'Kcriture : la
Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres,
le Deutéronome, Josué, les Juges, llulh, les
quatre livres des Rois, les quatre Evangiles
et les Actes des apùtres. Il rejette ^, comme
Cap. t.
' Sigeb. De Script, ecci. cap. 69. ' On trouve l'ouvrage de Junilius dans le tome X
- Ca-.^ind. De In^lit., ia|i. x, pas. ot'i. de Gallaurl etdans li' tome LXVIII de \siPitrologie
3 .liiuil. Prœfal. ad Primas., tnm.X, Bibliot. Pat. UiUne, col. u, avec la notice de Gallaiul. [L'éditeur.)
pag. 340. " Quare hi libri Paralipomenon duo , Job I.
282
lllSTOmE GK-NliRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
n'étant pas du canon , les deux des Parali-
pouiùnes , celui de Job , les deux d'Esdras ,
le livre d'Esthcr, les deux des Macliabées
el celui de Judith. La raison qu'il en donne,
c'est qu'au lapport de saint Jérôme ces li-
vres n'avaient pas chez lus Hi'breux la même
autuiité que les précédents. Il déliuit la pro-
cr-K-. phélie : « La manifestation ' des choses ca-
chées , passées , présentes ou futures , faite
par inspiration divine ; » et compte dix-sept
livres piopliétiques, les Psaumes, les quatre
grands Prophètes et les douze petits, lemar-
quant que l'on doutait beaucoup ' chez les
Orientaux de la canouicité de l'Apocalypse
T de saint Jean. La manière d'écrire prover-
biale est, selon lui, une façon d'écrire tigu-
rée qui dojme autre chose à entendre que
ce qu'elle signifie à la lettre, et qui donne
des avis pour le présent. C'est de cette sorte
que sont écrits les Proverbes de Salomon,
l'Ecclésiaste et la Sagesse de Syrach , c'est-
à-dire l'Ecclésiastique. Quelques-uns ajoutent
le Cantique des cantiques et la Sagesse. C'est
aussi a ce genre d'écrire que l'allégorie a
rapport, parce qu'elle se tire ou d'une mé-
iapliore , ou d'une parabole , ou d'une com-
paraison, ou d'une manière de parler pro-
verbiale. La simple instruction regarde la
". foi ou les mœurs |iour le temps présent. II
eu est traité dans l'Ecclésiaste, dans les qua-
torze épitres de saint Paul, dans la première
de saint Pierre, dans la première de saint
Jean , qui sont les seules que Junilius sem-
ble recevoir , en remarquant toutefois que
plusieurs reçoivent aussi les cinq autres épî-
tres, qu'on appelle canonù/ues.
""'■ 3. Il distingue divei-s degrés d'autorité
dans les livres de l'Ecriture. Ceux-là sont
d'une autorité parfaite, qui sont du nombre
des canoniques ; ceux qui ne sont pas mis
dans le canon universellement, mais seule-
ment par plusieurs, sont d'une moindre au-
torité ; les autres qui n'y sont mis de per-
"•"' sonne, n'en ont aucune. On connaît les au-
teurs des livres saints, ou par les titres, ou
par le commencement de leurs ouviages ;
c'est de cette sorte que l'on connaît les
écrits des Prophètes et des Apôtres. Il y en
a d'autres que l'on ne connaît que par les
titres, comme sont les quatre Évangélistes,
et d'autres, par la tradition des anciens.
C'est par cette voie que nous savons que
Moïse est auteur duPenlateuque; Josué, du
livre qui porte son nom; et Samuel, riu pre-
mier livre des Rois. Il y en a quelques-uns
dont les auteurs sont entièrement inconnus,
comme le livre des Juges, celui de Ruth, le
troisième et le dernier des Rois ; ce que Ju-
nilius croit être arrivé par un effet de la Pro-
vidence, afin que l'on ne juge point de l'auto-
rité d'un livre par le mi'rite de son auteur,
mais par la grâce du Saint-Esprit (|ui seul
donne autorité aux livres canoniques. Entre '-^f-
ces livres, ajoute-t-il, quelques-uns sont écrits
en vers hébreux, comme les Psaumes, le li-
vre de Job, l'Ecclésiaste et quehpies endroits
des Prophètes ; les autres en prose. Si ceux
qui sont écrits originairement en vers, ne
conservent pas la même mesure dans les
traductions, c'est que la chose n'est pas
possible, si l'on ne change les termes et la
construction de l'original. Pour ce qui est
de l'ordre des livres de l'Écriture, c'est le
môme dans Junilius que dans nos exemplai-
res. Il remarque que le but de l'.Vncicn Tes-
tament est d'annoncer sous des ligures ce
qui devait arriver dans le Nouveau ; et que
le dessein du nouveau est de nous inspirer
de l'amour pour la gloire de la béatitude
éternelle.
4. Après avoir expliqué ce qui regarde
l'extérieur de l'Ecriture, il passe au fond des
choses qu'elle enseigne, en remarquant
qu'il y a des noms qui conviennent à l'es-
sence, d'autres qui couviennentaux person-
nes de la Trinité ; qu'entre ceux-ci quelques-
uns les marquent précisément, et d'autres
conséquemmeut, parce qu'ils signifient les
opérations qu'on leur attribue. Les noms
qui désitrucnt l'essence, sont : Dieu, Sei-
gne'ir, Adaiiui, SuOaol/i, Helei ou Ilrloi. Le
terme de Tuut-Puissant, se lapportc à l'opé-
ration et se dit de Dieu couséqueinmeat; '
parce que dès lors qu'il est Dieu, il est font- '
puissant. Les noms de J'rre, de Fils et de
Snint-L'sj/rit marquent préci;séraenl les per-
sonnes, qui sont aussi quelquefois désignées
par certaines oiiéralions qu'on leur aiti-ibuc
Es'lrœ duo, Judith I, Ef!ther I , Mnchahœnrum
duo non inler cnnoiiicas Scripturas cnrnnit ?
Quonwin apud Uehnros i/uot/ue super liac dijfc-
rentia lecipiebantur, sicul Uieronymus cœUrit/ue
teslanlur. Juuil. lib. I, cap. ni.
' Prophetia mt rerum latentiuin, nul prœsen-
iium, (ttil fuhirarum ex dirina inspiraliimc wa-
nifeslotin. Iliiil. nip. iv.
' Cœtenim de Joniinis Àpncalypsi apudOrien(a~
lesadmodum dubilatur. lliiil.
[VI* SltaK.j
CHAPITRE XXIV. — JtlNlMUS, PitIMASK, ETC.
283
I Cor.
Lac* )'•
Ani'jse du
•«-oi>d ;ivi«,
J' ppiiicnt tlii
Cp.
!C.|
('iMiiniimi'nionl dans rilciiliirc ; ([ti(ii(|ii'ollcs
ildivtMil iiiissi s'(Mil(\ii(lr(i lies iiiilrcs ])('rson-
nos , comme lorsqu'il est dit dans l'Kpitro
aux Coriiilliicns : ]'oiis rtcs le temple du Si'iiil-
L'uprit; et dans saint Luc : Le S(ii»t-/:^!tjj)it
si/rviendra eu enus. La grâce, qui on ces deux
endroits est désignée sous le nom du Saiiit-
Lsprit, lui est attribuée nommément, parce
que l'Écriture nous ne le représente comme
le sanctillcateur de nos ùmes, et comme
l'auteur des dons spirituels, quoiqu'ils soient
égaleiuent du Pèn; et du Fils. D'où vient
que Jésus-Christ dit aux apôtres : Allez,
lia/jlisez toutes les ',:alw>i$ au nota du l'ère et
du Fils et du Saint-L':tj)rit.
5. Junilius traite dms le second livre, de
la création du monde, de la manière dont
Dieu le gouverne, de la loi naturelle et de
la loi écrite ; des accidents qui arrivent aux
clioses naturelles, et de ceux de la volonté
" de l'homme. La santé et la maladie, dit-il, la
vie et la miu't sont des accidents qui regar-
dent les choses corporelles. Les bonnes et les
mauvaises pensées sont des accidents de la
volonté, qui toutefois ne lui arrivent pas
sans elle ; parce qu'il y a en nous m\ discer-
nement naturel du bien et du mal, et que
nous nous portons volontairement vers l'un
I ou l'autre. La loi nous instruit ' ; mais la
grâce nous prépare, nous aide, nous fortifie,
nous couronne. Ensuite il fait voir que Dieu
s'est choisi un peuple particulier pour le
rendre heureux dans le siècle futur, et à
cette occasion il traite des figures de la loi
et de l'accomplissement des prophéties tou-
chant Jésus-Christ. 11 traite aussi des pro-
phéties qui l'egardenl la vocation des gentils,
et de leur accomplissement ; puis il se fait
cette question : « Qu'était-il besoin de créer
le siècle présent, si tout ce qui s'y fait a rap-
port au siècle futur?» Il répond que Dieu en
a ordonne ainsi, afin que les bieidieureux
eussent lieu de glorifier de plus en plus le
Seigneur qui aide les bons en ce monde
pour leur faire remporter la victoire sur les
méchants, et qui, dans l'auli'c, lécomiiensc
leurs victoires. 11 demande encore comment caii
l'on prouve que les livres de l'Église catho-
lique sont divinement inspirés'? Sur quoi il
dit que cela se prouve ^ i)ar leur vérité' nu"'-
me, par l'ordre des choses qui y sont rappor-
tées, par l'accord admirable des préce])tes
qu'ils renferment, par la simplicité do leur
style, par la pureté de leurs termes, par la
qualité et la condition de leurs auteurs, n'é-
tant pas possible que des hommes aient écrit
des choses divines, que des personnes gros-
sières et sans éloquence aient, sans l'inspira-
tion du Saint-Esprit, écrit des vérités si su-
blimes. « Le succès de leur prédication, dit-
il, est encore une preuve de la vérité de ce
qu'ils ont annoncé. Leur doctrine, quoique
lirèchée par des gens méprisables et en pe-
tit nombre, a été reçue de toute la terre, a
redressé les sentiments des philosophes, con-
fondu ceux qui en professaient une contraire.
Enfin l'accomplissement des prophéties rap-
portées dans ces livres en a prouvé évidem-
ment l'autorité; et Dieu l'a confirmée par
des miracles continuels jus(ju'à ce qu'ils ont
été reçus des nations infidèles. 11 n'est plus
besoin aujourd'hui de prodiges pour leur
donner de l'authenticité; c'en est un sullisant
de ce qu'ils sout reçus de tout le monde. »
Junilius montre après cela que la foi est au-
dessus de la raison, mais qu'elle ne lui est
pas contraire; quoiqu'elle nous soit néces-
saire pour comprendre ce que les lumières
de la raison ne peuvent atteindre.
L'ouvrage estécrit avec beaucoup de métho-
de, et d'uuemanièrc très-claire et très-suivie.
6. Primase, à qui il est dédié, se trouva à
Constantiuo[>le dans le concile que le pape fjl.Tjrà»
Vigile y tint contre Théodore évéque de Gé- ciia|«reT,
sarée en 531. 11 était encore en cette ville eu
533 lorsqu'on y assembla le cinquième con-
cile généial. Quoiqu'invité plusieurs fois d'y
assister, il le refusa ; mais il signa avec plu-
sieurs autres évoques le décret que le Pape
avait présenté à l'empereur Justinien, dans
rtiiiM'
évPtuc d'A-
1 Ipsum quidem spontancum moHun lex qui-
dem erudit : gratta autem prœparat , adjuvat ,
corroborait, coronat. .Iiuiil. lili. I. oap. xu.
* Vndeprobamus libros religiohis nostrœ divina
esse vispiratione conscriiitos f Ex multis, quorum
primum est, ipsius Scripturœ verilas ; ileinde ordo
rerum-, consonanlia prœceptorum, modus loculio-
nis sine ainbUu , purUasque vcrborxim. Additur
conscribenliuui et prœdicantiuni qualitas: quod
divina ho mines , excelsa viles, iiifucuiidi subtilia
non nisi divino repkli Spiritu tradidvssenl ; tum
prœdicationis virl.us , yuain dam prœdicaretur
{licet a paucis dcspeclis) obtiniiit. Àccedunt his
teslipcalio contrariorum, ni sibyllarum vel phi-
losophorum , expulsio adversariorum , utilitas
conse(iucHlium, e.vilus eonim quœ per accepla-
tiones et figuras et prœdictiones , quœ prœdicta
sunl ; adpostremiun, miraculajugiler factadonec
Scrvplura ipsa citsciperetur a gentibus. De qua
Iwc nunc ad proximum sufflcil miraculum , quod
ab omnibus suscepta cognoscilur. Junil. , lib. Il ,
cap. XXIX.
284
HISTOIRE GI:N1':RALE des auteurs ECCLESIASTIQUES.
<!r. Corn.
n)C0tidrC3*
lequel, cil condarunant les erreurs attribuées
à Tlu'odore d", Mopsueste, ft Tlioodorct et iï
Ibas, il épargnait lciu~s poi-sonncs. Ce décret
est appelé le Constitutum du pape Vigile. Les
évoques qui, après la décision de ce concile,
refusèrent de condamner les Tnns-Chnjjitres
furent maltraités. Primase fut d'abord relé-
gué dans un monastère; mais, ayant aban-
donné la défense des Trois-Cliapitres, il devint
primat de la Rysacènc,sa province, il la place
de Uoéce. Mais il fut ensuite déposé par les
scbismaliques de la môme province, c'est-à-
dire par les défenseurs des Trois-Clwpitres.
7. Nous avons de lui un commentaire sur
l'Apocalypse cité par Cassiodore ', et un sur
les Épîtres de saint Paul, dont Cassiodore
ne dit rieo-. On n'en trouve rien non plus
dans Isidore de Séville ; mais son silence ;\
cet égard ne fait pas preuve, puisqu'il ne
parle pas même du commentaire de Primase
sur l'Apocalypse. Celui qu'il a fait sur les
Épitres de saint Paul est tiré en partie des
écrits de saint Augustin et de saint Âmbroise,
et du commentaire qui porte le nom de
saint Jérôme. Il fut imprimé séparément à
Lyon, on I3i3, in-S», par les soins de Jean
(îagncux, tliénlogien de Paris, qui dédia cette
édition au roi François I". Il fut réimprimé
A Bàle, en 1544, et depuis dans le tome X de
la /iiljliitl/ikjue df:s PèrfS à Lyon, en 1677,
avec le connroutaire de Primase sur l'.Vpo-
calypse '. Celui-ci est adressé k Castor qui
l'avait demandé à Primase, et il est divisé en
cinq livres. L'auteur recounait ' qu'il a com-
posé ce commentaire de divers endroits des
écrits de saint Augustin, mais surtout de l'ex-
plication que Ticbonius le doualistc a donnée
de r.Vpocalypsc ; en rctrancbant toutofuis ce
qu'il y disait de favoral)lc h sa secte, contre
l'unité de l'Eglise catholique ; et beaucoup
de choses inutiles qui ne servaient h rien
moins qu'h expliiiuer le texte de l'Apôtre.
Nous avons paihi ailleurs* de ce cummen-
tairc de Tichonius. Celui de Primase est fort
étendu. A l'imitation de saint Auirustin et
de Tichonius, il y explique l'Apocalypse en
un sens spirituel, ne considérant dans ce livre
que deux sociét(''s, celle des bons et celle des
méchants, la récompense des uns et la peine
des autres, Jésus-Christ et sou Église ; et
quoiqu'il donne quelquefois le sens de la
lettre il ne s'altache point ;\ montrer la suite
des événements que .saint Jean a eus en wie.
Il fait à la fin de son commentaire une ri^ca-
I)itulation de tout co qu'il y avait dit ; afin
que le lecteur puisse plus aisément se re-
présenter le plan sur lequel roulent toutes
ses explications.
8. Nous apprenons de saint Isidore de Sé-
ville ' q>ie Primase avait écrit trois livres dcx
Ilirésies, où il expliquait ce que saint Augus-
tin avait laissé imparfait dans son ouvrage
sur la même matière; faisant voir dans le
premier ce qui rend un homme hérétique;
dans le second et dans le troisième, à quoi
l'on connaît les hérétiques. Cet ouvrage est
perdu. Quelques-uns ont cru le retrouver
dans le Pi-ffàcstinatus, donné au public par
le Père Sirmond en 1043 et 169G. Mais le
dessein de l'ouvrage de Primase et sa doc-
trine sur la grâce, qui est celle de saiut Au-
gustin, n'ont rien de commun avec le Prœ-
dastinaliis, dont l'auletu' * était infecté de
l'hérésie pélagienne, et dont le dessein a été
de donner une suite des hérésies depuis Si-
mon le magicien jusqu'aux prédestinatiens;
et non pas de montrer, comme a fait Pri-
mase, ce qui fait un hérétiijue, et à quoi
l'on reconnaît qu'il est hérétique.
9. On ne connaît le prêtre Rellator nue n'i.i.r:.»
parce que 1 on en lit tiaus les écrits de Cas-
siodore ; car il ne nous reste rien de cet an-
leur. Il avait composé ' un commentaire snr
le livre de Rulli, divisé en deux volumes,
que Cassiodore joignit au Recveil des ou-
vrages d'Origène sur l'Eptateuque, expliiiué
en huit 'livres, celui de la Sagesse, et com-
menté ' les livres de Tobie, d'Esther, de Ju-
dith et des Macliabéi's. Il y avait cinq livres
sur Tobic; six sur Esther; sept sur Judith,
et dix sur les .Macliahées. 11 ne fit point de
commentaires sur Esdras ; mais il traduisit
' Cîissiniî. De Inxtil., c.ip. ix, pafr. .'il.l.
' l'rim.is. l'rœfdl. in Apocdl. toiii. X liibliol.
Pair., paf,'. 287.
' Voyez tniii. V, ii.if,'. 104, iKiuvoDe i5(lilion.
* Les Comiiienlaires de l'riiii.ise se lisent nu
tome I.WIII, (1)1. im lie l.i l'atrotogic latine avec
uiio iiiilii e psr Cave. {L'éilileitr.)
' l'riinasitis componnil scrnione scUola^lico de
hœresibus librus 1res dircclos ad Forlunalum
e/)i,«co/)H»i , crplicnns in pis i/und nlini hratu^l
Aufiiislintis in lihrn iKvresron iwperfevlum morte
intervenienle reliqiKral: in primo oslenitrnx.i/nid
hœreticum faciai; secundo et tertio digerens, (/iiirf
iKrreticum deinonstrcl. Isiilor. Dr Viris illust.
Clip. IX.
6 Viiyez liim. XI, pnp. .UT et .'t3<.
' Cassiiiil. De Institut., cnp. i.
* Ibid., inp. V. — ' Ibid., cap. vi.
Miul
t«ill).
[VI* SIÈCLE.]
CIIAJ'ITIŒ XXV. — FACUNDUS KT UUSTKJUE.
28.')
cil laliii les doux lioiiuUi(!s grccijucs d'dii-
gèuo. Cassiodore parlo de cet ccriviiiu eu
dos Utuk.'s fort liduoralilcs, ra[)|i('laiit nu
piôtro ' lios-iuliKicux et sou auii' .
les Trins-CItitpitirs. Mu('ion les traitait de
si;liisuiali([U('s, et om])l()yait contre eux les
UH'uics raisons dont saint Aufrusliti s'(;tait
servi coulrc les doiiatistes. Nous n'avons de
10. Il y en avait un autre nomnid Mucien l'ouvrage de Mucien que ce (jun l'on en
qu'il estimait ' pour son (Hoipienec. Ce fut
do lui dont il se servit pour traduire en latin
les trente-(iualre lioniélies de saint Clirysos-
tùme sur l'Kpilro aux Hébreux. Nous avons
encore cette traduction imprimée à Cologne,
en 1530. Ce Mueien est, comme l'on croit, le
trouve dans la n'ponsc que Facundus y a
faite : car on ne doute point (pu; Mucien,
dont parle Cassiodore, ne soit le même que
Mocicn contre lequel Facundus a écrit. Le
temps, le nom, la profession font voir que
c'est une même personne. Le changement
fait dans une lettre de son nom peut venir
mèmt' qui écrivit contre les évoques d'Afri
que qui s'étaient séparés de la communion de l'inadvertance des copistes
du jKipe Vigile depuis qu'il avait condamné
CH.4PITRE XXV.
Facundus, évêque d'Hermiane [547], et Rustique diacre de Rome [549].
[Écrivais latins.]
Farundiis
d'HoiiiilaDe,
d^-r. ii.i'ur dus
Tiois'Lliaiiî.
très.
1. L'empereur Justinien, après avoir en-
voyé en Afrique son édit pour la condamna-
tijii des Trois-CItapitres, c'est-à-dire des écrits
de Théodore de Mopsueste, de ceux de Théo-
doi-et et de la lettre d'Ibas , voulut pour lui
donner plus de crédit engager le pape Vigile
qui se trouvait ;\ Conslaulinople en .347, à les
condamner. Vigile avant de se rendre , tint
un concile d'environ 70 évêques, qu'il pria
de donner chacun leur avis par écrit. De ce
nombre était Facundus, évêque d'Hermiane,
en .\frique , dans la province de Bysaccne.
Comme il avait déj;\ composé un ouvrage
pour la défense des Trois-Chnpitres, il donna '
pour réponse l'extrait qu'il en fit. Les autres
évêques, ayant aussi donné leur avis par
écrit, le Pape donna le sien le 11 avril .348. Il
y condamnait les Trois-Cha/jilres , sans pré-
judice du concile de Chalcédoiue, et à condi-
tion que i)ersonne ne parlerait plus de celte
question ni de vive voix, ni par écrit. Le dé-
cret de Vigile , connu sous le titre de Jiidi-
culiiiit , ne contenta personne : mais les dé-
fendeurs des Troh-Chajiitres, indignés de ce
qu'il les avait condamnés, se retirèrent de sa
communion. Facundus qui jusque-là avait
tenu secret son ouvrage pour la défense des
Trois-Chapitres, le rendit public, et l'adressa
même à l'empereur Justinien.
2. Il l'écrivit dans la persuasion où il était oumpe
que 1 ou ne pouvait condamner les Trois- >">"• iii»"«
/-!/ ■ .'1-1 ,. . ^" douze li-
Lhapitres qu au préjudice de la foi orthodoxe "«=•
et de l'autorité du concile de Chalcédoiue.
C'est ce que témoignent clairement saint
Isidore de SéviUe ' et Victor de Tunes ". Son
ouvrage est divisé en douze livres, et chaque
livre en plusieurs chapitres. Mais cette sou-
division n'est point originale , elle est de la
façon des éditeurs qui l'ont faite pour la fa-
cilité des lecteurs.
3. Facundus approuve dans son premier
livre la confession de foi que l'empereur Jus-
tinien avait faite à Constantinople, en S33, et
avait envoyée dans les diverses provinces de
son empire, remarquant que ce prince ne pou-
vait condamner plus nettement les hérésies
Anulyïe du
premier livie.
£ditPiiris,act
IC:iG, (OUI. Il
O^er. SinliOQ.
di, pag. idO.
' Cassioil. De Institut., c.ip. i.— - Ihid., cap. iv.
— ' Jliid., cap. vin.— ' FiKtund. Prœfat., pag. 400.
' facundus Henuiitnensis episcopus duodccim
libros jiro defensione Triuni Capilulorum scrip-
sit . quorum f:lijlo elicuit jirœfata Tria Capitula ùi
prœscriplinne aposioUcœ fidei et Chalcedoncnsis
synodi impugnalioue fuisse dainnala. Isidor. De
Viris itlust. cap. xvui.
* Post consutatum Bcisiliianno 10, lihri duode-
cini Facundi Uenniunensis Erclcsiœ episcopi re-
fulsere. quibus ecidentissinte declaravit Tria Ca-
pitula in pra'scriptione fidei catholicœ el aposio-
Ucœ concilii CIvilcedonensis fuisse damnala,
Victor Tua. iii Clironico.
286
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Op ■■
de Nesloriusel d'Eut3-cliès qu'en reconnais-
sant, comme il faisait, qu'un de la Trinité
a été crucifié, que la Sainte Vierge est vérita-
blement et proprement mère de Dieu, et qu'il
y a deux natures en Jésus-Christ. Mais il
soutient que ce soûl les eutychéens qui ont
invenli' la condamnation des Troh-Cliajjitrcs
pour doiuicr atteinte à l'autorité du concile
de Clialci'-doiue ; et que les orijrénisles, lâ-
chés de ce que l'Empereur avait condamné
Origène, s'étaient joints à eux, n'osant atta-
quer ouvertement ce concile. Il prouve ce
fait par l'aveu de Domitien, évcquc d'Aucyre,
dans une lettre au pape Vigile. Le diacre
Lilu'rat assure la même chose. Puis conti-
nuant à s'adresser à l'Empereur : « Les ori-
génistes, dit-il, du nombre desquels était ce
Domitien* ont avancé que tous les euty-
chéens, ennemis des décrets du concile de
Chalcédoine, coinmmiiqneraienl avec rEjj;li-
sc, si l'on condamnait la lettre d'Ibas, en
niant que ce concile l'eût approuvée. Ils
avaient en cela inlcntion de surprendre les
iunorants, afin que lorsqu'on montrerait,
comme il est très-facile, ' que le concile a
reçu cette lettre, nous n'eussions plus rien
à ri'pondre aux eutychéens, qui accusent le
concile de ncslorianismo. d
Facundus ajoute que c'est sous ce faux
prétexte de réunion que l'on a accordé aux
eutychéens uon-sculeuiout d'anathémaliser
la lettre d'Ibas, mais encore ses approba-
teurs ; que pour s'opposer à cette entreprise
ils commencèrent par expliquer sa foi sur
l'Incarnation de Jésus-Christ, sachant que
c'est la coutume des eutychéens d'accuser de
nestorianisme tous ceux qui défendent lu
vérité contre eux. Il dit que pour se justifier
de l'erreur desnestoriens, il n'est pas néces-
saire de condamner la lettre d'Ibas, qu'il suf-
fit de reconnaître qu'un de la Trinité a été
crucifié pour nous, que la bienheureuse Ma-
rie est appelée véritablement et proprement
mère de Dieu, et qu'il y a deux natures en
Jésus-Christ, la nature divine et la nature
humaine. Il y avait des calholiqucs qui no
voidaient pas que l'on dit : Un de la Trinité
a souffvrt ; mais : Une personne de la Tri-
nité. Facundus convient que l'une et l'autre
(!c ces propositions ont un bon sens ; mais
que la dernière n'exclut pas assez formelle-
ment l'erreur de Nestorius , au lieu que la
première est plus conforme aux faijons de
parler de l'Kcrilure. Car l'apùtre saint Jean,
en parlant du Père, du Fils et du Saint-Es-
prit, dit : Il y en a trois qui rendent témoi-
gnage dans la terre, l'esprit, l'eau et le sang,
dési^nant le Père par Vcsprit, le Fils par le
sang, et le Saint-Esprit par ['eau : Et ces
t7'ois, ajoute-t-il, sont une même chose. Puis
donc que celte proposition : Un de la Trinité
a été crucifié, est plus conforme au langage
de l'Écriture, que celle-ci : Une personne de
la Trinité a été crucifiée, et qu'on no doit pas
disputei' sur les ternies, quand on con-
vient de la chose, comme le dit saint Gré-
goire do Xaziaiize, il vaut mieux employer
la première façon de parler; d'autant que la
seconde est d'un usage récent, le terme de
personne n'ayant commencé à être employé,
que depuis la naissance de l'hérésie de Sa-
bellius. Facundus remaniue en passant' que
quand saint Pierre dit dans les Actes des
apôlres : Faites pénitence, et que chacun de
vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour
obtenir la rémission de vos péchés, cela ne doit
Cap. III.
' Ut cum j)oslea, i/nod facillimum erttl sala
gesloruni prolalione, suscejifa fuisse ab illo con-
cilio Jbœ Eiiislolnmonslrarelur, nil jam suiieres-
sel quod ciitychianis de ncsloriano dogmale sem-
per illitil infamnnlibus respondere possemus.
fiiiîuiiil. lit). 1, lap II.
' Quod auleiH in nomine Domini Jesu M qitos
menioruvimns hapli'ali narraninr, non eo crc-
dendum arhitrnr, quia non in noniinp Palris et
Filii cl Spirilus Sancti baplizali sunt, lit etiam
in ipsis sercurehir l'crbis a Domina cimslilula
forma buptisiin; sed quia hoc eral insinuandum
quod baplismo noio fuerint baplizali; snUkere
judicalum esl ad discrelioncm ipxius nori baplis-
ini sohim nome» Domini Jcsu mcmorare. quod
neque in baplismo Joannis, ncquv in aliis baplis-
mis juduici rilui inlcrscrebaiur. Cœteruni iUis
sucratis verl'ix, id esl : lu uoiniiif l'atii:- «HKiliiel
Spiritr.s s.Tiii;li, baplizali mihi videnlur. Sec me«-
daciler diclum, quod absil, cxistimo : Uaitizclur
uiiusc[nisqMe vcslnun in nouiiiir .lesu Cliristi, aiil
quia baplizali sunl quidam innomiiic Domini Jesu,
quoniam cerlissime in nowiiie Jcsu. bnptizahant
apiisloli, et si non in solius Domini Jcsu. id est
Filii nomine baplizabanl, vcruin cliam in l'alrùs
cl Spirilus Sancli. Ac pcr hoc arbilror, quod cum
baptisma celebrarctur, in ipsis quoque sacratis
i)erbis servabatur illa forma baplismi: in narra-
lione vcro su/ficiebal, ad discrelioncm aliorum
baplismatum, solius Domini Jcsu faccre luenlio-
nem. PropUrca rcro credo, quod de omnium
tritim personarum commemoratinnc, Domini Je-
su nomen ad insinuanilum novum baplismum
magis assumplum esl, quoniam ipsi con^epelimur
pcr baplismum in »ior/em. Faciuul. lil>. I, va|i. ui.
fvi" sif:r.i,E.
CIIAIMTIIK XXV.— FAi:ilNI)rS Ki' IIIISI'IOI
ii.S7
s'(Mit(Mi(lri' (|iip ]i;ir opiidsilioii au I)a;iir!iue
(le saint Joaii cl aux |)iii'iliraliiuis di's Juifs,
et non par cxclusinu do riiivocalion des au-
tres personnes de la Sainle-Trinil(';. Il ne
donte point «[ue ceux dont il est parlé dans
les Actes n'aient été baptisés au nom du
Père et du Fils et du Saint-Esprit, et que les
apiMres n'jiienl nliservi; dans l'adiniiiislratiou
du liaplème la l'ornie prescrite liaus l'Kvan-
gile ; mais il croit qu'il suffisait X riiistorien
sacré de marquer ce jionveau baptême sous
le nom seul de Jésus-Chrisl, pour le distin-
guer des anties liaptèmcs ; et ([u'il s'est plu-
tôt servi du nom de Jésus-Christ que des
autres personnes de la Trinité, parce que
nous sommes ensevelis avec lui par le bap-
noin. V!, 4. ti>rae pour mourir au pécln;. Il ne comprend
pas comment quelques-uns qui voulaient
passer pour catliorKiuesen condamnant Nes-
cip. IV. torius, l'ei'usaient île diie que la Sainte Vierge
est véritablement et proprement mère de
Dieu, et il t'ait voir qu'elle l'est en eÛ'et. Il
ajoute qu'on peut dire aussi que Dieu est le
Père d'nn homme crucifié, sans qu'il suive
delà i{ue la divinité ait pris naissance d'une
vierge, ni qu'elle ait été crucifiée. Sur quoi
il cite le libelle de la rétractation de Lépo-
rius que les évéques d'Afrique ne voulurent
point admettre à la communion de l'Église
qu'il n'eût confessé par écrit que Jésus-Christ,
Fils de Dieu, est ué proprement du Saint-Es-
prit et de la Vierge Marie, Dieu et homme ;
chacune des deux natures, la nature divine
et la nature humaine, conservant ses pro-
^_ priétés natm-elles. Il prouve que l'on doit
reconnaître ces deux natures en Jésus-Christ
et qu'on ne doit pas dire, comme faisaient
I les eutychéeus. Une nature composée de la
divinité et de l'humanité; parce que n'ayant
qu'une nature quoique composée de deux
autres, il ne serait plus consubstantiel, ni à
no us, ni à son Père.
Pacundus distingue deux partis dans la
secte des eutychéeus ; les ims suivaient tou-
tes les erreurs d'Eutychès : c'étaient piopre-
ment les eutychéeus. Les autres s'en éloi-
gnaient en quelque chose ; on les appelait
acéphales, ou mouophysites, parce qu'ils
n'admettaient qu'une nature en Jésus-Christ.
VI. Les uns et les autres refusaient de recon^
naître le concile de Chalcédoine où leur hé-
résie avait été condamnée, de même que
^ dans le concile d'Ephèse. Facundus allègTie
' Voyez tom. III, pag. 380.
contre eux l'auloriU' de ce dernier concile
dans Icipii'l il ilil (pie l'Esprit de Dieu a par-
lé ; ci't aigunuMit lui parait si'ul suflisant,
parce (pie ces hénîtiques faisaient proftîssion
de suivie la doctrine ' établie i\ Ephèse. Ils
apportaient tjuelques passages d'une lettre
du pa[)e Jules, et des écrits de saint Cyrille
d'Alexandri(!, pour appuyer leur sentiment
sur l'unili; di^ nature en Jiisus-Christ. F'acuu-
dus répond que la lettre de Jules i'i Prosdoce
parait une pièce supposée ; qu'à l'égard de
saint Cyrille, il est hors de vraisemblance
qu'il ait été dans deux sentiments contraires
sur l'incarnatiou ; que quand cela serait, il
faudrait plutôt suivre ce qu'il a enseigné
avec le concile d'Ephèse auquel il présida,
que ce qu'il a dit dans des écrits particuliers;
qu'enfin les Urientaux qui trouvaient de
l'ambiguïté dans quelques-unes de ses ex-
pressions, lui ayant fait demander par Paul,
évè([ue d'Émèse, s'il confessait que Jésus-
Christ est un en deux natures. Dieu et homme
tout ensemble, il témoigna avec joie qu'il
pensait ainsi ; qu'en conséquence, il écrivit
une lettre à Jean d'Antiocbe, où il disait que
Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, est Dieu
parfait et homme parfait , composé d'un
corps et d'une âme raisonnable, né de Dieu
le Père avant tous les siècles selon la divi-
nité ; et né de Marie selon l'humanité dans
les derniers temps ; consubstantiel au Père
selon la divinité, et consubstantiel à nous
selon l'humanité.
Les eutychéeus et les acéphales disaient cap.vi.
que de même que la nature humaine est
composée de deux natures, savoir, de l'âme
et du corps : de même aussi la nature de
Jésus-Christ est composée de la divinité et
de l'humanité ; qu'ainsi on doit confesser
qu'il est de deux natures, mais non dans
deux natures. Facundus répond que la com-
paraison de l'àme et du corps unis en cha-
que homme est imparfaite, parce que ces
deux parties étant de leur nature faites l'une
pour l'autre, ne font qu'une seule nature
qui est la nature humaine ; qu'on peut bien
dire que l'âme unie à la chair compose une
seule nature ; mais qu'on ne saurait dire
sans blasplirme, que la divinité, qui de sa
nature est inconvertible, compose une seule
nature avec l'humanité ; qu'il n'y a qu'une
chose en quoi la comparaison de l'âme et
du corps unis puisse avoir lieu , c'est que
comme l'âme et le corps sont unis en une
même personne, la nature divine et la na-
S88
ADpiitt. Es-
cbirid , CA, I
Anilyae du
secoDd lîTrci
ptg. 440.
Cap. ■•
HlSTOIllE GÉNÉRALE DES AUTEUUS ECCLÉSIASTIQUES.
les saints Pères de l'E-rlisc, noiumi^nient par
suint Jean Chrysostôme, par saint Grégoire
de Nazianze, et après sa mort par Domnns
d'Antioclip, et par un sj-node entier de l'O-
rient assenildé en celte ville. « C'est encore
dans la vue d'anéantir le concile de Chalcé-
ture liimiaine sont unies en une seule per-
sonne. C'est ce qu'il confirme par un pas-
sage de saint Augustin, où nous lisons ;
« Du moment (jue ' Jésus-CIuist a commen-
cé d'être liomme, il n'a point été autre (pie
Fils de Dieu, et Fils unique, et Dieu lui
même, à cause que le Verbe qui s'est fait doine que les eulycliéens ou leurs partisans
honune, est Dieu; en sorte qu'ainsi que cha-
que liomme, savoir, l'ûine raisonnable et le
corps, n'est qu'une personne : ainsi Jésus-
Christ Verbe et homme, n'est qu'une per-
sonne. ))
4. Outre l'édit contre les Trois-Chapitres,
Justinien avait composé un écrit où il préten-
dait montrer qu'ils étaient condamnables.
C'est cet ouvrage que Facundus réfute dans
son second livre. Pour le faire avec plus de
voulaient faire condamner les écrits de Théo-
dorct coiilie saint Cyrille, parce qu'en ctl'el
Théodoret avait assisté à ce concile, eu part
à ses décrets, et pris la défense de la lettre
de saint Léon contre Eutychès. D'autres que
Tliéodoret, ont écrit contre saint Cyrille ; mais
les acéphales ne les ont point fait analhéma-
tiser, parce qu'ils n'avaient pas été présents
au concile de Chalcédoine.
Venant au fond de la lettre d'Ibas, Facuii- Cip.
liberti', il'dissimule que ce prince eu soit l'au- dus montre que la raison piiiieipale pour la-
teur, et suppose partout qu'il est de la façon
des acéphales, qui, pour lui donner de l'au-
torité, l'avaient publié sous le nom de l'Em-
pereur. Il dit qu'un écrit de cette nature était
absolument inutile, ou plutôt nuisible à l'E-
glise dont il venait troubler la tranquillité par
des questions aussi vaines que dangereuses ;
qu'il y avait de l'irrévérence à vouloir traiter
de nouveau ce qui avait été statué dans le
concile de Chalcédoine , dont les décrets
étaient reçus depuis environ cent ans du con-
sentement de toute l'Église; qu'il était aussi
inutile de discuter les écrits de Théodore de
Mopsueste mort depuis longtemps dans la
paix, c'est-à-dire dans la communion de l'É-
glise; que s'il y avait quelques erreurs, on
devait les imputer à la fragilité humaine, et
ne pas s'emporter contre lui avec autant de
fureur qu'on le faisait, puisque s'il eut encore
été en vie il n'aurait pas même été permis
de le condamner qu'après l'avoir averti une
et deux fois, et en cas seulement d'opiniâ-
treté de sa part. " On n'attaque sa mémoire,
ajoule Facundus, que parce qu'il est parlé de
lui avec éloge dans la lettre du vénérable
litas, reçue comme orthodoxe dans ce concile.
C'est là le mowui que les ennemis de cette
ussembiéc ont trouvé pour en détruire l'au-
torité. Mais ils n'ont pas fait attention que
Théodore a aussi été loué de son vivant par
' Ex quo esne hoiuo cirpit, non aliud cwpit c.ise
homo </«(///! Dii Filiiix, et hoc nniciis jiroplcr
Veuiii Verlium, qiiod illn susceplo cnro faclum
esl, uli(]He Dtus: ut quemailiiiodum est una per-
tona quiUbel homo, anima scilicel ralioiuilis et
caro: ila sil una prrsona Christus, ]'i'ibum vl
homo. August., in Enchir., cap. ïxxvi.
quelle on l'attaquait, était la distinction nette
et précise qu'il y fait des deux natures en la
personne de Jésus-Christ; qu'en vain ses en-
nemis prenaient pour prétexte de la condam-
ner, que saint Cyrille y était maltraité, puis-
qu'ils ne demandaient pas que l'on condam-
nât tous ceux qui ont écrit contre saint Cy-
rille, comme Gennade de Constantinople et
Isidore de Péluse dont la réputation était
beaucoup plus grande que celle d'Ibas; qu'il
était visible qu'ils ne cherchaient qu'à atl'ai-
blir parla condamnalion de cette lettre l'auto-
rité du concile de Chalcédoine; qu'on ne peut
la condamner, parce que ce concile après
l'avoir examinée, n'avait pas jugé à propos
de la censurer; et que d'entreprendre le con-
traire, c'était agir contre les décisions du
pape suint Léon, et les conciles d'Orient qui
ont déclaré que tout avait été réglé avec tant
de sagesse et de iirudence dans le concile de
Chalcédoine, qu'il n'était pas permis d'y tou-
cher, soit en y ajoutant, soit en y retranchant
quelque chose. « Les acéphales disent, ajoule
Facundus, qu'ils attendent la décision du
pape Vigile qu'ils ont consulté; mais inutile-
ment ; le Pape ne combattra pas les décisions
de saint [,éon et de ses autres pi'édécesseurs
qui ont aiqirouvé le concile de Chalcédoine.
Ce n'est point pour détruire * les sentiments
de ses Pères, mais pour les soutenir etlesdé-
' Quia itle non in destruclionem palrrnm sen-
teiiliir, scil potius in defensionem alqur ultionem,
primant arcepil et nuiximam potestiilem : nec
aliquid contra rrrilatem, sed pro veritate plus
r«'(f)i.s .suis consacerdotibus potesl. Funiiid. lib.
Il, ra|l. VI.
[VI" STKCt.E.]
CITAPITRE XXY. — FACUNniTS, lUISTTQTTE, ETC.
280
AbiIjtïc <la
>ic, !)««. 4C1).
Op. I.
fcnihc qu'il a rcrii la prciiiioii! et la jiliis
grande [iiiissancc; n'ayant iei;ii comme oiix
de pouvoir que pourla vt'rilé, et non contre
la vcritô. » Il conjure Justinion d'an'éler ces
sortes de disputes, en lui re[)résenlanl que
si l'on permet une fois de traiter de nouveau,
ce qui a été dt'cidé d'un consentement com-
mun do louleriOglisc, il n'y aura jamais de lin
da)is les disputes. Il ra]iporte quehpies en-
droits des lettres de s;iiiit I, ('on dans lesquels
ce saint pape approuve tout ce qui s'était
fait ù Clinleédoine sur les matières de la foi.
3. 11 entreprend dans le troisième livre la
justification de Tliéodtn-e de Mopsiiesle, mon-
trant qu'on ne peut le condamner sans ac-
cuser d'erreur le concile de Chalcédoinc qui
non-seulement ne l'a point condamm-, mais
qui a souffert la lecture delà lettre d'ibas où
il est parlé de Théodore avec éloge. Il fait
voir qu'encore que Théodore ait été le maître
de N'estorius, il était d'un sentiment contraire
sur l'incarnation. Ayant défendu la loi de
l'Église sur cet article contre Paul de Samo-
sate, il l'avait défendue par avance contre
Nestorius ; qu'il est clair par les écrits ciui
nous restent de Théodore, qu'il a rejeté- l'er-
reur de Nestorius; le symbole déféré par le
prêtre Carisius au concile d'p]phèse, lui est
faussement attribué, et quand il seraitde lui,
ce que le concile n'a pas décidé , il n'a pas
été condamné avec son auteur. S'il y a quel-
ques endroits diliiciles dans ses écrits, ils sont
susceptibles d'un bon sens ; c'est sans rai-
son qu'ils l'on! accusé d'avoir nié que la
Sainte Vierge fût mère de Dieu, puisqu'il dit
en termes exprès que Dieu le Verbe s'est
uni à l'homme dès le moment qu'il a été for-
mé dans son sein; ils n'ont pas mieux ren-
contré en l'accusant d'avoir enseigné que le
Verbe n'a pas habité autrement dans la na-
ture humaine qu'il a prise, que dans plusieurs
saints et dans les prophètes, ce qui ne faisait
pas une uuion personnelle des deux natures,
puisque Théodore en parlant de cette habi-
tation dit ' qu'elle s'est faite d'une manière
non commune, mais excellente, selon la-
quelle nous disons que les deux natures ont
été unies en une seule personne. Il vient en-
suite il l'autorité de saint Cyrille d'Alexan-
drie, et dit ipie ce qu'il a repris d;ms TIh'o-
dnre de Mopsueste se tiouve avoir ('té ensei-
gné et par le pape saint Léon dans sa lettre
il .luvénal dcli'rusalem, et ])arsaint Alhanase
dans son troisième livre contre les ariens.
Il rappoi'te un grand nombre de passages
des écrits de Théodore qu'il explique dans
un sens catholique.
ti. Dans le (|uatrième livre, il demande aux
entyelu-ens pourquoi ils suivaient saint Cy-
rille dans les reproches qu'il avait faits à
Théodore, et qu'ils ne h; suivaient pas dans
la façon oulrageantc dont il avait traite'' ^aillt
Chrysostùme, disciple de Théodore, et Dio-
dore de Tarse, qui a été loué par les Pères
cl par lus princes catholiques, et qui n'a été
condamné que par les apoUinaristes et par
Julien l'Apostat : « Peut-être, dit-il, n'ont-ils
épargné ces deux grands hommes que parce
qu'ils n'ont point assisté au concile de Chal-
cédoinc , comme par une raison contraire
ils ont condamné Théodore pai'ce qu'on y
avait lu la lettre d'ibas qui parlait de lui avec
honneur. » Il fait voir que Théodore ayant
eu sur l'Incarnation la même croyance que
Diodorc de Taise, son maître , ils devaient ou
les condamner tous deux ou n'en condamner
aucun des deux ; que le pape Vigile, ayant ap-
pris la condamnation des Trois-C/iapifrcs,\d
désappi'ouva et se sépara de la communion de
Mennas de Constantinople qui y avait sous-
crit le premier ; que la plupart des églises
d'Occident s'opposèrent aux entreprises des
acéphales sur ce sujet, ne doutant point que
leur dessein ne fût de diminuer le crédit du
concile de Chalcédoine. Facundus prouve
tous ces faits par des monuments authenti-
ques. 11 y eut même plusieurs cvèques d'O-
rient, savoir : Zoële d'Alexandrie, Éphrem
d'Antioche, Pierre de Jérusalem, et même
Mennas de Constantinople, qui refusèrent de
souscrire ; mais l'Empereur en gagna bon
nombre, les uns par des présents, les autres
par des menaces. Ceux qui résistèrent cons-
tamment furent envoyés en exil. Facundus
rappelle ce prince au serment qu'il avait fait,
dans le baptême, de garder inviolablemeut
le dépôt de la foi, et les évêques prévarica-
teurs à l'obligation que leur impose le minis-
Analjfe du
r|Finlripriie ii-
Me, |a.-. COf.
Caj). r.
' Item accusant eum illi quod sic habitasse
di.Terit Deum Verbum in ussumpta hniuinis na-
tura. sicut habilavil in multis sanctis alqiie pro-
phtlis, non ut adunalis utriaque naturis una fie-
ret ex eorum adunalione persona. Jpse autem
XI.
dicit evm non secundwm communein habitatio-
nem inhahilasse, sed juxtn quantdam excellenlem
secundum quant etiam ailtinari dicimus utrasque
naturas et unam juxla iidunalionem effectani
esse personam. Facuud. lib. Ill cap, n.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Ar.«!y^e do
einqutàino lu
Tre, p«It> I3t.
Cap. !•
tère de détromper les princes de la terre,
loi-squ'ils les voient engagés dans de fausses
démarches par les arlitices des méchants.
7. Facundus entreprend de montrer dans
le cinquième livre que la lettre d'Ibas a été
rerue et approuvée dans le concile de Chal-
cédoiue, dont il rapporte la déclaration qui
est conçue en ces termes : « Suivant ce qui
a été dit par les révérendissimes évéques,
nous connaissons que l'innocence d'Iljas a
été démontrée, et nous remarquons par la
lecture ' de sa lettre qu'il est orthodoxe ;
c'est pourquoi nous jugeons qu'il doit re-
couvrer l'honneur de l'épiscopat, et son
église d'où il a été chassé injustement. Mais
ces paroles sont des légats du Siège apos-
tolique qui" opinèrent les premiers. Maxime
d'.\ntioche et Eunomius de Nicomédie fu-
rent de même avis. Justinien avait avancé,
dans son édit contre les Trois-Chapitres,
qu'lbas n'avait osé avouer que la lettre qui
"• portait son nom fut de lui. Les eutychéens
soutenaient même qu'il l'avait désavouée.
Facundus prouve le contraire par les actes
de la procédure instruite par Pholius de Tyr
'"• et Eustathe de Béryle. Il prouve aussi que
Théodoret et ILas avaient pris séance dans
le concile de Chalcédoine aussitôt après avoir
. dit anathème à Nestorius, ce qui se fit dans
la huitième action, et non pas seulement
après la condamnation d'Eulychès et de
Dioscore, comme le soutenaient les acépha-
les. Leur but en cela était de montrer que,
n'ayant ni l'un ni l'autre souscrit à la défini-
tion de fui du concile de Glialcédoine, on
n'en pouvait tirer aucun avantage pour les
iT. justiGer. Mais Facundus fait voir que saint
Léon n'a pas seulement approuvé cette défi-
nition de foi, mais aussi tous les actes et
tous les décrets du concile, excepté l'entre-
prise d'Anatolius de Constantinople sur les
sièges patriarchaux d'AhixanJric et d'An-
»• tioche : d'où il conclut (pie la lettre d'Ibas
ayant été approuvée si solennemcnt, il n'é-
tait plus permis d'exiger qu'on en démontrât
la catholicité, parce qu'autrement ce serait
en vain qu'on assemblerai! des conciles, et
que l'on dirait que les disputes y ont été ter-
minées, puisqu'elles seraient interminables,
si on voulait toujours les examiner de nou-
veau.
Au.i,!e dn ^ Lg concile en déclarant orthodoxe la
• Lecla ejus epist'ola, cognoiiinuis euin esseor-
tlwdoTum. Facuiul., lili. V, cap. i.
slxlim* liTTf,
Ca^. I,
lettre d'Ibas, a suivi l'exemple de l'Écriture
qui juge du tout parla plus grande et la meil-
leure partie : car quoique cet évéque eut
une mauvaise opinion de saint Cyrille dont
il ne connaissait pas bien la croyance, cela
ne devait pas empêcher le concile de rece-
voir sa lettre comme orthodoxe, puisqu'il y
reconnaissait deux natures uuies dans Jésus-
Christ en une seule personne : doctrine que
saint Cyrille enseignait aussi, encore qu'en
écrivant contie Nestorius, qui séparait trop
les deux natures, il n'ait pas assez insisté sur
leur distinction. Il ajoute que les orientaux
avaient pensé d'abord de saint Cyrille comme
Ibas, et que toutefois cela ne l'empêcha pas
de souscrire à leur confession de foi, lors-
qu'il se réunit avec eux, et que les orien-
taux de leur cûté, de même 'ju'lhas, approu-
vèrent la foi de saint Cyrille ; parce qu'ils
s'accordaient surle capital de la foi, quoiqu'ils
s'exprimassent en des termes dillércuts. Fa-
cundus compare leur dilférend à celui qui
avait régné auparavant entre les Grecs et
les Latins au sujet des trois hypostases. Ce
ditlérend ne consistait que dans les termes,
les uns et les autres reconnaissant trois per-
sonnes en Dieu et une seule substance. Ce
qu'il infère de cette comparaison, c'est que
les gens sages, n'ayant point taxé d'hérésie
ceux qui n'admeltaient qu'une hypostase,
ni ceux qui eu admetlaiciit trois, il fallait
garder la même équité envers Ibas, et ne pas
juger sa lettre hérétique, à moins qu'on ne
prouv;\t qu'elle cnnlenait le nestorianisnie.
9. Il est vrai qu'il y disait qu'en Jésus-
Christ il n'y a qu'une vertu; mais en parlant
ainsi il ne niait pas qu'il y eût deux natures,
mais il snulonait qu'il n'y a qu'une persoii-
111'. (In lil dans les .\cles des apôtres : Toule aci.iv.ss.
/(( uiiiltitiide de ceux qui croyaient n'était qu'un
cœur et qu'une âme, ne pourrait-on pas dire
aussi (pi'il n'y avait qu'une verludans la per-
sonne par le don do laquelle celle mullitudo
n'était qu'un cœur et qu'une âme ?0n objecte
qu'lbas avait dit que la condamnation de Nes-
torius s'était faite sans examen. Facundus
répond qu'lbas ne l'a point désapprouvée,
mais qu'il a seulement trouvé mauvais que
l'on n'eût pas attendu les orientaux. 11 con-
vient au surplus qu'lbas a pu se tromper dans
le jugement de Nestorius, comme Anatolius
à l'égard de Dioscore, comme saint Athanaso
A l'égard deTimothée, disciple d'Apollinaire,
comme le concile de Palestine et le pape Zo-
simc i\ l'égard de l'élage et de Céleslius
AnaljMi du
Mfkliènc li-
vra, pas. C^w
Ci[>. I.
Caj. II.
CHAPITRE XXV. — FAnrXDUS, nUSTlQUR, ETC.
Ctp. ir.
, n, 99.
m. Cko.
•^l.
[VI* SIÈCLE.]
mais il rejette, comino un fait avanctî sans
prcuvo, ce que les aci'pliales liisaicnl : qii'I-
bas avait 6lé conliaint parle concile de Chal-
cëdoine d'anathéuiatiscr Neslorius, et qu'il
l'avait excusé auparavant ; ce fait étant d'ail-
leurs détruit sullisanunent dans la lettre
où Ibas accuse Neslorius d'avoir écrit des
livres pernicieux et qui causaient du scan-
dale, parce qu'il y niait que la bienheureuse
Marie fût mère do Dieu. Photius, Eustalhe
et Uranius, donnés pour juges ;\ Ibas., le soup-
çonnaient si peu d'être dans les intérêts de
Neslorius, qu'ils ne se pressèrent jamais de
lui dire anathèmc. Le concile de Clialcé-
doine ne crut point non plus que la mau-
vaise opinion qu'Ibas avait eue de saint Cy-
rille fut une raison de condamner sa lettre.
Facundus convient qu'il y disait que le tem-
ple, et celui qui y habite, est un seul Fils,
Jésus-Christ; mais il montre que ces paroles
au lieu de signifier, comme le voulaient les
acéphales, qu'autre est la personne du tem-
ple, et autre la personne de celui qui y habile,
signifiaient tout le contraire ; et que cette
proposition revenait à ce que Jésus-Christ di-
sait aux Juifs, en ;iarlant de son corps : Dé-
molissez ce temple, et Je le rétablirai dans trois
jours. Il convient encore que Théodore de
Mopsueste est loué dans cette lettre; mais il
soutient que ce n'a pu être une raison de la
condamner, puisque saint Chrysostôme et
saint Grégoire de Nazianze ont aussi fait l'é-
loge de Théodore.
10. Après avoir pris la défense d'Ibas et
de sa lettre dans le septième livre et les pré-
cédents, il passe à l'apologie de Théodore
de Mopsueste. Il la fonde, premièrement,
sur les témoignages de Jean d'Antioche et
des évoques d'Orient assemblés avec lui, .qui
après avoir examiné les propositions que
l'on taxait d'hérésie dans les écrits de Théo-
dore, trouvèrent que les anciens Pères de
l'Eglise en avaient avancé de toutes sembla-
bles : d'où il résultait qu'on ne pouvait con-
damner Théodore, sans leur porter préju-
dice, n dit en second lieu, qu'on alléguait
mal à propos contre lui le témoignage de
saint Proclus , évêque de Constantinople ,
puisque cet évêque, dans sa réponse h Jean
d'Antioche et aux autres évcques d'Orient,
avait dit nettement que dans son tome aux
Arméniens il n'avait point parlé d'anathéma-
tiser Théodore, ni aucun autre après sa mort,
et qu'il n'avait pas même nommé Théodore
dans cet écrit. La troisième pièce qu'il rap-
291
porte est ialcttur de Jt-an et de son concile à
rempeiPurTIiéodose-le-Jeunc. Ils y fbntj'iilo-
ge de Théodore de Mopsueste, de son savoir,
de son zèle, de sa piété, de sa sagesse : ver-
tus qui lui avaient attiré et l'estime des
évoques, et celle du Grand Théodose qui ai-
mait à l'entendre prêcher et à s'entretenir
avec lui. La quatrième preuve de Facundus cjp. ■».
est tirée de la lettre du même Jean d'Antio-
che et de son concile h saint Cyrille d'Alexan-
drie, dans laquelle ils disent : «On nous a aussi
présenté un autre tome composé des extraits
de Théodore, autrefois évoque deMopsue.-;e,
que l'on voulait faire anatbématiser. En
ces extraits, nous reconnaissons qu'il y a des
passages douteux, et qui peuvent recevoir
un autre sens que celui qu'ils présen-
tent; mais il y en a de plus clairs. A l'égard
de ceux qui sont obcurs, nous en trouvons
de semblables dans les anciens, à qui la con-
damnation de ceux-ci porterait préjudice. A
quelle confusion n'ouvi-e-t-on point la porte,
si ou permet de combattre ce qu'ont dit les
Pères qui sont morts ? Autre chose est de ne
pas approuver quelques-uns de leurs senti-
ments , autre chose de les anatbématiser ,
quand on n'étendrait pas l'anathème sur les
personnes. Quel avantage ne donne-t-on
point aux nestoriens, si l'on condamne avec
eux de tels évêques? Ne sait-on pas ce qui a
obligé Théodore à parler ainsi, pour com-
battre les hérétiques, lui qui était le défen-
seur commun de tout l'Orient? C'est la né-
cessité des temps qui l'a contraint à se servir
de certaines expressions , parce qu'il les
croyait plus propres pour combattre les ad-
versaires de la foi. n II renvoie à la réponse
de saint Cyrille au concile d'Antioche, où il
défend non-seulement de condamner la per-
sonne de Théodore, qu'il appelle un homme
admirable, mais encore ses écrits, regardant
comme un crime d'insulter aux morts, même
laïques, à plus forte raison à ceux qui ont
flni leurs jours dans le ministère épiscopal.
Ensuite il rapporte la lettre sjmodale de
Domnus, successeur de Jean dans le siège
d'Antioche, où il invective fortement contre
Eutychès qui avait osé anathémaliser Théo-
dore de Mopsueste et Diodore de Tarse, « l^s cap. r.
colonnes de la vérité , dit-il, et les défen-
seurs de la vraie piété, qui ont employé leurs
talents à combattre tons les héréticfues. »
Et parce que les acéphales objectaient que n.
saint Cyrille avait changé de sentiment à
l'égard de Théodore, et qu'après l'avoir
Facnnd. lib.
111, cap. Ti
rag. 500,501,
50!.
292
niSTOIRE GÉXÉnALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
C«p. TH.
AniN'fl 4o
tiCUYJèiiiv It.
*ie, yiç 6'.6t
Cap. I.
loué, il avait depuis écrit contre lui , Facun-
dus répond, qu'en supposant saint Cyrille
contraire à lui-même, sou jujjement ne peut
nuire à Théodore, qu'ainsi l'on doit s'en rap-
porter aux Pères qui vivaient du temps de
Théodore, plutôt qu'à saint Cyrille, étant ;\
présumer que s'il eut été suspect d'hérésie,
ils ne l'eussent pas dissimulé, au lieu de lui
donner des louanges, le regardant comme
un évoque mort dans la communion de l'É-
glise, et avec l'honneur de l'épiscopat.
11. Facundus répond dans le neuvième
livre aux passages que les acépliales objec-
taient des écrits de Théodore, pour montrer
qu'il avait été dans les erreurs des sahel-
liens, des ncstoriens et des manichéens. Il
montre qu'on ne peut l'accuser d'avoir en-
seigné avec Sabellius, que le Père, le Fils et
le Saint-Esprit ne font qu'une seule et même
personne, puisqu'on expliquant le psaume
XLiV, il dit qu'il est de la piété ' et de la re-
ligion de tellement glorifier le Fils unique
de Dieu, que l'on l'endc aussi au Saint-Es-
prit l'adoration qui lui est due. Loin d'en-
seigner que Jésus-Christ est un pur homme,
il confesse clairement qu'il est le Dieu de
l'irnivers, et que rien n'est comparable à
ce qu'il a fait ; contrairement ù l'hi'résie
de Nestorius, il enseigne que Jésus - Christ *
n'est qu'une seule personne en ses deux na-
tures ; qu'il est Dieu et homme' par nature, cip.
visible selon la nature humaine , invisible
selon sa nature divine ; Théodore regar-
dait comme une folie de dire ' qu'il y a deux
Fils, ou deux Christs, ou deux Seigneui-s, à
cause qu'il est de deux natures, parce que
ces deux natures sont unies en une seule
personne sans confusion ; s'il a employé
la comparaison de l'homme ' composé de
corps et d'ûme, ce n'a été que pour faire
voir l'uuité de personne on Jésus-Christ, et
non pour confondre les natures; qu'au reste,
les anciens Pères se sont servis de la mê-
me "comparaison ; on ne peut l'accuser d'a-
voir voulu, comme les manicliéens, détruire
l'autorité des prophéties, puisqu'il s'est ap-
pliqué dans ses ouvrages à en faire voir l'ac-
complissement en Jésus-Christ.
Facundus établit pour règle, que c'est par
ces passages clairs qu'il vieirt de rapporter,
que l'on doit expliquer ceux qui sont obs-
curs et ambigus, comme il est d'usage de le
faire à l'égard des autres Pères. Il a lui-
même besoin d'explication dans ce qu'il dit
sur l'Eucharistie : car en voulant excuser
Théodore de Mopsueste qui avait enseigné
avec quelques anciens que Jésus-Christ a
bien voulu recevoir l'adoption des enfants,
lorsqu'il a reçu la circoncision et le sacrement
de baptême, il soutient* qu'on peut appeler
' Quid iiaque invenietur majus his quœ a
Christo fada sunt in tanta mtaidi commutatione
omnibus agnoscenlibiis, Deum universorum et
pietalis alque virlutis diligentiam habere festi-
nantium, et glorificaïUium quidem Dei unigeni-
tum, exhibenlium vero SancloSpirituicondignam
adorationem. Faciind., lib. I.\, cap. r.
- Ventto quoque sequentin ejusdem psalmi in-
terprelans dicit : Proiitcrca unxit te Dciis, Beus
tuus. De Deo vero hœc denuo dici manifeslum est :
sed quia hiec Deo Palri non conveniunl : l'ropterea
unxit te Ueus Deus tuus, clarel de rcliquo qtiud
hoBC deChrislodicanlur. In quo mirabililer etna-
luras diiisit, et personœ unitatem demnnslravit.
Et naturas quidem diiisit in eo, quod diversarum
inlelligentiarum declaralivas voces emisit. Mul-
tfi/m enim di/fert ab iiivicem : Sedes tua, Ueiis, in
siBcuUim sa.'ciili, et: Propterea unxit te Deus Deus
tuus. l'nitatem vero ostendil personœ, ea quœ
diversa sunt colligens in unilalem personœ. Itiid.
' Dnminus cnim Chrislus erat quidem ri Deus
et.^omo, ulrumque secunduin naturam simililer i
ex altero quidem apparens, ex aUero vero, ut
pote secundum naluram divinam, invisibilis ex-
lan.1. Il)id., cap. u.
' Neque enim, si duas n/ituras dicanivg, nécessi-
tas 710S ulla consiringit, aul duos diiere ftlios,
aul duos homincs, aul iluni: Cliristos : quoniam
hoc pulare exlremœ est amntliui. Ibid., cap. m.
» Hoc intérim item personu idem ipseinvenitur,
nequaquam cunfusis nalurif. sed propter aduna-
tionem quœ fada est adsumpti ad assumriitem.
Ihiil. Ilinc autem cognoscantsemi-eutichiani.qun
intenlione dicatur ab aliis Patribus, quos putanl
in duabus Christum negasse naturis, quia sicul
animii et corpus unum homincm faciunt, itn ex
divinilate cl huuinuilatc unus est Chrislus. iJuoU
hoc (ib fis non ad naturœ. sed ad personœ yolius
nnituteni dicalnr : quando etiam Theodorus,
queni nesloriunum criu>inantes, negare tion pos-
sunl in duabus Christum prwdicasse naluris, hac
utalur simililudine, quum suœ pulant dementiœ
conrenire. Iliid., rap. iv.
' Adoptionem quoque filiorum suscepisse Chris-
tum, si anliqui dodores Ecclesiœ dixisse mons-
Irarcnlur, nec ipsi, nec oninis Ecclesia, quœ taies
doclorcs habuit, judicuri deberet hœrelica. Amn
siicrami'nlun) adoplionis suscipere dignalus eut
Chriitus, cl quando circumcisu^ esl, et quando
bitptizatus est: et potest sacramenlum adoplionis
udopliii nuncupari : sicut .facramcntum corporùi
cl sanguinîs ejus, quod est in pane et in poculo
eonsecrato, corpus ejus et sanguinem dicimus,
non quod proprie corpus ejus sil panis, et pocu-
lum sanguis: sed quod in se mysterium corpotis
ejus, siiitguini.sque cunlineant. Ilinc et ipsc Do-
minus benedidum panem et calicem, quem disci-
pulis tradidit, corpus et sanguinen^ sxmm t/'oco-
[vi" siÈaE.J CHAPITRE XXIV. — FACUNDUS, IIUSTIQUK, ETC.
adopdonle sacreinoiit inôincd'adoplion, com-
me le sacrement du corps et du saiij^- d(! Jésus-
Christ, <|iii est dans le pain et le calice consa-
crés, est appelé son coi])s (d son san^,', non (pio
ce pain et ce calice soient pro[)i'ement corps
el san;;;, mais parce qu'ils contiennent le mys-
tère de ce corps et de ce sang. (( C'est pour
cela, ajoute-t-il, que Jésus-Ciirisl avait ap-
pelé le pain et le calice qu'il avait bénits,
son corps et son sanç; ; et que comme l'on
dit fort bien que les lidèles qui reçoivent le
sacrement du corps el du sang, reçoivent le
corps de Jésus -Clirist : de même l'on a pu
dire que Jésus-Christ ayant reçu le sacre-
ment de l'adoption, a reçu l'adoption.') Pour
prendre le vrai sens des paroles de Facun-
dus, il faut remarquer qu'il y a deux choses
dans l'Eucharistie, le sacrement et le corps
de Jésus-Christe et que l'esprit peut s'atta-
cher au sacrement séparément du corps de
Jésus-Christ, quoiqu'on puisse aussi consi-
dérer l'un et l'autre comme joints ensemble.
Le sacrement pris séparément n'est pas le
corps de Jésus-Christ, mais il le coutienl; et
pour nous servir des termes de cet auteur :
« Le pain et le calice (c'est-à-dire cet objet
extérieur qui s'appelle pain et vin dans le
langage commun), n'est pas proprement
corps et sang, mais il contient le mystère de
ce corps et de ce sang..., » en sorte, « qu'on
dit fort bien que les fidèles qui reçoivent le
sacrement du corps et du sang, reçoivent le
corps de Jésus-Christ. » Facundus, dont le
dessein était uniquement de justifier cette
expression : Jésus-Christ a reçu l'adoption des
enfants, ne s'attache qu'au sacrement sépa-
rément du corps de Jésus-Christ, parce qu'il
n'y avait que cette considération qui fit à son
sujet, et il en forme ce raisonnement : « Le
sacrement de l'adoption peut être appelé «rfo/j-
tion, comme le sacrement du corps et du
sang de Jésus-Christ, qui est dans le pain elle
calice consacré, est appelé son corps et son
sang. » Or Jésus -Christ a reçu le sacre-
ment d'ado|)tiou dans sa circoncision et dans
son baptême. Ou peut donc dire qu'il a reçu
l'adoption, « comme on dit que les fidèles
qui reçoivent le sacrement du corps el du
sang de; J('sus-Christ, reçoivent le corps de
Jésus-Christ. » Ce serait mal à pro[ios que
vit. Quorirca siciit Christi /idetes sacramentum
corporia el saiiguiiUs ejiis accipienles corpus et
sanguinein Chrisli recte dicunlur nceipere; aie cl
ipse Ckrislus, soci'uinenluin adnpiitjnni filiuruM
cnin su-nepis^ct , puluil reclr diri aduplumcin ji-
2t>3
l'on vnn'hMil inférer de la comparaison ([u'il
l'ait cnlK^ le sacrement du ba|)lèinc et le sa-
crement de riùicharislie, (pi'il n'a pas cru
à la présence réelle : il ne nie point que les
lidèles reçoivent réellement le corps et le
sang de Jésus-Christ; au contraire, il le sup-
pose, en disant que ceux ipii reçoioenl le su-
crciiicnt du corps et du san(j, reçoivent le corps
de Jésus-Christ; mais aussi il n'insiste point
sur cette vérité, parce qu'il n'en était pas
question. Il ne s'agissait, comme on vient
de le dire, que de moutrer que le Sauveur
en recevant le baptême, avait reçu l'adop-
tion des enfants contenue dans les sacre-
ments, comme les fidèles reçoivent le corps
et le sang de Jésus-Christ en recevant les es-
pèces visibles du pain et du vin qui en sont
la figure et le saci-ement.
Nous joindrons à cette explication celle
d'un passage d'Origène que nous n'avons
point éclairci dans le temps, parce qu'il n'é-
tait pas entier dans l'édition de Génébrard,
ni dans les précédentes. On l'a rétalii dans
la nouvelle, sur l'autorité de deux manus-
crits, dontl'un est du neuvième siècle, l'autre
du douzième. « Dieu ' le Verbe, ditOrigène,
n'appelait pas le pain qu'il tenait en ses mains,
son corps, mais la parole dans le mystère de
laquelle ce pain devait être rompu. Il n'ap-
pelait pas non plus le breuvage visible, son
sang, mais la parole dans le mystère de la-
quelle ce breuvage devait être répandu: car
que peut être le corps et le sang du Dieu
Verbe, sinon la parole qui nourrit, et la pa-
role qui réjouit le cœur ? n A prendre cet
endroit d'Origène dans le premier sens qu'il
oU're à l'esprit, on dirait qu'il n'a point pen-
sé sainement sur le mystère de l'Eucharistie.
Mais si l'on prend bien sa pensée, on verra
qu'il ne s'est point éloigné de la foi de l'É-
glise sur ce sujet, et qu'U l'a lui-même éta-
blie plusieurs lois dans ses écrits. Il distmgue^ n, pas. ;ô6.
ici avec quelques anciens, trois choses dans
l'Eucharistie : l'espèce ou apparence exté-
rieure et sensible ; la substance intérieure
et cachée qui ne s'aperçoit que des yeux de
la foi ; et une certaine signification mystique
du sacrement, ou un lapport que l'Eucha-
ristie a avec la parole de Dieu. Il parle de
l'espèce ou apparence sensible quand il dit:
liorum suscepissp. lliiil., cap. v.
' Son eniin paiiem illuin visibilem quem tenebat
iii inanihus corpus xuuiii diccbat Deus Verbuni,
scd vi'rbum in. cujus myaierio j'aeraL punis ille
l'raiiijcndus. Kcc poluni, iHum visibilem saunai-
294
mSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
« Dieu le ' Verbe n'appelait pas son corps,
le pain visible qu'il tenait en ses luains, ut
il ne disait pas non plus que le breuvage
visible fût son sang, n Quelques lignes au-
paravant il avait marqué la substance intd-
rieure et cacbée en disant ' : « Ce pain (jue
Dieu le Verbe dit être son corps, et ce breu-
vage qu'il confesse être son sang ; » Et un
peu plus bas : a Jésus fait voir ' , en don-
nant à ses disciples ce pain, que c'était son
propre corps. » Et encore : « Il enseignait
ses disciples ' qui avaient célébré la fête
avec leur Maître, reçu le pain de bénédic-
tion, et mangé le corps du Verbe, et bu le
calice, à rendre grâces au Père pour toutes
ces choses. » Enfin, dans cet endroit, il donne
aux paroles de l'institution de l'Eucharistie,
une signification mystique, en disant que
Jésus-Christ appelait le sacrement, la pa-
role qui nourrit ^ et la parole qui réjouit le
cœur de l'homme. Saint Augustin distingue,
comme Origène, trois choses dans l'Eucha-
ristie ; l'espèce extérieure sous la figure du
pain et du vin ; la substance intérieure, qui
est le corps de Jésus-Christ, et la signification
mystique qui représente le corps de Jésus-
Christ tout entier, c'est-à-dire le chef avec
ses membres, qui s'appelle corps mystique
de Jésus-Christ. C'est dans le sermon 272,
aux nouveaux baptisés, qu'il s'explique ainsi :
« Vous avez, leur dit-il, déj;\ vu la nuit pré-
cédente " , ce que vous voyez présentement
sur l'autel de Dieu, c'est-à-dire le pain et le
vin ; mais on ne vous a pas encore dit ce
qu'étaient ces espèces, ce qu'elles signifiaient,
et combien celles dnut elles sont sncrement
sont grandes et excellentes. » Le but de saint
Augustin est donc de leur apprendre dans
ce discours ce que ces espèces sont, non dans
la nature ou la réalité, puisque ces nouveaux
baptisés ayant participé à la table du Sei-
gneur la nuit précédente, qui était celle de
Pâques, il n'était pas possible qu'on ne leur
eût expliqué ce qu'ils y avaient reçu, mais
ce qu'elles sont dans leur signification mys-
tique. C'est pourquoi il ajoute: «Ces choses'
sont appelées sacrement, parce qu'autre
chose est ce que nous voyons, et autre chose
ce que nous concevons. Ce que l'on voit a
une espèce corporelle ; ce que l'on conçoit
a un fruit spirituel. Si vous voulez donc con-
cevoir le corps de Jésus-Christ, (signifié par
le sacrement, et auquel les espèces ont rap-
port) écoutez l'ap'itre saint Paul : Vous êtes
le corps de Jésus-Christ et ses membres. » C'est
comme si ce Père leur av;iit dit' : Ces choses
sont appelées sacrement parce que l'on y
voit une chose et l'on y en conçoit une autre :
on y voit le pain, on conçoit le corps de Jésus-
Christ ; mais ce corps de Ji^us-Clirist qu'il
faut entendre comme la chose signifiée par
le sacrement, n'est pas le seul corps naturel;
c'est le corps de Jésus-Christ tout entier,
c'est-à-dire le chef et les membres appelés
le corps mystique. Écoutez ce que dit l'A-
pôtre : Vous êtes le corps de Jésus-Christ. Or ce
rapport que vous ne trouvez pas entre le pain
et le corps de Jésus-Christ considéré seul,
vous le trouverez entre le pain et le corps de
Jésus-Christ joint à ses membres, c'est-à-dire
entre le pain et le corps mystique, parce que
de même que le pain visible se fait de plu-
sieurs grains réduits en un corps, de même
le corps mystifi\ie do Jésus-Christ, qui est
l'Église, se fait de plusieurs membres réunis
ensemble sous leur chef qui est Jésus-Christ.
On voitpar là qu'Origène et saint Augustin
ne diUerent entr'eux dans l'explication de
l'Eucharistie, qu'en ce qu'Origène dit (ju'elle
est le symbole ou le sacrement de la parole do
non snnm dicebal, scd verbum in cujus myslerio
potus ille fveral effiindcndiis. Nam corpus Dei
Verbi auL saiiguis, quid aliud esse paient, nisi
verbum quod nulrit, et verbum quod lœlifical cnr?
Origcn., tract. 35, in Mallh., pag. 898; éd. de l'.i-
ris, année 17in.
1 Ibid.
' Panis is(e qucin 7Ji'u,s- Vcrbutii corpus suum
esse fntetur, verbum est iiutrilnrinm aniniariim...
et polus islc queui Deus Verbum sanguinein suum
fatetur, verbum est potaiis el inebrians corda.
Ibid.
' Oslendit quando eos (discipulosj lioe pane nu-
tril, prnprium esse corpus. Iliid. [ing. 899.
* Deinde docchat discipulos qui festirilatem cc-
lebraveranl cum uiagislro cl acceperanl benedic-
timus pnnem et maïutucaveranl corpus Verbi, et
biberanl cnlicem, gratiarum aetionis pro his om-
nihns bymnum dicire Patri. Ibid.
' lliid., iibi supra, paf;. 898.
• //oc quod vidclis in altariDei, eliam transac-
ta nocte ridislis , sed quid esset, quid sibi icllet,
quam mnguœ rci sacramentum continvrcl non-
dum audisds. .\iij;risl.,sprm. 272, img. 1103, lom. Y.
" /.s((f, fralres, idco diruntur sair.iinenla, quia
in eis alind videlnr, aliud iniclligilur : quod vide-
tur speciem hiibel corporatem, quod inlclligitur
fructiim habel .^pirilalcm. Corpun ergo Chrisli si
vis inlelligere, Aposlolum audi dicenlem fidelibits:
Vos auteui eslis lorims Cliristi ot nieiiilini.
* Voyez tom. III de la Perpétuité de la foi, pag.
13i.
[Vl° SIÈCLE.]
CHAPITRE XXV. ~ FACUNDUS, RUSTIQUE, ETC.
diiiènie livre,
P«E. îll.
Cap. I,
]1ion ; Pt saint Aiitjiistin, qu'elle est le sym-
bole ou le sacicuient du corps mystique de
Jésus-Christ qui est l'église; mais ils n'ont ni
l'un ni l'autre favorisé la doctrine contraire
à celle de la présence réelle ; au contraire,
ils l'élalilissent en distinguant la substance
intérieure, le tVuit inté-rieur, de l'espèce
cxti'rieure, et en appelant le pain corps de
Jésus-Christ, cnrns du Verbe de Dieu.
i-2. Le dixièmes livre est encore employé à
la justification de Théodore deMopsueste. Eu
supposant qu'il y ait, ditFacundus, quelque
chose à reprendre dans ses licrits, le concile
de Clialcédoinc a pu ne pas le condamner, ou
parce qu'il a ignoré qu'il y eût des endroits
blâmables dans ses ouvrages, ou parce qu'il
a cru qu'ils y avaient élt" insérés par ses en-
nemis, et qu'on pouvait leur donner un bon
sens. On voit d'ailleurs par une lettre de
Jean d'Antioche, que Théodore sachant que
l'on reprenait quelques façons de parler
dans ses écrits , les avait corrigés de lui-
même, ce qui prouve que s'il s'était quel-
quefois trompé, il n'avait point été opiniâtre
dans l'erreur, ni conséquenament hérétique.
Mais au vrai , les endroits que l'on lui re-
prochait, ne contenaient point d'erreur;
seulemeut il u'avait point parlé avec assez
d'exactitude et de circonspection; mais sup-
posé même qu'il eût avancé des propositions
erronées, Ibas a pu le louer à cause de son
savoir, et qu'il était persuadé que ce qu'il y
avait de défectueux dans les ouvrages de
Théodore, y avait été mis parles hérétiques,
et qu'en étant informé, il l'avait corrigé lui-
même. Combien de louanges n'a-t-on pas don-
nées à saint Cyprien, quoiqu'il ait soutenu ,
et en particulier, et avec sou concile, contre
la doctrine de l'Église, que l'on devait re-
baptiser les hérétiques? Théodore ne fut pas
même accusé dani; le concile deChalcédoine;
et quand on l'aurait accusé, le concile n'au-
rait pas dû condamner un homme mort dans
la commuuion de l'Église ' , puisqu'il n'est
pas même permis de condamner un homme
vivant , mais absent , qu'auparavant on ne
l'ait repris et averti de se corriger : d'où
295
vient que les évèquos de ce concile , voyant
«pi'Ibas avait été condamné ' sans être en-
tendu , s'écrièrent : k Ils ont mal fait de l'a-
voir condamné contre les canons. Ce qui
est fait contre un absent est mal, nous le
disons tous. Quand en effet les erreurs de
TlH'odorc auraient été manifestes, comment
pourrait-on s'assurer qu'il ne les avait point
r('tract('es et ne s'en était pas repenti, du
moins à la mort '? Or le Seigneur n'a donné
à son Eglise aucun pouvoir sur les morts ;
elle ne peut ni les lier ni les délier. Ce n'est
que sur les vivants qu'elle exerce son auto-
rité : d'où il suit qu'on ne peut blâmer le
concile de Chalcédoine de n'avoir pas con-
damné Théodore , quoiqu'il le crût répré-
hensible, parce qu'il n'était plus sur la terre,
le seul endroit où il pouvait le lier. Aussi les
saints ' ont décidé que n'étant pas au pou-
voir des évêques de juger ceux qui sont
morts avec honneur, il en fallait réserver le
jugement au Juge des vivants et des morts.
On n'a jamais condamné saint Athanase
pour avoir excusé saint Denys d'Alexandrie,
l'un de ses prédécesseurs , qui s'était toute-
fois exprimé dans des termes très-durs au
sujet de la nature du Fils de Dieu, qu'il sem-
blait dire être d'une substance différente de
celle du Père, et même créature; ni saint
Basile pour avoir pris la défense de saint
Grégoire Thaumaturge, dont les expressions
pouvaient paraître favoriser les ariens et les
sabelliens ; ni saint Hilaire pour avoir justi-
fié le concile d'Antioche , dans la suppres-
sion du terme de consubstantiel, et des ex-
pressions peu convenables dans le concile
de Sirmium. S'il a été permis à ces grands
évêques d'excuser des hommes que l'Eglise
avait constitués en dignité , pourquoi ne le
sera-t-il pas d'excuser aussi Théodore? Ses
ennemis , en le condamnant , sont tombés
dans quatre défauts : i° ils ont anathématisé
une personne morte dans la paix et la com-
munion de l'Eglise , en quoi ils ont péché
contre les sentiments des saints Pères et le
jugement de toute l'Église ; 2° En l'anathé-
matisant ils ont dit anathème à tous ceux
Cap. Tl.
' Si autem superstitem , non ante admrinilum,
alqne cnrrepttim damnare non deberemus absen-
tem : quomodo sancta synodus, tel si apud eam
Theodorus accusaretur, juste damnare mortvuin
posset? Lilj. X, cai). iv.
- Propter quod i)i ea/leni sancta synodo pro re-
verendissimo Iba damaverunl episcnpi, sœpe di-
cenles, maie fecerunt qui eum prœtercanonesdain.-
nnverujit; quœ adversus absentent fada sunt,
evacuenlur. Hœc omnes dicimtis. Nemo condem-
nat absentem. Ibid.
^ Quuprnpter eliam beali Patres de/inierunt,
quia non nostrum est judicare eos qui honorais
defuncti sunt, sed solius judiw vivorum et nwr-
tuorum. IbiJ,
296
HISTOIRE GÉNÉKALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
séparés de la communion de l'Église et obs- ctf..
Vf. m.
Ci[i. VMl.
Am';se
doiir une
qui l'ont approuvé, et même à rEj;lise qui a
communiqué avec Théodore, ce qui est évi-
demment contre les règles de la justice et
contre l'usage de la discipline ecclésiastique;
3° Ils ont généralement condamné tous ses
dogmes, sans faire attention qu'on ne pou-
vait lui refuser d'avoir pensé en beaucoup
de choses comme on pense dans l'Église
catholique ; -i" Ils ne se sont pas contentés
de condamner ceux qui sont de son senti-
ment , mais ceux-là encore qui en ont été ,
sans distinction de ceux qui pouvaient avoir
changé de sentiment.
13. Dans le onzième livre, Facundus rap-
porte plusieurs endroits des écrits de saint
Eustathe d'.\ntioche , de saint Athanase , de
saint Ampblioque, de saint Grégoire de Nys-
se, de saint Chrysostôme et de saint Cyrille
d'Alexandrie, pour montrer qu'ils ont em-
ployé les mêmes expressions que l'on re-
prend dans Théodore de Mopsueste.La con-
clusion qu'il tire de ce parallcle est, que si
l'on excuse uu défaut d'exactitude dans le
langage de ces anciens écrivains, parce que
vivant (à l'exception de saint Cyrille) avant
la naissance de l'hérésie de Nestorius, ils ne
se sont pas exprimés avec la même réserve
qu'ils auraient observée, s'ils eussent écrit
depuis; il faut avoir le même égaid pour
Théodore de Mopsueste plus ancien que
Nestorius, el ne pas reprocher au concile
lie Chalcédoine d'en avoir eu pour lui. Il
donne pour règle que (juand on trouve des
erreurs dans les écrits des Pères, on doit
les excuser par la bonne intention , et ne
pas les croire pour cela hérétiques ; parce
qu'on n'est pas héréli(jue ' simplement jiour
s'être trompé, ou par ignorance : l'attache-
ment seul à Teneur rend hérétique.
14. Continuant a établir la même règle
dans le douzième livre, il fait voir qu'il y a
beaucoup de diUerence entre des hérétiques
tinés dans leurs erreurs, et des catholiques
qui sont dans l'erreur, ou par ignorance, ou
faute de bien comprendre les choses , mais
qui demeurent dans une entière soumission
h l'Église. « Ce n'est pas, dit-il, l'ignorance*
qui reud hérétique, à moins qu'elle ne soit ac-
compagnée de contumace et de résistance
obstinée à la doctrine de la vérité; c'est de
soutenir et de défendre opiniâtrement l'er-
reur. Or , cette opiniâtreté ' ne se trouve
point dans tous ceux qui sont dociles à la
voix de l'Eglise, qui se soumettent à son au-
torité, qui sont disposés ii apprendre d'elle
la vérité, quoiqu'à cause de leur incapacité,
ils n'aient pu encore la concevoir ni la coa-
naitre. On ne doit donc point les appeler hé-
rétiques ; cette quahticalion odieuse ne doit
s'appUquer' qu'a ceux qui par esprit d'orgueil
s'obtiuent à défendre l'erreur, qui s'inter-
disent à eux-mêmes les moyens de connaî-
tre ce qu'ils doivent suivre ; qui étant aver-
tis de leurs égarements refusent avec mépris
d'acquiescer à la vérité ; et qui aiment mieux
être séparés de l'Eglise , ou y demeurer ca-
chés, que de changer leuis mauvais senti-
ments. I) La conséquence qu'il tire de celte
distinction est que Théodore de Mopsueste ,
ayant marqué sa docilité par la rétractation
qu'il avait faite de certains endroits de ses
écrits qu'on lui avait objectés comme repré-
hensibles , on ne doit point le condamner
comme hérétique.
Il passe de là à l'autorité du concile de
Chalcédoine, contre laquelle il dit qu'il n'est
plus permis de revenir, ni d'examiner de
nouveau ce qu'il a décidé , soit à l'égard de
la lettie d'Ibas , soit pour toute autre chose
qui intéresse la foi ; ce qu'il prouve par di-
vers passages des lettres de saint Léon , et
par l'édil de l'empereur ft^arcieii à qui l'on
était redevable du salut de l'Empire et de la
' A'im quia non ignnrantia, scd obstinalio fn-
cil hœrcticum. I.ib. M, cap. vu.
' Scire igitnr dehemus, quod hœrelicum non
facial ignoranlia, qum doclrinœ rerilalis eoiitii-
inai^non est, xed potius ohstinata dcfensio fiitsi-
talis. Lili. XII, c-ap. I.
' Quocirca ownes, qui in disciputatusunt reri-
lalis, et semetipsos rulioni dociles, el subjcetos
iiuclnrittili prrrhenl Ecclesiiv, si aliter sapianl de
his, quorum (ide mundaiilur, vol propler ineapa-
cem siiam intrltigentiain, tel nnnus rem nniniiid-
vertendo qnam opus est, impie prociil dvhio lan-
quam hirrelicos e.Tecrantiir. Qui euim slatiiil in
corde suo firmus hoc credere, quod in latibus
dodrina d fides habet Eeclesiœ, qiinmvis non per-
ferte oniiiin de iisdem sapial vel loquatiir; quia
lumen suœ scietitid' «on concidil, et multa in qui-
hus errai aul dubitat, ab Ecclesia rectiv leneri
non dubitat, ubi positus relut in scola reritatù!,
quod est hœreticus, sed perficiendu^ potius disci-
jiulus. Il)id.
* Non igiltir liœresis dicenda est, nisi rontra-
diclio superborum pervicax, quw sibi ne aliud
sapial iiilerdiril. ri admonila conlemnil arquies-
cere lerilali. Ilta wagis conlumaciler ah Eccle-
sia separari deliijil, vel in ea dolose lalere quam
pravam mulare sentcntiam. Ibid.
C"r. Ml.
[vi* SIÈCLE.] ciiAi'rriit; xxv. — facundus, uustiquk, ktc.
]i;iix de l'église. Il prouve oiicoreparr;iulorité nalioii. Fiicundiis ëtail mal
iJ!J7
lie l'iiii et (le l'autre, ([ue les piiiiccs, ilaiis les
matières (|ui concennMit la foi , doivent l'o-
béissance et la soumission aux décisions des
('•vêques, et ne doivent point en nsnrper les
droits ; que l'empereur Léon a doinié l'exem-
ple de cette oliéissance, de même qiu; Mar-
cien, et que Zénou ayant entrepris de déci-
der sur la foi par son Hénotique , avait intro-
duit un lourf et fâcheux scliismc dans l'Iy^Ii-
se, dont elle fut agitée pendant près de iiua-
rante ans, savoir depuis le pontificat de Fé-
lix III jusqu'à celui d'Hormisdas, sous lequel
les églises d'Orient se réunirent avec celles
il'Occident. Facundus prend de là occasion
d'instruire Justinien, en lui remontrant avec
heancoup de discrétion, que Zenon n'avait
donné dans ces éfiaremenis que pour avoir
été séduit par des llatteurs qui lui persua-
daient qu'il était plus sage que ses prédé-
cesseurs, et que tous les évoques qui avaient
jamais été. Il l'exhorte à suivre l'exemple
du grand Théodose dans sa soumission aux
évêques, en lui disant que ce prince ne
croyait point acquérir ' le salut éternel par
la puissance temporelle qui le constituait au-
dessus des prêtres du Soigneur ; mais par
la soumission i{n'\\ devait à leurs décisions ,
ajoutant qu'd y avait tout lieu de croire que
s'il y avait encore un évéque du zèle et du
mérite de saint Ambroise , ou verrait aussi
des Théodose.
15. Facundus ne se contenta pas de pren-
dre par écrit la défense des Trois-Chapitrcs;
il les défendit encore de vive voix. A'oyant
qu'on les avait condamnés dans le concile de
Chalcédoine, il rompit la communion avec
les évêques qui avaient rendu cette senten-
ce. Pour l'en punir, Justinien l'envoya en
exil. On n'en sait pas le lieu. Ceux qui pen-
saient comme lui l'envoyèrent consoler;
mais, c'était en etl'et, pour l'engager à répon-
dre à un écrit de Mucien ou Mocien, dont le
but était de montrer, par un grand nom-
bre de passages de saint Augustin, qu'il
fallait souti'rir les méchants dans l'Église,
sans se séparer de leur communion. Mucien
comparait aux donatisles ceux qui dans l'af-
faire des Trois - Chapitres s'étaient séparés
d'avec les évêques qui avaient ou condamné
ces Trois-C/iapitres, ou souscrit leur coudam-
' Pie admodum credens, et sapienter inleUigens,
quod non ex temporali potestate, qua fuerat
etiam sarerdotihits Un prœponitus, sed ex eo per-
venire posset ad vitam, quod illis erat ipse suft-
iili' Idi'sipic l'ex-
près arriva, et si allàihii, (piCncore (|u'il lijl
dans un temps de jiMuie, il ne [louvait res-
ter jusqu'à la troisième heure du jour, c'est-
à-dire jusqu'à neuf heures du matin sans
manger. Il entreprit toutefois de réfuter Mu-
ciiîn , mais il ne put le faire avec beaucoup
d'étendue, parce qu'il n'avait pas les livres
dont il aurait eu besoin pour traiter la ma-
tière comme il convenait. C'était vers l'an
ooo ou 530.
16. H s'applique principalement à mon-
trer que Mucien abusait de l'autorité de
saint Augustin, comme Fauste de liiez en
avait abusé dans ses écrits sur le libre arbi-
tre, faute à l'un et à l'autre d'entendre les
écrits de ce Père ; qu'il y avait beaucoup de
dilfércnce entre la cause des donatistes et
celle des Trais-Chapitres ; que du temps des
donatistes il ne s'agissait que du schisme,
au lieu qu'il s'agissait présentement de la
foi. Pour montrer doue que lui et les autres
évêques d'Afrique avaient eu raison de se
séparer de communion d'avec les évêques
qui avaient condamné les Trois-Chapitres, il
dit que ceux-ci ne l'ont pu faire qu'en se
joignant aux hérétiques qui ont sollicité
cette condamnation ; qu'en condamnant le
concile de Chalcédoine, et qu'en anathéma-
tisant les Pères de l'Église, qui ont ou com-
posé ce concile, ou approuvé ses décrets ;
et que dès lors s'étant séparés d'eux-mêmes
de l'Eglise, on ne peut reprocher aux évê-
ques d'Afrique de n'être plus avec eux en
communion. Il restait à Facundus de mon-
trer que ceux qui condamnaient le concile
de Chalcédoine étaient dès là même séparés
de l'Église. II le prouve par l'exemple de la
condamnation d'Acace, évéque de Constan-
tinople, qui entraîna celle de presque tous
les évêques d'Orient, soit parce qu'à l'imi-
tation d'Acace ils ne recevaient pas le con-
cile de Chalcédoine, soit parce qu'ils com-
muniquaient avec les ennemis déclarés de
ce concile. «La sentence, dit Facundus, que
le Saint-^iége prononça contre Acace et con-
tre les autres évêques qui en recevaient point
les décrets de ce concile, subsista depuis le
pontificat de Félix III jusqu'à celui d'Hor-
misdas, sans qu'il se trouvât personne qui
prétendit, comme Mucien, qu'il fallait tolé-
jectus. Unde credendum est, quia si nunc Deus
aliquem Amhrosium suscilaret, eliam Theodosius
non decssct. Ibi'l., cap. v.
\inlv.n ilo
ce llïrc. Toni,
n Op S:ri.i.
298
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rer les méchants et ne point rompre la com-
munion avec eux. Est-ce donc que l'on n'avait
pas connaissance des écrits (jue saint Augus-
tin avait composés contre les donatistes?
non; mais c'est que la cause des donatistes
n'était pas de même nature que celle des
Trois-Clidjiitres. » Facundus ajoute que saint
Hilaire se sépara aussi de communion d'a-
vec ceux qui tentèrent d'anéantir l'autorité
(lu concile de Xicée, et que plusieurs autres
évé(]ues catlioliqu(!s eu lirenl de même. II
soutient que l'Église d'Afrique ne s'est point
séparée d'avec les ennemis du concile de
Clialcédoine, mais qu'elle a seulement és'ilé
de communiquer avec ceux qui avaient déjà
été séparés de l'Éf^lise pour leur opposition
à ce couc'le ; et qu'il y a plus de lieu de re-
procher aux évoques d'Afrique d'avoir trop
tardé à se séparer, que de l'avoir fait avec
précipitation, comme Mucien les en accu-
sait. 11 rapporte ce qu'il avait dit dans le
concile que le pape Vigile assembla h. Cons-
tantinople en o47 ; la sentence d'excommu-
nication que ce pape prononça contre Men-
nas qui avait le premier souscrit à la con-
damnation des Trois-Chapitres ; le décret de
Vigile appelé Judicatum, où il condamnait
les Trois-C/iapilres sans préjudice du concile
de Clialcédoine, soutenant qu'il ne s'était
laissé aller à la publication de ce décret que
par des motifs purement humains ; et la let-
tre de Sorcius à Boéllius primat de la pro-
vince Bysacène, où il dit anatbènie h Eut}'-
cbès et à tous ceux qui ne reçoivent point le
concile de Clialcédoine, ou qui anatbémati-
senl la lettre d'ibas, reçue dans ce concile.
11 convient que le pape saint Etienne ne
rompit point la communion avec saint Cy-
prien et quelques autres évèques d'Afiique
dans la dispute sur la rebaptisation; et il en
donne pour raison qu'il n'était intervenu
jusques-là aucune sentence d'excomumni-
cation de la part du Pape; mais qu'il me-
naça d'en porter une contre quiconque ose-
rait à l'avenir rebaptiser ceux qui avaient
été baptisés par les hérétiques; ce qui sup-
pose clairemeut que saint Etienne était du
sentiment qu'on pouvait se séparer de com-
munion de ceux qui erraient dans la foi ; et
qu'il était permis de demeurer uni avec
ceux qui n'avaient pas encore été soumis à
l'aiiatliéme. C'est pourquoi il ajoute : «Quoi-
que je condamne les nestoricus, parce qu'ils
sont séparés de l'Église par l'anatlième, je
uc condamne pas Théodore de Mopsuesle
qui n'en a pas été frappé ; vu surtout que
suivant la doctrine du pape G(Mase, ou plu-
tôt du concile de Home, il est défendu de
condamner après leur mort ceux qui ont liui
leur vie dans la paix de l'Église, étant plus
à propos de les laisser au jugement de
Dieu. »
17. Facundus traita encore la question des
Trois-Cliapitres dans une lettre qui a été d'a-
bord donnée par dom d'Achéry dans le to-
me 111 de son Sj/icilcr/e, ensuite par le Père
Sirmond. Elle est intitulée : De la fui catho-
lique. Ceux qui avaient condamné les Trois-
Chapitres disaient qu'ils ne laissaient pas
d'être unis dans la môme foi, dans l'admi-
nistr-Uion du baptême et dans l'ordre de la
célébration du saint sacrifice, avec les défen-
seurs des mêmes T?'ois-Chapitres, et que leur
diirérend à cet égard ne portait aucun pré-
judice :\ la foi de l'Église. Facundus sou-
tient que cela ne peut être, parce qu'on ne
peut condamner la lettre d'ibas où la foi sur
les deux natures unies en une personne dans
Jésus-Christ est nettement exprimée, sans
approuver le dogme des eutychéens et des
acéphales , les principaux moteurs de la
condamnation de cette lettre : et consë-
queramont sans enseigner avec lui qu'il n'y
a qu'une nature en Jésus-Christ; qu'en vain
ils se llattent de garder le symbole de l'É-
glise catholique, et les articles de foi qu'il
contient, puisque contrairement à l'article
qui réserve au Fils de Dieu le jugement des
morts, ils l'usurpent eux-mêmes, en jugeant
et en condamnant des évèques catholiques
morts dans la communion de l'Église. Il les
accuse de n'avoir donné dans la condamna-
tion des Trois-Chapitres que par des vues
d'ambition et d'intérêt, et après s'être laissés
corrompre par des présents et des promes-
ses llaltcuses de la part des moteurs de cette
condamnation ; d'après lui l'atTaire des Trois-
Chn/iilres n'est pas, comme le disaient quel-
ques ignorants, particulière à Ibas, à Théo-
dore et à Théodore! ; elle regarde également
tous les évèques dont la doctrine a été ap-
prouvée clans le concile de Clialcédoine, et
tous ceux qui depuis sout morts dans la
communion de l'Eglise catholique. Il leur
demande si avant de condamner ces trois
évèques, on les avait interrogés pendant
qu'ils vivaient, repris, corrigés et avertis
suivant la couliune de l'Église, et l'ordre de
la discipline, comme on en agit envers Arius
dans le concile de Nicéc, envers Maccdouius
Lcllrc de Fa*
CuDdab poDr
l« d«fcti.-r des
Trou • Cliapl.
Ires, pie. 8ii,
el lom. m
Splcll. L>acbe-
htol.
Gcn , tT, 7-
Jucement
iiuo^ <iu OD en
[vi« SIÈCLE.] CIIAPITIIE XXIV.
(liuis le concile de Constanlinoplc, envers
Nesloriiis dans celui d'Epliose, envers Kiily-
chès et Dioscore tlans le coiu'ilc de C.liaki'-
dnine. Counne ils ne pouvaient rien pronver
de semblable, il leur oppose les actes du con-
cile d'Anlioche et de celui de Clialcédoine où
Ibas , Tbéodore de Mopsueste et Tliéodorel
ont été déclarés orthodoxes, et où le premier
et le dernier ont été rétablis en conséquen-
ce dans leurs sièges. Il leur demande encore
si le concile de Clialcédoine est orthodoxe
ou non : « Si vous répondez, dit-il, qu'il est
orthodoxe, vous êtes donc vous-mêmes hé-
rétiques, puisque vous condamnez ce qu'il
a approuvé ; vous n'êtes pas moins héréti-
ques si vous répondez que ce concile n'est
point orthodoxe, n Ce qu'il dit des auteurs
de la condamnation des Trois-Chaiiilrcs, il
l'applique à ceux qui leur sont unis de sen-
timent et de communion. Répondant ensuite
i\ ce qu'ils alléguaient , qu'ils otl'raienl le
même sacrifice que les défenseurs des Trois-
Chdpitrcs, il leur fait l'application de ces pa-
roles de Dieu à Caïn : 6i wus offrez bien,
vous en serez récompensé ; si vous offrez mal,
ruus trouverez aussitôt la peine de votre péché.
11 avoue que rien n'est préférable à la paix,
et il cite sur cela ce qu'en dit saint Augustin ;
mais il dit qu'on ne peut l'avoir avec les hé-
rétiques ni avec les schismatiques, ni avec
les Juifs, ni avec les païens; qu'au reste
celte paix a été rompue' par les auteurs de
la condamnation des Trois-Chapitres, et qu'ils
peuvent en y renonçant rétablir cette paix.
18. Nous ne savons point que Facuudus
ail composé d'autres ouvrages. On voit par
ceiLX dont nous venons de parler, qu'il écri-
vait avec beaucoup de feu et de véhémence,
et qu'il ne laissait rien échapper de ce qui
regardait son sujet. Il donne un tour à ses
raisonnements qiii les rend plausibles ; mais
il y en a dont il est aisé d'apercevoir le fai-
ble, autant parce qu'il en pousse trop loin
les conséquences, que parce que les princi-
pes n'en sont pas solides. Le Père Siimond
lit imprimer en 1629 les douze livres de Fa-
cuudus sur cette matière, et celui qu'il com-
posa contre Mucieu ; ils furent réimprimés
en 1675 à la suite d'Optat de Milève, par les
soins de Philippe le prieur, qui y ajouta la
lettre intitulée : De la Foi catholique, qui
avait déjà été insérée dans le tome III du
FACUNDUS, RUSTIQUE, ETC. 2f)'J
Spicilége. Toutes ces pièces ont passé dans
le tome X de la /iihlintliique des /'ères de
Lyon, puis dans le Ikcuril des o'uvres du
Père Sirmond il Paris en iO'Jti, [dans le tome
XI de la Bibliiith!'(pte de Galland, et de là dans
le tome LXMI tle la Putroluf/ie lutine, col. 521
et suiv.j
l'J. Facundus ne fut pas le seul qui écri-
vit contre la condamnation des Trois-C/ui-
pitres : ils trouvèrent des défenseurs même
dans le clergé de Rome. De ce nomljre fu-
rent Rustique et Sébastien, tous detix dia-
cres de cette Église, et confidents du pape
Vigile. Ils se déclarèrent contre son Judica-
tum dès le commencement de l'an .'iiO, et
mandèrent ' à plusieurs évoques, entr'autres
à saint Aurélien, évèque d'Arles, et à Valen-
linien, évêque de Tomi dans la Scythie, que
ce pape avait abandonné le concile de Clial-
cédoine. Ces deux évèques lui en ayant écrit
pour s'informer de la vérité, Vigile répondit
à saint Aurélien qu'il n'avait rien fait contre
les décrets de ces prédécesseurs, ni contre
les quatre conciles généraux ; qu'il pouvait,
comme les autres évèques des Gaules, s'as-
siu'er qu'il garderait inviolablement la foi
des Pères. Il se justifia aussi des calomnies
de Sébastien et de Rustique dans sa réponse
à Valentinien de Tomi, en le priant de ne
plus recevoir de leurs lettres, parce qu'il les
avait déjà séparés de sa communion , et
qu'il était résolu de les juger canonicpement,
s'ils ne venaient bientôt à résipiscence. En
effet, voyant qu'ils continuaient à le calom-
nier, il rendit contr'eux une sentence ' con-
çue en forme de lettre, et adressée à eux-
mêmes. S'adrcssant d'abord à Rustique, il le
fait souvenir qu'il avait lui-même demandé la
condamnation des Trois - Chapitres, jusqu'à
vouloir que l'on déterrât les os de Théodore
de Mopsueste poiu' les brider; qu'il n'avait
prononcé son Judicatum qu'après avoir pris
son avis ; qu'il l'avait pressé de le donner
non-seulement à Mennas à qui il était adres-
sé, mais qu'il en avait fait lui-même des
copies pour les envoyer en Afrique ; que le
Samedi-Saint, jour auquel le Judicatum fut
publié dans l'Église, il y avait fait ses fonc-
tions de diacre, et dit à l'évêque Julien que
l'on n'avait pu mieux faire. Le Pape lui fait
encore d'autres reproches ; puis, après en
avoir fait aussi au diacre Sébastien, il lui
Sfbullen it
nu.ll'iae, dia-
cres do Rome,
leur écrit con-
tr.< la condem*
Dation des
Trois • Chapl*
trcs.
' Tom. V Concil., pag. 558-559.
' Ibid., pag. 550.
HISTOIRK GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
300
dit : (1 Vous ' avez loué publiquement notre
Judicatum à Constanlinoplp, tlismt en pré-
sence de tout le clergé qu'il était venu du
ciel, et que vous aviez trouvé à Rome les
écrits de Tlicodore de Mopsuesle remplis de
blasplièmcs. Mal{,'ré cet aveu et l'altaclie-
menl que vous m'avez témoigné depuis en
continuant de faire vos fonctions de diacre,
et de mander à ma table avec Rustique, vous
avez cliangé de conduite, et communiqué '
avec ceux qui ont écrit contre le Judicatum.
D'où il suit que vous êtes comme eux excom-
muniés suivant les canons. Vous vous êtes
encore attribué ' l'autorité de prêcher ; ce
que les personnes de votre ordi-e n'ont ja-
mais fait gans la permission de l'évêque.
Vous avez écrit faussement par toutes les
provinces que nous avions combattu le con-
cile de Chalcédoine ; d'où il est arrivé un
grand scandale, parce que ceux qui ne con-
naissaient pas votre malice, et recevaient vos
écrits comme de diacres de l'Eglise romaine,
y ont ajouté foi avec simplicité. Vous avez de-
puis osé avancer dans un écrit donné à l'Em-
pereur, que saint Léon, notre piédécesscur.
a autorisé les erreurs de Théodore de Mop-
sueste. » Vigile ajoute qu'il les a attendus
l'un et l'autre dans l'espérance qu'ils rentre-
raient en eux-mêmes ; qu'il les a fait avertir
deux fois, sans qu'ils aient voulu l'écoutei-;
que contraint d'en venir à la punition, il les
déclare, en gémissant, privés, par l'autorité
de saint Pierre, de l'honneur et du ministère
du diaconat, leur oll'rant toutefois le pardon
en cas de résipiscence de leur part, à la
charge qu'après sa mort personne ne [Kjurra
les rétablir. Il parait par le contenu de cette
sentence que Sébastien et Rustique avaient
eu égalemeut part à l'écrit préicnté a Justi-
nieu contre les J'rois-C/mpitres. Il n'est pas
venu jusqu'à nous '.
20. Mais nous avons celui de Rustique
couti-e les acéphales : c'est un dialogue qu'il
composa sur ce qu'il avait ouï dire de la dé-
finition de foi du concile de Chalcédoine,
tant à Constantinople , qu'à Alexandrie et
à Antinous dans la 'Thébaïde. Le dessein de
l'auleur est de montrer qu'il y a deux natures
eu Jésus-Christ, unies en une seule pei-son-
ne, en sorte que c'est le même qui est Fils de
Dieu et Fils de l'homme : c'est ce qu'il prouve
par divers raisonnements et par plusieurs
passages de l'Écriture et des Pères. Il remar-
que que l'hérésie de Nestorius ne consiste pas
en ce que cet évèquea appelé Marie mère du
Christ, mais en ce qu'il a nié qu'elle fût mère
de Dieu ; et que pour juger de ce qu'il y a
de mauvais dans la doctrine de Xestorius, il
faut en faire un parallèle avec les lettres
que saint Cyrille a écrites contre lui ; que
n'y ayant jamais eu d'union permanente et
indivisible de deux natures raisonnables en
une seule personne, on ne peut donner
d'exemple de celle qui s'est faite de la nature
himiaine avec la nature divine en Jésus-
Christ; que l'incarnation n'est point com-
mune aux Irois personnes de la Trinité, mais
à celle du Fils seulement ; que le Fils ne pro-
cède pas du Saint-Esprit, et qu'on ' ne sait
pas bien si le Saint-Esprit procède du Fils
comme du Père ; qu'on ne peut ' point dire
que l'on adore le Fils de l'homme avec le
Fils de Dieu, la coadoratiou ne se disant
que des trois personnes de la Sainte-Trinité ;
mais que comme la divinité a opéré des mi-
racles par la chair, elle est aussi adorée par
Ici Jlf [ilt*lM.
Ton.. X niM.
Ilr. 1*5. JSO.
' Tom. V Concil., paR. 552. — » Ibid., 554.
' Àdjecislis execranda superbia, qucc nec legun~
tur , nec sine sui ponlificU jussione aliqunndo
ordinis vcslri homines prœsunipserunl auclori-
lalem vobis prœdicalionis contra omnem consue-
tvdinem vindicare. Ibid., pag. 554.
* Rustique loinpiis.! des uolessurleconcile (II! Clial-
cédoiue où il établit nue couiparaisou qui seulTéru-
dit modcrue entre les exemplaires lalius et grecs lie
te concile. Ces notes ont été publiées par Baluze, Coll.
novaConcil. ,p:i(i.9:ii-lH2. iJuin l>ilra les a reprodui-
tes d'une manière pluscorrecte el plus complète (laus
le ijuatrièuic volume du Spicikgium solem., p.ip.
192 ù 221. 11 parait assez vrai.-^emblable que Itusti-
quc Gt ce travad de couccrl avec Véréiuudus dout
il cite des l'Xlrails. Ces notes, au nombre de sept
'•eut cioquaule, louclicnt à tous les points de po-
lémique, d'iiibloirc, de paléographie que pouvait
soulever nne controverse ardente moins d'un siè-
cle après la tenue du coucile et eu présence des
originaux conservés daus les mou.istères des acé-
mètes, à Couslautinoplc et à Chalcédoine. fL'e'di-
teur.J
' Vtrum tero a Filio eodem modo qun a Paire
procédai SpirihisSanclus uondum perfeite hulieo
nalisfaclum. lluslic. Cont. Aceph. \»m. \ liibl.
Pat., p.ig. ;n6.
« ^on lied dicere : Coadoralur Filio Dei Filius
hominis : non nùm coadoranlur l'n Sancla Tri-
nilale, nisi persona lanlnmmodo ; divinilas vero
aiiul miracula operala esl per carnein, sic ado-
ralur per carnem, et adoramus omnes crueein
cl per ipsam illum cuju^ est crux : non lauien
critcem condorare dicimur Chrislo, nec per hoc
nna esl crucis el ChriHi nnlura. Ibid., pag, 369.
[Vl" SIÎXLE.]
CHAPITRE XXV. — FACUNDIIS, TWSTIOUE, RTC.
30i
la cliiiir; qu'on prut dire qiio nous adorons
Ions la croix, cl par la croix celui de ([ui est
la ci'oix; mais non que l'on adore la croix
avec J(5sus-Ghrist, parce que la nature de
la croix n'est pas une avec la nature de Jé-
sus-Christ. <( Nous adorons ' donc, dil-il, le
corps do Ji'.sus-Clirist, selon qu'il osl l'crit
dans le Psaume xcviir : Ador-ez l'cscnheau de
ses pirds, c'esl-A-dirc la terre ; non que nous
adorions le corps par lui-même ou pour lui-
môme, comme s'il était Dieu, mais par la
chair et par le corps ou par l'humanité nous
adorons Dieu qui s'est fait chair. Par une
semljlable raison, ri^£;lise adore sans aucu-
ne coiilradiction par toulc la terre, la croix
et les clous qui ont servi d'instruments à la
passion de Jésus-Christ, ;\ cause de celui
qui a été percé de ces clous et attaché ù cette
croix. )) Rustique fait valoir contre les acé-
phales l'autorité du concile de Chalcédoine,
disant qu'elle sutfit seule, ce concile ayant ^
été confirmé de toutes les Églises, comme il
était aisé de le voir, tant par les lettres cir-
culaires sous le règne de Léon, que par en-
viron deux mille cinq cents lettres des évo-
ques , sous l'empire de Justin , après le
schisme de Pierre d'Alexandrie et d'Acace
de Constantinople. H cite un discours qu'il
avait fait contre ' les acéphales et les nesto-
riens, et promet * un traité pour la défense
des Trois-Chapitres ; ce qui fait voir (jue le
Dialogue dont nous parlons est antérieur à
ce traité, le même sans doute qu'il présenta
avec Sébastien !i l'empereur Justinien. I^c
Pitilnfiiie contre les iici'/jliiiles se trouve; dans
V Aiilidiite coii/ri' tes hérésies, imiirinii- à Itàlc
en 15^8; dans VJJérésiologie, en la même
ville en 1550, avec les Notes de Simlérus ;
dans le /leeneil de divers éerits des Pi/res leori-
tre Eiitijeiws et Nesttirius à Zurich en 1571 ,
dans le tome X de la Bibliothèque des Pl;res
h Lyon en 1677, [dans le tome XH de la Bi-
bliothèque de Galland, et de h'i dans le tome
lAVd de la Patrologie latine, col. 1103 et
suiv.]. Le style en est assez net.
21. Victor de Tunes dit '' que les d(''fen-
seurs des Trois-C hojiitres, s'étant assemblés
en Rlyrie, la neuvième année après le con-
sulat de Basile, c'est-à-dire en 550, ils y con-
damnèrent Bénénatus, évêque de la pre-
mière Justinienne , ennemi déclaré des
Trois-Chupitres ; ce qui donne lieu de croire
qu'il avait publié quelques écrits sur cette
matière : nous n'en avons point d'autres
connaissances. Il ajoute que l'année suivante
551 , les évoques d'Afrique condamnèrent
dans un concile le pape Vigile, et le séparè-
rent de la communion catholique , parce
qu'il avait condamné les Trois-Chupitres ; ils
lui otl'riront toutefois de se réconcilier avec
lui au cas qu'il se repentît. Nous n'avons
plus les lettres qu'ils envoyèrent à l'empe-
reur Justinien, par Olympe Magistrien, dans
lesquelles ils prétendaient montrer l'injus-
tice de la condamnation des Trois-Chapilres.
DénéiintUfl
oit avoir
I cniîlre lu^
>U .Cl,.|,i-
I. Lettres
évéquos
rriqiie.
' Nonne scriplum est : Et aclorate scabellum
pedum ejus? hoc vcro est terra. Adoralur enim
corpus quod (le terra est : non nt per semetipsum
nut proptcr semetipsum adorctur ulDeus; sed ut
per corpus et per carnem sive humanitatem Deus,
Verbo qui inhumunatus est, coadoretur... et clavos
quibus con/ixus est et lignum venerabilis crucis,
omnis per totum munduin Ecclesia absque ulla
contradictione adorât- \hiil., pag. 373.
* Sufjlceret tibi unica auctorilas synodi univer-
salis quœ numéro superat universas, quœ loties
cunctarum Ecclesiaruin consona sententia confir-
mata est, tam per encyclicas epistolas régnante
Leone quam' per llbellos saccrdotum' forsaii duo-
rum millium et quingentorum, imperantc Jusli-
no, post schisnia Pétri Alexaiidrini et Àcacii
Constantinopolitani. Ibid., pag. 382.
' Ibid., pag. 377.
* Ibid., pag. 331.
5 Victor. Tun., in Chron. ad. an. 550.
302
HISTOIRE GÉNÉRAI.E DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CIIAPITUE XXVI.
Victor de Tunones 15661, Libérât, diacre de Carthage [vers 556]
Victor de Capone [550].
[Écrivains latins.]
vkior àt 1. Yicloi- de Tunones ou Tunes était lui-
fenstor ' dw mêmc uH zôlé défenseur des Trois-C/iapi/res.
ire...sesi£riis. jj racontc ' que la quinzième année d après
le consulat de B .sile, c'est-à-dire en .536, il fut
Ijattu et mis en jirison, puis relégué dans le
monastère de Mandia, ensuite à Egée, île de
Mauritanie, en troisième lieu à Alexandrie,
avec Théodore de Cabarsusi, qui avait pris
comme lui et plusieurs autres évèques d'.Afri-
que, la défense d'Ibas et de Théodore!. Vic-
tor et Théodore, étant arrivés à Alexandrie,
furent mis d'abord dans la prison prétorien-
ne, puis dans celle du cliâteaude Dioclétien.
Ils en furent tirés, et après des conféren-
ces dans le prétoire pendant quinze jours de
suite, on les envoya en prison dans un mo-
naslèie de l'ordre de Tabcnnes, qui était ù
Canope, à douze milles d'.Uexandrie. Saint
Isidore de Séville * atlrihue à Victor de Tu-
nes une Chronique qui commençait à la créa-
tion du monde et finissait à la première année
du règne de Justin-Ie-Jeune, c'est-à-dire en
5f)G. Nous n'en avons plus qu'une partie qui
commence 'au dix-huitième consulat doThéo-
dose-le-Jeune, c'est-à-dire à l'an -444, où saint
Prosper avait liiiila sienne. Victor s'applique
particulièrement à rapporter ce qui appar-
tient à l'histoire de l'hérésie eutychéenne, et
l'afTaire des Trois-Chapitres; mais il met aussi
les événements considérables arrivés dans
l'État ou dans l'Éghsc, en les plaçant selon
l'ordre des consulats. Il dit en parlant de la
persécution qu'Hunéric, roi des Vandales,
excita en Afrique, que ce tyran lit couper la
langue à uu grand nombre de confesseurs,
qui ne laissèrent pas de consers'er l'usage do
la parole [lendant tout le temps qu'ils vécu-
rent, et que la plupart d'entre eux étaient
I venus à Constantinople, dont les habitants
pouvaient rendre compte de cette merveille.
1 II raconte qu'un arien, nommé Ulympius,
blasphémant dans un bain d'eau froide con-
tre la Sainte-Trinité, y fut consumé par un
feu du ciel dirigé par le ministère d'un ange;
qu'un évoque de la même secte, ayant osé
changer la forme du baptême en disant : Bar-
las le baptise au nom du Père/xir le Fils dans le
Saint-Esprit, l'eau qui devait servir au baptê-
me disparut, et le vase dans lequel elle était se
cassa; ce que voyant le catéchumène courut
à ri'glise catholique et y fut baptisé ; qu'à
Alexandrie et dans toute l'Egypte Dieu auto-
risa par un miracle les décrets du concile de
Chalcédoine, en permettant que ceux qui ne
voukiient pas le recevoir fussent possédés
des démons, qui les agitaient si violemment,
que privés de l'usage de la parole humaine,
ils jappaient comme des chiens, et se man-
geaient les mains et les bras. Il donne tout
entière, de même que le diacre Libérât, la
lettre que Vigile écrivit à Théodose d'Alexau-
drie, à Anlhime de Constantinople et à Sé-
vère d'Antioche, où il leur déclarait qu'il te-
nait la même foi qu'eux, en les priant dé la
tenir secrète, et au contraire de feindre qu'il
leur était suspect. Il met la naissance du
Sauveur en l'année 43 de l'empire d'.Vuî-niste,
comptant depuis cinq cent vingt-sept ans jus-
qu'à la première année du règne de Jiislin-
le-Jeuue où il finit sa Chronique. Ainsi il y a
de la liiirércnce entre son calcul cl le notre,
puisque nous mettons le commencement ;du
règne de ce prince en 566 auquel Jusiinien
son prédécesseur mourut le 1 \ novembre.
Nous avons la Chronique de Victor dans les
Anciennes le^vns de Canisius imprimées à In-
golslad en 1600 et années suivantes, depuis
à Anvers en 172."). dans le Trésor des temps de
Scaliger, [dansle touieVIIde Galland, et delà
dans le tome LXVIII de la Patrologie avec la
notice de (ialland.]
2. En 53o, Réparât, successeur de Boniface
LlUrtl,
' VicUir Tuu. in Citron, ad an. 556.
* Isidor. De Vir illusl. cap. xxxviii.
' Victor Tunou., lom. 1 Leclion. Canis. eUit. An-
tuerp. au. 1723, pag. 32i,
[vi" SIÈCLE.] CHAPITRE X\\\. — VICTOR DR TUNONKS, LIRÉRAT, ETC.
303
ier».ioCar. (laiis Ic sië.LfC dc Ciii'Hiaf^e, p| les autrns (5vû-
qiu's d'Ariiquc an uombii; de deux ceiil dix-
sept, s'étaiit assemblés pour travailler au
rétalilissement de la discipliue, crurent qu'ils
devaient avant toutes clioses consulter le
Saint-Siège sur la manière dont on devait re-
cevoir les évèqucs ariens (pu se faisaient ca-
tholiques. Ils d('']nilèrciit ù cet ellct deux évo-
ques, Caïus et Pierre, et un diacre do l'l']glise
de Cartilage nommé Libérât. Celui-ci avait '
déj;\ été à Rome du temps de l'aflaire des
moines acémMcr.jSousle pontificatdeJeauII.
Il fît beaucoup d'autres voyages depuis, ;\ l'oc-
casion des Trois-Ckapitres, dont il avait pris
la défense; ce qui lui donna lieu de recueillir
quantité de monuments qui concernaieut
VJ/istoire de l'/Icrcsie dc Nestorius et d' Euty-
c/ics, et d'apprendre plusieurs faits très-iuté-
ressants, soit ' dans les conversations parti-
culières qu'il eut avec des personnes d'auto-
rité, soit par la lecture des Actes des conci-
les, soit par les lettres des évéques dont il
trouva le moyen d'avoir des copies. Il eut
aussi communication d'une //(s^iVe ecclésias-
tique traduite nouvellement du grec en la-
tin. Ce fut à Alexandi'ie qu'il la trouva, mais
il ne dit point qui en était l'auteur. De retour
de ses voyages et délassé de ses fatigues, il
profita dc son loisir pour faire part au public
des connaissances qu'il avait acquises, et en
donna une suite sous le titre àc Mémoire, ou
A' Abrégé de l'histoire de l'hérésie àe Nestorius
et d'Eutychès. 11 la commence à l'ordination
de Nestorius, c'est-à-dire en 42 i, et la con-
duit jusque vers l'an 333. Le style eu est très-
simple , et même inégal , parce que l'auteur
s'assujettit souvent à copier les auteurs grecs
et latins dont il avait fait des extraits. Mais elle
n'en est pas moins intéressante à cause d'une
quantité de faits qu'on ne trouvepoint ailleurs.
\n«iTse de 3. Elle est divisée en vingt-quatre cliapi-
iiiniiiuié: très, y compris la préface. On v voit que Nes-
nioire ou f -J L r u ± ^
o'nc'ii^T' torius avait puisé les principes de son héré-
up. LIT. gig dans celles de Paul de Samosates et d'A-
pollinaire; que le prêtre Anastase, son syn-
celle et son confident, prêchant un jour à
Constantinople, scandilisa toute l'assemblée
en disant qu'on ne devait pas nommer Marie,
mère de Dieu; que Nestorius fut le seul qui
ne voulut point condamner ce blasphème;
qu'au coulraire il l'autorisa jtar ses discours, c.p.v.n.
ce qui occasionna de grandes disputes dans
l'Eglise, et la tenue du concile d'Éphèse où
Nestorius fut condamné et d(;posé. Libé-
rât parle ensuite de la division qui survint
entre saint Cyrille et Jean d'Anlioche, de
l'ordination de Maximien de Constantinople,
et de la réunion de Jean et des autres orien-
taux avec saint Cyrille; des lettres que ce i.
dernier écrivit pour montrer l'unité de Jésus-
Christ en deux natures; des mouvements que
les défenseurs de Nestorius se donnèrent au-
près des évêques d'Arménie pour faire con-
damner les écrits et les personnes de Diodorc
de Tarse et de Théodore de Mopsueste; de
ce que saint Proclus, successeur de Maxi-
mien dans le siège de Constantinople. répon-
dit aux Arméniens qui l'avaient consulté sur
les écrits de Théodore; des lettres que Jean
d'Antioche écrivit pour la défense de cet évo-
que; de l'accusation formée contre Ibas, évo-
que d'Édessc, par ceux de son clergé, et de
leur réconciliation faite par le ministère de
Photius de Tyr , et d'Eustathe de Béryte
qu'on leur avait donné pourjuges. Après quoi xi.xtih.
il marque la naissance de l'hérésie euty-
chéenne, ses progrès, sa condamnation dans
le concile de Constantinople sous Flavien,
qui en était évêque ; les violences de Dios-
core dans le brigandage d'Éphèse pour la
soutenir, et comment elle fut anathématisée
à Chalcédoinc avec son auteur et ses parti-
sans. Ensuite il entre dans le détail des trou-
bles qu'ils causèrent dans l'Église d'Alexan-
drie infectée plus qu'aucune autre de l'héré-
sie eutychécnne. Il dit aussi quelque chose
de VHénotique de Zenon, et des persécu-
tions que Macédonius souffrit de la part de
l'empereur Anastase. C'étaitl'usage 'à Alexan-
drie que le nouvel évêque veillât auprès du
corps de son prédécesseur, mît sa main droile '"' "'
sur sa tête, l'ensevelit lui-même; puis met-
tant à son col le pallium de saint Marc ' prit
possession de son siège. Timothée étant mort.
' Liber, m Brev., cap. xi.
- Id. Prœfat. in Brev., toia. V Concil., pag. 740.
' Consuetudo qiiidem est Alexandriœ illum qui
defuncto succedii e.rcubias super defuncti corpus
agere, manumque dexieram ejus capili sua impo-
nere, et sepulto manibus siiis accipere colla suo
beati Marci 'pallium, et tune légitime sedere. Li-
bérai, in Brev., cap. xx.
* Le tome III du Spicilegium romanum, pag.
7H-72I; contient: i" un fragment de la lettre écrite
à Sévère, patriarclie d'Autiocbe , au temps de sa
promotion au patriarcbat d'Alexandrie ; 2» une au-
tre lettre du même au peuple d'Alexandrie pendant
son exil ; 3" une autre letfre du même sur la Tri-
nité et contre les ariens. Ces opuscules, dit M. Bon-
uetty, sont remplis des erreurs monopbysites, mais
304
HlSTOllŒ GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
d'avec l'intilulation de la lettre dont parle le
Théodose' fut ordonne aussitôt en sa place;
mais le peuple qui n'avait point eu de part h
son élection, l'oinpi'clia de faire les funérail-
les, le chassa del'Kiilise, et intronisa Gaïen,
qui était de la secte dos phanlasiastcs ou in-
corruptibles. A Conslantinoplc, le patriarche
Epipbane étant mort, l'impératrice Théodora
fit transférer sur ce siège Antliime, évoque
de Tréliizondc, ennemi du concile de Chalcé-
doine de même que cette princesse. Le suc-
cesseur de Boniface dans le Saint-Siège fut
Jean II, surnommé Mercure, h qui succéda
Agapct, archidiacre de l'Église romaine. 11
oliligea Anthime de quitter l'Église de Cons-
Cr- ""• lantinople, ii qui il donna pour évèque Men-
nas, en le consacrant de sa propre main
dans la Kasilique de Sainte-Marie. Quand on
eut appris à Home la mort du pape Agapet
arrivée dans le temps qu'il se disposait à y
retourner de Constanlinople. on lui donna
""' pour successeurSilvérius; mais l'impératrice
Théodora qui favorisait toujours Anthime, fit
choisir pour pape Vigile, à la charge qu'a-
près sonélection il écriraità Anthime, àTiiéo-
dose d'.Mexandric et à Sévère d'Antioche.
Libérât raconte tout ce qui se passa il l'occa-
sion de l'élection de Vigile de la part de l'im-
pératrice, et de Bélisaire qui était chargé de
la procurer, et il joint ;\ce récit la lettre de
Vigile à ces trois évoques acéphales. Nous
voyM r«ru- l'avons rapportée ailleurs. Nous remarque-
cie vifiie. j.Qjjg seulement ici, que c'est sans raison que
l'on a prétendu que le sixième concile géné-
ral a déclaré supposée par les hérétiques eu-
tychéens la lettre que Libérât rapporte sous
le nom de Vigile. Celle dont parle le concile
était - adressée ù Jusiinien et à Théodora;
au lieu que la lettre rapportée par Libérât '
est adressée aux seigneurs et christs, Sévère,
Anthime et Théodose, ainsi qu'on lit dans
Victor de Tunes. Libérât ne nomme point ces
trois évèques dans l'inscription de la lettre.
Il met simplement : Aux seigneurs et christs;
ce qui fait toujours une ditlërence essentielle
on y trouve lin 1>i\tu passapte sur la présence réolle.
" Si (luelqu'un dit qu'il y a passion, mort ou cor-
niplioii «I.ins 11' coiiis Pl 11! pn'i'ii'iix siug du Clirisl
que ijous élevons .«ur l'autel lorsque uous en ac-
coniplisgous la litiir(,'ie en roiiiiuémoratiou île sa
niort et de sa jiassion, qu'il suit aiiathèuie : Si quis
dixerit m sacrn corpore pretiosoque saitfiuine
quie super allarc erlnlUimis duin ipsoriim lilnr-
ijiam perficimus, mnricm ijus oc passionem com-
meinordiiles passioiiem nui murtefii, aul corrup-
lioncm iiilcrvenire nnalhema sil. l'uj/. 710. Ces
passages soûl reproduits au tome Lxxxvi de la Pa-
sixiènie concile. A quoi il faut ajouter que
Libérât avait dit auparavant que Vigile s'é-
tait engagé à Théodose, i\ .Xnthime et A Se- c»p. ^im
vère. Théodose d'Alexandrie, ayant été en-
voyé en exil, Paul, abbé de l'ordre de Taben-
nes, fut élu pour lui succéder. Le diacre Pe-
lage qui le connaissait pour orthodoxe pril sa
défense auprès de l'Empereur, contre quol-
ques-ims des moines qui le méprisaient. 11
n'occupa pas longtemps le siège d'.\lexan-
drie, ayant été exilé à Gaza en Palestine, sous
prétexte qu'il avait eu part au meurtre du dia-
cre Psoïus, dont toutefois Arsène fut con-
vaincu. Zoïlefut ordonné à sa place. Quelque
temps après, le diacre Pélageque l'Empereur
avait envoyé à Jérusalem, étant de retour à
Constanlinople, des moines de cette ville le
vinrent trouver avec des articles extraits des
livres d'Origène, pour l'engagera se joindre
il eux pour en obtenir la condamnation au-
près de Justinien. Pelage qui n'aimait point
Théodore de Césarée, parce qu'il était un
des défenseurs d'Origène, s'employa volon-
tiers, et obtint avec Mennas de Constanlino-
ple une sentence contre Origène, et les en-
droits de ses écrits qu'on avait déférés. Elle
fut envoyée an pape Vigile, à Zo'ile, patriar.
che d'Alexandrie, à Ephrem d'.\ntioche, et
à Pierre de Jérusalem, qui y souscrivirent
tous. Théodore de Césarée pour venger Ori-
gène, entreprit défaire condamner Théodore
de Mopsucste qui avait beaucoup écrit contre
Origène. Il allait cet effet voir Justinien, qu'il vie
trouva occupé à écrire contre les acéphales;
il en détourna ce prince, lui disant qu'il y
avait un moyen plus court de les ramener.
« Ce qui les offense le plus, dit-il, dans le
concile de Chalcédoine, c'est qu'il a reçu les
louanges de Théodore deMopsuesIe, et qu'il
a déclaré orthodoxe la lettre d'Ibas, quoi-
que nestorienne. Si l'on condamne Théodo-
re avec ses écrits et la lettre d'Ibas, ils rece-
vront le concile comme corrigé et purgé de
Irnlngie grecque, ool. 277-216, avec quelques frag-
ments tirés de Uiillanil et de Mai. (L'éilitcur)
' Aiuilhtntn libro qui dicilur: .Menna! nd Vigi-
liuin, e/ qui eum /inxenml sive scripscrunl: ana-
tlicma UlicUis qui dicunlur facli fuisse a Vigilio
ad Justiuidnum cl ad Tlieodoram divo" memoriœ
qui suiil dcuiDiisIrnli. Art. îi, sext. syiiodi.
' Doiiiiuix et chrislis Dei Salialuris noslri
cliariliile cuiijunrlis fralrihus Theodosin, Anlhi-
iiin et Sereio epinriipis, Vigilius episcopus. Victor
Tuii., iii Citron.
» Sigeb. De Viris illusl., cap. xx.
[vr SIÈCLE.] CFIAI'lTItK XXVI. — VICTOll
ce (lu'il avilit (le ([('rccliicux. d l/niiipcrcui'
<[iii 110 s'a|)('rcevait pas di; l'arlilicc, doima ;\
li'urs prières un étlit pour la coiulaiiinalion
tics 'J'ritis-Chapitres, oiirtMiiiant dans cot odit
Tlit'oddi'ot , ;\ cause de sou c'cril contre les
an;illi('Uialisuies de saint Cyrille, avec Ilias
et Tlii'odore. Libérai termine Ihsun /lis/ dire,
disant qu'il était inutile de s'élciulre sur les
récompenses que l'on donnait à ceux qui ap-
prouvaient la condamnalion des Trois-Chn-
pitrcs, et les mauvais traitements que l'on
faisait souH'rir à ceux qui refusaient de les
condamner. Il ajoute seulement, que le scan-
dale lui tel, ([ue Théodore de (lapiiadoce di-
sait lui-même depuis, que Pelage et lui mé-
ritaient d'être brûlés vifs pour l'avoir excité.
Nous avons deux éditions du Ih-eviuviuiii de
Libérât; l'une à Paris en 1073 avec des notes
et des dissertations du père Garnier; l'autre
dans le tomeV des Conciles du père Labbe,
page 740. M. Crabbe l'a donné aussi avec un
supplément ou appendice ilans le tome 11 de
son édition des Conciles, page 121 . On ne trou-
ve point ailleurs cet appendice. [Galland dans
son tome XH a reproduit le Bi-eviarii/m, il est
aussi dans le toui. LXVUI, col 903 et suiv.de la
Palrologie latine, avec notes du pèreGarnier.]
Victor, fv,-. 4. Nous ne savons autre chose de Victor,
qiid de (-a- ^
nïL ""' sinon • qu'il était évêqne de Capouc, et qu'il
composa un Cycle pascal, dans lequel il pré-
tendait que Victorius s'était trompé, en mar-
quant la fêle de Pâques de l'an 433, le 17
d'avril, au lieu qu'on devait la céb'brer le
23 du même mois. Le vénérable Bède -nous
a conservé quelques fragments du Cycle de
Victor. Cet écrivain ayant trouvé par hasard
une Harmonie des évangiles, douta d'abord
si elle était de Tatien ou d'Ammonius; mais
il se déclara pour ce dernier, sur des raisons
qui n'étaient point solides '. Trouvant quel-
que embarras dans cette Harmonie, Victor y
ajouta certaines mar(jues pour distinguer ce
qui appartient à chaque évangile , et ce qui
est dit par un ou par plusieurs. C'est ce qu'il
explique lui-même dans la préface qu'il a
mise à la tète de cette Harmonie, que l'on a
imprimée dans le tome II de la Bibliottièqae
des Pères à Lyon en 1677 [et dans la Palro-
logie latine, tome LXVIll.] On attribue à Vic-
tor de Capoue la traduction de quelques pas-
sages de l'Épître de saint Polycarpe, qui se
' Sigeb. De Viris illust., cap. xx.
' Beda, De Rat. temp., cap. xux, et tom. 11 De
jEquinoct. vernali.
IH-: Tl'XoXKS, I.lUKll.Vr, etc. 303
trouvcul dans une Chaîne sur les quatre
l'À'angiles, ipie Feiiard<!nt avait manuscrite.
Il les en a tirés pour les mettre à la lin du
troisième livre de sain! Irént'e contre /rs hé-
résies, dont il donna une édition à Paris, en
l.">73. [Ces ])assages se trouvent au tome de
la /'ii/nildi/ic, ci-dessus indiqué. A la fin du
mèiu(! volume on trouve un fragment sur le
Cycle jiascal , d'après Uède *. Le père d(Jm
Pitra a publié au tome I du Spicilegiurn so-
Icsmense, pag. 203 et suiv., plusieurs frag-
ments inédits des ouvrages de Victor de Ca-
poue ; il y en a qui sont tirés de son ouvrage
intituli'; : Schiilies sur la Genèse, qui avait été
composé à l'imitation d'Origène. Parmi ces
fragments, l'on remarcpie deux passages
de saiut Polycarpe, extraits de son livre des
Réponses , quelques extraits d'Origène, qui
nous signalent quatre nouveaux ouvrages
de ce Père, savoir : 1° un ouvrage intitulé :
n-zpifiii'^v qui contenait au moins quatre li-
vres ; 2° le livre de la Pùque ; 3° VEpitre à
Gobar intitulée la onzième; i" l'Epître à saint
Firmilien, évêqne de Césarée. Saint Basile
est cité pour un sermon tout à fait inconnu
sur les dogmes et pour un autre pareille-
ment inconnu sur ces paroles : Igneni veni
mittei'e in terrain. On trouve ensuite vingt-
trois fragments de Diodore de Tarse sur
l'Exode, des scholies extraits de différents
sermons de Sévérien de Cabales, un court
extrait du livre (/;/ Paradis ou des Paroles des
vieillards sur l'humilité de Joseph, et enfin un
autre fragment' sans nom d'auteur.
Dom Pitra donne ensuite des extraits du
livre de Victor de Capoue, intitulé : Liber
reticvlus seu de uvca Noe. C'est un ouvrage
tout à fait nouveau, dont le nom même était
inconnu et ditUcile à comprendre. Ces frag-
ments sont suivis d'une Chaîne sur les quatre
évangélistes ; le savant bénédictin pense ce-
pendant que cette Chaîne est plutôt de Jean,
diacre, que de Victor de Capoue. Les Capi-
tules sur la résurrection ont été cités par Jean,
diacre, et par l'abbé Smaragde. On en trou-
ve un extrait dans le Spicilége, pag. 34 de
la Préface. Le diacre Jean rapporte un frag-
ment assez long sur le cycle pascal, com-
posé par Victor de Capoue; on le trouve
pag. 290 et suiv. du Spicilége.]
' Voyez tom. Il, pag. 492.
* Beda vener. De Rat. temp., cap. xlix. (L'édi-
teur.)
XI.
20
306
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE XXVIl.
Saiut Fortunat [avant l'an 576], Easèbe évêque d'Antibes [avant l'an 573],
saint Germain évêqne de Paris [576] , Mérérius évêqne
d'Angonlême [vers l'an 570].
[ÉcrivainB latins.l
SainI Fnt-
luual, É\^ue.
i. On donne communément le titre d'évê-
qiie 'A 'saint Fortunat , quoiqu'on ne sache
ni le lieu* ni le temps de son épiscopat. Il
était ' né à Verceil, d'où il passa en France,
où il lia amitié avec saint Germain, évêque
de Paris. On le fait auteur de la Vie de saint
Marcel, évêque de cette ville ; d'autres la
croient de Fortunat, évêque de Poitiers :
rien l.'i-dessus de bien assuré. Saint Gré-
goire de Tours la cite' sans en nommer l'au-
teur, au lieu ({n'en parlant de celles de saint
Séverin de Bordeaux, de saint Aubin d'An-
gers, de saint Maurille et de saint Germain
de Paris, il en fait ' honneur h Fortunat de
Poitiers. Saint Grégoire ne croyait donc pas
que la Vie de saint Marcel fût de p-ortunat
de Poitiers; aussi le style n'en est pas le
même que des autres vies dont nous ve-
nons (le palier. Jean Muuérat, dans ses notes
sur le Martyrologe d'Usuard qu'il donna en
l-iao, marque qu'il passait pour constant,
de son temps, qu'elle était de Fortunat, né
A Verceil. Il la composa aux instances de
saint Germain, évoque de Paris, à qui il la
dédia. Les miracles en occupent la plus
grande partie, et les faits qu'il y raconte ne
sont fondes que sur ce qu'il en avait appris
par tradition. On la trouve dans Surius au
1" de novembre. La conformité du style
lui a fait aussi attriljuer le premier ,livre
de la Vie de saint Ililuire, évoque de Poi-
tiers. On en donne une autre raison assez
plausible , c'est l'inexactitude de l'auteur
dans le récit de plusieurs faits qui étaient
d'eux-mêmes dignes de remarque. Car on
n'y dit rien du concile de Bcziers, de l'af-
faire de Saturnin d'Arles, ni de ce que saint
Hilaire lit à Milan, après avoir rétabli la foi
dans les Gaules. Ces omissions sont plus
d'un étranger, qui ne savait les choses qu'à
demi, que d'un homme qui avait demeuré
longtemps ;\ Poitiers, et qui en avait été fait
évêque, comme nous le dirons de Venance
Fortunat. A l'égard du second livre, qui n'a
aucune liaison avec le pi-emier, il est de Ve-
nance Fortunat, qui le composa vraisembla-
blement pour suppléer ft ce qui manquait
dans le premier : celui-ci est dédié à Pas-
cencc, évêque de Poitiers, en 557, à la priè-
re de qui il avait été composé. C'est au mê-
me évêque que Venance Fortunat adressa le
second livre. On les trouve l'un et l'autre
dans la nouvelle édition do saint Hilaire.
dans Surius et dans Bollandiis, au 3 janvier
[et dans le tome LXXXVIII de la Patrologie
latine, col. -437, d'apI■^s l'édition des œuvres
de saint Hilaire. publiée ;^ Paris, en 1603.]
2. Bollandus nousa donné au 22 du même eo^^i.jm.
mois, l'iiistoire de la translation des corps î^'itriÛ.
des saints Vincent, Oronce et Victor, mar- Boiunj., u
tyrisés ii Gironne, en Espagne, dans la pcr- oir'pii.sM',
sécution de Dioclétien. Cette histoire poile
le nom d'Eusèbe, qui se dit successeur d'E-
lhi''riiis, évêqne d'Anticias ou Anlimia. Dom
MabiUon ' croit <[ue c'est Antibes, et son
opinion parait d'autant mieux appuyée que
l'on trouve un Élliérius, évêque d'Antibes,
qui souscrivit au concile qui se tint à Or-
léans, en 5il , et que le mot .1 ntimid' a beau-
coup ]>liis de rapport rt Antibes qu'à toute
autre ville. Les copistes au lieu à'Antibicr,
ont pu mettre facilement ytn//'»n('ff?. Eusêbe
composa l'histoire de celle translation sur ce
qu'il en avait appris par une traililion orale
qui s'était conservée depuis le temps de Mar-
cellin, évêque d'Embrun, jusque vers le mi-
' Ueuanl.. in Martyr., pafs. .Tin
' <;rcg. Tiinin., piig. 972.
' r.rcB. Tiiron., iwg. 9:!2,I28I. "J77, 211.
'■ Mubil. lib. V Annal. Dened., pag. U2
[vi« SIÈCLE.] CnAPITRK XXVII. — S.\INT
lien du vi" siècle : car Kusi'.'he ne vivait
plus en 573, comme on le voit par le qua-
trième concile de Paris, auquel Optai, évo-
que (r,\nlilics, souscrivit en celte anm-e. Ku-
sèbe ajoute ;\ l'Ifislnire de lu Irniislation des
murti/i-s, que s'élaul rencontré dans un con-
cile avec un al)l)é espajrnol, qui était venu
dans les Gaules pour l'utilité des Églises
d'Espagne, il obtint de lui les Actes de leur
martyre ; qu'eu ayant trouvé le style trop
grossier, il le retoucha pour le rendre plus
supportable. C'était sans doute leur ùter une
partie de leur mérite; mais Eusèbe ne pous-
sait pas ses vues si loin : il ne chercbaitqu'à
augmenter le culte de ces saints, en donnant
;\ leurs Actes \in meilleur air qu'ils n'avaient
dans l'original. La pureté de ses intentions
paraît évidemment dans sa façon simple et
naturelle de raconter les cboses. La transla-
tion, dont il a fait l'histoire, n'est pas la pre-
mière ; il y en avait eu une autre longtemps
auparavant, d'Espagne à Embrun : il en est
parlé dans les Actes mêmes des martyrs ; ce
qui fait voir que nous ne les avons pas tels
qu'ils était'ut sortis du grefïe de Gironne.
Ces Actes mettent la mort de Vincent, d'Û-
ronce et de Victor en la septième année de
l'empire de Dioclélien et de Maximien, c'est-
;\-dire en 291,llulliu étant gouveincur d'Es-
pagne.
SaiDi G«r- 3. La mort de saint Germain, évè(]ue de
tivl,^"^" Paris, arriva le 28 mai de l'an .576 : il était
né dans ' le territoire d'Autun sur la tin du
v° siècle, vers l'an 496; Agrippin qui en était
évéque, l'avait élevé au diaconat en 533,
et trois ans après au sacerdoce. Il y avait
dans cette ville un monastère sous le nom
de saint Symphoricn; Nectaire, successeur
d'Agrippin, eu donna le gouvernement à
saint Germain. Ses vertus et ses miracles le
rendirent bientôt célèbre : il prédit la mort
au roi Théodebert, et ' elle arriva dans le
temps qu'il avait marqué. Le siège épisco-
pal de Paris étant venu à vaqpier, il fut choi-
si pour le remplir vers l'an ooo : la piété du
clergé ' et du peuple de cette ville reprit un
nouvel éclat sous son pontificat. Il tint, en
557, un concile *, où avec divers évéques du
FORTUNAT, EUSEBE, ETC.
307
royaume de Cbildobert, il travailla an réta-
blissenuMil de la discipline et des mœurs.
En 559, il fit la dédicace ' de l'église de Sain-
te-Cioix, <|U(! le roi avait fait bâtir, et lui ac-
corda un privilc'^ze irexcmption : cette égli-
se est quelquefois appelée de Saiut-VincenI ;
mais depuis la mort de saint Germain, elle
porta son nom, comme elle le porte encore
aujourd'hui. Le saint donna pour abbé au
monastère qui en dépendait, un religieux
de grande vertu , nommé Dorothée , qu'il
avait eu pour disciple dans le temps qu'il
était lui-même abbé de Saint-Symphoricn
d'Autun. Au mois de novembre de l'an 566,
il se trouva au second concile de Tours °, où
il souscrivit à la lettre que les évêques de
cette assemblée écrivirent à sainte Rade-
gonde, en réponse de ceUe qu'ils en avaient
reçue. Quelque temps après, le roi' Cher-
bert ayant, contre les règles de l'Église ,
épousé Marcovèse qui portait l'habit de re-
ligieuse, et ensuite Méroflède, sa sœur, du
vivant d'Ingoberge, sa femme, saint Ger-
main l'excommunia jusqu'à ce qu'il eût levé
le scandale qu'il avait donné par cette al-
liance illégitime. Il assista *, vers l'an 571, à
la dédicace de l'église de Saint-Vincent, du
Mans. En 573, il tint un concile ° h Paris,
où avec les évêques qui y assistèrent, il cher-
cha les moyens de réconcilier les deux rois
Chilpéric et Sigebert divisés par une guerre
civile : celui-ci ayant appelé à son secours
les Barbares d'au delà du Rhin, saint Ger-
main prévoyant les suites fâcheuses de l'en-
trée de ces troupes dans le royaume, écrivit
à la reine Brunehaut, femme de Sigebert,
pour l'engager à porter les deux rois à la
paix '".
4. Il savait que cette princesse avait beau- Leur, de
. , salai Germam
coup de pouvou' sur lesprit de son mari, et àiareineB™.
que la haine qu'elle portait à Frédegonde,
femme de Chilpérii; , avait grande part à
cette guerre : un de ses ecclésiastiques,
nommé Gondulphe, fut porteur de cette let-
tre. Saint Germain y décrit en des termes
très-touchants les misères du royaume dé-
chiré par les guerres et désolé partout, prin-
cipalement aux environs de Paris. 11 ne dis-
' Mabil., tom. I Act. Ordin. S. Bened., pag. 234.
' Ibid., pag. 236. — » Fort. lib. Il, caij. x. — *
Tom. V Condi., pag. 818.— 'Mabil., lib. V Annal.,
pag. 134-135. — 6 Tom. V Concii, p.ig. 863. — '
Greg. Turon., lib. IV Hisl., cap. xxvi. — * Mabil.,
lib. VI Annal., pag. 139. — » Tom. V Concii., pag.
920.
1» On trouve au tome LXXII de la Palrologie la-
tine ce qui uous reste des écrits de saint Germain,
avec une notice d'après la Gnllia christ., sa Vie
par Fortunat, et un appendice contenant diffé-
rents monuments liturgiques tirés de Mabillon, de
Muratori, de Martène. {L'éditeur.)
308
HISTOIRE GÉXÉKALE DES
simule point à Brunebaut que le bruit était
général, que c'était par sou conseil et à ses
instances que Sigebcrt faisait la truerre ; qu'il
avait peine à se le persuader, la rejetant
plutôt surl'énonnité des péchés des princes;
mais qu'il était de riionneur de la reine de
détromper le public à cet égard, en portant ef-
ficacement le roi son mari à donnei' la paix à
Chilpéric, son frère. Il insinue qu'il en avait
parlé ou écrit à l'un et à l'autre, sans avoir
pu réussir à les réconcilier, parce qu'ils
s'excusaient tous deux d'être la cause de
ces divisions, il veut donc que ce soit à
elle que l'on ait obligation de la paix ; et
pour l'engajçrcr à la procurer , il lui repré-
sente d'inicôlé combien elle y est intéres-
sée pour elle-même et pour ses enfants, une
guerre de longue durée ne pouvant qu'être
funeste à l'Klat et ii ceiLx qui eu sont les
maîtres ; et de l'autre, coml)ien est bonteusc
la victoire sur un fi-ère, puisqu'elle est né-
cessairement suivie de la ruine de leur pro-
pre maison et de l'héritage que leurs parents
leur ont laissé, au lieu de les conserver ;\
leurs enfants, il lui remet devant les yeux
que Gain pour avoir tué son frère Abel, en
fut puni sévèrement de Dieu ; que les fières
de Joseph, pour lavoir vendu par jalousie,
devinrent comme ses esclaves ; qu'Absalon
fut mis à mort pour avoir tué son frère, et
tenté d'ôter le royaume à David son père. 11
la conjure par l'exemple de la reine Esther
de s'employer au salut du peuple, afin de
mériter, comme elle, l'honneur de l'avoir
sauvé, et de réponcUc de façon ù sa lettre,
qu'il ait tout lieu de s'en ri^jouir. Le saint évo-
que avait chargé GondiUphe de dire quel-
ques autres choses à la reine, mais toutes ses
démarches furent inutiles : Sigebert ne vou-
lut rien écouter. Il vint à Paris avec sa fem-
me et ses enfants; mais comme il était près
d'en partir pour aller assiéger Chilpéric dans
Tournay, et le faiie mourir avec toute sa fa-
mille, saint Germain,;'» qui il ne cacha point
son dessein, lui dit : « Seigneur ', Dieu est un
grand maître, qui ne peut approuver ces
haines et ces vengeances; et si outre la vic-
toire vous cherchez à répandre le sang de
votre frèie, vous devez appréhender la colère
du Tout-Puissant. Si au contraire, vous épar-
gnez la vie de votre frère, vous vivrez et re-
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
viendrez victorieux. » Sigebert méprisa des
avis si salutaires. Mais arrivé près de Douai,
il fut massacré [lar deu\ assassins envoyés
par Frédégonde, femme de Chilpéric. C'était
en 575. Saint Germain * mourut le 28 mai
de l'année suivante. Chilpéric qui s'occupait
quelquefois de poésie, fit son épitaphe, où '
il relève son zèle pour le salut de son peu-
ple, et l'amour que son peuple avait pour
lui. 11 parle aussi des miracles qui se fai-
saient à son tombeau, où les aveugles re-
couvraient la vue, et les muets la parole.
o. 11 est dit ' au commencement d'une g
expHcation de la liturgie, donnée en 1717
par dom Martènc', que saint Germain, évc-
que de Paris, avait écrit sur cette matière.
Tout concourt à nous persuader que celte ex-
plication même est de ce saint évêque : 1° h
quelle fin aurait-on remarqué dès la premiè-
re ligne de cet écrit que saint Germaui a
traité de la liturgie, s'il n'était pas de lui, ou
si ce n'était pas un abrégé d'un plus long
tiaité (ju'il avait fait sur ce sujet ? Il est assez
ordinaire aux écrivains qui écrivent sur une
matière, de remarquer que d'autres l'ont
déjà fait avant eux; mais ils font du moins
connaître qu'ils entreprennent quoique chose
de nouveau : on ne dit ici rien de sembla-
ble. On marque simplement que saint Ger-
main a écrit sur la liturgie, comme si l'on
voulait dire que l'explication suivante est de
lui. 2° Dom Martène l'a trouvée dans le
monastère de Saint-Syinphorieu d'Aulun,
ovi saint Germain avait été établi ablx- par
Nectaire, évêque de cette ville : il était na-
turel que l'on eût plus de vénération pour
les écrits de saint Germain dans ce moîi.ns^-
tère que dans d'autres, et qu'on les y con-
servât avec plus de soin. 3° Cette ex[ilica-
tion est très-ancienne, et au plus taid du mi-
lieu du VI' siècle, puisqu'on y voit encore les
prièics que le diacre récitait sur les caté-
chumènes avant de les faire sortir de l'Église
avec les infidèles ; usage qui ne subsistait
plus dans les églises de France au vir siè-
cle, puisqu'alors il n'y avait plus d'infidèles
dans cet i;tat. i" Elle a été composée dans
un temps où la liturgie gallicane n'avait pas
encore fait place à la fiturgie romaine : ce
qui arriva sur la fin du vin* siècle , lors-
que Gharlcmagne. à la persuasion du pape
LUi.r£i« de
Germl n.
' ViU Radeg. et Greg. Turon., lib. IV, twg. J9t
*l 575.
• Mabil., lit', VI Atinal., p.i^-. 108.
' Ap>i(l Aimoiniini, lili. III, rn\i. ivi.
' Germanus episcopus Parisiiis scripsit de MiS'
sa. .Martel)., loin. V Anecd., pag. 91.
CHAFITIIE XXVU. — SAINT FORTUNAT, EUSfOltl':, RTH.
Anil;>o do
co'lo I liirçic.
limi. V Anof.
P«g* 91 cl léq.
[VI" SIÈCLE. J
Adrien, fit ce cli.iiic;cment dans les c^gliscs
de son niyaume. fi" La durotiWlu slyle et les
tei'nies Ijarbarcs dont elle csl ceniposéo, sont
encore une preuve de son antiquité.
(î. Elle est divisëe en deux parties , dimt
la première regarde la cu'li'liralion de la
messe : on la commenrait pai- une anticii-
ue, que nous appelons Inlruït. Pendant que
le chœur la chantail, le célébrant représen-
tant la personne de Ji-sus-Cluist , sortait de
la sacristie et montait à l'autel, où, après
que le diacre avait fait faire silence , il lisait
la proface au peuple pour l'avertir de se
lu'éparer , en se puriliant de toute mauvaise
pensée, ;\ écouter la parole de Dieu, et à
célébrer dignement la solennité du jour.
Ensuite il saluait le peuple en disant : Que
le Seigneur soit lot/jours avee vous ; à quoi on
répondait : L't avec votre esprit, afin que le
célébrant fut d'autant plus digne de bénir
le peuple, qu'il recevait lui-même la béné-
diction de tout le peuple. Suivait une courte
prière que l'on disait en grec et en latin
pour marquer l'union des deux ïestamenls :
c'était le Sanctus, que l'on répétait trois fois :
l'évcque commençait, le cbieur poursuivait.
Après quoi trois enfants chantaient ensem-
ble : Kyrie eleison, comme pour désigner les
trois âges du monde, avant la loi, sous la
loi, et sous la grâce. L'on ajoutait le canti-
que de Zacharie : Dvnedictus Doininus Deus
Israël , qui se chantait à deux clneurs. Le
lecteur lisait ensuite les prophéties , et pour
en marquer l'accomplissement , il lisait les
endroits des Épltres de saint Paul qui y
avaient du rapport, afin que l'on vit que c'é-
tait le même Dieu qui avait parlé dans les
pi-ophètes et dans son apôtre. Au temps pas-
cal on lisait les Actes des apôtres, l'Apoca-
lypse, et les Actes des martyrs aux jours de
leurs fêtes : c'était un motif à ceux qui les
entendaient lire de louer Dieu de la cons-
tance qu'il avait accordée k ces saints dans
leurs soutfrauces. Ces leçons finies , des en-
fants chantaient le cantique des trois jeunes
hébreux dans la fournaise ; il parait qu'ils
le chantaient par manière de répons ; la rai-
son d'en charger des enfants était d'imiter
ce qui se passa à l'entrée triomphante du
Sauveur à Jérusalem, où des enfants chan-
taient : Hosanna, fils de David. Le diacre
venait après cela précédé de sept porte-
chandeliers avec leurs cierges allumés, Qgu-
300
res des sept dons du Saint-Esprit. Aussiifll
(pu! l'on voyait pai'aître le livre du saird
Evangile, le clerg('' chantait à voix claire le
7'risii(/i(in : puis U^ diacre, montant sur l'am-
bon (pu était un lieu élevé au-dessus du
chd'ur, lisait riivangilc. Aux prennères pa-
roles le chdMir répondait: Gloria tibi. Domi-
ne, pour imiter les anges, qui à la naissance
du Sauveur chantèrent en présence des pas-
teurs : Gloria in exeehis Deo. La lecture do
ri%vangile finie, pendant que le diacre re-
portait le livre de l'Evangile , le chœur ré-
pétait le Trisaijion , non en grec , comme la
première fois, mais en latin : Sanctus,
7. Alors l'évêque, lorsqu'il avait le don sunodoia
de la parole, faisait un discours au peuple ox"^"' '"^'
pour lui expliquer ce qu'on avait lu , soit de
l'Ancien , soit du Nouveau Testament. S'il
n'avait point la facilité de parler, il chargeait
de cette fonction quelqu'autrc personne ha-
bile , ou il faisait lire par les prêtres ou par
les diacres quelques homélies des saints Pè-
res. Mais il devait tellement mesurer ses dis-
cours , qu'ils fussent à la portée des plus
grossiers, et qu'ils ne déplussent point aux
plus éclairés. Les catéchumènes, les juifs,
les hérétiques et les païens qui désiraient
de s'instruire pouvaient assister à ces dis-
cours. Les diacres récitaient sur les caté-
chumènes les prièi'es accoutumées, suivant
l'ancien rit de l'Eglise, pendant lesquelles
l'évêque demeurait prosterné devant l'autel.
Le prêtre disait ensuite une collecte : puis
les diacres ou les portiers faisaient soi'tir de
l'église tous ceux qui , n'ayant pas encore
reçu le baptême, n'étaient pas initiés aux
mystères. Ils étaient aussi chargés de veiller
qu'aucun de ceux qui n'étaient pas dignes
de participer au corps et au sang de Jésus-
Christ, ne restilt dans l'église, lorsqu'on le
consacrait. Pour s'y préparer dignement,
tous les assistants demeuraient dans un pro-
fond silence , formant sur leur visage le si-
gne de la croix, afin que les mauvais désirs
n'entrassent point par leurs yeux , la colère
par leurs oredles , et qu'il ne sortit de leur
bouche aucun mauvais discours. C'était un
ancien usage de ne point célébrer la messe
solennelle , que l'on ne mît sur l'aiïtel la
sainte Eucharistie consacrée dès le jour pré-
cédent. Tout le peuple étant prosterné , un
diacre apportait le corps du Seigneur ' dans
un vase en forme de tour, et c'était la figure
> Corpus vero Doinini iden deferlur in turribus quia monumenlum Domini in simililudinem tur-
310
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
que l'on donnait ordinairement .'i ces sortes
de vases, parce qu'on était persuadé que le
tombeau dans lequel le corps de Jésus-Christ
fut mis après sa passion était creusé en for-
me de tour. « On consacrait aussi son sang
daus un calice, parce que le Sauveur l'avait
consacré lui-même dans un calice la veille
de sa passion, en disant : \'oici le calice de
mon sang, le mystère de la foi, gui sera rcj/an-
du jMur plusieurs pour la rémission des péchés :
car le pain est transformé en sou corps , et
le vin en son sang , selon qu'il le dit lui-
même : Ma chair esC véritablement viande, et
mon sang est véritablement un breuvage. Il a dit
du pain : C'est 7non corps ; et du vin : C'est
mon sang. Or on mélc l'eau avec le vin ,
ou pour moûlrer l'union du peuple avec le
Seigneur, ou parce que l'eau sortit avec le
sang du côté de Jésus -Christ. » L'Euch.'t-
ristie se consacrait sur une palene , sous
laquelle était un corporal de toile de lin ,
qui posait sur une nappe aussi de lin :
tout cela en imitation des linceuls dans les-
quels on avait enveloppé le corps du Sau-
veur dans le tombeau. La tour qui renfer-
mait l'Eucharistie était couverte ' d'étoile
de soie , et ornée d'or et de pierreries , à
l'exemple des voiles qui couvraient le taber-
nacle. Après la consécration on chantait
trois fois : Alléluia, pour marquer , comme
on l'a déjà dit du Ayrie eleison, les trois âges
du monde. On récitait ensuite les diptyques,
c'est-à-dire les noms des fidèles défunts;
puis pour marque d'une mutuelle charité on
se donnait le baiser de paix. Le célébrant
avant de rompre et de mêler la sainte Eu-
charistie avertissait le peuple d'élever le
cœur vers Dieu, et pendant qu'il la rompait
et la mêlait, le chœur chantait une antienne,
comme il avait fait lors de l'oblation. L'au-
teur remarque * qu'au moment de la frac-
tion de l'hostie quelques anciens Pères
avaient vu comme un ange de Dieu qui avec
un couteau coupait les membres d'un en-
fant resplendissant de gloire, et qu'il rece-
vait son sang dans un calice, Dieu leur ayant
accordé ce prodige , afin qu'ils assurassent
avec plus de fermeté que la parole du Sei-
gneur était vraie, lorsqu'il disait que sa chair
était une nourriture , et son sang un breu-
vage. La confraction était suivie de l'Orai-
son dominicale , et de la bénédiction que
révoque donnait au peuple, cet honneur lui
étant réservé par les canous : cette bénédic-
tion était longue, parce qu'elle était compo-
sée de trois oraisons, an lieu que les sim-
ples prêtres n'en récitaient (ju'unc, lorsqu'ils
bénissaient. Elle consistait dans ces termes :
Que la foi et la charité, et la communication du
corps et du sang de Jésus-Chrit soient toujours
avec vous. Ou distribuait après cela TEucha-
rislie au peuple. Pendant ce temps-là le
chœur chantait le SjTnbole , pour exprimer
sa foi sur la Trinité : le Symbole est désigné
ici ' sous le terme de Trecanum ; c'était ce-
lui des apôtres. Dans le Missel des Mosara-
bes il est dit qu'on le récitera avant la com-
munion : la liturgie gallicane le met après ;
on lui a substitué depuis le symbole de Cons-
tantiuople. L'.Vuteur ' cite la lettre de saint
Jude, apôtre. Il remarque que ' saint Mat-
thieu fut le premier qui écrivit l'Évangile de
Jésus-Christ, et qu'il l'écrivit eu Judée et en
hébreu; que les autres livres du Nouveau
ris fuit scissum in pelra, et intus leclum ubipau-
savit corpus dominicum, unde surrexit nx glo-
riœ in iriumphum ; sanguis vero Chrisli ideo spe-
cialiler offertur in calice, quia in taie vasum
consecratum fuit mysterium Eticharistiie pridie
quain paterelur Duniinus, ipso dicente : Ilic est
calix saiiguiuis me\, mysleriuin fidei qui prn iiiul-
tis effuiidetur in rL-missiouern peccatonini. l'unis
vero in corpore, et vinum transformalur in san-
guine, dicente Domino de corpore suo: Caro cniiu
mea vere est oibus, et sanguis iiicus vere est po-
tus. De pane dixil : Hoc est corpus uieum ; et de
vino : Ilic sanpuis meus. Aqua aulrm ideo misctur,
vel quia decet populo unilum esse cum Domino,
vel quia de lalere Chrisli incruce sanguin muno-
vit ri aqua. .Marten., loin.V Ànecd., pap. 9.').
' Scrico auleui ornalur, aut anro,vclgemmis,
uia Doniinus Huisie in titbtrnaculo fieri vela-
mina ju.ssit ex aura, iarinto, et purpura corro-
que bis linclo et, bysso relorta : quia omnia illa
mysteria in Chrisli prœcesserunt stigniaïa. Ibid.
» Confractio vero et commixtio corporis Dnmi-
ni Inntis mysteriis declnrala anliquitus sanctis
Patribus fuit, ul dum sacerdos oldalioncin con-
frangercl, vidcbalur quasi angélus Dei membra
fxtigenlis pueri cuUro concœderr ; et sanguiucm
rjus in calicem excipiendo colligire, ut i-cracius
direrent vcrhum, dicente Domino carnem eju.'^ esse
cibum et sanguiucm esse polum. Ibid., pag. 9G.
' Trecanum vero quod psalletur, signum est cc^
Iholicœ fidei de Trinitalis credulilale procedcre.
Iliid.
' Quod lestimonium Judas apostolus frater Ja-
cobu, in Kiiislola sua commémorai. Ibid., pni:. 91.
' Aius vero antc pruphelia pro hoc canlatur in
gru'ca lingua. quin pru'dicalio iVori Teslamenli
in munao per qroca lingua processif, excepta
yiiillliirn apostiilo, qui prinius in Judirn lîvange-
liuni CUrisli lichrais litleris edidil. Ibid,
[\T SIÈCLE.] CHAPITllE XXVIl. — SAINT
Testament ont ëté écrits en grec , et que
c'est en cette langue que l'évangile a été
ainionci^ dans tout le monde.
s.ii'-dM. 8_ Hans la seconde partie, saint Germain
"• donne l'explication et l'origine dos antien-
nes, des répons et des cantiques cpie l'on ré-
citait aux Ollices de l'iîlglise. 11 y traite aussi
des ornements à l'usage des ministres et des
rits usités dans l'administration des sacre-
ments. L'anlicnnc est ainsi appelée , dit-il,
parce qu'on la dit avant le psaume qu'elle an-
nonce|: c'est pourcpioil'anticnnc était ordinai-
rement un verset tiré du psaume même ; on
le terminait toujours par la glorification de
la Sainte -Trinité. Le répons tire son origine
du cantique que Marie, sœur de Moïse, clian-
ta après le passage de la mer Rouge : Mario
commençait et le peuple répondait. Le Sanc-
tiispu le Trisagion se chantait en tout temps ;
mais en Carême on ne chantait point les
cantiques : Benedictus, et : Bencdicite omnia
opéra Domini, ni \' Alléluia; et le baptistaire
demeurait fermé. Il entrait du baume dans
la consécration du saint chrome, c'était une
espèce de résine qui coulait d'un arbre nom-
mé lentisque par l'incision de son écorce :
on croyait que c'était de ce bois que l'on
avait formé la partie de la croix où les mains
du Sauveur furent attachées avec des clous.
On oignait du chrême les catéchumènes et
ceux que l'on baptisait : ceux-ci dans leur
baptême étaient vêtus de blanc. Avant de
leur administrer, et alors qu'ils étaient au
rang des compétents, on leur faisait appren-
dre le Symbole. C'était l'usage de couvrir de
rouge le livre des Évangiles, comme fignrc du
sang de Jésus-Christ. Dès le milieu de la nuit
de Pâques, on reprenait tous les cantiques de
joie que l'on avait supprimés pendant le Ca-
rême, et tout le peuple tîdèlc mangeait l'a-
gneau, c'est-à-dire la chair et le sang de Jé-
sus-Christ. Il semble que pendant le temps
pascal, le voile qui couvrait la tour où l'on
réservait l'Eucharistie était chargé de son-
nettes, comme autrefois la tunique du grand-
prètie. L'évèque ne se servait que d'habits
blancs dans l'administration du baptême et
dans la solennité de Pâques. Le pallium ou
rational enveloppait son cou et descendait
sur sa poitrine. Les aubes à l'usage des dia-
cres devaient aussi être blanches, en signe
» MabH., tom. I Act. Ordin. S. Bened., pag. 2i2.
' Mabil., Annal. Bened., pap. 137. Aimon., lih. III,
cap, u.
' Yales., Discept. de basil., pag. 33.
FORTUNAT, EUSfïIRE, ETC. 3i<
d(^ la pureté intérieure : ils mettaient par"
dessus une étolc. L'évèque et les prêtres
portaient une chasuble vA un manipule : ils
ceignaient leurs aubes avec un cordon blanc;
mais les diacres ne ceignaient pas la Peur,
la laissant suspendue et flottante.
0. Forlunat' fait mention d'une lettre de un,c d«
saint Germain â Flamir, abbé de Chinon, en i-inM^'abw
Touraine ; mais il ne nous apprend point ce
qu'elle contenait : il dit seulement que Dieu
s'en servit pour opérer un miracle.
10. On met encore au rang des écrits de Prwutom
cet eveque le l'nvuégc qu u accorda au mo- irH^^^ "•«^"■J»
nastère qui porte aujourd'hui son nom dans "'"i"-
un des faubourgs de Paris. Ce Privilège '
est cité par Gillemar, écrivain du xi" siècle,
et rapporté tout entier par le moine Aimoïn:
on en conserve même l'original dans l'ab-
baye de Saint-Germain, où il est écrit sur
l'écorce, et souscrit de saint Gei'main , de
saint Nicée ou Nizier, de la reine Ultrogotte,
des deux princesses ses filles et de plusieurs
évêques. Il porte que ce monastère sera
exempt de toute autre juridiction que de
celle du roi, et qu'il aura la liberté de choi-
sir son abbé. M. de Launoy en a contesté
l'authenticité. Mais M. de Valois en a pris la
défense ', et a montré que le roi Childebert,
qui avait obtenu un privilège à peu près
semblable du pape Vigile, pour un monas-
tère qu'il avait bâti à Arles , et pour un hô-
pital qu'il avait fondé à Lyon, pouvait bien
s'être employé pour procurer encore de plus
grands privilèges à l'abbaye de Saint-Vin-
cent, aujourd'hui Saint-Germain, bâtie dans
sa ville capitale et auprès de son Palais.
Dom Robert Quatremaires a aussi répondu
aux raisons de M. de Launoy avec tant de
solidité, que * dom Mabillon s'est cru dispen-
sé de traiter de nouveau cette matière, qu'il
croit hors d'atteinte.
H. Il est parlé clans saint Grégoire* de uc,(w\«!,
Tours et dans Fortunat, de Mérérius, évê- po^isme : spt
' ' écrits soal
que d'Angoulême, mais il n'y est rien dit de !«'''"'•
ses écrits. Si l'on en croit un évrivain" du
XII' siècle, cet évéque joignait à une grande
éloquence beaucoup de savoir ; et il avait
même composé divers ouvrages qu'on disait
se trouver alors dans la Bibliot/ièque de
Cluny : c'est tout ce que nous eu savons.
On met la mort de Mérérius vers l'an 570.
' Mabil., lib. V Annal., pag. 137.
'■ Greg. Tiuon., lib. V, pag. 37. Fort. fib. III, cap.
IV.
6 Labb., tom. il Nov. biblioth., pag. 260,
312
HISTOIllE GÉNl'^RALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
CHAPITRE XXVHl.
Saint Ferréol évêque d'Uzès, saint Domnole évêque dn Mans [576],
saint Félix évêqne de Nantes L582J, Chilpéric roi
de France.
[Écrivains latins.]
Saint F«r.
lértl. é»*Tu»t
dTii<. t......
1*1*0 une r*.
pie tiour des
moine:.
Aoiij.c do
l.La Règle que saint Ferrt^ol composa pour
le monastère d'hommes qu'il établit à Uzès,
est le seul motif de lui donner rang parmi
les écrivains ecclésiastiques. Après avoir été
élevé en cette ville, sous les yeux deRurice,
son grand oncle, qui en était évêque, il fut
choisi lui-même pour remplir ce siège épis-
copal, vacant par la mort de saint Firmin,
arrivée en 333. Il trouva beaucoup de Juifs
dans son diocèse. Dans la vue de les ins-
truire, il mangeait quelquefois avec eux, et
leur faisait des présents. Ses ennemis tour-
nant eu mal sa conduite, le rendirent sus-
pect au roi Chihlebert qui, sans approfomlir
la chose, lomanda ù Paris, où il leretintpen-
daut trois ans. Convaincu enfin de son inno-
cence, il le renvoya k son Eglise, chargé de
préseuls. Quelque temps après son retour,
le saint évêque fit construire à Uzès un mo-
nastère d'hommes sous l'invocation de saint
Ferréol, martyr. Il y avait déjà en Occident
plusieurs règles monastiques, comme celles
de saint Gésaire, de saint Benoit, de saint
Aurélien. Il en prit diverses pratiques, et en
ajouta de particulières pour son monastère ;
formant du tout une Rèçile qui porte le nom
de saint Ferréol ; elle est citée par saint Gré-
goire de Tours', par saint Benoit d'Agnane
et par l'abbé Trithôme. Saint Ferréol, avant
de la rendre publique, la soumit à la cen-
sure de Lucrèce, évoque de Die, à qui il l'a-
dressa. 11 marque dans la Préface, qu'il avait
Lâti ce monastère dans la confiance que
les serviteurs de Dieu, à qui il donne ordi-
nairement le nom de religieux, lui obtien-
draient par leurs prières la rémission de ses
péchés.
2. La première vertu qu'il leur recom-
mande est l'obéissance, qu'il appelle le fon- i> bw. «,
dément de toutes les autres. Ensuite il leur C'.d. rgai'.,"
ordonne un grand respect pour l'abbé, vou-
lant qu'ils l'aiment comme leur père , et
qu'ils le craignent comme leur maître. A c»,-.. i-ti.
l'égard de la charité mutuelle, il dit qu'ils
doivent la faire piiraitre dans leurs paroles,
comme dans leurs actions ; que leur cœur
doit être exempt de haine et de ressentiment
et qu'il n'en paraisse aucune marque au
dehors. Il n'était permis à aucune personne
du sexe d'entrer dans le monastère, ni aux
religieux de leur parler, sans la permissiou
de l'abbé, et en présence de deux des frères.
Celui qui se présentait pour être reçu dans le
monastère était un an, ou du moins six mois
aux épreuves, avant d'être admis dans la
communauté. On lui lisait la R'-gle, afin qu'il
connut (jueis étaient les engagements qu'il
voulait contracter. Mais on n'admettait aucun
esclave, ni aucun moine d'un autre monas-
tère, sans la permission de son abbé; ni un
clerc sans l'agrément de son évêque. C'était ji-m.
une obligation à un moine de savoir lire et
d'apprendre le Psautier par cœur, fût-il des-
tiné, comme il était ' alors d'usage, à garder
les troupeaux. Ouli'e la psalmodie publique
qui se faisait en commun, chacun oUïait à
Dieu des prières et des louanges en parti-
culier. Ou n'exemptait personne des veilles
de la nuit, si ce n'était en cas d'infirmité ou
de nécessité. Us avaient tous des vêtements
eu sullisance : aucun de superllu. Il était d'u-
sage dans plusieurs monastères ', tant en
Orient (]u'en Occident, d'y instruire des ca-
téchumènes, et de les baptiser : saint Ferréol
le retranche dans le sien, cl ne veut pas
même que ses moines servent de parrains
' Greg. Tiiron., lib. VI tlisl., cap. vu. Boiindict.
Aniaii., in Conc. reg., img. 9C. : Trillifiii. lili. De
Proyr., monuch., cap. v.
' M.iliil., lili. V Àniinl., piig. 130.
' .M.ibil. Ubi supra.
[vi« SIÈCLE.] CIIAIMTliE X.WIII. — SAINT FEURKOL, ÉVÈQUli, KTC.
:J13
(l.iiis le baptême, pour leur ôler toutes sortes
de liaisons avec les parents de l'enfant.
L'abbé seul avait une cluunbrc séparée. Aux
jours des l'êtes diîs martyrs on lisait leurs
'■"r- ^' M. .Votes. Les reliiïieux, soit au dehors, soit au
dedans du monastère, ne pouvaient se dis-
penser de va([uer à la lecture des livres
saints. Ils avaient aussi certaines heures pour
le travail des mains. L'heure de la lecture
^^vl- ('tait depuis le matin jusqu'à Tierce. Jusqu'à
cette heure il n'était permis ni de boire ni
de manger. L'usage du linge sur la chair nue
était défendu; on ue permettait pas non [)ius
d'habits odoriférans, ni qui eussent de l'éclat
s;i„. dans la couleur. Tout devait être dans la
" '"xvMi. simplicité et la modestie. La /(Vy/Zc interdit la
chasse aux moines, et à l'abbé le pouvoir
lie mettre en liberté les esclaves du monas-
„„.ii. 1ère. Il était obligéde servira la cuisine trois
l'ois l'année, les jours de Xocl, de Pâques,
et de la fête du patron du monastère, c'est-
à-dire, de saint Ferréol martyr, et de laver
souvent les pieds aux frères et aux étran-
gers, à l'imilalion de Jésus-Christ, et pour
,,v,x donner bon exemple aux religieux. Saint
i'erréol prescrit diverses pénitences pour les
fautes, et ordonne qu'au premier jour de
chaque mois, on lise sa Règle en présence de
toute la communauté. Saint Benoit d'Agnane
l'a insérée dans son Code., et le père Le Cointe
dans les .1 nnales ecclésiastiques de France. [Ou
la trouve au tome LXV de la Palrulogie la-
tine.] Il parait par saint Grégoire ' de Tours
que saint Ferréol avait fait un recueil de ses
lettres à l'exemple de saint Sidoine : il n'en
est venu aucune jusqu'à nous. 11 faut, ce
semble, le distinguer du prêtre Ferréol, dont
on trouve quelques sentences dans un livre
iutitulé : De Officio rectoris Ecclesiœ, imprimé
à Cologne en 1531.
FMni Dom. 3. Nous couuaissons saint Domnole par
r'MaMtTct les Actes du second concile de Tours, où il
.d'avi/rô assista en5G7, en qualité d'évèque du Mans.
11 avait cte auparavant abbe de baïut-Lau-
rent', à Paris. Mais Clotaire l'eu tira pour le
mettre sur le siège épiscopal du Mans. En-
tre plusieurs édifices de.piél(; ipi'il lit cons-
truire pendant son épiscopat, on met l'ab-
baye de Saint-Vincent, où il l'ut eutcrn- après
sa mort qui arriva le 1" dcc(!iubre ."iSl. Il
eut part à la lettre que le concile de Tours
écrivit " à sainte Iladegondc en confirma-
tion du monastère qu'elle avait fondé à Poi-
tiers, et à une autre lettre circulaire à toute
la province de Tours, pour en exhorter les
peuples à détourner par de bonnes œuvres
les maux dont ils étaient menacés. On les
exhorte entr'autrcs choses à payer ' la dime
de tous leurs biens, même des esclaves, ou
à donner à l'évêque pour la rédemption des
captifs, le tiers d'un so d'or pour chacun'. de
leurs enfants, au cas qu'ils n'eussent point
de serfs. Les Bollandistes ont donné deux Bc,ii..ddi.ra
Vies de saint Domnole; l'une écrite par un boeaMi.
prêtre du Mans, contemporain du saint ; l'au-
tre est sans nom d'auteur : l'une et l'autre font
mention du chef de saint Vincent, martyr,
et d'une partie du gril de saint Laurent, don-
nés par saint Domnole à l'église de l'abbaye
de Saint-Vincent du Mans. La dernière Vie
rappelle aussi le testament que le saint évo-
que fit en faveur de la même abbaye : il est
adressé à tout le clergé de l'église du Mans,
et signé de trois évêques, saint Domnole, saint
Germain de Paris, et Andonéus d'Angers, de
sept prêtres et cinq diacres; la date est de la
onzième année du règne de Chilpéric, c'est-
à-dire de l'an 372. A cetestameutsaint Dom-
nole joignit un codicille rapporté par dom
Mabillou parmi les Actes des évoques du Mans. ^^f'^''\'^^^-_
On trouve le testament dans BoUandus au i j- <"» «'
16 de mai, et dausle Supplément des conciles
de France par M. La Lande. [Tous les écrits
qui nous restent de Domnole se trouvent au
tome LXXIl de Va Palrologie latine, col. 629.]
4. Fortunat'' a fait de saint Féhx, évêque ^ SimtF«iu,
de Nantes, un éloge accompli. Illustre par ^^'^^'jy- ^^
sa naissance, il l'était encore plus par ses
vertus, par son éloquence et par son savoir.
11 possédait si bien la langue grecque, qu'on
eût dit qu'elle lui était naturelle. Il était
poète et orateur, et avait, ce semble, fait'
' Greg. Turon., lib. VI Ilist., cap. vu.
« Id., ibid:, c.np. IX. — ' Tom. V Conciî., pag. 868.
' Comriinnemus ut Àbrahœ documenta seclan-
tes, décimas in omni facultate non pigeât pro re-
liquin quœ possidetis consenandis olferre... Hor-
lamur ut umtsquisque de suis mancipiis décimas
persolvere non recusel... quod si mancipia non
sint, et fuerint aliqui habenles binos aut ternos
filios, per unumquemque singulos tremisses in
episcopi manu concédât, quod possit in captivo-
rum redemptionem conferri. Tom. V CunciL, pag.
868 et 869.
5 Fort., lib. III, cap. iv-vni.
" Hoc quoque quod delectabiliter adjecistis : Me
Dnmnœ mea> KLadigundas muro cliaritatis inclii-
sum ; scia quidem non ex mets meritis, sed ex ilUxts
314
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Grflff,
llb, "■
en vers le panégyrique de sainte lladcgoude:
w.inr»». nous ne l'avons pas. Il est parlé de quelques-
unes de ses lettres dans saint Grégoire de
Tours, h qui elles paraissaient trop pleines
d'amertume : il en rejette lu faute sur ce que
ce saint les avait écrites sans avoir été bien
instruit du sujet qu'il y traitait. Il y accusait
d'ambition le frère de saint Grégoire, nommé
Pierre, qui était diacre ; et disait qu'il avait
été tué en punition de ce qu'il avait lui-
même tué un évêque pour parvenir h l'épis-
copat. Ces lettres ne sont pas venues jusqu'à
nous. Saint Félix était marié lorsqu'il fut
choisi évéque de Nantes, vers l'an 541). Il
assista au troisième concile de Paris en 537;
au second ^ Tours en 366 ; et au quatrième
de Paris eu 573. On met sa mort en 382, et
la trente - troisième de son épiscopat , qui
était la soixante-dixième de son âge, étant
né vers l'an 312.
cuiréric, 5. Je ne sais si l'on doit mettre au rang
•«■«triis. des ecrivams ecclésiastiques le roi Cliilpcne,
ii^'^'V"'""' pour un fort mauvais traité qu'il composa
"^^' sur des matières de théologie, et qui a péri
avec son auteur. La vanité eut plus de part
dans cet écrit que le zèle de la religion. Le
dessein de ce prince était d'y établir certains
moyens de finir les difficultés agitées depuis
longtemps dans l'Église sur les mystères de
la Trinité et de l'incariialion : à cet etlet, il
concerta un Édit, par lequel il ordonnait
qu'à l'avenir l'on nommerait la Sainte-Trinité
simplement Dieu, sans distinction de per-
sonnes, disant qu'il était indigne de Dieu de
lui donner le nom de personne, dont on use
en parlant des hommes. Il soutenait que le
Père est le même que le Fils et le Saint-
Esprit, et qu'au langage des prophètes, des
patriarches et de la loi, il n'y avait point de
distinction entre le Père, le Fils et le Saint-
Esprit. Avant de publier cet Ixlit, Cliilpéric
le montra à saint Grégoire de Tours, en lui
disant qu'il voulait que lui et tous les autres
évéques de son royaume embrassassent cette
croyance : « Quittez-la, lui répondit le saint
évoque, et suivez celle que les docteurs nous
ont enseignée après les apôtres, comme saint
Hilaire et saint Eusèbe de Verceil ; croyez ce
que vous avez vous-même confessé au bap-
tême. «Je sais bien, lui dit le roi en colère,
quTIilaire et Eusèbe sont mes plus grands
ennemis en cette matière. » Saint Grégoire
lui représenta, qu'il devait craindre d'oll'en-
ser Dieu et ses saints, et ajouta : « Ce n'est
pas le Père qui s'est incarné, ni le Saint-
Esprit, mais le Fils : c'est lui qui a soull'ert,
et non pas le Père ou le Saint-Esprit ; cette
distinction de personnes ne s'entend pas cor-
poiellement, comme vous pensez, mais spi-
rituellement. )) Chilpc'iic peu satisfait de l'é-
vêque de Tours, fit lire son écrit à Salvius ,
évêque d'Alby, qui en eut tant d'horreur, que
s'il avait pu atteindre au papier, il l'aurait
d('chiié. La résistance de ces deux évèques RrocTuma.
* Iib. VI, cap.
arrêta le roi, et le fit changer de dessem. Ce '<■■">■
prince fit; aussi des hymnes à l'imitation de
Sédulius, des Messes ou des Collectps, qui ne
furent point approuvées. Saint Grégoire qui
avait vu le recueil de ces hymnes distribué
en deux livres, dit qu'il n'observait point
dans ses vers la quantité des syllabes, met-
tant des longues pour des brèves, et des
brèves pour des longues. Nous avons vu plus
haut qu'on lui attribuait l'épitaphe de saint
Germain , évêque de Paris , telle que le
moine Aimoïn l'a rajiportée. D'autres pré-
tendent qu'elle est de Fortunat,et quelques-
uns qu'elle n'est point si ancienne. La flu de
Cliilpéric fut funeste : un soir au retour de
la chasse, comme il descendait de cheval,
s'appuyani de la main sur l'épaule d'un de
ses courtisans, un assassin le perça de deux
coups de poignard, dont il mourut à l'ins-
tant, après avoir régné vingt-deux ans, de-
puis l'an 362 jusqu'en 38'i. On dit de lui qu'il crrp. hu.
n'avait jamais aimé personne sincèrement ;
qu'aussi il ne fut aimé de personne, ce qui
parut bien à sa mort : car il serait demeuré
sans sépulture, si Malulphe, évêque de Seu-
ils, touché de compassion, ne lui eill rendu
ce dernier devoir.
consueludine, quam circa cwiclos novit itnpendirr,
colligalis.el quantum in meu prrsona panegyricum
poelice langitis, lantum in ejiis laudis hUloriam
reiulistis. Tamen in veslris verbis illud relegere
iiierui qnnd in fjns gralia jam percepi. Sfd qui
de me panw magna depingilis, quœro de magnis
maxima prœdicelis. Ibid., caj). iv.
[vi- SIÈCLE.] CHAPITRE XXIX. — SAINTE IIADEUONDE, HEINE, ETC.
315
CHAPITRE XXIX.
Sainte Radcgonde reine de France [587] et sainte Césario abbesse de
Saint-Jean d'Arles.
[ÉcrivaiDs latine.]
1. Hemiaufroy, roi de Turingo, ayant éié
dôfaiteii 531 par les rois Thierry ut Clolaire,
la ville de Turinge qui donnait le nom au
royaume dont elle était la capitale, fut mise
au pillage et réduite eu cendres, et les habi-
tants furent menés en esclavage. Clolaire
dans ce pillage fît mettre en sûreté dans sa
lente, une nièce d"Hermanfruy, tille de Ber-
lliaire qui avait été roi d'une partie de la
Turinge, et mis à mort ' par Hermanfroy
dans la vue de s'emparer de tout le royau-
me. Elle se nommait Iladegonde, et pouvait
alorsavoir douze ans. Clotaire la fit conduire
en France, ' élever à Athies, maison royale,
en Vermandois, et l'épousa quand elle fut
en âge. Les délices de la cour n'atl'aiblirent
point sa piété. Elle redoubla ses jeiiues, ses
aumônes, ses prières, ses austérités, portant
sous ses habits précieux le cilice pendant
tout le Carême ; ce qui ' faisait dire au roi
qu'il avait épousé une religieuse plutôt
qu'une reine : elle en avait en elTet la voca-
tion, et trouva le moyen de la suivre. Cette
princesse avait un frère qui avait été amené
avec elle en France : Clotaire Tayaut fait
tuer injustement dans le temps qu'il prenait
des mesures pour se retirer à la cour de
Constantinople auprès d'un de ses parents ,
elle profita de cette occasion pour qsitter
son mari, et vintàNoyon prier saint Médard
de lui couper les cheveux , et de lui donner
l'habit de religieuse. Sur le refus qu'eu fit le
saint évêqiie, parce qu'elle était mariée, et
que les grands de la cour s'y opposaient,
elle se coupa elle-même les cheveux et se
couvrit d'un voile. Saint Médard à la vue
d'une action si hi'roïque, assuré d'ailleurs
du consentement de Clotaire, lui imposa les
mains, et la consacra diaconesse, quoiqu'elle
n'eût pas encore l'âge requis par les canons.
2. Sainte Radegonde se retira sur une
terre que le roi lui avait donnée en Poitou,
où elle commença à vivre d'une manière
beaucoup plus austère qu'elle n'avait fait jus-
que-là, ne vivant * que de pain de seigle et
d'orge, d'herbes et de légumes, et ne buvaut
que de l'eau ; son lit était un cilice sur de la
cendre. Tous ses revenus étaient employés
au soulagement des pauvres, qu'elle servait'
de ses mains. Elle portait sur la chair une
chaîne qu'un saint prêtre nommé Julien lui
avait donnée; en échange, elle lui faisait
elle-même des habits. Elle passa de sa terre
à Poitiers, où elle fonda et bâtit un monas-
tère par l'ordre' et les libéralités du roi :
elle y assembla une communauté de filles à
qui elle donna une abbesse, de qui elle vou-
lut elle-même dépendre en tout. Sa princi-
pale occupation, après la prière, était la lec-
ture : elle lisait' les écrits des Pères grecs
comme ceux des Pères latins, tirant de ces
sources de quoi instruire' les religieuses
du monastère, et éclairciv les difficultés qui
se rencontraient dans les lectures, qui se fai-
saient en commun. Elle attira à Poitiers le
prêtre Fortunat', dont elle fit son aumônier et
son directeur. Cependant le roi Clotaire fei-
gnit un voyage de dévotion à Saint-Martin de
Tours ; mais sou véritable dessein était d'al-
ler à Poitiers, reprendre sainte Radegonde
Kllf Mlit
un monastire
à l'oiliers.
' Greg. Turon. lib. III, cap. rv.
' Mabil., tom. I Àct. Ord. S. Bened., pag. 319.
' Ibid., pag. 320, et Greg. Turon., lib. III, cap. vu.
' Greg. Turou., ibid.
5 Tom. I Aclor., pag. 320.
• Greg. Turon., lib. IX, cap. XLil.
' Fort., lih. VllI, cap. I.
8 Tom. I Aclor., pag. 328.
9 Fortuu., lib. VIII, cap. l.
316
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
el la lamener à la cour. Sur l'avis' qu'elle
en eut, elle ccrivit à saint Germain, cvcque
de Paris, pour le prier d'en dissuader le roi
Le saint, ayant lu la lettre, se prosterna
aux pieds de Clotaire , en plcui-ant devant
le tombeau de saint Martin, et le conjura de
la part de Dieu, de ne point aller à Poitiers.
Le roi se laissa llécbir; mais en même temps,
il se prosterna lui-même aux pieds de saint
Germain, le priant que Hadegonde obtint de
Dieu le pardon de ce qu'il avait entrepris
par mauvais conseil. Le saint évoque fit à
cette occasion le voyage de Poitiers, et obtint
sans peine de la reine ce que le roi soubai-
tait. Ce fut sans doute en celte occasion
que saint-Germain bénit' Agnès que sainte
Hadegonde avait fait abbesse de son mo-
nastère.
f^J'"\l,"ô»"' 3- ^'ous n'avons plus la lettre qu'elle écri-
Toureen566. ^jj ^^^^ évêques assemblés à Tours, en 566,
pour leur demander la confirmation de ce
monastère et de la discipline qu'elle y fiii-
.sail observer conformément à la /{èyle de
saint Césaire d'Arles ; mais la réponse du con-
cile est parvenue jusqu'à nous. Les évêques,
après avoir loué son zèle, lui accordèreut
toutes ses demandes , en ordonnant ' que
toutes les filles de leurs diocèses qui se se-
raient retirées dans son monastère , n'au-
raient plus la liberté d'en sortir; tjue celles
qui feraient le coutraiie, seraient excommu-
niées et anathématisées; que si elles venaient
à se marier, tant elles que les maris sacri-
lèges et les compfices, seraient sujets à la
même peine, jusqu'à ce qu'ils se séparassent
pour faire pénitence. Les évêques du concile
obligèrent leurs successeurs à maintenir cet-
te discipline, sous peine de leur en répondre
au jugement de Dieu.
Eii.a.m,r. 4 Quoique sainte Hadegonde élit déjà des
()« du hoi» do
i' iv'n,J,TÙ'r leliques de plusieurs saints dans l'église de
ju5i.li. gQjj monastère ', elle envoya avec la permis-
sion du roi Sigebert, à qui Poitiers apparte-
nait, des clercs en Orient, pour demander
de sa part à l'empereur Justin du bois de la
vraie croix. Ce prince lui eu donna un mor-
ceau, orné d'or et de pierreries, avec plu-
sieurs reliques des saints, et des livres de
l'Évangile ornés de même. Aussitôt qu'elle
sut que les reliques approcliaicut de Poitiers,
elle pria Mérouée, qui en était évoque, de
ALTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
les placer dans son monastère, au chant des
Psaumes et avec les honneurs convenables.
L'évèque n'eut aucun égard à ses prières :
il monta à cheval et alla se promener à sa
maison de campagne. La sainte, aflligée, se
pourvut auprès du roi Sigebert, qui chargea
Euphrone, archevêque de Tours, de faire
cette cérémonie. 11 porta en l'absence de l'é-
vèque Mérouée, les reliques dans le monas-
tère avec un grand appareil de cierges, d'en-
cens et de psalmodie. Ce fui à cette occasion
que le prêtre Fortunat composa l'hymne que
nous chantons en l'honneur de la croix, et
qui commence par ces paroles : Vexilla ré-
gis prudcunt.
0. Quelques mouvements que sainte Ra- mùu ' '
degonde se donnât, elle ne put regagner les
bonnes grâces de l'évèque de Poitiers ; ce
qui lui fit prendre le parti de se mettre sous
la protection du roi. Elle crut aussi devoir n'.^Vx."!"!
chercher de la protection à son monastère .Momlvc...
auprès de tous les évêques de France. C'est
pourquoi elle leur adressa son testament en
l'orme de lettre, dans laquelle elle les prie
avec larmes, cl au nom du Père, du Fils el
du Saint-Esprit, d'employer tout leur pou-
voir pour empêcher qu'après sa mort, les
biens qu'elle avait donnés à ce monastère,
de même que ceux qui lui avaient été lé-
gués par quelques - unes des sœurs, et qui
lui avaient été confirmés par les rois Cher-
bert, Gontran, Chilpéric et Sigebert, ne lui
fussent ôtés par quelque personne que ce
fût, soit prince, soit évêque ; qu'.\gncs ,
qu'elle avait élevée comme sa fille et fait
bénil- abbesse de ce même monastère, ne
fut dépouillée de cette qualité que pour la
conférer à une autre, et qu'après son décès,
les sœurs ne fussent privées du droit de se
choisir elles-mêmes une autre abbesse. Elle
les conjuiait aussi de maintenir, de toute
lem- autorité, les autres privilèges de cette
maison et de veiller à ce que la Règle de saint
Césaire y fut exactement observée, et sur-
tout par rapport à la clôture. Enfin, elle leur
demandait de lui accorder la sépulture dans
l'église qu'elle avait commencé à bâtir à
Poitiers sous l'invocation de la Sainte .Mère
de Dieu, et où plusieurs des sœurs étaient
déjà enterrées. Elle signa te testament de sa
propre main, et le mit dans les aixhives de
' BandoDivia ou Bandouiina, in Yila S. Radeg.
* Greg. Turon., lih. IX, cap. xui.
' Tom. m Concii, pag. 8Î2.
' Uand. iii Vita Radeg., nnni. 17, 18, el Grcg.
Tiirou., lib. 1 De Glor. martyr., cap. v.
[VI' sifccLE.] CHAPITRE XXIX. — SAINTE nADEfiONnE, HEINE, ETC.
l'c^glise. Saint Grégoire île Tours l'a insi'ré
dans lo livro X° île son //istiiiri', d'où il est
jiassi' dans los Itcciirih (1rs ajiiri/cs, dans les
Aniidlcs do Bai'oiiiiis et dans celles d'Aqui-
taine, par Jean liouchcl. Il est dans ce der-
nier recueil souscrit de quelques ëvfiques;
ce que doni Ruinart, dans ses Notes sur saint
Gréy;oire de Tours, regarde comme une ad-
dition faite après coup. Pour obtenir une co-
pie de la licfjle de saint Césaire, dont il est
park^ dans ce tcslament, sainte Iladefjoude
écrivit ■\ saiutc Césarie, al)besse de Saint-
Jean, à Arles. Nous n'avons pas cette lettre.
I.. Ha ù
faillie Ci^4Aii
à «flinle Haùi
goado.
317
avait (l(! la llhéralili' des rois de quoi Caire
rauinône, nllc Jni rncoimnande do la l'airo
aliiMidaMiineul. Puis, venant au gouvernc-
uirntde son nouveau monastère, elle l'aver-
tit de n'y recevoir aucune fdle, à qui ello ne
fasse apprendre les lettres et le Psautier par
Cd'ur, l'assurant on même temps que l'ob-
servalion de la /{èyk de saint Ccsaire, dont
elle lui envoyait un exemplaire, lui procu-
rerait et h ses filles, la possession de la féli-
cite éternelle. Elle lui conseille de modérer
ses austérités, disant qu'une abstinence trop
rigoureuse la mettrait non- seulement bors
Mais on nous a donné depuis quelques an- d'i'tat de gouverner sa communauté , mais
nées la réponse de sainte C('sarie, sur nu qu'elle l'obligeiait enfin de s'accorder des
manuscrit de M. le piésident Bouliier. soulagements qui tiendraient quelque chose
, 6. Celte sainte, quoique de même nom des délices du siècle, et h ne pouvoir plus
'. que la sœur de saint Césaire, en est dill'é- suivre les heures des repas prescrites par la
rente. Celle-b'i était morte dès avant l'an
524 ; celle-ci vivait encore après l'an .5tJ0.
, Mais on ne peut mettre la lettre qu'elle écri-
vit à sainte Radegonde plus tard qu'en 363,
puisque l'année suivante cotte princesse écri-
vit aux évèques du concile de Tours pour les
prier de confirmer l'établissement de son
monastère à Poitiers et la di?cipline qu'elle y
faisait observer suivant la fièfj/e de saint Cé-
saire; ce qui suppose clairement que sainte
Césarie lui avait déjà envoyé cette Règle.
Sa lettre à sainte Radegonde est une exhor-
tation ;\ la pratique des vertus religieuses,
dont la première est de demander assidue-
ment à Dieu de nous enseigner lui-même à
connaître sa volonté, et de diriger nos pas
/%/(', qui doit lui servir de modèle en tout :
<( 11 y a, ajoute-t-elle, des religieuses tièdes
et négligentes qui s'imaginent avoir rempli
toutes les obligations de leur état, quand
elles ont quitté l'habit du siècle pour pren-
dre celui de la religion. Ce changement peut
se ftiire en un moment ; mais nous devons
employer fous les moments de notre vie k
travailler avec le secours de Jésus-Christ à
la correction de nos mœurs. » Elle insiste
beaucoup sur le danger qu'il y a pour des
religieuses de converser familièrement avec
des honnnes; parce qu'encore qu'elles ne
se sentent coupables de rien, elles ne i)Ou-
vent s'assurer de ne point contribuer à la
perte de ceux avec qui elles conversen de la
dans la voie de ses commandements; la se- sorte. Elle veut qu'elle ait une charité égale
coude, d'écouter avec autant d'attention la
parole de Dieu lorsqu'on lit les saintes Écri-
tures, que les grands du siècle en ont lors-
qu'on leur fait la lecture des ordonnances
des rois de la terre ; la troisième, de rendi-e
grâce à Dieu des bienfaits qu'on eu a reçus.
Elle lui représente que quelqu'avantage
pour ses sœurs, et qu'elles s'entr'aiment
elles-mêmes, soit qu'elles soient nées riches
ou pauvres. Cette lettre, qui est solidement
écrite, est adressée aux saintes Richilde et
Radegonde : ce qui donne lieu de croire
que Richilde, que l'on ne connaît point d'ail-
leurs, était abbesse du monastère de Sainte-
cpi'elle puisse retirer de la Itèylc de saint Ce- Croix, avant que sainte Radegonde en eût
saire qu'elle lui avait demandée, elle en re- donné le gouvernement à Agnès. Fortunat a
tirera beaucoup plus de la lecture de l'Evan-
gile dont la doctrine est au-dessus de celle
des hommes, et infiniment plus précieuse ;
-mais qu'elle ne doit pas s'arrêter simplement
à ce que le Sauveur a enseigné ; qu'il est en-
core nécessaire de suivre et d'imiter les
exemples qu'il nous a donnés, soit de pa-
tience, soit des autres vertus. Sachant qu'elle
fait ' en peu de mots l'éloge de sainte Césa-
rie. Sa lettre se trouve dans le premier to-
me des Anecdotes de dom Marténe, à Paris,
en 1717,
7. En S73 sainte Radegonde ' écrivit de ,. Leiired»
son monastère de Poitiers aux deux rois eondê aii,"r.°3
Chilpéric et Sigebert, pour les engager à ?PV"° ""
,, -t . ., C O b7). Sa mort
mettre bas les armes qu'ils avaient prises '°°'"-
' Fort., lib, Vlll, cap. iv.
* Band. in Vita Radeg.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
318
l'un contre l'autre. Ses lettres que nous n'a-
vons plus, furent aussi inutiles que l'avaient
été les instances que saint Germain, évoque
de Paris, avait faites sur le même sujet au-
près de Frédégonde et de Cliilp<^ric son mari.
La sainte mourut le 13 aoûl, la douzième an-
née du règne de Childebcrt, qui est l'an 587.
A la nouvelle de sa mort ' saint Grégoire de
Tours se rendit à Poitiers et la trouva dans le
cercueil , ayant ses religieuses autour d'elle
au nombre d'environ deux cents, dont il y
en avait qui étaient des princesses de sang
royal, d'autres, fdles de sénateurs. Saint Gré-
goire voyant que l'évcque de Poitiers était
absent et occupé à faire la visite de son dio-
cèse, flt les funérailles ; mais après avoir mis
le corps dans la fasse, et fait la prière, il se
retira sans couvrir le sépulcre, laissant cette
fonction .'i Mérouée, évéque du lieu. Elle fut
enterrée, comme elle l'avait soubaité, dans
l'église de Sainte-Marie, aujourd'hui deSain-
te-Radegonde. Mais parce que celte église
n'avait pas encore été consacrée par la bé-
nédiction de l'évèque, saint Grégoire, de l'a-
vis de plusieurs personnes considérables ,
consacra un autel dans cette église, persuadé
que Mérouée ne le trouverait pas mauvais.
Nous avons la Vie de sainte Rndegonde par
la religieuse Bandonivie. dans le premier
tome des Actes de l'Ordre dcsaint Benoit : elle
avait été témoin oculaire de la plupart des
faits qu'elle raconte. [La vie de sainte Rade-
gonde par saint Forfiinal de Poitiers, le Tes-
tament de la sainte et le décret des évéques
se trouvent au tome LXXII, col. G31 et suiv.]
CHAPITRE XXX.
Saint Gildas abbé de Ruis, saint Fridolin abbé de Saint-Hilaire à Poitiers
[année incertaine dn Vr siècle].
[Écrivains latins.)
de Mint Gil'
rfi.. Sun rdu-
caliot). Il est
rail prttre.
1. On convient qu'il y a eu deux Gildas en
Angleterre ; l'un surnommé Albanie qui, né
en 425, fit profession de la vie solitaire près
de Glaston ou Glasscubourg, jusqu'en5l2au-
quel il mourut, et fut enterré dans l'Église de
ce lieu ; l'autre surnommé le Sage, et quel-
quefois Badonic, parce qu'il vint au monde
en 520, qui fut l'année de la victoire qu'Ar-
turus, roi des Bretons, remporta sur les Sa-
xone, près de la ville de Badon. Ce ne fut pas
là toutefois le lieu de sa naissance, ' mais Ar-
cluid ou Uunbritton en Ecosse. Ce Gildas eut
pour père un nommé Caunus, lioniuie de dis-
tinction et de piété, qui prit un grand soin de
son éducation. Le désir de se former de plus
en plus dans la vertu l'engagea à se raeltre
sons la discipline de saint llildut ou Eilut,
abbé au pays de Galles, qui était' Irès-babilc
dans les sciences divines et humaines : c'est
à lui que l'on rapporte l'établissement de la
vie monastique en Angleterre. Gildas eut
' Greg. Turon. De Glor. conf-, cap. cvi.
• Mabil., tom. 1 Acl. Ord. S. Bentd., pag. 139 cl
seq. — • Ibid., ijug. 108.
pour condisciples saint Paul et saint Samson
qui furent l'un et l'autre élevés h l'épiscopat
dans la Gaule Armorique, le premier à Léon;
le second à Dol. 11 fut lui-même élevé au sa-
cerdoce. Son zèle pour le salut des âmes le
lit passer dans la province septentrionale de
la Grande-Bretagne, où il convertit un grand
nombre de païens et d'hérétiques ; puis il
passa en Irlande, où il rétablit la pureté de la
foi et de la discipline. Il y bâtit aussi plu-
sieurs monastères dont il fit autant d'écoles
pour former les jeunes gens dans les sciences
et dans la vertu. Ensuite il alla â Rome visi-
ter le tombeau des ai>ùtres, saint Pierre et
saint Paul; et de là h Ravenne où était celui
de saint .\pollinaire. Après avoir satisfait à
ses dévotions, il vint dans les Gaules, et fixa
sa demeure dans la cote méridionale de la
petite Bretagne, près de Vannes, où il bâtit
le monastère de Ruis , qui subsiste encore
aujourd'liui sous son nom. Il y mourut dans
une heureuse vieillesse le 29 janvier, on ne
sait de quelle année. Si on lui a donné le sur-
nom de IJadonic, parce qu'il était né dans le
temps du combat entre les Bretons et les
CHAPITRE XXX. — SAINT (".ILDAS, Anil|!: DE nUlS.
[vr SIÈCLE.]
Saxons auprès de la villo de Badoii ou de
la nioutaRue de Badon ; ce combat s'i'tant
doiinu', suivant les t^crivains aiii^Iais, en îilO,
il est nocessaiir (le mellre sa mort plus tard
que r)G3, où plusicuis la fixent, puisqu'alors il
n'aurait eu que cinquante-cinq ans : ce qui
ne se peut dire d'un homme qu'on convient
être mort dans uti Age avance^. Ussérins ' la
recule jusqu'en 570; d'autr(>s '■' la mettent
après l'an 581, où ils prétendent qu'il com-
posait les ouvrages que nous avons de lui.
Ils consistent eu quelques canons de disci-
pline, et en deux discours sur la ruine delà
Grande-Bretagne et sur les dérèglements du
clergé.
, f-"!', ''■' 2. Ouelques-ims ont contesté ces deux
MIDI (iililrii, ^ X
discours à saint Giidas, soit parce qu'ils sont
remplis de fautes contre la vérité de l'his-
toire, soit parce que l'auteur s'y adresse à
plusieurs princes comme s'ils eussent vécu
dans le même temps, quoiqu'il soit certain
qu'ils se sont succédés dans le gouvernement
de la Grande-Bretagne ; soit enfin parce
qu'il ne rend pas bien les termes de la lan-
gue du pays. Mais on peut répoudre que des
fautes de chronologie dans un discours ne
sont pas toujours des preuves de sa suppo-
sition ; que les cinq princes auxquels il s'a-
dresse, pouvaient avoir en même temps de
l'autorité dans le royaume, sans qu'ils en
eussent tous ensemble la principale, ou le
titre de roi ; et qu'il n'est point aisé de mon-
trer que Gildas se soit trompé dans la signi-
fication des termes du pays, puisque la lan-
gue bretonne a eu comme les autres ses
variations. Au fond, comment lui contester
des discours qui sont cités sous son nom par
l'auteur même ' de sa Vie, par le vénéra-
ble ' Bède, par Alcuin, et par un grand
nombre d'écrivains postérieurs, parmi les-
quels on peut compter Rapin Thoiras, dans
le premier livre de son Histoire d'Angleterre,
An.ijse <io 3. Le premier de ces deux discours est
Sy'k't'' ^'^^" ^'^ ruine de la Grande - Bretagne , les
mccurs corrompues dos habitants, leur
mancjue de cœur quand il fallait aller à l'en-
» Usser. De Britan. eccl. prim., pag. 477, 90.S.
* Radulph. de Diceto iu Indiculo viror. illust.,
pag. 432.
' Mabil., tom. I Ad. Ord. S. Bened. , pag. 139,
144, et BoUand, ad diem 29 januarii, pag. 380.
* Legitur in libro Gildi BreUonum sapientissi-
vii, quod iidein ipsi Brettones propter rapinas et
aiaritiam principum, propter iniijuitatem et in-
justitiam judicum, propter desidiam et pigritiam
prœdicationis episcoporum, propter luxwiam et
319
I.
pas. ^0-
ncmi, leur inclination aux guerres civiles,
leur éloignement pour la vérité et pour la
paix, leur penchant au mensonge. On ne
consultait plus le Seigneur dans l'éleclion
des rois ; on élevait ;\ cette diguité ceux que
l'on connaissait pour les plus cruels. 11 suf-
fisait à un roi d'avoir de la douceur et de
l'amour pour la vérité pour encourir la dis-
grâce de ses sujets, et pom- être regardé
comme le destructeur de l'Etat. Telles étaient
les dispositions des Bretons lorsque les Pietés
les attaquèrent et les vaincpiirent. La guerre
fut suivie de la famine, et de la peste qui
dépeupla tout le royaume. Jusqu'à l'année
du siège du mont Badon, que Gildas dit être
celle de sa naissance, la Bretagne avait été
sagement gouvernée : les rois, les évoques,
les ecclésiastiques, les monastères, le peu-
ple, tout était dans l'ordre. On le renversa
quelque temps après si ouvertement, que
les nations voisines disaient : » La Bretagne
a des rois, mais ce sont des tyrans : elle a
des juges, mais ce sont des impies; elle a
des guerriers, mais ce n'est que pour des
guerres civiles, n II décrit les crimes horri-
bles dont Constantin, Conan, Vortipor, Eu-
néglns et Maglocus s'étaient souillés; leurs
meurtres, leurs sacrilèges, leurs adultères,
leurs parjures. Il leur applique les reproches
les plus vifs des prophètes aux rois de Juda
et d'Israël, et les menace de la colère du
Seigneur. Il rejette l'amertume et Ja diuelé
de ses expressions sur la nécessité de crier
contre le vice, et d'invectiver contre les pé-
cheurs , témoignant de son côté un désir
très-ardent de les voir rentrer en eux-mêmes
et vivre conformément aux lois de l'Évan-
gile.
Ses invectives contre les désordres du cler-
gé de la Bretagne, ne sont ni moins vives ni
moins amères. L'avarice, la supercherie, la la.. na.
gourmandise étaient des vices communs
parmi les ministres de l'Église. Les pasteurs
ne laissaient pas de prêcher quoique rare-
ment, mais ils vivaient mal : ils offraient
quelquefois le sacrifice, mais avec un cu^ur
malus mores populi, patriam perdiderunt. Alcuin.
Epist. ad Edith., tom. I! Lert. Canisii , pag. 385.
IiUer alia inemtrrahilium seelerum facta quœ
historiens eorum Breltonnm Gildas ftebili ser-
moue describit, et hoc addebat, aut numquam
genli Saxonum sire Anglorum secum Britanniam
incolentium, verbum fidei prœdicandum commit-
terent, Beda, lib. I Uistor. Àiiglor., cap. ïxn, pag.
15, ton). III.
320
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
souillé : leur vie déréplée ne leur pernieltait
pas de reprendre ni de corrii;er les pécheurs :
ils n'enseifmaienlquefaiblenu'nt l'obligation
de faire l'aumône, parce qu'ils ne donnaient
pas eus -mêmes une obole aux pauvres. Ceux
qui paraissaient au dehors être exempts de
défauts grossiers, ne faisaient point de diffi-
culté de donner ou de recevoir de l'argent
pour l'épiscopat ou pour la prêtrise. Quels
secours les peuples pouvaient-ils attendre de
semblables ministres, plus dignes des llam-
mes de l'enfer que de paraître au saint au-
tel ? Gildas convient que tous n'étaient point
méchants au même degré, et qu'il y avait
des évêques et des prêtres qui n'étaient
point tachés de l'infamie de l'impureté, qu'il
y en avrfit de chastes et de bons ; mais il
soutient qu'ils manquaient de zèle et qu'ils
n'avaient pas assez de force pour défendre
la vérité aux dépens de leur vie. Sur quoi,
il leur met devant les yeux, la constance ad-
mirable de saint Ignace, évcque d'.\ntioche,
dont il cile VÉpitre aux liomains ; et l'exem-
ple de saint Polycarpe, évêque de Smyrne,
et de saint Basile, évêque de Césarée, qui,
supérieurs à toutes les menaces et h tous les
tourments, défendirent la vérité de la reli-
gion jusqu'à la mort. Il rapporte un grand
nombre de passages de l'Kcriture, où Dieu
se plaint des mauvais pasteurs, de leur in-
dolence à enseigner les peuples, des mau-
vais exemples qu'ils leur donnaient, les fai-
sant périr, faute de nourriture, et pour ne
pas leur montrer par leurs actions le bien
qu'il fallait faire. Il semble dire que ceux-là
ne sont ni prêtres, ni évêques, (]ui ne rem-
plissent pas les fonctions de leur ministère ;
mais on voit par ce qui précède et par ce
qui suit, qu'il ne veut dire autre chose sinon
que, ne faisant point ce qui est de leur char-
ge, ils en sont indigues, et qu'il leur serait
plus avantageux de la céder à de plus di-
gnes, qui recherchassent dans l'épiscopat,
non le moyen de s'enrichir, mais d'être uti-
les au salut des peuples.
Les deux discours de Gildas furent im-
primés pour la première fois à Londres en
152.J, par les soins de Polyilore Vergilc qui
y joignit une piéface de sa fai^-on. L'édition
de Bâle en lo^^ n'est qu'une réimpression
de celle de Londres. Il en parut une autre
en la même ville en 1,"GS. Josselin, secré-
taire de Matthieu, archevêque de Cantorbéry,
la procura. On leur avait donné place, dès
J'an 1.j:J."), dans les Orthodoxograp/ies à Bâle,
où ils furent réimprimés dans le même Re-
cueil en 1569. On les trouve aussi dans les
I/isldires calésiaslù/iws de In (irande-Iirefa-
fjne, et dans les lii/iliut/m/ufs dfs Pf-rca, fi Pa-
ris, à Cologne et à Lyon ; [dans Galland, toiiH-
Xn, page 191, et de là dans la Patinlogic lati-
ne, tom. LXIX, col. 327.] On a oublié dans l'é-
dition des Pères .•'i Lyon la préface que Gil-
das avait mise à la lêle de ces deux discours,
dans laquelle il disposait ses lecteurs h lire
des choses aussi affligeaules, protestant qu'il
ne les avait écrites qu'après une délibération
de i)lus de dix années, et lians la seule vue de
déplorer avec les gens de bien la ruine de sa
patrie, et les désordres qui l'ont occasionnée.
Il donne à sou écrit le litre de Ijttre. La dis-
tinction que l'on en a faite en deux discoure
ne parait pas être de lui ; la fin du premier
qui est liée naturellement avec le commen-
cement du second, fait voir que ce n'était
originairement qu'un seul et même dis-
cours, ou une seule lettre comme il l'ap-
pelle.
■4. Nous avons encore de Gildas quelques
canons ou règlements de discipline dans un
recueil de canons à l'usage de l'Église d'Hi-
bernie ou d'Irlande, donné par dom d',\ché-
ry dans le tome IX de sou S/)icilége sur un
manuscrit de l'abbaye de Corbie. Les ca-
nons que l'on y trouve sous le nom de Gil-
das sont au nombre de huit, dont le pre-
mier porte qu'il faut réserver à Dieu !e
jugement des évêques, des prêti'cs et des
abbés, et que le mieux est de ne juger per-
sonne; le second, que l'abstinence des ali-
ments corporels est inutile sans la charité;
et que ceux qui ne font ni de longs jeûnes
ni de grandes abstinences, mais qui ont le
cœur pur, sont préférables h ceux qui tirent
vanité de leurs mortifications; le troisième,
que la vérité est recevable de quel(]ue bou-
che qu'elle nous vienne; le quatrième, qu'on
ne doit pas condamner les princes pour des
fautes légères; le cinquième, que chacun
doit demeurer dans l'état au(ju(>l Dieu l'a ap-
pelé. Les clercs Ii-landais portaient une ton-
sure toute différente de ceux de l'Église ro-
maine , se faisant raser la tête d'une oreille
à l'aulie. Saint Gildas remarque (jue ce n'é-
tait pas seulement dans cet usage qu'ils se
distinguaient des romains; mais en tout,
jusquesdans la liturgie. Ace canon, qui est
le septième, le Recueil où il se trouve en
ajoute un de saint Patrice qui enjoint aux
Irlandais de porter une tonsui'e semblable
iil.i!i fir It I
i.ciplrt I
>c. l.\ -, -
cil. !..(,•. «.
[••(,!.
{
[vi" SIÈCLE.]
CHAPITHE XXXI. — JANUARIN, PRÉTEXTÂT, ETC.
:i'2l
colle qui triait en usago dans l'Érrlise roniai-
iu\ I.c sixième défend h ceux qui ont le pou-
voir d'excommunior, d'en nser avec précipi-
tation. Le lniili(''nio est contre ceux qui
se croient ju.sle.s, parce qu'ils ionl quel-
ques bonnes œuvres, mais qui ne le sont
pas, en etl'et, parce qu'ils manquent do cha-
rité pour leurs frères. Le recueil do ces ca-
nons parait avoir été foit dans le luiitième
siècle par un clerc nommé Arbédoc. Il en
rapporte quantité d'autres tirés des divers
conciles d'Irlande, on particLilior de ceux
qui s'élaient tenus du vivant de saint Patrice.
Le huitième sous le nom de Gildas suppose
que ce saint abbé avait écrit plusieurs let-
tres ; nous n'en avons aucune, il s'en trouve
des fragments ', dans un manuscrit de la bi-
bliothèque de M. Gotton. Baléus * lui attri-
bue un livre de sermons qu'il dit être extrê-
mement satyri(jues, et un traité île l'Immor-
talité de l'âme. Us n'ont pas encore été ren-
dus publics. Il y a quelques autres ouvrages
dont on veut qu'il soit auteur, enli''autres,
nue Histoire des actes des Bretons; maison
soutient ^ qu'elle est de Xennius. Ce serait
le déshonorer que de lui attribuer certaines
prophéties qui portent le nom de Gildas. Le
poème intitulé : Querulus, que quelques-uns
lui donnent * ne peut être de lui, puisqu'il
fut adressé h Ilutilius Nnmantius, vers
l'an 4l(t, Innstemps avant la naissance de
saint Gildas. Ce poome se trouve A la fin des
Ciimi'dies do Pl.uilo.
"). Il faut tlire ici un mot de saint Fridolin
que Dempster et quelques autres mettent au
rauf,' (les écrivains ecclésiastiques : il était
Irlandais d'origine. Ayant pass('! la mor il
vint s'établir ù Poitiers, où il rétablit le mo-
nastère de Saint-IIilaire, dont il fut ensuite
abbé. De Poitiers ° il passa dans le royaume
d'Austrasie où il bâtit divers monastères : le
dernier fut dans une ile du Rhin proche la
ville d'Augslz, appelé Sechinghen , qui est
aujourd'hui un Chapitre de chanoinesse. On
uicl sa mort sur la tin du sixième siècle. Les
écrits qu'on lui attribue sont un livred'A'.i/i'o;--
tations ; un autre d'A vis aux moines ; un d'Ins-
truction aux peuples d'Augstz, et un qua-
trième rfcs /Ic^cs de suint Ililaire : msiis on
n'apporte " aucune preuve que ces ouvrages
soient de lui. Il n'est parlé de Fridolin dans
aucun des anciens qui ont travaillé sur les
auteurs ecclésiastiques. On sait seulement
par le témoignage de Gogon, l'un des mi-
nistres du roi Sigebert en 363, qu'il était
savant et que son savoir était' connu dans les
palais des princes, où il y en avait apparem-
ment quelques monuments.
^<i>Rt. Illluiro
1 l'nlllor?.
CHAPITRE XXXI.
Januarin moine de Saint-Anrélien d'Arles [après l'an 553] , saint Prétextât
évêquc de Ronen [586], saint Véran évêqne de Cavaillon [après l'an
589], Antmonde évêqne de Tonl [à la fin dn VF siècle].
[Écrivains latins.]
1. Tout ce que l'on sait de Januarin, c'est
qu'il avait été disciple de saint Florentin,
premier abbé du monastère que saint Auré-
lien fonda à Arles par les libéralités du roi
Childebert. Il semble qu'après la mort de
saint Florentin, qui arriva en 333, Januarin
eut quelque part au gouvernement de ce
monastère, puisque dans les diptyques qui
se trouvent ensuite du titi-e de fondation
dans le Code des règles, il est nommé entre
les pères ' et les instituteurs de cette mai-
son. Le corps de saint Florentin ayant été
1 Cave, Histor. lilt., pag. 350.
2 Ibid. — 3 Ibid.
'• Labbe, tom. VIII Bibl. Pa(r., pag. 707.
5 Mabil., lib. Vlll Annal., pag. 221.
XL
« Boll. ad diem 6 mart., pag. 439.
'' De ctijvs Fridnlini doctrina regum sunt or-
nata palatia. Duchesne, tom. I, pag. 844.
» Cod. regul., pag. 69.
21
322
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
transféré, en 388, de l'Église de Sainte-Croix
dans celle de Saint-Pierre, par les soins de
l'abbé Constantin, Januarin flt à cette occa-
sion réi)itap]ie de ce saint qiiu Ton voit en-
core sur son tombeau. Elle est composée de
trente-sept vers acrostiches, dont les lettres
initiales forment ces mots : Florentinus abbas
hic in puce ijuiescit. Amen. Januarin ne s'est
point oublié dans cette épilaphe : il s'y re-
commande aux prières du saint, de même
que le SLidplcur qui l'avait gravée et qui
avait orné le tombeau, et deux moines du
même monastère. Bénigne et Hilarin. Baro-
nius a rais cette épitaplie dans ses Annules;
Saxi, dans l'Histoire des évêques d'Arles; cl le
Père Le Cointe, dans les Annales de France,
sur l'an 53 J.
u.(!î,'"*.rci.t 2. On ne peut mettre plus tard qu'en 534
n»°cn: ul l'épiscopat de saint Prétextât, puisqu'en
*"'"■ cette année il souscrivit au troisième con-
cile de Paris, le second des métropolitains.
Sa bonté, ou si l'on veut sa simplicité, l'enga-
gea dans une affaire dont il eut tout le temps
de se repentir. Il avait de la tendresse pour
Mérovée qu'il avait autrefois tenu sur les
fonts de baptême; gagné, d'ailleurs, par des
sollicitations de Bruueliaut, veuve de Sige-
bert, roi d'Austrasie, il les maria en face de
l'Eglise, quoique Mérovée fût neveu de cette
princesse par son mari. Ce mariage était vi-
siblement contre les canons. Mais ce ne fut
pas la seule faute que l'on reprocha à Pré-
textât ; on l'accusa encore d'avoir marié
Mérovée contre la volonté du roi Chilpéric,
son père. Cité devant un concile de qua-
rante-cinq évêques, qui tenaient leur assem-
blée dans l'église de Saint-Pierre à Paris,
aujourd'hui Sainte -Geneviève, il s'accusa
coupable, suivant en cela l'avis des évêques
de cour; se jeta aux pieds du roi, et dit qu'il
mettait toute son espérance en sa miséri-
corde. Chilpéric ordonna aux évêques de le
déposer de l'épiscopat : tous souscrivirent à
cette sentence. Prétextât fut mis en prison,
et de là envoyé en exil à une de ces iles
que l'on appelle Jersey et Guernesey, près de
Coutance en basse Normandie. Ce fut là
qu'il composa certaines formules de prières.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dont saint Grégoirede Tours dit ' que le style
est assez tolérable et convenable eu plu-
sieurs endroits à ce genre d'écrire. Il y a
aiipaience que Prétextai avait travaillé sur
la liturgie : nous n'avons plus ces prières. On
sait seulement que, rappelé de son exil après
la mort de Chilpéric, il assista en 383 au se-
cond concile de Mâcon, qu'il lit lui-même la
lecture de ces formules en présence des évê-
ques ; que quelques-uns les approuvèrent, et
que d'autres, ce semble, on plus grand nom-
bre, ne les trouvèrent pas de leur goût ,
parce qu'il n'y avait pas suivi les règles. Il
fut assassiné, en 386, dans le chu-ur de son
Église un dimanche au milieu de l'office. La
reine Frédégonde fut soupçonnée de ce
meurtre, parce qu'on ne doutait pas qu'elle
n'eût été le premier mobih^ de la condamna-
tion de Prétextât sur qui elle avait déchargé
une partie de la haine qu'elle portait à Bru-
nehaut dont cet évèque était ami. L'Eglise
l'honore comme martyr au 24 février.
3. Parmi les évêques qui assistèrent avec 4^" J,"^;
lui au second concile de Màcon, en 383, on jjjljj" = >"
compte saint Vérau, évoque de Cavaillon ;
il était né vers l'an 328. En 387 il leva * des
fonts de baptême le lils de Cliildebcrt II ;
deux ans après le roi Gontran'Ie nomma
avec deux autres évêques pour informer de
l'auteur du meurtre de saint Prétextât. La
môme année, c'est-à-dire en 589, il fit ' ré-
ponse avec neuf autres évêques à ceux du
premier concile de Poitiers, au sujet des
troubles arrivés dans le monastère de Sainte-
Croix en la même ville, approuvant tout ce
qui avait éti- fait dans cette assemblée. Nous
avons letlc réponse, dont nous aurons lieu
de parler ailleurs. Nous avons aussi sous le
nom de saint Véran un petit écrit sur la con-
tinence des prêli-es', ou plutôt l'avis qu'il
ouvrit sur ce sujet dans (juelques conciles ;
il porte qu'il y a de l'indécence que le même
clerc fasse les fonctions de mari et de prê-
tre, et qu'il passe du lit conjugal à l'autel,
où il doit offrir, non-seulement pour ses pé-
cliés, mais aussi pour ceux du peuple. « Si
le prêtre Sadoch, dit-il, refusa * de donner à
IJavid et à ceux de sa suite les pains de pro-
' Prœlexlalus nrationes i/uus in exilio positiis
scalpsil, coram episcoiiU recilavit. Quœ ijuilms-
dam placuerant, a quilntsdam vero quia nitem
minime secutus fueral. reprcltendebanlur. Stylus
lamen per loca ecclesiasUcus et ralionabilis eral.
Ciregur. Turoii., lili. VIII, vint. .\x.
* Ideiu, lib. IX, cap. iv.
' Ihid., lib. VIII, cap. XXXI.
' Ibid., lib. IX, cap. XLI.
" (Jn le trouve au lome LXXII ib' la Palrologie
latine, col. TOI. (L'i'dileur.)
« Si sdccrdos Sadoch non pnu.<t panr.i proposi-
lionis iradidit quam se et pueras suos David jam
lerlio die mundos esse a mulieribus fateretur ,
; VI" SIÈCLE.] CHAIMTIIK XXXII. — SAINT
position jusqu'A ce qu'ils l'eussent iissurd
qu'ils avaient i^arili! la conlincnce depuis
trois jours, quel est le piètre qui osera,
après les souillures des passions, consacrer
la chair sans tache de l'Aftiicau qui est of-
ferte pour le salul du monde?» Saint Vérau
propose aux évèiiues de prendre dans les
monastères de leurs diocèses des moines de
vertu et de probité pour remplir les fonc-
tions de clercs, disant qu'il était plus utile ;\
l'Eglise d'avoir un petit nombre de bons mi-
nistres, que d'en avoir beaucoup de mau-
vais, et dont la conduite déshonorait le mi-
nistère ecclésiastique.
4. Aulmonde, treizième évêque de Toul,
composa sur la fm du vi» siècle quelques
écrits et des répons en l'honneur de saint
Èvre, l'un de ses prédécesseurs, pour trans-
AIINAIUE, liTIENNE, ETC. 32:{
mcllre A la postérili' la mémoire de ses ac-
tions, et rendre [)lus solennel l'olUce que Ton
faisait dans l'higlisc érigée sous son nom
dans un des faubourgs de la ville. Dom Ma-
billou entend par ces écrits, la Vie de saint
Kvro. Il fait les rpuian|uos suivantes : 1" il est
dit dans cette \ ic que ce saint évèque, étant
à ChiVlons-sur-Saônc , trouva trois prison-
niers dans les fers; 2° qu'Adrien, h qui il
en tlemanda l'élaugissement, le lui ayant re-
fusé, il l'obtint de Dieu par ses prières. Se-
lon Mabillon, il y a faute dans l'anonyme qui
a donné les Actes des évêques de Toxtl ; pre-
nant Adrien pour l'empereur de ce nom, il
s'est imaginé faussement que saint Èvre vi-
vait dans les commencements du ii" siècle,
tandis ijne par Adrien il faut entendre le
juge (le Cliàlons ou le gouverneur.
CIIAPITHK XXXn.
Saint Aunaire évêqne d'Auxerre [586 1, Etienne prêtre d'Auxerre, Sédatns
évêque de Béziers, saint Yrieix abbé d'Atane [591 1,
Contran roi de France [593].
[ÉcrivalDS latins.]
s.iDt An. I, Saint Aunaire ou Aunacaire assista au
dAuMrr..si couclle dc Paris, en 373, au premier de Mâ-
lellre au prO- i ' l
Bépoo''M°'d'E'- ''O"' ^" ^^^' ^* ^ ^^ autre qui se tint en la
iieiin.. même ville quatre ans après. Il eut part
aussi à la lettre que les évêques qui se trou-
vaient auprès du roi Contran, écrivirent aux
évêques du premier concile de Poitiers. Nous
avons de lui quarante-cinq décrets ' qu'il lit
dans un concile, où il avait appelé sept abbés,
trente-quatre prêtres et trois diacres. Les ac-
tes de ce concile sont datés de la dix-septiè-
me année du règne de Chilpéric, de Jésus-
Christ 578. Aunacaire en fit confirmer les
statuts par le roi Contran. Le même évêque'
régla les processions que l'on devait faire
tous les jours de chaque mois dans les pa-
roisses de son diocèse : la ville d'Auxerre
qui était comptée pour la première, devait
marcher le premier jom- ; Appoigny le se-
cond, et les autres de suite. Il désigna aussi
les églises d'Auxerre où les processions de-
vaient se terminer : « Le premier jour de
janvier à Saint-Cermain , le premier de fé-
vrier à Saint-Amatu ou Amateur, le premier
de mars à Saint-Marien, et ainsi des autres.»
Il régla encore la manière de célébrer les
Vigiles dans l'Église cathédrale de Saint-
Etienne, partageant les clercs et les moines
pour faire ces fonctions tour <^ tour : il y a
des vigiles marquées pour chaque jour, hors
le samedi. Sa vénération particulière pour
saint Amateur et pour saint Cermain, lui fît
naître le dessein de faire écrire leur Vie. Il
s'adressa pour ce sujet à un prêtre nommé
Etienne, qui était venu d'Afrique dans les
Caules, et qui fut reçu depuis dans le clergé
d'Auxerre. Etienne écrivait en prose et en
vers. Aunacaire avait déjà eu, ce semble,
quisimmaculatas Agni carnes ad salutem mundi
prœstitas, post passionwn inqvinainenta vel etiam
auUeal consecrare ? Tom. V Concil., pug. 919.
' Tom. V Concil., pag. 906.
* Iliilor. epiic, Ànlisiodor.
BibUolh,. Labb., pag. 420, 421.
cap. XXIX, tom. I
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
3i4
des preuves de son savoir en l'un et l'autre
genre d'écrire. Voulant donc contenter les
esprits, dont les uns sont portés pour la
prose, les antres pour la poésie, il écrivit '
à Etienne de mettre en prose la Fie de saint
Amateur et on vers celle de saint Germain.
Etienne, quoi(]iie persuadé de son incapaci-
té, répondil^qu'il ferait ce que le saint évèque
demandait de lui, en le priant humblement
de lui pardonner les fautes de langage qui
lui échapperaient, et la rusticité de son style :
c'est sur le témoignage de ces dcu.\ lettres
que les Bollandistes reconnaissent le prêtre
Etienne pour auteur de la Vie de saint Ama-
teur qu'ils nous ont donnée au 1" mai sur
plusiem's manuscrits. Elle est mêlée de quan-
tité de traits qui appartiennent à l'Histoire
de saint Germain, écrite par le prêtre Cons-
tance ; mais Etienne les a mis en son style
qui est très-mauvais, et qui n'a rien du sim-
ple et du naturel que l'on doit toujours em-
ployer dans ce genre d'écrire. On ne sait
point s'il écrivit en vers la Vie de saint Ger-
juaiu, comme Aunacaire l'en avait prié : ce
qui donne lieu d'en douter, c'est que' le
moine Eric en composa une dans ce goùt-l;\
vei-s le L\^ siècle, à la prière de Lothaire,
abbé de Saint-Germain d'Auxerre. On trou-
ve dans le cinquième tome ' des Conciles deux
lettres du pape Félage à Aunaire : car c'est
ainsi qu'il l'appelle. La première est datée
du o octobre de la septième année de Ti-
bère, à compter depuis l'an 574, qu'il fut
déclaré César, ce qui revient à l'an 580. Le
Pape loue Aunaire du désir qu'il avait eu de
faire le voyage de Rome, s'il n'en eût été
empêché par les mouvements des troupes
ennemies, c'est-à-dire des Lombards qui
étaient entrés en Italie. Il lui reproche dou-
cement de ne s'être pas assez intéressé au-
près des rois de France pour les engager à
prêter du secours à l'Église de Rome, dans
un temps où elle avait tout à craindre de la
part de ces barbares, et il l'exhorte à les
empêcher du moins, autant qu'il serait eu
lui. de faire une alliance avec eux. Il ajoute
qu'il lui envoyait les reliques qu'il avait de-
mandées conjointement avec le roi Cliildc-
bert II. Cette lettre dc Pelage était une ré-
ponse à la lettre qu'il avait ' reçue d'Aunaire,
et qui n'est pas venue jusqu'à nous. Cet évo-
que en écrivit ' une seconde qui est encore
perdue : il donnait avis an Pape du progrès
que la religion catholique faisait dans les
Gaules, où l'on bâtissait grand nombre de
nouvelles églises. Pelage lui dit dans'' sa ré-
ponse, que puisque lui et les autres évêques
des Gaules avaient une même foi avec l'É-
glise de Rome, ils devaient aussi s'intéresser
par leurs prières à lui procurer la paix et
la tranquillité. Cette lettre est du 1" novem-
bre, la cinquième année de l'empire de Mau-
rice, indiclion ciiuiuièmc, c'est-à-diie de l'an
58G. [Ces dilitirentes pièces se trouvent avec
une notice tirée de la Gallia cliristiatia, au
tome LXXn de la Patrolotjie latine, col. 759].
2. Le nom de Sédatus, évèque de Béziers,
se lit parmi les souscriptions des évêques du
concile tenu à Tolède, eu 589, et parmi cel-
les du concile de Narbonne, assemblé le 1"
novembre de la même année. On lui attribue
une homélie sur l'Kpiphanie, imprimée dans
le onzième tome ' de la Bihlidth'pque des Pères
[et dans le tome LXXII de la Patrologie latine,
col. 7G!tetsuiv.]. Elle est d'un style simple et
net, tel qu'il convient à des homélies. Sédatus
explique dans un sens spirituel les trois mys-
tères que l'on célébrait en ce jour: l'adoration
des mages, le baptême de Jésus-Christ et le
changement de l'eau en vin aux noces de Ca-
na. Il explique le retour des mages par un au-
tre chemin, de la conduite dift"érente que nous
devons garder, lorsque nous nous conver-
tissons à Dieu. L'orgueil nous a fait tomber,
il faut nous relever par l'humilité, qui seule
peut nous faire rentrer dans le paradis, d'où
le péché de vanité nous avait exclus. Le
cent trentième sermon dans VAppendice de
saint Augustin porte le nom de Sédatus, mais
il n'est pas du même style que le précédent.
Ce n'est qu'un composé de plusieurs frag-
ments de divers sermons ; il fut prêché le 1"
janvier. Le cent vingt-neuvième dans le mô-
me Appendice est encore sur les calendes de
janvier, et du même auteur. [Les écrits de
Sédatus qui nous restent sont dans le tome
LXXII de la Patrologie latine, col. 769 et suiv.
et daus le tome V, part. 2% col. UX)1-1003.]
3. Ce fut saint Nicel', évèque de Trêves,
qui forma saint Yricix dans la science des
saints et dans l'intelligence des livres sacrés.
Après l'avoir suffisamment instruit, il l'ad-
SMili»,
évCque de bé-
liers ; »t-5
«chu.
Siio( Yrirli
• 'Ud'AUu:
ta» écriu.
' Aunar. Epistola apud Bolland., toin. I .Mail,
pag. 50.
• .Sli;i)li. Epist., ibid.
» llulteau, toui. Il Uist. occid., iwg. 587, 588.
» Toiii. V Concil., pag. 934. — » Ibid. — « Toni.
V Concil., fm(j. 9:U.— ' Ibid.
» T.iiii. XI JHbl. Pat., piig. nt!)8.
» Greg. Turon., Yila Pat., cap. xvii.
[VI" SIÈCLE.! CHAPITRE XXXll. — SAINT
mil diins le clergé et l'ordoima prêtre. Jo-
coude son père tMant mort, il s'en retourna
à Limoges, lieu de sa naissance, pour con-
soler IV'lagie, sa mère. Au bout de (incique
temps, il embrassa le paiti do la rclrailc, et
bûlit le monastère d'Atane , connu depuis
sous le nom de Saint-Yrieix. On marque •
qu'une de ses principales occupations était
de li-auscrire des livres, dont il faisait [iré-
sent aux paroisses voisines de son monas-
tère. 11 mourut dans le mois de juillet de l'an
391, âgé de plus de quatre-vingts ans. Plu-
sieurs années avant sa mort, il écrivit son
testament de sa propre main : il est datij de
la veille des calendes de novembre, la onziè-
me année du règne de Sigebert h qui Li-
moges appartenait , c'est-à-dire du 31 octo-
bre 572. Le saint déclare dès le commence-
ment, que ce testament lui est commun avec
Pélagie sa mère, saine, comme lui, d'esprit
et de jugement, et maîtres de leurs biens ;
que la crainte d'une mort imprévue les a
portés l'un et l'autre à disposer de leurs pos-
sessions, et qu'ils ont fait signer ce testa-
ment par un nombre compétent de témoins.
Après quoi il ajoute, que si à l'avenir quel-
qu'un entrepi'enait d'y donner atteinte, soit
en vertu de quelques nouvelles lois, soit à
cause de quelque loi ancienne qui lui aurait
été inconnue, soit pour quelque :iutro i.iisun,
il entend qu'il vaille du moins comme un co-
dicille. Puis, s'adressant à saint Martin, il
l'institue son héritier universel, en donnant
toutefois des biens considérables h son mo-
nastère d'Atane, mais ;\ la charge d'être sou-
mis à la basilique de Saint-Martin de Tours.
Comme il avait témoigné - choisir sa sépul-
ture dans l'oratoire de Saint-Hilaire, il con-
jure le prévôt de Saint-Martin et les moines
d'Atane ' par le corps et le sang de Jésus-
Christ, de faire célébrer à perpétuité et en
tout temps, le jeudi, les Matines dans ledit
oratoire et ensuite la messe en l'honneur de
ces deux saints. Il entre dans le détail de
tous les vases d'or et d'argent, des voiles,
nappes et autres ornements qu'il lègue, mar-
quant le prix de chacun; et donne la liberté
à un grand nombre d'esclaves des deux sexes
mariés et non mariés, disant anathème à
AUNAIIIE, ETIENNE, ETC. 323
quiconque s'opposera ;'i l'exécution de ses
volontés el de celles de IN'lagie sa mère,
qui souscrivit aussi ;\ ce testament. Les té-
moins, qui y souscrivirent, sont Alstidius ,
Calpurnius, Léon, Nectaire; el Aideltiiis ; on
le trouve* dans les Anaicctcs de dom Mabil-
lon, à la suite de la Vie de saint Yrieix écrite
par saint Grégoire de Tours el ailleurs. Ce
saint fait ''mention d'un second testament que
saint Yrieix fit qiiclqni's jours avant sa mort,
par lequel il établissait saint Martin et saint
ililaire pour ses héritiers ; nous ne l'avons
pas : ce n'était apparemment qu'une confir-
mation du premier. Saiut Grégoire de, Tours "
écrivit la Vie de saiut Nicet en partie sur ce
qu'il en avait appris de la bouche de saint
Yi'ieix qui avait été son disciple. Ce fut en-
core sur son témoignage ' qu'il rapi)orle plu-
sieurs miracles de saint Julien, martyr, et de
saint Martin. [La Vie et le Testament de saint
Yrieix se trouvent parmi les nnivres de saint
Grégoire de Tours, au tome LXXI de la Pa-
trologie latine, col. 773 et suiv.]
4. Le second concile de Màcon en 585, (lomran roi
avait recommandé l'observation du diman- iç f. Tom.' v
che qui était fort négligée ; il avait défendu ™i-
de plaider ce jour-là, sous peine de perdre sa
cause, et de se mettre en nécessité d'atteler
des bœufs, sous peine aux pajsans et aux
esclaves de coups de bâton. L'intention de
ce concile était que l'on passât ce saint jour
dans le chant des hymnes et des louanges de
Dieu ; que chacun se rendît à l'église la plus
proche de sa maison pour y prier avec lar-
mes, et tendre ses mains vers le ciel pour
en recevoir du secours; enfin que conformé-
ment à ce qui en est dit dans la loi et dans
les Prophètes, ce jour dans lequel nous
avons été délivrés de l'esclavage du péché,
fût pour nous un jour de repos et de sancti-
fication. Le roi Gontran, dans le royaume
ducpiel ce concile avait été assemblé, en
confirma les canons par une ordonnance
datée du 10 novembre, la vingt-quatrième
année de son règne, c'est-à-dire en 583. Il
s'arrête piincipalement à ce qui regarde la
sanctification du dimanche et les autres so-
lennités de l'année, voulant que les évéques
et les juges de son royaume, à qui son or-
• Mabil., lib. ■VIII Annal., pag. 223.
' Grcg. Turon. in Yita Aredii, eap. xsxiv.
' Adjuramxi^ prœposilum sancti Martini el mo-
nachos Alanenses per corpus et saiiguineiii Do-
mini nostri Jesu Christi, ut in oratorio sancti
Uilarii quinta feria omni tempore malurius Ma-
tiitiu.i et missa sanctorum domnorum a mona-
chis ibidem revocelur. Greg. Turou., pag. 13 li.
5 Mabil. Analect., pag. 208.
' Greg. Turon., lib. X, cap. SXIX.
" lil. De Vitis Pal., cap. xvii.
" lil. De sanclo Jul., cap. xl.
326
HISTOmE GÉNKOALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Grep.Tiiron.|
lib. IX, up.
Tom. V Con-
ni., p«g. 553,
et hrtg. Tu-
roo..nl'.VIll
ca]>. xxA.
donnance est adressée, veillassent soigneu-
sement <'i ce qu'elle fût observée dans tous
ses points. Il dit aux évêques qu'ils ne se-
ront point exempts de péché, s'ils négligent
de corriger et de reprendre les prévarica-
teurs, comme lui-même ne se croyait pas à
couvert de la colère de Dieu, de qui il avait
reçu le royaume , s'il manquait de sollici-
tude envers ses sujets. Il représente aux ju-
ges séculiers la nécessité que leur imposent
leurs charges de suivre exactement les rè-
gles de la justice et de l'équité, dont la prin-
cipale est de contenir les peuples dans leurs
devoirs à l'égard de Dieu, u C'est pour cela,
ajoute ce prince, que nous ordonnons de
célébrer les jours du dimanche, auxquels
nous honorons le mystère de la résurrec-
tion, et toutes les autres solennités où tout
fe peuple s'assemble dans l'église selon la
coutume. Nous voidons qu'en ces saints jours
tous s'abstiennent de tout travail corporel,
hors d'apprêter à manger. dD défend même
la plaidoirie, et veut que les prévaricateurs,
s'ils sont du nombre des clercs, soient punis
suivant les canons; et que s'ils sont laïques,
on les punisse selon la rigueur des lois civi-
les. Le droit d'asile avait aussi été confirmé
par le huitième canon du concile dent nous
venons de parler : Contran fut le premier à
l'observer religieusement. Célébrant à Châ-
lons-sur-Saone, la fête de saint Marcel, lors-
qu'il s'approchait de l'autel pour commu-
nier, un homme s'avauça, comme pour lui
parler ; mais dans l'empressement où il était
de faire son coup, un couteau lui tomba des
mains. 11 fut arrêté aussitôt , et on trouva
qu'il en tenait encore un autre. Conduit hors
de l'église et mis à la torture, il confessa
qu'il avait été envoyé pour tuer le roi, et
que l'on avait choisi l'église pour cet atten-
tat, parce qu'il n'y était pas gardé comme
ailleurs. Il déclara les complices, qui furent
punis de mort; mais le roi lui donna la vie,
parce qu'il avait été pris dans l'église. A la
suite de V Ordonnance de Contran, on a mis
dans le cinquième tome des Conciles un long
passage de saint Grégoire de Tours, qui
contient une partie du discours de ce prince
aux généraux de son armée, à cette occa-
sion." Il s'était chargé de la guerre contre
les Espagnols, et il avait fait entrer sou ar-
mée dans le Languedoc, se promettant d'en-
lever toutes ces provinces aux Coths; mais
cette guerre ne lui fut pas avantageuse. Ses
troupes contraintes de se retirer, firent de
grandes pertes ; et étant rentrées sur les
terres de France, elles y continuèrent le pil-
lage, comme elles avaient fait dans le pays
ennemi. Ce n'était partout que meurtres,
que brigandaires, qu'incendies ; les églises
mêmes ne furent point épargnées. Contran,
indigné du mauvais succès de l'entreprise,
et de la licence des soldats, résolut d'inten-
ter le procès aux généra ;ix mêmes, qui se
réfugièrent à Autun, dans l'église de Saint-
Symphorien. Le roi y vint le 22 août 583,
qui était le jour de la fête de ce saint, et
nomma quatre évêques avec quelques sei-
gneurs de sa cour, pour faire rendre compte
aux généraux de leur conduite. Ils sortirent
de leur asyle sur la parole qu'on leiu- donna
qu'ils auraient la liberté de se justifier. Le
roi leur fil de grands reproches sur les dé-
sordres qu'ils avaient commis , principale-
ment sur les incendies et le pillage des égli-
ses, sur la manière indigue dont on avait
ti'aité les reliques des saints martyrs pour
emporter l'or, l'argent, et les pierres pré-
cieuses de leurs châsses ; sur les mauvais
traitements qu'on avait faits aux prêtres et
aux ecclésiastiques ; puis il ajouta : « Faut-U
s'étonner si nos guerres ont des succès mal-
heureux, elles sont plus contre Dieu que con-
tre les ennemis de l'État. Nous brûlons les
églises que nos ancêtres ont bâties, nous
trempons nos mains dans le sang des minis-
tres de l'autel, pour lesquels ils avaient tant
de respect et de vénération. Je suis respon-
sable à Dieu de tous ces désordres, et pour
en détourner le châtiment, je n'épargne-
rai pas les vôtres. » Celui des généraux qui
était chargé de répondre pour tous les au-
tres, montra qu'il n'y avait point de leur
faute dans tous ces excès ; que depuis long-
temps il n'y avait aucune discipline dans les
armées ; que le soldat était eu possession de
mépriser les ordres des ducs et des comtes;
et que s'il arrivait ;'i quelqu'un d'entr'eux
de vouloir empêcher le pillage, il n'était
point en sûreté de sa vie ; que si l'on entre-
prenait de faire quelque exemple de sévé-
rité, aussitôt il s'élevait une sédition dans le
camp ; qn'culin la trop grande bonté du roi
empêchait que les généraux ne fussent maî-
tres de leurs troupes à cet égard. Toute la
colère du prince aboutit à déclarer qu'à l'a-
venir on punirait de nioil tous ceux qui con-
treviendraient aux ordonnances qu'il avait
faites pour la discipline des troupes. Suit ^^
dans le même tome des Conciles, le traité de «"••
u. VCo- ■
(*(. î'.J
Gold^sl.loiiii
1 CiQ!>l. tni*
|«r. f.f. IJ,
tom. Ill, (t^'t
603, 61^.
[Vl* SIÈCLE.]
paix entre Gonti'jui et Gliilil(^berl : il l'ut pro-
jette dans la ville d'Audlau, en Alsace, au-
trefois ville iinpôriiilo, et conclu an mois de
novembre de l'an 387, en pn'senro dtî plu-
sieurs ëvèques et des grands du parti des
deux rois. Le but de ce traité fut d'assurer
la succession de Contran .'i Childebert, et
d'ôlcr tous les sujets de brouilleric que la
mort précipitée do Gliilpéric avait causée.
Les deux rois jurèrent à. la fin de ce traité,
par le nom du Dieu tout-puissant, par l'in-
séparable Trinité, et par le terrible jour du
jugement, d'en observer tous les articles qui
peuvent se réduire à dix ou onze. On attri-
bue au roi Gontran quelques autres lois,
mais ce ne sont que des canons des deux
conciles de Màcon , ou des fragments de
quelques discours de ce prince rapportés par
saint Grégoire de Tours. Contran était fils
de Glotaire I" et d'Ingondc. A la mort de
son père, arrivée en 361, il en partagea les
États avec ses trois frères, Charibert, Sige-
CJIAIMTRK XXXIll. — PI^-LACK I, PAPE
327
FrMo-,-.,ln
Clirnn r«(i.n
Almun,llli,]il
cnp. LUX,
bert et Gliilpéric 1", Il mourut le 28 de mars
de l'an .393, et fut enterré dans l'église de
Saint-Marcel, ;\ Gliftlons, oi'i il avait fondé un
monastère , et établi la psalmodii; perpé-
tuelle, comme saint Sigismond avait fait
dans le monastère d'Agaune. Quelques an- Tnm. vcir
nées avant sa mort, il avait fait assembler '" ' '"^' "°
un concile de dix-sept évéques à Valence, à
qui il demanda la confirmation des dona-
tions faites ou k faire aux Lieux-Saints, soit
par lui, soit par Clodeborge et Clodchilde
ses filles, consacrées à Dieu, Le concile lui
accorda ses demandes, nommément à l'égard
des donations faites aux églises de Saint-
Marcel, de Ghûlons, et de Saint-Symphorien
d'Autun ; il défendit sous peine d'anathème
aux évoques des lieux, et aux rois, de rien
ôter ou de diminuer de. ces biens à l'avenir.
Saint Grégoire de Tours attribue à ce prince
des miracles, même de son vivant, et l'Eglise
l'a mis au nombre des saints.
CHAPITRE XXXIII,
Pelage r, pape [559],
Pilaga, dli,
ère de l'Egli-
se Ttiniaino ,
liao|)iet'nS:l6*
IfMi'ne,
1. Pelage, romain de naissance ', fils de
Jean, qui avait été vicaire du préfet du Pré-
toire, fut un des clercs de l'Eglise de Rome
que le pape Agapet mena avec lui à Gons-
tantinople, en 536, Gomme il se disposait à
retourner en Italie vers le mois d'avril de la
même année, il le déclara * son apocrisiaire
auprès de l'empereur Justinien. Pelage as-
sista au concile que Mennas, patriarche de
Constantinople, tint en cette ville le 2 mai
suivant. Il favorisa autant qu'il dépendit de
lui l'élection de Vigile, que l'impératrice
Tliéodora fit mettre sur le Saint-Siège après
la mort d'Agapet, arrivée le 22 avril précé-
dent; et sachant que l'Empereur avait donné
ses ordres pour le renvoi du pape Silvérius
à Rome, il courut eu diligence pour empê-
cher que ces ordres ne fussent exécutés.
2. Vers l'an 340, ce prince l'envoya ;\ An-
'"5 tioche, avec commission d'aller à Gaza pour
ôter le pallium à Paul d'Alexandrie et le dé-
poser. Il avait avec lui Éphrem d'Antioche,
Pierre évoque de Jérusalem, |et Hypace d'É-
plièse. Paul fut déposé, et Zo'ile mis à sa
place. Pelage passa d'Antioche à Jérusalem,
d'où il vint à Gaza. Après son retour à Gons-
tantinople, quelques moines de Palestine,
qu'il avait vus en passant, lui apportèrent
des extraits des livres d'Origène, le priant
de leur aider à en poursuivre la condamna-
tion auprès de l'Empereur. Pelage n'eut
point de peine de se prêter à leurs désirs,
parce qu'il était opposé à Théodore, évêque
de Césarée en Gappadoce , qu'il savait être
origéniste, mais qui avait beaucoup de cré-
dit à la cour, S'élant donc joint ' au patriar-
che Mennas, ils poursuivirent ensemble la
condiujination d'Origène, qu'ils obtinrent
d'autant plus aisément, que Justinien * ai-
mait à décider sur la religion.
3, En 543, Pelage retourua à Rome, après
un assez long séjour à Gonstautinople, où il
s'était acquis ' une grande faveur auprès de
l'empereur Justinien, L'année suivante 346,
relourDu
^me ot Hé-
Tollla.
' Tom. V Concil., pag. 787.
- Libérai, in Breviar., cap. xxu.
3 Liljer. ibid., cap, xxin, — * IbUl.
^ Procop, lib, 111 De Bello Golh., cap. xvi.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Il écrit cur
Irs Troj^CU-
JiilfC--.
II «ffompa-
Vi^ilfl k ' ans*
lanllnoplo en
uU. Il est é^u
pajin fn 55S.
Sa mort en
533.
328
Tolila qui avait pris Rome par intelligence
le 17 décembre, étant venu faire ses prières
clans l'Église de Saint-Pieirc, Pelage s'avan-
ça vers lui, tenant l'Évangile entre ses mains,
et lui dit : Seigneur, épargnez les vôtres. »
Tolila lui répondit, en lui insultant : » Vous
venez ' donc à présent en posture de sup-
pliant? — C'est, répartit Pelage, parce que
Dieu m'a soumis à vous ; mais, Seigneur, épar-
gnez vos sujets. » Le roi se rendit à ses priè-
res, défendit aux Goths de tuer pei-sonne, et
d'insulter aux femmes ; mais il leur permit
le pillage.
4. Cependant Théodore de Cësarëe se pré-
valut de l'absence de Pelage pour se venger
de la cond^mnalion d'Origèue, par celle des
I Trois-Chapitres. L'édit qu'il avait obtenu de
Justinien sur ce sujet étant passé jusqu'à
Rome, Pelage et un autre diacre de cette
église, nommé Analolius, ' écrivirent à Fer-
rand, diacre de Carthage, de délibérer sérieu-
sement sur cette affaire avec son évêque, et
les autres évêques. d'Afrique les plus zélés
et les mieux instruits ; et de lui faire savoir
ce qu'ils auraient résolu en commun. Pelage
et Anatolius ne dissimulaient pas dans leur
lettre, que la condamnation des Trois-Cha-
pitres n'eût été faite par la suggestion des
acéphales contre le concile de Chakédoine et
contre la lettre de saint Léon à Flavien.
5. Pelage fut du nombre de ceux que le
pape Vigile amena avec lui à Constanlinople
en 347. Il l'accompagna aussi à son retour
en 353 ; mais Vigile mourut à Syracuse en
Sicile le 10 janvier delà même année. Après
trois mois de vacance. Pelage fut élu pour lui
succéder. Soupçonné d'avoir eu part aux
mauvais traitements qu'on avait fait souUrir
à son prédécesseur, et d'être complice ' de
sa mort, il ne se trouva point d'évêques qui
voulussentl'ordonner, sinon Jean, évêciuede
Pérouse, et Bonus de Férenliu avec André,
prêtre d'Oslie. Cette ordination extraordinai-
re, qui se fit le 10 avril 333, lui attira l'aver-
sion du peuple. Il y eut même plusieurs des
plus gens de bien , des plus sages et des plus
nobles (jui se séparèrent de sa communion,
pour le soupçon d'avuir été cause de la mort
de Vigile. Pour s'en purger, Pelage, de l'avis
du patrice Narsès qui commandait pour l'Em-
pereur en Italie, ordonna une procession '
' Procop., lili. m fle Bello Golh., cnp. xx.
• Faciiiiil., lil). IV, cap. ni.
9 Lib. l'onlif., tom. V Concil., pag. 787.— ' ftiid.
' Ou lea trouve avec \iue uotice par Auasla:;e,
solennelle de l'Église de Saint-Pancrace à
celle de Saint-Pierre,où('lantariivé au chant
des Psaumes et des cantiques spirituels, il
monta sur l'ambon, et tenant les saints Évan-
giles et la croixdenotreSeigneur sursa tête,
il jura publiquement qu'il n'était point cou-
pable du ciime dont on l'accusait, et qu'il
n'avait fait aucun mal au pape Vigile : le
peuple parut satisfait. Après quoi Pelage pria
les assistants de concourir avec lui a ban-
nir la simonie des ordinations, depuis le der-
nier degré du ministère ecclésiastique jus-
qu'au premier, afin que l'on ne promût à l'a-
venir que des personnes de probité connue
et instruites dans l'ouvrage de Dieu. Il donna
en même temps l'intendance des biens de
l'Église a Valcnliii, sou nutaiie, homme crai-
gnant Dieu, qui lit restituer à toutes les églises
les vases d'or et d'argent et les voiles qu'on
leur avait enlevés. Il avait commencé à bâ-
tir l'Église des apôtres saint Phili|)pe et saint
Jacques lorsqu'il mourut le 2 mars 339, après
trois ans et dix mois de pontificat.
6. Nous avons seize lettres ' sous son nom,
dont la première, qui est adressée au pape
Vigile, est datée du consulat de Jean et de
Narscs : date qui en fait seule voir la suppo-
sition, puisque c'était l'usage alors de dater
d'après le consulat de Basile, qui tombe à
l'an 341. Ce pape ne date pas autrement les
lettres qui sont certainement de lui. Depuis
Basile, on ne trouve plus de consulats suivis.
C'est pourquoi la manière de compter chez
les Romains par les consulats, établie depuis
le commencement de leur république, cessa
en cette année, et on compta dans la suite
par les années du règne de l'Empereur et
les indictions, en y ajoutant pendant quelque
temps les années qui s'étaient écoulées de-
puis le consulat de Basile. Cassiodorc dans
sa Chronique compte jusqu'à vingt fois, ou
vingt années d'après le consulat de Basile. Il
faut ajouter que la lettre qui est intitulée :
De Pélatje à ^'if/ile, n'est qu'un tissu de pas-
sages do la trenlc-cin([uiènic lettre de saint
Léon, et des traités d'Itace contre Varimade.
Le dessein en est de montrer que le Père et
le Fils ne sont qu'un seul Dieu.
7. La seconde let'rc est au [latrice Narsès,
commandant pour l'Empereur en Italie. Pe-
lage le prie de prêter son secours h deux de
des fmamonts de lettres et les lettres npticrypheg
an Irmie LXIX de la Patrnlogie. ool. 331 et fiiiv.
{i:<'dilrur.)
Sf leltrf>
Tom V CoL-
cil. jmj. IM.
L«llro> su
Ivïirirf» N»r-
s^-. p»p. '91.
[Vl" SIÈCLE.]
SCS lëgnts, Pierre, prôlre, cl Projectiis, no-
taire do l'Église romaine, qu'il envoyait
pour proct^ilcr contre doux évèqiics, Thra-
ciufi et Maximilien, qui troublaient l'ordre
des églises en s'appro|)riant tous leuis n;-
veuus. Il représente i\ Narscs qu'en aidant
de son pouvoir i\ réprimer ces deux évoques,
il ne doit point craindre de tomber dans
quelque faute, puisque; les lois divines et
luimaincs veulent que la puissance sécu-
lière sévisse contre ceux qui troublent ini-
quement la paix de l'Église, et qui ne lui
sont plus unis. Il souhaite qu'ils soient punis
sur les lieux, ou qu'ils soient envoyés à
Rome pour y recevoir la peine due à leurs
fij. 75!. excès. C'est encore à Narsèsquela troisième
lettre est adressée. Pelage lui dit qu'il ne
doit point s'arrêter aux vains discours de
ceux qui accusent l'Église d'exciter une per-
sécution quand elle réprime les crimes et
cherche i\ piocurer le salut des âmes; qu'on
ne persécute que lorsqu'on contraint à mal
fmre ; qu'autrement il faudrait abolir toutes
• • les lois divines et humaines qui ordonnent
de punir les méchants, et de récompenser
les gens de bien ; qu'il est clair par les Écri-
tures canonicpies que le schisme est un mal
qui doit être réprimé, même par la puissance
séculière; et qu'il n'y a aacun doute que
ceux-là ne soient dans le schisme qui se sont
séparés du Siège apostolique, et qui s'effor-
cent d'élever un autel contre l'Eglise univer-
selle. 11 cite les décrets du concile de Chalcé-
doine contre les schisraatiques. et ce qu'en
a dit saint Augustin lui-même dans son Ma-
nuel à Laurent. Ensuite il réitère la prière
qu'il avait déjà faite à Narsès, d'envoyer sous
bonne garde à l'Empereur ceux qui faisaient
de semblables entreprises ; le faisant sou-
venir du zèle qu'il avait fait paraître pour la
religion, lorsque nonobstant les hostilités des
Goths etdes Frfincs dans i'Istrie et la Vénétie,
il n'avait pas souffert que l'on ordonnât un
évêque à Milan jusqu'à ce qu'il en eût écrit
à l'Empereur et reçu ses ordres; et avait
fait conduire à Ravenne l'évêque élu et ce-
lui qui devait l'ordonner, en les faisant pas-
ser l'un et l'autre au milieu des ennemis.
Le Pape lui fait des reproches, mais avec po-
litesse, de ce que pouvant réprimer les évê-
ques de Ligurie, de Vénétie et d'Istrie, il les
CIIAPIXnK XXXIII. — PELAGE I, PAPE
329
laissait se glorifier de leur rusticité au mé-
pris du Siège apostolique : « S'ils avaient,
ajoute-l-il, quelque dilliculté sur le juge-
ment du concile universel qui s'est tenu à
C"nst;intiuo|)le au sujet des 'frois-C/iojtitres,
ils devaicnl suivant l'usage envoyer au Siège
apostolique quelques-uns d'entr'eux capa-
bles de proposer leurs raisons, et d'entendre
les nôtres ; et non pus fermer les yeux pour
déchirer l'Eglise, qui est le corps de Jésus-
Christ. » Comme il savait que la piété du
palrice était accompagnée de timidité, il le
rassure, en lui disant qu'il ne doit pas ap-
préhender d'user de son pouvoir contre les
schismaliques, puisqu'il y a ' mille exem-
ples et mille constitutions qui autorisaient
les puissances publiques à punir les schis-
matiques non-seulement par l'exil, mais en-
core par la confiscation des biens, et par de
dures prisons. Narsès fit ce que le Pape avait p^ .^^
demandé de lui; mais les scliismatiques,
pour se venger de sa conduite à leur égard,
l'excommunièrent. Il eu écrivit au Pape qui
lui témoigne dans sa réponse , qui est la
quatrième lettre, combien il est sensible à
l'injure qu'on lui a faite. Il lui fait envisager
cet affront, comme un etlèt de la Providence
pour le préserver du schisme de ces évêques.
En même temps il l'exhorte à punir cet at-
tentat, et à envoyer les coupables à l'Empe-
reur, nommément Euphrasius, l'un des évê-
qiies scliismatiques , qui avait commis un
homicide et un adultère ; et Paulin , évêque
d'Aquilée, qu'il traita d'usurpateur, et qu'il
dit devoir être privé du nom et du rang d'é-
vêque à cause de sou schisme ; c'était l'évê- „,_
que de Milan qui avait ordonné Paulin. Com-
me cette ordination était contraire aux ca-
nons. Pelage presse Narsès dans sa cinquiè-
me lettre de les envoyer tous deux sous
bonne garde à l'Empereui-; parce que celui-
ci ne pouvait être évêque, ayant été ordonné
contre l'ancienne coutume ; et que celui-là
devait être puni pour avoir fait une ordina-
tion contre les rèt-des. Pélasre s'explique „
plus clairement dans une autre lettre où il '"•
dit que l'évêque de Milan n'avait pu ordon-
ner Paulin, à cause qu'il était lui-môme
schismatique ; et que d'aillems pour l'or-
donner légitimement il aurait fallu qu'il l'or-
donnât dans sa propre Eglise, c'est-à-dire.
' Mille alla exempta et constituliones sunt qui-
bus eoidenter agnoscitur, ut facienles scissiiras
in sancla Ecclesia, non solum exUiis sed etiam
proscriplione reruni et dura custodia per piibli-
cas polesUUes debeanl coerceri. Epist. 3, pag. 793.
330
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Lettre aux
é»ê^tic* de
ToïUDe, p3^.
791.
dans celle d'Aqiiilée : parce qu'encore que
l'ëvèque de Milan et celui d'Aquiléc eussent
dû se faire ordonner par le Pape, néan-
moins à cause de la longueur du chemin,
l'ancien usage était qu'ils s'ordonnassent
mutuellement, mais à condition que le con-
sécrateur viendrait dans la ville du consa-
cré, soit afin qu'il fut plus assuré du con-
sentement de l'Eglise vacante , soit pour
montrer que l'évêque qu'il consacrait ne lui
serait point soumis. Pelage dit dans sa lettre
à Narsùs qu'il n'a jamais ' été permis et
qu'il ne le sera jamais, d'assembler un con-
cile particulier pour examiner un concile
général, mais que si l'on a quelque difficulté
sur ce sifjet , l'on doit consulter le Siège
apostolique pour lever les doutes que l'on
pourrait avoir sur ce qui a été décidé dans
le concile général.
8. Les évèques de Toscane , Gaudèce,
Maximilien, Géronce, Juste, Térencien, Vi-
tal et Laurent avaient écrit au pape Pelage
par Jourdan, défenseur de l'Église romaine,
dans le dessein de lui faire approuver le
schisme qu'ils avaient fait au sujet àes'T7vis-
Cha/iilres. Pelage, étonné d'une semblable
proposition, la rejeta avec d'autant plus de
raison que ces évèques s'étaient même sé-
parés de la communion du Pape, dont ils ne
récitaient plus le nom dans les sacrés dip-
tyques. Il leur fait voir par le témoignage de
saint Augustin que le foudement de l'Eglise
étant posé sur le Siège apostolique, ceux-là
sont nécessairement dans le schisme, qui ne
veulent plus avoir de communion avec l'évê-
que de ce Siège, ou qui n'en reconnaissent
plus l'autorité : « Comment donc, ajoule-t-il,
ne croyez-vous pas être séparés de la com-
munion de tout le monde, si vous ne réci-
tez ' pas mon nom suivant la coutume, dans
les saints mystères, puisque tout indigne que
j'en suis, c'est en moi que subsiste à présent
la fermeté du Siège apostolique par la suc-
cession de l'épiscopat? Mais de peur qu'il ne
vous reste à vous, et aux peuples confiés à
vos soins, quelque soupçon sur notre foi, je
souhaite que vous sachiez que je conserve
celle que le concile de Xicée a confirmée par
son autorité, qui a été établie parla doctrine
des apôtres, et expliquée dans les conciles
de Constantiuople, d'Éphèse et de Chalcé-
doine, sans y avoir rien ajoute ni retranché ;
et que j'anathématise quiconque veut affai-
blir en partie, ou révoquer en doute la foi
de ces conciles, ou le tome du bienheureux
Léon, évèque du Siège apostolique, confirmé
dans le concile de Clialcèdoine. Enseignez
donc avec un esprit de douceur, comme il
convient i des évèques, ceux qui sont dans
l'ignorance, et employez tous les moyens
nécessaires pour les retirer de l'erreur. Si
après vos avis il reste du doute à quelqu'un,
qu'il se hâte de venir à nous, afin qu'ayant
connu la vérité par nos instructions, il ren-
tre dans l'unité de l'Église. » Cette lettre est
du 15 des calendes de mars, la quinzième
année après le consulat de Basile, c'est-à-
dire du 16 février 356.
9. La lettre suivante est sans date; mais il
paraît qu'elle fût écrite en même temps que pj
la précédente, puisqu'elle y est jointe dans
les anciens manuscrits. Le pape Pelage l'a-
dressa à tout le peuple de Dieu, engagé ce
semble, dans le schisme avec leurs évèques.
Il y f;iil profession de recevoir ' les quatre
conciles généraux, tous les canons reçus par
le Saint-Siège et les lettres de ses prédéces-
seurs, depuis le pape Célestin jusqu'à Aga-
Letlrelteut
le leu^le de
!■■>{•
' JVec licuil aliqiiando nec Ucebil particularem
synodum cintgref/are : scd quolien aliqxia de uni-
rersdU isynoilo aliquibux duhitatio iinscilur, ad
rcrijiiendnm deen qiind non intelligiinl rationem,
ad apostolicam sedem jiro rccipicwla rations coii-
vcniant. Kjiist. :i, paj;. 104.
* (Juomodo vos ab universi orbis cotnmunione
separatos ease non crfditis, si niei inler sacra
mysleria secundum consurtudini'm nominis me-
moriam relicelU in quo licet indigna, Aposlolicœ
sedis pet successiontin episcopaius prasenli lem-
pore videlis consislere firmilatem? Epist. 6, pag.
701.
' Sed et canones qu»s Sedes apostolicasuscrpit,
sequor et venernr, et Deo adjuvante defendo, ne-
guc vel de hac professione relicere, aiil discedere
aliquando promittv. Lpislolas eliam bealw rccor-
dalionis papw Celestini, Sixli, et prœ omnibus
beati Leunis, nec non eliam successorum ejus
Uilarii, Simplicii, Felicin, Getasii, Ànastasii, Syui-
machi, Donnisdœ, Joanuis , Fcticis, IJnnifacii,
Joannis allerius, cl Àgnpeti, pro defensionr fi-
dei cathulicœ, et pro firmitatc supra scriptnrum
quatuor synodoruin, et contra hœreltcos, tam ad
principes, quani ad episcopos, tel quosliliet alios
per Urientcni et Illyricum alque Ddrdaniam.alias-
qne prorincias diversis temiioribus niissas, invio-
labiliter, adjuvante Christo Vomino noslro, tue
cuslodire profiteur; et omîtes quos ipsi damnavc-
runt, Itahere damnalos; et quos ipsi receperunt.
prœcipue renerabiles episcopos Tlieodoretum et
Ibam, nec inter orthodoxos renerari. Epist. 7,
pag. 795.
nuAPiTiiE xxxm. — pelage i, pape.
I.MIr
79Ti
Ff. 7.5.
[Vl" SIÈCI.P,.')
pot, cl d'honorer comme orthodoxes les yi5-
luirablcs évoques Tiiéodoret et Ibas, témoi-
gnant être disposé de rendre compte de su
foi ù tous ceux qui lehii demundcraient ; se
faisant un devoir de suivre ce que l'apôtre
saint Pierre a ordonné à cet égard. 11 recon-
naît que cette foi est en lui par la miséri-
corde de Dieu; el il la croit si véritable qu'il
souhaite delà conserver toute sa vie, cl d'ê-
tre présenté avec elle au tribunal de Jésus-
Christ : disant anallirme à qui pense, croit el
proche le contraire.
, » s,. dO. Les deux lettres suivantes sont adres-
• '"^- sées à Sapaudus , archevêque d'Arles : la
première n'est qu'une lettre d'amitié par la-
quelle le Pape lui témoigne son désir d'être
en relation avec lui ; la seconde est une ré-
ponse à celle de Sapaudus. Cet évêqne avait
chargé Félix, porteur de sa lettre de s'expli-
quer de vive voix sur certaines choses avec
le Pape : on ne sait de quoi il était question.
Il y a trois autres lettres à Sapaudus. Dans
l'une Pelage le presse de lui écrire sur sou
iutrouisatiou, comme il avait fait ù ses pré-
décesseui's , et d'engager le patrice Placide
son père à envoyer à Rome des habits el des
lits pour le soulagement des pauvres , et à
employer pour cet etlet les revenus des
biens que l'Église romaine possédait dans
(.on. les Gaules. Dans l'autre il le déclare son vi-
caire dans tout ce royaume, à l'exemple de
ses prédécesseurs, à la charge de remplir
cette place conformément aux saints canons,
aux règles des Pères et aux décrets du Saint-
Siège : il ajoute que pour honorer sa nais-
sauce et son mérite personnel, il lui accorde
l'usage du pallium. La troisième est pour
lui recommander les Romains que la crainte
des ennemis avait contraints de se réfugier
fil.' on France : il le fait encore souvenir d'en-
voyer à Rome des habits pour les pauvres.
Toutes ces lettres sont datées d'après la
quinzième et la seizième année du consulat
de Basile, c'est-à-dire de l'an So6 et 557. La
raison qu'avait le Pape de presser l'envoi
des habits pour les pauvres, est que par les
ravages des ennemis l'Italie était réduite à
une si grande extrémité que les plus hon-
nêtes gens et ceux qui avaient autrefois du
bien n'avaient plus de quoi subsister ni
même se couvrir. Le Pape priait aussi Sa-
paudus de lui marquer si le roi Childebert
,v
' Quirdam capitula extra fidem fuerunt agilata,
de quibus longum est, ut epistolari possint com.-
:m
et les évoques des Gaules étaient contents
de sa profession de foi,
11. Un la trouve dans la Ictti'O que Pi;!age ,„, ''"'cud'"-
écrivit le 11 décembre de l'au .^j.'ifi au roi '"'"•►■s-"»-
Cliihlebert. Ce prince lui avait envoyé une
ambassade pour lui demander des reliques
des apcjlres saint Pierre et saint Paul et de
quelques autres martyrs, et en même temps
la (jualité de vicaire , et le pallium pour Sa-
paudus. Ruffin,chef de cette ambassade, dit
au pape (jue quelques-uns avaient ri'pandii
des semences de scandale , en se plaiguaiit *"'•
que l'on avait donné atteinte à la foi catho-
lique. Il pria aussi Pelage , suivant l'ordre
qu'il en avait du roi Childebert, de d(;clarer
qu'il recevait en tout le tome ou la lettre
de saint Léon ù Flavien, ou d'envoyer lui-
même sa confession de foi : le Pape répondit
aux trois demandes du roi par trois lettres
ditlereutes. Il dit dans la première, que de- ■''"
puis la mort de l'impératrice Théodora, il
n'y avait plus de disputes sur la foi en Orient;
qu'on avait seulement examiné quelques ar-
ticles ' hors la foi , dont l'explication lui pa-
raissait trop longue pour être renfermée
dans une lettre ; que pour lui mettre l'es-
prit en repos à lui et à tous les évêques des
Gaules, il anathématisait tous ceux qui s'é-
loignaient en quelque façon que ce fût de la
foi que le pape saint Léon avait enseignée
dans ses lettres, et que le concile de Chalcé-
doinc avait suivie dans sa définition de foi.
Il prie donc le roi et les évêques de son
royaume de ne faire aucune attention aux
vains discours que répandaient les amateurs
des scandales : « L'empereur Justinien, ajou-
te-t-il , a détruit toutes les hérésies tpii jus-
qu'à son règne avaient à Constantinople
lems évêques et leurs églises avec de grands
revenus et quantité de vases précieux : il
leur a ôté leurs églises et donné tous leurs
biens aux catholiques. Ceux qui sont demeu-
rés dans leurs erreurs s'unissent entr'eux et
font tout leur possible pour troubler et divi-
ser l'Église cathohque. Pendant tout le temps
que nous avons été à Constantinople, ils ont
envoyé ici en Italie des lettres sous notre
nom, où ils avançaient que nous disions que
l'on avait altéré la foi orthodoxe. Mainte-
nant ils produisent encore contre nous des
lettres sans nom , afin que les auteurs n'en
soient pas connus. Ce sont surtout les nes-
plecli sermone. Epist. 10, pag. 798. Il paraît que
cela s'cnteud des Trois-Chapitres.
332
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
loriens de Constantinople, qui prétendent en
vain n'être pas éloignés du sentiment du
concile de Chalcédoine et du pape Léon,
puisqu'ils ont l'un et l'autre condamné Nes-
torius en ce qu'il enseignait deux natures sé-
Ptf. 700. parées et divisées. Ici même ils ont tâché
de séduire quelques évoques simples, qui
ne savent pas les premiers éléments de la
foi, qui n'entendent pas la question, et ne
comprennent point quel grand bien c'est de
ne pas s'écarter de la foi catholique. Ce qui
nous a fait soull'rir de longues persécutions
à Constantinople , c'est que nous avons té-
moigné que ce que l'on avait agité dans les
alfairesde l'Église du vivant de l'impératrice
Théodora, nous était suspect. Pour ce qui
est de l'empereur Justinien il n'a permis en
aucun temps que l'on violât la doctrine éta-
blie dans le concile de Chalcédoine et dans
les lettres de saint Léon. )i Pelage finit cette
lettre qui est du 11 décembre 556, en disant
qu'il avait déjà envoyé par des moines de
Lérins les reliques des saints apôtres et des
martyrs, et qu'il envoyait encore par Homo-
bonus sous-diacre de l'Église romaine, celles
que les ambassadeurs de Childebert avaient
SOI. demandées. Il marque dans la seconde let-
tre qu'ayant trouvé dans les archives de son
Église , que ses jirédécesseurs avaient ac-
cordé aux arclievcipics d'Arles la cpialité de
vicaire du Pape dans les Gaules, et le pal-
liiim, il accordait l'un et l'autre à Sapaudus.
La troisième lettre contient une confes-
sion de foi où le Pape explique fort au long
les mystères de la Trinité et de l'Incarna-
«03. tion. Il dit sur la Trinité qu'il n'y qu'un Dieu
en trois personnes , le Père , le Fils et le
Saint-Esprit ; que le Père est tout-puissant ,
éternel, non engendré ; que le Fils est do la
substance du Père, engendré de lui avant
tous les siècles, sans aucun commencement ;
qu'il est égal , coéternel et cousubstantiel à
celui qui l'a engendré ; que le Saint-Esprit
est tout-puissant, égal au Père et au Fils , et
consubstantiel à l'un et à l'autre; qu'il pro-
cède du Père sans commencement de temps,
et qu'il est l'Esprit du Père et du Fils. Il
prouve l'unité de nature dans les trois per-
sonnes divines par la forme du baptême ,
qui, suivant le préceple de Jésus-Christ, est
administré au nom , et non pas aux noms
du Père , du Fils et du Saint-Esprit. Puis
venant au mystère de l'Incarnation, il con-
fesse qn'unn personne de la Trinité, c'est à-
dire le Fils est né selon la chair, en prenant
un corps dans le sein de Marie par l'opération
du Saint-Esprit ; que cette chair a été animée
d'une âme raisonnable, et qu'étant véritable-
ment né de la Sainte Vierge, elle est véritable-
ment mère de Dieu, parce qu'elle a enfanté le
Verbe de Dieu incarné ; que l'union s'est faite
de la nature divine avec la nature humaine en
une seule personne, qui est celle du Fils; en
sorte que c'est le même qui est Fils de Dieu et
Fils de l'homme , consubstantiel au Père se-
lon la divinité , consubstantiel à nous selon
l'humanité, en tout semblable à nous excepté
le péché; que les deux natures depuis leur
union sont demeurées indivisibles, parce qu'il
n'y a qu'un Clu'ist, qui est en même temps
Fils de Dieu et Fils de l'homme ; mais aussi
qu'elles n'ont été ni confondues ni changées
l'une en l'autre parcelle union, parce qu'elles
ont chacune conservé toutes leurs propriétés;
qu'à raison de cette union personnelle, nous
disons que Jésus -Christ a souffert dans sa,-
chair, et qu'il est impassible selon sa divi-
nité. Pelage s'explique aussi sur la résurrec-
tion des morts, en disant que tous ceux qui
sont nés d'.\dam et d'Kve, ou qui en naîtront
jusqu'à la consommation des siècles, res-su-s-
citeront dans la même chair, et comparaî-
tront devant le tribunal de Jésus-Christ pour
y recevoir la récompense ou la peine éter-
nelle qu'ils auront méritée suivant leurs bon-
nes ou mauvaises actions. Dans la lettre :\
laquelle est jointe cette confession de foi, il
dit au roi qu'il avait déjà déclaré dans une
de ses autres lettres, qu'il recevait en tout
colhî de saint Léon à Flavien. 11 y a une pij.«c>i
quatrième lettre de ce pape à Childebert, où
il recommande à ce prince de maintenir Sa-
paudus dans SCS droits de Vicaire du Saint-
Siège dans les Gaules. 11 parait que cet évo-
que s'était plaint à Rome, de ce que sans
égard à ses droits, le roi avait voulu le faire
juger par un autre évêque, qu'il avait lui-
même ordonné.
12. Outre ces lettres, Luc Ilolstéuius en a
donné quelques autres sous le titre de Frag-
ments^ parce qu'il n'y en a aucune qui soit
entière. La première est à Jean, patrice : le
Pape l'exhorte à ne point communiquer avec
les schismatiques, et de regarder comme il-
légitimes les ordinations des évèques qui se
faisaient parmi eux. La raison qu'il en donne,
c'est qu'ils sont séparés de l'Église catho-
lique, qui est une, et seule fondée sur les
apùtres, par qui la foi a été répandue dans
toute la terre. La seconde, à Viatorel à Pan-
Fntftmenlt
de (]tif1qu4«
■ nitf» |-ltr|tj
An pa|.« P4lH
fc, ilg.WS.
CllAIMTRli; XXXIV. — JEAN III ET PELAGE U, PAPES.
Epl.c..1,,,
7ïi.
Par. Sud.
[Vl" SIÈCLE.]
crace, est aussi pour leur inspirer l'éloigne-
meiit dos scliismaliijues, disaiil avec saint
Auiîusliii, (ju'dii peul avec sriri'ti'. d{''loslcr
tout parti que l'on sait ne point communi-
quer avec l'Ef^Iise universelle, soit qu'ils s'en
soient séparés par simplicité ou par igno-
rance de cause. Il répète dans la troisième,
au patrice Valérien, une partie de ce qu'il
avait dit au patrice Narsès, touchant la con-
duite de l'Eglise envers ceux dont elle pu-
nit les crimes pour les obliger à rentrer dans
la voie du salut; ce qui nis peut passer pour
une persécution. Dans la ([uatrième, il don-
ne avis au patrice Céthégus, qu'il avait or-
donné tni évéque ;\ Catanue, le troisième
jour d'apros son arrivée à Rome ; mais qu'il
avait dill'éré pendant un an l'ordination de
celui de Syracuse, parce qu'il était marié, et
qu'ayant femme et enfants, il y avait du
danger que les biens de l'Eglise n'en souf-
frissent du préjudice ; que voyant toutefois
que ceux de Syracuse n'en voulaient point
élire d'autre, parce qu'il ne s'en trouvait
point dans cette église, il avait cru devoir
passer par-dessus ces considérations, et l'or-
donner, après lui avoir fait donner une dé-
claration de ses biens, et promettre qu'après
sa mort, il ne laisserait rien des Liens de
l'Église à ses parents, ni directement ni in-
directement. U consent par la cinquième,
qui est h l'évèque Éleufhère, que le diacre
Maxime bAtisse un oratoire dans un endroit
333
de son diocèse, nommé Pancelle , pour y
mettre les reliques de sainte Cantiane, mar-
tyre, à la charge (pic personne n'atu-a ' ('((•
enterré en ce lieu ; que Maxime fondcia c(,'tte
église en lui donnant des biens sullisants,
tant en terres, qu'en argent; que l'on ne
pourra y construire un baptislaire, ni nom-
mer un prêtre cardinal ou en titre po\ir la
desservir; mais que Maxime sera obligé,
lorsqu'il voudra y faire célébrer la messe,
de demander à l'civèque un prêtre .'i cet ef-
fet ; sans qu'aucun autre qui aura ('lé nom-
mé par lui, puisse célébrer dans celle église.
A ces conditions, le l'ape permet à ?]leu-
thère de la consacrer, mais sans messes pu-
bliques. Il accorde sous les mêmes charges
h l'évèque Astère de consacrer l'oratoire que
l'abbé "Vindimus avait fait bâtir dans l'en-
ceinte de son monastère, près des murs de
l'Église de Salerne. Les fragments des cinq
lettres suivantes regardent des alTaires par-
ticulières qui ne sont pas connues. La der-
nière est à Laurent, évoque de Centumcelle;
le Pape l'exhorte d'examiner soigneusement
la vie et les mœurs de trois personnes, dont
l'une devait être ordonnée prêtre, l'autre
diacre, et la troisième sous-diacre dans la
même ville, suivant les lettres de l'Empe-
reur; et d'avertir le prêtre de ne jamais"^
célébrer les saints mystères sans y faire mé-
moire du pape et de l'évèque diocésain.
CHAPITRE XXXIV.
Les papes Jean III [572] et Pelage II [590.
1. Le successeur de Pelage dans le Saint-
Siège, fut Jean III, surnommé Catellin, fils
d'Anastase, du rang des illustres. Il acheva
l'église des apôtres saint Philippe et saint
Jacques que son prédécesseur avait com-
mencée, y fit ^ peindre divei'ses histoires et
' Et ideo, frater charissime, si in tua diœcesi
memorala constructio jure consistit, et nidhun
corpus ibidem constat humanum, percepta prius
donatione légitima lel possessione itla et illa,
prœstanies liberos a fiscalibus titulis solidos tôt,
gestisque municipalibus allegatis, prœdictum ora-
torium absque missis piiblicis solemniter conse-
crabis; Ha tamen ut in eodem loconec futuris tem-
poribus baptisterium coyislruatur, nec presbyte-
rum constituas cardinalem ; sed quoliens missas
ibi forte maluerit, a dilectione tua noverit pos-
tulandum, qualenus nihil taie a quolibet alio sa-
cerdoteullatenus prœsumatur. l'ag. 809.
- Caieat sibi presbyter ille nunquam se sine
noslri et lui nominis recitatione sacra mysteria
celebrare. Itid. jiag. 810.
' Domnus Pelagius et domnus Joannes novœ
magnitudinis Ecclesiam apostolorum a solo œdi-
ficantes, historias diversas, tum in musivo, qtiam
in variis coloribus cum sacris pingentes imagini-
bus, et mine usque hactenus a nobis venerantur.
Adriau. epist. ad Caroliim Magnum, tum. V Concil.
pag. 788.
334
HISTOIRE GI^NRRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
LIb. Pon-,
loir. V Ci.lic 1.
1-»E. «1».
LU. P. m.
lom VCi>ne"i
,.,5. i.ll,»i:.,
PI m uoli*.
I>*. 12!.
Leilre Tan-
Mifieol allrl-
liuée k Jean
III. Ton. V
CODCII. Jh^g.
iU,
[Lettre véri-
table et eti'O-
lé ftur l'ilep-
uteuque.]
II,iJ..l
de saintes images, partie en mosaïque, par-
lie avec dos couleurs, et eu lit la dédicace.
U augmenta cl rétablit les cimetières des
martyrs, et donna ordre que tous les diman-
ches l'église de Latraii y fournirait le pain,
le vin et le luminaire. Ce fut sous son ponti-
ficat que les Hérules tirent des ravages dans
la Toscane et dans d'autres parties de l'Ita-
lie; mais Narscs qui commandait pour l'Em-
pereur les subjugua, après avoir tué leur
roi. Il défit aussi les Lombards qui étaient
entrés en Italie sous la conduite de leur roi
Alboin. Jean III mourut le 13 juillet de l'an
572, après avoir ordonné en deux ordina-
tions, au mois de décembre, trente-huit prê-
tres, treizç- diacres et soixante-un évêques.
2. Nous avons sous son nom une lettre
aux évêcpies de Germanie et des Gaules,
qui fournit elle-même des preuves de sa sup-
position. La première se tire de la date qui
est du 14 des calendes d'août, Justin, consul
pour la sixième fois et Narsès, c'est-à-dire
du 10 juillet 572. Or, il y avait déjà cinq
jours que ce pape était mort, et depuis l'an
541 les papes ne comptaient plus par les con-
sulats. La seconde preuve est qu'on y avance,
contre le sentiment unanime des anciens,
que saint Lin et saint Clet n'ont été que des
chorévêques, qui aidaient saint Pierre dans
le ministère épiscopal en tout ce qu'il leur
ordonnait, sans en avoir jamais eu l'autorité
ni la dignité. Une troisième preuve est que
toute celte lettre roule sur les chorévêques,
qu'elle suppose avoir été très-communs dans
l'Allemagne et dans les Gaules ; ce qui ne pa-
rait point parles histoires du temps. 'Ajoutons
que ce n'est qu'une compilation des lettres
du pape Innocent I, de ceUes qu'on a suppo-
sées au pape Damase, et de ceUes de Zosime,
et de saint Grégoire le Grand, postérieur à
Jean III. Il y en a une autre] beaucoup plus
courle, donnée sous le nom de ce même pa-
pe, par Jean de Rose, et adressée à Édalde,
archevêque de Vienne : celle lettre est Sans
date. On y avance, contre la vérité de l'his-
toire, que l'Église de Vienne a été fondée
par un disciple de saint Paul, et que c'était
l'usage à Rome de partager les reliques des
apôtres, au lieu que l'on se contentait d'en-
voyer des linges qui eussent louché le plus
près leurs corps. Il paraît encore qu'Kilaldc
avait de l'inquiétude sur la liturgie qu'il de-
vait suivre, comme si l'Église gallicane n'a-
vait pas eu la sienne, ou qu'elle se fût peu
embarrassée delà régler. Le contraire parait
par le concile de Vaison, en 529. [II existe
une autre lettre de Jean III : elle est adres-
sée à Pierre, évêque de Havenne, et par la-
quelle ce pape lui accorde l'usage du pal-
lium. Elle se trouve dans les Misceilanea de
Baluze, dans Mansi, tome III. On trouve les
lettres supposées dans la Patrologie latine,
tome LXXII. Dom Pitra a publié dans le pre-
mier volume du Spicikf/ivm Sulesmense, un
exposé sur l'Hi'ptaleuque, fait par Jean, en-
core diacre. Le savant bénédictin pense qu'il
est question du Pape qui nous occupe, et non
d'un autre Jean écrivain du ix* siècle, qui
a laissé une Vie de saint Grégoire. Cet ex-
posé contient des extraits des anciens Pères
sui'les livres de Moïse, de Josué et'des Juges.
On y trouve cités saint Clément, pape; saint
Polycarpc, Ulpien , Origène, saint Hippo-
lyle, saint Pierre d'Alexandrie, saint Ililaire
de Poitiers, Tichonius, Tliéodore d'Antioche,
saint Basile, Didyme, saint Grégoire de Na-
ziauce, Diodore de Tarse, saint Ambroise, Sé-
vérieu de Cabales, saint Jean Cbrysostôme,
Ruffin, saint Jérôme, saint Augustin, saint
Eucher, saint Victor de Capoue, Pacatus,
nom ignoré entièrement, les Pères du dé-
sert, un anonyme. ]
3. La mort de Jean III fut suivie d'une
vacance qui dura dix mois, après laquelle
on élut Benoit, surnommé Bonose, romain
de naissance, dont il ne nous reste aucun
écrit. On lui donna pour successeur, en 577,
Pelage II, aussi romain, fils de Vinigilde. Les
Lombards tenaient alors Rome assiégée ; ce
qui fut cause qu'on n'attendit pas l'ordre
de l'Empereur pour la consécration du nou-
veau pape. Quelque temps après son élec-
tion il envoya à Coustantinople Grégoire,
diacre de TÉglise romaine et depuis pape,
pour demauder du secours à ce prince con-
tre les Lombards, qui ravageaient l'Italie.
Tibère régnait alors. Il avait été déclaré n,,
empereur par Justin et coui-onné le 26 sep- ^k. in mi.
tembre de l'an 578. Pendant que Grégoire wp,*x""" '
négociait ce secours à Coustantinople, Pe-
lage lui écrivit que les Lombards conti-
nuaient leurs ravages dans l'Italie contre le
serment qu'ils avaient fait de s'en abstenir ;
qu'il fallait donc presser l'Empereur de don-
n<'r en cette occasion des marques de sa
bonté, et d'envoyer du moins un maître de
la milice ou un général d'armée, l'exarque
de Ravcnne pouvant à peine sutlire à la dé-
fense du pays qui lui était confié. Celle let-
tre est du 4 octobre 584 : la suivante fut
Pria^e n :
«p. iellrc. &
Grvrnire il à
AuDacair,
iil.. l'cillC.
lorn.VOncll.
Jean
3,|1,. S.1.
.] CllAI'lTItl!; WXIV. — JEAN 111 El' l'ELAUE 11, l'APES.
ls aiit
d 1-
[vr SIECLE.
l'icrite le 5 du nu-'mo inois de I;i soplii-ine
imiu'i^ de reiiiporcur 'rihèit-, c'esl-;i-diro de-
puis qu'il eut élé l'iiil C(''s;ii-, cl ainsi en ."iSU.
Elle est adrestiéc à Auuucairc, évèqued'Aii-
xerre, que PL'lay:o prie d'engager le roi des
FiaïKjais ;\ secourir Home, et de le détourner
d'avoir aucune, intelligence avec ;les Lom-
bards. 11 y en a une seconde à cet évêque :
nous en avons parlé ailleurs.
4. Élie, patriarche d'Aquilée, qui faisait
sa résidence à Grade, et les autres évèques
d'Istrie persévéraient dans le schisme pour
la défense des Truis-C/iupitres. Le Pape sou-
haitait ardemment de les eu retirer, et il
leur aurait écrit sur ce sujet dès le commen-
cement de son pontiticat, si les hostilités des
Lombards ne l'en eussent empêché. Aussi-
tôt donc que l'exarque Smaragde eut fait la
paix et rendu la Irauquillitc à l'Italie, Pe-
lage écrivit à ces évêques pour les exhorter
de se réunir à l'Église. Mais afin que les
mauvaises impressions qu'on pouvait leur
avoir données de sa foi ne fussent pas un
obstacle à cette réunion, il leur déclai'e
qu'il n'en a point d'autre que celle des qua-
tre premiers conciles généraux, auxquels
ses prédécesseurs avaient présidé par leurs
légats ; et qu'il recevait en tout la lettre de
saint Léon à Flavien, disant anathème à
quiconque euseignait une autre doctrine.
Il les presse de lui envoyer des députés de
leur part pour lui exposer leurs doutes,
avec promesse de leur témoigner toute sorte
de bonté, et de les renvoyer quand ils le dé-
sireraient. Cette lettre fut portée en Islrie .
par Rédemptus, évêque, et Quodvultdéus,
abbé du monastère de Saint-Pierre de Rome.
Tout l'eBet qu'elle produisit, fut qu'Élie et
ceux de son parti envoyèrent des députés,
avec un écrit où ils ne répondaient point à
ce que Pelage leur avait dit sur la réunion
et sur les moyens d'éclaircir lem-s doutes ;
eu sorte qu'il parait que leurs députés n'a-
vaient d'autre commission, que de porter
leurs lettres. 11 leur eu écrivit une seconde
où il se plaint de leur procédé, principale-
ment de ce que celles qu'il avait reçues
d'eux étaient infectées de diverses erreurs,
et de ce qu'ils y avaient allégué plusieurs
passages des Pères, qui ne faisaient rien
à la question, et dont il paraissait qu'ils n'a-
vaient pas compris le sens. Il s'agissait sur-
tout des passages de la lettre de saint Léon
a35
([ui avait approuvé le concile do Chalcédoine :
«Ce pape, disaient-ils, a trouvé bon tout
ce qui s'est l'ait dans ce concile ; il a donc
aussi approuvé tout ce qui s'y est dit en fa-
veur des Trois- Chapitres. » Pelage leur ré-
pond que suint Léon n'a approuvé que ce
que les Pères de Chalcédoine avaient di'cidé
sur la foi, et qu'il a été persuadé que ce qui
regardait les personnes de Théodore, d'Ibas
et de Théodorel, pouvait être examiné de
nouveau. Il rapporte sur cela un passage de
la lettre de ce saint pape où il confirmait les
décrets de Chalcédoine, et un autre de sa
lettre à Maxime, évêque d'.\ntioclie. Il eu
allègue ensuite de saint Augustin et de saint
Cyprien, pour les convaincre qu'étant hors
de l'Eglise par le schisme, ils étaient consé-
queniment hors de la voie du salut. C'est
pourquoi il les exhorte de revenir au plus tôt
à l'unité de l'Église catholique, etd'euvoyer
à Rome de nouveaux députés pour s'éclairer
et traiter de leur réunion, ou de s'assem-
bler à Ravenne pour y entrer en conférence t„„. v c„n.
avec les autres évêques, promettant d'y en- "'■•i'"?-"^-
voyer quelqu'un de sa part pour y tenir sa
place. Cette seconde lettre n'ayant pas eu
plus d'eil'el que la première, le pape Pelage
leur eu écrivit une troisième beaucoup plus
ample. Saint Grégoire ' qui n'était alors que
diacre l'appelle un livre, et il parait par le
témoignage de Warnéfride - dans 1' Histoire
des Lombards, qu'il l'avait lui-même compo-
sée. Pelage commence cette lettre par le dé-
tail des maux qui sont les suites inévitables
du schisme : après quoi il fait voir que c'é-
tait sans fondement que les évêques d'Istrie
s'imaginaient que tout ce qui s'était fait
sous l'empereur Justinien pour la condam-
nation des Trois-Chapitres, tendait au ren-
versement du concile de Chalcédoine. Ces
évêques objectaient que saint Léon, dans sa
78" lettre à l'Empereur de ce nom, déclarait
qu'il n'osait mettre en question ce qui avait
été défini dans ce concile.
Ils citaient encore d'autres lettres de ce
pape où il disait la même chose. Pelage en
convient ; mais il soutient que saint Léon ne
parlait que de la définition de foi du concile
de Chalcédoine, et non des causes particuliè-
res qui y forent examinées. 11 le prouve
par la 58" lettre de ce pape à Anatolius, évê-
que de Constantinople, à qui il fait voir qu'il
ne pouvait s'autoriser du privilège par le-
' c.reg., lib. 11 Epist. 36 ad Episc. Bibemiœ.
* Lib. 111 De Gestis Longob. caj). x.
336
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
quel ce concile accordait le second rang à
l'évêque de Constantinople, puisqu'il n'avait
point été assemblé pour régler le rang des
évêques, mais uniquement pour terminer
les ditlicultés qui s'étaient élevées dans l'K-
H.E.CI9. gijgg jy sujet de la foi. Pelage donne la mê-
me raison à ce que les évêques d'Istrie ob-
jectaient, que suivant les lettres circulaires
d'un grand nombre d'évèques, il n'était pas
permis de changer une syllabe, pas même
la moindre leltre des décrets de Chalcé-
«si. doine. Les évêques schismatiques disaient
encore : « Nous avons appris du Siège apos-
tolique et des archives de l'Kglise romaine, à
ne point recevoir ce qui s'est fait sous le
règne de Justinien contre les Trois-Chapi-
Ires. Norts savons aussi que dans les com-
mencements que cette atl'aire fut agitée, le
Saint-Siège, tenu par le pape Vigile, et les
évêques de toutes les provinces latines,
s'opposèrent fortement à la condamnation
de ces Trois-CImpitres. » Pelage répond que
les évêfpies latins n'entendant pas le grec,
ont connu trop tard l'erreur dont il était
question, et que plus ils ont eu de fermeté <i
la défendre jusqu'à ce qu'ils connussent la
vérité , plus les évêques d'Istrie devaient
avoir de facilité <i les croire quand ils se sont
rendus : «Vous auriez raison, ajoute-t-il, de
mépriser leur acquiescement, s'ils l'avaient
donné avec précipitation avant d'être bien
éclairés; mais après avoir tant souffert et
combattu si longtemps jusqu'à se laisser
maltraiter, vous pouvez croire qu'ils n'au-
raient pas cédé tout d'un coup, s'ils n'a-
vaient reconnu la vérité. » Il cite l'exemple
de saint Paul qui ne se converlit qu'après
que Dieu eut permis qu'il résistât longtemps
à la vérité ; celui de saint Pierre qui changea
de sentiment et de conduite sur l'observa-
tion des cérémonies légales; celui de Dieu
môme qui se repentit d'avoir oint Saiil pour
roi dans Israël ; et dit qu'il ' n'est pas blâ-
mable de changer de sentiment, mais d'en
changer par inconstance ; et que quand on
cherche constamment la vérité, sitôt qu'on
la conuait, on doit changer de langage.
Élie d'Aquilée et les évêques de son parti
objectaient que saint Léon était de sentiment
qu'on ne doit point condamner les morts;
sur quoi Pelage leur dit que c'était à eux à
' A'on enim mutatio senteiitiir,sed incomtantia
sensus in culpa est. Quando ergo ad cngnilionein
recti. iiilrntio incoinmutaliili.i permaucat. quid
obslat, si ignoranliam sutim deserens, verba pcr-
produire quelques endroits des lettres de ce
pape, où il se fut expliqué ainsi ; mais que
ceux qu'ils avaient apportés , défendaient
seulement de traiter de nouveau la défini-
tion de foi, sans défendre en aucune façon
de condamner les morts infldèles; qu'au «V-
reste il ne se souvenait pas que saint Léon
eût traité en quelques endroits de ses écrits,
la question si l'on doit condamner les morts.
Ensuite il prouve qu'on le peut, par la lettre
de saiut Augustin au comte Boniface, où il
est dit, que si ce que l'on objectait conli-e
Cécilien était vrai, il serait permis de l'ana-
tliématiser quoicjue mort ; et par l'exemple
du concile d'Éphèse qui a condamné le^^m-
bole de Théodore de Mopsueste avec sa per-
sonne. Ces deux faits étant bien constatés,
Pelage rapporte plusieurs passages des écrits
de Théodore pour montrer qu'étant remplis
d'erreurs on a été en droit de les condamner
et de le condamner lui-même. 11 remarque
en passant que l'on disait qu'il avait com-
posé plus de dix mille livres ; comme quel-
ques-uns pouvaient répondre que l'on dou-
tait qu'ils fussent tous de lui, il passe ii d'au-
tres preuves, et cite la requête des évêques
d'Arménie à Proculus, évêque de Constanti-
nople contre Théodore de Mopsueste, où ils
le disent infecté des erreurs de Paul de Sa-
mosate, de Photin et de plusieurs autres;
les lettres de Jean d'Antioche, de saint Cy-
rille de Jérusalem, de Rabbula, évêque d'E-
dessc , V/Jistoire ecclésiastique d'Hésychius,
prêtre de Jérusalem, et la loi de Théodose-
le-Jeune, et de Valentinien, qui tous ont
condamné les erreurs de Théodore avec
celles de Nestorius.
11 traite après cela de la lettre d'ibas, qu'il
dit être toute entière contraire aux décrets
du concile de Chalcédoine, montrant qu'on
ne peut la soutenir sans condamner égale-
ment le concile d'Hphèse, approuvé par ce-
lui de Chalcédoine. Pelage pour prévenir
l'objection que les évêques schismatiques
auraient pu lui faire sur ce qu'Ibas fut recon-
nu pour catholique dans le concile de Chal-
cédoine, et que sa lettre n'y avait point été
condamnée, répond qu'ils devaient connaî-
tre où finissait le concile de Chalcédoine.
(( Nous savons tous, ' leur dit-il, que dans un
concile on ne fait jamais de canons qu'après
mulet? Pelag. cpisl. ad Eliam. Tom. V ConcU.,
pag. C22.
* Omnes namquc novimus, quod in synndn
numquam canones, nisi pcraclis definilionilius fi-
cn.
[W SIÈCLE.] CHAPITRE XXXIV. — JKAN
les définitions de foi. Prenez garde que; la
prolossion do foi est aciievi'c dans la sixieiim
uclioii du c'ontili" de Clialcodoine, puisque
dans la septième on dresse les canons, et que
dans les actions suivantes on ne traite que
des all'aires particnliiMes. Comme vos dci)u-
tés le ri''vo(iuaicnt en doule, nous le leur
avons fait voir en plusieurs exem[)laires. Si
l'on examine même attentivement, on trou-
vera que les canons n'appartiennent pas à la
septième action, ainsi (ju'on le cioit, mais ;\
la sixième, caron n'y amis ui la date du jour
ou de l'année, ni les noms des présents : ce
qui montre que c'est la suite de la même ac-
tion. On voit que la cause de la foi était finie
dans la sixième action, par les souscriptions
des évêques, et par la prière qu'ils font à
l'empereur de les renvoyer. Dans ce qu'ils
règlent ensuite sur les atl'aires particulières,
il n'y a point de souscriptions. La plupart
des exemplaires grecs du concile ne contien-
nent que six actions avec les canons ; et dans
les lettres circulaires à Ijempereur Léon. Aly-
pius, deCésarée enCappadoce, dit : «Je vous
déclare que je n'ai point lu ce qui a été fait à
Chalcédoine au sujet des allaires particuliè-
res ; et Tlialassius, mou prédécesseur, qui as-
III KT PKLAGlî U, PAPES.
331
sista au concile, n(' nous en rapporta que la
déliniliou de foi. > Il infère d(! I.i cpu^, ce qui se
lit depuis la sixième action n'('tant pas de la
même autorité, on ne doit point hl.lmer ceux
qui soumettent la lettre d'Ibas ■'i un nouvtil
examen, parce qu'ils la croient hérétique.
Surlo troisième clia|)itre, le pape dit : (iNous cj
ne ' condamnons point tous les écrits de ïhéo-
doret, mais seulement ceux où il combat les
douze anathéuiatisuies de saint Cyrille. Nous
recevons, et nous lespectons sa personne :
quant ;\ ses autres ouvrages, nous les rece-
vons et nous nous en servons même contre
nos adversaires.» Les évoques d'Istrie objec-
taient que Jean d'Antioche avait donné de
grandes louanges dans une de ses lettres à
Théodore de Mopsueste. Pelage conteste ce
fait; mais en le supposant vrai, il dit qu'on
doit faire plus d'attention à ce que le concile
d'Éphèse , saiut Cyrille et le prêtre Hésy-
chius ont avancé contre Théodore, qu'i'i ce
que Jean d'Antioche a écrit en sa faveur. 11
remarque - que quelquefois les méchants ont
été loués par les bons; qu'Eusèbe de Cé-
sarée, le plus célèbre d'entre les historiens,
a loué Origène, le plus mauvais de tous les
hérésiarques ; que saint Grégoire de Nysse
dei,nisi perfeclis synodalibus geslis habeantur,ut
servalo ordine, cuin prius synodiis adi/idein corda
œdificel, lune per régulas cauonum mores Ecclesiœ
aclusque coiuponat. Vigilanti ergo cura respicile,
quœ {leg.quia) in sexta illiiis actione sanctœ fidei
professio consummatur : moxque in seplima ad
inslUulioiiem jam lidelium régula canonum figi-
tur ; ulterioribus vero actioinbus nihil de causa
fidei, sed sala negolia privala versanliir. Quod
cum responsales leslri ila esse ambigerent, curœ
nabis fuil ex prolatis mullis hoc codicibus de-
monstrare ; nos lamen hac de re nunquam dubi-
tari posse credidimus, quia et eadem séries sic se
insinuai, ul credi aliter cotitradicat. Prinium qui-
dein, quia fsicut dictuin est) dum definila fideire-
gula in aclione sexta ostenditur, ordo causœ in-
dical, ut in actione suhjuncta canoMim forma se-
queretur. Secundum rero est, quia et in actiunis
sextœ terininumjam canonum normaprœlibatur,
dum illic a principe veneriibilibus episcnpis dici-
tur : Aliqua sunl capitula quœ ad honorem ves-
trw reverentice vobis reservavimus, justumexisti
mantes, hœc a vobis regulariter per synodum sin-
gula firnari, etc. Prœlibatione itaque sextœ ac-
tionis ostenditur, quia jure constitutiones cuno-
num non nisi in septima continentur. Quid enini
supererat quod perfecla fidei professione fieret ,
nisi ut quorunidam fidelium actiones illicilas
sancta synodus positis regulis judic tret? Quam-
vis si solerter aspicimus, canorium regulaspositas
non, sicul putalur, in septima, sedintexlas sexcœ
aclioni invenimus. ^am cum in eisdem consliiu-
tionibus sanciendis non dies, non iinperium pvni-
tur, non qui résidèrent, describuntur : procul du-
bio cum non consueto exnrdio cœptœ sunt, quia
prœcedenti actioni subnexa< sunl demonstralur.
Quia vero in aclione sexta fidei causa perficilur,
ipsa episcoporum omnium generali subscriptione
declaratur. Kam qui post subscripserunt senten-
tiam, cwncla quœ de fuie agenda fueranl, finila
testatisunt. Unde et in causis post specialibus,
nudis lantiiinnwdo verbis loquuntur; atque ea
quœ decernentes dixerant, nulla supposita sub-<-
criptione firmaverunl. Qui reverendissimi epis-
copi ila in actione sexta omnia quœ de fide
agenda fueranl, cognuscebant ; ut, sicul illic scrip-
tum est, clamarent : Supijticamus. dimitte nos ;
pie Imperator, dimitte nos,... Aly plus Leoni Augus-
te ait : Vestrie pietati siguilico, quia ea quideiu
quae partlculariter examinata sunt atque gesla a
sanctis episcopis in Cbalcedouensi civitate colleclis,
non legi. Neque enim a sanolae memoriae tuni;
episccpo Thalassio, qui interfuit sancto concilio,
aliquid liuc amplius est allatura ei liis quse gefta
noscuntur ; sed tantummodo definitionom expo-
sitam ab illo sancto concilio, ab eo delatam iu-
spexi. l'elag., pag. 629, 630, 631.
' Neque enim Theodoreti omnia scripla damna-
mus, sed sola quœ contra duodecim Cyrilli capi-
tula... scripsisse mon.<lratur...ejus et personam re-
cipimus... et cum synodo Theodoreium profilen-
tem recta veneramur. Alla vero scripta illius non
solum recipimus, sed eis etiam contra adversa-
rios utimur. Ibid., pag. 631 et 633.
- An non et malos a bonis aliquandn laudatos
novimus ! Quid namque in hœresiarcliis Ori'gene
338
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
Le un t
JoiD, évoque
do conblantl-
l'a aussi loué, el que saint Jérôme avait pour
lui tant d'allcction, qu'il semble avoir été son
disciple. » Ce pape finit sa lettre en exhor-
tant les évèques scliisinatiques à se réunir
aux orthodoxes; il les fuit ressouvenir qu'en-
core que saint Cyprien ait été dans l'erreur
sur la rebaptisalion , il ne s'était point séparé
delà communinn de toute l'Éiilise, et il prie
le Seigneur de leur inspirer le désir et l'a-
mour de la paix. On ne voit point qu'Élie ait
embrassé la jiaix avant sa mort, qui arriva
quoique temps après. Il eut pour successeur
dans le siège d'Aquilée un nommé Sévère,
qui prit aussi la défense des Trois-C/inpitres.
5. En 589 il y eut un concile à Constantino-
ple, où Grégoire, patriarche d'Antioche, ac-
cusé d^Kiceste par un laïque, fut déclaré in-
nocent. Jean surnommé le Jeûneur, patriar-
che de Constantinople, avait convoqué ce con-
cile, et il en avait pris occasion pour se don-
ner le titre d'évcque universel. Sitôt que le
pape Pelage eu fut informé, il cassa tous les
actes de ce concile, excepté ce qui regardait
la cause de Grégoii-e, et défendit ' à l'archi-
diacre Laurent , son nonce auprès de l'em-
pereur, d'assister à la messe avec Jean. 11
écrivit encore une lettre circulaire ù Jean et
à tous les évêques qu'il avait appelés au con-
cile. Il la commence ^ par se plaindre de la
témérité de ce patriarche, qui, contre l'auto-
rité du Siège apostolique de saint Pierre, à qui
seul il appartient par privilège de convoquer
des conciles généi-aux et de les confirmer,
en avait convoqué un sous la présomption
qu'il était évêque universel, dont en eilet il
prenait le titre dans la lettre de convocation.
Ensuite il déclare qu'il a cassé par l'auto-
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rite de saint Pierre tout ce qu'ils avaient fait
dans leur convenlicule, ne croyant pas que
cette assemblée méritât le nom de concile.
Il établit le pouvoir des clefs donné à cet
apùtre, et la nécessité du consentement de
l'évèque de Home pour la tenue des conciles,
défendant à ces évêques d'en tenir de sem-
blables à celui 011 ils s'étaient trouvc's, sous
peine d'être privés de la communion du Siège
apostolique. Il déclare que les prédécesseurs
du patriarche Jean, et Jean lui-même, lui
ont souvent écrit de leur propre main, et aux
autres évêques de Rome, avec protestation
devant Bien de ne rien entreprendre jamais
contre le Siège apostolique, et de n'usurper
aucun de ses privilèges, consentantd'êtreaua-
thèmes s'ils manquaient à leur promesse ; que
leurs lettres étaient conservées exactement
avec leurs sceaux et leurs signatures dans les
archives de l'Église de Rome, et que s'étant
liés eux-mêmes par le lien de l'anathème
pour le cas de prévarication de leur part, il
lui avait paru inutile de les excommunier. Il
avertit néanmoins Ic^ patriarche Jean de cor-
riger au plus tôt son erreur, s'il ne voulait être
excommunie! et privé de la communion du
Siège apostolique el de tous les saints évêques.
n Ne faites', ajoute-t-il, aucune attention au
nom d'èvè(pie universel qu'il a usurpé illi-
cilement, et n'assistez à aucun concile qu'il
aura convoqué sans l'autorité du Saint-Siège,
si vous voulez persévérer dans la commu-
nion de ce siège, et dans celle des autres évê-
ques. Aucun des patriarches ne s'est donné
un titre si profane. Si le souverain patriar-
che le prenait, il ne pourrait le faire qu'au
préjudice des autres patriarches. Mais à Dieu
deterius, el quid in historiographis inveniri Eu-
sebio honorabilius potcst ? El quis nostrum ncs-
cial in libris suis quanlis Origenem Eusebius
prœconiis alloUall... An non el Gregorius Nynsiv
episcopus .. magnis Origenem laudihus pnvfcrl?
An non elllieronymus... lanlo erga Origenem fa-
vore inlenditur, ut pêne di^cipulus ejus esse vi-
deat-ur? Ibid., pag. C3.S cl 634. — ' Grog., lib. tV
Episl. \\\\], xxxviii, pag. 1187, 1191.
' Relalum est ergo ad AjioslolicamscdeinjJnan-
nem Conslanlinopolilanum epUcopum universd-
lein se subscribcre, rosque ex hac sun prd'suinp-
tione ail synodum conrocare gtneralem, cum ge-
neralium synodoriim couvnrandi auctnrilas Apo^-
tholicœ stdi bcali Pétri siugulari privilegio sil
tradila, el nuUa unquam synodus rata legatur
quœ Aposlolica auctoritale non fuerilfnlta. (Jtia-
propter, quidquid in prwdiilo vestro convenlienlo
{quia synodus luUler prœsumpta esse non pnlvit)
etatuUlis,ex auctoritale sancli Pétri apostolorum -
principis, el Domini Salvaloris voce, qtia bea'to
Pelro polestatem ligandi atque soliendi ipse Sal-
valor dedil, qua- eliam potesliis in sticcessoribus
ejus indubitanler transivit. prœcipio omnia quœ
ibi slaiuislis, etvana. et cassataesse, itauldein-
ceps nunquam nppareant, »iee venlilenlur. Pclag.
Epist. ad Juan., pag. 91!t.
<' Universaliliitisquoque nomen , quod sibi illici-
te usurpavit, nolileaUendere, neccoculioneejiis ad
synodum, abfq>ic auctoritale Sedisapostnlicir. un-
quam venite, si Aiioslolicœ sedis el cictcrorum epis-
roparumcoinmunione vullisfrui. Kullus enimpa'
Iriarcharum hue lam profano vocubulo unquam
ulalnr : quia si suinmus palriarclui unirersalis di-
citur.pairiareharumnumenctrterisdcrugalur.Sed
absii a fidelis cujus quam mente, hoc sibi rel velle
quem/iiam arripcre, unde honorrm fratrum suo-
ru m i mniinuere e.r quanlttlacu mque parle V idealur.
(iiiapropler charitasvcstra neminem unquam suis
in epislolis universalem nominel. Ibid., pag. 949.
[vi" siKCLE.] CHAI'JTllE XX.\1\ . — JKAN
ne plaise que quelqu'un s'altribuc une qua-
lité qui diminue on quclqiu' paille riu)nneur
que l'on doit rendre i\ la dignité de ses frè-
res. Que personne donc d'entre vous ne qua-
lifie dans ses lettres qui que ce soil d'évèque
universel.» Il les prie de s'intéresserpour que
l'honneur du clergé ne soufl're point d'altéra-
tion de leur temps, et que jamais ' le siège de
Home, qui, par rinslilulioii du Seigneur, est
le chef de toutes les Eglises, soit privé ou
dépouillé de ses privilèges.
Ces évéques avaient consulté le pape Pe-
lage pour savoir de combien de villes épisco-
pales devait être composée une province.
Le Pape répond, qu'encore que celte ques-
tion ait été traitée sullisammeut par ses pré-
décesseurs, il cro}-ait devoir décider qu'on
peut doimcr le titre de province ;\ celle qui
a dix ou onze villes, un roi, des puissances
inférieures, un évêque avec dix sutl'ragants,
ou onze évèques pour juger toutes les causes,
tant des évéques mêmes, que des prêtres et
des villes situées dans celteprovince.il ajoute
que, si dans chaque province il s'élève quelque
diUiculté sur laquelle les évéques ue s'accor-
dentpas entrceux, elle sera portèeenpremier
lieu au siège majeur; en second lieu, au con-
cile de la province ; mais que les causes majeu-
res et les questions difficiles seront portées,
suivant la coutume,au Siège apostolique Cette
lettre est du premier de mars de l'an 387.
6. Il y en a trois autres sous son nom : la
première à l'archevêque Bénigne, où l'on dé-
fend la translation des évéques d'une église
à une autre; la seconde aux évéques d'Italie,
où il est défendu de recevoir une accusation
contre un évêque ; et la troisième aux évé-
ques d'Allemagne et des Gaules, où il est
parlé de neuf Préfaces usitées à Rome dans,
la célébration des divins mystères. Mais on
convient que ces trois lettres ont été sup-
posées par Isidore, et qu'elles ne sont qu'un
tissu de passages tirés des écrits de saint
Augustin, de saint Prosper, d'Ennode dePa-
vie , des papes Zosime, Hilaire, Léon, et de
quelques autres.
7. On a mis à la suite de ces lettres quel-
ques décrets qui sont cités sous le nom du
même pape par Yves de Chartres et par Gra-
tien. Il est dit dans le premier, que l'on ne
doit pas choisir les moines pour les faire dé-
111 ET l'ÉLAGE 11, PAPES. 339
fenscurs de l'Église, parce que les fondions de
cette charge sont très-diUërentes des exerci-
ces de la vie monastique, u Un moiuc, y est-il
dit, doit vivre dans la retraite et dans le repos,
occupé de la prière cl du travail des mains ;
le défenseur au contraire doit connaître do
toutes les causes, de tous les actes qui regar-
dent l'ICglise, et entrer dans tous ses procès.
Ainsi il est plus i^ propos d'élever un moine
au sacerdoce, lorsiju'il en a l'Age et le mé-
rite, que de le mettre défenseur. » Par le se-
cond décret, le Pape permet h l'évéque Flo-
renliii d'ordonner diacic un homme qui, après
avoii- perdu sa femme, avait eu des enfants
de sa servante. Cette dispense était contre
les canons; aussi Pelage ne l'accorde qu';'i
cause delà disette de sujets pour le clergé,
disant que non-seulement on avait peine à
en trouver qui méritassent d'être ordonnés,
mais que l'espèce d'hommes manquait aussi.
Il veut au surplus que la servante soit mise
dans un monastère pour y vivre en conti-
nence. Le troisième décret est sur l'ordina-
tion d'un évèqiie pour l'église de Carmes. Le
diacre Elpidius avait été choisi d'un consen-
tement unanime : Pelage veut donc qu'on le
fasse au plus tôt partirpour Rome, pour y re-
cevoir l'ordination épiscopale. Dans le qua-
trième, adressé à Cresconius, il défend aux
évoques de Sicile d'exiger plus de deux sous
des paroisses de leur dépendance, et d'obli-
ger les prêtres ou le clergé de ces paroisses
de leur préparer des repas au-dessus de leurs
facultés. Le cinquième et le sixième sont pour
maintenir l'usage où étaient les clercs d'être
jugés par des juges ecclésiasticpies, confor-
mément auxlois civiles. On ne peut douter que
ces décrets ne soient très-anciens, et nous ne
voyons rien qui puisse empêcher qu'on ne
les croie du pape Pelage II. Il mourut le 8
fèvi'ier de l'an 590, d'une maladie conta-
gieuse qni avait commencé à Rome au mi-
lieu du mois de janvier de la même année.
Son pontificat fut de douze ans et près de
trois mois, pendant lesquels il fit divers ou-
vrages considérables, dont un fut de rebâtir
l'église de Saint-Laurent. Il orna le sépulcre
de ce saint et celui de saint Pierre de tables
d'argent. En deux ordinations au mois de dé-
cembre, il ordonna pour l'Église romaine
quatre-vingt-deux prêtres et huit diacres;
Lib. PoD*
lir. 10m. V
Concil., pag.
9;iO,
' Orale, fratres, ut honor ecclesiaslicus nostris
diebus,non evacxietur : nec unquam Romana sedes,
quw instituente Domino caput est omnium eccle-
siarum, privilegiis suis usqiiam careal aiil expo-
lielur. Ibid., pag. 950.
340
IIISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
et en divers lieux il ordonna quarante-huit
évêques pour les églises d'Italie. [Le tome
LXXII de la Patrologie latine reproduit les
lettres et les décrets de Pelage II , col. 701.]
CHAPITRE XXXV.
Timothée prêtre de Constantinople. Anonyme snr la réception des manichéens.
Anonyme qni écrit contre les manichéens.
[Écrivains grecs.]
Timoibée, \ . On nous a donné plusieurs fois en srrec
prïtrc de
coosi«nt.T>o- et en lalin un traité intitulé .' De la Manière
Monuni.coui. différente de recevoir ceux qui se présentent a
la sainte Église Catholique et Apostolique. 11
poi'te le nom de Timothée, prêtre de la
grande église de Constantinople, et garde du
trésor. Jean, prêtre de la même église, l'avait
prié de le composer, et c'est à lui que ce
traité est adressé. On n'y trouve rien qui en
fixe l'époque : seulement il paraît certain
que Timothée l'écrivit avant la naissance du
monothélisme, puisqu'il ne dit rien de cette
hérésie, et qu'il finit son Catalogue iiCoWaàcs
acéphales , et aux diveises branches qui
sont sorties de cette secte, ou de celle des
ibid.pog. eutychieus. De la manière dont il parie du
cinquième concile général sous l'empereur
Justinien, on dirait qu'il écrivait dans le temps
où il y avait encore beaucoup de dillicultés
surla réception de ce concile. Pour lui, il en
reçoit tous les décrets, et lui donne, comme
aux quatre précédents, le titre de concile
universel. •
2. Timothée met trois classes de ceux qui
viennent <i l'Église catholique : la première
est de ceux qui ont besoin, pour y entrer, de
recevoir le saint baptême ; la seconde com-
prend ceux que l'on y reçoit sans les bapti-
ser, et en les oignant seulement de l'huile
sainte ; dans la troisième sont ceux qui ne
reçoivent ni le baptême, ni i'nnrtion sainte,
mais qu'on oblige uniquement d'aualhéina-
Co que cn-
llenl le lniil«
de Tlmoll-f-e.
Ibl(l.,|.ag.3;7.
tiser leur propre erreur, et toutes celles qui
ont jamais été dans l'Église. Il met dans la
première classe les tascodruges , hérétiques
de Galatie, ainsi appelés, parce qu'ils
avaient coutume dans leurs prières d'appuyer
un doigt de la main droite sous leur nez ;
les marcioniles, les encratites, les valenli-
niens, les basilidiens, lesnicolaïtes, les mon-
tanistes, les manichéens, les eunomiens, les
paulianisles, les photiniens, les melchisédé-
ciens, et plusieurs autres dont il décrit en
peu de mots les erreurs. Il veut même que p.p. m.
les pélagicns et les célestiens soient reçus
dans l'Eglise par le saint baptême, disant
qu'oufrc,leurs erreurs particulières, ils étaient
encore infectés de celles des neslorieus et des
manichéens. La secotade, selon lui, comprend
les quartodécimains, lesnovatiens, les ariens,
les macédoniens, les apollinaristes. Il fait
voir en détail en quoi chacun deux errait
contre la foi. Les méléciens, les nestoricns,
les euty chiens et les acéphales sont de la troi-
sième classe, c'est-rt-dire de ceux que l'on
se contentait d'obliger à anathémaliser leurs
erreurs avant de les recevoir à la communion
de l'Eglise. Il donne après cela le détail des
dili'érentos sectes d'acéphales, remarquant
sur les marcianisli's, ainsi appelés de Mar-
cicn de Trébi/.onde, qu'ils enseignaient ipic
la communion du sacré corps et sang ' de
Jésus-Ciuift, notre vrai Dieu, n'était ni utile
ni nuisible à ceux qui la recevaient digne-
' liera sacri corporis et sanguinis Christi veri mm sil res indifferens. Proiiide isli ca non su-
l)n noslri sanclam perceplionrm, nihil aitjurare wunl cum liinore ac /Me, velul vivifica, et lan-
dirunt, aul lœdirc eos qui digne vel indignf com- tjuam quœ sinl ac es.ic credanlur incarnait llet.
miinicuiil: qnodque, ob id solum. nenio unquam TiiiKilli. J)c liccepl. hwrct.. pii},'. <03.
separnri d lirai ah ecclcsinslicu cmiiinuiiionc,
[Vl° SIÈCLE.]
nuMit ou indignement; qiie celle cliose étant
iiulill'érente, on no devait jam;iis séparer
(le la roininimion ectlésiaslii|iie ci'uxi|iiis'ap-
prdcliaient de l'ault'l dans tic mauvaises dis-
positions ; et qu'en consé(juenccde ces prin-
cipes, ils ne participaient point au corps et
au saug de Jésus-Christ avec foi ni avec
crainte, ne les legardant |)as connue vivifians,
ni, comme ils soûl el qu'on les croil, le corps
p»8. 406. et le sang de Dieu fait chair. Il compte di-
verses sectes à qui l'on donnait le nom do
hésitants, à cause qu'ils hésitaient de com-
muniquer avec 1 liglise catholiciuc, |)arce
qu'elle avait reçu le concile de Clialcédoine
avec le môme respect que les trois conciles
4„_ précédents. On trouve dans le Recueil d'un
certain Nicon, que l'on ne conuait pas d'ail-
leurs, une partie de ce traité. Le père Com-
be6s l'a donné en grec et en lalin dans le
second tome de son Auctuarium avec des
notes : le manuscrit siu' lequel il l'avait fait
imprimer ayant paru défectueux à M. Cote-
lier, il en fit une nouvelle édition sur un
autre manuscrit plus correct. Ce traité est
eu latin dans les anciennes Bibliothèques des
Pères, et en grec dans le Recueil de Meur-
sius, à Leyde en 1619. [On le trouve en grec
et en latin dans le tome LXXXVI de la Putro-
logie grecque, avec une notice sur Timothée,
extraite de Fabricius, col. 9-74.]
3. Les recherches exactes qui furent faites
des manichéens, tant par les papes saint
Léon, Gélase, Symmaquc et Hormisdas, que
par l'empereur Justin, Hunéric, roi des Van-
dales, et Cabadc, roi de Perse, ne laissent
aucun lieu de douter que quelques-uns
n'aient quitté leurs erreurs pour embrasser
la foi catholique, et que l'on n'ait dressé
quelques formules de la manière dont on de-
vait les recevoir dans l'Église. Jacques Tol-
lius nous a donné de longs fragments d'une
de ces formules sur un maaudcrit de la Bi-
bliothèque impériale, en faisant remarquer
que le commencement et la fin de cette for-
mule ne s'y trouvent point, mais qu'il est
facile de suppléer à ce qui manque à la fin,
par VEucologe et le Rituel des Grecs, qui
traitent en eliet de la façon de recevoir les
manichéens à l'Église. Il remarque aussi,
d'après Lambécius, que ces fragments peu-
vent servir beaucoup à peifectionuer VUis-
toire de l'hérésie des manichéens, composée par
Pierre de Sicile, imprimée à Jngolstad en
1604 par les soins de Mathieu Radérus. Il
ajoute que cette formule est du double plus
Ctl.M'lTRli: XXXV. — TIMOTKKK, IMIÈTRK, VAT.. ;),,
ample dans le manuscrit .sur l(;i|ucl il l'a
donnée, que dans l'édition qu'on en avait déjà
faite à Paris. Tollius a enrichi son (■(iitinn
d'un grand nombre de noies, qui répandent
beaucoup de lumière sur le dogme des ma-
nichéens, sur leurs auteurs, sur leurs livres
et sur les cérémonies usitées dans l'É"lise
lors(iu'on les y recevait. Ils commençaient
par aiiathi'maliscM' toutes les extravagances
et les erreurs de Manès, disant anathème en
particulier à ceux qui ne reconnaissaient
pas que Jésus-Christ est Uicu-Verbe fait hom-
me, en prenant un corps dans le sein de
Marie, mère de Dieu, toujouis vierge; qu'il
est mort véritablement dans la chair, et qu'il
est ressuscité le troisième jour. Ils anatlié-
malisaieut ensuite ceux qui soutenaient que
le malheureux Manès était l'Esprit consola-
teur el de vérité, que le Seigneur avait pro-
mis d'envoyer à ses disciples ; ceux qui en-
seignaient que les hommes sont de la même
substance que Dieu, qu'elle passe d'un corps
à im autre, et ceux qui niaient qu'il fut en no-
tre puissance de devenir bons ou mauvais. On
les obligeait encore de condamner tous les
livres des manichéens, savoir : le livre des
Epîtres de Manès , l'Évangile qu'ils appe-
laient vivant, le Trésor de la vie, le livre des
Mi/stcrcs, dans lequel ils s'eti'orçaient de ren-
verser la loi et les prophètes, VHeptalogue
composé, par Agaplus, le livre de la Sagesse
dont Aristocrite était auteur, et où il entre-
prenait de montrer que la religion des Juifs,
des Grecs et des Chrétiens était la même ; le
livre des Apocryphes, et un recueil des paro-
les et des faits mémorables de Manès. Enfin
ils disaient anathème à quiconque parle mal
de la Croix, ou qui a en horreur la communion
du vénérable corps et s^ng de Jésus-Christ,
ou qui méprise le baptême elles saintes ima-
ges, ou qui rejette les qua'tre Évangiles elles
Epitres de saint Paul.
Après tous ces anuthèmes prononcés par
celui qui se présentait pour èlre reçu, ou par
un inlerprète, le diacre avertissait le peuple
de se mettre en prière, et alors le prêtre ré-
citait une oraison, à la fin de laquelle le
peuple répondait amen. Aloi-s le prêtre met-
tait le nouveau converti au rang des chré-
tiens non baplisés; le lendemain il lui don-
nait place ixirmi les catêcbimiènes, et faisait
sur- lui les prières avec les insufflations, les =""
exorcismes, les impositions des mains ordi-
naires. Ensuite, il bénissait l'eau, et y ré-
pandait de l'huile sainte par trois fois en
l'ag. 133.
342
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
forme de croix ; après quoi, prenant nu bout
de ses doigts de celte buile sacrée, il en oi-
gnait le front, la poitrine et les épaules de
celui qu'il allait baptiser. Un diacre ou un
lecteur l'oignait par tout le corps ; ce qui
nr- 173. étant fait, l'évêque le baptisait en disant:
Un tel est baptisé ' au nom du Père^t du Fils
et du Saint-L'sprit, le plongeant dans l'eau,
et l'eu retirant, à chaque fois qu'il pronon-
çait le nom d'une de ces trois personnes. La
cérémonie du baptême achevée, on chantait
le psaume qui commence par ces paroles :
n:. Bienheureux ceux « qui les iniquités sont re-
mises. L'évêque récitait ensuite une prière
dans laquelle il demandait à Dieu d'accor-
der au nouveau baptisé le sceau des dons du
Saint-Esprit, et la communion du corps et
du sang de son Christ. Cette oraison finie, il
oignait le baptisé de l'huile sacrée, en faisant
un signe de croix sur son front et sur ses
yeux, et l'admettait à la sainte communion.
"'■ Huit jours après, l'évêque lui ôtait les habits
blancs qu'on lui avait donnés le jour de son
baptême. On ne peut douter que cette for-
mule n'ait été écrite originairement en grec,
puisqu'il y est dit, en parlant du manichéen
converti, que s'il ne sait pas ' le grec, il ré-
pondra ou par un interprète, ou par son par-
rain, s'il est encore enfant. Elle servait éga-
lement à la réception des pauliiiens, c'est-à-
dire de ceux qui suivaient les erreui-s de Paul
de Samosate.
[4. Le cardinal Mai a publié au tome IVde la
Bihliotheca novn, deuxième partie, p. 79, les
Disputes du manichéen Photin avec le chré-
tien Paul, texte grec et version latine. Il a trou-
vé ces Disputes dans un ancien manuscrit du
Vatican. D'après le titre, ces dialogues ont eu
lieu par l'ordre de Justin et de Justinien Augus-
te , c'est-à-dire en o27. La première dispute
est sur la création des âmes ; la deuxième
est sur les deux principes des manichéens, la
troisième est sur les Écritures du Nouveau
Testament; viennent ensuite la proposition
de Photin et la réponse de Paul, les blasphè-
mes du manichéen, les propositions du chré-
tien contraires à ces principes. Cet écrit est
reproduit au tome LXXXVIII de la l'atrolugie
grecque, col. 529-578.]
CHAPITRE XXXVI.
De la Chronique d'Edesse et d'nne antre anonyme.
ChrODlque
I1D auteur îd-
COUDU.
l. On ne sait point qui est l'auteur de la
Chronique d'Edesse, ni eu quel temps il a
vécu ; mais on ne peut douter qu'il n'ait été
catholique, puisqu'il fait profession de rece-
voir les quatre première conciles généraux ,
pj^cbroDiroti et qu'ij rejette ceux qui faisaient dilliculté
"*• de reconnaître l'autorité des conciles d'É-
phèse et de Chalcédoiue. Il ne dit rien du
cinquième général , et ne pousse pas sa
Chronique au delà de l'an .^40 de Jésus-
Christ : ce qui donne lieu de croire qu'il ne
vivait plus lors de la tenue de ce dernier
concile. Peut-être aussi n'en a-l-il pas l'ait
mention , parce qu'il n'en avait rien trou-
vé dans les archives de l'Église d'Edes-
se , d'où il semble avoir tiré tous les monn-
menls dont il s'est servi pour composer sa
Chronique. Car il en emploie la plus grande
partie à faire le catalogue des évoques de
cette ville, et à rapporter ce qui y était ar-
rivé d'intéressant. Il se sert dans son calcul
de l'époque des Gi-ecs, que l'on appelle aussi
des Séleucides ou Syro-macédoniens , qui
précède l'ère chrétienne de 309 ans.
2. Selon cette Chronique , la ville d'Edes-
se commença d'avoir des rois à l'an 180 de
l'ère des Grecs , c'est-à-dire cent vingt-neuf
ans avant l'ère vulgaire de Jésus-Christ, qui ,
selon la même Chronique, naquit l'an 309
de l'ère des Grecs. Elle parle d'Abgar, qui fut
C. I.r
eliroo ritr
tlrnt ttr
manju»!';
Bll.l. •>•.
l«f. :»-.
' Baplizatur talis in nomine Patris, et Filii et
Spirilus Sancti, pa«. 173.
* i'hi liœc vel ipse dùrerit qui ad Eccksiam ac-
ce$seril, velper inlerpretein, si grâce loq^li nes-
cieril, tel per susceptorem suum si puer fucrit,
sacerdos iterum conveuienlia adhibel. Ibid., pug.
11!).
[vi- SIÈCLE.] ciuriTru:: xxxvi. — ciiiu
Pag. iJi, le dix-iicuvièmo roi d'Kilesse; mais elle ne
dit rien de sa prùtendue lettre à Jésus-Christ.
KUc met en i202 de l'ère vidj^aire une inon-
dation si considi'rahle i\ Kdesso, que le pa-
lais du roi et l'éylise de la ville on furent
renversés, et qu'il y périt environ deux mille
3UJ. hommes , dont plusieurs furent surpris par
les eaux, étant endormis dans leur lit. Mâ-
nes, chef de la sotte qui porte sou nom, vint
au monde en 2i0. Quoiqu'il y ait eu à Édes-
3.j;. se plusieurs évèqiies avant Conon, c'est tou-
tefois par lui que l'auteur commence le ca-
talogue des évoques de cette ville. Son suc-
cesseur fut Saadès , qui gouverna depuis
39J. l'an 313 de Jésus-Christ jusqu'en 32i. L'an-
née suivante on tint à Nicéc un concile do
trois cent dix-huil évoques. Saint Jac<iues ,
3„j évèque de Nisibe, mourut en 338. En 351) la
ville de Nicomcdic l'ut détruite par un trem-
blement de terre. En 373 les ariens chas-
sèrent de l'église d'Édessc le peuple catho-
lique, qui trouva le moyen d'y rentier en
378. En 381 il se tint à Constantinople un
concile de cent cinquante évoques. En 394
le corps de saint Thomas apôtre fut tranféré
401. à Édesse, et mis dans la grande église qiie
l'on avait dédiée sous son nom. En 413 Rah-
bulas fut élu évèque d'Edesse : ce fut lui
qui bâtit par ordre de l'Empereur l'éi^lise
de Sainl-Étienne , qui était auparavant du
Sabbath , c'est-à-dire une synagogue des
Juifs. En -i^l saint Jacques souffrit le mar-
tyre dans la persécution de Yararanes , roi
des Perses. L'auteur de la Chronique met le
concile d'Éphèse k l'an 742 de l'ère des
Grecs, ce qui revient à l'an 431 de l'ère com-
mune : le manuscrit portait 7 14 ; d'où il sui-
vait que ce concile ne se serait tenu qu'en
(oa. 433, contre la teneur des actes mêmes ; mais
celte faute, qui venait visiblement de la part
des copistes, a été corrigée dans l'imprimé.
Sous l'épisLopat d'Iljas, Sénator donna à une
des églises d'Édessc une grande table d'ar-
gent, pesant sept cent vingt livres ; et Ana-
tolius, préfet de la milice , fit couvrir (l'ar-
gent la châsse qui renfermait les reliques de
saint Thomas apôtre. La réputation du pape
m. saint Léon s'étendit jusqaes dans l'Osroën-
ne, de même que celle de saint Siméon Sty-
lile, dont la Chronique d'Edesse met la mort
en 439 , en le qualifiant de saint. L'école
établie en cette ville pour l'instruction des
Perses qin embrassaient la religion chré-
tienne fut supprimée en 489. L'empereur
;„;. Anaslase, ennemi du concile de Chalcédoine,
1>15. (07.
)NI(JUE D'iiDESSE, ETC. 343
informé que l'on en avait mis les Actes dans
la châsse de sainte Euphémie, martyre , les
en fit tirer en SU [)our les faire brûler ;
mais il en fut détourné! par les llammes qui
sortirent de celte châsse, lorsqu'on l'ouvrit.
Tliéophane raconte la chose un peu dinércm-
mcnt. Justinien, plus zélé poui- la foi catho-
lique, fit mettre ce concile avec les trois pré-
cédents dans les sacrés diptyques. Sous le
règne de ce prince, Asclépius évèque d'IO-
desse chassa les moines orientaux et leurs
adhérents, qui refusaient de reconnaître l'au-
torité du même concile. Quelques années
après, cet évèque, voyant que sa ville épis-
copale avait été presque détruite par une
inondation, en fut si ellVayé qu'il se retira à
Antioche , oi'i il mourut au bout d'environ
soixante - dix jours. C'était la quatrième
fois qu'Édesse avait été ravagée par les
eaux : la première fois, sons l'empereur Sé-
vère ; kl seconde, sous l'empire de Dioclé-
tien ; la troisième, sous Honoiius et Théo-
dose ; la quatrième, sous Justin. L'évoque
Euphrésius, auprès de qui Asclépius s'était
retiré, périt en 326 dans un tremblement de
terre qui renversa un giand nombre de mai-
sons de la ville d'Autioche. La Chronique
d'Edesse finit par le récit de l'irruption que
Chosroës, roi des Perses, fit sur les terres des
Romains en 340, sans avoir aucun égard aux
traités de paix qu'il avait faits avec eux.
Suit une liste des rois et des évêques d'F^des-
se, tirée de la Chronique de Ucnys.
3. On en trouve une à la suite de celle
d'Ejiscbe et de Marcellin, qu'on croit avoir
été écrite vers les commencements du vi'^siè- pas- ".«dii,
cle, parce qu'elle ne conduit le catalogue 2"-i'»<i-
des empereurs Romains que jusqu'à Anas-
lase , qui régna depuis l'an 491 jusqu'en r^g. le.
518. Ce n'est qu'une compilation des Chro-
niques d'Africain, d'Eusèbe, de Castor et de
quelqueslautres anciens, que l'auteur a mises
en latin, et souvent sans en prendre bien le
sens, parce qu'il ne savait le grec que très-
imparfaitement : d'où vient qu'd a passé
plusieurs choses intéressantes, n'étant pas
assez habile pour les bien rendre en sa lan-
gue. Pour suppléer en quelque sorte à ce
défaut, il est tombé dans un autre, en mê-
lant ses conjectures et ses propres idées
avec ce qu'il avait trouvé dans les anciens
chronologistes. Son ouvrage, quoiqu'écrit
d'un style barbare et peu correct, ne laisse
pas d'avoir sou utilité par rapport aux ex-
traits qu'il y rapporte de divers ouvrages qui
Cl(roni(]us
anoiivine-
Ad c;ilcem
Clron.Euseb.
344
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
n'existent plus. 11 commence sa Chronique k
la création du monde, et donne de suite les
générations d'Adam et de ses enfants, et cel-
les des enfants de Noc, marquant le partage
qu'ils firent de la terre, et les nations qui sont
nées d'eux. D rapporte les noms des diver-
ses provinces qui furent habitées par les
enfants de Sem ; les juges des Hébreux, de-
puis qu'ils eurent passé le Jourdain; les
rois des Romains et des autres nations; ceux
des Juifs et des Perses ; les princes des prê-
tres; les rois des Assyriens, de Corinthc et
de Macédoine, des Mèdes et des Egyptiens ;
les consuls et les empereurs. Il dit quelque
cbose des persécutions excitées contre VVi-
glise pas- Dioctétien; de l'invention de la
Croix de notre Seigneur par sainte Hélène,
mère de Constantin ; du concile de Nicée et
de son s^^nbole ; de la ti-anslation des reli-
ques de saint André et de saint Luc à Cons-
tantiuople ; et des ravages que les ariens fi-
rent dans l'Église. Il compte o50() ans depuis
Adam jusqu'à la naissance du Sauveur;
donne aux mages qui vinrent l'adorer les
noms de Bitliisarea, de Melchior et de (la-
thaspar. Un ne sait où il avait appris que le
roi Ht'-rodes, après avoir ordonné de mettre
;\ mort tous les enfants au-dessous de deux
ans, envoya ses ministres A Zacharie pour
lui demander où il avait caché Jean, son
fils, avec menace de le tuerlui-mèmo, s'il ne
le découvrait; qu'ayant refusé de le faire, Za-
charie fui misa mort à la pointe du jour, étant
auprès de l'autel; qu'Elisabeth, voulant sous-
traire son tils à la cruanté d'Hérodes , se
sauva dans les montagnes ; et que, ne trou-
vant pas où le mettre en siireté, elle pria
que la montagne s'ouvrît pour la recevoir,
elle et son fils ; ce qui fut fait aussitôt. Il
suppose visiblement un autre prodige, sa-
voir que cette montacae se rouvrit pour ren-
dre saint Jean, puisqu'il raconte ensuite la
manière dont Hérodes le fit décapiter. Il ap-
pelle Bala la servante qui servait de portière
chez Caiphe, prince des prêtres , et avance
plusieurs autres faits semblables qu'il avait
apparemment puisés dans quelques livres
ai)t)cryphcs; ce qui marque son peu de choix
daus les matières dont il composait son ou-
vrage, mêlant ensemble le bon et le mau-
vais.
CHAPITRE XXXYII.
Julien évêque d'Halicarnasse , Pomitien évêqno d'Ancyrc [écrivains grecs] ,
Vérécnndns évêqne d'Afrique [écrivain latin] , Panl le Silentiaire ,
Eustratius prêtre de Constantinople [écrivains grecs] ,
Cogitosns [591].
Jti])«n d'U*
licaroaue : %t*
Lecli Lit<er«i.
in Hr.or
ctp.x xLrfint
De ïectii, ict.
S.
1. L'empereur Anastase n'ayant pu enS'"^-
*«'^"> Il ji.éj.- ggj. Macédonius, évéque de Constantinople,
à communiquer avec les ennemis du concile
de Cbalcédoine, bien moins encore à le con-
damner lui-même, excita contre lui les moi-
nes schismalii]ucs et les magistrats de la
viUe, pour l'attaquer a\<,o de grands cris et
des injui'es lorsqu'il passerait par les lues
de Constantinople. Julien, évêque d'Halicar-
nasse, et le moine Sévère, quoiqu'ennemis
l'un de l'autre, se prêtèrent également au
désir du prince. Mais après la mort d',\nas-
lase, Justin, son successeur, s'élant déclan-
pour ceux qui recevaient le concile de Cbal-
cédoine, fit chasser Julien d'Halicarnasse Je
son siège, comme ennemi déclaré de ce con-
cile. Julien se relira avec Sévère, chassé
aussi d'Antioclie, h Alexandrie, où ils fuient
bien rcrus par Tiraothi'e, évêque de celle
ville. Il arriva enlr'aulres, pendant leur sé-
jour A Alexandrie, unedispule sm- lacornip-
liliilili' du corps de Jésus-CIirisl. Julien sou-
tint l'incorruplibililé contre Sévère, de vive
voix el par écrit ; et il est regardé comme
le chef de la secte des incoi'riqifiblcs, qui
n'i'tail (]u'un rejelon de l'hérésie des Euly-
cliiiMis. Julien eciivil aussi un Commentaire
sur Job; il ne nous en reste que quelques
Ir.ignie.nts dans une Chaîne grecque sur Job,
imprimée à Londres eu 1G37. Julien est en-
CITAPITRE XXXVII.
Domlllrtii
■ :,r d'»n-
év*qiie d An-
crils
[VI* SIÈCLE.]
coro cité dans une Chaîne grecque snr le
xvii» cliapitro do saint Jean; mais comme il
n'y est point ([nafilié d'(''vè(|ue d'Ilalirainas-
se, on donte qne ce soit le même dont nous
parlons. Ses écrits contre Sévère no sont pas
venus jusqu'iï nous.
2. Farundus ' nous a conservéïin fragment
du libelle ou do la requête qne Domitieu
adressa au pape Vigile au sujet de la con-
damnation d'Origène. On y voit que les ori-
génisles, irrités de ce qu'on avait condamné
Origène , cherchèrent h s'en venger par la
condamnation des Trois-Chapitres. Cela leur
réussit. Mais Domitien, et Théodore Cappa-
docicn, surnommé Escidas, son ami, ne pu-
rent refuser de condamner enx-mèmei^ Ori-
gène, quoiqu'ils en fussent les principaux
défenseurs. Ils acquirent l'un et l'autre tant
de crédit k la cour, qu'ils devinrent tous
deux archevêques, Domitien d'Ancyre, -et
Théodore de Césarée en Cappadoce ; Do-
mitien avait été auparavant " abbé de Saint-
Martyrius.
3. L'un des plus obstinés parmi les évê-
ques d'Afrique à défendre les Trois-Chapi-
tres fut Vérécundus, évêque de Jonque dans
la Bysacène : il mourut ' en So2 à Chalcé-
doiue dans l'asile de Sainte-Euphémie, où
il s'était réfugié depuis son exil. On lui at-
tribue ' deux petits écrits en vers, l'un sur
la résurrection et le jugement, l'autre inti-
tulé : De la Pénitence, dans lequel il pleurait
ses propres péchés. Loaisa dit ^ avoir vu ce
dernier; mais on ne l'a pas encore rendu
public. [ ' Dans son tome IV du Spicileghnn
Solesmense, D. Pitra consacre une disserta-
tion préliminaire à faire connaître Vérécun-
dus. Les renseignements se réduisaient jus-
qu'à présent à sa signature au bas d'une
lettre du pape Vigile, à une courte mention
faite par le pape Adrien 1", et à quelques li-
gnes de Victor de Tunes et de saint Isidore ;
mais des recherches minutieuses ont permis
au savant bénédictin de donner une idée as-
sez complète de sa vie et de ses écrits. Prê-
tre savant et versé dans l'Écriture sainte et
les traditions des Pères, Vérécundus consa-
cra ses veilles, comme saint Jérôme, à com-
menter les saints livres pour l'édification du
peuple chrétien. Il eut l'heureuse idée de
choisir un sujet rarement ù'aité : les canti-
JULIEN, DOMITIEN, ETC. 3t5
quos bibliques, chantés de son temps dans
les églises d'Afrique. Un grand intérêt litur-
gique s'allaciie donc tout d'abord a la s('rie
de CCS prières vém-rables, qui snnt : le can-
tique de l'F^xodo, celui du Deutéionome, la
prière de Jérémie, l'hymne des trois enfants,
le canli(iue d'Ezéchias, celui d'IIabacuc, la
prière de Manassès, le cantique de Jouas et
le chaut triomphal de Débora , que l'on ne
rencontre que rarement dans les anciens
Lertionnaires. Ces cantiques sont reproduits
d'après l'antique version nommée italique,
qui se trouve par là même enrichie de frag-
ments depuis longtemps perdus. Le com-
mentaire suit la métliode familière à saint
Augustin ; la lettre y est expliquée souvent
avec rigueur, mais en laissant toujours la
place la plus abondante à ces applications
allégoriques et morales que l'enseignement
de l'évêque d'Hippone a consacrées. On y
remarque des passages précieux sur des
points importants de doctrine , tels que le
purgatoire, le péché originel, la justifica-
tion, la grâce, les prérogatives de l'Eglise,
etc. L'auteur fait allusion à des faits con-
temporains, et surtout à la persécution des
Vandales, vers l'an 538. Il cite de savants
auteurs classiques et d'anciens Pères, saint
Jean Chrysostome entre autres, saint Jérô-
me, dont il mentionne les versions comme
une œuvre récente et en termes remarqua-
bles. Ce commentaire n'existe que dans un
seul manuscrit conservé à la Bibliothèque
de l'Université de Leyde, que le Gouverne-
ment hollandais a généreusement mis à la
disposition des bénédictins fi-ançais, en per-
piettant qu'il fut envoyé jusqu'à l'abbaye de
Solesmes.
Vérécundus, devenu évêque de Jonca, prit
une part active à la controverse des Trois-
Chapitres, et se rendit à Constantinople vers
530. Il partagea tous les rudes combats du
pape Vigile contre les fantaisies théologi-
ques de Justinien. Eu touchant à cette dis-
cussion confuse et violente, la dissertation
préliminaire que nous résumons jette sur
plusieurs points un jour nouveau. Nous
avons surtout remarqué une pièce inédite
de la plus haute importance. C'est une sorte
de profession de foi, savante, raisonnée et
d'une forme très-solennelle, que le pape Vi-
' Facund. lib. I, cap. u. et lib. IV, cap. iv.
* Vita S. Sali., num. 83.
' Victor Turon. in Chronico.
* Appcnd.ad IsidorumBe Sc?-tpfor. Eecles., cap. vi.
5 Ibid., in noti?.
« Tout ce qui suit est tiré de VVnivers, 10 avril
18S8.
346
inSTOTRE GKXrÎRALE DES AUTEURS ECCLfiSlASTIQUES.
gile paraît avoir piiblic-e en prenant posses-
sion du Siéfie apostolique, comme pour
dissiper les légitimes alarmes que son élec-
tion pouvait donner. Alors le j^rand débat
des Trois -Clmijilns s'ouvrait à peiue. La
cpiestion s'y trouve posée en termes qui dif-
fèrent de la solution défmitive. On sera ten-
té d'y voir une nouvelle preuve des varia-
tions reprochées au pape Vigile. Mais le
lecteur impartial reconnaîtra que ce pape,
une fois devenu légitime , resta constam-
ment digne de sa haute élévation , et que
dans cette controverse, qui troubla les meil-
leurs esprits, il suivit toutes les phases de
la discussion avec une prudence , une me-
sure et une justesse que l'astuce des Grecs
ne put mettre en défaut : distinguant tou-
jours'les principes des faits elles faits des per-
sonnes, sauvant l'orthodoxie, et en condam-
nant des erreurs incontestables, gardant les
ménagements dus, par exemple, à un hom-
me aussi méritant que Théodoret, surtout
ne permettant jamais la moindre atteinte au
concile de Chalcédoine , qui jusqu'au bout
fut sourdement attaqué par le parti domi-
nant à la cour de Justinien. Ce parti, fu-
rieux de ne rien obtenir, en vint à des extré-
mités inouïes dans l'histoire des persécu-
tions de l'Eglise. Un vieillard, un réfugié que
protégeait un droit d'asile réputé inviolable,
un Pape enfin se vit assailli par une soldates-
que insolente, que commandait le neveu de
l'Empereur; ces forcenés, le tirant par les
cheveux et la barbe, bii firent subir mille
brutalités, et un autel de Saint-Pierre, con-
tre lequel il s'cHait appuyé, faillit s'écrouler
pendant cette lutte. Demeuré libre un mo»
ment, Vigile ne se releva que pour lancer
l'excommunication contre le patriarche de
Constantinople et les auteurs de ces violen-
ces. I>e nom de A'érécundus, avec ceux de
douze autres évêques , figure noblement au
bas de ce grand acte de vigueur pontificale.
Vérécundus accompagna encore le pape Vigi-
le dans la fuite clandestine qui leur permit de
se retirer A Chalcédoine, dans l'église même
de Sainte-Euphémie, où s'était tenu le con-
cile n-cumcnique. Selon le témoignaue d'un
compatriote et d'un contemporain, Victor de
Tunes, Vérécundus exilé, et proscrit par
l'empereur Justinien, mourut en 532 dans
cet asile, peut-être à côté du pape Vigile,
qui ne tarda pas ix recueillir la récompense
de son courage par un triomphe éclatant sur
les intrigues du palais.
Ce fut probablement dans ces dernières cir-
constances que l'évèque de Jonca exécuta un
abrégé des Actes du concile de Chalcédoine,
dont il put avoir sous les yeux les titres origi-
naux. Cet abrégé, venu jusqu'il nous et tout A
faitinconnu, figuredansle volume nouveau du
Spicilége. Il est suivi de poésies mentionnées
par saint Isidore, dont la forme rliyllimique
rappelle exactement les poésies de Coinmo-
dien, et d'un certain nombre d'inscriptions
africaines récemment publiées. DomPitray
joint un long et curieux poëme sur le juge-
ment dernier, attribué à Vérécundus par
Arévalo , à tort selon toute apparence. Il
méritait toutefois d'être publié, et il complète
les traditions que l'on a remarquées dans le
poëme de Commodien, insi-rées au premier
volume du Sjiiciléf/e. Ce dernier poëme était
mutilé sur la fin. Une nouvelle étude du ma-
nuscrit unique de Middle-Ilill a permis de
restituer presque intégralement les quarante
derniers vers. Le savant éditeiu- donne aussi
les Variantes d'un manuscrit, par lesquelles
se trouvent restituées et corrigées plus de
quatre cents vers des Instructions du même
Commodien , publiées depuis longtemps ,
mais avec des imperfections qui les rendaient
inintelligibles.]
4. Paul , surnommé Cyrus Floms, et ap- i...,i
pelé le Silentiaire, parce qu'il remplissait
cette dignité daus la courdcl'emperem' Justi-
nien, fit en vers la description du temple de
Sainte-Sophie, que ce prince avait fait bâtir
à Constantinople. Ce poëme a été imprimé
en grec et en latin à Paris en 1670, par les
soins et avec les notes de Charles du Fresne,
à la suite de V Histoire de Cinname [et dans le
tome XI de la Collectinn des Historiens de
IJyzancc, Venise, et dans la nouvelle édition
de cet ouvrage imprimée h Bonn en 1829,
d'où elle a passé au tome LXX.Wl de la Pa-
trolofjie grvcfji/e avec une notice tirée de Fa-
britius, col. 2111-2223. On trouve à la suite
la description de l'ambon, que Paul débita
dans la maison du patriarche après le grand
poëme, et les vers sur les thermes de Pythias.
On les a tirés de Rrunck , tome III Analerfa,
p. ill]. .Vgathias le Scolaslique dit', en par-
lant de l'écrit de Paul Cyrus, qu'il était tra-
Fiorui : se»
' Videntur mihi qiKv île temple scripsit tanlo
majore et taborc tlscienliarcfcrla, quanta cl ar-
giimenluni ipsiiin est admirabiliuji. Apath. lib. V
De Justin., pag. 106, edil. Vcuel. an. 1729. .
Eiislruliir,
jirAtrp do
pl* : -c^fcrit-:
too Irailé do
rF.U(d(l>ne
■ pris celle
re ; 'opr.
XXVII Bill.
F«l.,l..g.lfi.
[\r SIÈCLE.] CHAPITRE XXXVII. —
vaille avec autant d'art cl ilt; savoir, (juc
l'mivraiic qui en faisait le sujet était admi-
liiblo ; qu'il y relevait reiuplacemcnt de ce
temple, la justesse de ses pioporlions , la
beauté de ses vestibules , descendant jus-
qu'au détail des divers métaux qu'on avait
employés pour l'orner. II lui attribue di-
vers autres écrits qu'il ne nomme pas, mais
qu'il dit être dignes d'éloges et d'estime.
5. De la manière dont Eustratius, prêtre do
l'iiglise de Constantinople , parle d'Euly-
chius qui en était patriarche, on ne peut
douter ' qu'ils n'aient été contemporains.
«Le grand Eutycbius, archevêque de Cons-
tantinople, m'est, dit-il, un chef sacré et res-
pectable en tout. » L'amour qu'il lui portait
l'engagea à en écrire la Vie, que Surius et
Papebrock ont fait imprimer dans leurs Re-
cueils au mois d'avril. Mais c'est plutôt une
oraison funèbre qu'une Vie ordinaire ; te qui
est encore une preuve qu'Eustratius la com-
posa quelque temps après la mort d'Euty-
chius, arrivée le 5 avril 38:2. Nous avons de
lui un autre écrit intitulé : De VEtat des morts
après cette vie. Léon Allatius lui a donné place
dans son livre rfw Consentement des Eglises d'Oc-
cident et d'Orient sur le Ptu-r/atoire, impnmé à
Rome en i6oo, et depuis dans le tome XXVII
de la Bibliotlièque des Pères. Eustratius se pro-
pose trois choses dans ce traité : la première,
de montrer que l'âme, soit des bienheureux,
soit des malheureux, pense et agit après
qu'elle est séparée de sou corps : c'est ce qu'il
prouve par un grand nombre de passages de
l'Écriture où nous lisons que les saints inter-
cèdent pour nous ; que les esprits des justes
bénissent le Seigneur; que le sang des mar-
tyrs crie vers le ciel pour demander ven-
geance contre ceux qui l'ont répandu ; que
ceux d'entre les morts qui meurent en J.-C.
sont bienheureux. Tout cela ne pourrait
avoir lieu, si les âmes séparées de leurs corps
s'endoi-maient d'un profond sommed. La se-
conde est de faire voir que les âmes, qui ont
souvent apparu aux hommes, ont apparu dans
leur propre subsistance : il en donne pour
preuve l'apparition faite à saint Grégoire
Thaumaturge, dans laquelle saint Jean l'É-
vangéliste, sous la forme d'un vieillard, lui
découvrit le mystère de la \Taie religion, aux
instances de la Mère du Seigneur, qui lui ap-
parut sous la tîgure d'une femme ; les appa-
.lULlEN, DOMITIEN, ETC. ,'{47
litionsdes anges faites h la sainte Vierge, à
Zacbarie, i\ Gédéon, à Abraliam, qui étaient
telles, que ceux ;\ qui ils apparaissaient sa-
vaient l)i(;n que c'i'laicnt des anges. Saint p»e a^i'
Antoine vit aussi l'âme du bienheureux Paul
au milieu du chœur des patriarches et des
prophètes. Saint Basile représente les qua- r,2.
raute martyrs, comme occupés à la défense
de la Cappadoce. La Vie de saint Nicolas, m.
évêque de Myre, rapporte une apparition de
ce saint à l'empereur Constantin et au pré-
fet Ahlabius, pour les obliger de faire sortir
de prison trois généraux d'armées. Mais quel
est le séjour des âmes sorties de leurs corps?
Eustratius, après avoir rapporté sur cela quel- 390.
ques passages de saint Basile, de saint Gré-
goire de Nysse et de saint Athanase, dit que
les âmes des saints sont reçues dans le ciel,
et que celles des méchants sont vagabondes
dans l'air, cherchant un lieu de repos, et n'en
trouvant point.
La troisième question qu'il se propose est 38i.
plus intéressante, savoirs! les âmes des dé-
funts reçoivent quelque utilité des prières et
des supplications que les vivants font pour
elles. Il établit d'abord l'usage de la prière
et des sacrifices pour les morts, par l'auto-
rité du second livre des Machabées, de l'é-
pitre de saint Paul aux Hébreux, et des livres
de saint Denis l'Aréopagite, par le Testament
de saint Ephrem, par la cinquième cathé-
chèse mystagogique de saint Cyrille de Jé-
rusalem, par le discours d'un évêque d'A-
lexandrie qu'il ne nomme point, fait exprès
contre ceux qui ne voulaient pas que l'on
offrît des saci'itices pour les morts ; et par un
endroit du Commentaire de saint Chrysos-
tome sur saint Matthieu. Il en tire cette consé-
quence, que Dieu ayant prescrit et autorisé
les prières et les sacrifices pour les morts, on
ne peut douter de leur utilité. Photius dit ^
qu'il avait lu dans le traité d'Eustratius, que
Gamaliel, maître de saint Paul, avait cru en
Jésus-Christ, et reçu ensuite le baptême, avec
Nicodème, des mains de saint Jean et de saint
Pierre, et avec le fils de Gamaliel, nommé
Ahbus; que les Juifs, ayant appris le bap-
tême de iXicodème, le maltraitèrent si violem-
ment, qu'il mourut quelque temps après de
ses plaies. Eustratius ne rapporte point tous
ces faits de lui-même, mais comme faisant
partie de l'Histoire de l'invention des i-eliques
' Planius hoc ipsimmagnus Eutychiiis archie-
piscopus Conslantinopolitanus cenerandum mihi
in omnibus sacrumqiie caput. Eustrat., tom. XXVIt
Bibl. Pat., pag. 372.—^ Pliot. Cod. 171.
348
HISTOIRE GÉNÉRAL DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
C'>eiln.*us
ses écrits.
de saint Etienne, de Gamaliel et de Nicodème,
p;\r le prêtre Lucien. Le même Pliolius, en
donnant le précis du traité d'Eustratius, ré-
duit à trois propositions tout ce que cet au-
teur prétend y établir : d'où qiielijues-uns
ont conclu qu'Eustratius avait composé trois
traités sur l'état des âme.s après cette vie. Il
n'y a rien de tout cela. Ce n'est qu'un seul
traité, où, comme nous venons de le dire, il
établit que les âmes, après leur dissolution
d'avec le corps, agissent et apparaissent quel-
quefois , et que les prières et les sacrifices
leur sont utiles. C'est encore sans fondement ,
qu'on tire des paroles de Photiiis qu'Eustra-
tius a fuit reloge du saint martyr Théodore :
il n'en est rien dit dans Pliotius. Eustratius'
cite quelque chose du discours en l'honneur
de ce saint martyr; mais il le cite comme
de Chrysippus, prêtre de Jérusalem. II cite ^
encore im discours du patriarche Eutychius
sur la manière dont les natures inteUigentes
sont dans un lieu. Nous n'avons plus ce dis-
cours. D servait à montrer que l'âme est spi-
rituelle. Le style d'Eustratius n'est pas bon ;
mais il est clair.
6. Nous mettons Cogitosus parmi les écri-
vains du VI' siècle, parce qu'il se dit neveu'
de sainte Brigide , abbesse de Rildar en Ir-
lande, à sept ou huit lieues de Dublin, dans
la province de Leinster, morte, selon Sige-
bert, en 518, ou en 521 selon Martin le Po-
lonais. Cogitosus en écrivit la Vie, en partie
sur ce qu'il avait appris de la sainte ' par les
anciens qui l'avaient vue, et eu partie sur le
témoignage de ses yeux. Ceux cpii veulent
que cet auteur n'ait écrit que longtemps
après la mort de la sainte, disent qu'il faut
entendre ce témoignage des miracles qu'il
avait vus s'opérer dans l'église qui portait le
nom de Brigide ; et que ce qui fait voir en-
core mieux que Cogitosus n'a vécu que dans
lc3 siècles postérieurs, c'est qu'ouli'e la bar-
barie de son style, propre à ces siècles, il
parle des images et des histoires peintes sur
ET>tr., III.
les murailles de cette église; ce qui n'était
point en usage dans les églises d'Irlande au
commencement du vi"- siècle. Mais on peut
répondre qu'on ne parlait plus la langue
latine dans sa pureté en Irlande dès les v"
et VI" siècles, comme on peut le voir par les
Actes des conciles que nous en avons rap-
portés, et par quelques écrivains irlandais
qui ont vécu dans ces siècles ; qu'à l'égard
des images, on en voyait dans les églises
d'Orient et d'Occident dès les V et vi' siècles.
L'image d'Acace de Constantinople se trou-
vait dans presque toutes les églises de cette
ville. Dans une qui était près de l'arsenal,
cet évêque y était peint à l'endroit le plus
apparent. Théodore remarque que, lorsque
Timothée Litrobulbe, qu'Anastase avait fait ^^^^
ordonner évêque de Constantinople, entrait " '•"■
dans les églises, il en faisait ôter les images
de Macédonius, avant d'y commencer l'of-
fice. Dans un concile tenu à Tours en 566,
il fut ordonné que le corps de notre Seigneur,
sur l'autel, ne serait point mis au rang des
images, mais sous la croix. Nous avons vu
plus haut que le pape Jean III fit peindre
plusiem'S histoires, partie eu mosaïque, par-
tie avec des couleurs, dans l'église que Pe-
lage I, son prédécesseur, avait commencée.
Ennn,quoiqu'on puisse entendre des miracles,
faits dans l'église de Sainte-Brigide, les ver-
tus de la sainte dont Cogitosus dit avoir été
témoin, cela peut s'entendre aussi des actes
de vertu qu'il lui avait vu faire avant sa
mort : car il y joint ' ensemble les miracles
qu'elle avait faits de son vivant , et ceux
qui s'opéraient à son tombeau depuis sa
mort. Ce dernier sens est d'autant plus rece-
ble, qu'il se dit neveu de la sainte. Au reste,
la Vie qu'il en a écrite est très-différente de
celle que Surius en a donnée au I" février.
Celle de Cogitosus se trouve parmi les an-
ciennes leçons de Canisius [et dans le tome
LXXIl de la Patrologie latine, col. 773].
« Toin. X Bibl. Pat., pag. 378.
' Ibid., pag. 372.
' Orale pro me Cogiloso nepote culpabili. Vil.
Brig., Ibid., pag. 424.
* Pauca de pluribus a majnribus et peritissi-
mis tradila, sine vtla nmhiguitatis caligine, pa-
tefacere censeo. Idem, in Prolog.
'^ Non solum autem in sua vila carnali, ante-
(juam sarcinam dcponerel carnis, virlutes pluri-
mas operata est, sed largitas divini muneris in
suo monasterio, ubi ejus veiierabile requiescil
corpus, semper operari virtules non cessai, quas
nos virlutes non solum audiviinus , sed eliam
oculis nostris vidimus. Idem, in Vit. Brig., pag.
422.
[VI» SIÈCLE.]
r.IIAPlTRE XXXVni. — AGNELLUS, GOUDIEN, ETC.
MQ
CHAPITRE XXXVIII.
Agnellas [vers l'an 556], Gordien, Simplice |570J et Colamba
ou Columbaii [598] ■
ll^crivains Intiiis.l
Agaciii., : 1. Agnellus, né d'une condition noble ot
"«'niu>! ' o*n.' très-riclie, ayant perdu sa femme, omljrassa
p il", rï'. 606- l'état ecclésiastiqne, et fut fait diacre par
l'archevêque de Ravenne. Son premier em-
ploi dans cet état fut de prendre soin de
l'église de Sainte-Agathe , en cette ville ;
mais l'archevêque Maximien étant mort
vers l'an boo, Agnellus fut choisi pour lui
succéder. Il trouva le moyen, par la mé-
diation de Narpès qui commandait en Ita-
lie pour l'empei'cur Justiuien, de faire réu-
nir au domaine de l'église de Ravenne tous
les biens des Goths. Lesiariens avaient cons-
truit plusieurs églises, qu'ils avaient souillées
par leurs cérémonies : Agnellus les purilia,
en }• établissant le vrai culte de Dieu. On
met sa mort à l'an 556, ce qui parait un ter-
me bien court pour tant de belles actions. Il
nous reste de lui une lettre à Arménius,
dans laquelle il s'applique principalement à
établir contre les ariens la cousubstantialité
du Père et du Fils. Il paraît que ces héréti-
ques faisaient tout leur possible pour infec-
ter Arménius de leurs erreurs. Un nommé
Martin, qu'Agnellus appelle son frère, s'a-
dressa à lui pour donner à Arménius les ins-
tructions nécessaires, et le fortifier dans la
foi. La première chose qu'il demande de lui,
est de croire qu'il y a un Dieu ; et la seconde,
de savoir ce qu'est Dieu. Il définit Dieu,
comme Dieu s'est défini lui-même en par-
lant à Moïse, et prouve par cette définition
que|Dieu est immuable, éternel; que, comme
il a toujours été Dieu, il n'a jamais cessé
d'être Père, et conséquemment, que son Fils
lui est coéternel. Il ajoute que du Père et du
Fils ' procède une vertu, c'est-à-dire le Saint-
Esprit ; et que ces trois personnes n'ont
qu'une même nature, ou, comme il dit, une
même puissance de subsister. Il compare le
Père aune fontaine, et le Fils à un lleuve :
sur quoi il dit que, comme l'on ne peut point
diviser le lleuve de la fontaine d'où il prend
sa source, c'est aussi inutilement que les
ariens prétendent diviser le Fils de Dieu
d'avec le Père, de qui le Fils tire son origine.
Les ariens objectaient ces paroles du Fils :
Mon l'ère est plus grand que mui. Agnellus
dit à Arménius de leur répondre, que le Fils
est moindre que son Père selon la forme
d'esclave, dans laquelle il s'est anéanti ;'mais
qu'il est égal à son Père selon la forme de
Dieu. Cette lettre se trouve dans l'Antidote
contre les hérésies, à Râle, en 1528 ; dans le
huitième tome de la Bibliothèque des Pères à
Lyon [et dans le tome LXVII de la Patrologie
latine, col. 385, où elle est reproduite d'après
Galland, qui la donne au tome XII de la Bi-
bliothèque des anciens Pères, avec une notice],
2. On ne met le moine Gordien parmi les
écrivains ecclésiastiques, que parce qu'on
le suppose auteur des Actes du martyre de
saint Placide, disciple de saint Denoît ; mais p"^- si
cette opinion, qui a eu cours pendant quel-
ques siècles, est aujourd'hui rejetée pres-
qu'unanimement : il ne faut que lire les Ac-
tes qui portent le nom de Gordien, pour en
connaître la supposition. L'auteur, qui se
donne pour compagnon du voyage de saint
Placide en Sicile, se trahit lui-même, lors-
qu'on marquant le nombre des Papes qui
ont confirmé les donations faites par Tertul-
lus en Sicile, il en compte quarante-neuf
depuis Vigile : ce qui fait voir que l'impos-
teur vivait sous le pontificat de Jean VIll,
qui mourut dans le mois de décembre de
l'an 882, après dix ans de siège, et ainsi près
de trois cent quarante-huit ans après la mis-
sion de saint Placide en Sicile.
3. Le troisième aljbé du Mont-Cassin, de-
puis saint Renoît, fut Simplice, qui succéda
dans celte dignité à Constantin, avec lequel
0»rdien,au*
leitr sufipn^é.
Vide Matiill.
lih. III An-
nal. p3g. rc,
lib. IV.
SimpHc*,
allié du Mont.
CassîH.
* Ex Pâtre Filiits, ex Paire et Filio procedtt Spiritus Sanclus. Agnell. Epist ad Armenium.
330
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
-'■"t.i"*'' il avait (^ti5 ëlevë. Pierre Diacre, moine du
!°V' ^'\?i! nième monas-tèro, dit que Simplice répandit
AoIi'.'i.',''^*V partout la liègk de saint Benoît, et qu'il en
laur.î. jj^if une partie en vers. On les trouve dans
Haëftène, ot dans le Code des t-rr/les imprimé
à Paris en 1K63. Simplice mourut vers l'an
î»"0, après avoir gouverné le monastère de
Mont-Cassin pendant environ dix ans.
coiumU: 4. Columba on Columban , surnommé
B^uiib. III l'Ancien, pour le distinguer d'un abbé de
Mis!., •^p. Il ' * '^
Miii.. ',,«p. même nom qui se rendit célèbre dans le
\'n' siècle, Ijâlit au commencement durègiie
de Justin-le-Jcune le monaslère célèbre de
Dermarrli en Irlande, d'où il était oiiginairo.
En 365, voulant se soustraire à la fureur du
roi Dermici.us qui pensait à le faire mourir,
il passa dans la Grando-Bretafinc, où il prê-
cha la foi aux Pietés septentrionaux, séparés
des méridionaux par d'affreuses montagnes.
Il établit im second monaslère dans une île
de la Bretagne nommée lly ou IIii, au nord
dellilande, et au coucliant de l'Kcosse. Ces
deux monastères en produisirent plusieurs
autres, dont celui deHy fut toujours le chef,
comme le plus considérable. Saint Columba
en fut abbé ; et comme il était prêtre, ce
monastère fut dans la suite gouverné par un
prêtre qui en était abbé, et à qui toute la
province était soumise, même les évêques,
par un usage extraordinaire. On remar-
que que ses successeurs ne se conformaient
pas aux autres églises pour l'observation de
la Pâ(jue , parce qu'étant extrêmement éloi-
gnés du reste du monde, ils n'avaient point
de connaissance des décrets que les con-
ciles avaient faits sur cette matière. Le saint
vécut trente-quatre ans depuis son passage
dans la Grande-Bretagne, et mourut en 598,
le 9juin, auquel l'Eglise honore sa mémoire.
Il fut enterré dans l'église du monastère
de Hy. Wara'us, dans son premier livre des
Fo-imim irlandais, attribue à saint Columba
une liègle pour ses moines, une hjnnne à
la louange de saint Kieran, abbé, et trois
autres sur divers sujets. [Le tome LXVI de
la Patrologie lutine, col. 997-993, reproduit
une Ji(>gle attribuée à saint (Columban.]
CHAPITRE XXXIX.
Saint Martin de Dnmc archevêque de Bragne.
(Écrivain latin vers l'an 580.]
Siint Mar-
tin (-st fait ab-
l'é de Du nie,
piiH arcb'vC-
que de Br.i-
1. Ce saint était originaire de Pannonio.
Élantencorejeune,ilfit un voyage en Orient,
dans le dessein de visiter les Saints-Lieux.
Use rendit si habile dans les sciences, qu'au'
jugement de saint Grégoire de Tours, il sur-
passait tous ceux de son siècle. A son re-
tour, il passa dans la Galice, où il fut chargé
du gfiuveriu'mont du monastère de Dume,
et ensuite choisi évèque de Braguc. En 572,
il tint un concile dans l'éghse de sa métro-
pole avec douze évêques des deux provinces
de Galice, c'est-à-dire, deBraguo el de Lugo.
Il mourut après environ vingt ou trente ans
d'épiscopat, le 20 mars, vers l'an 580. C'est
à lui que Fortunat a adressé* les premiejs
vers de sou cinquième livre ; il dit de lui
qu'il avait hérité le nom et les mérites de
saint Martin de Tours.
2. Nous avons de saint Martin de Bragne
une Collection de canons qu'il adressa h Niti-
gius, évêque de Lugo, le même qui présida
au concile tenu en cette ville en 572 par les
évêques de la province. Il marque dans la
Préface de cette Collection, que les canons
faits par les anciens Pères dans les conciles
d'Orient, ayant d'abord été écrits en grec,
ont été dans la suite altérés, tant par le dé-
faut des traducteurs latins, que parla négli-
gence ou l'ignorance des copistes ; que c'est
pour cette raison qu'il a travaillé à les ren-
dre plus corrects, soit en mettant dans une
plus grande clarté ce que les traducteurs
Écrits do
saint Martin
àf llragi e. >a
CDlleclioD de
caoonf.
' In tanlum se litleris iinbitit, tit viilH secun-
dns suis Irmporibits Itubcretur. <!reg. Turon., lili.
V, Clip. XXXVIII, iiaf.'. 2i7.
' Martirii inerilis cum Domine nobilis lnvres.
l'orluual, lili. V, uuuj. 1.
[Vl° SIÈCLE.]
ont rendu oliscurt'mcnl, soit en rt^liil)lissant
les textes qu'ils avaient clianj,n's avec trop
peu de précaution. Sou Recueil est divisé en
deux parties, dont la première re|,Mrde les
évèques cl tout le clergé , la seconde les
laïques. Son dessein dans cette division était
de mettre les lecteurs en étal de trouver
sans peine les canons qui les intéres>ai(!nl ;
ils sont en tout au nombre de quatre-vinj;!-
quatre. On trouve ;\ la tèle de chacun l'eu-
droil d'où il a été tiré, c'est-à-dire, des con-
ciles c(nnpris dans l'ancien Code de l'I^glise
inilverselle , et des conciles d'Espa^jne que
l'on avait tenus jusqu'alors. Le premier ca-
non, qui regarde l'élection d'un évoque, esl
le treizième du concile de Laodicée. Le se-
cond est le quatrième de Nicée, et a pour
titre : De l'Ordination d'un évèque. Le col-
lecteui' suit la même méthode dans tout le
, Ton. V Cou. reste. Sa Collection se trouve dans les divers
Recueils des conciles, et dans l'Appendice du
premier tome de la liibliollwque canonique
(le Justel, à Paris, en ItiCl.
Livr,>»j:i- 3. Miron . roi de Galice, avait isouvent
i«o. roi de . , . ' ■ 1 1 • ï 1
o^i' c T prie sauit Martni de lui donner des nislruc-
X H.M l'ji., '. ., , ....
m-i*i- lions sur la manière dont il devait se con-
duire. Le saint évêque lui adressa pour ce
sujet, vers l'an uCO, un traité des quatre ver-
tus cardinales, qu'il intitula : Formule d'une
vie honnête. On l'a imprimé dans le dixième
tome de la Bibliothèque des Pères, mais sans
l'Épître dédicatoire au roi. On la trouve
dans le dixième tome du Spicik'ge de doni
Pig. 6»c. Luc d'Achéri. Cet évèque dit, en parlant de
la prudence, que celui qui possède cette
vertu est toujours le même, mais qu'il sait
I s'accommoder au temps, suivant la diver-
sité des atl'aires et des circonstances. Sur la
magnanimité ou la foi'ce, il enseigne que
celui qui est véritablement magnanime, ne
croit jamais qu'on lui fasse injure. « Il dira,
ajoute-t-il, de son ennemi : « 11 ne m'a pas
« nui, mais il a eu dessein de me nuire ; » et
lorsqu'il l'aui'a en son pouvoir, il se croira
bien vengé d'avoir été en état de se venger.»
Les instructions qu'il donne au roi sont re-
marquables. Il lui conseille de ne laisser ja-
mais sortir de sa bouche aucune parole dés-
honnèle, et démêler tellement l'enjouement
avec le sérieux, que cela se fasse sans pré-
judice de sa dignité et de la pudeur. 11 veut
CnAPITRE XXXIX. — SAINT MARTIN DE DUME.
arji
aussi que le sel de ses discours n'ait rien de
mordant. « Soyez, ajoute-t-il, gracieux en-
vers tous; ne llattcz personne; soyez fami-
lier avec peu, et équitable envers tout le
monde. » Il lui fait remarquer que la justice
esl une loi divine, et le lien delà société hu-
maine ; que, pour la pratiquer, il faut non-
seulement ne rien prendre à autrui, mais
encore lui restituer i:e qu'on lui aurait ôti'-.
11 ne met point de diirereuce entre assurer
une chose, et jurer qu'elle est véritable;
mais il ne s'exprime ainsi que par ra|)[)orl
au roi, dont en ell'et la parole doit tenir lieu
de serment. 11 semble encore approuver le
mensonge dans des occasions pressantes,
pourvu qu'on s'en serve, non pour assurer
une chose fausse, mais pour melti-e à cou-
vert la vérité; il parait néanmoins par la
suite, qu'il ne veut dire autre chose, sinon
qu'il esl permis quehjuefois de taire la vé-
rité. « Lorsqu'il y a, dit-il, une cause hon-
nête, le juste ne publie point son secret ; il
tait ce qu'il faut taire; il dit ce qu'il faut
dire. »
4. A la suite de ce traité on en trouve un i-i.re d»
^ Mii-urs,
autre dans le même tome de la Bibliothèque
des Pères, intitulé : Des Mœurs : c'est un tissu
de maximes morales, également propres à
former l'homme dans la vertu, et dans les
devoirs de la société civile. En voici quel-
ques-unes, (c Avertissez vos amis en secret :
faites leur éloge en public. Ne demandez
point ce que vous refuseriez à un autre : ne
refusez point ce que vous demanderiez vous-
même. Servez-vous plus souvent des oreilles
que de la langue. Lorsque vous voulez dire
quelque chose , dites-la à vous-même avant
de la dire aux autres. » Saint Isidore de Sé-
ville ne nomme point ce petit traité ; mais il
fait mention 'd'im volume de lettres du saint
évêque, dans lesquelles il donnait des pré-
ceptes pour la pratique des vertus et la fuite
des vices : peut-être que ce traité, qui est
extrêmement court, n'est en effet qu'une
lettre de ce recueil.
5. On cite de saiut Martin un livre (/e /'O?'- Amres
gueil et de l'humilité ; un autre de la Colère, Manio. '
adressé à l'évêque Wictimirus; un troisième
de la PCique ; une lettre à l'évêque Bouiface
sur les trois immersions du baptême ; et une
contre les superstitions. [Le tome El des
1 Cuixis quidem ego ipse legi librum de Diffe-
reutiis quatuor virtutum; et aliud volumen Epis-
tolarum, in quibus hortatur ad vitœ emendaUo-
nem et conservationem fidei, etc. \3i1lor. De Script,
eccles., cap. xxn.
302
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CIdssici auctores de Mai, pag. 379-384, con-
tient uu fragment d'un ouvrage de saint
Martin ; ce fragment est sur l'origine des
idoles'.]
Le cardinal d'Aguirre ', qui avait trouvé
tous ces écrits dans un manuscrit de l'église
de Tolède , s'était engagé à les rendre pu-
blics, avec le traité intitulé : Formule de la
vie honnête, et un ^and nombre de senten-
ces des Pères d'Egypte, traduites en latin
par le même évêque. Nous ne savons pas
s'il a tenu sa parole'. Ces sentences des Pè-
res d'Kpypte se trouvent ' dans V Appendice
des Vies des Pères, par Rosveide. La plupart
regardent ceux qui pratiquent les exercices
de la vig- monastique ; mais il y en a aussi
plusieurs qui peuvent être très-utiles à tous
les chrétiens qui veulent se perfectionner
dans la vertu. Voilà tout ce que nous savons
des ou\Tages de saint Martin. Saint Isidore
de SéviUe dit de lui*, qu'il avait enseigne la
foi catLoIique aux Suèves convertis de l'hé-
résie arienne , atiernii les églises, bâti des
monastères , et composé des livres remplis
de préceptes et de maximes de piét('. Il faut
mettre aux nombre de ces monastères celui
de Dume dans la Galice, dont il fut le fon-
dateur et le premier abbé. Dans une inscrip-
tion en vers • qu'on lisait dans l'église de
ce monastère , on lui fait l'honneur d'avoir
donné par son ministère la connaissance du
vrai Dieu aux peuples d'Allemagne, de la
Saxe, de la Thuringe, de la Pannonie, de la
Bourgogne , de la Dacie , et de beaucoup
d'autres provinces. Il n'est rien dit de tout
cela dans son épilaphe '' , mais il y est fait
mention du lieu de sa naissance , de ses
voyages au delà de la mer, de son établis-
sement dans la Galice , et du soin qu'il prit
du culte du Seigneur , et des rits sacrés de
l'Église. [Les écrits de saint Martin de Dume
sont reproduits au tome LXXll de la Patro-
logie laitue, col. 17-32, d'après Galland, qui
les a publiés au tome XJi de sa Bibliotlièque
avec une notice sur l'auteur. On y trouve
sept opuscules , savoir: 1° les formules de la
vie honnête ; 2° l'écrit sur les mcewrs; 3° l'o-
puscule contre la jactance ; 4° sur la superbe ;
5° sur l'humilité ; 6° sur la colère ; T sur la
Pâque. Us sont suivis de trois petites pièces
de vers.]
CHAPITRE LX.
Entychins [582] et Jean le Scholastiqtie [575] patriarches
de Constantinople.
[Écrivains grecs.]
Euljcblu*!
p«lri»irliO à'i
C«D^liiDl<lliJ-
pl«.
Vîu Eiil.-
chti apu<1 Bol-
lard, ad diciii
1. Eutycllius', né en Phrygie vers l'an
SI 2, fut envoyé à l'âge de douze ans à Cons-
tantiiiople pour y étudier les belles-lettres.
Dans le temps qu'il y était occupé, il conijut
le dessein de se faire moine. L'évêque d'A-
masée, en ayant été averti, le mit dans son
clergé, et le lit passer par tous les degrés du
ministère ecclésiaslique, jusqu'à la prêtrise
inclusivement. 11 le destinait même àl'épisco-
pat; mais comme il changea ensuite de volon-
' Voir la préface de Mai, pag. H.
' Kolitia Concilior. Itispan., pag. !)2.
' Ils ont élé publiés par Jean Tamay Salosar dans
son martyrologe espagnol, loin, il, pag. .'în-328. De
là ils out passé dans le tome XII de la Bibliotliè-
que des ancicus l'èrcs de lialland. (L'édileur.)
* l'ag. 7C6.
té, Eutychius, reprenant son premier dessein'
embrassa la vie monastique dans un monas-
tère de la ville d'Amasée : il avait alors trente
ans. Environ dix ans après, c'est-à-dire en
332, l'évêque d'Amasée, se trouvant malade,
le députa à Coustantinople , pour tenir sa
place dans le cinquième concile géuéral. Le
patriarche Menuas, chez (pii il logeait, dit
un jour à son clergé, en parlant d'Eutychius :
Ce moine sera mon successeur. Dans une
* Isidor. De Script, eccks., cap. xxu.
" Tom. X, Bibl. Pat., pag. 386.
' Ibid.
' Kulycliius a le litre de salnl parmi les Grecs ;
Baronius recounait qu'il l« mérite. Voyez Pnlrot.
grecque, lom. LXXXIX, col. 2270 et 2389. {L'édi-
teur,)
[vi« SIÈCLE.! CHAPITRE XL. — EUTYCHIUS KT JEAN LE SCHOL ASTIQUE.
cfirS".'""..'.^ cniifériMico qiio l'on tenait en présence de
l'eiupeieur Justinien, on agita la question
qiii avait rapport à celle qui devait faire la
matière du concile, savoir si l'on peut con-
j.ii.,').!."''' damner les morts. Eutycliius soutint l'allir-
mative, et la prouva par l'exemple du roi
Josias, qui fit déterrer et brûler les os des
idolâtres. Justinien, et la plupart de ceux qui
étaient présents, furent charmés de cette ré-
ponse, parce qu'ils pensaient de même. Le
patriarche Mennas étant donc mort quelques
jours après, l'Empereur lui donna pour suc-
cesseur Eutychius , de l'aprément du clerf^é
et du sénat : il avait quarante ans, lorsqu'il
fut ordonné patriarche de Constantinople.
eii.,'°iiin.33s! Aussitôt après son intronisation, il donna au
pape Vigile sa profession de foi, en le priant
de venir présider au concile, et d'y confir-
mer la paix des Églises par l'examen et le
jugement de la question des Trots-Chapitres.
Le Pape ayant refusé de s'y rendre , Euty-
chius tint la première place avec Apollinaire
d'Alexandrie, et Domnin d'Antioche. 11 alla
même avec ces deux patriarches inviter Vi-
gile à assister à la seconde session. Sa sous-
cription aux Actes de ce concile renferme
sommairement la sentence qui fut rendue
iiK.''"' contre les Trois-Chapitres. L'Empereur ayant
voulu obliger le patriarche de souscrire en
564 à l'édit qu'il avait publié pour la dé-
fense de l'erreur des incorruptibles, Eutychius
résista fortement à ce prince, en lui remon-
trant qu'il suivait de cette doctrine, que l'In-
carnation n'avait été qu'imaginaire. « Com-
ment, disait-il , un corps incorruptible a-t-il
été circoncis, ou nourri du lait de sa mère?
Comment a-t-il pu sur la croix être percé
par les clous et par la lance ? On ne peut le
nommer incorruptible , qu'en ce qu'il n'était
souillé d'aucune tache du péché , et qu'il ne
fut point corrompu dans le sépulcre. » Tous
lesetfortsqu'Eutychius fit pour désabuser ce
prince aboutirent à le faire envoyer en exil.
Un se saisit de lui, lorsqu'il venait d'achever
le saint sacrifice , et on l'emmena dans un
monastère, dépouiUé de tout , excepté de
son pallium. [Le cardinal Mai a publié deux
fragments sur la Pâque et sur l'institution de
l'Eucharistie (S. V. LX, pag. 623-623.) —Il
parait que ces fragments appartenaieut aux
discours qu'il avait composés contre toutes
353
les hérésies , au rapport d'Iùistratius , qui a
écrit sa Vie. Ces deux fragments, quoique
courts, sont très-importants, dit M. Bonnetty,
dans sa table alphabétique des auteurs di;-
eouverls par le cardinal Mai. En elïel, dans
le premier, Eutychius réfute d'abord les
quartodécimains, qui célébraient la P;lque à
la manière judaïque; puis il s'élève contre
les aquariens ou hydroparastates , c'est-:"!-
dire ceux qui n'employaient que l'eau dans
le saint sacrifice , et qui s'excluaient , com-
me il le dit, du corps et du sang du Sauveur.
Il enseigne qu'il faut offrir le vin mêlé avec
l'eau, suivant la tradition du Sauveur, et ré-
fute par L'i lesArméniensIschismatiques, qui
n'emploient que le vin, s'appuyant sur les
fausses traditions de leurs ancêtres , qui ne
peuvent être comparées à la tradition ve-
nue du Seigneur Jésus. — Dans le second
fragment , Eutychius s'élève aussi contre
une dangereuse coutume qui existe chez les
Grecs et les Arméniens schismatiques, et qui
consiste à vénérer la matière oUerte pour
l'Eucharistie, mais non encore consacrée:
coutume qu'a si souvent blâmée l'Église ro-
maine. — Mais ce qui surtout nous rend
très-précieux ce second fragment, c'est qu'il
nous a conservé un témoignage très-expli-
cite du grand Athanase sur la présence
réelle dans l'Eucharistie ; il est tiré de son
discours aux baptisés, titre qui ne se trouve
pas dans ses œuvres imprimées. Voici ses
paroles : « Le baptisé verra les lévites por-
tant le pain et le calice du vin, et prépa-
rant la table sacrée ; avant que les prières
(( et les supplications soient commencées,
il n'y a que le pain et le calice ; mais,
dès que les grandes et les merveilleuses
prières sont accomplies, alors le pain de-
ce vient corps et le calice sang de Notre-Sei-
« gneur Jésus-Christ '. n Et un peu plus
loin : (I Arrivons à la confection des mystè-
« res ; là est le pain, là est le caHce, les-
« quels, en eflet , tant que les prières et les
(( supplications ne sont pas achevées , con-
te servent simplement leur nature ; mais
« aussitôt que les grandes prières et les
« saintes suppfications sont montées au ciel,
« le Verbe descend dans le pain et le calice,
<( et son corps est formé -. » On ne peut voir
rien de plus précis que ces témoignages qui
> ' 0^;c zohi UAra-i ftpunai à/JTOus, xai itoznpto^ tôts yiveroti o âupTOi cûfia.' , xai rb mr-npto» ai/J-c «u
oîvou, xai Tiôivra; Si riiv fl^sànï^av xai Sîov oûna tV.£j(ai y.jpiou rt)iùi Iri^oû Xpi^tov. Script. veteres. lom. 1\,
xai 5siiTs<î vivoïwi, ^liô; èïTiw 0 «,OT(Jî xaî To TroTii.oioV pag. li^j. Paliol. grac. toiu. LX.WVl, col. 2402.
Wàv (îè 57rtTsA£îeù(jiv ai /i£y«i«t xai 6'xup.v.<:0u.l sùz»'. » ' EÀOu/*-:v irti ri)» Tsieiw»" to,m /iU77/i5ic^v oOto,- 9
XI.
23
334 HISTOIRE GÉNÉRALE DES
nous donnent la foi du iv' siècle, saint Atha-
nase ayant été consacré archevêque d'A-
lexandrie en 326, et étant mort en 373. Nous
y retrouvons aussi la foi du vi' siècle par le
témoignage d'Eutychius , qui, outre la cita-
tiou qu'il fait ici d'Atlianase, s'exprime ainsi
lui-même ailleurs; » Le Clirist s'est immoli;
H lui-même mystiquement dans le temps
0 où, après la Cène, recevant le pain, il
u rendit grâce, l'offrit et le bénit, se mêlant
« lui-même au type; semblablcment, pre-
n nanl le calice du fruit do la vigne, et ren-
« dant grâces, et l'olfrant à Dieu le Père, il
(I dit : Prenez, mangez ; prenez , buvez : ceci
« est mon coi-ps; ceci est mon sang. Tous le-
tt çoivent donc le saint corps et le précieux
« sang, quoiqu'ils ne reçoivent qu'une par-
« tie du type, car il est divisé indivisible-
« ment entre tous à cause de la commix-
« tion. ' » — Eutychius explique ensuite ce
mystère par l'exemple d'un cachet dont tou-
tes les empreintes viennent d'un seul t\-pe
qui demeure immuable, et par l'exemple de
la voix qui est une, la même et indivisible,
soit dans celui qui parle , soit dans l'air qui
la transmet, soit dans les oreilles de tous
ceux qui l'entendent; puis il conclut ainsi :
« Que personne donc ne mette en doute
« qu'après le sacrifice mystique et la sainte
Il résm-rection , l'incorruptible , l'immortel ,
CI le saint vivifiant corps et sang du Sei-
« gneur, enfermé dans les types par l'œu-
« vre du Sacrifice, que personne , dis-je, ne
c( mette en doute que, de même que dans
<i les précédents exemples , il n'imprime sa
« vertu aux mêmes types et ne soit en réa-
(1 lilé tout dans chacun de ces types. Car
i( dans le corps même du Seigneur habite
« corporellement, c'est-à-dire substanlielle-
« ment , la plénitude de la divinité du Ver-
« be de Dieu. Mais la fraction de ce pain
« vénérable signifie la mort : c'est pour-
« quoi il a été appelé la Pàqite désirée, com-
II me l'auspice du salut , de l'immortalité et
« de la science parfaite : et de même qu'à
« cette époque ils sortirent tous de la Cène,
âpzoi xal toDto t6 Ttorripioi, ôioy oïmui v-i^o-l "«! ixs»(«t
•/r/iïasi, ipCki. liil • iz âv Si ai /xr/aiat r^ai, xal ai
ây(ai c«»iac àvaTre/ipeisi, xaraCa^ysi i Aoyi; e(f rè» Kp-
TO» xai t4 Jioni^co», xai -/ht-an axiroû « nCi/ix, Ibid.
' Ex//({aj tauTo» r& ànirmtf ÔAo» oàv âîtaj t4
«yw» CÙ/J.U xai TO ti/iw» ai/ia nû Kupisj Sl/trtu, xàv «
/«é,oo; TOnTviï Silnrai' /itplynat yào à/AipUrvi 4» ârt«ei,
iti. Tf,y l/intîi'. Clnssici auclores, loin. X, pag.
490. Palrol.grwc. tuui. LXX.WI, rnl. 239S.
' Mr.iiif ovj à//j.i69i*a» ixirw ri (Xj.fl-x,»TO» /urà. t*.v
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
« et se rendirent sur la montagne des Oli-
(1 ves , avec des cantiques , aiusi nous ,
H après la participation du corps et du sang
i( sacrés, nous rendons grâces et nous
Il nous retirons chacun dans nos demeu-
II res *. »
Ces fragments si précieux font désirer que
l'on retrouve un jour les autres discours
d'Eutychius. — [On trouve un autie fiagment
aux pages 488-493, Classici oiictores, tom. X.
Tous ces diUi-rcnts fragments ont été re-
cueillis par Mai . Bihliot/i. nova , tom. IV ,
pag. 34 et suiv. Ils forment le discours sur
la Pàque et sur l'Eucharistie, qu'on a ainsi
presque en entier. Il est reproduit au tome
LXXXVI de la Patrologie grecque, col. 2389-
2402, avec une traduction latine et un aver-
tissement du Cardinal.]
2. (m ordonna à la place d'Eutychius, Jean
le Scholastique, syrien de naissance, et apo-
cisiaire d'Antioche. Le nouveau patriarche
assembla quelques évoques pom-e.xaminer les
requêtes présentées contre Eutychius. Les cri-
mes dont on l'accusait, étaient de se servir
d'onction, de manger des viandes délicates, de
prier longtemps à genoux (peut-être les di-
manches). Cilé par trois fois, il repondit tou-
jours que, si ou le jugeait canoniquement, et
si on lui rendait son clergé et sa dignité, il
comparaîtrait et prendrait ses accusateurs
mêmes pour témoins. Ils le condannièrent par
défaut; puis on le transféra dans une île de la
Propoutide, d'où il fut contiiiitau monastère
d'Amasée, qu'il avait gouverné avant d'êti'6
évêque. Il y demeura douze ans, c'est-â-dire
depuis oG3 jusqu'en n~to , auquel Jean le
Scholastique mourut le dernier jour d'août.
Il portail le nom de Scholastique, parce qu'il
avait fréquenlé le barreau, étant avocat à
Anlioche. Il fut élevé au sacerdoce dans la
même ville, où il Ot aussi les fonctions d'a-
pocrisiaire. Ce fut pendant ce temps-là qu'il
composa une Collection de canons des dix
conciles précédents. Us avaient déjà été re-
cueillis dans l'ancien Code de l'église uni-
verselle; mais ils y étaient sans ordre. D'ail-
/ui'jSTixViy Upoj/rfia.» xai TJ)» à/iav àyà»T««(v, xal à8à-
varoy, xc<(i âytoy, xat ^uionohv 9ù/ia xai a'/ix toO Rue/ou,
TcT{ ayrtTvnoi; ivriQijJiîvov^ iiv tùv itpo-jtr/titv ^ tÀarrov
X'jif ^ùQupufiiviat n»p'/.otr/fiLârttv rÔLÇ oUitaç ivxitOfi.6fl,
■/waOa.1 ot^va,u£({, àAÀ ôXov iy oXoti lû^siïxcvdai* èy avrâ
yàp Tû x-joixxdi çûpcuTt xarotxG? Tràv rb n/ripùifAtt xfii
OtiriiTOi rov Ai'/ov xai ©loO ffcauxrfxùf , ôitkp iniv
oùmiiùf.etv... Classici auct. toui. X, pag. 491. Pa-
trol., ibid. ac supra.
Jean le?^'
taUiqUC. ;
Iriirebe
C«DIUOlln
kriL-
E.if.m..i\
I
[VI" SIÈCLE.] CHAPITRE XL. — EUTYCHIUS
leurs, ce Code ne renloriiinil que les canons
des conciles de Nici.'e, d'Ancyie, de Néocë-
sarée, de Gangre, d'Antioche, de Constan-
tinople, tl'l'-phèse el de Clialcédoine. Jean
ajouta dans sa Collection les canons des apô-
tres, les vingt-un de Sardique, et les soixaute-
liuil de VBjûtre canonique de saint Basile. Il
les distribua sous cinquante titres, où, sans
garder l'ordre des temps, il se contenta de
suivre celui des matières, rapportant de suite
les divers canons sur un même sujet, pour
la facilité des lecteurs : ce que n'avaient pas
fait ceux qui avant lui avaient donne des
recueils de canons. Le pape Nicolas l" cite
la Collection de Jean le Scholastique dans
sa lettre au patriarche Photius, h qui il dit '
qu'il est surprenant que les canons de Sar-
dique lui fussent inconnus, puisqu'on les
trouvait parmi les cinquante titres dont la
Concorde des cations était composée. Or on ne
connaît point d'autre Concorde des canons
chez les Grecs, qui renferme ceux de Sardi-
que, que celle de Jean le Scholastique. Ce
patriarche fit depuis un abrégé de cette
Concorde, intitulé : Nomocanon, auquel il
ajouta, sur chaque titre, les Novelles de l'em-
pereur Justinien : ce qui prouve qu'il ne mit
la main à cet ouvrage que depuis que ce
prince eut pris le gouvernement de l'empire,
et qu'il fut lui-même monté sur le siège
épiscopal de Constantinople. Balsamon*cite
cet abrégé dans ses notes sur le premier ca-
non du concile de Constantinople appelé m
Trtillo, mais sans en nommer l'auteur. Il est
attribué à ïhéodoret dans un manuscrit de
la Bibliothèque du Roi. Mais dans tous les
autres, le Nomocanon porte le nom de Jean le
Scholastique.il est d'aiBeurs hors d'apparence
que Théodoret eût mis dans une collection
de canons ceux des apôtres et de Sardique,
que les Grecs ne recevaient pas encore de
son temps, et qui ne se trouvaient pas dans
l'ancien Code, dont on se servit dans le con-
cile de Chalcédoine, auquel il assista lui-mê-
me. EnQn, le style du Nomocanon est tout
différent de celui de Théodoret. Ces deux
collections de Jean le Scholastique ont été
imprimées à la tête du second tome de la
ET JEAN LE SCHOLASTIQUE. iiSo
/Ji/)liiit/iè//nc canonique de Justel, A Paris, en
lU()i. Nous n'avons plus sa Catéchèse, où il
établissait le dogme catholique de la sainte
et consubstantielle Trinité. Photius dit '(pi 'il
la composa sous le règne de Justin-le-Jeuiic,
indiclion première, c'est-i\-dire, en 568; et
qu'elle fut depuis réfutée par l'impie et im-
bécile Pliilo])onus.
3. Après la moi-t de Jean le Schoiastiiiue, "<"' ■'■K"-
lychiu" en
le peuple de Constantmople demanda, avec ^J;,„= ""
de grands cris, le retour d'Eutychius. L'em-
pereur Justin l'ayant accordé, le patriarche
remonta sur son siège le 3 octobre 577, aux
acclamations de foute la ville. Comme c'é-
tait un dimanche, il célébra la messe A
Sainte-Sophie, où les fidèles s'empressèrent
tellement à recevoir la communion de sa
main, qu'il la distribua depuis Tierce insqu.' à v-u r.ui;c!..
None, c'est-à-dire pendant six heures. Quel- «i" diëm^'o
que temps après son retour, il publia un "''"'
écrit que nous n'avons plus, où il disait
qu'après la résurrection, notre corps ne se-
rait plus palpable, mais plus subtil que l'air :
c'était un reste des erreurs attribuées à Ori-
gène. Saint Grégoire, qui était alors à Cons-
tantinople eu qualité d'apocrisiaire ou de
nonce apostolique, se crut obligé de résister
au patriarche : ils entrèrent en conférence '
sur ce sujet. Saint Grégoire lui objecta les i.uc. xur,
paroles de Jésus-Christ à ses disciples : Tou- ^''
chez, et voyez qu'un esprit n'a point de chair
ni d'os. Eatychius répondit, que notre Sei-
gneur le fit pour leur ôter le doute de sa ré-
sunection. « Cela est surprenant, reprit saint
Grégoire, que pour ôter le doute à ses disci-
ples, Jésus-Christ nous ait donné heu de
douter. » Eutychius ajouta, que le corps du
Sauveur était palpable, quand il le montra
à ses disciples; mais qu'il devint plus subtil,
après qu'il eut confirmé leur foi. A cela saint
Grégoire répondit que, suivant l'Apôtre, nt,n.v<,%
Jésus-Christ ressuscité ne meurt plus ; d'où il
inféra qu'il ne lui est arrivé aucun change-
ment après sa résurrection. Eutychius ob- ilw.xv,
jecta encore qu'il est dit, que la chair et le '''"'
sang ne posséderont point le royaume et Dieu.
La réponse de saint Grégoire fut, que la
chair et le sang se prennent dans l'Écriture
' Quomodo non sunt pênes vos canones Sardicen-
ses, quando inter quinquagiiita titulos quitus
Concordia canonum apud vos texitur, ipsi quo-
que reperiantur ? Nicolaus 1, Epist. ad Photium.
« Nomocanou , quo in quinquagiiita titulos
leges el canones redegit el reliqua quœ Justiniani
Novellas, quœ exokverunl, ut quœ in imperio
non receplœ sunt, el alias quasdam leges ex Di-
gestis ac Codice continent. Balsam. in primum
Can. Concil. in Trullo. [Voyez sur Jean le Scho-
lastique l'addition à la fin de ce XI' volume.]
3 Pliùt. Cod. 75, pag. 163.
'• Gregùr., lib. XIV, Moral, in Job, cap. xxis,
356
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
en deux manières: ou pour la nature humaine
en elle-même; ou pour la corruption du pé-
ché. Après avoir apporté des preuves de
cette distinction, il conclut que, dans la uloire
céleste, la chair resterait, mais délivrée des
infirmités de cette vie. Eutj'chius s'étant
obstiné dans son opinion, saint Grégoire
rompit tout commerce avec lui. L'empereur
Tibère, qui avait succédé à Justin en 578,
voulut les entendre l'un et l'autre sur la mê-
me matière ; et après avoir pesé leurs rai-
sons, il délibéra ' de faire brûler le livre
d'Eutj-chius. Au sortir de la conférence, tous
deux tombèrent malades. Saint Grégoire re-
cou\Ta la santé ; mais Eutychius mourut
quelque telnps après, un jour de dimanche,
5 avril 582. Ainsi ce fut en cette amiée que
se tint la conférence. Quelques-uns de ses
amis, qui étaient allés le visiter, rapportèrent'
à saint Grégoire, que quelques moments avant
sa mort, il disait, prenant en leur présence la
peau de sa main : Je confesse gue nous ressus-
cilerons tous en cette chair : cet aveu fut cause
que saint Grégoire ne poursuivit plus l'er-
reur dans laquelle Eutychius avait été : d'au-
tant plus qu'elle n'avait eu que peu de secta-
teurs. Il ne nous reste de ce patriarche ' que
sa lettre au pape Vigile, où, après avoirdécla-
ré qu'il recevait les quatre conciles généraux
et les lettres des Papes, nommément celles
de saint Léon, il l'invitait à venir présider
au concile assemblé pour l'examen et la dé-
cision de la cause des Trais-Chapitres. [Cette
lettre est reproduite au tome LXXXVl de la
Patrologie grecque, col. 2501-2406, d'après
Mansi.] Le prêtre Eustratius fait mention '
d'un discours d'Eulychius sur la manière
dont les natures raisonnables sont dans un
lieu, et il en rapporte un fragment. Nous ne
savons rien autre chose de son livre de la Ré-
surrection des morts, que ce que nous venons
d'en rapporter d'après saint Grégoire-le-
Grand. [La Vie de saint Eutychius, par Eustra-
tius, est reproduite au tome LXXXVl de la
Patrologie grecque, col. 2273-2.390. Elle est
suivie de son discours sur la Pùque et sur
l'Eucharistie dont nous avons parlé plus
haut, et est précédée d'une notice tirée de
Fabricius, et d'une autre tirée des Bollan-
distes.]
CHAPITRE XLI.
Grégoire [593j et saint Anastase [598], patriarches d'Antioche.
[Écrivains grecs.]
• bbé du nioDl
bina, [tui* [)a-
trirrcte d'AD-
Un«be.
E«if r. lit. V
UisL, up. VI.
^. Anastase patriarche d'Antioche s'étant
rendu odieux à l'empereur Justin, autant
pour lui avoir refusé de l'argent quand il lui
en avait demandé, que pour l'avoir traité de
peste du genre humain, fut déposé de l'é-
piscopat et chassé d'Antioche. Ce prince le
fit remplacer par Grégoire, qu'il lira à cet
effet d'un monastère du mont Sin.i, dont il
lui avait déjà donné le gouvernement. Gré-
goire avait pratiqué la vie monastique dès sa
jeunesse dans le monastère des Byzantins,
aux environs de Jérusalem ; et il s'y était tel-
lement distingué, qu'il en avait été élu supé-
rieur, ayant à peine de la barbe. Il fut chargé
depuis de gouverner le monastère de Pharan,
d'où Justin le lit [lasserà celui du monlSina.
Pendant qu'il en fut abbé, il se trouva exposé
à de grands périls, jusqu'à souteuir un siège
' Gri-g. Mil. .\IV Moral, in Jnh., coji. xxrx.
' Greg. ibid.
de la part des Arabes du désert ; mais il sut
si bien se défendre, qu'il procura à son mo-
nastère une paix solide. 11 était homme
de beaucoup d'esprit, d'une grande pénétra-
tion, ferme, courageux, et d'une industrie
merveilleuse ; ce qui le faisait réussir eu tou-
tes ses enlreprises. Ses lib(''ialilés étaient si
grandes, que toutes les fois qu'il paraissait
eu public, il avait autour de lui une foule de
monde, outre les personnes qui le suivaient
ordinairement. Le peuple, faisant plus de cas
de lui que de tous les princes, courait pour le
vuirct pour l'entendre parler : car il avait tout
ce qui était nécessaire pour se taire aimer et
estimer des hommes : un extérieur agiéable,
une ailmirable facilité de parler, une grande
vivacité d'esprit. Quoique d'un naturel ar-
dent et un peu porté à la colère, il ne lais-
I
' 1\ V Concil. , pnR. 338
* liuslrat. tmii '*"■■ "-'^'
l. , pnR. 338.
.WVII Dibl. Vet. Pair., pag. 372.
4
CHAPITRE XI, I.
[VI" SIÈCLE.]
sait pas d'avoir boaucoup de iloiucur cl de
modestie: s'il laissait paiailro quclciue ('mo-
tion, il l'apaisail aussitôt. Il oubliait aisé-
ment les injures, avait une grande compas-
sion pour les pécheurs, et le don des larmes.
La pr(!niièro année de son pali'iarcliali les
hahitants de la grande Arménie, ayant se-
coué le joug des Perses qui les maltraitaient
au sujet de la religion chrétienne, députèrent
à l'cniperenr .lusliu, le suppliant de les rece-
voir pour sujets, afin qu'ils pussent servir
Dieu avec plus de liberté. Justin les reçut, et
traita avec eux. Chosioëss'en plaignit; l'Eiu-
poreur ré;>ondit qu'il ne pouvait abamlonncr
des chrétiens qui avaient recours à des chré-
tiens. La guerre s'alluma entre ces deux
princes. Les Perses ravagèrent les terres des
Homains, et s'avancèrent jusqu'à Antiochc
qui fut abandonnée de presque tous les ha-
bitants; le patriarche s'enfuit, et l'Empereur
fut tellement consterné de tous ces événe-
ments, qu'il en perdit l'esprit : ceci se pas-
sait vers l'an 57:2. Tibère son successeur ré-
tablit les affaires de l'Empire : les Perses fu-
rent vaincus, et Cbosroës, contraint de fuir de-
vant les armées romaines, en mourut de cha-
K^g.iiKvi m-in en 589. Grégoire, accusé sur divers
chefs par Astérius comte d'Orient, se justifia
si bien qu'il fut renvoyé absous. Ce comte
périt dans un tremblement de terre arrivé à
Antioche la même année ; mais Grégoire
s'en sauva. Quelque temps après, l'empe-
reur Maurice le chargea de ramener au de-
voir l'armée d'Orient qui s'était révoltée. On
savait l'autorité qu'il s'était acquise sur les
soldats en donnant de l'argent aux uns, des
habits et des vivres aux autres, lorsqu'ils
avaient été enrôlés et qu'ils avaient passé sur
ses terres. Il assembla donc les principaux de
l'armée à Litarbe, à quinze lieues d'Antioche,
et, quoique souffrant d'une indisposition qui
ne lui permettait pas de se lever de son lit, il
les harangua avec tant de force, en accompa-
gnant son discours de larmes, qu'il les chan-
gea en un moment.
Son diswois 2. « Romains autant d'eflet que de nom,
aux soldais , i-i •! •) • • j •
rom»in«. leur dit-u, i avais cru que vous viendriez me
E>-.e. iib.vi ■> ' . 1.', . . .
iiiM ,-ap. III. trouver pour me communiquer 1 état présent
de vos affaires, et pour prendre avec moi
une résolution conforme 'i l'affeclion que j'ai
pour vous, et dont je vous ai donné des as-
surances dès le temps que j'apaisai vos
divisions, et que je prévins les mauvaises
suites qu'elles pouvaient avoir, en vous en-
voyant des vivres. Mais, si la Providence di-
GIIEGOIIIK ET ANASTASE.
357
ville lie Ta pas |K'rmis, c'est peut-être autant
pour faire éclater le courage des Romains
d;iiis la défaite des Perses, que pour faire
connaître l'ardeur du zèle dont vous brûlez
pour le service di; l'Emiiire, en montrant que
la colère ou la haine ipie vous avez conçue
contre vos généraux, n'empêche pas que vous
ne préfériez le bien de l'ICtat <i toute autre
considération. Voyons donc maintenant ce
qu'il y a à faire. L'Empereur vous offre d'ou-
blier le passé, et regarde le zèle et le cou-
rage que vous avez fait paraître dans le com-
bat, comme des marques certaines d'un re-
gret sincère de votre faute. Il vous assure de
l'amnistie et des eflets de sa clémence, en
disant que s'il a plu à Dieu d'accorder la vic-
toire à l'affection que vous avez eue pour le
bien de l'Empire, il ne peut se dispenser de
suivre son jugement. Le cteur du roi est dans
la main de Dieu; il le tourne comme il lui
plaît. Suivez donc mon avis, et ne laissez pas
échapper l'occasion qui se présente : elle ne
revient plus quand elle est une fois partie,
comme si elle avait dessein de se venger, par
ce moyeu, du mépris qu'on a fait d'elle.
Imitez l'obéissance de vos ancêtres, aussi
bien que leur valeur, afin qu'on ne puisse
vous accuser d'avoir dégénéré d'aucune de
leurs vertus. C'est par cette obéissance et par
cette valeur, qu'ils ont réduit l'univers sous
la puissance des consuls et des empereurs.
Maulius Torquatus couronna la valeur de
son fils, et punit sa désobéissance : car, pour
achever heureusement les grandes entrepri-
ses, il faut que la conduite des chefs soit sui-
vie de la soumission des soldats : sans cet
heureux assemblage, on ne saurait jamais
rien exécuter d'extraordinaire. Croyez-moi :
sans différer, suivez les avis d'un évêcpie, qui
est plus propre que personne à ménager la
réconcihation de l'empereur et de l'armée.
Faites voir par votre promptitude à déférer
à mes avis, que vous n'avez point agi par un
esprit de révolte, mais par un juste ressen-
timent des mauvais traitements que vous
aviez reçus. Si vous refusez de revenir, j'au-
rai du moins satisfait à l'inclination que j'ai
pour vous et à l'aftectien qui m'attache aux
intérêts de l'Empire; mais c'est à vous à con-
sidérer où se terminent ordinairement les
entreprises des rebelles et des usurpateurs
injustes de la domination légitime. Comment
sortirez-vousdecetembarras? Il n'est paspos-
sible que vous demeuriez unis. Vous ne sau-
riez avou- de vivres, ni jouir des autres com-
358
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
nioditës que la mer procure à la terre, sans
prendre les armes contre les chrétiens, et
sans vous porter à d'horribles excès. Quelles
en seront les suites? Si vous vous dispersez,
la justice de Dieu vous poursuivra en tous
lieux. Accordons-nous, et considérons ce qui
est plus avantageux, et pour l'État, et pour
nous; et que la circonstance de ce temps,
consacré à la mémoire de la passion et de la
résurrection du Sauveur, serve à notre ré-
conciliation. »
Après que Grégoire eut parlé de la sorte,
les soldats, émus comme si Dieu les avait
touchés, demandèrent à sortir pour délibérer
ensemble sur ce qu'ils avaient à faire ; puis
ils vinrent dire à l'évêque qu'ils se remettaient
entre ses mains. II leur proposa de deman-
der Philippique pour général, suivant l'in-
tention de l'Empereur; mais ils répondirent
qu'ils s'étaient engagés par un serment so-
lennel à ne le reconnaître jamais. Alors Gré-
goire leur dit sans hésiter; « Je suis évèque
parla miséricorde de Dieu: j'ai le pouvoirde
lier et de délier sur la terre et au ciel ; » et
il leur rapporta les paroles par lesquelles le
Sauveur conféra autrefois ce pouvoir à ses
apôtres, voulant leur faire entendre qu'il
pouvait les absoudre de leur serment. Les
soldats y consentirent. Il fit des prières pour
les réconcilier à Dieu ', puis il leur donna le
corps de notre Seigneur; et ayant fait éten-
dre sur l'herbe des nattes où ils s'assirent, il
les traita tous à souper, quoiqu'ils fussent au
nombre de deux mille. C'était le lundi de la
Semaine-Sainte ; et il s'en retourna le lende-
main, après être convenu avec eux, qu'ils s'as-
sembleraient dans le lieu qui leur paraîtrait
convenaljle. Ils vinrent eux-mêmes à Antio-
che, où l'évêque avait fait ve lir l'hilipi i juc.
Les soldats se mirent h genoux devant ce gé-
néral, prenant pour intercesseurs ceux qui
venaient de recevoir le baptême. Ensuite ils
marchèrent sous sa conduite contre les Per-
Aatrci
coan.
ses, et l'Empereur voulut que Grégoire les
accompagnât. Nicéphore a rapporté ' ce dis-
cours de Grégoire d'après Évagre, mais en
y changeant les termes. [lise trouve dans le
tomeLXXXVllI de la Patrologie grecque, col.
1883-1880, d'après Galland.)
3. Nous avons un autre discours du même Di««»ir.wr
évêque, sur la sépulture de Jésus-Christ, et «™?ÏÏkmt'"
sur les femmes qui aclietorent des parfums
pour embaumer son corps. Il le prononça
dans le cimetière qui était hors de la ville
d'Antioche. Ce n'est presque qu'un tissu des
paroles de l'Évangile, qu'il paraphrase en y
mêlant de courtes explications. Il marque ea
un endroit les cérémonies' qui se prati-
quaient au baptême , l'onction sainte et la
communion du corps et du sang de Jésus-
Christ ; en un autre, que la divinité, depuis
son union ' avec le corps et l'âme de l'hom-
me, ne les a jamais abandonnés, pas même
le corps lorsqu'il était dans le tombeau, où
elle le garantit delà cori-uplion. Ce discours
nous a été donné par le Père Combefis ' [et
par Galland, t. XII de la Bibliothèque des
Pères.]
[Le cardinal Mai en a publié un sur le bap-
tême de ce saint, [. Il Bihlioth. nova Patrum,
p. 5.53 et suiv. Mais il n'a pu découvrir qu'une
ancienne version de ce discours, œuvre, à ce
qu'il croit, d'Anastase le Bibliothécaire. Il a
été plus heureux pour un autre seimon sur
les paroles : Celui-ci est mon fils bien-aimé,
en qui j'ai mis mes complaisances. Il l'avait dé-
jà donné en grec au tome X des Classiciauc-
tores, p. 560-570, et il l'a reproduit en grec
et en latin dans la Biblioth. nova, pag. 5fiO-
570, après le sermon sur le baptême, dont
il est la continuation : car on y lit au com-
mencement, que l'orateur avait prêché le di-
manche précédent sur le baptême de Jésus-
Christ, et qu'il n'avait pas eu le temps de
finir; mais qu'il allait traiter cette même ma-
tière. Jeau le Moine, qui vécut du temps do
' Cwn autem etiam illi in hac re acquiescèrent
supplicationibus ac precibus, Detim placavit, et
immaculatum illius corpus porrigens, eral enim
renerandissima dies dominica Passioni vicina,
eunclos, circiler duo millia, ad percipi ndnm do-
minicam cœnam ohiter in grnmine acrumbere fe-
cil, ac deinde sequenti die reiersus est. Evagr. lib.
VI Hist., cap. XI r.
' Niccph. lib. ,\VIII Hist., oap. .w.
' Ipue regeneralns Spirilus Sancliunguenlo un-
gil. Ipse cnruin nutricius efjicilur et cibus. Oreg.
Hom. inmulieres unguent.: toni. I Àucluarii Com-
befis, pag. 846.
* Cum sic ergo corpus illius a morte teneretur
quemndmodum voluit corporis Dominus, aninui-
quc Salvatoris, evangclizatura animabus carum
redrmptinnem, ocius ahiissrl, essrtque ejus Dei-
tas ulriquecnmes inu.fquam enin> aliquandn deitas
post unitmein ahhumanilate discessit], qui» eterat
in cœlis adernique impalibiliter scpulcro, suum
ipsius iiuinmenlnm a corruplione serrans in-
nn.rium. Ibid., pag. 329.
'• nouib., tom. I Àuctuar., p«g. 821, Paris, an.
1(118. Dibliotli. vet. Pat. tome .\II, pag. 823 et »e<i.
[vr SIÈCLE.]
l'ompercnr Ht'raclius, cUe un passasse du der-
nier discours'. Mais Loquicn se liompe en
l'altribunnt ;\ saint Griigoirc de Nyssc. On
pputy roiuarqucr une tW's-belle doctrine sur
la divinilt- et j'hiinianilt'- de Jésus-Cbrist. On
y trouve aussi parlaitomcnt enseii;nde la pri'-
sence réelle dans l'Eucharistie '.]
Gr*çoiie«si 4. En S93, OrécTGire fut envoyé h Cliosroës,
rno m 53J. roi des l'erses . qui 1 admira ', et pour la
Si mon. * ^
beauté des présents qu'il en reçut, et pour
la sagesse de ses conseils. Ce prince, de
son côté, lui fit présent d'une croix enri-
cbie d'or et de pierreries, que rinipéi'atrice
Tbcodora, l'eninie do Justinien, avait autre-
fois donnée à l'église de saint Serge mar-
tyr, et que Chosroës, aïeul de celui-ci, avait
depuis enlevée avec quantité d'autres tré-
sors. Il lui donna encore une autre croix,
avec une inscription grecque qui portait,
qu'ayant obtenu de saint Serge (dont il avait
ouï dire qu'il accordait tout ce qu'on lui de-
mandait) la défaite de Zadespras son enne-
mi, il avait en reconnaissance fait faire cette
croix pour être envoyée à l'église du saint
martyr. Grégoire ayant reçu ces deux croix,
les mit en ellet dans cette église. Chosroës y
envoya depuis d'autres présents, entr'autres
une patène et un calice à l'usage des saints
mystères, une croix pour être dressée sur la
sainte table, et un encensoir; le tout d'or;
avec une inscription sur la patène, où il di-
sait, qu'encore que les lois du paganisme lui
défendissent d'épouser une chrétienne , il
avait toutefois épousé Sira qui l'était, dans
l'espérance que la dévotion qu'il avait en-
vers saint Serge lui servirait d'excuse ; qu'il
avait prié le saint martyr d'obtenir à Sira
un enfant , avec promesse , en cas qu'elle
conçût, de donner à l'église du saint la croix
que cette princesse portait au cou ; qu'ayant
su qu'elle était enceinte, il avait, au lieu de
cette croix, qui ne valait que quatre mille
trois cents slatères, envoyé cinq mille statè-
res, avec les autres présents dont nous ve-
nons de parler. Évagre , qui rapporte tous
ces faits, remarque que Dieu tira de bons
• 0pp. S. Joannis Damasceui, tom. Il, pag. 113,
édit. de Lequien.
* Si dixi'rit Hoc est corpus meuin quod pro vo-
bis fraugitur in remissionem peccatorum, spéciale
corpus ab ipso vobis ostensum, spéciale quod ro-
bis sumptiim esl ejus proprium et pro vobis con-
tritiun. Si dixerit : Hio est sauguis meus, de ejus
qui cobiscum loquitur sanguine cugitate, non de
alio prœter ipsum. Patrol. grœc, tom. L.KXXVlll,
col. 1879. (L'éditeur.)
Cn.\PITRE XLI. — r.RÉGOIRE ET ANASTASE.
3o9
discours de la ])ouche d'un prince païen,
connue autrefois il ])rédit l'avenir parla bou-
che de Ualaam, qui était un faux prophète.
Grégoire, en ayant obtenu permission de
l'Empereur, alla visiter les solitudes de la
frontière, où les erreurs de Sévère avaient
fait de grands progrès. Il convertit des
bourgs entiers, et ramena beaucoup de mo-
nastères ;\ l'unité de la foi. Il accourut de
là ' pour assister .'i la mort de saint Siméon-
Stylite le Jeune; mais il arriva trop tard. Il
mourut lui-même quelque temps après, de
la goutte dont il était fort tourmenté. On met
sa mort en 59.3. Évagre finit son histoire en
disant qu'il avait recueilli en un volume
quantité de lettres, de relations, d'ordon-
nances, de harangues et de disputes, et que
les relations étaient sous le nom de Grégoire,
évcque d'Antioche.
5. Quoiqu'Anastase ' eût été chassé d'An- s. >oa,ia.,,
pal ri arc ha
tioche par lerapereur Justin, et peut-être dAmio-ije.
encore par les intrigues de Jean, patriarche
d'Alexandrie, et de Jean de Constantinople,
son consécrateur, qu'il avait taxés dans sa
réponse à la lettre synodique de Jean d'A-
lexandrie, il ne laissait pas d'être reconnu
pour patriarche d'Antioche par l'Eglise ro-
maine. Saint Grégoire-le-Grand lui envoya ',
comme à Grégoire, la lettre synodale qu'il
écrivit du concile qu'il tint à Rome en 591.
11 écrivit même à l'Empereur pour obtenir
que, si on ne lui permettait pas de retourner
à son siège, on l'envoyât du moins à Rome,
avec l'usage du pallium, pour célébrer la
messe à Saint-Pierre avec le Pape. Mais Gré-
goire étant mort, Anastase rentra dans son
église , vingt-trois ans après qu'il en avait été
chassé, c'est-à-dire en 593. Il la gouverna
jusque vers l'an 598, auquel il mourut après
avoir occupé le siège patriarcal d'Antioche
pendant seize ans à deux reprises : premiè-
rement onze ans, à compter depuis 561 jus-
qu'à 572 qu'il fut chassé; puis cinq ans, de-
puis son rétablissement en 593. Saint Gré-
goire lui écrivit plusieurs fois, tant pour le
consoler dans ses adversités, que pour le con-
3 Evagr. lib. VI Hist., cap. xviii et xxi, et Theoph.
lib. V Hist., cap. siv.
' Evagr., ibid., cap. xxn-xxiv.
' Anastase 1 ou l'Ancien a toujours eu le titre et
les honneurs réservés aux saints, comme l'ont dé-
montré les Bollaudistes. Voyez, tome LXXXIX de
la Patrologie grecque, col. 1299-1310. On a eu tort
de le confondre avec Anastase le Siiiaïte, qui a vécu
plus tard. (L'édileur.)
« Greg. lib. IX Epist. 21 et 27.
360
HISTOIRE CÉXÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Se» écriu.
Di^c»<lI* ■-■■r
l'AnoOnrU-
lion et I*
TraofSeurt-
tloD, tnm- I
A u cl ua r) t
CoiDtieSK,; ag.
8.0.
graluler sur son retour ;ï Autioclie. U en
parle toujours avec resi)ect, en louant sa
charité et en se recommamlant à ses prières.
Il marque clairement ' dans ses lettres, qu'il
en avait reçu d'Anastasc, et que ce patriar-
che avait eu le désir d'aller à Rome.
6. Anastase était trè?-hahile dans la scien-
ce des divines Écritures, et très-versé dans
la langue latine. Ce fut lui que l'empereur
Maurice ' chargea de traduire en grec le
Pastoral de saint Grégoire pour l'usage des
églises d'Orient. Dans le second concile de
Nicée, en 787, on lut un endroit de la lettre
d' Anastase à un certain scholastique ou avo-
cat, dans laquelle il distinguait ^ l'adoration
que nou^ rendons à Dieu, d'avec celle que
nous rendons aux anges et aux hommes, en
ce que nous ne servons que Dieu seul. On y
lut aussi un endroit d'un des sermons sur le
sabhat, où, parlant du culte des images, il di-
sait ' qu'en l'absence de l'Empereur nous
adorons son image au lieu de lui ; mais qu'en
sa présence, l'adoration de son image est
superllue. Nous avons encore trois de ses
discours, donnés par le Père Combefis , et
avant lui par Meursius, mais seulement en
grec : deux, sur l'Annonciation de la Sainte-
Vierge ; et un, sur la Transfiguration du Sau-
veur. On voit dans le premier, que la fête de
l'Annonciation se célébrait le 23 mars, le
même jour que le premier homme avait été
créé : car Anastase croit que Dieu a com-
mencé l'ouvrage de la création le 20 mars, à
l'équinoxe du printemps ; et il en conclut
qu'il était convenable que Dieu se fit chair
pour réparer l'homme, le même jour qu'il
l'avait créé. Il cite la quarante- troisième
oraison de saint Grégoii'C de Nazianze , à
qui il dit que l'on donnait le nom de Théo-
logien. Dans le second discours, il donne
plusieurs fois le titre de mère de Dieu * à la
Sainte-Vierge, assurant que le Fils unique de
Dieu par nature ' a pris dans elle une chair
consubstantielle à la nôtre. U demande, dans
le discours sur la Transfiguration, pourquoi
Jésu.s-Christ ne prit avec lui que trois apô-
tres? (1 11 n'était pas juste, répond Anastase,
que Judas fût spectateur de si grands mys-
tères, ni qu'il fut seul exclu de ce spectacle,
de crainte que, voyant qu'on lui préférait les
autres apôtres, il n'en prit occasion de tra-
hir son Maître. »
7. Steuartius a fait imprimer cinq autres
discours, que personne ne dispute à Anas- Toa>
tase, patriarche d'Antioche. Ils ont depuis ""•
été réimprimés, par les soins de M. Basnage,
dans le premier tome des anciennes Leçons
de Canisius. Ces cinq discours ne font qu'un
corps dont le titre général est : Des Dogmes
de In vraie foi. Dans le premier, qui est sur
la Trinité, il dit qu'il avait déjà beaucoup
écrit cl parlé dans les églises sur les dogmes
de notre religion, et que s'étant appliqué
des sa plus tendre jeunesse à n'avoir siu- la
foi d'autres sentiments que ceux des saints
Pères, il était sûr de ne s'être pas égaré sur
ce sujet dans ses écrits, ni dans ses discours.
Il avait donc peine à traiter de nouveau des
matières sur lesquelles il s'était souvent ex-
pliqué ; mais il lui fallut obéir à ses amis qui
le pressèrent de leur expliquer les dogmes
principaux de la foi. Il commence par le
mystère de la sainte Trinité, montrant, par
les premières paroles de l'Évangile de saint
Jean, que le Verbe est Dieu, et par celles-ci
de Jésus -Christ, rapportées par le même
évangéliste : Si je ne fais pas les œuvres de j„
mon Père, ne me croyez pas ; mais si/e les fais,
quand vous ne voudriez pas me croire, croyez
à 7nps œuvres, que le Fils de Dieu est con-
substautiel à son Père, n'y ayant point' de
plus forte preuve de la cousubstantialilé du
' Indicat mihi suaiissima sanetilas vestrn,
quodmecum, si fieriposset,sine charla et calamo
loqui voluissel, et dolel quod nohis Orientis pcne
et Occidenlis spatium interjacet. Greg. lib. VII
Epis t. 3.
« Idem. lib. X Epist. 22.
' Sancli Annstasii episrnpi Thcopoleos epislola
ad quemdam scholnslicum, per quam respundit :
Nevio o/fendalur adnrationis signi/icativne. Adn-
ramus enim Iwmiues et snnctos angelos : non la-
men servimus itlis : Diiinimiiii ciiini, inquit Mni-
ses, Deum tiinni lulorabis ft illi soli service.. Apud
Boit., (iil (liiiii 21 nprilis, pîif;. 8.'i3.
* Smicli l'alris nostri Anastasii ad Simennem
epitcopum Bostrw sermo deSabbalho: sicutenim,
dum abest imperator, imago ejus pro ipso ado-
ratur ; cum vero jam primens fuerit , superfluum
est, di'serlo primitivo, ador are imaginem. Ibid.
" l'uctn es nxater non puri haminis, aut alictt-
jus prophetœ,aut Deum in se hospitem habenlis;
sed vera .Mater magni Dci ac Salvaloris nostri
Jcsu Clirisli. Anasias. Serm. i in ,l>i/imi(. lom. 1
Auclnarii Comliefis, pa;,'. 8ti;<.
* lluminum opifcr factvs est homo. malrem
sihi ex nnliis cnmpnraiis, ipue uiiicus per nnluram
Pei l'ilius carnem in en nnbis consubslantiaUm
as!<umens. Ibid., >'t tmii. VI Ilibl. Pal. conciotml.
Ciimhcfis.
' Alisolnla dcmnnsirntio rsl, et qiiœ su/Pcit
el refelli non potest, consubstantialitalis eadem
[VI' sifccij;.] CHAPITHE XT.l. — GIII^:
l'(''ie et du Fils, que l'identik' de Umii- oik'-
lalion : car il n'est pas dit que le Fils l'ail
lies œuvres semblables ;\ celles du Père, mais
qu'il fait les mêmes. Il prouve aussi que le
Saint-Esprit est consubstantiel au Père et au
Fils ; qu'il est appelé Esprit , parce qu'il
procède du Père ; au lieu que le Verbe est
appelt- Fih , parce qu'il est engendré du
Père; mais que la dillerence d'origine n'em-
portant point une différence de nature, le P^-
re, le Fils et le Saint-Esprit sont d'une même
substance, trois personnes en un seul Dieu.
Il donne pour exemple l'iiomme, qui est un
dans sa nature, et qui est toutefois infini en
nombre. « De même, dit-il, que le Père est
lumière et vie, le Fils et le Saint-Esprit sont
vie et lumière ; d'où vient que l'Écriture dit
l'un et l'autre, tantôt de toute la Trinité, tan-
4ôt de chaque personne en particulier. Les
noms de Seigneur et d'Esprit sont aussi com-
muns aux trois personnes, comme il l'est au
Fils et au Saint-Esprit d'être envoyé. La dif-
férence des noms n'est pas une preuve de la
(lilférence de nature. Comme le Père n'est
pas Dieu précisément h cause qu'il est Père,
on ne peut contester la divinité au Fils parce
qu'il n'est pas Père ; il en est de même du
Saint-Esprit. Mais le Père est Dieu, le Fils est
Dieu, le Saint-Esprit est Dieu, parce qu'il
est éternel, incréé, immuable, incorrupti-
ble, auteur de la vie et créateur de toutes
choses. La Trinité n'admet point d'inégalité.
S'il est dit dans l'Écriture que le Père est
plus grand que le Fils, cela doit s'entendre
à raison de l'origine que le Fils tire du Père,
et non par rapport à la substance qui est la
même dans le Père et dans le Fils. On peut
dire aussi que le Fils en tant qu'homme est
moindre que son Père, mais non en tant
cpi'engendré de lui avant tous les siècles, n
Anastase n'examine point comment le Verbe
est engendré, ni comment le Saint-Esprit
procède; il dit que ce sont des questions
qu'on ne peut approfondir sans danger.
GOinE ET ANASTASE. 301
S. Le dessein du second discours est d'é-
lablir riiiiineiisiU- de Dieu, k qui quel-
ques-uns vmiiaicnl donner des bornes, jns-
qu'iï préteiulr(! qu'il n'était point dans ce
monde. Anastase leur fait ce raisonucineut :
(( L'opération en Dieu est inséparai)le de sa
substance. Il opère dans tout le monde, puis-
qu'il l'a créé, et qu'il le conserve à chaque
instant; il est donc subslantiellcment dans
le monde entier. Être borné, poursuit-il, c'est
le propre des créatures corporelles. Dieu
n'est pas créé, ni corporel ; il ne peut donc
être borné, ou limité par certaines bornes.
D'ailleurs il est écrit que l'esprit du Seigneur
remplit toute la terre; que l'on ne peut point
se sauver de devant sa face ; que, soit que
l'on monte dans le ciel, il y est ; soit que l'on
descende dans l'enfer, il y est encore. Un dira
peut-être qu'il est indécent que Dieu soit
daus des lieux ou dans des créatures, pour
lesquels l'homme même a de l'éloignemeut.
Mais il n'y a rien de créé qui ne soit l'ou-
vrage de Dieu; et comme les rayons du so-
leil ne contractent aucune tache en passant
par des lieux infectés, il en est, à plus forte
raison, de même de Dieu. »
9. Anastase fait envisager la chute du pre-
mier homme, commela cause de touslesmaux
et commeToccasion de l'incarnation du Fils de
Dieu, qui ne voulant point laisser périr l'hom-
me qu'il avait formé, s'est fait homme lui-
même pour le racheter. C'est ce que cet évê-
que se propose d'établir dans son troisième
discours. Il trouve, dans l'union de l'àme avec
le corps, un exemple de l'union de la divi-
nité avec l'humanité en Jésus-Christ : union
qui s'est faite sans mélange ni confusion des
deux natures, le Verbe s'étantuni tout entier
à toute la chair qu'il s'était formée de celle
delà Vierge, et à l'âme raisonnable, sans le
secours des causes ordinaires de la généra-
tion, et par la seule vei'tu du Très-Haut; en
sorte qti'il nous est consubstantiel selon son
humanité. « Car ce qu'il y a de plus^ admi-
D«our»»ur
rineireon*.
crt)t., ^.B^'.
417.
Di.-cour> 'iir
l'incarnslioa ,
I>as. KO.
Patris et Filii operatio. Quœ enim videt Patrem
facientem, facit Filius : non qualia facit. sed qitœ
facit. Anastas. Orat. 1 De Trinit., pap. 439.
' Eamdem igitur subslantiam diciinus sanctœ
Trinilatis.Trinitateni dicimus non subslantiarum,
sed personarum : ununi Deiim profitemur non
nutnero, sed natura sed natura. iVon enim quod
est omnino unum numéro, omnino etiam est unum
natura... Homo unvs est quidem natura: in/ini-
tus aiUem numéro. Ibid., pag. 440.
- Boc est in hoc mysterio admirabile, quod
utrumque eorum,qu(.v coierunt, proprietatem na-
turnlem servat, perinde ac si per se solum exis-
teret, non facta alterius cum aUero unione, cum
alioqui una sil hypostasis. Chiistus igitur est
quod ex unione harum naturarum existit, non
habiludo, sed idipsttm, quod ex his substantiis
constat : immo ipsœ substantiœ, et non divina
absqtte humana, neque rursus bumana absque
divina, sed uiriusque inseparahilis unio:quam
non dicimus faclam ad imilalionem liquidorum,
quw inler se mixta in aliud quid mutantur, sed
ad similitudinem proposilam animœ et corporis,
ex quibus animal ralionis particeps homo consti-
302
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rable dans ce mystère, dit-il, c'est que les
deux nature? qui se sont unies, gardent cha-
cune leurs propriétés naturelles, comme si
elles n'étaient point unies, quoiqu'il n'y ait
qu'une seule personne. Jésus-Christ est ce
composé qui résulte de l'union des deux na-
tures : union si inséparable, que la nature di-
vine ne peut être sans la nature humaine,
ni celle-ci sans la nature divine : union qui
ne s'est point faite h l'imitation des liqueurs
qui se mêlent ensemble, et composent par
ce mélange une nature toute difTérente ; mais
en la manière que l'union de l'âme raison-
nable avec le corps constitue la nature de
l'homme. jQuoique les natures unies en Jé-
sus-Christ soient différentes, cela étant né-
cessaire pour la manifestation du mystère,
il n'y a qu'une personne, qui est celle du
Verbe : c'est toujours le même Fils de Dieu,
même après l'Incarnation. Encore donc que
la nature qui a pris chair soit difl'érente de
la nature qui a été prise par le Verbe, ces
deux natures ne diffèrent point quant .'i la
personne, qui est la même dans deux natures
différentes. Telle est la doctrine de tous les
théologiens et de tous les docteurs de l'K-
glise catholique; ils enseignent que c'est le
même qui est Dieu et Homme. Nousadorons '
un seul et même Christ, qui étaitDieu avant
l'incarnation, qui est demeuré Dieu après
l'incarnation, qui s'est uni à une substance
différente pour sauver ce qui lui était con-
substantiel selon la chair, à laquelle il s'est
uni. C'est pourquoi nous reconnaissons en
lui ' deux générations diQ'érentes : il est en-
gendré autrement de son Père, autrement de
sa Mère; mais c'est toujours le même, quoique
engendré différemment ; car la différence
des substances unie? forme des générations
différentes; si admirables néanmoins l'une et
l'autre, que le langage humain ne peut bien
les exprimer, ni l'intelligence humaine les
comprendre. » Anastase réfute ceux qui di-
saient que la Trinité s'est incamée, et montre
par l'autorité de l'Écriture, qu'il n'y a que
la personne du Fils. Il dit assez clairement
que le Saint-Esprit ^ procède du Fils. Sur la
fin de ce discours, il annonce le quatrième,
qui traite de la passion du Sauveur.
10. (I La passion du Sauveur, dit ,\nastase,
avait été prédite parles prophètes longtemps
avant qu'elle arrivAt; et elle était nécessaire
autant pour la gloire de Jésus-Christ que pour
le salut du genre humain. D'où vient qu'a-
près sa résurrection, il disait .1 ses disciples :
Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et
sur la terre : paroles qui montrent, dans les
circonstances où il les prononça, que sa mort
sur la croix était la cause de la gloire dont
il jouissait après sa résurrection. Mais s'il a
souffert, ce n'est que selon son humanité.
C'est toutefois Dieu ' qui a souffeit, mais la
divinité est demeurée impassible. Les dou-
leui s ' étaient les douleurs de la chair ; les mi-
racles appartenaient à la divinité; mais la chair
en tirait sa gloire, parce qu'elle était la chair
du Verbe de Dieu , qui s'attribuait aussi les
soutfrancesde lachairàiaquelleils'étaituni.» i
11. Anastase commence son cinquième DiKomid
discours par les preuves de la mort de Jésus- uon.p.'j.Téî.
Christ rapportées dans l'Évangile, où nous u, «. '
lisons que les soldats rompirent les jambes
dps deux larrons, mais qu'étant venus k Jé-
sus, et l'ayant trouvé déj;\ mort, ils ne lui
rompirent pas les jambes ; que Joseph ayant
demandé son corps pour l'ensevelir, Pilate
s'étonna qu'il fut mort sitôt; et que les prin-
ces des prêtres, pour s'assurer du sépulcre où
on l'avait mis, en scellèrent la pierre, et y
mirent des gardes. Il remarque que tous ces
témoignages de la mort du Sauveur ont été
mis par écrit par un eflet de la Providence,
Mattb.xxv
6^.
tuilur... Elsi enim sunt diversœ nalurœ ex quibus
unitus est ad manifcstationein mysterii, una ta-
men est hypostasis : eadem enim proprietas hy-
postasis mansit Filio Hiam incarnalo. Fitiusenim
rursus est etiam secundum carnem. Quare nalii-
ra quidem di/ferunt a^sumens et assumpta, hypos-
tasi vero minime. Sic dicimus esse tinam hypns-
tasim nalurn differcnlium, omnibus Iheologis et
Ecclesiœ doctnribus approhanlihus, qui euirdem
afprnuinl esse Deum et hnminem. Orat. 3, pa»;.
4.52.
• Unum et eumdem Christum adoramus qui
erat anle incarnutionem Deus, et mansit Deus
posl incarnationem. Il)i(!., pag. 45t.
• Vnfle duos generaliones esse credimus : aliter
namque ex Pâtre genilus est, et aliter ex Matre.
Ibid.
' Ipse a quo Spirilus Sanetus procedit. de ««ip-
so teslimonium veritati prœhel, qui sripsum et
quod in se est cognoscit. Ipse cuini, inquil Eian-
gclisla, scicbat (luiil cssel in tiouiine. Pag. 4.'i7.
' /;( est quidiin Deus qui palilur, non capienle
pasfioncm dirinitate. (Irat. l, i)ag. 450.
' Erant pnsston^'s prœcipue quidem et iniprimis
carnis : quatenus vero eas sihi adnbuebal , erant
ejus, qui carnem nssumserat : miracula vero ini-
primis eranl Dei itrbi : simul aulvm cum hix
cnro glnrificabalur, quia scilicct Verbi Dei eral.
Ibid., iwij. 461.
CHAPITRE XI,I. — OnÉGOlRE ET ANASTASE.
[Vl" SIÈCLE.]
afin que l'on ne pût douter do sa résurrec-
rpction, attesti5e d'ailleurs par l'ange qui ap-
parut aux femmes, par les soldats qui f;ar-
daient le sépulcre, par Icslinges qui envelop-
paient son corps, et qui furent trouves dans
le tombeau, par de fréquentes apparitions à
ses apôtres, qui eurent la permission de le
louclier et de manger avec lui, et la joie de
le voir monter au ciel.
12. Le discours sur les trois carêmes porte
dans un manuscrit de la Ribliothèque du Roi
le nom d'Anastase, patriarche d'Autiochn ;
mais je n'y trouve ni son style, ni son génie.
L'auteur, pour montrer que l'on doit faire
deux carêmes, outre celui de quarante jours
qui précède la fête de Pâques, emploie l'au-
torité d'un livre apocryphe nommé : L'iti-
néraire de saint Philippe, livre rempli de fa-
bles; il compte sept conciles généraux jus-
qu'ici son temps. On n'en connaissait que
cinq en 398, qui fut l'année de la mort d'A-
nastase. [Gallanil a publié ce discours au
tome XII de la Biblioth. Pat., et il est repro-
duit dans la Patrnlngie grecque, tom. LXXXIX,
col. 1389-1398. Gallaud l'avait pris dans Cote-
lier, tom. III, Monum. eccles. grcec, p. 423.]
13. On ne peut non plus lui attribuer les
Réponses aux questions des orthodoxes, don-
nées en latin par Gentien Hervet, sous le
nom d'Anastase, évêquede Nicée, et en grec
et en latin par Gretser, sous le titre de
Dux rio", c'est-à-dire de guide du chemin.
On y cite les canons du concile in Trullo tenu
à Consfantinople en 692, et saint Nicéphore,
patriarche de cette ville, mort en 828. Il est
dit dans la réponse à la 117° question, qu'il
y avait sept cents ans que les ariens étaient
chassés des lieux saints.
14. Aubert le Mire et quelques autres at-
tribuent à Anastase-le-Jeune, successeur de
celui dont nous parlons sur le siège d'An-
tioche, Y Abrégé de la foi imprimé dans les
Bibliothèques des Pères, de Paris, de Cologne
et de Lyon. D'autres en font une compilation
composée partie des écrits de saint Cyrille
d'Alexandrie, partie de ceux d'Anastase
d'Antioche. Il paraît, en effet, que l'auteur
écrivait depuis la condamnation du monothé-
lisme : car il fait une question exprès sur le
nombre des volontés en Jésus-Christ, et dit
' Quoi naturales vohmtates et actiones in Chris-
to pro/iteris ? Duos : vnam divinam, alteram hu-
manam. Quœ est voluntas divina? Purgarelepro-
sos ; ul serventur omnes homines et ad veriiatis
notitiam pcrveniant. Quœ est voluntas humana ?
303
net ' qu'il y en a deux : l'une divine, et l'au-
tre humaine. Il admet trois hypostases; mais
il déclare (jue, sous ce terme, il entend la per-
soun(! ; confessant qu'il y a en Dieu trois per-
sonnes, et une seule substance, essence ou
nature. Au contraire, il admet en Jésus-Christ
deux natures, et uneseule hypostaseou per-
sonne. Il s'explique clairement sur la divinité
du Saint-Esprit, mais il ne le fait procéder
que du Père. [Cet abrégé est au tome LXXXIX
de la Patrologie grecque, col. 1399-1404, parmi
les œuvres d'Anastase le Patriarche, dont il
est question dans ce chapitre.]
15. Évagre ' dit qu'Auastase, lorsqu'il se
trouvait dans des conversations sérieuses,
et où il était obligé de parler, expliquait
les questions les plus dilliciles avec autant
de subtilité que de solidité ; que l'empereur
Justinien ayant écrit pour la défense de l'er-
reur des incorruptibles, Anastase prit contre
ce prince la défense de la foi dans un écrit,
où il prouva par des arguments clairs et in-
vincibles, que le corps du Sauveur a eu ses
propriétés naturelles, comme les corps des
autres hommes, qu'il a été sujet à la cor-
ruption, et que cette doctrine est celle des
apôtres et des Pères. Il écrivit la même cho-
se aux moines de la première et de la se-
conde Syrie, qui l'avaient consulté sur ce
sujet, confirmant sans cesse les fidèles dans
la résolution de défendre la vérité, et répé-
tant chaque jour dans l'Église ces paroles
de saint Paul : Quand un ange du ciel vous
annoncerait un évangile différent de celui que
nous vous annonçons, qu'il soit anathème. Ses
remontrances furent écoutées avec respect,
et suivies presque généralement. Comme il
apprit que Justinien avait dessein de l'en-
voyer en exil, il composa un discours pour
prendre congé des habitants d'Antioche.
Tout y était admirable : l'élégance des ter-
mes, la beauté des sentiments, le choix des
passages de l'Écriture et des histoires qu'il
rapportait; mais il ne le prononça point,
parce que Dieu frappa l'Empereur d'une
manière invisible, dans le moment où il dic-
tait l'ordre pour envoyer Anastase en exil. Il
ne nous reste rien de ces écrits, ni du discours
qu'il fit ' ta son peuple en 593, lorsqu'il ren-
tra en possession de son siège ; le P. Labbe
Potum quœrere, iter facere, fatigari. Tom. XI
Bibl. Pat. Liigd., pag. 1046.
- Evagr. lib. IV, cap. iL-iLt.
' Nioeph. lib XVIIl, cap. LXiv, et Labb. Biblioth,
nova, pag. 82.
OwvrflCCS
(I'Adqs a^cqui
sont lej'lii^,
ou qui n'odt
fnf. encore él6
mprinios.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
364
dit l'avoir vu manuscrit dans la Biblioth^que
du Roi. Anasfase en fit un ' autre vei-s le
même temps sur la paix, le mercredi de la
Semaine-Sainte; il est manuscrit ' dans la Bi-
bliotlièque Impériale (de Vienne). Sa lettre
à un scolaslique fut citée dans la quatrième
action du septième ' concile général. On y cita
aussi son discours sur le Sabbal, adressé à
Siméon de Rostres. [Ce fragment est rap-
porté au tome LX.WIX de la Patrolngie grec-
que, col. 1405-1406, avec un fragment de
VÈpitre à Sergius, ibid. col. 1403-1408.]
Saint Maxime ' parle d'un livre d'Anaslase
contre Jean P/iiloponvs, dont Grelser nous a
donné un. fragment dans sa préface sur le
Guide du chemin. Nous n'avons plus ni sa
version grecque du Pastoral de saint Gré-
goire, ni aucune des lettres qu'il écrivit à ce
Pape, ni le discours ' qu'il fit en son bon-
neur. Il en avait fait ' sur la Visitation de
Marie, sur le dimanche des Rameaux, sur la
décollation de saint Jean, et un à la louange
de saint Nicolas. On les trouve manuscrits
dans la Bibliothèque du Roi, de même qiie
la dispute des évèques chrétiens avec les
Juifs, dans laquelle Aphiodisien, officier du
roi de Perse, avait été constitué pour juge.
Anastase y était présent. Mais cette Dispute
est remplie de contes fabuleux, indignes de
ce patriarche. D'ailleurs Arénatus, qu'on
suppose avoir été alors roi de Perse, ne le
fut que depuis la mort d'Anastase. Entre
plusieurs passages des Pères sur les deux
opérations en Jésus-Christ , cités dans le
concile de Latran en 649, il y en a un de
l'écrit d'Anastase pour la défense de la let-
tre de saint Léon i^i Flavien, où il dislingue '
clairement les deux natures et les deux opéra-
tions, en reconnaissant toutefois qu'il n 'y avait
dans Jésus-Christ qu'une seule personne (jui
agissait, la même étant Dieu et homme. L'hu-
manité prenait de la nourriture et croissait ; la
divinité ressuscitait les morts : Jésus- Christ
faisait l'un et l'autre. Divers ' manuscrits
donnent à Anastase une Démonstration publi-
que, où il prouvait qu'un prêtre ne peut être
' rbid. — « Umb., lib. VII, pag. 168.
' Tora. Vil Concil., pag. 247 et 249, Damasc. Oral.
2 et 3 De imag., pag. 344-386.
* Ma.xim. loin. Il, pag. 121, 123, 120.
s Laïul). lib. VIII, pag. 423.
' Mlatius, lil). De Simeuu., pag. 104. Labbffus,
Bihlioth. mii,s., pag. H2 et 1370.
' Sicut enim nulriri et cremeiUari non est Dei-
tatis, ita suscilare morluos non est humaiiiln-
tis : ulraque tamen ejusdem Deilalem lemperan-
jugé par un laïque, mais seulement par un
ëvêque. Ils citent ' aussi sous son nom et
sous celui de saint Jean de Damas plusieurs
questions sur la foi, des églogues ascétiques
et des définitions; mais on n'a pas d'autres
preuves que tous ces écrits soient de lui; et
il y a apparence qu'ayant été en réputation
de savoir, plusieurs écrivains postérieurs
ont pris son nom pour donner cours à leurs
propres productions. La Bigne compte parmi
les écrits d'Anastase qui n'ont pas encore vu
le jotir, deux livTCS de la Construction de
l'homme ; V Eloge de l'I-'gijpte; un traité con-
tre ceux qui disent qu'il y a trois essences
ou natures dans les personnes divines, et
deux livres contre les Juifs. Turrien les a
traduits en latin; mais l'auteur de ces deux
li\Tes vivait longtemps après Anastase pa-
triarche d'Antioche, puisqu'il compte huit
cents ans et davantage depuis la prise de
Jérusalem par Tite et Vespasicn. Le traité
qui a pour titre : Contemplation mystique des
souffi-ances de Jésus-Christ , parait être la
même chose que celui d'.\nastase leSinaïte,
intitulé : De la passion et de l'itn/xissibilité de
Jésus-Christ.
16. I^es cinq discours sur la foi, traduits en
latin par Turrien, furent imprimés pour la
première fois à Ingolstad en 1616, in-4», dans
le Supplément de Steuartius aux .Anciennes
leçons de Canisius ; et depuis, dans le neuviè-
me tome delà Bibliothèque des anciens Pères,
à Lyon en 1677, et dans la nouvelle édition
des Leçons de Canisius, à .envers, en 1723.
Mais dès l'an 1336, ils avaient été traduits
par Tilmannus, et imprimés à Paris, et en-
suite dans les Bibliothèques des Pères pu-
bliées en cette ville. Meursius donna en
grec les deux discours sur l'Annonciation
dans le recueil de ses Mélanges divins, à
Leydeenl619.NousIesavonsenlatin dans le
neuvième tome de la Bibliothèque des anciens
Pères de Lyon, dans le sixième de la Biblio-
thèque des Prédicateurs du Père Combefis , et
dans le premier de son .Auctuarium, [et dans
le tome .\II de Galland, d'où ils ont passé au
tix humanilati, ut condecel, non in conpusionem.
sed in unUionem. InconfusiB ergo (iuiv quidem
sunl operaliones.sicuti essentiœ. Cnus autcm ope-
rator, Dcusparitcrqueelhomo rxistens. Ana^Uia.,
in Concil. Laleran. Acl. 5, pag, 308, loui. \ I Labb.
elloui. III WorduiHi, pag.88u.
s Lauili. lil). 111, i)ag. 196, Bihl. Coislin., pag.
in:;; Labbîrus, Bihlioth. Nov., pag. 82.
'■' Lamb. lib. Vlll, pag. 336; lib. V, pag. 105.
Vr SIKCLE.
CIIAPITIIE XLII. — SAINT GllWîOIRE DE TOUllS.
305
touio LXXXIX de la Palroloi/ie (/ira/iie, col.
13()0-13'J8.] On y trouve aussi le discours
sur la Traiisfif;iii'atii)n, dn nu'-iiio que dans le
neuvième lonie do la Jii/ilwi/iryne <li's ancicus
Pères de Lyon, et dans le septième volume de
la Bibliothl'tjue des Prklicatenrs. Il manque
quelque chose A la Ini de ce discours.
[Tous les écrits de saint Anastasc sont re-
produits au tome LXXXIX de la Patroloijic
l/rcci/iic, col. 1288-l'*08, avec notices liri'es
de (iailaiid, de Falnicius, une vie de saint
Anastase d'après les BoUandistes.]
CHAPITUE XLII.
Saint Grégoire évoque de Tonrs ' |595].
ARTICLE PREMIER.
HISTOIRE DE SA VIE.
1. Il faudrait être étranger dans l'histoire,
pour ignorer combien saint Grégoire de Tours
s'est rendu recommandable dans le sixième
siècle de l'Église par sa vertu, par son sa-
voir et par le grand nombre de ses écrits.
L'auteur de sa vie, que l'on croit être saint
Odon, abbé de Cluni , et qui pouvait en
être bien instruit, puisqu'il avait été long-
temps dans le clergé de l'Ëglise de Tours ^,
nous apprend qu'il naquit en Auvergne de
parents riches et nobles ; que son père se
nommait Florent, et sa mère Armentarie ;
que Léocadie, son aïeule, descendait du
martyr Vestius Épagathus, célèbre par sa foi,
qu'il scella de son sang avec les autres mar-
tyrs de Lyon, ainsi qu'on le lit dans le cin-
quième livre de l'histoire d'Eusèbe de Cé-
sarée. On met la naissance de Grégoire au
30 novembre de l'an 544. Il reçut les premiè-
res teintures de la vertu et des sciences de
saint Gai, évêque de Glermonl, son oncle
paternel. Ensuite il passa sous la discipline '
de saint Avit, successeur de saint Gai, qui,
lui trouvant de la disposition pour les scien-
ces, lui donna des maîtres capables de le
former. Se sentant moins d'attraits pour les
poètes et les autres auteurs profanes que
pour les écrivains sacrés, il fit peu d'usage
des premiers, se contentant d'en * prendre ce
qu'ils avaient de bon, sans se charger la mé-
' La nouvelle vie de saint Grégoire de Tours
par Lévêque de Laravaillère, Académie des inscrip-
tions, tome XXYl , pag. 598, ne laisse rien à dési-
rer pour la discussion des faits.
* Udo in Vita r.regor. Turon, num. 1.
Il e'I nr.
t'rinnt; di^iCie.
Il eti fiil
é>êi)uo ie
Tours en Wii
ou Itli,
moire de quantité de fables dont ils sont
remplis.
2. Loisqu'il fut en âge, saint Avit l'or-
donna " diacre. Frappé des merveilles qu'il
avait ouï raconter de saint Martin, il s'en
entretenait sans cesse, parlait continuelle-
ment de ce saint, faisait partout son éloge.
Sa trop grande application ;\ imiter ses ver-
tus lui causa une fâcheuse maladie, dont ne
croyant pouvoir guéi'ir que par l'interces-
sion de ce saint évêque, il entreprit le voya-
ge de Tours, où il recouvra en effet la santé,
3. Il était sorti depuis peu de cette ville,
lorsqu'Eupbronius, qui en était évêque, mou-
rut. Le clergé, la noblesse et le peuple de-
mandèrent Grégoire pour lui succéder. Tous
connaissaient son mérite. Ils députèrent à la
cour de Sigebert, roi d'Austrasie, pour faire ap-
prouver leur choix. Grégoire s'y opposa, mais
Sigebert et Brunehaut l'engagèrent à accepter
l'épiscopat. Il fut sacré ^ par Gilles, évêque
de Reims, le 22 août S72, suivant l'autt^ur
de sa vie, ou en 573, selon qu'il le dit lui-
même dans le dixième ' livre de son histoire,
où il met son élection en la 172* année de-
puis la mort de saint Martin, et la douzième
du règne de Sigebert, ce qui revient à l'an
573.
4. Le poète Fortunat * félicita les ci-
toyens de Tours dans un poème qu'il leur ip^cotai.
adressa , où, en relevant leur bonheur , il
fait de leur nouvel évêque l'éloge le plus
pompeux, puisqu'il le compare à saint Atha-
nase , à saint Hilaire, h saint Grégoire de
3 Ibid. num. 6, et Fortunat, lib. V, cap. iv.
' Ibid. num. 6. — ^ Ibid. num. 7 et S.
6 Ibid. num. 11 et Fortunat, lib. V, carm. 2.
' Gregor., lib. .\, num. 31, pag. 538,
' Fortunat ubi sup.
Sji coDiluite
leudaui son
366
HISTOIRE GENERALE DES
Nazianze, à saint Ambroise, à saint Martin,
à saint Augustin, à saint Césaire. La foi et
la piété du clergé ci du peuple prirent ' de
nouveaux accroisseiueuts sous la conduite
de Grégoire. 11 étendit ses soins jiisques sur
les temples matériels du Seigneur, s'occu-
pant à réparer les églises ruinées de son
diocèse et à en bâtir de nouvelles. Il rétablit
entièrement sa cathédrale, qui était l'ouvrage
de saint Marlin. Il y avait peu de temps
qu'il était évoque, lorsqu'il reçut la visite
d'im saint solilaire, nommé Sénoch, qui s'é-
tait établi dans un oratoire près de Tours,
où il servait Dieu avec trois moines. La ver-
tu de Sénoch lui avait attiré la confiance des
fidèles. Ils lui apportaient de l'argent, qu'il
distribuait aux pauvres, ou qu'il employait
à délivrer ceux qui étaient arrêtés pour det-
tes. L'afflueuce des malades, qui venaient à
lui pour être guéris, lui fit prendre la résolu-
tion de ne plus voir personne. Saint Grégoire
lui conseilla de no s'enfermer que depuis la
Saint-Martin jusqu'à Noël et pendant le carê-
me, suivant l'usage de plusieurs autres soli-
taires. Il détourna aussi un saint moine, nom-
mé Léobard, de changer de demeure, hr re-
montrant que le dessein qu'il en avaii était
lin artifice du démon. Pour l'en convaincre,
il lui envoya ' les livres de la Vie des Pères
et V Institution des moines^ ce semble, de Cas-
sien, dont la lecture fixa son inconstance.
Léobard ' s'occupait ù tailler des pierres dans
la montagne, h faire du parchemin, et quel-
quefois à écrire, pour se délivrer des mau-
vaises pensées.
«i'c'fd!"". ^- ^^ ^"^"^^ saint Grégoire assista au con-
ris«ns;7. cile que Chilpéric tinta Paris contre Prétex-
tât, évoque de Rouen. U fut le seul qui prit
hautement ' la défense de l'accusé, et qui
s'opposa aux exécrations dont le prince vou-
lait qu'on se servît en déposant Prétextât.
Sa fermeté dans cette occasion lui gagna
l'estime de Cliilpéiic, quelque fâclié que fut
ce prince de trouver de la résistance à ses
desseins. Mais ce ne fut pas la seule fois qu'il
en éprouva de la part de l'évéque de Tours.
S'étant avisé " quelque temps ajirL's Je faire
un édit portant ordre de nommer la sainte
Trinité sans aucune distinction de personnes,
parce qu'il lui paraissait indigue de Dieu de
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
lui donner des noms de personnes comme ft un
homme, saint Grégoire lui remontra qu'il de-
vait quitter cette doctrine, et suivre celle que
les docteurs de l'Église nous ont enseignée
après les apôtres; qu'en vain il s'imaginait
que le nom de personne était indigne de Dieu,
qu'il ne se prenait pas dans un sens corpo-
rel, comme il le pensait, mais spirituelle-
ment.
G. La même année 577, ou selon d'autres en ■'"' •«"•*
580, on fit un procès au saint évéque prévenu i',^',.,*"^
d'avoir ' accusé la reine Frédégonde d'adul-
tère avec Bertrand, évèque de Bordeaux;
l'accusât on fut discutée dans le concile de
Biaine, et saint Grégoire pleinement justifié.
Il parle 'en un endioit de son histoire de
deux disputes réglées qu'il eut sur la divini-
té du Fils avec deux ariens, Agilan et Oppila,
ambassadeurs du roi d'Espagne à la cour de
France. Il les convainquit, maisnelesconverfit
pas,du moins sur-le-champ; ma is.\gilan, étant
de retour en Espagne et y étant tombé ma-
lade, embrassa la religion catholique. Il eut *
une troisième conférence sur la foi avec un juif
nonuué Prisquc, en piéseuce du roi Chilpé-
ric. Le juif, accablé par une foule de passa-
ges des psaumes et des prophètes, se trouva
muet ; mais il demeura endurci.
7. Eu 588, Childebert envoya ' saint Gré- " ' ' •■n™,*
goire à Gontran, roi de Bourgogne, pour lui '" '"'•
faire ratifier le traité d'Andelau, fait pour
ôter tous les sujets de brouiUerie, que la moi l
précipitée de Chilpéric avait causés. Ce traité
avait été fait l'année précédente, le 27 no-
vembre. Les réponses que lui fit ce prince
marquent clairement qu'il l'avait envoyé lui-
même quelque temps auparavant en ambas-
sade vers Childebert. Ce fut aussi sur lui que
l'on jeta '"les yeux pour pacifier les troubles
que Chrodielde et Basine avaient excités
dans le monastère de Sainte-Croix de Poi-
tiers, dont elles étaient religieuses ; la com-
mission lui en fut donnée en 590 par le roi
Childebert. Il rapporte assez" au long la dis-
pute qu'il eut avec un prêtre de son clergé
sur la résurrection des morts. Il répondit h
toutes ses objections, et, joignant la force des
raisons à l'autorité des divines Écritures, il
le ramena au sentiment de l'Église.
8. Vers l'an 594, il fit un voyage à Rome, ,
iiTi i n.
mo tn 594.
' Odo in vila, uuui. 12, 13. — 'Grcgor. VitœPaU, ' ld<>m, lit). V, c.-ip. xuv, ctlib. VI, cap. XL. —
cap. XX, pug. 1253.— » Ibid. — » (;reg. Turoii.lib. « Ideui, lib. VI, cap. v. — » Ideiii, lib l.\, cap.
V, cap. XII, et lib. Vit, cap. XVI. — ' Idem. lib. V, XX. — "o Lib. .\, cap. XV. — " Idem, lil). X, lap.
caj). XLv. — « Oregor. Turou. lib. V, oap. L. xni.
CHAPITIIE XLII. — SAINT GUÉGOIIIE DE TOUllS.
Ulilltéile
[Vl' SIÈCLE. J
OÙ saint Grégoire, élu pape depuis quelques
anuces, le rt\ut avec honneur. 11 l'introilui-
sit lui-môme' dans la Confession de saint Pier-
re, où l'ayant laissé en prière, il se retira à
côté, en attendant qu'il l'eiil aclicvée. Alors,
considérant d'uni' [)art la taille de notre saint
évêque,qui était très-petite, et de l'autre les
grâces et les talents dont Dieu l'avait couihlé,
il dit en liii-uième , qu'il était surprenant
que Dieu eût renfermé de si grands dons
dans uu si petit corps. L'évéque de Tours,
se tournant, le visage tranquille, du côté du
pape : «c C'est, lui dil-il, IcSeigneur qui nous a
faits tels que nous sommes, nous ne nous
sommes pas faits nous-mêmes ; pour lui, il
est le mémo dans les petits et dans les
grands. » Le Pape, étonné qu'il eut décou-
vert sa pensée, l'eut en grande vénération;
et pour lui en donner des marques et hono-
rer l'Église dont il était évéque, il lui fit pré-
sent d'une chaîne d'or.
9. De retour en sa ville épiscopale, il y
mouiut à l'âge de cinquante-un ans, l'an
595 , le 17 novembre, après vingt-deux ans
d'épiscopat. L'auteur de sa vie ne lui en
donne que vingt-un : ce que l'on regarde
comme une faute, ou de sa part, ou de celle
des copistes. Avant de mourir, il ordonna sa
sépullure en un lieu où il pût être foulé aux
pieds par les passants, et où l'on ne put, à
cause du besoin public, décorer son tombeau.
Mais le clergé de Tours lui éleva, depuis, un
mausolée à la gauche du tombeau de saint
Martin. Les écrits qui nous restent de lui
sont : VHistoire ecclésiastique des Francs en
dix livres ; sept livres des Miracles, et un hui-
tième de la Vie des Pères. Il avait fait un
Commentaire sur les Psaumes, dont nous n'a-
vons plus que quelques fragments, et un Trai-
té des Offices, qui est perdu. Saint Odon relève
en lui un esprit de douceur, des mœurs pures,
une égalité d'humeur, un grand zèle pour
la religion, une charité qui s'étendait jusques
sur ses ennemis, et une humilité profonde.
ARTICLE n.
DES ÉCRITS DE SAINT GRÉGOIRE DE TOURS.
§1-
L'Histoire ecclésiastique des Français.
i. Ceux qui ^ dans le dernier siècle ont
3G7
travaillé avec le plus de succès sur l'histoire
de France, conviennent que c'est à saint Gré-
goire de Tours que l'on est redevable de la
connaissance que nous avons des premiers
rois de la nation, et des principaux événe-
ments de leurs règnes. Ils appellent les dix
livres de ce Pèio le fond de notre histoire,
el ne regardent que comme des commentai-
les sur ces livres, ce qu'ils ont écrit sur le
même sujet. Il neserait pas possible, eu effet,
de parler des commencements de la monar-
chie fran(;aise sans le secours de cet écri-
vain,qui a, par-dessus ceux qui ont écrit après
lui, cet avantage, qu'il n'a lien mêlé de fa-
buleux dans son histoire. 11 ne fait pas, com-
me eux, descendre les Français des transfu-
ges de Troyes. 11 se borne à rapporter de
leur origine ce qu'il en avait lu dans les au-
teurs contemporains, Sulpice Alexandre, Re-
né Profuturus Frigéridus, et l'historiographe
Orose. Ce dernier est connu, les deux autres
ne nous le seraient pas sans saint Grégoin;
de Tours, qui les cite.
2. Son histoire, dans quelques manuscrits,
est intitulée : Histoire ecclésiastique des Fran-
çais; en d'autres. Histoire des Finançais; quel-
quefois : Faits mémorables des Français, et
plus souvent Chroniques. Le premier titre est
celui que l'on a gardé dans la nouvelle édi-
tion, imprimée à Paris par les soins de dom
Thierry Ruinart, en 1699. Elle y est à la tète
de tous les ouvrages de saint Grégoire, ap-
paremment parce qu'elle en est le plus con-
sidérable ; car on ne peut douter, ce semble,
qu'elle n'en soit le dernier selon l'ordre
des temps, puisque ce Père y rappelle sou-
vent ses autres écrits , et qu'il ne la cite
nulle part. Il faut ajouter qu'il fait dans la ^
conclusion de cette histoire l'énumération
de tous ses ouvrages. Ou pourrait objecter,
qu'en parlant, dans le trentième chapitre du
livre de la Gloire des Confesseurs , de saint
Austremoine, il dit qu'il avait déjà parlé de
ceux qui l'avaient accompagné dans sa
mission en France ; mais cela n'a point
un rapport nécessaire avec son histoire ec-
clésiastique : c'est avec le chapitre vingt-sep-
tième du même livre, où il avait en effet dit
quelque chose de la mission de saint Martial
de Limoges. Il avait aussi parlé de saint De-
nis de Paris et de saint Saturnin dans le pre-
mier livre de la Gloire des Martyrs. Quelques-
l'hi.rotr» ee.
el6i'a.tlqiie<l0
*«'lir fin'-L'Ol.
r^ de Toum.
Quel es( 1o
titre de celle
hi-lotre. En
ti' ol leii]i>9
de ï été
(fiitc.
• Odo in vita Gregor. num. 24.
' Valois et Le Coiute, et Prœf. in nov. edit. Greg.
Turon.
3 Lib. X, pag. 537.
368
HISTOIRE GHNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Premier li-
ire de I Uis-
uns ont cru que saint Grégoire n'avait pas
donné de suite toute sou histoire, et qu'il n'en
publia d'abord que les sis premiers livres.
Ce qui rend cette opinion probable, c'est que
Frédégaire n"cu connaissait pas davantage,
et que voulant continuer dans sa chronique
l'histoire de ce Père, il commence à la mort
de Chilpéric, où finissent ces six premiers li-
Tres. On cite aussi divers manuscrits qui
n'ont que ces six livres ; mais il y en a d'au-
tres que l'on croit de la tîn du sixième siècle,
où l'on trouve un fragment du septième li-
vre. Quoi qu'il en soit, cette histoire a sou-
vent été altérée par les copistes ; mais nous
l'avons aujourd'hui dans sa pureté, le texte
en ayant été revu et corrigé sur un grand
nombre d'excellents manuscrits.
3. Saint Grégoire la commence par une
'tt'^ul'iê peintm-e très-triste de la décadence des
îî^!'i!°""' beaux-arts dans toutes les villes de France.
Les persécutions que les païens et les héré-
tiques avaient faites à l'Église n'étaient que
trop connues : on n'avait point oublié les guer-
res que les princes s'étaient faites mutuelle-
ment: elles se rallumaient tous les jours. On se
souvenait de la constance des martyrs dans
les tourments qu'ils avaient soufferts pour la
foi. On avait vu des gens de bien fonder et
doter des églises, et des perGdes les dépouil-
ler ensuite de ce qu'elles avaient de plus
précieux. Mais la littérature était tombée ; il
ne se trouvait plus personne qui fut capable
de transmettre, soit en prose, soit en vers,
tous ces événements à la postérité. La plu-
part en gémissaient ; mais personne ne se
mettait en devoir de remédier à ce désordre.
L'ignorance du beau langage était telle que,
s'il se fùl trouvé quelqu'un qui écrivit avec
élégance, il n'auiaitété entendu que de peu
de monde ; il fallait un style grossier et rusti-
que, pour se faire entendre du grand nombre.
Voilà le que dit ce Père dans la préface de son
histoire. Ce ne fut qu'au défautde quelquemeil-
Pij.B. «'.s, leur écrivain, qu'il l'entreprit. Il convient du
peu d'exactitude et de la barbarie de son style,
et il en demande excuse à ses lecteurs. Mais
il les assure de sa fidélité à rapporter les
dogmes que l'on enseignait dans l'Kglise ; et
afin qu'ils n'eussent aucun doute sur ses sen-
timents, il fait une profession de sa foi, qui est
en substance la même que celle du symbole
de Nicée et de celui de Coustantinople, mais
plus étendue. 11 y dit nettement que le Saint-
Esprit procède du Père et du Fils , il y éta-
blit l'immortalité de rame et la virgfliité
Ml, 11^3,995
perpétuelle de Marie, et avance, sur l'autori-
té de quelques anciens qu'il ne nomme pas,
que r.4ntechrist inti'oduira la circoncision, et
qu'il placera sa statue dans le temple de Jé-
rusalem, pour y être adorée de ceux qu'il
aura séduits. C'est, ajoute-t-il, ce que le Sei-
gneur a prédit par ces paroles : Vous verrez luiu.. xin,
l'abomination de la désolation dans le lieu saint.
Après ce préambule , il donne en abrégé
toute la suite des temps depuis la création
du monde jusqu'à la mort de saint Martin,
en s'altachant à ce qu'il en avait trouvé dans
les chroniques d'Eusèbe, de saint Jérôme.
d'Orose et de Victorius. Quant à ce qu'il rap-
porte des premiers apôtres des Gaules, saint
Photin, saint Trophime, saint Paul, saint De-
nis, saint Martial, saint Saturnin, il l'avait
appris, ou de leurs actes, ou de la tradition
des peuples. Son premier livre contient le
récit de ce qui s'est passé pendant l'espace
de cinq mille cinq cent quarante-six ans.
4. Il commence le second ù l'épiscopat de s^„j |„„^
saint Brice, qui succéda à saint Martin sur '**' "'■'■
le siège épiscopal de Tours en 3'J7, et le fi-
nit à la mort de Clovis, arrivée en oH. Quel-
ques critiques en ont rejeté le premier cha-
pitre, ne pouvant se persuader que saint
Martin ait eu pour successem- un homme que
les historiens du temps ont fait passer pour
un adultère, et coupable de plusieurs autres
crimes. Mais il sullit de répondre, que l'Église
de Tours, fondée sur une tradition cons-
tante, reconnaît saint Brice pour un de ses
évoques, et qu'encore qu'il ait été accusé
de diverses fautes, il fut néanmoins déclaré
innocent par le pape Zosime, comme on le )
voit dans sa lettre quatrième à Aurèle de
Carthage et aux autres évèques d'Afri-
que. Il décrit dans les chapitres suivants la
peisécution des Vandales, les guerres entre
les Saxons et les Romains, l'avènement du
roi Clovis à l'empire des Français, sa con-
version, son baptême, ses ditl'érends avec
Gondebaud, roi de Bourgogne, et avec Ala-
ric. Il donne la suite des évêques de Tours
et de Clermont. Il parle de la construction
de plusieurs églises considérables, comme
de celles de Saint-Étienne à Metz, de Saint-
Symphorien à Autun, de Saint-Martin àTours,
où il dit que la leine Crotechilde ou Clotildc
se relira après la uKu't de Clovis, pour y vi-
vre dans les exercices de piété auprès du
tombeau de saint Martin.
5. Le troisième livre comprend ce qui s'est ..^J""' *""
passé depuis le commencement du règne "" '
CHAPITRE XLIl. — SAINT URÉCOIRE DE TOURS.
[vr SIÈCLE.]
dos qufilrc enfants do Clovis, Thierry, C1<1-
doniir, Cliilclcbcrt et Clotuire, jusqu'à la mort
de Tliéodebcrt ei; .'iiS. Saint Grégoire rap-
pelle en peu do mots, dans le prolotjue , les
prospëritiis dont le règne de Clovis fut ac-
compagné, et les disgrâces d'Alaric, roi des
Visigolhs, qui était arien, pour montrer que
Dieu comble morne des faveurs temporelles
les princes (jui font profession do la vraie
foi, et qu'il permet que ceux qui en sont en-
nemis soient dans l'adversité. Ce livre est in-
téressant par la variété dos matières. Outre
ce qui reganle les enfants de Clovis, il traite
des rois de Thuriuge, d'Espagne et d'Italie.
'■'■'j'" 6. Il en parle encore dans le quatrième ,
où il dit aussi ipielque chose des comtes de
Bretagne , de Iti révolte des Saxons, do l'ir-
ruption des Lombards en Italie, de l'éléva-
tion de Justin sur le trône impérial, et de
plusieurs autres événements qui paraîtraient
éti'angers i\ son dessein, s'ils n'avaient de la
liaison avec l'histoire des rois de France. Ce
livre commence à la mort de sainte Glotilde,
et au règne de Clotaire , roi d'Austrasie ,
et va jusqu'i'i la mort de Sigebert, son fils et
son successeur, aaivée en 573. On trouve
encore dans ce livre, comme dans tous les
autres, quantité de traits de l'histoire ecclé-
siastique, des conciles , les vies des saints
évèques et des saints solitaires, les fonda-
tions de monastères, le culte des saints et
de lem'S reliques ; en sorte qu'on doit regar-
der cet ouvrage de saint Grégoire comme
une histoire ecclésiastique et civile.
•''';<' 7. Dans la préface du cinquième livre,
l'auteur déplore les malheurs de l'État et des
peuples, causés parles guerres presque con-
tinuelles entre les trois fils de Clotaire, Gon-
Iran, Chilpéric et Sigebert. Clotaire avait eu
un quatrième fils qui était l'aîné de tous,
nommé Charibert. Il eut le royaume de Pa-
ris ; Gontran, celui d'Orléans ; Chilpéric, ce-
lui de Soissons ; et Sigebert , le royaume
d'Austrasie. Les deux aînés aimaient la paix ;
mais Chilpéric et Sigebert étaient d'une hu-
meur trop martiale pour le repos de leurs
sujets. C'est donc à eux principalement
que s'adressent ces paroles de saint Grégoire
de Tours : « Plût à Dieu, princes, que vous
ne fissiez la guerre que comme vos aïeux,
et que, conservant la paix entre vous, vous
vous rendissiez redoutables à vos voisins.
Souvenez-vous de Clovis, celui qui a com-
mencé à conquérir les états que vous possé-
dez. Combien a-t-il défait de rois , dompté
XI.
369
(le iialions, subjugué do pays? Pour venir à
bout do tout cela, il n'avait ni or ni argent ,
au lion que vous avez de grands trésors.
Vous avez des magasins de blé, do vin ot
d'Iiuilo, de l'or et de l'argent en abondance.
Il ne vous manque qu'une chose, c'est la paix,
et ce défaut vous mot dans l'indigence de lu
grâce de Dieu. Pourquoi l'un de vous en-
lève-t-il ;\ l'autre ce qui lui appartient? Fai-
tes réflexion à ce que dit l'Apotre : Si vous
vous mordez et vous dévorez les uns les autres, coiai. v, i
prenez garde que vous ne vous consumiez les uns
les autres; et à ce que dit l'historien Orose,
en parlant dos Carthaginois, que tandis qu'ils
avaient été unis, leur ville et leur l'épubli-
que avaient été florissantes, et qu'elles n'a-
vaiont été détruites , après avoir subsisté
pendant sept cents ans , que pour s'être dé-
sunies. » Ce cinquième livre renferme l'his-
toire d'environ cinquante-quatre ans, depuis
le règne de Childebert second, successeur et
fils de Sigebert, jusqu'au concile de Braine,
où saint Grégoire, accusé par Leudaste d'a-
voir mal parlé de la reine Frédégonde, se
purgea par serment de cette calomnie. Un
des endroits les plus intéressants de ce livre
pour l'histoire ecclésiastique de France dans
le vi^ siècle, est le détail de la procédure contre
Prétextât, évêque de Rouen. Nous en avons
donné le précis dans l'article du cinquième
concile de Paris en 377. 11 y est aussi parlé de
la persécution que les ariens firent soufirir
aux chrétiens d'Espagne sous le règne de Lé-
vigilde, et d'une dispute que saint Grégoire
eut avec un arien sur le mystère de la Trinité.
8. Le sixième livre commence à la sixième
année du règne de Childebert II, c'est-à-dire
à l'an 381, auquel ayant rompu la paix avec
Gontran son oncle, roi de Bourgogne, il con-
clut un traité d'alliance avec Chilpéric, roi
de Soissons ; il finit à la mort de ce dernier
prince, qui fut assassiné en 584 à Chelles,
en revenant de la chasse. Son fils Théode-
bert avait été tué dans une bataille en 576 ;
Chilpéric, persuadé que Gontran-Boson, l'un
des deux capitaines qui commandaient l'ar-
mée de Sigebert, était auteur de cette mort,
résolut de la venger. Celui-ci se réfugia dans
l'église de Saint-Martin à Tours. Le roi, en
étant informé , fit avancer ses troupes , et
sommer cette ville de se rendre. Comme
elle n'avait ni garnison, ni munitions, elle
oQ'rit de se soumettre à des conditions tolé-
rables. Rocolène, l'un des généraux de Chil-
péric, demanda pour première condition ,
24
Shlème II-
Gtég. Ilb. V,
cap. At^.
370
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
Gre;. llb.YI,
Septième )t-
vie, fȣ. 3JU.
qu'on lui livrerait sur-le-cliiimp Gontr:in-Bo-
soii. Les députés de la ville répoudirent que
la chose n'était point faisable; que l'église
de Saint-Martiu était un asile inviolable;
qu'en livrant Boson, on iiiitcrait le saint qui
y faisait tous les jours des miracles, et qui
le jour d'auparavant avait guéri un paraly-
tique ; que s'il entreprenait de profaner ce
lieu saint, que les Visigoths, tout hérétiques
qu'ils étaient, avaient respecté dans le temps
qu'ils avaient cette ville eu leur puissance,
il attirerait peut-être sur lui et sur le roi
même la malédiction de Dieu. Ce général
menaça la ville et le pays des dernières
exlrénnités, si on ne lui livrait Boson ; et sur
le refus q^t'ou en fit, il commença à faire
abattre une maison qui appartenait ;\ l'église
de Saint-Martin. Boson ne sortit point pour
cela de son asile. Pour l'en tirer, Chilpéric
s'avisa d'un expédient singulier , mais qui
ne lui réussit pas. 11 écrivit une lettre à saint
Martin , où il lui demandait si c'était un pé-
ché de tirer par force Boson de l'église, et
le priait de lui répondre là-dessus. Le dia-
cre Baudegile, chargé de porter cette lettre
au tombeau du saint, y mit un papier blanc
sur lequel il espérait que saint Martin met-
trait sa réponse : mais étant retourné au bout
de trois jours, il trouva le papier sans réponse
et sans écriture. Chilpéric y envoya d'autres
gens pour tirer serment de Boson, qu'il ne
sortirait point de l'asile sans sa permission.
Hoson le jura, tenant la nappe de l'autel.
Il y avait un grand nombre de juifs dans
le royaume de Chilpéric. Ce prince donna
ordre d'en baptiser plusieurs, qu'il tint la
plupart sur les fonts de baptême. Mais ces
juifs, n'étant lavés que de corps et non de
cœur , retournèrent pour la plus grande
partie à leur perfidie.
9. Avant de commencer le septième livre,
saint Grégoire parle de saint Salvi, qui après
avoir vécu longtemps dans le siècle, le quitta
pour s'enfermer dans un monastère, dont il
fut élu abbé : quelque temps après, voulant
vivre dans une plus grande perfection, il de-
meura seul dans une cellule écaitée, où il
ne laissait pas de répondre aux étrangers qui
le venaient voir. Ktant tombé malade, l'accès
de sa fièvre fut si violent, qu'il passa pour
mort. Un le lava, on le revêtit, on le mit sur
un brancard, et on passa la nuit en prières
auprès de lui. Le lendemain matin, on s'aper-
çut qu'il lemuail, <t qu'il scniblail s'éveiller
d'un pniloud sommeil. Il ouvrit les yeux, et
AUTEmS ECCLÉSIAS'nOLTES.
levant les mains au ciel, il dit : « Seigneur,
pourquoi m'avez-vous renvoyé en ce séjour
. ténébreux? » 11 se leva pail'aitement guéri,
sans toutefois vouloir parler à qui que ce fût.
Mais trois jours après, il raconta que deux
anges l'avaient enlevé au ciel où il avait vu
la gloire du paradis, soit en songe, soit en
vision surnaturelle. Saint Grégoire prend Dieu
à témoin qu'il avait ouï cette histoire de la
bouche même d^sainl Salvi, qui fut ensuite
tiré de sa retraite pour être fait évêque d'Al-
bi, où il mourut en 583. C'est là que saint
Grégoire commence son septième livre ; il le
finit à la guerre civile que les Tourangeaux
se firent la même année, à l'occasion d'un
enfant qu'Austregisile avait tué, et dont Si-
charius voulut venger la mort. La famine se
fit sentir presque par toute la Gaule. 11 y eut
des tremblements de terre, des signes ex-
traordinaires dans. le ciel ; on vit les arbres
lleurir pendant l'hiver, et les vignes produire
des raisins, mais d'une mauvaise venue; il
parut un géant, dont la taille surpassait de
deux ou trois pieds celle des hommes les plus
grands. Une femme esclave, qui avait l'esprit
de Python, obtint sa liberté par les grands
profits qu'elle faisait à son maitre. Ceux qui
avaient perdu quelque chose, ou souffert
quelque dommage, venaient à elle; ils en
apprenaient le nom du voleur ou du malfai-
teur, où il était allé, ce qu'il avait fait de son
vol, où il l'avait caché. Ayant gagné beau-
coup d'or et d'argent, elle se vêtit magnifi-
quement; le peuple, quand elle paraissait
en public, la prenait pour une divinité. Saint
Airic, évêque deVerdun, informé de ce qu'elle
faisait, la fit venir, l'exorcisa, oignit son front
de l'huile sainte; le démon qui la possédait
se déclara, mais il ne voulut point sortir.
Cette femme, abandonnée à elle-même, se re-
tira auprès de la reine Frédégonde.
lu. Les années suivantes furent aussi mar- ,,""^';'5-'i't
quées par des événements extraordinaii-es.
Les inondations fréquentes ravagèrent les
campagnes, et les pluies continuelles rendi-
rent l'été semblable à l'hiver. Deux îles de
la mer fui-ent consumées par le feu du ciel
avec tous les habitants et tous les bestiaux.
Les eaux d'un étang spacieux, auprès de lu
ville de Vannes, furent changées en sang à
une aune de hauteur. La ville de Paris fut
jiresque réduite on cendres, à l'exception des
églises, et des maisons quileur appartenaient.
Une feuime avait pi<'dit cet incendie trois
jours auparavant, et avait averti le peuple de
CHAPITRE XLIl.
LUi. I Do
îloria Mar»
[Vl' SIÈCLE.]
se sauver : on se mo(iii;i (rclh". C'est ce que
racoiilc saint Gn^goire dans le liiiilii''me livre,
qu'il coininence an voyaj;o que le roi Gon-
tran fit à Orléans au mois de juillet de l'an
585, et qu'il coniluil jwsqu'A la moit de lAÎvi-
pilde, roi d'Kspa^iie, aiiivée en 587, la dixiè-
me année de son règne. 11 y parle aussi
du second concile de MAcon, de l'excommu-
nication d'Ursicin, évoque de Caliors, pour
avoir re(;u Gondebaud, ennemi déclan; de
Contran ; et de ^as:^assinat de l'rétextat, évo-
que de Roueu. L'esclave qui avait faille coup,
avoua à la question qu'il avait reçu de la
reine Frédégonde cent sous d'or pour faire
cette action, cinquante de l'évcque Méla-
nius, et cinquante de l'archidiacre de Rouen.
Sur quoi le neveu de Prétextât, tirant son
épée, mit en pièces l'assassin. Molanius avait
été mis à la place de Prétextât pendant sou
exil. Frédégonde le rétablit sur le siège de
Rouen après la mort de cet évêque.
M. Le commencement du règne de Réca-
rèdc, fds et successeur de Lévigilde, fait ce-
lui du neuvième livre, qui finit aux troubles
excités dans le monastère de Sainte-Croix de
Poitiers, en 589, par Clirodielde, fille du roi
Cliérebert, et par Basinc sa cousine, fille du
roi Chilpéric, l'une et l'autre religieuses de ce
monastère. Saint Grégoire donne tout le dé-
tail de cette atlaire, avec plusieurs pièces ori-
ginales qui regardent l'établissement de cette
maison par sainte Radégonde. Nous aurons
lieu d'en parler au long dans l'article des
conciles, où l'on travailla k terminer ces
troubles suivant les canons. En cette année,
le dimanche que l'on appelait alors Pàque
close, et que nous appelons l'octave de Pû-
que ou Quasimodo, il tomba une pluie si pro-
digieuse avec de la grêle, que dans l'espace
de trois heures l'on voyait couler de grands
fleuves par les plus petites ouvertures des
vallées; les arbres, après avoir donné leurs
fruits, fleurirent de nouveau en automne, et
produisirent des pommes comme auparavant,
et au neuvième mois les rosiers fleurirent
une seconde fois. Mais l'abondance des eaux
causa beaucoup de dommage aux moissons.
12. Le dixième livre commence à la quin-
zième année du règne de Childebert, de Jé-
sus-Christ 590. Un diacre de l'église de Tours,
que le saint avait envoyé à Rome, en revint
cette année-là avec des reliques des saints
martyrs, Paul, Laurent, Pancrace, Chry-
santhe, et de quelques autres, que le pape
Pelage II lui avait données. Grégoire rap-
SAINT GIlliGOIRE DE TOURS.
371
poila (pie l'année précédente 589, les eaux
(In Tibre s'étaient tellement (Millécs, qu'elles
couvraient la ville de Home; ce qui causa
la ruine d'un grand nnndjre de maisons, en
particulier des greniers de l'Église, et la plus
grande partie des blés qui y étaient en ni-
serve. Au mois do février de l'an 590, le pape
Pelage fut emporté par une maladie conta-
gieuse. Le diacre Grégoire, élu unanimement
pour lui succéder, fit un discours au peuple,
à qui il représenta que nous devons crain-
dre au moins les fléaux de Dieu quand nous
les sentons, puisque nous n'avons pas su les
prévenir. Il le finit en indi(iuant une proces-
sion à sept bandes, qui devaient se rendre le
mercredi suivant à Sainte-lMarie-Majeure.
Saint Grégoire de Tours rapporte ce qui se
passa à l'élection de ce saint Pape, le détail
de la procession ou litanie qu'il indiqua, en
remarquant que pendant cette procession,
il mourut en une heure quatre-vingts de
ceux qui y assistaient ; mais que cette cir-
constance n'empêcha point le nouveau pon-
tife d'exhorter le peuple, et de prier jusqu'à
ce que la maladie fût éteinte. Il passe de |là
au traité que Childebert fil avec l'empereur
Maurice, et à son expédition contre les Lom-
bards qui étaient entrés en Italie. Il donne
la suite de cette guerre, et des autres que
ce prince entreprit depuis. Ensuite il parle
de la dispute qu'ileut lui-même avec un des
prêtres de son église sur la résurrection des
corps ; de l'absolution de Chrodielde et de
Basine; de l'emprisonnement de Gilles, évo-
que de Reims; de la sentence de mort ren-
due contre lui, pour avoir trempé dans une
conspiration contre la vie du roi Childebert,
et des variations qu'il y eut en Occident sur
le jour de la célébration de la Pâque en 595,
qui fut l'année de la mort de Childebert.
Plusieurs dans les Gaules célébrèrent cette
solennité le quinzième de la lune. A Tours
on ne la célébra que le vingt-deuxième ; et
il se trouva qu'en ce jour les fonts miracu-
leux d'Espagne se remplirent à l'ordinaire.
Vers le même temps, on 'vit dans le Gevau-
dan un fanatique, qui se disait le Christ. Il
avait avec lui une femme, qu'il nommait Ma-
rie. Il guérissait les malades, prédisait l'ave-
nir, le tout avec le secours de la magie. Plu-
sieurs se laissèrent séduire. Les uns lui don-
naient de l'or et de l'argent, les autres des
habits. L'évêque du lieu envoya des hommes
résolus et vigoureux, pour savoir de lui ce
qu'il prétendait faire. Un d'eux, feignant de
373
mSTOIRE GÉNÉRALE DES ALTEI'RS ECCLÉSIASTIQUES.
lui baiser les genoux, le perra de son coute-
las. La femme de ce fanatique avoua dans
les supplices tous les prestiges dont ils s'é-
taient sen-is l'un et l'autre pour séduire la
populace. A Limogi^»*, ])iusieurs, pour avoir
méprisé le dimauciie, et fait en ce saint
jour des œuvres sen'iles, furent consu-
més par le feu du ciel. Saint Grégoire fi-
nit son dixième livre par le Catalogue des
évoques de Tours, avec un abrégé de leur
vie. Il compte pour le premier saint Gratien,
qu'il dit avoir été envoyé par le Pape, la
première année de l'euipire de Dèce. c'est-
à-dire eu 2'é'J, et ainsi par le pape Fabien.
Il marque sur Eustocbius, cinquième évo-
que de Tours, les jeûnes et les veilles qu'il
avait ordonnés pour certains jours de l'an-
née dans son diocèse ; après quoi il fait le
détail des églises qu'il avait lui-même ré-
parées, ou construites; des reliques dont
il avait fait la translation; des oratoires qu'il
avait consacrés; des ouvrages qu'il avait
composés. Il met en piemier lieu les dix li-
vres de son histoire, quoiqu'ils aient été écrits
les derniers. Il recommande ;\ ses succes-
seurs d'en avoir un grand soin, et de ne pas
permettre qu'on en retranche ou qu'on y
ajoute quelque chose. Suit la supputation
des temps, depuis la créaliou du monde jus-
qu'à la vingt-et-unième année de son épis-
copat, qui comprend selon lui l'espace de
5814 ans : ce qui montre qu'il suivait le cal-
cul des Grecs. Mais il n'est pas toujours
d'accord avec lui-même sur la chronologie ,
T..m. op. soit qu'il ait suivi des calculs différents , soit
ytnA., pas. qu'il y ait fautc dans les manuscrits. Dans
USA. * '^
celui de M. Pilhou ,au heu de 5814, on ht 5707.
LiTTe dft U
TiLiIra dol
Marljrra.
Livre de la Gloire des Martyrs.
1. Ce traité n'est pas, non plus que l'his-
toire des Français, placé dans la nouvelle ('di-
tion selon l'ordre chronologique; saint Gré-
goire ne le composa (ju'après avoir liui le
second livre des miracles de saint Martin ,
qui y' est cité deux fois, et que l'on a m'an-
nu)ins mis à la suite du livre de la Gloire des
Martyrs. Mais il parait que l'éditeur s'est at-
taché à l'ordre des matières, et qu'il a cru
plus convenable de pailcr dos miracles de
Jésus -Christ, et de la gloire des martyrs,
avant de raconter les mci-veilles de ceux qui
' Greg. lil). De Gloria Martyr., [mg. "13 et 81fi.
' Le .Missel Kiillicnu et lo Xlis.-cl (jullinnic en u^nge
ou.\ vi"-' et Ml': siècles, expliquent clairement celte
n'ont rendu témoignage à Jésus-Christ que
par la sainteté de leur vie. et non par l'elfu-
sion de leur sang. Ce qui engagea le saint
évèque à composer cet ouvrage, fut le désir
d'édilier l'Église et d'instruire utilement les
fidèles, en leur faisant connaître la perfec-
tion de la foi par l'exemple de ceux qui en
ont eu une parfaite. Il voulait encore les dé-
tourner de la lecture des fables du paganis-
me, dont les poètes ont farci leurs vers. Ce
qu'il en dit, quoiqu'en peu de mots, fait voir
qu'il les avait lus, mais qu'il en avait conçu
du mépris, et qu'il craignait d'en être répri-
mandé et puni devant le tribunal du souve-
rain Juge, comme l'avait été saint Jérôme.
Regardant donc tout ce que les poètes ont
dit des faux dieux, comme des choses qui
n'avaient aucune réalité, il prit le parti de
traiter des sujets plus solides, et de puiser
ce qu'il en dirait, dans des livres dont l'au-
torité ne pouvait être suspecte, c'est-à-dire
dans les évangiles mêmes.
2. Ce livre est divisé en cent sept chapitres, cc q.:i ri
dont les trois premiers sont sur la naissance, ii%r.d"'.-."
les nu racles, la passion, la résurrection et I as- "i»t- \it-
* d* s -e
cension de Jésus-Christ. L'auteur rapportelà- r."Mi.ic,|j
dessus ce qu'on en lit dans l'Kcriture. Mais, ^^^'-'f '- "•
à l'occasion de l'étoile qui apparut aux ma-
ges, il raconte sur une tradition peu fondée,
que les pèlerins qui vont à Bethléem, voient
dans un puits, qui est proche de la caverne,
cette même étoile, lorsque la pureté de leur
cœur les en rend dignes. Il est le premier
des anciens qui ait dit que la sainte Vierge
fut après sa mort enlevée en corps et en
àme dans le ciel*. Pour ce qui est des autres ,,.
circonstances de sa mort, il les avait tirées
de l'écril faussement attribué à Méliton de
Sardes, intitulé : Du Passage de la bienheureuse
Marie. Voici encore ce qu'on remarque dans y.
ce livre. Sainte Radégonde, ayant obtenu de
l'empereur Justin du bois de la croix, le plaça
dévotement dans son monastère de Poitiers,
avec quantité de reliques des saints mar-
tyrs et confesseurs, qu'elle flt venir d'O-
rient. Tous li's mercredis et vendi-edis, on
adorait la croix. Celle dévolion attira un
grand concoui's de peuple à l'église de ce l
monastère, et il s'y fit plusieurs miracles.
Saint Grégoire en rapporte , dont il |)rcud
Dieu à témoin. 11 compte quatre clous (jui
servirent à attacher le Sauveur sur la croix ;
crnyame. Saint flréfîoirc n'est donc i>ns le piemier
qui en ail parlé. {L'édileitr.)
[VI" SIÈCLE.]
un A chaque main et un à cIuuhk^ pied. Des
ctp. Tr. (iiiatie L'Unis, saiiile IIiHi'iu; en jeta un dans
la mer pour la rendre plus calme ; Constan-
tin en prit deux |iour mettie dans le mors
de sou cheval; il lit attacher le (lualrième i\
son casque de guerre. La lance, le roseau,
la couronne d'épines, et la colonne à laquelle
le Sauveur fut attaché lorsqu'on le flagella,
conimuniquaicnl de grandes vertus à tout ce
"'• qu'où en approchait, (hi montrait encore
la lance à Jérusalem sur la fin du vii° siècle,
ainsi que nous l'apprenons d'Adamnanus ,
moine écossais , qui écrivait alors. Quant
à la tunique sans couture , saint (-Irégoire
VIII. dit qu'on la conservait de sou temps dans
une châsse de bois, dans la ville de Galatée,
ù cent cinquante milles de Constantinople,
en une église nommée des Suints-Arc/taiiges.
Elle fut apportée en France sous le règne
de Charlemagne, et placée dans le monastère
d'Argenlcuil, où la sœur de ce prince et sa
I. fille étaient religieuses. C'était l'usage en
Orient, que loisqu'il restait beaucoup de par-
licides du corps de Jésus -Christ après la
communion, l'on envoyait chercher des en-
fants innocents, de ceux qui fréquentaient
les petites écoles, pour les leur faire consu-
mer. Il arriva qu'un certain jour où l'on cé-
lébrait la messe dans une église de la Sainte-
Vierge, on fit venir avec les autres un en-
fant Juif, fils d'un vitrier. Il participa au
corps et au sang de Jésus-Christ, s'en re-
tourna fort joyeux, et raconta à son père ce
qui s'était passé. Celui-ci, oubliant sa ten-
dresse paternelle , jeta son enfant dans sa
fournaise, qu'il remplit de bois plus qu'à l'or-
dinaire, afin que le feu en fût plus violent.
La mère, infoi-mée de l'événement, courut
pour délivrer son fils. Mais la tlamme, se ré-
pandant au dehors du fourneau, l'empêcha
d'en approcher. Alors jetant à terre sa coif-
fure, elle alla parmi la ville les cheveux é[iars,
déplorant son malheur. Les chrétiens acrou-
rurent au bruit, et étant venus à la fournaise,
ils trouvèrent l'enfant qui n'avait reçu aucun
mal, et l'en tirèrent. Us y jetèrent l'auteur
du crime, qui y fut aussitôt consumé et ré-
duit en cendres. On demanda à l'enfant com-
CHAPITIIE XLII. — SALNT GIIEGOIRE DE TOURS.
373
ment il avait t'té garanti du feu : il répon-
dit qu'une femme ([ui était assise, tenant un
enfant entre ses bras, dans l'église où il
avait mangé du pain, l'avait couvert de son
manteau pour le préserver des llammes. On
instruisit la mère de l'enfant dans la foi ca-
tholique, et tous deux furiMil baptisés, avec
plusieurs Juifs de la ville. Il parait que saint
Grégoire avait pris ce lait dans l'hi.stoire
ecclésiastique d'I^vagre où il est rapporté,
mais plus au long et avec quelque dill'é-
rencc. On peut y lemarquer deux choses
considérables : la première, que le pain que
l'enfant dit avoir reçu dans l'église, est ap-
pelé par saint Griigoire ', le corps et le sang
du Seigneur ; la seconde, que c'était l'usage
dès lors - de mettre dans l'église l'image de
la Vierge, et de la représenter tenant son
fils entre ses bras. Il ajoute, que s'étant ren-
contré dans un voyage aufirès d'une mai-
son qui était toute en llammes, il avait élevé'
contre le feu sa cioix pectorale où il y avait
des reliques de la sainte Vierge et des apô-
tres, et qu'aussitôt le feu avait cessé d'agir.
La croix pectorale n'était point un ornement
particulier aux évèques; l'usage était com-
mun d'en porter au cou, remplies de reli-
ques des saints. Le saint parle d'une fiole
du sang de saint Jean-Baptiste, recueilli par
une dame Gauloise qui se trouva à Jérusa-
lem lors de la décollation du précurseur de
Jésus-Christ; elle la rapporta dans sa patrie,
et la mit dans un autel qu'elle fit ériger à
Bazas avec une église à l'honneur de saint
Jean. Il parle aussi d'un pouce et de quel-
ques autres reliques du même saint ; des
guérisons miraculeuses de lépreux, lorsqu'ils
se lavaient dans l'endroit du Jourdain où le
Sauveur avait été baptisé ; d'une statue de
Jésus-Christ faite d'ambre jaune, dans la ville
de Panéade ; d'une image du même Sauveur
qui, ayant été percée par un Juif avec un
dard, rendit du sang; d'une apparition faite
à un prêtre, dans laquelle il lui fut ordonné
de couvrir un crucifix qui était entièrement
nu : d'où l'on croit qu'est venue la coutume
de peindre les crucifix avec un périsome, ou
une robe qui descend jusqu'aux pieds.
El»;., Mil.
IV , fip.
>.\xvl.
Cap. VI.
' Ad participationem gloriosi corporis et sau-
guinis Dominici, cum aliis infantibus infans ju-
daus accessit. Greg. lib. ] DeGloria Martyr. ,cni). x.
* ilulier quœ in basilica illa tibi panent de
mensa accepi, in cathedra residens, parvulum in
sinu geslal infanlem, hœc me paUio suo,ne ignis
voraret, operuU. Ibid.
3 Tune extractam e pectore crucem elevo con-
tra ignem : mox in aspectu .'■anctarum reliquia-
rum ita cunrius ignis obstupuit ac si non fuisset
accensus. Ibid., cap. u. Ilujus beatœ Virginis re-
liquiai cum sanctoruni apostolorum in cruce aii-
rea positas exhibcbam. Ibid.
374
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Dd marljre
de* ApA(r*>,
|1S. T,9,af,
>zrii-xxsiii.
VIUS. Vil-
libild, Dnm.Sf
3. parte m£cuI>
3 Beoedictia.
De lalnt
E'iTn^ et de
quelqu"' aii-
Ire» ilarlrrs.
lis- '5*. "P.
XXtIT, XSXT,
lUTlII.
3. Saint Grégoire rapporte après cela ce
qu'il savait du martyre des apôtres saint Jac-
ques, saint Pierre, saint Paul, saint Jean,
saint André, saint Thomas et saint Barthé-
lémi. Il dit que saint Pierre ordonna aux
clercs de porter la tonsure, en quoi il est
suivi des écrivains du moyen âge ; que cet
aptjlre fut enterré dans le Vatican ; que son
tombeau était orné de quatre-vingt-seize co-
lonnes d'une grande beauté; qu'il y en avait
quatre à l'autel; ce qui faisait cent en tout,
sans compter celles qui soutenaient un ci-
boire au-dessus de son tombeau, c'est-à-
dire un tabernacle en forme de tour qui le
couvrait ; que les linges et les vêtements
que l'on aJ)procIiait de ce tombeau en rece-
vaient une vertu qui rendait la santé aux
malades ; que saint Paul souifrit le martyre
le même jour que saint Pierre, mais seule-
ment un an après; que saint Jean, après
avoir achevé sa carrière, entra tout vivant
dans le tombeau ; qu'il se fit lui-même cou-
vrir de terre ; qu'il coule encore de son tom-
beau une manne semblable à de la farine
(on lit la même chose dans la seconde vie de
saint Villibald, écrite dans le huitième siè-
cle); que riiuile qui découle de celui de saint
Andi-é à Patras, où il soufl'rit le martyre, a
une odeur comme un composé d'aromates ;
que dans le lieu où saint Thomas fut enterré
d'abord, il y a une lampe qui ne s'éteint ja-
mais, sans qu'il soit besoin d'y mettre de
l'huile, ou quelque autre liqueur.
4. Des aptjtres, saint Grégoire passe aux
martyrs. 11 commence par saint Etienne, dont
il dit que l'on conservait une fiole de sang
dans l'église de Bouiges; on l'y voit encore
aujourd'hui. 11 suit, dans ce qu'il dit du pape
saint Clément, ct"" qu'on en lit dans les actes
qui portent son nom, mais que l'on regarde
comme supposés. 11 fait la même chose à
l'égard de saint Chrysanthe. 11 convient qu'il
s'en est rapporté h la tradition des fidèles
en ce qu'il raconte de saint Jean, évêque et
martyr, parce qu'il n'avait pas les actes de
son martyre. L'anonyme donné par M. de
Vallois avec Ammicn Marcellin, est préféra-
ble à tous les autres qui ont écrit sur ce su-
jet. Pour montrer quelle est la force et la
vertu de la foi et du nom des chrétiens, saint
Grégoire rapporte, d'après Prudence dans
son livre contre les Juifs, intitulé ordinaire-
ment Apothéose, ce qui arriva ;■) Dioclétien
dans le temps qu'il s'occupait à faire des sa-
crifices à ses dieux, et h chercher avec Ics
sacrificateurs dans les entrailles des victimes
la connaissance de ce qui devait lui arriver.
L'un d'eux s'écria que la présence de quel-
ques profanes faisait fuir les dieux, et con-
jura l'Empereur de s'informer s'il n'y avait
pas là quelqu'un qui eût été baptisé et oint
de baume. Alors un de ses officiers se pré-
senta, et jetant ses armes à terre, professa
à haute voix qu'il était chrétien, et qu'il n'a-
vait Cessé d'invoquer le nom de Jésus-Christ
pendant que les sacrificateurs immolaient
aux faux dieux. Ce prince épouvanté se sau-
va du temple à son palais, sans être suivi de
pei'sonne. Mais tous les assistants, pénétrés
d'une crainte salutaire, louèrent et glorifiè-
rent Jésus-Christ Notra-Seigneur, en levant
les yeux et les mains au ciel. Lactance ra-
conte à peu près la même chose dans son
livre qui a pour titre : De la mort des j^rsé-
culeurs.
5. Le poëte Prudence a aussi décrit le
martyre de saint Cassien, dont saint Gré-
goire ne dit que peu de chose. En général,
il s'applique plus dans cet ouvrage à recueil-
lir les miracles qui se sont opérés aux tom-
beaux des martyrs dont il parle, ou par l'at-
touchement de leurs reliques, qu'à donner
le précis de leurs actes. 11 mêle dans ce ré-
cit la dispute d'un catholique avec un arien
sur le mystère de la Trinité. Apres beaucoup
de paroles et de raisonnements de part et
d'autre, on convint de l'épreuve du feu. Elle
réussit en faveur du catholique, et l'arien
dcmcina confus, ayant la main brûlée jus-
qu'aux os pour avoir voulu tenter ce que le
catholique avriit fait sans en ressentir aucun
mal. Il y rapporte aussi la manière miracu-
leuse dont un prêtre, nommé Épachius, fut
puni, poin- avoir osé célébrer les saints mys-
tères après avoirdéjeûné. Il pronon(;a les pa-
roles de la consécration, il rompit le sacre-
ment du corps du Seigneur, le distribua aux
autres; mais il ne put entamer avec ses dents
la particule du saint mystère qu'il avait prise
pour lui , et fut contraint de la jeter. Ce
traité est fait sans méthode. Le saint n'y
suit point l'ordre des temps. Il parle des
martyrs selon qu'ils se présentaient à sa mé-
moire, ou qu'ils étaient placés daas son ca-
lendrier.
§111.
Livre II du martyre, des miracles et de la
gloire de saint Julien.
1. Ce livre est une suite du précédent;
De S. Cal-
fleuelde<]ocl.
quea autres
martyr", fait.
Cap.XLiii.
[vr SIÈCLE.]
m«'i)r»jfS. aussi lo coinptc-l-oii pour le second delà
Jollotli ."A* rc-
'»• Gloire des Martijrs. Il paraît que saint Gré-
goire do Tours ne traita sé[iai('in(!nt do saint
Julien, martyr ;\ Brioude en Auvergne, qu'à
cause de la quantité des miracles opérés, ou
à son tombeau, ou par son inlercession.il
avait, ce semble, mis à la tête de ce livre
les actes de son martyre, le tilrc en est une
preuve, puisqu'il porte : De lu passion, des
vertus et de la gloire de sairtt Julien. Il est
vrai que le premier chapitre contient en
abrégé l'histoire de la passion du saint, telle
qu'on la trouve dans les actes ; mais ce n'est
qu'un précis; et dans deux anciens manus-
crits , les actes sont rapportés en entier,
après les quatre premières lignes de ce cha-
p«t, i»6s. pitre. Dom Ruiu:!rt les a mis à la l\\\ des teu-
vres de saint Grégoire. Vers l'an 302, il s'é-
leva une violente persécution contre les chré-
tiens de la part des païens. Saint Julien brû-
lait de zèle pour répandre son sang en l'hon-
neur de Jésus-Christ ; mais sachant que la
persécution s'approchait de Vienne, lieu de
sa naissance, aux instances de saint Ferréol,
et suivant le précepte deTÉvangile, ilse sauva
dans une autre ville , où il demeura caché
quelque temps. C'était à Brioude eu .\uver-
gne. La persécution l'y suivit, et il y soull'rit
le martyre par le glaive. Son corps resta à
Brioude ; mais ou envoya sa tête à Vienne,
qui fut placée dans la loême église où était
le corps de saint Ferréol.
2. Les miracles qui s'opérèrent au tombeau
de saint Julien furent suivis de la conversion
d'un grand nombre d'idolâtres. 11 y eut des
paralytiques guéris, des sourds qui recou-
vrèrent l'ouïe , des aveugles à qui la vue
fut rendue. Pierre , fière de saint Grégoire ,
fut délivré de la fièvre, en faisant mettre,
autour de son cou, de la poussière qui était
proche du tombeau du saint. Saint Grégoire
lui-même fut guéri d'un mal de tète que lui
avait causé un coup de soleil , en répandant
sur sa tète de l'eau de la fontaine où les
bourreaux avaient plongé le chef de saint
Julien. Ces merveilles tirent naître à plu-
siem's le désir d'avoir de ses reliques. On
en transporta à Reims et même en Orient.
Saint Grégoire en apporta à Tours, et quoi-
qu'elles ne consistassent que dans les fran-
ges de la nappe qui couvrait le tombeau de
saint Julien, elles opérèi-ent divers miracles.
CIIAriTIlE XLII. — SAINT GHI^XiOinE DE TOdHS.
,•«7.5
s. Juli.r
II, «i.ii:.
Cao; xu.
XTxii.xxxtr'i
I.Wrt do II
r.lotra de»
Confe.seum.
Ce que con-
fleiil ce livre,
§iv.
Livre de la Gloire des Confesseurs.
1 . En suivant l'ordre des anciens manus-
crits, il faudrait mettre ce livre lo deinier;
et saint Grégoire l'appelle lui-même' le hui-
tième. Il paraît toutefois qu'il l'éci'ivit après'
la Vie de saint Martin, et quelques chapi-
tres' des Vies des Pères. Mais il peut ne l'a-
voir compté que pour 1(î huitième , parce
qu'il l'avait revu et corrigé le dernier de
tous, à l'exception de son Histoire, qui est
constamment le dernier de ses ouvrages.
On voit par le chapitre quatre-vingt-quin-
zième, cpii a pour titre : De saint Médurd de
Soissons, qu'alors Charimir, qui eu 388 succé-
da à saint Airic dans l'évêché de Verdun,
était référendaire du roi Childebert II. Le
livre de la Gloire des Confesseurs fut donc
écrit avant cette année-là, plus de trois ans
avant le dixième livre de l'Histoire, qui ne
Huit qu'en .^i'Jl à la mort de saint Yrieix, ab-
bé en Limousin.
2. Saint Grégoire avait commencé son li-
vre de la Gloire des Martyrs par celle de p^s*»'-
Jésus-Christ; il commence celui de la Gloire
des Confesseurs par un chapitre où il traite
de celle des anges. Puis il raconte les mi-
racles opérés aux tombeaux , ou par l'at-
touchement des reliques d'un grand nom-
bre de saints et de saintes, évêques , abbés,
solitaires, prêtres, reclus, vierges, femmes ,
dont il rapporte ordinairement quelques ac-
tions de piété, avec les noms des lieux où ils
se sont sanctifiés, et ont travaillé à la sanctifi-
cation des autres. 11 pouvait avoir eu aisé-
ment connaissance des merveilles qu'il rap-
porte , parce qu'elles s'étaient passées la
plupart dans diverses provinces des Gaules,
dans la Touraine , dans l'Auvergne , dans le
Berry, dans le Limousin , dans le Périgord ,
dans l'Angoumois , dans la Saintonge , dans
le Poitou. Ce qu'il dit, dans le chapitre ving-
tième, de la consécration d'un oratoire est
remarquable. On passait la nuit '' dans le
chant des psaumes ; le malin on consacrait
l'autel ; on portait dans cet oratoire des re-
liques des martyrs , au milieu des cierges
allumés ; les reliques étaient couvertes de
nappes et de quelques autres ornements.
Les prêtres et les lévites assistaient à la cé-
Cap. vx,
' Greg. Prœfat. in lib. De Glor. Conf.
' Ihid., pag. 910. — 3 Ibid., pag. 915, 926.
* Qua diligenter composila et altari ex more
localo, ad basilivain sanclam vigiliis noclem unam
376
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rémonie vêtus d'aubes ; les plus honorables
de la ville et le peuple s'y trouvaient, et dans
la procession qui se faisait de l'église où l'on
avait pris les reliques à l'oratoire que l'on
devait consacrer, on portait beaucoup de
cip. jji.. croix. Il dit , en parlant de l'abbé Maxime ,
qui s'était retiré à l'Ile-Baibe pour y vivre
inconnu, que se voyant découvert, il prit le
parti de retourner a son pays ', emportant
avec lui le livre des Évangiles avec un ca-
lice et une petite patène, le tout suspendu à
son cou. C'est ce que saint Grégoire appelle
le ministère quotidien , parce que Maxime
était prêtre, et qu'il avait besoin de tout cela
pour la célébration des saints mystères. 11
ajoute qu^ comme il passait la Saône, le ba-
teau fut submergé ; mais que Dieu n'ayant
pas voulu laisser périr ce qui lui appar-
tenait, Maxime fut sauvé du naufrage avec
N^ir. tout ce qu'il avait sur lui. Dans le trente-
unième cbapitre, il fait mention de l'usa-
ge où étaient ' les prêtres, même en voya-
ge, de se lever la nuit pour vaquer à la
prière. Il raconte ' du prêtre Sévère, qu'a-
i. yant bâti deux églises et mis dans cha-
cune des reliques des saints, il avait cou-
tume tous les dimanclies de dire la messe
dans ces deux églises , quoique assez éloi-
gnées l'une de l'autre, et d'en orner les mu-
railles de Heurs, daus le temps des lis. On
voit, parce qu'il rapporte un peu après, que
l'ancienne manière de canoniser les saints
était d'élever la terre de leurs tombeaux, ce
qui se faisait par degrés ', et à mesure qu'ils c .-. lv
donnaient par des miracles des preuves de
leur sainteté. C'en était une grande preuve,
quand le tombeau s'élevait de lui-même ,
comme il arriva à celui de saint Droctovée,
premier abbé de Saint-Germain-des-Prés.
Alors, on dressait un autel sur leur tom-
beau.
3. Deux personnes mariées, qui n'avaient i.xr.
point d'enfants, laissèrent à l'Eglise leur
succession. Le mari mourut le premier, et
fut enterré dans la basilique de la sainte
Vierge. La femme y alla pendant 'un an en-
tier faire de fréquentes prières, célébrant
tous les jours la messe (c'est le terme dont
se sert saint Grégoire pour dire qu'elle y as-
sistait), et faisant offrir le sacrifice pour la
mémoire de son mari, persuadée qu'il en
recevait du soulagement , à cliaque fois
qu'elle offrait pour lui quelque chose au Sei-
gneur. Elle fournissait aussi le vin pour les
sacrifices qu'on offrait dans celte église ;
mais quoiqu'elle assistât tous les jours à la
messe, elle ne communiait pas chaque fois :
ce qui donna lieu à un sous-diacre de rete-
nir le vin qu'elle donnait, et d'y suppléer par
du vinaigre. La femme, s'en étant aperçue
en un jour de communion, réprimanda le
sous-diacre, qui se corrigea. 11 est remar- *•""•
que dans l'article de saint Simplice, évêque
d'Aulun, que voyant un jour les païens, qui
restaient encore dans son diocèse, conduire
parmi les campagnes l'idole de Bérécynthia,
ducentes ; mane vero venientes ad cellulam, ai-
tare quod erexeramus sanctificavimus. Rcriressi-
que ad basUicam, sanclas ejus iMartmi) relùjUias
cum Satuniiiti JuliaiUque marlyruin vtl etiain
beali lUiiiii exindc solemniler radianlibus cereis
crucibiis que admovimuK. Eral autem sactrdoium
aclevilarttm ijtalbisvestibus non miiiimus chorus
el civium honnratorum ordo practarus ; sed et
populi sequenlis ordinis nwgnus coiivenlus.Cnm-
que sancla pignora, palliis ne mappis eiornaUt,
in excclsum defcrremus, perveniiiius ad oslium
oratorii. Lib. De Gloria Confess., cap. xx.
' Dum Ararim Iransire cuperet, nave implela,
demcrgilitr, ac ipsc sacerdoa pelago operilur. lui-
bens ad collum cum Eviingelionim lihro ininiste-
rium quotidianum, id est piilenulam parram cum
calice. Iliiil., cnp. xxii.
» Qua mansiorie accepta juxla morem sacer-
dotum, nocli' ab ulralu suo consurgens orationi
adalilil. Ihid., cap. xxxi.
' Severus in rure donius Serciaccnsis, quod in
ejus sessione subsislchal, Ecctesiam œdificauit ;
exindc itcrum in alia rilla (Uiud irdificaitt tcm-
plum Dei, ulruutquc tiimen sanclorum reliquiis
communivil. Cum aulem dies Dominicus adve-
nisset, celebratis missis in «no loco, ad alium
pergebat. Erut ntitem inter ulrasque Ecclesiaf:
spatiuni qunsi millium viginti. Hoc ei opus erat
pcr singulos dies Dominicos. lbi<I., cap. l.
' Qui cum mullorum annorum currxculoinhis,
ubi sepulti suiit, loculis quiescerent, scissum nur
per pnvimenium qxiod cnlce atque comminula
testa qua^i silice durissima fusum erat, uniiw
sepulchri cacunu n apparuit : quo paululum ele-
valo, lellus scissa apicem ollerius palefecil, illo-
que emicante, seculus est tertius tumulus : qui
nunc, juxla inilium ostensionis suœ, gradatim éle-
vant ur super terrain; sed 7iunc jam prinius, liber
a mole tcrrenii, liberum se prwstal lisibus liuma-
nis. Duo adhuc sequunlur ; sed aniiiis singulis
proficiunt ad egresstiin. IMd., cnp. lu.
'■ Mulier vero per annum inlegrum ad hoc tem-
pluin drgcns assidue orationi racabat, célébrons
quolidie mifsarum solcntnin , el offcrens oblatio-
neni pro memoria viri : non diflisa de Domini mi-
sericordia, quod haberel di'fu7iclus requiem : in die
qua Oomino oblationeni pro ejus anvnn itclibas-
sel,sciiiper scxlarium fViccli fini pru'hens in sa-
crï/iciitm basilica; sancla;. Ibid., cap. lxv.
[Vl* SIÈCLE.]
nionlde sur un chariot , pour la conserva-
tion de leurs champs et de leurs viçnes ,
chantant et dansant devant ce simulacre, il
pria Dieu de dissiper l'aveuglement de ce
peuple ; cl qu'aj-ant fait le signe de la croix
sur la statue, cette divinité fut renversée par
terre, sans que les bœufs qui menaient le
chariot pussent se mouvoir de leur place :
ce qui occasionna la conversion de ces infi-
dMcs. 11 leur était ordinaire de porter leurs
faux dieux dans les campagnes pour les ren-
dre fertiles. A Reims, dans une peste qui
désolait la ville, on porta en procession le
suaire ou la nappe qui couvrait le corps de
saint Remy, et la calamité cessa. Celte pro-
cp. ,,„,, cession fut accompagnée du chant des psau-
mes ; les cierges ' que l'on portait allumés,
étaient attachés à la croix. Saint Ursin, évô-
.uii. que de Bourges, fut enterré dans un champ
de la ville ' avec le reste du peuple, les ha-
bitants de cette ville ne sachant pas encore
que les évêqiies en ces occasions méritaient
des attentions plus particulières que les
simples fîdMes, qu'il était défendu d'enter-
u.Tri,, rer ailleurs que dans les campagnes. Un
homme qui avait tué son frère, fut condam-
né par le prêtre pénitencier t\ parcourir les
lieux saints pendant sept ans, ceint de cer-
cles de fer. Charlemagne défendit ces sortes
de pénitences; mais on ne laissa pas d'en
voir des exemples depuis.
icTin. 4. Saint Grégoire raconte qu'il avait ap-
pris d'un abbé, qui l'en avait assuré même
avec serment, qu'un solitaire faisait cuire
dans un chaudron de bois les légumes et
tout ce qu'il préparait à manger, soit pour
lui, soit pour les étrangers qui le venaient
voir, et que le feu ne l'endommageait point,
quelque ardent qu'il fût. En parlant des ob-
sèques de sainte Radégonde, il nous apprend
que l'usage' était de faire bénir les cime-
tières , avant d'y enterrer personne , et
d'y mettre un autel où l'on ofi'rait le sacri-
fice pour les morts , mais que ces bénédic-
tions étaient réservées à l'évêque diocésain.
CHAPITRE XI.II. — SAINT GRÉGOIRE HE TOURS.
3-7
ton clercé,
§v.
Des miracles de saint Martin.
1. Les miracles que saint Martin avait faits
do son vivant , étaient d'un poids d'autant
plus grand pourall'ermir la foi des chrétiens,
qu'il s'en faisait tous les jours de nouveaux à
son tombeau. On y voyait des boiteux guéris
et marcher avec liberté, des aveugles recou-
vrer la vue, des possédés délivrés de la tyran-
nie du démon; toutes les maladies y trouvaient
leur guérison. Il y avait, dès avant saint Gré-
goire , un livre de la vie de saint Martin;
Paulin et Sévère-Sulpice avaient aussi écrit
sur ce sujet, l'un en vers et l'autre en prose :
mais ils n'avaient pas loat dit, et il s'était
passé beaucoup d'événements considérables,
depuis qu'ils avaient fini leurs ouvrages.
Saint Grégoire, profitant de ce qu'ils avaient
écrit, composa un recueil des miracles de
saint Martin, qu'il a distribué en quatre li-
vres.
2. Si ce n'est pas une faute de copistes,
il s'est trompé en attribuant h saint Paulin
de Xole six livres en vers des vertus de saint
Martin. L'auteur avait appris une grande
partie de ce qu'il en rapporte, de saint Per-
pétue , sixième évéque de Tours depuis
saint Martin : ce ne pouvait donc être saint
Paulin de Noie, contemporain de ce saint.
Il y a plus, c'est que cet écrivain loue sou-
vent saint Paulin de Noie. Ces six livres sont vojei i^
, huitièmeTolii-
attribues dans un manuscrit à Paulin de Pe- n,.. pag. 39oi
rigueux. Samt uregou-e commence son pre-
mier livre par le récit des merveilles qui ar-
rivèrent le jour de la mort de saint Martin,
qu'il met à la quatre-vingt-unième année de
son âge, sous le consulat de Césaire et d'At- cnp m.
tiens, au milieu de la nuit d'un dimanche. Elle
fut révélée presqu'à l'instant à saint Se vérin, "■■
évéque de Cologne, et à saint Ambroise,
évêque de Milan. La translation de ses reli-
ques par saint Perpétue, l'un de ses succès- v .
sem-s, fut aussi accompagnée de prodiges.
P:i!ii;ler li-
vre (les iiii'rt-
rles do ?ainl
Martin, [a;;.
' Accensisque super cruces cereis alque cerofe-
ralibus, dant voces in canticis, circumeunt ur-
bem cum vicis. Ibid., cap. lxxix.
' Oui migrans a sœculo.incampo interreliqua
sepulchra populorum sepulturœ locatus est. !\on
enim adkuc populus iUe inteliigebat sacerdotes
Domiiti venerari, eisquevenerenliam debitam ex-
hibere. Ibid., cap. lxxx.
' Quid faciemus, si episcopus urhis non adve-
nerit ? Quia locus ille quo sepeliri débet, non est
sacerdotali benedictione sacratus. Tune cives, et
reliqui viri honorati qui ad exsequias beatœ re-
ginœ convenerant, imperant parvitati me œ die en-
tes : Prœsume de charitate fratris tui, et benedic
altare illud. Confidimus enim de ejus benevolen-
tia quod molestum non ferai si feceris, sed inagis
gratiam referai. Prœsume, precamur, ut caro
sanctœ sepulturœ reddatur.Et sic ab Mis injiinc-
tus, altare in cellula ipsa [sacravi. Ibid., cap.
cvi.
378
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Saint Grégoire n'en rapporte qu'une partie,
parce que personne ne s'était donné la peine
de les mettre par écrit ; mais il entre dans
le détail des miracles qu'il avait vus lui-
même, ou qu'il avait appris de personnes
dignes de foi. Il marque le nom, l'âge, la
Car.'iitiKii. qualité des muets, desaveugles etdesautres
iuOrmes guéris au tombeau du saint, ou par
la vertu de ses reliques. Le roi de Galice,
XI. dont le fils était en danger de mort, envoya
par ses amis autant d'or et d'argent que son
fils pesait ; mais cette oflVande fut sans effet,
parce que ce prince était arien. Il embras-
sa la foi de la consubstanlialité, bâtit une
église en l'honneur de saint Martin, et envoya
de nouveaux députés avec de plus grands
présents. Ils remportèrent en Galice des re-
liques du saint, c'est-à-dire une partie d'un
manteau de soie qu'ils avaient mis pendant
quelque temps sur son tombeau. L'enfant
fut guéri, et les peuples se convertirent. La
x'i. reine Ultrogothe, pour être témoin des guc-
risons miraculeuses qui se faisaient à Tours,
après avoir passé une partie de la nuit et du
jour en prières et répandu beaucoup de lar-
mes, fit son offrande et célébrer des messes
en l'honneur de saint Martin. Dans le mo-
ment même qu'on les disait, trois aveugles,
qui depuis longtemps priaient aux pieds du
saint évêque, recouvrèrent la -NTie. En 563,
saint Grégoire, plusieurs années avant qu'il
fut évêque de Tours, y fit un voyage pour
obtenir au tombeau du saint la guérison
d'une fièvre, qui ne lui laissait plus envisa-
ger que la mort. Ceux qui le conduisaient,
voulurent souvent le faire retourner sur ses
pas. Il persévéra, vint à Tours et fut guéri.
3. Attaqué en 573 de la dyssentcrie, il en
fut délivré par une potion où il avait fait
entrer de la poussière du tombeau du même
saint. Il ne recourut toutefois à ce remède,
qu'après avoir éprouvé en vain tous ceux de
la médecine. Justin, son beau- frère, fut
guéri de la fièvre en buvant un verre d'eau
où l'on avait délayé quelques particules
d'un cierge qui avait été allumé sur le. tom-
beau de saint Martin, et que saint Grégoire
y avait pris et envoyé au malade. Gonti-an
Boson évita un naufrage, en recourant lui
ou les siens, à la protection de saint Martin.
Un enfant mort, faute de nouriiture, ressus-
cita aussitôt qu'on eut fait toucher ses vête-
ments au tomhcHU du saint. Il vécut long-
temps depuis, et il vivait encore lorsque
saint Grégoire racontait ce miracle. Le jour
Cty- TXXIi,
Src nd V.»
1lt,faf.\ttH,
Cap. I,
de la fête de saint Jean, pendant que tout ci?-^'<<-
le peuple assistait à la messe, une servante
alla dans un champ de son maître, qui était
bourgeois de la ville de Tours. Dieu la pu-
nit sur le moment de cette prévarication,
par un feu qui lui dévorait tout le corps et
la chargeait de pustules. La honte et la dou-
leur l'engagèrent à recourir à l'intercession
de saint Martin ; elle passa quatre mois pros-
ternée à son tombeau, et en fut guérie. Saint
Grégoire, ressentant à la tempe gauche un '
mal si violent, qu'il craignait que l'abon-
dance de ses larmes ne lui fit sortir l'oeil de
la tète, alla faire sa prière dans l'église de
Saint-Martin ; puis ayant appliqué le voile,
qui pendait devant le sépulcre du saint, sm-
l'endroit de la douleur, elle se dissipa à l'ins-
tant. Trois jours après, la tempe droite fut
attaquée de même : le saint employa le même
remède, qui opéra aussitôt. Au bout de dix
jours il se fit ouvrir la veine, croyant que son
mal était venu d'une trop irrande abondance
de sang, et qu'il se ser litdissipé dans le temps,
s'il eût pris celte précaution. C'était, comme
il le remarque, une pensée qui lui avait été
suggérée parle démon. La saignée occasionna
le renouvellement de la douleur aux mêmes
endroits. Il courut h la basilique du saint, de-
manda pardon de la mauvaise pensée qu'il
avait eue , fit toucher à ses tempes le voile
qui couvrait le tombeau de saint Martin, et
s'en retoui-na chez lui en pleine santé.
4. Le vrai moyen d'obtenir des grâces par ^^^^^<: '
la médiation de ce saint, était de prier avec '"p'„L
ferveur, de s'humilier de ses fautes, de les
pleurer, d'en demander pardon, d'en gémir
du fond du cmur; alors la joie succédait aux
larmes et à la tristesse, la guérison ii la ma-
ladie, le pardon i\ la faute. C'est ce que dit
saint Grégoire, pour l'avoir vu en d'autres, et
expérimenté en lui-même. Parmi le grand
nombre de miracles qu'il rapporte, nous nous
arrêtons volontiers à ceux qui se sont opérés
sur lui-même ; l'incrédulité ne peut raisonna-
blement refuser de se rendre à de pareils té-
moignages. Comme il était h table, un jour
déjeune, à l'heure ordinaire de le rompre,
on servit un poisson ; le saint le bénit parle c.|.,i.
signe delacroix.il arrivaen mangeant qu'une
arête s'attacha à son gosier; elle était longue
et aigiie, ce qui, outre la douleur, lui ùta la
facilité de parler, et empêchait la salive do
passer. Tous les cll'orts que lit l'évêque pen-
dant trois jours, soit en toussant, soit en cra-
chant, no purent lui faire rejeter cette arête.
Cap. VIII.
QnalHèma
ïlTTt, p«?.
1115.
Cap. Tiii.
Ora)i«D en
l'koDDCur de
MIbI Martin,
pag. lOtO.
[Vf SIÈCLE.] CHAPITRE XT,n. — SAINT
Il eut recours h son romi'do ordinaire. Il se
rendit au lonil)cau de saint Martin, et, pros-
terné sur le iiavt', il pria le saint avec lar-
mes, lit toucher le voile, qui couvrait le tom-
beau, à sa gorge et ;\ toute sa tête; dans le
moment , il se trouve débarrassé de l'aréle,
sans s'apercevoir ilc quelle façon elle était
sortie. Il raconte sur le rapport de Florcn-
lius, l'un des envoyés du roi d'Espagne au
roi Chilpéric, qu'un enfant, qui était fils uni-
que, avait été ressuscité devant un autel où
il y avait des reliques de saint Martin ; sur
le rapport de sa propre mère, qu'ayant été
attaquée d'un mal violent à la jambe, dans
le temps qu'elle le mil au monde, elle en fut
guérie trente-quatre ans après an tombeau
du saint, quelque temps après l'ordination
de son fds : d'où il est naturel de conclure
que saint Grégoire était âgé de trente-quatre
ans, lorsqu'il fut élu évoque de Tours. Dans
un voyage qu'il fit à Cavaillon, il guérit de
la ûèvre l'évèque de Clermont, en lui faisant
bou-e de la poussière du tombeau de saint
Martin, après l'avoir délayée dans de l'eau.
Il s'en servit pour la guérison de plusieurs
autres malades qu'il trouva en son chemin.
5. En 389, Pallade, évêquede Saintes, lui
demanda des reliques de saint Martin, pour
les mettre dans l'église qu'il venait de faire
construire à l'honneur de ce saint dans sa
ville épiscopale. Saint Grégoire eu donna, et
au bout de trois mois il reçut une lettre de
Pallade, où il l'assurait qu'il s'était fait dans
cette église un grand nombre de miracles ;
que trois paralytiques y avaient recouvré
l'usage de leurs membres, deux aveugles la
vue, et douze fiévreux la santé. Dans le temps
que Platon, l'un des disciples de saint Gré-
goire, était évéque de Poitiers, le feu prit à
une maison voisine de celle de l'église, et
les flammes se répandaient déjà sur celle-ci,
lorsque Platon élevant contre le feu une
boite où il y avait de la poussière du tom-
beau de saint Martin, arrêta tout à coup
l'ipapéluosité de cet élément, etfit cesser l'in-
cendie.
6. Ces quatre livres des miracles de saint
Martin sont suivis, dans la nouvelle édition,
d'une prose et d'une oraison en l'honneur de
ce saint évêque. La prose contient un précis
de sa vie ; l'oraison a pour but d'obtenir de
Dieu par son intercession, et par la considé-
ration de ses miracles, la guérison des ma-
ladies de l'âme. On n'a aucune preuve que
l'une et l'autre aient jamais fait partie de
GRIÎGOlllE DE TOURS.
."17!)
ces quatre livres. 11 est plus vraisemblable
qu'elles ont été tirées du Traité des OIHces
de l'Eglise, qui n'est pas venu jns(ju'à nous.
§VI.
1 . Il parait par le prologue que saint Gré- ^,., ^\.}',\''
goire a mis à la tête des Vies des PÀres, qu'il hs-oh.
ne travailla à cet ouvrage, qu'après avoir
achevé tous ceux où il s'était proposé de re-
cueillir les merveilles opérées aux tombeaux
des martyrs et des confesseurs. 11 en cite
néanmoins quelques endroits dans le livre
intitulé : De la Gloire des Confesseurs ; et dans
sa préface sur ce traité, où il fait le Catalo-
gue de ceux qu'il avait déjà composés ; il met
en septième lieu le livre De la Vie des Pères,
et en luiitième, celui De la Gloire des Confes-
seurs. Au contraire, dans le dixième livre de
son histoire, il place le traité De la Gloire des
Confesseurs avant les Vies des Pires. On ne
peut guère lever cette contrariété, qu'eu di-
sant qu'il avait déjà recueilli quelques vies
des Pères, lorsqu'il composa le livre De la
Gloire des Confesseurs, mais qu'il n'acheva la
Vies des Pères, et ne la mit dans l'ordre où
nous l'avons aujourd'hui, qu'après avoir fini
son écrit De la Gloire des Confesseurs.
2. Ces Vies sont renfermées dans vingt ,|„^J 3^°, "J;
chapitres, mais il y a des chapitres qui con- ^; Lo°i"uin.°'
tiennnent les vies de plusieurs saints. C'est
là qu'ont puisé ceux qui, dans les derniers
siècles, ont fait des collections des vies des
saints, comme Lippoman, Surins, Bollan-
dns et quelques autres, ne trouvant point
d'écrivains plus anciens que saint Grégoire,
ou qui leur parussent plus dignes de foi. Les '-''''• '•
premiers saints dont il parle, sont saint Lu-
picin et saint Romain ; ils étaient frères.
Celui-ci fonda le monastère de Condat dans
le mont Jura, celui de Lauconne, et un troi-
sième que l'on nomma depuis Romain-Mou-
tier, dans le canton de Berne. Les deux frè-
res gouvernaient ensemble ces monastères.
Comme ils manquaient souvent du néces-
saire, saint Lupicin alla trouver Chilpéric,
roi de Bourgogne, qui faisait sa demeure à
Genève, pourlui demanderde quoi faire sub-
sister ses moines. Ce prince lui oÛ'rit des
terres et des vignes. Le saint les refusa, ne
croyant pas qu'il convînt à des moines de
posséder des biens temporels, qui ne pou-
vaient que leur donner des pensées d'or-
gueil. Chilpéric leur donna donc des lettres,
en vertu desquelles ils recevaient chaque
380
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
s. lllld'.nf,
L^p. M.
Sldon. lik
s. Qnlnlicn,
r3;i. 17.
année cent boisseaux de blë, trois cents me-
sures de vin, et cent sous d'or pour leurs vê-
tements. Saint Romain fut enterré à quel-
que distance d'un monastère de filles appelé
la Baume, et saint Lunicin dans l'église du
même monastère. 11 se lit à leurs tombeaux
plusieurs miracles.
3. Saint lllidius avait été élevé et instruit
dans les sciences ecclésiastiques par saint
Avit, évêque de Clermont, à qui il succéda
dans l'épiscopat. La réputation de sa sainteté
le fit appeler à Trêves par le tyran Maxime,
dont la fille était possédée du démon. Il la
délivra. Maxime, pour reconnaître ce bienfait,
lui oûrit beaucoup d'or et d'argent. Le saint
l'en remercia ; mais il supplia ce prince d'é-
changer en or un tiibut que la ville d'Auver-
gne payait en vin et en blé : ce qui lui fut ac-
cordé, à cause de la rareté de ces deux es-
pèces dans l'Auvergne. Il fut enterré dans
une église qu'il avait fait bâtir, et qui porte
encore le nom de sain'. lllidius, ou Allirc.
Saint Grégoire rapporte Uelui divers miracles
dont il avait été témoin. Il raconte de saint
Abraham, qu'ayant à donner à manger A
l'évêque de Clermont et à une grande com-
pagnie le jour de la fête de saint Cirique, un
moine de sa communauté lui représenta qu'il
n'y avait pas assez de vin dans le monastère
pour tant de monde : le saint se mit en
prières; le vin se multiplia de façon que tous
en eurent abondamment. Nous avons l'épi-
taplic de ce saint par saint Sidoine Appolli-
naire, qui lui altrilnie plusieurs miracles.
4. Dans le temps que les Goths occupaient
la ville de Rhodez, saint Quintien, qui en était
évêque, fut soupçonné de vouloir la livrer
aux Français. Les Goths, pour s'en venger,
résolurent de le tuer ; mais il prévint l'exé-
culion de leur mauvais dessein par la fuite.
Enplirasius, évoque de Clermont, chez (jui il
se relira avec les plus fidèles de ses servi-
teurs, le reçut avec beaucoup d'humanité,
lui donna des terres, des vignes et des mai-
sons. Trois mois après, Euphrasius étant
mort, le roiTliéodoric, sachant que saint Quin-
tien avait été chassé de son église à cause
de lui, le fitordonner évêque de Clermont. Il
était savant, mais sa vertu le rendait encore
plus recommandable. Faisant dansnne grande
sécheresse les processions des rogations pen-
dant les trois jours qui précèdent r.\scension
du Sauveur, au troisième jour le peuple, qui
avait confiance en ses prières, lui demanda
de leur prescrire une antienne à chanter.
L'évêque se prosterna, au milieu de la place
publique, pria longtemps avec larmes, et se
levant de terre, il ordonna pour anticune les
paroles que Salomon adressa {l Dieu dans
une semblable calamité. L'humble prière de
saint Quintien se fit entendre du Tout-Puis-
sant, et à l'instant il tomba une pluie abon-
dante qui arrosa tout le pays.
5. Ce que saint Grégoire dit de plus re-
marquable de saint Portien, est qu'étant es-
clave d'un barbare, il se réfugiait souvent
dans un monastère , pour éviter par la mé-
diation de l'abbé les mauvais traitements
de son maître ; qu'ayant été mis en liberté,
il fut reçu dans ce monastère, puis admis
dans le clergé , et ensuite fait abbé ; qu'en
523 , le roi Théodoric , qui faisait alors la
guerre en Auvergne, accorda à saint Por-
tien, en considération de ses vertus et de
ses miracles , la liberté de plusieurs captifs.
6. Saint Gai fut du nombre des captifs ;
mais on n'obtint pas sa liberté, parce que
le roi voulut qu'il le suivit dans ses voyages.
D était do Clermont. Voyant que ses parents
pensaient à le marier, parce qu'ils n'avaient
point d'autres enfants , il alla au monastère
dcCournon, à six milles de la ville, prier l'ab-
bé de lui couper les cheveux. L'abbé le re-
fusa, jusqu'à ce qu'il eût le consentement
de ses parents. L'exprès envoyé à cet ell'et
ayant rapporté que son père y consentait,
l'abbé lui donna la tonsure ' cléricale , qui
était autrefois la même pour les moines que
pour les clercs. Les abbés' donnaient com-
munéiiuMit la tonsure cléricale , et l'on don-
nait souvent aux moines le nom de clercs.
Saint Quintien ayant un jour oui Gai chanter,
le mit dans son clergé. Ses belles qualités
le firent connaître de Théodoric , qui le me-
na avec lui ;'i Cologne. Saint Gai, indigné des
superstitions païennes qui se faisaient dans
un temple de cette ville , y mit le feu , et se
sauva. Les païens voulurent le tuer ; mais le
Il p«'«iip.
Ti, le.i'.
Mp. s.
' Tune ahbns isia nuntii.i referenlibns discrns,
puerum clericiim fecil. Grc^or. De Yitis Pat., rnp.
VI.
' Ex hoc aliisque jmssim Gregorii locis infert
Thomassinus abbales olim tonsuram ckricalem
conferrc consucvissc, eaiidemque olim fuisse mo-
nachorum ac clericonim lonsuram, monachos
(lenique sœpiiis clericorum nomine fuisse desi-
gnalos. Not. iu liuiic locuiu, pag. 1169.
CHAPITRE \I.I1. — SAINT GllEGOlllE DE TOURS.
s. C.rttfU
rp, fvti;uo il«
Tr.
s. Nitifr,
éH<}u« Cil
IJB, «1.
Vl' SIÈCLE.]
roi les apaisa. Après l;i mort de saint Qu'ri-
tien, saint Gai fut clinisi évôinu' de Clerniont.
On comparait sa iloiicciir dans le y:ouvcriie-
menl ù celle de Moïse. Il soutirait sans se
plaindre les injures les plus atroces. Voyant
la province d'Arles ravagée par la peste , il
en préserva son ilioci'^se, en onlnmiant de
longues processions au milieu du Carèmo. Il
fut pleuré à sa mort , non-seulement par les
CdMes des deux sexes, mais aussi par les
juifs , qui assistèrent à ses funérailles avec
des llambeaux allumés.
7. Vers l'an 539, saint Grépnire se ren-
dait recommandahle par sa piété et ses au-
tres vertus. Il était de race de sénateurs, et
avait été quarante ans comte d'.\utun , ren-
dant une exacte justice à chacun , et pu-
nissant les malfaiteurs avec tant de sévérité,
que peu échappaient de ses mains. Après la
mort de sa femme , nommée Armentaire , il
fut choisi évêque de Langres. On marque
parmi ses mortifications , que tandis qu'il
faisait servir aux autres du pain de froment,
il en mangeait d'orge, et qu'il ne buvait que
de l'eau, en même temps qu'on servait du vin
aux convives, prenant toutefois des précau-
tions pour empécliei' qu'on ne s'aperçut de
celte distinction. Son fils Tétricus, qui fut sou
successeur, voyant le grand nombre de mira-
cles qui s'opéraient à son tombeuu , trans-
féra son corps au milieu de l'abside de l'é-
glise de Saint-Jean, qu'il fit bùtir. Saint Gré-
goire assista en 517 au concile d'Épaône et
au premier de Lyon , en 535 au premier de
Clermont, et en 538 au troisième d'Orléans,
par le prêtre Evantius, son député.
8. L'évéché de Genève étant vacant, ou
jeta les yeux sur un homme de condition,
nommé Florent, pour le remplir. Il en dit la
nouvelle à sa femme Artémie , qui s'y op-
posa, disant qu'elle portait dans son sein un
évêque. Elle mit au monde un fils, à qui l'on
donna dans le baptême le nom de Nizicr. Il
fut de bonne heure instruit dans les sciences
ecclésiastiques, admis dans le clergé, et fait
prêtre à l'âge de trente ans. A l'étude il joi-
gnait le travail des mains. Sacerdos, évêque
de Lyon, étant mort à Paris , Nizier son ne-
veu fut élu pour lui succéder, de l'agrément
du roi Childebert et du peuple de la ville. Il
était extrêmement chaste, aimait les églises,
faisait beaucoup d'aumônes, et vivait comme
vivent les vrais serviteurs de Dieu. Saint
Grégoire de Tours, qui avait été sous sa dis-
cipline étant jeune , raconte de lui plusieurs
3«i
«. Palrocle,
ttlHt cap. IX.
choses dont il avait ét(': témnin. 11 en rap-
porte d'autres, tirées de la vie du saint,
qu'KIliérins, évêque de Lyon, avait fait écrire
par un clerc de son église. On la trouve
dans le Paxlhius illustratiis du père Chidlct,
et dans Bollandus au second jour d'avril.
Saint .Nizier présida au concile tenu à Lyon
en 5G0.
9. Dans les chapitres suivants, saint Gré-
goire do Tours donne la vie de saint Patro-
cle, à qui il attribue la fondation de deux
monastères : l'un de filles, à Néris; l'autre
d'hommes, appelé Colombiers, dans l'archi-
p; être de Montlucon ; de saint Friard , re- s. Fri.rd r.c-
dus, fiai passait tout le lour à chanter les i<">' >''™>
louanges de Dieu , h prier , et jï travailler des ^'e- '•
mains, pour avoir de quoi fournir aux besoins
de la vie ; — de saint Caluppan, aussi reclus : x,.
il fut souvent attaqué par les démons, qui
lui apparaissaient sous la figure de serpents,
mais il les mettait eu fuite parle signe de la
croix, ou en prononçant l'Oraison domini-
cale; — de saint Émilien, ermite, et de l'abbé ,,,.
Biachion. Le premier, ayant quitté ses pa-
rents et tous ses biens , se retira dans la fo-
rêt de Pontgibaud en Auvergne, où il vécut
seul avec les bêtes sauvages , recevant tou-
tes ses consolations de Dieu, tiavaillant con-
tinuellement de ses mains , ou vaquant à la
prière. Il mourut à l'âge de quatre-vingt-dix
ans , laissant tout ce qu'il possédait à Bra-
chion. Celui-ci, ayant obtenu de Rachinilde,
fille de Sigivaldus , qu'il avait servi étant
jeune, un grand terrain , y bâtit un monas-
tère. Il en sortit pour aller à Tours, où il en
bâtit deux autres. Il était doux dans ses pa-
roles, et caressant, mais si sévère contre les
transgresseurs de la règle , qu'il semblait
quelquefois être cruel.
10. Les premiers exercices de piété que s upitin,
... . » Vil s. Marlus, s.
saint Lupicin pratiqua , tarent de demander scu«ii, cap.
l'aumône dans les maisons des gens de bien, iv-'
et de la distribuer ensuite aux pauvres. De-
puis il s'enferma dans une cellule, où il ne
vivait que de pain et d'eau, qu'on lui appor-
tait par charité. Il passait le jour et la nuit à
chanter des psaumes. Pendant qu'il en chan-
tait de jour, il portait sur sa tête une pierre
si grosse, que deux hommes auraient eu de
la peine à la les'er. La nuit il s'appliquait
des pointes sous le menton, afin de s'empê-
cher de dormir. Ces mortifications lui occa-
sionnèrent sur la fin de ses jours un crache-
ment de sang. Les malades accouraient à sa
cellule, et il les guérissait , soit en les tou-
382
HISTOmE GltXltRALE DES AUTEURS ECCLÉSTASTIQUES.
chant, soit en faisant sur eux le sipme de la
croix. 11 prédit sa mort trois jours avant
qu'elle arrivât; pendant cetintervalle il ouvrit
sa porte .1 tous ceux qui le vinrent voir, et leur
donna le liaiser de cbarité, en se congratulant
d'être au moment de se voir délivré des em-
op. iir. pêcbemenls du siècle. Saint Martius fut aussi
célèbre par ses vertus que par ses miracles ;
sobre dans le manger, il faisait de grandes
aumônes , veillait et priait souvent , rejetant
les mauvaises pensées aussitôt qu'elles nais-
saient. Il s'était creusé une cellule dans le
roc, où il prenait son repos après le travail
des mains ; là il recevait de temps en temps
les aumônes de quelques personnes de piété-
n y assembla des moines, qu'il forma dans la
perfection, et leur bàlit un monastère avec
&,r IV. un oratoire, où il fut enterré. Saint Sénoch
en avait réparé un auprès de Tours, où l'on
disait que saint Martin avait fait ses prières.
Il invita saint Euphrune, alors évèque de
cette ville, à en venir faire la bénédiction.
Le saint, après en avoir consacré l'autel,
ordonna Sénoch diacre. Il servit Dieu en ce
lieu pendant quelque temps avec trois moi-
nes, vivant dans une grande austérité. En
Carême il augmentait son abstinence , ne
pienant par jour qu'une livre de pain et une
livre d'eau : encore son pain n'était-il que
d'orge. Il allait nu-pieds , même l'hiver , et
portai! une chaîne de fer aux pieds , aux
mains et au cou. Depuis il se retira seul dans
une cellule, où les fidèles lui apportaient
souvent de l'argent, qu'il distribuait aussitôt
aux pau\Tes. Lorsque saint Grégoire fut ar-
rivé à Tours , saint Sénoch vint le voir ; et
après l'avoir salué , il retourna dans sa cel-
lule. Il mourut âgé de quarante ans. Comme
on célébrait la messe sur son tombeau le
trentième jour, un mendiant qui avait les
membres retirés, fut guéri en baisant le drap
mortuaire,
s ven.»s n. Saint Venant avait été marié fort jeu-
ne; mais étant venu .'i Tours, les mu-acles
qui se faisaient au tombeau de saint Martin,
lui firent prendre la résolution de servir
Dieu dans le célibat. Il embrassa donc la vie
monastique , où il fit tant de progrès , que
l'abbé qui lui avait donné la tonsure et l'ha-
bit monastique , étant mort , il fut mis à sa
place. Saint Grégoire rapporte de lui plu-
sieurs miracles, disant qu'il en avait ouï ra-
conter un plus grand nombre. Nous ne ré-
s. Hiciuu», néterons point ce que nous avons dit ailleurs
T.*..i, «p. Je saint .Nicétnts, evêque de Trêves, samt
Grégoire joint dans un même chapitre deux l^^"*"' "
abbés, Ursus et Léobat. Ursus, ayant b.'iti '""•'
un monastère dans le diocèse de Tours . en
un lieu nommé Sénevière, en donna le soin .'i •
Léobat, et en bâtit un autre A Loches, où
avec ses religieux il travaillait des mains
pour subsister. Dieu lui accorda le don de
guérir les malades et de chasser les démons
de son vivant et après sa mort.
12. 11 accorda la même grâce à sainte Mo- ^s*'»'» *>-
négonde, recluse à Tours. Elle avait eu de *'«•
son mariage deux filles qu'elle aimait ten-
drement. Dieu, voulant se l'attacher, lui ôta
ces deux objets de ses complaisances, ce qui
la jeta dans l'accablement. Elle s'en releva,
dans la crainte que Dieu ne lui fit un crime
de son affliction excessive; mais résolue de
quitter le monde pour toujours , elle s'en-
ferma dans une cellule, où une jeune ser-
vante venait lui apporter à manger ; c'était
de la farine d'orge, dont elle pétrissait elle-
même son pain avec de l'eau passée au tra-
vers de la cendre. Elle vécut longtemps de
la sorte, priant sans cesse pour ses péchés
et pour ceux du peuple, jusqu'à ce que se
voyant abandonnée de la fille qui la servait,
et ne pouvant plus résister aux importunilés
que lui causait sa réputation , elle quitta la
ville de Chartres, lieu de sa naissance, pour
se retirer dans une autre cellule auprès de
Tours. Elle y fit , comme dans sa première
demeure, toute son occupation de la prière
et de la contemplation des choses divines,
veillant et jeûnant sans cesse. Son mari, in-
formé des merveilles que Dieu opérait par
son ministère, la vint voir , et la ramena à n
Chartres, où il lui laissa la liberté de conli- j
nuer ses exercices de piété : mais après quel-
que séjour en cette ville, il ne put lui refuser
la faculté de retourner dans sa cellule à Tours,
à cause de la grande dévotion qu'elle avait
envers saint Martin. 11 se forma auprès d'elle
une communauté de filles, qui cherchaient à
profiter de ses exemples et de ses instruc-
tions. Sa nourriture élait, comme on l'a dit,
du pain d'orge et de l'eau ; les jours de fêtes,
elle buvait un peu de vin mêlé d'eau. Son
lit consistait dans une simple natte, qu'elle
étendait sur la terre ou sur des ais.
Le dernier des Pères dont saint Grégoire s. uou.j,
donne la vie, est saint Léobard, natif d'Auver-
gne. Pressé par ses parents, il s'engagea dans
le mariage, quoiqu'il ne fiit pas seul d'en-
fants; mais après leur mort, il quitta le mon-
de, et alla se renfermer dans une cellule pro_
CHAPITRE XLII. — SAINT GUÉGOIUE DE TOURS.
[Vl' SIÈCLE.]
cln; do Mannoulier, pour être ii poi'tëe du
toinliciiii (le sailli Marliii. Le seul mélier
des moines de Mariuoudei' était, comme le
témoigne Sévère-Sulpice, de faire du par-
chemiu. Salut Léohaid s'en occu[)a, joi-
gnant à ce travail la lecture des divines Ecri-
tures, surtout des psaumes de David, (pi'il
avait appris par cœur étant jeune, mais qu'il
avait oubliés. Un des moines qui demeuiaient
avec lui ayant eu une difliculté avec les voi-
sins, il vint eu pensée à saint Léobard de
changer de demeure. Comme il s'en ouvrit ;\
saint Grégoire qui était venu le voir, le saint
évoque le détourna de ce dessein, qu'il lui lit
envisager comme une tentation. Il était d'une
conversation fort douce, priait assidimient
pour les rois et les peuples, et pour tous les
ecclésiastiques craignant Dieu. Il ne laissait
croître ni sa barbe ni ses cheveux, pour ne
point donner dans l'afl'ectation de quelques-
uns à cet égard. Ses jeûnes , ses veilles, ses
travaux l'ayant épuisé, il pria saint Grégoire
de Tours de lui apporter les eulogies , c'est-
à-dire du pain bénit, ou des restes de ce qui
avait été ofifert sur l'autel ; il en mangea et
but un verre de vin, après quoi il prédit le
jour de sa mort.
§ VIU.
Des Commentaires sur les Psaumes, des mira-
cles de saint André, des Actes de saint Ju-
lien, et de l'histoire des sept Dormants.
i. Dans l'éuumération que saint Grégoire
fait de ses ouvrages ', il met un livre de Com-
mentaires sur les Psaumes. Il ne nous en
reste que trois fragments : l'un donné par
Thomasius sur un manuscrit du Vatican, où
ce Père explique dans un sens figuré les di-
vers titres que portent les Psaumes; les deux
autres ont été trouvés par dom Mabillon dans
un ancien recueil de passages sur les vices
et les vertus. On conserve ce recueil dans la
bibliothèque de Saint-Martiu de Tours. Saint
Grégoire dit en général, que tous les psau-
mes où il est parlé de la fuite de David, et
des persécutions qu'il souffrit de la part de
ses ennemis , sont des figures de la passion
de Jésus-Christ ; que les psaumes qui sont
intitulés : Pour la fin, s'entendent de la per-
;J83
feclion des btunics ceuvres; que ceux dont
le litie est : Pour ceux ([ui seront elumijvs,
doivent s'inliMpréter du changement de la
synagogue en l'Église de Jésus-Christ. Le
dernier des deux fragments donnés par dom
Mabillon, paraît être la conclusion do tout h;
conuuciilaire ; c'est une exhortation à la pia-
tique de la vertu et à la fuite des vices. Il fi-
nit par la doxologie.
2. L(; livre des Miracles de l'apfMre saint
André porte, dans un manuscrit de l'abbaye
de Sainl-Germain-des-Prés à Paris, le nom
de saint Grégoire de Tours. Le prologue et
l'i'iiilogue sont assez de son génie et de son
stylo; et ce qui semble décisif, c'est que
l'auteur dit - qu'il était né le jour de la fcte
de cet apôtre, c'est-à-dire le 30 novembre,
qui est le jour de la naissance de saint Gré-
goire. Il est vrai qu'il ne compte point ce li-
vie parmi ses ouvrages; mais, outre qu'il a
pu le composer après son Histoire, où il fait
le catalogue de ses écrits, il pouvait aussi ne
pas regarder le livre des miracles de saint
André comme son propre ouvrage, puisque
ce n'est qu'une compilation de la Vie de cet
apôtre imprimée sous le nom d'un certain
Abdias, qui se disait évoque de Babylone.
D'un gros recueil de miracles saint Grégoire
en fit un petit, où il n'a rapporté que les faits
miraculeux qui lui ont paru devoir trouver
croyance auprès des lecteurs, et en être lus
avec quelque satisfaction. Ce livre est divisé
en trente-huit chapitres, y compris la pré-
face et la conclusion, qui sont tout ce que
l'on peut attribuer à saint Grégoire dans cet
ouvrage '.
3. Il n'y a rien de lui non plus, que la pré-
face, dans le livre du Martyre de saint Ju-
lien ; encore n'est-on pas assuré que les ac-
tes qu'on nous en a donnés dans la dernière
édition, soient ceux dont saint Grégoire s'est
servi, et dont il a tiré ce qu'il dit de ce mar-
tyr dans le livre de ses miracles.
4. En parlant de saint Jean l'Évangéliste
et de Marie Magdeleine, enterrés à Éphèse,
il dit * que l'on y voit aussi le lieu de la sé-
pulture des sept Dormants, et promet de dire
quelque chose de leur martyre. Il en fait un
chapitre ^ exprès, où il raconte qu'ayant été
menés en présence de l'empereur Dèce, ce
Do» miraclei
dft S. Acdr6,
LÎTro du
nisiljre de S.
Julien, Tjag.
1366.
I.'HisL.li-o
dei s <pi Doi-
' In Psalterii tractatim librum unum com-
mentalm sum. Lib. \ Hist.. pag. 537.
' In illiiis natali processi ex matris utero. Cap.
xsxvni, pag. 1264.
' l'"esseler, InstU. Pair., tom. II, pag. 906, re-
garde cet ouvrage comme douteux, sans donner de
raisons de sou doute. (L'édileur.)
' Lib. De Gloria Martyr., cap. xxx, pag. 734.
5 Ibiil., cap. xcv, pag. 826.
384
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
gue à la vie de saint Mauriile, évêque d'An-
princp, qui avait excité une cruelle persécu-
tion contre l'Église, essaya en diÛërentes
manières de les faire renoncer à Jésus-Chrisl ;
les trouvant fermes, il leur donna du temps
pour prendre leur parti pendant son absence.
Ils se retirèrent dans une caverne, d'oîi l'un
d'eux sortait tour h tour pour aller clierclicr
de quoi vivre. Au retour de l'Empereur, ils
demandèrent ù Dieu de les délivrer des
mains de ce persécuteur. Us furent exaucés,
et s'endormirent tous sept dans le Seigneur.
Dèce, l'ayant appris, fit murer l'entrée de la
caverne, afin qu'ils mourussent de faim ; mais
un chrétien, voulant conserver leurs noms à
la postérité, les grava sur une lame de plomb,
qu'il jeta.'dans la caverrc avant qu'on l'eût
fermée. Saint Grégoire avait tiré ces cir-
constances de leurs actes, qu'il mit lui-même
en latin à l'aide d'un interprète syrien. Il pa-
raît que cette traduction n'est pas venue jus-
qu'à nous, et que les sept Dormants dont on
montre les reliques à Marmoutier, sont dif-
férents de ceux qui reposaient à Éplièse du
temps de siinl Grégoire; du moins ;]eurs
noms sont enlièremenl dillerents, et leurs
actes ne s'accordent point. Ceux que ce saint
avait traduits en lalin, mettaient leur mort
sous Dèce ; ceux que nous avons, la mettent
sous Dioclétien et Maximien. A la tête de
ceux-ci, on lit une lettre de saint Grégoire à
Sulpice, archevêque de Bourges, mais elle
n'est point du style de ce père. Photius' avait
lu les actes du martyre des sept Dormants:
il les nomme Maximilien, Jamblique, Mar-
time, Denys, Exacustidien, Antonin et Jean,
et met leur martyre sous Dèce. Leurs noms,
dans saintGrégoirc de Tours, sont Maximien,
Malch, Maitinien, Constantin, Denys, Jean et
Sérapion. Il s'accorde dans le reste avec
Photius. Ils racontent l'un et l'autre que
sous le règne de Théodose le Jeune les sept
Dormants ressuscitèrent, Dieu ayant renvoyé
dans leurs corps l'esprit de vie ; et que ce
ce miracle arriva pour confondre l'erreur
des sadducéens, qui se renouvelait dans le
pays. Saint Gri'goire est le premier des Ld-
lius qui ait parlé de cet événement.
§ VIII.
Des Vies de saint Mauriile, de saint Yrier ou
Yrieix, et de quelques autres écrits attri-
bués à saint Grégoire de Tours.
u vif «cS. 1. On voit par la lettre qui sert de prolo-
l'ag. I2TI.
gers, que celui qui écrivit cette vie, se char-
gea aussi d'écrire celle de saint Aubin, évê-
que de la même ville. Or, il est dit dans un
manuscrit do l'abbaye de Percy en Bourgo-
gne, d'environ huit cents ans, que la vie de
saint Aubin fut écrite par saint Grégoire, évê-
que de Tours; il est donc naturel de lui at-
tribuer encore celle de saint Mauriile. Mais
il n'y a pas de doute que la note du manus-
crit de Percy ne soit fautive, et que l'auteur
de ces vies n'ait vécu longtemps après saint
Grégoire, quoiqu'il en prenne le nom. Il dit
dans sa lettre, qui est adressée à saint Ger-
main, évêque de Paris, que ce prélat exi-
geait de lui qu'il rétablît dans leur pureté
les Vies de saint Mauriile et de saint Aubin,
écrites par Fortunat, et qui se trouvaient al-
térées par la négligence et la malhabileté
des copistes. Comment saint Grégoire de
Tours, qui était contemporain de Fortunat,
pouvait-il parler ainsi? Rajoute que, Fortu-
nat ayant raconté dans ces vies plusieurs
faits qui pourraient paraître incroyables aux
infidèles, il les supprima. Etait-ce là le ca-
ractère de saint Grégoire? N'eu a-t-il pas ra-
conté lui-même un grand nombre dont les
fidèles mêmes ne font poiut difficulté de dou-
ter? On croit donc avec vraisemblance que
l'auteur de ces deux Vies est celui que Rai-
non, évêque d'Angers, chargea de les corri-
ger vers le commencement du dixième siè-
cle, et que, pour donner plus de poids à son
travail, il a emprunté le nom de saint Gré-
goire de Tours.
2. Surius nous a donné une antienne qui,
dans son manuscrit, porte le nom de saint
Grégoire. Elle est à l'honneur de saint Mé-
dard, et de saint Gildard son frère, tous deux
éïêques. C'est si peu de chose, qu'on aurait
pu se dispenserde l'attribuer à saint Grégoire.
Celui-ci parle souvent de saint Méùard, de sa
mort, de ses reliques, de ses miracles. licite
même un livi'e ' des merveilles de ce saint
évêque ; mais il ne dit point qu'il ait écrit
quelque chose de lui.
3. Nous avons deux Vies de saint Yrieix,
abbé en Limousin, données toutes deux au
public par dom Mabillou : l'une sur un ma-
nuscrit de l'abbaye de Gall, dans le quatrième
tome de ses Aîialectes; l'autre dans le pre-
mier volume des actes de l'ordre de saint
Benoît. Celle-ci est d'un style plus simple et
etd«u(D[ <•
Vl.d.
Y.UI<,
li-3.
« l'buliiis, Cod. 27;i, png. 1399.
• Greg., lib. De Gloria Conf., cap. xcv.
rVI* SIÈCLE.]
plus naturel que la première, et moins char-
gée de miracles ; elle eu finit le narre à ce-
lui qui se lit aux obsèques du saint. (1 sem-
ble donc qu'on ne peut la regarder comme
un abrégé do l'autre, qui est beaucoup plus
longue, et qu'elle doit plutôt passer pour
originale. La plus longue est attribuée à saint
Grégoire dans le manuscrit de saint Gai, et
c'est pour cela qu'on l'a imprimée A la suite
des œuvres de ce Père ; mais il est hors
d'apparence que saint Grégoire, ayant donné
la vie de saint Yrieix dans le dixième livre
de son Histoire, l'ait donnée encore eu par-
ticulier. D'ailleurs, on ne voit nulle part que
ce saint évêque ait été sur la fin de ses jours
visiter le tombeau de saint Yrieix. Ce saint
était mort en 591, saint Grégoire mourut en
595 : or, l'auteur de cette vie avait ' vu de
ses yeux les monuments des njiracles opérés
par saint Yrieix depuis sa mort, c'est-à-dire
im grand nombre de chaînes de toutes fa-
çons, que ceux qui avaient été délivrés de
la captivité par son intercession, avaient ap-
portées à son tombeau.
erttt *°lîri- *• Saint Grégoire, en parlant des actes que
™jto»s.ert. piiate envoya à Tibère pour lui rendre
compte de ce qui s'était passé à la Passion
et depuis, dit* qu'on les voyait encore de
son temps. Ils étaient très-communs daus le
second siècle ; ceux que nous avons sont
supposés. Le catalogue des manuscrits du
roi d'Angleterre marque ' de semblables ac-
tes sous le nom de saint Grégoire, distri-
bués en quatorze livres, et tirés tant des
Évangiles que des écrits des Pères. On ne
I sait ce que c'est que cet ouvrage. Saint Gré-
goire, dans sa préface sur le livre de la
Gloire des martyrs, promet de parler des mi-
racles de Jésus -Christ; il le fait en peu de
mots et en trois petits chapitres. S'il eût fait
un ouvrage tel que l'annonce ce catalogue,
aurait-il oublié d'en parler dans l'énuméra-
tion de ses écrits, ou ne l'aurait-il composé
que sur la fin de sa vie ? Peut-être a-t-on at-
tribué à ce saint évêque les Actes de Piiate,
qu'il dit que l'on voyait de son temps ; l'er-
reur serait grossière. Nous ne dirons rien
de la vie de saint Nicolas, dont Messieurs de
Sainte-Marthe font auteur saint Grégoire de
Tours. Il est visible que c'est une faute d'im-
CHAPITRE XLII. — SAINT GllKGOiaR DE TOUIIS.
:i85
pression, et qu'au lieu de Nicolas il faut lire
Nicet, dont, en eflet, saint Grégoire a donné
la vie. A l'iîgard des Gestes ou [""aits mémo-
rables des Fran(jais et de Dagobcrt, on con-
vient que l'auteur est un moine de saint De-
nis, qui écrivait après saint Grégoire.
§ IX.
De quelques ouvrages de saint Grégoire qui son/
pei'dus.
1. Vi\\\.rfi\(is Commentaires sur les psaumes. Trjiis do*
nous avons perdu le traité des Offices de
l'Église, que saint Grégoire met* lui-même
au nombre de ses ouvrages dans le dixième
livre de son histoire. Il avait encore mis"
une préface à la tète d'un traité des Messes,
composé par saint Sidoine Apollinaire. Nous
n'avons ni la préface, ni le traité. La perte do
sa traduction des actes du martyre des sept
Dormants est moins considérable , puisqu'il
nous en a donné l'extrait dans son livre ' de
la Gloire des martyrs. On cite un manuscrit
de la Bibliothèque de Vienne , qui contient
l'histoire de Glovis et de ses enfants, par saint
Grégoire de Tours; mais ce n'est apparem-
ment qu'une compilation de ce que ce Père
a dit de ces princes dans son Histoire géné-
rale des Français.
ARTICLE m.
DOCTRINE DE SAINT GRÉGOIRE DE TODRS.
1. Quelques soins queles apôtres desGaules gj°^;'^ ^'^
se fussent donnés pour détruire entièrement
les superstitions païennes avec le culte des
idoles, elles se maintini'ent encore longtemps.
La plus commune était celle de mettre en
usage certaines pratiques pour connaître
l'avenir. On n'avait plus recours au vol des
oiseaux, ni i l'examen des entrailles des
victimes ; la religion chrétienne et les lois
des Empereurs ne souffraient rien de sem-
blable. On imagina une espèce de divina-
tion d'autant moins odieuse, qu'on la cou-
vrait du prétexte de religion. C'était d'ou-
vrir quelque livre de l'Écriture, et de tirer
du premier verset de la page qui se présen-
tait une assurance de ce qui devait arriver.
Mais cette façon même de chercher dans
' Pag. 1308.— ' Greg. lib. I Eist., cap. xxui.
' De Jesu, Christi gestis libri XIY, ex Evange-
liorum et sanclorum Patrum libris excepti. Bib.
Reg. Àngl., pag. 122.
XI.
' De cursihus eliam ecclesiasticis unum librum
condidi. Greg. lib. X Hist., cap. xxxi.
5 Ibid., lib. Il, cap. sxn.
'^ De Gloria Martyr., lib. I, cap. xcv.
23
HISTOIRE GftNKRALE DES
386
l'avenir n'était pas inconnue aux païens ; on
ne fit qu'en changer d'objet. Spuilicn ra-
conte qae l'empereur Adrien angmait quel-
quefois de l'avonir par le premier vers qu'il
rencontrait à l'ouverture des poésies de Vir-
gile. Nous avons rapporté les canons des
conciles d'Agde en 506, du premier d'Or-
léans en 511, de celui d'Auxerre en 585, où
cette espèce de divination est défendue.
On l'appelait le sort des saints. Saint Gré-
goire en a mis dans son histoire plusieui's
exemples, sans s'expliquer sur ces soi-tes de
pratiques, ni témoigner qu'elles eussent été
défendues dans quelques couciies. Le pre-
mier qu'il rapporte ' est du roi Glovis. Ce
prince, ayant passé la Loire vers l'an 500,
envoya des présents au tombeau de saint
Martin, avec ordi-e à ceux qui les portaient
de prendre garde aux paroles de l'Écriture
que l'on chanterait à l'ottice, lorsqu'ils entre-
raient dans l'église. Rien de plus heureux
que ce qu'ils entendirent : le chœur, quand
ils entrèrent, chantait à haute voix ce verset
du Psaume xvii' : Vous m'avez donné des for-
ces poui- combattre, et vous avez mis sous incs
pieds ceux qui s'élèvent contre moi. Vous m'a-
viez fait voir le dos de mes ennemis, et vous avez
exterminé ceux qui me haïssaient. Aussitôt
ils se mirent à genoux pour rendre grâces à
Dieu d'un si bon augure, et après avoir fait
leurs otl'randes au tombeau du saint, ils s'en
retournèrent, pleins de joie et d'espérance,
rendre compte au roi de ce qu'ils avaient
entendu. Clovis présenta la bataille à Alaric,
le tua et mit son armée en déroute. En 536,
Charibert et Gontian', fils du roi Clotaire,
étant allés en Auvergne pour contenir dans
le devoir Chramne leur fière, le menacè-
rent, en cas qu'il refusât de se soumettre,
de lui livrer bataille, disant qu'ils en avaient
ordre de leur père. Chramne, usant de stra-
tagème, les contraignit de prendre en grande
hâte le chemin de Bourgogne, les y suivit,
assiégea et prit Châlon, et s'approcha de Di-
jon. Le jour qu'il arriva devant celle ville
était un dimanche. L'évèquedu lieu, iKiminé
Tétricus, et les autres ecclésiastiques, cu-
rieux de savoir ce qui arriverait à ce prince
rebelle, qu'ils ne traitaient point cependant
en ennemi, mirent de coniert trois livres
sur l'autel, les Prophéties , les llpitres de
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
saint Paul et les Évangiles, en convenant
que chacun lirait à la m»sse l'enilroit sur le-
quel il serait tombé à ron\crture du livre.
Le livre des Prophètes fut le premier que
l'on ouvrit; les premières paroles qui se pré-
sentèrent étaient celles-ci : Parce que ma vi- '"''
Qne, au lieu de porter de bons raisins, n'en a
produit que de mauvais, j'en arracherai la haie,
et elle sera exposée au pillage, .\yant ensuite
ouvert les Épiires de saint Paul , on lut :
]'ous savez bien vous-tnémcs que le Jour du Sei- „'<;,^!
gneur doit ven ir comme un voleur de nuit ; car, '"
lorsqu'ils diront : i\ous voici en paix et en li-
berté, ils se trouveront surpris tout d'un coup.
On vint après cela au livre des Évangiles, tpii
portait : Quiconque n'écoufe point mes paroles,
sera semblable à un homme insensé qui a bâti
sa 7naison sur le sable, /m pluie est tombée, les „"':'
fleuves se sont débordés, les vents oyit soufflé, et
sont venus fondre sur cette maison, et elle a été
renversée, et la ruine a été grande. On augura
mal du sort de Chramne. Ce prince, après
avoir obtenu miséricorde de son père, se ré-
volta une seconde fois contre lui, lui livra
une bataille , la perdit , et contraint de se
sauver dans une chaumière, il y fut brûlé
vif avec sa femme et ses deux filles , par
ordre' de Clotaire. Nous avons parlé plus
haut de ce que fit Chilpéric pour connaître
si Gonlran-Boson n'avait point tué son fils
Théodebert. Nous ajouterons ici que Méro-
vée, voulant connaître s'il parviendrait au
trône ', mit trois livres sur le tombeau de
saint Martin , le Psautier , les Rois et les
Evangiles, et que, veillant toute la nuit, il
pria le saint de lui apprendre ce qui lui de-
vait arriver ; qu'au bout de trois jours qu'il
passa de suite en jeunes, en veilles et en
prières, il s'approtha du tombeau et ouvrit
le livre des Rois, dont le premier vei-set de
la page qu'il trouva portait : Parce que vous
avez quitté le Seigneur votre Dieu fiour suivre
les dieux étrangers, il vous a livré aux mains
de vos ennemis. L'endroit du livre des Psau-
mes fut : La prospérité oli vous lis avez éta-
blis leur est devenue un piège : Vous les rtccî
renversés dans le tcmfis qu'ils s'élevaient, t'itm-
niint sont-ils tomlfi'S dans la dernière désola-
tion ? Ils oui manqué tout d'un coup ; ils ojit
jx'ri à cause de leur iniquité. Il trouva dans
l'Évangile : Vous savez que la Pàque se fait
IX. 9. qu,
■eoian.
' Grp«. lili. Il //iVi/., cap. xxwn.
* Tiruf.'. lili. I\ , laii. XVI.
« fiiip. Tnriii). lili. IV, cap. .XX.
' M. lib. Y, cap. Iiv.
ClIAl'ITllE XTJI. — SAINT (lIlKdOIHE DE TOURS.
[VI' SIKCLE.J
dans deux jours, et que le Fils de l'homme sera
lirré ]wnr être crucipc. Mi5iovëe, ne voj'ant
rien f|iio do fimoslo dans ces réponses, se
mil à pleurer. Sa mort suivit de près, ayant
eus Iralii et assassiné par les liabilanis de
Térouanne , qui lui avaient otlert une re-
traite dans leur pays, et les clefs de leur
ville. Ces sortes de diviiialions, après avoir
été en usai;e pendant plusieurs siècles mal-
pré la défense des conciles , furent entîn
abolies ' par le tmisième capitulaire de Cliar-
lema^^ne, en 78'.).
Dwiiii* .la 2. Dans le symbole crue saint Grégoire a
J>.u.-C;l,r,.l. . •' : , .T- . • -1
«.vvio,. .1,1 mis au commencement de son Histoire , il
pjro « du confesse (rue Jésus-Christ' est le Verbe du
nduvtru. Père, par qui toutes choses ont ete faites;
que le Saint-Esprit procède du Père et du
Fils, auxquels il est consubstantiel en na-
ture, égal en toule-puissance , coéteruel en
essence; que la sainte Trinité subsiste dans
la distinction des personnes, celle du Père
étant autre que celle du Fils, et celle du Fils
autre que celle du Saint-Esprit; mais que
ces trois personnes ont une même divinité ,
une même puissance, une même essence ;
que la bienbeureuse Marie est demeurée
toujours viercfe après son enfantement ' com-
me auparavant ; que l'âme est immortelle,
sans qu'elle soit une partie de la divinité;
entln tous les articles de foi qu'ont confessés
les Pères de Nicée. « Ce n'est point, dit-il, le
Père * qui s'est fait cbair, ni le Saint-Esprit,
mais le Fils , afin que celui qui était Fils de
Dieu devint, pour la rédemptiou du genre
humain, fils de l'homme et naissant d'une
387
Vierge. Ce n'est pas non [lius le Père qui a
sotill'ert, ni leSainl-Espril, mais le Fils, afin
que celui qui avait pris chair dans W. monde,
fût de mènu' olVert pour le monde. Au reste,
quand on emploie le nom de personne pour
marquer la Trinité, ce n'est pas dans un sens
corporel, mais s[)iritucl. d
3. Nous ne connaissons aucun écrivain
ecclésiastique avant saint Grégoire de Tours,
A«*fimjilinn
^•^ b taiolu
VI.TS.1 ; .e,
.,,.., K • i> 1 1 . Imigei, celles
qui ait dit en termes " aussi formels que lui, o« a-'"-
que la sainte Vierge ressuscita aussitôt après Atsires.
sa mort, et qu'elle fut enlevée en corps et
en âme dans le ciel, pour y jouir à jamais
de la félicité avec les justes. Ce sentiment
prévalut tellement dans les églises d(^ France
au siècle suivant, que l'on fil mémoire de
cette assomption dans l'ollicc de la messe,
ainsi qu'on le voit dans le troisième livre de
la Liturgie Gallicane. Dès le vi" siècle, on
exposait ° son image dans les églises, où
elle était représentée assise , tenant un en-
fant entre ses bras, c'est-à-dire son fils. C'é-
tait aussi l'usage d'y mettre l'image ' de Jé-
sus-Christ peinte sur des tables , el de l'at-
tacher dans les maisons particulières. Il ar-
riva qu'un juif, qui en avait vu une dans
une église, la détacha et l'emporta dans sa
maison dans le dessein de la brûler. Avant
d'en venir à l'exécution , il la perça d'un
dard ; aussitôt le sang ' coula de l'endroit
avec tant d'abondance , que les habits du
juif en furent couverts. Craignant que son
crime ne fût connu , il cacha l'image. Mais
les chrétiens, suivant les traces du sang ré-
pandu, allèrent dans sa maison, et l'ayant
de 4
' Vt nullits in Psalterio, vel in Evangelio, vel
in aliis rébus sortirr prcrsnmat, nec dioinatioves
aliquas observare. Capil. 3, cnp. iv.
' Credo Cliristum /iuHc Verbum esse Patris, per
quem fada sunt oinnia... Credo Spiritum Sanc-
tum a Pâtre et Filio processisse... œqualem et
semper cum Pâtre et Filio coœternum Deum,
consubstantialein nalura, œqualem omnipotentia,
consempiterniim essenlia. Credo hanc Trinitatem
sanctam in distinctione subsistcre personarum, et
aliam quidem personam Patris, aliam Filii, aliam
Spiriltis sancti ; in qua Trinitate unam deitatem,
unam potentium , imam essentiam esse confiteor.
Greg. lib. 1 Hist. in Prologo.
' Credo beatam Mariam, ul virginem anle par-
tum , ita virginem et post partum. Credo ani-
mam immortalem, nec tamen partent habere di-
vinitatis : el omnia qxiœ a trecentis decem et octo
episcopis Mceœ consiitula sunt, credo fideliter.
* lion'Pater adsumpsit carnem, neque Spiritus
Sanctus, sed Filitis; ut qui crat Dei Filius . ipse
ad redemplionem hominis lilius huberelur et
Virginis. Kon Paler passus, neque Spiritus Sanc-
tus, sed Filius : ut qui carnem adsumpserat in
■mundo, ipse ojferretur pro nnmdo. De personis
non corporaliter, sed spiritaliter sentiendum est.
Id. lib. V, cap. XLV.
» Diiuculo levaverunt apostoU cum lectulo cor-
pus ejus. posueruntque illud tu monumento, et
custodiebant, ipsum adventum Domu iprœstolan-
tes. Et ecce adstitit eis Dominus, su-'eptumque
corpus sanctum in nube deferri jussil in naradi-
suni, ubi nunc resumpta anima, cum eleclis ejus
exultans, œlernilatis bonis nullo occasuris pne
perfruilur. Id. lib. I De Gloria Martyr., cap. iv el
IX.
' Mulier quœ in ba.'^ilica illa, uhipaneni demen-
sa accepi, in cathedra residcns, parculum in sinu
gestat infantem, hœc me paliio suo, ne ignis vo-
raret, operuil. Ibid., cap. s.
' Ut ejus iChristi) imaginem ad commemoratio-
neni virttitisin tabulis visiiilibus pictam per ec-
clesias et domos adfigunt. Ibid., cap. xsii.
" De lulnere ubi imago Iransfossa fuerat, san-
guis cl]lu.vil. Ibid.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Egh-Pf ;
leur» dédira*
Ce», leurs or>
iipiiii^nu, le
re^ptct qu'oQ
leur nadait.
388
trouvée dans un coin de sa chambre, ils la
rapportèrent à l'église. Saint Jean Daiuascè-
ne, dans son troisième discours sur les ima-
ges, raconte qu'un Sariasin ayant percé d'une
flèche la statue de saint Théodoie martyr à
Damas, le sang sortit de la plaie. On conser-
vait encore dans les églises les images ' des
apoires, et afin que les fidèles ne s'y trom-
passent point , on mettait au bas de chaque
tableau le nom de l'apôtre qu'il représen-
tait. On en usait de même à l'égard des
images des autres saints. Les églises étaient
en dedans soutenues de colonnes ornées de
maibre ' et de diverses peintures à la mo-
saïque. ,•
■4. Quand on en bâtissait de nouvelles,
l'évèque les consacrait'; il en consacrait
aussi l'autel, y mettait des reliques des saints,
célébrait la messe , et finissait la cérémonie
par la prière. On fêtait * annuellement le
jour de leur dédicace, celui de la translation
de quelques reliques considérables , et le
jour de l'ordination des grands évéques. Les
murailles des églises étaient ornées de ta-
pisseries', et leurs portes de voiles. C'était °
un usage paimi les gens de piété de baiser
les portes des églises avant d'y entrer, et
cet usage était beaucoup plus ancien que
saint Grégoire de Tours. Elles avaient le
droit d'asile', surtout celle de Saint-Martin
à Tours ; ce droit s'étendait jusqu'aux parvis
des églises, aux maisons des évêques, et à
tous les lieux renfermés dans leurs encein-
tes : extension nécessaire pour ne pas obli-
ger les réfugiés à demeurer toujours dang
l'église, où plusieurs choses nécessaires à la
vie, comme de dormir et de manger, n'eus-
sent pu se faire avec bienséance. Ils avaient
permission de faire venir des vivres dans leur
asile, et c'aurait été violer l'immunité ecclé-
siastique que de les en empêcher. On don-
nait à l'église principale le nom de cathé-
drale', d'ancienne, de mère, de grande. Il
y avait des églises desservies' par un seul
clerc. Si on y répandait '" le sang humain,
elle était interdite ; il appartenait A l'évoque
de connaître du délit, et de punir ceux qui
l'avaient comznis , en le privant de la com-
munion de l'Église. Saint Grégoire nous a
conservé les dimensions, ou plutôt le plan
entier de celle que saint Perpétue, son pré-
décesseur, fit bâtir sur le tombeau de saint
Martin ; elle avait " cent soixante pieds de
longueur sur soixante de large, et quarante-
cinq pieds depuis le pavé jusqu'A la voùle.
Le presbytère était percé de trente-deux fe-
nêtres, et la nef de vingt; ce qui faisait en
tout cinquante-deux. La nef et le presbytère
étaient ornés de cent vingt colonnes. Il y
avait huit portes, trois dans le presbytère,
cinq dans la nef.
5. Lorsqu'on apportait des reliques à quel-
que église, on allait '- au-devant avec des
cierges allumés et des croix pour leur faire
honneur. L'évèque les faisait mettre d'abord"
sur l'autel , puis il L's plaçait, ou sur l'au-
tel ", ou dans la cavité" de l'autel, ou dans
quelque lieu élevé à l'opposite du presby-
* Videns autem scppius in oratorio Htteran su-
per iconicas apnslolorum reliquorum<iue saiicto-
rum esse conscriptus, excinpluvit eoi in codice.
Greg. Yil. Pat., tap. .xii.
' Agrœcula Cabillonensis episcopus Ecclesiam
fiibricavit, quant columnis fuleivii, variavit mar-
innre, musivo depitixil. (!reg. lib. Y, cap. xlv.
* Ad beuedicendiim Ecclesiam acccssi, sacravi
altare, decerpsi fila de linleo sancli Mcelii, locavi
in templo ; dictis missis, facta oratione, discessi.
Id. Yit. Pal., cap. vni, num. 7.
* Lib. Il Ilisl., cap. xiv, cl lib. vi, cap. xi.
* Lib. De Gloria Confess., cap. lv, et lib. 1 De
Uirac. S. Martini, cap. lui.
« Id. lil). IV De Mirac. S. Marlini, cap. \]\;Cl\ry-
nostoui. Uom. 30 ; in 2 ad Corinlh.; Prudentius in
hymno de S. Laurenlio ; Patilin. in nataliC', de
.S. Felice. Foituiiat. lib. IV, De Vila S. Martini.—
' (Jrep. lib. I.\ Hiil., cap. m et i.xxvni ; lib. De Gloria
Confess., laji. lxvii ; lil.. IV Hisl., cap. u, m cl iv.
» Lib. V Ilisl., cap. iv : lib. Il De Mirar.. S.
Martin., rnp. xxv, not. 4; lib. Il Ilisl., cap. xvi j
lib. III De Mirac. S. Martini, c;i[<. xiv.
* Lib. I De Gloria Martyr., cap. lxiv.
'" Sauciantur mnlti gladiis, respergilur sancto
httniano cruore basilica, oslia jacitlis fodiuntur
et cnsihus, algue ad ipsuni sepulclirum ttla ini-
qua desœviunl. Quod dum vii niitignlur, locus
oflicium perdidit, dnnec ista oninia ad Régis tio-
tiliam peri-enirent ; hi rero ad ]iriTsenliani prin-
cipis properantes, non recipiuntur in graliam :
sed ad episcopum loci itlius remitti eos jussum
est, ut si de hoc facinore culpahiles invtniren-
tur, non convenienter sociarentur cemmunioni
Lib. V Hi.tt., cap. ixxill.
" Lib. Il Hi.<<l.. cap. xiv.
" Episcopus comnionel populum cvm accensis
cereis ad porlam tisque procedere... dehinc su-
btatas reliquias usque ad snnctam ecclesiam cum
magïw honore) drportnl.] De miraculis S. Julia-
ni, cap XXXIII. Mane autem facto, sacerdos, ad-
monitis riiibus, cum crucibus et cereis ad ocrur-
sum sanclarum reliquiarum dcrnlissimus pmpe-
rat. Lib. I De Gloria Martyr., cap. xuv.
" Lib. IX, cap. vi, et lib. De Mirac. S. Juliani,
cap. XXXIV.
'* Lib. Il De Gloria Martyr., cap. xx»iv.
" Vit. Pat., cap. 15, num. I.
CHAPITIIK XLll. — SAINT GRÉGOIRE DE TOUIIS.
[Vl« SIÈCLE.]
tèrc '. Mais ces reliques ne se voyaient point
à. nu; elles (!liii(Mit orilinairemont renfer-
ini^cs dans des cliilsses ', surtout i[uand c'é-
tait des ossements ; car ou appelait reliques
(les saints, non-seulement leurs corps, mais
leurs vêtements , les linges ' , les nappes
que l'on mettait sur leurs tombeaux , les
rierges et les lampes (jiie l'on y allumait ,
la poussière que l'on eu tirait, les Heurs et
les herbes qui leur avaient touché , l'eau
d'une fontaine où l'ou avait lavé quelqu'un
de leurs membres. La manière de vérifier
les reliques des saints, lorsqu'on manquait
de preuves de leur authcuticité, était * d'ex-
poser au feu les linges ou les draps qui les
enveloppaient, et de demander à Dieu dans
des prières publiques , que ces linges ou
draps fussent consumés par les flammes en
cas que les reliques ne se trouvassent pas
véritables. S'ils résistaient au feu , on ne
doutait plus de la vérité des reliques. Les
personnes de piété " se munissaient dans de
longs voyages de quelques reliques des
saints, ne fût-ce que de la poussière de leurs
ossements ou de leurs tombeaux, et elles en
recevaient du secours dans les divers dangers,
soit lorsqu'elles se trouvaient attaquées par
des voleurs, ou exposées au naufrage.
6. On adorait' le bois de la vraie Croix deux
fois la semaine, le mercredi et le vendredi.
Plusieurs anciens parlent des clous trouvés
avec la croix du Sauveur; mais aucun ne dit
si clairement que saint Grégoire, ' que ces
clous étaient au nombre de quatre, deux pour
380
attacher les mains, et deux pour attacher les
pieds. On employait le signe de la croix dans
le sacrement de la confirmation, que l'on con-
férait encore alors avec le bai)tème : car il
est dit que saint lU^ny, ayant fait faire ;\ Glo-
vis sa profession de foi, et confesser un Dieu
tout-puissant en trois personnes , le bapti-
sa au nom ' du Père', du Fils et du Saint-
Esprit, et qu'ensuite il l'oignit en faisant le si-
gne de la croix sur lui. Le roi Récarède ',
ayant quitté l'arianisme, fut réconcilié avec
l'Eglise calholiqueeu recevant le signe de la
croix avec l'onction du saint chrcîme. C'était
encore l'usage général de l'Eglise de bénir '"
avec le signe de la croix les sacrés dons que
l'on ollVait sur l'autel, et ce que l'on servait"
à table. Il y avait même" au-dessus de l'au-
tel une croix qui y demeurait en tout temps;
elle était quelquefois travaillée avec beau-
coup d'art, et de matière précieuse.
7. En 577, qui était la seconde année du
règne de Childebert, et y eut une dispute sur
la Fàque. Rome avec l'Orient, suivant le cal-
cul" des Alexandrins et de Denis le Petit, la
célébra le 25 avril. L'église de Tours et quel-
ques autres de Gaule la firent le 14 des ca-
lendes de mai, c'est-à-dire le 18 avril, selon
le cycle de Victor; d'autres avec les Espa-
gnols la célébrèrent le 21 mars, le jour mê-
me de l'équinoxe. Il se trouva par l'événe-
ment que l'Église de Tours avait fait la Pâque
au jour qu'on devait la faire, parce que les
fonts miraculeux d'Espagne se remplirent le
18 avril. Les évêques delà Gaule furent divisés
Dlfflctilléj
tOT la l'Ai|ue ;
Fcnis tiapris.
maii\ mjracu-
l«ui en Ei.
pajno.
' Lib. VU Hist., cap. xxsi.
' Tum Mummolus elevari ad parietem scalam
jubet, eraiil enim reliquiœ in sublimi parietis
contra aliarium in capsula recondilœ, diaconum
suum scandere prœcepit; qui per gradus scaii-
dens scalœ, apprehendens capsam, tremore con-
cussus est. Ibid.
» Greg. Turou., pag. 1013, 961, 895, 1040, 388,
128$, 879.
* Missale Remense antiquum , in append. Op.
Crpg., pag. 1.166.
» Pater meus nuper junctus conjugio voluit se
sanctorum reliquiis communire, pelivilque a quo-
dam sacerdote ul ei a Uq nid de eiidem indulgeret,
qiio scilicet,in viam longinquam abiens, lali prœ-
sidio tutaretur. Tune inclusos in lupino aureo
sacros cineres circa eum posuit; sed ignarus vir
nominum beatorum, referre solitus eralse a mul-
tis tune erulitm periculis ; natn et violentias la-
tronwn et pericula fluminum sœpius se evasisse
horum virtulibus lestabatur. Greg. lih. \De Gloria
Martyr., cap. lixxiv.
' Çrux Dominica quœ ab Uelena Àugusta re-
perta est Hierosolymis, quarta et sexta feria ado-
ratur. Lib. De Gloria Mart., cap. v.
■" Clavorum Dominicorum quod quatuor fuerint,
hœc est ratio : duo sunt affixi in palinis, et duo
in plantis. Ibid., caji, vi.
^ Igitur rex, omnipolentem Deumin Trinitate
confessus, baptisatus est in nomine Patris, et Filii,
et Spiritus Sancti, delibalusque sacro chrismate
cum signaculo crucis Chnsti. Lib. 11 Hist., cap.
ÏXXl .
" Richandus intelligens veritatem, se catholicœ
legi subdidil, et accepto signaculo beatœ crucis cum-
clirisinatis unctione, credidit Filium Dti œqualem
Patn. Ibid. lib. I\, cap. xvii.
"> Ventumque est ut sanctwn munus juxta mo-
rem catholicum signo crucis superposito benedi-
ceretur. Vit. Pat., c:ip. xvi, nuin. 2.
•1 Lib. III De ilirac. S.Martin., cap. i.
"Peiutebat autem super ipsum allare crux ho-
locrysa eleganti opère facta. De Mirac. S. Julian.,
cap. iLiii.
'» Greg. lib. V, cap. xvii.
390
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Kiicliari^li''.
loF Morts.
en 390 ' sur la même solennité. La plupart,
suivant le cycle de Victor, la célébrèrent le
7 des calendes d'avril, quinzième de la lune,
c'est-à-dire le 26 de mars, les autres le 2
d'avril, le vingt-deuxième de la lune, crai-
gnant de faire la Fàqiie avec les Juifs, s'ils la
faisaient le quinzième jour de la pleine lune.
A Tours, on la fît le vingt-deuxième de la
lune, et il se trouva encore qu'en ce jour les
fonts baptismaux se remplirent en Espagne.
C'était en une ville uommée Osser ou Oser, ;\
quelque distance de Séville. Les fonts baptis-
maux, qui étaient composés de marbre orné
de sculptures, se remplissaient' d'eux-mêmes,
et quoique, l'eau s'élevât au-dessus des bords
du vaisseau, et qu'on la vît Uotter de côté et
d'autre, elle ne s'extravasait pas; l'évèque la
sanctiliait parles exorcismes et par l'infusion
du saint chrême; après quoi les fidèles en
remplissaient des vases qu'ils emportaient en
leurs maisons pour en arroser leurs champs
et leurs vignes; en quelque quantité qu'ils en
prissent, les fonts ne diminuaient point ; mais
l'eau commençait à décroître aussitôt que le
premier enfant avait reçu le baptême; et
tous étant baptisés, elle s'écoulait sans que
l'on sût comment, comme on ne savait pas
non plus de quelle manière elle avait rempli
les fonts baptismaux. Il y eu avait ' aussi à
Embrun dans le Dauphiné; mais l'eau ne se
comblait pas comme dans ceux d'Osser en
Espagne.
8. La nuit de la veille de Pâques où l'on
administrait le baptême solennel, on célé-
Jirait les divins mystères, marqués dans saint
Grégoire sous le nom * de messe ; aux au-
tres jours on les célébrait ' le matin, \ers
l'heure 'de tierce, c'est-à-dire à neuf heures.
Le célébrant devait être' à jeun, et les assis-
tants " dans le silence. Un diacre était chargé
de les en avertir. On disait la messe, non-
seulement ' les dimanches, mais aussi les
jours de.fêtes '" des martyrs, et quelquefois
en l'honneur des autres saints" qui n'avaient
pas répandu leur sang pour la foi, ou en ac-
tions de grâces pour la d. livrance " d'une
ville, ou pour le repos" des défunts. Le saint
prêtre Séverin disait " deux messes chaque
dimanche, mais dans deux églises dillëren-
tes, et fort éloignées l'une de l'autre. Il était
contre les canons" d'en dire trois, fut-ce sur
trois autels ditférents. Les jours de diman-
che, on commençait la messe par la lecture "
des prophéties, des évangiles et des épitres
de saint Paul ; ce qui faisait trois leçons. Aux
fêtes des martyrs ", on en ajoutait une qua-
trième qui était tirée de leurs Actes. Ces le-
çons " finies, lorsque le moment d'otfrir le
sacrifice était arrivé, le diacre allait prendre
le vase, en forme de tour, où l'on conservait
le sacrement du corps du Seigneur, et le met-
tait sur l'autel. Il paraît qu'il prenait celte
tour dans un lieu séparé de l'Eglise, c'est-à-
dire dans le sacraire. L'usage qu'on faisait du
sacrement qu'elle contenait, était d'en mêler
les espèces avec celles que l'on consacrait de
nouveau. Le célébrant, après avoir prononcé
les paroles sacrées ", rompait le sacrement
du corps du Seigneur, en mangeait, et le
donnait pour être distribué aux autres. Tous
ne communiaient pas chaque fois qu'ils as-
sistaient au saint sacritîce; luie femme même
de piété, qui le fit olfrir chaque jour pendant'"
un au pour le repos de l'âme de son mari,
' Lit). .\, cap. xini.
> Mirum diciu. piscinam quam reliquerant va-
cuatn, reperiunt pUnaiii et Un cumulo alliorc rc-
{erlam, ulsokt supra ara modiorum Irilicum ad-
gregari : tidpasi/i/e liuc illuc lalices fliictuare ,
Jiec parlent in diversam defluere. Tune cum e.Tnr-
cismo sai.ctificatuiii, roimpersiim desuprr cliris-
ina omnis populus pro d' volume havrit, et vas
plénum dorni pro satvahone reporta'., agros vi-
neasque as]}ersione .<aluherrima lulaturus. El cum
exinde nmltiludo (uitphoraruin sine collecta nu-
méro haurialur, nunquam lawen vel cuniulum
viinuil : licet uhi infans jiriiints inlinctus ftieril,
mox aqua reducilur, et Ixiptizatis omniinis, lym-
phis in se reversi-i, ut inilio produnlur nescio,
ita et fine claudunlur ignaro. Liti. I De Gloria Mar-
tyr., cap. XXIV.
' Lit). De Gloria Cnnf, cnp. LXix.
' Lit). Il Di Gloria Mar/7/r., cnp. xsxiv.
' Lit). I De Gloria Martyr., cap. xc.
' Yil. Pal., cap. vin. nura. 11.
' Lih. 1 De Gloria Martyr., cap. lxxxvu.
» Lib. Vil llist. Franc., cap. vui. — ' Ibid.
'" Lit). De Gloria Martyr., cap. xxxvi.
u Ibid., cap. (.xxv.— " Lih. De Gloria Martyr.,
cap. xui. — " Lib. IV, cap. XL, et iiti. De Gloria
Conf., cap. LXV. — " Ihid., cap. L.— '» Lib. V, cap.
L. — " Lib. IV Bisl. Franc, cap. xvi. — " Lit). I
De Gloria Martyr., cap. lxxivi.
" Lecta passione cum reliqui.^ leclionibus quas
canon snrerdolulis inve.rit, tem]ius od sttcrificium
offerettdum advenif, ucceptnque turre diaconus in
qua iiiy.iterinm Dominici corporis hahtbatur,ferrt
co'iiil ad nstinm, iiigressusque templum ut eam
altari superponeret. Ibiii.
" Expltcitis verbis sacris, confracto Dominici
corporis sncrameulo,el ip.'ie sumpsil, et aliis dis-
tribuil edendum. Itiiil., rnp. lxwvii.
"> Mulier per annum integrum ad hoc templum
degen^, assidue oralioni va,calat , célébrons quo-
CIIAPITIIE XLII. — SAINT (iHÉGOlHE DE TOLHS.
[Vl° SIÈCLE.]
et qui fournissait ;\ cctellel le vin ni^cessaire,
s'abstenait tle temps en temps de la sainte
communion. Saint Gi'Cfi;oire pailo ' souvent
des messesqui! l'on célébiait pour losdiH'unls,
de celle en particulier qui se disait pour eux
le Irenlièmc jour depuis leur mort. Los mes-
ses enriionncui'des saints avaient leurs prc-
faces'paiticulières;dansl'éfj;lisedo Tours, tous
ceux qui assistaieat à la messe cliantaionl '
à haute voix l'oraisou dominicale, à la ma-
nière des Orientaux. Quand le crime n'était
pas constaté, il était ' à la liberté des lidèles
de s'approcher de l'autel poui' communier ;
l'évoque s'en rapportait en ce cas à la cons-
cience de chacun, laissant la chose au ju-
gement de Dieu et des saints. Les laïques re-
cevaient de sa main une particule de l'Eu-
charistie, et s'en communiaient eux-mêmes.
C'eslainsi que Cautinus, évèque de Clcrmont,
en usa envers le comte Eulalius, accusé de
parricide sur un bruit public, mais dont cet
ollicier se prétendait innocent. On voit par
cet endroit de saint Grégoire de Tours, que
l'on désignait l'Eucharistie sous la seule es-
pèce du pain; que l'on ne donnait pas tou-
jours l'Eucharistie sous une forme certaine,
et que l'on communiait sous une seule es-
pèce, quoique l'ordinaire fût de communier
sous les deux, comme il le déclare, lorsqu'il
dit que nous prenons notre propre condam-
nation, quand nous recevons le corps et le
sang de Jésus-Christ avec une conscience
souillée par le péché. Sanctum Doinini cor-
pus et sanguinem ctim, simus actu polluti, ad
jiidicium sumimus. Lib. I De Gloria Martyr.,
cap. uoxvi.
391
9. Ceux mômes qui ne communiaient pas
étaient obligés au jeOnn ' jusqu'après la
m(!sst! les jours de dini.uiche. On nommait '
ainsi le prcnnier jour de la semaine ('u l'hon-
neur de la résurrection de Notrc-Seigneur.
En ce jour le peuple assistait ■" aux veilles
de la nuit, et aux laudes, c'est-à-dire à l'of-
Oce du matin. On le choisissait aussi pour la
consécration" des évoques. Toutes œuvres '
serviies y étaient défendues. Les gens'" ma-
riés devaient le passer dans l;i continence,
et dans le clianl des louanges de Dieu. Les
fidèles n'approchaient de la communion "
qu'après la fin de la messe. Tous buvaient
le sang de Jésus-Christ dans un même ca-
lice ; au lieu que chez" les ariens, il y avait
un calice pour les rois, et un autre pour le
peuple. C'était la coutume de s'abstenir du
travail " des mains dès le soir du samedi,
par respect pour le dimanche suivant ; elle
durait encore dans le ix° siècle ; eu sorte
que, depuis le coucher du soleil, il n'était
pas même permis de faire du pain. Le jour
du jeudi saint ''', on lavait les autels et les
tombeaux des saints; l'eau qui y avait servi
guérissait souvent les malades.
10. L'élection des évoques se faisait " du
consentement du clergé et du peuple ; mais ^"*"
ils ne pouvaient être consacrés qu'avec '^ la
volonté du roi. On portait l'acte de l'élection
au roi, qui en conséquence écrivait au mé-
tropolitain pour lui donner et à ses compro-
vinciaux le pouvoir de consacrer l'élu. Cette
disposition, qui se trouve en beaucoup d'en-
droits " des ouvrages de saint Grégoire, est
conforme au dixième canon du cinquième
Jnur du Dl-
manrtio, corn-
mp on le (•ne-
I Util.
Les Mi-
nistres do l'E-
tidv' missarum solemnia, et o/ferrns oblationem
pro memoria viri : non diffisa de Domini miseri-
cnrdia, quod haheret defunclus requiem in die
qua Domino obiulionem pro ejiis anima delibas-
set, semper sextarium gazeli vini prœbens in sa-
criftcium basilicœ sanctw. Sed subdiaconus ne-
quam reservans gulœ gazetum , acetum vehe-
vientissimum offerebat in calice, muliere 7wn tem-
per ad communicandi graliam accedente. Lib. De
Gloria Conf., cap lxv.
• Pag. 182, 947, 948, 1227.
' Pag. 1016, 1047.
' Lib. 1! De Mirac. S. Martini, cap. xxx.
' Tune episcopus Cautinus permisit eum (Eu-
lalium) cum cœteris speclare solemnia. Verum
ubi ad comniimicandum ventum est et EuUilius
ad/iltariuni accessi.^'set, ait episcopus : Rumor po-
puli parricidam te esse proclamât. Ego vero
utrum perpetraveris' hoc scelus, an non.ignoro :
idcirco in Dei hoc et beati nwrtyris Juliani sta-
tuo judiciù. Tu vero si idoneus es, ut adseris,
accède propius et sume tibi eucharistiœ particu-
lam, atque impone ori tuo; eril enim Deus res-
pector conscientiœ luœ. At ille, accepta Eucharis-
tia, communicans abscessit. Lib. X, ca[i. vin.
s Lib. 111 Hist. Franc, cap. xv. — « Lib. 1, cap.
XXII. — ' Lib. 111, cap. XV De Mirac. S. Juliayii ; cap.
IX et lib.I De Mirac. S. Martini, cap. iv et lib. III,
cap. XXII.— s Lib. IV Hist., cap. xxxv.
« Lib. 11 De Mirac. S. Martini, cap. XL.
'" Ibid., cap. xxiv.
" Mutier vidua expletis celebratisque missis ac-
cessit ad poculum salutare. Lib. Il De Mirac. S.
Martini, cap. lxv.
" Consueludo arianorum est ut ad altarium ve-
nientes de alio calice rcgcs communicent, et de
alio populus minor. Lib. III Hist. Franc, cap.
.XXXI. — >» Lib. m De Mirac. S. Martini, cap. xixi.
•» Ibid. lib. Il, cap. Li, et lib. III, cap. xxxiv.
'S Vit. Pat., «ail. xvn.
i« Ihid. et li'i. I.\ Hist., cap. XXIII.
" Charimerem referendarium cum consensu ci-
392
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
concile d'Orléans, où nous lisons : « Il n'est
point permis d'acheter l'dpiseopat ; mais l'é-
vêque doit être consacré par le métropoli-
tain et ses comprovinciaux, suivant l'élec-
tion du clergé et du peuple, avec le consen-
tement du roi.» Marculphe nous a conservé '
des actes d'élections faites par le peuple , et
présentés au roi, et des décrets donnés en
conséquence par les rois pour la consécra-
tion de l'élu. Il ne laissait pas d'arriver quol-
quefois que les rois' cassaient les élections
faites par le clergé et par le peuple , soit à
cause qu'elles n'étaient point unanimes, soit
parce que la personne élue ne leur était
point agréable ; il y en eut même qui pas-
sèrent de la cour au siège épiscopal par la
seule autorité du roi, et sans attendre les
suffrages du clergé et du peuple ; mais le
nouvel évêque les leur demandait en arri-
vant dans son église. Cette discipline, qui
n'était point connue dans les premiers siè-
cles , s'établit insensiblement sur la fin du
sixième. Les évéques s'y opposèrent, comme
on le voit par le cinquième concile de Paris
en 614, dont le premier canon porte, qu'à la
place d'un évêque mort on ordonnera celui
qui sera choisi par le métropolitain avec ses
comprovinciaux, le clergé et le peuple de la
ville, et gratuitement. Mais le roi Clotaire II,
dans son édit pour l'exécution des canons
de ce concile , apporta cette modificatiou k
celui dont nous venons de parler : <i L 'évêque
i;lu par les évéques , le clergé et le peuple ,
sera ordonné par ordre du prince : que s'il
est tiré du palais, il ne sera ordoimé que pour
son mérite. » Saint Grégoire ne fait aucune
mention d'évêques transférés d'un siège n un
autre, si ce n'est de ceux qui, étant chassés
de leurs églises par les hérétiques, étaient
envoyés pour gouverner celles qui se trou-
vaient vacantes : ce que l'Église a toujours
approuvé. Mais il nous apprend que les
évéques se désignaient quelquefois leurs
successeurs avec l'agrément du roi, et que
ce fut de cette sorte que saint Nizier fut fait
évêque de Lyon, saint Sacerdos l'ayant ' de-
mandé, dans une maladie, -.m roi Ghildebert,
qui y consentit. Maurilon, évoque de Cahors,
prévoyant les diflicultés qu'il y aurait dans
l'élection de son successeur ' , choisit lui-
même Ursicin, qui avait été référendaire de
la reine Ultrogothe. Félix, évêque de Nantes,
se trouvant en danger de mort , appela ' les
évéques de son voisinage, et les supplia de
consentir au choix qu'il avait fait de Burgun-
dion son neveu pour remplir sa place. Les
évéques ayant donné leur agrément, Bur-
gundion alla prier saint Grégoire de venir à
Nantes pour son ordination. Le prélat refusa
d'y aller , disant qu'il ne pouvait consacrer
évêque Burgundioa , tant parce qu'il n'avait
pas l'âge requis par les canons, que parce
qu'il u'était pas permis de donner un suc-
cesseur à un évêque de son vivant. Tou-
tefois , comme il y avait des exemples du
contraire , il conseilla à Burgundion , qui
n'était pas encore dans le clergé, de com-
mencer par se faire tonsurer ; de se faire
ensuite ordonner prêtre, et de se rendre as-
sidu à l'église ; puis l'assurant qu'après cela
il lui serait facile d'être élevé à l'épiscopat
après la mort de son oncle. Ce n'est pas que
l'on parvînt au sacerdoce sans avoir passé
par les degrés inférieurs du ministère ecclé-
siastique. Saint Grégoire dit le contraire à
Burgundion : « Mon lils, lui dit-il, il est écrit
vium rcgalU decrevit auloritns fieri aacerdotem.
I.il). IX //lit., cnp. xxMi. Decedente urbis Treveri-
cœ sacerdole , eum fNicetiumJ ad rpiscopnlum
jiissil accersiri Theudoricus rex, cunique dato
consensu popvli ac décréta régis ad ordinanduiu
fi viris summo apud regem lionore jinvditis ad-
ducebatur. Vil. Pal., '■ap. xvn, nuin ). Plcno ré-
gis el popiili suflragio Sictlius episcopns Lugdu-
nensis ordiuatus fiiil. Ibid., cap. vni, nuin. 3.
' In Append. op. Greg., png. 1354.
' Prwf. in op. Greg.
' Rogo ul Is'icedus preshyler nepns meus eccle-
siœ Lugdunensi subtiluahir episcnpus. Resipondil
rex Childeberlus ; fiât volunlas Dei. El sic plcno
régis el populi suflragio episcopus Lugdunensis
ordinatus fuit. Vit. Pal., cap. vm, iiuiii. 3.
' Lib. V Iltsl., cap. ,\Liii.
• Félix episcopus Nanneticœ civitatis graviter
œgrotare cœpit. Time vocatis ad se episcopis qui
propinqui erant, supplicat ut consensum quem
in Burgundionem nepotrm suum fecerat, suis sub-
scriptuinibus roborarent. Quod cum fnclum esset,
eum ad me dirigunt. Eral lune Hurgundio quasi
annorum viginti quinque. (Jui veniens rogal ut
accvdens usque !^annelas episcopum eum in lo-
cum avunculi sni qui adhuc supersieserat, tonsu-
ratum consccrarc deberem. (Juod ego abnui, quia
canonihus non conrenire cognovi. Consilium ta-
nicn privbui dicens : llabemus in canonibus scrip-
tum, fili, 7ion passe quemquam ad episcopatum
accederr, nisiprius ecclcsiasticos gradus régula-
ritvr sortiatur ; tu ergn rei ertcre illuc, et pete u(
i]isc ijui te elegit debeal lonsurare. Cumque pres-
bylerii honorem] acceperi.i, ad fcclesiani assiduus
esto, el eum ewn Deus migrare voluerit. tune
facile episcopalem gradum ascmdes. Greg., lib. VI,
cap. .w.
[vr SIÈCLE.
CHAPITRE XLll. — SAINT GRllGOIHE DE TOURS.
393
dans les canons, que personne ne peut arri-
ver à l'iSpiscopal, h moins qu'il ne passe par
tous les degrés occlôsiuslicjues. n El s'il ne
nomme en cet endroit que la prêtrise , il
ninniue ailleurs' le lectorat.lo sous-diaconat
et le diaconat. La consécration d'un ëvéque
appartenait de droit au métropolitain de la
province ; mais on ne suivait pas toujours
cette loi à la rigueur. Saint Avit ' de Cler-
mont fut sacré à Metz par ordre du roi Sige-
bcrt, et saint Grégoire à Reiras ' par Gilles ,
évèquc de cette ville. L'on n'en tît des re-
proches ni à l'un ni ii l'autre. On coupait
les cheveux à ceux que l'on admettait dans
le clergé ; mais dans les premiers siècles
leur tonsure n'était point en forme de cou-
ronne ; ce ne fut que vers le sixième ; du
moins n'en trouve-t-on rien dans les anciens
écrivains ecclésiastiques avant saint Gré-
goire , qui raconte ' que saint Nicétius, évê-
que de Trêves, parut dès sa naissance des-
tiné à la cléricature , parce qu'il vint au
monde avec une ceiuture de cheveux autour
de la tête. Ce qui montre que vers l'an 300,
auquel saint Nicétius vint au monde, la ton-
sure cléricale en forme de couronne était
en usage. C'en était un de baiser' la main
des évêques, parce qu'ils conféraient le Saint-
Esprit par l'imposition de leurs mains. Les
rois les envoyaient souvent 'pour être leurs
médiateurs chez les princes avec qui ils
étaient en guerre ; ils les ' députaient , ils les
invitaient ' à manger. Ceux que l'on élevait
à l'épiscopat étant mariés , se séparaient '
de leur femme ; et pour éviter tout soupçon
d'incontinence, plusieurs clercs avaient leurs
lits dans la chambre '" même où l'évèque
couchait. Outre les fonctions épiscopales ,
ils étaient comme les autres clercs astreints
à la récitation dus heures", que nous appe-
lons canoniales. 11 y avait des monastères
soumis i\ leur juridiction ",mais il yen avait "
aussi d'exempts. Il y avait de certaines cau-
ses dont les évoques seuls'* connaissaient, à
l'exclusion des juges laïques.
11. Les causes des évêques étaient exa-
minées dans les conciles ; mais on les as-
semliiait ordinairement par ordre, ou du
moins avec l'agrément '* du roi. Contran en
indiqua " un pour savoir la cause de la mort
de Prétextât, évêque de Rouen , qui avait
été poignardé en 586, dans le chieur de son
église , un jour de dimanche , au milieu de
l'otlice. On ne sait si ce concile s'assembla.
On en assemblait ''' lorsque la foi se trouvait
en péril , ou qu'il s'élevait quelque hérésie
nouvelle, ou lorsqu'il s'agissait de la réforme
des mœurs et de la discipline. Ce fut dans
un concile que saint Grégoire " se purgea
de l'accusation formée contre lui , d'avoir
mal parlé de la reine. Comme le principal
témoin était uu sous-diacre , les évoques le
rejetèrent , disant qu'on ne devait pas croire
un inférieur contre un évêque. S'il arrivait
qu'un évêque fût condamné dans le concile,
il pouvait " en appeler au saint Siège. Mais
il paraît qu'il en demandait la permission
au roi.
12. Les peines que les conciles ordonnaient
contre les coupables , étaient ordinairement
Cf usure- fr-
rl'^sia'iîqoes.
■ □iL'rdils.
' Lector decem annis fui ; t)» subdiaconatus of-
fiào quinque annis ministravi ; diaconalui vero
quindecim annis mancipatus fui;presbyterii ho-
nore jam viginli annis polior. Cato presbyter
apiul Greg., lib. IV Hist. Fianc, cap. vi.
' Lib. IV, cap. XXIV.
• Fort. lib. V, carm. 2.
* Mcelius cum partu fuisiet effusus, omne ca-
puJ ejus, ut est consuetudo nasceixtium infantum,
a capillis nudum cernebatur : in circuitu vero
modicorum pilorum ordo apparuit, ut putarei
ab eisdem coronam clericorum fuisse signatam.
Greg. Vit. Pat., cap. xvii, num. 1.
' In Prologo, lib. 11, pag. 42.
« Lib. IX Hist., cap. xx. — ' Ibid., cap. xxxvni.
» Lib. Vin, cap. ) et m.
' Apud Arvernos post Stremonium primus épis-
copus Urbicus fuit, ex senatoribus conversus ,
uxorem habens ; quœ juxta consiietudinem ec-
cUsiasticam, remota a consortio, religiose vive-
bat. Lib. I, cap. xuv.
*' Reversusque domum sacerdos cœnœ discu-
huit.Qua exacta, in strato sua quievit, habens circa
leclum suum rnultos lectulos clericorum. Lib. VI,
cap. XXXVI.
" Nulla prorsus de Deo erat mentio , nullus
omnino cursus memoriœ habebatur. Lib. V, cap.
XXI. Saiut Grégoire parle de deux évêquef déré-
glés, Salùnius et Sagittaire. La note sur cet en-
droit porte : Sic vocabantur horae canonicœ. Ho-
die dicereinus : Nulla erat eis cura recitandi bre-
viarii.
" Lib. l.\, cap. XL.
" Vit. Pat., cap. vni, num. S.
" Lib. L\, cap xx.
" Sine nostra scientia synod^ile concilium in
regno nostro non agatur. Sigebert, 111 Epist. ad
Vesiderium, pag. 1352.
<« Lib. IX, cap. xi — " Ibid.
<« Greg., lib. V, cap. 50.
" At illi, euin adhuc propitium sibi regem esse
7ios.«en£, ad eum accedunt implorantes se injustt
reniolos, sibique Iribui licentiam ut ad Papam
urbis Romœ accedere debeant, Lib. V, cap. ixi.
HISTOIRE GÉNl':nALE DES AUTEURS ECCLfelASTIQUES.
39 i
l'excommunication. Lciulasfe , vconvaincu '
dans le concile de Draine d'avoir calomnie
saint Grégoire , fut excommunié de toutes
les églises. Cliarii)ert fut ' excommunie par
saint Germain , évcque de Paris , pour deux
mariages contractés, du vivant de son épouse
légitime , avec deux sœurs , Mérollède cl
Marcovèse. Celle-ci mourut quelque temps
après son mariage ; sa mort fut regardée
comme une punition du mépris qne Chari-
bert avait fait de l'excommunication por-
tée contre lui. Saint Nicet ', évèque de Trê-
ves, refusa de célébrer les saints mystères
en présence du roi Théodehert , qu'il avait
séparé de la communion pour ses crimes. Il
en sépara ' aussi souvent le roi Clotairc ,
sans se mettre en peine de l'exil dont ce
prince le menaçait. C'était l'usage que les
excommuni('s' sortissent de l'église lorsque
l'on commençait l'oblation. A Paris '.l'église
de Saint-Denys ajant été profanée par des
meurtres et du sang répandu , on cessa de
faire l'office, et les coupables furent excom-
muniés jusqu'à ce qu'ils eussent satisfait.
A Aix', l'évéque Francon se voyant injuste-
ment condamné par le roi Sigebert , qui lui
avait ôté une terre de l'Église, et l'avait con-
damné à une amende de cent sous d'or, se
prosterna en prières devant le tombeau de
saint Métrias, et dit : « Grand saint, on n'al-
lumera point ici de himinaire , et on n'y
chantera point de psaumes, que vous n'ayez
vengé vos serviteurs de vos ennemis, et fait
rendre à l'Église les biens usurpés par vio-
lences. B Après avoir ainsi parlé avec effu-
sion de larmes, il jeta des épines sur le tom-
beau , et ayant fermé les portes de l'église ,
il en mit encore à l'entrée. Léon, évéque
d'Agde, sous la domination des Goths ', vou-
lant attirer la vcngcnce divine sur le comte
Gomacliaire , arien , qui avait usurpé une
terre de l'Église , el menacé de maltraiter
l'évéque, vint à l'église de Saint-.\ndré , se
prosterna en prières , célébra les vigiles , et
passa la nuit à psalmodier et à répandre des
futc» t CCh,
qol étalri '
■tm
laimes. Le matin, il s'approcha des lampes
qui pendaient à la voûte de l'église , el avec
un l)àton qu'il tenait , il les cassa toutes, en
disant : « On n'allumera point ici de lumière,
jusqu'à ce que Dieu se venge de ses enne-
mis, et rende les biens de sa maison. »
13. Un seigneurnommé Dacco, ayant quitté
le service du roi Cbilpéric, fut pris par le duc "^
Dracolen. qui le mena au roi, après lui avoir "°^'"°/^',
promis avec serment qu'il ne serait point at-
tenté à sa vie. Dracolen, contre sa promesse,
persuada à Cbilpéric de faire mourir Dacco.
Celui-ci, voyant qu'ilnepouvait éviter lamort,
demanda ' la pénitence à un prêtre, à l'insu
du roi, et fut exécuté après l'avoir reçue. On
voit en cette occasion la confession.'! l'article
de la mort, et la pénitence secrète, Dacco
n'étant plus en état de l'accomplir publique-
ment. Un y voit encore que l'on n'accordait
pas la pénitence sacramentelle à ceux qui
étaient condamnés à mort, puisqu'il la fallut
cacher au roi. Cet usage dura en France jus-
qu'au règne '"de Charles M. Le référendaire
Marc, qui avait amassé de grands trésors par
des voies injustes, se voyant dangereusement
malade, se coupa" les cheveux, demanda la
pénitence, et l'ayant reçue, mourutaussilôt.
On voit par le douzième canon du concile
d'.Agde, qu'on avait coutume en France de
couper les cheveux à ceux qui étaient en pé-
nitence.
li. On les coupait aussi à ceux" qui quit-
taient le siècle pour entrer dans des monas-
tères. Sainte Papule, voyant que ses parents "
s'opposaient au dessein qu'elle avait de se
faire religieuse, passa dans le diocèse de
Tours, où elle entra dans un monastère
d'hommes, après s'être coupé les cheveux, et
avoir pris un habit d'homme. Elle s'y rendit
si recommandable par ses vertus, que l'abbé
étant mort, les moines jetèrent les yeux sur
elle pour en faire leur abbé; elle le refusa.
Son séjour dans ce monastère fut de trente
ans ; mais trois jours avant sa mort elle se fit
connaître. Les moines la mirent entre les
Monltlts.
< Lib. V, cap. L. — ' I.ili.lV, cnji. sivi,
' A'on hic hodie missarum solemiiia cnnsum-
mabunlur, iiisi prirali commimione prius ahs-
eedant. Vit. Pat., cap. xvn, lumi. 2.
* Sed et Clolharitim regcm Mcetius pro injus-
tis operibus fwpius eiconimunicavit, cxiliumquc
to minitante nunquam cul lerrilus. Ibid.
• Ibid.— ' Lib. V.cnp. xxxiu.
' Lib. De Gloria Conf., rnp. lxxi.
« Lit.. I De Gloria Martyr., cap. lxxix.
» Jlle Dacco cum vinctus ilttineretur el eerneret
se penilus non erofunim, a presbytero, rege net-
cieiitc, pœmtevliam accepit. Qua accepta . inter'
fecttis est. Lib. V, cap. xxvi.
«0 Mabil., Sœcul. m. Bénédictin., part. 1, nuui.
24.
" Marcus referendarius... subito lalerxs dolore
detenlus capvt tolondil, alque pœnilentiam acd-
picns. spiritum exhalavit. Lib. \\. cap. 26.
" GrcK. lib. De Gloria Conf., cap. xvi.
'» Ibid.
[Vl" SIÈCLE.]
mains dos femmes, pour lui rendre les de-
voirs ordinaires do la sépulture. Les femmes
n'entraienl point dans les monastères d'iinm-
mes, pas même ' dans leurs églises. Il en
était de mémo des hommes à l'égard des mo-
nastères de filles. La clôture dans le monas-
tère de sainte Radégonde a Poitiers était si
exacte, que l'on ne permit point aux hom-
mes d'y entrer pour l'enterrer; on en * en-
leva le corps hors du monastère, pour le
porter dans une église de la ville ; et les re-
ligieuses, i\ qui leur règle défendait di; sor-
tir, se mirent sur les murs et sur les tours,
où elles continuèrent à pleurer et ii gémir
sur la mort de leur ancienne abhcsse. Les
abbesses ', comme les abbés, étaient bénites
par les évoques. Quelquefois on observait *
dans un même monastère d'hommes plu-
sieurs règles à la fois, comme celles de Cas-
sien, de saint Basile et de quelques autres.
R..r 1^. Bol, 15. Quoique le roi Gontran eût deux filles,
Chlodoberge et Clotilde, il choisit ' pour son
successeur Ghildebert son neveu, iparce que,
selon le soixante-deuxième article de la loi
salique publiée par le roi Clovis vers l'an
■487, non-seulement la succession ti la cou-
ronne ne regardait pas les RUes ni les fem-
mes, mais elles n'avaient ' aucun droit aux
terres des nobles de la nation, ni même à
tontes les terres de conquête, telles qu'é-
taient presque toutes celles de la monarchie
" française en deçà du Rhin. Saint Grégoire de
Tours, ni Frédégaire son abréviateur, ne
disent rien de Pharamond, que l'on regarde
ordinairement comme celui qui a jeté les fon-
dements de la monarchie française; mais ils
parlent de '' Claûgion, de Mérovée et de Chil-
déric, à quiils donnent poursuccesseur Clovis,
qui, le premier, forma ' un royaume de toutes
les provinces des Gaules, dont il transmit la
possession à ses descendants. Lorsque ce
prince eut persuadé aux soldats de le recon-
naître pour leur roi, ils rélevèrent sur un'
bouclier, cérémonie ordinaire chez les Fran-
çais dans le couronnement de leurs rois; ils
lui rendirent leurs hommages, et se soumi-
rent à sa domination. Ils pratiquaient une
autre cérémonie dans le détrônement des
rois, qui était de leur couper les cheveux, et
' Vil. Pat., cap. i, num. 6. — ' De Gloria Conf.,
cap. cvi. — » Lib. IX, cap. xui. — * Lib. X, caj..
XXIX. — * Lib. V, cap. xvui. — " Histoire de France
par le père Dauiel, Tom. 1, pag. 9.
' Greg lib. II, cap. ix, x, xi. xn.
' Ibid., cap. xxvn. — ' Lib. II, cap. XL.
CHAPITRE XLII. — SAINT GRKGUIRE DE TUUIIS.
395
de les engager dans leclcrgé.Chararic'", dé-
trôné par Clovis, fut aussitôt ordonné prêtre,
et son fils (lia'T(\ Le pères'eninitiiiiant quel-
que temps après avec son fils de leur malheur
commun, ce jeune prince, pour le consoler,
lui dit : «Ces cheveux que l'on m'a coupés ne
sont que des feuilles et des branches d'un
arbre vert ([ui repoussera avec le temps; et
il ne tiendra pas à moi (jue celui qui nous a
mis en'cet état, 'ne périsse bientôt.» Clovis, à
qui ces paroles imprudentes furent ra[)por-
técs, envoya sur-le-champ couper la tête à
ces deux malheureux princes.
IG. Saint Grégoire rapporte".'! l'empire de c™ '»"•
Décela missmn des sept evêoues (lui nrê- ■!• i« '■ i tir .
chèrent la foi de Jésns-Chrisi dans les Gau- ''"'»'•
les. Saint Gatien fut évêque de Tours, saint
Trophime d'Arles, saint Saturnin de Tou-
louse, saint Denis de Paris, saint Austremoine
de Clermont, saint Martial de Limoges; mais
il reconnaît que la foi y avait été prêchée au-
paravant, puisqu'il y met" des martyrs dans
la persécution d'Antonin. Il dit ailleurs ", en
parlant de saint Saturnin, qu'il avait été or-
donné par les disciples des apôtres ; ce qui
parait le mettre en contradiction avec lui-
même, puisque du temps de Dèce il n'y avait
plus de disciples des apôtres. Mais on avait
coutume de donner cette qualité à ceux qui
professaient la même doctrine que les apô-
tres avaient enseignée à Rome ".
ARTICLE IV.
JUGEMENT SUR LES ÉCRITS DE SAINT GRÉGOIRE DE
TOURS ; ÉDITIONS QU'ON EN A FAITES.
1. Après ce que nous venons de rapporter p.^'Siroi'îo
des éciits de saint Grégoire, on ne peut dou-
ter de leur utilité. Ils ont des défauts, on en *
convient; mais ils ne sont pas d'assez grande
importance pour décréditer un si saint évê-
que, ni détourner de la lecture de ses ouvra-
ges. Ses expressionssont dures, dit-on, et peu
correctes, son style bas et rustique, on ne
peut le lire sans dégoût et sans ennui ; il cite
des histoires apocryphes, il en donne pour
certaines qui ne le sont pas ; il avance com-
me vrai ce qui est faux ; il relève des faits
peu intéressants, et charge sa narration de
'" Ibid., cap. XLi. — " Lib. I, cap. xxvrn.
" Ibid., cap. XXVI.
" De Gloria Martyr., cap. XLvni.
" Voyez le tom. VIII, pag. 12.5, notes 3, 4 et 5.
Voyez aussi le supplément à la fin de ce volume,
(Léditewr.)
396
HISTOIHE GKNÉnAI.E DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
circonstances inutiles; il est tombé dans di-
verses erreurs de chronologie ; enfin, cré-
dule jusqu'à l'excès, il donne pour miracles
des événements fort ordinaires : voilà ce
qu'objectent contre les écrits de saint Gré-
goire, ceux qui veulent en allaiblir l'auto-
rité •.
2. Mais la rusticité de style qu'ils lui repro-
chent, était moins la sienne que celle de son
siècle. Ne dit-il ' pas qu'alors les lettres
étaient non-seulement tombées en France,
mais qu'il n'y avait même personne qui s'y
appliquât, ni qui fût en état de conserver à
la postérité, soit en vers, soit en prose, des
événements. qui méritaient de lui être trans-
mis; que les bons auteurs n'étaient entendus
que de peu de personnes, et que tout ce
qui n'était pas écrit d'un style grossier et
rustique, était au-dessus de l'intelligence de
la multitude ? Il s'excuse lui-même en vingt
endroits sur la grossièreté de son discours;
et nous devons l'en croire, quand il nous as-
sure que ce n'est que dans la vue de servir
le public, qu'il a surmonté la répugnance
qu'il se sentait pour écrire, avouant qu'il
n'en avait pas les talents. Qu'on lise les lois,
les lettres et les diplômes des rois de son
siècle, on n'y trouve pas un style plus no-
ble, ni plus élevé, ni plus correct, ni une la-
tinité plus pure. On doit même dire qu'il a
poussé son humilité trop loin, en se disant
peu instruit des beautés de la langue dans
laquelle il écrivait. Il y a dans ses écrits un
grand nombre d'endroits où l'on voit qu'il
avait profité de la lecture des auteurs de la
bonne latinité, et qu'il n'était pas même
étranger à la langue grecque, à laquelle il
a quelquefois recours, pour en tirer l'étymo-
■ logie de certaines expi'essions latines. For-
tunat, qui connaissait sa capacitc", loue ' son
éloquence et son érudition. Quiconque aura
lu ses écrits sans préjugé, ne pourra pas ne
point estimer sa sincérité et sa naïveté dans
le récit des faits, ni disconvenir qu'il ne les
rapporte avec quelque sorte d'agrément.
2. Nous ne voudrions pas garantir tons les
miracles qu'il rapporte; mais il y aurait aussi
de la téméiité à les rejeter sans distinction.
Il faut suivre en cela la règle de saint Au-
gustin, qui aimait ^ mieux croire que les
événements miraculeux, que l'on racontait de
son temps, surpassaient la porti'C de ses lu-
mières, que de les accuser de fausseté, ou
de les mettre sur le compte de quelque per-
sonne trop crédule. Il assure 'qu'il s'en fai-
sait un si grand nombre de son temps, qu'il
n'était ni aisé de les connaître tous, ni de ra-
conter tous ceux qu'on connaissait. L'Église
dans le sixième siècle n'en avait pas moins
besoin que dans le cinquième, soit pour pro-
curer la conversion des infidèles, soit pour
atlermir la foi des fidèles. Les nations bar-
bares avaient tellement inondé l'Europe,
qu'il ne se trouvait prosqu'aucun pays à
couvert de leur domination ; c'était ou des
païens, ou des ariens, dont la plupart n'é-
taient chrétiens que de nom. En vain au-
rait-on tenté de leur faire changer de reli-
gion par l'autorité des divines Pllcritures, ou
par des raisonnements; il fallait des miracles.
Clovis, au milieu de la prospérité, ne pense
point à quitter ses dieux; il est délivré d'un
danger imminent par un miracle, aussitôt il
se fait instruire dansla vraiefoi,il l'embrasse.
Totila, roi des Goths, inflexible aux prières
des évêques qui le conjuraient de cesser ses
hostilités, peu sensible aux infortunes d'une
infinité île malheureux qu'il persécutait
cruellement, s'adoucit à la vue d'un miracle.
11 en fallait pour empêcher les simples de se
laisser si'duirc par les artifices des héréti-
ques, qui employaient tantôt les caresses,
tantôt les menaces et les supplices, pour les
obliger à quitter l'Église catholique. Les mi-
racles étaient nécessaires surtout contre l'hé-
résie des sadducéens , qui se renouvelait
5;< rrfdolia
fUil-r-Me et*
' Voyez Saint Gn^iioire de Tours cinns le tome I
de la Défense de l'Hglise, par l'abbé r.orini, pag.
581. Cet habile critique veiipc ce saint évêqiie de*
caloMinies que lui ont imputée.' quelques histo-
rieni? imidernes : il finit son travail par le .juge-
ment qu'a porté pnr l'Histoire des l'Yancs M. de
Barante. dans la Bingraphie universelle de Mi-
chaud : « Ce qu'on y remarque toujours, c'est un
caractiTe de bonne foi et un jiiKeuient libre et
courapi'ux des princes faibles et féroces qui mê-
laient leurs noms aux malheurs de la France, n
(lyditeur.)
' Vw diebm nostris , quia periit litlerarum
studium a nohis, nec reperilur in pop^ilis. gui
gesia prirsenlia promvlgare posait m pagiiiis.
l'rologn in lib. X lliH., pa;,'. 2.
" Flurens in sludiis... dulcis, facuruie. Fort. lib.
V, carm. 13 et 2:t.
' iîallem faleri res ittas esse aUinres. quant ut
a me poasint atliitgi, qnnm lemrre definire illa
falsa miractila, aul ab hominc nïmii creduio cf-
ficln. Aug.
' Tarn multa etiam istit temporibus fiunt tiit-
racula.ut nec omnia cngnoscere, née en, qutr co-
gnoscimus, enumerare possimus. Aug. lib. I, Re-
tract., uuiu. T, pag. 20.
CHAPITRE XLIl. — SAINT GRKGOIRE DE TOURS.
[Vl* SliCLE.]
alors. Au reste, saint Grégoire de Tours n'est
pas le seul qui ait fuit un recueil des miracles
arrivés, soit de son temps, soit dans les siè-
cles antérieurs. Saint Gréf^oire-le-Grand en
composa un.divisi' en (|uatrc livres, où il rap-
porte les événements miraculeux oi)érés jiar
ï'iutercession des saints d'Italie. Victor de
Vite raconte aussi les prodi;;cs que Dieu opéra
en Afrique pour la couiiiiuation de la foi or-
thodoxe. Les évéques catholiques qui eurent
une conférence k Lyon avec les évéques
ariens, en présence du roi Gondebaud,
étaient si assurés que Dieu ne leur refuserait
pas des miracles pour a[ipuyer la vérité qu'ils
défendaient, qu'ils ollVirent à ce prince de
remettre la décision de leur cause à saint
Just ' : Si nos raisons ne peuvent les convaincre,
lui dirent ces évéques, nous ne douions point
que Dieu ne confirine notre foi par un miracle.
Ordonnez que 7ious allions tous au tombeau de
saint Just, que nous l'interrogions sur notice foi,
et Boniface (évèque arien) sur la sienne, et
Dieu prononcera ce qu'il approuve par la bou-
che de son serviteur. Nous avons rapporté ail-
leurs que saint Nicet , évèque de Trêves',
renvoyait ' Alboin, roi des Lombards, aux mi-
racles qui se faisaient tous les jours dans les
églises de Saint-Martin, de Saint-Germain
d'Auxerre,de Saint-Loup de Troyes, de Saint-
Remide Reims, de Saint-Médard, et que ce
prince, après en avoir été témoin, se con-
vertit. Si les miracles n'avaient pas été as-
surés, les évéques y auraient-ils renvoyé des
princes barbares ou ariens, pour les con-
vaincre de la vérité de noire religion? En
quelque nombre que soient ceux que rap-
porte saint Grégoire, il faut conveuir qu'il a
été plus modéré en ce genre, que plusieurs
écrivains des vies des saints. Il se contente
d'en rapporter un ou deux de chaque saint
dont il parle ; il ne s'étend que sur ceux cjui
se faisaient au tombeau de saint Martin, et à
celui de saint Julien de Brioude. Il avait été
397
témoin de la plupart, ou les avait appris de
gens qui lui paraissaient dignes de foi. Sou-
vent il |)rend Dieu A témoin de la vérité des
fails qu'il raconte. Il ne voulut ' pas ajouter
foi l'i ce qu'on lui avait dit do l'huile qui bril-
lait dcvanl la vraie Croix dans l'église de
Sainte -Croix de Poitiers sans diminuer,
quoiqu'on y puisât pour en euqiorler dans
les maisons, qu'il n'eût vu le miracle de ses
yeux. Il piit * la mémi' précaution pour s'as-
surer de plusieurs autres prodiges, avant de
les transmettre à la postérité. S'il n'a pas
toujours lapporté des miracles éclatants,
c'est qu'il s'était proposé de rendre compte
principalement de ceux ' dont les autres
écrivains n'avaient point parlé, et qui étaient
demeurés comme inconnus. On convient
qu'il donne quelquefois pour miraculeuses
des guérisons qui ne pouvaient être que l'ef-
fet des causes naturelles; mais elles pou-
vaient être aussi une suite de l'intercession
des saints. Il suffit qu'elles aient été opérées
à leurs tombeaux, ou k la suite de l'attouche-
ment de leurs reliques, pour qu'on ne puisse
accuser saint Grégoire de nous avoir donné
pour de vrais miracles ce qui n'en était pas.
4. Les fautes de chronologie qu'on lui
reproche , regardent d'anciennes histoires, ^iT ■'"
qu'il avait tirées de ceux qui avaient écrit
avant lui. Il est plus exact dans les faits ar-
rivés de son temps; aussi la plupart de nos
annalistes français n'ont-ils fait que le co-
pier, en donnant un peu plus d'ordre que lui
aux divers événements qu'il raconte. Joseph
Scaliger , Nicolas le Fêvre ., précepteur de
Louis XIII , Jean Chifflet , Monsieur Biguon ,
les messieurs de Sainte-Marthe, ne connais-
saient point d'historien ti'ançais plus fidèle ,
plus exact , ni plus ancien que saint Gré-
goire de ' Tours; ils l'ont appelé la lumière
de l'Eglise de France autant par son érudi-
tion , que par sa sagesse et la sainteté de sa
vie, et le prince des historiens de la nation.
Fanion (fe
cliroTioIflgio.
« Tom. IV Concil., pag. 1321.
« Tom. V Concil.. pag. 833.
• Lib. I Mirac, cap. v.
* Lib. Il Mirac. S.Mart., cap. xxxu.
' Àliqua de sanclorum miraculis , quœ haete-
nus lalueriint, pandere desideraris. Greg. Prolog.
iû lib. I Mirac.
' Magna Gregorio gnitia, qui in tanto negleetu
hisloriœ anintuin ad hœc scribenda appulit... nos
neque meliorem neque vetustiorem in Historia
Francorum habtmus. Joseph Scaliger, lib. VI De
emendal. temporum. Gregorius Turonensis epis-
copus diligenlissimus hisloriai nostrce scriptor
et antiquissimus. Faber in Schediasmate. Grego-
rius Turonensis, quo digniorem Itistoricum non
habemus, multis in lacis a Marculfo lucem acci-
pit. Biguon, Pnrf. in Marculf. Formulas. Sanctus
Gregorius antiquissimus et ftdelissimus Franco-
rum liistoricus. Chiffletius iu Dis(;iiisilioue. Sanc-
tus Gregorius, Ecclesiœ gallicanœ lumen, de histo-
ria ecclesiastica rebusque Francicis bene meritus.
SamuKirtliani iuGallia Christiana.Grfporium, qjiem
historicorum nostrorum principem agnosco et
lande dignissimum judico. Valesius, Prœf. ad
tome H Rerum Francicarum.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIOUES.
Il M.
Edition i!o
398
5. A l'ëfrard de sa doctrine, elle ne s'é-
loigne en lien de celle de l'I-^glise. Nous
avons vu comment il s'expliquait sur le mys-
tère de la Trinité et de l'Incarnation , sur
l'immortalité de l'âme. Il n'est pas moins
orthodoxe sur le mystère de la Grâce, dont
il enseigne la nécessité ', et sur le péché '
originel , qu'il dit nous être remis par le
baptême.
6. Son Histoire des Français fut imprimée
séparément à Paris en 1561, chez Guillaume
Morel, avec la chronique d'Adon de Vienne;
à Bàle en 4568, chez Pierre de Perne, par
les soins de Matthias Illyricus; à Paris en
1610, chez Nicolas du Fossé, avec diverses
pièces qui 'regardent l'Histoire de Touraine,
elles deux livres de l'Histoire de Geoffroy,
duc de Normandie, par Jean, moine de Mar-
moulier ; à Hanaw en 1013 , dans le Recueil
des monuments de l'histoire de France, par
Marqiiard Fréhérus ; à Paris en 1636 , dans
le premier volume des Historiens français ,
par André Duchesne. Antoine Dadin lit im-
primer en 1679, à Toulouse, chez Jean de la
Pesche , un volume entier de notes et d'ob-
servations sur l'Histoire de saint Grégoire.
Nous n'avons point d'éditions séparées des
livres de la Gloire des Mai-tyi's et des Corifes-
seurs; mais, en 1623, on en détacha la vie de
saint Gai , évéque de Clermout , qui fut im-
primée à Francfort en un volume in-12. Jé-
rôme Clicthoue ayant recueilli quelques
opuscules de ce Père , les fit mettre sous
presse à Paris chez Jean Marchant, en loll,
en un volume in-4. Cette édition comprend
les quatre livres des Miracles de saint Martin,
le traité de la Gloire des Martyrs , celui des
miracles de saint Julien , avec quelques
autres monuments. Josse Bade publia en la
même ville, l'année suivante 1512 , les dix
livres de l'Histoire des Français, avec la chro-
niijue d'Adon de Vienne, en un volume in-fol.
On y trouve aussi les Vies des Pères, et le
traité de la Gloire des Confesseurs. Tous ces
ouvrages furent réimprimés à Paris en 1522,
par le même imprimeur. Guillaume Morel
qui , en 1561 , avait donné les dix livres de
l'Histoire des Fraiirais, publia en 1563 les
deux traités, l'un de la Gloire des Martyrs,
l'autre de la Gloire des Confesseurs. Ces deux
traités , avec tous les autres écrits de saint
Grégoire, excepté son Histoire et les lies
des Pères, furent publiés à Cologne chez Ma-
terne Cholin en 1583, in-8. L'Histoire et les
deux livres de la Gloire des Martyrs et des
Confesseu7-s parurent la même année ii Paris,
avec le Recueil des anciens auteurs ecclé-
siastiques, par Laurent la Barre. Jusques-lft
on n'avait pas eu tous les ouvrages de saint
Grégoire dans un même volume ; on les in-
séra tous dans le tome VII de la Bibliothèque
des Pères, à Paris en 1589, d'où ils sont
passés dans celles de Cologne , de Paris et
de Lyon. L'édition de Jean de Balesdens, en
1640 à Paris , n'est pas si complète , puis-
qu'on n'y trouve pas les dix livres de l'His-
toire. La dernière et la meilleure de toutes
est celle de dom Thierry Ruinart, à Paris
chez Muguet en 1699, in-fol. L'éditeur, avant
de la mettre au jour, avait revu et corrigé
le texte de tous les ouvrages de saint Gré-
goire sur un grand nombre de manuscrits
de France et d'Italie, et sur les anciennes
éd liions dont nous venons de parler. C'est
ce qu'il nous apprend dans une longue pré-
face, où, après avoir fait voir la nécessité
d'une nouvelle édition, il donne le catalnuue
des écrits de saint Grégoire , tant de ceux
qui sont venus jusqu'à nous, que de ceux
qui sont perdus ; marquant, autant qu'il est
possible, le temps et l'occasion de chacun.
Il montre contre le Père Le Cointe, qu'il n'y
a rien dans les dix livres de l'Histoire des
Français qui ne soit de ce Père ; et pour don-
ner plus de jour à certains endroits dilliciles,
il entre dans le détail de tout ce qui peut
servir à la connaissance de l'ancien gouver-
nement des Français , de leurs mœurs, de
leurs usages, de la façon dont se faisaient
les proclamations des rois, les élections des
évêques, leur ordination , celle des autres
clercs ; de la manière dont on célébrait la
liturgie, dont on administrait les sacrements,
dont on récitait l'ollice divin. Il traite aussi des
droits et des immunités des églises. Il fait
l'apologie de saint Grégoire, accusé de trop
de crédulité ; ensuite il donne divers éclair-
cissements sur ce qui regarde Frédégaire,
' Bonœ eliam volunlati noslrœ ipse salubrem
effectum indulgeal, quia nisi ipse (rdifiraverit do-
muni, in tuiium Itiboranl qui atlificant eam. LU).
I Ilisl. Franc , cap. xiv. Sinl lucra vcslra divinœ
majvslatis graliw... El hoc ipsum a Dumini est
misericordia poscendum , non propria virlule
qnœrendum. Lib. De Gloria Conf., cap. cxii.
' Sutficit salis ine nb ohgmali peccalo baptis-
mr) satulari scwel ablulum fuisse. IMt. V, lap.
XXXIX. AoH potesl Sunclus Spirilus, idtm Deus, m
peclore fanatico el originalts crimiuis labe iiifcclu
descendcre. Ibid., cap. xliv.
[Vl* SIÈCLE.]
CIIAIMTIIE XLIII. — MARIUS D'AVANCHES, ETC.
39a
son abréviateiir. Celte préface est suivie de
la Vie du saint tiv(^quo par saint Odon, alibd
de Cluni , et des témnijifiiages avaiila:,'eiix.
rendus à saint Gn'j,'oiic par les ('crixaiiis
qui ont eu occasion de parler do lui. Dom
Ruinart donne après cela les Annales de
France, tirées des anciens auteurs, de saint
Grégoire et de Frédégaire , et les conduit
depuis l'an 2o3juS(iu'à Cliarleniagne. 11 joint
aux dix livres de l'Histoire des Français, l'a-
brégé que Frédégaire a fait des six premiers
livres, puis sa chronique, avec ses quatre
continuateurs. L'Appendice aux ouvrages de
ce Père contient un grand nombre de mo-
numents qui y ont du rappoit, ou qui peu-
vent répandre des lumières sur l'histoire de
France, sur son ancienne liturgie, et sur la
saint Grégoire de Tours, et le supplément
de Frédégaire , et les a fait im|)rimer avec
des notes de sa façon, ;\ Paris on 1008, 2 vol.
in-S. [M. llenii Hortlier a fait paraître une
traduction nouvelle de l'Histoire ecclésias-
tique dos Francs, 2 vol. in -8, chezDidot;
Paris I8(i(). Elle est suivie d'un sommaire des
autres ouvrages de saint Grégoire précédée
de sa Vie écrite au x' siècle, par Odon, abbé
de Cluni. En 1857, il avait publié chez Jules
Renouard les livres des Miracles et autres
opuscules de Grégoire de Tours, revus et
collationnés sur de nouveaux manuscrits et
traduits pour la société de l'Histoire de Fran-
ce, texte et traduction française en regard.
Sauvigny avait donné une traduction de Gré-
goire de Tours dans ses Essais historiques
langue usitée alors dans les Gaules. [L'édi- - sur les moeurs des Français, 1783 et suiv.,
tion de Dom Ruinart a été reproduite avec
des améliorations, des corrections etde nou-
velles notes dans le Recueil des Historiens de
France, par Dom Bouquet, tome II , et dans
le tome LXXI de la Patrologie latine, dans
un meilleur ordre : les notes qui étaient à
la fin sous le nom d'additions sont mises ici
à lem- place naturelle. L'Histoire des Francs,
souvent éditée, l'a été encore d'une manière
parfaite en 183(5-1841, à Paris, deux tomes
in-8, par J. Guadet et N. R. Taranne, avec
une traduction française en regard, avec
des notes et des observations.]
Monsieur de Maroies , abbé de Villeloin,
a traduit en français l'Histoire de France de
10 vol. in-8 et in-4. L'histoire de France écrite
par Grégoire de Tours, avait été traduite, pour
la première fois, par Claude Bonnet, Paris
1610, in-8. lia paru en Allemagne, eu 183'J,
deux ouvrages sur saint Grégoire, l'un du
docteur Rriès, Z)e ftrj/. Tiirun. episcop., Vita
et scriptis, Breslau , chez Hirt ; l'autre du
docteur Lobell, piofesseur à* Bonn, Grégoire
de Tours et son temps, Leipsick , chez Broc-
kaus. Le premier de ces ouvrages est une
critique de Grégoire , historien , le second
est une peinture complète du temps de Gré-
goire, pour laquelle l'auteur a emprunté ses
couleurs aux œuvres mêmes de saint Gré-
goire.]
CHAPITRE XLIII.
Marins évêqne d'Avanches [596], Tétérins clerc de l'Église
d'Anxerre, Rotérins historien.
L'histoire ne nous fournit aucun détail de
la vie de Marius. Nous savons seulement
qu'il naquit à Autun vers l'an 332; qu'à
l'ûge d'environ quarante-trois ans il fut élu
évêque d'Avanches, ville de Suisse dans le
pays de Vaux, en 373, et qu'il assista au
second concile de Màcon , assemblé en 583
par l'ordre du roi Contran. Le siège épisco-
pal d'.\vanches ne subsiste plus , il a été
transféré à Lausanne. Le seul écrit qui nous
reste de Maiius, est une Chronique abrégée
depuis l'empire d'Avitus en 433, oîi finit
celle de saint Prosper, jusqu'au mois de sep-
tembre 581. Il est surprenant qu'il ne l'ait
pas poussée plus loin, puisqu'il ne mourut
qu'en 596, dans la soixante-quatrième année
de son âge. Il prend, à l'imitation de saint
Prosper , les consulats pour époques des
faits qu'il rapporte, ne commençant à mar-
quer les indictions qu'en l'an 523, auquel
Flavius Anicius Maxime fut consul. Sa Chro-
nique contient principalement ce qui s'est
passé dans le royaume de Bourgogne vers le
lac de Genève et lesconfinsd'Agaune. Elle met
en 363 l'éboulement d'une grande monta-
gne dans le Valais, qui causa la ruine de plu-
400
HISTOIRE GÉNÉR.ME DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Amateur, évêquc dAuxerre, en avait trans-
TéUriiH,
clttt <tc I K-
itrre.
sieurs endroits, et fit enfler si prodigieusement
leseaux du Rhône, qu'elles rebroussèrentjus-
qu'à Genève ; le pout et lesraoulins de vette
■ville furent renversés, plusieurs églises et vil-
lages furent détruits, et un gmnd nombre de
personnes noyées. Monsieur Dnchêne, quia
inséré cette Chronique dans son Recueil des
historiens fraui;ars, y a ' joint l'ouvrage d'un
inconnu, qui en est une continuation. Elle va
jusqu'à la quarantième année de Clotaire II, la
quatorzième de l'empire d'Hcraclius, c'est-à-
dire jusqu'à l'an 023. DomRuiuartàplacédans
l'Appendice ' des œuvres de saint Grégoire
de Tours, ce que cet anonyme dit de la mort
funeste de Brunehaut reine de France, femme
de Sigebert, roi d'.\ustrasie, parce que per-
sonne ne l'a mieux circonstanciée : de la
manière dont il la rapporte, elle fait hor-
reur; et toutefois il fait passer Clotaire, le
seul auteur de celte mort, pour un prince
humain et débonnaire. [La Chronique de
Marius a été réimprimée dans le tome II du
Recueil des historiens de France par dom
Bouquet ; dans Gallaud avec une notice ,
tome XII, d'où elle a passé dans le tome LXXII
de la Patrologie latine, col. 791 à 802 avec la
continuation.] On attribue avec quelt[iie vrai-
semblance à Marius, évéque d'.Vvanches, la
Vie de saint Sigismond , rapportée par les
Bollandistes au ' premier jour de mai ; elle
est assez du style de sa chronique , et les
faits sont racontés à peu près de même dans
ces deux écrits; il y a néanmoins des varia-
tions dans les noms propres, mais elles peu-
vent venir de l'inadvertance des copistes.
2. C'est encore au premier de mai que les
Bollandistes parlent d'une relation des mi-
racles que Dieu opérait à Auxerre par les
reliques des saints martyrs Cyr et Julitte.
Ils avaient souffert à Antioche ; mais saint
porté les reliques dans son église , ayant
trouvé le moyen de les avoir dans un voyage
qu'il fit en Orient avec un homme de con-
dition nommé Savin : c'est ce que dit Télé-
rius dans la préface de sa relation. Il se don-
ne dans l'inscription le titre de Sophiste,
terme qui signifie qu'il joignait à l'étude de
l'éloquence la profession de philosophe;
mais il se qualifie aussi serviteur des saints
dont il rapportait les miracles : d'où il est
naturel de conclure qu'il était un des clercs
qui desservaient l'église où leurs reliques
reposaient, c'est-à-dire de l'église d'Auxerre.
Nous n'avons de lui que la préface de son
ouvrage, trouvée dans un manuscrit ' de la
bibliothèque Barberine à Rome. Mombri-
cius l'avait déjà donnée dans son second
tome, mais moins complète. On ne sait point
en queUc année Tétérius écrivait ; .il parait
seulement que ce fut depuis que l'on eut
transféré à Nevers le bras de saint Cyr, puis-
qu'il parle de cette translation.
3. On n'est pas mieux informé du temps
où a vécu Rotérius, dont le nom ne nous
serait pas même connu , s'il n'en était fait
mention dans la vie ' de saint Sévère d'Agde,
écrite dans le vu" ou vin' siècle. Cet écrivain
donne à Rotérius une histoire des règnes de
diverses nations étrangères , dans laquelle
il décrivait les ravages que les Huns, sous la
conduite d'Attila, leur roi, avaient causés
dans les Gaules , principalement à Agde ,
qu'ils avaient détruite. Cette histoire était
écrite d'un style noble et coulant ; il n'en
est rien venu jusqu'à nous. Catel , dans son
histoire du Languedoc , fait Rotérius auteur
de la vie de saint Sévère, ce qui n'est pas
vraisemblable , puisque cette vie contient
l'éloge même de Rotérius et de ses écrits.
6a tijoanie,
M>étud«i,»i a
CHAPITRE XLIV.
Dyname patrice [601].
1. Il semble par saint Grégoire de Tours,
que la ville ' d'Arles ait donné naissance à
Dyname. Après s'être rendu habile dans les
lettres humaines , il s'engagea dans le ma-
riage avec Euchérie , dont il eut deux fils.
• Duch^ne, tom. I, pag. 216.
' Greg. Turon., Append., 1351.— ' Tom. 1, pag. 86.
^ Tom. I Maii liolland., pag. 51, Dum. 8, e( ai
diem iGjunii, jiag. 20, uum. 17, 18.
Le premier, nommé Évance, fut envoyé en
ambassade par le roi Childebert II vers
l'empereur Maurice, en 788 , avec Hodégi-
silde et le duc Grippon ; mais il fut ' fui'
dans une émeute populaire à Carlhage, où
» Mabil., in Ord. S. Benedicti, tom. I, pag. S6i
cl scq.
* Greg. Turon., lib. X, cap. n.
' Greg., lib. X, cap. n.
[VI° SIÈCLE.
CHAPITRE XLIV.
I doviout
riipiii ri-,
ils avaient relAché pour att(!iulr(i un veut l'a-
voialile. Dès l'an 581, Dynamo avait olo fuit
pouveiiicur' do la l'mvcnco, avec la dignité
de Patrice, qui était allectôe alors aux gouver-
neiiis de n<)urs,>oj;iic etù ceux de la Provence.
2. Il ahusa de son autorité pour mettre
successivement sur le siège épiscopal d'Uzès,
après la mort de saint Ferréol, arrivée eh
581, .\lbin ' qui avait été préfet , et le dia-
cre Maicel. Il mit aussi le trouble' dans
l'église de Marseille, dont il fit chasser deux
fois révoque Tiiéodore. Ses violences lui
firent perdre les bonnes grâces du roi Cliil-
debert ; mais le roi Gontran * les lui fit ren-
dre quelque temps après.
3. Dynamo changea de conduite, et, dans
la vue de vivre chrétiennement, il demanda'
au pape saint Grégoire des avis et des livres
pour son instruction. Il dota des monastères",
et se chargea du soin du patrimoine de saint
Pierre dans la Provence; ce qu'il fit depuis
l'an 303 jusqu'au mois de septembre de l'an
S9o,que saint Grégoire envoya 'eu Gaule le
prèti-e Candide pour le gouverner : mais, pour
marquer à Dyname sa reconnaissance, il lui
envoya' une croix où il y avait de la limaille
des chaînes de saint Pierre, et, aux quatre
extrémités, des particules du gril de saint
Laurent. Dyname, depuis ce temps-là, quit-
ta le monde avec Aurèle pour vivre dans la
retraite, où il s'occupait des merveilles que
Dieu avait opérées par les saints, et du soin
de les transmettre à la postérité. Ce fut dans
ces pieux exercices qu'il mourut en 601, n'é-
tant âgé que de cinquante ans. Quelques-
ims ont ' prétendu qu'après avoir renoncé
aux charges séculières, il avait été fait prê-
tre de l'église de Marseille, puis évêque d'A-
vignon, et qu'il n'était mort qu'en 627, après
vingt-deux ans d'épiscopat; mais son épita-
phe, composée par son petit-fils, ne lui
donne que cinquante ans de vie ; elle ne dit
rien ni de sa prêtrise ni de sou épiscopat, et
la lettre que saint Grégoire écrivit à Aurèle
sur la mort de Dyname ne permet pas de la
mettre plus tard qu'en 600 ou 601, puisque
cette lettre est de ce temps-là. Ce saint '°
pape y prie Dieu de consoler Aurèle, qu'on
DYNAME, PATRICE. 401
croit avoir été' l(i fiènî de Dynamo, et do
le i)r(il(''ger contre les malins es[)rits et
contre la malice des hommes. « Vous ne
devez pas, ajoule-l-ii, être surpris, si vous
avez à soutenir les coutradiclions et les
lioubles il(! quelques ennemis ijui cherche-
ront à vous traverser après la mort de votre
frère; il fiiut vous résoudre à supporter les
maux de la part des hommes, dans une
terre qui est ('tianfière pour vous, si vous
voulez jouir des véritables biens dans votre
patrie, c'est-à-dire dans la terre des vivants.
La vie présente est un voyage en pays étran-
ger, et le voyageur, (pii soupire après sa pa-
trie, se regarde dans le lieu de son exil
comme dans un lieu de supplice, quelque
agrément qu'il puisse y ajouter ; mais, pour
vous, Dieu a permis qu'outre les soupirs et
les gémissements qu'exprime de votre cœur
l'amour de votre patrie à laquelle vous as-
pirez, l'oppression que vous souffrez de la
part des liommes vous fasse encore gémir.
Vous devez regarder cela comme un effet de
la conduite de Dieu sur vous, qui, en même
temps qu'il vous attire à lui par l'amour qu'il
vous inspire, permet que le monde vous
chasse, vous repousse et vous donne de l'é-
loignement pour lui par les tribulations
qu'il vous suscite. Continuez donc à exercer
l'hospitalité, appliquez-vous à la prière avec
larmes, faites plus d'aumônes qu'auparavant,
quoique vous ayez toujours pris beaucoup
de plaisir à en faire d'abondantes. »
L'épitaphe de Dyname lui est commune
avec Eucliérie sa femme ; ils furent enterrés
l'un et l'autre dans l'église de Saint-Hippo-
lyte à Marseille. L'âge d'Euchérie n'est pas
marqué ; mais il est dit que Dyname mou-
rut après " dix lustres, c'est-à-dire à cin-
quante ans. Son petit-fils se nommait Dy-
name comme lui ; il dit que ce fut par ordre
de son père qu'il composa cette épitaphe.
A. Pendant sa retraite, Dyname composa ^ ''■\^""J'J
la vie de saint Mari ou Marins, abbé de Bo- sonsuio.
dane ou Benon, au diocèse de Sisteron en
Provence, mort vers le milieu du sixième
siècle. Nous n'en avons plus aujourd'hui
qu'un abrégé, donné par les BoUandistes au
' Greg., lib. VI, cap. vu.— ' Id., lib. X, cap. vn.
— ' Ibid., cap. XI et xxiv. — ' Id., lib. IX, cap. xi.
5 Greg. M., lib. \\\,Epi$t. 36. — « Id. lib. VI,
Episl. 6.— ' Id., lib. Vil, Epist. 33. — « Id., lib. 111,
Epist. 33. — * Gallia cliristiaua nova, tom. I, 799,
867. — 1» Greg., lib. IX Episl. 7U.
" Dynamius hic nain pariterque Eucheria con-
XI.
junx, Marlyris Hippolyti limina sancta tenent...
Luslra decem felix tulerat posl terga maritus,
Cum dedil liavc sedcm morte sttprema dies... Dy-
namius pana lacrymanshœc carmina fudi, ^o-
mcn uvi referens, pâtre jiibeitte, nepos. Duchêue,
toiu. I, pag. 519.
26
402
HISTOIRE GHXÉllALE DES
27 janvier, et par dom Mabillon dans le pre-
mier tome des Actes de l'ordre de saint Be-
noit. Cette vie était chartréc de miracles.
L'abrévialeur, craignant d'ennuyer le lec-
teur, crut devoir ' en supprimer une partie;
peut-être avait-il aussi en vue de rendre plus
courtes les leçons du bréviaire : car l'abrégé,
tel qu'on nous l'a donné, a été tiré d'un an-
cien bréviaire où il était divisé en neuf le-
çons. Dom Mabillon * a joint à cet abrégé
une espèce d'bomélie qui (onlient le récit
de plusiem-s miracles faits à ForcuKjuier, où
le corps de saint Mari lut transféré sur la tin
du IX' siècle, ou au commencement du x".
L'auteur d|^ cette homélie était bénédictin et
moine d'un monastère de cette ville, comme
on le voit par l'allusion qu'il fait au chapitre
LTiii de la règle de saint Benoit, où ceux qui
en font profession promettent à Dieu et au
saint, dont on a les i cliques dans le monas-
tère, la conversion de leurs mœurs et la sta-
bilité. Sigebert ' de Gemblours fait mention
de la Vie de saint Mari écrite par Dyname.
Il écrivit aussi celle de saint Maxime, abbé
de Lérins, et ensuite évéque de liiez; il l'a-
vait faite assez courte, faute de mémoires ;
mais Urbique, l'un des successeurs de saint
Maxime, lui en ayant fourni de plus amples,
il travailla de nouveau cette Vie, qu'il mit «-n
foime de panégyrique, afin qu'on la lût tba-
que année au jour de la fêle du saint. Surius
AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
l'a rapportée au 27 novembre, et Barali au '
second tome de la Chronolo<:ie des Ilommes
illustres de l'abbaye de Lérins. Celte seconde
Vie est adressée à l'évêque Urbique, à qui
Dyname proteste qu'il n'avancera rien que
sur des relations authentiques. C'est de celte
Nie qu'on a tiré la matière des hymnes fai-
tes en l'honneur de saint Maxime, imprimées
dans la Chronologie de Lérins. Fréhérus et'
Duchesne nous ont donné deux lettres de
Dyname : la première est adiessée à an de
ses amis, à (jui il témoigne le plaisir qu'il
avait de recevoir des siennes; la seconde
à Villicus, évèque de Metz, auprès de qui il
s'excuse d'avoir tant tardé à exécuter une
commission dont il l'avait chargé. Étant
jeune, il se mêlait de faire des vers; Fortu-
nat, à qui il en envoya, les trouva ' de son
goût. A sou tour, il lui adressa deux poèmes,
dans lesquels il l'invitait de venir à la cour
du roi d'Austrasie. Fortunat y demeurait
pour lors, et Dyname à Marseille, qui était
une des villes de son gouvernement. Dyname
n'a\ait pas mis son nom à la tête de ses vers,
mais Fortunat l'y reconnut. Il ne nous en reste
aucun. Le style de Dynamo est trop étudie,
ce qui le rend souvent obscur et embarrassé.
[Les deux lettres avec notice par Fabri-
cius, la vie de saint Marins et celle de saint
Maxime, sont reproduites dans le tome LXXX
de la Patrologie latine, col. 23-40.]
CHAPITRE XLV.
Saint Fortnnat évêqne de Poitiers, Bandonivie religieuse de Poitiers
[sur la fin du VP siècle.]
Etudes ôc For-
i. Paul Diacre ' fait naître Fortunat dans
le voisinage de Généra, ville d'Italie dans le
Trévisan. Il ne dit rien de sa famille ; mais il
ajoute qu'il fut élevé h Ravcnnc, et qu'il y
étudia avec succès la grammaire, la rhéto-
rique et l'art poétique. Fortunat eut moins
de goiit pour la" philosophie; mais il prit
quelque teinture de la juiis|uudence. Dans
un âge fort avancé, il n'avait encore lu au-
cun des écrits des Pères de l'Eglise. Il y '
avait à Havenne une basilique en l'honneur
de saint Paul et de saint Jean, et dans cette
église un autel de saint Martin, devant le-
quel nn allumait une lampe pour donner du
jour. Foi'tunat et Félix sou ami, qui étaient l'un
et l'autre tourmentés d'une grande douleur
aux yeux, prirent de l'huile de cette lampe,
s'en trottèrent \cs yeux, et furent guc'ris sur-
le-champ. Depuis ce lemps-lA, Fortunat fut
si rempli de vénération pour saint Martin,
' Vila Marii. nuiii. .\, toui. I, art. edit Venet.,
pag. ion. — ' lliid.
» Sigelj., De Viris illust., cap. cxiv. — * l'.ig. IJO.
• Frelii.Tus, Ilisl. Franc, toui. 1, jmg. 195; Du-
chesne, tom. I, pag. 859.
" Forlunal, lili. VI, cap. XI et Xll.
' P.iulus, lib. li Uùt. Longoliard., num. 23.
» Fortunat, Carm., lib. \,cl lib. 1 De Vila Uaf'
Uni.
» Paulus ubi supra.
CIIAPITIIK XLV. — SAINT FOIITIINAT DE l'OITIEUS, ETC.
si fail
I de
[Vl" SlfeCLE.]
qu'il abandonna l'Ilalic pour passer en Fran-
ce, au tombeau du saint ëvûque. Il fit ce
voyniïP quoique N'mps avant que les Lom-
bards fissent une irniiillon en llalie, et ainsi
avant l'an 5(18. Félix ne le suivit point, par-
ce qu'il avait clé fait évéque de Triivise.
2. Fortunat prit sa roule par le royaume
d'Anstrasie, où il fut bien reru par le roi Si-
geberl; il y était en 505. Son esprit, son sa-
voir et sa vertu le firent chérir de [ilusieurs
grands de la cour, et de plusieurs saints évo-
ques; mais il lia une' amiliii partictdière
avec Sii;(iald, à qui le roi avait donné com-
mission de défrayer Fortunat, et de le con-
duire partout où il souhaiterait d'aller. Après
quelipie séjour i\ la cour de Sigcbcrt, il alla à
Tours pour satisfaire sa dévotion envers saint
Martin. Il y fit connaissance avec saint Eu-
phrone, évéque de cette ville, et depuis avec
saint Grégoire, qui en fut élu évéque en 373.
ne Tours il vint à Poitiers auprès de sainte
Radégonde, qui, ce semble, l'avait- demandé
au roi Sigebert pour avoir soin de ses affai-
res. Elle le fit, en effet, son aumônier et son
chapelain ; mais avant de recevoir le sacer-
doce, Fortunat s'y était préparé par l'étude
de la science ecclésiastique, qu'il avait négli-
gée jusqu'à son arrivée à Poitiers.
3. Le siège de cette ville étant devenu va-
cant par la mort de saint Platon, l'un des
disciples de saint Grégoire de Tours, Fortu-
nat fut choisi pour le remplir. Platon avait
été fait ' évéque de Poitiers en 592, il mourut
en 599 ; Fortunat était donc fort avancé en
âge lorsqu'il parvint à l'épiscopat, étant né
au plus tard vers l'an 530. Saint Grégoire de
Tours ne le qualifie jamais que* de prêtre,
parce qu'il était mort avant que Fortunat
fût évéque ; mais Baudonivie ^ , religieuse
de Sainte-Croix à Poitiers, Paul Diacre, et Si-
gebert de Gemblours, lui donnent la qualité
d'évéque ; en quoi ils ont été suivis par le
moine Aimoin et par d'autres écrivains pos-
térieurs. On ne sait point de combien d'an-
nées fut son épiscopat. L'église de Poitiers
l'honorait comme saint dès le viii' siècle.
Paul, diacre d'Aquilée , passant par cette
' Vita Forlunati a Brovero, cap. m.
' Yita Forlunali a Brovero, ibid.
' Ruinart in nolis ad lih. IV De Miraculis S.
Martini, cap. xxxii, pag. 1133.
* Oreg. Turon., pag. 995, 1016, 1017.
» Mabil., Act. Ord. S. Bened., tom. I, pag. 309 ;
Sigebert, De Vir. illust., cap. slv ; Paulus, Hint.
Longob., lib. XI, uuqi. 23 ; Aymon., lib. 111 De Gest.
Franc., cap. xui.
403
ville, alla prier sur son lomljcau ; et pour
ne point laisser ignorer ses vertus à la pos-
térité, il en fit l'éloge dans ime ('pitaplic
qu'il C(unposa à Poitiers même, ù la [)rière
d'Afier, abin' de Sain'.-Hiiaire, où Fortmiat
avait été inhumé. Il y relève " la beauté de
son génie , la pénétration de son esprit, la
douceur de ses vers, et le service qu'il a ren-
du ;\ l'i^glise en écrivant les vies de ceux
qui l'avaient édifiée par l'éclat de leur sain-
teté, et congratule la France de conserver
un si précieux dépôt. Le titre de coryphée
des poètes, qu'il lui donne, ne peut se soute-
nir qu'en le comparant aux autres poètes de
son siècle.
4. Le plus considérable des ouvraircsdeFor- t^ccm te
° poésies dlvl.
lunat en veis est un recueil de poésies sur di- *« " ""'om-
* vres. Livre I,
vers sujets ; il est divisé en onze livres, et dé- ',°i"\ ^ „ '"•
J ' L.ioth. Pal.,
dié à saint Grégoire, évéque de Tours, qui le f5^,'i„''f 'ij^"
lui avait demandé. Il eut de la peine à consen- «"i"- '«n.
tir à le rendre public, parce qu'il avait com-
posé les poèmes qui y sont rapportés, ou eu
voyageant au milieu des barbares, ou au mi-
lieu des neiges, ou en d'autres temps où le
froid et la fatigue rendaient sa veine poétique
presque froide et languissante ; aussi il le
prie de garder ce recueil pour lui seul, ou
de ne le communiquer qu'à des amis sages
et prudents. Le premier livre commence par
un poème en l'honneur de Vital, évéque de
Ravenne ; il est suivi de Celui que Fortu-
nat composa à l'occasion de l'église que le
même évéque avait bâtie dans la même
ville sous l'invocation de saint André, et où
il avait mis des reliques de saint Pierre et
de saint Paul, de saint Sisinue , de saint
Alexandre, de sainte Cécile et de quelques
autres martyis. Il y en a un sur la cellule
bàlie à l'endroit où saint Maitin avait donné
une partie de son manteau à un pauvre
pour l'en revêtir ; un sur la dédicace de l'é-
glise de Saint- Vincent, où un possédé du dé-
mon avait été délivré, aussitôt qu'on eut
apporté dans cette église les reliques du
saint martyr. Les autres sont, ou des des-
criptions d'églises, de lieux et de rivières,
ou des éloges de Léonce, évéque de Bor-
^ Ingénia clarus, sensu celer, ore suavis, eu-
jus dulce melos pagina mnlta cnnit, Fortunatus
apex i-alum, venerabilis aciu, Àusonia nalus, hoc
tumulatur humo. Cujus ab ore sacro sanclorum
gesta priorum Discimus : hœc monstrant carpere
lucis iter. Feiix quœ tantis decoraris, Gallia, gem-
iiiis. Luinine de quarum nox tibi tetra fugit.IIos
modicos feci plebvio carminé lerxus, ISe tuus in po-
puUs, Suncte, lateret honor. Yila Fort-, pag. .526.
4n.i HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIOraS
dcaux. n avait renouvelé régli«c de Saint-Eu
liopc, et fait peiiulie diverses images' sur les
murailles ; il en avait bâti d'autres tout à neuf,
une entr'autres en l'honneur de la sainte
Vierge, où il avait nii? ' les vases nécessai-
res pour conserver le corps et le sang de Jé-
sus-Christ.
L.c Ml, 5 Qn r^ j^jg jjins le second livre l'hvmne
Pange lingiia au nombre des poèmes de For-
tunat, quoiqu'il v ait plus 'de raison de l'at-
tribuer à Claudien Mamert ; les six autres
premiers poëmes de ce livre sont en l'hon-
neur de la Croix ; le quatrième, le cinquième
et le sixième sont acrostiches : le dernier est
figuré eij-forme de croix, et tous lestroisont
demandé beaucoup d'art et d'attention. For-
tunat y dit nettement * qu'il adore la croix en
tout temps, qu'il la regarde comme le gage
certain de son salut et qu'il la porte avec lui
comme sou refuge dans ses besoins. 11 y a
toute apparence qu'il composa ces poëmes
ii l'occasion du bois de la Croix que sainte
Radégonde obtint de l'emperenr Justin pour
son monastère de Poitiers. 11 en faut excepter
le troisième poëmc, qu'il lit pour une église
de Tours que saint Grégoire avait dédiée
sous le titre de la Croix. A l'égard du Vexilla
Régis , personne ne doute que cette hymne
n'ait été faite pour la cérémonie de Poitiers ;
les deux dernières strophes ne sont pas les
mômes dansFortunat que dans l'ollice de l'E-
glise ; il y a aussi quelques changements dans
la seconde. La plupart des autres hymnes
ou poëmes du second livre sont a la louange
de plusieurs saints évèques, comme de saint
Saturnin de Toulouse, de saiut Mamice et
de ses compagnons, de saint Hilaire de Poi-
tiers, de saint Mcdard de Noyon ; les autres
sont sur divers sujets. Le dixième est un
éloge du zèle et de la piété du clergé de
Paris, et le onzième une description de l'é-
glise de celte ville. Fortunat la compare au
temple de Salomou, disant qu'elle le sur-
passait, en ce que les ornemenis de ce tem-
ple n'étaient que matériels, au lieu que l'é-
' Sumpsil iiiiiigincds paries simulandn figuras,
t/uœ neque trcln prius, liiuc iiwdo picla vilcnt.
Forluiiiil., lili. I, Carm. 13.
« iluneribusi/ue piis dotasti altaria Chrisli,
Cum lua fiisa fcrunl risceru sancta Dri. Sam
cruor el corpus Doiinni Itbamina sunimi, nie iiii-
nisleriutn, te Iribuente ïenit. Ibid. Carm. \:>.
» \ iiJe loin. X, [.ag. 35.1.
* Crux mihi cer(a sntux, Crui est quant sempcr
adoro,Crux Domini meaim.Crux niilii refugium.
J.il.. Il, lliJinii.U.
plise de Paris était teinte du sang de Jésus-
Christ ; il remarque qu'elle prenait ' jour par
des fenêtres vitrées. Il coniimsa son poème
en l'honneur du clergé de Paris , lorsque
saint Germain en était évèque. C'était dès
lors l'usage que les ministres de l'autel fus-
sent vôtus de' blanc dans leurs fonctions.
Launebodc avait bâti une église ii Toulouse
en l'honneur de saint Saturnin : Fortunat re-
lève dans le neuvième poème cette œuvre
de piété et l'attention continuelle de ce saint
homme à nourrir les pauvres et à les vêtir ;
en quoi il dit qu'il était secondé par sa fem-
me, qui vivait également dans les exercices
de la vertu. Le douzième est sur un baptis-
tère que saint Sidoine, évêque de Mayence,
avait fait construire ; le poète y reconnaît
que Dieu, par les ' eauxméiiicinales du bap-
tême, noius rachète de la mort du péché
que nous avons contracté par notre origine.
Le même évêque avait bâti une église de
Saint-Georges: Fortunat fait dans le treizième
poème l'éloge de ce martyr, en insinuant
qu'il était mort par le supplice* du feu, après
avoir auparavant souHert la prison, la faim,
la soif, le froid et divers autres mauvais trai-
tements pour la foi de Jésus-Christ. Il rap-
porte dans l'éloge de saint Hilaire les vic-
toires qu'il avait remportées sur les ariens,
et de vive voix, et par écrit ; dans celui de
saint Médard, plusieurs miracles opérés à
son tombeau. 11 fait saint Maurice' chef de
la légion thébéenne. [A la fia du 111° livre
de l'édition de Luchi, réimprimée dans le
tome L.V.VXVIll de la J'atrotogie latine, on
trouve une pièce de vers en l'honneur de
saint Martial : Les principales traditions du
Liniousiu sur le compagnon de saint Pierre
et l'apùtre de l'Aquitaine. Ce poème est tiré
d'un manuscrit du commencement du Xii'
siècle, qui renferme un passionnairc et porte
ce titre : Vers de Fortunat sur la vie de
saint Martial, a/n'itre du Christ. Les éditeurs
des Anecdotes liltci-aircs avaient di'jA pu-
))lié ce poème, Rome, 1783, vol. IV, pag.
' Prima capit radins vitrcis oculala senculhs.
Ui'ul., Ilymii. II. — " tlli jum senio,ta»ien hi bene
veslibus albtnl. IMd., Ilyiun 10.
' Traxil ongoiiecem de semint;sed Pater orbis
Purgacil medicis crimina mortis aquis. Iliiii.
//l/HI»., 12.
' Carcere, cnde, famé, vinclis, siti , frigore,
pamwis, Coufessus Christum , duxil ad astra
caput. Iliid., Ilijmn. 13.
•yiio, pic ilauriti, dtictor legionis opimm, Tra-
xisli fortes subderc colla viros. Ibid., llymn. 15.
CHAPITHK XLV. — SAINT F(tHT[JNAT DE POITIKRS, ETC.
[VI" SIÈCLE.]
433. Ces vers avaient 6US envoyés de Roino
cil lOfiO au piTO nonavciiliiic-Saiiil- Aiiia-
lilo, par l'liilip[)e ilo Itulx'is, cliaiidino ar-
chiviste de Saint-Jean-de -Latran, qui les
avait tirés d'un manuscrit sur parclie-
uiin très -ancien, leni'erinant un passion-
naire ou sancloral dans lt;([uel on lit C(!s
vers de Fortuuat en tète de la légende de
saint Martial, ])ar Aurélien. Le père Bona-
venture a public ces vers dans son picaiior
volume sur saint Martial, sans savoir qu'ils
fussent de Fortuuat. L'abbé Uouard, dans
un voyage l'ait à Rome au mois de juillet
1853, a trouvé ces mêmes vers à la Biblio-
thèque du couvent de la Minerve dans ini
vieux manuscrit que le savant Bicmond ,
général des Dominicains, allirmait remon-
ter au viii° siècle ou au plus tard au IX^
Comme ces trois manuscrits, de Florence,
de Saint-Jeaii-de-Latrau et de la Mineive of-
frent quelques légères variantes, en les cor-
rigeant l'un par l'autre, M. l'abbé Arbellot,
dans sa dissertation sur l'apostolat de saint
Martial, Paris, Victor Didron, 1833, 1 vol.
in-8, pag. 73 , est arrivé à donner une édi-
tion irréprochable. Ces vers l'ont mention
de la race de saint Martial de la tribu de
Benjamin, de sa prédication à Rome a\ec
saint Pierre, de son apostolat égal à celui de
saint Pierre, de sa mission dans les Gaules
et de sa sépulture A Limoges. Sont-ils au-
thentiques ? Sont-ils sortis de la plume de
Fortuuat ? « Mais , dit M. Arbellot , pour
donner un démenti au titre qu'ils portent
sur un manuscrit qui date du commence-
ment du xii° siècle, il faudrait de très-gra-
ves raisons, il faudrait démontrer claire-
ment que ces vers ne sont pas dans le style
de Fortunat et qu'ils ne portent pas son ca-
chet litléiaire. Or, bien loin de la, ces vers
portent tellement sa marque, que des sa-
vants italiens, tels que Bandini qui les a dé-
couverts dans la bibliothèque de Florence,
monseigneur .^maduziii qui les a publiés h
Rome eu 1783, l'illustre cardinal Luchi qui
les a insérés dans son édition romaine de
Fortunat en 1786, n'ont pas émis le moin-
dre doute sur leur authenticité. C'est, en ef-
fet, le geure de Fortunat ; c'est le style du
VI'' siècle, c'est la facilité de ce poète qu'on
a appelé avec raison le dernier des poètes
latins. C'est sa manière, c'est-à-dire une
certaine jH-éteution à l'élégance (|ui, ne sait
pas toutefois se débairasser d'une certaine
rouille, d'un certain embarras de construc-
403
lion, qu'elle emprunte, sans s'en diuiter, à
la barharii! de son siècle. D'ailleurs, ces
vers se trouvent dans un luanuscrit de la
plus haute anti(iuité, conservé dans les ar-
chives de Saint-Jean-de -Latran ; on les lit
encore dans ua manuscrit du couvent de la
Miut'rve que le savant Bréniorul attribue au
viir' siècle ou au plus tard au ix". Croi-
ra-1- on que ces vers aient été composés
sous le nom deForlunat,du vii'siècleau ix"?
Mais à celle époque tout à l'ail barbare, on ne
savait pas faire des vers d'une telle éh'gaucc
et d'une pareille latinité. Ces vers portent le
cachet d'une époque latine, d'une époque où
l'on (Hiuliail encore Virgile etCicéron.uDans
V Appendice , le savant auteur compare les
vers de c^ poëmc avec les autres œuvres do
Fortunat; 11 y remarque les mêmes pensées,
les mêmes tourimres de phrases, les mêmes
expressions rares et particulières à ce poète.]
(j. Le troisième livre est composé de trente-
sept lettres, partie en vers, partie eu prose;
elles sont presipie toutes à des évoques avec
qui il était lié d'amitié. Il traite dans le neu-
vième du mystère de la résurrection ; c'est de
là que l'on a tiré la première strophe du répons
que l'on chante dans les processions le jour
de Pâques, et qui y est répétée par manière de
refrain; elle commence par ces mots : Salve
fcsla dies. Dans la dixième, il relève l'industrie
de Félix de Nantes, qui avait su aplanir une
montagne pour changer le cours d'une ri-
vière, et donner pur là aux peuples le moyen
de vivre, en leur donnant des terres à culti-
ver. Il parle dans la onzième des forteresses
que Nicet, évêque de Trêves, avait construi-
tes sur les bords de la Moselle. Il fait dans
la quatorzième la description du pays Mes-
sin, et des deux rivières dont il est arrosé, la
Moselle et la Seille; il représente la ville de
Melz comme bien fortifiée. La vingt-neuvième
est un éloge de saint Ayric, évêque de Vei--
dun, qui, avec les dépenses qu'il faisait pour
le soulagement des pauvres, trouvait encore
le nio}ende rétablir les anciennes églises et
d'en bâtir de nouvelles. Il loue aussi, dans la
trentième, son savoir et son assiduité à ins-
truire son peuple. On voit par la trente-
deuxième, que l'abbé Paterne l'avait prié de
corriger un livre, qu'il parait que Fortunat
avait écrit de sa propre main, et où il s'était
glissé des fautes qu'd avoue lui être assez
ordiiuiires. Il était du côté de Nantes, lors-
([u'il écrivit à Drucon, diacre de l'église de
Paris; cette lettre est la trente-deuxième,
Llvn
Même,
-406
mSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Les trois suivantes sont aussi h des diacres,
et ne sout que des lettre* d'amitié.
irifmj" îîgi "'• Ou trouve dans le quatrième livre vingt-
*'*■ huit épitaplies, dont les dix premières sont
pour divers évêques de France, les autres
pour des personues de conditions différen-
tes. Il y en a une, qui est la vingt-cinquième,
pour la reine Tliéodécliikle, femme de Clia-
ribert ; il en est parlé dans saint Grégoire '
de Tours.
qi.um7 ^" ^' ^'' première lettre du cinquième livre
"'• est adressée à Martin, évêque de Dume en
Galice. Il était dans ce pays-là, lorsqu'on y
apporta au roi Théodémir des reliques de
saint Martin de Touis, et ce fut lui qui don-
na aux Sùèves de Galice la règle de la foi. For-
tunat lui décerne pour ce sujet de grandes
louanges, l'appelant apôtre de la Galice, et
le prie d'intercéder tant pour la reine Radé-
gonde , et Agnès abbessc de Poitiers, que
pour lui, auprès de saint Martin. Cette lettre
est en prose ; mais la seconde au même évê-
que est en vers. Fortunat y marque les pays
où les apôtres avaient annonce l'i^vangile;
saint Pierre à Rome, saint André en Adiaïe,
saint Matthieu en Ethiopie, saint Thomas en
Perse, saint Barthélemi dans les Indes, saint
Paul en Illyrie et en Espagne. Il suivait en
cela l'opinion de plusieurs anciens. Il fait
honneur à saint Martin de Tours d'avoir été
l'apôtre des Gaules, sans dire qu'il en ait été
le premier. Fortunat parle dans la même let-
tre du monastère de Poitiers, et de la règle
de saint Césaire qui y était établie ; il recom-
mande à l'évoque Martin Agnès, qui en était
abbesse, et sainte Radi'gonde, qui l'avait
fondé. La troisième lettre est aux citoyens de
Tours, qu'il congratule sur le choix qu'on
avait fait de saint Grégoire pour leur évê-
que; il le compare à saint Athanase, h saint
Basile, et aux plus grands évè(|ues des siè-
cles précédents. Il en fait encore l'éloge dans
les trois distiques qui viennent ensuite ; il pa-
raît qu'on l'avait prié de les faire pour être ré-
cités pendant l'ollice au jour de la naissance,
ou peut-être de l'ordination de saint Grc-gcire.
La cinquième regarde la conversion des juifs,
faite par le ministère d'Avit, évêque de Cler-
raont ; elle est suivie de l'éloge de cet évè-
' Lib. IV IliH.. caji. xxvi.
' In veiterabilihvs famviis, operator opime ,
Cfiiideccl ul setnpi.r laus tuu, Christc, sonet, liis-
piruiis (i)iiiiiuiii, roluiii effeclunniue miimtraus,
El shie qiio iiullum prœvatct ense bonutn... I.u-
mine perspicuo facuiittanspiclora radiwi, Vt po-
pulis geneycnl visverasoiula fiileiii.\À\>.\.Epist.j.
que , mais Fortunat y reconnaît qu'on ne
peut louer les ministres de Jésus-Christ dans
la conversion des peuples, sans louer Jésus-
Christ même qui inspire ' la bonne volonté,
qui donne le parfaire, et sans qui il ne se fait
rien de bien, puisque c'est lui qui remplit de
ses lumières les prophètes et les prédica-
teurs, afin qu'ils engendrent la foi dans le
cœurde ceux qui les écoulent. Cette foi con-
siste à croire ' qu'il n'y a qu'un Dieu en trois
personnes, le Pèie, le Fils et le Saint-Esprit,
qui ont un même droit, une même puissance.
Abiaham, qui connaissait que ces trois per-
sonnes étaient égales en tout, et ne faisaient
qu'un même Dieu, lava les pieds à trois, et
n'adora et ne pria qu'un seul. Fortunat s'é-
tait proposé de composeï- un acrostiche qui
fût en autant de lettres que Jésus-Christ a
passé d'années sur la terre, et de renfermer
dans ce poème l'histoire de la création de
riiomme, de sa chute et de sa rédemption;
cela ne lui fut point aisé, mais il en vint à
bout. Il l'envoya à Syagrius, évêque d'Autun,
à qui il écrivit une lettre en prose pour lui
leudre compte de son travail, et de la ma-
nière de lire cet acrostiche. Les autres let-
tres n'ont rien d'intéressant ; la plupart sont
adressées à saint Grégoire de Tours, pour le
remercier des présents qu'il en avait reçus,
ou pour lui recommander des personnes
qui allaient ti Tours.
9. Les douze poèmes du sizième livre sont un» ^in
presque tous sur des matières profanes. Le
second est l'épilhalame du roi Sigebertetde
Brunehaut. Fortunat le composa pour le
jour même de leurs noces, qui furent célé-
lirées en 5(35; ainsi il était dès lors en Aus-
trasie dans la cour de ce piince. Le quatrième
est remarquable par les louanges qu'il y
donne au roi Charibert, ou Caribert; saint
Grégoire de Tours n'en avait publié que les
vices, sui'Iout sou incontinence, qui le Ut ex-
communier par saint Germain, évêque de
Paris. Fortunat relève ses vertus, le faisant
passer pouiMin prince sage, modéré, équita-
ble, zélé pour lajiistice et l'observation des
lois, libéral, honnête, l'oracle de son con-
seil, amateur des lettres, et qui parlait aussi
facilement le latin que le français. Le sixième
^ Est Dcus, alla fides, unus lrinus,ct triims
vnits. l'frsonis prnpriis slal tribus uiitis nprr...
i\((»i Voter il (jenilus qtiuquf , Siinctiis S]iir\ius
idcir ; Sic tribus est iinuin jus, npus, urdo, Ihro-
mis... fAbrahntiii Trcs ivlct injutilcs, uttum vene-
riitus adorai, Inum tuce rogat, 1res quoque pelv9
lavai. Uiid., Epist. 5.
[vi" sifxi.E.] CHAPITRE XLV. — SAINT
("st 1111 t'-ln^o de Rprlliocliililo, de su modes-
lie, de sa prudence, de son amour pour les
pauvres. Le scpli^me regarde le mariage de
Oîilsiiindo avee C.liilpc^ric : elle ('l:iil lilie d'A-
thaiiagilile,roi dcs^'isigotlls en Ks[iaL;iie ; elle
quitta, comme sa sœur Brunchant.riuh'ësie
arienne pour embrasser la foi catholique.
um .fp. 10. Tout ce qu'il y a de plus intt'ressant
M>. dans le septième livre, composé de trrînte-un
poëmes, est le parallèle, qu'il fait dans le
douzième, des sages et des savants du pa-
ganisme avec les vrais chrétiens. Il n'est
resté !\ ceux-là qu'une vaine réputation ;
ceux-ci jouiront d'une félicité éternelle dans
le ciel, et seront même honorés sur la terre,
parce qu'il ' n'y a point de salut à espérer,
point d'honneur solide et permanent, qu'en
se rendant par la vertu agri'able à Dieu,
qui est un en trois personnes. On peut encore
remarquer ses deux distiques sur la brièveté
de la vie. Tout passe dans un momcul, nous ^
devons donc nous attacher aux biens qui ne
périssent jamais ; soyons (jquitables envers
tous, cultivons la paix, aimons Jésus-Christ :
cherchons des délices dont nous puissions
jouir éternellement.
Lure hui- 11. Il fait, dans le premier poëme du hni-
"I- ' tième livre, le détail du lieu de sa naissance
et de ses ditt'érentes demeures , jusqu'au
temps où il s'attacha au service de sainte Ra-
dégonde, dont il décrit la vie, telle qu'elle la
menait dans le monastère de Poitiers. Il parle,
dans le second, de la peine qu'il avait de
quitter cette sainte pour aller rendre visite à
saint Germain de Paris. Le troisième est un
hymne sur la nativité de Notre-Seigneur. Le
quatrième et le cinquième sont ;\ la louange
de Jésus-Christ, de sa sainte' Mère, qu'il ap-
pelle Mère de Dieu, et en l'honneur de la
virginité, qui seule a été digne de ' mettre
au monde le Tout-Puissant, et qui est si ex-
cellente en elle-même, que les expressions '
manquent pour en exprimer tout le mérite.
Fortunaty fait une description admirable de
l'assemblée des saints dans le ciel, où il
FORTUNAT DE POITIKRS.
407
donne la première place i\ la sainte Vierge,
puis aux patriarches, aux prophètes, aux
apôtres, aux martyrs et aux vierges. Il mar-
que les •■ndroits où il croyait qu'(-laienl morts
les apôtres et les cvangi'listes et la plupart des
martyrs les plus connus; saint Pierre et saint
Paul à Rome, saint Jean i\ l'iphèse, saint An-
dr('' en Achaïe, les deux saints Jacqiu^s dans la
Terre-Sainte, saint Philippe à llii'iaple, saint
Thomas h Édesse, saint Barthélémy dans les
Indes, saint Matthieu àNaddaver, lieu à pré-
sent inconnu, saint Simon et saint Jiide dans la
Perse, saint Marc et saint Luc en Kgypte, saint
Cyprienen Afrique, saint Vincent en Espagne,
saint Alban en Bretagne, saint Victor ;ï Mar-
seille, saint Genès à Arles de même que saint
Césaire, saint Denis à Paris saint Symphorien
A Autun, etc. Il confesse que Dieu, en se fai-
sant homme, n'a pas été changé en la chair
dont il s'est revêtu; mais qu'il a pris des
membres humains sans aucun " changement
de sa part, ne s'étant incarné que pour être
vu comme homme parmi les hommes. Jésus-
Christ est un en deux natures, et vrai dans cha-
cune, c'est-à-dire vrai Dieu et vrai homme,
égal à sa mère par son humanité, égal à son
père par sa divinité. Il n'a rien confondu de
ce qui lui appartenait, mais il s'est uni tout
ce que nous avions, excepté le péché ; c'est
du Père qu'il lire sa divinité, comme de sa
mère son humanité. Très-haut par son origine
du Père, anéanti par celle qu'il tire de samère,
il est moindre que son Père par la naissance
qui le rend égal à sa mère. Fortunat rapporte
les prophéties et les figures qui annonçaient
la venue de Jésus-Christ, et montre qu'elles
ont été accomplies en lui. Il donne à la sainte
Vierge les plus magnifiques titres, comme
d'autel de Dieu, d'ornement du paradis, et
-de gloire du royaume céleste; à quoi il ajoute
qu'elle sera bénie à jamais, et son nom tou-
jours honoré. Il dit dans le sixième poëme,
que les récompenses promises aux vierges
tiennent ' le premier rang après celles qui
sont dues aux apôtres, aux prophètes et aux
' Est tamen una sains, pia, maxima, dulcis et
ampla Perpehio trino passe placere Deo. Lib. VI,
Hymn. 12.
' Vita brevis honiinum, fugiunt prœsentia re-
rum: Tu cote qutv potins non moritura manent.
Erige justitiam, cote pncem, dilige Christnm. Ex-
pele dctici<(s. guas sine jine géras. \h'ul. , Ilymn. 27.
' Inde Dei genilrix, pia Virgo Maria coruscat.
Lib. VIII, Hymn. 4.
* Virginitas {dix, quœ partuest digna Tonan-
tis. Ibid.
" Virginitas felix, nuUis œqtiandaloquelis.Uiid.
" Kon Deus in carnem est versus, Deus accipit
artus,Non se permutans, sedsibi membralevans:
Cujus non poleral deitas per aperta videri, Vela-
nien sninpsit, carne videndus homo Unus in am-
babns}iatnris, rerusinipsis, /Equalis matri hinc
par drildlc l'alri; No>i sua confundens, silii nos-
tra, sed omnia neclens (Juem sine peecntn gignit
iilerque virum... De Pâtre sublimis, de denitrice
huinilis. Lib. Vlll, Hymn. 5.
' Intir aposlolicas actes sacrosqxie prophelas
HISTOIRE GI^NÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Livre neo*
679.
LlTre dlxiè-
ire, pBg^> 583,
408
martvrs. Les six suivants sont A la louange
de sainte HadëLrondo, et les douze derniers
en l'honneur de saint GrL'goirc de Tours. On
voit par le neuvième, que la sainte employait
les prémices des fleurs du printemps à en '
orner les autels; par le onzième, qu'elle s'en-
fermait pendant un mois chaque année avant
la fête de Pâques, pour s'y préparer. Parmi
les poëmes adressés à saint Grégoire, il y a
une lettre par laquelle Forlunat lui recom-
mande la cause d'un prêtre qui avait besoin
de sa protection.
12. L'éloge qu'il fait de Chilpéric dans le
neuvième livre est si général, qu'il ne sutlit
pas pour.détruire les mauvaises impressions
que les historiens du temps ont données de
ce prince, et il faut dire la même chose de
celui qu'il fait de la reine Frédégonde, son
épouse. Fortunat fit les épitaphes des deux
tUs de Chilpéric, Dagobert etClodobert, dont
le premier expira auprès du tombeau de
saint Médard, où on l'avait porté dans l'es-
pérance d'obtenir sa guérison, et fut enterré
à Saint-Denis; le secondent sa sépulture
dans l'église des saints Crépin et Crépinien.
Les sixième et septième poëmes sont une ré-
ponse à la lettre que saint Grégoire de Tours
lui avait écrite en vers. Le neuvième est un
éloge de Sidoine, évèqiie de Mayence. Dans
le seizième, il fait celui du général Clirodin.
13. Le dixième livre commence par l'ex-
plication de l'Oraison dominicale: le style en
est beaucoup plus uet, plus coulant et plus
naturel que celui des autres écrits de Fortu-
nat en prose, ce qui donne lieu de croire que
c'est un des discours à son peuple, où il ne
cherchait qu'à l'instruire. « Il n'appartenait
qu'au Fils de Dieu de nous apprendre a bien
prier le Père, puisque * le Père est tout en-
tier dans le Fils par l'unité de substance, et
qu'ainsi le Fils connaît mieux le Père, que
ne l'ont connu les patriarches ni les prophè-
tes. Nous appelons Dieu notre Père dans
celte prière, parce qu'en renaissant dans les
eaux sacrées du bapléine, nous devenons les
enfants de Dieu, non par natu re, comme l'est '
Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est né de la
substance du Père, mais par adoption et par
grâce. Nous ne disons point au singulier mon
Proxima marlyribus prœmia virgo tenet. Ibiil.,
llymn. G.
' At vos non vnbii, sfd Chrislo fertis otloreu,
lins qurn/ur primitias a'I pia templudalis, Texis-
lis rnriix nllnri'i frsln curoiiis. Ilii.l.. Ilijmi.
9.
' l'ilius enim, in i/uo Pater est lotus unilnln
Père, mais au pluriel noire Père, parce que
nous ne devons pas prier pour nous seuls,
mais en général pour tous nos frères, dont
nous ne devons jamais nous séparer, étant
tous les membres d'un même corps, qui est
l'Eglise de Jésus-Christ. Mais pour avoir droit
d'appeler Dieu notre Père, il est nécessaire
r]ue nous croyions en Jésus-Christ, et que
nous le reconnaissions pinir ce qu'il est,c'est-
.Vdire vrai Dieu et vrai homme ; Dieu n'est
donc point le père des ariens, des juifs, des
pliotiniens, des manichéens, des saljelliens,
ni des autres hérétiijues, qui n'ont pas une
foi pure en Jésus-Christ. Pour nous qui con-
fessons sur ta terre que Jésus-Christ est fils
de Dieu, nous avons un Père dans le ciel. En
disant (jue votre nom soit sanctifié, nous ne
prétendons point que l'on puisse ajouter à la
sainteté de Dieu; nous demandons seulement
que son nom soit béuiet loué continuellement
partout en toutes sortes de langues, et que
ceux-là même qui sont encore dans l'infidé-
lité, le connaissent, pour louer et bénir son
saint nom. Lorsque nous prononçons ces pa-
roles : Que votre règne arrive, elles ne doi-
vent pas nous induire à douter que Dieu ait
toujours régné partout, et que son règne
soit éternel, mais nous faire souhaiter que
le royaume qu'il nous a promis nous soit
accordé par Jésus-Christ notre médiateur;
en sorte que nous ne mettions notre espé-
rance ni dans les richesses, ni dans aucune
chose créée. De même, quand nous deman-
dons que sa volonté soil faite, ce n'est pas que
quelqu'un puisse résister à sa volonté, ou
empêcher que le Tout-Puissant ne fasse tout
ce qu'il veut ; la fin de cette prière est que la
volonté de Dieu soit accomplie en nous, et
qu'il en procure lui-même l'accomplisse-
ment, parce que notre adversaire s'opposant à
nos bons désii-s, nous ne pouvons les accom-
plir en faisant la volonté de Dieu, s'il ne nous
aide de son secours. Mais quelle est la vo-
lonté de Dieu? Elle nous est marquée dans
le Déralogue ; Jésus-Christ nous l'a enseignée
dans son Évangile. Cette volonté pous étant
connue, nous n'avons plus d'excuse pour
nous dispenser de la faire. Jésus-Christ disait
;\son Pèie : « Que votre volonté se fasse, et
suhsInnliiT, non confuMone personœ, suhjectum
liabehal hoc nosse. Lili. I, nuiii. I.
' Sed licet non simus de eo Pntre.sic Filii.quo-
wniln persona Dntuini nnstri Jrsii Chrisli, quia
illr de ipsius suhslaiilin nains est. nos aulem rfi-
giiiilus est creure de terra: allamen,pcr gratiam
Vnigenili, nos effici meruimus adoplivi. Ibiil.
[vi- SIÈCLE.] CHAPITRE XLV. — SAINT 1>
11(111 la mienne. » Comment' donc l'homme
pousset-il son orj;ueil jusqu';'! dircque lu vo-
loulo qu'il a du bien lui vient de lui-mûme, et
non pas lie Dieu? Si la bonne volonté est de
riioiuuie.sans qucDieulalni ait inspiiiM!, (lue
le chrétien dise donc dans l'oraison domini-
cale : Que ma volonté se fasse, puisqu'elle est
bonne. Mais à Dieu ne plaise que qucitiu'un
le présume ainsi; qu'il prie au contraire ((ue
la volonté de Dieu se fasse dans l'homme, et
non la volonté de l'homme, qui n'a pas le
bon vouloir si Dieu ne le lui inspiie, selon
t'Mimi qu'il est écrit : Mon Dieu, votre misévicurde
me préviendra. Ce n'est donc pas la volonté
ile^l'homme qui prévient Dieu; c'est Dieu qui
prévient l'iiomme, lors même qu'il ne veut
pas. Fortunat prouve celte vérité par divers
passages des épiiresde saint Paul. Il est ad-
mirable que Dieu, après nous avoir ensei-
gné dans les trois demandes précédentes à
ne soubaiter que des biens spirituels, nous
apprenne dans la quatrième à. en demander
de temporels, en disant : Donnez-nous notre
pain quotidien ;mais c'est que ce pain quoti-
dien nous est nécessaire en cette vie pour
en acquérir une éternelle. Ce pain n'est pas
seulement celui qui est destiné à la nourri-
ture de notre corps; c'est encore celui qui
nourrit notre âme, c'est-à-dire Jésus-Christ
même. La demande suivante -.Remettez-nous
nos dettes, est non-seulement pour en obtenir
la rémission, mais aussi pour nous entrete-
tenir dans des sentiments d'humilité ; ce-
lui-là n'ayant pas sujet de s'élever, qui prie
pour le pardon de ses péchés. Nous ne pou-
vons l'obtenir qu'en pardonnant aux autres;
c'est une loi que nous nous imposons nous-
mêmes, eu disant : Comme nous les i^emet tons
à nos débiteurs. Mais pourquoi au sortir du
baptême et de la communion du corps de Jé-
sus-Christ, demandons-nous que nos péchés
nous soient remis, si ce n'est parce qu'à rai-
son de notre faiblesse nous ne pouvons con-
server notre innocence, si Dieu ne daigne
nous garder par sa grâce?» L'explication
de la dernière demande est restée ina-
chevée. Suivent trois lettres en prose à un
• Et homo quare tam superbusest, ut volunta-
tem siH ex se esse dicat ad boyium, et non potius
Dei esse imcnus lestelur ? Quod si bona voluntas
ex homine eut sine Dei inspiralione, dicat ergo
Christianus in oralione, Fiat voluntas men, quo-
niam hona est. Sed absit ut hoc aliquis confileri
piasumal; immo magis deprecelur ut fiât volun-
tas Dei in homine, non voluntas liominis, quœ
bonum velie non habel, nisi Dominus inspirel,
UllNUNAT DE POITIEHS, ETC. 409
seigneur de lu cour, nommé Numulènc.
dont deux sont pour le consoler de lu mort
de sa tille; puis une autre à l'église de Tours,
que saint Cirégoire venait de rétablir; ensuite
le récit de plusieurs miracles ()])i;rés par
saint Martin ; deux poèmes à la louange du
roi Childebert et de la reine Brunehaut ; la
description d'un voyage que Fortunat avait
l'ait sur la Moselle depuis Metzjusiju'à An-
deruach dans l'évêché de Cologne ; un poème
en l'honneur d'une église où l'on révérait
particulièrement l'archange saint Gabriel ,
et où il y avait des reliques de saint Georges,
de saint Cosme et de saint Damien , et d<!
quelques autres martyrs; un à la louange
d'Armentarie, mère de saint Grégoire, qu'il
compare à la mère des Machabées , soit
pour sa vertu , soit pour le nombre de ses
enfants ; un au comte Sigoald, où il fait l'é-
loge de l'aumône , parce que ce seigneur
était chargé d'en distribuer de la part du
roi Childebert. On y voit aussi que Sigoald
avait fait un pèlerinage au tombeau de saint
Martin pour la santé de ce prince. Les au-
tres poèmes sont sur diverses matières.
iA. Le onzième livre contient vingt-cinq ,„J;''"s.°"'*
petits poèmes, qui sont ou des remercîments
à sainte Radégonde ou à l'abbesse de son
mouastère , pour des présents que Fortunat
en avait reçus , ou des compliments sur le
jour de leur naissance. 11 marque dans le
quatrième, qu'd s'était joint à Agnès pour
engager la sainte à boire un peu de vin dans
ses intiimités , et qu'il l'avait pressée sur ce
sujet, par la considération de l'avis que saint
Paul avait donné h Timothée dans un cas
semblable. Il leur adressa deux autres poè-
mes, où il fait la description de deux de ses
voyages. Tous ces poèmes sout précédés de
l'explication du Symbole , qui est dans le
même goût que celle de l'oraison domini-
cale. Il enseigne ' avec les anciens Pères ,
que les apôtres composèrent ensemble ce
symbole avant de se séparer, afin que la
règle de la foi qu'ils prêcheraient en diffé-
reuls pays se trouvât la même partout.
» Elle est appelée Symbole , dit Fortunat ,
juxta illud: Deu3 meus, misericordia ejus praeve-
niet me. Ergo non voluntas hominis prœvenit
Denm, sed Dei vnsericordia prwvenit hominem
non volenlem. Lib. X, nuiu. 1.
> Adhuc in unoposili apostoli hoc inlerseSym-
bolum, unusijuisque quod se)isit dicendo, condi-
dcrunt. ut discedentes ab invicem hanc, regulam
per onines génies œqualiler prœdicarent. Lib. XI,
uuiu. 1.
410
HISTOIIIE G!':N1-:IIALE des auteurs ECCLESIASTIQUES.
parce qu'ils conférèrent ensemble sur la ma-
nière de la rédifrer ; et Jugement, parce que
par elle on juge de la droiture de la foi. Nous
y faisons d'abord profession de croire en
Dieu, terme qui signifie une substance éter-
nelle : car Dieu est sans commencement ,
sans fin , simple , incorporel , incouapiéhen-
sible. Nous l'appelons Père, parce qu'il a
véritablement un Fils qui est de même na-
ture que lui, et qui lui est égal en tout. En
vain chercberail-on comment s'est faite cette
génération : elle est inconnue aux anges ,
comme elle la été aux prophètes; le Père
seul en connaît la manière, avec le Fils qu'il
a engendré : nous devons la croire , et non
pas l'approfondir. Le nom de Jésus signifie
sauveur en hébreu ; celui de Christ , oint ;
l'un et l'autre se disent de Jésus-Christ, parce
qu'il est notre Sauveur, et qu'il a été oint
Pontife éternel. Nous disons qu'il est Fils
unique, à cause qu'il l'est en efi'el, et qu'il
n'a rien qui le puisse faire comparer avec
les créatures, qui ne sont que parce qu'il les
a tirées du néant. Les hommes sont appelés
fils de Dieu par grûce et par adoption , Jé-
sus-Christ est Fils de Dieu par nature; né
du Père avant tous les siècles, il est né de
Marie dans les derniers temps, sans avoir
contracté aucune tache de péché, ayant été
conçu dans le sein de sa mère par l'opération
du Saint-Esprit, qui a été le créateur de sa
chair : ce qui prouve la divinité du Saint-
Esprit. Il a soutfert sous Ponce-Pilate , dans
toutes les circonstances que les prophètes
avaient marquées longtemps auparavant. Sa
mort a été notre salut , sa croix la marque
de son triomphe. Il a choisi ce genre ' de
suppHce , pour nous délivrer du péché ori-
ginel, qui était la source de tous nos maux.
C'est avec raison que les apôtres ont mis
qu'il était mort sous Ponce-Pilate, afin que
le temps de sa passion fût certain et incon-
testable. Sa descente aux enfers n'emporte
aucune ignominie ; y en a-t-il pour un prince
qui entre dans les prisons , non pour y res-
ter, mais pOur en faire sortir ceux qui y sont
détenus? Jonas, renfermé trois jours dans le
ventre de la baleine , figurait le temps que
Jésus-Christ devait demeurer dans le tom-
beau. Il en est sorti le troisième jour, suivant
les oracles des prophètes, qui ont aussi pré-
dit son ascension et sa gloire dans le ciel.
En disant que nous croyons au Saint-Esprit,
nous achevons la confession de la foi en la
sainte Trinité , reconnaissant qu'il y a un
Père, un Fils, et un Saint-Fsprit , que nous
exprimons en termes dilforents ', pour mar-
quer la distinction des personnes. Nous fai-
sons aussi profession de croire qu'il n'y a
qu'une seule Église, comme il n'y a qu'une
foi, qu'un baptême ; la rémission des péchés,
ne doutant point que Dieu, qui a pu former
l'homme d'une masse de boue, ne puisse
le purifier de ses péchés ; et la résurrection
de la chair, prédite par les prophètes, n
Quehiues-uns croyaient que, parles vi-
vants qui seront jugés au dernier jour, il
faUait entendre les justes , et par les morts
les pécheurs; d'autres, ceux-là qui seront
encore en vie lors du second avènement du
Sauveur, et ceux qui auront déjà subi la
mort et seront ensevelis. Fortunat croit que,
par les vivants et les morts, il faut entendre
les âmes et les corps, parce qu'ils seront
également jugés.
15. Saint Germain ' gouvernait encore u. <ii..ir.
l'église de Paris, lorsque Fortunat composa v.f j, ^n
ses quatre livres de la Vie de saint Martin ; s»'-
c'était donc avant le vingt-huitième de mai
de l'an 57G, auquel saint Germain mourut.
Ils sont écrits en vers, à la réserve de l'épllre
dédicatoire, qui est en prose; elle est adres-
sée à saint Grégoire de Tours , à qui il rend
compte de son travail. Ce saint l'avait prié
de mettre en vers la vie qu'il faisait de saint
Martin ; mais il s'y prit trop tard. Fortimat,
sans attendre l'ouvrage de saint Giégoirc,
eut recours à celui de Sévère-Sulpice, à ses
Dialogues et au livre de la Vie de saint Martin,
qui sont tous en prose : Fortunat en fit (jua-
tre livres en vers. Paulin de Périguoux avait
fait la même chose avant lui ; mais Fortunat ',
qui ne l'ignorait pas, quoiqu'il semble le
confondre avec saint Paulin de Noie, voulut
apparemment satisfaire sa dévotion, en tra-
vaillant sur la même matière. Il donne de
suite toutes les circonstances marquantes de
la vie de saint Martin , ses combats avec les
hérétiques, ses voyages pour le bien de l'E-
glise , ses miracles , son respect pour les
' Ergo ail hoc elegil Chrisluf principale suppli-
cium , lit hominein absolveret originnli pecctilo,
qund eral principale tormcntum. Ibiii.
' Ul fiai distinctio personanim, vocabnla sc-
cernunlur. Ibid,
^ Inile Piirisiiicam placiilc prripcrntiis ad arcem,
(Jtiam modo Gennanus régit. Lib. IV, pa).'. G12.
' Intercède, precar, retiiam. rir adepte eoro-
niim... Inter et ipse Deum alque reum medialor
adesto. Ibid.
CHAPITRE XI.V. — SAINT FOUTUNAT DE PolTIKllS, ETC.
[Vl* SIÈCLE.]
prôtros qui les lui faisait piéfcivu- aux mis ,
ses prëdiclions, les atlaqu(!s (ju'il eut à souf-
frir de la part des démons dont il fut tou-
jdurs victorieux, sa charité envers les pau-
vres et les captifs, ses discours de piété , les
visions dont Dieu le favorisa, son pouvoir
sur les éléments et sur lui-même. 11 finit sa
Vie en le suppliant d'être sou intercesseur
aupri'^s de Dieu, et de lui servir même de
médiateur, pour en obtenir le pardon de ses
péchés ; puis, s'adressanl à son propre ou-
vraf^e, il lui ordonne d'aller d'abord A Tours,
où reposaient les reliques de saint Martin ;
de passer de là ;\ Paris, dont l'évcque était
saint Germain; puis à Reims, où était le
tombeau de saint Rémi ; ensuite à Noyon ,
lieu de la sépulture de saint Médard , et de
continuer son chemin par l'Austrasie , la
Souabe, le Tyrol, l'État de Venise, et par di-
verses villes d'Italie jusqu';") Ravenne. Sans
doute que Fortunat avait dans tous ces en-
droits des personnes avec qui il était lié d'a-
mitié, et à qui il était bien aise de commu-
niquer ce (|u'il avait écrit en l'honneur de
saint Martin. Ces quatre livres ne lui coû-
tèrent que deux mois de travail; aussi con-
vient-il qu'ils n'ont pas toute l'exactitude
qu'il aurait pu leur donner, en mettant plus
de temps à polir ses vers.
Po«ni8 sur 16. Dès l'an 531, Thierry, roi d'Austrasie,
i'e Ir'Tbarin- après avoir vaincu Hermaufroy, roi de Thu-
ringe, s'était rendu maître de tout le pays ;
la ville de Thuringe qui en était la capitale et
donnait le nom au royaume, avait été prise,
mise au pillage et réduite en cendres, et les
habitants avaient été emmenés en esclavage.
En 553, Clotairo se soumit les Saxons et les
Tliuringiens, et en se les soumettant il mit
tout à feu et à sang dans la Thuringe. La des-
truction de ce royaume fait le sujet du poëme
de Fçrtunat ; il y fait parler sainte Radégonde,
nièce d'Hermanfroy , et la représente pleurant
la perte d'un État qui lui avait donné nais-
sance , et celle de tous ses plus proches pa-
rents enveloppés dans la ruine de leur pays.
17. Le poëme suivant est à la louange de
l'empereur Justin le Jeune et de son épouse
ill
ge, jag. 613.
Ju?lin le Jeu.
no, cl à Ana-
l'inipiM-atricc Sophie. Fortunat loue ce prince
sur la pureté de sa foi, sur son attachement
aux décrets du^concile de Ghalcédoinc, et sur
le rappel des évoques exih's pour avoir pris
la dcU'cnse de la vérité. Il semble faiie' hon-
neur particulièrement ;\ l'impératrice Sophie
du présent envoyé à sainte Rad('!gonde; c'é-
tait un morceau considérable d(! la vraie
croix, et il n'oublie pas de nianiuer combien
grande était la vénération de cette sainte
pour ce bois précieux, qu'elle adorait en fai-
sant des vo'ux à Dieu pour la prospérité de
ceux qui le lui avaient envoyé. Suit un
poëme à Artachis, cousin germain de sainte
Radégonde, sur la mort d'Hermanfroy, son
oncle et père d'Artachis : Thierry, roi d'Aus-
trasie, l'avait fait jeter du haut d'une muraille
dans un fossé, où il avait expiré sur-le-champ.
18. Ce sont là tous les écrits de Fortunat
recueillis par Rrowère, et imprimés dans le
dixième tome de la Bibliothèque des anciens
Pères. ie ne sais pourquoi l'on n'y a pas inséré
une épigramme à la louange du roi Childebert
n, donnée en 1673 par dom Mabillon sur un
manuscrit de l'abbaye de Saint- Vannes de
Verdun, deux ans avant la un de l'impres-
sion de cette Bibliothèque; elle est en qua-
torze vers élégiaques, qui ne sont que des
jeux de mots. Fortunat s'y nomme, et recom-
mande à ce prince un nommé Audulphe.
[Un trouve cette épigramme dans le tome
LXXXVllI de la Patrologie latine, col. 334 et
suiv.]
19. Entre les Vies des saints ^ qu'il com-
posa, nous connaissons celle de saint Ger-
main ' évéque de Paris, imprimée dans '
Surius, dans Bollandus et dans le premier
tome des Actes de l'ordre de saint Benoît,
traduite en français par Jean Jallery, curé
de Villeueuve-Saint-Georges au diocèse de
Paris, et mise sous presse en cette ville en
1623 ; celle de saint Aubin évêque d'An-
gers ', qui se trouve encore dans Surius ^,
dans Bollandus et dans le premier tome des
Actes de l'ordre de saint Benoît; celle de
saint Paterne, évéque d'Avranches, qu'il l'é-
crivit à la prière de Marcien, abbé d'Ansion,
rliU. roc, Til ;
cl on.
Ej Igrammo
& la Toiiaago
de CbJlOobert
n.
V^lilloa-,
Ar.iVct,, (l 'P.
3«7, edil.
1723. et lom,
1, Aoalect,,
1 Qg, 366,
Vies des
S.iim- compo-
sées prr For-
tJD-t,
> Regina posceiHe sibi Radegttnde Toringa, Prœ-
iuilnptalœ muiiera sacra crucis.. glorin suinma
tibi,rerumsalor alque redemptnr, quod tenct au-
gustnin celsa Snpliia gradiim... Per te crux Do-
minitotum sibi vindical orhein. . Hune piostrata
loco supplex Radegundis adorât, El restro impe-
rio tempora longa rogat... A'ec inbis pereat quod
Radeguvdis amat... Assiduo cantu quœ pulvere
fusa precatur, Temporibus largis ut tibi constet
apex. Pag. 614.
' Les Vies des saints écrites par Fortunat se
trouvent au tome FjXXXVIII Je la Patrol»gie la-
tine, toi. 437 et suiv,— 3Greg. Turon,, lili. V, Hist.,
cap. vni, — * Surius et Bolland,, ad rfiem 28 maii.
s Greg., Turou. De Gloria Conf., cap, xcvi,
6 Ad diein 1 martii.
412
HISTOIRE Gi:Xi:ttALE DES
aujourd'hui Suinl-Jouin en Poitou : nous l'a-
vons à Ja lin du second loine des Actes de
doniMabillon, et au 16 avril des Bollandistes.
Surius n'eu a donné qu'un abrégé qu'on
croit avoir été fait pour servir de leçons dans
l'office du saint. La vie de sainte lladéj^onde
est divisée en deux livres dans le premier
tome des Actes bénédictins : le premier est
de Forlunat, plus au fait que personne des
actions de cette sainte; le second de Baudo-
nivie, relif^ieuse du monastère de Poitiers,
qui crut devoir rendre publiques plusieuj-s
circonstances que Forlunat avait omises. Le
Père Labbe a fait imprimer, dans le second
tome ' de £a Bibliothèque des Manuscrits, une
vie de saint Arnaud, évêque de Rliodez. Su-
rius en avait déjà donné une partie au
quatrième jour de novembre, sous le nom
de Forlunat : elle est assez de son style ;
mais on ne peut la lui attribuer qu'en sup-
posant que Fortunat avait passé par lUiodcz
dans le cours de ses voyages, puisque l'au-
teur de cette rie ' dit avoir été témoin, avec
toute la ville, d'un miracle fait au tombeau
du saint. On donne encore à Forlunat un
abrégé delà vie de saint Rémi, qu'on lit dans
Surius au 1'^' octobre, et la Vie de saint Mé-
dard, évéque de Noyou; nous l'avons dans
dans le tome VIII du Spiciléije de dom d'A-
chéry, et dans les bollandistes au 8 juin : elle
fut écrite sous le règne ' de ïhéodebert, pe-
tit-fils de Sigebert. Un auteur du \V siècle '
attribue à Fortuuat la Vie de saint Gildard,
et de saint Médard son frère. Elle a été in-
connue aux écrivains des siècles précédents ;
mais après le témoignage de saint ' Grégoire
de Tours, nous ne pouvons douter que Fortu-
nat u'ait travailli^à une Vie de saint Sévcriu,
quoiqu'elle ne soit pas venue jusqu'à nous. La
Vie de saint Maurille, évéque d'Angers, n'est
pas de Fortunat, comme l'a cru Tritlième,
trompé par une lettre faussement attribuée
à saint Grégoire de Tours, où il est dit que
Fortunat avait, à sa prière, retouché les Vies
de saint Aubin et de s;iint Maurille; uiais
de" Rainon, évêque d'Angers dans les tum-
« Pag. 474. — « Ibid. pag. 480. — ' Tum. VIII
Spicil., pag. H96. — ' MaUil., AnaUcla, fol., pag.
222. — " fireg. l)e Gloria Conf., cnp. ilv.
* Tillftinoiil, llisl. eccles., louie X, pag. 784.
' Ces Actes se trouvent au tome L.\XXVIII de la
Palrologic laitue, col. a75 et suiv., avec une ai)-
précialioii île iloiu Lucbi, ijiii esi assez d'avis de
le» attribuer i Kortiiual, à cause <lu style, à cause
delà li.iisou de l'auteur avec saint llcriuaiu de l'a-
ris, el du ijuu applii;atiou couliuuuUe & composer
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
mencemenls du x' siècle. On n'a rien de bien
assuré sur l'auteur de la Vie de saint Marcel
évéque de Paris; les uns l'atlribuent à For-
tunat de Poitiers, d'autres à un évéque Ou
même nom, dont le siège épiscopal n'est pas
connu. Saint Grégoire de Tours, parlant du
cette Vie, la cite saus dire de qui elle était,
ce (ju'il ne fait pas quand il cite quelque ou-
vrage de Fortunat; elle est d'ailleurs d'un
style plus simple et plus naturel que n'est
celui de Fortunat de Poitiers. Cette ditl'é-
rence de style qui se remarque dans l'an-
cienne Vie de saint llilaire, évêque de la
mémo ville, fait qu'on en attribue le premier
livre à Fortunat, que nous venons de dire
être l'auteur de la Vie de saint Marcel, et le
second a Fortunat de Poitiers, qui l'aura fait
comme en supplément â ce qui mancjuait
dans le premier livre : ils portent l'un et
l'autre le nom de Forlunat. A l'égard des
Actes de saint Denis, évé(jue de Paris, dont
M. Bosquet fait auleui- Forlunat de Poitiers,
ils paraissent écrits sm- la lin du vu' siècle
ou au commencement du suivant ; on en
juge ainsi parleur- conformité avec la Vie de
saint Gaudence, évêque de Novare, écrite
sous le règne de Pépin-lc-Bref, qui com-
mença en 752 '. On ne voit pas sur quel
fondement ou a donné à Forlunat "la Vie de
saint Lubin, évêque de Cliarlres : elle n'est
point de son style ; c'est vraisemblablement
l'ouvrage de quelque clerc de celle église
qui, pour contribuer au culte déjà établi,,'au-
ra écrit sa vie et ses miracles, afin qu'on put
eu faire le récit au jour de sa fête. Cette Vie
se trouve dans le premier tome defe Actes de
l'ordre de saint Benoît, dans le second de la
Bibliothèque du Père Labbe, en partie dans le
recueil deM.Duchène,toute entière dans les
Bollandistes au 1-4 mars [dans le t. LXXXVUI
de lu l'atruluijie latine, col. ooO et sui^.]
'■20. (^utre la Vie de saint Sévcriu, dont
saint " Grégoire de Tours fait honneur à
Forlunal, nous avons perdu les hymnes qu'il
avait compusécs pour toutes les fêles de l'au-
uée. Paid Diacre ' el Sigebert '" en font mon-
des Vies de saints. [L'éditeur.) — « Greg. Turou.,
De (ihrin Conf., cap. xlv.
* J-'ortunatus Marliiii riUim quatuor libris he-
roico vcrsu intexuil, el mulla alia, maxiniei/ue
ftijmnos singularum fesliKilulum, et prcrcipuc ad
an.icos versiculos, nuUi poetiiruw secundus,suuvi
el diserlo Kcrmone coiitposmt. l'aulus Uiacoiiue,
Jlist. ioiigohnrd., Iib. Il, iiuni. 2:J.
'" Scriiisil metrice hymnos singularum festivi-
lalum. Sigeb., De Virù illusl., cap. iv.
CHAPITRE XÎ.V. — SAINT FORTl^NAT DE POITIERS, ETC.
[VI* SlfecLE-l
lion, ot, par la nianii-rc dont ils en pailonl,
on voit que CCS liynincs liaient on f^rand
nombre; Tritlième ' en comptait jiisrju';\
soixante-tlix-sepl. Il s'en trouve parmi ses
poi'mes, entre aulies poui' les fêtes de Noël,
(le Pâqnes, de la Sainte-Croix ; mais elles pa-
raissent étrangt'res an recueil dont parle Paul
Diacre, et semblent faire partie de ses livres. Il
parait aussi que l'on doit distinguer les des-
criptions que Fortunat l'ait dans ses poëmes
de quelques-uns de ses voyap;es, d'avec l'i-
tinéraire que Sigcberl • lui attribue ; il était
en vers et contenait le détail de ce qu'il
avait vu ou fait dans le voyage qu'il fit d'I-
talie dans les Gaules, en passant par le
royaume d'Austrasie. Cet écrit n'est pas ve-
nu jusqu';\ nous ; mais il nous en a été don-
né une idée dans sa lettre h saint Grégoire,
et à la fin de son quatrième livre de la Vie
de saint Martin. Platine le fait auteur d'un
traité intitulé l'Art de 7-cgne}\ adressé au roi
Sigebert ; nous n'avons rien sur ce sujet dans
les écrits qui nous restent de Fortunat. Le
Spicilége de dom d'Acbérj en cite un sous le
titre de Mediefas Fortunati ; mais ce n'est
qu'un recueil de ses poëmes auquel l'on
a donné ce titre. Nous avons remarqué ail-
leurs qu'on ne pouvait attribuer à Lactance
i^vide ^lom. le poëme qui a pour titre Du Phénix, puis-
qu'il y était parlé d'Apollon comme d'une
divinité véritable, et Du Phénix comme d'un
prêtre admis aux mystères de ce faux dieu.
Ces raisons sufl:sent pour ne pas le donner
à Fortunat, à qui Barthius et quelques au-
tres l'ont attribué.
21. Fortunat était un de ces génies heureux
à qui il en coûte peu pour dire de belles cho-
ses ; outre cette facilité surprenante qui rè-
gne dans ses vers, on y trouve une simplicité
facile qui ne bande point l'esprit, et surtout
une grande douceur. Il fait toujours voir
quelque chose de nouveau, rarement il est
copiste; il ne se copie pas lui-même; il est
presque toujours original. On ne laisse pas
de distinguer aisément les vers qu'il faisait
sur-le-champ, sans elfort et sans méditation,
d'avec ceux auxquels il apportait plus d'é-
tude ; ceux-ci sont plus tleuris et remplis de
plus d'agrément, il y a dans ceux-là quel-
Juïement
des tciirs lie
Fflriunal.
qu'obscurité et moins d'harmonie. La des-
cription (pi'il fait de son voyage par eau de
Metz \ Andernach, fait voir que son vrai
talent était d'écrire en ce genre. On lui re-
proche avec raison plusieurs fautes contre
la prosodie et contre la pureté de la langue
latine, souvent il fait brève ' une syllabe qui
est longue de sa nature, d'un verbe passif il
eu fait un actif, d'un singulier il en fait un
pluriel ; il défigure les mots, en retranche
ou y ajoute, suivant le besoin de la mesure
de ses vers. Les éditeurs ont mis h la suite
de ses poëmes un givuid nombre d'exemples
de ces sortes de licences poétiques. Ses
écrits en prose, tels que sont ses préfaces
et ses lettres, sont d'un style dur et embar-
rassé', il est beaucoup plus clair et plus doux
dans ses ouvrages dogmatiques : c'était le
génie de son siècle, d'embrouiller quand on
voulait écrire avec éloquence.
[Quelques petites pièces adressées à sainte
Railégonde et k sainte Atmès sur un repas,
sur des fleurs, sur des châtaignes, sur des
œufs et des prunes, sur du lait et d'autres
friandises ont fourni à MM. .\mpère, Guizot
et Thierry l'occasion de calomnier Venance
Fortunat. Ces historiens ne voient en notre
poêle qu'un homme adonné aux plaisirs de
la table. Rien n'est plus faux que cette as-
sertion. Quand on lit Fortunat, on sait à
quoi s'en tenir sur son goût pour les frian-
dises. Il a plu aux historiens que je viens de
citer de donner ce nom au goût que le poète
accuse pour le pain, le lait, le beurre et les
autres mets du même genre. Ajoutons que le
nombre des pièces badines composées par
Fortunat est extrêmement restreint, compa-
rativement au reste de ses poésies. Quoi qu'en
disent ces critiques, on chercherait en vain
dans ses opuscules théologiques de quoi le
charger sur le fait de l'incontinence ; on y
lencontre quelques métaphores en tout temps
permises à tous les écrivains et employés
par eux sans qu'ils soient devenus pour cela
justiciables d'aucune censure. La malveil-
lance seule a pu entendre au propre ce que
Fortunat ne dit qu'au figuré. Enfin, l'erreur
capitale de MM. Ampère, Guizot et Thierry
est de voir un évoque dans le poète qui
' Ilijmnorum septitnginta liher septem unus qui
incipit : Àgnoscat nmne sacrUnm. Tritliem., De
Script, eccles., cap. ccxiic.
' Scripsit metrice Hodœporicum suum. Sige-
bert, iibi supra.
' A producit in anachoreta. TUcit bestola pro
bestiola: caligosus pro caliginosus : celehratura
pro celebranda; butyr pro butyrum ; debaccho
pro dehacchor ; duces pro dux; mirari passive;
fumulare pro faniulnri: urgnet pro urget \ mis-
cam pro iiiiscebo : pcrferor pro pcrfero ; prœco-
niandus pro prœconandus, etc.
HISTOIRE GKNKRAT^E DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
4U
adressa des poi^sies badines A sainte Radé-
gonde et à sainte Agnès; Forlunat n'était pas
même prêtre quand il écrivait ; il ne le de-
vint vraisemblalilement qu'en 587, après la
mort des deux saintes; mais il était piquant
d'accuser un prélat de la légèreté du reste
très-innocente d'un intendant, et c'est ce que
ces historiens ont fait'.]
Édiuor» le 22. Le quatrième poëme de son huitième
hvre se trouve dans le second Recueil des
poètes chrétiens, par Georges Fabricius, avec
quantité d'autres de ses poésies tirées de
ses autres livres ; on l'a aussi inséré dans le
Chauir ou Corps' des poètes latins. Son ex-
plication (^ l'Oraison dominicale et du Sym-
bole se trouve dans les Orthndoxosraphes
en 1553, 1569, et dans la Bibliothèque des
Pères, à Paris, en 1575. On trouve aussi plu-
sieurs de ses poésies avec les hymnes de
Prudence en un volume in -4, imprimé à
Wittemberg on 1313, et avec celles de Ju-
vencus, de Sédulius et d'Ara lor, ù Bàle en
1337, par les soins de Théodore Puiman. Le
poëme sur la résurrection, qui est le neu-
vième du troisième livre, parut à Paris en
1616, avec les annotations de Cassandre; à
Wittemberg en 1627, avec les notes de Bu-
chner, et en beaiuonp d'autres endroits. 11
y en a une édition avec le commonlaire de
Buschius, où l'on n'a marqué ni le lieu de
l'impression, ni l'année, Les deux derniers
poèmes du onzième livre, qui regardent les
voyages de Forfunat, se lisent à la suite des
ouvrages de saint Sidoine, par Élie Vinet en
1332, et dans celle de Jean Savaron en 1598.
Jean Marchant mit sous presse, à Paris, en
1511, les quatre livres de la Vie de saint
Martin , en y joignant ce que Sévère-Sul-
pice a écrit sur le même sujet, et quelques
opuscules de divers écrivains. Outre les édi-
tions latines de la Vie de sainte Radégonde,
dont nous avons parlé, il y en a une en fran-
çjiis, à Poitiers en 1327, de la traduction de
Jean Bouchet. Toutes ces éditions de For-
tunat sont incomplètes ; la première où l'on
ail recueilli tous ses hymnes est de Ca-
gliari en Sardaigne. en 1573. On en fit une
seconde en la même ville l'année suivante
1374, qui fut remise sous presse :\ Venise eu
1378, puis à Cagliari en 1384, ensuite à Co-
logne en 1600; ces deux dernières renfer-
ment l'explication de l'Oraison dominicale et
' Note de la 3" édition de Uorbaclier, tome l.\,
pag. 350 [L'cdileur.) — ' Tom. II, pag. 488.
du SjTubole. Avec le secours de toutes ces
éditions et de plusieurs manuscrits, Browé-
rus en entreprit une nouvelle, qui vit le jour
pour la première fois à Mayence en 1603
avec des notes de sa façon, ensuite en 1617;
c'est celle que l'on a suivie dans les Biblio-
thèques de Paris en 1624 et 1644, et de Lyon
en 1677. L'éditeur a mis en tète la Vie de
Fortunat, et les témoignages que les écri-
vains postérieurs ont rendus à sa capacité,
avec le dénombrement de ses ouvrages.
Quelques soins que Browérus se soit donnés
pour perfectionner son édition, elle parut
imparfaite au père Labbe, son confrère, ijui
en promit une nouvelle. Il est mort sans
avoir tenu sa parole. [La meilleure édition
des écrits de saint Fortunat est celle qu'a
donnée Mich.-Ang. Luchi, bénédictin de la
Congrégation du Mont-Cassin, Rome, 1786-
87, en deux parties, in-4, avec préface et pro-
légomènes. Elle est reproduite dans le tome
LXXXVIII de la Putrologie latine. La pre-
mière partie contient l'édition de Browérus,
la deuxième donne les Vies. On y lit aussi \'£x-
jjûsitiun de la fui catholique, trouvée sous le
nom deFortunatdansun manuscrit, et publiée
par Muratori, Anecdot., tom. II, Milan, 1608,
pag. 212-217, et réimprimée dansGalland, Di-
blioth., tom. XII, pag. 317-318. Cette expo-
sition ne fait qu'exposer le Symbobe connu
SOIS le nom de saint Athanase. Les auteure
de l'Histoire de la France littéraire la refu-
sent à Fortunat, à cause de la netteté du
style ; Luchi partage ce sentiment. Voyez
Patrolog. latine, ibid., col. 583 et suiv.
Un Appendice nous donne des vers incon-
nus aux premiers éditeurs. Il contient des
vers adressés à Radégonde et à Agnès ; ils
oui été trouvés dans un manuscrit de la Bi-
bliothèque royale par M. Guérard, et publiés
par lui dans le tome XII des Notices sur les
ntumtscrits.
La seconde pièce est tirée dn tome IX du
Spiciteg. rom. de Mai. C'est une épigramme
sur Theudichilde.
Les poèmes de Fortunat ont été édités à
Cambrai dans la collection Poetœ ecclesias-
tici, chez Hurez, in-I2, 1822. Quatre de ses
hymnes ont été traduites en français dans les
Poètes chrétiens, par M. Félix Clément.]
23. Baudonivie, qui nous a donné un sup- u.iùe^.i
ph'ment k la lie de samle Radégonde écrite !'»ni«»; S"
^ ^ étrilf. Vie d«
]MV Fortunat, était religieuse du monastère ""■'' ,'^'":
que celte sainte reine avait fondé à Poitiers, s.''Bfn?dfc'°'
et elle avait été élevée sous ses yeux. Témoin •"•• ^''•-
[vr
SIIXXK.
CIIAriTHE XI.Vl. — lÔVAGRK ni^:PIPII.\NIE, ETC.
oculaire qu'elle était de plusieurs de ses gran-
des Mctioiis, et instruite on par la sainte, ou
par d'autres, do ce qu'elle n'avait pas vu cllo-
méme, l'abbesse Dédimie et les autres reli-
gieuses de la couimnnaulé la cliarp;èi'onl de
mettre par écrit ce qu'elle savait de sainte
Hadégonde ; elle s'en détendit sur sou inca-
pacité, mais il fallut obéir. Il n'y a rien au-
dessus des sentiments d'humilité et de mo-
destie qu'elle fit paraître, et dans son refus,
et dans son obéissance. Elle avait en main
la Vie que Fortunat avait composée ; mais
elle savait aussi que cet homme apostolique,
c'est ainsi qu'elle l'appelle , n'avait passé
sous silence un grand nombre de circons-
tances édifiantes de la vie de sainte Radé-
gonde, que pour n'être pas trop diffus. Elle
s'attacha donc uniquement ;\ rapporter les
fiiits qu'il avait omis, et à ne rien ri'péter de
ce qu'il avait rapporté ; c'est pourquoi elle
passe tout ce qui regarde sa naissance et son
mariage avec le roi Clotaire. Ce qu'elle re-
lève le plus en elle, est l'exemple qu'elle
domiait à ses sœurs dans le temps même
qu'Agnès était leur abbesse. Jamais elle
n'ordonnait rien qu'elle ne l'eût fait la pre-
mière. Si elle recevait la visite de quelque
serviteur de Dieu, aussitôt elle l'interrogeait
sur son genre de vie; et si elle apprenait de
hii quelqu'exercice de piété qu'elle n'eût pas
encore mis en pratique, elle l'y mettait d'a-
bord, et exhortait les autres à en faire de
même. Elle établit dans son monastère l'u-
sage de lire la parole de Dieu pendant le
repas de la communauté. Baudonivie rap-
porte plusieurs miracles que la sainte fit
de son vivant, et d'autres qui s'opérèrent
après sa mort à son tombeau, ou par l'attou-
chement du cilice qu'elle portait ordinaire-
ment. Le récit i[u'ellc en fait est si grave, si
simple et si naturel, qu'on ne peut refuser
d'y ajouter foi. L'abbesse Dédimie, à qui elle
adressa son ouvrage, avait succédé; h Leu-
bovère dans le gouveru(!ment du monastère
de Poitiers, et celle-ci à .\gnès, qui en fut la
première abbesse sous sainte Radégonde. Il
ne parait par aucun endroit que Baudonivie
ait occupé cette place. Elle remarque que,
lorsqu'on portait en terre le corps de la
sainte, les ministres chantaient Alléluia ',
et que les religieuses, de dessus les murs du
monastère, ne répondaient à ce chant de
joie que par des lamentations. C'était l'usage
autrefois de chanter Alléluia dans les obsè-
ques, et il subsiste encore aujourd'hui par-
mi les Grecs, surtout dans les funérailles des
prêtres. Elle remarque aussi que c'était la
coutume des monastères ' aux environs de
Poitiers, de venir dans cette ville le jour de
la fête de saint Hilaire, et d'y célébrer les
veilles jusqu'à minuit, qu'à cette heure tous
les abbés, à la tète de leur communauté ,
s'en retournaient à leur église réciter l'of-
fice de la nuit. Parmi les miracles qu'elle
-raconte, celui-ci est remarquable : les' ma-
lades qui allaient au tombeau de la sainte,
y recouvraient la sauté, fussent-ils désespé-
rés, aussitôt qu'ils avaient bu un verre d'eau
dans lequel le gardien du sépulcre avait
trempé une partie de lu nappe qui était au-
dessous. [On trouve au tome LXXII de la
Patrologie latine, col. 651 et suiv., la Vie
de sainte Radégonde par Fortunat, et sa
continuation par Baudonivie. La Vie écrite
par Fortunat se trouve aussi dans le tome
LXXX\1II de la Patrologie latine.]
CHAPITRE XLVI.
Évagre d'Epiphanie historien ecclésiastique [après l'an 593J,
Jean d'Asie on d'Éphèse.
1. On ne peut mettre la naissance d'Éva-
gre plus tard qu'en 333, puisqu'en 542 il
' Gemitumpro alléluia reddebant.Vit.Rad.,-p.'ilîi.
^ Et quia mos est in festivitate beati Hilarii re-
liqtiis nionasteriis circiimcirca proj:imis quœsunt
ibi, usque in mediani noctem vigilias celebrare :
de média nocte itmisquisque abbus cum suis
fralribus ad smim rêver titw monasterium cur-
sum celebrare. Ibid.
étudiait la grammaire* dans les petites éco-
les. Ce fut en cette année que la ville d'A-
^Quis inale habens.quamvis vila dei:peralus,si
pallain subteriorem custos ejusJem sacri sepul-
chri intinxit in calice aqiiœ , et dédit ei febrici-
tanli poculinn , non statiin ut bibit ante sacrum
ejus sepulchrum. morbus recessit? Iliid., i)ag. 317.
> Evag., lib. IV, cap. ssvi.
HlSTOmF. GÏ^XÉRALE DES AUTEl'RS ECCLÉSIASTIQUES.
416
pâmée, se voyant à la veille d'être ravagée
parCbo'îroës.roi des Perses, chercha son sa-
lut dans un morceau de la vraie Croix, dont
elle était dépositaire. Il était de la frrandenr'
d'une coudée, enfermé dans une châsse de
bois ornée d'or et de pierreries ; trois prê-
tres en avaient la srarde. Les habitants d'A-
pamée le considéraient comme leur plus sur
rempart, et on le montrait tous les ans en pu-
blic à un jour marqué. Craiiinant donc la per-
fidie du roi de? Perses, ils prièrent Thomas,
leur évoque, de leur montrer la Croix, pour
l'adorer encore une fois avant de mourir.
L'évéque marqua le jour auquel on ferait
cette cérémonie, afin que les peuples d'alen-
tour eusîÇnt le temps de s'y rendre. Les pa-
rents d'Évaffre', qui étaient d'l!!piplianie,
ville de Syrie en .\sie sur le Farfar, s'y rendi-
rent avec les autres et l'y menèrent. Aussitôt
qne Thomas eut découvert la Croix, et qu'on
eut commencé à la porter par toute l'église,
on vit au lambris une grande lumière qui sui-
vait la Croix à mesure qu'on avançait ; l'évo-
que semblait lui-même être suivi d'uni grand
feu qui éclairait sans brûler. Cette merveille
dura autant que la cérémonie, et fut regar-
dée comm.e un présage de la conservation
de la ville. En effet, Chosroës se cententa d'en
tirer de grandes sommes d'argent, et d'en-
lever le trésor de l'église; mais il y laissa
le bois de la Croix h la prière de l'évêque.
En mémoire du miracle, on mit un tableau
dans le lambris de l'église, qui le représen-
tait, pour l'apprendre a ceux qui n'en avaient
pas été témoins.
iirpéqoHin 2. Évagre , après avoir étudié les belles-
le barreau ; Il r ' l
,e u.ii..t. lettres, s'appliqua à l'étude du droit, et fit
les fonctions d'avocat à .\nlioche , d'où lui
est venu le nom de Scolastiqne. Il se maria
en cette ville avec une jeune fille ; mais la
joie de ses noces fut troublée par un événe-
ment tragique. C'était le jour de la nouvelle
lune*, auquel tous les habitants d'Antiocbe
avaient coutume de faire des réjouissances
publiques, et d'interiompre à cet etfet leiu's
occupations ordinaires. A la troisième heure
de la nuit, un tremblement de terre, accom-
pagné d'un bruit horrible , ébranla tonte la
ville, renversa ijuanlilé de maisons, et ruina
plusieurs parties de l'église. Quelques anni'cs
après, la ville d'Antiocbe ayant été atteinte
par une* maladie contagieuse qui avait ré-
gné pendant l'espace de cinquante-deux ans
presque par toute la terre, en se répandant
tour h tour dans les ditt'érentes parties do
l'univers , Evagre y perdit sa femme, quel-
ques-uns de ses enfants, de ses parents et
de ses esclaves. Il était alors dans la cin-
quante-huitième année de son âge; ainsi
c'était vers l'an .'598. Il avait été lui-même
attaqué de cette maladie étant dans ses pre-
mières éludes; il la décrit au long, assurant
qu'on n'en avait jamais vu de semblable, ni
de si longue durée.
3. Plusieurs années auparavant, c'est-A- ,''|'.*.""';
dire vei-s l'an 589 , Grégoire, évêque d'An- ;;;;;i; ;|'
tioche ayant été accusé ' de divers crimes , "^,'_""
Astérius, comte d'Orient, fut chargé d'exa-
miner l'atl'aire, et après lui le comte Jean
qui lui avait succédé. Celui-ci, au lieu d'agir
en juge, se déclara partie , en atBchant pu-
bliquement que si quelqu'un voulait accuser
l'évoque , il recevrait sa plainte. Grégoire
appela à l'empereur et au concile ; ce qui
l'obligea de faire un voyage à Constanli-
nople ; il mena avec lui Évagre pour lui ser-
vir de conseil, comme il s'en servait ordi-
nairement. L'aflaire fut examinée , et termi-
née à l'avantage de l'évêque.
4. Il est vraisemblable que ce fut à An- n '" '
tioche qu'Lvagre écrivit son Histoire ecclé- i.^^'-"; ,
siastique, cette ville étant devenue son séjour j_'^'^^-
ordinaire. Il la finit en la douzième année
du règne de l'empereur Maurice, c'est-à-dire
en ?>93. Ce prince, pour l'en récompenser,
lui "accorda deux charges, celle de trésorier
de 1 Empire, ou de questeur, et celle de pré-
fet. Il y a donc toute apparence qu'Évagre
vécut encore quelques années depuis qu'il
eut achevé son histoire. Ce fut lui qui donna
avis A l'évêque Grégoire de la maladie de
saint Siméon-Stylite le Jeune; il avait été
le voir, et avait éprouvé par lui-même (|ue
ce saint' prédisait l'avenir, et connaissait les
pensées secrètes.
5. L'histoire d'Évagre est divisée en six ,^',7, '
livres; il la commence où Socrate et Théo- f^*^^'",-
dorcl ont fini la leur, c'est-t'i-diie au concile '"'•
d'Ephèse , où Neslorius fut condamné en
431 , et la conduit, comme on vient de le
dire, jusqu'à la douzième année du règne
de l'empereur Maurice, dont on fixe le com-
mencement au treizième d'août 593. 11 se
servit de celles qu'avaient composées avant
' l'rocop.. De liello Persico, cap. v. — « Evag., * /tW.,lib. IV, cap. xxix. — »Evag., lit). V, caii. vu.
lib, IV, cap. XXVI. — » Evag., lib. V, cap. vui. — — «Evag., liu. VI, cap. ixiv. — '/d.,lbid.,cap. xxni.
[Vl" SIÈCLE.]
CIIAIMTHK XLVI. — ÉVACJHE D'KPIPHANIE.
•417
lui Piisciis, Kiistliatc d'Isiiiplmnip, Zacliaric,
l'iDcopo et Jean. Ce deinier Icriiiiiiail la
sienne h la seplicine année de Justin l'An-
ticn, c'os(-i\-diio en tt'-l'i. Los douze cliapilics
du premier livre île l'Hisloirt! d'hh'agre re-
gardent ce qui se passa dans le concile d'É-
phèse et depuis contre Nestorius, la déposi-
tion d'Eutyrliès dans un concile de Cons-
tanlinople sous Fhivion , évéque de celte
ville, et son rdlalilisscment dans le Brigan-
dage d'Éplièse. 11 remarque que s'il s'est
élevé des disputes dans l'Eglise an sujet de
la foi, elle n'en a point été altérée ; que Ions
les catlioliijuos étaient d'accord sur les points
fondamentaux de la religion, tous adorant
la Trinité, tous rendant gloire à l'unité, tous
confessant que le Verbe est Dieu, et qu'ayant
été engendré avant tous les siècles, il a pris
une seconde naissance dans le sein de sa
mère ; que les dilUcultés qu'il y a eu sur
ce sujet ont éclairci la vérité, et relevé par
occasion l'éclat de l'Eglise. 11 donne ensuite
la vie miraculeuse de saint Siméon Sty-
lile l'Ancien, celles de saint Isidore de Pé-
luse, de Synésius, évéque de Cyrène, de
saint Ignace martyr, et de la translation de
ses reliques sous l'empire de Théodose. Il
môle à l'histoire de l'Église quelques événe-
ments profanes : l'iiTuption d'Attila en Ita-
lie, les guerres dans cette province et dans
la Perse, l'embellissement de la ville d'Au-
tioche, le mariage de Théodose avec Eu-
doxie, le voyage de cette princesse h An-
tioche et à Jérusalem, où elle fonda des mo-
nastères et des laures. Évagre prend occa-
sion de ces établissements pour décrire le
c.p. 1x1. genre de vie des moines de la Palestine. Les
uns vivaient en communauté, sans posséder
en propre quoi que ce fût , pas même leurs
habits : un se servait un jour d'une tuni-
que et d'un manteau, dont un autre se
servait le jour suivant, ainsi la tunique et le
manteau étaient à tous, ou plutôt nétaient
à aucun. La table était commune , on n'y
servait rien de délicat : les herbes et les lé-
gumes en faisaient tout l'appareil : encore
n'en mettait-on qu'autant qu'il en fallait
pom- satisfaire la nécessité de la nature. Ils
priaient aussi en commun le jour et la nuit,
s'imposant d'ailleurs hors le temps de la
prière un travail si continuel, qu'ils étaient
sur cette terre comme des morts qui n'ont
point encore de tombeaux, Ils passaient quel-
quefois deux ou trois joui's sans manger;
quelques-uns ne mangeaient que le cinquiè-
XI.
me jour; d'auti'es s'enfermaient seuls dans
des cellules si basses cl si étroites, ((u'à peine
ils pouvaient s'y tenir (liîhout ou s'y coucher.
Il y en avait qui s'cxposaiciil pr(;s(|u(' mis
aux aideursdu soleil et à la rigueur du froid.
Quelques-uns , mais en petit nombre, après
s'être élevés ]iar le long exercice des vertus
au-dessus des passions, retournaient dans
les villes , où ils feignaient d'avoir per-
du l'espiit pour vaincre la vaine gloire ,
que Platon dit être la tunique que les plus
sages ôtent la dernière. Le premier livre
finit i\. la mort de l'empereur Théodose.
6. Le second commence à l'élévation de sofomi r.
vre, cap. i et
Marcien à l'Empu-e. Evagre raconte comment "i-
il y parvint, les soins qu'il se donna pour la
convocation du concile de Chalcédoine, cequi
se passa dans ce concile, et il n^oublie pas
le décret qui y fut fait, portant que le siège
archiépiscopal de Constanfinople , ou de la
nouvelle Rome, aurait la prérogative sur les
autres sièges orientaux, parce que la nouvelle
Rome tient le second rang après l'ancienne.
Il parle après cela de diverses séditions ar- ck. iv ei
rivées à Alexandrie et à Jérusalem, des sté-
rilités, des ftimines et des maladies conta-
gieuses qui afiligèi'ent les deux Phrygies ,
les deux Galaties, la Cappadoce , la Cilicie,
la Palestine et plusieurs autres provinces,
de la mort de Valentinien et de Marcien, de
la prise de Rome, du massacre de saint Pro-
tère évéque d'Alexandi'ie , de l'élection de
Timothée Élure , et de sou bannissement
par ordre de l'empereur Léon , du règne
d'Anlhémius , d'Olybrius et de quelques
autres en Occident , de la mort de Léon , et
de son successeur à l'Empire. Evagre fait en m,,,
cet endroit un abrégé des actes du concile de
Chalcédoine, et finit par là son second livre.
7. Il remarque au commencement du troi- Trouèmo
sieme, que lempereur Zenon ne lut pas plu- «q.
tôt en possession de l'autorité souvei-aine,
qu'il se plongea dans les plus sales débau-
ches, s'imaginant follement qu'il n'y avait
que les personnes de basse condition qui
dussent rougir de leurs crimes et les cou-
vrir du voile des ténèbres ; que les princes
ont droit de les commettre en public et aux
yeux des hommes. Ce n'est pas , ajoute cet
historien , par le commandement que l'on
exerce sur les autres , qu'on mérite le titre
d'empereur; c'est par celui qu'on exerce sur
soi-même, par l'empire que l'on prend sur ses
passions, par l'émiuence de ses vertus, par
le bon exemple que l'on donne aux peuples,
27
418
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Zenon étant devenu odieux, même à ses pro-
clies, à cause de ses excès, Bapilis(iue s'eui-
para de l'empire , rappela Tiniotliée Elure ,
condamna le concile de Clialccdoine, ren-
dit à l'église d'Alexandrie le titre de patriar-
chaie, que ce concile lui avait ôté. Il ne lais-
sa pas de condamner Nestorius et Eutyciiès;
mais il défendit toutes disputes à l'avenir
sur ce sujet, et toute convocation de conciles.
Son règne ne fut pas long. Zenon, rétabli
surletrùne, donna un édil d'union, dont on
fit la lecture dans l'église d'Alexandrie, et
alors tous les liabitants se réunirent à l'É-
glise catholique. Cet édit d'union , appelé
Hénotiquc, qui était adressé 'i fous les évo-
ques et à fous les peuples d'Alexandrie, d'E-
gypte, de Libye et de la Penlapole, causa
beaucoup de troubles dans les l"-glises d'O-
rient, parce qu'encore qu'il contint une doc-
trine catholique en apparence, il y avait un
venin caché, qui consistait en ce qu'on n'y
recevait pas le concile de Chalcédoine comme
les trois précédents, et qu'il semblait au con-
traire lui attribuer des erreurs. Plusieurs évo-
ques y souscrivirent , d'autres le rejetèrent.
Pierre le Foulon, rétabli sur le siège d'An-
tioche, signa VHcnotujui', et dit anatlième au
concile de Chalcédoine ; Martyrius de Jérusa-
lem, et Pierre Mongus, évoque d'Alexandrie,
en firent autant. Acace de Constantinople ,
pour avoir coiiimimiqué avec eux, fut séparé
delà communion du pape Félix. La sentence
du Pape fut suivie d'un schisme de la part
des Églises d'Orient ; la division y fut si gé-
nérale, qu'il n'y avait presque plus de com-
c»p. m. munion des évoques entre eux. Evagre en-
tre, à ce sujet, dans quelijues détails; après
quoi il passe aux alfaires de l'Empire sous le
règne d'Anastase ; il parle de la défaite des
Isauriens, de l'accord fait entre les Scénites,
peuple barbare, et les Romains; de la prise
de la ville d'Abida en Méscipotaniie par les
Perses, de la fondation de celle de Daras ]iar
l'empereur Anasiase, ainsi nommée, parce
que Darius avait été défait en ce lieu par
Alexandre, fils de Philippe, roi de Macé-
doine; de la muraille (pie le même prince
lit construire dans la 'i'hrace : elle était de
quatre cent vingt ' stades, s'étendait d'une
mer à l'autre, et servait i"i fermer le passage
aux étrangers qui se répandaient dans l'Em-
pire, soit par le Pont-Euxin, soil par les Pa-
lus-Méotides, 11 réfute en peu de mots les ac-
' La staiJc est de cent viugl pas p<!onW-lriques.
cusations que Zosime avait formées contre
l'emjjereur Constantin, nommément d'avoir
établi le premier l'impôt nommé chrysuryyre,
qui se levait sur les personnes de basse con-
dition, et même sur les femmes débauchées,
et d'avoir fait périr misérablement Crispe son
fils. Sur le piemicr chef, il dit qu'il est hors
de vraisemblance qu'un prince aussi libéral
que Constantin, ait imposé un tribut si in-
fAme.Sur le second, il allègue le témoignage
d'Eusèbe de Césaréc, auteur contemporain,
qui ne pai-le de Crispe qu'avec éloge; ce
qu'il n'aurait pas fait, si Constantin eût en
quehiue raison de faire mourir un fils qu'il
avait fait César. Il justifie aussi les motifs
qu'eut Constantin d'embrasser la religion
chrétienne, et montre que, depuis son éta-
blissement, l'Empire, au lieu de déchoir,
s'était accru.
8. Après la mort d'.\naslase, Justin, natif O""!'
de Thrace, se revêtit de la robe impériale. «i-
11 eut pour successeur Jusiinien son neveu.
Les principaux événements du règne de ces
deux princes sont rapportés dans le quatrième
livre d'Évagre. Ils furent l'un et l'autre dé-
fenseurs du concile de Chalcédoine. Justin
fit arrêter Sévère, évêque d'Autioche, parce
qu'il disait anathème à ce concile; mais l'é-
vêque parvint a se soustraire par la fuite. La
ville d'Autioche, sous le règne de ce prince,
fut désolée par des incendies et par des trem-
blements de terre; Éplirem, comte d'Orient,
la soulagea dans sa détresse. Les habitants,
par reconnaissance, le choisirent pour leur
évêque. Ébranlée deux ans et demi après par
un second tremblement de terre, la ville chan-
gea son nom en celui de Théopolis, et reçut
de grands bienfaits de la part de Justin. Ua
moine nommé Zosimas, à qui Dieu avait ac-
corde; le don de prévoir l'avenir, connut ce
tremblement de terre au miment où il arri-
va, quoiqu'il fût lui-uiême très-éloigné d'Au-
tioche. Comme il allait un jour à Césarëe,
menant avec lui un àne qui lui portait son
bagage, un lion, qui se rentonira sur le che-
min, enleva l'àne, le conduisit dans une forêt,
elle mangea. Zosimas qui l'avait suivi, dit au
lion : (I Je ne saurais plus continuer mon voya-
ge, n'étant ni assez jeune, ni assez fort jiour
porter mon bagage; si tu veux donc que je
poursuive mon chemin, il faut que tu m'ai-
des. » Le lion s'ajjprocha en le caressant,
comme pour lui oll'iir son service. Le moine
mit son bagage sur le dos du lion, qui le
mena jusqu'à la porte de Césarée. C'est là
[VI* SIÈCLE.]
peiit-ôtrc une de ces histoires où Casaubon '
(lit iiii'Kvagre a t(''moipiu' liop do crt'diililL^.
Il av;ince, d'api^s l'iiisloiioii l'itudix', ([iie
les Maures sont desceiulanlsdcsGcrgési'cns,
des Jébiiséens et îles autres nations vaincues
par Josué, et qu'avant de riiiitler leur pays, ces
peu|iles avai(Mit fail graver sur deux colon-
nes lie marbre blanc, proche d'une l'onlaine,
Cip. mil cette inscription : « C'est nons qui avons
(Hé chassés de notre pays par Jésus le vo-
leur, fils de Xavé. <t II parb; de la prise de
Home et de l'invasion de l'Italie parïhéodo-
ric, et du retour de cette province sous la
dominationdeJustinien, parla valeur du gé-
néral liélisaire; de la conversion des Hern-
ies et de quehiues autres peuples barbares rt
la foi chrétienne; de la contîance du géné-
ral Narsès en la protection de la sainte Vierge;
de la ruine delà ville d'Aulioclio; de la ma-
nière dont la ville de Sergiopole, assiégée
par les Perses, fut secourue par saint Serge
martyr, dont on y conservait les reliques
dans une châsse couverte d'une lame d'ar-
gent; des églises construites par l'empereur
Justinien, particulièrement de celle de Sainte-
Sophie, dont il donne les dimensions en ces
xjs. termes : « La longueur depuis la porte qui est
vis-à-vis de la voûte au-dessous de laquelle
on otlVe le sacrifice non sanglant, jusqu'à
l'endroit où l'on offre ce sacrifice, c'est-à-
dire jusqu'à l'autel, est de cent quatre-vingt-
dix pieds; la largeur du septentrion au midi,
de cent quinze pieds, la hauteur depuis la
clef du dôme jusqu'au pavé, de cent quatre-
vingt pieds; la largeur de chaque voûte est
de (le nombre manque dans le texte),
et la longueur, de l'orient à l'occident, de
deux cent soixante pieds ; la largeur de l'ou-
verture par où le jour entre, est de soixante-
quinze pieds; le dôme est élevé sur quatre
piliers ; aux deux côtés de la grande voûte,
c'est-à-dire de la nef, sont des colonnes de
marbre de Tliessalie, qui soutiennent des
galeries qui ont des colonnes semblables;
c'est de ces galeries que l'impérati-ice assiste
à la célébration des mystères aux fêtes so-
lennelles. Les coloniffes qui sont du côté de
l'orient et de l'occident, sont placées de telle
sorte, qu'il n'y a rien qui borne la vue ; les
galeries hautes sont soutenues par des co-
lonnes et par des voûtes, qui donnent à tout
l'ouvrage une beauté achevée : il y a, outre
CHAPITUK XLVI. — lîVAGRn; D'EPIPHANIE.
' Casaubon, ExerciCat., 13, mmj.
nium. pag. 258.
31, ad Daro-
A\9
cela, deux galeries du côté de l'occident, et
desveslihidesdeméincari-liiloctMie.» Hvagre
raconte que dans le temps qu'Kpiplianc était
patriarche de Constantinople, comme il était
resté un jour une grandi; quantité de pains
consacrés, il envoya, suivant la coutume,
quérir des enfants innocents dans les i)eti-
tes écoles, pour les faire consommer, et que
parmi ces enfants il se trouva le fils d'un ver-
rier juif. Ses parents lui ayant demandé à son
retour jtourquoi il revenait si lard, il leur dit
ce qui s'était passé, et ce qu'il avait mangé
avec les autres. Le père en fureur lia son fils
et le jeta dans sa fournaise. La mère affligée
le cberchait par toute la ville : au bout de trois
jours elle vint à la porte de la verrerie, appe-
lant l'enfant par son nom. Il répondit du four-
neau, et la mère, ayant rompu les portes, le
trouva debout au milieu du feu, sans qu'il eût
reçu aucun mal. On lui demanda comment il
avait été pn'servé de l'activité des llammes;
il dit qu'une dame vêtue de pourpre venait
souvent apporter de l'eau pour les éteindre, et
qu'elle lui donnait à manger quand il avait
faim. La mère et le fils furent baptisés, et celui-
ci mis dans le clergé. Mais le père, ayant re-
fusé de se faire chrétien, fut pendu au quar-
tier de Sycé par ordre de l'empereur Justi-
nieu, comme homicide de son fils. Nous avons
déjà rapporté uiie histoire à peu près sem-
blable, et remarqué qu'au temps de Nicé-
phore Calliste, c'est-à-dire dans le quatrième
siècle, la coutume de donner aux enfants les
restes de l'Eucharistie durait encore à Cons-
tantinople. Le quatrième livre de l'Histoire
d'Évagre finit par un précis des actes du
concile de Chalcédoine.
9. Il commence le cinquième par l'avéne-
ment de Justin le Jeune à l'Empire. Quoique
déréglé dans ses mœurs, ce prince conserva
la foi de l'Église sans y donner aucune at-
teinte ; il publia même un édit pour le rap-
pel des évêques exilés sous le règne de Justi-
nien son oncle; mais depuis il chassa Anas-
tase du siège d'Antioche. On mit à sa place
Grégoire, dont nous avons parlé plus haut.
Justin eut des guerres à soutenir contre les
Perses; ses revers le firent tomber dans une
frénésie qui lui ôta le jugement. Tibère, son
successeur à l'Empire, en rétablit les affai-
res. Justin, avant de quitter la dignité im-
périale, l'en avait revêtu, et dans un moment
lucide que Dieu lui accorda alors, il dit à Ti-
bère : «Ne vous laissez point éblouir par l'é-
clat de la robe de pourpre, ni par la magni-
Cr)[), MXV.
Nicopiior.,
lib. xva,
CAp. XXY.
Liv'B cin-
420
HISTOIBE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap -tx'*
Litre sît'ê-
fne. cap. l et
ficence de ces ornements qui frappent les
sens. J'ai été assez imprudent pniir m'y lais-
ser prendre, et par la je me suis attiré de
grands maux; réparez mes fautes parla dou-
ceur de votre pouvcrnomont. )) Puis, envisa-
geant les magistrats qui étaient présents :
« Gardez-vous bien, ajouta-t-il, de suivre leurs
conseils, ce sont eus qui m'ont mis dans l'é-
tat où vous me voyez. » Il dit encore d'autres
choses qui excitèrent l'admiration des assis-
tants, et qui leiu- tirèrent les larmes des yeux.
Tibère vainquit les Perses, leur enleva des
trésors immenses, et retourna dans ses l'ta'.s
cliargé de gloire. Chosroès, ne pouvant sur\ i-
vrci'il'iufapiic d'une retraite honteuse, mou-
rut misérablement, laissant son royaume à
Hormisdas son fils. Tibère ne régna que qua-
tre ans. Maurice, qui avait été général de ses
armées, lui succéda. Son élévation au trône
fiit précédée de divers présages de sa future
grandeur; Évagre en rapporte plusieurs ; nous
donnerons celui-ci : Une nuit que Maurice
présentait de l'encensa Aniioclie devant l'au-
tel de la sainte Vierge, dans l'église qu'on
appelle église de Justinien, le voile de l'au-
tel parut tout en feu ; comme il s'en montrait
très-surpris, l'évèque Grégoire qui était pré-
sent, l'assura que c'était un signe par lequel
Dieu lui faisait de magnifiques promesses.
Évagre donne à la fin de son cinquième livre,
un catalogue dos histoiicns sacrés, ecclésias-
tiques et profanes, où il reconnaît que Moïse
est le plus ancien auteur que nous ayons.
10. Le sixième livre commence à la pre-
mière année du règne de Maurice, et finit à
la douzième, c'est-à-dire à l'an 593. Ce prince,
non content de porter la couronne impé-
riale, s'en rendit dipne en se remplissant l'es-
prit et le cfcur des vertus qui doivent carac-
tériser un empereur. 11 dt'fit les Perses,
donna retraite dans ses États au jeune Chos-
roès, fils d'Hormisdas, le traita comme son
propre fils et le rétablit dans ses Ktats. Ce-
lui-ci, en reconnaissance des faveuis qu'il
avait reçues du ciel par l'intercession des
saints martyrs, fit de grands présents aux
églises. En même temps Naaman, prince des
Sarrasins, embrassa la foi avec toutes les
personnes de sa suite. Au sortir du baptême
il fit fondre inie Vénus d'or dont il donna la
matière aux pauvres. Évagre, en finissant
son histoire, dit qu'il avait recueilli dans un
dEvif r«.
CD a Tallcs.
autre volume quantité de lettres, de rela-
tions, d'ordonnances, de harangues et de
disputes, et que les relations étaient sous le
nom de Grégoire, évéque d'Antioche. Ce re-
cueil n'est pas venu jusqu'à nous : on croit
qu'il renfermait nn discours de Grégoire à
l'empereur Maurice sur la naissance de son
fils Théodose.
11. Le style d'Évagre n'est pas sans ' agré-
ment : il a de l'élégance et de la politesse;
mais il est quelquefois t)-op diffus, et coupé
par des digressions qui font perdre la suite
de son discouis. L'avantaue que cet histo-
rien a sur la plupart de ceux qui ont écrit
avant lui, c'est qu'il n'a donné aucun lieu
de le soupçonner dans sa foi. Robert Etien-
ne fit imprimer le texte grec de son Histoire
h Paris, en 1544, sur un m.'inuscrit de la Bi-
bliothèque du Roi. Chrisloiihorson le mit en
latin, et le donna en ces deux langues à Ge-
nève, en 1612, avec l'histoire de Théodoret.
L'(''dition grecque et latine de Paris, en 1673
est de Henri de Valois. [Elle a été réimpri-
mée à Cambridge, en 1720, avec des notes
de Héading ; cette édition a été reproduite à
Turin en 1748, et à Venise en 1765, avec les
histoires ecclésiastiqnesd'Eusèbe,de Socrate,
de Théodoret , de Sozomène h Oxford , en
1845, dans le tome LXXXVl de la Pafrologie
latine, avec une notice tirée de Fabricius,
col. 2405-29001. Nous l'avons en français de
la traduction de M. le président Cousin.
12. L'histoire de l'Église n'a pas moins à j»nii«>i(
attendre que la Patrolonie des investigations »"°r la i» d'.'
auxquelles se livre depuis plusieurs années
l'infatigable M. Cureton sur la collection si
riche dos manuscrits de Nitri:i, acquis par
le Musée britannique. Nous en donnions la
preuve à propos des D'ttres jxiscnles de saint
Athanase. .Aujourd'hui nous annonçons l'ap-
parition récente d'un texte fort curieux qui
sort des presses d'Oxford, et nous indiquons
par avance le caractère tout spécial de ce
document inc-dit qui va compléter les anna-
les des Eglises d'Ûrieut pendant une période
courte, il est vrai, mais très-agitée.
Jusqu'à ces derniers t«>mps, on savait peu
de choses sur le rôle qna joué au vi« siècle
Jean d'Éphèse ou d'Asie, évêquc d'ailleurs
célèbre des jacobites de r,\sie intérieure, et
on ne connaissait de son ouvrage d'histoire
ecclésiastique que des fragments tirés par
• Stylus Evagrii non ingralus, tamelsi inler-
(iufn redundare quodam modo videatvr : certe in
docirinœ veritate cceteris historicis accuratior
est. l'iiiil., coii. 29.
[vi« sifccxE.] CIIAPITUK XLVI.
Assc^mnni, de la r.liroiiitiuo de Denys de Tel-
nialiar cl de celle de Itar-lléhi'a'us. L'érudi-
tion chrétienne va èlre en posscssiim de la
parlie la plus importante de cet ouvrage de
l'écrivain uionopliysite ; le texte syriaque est
publié par M. Curelon qui se pi'opose d'en
donner lui-même une traduction an},daise
avec une introduction qui résumera tout ce
que l'on sait do l'auteur. Celte importante
publication a paru sous le titre suivant : Tlie
tliird finrt iif t/ie ccclesinsliail historij uj John-
bishop of E'phesiis , now first éditai bij Vil-
liam Cureton, Oxford, 1853, 1 vol. gr. in-4.
Plusieurs indices font reconnailrc dans l'au-
teur de rouvrafj;e syriaque, nommé « Jean
évèque d'Éplièse, n le même Jean d'Hphèse
ou d'Asie au(iuel les écrivains syriens en réfè-
rent fortsouvent. Le titi-ed'évéqued'Asiequ'il
prend lui-même dans son histoire se justitie
parla déuouiiuation de diocèse d'Asie don-
née à la juridiction des évéques d'iîphèse,
ville qui a été capitale des provinces occiden-
tales de l'.Ysie. En d'autres endroits, Jean se
nomme lui-même « briseur des idoles » et ce-
lui « qui est au-dessous des païens. » C'est bien
le même personnage qu'Évagre cite comme
son compatriote et son parent : le terme au-
jourd'hui connu de sou histoire coïncide
avec la période sur laquelle Évagre a dii le
consulter. Jean, qui était natif d'Amad euMé-
sopolamie, a écrit en syriaque son ouvrage
historique tiui a pour titre, dans la langue
originale, le seul mot d'Eccb'^siastique , et
qu'il désigne à la fln du premier livre par
par les termes « d'Histoire de l'Église, n Le
texte récemment publié est intitulé : troisiè-
me partie, parce que Jeau avait écrit aupara-
vant un ouvrage sur l'histoire ecclésiastique
en deux parties et en douze livres. Cet ou-
vrage, qui commençait au temps de Jules-
César, aboutissait à la sixième année du rè-
gne de Justin le Jeune, neveu de l'empereur
Jiistinicn, c'est-à-dire à l'an 882 de l'ère
d'Alexandrie, 371 de Jésus-Christ. Dans la
troisième partie de son ouvrage, distribuée
en six livres, Jean manifeste l'intention de
poursuivre la même histoire pour l'instruc-
tion de la postérité. L'espace de temps dout
Jean a traité l'histoire d'une manière sans
doute plus développée s'étend jusqu'à l'an
896 des Grecs, l'auoS-T du Seigneui-. Comme
cette dernière date est la plus récente que
M. Cureton ait rencontrée dans le texte tout
entier, on a lieu de croire que l'auteur n'a
pas conduit sou travail au delà d'un terme
EVAGRE D'EPIPHANIE.
421
de quatorze ann(''es (.■i71-.">8.')). Il y a beaucoup
d'imv^alilés ilans la composition, parce que
les cha[iilros des dill'éreiits livrets ont été ré-
digés à plusieurs époques, puis retouchés et
arrangés dans leur ordre présent. L'auteur,
au chapitre xxx du livre I''', s'excuse ii ce su-
jet, en faisant retondjer sur les [)ersécutious
auxquidlesil a été eu butte pour ses opinions
théologiques, les répétitions et les contradic-
tions qu'on pourra découvrir dans son livre.
Malgré ces réserves préalables, on ne peut
méconnaître le prix du document mis au j(jur
par M. Cureton: ilfournit un supplément fort
utile aux faits déjà connus touchant plusieurs
all'aires célèbres dans l'histoire de l'Église
orientale , et spécialement dans celle de
Constaulinople ; il parle d'événements jus-
qu'ici entièrement ignorés en Europe. Il est
vrai que Jean, qui est monophysite déclaré,
écrit avec un esprit de parti très-marqué, et
qu'en quelques occasions il se montre trop
crédule; cependant son récit emprunte un
intérêt considérable à cette circonstance
qu'il a été non - seulement contemporain,
mais encore témoin oculaire des faits , et
même acteur principal dans plusieurs des
scènes qu'il décrit. C'est assez dire que les
défenseurs de la science religieuse auront àte-
nir compte des assertions de l'auteur syrien,
et à contrôler sérieusement les déductions
que la critique moderne prétendra en tirer.
Un mot sur l'authenticilé du texte com-
plétera cette courte notice : L'édition de M.
Cureton se fonde principalement sur un ma-
nuscrit syriaque qui provient de la collection
apportée d'Egypte en Angleterre, en i8i3,
par M. Tattam, et qui se compose de 139
feuilles in-4, écrites à deux colonnes d'une
main très-ferme. Ce manuscrit est complété
en quclijues chapitres par un autre manus-
crit du même fonds, qui porte une date ser-
vant à tixer l'âge de tous les deux. Comme il
est constant que les deux volumes ont été
copiés par la même main, on peut ajouter
foi a l'indication qui est consignée à la On du
second, et d'après laquelle ils ont été exécu-
tés une centaine d'années après l'achève-
ment de l'ouvrage; on lit, en etlet, à la fin
du second manuscrit : « Que le copiste Per-
gonna a tîni sa tâche au mois ador de l'an
999 des Grecs,» c'est-à-dire au mois de mars
de l'an 688 de l'ère chrétienne. Nous avons
donc sous les yeux un texte tiré d'un des
manuscrits anciens et authentiques portés au
X' siècle de la Syrie dans le désert de Scété.
422
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Enfin, ce qui ajoute à l'éclat de la nouvelle
publication de M. Curelon, due à la lihéia-
lité de l'université d'Oxford, c'est l'emploi
d'un caractère syriaque gravé tout exprès
pour cette édition; des types nouveaux ont
été calqués sur les lettres anciennes de l'es-
pèce dite esti-aïujelo, qui sont usités dans
tout le fonds des manuscrits originaux de
Nitria.D.> la sorte, l'imprimerie académique
d'Oxford est à même de reproduire les mo-
numents de la littérature syriaque avec des
caractères plus grands et plus simples, que
les types en usage qui ont été tirés de l'écri-
ture plus moderne et plus cursive. employée
surtout par les Maronites. Les amis de l'éru-
dition et de la paléocrrapliie orientales sau-
ront gré aux directeurs de la belle imprime-
rie d'Oxford, d'avoir consacré un corps spé-
cial de caractères à cette littérature chré-
tienne de la Syrie dont l'étude va renaître
dans les écoles savantes de l'Europe. On n'a-
vait rien tenté de semblalile depuis que la
I'ropaf;ande a fait exécuter les grands carac-
tères estrangelo, qui ont servi avec succès à
l'impression des Acta Murlijrum Orientalium
vers le milieu du siècle passé '.
CHAPITRi: XLVIl.
Saint Léandre évêque de Séville |603J, Jean abbé de Biclar L590J.
[Écrivains lalius.l
s. u»-'rc, 1. Saint Léandre, fils de Sévérien et de
'xrtcrtr.n Turtuve, frère aine de saint Isidore de Sé-
11 utrmtnÉ- \ille, naquit à Cartliagène en Espagne; le
mariage de Sanclia, sa tante paternelle, avec
Théodoric, roi des Ostrogotlis, fournit une
preuve delà no])lesse de son extraction. Dès
sa jeunesse il embrassa la profession monas-
tique, qu'il pratiqua longtemps; ensuite il fut
mis sur le siège épiscopal de Séville. Il l'oc-
cupait vers l'an 58:2, lorsqu'Herménégilde,
fils de Lévigilde, roi des Visigolhs en Espa-
gne, vint faire sa résidence en cette ville.
Ingunde, femme d'Herménégilde, était ca-
tholique. Elle pressa son mai'i d'embrasser
la même foi : il s'en défendit; mais instruit
par saint Léandre, il quitta l'avianisme, et
reçut à la' conluniation le nom de Jean.
Lévigilde son père ayant appris sa conver-
sion, s'en vengea sur les catholiques, ban-
nissant les uns, dépouillant les autres de
leurs biens; plusieurs furent mi'* en pris(ui,
où ils périrent de faim ou jiar divers sup[ili-
ces; grand nombre d'évéques furent relé-
gués, les églises privées de leurs biens et de
leurs ijriviléges.
2. Herménégilde, informé que In roi sou
père envoûtait à sa vie, chercha de l'appui
dans la cour de Constantinople. Il y envoya
' Tout ce qui regarde Jean d'Asie est emprunli;
aux Annales de Philosophie, louic VIII, h" séné,
pa((. 21U-2i3. C'est l'ii'uvre de M. F. .Nùve. (l'édi-
teur.)
' Dum chrisinaretur , Joannes est roritatus.
liren. Tiiiiiii., lil>. V,<"i|i. xwix.
" Jyilur cum llrrmi'iisgildus sulaliu /cfdi.- iwi.
dfur & Conï'
linople.
saint Léandre pour demander du secours à
l'empereur Tibère, et en même temps il
traita avec le gouverneur du peu de troupes
que ce prince avait en Espagne. Toutes ses
précautions furent inutiles : Lévigilde cor-
rompit le gouverneur par une somme de
trente mille sous d'or, et, ayant marché con-
tre son fils, le contraignit de se réfugierdans
une église, d'où, après l'avoir fait dépouiller
de tout, il l'envoya en exil à Valence : c'était
en 383. Saint Léaudie, arrivé à Constantino-
ple, y trouva un nouvel empereur, Tibère
(■tant mort le 14 d'août 582. après avoir dé-
claré César Maurice commandant de ses ar-
mées. On ne sait point quel fut le succès de
son ambassade : il parait seulement par saint
Gréiioire de Tours, que l'empereur proté-
gea' Herménégilde; mais cet historien con-
vient que sa révolte contre son père était il-
légitime et contre la loi de Dieu, le cas de
l'hérésie n'étant pas un motif suffisant .'i un
fils pour attaquer son propre père, moins
encore pour chercher A le faire mourir. Saint
Léandre lia une amitié particulière A Cons-
tantinople avec saint Grégoire, qui fut depuis
pape, et qui y faisait alors les fonctions d'a-
pocrisiairc ou de nonce apostolique. Cette
amitié élai t fondée non-seulement ' sur la con-
peratoris patrem ad se cum exercitu venire co-
gnovit, cnnsilium iniil qualitcr repelleret atitne-
cnrvl : nescicns miser Judiciun) sibi imiiiiiicre di-
limiiii, ijiii ri/iitra gcnitorein i/tiutnlibel htereticuin
Idlia ciKjUnrcl ll'iil., cap. xi.iil.
* Isiil., Ue Sirip. erclcs.. cip. xwiii. Iticlar in
l'Uronicu ad an. liH'J.
[vi» SIÈCLE.] CHAriTin': xlvii. — saint
lorinik^ de la lansueclde l;i itiofL-ssioninonas-
li<|iie qirils suivaient l'un et l'antre, luiiissur
celle des inieuis et des ineliiialintis. Va) l'ut à
la piière de saint Li^aiulre que saint (ii(''gi)ire
composa ses commentaires sur le livre de
Job. Il lui envoya depuis le pallium, mais ;\
ccuidilion (juil ne s'en serviniit (jue lorst|u'il
ccl(5brerait la messe.
ii.>i rn- 3. L'évèuue de Sévillc, de retour dans su
TOJf en *\il * ,
CD .i8v. ville épiscopale, éprouva avec les autres évo-
ques catlioliijues la fureur ilu roi Lévit^ilde.
Ce prince venait de faire mourir son iils
Herménégilde, qu'il n'avait pu ramener à la
perfidie arienne. Il envoya en exil saint
Lcandre qui l'en avait détaché , mais sou
exil ne fut pas de longue durée : car Lévi-
gilde étant tombé malade la même année
586, et se voyant à l'extrémité, lit venir le
saint évèque, lui recommanda son Iils Réca-
rède qu'il laissait pour successeur, le priant
de lui faire ce qu'il avait fait a son frère
Herménégilde, c'est-à-dire de le faire catho-
lique. La chose arriva de même : Hécaréde
se fit instruire, et ayant l'econnu la vérité,
il reçut le signe de la croix avec l'onction
du saint chrême, c'est-à-dire le sacrement
de confirmation.
iipp.!ido 4, Saint Léandre donna avis de cette con-
au rond 10 de
swiie.msoo. vei'sion au pape saint Grégoire, par une let-
tre qu'il lui écrivit en 590, pour le féciliter
sur son élection. La même année, il tint un
concile à SéviUe avec sept auties évêques.
11 mourut en 003, et eut pour successeur
saint Isidore son frère, qui l'a mis dans son
Catalogue des écrivains ecclésiastiques, avec
une liste de ses ouvrages.
Ses Ecrits. 5. Le premier cst ' coutre les ariens; saint
Léandre le composa pendant son exil, c'est-
à-dire en 086. Il était divisé en deux livres,
dans lesquels il faisait paraître qu'il élnit
très-instruit dans la science des divines écri-
tures, découvrant tous les subterfuges des
ariens, confondant leurs erreurs avec beau-
coup de force et de solidité, montrant ce
que l'Église catholique enseigne contre eux,
et en quoi elle dilïere des sectes hérétiques
dans sa doctrine et dans ses mystères. Cet
écrit n'est pas venu jusqu'à nous. Nous
avons aussi perdu un autre petit ouvrage où
il rapportait les objections des ariens, et y
joignait des réponses; plusieurs lettres au
pape saint Grégoire, une sur le baptême,
une autre à son frère pour montrer qu'on
' Iskl. llispaleus., I^f Siry<(. <'((7t's., caji. xxvui.
LKANDltE DE SEVILLK, ETC. A23
ne doit pas craindre la mort, et grand nom-
bre de lettres familières aux évoques ses
confrèies. Il avait encore travailb- aux otli-
ces de l'Kglise, fait deux éditions des Psau-
mes avec des oraisons , et composé des
chants agréables pour les prières et pour les
Psaumes que l'on disail dans la céhibration
d(;s saints mystères. On a pris de là occa-
sion de lui attribuer la liturgie, ou la messo
mozarabique, qui est l'ancienne liturgie d'Es-
pagne. Quelques-uns en ont fait auteur saint
Isidore son frère. Ils peuvent y avoir contri-
bué l'un et l'autre ; mais ils ne l'ont point
faite en l'état que nous l'avons aujourd'hui,
puisque leurs noms se lisent dans le canon
de la messe avec ceux de saint Ililaire, de
saint .\tbanase, de saint Ambroise, de saint
Augustin et de saint Fulgence. Le cardinal
Xiniénès fit imprimer cette liturgie à Tolède
en 1504; elle se lit, mais imparfaite, dans le
vingt-septième tome de la Bib/iollièf/ne des an-
cicnsPères. [Le tome LXXXV de la Patrulogie
latine et le suivant comprennent les liturgies
raozarabiques longtemps usitées en Espagne.
Le premier volume comprend le missel mixte,
d'après l'édition du père Leslée, jésuite, qui
y a joint de longues notes. Voici la division
de l'ouvrage : 1° Préface en forme de dis-
sertation par le père Leslée ; 2° Calendrier
mozarabique ; 3° Le missel divisé en deux
parties : le dominical , et le sanctoral ou
fête des saints ; les principaux chants y sont
notés. — A la suite on trouve un Appendice
cfui contient une messe de saint Pelage, com-
posée vers 930, un ancien calendrier, un ca-
lendrier gothique espagnol. Une table des
matières termine le volume. Le suivant com-
prend le bréviaire gothique d'après l'édition
d'Ant. Lorenzana, archevêque de Tolède; en
voici les principales divisions ; i° Préface
de Lorenzana ; 2° Le calendiier et le bré-
viaire gothique; 3° Le psautier; 4° Les canti-
ques ; 5° Les hymnes ; G° Les heures canoni-
ques ; 7° Le commun des saiuts ; 8° Le sanc-
toral ou office des saihts.]
6. Il nous reste de saint Léandre une let- ^?» ui-<, \
tre à sa sœur Florentine, intitulée : Institu- ^f^ p»^-
' iif^. pari. 3,
tion des Vierges et du inépris du monde. Ho!s- r-s- »', 'i-
ténius l'a donnée dans le Code des lîèijles de
saint Benoit d'Auiane, à Paris, en 1663,
d'où on l'a fait passer dans le douzième tome
de la Bibliothèque des anciens Pères [ei dans le
tome LXXXU de la Patrologie latine, col. 871
et siiiv. Elle est piécédée ici d'une notice
par Cave]. Florentine avait demandé à son
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cip.
434
frère quelle succession il lui laisserait en mou-
rant ; saint Léaudrc, y ayant fait réliexion,
ne trouva rien qui fiit digne d'elle dans la
possession des biens de la terre, parce qu'ils
sont tous péri^^sables. Comme elle avait fait
profession de virginité, il lui parut que ce
qu'il pouvait lui laisser de meilleur, était de
lui suggérer le moyen d'augmenter la ré-
compense qu'elle devait attendre de sa vir-
ginité, en lui apprenant à s'attacher entiè-
rement à Dieu, qui est l'héritage des justes
et l'époux des vierges. « Ce n'est pas penser
sagement, lui dit-il, que de préférer le monde
qui a été racheté par le sang de Jésus-Christ,
à Jésus-Cririst même ; celui qui rachète est
plus estimable que ce qu'il rachète. Les vier-
ges ont cet avantage , qu'elles sont telles
qu'elles ont été formées des mains de Dieu.
Le premier homme ne s'est perdu, et avec
lui tout le genre humain, qu'en ne voulant
vue des jeunes hommes dont les mœurs
ne sont point chastes ; ils ne peuvent faire
sur votre cœur et votre imagination que des c«i .m.
impressions dont les suites sont toujours
dangereuses, soit de jour, soit de nuit. On
doit aimer les hommes pour Dieu dont ils
sont l'ouvrage, et non pour la beauté du
corps. A l'égard du boire et du manger, il "•
en faut user modérément, et non au delà du
besoin , ni rechercher des mets sans les-
quels on peut vivre. Si la faiblesse de la
santé exige des soulagements, que l'esprit dm. m
ne se relâche en rien. Daniel n'eut que du
mépris pour les mets qu'on lui servit de la
table du roi : il vécut de légumes. Quand cup ».
vous aurez à parler à un homme, que ce
soit en présence de deux ou tiois de vos
sœurs. Jésus -Christ n'eût pas parlé seul
avec la Samaritaine, si ses apôtres n'eus-
sent été obligés de s'absenter pour aller
plus être ce que Dieu l'avait fait. Les vierges acheter de quoi manger ; ils n'eussent pas
sont la première portion du corps de l'E
glise. Quelle gloire n'ont-elles point à espérer
dans le siècle futur, pour n'avoir pris con-
seil ni de la chair, ni du sang, et pour s'être
conservées pures de toute corruption?» Saint
Léandre entre dans le détail de tous les
avantages de la virginité, et des dangers aux-
quels s'exposent celles qui, par de valus or-
nements , cherchent à plaire aux hommes.
Il convient que le mariage a aussi ses pré-
rogatives, ne fût-ce que celle d'engendrer des
vierges, et de faire naître des enfants pour
le ciel ; mais il soutient que les dangers en
sont très-grands et en grand nombre , soit
pour cette vie, soit pour l'autre. Il en fait la
description ; après quoi il donne à Floren-
tine et aux vierges qui vivaient avec elle en
communauté, une règle de vie qu'il distri-
bue en vingt-un chapitres, dont voici le pré-
cis. Fuyez la conversation des femmes en-
gagées dans le mariage, elles ne vous par-
leront que des objets de leur amour et de
leurs désirs ; en vain elles parailront ap-
prouver votre institut, ce ne sera qu'une
feinte de leur part pour vous séduire plus
aisément : et pour vous inspirer leurs sen-
timents. Fuyez également toute familiarité
avec les hommes , quelque réputation qu'ils
aient de probité ; de fréquentes visites de
leur part leur feront tort et à vous. C'est
un mal de donner lien aux autres d'en prMi-
scr de nous, et deux personnes de dill'é-
renl sexe ne sont pas ensemble sans danger;
mais évitez avec beaucoup plus de soin la
non plus été surpris de le voir seul avec une
femme, si sa coutume n'eut été contraire.
Partagez votre temps entre la prière et la lec-
ture. Si vous travaillez des mains, ou si vous
prenez votre repas, qu'une autre vous lise
quelque chose pendant ce temps-là. Cher-
chez dans la lecture de l'Ancien Testament
un sens spirituel, surtout dans le Cantique
des cantiques, qui est une flgure de l'amour
de Jésus -Christ pour son Église, et dans
rileptateuc(ue ' , c'est-à-dire les cinq livres
de Moïse, et ceux de Josué, des Juges et de
Ruth que l'on défendait autrefois aux per-
sonnes trop charnelles, comme pouvant leur
être plus nuisibles qu'utiles. Proportionnez
les jeûnes à la force du tempérament et à
la violence des passions; le jeûne est un
moyen de dompter la chair et de la soumet-
tre a res[)rit. Si vos inlirmités ne vous per-
mettent point d'observer un jeûne si rigou-
reux, vous ne pécherez point, mais vous re-
garderez comme au-dessus de vous celles
que l'infirmité ne dispensera pas de la loi.
Au reste, que celle qui par sa santé est en
état de la suivre, ne se scandalise point des
égards que l'on doit avoir pour celles qui se
portent moins bien ; que celles - ci .1 leur
tour s'humilient pour leur infirmité , et
qu'elles aient de la douleur de ne pouvoir
faire ce (]ue font les autres. L'excès dans le
vin est un crime mortel : une viertre donc
< Aiilrefiiis lu livre de Itiitli ne faisiiit
celui lie» Jugos.
1(11 uu iivec
CHAPITRE XLVIl. — SAINT LÉANDRE DK SÉVILLE, ETC.
[Vl" SIKCLE.]
qui est en sant^, fera bien de s'en al)Sfenir;
celle qui est d'une santé faible ou malade,
peut en user avec la niodt'ration que saint
Paul prescrit i\ Tiinotliée : elle doit aussi
user du bain unicpieincnt pour le rétablisse-
ment de sa santé, tout autre motif le rend
dangereux, surtout quanti on le prend pour
avoir la chair plus belle. La joie que donne
une bonne conscience, est celle qu'elle doit
chercher ; les joies mondaines ne doivent
pas être de son goût ; la tristesse qui est
selon Uieu leur est préférable , c'est celle-
li\qui rend heureux et qui mérite des con-
solations. Saint Léandre veut que sa sœur
ait im amour égal pour toutes ses sœurs,
sans distinction de personne, la qualité do
sei'vante de Jésus-Christ étant commune à
toutes, toutes étant baptisées et recevant
ensemble le corps et le sang de Jésus-Christ ;
mais A l'égard des besoins, il lui conseille
de les proportionner aux infirmités de cha-
cune, donnant plus à celle qui a de plus
grandes infirmités, les biens demeurant en
commun k toutes. S'adressant h sa sœur en
particulier, il l'exhorte à conserver en tout
temps une égalité d'âme, soit daus l'adver-
sité, soit dans la prospérité , dans la pau-
vreté et dans l'abondance, à fuir les titres
d'honneur, k se regarder comme la servante
de toutes. La mère de Jésus-Christ, dit-il, n'é-
tait riche que dans le Seigneur, et Josepli,son
époux, réduit à gagner sa vie en travaillant
à des ' ouvrages en fer. Il ne permet ni ne
défend à Florentine l'usage de la viande,
sachant qu'elle était d'une santé faible ; mais
il ordonne à celles qui se portent bien de
s'en abstenir ; il est d'avis qu'elle passe le
reste de ses jours dans le monastère oii elle
était entrée, parce qu'encore qu'elle y ren-
contrât quelq'ue sujet de tristesse par la dis-
corde ou les murmures qui pouvaient y naî-
tre, elle y trouverait toujours des exemples
de vertu à imiter. La vie commune des mo-
nastères a pris son origine dans les premiers
fidèles , qui avaient tout en commun ; cette
vie est préférable à la vie privée que mènent
certaines -lierges qui demeurent seules dans
les villes , où elles ne laissent pas d'être oc-
cupées de plaire par la propreté de leurs
habits, et des soins de lem' ménage, qui les
détournent des choses de Dieu. Il appelle
vol ce qu'une religieuse possède en propre à
rinsu de la communauté, parce que tout de-
42,j
vaut être en commun, l'une ne doit pas s'iip-
proprier ce qui appartient également aux
autres. S'il est permis aux hommes charnels
de jurer pour ôter tout soup(;on île fraude,
il ne l'est pas aux personnes spirituelles:
lors même qu'elles sont assurées qu'elles
disent vrai , elles doivent se contenter de
dire : cela est, ou cela n'est pas ; tout ce qu'elles
ajouteraient de plus , ne pourrait venir que
du malin esprit. « N'atTectez point de parler
{\ une de vos sœurs en particulier, à l'exclu-
sion des autres : ce qu'il est utile ù l'une de
savoir, ne l'est pas moins à toutes. Si ce que
vous lui dites est bon , pourquoi ne pas le
communiquer aux autres? S'il est mauvais ,
vous ne devez ni le penser, ni le dire h per-
sonne. Saint Léandre finit sa règle en con-
jurant sa sœur de persévérer dans l'état
qu'elle avait embrassé , et après être sortie
de sa famille et de son pays, à l'imitation
d'Abraham, de ne pas regarder derrière elle
à l'exemple de la femme de Loth, de peur que
ses sœurs ne voient en elle ce qu'elles de-
vront éviter.
7. Nous ne répéterons point ici ce que
nous avons dit ailleurs du discours que fit
saint Léandre sur la conversion des Goths :
il fait partie du troisième concile de Tolède,
tenu en 389. [Il est reproduit d'après Mansi
au tome LXXII de la Patrologie latine, col.
894 et suiv.] Le saint évêque souscrivit le
troisième aux décrets de ce concile, en qua-
lité de métropolitain de la province Bétique.
Son style, quoique concis et sentencieux,
est fort net. On a mis à la fin de sa règle une
épitaphe qui lui est commune avec son frère
saint Isidore et sa sœur Florentine ; ils étaient
tous trois enterrés dans un même endroit,
saint Isidore au milieu des deux. [Cette épi-
taphe se lit daus la Patrologie latine, ibid.
col. 893].
8. Jean de Biclar eut part, comme saint
Léandre, aux persécutions que le roi Lévi-
gilde fit soufi'rir aux catholiques d'Espagne.
H était de la ^ nation des Goths, né àScalabe
ou Santaren, dans la province de Lusitanie.
Étant jeune, il alla à Constantinople, d'où,
après s'être rendu habile dans les lettres
grecques et latines, il revint en Espagne au
bout de dix-sept ans , dans le fort de cette
persécution. Lévigilde voulut l'obliger â em-
brasser l'hérésie arienne ; et le trouvant
ferme dans la foi catholique, il le relégua à
Cip. XX.
Dis<'our> de
S. LéaoJr'!
tur la convPr-
ïion de Goths.
.lutrement de
snD stylo S> a
épilaplm
Cod. Reeiil.
P'g. 108, paît.
3.
Jpan de Bi-
rlar. ^OS
tcrils.
Cerle faber {errarius fuisse legilur. Cap. xiv.
* IsUi., De Script, eccles., cap. xxxi.
i26
HISTOIRE GKNÉllAL DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Tom. I,
LoclioD. Ca-
Darcelouc. Jean \- passa dix anni'es, pen-
dant lesquelles il eut beaucoup à souUVir des
artifices et de la violence des ariens. Ensuite
il fonda un monastère dans les vallées des
Pyrénées, nommé Biclar, où ayant assem-
blé une communauté, il lui donna une règle
très-utile, non-seulement ;\ ses moines, mais
à toutes les pei'sonncs qui craignent Dieu.
Nous n'avons plus cette règle. L'abbé Jean
fut depuis élu évèque de Girone. L'année de
sa mort est incertaine. Il nous reste de lui
une Chronique abrégée, qu'il composa pour
continuer celle de Victor de Tunone, com-
mençant ;ï la première année de Justin le
Jeune, q*"ii est l'an,jGG, et finissant à la hui-
tième de l'empereur Maurice, et à la qua-
trième du roi Récarède, c'est-à-dire à l'an
589. Canisius l'a donnée parmi ses Leçons
anciennes imprimées à Ingolslad, et depuis à
Anvers par les soins de Basnage, [et dans
le tome Xn de la Bibliothèque de Galland,
avec une notice. Le tome LXXII de la Pufro-
logie latine reproduit cette édition, qui est
beaucoup plus correcte que celles de Cani-
sius et de Basnage. Galland s'est servi du
préférence de l'édition donnée par Scaligcr
en !606, à Amsterdam, dans le T/wsaurus
tem/jorum. Il cite deux autres éditions, l'une
de François Schott, Hispania illustratn, lora.
lY; l'autre du cardinal d'Aguirre, Concil.
Jlig/jan., tom. IL] On trouve dans cette chro-
nique la suite des empereurs, des rois d'Es-
pagne et des papes, et les faits les plus
remarquables arrivés dans l'Ktat et dans
l'Église. Jean de Biclar parle de l'assem-
blée des évêqucs ariens tenue à Tolède par
ordre du roi Lévigilde, où il fut ordonné que
les catholiques qui passeraient de l'Église
dans la secte arienne, ne seraient point re-
baptisés ; qu'on se contenterait de leur impo-
ser les mains, et de leur donner Ja commu-
nion. Il fait aussi mention du concile assem-
blé en la même ville sous le roi Récarède, où
ce prince présenta sa profession de foi, et où
se fit la réunion des Goths à l'Église catho-
lique, après qu'ils eurent abjuré leurs er-
reurs.
CHAPITRE XLVUI.
Jean le Jeûnenr patriarche de Constantinople [595] [écrivain grec], Licinien
évêqae de Carthagène [584J, Sévère étfêqce de Malaga [vers
le même temps] [écrivains latins].
Jp.in le JoiV
neiir, [lat
1. Six jours après la mort du patriarche
é'Iî'de'Toi's Eutychius, arrivée le 5 avril 582, ou élut
lnnliiio;le, in **
pour lui succéder sur le siège de Constan-
tinople, Jean, diaci'c de la grande église de
cette ville, surnommé le Jeûneur. La réputa-
tion de savoir et do vertu qu'il s'était acquise,
réleva à celle dignité, qu'il remplit en vrai
pasteur, employant tous ses levenus et tous
ses soins aux besoins do. son troupeau, ])on-
danl qu'il se refusait iï lui-même les commo-
dités de la vie, et vivant dans une abstinence
conlinuiiUe et dans un jeûne très-rigoureux,
d'où lui vint apparcmuient le siu'iiom de Jeû-
neur, il est qualifié de moine dans un dis-
cours sur la pénitence, dont on le fait au-
teur; et Jean Diacre, qui écrivait dans le
ix° ' siècle, le qualifie de môme. Sa vie dure
et pénilcute pendant son épiscopal , semble
être une troisième preuve qu'il avait fait
profession de la vie monastique avant d'être
admis dans le clergé de Constantinople par
le patriarche Eutychius. Les Grecs' le font
originaire de cette ville , et ajoutent qu'il
y exerça d'abord le métier de sculpteur.
Dans un concile tenu h Conslantinople en
SSn, Jean prit le litre d'évéque universel ; le
pape Pelage II en ayant été informé ", cassa
les actes de ce concile, et défendit à l'archi-
diacre Laurent, qui était son nonce auprès
de i'Einiierptir, d'assister i\ la messe avec le
patriarche Jean. Nous verrons dans l'ai-licle
de saint Grégoire , successeur de Pelage ,
([uelles fiH-ent les suites de celte alfaire. Elle
n'cnqièciia pas que saint Grégoire n'adres-
' Jn.iiinc8l)iac,lil). \\\DcVitnS.Greg.,n\\m.'\.
* Méiitjcs nu K>iijii(l jciiii- (U Fcjili'iiibn:, on l'His-
toire iin>n.isli(|nr il'Orieiil, lib. IV, ciip. xvu.
> fireu-, lil). V, Liiisl. ;8.
[vC SIÈCLE.] CHAPITRE XLVIII. — JEAN
sAt i^i Jean, comme aux auties patriarches
d'Orient, les lettres synodales du loiicile qu'il
avait assemblé à Home en îiill. Deux ans
après il lui écrivit une lettre en particulier,
pour Ini recommander Sabinien , iju'il en-
voyait en qualité do son nonce ù Constanli-
nople. 11 lui avait écrit deux autres lettres
au sujetd'un prêtre nommé Jean, et de ijuel-
qnes moines d'Isaurie accusés d'hérésie ,
dont l'un, qui était prôtre et se nommait
Anasiase , avait reçu des coups de bâton
dans l'église de Constantiuople. Le patriar-
che Jean répondit qu'il ne savait ce que c'é-
tait ; sur quoi saint Gréifoire lui dit dans la '
lettre dont il avait chargé Sal)inien : « J'ai été
fort surpris de la réponse que vous m'avez
faite ; si vous dites vrai, qu'y a-t-il de pire
que de voir les serviteurs de Dieu ainsi trai-
tés, sans que le pasteur qui est présent en
sache rien ? Mais si vous le savez, que répon-
sip,>, II. drai-je à cela, tandis que l'Écriture dit : La
bouche qui ment tue /'«m<? ? Est-ce là qu'abou-
tit votre abstinence? Ne vaudrait-il pas mieux
voir entrer de la chair dans votre bouche,
que d'en voir sortir un discours faux où l'on
se joue du prochain? Dieu me garde d'avoir
de vous cette pensée. Ces lettres portent
votre nom ; mais je ne crois pas qu'elles
soient de vous : elles sont plutôt de ce jeune
homme qui est auprès de vous , qui ne sait
encore rien des choses de Dieu, qui ne con-
naît pas les entrailles de la charité , et que
le monde accuse de plusieurs crimes. Si
vous continuez à l'écouter, vous n'aurez
point de paix avec vos frères. » On voit par
une autre lettre* de ce pape , que Jean con-
tinua jusqu'à sa mort de prendre le titre de
patriarche universel; car cette lettre est du
1" janvier de l'an 395 , et Jean mourut au
mois de septembre de la même année, après
treize ans et cinq mois d'épiscopat. L'em-
pereur ' Maurice lui avait prêté une somme
considérable , dont Jean lui avait fait une
obligation qui portait hypotlièque sur tous
ses biens ; mais après sa mort ce prince ne
trouva chez lui qu'une couchette de bois,
une mauvaise couverture de laine , et un
manteau tout usé. Admirant la vertu du pa-
UE CONSTANTINOPLE, ETC. i27
triarche, il déchira l'obligation , et fit porter
au palais ces' pauvres meiiliies, dont il fai-
sait plus de cas que de l'or et de l'argent. Il
couchait sur ce petit lit pendant le Carême.
2. Saint Isidore de Séville n'attribue ' d'au- kt u d«
très écrits a Jean le JeTineiir, qu une lettre sur •""■
le baptême à saint Léandre, son frère et son
prédécesseur sur le siège épiscopal de cette
ville, dans laquelle Jean ne disait rien de
nouveau, et ne faisait que lapporter les sen-
timents des anciens sur les trois immersions.
Nous n'avons plus cette lettre, mais on nous
a donné d'autres ouvrages sous le nom de
Jean, savoir : une homélie assez longue sur
la pénitence, la continence et la virginité,
une sur les faux prophètes et les faux doc-
tcm's, un pénitenliel et un discours où il
prescrivait l'ordi-e que l'on doit garder dans
la confession de ses péchés. Les deux home- ^><><: '.<»"•
lies sur la pénitence et sur les faux prophè-
tes ont souvent été imprimées parmi celles
de saint Chrysoslome, mais on est enfin con-
venu qu'elles ne sont point de lui ; le style
de la seconde est bas et rampant, l'auteur ne
savait pas même sa langue naturelle, ou du
moins il en ignorait les règles, puisqu'on y
trouve plusiem-s fautes contre la grammaire.
Elle ne peut donc faire honneur ni à saint
Chrysoslome ni à Jean le Jeûneur : la pre-
mière vaut beaucoup mieux. Dom Montfau-
con, qui a cru avec Vossius et Fearson qu'elle
était de Jean, ne l'a point mise dans son édi-
tion des œuvres de saint Chrysoslome ; mais
elle se trouve dans le premier tome de celle
de Morel, et dans le septième de celle de Sa-
vilius. Le Pénitenticl a été imprimé par les
soins du père Morin, à Paris en 1631, sous
le nom de Jean le Jeûneur. Ce père doute
toutefois qu'il soit de ce patriarche, parce
qu'on y rencontre plusieurs choses qui sont
d'un siècle postérieur au sien. On ne connais-
sait pas, en effet, dans le vi= siècle trois ca-
rêmes dans l'Église, communs aux laïques et
aux clercs : un avant la fête de saint Phi-
lippe, un avant la fête des douze apôtres, le
troisième avant Pâques. L'auteur du Péiii-
tentiel les * marque tous trois ; il vivait donc
après le vi° siècle. Il est parlé de ces trois
' Greg., Epist. 53, lili. III.
» Greg.Jib. VII, E7)is(. 4.
' Theophyl., lib. VII, cap. vi.
* loannes Grœco eloquio edidil de sacrameiito
taplismalis rescniduin ad beiUiv recordalionis
doininum inetim el piu'decesaorem Lcandrum aii^
tislitem. In quo nihil proprium ponit, sed tan-
tuinmodo antiquorum Patrum replient de trina
mersione senteiiUas. Isid., De Script, écoles., cap.
x.wi.
' Decernimus aulem sœcularibus ut a carne
abslini'iint dudbus quadragesimLi, sancli scilicei
428
HISTOIRE G1';NI':IIALE des AUTEUllS ECCLESIASTIQUES.
éTèqus dti
Ses «cnls.
Isidor. de
Scrir-E-eles.,
cap. JtiiA.
carêmes dans un ' traité qui porte le nom d'A-
nastasc le Sinaïte, mais ijui n"en iicut être
puisqu'il fut écrit après le ' septième concile
général, c'est-à-dire après l'an 787, sur la
fin du VIII' siècle. Le Pénitentiel attribué à
Jean le Jeûneur peut être du même temps.
Le père Morin doute éjxalement que l'autre
opuscule qu'il a fait imprimer sous le litre
de Méthode de confesser ses péchés à son jière
spirituel, soit du patriarche de Constantino-
ple ; il penche <i croire que ce n'est ([u'un
extrait du Pénitentiel rédigé en une instruc-
tion familière, ce qui a beaucoup de vrai-
semblance. Les Grecs du moyen âire n'ont
pas laissé d'attribuer ces deux opuscules à
Jean le Jeûneur, comme on le voit par di-
vers manuscrits grecs qui portent son nom ;
Lambécius en cite plusieurs dans le qua-
trième hvre ' de sa bibliothèque. [Le tome
LXXXVUI de la Patrologie grecque reproduit
le Pénitentiel, le sermon sur la Confession
et la Pénitence, le sermon sur la Pénitence,
la Continence et la Virginité, col. 188'J et
suiv.]
3. Xous ne savons de Licinien que ce que
saint Isidore de Séville nous en a appris. Il
était évèque de Carthagèue , et savant dans
les saintes Ecritures. Entre plusieurs lettres
qu'il écrivit, il y en avait une sur le sacre-
ment ' de baptême, d'autres à l'abbé En-
trope, qui fut depuis évèque de Valence.
Saint Isidore ajoute qu'il n'avait pas con-
naissance d'autres fruits de son travail et
de son industrie; que Licinien lleurit sous
l'empire de Maurice, qu'il mourut à Cons-
tanlinople empoisonné, comme ou le croyait,
par ses ennemis, ce qui ne pouvait nuire à
son àme, puisqu'il est écrit : Quand le juste
mourrait d'une mort précipitée, il sera dans le
repos. Il nous reste une lettre de Licinien au
pape saint Grégoire, dans laquelle il lui té-
moigne combien il était content de la lec-
ture de son livre des Règles, c'est-à-dire de
son Pastoral : saint Léandre l'avait fait con-
naître aux Églises d'Espagne. Licinien trouve
dans ce livre d'excellents préceptes sur la
pratique de toutes sortes de vertus, non-seu-
lement pour- les évêques, mais pour ceux
même à qui le gouvernement des âmes n'est
pas conlié, et une doctrine qui s'accorde
parfaitement avec celle des plus fameux doc-
teurs de l'Église, saint Hilaire, saint .\m-
broise, saint Augustin, saint Grégoire de Na-
zianze ; ce qu'il prouve en rapportant les
termes de quelques-uns d'entre eux, en par-
ticulier de saint Hilaire, de saint Ambroise
et de saint Augustin; mais comme ce saint
pape défendait dans ce livre d'ordonimr
évèque un homme sans science, Licinien
dit avec beaucoup d'humilité , que dans ce
cas on aurait dû l'exclure de l'épiscopat ,
puisqu'il se reconnaissait du nombre des
ignorants, et qu'il faudrait en exclure beau-
coup d'autres qui n'avaient pas les talents que
saint Grégoire demande. «Ne suflirait-ilpas,
ajoute-t-il, pour être élevé à ce degré d'hon-
neur, de savoir Jésus-Christ, et Jésus-Christ
crucifié? iii cela nesutlit pas, je ne vois point
qui pourra être évèque, en supposant néces-
saires toutes les quahtés que vous exigez dans
votre livre pour l'épiscopat.» Il marque que
l'on avait soin dans l'église d'Espagne d'ex-
clure du sacerdoce les bigames ; mais dans
la frayeur que lui avait causée le Pastoral de
saint Grégoire , il le prie de lui écrire quel-
ques mots de consolation, craignant que le
manque de sujets ne l'ait engagé à ordonner
prêtres ceux qui n'avaient pas peut-être
toutes les qualités requises. 11 s'excuse sur
le besoin, disant que, si l'on ne voulait or-
donner que ceux qui en sont dignes par la
réunion de tous les talents qui forment de
grands évêques, la foi ne serait plus prè-
chée, ni le baptême administré (l'Apotre
toutefois ordonne l'un et l'autre.) 11 faudrait
aussi faire cesser la célébration des saints
mystères, qui ne se fout que par les prêtres
et les ministres de l'Hglise. Saint Léandre,
évèque de Séville, avait fait voir à Licinien les
jl/ora/e.'i de saint Grégoire surJob.s.ans lui don-
ner le temps de les lire : il prie donc le Pape de
les lui envoyer, parce qu'il n'était pas con-
tent des homélies d'Origène sur ce sujet ,
mises en latin par saint Hilaire de Poitiers,
Il lui demande aussi ses autres ouvrages de
morale, dont il faisait mention dans sou Pas-
I. Cor.
Philippi et sanctorum duodecim apostolorum. In
magnn autem qtiadragesima si fieri pntest a pis-
cibus sœculares ahslinebunt prwler sabbalha et
dominicas... oleo vero monachi. I'<ruit. , pag.
89.
' Aiiafl. Siuaïln. Traclatu de tribus quadrage-
siiiiis, loiu. III ilonumenlor. Cotelerii, pag. 420.
• Id servalum ftnl a sanctis patribus et seplem
cnnciliis generatibus. Ibid., pag. 430.
» Uinlii'iius, lit). IV, pag. 196, etlih. V, pag.23fi,
.'t lib. VIII, pag. 472.
' Cnjus Liciniani nonnull(U legimus epislolas ;
de sucnimenti) denique baplismatis unain. Isid.,
!ib. De Scriph eccks., cap. xxil.
[VTT" SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
toral. Il finit pn ces termes : (( Que Pien con-
serve en Sidilé vol re^ cou ronnf \tonr rinslriic-
tion de l'Église. » C'était un litre d'honnenr
que les évéqncs donnaient au Pape, comme
on le voit par saint Aiii;iistin et piiisimirs
anciens, nommément par- Kniinde dans une
de ses lettres au pape Symma(juc. La lettre
de Licinicn se trouve dans le second livre des
lettres de saint Gréiîoire , où elle est la cin-
quante-(]uatri('Mno. [On la trouve aussi dans
le tome L.XIl de la Patrolngic latine, col. 681)
et suiv. avec deux autres lettres éditées d'a-
près les manuscrits de Tolède. La première
est écrite par Licinicn et Sévère le Petit nu
diacre Epipliane ; on y montre que les anges
et les ihnes douées de raison sont des es-
prits, et qu'ils n'ont pas de corps. On prouve
cette vérité par l'Écriture ; on y réfute le.s ob-
OnÉGGIRE LE fiRAND, PAPE. 42-.)
jfictions. Les témoignages de saint Jérôme,
de saint Augustin, de Claudien qu'on qua-
lifie d'homme très-disert et qui a écrit trois
livres sur l'incorporalité de l'âme, sont invo-
qui's. La seconde lettre est adressée à Vin-
cent, évèque de l'iled'Iviça, autrement Klju-
sus. Elle est contre ceux qui croyaient que
des lettres étaient tombées du ciel sur le
tombeau de saint Pierre h Homo.]
■4. Sévère, évèque de Malaga, ami et col-
lègue de Licinien, fleurit et mourut sous le
Stvir». h:.
(]iie do Mul.f
Ku Si>s icrits
rcïnc de 1 empereur Maurice. Il écrivit un ''■■'"'■• ""
. , i>:ripfor. Ec-
petit traite contre Vincent de Saragosse, qui '
avait quilté l'Eglise catholique pour passer
dans le parti des ariens, et un livre sur la
virginité à sa sœur, intitulé : l'Anneau. Ces
deux écrits sont perdus.
des.
CHAPITRE XLIX.
Saint Grégoire le Grand, pape et doctenr de l'Église [6041.
f'Iro CD -*!'.
kio éJuca-
<0D.
ARTICLE I".
HISTOIRE DE S.\ VIE.
1. La ville de Rome fut le lieu de la nais-
sance de saint Grégoire ; son père se nom-
mait Gordien , et sa mère Sylvie. Ils étaient
l'un et l'autre également considérables par
la noblesse de leur naissance et par la sain-
teté de leur vie. Gordien était du nombre
des sénateurs, mais il renonça aux dignités
du siècle pour embrasser l'état ecclésias-
tique. On dit ' qu'il fut fait diacre régio-
naire, c'est-à-dire l'un des sept diacres car-
dinaux, qu'on nommait régionaires à cause
que Rome ayant été partagée en sept quar-
tiers ou régions , cbacim de ces diacres
avait soin dans son quartier des pauvres
et des hôpitaux appelés diaconies. Sylvie se
retira dans un monastère proche le portique
de saint Paul , nommé Celle-Neuve. Saint
Grégoire , par un etfet de sa piété et de sa
• Incolumem coronam vestram ad eriidiendam
Ecclesiam suam sancla Trinitas Dcus conserrare
dignetur. Licwi., Epist. ad Greg. Papani, tome 11,
pag. 622. (iVorœ edit.',
' Erigalparvulos implorata toronœ veslrœ mi-
seratio. Eunod., lib. IV, Epist. 22, ad Symmachum
Papam.
tendresse envers son père et sa mère, Attirer
leurs portraits , que l'on conserve encore à
Rome avec le sien dans une petite chapelle de
Saint-André. On ne donne que des conjectu-
res sur l'année de sa naissance, et elles se ré-
duisent h la fixer en 540. Dès son enfance il
fut instruit * avec tant de soin dans toutes
les disciplines et dans tous les arts libéraux,
qu'il n'y avait personne qui ne lui cédât
en érudition dans Rome. D avoue ^ toutefois
qu'il ne savait pas le grec ; mais ses lettres,
surtout la quarante-cinquième du treizième
livre, font voir qu'il avait très-bien étudié
les lois. D'un esprit et d'un jugement mûr,
dans * un âge peu avancé , il écoutait avec
attention les paroles sentencieuses des an-
ciens, et lorsqu'il entendait dire des choses
dignes d'être retenues, il les gravait profon-
dément dans sa mémoire. Il mettait ' son plai-
sir à converser avec les vieillards, pour pro-
fiter de leur sagesse.
2. Les Lombards venaient de ravager l'I-
' Joan. Diac, lib. IV De Greg. VU , nuin. 43,
et Baronius ad an. 604.
' Paiilus Diac, num. 2.
5 Greg., lil). VII, Epist. 32.
^ Joan. Diac, lib. 1, num. 3.
' Greg., Dialogo 1, cap. ix.
%
430
HISTOmE GÉNI^.RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
i,r«i.ord.R^ talie, en dépouillant les églises, tuant les
prêtres et les evéqucs, et laissant paitout des
marques de leurcriiautii et Je leur avarice,
lorsque saint Grégoire fut obligé de prendre
part aux atl'aires de la république. On lui
donna la charge de ' préteur, c'est-à-dire de
principal magistrat de la ville pour la justice
civile. Ce fut pendant qu'il exerçait cette
charge, qu'il souscrivit, avec plusieurs per-
sonnes de qualité, à la confession de foi que
Laurent, évêquc de Milan, avait présentée
au pape pour la condamnation des Trois-
C/iapitres. Ce pouvait * être vers l'an 374,
dans les premières années de l'épiscopat de
Laurent, sous le pontiikat de Benoit sur-
nommé 'Bonose. Quelqu'éloigné que saint
Grégoire fut du luxe et du faste, il se crut
obligé, pour faire honneur à sa charge, de
porter ' des habits de soie tout brillants d'or
et de pierreries. Il avait dès lors résolu de se
donner à Dieu ; mais il se persuadait qu'il
pouvait le servir également au milieu des
grandeurs et des embarras du monde : ainsi
différa - 1 - il longtemps son eutière conver-
sion. 11 s'accuse de cette faute dans im en-
droit de ses ' écrits.
3. Étant devenu, parla mort du sénateur
Gordien son père , possesseur- des grands
biens de sa famille, il ' en fonda six monastères
en Sicile, leur donnant des terres et des fonds
autant qu'il était nécessaire pour la subsis-
tance des religieux. Il en établit un septième
k Home dans sa propre maison, sous le nom
de Saint-André, qui existe encore. Il était oc-
cupé par des moines grecs du temps de Jean
Diacre, après l'avoir été par des religieux de
saint Benoit; il appartient présentement aux
Camaldules. Ce dernier monastère fut celui
qu'ilchoisit pour le lieu de sa retraite. D y prit
l'habit monastique, et vécut premièrement
sous la tliscipline del'abbe Hilarion, puis sous
l'abbé Maximien, qui fut quelque temps après
fait évéque de Syracuse. Il pourrait paraî-
tre suiprenant que saint Grégoire ait choisi
sa propre patrie pour y vivTC caché, si l'on
Il qDille le
monde it .0
retire dan5 ua
ne savait que, toute l'Italie étant alors dans
le trouble par les ravages des barbares, il
n'était pas sur de demeurer partout ailleurs
qu'ù Rome, défendue et protégée par les
apôtres saint Pierre et saint Paul, comme
saint Grégoire le répète souvent dans ses
lettres. Il est inutile de s'étendre beaucoup
à montrer qu'il fit véritablement profession
de la vie monastique, puisqu'il assure lui-
môme ° qu'il a eu pour supérieur dans le
monastère de Saint-André l'abbé Valentin, et
qu'il dit ailleurs qu'il avait vu Maxime moine
lorsqu'il l'était lui-même'; siint Grégoire de
Tours, et Jean Diacre, sont formels là-des-
sus. La règle qu'il professa fut celle de saint
Benoit : on pourrait en apporter un grand
nombre de preuves; mais il sullit de remar-
quer que les religieux qu'il envoya pour con-
vertir l'Angleterre, poitèrent avec eux cette
règle, et qu'ils l'y établirent : or ils étaient
du monastère de saint André, où ils vivaient
avec saint Grégoire, et pratiquaient une
même i ègle. Eussent-ils porté avec eux une
autre règle que celles qu'ils suivaient? Saint
Grégoire s'appliqua tellement à mortifier son
corps par le jeune ' et par l'étude des livres
saints, qu'il s'all'aililit l'estomac, et qu'il tom-
bait en syncope s'il ne prenait souvent de la
nourriture. Ce qui l'affligeait le plus, était de
ne pou voir jeûner le samedi-saint, jour auquel
tout le monde jeûnait ^, même les enfants.
Il demanda A Dieu avec beaucoup delîirmes'",
de pouvoir jeûner au moins ce saint jour.
Quelque temps après il se sentit fortifié, et ne
pensa plus ni à la nourritui-e, ni à la mala-
die. Sa nourriture ordinaire était des légu-
mes crus " que sa mèi-e Sylvie lui fournis-
sait; elle les lui envoyait trempés dans une
écuelle d'argent, qu'il fit un jour donnera
un pauvi'e, n'ayant plus autre chose en
main.
4. Passant par le marché de Rome, où
l'on avait exposé en vente des marchandises
arrivées depuis" peu, il aperçut des escla-
ves d'une blancheur et d'une beauté singu-
de. Ariklax.
• Greg., lib. IV, Epist. 2.
' .Mabil., Mus. Italie, loiiie 1, p.ig. 11.
» Paulus L)inr., nuiii. ^.
* Prœfat. Moral, in Job.
' ijreg. Turun., lil). X, rap. i; Joan. Diac, lib. I,
auiii. 5, et Paulus Uiai;., niim. 5.
• Silere non debeo quoi de hoc vira, abbalc
quondam meo, revtrendisitimo Valentino narrante
agnoii. Greg., lib. I Dialog., cap. iv. J!ic mihi in
mottaflerio posilo valde fainiliaris juitgcbatur.
Ibiii., Ijb. III, cap. xxxvjii. ^aln quidam mecum
in monasterio frater Antonius nomine, vivehal.
Ibiii., lib. IV, cap. XLvii. Filium suum nowine
Maximum, quem ipse jam monachus monaclnim
vidi. Ibid., cap. xxxviii.
^ Greg. Turon., lib. X,cap. I; Joan. Diac, lib. I,
mim. 5, 6 cl 7.
' Joau. Uiiic, lib. 1, num. 7. — • Ibid.
•o Greg., Diatogo 3, cap. xxxiu.
>i Joan. Diac, ubi sup., uuin. 9.
>* Joau. Diac, lib. I, num. 21 ; Ucda, lib. Il lli.tl.
Angl., cap. I.
. i Con-
[vil' SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
lièrcs. 11 ileniaiula an iiiairhaiitl (|ui les avait
auienrs pour 1rs vt-iulie, df. ([uc] pays ils
étaient, et d'où ils venaient. «De l'Ile de Bre-
tagne,ri'pondil-il, dont tous les lia bilanls sont
beaux de visagi\et aussi hicn faits. » « Ca'.h in-
sulaires sont-ils chriîtiens?» demanda saint
Grégoire. « Non, répliqua le marchand, ils
sont encore païens. » « (juel dommage, dit le
saint en soupirant, que de si beaux visages
soient sous la puissance du démon!)) En in-
terrogeant encore le marchand, il apprit
qu'ils étaient de la nation des Anglais. Ce
nom lui parut convenable à ces peuples, à
cause qu'en latin il s'en faut peu qu'il ne si-
gnifie un ange, et que ces Anglais lui parais-
saient d'une beauté angélique. 11 sut, par la
suite de sa conversation avec le marchand,
que ces jeunes esclaves étaient de la province
de Dcïri, à présent dans le duché d'York.
Aussitôt il alla trouver le pape Benoît, le pria
d'envoyer dans la Bretagne des ministres de
!a "parole de Dieu, et s'otl'rit lui-même. Le
l'ape y consentit; mais le peuple romain,
averti du départ de saint Grégoire, se plai-
gnit à haute voix de l'éloiguement d'un hom-
me si nécessaire à la ville, et demanda son
rappel en criant, lorsque le Pape passait pour
aller k l'église de Saint-Pierre : Vous avez of-
fensé saint Pierre, vous avez détruit Rome en
laissant aller Grégoire. Benoit étonné de ces
cris, envoya promptemeut des courriers pour
le rappeler. Il avait déjà fait trois journées,
et il pressait ses compagnons d'avancer, pré-
voyant ce qui arriverait; mais contraints de
prendre quelque repos, à l'heure de midi, à
cause de leur lassitude, ils furent devancés
par les courriers qui les obligèrent de retour-
ner.
5. S. Grégoire, de retour à Rome, continua
à gouverner son monastère. Le Pape, voyant
ses progrès dans la vertu, l'ordonna l'un des
sept diacres de l'Église romaine , soit pour
lui servir à l'autel, soit ' pour lui venir en aide
dans l'administration des affaires ecclésias-
tiques, qui avaient besoin de reprendre une
uouveUe face ; car les diacres avaient alors
la principale part au gouvernement de l'É-
glise après l'évèque. Quelque temps après, le
pape Pelage II, qui avait succédé à Benoit,
mort le 30 juillet de l'an 377, l'envoya à Cons-
tantinople en qualité d'apocrisiaire, ou de
nonce apostolique. C'était vers l'an 378, ou
Il r<M-lo
nu j/uliiuictio
Kii'v.hiu. . ri
la rail charger
do .inliiiiutil,
en ,»i.
GUÉGniIlE LE GRAND, PAPE. 4.31
du moins l'annt'e suivante, lorsque Tibère,
après la mort de Justin, gouvernait seul
l'Enqjire. Il était 'd'usage que les Papes eus-
sent toujours un nonce à la cour impériale ;
et quand ils y inaui|uaient, les empereurs en
faisaient des plaintes. Saint Grégoire emme-
na 'avec lui [)lusieurs moines de sa commu-
nauté, pour continuer avec eux les exercices
de la vie monasfi(iuc, (d s(; remettre parleur
compagnie de l'agitation des atfaires tempo-
relles.
6. Eutychius, patriarche de Constantino-
ple, avec (jui sa charge l'obligeait de com-
muniquer souvent, était dans l'erreur au su-
jet de nos corps après la résurrection, croyant
qu'alors ils ne seraient plus palpables, et
qu'ils deviendraient plus subtils que le vent
et que l'air le plus pur; il avait même publié
un écrit pour établir son sentiment. Saint
Grégoire lui résista, ne croyant pas devoir
soutl'rir que cette hérésie s'établit sous ses
veux dans la ville impériale, d'où elle pour-
rait se lépandre facilement dans tout l'em-
pire. Il eut avec le patriarche des conféren-
ces particulières, et une où l'empereur Tibère
fut présent. Ce prince, ayant pesé les rai-
sons alléguées de part et d'autre, résolut de
faire brûler le livre d'Eutychius. Ce patriar-
che, au sortir de cette conférence, tomba
malade, et se voyant à l'extrémité, il dit *, en
prenant la peau de sa main en présence de
ses amis : « Je confesse que nous ressuscite-
rons tous en celte chair. » Il mourut leo avril
582, et l'empereur Tibère le 3 août de la
même année; ce qui fait voir que ce fut
aussi en cette année que saint Grégoire eut
avec Eutychius les conférences dont nous
venons de parler. Il nous en a donné l'abrégé
dans ses Morales sur Job, en expliquant ce
passage : Je serai de nouveau environné de la j,,i,., x.t
peau qui me couvre. Pendant qu'il était encore fi'irJ.',',',. -.i
àConstantinople, il s'y répandit le bruit qu'on ™n., i.'i,,
y semait de nouvelles erreurs, par lesquelles
on enseignait qu'il était permis de séparer
les personnes mariées sous prétexte de re-
ligion; que le baptême n'efi'açait point entiè-
rement les péchés; qu'après avoir fait péni-
tence de ses fautes pendant trois ans, on
pouvait s'abandonner au désordre tout le
reste de sa vie sans crainte d'oll'enser Dieu,
et que si l'on forçait ceux qui tenaient de
semblables doctrines à prononcer anathème
' Greg. Turon., lib. X, cap. ii.
« BeUa, lib. II HisL. cap. i.
s Joan.
» Greg.
Diac, lib. I, mim. 26,
Dialogo 14, cap. xxix.
432
HISTOIRE GKNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Il rompo't
ses UoraLes
contre quelques-uns de ces articles, cet ana-
tlième ne les lierait pas. Théoctiste, sreur de
l'empereur Maurice successeur de Tibère,
fut accusée d'être de cette nouvelle secleavec
plusieurs autres personnes; mais saint Gré-
goire proteste ' qu'ayant vu celles à qui on im-
putait une si mauvaise doctiine, il n'avait re-
connu en elles aucune des erreurs qu'on leur
imputait; que mi-prisant les bruits qu'on ré-
pandait coutre leur r(^putation, il avait tâclié
de désabuser le public prévenu à leur désa-
vantage, et que pour cela il leur avait donné
part à son amitié.eu même temps qu'il prenait
soin do les défendre contre leurs accusateurs.
7. 11 employait tout le temps que ses af-
faires liîi laissaient libre, à étudier l'Écri-
ture, et t^ en donner aux autres l'intelligence.
Saint Léapdrc, évèque de Séville, était alors
à Constantinoplo pour le service du prince
Herménégilde, fils de Lévigilde, roi des Vi-
sigotlis en Espagne. Il lia une amitié très-
étroite avec saint Grégoire qui, à sa prière '
et aux instances de ses frères, composa ses
Explications morales sur Job. Saint Grégoire
sut aussi se faire aimer des plus grands de
la cour et des plus grands évêques d'O-
rient, entre autres d'Euloge, patriarcbe d'A-
lexandrie : les empereurs mêmes le respec-
taient. Maurice l'estima jusqu'à ' le faire
parrain d'un de ses enfants. 11 était donc en-
core à Constantinople en 583, Constantine
qui avait épousé Maujice en 582 au mois
d'août, n'ayant pu avoir d'enfants plus tôt
qu'au mois de mai 583. 11 y était même en
584, comme on le voit par une ' lettre que
lui adressa le pape Pelage, datée du 4 octo-
bre de cette année.
Il re»i.ni 8. De retour à Rome vers l'an 585, il fut
obligé de se cliarger du gouvernement de
son monastère de Saint-André à la place de
Maximien, élu depuis peu évêque de Syracu-
se. C'est ce qu'il est naturel de conclure d'un
fait qu'il raconte dans le quatrième " livre
de ses Dialogues. 11 y avait dans ce monas-
tère un religieux nommé Juste, fort liabile
en médeciue. Juste étant tombé malade, dé-
couvrit à son frère, nommé Copieux, qui
exerçait la médecine dans la ville, et qui
l'assistait dans sa maladie, qu'il avait cacbé
trois pièces d'or. La cbose étant venue à la
ft Uonie en
r.jr.. est fait
t\u de S.
connaissance de la commnnauté, on chercha
dans toutes les boites, et on trouva enfin les
trois pièces cachées au fond d'une boite
remplie de drogues. Saint Grégoire, saisi de
douleur de voir qu'on avait commis une si
grande faute contre la règle qui défend
aux moines d'avoir rien en propre, défendit
au prieurde son monastère, appelé Précieux,
de permettre à qui que ce fût d'aller voir le
malade sous prétexte de le consoler, excep-
té à son frère, à qui il avait ordonné de lui
répondre, s'il demandait pourquoi on l'aban-
donnait ainsi , que ses frères l'avaient en
horreur, à cause de l'argent qu'il avait ca-
ché, afin qu'il sentit sa faute et la pleurât du
moins à l'article de la mort. La chose arriva
comme saint Grégoire l'avait prévu. Juste
étant près de mourir, pria qu'on assemblât les
frères, mais on lui refusa cette grâce, et on lui
en dit la raison. Dieu le toucha dans ce mo-
ment, et il mourut dans les gémissements
de la pénitence. Le saint abbé, qui n'avait
usé de cette sévérité que pour donner un
exemple i\ la communauté, poussa la chose
plus loin, et pour imprimer davantage la ter-
reur et déraciner le vice de la propriété , il
commanda qu'on fit uue fosse dans le fumier,
qu'on y portât le corps du mort, et qu'on
jetât sur lui les trois pièces d'or, en même
temps que tous les frères crieraient : Que ton
argent périsse avec toi , et qu'ensuite on le
couvrit de terre. Le corps de Juste demeura
ainsi pendant trente jours, au bout desquels
saint Grégoire, touché de compassion, dit au
prieur de commencera oll'rirle sacrifice pour
lui, et de continuer durant trente joui-s ù
otl'rir l'hostie salutaire, pour obtenir son ab-
solution et sa délivrance. Saint Grégoire mar-
que ° encore plus clairement, dans un dé-
cret du concile de Latran , qu'il avait été
abbé du monastère de Saint-André.
y. Cela ne l'empêcha pas d'aider le pape
Pelage II en plusieurs affaires ecclésiasti-
ques ; il en fut le seoétaire comme saint Jé-
rôme l'avait été du pape Damase, et on con-
vient que les trois lettres au sujet de la con-
daumation des Trois-Chapitres, adressées A
Elle, archevêque d'Aquilée, et aux évèqucs
d'Istrie, sous le nom de ce pape, sont du
style de saint Grégoire. Paul Diacre les lui
Il ml
*er re K
Irt».
> Greg., lib. XI, Epis/. 4.'>.
• (Jreg., Prœfat. iii Job, uinii. 1 et 2.
• Grcg. Tiiroii., lib. X, cap. l.
• Jouii. Diiài-., lib. I, cap. xxxu.
» Lib. IV Dialog., cap. Lv.
' Qiiam sit necessarium monasleriorum quieti
connincere... anleactum uos offlcium quoii in re-
gimine monaslerii cxhibuimus informai. Greg.
l'iniH'Jai'Oii
itinrt (l>i l*3[io
Féli^i 11, ou
Eicebkl.ix,
S. Gr^gnl.»
e«i élu i>a|'Vt
[vu" sitcLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
alliilme ilans le troisic'iuo livro do l'IIistniro
des Lombards, en cemarnuant (]ii'il n'était
que diacre lorsqu'il les ëcrivit.
10. An mois de novembre de l'an 58t>, le
Tibre s'enlla ' si [irodigiensement i[ii'il passa
par-dessus les murailles de la ville de Ho-
me, inonda plusieurs quartiers, renversa
un fi^rand nombre d'édifices considérables,
et fit tomber les greniers de l'Eglise ; ce
qui entraîna la perle de plusieurs milliers
de muids de blé qui y étaient eu réserve, et
occasionna la disette dans Rome. L'inonda-
tion fut suivie d'une grande quantité de ser-
pents (jui vinrent se jeter dans le Tibre; il en
parut un, entre autres, comme une longue et
grosse poutre. Ces serpents furent emportés
dans la mer, où l'eau salée et la grande agita-
tion les firent uiouiir; mais les vagues les reje-
tèrent sur le rivage où ils se pourrirent, et cor-
rompirent ensuite l'air par la puanteur qu'ils
répandaient. On croit que ce fut la cause de
la peste dont Rome fut désolée quelque temps
après, c'est-à-dire au milieu de janvier de
l'année suivante 590. Le pape Pelage II fut
attaqué des premiers, et ce fléau de Dieu,
selon la menace du prophète Ézéclnel, se tît
d'abord sentir dans le sanctuaire, d'où le
mal se répandit sur toute la ville. Le Pape
moui-ut le 8 février de la même année, après
douze ans et près de trois mois de pontificat.
H. L'Eglise ne pouvant demeurer sans
pasteur, le clergé, le sénat et le peuple ro-
main élurent ', d'un consentement unanime,
le diacre Grégoire. Il s'en défendit, se croyant
indigne de cette place, et craignant, en pre-
nant le gouvernement de l'Église, de rentrer
dans la gloire du monde qu'il avait quitté.
Les empereurs, depuis qu'ils eurent recon-
quis l'Italie sur les Gotbs, prenaient beau-
coup de part A l'élection des papes; le dé-
cret de l'élection d'un Souverain-Pontife n'a-
vait lieu, qu'autant qu'il était confirmé par
l'Empereur, et qu'il y donnait son agrément.
Saint Grégoire, qui comptait sur l'amitié que
Maurice lui avait témoignée à Constanlino-
ple, lui écrivit pour le conjurer de ne point
approuver le choix qu'on avait fait de lui;
mais Germain, préfet de Rome', préviut son
courrier, et l'ayant fait arrêter et ouvrir ses
GRÉGOIRE LE GRAND, PAPE. /,:t.3
lettres, il envoya h l'Empereur le décret d'é-
leclion. Maurice rendit grâces à Dieu de ce
qu'il lui donnait occasion de rendre jusiico
au mérite d'une personne qu'il chérissait; il
conlirma le décret tl'éleclion , et ordonna
de mettre au plus tôt Grégoire en posses-
sion de la chaire de saint Pierre. Le saint,
informé qu'on avait intercepté ses lettres A
l'Empereur, et jugeant que ce prince donne-
rait une réponse contraire à ses désirs, se
fit ' enlever de Rome par des marchands,
d(''guisé et enfermé dans une manne d'osier,
puis il alla se cacher dans des bois et dans
des cavernes ; mais il fut découvert ', ramené
h Rome, et consacré solennellement, dans
l'église de Saint-Pierre, le 3 septembre 5'JO.
Nous avons ^ encore la profession de foi qu'il
fit dans cette cérémonie. Un diacre de saint
Grégoire de Tours, qui s'était trouvé à Rome
lors de la mort du pape Pelage, et qui avait
été témoin de l'ordination de saint Grégoire,
en raconta, à son retour en France, toutes
les particularités.
1 2. Il était d'usage que ' les papes, au com-
mencement de leur pontificat, envoyassent
aux patriarches, pour marque de commu-
nion, une lettre qu'on appelait synodale,
parce qu'ordinairement ils l'écrivaient à la
suite de quelque assemblée des évêques voi-
sins ; les patriarches et autres évêques des
grands sièges en écrivaient de semblables
au Pape. Saint Grégoire tint un concile an
mois de février de l'an 591, d'où il écrivit "
ses lettres aux quatre patriarches d'Orient,
à Jean de Constantinople, à Euloge d'A-
lexandrie, à Grégoire d'Antioche, à Jean de
Jérusalem, et à Anastase d'Antioche. La
raison d'en adresser aux deux patriarches
d'Antioche, et de nommer même Grégoire
avant Anastase, était que Grégoire possé-
dait depuis longtemps l'église de cette ville,
qu'Auastase ne l'y troublait pas, qu'il était
lié de communion avec tous les évêques d'O-
rient et d'Occident, et qu'en refusant de le
reconnaître, le Pape aurait troublé la paix
de l'Église. Il ne pouvait, d'ailleurs, s'empê-
cher d'écrire à Anastase, qu'il savait avoir été
dépouillé " injustement de son siège ; il avait
même écrit '" à l'empereur que, si on ne lui
Il lient un
concile, eo
591: enviie,
en Opicnl .ïes
lourei syno-
dale-.
' fireg. Turon., lib. X, cap. i, et Greg., lib. III
Dialog., cap. xix.
' Joan. Diac, lib. I, num. xixix.
• Greg. Tiirou., lib. X, cap. i.
' Paulus Diau., uum. II.
XI.
» Greg., lib. I, Epist. 21, et lib. VU, Epist. 4; et
Martyr. Roman, ad diem 3 septemb.
6 Joau. Diac , lib. Il, num. 2. — ' Greg., lib. IX,
Epist. o2. — « Greg., lib. 1, Epist. 4 et 25.
» Greg., lib. I, Epi$t. 26.- '» Id,, lib. I, Epist. 2S.
rii
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Con(!ullc âe
«alc( Grcgoire
l'ODliticat, iD
5?0.
434
permettait pas d'y rentrer, il lui fût du
moins libre de venir à Rome avec l'usage
du palliuui, pour célébrer la messe ^ Saint-
Pierre avec le Pape. Dans ces lettres, saint
Grégoire déclare qu'il reçoit les quatre pre-
miers conciles généraux, et qu'il porte le
même respect au cinquième, rejetant toutes
les personnes que ces conciles ont rejetées,
et recevant toutes celles qu'ils ont reçues:
c'était condamner ouvertement les Trois-
Chapitns. Nous verrons dans la suite com-
Lieu de mouvements il se donna pour ré-
duire ceux qui refusaient d'en souscrire la
condamnajion.
13. Le premier changement que saint Gré-
goire fit dans la maison du Pape, fut d'en
retrancher' les laïques qui avaient coutume
de la composer. Il ne voulut auprès de lui
que des clercs et des moines, soit pour le
servir , soit pour en composer son conseil :
de ce nombre furent Pierre, diacre, avec le-
quel il composa ses Dialogues ; Patérius, qui
fit depuis une compilation de ses ouvrages ;
Jean , défenseur de l'église romaine , qu'il
envoya en Espagne pour rétablir Janvier
dans le siège épiscopal de Malaga ; Augus-
tin , prieur du monastère de Saint-André ;
Mellite , dont il se servit pour la conversion
des Anglais ; Marinien, moine du même mo-
nastère, h qui il donna l'archevêché de Ra-
venne; Probe et quelques autres dont il
connaissait la vertu et le savoir. Il menait
avec eux la vie comnmnc , sans rien négli-
ger des devoirs de sa dignité, 11 invitait sou-
vent les pauvres h sa table, et n'y admettait
que rarement les riches ; et afin que ceux-là
fussent assistés avec plus de soin, il ne con-
fia l'administration du patrimoine de l'Kglise
qu'à des ecclésiastiques, se persuadant que,
n'ayant point de famille , ils adopteraient
plus aisément les pauvres. Tandis que sa
santé le lui permit, il nourrissait son peuple
de la parole de Dieu. Il nous reste un grand
nombre de ses homélies sur divers endroits
de l'Évangile, et sur le prophète Ezécliiel.
Il retrancha * plusieurs choses de l'Ordre ro-
main donné par le pape Gélase, et y lit quel-
ques changements. Il ordonna des stations
et des processions dans le même ordre qu'on
les a observées depuis. Il perfectionna le
chant ecclésiastique , fonda une école de
chant, fit dresser un antiphonaire qui com-
prenait tout ce qui se chaulait en notes à la
messe, augmenta le luminaire cl K- nombre
des ministres , fit des règlements touchant
les ornements dont ils seraient revêtus en
servant à l'autel ; enfin il n'omit rien de ce
qui était nécessaire pour célébrer les saints
mystères avec une pompe convenable.
14. Aprèsavoir réglé sa maison et l'Eglise
particulière de Rome, il étendit sa sollici-
tude pastorale sur les églises de Sicile qui
lui étaient soumises plus particulièrement
que les autres , parce qu'elles étaient du
nombre des suburbicaires que le concile de
Nicée ' déclare dépendre de l'évêque de
Rome , suivant l'ancienne coutume. Il aver-
tit les évêques de celte île de tenir des con-
ciles tous les ans, et nomma ' le sous-diacre
Pierre , qui avait l'administration du patri-
moine de saint Pierre en Sicile, pour prési-
der à ces assemblées eu qualité de son lé-
gat. Informé qu'Autarit, roi des Lombards ,
avait défendu que les enfants de celle nation
fussent baptisés dans l'église catholique à
la fête de Pâques 590 , il écrivit ' à tous les
évêques d'Italie, après la mort de ce prince,
arrivée le 3 septembre suivant, d'avertir les
Lombards doul les enfants avaient été bapti-
sés par les ariens , de les faire réconcilier à
la foi catholique, pour éviter la colère de
Dieu, qui continuait à se déclarer par une
grande morlalité. Il prit aussi soin des égli-
ses d'Afrique, troublées encore par les restes
des manichéens et des doualisles. Genuade
était alors patrice et exarque d'Afrique.
Saint Grégoire l'exhorta ' à réprimer forte-
ment ces hérétiques, disant qu'ils ne man-
quaient jamais de s'élever contre l'Église
quand ils en trouvaient l'occasion. Les guer-
res avaient ruiné plusieui-s églises, de ma-
nière qu'elles ne pouvaient plus entretenir
de prêtres pour administrer ' la pénitence
aux mourants, et le baplême aux enfants ;
il les unil à d'autres églises qui n'avaient
pas tant soull'erl. Il prit la défense des mo-
nastères* contre les vexations des évêques ,
et pourvut , autant qu'il fut en lui , aux né-
cessités spirituelles de ceux mêmes qui s'é-
taient séparés de l'Église, ou par l'hérésie,
Son alUD*
lion |iuui us
K;ll>eftda dr*
bor>, «D .'9 1 .
I Joan. Diac, lil>. Il, uum. li.
• Ihiii., iiuiii. n et S('(|.
• Coiicil. Mcan., cuii. (i.
» Orfig., hb. I, lîjiùlC. 1.
» I(i., Episl., lib. I, Epist. n, elJoau. Diac, lib.
Il, iiiiin. 50.
« (;rug., lib. I, Epist. 72.
' Id., lib.l, Epist. 8 eH5.-" M, ihiii., Epist. 12.
[vir SIÈCLE.] CIIAI'ITHE XLIX. — SAINT
ou par le schisme, voulant qu'on hasarcl;\t '
plutôt quelque chose en recevant les iiéré-
ti(|U(>s :\ la comimuiinn, lorsqu'ils iloiuande-
raiout ;'( être rcconciliiîs, que do les cllarou-
chcr par trop de rii;iieur. 11 usa surtout de
condescendance ;\ l'égartl de ceux que l'af-
faire des Trois-Clinpitres avait engages dans
le schisme ; il fit môme tîciater sa douceur
envers les juifs , en écrivant * ;\ l'dvèque de
Terracine de leur laisser la liberté de s'as-
sembler dans le lieu qui leur avait été ac-
cordé de son consentement, pour v célébrer
leurs fêtes. Tous ces faits sont datés de la
première année du pontificat de saint Gré-
goire.
iHombcma. J5 La sccoudo lul proscuta des aftaires
laite * c.ni^o A
nùik'"" on heaucoup plus diliiciles h soutenir , à cause
'"'• de la guerre des Lombards, et des maux
qu'elle causa k 1 Italie. Romain , patrice et
exarque de Ravenue , voulant profiter de
quelque mésintelligence qu'il voyait entre
les Lombards, avait rompu brusquement la
paix, et pris ensuite plusieurs de leurs villes,
nommément Pérouse, par la trahison du duc
Maurision qui y commandait pour le roi
Agilulphe. Ce prince ne fut pas longtemps
sans se plaindre. Ariulfe, duc de Spolète,
vint jusqu'à Rome à la tête d'une bonne ar-
mée , pour attirer Romain au combat ; mais
celui-ci, n'osant se mettre en campagne de-
vant un ennemi si formidable, laissa faire
aux Lombards tant de désordres , que saint
Grégoire ' en tomba malade de chagrin. Il
informa l'archevêque de Ravenne du danger
où était Rome , afin qu'il portât l'exarque à
faire la paix; et, pour en facihter la conclu-
sion , il offrit de fournir des sommes consi-
dérables. D'un autre côté, Agilulphe pressait
la restitution de Pérouse, et des autres pla-
ces dont Romain s'était saisi. Voyant qu'on
ne voulait point y entendre, il sortit de Pavie
avec une puissante armée, mit le siège de-
vant Pérouse , la prit , fit trancher la tête à Mau-
rision, et marcha droit à Rome, laissant par-
tout des marques de sa fureur et de sa ven-
geance. Saint Grégoire expliquait alors à
son peuple la prophétie d'Ézéchiel ; mais il
fut obligé d'interrompre le cours de ses ho-
mélies sur ce prophète , pour donner les
ordres nécessaires à la défense et à la con-
servation de la ville, encom-ageant les offi-
gri':g(jiiik lk grand, pape.
4.35
ciers et les soldats, pourvoyant aux besoins
des pauvres , soulageant les blessés , conso-
lant les veuves qui pleuraient leurs maris
tués par les Lombards, et les pères et mères
(jui venaient de perdre leurs enfants. Il dé-
crit les hostilités de l'armée ennemie dans
la dernière homélie sur Ezéchiel, et dans
une letli'e ' à l'empereur Maurice. La ville
de Rome ne fut pas prise ; les ennemis, con-
tents d'une somme considérable d'argent ,
se retirèrent. On met ordinairement cet
événement en o9.ï ; mais l'exarque de Ra-
venne ayant pris Pérouse en 39:2, il n'est pas
croyable qu'.\gilulphe ait tardé si longtemps
à se venger, et à reprendre les places qu'on
lui avait enlevées de mauvaise guerre.
IG. La même année 392, l'empereur Mau- ^ „ '^'"'
^ v do I empereur
rice avait fait publier un édit , portant dé- "ê"lés",„iTi;
fense ii ceux qui auraient exercé des char- ?,lj, '^l''î,'j'',î
ges puliliques, d'entrer dans le clergé ou fi'»°ai'ie"»"i°
dans des monastères, et à tous ceux qui '^533!°'"°'''
étaient marqués à la main comme soldats
enrôlés, d'embrasser la vie monastique. Saint
Grégoire, à qui l'Empereur fit rendre cet édit
par un de ses écuyers nommé Longin, ne
put dans le moment faire de réponse , parce
qu'il était malade; il attendit jusqu'au mois
d'août de l'an 393. Il approuva dans sa let-
tre la première partie de l'édit, qui défen-
dait de donner place dans le clergé à ceux
qui étaient obligés de rendre compte de
quelque administration, disant que ces sor-
tes de gens voulaient plutôt changer d'em-
ploi que quitter le siècle, et qu'ils ne s'en-
gageaient dans la cléricature, qu'afin de
jouir des privilèges des clercs, et pour s'en-
richir des biens de l'Église. L'édit même de
ce prince était , à cet égard , conforme aux
canons et aux décrets ' de plusieurs papes ;
mais saint Grégoire trouve étrange l'autre
partie de l'édit, qui fermait l'entrée des mo-
nastères aux olticiers et aux soldats, qui y
trouvaient une retraite où ils pouvaient faire
pénitence, et combattre les vices et les mau-
vaises habitudes auxquelles ils s'étaient
livrés étant dans les armées. Il ne laissa pas,
après avoir représenté ses raisons à l'Em-
pereur, d'envoyer ^ son édit dans tous les
endroits de la chrétienté, suivant les ordres
qu'il en avait reçus.
17. Sur la fin de cette année 593, ou au luherchs
« Greg., lib. I, EpUt. U. — ' Ibid., Epist. 35.
» Greg., lib. II, Indict. 10, Epist. 32.
* Lib. V, Epist. 40.
' Voyez la lettre du pape Innocent l'^'^à Victrice,
évê(jue de Rouen.
8 Greg., lib. 111, Epist. 65.
436
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
do tfr»< ii«i commencement de la suivante , saint Gré-
11 r«ln Ij, eo
193011 Mi. goire cbercba quelque repos dans la ichaile,
pour y respirer un peu api-ès tant d'agita-
tions. Il choisit pour cet ellet son monastère
de ' Saint-André, ne croyant pas devoir s'é-
loigner de Rouie dans ces temps fâcheux où
sa présence était nécessaire. Ce fut pendant
cette retraite qu'il composa ses Dialogues
avec Pierre diacre, son disciple et son se-
crétaire. Il écrivit aussi plusieui-s lettres sur
les ditlërentes atlaires de TÉglise. L'ordina-
tion de Maxime, évèque de Sulone, lui don-
na de grandes inquiétudes ; il avait été mis
en possession de cette église à main armée.
Saint Grégoire, qui ne savait pas que son
élection, quoique peu canonique , avait été
confirmée par l'empereur Maurice, lui dé-
fendit de célébrer la messe. Maxime fit lacé-
rer publiquement la lettre du Pape, qui s'en
plaignit à l'Empereur, comme d'une injure
faite au Saint-Siège. Maxime eut ordre d'aller
à Rome rendre compte de sa conduite : il le
refusa. La fin de' cette allaire, qui dura sept
ans, fut qu'il se purgerait par serment de-
vant Marinien , archevêque de Ravenne ;
qu'il ferait pénitence de sa désobt'issance,
et que , prosterné en terre, il demanderait
miséricorde. .\u milieu des chagrins que
Maxime lui occasionna, il reçut de la conso-
lation par la conversion de certains peuples
de Sardaigne nommés Barbaricins, qui jus-
ques-li\ avaient été idolâtres. Il avait em-
ployé à cet ouvrage salutaire l'évèque Félix,
et' Cyriaque, abbé de Saint-.Vndré. Zabar-
da, duc de Sardaigne, contribua beaucoup
au changement de ces peuples, parce qu'il
leur oITrit la paix a condition qu'ils se fe-
raient chrétiens, llospiton, leur chef, fut le
premier qui se soumit au joug de l'Evangile;
plusieurs suivirent son exemple. Vers le
même temps, saint Grégoire, ayant appris '
que la reine Tliéodelinde s'était séparée de
la communion de Constante nouvellement
élu évèque de Milan, sur ce que trois évè-
ques de la province lui avaient persuadé
que Constance s'était obligé à condamner
les Trois - Chapitres , écrivit à cette piin-
cesse, pour l'engager à agréer l'ordination
de l'évèque de Milan ; il se contenta dans
sa lettre de louer les quatre premiers con-
' Mabil., Analecla. loin. IV, jing. 497.
• Greg., lib. I.\, Episl. 79, 80, 81.
» Orcg., lib. IV, Episl. 23, 24, 25.
•■ /(/., lib. III, Episl. 29, 30, 31.
» Ureg., lib. V, Epiit. 43.; ibiJ., F.pist. 18, et
ciles généraux, sans parler du cinquième.
Il en écrivit une autre à Constance, pour être
montrée par lui aux trois évèques, dans la-
quelle il déclarait que la profession de foi
qu'il avait reçue de lui, selon la coutume,
ne faisait aucune mention des Trois-Chapi-
trcs : ;\ quoi il ajoutait qu'il conservait la foi
du cinquième concile, sans oser rien oter ni
ajouter à sa définition.
18. Jean le Jeûneur, p:i!riarche de Cons- Démtw.
tantinople , avait pris le titre d'évêque œcu- ,";'/""
ménique ou universel, dès le mois de juin p^'";""','
de l'an 589, dans un concile tenu la même j,7,„",^„'
année en cette ville : ce qui avait donné su-
jet au pape Pelage de casser' les actes de
cette assemblée. Dans plusieurs " requêtes
présentées au Pape dans le concile de Chal-
cédoine, on lui donna la qualité d'évêque
universel. Paschasin la lui donna aussi dans
le discours qu'il prononça en présence des
évêques du concile ; mais saint Léon ni au-
cun des papes ses successeurs ne voulurent
s'en servir, de peur que, par ce titre fastueux
et téméraire, ils ne parussent s'attribuer seuls
l'épiscopat , et l'ôter à tous leurs fières. Le
patriarche Jean pensait tout autrement; en
envoyant à saint Grégoire les actes d'un ju-
gement qu'il avait rendu contre un prêtre
accusé d'hérésie , il prit presqu'à chaque li-
gne la qualité de patriarche œcuménique.
Le saint Pape, pour garder l'ordre delà cha-
rité fraternelle, lui en fit parler deux fois
par le diacre Sabinien, son nonce à Consfan-
linople; ensuite il lui en ' écrivit, puis à
l'empereur Maurice et à l'impératrice Cons-
tantine. Il défendit à Sabinien * d'assister à
la messe avec Jean; et parce qu'il ne dou-
tait point que les patriarches d'Alexandrie
et d'Antioche ne dussent s'intéresser à ré-
primer la prétention de C(!lui de Constanti-
nople , il leur écrivit une ' lettre commune.
Tous ces mouvements furent inutiles : Jean
conserva '" le litre d'évêque œcuménique
jusqu'à .sa mort, qui arriva en 593. Cyriaque,
son successeur", envoya sa lettre synodale à
saint Grégoire. II semble qu'il y prenait aus-
si le titre d'œcuméniquc, puisque ce Pape
dit dans sa lettre à .\nastaîc d'Antioche ,
qu'il n'avait pas " voulu, à cause de ce litre
profane, rompre l'unité de l'Église, en re-
Aclione 3 Concit. Chalc, pag. 396, 400, 405.
• Greg., lib. V, Episl. 19.
' Greg., lib. V, Episl. 18, 20,21.- • Episl. 19.
» Ibi.)., Episl. 43 — >» Greg., lib. VII, Episl. 4.
" lbi<l., Episl. 5, 6. — " Ibid., Episl. 27.
^ de
oire
CIIAPITRK XLIX. — SAINT C.Itl'XininK LE (illAM), PAPE.
Il l'iivolo
Jd. i>.i5<lnn-
Dairos en An-
lïlfiorrp, eu
sac, 897,
[vu' siÈcu:.]
jotanl lu lettre et les nonces de Cyriaque.
Saint Grt5goirc tint nn concile à Home en
SOri.où, après divers règlements de disci-
pline, on jugea l'atlaiie des prêtres Jean et
Allianasc. Le premier dtail prêtre de Clial-
ccddine ; le second, prêtre et moine dn mo-
nastère de Tanmac, ou de Saint-Mile en Ly-
caonie. Celui-ci était accns(' d'avoir parlé
contre la délinilion ilu concile d'I'^plièse ; ce-
lui-là d'enseigner l'hérésie des maicianisles.
Ils avaient l'un et l'autre été condamnés par
des juges que Jean de Conslanlinople leur
avait donnés ; mais s'étant pourvus par ap-
pel au Saint-Siège, ils furent renvoyés ab-
sous , parce qu'on les trouva orthodoxes , et
qu'il fut prouvé par les actes mêmes du pro-
cès que le patriarche avait envoyés ^ Rome,
que les accusateurs de Jean ne connaissaient
pas l'hérésie dont ils l'avaient accusé. Saint
Grégoire écrivit' sur ce sujet au patriarche
Jean , à l'Empereur, et à Théotiste, parent
de ce prince.
19. En 596 il exécuta le projet qu'il avait
formé depuis longtemps, d'envoyei' des mis-
sionnaires en Angleterre. Il choisit pour su-
périeur de cette mission Augustin, prieur ou
prévôt de son monastère de Saint-André de
Rome, ù cjui il donna pour compagnons plu-
sieurs autres religieux, avec ordre de lui
obéir comme à leur abbé. Quelque temps
auparavant il avait fait acheter par Candide,
recteur du patrimoine de saint Pierre dans
les Gaules , un certain nombre d'esclaves
anglais âgés de dix-sept à dix-huit ans, et
les avait fait élever dans les séminaires des
monastères, afin qu'ils pussent être utiles à
cette mission. Augustin et ses compagnons
partirent de Rome au mois de juillet, munis
de diverses lettres de recommandation pour
les évêques de Gaule, chez qui ils devaient
passer. Le Pape en avait aussi écrit à la
leine Brunehaut , et aux deux jeunes rois
Thierry etlhéodebert. Mais à peine les mis-
sionnaires avaient fait quelques jours de
chemin qu'ils pensèrent à s'en retourner, dé-
goûtés par la diiiiculté du voyage, et désespé-
rant de réussir à convertir une nation dont ils
n'entendaient pas même la langue. Ils ren-
voyèrent Augustin cl Rome, pour représenter
toutes ces difticultés à saint Grégoire ; mais
ce saint Pape, qui savait par une longue ex-
périence que les œuvres de Dieu sont sou-
vent traversées par les conseils des liom-
\[a
mes, le renvoya chargé d'une ' lettre, où il
leur ordonnait de poursuivre leur ouvrage
avec toute la ferveur et toute la diligence
possibles, sous la protection et sous la con-
duite du Seigneur. Cette lettre est du 23
juillet .')96. Ayant donc continué leur route
et traversé toute la Gaule , ils arrivèrent
dans la Grande-Bretagne, aux côtes de la
province de Kent, et prirent terre dans l'île
de Tanet. Ils étaient au nombre de quaran-
te. Augustin députa vers le roi quelques-uns
des principaux de sa ti'oupe avec ses inter-
prètes, pour lui exposer le sujet de leur
voyage. Le roi les écouta tranquillement,
et leur ordonna de demeurer dans l'île où
ils étaient , jusqu'à ce qu'il pût aller les en-
tendre et conférer avec eux : car il avait dé-
jà ouï parler de la religion chrétienne. Son
nom était Éthelberf. Quelque temps après il
vint à l'île de Tanet , et manda Augustin
avec les siens ; mais il ne voulut leur don-
ner audience que dehors et au grand air ,
parce qu'une ancienne prédiction lui faisait
craindre que, s'il les écoutait à couvert dans
une maison, ils ne le surprissent par quel-
que opération magique. Ils arrivèrent en
procession, portant une croix d'argent, et
l'image du Sauveur en un tableau , et chan-
tant des litanies, pour demander à Pieu leur
salut et celui du peuple pour lequel ils étaient
venus. Ethelbert les ayant fait asseoir, Au-
gustin lui annonça l'Évangile, en lui décla-
rant que le seul zèle du salut de ce prince
et de toute sa nation les avait fait venir de
Rome dans la Grande-Bretagne. Tout le suc-
cès de cette première prédication fut que le
roi permit aux missionnaires de s'établir
dans la ville de Doroverne sa capitale, au-
jourd'hui Cantorbéri, en leur laissant la liber-
té d'attirer à la religion chrétienne tous
ceux à qui ils pourraient la persuader. Éta-
blis dans cette ville, ils commencèrent à y
pratiquer la vie des apôtres, s'appliquant
continuellement au jeune et à la prière, et ne
recevant de ceux qu'ils instruisaient, que les
choses nécessaires à la vie. Aux environs
de la ville, à l'orient, était une église en
l'honneur de saint Martin. C'était là que la
reine avait coutume de faire les exercices
de sa religion ; les missionnaires en firent
aussi le lieu de leur assemblée et de leurs
prédications, avec la permission du roi.
Plusieurs anglais emLiassèrent la foi ; le roi
' Greg., lib. VI, Epist. 15, 16, 17.
« Lib. VI, Epist. SI.
438
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
lui-même crut, et fut baptisé. Son exemple
en attira un p:rand nombre ; mais ce prince
ne contraignait personne , se contentant de
témoigner plus d'amitié à ceux qui se fai-
saient baptiser. Alors il permit Je rétablir les
ancienneséglises(carle' nom de Jésus-Clu-ist
avait autrefois été connu chez les Bretons,
au lieu que leur pays était demeuré impéné-
trable aux Romains) ; et il donna aux mission-
naires dans sa capitale un lieu pour établir
un siège épiscopal, avec des biens-fonds en
suffisance. Augustin, voyant de si heureux
commencements, passa en France, afin de se
faiie ordonner évèque par saint Virgile, ar-
chevêque ii'.\rles, selon l'ordre qu'il en avait
reçu du Pape; après quoi, étant de retour en
Angleterre, il baptisa, ti la fête de Noël de
l'an 597, plus de dix mille .\nglais. Il envoya
à Rome le prêtre Laurent avec le moine
Pierre, deux de ses compagnons, pour infor-
mer saint Grégoire de tout ce qui s'était
passé, et pour le consulter sur plusieurs dif-
ficultés qui se présentaient dans l'établisse-
ment de cette nouvelle Église. Le Pape per-
mit à Augustin, qui était seul évèque en An-
gleterre, d'ordonner lui seul d'autres évè-
cfues, le dispensant à cet égard des anciens
canons, qui ordonnent que l'évèque, qui
en consacre un nouveau, sera assisté de
deux autres évoques. 11 renvoya Laurent et
Pierre, et avec eux plusieurs autres ouvriers
évangéliques, dont les plus connus sont Mel-
lite. Juste, Paulin et Rufinien, tous moines.
Ce fut ' par eux qu'il envoya à Augustin des
livres, des vaisseaux sacrés, des ornements
d'église et le pallium, avec une lettre pour
l'encourager au travail, et l'avertirde ne point
s'enorgueillir des miracles que Dieu opérait
par son ministère, et une autre pour le roi
Éthelbert, qu'il congratulait sur sa conver-
sion et sur celle de ses sujets. Le Pape éta-
blit Augustin' métropolitain sur douze évê-
qucs qu'il lui ordonna de consacrer pour di-
vers endroits, nommément pour la ville
d'York, si elle embrassait l'Évangile, vou-
lant que cet évèque fût aussi métropolitain
de douze évèques qui recevraient l'drdin.i-
tiou de lui. Augustin fonda près de Cantor-
béri le monastère de Saint-Pierre et Saint-
Paul, dont il fit abbé Pierre, l'un des dépu-
tés qu'il avait envoyés à Rome. Il mit aussi
des moines dans sa cathédrale, et vécut
avec eux dans la pratique des exercices mo-
nastiques, conformément * aux ordres de
saint Grégoire. Nous donnerons un plus long
détail des suites de cette mission dans l'ana-
lyse des lettres de ce Père.
20. Il eut un nouveau sujet de joie au com-
mencement de la huitième année de son pon-
tificat, par la conversion des idolâtres de
l'ile de Corse; Pierre, évèque d'.^léria, en
fut le principal ministre. Saint Grégoire, in-
formé du succès de ses travaux apostoliques,
lui permit ' l'érection d'un évêché dans la
Corse, lllui envoya aussi une somme d'argent
pour acheter des vêtements à donner à ceux
qui recevaient le baptême , c'est-à-dire des
robes blanches, qu'on portait après avoir été
baptisé. Cette conversion fut suivie de celle
de plusieurs juifs dans le voisinage de Gei^
genti. Le Pape, craignant qu'un trop grand
délai n'apportât quelque changement dans
les nouveaux convertis, commanda ' qu'on
leur donnât le baptême à quelque dimanche
ou à quelque grande fête, pourvu qu'aupa-
ravant on leur eût fait faire une pénitence et
une abstinence de quarante jours. Cette pé-
nitence était pour éprouver leur bonne vo-
lonté, et pour leur faire essayer les rigueurs
de la vie chrétienne, afin qu'après l'avoir
embrassée, ils ne pussent se plaindre de la
dureté de ses lois.
21. Saint Grégoire travaillait depuis long-
temps h faire une paix stable entre les Ro-
mains et les Lombards. 11 avait à cet elfet
employé le crédit de l'empereur, négocié
par lettres et par députés à la cour du roi
Agilulphe et de la reine Tliéodelinde. Ro-
main, exarque de Ravenne, s'y était toujours
opposé, par pur entêtement, n'ayant ni as-
sez de valeur, ni assez de force pour faire
tête au roi des Lombards. Cependant la paix
se fit, et on eu fut " redevable aux soins de
l'ablic' Probus et do Théodore, administrateur
de Ravenne. Agilulphe signa et jura la paix
de bonne foi: mais Ariulfe, duc de Béné-
veut, ne la voulut jui-cr qu'à certaines con-
ditions, sous lesquelles il se promettait d'op-
primer un jour les Romains. Les Lombards
pressèrent saint Grégoire de jurer aussi cette
ConTrrï.on
iti Cnfti cl
àe* Juifii, cl
Wt.
S. Gr^oir«
Jiiocuro It
[«ii ivcc ks
en.
' Brilannorum inaccessa Romanis loca, ChrLstn
vero subdila. Tertulliaii., lib. Advers. Judœns,
cap. VII.
< Bcd., lib. I Hisl. Angi, cap. xxx.
» Crrp., lib. Il, Ëpisl. 05, et Bcil.
j.\t\. - * Grci;., lib. Il, Epist. 61.
(irc){., lib. VI, EpixI. 22.- «
— ' Greg., lib. IX., Epist. 98.
Ibid
lib I, c.ip.
, Epist. 21,
CHAPITHE XLIX. — SAINT CnÉGOIllE LE GRAM), PAPE.
[Vir SIÈCLE.]
paix, mais il le refusa, disant qu'il n'était
qiie niéiliateiir entre le roi et l'exarque; il
promit toutefois de la faire signer en sou
nom par un évoque ' ou par un aicliidiacre.
«'.elte paix ne fut pas de longue durée.
L'exarque romain ayant une seconde fois
rompu la paix ', le roi Agilulplie donna or-
dre au duc Ariulfe et aux Lombards de 'Tos-
cane, de fatiguer, par des courses continuel-
les, les villes de Home et de Havenne. Le re-
tour de quelques ' schismatiques h l'unité de
l'Église, servit de lénitif h la douleur que
causait au Pape l'infraction de la paix; mais
cette réunion ne fut pas aussi entière qu'elle
aurait pu l'être, par l'opposition de l'évèque
de Caprite et de quelque autres obstinés k
la défense des Trois-Chapitres.
Maudirs i!« 22. Cependant saint GréRoire fut attaqué
lO'i. violemment de la goutte aux pieds, ce qui 1 o-
bligeait de garder ' le lit, pouvant à peine
rester levé pendant trois heures et célébrer la
messe. Sa maladie était quelquefois moindre,
quelquefois excessive , mais jamais si faible
qu'elle cessât, ni si forte qu'elle le fit mourir;
d'où il arrivait qu'il était tous les jours pro-
che de la mort, et qu'il en était tous lesjours
repoussé et rejeté. «Que devons-nous faire,
disait - il * dans ces douleurs , sinon nous
souvenir de nos péchés, et rendre grâces â
Dieu, puisqu'il nous purifie en affligeant cette
chair qui nous a tant fait pécher? La peine
présente, si elle nous convertit, est la fin de
la faute précédente ; sinon, c'est le com-
mencement de la peine suivante. Il faut donc
bien prendre garde à ce que nous ne pas-
sions d'an tourmenta d'autres, et considérer
la bonté de Dieu qui nous menace de la
mort, que nous méritons, sans nous la don-
ner, pour nous imprimer une crainte salu-
taire de ses jugements. Combien de pécheurs
sont demeurés plongés dans leurs crimes
jusqu'il la mort, sanssoufl'iir seulement un
mal de tète, et ont été tout d'un coup frap-
pés et livrés au feu de l'enfer?» Ses infirmi-
tés corporelles ne raleutisfaient point son
zèle pour la défense de la foi. Il lisait, étant
malade, les écrits que saint Euloge, patriar-
che d'Alexandrie, avait composés contre les
agnoïtes, qui attribuaient l'ignorance à Jé-
439
sus-Christ, abusant de certains passages de
l'Evangile, où il parie comme s'il eût ignoré
(]uelqiic chose. Quoiqu'il n'eût rien trouve
(pie (l'admirable dans l'ouvrage de ce pii-
triarche, il voulut avoir part à la gloire qu'il
s'était acquise, en prenant la défense de la
saine doctrine, et ajoutant ' ses réflexions et
de nouvelles preuves à celles de saint Eu-
loge. Ayant appris, quelque temps après, qu'il
s'élevait un scandale à Thessalonique, à
cause que Luc, prêtre, et Pierre, refusaient
de recevoir les décrets du concile de Chalcé-
doine, il en écrivit aussitôt â Eusèbe, arche-
vêque de cette ville, pour l'exhorter à faire
rentrer les deux opposants dans le devoir.
23. Le 5 avril 601, saint Grégoire tint un c„l'e,i',|°S'Ho°.
concile à Rome, où se trouvèrent vingt-et-im "'=''=°^'"-
évêques et seize prêtres. 11 y fit une consti-
tution en faveur des moines, où il dit qu'ayant
lui-même gouverné des monastères, il sait '
combien il est nécessaire de pourvoir à leur
repos. Cet endioit foime, ce semble, une
preuve sans réplique que saint Grégoire avait
été abbé du monastère de Saint-André avant
de monter sur le Saint - Siège. La môme
année il écrivit â Éthérius, évêque de Lyon,
et à ' Arégius de Gap, pour les exhortera
tenir un concile contre la simonie. Il leur re-
commandait, dans la même lettre, plusieurs
moines qu'il envoyait en Angleterre pour
soutenir la mission qu'Augustin y avait com-
mencée. Il écrivit la même chose à Virgile,
évéque d'Arles.
2-i. Quoique ses grandes infirmités lui ôtas- p,e„d"d'„°'ré-
sent l'espérance d'une longue vie, il entre- F"qaf'"es'..
prit de réparer les basiliques de Saint-Pierre s!°-ïïuil À
et de Saint-Paul. Dans ce dessein, il donna
ses ordres au sous-diacre Sabin défaire abat-
tre dans le pays des Brutiens tous les bois
nécessaires, et de les faire embarquer pour
Rome. La paix qui durait encore entre les
Romains et les Lombards, était un temps fa-
vorable pour cette entreprise. Comme il fal-
lait faire conduire ces matériaux par les
terres de l'obéissance d'Arogès, duc de Bé-
névent, à qui le roi des Lombards avait don-
né ce duché, saint Grégoire le ' pria de le
trouver bon, et de faire même contribuer
ses sujets à voiturer les poutres destinées à
' (".reg., lib. IX, EpUl. 98.
' Paulus Diac, lib. IV Hisl. Longob., eap. 21.
24, 25.
« Greg., lib IX, Epist. 9 et 10.
' Greg., lib. X, Epist. 33.
» Lib. XI,£pist. 30. - • Lib. X, Epist. 39.
' Quant sit necessarium motiusteriorum quieti
conspicere... anlecctum nos officium, quod in re-
gimine cœncbii exhibuimus informât. Tome V
Concil., pag. 1607.
9 Greg., lib. W.EpiSl. 55, 56, 57.
» Greg., lib. XU, Epist. 20.
MO
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Mort de
lVni|.rrour
M.iortcp, rn
li'i .'. N<iaf« de
S. Grcpoirc à
Lon'lanlino-
VlCi en 603.
ce bâtiment. Il écrivit sur le même sujet à
M;uircncc, grand-maitre de la gondarnierie
pour les Homuius; mais sou entreprise fut
traversée par la guerre qui recommença ' en
Italie la même année 602. Il gémit devant
Dieu des malheurs de cette province, et in-
téressa ses amis à lui demander la patience
dans de si rudes et si continuelles é[)reu-
ves. La seule consolation qu'il reçut fut le
retour de quelques évêques qui avaient fait
schisme avec l'Église catholique au sujet
des Trois-Chapitres, entre autres, de Firmin,
cvêque de Trieste dans l'Istrie. D'un autre
côté, les Églises d'Afrique, dont la plupart
des clercs ne vivaient pas selon les canons,
lui donnèrent beaucoup d'inquiétudes. Il eut
aussi à réprimer des scandales dansl'IUyrie.
La reine Brunehaut et le roi Théodoiic lui
envoyèrent des ambassadeurs pour diverses
all'aires, en particulier sur la paix qu'ils vou-
laient faire avec l'Empire.
25. Phocasenpritles rênes le 23 novembre
602. Maurice n'était pas encore mort; mais
le nouvel Empereur le fit massacrer le 27
du même mois, et avec lui ses enfants et son
frère. Saint Grégoire qui, sous le règne pré-
cédent, avait discontinué d'envoyer des non-
ces à Constantinople, parce qu'ils y avaient
été regardés de mauvais œil à la cour impé-
riale, à cause de la contestation survenue au
sujet du titre d'œcuménique, y en envoya
ini sous Phocas, avec une lettre * pour ce
prince, dans laquelle il le suppliait d'ajouter
foi à ce que le diacre Boniface, son nonce,
lui dirait de l'état déplorable de l'Italie, et de
la ville de Home assiégée depuis trente-cinq
ans par les Lombards, et continuellement
exposée à leurs insultes. Il n'épargnait 'pas
1i;r louanges ;\ Phocas, soit afin do l'adoucir,
soit afin de le rendre favorable àl'Ki^lise ro-
maine, soit afin de lui a])prendre parle bien
(ju'il disait de lui, ce qu'il était obligé de
faire. Cette lettre est du mois de juin de l'an
003, environ six mois après l'avénouiont de
Phocas à l'Empire. Les images de ce prince
et de sa femme Léonlia ayaut ' été appor-
tées à Rome dès le mois de mai, le Pape les
avait fait placer dans la chapelle de saint Gé-
sarius, au dedans du palais. 11 fit de nouvel-
les ' instances pour obliger le patriarche de
Constantinople ii renoncer au titre d'œcumé"
nique; mais la chose ne réussit qu'après sa
mort, lorsque Boniface fut monté sur la
chaire de saint Pierre. Phocas qui avait conça
pour lui de l'amitié pendant sa nonciature,
et qui n'était pas content du patriarciie Cy-
riaque *, fut fort aise de trouver l'occasion de
le mortifier en le dépouillant de ce vain li-
tre.
26. On voit, dans les églises de Saint-Pierre «'•mo
, ?■ Grwolro,
et de Saml-Paul à Rome, deux tables de " «"•
marbre, sur lesquelles sont gravées les
donations que saint Grégoire fit à ces basili-
ques pour l'entretien du luminaire. Les do-
nations faites i\ Saint-Paul sont datées du
25 janvier 604. Il mourut le 12 mars de la
môme année, accablé par ses infirmités et
par son application continuelle aux affaires
de l'Église ; il fut enterré sans aucune pompe,
selon qu'il l'avait ordonné % au bout de la
galerie de Saint-Pierre, devant une salle où
saint Léon et quelques autres papes étaient
inhumés. Son pontificat fut de treize ans,
six mois et dix jours. On conserva avec son
corps son pallium, le reliquaire qu'il portait
au cou et sa ceinture. Le reliquaire était
d'argent et fort mince. 11 s'était " fait peindre
dans le monastère de Saint-André avec son
père et sa mère, pour retenir les moines
dans la ferveur de l'observance par la vue
de son portrait. Il avait la taille belle ; son vi-
sage tenait île la longueur de celui de son
père, et de la rondeur de celui de sa mère.
Sa bai-be était médiocre, ses cbeveux noirs
et frisés; chauve sur le devant , avec deux
petits toupets; la couronne grande. Son front
était beau, sa physionomie noble et douce,
ses mains belles. 11 avait pour habit une pla-
nète chiUaigne sur une dalmatique, portant
de |)lns le [)allinm entortillé simplement
autour des épaules, et pendant sur le côté.
De la main gauche il tenait l'évangile, cl de
la droite il faisait le signe de la croix. C'est
ce que nous appionons de Jean Diacre, son
bistorien, qui avait apparemment vu le por-
trait de saint Grégoire. Il n'aurait pas été si
facile de peindre ses vertus, son l'-galitt' d'â-
me dans la prospiirité connue dans l'adver-
sité, son zèle ardent pour la gloire de Dieu,
sa charité tendre et atlentive pour son peu-
' l'.nnlus Dinf,, Uist. Longoh., lit). IV, oap. ix.
' \.\h. XMI, F.pist. 48.
' Joiiii. Drnc, lit). IV, nuiii. 2!^.
* Siinocalla, lib. VIII, cap. xv.
" f;rog., lib. XllI, F.Jiisl. tO.
G06, paf(. 2.
'' .loni). Dino., lib. IV, luiiii.
• Id., iiuin. 8;i, 81.
" Baron., ad an.
68.
CHAPITRE XUX. — SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, PAPE.
[vu' SifXLE.]
pic, son humilitë profonde, sa modestie, sa
leiupérance, sa prudence et tant d'autres bel-
les qualités dont il fut orné. Saint IKIpplionse,
évèijue de Tolètle ', a dit de lui (jn'il avait sur-
passé saint Antoine en sainteté, saint Cyprien
en éloquence, saint Aiignslin en sagesse, et
qu'il avait possédé dans un degré si éminent
les vertus des plus grands liommes, que
l'antiquité n'en pressentait aucun qui pût lui
être comparé. Le titre de Grand, qu'on lui
donne communément dans l'Eglise, sullit
seul pour faire son éloge '.
stsEeriis. 17. Lcs écrits qu'il a composés sont trente-
cinq livTcs sur Job, deux livres sur la pro-
phétie d'Ézéchiel, deux livres sur les Évan-
giles ; le Pastoral, quatre livres de Dialo-
gues et un grand nombre de Lettres divi-
sées en quatorze livres. Les commentaires
sur le premier livre des Rois, sur le Cantique
des cantiques, et sur les sept psaumes de la
pénitence, quoique de saint Grégoire pour la
plus grande partie, ne peuvent lui être attri-
bués dans l'état où ils sont aujourd'hui. On
ne peut aussi le regarder comme seul au-
teur du Sacramentaire qui porte son nom : il
n'a fait qu'augmenter et réformer celui du
pape Gélasc '.
ARTICLE 11.
DES ÉCRITS DE S.\INT GRÉGOIRE.
§1-
De ses livres de morale sur Job.
- nrvfoire 1. Le premier des ouvrages de saint Gré-
4*1
r:r Job. vor»
ran :a2.
goiie, suivant l'ordre des temps, est son ••■>fi"»» '••
commentaire sur Job. Il ne l'entreprit pas
do lui-même ; ce fut à la prière ' de saint
Léandre, évè(pie de Séville, et nu.x instances
réitérées des moines de son monastère de
Saint-André, qu'il avait menés avec lui à
Constauliiiople, lorsqu'il y alla en qualité de
nonce du pape Pelage. ,\près avoir donné
aux affaires, dont il était chargé, tous les
soins que demandait son ministère, il em-
ployait le reste de son temps en de saintes
lectures, et de salutaires entretiens avec eux ;
c'est ce qu'il appelait ^ respiier en la com-
pagnie de ses frères, et reprendre tous les
jours une vie nouvelle. En le priant de leur
expliquer le livre de Job, ils demandèrent '
qu'après leur avoir découvert les profonds
mystères qui y sont cachés, il leur exposât
le sens allégorique de l'histoire, et qu'en ti-
rant ensuite dos moralités, il leur apprit la
manière de les mettre en pratique pour la
conduite de la vie chrétienne, de fortiûer
des témoignages et des autorités de l'Ecri-
ture les vérités qu'il leur exposerait, et en
cas que les passages qu'il leur rapporterait
fussent obscurs, d'y ajouter une explication
particulière pour les éclaircir. Saint Gré-
goire ' avoue qu'ayant considéré la gran-
deur et la ditîiculté de cet ouvrage que jus-
ques-là personne n'avait entrepris, il en fut
effrayé ; qu'il se ti-ouva accablé de lassitude,
et succomba sous sa pesanteur ; mais qu'ayant
levé les yeux de l'esprit vers le souverain
distributeur de toutes les grâces, il fut incon-
tinent persuadé que ce que ses frères de-
' Ita enim cunctorum merilorum claruit per-
[eclione subliniis:. ut exclusis omnibus illuslrium
virorum rationibus, nihil illi simile demonstret
antiquilas. Vieil enim sanclitale Antonium, elo-
quentia Cyprianum, sapientia Augiistinum Hil-
deplioDs., De Script, eecles., cap. i.
* Un passage altéré du Poljj^ratique de Jean de
Salisbury avait f.iit accuser saint Grégoire de l'in-
cendie Je la bibliotlièque Palatine, fûudée par Au-
guste, c'est-à-dire de tout ce qu'elle conteuait en
ouvrages d'ancienne littérature. Cette erreur a été
souvent réfutée. On a démontré i]ue la bibliothè-
que d'Auguste, brûlée sous Néron, rétablie par Do-
niitien et consumée de nouveau sous Commode,
n'existait point par conséquent sous saint Gré-
goire. Le pillage de Rome par Alaric, et plus tard
par Genséric et Totila, avait dépouillé cette capi-
tale du monde de tout ce qui lui restait de plus
précieux. On a imputé également à saint Grégoire
la dégradation des monuments antiques de Rome,
ce Pape voulant, par cette censure, ôter à la vue
des fidèles, des objets de scandale et de profana-
tion. Mais ces mutilations ou cavités que l'on re-
marquait dans la plupart des édifices, étaient plu-
tôt louviage des étrangers attirés à Rome de tou-
tes les parties du monde chrétien. Ils arrachaient les
ornements et attaches de bronze servant à fixer les
pierres de taille, ou enlevaient, pour y chercher
quelques pièces de monnaie, les vases que les an-
ciens architectes mêlaient dans la construction de
leurs voûtes pour les rendre plus légères. Ce sys-
tème était bien éloigné de l'esprit de saint Gré-
goire, qui recommandait à ses missionnaires en An-
gleterre de ne point démolir les temples païens et
de se contenter de les purifier. (L'éditeur. J
' Dom Pitra a annoncé qu'il ferait paraître plu-
sieurs pièces liturgiques et métriques de saint Gré-
goire le Grand. (L'Editeur.)
' Greg., Prœfat.in Job., seu Epist. ad S. Lean-
dru m.
» Ibid.
« Ibid.
■> Ibid.
442
HISTOIRE GÉNKRALE DES
tel
mandaient de lui dans des vues aussi pures,
ne pouvait être impossible. Il tommeni^a ' à
leur expliquer de vive voix les premiers
chapitres de ce livre, puis il dicta des ho-
mélies sur le reste. Ayiiiit eu depuis plus
de loisir, il repassa tout l'ouvrage; il y ajou-
ta beaucoup de choses, en retrancha quel-
ques-unes , en laissa d'autres sans y tou-
cher, et. mettant tout dans un meilleur or-
dre et en un même style, il en fit un com-
mentaire suivi, divisé en trente-cinq hvres,
qu'il partagea en six volumes.
oli'-'"' ^' ^ nous fait' remarquer qu'il y avait
des choses qu'il traitait en peu de mots se-
lon la vélité de l'histoire, d'autres dont il
recherchai! les sens allégoriques et figurés,
quelques-unes dont il ne tirait que la seule
morahté, d autres enfin qu'il expliquait en
ces trois manières. « Nous établissons *, dit-
il, d'abord riiistoire comme le premier fonde-
ment de notre discours ; ensuite par le sens
allégoiique nous élevons le bâtiment de la
foi, et par la moralité nous embeUissons
tout cet pdifxe spirituel, comme avec des
ornements el des peintures ; quelquefois
nous omettons l'explication de l'histoire,
quand elle est claire, afin de venir plus tôt
aux endroits obscurs ; il y en a aussi qui ne
peuvent s'expliquer littéralement, parce que
si on les prenait à la lettre, au lieu d'ins-
truire ceux qui les lisent, ils les jetteraient
Job. n, 13. dans l'erreur. Telles sont ces paroles : Sons
qui sont courbés ceux qui supportent la terre.
Job, sans doute, n'ajoutait pas foi aux vai-
nes fables des poêles qui croyaient que le
globe de la terre était soutenu sur les épau-
les d'un géant. Il dit encore au fort de son
job.Tîi.ii. affliction : Mon Ame a c/ioisi la susj>ension, et
mes os la mort. Personne ne se peisuadera
qu'un homme d'un si grand mérite, cl qui
reçut, dès cette vie, le prix de sa patience
de la main du Juge éternel, ait résolu, parmi
tant de maux, de finir sa vie par une mort
pleine d'infamie et de désespoir. » Saint
Grégoire rapporte plusieurs autres passages
du livre de Job qui ne peuvent être enten-
dus dans un sens lillTTal, et cnnclut qu'il
est nécessaire de leur donner qucli[ue au-
tre sens plus juste et plus convenable. 11
ajoute • qu'il y en a d'autres qu'on doit ex-
l)liquer litléralemenl pour conserver la vé-
rité de l'histoire, et que comme l'Écriture a
.\UTEURS ECCLÉSI.\STIQUES.
des endroits obscurs pour exercer les esprits
des savants, elle en a de clairs pour ins-
truire les simples. Il met du nombre de ceux
qu'on doit prendre à la lettre celui-ci : Je n'ai „i°J;,""''
point refusé aux pauvres ce qu'ils demandaient,
je n'ai point fait attendre les yeux de la veuve,
je n'ai point mangé mon jjain tout seul ; maie
j'en ai fait jxirt au pupille. Je n'ai point mé-
prisé les jMSsants qui étaient mat habillés, ni
les pauvres qui étaient nus ; mais leurs c<^tes
que j'ai couvertes m'ont donné des bénédictions,
et leurs corps ont été réchauffés ])ar les toisons
de mes brebis dont je les ai revêtus. En effet, si
on voulait donner un sens allégorique à ces
paroles, on anéantirait toutes les œuvres de
miséricordeque ce saint homme a pratiquées.
Suint Grégoire suit ordinairement * dans ce
comi'ientaire la version que saint Jérôme
avait faite du livre de Job, et qu'il appelle la
nouvelle; mais lorsqu'il en est besoin, il cite
aussi l'ancienne. La raison qu'il en donne,
c'est qu'étant assis sur le Siège apostolique,
qui se servait de l'une et de l'autre version,
il était raisonnable qu'il eût recours à fou-
tes les deux pour autoriser ce qu'il avançait
dans cet ouvrage. Quoiqu'il l'eut commencé
dès l'an 582, et l'eut bien avancé pendant son
séjour à Constantinople, il n'y mit la dernière
main que depuis qu'il fut pape. Ce fut dans
ce temps-là qu'il l'envoya à saint Léandrc *,
non qu'il crût que ce fût une chose digne de
lui être présentée, mais parce qu'il la lui
avait promise. Il lui demande, dans la lettre
qu'il lui écrivit à ce sujet, et que l'on a mise
à la tête de tout l'ouvrage dans la nouvelle
édition, de n'y pas chercher les feuilles,
c'est-à-dire les ornements superflus des pa-
roles, que l'Kcriture interdit aux interprètes
en leur défendant de planter du bois dans
le temple du Dieu lout-puissanl.
3. Aussitôt que ce Commentaire eut été ,„„„ J;,";;
rendu public, on s'empressa d'en avoir des [J,,,.'^"'"""'""
copies, il y eut même des évoques qui le fi-
rent lire publiquement aux ollices de la nuit,
entre autres Marinien, archevêque de Ra-
venne. Saint On-goire en eut de la douleur
par unetlVl de l'humble sentiment qu'il avait
de ses ouvrages. Il écrivit donc à Jean', sous-
diacre de cette église, de détourner Marinien
de la lecture de ses commentaires sur Job
dans les assemblées, disant qu'ils n'étaient
pas assez à lu portée du peuple, et qu'ils
' Greg., Prœfal. in Job., seu Episl. ad S. Lean-
drum.
• Ibid. - > Ibid. - ' Ihid. - « Ibid.
■> Greg., fil). XII, £>is(. 2*.
« Ibid.
Preinièra
r'iodu Corn*
'DIairo sur
!■, loni. I,
Il laii^ien.'
. l-ns, laf.
[vu* siècLE.] CHAPITllE XLIX. — SAINT
IHUiviiient plutôt nuire i'i ilos iuiditciirs jicu
instruits, quo lour piolilor. Il lui coiisoilla ilo
l'aire lire de pi ëféreuce des counnentairessur
les Psaumes, comme étant fort propres à ins-
pirer la bonne morale aux séculiers. 11 par-
lait apparemment des commentaires de saint
Augustin, ou de quelqu'autre père, sur les.
Psaumes : car on ne voit pas qu'il en ait
composé lui-même. D'ailleurs il dit ' en gé-
néral à Jean de Uavenue, qu'il ne souhai-
tait pas qu'on publiât dans le monde pendant
sa vie, ce qui était échappé de sa bouche ou
de sa plume. L'exemplaire que saint Gré-
goire avait envoyé ;\ saint Léandre s'étant
trouvé égaré après la mort de saint Isidore,
son frère, Taïon, évêque ' de Sarragosse,
vers le milieu du vu" siècle, fut envoyé à
à Rome par Chindasvinte, roi des Yisigotlis
en Espagne, pour en avoir une autre copie,
qu'il obtint avec assez de peine. Quelques-
uns ont trouvé mauvais que ce saint Pape
ail employé tant d'allégories et tant de mo-
ralités daps cet ouvrage; mais ils n'ont pas
fait attention que le dessein de l'Esprit-Saint
dans ce livre est de nous donner, en la
personne de Job, un exemple singulier de
patience dans les adversités, et un modèle
des vertus chrétiennes, et que saint Grégoire
ne s'y est pas tellement appliqué au sens
moral, qu'il ait négligé le littéral. Les Hé-
breux ne le mettaient point parmi les livres
historiques de l'Écriture, mais parmi les
agiographes, c'est-à-dire cens dont la lec-
ture édiQe davantage.
4. Dans la préface générale sur son Commen-
taire, saint Grégoire, après avoir proposé les
dififérents sentiments sur l'auteur du livre de
Job, que quelques-uns attribuaient à Moïse,
dit qu'il est fort inutile de rechercher en
quel temps Job a vécu, et qui a composé le
livre qui porte son nom, puisque les fidèles
ne doutent point qu'il ne soit l'ouvrage du '
Saint-Esprit qui en a inspiré la pensée à
l'auteur, et qui s'est servi de sa plume pour
faire passer jusqu'à nous des actions de ver-
tu que nous puissions imiter. Ce qui lui pa-
rait le plus vraisemblable sur ce sujet, est
que Job, qui a soutenu les grands eilbrts de
GRÉGOIRE LE GRAND, P.VPE. 443
ce coiul)al spirilnol.a * éciit lui-même l'his-
toire de sa victoire; (pi'on ne doit pas être
détourné d'embrasser ce sentiment, parce
qu'il est parlé de Job dans ce livre en troisiè-
me personne : Joh a dit, Job n souffert, ceux
qui ont écrit les Livres saints ayant coutume
de parler d'eux-mêmes, comme s'ils par-
laient des autres. Cela se voit dans Moïse,
qui dit, au chapiti-e I" des Nombres : Moïse
(Huit lupins doux qui fût sur la terre; et dans
saint Jean l'Évangéliste:rt'/!<«-/àe<aiV ledis- .J"'"- '"
ciple que Jésus aimait. Il montre ensuite que
Dieu nous a proposé l'exemple de Job, pour
nous ùter toutes excuses dans nos pr(îvarica-
tions : « Un homme sans loi l'a observée, n'y
a-t-il pas là de quoi confondre la dureté et la
malice de tous ceux qui, étant sous la loi, ne
l'observent pas? Sa patience a mis le comble
à ses vertus; après le témoignage que Dieu
lui a rendu de n'avoir point péché dans ses
paroles, il y aurait de la témérité à reprendre
ses discours, comme trop rudes et peu mesu-
rés, et quelquefois trop flatteurs pour lui. »Le
saint Docteur trouve dans la réconciliation
des amis de Job avec lui, la figure du retour
des hérétiques à l'Église. «Les sacrifices des
hérétiques ne peuvent, dit-il, être agréables
à Dieu, s'ils ne sont offerts pour eux par les
mains de l'Église universelle, afin qu'ils re-
çoivent le salut par les mérites de celle-là
même, contre laquelle ils ont si souvent lancé
leurs paroles envenimées et pleines d'erreurs ;
c'est pourquoi il est dit qu'on oûiait pour les
amis de Job sept sacrifices, parce que, quand
les hérétiques reconnaissent cet Esprit-Saint
qui communique les sept dons de grâce, et
qu'ils le reçoivent en eux-mêmes, ils sont
comme purifiés par sept oblations différen-
tes. Job, en recevant deux fois autant de
biens qu'il en avait perdus, nous figure le
double avantage que l'Église recevra dès
cette vie pour récompense de ses travaux
dans la conversion des gentils et des juifs, et
après cette vie, dans la béatitude de l'àme
et du corps. » Après ces préliminaires, saint L;t.. i. pn.
Grégoii-e vient au texte de Job, qu'il expli-
que en trois manières : dans le sens littéral,
dans le moral et dans l'aUégorique. «Le lieu
» Greg., lib. Xlt, Epist. 24.
' Prœfat., edil. in lih. Job., pag. 21.
' Sed quis hcec scripserit value supervacne quœ-
rilur : cvm tamen auctor libri Spirilus Sanctiis
fidelUer credatur. Ipse igilur hœc scripsit., qui
scribenda diclavit Ipse scripsit. qui et in illius
opère inspirator ej:tUil, et per scribetilis vocem
imitanda ad -nos facta transmisit. Greg., Prœfat.,
in lib. Joh.
' Arbitrari tamen verius possumus quod idem
heatiis Job qui cerlamina spiritalis pugnœ susti-
nuit, eliam consummatœ suœ victoriœ gesta nar-
ravit. Ibid.
n\
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
m..
3".
Pt.Trnl, in
II, pf.
33.
LiUIlipp.
de kl demeure de Job est marqué : // y avait
un homme dans la terre de Uns, pays habité
par des infidèles, afin que ce lui fût un plus
grand sujet de louanires d'avoir été bon par-
mi les méchants. L'Écriture in;irque le nom-
bre de ses enfants : lient sept fis et trois fil-
les; et elle ajoute qu'il était fort soigneux
d'offrir des sacrifices, et fort libéral envers
les pauvres, pour nous donner une idée de
la grandeur de sa vertu, puisqu'il ne s'atta-
chait point aux biens de la terre par la con-
sidération de tant d'enfants. Plus attentif à
leur donner une sainte éducation qu'A leur
amasser des richesses, il dépensait encore
son bien pbur les purifier de leurs péchés,
en oil'rant des holocaustes pour eus lorsque
les jours des festins, qu'ils se donnaient les
uns aux autres, étaient passés. Offrir un ho-
locauste, c'est brûler entièrement l'hostie que
l'on immole. Nous offrons donc un holocauste,
lorsque notre esprit est tellement embrasé du
feu de componction, qu'il lirùlo entièrement
notre cœur sur l'autel de l'amour divin, et
consume toutes les impuretés de nos pensées,
qui sont comme les fautes de nos enfants. »
L'Écriture sainte ne se contente pas do
nous faire connaître les vertus des saints ,
elle nous découvre aussi quelquefois leurs
fautes , afin que , nous représentant dans
leurs victoires ce que nous avons à imiter,
elle nous fasse aussi connaître dans leurs
chutes ce que nous avons i^ craindre.
Elle dit, en parlant des saints anges, qu'é-
tant venus se présenter devant le Seigneur,
Satan se trouva aussi avec eux; et encore
qu'ils voient sans cesse la face de Dieu,
comment peuvent-ils contempler Dieu sans
cesse, et être envoyés quelquefois pour le
salut des hommes? Pour rc-poudre i\ cette
question, il ne faut que faire attention k la
subtilité et à l'excellence de la nature angé-
lique ; les anges ne s'éloignent jamais de la
présence de Dieu jusqu'à cire piivi'-s de la
joie de le contempler inlérieuremont, puis-
que, s'ils ] erdaient la vue bienheureuse de
leur Créateur, lorsqu'il les envoie, il ne leur
serait pas possible de n'pandre sur les aveu-
gles cette lumière qu'ils auraient perdue en
s'éloignanl de Celui qui en est la source. Ils
assistent donc en la présence de Dieu en
même temps qu'il les envoie, parce qu'en tant
qu'ils sont renfermés dans un espace certain,
et ne sont pas en tous lieux, il est vrai qu'ils
parlent et qu'ils s'éloignent ; mais en tant
()ur'. Dieu leui est toujours intérieurement
présent, il n'en est pas moins vrai qu'ils ne
s'éloignent jamais ; ainsi ils voient toujours le
visage de Dieu, et ils ne laissent pas de venir
à nous, parce qu'ils sortent pour cela du ciel
selon leur présence locale, et cependant ils
conservent toujours en eux-mêmes, par une
intérieure contemplation , le Dieu du ciel
d'auprès de qui ils étaient partis. Il est dit
que Satan se présenta aussi devant le Sei-
gneur, ce qui n'est point aisé à comprendre,
puisque selon l'Kvangile, il n'y a que ceux Maii.,v,8.
qui ont le cœur pur qui verront Dieu ; mais
il faut remarquer qu'il est seulement écrit
q>ie Satan se trouva devant le Seigneur, et
non qu'il le contempla; il ne se présenta de-
vant la Majesté Divine qu'afin d'en être vii,
et non de la voir. Il parut en la présence de
Dieu, mais Dieu ne parut pas en la sienne ;
un aveugle est éclairé des rayons du soleil, vk. m.
mais il ne voit point le soleil qui l'éclairé.
Dieu dit ii Satan : D'on viens-tu? Dieu parle n-
aux anges, lorsqu'il leur fait connaître inté-
rieurement sa volonté ; et les angos parlent
;\ Dieu, lorsque haussant leur vue au-dessus
d'eux-mêmes, ils s'élèvent vers lui par des
transports ineffables de louanges et d'éton-
nement. A l'égard du démon. Dieu lui parle
en quatre manières : lorsqu'il le reprend de "•
ses injustices, qu'il propose contre lui la
justice de ses élus, qu'il lui permet de tenter
leur innocence, ou qu'il lui défend de les
tenter. 11 lui parle en la première, lorsqu'il
lui dit ici : D'où viens-tu? parce qu'il le re-
prend de ses injustices. Le diable parle à
Dieu en trois manières, savoir : lorsqu'il lui
expose ses actions, ou qu'il accuse l'inno-
cence des élus par de faux crimes, ou qu'il
demande permission de les tenter. Il expose
ses actions aux yeux de Dieu, qi:and il dit :
J'ai fait le tour de la terre. Il accuse l'inno-
cence des élus, quand il dit : !\"avez-vous pas
environné comme d'nne forte haie sa jvrsonne et
sa maison ? Il demande de tenter leur inno- «.
conce, quand il dit : Etendez votre main sur
Ini. Le démon n'a de pouvoir de nous tenter,
qu'autant que Dieu lui en donne. La volonté
de Satan est toujours injuste; mais la puis-
sance qui lui est donnée ne l'est jamais,
parce que Dieu ne lui permet qu'avec équité
d'exécuter ce qu'il désire avec injustice. Le
sens de ces paroles : Satan sortit aussitôt de
devant le Seigneur, ne renferme rien de con-
traire i\ l'immensité de Dieu : elles signifient
seulement que le démon qui était auparavant
lié, parce qu il n'avait pas le pouvoir de nuire •«■
LiU
1.5. 7».
[vir SIÈCLE.] CILVPITRE XLIX. — SAINT
A Job, fut en quelque sorte déchaîné contre
lui, tit's (ju'il ohtiul pciuaission dv le lentcr. »
Sur ce qui csl dit, t\n'un jour que les /ils
et les filles de Job buvaient et niaugeciienl clans
la viaison de leur frère aîné, saint Gi'égoire
remarque qu'il y a de certains temps i)lus
propres et plus favorables au démon pour
tenter les liommes , comme sont les grands
repas, qui ne se font guère sans quelque
péché ; (ju'il se sert aussi du relâchement
;. des supérieurs pour tenter les simjjjes, et
que c'est alors qu'il reçoit plus de pouvoir
pour leur nuire ; qu'en etlet il commença ses
combats contre Job, lorsque ses enfants se
régalaient chez leurfrère aiué. Eu cxplii[uant
ce qui est dit de Job, qu'(7 se leva cl déchira
ses habits, et qu'ayant rasé les cheveux de sa
tète, il se prosterna contre terre pour adorer
Dieu, il observe que l'insensibilité de cœur
n'est pas le juste degré de la vraie vertu;
qu'il faut également éviter les deux excès de
l'impatience et de l'insensibilité ; que Job,
par l'amour qu'il devait à son prochain, té-
moigna de l'affliction à la perle de ses en-
fants, et que pour ne pas manquer à l'amour
qu'il devait à Dieu, il lui adressa ses prières
au plus fort de sa douleur. Afin de modérer
ses larmes par la patience, il considère quel
il était en venant au monde; et, pom- la con-
server, il examine quel il sera en sortant du
monde, c'est-à-dire mi. Frappé par la perte
de ses biens et de ses enfants, il change ses
afflictions en louanges : Le Seigneur me l'a-
vait donnée le Seigneur me l'a ûté; que son nom
soit béni, surmonlant par sa soumission et
ni, son humilité, l'orgueil de son ennemi. Lors-
que Dieu permet l'affliction de ses élus, ce
n'est pas toujours pour les punir de leurs
fautes, c'est souvent pour l'accroissement de
leurs mérites; et en même temps qu'il parait
les abandonner aux tentations, il les pro-
tège en ne souffrant pas qu'ils soient tentés
au-dessus de leurs forces. La vertu de Job
n'était d'abord connue que de Dieu, qui la
rendit publique pour être imitée de tous; il
fallait pour cela qu'il souffrît la tentation,
autrement il n'aurait pu donner aux autres
de si grands exemples de patience : Je l'a-
bandonne entre tes mains, dit Dieu à Satan,
7nais surtout gaj'deson âme; de sorte que Job
était comme retenu dans le cœur de Dieu
par sa main toute-puissante, en même temps
qu'il était livré entre les mains du démon.
Garder, en cet endroit, est la même chose que
n'oser attaquer. Satau, après avoir enlevé
GREGOIRE LE GRAND, PAPE. 443
à Job ses biens, ses enfants, sa santé, sans
avoir pu In vaincre, ralta(pia d'une manière
plus cuclu'e, eu eniployaul contre lui sa fem-
me et SCS amis; mais leurs paroles ollensan-
tes, et leurs douleurs excessives, du moins
en apparence, opérèrent un effet tout con-
traire à leurs desseins. Celui qui veut conso- '"'e- "i-
1er un affligé, doit mettre des bornes à la dou-
leur qu'il lui fait paraître, de crainte qu'au
lieu d'adoucir l'esprit de son ami,ilnele [)orte
jusqu'au désespoir par l'excès de l'aûliction
qu'il lui témoigne pour compatir à la sienne.
Il y a dans la suite de l'histoire de Job des pa- lu-- iv,
•' ' pi~. 11.2.
rôles qui ne sont conformes ni à la raison, ni
à la piété ; telles sont celles-ci : Périsse le jour
auquel je suis né, et la nuit dans laquelle on a
dit : Un homme est conçu. Peut-on en effet
souhaiter qu'un jour qui n'est plus, périsse?
Saint Grégoii e conclut de là que Job ne nous
exprime point littéralement ses pensées en
cet enchoit, et que celui-ci est du nombre
de ces contradictions apparentes qui se ren-
contrent dans la lettre de l'Ecriture, et qu'on
doit lever en leur donnant un sens spirituel.
D croit donc que ces malédictions ne par-
taient pas de la chaleur d'un esprit ému, qui
se laisse emporter à maudire des choses jus-
tes et vérilables; mais que, considérant que
ses amis, qui ne recherchaient que les pros-
pérités temporelles, jugeaient de ses dispo-
sitions par les leurs, il fit éclater au dehors
une voix pleine de douleur contre de sem-
blables dispositions, comme s'il eût dit : Pé-
risse cette espérance trompeuse ; que ce jour
et cette lueur de fausses promesses se cou-
vrent .d'épaisses ténèbres. Quand la pros-
périté du monde nous rit, c'est comme le pog. m.
jour; mais ce jour se change en nuit,
parce que souvent la prospérité temporelle
conduit aux ténèbres des tribulations.
Les saints ont toujours plus appréhendé la '■ ' -v. r«p.
prospérité que l'adversité, parce qu'ils sa-
vaient que, quand l'esprit est attiré par les
charmes de quelqu'objet agréable, il se ré-
pand facilement au dehors; au lieu que,
quand l'homme extérieur se trouve affligé,
l'intérieur se porte avec plus de liberté à
rentrer en soi-même, pour y rechercher les
biens véritables.
o. Saint Grégoire commence la seconde ^ seconde par.
partie de ses Morales au troisième verset du t^'- 1S2'.
cinquième chapitre de Job. Il y explique
mystiquement ce que Job, sa femme et ses
amis signiiient. Job, percé de plaies, est la
figure du Sauveur percé de clous sur la
446
HISTOIRE GÉNÉRAI.E DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pf. :ii.
croix ; sa femme, de toutes les personnes char-
nelles qui dans l'É^'Iise servent au tentateur
des hommes dansl'exi'cution de ses artitices
et de ses méchancetés ; les amis de Job, sont
leshérétiques qui font injure à Dieu, lorsqu'ils
le veulent défendre contre les bons et les ca-
tholiques. Mais lorsque le texte est suscepti-
ble de quelque autre sens, il le donne. 11 dit h
ceux qui pourraient avoir quelque doute sur
LiKvii, les discours de Job, dont plusieurs parais-
saient sortir des bornes delà patience, qu'ils
doivent les peser dans la juste balance du
commencement et de la fin de son histoire,
où Dieu lui donne également des louanges :
ce qu'il n'iiurait pas fait, s'il eût été répré-
hensible en quelque chose. N'as-tu imyit con-
sidéré mon serviteur Job, dit Dieu au démon
joi,. i,«. dans le premier chapitre? //n'a /x»s son semWn-
ble sur la terre. C'est un homme simple et juste,
quicrainiDieuetqui fuit lemal.E\,aipià»l'a\o\r
éprouvé en tant de manières, il reprend dans
le quarante-deuxième, qui est le dernier, ses
Job. i.\ 7. amis, en leur disant : Ioî/s n'avez jms bien parlé
devant moi, ainsi que l'a fait mon serviteur Job.
Saint Grégoire, dans l'explication de ces
ui.vui, paroles du septième chapitre : La vie de
'''■'" l'homme est comme une milice sur la terre,
dit que l'ancienne version au lieu de tni-
lice, lit tentation ; mais que ces deux mots
forment une même idée, parce que la ten-
tation n'est autre chose que cette fâcheuse
guerre que nous avons à soutenir continuel-
lement contre les ennemis de notre salut.
Notre nature, tombée volontairement de l'é-
tal d'innocence dans laquelle Dieu l'avait
formée, se trouve dans la misère et dans la
corruption ; en sorte qu'elle trouve en elle-
même sa peine et son mal, par le change-
ment continuel auquel elle est exposée. Si
elle veut s'élever par ses désirs aux choses
sublimes, elle en est aussitôt repoussée par
sa mutabilité, et elle retombe misérablement
en elle - même. II est vrai que l'homme ne
manque point de moyens de vaincre la ten-
tation ; mais à peine a-t-il retranché ce que son
infirmité avait fait naître, que cette même in-
firmité engendre de quoi retrancher de nou-
veau ; c'est ainsi que sa vie est une milice
ou un combat continuel. Paimi le plus bril-
lant éclat de ses vertus, l'homme se trouve
toujours dans l'obscurité, tantôt par l'impor-
tun souvenir de ses péchés, tantôt par les
nuages des suggestions du malin cspiit, tan-
tôt par le relâchement de sa ferveur. Tri qui
a léprimc en lui-même les mouvements
d'impureté, ne laisse pas d'avoir encore l'i-
magination toute fatiguée des sales impres-
sions qui lui en restent, parce qu'il se sou-
vient, quoique malgré lui, de ce qu'il a fait
volontairement. 11 soutire maintenant comme
une peine, ce qu'il considérait autrefois
comme un plaisir ; et parce qu'il craint avec
raison de retomber dans les péchés qu'il a
surmontés, il mortifie son corps par une abs-
tinence si sévère, qu'il en devient tout défi-
guré. Ceux qui le voient louent sa vie aus-
tère ; ces louanges lui inspirent de la va-
nité, ce qui le jette dans deux extrémités,
ou de retomber dans les feux de l'impudici-
té, en voulant rétablir son visage par l'abon-
dance des viandes, ou detomberdansla vaine
gloire, s'il continue ses abstinences. Un autre,
considérant quel péché c'est que le menson-
ge, prend la résolution de n'en dire jamais ;
mais parce qu'il arrive souvent qu'en disant
la vérité on décrie le prochain, la crainte
de le blesser le fait retomber, sous couleur
de piété, dans le vice de déguisement et de
dissimulation dont il avait voulu s'éloigner.
Quoique autre, tout embrasé d'amour pour
son Créateur, s'étudiera, par l'assiduité de
son oraison, à détacher absolument son âme
de toutes les pensées de la terre, et à l'éle-
ver au calme assuré de la paix intérieure ;
mais souvent, lorsqu'il s'efforce d'y arriver,
les images des choses basses et terrestres le
repoussent et le rabaissent : ses yeux, qui
ne jetaient de regards que pour pénétrer
cette lumière céleste, s'obscurcissent par les
nuages des fantômes corporels que les sens
lui représentent, de sorte que son Ame, las-
sée par les obstacles qui naissent de sa pro-
pre infirmité, ou languit dans une Iflche pa-
resse, s'il s'abandonne A l'oraison, ou voit
s'épaissir devant ses yeux la noire fumée de
ces fantômes corporels qui s'y élève , s'il
persiste longtemps dans la prière. Job avait
donc raison de dire : La vie de l'homme est
U7ie tentation sur la terre ; mais il n'en a pas
moins de comparer nos jours à ceux d'un
mercenaire, qui souhaite que son temps fi-
nisse bientôt, afin d'obtenir le prix de ses pei-
nes et de son travail, parce qu'en eflet l'hom-
me sage considère la vie présente comme un
chemin, et non comme sa patrie ; comme le
temps de ses travaux, et non de sa récom-
pense; et se cioit d'autant plus éloigné du
prix éternel auquel il aspire, qu'il lui larde
davantage d'arriver ii la fin de sa vie mor-
telle. Job ajoute : Je n'épargnerai point ma
Pif. iit.
CHAPITRE XLIX. — SAINT GIIKGOIUE LE GHANI), PAPE.
I.il.lX, |o?.
I'<. i07.
[vu* siÈaE.]
bouche ;je parlerai dans la douleur pressante
de mon esprit. La douleur de l'espril fail ludu-
voir la lauf^ue pouz' coiubalti'C s(in péclié par
la voix d'uue sincère coiift^ssion ; mais sou-
Ycnt les réprouvés confessent leurs péchés,
sans se motlre en peine de les pleurer; les
élus au contraire ont soin d'ell'acer par les
larmes d'une sévère pénilenco les pécln'-s
dont ils s'accusent. Celui qui raconte simple-
ment son mal, et qui refuse de le pleurer, ne
fait que découvrir sa plaie au médecin, mais
il n'y applique pas le remède salutaire de la
douleur de l'esprit; ainsi il n'y a que la con-
trition du cœnr qui puisse faire salulairement
sortir de la bouche la confession des péchés.
Dieu est très -sage et très - puissant
s'il vient à moi , je ne le verrai point ; s'il
s'en éloigne, je n'en saui'ai rien. « L'hom-
me exclu des joies intérieures en jiunition
de son péché, a perdu la vue de l'àmc, et
ne sait plus où le conduisent les pas in-
certains de ses mérites. Souvent il attribue
à la colère de Dieu ce qui est un pur etfet
de sa grùcc, et souvent ce qu'il considère
comme une grâce n'est qu'un effet de sa co-
lère. Quelquefois il regarde les dons de faire
des miracles, comme des grâces singulières;
cependant ces dons le font tomber par or-
gueil, lorsqu'il veut s'en prévaloir. Il consi-
dère aussi d'ordinaire les tentations et l'adver-
sité comme un effet de la colère divine ; tou-
tefois, ce sont CCS mêmes tentations qui l'o-
bligent h veiller avec plus de circonspection
pour se maintenir dans la vertu. Qui ne se
croira bien avec Dieu, quand il est comblé
des faveurs du ciel ; quand il reçoit ou le
don de prophétie, ou la science pour ins-
truire les autres, ou la vertu de guérir les
maladies? Néanmoins il arrive le plus sou-
vent que, quand l'âme se relâche par une
fausse confiance dans sa vertu, l'ennemi,
qui est toujours prêt à la surprendre , la
perce d'un trait imprévu ; ainsi ces mêmes
faveurs qui l'approchaient de Dieu pour un
temps, sans qu'elle prit soin de s'y conser-
ver, sont cause qu'elle en demeure éloignée
pour toute l'éternité. Qui , d'ailleurs , ne
se croira abandonné de la grâce de Dieu,
lorsqu'après avoir donné quelque solide té-
moignage de son amour pour la pureté, il
soutire de nouveau les tentations de la chair,
que ses pensées déshonnêtes ne sorteni point
de son esprit, et que ces images impures et
criminelles lui remplissent sans cesse l'ima-
gination ? Cependant, quand toutes ces ten-
i'n
talions ne font que le peiner et le fatiguer,
cl qu'elles ne le surmontent point, il est hors
de doule qu'au lien de le faire mourir par un
consenlemenl iinpu(li(pi(', elles le maiiili(!n-
nent dans l'humilité, parce que l'âme, recon-
naissant sa faiblesse dans le fort des tenta-
tions, met tout son recours dans l'assistance
divine, et perd toute confiance en ses pro-
pres forces : de sorte qu'il arrive qu'elle est
plus étroitement unie à Dieu par la chose mô-
me qui la faisait gémir, craignant d'en être
fort éloignée. Nous sommes donc incapa-
bles de reconnaître quand nous nous appro-
chons de Dieu ou quand nous nous en éloi-
gnons, tant que la fin des choses douteuses
n'est point arrivée, puisque à l'égard des ten-
tations, il est incertain si elles nous tuent,
ou si elles nous éprouvent, et que, pour les
dons de Dieu, on ne peut non pins savoii-
s'ils servent seulement de récompenses tem-
porelles à ceux qui seront abandonnés pour
l'éternité, ou bien s'ils nous soutiennent du-
rant cette vie pour nous conduire à celle qui
est h venir. »
6. La troisième partie, composée de six
livres, comprend l'explication du douzième
chapitre, depuis le sixième verset jusqu'au
vingtième verset du vingt-quatrième chapi-
tre. Saint Grégoire y est moins diflus que
dans les deux parties précédentes. Voici com-
ment il explique le quatorzième verset du
chapitre douzième : Si Dieu détruit, il n'y a
personne qui édifie ; s'il renferme un homme, il
n'y a pei'sonne qui le puisse élargir. » Dieu dé-
truit, quand il abandonne le cœur de l'hom-
me ; il édifie, quand il le remplit des dons
de sa grâce : car il ne le détruit pas en le
surmontant et l'abattant par l'elTort de sa
puissance, mais seulement en s'en retirant,
puisqu'il sutlit à l'homme, pour se perdre,
d'être abandonné de son Créateur. D'où
vient qu'il arrive souvent que les cœurs des
auditeurs n'étant pas remplis de sa grâce,
en punition de leurs fautes , c'est en vain
que le prédicateur les instruit et les exhorte;
et la bouche de celui qui parle est comme
muette, si celui qui inspire les paroles qui
se font entendre au dehors, ne crie au de-
dans du cœur ; ce qui fait dire â David dans
im psaume : Si le Seigneur ne bâtit lui-même
une maison , c'est en vain que travaillent ceux
qui lu bâtissent. Et il ne faut pas s'étonner
si un simple prédicateur n'est pas écoulé
d'un co'ur réprouvé, puisque Dieu trouve
quelquefois de la résistance dans les mœurs
Trois
partie de:
Mies -iir
lit 3CC.
M-ma
s Mo'
Joli,
LU.. XI,
3Tu.
r,al. 126.1.
448
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
LU: XII
r. 3J«-
l'âf.lOT.
dépravées de ceux à qui il parle lui-même.
Gain fut averti de la propre bouche de son
Diou, et toutefois il ne fut point cliangé, parce
qu'en pMnition de son crime, Dieu l'avait déj;'i
intérieurement abandonné, lorsqu'il le repre-
nait à l'extérieur, pour le convaincre et le
rendre inexcusable. C'est avec raison qu'il est
dit ensuite : S'il renferme tin homme, il n'y a
personne qui le puisse élargir; car que fait un
homme qui vil mal, sinon de former une pri-
son à sa propre conscience, en sorte que la
corruption de son cœur le presse, lors même
qu'il n'y a personne pour l'accuser ? Ainsi,
quand Di.eu, par nu juste jugement, l'aban-
doune à 'son aveuglement et à son iniquité, il
est comme renfermé en soi-même, sans en
pouvoirphis sortir, parce qu'il n'a pas mérité
la grâce de trouver les voies de se délivrer.
Le saint Docteur explique des opérations
de la grâce le verset suivant : S'il retient ses
eaux, toutes choses demeureront à sec; et s'il
les lâche, elles bouleverseront toute la terre.
« On voit en effet tous les jours que quand
la terre du cœur de l'homme reçoit l'infusion
de cette eau divine, celui qui auparavant se
vengeait avec violence des injures tpi'il avait
reçues, les supporte ensuite avec une admi-
rable patience ; que celui qui auparavant ra-
vissait le bien d'autrui, donne libéralement
le sien propre; que celui qui auparavant
abandonnait son corps à toutes sortes de vo-
luptés, le mortifie par l'abstinence; et que
celui qui auparavant ne pouvait se résoudre
à aimer même ceux dont il était laimé, en
vientjusqu'à cette charité parfaite qui lui fait
aimer ses ennemis mêmes; alors ou peut
dire que cette terre est bouleversée par l'in-
fusion de cette divine rosée. Pensez- vous
qu'un homme, étant mort, puisse revivre de
nouveau? Les saints parlent quelquefois com-
me en doutant des choses dont ils sont le
plus assurés, pour s'accommoder aux fai-
bles, et se servent de leur langage, afin de
pouvoir ensuite fortifier leurs cœurs infir-
mes ; c'est pruirquoi Job, après avoir parlé
de cette manière douteuse, fait aussitôt pa-
raître la fermeté de sa foi sur la résurrection
future, en ajoutant : J'attends maintenant, à
chaque jour que je combats, l'heure de mon
chanqement; puis, pour montrer ce qui se
passera alors, il dit : Vous m'ap/xllerez, et je
vous répondrai. L'homme répond à Dieu qui
l'appelle dans ce changement général, au-
quel étant délivré de cette vie de corruption,
il se présente dans un état incorruptible de-
vant Celui qui est aussi incorruptible; et
parce que l'homme ne saurait ressusciter de
lui-même, et qu'il n'y a que la toute-puis-
sance divine qui puisse opérer cet etfet, il
ajoute : Vous tendrez votre main droite à
l'ouvrage de vos nujins, comme s'il disait en
termes plus clairs : Votre créature, dans l'é-
tat de corruption et de misère où elle est n''-
duite, ne prétend pouvoir arriver à cet état
d'incorruplion, que dans l'espérance d'y être
élevée par votre main toute-puissante, et d'y
être affermie par la protection de votre
grâce. Je sais que tnon liêdempteitr est vivant.
Job ne dit pas Créateur, mais Rédempteur,
afin de nous mieux marquer celui qui, après
avoir créé toutes choses, s'est fait homme
pour nous racheter de la servitude, et nous
a délivrés de la mort éternelle que nous
avions tous méritée. Les infidèles n'en croi-
ront peut-être autre chose, sinon qu'il a été
fouetté,, moqué, souffleté, couronné d'épi-
nes, et qu'enfin on l'a fait mouru-; mais, moi
je crois avec une foi certaine, et je confesse
hautement que mon Rédempteur, qui est
mort entre les mains des juifs, est vivant
après sa mort. Je sais qu'au dernier jour je
ressusciterai de la terre, parce que le Seigneur
accomplira en nous une résurrection pareille
à celle qu'il a fait premièrement paraître en
sa persoime. Je serai de nouveau environné de
ma peau : expression par laquelle Job ôte
tout le doute qu'on pourrait avoir d'une vé-
ritable résurrection. Saint Grégoire donne
en cet endroit l'abrégé des conférences qu'il
eut à Constantinople avec le patriarche Eu-
tychius, qui était dans l'erreur au sujet de
la résurrection des corps, s'imaginant qu'ils
deviendraient impalpables, et plus subtils
que l'air et le vent. Il rétracta son erreur,
étant au lit de la mort, où tenant en pré-
sence de ses amis la peau de sa main, il dit
hautement : Je confesse que nous ressusciterons
en cette chair, ioh lève toutes les ditiicuités
qui pourraient rester dans l'esprit sur ce
sujet, lorsqu'il ajoute : Je verrai Dieu dans
ma chair ;je le verrai moi-même, et non pas un
autre, et mes yeux le regarderont, n
7. Dans la quatrième partie, qui comprend
l'explication de la fin du xu\° chapitre jus-
qu'au XXXII'" inclusivement, saint Grégoire
continue à montrer que Job nous a ligure,
et par son nom, et par ses soutlrauccs, celles
de notre Sauveur, et de son corps, qui est
l'Eglise, : car le nom de Job signifie af/Ugé ;
or personne ne l'a plus été que celui dont il
[.■C t 3
1X-- «■■•
P«S -.67.
i-artr, II:
XVII, 11»
CIIAPITRE XT.IX. — SArVT GnÉGOlRR LE CRANn, PAPE.
''L1tl,4.
l'ag. ta:.
1.11.. i VI
pu}. 1,!0.
[vu" SIÈCLE.]
est éciit dans Isaïe : // a /m-lè nos langueurs,
et il a siiii/fcrl nos douleurs et nos tnaludies. Il
y coiitiiuie aussi i\ faire voir que les amis
de Jiii) rppi'(''siMilent les luM'oti(iiics, (iiii, en
voulant preiulie en main les inti'ièls de
Dieu, l'ollensent vth'ilableinent. Il Ir.iile du
nombre des animes, montrant qu'il y en a
d'établis de Dieu pcuir le gouvernement
des nations et des empires, et que dans les
divers intérêts de ces états, qui sont quel-
quefois opposés, ils n'agissent que selon la
souveraine éqnil(! et la volonté divine. Job
avait dit en parlant de Dieu : 6V',s- snhlats ne
sont-ils pas en grand nomire? Saint Grégoi-
re, qui entend par 1;\ les anges, dit qu'ils
sont sans nombre k l'égard de la connais-
sance de l'esprit luimain, qui ne sait pas
de combien est composée cette grande mul-
titude de l'armée céleste dont il est parlé
dans Daniel ; mais que le nombre des citoyens
du ciel est tout ensemble et déterminé et in-
défini, afin qu'il paraisse que ce qn'il est très-
facile à Dieu de compter, est souvent innom-
brable aux bommes. (i Les anges sont appelés
les soldats de Dieu, parce qu'ils combattent
contre les puissances de l'air. On peut aussi
entendi-e d'eux ce qui est dit ensuite : Les
colonnes du ciel tremblent, et sont dans l'èjjou-
vante au moindre signe de sa volonté; parce
qu'encore qu'ils voient Dieu sans cesse, ils
tremblent d'une respectueuse frayeur en le
contemplant; mais cette frayeur est plutôt
un mouvement d'admiration que de crainte.
Dieu se jettei-a sur lui et ne l'épargnera pas.
Toutes les fois que Dieu corrige un pécbeur
par ses lléaux, il ne se jette pour ainsi dire
sur lui que pour l'épargner ; mais quand le
pécheur continue à l'ofienser nonobstant ces
tléaux, alors ce n'est pas pour l'épargner
que Dieu se jette sur lui, c'est pour le punir.
L'oreille qui m'entendait me donnait des béné-
dictions, et l'œil qui voyait rendait témoignage
en ma faveur. Job, en parlant ainsi, fait assez
connaître quel il a été dans ses actions et
dans ses paroles : car l'on n'est pas encore
parfait dans ses actions, quand on pèche
dans ses paroles; et l'un n'est pas digne de
louange dans ses paroles, quand on ne con-
firme pas par ses actions ce que dit la langue.
Se voyant donc pressé par les aigres invec-
tives de ses amis, il se justifie en ces deux
boses, disant que, par ses paroles et par ses
actions, il a attiré à bon droit la vénération
de ceux qui l'ont \n et qui l'ont entendu.
Par ses paroles il entend les instructions sa-
XI.
449
lulaires qu'il avait données. Il marque ses
actions en ajoutant : Je soulageais la nécessité
du pauvre gui m'appelait à son secours, et de
l'orpliclin (pli n'avait point de protecteurs; j'at-
tirais des liénrdictions de celui qui était prés de
périr, et je consolais l'âme de la veuve. Ce sont
là de grandes (euvres de miséricorde, de dé-
livrer le pauvre de sa niisèi'e, d'assister l'or-
phelin, de secourir celui qui est près de pé-
rir, de consoler le cfeurde la veuve. C'est le
propre des saints de cacher tout le bien qu'ils
font, pour ne pas tondier dans le vice de la
vaine gloii'c; mais il est des occasions où ils
sont comme forcés de faire de bonnes œu-
vres devant le monde, ou de raconter eux-
mêmes devant les hommes celles qu'ils ont
faites : mais alors ils ne le font que dans le
désir que leur père céleste en tire sa gloire,
et non pas eux-mêmes. Job ajoute : J'exami-
nais avec gi^and soin les causes que je n'entendais
pas, pour nous apprendre qu'il ne faut ja-
mais juger des choses avec précipitation, de
crainte d'en juger témérairement et avant
de les avoir bien examinées, et ne nous
laisser pas émouvoir aux moindres choses
que l'on nous rapporte, en ajoutant trop de
foi à ce qui se dit sans être prouvé. Ceux qui
m'écnutaient, attendaient toutes 7nes paroles
comme des sentences, et étaient dans le silence
et l'attention pour recevoir mes conseils. Ils
n'osaient rien ajouter à mes paroles, et elles
dégouttaient sur eux. Ce terme, dégouttaient ,
figure le vrai et le juste tempérament de la
prédication, et comment la grâce des exhor-
tations chi'étiennes se doit proportionner aux
besoins et A la capacité de chacun de ceux
qu'on veut instiuire. Comme par ce qui est
dit précédemment, ils n'osaient rien ajouter à
mes paroles, on loue le respect et la soumis-
sion des auditeurs, ce qui suit, et elles dé-
gouttaient sur eux, nous représente la ma-
nière sage dont les docteurs catholiques s'ac-
quittent du ministère de la prédication : car
celui qui instruit les autres ne doit leur rien
dire qui soit au-dessus de leur intelligeni e
et de leur portée, et ne pas témoigner, en
prêchant aux ignorants, des choses trop éle-
vées, et qui ne peuvent leur être utiles, qu'il
a plus de soin de paraître que de profiter à
ceux qu'il enseigne. J'ai fait accord avec tnes
yeux, que je ne penserais pas seulement à regar-
der une plie. L'âme étant une substance invi-
sible, n'est point sensible par elle-même aux
plaisirs des choses terrestres et corporelles ;
mais comme elle est intimement unie au
29
LU,. XX,
LIb. XXI,
las. 678,
450
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
corps, les sens lui sont comme des ouvertu-
res et des passages par où elle sort eu quel-
que manière au dehors. La vue, l'ouïe, le
goùl, l'odorat, le touclier, sont comme divers
canaux par lesquels l'àme se porte aux ob-
jets extérieure, ce sont comme des fenê-
tres par où elle regarde les choses sensibles
et, en les retrardant, elle les désire. C'est ce
81.^"*°' "■ qui a fuit dire au prophète Jérémie : La mort
a monté par nos fenilrcs, elle est entrée dans
nos maisons. Quiconque regarde inconsidéré-
ment par ces fenêtres corporelles, est sou-
vent attiré contre son gré par de dangereu-
ses délectations, et se trouvant insensible-
ment gagpé par des désirs illicites, il com-
mence à vouloir ce qu'il ne voulait pas. Job
qui, en juge très-équitable, présidait sur tous
ses sens, regardait de loin le péché avant qu'il
y pût tomber, et fermait les fenêtres de son
corps ;\ la mort spirituelle, de crainte d'en
être surpris. Afin donc de se conserver tou-
jours chaste, il fait un accoi'd avec ses yeux
de ne point regarder des beautés qu'il crai-
gnait d'aimer, encore qu'il ne les eût pas
regardées à mauvais dessein. En etlet, le
poids de la chair qui nous attiie sans cesse
en bas est d'une pesanteur si prodigieuse,
que quand l'image de quelque beauté ter-
restre a pénétré par les yeux jusque dans le
co^ur, il faut de grands efl'orts et de grands
combats pour l'en etfacer. Le moyen de n'a-
voir rien d'impur dans sa pensée, est de ne
point regarder ce qu'il n'est point permis de
désirer. Job ajoute : Quelle part Dieu pren-
drait-il de moi là-haut? comme s'il disait : Si
je laisse souiller mon âme par des pensées
impures, je ne pourrai jamais être l'héiitage
de Celui qui est l'auteur et le principe de
toute pureté : car tous les biens que l'on
peut avoir sont inutiles, s'ils ne sont soute-
nus devant Dieu par le témoignage de la
chasteté, n
t.rti'°.'°'m° 8. « Après que les amis de Job eurent par-
îii.'"' '"'• lé, un jeune homme nommé Héliu dit : Je
répmidrai aussi à mon tour, et je ferai con-
naître ma science. Le parti des présomptueux
n'est pas tant d'être savant que de le paraî-
tre, el tous leurs discours vont plutôt à faire
une vaine ostentation de sagesse, qu'à la
posséder en eifet ; les saints prédicateurs,
au contraire, se contentent de contempler,
dans le secret de leur cœur, le don de lu-
mière qu'ils ont reçu de Dieu, ils le goûtent
au dedans, où ils l'ont recju, cl non au div
hors où ils sont oblijjés de le uianit'estcr : et
lois même qu'ils sont obligés de le manifes-
ter, comme ils agissent toujours par le mo- ''*?•"'•
tif de la charité qui les anime, ils ne ressen-
tent de joie que du profit qu'eu tirent leurs
auditeurs, et non de l'applaudissement et de
l'estime que cet éclat attire sur eux. Écoutez, ^^^t^'^
sages, mes paroles, et twis, savants, soyez at-
tentifs à ce que je dis. Il faut être bien pré-
somptueux pour se figurer qu'il n'y a que
les sages et les savants qui soient dignes
d'entendre ce que nous disons. Un vrai pré-
dicateur de la sagesse en parle bien difl'é-
remment, sachant qu'il est redevable aux
savants et aux ignorants. Le présomptueux
ne veut être écouté que des savants et des
sages, parce qu'il ne prêche pas pour ren-
dre sages ses auditeurs ; mais il en clierche
qui le soient déjà, afin de faire éclater de-
vant eux avec vanité sa capacité et sa doc-
trine. Il ne pense pas tant à instruire qu'à
paj'aître. Il n'est point inquiet si ceux qui
l'ccoutent en deviendront meilleurs et plus
justes, mais s'il en sera estimé plus habile et
plus savant. Dieu n'écoutera point en vain, et pjr'^j?"^ '*
le Tout-Puissant examinera la cause de chacun
en jjurticulier. L'Écriture marque ici deux
choses : l'une, que Dieu n'écoute pas eu vain
ceux qui crient à lui ; et l'autre qu'il regarde
ceux qui soulfrent. 11 ne faut pas croire que
Dieu nous néglige, lorsqu'il dilfère de nous
écouter; souvent il arrive qu'il exauce nos
désirs, lorsqu'il ne nous en accorde pas si-
tôt l'cllet, et que les choses dont nous de-
mandons proniptcment l'accomplissement,
trouvent dans le retardement un succès plus
heureux et plus favorable. .Nos prières sont
exaucées, en cela même que Dieu semble
ditl'érer de les exaucer ; nos désirs s'éten-
dent à mesure que Dieu semble les négliger,
et en croissant de la sorte, ils se fortifient et
deviennent capables de recevoir leur véri-
table accomplissement. Le travail du com-
bat est prolongé, afin que la couronne de
la victoire en soit plus riche et plus glo-
rieuse. Quand donc le Seigneur n'exauce
pas proniptcment les siens, il les attire véri-
tahlcmcnl à lui, lorsqu'il seujble qu'il les re-
pousse ; c'est un médecin intérieur el spiri-
tuel, qui retranche dans le fond de l'Ame
toute la corruption qu'il n'y peut soutl'rir,
qui fait sortir toute la pouirilure de noire
c(i;ur par le feu de la tribulatiou, et qui gué-
rit d'autant mieux les maladies spirituelles,
qu'il ('toute moins la voix des malades. // lu. xxvri,
considère ce qui est au-dessous de tous les cieiw, ""*'
(vil" SIÈCLE.] CHAPITRE xux.— SAINT r.niî;r,oiRK i,R r,nA\n, pape.
/«rii
et sa lumière s'étend pisqu'aux extrémités de la
terre. Dion, qui gouverne les clioscs supiê-
mcs, n'al):iiulonno pas les inférieures, et le
soin qu'il prend des grandes choses ne l'empê-
che point do descendre jusqu'aux inoiiulres.
Celui qui est présent partout et partout ésal
dans ses dm'i'rontes opérations, n'est jamais
diU'ércnt de lui-même. Il regarde également
toutes choses, et il règle tout également ;
étant toujours présent partout, il n'est ren-
fermé dans aucun lieu, et il n'est point ca-
pable de changer par la diversité dos choses
sur lesquelles il étend ses soins. Il y en a
plusieurs qui, entendant parler des merveil-
les que les apôtres ont opérées, et n'en
voyant point de semblables dans l'Ëglise, s'i-
maginent que Dieu lui a retiré sa grâce, ne
ps.i. II, 10. considérant point qu'il est écrit : Vous m'as-
sistez à jn-ojios dans mes besoins et daiis mes af-
flictions. Dans ces premiers temps, l'Église
avait grand besoin du secours des miracles
pour s'établir, et se fortifier contre les maux
et les persécutions dont elle était alors com-
battue; mais depuis qu'elle a si glorieusement
dompté l'orgueil de l'infidélité, elle ne de-
mande plus de siunes extraordinaires ni de
miracles, mais seulement des vertus et de
bonnes œuvres, quoiqu'elle ne laisse pas en-
core à présent de faire paraître quelques mi-
racles par plusieurs d'entre ses fidèles, dans
les occasions où ils sont nécessaires pour
son bien et son avantage. La diversité des
langues, dit saint Paul, est un signe, non
pour les fidèles , mais pour les infidèles ;
quand donc il se rencontre qu'ils sont tous
fidèles, il n'y a plus de nécessité pour les
miracles. »
siiièmfpnr. Q. LaslxièmB partie comprend l'explication
xxvui, pȔ. du reste du livre de Job, depuis le vingt-hui-
tième livre jusqu'au quarante-deuxième qui
est le dernier. Le Seigneur, répondant à Job du
milieti d'un tourbillon, luidit : Qui est celui qui
mêle des sentences parmi des discours imperti-
nents ? (I Si .Job eût été dans un état de santé
et de prospérité, Dieu lui eût parlé d'un lieu
plein de calme et de tranquillité ; mais comme
il adressait son discours à une personne acca-
blée de douleur et d'affliction par la perte de
ses biens, la mort de ses enfants, les plaies
dont son corps était couvert, les paroles im-
pertinentes de sa femme, et parles discours
injurieux de ses amis, il est dit qu'il lui parla
du milieu d'un tourbillon et de la tempête.
Car lorsque Dieu touche intérieurement le
cœur de ses serviteurs par un sentiment de
compoMcliiiii, il l(!ur paiicd'iine manière bien
dilli'rc'nte dccelli! dont il le fait lorsqu'il les
châtie par la rigueur de ses Ih-aiix, pour em-
pêcher qu'ils ne s'élèvent de vaine gloire. La
première s'insiunn doucement dans l'âme,
pour la faire avancer dans le chemin de la ver-
tu; et l'aulre r('"piiuie et détruit fortement eu
elle ce (jui l'onipôche d'y avancer; l'une lui
apprend ce qu'elle doit rechercher, et l'autre
ce qu'elle doit craindre. Dieu avait résolu de
rendre au double h Job ce qu'il avait perdu ;
et pour empêcher que sa victoire ne le fit
tomber sousl'épée mortelle de la vanité, ou
de la complaisance eu lui-môme, il le reprend
ici sévèrement, pour lui conserver la vie de
l'àme, en le tenant dans l'humilité : Saviez-
vous, lui dit-il, quand vous deviez naître, et
connaissez-vous le nombre de vos jours? Connais-
sez-vous l'ordre du ciel, et en marqucrez-vous
bien les raisons sur la terre ? Dieu parle ainsi à
l'homme, afin de lui apprendre qu'il ne se con-
naît pas soi-même; que sachant qu'il ne se
connaît pas, il craigne ; que craignant, il s'hu-
milie et ne présume rien de soi; que ne pré-
sumant rien de soi, il ait recours à l'assistance
de son Créateur, et qu'étant mort pour avoir
mis sa confiance en lui-même, il revienne
à la vie en recherchant le secours de celui
qui l'a formé. Alors Job, répondant au Sei-
gneur, lui dit : Je sais que vous pouvez tout, et
que nulle pensée ne vous est cachée ; c'est pour-
quoi j'ai parlé comme un insensé, et j'ai dit des
choses qui surpassaient infiniment ma connais-
sance. Notre sagesse, en comparaison de la
sagesse souveraine, n'est que folie : Job avait
parlé sagement aux hommes, mais ayant en-
tendu les oracles de la bouche de Dieu, il
reconnaît encore avec plus de sagesse qu'il
n'est point sage. »
10. Saint Grégoire finit ses Morales sur
Job, en conjurant tous ceux qui les liront de
ne pas lui refuser le secours de leurs prières
devant le tribunal du souverain Juge, et de
vouloir bien prendre soin de laver par l'eau
de leurs larmes, toutes les taches qu'ils au-
ront remarquées dans son cœur en lisant ses
écrits. Les réflexions que nous en avons rap-
portées, suffisent, ce semble, pour donner
au lecteur une idée de ce commentaire, et
pour le mettre en état de juger de l'édifica-
tion qu'en peuvent tirer ceux qui aiment à
s'instruire dans la science des saints. C'est
pour ceux-là principalement que ce Père a
composé cet ouvrage; aussi ne s'y est-il
point emljariassé d'approfondir la lettre de
Lib.XXIX,
put'. 'J54.
Lll). XXXV,
pas. UiS,
Conclusion
drs Morsios
sur Jot). Ju^o*
nient sur Gfit
ouvrage.
452
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Iles «or Eïr-
chlcl MDi da
OoécriM'i
5<4 homélien
tendant qw'n
les [.rCcl>«if.
S» présure
dt§;tril daus
■(^i.Iusçruids
Irouiilej,
l'Écrilare, ni d'y parler avec ëlcgaace et avec
la dernière exactitude; il s*v est, comme il
le * dit lui-même, peu arrête aux paroles,
afin de s'attacher davantage aux choses.
§11-
Des Homélies sur le prophète Ézèchiel.
i. On met ordinairement les homélies de
saint Grégoire sur la prophétie d'Ezéchiel en
395, mais il scrohlc qu'on doit les avancer de
trois ans, elles rapporter à l'an 592; car il
est certain, par le témoignage de Paul Diacre,
qu'il les prononça ' dans le temps qu'Agi-
lulfe, roi âes Lombards, sortant de Pavie où
il faisait sa résidence ordinaire, vint avec
une armée puissante reprendre Pérouse, et
s'avança jusqu'à Rome dont il Dt le siège :
or, cela arriva en 392, la même ' année que
Romain, patrice et exarque de Ravenne,
avait pris Pérouse sur les Lombai'ds, Agi-
lulfe s'étant * aussitôt mis en campagne pour
reprendre les villes que Romain avait prises
sur lui contre la foi des traités. Dès le com-
mencement de son pontificat, saint Grégoire
avait fait plusieurs homélies sur les Évangi-
les ; mais on ne les a placées qu'après celles
qu'il fit sur Ézèchiel, pour garder l'ordre des
li\Tes de l'Écriture.
2. L'on écrivait ° ses homélies pendant
qu'il les prononçait. Les Romains, charmés
de l'entendre, voyant qu'il ne lui serait pas
possible de leur expliquer tout le prophète,
le conjurèrent ' de leur- donner l'explication
de la dernière vision ; mais dans le temps
qu'il se disposait ;"! satisfaire leurs désirs, il
reçut la nouvelle que le roi .\gilulfe avait
passé le Pô pour venir faire le siège de Rome.
Cela ne l'euipôcha pas de commencer son
explication, et d'entrer dans la profondeur
des mystères cachés sous cette vision pro-
phétique, mais en avouant qu'au milieu des
agitations et des soius que cette nouvelle lui
causait, il n'aurait osé entreprendre un ou"
vrage si dillicile, si la grâce du ciel et l'ar-
deur des désirs de ses auditeurs ne l'eussent
soutenu. Saint Jérôme ' s'était autiefois ex-
cusé de commenter ce même prophète, sur
le trouble que lui avaient occasionné les
nouvelles de la désolation de Rome et de
l'Occident par les barbares. Voici comment
saint Grégoire décrit celle qui arriva dans le
temps qu'il expliquait ICz('cliiel '. « Qu'ya-t-il
encore dans le monde qui puisse nous plaire ?
Nous ne voyons que tristesse, nous n'enten-
dons que gémissements. Les villes sont dé-
truites, les forteresses ruinées, la terre est
réduite en solitude, et ces petits restes du
genre humain sont continuellement battus
des fléaux de Dieu. Nous voyons les uns en-
traînés en captivité, les autres mutiles, les
autres tués. Rome même, autrefois la maî-
tresse du monde, nous voyons où elle est
réduite; accablée de douleurs, abandonnée
par ses citoyens, insultée par ses ennemis,
pleine de ruines. Où est le sénat? Où est le
peu[ile? Que dis-je, des hommes? les édifices
mêmes se détruisent, les murailles tombent.
Où sont ceux qui se réjouissaient de sa
gloire ? où est leur pompe et leur orgueil ?
Autrefois ses princes et ses chefs se répan-
daient par toutes les provinces pour les pil-
ler, les jeunes gens y accom'aient de tous
côtés pour s'avancer dans le monde ; main-
tenant qu'elle est déserte et ruinée, persomie
n'y vient plus chercher la i'orlune. Il n'y reste
plus de puissants capables d'opprimer les
autres. » Saint' Bernard relève la présence et
la liberté d'esprit de ce suint Pape, au milieu
de tant de troubles et d'agitations, et en
même temps l'élégance et l'exactitude de ses
explications.
3. Saint Grégoire eut recoui-s à celles que
saint Jérôme eu avait failes, mais il ne les
adopta point d'une manière servile ; il pense
même assez souvent dilféremment de ce
Il »>«[ »fn1
du Cftiiin
latr« d« ta)Dt
JérAnJC.
' Vnde cl ipsa)n loquendi artem... scrvare dcs-
pexi...non melacismi collisionem fugio,non hnr-
barismi confusionem derito. (Jre;;., Prœfat. Mo-
ral, in Job-, Epist. missoria prwvia.
« Paiilns Diac, lib. IV Uist. longobard., lap.
VIII.
» r.rcp., lib. V, Lpht. 40; lib. IX, Kpisl.ÂH.
' Statim Ticino egressus rex Pcrusiiim peliil...
hujus régis advciUu in tanlum beatus Oregorius
papa exlerritus est,ui ab cxpositione templi , de
quo Ezecliicl scripseral, dcsislerel. Pniilus Djac,
lib. IV HiM. Longobard., rap mil
» Joan. U;ai;., lil>. IV, uuui. 69, 70.
" r.refr., PriT'/ar lib. Il in Ezèchiel, et Joan. Diac,
lib. VI, nuni. "G.
■ Hieronjui., Epist. ad Eu^toch., prœpxa com-
ment. inSzechiel.
" e.rc;.'.. lib. XI in Ezèchiel. Ilom. 6.
' Oliaidio urhi.i et barbaricus ensis cixHtim cer-
ricibns imminebot. fiumquid tamen istud lerruit
beaium papam Gregorium giiominus sapitnliaiii
scribcrcl in olio ! Eo nempe tempnris obscurissi-
niam et extremam partem Ezechielis tam diligenr
ter quam elcganter exposuit. Bernard., De Con-
sideratione, lib. I, cap. ix.
Soi honii^'
llos tout au
Moniltio d»
Jii^oniriit sur
cos lioiiiAllos.
Ce im'oHes
cOQttnnenl,
loni. I, ttag.
1174.
Ji an. I, :!i.
Gcnesi
XUX, 10.
[vil» siixLE.] chapithe XLrx
l'i'io, ol qiiclqiiofnis il lo ri'fiilp, iiiiiis avec
beaucoup ilo modcslie, et saus le nouimei-.
4. Ses homélies sut- l'',/,('cliiel sont au uoui-
brc de vingt-iieux, les imprimés et les uia-
miscrits n'en maniuent pas clavaiUago. KUes
furent huit ans après ' recueillies en deux
livres; le premier en conlieut douze, et h»
second dix, dans lesquelles le saint Pape n'ex-
plique qu'un chapitre de la dernière vision
d'I'Jzéchiel. C'est h; quarantième, dont il ne
donne même l'explication que jusqu'au qua-
rante-huitième verset; après quoi il dit à
ses auditeurs : « Personne * ne doit trouver
mauvais si je cesse après ce discours. Vous
voyez tous que nos atTliclions sont aug-
mentées, le glaive nous environne de toutes
parts ; les uns reviennent ayant les mains
coupées, nous apprenons que les autres sont
pris, et les autres tués. Quand on ne peut
plus vivre, comment peut-on expliquer les
mystères de l'Écriture? Que reste-t-il donc,
sinon de rendre grâces avec larmes à celui
qui nous frappe pour nos péchés? «Saint Gré-
goire envoya ses vingt-deux homélies à l'é-
vèquc Marien, qui les lui avait demandées.
Le style n'en est pas élevé, mais il convient
à des discours pour tout un peuple. Saint
Grégoire commence ordinairement par éta-
blir le sens de la lettre, comme le fondement
des autres ; mais il s'applique plus particu-
lièrement au sens mystique et moral, faisant
venir à son secours les endroits de l'un et
l'autre Testament, qu'il croit les plus propres
à éclaircir son texte.
5. La première homélie traite de la pro-
phétie en général, de ses diCTérentes ma-
nières et des temps auxquels elle peut avoir
rapport, au passé, au présent et au futur ;
car la prophétie ne regarde pas nécessaire-
ment l'avenir, mais seulement les choses ca-
chées, en quelque temps qu'elles soient ar-
rivées. « On trouve une prophétie du passé
dans ces paroles de la Genèse : Au commen-
cement Dieu créa le ciel et la terre ; du futur,
dans celle d'Isaïe : Une vierge concevra et
enfantera un fils, et une du présent, dans
ce que dit saint Jean aux juifs : Voilà l'a-
gneau de Dieu, voilà celui qui efface les péchés
du monde. La vérité des événements passés
sert de preuve aux événements futurs. Moïse,
après avoir raconté ce qui s'est fait au com-
mencement du monde, prédit ce qui se fera
dans la suite : Le sceptre ne sera point ôté de
SATNT GniÔGOUIE I,K GRAM), l'AI'lî.
4S3
Juda, jusqu'à ce que vienne Celui qui doit être
ennii/é, et il sera l'attente dfs u/t/ions. Il eu use
ainsi, afin ([u'en voyant raccouiplissement
do cette prophétie, nous ne doutions point
de la vérité des choses qu'il a rapportées
comme déjà arrivées. Au reste, Dieu, en ac-
cordant î^i quelqu'un le don de prophétie, ne
lui (l(5couvre pas pour cela tout ce qui doit
arriver : ce don est souvent borné. Elisée
ne savait pas le sujet du cliagrin de la Suna-
mite, c'est-à-dire la mort de son tils. Dieu
en use ainsi, afin que le prophète, se voyant
privé de certaines connaissances, sache que
celles qu'il ajui sont données d'en-haut. Dans
la seconde homélie, saint Grégoire donne
l'explication des cinq premiers versets de la
prophétie d'Ézéchiel, et il emploie les six
homélies suivantes à expliquer le premier
chapitre tout entier, où Ezéchiel marque l'an-
née, le mois et le jour où il eut la vision ex-
traordinaire qui s'y trouve rapportée. Il en
fut si frappé, qu'il tomba le visage contre
terre ; mais l'Esprit-Saint, étant entré en lui,
l'atiermit divinement, en sorte que, s'étant
relevé, il se trouva assez de forces pour se
tenir sur ses pieds : c'est la matière de la
neuvième homélie, et le commencement du
second chapitre d'Ézéchiel. L'ordre que Dieu
garde à l'égard de son prophète est admira-
ble : il lui fait voir d'abord comme une image
de sa gloire, afin de l'humilier et de l'abattre ;
ensuite il lui pai'le pour le relever; puis, en lui
envoyant son Saint-Esprit avec une grâce su-
rabondante, il le relève et l'atiermit sur ses
pieds. S'il ne se présentait à notre esprit
quelque chose de l'éternité, jamais nous ne
tomberions le visage contre terre par le
mouvement d'une véritable pénitence ; mais
lorsque nous sommes tombés, la voix du
Seigneur nous console, afin que nous nous
levions pour faire de bonnes œuvres : ce
que toutefois nous ne pouvons faire par no-
tre propre vertu. C'est son Esprit qui nous
remplit, qui nous fortifie, qui nous fait te-
nir fermes sur nos pieds, afin qu'après avoir
été prosternés contre terre par le regret de
nos fautes, nous soyons fermescà l'avenir dans
la pratique des bonnes œuvres. Mais pourquoi
celui qui parlait déjà ;\ Ézéchiel, lorsqu'il était
abattu, ne lui permet-il de parler que lors-
qu'il s'est relevé ? C'est qu'il y a des choses
que nous devons écouter étant pi-ostcrnés
contre terre, et d'auties étant debout. Dieu
IV Ilcj. IV,
Vng. im.
• Grcg., Prœfal., in EzeckicL
l.ili. Il, Ilnin. in, iiay. 1130.
434
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS IXCLESIASTIQUES.
parle à celui qui est abattu, aiin qu'il se lève,
et il parle à celui qui est debout, pour lui
commander d'aller porter sa parole aux hom-
mes : car on ne doit pas nous donner l'au-
torité de prêcher aux autres, lorsque notre
propre faiblesse nous tient encore couchés
par terre, de crainte qu'étant ainsi faibles,
nous ne détruisions par nos œuvres ce que
nous pourrions établir d'ailleurs par nos pa-
roles. Les trois homélies suivantes contien-
nent l'explication du troisième chapitre et
Er«W(i, fin commencement du quatrième. Fils de
l'homme, votre ventre se nourrira de ce livre
que je vous donne, et vos entrailles en seront
p.g. UM. remplies. U y en a plusieui-s qui lisent, et
qui en lisant ne se nourrissent point : beau-
coup entendent la vois du prédicateui-, mais
après l'avoir entendue, ils se retirent aussi
vides qu'auparavant. Ils mangent en appa-
rence, mais leurs entrailles ne sont point
remplies, parce qu'encore qu'ils reçoivent
dans leur esprit l'intelligence de la divine
parole, ils négligent de la faire entrer dans
leur cœur comme dans leurs entrailles, lors-
que, l'oubliant à l'heure même, ils n'ont pas
soin de pratiquer ce qu'on leur a fait enten-
dre. Ils mangent et ne sont point rassasiés,
quand, en même temps qu'ils écoutent les
paroles du Seigneur, ils désirent et les biens
I58Î. du siècle et sa gloire. Je vous ai donné, dit
Eiethiei, le Seigneur à Ézéchiel, pour sentinelle à la
maison d'Israël. Dieu déclare que celui qu'il
envoie prêcher est comme une sentinelle,
parce que celui qu'on charge du soin des
autres est ainsi nommé, afin que la force
du nom même qu'on lui donne lui fasse con-
naître ce qu'il doit faire, étant toujours, par
l'élévation de son esprit, comme en un lieu
élevé pour veiller sur eux, et les tenir en sû-
reté : car on ne met point une sentinelle en
un lieu bas, mais on la place sur quelque hau-
teur , afin qu'elle puisse découvrir de loin
tout ce qui vient. Quiconque est donc établi
sentinelle sur la maison du Seigneur, doit
être élevé au-dessus des autres par sa piété,
afin qu'il soit en état de les servir par la lu-
mière de sa prévoyance, Le Seigneur dit
lud. jo. ensuite au Prophète : Si le juste abandonne
sa justice et commet l'iniquité, je mettrai dc-
Pis. \m. vant lui une pierre d'ac/ioppenient ;'il mourra,
fiarce que vous ne l'avez pas averti. Les juge-
ments de Dieu sont terribles ; après avoir
attendu longtemps le retour de celui qui a
péché, lors(|u'il voit qu'.ui lieu de se con-
veitir il méprise sa patience, il lui préseule
une occasion de tomber encore d'une chute
plus mortelle : car un péché qu'on ne se
hâte pas d'efiacer par la pénitence, peut de-
venir, par un juste jugement de Dieu, la
cause d'un nouveau péché, parce que, l'a-
veuglement du pécheur venant à croître, ce
second péché est comme engendré par le
premier ; en sorte que l'accroissement des
vices est déjà en lui comme un commence-
ment de supplices : car il arrive quelquefois
que le même péché soit péché, la peine du
péché, et la cause du péché. » Les dix autres
homélies sont une explication de la vision
qu'eut Ezéchiel d'une ville bâtie sur une
montagne, et tournée au midi. Saint Gré-
goire avoue que ce qu'on en lit dans le qua-
rantième chapitre de ce prophète est très-
ditiicilc à comprendre ; c'est pourquoi, ne
s'arrèlant presque point au sens littéral, il pu. 13m.
en donne de mystiques, en expliquant cette
vision de Jésus-Christ et de son Église, de
la vie active et de la contemplative.
§m.
Dss Homélies sur les Évangiles.
i. Jean Diacre ', dit que saint Grégoire ,„ "fVJir.
régla les stations à Rome, c'est-à-dire les 5i,'"j/„;"*"
églises où se devait faire l'ollice chaque '~'
jour, soit dans les basiliques, soit dans les
cimetières des martyrs, c'est-à-dire les égli-
ses où reposaient leurs reliques; que ce fut
dans ces solennités qu'il fil ses quarante ho-
mélies sur les évangiles; que, tant que sa
sauté le lui permettait, il prêchait lui-même,
mais que, lorsqu'il n'en avait pas la force, il
faisait lire ses propres homélies par quelque
autre. Elles furent toutes reçues avec tanl
d'applaudissements, que l'on en fit quantité
de copies; mais comme elles ne se trouvèrent
pas suffisamment fidèles, saint Grégoire fui
oiiligé de les retoucher. Il en fit en même
temps un recueil qu'il partagea en deux li-
vres, dont le premier renferme les vingt ho-
mélies qu'il avait dictées à ses secrétai-
res ; le second, les vingt qu'il avait pronon-
cées lui-même. Il les envoya à Secondin,
évêque de Taormine en Sicile, avec une *
lettre dans laquelle il se plaint en quelque
façon de ce qu'on lui avait enlevé ses dis-
cours avant qu'il les eût corrigés. Il compare
l'avidil»' de ces copistes à celle des gensalfa-
1 Lilt. II, iinin. 18. - ' lin-p., Episl. ad Secund.
i'rwfal., in Etang., yan- li'ii.
CHAPITHE XMX. —SAINT (îUliGdlItE I.K r.liAM), l'.vPE
[Vir SIÈCLE.]
mes, qui s'empressent de nianjçer les viandes
îivant (|ii'eiies soient bien cuites. C'était faire
l'éloge (le ses auditeurs; mais il se rabais-
sait beaucoup Ini-inèuic, en comparant ses
homélies ;\ des viandes i\ demi cuites. 11 aver-
tit Secondin de ne point trouver i\ redire au
défaut d'ordre qui se rencontrait dans le re-
cueil de ses liomélics, parce qu'on y avait
eu égard aux temps auxquels il les avait ou
prêcbées ou dictées, et non ;\ la suite de l'é-
vanjïile dont, en etl'et, il avait e.vpliqué tan-
tôt un endroit, tantôt un autre, sans on don-
ner une explication suivie. 11 le prie de cor-
riger tous les autres recueils qu'il tiouvera,
sur celui qu'il lui envoyait, et dont on con-
servait un exemplaire dans les archives de
l'Église pour contenter ceux qui désireraient
en l'aire tirer des copies. Il ne sera pas inu-
tile de remarquer ici, qu'aux jours des sta-
tions marquées par saint ("irégoire, on lit en-
core aujourd'hui presque tous les mêmes
eudi-oits de l'Évangile qu'il y avait expliqués,
tant l'Église est exacte à conserver ses an-
ciens usages. Il y a toutefois quelque chan-
gement pour les dimanches de l'Avent; mais
peut-être cela vient-il de la faute des copis-
tes, qui ont mis le second pour le premier,
et le troisième pour le second '.
Homfiie. 2. La première homélie est sur le vingt-
%rf, |,ag. unième chapitre de sauit Luc. bamt Gregon-e
s,s,',,^",'i,.' la fît dans l'église de Saint-Pierre, le second
dimanche de l'Avent. Les guerres, les pestes,
les tremblements de terre qui ravageaient
l'Italie et plusieuis autres provinces, lui don-
naient lieu de croire que le temps du juge-
ment dernier arrivait. Il prit donc occasion
de toutes ces calamités pour disposer son
peuple à se préparer à ce jour terrible, dont
le Seigneur ne nous a ôté la connaissance,
qu'afln qu'une crainte salutaire nous le fasse
envisager toujours comme fort proche, La
seconde fut prononcée dans la même basili-
que le dimanche de la Quinquagésime. Elle
est sur le dix-huitième chapitre de saint Luc,
où nous lisons que Jésus-Christ, ayant pris
à part ses douze apôtres, leur prédit sa pas-
sion, et qu'étant piès de Jéricho, il guérit un
aveugle. 11 compare à cet aveugle le genre
humain qui, chassé par le péché du premier
Luc. XVIII,
3t.
455
homme des joies ilu paradis, cl IoiuIm'' dans
les téuMiies, est iHlair(i par la présence de
son Sauveur, atin (]u'ii marche dans le che-
min de la vie par ses bonnes u;uvres, et qu'il
goûte, comme par avance, les joies que cause
la vue de la lumière éternelle. La troisième
est sur ces paroles de Jésus-Christ dans saint
Matthieu : Celui-là est mon frère, ma sœur et
nia mère, qui fait la volonté de mon Père qui
est dans les cieux. Elle fut récitée dans la ba-
silique de sainte Félicité, martyre, le jour de
sa fête. Saint Grégoire fait l'application de
ces paroles à cette sainte, qui, de servante
qu'elle était de Jésus-Christ par sa foi, en
devint la mère en la confessant. La quatriè-
me a pom' matière l'ordie que le Sauveur
donna à ses apôtres d'aller prêcher l'Évan-
gile, excepté chez les Gentils et dans les vil-
les des Samaritains : elle fut prêchée dans
l'église du martyr saint Etienne. Saint Gré-
goire remarque que Jésus-Christ, après avoir
donné le pouvoir de prêcher et de faire des
miracles, nécessaires alors pour la conver-
sion des peuples, ajouta : Donnez gratuite-
ment ce que vous avez reçu gratuitement; croyant
cet ordre nécessaire, parce qu'il prévoyait
qu'il y en aurait à l'avenir qui feraient un
commerce de la prédication, et qui cherche-
raient à contenter leur avarice dans l'usage
qu'ils feraient du don des miracles. Il traite
à cette occasion des diverses espèces de si-
monie, et croit que, pour que celui qui con-
fère les ordres sacrés en soit exempt, il doit
non-seulement ne point recevoir d'argent
pour l'ordination, mais ne pas même y re-
chercher quelque faveur humaine. Il dicta
la cinquième pour être prononcée dans l'é-
glise de saint André au jour de sa fête. La vo-
cation de saint Pierre et de saint André à l'a-
postolat, fait le sujet de ce discours : (( Pierre
et Audré abandonnent leurs filets pour sui-
vre le Sauveur, des le premier mot qu'il leur
dit; ils ne lui avaient pas encore vu faire de
miracles; ils ne l'avaient pas même ouï par-
ler de la récompense de la vie éternelle;
toutefois, dès le premier commandement
qu'il leur fait, ils ([uittent tout ce qu'ils pos-
sèdent. Combien de miracles n'a-t-il pas fait
éclater à nos yeux? de combien de fléaux
Mmi.
iC cl Mq.
Malt. x.S.
l
' 11 paraît plus vraiseuiHable que les copiste?
n'ont eu aucune part à ce cliangeineut. Cet usa^re
ijui subsistait au temps de saint Grégoire, a conti-
nué nu moins jusqu'au temps de Charlemagne , et
même jusqu'au xi\ f siècle. Dans ces premiers temps,
on lisait au premier dimauclic le lexte Uc saint Mat-
thieu sur l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem; on y
lut ensuite le commencement de l'Évangile selon S.
Marc. C'est ce qui reculait aux deux dimanches sui-
vants les évangiles qu'on a depuis rapportés au pre-
mier diuiainhe et au second. Note de Tricalet dans
la BiOliotli''iiLe porlalive des Pires. {L'i'ditcur.}
456
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Hom. 7.
9,10, IS.
lus- itse.
et î«q.
ne nous afflige-t-il point? Combien de mena-
ces n'eniploie-t-il pas pour nous effrayer?
Après tout cela, nous le méprisons, nous
uéiilisreons de le suivre lorsqu'il nous ap-
pelle. On dira : Qu'ont abandonne ces pè-
cbeurs, puisqu'ils ne possédaient rien? Mais
il faut considérer en cela plutôt l'affection
avec laquelle ou donne à Dieu ce qu'on a,
que la chose même qu'on lui donne. Celui-
là donc a beaucoup quitté, qui ne s'est rien
réservé. Pierre et .\ndré ont même renoncé
au désir de posséder quelque chose. » La
sixième fut préchée le troisième dimanche
de l'Avenl, dans l'église des saints martyrs
Pierre et Varcellin. Saint Grégoire y expli-
qua l'endroii de l'Evangile selon saint Mat-
thieu, où il est dit que saint Jean, ayant ap-
pris en prison les œuvres miraculeuses de
Jésus-Christ, lui fit demander par ses disci-
3. pies : Etes-vous celui qui doit venir ? « Ce n'est
pas que saint Jean doutât que Jésus-Christ fut
le Messie, puisqu'il l'avait montré aux Juifs,
et qu'il l'avait baptisé ; mais il voulait savoû-
si, étant venu pour sauver les hommes, il
mourrait pour eux, et descendrait jusqu'aux
enfers pour en délivrer ceux qui y étaient
en captivité, afin que, mourant avant Jésus-
Christ, il put annoncer sa venue dans ces
lieux souterrains, comme il l'avait annoncée
sur terre. » Ou a marqué, à la tète des autres
homélies, les églises et les jom-s où elles fu-
rent prononcées ; ce qu'il est bon de remar-
quer pour connaître les différentes stations
établies par saint Grégoire. U y eu a pour
les basiliques de la Sainte-Vierge, de saint
Sylvestre, de saint Pierre, de sainte .\gnès,
de saint Félix martyr, de saint Paul, de
saint Jean de Latran, de saint Laurent, de
saint Jean-Baptiste.
», 3. Dans la septième homélie pour le qua-
trième dimanche de l'Avent, saint Grégoire
donne l'explication du témoignage que saint
Jean rendit à Jésus-Christ, et qu'il se rendit
à lui-même, en confessant qu'il n'était pas
15 le Christ, ni Elie , ni piophète , mais seule-
ment la voix de celui qui crie dans le désert.
Sur quoi ce saint Pape le loue de ce qu'il
trouvait sa joie dans l'accroissement du vrai
Messie et son propre abaissement , et dit ,
qu'en refusant de passer pour le Chiist, il
devint, par l'Iiumble connaissance de sa fai-
blesse , un des plus nobles membres de Jé-
13,
sus-Christ et enfant de Dieu. Il ajoute que
saint Jean, en niant qu'il fût Élie, ou un
pnqihètc , ne disait, rien contre la vérité ,
parce qu'eucore qu'il eût l'esprit et la vertu
d'Élie , il était différent de lui personnelle-
ment , et qu'il n'était point un prophète de
la manière dont l'avaient été les anciens,
qui avaient prédit Jésus-Christ longtemps
avant son avènement, au lieu qu'il le mon-
ti-ait à ceux qui voulaient le voir. La huitiè-
me est sur la naissance du Sauveur, dont
l'hîstoire est rapportée dans le second cha-
pitre de saint Luc. Cette homélie est fort ^'- "• '
courte, parce que, l'usage étant à Rome de
dire ' trois messes le jour de Noël en difl'é-
rentes églises , il restait peu de temps pour
l'explication du mystère. La neuvième re-
garde la parabole des cinq talents, qui sert
dévangile au joui- de la fête de saiut Syl-
vestre. « Il n'est personne qui n'ait reçu de
Dieu quekpie talent, l'un l'intelligence, l'au-
tre le don de la parole ; celui-là des riches-
ses, celui-ci la connaissance de quelque art,
un autre la faveur des personnes puissantes.
Ce sont autant de moyens de se rendre utile
aux autres, ei autant de talents dont Dieu
demandera compte, il le demandera à celui
qui, élaut en pouvoir auprès d'uu homme
riche, n'en aura pas profite pom- soulager la
misère du pauvre. » Saint Grégoire explique
dans la dixième l'évangile que nous lisons
le jour de l'Epiphanie. 11 y fait sentir l'affreux "•" '
aveuglement des juifs qui méconnaissent Jé-
sus-ClirisI, tandis que les nations infidèles,
et même tous les éléments, lui rendent té-
moignage. Il y réfute aussi l'hérésie des pris-
ciUianistcs , qui enseignaient que les astres
présidaient à la naissance des hommes. Dans ,, "'"'■
la onzième, qui est une explication de la pa-
rabole du trésor caché dans un champ, il
fait en peu de mots l'éloge de sainte .\gnès,
dont on célébrait la fête avec beaucoup de
solennité. La douzième est encore pour la
même fête : il y explique la parabole des dix
vierges. Sur ces paroles : Veillez, jiarce que ^ »'•"•
vous ne savez ni l'heure ni le jour , il rapporte
l'histoire d'un nommé Chrysaorius , homme
superbe, avare et voluptueux, qui , se ti-ou-
vant à riieure de la mort , vit autour de lui
les malins esprits sous des figures noires cl
atlreuscs, qui s'empressaient de le conduire
en enfer. Il demanda quelques heures de dé-
' ()uia, Inrgicnlc Domino, Hlissarum snlcmnia
UT ItoUie cclebialuri liumus, loijui tlin Oc evun-
gclica Icclione von possiinius. Ilom.
HUti
», pog.
CHAPITRE XLIX. — SAINT GRÉCOIRE LE CillAXI), PAPE.
noilH'lioS
11, is, ic. n,
18, i:i, so,
!•«. U5i.
Jii. II. \, n.
[Vir SlfcCLK.
lai, mais il ii't'ii put obtenir, et mourut. Saint
(ii(''i;()irc elle le mCiuo fait dans le ([uatrir'me
[\\iv lie ses l)ialof;ues. Il traite encore tie la
vigilance dans la treizième lioun-lie , qui a
pour matière ce que tlit Jésus-Christ dans
i.iic.iri,r<. salut Luc : Aye: dans vos mahis des lanijics iir-
dcnli's, parce que le Fils de l'homme viemlra à
l'heure que vous ne penserez pas. L'iivangile
m<u-que trois veilles ditférenles , ou trois
heures auxquelles le Seigneur peut venir,
c'est-à-dire à chacun des diltorents âges de la
vie. Sur cela saint Crénoire déclare, qu'on ne
doit point se désespérer pour le temps passé,
puisque c'est pour nous convaincre de la pa-
tience admirable avec laquelle Dieu nous at-
tend, qu'il nous dit que, s'il vient ù la secon-
de veille ou à la troisième , et qu'il nous
trouve veillant, nous serons bienheureux.
4. La quatorzième homélie est sur l'évan-
gile du second dimanche d'après Pâques, 'où
Jésus-Christ donne des marques distinctives
du bon pasteur d'avec le mercenaire. « Ces
marques , selon saint Grégoire , ne s'aper-
(;oivent Lien que dans les temps de troubles
et d'agitations : pendant la paix le merce-
naire, comme le bon pasteur, veille à la gar-
de de son troupeau sans le quitter ; mais si
le loup vient , s'il se présente quelqu'un qui
persécute, qui opprime les fidèles, c'est alors
qu'on distingue le vrai pasteur d'avec le mer-
cenaire. Celui-ci s'enfuit, non de corps, mais
de co:'ur , n'ayant pas la foice ni le courage
de soulager son peuple, et de le défendre
contre l'ennemi qui le maltraite; au lieu que
celui-là résiste courageusement au loup , à
l'injustice, pour en délivrer ses ouailles. » La
parabole des semences, rapportée dans l'é-
vangile du dimanche de la Sexagésime , fait
le sujet de la quinzième homélie. Saint Gré-
goire y fait voir que, comme il est néces-
saire au laboureur d'attendre en patience
que la terre produise ses fruits, nous ne pro-
duisons nous-mêmes aucun fruit de bonnes
œuvres, si nous ne supportons avec patience
les défauts de notre prochain. Cela lui don-
ne occasion de rapporter un exemple de pa-
tience dont lui-même, avec toute la ville de
Rome, avaient été témoins. C'est celui de saint
Servule , qui , paralytique de tout son corps
dès sa jeunesse, rendait grâces à Dieu au
milieu de ses plus grandes douleurs , chan-
tant des hymnes jour et nuit en son hon-
neur, ce qu'il continua de faire jusqu'à sa
mort. Quoiqu'il n'eût point appris à lire , il
savait par cœur la sainte Kciiture, pour l'a-
457
Liir
cl 5cq
voir ouï lire souvent à de pieux religieux
(|u'il rcciîvait chez lui , parlag('ant avec (!ux
les aumônes i[u'ou lui faisait sous un porti-
que (]ui est sur le chemin (|iii conduit à l'é-
glise de Saint-Clément. Il dit dans la seiziè-
me, qui est sur l'évangile du premier diman-
che de Carême, qu'on no peut cnliMidrc sans
quelque horieur, (|ue le diable ail eu le pou-
voir et l'insolence d'enlever le Fils de Dieu
oii il lui plaisait , tantôt sur le haut du tem-
ple, tantôt sur une montagne ; mais que, si
l'on considère ce que Jésus-Christ a bien
voulu soull'rir de la part des juifs et des sol-
dats qui le crucifièrent, il ne sera plus éton-
nant que, s'étant laissé attacher à une croix
par les membres du démon, il ait permis au
démon même de le transporter d'un lieu à
un autre. « Ce n'a donc point été une chose
indigne de lui d'être tenté delà sorte, lui qui
était venu au monde pour être tué de la
main des hommes; il était juste qu'il vain-
quît nos tentations par ses propres tenta-
tions , comme il était venu vaincre notre
mort par la sienne. » Saint Grégoire ne comp-
te dans le Carême que trente-six jours d'abs-
tinence et de jeûne, en ôtant les dimanches,
où l'on ne jeûnait point ; ce qu'il regarde
comme la dixième pai-tie de l'année , que
nous donnons à Dieu en nous mortifiant à
cause de lui ; mais il veut que cette absti-
nence soit accompagnée d'aumônes , et que
nous donnions aux pauvres ce que nous nous
retranchons à nous-mêmes. La dix-septième
homélie fut faite dans l'église de Latran en
présence de plusieurs évoques ; c'est pour-
quoi le Saint y entre dans le détail des prin-
cipaux devoirs des pasteurs envers leurs
peuples. Il veut qu'ils vivent d'une manière
si pure, que tous ceux qui s'approchent d'eux
en rapportent la saveur de la vie éternelle ;
qu'ils donnent à chacun les avis et les aver-
tissements convenables ; que leur zèle soit
accompagné de douceur. Il leur fait de vifs
reproches de ce que plusieurs d'entre eux
ne faisaient aucune difUculté de vendre
les ordinations, et de ce qu'affectant une vie
sainte aux yeux des hommes , ils ne rougis-
saient pas de commettre aux yeux de Dieu
des fautes considérables ; de ce que la plu-
part, s'adonnant aux soins et aux aûaires
du siècle, négligeaient le ministère de la pré-
dication. Ne pouvant assez déplorer des abus
qui déshonoraient si fort l'Eglise, il emprun-
te, pour les pleurer, ces paroles de Jérémie :
CommrnI l'or s'est-il obscurci? Comment a-t-il
Jcrem.,
458
Lsment, ir,
Lnr. ^, 1
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESlASTlQUh!^.
Marie. La vinpft-deuxième, dans celle de
Grt;. M..ral.,
Mh. .XXIII,
Jom. VIII,
fi.
Luc. m, 1.
l'ag. 1511,
1013.
rond. Hoiiiô*
II» 31,32.23,
2>, », se, 37,
Marc. .XVI,
i.
changé sa couleur qui était si belle? Comment
les pierres du sanctuaire out-ellcs clé dis/jersées
aux coins de foutes les rues ? Il rejette sur les
mauvais livèques la cause des calamitiSs pu-
bliques, et les menaces du terrible jugement
de Dieu. Il prit pour matière de cette homé-
lie l'endroit de l'Évangile selou saint Luc,
où il est dit que le Seigneur choisit soixan-
te-douze autres disciples , qu'il envoya de-
vant lui deux h deux dans toutes les villes.
« Ces disciples, étant de retour, dirent à
Jésus-Christ, avec quelque sentiment de vai-
ne gloire , que les démons mêmes leur étaient
assujettis par la vertu de son nom. Le Sei-
gneur , p;)ur abaisser l'enllure qui s'était
élevée dans leurs cœurs, leur dit : Qu'il voyait
satan tomber du ciel comme un éclair, voulant,
par la chute et la condamnation de celui
qui est le maître de tous les superbes , leur
apprendre combien ils devaient appréhender
relèvement de la vainc gloire. » Cette homé-
lie finit par une prière dans laquelle le saint
Pape demande que les évéques soient aux
yeux de Dieu, qui les a choisis pour pasteurs
des peuples, ce qu'ils étaient dans la bou-
che des hommes. Des trois homélies suivan-
tes, l'une est sur l'Evangile du dimanche de
la Passion, l'autre sur celui du dimanche de
la Scptuagésime, et la troisième sur celui
du samedi des quatre-temps de décembre.
Il entend par les dill'érentes heures auxquel-
les le père de famille envoya des ouvriers à
sa vigne , les divers dges des hommes ; et
par le denier qui fut donné en salaire aux
ouvriers, le royaume du ciel. «Tous reçurent
ce denier, c'est-à-dire une même récompen-
se, quoique leur travail eut été illégal, parce
que le royaume des cieux est toujours un
don de la bonne volonté de notre Dieu ù l'é-
gard de ceux qui ont liavaillé longtemps,
comme à l'égai'd des autres qui n'ont tra-
vaillé que peu de temps. Il y aurait donc de
la folie h l'homme de se plaindre de Dieu
pour ce qui dépend de sa bonti- ; il doit se
tenir heuieux d'avoir sujet d'espérer une
place dans le royaume des cieux , n'y fiit-il
que des derniers. »
5. Le second livre comprend, comme on
l'a déjà dit, les vingt homi'lies (pie saint Gré-
goire prêcha lui-même. La vingt-unième est
sur l'Evangile du dimanche de PAcpies ; elle
fut prononcée dans la basilique de Sainte-
saint Jean appelée Constantine ; elle est sur
l'évangile du samedi d'après Pâques. La vingt-
troisième, sur celui du lundi de P'iques Saint
Grégoire y établit deux vérités importantes :
la première, qu'à la fin du monde les Juifs
se convertiront :\ la foi chrétienne ; la se-
conde, que pour célébrer dignement la fêle
de Pâques, il ne sulfît pas d'y recevoir le
corps et le sang de Jésus-Christ de bouche,
si l'on ne pratique en même temps des oeu-
vres de piété et de miséricorde, si l'on ne fait
pénitence de ses péchés, et si l'on n'en quille
l'habitude. Il y établit encore la nécessité
d'exercer l'iiuspitalilé envers les étrangers,
par l'exemple des disciples d'Emmaiis, qui
contraignirent Jésus-Christ de demeurer avec
eux, parce qu'il était tard. « Us mettent ' la
taljle devant lui, ils lui présentent à manger,
et reconnaissent dans la fraction du pain,
pour leur Dieu, celui qu'ils n'avaient point
reconnu lorsqu'il leur expliquait les divines
Ecritures. » Ce Père explique de Tliglise mi-
litante et de l'Église triomphante, les deux
pèches miraculeuses que Jésus-Christ fit faire
à ses apôtres, l'une avant sa passion, l'autre
après sa résurrection. «Dans la première ils
prirent tant de poissons, que les lllels se rom-
pirent ; ce qui figurait la rupture de funité,
et les schismes qui se forment dans l'Église
par la diversité de doctrines. Dans l'autre ils
ne se rompirent point, quoiqu'ils fussent rem-
plis de cent cinquante-trois grands poissons,
parce que la sainte Eglise des élus, figurée
par celte pèche, se reposant danr rétcrncUe
paix de celui (pii l'a formée, ne peut plus
être déchirée par aucunes dissensions. Ce fui
saint Pierre qui tira le filet sur le rivage,
parce que le soin de l'Église lui était spécia-
lement confié. i> Cette homélie est sur l'évan-
gile du mercredi de Pâques. Dans la vingt-
Cinquième, que saint Grégoire prononça le
jeudi de la même semaine, il insiste sur la
nécessité de la persévérance dans les bonnes
(Buvres, à l'exemple de Marie-Magdeleine,
(]ui, pour être restée seule ù chercher Jésus-
Clirist, fut aussi la seule A qui il se fit voir.
Saint Grégoire, dans toute cette homélie, ne
fait (pi'une même personne île la femme pé-
cheresse, de Marie so-ur de Lazare, et de Ma-
rie-Magdeleine ; pitisienis savants les dis-
linuuenl, et en font trois saintes différentes.
Joit. XI, 1.
I.tir. xxiT,
1.
l-H- 'SI*.
P«f. 1 MS.
Paf. 161.'.
Joan.xxl,!.
' ifrnanw ponunt ciliosofferunt, cl Deum, qvrm
in Sciiiiliirn' snmc erposilianc mm cngnoviTaiil,
in panis fractionc cogtwsrunt. Unni. 2:i |inR.
1.139. t
] CHAPITllK XMX. — SAINT GRWiOIRE Lli C.llANU, PAPE.
[vil* SIÈCLE
Il montre dans la vingt-sixi^me, qui est pour
jo.„. »T, 11- (liuianclie ilc l'octave de Pi'niucs, que Jésus-
Cliiist, ('tant sorti du sein de sa méie sans
rompre le sceau de sa virginité, a bien pu,
fus. 1M3. après sa n'surrection, entrer dans le lieu où
les disciples étaient assemblés, quoiiiue les
portesfussent fermées, de peur des juifs; que
i'«p. iô;.-. c'est de nous particulièrement qu'il est dit :
Heureux sont ceux qui ont cru sans avoir vu,
parce qu'en eflet, sans avoir vu Jésus-Christ
dans la cliair, nous croyons en lui par une
foi vive et animée de bonnes œuvres ; que
ce ne fut pas sans raison que Dieu permit le
doute de saint Thomas ; cet apôtre, convaincu
par l'attouchement des plaies du Sauveur,
était destiné à guérir en nous les plaies
de l'infidélité ; ainsi son incrédulité a plus
servi à ratïermissement de notre foi, que la
facilité à croire des autres apôtres. Il ne lais-
sait pas d'y avoir, du temps de saint Grégoi-
re, des clii'étiens qui doutaient que nos corps
dussent un jour ressusciter. Après leur avoir
demandé s'il est plus difficile à Dieu de ra-
nimer un corps que de créer le monde entier
de rien, il leur donne divers exemples de faits
natirrels, qui sont des images de la résurrec-
tion future, entr' autres celui des semences
qui, jetées en terre, y meurent, s'y pourris-
sent, puis se reproduisent dans leur germe.
juan.xT, La vingt-septième est sur le précepte de l'a-
mour du prochain, et sur la prière. Quoique
Dieu nous ait fuit un grand nombre de com-
mandements, ils sont tous fondés sur la cha-
rité, et en sortent comme d'une seide racine;
sans la charité, on ne les accomplit pasvéri-
Fiig. i:ico. tablement. Il fit cette homélie dans l'église
de saint Pancrace, au jour de la fête de ce
Psr. I5M. saint martyr. Les fidèles y étaient venus en
foule ; les genoux en terre devant son tom-
beau, ils frappaient leur poitrine, ils priaient
avec larmes. «Faites attention à vos prières,
leur dit ce Père ; voyez si vous demandez
au nom de Jésus-Christ, c'est-à-dire, si vos
prières ont pour fin les joies du salut éternel.
Dans la maison de Jésus-Christ vous ne le cher-
chez pas lui-même, si vous ne lui demandez
que des choses tempore'les. L'un, 'dans sa
prière, demande unefemme, l'autre unemé-
tairie, celui-là un habit, celui-ci des aliments.
Mail. vT, Lorsque ces choses manquent, il faut les de-
mandera Dieu ; mais souvenez-vous qu'il vous
ordonne de chercher premièrement le royau-
me et la justice de Dieu, et qu'il vous promet
toutes ces autres choses comme par surcroît.
vsg.ic.66. Les auties conditions de la prière sont do
i.-l!)
pardonner ;'i nos ennemis, et de prier mémo
pour eux, (juelques dommages iju'ils nous
aient caus(''s. » 11 pronoinja la vingt-huitième
homélie dans l'église des saints martyrs Né-
rée et Acliillée, le jour de leur tète. L'évan-
gile qu'on y lisait était tiré du quatrième cha-
pitre d(! saint Jean, où nous lisons ipie le fils
d'un ollicier fut guéri ù Gapharnaùm par la
parole seule de Jésus-Christ, quoiqu'absent.
Saint Grégoire demande pourquoi le Sauveur,
invilé d'aller guérir ce malade, refuse d'y
aller, au lieu qu'il ne fit aucune dilUculté de
se transporter dans la maison du Centenier
pour rendre la santé à son serviteur. Il ré-
pond que Jésus-Christ en a usé ainsi, pour cou-
foudre notre orgueil, qui fait que nous respec-
tons dans les hommes, non l'image de Dieu,
mais les honneurs et les richesses, au lieu que
nous devrions considérer ce que nous som-
mes, et non pas ce que nous avons. Pour don-
ner à ses auditeurs du dégoût du monde et
de ses vanités, il fait une vive description
des calamités dont les provinces étaient aflli-
gées, et de l'inconstance des biens et des
plaisirs du siècle.
6. La vingt-neuvième est une explication
de l'évangile qu'on litle jourde l'Ascension.
Jésus-Christ, avant de monter au ciel, or-
donna à ses apôtres d'aller prêcher l'Evangile
à. toutes les créatures. « Il ne prétendait pas
sans doute qu'ils dussent l'annoncer à des
bêtes brutes ou à des choses insensibles;
mais, parce que toutes les créatures qui sont
dans le monde ont été faites pour l'homme,
et qu'il n'y a point de créature qui n'ait quel-
que chose de commun avec l'homme, sous le
nom général de créatures, Jésus-Christ a en-
tendu l'homme. Il peut aussi avoir eu en
vue les gentils; cai- après avoir dit à ses
apôtres : N'allez point vers les gentils, il
leur commande de prêcher sans distinction
à toutes les créatures, juifs ou gentils. » La
trentième est sur l'évangile de la fête de la
Pentecôte. Saint Grégoire y explique com-
ment le Saint-Esprit descend sur nous, com-
ment il demeure en nous, eu quelle manière
il prie pom- nous, comment il nous enseigne
intérieurement. « D'une même ' substance
avec le Père et le Fils, il est dit qu'il prie pour
les pécheurs, parce qu'il les fait prier, en leur
en inspirant le désir et la volonté. Il vient
' Qui ttniii» substantiœ cuni Paire et Filin exo-
rari- pro delinqxn nlibus perhihetur, quia eos quos
rcpkl cToranles faiil. Ilom. 30, pag. 157li,
Uorn. 29,
30, :jl, 32,3:1,
3^, pat;, 13 9.
14, «te.
400 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
I. i:..r. Il
i cl !iq.
dans le cœur de quelques-uns, mais il n'y de-
meure pas; p.nrce que, contrits de leurs pè-
ches, ils le reçoivent avec respect; le temps
de la teutalion vient, ils oublient leurs bons
propos , ils retombent dans leurs pëcliés, le
Saint-Esprit se retire. » Il fait, d'après saint
Paul, le dt-nombroment des dons du Saint-
Esprit ; et pour montrer de quelle force et
de quel courage les apôtres furent remplis
après l'avoii'reru, il éiablit un parallèle de ce
que saint Pierre fut, lorsqu';\ la parole d'une
servante, il renia Jésus-Christ, et de ce qu'il
était lorsqu'il dit avec fermeté aux magistrats
des Juifs, qui voulaient l'empêcher de prê-
cher l'Évaii.uile : « Il faut plutôt nb('irà Pieu
qu'aux hommes. » La trente-ct-unième est
Luc.iiii.f. sur la parabole du Gguier. « Le père de fa-
mille, étant "venu trois ans de suite pour y
chercher du fruit, et n'y en trouvant point,
ordonna de le couper. Ces trois années peu-
vent siguifier les trois états ou âges dilTércnts
dans lesquels Dieu a fait connaître aux hom-
mes ce qu'ils lui devaient, et ce qu'ils de-
vaient à leur prochain, sans que la plupart
aient fait ni l'un ni l'autre avant la loi, sous
la loi et sous la grâce. Il les a instruits avant
la loi. par la connaissance naturelle; sous la
loi, en leur donnant des préceptes par le mi-
nistère de Moïse; sous la grâce, en les ins-
truisant lui-même. » Saint Grégoire explique
dans la trente-deuxième, qu'il prononra dans
l'église des saints Processc et Martinieu, mar-
tyrs, ce que c'est que de renoncer à soi-mé-
,1, 25. me pour suivre Jésus-Christ; dans la trente-
troisième, qui fut prôchée dans l'église de
Saint-Clément le vendredi des quatre-temps
Tii, 30. de septembre, ce qui se passa pendant le
repas que le pharisien Simon donna k Jésus-
Christ. Il confond encore dans celte homélie
la femme pécheresse à qui ses péchés furent
remis, avec Marie-Magdeleine, sœur de La-
zare et de Marthe. 11 remarque, au commen-
cement de la trente-quatrième, qu'il prêcha,
le troisième dimanche d'après la Pentecôte,
dans l'église de Saint-Jean et de Saint-Paul,
que les chaleurs de l'été étaient très-contrai-
res ù sa santé, ce qui l'empêchait de prêcher
aussi souvent qu'il l'aniait souhaité. Ses
forces étant revenues, il fil un assez long
"■• '• discours sur l'évangile de ce jour, où il est
dit que, les publicains et les gens de mauvaise
vie se tenant auprès de Ji'-sus pourl'écouler,
les phaiisiens cl les docteurs de la loi en
niunnuraient. Il montre que ceux qui sont
véritablement. justes, sont pleins de r (inqias-
sion pour les pécheurs, mais qu'ils ne lais-
sent pas de les traiter avec dureté, lorsqu'ils
les voient persévérerdansleurspc-chés. Pour
expliquer ce qui est dit ensuite, (ju'i/ y mim
plus de joie dans le ciel [tour un seul jKcheur
qui fait pénitence, que pour quatre-vinqt-dix-
neuf jvMes qui n'en ont pas besoin, il fait la
comparaison <le cette joie avec celle que res-
sent un officier lorsqu'il voit un soldat, après
la faiblesse qu'il a eue de prendre la fuite,
revenir avec ardeur à l'ennemi, et l'atta-
quer avec intn'pidité. L'olHcier reçoit en
cette occasion plus de plaisir du retour d'un
tel soldat, qu'il n'en a de la constance de
ceux qui n'ont jamais lâché pied. Selon saint
Grégoire', la vraie pénitence consiste à pleu-
rer ses péchés, et à n'en plus commettre ;
car celui qui pleure ses péchés passés, et qui
en commet de nouveaux, ou ne fait pas une
vraie pénitence, ou ne sait en quoi elle con-
siste. Euetlet, que sert-il de renoncer <i la
volupté, si on se livre à l'avarice? Il rapporte
la conversion et la pénitence d'un homme fort
riche, nommé Yictorin, qui, après avoir pleuré
continuellement ses péchés dans la retraite
pendant plusieurs années, entendit, comme
il était en prières, une voix du ciel qui lui dit
que ses péchés lui étaient l'cmis.
7.Saint Grégoire prêcha la trente-cinquième
homélie dans l'église de saint Mennas, mar-
tyr. Il y explique toutes les persécutions que
les prédicateurs de l'Évangile et les défen-
seurs de la vérité devaient soulfrir de la part
des ennemis de Jésus-Christ, selon qu'il est
rapporté dans le vingt-et-unième chapitre de
saint Luc; mais il remarque que le Sauveur,
en les avertissant de ce qu'ils auraient i\ souf-
frir, les assurait de son secours, en promet-
tant de leur donner une sagesse i'i laquelle
personne ne pourrait résister, et qu'il appor-
tait un grand adoucissement à le\n' peine par
l'espérance de la résurrection. Il dit à ses au-
diteurs, qu'encore que l'Église fût en paix,
ils avaient lieu de mériter la couronne du
martyre, non en répandant leur sang, mais
en souHVant les injures, en aimant ceux dont
ils étaient haïs, en recevant avec patience
tous les événements fâcheux. Il donne pour
exemple de patienceuuabbé nonnné' Etienne,
des environs de Uiéti, qui, après avoir re-
noncé A tout ce qu'il possédait dans le
' Pœiiilentidm ngerc est, cl perprirata mala
pliiiigrrc, cl plniiijeiiild non pcrpclrtire. llnni. 31,
Luc. \v, R.
l'a;. leiK.
noni6lln5
M, 3f.. 31, a»,
S9 rt (0, pi| ■
1612.
CHAPITRE XLIX. —SAINT GRliGOIRE LE GRAND, PAPE.
Mail.-^xt,!.
Pas< I6t2.
[vu" SIKCLE.]
monde, s'exerça tellement à celte vertu,
qu'il comptait pour ses amis tous ceux qui
lui t'aisaioul quelques iiisuUes. Dans la tieulc-
sixicuie liomi'lie, qui est pour le second di-
manche d'après la Pentecôte, il donne l'ex-
plication de la parabole des conviés qui s'ex-
cusent de V(Miir au festin du pon; de famille,
lien fait dois classes, mettant dans la pre-
mière les avares, dans la seconde les curieux,
dans la troisième les voluptueux ; il distin-
gue aussi ceux qui vinrent au feslin après y
avoir élé invités, de ceux que l'on ' força d'y
venir. Il entend par ces derniers, ceux à l'é-
gard desquels Dieu use de différentes afflic-
tions pour les détacher des plaisirs et des
honnems du monde, qu'ils aiment avec trop
d'ardeur; iljes frappe par l'adversité, il per-
met qu'ils languissent dans de longues ma-
ladies, qu'ils se laissent abattre par les in-
jures, alln que, convrJncus par eux-mêmes
que le monde n'est qu'affliction et qu'incons-
tance, ils se repentent de s'y être attachés,
et se convertissent à Dieu. Dieu nousaiipelle
en ditférentcs manières, par lui-même, par
ses anges, par les patriarches, par les pro-
phètes, par les apôtres, par nos pasteurs, par
nous-mêmes, quelquefois par des miracles,
souvent par des tribulations, d'autres fois
par la prospérité, d'autres fois par l'adver-
sité. Que personne ne méprise sa vocation,
de peur qu'après s'être excusé d'eutrerdans
la salle du festin, la porte ne lui en soit fer-
mée quand il voudra y venir. La trente-sep-
tième fut prêchée dans l'église de saint Sé-
bastien, au jour de sa fête. Saint Grégoire en
emploie une bonne partie à faire l'éloge de
Cassius, évèque de A'arni, qui vivait avec
tant de pureté, qu'il offrait presque chaque
jour le saint sacrifice, s'otlVant lui-même à
Dieu à la même heure avec tant de componc-
tion, qu'il fondait en larmes. H explique de
l'Église ce qui est dit des noces qu'un roi
m de son fils. Dans son sein, comme dans la
salle du festin, se trou\ent des bons et des
mauvais; des personnes qui ont la robe nup-
tiale, d'autres qui n'enont point, c'est-à-dire
qui sont privées de la charité, qui est appelée
robe nuptiale, parce que c'est par la charité
seule que le Fils unique de Dieu s'est uni les
âmes des élus. C'est le sujet de la trente-hui-
tième homéhe, où saint Grégoire prouve par
des exemples tirés de sa propre famille, qu'il
' Quidam vero sic locantur, ul etiain compel-
lantur. IIom.SG, in Eoang.
401
y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. La
trente-neuvième contient l'exiilicalion des
malheurs que J''sus-Chris[ prcjdit à Jérusa-
lem, aprèsipi'il l'eut regardée eu pleurant sur
elle. Saint Grégoire ne s'étend que peu sur
le sens de la lettre, qui était connu de Ions
ceux qui savaient que cette ville avait été dé-
truite par Vespasien et Tite; mais il s'étend
sur le sens moral, considérant dans la ruine
de Jérusalem celle des hommes charnels,
qui, tout occupés des plaisirs sensibles, ne
prévoient point les maux dont ils sont mena-
cés, et ne font point attention aux ditférentes
manières dont Dieu les visite pour les enga-
ger ;\ rentrer dans les voies du salut. La
quarantième est une explication de la para-
bole du mauvais riche et de Lazare. « L'Évan-
gile ne marque point le nom de ce riche,
mais seulement celui du pauvre , contraire-
ment aux usages du monde, où l'on connaît
beaucoup plus les noms des riches que ceux
des pauvres. Il n'en est pas de même de Dieu,
qui connaît les humbles, et qui ne connaît
pas les supei'bes. Peut-être que ce mauvais
riche aurait pu s'excuser de n'avoir pas sou-
lagé Lazare, s'il ne l'eut pas vu exposé sous
ses yeux, et portant le fardeau de la pauvreté
et de la misère ; mais Dieu voulut exercer
en même temps deux sortes de jugements,
et sur le même sujet, lorsqu'en mettant de-
vant la porte du riche un homme si couvert
d'ulcères et si nécessiteux, il aggravait par
cette vue même la condamnation de celui qui
n'avait aucune pitié de son frère, et qu'en
exposant tous les jours aux yeux du pauvre
cet homme riche et impitoyable, il mettait
sa vertu de plus en plus à l'épreuve : car
quelle tentation n'est-ce pas pour un pauvre
qui meurt de faim, de voir devant ses yeux
un homme riche, qui vit dans les délices et
dans l'abondance? Mais, par un juste juge-
ment de Dieu, il arriva un changement bien
étrange ; le riche devint le suppliant de La-
zare, et il put à son tour envier la table de ce
pauvre, lui qui l'avait vu auparavant souf-
frant de la faim et accablé de misère couché à
sa porte. Ce riche, qui avait refusé de donner
les miettes qui tombaient de sa table, désire
à son tour une goutte d'eau, et ne peut l'obte-
nir. » Saint Grégoire veut que les riches trem-
blent au milieu de leur prospérité temporelle,
de peur qu'elle ne soit toute la récompense
qu'ils aient à attendre, et que le souverain
Juge, qui leur accorde en ce monde les biens
extérieurs, ne les prive des intérieurs dans
Lue. XIX,
Luc. XVI,
Pjj. IC5:
463
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEl"RS ECCLËSIASTIOFES.
DiseoDMfnr
la RIATUitU,
1^. lUI.
Ex0Cli|p|,
lXXtll,ll.
l'antre; que nous cherchions dans les pan-
\Tes, en leur faisant l'anitK'ine, des interces-
seurs auprès de Dieu ; que, s'il y on a quel-
ques-uns d'entre eux dont les mœurs sont
rcprëhensibles, ce n'est pas un motif pour
leur refuser la nourriture dont ils ont be-
soin, mais une raison de les aider encore
d'une antre manière, en les corritjeant de
leurs d(5fauts par de salutaires rt^primandes.
8. On a mis A la suite desliomt-iies surles
évangiles, celle que saint Gréifoire fit au peu-
ple de Home en 590, quelques jours après la
mort du pape Pelage : la peste qui l'avait
emporlf'- continuait de sévir avec une grande
violence. Saint Grégoire composa sur ce su-
jet un discours que saint Grégoire ' de Tours,
Jean et Paul Diacre nous ont conservé. Il
commence ainsi : « Nous devons craindre du
moins les lléaux de Dieu lorsque nous les
sentons, puisque nous n'avons pas su les pré-
venir lorsque nous en étions menacés. Que
la douleur qu'ils nous causent nous ouvre la
porte à une vraie conversion, et que la peine
que nous endurons brise la dureté de nos
cffiurs. Voilà que tout le peuple est frappé
du glaive de la colère de Dieu, et que tous
sont enlevés par une mort subite. Elle n'at-
tend pas la maladie, et ne donne pas au ma-
lade le temps de languir ; elle prévient et
enlève le pécheur, sans lui laisser le loisir de
recourir aux larmes de la pénitence. Con-
sidérez en quel état celui-là parait devant le
Juge terrible, qui n'a pas eu le temps de pleu-
rer ses péchés. Ce n'est pas une partie des
habitants qui périt ; tous tombent à la fois,
les maisons demeurent vides, les pères et
les mères voient mourir leurs enfants ; ceux-
ci, contre l'ordre naturel, meurent avant ceux
dont ils devaientétre les hérétiers. Recourons
donc aux gémissements de la pénitence, tan-
dis que nous pouvons expier nos fautes, sans
attendre le moment d'être frappés. Rappe-
lons-nous le souvenir de nos égarements, et
e(l'arons-les par l'amertume de nos larmes.
Celui qui crie par la Ijouclie de son prophète :
Je ne veux jmnt la mort du pécheur, ninis je
demande ijv' il reconvertisse et qu'il vive, nous
l'ail naiire la confiance au milieu de nos crain-
tes. Que personne donc ne désespère à cause
de l'énormité de ses crimes : une pénitence
de trois jours a suffi pour effacer les péchés
dans lesquels les Ninivites avaient vieilli ; le
larron effaça les siens à l'heure même de sa
mort. Celui qui nous avertit de l'invoquer,
nous fait assez connaître qu'il veut pardon-
ner à ceux qui l'invoquent. » A la suite de ce
discours, saint Grégoire ordonna des litanies
ou processions générales, et la cessation de
tous les travaux de la campagne et de tout
commerce pour le mercredi suivant.
§IV.
Du Pastoral de saint Grrégoire.
i. Aussitôt que saint Grégoire eut été élu
pape , plusieui-s de ses amis lui écrivirent
pour l'eu féliciter. Jean, archevêque de Ra-
venue , mêla à ses compliments des repro-
ches' sur ce qu'il s'était caché pour éviter
l'épiscopal, lui qui avait tant de talents pour
en remplir dignement les fonctions. Ces re-
proches donnèrent occasion à saint Grégoire
de composer un ouvrage sur le devoir des
évêques, où, en expliquant ce qu'il pensait
sur la grandeur et l'importance de leur char-
ge, il justifie sa résistance à l'accepter. C'est
le Pastoral, si célèbre depuis dans toutes les
églises d'Orient et d'Occident. Saint Léan-
dre, évêque de Séville,à qui 'saint Grégoire
l'envoya, le baisa en le recevant , et le ren-
dit public dans toute l'Espagne. L'empe-
reur Maurice en demanda une copie à Ana-
tolius, diacre de l'église Romaine, nonce à
Constanlinople, qu'il fit traduire en grec par
Anastase , patriarche d'Antioche : ce qui le
rendit commun en Orient. Alfred, roi d'An-
gleterre , sacré à Rome en 872 , le traduisit
en langue saxonne pour les Saxons occiden-
taux qui étaient sous sa domination, croyant
leur faire en cela un grand présent, comme
on le voit par la préface qu'il mit à la tôle
de sa traduction, dont on montre encore des
exemplaires dans les bibliothèques d'Angle-
terre. La version grecque d'Anastase ne sub-
siste plus. Il semble même que Photius',
qui écrivait dans le ix" siècle, ne la connais-
sait pas, puisque, en donnant de gr-inds
éloges au pape Zachaiie pour avoir fait tra-
duire en grec les Dialogues de saint Grégoi-
re et -plusieurs antres livres il ne dit rien de
la traduction du Pastoral. On le proposa
après les saintes Écritures et les canons des
P«»toril
6erit ta t-9fl.
Estime qu'où
CD f>ll.
' Crcg., Tiiron., lit). X, cnp. i ; l'aulus Diacou.,
lili. ill Uisl. Longobard., cap. xxv; Joan. Uiacon.,
lil). I, nuuL. 42.
« <iri(.'., Kpisl. ad Lcaiidrum, pog.
' Priifnl. cditor.
» l'bot. Cad. :i52, pag. 1399.
CIIAIMTRE XI.IX. — SAINT GRI^COITIE LE fiRANn, PAPE.
Analyse de
la preiiiiôro
Ïarlii', toiii.
I, fag. I.
Cap. I.
Oiéc, V, 1,
Cap. ITT.
[vil* siftrxF..]
coiuilos, dans le concile de Mayonco, eu
81.'{', h tous les évoques, pour y apprendre
la manière de conduire leurs églises el leurs
peu|)les. Celui de lleims de la même année;
fit lire h haute voix [)lusieiii's endroits du
Pastoral, afin que les pasteurs de cette égli-
se sussent comment ils devaient vivre et
avertir ceux ijui étaient sous leur conduite.
Les évèques du troisième concile de Tours
ne croyaient pas qu'il leur fût plus permis
d'ignorer le Pastoral que les canons. Aussi,
Hincmar- , archevêque de Reims , dit que
de son temps , lorsqu'on ordonnait les évè-
ques, on leur mettait ce livre entre les mains,
ainsi que le code des sacrés canons, et ((u'on
leur faisait promettre de l'observer. Saint
Grégoire dit i[u'il l'écrivit au commencement
de son ponlilicat, c'est-à-dire en 590.
2. Il le divisa en quatre parties, dont la
première est sur la vocation à l'épiscopat, afin
que celui qui y est appelé, examine avec quel-
les dispositions il y vient; la seconde, sur les
devoirs d'un pasteur appelé légitimement au
sacerdoce ; la troisième, sur les Instructions
qu'il doit donner à son peuple; et la qua-
trième, sur les fréquentes réllexions qu'il est
obligé de faire sur sa propre conduite, pour
s'humilier des fautes qu'il peut avoir commi-
ses dans le gouvernement des âmes.
3. <c S'il n'est point permis à un homme
d'enseigner un art qu'il n'a point appris,
quelle témérité ne serait-ce point à un igno-
rant de se charger du ministère pastoral, vu
que le gouvernement des âmes est l'art des
arts et la science des sciences? Les pasteurs
sont les yeux des peuples : si ceux qui gou-
vernent manquent de lumières, ceux qui leur
sont soumis ne peuvent que tomber dans
l'égarement. Il s'en trouve quelques-uns qui
sont instruits dans la loi du Seigneur, mais
dont les mœurs ne répondent point à leur
savoir, qui détruisent par leurs actions ce
qu'ils établissent de bouche. C'est d'eux qu'il
est dit dans un prophète : Les mauvais pi'è-
tres sont devenus à ceux sur qui ils étaient obli-
ges de veille?-, ce que sont les fiiéges aux oi-
seaux ; parce que personne ne nuit plus dans
l'Eglise, que celui qui, vivant mal, retient un
nom et un rang qui ne conviennent qu'cà une
vie sainte. Jésus-Christ, qui était venu non-
seulement pour nous racheter, mais aussi
pour nous enseigner, nous a appris, en fuyant
la royauté que les hommes lui otlraient, à
fuir les faveurs et les grandeurs du siècle;
et en allant volontiers â la croix, ;\ aimer les
adversités. L'homme s'oublie dans les gran-
deurs et dans la ])rosp(;rité; il icvient ;'i lui-
même, (piand il se trouve dans l'abjection el
dans les disgrâces. Saiil, à qui la considéra-
tion de sa propre indignité avait fait fuir la
(jualité de roi, ne Itifiit pas plus lot, que son
c(eur s'entia d'orgueil. Dès que David ne fut
plus dans l'allliction, il s'oublia jusqii'h faire
mourir le mari d'une femme pour laquelle il
avait conçu un amour criminel. La multitude
des occupations inséparables de la charge de
pasteur distrait souvent son esprit jusqu'à
un tel point, que, se troublant et se confon-
dant, il se trouve hors d'état de bien faire
chacune en [)articulier. Celte distraction ex-
térieure lui fait môme oublier ce qui se passe
au dedans de lui; il pense h tout, excepté à
lui-même. Embarrassé de tant d'occupations
qu'il rencontre en son chemin, il ne se sou-
vient plus de l'objet vers lequel elles doivent
tendre. Cessant ainsi de chercher Dieu qui
était sa fin, en acceptant l'épiscopat, il ne
fait plus de réflexions, ni sur ses pertes, ni
sur ses fautes. » Voilà ce que dit saint Gré-
goire, pour ôter aux imparfaits la présomp-
tion d'entrer dans des charges qu'ils ne pour-
raient remplir, et à ceux qui chancellent
dans les heux même les plus unis, le désir
de s'engager à marcher sur le bord d'un pré-
cipice. Mais il y en avait d'autres à qui l'a-
mour du repos faisait fuir la conduite des
âmes, dont toutefois ils étaient capables par
leurs talents el par la pureté de leur vie. Il
dit à ces derniers que, n'ayant pas reçu de
Dieu ces talents pour eux seuls, mais aussi
pom- les autres, ils se privent eux-mêmes,
en ne songeant qu'à leur utilité particulière,
des biens qu'ils voulaient s'approprier à l'ex-
clusion de toute autre personne. « Si Jésus-
Christ demanda à saint Pierre pour preuve
de son amour, qu'il prît le soin de paître ses
brebis; comment ceux qui, possédant les
vertus nécessaires à cet emploi, refusent de
s'en charger, peuvent-ils se flatter d'aimer
celui qui en est le souverain pasteur? Des
pei'sonnes de ce caractère se rendent aussi
coupables en se refusant au saint ministère,
qu'ils auraient pu faire de profit en l'accep-
tant. Ceux qui refusent d'y entrer par un
sentiment d'humilité, s'ils sont véritable-
ment humbles aux yeux de Dieu, n'iront pas
Cili. IV.
JOjTI, <ï, IC,
Cap. VI.
Prœf. edU.
Hiutmur, Prwfat. in opuscula.
HISTOIUE GÉXÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap. riii.
I ïl noUi.
m, I.
464
jusqu'à refuser opiniâtrement les charges
dont ils peuvent s'acquiller avec succès :
car on ne doit point regarder comme vrai-
ment humble celui qui, connaissant que Dieu
l'appelle ii la conduite des âmes, méprise
c.p. TU. son ordre en refusant de s'y soumettre. 11 y
en a même en qui on ne peut Màmer le dé-
sir du ministère de la prédication. Si Jéré-
ji«,n. ., 6. mie, étant envoyé de Dieu, se défendit hum-
blement d'aller où on l'envoyait, sur sa dif-
ficulté de parler, et sur ce qu'il n'était encore
i»i.v.,8. qu'un enfant; Isaïe, au contraire, voyant
Dieu en peine de trouver un homme pour
l'envoyer prêcher, se présenta devant lui,
en disant». Me voici, envoyez-moi. Moïse re-
fusa d'abord la conduite du peuple de Dieu,
en ne considérant que sa propre faiblesse ;
mais, s'appuyant depuis sur le secours de
celui cpii lui commandait, il se soumit avec
humilité. «
4. A ceux qui, ne cherchant dans l'épisco-
pat qu'à satisfaire leur ambition, s'autori-
saient de ces paroles de saint Paul : Si quel-
qu'un dcsire l'épiscoput, il désire une fonction
sainte, saiut Grégoire répond : saint Paul,
après avoir loué ceux qui ont ce désir, les
épouvante aussitôt, en ajoutant qu'il faut
qu'un évèque soil impréhensihlc ; il louait le
désir de l'épiscopat dans un temps où les évo-
ques étaient les premiers que l'on conduisait
au martyre; ainsi celui qui ne souhaite pasl'é-
piscopatdans le dessein de travailler pour la
gloire de Dieu, mais seulement en vue d'être
honoré des hommes, ne recherche pas l'épis-
copat dont parle l'apôtre. « En ell'et, ajoute le
saint Pape, on ne peut pas dire que ce soit
aimer le sacré ministère en hi manière dont
saint Paul l'entend, que de n'y chercher qu'à
dominer sur les autres, qne de vains hon-
neurs, que l'abondance de toutes choses. Ce
Père découvre l'ilhision dans hujiiellc tom-
bent la plupart de ceux qui désirent les char-
c>p. II. ges ecclésiastiques. « Ils se flattent, en les re-
cherchant, de la fausse vue du bien qu'ils
se proposent d'y faire; mais ce n'est qu'un
voile dont ils couvrent leur ambition se-
crète; ils s'imapinent aimer dans une bonne
action ce qu'ils n'y aiment point véritable-
ment : d'où vient qu'aussitôt qu'ils ont ob-
tenu ce qu'ils souhaitaient, ils oublient aisé-
ment toutes les belles idées du bien qu'ils
s'étaient proposés de faire. Le remède à
celte illusion est de se juger soi-même par
les actions de sa vie passée. Celui qui n'a pu
se conlenler du bien qu'il avait tout entier
pour lui seul, ne pourra vaincre l'avarice,
lorsqu'il deviendra le dépositaire des biens à
employer pour le soulagemeut des pauvres.
La maxime générale pour le saint ministère,
est que celui qui a les vertus nécessaires pour
la conduite des âmes, l'accepte quand on l'y
force ; mais que celui qui ne les a pas ne
s'y laisse jamais engager, quand même on
l'y voudrait contraindre. Mais quel est celui
que l'on peut forcer à se charger de la con-
duite des autres? U faut que ce soit un hom-
me d'une vertu éprouvée, au-dessus des
avantages et des disgrâces du siècle, d'une
complexion assez forte poursoulenir le poids
de sa charge, libéral envers les pauvres, in-
dulgent autant que l'équité et la justice le
demandent, compatissant envers les faibles,
assidu à la prière, et exempt de toutes les
imperfections figurées par les défauts corpo-
rels qui, suivant la loi de Moïse, excluaient
du sacerdoce. »
5. (1 Le premier soin de celui qui se trouve
élevé à l'épiscopat par les voies canoniques
et légitimes, est de dégager son cœur et son
espiit des créatures. Soyez pur, dit un pro-
phète, vous qui avez à porter les vases du Sei-
gneur; car ceux-là proprement portent les
vases du Seigneur, qui, en vivant saintement,
se chargent de conduire jusques dans les ta-
bernacles éternels les âmes de leurs frères.
Il doit, en second lieu, exceller au-dessus de
tous les autres dans la pratique des vertus,
afin que sa vie toute sainte soit comme une
voix continuelle qui enseigne aux autres à
bien vivre. La parole pénètre le cœur bien
plus aisément, lorsqu'elle est soutenue par
Iss actions, et qu'en même temps que l'on
prescrit aux autres ce qu'ils doivent faire en
les instruisant, on leur en rend la pratique
facile par l'exemple. Comme il ne doit se
proposer clans ses discours que l'édification
et l'utilité des autres, la prudence et la dis-
crétion doivent régler ses paroles et son si-
lence; non-seulement il ne doit rien dire do
mauvais à ceux à qui il parle, mais ce qu'il
leur dit de bon, il le doit dire avec mesure et
avec ordre, sans ennuyer ses auditeurs par
la longueur indiscrète de ses discours. Il doit
tellement s'abaisser par un sentiment de
compassion vers ses inférieurs, qu'en pre-
nant soin de ceux qui sont faibles, il ne re-
tranche rien de «on apfilication à Dieu. La
contemplation élevait saint Paul jus(pi'au
troisième ciel; sa sollicitude pastoiale le ra-
baissait jusqu'à régler l'état des personnes
Cip. I.
In wcrn J" p.r»
Ut, |jg. U.
Caj>. 1.
I.al. LU, II.
Dip. M.
Cap. III.
Cap. IV,
[vil» SIÈCLE.] CIIAPITIIE XLIX. — SAINT GRÉr.OIllE LE GRAND, PAl'K.
465
encore cbarnellcs. S'il arrive qu'en écoulant
les k-ntulluns des Ames faibles, il eu reijoivo
liii-UH^nie (|iielqno impression, il ne iaiil puinL
qu'il se trouble, puisque, par un ellet de la
Providence, il sortira d'autant plus aisément
de ses propres tentations, que sa charité le
porte A écouter celles des autres, et;\ travail-
ler à les eu ilélivrcr. Qu'il re|,Mrde comme
ses égaux tous ceux qui ,font bien, et qu'il
s'élève avec tout le zèle que la justice peut
inspirer contie les vices de ceux qui l'ont
mal : c'est ainsi que, sans avoir éf^ard h
l'honneur qui est dû à sa dignité, il vivra
avec les bons comme avec ses égaux, et
qu'il ne craindra pas d'user de toute l'auto-
rité attachée à cette même dignité contre
ceux dont les mœurs sont déréglées. Il est
nécessaire que ceux qui gouvernent se fas-
sent craindre de ceux qui leur sont soumis;
mais c'est quand ils leconnaissent qu'ils ne
craignent pas Dieu. Saint Pierre ne permet
pas à Corneille de se jeter à ses pieds, parce
qu'il savait qu'il était bon et craignant Dieu.
Ix'cez-vous, lui dit-il, ne faites point cela, je ne
suis (ju'un homme comme vous. Mais, lorsqu'il
trouve en faute Aaanie et Sapliire, il fait écla-
ter contre eux sa puissance. Le pasteur doit
aimer son peuple, mais sans mollesse ; il
doit le reprendre, mais sans aigreur; il doit
avoir du zèle, mais sans emportement; il
doit avoir de la douceur, mais sans trop d'in-
dulgence. La justice et la clémence doivent
se trouver tellement unies en lui, qu'il n'y
ait rien dans sa fermeté qui ne soit capable
de gagner ceux qu'il conduit, et rien dans sa
douceur qui leur puisse faire perdre le res-
pect qu'ils lui doivent. C'est aux séculiers à
régler les aû'aires du siècle ; l'occupation du
pasteur a un objet plus relevé, qui est le sa-
lut des âmes. 11 peut néanmoins s'engager
quelquefois par charité et par compassion
dans les affaires séculières, mais ne jamais
témoigner d'ardeur pour les rechercher, de
peur que cet empressement ne le fasse des-
cendre de la contemplation des choses les
plus relevées à l'atl'ection des plus basses. Il
est même certaines occasions oii les pasteurs
doivent se répandre au dehors pour procu-
rer à leurs peuples les nécessités de la vie
présente ; ils travaillent alors avec plus de
succès à leur avancement; au lieu que les
peuples auraient quelque droit de se dégoû-
ter de la parole de leur pasteur, s'il négli-
geait le soin qu'il doit avoir de les secourir.
6. (I Mais, en s'acquitlant de ses fonctions,
XI.
il ne doit point se laisser toucher du désir
de |)laiic aux hommes, parce ()ue celamonr-
pro[ire rengagerait iurailliblciuonl dans des
comlesccudances basses et honteuses ; seu-
lement il doit souhaiter d'être bien dans l'es-
prit de ses peuples, afwi de pouvoir les en-
gager plus aisément à aimer la vérit(;. C'est
danscettedisposilion(ju'était saint Paul, lors-
qu'il disait, d'une part, qu'il fâc/mit de plaire
à tons en toutes choses ; et de l'autre, que s'il
roulait plaire aux hommes , il ne serait [MS
serviteur de Jésus- Christ. Il y a des fautes
qu'il faut dissimuler par prudence, mais en
faisant connaître qu'on a bien voulu les dissi-
muler, afin que ceux qui en sont coupables,
se voyant ilétouveris, aient honte de retom-
ber dans les mêmes fautes. Dieu dissimula
ainsi les crimes de la Judée, mais en lui fai-
sant connaître qu'il les avait vus. Il y a d'au-
tres fautes, même toutes visibles, que l'on
doit tolérer à cause de l'indisposition de ceux
qui les commettent. Une plaie que l'on ou-
vre avant le temps, devient plus dangereuse
par l'inllammation que celte incision y cause.
Un remède appliqué à contre-temps devient
inutile ; il perd toute sa force et sa vertu. Il
y a des fautes secrètes qu'il faut tâcher de
découvrir avec adiesse, en jugeant de ce
qui est caché dans le cœur du pécheur par
les dehors de sa conduite ; c'est, suivant le
langage de l'Écriture, percer la muiaille ou
co'ur, y faire une brèche pour y découvrir
les abominations qui s'y font. 11 y a d'antres
fautes que l'on doit corriger avec douceur,
parce qu'elles sont des fautes ou d'igno-
rance ou de faiblesse. Celles qui sont de
malice demandent des corrections rudes et
fortes, afin que celui que l'on instruit, ne
connaissant pas encore l'énormité de sou
péché, la comprenne par la véhémence de
la correction; mais, comme il est ditUcile de
tenir un juste milieu, et que la chaleur de
l'invective porte quelquefois à l'excès, il est
nécessaire, dans ces occasions, que le pas-
teur recoure lui-même au remède de la pé-
uitence, pour obtenir de Dieu, par ses lar-
mes, le pardon des fautes que le zèle pour
la défense de ses intérêts lui a occasionnées.
Tous ses devoirs étant marqués en détail
dans les Livres saints, il ne saurait trop les
lire et les méditer. »
7. «Al'égard des instructions qu'un évoque
doit à son peuple, il est nécessaire qu'il s'ac-
commode et se proportionne aux qualités et
aux dispositions de ceux qui l'écoutent; au-
30
1. Cor. z,
fî.llFtt. f, 10.
Isaî. tni,
Ezecliieli
TIII, S.
Cap. I.
Trosièm»
païUc, pag.
34.
46G
HISTOIRE Gi':Ni':i\ALE DES AUTEURS ECCLESIASTIOCES.
Cap.
Cap. III.
Iicment il arriverait que ce qui profilerait
:uix nus, serait nuisible aux autres : au lieu
qu'en se proportionnant à leurs besoins et à
leur portée, chacun trouve dans ses instruc-
tions ce qui lui est propre. Autre est celle
que l'on doit donner aux hommes, et autre
celle qu'il faut donner aux femmes. On doit
prescrire aux hommes quelque chose d'as-
sez grand pour exercer leur vertu, et aux
femmes cpielque chose de facile, pour les
gagner à i)ieu par la douceur. Une correc-
tion sévère remet les jeunes gens dans le
bon chemin ; un avis donné avec humilité
aux vieillards les fait rentrer dans le devoir.
Les pau\yes, n'élant que trop affligés de leur
misère, méritent d"étre consolés; mais les
riches étant ordinairement superbes, il faut
les rabaisser, en leur donnant de la crainte
et de la frayeur ; plus ils s'estiment grands
et au-dessus des autres h cause des biens
passagers qu'ils possèdent, mieux on fait de
leurparieravec empire et autorité. Aussi saint
Paul ne dit pas à son disciple Timothée de
prier les riches de n'être point oigueil-
leux, ni mettre leur confiance dans leurs i-i-
chesses, mais de le leur ordonner. Ce n'est
pas qu'il ne faille quelquefois user envers
eux de douceur, comme lorsque l'esprit d'or-
gueil les possède si fort, qu'ils en devien-
nent presque fous. On peut encore, lorsqu'on
veut les reprendre, commencer par quel-
ques paraboles éloignées ; convaincus sou-
vent par le jugement qu'ils rendent eux-mê-
mes, ils se trouvent engagés à changer de
conduite : c'est ainsi qu'en usa le prophète
Nathan ù l'égard de David , qu'il était ve-
nu trouver pour le reprendre de son cri-
me. La tristesse et la joie peuvent venir, ou
des objets qui nous frappent, ou de l'hu-
meur naturelle. Si l'on a donc i\ instruire des
gens gais, il faut leur représenter la tristesse
profonde que cause la damnation éternelle ;
aux mélancoliques, la joie parfaite que Dieu
nous promet dans son royaume, et aux uns
comme aux autres, que les inclinations nalu-
rellesn'étantpasfort éloignées des vices, ceux
qui sont gais doivent appréhender de tomber
dans la débauche; les mélancoliques, dans la
colère. L'instruction qui convient à ceux qui
sont dans la dépendance, ne convient pas
toujours h ceux qui sont dans les charges et
les dij^nilés. Recommandez aux premiers
une soumission hnuililc, une obéissance en-
tière, le tout en vue du Sri.LMicur; cl aux se-
conds, d'user modérément de leur autorité,
de ne point excéder dans leurs commande-
ments, et de ne point irriter ceux qui leur
sont soumis ; à ceux-là de prendre garde que
la vue des fautes de lem-s supérieurs ne les
porte à s'élever contre eux avec audace ; à
ceux-ci, d'être vigilants et circonspects. Di-
tes aux serviteurs d'avoir toujours devant
les yeux la bassesse de leur condition, et
aux maîtres de se souvenir que Dieu ne les
a point faits d'une autre nature que ceux
qui les servent. Exhortez ceux qui sont sa-
ges selon le siècle 'i oublier ce qu'ils savent,
pour apprendre la science des saints; et ceux
qui sont simples, à apprendre ce qu'ils ne
savent pas, et h se seivir de leur simplicité,
que le monde appelle folie, comme de la
voie la plus courte pour arriver à la vraie
sagesse. Le seul moyen de réduire des per-
sonnes d'une humeur hautaine et impudente,
est d'user envers elles de réprimandes ai-
gres et fortes. Il n'en est pas ainsi de celles
qui sont retenues et modestes; la moindre
parole de douceur est capable de les faire
rentrer dans leur devoir. Le défaut des ar-
rogants est d'être pleins de présomption par
rapport à eux-mêmes et du mépris pour les
autres ; celui des timides est de ne connaî-
tre que leur infirmité , ce qui souvent les
jette dans une espèce de désespoir. On peut
corriger les premiers en leur montrant qu'ils
ont mal fait ce qu'ils croient avoir bien fait,
afin qu'au lieu de la gloire qu'ils pensent
avoir méritée, ils reçoivent une confusion
salutaire , et remettre les timides dans le
bon chemin en leur représentant quelques-
unes de leurs bonnes œuvres, afin que celte
approbation qu'on leur donne fortifie en eux
le désir de bien faire, et qu'ils s'aperçoivent
qu'on ne leui- parle du mal qu'ils ont com-
mis, que pour les exhorter à n'en plus com-
mettre.»
8. <( Autres sont les avis adonner aux per-
sonnes impatientes, autres ceux qu'ont h re-
cevoir les personnes patientes. II faut dire ;\
celles-là, qu'en se laissant aller si facilement
à rimpctuiisilé de leur esprit, il est à crain-
dre qu'elles ne s'emportent, même contre
leur gré, dans beaucoup de désordres fâ-
cheux ; (ju'en s'abandonnant à des mouve-
ments violents qui les mettent comme hors
d'elles -mêmes, il est difficile qu'elles con-
naissent ensuite le mal qu'elles ont fait pen-
dant leurs emportements; que l'impatience
l'ail perdre la charité, qui est la mère des ver-
tus ; qu'elle porte à l'arrogance ; enfin, que
C4(,. ».
CHAPITRE XLIX. — SAINT (JIII'GOIRE LE GRAND, PAPE.
Cap. XI,
r) etiii,:'^.
fvii'" sif:f.i.E.l
la \'(ii'ité dit aux iSlus : Vous posséderez vos âmes
dans la patience. Les avis c^ donner aux per-
sonnes patientes sont, qu'en souHViuit exté-
rieurenieiil le mal ({u'oii leur fait, elles doi-
vent prendre jfarde d'en couc(!voir du res-
scnlinieut dans leur cceur; qu'elles doivent
s'applicpier h aimer ceux qu'elles sont obli-
gt5cs de supjiorler , et {MouHer toute don-
leur qui pourrait les exciter ;\ se venger des
injures qu'elles ont reçues. Les envieux doi-
vent être traités dilleremment de ceux qui
veulent du bien k tout le monde. 11 faut dire
à ceux-ci, qu'il ne leur suffit pas de louer
les actions vci'tiicuses des autres, ([u'ils doi-
vent aussi les imiter; et h ceux-là, qu'il n'y
arien de |)lus mallieureux au monde, qu'un
homme qui, s'allliyeant tlu boulicur daulrui,
devient plus méchant par la douleur qu'il
en conçoit ; que c'est par l'envie que la mort
est entrée dans le monde ; que ce vice détruit
tout ce qu'il y a de bon et de louable dans
lin homme ; ce qui a lait dire au Sage, que
quand le cœur est sain, la chair est pleine de
santé et de vie, mais que V envie fait pourrir
jusqu'aux os. A l'égard des personnes sim-
ples et naïves, on doit les avertir que, com-
me elles évitent utilement de tiomper les
autres par des mensonges, elles doiveut aussi
avoir soin de ne dire la vérité que lorsqu'il
est utile de la dire, et ajouter à la vertu de
sincérité celle de la prudence, parce qu'il
peut arriver que la vérité qu'elles diiaient
<i contre -temps, soit préjudiciable à quel-
qu'un. Il faut r( présenter aux personnes
doubles, que la crainte qu'elles ont d'être
découvertes fait qu'elles cherchent toujours
de mauvaises excuses pour se défendre ;
que, suivant l'Écriture, on est d'autant plus
en repos et en sûreté, qtt'on est plus sincère dans
tout ce que l'oufait, et que c'est avec lésâmes
simples que Dieu prend plaisir à s'entretenir. »
U. « On doit parler d'une manière à ceux
qui se portent bien, et d'une autre à ceux
qui sont malades. Il faut porter les premiers
à faire servir la santé de leur corps au salut
de leur âme par la pratique des bonnes œu-
vres ; et consoler les seconds, en leur disant
qu'ils ont d'autant plus de sujet de se regar-
der comme les enfants de Dieu, qu'il les châ-
tie et les afiligeidavantage ; que s'il n'était pas
dans la disposition de leur donner l'héritage
du ciel après les avoir châtiés, il ne leur en-
verrait pas des atilictions pour les instrui-
re; que si les enfants du siècle soutl'rent tant
de travaux et de peines pour les biens de la
/.fi7
terre , on ne peut liop en souiïrir pour ac-
quérir un héritage qui ne se perdra jamais;
que les peines et les ;iinictious conlrihuenl
à la sauté de l'âme , en ce qu'elles la l'inil
leiitrer en elle-iru'-me ; et que Jc-Hus-Cliiist,
qui lave nos pi'clii's dans l'eau du baptême,
a soult'cri de plus grandes alflictions , telles
(pie les calomnies , les outrages , et la mort
même , lui qui donne la vie aux morts. Il y ^"p- "'"■
a encore de la différence dans l'instruction
que l'on doit donner à ceux que la crainte des
châtiments engage à bien vivre, et celle qui
convient à cenx([ue leur endurcissement rend
incorrigihles. 11 faut remontrera ceux-là que,
tandis qu'ils ne seront mus que par la crain-
te, ils ne goûteront point la douceur de la
vi'aie liberté ; que nous devons faire le lii(ni
pour lui-même, et que l'on se rend coupa-
ble devant Dieu par le seul désir de comniel-
tre le péché. Pour ce qui est des endurcis,
il faut les reprendre avec d'autant plus de
force, que leur endurcissement les a rendus
plus insensibles , et leur témoigner , avec
quelque sorte de mépris , qu'on désespère
de leur salut ; et toutefois leur remettre soi-
gneusement devant les yeux les sentences
les plus sévères que Dieu a prononcées dans
ses saintes Écritures, afin que la considéra-
tion des peines éternelles les ramène à la
connaissance d'eux-mêmes. La discrétion «iv.
doit régler nos paroles, mais nous ne devons
point nous en interdire l'usage; parce qu'il
y a un temps de se taire, et un de parler :
c'est donc un défaut d'être trop tacituiue ,
et c'en est un autre d'être trop grand par-
leur; il faut garder un milieu. Le sage se lui- r c:cs.s«,
jxi jusqu'à ce qu'il soit temps de parler , c'cfI-
à-dirc jusqu'à ce qu'il voie une occasion ru'i
il sera mieux de parler pour rendre service
au prochain, que de garder le silence. Être
trop réservé à se plaindre dans les disgrâ-
ces, c'est s'exposer à ressentir plus vive-
ment la douleur dans son cœur. Nous som-
mes obligés de témoigner à ceux qui nous
font du tort, le sujet que nous avons de nous
plaindre d'eux ; celte plainte les empêchera
de nous nuire à l'avenir, et diminuera la vi-
vacité de notre affliction. Il faut remontrer
aux grands parleui's les désordres oii ils sont
capables de tomber en se laissant aller à la
multiplicité des paroles, le compte qu'ils ren-
dront , au jour du jugement , de leurs paro-
les inutiles, c'est-à-dire, proférées sans une
juste nécessité , ou sans qu'ils s'y proposent
aucune véritable utilité. »
•4C8
IIISTUIIIK GKNi:ilALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Tip. Vf rt
suu.
10. Saint Grégoire exairinc ensuite de
quelle manière il faut instruire ceux qui sont
lents à faire le bien, et ceux qui le font avec
précipitation; ceux qui sont doux, et ceux
qui sont sujets à la colère ; les humbles , et
les orgueilleux; ceux qui sont arrêtés h leur
sens, et ceux qui sont changeants et légers;
les personues sobres , et celles qui sont su-
jettes :i latrourmaudise ; ceux qui font vo-
lontiers l'aumône, et ceux qui ravissent le
bien d'autrui. «La règle, dans la distribution
des aumônes , est de donner h. ceux qui ont
besoin, et à proportion de leur besoin ; de
ne point affliger l'esprit de ceux qui deman-
dent, eif différant trop de leur donner; de
ne point rechercher une louange passagère
de la part de ceux i\ qui l'on donne , ou qui
sont présents ; de savoir tellement modérer
ses aumônçs, qu'on ne se mette pas soi-mê-
me dans l'occasion de tomber dans l'impa-
tience, en manquant du nécessaire pour avoir
trop donné ; de racheter tellement ses iui-
qiiités par l'aumône , qu'on n'en commette
pas de nouvelles, parce qu'autrement ce se-
rait traiter avec Dieu comme si sa justice
était vénale, et s'imaginer qu'eu lui donnant
de l'argent après l'avoir olfensé , ou peut
acheter de lui l'impunité de ses crimes. La
manière la plus utile de corriger ceux qui
ravissent le bien d'autrui, est de leur fiiirc
compicndre combien cette vie est courte et
passagère, et de leur rapporter les exemples
de ceux qui , après avoir mis tout en œus're
pour s'enrichir en ce monde, n'ont pu y jouir
longtemps de leurs richesses, n Ce Père veut
qu'on fasse sentir h ceux qui donnent de
leur bien, et ne cessent toutefois de prendre
celui d'autrui, qu'il y a bien de la dillorence
entre faire des œuvres de mis(;ricorde pour
racheter ses péchés , et commettre des pé-
chés pour faire ensuite des œuvres de misé-
ricorde ; que des œuvres faites de la sorte
ne peuvent être appelées des œuvres de mi-
séricorde, parce que la racine amère et em-
poisonnée de la violence et de la rapine ne
peut produire le doux fruit de la charité.
Suivent les instructions pour ceux qui sont
querelleurs, et pour ceux qui sont paisibles,
«n faut dire à ceux-li\ que, tant qu'ils ne se-
ront point unis par la charité avec le pro-
cliiiin, ils ne pourront faiie aucune action ,
ni ofïrir aucun sacrifice à Dieu , qui lui soit
agréable; et à ceux-ci , qu'il y a une ditlV'-
rence entre la paix de la terre et celle du
ciel; que celle-là n'est qu'un vestige de cette
paix intérieure qui doit durer éternellement ;
qu'il ne faut pas trop s'y attacher, de crainte
que cet amour ne rende l'Ame criminelle ,
parce que plus on tire de satisfaction des
choses présentes , moins on a d'ardeur pour
les éternelles, qui sont plus éloignées. — Pour
ceux qui sèment des discordes, et pour ceux
qui sont pacifiques; — pourceuxqui n'ont pas
l'intelligence des Livres saints, et pour ceux
qui la possèdent, mais n'en parlent pas avec
assezde respect et de soumission; — pour ceux
qui, ayant le talent d'annoncer aux autres la
parole de Dieu, n'osent le faire par un excès
d'humilité, et pour ceux qui entreprennent
de la prêcher sans en être capables. Il faut
faire comprendre aux premiers, qu'en refu-
sant de nourrir les peuples atTamés de la pa-
role de Dieu , ils font autant de mal que si ,
ayant de l'argent dans leurs cotfres, du blé
dans leurs greniers, ils négligeaient d'en as-
sister les peuples dans une pressante fami-
ne ; que celui à qui le père de famille avait
confié un talent poiu" le faire valoir , en fut
privé pour n'en avoir pas fait usage ; qu'Isaïe,
s'étant (ù dans son ministère , en fut repris
fortement. On doit remontrer aux autres,
qu'en s'ingérant avant le temps dans un
exercice qui passe leurs forces, ils se ren-
dent incapables de le remplir aussi digne-
ment qu'ils auraient pu faire , s'ils avaient
attendu un temps plus propre , et qu'ils se
fussent l'endus plus capables.»
11. « n y en a qui réussissent dans la re-
cherche lies biens de ce monde , d'antres
qui , n'y n'ussissanl pas , se laissent abattre
par les disgrâces. On doit avertir ceux qui
prospèrent, de ne pas s'attacher A des biens
qui i)érisscnt , et de ne pas changer les se-
cours que Dieu leur donne pour arriver au
ciel, en des obstacles qui les empêcheraient
d'y parvenir; et ceux qui ne prospèrent pas,
de considérer que Dieu, en ne les abandon-
nant pas ;\ leiu's désirs, les ti'aite avec la
même bonté, qu'un médecin fait un malade
à qui il refuse bien des choses qu'il croit
contraires h sa santé. L'avis à donner aux
gens mariés , est de se rendre tellement les
devoirs mutuels, qu'en cherchant à se plaire
l'un il l'autre, ils songent sérieusement à ne
point déplaire ;\ Dieu ; de supporter avec
douceur les mécontentements et les déplai-
sirs qu'ils reçoivent réciproquement; de s'en-
tr'aider à se sauver , et de considérer que ,
n'ayant été unis ensemble fpie pour avoir
des enfants, ils ne doivent point altérer, par
c.,.
[vir siKCLK.J CIIAPITai'] XLIX.— SAINT GRlir.OIIlli; LE GRAND, l'APE.
401}
Cap. XXIX.
la rcclierche du la voluplc' , la sainteté de
l'iiiiiou conjugale. Saint l'aul on disant :
l'oKf ivitur la fornication, qiw cluique homme
vive avec sa femme , et chaque femme avec son
tnan\ n'a pas tant donnii une règle pour des
personnes saines, ([ne i)roposé des remèdes à
des malades; qu'il n'a pas l'ail un cnmiuau-
dement ;\ ceux qui sont debout , mais ollerl
une litière ;\ ceux qui tombent, pour les em-
pêcher de se briser contre terre. En ajou-
tant : Ce que Je vous dis , c'est par imlulgenn ,
il insinue qu'il y a faute , mais faute qui se
remet d'autant plus aisément, qu'elle con-
siste moins à faire ce qui serait absolument
défendu, (ju'A ne se modérer pas assez dans
l'usage de ce qui est permis. Ceux qui ue
sont point engagés dans le mariage doivent
se rendre d'autant [ilus fidèles à suivre la loi
de Dieu , qu'ils sont plus dégagés des soins
des choses du monde. S'ils se trouvent ten-
tés par la chair avec danger de se perdre ,
ils ont le port du mariage où ils peuvent se
retirer : car ils n'otl'ensent pas Dieu en se
mariant, pourvu qu'ils n'aient' pas fait vœu
d'entrer dans un état plus relevé. La fuite
de l'occasion est le remède qu'il faut pres-
crire ;\ ceux qui sont tombés dans des pé-
chés de la chair. On doit représenter à ceux
qui ont vécu sans y tomber , les récompen-
ses que Dieu leur réserve, alin qu'eu les en-
visageant souvent, ils surmontent plus aisé-
ment les ditlicultés des tentations. Ceux qui
gémissent pour des péchés d'actions, doivent
faire en sorte que rien ne manque à leur
pénitence, puisque rien n'a manqué à leur
péché. Il y a trois choses qui contribuent à la
consommation du péché , savoir la sugges-
tion , la délectation et le consentement. La
première vient de notre ennemi , la seconde
se passe dans notre chair, et la troisième
dans notre esprit. L'ennemi , qui tâche tou-
jours de nous surprendie , nous suggère le
mal ;la chair se laisse aller au plaisir qu'elle
ressent ; l'esprit , emporté par ce plaisir , y
donne son consentement. Ceux qui pleurent
les péchés de pensées , doivent examiner
dans lequel de ces trois degrés de pécbés ils
sont tombés , ahn qu'ayant reconnu la na-
ture de leur chute , ils versent autant de
larmes qu'il leur faut pour s'en relever. 11
est aussi du devoir de ceux qui les instrui-
' Sine culpa ad conjugium veiiiiml, si lamen
necdum mcUora voierunl. circ^., Pastor.3. part.,
cap. xivn.
sent, do ne pas les jeter dans l'abattement
par une trop givinde tei-nsur : car souvent
Dieu , plein de miséricorde , remet d'autant
plus facilement à l'àme les péchés de pen-
sées , qu'il n'a pas permis qu'elle les mit à
exécution; et l'àme se dégage aussi d'autant
plus aisément de ces sortes de péchés, qu'elle
s'y trouve moins fortement engagée, puis-
qu'elle n'en est pas venue jusqu'à les ac-
complir. 11 arrive quelquefois à des pécheurs
de pleurer leurs péchés sans les quitter , et
à d'autres de les quitter sans les pleurer.
Ceux-là sont comparés dans l'Écriture à des
chiens qui, après avoir vomi ce qui les char-
geait au dedans , retournent à ce qu'ils ont
vomi , et se gorgeut de nouveau. Ceux-ci,
quoique ne péchant plus , ne sont pas puri-
hés des péchés qu'ils ont commis , s'ils ne
les pleurent : d'où vient que saint Pierre di-
sait aux persoimes efl'rayéesde leurs anciens
désordres : Fuites pénitence , et que chacun de
vous soit baptisé. Avant de leur parler du bap-
tême, il leur parle des larmes de la péniten-
ce, pour leur apprendre qu'ils devaient se
laver dans les eaux de leui's larmes, pour
achever ensuite de se purilier dans celles du
baplème. Quant à ceux qui juslifieut leurs
désordres , il faut leur faire entendre qu'ils
pèchent souvent plus par l'approbation qu'ils
donnent à leurs mauvaises actions , que par
leurs actions mêmes, puisque, en les com-
mettant , il n'y a qu'eux qui font le mal , au
lieu qu'en les louant, ils mettent en danger
tous ceux qui les écoutent d'en commettre
de semblables. »
12. Le reste des instiuclions de s.iint Gré-
goire regarde ceux qui tombent dans le pé-
ché, ou par surprise, ou avec délibération ;
ceux qui tombent dans de petites fautes, et
ceux qui, tâchant d'éviter les plus petites,
tombent quelquefois dans de grandes ; ceux
qui ne veulent pas commencer de faire le
bien, et ceux qui n'y persévèrent pas ; ceux
qui font le mal en secret elle bien en public,
eiceux qui, se cachant pour faire lebien,|don-
nenl occasion d'avoir mauvaise opinion d'eux
pur leur conduite extérieure. Le saint Pape
croit qu'il est souvent plus dangereux de tom-
ber dans une petite faute, que d'en commettre
une plus grande ; la raison qu'il en donne est,
que l'on est plus facilement convaincu du mal
qu'il y a dans une grande f;:ute, et qu'ainsi
on s'en corrige plus aisément, au lieu que,
ue reconnaissant presque point de mal dans
les fautes légères, on continue à les com-
1. Idr. lir.
Cap.
I
470 HISTOIRE GKNKRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Illettré, et avecd'aulanl plus de danper poiirle
salut, que riiabilude aux petites fautes con-
duit à n'avoir pas uièuie dlioireurdes gran-
Cif. i«T. des. il dit que, lorsqu'on a assez de vertu
pour être au-dessus du désir des louanges,
on commet une injustice à l'égard du pro-
chain, en cacliant à ses yeux une bonne œu-
vre dont il aiuait pu être édifié ; qu'on en
commet une autre en ne cacliant pas aux yeux
des hommes, autant qu'on le peut, ce qui
peut être mal pris ou mal expliqué, parce
qu'on donne occasion à ceux qui sont sujets
a interpréter les choses en mal, de s'en au-
toriser comme d'un exemple pour tomber
dans le p^ché même.
13. Après toutes ces instructions particu-
lières, saint Grégoire en donne de générales,
qui regardent piincipalement les pasteurs.
'1 Lorsqu'ils ont à louer les vertus auxquelles
ils veulent porter leurs auditeurs, ils doivent
prendi'e garde à ne pas leur donner occasion
de tomber dans les vices opposés : ainsi, eu
exhortant les avares à donner largement de
lem's biens, ils ne doivent point autoriser la
profusion excessive des prodigues ; et d'un
autre côté, ils doivent exciter avec tant d'a-
dresse les prodigues à user d'économie, que
les avares n'en deviennent pas plus attachés
à leurs trésors. 11 en est de même de toutes
les autres vertus qui ont des vices contraires.
Une autre maxime est que, lorsqu'une âme
l'st travaillée en même temps de deux vices
dont l'un est moins considérable que l'autre,
il faut alors s'appliquer à guérir celui des
deux qui est le plus près de donner la mort;
et si on ne peut le gui'-rir sans empêcher
l'autre de sefortificr,ondoitlaissersefoitili('r
l'un, pour remédier plus facilement à l'autre.
Un homme, en commettant des excès dans le
manger, est vivement pressé et presque vain-
cu par l'impureté. Appréhendant les suites
de ce combat, il retranche de sa nourriture;
mais son abstinence lui devient im sujet de
vaine gloire. Il est visible qu'il y a en cet
homme un vice qu'on ne saurait détruire
sans en laisser se fortifier un autre. Que faire?
11 faut soulfrir que les mouvements d'orgueil
se fortifient en lui ci l'occasion de son abi^ti-
ncncc, puisqu'ils ne lui ùtcnt pas la vie, de
crainte que l'impureté, qui est une suite né-
cessaire de sa gourmandise, ne lui donne la
mort. Il est encore d'une grande importance cp. »i- v
à un pasteur de ne rien dire dans ses instruc-
tions qui soit au-dessus de la portée de ceux
qui l'écoutent, de crainte que leur esprit,
étant trop fortement appliqué, ne se lasse et -
ne se dégoûte. Le pasicnr doit donc cacher
les choses trop relevées, lorsqu'il parle devant
plusieurs, et ne les découvrir qu'a un petit
nombre de personnes.»
1-4. « Il doit surtout veiller avec grand soin <i"""*
sur lui-même, de crainte qu'après avoir ins- «°"-
truit et édifié les autres par ses paroles et
ses actions, il n'en prenne ?ujet de s'élever.
Au premier mouvement df complaisance qu'il
éprouve, il doit s'appliquer à considérer ses
faiblesses, et à regarder non le bien qu'il a
fait, mais celui qu'il a négligé de faire, afin
que son cceur étant comme abattu parle sou-
venir de ses faiblesses, il se fortifie et s'affer-
misse davantage dans la vertu aux yeux de
Dieu, qui seul inspire les sentiments d'une
humilité véritable.»
V.
Des Dialogues de Saint Grégoire.
1. Une faut que lire ces Dialogues pour
se convaincre qu'on ne peut les attribuer à
d'antres qu'A saint Grégoire. On y voit en
effet, que celui qui les a composés, était'
moine, dans le monastère qu'il avait fondé;
qu'il en avait été ' supérieur, envoyé à' Cons-
tautinople pour y faire les fonctions de nonce
apostolique, puis élevé sur le ' Saint-Siège,
et que dans ce poste même il avait fait au
peuple romain diverses ' homélies sur les
Évangiles. Si tous ces traits ne conviennent
point à ce saint Pape, je ne sais .'i qui ils pour-
raient convenir. Ajoutons qu'il rapporte plu-
sieurs événements miraculeux dans ces ' Dia-
logues,qu'il dit avoir déjà rapportés dans ses'
homélies ; que ses frères, c'est-à-dire, les
religieux qui demeuraient auprès de lui, le
prièrent "d'écrire les miracles des Pères, ou
des personnes illustres en piété qui avaient
llcuri de son temps en Italie, et que ce fut
pour les satisfaire qu'il écrivit à Maximien,
Salrl Gri-
poltx fft
leur de
' In prologo Ditilofj., et lit), lit, cnp. xxxiii,
lit). IV, (-np. XXI, XXXVIIl, XLVII, l,v.
' Ilialotj., lit). IV, (Nij). Lv.
' IJuilog., lit). 111, lap. xxxvi.
* Lib. IV, cap. lvh.
1^ Litl. IV. CTp. XIV. XV, XVI, XIX, XXVII.
" l.il). 1 Ditilog., cnp. vu ; lih. III, cap. vi.
'■ l.il). IV, rap XIV, llom. 37, 'M.
" Lil.. lit, Epi-st. 51.
[vu- SIÈCLE.] GIIAPIÏHt; Xl.lX. —SAINT Gni'lCOmK \.K (JUAxM), PAPK.
i7l
évèqiie de Syracuse, île lui maudcr au plus
tôt ce ([u'il savait de plusieurs saints porson-
uiges, nomiuéuient de l'abbé Xuniiose. Il est
parle de ce Nounose dans le premier ' livre
dos Dialogues, et ce qui y on est dit est cons-
fatt' parle téuioi;^'uai;ode rcvè([uc RIaxiniien.
Peut-on donc rcvoquer eu doute que ce li-
vre soit de saint Grégoire îPatérius, qui nous
a laissé un recueil de passages tirés des écrits
do ce Saint dont il avait été secrétaire, en'
cite quelques-uns empruntés des Dialogues.
Ils lui sont attribués par saint Ildéphonse',
archevêque de Tolède, par Honorius d'Au-
tun, par le vénérable Bède, pai' Paul et Jean
Diacre, qui ont l'un et l'autre écrit la vie de
saint Grégoire. Pliotius, qui les cite ' sous
le titre de Viesdcn Pères d'Italie, dit qu'ils con-
tiennent de bonnes instructions, et que les
Grecs se trouvant privés de la lecture de ces
Dialogues, parce qu'ils n'entendaient pas le
latin, le pape Zacharie,qui occupait le Saint-
Siège eu 7 il, les traduisit en grec. Zacharie
avait succédé à Grégoire III, et celui-ci à Gré-
goire il mort en 731 ; mais Photius les dis-
tingue l'un et l'autre de l'auteur des Dialo-
gues, en disant qu'il les avait écrits cent soi-
xante-cinq ans avant que Zacbarie fùtPape.
Son calcul toutefois n'est pas exact, puisque
saint Grégoire n'a pu écrire ses Dialogues
plus tôt qu'en 593; ce qui ne ferait que cent
cinquante-huit ans jusqu'à la mort de Zacha-
rie, arrivée en 732. Le pape Adrien, qui rem-
plit le siège pontitîcal vingt ans après Zacha-
rie, attribue les Dialogues au même Gré-
goire qui a écrit sur Job, qu'il distingue de
Grégoire II, en donnant^ a celui-ci le double
titre de second et déjeune.
2. On objecte que ' Cedrène donne les
Dialogues à Grégoire II , et que Georges
Scholarius a pensé de même ; mais Cedrène
n'ayant écrit que dans le xii° siècle, et Scho-
larius daus le w" , leur témoignage n'est
point recevable contre celui des écrivains
des vii% VIII' et ix" siècles, qui, écrivant la
plupart en Occident, étaient plus au fait de
ce qui s'y était passé que les Grecs. D'ail-
leurs, ces Dialogues étaient connus avant le
pontificat de Grégoire 11, puisque Patérius,
contemporain de Grégoire I", en fait usage
dans ses Recueils, el que, suivant le témoi-
gnage de ^ Paul Diacre, ils furiMit envoyés a
Théodelinde, reine des Lombards, par saint
Grégoire même. On objecte encore (pi'il n'est
pas vraisemblable, ([u'un homme d'un aussi
grand mérite qu(! saint Grégoire, ait rempli
ses écrits de tant de visions et de miracles.
Sur ce pied -là, il faudra donc aussi rejeter
les quarante Homélies sur les lîvangiles ,
puisqu'il y en a onze où il rapporte des évé-
nements miraculeux, qu'il a pour la plupart
répétés dans ses Dialogues; il faudra reje-
ter * plusieurs de ses lettres, et môme ses
Morales ' sur Job, où il parle souvent de mi-
racles opérés par les petites clefs qui avaient
touché au tombeau de saint Pierre, et de
ceux que les religieux, qu'il avait envoyés
en Angleterre, y avaient faits ; il faudra aussi
mettre au rang des apocryphes quantité d'é-
crits de TerluUien , de saint Gyprien , de
saint Athanase, de saint Hilaire, de saint
Sévère-Sulpice, et un grand nombre de Vies
de saints et d'Actes de martyrs, comme
ceux de sainte Perpétue et de sainte Féli-
cité, de saint Fructueux, et les Histoires d'É-
vagre, de Procope, d'Agatbias, puisque dans
tons ces monuments il est parlé de visions
et de miracles : néanmoins on n'a jamais
contesté à Tertullien les livres de l'Idolâtrie
et des Spectacles, ni à saint Gyprien ceux
de la Mortalité et des Tombés dans la per-
sécution, ni à saint Sulpice- Sévère ses Dia-
logues, ni à saint Athanase la Vie de saint
Antoine, ni l'authenticité des Actes de sainte
Perpétue. Combien de visions et de faits mi-
raculeux dans les livres de l'Ancien et du
Nouveau Testament ? On convient qu'ils sont
attestés par des écrivains inspirés de Dieu,
et que dès lors nous ne pouvons refuser d'y
ajouter foi ; mais, à considérer les faits en
eux-mêmes, la plupart ont moins de vrai-
semblance que ceux que rapporte saint Gré-
goire. Y en a-t-il dans le colloque d'Eve avec
le sorpen;, dans le changement de la femme
de Lolh en une statue de sel, dans les dis-
cours qu'on fait tenir à l'ânesse de Balaam?
Jésus-Christ n'a-t-il pas dit : Celui qui croit
' Cap. \n.~- Patérius in c3.-ç.iJosue; in Malth. y
cap. Lxsxu ; in Joan., cap. xxxiv.
' lldofous. De Scrip. Eccles., cap. i; Honorius,
lib. 111 De Siripl. Ecctcs., cap. xxxu; Beda, lib. Il
Histor., cap. i.
» Pliotius, Cod. 252.
5 Tom. VU Concil, pag. 922, 949, 938, 956, 947.
6 Cedren., ton). I, pag. 4S6 ; Scholarius, Exposit.
pro Conc. Florentino, cap. v, section. 16.
■J Paul Diac, lih. IV Uislor. Longobard. ,e.a]>.\.
8 Lilj. XI, Episl. 28.
9 Lib. X.WIl Ejcposil. in Job., cap. vi.
472
HISTOTRE GÉNÉRALE DES AUTCUllS ECCLESIASTIQUES.
nie1c« que
S- GrV'goire jr
oUflm.
en moi fera les œuvres que je fais, et en fera
encore de plus grandes? Lo temps de ces pro-
diges est celui où il s'agissait de convertir A
la foi des barl)ares, des idolâtres, des hcié-
liques. Im diversité des Itinyues est, dit l'Apô-
lic, un signe, 7wn pour les fidf-ies, mais jjour
les infdèles. Sur la lin du V siècle, et pen-
dant une bonne partie du vi", l'Ilalie , la
France, l'Espagrne, et plusieurs autres pro-
vinces d'Occident, avaient cté en proie aux
Barbares, aux Gotlis, aux Ostroi^otlis, aux
Visigotlis, aux Lombards, tous ennemis de
la religion catbolique. Elles étaient encore
la plupart infectées de restes d'idolàlrie ;
l'AngleleïTe ne connaissait point d'autre culte
que celui des idoles. Dieu, pour la consola-
lion de son Église, suscita dans ces deux
siècles - 1;\ de saints évêques et d'autres
saints, qui se rendirent célèbres par leurs
vertus et leurs miracles. Saint Grégoire ,
pressé par les personnes qu'il avait auprès
di^ lui, lecueillil tout ce qu'il put apprendre
do leurs belles aciions, pour en conserver
la mémoire à la postérité.
3. Mais il avait surtout en vue de confir-
mer la foi des faibles sur l'iinmoilalité de
l'âme et sur la résurrection des corps, dont'
plusieurs, même parmi les catholiques, dou-
taient. Il avoue avec beaucoup d'humilité,
qu'il avait lui-même eu des doutes autrefois
sur ce sujet. Or, rien n'était plus propre â
appuyer la foi de l'immorlalité de l'âme et
de la résurrection des corps, que les miracles
et les prodiges opérés aux tombeaux des
saints. Saint Augustin avait eniployi' le mémo
moyen dans ses livres ' de la Cité de Dieu,
où, après avoir japporlé grand nombre de
guérisons opérées par les reliques de saint
l'Uiennc et des autres saints, il conclut que
ces miracles rendent témf)ignage â la foi,
qui enseigne la résurrection des morts. Ils
étaient aussi très-utiles pour la conversion
des païens, qui, n'élant alors pour la iiliiparl,
surtout en Italie, que des serfs rustiques on
des soldats barbares, se laissaient persua-
der plutôt par des faits merveilleux , que
par des raisonnements mélapliysi(]uos.
4. An reste, saint (îrégoire ne rapiinile
dans ses Dialogues qiu' les faits (pi'il croyait
les mieux prouvés, après avoir pris toutes
les précautions nécessaires pour s'en assu-
rer. 11 en avait vu lui-même quelques-uns ;
il avait appris les autres, ou de saints évo-
ques, ou (le saints moines, ou do supérieurs
de monastères, ou de gens de condition ; il
n'en raconte point sur des bruits populaires.
Aussitôt qu'il eut achevé cet ouvrage, il en
fit présent il la reine ' Théodelinde , qui ,
comme on le ci'oit, s'en servit pour la con-
version des Lombards ses sujets, dont les
uns étaient ariens, les autres païens. La plu-
part des miracles rapportés dans ces Dialo-
gues avaient été opc'rés ou sur ceux de cette
nation, ou eu leur présence ; en sorte qu'il
était aisé de savoir parmi les Lombards si
ces faits miraculeux étaient véritables ; puis-
qu'ils ne pouvaient être fort anciens, ces
peuples n'étant entrés en Italie que depuis
vingt-cinq ù trente ans. L fallait donc que
saint Grégoire les crût de notoriété publique
pour les leur raconter.
■'5. Rien ne marque mieux l'applaudisse-
ment avec lequel ces Dialogues furent re-
çus, que les ditlérentes versions que l'on en
fit. Nous ne répéterons point ce que nous
avons dit de celle du pape Zacharie avant
l'an 752. Sa version, qui était grecque, fut
traduite en arabe avant l'an 800; on la con-
serve, écrite sur du parchemin, parmi les
manuscrits d'Orient dans la Ribliothèque du
Roi. L'auteur de cette traduction était un
religieux nommé Antoine , qui demeurait
dans le monastère de Saint-Siméon. Au )X*
siècle, Alfred le Grand, roi d'Angleterre, fit
traduire les mêmes Dialogues, avec le Pas-
toral de saint Grégoire, en son langage
saxon, par Verfroy, évoque de Worchester.
Celle version se trouve â Cambridge dans le
collège de Saint -Benoît. On lit dans l'His-
toire de Charles VI, que ' Jean de France,
duc do Berry, avait aclielé, le 9 juillet 1400,
les Dialogues de saint Grégoire niiscn fran-
çais, pour le prix de quinze écus d'or, pri-
sés soixante sous parisis.
G. Saint Grégoire dit dans le quatrième*
livre, qu'il y avait trois ans et plus qu'un
l'ail qu'il racfinle était arrivé pendant l'hor-
rible ppsie qui ravagea Rome eu 5'.K); ainsi
Ce* Diolti-
gOW ï^n' l'ICB
reçus *i'in.
putlie.
Il, fnreil
I.9J ; k <ioel- :
le ocfflMiin
' Miilli cnim de resurrectionc duliilantes, sicnt
el nos aliquando ftiimns. Hrig., lt«m. LMii» Evan-
gi'lia. Quia mullua iiitia sanclœ Ecclesiœ gre-
inium ro>i<litut(>s de vila nninue posl mnrlem
carnis pcrpendo dubilare. UU. III Dialog., ea\\.
xxxvui.
» Aupust., lili. 1! ne Cirit. I)ei, r.ip. ix.
' I';iiiliis Iti.Tc, lili. IV tlisl. loiigobard., cnp. y.
' UW\. lie f.liailes VI, tmii. I, piif.'. 82.
' Iii (d ijtinrjve uiorlnlitdlr qtiiv nnlt Iricnninm
txunc urhfiii rrhcminli^siiiiu clade vaslaïU. Lit.
IV, cnj). ,\.\vi.
] CIIAPITHE XUX. — SAINT GRKGOIRE LE P.HANn, PAPE.
[Vir SIKCLE
donc il l'écrivait dans la quatiit-mc année
lie son pontificat, c'cst-!\-dirfi en 593. 11 ex-
|ili([U(> dans les ' ternies suivants l'occasion
(ie cet ouvrage ; « lin jour, me trouvant ac-
cablé par riui[)orlinulé de iiuol(iues gens du
monde, qui exigent de nous en leurs allaires
ce (]ue nous ne leur devons poiut, je me re-
tirai dans un lieu écarté, on je pusse consi-
dérer librement tout ce qni me déplaisait
dans mes occnpations. » Ce lieu de retraite *
était son monastère de Saint-André. II con-
tinue : <i Comme j'y étais assis depuis quel-
que temps et dans un morne silence, mon
cher fils le .diacre Pierre, qui m'était uni par
le lien de l'amitié depuis sa première jeu-
i;esse, et s'était fait le compagnon de mes
études sur l'Ecriture sainte, se présenta à
moi '. Me voyant dans l'affliction, il me de-
manda si j'en avais ï|uelqne nouveau sujet.
Je lui répondis : Ma douleur est vieille par
l'habitude que j'en ai formée, et nouvelle en
ce qu'elle augmente tous les jours. Je me
souviens de ce que mou âme était dans le
monastère, au-dessus de toutes les choses
jiérissables, uniquement occupée des biens
célestes, sortant de la prison de son corps par
la contemplation, désirant la mort , que la
plupart regardent comme un supplice, et'l'ai-
mant comme le moment de son entrée dans
la vie et de la récompense de son travail.
Maintenant, ù l'occasion de ma charge pas-
torale, je suis chargé d'affaires séculières,
et après m'être répandu au dehors par con-
descendance, je reviens plus faible en mon
intérieur. Le poids de mes soufl'rances aug-
mente par le souvenir de ce que j'ai perdu;
mais à peine m'en souvienl-il : car, à force
de déchoir, l'âme en vient jusqu'à oublier
le bien qii'elle pratiquait auparavant. Pour
surcroît de douleur, je me souviens de la
vie de quel<iues saints personnages qui ont
entièrement (quitté le monde, et leur éléva-
tion me fait mieux connaître la profondeur
de ma chute. Je ne sais, répondit Pierre,
de qui vous voulez parler ; car je n'ai pas
ouï dire qu'il y ait eu en Italie des gens
' Prologo in Dial., tom. 11, pag. 1,50.
« Mabil. tom. IV, Ànalect., pag. 497.
• El non pas « J'avais près de inoi le diacre n
etc., comme l'a traduit D. Ceillicr. Le latin porte :
CuiH a/ptctus valde et diu lacitus sederem. dilec-
tissinius fiHus meus Pi Iriis diaconus adfuil; et
la tradufliougrecciue ; Kf-O^Jo^évou/iov... 7ra,5siri) /jLOt.
Grv'. m. 0pp. m, pag. 119- lôO , édit. Migue.
{L'éditeur.]
' La langue latine était déjà fort corrompue
473
d'une vertu extraordinaire, t\u moins qui
aient fait des miracles. » Saint (iri'goire lui
dit alors : » Le jour ne me sullirait pas, si
je voidais raconter ce que j'en sais, soit par
moi-même, soit par des témoins d'une pro-
bité et d'une fidélité reconnues. » Pierre le
pria de lui raconter quelques-uns de ces
faits, pour l'édilication de ceux qui sont plus
touchés des exemples que de la doctrine.
Saint Grégoire y consentit, et ajouta : « Pour
ôter tout sujet de doute, je marquerai â cha-
que fait ceux de qui je l'ai appris ; en quel-
ques-uns je rapporterai leurs propres paro-
les, en d'autres je me contenterai d'en ren-
dre le sens, parce que leur langage serait
trop ' rustique, d
7. L'ouvrage est divisé en quatre livres,
dans lesquels saint Grégoire continue son
dialogue entre lui et Pierre. Il commence le
premier par la vie et les miracles de saint
Honorât, abbé d'un monastère qu'il avait
établi à Fondi, qui est aujourd'Jmi une ville
épiscopale de la Campanie en Italie. Il avait
sous sa conduite environ deux cents moines,
auxquels il servait de modèle dans la prati-
que de toutes les vertus religieuses. IJ mou-
rut vers l'an 530. — Saint Libertin, l'un de
ses disciples, et prévôt du même monastère
du temps de Totila, roi des Goths, se rendit
célèbre par sa patience. — La vertu d'un
moine de ce même établissement, à qui était
confié le soin du jardin, était si grande, que
les serpents lui obéissaient. — Saint Équice
fut Père de plusieurs monastères dans la Va-
lérie, aujourd'hui l'Abbruzze ultérieure. Se
trouvant fatigué dans sa jeunesse de rudes
tentations de la chair, il s'appliqua à l'orai-
son avec plus d'assiduité. Ses prières furent
exaucées, et depuis il ne ressentit plus au-
cune tentation semblable. Outre le soin des
monastères d'hommes et de filles, il se char-
gea de l'instruction des peuples, allant dans
les villes et les bourgades, et dans les mai-
sons particulières. Félix, homme de qualité
de la province de Nursie, lui demanda un
jour comment il osait prêcher sans avoir
dans la bouclie du peuple, en sorte que ces ex-
pressions auraient été indécentes dans un ouvrage
sérieux. Fleury, liv. XXXV Hist. Eccle'siast., pag.
83, tom. VIII.
' Le met hortnlanus, qui se trouve dans le texte,
n'est pas un nom propre, comme l'a cru D. Ceil-
lier; c'est ce que prouve la traduction grecque où
nous lisons, col. 163, tom. 111, édit. Migne : ôj tij t*!»
ToO KiiTou p^ovriJa ^v jtsïiijrsu/icvoj. (L'éditeur.)
Ll^rc rre*
nier dr^ Ûii •
liipu,". \:t:.
1T,(|, lo:ri. II.
Cai'.
Mi
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap.
Ti'i, ti. %
XI, >ll.
d'oiilro sacré, ni de permission de l'cvèque
de Rome. Saint Équice lui répondit qu'il s'é-
tait fait à lui-même ces objections; mais qu'un
jeune homme lui ayant apparu la nuit et lui
ayant appliqué une lancette sur la langue,
en lui ordonnant en même temps d'aller prê-
cher, il ne pouvait plus s'empêciier de par-
ler de Dieu. Le bruit de ses prédications
étant venu jusqu'à Rome, les clercs de cette
Eglise remontrèrent au Pape qu'il fallait em-
pêcher ce rustique et cet ignorant de prê-
cher, et le faire amener à Rome, afin qu'il
apprit à connaître ce que c'est que la disci-
pline ecclésiasiique. Le Pape envoya Julien,
défenseur de l'Église romaine, avec ordre de
l'amener avec honneur. Saint Écjuice, voyant
Julien, rendit grâces à Dieu, qui le visitait
par le ministère du Souverain-Pontife ; et
ayant appelé ses frères, il fit préparer ce
qui était nécessaire pour le voyage. Julien, se
trouvant fatigué, refusa de partir le jour
même de son arrivée; sur quoi saint Éijuice
lui dit : <i Vous m'atiligez ; si nous ne par-
tons aujourd'hui, nous ue partirons point, n
En eQ'et, le lendemain au point du jour, ar-
riva un courrier avec une lettre a Julien,
portant défense de tirer le serviteur de Dieu
de son monastère. Julien, s'élant informé
de la cause de ce changement, apjjiit que le
Pape avait été elfrayé en vision peulant la
nuit , pour avoir donné ordre d'amener
l'homme de Dieu. On met la mort de saint
Équice vers l'an 340. — Il y avait auprès de
la ville d'Ancône une église sous le nom de
Saiut-Étienne, dont un mansionnaire, nom-
mé Constance, avait la garde. C'était un
homme détaché de toutes les choses de la
terre, et qui n'avait d'all'ection que pour les
biens célestes. La sainteté de sa vie était
connue au loin. Un jom- que l'huile man-
quait dans cotte église, il remplit d'eau tou-
tes les lampes, y mit des mèches à l'ordi-
naire et les alluma; aussitôt elles se mirent
à brûler comme s'il y eût eu de l'huile. —
Marcellin, évêque d'Ancône, arrêta un in-
cendie que l'on avait tenté inutilement d'é-
teindre, en se faisant placer par ses domes-
tiques à l'opposite des flammes. — Nonnose,
abbé du mont Soracfe, ne trouvant pasmoyen
de l'aire déiilacer un roclicr d'un lieu où il l'-tait
besoin de faire un jardin pour l'usage de ses
frères, recourut à Dieu, et passa la nuit en
prières sur le lieu même. Le malin, les frè-
res étant venus, trouvèrent que le rocher
s'('lait l'Ioigué, el leur avait laissé un long
espace pour y planter un jardin. — L'abbé
Anasfase, Boniface, évéque de Férente, For-
tunat, évêque de Todi, firent aussi divers
miracles, de même que Martyrius, moine de
la province de Valérie, et le prêtre Sévère.
— C'était l'usage, dans cette province, d'im-
primer le signe de la croix sur les pains,
avant de les mettre au four ou sous la cen-
dre, eu sorte qu'ils paraissaient coupés en
quatre.
8. Le second livre contient l'histoire de la
vie de saint Benoit, depuis son enfance jus-
qu'à sa mort. Devenu célèbre par ses vertus
et ses miracles, il lui vint do toules parts un
grand nombre de disciples, pour qui il b.Mit
douze monastères, mettant en chacun douze
moines sous un supt'iieur. Les plus nobles
de Rome lui donnèrent leurs enfants à éle-
ver. Équitius lui confia son fils Maur, et Ter-
tuUus son fils Placide, encore enfant. Cédant
à l'envie d'un prêtre nommé Florent, il se
relira avec quelques-uns de ses moines sur
une montagne appelée Cassin, dans le pays
des Samnites, où il bâtit un treizième mo-
nastère. Il avait laissé les douze autres sous
la conduite des supérieurs qu'il leur avait
donnés. On voyait encore à Cassin un ancien-
temple d'Apollon, el, tout autour, des bois
consacrés à son idole, où les paysans fai-
saient des sacrifices. Saint Benoit brisa l'i-
dole, renversa l'autel, coupa les bois consa-
crés, et dans le temple même d'Apollon bâ-
tit un oratoire de saint Martin, et un de saint
Jean, à l'endroit où était l'autel de l'idole,
et par ses instructions il attira à la foi tous les
peuples du voisinage. Le démon s'en vengea
par diverses prévarications dans lesquelles
il engagea les moines de Cassin ; mais elles
servirent à faire connaître que saint lieuoit
avait reçu de Dieu le ilon de prédire l'avenir,
et de découviir les choses les plus cachées.
Le roi Totila, vofulant éprouver ce qui en
était, envoya un de ses écuyei-s nommé Rig-
gou, à qui il fit prendre sa chaussure et ses
habits royaux, et le fit accompagner de trois
seigneurs qui étaient ordinairement le plus
près de sa personne, avec des écuyers et un
grand cortège; pour lui, il s'arrêta assez
loin du monastère, et manda qu'il allait ve-
nir. Riggf>u étant eniré, saint Benoît, qui
était assis, lui cria de loin : « Mon lîls, ijuit-
tez l'habit que vous portez, il ne vous ap-
partient pas. I) Riggon cl tous ceux qui l'ar-
cnmpagnaienl se jclèrenl par terre tout ef-
frayés, cl, sans oser approcher, ils relour-
SrcondlU:e
i>. Uiilogoc»,
1 »f. J0-.
[vu» SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT GlU'aiUIItK I.K (iLlAM), PAPE.
Ho
Cn[). IV,
XVII.
Clip, x^xit
T'O^sième
Hvro des Uia-
lo;:ucs, psç.
S18.
m'-i'ont vers Tolihi, ù qui ils racontèrent en
tremblant comment ils avaient été décon-
xi-rts. Le roi vint lui-mèinc, et se jota aux
[lieds du Saiiit, qui l'oxliorta à mettre lin à
ses injustices. Il lui prédit qu'il entrerait
dans Rome, qu'il passerait la mer, et qu'a-
|irès avoir régne neuf ans, il mourrait le
dixième. 11 prédit aussi A l'évèquc Caiiosa
(jue la ville de Rome serait battue de tem-
pêtes', de foudres et de tremblements de
terre, en sorte qu'elle s'afiaililirait comme
lin arbre qui sèciie sur sa racine. Dieu lui
fit connaître la ruine de son monastère do
Gassin, quarante ans avant qu'elle arrivât.
Il accorda h ses prières la résurrection d'un
enfant; il lui lit voir l'àme de sa sœur en-
trant au ciel en forme de colombe, et celle
de saint Germain, évêque de Gapoue, portée
par les anges, sous la forme d'une splièie
ou d'un globe de feu. L'année même de sa
mort, il la prédit à quelques-uns de ses dis-
ciples, en donnant à cejjx qui étaient absents
et éloignés, des signes pour la connaître. La
veille de sa mort, il s'y prépara en recevant
le corps et le sang de Notre-Seigneur. Le
jour qu'elle arriva, deux moines, dont l'un
était dans le monastère et l'autre en était
éloigné, eurent la mémo vision : ils virent
un chemin couvert de tapis, et éclairé d'une
intinité de llambeaux, qui s'étendait vers
l'orient depuis le monastère jusqu'au ciel.
Un pei'sonnage vénérable y paraissait, qui
leur demanda pour qui était ce cliemin. Ils
dirent qu'ils n'en savaient rien. « C'est, leur
dit-il, le chemin par où Benoît, le bien-aimé
de Dieu, esi monté au ciel. » Il se fit des
miracles dans la caserne même de Sublac
qu'il avait habitée. Une femme qui avait
perdu l'esprit, y étant entrée sans le savoir
après avoir couru jour et nuit les montagnes
et les vallées, les liois et les campagnes, en
sortit parfaitement guérie, et conserva jus-
qu'à la mort sa présence d'esprit. Au reste,
ce ne fut pas seulement par ses miracles que
l'homme de Dieu se rendit célèbre dans le
monde ; il y acquit aussi de la réputation
par sa doctrine, dont il a laissé des monu-
ments dans sa Règle, qui est en même temps
un t(''mo:gnege de la sainteté de sa vie, puis-
qu'il n'a pu. enseigner autrement qu'il n'a
vécu.
9. Il est fait mention dans le troisième li-
vre de plusieurs grands évêques et de quel-
ques papes. Après que les Wandales eurent
emmené en Afrique plusieurs captifs de la
ville de Noie, saint Paulin, n'ayant rien à.
donner à une pauvre veuve ipii lui deman-
dait de ipioi racheter son lils, se lit esclave
pour lui, après avoir été agréé en celle qua-
lité par le gendre du roi de ces barbares.
Si ce trait de charité est du grand saint
Paulin, comme saint Grégoire semble le
dire, il s'est glissé visiblement une faute
dans le texte de cette histoire, oîi l'on aura
mis les Wandales pour les Goths, qui en ef-
fet firent des incursions en Italie, et prirent
la ville de Noie en -410. Les Wandales rava-
gèrent aussi l'Italie; mais ce ne fut qu'en
431, l'année de la mort de saint Paulin.
Saint Augustin, qui parle souvent de lui, ne
dit rien de cette captivité volontaire, non
plus qu'Uranius son panégyriste. On peut eu
faire honneur à son successeur, qui se nom-
mait aussi Paulin, et sous lequel il est fort
possible que les Wandales aient pillé Noie
ou les environs. — Le pape JeanI", envoyé
en ambassade à Constantinople par Théodo-
ric roi d'Italie, rendit la vue à un aveugle à
l'entrée de cette ville, en mettant la main
sur ses yeux, en présence de tout le peuple
qui était venu au devant de lui. — Agapet,
que Thcodat, roi des Goths, obligea aussi
d'aller à Constantinople, étant arrivé en
Grèce, ou lui présenta un homme qui ne
pouvait ni parler, ni se lever de terre. Il de-
manda à ses parents, qui le lui avaient ame-
né, s'ils croyaient qu'il pût le guérir. Ils ré-
pondirent qu'ils en avaient une ferme espé-
rance, vu la puissance de Dieu et l'autorité
de saint Pierre. Alors le Pape se mit en
prières et commença la messe, api'ès la-
quelle, sortant de l'autel, il prit le boiteux
par la main, le leva de terre, le fit marcher
à la vue de tout le peuple ; puis, au moment
où il lui mit dans la bouche le corps de No-
tre-Seigneur. sa langue fut déliée. — Dacius,
évéque de Milan, étant obligé d'aller à Cons-
tantinople pour la cause de la foi, passa à
Corinthe. Comme il avait une nombreuse
suite, il demanda qu'on lui préparât une
maison assez vaste qu'il aperçut de loin;
mais les habitants voulurent l'en détourner,
en lui disant que le diable, depuis plusieurs
années, s'en était mis en possession. L'é-
vèque répondit que c'était pour cela même
qu'il voulait y loger. R fut éveillé au milieu
de la nuit par un liruil confus de voix de
toutes sortes d'animaux. Alors, reconnais-
Caj^i II
476
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
sant que c'était l'antique ennemi, il éleva la
voix, en lui disant : « C'est loi, malheureux,
qui as dit : Je m'élèverai au-dessus des nuées tes
plus élevées, et je deviendrai semblable au Très-
i..i,i.T,ii, Haut. Ton orjrueil ta rendu semblable aux
porcs et aux souris, et, pour avoir voulu être
semblable à Dieu, tu es semblable aux bé-
tfs. I) A cette voix, le démon se relira con-
cap.T. fus; et depuis, la maison fut habitable. Le
roi Totila, voulant s'assuier si Sabin, évèque
de Canosa, avait, comme on le disait, l'es-
prit de prophétie, l'invita à cet effet à diner,
refusa de s'asseoir avant lui, et lui donna la
droite. Comme le domestique destiné à le
.'^ervir lui iftésentait une coupe où il y avait
du vin, le roi avança doucement la main, et,
prenant la coupe, la présenta lui-même] à
Saiiin, croyant qu'il ne s'en apercevrait pas.
L'homme de Dieu reçut la coupe, et, quoi-
qu'il ne vit point celui qui la lui avait pré-
.«entée, il dit : Vive la main elle-même. Le roi,
se voyant découvert, rougit; mais il fat Lien
aise d'avoir trouvé dans le saint évèque ce
»•• qu'il cherchait. — Le même prince entrant
dans Narni, Cassius, qui en était évèque,
vint au devant de lui. Totila, lui voyant une
couleur de visage extrêmement haute, et ne
sachant pas qu'elle lui fut naturelle , crut
qu'elle était l'eflet du vin. Dieu le ilélrompa
bientôt; car un de ses écuyers ayant été
possédé du démon, en pleine camiiagne, à
la vue de toute l'armée, on courut aussitôt
à l'évêque, qui, par ses prières et par le si-
gne delà croix, chassa aussitôt le démon. —
II. Frigidien, évèque de Lucqucs, changea par
ses prières le lit de la rivière de Serchio, que
l(îs habitants n'avaient pu détourner après
de longs et pénibles travaux. — Sabin, évè-
({ue de Plaisance, ordonna aux eaux du Pô,
qui désolaient la campagne, de rentrer dans
leur lit; elles obéirent dans le moment. Il
avait chargé de cet ordre un de ses diacres,
qui n'en fit que rire. Le saint évèque envoya
chercher un notaiie, à qui il dicta l'oidre en
ces termes : .Sabin, serviteur de Aotre-Scigneur
Jésus-Christ ; avertissement au Pô : Je te com-
mande, au nom de Jésus-Christ Notre-Sriyneur,
de ne plus sortir de ton lit dans ces endroits-là,
et de nejMint endommager les tei-i-es de l' Église.
Il ajouta, en parlant au notaire : « Allez, écri-
vez cet ordre, et jetez-le dans le fleuve. » Le
notaire obéit, et les eaux se relirèrenl à
„ l'instant. — Saint Cerbone de Populoniùm
avait donné l'hospitalité à des soldats; pen-
dant qu'ils étaient dans sa maison, sui-vin-
AUTEURS ECCLÉSL\STIQUES.
rent des Golhs. Cerbone, craignant pour la
vie de ses hôtes, les cacha. Le roi Totila, en
ayant été averti, fit prendre l'évêque, et
l'exposa à un ours furieux, en présence de
son armée; mais cet animal, oubliant sa fé-
rocité, vint lécher les pieds de Cerbone; ce
qui jeta tous les assistants et le roi même
dans l'admiration. — Il y avait auprès de
Spolète un serviteur de Dieu, nommé Isaac,
que Dieu favorisait du don des miracles. Un
jour, des pèlerins se présentèrent à lui a
demi nus, pour en obtenir de quoi se cou-
vrir mieux. Le Saint les laissa lui exposer
leurs besoins; puis, appelant un de ses dis-
ciples, il lui dit en secret d'aller dans la fo-
rêt voisine , et d'apporter les habits qu'il
trouverait dans le creux d'un arbre. Le dis-
ciple obéit, rapporta les habits, et les donna
à Isaac. Alors il appela ces étrangers, et
leur dit : Prenez, voilà de quoi vous vêtir. »
Ils reconnurent que c'étaient les habits qu'ils
avaient cachés eux-mêmes, et s'en allèrent
confus. — Le moine Martin, s'étant retiré
dans le creux d'un rocher, obtint de Dieu
qu'il y coulerait une fontaine, qui ne fourni-
rait de l'eau que lorsqu'il en aurait besoin.
Le démon, pourl'en chasser, introduisit dans
la caverne un serpent, qui, pendant que le
Saint priait, se plaçait devant lui, et qui de
même s'étendait auprès de lui quand il se
couchait pour prendre du repos. Martin eut
cette compagnie pendant trois ans. Quel-
quefois il mettait la main ou le pied dans la
gueule du serpent, en lui disant : « Si tu as
reçu le pouvoir de me nuire, je ne t'en em-
pêche pas. » Le démon, vaincu par la con-
fiance du Saint, se désista, et le serpent se
retira sur la montagne. — Environ à qua-
rante milles de Rome, il y avait un jeune
moine, nommé Benoit, qui vivait séparément
dans une cellule.. Les Goths, l'ayant trouvé,
du temps de Totila leur roi, résolurent de le
brûler avec sa cellule ; mais le feu ne con-
suma que ce qui était autour. Fâchés de n'a-
voir pas réussi, ils jetèrent Benoit dans un
four où l'on avait mis le feu pour cuire du
liain, et en fernièi-onl l'eiitri'-i'. Benoit y resta
jusi|u"au lendemain, sans que lui ni si's ha-
bits en fussent endommagés. — Quarante :
paysans ayant refusé de manger des viandes
otlèrtcs aux idoles , les Lombards les tuè-
rent, comme ils en tirent encore mourir
d'autres, <jui ne voulurent point adorer avec
eux la tête d'une chèvre qu'ils avaient sacri-
fiée au démon. — Un de leurs évéques, qui
Cif. zir.
[vii'siÈci.K.l (^.IIAPITRK XLIX. — SAINT GRl'lf.OinE LE ORANn, PAPE.
477
('lait arien, s'dtaiU emparé ù main armée
d'une église dans la ville de Spolète, devint
aveugle dans le moment même où il y en-
tra, en sorte qu'il fallut le reconduire cliez
lui. Ce miracle oliligea les Lombards ;\ res-
pecter les lieux qui appartenaient anx ca-
c.p. x^x,<. Ilioliques. — Dans la persécution des Wan-
dales, en AtVi(]ue, leur roi iinnéricfit couper
la langue à plusieurs évèqnes, qui ne laissè-
rent pas de parler librement, sans se ressen-
tir de ce supplice. Saint Grégoire rapporte
ce lait d'après un ancien évèque, de (pii il
l'avait appris lorsqu'il était nonce apostoli-
que i\ Conslantinople. 11 ajoute qu'un do
ceux qui avaient conservé l'usage de la pa-
role a[)rès avoir eu la langue coupée, étant
tombé dans un péché d'impureté, perdit
ausssitot La liberté de parler par un juste
vixvr. jugement de Dieu. — L'abbé Maximien, qu'il
avait eu avec lui en cette ville pendant quel-
que temps, ayant repris le chemin de Home,
fut battu d'une furieuse tempête sur la mer
Adriatique; le vaisseau sur lecpiel il était
prit eau avec tant d'aljondance, que lui et
ceux qui l'accompagnaient, n'attendant plus
que la mort, se donnèrent le baiser de paix,
et reçurent le corps et le sang de Jésus-
Christ; toutefois ils anivèrent à bon port à
Crolone, le neuvième jour après la tempête,
quoique depuis ce temps le vaisseau n'eut
pas désempli d'eau; mais, aussitôt que Maxi-
mien en fut sorti, le vaisseau coula A fond,
iixni. — Les Lombards ayant pris un diacie, dans
le dessein de le faire mourir, un prêtre de la
province de Nm-sie, nommé Sanctule, qui
était connu d'eux, vint leur demander sa li-
berté et sa vie. Ils le refusèrent, mais ils
consentirent à le lui confier, à la charge
que, s'il s'échappait, ils le feraient mourir à
sa place. Sanctule accepta la condition, et,
voyant les Lombards endormis, il pressa le
diacre de se sauver; le diacre, après quel-
que résistance, prit la fuite, et Sanctule de-
meura au même endroit; les Lombards,
voyant qu'il avait laissé échapper le prison-
nier, le condamnèrent lui-même à mon. Ils
lui déférèrent le choix du supplice; mais il
leur répondit qu'il était entre les mains du
Seigneur, qu'ils pouvaient le faire mourir
de la manière qu'il permettrait. Ils résolu-
rent de lui trancher la tête. Sanctule, con-
duit au supplice, environné de gens armés,
se mit en prières, puis tendit le con au bour-
reau ; mais, après que ce barbare eut levé
le bras pour donner le coup, il devint roide
Kccles. V,
l'I imuiohile. Ceiuiracle fut suivi d'im antre.
Sanctule gnéiit le Lombard et lui rendit
l'usage de son bras, après Ini avoir l'ait pro-
mettre qu'il ne s'en servirait jamais pour
metlre à mort des chrétiens. — llédemptus, c.p. v„..„
évèque de Férenle, fut averti dans une vi-
sion, par le saint Marlyr Eulychiiis, des ra-
vages que les Lombards devaient faire en
Italie.
10. Le but du qualrième livre est d'all'er- ,,„ „,,,„„
mir la foi de quelques pei'sonnes, qui don- i'„'To.''°' °;''
talent de l'immortalité de l'âme et de la ré- ^'''
sin-rection des corps. Comme ils pouvaient ^.^^
avoir été induits dans cette erreur par ces
paroles du livre de l'Ecclésiaste -.Les hnmtnrs
, , , I.cclcilast.
meurent comme les Odes, et leur sort est fart i-(jnl, '"■ '''■
il fait voir que Salomon , dans ce livre,
avance certaines choses par manière de ques-
tion, et qu'il en décide d'autres par les bi-
mières de la raison et de la foi ; qu'il parle
quelquefois au nom d'une personne encore
attachée anx plaisirs du monde, et plus sou-
vent au nom d'un homme sage, qui ne dit
rien que de confoime h la vérité et anx rè-
gles delà morale la plus pure. L'homme sen-
suel et terrestre dit dans le cinquième cha-
pitre : // me semble qnHl est bon que l'honinie
mange et boive, et qu'il jouisse de lu joie qui est
le fruit de son travail. L'homme vertueux
dit dans le septième : // vaut mieux aller à „^^ ^,„ ,_
une maison de deuil qu'à une maison de festin ;
et il en marque l'utilité, en disant : Lorsqu'on „,.j
va à une maison de deuil, on est averti de la fin
de tous les hommes ;et celui qui est- encore en
vie, est excité àpenser ce qu'il feï-a un jour, et
ce qui doit lui arriver. Le libertin dit : La mort
de l'homme est la même que celle des bêtes, et
leur condition est éqale. Comme l'homme meurt, „ ,
j ' y^flfï. III,
les bêtes meurent aussi ; les uns et les autres res- "•
pirent de même, et l'homme n'a rien au-dessus
de la bête. Le Sage détruit ce sentiment, C!i
disant : Qu'a le sage de plus que l'insensé, et
qu'a aussi le pauvre de plus que lui, sinon qtc'il
va au lieu oh est la vie? Par ces paroles, Salo-
mon fait voir que le sage a quelque chose
non-seulement au-dessus de la bête, mais
encore au-dessus de l'homme imprudent,
puisqu'il va au lieu de la vie, où l'insensé n'en-
tre point ; que l'on ne peut pas dire que la
mort de l'homme soit la. même que celle de
la bête, puisque celle-ci ne vit plus après sa
mort, au lieu que l'honmic, môme après sa
dissolution, vit encore dans la meilleure par-
tie de lui-même, qui est son âme. Pour ren-
dre son immortalité sensible aux hommes les
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
478
plus grossiers, il rappoile les apparitions
de plusieurs âmes, qui se firent ou dans le
temps de leur séparation d'avec le corps, ou
quelque temps aprf's. Saint Benoit vit au mi-
lieu de la nuit l'àme de saint Germain, évêque
de Capouc, selever dans le ciel sous la for-
me d'un globe de feu.— Le moine Grégoire,
quoique dans un monastère fort éloigné de
celui où demeurait Spécieux son frère, vit
son àme au moment où elle sortit de son
corps. 11 raconta sur-le-champ sa vision ù ses
confrères, alla au monastère de Spécieux, et
le trouva déjà enterré. — Le prêtre Nursiu
vit à riieuie de sa mort les apôtres saint Pierre
et saint Paul, qui l'invitaient à venir avec eux
daasle cieîi — SaintJuvénal etsaiut Kleulhère
apparurent à Probus, évêque de Rièti, au
moment de sa mort. — Tarsillc, tante de saint
Grégoire, étant arrivée a une émiuente sain-
teté, Félix, qui avait été Pontife de l'Église
romaine, lui apparat dans une vision, où il
lui montra la place qu'elle devait occuper
dans la gloire céleste, en lui disant :« Venez,
et je vais vous recevoir dans celte demeure
de lumière. » Aussitôt après, Tarsille tomba
malade d'une fièvre, qui la réduisit à l'ex-
trémité. Étant près d'expirer, elle vit Jésus
qui venait à elle. Alors, s'adressant aux per-
sonnes qui étaient autour de son lit, elle leur
dit à haute voix : » Retirez-vous, je vois Jé-
sus qui vient. » Comme elle avait les yeux at-
tachés sur le Sauveur, son âme sortit de son
corps, et à l'instant une odeur très-agréable
se répandit dans toute la chambre. — Trois
ans avant que saint Grégoire écrivit son qua-
trième livre des Dialogues, il y avait i'i Homo
un enfant accoutumé à blasphémer le nom
de Dieu ; il tomba malade, et les malins es-
prits lui apparurent. Etl'rayé, il cria à son
père d'empêcher qu'ils ne lui fissent du mal.
Le père, voyant son fils tremblant, lui de-
manda ce iin'il voyait. Il répondit: «DesMau-
res sont venus qui veulent m'enlever. » Ayant
lait cette réponse, il blasphéma, et mourut
dans le moment. — Saint Grégoire prouve
par les miracles qui se font aux tombeaux
des martyrs, après les opprobres qu'ils ont
reçus de leurs persécuteurs, que le mérite
de ['Cime ne se fait pas toujours connaître au
moment même de sa sépaiation d'avec le
j-oips. — 11 ne doute pas que ceux qui sont
" parfaitement justes en sortant de ce monde,
ne jouissent tout d'abord de la félicité éter-
nelle ; mais il croit qu'elle est différée i\ceux
il qui il manque quelque degré de cette par-
faite justice. Il ajoute, qu'encore que les jus-
tes jouissent dès aujourd'hui de la gloire,
elle augmentera i\ leur égard au jour du ju-
gement par celle qui sera accordée au coij.s
après la résurrection ; que, comme il est de
la justice de Dieu de récompenser les bons
dans le ciel, sa justice exige aussi que les
méchants soient punis dans l'enfer; qu'il est
aussi facile que le feu matériel agisse sur
l'âme, qu'il l'est que l'âme soit renfermée
dans un corps. — Il avait appris de Julien,
défenseur de l'Église romaine, qu'un soli-
taire d'une grande vertu avait eu révélalion
de la mort du roi Théodoric, et vu ce prince
jeté dans la fournaise par le pape Jean et le
patriceSymmaque,qu'ilavait maltraités pen-
dant son règne. — Il enseigne, surrauloiité
de la parabole du mauvais riche et du La-
zare, qu'en l'autre vie les bons connaissent
les bons, et les méchants les méchants ; que
quelquefois l'âme, à la sortie du corps, re-
connaît ceux avec qui elle a péché, et ceux
qui ont été les compagnons de ses bonnes
œuvres ; sur quoi il rapporte l'exemple d'un
saint moine nommé Jean, qui, en ex[)irant,
appela Ursus, moine d'un autre monastère,
qui en cflèt mourut à la même heure, comme
ou l'apprit après s'en être informe exacte-
ment. — Il en rapporte deux autres pour
preuves de l'immortalité de l'àme, l'un d'un
religieux apjielé Pierre, l'autre d'un nommé
Etienne, qui était un homme de qualité.
Tous deux moururent et, après avoir vu les
supplices de l'enfer, ressuscitèrent. Pien-e
se retira dans un désert, où il vécut dans une
si grande pénitence, que si sa langue ne di-
sait pas qu'il avait été en l'autre monde ,
l'austérité de sa vie le disait assez. Saint
Grégoire, en parlant de l'état où l'âme se
trouve après la mort, dit que, quand elle n'est
pas assez pure pour entrer aussitôt dans le
ciel, elle est retenue dans quelque lieu où
elle achève d'expier ses fautes, et où elle
peut être soulagée par les prières des fidèlos,
et principalement par le sacrifice de la mes-
se, pourvu qu'en cette vie elle ait miirité
cette grâce par ses bonnes œuvies. Ce fiil par
ses grandes aumônes que le diacre Paschasc,
qui, pour avoir pris la défense de l'antipa-
pe Laurent contre Symmaque, avait été mis
en puigaloire, en fut délivré par les piièros
de Germain, évêque de Capoue. La faule de
Paschase, n'étant poiut un péché de malice,
mais d'ignorance, pouvait être purifiée après
sa mort. — 11 n'y a rieu d'assuré sur le lieu
C>p. UTIII.
[vii'siKCLK.J CHAPITRE XLIX. — SAINT
ilo rciircr; mnis l'ICcrilure semble le placer
sons lit icno.
Cip. ii.v. Comme la juie des bons ne liniia point,
anssi les supplices des mécliants n'auront
poinl (!o fin. Si l'on dit qm- Dieu n'a menacé
les pécheurs d'une peine éleinollo (juc poul-
ies obliger <1 s'abstenir de pécher, il faudra
(lire aussi qu'il nous a fait de fausses pro-
messes pour nous attirer à la vertu. 11 pa-
rait, dira-t-on, peu conforme h la justice de
punir par un supplice qui n'aura point de
fin, une faute qui est finie et qui a des bor-
nes; mais il faut faire attention que Dieu
n'a pas égard seulement à l'action du pé-
ché, mais encore à la disposition du cœur
de l'homme, qui est telle, que s'il avait à
vivre sans fin, il pécherait sans fin; ainsi
donc il est de la justice exacte du souverain
Jujie que ceux qui, pendant leur vie, n'ont
jamais voulu être sans péché, ne soient ja-
mais sans supplice après leur mort. On dira
encore que, lorsqu'un esclave fait des fautes,
son maître ne le fait battre que pour le corri-
ger, et que les pécheurs livrés au feu de l'en-
fer ne pouvant se corriger, il est inutile de
les faire brûler éternelloment. Saint Gré-
goire répond que Dieu, étant juste, ne cesse
de venger les crimes, pour ne pas manquer
à sa justice; qu'au surplus les supplices des
damnés augmenteront la reconnaissance des
bienheiueux, qui verront en Dieu avec plus
de plaisir le bonheur qu'ils possèdent, en
considérant dans les damnés les supplices
qu'ils ont évités par un bienfait de la grâce
divine. Mais si les bienheureux sont saints,
comment ne prient-ils pas pour les damnés?
Dieu qui écoute les prières de ceux qu'il ai-
me, les exaucerait sans doute. Les saints
prient pour leurs ennemis, répond ce saint
Pape, lorsqu'ils peuvent les convertir et leur
procurer une pénitence qui produise en
eux des fruits de salut. Mais les damnés
ne pouvant plus se convertir ni faire une
pénitence salutaire, les prières que les
saints feraient pour eux seraient inutiles ;
et de là vient que nous ne prions ni pour
le diable ui pour les mauvais anges, que
nous savons être condamnés à des suppli-
L, ces éternels. — Saint Gi'égoire pense qu'il
y a de l'avantage pour ceux qui ne sont
point chaigés de péchés mortels en mou-
rant, à être enterrés dans une église, par-
ce que leurs proches, en y venant et en
voyant leurs tombeaux, sont portés à prier
pom- eux; mais qu'à l'égard de ceux qui
GRKGOIHK \.E GIIANI), PAPIv ^79
meurent en péché mortel, la sépulline
qu'on leur accorderait dans une église, no
lerait qu'augmenter leur condamnât ion; c'est '^''- '"•
ce qu'il prouve par divers exemples. L'évé-
que de liresse, ville située dans l'état de Ve-
nise, avait accordé pour de l'argent la si'-
luillure dans l'église au patrice Valérien,
mort dans de mauvaises habitudes qu'il n'a-
vait jamais voulu corriger. La même nuit
qu'il y fut enterré, saint Faustin, martyr,
apparut au gardien de cette église, et lui
donna ordre d'avertir l'évêque de jeter de-
hors le cadavre de Valérien, sous peine, en
cas de refus, de mourir lui-même dans trente
jours. Le gardien n'ayant point voulu se
charger de la commission, même après une
seconde monition, l'évêque, qui se portait
bien en se couchant, fut trouvé mort le 1 ii-
demain matin du trentième jour.
ARTICLE III.
DES LETTRES DE SAINT GnÉOOIRE.
§!•
Lettres du premier Livre.
\. On préfère ordinairement les lettres des «-■''"?"■«
grands hommes à leurs autres écrits, parce s!' gJ!' oi'r/.'
qu'elles en font beaucoup mieux connaître le
génie, et les qualités de l'esjjril et du co'ur.
Saint Grégoire s'est si bien dépeint dans les
siennes, qu'on n'a aucune peine à y trouver
le portrait qu'en ont fait ses historiens. On
y voit sa prudence admirable dans le gou-
vernement de l'Église, sa sollicitude pasto-
rale, son zèle pour l'unité , sa grandeur
d'âme dans les adversités, sa tendre cTinrilé
envers les indigents et les malheureux, sa
fermeté dans le maintien des lois, sa pro-
fonde humilité, et toutes les autres vérins
qui l'ont rendu recommandable. Le [regis-
tre de ses lettres ne contient que celles qu'il
écrivit étant pape. On les a distribuées en qua-
torze livres dont le dernier est impaifait,
c'est-à-dire qu'il ne renferme que les lettres
écrites pendant les six dei'niers mois du
pontificat de saint Grégoire, au lieu que les
autres contiennent; chacun les lettres d'une
année entière; le premier celles de l'an 590,
le second celles de 391, et ainsi de suite jus-
qu'au 12 mars de l'an 604, ce qui fait treize
ans et six mois, à commencer au mois de
septembre de l'an 390, auquel il fut consa-
cré, et à finir au 12 mars 604. Elles sont da-
480
HISTOIRE GI-INKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQU'ES.
premier Uvre^
^t. OC.
K[Isl. I,
tées des indictions, qui étaient un nombre
de quinze années. Celte faron lic compter
était en usage ' dès le temps de saint Am-
broise, et même auparavant; mais saint Gré-
goire est le premier des Papes qui s'en soit
servi dans ses lettres. Il est aussi le premier
des évoques ' de Rome qui ait employé la
formule de serviteur des serviteurs de Dieu,
et ses successeurs l'ont prise de lui, pour
imiter son liumilité. Mais cette formule n'é-
tait pas nouvelle ; on la trouve dans quel-
ques lettres de saint Augustin et de saint
Fulgence. Saint Ildophonse ' ne compte que
douze livres de lettres, et, c'est peut-être
sur son témoignage que dans les anciennes
éditions ou u'eu compte pas davantage ; mais
aussi on y compte deux fois le second, et
deux fois le septième, ce qui revient au nom-
bre de quatorze.
2. Toutes les lettres du premier livre sont
de la neuvième indiction, c'est-à-dire de l'an
590. C'était l'usage des Papes d'avoir un vi-
caire dans la Sicile, dont les églises étaient
plus particulièrement soumises au Sainl-
Siége, parce qu'elles étaient du nombre des
suburbicaires, que le sixième canon de Ni-
cée assujettit ii l'évêque de Rome, suivant
l'ancienne coutume. Saint Grégoire nomma
pour cet oflice le sous-diacre Pierre, qui
avait l'administration du patiimoine de saint
Pierre en cette ile. Il en donna avis aux évè-
ques, en leur ordonnant de tenir des conci-
les chaque année à Syracuse ou à Catane,
pour le règlement des affaires ecclésiasti-
ques de la province, pour le maintien de la
discipline, et sur les moyens à prendre pour
subvenir aux besoins des pauvres. Piei-re de-
vait présider ii ces assemblées, comme légat
du Saint-Siège. Il parait qu'il n'y avait pas
encore de métiopolitain dans la Sicile. Jus-
tin en était alors préleur. Un des devoirs de
sa charge était d'envoyer ;"i Rome la provi-
sion de blé; l'hiver approchait, et il n'avait
encore rien envoyé. Saint Grégoire lui écri-
vit pour lui représenter que, si cette ville ve-
nait, par sa négligence, A manquer de blé
dans un temps où elle n'en |iouvait tirer
d'ailleurs, bloquée comme elle l'étiiil parles
Lombards, il serait coupable de la mort de
tout un grand peuple. — Il se plaignit à Paul,
scolastique, qui l'avait félicité sur son élé-
vation , de ce qu'on l'avait mis hors d'é-
tat de jouir du repos qu'il désirait; à Jean
de Constantinople, de ce q\i'il ne l'aimait pas
selon la règle de la charité, puisqu'il n'avait
pas empêché qu'on lui imposât la charge de
l'épiscopat, qu'il avait voulu lui-même fuir;
et à Théotiste, soîur de l'Empereur, de ce
qu'on l'avait chargé de plus de soins qu'il
n'en avait étant laïque, n L'orage de la ten-
tation m'a jeté, lui dit-il, dans les alarmes et
les frayeurs. Quoique je ne craigne rien pour
moi, je crains beaucoup pour ceux dont je
suis chargé. L'Empereur doit s'imputer tou-
tes mes fautes et mes négligences, jmnr
avoir confié un si grand ministère à une per-
sonne si faible. » Les lettres au patrice Nar-
sès, et à Anastase, patriarche d'Antioche ,
sont aussi des réponses aux compliments de
félicitation qu'ils lui avaient faits sur son
élection. Il dit à ce dernier : « Quand vous
me nommez la bouche et le flambeau du Sei-
gneur, quand vous dites que je puis être
utile à plusieurs, c'est le comble de mes ini-
quités de recevoir des louanges, au lieu des
châtiments que je mérite. Je n'ai point de
termes pour vous marquer de combien de
soins je suis accablé dans la place que j'oc-
cupe. » — L'église de Formies était tellement
désolée par le malheur des temps, que le
peuple et le clergé étaient réduits presque .'l
rien. Saint Grégoire, pour doqner à Bacaude,
qui en était évéque, le moyen de se soute-
nir, unit ;\ l'église de Formies celle de Min-
turue, avec tous ses revenus et tous ses pri-
vilèges. — L'abbé du monastère de Saint-
Théodore, dans le voisinage de Païenne, en
Sicile, s'était plaint de ce que les habitants
d'une terre de l'Église romaine voulaient
s'emparer d'un bien appartenant à son mo-
nastère; saint Grégoire écrivit au sous-diacre
Pierre, son vicaire dans cette province, d'aller
sur les lieux, et d'abandonner la prétention
do l'Eglise romaine, danslccas oii le monas-
tère serait eu paisible possession depuis
quarante ans. — Il reçut une requête do la
part des juifs, qui fendait A les laisser en
possession d'une synagogue qu'ils avaient à
Terracine; sur quoi il écrivit aux l'vêqnes
Bacaude et Agnellus de voir si celle synago-
gue était, comme on le lui avait dit, si pro-
che de l'église, que les voix des juifs se mê-
lassent avec celles des chrétiens, lors(]u'ils
chantaient en môme temps; que s'il en était
Cap. ».
' Aiiibro?. I Class., Epist. 23, num. 16.
• Jnau. Uiac, lili. Il, iiiini. I.
* lldopbotis., De Scriplor. Eccles., caii. i.
[vu* SIÈCLE.] CHArrrnK xlix. — saint ORi^inomE lk ghand, pape.
/iSl
ainsi, ils eussent à dtîsigaor un aiilii^ ciulroil
aux juil's ilaus la inôiuo villo, où ils |>iiss(MiI
avec liberté piatiquer leurs C(5réiuoiiies,
avec défense toutelbis d'avoir des esclaves
chrétiens. — Jean, évèque d'Orviéto, s'op-
posait à ce que l'on dit des messes et entcr-
i;U les morts dans le monastère de Saint-
Georges; Agapet, qui eu était abbé, s'en
plaignit à saint Grégoire, qui défendit à Jean
de vexer k l'avenir ce monastère en quoi que
ce fût. — Il défendit aussi à Dominique, évè-
que de Civita-Veccbia, de troubler la veuve
deZémarclius dans les fonctions d'une charge
([ue son mari avait exercée, et qui lui était
nécessaires pour soutenir sa famille.
3. La lettre à Démétrius, évèquc de Na-
ples, est pour l'exhorter à recevoir avec
beaucoup de douceur ceux qui, après avoir
eu quelques doutes sur la foi, demandaient
à être reçus dans l'Église catholique. — Sur
l'avis qu'où lui donna que l'église de Popu-
lonium était tellement aliundonnée, qu'on n'y
administrait ni la pénitence aux mourants,
ni le baptême aux enfants, il écrivit h Bai-
bin, évéque de Roselle , de prendi'e soin de
cette église, en qualité de visiteur, d'y éta-
blir un prêtre cardinal et deux diacres, et
trois prêtres dans les paroisses de la campa-
gne. On nommait cardinaux les évèques, les
prêtres et les diacres titulaires et attachés à
nue certaine église, pour les distinguer de
ceux qui ne les servaient que pour un temps
et par commission. — Sévère, évêque d'A-
quilée, était à la tète des schismatiques qui
refusaient de condamner les Trois-Ckapitres:
le Pape lui ordonna de venir à Rome avec
ceux de son parti, suivant l'ordre de l'Empe-
reur, pour assister au concile qui devait s'y
tenir sur ce sujet. — Autharit, roi des Lom-
bards, avait défendu que les enfants de sa
nation fussent baptisés dans l'Église catho-
lique à la fête de Pâques de l'an 3'JO. Dieu
l'en punit, et il mourut au mois de septem-
bre suivant. Cependant les évèques ariens
baptisèrent ces enfants. Saint Grégoire écri-
vit une lettre-circulaire à tous les évèques
d'Italie, et il les chargeait d'avertir les Lom-
bards dont les eufants avaient reçu le bap-
tême de la main des ariens, de les faire ré-
concilier à la foi catholique, pour éviter la
colère de Dieu, qui se manifestait par une
grande mortalité. «Avertissez, leur dit-il,
tous ceux que vous pourrez, et faites votre
possible pour les attirer A la foi par la per-
suasion, et leur procurer la vie éteruelle, adu
XI.
E|.isl. !'J,Cl
lib. II, F.,ist.
18 cl £0.
(juc, loi'sf[ue vous paraîtrez devant le Soii-
veiaiu ,Iui;i>, vous puissiez lui pn'scntei' les
fruits de votre sollicilude pasloi'ale. — Il or- "(.im. ik,
donna au sous-diacre Pierre de donner à un
nommé Marcel, enfermé au monastère de
Saint-Ailrien de Palcrme pour faire péni-
tence, et à son valet, les vêtements et la nour-
riture nécessaires; promettant de lui pas-
ser en compte tout ce qu'il aurait jugé ti pro-
pos de l(!ur doinier. Il le chargea encore do
mettre les prêtres dans les églises vacantes
de la Sicile, de prendre à cet effet les sujets
les plus dignes, soit du clergé, soit des mo-
nastères, et de les envoyer à Rome, après
s'être informé de leurs mœurs.
4. Dès le pontificat de Pelage II, Honorât,
archidiacre de l'église de Salone , s'était
plaint du traitement que lui faisait Natalis,
sou évêque, pour se venger de ce qu'il l'em-
pêchait, en sa qualité d'archidiacre, de don-
ner à ses parents les vases sacrés confiés à
sa propre garde. Le pape Pelage avait dé-
fendu i\ Natalis d'en conserver du ressenti-
ment contre Honorât, ou de le faire prêtre
malgré lui. Natahs, sans avoir égard à cette
défense, déposa Honorât dans un concile de
sa province, et mit en sa place un autre ar-
chidiacre qui lui était plus dévoué,- puis il
ordonna prêtre Honorai. Celui-ci se plaignit
à saint Grégoire, à qui Natahs écrivit aussi
pour justifier sa conduite. Le Pape lui fit ré-
ponse en ces termes : « Les actes que vous
m'avez envoyés de votre concile, au sujet '.le
la condamnation de l'archidiacre Honorât,
ne sont propres qu'à fomenter vos dilférenJs,
puisque, en même temps que vous le dépo-
sez du diaconat comme indigne, vous l'êle-
vez malgré lui à la prêtrise. C'est pourquoi
nous vous avertissons de le rétablir dans sa
fonction; et s'il reste entre vous quelque dif-
férend, qu'il vienne ici , sur l'avertissement
qu'il recevra, el envoyez de votre côté quoi-
qu'un pour plaider votre propre cause. »
Dans sa réponse à Honorât, il lui ordonne de
continuer ses fonctions d'archidiacre, et de
finir ce scandale, s'd était possible'; sinou, de
venir incessamment à Rome, où Natalis de-
vait aussi envoyer une personne bien ins-
truite. Natalis n'obéit point; ce qui obligea
saint Grégoire de lui écrire une seconde let- ^'""' '"
tre, dans laquelle, après lui avoir fait des re-
proches de ce qu'occupé à ses plaisirs, il
abandonnait le soin de son troupeau, ne
s'appliquant ni à la lecture, ni à la prédica-
tion, il lui ordonne de rétablir Honorât, sous
.'il
LU>. I,
EfSl. IJ.
Lil,. 11,
482
mSTOIllE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
peine d'être privé de l'usage du pallium, et,
en cas d'opiniâlrelé, de la participation du
corps et du sang de Jésus-Ciirist, et luème
de l'ëpiscopat. Quant à celui que Nalalis
avait ordonné archidiacre au iiréjudiced'Ho-
noral, saint Grégoire le dépose de celte di-
gnité, avec menace, s'il continuait d'en faire
les fonctions, de le priver de la sainte com-
^ib. n, Ef, munion. Il chargea de l'exécution de ces or-
dres le sons-diacre Anionin, qu'il envoyait
pour administrer le patrimoine de saint Pierre
en Dalmalie, et lui donna deux letti-es, l'une
pour les évoques de la province, h qui il fai-
ib-d., Epiii. sait part de cette allairc, l'autre pour le pré-
iwd.,K..i!i. fet Jobin,*(ju'i] priait do ne point protéger
Nalalis contre la justice. Natalis se soumit
enfin aux ordres du Pape, et corrigea ses
mceurs. Néanmoins, il lui écrivit une lettre
où il prétendait justifier sa conduite précé-
dente, alléguant, pour autoriser ses dépen-
ses de table, divers passages de l'Écrilnre
ibid., Kiisu mal appliqués. Saint Grégoire lui fil sentir
doucement dans sa réponse, que les festins
que Natalis appelait repas de charité , n'é-
taient pas de la nature de ceux qu'on l'accu-
sait de donner. Au surplus, il remit à l'arrivée
de ses députés à juger son dillérend avec ll(Uio-
rat; mais cet évêquemourutavantladécisiou.
5. Dans diverses lettres à Anthime, sous-
2». diacre et recteur des patrimoines d'Italie,
saint Grégoire le charge de soulager plu-
sieurs personnes qui se trouvaient dans le
besoin à cause des calamités publiques ; de
donner à des religieuses de la ville de Noie
quarante sous d'or, deux sous d'or ;\ un prê-
tre nommé Paulin, qui demeurait dans le
monastère de Saint-Érasme, à côté du mont
Soracte, et deux li deux moines servant un
oratoire de Saint-Michel, dans le château de
LucuUan ; — d'oH'rir ù Patéria , tante du
31. saint, quarante sous d'or pour la chaussure
de ses domestii(ues, et quatre cents Lois-
seaux de blé ; ù Palatine, veuve d'Urbicus,
vingt sous et trois cents boisseaux ; ;\ Vi-
vienne, veuve de Félix, autant ; — de don-
(9. ner trente sous d'or par an à Palatine, fem-
me du rang des illustres, ruinée par les
guerres continuelles; — d'empêcher que
^, les pauvres fussent opprimés, et le fils de
la veuve Sirica réduit en servitude ; — et
de faiio restituer a la veuve Théddora la
„, maison de Pétrone son mari. — Il lui or-
^, donna de plus de réprimer l(!s moines vaga-
bonds, ou qui s'élaient mariérs, et les clercs
qui, après avoir embrassé l'état monaauquo,
voulaient retourner dans le clergé d'où ils
étaient sortis; — d'empêcherles femmes d'ha-
biter avec des moines, et les abbés de recevoir f-v'"- ">•
les enfants dans les monastères avant l'âge de
dix-huit ans. Ce règlement à l'égard des en-
fants ne regardait que les monastères de
certaines lies, celle entre autres qu'on ap-
pelle aujourd'hui de Sainte -Marie, et une
nommée Palmariu, du côté de Terracine.
Anthime fut aussi chargé de faire délivrer
à l'abbé Félix, dont le monastère était situé
dans ces îles, cinq cents livres de plomb.
C. Au mois de février de l'an 391 , saint Gré-
goire assembla un concile à Rome, d'où il ccri- "•
vit une lettre-circulaire aux quatre patriarches
d'Orient. Il y en a cinq nommés dans l'inscrip-
tion , parce que , encore qu'un nommé Gré-
goire lut en possession du patriarchat d'.\n-
tioche, lePape reconnaissait aussi .\uaslase, ■
que Justin avait chassé de ce Siège. Les au-
tres patiiarches étaient Jean de Constanli-
uople, Euloge d'Alexandrie et Jean de Jé-
l'usalem. Il témoigne dans cette lettre com-
bien l'épiscopat lui était ti charge, parce
qu'il ue se croyait pas assez fort pour en
remplir tous les devoirs. U en fait le détail
à 1)011 près comme dans sou Pastoral ; puis
il donne, suivant la coutume, sa profession
de foi, qu'il réduit aux matières contestées
alors; déclarant qu'il recevait et révérait les
quatre conciles généraux comme les quatre
évangiles; qu'il portait le môme respect au
cinquième, où la lettre qu'on disait être d'I-
bas avait été condamnée comme remplie
d'erreurs, où Théodore avait été convain-
cu de diviser la personne du médiateur
de Dieu et des hommes, et où les écrits
de Théodoret èontre saint Cyrille avaient
été réprouvés. U ajoutait : « Je rejette tou-
tes les personnes que ces vénérables con-
ciles ont rejetées, et je rc^-ois toutes celles
qu'ils honorent : que celui qui pense autre-
ment qu'ils n'ont pensé, soit anallième ; mais
que Dieu donne sa paix à celui qui embrasse
la foi qu'ils ont enseignée. » — Il écrivit en ..^ j;_
particulier à Anaslase d'Anlioche, pour lui
faire jiart de la douleur que lui causait la
charge iprun lui avait imposée, et pour lui
recommander Boniface , défenseur de l'É-
glise romaine, (pii devait lui rendre ses let-
tres. — Dans celle qu'il adressa à Sébastien, .«.
évé(]iu! de Rliisinie, il dit qu'il avait deman-
dé à l'Empereur de permettre à Anaslase do
venir j\ Rome avec l'usage du pallium, pour
célébrer avec lui lu messe A Saint-Piene. —
[vil'- srKCi.E.] CHAPITRE XI.IX. — SAINT GllÉlKlIllK LE GHANI), PAl'K.
r,i-i M. Ayant appris qu'Arislobule voulait mctlin
eu prcc une de ses lettres, celle apparetn-
/.S3
ment qu'il avait (^ciite aux quatre patriar-
ches, il le pria de ne point s'attacher aux
=»• termes, mais au sens. Il envoya ;\ Andi'(;,
du rani;; des illustres, une clef dans laquelle
I on avait enfermé de la limaille des chaines
de saint Pierre. Il l'assure que ces sortes de
clefs opéraient ordinairemeut des miracles,
et il l'exhorte ;"! la porter à son cou pour en
.11. être sancliiié. — 11 lit un semblable présent i
Jean, qui avait été consul, patrice et quas-
ar leur. — Sa lettre à Philippe, maître de la
milice, est pour lui recommauder les all'ai-
res de l'Italie. Il lui dit que, s'il a accepté
l'épiscopat, c'a été pour lui obéir et ne point
"• résister ;\ la volonté de Dieu. — Le patrice Ho-
main, exarque d'ilalie, retenait depuis long-
temps à Havenue Blandus, évèque d'Orla ;
ce qui rendait cette église déserte, et y oc-
casionnai! de grands maux , parce que le
troupeau était sans pastmir, et que les en-
fants mouraient sans baptême. Il le prie
donc, ou de consentir A ce que la cause de
cet évoque soit examinée dans un concile
pour qu'on le punisse s'il est coupable, ou
de le renvoyer à son église, s'il le croyait
innocent.
Erisi. 3., 7. Nous avons deux lettres de saint Gré-
tt Mb. XI, . , ,, . , • u <
«pisi.30oi .1. gon-e a Venauce, qm, après avoir embrasse
l'état monastique, l'avait quitté , s'était ma-
rié, et exerçait la charge de chancelier d'Ita-
lie ; elles sont l'une et l'autre pour l'exhor-
ter ti reprendre l'habit et la profession qu'il
avait abandonnés. « Si mon zèle , lui dit-il ,
vous est suspect , j'appellerai toute l'Eglise
en conseil, et je souscrirai sans peine .'i ce qui
sera décidé d'un commun consentement. »
Venance ne se convertit point ; mais le
saint, le sachant à l'extrémité, écrivit à Jean,
évèque de Syracuse , de le presser de nou-
veau de reprendre son premier état, sous
peine d'être condamné éternellement au ju-
K. gement de Dieu. — Un juif, nommé Joseph,
s'était plaint au Pape de ce que Pierre, évè-
que de Terracine , après avoir chassé ceux
de sa nation d'un heu où ils avaient coutu-
me de s'assembler , voulait encore les chas-
ser d'un autre endroit où il leur avait per-
mis de tenir leurs assemblées. Saint Grégoi-
re, trouvant qu'il y avait de l'injustice dans
le procédé de Pierre , lui ordonna de faire
cesser ces plaintes, et de laisser au juifs la
liberté de s'assembler au lieu où il avait per-
mis qu'ils s'assemblassent : « Car c'est, lui
dit-il, piirla douceur, la bonté, les exhorta-
lions, (pi'il faut appeler les infidèles à la re-
ligion chrétienne, et non jias les en éloigner
par les menaces et la terreur. »
8. En élablissaut le sous-diacre Pierre son ei.i.i.3o,
vicaire dans la Sicile, il lui donna ses ins-
tructions par écrit. Il l'avertit depuis de les
relire souvent, et d'avoir grand soin que les
évêqties ne se mêlassent point d'all'aires sé-
culières, si ce n'es! qu'il fût besoin de pren-
dre la défense des pauvres; d'empêcher que
les officiers de l'Eglise romaine ne vexassent
personne, soit par rapport aux biens, soit
par rapport aux esclaves ; de restituer ce
qu'il croirait avoir été enlevé injustement ;
de n'employer jamais la force pour mainte-
nir les droits de l'Église; de s'appliquer à se
faire aimer par son all'abilité envers tous, et
de (h'iouiuer les évèques de venir à Puuno
au jour de son intronisation, en remettant
ce voyage, s'il leur paraît nécessaire, à la
fête de saint Pierre, prince des apôtres. —
Il lui ordonna de rassembler dans le menas- 41.
tère de Saint-Théodore, à Messine, tous les
moines que l'incursion des barbares avait
dispersés parmi la Sicile, et de leur donner
un supérieur capable de les conduire. —
Par un abus dont Pierre avait averti saint Gré- "■
goirc, on diminuait aux paysans sujets de
l'ÉL;lise le prix du blé dans les temps d'abon-
dance. Le Pape lui répondit : « Nous vou-
lons qu'on les paie toujours suivant le prix
courant, sans déduire le blé qui périt par
les naufrages; nous défendons de leur faire
fournir le blé h plus grande mesure que celle
qui entre dans les greniers de l'Église, et de
les oljliger h payer au delà du prix de leur
Ijail ; et aiin qu'après noire mort on ne puisse
les cliarger de nouveau, vous leur dounei'ez
une assurance par écrit, qui portera la som-
me que chacun d'eux devra payer. A l'é-
gard de ce que le recteur du patrimoine pre-
nait sur ces menus droits, nous voulons que
vous le preniez sur le prix du bail. Veillez A
ce qu'on n'use point de faux poids en rece-
vant les paiements des fermiers. S'il s'en
trouve de faux, faites-les rompre et meitcz-en
d'autres. 11 nous est aussi revenu que nos
paysans sont vexés dans le paiement du pre-
mier terme de leurs rentes ; en sorte que,
n'ayant pas encore vendu leurs fruils, ils
sont obligés d'emprunter à gros intérêls.
Donnez-leur des fontte de l'église ce qu'ils
ont emprunté à des étrangers, et vous les
recevrez d'eux peu à peu, selon qu'ils en
484
HISTUIKE GKNÉUAL DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
B|>|.|. U,
auront le moyen, de peur que les denrées
qui leur «illiraicnl pour s'acquitter ne suffi-
sent pas, si en les pressant on les oblige de
les vendre à vil prix. » Il réforme ensuite
les droits excessifs attaclii;s aux mariages
des paysans, et les réduit h un sou d'or mê-
me pour les riches, et h quelque chose de
moins pour les pauvres, voulant que cette
j'cdevaiice tournât au profit du fermier, sans
entrer dans les comptes de l'I-lalise. 11 donne
à Pierre pour r('>gle générale de ne point
souiller les coft'res de l'Église par des gains
sordides. Le droit qu'on exigeait pour les
mariages était purement seigneurial, et une
sorte de tribut sur ces paysans qui étaient
demi-serfs. Il veut qn'à l'avenir les enfants
des entrepreneurs héritent do leurs pères,
à l'exclusion de l'Église, et que s'ils sont en
bas-âge, on leur dounc des personnes sages
qui aient soin d'eux et de leurs biens ; que
l'on punisse les coupables , non par des
i.mendes pécuniaires, mais par des peiues
corporelles , en donnant toutefois à leur
compte un salaire à ceux que l'on emploiera
pour les punir; que l'on renferme dans les
monastères 1ns plus pauvres, les prêtres et
les clercs tombés dans quelque faute, en les
obligeant à aider ces monastères de leurs
propres biens, parce qu'il est juste qu'ils
contribuent ;\ l'entretien de ceux qui pren-
nent soin de les corriger. Depuis trois ans
on avait fait une loi aux sous-diacres dans
toute la Sicile de vivre dans la continence,
suivant rpie cela se pratiquait dans l'Église
de Rome. Saint Grégoire trouve cette loi
dure pour ceux qui s'étaient engagés dans
le ministère sans se croire obligés i\ la con-
tinence. Il n'impose donc aucune peiue aux
prévaricateurs ; mais il défend de les promou-
voir à un degré supérieur : voulant que dans la
suite les évoques n'ordonnent pour sous-dia-
cres, que ceux qui promettront de vivre daus
le célibat. R règle dans la même lettre di-
verses atl'aires particulières, et fait plusieurs
donations en forme de charité. — Dans une
autre adressée au même Pierre, il lui or-
donne de donner chaque année au fils de
Godiscalque, pauvre et aveugle, vingt-qua-
tre boisseaux de blé, douze de fèves et vingt
mesures de vin. — 11 y en a une qui regarde
les dépenses qu'il devait fiiire h la dédicace
d'une église de la Sainte-Vierge diuis le mo-
nastère de l'abbé Marinien : « Parce que
celle maison, lui dit-il, est pauvre, nous de-
vons contribuer aux frais de la cérémonie.
Vous donnerez donc, pour être distribués
aux pauvres, dix sous d'or, trente amphores
ou mesures de vin, deux cents agneaux (les
anciennes éditions disent deux cents bois-
seaux de blé), deux orques ou vases d'huile,
douze moutons et cent poules, ii Ce qui fait
voir qu'on faisait aux dédicaces des églises
des distributions, qui approchaient des aga-
pes des premiers siècles. — Par une autre
lettre, il ordonne à Pieire de donner à un
nommé Pasteur, qui avait mal aux yeux,
vingt-trois boisseaux de blé et onze de fèves,
pour lui, sa femme et deux enfants. — Il lui
écrivit de donner le soin des procès et des
autres aflaires extérieures du monastère de
l'abbé Jean h quelque séculier, afin que les
moines pussent rendre leur culte à Dieu
dans le repos, et que les biens qui leur ap-
partenaient ne dépérissent point ; — de
prendre sous sa protection Cyriaque et sa
femme, qui de juifs s'étaient faits chrétiens;
— d'empêcher les évèques de Sicile de venir
à ilome avant l'hiver , mais d'y faire trans-
porter à temps les blés nécessaires, et môme
au delà de la quantilé ordinaire, parce que
la moisson avait été peu con»idérable h Ro-
me, — et de faire restituer à l'Église de
Taormine tout ce qui lui avait été enlevé
par les officiers de l'Église de Rome.
9. Les évoques chassés de leurs sièges
par les Barbares cherchaient des asiles jus-
que daus rillyrie. Saint Grégoire écrivit une
lettre-circulaire aux évoques de cette pro-
vince , pour les exhorter ii recevoir leui-s
confrères, a leur fournir toutes les choses
nécessaires à la vie, en déclarant toutefois
que ces évêques dépouillés n'auront aucune
autorité dans les églises qui leur donneront
retraite, et qu'ils se contenteront d'y rece-
voir leur subsistance. — Sur les plaintes que
lui firent quelques juifs d'Italie, de ce que,
lorsqu'ils allaient ;\ Marseille pour leur tra-
fic, on y baptisait un grand nombre des
leurs, plus par force que par persuasion , il
en écrivit à Virgile, évê(pie d'Arles, et à Théo-
dore, évêque de Marseille. « Je loue, leur
dil-il, votre intention , et je ne doute pas
qu'elle ne snit fondée sur l'amour que vous
portez à Notre-Seigneur; mais, si elle n'est
réglée par l'Écriture, je crains qu'elle ne
nuise à ceux mêmes que vous voulez sauver,
et que , venant au l)a])tême par nécessité,
ils ne retournent avec plus de danger h leur
première superstition. Conlenlcz-vous donc
de lus prêcher cl de les instruire, pour les
Epi-u c;.
Kfirl. (8.
M ol 6?,
Couiil. Ni.
fii'ii. Can. .t ;
A.alli ,na,
in; II Tuioo.
C-.n. 12.
EiiUl 53.
[vu" SIÈCLE.] CIIAIMTHE XLIX.
éclairer et los convcilir solidement : vous
en recevrez la récompense, cl avec la grclco
de Dieu, vos exhortations les coniliiiront à
la réjfénéralion de la vie nouvelle. » — La
lettre ;\ Tlioodore, duc nu pri'IVl de Sardai-
gne, est pour le prier de faire nieltre en ar-
bitrage une dilTiculté qu'un de ses officiers
avait avec Julienne, abbcsse du monastère
de Saint-Vitp, an sujet d'une terre (pii en
dépeutlait. Il le prie aussi d'empêcher, au-
tant que les lois de la justice le demande-
ront, la cassation d'un testament fait par le
gendre de Pomptnane, qui avait fait de sa
maison un monastère. — Celle au diacre
Honorât est une plainte contre les vexations
de Théodore, maiire de la milice dans la
Sardaij;ne. Saint Grégoire charge ce diacre
de faire hVdcssus des remontrances auxEm-
pcrem's, parce que Théodore avait agi con-
tre la disposition de leurs édits. — Il ordon-
na aux moines du IMont-Christ d'obéir à Ho-
rose, leur abbé, comme à lui-même ; — au
défenseur Symmaque de bâtir un monastère
dans la Corso ; de corriger les moines de ce-
lui de Gorgone, et d'empêcher les pi'êtres
de Corse d'avoir chez eux des femmes, à
l'exception de leurs mères et de leurs siKurs :
quelques manuscrits ajoutent leurs femmes;
ce qui prouverait qu'on n'observait point
dans l'Ile de Corse ce qui avait été réglé
dans divers conciles touchant la cohabita-
tion des prêtres avec leurs femmes. — Il
manda à Félix, évêque de Siponto, de visi-
ter l'église de Canose, où, faute de prêtres,
on ne donnait ni la pénitence aux mourants,
ni le baptême aux enfants ; d'y ordonner au
moins deux prêtres pour avoir soin des pa-
roisses de la campagne, pourvu qu'il en
trouvât qui fussent dignes de ce ministère ;
— à Jean, évêque de Sorrento, de trans-
porter les reliques de sainte Agathe mar-
tyre dans le monastère de Saint Etienne, si-
tué dans l'ile de Caprée ou Capri, à la charge
de les placer dans un endroit où personne
n'ait eu jusque-là sa sépullnre; — à l'évèque
Sévère, d'ordonner pour l'église de llimini
celui que le peuple aura choisi d'une voix
mianime ; sinon, de promouvoir à l'épisco-
pat celui que le porteur de sa lettre lui in-
diquera. — L'élection tomba sur Gcléati-
nus. Le Pape ne voulut point l'agréer ; il or-
donna au clergé et au peuple de Rimini de
procéder au plus tôt à l'élection d'un évêque,
en leur représentant le danger qu'il y avait à
laisser si longtemps leur Église sans pasteur.
SAINT OllÉGOIllE LE GRAND, l'APE.
■483
10. Des quatre lettres ix Janvier, ëvéquo ei.i.i. 02.
de Cagliari eu Sardaignc, il y en a une où
saint Grégoire le prie de prendre la défense
d'une veuve de piété, nommée Catclla, et do
terminer lui-même ses procès, sans qu'elle
fût obligée de recourir aux tribunaux sécu-
liers. Il lui recommande dans la seconde de i-j.
terminer par des arbitrages les affaires de
Fompéiane. — La tioisiènie, qui est aussi en r,v,
faveur de Gatella, est peu ditl'ihente de la pre-
mière. — 11 dit à Janvier dans la quatrième fa.
de réprimer l'ambition du diacre Libérât, de
le mettre pour cet clfet le dernier.de tous les
diacres, et qu'au cas cependant où il donne-
rait dans la suite des marques d'une plus
grande soumission, il pourra, s'il le veut, le
faire cardinal, c'est-â-dire le fixer au service de
son Église, pourvu qu'il obtienne de son évê-
que des lettres dimissoriales. — On voit des oo.
preuves de son désintéressement dans sa
lettre à Félix, évêque de Messine, à qui il
dit : « Nous devons abolir les coutumes que
nous savons être à ctiarge aux églises, afin
qu'elles ne soient point obligées d'apporter
quoi que ce soit en ce lieu, d'où elles de-
vraient plutôt recevoir. A l'égard des autres
clercs, vous devez leur envoyer tous les ans
ce qui est établi pour l'usage; mais pour
nous, nous vous défendons de nous rien en-
voyer à l'avenir. Nous n'aimons pas les pré-
sents, et, quoique nous ayons reçu les pal-
mes que vous nous avez envoyées, nous les
avons fait vendre pour vous eu renvoyer le
prix. Dispensez-vous du voyage de Rome ;
mais ne nous oubliez pas dans vos prières,
afin qu'éloignés par la dislance des lieux,
nous soyons unis en esprit par les liens de
la charité. » — Il y avait quelques person- Ta.
nés en Sicile qui se disaient défenseurs du
Siège apostolique, et qui sous ce titre com-
mettaient des exactions. Saint Grégoire aver-
tit les évêques de n'en reconnaître aucun
qui ne fût muni d'une lettre de sa part, ou
du recteur du patrimoine de l'Église de
liiime.
11. L'Église d'Afrique était encore infestée 74,
par les l'estes des manichéens et des dona-
tistes. Saint Grégoire eut recours, pour le:^
réprimer , à Gennade , patrice et exarque
de cette province. 11 le chargea eu même
temps d'avertir les évêques d'Afrique de ne
pas choisir leur primat d'après le rang qu'il
tenait, sans tenir compte du mérite, parce
que Dieu n'a point égard au rang élevé des
personnes, mais à leur bonne vie; de les
486
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Flfnrj,
xxxv,
VIII, p.!
tom.
t. 32.
£|ilsl.
avertir aussi que le primat ne doit point de-
meurer dans des villages, mais dans la ville
qu'ils choisiront, afin qu'il soif plus en état
de résister aux donatistcs. C'est que la cou-
tume de NumiJie était de prendre pour pri-
mat le plus ancien évoque selon le rang
d'ordination, et souvent c'était l'évêque d'un
village, ou nn homme peu capable. Le Pape
ajoutait : « Si quelqu'un des évèques de Nu-
midic veut venir vers le Saint-Siège, per-
mettez-le, et empêchez qu'on ne s'y oppose.
Ce sera pour vous une granilc gloire aujirès
de Dieu, si par votre moyen les églises dis-
persées se j-éunisseut. » — Dans une autre
lettre, il donne de grandes louanges à Gen-
uade de ce que, dans ses opérations militai-
res, il se proposait non l'cirusion du sang hu-
main, mais l'agrandissement de l'Église cl
de la religion chrétienne ; il lui rend grûces
d'avoir repeuplé plusieurs endroits considé-
rables du patrimoine de saint Pierre, qui
manquaient d'habitant?, en y en appelant
des provinces voisines. — Dans une troisième
lettre, il lui recommande un nommé Dro-
culfe, qui était passé du parti des Lombards
daus celui des Romains. — La lettre à Gau-
diosus, maître de la milice d'.\frique, est en7
core une lettre de recommandation en fa-
veur d'un nommé Hilairc, que le Pape en-
voyait pour procurer du soulagement au.K
pauvres. — Les évèques de Numidie, voyant
iju'il leur avait défendu de suivre leurs an-
ciennes coutumes au sujet de l'élection d'un
primat, lui représentèrent qu'ils étaient dans
l'usage, depuis saint Pierre, de prendre
pour primat le plus ancien. Saint Grégoire,
révoquant ce qu'il avait ordonné à cet égard,
leur accorda leur demande, à la charge de
ne point élever ù la dignité de primat les
évoques qui avaient été donatistes. — Il en-
joignit à Léon, évècpie en Corse, d'aller vi-
siter l'église d'Alérie ', qui était comme aban-
donnée depuis la mort de son évoque ; d'y
établir dans les paroisses de la campagne
ib's prêtres et des diacres, autant qu'il en se-
rait besoin. Il y transféra depuis Martin,
évêque de Tainatcs ou Tamie, ville telle-
ment ruinée par les guerres, qu'il n'avait
plus d'espérance d'y retourner. C'est pour
cela qu'il est dit qu'il l'établit cardinal, com-
me y devant rester toute sa vie. — Il donne
avis de cette translation au clergé et au peu-
ple d'Alérie, disant qu'il ne leur avait donné
" Le tcjlc porte Saonensit ecclesiœ, (L'iditcur.)
lui-même Martin pour évêque, que parce
qu'ils avaient négligé d'en choisir un. — Il Epui.«i
reprocha au clergé et au peuple de Benagna
leur lenteur h se donner un pasieur; en at-
tendant qu'ils ne se fussent déterminés sur
le choix qu'ils en devaient faire, il leur en-
voya le prétie Honorât pour avoir soin de
leiu- Église. — Il écrivit à Laurent, évêque "•
de INIilan, d'envoyer une personne avec qui
on pût finir la contestation mue entre eux
au sujet d'une somme d'argent que l'Église
de Milan répétait sur celle de Rome. — Fé- »'•
licissime et Vincent, diacres de l'Église de
Lamige, s'étaient plaints au Pape d'une
grave injustice commise à leur égai-d par
Argentius, leur évêque, qui, de plus, di-
saient-ils, avait, pour de l'argent, confié des
églises à des donatistes. Saint Grégoire écri-
vit au moine Hilaire son cartulaire, qu'il
avait envoyé en Afrique, d'avoir soin que
les évèques assemblassent un concile où l'af-
faire fût examiuée, et de se charger de faire
exécuter leur jugement. Le cartulaire n'était ««n, «n
alors que secrétaire gardien des chartes; >». ' ' ''
mais il avait juridiction dans les provinces
où il était envoyé.
§11-
Livre second des Lettres de saint Grégoire.
l. Le second livre renferme les lettres que
saint Grégoire écrivit pendant la dixième in-
diction, en la commençant au mois de sep-
tembre de l'an 591, c'est-à-dire à la se-
conde année de son pontificat. — Il écri-
vit A Pierre, notaire, de pourvoir aux né-
cessités des moines de Tropfea, s'il savait
qu'ils fussent exacts au service de Dieu et
à l'observation de leur règle, et de leur céder
une petite terre dont ils avaient besoin; —
;\ Project, évêque de Narni, de profiter de
l'occasion de la mortaIiti> pour exhorter son
peuple à la pénitence, et les gentils à la foi
catholique; — à Vélox, maître de la milice,
de conférer avec Maurilius et Vitalien sur les
moyens de s'opposer aux desseins qu'Ariulfe,
roi des Lombards, paraissait avoir d'attaquer
Rome ou llavenne. — Il fit donner en pro-
pri(''t(' .'i une communauté de religieuses, qui
demeuraient dans le monastère d'Eiiprépice,
le jardin qui avait appartenu autrefois an
prêtre Félicien. — Il ordonna A l'évoque de
Messine de s'assurer d'une dot siiflisante pour
la desserte d'une église bâtie en l'honneur des
sainls Etienne et Pancrace, avant do la con-
Krii<l. t,
llb. U.
KlM. .■.
] CHAPITRE XLIX. — SALNT GIlliGOIllE LE GRAND, l'Al'H.
[VII° SIÈCI-K
Episi, F. sacrer. — F.;i loLtro nu clergé, aux no))lcs et
au peuple de Naples, cslpuur leur orilouner
de choisir au plus lût, cl unaniuicmcul, un
c'\c(iuo ;\ la place de Déaiétrius, déposé de
'• ri'jiiscopat pour ses crimes. — Il ('lalilil Maxi-
uiieu, évèque de Syracuse, son vicaire sur
toute la Sicile, avec pouvoir de terminer sur
les lieux les moindres causes, se réservant
les causes majeures et les plus dilliciles;
mais il iléclara (pie cette prérogative serait
attachée à sa personne, et nou à son siège.
10. — Ensuite il lui écrivit de transférer Paulin,
évoque de Taur en Cahibrc, au siège vacant
de Lipari, malgré sa répugnance, avec or-
dre au clergé de cette Eglise de lui obéir. —
' ' 11 voulut toutefois que Paulin prit soin de
visiter l'Eglise de Taur, autant de fois qu'il
"■ le jugerait nécessaire. — Informé qu'il y avait
en Sicile im prêtre que sa vie rendait digne
de l'épiscopat, il ordonna à Maximien de le
faire venir en sa présence, et, après l'avoir
examiné et trouvé capable de remplir cette
dignité, de l'envoyer à Rome pour l'y faire
5'- ordonner. — Il lui écrivit encore de consoler
un abbé nommé Eusèbe, et apparemment
de lever l'excommunication que cet évêque
avait portée avec trop de précipitation con-
' • tre lui. Mais l'abbé refusa de rentrer dans la
communion de Maximien; ce qui fit peine à
saint Grégoire, qui le reprit de son orgueil,
et ne laissa pas de lui faire donner cent sous
d'or par le sous-diacre Pierre.
s- 2. Il représente à l'évêque Candide que,
les l'ègles de la charité lui interdisant d'ajou-
ter affliction à affliction, il ne devait pas re-
fuser à un de ses clercs, qu'une maladie avait
mis hors de service, les secours que son Eglise
accordait à ceux à qui la santé permettait de
ociio. s'acquitter de leurs fonctions. — Le clergé
et le peuple de Naples souhaitaient d'avoir
Paul pour évêque ; le Pape promet de le leur
accorder, apiès qu'ils auront éprouvé son
zèle et sa capacité pour le salut des âmes.
11. — Il ordonna à ceux de Népi en Toscane
d'obéir h Léonce, qu'il leur envoyait pom'
12. prendre soin de leurs alla ires; à Castor, évo-
que de Himini, de consacrer l'oratoire qu'une
femme de piété y avait bâti en l'honneur
de la sainte Croix, pourvu qu'elle l'eût sulfi-
13- samment doté; — à Importunus, évêque
d'Attclane, de donner le soin d'iuie paroisse
de son diocèse au prêtre Dominique, avec
les fruits que l'on avait recueillis pendant la
dixième indiction, c'est-à-dire en 51)1 ; —
'*• et à Jean, évêque de Velletri, de transférer
i87
son siège épiscopal en un lieu plus sûr, et
plus à couvert des incursions des Barbares.
— Ayant été avei'ti que Paul, (pi'il avait ei.iii. n.
agréi' p(uir évêque deNaples, pensait à quit-
ter cetli! ('glise, il l'exhorta à y deineurei', et
il continuer ses soins envers son troupeau,
en l'assurant que le diacre Pierre, dont il lui
avait rendu un bon témoignage, n'avait rien
;i craindre de la part de ceux qui voulaient
lui nuire. — Il confirma l'ordination de Jean, 22 ei 2\
évêque de la première Justinienuc dans l'Il-
lyrie, le constitua vicaire du Saint-Siège, et
lui accorda l'usage dupallium. Dans la lettre
qu'il lui écrivit sur ce sujet, il lui recom-
mande d'user d'une telle modération envers
ceux qui lui sont soumis, qu'il s'en fasse plus
aimer que craindre; de punir les fautes en
père; de s'appliquer tout entier à gagner les
âmes à Dieu; de se souvenir qu'on n'est
point pasteur pour se reposer, mais pour
travailler; de n'admettre dans le ministère
ecclésiastique que ceux qui en sont dignes,
et de ne rechercher dans les ordinations au-
cun intérêt temporel, mais la seule gloire
de Dieu. — On voit par la lettre à Bènéna- 25.
tus, évêque de Misène, que saint Grégoire
voulait que l'évêque fût pris dans le clergé
de la ville même, si cela était possible, et
que l'évêque élu vînt à Rome se faire or-
donner, avec le décret d'élection, signé de
tous, et les lettres du visiteur qui avait pris
soin de l'église vacante et présidé à l'élec-
tion. — Il envoyait ordinairement des évê- Episi.se,
ques pour visiteurs, afin qu'ils fissent dans ' '"'
les églises dont l'évêque était mort, les fonc-
tions réservées aux évêques.
3. L'empereur Justinien avait fait bâtir si.
une église sur le mont Sina, sous l'invoca-
tion de la Sainte Vierge, à l'usage des moi-
nes qui vivaient sur cette montagne dans le
mépris des plaisirs et des richesses du siè-
cle, et dans ujie continuelle méditation de
la mort. Leur vertu attirait la curiosité des
étrangers, qui allaient les voir pour en être
édifiés. Ruslicienne, dame de grande con-
dition, qui faisait sou séjour à la cour, fit
part à saint Grégoire du dessein qu'elle
avait d'aller visiter les Saints-Lieux ; elle
tarda quelque temps de l'accomplir, et en-
fin elle en fit le voyage. Le saint, qui lui
avait fait il'abord des reproches de ce qu'elle
avait tardé de se mettre en chemin pour le
mont Sina, lui en fil ensuite de ce qu'elle
en était revenue avec trop de précipitation,
sans avoii' pris le loisir de contempler la
488
Lll). IV
i'I. M.
HISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
de ses infirinilés de corps et d'esprit, en lui
Lib. V
Lih,
i.M. Il
II.
vertu de tant de solitaires, et de goûter les
douceurs de la retraite. Il ajouta qu'il crai-
gnait qu'elle n'eût pas porté d'autres yeux
que les yeux du corps dans ces S:iints- Lieux,
sans ouvrir ceux du cœur aux objets édi-
fiants, puisque leur vue n'avait point luinni
de son co;ur l'amour de la ville de Gonstan-
"> tinople et de là cour. — 11 l'exhorta à venir
visiter le tombeau de saint Pierre A Home,
l'assurant, qu'avec la protection de ce prince
des apôtres, elle n'avait rien à craindre des
armées qui inondaient l'Italie. Uiisticienne
fit beaucoup de présents et de charités aux
églises et .aux pauvres. — Elle envoya à
saint Grégoire dix livres d'or pour le rachat
des captifs, des voiles pour orner le tombeau
de saint Pierre, et des aumônes pour le mo-
Efi'll'ii'î'"' nastère de Saint-André. Saint Grégoire em-
ploya le crédit qu'elle avait auprès de l'Em-
pereur, pour traverser les mauvais desseins
d'un nommé Béator.
''■ 4. Il ordonna à Etienne, cartulaire qu'il
avait envoyé en Sicile, de faire renfermer
deux moines qui s'étaient sauvés de leur mo-
nastère, dont l'un s'était marié, et l'autre
avait repris rhabit séculier ; et parce qu'un
certain prétie voulait introduire de nouvel-
les coutumes dans ce monastère contre la vo-
lonté de l'abbé, il charijea Ktienne de l'en
Epi-i.ij, empêcher. — Il y avait dans les leries de l'É-
ti lili. v. ' "'
Kfisi. :u. giise un grand nombre de juifs qui ne vou-
laient pas se convertir. Saint Gi-égoire écri-
vit a Pierre, son vicaire en Sicile, d'envoyer
des lettres par toutes ces leircs, avec pi-o-
messe de diminuer les renies a ceux qui se
convertiraient, en sorte que celui qui payait
un sou d'or aurait une remise du tiers, et que
celui qui en payait trois ou quatre, eu paie-
rait un de moins. Il ne craignait point que
cette diminution de ses revenus fût inutile,
parce qu'au cas même où les juifs ne se con-
vprliiaient pas assez sincèrement, leuis en-
fants seraient baptisés avec de meilleures
Efin. 33. dispositions. — Léon , évéque de Catane ,
avait été accusé de plusieurs crimes. Saint
Grégoire fit faire la-dessus diverses informa-
tions, dont aucune ne chargea cet évùque;
mais, pour ne laisser aucun doute sur son
innocence, il le fit jurer devant le tombeau
de saint Pierre qu'il n'était coupable d'au-
cun (les trimes dont on l'accusait ; après
quoi il écrivit à Justin, préteur de Sicile, de
lui donner toutes sortes de mar([ues de cha-
3.. rite et do respect. — Il ôla à Caslnrius l'ad-
minislraliou do l'Église de llimiui, à cause
réservant une modique pension sur les re-
venus de cette Église, dont il commit le soin
.'i Jean, évèque de Havenne. — Il établit
Jean, évoque de Lissitane en Dalmatie, chas-
sé de son siège par les ennemis, évèque car-
dinal de Squillace en Italie , à condition de
retourner à sa première église, si elle recou-
vrait sa liberté. — A la requête de l'abbé
Luminosus, il exhorta Castorius, évoque de
Rimini, ii laisser à la communauté du mo-
nastère situé dans la même ville le choix de
sou abbé, tout en lui confirmant U' droit d'or-
donner celui qui aurait été élu d'un commun
consentement. Il lui défendit aussi de faire
l'invenlaiie des biens de ce monastère après
la mort de l'abbé, ou d'en prendre quelque
partie que ce fût pour les donner à son Eglise,
ou d'y célébrer des messes publiques , de
peur que le concours des peuples ne trou-
blât le repos des moines, et que l'entrée des
femmes ne fût pour les plus simples une oc-
casion de chute et de scandale. — Il donna
avis de ce règlement à l'abi)é Luminosus,
atin de le tranquilliser ii l'avenir sur les usur-
pations qu'il craiLTuait de la part de son évo-
que.— Il écrivit à Lucille, évèque de Malte,
d'obliger ses clercs de payer à l'Église le
cens des terres qu'ils tenaient d'elle en Afri-
que. — 11 unit les églises de Cumes et de
Misène qui étaient voisines l'une de l'autre,
dépeuplées qu'elles étaient par le malheur
des temps, et en donna le soin à Bénélatus.
Cette union ne subsista pas longtemps : ces
deux églises eurent dans la suite chacune
un évéque, comme auparavant.
5. Jean, évéque de Ravenne, avait écrit
plusieurs lettres à saint Grégoire, qui n'avait
pu y répondre aussitôt, à cause qu'il était
tombé malade. La première chose qu'il re-
commande à Jean dans sa réponse, est do
porter llomain, exarcpie de Havenne, ù la
paix , s'ollranl d'en traiter lui-même avec
Ariulfe, duc de Spolèle. Il lui dit, en second
lieu , qu'Arigis , duc de Bénévenl , s'était
joint à Ariulfe, et qu'il en voulait à la ville
de Naples, qu'il fallait compter pour perdue,
à moins que l'exarque n'y envoyât prouipte-
ment un commandant pour la défendre. —
11 parai! que l'exarque n'en fit rien, puisque,
par une aiilro lettre, saint Grégoire ordonna
aux soldats de Naples d'obéir au tribun Cous-
tanlius, qu'il envoya lui-même pour com-
mander dans celte ville. — Jean de Havenne
lui avait proposé d'envoyer quelque aumône
Ep I 3'.
CHAPITRE XI.IX. — SAINT GRlÎGOinK LE GRANn, PAPE.
i.ii.. lit,
EfM. 56.
lliia., E|li^l.
1,1.. III,
»
[vn" SifecLE.]
à Si^vi'tp, palriarclic dos iSn^quos schisniali-
qucs d'istiic. « Vous ni! park'iit'Z pas ainsi,
lui n![ioiul io Pa|)0, si vous saviez les prc-
scuts qu'il envoie !\ la cour contre nous ;
quand uichne il ne le ferait pas, nous devons
l'aire la cliarilii il ceux qui sont fidèles à l'K-
gliso, avant de la faire ;\ ses adversaires. »
Il dit qu'il vaut donc mieux racheter les cap-
tifs qu'on avait enicvds de la ville de Fano,
et envoyer à cet ctlet Claude, abbé do Saint-
Jean de Classe près de Ravenne, avec quel-
que aryent. Jean lui avait encore proposé
de réitérer une ordination. Saint Grégoire
répond (|u'il n'est pas plus permis do réité-
rer l'ordination que le baptême; mais que,
si quelqu'un est parvenu au sacerdoce char-
gé d'une faute légère, il doit en faire péni-
tence, et demeurer dans l'ordre qu'il a reçu.
— Onel<[iie temps après, Jean, sous prétexte
du séjour que les Empereurs avaient fait à
Ravenne, et de la résidence que les exar-
que y faisaient, voulut se distinguer non-
seulement des autres évèques, mais aussi
des métropolitains, en portant le pallium,
même dans les processions. Saint Grégoire
l'en reprit. — Jean lui répondit par une let-
tre fort soumise eu apparence, mais où il
soutenait son dioit prétendu, et celui que
ses prêtres et ses diacres s'attribuaient de
porter même h Rome les manipules, c'est-à-
dire une serviette que les prêtres et les dia-
cres portaient lorsqu'ils servaient à l'autel.
— Le l'ape, peu content de cette réponse,
lui écrivit une lettre où il lui disait, en par-
lant des processions : « Comment se peut-il
faire que, dans ce temps de cendres et de
cilices, au milieu des gémissements du peu-
ple, vous portiez par les rues cet ornement,
que vous vous défendez d'avoir porté dans
la salle secrète de l'Église '? Vous devez vous
conformer à l'usage de tous les métropoli-
tains, ou montrer un privilège du' Pape, si
vous prétendez en avoir. Nous avons fait
chercher exactement dans nos archives, et
nous n'avons rien trouvé. Nous avons inter-
rogé ceux qui ont été nonces de nos prédé-
cesseurs ù Ravenne, et ils ont nié absolu-
ment que vous l'ayez ainsi pratiqué en leur
présence. Notre clergé nie aussi ce que vous
attribuez au vôtre à l'égard des manipules ;
nous le permettons néanmoins à vos pre-
miers diacres, mais seulement quand ils vous
servent. » Cette lettre fut sans elTet : Jean
employa la médiation de l'exarque et du
préfet d'Italie pour soutenir sa prétention.
489
— Saint Grégoire, ayant appris que les
arcbevèciues de Haveiiue avaient porté le
])allium aux processions des fêles de saint
Jean-Baptiste , de saint Pierre et de saint
Apollinaire, premier évoque de cette ville,
accorda A Jean, par ])rovisioii, de le porter
h ces trois fêtes, et au jour de son ordina-
tion ; mais, sans observer cette restriction,
il continua de le porter en tout temps hors
do r(5glise. — Sur cela le Pape lui écrivit
une IcHlrc très-forte, où il lui reprochait de
faire voir par sa conduite, qu'il mettait l'hon-
neur de l'épiscopat dans l'ostentation exté-
rieure, et non pas dans l'intérieur, c'est-à-
dire, dans la pureté des mœurs. — Dans une
autre lettre il se plaint de ce qu'il avait ôtd
aux moines leur demeure pour y loger des
clercs, et même des laïques, et lui ordonne
de rétablir les choses dans leur premier
état.
6. Dominique évèque de Carthage, en écri-
vant à saint Grégoire pour le féliciter sur
son élection, lui demanda la confirmation
des pi'iviléges de son église. Le Pape lui ré-
pondit que, comme il défendait ses propres
droits, il conservait aussi à chaque Église les
siens. 11 lui dit beaucoup de choses sur la
charité, qu'il appelle la mère des vertus, el
qui a le double don de réunir les esprits el
les cœurs divisés, et de conserver l'union où
elle la trouve. — On l'avait informé que
Maximien, évêque de Pudentiane, ville de
Numidie qu'on ne connaît point aujourd'hui,
avait permis, pour de l'argent, d'établir de
nouveau un évêque donatiste dans le lieu
même de sa résidence. Saint Grégoire écri-
vit sur cela à Colomb, évêque dans la même
province, d'assembler, aussitôt après l'arri-
vée du cartulaire Hilaire, un concile général
pour examiner cette atlaire, avec ordre de
déposer Maximien, s'il se trouvait convaincu
du fait. Il était nécessaire d'agir avec vigueur
en cette occasion, parce que l'hérésie des
donatistes prenait tous les jours de nouveaux
accroissements dans la Numidie, où, pour
de l'argent, ils obtenaient la liberté de re-
baptiser plusieurs catholiques. — Dans une
autre lettre, il charge Colomb d'étoutfer ce
mal dès sa naissance. — En même temps il
prie Gennade, exarque de Numidie, de pro-
téger cet évêque en tout ce qui concernerait
la discipline ecclésiastique. — Il écrivit di-
verses autres lettres à Colomb , qui mar-
quaient la confiance qu'il avait en lui, et
dans lesquelles il le chargeait de veiller à ce
l.il.. v,
Eplit. M.
IMd., Ei/I«l.
LU,. V,
Kjiitt. I.
Efin.
Lil.. II,
7.
Er
Lib.
IV,
K|.
I.i!..
^l. 7
IV,
El
I.ib,
-1. r
VI,
Ep
Lil..
ît. 2,
VU,
190
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
LIb.XII,
EplU. 9 M iS.
I.lb. 1
EpUI. W.
Lit.. I
Eplil. r,l.
i."s. VIII, qu'il n'v eût point de simonie dans le? or-
E. wl. I '. . . ^
dinalions, et qu'on n'ôlevàt point aux ordres
sacrés les jeunes grens. — Il fit l'union de
l'église des Trois-Tabernes, qui était ruinée,
à celle de Velletri, en donnant à Jean le pou-
vcmement de l'une et de l'autre, cl le pou-
voir de disposer, selon les règles, du patri-
moine de ces deux églises. — Sa lettre à
tous les évéques regarde l'allaire des Trois-
Chapitres.Cei^l pourquoi il faut supposerqu'el-
les'adi'esse,nouà tousles évèiYucsdu monde,
mais à ceux-là seulement qui refusaient de
condamner les Trois-C liapitres ; d'où vient
que dans iin manuscrit ancien, elle a pour
titre : A tous les défenseurs des Trois-C hapi très.
Ils avaient écrit au pape, pour se plaindre
des persécutions qu'on leur faisait souilVir.
Saint Grégoire leur témoigne qu'il avait reçu
leurs lettres avec plaisir, mais qu'il en au-
rait beaucoup plus de leur refour à l'unité
de l'Église ; que les persécutions dont ils se
plaignaient ne pouvaient leur être utiles ,
parce qu'ils ne les soutiraient pas pour la
vérité ; que la condamnation des Trois-Cha-
pitres n'avait porté aucune atteinte à la foi,
et que, dans le cinquième concile général,
où il en fut question, on ne traita que des
personnes, dont une , savoir Théodore de
Mopsueste, avait donné lieu à sa condamna-
lion par ses écrits, qui étaient évidemment
contraires à la vraie foi. U ajoute qu'ils rai-
sonnaient mal en disant que l'Italie n'avait
été si fort maltraitée, à l'exclusion des au-
tres provinces, que parce qu'elle avait erré
en condamnant les Trois-C hapitres; qu'au
contraire les calamités qu'elle souffrait
étaient une preuve de l'amour que Dieu lui
portait, selon qu'il est écrit : Le Seigneur
châtie celui qu'il aime. Pour les détromper,
il dit qu'il leur envoie le livre que Pelage,
son prédécesseur, avait écrit sur cette ma-
tière; par où il faut entendre la septième
lettre de Pelage, et la troisième ;\ Ilélie et
aux autres évéques d'Islrie. Celle-ci, ainsi
que l'assure Paul Diacre, était l'ouvrage de
saint Grégoire même.
7. Licinicn, évéque de Carlliagène en Es-
pagne, ayant lu son Pastoral, en conçut une
grande idée, parce qu'il en trouvait la doc-
trine conforme à ce qu'avaient enseigné, sur
le devoir des évoques, les saints et les an-
ciens docteurs de l'Kglise ; mais il crut s'a-
percevoir que ce saint Pape poussait trop
loin le s;ivoir qu'il exigeait de celui qu'on
doit promouvoir à l'épiscopat. Sa raison était
KlIX. SI.
que l'on ne trouvait pas toujours des sujets
qui eussent beaucoup de capacité, et que si
l'on ne voulait point se relâcher sur ce point,
il n'y am-ait quelquefois ni prédicateur, ni
ministre du baptême , ni prêtre pour of-
frir le sacrifice. Il pria donc saint Grégoire
d'examiner si, en certains cas, on ne pou-
vait pas employer dans le ministère des per-
sonnes dont la science se réduisait à savoir
Jésus-Christ, et Jésus-Christ ci-ucifié. 11 lui
demanda aussi ses homi-lies sur Job ; il par-
lait dans sa lettre de celle que le Pape avait
écrite à saint Léandre, évêque de Séville,
sur les trois immersions du baptême.
§ ni.
Livre troisième des Lettres de saint Grégoire.
1. Les lettres du troisième livre sont de la
onzième indiction, c'est-.Wire de l'an 592.
Saint Grégoire, ayant appris de l'abbé Jean
le lieu où l'on conservait la tunique de saint
Jean, écrivit h cet abbé de faire en sorte que
l'évêque qui possédait cette reliipie l'appor-
tât à Home eu cérémonie, accompagné de
son clergé. Jean Diacre dit que c'était la tu-
nique de saint Jean l'Évangéliste ; qu'elle
était de son temps dans l'église de Constan-
tin, aujourd'hui Saint-Jean de Latran , et
qu'elle y faisait beaucoup de miracles. Saint
Grégoire approuva par la même lettre le
choix que l'abbé Jean avait fait de Boniface
pour prévôt de son monastère. — En celte
même année 592, Adrien, évéque de Thè-
bes, se voyant persécuté par les évéques ses
confrères, comme par des ennemis, vint à
Rome pour y trouver de l'appui et se faire
rendre justice. — Il avait déposé deux dia-
cres de son Église, nommés Jean et Come,
l'un pour un péché d'impureté, l'autre pour
avoir mal administré les biens de l'église.
Pour s'en venger, ils le poursuivirent devant
rKmpercur pour des causes civiles et crimi-
nelles. Le premier crime dont ils l'accusè-
rent fut de n'avoir pas déposé Etienne, dia-
cre de la même Eglise de Thèbes, quoique
sa vie infâme ne lui fut pas inconnue; le se-
cond, d';ivoir empêclii' <[u'on ne baptisât des
enfant!^ qui, en ellel, ('laienl miu-ts depuis
sans baptême. Ll-lmpereur, suivant les ca-
nons, renvoya Adrien devint Jean, évoque
de Laj'isse, son mcMropolitain. Les témoins
prouvèrent bien la niauv.iise conduite du dia-
cre i;tieime, mais non qu'Adrien en eut été
informé; ils ne prouvèrent pas non plus qu'il
- ILIb.
Eplil. 1.
Io.li. M-.
t0T<. Lik 111,
nain. »7.
[vil» siÈcxE.] CHAPITllE XLIX. — SAINT GRliGOIUE LE fillANn, PAPE.
491
eût empêclië de baptiser lies enfants, et ils ne
doposèreiit sur ce lailciue d'après le rapport
des luèros dont les maris avaienl été cxconi-
niunios pour leurs crimes. Il lui prouvé d'ail-
leurs que les entants, qu'on disait être morts
sans baptême, l'avaient rcru i\ Iléniélriade.
Jean de Larisso ne laissa pas de condamner
Adrien sur ces deux chefs. Celui-ci appela
de cette sentence à l'Empereur, c'était Mau-
rice; mais Jean, sans avoir ét^ard à son ap-
pel, le fit melire en prison, où il le coutrai-
Ji^nit de donner par écrit son aciiuiesccmeut
à sa sentence , tant pour le criminel que
pour le civil. Adrien donna cet acquiesce-
ment en termes ambigus, qui lui laissaient
ouverture à sa justiticalion. Il fit donc pour-
suivre son appel devant l'Empereur, et por-
ter tous les actes de la procédure faite par
Jean de Larisse. Maurice commit, pour exa-
miner cet appel, Honorât, diacre de l'église
romaine, et nonce à Constantiuople, avec
un de ses principaux secrétaires, nommé
Sébastien. Le procès ayant été exactement
discuté, Adrien fut renvoyé absous. On ob-
tint toutefois un second ordre de l'Empereur
par lequel l'aO'aire fut renvoyée à Jean, cvê-
que de la pi-emière Justinienne, primat d'Il-
lyrie et vicaire du Saint-Siège. Adrien ne fut
pas plus chargé dans cet examen que dans le
précédent, et toutefois le primat Jean le con-
damna et le déposa de l'épiscopat. L'évèque
de Thèbes en appela au Pape, et signifia son
appel à Jean de Justinienne, qui promit d'en-
voyer des gens à Rome pour soutenir son
jugement. Adrien s'y rendit en personne, et
se plaignit à saint Grégoire des injustices
qu'il avait souffertes de la part de Jean de
Larisse son métropolitain, et de Jean de
Justinienne son [irimat. — Le Pape attendit
longtemps leurs députés, mais voyant que
personne ne comparaissait pour eux, il exa-
mina les actes des procédures faites à leur
tribunal, et s'élant convaincu que leurs sen-
tences étaient aussi irrégulières dans la for-
me qu'injustes dans le fond, il cassa la sen-
tence du primat, en le condamnant à trente
jours de pénitence, pendant lesquels il serait
privé de la sainte communion, sous peine
d'être puni plus sévèrement, s'il n'obéissait.
11 se réserva à examiner plus amplement
comment il devait être puni, pour avoir abu-
sé du pouvoir qu'il avait dans l'Illyrie,
comme vicaire du Saint-Siège. A l'égard
de Jean de Larisse, il aurait mérité d'é-
ti-e privé de la communion du corps de
Notre- Seigneur, pour avoir méprisé l'ad-
munilion ilu papi; P('lage, par laquelle il
exemptait de la juridiction de l'évèque de
Larisse Adrien et son église; mais saint Gré-
goire se contenta de renvoyer leurs contes-
tations à la décision des nonces (ju'il avait à
Constantiuople, supposé que ces contesta-
tions fussent de moindre conséquence, ou de
se les réserver, si elles étaieut plus considé-
rables; en attendant, il rétablit Adrien dans
son siège, avec ordre à Jean de Larisse de
restituer àl'église de ïlièbes, sans délai, tous
les biens sacrés ou profanes, meubles ou im-
meubles, qu'on l'accusait de retenir, et dont
il lui envoya le mémoire. Adrien se réconci-
lia avec ses accusateurs. — Saint Grégoire, i^.' '•^'•
craignant qu'il n'y eût cpielque prévarication
dans cet accord, envoya sur les lieux un
diacre de l'église Romaine, pour savoir ce
qui en était. — Il fit aussi rappeler Florent, '•
évéque de Raguse, parce qu'il avait été en-
voyé eu exil sur des accusations non prou-
vées et sans avoir été jugé par le concile de
la province; — mais avant de le rétablir, il ^•
ordonna que sa cause serait examinée par
les évêques, et son innocence reconnue.
2. Il consentit à ce qu'Agnel, évéque de '■''"■
Fondi, ville ruinée par les guerres, accep-
tât l'évéchéde Terracine, sans toutefois sup-
primer le titre de l'église de Fondi, et sans
décharger Agnel du soin qu'il en avait pris
auparavant. — Ceux de Naples avaient choisi ' >•
pour évéque Florent, sous-diacre de l'église
de Rome, qui ne pouvant se résoudre d'al-
ler à Naples, prit la fuite pour éviter l'épis-
copat. Saiul Grégoire en fut affligé; mais, ne
voulant pas laisser cette église sans évéque,
il écrivit à Scholastique, juge de Campanie,
d'assembler les principaux ou le peuple de
Naples, pour procéder avec eux à l'élection
d'un autre évéque ; à quoi il ajouta : « Si vous
ne trouvez personne dont vous puissiez con-
venir, choisissez du moins trois hommes dont
la droiture et la sagesse soient connues, et
les envoyez ici au nom de toute la commu-
nauté ; peut-être trouveront-ils à Rome quel-
qu'un capable d'être votre évéque. » Voilà
un exemple d'élection par compromis. La
lettre du Pape n'eut aucun effet. — Il en écri- 33.
vit une autre quelque temps après à Pierre,
sous-diacre de Campanie, pour presser le
peuple de Naples de députer deux ou trois
d'entre eux à Rome, pour y choisir un évé-
que au nom de toute la ville. Il le chargea,
par la même lettre, de les avertir d'apporter
.i'J2 HISTOIRE GKNKllALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES
tout le vestiaire de l'évèque, et l'arirent né-
cessaire pour sa dépense, parce qu'il devait
être consacré à Rome, et en partir pour N'a-
pies. Paul, évêque de Népi, avait pris soin de
l'église de Naples pendant la vacance du
siège; comme il souhaitait de s'en retourner
dans sa propre église, le Pape le lui accorda,
en donnant onlre au sous-diacre Pierre de
lui faire délivrer, aux dépens de l'église de
Naples, cent sous d'or, et un petit orphelin
Epi" si.ei. à son choix, c'est-à-dire, un esclave. — For-
tunat fut enfin ordonné évêqiie de Naples;
ce fut lui qui consacra le monastère de l'ab-
besse Grfiticuse. Il souscrivit au concile de
Rome en 595. — Saint Grégoire donna en
toute propriété ;\ l'abbesse Flore un terrain
sulUsant pour bâtir un mouastère. — Les
ariens s'étaient emparés d'une église; le
Pape, avant de la rendre aux catholiques, la
consacra de nouveau, et y mit des reliques '
de saint Séverin, dont elle portait le nom.
3. Après la mort de N'atalis, évèque de Sa-
lone, saint Grégoire écrivit au sous-diacre
Antonii), recteur du patrimoine de Dalmatie,
de veiller fi l'élection d'uu nouvel évèque,
et d'avoir soin qu'il se fit ordonner à Rome.
Il l'avertit de prendre garde surtout que les
présents ni les recommandations n'aient
aucune part dans cette élection, parce qu'il
serait dillicile que l'élu, après sou ordina-
tion, ne se prêtât aux volontés de ceux qui
auraient appuyé son élection, ce qui ne man-
querait pas de porter préjudice à cette éirli-
se, et de troubler l'ordre ecclésiastique. Il
veut donc qu'il n'ait attention, dans le choix
d'un évèque, qu'à la bonne vie et aux bonnes
mœurs. — Il fit déposer l'abbé Secondin,
convaincu de crimes, et ordonnera sa place
Théodose, que la communauté du monastère
de Saint-Martin demandait. — Ayant appris
que Laurent, évèque de Milan, avait sans au-
cune raison excommunié le prêtre Magnus,
il leva l'excommunication , permit à Ma-
gnus de faire ses fonctions et de communier,
laissant à sa conscience, s'il se sentait cou-
pable de quelque faute secrète, de l'expier
en secret. Laurent était mort lorsque saint
Grégoire écrivit à Magnus ; c'est pourquoi il
le chargea d'averlir le clergé et le peu])le de
procéder unanimement àrélecliiui d'un évè-
que. Le choix tomba sur Conslantius, diacre
de la même église de Milan. Le prêtre Ma-
gnus fut chargé de porter le décret d'élection
A saint Grégoire, qui, voyant qu'il n'était pas
souscrit, craignit qu'il n'y eût de la surprise.
— Il envoya donc Jean, sous-diacre de l'é-
glise romaine, à Milan, avec une lettre pour
le clergé et le peuple, où il leur prescrivait
les règles qu'ils devaient suivre dans l'élec-
tion d'un pasteur; — et, parce que plusieurs
Milanais s'étaient réfuiriés à Gênes pour se
soustraire aux mauvais traitements des Lom-
bards, il envoya Jean à Gènes, avec ordre
de les faire assembler, et en cas qu'ils s'ac-
cordassent unanimement à l'élection de Cons-
lantius, de le faire consacrer évêque de Mi-
lan par les évoques de la province, suivant
la coutume. — Les habitants de Rimiui l'a-
vaient pressé de leur donner pour évèque
Castorius; saint Grétioire eut peine à y cou-
sentii-, parce qu'il le trouvait trop simple pour
gouverner cette église ; Castorius en tomba
même malade de chagrin. Le Pape le retint
donc à Rome, et commit Léonce, évècjue
d'Lrbiu, pour avoir soin de l'église de Ili-
mini. — Il donna ordre â Marinien, abbé de
Palerme, et à Bénénatus, recteur du patri-
moine de cette ville, de s'informer de la con-
duite de l'évèque Victor, et en cas qu'ils
le trouvassent coupable des fautes dont on
l'accusait, non-seulement de le priver de la
communion du corps et du sang de N'otrc-
Seigneur, mais de l'enfermer encore dans un
monastère pour y faire pénitence. — Il en-
voya au patricc Dynamo une petite croix, où
il avait fait enchâsser de la limaille des chaî-
nes de saint Pierre et du gril de saint Lau-
rent. — Il conlirma la donaliou que le prê-
tre Jean avait faite par teslament pour l'é-
tablissement d'un monastère, où il transféra
une communauté de filles dout Bonne était
abbesse. — 11 écrivit à Libertin, préfet de Si-
cile, de réprimer laltcntat d'un juif, nommé
Nasas, qui avait osé élever un autel sous le
nom du prophète Élie, et porté par ses sé-
ductions sacrilèges plusieurs chrétiens à y
venir adorer. Nasas achetait aussi des escla-
ves chrétiens, au mépris des lois, et il avait
gagné par argent le gouverneur précc'ilcnl,
nommé Justin, qui l'avait laissé impuni. —
Le Pape prie le préfet de vérifier tous ces
faits, et de le punir de peines corporelles. —
Félix, défenseur, avait une esclave qui sou-
haitait se faire reli.i;ieuse. Saint Grégoir4^
chaigea le sous-diacre Pierre d'examiner s.i
vocation, et, s'il la trouvait bonne, de racln--
ter cette esclave, et de la mettre dans un
monastère entre les mains de personnes gra-
ves.
4. Sur les plaintes qu'on lui porta qu'un
Epltl. ».
Bpisl.
ir,,H.
[vw SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — S.UNT
iioinmi^ Fëlix avait violô une vierge, il or-
diiiiri.i, ou qu'on roblijicâl do l'i^pouser, on
i|ii*iipi'('s l'avoir puni corpoicUcuicnt, ou
r(Mifcrui:'il dans un inonastèio pour (pi'il y
fil p('nitiMice, sans pouvoir en sortit' à moins
de sa permission. Le plaignant était un dia-
cre (pii avait contracté des dettes poiu- se
laiheter des mains des barbares; comme il
se trouvait liors d'i'tat de les aciiuillei-, saint
Grégoire donna ordre au notaire Patilaléon
de les payer. — Celui-ci fut aussi chargé de
faire avec Félix, évèque de Sipoute, un in-
ventaire de tous les meubles de cette église,
et de le reporter à Rome. — Saint Grégoire
n'était pas content de cet évèque, à qui il
impidait en quelque sorte la faute de son
neveu Félix, pour n'avoir pas veillé sur sa
conduite. Il le rendit donc responsable de
l'exécution de la sentence qu'il avait rendue
contre lui. — André, évèque de Tarente, avait
eu une concubine avant d'être admis dans le
saint ministère. Il fut soupçonné depuis d'a-
voir eu un commerce avec elle. Le fait n'é-
tait pas certain. Saint Grégoire donna com-
mission ù Jean, évèque dcGallipoli, de s'en
informer, et, s'il le trouvait vrai, d'interdire
André de ses fonctions. Il y avait d'autres
plaintes contre cet évèque, entre autres d'a-
voir fait frapper cruellement à coups de bâton
une femme du nombre de celles qui étaient im-
matriculées, c'est-à-dire, qui étaient nourries
et entretenues aux dépens de l'Église. Pour
ce fait, saint Grégoire lui ordonna de s'abs-
tenir pendant deux mois de la célébration
des saints mystères. — Ses lettres à Adéo-
dat, primat de Numidie, et à Théodore, évè-
que de Lilybée, sont pour les exhorter à
n'admetti'e au sacerdoce que des personnes
d'ûge et de probité.
5. On avait commencé un baptistère dans
l'église du monastère de Saint- .\ndré, ce qui
était contre l'usage des monastères, et y ap-
portait cpielques troubles. Saint Grégoire
écrivit donc à Secondin, évèque de Taormi-
ne, de le détruire, et de bâtir à la place un
autel pour y célébrer les saints mystères. —
Il écrivit à Eutychius, évèque de 'l'indaro
dans la Sicile, de continuer à travailler à la
conversion des idolâtres, en l'assurant qu'il
avait écrit au préteur de Sicile pour le pro-
téger dans cette bonne œuvre. L'église de
Bénagna dans l'Ombrie était sans prêtres et
sans évèque ; le Pape chargea Chrysanthe,
évèque de Spolète, de pourvoir à ses besoins,
et daller en attendant administrer le bap-
GltlîlGOlRE LE GRAND, PAPE. 49'i
tème aux enfants. — Cependant, le graml ki,i-
écuyer de l'empereur iMaurice ajiporta à
R(Mne une loi (jui dc-feudait de recevoir, soit
dans le clcigc-, soit dans les monastères, au-
cun de ceux qui étaient engagés dans les
charges publiques, ou qui avaient pris quel-
que engagemeiildans la milice. Ces derniers
étaient aisés â reconiiaitre, parce qu'ils por-
taient une marque imprimée sur la main.
Saint Grégoire reçut cet édit dans un temps
où il était malade, ce qui l'empêcha d'en
écrire aussitôt à l'Empereiu". Il dit, dans la
lettre qu'il lui écrivit depuis, qu'il ne désap-
prouvait pas que ce prince eût défendu de
donner place dans le clergé :\ ceux qui
étaient ojjligés de rendre compte de quelipie
administration, et qui avaient exercé des
charges publiques, parce qu'il savait que la
plupart d'entre eux ne s'engageaient dans la
cléricature que par ambition et par avaiice;
mais il trouva étrange qu'on fermât l'entrée
des monastères aux gens de guerre, qui
avaient si grand besoin de pénitence, parce
que c'était leur fermer l'entrée du ciel. Il de-
mande donc à l'Empereur que ce qui leur
avait été permis jusque-là, le fût encore à
l'avenir. Il convient qu'il y en a plusieurs qui
peuvent, sous un habit séculier, mener une
vie religieuse, mais aussi que la plupart ne
peuvent être sauvés s'ils n'abandonnent tout ;
à quoi il ajoute que la puissance souveraine
a été donnée aux princes sur tous les hom-
mes, afin que ceux qui tendent à la vertu,
soient aidés et secondés par eux; que l'édit
nouvellement publié paraissait contraire à
cette disposition, puisqu'il déclarait nette-
ment, qu'après qu'on s'était enrôlé dans la
milice séculière, il n'était plus permis d'en-
trer dans la milice de Jésus-Christ, à moins
d'avoir accompli le temps du seiTice, ou d'a-
voir été refusé pour faiblesse de complexiou.
Il représente à ce prince les grandes faveurs
dont Dieu l'avait comblé en le faisant passer
par tous les degrés d'honneur, de notaire,
c'est-à-dire secrétaire d'iitat, de comte, de
capitaine des gardes, de césar, d'empereur;
le pouvoir qu'il lui avait accordé sur les prê-
tres et. sur lesévèques : d'où il conclut qu'il
ne pouvait sans ingratitude détourner ses
soldats du service de Celui de qui il avait
reçu tant de bienfaits. Il lui représente en-
core, qu'aucun de ces prédécesseurs n'avait
fait inie semblable ordonnance; qu'il était
dur de défendre d'abandonner le siècle, lors-
'•que ce siècle était sur sa fin; que si l'on dou-
mSTOlRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSL\STIQLT:S.
uti:'. it.
El..
Lit'. Vl.l,
•104
tiiit qu'il y eût des soldais qui se fissent moi-
nes avec une droite intention, il était en état
d'en citer pliisieui-s de son temps qui avaient
vécu avec tant d'édification depuis leur con-
yersion. que leur sainteté avait éclaté par des
miracles. Il conjure donc l'Empereur, ou de
chanper cette loi, ou de la modérer par une
nouvelle interprétation, l'assurant que, bien
loin d'affaiblir parla ses armées qui combat-
tent contre les ennemis de l'État, il les forti-
fiera, en rendant plus nombreuses les ar-
mées du Sei<rneur, dont les prières sont les
armes les plus puissantes et les plus redou-
tables. Mais, pour marquer combien il était
soumis.aux puissances delà terre : «J'ai en-
voyé, Tui dit-il, votre ordonnance dans tou-
tes les parties du monde, après avoir pris la
liberté de vous représenter qu'eUe ne s'ac-
corde pas avec la loi du Tout-Puissant; ainsi
je me suis acquitté de ce que je devais des
deux côtés. J'ai obéi à l'Empereur en pu-
bliant son édit; et je ne mesuispas tù, lors-
qu'il a fallu soutenir les intérêts de Dieu. »
S. Grégoire eut recours aussi aux personnes
qui avaient le plus de crédit ù la cour, nom-
mément à Théodore, qui était le premier
médecin de Maurice. Il avoue dans sa lettre,
que Julien l'Apostat avait donné un édit
semblable ; mais il ne croit pas que ce prin-
ce, ennemi de Dieu, doive servir de modèle
à des empereui-s chrétiens. — Soit que Théo-
dore eût employé son crédit auprès de l'Em-
pereur, soit que ce prince eût été frappé des
remontrances de saint Grégoire , il modéra
sa loi dans la suite, en permettant de rece-
voir les soldats à la profession religieuse,
après les avoir éprouvés par un noviciat de
trois ans. — La dernière lettre du troisième
livre est à Domitien, évéque de Mélitine et
métropolitain d'Arménie, qu'il congratule de
ce qu'il s'appliquait à l'élude des divines
Écritures, et de ce qu'il avait prêché la foi à
l'empereur des Perses. Quoifpie ce prince
n'en eût pas profité, il assure Domilien qu'il
ne sera pas moins récompensé de ses tra-
vaux : un Élliinpien entre noir dans le bain,
et il en sort noir; le baigneur toutefois reçoit
le prix du bain. Il cite l'eiLplication spiri-
tuelle qu'il avait donnée du rapt de Dina,
rai)porté au chapitre xxxiv de la Genèse, et
soutient qu'on peut entendre ainsi cet en-
droit de l'Écrilure sans déroger à la vérité
de l'bistoire.
§1V.
Livre quatrième des Lettres de saint
Grégoire.
Après que Constantius eut été élu et con- K^M.t^
sacré d'un consentement unanime évoque
de Milan, saint Grégoire l'en félicita , en lui
donnant les avis nécessaires pour la condui-
te de cette église , et en lui envoyant le pal-
lium. Constantius, de son côté, avait envoyé
au Pape sa confession de foi , selon la cou-
>tume. Il n'y avait point parlé des Trois-Clia-
pitres ; mais trois évêques de sa province,
cherchant vraisemblablement h se séparer
de lui, firent courir le bruit qu'il s'était obli-
gé par écrit à condamner les Trois-C/iopitres,
et sous ce prétexte quittèrent sa commu-
nion. Ils persuadèrent aussi à la reine Théo-
delinde de s'en séparer; elle était veuve
d'Autarit, roi des Lombards; depuis la mort
de ce prince, elle avait épousé Agilulfe, duc
de Turin, qu'elle convertit à la foi catholi-
que avec toute la nation des Lombards. Saint
Grégoire, informé du procédé de ces trois
évêques , écrivit en même temps deux let-
tres à Constantius. Dans la première , qui
était pour lui seul, il l'assure, qu'encore que
Théodelinde se soit séparée de sa commu-
nion, parce qu'elle avait été trompée , il sa-
vait de bonne part qu'eUe ne tarderait pas
à y rentrer ; qu'il lui avait écrit sur ce su-
jet ; qu'à l'égard des trois évêques , il ne
doutait pas qu'ils ne dussent se repentir de
ce qu'ils avaient l'ail, aussitôt qu'ils auraient
reçu sa lettre. Le Pape déclarait dans la se-
conde, qui était écrite pour être montrée aux
évêques schismatiques , qu'il n'avait été fait
aucune mention des 7'ruis-C/iapitrcs entre
lui et Constantius. Il y protestait en sa cons-
cience , qu'il conservait la foi du concile de
Chalcédoine , sans oser rien ôlcr ni ajouter
à sa définition , disant anathèmc à quicon-
que croyait plus ou moins que ce que ce
concile avait décidé. Il ajoutait : « Celui Iqui
n'est pas content de cette déclaration , n'ai-
me paj tant le concile de Chalcédoine, qu'il
ne liait l'Église notre mère, n — Saint Gré-
goire avait adressé i\ Constantius une troi-
sième lettre pour la reine Théodelinde ; —
mais cet évèque, sachant que le Pape y par-
lait du cinquième concile général-, ne jugea
pas à propos de la rendre A cette princesse ,
dans la crainte de la scandaliser. — Sa con-
duite fut approuvée de saint Grégoire , qui
[vil* SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
lui envoya une autre lettre pour Tlit5odeliii-
(1(\ 011, so contenliint de louer les quatre
lireuiiers conciles, il ne disait rien du cin-
iiuième ; mais il exiiorlail cette reine ;ï écri-
re incessaïuincnl à Con.stautius pour lui té-
nioigner qu'elle agréait son ordination , et
([u'elle embrassait sa communion. Ces let-
tres, de même que toutes celles du ijuatriè-
me livre , sont de la douzième indiction ,
c'est-i\-dire de l'an 593. — Le Pape, en par-
lant du concile de Conslantinople, que quel-
ques-uns, dit-il, nomment le cinquième, di-
sait i\ Constantius : u Vous devez savoir qu'il
n'a rien' décidé contre les quatre précé-
dents; car on n'y a point traité de la foi,
mais seulement do quelques personnes, dont
il n'y arien dans le concile de Chalcédoine;
seulement , après avoir fait les canons , on
agita quelque dispute sur ces personnes , et
on l'examina dans la dernière action. » ,\in-
si saint Grégoire ne comptait pour actes du
concile de Chalcédoine que les sept premiè-
res actions , qui comprenaient la définition
de foi et les canons, regardant tout le reste
comme des allaires particulières , et sans
conséquence pour ri<]glise universelle. —
Les citoyens de Brescia voulaient obliger
Constantius de déclarer avec serment qu'il
n'avait pas condamné les Trois- Chapitres.
Saint Grégoire lui écrivit sur cela : « Si vo-
tre prédécesseur ne l'a pas fait , on ne doit
pas vous le demander; s'il l'a fait, il a faus-
sé son serment , et s'est séparé de l'Église
catholique , ce que je ne crois pas. Mais
pour ne point scandaliser ceux qui vous ont
écrit , envoyez-leur une lettre , où vous dé-
clariez avec anathème que vous u'alfaiblis-
sez en rien la foi du concile de Chalcédoine,
que vous ne i-ecevez point ceux qui l'aflai-
blisseut, que vous condamnez tous ceux qu'il
a condamnés, et justifiez tous ceux qu'il a
justices. Quant au scandale qu'ils prennent
de ce que vous ne nommez pas à la messe
notre confrère Jean, évèque de Ravenne , il
faut vous informer de l'ancienne coutume ,
et la suivre. Sachez aussi s'il vous nomme à
l'autel : car, s'il ne le fait pas, je ne vois rien
qui vous oblige à le nommer, » C'était donc
l'usage alors de nommer à l'autel les évé-
GRÉGOIRE LE GRAND, PAPE. 'M
ques vivants des grands sièges, comme nous
y nommons le Pape.
2. L'n iiomuik'^ l']tiennc avait déclan; en KjI.i.j.
inouranl qu'il voulait (|ue l'on prit sur sa
succession les fonds nécessaires pour réta-
blissement d'un monastère ; ses héritiers
ayant ni'gligé d'exécuter sa volonté à cet
égard, saint Grégoire écrivit ;\ Janvier, évè-
que de Cagliari, de les y contraindre , en
leur donnant l'année pour terme. — Il lui ''"
ordonna aussi de députer un homme de pro-
biti;, tiré de son clergé , pour prendre soin
des monastères de filles, en sorte qu'elles
ne fussent plus obligées à l'avenir de sortir
pour vaquer à leurs propres affaires ; vou-
lant (lue. si quelqu'une était loinljée dans
une faute considérable, il la fit renfermer
dans un autre monastère de filles dont la
vie fut plus austère , pour y faire pénitoiico
dans les jeûnes et la prière. Il lui ordonna
encore de tenir chaque année deux conci-
les, et de faire mettre en liberté les esclaves
de juifs qui se réfugiaient dans l'église en
vue d'cmljiasser la foi catholique. Les prê-
tres de l'ile de Sardaigne marquaient, à l'i-
mitation des Grecs avec qui ils étaient en
relation, les enfants baptisés, sur le front,
avec le saint chrême. Les évêques , à qui ce
droit appartenait , suivant l'ancienne tradi-
tion de l'Église , marquaient une seconde
fois les enfants sur le front avec le saint
chrême, lorsqu'ils leur donnaient la confir-
mation. Saint Grégoire, trouvant de l'abus
dans cette double chrismalion sur le front ,
la défendit^ et, pour conserver aux évêques
leurs droits , il ordonna que les prêtres ne
marqueraient plus sur le front avec le saint
chrême les enfants baptisés , et qu'ils se
contenteraient de leur faire l'onction sur la
poitrine, afin que les évêques leur fissent
ensuite celle du front. — Ayant appris de- se
puis, que quelques-uns avaient été scanda-
lisés de cette défense, il permit aux piètres
de faire aux baptisés l'onction du chrême
sur le front , au défaut des évêques , disant
qu'il ne l'avait défendu d'abord, qu'eu égard
à la coutume ancienne de l'église de Rome,
qui réservait cette chrismation à l'évêque.
On voit par là que les usages étaient dillé-
' De illa lamrn synodo quœ in Constantinopoli
■pnstmodum fada est, quœ a multis quinta noini-
naiur, scire vos vulo quia nihil contra quatuor
sanctissimas synodos conslitueril, vel senserit ;
quippe quia in ea de personis tantummodo, non
autem de fide aliquid gestum est, et de his per-
sonis de quibus in Chalcedonensi concilio niltil
conlinctur ; sedpost expresses canones fada con-
tenlio, et exlrema actio de personis ventila ta
est. Gr eg.lib. IV, Epist. 39.
496 HISTOIRE GÉNÉRALE DES
irnts sur ce point enlre les églises d'Occi-
dent, comme ils le sont encore entre les
Grecs et les Latins.
Epi-'i. 10. 3. Il dofeuilit aux dvêqnes de Dalmatie de
choisir sans son tousenlement un évcquc
pour Saloue, leur accordant néanmoins pour
cette fois ce pouvoir, pourvu (pie tous les
suÛ'rages se réunissent sur une même per-
sonne, et que ce ne fiil pas un nommé Ma-
xime, dont on lui avait dit beaucoup de mal.
'• — Il était d'usage dans l'Église de Rome de
partager en quatre les revenus, dont une
partie était pour l'évèque, une autre pour le
clergé, la troisième pour les pauvres, et la
quatrième^.pour la réparation des bâtiments
de l'Église. Les évoques de Sicile suivaient
ausssi cet usage, mais seulement pour les
revenus anciens de leurs églises, et ils tour-
naient à leur usage particulier tous les nou-
vi-aux. Saint Grégoire chargea Maximien de
Syracuse de les obliger ;\ faire quatre parts,
tant des nouveaux que des anciens revenus
de l'Église, et d'en faire une distribution
conforme aux canons. Il le chargea aussi
d'empêcher que l'on ne choisît pour abbé
d'un monastère un clerc attaché à quelque
église particulière, et qui ne fût pas moine,
ou de l'obliger, en cas qu'il eût été choisi
abbé, de quitter l'église à laquelle il était
attaché , pour vivre dans le monastère et
y faire les fonctions d'abbé ; de veiller à
ce que l'on fit des inventaires des biens de
l'église après la mort de l'évèque, et que ces
inventaires se tissent gratuitement ; de faire
défrayer les visiteurs des églisffs, avec les
clercs de leur suite ; d'empêcher qu'on ne
choisit pour abbesses de monastères de fil-
les, des personnes moins âgées que d'onvi-
u. ron soixante ans; — de punir le crime
d'un homme qui iivait enlevé la femme d'un
u. autre, et l'av.nit vendue ; — de recevoir dans
son église le diacre Félix, qui était revenu
ù l'unité de l'Église, après s'en être séparé
„. pour la cause des Trois - Chapitres ; — de
faire rendre à Enplus les biens de sa mère,
qu'Eusanius son père avait retenus étant
évoque , et dont il n'avait point disposé ,
II. étant mort sans testament. — Il ordonna à
Janvier de Cagliari de seconder Théodosie
dans le dessein où elle était de faire de sa
maison un monastère ; — au diacre Cyprien
de ramasser les vases sacrés que divers prê-
tres d'Italie avaient emportés avec eux dans
leur fuite en Sicile, et de les remettre entre
les mains des évêques des lieux où ils les
!(.
AUTEURS ECCLÉSIAS'nQUES.
retrouverait, afin de pouvoir, au retour de
la paix, les rendre à qui ils appartenaient;
— à Félix, évêque de Siponte, de restituer,
des denit.'rs de l'Église, douze sous d'or à
celui qui avait délivré pareille somme poui"
le rachat du clerc Tribun. — Il donna a l'abbé
Maur et à ses moines l'église de Saint-Pan-
crace, afin qu'ils y fissent l'ollice divin sur
le tombeau du saint martyr, à la charge
aussi d'entretenir un prêtre pour la célébra-
tion des saints mystères. Ce prêtre est ap-
pelé étranger, par opposition au prêtre car-
dinal, qui était fixe, et attaché particulière-
ment à la desserte d'une église, au lieu que
l'étranger n'était que pour un temps ; il était
nourri dans le monasière, d'où il recevait
aussi de quoi sullire aux autres besoins de
la vie.
4. Les ariens s'étaient emparés, sous les
rois goths, de l'église de Sainte-Agathe, où
ils tenaient leurs assemblées, et l'avaient en-
richie de plusieurs donations. Cette église
ayant été rendue aux catholiques, saint Gré-
goire commit l'acolyte Léon pour prendre
soin des revenus qui y étaient attachés, et
pourvoir à ses réparations et aux luminaires.
— En permettant aux évoques de Dalmatie
d'élire un évêque pour Salone, il avait exclus
nommément Maxime ; ils le préférèrent tou-
tefois à l'archidiacre Honorât, qui avait été
élu par le clergé de Salone. Maxime obtint
un ordie de l'Empereur qui confirmait son
élection, et le fit exécuter à maius armées.
Saint Grégoire, informé de ces violences,
lui écrivit pour lui déclarer, qu'il tenait pour
subreptice ou pour faux l'ordre de l'Empe-
reur : « Car, dit-il, nous n'ignorons ni vo-
tre vie ni votre âge, et nous savons l'inten-
tion de l'Empereur, qui n'a pas coutume
de se mêler des affaires des évèques, pour
ne pas se charger de nos péchés. Nous ne
pouvons donc nommer ordination une ci-ré-
monie qui a été faite par des excommuniés;
et jusqu'à ce que nous sachions par les let-
tres de l'Hlmpereur ou de notre nonce, que
vous avez été ordonné véritablenuMit par son
commandement , nous vous défendons , à
vous et à vos ordinateurs, de faire aucune
fonction sacerdotale, ou d'approcher du saint
autel , jusqu'à notre réponse , le tout sous
peine d'auathèinc. d — Il manda à Vcnance,
évêque de Luna ou la Magra, d'empêcher que
les juifs n'eusseul à eux des esclaves chré-
tiens, mais de permettre à ceux des chré-
tiens qui cultivaient les terres des juifs, de
E|i-i. n.
[vil» SIÈCLE.] CHAPITRE XI.IX. — SAINT
loin- (Ml payer Ips redevances onliiiaires. —
Epiii. -'S. 11 [laiait ([lie cet i'vi'i|iie iiiaminait de fer-
nielc^ ou qu'il avait allaiic i'i iin peuple dif-
ficile, puisque, comme il ne pouvait le ré-
duire à vivre suivant les r6gles de la disci-
pline, le Pape fut obligé de le. faire seconder
!<,îi. par Constanlius, évèquc de Milan. — On voit
par les lettres qu'il écrivit ;\ Hospiton, duc
des Barbaricicus, et ù Zabarda, duc de Sar-
daigne, combien il s'intéressait à la conver-
sion de ces peuples, qui étaient cnc|^-e ido-
u. latres. — Ils occupaient une partie de la
Sardaigne ; c'est pourquoi il pria les nobles
et les propriétaires des terres de cette île,
de ne point empècbcr la conversion des
paysans qu'ils occupaient ti les cultiver. « Ils
vous sont, leur dit-il, confiés pour vous ser-
vir dans vos intérêts temporels , afin que
vous pi'ocuriez à leurs âmes les biens éter-
nels : s'ils font leur devoir, pourquoi ne fai-
tes-vous pas le vôtre? » Il envoya, pour con-
vertir ces paysans, Félix, évéqiie en Italie,
et Cyriaque, abbé de Saint-Audié de Home,
parce que les évoques de Sardaigne n'étaient
pas assez zélés, jusque - là que Janvier, évo-
que de Gagliari, ni ,'tropolilain de la province,
avait des serfs de sa propre église qui étaient
se. encore païens. Saint Grégoire lui en fit des
reproches, ajoutant dans sa lettre : « Si je
puis trouver un évêque de Sardaigne qui ait
un paysan païen, je l'en punirai sévèrement;
et si ce paysan demeure obstiné dans son
infidélité, il faut le charger d'une si forte
taille, qu'elle l'obiige à entendre raison. » Il
se plaint encore ;\ Janvier de ce qu'en Sar-
daigne on rétablissait en leurs fonctions des
clercs qui , étant dans les ordres sacrés ,
étaient tombés dans des péchés de la chair :
ce qu'il défend absolument , comme con-
traire aux saints canons, quand même ces
clercs auraient fait pénitence. Pour parer
à cet inconvénient, il veut que l'on examine
avec soin si ceux que l'on ordonne ont gardé
la continence pendant plusieurs années, s'ils
ne sont point bigames, s'ils sont affection-
nés à l'aumône et à la prière. Il le charge
de communiquer sa lettre à tous les évé-
j7. ques de sa dépendance. — Dans une autre
lettre, il]lui ordonne d'établir, pour adminis-
trateurs des hôpitaux , des personnes de
bonne vie et d'industrie, qui fussent clercs
et exempts de la juridiction séculière, afin
que les magistrats n'eussent aucun prétexte
de les molester, ni de piller_les biens des pau-
vres; d'obliger ces administrateurs de lui
XI.
GRÉfiOIllE LE GRAND, PAPE. 497
rendre compte h certains temps , en sorte
qu'ils ne disposassent de rien h son insu ; de
priver de la communion celui qui avait ac-
cusé de crimes le prêtre Kpi[)liane, s'il ne se
trouve point en étal de prouver ce qu'il avait
avancé contre lui; de punir d'abord cor-
porellement , puis de mettre en pénitence
le clerc Paul , convaincu de nombreux ma-
léfices, et coupable d'avoir quitté l'état clé-
rical pom' s'enfuir en Afrique ; de s'oppo-
ser à l'abus qui se glissait de prendre de
l'argent pour les ordinations , les maria-
ges et la bénédiction des vierges; de réta-
blir dans la communion des saints mystères
ceux qu'on en avait piivés pour avoir épousé
des filles sorties de leurs monastères, pourvu
toutefois qu'ils aient fait pénitence de ce cri-
me. Il remarque que, sui\'ant les canons, il
n'était point permis de communiquer avec
ceux qui étaient excommuniés.
5. L'impératince Constantinc lui avait de- t^p'"-'"-
mandé le chef de saint Paul ou quelque au-
tre partie de son coips, pour mettre dans
l'église que l'on bâtissait à l'honneur de ce
saint apôtre dans le palais de Constantino-
ple. Saint Grégoire lui fit réponse qu'il ne
pouvait ni n'osait faii-e ce qu'elle lui ordon-
nait, parce que les corps des apôtres saint
Pierre et saint Paul étaient si redoutables
par leurs miracles, que l'on ne pouvait en
approcher, même pour prier, sans être saisi
d'une grande crainte; que son prédécesseur,
ayant voulu changer un ornement d'argent
qui était au-dessus du corps de saint Pierre,
quoique à une distance d'environ quinze
pieds, eut une vision terrible. « Moi-même,
ajoute le Pape, j'ai voulu opérer qùelcpie
amélioration près du corps de saint Paul :
comme il fallut creuser un peu plus à fond
auprès de son sépulcre, le supérieur du lieu
trouva quelques os, qui néanmoins ne tou-
chaient pas au tombeau, et les transporta
en un autre endroit ; eh bien ! il en mourut
subitement, après une triste apparition. Mon
prédécesseur, voulant faire quelque répara-
tion près du corps de saint Laurent, comme
on fouillait sans savoir précisément le lieu
où il était, on ouvrit tout d'un coup le sé-
pulcre ; mais les moines et les mausionnai-
res ou gardiens de l' église, qui y travaillaient,
mom-urent tous dans l'espace de huit jom-s,
pour avoir vu le saint corps, quoiqu'ils n'y
eussent pas touché. Sachez donc'. Madame,
' Cognoscat autem tranquiUissima Domina quia
32
498
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
que la coutume des Romains, quand ils don-
nent des reliques des saints, est de ne pas
touclier aux corps, mais de mettre seule-
ment dans une boîte un linge que l'on dé-
pose auprès du corps saint ; qu'ensuite on
l'en retire, et l'enferme on avec la vénération
convenable dansl'église que l'on doit dédier,
et il s'y fait autant de miracles que si l'on y
avait transféré le corps. Voici ce qui arriva
du temps de saint Léon, d'heureuse mémoire :
les Grecs doutant de la vertu de ces reliques,
ce Pape se fit apporter des ciseaux, et cou-
pa le linge, d'où il sortit du sang, ainsi que
le rapportent nos anciens. Non-seulement à
Rome, mais dans tout l'Occident, on regarde
comme uni sacrilège de toucher aux corps
saints ; c'est pourquoi nous sommes fort
sui'pris de la coutume qu'ont les Grecs d'en-
lever les os des saints, et nous avons peine
à le croire. Quelques moines de leur pays,
étant venus ici il y a environ deux ans, dé-
terraient de nuit des corps morts, dans un
champ près de l'église de Saint-Paul, et ser-
raient les os ; étant pris sur le fait et inter-
rogés exactement pourquoi ils le faisaient,
ils confessèrent qu'ils voulaient emporter ces
os en Grèce comme des reliques. Cet exem-
ple nous a fait d'autaut plus douter s'il est
vrai, comme on le dit, que l'on transpoi-te
eflcctivement les os des saints. » Saint Gré-
goire ajoute qu'au temps du martyre de
saint Pierre et de saint Paul , des fidèles
venus d'Orient répétèrent leurs corps , en
qualité de leurs concitoyens ; on conduisit
ces corps il deux milles de la ville, et on
les plaça dans les catacombes; plusieurs
de ces Orientaux s'étant mis en devoir de
les tirer de là, il survint une tempête mêlée
d'éclairs et de tonnerre qui les contraignit
de se désister de leur entreprise ; alors les
Romains, à qui Dieu avait accordé cette
grâce, sortirent de la ville, tirèrent les corps
des catacombes et les transférèrent au lieu
où ils sont aujourd'hui. Il en conclut qu'il y
aurait de la témérité, non-seulement à tou-
cher à ces corps, mais même à les regarder;
que le commandement que lui faisait l'im-
pératiice ne venait point d'elle, mais de ceux
qui voulaient lui faire perdre à lui-même les
bonnes grâces de cette princesse. 11 refusa
aussi d'envoyer à Constantine le suaire de
saint Paul qu'elle avait demandé ; la raison
de ce refus était que, ce suaire étant avec le
corps, il n'était pas plus permis de le tou-
cher que d'approcher du corps ; mais afin
de ne pas frustrer son pieux désir, il lui pro-
mit de lui envoyer incessamment quelque
particule des chaînes que saint Paul avait
Rovianis consuetudo non esl, quando sanctorum
reliquias dant, ut quidquam taiigere prwsumant
de corpore; sed lanlum in pixide brandcum mil.-
titur, atque ad sacratissima corpora Sai iloritm
ponitur. Quod levatum in Ecclenia quw est dedi-
candn, débita cum vem ratione recondilur ; et tan-
tœ per hoc ibidem virtutes fiunt, ac si illiic spe-
cialiter eorum corpora defcrunlur. L'nde conligit
ut biata: recordationis Leonis Papœ tcmpore, si-
cul a majoribiis tradilur, dum quidam Gra-ci de
talibiis reliqtiiis duliiltirenl, prœdictMs Pontifex
hoc iiisum brundeum, altatis forficibus, incidcrit,
et ex ipsa incisione sanguis e^liixerit. In Romanis
namque vel totius Occidentis parlibus omnino
intolerubile est atque sacrilegnm, si sanctorum
corpora tangcre quisqnam fortasse voluerit....
prit qua rc de Crwcorum consuetudine, qui ossa
levare sanctorum se asscrunt, vehementer mira-
viur, et vix credimus. Nam quidam monuihi
Gra'ci hue antc biennium vcnientcs, noclurno si~
lentio, juxla Ecclesiam sancti Pauli, corpora
morluorum in camp j jacentia effodiebant. alquc
eorum ossa recoudehant, servantes sibi dum re-
cédèrent. Qui cum detecli, et cur hoc faccrenl di-
ligcnlir fuexient discussi, coufcssi sunt quod illa
ussa ad Grœciam essenl tanquam sanctorum rc-
liquiiis portaturi. Kx quorum crfmplo, sicut
prndirlum est, major nobis dubiclas nata est,
ulrum vcrum sit quod Iciure viracil(r oS!>a sanc-
torum (licuntur. Vc corporibus vcro bealorum
apostolorum quid ego dicturiis sum, dum constel
quia eo tcmpore quo passi sunt, ex Oriente fidè-
les venerunt, qui eorum ciriiora sicut civium
suorum repclcrcnt f quœ ducta usque ad secvn-
dum urbis millinrium, in loco, qui dicitur rata-
cumbas, collocata sunt; sed dum ea exinde le-
vare omnis eorum mulliludo conveniens nitere-
tur, ila eos ris tonitrui atque fulguris nimio metu
Icrruit atque dispersit, ut tnlia dcnuo nullalenns
attentare prwsumcrent; lune aulem excuntesRn-
mani, eorum corpora, qui hoc ex Domini pietale
meruerunt, letarerunt, et in loris quihus nunc
sunt condita,posuerunt...Sudjrium vero quod si-
mililcr transmitti jussistis, cum corpore ejus esl,
quod ita tangi non polesl, sicut nec ad (orpxtë
illius accedi: sed quia sercnissimœ Dominw tam
religinsum deMderium esse vacuum non débet, de
catenis qtias ipsc sanctus Paulus aposlolus in
eollo et in manibus gestavil, ex quibus mulla mi-
racula in populo demonslrantur , parlem ali-
quam robis transmitterc festinabo, si tamenhanc
lolhre limnndo prwraluero: quia dum fréquen-
ter ex catenis cisdem multi venicntes bencdittiO'
nem petunt lit parcum quid ex limatura acci-
piaitt, assistil s<icerdns cum lima, et atiquibul
]icteiilibus ita concile ntiquid de catenis ipsis ex-
culilur, nt mnra nulla sit ; quibnsdam rcro pc-
lenlilius, iliu per calenas ipsas ducilur lima, et
tanien ut aliquid indeexeatnon obtiiielur.liTe^.,
lil>. IV, Episl. 30, ad CoiisUuitiuam Aii{j(uslau].
[vii« SIÈCLE.] CIÎAIMTRE Xl.IX. — SAINT GllKCOIIlK l.E GRAND, PAPE.
'r!)()
portées au cou et aux mains, cl ([ni faisaient
l)Cancoup lic miracles, si Idulcfois il pouvait
en emporter tpiel']ue chose avec la lime :
« Car ou vient souvent , dit-il, demander de
cette limaille; l'évèque prend la lime, et
quelipu^l'ois il eu tire dos particules en un
moment, quelquefois il lime longtemps sans
rien tirer. »
K|i>r. 31. G. L'amitié que saint firégoire avait pour
Théoilore, médecin d(! l'Empereur, ne se bor-
nait point h un simple commerce de lettres,
ni i"! des bienséances humaines ; elle avait un
objet plus solide, qui était son salut. Il reçut
de lui une somme d'argent pour le soulage-
ment des pauvres et le radial, des captifs.
Après l'en avoir remercié, il lui reproche cha-
ritablement de ce que, toujours occupé d'af-
faires temporelles, il ne prenait pas le loisir
de lire les divines Ecritures, (ju'il appelle les
paroles du Rédempteur, et la lettre de Dieu
tout-puissant ;\ sa créature. « Si vous étiez, lui
tlit-il, (Uoigné de la cour, et qu'il vous vînt une
lettre de la part de l'Empereur, vous n'auriez
point de repos, vous ne vous coucheriez pas
sans l'avoir lue. L'Empereur du ciel, le Sei-
gneur des homn;es et des anges vous a en-
voyé des lettres où il s'agit de votre vie, et
vous n'avez aucune ardeur pour les lire. Etu-
diez, je vous en conjure, et méditez tous les
jours les paroles de votre Créateur, d Ensuite
il lui recommande Narsès, et, pour lui don-
ner lieu de penser quelquefois à lui, il dit
qu'il lui envoie june cane avec deux de ses
petits, qui étaieui apparemment remarqua-
bles par leurs plumages ou par quelque au-
31. tre endroit. — Le patrice Narsès l'avait prié
de le recommander à Théodore. Saint Gré-
goire l'assm-a qu'il s'était acquitté de sa
»o. commission ; — Mais il n'eut aucun égard
à la letti-e que le scolastique Marcel lui
écrivit en faveur de Maxime, élu, contre les
règles, évêque de Salone, et déclara que, si
Maxime osait célébrer les saints mystères,
il le priverait de la communion du corps et
,,, du sang de Jésus-Christ. — Il défendit à
l'abbé Valentin de donner entrée aux fem-
mes dans son monastère, comme on disait
qu'il l'avait fait, et de permettre à ses'moi-
nes de se donner des commères spirituel-
,3 les. — Il parait par sa lettre ù Boniface,
homme de la première qualité, qu'il lui en
avait écrit plusieurs autres sur des matièi'es
de religion, sans qu'il l'eût pu faire changer
de sentiment. Il le presse devenir à Rome
avec ceux qui étaient comine lui dans le
doute, promellanl de les convaincre, ou de
les laisser retourner en liberté.
§ V.
Livre cinquième des Lettres de Saint Grégoire.
\. Toutes ces Lettres sont de la treizièuK!
indiclion, c'est-à-dire, de l'an 394. Dans celle
qui est adressée ;"i Venance, évoque de Luua,
saint Grégoire lui ordonne de déposer pour
toujours un prêtre, un diacre et un sous-dia-
cre, coupables de péchés d'impureté, et de
leur accorder la communion seulemeut par-
mi les laïques, après qu'ils auraient l'ait péni-
tence. Il ajoute qu'il lui envoie un habit pour
une femme qu'il devait baptiser, et un exem-
plaire de sou Pastoral pour le prêtre Columb.
— Dans une autre lettre à Venance, il lui ilit
d'examiner s'il était vrai que le prêtre Satur-
nin, dépq^é pour crime, eût célébré depuis
sa déposition; qii'en ce cas, il lui interdit la
communion du corps et du sang de Jésus-
Christ jusqu'à la mort, où il recevrait seule-
ment le viatique ; que si le fait n'était point
vrai, et que Saturnin eût faitpéuilencc, il lui
accordât la communion parmi les laïques. —
La lettre à Constantius, évêque de Milan, est
encore pour punir quelques ministres de l'É-
ghse qui s'étaient rendus coupables de gran-
des fautes. — Celle à Dominique, évêque de
Garthage, est un éloge du zèle qu'il faisait
paraître contre les donalistes ; mais saint
Grégoire y désapprouve le décret du concile
d'Afrique, portant-privation de biens ol de
dignités contre les évêques négligents à lé-
sister à ces hérétiques. Il regarde ce décret
comme contraire à la charité qui doit unir les
évcquos, et qui par celte union les met plus
en élal de s'opposer ii l'erreur. — Ayant ouï
dire qu'un médecin nommé Anastase se con-
duisait mal, il écrivit à Victor, évêque de Pa-
leime, de lui défendre l'entrée d'un monas-
tère de filles. — Sa lettre au diacre Cyprien,
recteur du patrimoine de Sicile, est pour l'en-
gager à travailler à la conversion des mani-
chéens et des juifs qui demeur.iient sur les
terres de l'Église. Il veut qu'il diminue les
rentes à ceux qui se convertiront, et qu'il les
en avertisse. — Il lui écrivit encore au sujet
de l'élection d'un prêtre de Syracuse, après
la mort de Maximien ; le prêtre Trajan lui
paraissait être celui sur qui tomberait la plus
grande partie des suflrages, mais il ne le
croyait pas propre pour gouverner celle éali-
se ; il aurait mieux aimé Jean, arclùdiacie de
Bpisl. 3.
500
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
Catane. Il dil donc à Cyprien de faire là-des-
sus ce qui serait possible, ne doulaut pas que
Léon, évêque de Cataue, ne cédai ce sujet à
l'église de Syracuse; car les clercs étaient
tellement attachés à une église particulière,
qu'on ne pouvait les en tirer, même pour
les faire évèqucs sans l'agrémenl du diocé-
sain.
Ep.si. is-13. 2. Jean, patriarcbc de Conslantinople,
ayant rendu un jugement contre un prêtre
accusé d'hérésie, eu envoya les actes à saint
Grégoire, dans lesquels il prenait presque à
chaque ligne le litre de patriarche universel.
Le saint Pape, pour garder les règles de la
correction fraternelle, lui fit dire deux fois
par son nonce de s'abstenir de ce titre fas-
tueux ; puis il lui en écrivit une assez longue
lettre, datée du premier janvier de l'an ot)o,
qu'il commence en ces termes : u Vous vous
souvenez de quelle paix jouissaient les égli-
ses lorsque vous avez été élevé à l'honneur de
l'épiscopal, et je ne sais comment vous osez
prendre un nouveau nom capable de scan-
daliser tous vos frères. Ce qui me surprend
extrêmement, c'est que vous ayez voulu fuir
l'épiscopal, et que maintenant vous en vou-
liez user comme si vous l'aviez recherché
par un motif d'ambition. Vous vous décla-
riez indigne du nom d'évêque ; à présent,
vous l'ambitionnez de telle façon que, mé-
prisant vos frères, vous voulez le porter seul.
Pelage, mon prédécesseur de sainte mémoi-
re, vous écrivit sur ce sujet des lettres très-for-
tes, où il cassa les actes du concile que vous
aviez tenu en la cause de notre frère l'évèque
Grégoire, et défendit à i'arcliidiaci-e qui était
son nonce auprès de l'Empereur, d'assister à
la messe avec vous. Depuis qu'après sa mort
je suis appelé au gouveinemeut de ri'^glise,
je vous en ai fait parler par mes autres non-
ces, et maintenant par le diacre Sabinien,
auquel j'ai défendu d'assister à la messe
avec vous , en cas que vous continuiez à
prendre ce vain titre ; et, parce qu'il faut
loucher les plaies doucement avec la main
avant d'y porter le fer, je vous prie, je vous
conjure, je vous demande avec toute la dou-
.■;eiir possible, de résister à ceux qui vous
lîatlent et qui vous attribuent ce nom plein
d'extravagance et d'orgneil. n II plaint le
sort de Jean, de n'avoir jni jusijue-I.-^ être
rappelé à des sentiments d'humilité, lui qui
n'avait été élevé à l'épiscopal que pour en-
seigner l'humilité aux autres, et lui lepn;-
sente a\cc force ks suites lâcheuses que sa
AUTELTÎS ECCLÉSI.\ST10UES.
vanité pouvait produire, soit en troublant la
paix de ri;i;lise, soit endivisani les membres
de Jésus-Christ, taxant de nouveauté le li-
tre qu'il all'eclait de prendre, puisque en ef-
fet ni les prophètes, ni les apôtres, ni aucun
dos saints, ne s'étaient rien attribué de sem-
blable avant la loi, sous la loi et sons la
grâce. Il ajoute qu'il savait apparemment
que le concile de Chalcédoinc offrit cet hon-
neur aux évêques de Rome, en les nommant
universels ; mais qu'aucun ne l'a voulu rece-
voir, de peur qu'il ne semblât s'attribuer
seul l'épiscopal et l'ôter à tous ses frères.
Après l'avoir exhorté â prendre des senti-
ments plus humbles, il promet de lui répon-
dre sur l'aflairc des prèlres Jean cl Atha-
nase. — Cependant Jean, patriarche de Cons-
tuntinoplc, avait engagé l'Lmpereur à écrire
â saint Grégoire en sa faveur. Sabinien, nonce
en cette ville, se chargea de faire passer â
Rome la lettre de ce prince, sans s'aperce-
voir de l'artifice du patriarche. Le Pape le i".
lui découvrit en lui disant : (i Jean espère
autoriser sa vaine prétention, si j'écoule
l'Empereur, ou l'irriter contre moi, si je ne
l'écoute pas ; mais je marche le droit che-
min, ne craignant en cette affaire que Dieu
seul. Ne craignez rien non plus,; méprisez
pom' la vérité tout ce qui paraît grand en ce
monde, et vous confiant en la grâce de Dieu
et au secours de saint Pierre, agissez avec
une grande autorité. Puisqu'ils ne peuvent
nous défendre des épées de nos ennemis, et
qu'ils nous ont fait perdre nos biens pour sau-
ver l'Ktat, c'est une trop grande honte qu'ils
nous fassent encore perdre la foi par le con-
sentement que nous donnerions à ce titre
criminel. » Saint Grégoire traite celte contes- Fitiir.,iii.
talion de question de foi, parce qu'elleclive- rBisi.Efci*».
ment la foi ne permet pas de reconnaître un pig.' s;. '
seul qui soit évêque, et duat les autres ne
soient que les vicaires; et il prévoyait les
suites funestes de l'ambition des évêques de
Conslantinople, qui n'a que trop éclaté dans
les siècles suivants. — Saint Grégoire, en ré- Ki.ii.s*.
pondant h la lettre que l'empereur Maurice
lui avait éciite, loue son zèle pour la paix ;
mais 'ne doutant pas que ce prince n'eilt
été surjiris par le patriarche Jean, il le lui
fait coimaîtrc, en lui disant que, sous un
cxtc'-rieur iuorlifi('', il cachait un esprit enllé
d'orgiu'il, et des dents de loup sous la faco
de brebis. « La conduite et la jirimaulé de
toute l'Église a été donnée, ajoutc-l-il, à
saint Pierre; toutefois on ne l'appelle pas
[vil" SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. —SAINT CRKOOIRE LE GRAND, PAPE.
apôlro universel. Tdiile l'Europe est livrée
aux barbares, les villes sont détruites, les
forlcresses ruinées, les provinces ravagées,
les terres incullcs, les idolâtres maîtres de
la vie des fidèles ; cl les évoques, qui de-
vraient pleurer prosternés sur la cendre,
clierclient de nouveaux titres pour contenter
leur vanité. Est-ce ma cause particulière que
je défends ? n"est-cp pas celle de Dieu et de l'I*]-
!;lise universelle? Nous savons que plusieurs
évoques de Constantinople ont été non-seule-
ment hérétiques, mais hérésiarques, comme
Nestorius et Afacédonius. Si donc celui qui
remplit ce siège élait évêque universel, toute
l'Eglise tomberait avec lui. Pour moi, je suis
le serviteur de tous les évêques, tant qu'ils
vivent en évêques ; mais si quelqu'un élève
sa tête contre Dieu, j'espère qu'il n'abaissera
pas la mienne avec le glaive. .\yez donc la
boulé de juger vous-même cette affaire, ou
d'obliger Jean ;\ quitter sa prétention. Pour
obéir à vos ordres, je lui ai écrit avec humi-
lité et avec douceur ; s'il veut m'écouter, il a
en moi un frère entièrement dévoué ; sinon, il
aura pour adviu'sairc celui qui résiste aux
superbes. I)
Episi. 21. 3. Il écrivit aussi à l'impératrice Constan-
linc, pour l'exhorter à continuer de s'oppo-
ser aux entreprises du patriarche, qu'il dé-
peint comme un vrai hypocrite, et pour se
plaindre de la protection que l'Empereur lui
accordait, ainsi qu'à Maxime de Salone. « Il
est bien triste, dit-il, que l'on souffre patiem-
ment celui qui veut être appelé seul évêque,
au mépris de tous les autres. Son orgueil ne
nous fait-il pas voir que l'avènement de l'an-
techrist est proche ? Je vous prie, au nom
de Dieu tout-puissant, de ne pas permettre
que votre règne soit souillé par la vanité
d'un seul homme ; ne consentez en aucune
façon à ce titre pervers, et ne me méprisez
point dans celle alt'aire ;car encore que je le
mérite à cause de la grandeur de mes pé-
chés, saint Pierre n'en a point qui puissent
lui attirer un tel traitement sous votre rè-
gne. )) Il rapporte ensuite les raisons qu'il
avait eues de s'opposer à. l'élection de
Maxime pour l'église de Salone, et la ma-
nière dont il avait puni sa désobéissance ; et,
parce rpie rEmporeurlui avait écrit de rece-
voir Maxime avec honneur, il témoigne être
prêt à obéir à ce prince, mais en ne dissi-
mulant pas qu'il lui paraissait dur de rece-
voir honorablement un liomme prévenu de
tant de crimes, et de voir les causes des évè-
501
ques réglées auprès de l'Empereur par le
crédit des autres. « S'il en est ainsi, dit-il,
que fais-je dans cette église? » — Il était de
l'inlérôt de tiuis les i)atriarch('s de réprimer la
prétention do celui de Constantinople : c'est
pourquoi saint Grégoire écrivit une lettre
commune à saint Eulogc d'Alexandrie et à
saint Anastascd'Antioche, pour les exciter à
confondre unanimemenl l'orgueil de Jean. Il
reprend cette contestation dès son commen-
cement, racontant tout ce que Pelage et lui
avaient fait pour empêcher ce patriarche de
s'attribuer le titre d'évèque universel, sans
avoir pu y réussir. « Ne donnez, leur dit-il,
jamais ce titre à personne dans vos lettres,
de peur qu'en accordant à un autre un hon-
neur qui ne lui est pas dû, vous ne vous pri-
viez vous-mêmes de celui qui vous est dû.
N'ayez sur ce sujet aucun mauvais soupçon
de l'Empereur ; il craint Dieu et ne fera rien
contre les préceptes de l'Évangile, ni contre
les saints canons. Encore qu'éloigné de vous
par de longs espaces de terre et de mer, je
vous suis uni de cœur, et j'ai confiance que
vous êtes dans les mêmes sentiments à mon
égard. Unissons-nous donc pour combattre
dans cet homme le mal de la vanité qui le
domine, afin de le délivrer de son ennemi,
c'est-à-dire de son erreur : le Tout-Puissant
nous aidera de son secours. Si l'on permet
à Jean d'user du titre d'évèque universel,
on dégrade tous les patriarches ; et quand
celui qu'on nomme évêque universel tom-
bera dans l'erreur, il ne se trouvera plus d'é-
vèque qui soit demeuré dans la vérité. Soyez
constants à garder vos Églises telles que vous
les avez reçues : préservez de cette corruption
tous les évêques qui vous sont soumis, et
montrez que vous êtes véritablement pa-
triarches de l'Église universelle. S'il survient
quelque adversité, demeurons unanimes,
montrons même en mourant que ce n'est
pas notre intérêt particulier qui nous fait
condamner ce titre. Comme nous n'avons
reçu notre rang que pour prêcher la vérité,
il est plus sûr de l'abandonner pour elle,
s'il est besoin, que de le conserver. »
î. Romain, exarque de Ilavenne, était ac-
cusé de protéger certaines filles qui, après
avoir porté longtemps l'habit et le voile de
religieuses , s'étaient mariées. Saint Gié-
goirc liy en écrivit, pour le détourner de
prendre part au crime dont ces personnes
s'(Uaient souillées, ajoutant que les intérêts
de Dieu ne lui permettent pas de le laisser
£(iiii. ta.
502
mSTOIRE GÉM-.RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Epi=i. 31. impuni. — On voil par la letlie aux fermiers
du patrimoine de saint Pierre dans les Gau-
les, que ce patrimoine consistait plus en
" fonds de terre qii'en argent. — Celle au
scholastique Sévère est pour le prier d'en-
gager l'exarque de Ravcnne à faiie la paix
avec Agilulpbe , roi des Lombards , pour
empêcher la ruine totale de plusieurs îles
''• et de divers autres endroits. — Il y en a une
à Forlunat, évoque de Xaples, où saint Gré-
goire le charge de dédier un monasti'-re en
l'honneur de saint Pierre et de saint Michel
archange, et d'y envoyer des prêtres de son
église pour la célébration des saints mystè-
res, eu réservant toutefois aux moines les
"■ oblalions des fidèles. — 11 envoya un exem-
plaire des Évangiles à Élie, prêtre et abbé
=>»• d'Isaurie. — L'empereur Maurice avait en-
voyé aux pauvres de Rome, par un de ses
officiers, trente livres d'or. Le Pape l'en re-
mercia, en l'assurant qu'elles avaient été fi-
dèlement distiibuées aux évèques chassés
de leurs sièges par les Lombards, aux pau-
vres, et aux rchgieuses qui, fuyant de diver-
ses provinces pour éviter les mauvais traite-
ments des barbares, étaient venues à Rome
chercher du secours et un asile. Saint Gré-
goire mil dans des monastères celles qui pu-
rent y trouver place; les autres demeuraient
ù paît et vivaient fort pauvrement. Il dit en-
core à l'Empereur qu'on avait distribué la
paie aux soldats, ce qui avait fait cesser les
murmures, et attiré des actions de grAces,
et des vieux pour la prospérité de son rè-
10. gne. — Dans une autre lettre à ce prince,
il se plaint de ce qu'il avait traité de simpli-
cité sa confiance aux paroles d'Ariulfe, roi
des Lombards; c'était l'accuser de sottise
sous un nom plus honnête : « J'avoue, lui
dit-il, que je le mérite ; car, si j'avais été
sage, je ne me serais pas exposé ù ce que je
souffre ici au milieu des armes des Lombards.
A l'égnrd de ce que j'ai dit d'.Ariull'e, qu'il
était disposé h traiter de la paix avec la Ré-
publique et de faire alliance avec elle, non-
seulement on ne me cioif pas, mais ou
m'accuse de mensonge. Je passerais volon-
tiers sous silence cette moquerie, si je ne
voyais la servitude de ma patrie croître h
tous moments; mais je suis sensiblement af-
fligé de ce que, faute do croire mes avis, on
laisse augmenter excessivement les (brccs
des ennemis. Pensez de moi. Seigneur, tout
le mal qu'il vous plaira, mais ne prêle/. ]ias
facilement l'oreille à tout le monde sur l'in-
Soirtm.
llli. I, car. 16.
térêt de l'État et la perte «le l'Italie; croyez
aux ell'ots plus qu'aux paroles. Ne vous lais-
sez point aller si aisément au mépris pour
les évèques par la puissance terrestre que
vous avez sur eux ; mais soyez tellement
leur maître, que la considération de celui
dont ils sont les serviteurs vous porte à avoir
pour eux du respect. Ils sont quelquefois
appelés dieux daus l'Éciilurc, et quelque-
fois anges. » il rapporte l'exemple du grand
Constantin, qui, ayant reçu des libelles d'ac-
cusation contre des évèques, les brûla en
présence d'autres évèques, en leur disant :
« Vous êtes des dieux établis par le VTui
Dieu ; allez juger entre vous vos propres af-
faires, parce qu'il n'est pas digne que nous
jugions des dieux; » et l'exemple des empe-
reurs païens, qui, n'adorant que des dieux
de bois et de pierre, ne laissaient pas de
porter du respect à leurs prêtres.
5. Saint Grégoire, sachant que les évê- Bpin w
ques de Sardaigne nédigeaient d'instruire
quelques idolâtres qui se ti'ouvaient dans
cette île , y envoya un des évèques d'Italie ,
qui convertit plusieurs de ces infidèles. Le
juge continua d'exiger de ces nouveaux con-
vertis le droit que lui payaient ceux qui sa-
crifiaient aux idoles , pour en avoir la per-
mission. Le Saint lui en fit des reproches,
auxquels ce juge ne fit d'autre réponse , si-
non qu'il avait acheté sa charge bien cher,
et qu'il ne pouvait la payer que par de tels
moyens. Il fil à l'impératrice Constantine des
plaintes sur cela , comme aussi sur ce que
l'île de Coree était tellomeul accablée d'im-
positions , que les habitants avaient peine à
y satisfaire en vendant leurs enfants, ce qui
les obligeait d'abandonner l'Empire et de
recourir aux Lombards, de qui ils ne pou-
vaient rien souU'rir de pire. Il se plaignit en-
core de ce qu'un nommé Etienne, cartulaire
de la nuirine , s'emparait des biens de cha-
cun , mol tant des panonceaux aux terres et
aux maisons sans connaissance de cause. Il
conjure cette princesse de s'employer au-
près de l'Empereur pour faire cesser les gé-
missements de ceux que l'on opprimait ain-
si. — Il se plaignait lui-même des mauvais u.
traitements de l'exarque de Ilavenne , <lans
une lettre à Sébastien , évêque de Sirmiinu.
« Sa malice, lui dit-il, l'emporte sur l'hosli-
lilé des Lombards, et nous sommes mieux
traités pur les ennemis qui nous tuent , que
par les olliciers de rEm]iire , dont les rapi-
nes et les fraudes nous consument d'inquié-
[vu» SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT GHÉGOinE LE OHAND, PAPE.
')0.3
ludcs. » L'évèquo SiUjasIion nvait refiisi^ nii
(H'ûclid qu'Anasta.so , palriaiclie d'Anlioclic,
lui avait oU'eil. Saint (in^oiro l'on loue ; mais
il le prie , pour le cas où il voudrait à l'ave-
nir prendre soin de quelqii'I'j^lise par un
niotil'de c'liaril('' pour ses fi'èros , d'en ])ren-
dre une dans la Sicile, où il y on avait de
E,.iM. »8. vacant(!s. — Il refusa d'ordonner évéque un
prêtre nommé Jnan, parce qu'il ne savait
pas le Psaulier , jugeant par ce défaut qu'il
était peu soii,'noux dos choses do son iniriis-
'• 1ère. — Sa lettre à Pierre et à Provideulius,
évoques d'islrie, est pour les inviter à venir
à Rome, où il promet, avec le secoiu's de
Dieu, de les Siitisfaire tollciuont sur leurs
doutes , qu'ils n'auront aucune peine à se
réunir ii l'Eglise catholique. Il leur déclare
par avance qu'il n'a pas d'aulrc foi que celle
qu'ont enseignée les (juatre premiers con-
ciles généraux, et saint Léon son prédéces-
seur.
S3. 6. Deux grands abus régnaient dans les
Gaules et la Gei'raanie, savoir la simonie, el
l'ordination dos néophytes. Saint Grégoire,
en écrivant à Virgile , cvêque d'Arles , lui
recommanda la réformation de ces abus. Il le
lit aussi son viciûre dans les Églises de l'o-
béissance de Childebert , sans préjudice du
droit des métropolitains , et lui envoya le
pallium, avec ordre de ne s'en servir que
dans l'éghse et pendant la messe, k S'il ar-
rive, lui dit-il, que quelque évêque veuille
fau'B un long voyage, il ne le pourra sans
votre agrément. S'il survient quelque ques-
tion de foi, ou quelque autre allaire dillicile,
vous assemblerez douze évéques pour la ju-
ger ; si elle ne peut être décidée, vous nous
en renverrez le jugement, après l'avoir exa-
i.i. minée. — Le Pape donna avis à tous les
évoques des Gaules qui se trouvaient dans le
royaume de Childebert, des pouvoirs qu'il
avait accordés à Virgile d'Arles, çn leur or-
donnant de lui obéir, de venir au concile
quand il les y appellerait, et de ne point
faire de grands voyages sans sa permission.
— Il écrivit aussi au roi Childebert, pour
lui marquer qu'à sa demande il avait accor-
dé le pallium à l'évèque d'Arles , et pour le
prier d'appuyer cet évêque dans la réforma-
tion de la simonie et de l'ordination des
néophytes. Il en rend l'abus sensible, en di-
sant à ce prince que, puisqu'il ne donnait le
commandement de ses armées qu'à des
gens dont il connaissait la valeur et l'cxpé-
l'ience , il était contre le bon ordre de con-
fier l'i'piscopat à dos personnes sans vertu
et sans science, rpii n'avaioni pas encore fait
les premiers exercices de la milice spirituel-
le. L'Austrasie, où régnait Childebert, s'é-
tendait fort avant au delà du Rhin ; c'est
jiour cola que saint ("irégniie joint dans ses
i(Mlros la Germanie à la Gaule. — Il accor-
da l'usage du pallium à Marinien, évéque de
llavenne, à la charge de ne le porter que
dans Ravenne seule, de s'en revêtir à la sa-
cristie avant de monter à l'autel, et de le
mettre bas dans la même sacristie au retour
do la célébration des mystères. — 11 l'ac-
corda aussi à Jean, évêque de Corinthe , en
lui recommandant d'exiiipcr la simonie dans
toutes les Églises de sa dépendance. — Sa
lettre aux évoques d'Achaïe est sur le même
sujet. Il Iftur fait remarquer qu'il n'est guère
possible que celui qui a été ordonné pour
de l'argent , n'en demande aux autres pour
les ordonner ; qu'ainsi il faut attaquer ce
mal dans sa source, en n'ayant aucun égard
à l'argent ou à la faveur dans les ordina-
tions, mais seulement au mérite et à la ver-
tu des sujets.
§ VI.
Livre sixième des Lettres de saint Grégoire.
\. Elles sont de la quatorzième indiction ,
qui était la sixième année de son ordination,
c'est-à-dire, de l'an S9o. Jean, évêque de
Ravenne , était mort au mois de février de
la même année, après avoir fait un testa-
ment qui causait du pi'éjudice à son église.
Les prêtres et les diacres s'en plaignirent
au Pape, qui écrivit à Marinien, son succes-
seur , qu'il fallait distinguer dans ce testa-
ment les biens de l'église de Ravenne et
ceux que Jean avait acquis pendant son
épiscopat , d'avec ce qu'il possédait en pro-
pre avant d'être évoque ; qu'il n'avait pu
disposer des premiers, mais seulement de
ceux-ci, pour\T.i encore qu'il n'en eût pas fait
d'abord une donation à son église. Il déclare
qu'à l'égard de ce que Jean avait donné à un
monastère q\i'il avait bâti près de l'église de
saint Apollinaire, il voulait que cette donation
suiisistât en son entier, non parce qu'il en fai-
sait mention dans son testament, mais parce
qu'il lui'avaitpromisde son vivant qu'ill'agrée-
rait.Xous avons vu, ou nous verrons plus loin,
à l'occasion des conciles d'Agdeetd'Epaone,
((ue les anciens faisaient une distinction en-
tre les biens propres aux ecclésiastiques , et
i;,„ I,
504
mSTOinE GÉNIÎRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
af»i. «n 506, les biens qu'ils lecevaioiil de l'i^disn en leur
Ei'""°" •" qualité de clercs : ils pouvaient donner ceiix-
là, mais il ne leur était pas permis de dis-
poser de ceux-ci en faveur de leurs héri-
tiers ; c'était l'église où ils servaient qui en
béiitait. — Gomme il y avait de la dilliculté
dans l'élection de Marinicn , à la place du-
quel l'exarque voulait faire élire l'archidia-
EpL-i. i. cre Donat , on allé^na à saint Grégoire que
Marinieu ne pensait pas bien du concile de
Ciialcédoine. Mais le l'ape, qui le connaissait
poui' avoir vécu longtemps avec lui dans le
qu'on envoie avec eux un prêtre pour les
baptiser en cas de maladie dangereuse. Saint
Grégoire préparait ces jeunes Anglais pour
la mission qu'il voulait envoyer en Angle-
terre.— La simonie régnait dans l'Épire, epi«i «.
comme dans beaucoup d'autres provinces.
Il en écrivit aux évoques Théodore, Démé-
trius , Philippe , Zenon et Alcissonus , pour
les exhorter à n'avoir égard dans les ordi-
nations qu'au mérite des personnes. — En 9.
donnant lepalliumà Ponus, évoque de Mes-
siue, il lui dit de ne s'en servir que dans les
monastère, écrivit au clergé et au peuple lieux et dans les temps où son prédécesseur
de Ravenne que la foi de Marinieu était pu-
re, et qu'il recevait le concile de Ciialcédoi-
ne avec le même respect que les trois pré-
cédents.
2. Il y avait déjà plusieurs années que le
patrice Dinamius gouvernait le patrimoine
de saint Pierre dans les Gaules , lorsque
saint Grégoire en chargea le prêtre Candide.
D écrivit au roi Childebert et à la reine Brii-
nehaut, pour le leur recommander. Dans sa
letti-e à celte princesse, il la loue de la bon-
ne éducation qu'elle avait donnée au roi
Childebert son Ois, qu'elle avait eu soin de
faire instruire dans les principes de la foi
catholique ; il l'exhorte à l'aire plus, en l'en-
gageant par ses exhortations à la pratique
des bonnes œuvres. II dit au roi qu'il est
autant au-dessus des autres rois, que les
rois sont au-dessus des autres hommes ; qu'il
n'est pas étonnant qu'il soit roi, puisqu'il yjen
a aussi d'autres, mais que ce qui fait sa gloi-
re, c'est d'être catholique, ce que les autres
rois ne méritent pas. « Vous avez, ajoute-t-il,
tout ce dont les autres rois se font honneur;
mais ils n'ont pas ce l>icn principal que vous
avez, cl en cela vous les surpassez. Faites
que, comme vous leur êtes supérieur par la
pureté de votre foi, vous soyiez aussi au-des-
sus d'eux par vos bonnes actions, en vous ren-
dant favorable ù vos sujets , et en ne les pu-
nissant jamais sans connaissance de cause ,
lorsqu'ils vous paraîtront avoir fait quelque
faute. Nous vous avons envoyé des clefs do
saint Pierre, où il y a du fer de ses chaînes,
pour les porter A votre cou, comme un pré-
servatif de tous maux. » — Lorsque le piê-
Irc Candide fut arrivé , il lui recommanda
d'acheter des babils pour les pauvres, et de
jeunes .\nglais depuis l'Age de dis -sept à
dix-huit ans , pour les mettre dans des mo-
nastères et les instruire nu service de Dieu ;
mais, parce qu'ils étaient païens , il veut
s'en était servi, et de joindre à cet ornement
extérieur la pratique de la vertu. — Il dé-
fendit à Fortunat , évêquc de Naples , de
laisser traduire ses clercs devant les tribu-
naux séculiers, voulant que , s'ils avaient
quelque affaire, il en prit lui-même connais-
sance, ou du moins qu'elles fussent jugées
par des arbitres agréés de lui. — La lettre
à Montanas el à Thomas, serfs de l'église
de ISome, est une déclaration de la liberté
qu'il leur accordait; en conséquence, il leur
permet de jouir des legs que le prêtre (îau-
diosus leur avait faits par testament.
3. Jean , patriarche de (^onslantinoplc ,
avait envoyé à Home des députés avec des
lettres, où il prétendait montrer qu'Atha-
nase, prêtre et moine du monastère de Saint-
Mile eu Lycaonie, et les moines ses confrè-
res , avaient parlé contre la définition du
concile d'Kphèse ; pour le prouver, il avait
chargé ses députés de certains articles, com-
nu' extraits du même concile, portant ana-
thème à qui dirait que l'iune d'Adam mou-
rut par sou péché, el que le diable entra
dans le cunir de l'homme. Il avait aussi en-
voyé un livre trouvé dans la cellule d'Atha-
nase, qui contenait des hérésies. Saint Gré-
goire, ayant examiné ce livre, y découvrit
des dogmes des manichéens ; mais il y re-
marqua aussi que celui qui avait fait des no-
tes sur ce livre pour en montrer les erreurs,
était tombé dans l'hérésie pélagienne , et
qu'il reprenait comme hérétiques des ju-o-
)>osilions catholiques, entre autres celle-ci :
L'àmv d'Adam mourut j^iar son jkcIic, Ayant
examiné le concile d'Ephèse, et n'y ayant
rien trouvé de semblable, il lit apporter de
llavcune tni exein]ilaire 1res -ancien, qui se -
trouva entièrement ciuifornu^ à celui de Ho-
me. II fil entendre aux députés de Jean do
Cousiantiuople, que cette proposition : L'Ame
d'Adiim nidiinit i>iir son /x'r/it', ne devait pas
F.p
10, 17
[vil" SIÈCLE.] CHAPITRE XLÎX. — SAINT
s'expliquer de la ninil de l'âme dans sa sulis-
tnucc, en sorte qu'elle eût cessé de vivre par
le péché ; mais de la perte (lu'elle avait faite
de l'innocence et de la béatitude; et que, si
Pelage avait soutenu que l'àmc d'Adam n'é-
tait point nuirte par son péché, ce n'était que
pour montrer que nous n'avions pas été ra-
chetés par Jésus-Ciirist : erreur que l'on con-
damna dans le concile d'Éplièse. Saint Gré-
j^oire, après avoir fait un détail de tout cela
à Narsès, lui dit : « J'ai examiné avec soin
le concile d'Éphèse, et n'y ai rien trouvé tou-
chant Adelphius, Sava et les autres, qu'on dit
y avoir été condamnés. Nous croyons ijue,
comme le concile de Chalcédoine a été falsifié
en un endroit par l'Église de Constantinople,
on a fait quelque altération semblable au
concile d'Ki)hèse. Clicrchez donc les plus an-
ciens exemplaires de ce concile , mais ne
croyez pas aisément aux nouveaux; les La-
tins sont plus véridiques que les Grecs : car
nos gens n'ont pas tant d'esprit, et n'usent
I iS' point d'impostures. » — Il ajoute, qu'à l'égard
(lu prêtre Jean, accusé de l'hérésie des mar-
ciauistes par des personnes qui avaient avoué
ne pas savoir ce que c'était que cotte héré-
sie, il avait trouvé sa profession de foi or-
thodoxe, et en conséquence, cassé la sen-
tence rendue contre lui par les juges que le
patriarche de Constantinople lui avait don-
nés. Saint Grégoire écrivit sur ce sujet à ce
patriarche, à l'empereur Maurice, etàThéoc-
tiste, parent de ce prince.
4. Sur l'avis qu'il reçut que Piménius, évo-
que d'Amalfi dans la Campanie, ne résidait
que rarement dans son église, et que son
mauvais exemple était suivi par plusieurs au-
tres, il écrivit au sous-diacre Anthcraede l'o-
bliger à la résidence, suivant les canons; s'il
ne se corrigeait pas, de le faire mettre dans
■ vu, iiu monastère, et de lui mander tout ce qu'il
aurait fait en cette occasion. — Anthème ,
dans une autre lettre, est appelé défenseur :
c'était un clerc destiné à exécuter les ordres
du Pape pour l'utilité des pauvres. — Mari-
nien avertit aussi saint Grégoire, que quel-
ques-uns du clergé et du peuple de Ravenne
se plaignaient de ce qu'on voulait juger à
Rome un dillerend, qui était entre l'église
de Ravenne et Claude, abbé de Classe. Ce
Pape répondit, que ceux qui se plaignaient
n'étaient point au fait des canons, qu'ils di-
saient avoir été violés en cette occasion ;
que Claude avait eu droit de se pourvoir
par devant le Saint-Siège, parce qu'ayant été
GREGOIRE LE GRAND, PAPE. .-)03
traité injustement par l'évèque d(\ Ravenne,
pri'ih'cesseur <l(! Marinicn, il avait droit de
suspecter encore son successeur; qu'au sur-
plus l'Eglise de Ravenne n'avait pas de pri-
vihîges plus étendus que celle de Constanti-
nople, dont l'évèque Jean avait renvoyé au
Saint-Siégc l'alfaire qu'il avait avec le prê-
tre Jean. — Il déclara à Maxime, usurpa- :ei'|i.2'>'
leur de l'i'glise de Salone, qu'il eût à venir
i Rome dans le délai de ti'cnte jours, et h
s'abstenir de la sainte communion jusqu'à
ce que son afl'aire eût été décidée, confor-
mément aux canons. — Ceux de Salone soup- «'■•.
çonnani saint Grégoire d'agir contre Maxime
par une haine particulière, le Pape se jus-
tifia, en protestant qu'il était prêt à le lais-
ser en possession paisible de cet évêché. s'il
pouvait montrer qu'il y fût parvenu sans si-
monie, et sans être coupable des crimes qui
éloignent de l'épiscopat. — Il protesta aussi
au clergé et an peuple de Zara, qu'il n'agis-
sait dans cette affaire que par zèle pour la
justice ; et en attendant que la cause fût fi-
nie, il leur ordonne de se séparer de la com-
munion de Maxime, et de ne pas recevoir
les saints mystères de la main de ceux qui
communiquaient avec cet intrus. — Il manda js.
à l'évèque Candide d'ordonner prêtres, avec
le consentement de l'abbé, les moines qu'il
trouverait que leur piété et leurs bonnes
mœurs rendraient dignes d'être élevés au
sacerdoce ; — h Marinien, de ne rien entre- jn.
prendre sur les monastères de son diocèse
contre la disposition de son prédécesseur;
— à Secondin, de se hilter de procurer la 3o_
paix avec le roi Agilulplie, et de faire de sa
part des reproches à Marinien, de ce qu'ayant
des habits, de la vaisselle d'argent, des celliers
remplis devin, il ne donnait rien aux pauvres.
« Qu'il ne croie pas, dit-il, qu'il lui suffise
de lire, de prier et de se tenir en retraite,
s'il n'est libéral envers les pauvres, et ne
fait des bonnes ceuvres de ses mains ; autre-
ment, il n'a qu'un vain titre d'évêque.» — On „|_
répandit de nuit à Ravenne un libelle dilia-
niatoire contre Castorius, notaire et nonce du
Saint-Siège. Saint Grégoire écrivit sur cela à
Marinien qui en était évêque, au clergé et au
peuple de la ville, pour déclarer à l'auteur de
ce libelle, qu'il eût à soutenir publiquement
les faits avancés contre Castorius, sous peine
d'être privé de la communion du corps et du
sang de Jésus-Christ, et, même d'être frappé
d'analhème, s'il lui arrivait, après cette dénon-
ciation, de participer aux saints mystères. — ■
506
niSTOIlŒ GÉNl'^RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Eii>i. :i.\ Satliant qu'on aviiit iK'glij^é les ordres iiu'il
avait donnés pour la conversion des juifs et
des païens, il les renouvela, en ordonnant
à Fortunat, t^vêque de Naples, d'empêcher
que les esclaves juifs ou païens qui témoi-
gnaient le désir de se faire clirélicns, fus-
sent vendus par leurs maîtres, et de les faire
"■ mettre lui-même en liberté. — Il ordonna aussi
à Léon, évèque de Calane, de mettre en li-
berté les esclaves qu'il saurait avoir été cir-
• concis par les Samaritains, sans rendre mê-
me à ceux-ci ce que les esclaves leur au-
3'- raient coûté ; — et à Colomb, évêque de Xu-
inidic, de veiller ;ï ce que les enfants ou les
domestiques des catholiques ne fussent pas
31 11 01. rebaptisés parles donatistes. — S'étant in-
formé exactement des jours auxquels l'évo-
que de Ravenne portait le pallium dans les
processions publiques , il régla que Mari-
nien ne s'en servirait qu'à la messe et aux
quatre processions solennelles.
»6. 3. Il exhorta Félix, évèque de Pisaure, à
retirer sa chaire épiscopale du monastère
de l'abbé Jean, et à ne plus y célébrer de
messes publiques ; trouvant bon néanmoins
qu'il y eiivoyût un de ses prêtres, pour y cé-
»a. lébrer les saints mystères. — Un homme
marié, nommé Agalhon, ayant témoigné h
saint Grégoire son désir de pasfcr le reste
de ses jours dans la retraite, le suint écrivit
à Urbicus, abbé de Sainl-Hcjmès à Falerme,
de le recevoir dans son monastère, mais à
condition que la femme d'Agathon embras-
serait aussi le parti de la retraite, parce qu'il
n'était pas décent que l'une des parties unies
par le mariage quittât le siècle et que l'au-
»'• tre y demeurât. — Il envoya h Pallade, évê-
que de Saintes dans les Gaules, dos reliques
pour la consécration de quatre autels, sa-
voir , de celles de saint Pierre , de saint
Paul, de saint Laurent et de saint Panciace
qu'il avait demandi-es. Pallade avail lui-
même fait bâtir celte église, et il y avail mis
to. treize autels. — Il envoyji aussi des reli-
ques de saint Pierre et de saint Paul ;\ la
reine Ri'uuehaut par le prêtre Leupario, qui
était venu exprès a Rome [loui' ce sujet.
5"- (j. Augustin et ses compagnons en étaient
partis vers le mois de juillet de l'an r)'jri.
Après quelques journé(îs de chemin, ils ri'-
solurent de ne pas passer plus avant, décou-
ragés par la dilHculté qu'on leur lïiisait en-
trevoir dans la conversion des Anglais. Ré-
solus donc de.relnurner à Rome, ils renvoyè-
lent AuL Mslin pour prier sainl Grégoire do
ne pas les exposer â im voyage plein de pé-
rils , et dont le succès était inceilain. Le
Pape renvoya Augustin avec une lettre à ses
compagnons, où il leur ordonnait de lui
obéir comme à leur abbé, et d'exécuter leur
entreprise sans écouter les discours des gens
malintentionnés, les assurant qu'il souhai-
terait pouvoir travailler lui-même avec eux
à celte bonne o-uvre. — Il écrivit en même
temps il divers évêques pour les leur recom-
mander : à Pelage, évêque de Tours, suc-
cesseur de saint Grégoire ; à S'rénus, de
Marseille; à Virgile, d'Arles; h Didier, de
Vienne; à Sj'agrius, d'Autun; à Protais,
d'Aix, et ;\ Etienne, abbé de Lérins. Il loue
cet abbé du bon ordre qu'il entretenait dans
sa congrégation, et le remercie des cuillères
et des assiettes qu'ils lui avait envoyées pour
l'usage des pauvres. — Il chargea aussi Au-
gustin de lettres de recommandation pour
le patrice Arigius, pour les rois Théoderic
et Tliéodebeit, et pour la reine Brunehaut.
Il disait dans sa lettre h ces deux princes,
qu'il avait ordonné à ses missionnaires de
mener avec eux des prêtres du pays le plus
proche d'.\ngleterre, par lesquels ils pussent
connaître le génie de la nation, et se faire
aider dans leur ministère. Dans celle qu'il
écrivit il l'empereur Maurice par des évêques
d'Afrique, il l'exhortait â punir ceux qui con-
trevenaient aux lois qu'il avait établies dans
cette province contre les donatistes, qui con-
tinuaient d'engager dans leur secte les ca-
tholiques à prix d'argent; en sorte que la
foi se vendait publiquement en Afrique.
Î5 Vil.
{.iiTe septicme des jMtrcs de saint Grégoire,
I. Tontes les lettres de ce livre furent
('criles depuis le mois de septembre de l'an
S'.Kl, ([ui ('lait la quinzième indiclion. Une
femme se plaignit ù saint Grégoire de ce que
son mari, qui était clerc de l'église de Na-
ples, l'avait quittée sous prétexte qu'elle n'é-
tait pas de condilion libre. Le contraire fut
pinuvé : c'est pcnucpioi le Pape onlonna ;\
Fortunat , évê((ue de Naples, d'obliger le
mari de cette fcnnue ;\ la reprendre, sans
chenlier à l'avenir aucune raisiui de s'en sc;-
parer. — Cyriaque, ayant été élu patriarche
de Constanlinople après la mort de Jean dit
le Jeiïneur, envoya au Pape, suivant la con-
tnnu-, sa lettre synodale conlenanl sa profi-s-
sion de foi. L'empereur Maurice lui écrivit
T.fM. r.i,
SI, H", Ï9.
[vu" SIÈCLE.] CHAPITRE XU\. — SAINT GRÉr.OIRE LE GUANT), PAPE.
507
31, 33.
sur celte éleclion ; les trois ('■vèiiuos Pierre,
Doniiticn et Eljiidiiis, qui avaient ordonne'
(lyriaque, eu donnèrent aussi avis. Saint
(iréf,'oire reçut très-bien Georges prêtre, et
Théodore diacre, porteurs de ces lettres, et
il les eût retenus plus longtemps i\ Rome, si
la proximité de l'hiver ne les eût obligés de
de ri';glisc. 11 qualifie d'/wnreusc mvuioire
Jean son prédécesseur : ce qui fait voir que
les disputes qu'il avait eues avec lui sur le
titre d'évèque universel, n'empêchaient pas
qu'il ne rendit justice à ses vertus après sa
mort. — Dans sa réponse aux évèrjues qui
avaient ordonné Cyiiaque, il les reprend de
s'en retou)-ner. Il les chargea de deux lettres ce qu'au jour de celle ordination, ils avaient
pourCyriaqiie : l'une publique, pour répon- crié : Rêjouissoiu-nouf en ce jour rjti'a fuit le
drc à sa lettre synodale; l'autre familière, Seif/neur, cette application de l'Kcriture ne
remplie de témoignages d'amitié : car ils devant pas se faire à la louange d'un hom-
s'étaient connus particulièrement dans le me vivant sur la terre; mais il l'excuse par
temps qu'il était nonce à Constantinople. Il le transport de joie qui l'avait produite. Il
dit dans la première, ([u'encore qu'on puisse les exhorte à prier, non-seulemeut pour Cy-
riaque, mais aussi pour la conservation et
la prospérité de la famille impériale.
2. Par sa lettre à l'abbesse Respecta, saint
Grégoire lui donne toute l'autorité dans le
monastère de Saint-Cassien, h l'exclusion de
l'évèque diocésain et de tout antre ecclé-
siastique, avec le pouvoir pour les religieu-
ses de ce monastère de se choisir une ab-
besse ; mais il réserve à l'évèque de bénir la
nouvelle abbesse, de célébrer la messe dans
l'église du monastère au jour de sa dédi-
cace, de commettre pour les autres jours de
l'année un prêtre pour la célébration des
saints mystères, et de corriger, soit l'abbesse,
soil les religieuses, suivant les canons, si
elles tombent dans quelque faute notable. —
Il accorda à Fortunat, évêque de Fano, la
permission qu'il lui avait demandée de
vendre les vases sacrés de son église pour le
rachat des captifs ; et afin que personne ne
le soupçonnât de fraude dans cette vente, il
voulut qu'elle se fit en présence de Jean dé-
fenseur. — Pendant que Georges prêtre, et
Théodore diacre, députés de Cyriaque, pa-
triarche de Constantinople, étaient à Rome,
ils avancèrent en présence de quelques dia-
cres de l'Église romaine, que Jésus-Christ,
étant descendu aux enfers, en avait délivré
tous ceux qui l'avaient reconnu pour Dieu.
Saint Grégoire ne fut averti qu'ils pensaient
ainsi, qu'après leur départ pour Constanti-
nople. Il leur écrivit donc pour les détrom-
per, etleurfaiie voir que Jésus-Christ n'avait
délivré de l'enfer que ccux-li seuls, qui
avaient cru en lui, et qui pendant leur vie
avaient gardé ses préceptes, parce que, si
la loi seule avait été suffisante pour sauver
dans la loi ancienne, et avant l'incarnation,
cet état aurait été préférable à l'état de
grâce, où nous ne pouvons espérer le salut
que par une foi vive et animée par de bon-
aimei' le repos, le travail est préférable quand
il peut tourner au salut de plusieurs; que la
dignité d'évèque est inséparable de soins et
d inquiétudes, parce qu'il n'est pas possible
de bien gouverner le vaisseau dont on s'est
chargé, sans s'occuper h prévoir les tempê-
tes qui peuvent le submerger, ou sans tra-
vailler à les dissiper, lorsqu'elles se sont
élevées; qu'il doit néanmoins tellement tem-
pérer ses soins, qu'il n'en soit point accablé.
11 approuve sa confession de foi ; mais il dit
qu'elle ne suffit pas pour la conservation de
la paix des cœurs ; qu'il doit encore renon-
cer au titre d'évèque universel, qu'il avait
apparemment mis dans la lettre synodale,
puisque saint Grégoire dit en avoir été scan-
dalisé. Il lui écrivit depuis plusieurs autres
lettres contre cette prétention. 11 ajoute :
u Entre ceux que vous dites avoir été con-
damnés par les conciles généraux, vous nom-
mez un certain Eudoxe, dont le nom n'est
point connu parmi les Latins, ni dans les
conciles, ni dans les livres que saint Épi-
phane, saint Augustin et saint Philastre ont
écrits sur les hérésies; mais, si quelqu'un
des Pères catholiques l'a condamné , nous
le condamnons aussi avec vous. Les eudo-
xiens furent condamnés dans le premier
concile de Constantinople; mais l'Eglise ro-
maine n'a pas reçu jusqu'à présent les actes
de ce concile, elle n'en reçoit que la défini-
tion de foi contre Macédonius. » Dans la se-
conde lettre, saint Giégoire recommande à
Cyriaque le prêtre Jean et le moine Alhanase,
l'assurant qu'ils étaient l'un et l'autre d'une
doctrine orthodoxe. — Il félicita l'empereur
Maurice sur le choix qu'il avait fait de Cy-
riaque pour patriarche de Constantinople ,
disant qu'il en connaissait le mérite, et qu'il
s'était rendu digne de celle dignité par son
expérience dans le maniement des aUaires
El.l»c, 7.
K],i.i. n
j08
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
r.pi'f. 17.
ncs œuvres. Il appuie celle doctriue de di-
vers passages de l'Écrilurc, et d'un endroit
du livre de Phila?tre sur les ln'rcsies, où il
met au nombre des hérétiques ceux qui di-
sent que Notre-Seigaeur descendit aux en-
fers, qu'il y annonça sa divinité à tous ceux
qui y étaient détenu?, afin que, croyant en
lui, ils fussent sauvés.
3. Maxime, usurpateur de l'évèché de Sa-
lone, averti plusieurs fois par le Pape de
venir ii Rome, s'en était excusé sur divers
prétextes. Le clergé et le peuple de Salone
1.1. VIII,
l'envoyer A Rome pour y être consacré. —
Il avait été autrefois d'usage que les évê- IEiui. a.
ques de Sicile vinssent à Rome tous les trois
ans; saint Grégoire, voulant les soulager, re-
mit ce voyage à chaque cinquième année,
et en fixa le jour k la fête de saint Pierre,
afin qu'ils la ci'-lébrassent avec lui.
4. La sœur d'un nommé Catellus, après ^•
avoir été fiancée à Etienne, s'était retirée
dans un monastère de la ville de .Naplcs pour
s'y consacrer h Dieu ; celui-ci prétendit être
en droit de conserver la maison et les meu-
communiquaient avec lui, à deux ou trois blés de sa fiancée. Catellus en porta ses
i:',iO, 21.
personnes près; une partie du clergé et du
peuple de Jadéra ou Zara, en Dalmatie, avait
embrassé sa communion, l'autre l'avait re-
jetée. Sabinien, leur évoque, avait d'abord
été du nombre des premiers; mais ensuite
il abandonna Maxime, et touciié de regret
d'avoir pris son parti, il voulait renoncer à
l'épiscopat pour faire pénitence dans un
nKmasIère. Saint Grégoire lui écrivit deux
lettres sur ce sujet : dans l'une, il lui mande
de venir à Rome avec les évèqucs qui, apr^s
avoir été favorables à Maxime, avaient aban-
donné son parti, et leur promet l'absolution
de la faute qu'ils avaient faite on celle occa-
sion; dans l'autre, il lui déclare qu'il le rece-
vait en sa communion et en ses bonnes
grâces, et l'exhorte à reprendre la conduite
de son église, et de faire rentrer dans le de-
voir tous ceux qui s'en étaient écartés. Il y
y en a une troisième, où il lui dit de sur-
monter par sa patience la haine que Maxime
lui portait, pour s'être sépan! de lui. Il dé-
cide dans la même lettre, que Sabinien ne
devait plus admettre aux fonctions sacerdo-
tales un prêtre qui ('tait tombé dans un cri-
me. — Il rélablil dans son grade et dans ses
fonctions un diacre nnnimé Martin, qui étant
accusé de plusieurs fautes, avait prouvé son
innocence, particulièrement en l'alteslanl
par serment sur le tombeau de saint Pierre,
prince des apôtres. L'inscription de la lettre
((u'il lui écrivit sur ce sujet, le nomme abbé ;
mais il pr.rait qu'il y a faute, car il n'est pas
vraiseud)lable qu'un abbé fit dans son mo-
nastère les fonctions de diacre, et qu'il en
occupât la place. — Sur les inslances réité-
rées de Caslorius, évêque de Rimini, ;\ qui
sa santé ne permellait pas de faire sesjj^c-
lions, il reçut sa démission, et permit rélcc-
tion d'un autre évoque pour cette ville, en
chargeant Marinien, évêque de Ravenne,
d'examiner le mérite de l'élu, et ensuite de
plaintes à saint Grégoire, qui ordonna .-^For-
tunat, évêque de Naples, et à Anthémius
défenseur, de faire restituer le tout sans au-
cun délai. — 11 ordonna aussi an prêtre Can-
dide, recteur du patrimoine de saint Pierre
dans les Gaules, de racheter quatre frères
qui étaient détenus par des juifs en qualité
d'esclaves à Narbonne. — Grégoria, l'une
des dames de la chambre de l'impératrice,
s'était confessée avec beaucoup de soin de
tous ses péchés; mais incjuiète si Dieu les lui
avait pardonnes, elle écrivit à saint Grégoire
qu'elle ne cesserait de l'importuner, jusqu'à
ce qu'il l'eût assurée qu'il savait par révéla-
tion que ses péchés lui élaienl remis. Le
Saint tâcha de la consoler par l'exemple de
la femme pécheresse, qu'il confond avec
Marie sonir de Marthe, et lui dit, qu'aimant
Dieu comme elle le faisait avec autant de
ferveur que cette fcîmme, il avait confiance
que l'on pouvait aussi lui appliquer cette sen-
tence de Jésus-Christ : licnuamp de {jcr/iés lui
so)}t remis, parce qu'elle a lieniicoiip aiinc.
« Mais pour ce qui est, ajoule-t-il, de vous
assurer qu'il m'a été révélé que vos péchés
vous sont pardonnes, vous nie demandez une
chose dillioile et inulile : dilliiile, parce que
je suis indigue d'avoir des révélations; inu-
tile, parce que vous ne devez point être sans
inquiétude an sujet de vos pécht^s Jusqu'à la
fin de votre vie, où vous ne pouriez plus les
pleurer. La sécurité est la mère de la négli-
gence : il faut que vous soyez en crainte
peiulaut le peu de temps de celte vie, pour
airiver à la sécurité- et à la joie l'teruelles. »
5. La lettre de saini Gn'-goire à Théoclis-
te, sœur de l'Empereur, est poin- la congra-
tuler sur son application à la lecture des
Livres saints, et à la niéditalion de.s v(''rilés
de la religion. Elle avait (pielquefois le don
des larmes. Le Pape lui dit d'examiner
quelle en est la cause; si elles viennent do
[vir SitCLK.]
CHAPITRE XLIX. — SAINT OREGOIIIE l.K T.RAND, PAPE.
503
la iiainio des peines cHeinelles, ou du di'lai
(les n'-ioinpenses célestes; parée qnv , Idis-
qu'oii csl altéré du désir de voir Dieu , on
est d'abortl frappé de crainte , puis enllam-
Mié d'amour. Alors, celle (jui ]tleurail dans
la crainte d'être livrée aux su[iplices , ]ilcu-
le aussi de ce que l'on diU'ère à lui donner
place dans le l'oyaume. Il recommande à
TJM'oetisIe de soigner l'éducation des jeunes
l^rinces ilonl elle s'était cluir^éc , et d'aver-
tir les eunuques commis à leur garde de
leui' inspirer des sentiments d'un amour uni-
tnel,(^t d(! l)onté envers les peuples. Il la re-
mercie des ti'enle livres d'or qu'elle lui avait
envoyées, dont il dit qu'il a employé la moi-
tié i\ raclieter plusieurs personnes nobles
que les Lombards avaient fait captives dans
la ville de Crotoue un an auparavant , et
l'autre moitié à procurer des couvertures de
lit ù des religieuses qui soull'raient beaucoup
du froid dans les rigueurs de l'iiiver. « Elles
sont, dit-il, au nombre de trois mille, et re-
çoivent quatre-vingts livres par an des biens
de saint Pierre. Mais qu'est-ce que cela pour
mie si grande multitude , principalement en
cette ville , où tout est fort cher? Au reste ,
elles mènent une vie tellement sanctiliée par
rabstinencc et par les larmes, que nous leur
devons sans doute notre conservation , en-
tourés que nous sommes des glaives des
Lombards.» Saint Grégoire envoya à Tliéoc-
tiste une clef qui avait touclié au corps de
saint Pierre , c'est-à-dire, où il y avait de la
limaille de ses chaînes ; et pour en relever
le prix , il rapporte un miracle fait par l'at-
touchement de cette clef. UnLombard, l'ayant
trouvée dans une ville au delà du Pô , n'en
tint aucun compte , tant qu'il ne vit en elle
qu'une clef de saint Pierre; mais la croyant
d'or , il se mit en devoir de la rompre pour
s'en servir à d'autres usages. Aussitôt le dé-
mon se saisit de lui, et au lieu de porter son
couteau sur cette clef , il se l'enfonça dans
la gorge , et périt sur-le-champ. Autharit ,
roi des Lombards , était présent avec un
grand nombre de pejsonnes de la secte des
ariens. Tous furent saisis de crainte, sans
qu'aucun osât lever de terre la clef que ce
Lombard avait laissée tomber en mourant.
Le roi fit appeler un nommé Minulfe , qui ,
quoique Lombard, était catholique, trés-as-
sidu à la prière, et bienfaisant envers les
pauvres. Minulfeprit la clef: Autharit, éton-
né du miracle, en fit faire une semblable
d'or , et les envoya toutes deux à Rome au
E^il.il
[lape Pilage,avec 1(ï l'écit de cet événement
miiarideux. — Saint Grégoire lit aussi jin!-
sent d'une clef où il y avait de la limaille des
chaînes de saint Pierre, h Théodori;, médecin
de l'empereur Maurice. Théodore avait en-
voyé plus d'une fois à Rome de grosses som-
mes pour les pauvres cl le rachat des captifs.
G. Dans une lettre à Anastase , prêtre de
J('rusalem , saint Grégoire le charge de tra-
vailler A réconcilier son évoque avec le su-
périeur du monastère de Néas, sifu('! dans la
même ville, remarquant qu'il était ordinaire
de voir l'évèque de Jérusalem en contesta-
tion avec le supérieur de cette maison. —
Il pria Dominique , évoque de Carlhagc ,
d'aider un abbé à contenir ses moines dans
le devoir, et d'empêcher les autres évoques
d'Afrique de les appuyer dans leurs désor-
dres. Ils étaient tels, que lorsque l'abbé vou-
lait les corriger, ils sortaient du monastère,
et couraient de province en province, no
suivant d'autre règle que leurs passions. —
Ce saint Pape, répondant àEuloge d'Alexan-
drie, qui , en parlant de la chaire de saint
Pierre , prince des apôtres, avait dit que
cet apôtre y était encore assis dans ses suc-
cesseurs, s'explique en ces termes sur cette
chaire , et sur la primauté de saint Pierre :
« Quoiqu'il y ait plusieurs apôtres, le siège
du prince des apôtres a prévalu seul pour
l'autorité , à cause de sa primauté , et c'est
le siège du même apôtre en trois lieux : car
il a élevé le siège où il repose, et où il a
fini sa vie présente ; c'est Rome. Il a orné
le siège où il a envoyé l'Évangéliste son
disciple ; c'est Alexandrie. Il a all'ermi le
siège qu'il a occupé sept ans, quoique pour
en sortir ; c'est Anlioche. Ainsi ce n'est qu'un
siège du même apôtre, dans lequel trois évo-
ques président maintenant par l'autorité di-
vine : d'où vient que je m'attribue tout ce
que j'entends dire de bien de vous. Si vous
en entendez dire de moi, vous pouvez aussi
vous l'attribuer, parce que nous sommes un
en celui qui a dit : Qu'ils soient un comme nous
sommes un. » Il témoigne ùEuloge qu'il avait
eu dessein de lui envoyer des pièces de bois ;
mais que, ne sachant combien il eu avait be-
soin, il avait eu honte d'en envoyer peu, et
n'avait pu lui en envoyer beaucoup, faute de
vaisseaux propres à les porter.
§ VIII.
Livre huitième des Lettres de saint Grégoire.
1. Sui- la uouvelle des progrès que la foi Ei,isi. i.
Joan. XTit*
510
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Epl<l
Etiii. n.-
catholique faisait parmi les idolâtres de l'ile
de Corse par le minist^re de Pierre qui en
était évêque, saint Grégoire lui écrivit pour
l'exhorter à continuer ses travaux apostoli-
ques, en lui marquant de mettre en péni-
tence pendant quelques joui-s ceux de cette
Ue qui, après avoir été autrel'ois du nombre
des Tidèles, avaient embrassé le culte des
idoles, afin de leur donner le temps de pleu-
rer leurs fautes, et de persuader à ceux qui
n'avaient pas encore été baptisés, que l'on
ne doit point adorer des statues de bois ou
de pierre. Il lui envoya en même temps cin-
quante soijs d'or pour acheter des habits
blancs à ceux qui devaient être baptisés ,
c'est-à-dire, aux pauvres : car c'était l'usage
de les dépouiller de tous leurs habits avant
de les baptiser, et de les revêtir entièrement
de blanc. — Il ne put s'empêcher de verser
des larmes en lisant dans la lettre d'Anas-
tase , patriarche d'Antioche , le détail des
maux dont il était accablé dans sa vieillesse.
Pour l'en consoler, il le fait ressouvenir qu'il
occupait la chaire de saint Pierre, à qui Jé-
sus-Christ dit ces paroles : Lorsque vous serez
vieux, un autre vous ceindra et vous mènera où
vous ne voudrez pas. Il tâche de le fortifier
encore contre les hérésies qui s'élevaient,
dont les auteurs s'efforçaient d'énerver tou-
tes les vérités établies dans les écrits des
prophètes, des évangélistes et des Pères, en
lui faisant espérer le secours de Dieu pour
les combattre et les renverser. Ces deux let-
tres et les suivantes sont de la première in-
diction, c'est-à-dire de l'an 597. — Il défendit
à Douinus, évêque de Messine, de rien exi-
ger pour le lieu de la sépulture des nifu'ts,
disant rpie si les Sichimites ne voulurent
rien recevoir pour la place où Abraham en-
terra sa femme Sara, à plus forte raison les
évêques doivent-ils offrir ce service gratui-
tement. — Dans sa lettre à Venance de Luna,
il détaille font ce que devait fournir celui qui
fondait un monastère ; mettant entre autres
choses un calice d'argent pesant six onces,
et une patène d'argent pesant deux livres.
Les patènes dans les premiers siècles étaient
grandes et épaisses, parce qu'on y mettait
les oblations des fidèles.
2. La môme année que l'empereur Mau-
rice donna une loi portant défenses à ceux
qui étaient engagés dans la milice, ou sujets
à rendre des comptes, d'embrasser la vie
monastique ou cléricale, saint Grégoire l'en-
voya partout pour êlic observée ; mais ayant
depuis obtenu qu'elle fut modérée, il crut
devoir l'envoyer de nouveau aux évêques
d'Italie, d'IUyrie et de Sicile, parce qu'ils
dépendaient de l'Empereur. Dans la lettre-
circulaire qu'il leur écrivit à ce sujet, il les
exhorte à ne pas recevoir avec trop de pré-
cipitation ceux qui sont chargés d'affaires
temporelles, de crainte qu'ils ne mènent
une vie séculière sous l'habit ecclésiastique.
Il ajoute : « Que s'ils se présentent dans les
monastères, il ne faut les y recevoir qu'a-
près qu'ils auront rendu leurs comptes, et
que si les gens de guerre veulent faire pro-
fession de la vie monastique, on doit, avant
de les admettre, examiner soigneusement
leur vie, et les éprouver suivant la règle pen-
dant trois ans dans leur habit sécuHer; que
l'Empereur consent qu'ils soient reçus à ces
conditions. i> Les trois années de probation
étaient di\jà ordonnc'cs par les Novelles de
Juslinien ; mais saint Grégoire n'y obligeait
que les gens de guerre , se contentant de
deux ans à l'égard des autres, pourvu que
pendant ce temps l'on examinât avec soin
leur vie et leurs mojurs : « Car si les hommes
n'engagent, dit-il, qui que ce soit à leur ser-
vice sans l'éprouver, combien doit-on s'en as-
surer davantage pour le service de Dieu ! » 11
donna avis à Amos, patriarche de Jérusalem,
qu'un nommé Pierre , acolyte de l'Église
romaine, avait pris la fuite pour éviter la
peine que ses fautes méritaient suivant les
canons, et le pria de l'arrêter s'il allait en
cette ville ou dans les environs, et de le
renvoyer à Rome sous boime garde. — Et alin
que Pierre n'abusât point dos choses sain-
tes , saint Grégoire avertit Amos qu'il lui
avait interdit la communion du corps et
du sang de Notre-Seigneur jusqu'à son re-
tour, à moins d'être réduit à l'extrémité
par maladie. — H y a deux de ses let-
tres pour contraindre une religieuse qui
avait quitté son monastère , à y rentrer.
Par une autre, il confirme la transaction
passée entre Candide, abbé du monastère
de Saint -André à Rome, et Maurentius,
maître de la milice, au sujet des biens que
Jean, frère de Maurentius et moine do ce
monastère, avait laissi-s en mourant. — Il
établit un corps de défenseurs, à qui ildoiuia
la qualité de régionnaires. Outre le soin des
pauvi-es, (jui était leur occupation princi-
pale, ils veillaient à la di'fense dos biens
et dos droits do l'Eglise; souvent on les
envoyait dans les provinces pour y prcn-
NoTo:I. r. ,
filt. A\l; Ko-
TCll. I^.t, cip.
XIXV.
Llb.X,
8, 0.
[vil* SIÈCLE.] CIIAPITRK XI.IX. — SAINT
di-o soin dii palriuioiiio de s;iiiil Pierre.
Bpisi. is. ;{ Il y jiviiit pr^s do llavciine un monus-
tiTC d(''di(; j'i saint Jean et à saint l-llieniio,
dont Claude, ami de saint Gn'goirc, était
al)b(' : on le nommait Classe. Comme il avait
souttcrt beaucoup de vexations de la part
des évèques de Havennc, le Pape, qui savait
par sa propre cxpi'-rionce, combien il cMait
nécessaire de pourvoir au repos dos moines,
défondit ;\ Marinion, évéque de Ravenne, et
il SCS successeurs, de lieu diminuer dos biens,
terres, revenus ou titres de ce monastère,
voulant que, s'il survenait quelque dillërend
entre l'église de Havennectie monastère de
Classe, on clioisît des abbés, ou d'autres ar-
bitres craignant Dieu , pour le terminer
promptement en présence des saints Evan-
giles. Il ordonna qu'après la mort de l'abbé,
son successeur serait clioisi par le consente-
ment libre et unanime de la communauté,
et tiré de son corps ; que s'il ne s'y en trou-
vait point de capable, on le prendrait dans
les autres monastères ; que l'élu serait or-
donné sans fraude ni vénalité ; qu'après son
élection, on ne pourrait commettre à un au-
tre le gouvernement du monastère, sinon en
cas que l'abbé fût coupable selon les canons;
que l'on ne pourrait ôter à l'abbé aucun de
ses moines malgré lui, pour gouverner d'au-
tres monastères, ou pour entrer dans le cler-
gé ; mais que, si le nombre des moines était
plus que suffisant pour l'otHce divin et le ser-
vice du monastère , l'abbé pourrait oflrir
pour le service de l'Église ceux (ju'il en croi-
rait digues, fi la charge que celui qui aurait
passé à l'état ecclésiastique, ne pourrait plus
demeurer dans le monastère, ni y exercer
' aucune autorité. 11 ordonna aussi que l'in-
ventaire des biens et dos titres du monas-
tère, se ferait par l'abbé, aidé par d'autres
abbés, et non par des ecclésiastiques ; et que
toutes les fois que l'abbé de Classe désire-
rait de faire le voyage de Rome pour l'uti-
lité de son monastère, il n'en serait pas em-
pêché par l'évêque de Ravenne. Il assm'e
Marinien que l'abbé Claude le verra volon-
tiers dans son monastère, sachant que sa
visite ne lui sera point à charge ; mais, parce
que son prédécesseur y avait causé de gran-
des dépenses sous prétexte d'hospitalité, il
dit en général que les évéques de Ravenne,
GRKGOIRK LE GRAND, PAPE. .Ml
en rendant A ce monastère des devoirs de
charité, ne doivent point lui être inconi-
iiKulos par leurs dépenses. — Il lui écrivit
une sccondo lettre , pour lui recomman-
der l'abbé Claude qui revenait de Rome.
4. Ayant appris ([u'à Tcrracinc plusieurs
refusaiont de monter la garde sur les mu-
railles dans un temps d'hostilités, il manda
;\ révoque du lieu d'y obliger tout le monde,
même les clercs, de quelqu'église qu'ils dé-
pendissent. — Il s'était glissé un abus par-
mi les diacres de Catane, qui, voyant ceux
de Messine se sei-vir d'une espèce de chaus-
sure particulière aux évoques, en mettaient
aussi. Saint Grégoire le leur fit défendre,
disant que si ceux de Messine en usaient,
c'était par concession du Sainf-Siége, h l'ex-
clusion de tous les autres diacres de Sicile.
— Sa lettre à Eulogc d'Alexandrie est nv
marquable. Cet évêque lui avait demandé
les actes de tous les martyrs, recueillis par
Eusèbe de Césarée. « Je vous rends grâces
de m'avoir instruit, lui répondit saint Gré-
goire, car avant votre lettre je ne savais pas
si ces Actes avaient été recueillis; et à l'ex-
ception de ce qu'on en trouve dans les li-
vres du même Eusèbe, c'est-à-dire, dans son
Histoire ecclésiastique , je ne sache point
qu'il y en ait, ni dans les archives de notre
Eglise, ni dans les bibliothèques de Rome,
sinon quelque peu recueilli en un volume.
Nous avons les noms de presque tous les
martyrs, distribués par chaque jour, et ras-
semblés en un livre, et nous célébrons des
messes en leur honneur. Mais ce volume ne
nous apprend point le détail de leurs souf-
frances : ou y voit seulement leurs noms, le
lieu et le jour de leur martyre. » Ce n'ôlait
donc qu'un calendrier ou martyrologe, et
vraisemblablement celui qui porte le nom de
saint Jérôme. Ce témoignage de saint Gré-
goire répand beaucoup de doutes sur les
Actes que uous avons aujourd'hui sous le
nom de plusieurs martyrs de l'Église de Ho-
me, comme de saint Clément, de saint Jean
et de saint Paul, de sainte Agnès, de sainte Cé-
cile, et d'un grand nombre d'autres dont nous
avons déjà parlé. Ceux de sainte Cécile sup-
posent qu'elle soutirit à Rome dans le temps
que saint Urbain en était évêque; c'était donc
sous l'empire d'Alexandre, successeur d'Hé-
Ei. I. m.
Vide frtm.
' Voyoz, sur cette assertion ili; D. Ceilliin-, ce qui note S, pus. 'i'JO à :iôt, et pag. 4ir,, noie 3. (t'édi'
en a été ilil, loin, l", iisj;. 357, noie I, et pag. 358, leur.)
note 4 ; toui. Il, piig. 102 à lOC; tom. III, pag. 40,
542
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
liogabale : or, Alexandre ne pei-sécuta ja-
mais les cbrétiens. Il les souUrait, ainsi que
le témoigne ' Laiiipiidiiis son liislorien, c'esl-
à-diie, qu'il les laissait daus une rutièrc li-
berté au sujet de la religion : ce qui n'est
point surprenant, puisqu'on croit que Mani-
mée, sa mère, qui avait tout pouvoir sur son
esprit, était cliriMienne. Coininenl accorder
cette liberté qu'il donnait aux ciirétiens, avec
ce qu'on lit ' dans les Actes de celte martyre,
que le pape saint Urbain, ayant été condam-
né deux fois à la mort, était obligé de demeu-
rer caché liors de Home, parce que, si on
l'eût trouvé, on l'eut l'ait brûler? Il faut ajou-
ter que ces Actes sont remplis de miracles
extraordinaires, et d'autres événements qui
Episi. 3c. ont peu d'apparence de vérité. — Saint Gré-
goire fit aussi part à Euloge d'Alexandrie des
nouvelles qu'il avait reçues de la conversion
i^cs Anglais, dont plus de dix mille avaient
:rté baptisés à la fête de Xoél. Euloge lui avait
aussi fait part de la conversion des héréti-
ques d'Alexandrie, et de l'union parfaite qui
régnait dans celte Église. Saint Grégoire l'en
congratula ; mais, parce qu'en lui écrivant
il avait dit que , suivant ses ordres , il ne
donnait plus au patriarche de Constantino-
ple le titre d'évcque universel : « Je vous
piie. lui dit le Pape, d'ùter ce terme dV-
donner. Je sais qui je suis, et qui vous êtes :
\ous êtes mon fi-ère par votre place, et mon
pcre par votre vertu. Je ne vous ai rien or-
donné ; je vous ai seulement reprc-seuté ce
qui m'a semblé utile : encore ne l'avez-vous
pas observé exactement, car j'avais' dit que
vous ne deviez donner ce titre, ni à moi, ni
à aucun autre ; cependant , au commence-
ment de votre lettre, vous me le donnez à
moi-même. Je voudrais me distinguer parla
vertu, non par des paroles, et je ne tiens
point à iionucur ce qui déshonore mes frè-
res. Otons les mots qui enllent la vanité et
blessent la charité. »
31. 5. Il écrivit à Secondin, évêque de Taor-
mine, d'empêcher que des laïques s'empa-
rassent d'un monastère de la dépendance de
celui de Caslel , fondé par Cassiodore, mais
d'avoir soin qu'on y envoyât des moines,
afin que l'intention des fondateurs fût suivie.
>i. — Jean, évêque de Scillitane, s'était emparé
de quelques héritages du monastère de Cas-
tel, sous prétexte que l'abbé les lui avait
donnés. Saint Grégoire l'obligea de les ren-
dre, avec défense de toucher aux droits de
ce monastère ; mais en l'esbortant à veiller
sur la conduite des moines. — Pour recon- tpia. n.
naître le présent que Léonce lui avait fait de
l'huile qui découlait de la croix du Sauveur,
et du bois d'aloès, il lui envoya une clef dans
laquelle il y avait de la limaille des chaînes
de saint Pierre.
§IX.
Livre neuvième des Lettres de saint Grégoire.
{. Les premières sont du mois de septem- i.
bre, indiction deuxième, ou 308, et sont
adressées à Janvier, évoque de Cagliari, en
Sardaigue. Il était alors fort avancé en Age,
mais aussi facile à émouvoir que s'il eût été
plus jeune; sensible aux injures, faible et
facile à se laisser entraîner h de mauvais
conseils. Irrité contre un particulier, il en-
voya, un dimanche au matin, renverser sa
moisson et y passer la charrue ; ensuite il
chanta la messe, puis il alla lui-même arra-
cher les bornes du même champ. Saint Gré-
goire eut peine à croire à un tel excès; mais
s'en étant assuré par l'abbé Cyriaque qui
l'avait appris sur les lieux, il en fit à Janvier
une sévère réprimande, et excommunia pour
deux mois ceux dont il avait suivi les conseils
en cette occasion. — Il écrivit à Vital, défeu- *•
seur de Sardaigne, de mettre cette sentence ;\
exécution et de faire réparer le tort. — Il dé- '■
fendit au même évêque de rien exiger pour
le lieu de la sépulture, lui permettant seule-
ment de recevoir ce qu'on otTrirait pour le
luminaire. — Janvier ayant témoigné du re- *•
pentir de sa faute, saint Grégoire l'assura
que les reproches qu'il lui avait faits au sujet
de la moisson renversée , ne venaient d'au-
cune aigreur, mais d'une charité fralernelle.
Il le Ct souvenir, qu'en qualité d'évêque, il
était chargé, non du soiu des choses terres-
tres, mais de la conduite des âmes; qu'il
devait y mettre toute son application, et ne
penser qu'à leur avantage, afin qu'il ne por-
tât point devaut Dieu le simple nom dévè-
que, qui, sans les mérites, ne servirait qu'à
sa condamnation. — Un des juifs de Cagliari, e.
s'étant fait chrétien, s'empara, dès li> lende-
main de son baplême, c'est-à-dire le jour de
Pâques, de leur synagogue, et y mit inic
image de la Sainte Vierge, une croix , ct
l'habit blanc qu'il avait reçu eu sortant des
Lampridius, wi vHa Alexand., pag. 121, 131. ' Apud Surium ad diem 22 nocemb.
[vu' sifccLE.] ClIAl'ITHl!: XLIX. — SAINT
foiils. Saint Giëgoirc loua Janvier de n'avoir
pas consenti à cette vinloiice, et l'exliorla
à faire ôter l'iina ,o cl la croix avec la vénc-
ralioii qui leur clail ihic, et à rendre la sy-
nagogue aux juifs, disant (|nc, comme les
lois ne leur permettaient pas do bâtir do nou-
velles synagognes, elles ne souHVnicnl jias
non plus qu'on les troublât dans la posscs-
'•''''■ '• sion des nnci(Mincs. — Il déclara nul , en
vertu des lois impériales , le testament do
deux ahbesscs, parce que, ne possc'-dant rien
en piopro depuis qu'elles avaient embrassé
l'état monastique, il leur était défendu de
disposer des biens qu'elles avaient apportés
au monastère. On disait, pour la défense de
leur testament, que, quoique abbesses, elles
n'avaient pas porté l'iiabit monastique. Saint
Grégoire réponcl que le défaut d'habit n'a-
vait pas invalidi' leur engagement, et ne pou-
vait porter préjudice au monastèi-e qu'elles
avaient gouverné pendant plusieurs années;
mais que l'évêque qui les avait ordonnées
ou bénites était en faute, pour leur avoir
donné la bénédiction dans un autre liabit
que celui du monastère. Après avoir donc
pris l'avis de son conseil et des personnes
doctes de Rome, il ordonna à Janvier de
faire restituer au monastère tout ce qu'elles
avaient donné ailleurs.
'■ 2. Sa lettre h Vincent et A quelques au-
tres évêqiies de Sardaigne. est pour les ol)li-
ger à célébrer la Pâque au jour marqué par
leur métropolitain, et à ne point entrepren-
dre de longs voyages sans sa permission. Il
en exce[]te le cas où ils auraient avec lui
quelques contestations ; alors il veut qu'ils
^- aient recours au Saint-Siège. — Jean , évo-
que de Caprite ou Caorla , voulant se réunir
avec son peuple à l'Église romaine, présenta
sa requête à Callinique , successeur de Ro-
main dans l'exarchat d'Italie. Celui-ci la com-
muniqua à Justin, homme très-éloquent , en
qui il avait confiance ; mais , comme il était
schismalique, il détourna l'évêque de Caorla
de la réunion. Le peuple , qui la souhaitait,
envoya au Pape demander un autre évèqiie ;
sur quoi saint Gi'égoire écrivit à l'exarque,
qu'outre que l'ordre de l'Empereur toucliaut
les scbismatiques avait été surpris , et ne
portait pas qu'où rejetterait ceux qui vou-
draient se réunir, mais seulement qu'on n'y
forcerait pas ceux qui ne le désireraient
point. 11 pria Callinique d'éloigner Justin de
son conseil, tant qu'il resterait dans le schis-
me, parce qu'il ne mancfuerait pas de conti-
XI.
CIIÉGOIUE LE GRAND, PAPE. Mi
nuer de s'opposer à la réunion de ceux de
son parti. — En même tenqis il ciiargea Ma- ^''''"' '"'
rinien , ihéque de llaveniie , d'exhorter l'é-
vêque de Caorla à se réunir à l'iîglisc et ;'i
son peuple, voulant qu'en cas de refus il
ordonnât un autre évêijue pour cette; ville ,
et qu'il comptât l'ile de Caorla dans sa pro-
vince , jusqu'à ce que les évoques d'istrio
fussent revenus à l'unité catholique. Il le
chargea aussi de finir l'allaire de Maxime de
Saloue, en jirenant pour adjoint, s'il en était
besoin, Constantius, évêque de Milan.
3. La reine Brunehaut avait demandé le m,
pallium pour Syagrius , évêque d'Autnn.
Saint Grégoire y consentit d'autant plus vo-
lontiers, qu'il avait des obligations à cette
princcssepour la bomie réception qu'elle avait
faite à Augustin ù son passage pour l'An-
gleterre. Il savait d'ailleurs que l'Empereur
trouvait bon qu'il accordât le pallium à cet
évêque ; mais il y avait deux obstacles à le-
ver avant de l'envoyer : l'un , que Syagrius
ne l'avait pas demandé lui-même , suivant
l'ancienne coutume ; l'autre , que celui qui
était venu à Home pour le recevoir, se trou-
vait engagé dans le parti des scbismatiques.
Il y en avait, ce semble, encore un troisiè-
me, qui était que la reine ne l'avait pas de-
mandé par elle-même, mais seulement par
son envoyé, comme si elle eut appréhendé
que saint Grégoire ne l'accordât pas à ses
prières. Le Pape l'adressa au prêtre Can-
dide, recteur du patrimoine de saint Pierre
dans les Gaules, afin que Syagrius le reçut
de sa main, après le lui avoir demandé avec
quelques évêques de sa dépendauce. Toutes
ces formalités sont marquées dans la lettre
à la reine Brunehaut. Saint Grégoire la prie
ensuite de s'intéresser à bannir du royaume
la simonie dans les ordinations, et à répri-
mer les scbismatiques, qui, sous prétexte de
défendre le concile de Chalcédoine, cher-
chaient à se soustraire aux règles de la disci-
pline ecclésiastique, et à vivre à leurliberté,
se confiant plus dans leur ignorance que
dans les lumières de l'Eglise universelle et
des quatre patriarches. Il rapporte, qu'ayant
demandé à celui que la reine avait envoyé
à Rome pourquoi il était séparé de l'Église,
il avait avoué qu'il n'en savait rien, et qu'il
lui avait paru n'entendre, ni ce qu'il soute-
nait, ni ce qu'on lui disait. Il exhorte encore
Brunehaut à abolir les restes d'idolâtrie qui
se trouvaient dans les États des jeunes rois
Tliéodebert el Théoderic, dont l'un régnait
J3
514
HISTOIRE GKNÈRALE DES
en Austrasie et l'autre en Bourgogne. Dans
ces deux Étals, mais plus encore dans la Ger-
manie, jusqn'où s'étendait le royaume de
Tlu'odeberl, il y avait un i;rand nombre de
clirélicns qui, tout en fioijucntant les égli-
ses, ne laissaient pas de rendre un culte aux
démons, immolant aux idoles, honorant des
arbres, et sacrifiant des léles d'animaux; ce
qui déplaisait à Uieu, et excitait sans doute
sa colore sm- les peuples désolés par les in-
cui-sions des barbares. Il marque que le prê-
tre Candide lui remettra de sa part le livre
qu'elle avait demandé.
Epi.i.iî. 4. Un homme, venant de Sicile, dit à saint
Grégoire que quelques-uns des Grecs et des
Liitins murmuraient des divers règlements
qu'il avait faits pour la réformalion de l'of-
fice, et disaient : Comment prétend-il abais-
ser l'Église de Constantinopie, lui qui en
suit en tout les coutumes? « Je lui ai deman-
dé, dit saint Grégoire, quelles étaient ces
coutumes; il m'a répondu: Vous avez or-
donné de dire alléluia à la messe hors du
temps pascal; vous faites marcher les sous-
diacres sans tunique ; vous faites dire Kyrie
eleison; vous dites l'Uraison dominicale in-
continent après le canon. Je lui ai répondu
qu'en tout cela je n'imitais aucune éghse ;
car, à l'égard de Valleluia, on dit que c'est
saint J(''rùme qui a introduit ici l'usage de le
chauler du temps du pape Damase, à l'imi-
tation de l'Église de Jérusalem ; c'est pour-
quoi nous avons plutôt retranché quelque
chose en cela dans notre Église à la coutume
que les Grecs y avaient introduite, qui était,
ce semble, de chanter alléluia aux enterre-
ments et pendant le carême. Quant anx sous-
diacres, l'ancienne coutume éiait qu'ils ne
pnrUisscnt que l'aube, comme il |)arait par
vos Églises, qui n'ont pas rec^u celle coutu-
me des Grecs, mais de l'Église romaine leur
mère. S'ils marchent revêtus de tuniques,
cela vient d'un de vos évoques, je ne sais
lequel, qui les a fait marcher ainsi. Nous ne
(Usons pas Kyrie eleison comme les Grecs :
chi.'zeux, lousie disent ensemble; chez nous,
il n'y a que les clercs, le peuple répond seu-
lement, et nous disons autant de fois C/irisIe
eleison, que les Grecs ne disent point du tout.
Dans les messes quotidiennes, nous passons
sous silence certaines choses (jue l'on a cou-
tume de dire, et nous ne disons que Kyrie
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
eleison et Christe eleison, en le chantant avec
plus de lenteur. Nous disons l'Oraison domi-
nicale aussilijt après le can.n, parce que la
coutume des apôtres était de n'en point dire
d'autre pour la consécration du corps et du
sang, cl il m'a paru peu convenable d'y dire
une prière composée par un savant, et de ne
pas dire celle que Xotre-Seigneur a composée
lui-même. Chez les Grecs, fout le peuple dit
l'Oraison dominicale; chez nous, il n'y a que
le prêtre. En quoi donc avons-nous suivi les
coutumes des Grecs? Nous n'avons fait que
rétablir nos anciens usages, ou en introduire
de nouveaux que nous cioyons utiles. Faites
entendre toules ces choses, soit ;\ Calane, soil
à Syracuse, à tous ceux que vous savez avoir
mui'muré sur nos changements. Pour ce
qu'ils disent de l'Église de Constantinopie,
personne ne doute qu'elle ne soit soumise au
Saint-Siège, comme l'empereur et l'évoque
de la même ville le déclarent continuelle-
ment; néanmoins, si cette Eglise on quelque
autre a quelque chose de bon, je snis prêt à
imiter dans le bien mes inférieurs mêmes :
ce serait une sottise de faire consister la pri-
mauté dans le dédaiu d'apineudre ce qui est
meilleur. » Saint Grégoire, en disant dans
cette lettre que les apôtres ne disaient point
d'autre prière dans la consécration que l'O-
raison dominicale, n'exclut pas les paroles
de l'Kvangite qui en conliennent l'institu-
tion. On voit en effet par saint ' Justin, qui
touchait au siècle des apôtres, que dès lors
le célébrant, ayant rc(,;u le pain et le calice,
faisait de longues prièies, qui étant ache-
vées, lepeuplefidèle s'ccriaitd'une commune
voix : Amen. Amalaire ', dans son traité des
OlUces ecclésiastiques, avait conclu de cet
endroit de saint Grégoire, que l'oraison do-
minicale sutlisait pour la consécration du
corps et du sang Jésus-Christ ; mais il se 'ré-
tracta deptjis.
5. La lettre i\ Secondin, serviteur de Dieu Rp'"'-
et reclus, ne peut être attribuée à saint Gré-
goire dans l'état où elle se trouve aujour-
d'hui, et on ne peut douter qu'elle n'ait été
corrompue cl altérée, ou par Isidore Merca-
tor, auteur des fausses décrélales, on par
quelque autre écrivain du huitième siècle. Le
style, en plusieurs endroits, en est dilTérent
de celui de saint Grégoire, et il y a des dé-
cisions qui sont toutes contraires à la doc-
« Justin., Apolog. H, png. OS, ly.
• Aiiinlur., IJli. IV De Offic. ecclcs., cup. XX \f.
Mabillou., in Ordinein Roman., ciip. xn.
E|.in
[vu» sitcLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
liino conslanlc de ce Père et des itiicicns con-
ciles; telle est celle qui regarde les clercs
qui ont fait pt'iiilciice aprî-s leur chute. La
UUde (lit ' c|ir<iii |)(Uit les i<''tal)lir dans leurs
fondions et dans leur î^iade; saint Giéjioire
<''tublit une disciiilinecontiaiie dans un grand
nombre de ses ' lettres, et on ne voit nidle
part qu'il se soit relàcht' sur ce point. Il faut
ajouter, qu'en pailant jï Secondin, il se sert
de ces ternies : l'otre Sainteté. Il les employait
en écrivant à des évêqnes, ou à des abbés
qui étaient lionorés du sacerdoce, mais non
pas en écrivant à de simples moines, ou à
des' abbés qui n'étaient pas praires. Cette
foule de [lassaues allégui's pour monlrerque
l'on peut rétablir les cleics après leur chute,
lors(]u'ils en ont fait pénilencc, est entière-
ment déplacée; siiint Grégoire n'était guè-
res en état, accablé commme il l'était des
douleurs de la goulte lorsqu'il écrivait cette
lettre, del'alonger par des cilalious inutiles
et hors de propos. Mais ces additions ou al-
térations ne doivent pas faire rejeter absolu-
ment cette lettre, puisqu'elle est du nombre
des cinquante-quatre lettres de saint Gré-
goire que Paul Diacre envoya à Adélard, abbé
de Corbie. Paul lisait dans cette lettre l'eu-
dioit où il est parlé des images du Sauveur
et de la sainte Vierge, Mère de Dieu. Cet en-
droit fut cité aussi * dans le concile de Rome,
et par Adrien I" dans sa lettre à Charlema-
gne pour la défense du second concile de
-Xicée ; mais il manque presque dans tous les
manuscrits.
53. 6. Les clercs de l'église de Corne faisaient
diiSculté de quitter le schisme pour se réu-
nir, disant que le Papeleur était si peuaft'ec-
tionné, qu'il soutirait que l'Église romaine
retînt des biens qui leur appartenaient. Saint
Grégoire, informé de leur disposition par
Constantius évêque de Milan, lui écrivit que,
quand même l'Église romaine aurait un droit
acquis sm- les fonds de terre que ces clercs
répétaient, il voulait bien les leur abandon-
ner, pourvu qu'ils revinssent à l'unité de
l'Église. — Il fit donner aux juifs de Palerme
le prix des synagogues, et autres bâtiments
et terrains qu'on leur avait eidevés injuste-
ment, avec ordie de leur restituer leurs li-
GRÉGtURK LE GRAND, PAPE. 815
vres et leurs ornements, ne croyant pas pou-
voir leur faire rendre leurs synagogues mô-
mes, parce que, encore qu'elles subsistas-
sent, ri'vèque Victor les avait consacn-es
pour servir d'églises, et que ce qui était une
fois consacré, ne devait plus retourner entre
les mains des juifs. — Li; primai de la pro- Eiift.tPi
vince Bysacène élant accusé d'un crime,
l'Empeieur ordonna par deux fois qu'il se-
rait jugé par le Pape, suivant les lois cano-
niques; mais Théodore, maître delà milice,
à qui le primat avait d(jun('' dix livres d'or,
empêclia l'exécution de l'ordre du prince.
Saint Grégoire, voyant qu'on s'opposait au
jugement, ne voulut pas prtnulre connais-
saute tle l'allaiie. L(! primai lui imi ('crivit, et
ne fit aucune dilhculté de reconnaître qu'il
était soumis au Saint-Siège ; sur quoi le Pape '
dit dans la lettre à Jean de Syracuse : « Je
ne sais quel évêque n'y est pas soumis, lors-
qu'il se trouve en faute, quoique, hors de ce
cas, tous les évèques soient égaux ° selon les
lois de rimmilité. » — 11 ordonna aux dé- co.
fenseuis du patrimoine de l'Église, d'empê-
cher que les évoques ne demeurassent avec
des femmes, si ce n'est avec celles que les
canons permettent ; c'est-à-dire avec la mère,
la lanle, la sœur, et autres qui ne peuvent
être suspectes, et de les exhortera faire su-
bir la même loi aux clercs de leur dépen-
dance. Il vent toutefois qu'ils n'abandonnent
point les femmes qu'ils pouvaient avoir épou-
sées avant leur ordination, mais qu'ils les
gouvernent, en gardant toutes les règles de
la chasteté. Illeurpropose l'exemple de saint
Augustin, qui ne voulait pas même de pa-
rentes dans sa maison; mais sans les obliger
à l'imiter.
7. Récarède, roi des Goths, en Espagne, c'-
avait eu dessein de faire part h saint Gré-
goire de la conversion de ses peuples, qui
étaient ariens, dans le temps même qu'elle
arriva; mais ne l'ayant pu que plus de trois
ans après à cause de divers incidents, il s'ex-
cusa de ce retard par une lettre, en lui en
voyant des présents pour l'église de Saint-
Pierre, qui consistaient en un calice d'or orné
de pierreries, et en le priant de l'honorer de
ses lettres, qu'il appelle des lettres d'or. U
' Pag. 968.
' Lib. IV, Epist. 26 ; lib. V, Epist. 3 eU -, Lib.
Vil, Epist. 12; lib. Vin, Epist. 24.
3 Lib. 11. Epist. 36; lib. Itl, Epist. 3; lib. VI,
Epist. 48.
* Tom. VI Concil., pag. 1462, et tom. VU, pag. 9Gi.
5 Si qxM culpa in episcopis iuvenitur, nescio
quis et episcopus subjectus non sit. Cum vero
culpa non exiijit, omnes secundum ralionem hn-
milUalis œquales sunt. Episl. 59, lib. IX,
âi6
UISTOIIIE GKNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Ei.i!l.l.O.
lui rccomoianda aussi saiul Léaudre, évêque
de Séville. — Saint Gréfioire euvoya au roi
Récarcde une petite clef où il y avait ilu 1er
des chaînes de saint Pierre, et une croix qui
renfermait du Lois de la vraie croix et des
cheveux de saint Jean-Baptiste, et une autre
clef de saint Pierre. 11 joi^rnit à ces présents
une lellre, dans laquelle il relève avec de
grands éloges le zèle que ce prince avait
montré en procurant la conversion desGoths
ses sujets, qu'il dit toutefois être l'ouvrage
de la droite du Tiès-Haut. Quelque précieux
que fût le présent qu'il avait fait à ^l'église
de Saint-Pierre, saint Grégoire dit qu'il tirait
son principal mérite de celui qui l'avait fait,
comme te fut la personne d'ALel qui rendit
ses sacrifices agréables à Dieu. Il loue aussi
Ilécarède de la constitution qu'il avait faite
contre les juifs, et de sa fermeté à refuser
une grande somme d'argent qu'ils lui offraient
pour en obtenir la révocation; mais, crai-
gnant que l'eimemi ne prît occasion de ces
actes de vertu pour lui inspirer de la vanité,
il l'exhorte à conserver avec soin les senti-
ments d'une vraie humilité, et d'y joindre la
pureté de corps, et une grande modulation
dans le gouvernement de ses États. Il marque
qu'il envoie le pallium ^ Léaudre, autant en
considération de son mérite, que de l'an-
cienne coutume; à (|uoi il ajoute qu'il n'avait
point demandé à l'Empereur le traité fait en-
tre ses prédécesseurs et l'empereur Justinien,
comme il l'en avait chargé, parce qu'il savait
que les archives de Gonstantinople avait été
consumées par les flammes, et qu'il était plus
naturel de chercher ce traité dans celles de
son royaume.
8. Sur les plaintes qu'on lui avait faites
de la conduite de Lucilius, évèquc de Malle,
il ordonna k Jean de Syracuse de prendre
avec lui quatre évèques, d'examiner ensem-
ble les accusations formées contre Lucilius,
et de le déposer de l'épiscopat, en cas qu'il
fût convaincu de crimes; de déposer aussi
les prêtres et les diacres ses complices, et de
les envoyer dans des monastères jkiui- faire
pénitence ; de priver de la communion du
corps et du sang de Notre-Seigneur les la'i-
ques qui auraient particiiié au mèuK? crime,
cl de ne leur rendre la communion qu'après
une pénitence dont il le laissa maitie de ré-
gler le temps et la manière. Il accepta le cas
de danger do mort, auquel il ne devait point
leur refuser le vi.ilii|ii('. — 11 (-crivil à \'i-
lal, dél'enscui' de Surdaignc, de luire en sor-
E!>M. (û.
K|.iM. C7,
79, SU, 81.
te que personne ne se mêlât des affaires de
monastères d'hommes ou rie filles, à l'excep-
tion de l'évèquo du lieu ; — à Janv'ier de Ca-
gliari, d'invectiver fortement contre les ido-
lâtres, les devins et les magiciens, et en cas
qu'ils persévérassent, de contraindre par les
châtiments corporels ceux d'entre eux qui
étaient esclaves, h se corriger; d'enfermer
et de mettre en pénitence ceux qui étaient
de condition libre, afin que la crainte des
peines fît sur eux une impression salu-
taire; — à Eusèbe de Thessaloni(]iie, et h
quelques autres évèques qui étaient invités
à se rendre à Gonstantinople, de ne consen-
tir en aucune manière â ce que le patriarche
de cotte ville prit le titre d'é'vèque universel,
et de ne rien faire dans le concile qu'on
pourrait y assembler, qui fut préjudiciable c'i
quelqu'un, ou contraire aux anciens canons.
9. Saint Grégoire, vaincu par l'importu-
nité de l'exarque Galliniqne, qui lui écrivait
continuellement pour Maxime de Salone,
renvoya cette atl'aire à Marinicn de Ravenne,
le chargeant d'examiner si l'ordination de
Maxime était canonique, et de prendre avec
lui à cet ell'el Constanlius, évèquc de Milan,
à qui saint Grégoire en écrivit aussi. Maxi-
me, sachant l'ordre du Pape, se rendit i\ Ra-
venne. Castoiius, cartulaire de l'Église ro-
maine, s'y rendit avec cette commission :
« Si Maxime, en étant requis devant le corps
de saint Apollinaire, di'clare par serment
qn'il n'est point coupable de simonie et des
autres crimes, et s'il fait pénitence de sa dé-
sobéissance, vous lui donnerez, pour le con-
soler, la lettre que nous avons écrite â son
adresse.» Gastoiius ayant déclaré sa com- inan.fn.
mission, Maxime se prosterna sur le pave ma.
au milieu de la ville, en criant : «J'ai péchë
contre Dieu et contre le bienheureux pape
Grégoire; » et diMucnra ainsi en posture de
pénitent pendant trois lieures. L'exarque
Calliuique, Castorius et l'évéque Mariuien y
accoururent ; et Maxime, s'étanl relevé, té-
moigna encore devant eux de grands senti-
ments de pénitence. Un le mena au corps de
saint Apollinaire, où il jura qu'il était inno-
cent de tout ce qu'on lui avait reproché tou-
chant rimpurcté et la simonie. — Alors le Kr-i. u.-..
caitnlaire Castorius lui donna la lettre du
Pape, par laquelle il lui rendait la commu-
nion et ses bonnes grâces, et lui accordait lo
pallium, à la charge d'envoyer quelqu'un
pour le recevoir, suivant la coiituino. Ce fut
ainsi que se termina celle ull'uire, le vingt-
[vil" SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT dlKOOIRE LE GRAND, l'APK.
817
six aoi\t de l'an 599. Lo Papo avait laissé i\
Mariiileii 1(! jngi'iiifMil de la |)('Miil(<n(t' (|iie
Maxime tlcvait faire, poiii- avoii' cûli'liri' la
uipsse ëtnnt exconimuiiio.
T.t'it.M. |Q_ L'abbc Probiis , cjuc saint Gr(''s.':oirc
avait envoyé doimis loii|,'temp.s à .\^ilul|iiic,
l'di lies Loinbaids, lit avec lui un traité de
paix pour (pielipie temps, c'est-à-dire une
trêve. Tbéodorc, maire, ou l'un des prinei-
]iaiix majiislrals de Ravenne, y avait bean-
'^ '■ coup conij'ibué. — Saint Grégoire l'en re-
mercia , en l'avertissant qii'Ariulfe n'avait
point juré la paix , comme le roi l'avait
promis, mais seulement sous une con-
dition qui marquait de la fraude de sa
part. Il ajoutait que les envoyés du roi à
Home l'avaient beaucoup pressé de souscrire
le traité ; mais que, pour n'être pas respon-
sable des infractions qu'il prévoyait, et de-
meurer toujours médiateur entre le roi et
l'exarque, il s'en était excusé en otfrant seu-
lement de faire souscrire un évêque ou un
">*• archidiacre. — 11 ordonna à Fortunat, évê-
que de Naples, d'empêclier qu'à l'avenir on
n'accoi'dàt le lop:ement aux soldats dans les
monasl^res de filles, et de travailler effica-
cement à rétablir la concorde entre les ci-
"'^- toyens de sa ville épiscopale. — Ayant
appris que Séréuus, évêque de Marseille,
indiffné de voir quelques personnes adorer
les images de son église, les avait brisées et
jetées dehois, il loua le zèle qu'il avait té-
moigné en empêchant que ce qui était fait
de la main des hommes ne fût adoré; mais
il le re[)rit d'avoir brisé ces images, qu'on
met, dit-il, dans les églises, afin que ceux
qui ne savent pas lire, voient sur les murail-
les ce qu'ils ne peuvent pas apprendre dans
les livres. « Vous deviez, ajoute-t-il, les gar-
der, et détourner le peuple de pécher en
adorant la peinture. » Sérénus, doutant que
la lettre fût de saint Grégoire, en négligea
les avis. Il ne laissa pas de marquer au Pape
qu'il l'avait reçue, et d'entreprendre de jus-
tifier ce qu'il avait fait à l'égard des images.
Lib. XI, — Saint Grégoire lui fit réponse que l'abbé
Cyriaque, qui lui avait rendu sa première
lettre, était homme hors de tout soupçon ;
qu'il était inouï que jamais aucun évêque eût
brisé des images; que cette considération
seule aurait du le retenir, afin de ne pas pa-
raître seul pieux et sage, au mépris de ses
frères. « Mais on dit, ajoute le Pape, qu'en
brisant ces images, vous avez tellement scan-
dalisé votre peuple, que la plupart se sont
Epi M. 1,1
séparés de votre communion. Il nuit les rap-
peler, et leur monder par ri'k'riture sainte
qu'il n'est pas permis d'ailorcr ce qui est fait
de main d'homme ; puis ajouter que, voyant
l'nsagfî légilime des images tourné en adora-
tion, vous en avez été indigné, et les avez
fait briser. Vous ajouterez : Si vous voulez
avoir des images dans l'église pour voire
insiruclion, comme c'est pour cela qu'on les
a faites anciennement, je vous le permettrai
volontiers. Ainsi vous les adoucirez, et les
ramènerez h l'union. Si quelqu'un veut faire
des images, ne l'en empêchez pas; défendez
seulement do les adorer. La vue des histoi-
res doit exciter en eux la componction ; mais
ils ne doivent se prosterner que pour adorer
la sainte Trinité. Je vous dis tout ceci par
l'amour que j'ai pour l'Kglise ; non pour af-
faiblir votre zèle, mais pour vous encourager
dans votre devoir. »
11. Dans les Gaules, on conférait les or- E,îei w..
dres sacrés par simonie, eu sorte que, sans
examiner les mœurs, l'on ne jugeait di-
gne que celui qui offrait de l'argent, et qui
pour cela même en était plus indigne. H y
avait aussi des ambitieux qui se faisaient
couper les cheveux sitôt qu'un évêque était
mort, et qui de laïques devenaient tout d'un
coup évoques. Les clercs conlinuaient en-
core d'avoir chez eux d'autres femmes que
celles qui sont exceptées par les canons ; il
semble même que l'on néghgeait de tenir
chaque année des conciles, quoique cela eût
été ordonné si souvent. Saint Grégoire se plai-
gnit de tous ces abus à quatre des principaux
évêques de ce royaume, Syagrius d'Aulun,
Éthérius de Lyon, Virgilius d'Arles et Didier
de Vienne. Il leur repiésenta que, comme
l'on devait amener au saint autel celui qui,
quoique recherché, s'en éloignait, il en fal-
lait reléguer bien loin celui qui s'empressait
de lui-même d'y monter ; que ceux (pii achè-
tent les dignités ne songent plus à celle pa-
role divine : Vous avez -reçu gratuitement, don- ma», s,
nez (/rafuitement ; que le troupeau ne peut *'
recevoir aucun avantage de celui qui ose
prendre la place de mailie avant d'avoir été
disciple, et que, quelque mérite qu'ait un
homme, il est nécessaire qu'il soit exercé
aux fonctions ecclésiastiques dans tous les
ordres diôërenis, avant d'être promu à l'é-
piscopat; qu'en vain on alléguerait la coutu-
me, puisque ce qui est mauvais doit être cor-
rigé, et non pas pris pour exemple; que l'on
doit maintenir en visrueur les canons qui dé-
318 HISTOIRE GÉNI'.RALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
fendent aux clercs engagés dans les ordres
sacrés, de loger avec dos feuinics ûfran-
gères. Il les fait souvenir des anciens règle-
ments touchant la tenue annuelle des conci-
les, et veut que, toute excuse cessant, ils
s'assenibleut à la diligence de Syagrius et
de l'abbé Cyriaque, pour remédier h tous
ces abus. Le Pape charge Syagrius de la te-
nue du concile, par préférence aux évêqucs
d'Arles et de Lyon, à cause de l'allcction
Eii.i. 108. que le ^oi et la reine lui portaient ; — c'est
pourquoi il lui écrivit en particulier, pour
lui recommander le soin de ce concile. Il le
remercia en même temps des bons otlices
qu'il avait rendus à l'évèque Augustin, et lui
envoya en reconnaissance le palliumqu'il de-
mandait depuis longtemps. Pour en soutenir
la dignité, il donna à l'église d'Autunle pre-
mier rang dans la province, sans préjudice
10'- de Lyon qui en était la métropole. — lUécri-
vit à Arégius, évéque de Gap, de se trouver
au concile que Syagrius devait assembler,
eu lui accordant par la même lettre, ainsi
qu'à son archidiacre, l'usage des dalmati-
109. ques. — Les plaintes qu'il fait dans la lettre
à la reine Brunehaut, sont ù peu près les
mêmes que dans celle qu'il adressa aux qua-
tre évéques. Il prie cette princesse d'ordon-
ner la tenue du concile pour remédier aux
abus des ordinations, et de donner un édit
portant défense aux juifs d'avoir des cscla-
i!o. ves chrétiens. — Sa lettre aux rois Thierry
et Théodebert est sur le même sujet. Il s'y
plaint de plus de ce que les terres de l'Église
iM. payaient des tributs. — Didier, évêque de
Vienne, prétendait que le Saint--Siége avait jj^re dixième des Lettres de saint Grégoire.
fendent de mettre un év/^que h la place d'un
autre, de son vivant. Il n'y avait pas eu d'au-
tre raison de mettre uu évoque ;\ Turin du
vivant d'Ursicin, que parce qu'il avait été
emmené en captivité par les Lombards. —
La lettre qu'il écrivit à saint Léandre, évê-
que de Séville, est une réponse à celle que
saint Grégoire en avait reçue. Il en fit la lec-
ture en présence de plusieurs personnes sa-
ges et vertueuses qui, touclié'es des senti-
ments d'humilité et de grandeur d'âme que
saint Léandre y faisait paraître, ne purent
lui refuser leur amitié et leur estime, quoi-
qu'elles ne le connussent point de visage. Le
Pape se plaint dans la sienne du fardeau de
l'épiscopat, disant qu'en montant au dehors,
il était déchu au dedans, et qu'accablé de
cette dignité onéreuse, son Ame contrainte à
s'appliquer aux choses terrestres, était pres-
que réduite .'i la stupidité. U la finit en mar-
quant qu'il lui envoyait le pallium, pour s'en
servir pendant la céléliration des saints mys-
tères.
12. Le neuvième livre des Lettres de saint
Grégoire finit par celle que saint Golomban,
abbé de Luxeuil, lui écrivit au sujet des dif-
ficultés qu'on lui faisait sur le jour de la cé-
lébration de la Pâque. Nous aurons lieu d'en
parler ailleurs. L'auteur de la Vie de sainte
Salaberge assure que saint Grégoire répon-
dit aux difficultés que saint Colomban lui
avait proposées. Cette réponse n'est pas ve-
nue jusqu'à nous.
§X.
Cnnrll.
Ltigd 0 can*
Eflsl 121.
116.
autrefois accordé quelques privilèges à son
église, entre autres l'usage du pallium. Saint
Grégoirefit chercher dans les arciiivesdo l'é-
glise dellome, et n'y ayant rien trouvé, il ré-
pondit A Didier qu'il devait lui-même faire
des recherches parmi les titres de la sienne,
et en cas qu'il trouvât quelque pièce, la lui en-
voyer pour l'instruire de ses droits. — Il confir-
ma, à la prière de Yirgilius, évêque d'Arles,
les privilèges que le pape Vigile avait autie-
fois accordés à un monastère d'hommes situé
dans l'enceinte de cette ville. — Il s'en'ploya
auprèii des deux rois Thierry et Théodebert,
et de Syagrius d'.\u(un, pour faire resliluer
à Ursicin, (';vêqu(! de 'l'urin, quelques églises
de son diocèse qu'on lui avail ôlt-es, et poui"
le faire rétablir lui-même dans son siège,
dont il avait été destilué sans aucun sujet,
et coutiit la disposition des canons, qui dé-
{ . Saint Grégoire, après avoir fait déposer
Lucillus, évêque de Malte, chargea Romain,
défenseur en Sicile, de faire resliluer à l'é-
glise de Malte tout ce que Lucillus et Pierre
son fils en avaient emporté. Il permit à Tra-
jan, abbé d'un monastère de Syracuse, choisi
pour remplacer Lucillus, de mener avec lui
quatre ou cinq moines de sa comnmnauté,
pour lui servir de consolation dans uu pays
élranger, mais avec l'agn'ment de l'évêquc
diocésain, c'est-à-dire de Jean de Syracuse;
d'emmener aussi quelques jeunes esclaves
qu'il avait achetés de son argent, et d'em-
porter les livres el les autres choses qu'il
avait ou reçues de son père, ou achetées de-
puis qu'il n'était plus abbé, voulant cpie loul
ce qu'il avail acquis pendant qu'il était abbé,
demeurât au monastère, à qui cela apparie-
Ël'Isl. 10,
[vil- SliiCLE.] HUAI'IÏIVI
iKiil lie tlioil. Celte lettre csl de l'an 590, in-
<liction 111°. — La môiiie aiindc, ayant appris
i|u'iin évoque lie Sicile, noniiné Hasilc, fai-
sait les fonctions tic |)rociir('ur dans le bar-
reau, où il s'occupait ;\ défendre des cau-
ses connue l'un des dcu'niers, ou, selon d'au-
Ires, qu'il rendait aux prétoires des services
tels qu'on pont en alleiulre du dernier des
otlicicrs, ce qui Ic^ retulait méprisalik;, il lui
lit ordonner par Romain, défenseur, de quit-
ter la Sicile dans quatre jours, pour l'empê-
cher de déshonorer plus longtemps le sacer-
doce. — 11 obligea des religieux du terriloire
de Palermc à payer les tributs qu'on exi-
geait d'eux. — Secondin, évoque de Taor-
niiue, avait (Hé chargé parle Pape d'exami-
ner l'aU'aire de la femme d'un nommé Li'on,
qui, se voyant soupçonnée d'adultère par son
nuiri, l'avait quitté et avait pris l'habit de re-
ligieuse, puis é'iait retournée avec son mari,
sans avoir auparavant consulté son évèquo.
Cette femme avait en cela fait trois fautes :
la première, en se séparant de son mari sans
aucune formalité; la seconde, en changeant
d'habit; et la troisième, en revenant avec
son mari avant que Secondin eût examiné
l'atl'aire, suivant les ordres qu'il en avait re-
çus de saint Grégoire. Pour la punir, il la
sépara, elle et sa famille, de la communion.
Sur les plaintes qu'en lit le mari , après s'ê-
tre assuré par serment que sa femme ne
lui avait pas été infidèle, le Pape ordonna à
Secondin de rendre la communion A la fa-
mille de cette femme, et de ne pas tarder à
la lui rendre à elle-même.
2. Saint Eidoge d'Alexandrie avait mandé
à suint Grégoire que des moines de Pales-
tine devaient aller à Rome pour savoir ce
qu'il pensait de l'hérésie des agnoïtes, c'est-
à-dire, de ceux qui attribuaient l'ignorance à
Jésus-Christ, abusant, poLir soutenir leur er-
reur, des passages de l'Kvangile, où il parle
comme s'il ignorait quelque chose ; et que le
diacre Anatolius, son nonci; à Constantino-
ple, l'avait prié de lui en écrire, et de lui
demander aussi son sentiment sur celte doc-
trine. Le Pape lui répondit que ces moines
n'étaient point venus à Rome , qu'ils étaient
allés à Conslautiuople, et qu'il fallait que son
interprète eût mal l'eudu le sens de la lettre
d'Anatolius, puisqu'il avait envoyé à cenonce
depuis longtemps une réfutation de l'hérésie
des agnoïtes par les témoignages des Pères
latins. l\ lémt}igne sa satisfaction à saint Eu-
ojje de l'unanimité des Pères grecs et latins
XLl.V. — SAINT GRftOOIRl!; LE GRAND, PAI'E.
519
dans la défense d'une même doctrine, et dit
qu'en lisant, dans l'ouvrage qu'il lui avait
envoy(', les passages des Pères grecs, il lui
semblait lire ceux des Pères latins, tant il y
avait de conformité dans leurs sentiments, et
dans la façon de les exprimer. — Dans une
autre lettre, il confirme les réponses que le
même i)atriarche d'Alexandrie avait df)nnées
aux passages dont les agnoïtes abusaient,
savoir : que Jésus-Christ avait cherché des
figues hors de la saison; qu'il dit qu'il igno-
rait le jour et l'heure du jugement ; qu'il dit
;\ la Vierge sa mère : (tn'jj n-t-il entre vous et
moi ? Mon heure n'est pas eneore vernie ; qu'il
disait, parlant du Lazare mort : Oh l'aeez-
voiis m/s?Il donne sur ces passages les expli-
cations de saint Augustin, entendant avec
ce Père, par le figuier sans fruit, la synago-
gue, qui n'avait que les feuilles de la loi :
car, en prenant ce texte à la lettre, on serai*
obligé de dire que Jésus-Ghiist avait été le
plus ignorant de tous les hommes, qui sa-
vent fous le temps auquel le figuier porte
son fruit. A l'égard de l'heure et du jour du
jugement, Jésus-Christ ne le connaissait pas
comme homme, mais il ne pouvait l'ignore)-
comme Dieu consnbstantiel ii son Père. On
peut dire encore qu'il parlait en cette occa-
sion à la manière des hommes, comme lors-
que Dieu disait à Abraham : Je commis main-
Iciwnt (/ne vous craignez Dieu. Voici le sens
de ces paroles à sa Mère : Qu'y a-t-il entre
vous et moi? Mon heure n'est pus eneore venue ;
c'esf-iï-dire : « Pour le miracle que vous de-
mandez de moi, je ne vousi-econnais point,
n'ayant point le pouvoir de le faire dans la
nature que j'ai reçue de vous; mais lorsque
l'heure de ma mort sera arrivée, je vous re-
connaîtrai pour ma mère, parce que c'est de
vous que je tiens la nature qui me rend mor-
tel.» Si l'on infère de ces paroles de Jésus-
Christ aux sœurs du Lazare : Oh l'avez-vous
mis? qu'il ne connaissait pas le lieu de
sa sépulture, il faudra aussi inférer de ce
que Dieu dit h Adam : Adam, ou ètes-vous?
que le Seigneur ne savait pas en quel lieu
Adam s'était caché après son péché. Saint
Grégoire ajoute que les agno'ïtes, étant dans
les mêmes principes que les nestoriens, ne
pouvaient, sans entrer en contradiction avec
eux-mêmes, se déclarer pour les eutychiens,
dont ils faisaient en effet partie. Il dit en-
suite que sa santé ne lui avait pas encore
permis de répondre à l'objection que son
nonce à f'.ousiantinople prévoyait qu'on pour-
Epl-t.3).
Knrr. xi,
1', ot XIII, Hl';
.lo.-in. II, A, et
XI, :!,,
Gct!.22,12.
520
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rail lui faire sur ce que Jésus-Christ, quoi-
que éternel, a bien voulu se soumettre au
temps, et qu'étant immortel il s'est soumis
à la mort; qu'ainsi la sagesse de Dieu s'est
chargée de notre ignorance, pour nous déli-
vrer de l'ignorance. Il avcitit saint Euloge
qu'on manquait à Rome de bons interprètes
grecs; que ceux qui y étaient, n'cnlendant
pas bien le sens, voulaient toujours tradui-
re mot à mot, en sorte qu'on avait beaucoup
de peine à entendre leurs traductions.
EpiM. iî. 3. Saint Grégoire ne voulait pas que l'on
rompît la paix avec ceux qui refusaient de
recevoir le concile de Chalcédoiue; mais,
pour ôter fe scandale qu'ils pouvaient don-
ner aux fidèles, son sentiment était qu'on les
obligeât d'anatliématiser, entre toutes les hé-
résies, spécialement celles de Sévère et de
43. Nestorius. — Lorsque, dans un monastère
de filles, il n'y en avait point de capable pour
être alibesse, il en envoyait d'ailleurs, à la
Cl. demande de l'évêque diocésain. — 11 ne fai-
sait point d'union de monastères de ditférents
diocèses, sans avoir aussi l'agrément des
c;. évèques diocésains. — De son temps, le pcu-
l)le avait encore droit de sull'rage dans l'é-
lection des évèques; mais il se croyait lui-
même en droit d'exclure de l'épiscopat les
sujets qu'il en jugeait indignes, ou parce
qu'ils ne vivaient pas assez chastement, ou
parce qu'ils étaient usuriers, ou pour d'au-
to- très défauts. —Eu .599, l'Italie fut affligée
de la peste, mais elle fit de plus grands ra-
vages encoie dans r,\friqiie. 11 écrivit sur
cela à Dominique, évêque de Carthage, pour
lui représenter que Dieu ne nous punit par
ces sortes de fléaux temporels, que pour
nous faire mériter par notre patience des
biens éternels. Il veut qu'il se serve de
ce motif pour consoler les peuples frappés
"• de cette plaie. — Informé que les termes
durs dont il s'était servi en reprenant Op-
portuuus pour certaines fautes qu'il avait fai-
tes, l'avaient jeté dans la tristesse et dans
l'accaMemenl, il essaya d'apporter quelque
lénilifrt sa douleur, en l'assurant qu'il ne lui
avait parlé ainsi que dans la vue de son sa-
lut, et non par aucun sentiment d'aigreur.
§XL
Livre onzième des Lettres de saint Grégoire.
Après la mort de Conslantiiis, évOque de
Milan, arrivi'e l'an fiOO, le clergé et le peu-
ple de cette ville élinent pfiurlui succéder le
diacre Dcusdedif. Saint Grégoire ne connais-
sait que son visage , et non pas ses moeurs.
Une consentit donc à son élection, que dans
la supposition que sa vie passée était exemple
de reproches qui le pussent exchue selon
les canons, et qu'il était propre pour le
gouvernement et le maintien de la disci-
pline. Mais il assura ceux de Milan qu'il ne
consentirait jamais à l'ordination de celui
que les Lombards avaient i hoisi, parce qu'il
ne croyait pas que l'on pût donner à saint
Ambroise un successeur élu par des héré-
tiques ; qu'au reste ils n'avaient rien à crain-
dre de ces barbares, puisque les terres de
l'église de Milan n'étaient point sous la do-
mination des ennemis, mais en Sicile, et en
divers autres pays sujets de l'Empire. —
Pour éviter tout relardeiueiit, il envoya aus-
sitôt le notaiie Pantaléon avec la commis-
sion de faire sacrer Deusdedit. Celte lettre et
les suivantes sont de l'an (>()0, indiction iv*.
— La lettre à Conon, nouvellement élu abbé
de Lérins, est une instruction sur la manière
dont il devait gouverner ce monastère. « Que
les bons, lui dit-il, vous trouvent doux, et les
méchants sévère; gardez un tel ordre dans
vos corrections, qu'il paraisse que vous aimez
les personnes, et que vous haïssez les vices.de
peur que, si vous prétendez agir autrement,
vos corrections ne se changent en cruauté,
et que vous ne perdiez ceux que vous vou-
lez corriger, et qu'en enfonçant le fer trop
avant dans la plaie, vous ne nuisiez à celui
que vous vous empressez de soulager. Mêlez
dans vos corrections la sévérité avec la dou-
ceur, afin que l'amour détermine les bons \
se tenir sur leurs gardes, et que la crainte
apprenne aux méchants à aimer leur de-
voir. )) — Il écrivit au président de Sardaignc
de travailler avec l'évêque Victor à la con-
version des barbares qui restaient dans cette
île, et à leur procurer le baptême. — Un lec-
teur de l'église de Cagliari, nommé Kpi-
phane, s'était proposé de faire de sa maison
un monastère d'hommes. Janvier, évêque
de cette villi\ s'y opposa, parce que colle
maison était contiguë A un monastère de fil-
les. Saint Grégoire l'approuva dans son op-
position; mais il trouva bon que, les filles
étant transférées ailleurs, les moines pris-
sent leur place, ou s'établissent dans un au-
tre monastère devenu viicant.
2. Les nouvelles qu'il reçut de la conver-
sion des .\nglais lui causèrent, ainsi qu'à
tous les fidèles de la ville de Home, une joie
inexprimable. Il en félicila .\ngustin, par qui
Ei>l!l. 3.
[vif Riî:ci.E.] CHAPITRE XLIX. — SAINT GRliGOlilE Li-: GliAND, PAPE.
521
Flcn;»,
Dieu avait op(5ré cette meiveillc; mais, clc
crainte que la graiulciir des miracles faits
par son niinistèi'e, dans la conversion do
ictle nation, ne lui fut une occasion de s'ou-
l.lier, il le lit ressouvenii' que, quand les dis-
ciples disaient à leur divin Maître : Scigm-xr,
en votre nom les dcmonsmémes noitssont soumis,
il leur réiKuulit : i\c vous en rejouissez jios, ré-
jouissez-vous jjlulôt de ce que vos noms sont
écrits au ciel. « Les noms de tous les élus y
sont écrits, néanmoins ils ne font pas tous
des miracles; or, les disciples de la vérité ne
doivent pas se réjouir d'un bien passager et
particuliei' pour eux, mais du bien qui leur
est commun avec tous, et dont ils se réjouis-
sent éterucllcmont. C'est pour cela que le
Seigneur rappelle ses disciples, de la joie
[iarticulière que leur causait le don des mi-
racles, il la joie éternelle en leur disant :
/ié/ouissez-vous de ce que vos noms sont écrits au
ciel. » Saint Grégoire veut donc que, tandis
que Dieu agissait ainsi au dehors par le mi-
nistère d'Augustin, il se jugeât lui-même sé-
vèrement au dedans, et qu'il s'appliquât à
se bien connallre lui-même. « Si vous vous
souvenez, lui dit-il, d'avoir oITensé Dieu par
la langue ou par les œuvres, ayez toujours
ces fautes présentes à l'esprit, pour répii-
mer la gloire qui s'élèverait dans votre
cœur, et songez que ce don des miracles ne
vous est pas donné pour vous, mais pour
ceux dont vous devez procurer le saint.
Moïse, ce grand serviteur de Dieu, étant,
après tant de miracles, arrivé à la Terre pro-
mise. Dieu lui reprocha la faute qu'il avait
faite trenle-huit ans auparavant, en doutant
s'il pourrait tirer de l'eau d'une roche. Com-
bien donc devons-nous trembler, nous qui
ne savons pas encore si nous sommes élus?
Vous savez ce que dit la vérité même dans
I, riOvangilc : Plusieurs me viendront dire en ce
jour-là : Seigneur, nous avons prophétisé en
votre nom ; nous avons chassé les démons et fait
plusieurs miracles; et je leur déclarerai que je
ne les ai jamais connus. Je vous parle ainsi
pour vous humilier; mais votre humilité doit
être accompagnée de confiance : car, tout pé-
cheur que je suis, j'ai une espérance certai-
ne (jue tous vos péchés vous seront remis,
puisque vous avez été choisi pour procurer
la rémission aux autres, et donner au ciel la
joie de la conversion d'un si grand peuple, n
Rien ne prouve mieux la vérité des miracles
d'Augustin, que ces avis si séiieux de saint
•'• Grégoire. — Le Pape avait appris de la bou-
che du prêtre Laurent et du moine Pierre, "•' -^*',\!'
^ ^ loin. Vlll,
qui étaient revenus d'Angleterre à Rome, les i"«- ■'"•
soulagements et les marques d(! cliarité que
Ik'itlic ou AldiJjerge, reine d'Angleterre,
avait doiMiés à Augustin. Il l'en remercia par
une lettre, où il la compare à sainte Hélène, •'■i'" -"'•
mère de Constantin, « dont Dieu s'est servi,
dit-il, pour exciter les Romains à la foi chré-
tienne, comme nous avons conliance qu'il se
servira de vous pour faire sentir les elfets de
sa miséricorde aux Anglais.» Berthc, comme
on l'a déjà remanpié, était française, et fille
du roi Gliérébert. Elle n'avait épousé Ëthel-
bert, qui était païen, qu'à condition de con-
server le libre exercice de sa religion, et elle
avait emmené avec elle un évèipie nommé Lui-
dard. Elle n'avait pas d'aboid travaillé à la
conversion de son mari; mais elle y travailla
ensuite efficacement avec Augustin, parce
qu'elle était très-instruite. Saint Grégoire l'ex-
horte à afl'ermir Éthelbert dans le zèle de la
religion, et à réparer ainsi le long temps
qu'elle avait différé de travailler à le conver-
tir. Il la prie encore d'exciter son époux
à procurer l'entière conversion de ses su-
jets, en l'assurant que ses bonnes œuvres
étaient non-seulement connues à Rome, oîi
l'on priait avec ardeur pour sa conservation,
mais en divers lieux, età Constautinople, où
on les avait portées jusqu'aux oreilles de
l'Empereur.
3. Quoiqu'accablé d'infirmités, il pensait à n.
soulager les douleurs de ses amis. Ayant donc
appris que Marinien, évêque de Raveune,
l'un des moines de son monastère, qu'il avait
retenus auprès de lui dans le commence-
ment de son pontificat, était malade d'un vo-
missement de sang, il fit consulter les plus
habiles médecins de Rome, et lui envoya leur
avis par écrit. Ils ordonnaient tous le repos et
le silence. Ni l'un ni l'autre ne paraissant
possibles tant que Marinien demeurerait à
Ravenne, saint Grégoire lui écrivit de com-
mettre des personnes qui pussent célébrer
les messes, prendre soin de l'évêché, exer-
cer l'hospitalité, gouverner les monastères,
et de venir à Rome avant l'été, Ini offrant en
même temps de prendre soin de sa santé, au-
tant qu'il en serait capable : « Car, ajoute-
t-il, les médecins disent que l'été est fort
contraire à votre maladie, et il est très-im-
portant que vous retouiniez en santé à votre
église; ou, si Dieu vous appelle à lui, que ce
soit entre les mains de vos amis. Si vous ve-
nez, amenez peu de gens, parce que vous
322
HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
demeurerez avec moi dans l'évèdié, et que
cette église vous fournira les secours néces-
saires. Au reste, je ne vous dissuade pas,
mais je vous défends expressément d'entre-
prendre de jeûner, les médecins étant d'avis
que le jeûne est très-contraire à ce mal ; je
vous le permets seulement cinq fois l'année
ou aux prandes solennités. Vous devez aussi
vous abstenir des veilles, et faire prononcer
par un autre les prières que l'on a coutume
de réciter en bénissant le cierge pascal dans
l'église de llavcnne, et commettre aussi à
quelque autre les explications de l'Évangile,
Ef il, <o. que les évèques font à Pâques. — Dans une
autre lettre, 'saint Grégoire lui défend encore
de jeûner; mais, au lieu que dans la lettre
précédente il avait restreint à cinq jours de
l'année la permission qu'il lui donnait de
jeûner quelquefois, il lui accorde dans celle-
ci un ou deux jours par semaine, en cas que
sasanlé fût rétablie.
37 4. En Sicile, lorsqu'il arrivait que quel-
qu'un eût une difficulté avec un clerc, le dé-
fenseur romain la faisait terminer h son tri-
bunal. C'était agir contre la disposition des
canons; c'est pourquoi saint Grégoire lui or-
donna de laisser aux évoques la connaissance
des aliaircs des clercs, ou pour les décider
eux-mêmes, ou pour commellii; des juges;
lui laissant toutefois la liberté d'èlru média-
teur, lorsqu'un clerc ou un laïque aurait un
il. procès avec l'évêque. — Il se plaignit à
Rusticienne patrice, de ce qu'en lui écrivant
elle se qualifiait plusieurs fois de sa ser-
vante. « Comment, lui dit-il, pouvez-vous
vous appeler ma servante, vous dont j'étais
vassal avant l'épiscopat, et qui, par les char-
ges de l'épiscopat, suis devenu le serviteur
de tous? Je vous prie, au nom de Dieu tout-
puissant, que ce terme de servante ne se
trouve plus dans les lettres que vous m'écri-
vez. A l'égard des présents que vous avez
envoyés à saint Pierre, ils ont été reçus en
présence de tout le clergé, et suspendus en-
suite dans l'église. Je vois par vos lettres
que vous souhaitiez qu'on les portât en
procession à l'église de Saint -Pierre en
chantant des litanies; cela ne s'est point
fait, parce que vos présents sont arrivés avant
votre lettre. » Celaient des voiles pour l'or-
nement des autels, et pour couvrir, ce sem-
ble, la boite où l'on conservait le corps
de Jésus-Christ. Il la remercie des aumô-
nes qu'elle avait envoyt'cs au monastère
de Suinl-André, qui était, dit-il, aussi bien
gouverné, que si cet apôtre en ciil été abbé.
5. Saint Grégoire, ayant appris quelque
temps après que Théoctiste patrice, so^ur de
l'Empereur, était accusée de quelques er-
reurs, et qu'elle sentait vivement un repro-
che si injuste, lui écrivit une lettre de con-
solation, où il lui représente que, quand ou
a dans le ciel le témoin de sa vie, on ne doit
pas craindre le jugement des hommes sur la
terre ; que les bons ne peuvent éviter ici-bas
d'être mêlés avec les méchants, et que, com-
me plusieurs louent les bons au delà de
leurs mérites. Dieu pennet, pour les humi-
lier, que les méchants les calomnient. "Vous
ne devez donc, ajoute-t-il, vousenaflfligeren
aucune manière; mais, parce que vous pou-
vez faire cesser ce murmure, je crois que ce
serait un péché de le négliger. Nous devons
mépriser le scandale de ceux que nous ne
pouvons contenter; mais, quand nous le pou-
vons arrêter sans pécher, nous le devons. » II
conseille à Théoctiste d'appeler en secrel les
principaux de ceux qui murmuraient contre
elle, de leur rendre raison de sa créance, et
d'anathématiser devant eux les errcuis qu'ils
lui imputaient. « S'ils croient, lui dit-il, que
votre analhème n'est pas sincère, vous devez
même y ajouter le serment, sans croire cette
satisfaction indigne de votre rang, puisque
nous sommes tous frères, créés et rachetés
par un même Maître. Saint Pierre ayant reçu
le pouvoir délier et de délier, et de faire des
miracles, n'opposa point son autorité à ceux
qui se plaignaient de ce qu'il était entré chez
Corneille, et ne leur dit point que ce n'était
point aux ouailles à reprendre leur pasteur;
mais il les apaisa en leur rendant humble-
ment raison. Si le prince des apc'ities, qui
opérait tant de prodiges et de miracles, en a
agi ainsi, ^ plus forte raison, nous qui som-
mes pécheurs, devons-nous, lorsqu'on nous
reprend, apaiser ceux qui nous reprennent,
en leur rendant avec humilité raison de no-
ire conduite. Quand j'étais à Constanlinople,
jilusicurs (ju'on accusait sur de tels chefs ve-
naient souvent me trouver; or, je proleste
eu ma conscience que je n'ai jamais rien
trouvé en eux des erreurs (|u'on leur impu-
tait : c'est pourquoi je m(''prisais ces dis-
tours, je recevais familièrement ces person-
nes, et m'appliquais à les défendre contre
leurs persécuteurs. On disait qu'ils rom-
paient les niiiriagessous prétexte de religion ;
qu'ils soutenaient que le baplènic u'ôlait pas
eutièrcmcnl les péchés, cl que, si quelqu'un
E|i<i. a.
CHAPITRE XUX. — SAINT GRKGOIRK LE GRAND, PAPE.
[VTI'" SlfccI.E.J
liiisail pdnitcnce pendant trois ans, il pou-
vait ensuite s'abanilonncr au poché; eiiliu,
que si on les conliaii;nait d'anatliémaliser
(piolqu'une de ces ciTOurs, ils prétendaient
(jne cet anatli^iue ne les oMigCiiit pas. S'il y
a des gens ilaiis ces sentiments, il est certain
qu'ils ne sont pas chrétiens; je les anathé-
matise, moi, et tous lesévèqucs catholiques,
et toute l'Eglise, parce qu'ils pensent et par-
lent contre la vérité. » 11 réfute toutes ces
.^23
en avait reçue. 11 y loue la l'ii d'IIézychius,
qui lui i)araissait si pure, qu'il ne doutait
pas qu'il ne lût du nombre de ceux qui tra-
vaillent a l'édification de l'Eglise figurée
par l'arche de iNoé. Il le loue encore de ce
qu'il n'admettait dans les ordres sacrés (jue
lies personnes oithodoxes; mais il en rend
grâces à Dieu et h l'empereur Maurice, si
zélé pour la foi catholique, que les héréti-
ques n'osaient ouvrir la bouche sous son rè-
errem-s l'une après l'auli-e, montrant par gne. La simonie ne laissait pas d'avoir grand
1» . .- » _ _ -i ' 1 _ 1>M ,. •! 1 - ; .. -I :_ .... ,1.. .... l..r. .<rt-Kf.rto /-VAT'îaMf r»t"i 1 'r»n flicnit
l'autorité de l'Kcriture que le mariage est in-
dissoluble, ce qui n'empêche pas que les
deux parties ne puissent d'un commun con-
sentement faire profession de continence;
d'où vient que l'on a quelquefois pris des
hommes mariés pour leur coidler le gouvcr
cours dans les églises d'Orient, où l'on disait
que i^eisonne ne parvenait aux ordres sacrés
qu'en donnant de l'argent. Saint Grégoire
conjure Hésychius de retrancher cet abus,
s'il avait lieu i Jérusalem, et d'oll'rir à Dieu
cette marque de son zèle pour prémices d •
nement de l'Église. Il prouve de même qu'il son épiscopat. Il l'e.xhorte encore à user de
n'y a aucun péché qui ne soit eilacé par le
baptême, figuré par la mer Rouge, où tous
les Égyptiens furent engloutis sans qu'il en
échappât un seul ; que, s'il était permis après
trois ans de pénitence de s'abandonner au
Ad Gain, péché, saint Paul ne dirait pas : Celui qui
sème dans sa chair, recueillera de la cliair la
toute sa prudence pour apaiser certaines dil-
ficultés qui naissaient de temps en temps en-
tre son église et celle de Néas. Il y a un en-
droit dans cette lettre où saint Grégoire sem-
ble dire que celui ' qui est ordonné par si-
monie, ne l'est pas véritablement ; mais ce
n'est pas là sa pensée. Il veut dire seulement
M.
n,p.u..i, con-uption et la mort; et saint Piene : // leur que cette ordination n'est point légitime, et
est arrivé ce qu'on dit d'ordinaire /lar un pro- que celui qui est promu de cette sorte peut
verbe véritable : Le chien est retourné à ce qu'il toujours être déposé, quand même il aurait
avait lui-même vomi, et le pourceau, après avoir joui plusieurs années de l'honneur de l'cpis-
été lavé, est retourné dans la boue pour s'y vau- copat. — 11 écrivit à Anatole, son nonce à
trer de nouveau. 11 ajoute : on ne peut douter Gonstautinople, qu'il ne fallait point déposer
qnela vertu de pénitence ne soit très-clUcace Jean, évêque de la première Justinienne, à
contre le péché; mais ce n'est que quand elle cause qu'un mal de tète le mettait hors d'é-
eststable et persévérante, puisqu'il est écrit :
I ^2. Celui qui persévérera jusqu'à la fui, sera sauvé. »
11 s'arrête peu à réfuter la troisième erreur,
parce qu'il fallait n'être pas chrétien, pour
croire qu'où pouvait par de vaines subtilités
éluder la foi'me des anathèmes de l'Église.
.\ussi répètc-t-il qu'il n'a trouvé personne à
Gonstautinople qui soutint ces erreurs. <iJe
ne crois pas même, ajoute-t-il, qu'il y en eût,
car je les aurais reconnus; mais plusieurs
fidèles brûlent d'un zèle indiscret, et sou-
vent font des hérésies en poursuivant de pré-
tendus hérétiques. C'est pourquoi il faut
avoir égard à leur faiblesse, et les apaiser
tatde faire ses fonctions; mais lui donner un
administrateur, la maladie n'étant une rai-
sou de déposition, ni pour cet évéque, ni
pour qui que ce fût. — Agathosa s'était
plainte a saint Grégoire de ce que son mari
s'était fait moine sans son consentement dans
le monastère de l'abbé Urbicus. Pour s'as-
surer de la vérité du fait, le Pape commit
Adrien, notaire de Palerme, avec ordre de
l'informer si cette femme n'avait pas consenti
à la retraite de son mari, et si elle n'avait pas
promis elle-même de changer d'état. Dans ce
cas, il veut que le mari reste dans le monas-
tère, et que l'on contraigne la femme ii ac-
par raison et par douceur. Us sont sembla- complir sa promesse. Il veut encore qu'il soit
permis au mari de persévérer dans l'état mo-
nastique , si sa retraite a été précédée du
crime de fornication de la part de sa femme ;
mais, dans la supposition que la femme n'au-
bles à ceux dont saint Paul disait : Je leur
7-ends témoignage qu'ils ont en effet du zèle pour
Dieu ; mais c'est un zèle qui n'est point selon la
science, n
6. La lettre à Isacius ou Hésychius, succes-
seur d'Amos sur le siège patriarchal de Jé-
rusalem, est une réponse à la synodique qu'il
' Talium sacerdotiimt in sacerdotio non depu-
lalur. Epist. 46, lib. .\1.
Ei.iti.n.
524
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rait point commis ce crime, et qu'elle n'au-
rait point consenti an clianpemcnt d'état de
son mari, il ordonne qn'il lui sera rendu, de
peur que la conversion do l'une des parties
ne soit une occasion de perte pour l'autre.
Il convient que les lois humaines autorisaient
l'une des deux à dissoudre le mariage mal-
gré l'autre pour cause de religion ; mais il
soutient que la loi de Dieu ne le permet (Sas,
et qu'excepté le cas de fornication, il n'est
jamais permis au mari de quitter sa femme,
parce que, depuis la consommation du ma-
riage, ils ne font plus qu'un corps et qu'une
chair. Cette raison de saint Grégoire fait ^oir
qu'en disairt que le mariage ne peut être dis-
sous pour cause de religion, il l'entend d'un
mariage consommé : ce qui n'est pas contrai-
re à la pratique de l'Kglise, qui permet la dis-
solution d'un mariage non consommé, quand
l'une des deux parties veut entrer en religion.
7. Il ordonna aux évoques de Sicile d'iudi-
61. quer deux litanies ou processions par se-
maine, pour demander à Dieu d'être déli-
vrés de l'invasion des barbares, et d'exhor-
ter à cet effet les peuples à la pratique des
bonnes œuvres. — Il fit à Didier, évéque de
Bi. Vienne, de vives romonlrances sur ce qu'il
enseignait la grammaire dans lesacadémies,
et }' expliquait les auteurs profanes; ne
croyant pas qu'il lut de ladignilé d'un évo-
que de chanter d'une même boucheles louan-
ges de Jésus-Christ, et celles de Jupiter. Il
ne croit ' pas même que cette profession
convienne à uu laïque de piété. A la suite de
cette lettre, on en trouve plusieurs à divers
autres évoques des Gaules, à Virgile |d 'Arles, à
ÉthériusdeLyon, àArigiusde Gap, aux rois
ec'rMtî; Thierry, Théodebert, Clotaire, et à la reine
Brunehaut, pourla convocation d'un concile,
où l'on travaillât à bannir la simonie des ordi-
nations. Il mande à Élhérius de Lyon qu'il
n'avait trouvé aucun écrit de saint Irénéedans
les archives de l'Eglise romaine. Les progrès
que la foi faisait dans l'Angleterre deman-
daient des prédicateurs en plus grand nom-
bre, que saini Grégoire n'en avait envoyé.
Il fit donc paitii pour ce pays-ià quelques
moines avec le prêtre Laureut et l'ahbiS Âlel-
litus, à qui il donna des lettres de recom-
mandation pour les évoques de Tclon dans
la province d'Arles, de Marseille, de Chalon-
sur-Saône, de Metz, de Paris, do Rouen et
' Et qunm grave nefanrtumquf sit rpisœpis
canere quoé ncc laico rehgiuso convenial, ipse
considéra. Episl. 'M, lili. XI.
ei, C3
d'Angers. Ce n'était pas que les missionnai-
res dussent passer chez tous ces évoques;
mais c'est que ceux qui n'étaient point sur
leur route ne laissaient pas de pouvoir les
servir beaucoup par le crédit qu'ils avaient
auprès des rois Thierry, Théodebert et Clo-
taire, à qui le Pape les avait aussi recom-
mandés en leur écrivant pour la convoca-
tion d'un concile contre la simonie.
8. Augustin, en envoyant à Home le pré- '
tre Laurent pour demander de nouveaux
missionnaires, le chargea d'un mémoire où eiI" ci-
il proposait diverses dillicultés ;'i saint Gré-
goire; ce saint y répondit par la même voie.
Elles sont distribuées en onze articles. Par
le premier, Augustin demande de quelle ma-
nière les évoques devaient vivre avec leurs uicrreç. i.
clercs, et comliien il fallait faire de portions
des biens de l'Église, ou des oblations des
fidèles. Saint Grégoire répond, qu'il est d'u-
sage de faire quatre portions de tous les re-
venus de l'Église; la première pour l'évo-
que et sa famille, à cause de l'hospilalité; la
seconde pour le clergé ; la troisième pour les
pauvres; la quatrième pour les répaiations.
11 ne prescrit point de règles générales sur
la vie que les évoques doivent mener avec
lem-s clercs ; mais, parce qu'Augustin avait
été instruit dans la vie monastique, il lui dit
de ne point se séparer de ses clercs, mais
d'établir dans la nouvelle église des Anglais
la vie commune de l'Église naissante, où per-
sonne n'avait rien en propre. Il demande dans
le second si les clercs qui ne peuvent garder
la continence, peuvent se marier, et si, après uwnf. ».
s'être mariés, ilsdoivent retourner dans le siè-
cle. .\ cela saint Grégoire répondque lesclercs
qui ne sont pas dans les ordres sacrés, et qui
ne peuvent garder la continence, doivent se
marier et recevoir leurs gages hors de la com-
munauté; mais qu'en fournissant à leurs be-
soins, il faut avoir soin qu'ils vivent selon la
règle de l'Eglise, qu'ils chantent les psaumes,
et que leurs mœurs soient pures; qu'i\ l'égard
de ceux qui vivent en commun, il n'y a point
de portions:! faire pour l'hospitalité, ni pour
les pauvres, tout ce qui reste après avoir pris
le nécessaire devant être employé en onivres imm-s. >.
pies. La troisième porte : La foi étant une,
pouiquoi les coutumes des églises sont-elles
si dill'érentes? A Home, la manière de célé-
brer les messes n'est pas la même que dans
les Gaules. « Vous savez, rc'poud saint Gré-
goire, la coutume de l'I-lglise romaine où
vous avez été élevé; mais je suis d'avis que
CHAPITRE XLIX.— SALNT GRÉr.OIllE LE GRAND, PAPE.
lo'crio^, b,
[vil" SIÈCLE.]
si vous trouvez, soit dans l'l']^lise nunainc,
soit clans celle des Gaules, soit dans qncl(|ue
autre, quelque chose qui soit plus agréable
!\ Dieu, vous le clioisissiez avec soin pour
l'élablii' dans la nouvelle I\L;lise des Aniçlais ;
car nous ne devons pas aimer les choses à
cause des lieux, mais les lieux i\ cause des
bonnes choses. Choisissez donc de toutes
les Kglises les [uallipies saintes, |iieiises et
• solides, et l'aites-eu un lecucil à l'usage des
Anglais. » Le quatrième regarde le vol fait
à l'Kglise. La rt^ponse de saint Grégoire est,
ipie celui qui aura dérobé quelque chose h
l'Mglise, doit être puni selon la qualité de la
personne, mais toujours avec une charité pa-
ternelle qui ait pour but de corriger le cou-
pable, et de lui faire éviter les peines de
l'ciifer. Si celui qui a volé a du bien, il faut
le punir d'une autre manière que celui quia
volé n'ayant rien; il y en a d'autres qu'il faut
punir plus légèrement, d'autres plus sévè-
rement ; les mis par une amende pécuniaire,
les autres par des peines corporelles. Il faut
obliger le voleur à restituer la chose déro-
bée, mais sans augmentation, afin qu'il ne
semble pas que l'Église veuille profiler de
sa perte. La question pi-oposée dans le cin-
quième article, est de savoir si deux frères
peuvent épouser les deux sœurs. Celle du
sixième est touchant les degrés de consan-
guinité qui empochent le mariage. Saint
Grégoire répond, que deux frères peuvent
épouser les deux sœurs, puisqu'il n'y a rien
dans l'Écriture qui soit contraire à cette dis-
position ; que la loi romaine permet les ma-
riages des cousins germains, mais que l'É-
glise les défend, comptant ce degré de con-
sanguinité [lour le second, en même temps
qu'elle permet de se marier au troisième et
au quatrième ; que c'est un crime d'épouser
elle eu tolère fpielques-uns par douceur, clic
en dissimule d'autres par certaines consiiië-
rations, pour les corriger plus facilement ;
mais il faut avertir tous ceux qui vieniieul :\
la foi, de s'abstenir de ces coujimctious illi-
cites; et s'ils y tombent ensuite avec con-
naissance, il faut les priver de la commu-
nion du corps et du sang du Seigneur.
9. Dans le huitième article, Augustin Ar- •"Hmf l
mande s'il (Uait besoin, dans l'ordinaliou
d'un évèque, qu'il se fit assister de plusieurs
évoques, lorsqu'il ne pouvait en avoir que
dilticilomenl ;\ cause de la trop longue dis-
tance des lieux. Saint Grégoire répond :
(I Dans l'église des .Vnglais où vous êtes en-
core seul évêque, il faut bien que vous en
ordonniez sans être assisté d'autres évo-
ques ; mais quand il viendra des évoques des
Gaules , ils assisteront comme témoins de
l'ordination. A l'égard des évoques que vous
ordonnerez en Angleterre, nous prétendons
qu'ils ne soient point éloignés, en sorte que
rien ne les empêche de s'assembler, pour
en ordonner d'autres, au nombre de trois
ou quatre , comme dans le monde on assem-
ble des personnes d('jà mariées pour pren-
dre part h la joie des noces. » Saint Grégoiie
fait cette comparaison, parce qu'il regarde
l'ordination d'un ëvéque comme un mystère
par lequel l'homme est uni à Dieu. Il dé-
clare à Augustin, dans sa réponse à la neu- imc log.i,
vième question, qu'il ne lui attribue aucune
autorité sur les évêques des Gaules au pré-
judice de l'archevêque d'Arles qui, depuis
longtemps, avait reçu le pallium "des Papes
ses prédécesseurs. « Si donc, lui dit-il, il
vous arrive de passer en Gaule, vous devez
agir auprès de lui pour corriger les évêques,
et l'exciter s'il n'était pas assez fervent :
nous lui avons écrit de concourir avec vous
la femme de son père ou de son frère, c'est- PO'ir cet effet ; mais vous n'av'ez point de ju-
à-dire, sa belle-mère ou sa belle-sœur, et que ridiction sur les évêques de Gaule, et ne
ce fut pour avoir repris Hérode d'un ma-
riage de cette nature, que saint Jean-Bap-
tiste eut la tête tranchée. Il dit dans sa ré-
ponse au septième, qu'un grand nombre
d'Anglais ayant contracté avant leur con-
version des mariages illicites, il fallait les
avertir de se séparer, par la crainte du ju-
gement de Dieu, sans néanmoins les priver
de la communion du corps et du sang de
Notre-Seigneur, de peur qu'il ne parût qu'on
les punissait de ce qu'ils avaient fait par
ignorance avant d'être baptisés : car eu ce
temps l'Église puuit avec zèle quelques abus,
pouvez les réformer que par la persuasion
et le bon exemple : car il est écrit dans la
loi, que celui qui passe dans la moisson
d'autrui ne doit pas y mettre la faucille.
Quant aux évêques de Bretagne, nous vous
en commettons entièrement le soin, pour
instruire les ignorants, fortifier les faibles et
corriger les mauvais, n C'étaient les évêques
des Bretons, anciens habitants de l'ile, chré-
tiens depuis longtemps, mais tombés dans
l'ignorance et la corruption des mœurs. Saint
Grégoire envoya à Augustin des reliques du
martyr saint Sixte, qu'il lui avait demandées
Biut, \Atii,
FIciTry, 11-
vre XX.WI,
lirm. VllJ,
pa^. 210.
"26
HISTOTRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
10. 1
Id eno^.
f oiu- les exposer à la vdnéiation des fidèles
d'un certain endroit, à la place des rcliqries
d'un autre Sixte que ce peuple disait avoir
été aussi martyr, mais sans en avoir de preu-
ves solides. Le Pape dit à Augustin, pour le
cas où il ne se ferait point de miracles au
tombeau de ce Sixte, et que les anciens ne
se souviendraient pas d'avoir ouï raconter à
leurs ancêtres les actes de son martyre, de
fermer le lieu où il reposait, et d'empèclier
les fidèles de continuera lui rendre un culte.
Cet article de la lettre de saint Grégoire
manque dans la plupart des manuscrits et
dans V Histoire d'Angleterre du vénérable
Bèdc, où Je reste de la lettre se trouve.
10. La dixième difficulté était de savoir si
l'on devait baptiser une femme enceinte, et
combien de temps après ses couclies elle
était obligée de s'abstenir de l'entrée de l'é-
glise; si elle devait s'en abstenir aussi dans
d'autres temps à cause de certains accidents
naturels, et s'éloigner de la sainte commu-
nion. Saint Grégoire répond que l'on peut
baptiser une femme enceinte, puisque la fé-
condité est un don de Dieu ; qu'on peut en-
core la baptiser aussitôt qu'elle est délivrée,
et l'enfant d'abord après sa naissance, s'il y
a danger de mort ; qu'il n'y a point de temps
réglé après les couches, où la femme doive
s'abstenir d'entrer dans l'église, ce qui en
cA dit dans l'Ancien Testament devant s'en-
tendre dans un sens mystérieux ; quelle ne
doit pas non plus se l'interdire dans le temps
de ses acydents naturels, puisqu'ils ne peu-
vent être imputés à péché, et que, par la
môme raison, elle peut s'approcher de l'Eu-
charistie en ces jours-là, quoiqu'elle soit
louable si elle s'en prive par respect ; mais
il veut que les maris s'abstiennent de leurs
femmes tant qu'elles sont nourrices; à quoi
il ajoute, qu'elles ne peuvent pas se dispen-
ser de nourrir elles-mêmes leurs enfants,
l'usage contraire n'ayant été introduit que
pour favoriser l'incontinence. Il croit que
les illusions nocturnes, quand elles n'ont
point été occasionnées par des péchés de
pensées le jour précédent, ne doivent em-
pêcher ni de communier ni d'odiir le sa-
crifice. Augustin crut qu'il était néces-
saire d'instruire sur tous ces points l'église
naissante des Anglais; mais il ne voulut s'a-
vancer sur aucun sans avoir auparavant
consulté celui qui l'avait envoyé. Saint Bo-
B.nifM. nifacc, archevêque de Mavcncc, avant oui
parler de ce- que saint Grégoire dit dans
s et îcq.
cette lettre que l'Kglise permet de se marier
au troisième degré de consanguinité, la Cl
demander aux archivistes de l'Église romaine
qui ne la trouvèrent pas; ce qui l'obligea
d'en écrire à Xorthelme, archevêque de Can-
torbéii, qui l'avait sans doute dans les ar-
chives de son église, puisque le vénérable
Bède, qui écrivait vers le môme temps, l'a
rapportée dans ses ouvrages. Le pape Za- «»«•
charie en cita un passage dans le concile de «w»
Rome de l'an 7i3.
11. Vers le même temps, Quirice, évêquc niw.i.;
d'Ibéric, proche le Pout-Euxin, envoya A Ro-
me, au nom de tous les catholiques de la
province, consulter le Saint-Siège si l'on de-
vait baptiser les évèqucs et les peuples qui
quittaient l'hérésie nestorienne pour rentrer
dans l'ICglise catholique, ou s'il fallait se con-
tenter de leur profession de foi. Saint Gré-
goire lui répondit : n Nous avons appris des
anciens Pères, que ceux qui ont été bapti-
sés dans l'in-résie au nom de la Trinité, sont
reçus au sein de l'Kglise par l'onction du
chrême, ou par l'imposition des mains, ou
par la seule prefession de foi; d'où vient
qu'en Occident on reijoit les ariens par l'im-
position des mains, et en Orient par l'onc-
tion ; les monophysites et les autres par la
seule profession de foi ; parce que le saint
baptême qui leur a été administré chez les
hérétiques reçoit en eux la foixc de les
purifier, lorsqu'ils reçoivent eux-mêmes,
ceux-là le Saint-Esprit par l'imposition des
mains, et ceux-ci, la grâce de leur réunion à
l'Eglise en faisant profession de la vraie foi.
On appelait monophysites ceux qui ne re-
connaissaient qu'une nature en Jésus-Christ,
comme les eutychiens. Mais à l'égard des
hérétiques qui ne sont point baptisés au
nom de la Trinité, comme les bonosiens qui
ne croient pas Jésus-C'irist Dieu, et les ca-
taphryges qui croient (jue Montan est le
Saint-Esprit, il ne faut pas craindre de leur
réitérer le baptême, puisqu'ils ne l'ont pas
reçu, celui qu'ils ont reçu ne pouvant passer
pour vrai baptême, parce qu'il n'a pas élu
conféré au nom de la Trinité. Les nestoriens
au contraire sont baptisés au nom de la Tri-
nité ; mais ù cause qu'à l'imitation des per-
fides juifs, ils ne croient point l'incarnatinn
du Fils unique de Dieu, il faut leur- appren-
dre que le même Jésus-Christ est le Fils uni-
que de Dieu et tout à la fois fils de l'homme,
et les obliger de confesser publiqucnicnt
celte vérité, d'anathématiscr Xcstorius avec
lit 1
ADgl.
fvM" sikt.E.T CIIAPITmî XLIX. — SAINT
tous SOS soclalcuis, v\ de promollre de re-
cevoir tuus les conciles f|iie ri!L;lise riM^iit.
Aldis vdiis (levez les admellri^ siiiis (lilliciillé,
leur cdiiseivaiil inriue le laiij; (jifils avaient
dans leiii's éj^lises. pour les ramener plus l'u-
cilement.» Saint Git'^oire appuie sa réponse
di^ tontes les preuves nécessaires pour tUa-
liiir le mystère de l'Incarnation confie les
nesloricns, afin que l'évèquo (Jiiirice eût en
main de quoi les convaincre, s'il en était be-
soin.
'!"■'• 12. Ililarns, sons-diacre de l'église de Na-
lilos, avait calomnié Jean, diacre delà même
église, sans que Pascliase, qui en était évè-
que, se fût mis en devoir de pniiir le calom-
nialcur. Saint (irégoire en écrivit à Anthé-
mius, qui, en sa qualité de défenseur et de
recteur du patrimoine de l'IOglise dans la
Campanie, aurait dû s'inti'rcsser dans cette
allaire. Il le reprend vivement de sa négli-
gence, et le charge d'avertir Pascliase de pri-
ver Ililarns des fonctions de son ministère,
et après l'avoir fait frapper publiquement de
verges, de l'envoyer en exil, afin que celte
pmiition servit d'exemple aux antres. Il le
cliarge aussi d'exhorter de sa part Paschase
à être plus attentif aux devoirs de sa charge,
et d'élablii' dans sa maison des ollicicrs pro-
pres ;\ exercer l'hospitalité, et i'i juger lesaf-
■'• faires. — Théodore, lecteur de l'église de
Thessalonique, envoyé à Rome par Eusèbe
son évèqne, confia à nn moine nommé An-
dré les papiers dont il était porteur, parce
(ju'il le connaissait depuis longtemps. Ce
moine, par un excès de folie ou de malice,
corrompil tellement la Icllre d'Eusèbe au
Pape, que tout çutre qui l'aurait lue, aurait
pensé qu'Eusèbe n'était ni orthodoxe ni même
doué de l'usage de sa raison. Il fit plus ; il
composa divei's discours sous le nom de saint
Grégoire, qui no pouvaient que le déshono-
rer : il semble même qu'il affectait d'y parler
grec. Le saint avertit de toutes ces choses
l'évèque de Thessalonique, en le priant de
faire supprimer ces discours, s'il lui en tom-
bait quelques-uns entre les mains, avouant
qu'il n'entendait pas le grec, et qu'il n'avait
écrit aucun ouvrage, en cette langue. 11 lui
recommande encore d'exiger une confession
de foi du prêtre Luc, dont on disait la doc-
trine suspecte.
13. Outre la lettre particulière qu'il écri-
vit ;\ Augustin pour l'éclaircissement dcsdif-
ficullés qu'il lui avait proposées, il lui en
adressa une qu'il devait rendre publique,
oni'T.nmE le cHANn, pape.
r,9.i
parce (pi'elle regardait l'i'lablissemenl d( s
évèchés en Angleterre. Le Pape y dit : « La
nonvelle I''glis(! tics .Anglais se ti'onvanl éta-
lilie [)oui' la gloire de Dion, par son secours
et par vos travaux, nous vous accordons l'u-
sage du pallium seiUemcut pour la céh'ljra-
tion des messes, à la charge d'élahlir douze
évê(iuesqnivous s(!ront soumis; en soi'leiitii"
l'évèque de Londres soit toujours à l'avenir
consacré par son propre concile, et reçoive
le pallium du Saint-Siège. Vous enverrez pour
évèqne à York celui (jue vous jugerez à pro-
pos, à condition que, si cette ville et les lieux
voisins reçoivent la parole de 13ieu, il ordon-
nera aussi douze l'vèques, etsera métropoli-
tain. Nous nous ])roposons de lui donner h;
pallium, et nous voulons qu'il soit soumis a
votre conduite ; mais, après votre mort, il
sera le supéiieur des évèques qu'il aura or-
donnés, sans dépendre en aucune manière
de l'évèque de Londres. Le rang entre l'é-
vèijue de Londres et celui d'York se réglera
suivant l'ordination, et ils agiront de concert
p"our le bien delà religion. Outre les évèques
ordonnés par vous et pai- celui d'York, nous
voulons aussi que tous les évèques de Breta-
gne vous soient soumis, en sorte qu'ils ap-
prennent de votre bouche et do vos exemples
ce qu'ils doivent croire et pratiquer. » Saint
Grégoire, inquiet du succès du voyage de e,ei,isi. -c.
l'abbé Mcllitus, lui écrivit pour lui faire part
de ses inquiétudes, et le charger de dire à
Augustin, aussitôt après son arrivée en An-
gleterre, de ne point faire abattre les temples
des Anglais, mais seulement les idoles qui y
étaient, et de se contenter de faire de l'eau bé-
nite, d'en arroser ces temples, d'y dresser des
autels, et d'y mettre des reliqnes : car « si ces
temples sont bien bâtis, il faut, dit le Pape, les
faire passer du culle des démons au service
du vrai Dieu, afin que cette nation, voyant
que l'on conserve les lieux auxquels elle est
accoutumée, y vienne plus volontiers ; et
parce qu'ils sont dans l'usage de luer beau-
coup de bœufs dans les sacrifices qu'ils of-
frent aux démons, il faut accommoder à cet
usage, dans l'intérêt de leurs âmes, quelque
solennité, comme celle de la dédicace de
ces temples changés en églises, ou la fête des
martyrs dont on y met des reliques, en leur
permettant de dresser des tentes tout autour
avec des branches d'arbres, et d'y célébrer ain-
si la fête par des repas modestes ; qu'au lieu
donc d'immoler des animaux au démon, ils
les tuent pour les manger, et rendent grâces
528
HîSTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
EriM.ii.
à Dieu qui les rassasiera de ces viandes. En
leur laissant quelques ri-jouissaiices sensibles,
il sera plus aisé de leur insinuer les joies
intérieures ; car il n'est pas pos.^ibled'ùter à
des esprits inflexibles toutes leurs coutumes
A la fois. On ne parvient pas d'un saut en un
lien élevé ; on y monte pas ;\ pas. C'est ainsi
que Dieu eu agit avec le peuple d'Israël. Il se
fit d'abord connaître à lui dans le temps qu'il
était en Egypte, et, parce que ce peuple
s'était accoutumé à sacrifier aux idoles, il
le laissa dans l'usage d'immolerdesanimaux,
mais en le faisant changer d'objet, en sorte
que ce qu'ils ollYaient auparavant aux idoles,
ils l'ofl'rissent au vrai Dieu. » Celte lettre est
du quinzième des calendes de juillet, la dix-
neuvième année du règne de l'empereur
Maurice, la dix-huitième depuis son consu-
lat, indiction quatrième, c'est-à-dire, du dix-
septième de juin de l'an GOl.
§xn.
Livre douzième des Lettres de saint Grégoire.
^. Le comte Anion souhaitant de cons-
truire un oratoire dans son châtean , saint
Grégoire donna commission à Passivus, visi-
teur du diocèse dans lequel ce château se
trouvait, de consacrer cet oratoire, après
avoir examiné soigneusement s'il était suf-
fisamment fondé, et d'y établir un prêtre
cardinal, c'est-à-dire un chapelain, pour y
célébrer la messe autant de fois que le comie
le demanderait, ou que le concoui's du peu-
ple l'exigerait. Il spécilie toutes les condi-
tious de la fondation, entre autres, que per-
sonne n'ait été inhumé dans l'endroit où
l'oratoire devait être construit. Cette lettre,
de même que les suivantes, est de l'indic-
tion cinquième, l'an COl. — Après la mort
de Claude, abbé de ClassCj les moines priè-
rent saint Grégoire de leur donner pour su-
périeur le moine Coustanlius. Le saint le
refusa, parce que c'était un homme qui ai-
mait la propriété , et qui faisait voir par sa
conduite qu'il n'avait point le ca-iir d'un
moine. Ils choisirent donc le lellérier d'un
autre monastère, nomin('' Maur , dont ils (li-
saient beaucoup de bien. Saint Grégoire ,
avant de l'approuver, ordonna à Jean, sous-
diacre de Havenne, de s'informer de la vie
et des qualités de Maur, pour le faire en-
suite ordonner abbé par l'évéque Marinien ,
et de prier cet évéqnc de lAcher de bannir
la propriété de ce monastère , disant que si
elle y persévérait, il n'y aurait ni concorde,
ni charité : car qu'est-ce que la vie monas-
tique, sinon le mépris du monde ? Et com-
ment peut-on dire qu'on le méprise , quand
on aime l'argent ? Il le chargea en même
temps de retirer tous les écrits de l'abbé
Claude. C'était un recueil de ce qu'il avait
ouï dire à saint Grégoire sur les Proverbes ,
le Cantique , les livres des Rois , et l'Hepta-
teuque. La raison qu'il eut de les retirer,
fut que, se les ayant fait lire par l'abbé mê-
me, il trouva qu'il avait altéré son sens en
beaucoup d'endroits. Il donna encore com-
mission au sous-diacre Jean d'empêcher
qu'on lut publiquement à Ravenne ses Com-
mentaires sur Job aux veilles de la nuit; di-
sant qu'il ne verrait qu'avec peine ses écrits
devenir pubhcs de son vivant; qu'il valait
mieux lire dans l'église les Commentaires
sur les Psaumes, apparemment ceux de saint
Augustin ou de saint Ambroise. U témoigne
du déplaisir de ce qu',\natolius , son nonce
il Constanlinople, avait donné à l'Empereur
un exemplaire de son Pastoral, et de ce qn'A-
nastase , patriarche d'.\utioche, l'avait tra-
duit en grec. Dans la troisième partie de ses
Commentaires sur Job , à l'endroit où il est
dit : Je sais que mon Rédempteur est viviwt ,
l'exemplaire de Marinien de Ravenne ne
s'accordait pas avec l'original que l'on ton-
seivait dans l'archive de l'Église i-omaine.
Saint Grégoire dit au sous-diacre Jean d'y
faire suppléer les quatre mots qui man-
quaient, et dont le défaut pouvait causer de
l'embarras aux Icsteurs.
2. Il reçut, pendant le cours de l'an Gl)l,
diverses plaintes contre des«évêques d'Afri-
que et d'ailleurs, dont les uns étaient accu-
sés de simonie, les autres de cruauté envers
le clergé, ou d'autres crimes. Mais avant
d'en punir aucun, il députait des évoques
pour s'informer du vrai. Si ces plaintes I li
causèrent du chagrin, il eut beaucoup de
joie du retour de Firmin, évoque d'istrie , il
l'unité. — Comme il savait que cet évéque
mancpiait de plusieurs choses nécessaires,
il l'assura qu'on ne l'abandonnerait iii>int
dans ses besoins , et il lui envoya en alteii-
dant un habit. — U écrivit à Deusdedit ,
évcque de Milan, que l'on ne devait iioiiit
iiKjuiéter les héritiers de Conslantius son
prédécesseur, sur les legs qu'il leur avait
faits par testament, parce qu'il était au pou-
voir d'un évoque de donner les biens qu'il
avait acquis avant sou épiscopal, quoi(iu'il
Kplll. «0.
L-JC. Ml],
Ëllol. T, 3.
[vil» sitcLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
ne prtt <lisposf'r de. cnux dont il avait fait
l'acquisilidii ('laiil l'voiitio. — Le paliice Ve-
nantiiis l'avait piic- lio lui doiuipr uno expli-
catiiin alli'goiiipio dti c(>rfaiiis laits de Sam-
son. H s'on excusa sur son di'laut do sanlù ,
proniellaiit loul(>fois tie l'aire ce ([u'il souliai-
lail, en cas (pril se Ironvât assez de forces
pour cela. — 11 lit envoyer à un autre Vc-
nanlius, évè([ue de l'ih-onse, dcîs haiiils tl'lii-
ver, pour le !;aianlir du froid dont il soid-
frait Iteanconp. — Su lellre A Eidoge, pa-
triarche d'Alexandrie, est pour lui recom-
mander quelf[nes mono[)hysites nouvelle-
ment couveitis , qui étant dans le dessein
de venir à Itome , craiu:naient (pielque vio-
lence lie la ]iart île ceux dont ils avaient
abandonné les erreurs. L'un d'eux , qui
était moine, disnil (lu'il avait (Icm(niré dans
un monastère fondé par ses parents , et de-
mandait que l'on ohlinfeàt les hérétiques qui
y étaient restés, ou d'en sortir , ou de se
réunir à l'Hylise catl)oli(iuo. Saint Grétioire,
sans rien décider là-dessus , remet le tout à
la prudence d'Eulogc, et ci son zèle pour la
gloire de Dieu.
§xni.
Livre treizième des Lettres de saint Grégoire.
\. Ces Lettres sont do l'an 602, indiction
sixième , la treizième année depuis son or-
dination. Ayant appris en cette année qu'à
Rome même quol[ues-uns semaient des er-
l'eurs qui tenaient des superstitions juives,
défendant de travailler le samedi , et de se
baigner le dimanche , il adressa un mande-
ment aux citoyens romains, dans lequel il
fait voir que nous devons prendre dans un
sens spirituel ce qui est dit dans l'i^criture
de l'observation du sabbat, et qu'il y avait
même sons la loi certaines choses qu'il était
peimis de faire en ce jour ; ce qu'il prouve
par ces paroles de Jésus -Christ aux Juifs :
Y a-t-il quelqu'un de vous qui ne délie son
bœuf ou son âne le jour du sabbat, et ne les tire
de l'ùlable pour les mener bûire?l[ ajoute que,
s'il faut garder à la lettre le précepte du
sabbat, il faut donc aussi observer la cir-
concision , contre la défense de saint Paul ;
mais « l'un et l'autre , dit-il , n'est plus ob-
servé que spirituellement. A l'étjarddu bain,
si on veut le prendre par volupté , nous ne
le permettons en aucun temps; mais si c'est
par néicssité, nous ne le défendons pas mê-
me le dimanche: aulrement, il ne faudiait
XI.
GRÉGOIllE LE GRAND, PAPlî. 320
pas en ce jour se laver h^ visaj^e ; et s'il
est permis d'y lavm- celle |)ailie du corps,
pour(|uoi pas le tout? Si l'on doit s'abs-
tenir, le dimanche, du travail terresirc ,
et en consacrer tout le temps à s'appli-
([uer à la prière, c'esf pour expier les né-
gligences des six aulres jours de la se-
maine. » Quand il unissait des monastères
siliiés en dillérenls iliocèses, il le faisait sans
pri'judice de la juridiction d(îs évèques. lia-
sile , évèque de Capoue , informé qu'il vou-
lait unir le monastère de Crateras , qu'il di-
sait ètie de son diocèse, ii un autre qui était
dans la ville do Na]>li's, s'y opposa. Le cier-
ge'' de Xaples, qui appuyait celte union, sou-
linl que Crateras n'avait jamais été de la dé-
pendance de l'Eglise de Capoue. La contes-
tation ne finissant point , saiul Grégoire
nomma des commissaires , et comme il ré-
sulta de leur rapport que les prétentions de
Basile n'étaient point fondées, l'union eut
lieu. — 11 pei'mit au moine Adéodat, qui,
avant de s'engager dans cette profession,
avait fait une donation verbale de ses biens
au monastère où il était entré; de la ratifier
ensuite par écrit; voulant que celle dona-
tion demeurât ferme et stable, quoiqu'elle
n'eût été mise par écrit que depuis qu'Adéo-
dat s'était fait moine, parce qu'il n'y avait
point de loi qui défendit le contraire, et que
par cette nouvelle donation il n'avait fait
que constater la première. — 11 parait par
la lettre à Janvier , évèque de Cagliari , que
les abLesses des monastères héritaient de
leurs parents , et on ne trouve rien dans le
droit romain qui soit contraire à cette dis-
position; mais cela était défendu par la Piè-
gle de saint Benoit, et par celle qui est in-
titulée du Maître.
2. Quelque grande que fût l'inQrmité d'un
évèque , ou n'on mettait un autre à sa place
que de son consentement , et alors on avait
soin de pourvoir à ses besoins des revenus
de son église, tant qu'il vivait. — Saint Gré-
goire accorda à la demande de la reine
Bruuehaut divers privilèges pour les deux
monastères, l'un d'hommes, l'autre de lîUes,
et l'hôpital qu'elle avait fondés à Autun; et
afin que les évèques du lieu ne supprimas-
sent pas quelque jour ces décrets, il lui con-
seille de les faire insérer aux actes publics ,
et de les conserver dans les archives roya-
les, comme ils étaient dans celles de Home.
Le Pape parle, dans la même lellre, d'un
évèque nommé JVIennas, qu'il avait renvoyé
3i
Kl.ijI. 2.
Re;. S. lic-
nediLt. cap.
L-CTr, et reir.
Magisl, n. c".
Epist.
530
HISTOIRE GÉNIÎRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQIT.S.
;ibsous, après lui avoir fait prtnivpi-pnn inno-
cence parscriueiil sur le corps de saint Pierre;
de la manière de pourvoir à la desserte d'une
église dont l'dvèque l'Iait habituellement ma-
lade , et de l'exclusion que les canons don-
nent aux bigames pour les ordres sacrés. —
Efisi. -. Dans sa lettre au roi Thierry, il dit quelque
chose des privilèges qu"il avait accoi'dés
aux monastères et à l'hôpital d'Autun. —
8. Ces privilèges font la matière des trois let-
tres suivantes, dont la première est adres-
sée à Sénateur, prêtre et abbé de rhô]iital ,
la seconde à Thalassia abbesse, et la troi-
sième à Lupon, prêtre et abbé de l'église
de Saint-Martin, dans le faubourg d'Autun.
C'était un monastère d'hommes, qui subsis-
tait encore [h l'époque de la révolution] sous
la règle de saint Benoit. Ces privilèges, tels
qu'ils sont rapportés dans ces lelti-es, doi-
vent paraître incontestables à toute person-
ne non prévenue. Saint Grégoire en fait
mention dans sa lettre à la reine Brunehaut;
ils se trouvent en mêmes termes dans.plu-
sieurs manuscrits du Vatican ; ils sont cités
dans la Vie de saint Hugues, moine d'.-Vu-
tun, écrite dans le x' siècle. Flodoard ' as-
sure que , du temps de Charles le Chauve ,
Pardule , évêquc de Laon , voulant dresser,
par ordre de ce prince, un privilège pour
le monastère d'Origny,prit pour modèle ce-
lui que saint Grégoire avait accordé à la
reine Brunehaut. Quelques-uns trouvent
trop sévères les peines qu'il décerne contre
les violateurs de ces privilèges. En etlet , il
les déclare, s'ils sont rois , évéques , juges ,
déchus de leurs dignités, privés de la com-
munion du corps et du sang de Jésus-Christ,
et dignes des peines éternelles, s'ils ne font
pénitence. Mais peut-être que la reine Bru-
nehaut l'avait prié d'apposer ces clauses à
ces privilèges , comme le roi Cliildebert de-
manda aux évoques du quatrième concile
d'Orléans de défendre sous peine d'être
frappé d'un anathème éternel , et d'être re-
gardé comme meurtrier des pauvres, h tou-
tes sortes de personnes , de quelque dignité
et condition qu'elles fussent, de toucher aux
biens que ce prince avait donnés à l'hôpi-
tal de Lyon. On peut ajouter que, par ces
clauses, saint Grégoire ne prétendait point
s'attribuer une juridictiou sur les puissan-
ces séculières , en les menaçant de dépo-
sition , mais seulement les nn'naccr de la
« Fludiwrd., lib. III Uiilvi. iiemcns., caji. xwii.
punition divine, même en ce monde. \u condi. a
* TfïUo. i. Il
reste , ces menaces se trouvent éL'ulenient «i^'<c<:.
dans le privilège d'Origny, et dans plusieurs J^; '
conciles. Ces privilèges portent , qu'après "°v,',i|.,
In mort de l'abbé ou du piètre de l'hôpi- •°"*'
tal, le roi choisira le successeur, du con-
sentement des moines, mais gratuitement ;
en sorte qu'il ne recevra rien de l'élu ,
ni par lui-même, ni par quelque personne
interposée ; qu'en cas de plaintes, l'abbé ne
pourra être déposé par lévéquc d'Autun,
que celui-ci ne soit assisté, pour le jni;er,
de six autres évèques ; qu'il ne pourra lui-
même être élu évêque de cette ville tout en
demeurant abbé , de peur qu'il ne détourne
à son profil les biens de l'hôpital ; et que
l'évèque ne pourra ,sans son consentement,
prendre quelques-uns de ses moines pour
les promouvoir aux ordres ecclésiastiques.
— Les privilécres pour le monastère de Sain- Eiim.h.
te-Marie, dont Thalassia était abbesse , sont
absolument les mêmes que pour l'hôpital.
Après la mort de l'abbesse, le roi devait en _i
nommer une auli-e du consentement des re-
ligieuses , el gratuilement. Il était égale-
ment défendu à l'évèque ù .\utun de la dé-
poser, qu'il ne fût assisté de six évéques
pour la juger canoniquement. — La même ,0.
chose devait se praliijuer à l'égard de l'ab-
bé du monastère de Saint-Martin.
3. Nous avons déjà vu plusieurs fois que u.
saint Grégoire voulait que l'on se conleutàt de
prêcher et d'instruire les ji^ifs, pour les éclai-
rer et les convertir solidement, .\yant donc
reçu des plaintes de la part de ceux de Na-
ples , qu'on les empêchait de célébrer leurs
fêtes, il écrivit à l'évèque Paschase de leur
laisser le libre exercice de toutes les céré-
monies qu'eux cl leurs ancêtres avaient pra-
tiquées jnsques-li'i. — Il défendit aussi de r.
conliaindi-o l'abbé Urbicu.- il'accepler l'i-pis-
copat, ipioitiuil en eût le mérite. — H dé- 1:.
sapprouva l'évèque Exupèrantius , qui avait
osé construire el consacrer un oratoire dans
im autre diocèse que le sien, sans l'agré-
ment de l'ordinaire , et mèuje y célébrer la
messe. — Il exhorta les évèijues de Sicile à u.
n'èlre point à charge à leui-s sujets , loi-s-
qu'ils allaient dans les paroisses pour don-
ner la coidiruialiou aux enfants. — (J^oi- .5.
(|u'il eut fait avertir Paschase , évêque de
Napics, d'être plus assidu i\ ses fonctions
épiscopales, il n'en était pas plus vigilant
sur son li'ou|)eau, ne s'occupani que d'alfai-
res Icinporellcs, en pailiculicr de f.iiie cuns-
[vu" sifccxE.] CIIAPITHE XI.IX.
Iniiro lies vaisseaux. Il avait pcnlii dans ce
ni'j^dce plus dt^ ([iialre cciils sous d'or; et
non conliMit d'aller Ions les jouis sur la uier,
il s'y faisait accompagner d'un ou de deux
do ses clercs, ce qui le faisait mc'priser de
tout le luonde. Saint Gréiroire eu fit des rc-
proclies h Antlu'niiiis , défenseur et recteur
du patrimoine dans la Campanie, avec ordre
d'avertir de nouveau Pascliasc, en présence
de plusieurs prêtres ou autres personnes
qualifiées; cl en ras qu'il ne se corrij^çeâl
point, de l'envoyer à Rome, pour y appren-
dre de quelle manière un évoque devait se
conduire. — Par une autre lettre il chargea
Anthémius , (juoiqu'il ne fut que sous-dia-
cre, de roQionlrer le devoir aux évoques né-
gligents , et de les envoyer à Rome , s'ils ne
se corrigeaient pas après avoir été avertis.
4. Le successeur de Maurice dans l'empire
fut Phocas, qui n'avait d'abord été que ccn-
lorion, puis exarque des centurions. Il fut
couronné empereur le vingt-trois novembre
de l'an 002, indiction sixième. Son image et
celle de l'impératrice Léontia furent appor-
tées à Rome le vingt-cinq avril de l'année
suivante G()3. Le i lergé et le sénat leur fi-
rent les acclamations ordinaires, et saint Gni-
goirc les lit mettre dans l'oratoire de saint
Césairc, au palais; ensuite il écrivit à Plio-
cas pour le féliciter sur son avènement à
la couronne. Il dit dans sa lettre, que Dieu,
arbitre de la volonté des hommes, en élève
quelquefois un pour punir les crimes deplu-
sieuis, comme ii venait de l'éprouver lui-
même; et que quelquefois, pour consoler
plusieurs affligés, il en élevait un autre dont
la miséricorde les remplissait de joie. «C'est,
dit-il, ce que nous espérons de votre piété :
Que les deux se réjouissent, que la terre tres-
saille de joie, et que tout le peuple de la répu-
blique, affligé jusqu'à cette heure, change sa
t7'istesse enjoie. » Il exhorte ce prince à faire
cesser tous les désordi'esdu règne passé, les
testaments suggérés, les donations extor-
quées, en sorte que chacun jouisse paisible-
ment de son bien et de sa liberté : « Car il y
a, ajoute-t-il, cette ditlerence entre les em-
pereurs romains et les rois des autres na-
tions, que ces derniers commandent à des
esclaves, et vous à des hommes libres. » Cette
lettre est une preuve que saint Grégoire n'é-
tait pas content du gouvei-nemeut de l'em-
SAINT GRi:(;01RE LE GRAND, PAPE. "M
prreur Maurice : cela ne [)aralt pas moins
par la ré'ponse qu'il (il à Phocas, qui s'était
plaint d(! n'avoir point trouvé de nonce de
sa part à Conslanlinople. — u Ce n'est pas,
lui dit-il, l'etTel de ma négligence, mais d'une
dure nécessité. Tous les ministres de notre
église fuyaient avec terreur une si rude do-
mination, de manière qu'il n'était pas possi-
ble d'en obliger aucun d'aller A Constantino-
ple pour demeurer dans le palais; mais de-
puis (|u'ils sont informés que, parla grâce du
Toul-Puissant, vous êtes parvenu ù l'empire,
la joie qu'ils en ont, fait que ceux qui crai-
gnaient auparavant de se trouver <i la cour,
s'empi'essent d'aller se mettre ;\ vos pieds. »
U lui recommande le diacre Bouiface, qu'il lui
envoyait pour être son nonce, et le prie ins-
tamment de secourir l'Italie contre les Lom-
bards, qui la désolaient depuis trente-cinq
ans. — Saint Grégoire écrivit aussi à Léon-
tia, pour la féliciter sur son avènement au
trône; et après lui avoir souhaité la grûceet
la protection du Tout-Puissant, le zèle de
Pulcliérie pour la défense de la foi catholi-
que, qui lui fit donner le nom de nouvelle
Hélène par le concile de Chalcédoine, ill'ex-
horte ;i prendre la défense de l'église de saint
Pierre contre les ennemis. — Quoique le but
principal de sa lettre à Cyriaque, patriarcht!
de Constantinople, fiît de lui recommander
le diacre Boniface, il en prit occasion de l'ex-
horter à renoncer au titre superbe d'évêqne
universel.
3. Celle qu'il écrivit ù Eusébie patrice, qu'on
croit avoir été la fille de Rusticienne, est une
instruction sur l'obligation de s'occuper plus
de ce qui regarde l'âme que de ce qui regarde le
corps. — En recommandant à l'exarque Sma-
ragde résèque Firmin, qui avait quitté le
schisme pour se réunir à l'Eglise, il l'avertit
que ïelquin ' consentait à une trêve de trente
jours, si les Pisans voulaient l'observer; mais
qu'ils ne l'avaient pas voulu. — Dès le com-
mencement de son pontificat, il avait défen-
du que l'on exigeât des fermiers le blé â plus
grande mesure que celle qui entrait dans les
greniers de l'Église, et il avait ordonné de
rompre tous les faux poids et toutes les faus-
ses mesures. Pantaléon, notaire, fit exécuter
cet ordre dans le territoire de Syracuse, où il
était recteur du patrimoine de saint Pierre;
mais à cause qu'avant lui d'autres avaient
EplU. 38.
' Les maïuiscrils porteut, les uns Cillanem, les
autres VardcinaUem ou VasacciUonem ; nucun ne
porte Tilquinum, comme on 1',t imprimé depuis,
(L'éditeur.)
532
lIISTOmE GÉNÉRALE DES
Loi* r«iir
l'iTimunité
dea clercs.
Episl. iZ.
exigé des fermiers une plus grande mesure
((uc celle dont on scscnait dans les greniers
de l'Église, il le chargea de délivrer en secret
aux plus pauvres des fermiers ce que l'on pou-
vait avoir exigé an delà cie la juste mesure.
0. Janvier, évèc]uc de Malgue en Espagne,
se plaignit A saint Gi-ëgoire d'avoir été dé-
posé et chassé de son siège par injustice et
par violence. Un nommé Etienne, aussi évé-
que en Espagne, mais dont le siège n'est
point connu, fit les mêmes plaintes. Le Pape,
ne voulant en juger qu'avec connaissance de
cause, députa sur les lieux le défenseur Jean
pour régler ces deux atl'aires, et lui doiuia
deux méiftoires en forme d'instructions, dont
le premier porte : « S'il n'y a aucun crime
prouvé contre l'évêque Janvier, qui mérite
l'exil ou la déposition, il doit être rétabli
dans sou siège et dans son degré d'honneur;
et celui qui a été ordonné à sa place de son
vivant contre les canons, étant privé du sa-
cerdoce, doit l'être aussi de tout ministère
ecclésiastique, et livré à l'évêque Janvier,
qui pourra le tenir en prison, ou nous l'en-
voyer. Quant aux évêques qui l'ont ordonné,
ou qui ont consenti à sou ordination, ils se-
ront privés pour six mois de la comu)nuion
du corps et du sang de Noire-Scigneur, et
feront pénitence dans un monastère; mais
s'ils tomlient en péril de mort, on ne leur
refusera j.as le viatique; si ces évêques di-
sent que la craiute du magistrat les a fait
consentir à la déposition de Janvier, en sorte
qu'elle ne se soit point faite de leur libre
consentement, on abrégera le temps de la
pénitence, et on en pourra modérer la ma-
nière. Si celui qui a usurpé le siège de cet
iévêquc est mort, et qu'un autre ait été or-
donné h sa place, la faute de celui-ci est
moindre, parce qu'il semble avoir succédé à
un mort; ainsi il suflira de lui ôter le gou-
vernement de l'église de Malgue, sans cpi'il
puisse jamais y rentrer; mais il pourra être
évèque dans une autre église vacante. A l'é-
gard du magistrat dont il y avait plainte, il
sera condamné à réparer tout le dommage
que l'évêque Janvier a soullèrt par sa vio-
lence, et cet évê(iue eu sera cru sur son ser-
ment. Mais si les choses se trouvaient dill'é-
rentes du rapport qu'en avait fait Janvier,
saint Grégoire veut que le défenseur Jean,
après un soigneux examen, décide sui\aul
les règles de l'équité et de la justice. Venant
ensuite aux plaintes de l'évêque Etienne, il
dit qu'il faut premièrement examiner si leju-
AUTEUnS ECCLÉSLVSTIQUES.
gement rendu contre lui a été revêtu de
toutes les formalités ; si les témoins ont été
dillèrents des accusateurs ; s'ils ont déposé
en sa présence et avec serment ; s'il a eu la
liberté de se défendre; quelle est la vie.
la condition, la réputation des accusateurs
et des témoins ; si ce ne sont pas des gens
de néaul, ou des ennemis de l'accusé; s'ils
ont parlé par ouï-dire, ou de science certai-
ne ; si l'on a prononcé la «entence en pré-
sence des parties : que si toutes ces formali-
tés n'ont point été tjbservées, et qu'fllieime
n'ait point été convaincu d'un crime qui
mérite la déposition ou l'exil, il doit être ré-
tablidansson église.» Saint Grégoire ordonne
contre ses juges, et contre tous ceux qui au-
ront ordonné un évèque à sa place, les mê-
mes peines (pie contre ceux qui avaient dé-
posé Janvier. Le second mémoire qu'il don-
na à Jean le défenseur, est intitulé : Cajji-
tulaire des lois impériales jMjur riiiimunité des
clercs. C'est un extrait des lois qui pouvaient
établir le droit des iirincipaux articles de sa
commission, savoii-, iju'un pn-tre ne doit être
jugé que par son évèque, ainsi qu'il est perlé
dans la Novellede Jnstinieu qui traite des évê-
ques, des clercs et des moines; (jue la violeuce
commise contre un évêqne dans son église
est un crime capital et public, comme celui
de lèse-majesté, comme il est déclaré au pre-
mier livre du Code, titre sixième, constitu-
tion dixième; que révê(jue ne doit point être
traduit mîilgré lui devant le juge laïque, ni
jugé par les évêques d'uue autre province :
c'est ce que porte la Novelle de Justinien.
Et parce qu'on aurait pu répondre (pri-^lieune
n'avait ni patriarche ni métropolitain pour
le juger, saint Grégoire prévient cette objec-
tion, en disant qu'il pouvait être jugé, com-
me il l'avait demandé, par le Siège apostoli-
que, qui est le chef de tou.es les Églises. H
rapporte aussi des extraits des lois qui dé-
fendent de recevoir l'accusation d'un esclave
ou d'un serviteur contre son maître : car on
disait qu'Etienne était dans ce cas, cl que les
témoins pi oduits contre lui étaient des gens
de vile condition ; siu' «juoi il cite l'authenti-
que, qui a pour titre, des Témoins. Il ajoute :
«Si l'on accuse Élieunedu crime delèse-ma-
jeslé, il ne faut point s'arrêter A celte accu-
sation, si sa vie passée ne forme là-dessus
aucun [irèjugé. A ces extraits le Pape joignit
la sentence en faveur de l'évêque Janvier,
par laipielle il était déclaré innocent, et l'ë-
véque intrus à sa place déposé. Elle cou-
NOTC'h M
C.(I«E;
(ICknc. I
ÎdI5 ; c( C
hrtwl. I.
ITI.III. i.c
zixt.
PiDiIrn.
•d Icccin i
llta.
[vil' sifeci-E.] CHAPITRE XI-IX. — SAINT
flainniiil aussi les ëvôques (pii avaifiil on pari
h sa (li'positioii cl à l'orflinalidii de l'iiilnis,
on la inanii'i'C qu'il l'avail iiiai'(|ii(' dans le
[irouiier mémoire.
§ XIV.
Livre quatorzième des iMtres de saint Grégoire.
EfiM.;. 1. Ce dernier livre contient les lettres que
ce saint Pape (Vrivit en la seplif'nie indiclion,
C'est-à-dire pendant l'année (i()3 et le com-
mencement do (iOi, f[iii fut la dernière de
son ponlilicat. L'indolence el les inlirmités
de Janvier, évoque deGap;liari,!occasionnaient
divers sujets de plaintes. Les hôpitaux do
cette ile étaient f(nl ni'gligés; on y donnait
le gouvernement des monastères à des moi-
nes qui étaient tombés dans des fautes; Jan-
vier tirait de son cler;j:é tous les évoques qu'il
ordonnait pour les ('^dises vacantes ; sou-
vent, quand il célébiait les saints mj'stèros,
il se trouvait si pressé de son mal, qu'après
lin long intoi'valic, i"! peine pouvait-il revenir
n l'endroit du canon qu'il avait laissé : ce
qui faisait que plusieurs doutaient s'ils de-
'" valent communier de ce qu'il avait consa-
cré. Saint Grégoire écrivit sur tons ces poinis
il Vital, défonsour dans l'ile de Sardaigne.
11 le chargea de contier le soin des hôpitaux
à l'économe et <i l'archiprctre de l'Église de
Cagliari ; de veiller à ce que Janvier ne prit
pas dans sa propre église tons les sujets né-
cessaires pour remplir les églises vacantes,
afin de ne la pas priver des personnes qui
pouvaient y être utiles, disant qu'il avait
écrit là-dessus à Janvier même; qu'àl'c'gard
de ceux qui, étant simples moines, étaient
tombés en faute, ils ne devaient pas être
faits abbés avant d'avoir fait pénitence; que
toutefois ceux qui se trouvaient en charge
pouvaient y demeurer, s'ils paraissaient bien
corrigés. Il le chargea aussi d'avertir ceux
qui doutaient que Janvier eût consacré, lors-
que ses infirmités l'obligeaient de mettre
quelque intervalle dans la récitation du canon
de la messe, de communier hardiment, parce
que la maladie du célébrant ne profanait pas
la bénétiictiou du sacré mystère. Il veut néan-
moins qu'il avertisse cet évèque de ne point
paraître en public lorsqu'il se trouvera mal,
de peur de se rendre méprisable, et de scan-
daliser les faibles. Saint Grégoire est le jire-
mier qui ait appelé Camm cette partie de la
liturgie qui sedit]après le trisagion owSanc-
ttis. Le pape Vigile, dans sa lettre •'i Profu-
GRIÎGOIUE LR GRAND, PAPR. r>,i3
tiirus, évéque de Drague, l'appelle l'riôres
raiinni(/iifs.
2. L'abbé Furtunat était venu à Rome F|.I'1. 6.
faire des plaintes contre l'évoque Goncoi'-
dius, qui lui avait ôté sans aucun sujet le
gouvernement du monastère des saints Lau-
rent et Zenon dans la ville de Césone. Quoi-
que la plainte de Fortunat parut fondée,
saint Grégoire ne voulut rien décider sans
informations faites sur les lieux. Il en d(uiua
commission à Marinien, archevêque de lla-
venne, avec ordre de rétablir Fortunat, en
cas qu'il eût été déposé contre les règles, et
d'avertir Concordius de ne rien changer aux
disijositions de son prédécesseur, par qui
Foitunat avait été ordonné abbé. — Vers le i.
même temps, le Pape reçut des plaintes
d'41cyson, évèque de Corcyrc ou Corfou,
contre Jean, évèque d'Eurie ou EvorieonEpi-
re, qui, contraint de quitter son siège parles
courses des barbares, s'était retiré avec son
clergé dans la ville de Cassiope, en l'île do
Corfou, ville qui était du diocèse d'Alcyson.
Jean avait même apporté avec lui le corps
de saint Donat, évèque d'Eurie sous Thcodo-
sele Grand, et célèbre par ses miracles. Non
content de la retraite qu'Alcyson lui avait
donnée, il voulut depuis soustraire Cassiope
à sa juridiction, et y exercer l'autorité épis-
copale, ayant surpris à cet effet un ordre de
l'Empereur, qui appuyait sa prétention.
Encore que cet ordre tut demeuré sans cflct,
Alcyson s'en plaignit à ce prince, qui ren-
voya l'affaire à André, archevêque de Nico-
poli, métropolitain de ces deux évêques,
qui, avec connaissance de cause, maintint
Alcyson dans sa juridiction sur la ville de Cas-
siope. Saint Grégoire confirma ce jugement,
qui était fondé sur l'équité et la justice, les
canons ne permettant point à un évèque do
s'emparer des paroisses d'un autre; mais,
quoique l'ingratitude de Jean dût le faire
chasser de Cassiope, puisqu'il avait rendu à
Alcyson le mal pour le bien, il ordonna k
celui-ci de laisser Jean demeurer paisible-
ment à Cassiope avec son clergé, à la charge
de renoncer par écrit à sa vaine prétention
et de retouner aEurie après le rétablissement
de la paix. — Saint Grégoire ne voulut point ».
rendre publique sa sentence, de peur qu'il
ne parût mépriser l'ordre de l'Empereur, qui
autoiisait la prétention de Jean ; mais il ins-
truisit de cette atlaire Buniface, son nonce h
Gonstantinople, afin qu'il en informât aussi
ce prince, et qu'ensuite il envoyât, de son
531
UISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
consentement, sa sentence sur les lieui pour
la faire exécuter. 11 dit à Bouiface de deman-
der même à l'Empereur uu ordre pour l'exé-
cution de cette sentence.
Epi.1.3. 3 ^pi-ès la jjjycl jg l'évtMjue d'Ancône,
on élut trois sujets pour lui succéder : Flo-
rentin archidiacre. Rustique diacre de la
même Église, et Florenlius diacre de Raven-
ne. Saint Grégoire, qui s'était mformé de
leur mérite personnel, eu écrivit à un évê-
que nommé Jean, eu ces termes. » On nous
a dit que l'archidiacre Florenlin sait l'Écri-
ture, mais qu'il est si accablé de vieillesse et
si ménager, que jamais un ami n'entre chez
lui poury Dianger; que, de plus, il a fuit ser-
ment sur les Évangiles de n'être jamais évé-
que ; que le diacre Rustique est un homme
vigilant, mais qu'il ne sait pas les Psaumes ;
et que Florenlius, qu'on dit avoir eu tous
les suffrages, est uu homme fort appliqué.
Mais, comme nous ne connaissons pas son
intérieur, rendez- vous prompiement à Ancô-
ne avec notre frère Arméuius, visiteur de la
même Eglise, pour vous informer exacte-
ment des mœurs et des quaUlés de tous les
trois, s'ils ne sont point coupables de crimes
qui éloignent de l'épiscopat, et si ce qu'on
a dit d'eux est vrai. Si on choisit Florenlius,
diacre de Ravenne, il faut avoir le consen-
tement de sou évêque ; mais il ne doit pas
le donner en vertu de noire mandement, de
peur qu'il ne semble que ce soit malgré lui. »
"• 4. Théodeliiide, reine des Lomlwrds, ayant
fait baptiser son Qls Aldoalde le jour de Pi-
ques, qui, en 60.3, était le sept d'avril, elle en
donna avisa saint Grégoire, en lui marquant
qu'elle l'avait fait lever sur les fonts par
l'abbé Secondin, dont elle honorait la piété.
Elle lui envoya par la même voie quelques
écrits que cet abbé avait faits sur le cinquiè-
me concile, en le priant d'y répondre. Le
Pape témoigna sa joie à cette princesse de
ce qu'un tils lui était né, et de ce qu'elle l'a-
vait fait régénéicr dans les eaux du baptê-
me, disant que la piété dont elle faisait pio-
fession ne permettait pas d'attendre moins
d'elle, que de mettre sous la protection tic
Dieu, dans l'Eglise catholique, renfiinliprelle
avait reçu de lui. 11 l'cNhorle à l'tilever dans
la craiuh^ et dans l'amour de Dieu.alin que,
grand parmi les hommes par sa dignité , il
ne le soit pas moins aux yeux de Dieu par
ses bonnes o'uvres. A l'égard des écrits de
l'abbé Secondin, il s'excuse d'y répondre
sur sa maladie, qui êtail si violente qu'elle
lui otait la Hberlé de pirler, comme elle
pouvait s'en assurer par ses envoyés ; mais
il promet d'y répondre aussitôt que Dieu lui
aura rendu la santé : en attendant , il char-
gea les députés de Théodelinde d'un exem-
plaire des actes du concile tenu sous le rè-
gne de Justinien , afin qu'en les lisant , elle
put reconnaître la fausseté de tout ce qu'elle
avait ouï dire contre le Saint-Siège et con-
tre l'Église catholique. Il ajoute : « Dieu nous
garde de recevoir les sentiments d'aucun
hérétique , ou de nous écarter en quoi que
ce soit de la lettre de saint Léon et des qua-
tre conciles ; nous recevons tout ce qu'ils
ont reçu, et nous condamnons tout ce qu'ils
ont réprouvé. » Saint Grégoire envoya au
jeune prince Aldoalde une croix avec du
bois de la vraie Croix , et un Evangile dans
une boite de Pei-se ; et à la |)rincesse sa sœur,
trois bairues orn.-es de pieries précieuses,
priant Théodelinde de leur donner ces pré-
sents de sa main, pour les faire valoir. Il la
pria aussi de rendre grâces pour lui au roi ,
son maii , de la paix qu'il avait faite pour
l'Italie, et de l'exciter ;!» la conserver, comme
elle l'avait déjà fait.
5. Nous venons de voir que Jean, évêque
d'Eurie, en se retirant à Cassiope dans l'Ile
de Corfou , y avait apporté le corps de saint
Donat. Comme il ne pouvait le placer dans
l'Eglise sans l'agrément d'.\lcyson , évêque
diocésain, saint (îrégoire lui écrivit que Jean
lui offrait un acte de non-pn-judice , et qu'à
cette condition il devait lui permettre de
placer ce corps vénérable dans l'église de
saint Jean. — La lettre à P'élix, sous-diacre
et recteur du patrimoine d'Appia , contient
le détail de tons les fonds de terre et autres
revenus que saint Gri'goire doima à l'église
de Saint-l'aul pour l'entretien des luminai-
res ; on l'avait gravé sur une table de mar-
bre que l'on voit encore atlichée à une des
murailles de la basilique de Saint-Pierre.
Jean Diacre fait nicuti(ui de celte table.
G. Félix , ('vêquc de Messine , avait ouï
dire que saint Gr<;goirc, en répondant aux
dillicullés d'Augustin , av;iil ilécidé que le
mariage était i>erniis entre les parents au
(piali-iènie degré. L'usage <;lail contraire à
Rome et eu Sicile , où lu mariage était dé-
feiulu jusqu'au septième degré de consan-
guinité , et ci'l usage était fondé sur les dé-
rrets des papes et des conciles, nommément
de celui de Nicée. Félix demandait donc
l'ouiquoi l'on avait excepté de cette règle
JMD. D n.
COO. l'il>< II,
Dum. 3U.
C[IAI'1TRE XLIX. — SAINT UUliGUlUE LE GRAND, l'AJ'E.
Nlim. XI 1,8;
Psal. civ, 1j,
K\od. XXII,
Jcn. nia.
fou. LU'. II,
Qiini. 3T.
HÎDcmar.
Efisl, 37, 59,
Cl Iractùlii do
dlvonio Lo-
thnrù.inlcrr')-
gai. -,, et
q«a;-t. 7.
[vil" SIKCLE.]
l'Eglise naissanto d'Angleterre. Il se plal-
pnnit aussi au l'apo des vexations que les
(ivèques Kdiill'i aient en Sicile de la ]iail des
laïques. Knllii "il lui demandait si, dans le
doute où l'on était que certaines églises eus-
sent clé consacrées, il était permis de les
consacrer. Ce doute était fondé sur leur an-
tiquité, et sur la négligence de ceux qui en
avaient la garde. Saint Grégoire répondit sur
la première question , que toute la ville de
Home pouvait hù lendre témoignage qu'il
n'avait permis aux .Vnglais le mariage au qua-
liièmc degré, que pour eux seuls et pour
un temps, à la charge que , lorsque cette
église se trouverait plus solidement établie,
les mariages y seraient défendus, comme
ailleurs, jusqu'au septième degré de consan-
guinité; que cette indulgence lui avait paru
nécessaire dans les commencements , où
ces nouveaux convertis devaient être traités
avec la même attention que ceux dont saint
Paul dit ; Je ne uous ai nourris que de lait, et
non pas de viandes solides , parce que vous n'en
étiez pas alors capables. Il répond sur la se-
conde, que les évèques, étant les oints du
Seigneur, cl appelés les troues de Dieu . ne
doivent pas être maltraités de paroles ni
d'elTets par les princes , ni par leurs sujets ,
ni en [larticulier , ni en public; ce qu'il
prouve par divej-s passages de l'Écriluie :
soutenant que , quand même les pasieurs
seraient réprébensiblcs dans leur conduite ,
ceux qui leur sont soumis ne seraient pas
pour cela dispensés de leur témoigner du
respect. A l'égard de la troisième question,
il kl résout en disant que, toutes les fois
qu'il y a du doute sur la consécration d'une
église , c'est-.Vdire si l'on ne peut prouver,
ni par témoins , ni par écrit , qu'une église
ait été consacrée, il faut la consacrer , et
qu'on doit observer la même règle envers
ceux dont on doute qu'ils aient été ou bap-
tisés ou confirmés , parce qu'on n'est point
censé réitérer ce qu'on ne sait pas certaine-
ment avoir déjà été pratiqué , et que, si l'on
ne levait pas ce doute, il pourrait en résul-
ter du scandale pour les fidèles. Jean Diaci'e
rapporte une partie de cette lettre sous le
nom de saint Grégoire. Hincmar la cite sou-
vent , et en rapporte au moins la troisième
partie. Elle est aussi attribuée à saint Gré-
goire par Réginon, abbé de Prum, qni écri-
vait vers l'an 9(10 ; ainsi il ne parait pas
qu'on puisse la lui contester : elle porte en-
core son nom dans un grand nombre de
X3S
manuscrits. Ce qui pourrait embarrasser ,
c'est qu'elle est adressée à Félix, évôipio
de Messine , ([ui était évèque de celte >ille
dès la lu-emière année du ponlilicat de
saint Grégoire, comme il paraît pai' la let-
tre qu'il lui écrivit en dale de l'iudiclioii
neuvième, c'est-fi-dire de l'an 390; or il
était mort en 395, puis(|uc alors Donus était
évèque de Messine, ainsi qu'on le voit par
la lettre que saint Grégoire lui adressa on
celte année. Félix ne pouvait donc le con-
sulter au sujet de ce qu'il avait ordonné
touchant les degrés de consangiiiaih! dans
sa lettre ;ï Augustin, éciite en GUI. Mais on
trouve deux évèques du nom de Félix, qui
ont g(uiverné l'i'^glise de Messine. Le pre-
mier succéda à Encarpus , qui était déjà
avancé en âge lorsque Pelage II lui écrivit
en S80. Ce Félix eut pour successeur Do-
nus, quelque temps avant l'épiscopat de
saint Grégoire. .\ Donus succéda l'aulre Fé-
lix vers l'an 603 : car Douus était encore
évèque de Messine au commencement de
cette année, comme on le voit par la dix-
huitième lettre du treizième livre, où ce saint
Pape lui recommande , ainsi qu'aux autres
évèques de Sicile , Adrien qu'il envoyait
pour régir le patrimoine de Syracuse. On
pourrait objecter aussi que cette lettre est
chargée de répétitions inutiles, ce qui prou-
verait qu'elle a été altérée ; mais ces répé-
titions sont assez fréquentes dans les écrits
de saint Grégoire : il répète souvent dans
ses lettres ce qu'il avait dit ailleurs, surtout
dans son Pastoral.
§ XV.
Appendice aux Lettres de saint Grégoire.
1 . Nous aurions pu donner les extraits d'un
plus giaud nombre de lettres de saint Gré-
goire ; mais nous nous en sommes abstenus,
par la crainte de répéter souvent les mêmes
choses, ou d'en rapporter qui nous ont paru
peu intéressantes. Il y eu a un grand nom-
bre où il ne s'agit que de donner un visiteur
à une église, de nommer un défenseur, ou
quelques autres olîiciers pour une province
oii l'église romaine avait du bien ; un lec-
teur du patrimoine de Saint-Pierre en Sicile,
en Gaule ou ailleurs ; d'imir des évêchés ou
des monastères ; de confirmer des donations
ou des teslaments ; de termiuer des procès
k l'amiable ; de donner des ordres pour l'é-
lection d'un évèque ; de corriger des moines
Rcgln. an.
pond. Ad lll).
(]'! Keclohlii^t.
diwkjilm K,
cnf. XXX.
I. !.. I,
Eplsl. iu.
I-il.. M,
Epiii. a.
Poiirquoi
l'on n'a pas
dnnrê l'aua-
Ijse de toLles
les leuros de
saint Grégoi'
ro.
536
nisTOïïiK gén:':rale des auteurs ecclkstastiques.
ou des religieuses ; de payer les dettes des
pauvres, ou de leur faire distribuer de quoi
les soulager dans leurs nécessités ; de tra-
vailler à repousser les Lombards , ou à faire
la paix avec eux. L'analyse de deux ou trois
lettres sur ces différentes matières , nous a
paru suffisante pour faire voir aux lecteurs
quelle dtait la discipline de ce tem[)s-l;'i , de
combien de soins saint Grt'goire avait été
occupé pendant son pontificat, et de quel
travail il était capable malgré ses inlirmités
presque continuelles : car, quoiqu'il eût des
secrétaires, il dictait lui-même ou écrivait
ses lettres, ce qui est sensible par la con-
formité de Icftr style avec ses autres écrits,
ceqnccco- 2. Elles sont suivies, dans la nouvelle
lient ra['r*n- »t.' i i* •• • ,i
dite »«i Ici- édition, de plusieurs pièces nui y ont du
1238. rapport , ou qui se trouvaient dans le re<.;is-
tre que l'on en conservait dans les archives
de l'Église romaine. On avait mis en télc son
symbole, qui se trouve en etlet au commen-
cement du recueil de ses lettres dans tous
jonn. Di.- les manuscrits. Jean Diacre l'a aussi rap-
»"»".. 2.'" ' porté dans la Vie de saint Grégoire. Il est
plus étendu que ceux des apôtres et de Cons-
tantinople , mais c'est la même doctrine,
l'ag. 123!. L'acte de déposition de Laurent, arcliidiacre
de l'Église romaine, et de subrogation d'Ho-
norat à sa place , faisait dans les anciennes
éditions la première lettre du onzième livre.
La date est de la septième année du consu-
lat de l'empereur Maurice, non qu'il y eût
encore des consuls , l'empereur Jusiinien
avait aboli le consulat en 541 , mais les em-
pereurs eu prenaient assez souvent le titre.
1231. 3. La Charte pour la grande litanie dans
la basilique de Sainte-Mario, ne se trouve
que dans peu de manuscrits ; et ce qui la
rend douteuse, c'est que l'inscription met
cette grande litanie dans l'église de Sainte-
Marie,^au lieu que dans le corps de la cbiirte
clleest indiquéi; dans l'églisede Saint-l'icrre.
et qu'il n'y est pas dit un mot de celle (ii-
Sainte-Marie.
IM.I. vo;m 4. Nous avons fait voir ailli'iirs la fans-
"• " seté du privilège qu'on dit avoir t;té accordé
par saint Grégoire au monastère de Saiut-
.Médard de Boissons. (]e Pape tint un concile
à Home le cin(| juillet de l'an 593, <iui était
le treizième de l'empire de Mauiice. Ce sont
les actes de ce concile que l'on a inlilulc's :
pjp. iL3«. Décret (lesuinl Grégoire. Ils faisaient dans les
anciennes édifions la quarante-quatrième
lettre du quatrième livre. Les autres décrets
qui suivent dans l'Appendice, senties mêmes
que ceux du concile que saint Grégoire as-
sembla à Rome pour juger l'affaire de Jean,
prêtre de l'église de Cha!cédoine,qui, ayant "^f-'-'''-
été condamné par Jean, patriarche de Cons-
tantino[ilc, pour cause d'hérésie, en avait
appelé au Saint-SJége. Il ^'st fait mention de
ce concile dans les lettres «juinzième, seiziè-
me et dix-septième du sixième livre.
5. Saint Grégoire en assembla deux autres '*"■
en GOl. Il fil dans le premier une cons- it s.
titiilion en faveur des moines; dans l'autre
il condamna le moine André, comme faus-
saire. C'est ce qu'il marque dans la soixante-
quatorzième lettre du onzième livre, adressée
à Eusébe de Thessalonique. Suit dans l'Ap- "''''•
pendice l'acte de la satisfaction publique de
Maxime, accusé d'avoir été élu évêque de
Salone par simonie. Il s'en purgea par ser-
ment sur le corps de saint Apollinaire à
Ravenne ; après quoi saint Grégoire lui par-
donna diverses fautes qu'il avait commises ,
et consentit i\ ce qu'il fût établi sur le
si('ge épiscopal de Salone, avec les hon-
neurs du pallium.
6. Les moines ne possédaient ' rien en •■•- '-"■
propre, et les lois leur défendaient de faire
testament. Saint Grégoire dispensa de cette
règle Frobus, abbé de son monastère de
Saint-André; mais il ne le fit qu'après l'avis
d'un concile, où assistèrent cinq évêques et
dix prêtres. Les manuscrits portent qu'il l'as-
senilila la treizième ou la quatorzième année
du règne de Maurice, indiction quatrième,
ce qui est une faute ; l'indiction (]uatrième
se rencontre avec la dix-neuvième année de
l'empire de ce prince : jiinsi il faut mettre
ce concile en l'an GOO. Probus y pri'-senta sa
requête, elle portail qu'ayant quitté le monde
depuis (juel(|ucs aniK-es, il avait résolu de
demeurer seul dans sa cellule le reste de ses
jours ; que , pour cette j'aison , il n'avait
point disposé de ses bienr, sachant que son
lils lui succéderait aussi bien ab intestat i\ae
par testament ; mais qu'étant un jour allé
rendre ses devoirs à saint Grégoire avec les
autres, le Pape lui avait ordonné de prendre
la cli;iri;e d'abbé dans le monastère de Saint-
Aiidrt', et qu'il avait été obligé d'obéir aussi-
tôt, sans avoir eu le loisir de disposer de son
' Qiiin ingrcdirnlihiis mnnasterium eonverteiuli
gralia, iilleritm nulla sil letandi licentia : sed ul
rcs eorum fjnsdeiii monaslerii jurix finni, nprrln
legis dffinilione decretnvi est. LiV. I.\, Epùl. 7.
CHAPITRE XI.IX. — SAINT GRl':GOmE LE GRANH, PAPE.
[vu' SIÈCLE.]
bien. Il concluait à ce qu'il lui fiU peiuiis
d'eu clis[)oscr, afin, disait-il, (jue son oin'is-
Siuico ne fût pas jirc^juiruialile à son fils, qui
('■lait i)auvre. Saint Gréf^oiio, après avoir fait
retirer Probus pour délibérer sur sa requùte,
le fit rentrer, et lui accorda la liberlc'; de
disposer de tous ses biens, comme s'il ne fut
[)oiut entré dans le monastère.
7. On lit ensuite une formule de renoncia-
nation auscliisme. Elle est datée deCoustanti-
n(i|ile le dix février, indictiou ciniiuièmc : ce
qui donne quelque lieu de croire qu'elle est
de Firmin, évoque d'Istrie, qui en ce temps,
c'csl-A-dire, en 601, renonça au sciiisme ;
mais on ne peut douter que celle formule ou
piomesse, comme elle est intitulée, n'ait été
altérée, puisqu'on y fait jurer par le Dieu
tout-puissant, parles saints Évangiles, et par
le salut et le génie des empereurs. Ge n'était
point ainsi que les catholiques juraient.
<i Nous ne jurons point par le génie de César,
disait ' TertuUicu, mais par son salul, plus
auguste que tous les génies, qui ne sont que
des démons. » On a mis aussi dans l'Appen-
dice unejformule de la manière d'accorder le
pallium à un évèque ; puis l'acte de couron-
nement de l'empereur Fhocas, depuis qu'il
eut fait mourir Maurice et ses fils en 602. Il
y est fait mention de l'ordre que saint Gré-
i;oire douna de placer l'image de Phocas dans
l'oratoire de Saint-Césaire au palais.
S. Suivent trois fragments , dont deux
sont tirés de Gratien, c|ui les a cités sous le
nom de saint Grégoire, et le troisième se lit
dans le second livre de la Vie de ce saint par
Jean Diacie. Ou voit par le premier, que saint
Giégoire, écrivant à Augustin, lui conseille
ainsi qu'à tous les ecclésiastiques d'Angleter-
re de commencer le jcùue du carêmedès la
quiuquagésime, afin d'ajouter quelquesjours
d'abstinence à cens que les laïques étaient
ojjligés d'observer. Il aurait souhaité de faire
quelques règlemeuls pour empêcher, ou du
moins pour modérer l'avidité que les person-
nes du siècle témoignaient pour la viande le
dimanche qui précédait le carême, jusqu'à
passer la moitié de la nuit à s'en remplir;
mais il en fut détourné par la crainte qu'ils
ne devinssent plus mauvais, si on voulait
leur interdire cet usage, où la raison n'avait
.^;.17
aucune part, mais la voluphi seide. Il dcicla'
ra (pie, pour accomplir le jeùiu' ilu carême,
il ne siillisait i)as de s'abstenir de viande,
qu'il fallait aussi faire abstinence de tout ce
qui vient de la viande, savoir, du lait, du
fromage et des œufs,'; que si l'on accoi-dait
l'usage du poisson, ce n'était que par ma-
nière de soulagement, et non pour satisfaire
la cupidité et la gourmandise. 11 bltlme les
repas somptueux, et ceux qui, tout en s'abs-
lenant de viandes, chargeaient leurs tables
des plus beaux poissons de la mer. A l'égard
du vin, il en permet l'usage modéré, disant
qu'il n'était pas plus permis d'excéder en
ce genre, qu'en toute autre matière qui re-
garde les plaisirs du corps. Le second frag-
ment est un éloge du pape Agapet, qu'on
loue surtout d'avoir chassé de (^.onstantino-
ple Anthime, qui eu avait usurpé le siège
patriarchal. Le troisième est un règlement '"as. nfii.
pour accorder l'entrée dans les monastères
à tous ceux qui ont le domaine d'eux-mêmes ,
suit ecclésiastiques, soit laïques, à la charge
de ne leur permettre des'y stabilier, qu'après
les avoir éprouvés suivant les canons, et
qu'autant qu'ils ne seront coupables d'aucun
des ci'imes qui étaient punis de mort dans
l'Ancien Testament.
ARTICLE IV.
DU SAGHAMENTAIBE DE SAINT GnÉGOlRE, ET DE
SES AUTRES ÉCRITS QUI REGARDENT LA CÉLÉ-
BRATION DE l'office divin.
1. On a remarque, dans l'article du pape sacramer
tjelase, qu il avait compose des oraisons et Grégoire.
des préfaces d'un style aisé, et, mis en ordre
non-seulement celles qu'il avait faites lui-
môme, mais aussi celles qui avaient été com-
posées par ses prédécesseurs, et que le re-
cueil des Offices qui portait son nom 'était
distribué en plusieurs livres. Jean Diacre
dit ^ que saint Grégoire retrancha plusieurs
choses du recueil de Gélase, et qu'il en ajou-
ta d'autres; qu'il recueillit le tout en un vo-
lume intitulé : Liviv des Sacrements, ou Sn-
cmmentaire, parce qu'il contenait les priè-
res que le prêtre devait dire dans l'adminis-
tration des sacrements, et principalement
dans la célébration des divins mystères '.
Vnvcz lom.
' Tertullian., ni .-l;) logel.,rap. xxxii.
* Sed et GelasiLtnum codicem de Missaruin so-
lemniis iiiulta subtraliens, pouca conrerlens, non-
niilla suiicradjiciens, in uniiis libclli votuiiiine
coarctavil, quod volumen Ubrum Sacramentorum
prœtilulavU. Joan. Diacon., lib. II, nura. n.
' Le Sacramentaire de Gélase a paru à Venise
en 1748, tom. II de la Liturgie ancienne de Rome
ol dans le tome LXXIV de la Patrologie latine.
(L'éditeur.)
538
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
D kliiballOD
de ft S«rra*
tom. III, ti],
Crejor., IH'.
Mcmrd.ool.
1o buDC Itic.
La il il Florence de ce Sacrameiilaire d'avec ce-
lui de Gélase consiste' surtout dans le nom-
bre et la variété des collocles ou oraisons.
Saint Grégoire n'ajouta au canon de la messe
que ces paroles : Dis])osez de nos jours dans
votre jiaix. Nous les disons encore aujour-
d'hui, et l'ordinaire de la messe est le mê-
me que dans le Sacranientaire de ce Pape,
à la réserve des préfaces qui sont en moins
grand nombre; mais celles que nous disons
sont les mêmes que dans son Sacramen-
taire '.
2. On y trouve d'abord l'ordre de la messe
eu .uénér;»Jj elle commence parce que nous
appelons Introït : c'était une antienne que
l'on chantait pendant que l'on entrait à l'é-
glise, et que chacun y prenait sa place. Cette
antienne variait suivant la ditl'érence des fê-
tes. Ou en trouve dansl'Anliidioniei' de saint
Grégoire pour toutes les fêles et dinianclies
de l'année, avec le commencement du psau-
me que l'on chantait après cette antienne.
L'introït variait suivant la ditl'érence des fê-
tes. 11 était autre aux jours de fêtes, autre
dans les messes quotidiennes, c'est-à-dire
que l'on prenait pour l'introït un psaume qui
avait du rapport à la solennité du jour. On
disait ensuite Kyrie eleison; puis, si c'é-
tait un évêqne qui célébrât, il tiis;iil le Glo-
ria in ejicelsis, encore n'était-ce que les di-
manches et les fêtes; les prêtres ne le di-
saient qu'à Pâques. On ne (lisait ni le Gloria
in excelsis, ni Allelviu, les j(jiirs où il y avait
des litanies ou processions, parce qu'on les
considérait comme des jours de deuil. En-
suite le céli'brant récilait l'oraison ou col-
lecte du jour; ])uis il lisait i'ivpiti'e, qui était
tirée de celles de saint Paul; ensuite le (ira-
duel ou Alléluia. Ce qui étant achevé, il li-
sait l'Evantrilc, l'otrertoire et l'oraison sur les
oll'randes; latiuelle étant achevée, il disait à
haute voix la préface, qui était suivie du
Sanctiis, qu'il répétait trois fois. Suivait le ca-
non, lequel étant fini, il récitait l'oraison ilo-
minicalc, saluait le pcuiilc en lui souliailant
la pai.\; puis il disait l'Agniis /Jci. Tel est
l'ordre de la messe dans le Sacramenlaire
de saint Grétroire. 11 n'y est pai'ié ni d'a-
colytes, ni de sons-diacres, ni de di;icres, ni
des autres olliciers qui assistaient le Pape
dans la célébration des mystères aux jours
solennels; le nombre de ces oUSciersct leurs
fonctions sont marqués dans les anciens or-
dres romains, en cette manière pour le jour
de Pûques.
3. Rome avait été divisée par .Auguste en
quatorze régions ou quartiers; mais l'usage
ecclésiasti(]ue les avait réduits .'i sept, sui-
vant lesquels étaient distribuées toutes les
églises et tout le clergé de la ville ; et ils ser-
vaient tour i\ tour, â commencer par les
clercs de la troisième région pour le diman-
che, puis ceux de la quatrième pour le lun-
di, et ainsi des autres. Tous les acolytes de
la troisième région se rendaient donc le di-
manche de Pûqucs dès le matin au palais de
Latran, et avec eux les défenseurs de toutes
les régions. Le reste du clergé allait aussi
dès le matin à l'église de la station, qui en
ce jour se faisait à Sainte-Marie-Majeure. Le
Pape et les principaux olliciers soilaieut à
cheval, à cause de la longueur du chemin;
les acolytes et les défenseurs l'accompa-
gnaient A pied. L'un d'eux portail à sa main
le sain! chrême en une tîole couverte d'une
serviette; d'autres apportaient du palais
même de Latran les livres et les vases néces-
saires pour le service. Lorsque le Pape ap-
prochait, les acolytes et les défenseurs qui
étaient de service ce jour-là, allaient au de-
vant avec le prêtre titulaire de la station ; les
diacres lui aidaient ù descendre de cheval,
et il entrait d'abord dans la sacristie, h la
porte de laquelle les diacres changeaient
d'habit. Celui qui devait lire l'évangile en
ouvrait le sceau, et préparait l'endroit ; puis
un acolyte le portait dans le sanctuaire, et
un sous-diacre le posait sur l'autel avec res-
pect. Pendant que tout cela se faisait, le
Pape changeait d'habit par les mains des
sons-diacres; Idii lui donnait l'aube, qui se
mettait sur la chemise, un autre la ceintu-
re, l'amict, la dalmatique de toile, la grande
dalmatique , et enfin la chasuble; le pri-
micier et le secondicier ajustaient sur lui
tous ces vêtements; un diacre lui mettait le
pallium, puis un sous-diacre régionnaire lui
piésentait le manipule, en disant : Un tel
lira l'i-pitre, un tel chaulera. Sitôt que le Pape
avait fait signe pour commencer, il sortait à
la porle de la sacristie, et disait : Allumez.
Alors les chantres se rangeaii'ii! d.ins le
MH>fl
tt*]e.
JCX.W !
VIII.
i.u, ■
ioi«. 1.
Mlkm
dlorm
n nn . ;
IH ei -
Oido ■
lnro-1! ■
lullr^.
1 M t~ 'I .
« Mabilloii, De Lilurgia Gallicana.hh. I, caji. u, U. Gniraixacr, Jnstit. lUuigiqucs, tom. 1, pag. 162
nom. 5. et suiv. (L'ddiUur.)
< Ou pi'iit vuir ^ur la Liturgie de Baiut Grégoire,
CHAPITHE XMX. — SAINT GnÉGOlUE LE GRAND, PAPE.
[va' SIÈCLE.]
cliojiir, et leur cliof comuuMiriiil riinlicimo
pour rintroïl, ((iii ('lait suivi du |)s;uiuic en-
tier, dont ou ne dit plus qu'uu verset. Aus-
sitôt (juo l'on culeudait ciiaulcr, le Pape
sorljùl de la sacristie, s'ap[)uyaul à droite
sur l'aicliidiacre, et i\ pauclic sur le diacre,
précédé de l'euceus et de se[tt chandeliers
portés par sept acolytes. Avant ([u'il tut à
l'autel, les diacres, qui étaient déj;\ dans le
sanctuaire, ôtaicnt leurs planètes ou chasu-
bles ; car tous en portaienl, j(is(pi'aux aco-
lytes. Eu allani, deux acolytes présentaient
au Pape une boite ouverte, avec le Saint-
Sacrement; le Pape ou le diacre, après l'a-
voir salué d'une inclination de tète, regar-
dait s'il y en avait plus qu'il n'en fallait pour
mettre dans le calice, et en ce cas il faisait
mettre ' le surplus dans la réserve.
4. Etant arrivé ;\ l'autel, il faisait signe de
dire GlQriu Patri, et de liuir le psaume de
l'introït. Les diacres baisaient les côtés de
l'autel, et le Pape, après avoir prié quel-
que temps incliné pour demander la rémis-
sion de ses péchés, baisait l'Évangile et l'au-
tel au milieu, et montait -i son siège, devant
lequel il demeurait debout, tournant le vi-
sage à l'orient, et le dos au peuple ; car le
siège était au milieu derrière Taulel. ALrs
on chantait /lyri'ee/mon, et on continuait jus-
qu'à ce que le Pape fit signe de le finir. Se
retournant ensuite vers le peuple, il com-
meui^ait Gloria in excelsis, et se retournait à
l'orient jusqu'à ce qu'il fùtfiui. Alors il saluait
le peuple en disant : « la paix soit avec vous ; »
puis il se relournait à l'orient, et disait l'o-
raison ou collecte du jour, après laquelle il
s'asseyait tourné vers le peuple, et faisait
signe aux évèques et aux prêtres de s'as-
seoir. Ils étaient a ses côtés, les évèques à
droite, les prêtres à gauche, dans le demi-
cercle qui enfermait l'autel pai: derrière.
5. Le sous-diacre qui devait lire l'Épitre,
en voyant le Pape assis , montait sur l'am-
bon , c'était un pupitre ou petite tribune
élevée de quelques marches à côté du
chœur. On en Irouve jusqu'à trois dans les
anciennes églises de Rome : à droite un
pour l'Épitre tourné, vers l'autel ; un pour les
prophéties, tourné vers le peuple ; un troi-
sième à gauche plus élevé et plus orné, pour
l'Évangile. Apres la lecture de l'Épitre , le
chantre montait sur l'ambon avec son livTC
S30
nommé Graduel ou Anti/j/ionier , et chaiiliiit
le ri'pons (|ue nous imruuions graihu^l à
cause des degrés de l'ambon, et n'^pous ;\
cause ipie le chœur répond au chantre. Un
chantait ensuite, selon le lemps. Alléluia, ou
le trait, ainsi nommé à cause de la manière
dont il se chaule, eu tniinanl. Ensuit(> le dia-
cre venait baiser les pieds du Pape , qui lui
donnait sa bénédiction pour l'Evangile, en
disant : Ij; Seigneur soit dans ton cœur, et
h; resle ; puis le diacre venait devant l'au-
tel , où ayant baisé l'Évangile, il le prenait
entre ses mains, et marchait avec deux sous-
diacres , dont l'un portait l'encensoir , et
deux acolytes devant portaient des chande-
liers. Le diacre montait seul sur l'ambon, et
lisait tourné vers le midi , qui était le côti':
des liouimes : car ils étaient séparés des
femmes dans l'église. Après qu'on l'avail
lu , un sous-diacre le portait à baiser à tout
le monde ; puis il était remis dans sa boîte
et scellé ; ce qui semble marquer que ce n'é-
tait pas un livre relié comme les nôtres ,
mais un rouleau à l'antique. On ne disait
pas encore alors le symbole à la messe dans
l'Eglise romaine, qui n'ayant jamais été in-
feclée d'aucune hérésie , n'avait pas besoin
de faire profession de sa foi. Si le Pape
prêchait , ce que saint Grégoire faisait sou-
vent , c'était après l'évangile. Après avoir
salué le peuple par Boininus vobiscum, et dit
Oremus , le ;liacic marchait vers l'autel , ac-
compagné d'un acolyte portant le calice , et
un corporal dessus , qu'il présentait au dia-
cre. Le diacre le mettait sur l'autel, et jetait
l'autre bout à un autre diacre pour l'éten-
dre : car c'était une grande nappe qui cou-
vrait tout l'autel. Alors le Pape descendait
du sanctuaire , soutenu par les deux pi imi-
ciers des notaires et des défenseurs, et mar-
chait vers la place du sénat pour recevoir
les otïrandes des grands selon leur rang,
c'est-à-dire le pain et le vin poui- le sacri-
fice. Le Pape prenait les pains, qu'il donnait
au sons-diacre régionnaire,et on les mettait
dans une nappe que tenaient deux acolytes.
L'archidiacre suivait le Pape, prenait les bu-
rettes , et versait le vin dans un grand ca-
lice que tenait un sous-diacre , suivi d'un
acolyte portant un autre vase pour vider le
calice, quand il était plein. Après le Pape,
l'évcque semainiei' recevait les auties pains,
Maliillon,
C 0 m m e n t.,
png. 42, 4'J.
' Pontifex vel diaconiis salutnt sancta, et con-
lemplaiis ul si fueril superabundaiis, priecipiat
?(' ponalur. Ordorom., paj
on. losg.
, s, Édil. Slabil., Paris,
540
HISTOIRE GÉNÉllALl-: DES AUTEURS ECCLi;SIAST!QUES.
suivi d'un diacre qui recevait le vin ; et des
prêtres aidaient encore, s'il était besoin. Le
Pape passait ensuite du côté des femmes, et
recevait leurs oflrandes ; ainsi tout le peu-
ple demeurait rantré à sa place. Les pains
étaient ronds, comme il parait en ce que
saint Grégoire les appelle ' des cotironnes, et
chaciui les faisait Ini-mémc. On le voit par
riiisloire d'une dame romaine, qui en rece-
vant la communion de la main de saint Gré-
goire , et lui entendant dire les paroles or-
dinaires, ne put s'empêcher de sourire de
ce qu'il nommait le corps de Jésus-Christ le
pain qu'elle avait fait de ses mains. Paul '
Diacre, qui rapporte le premier ce fait, ajou-
te que saint Grégoire fit garder celte parti-
cule de l'Eucharistie , et que s'étant mis en
prières, i! la fit voir à cette femme, changée
en chair , en présence de tout le peuple. Le
Pape , après avoir reçu les olTrandes , reve-
nait à son siège, lavait ses mains, et l'ar-
chidiacre aussi ; j.uis, quand le Pape lui fai-
sait signe , il s'approchait de l'autel , et ar-
rangeait dessus les pains que les sous-dia-
cres lui fournissaient , et t'n mettait autant
qu'il jugeait devoir suffire pour la commu-
nion, du peuple ; puis il prenait la burette
du Pape de la main du sous-diacre oblation-
naire, et la versait dans le calice par une
couloire , afin que le vin fut plus pur. 11 re-
cevait aussi celles des diacres. Un sous-dia-
cre descendait au chœur, et recevait de la
main d\i premier chantre le vase d'eau
qu'il appoilait à l'archidiacre, et celui-ci en
versait en forme de croix dans le calice.
Alors le Pape descendait de son siège à l'au-
tel qu'il baisait, et recevait les otl'randos des
prêtres et des diacres, et enfin la sienne que
l'archidiacre lui présentait ; ainsi tout le
monde ofl'rait, le peuple, le clergé , le Pape
même ; mais il y a plus de quatre [cimj]
cents ans que les laïques n'oll'rent plus la
matière du sacrifice. Ensuite l'archidiacre
prenait le calice de la main du sous-diacre ,
et le mettait sur l'aiilel auprès de l'hostie
du pape, mais ;i droite ; ce calice avait deux
anses enveloppées d'un linge que l'on nom-
mait olferloire ; cependant ou chantait l'of-
fertoire ; cependant on chantait l'oirertoire,
c'est-à-dire un psaume avec son antienne,
et quand il était temps, le Pape regardait le
' Lib. IV Dialog., cn\). LV.
' Paulus Diacoii. Yiia Grcgor., iiiuii. 18; Joan.
Diacou., lib. Il De Vila Greg., uum. 4t.
chœur, et faisait signe de finir; puis incliné
vers l'autel, les évêques derrière lui , avec
les prêtres et les diacres tout autour, il di-
sait l'oraison sur les otl'randes , que nous
appelons secrètes, parce qu'elle se dit bas;
puis il commençait la préface du sacrifice.
6. La préface finie, on chantait l'hymne
angélique , c'est-à-dire le Snnettm , en répé-
tant deux ftns Ilosanna; après quoi le Pape
commençait le Canon, qu'il disait seul à voix
basse , étant droit devant l'autel. Pendant
ce temps, les prêtres, les diacres et les sous-
diacres demeuraient debout et inclinés dans
le sanctuaire : car, le dimanche , on ne llé-
chissait pas les genoux. Le Canon de la messe
est , dans le Sacramentaire de saint Gré-
goire, le même que nous disons, et avec les
mêmes signes de croix , à l'exception de
ceux que nous faisons au commencement
du canon; ils sont marqués dans l'ancien
Ordre romain. Cet Ordre ne met point d'au-
tre élévation de l'hostie que celle qui se fait
à la fin du canon, en disant per ipsum et
CHin ipso. Alors l'archirliacrc prenait le ca-
lice par les anses, et l'élevait auprès du Pa-
pe, qui le touchait par le côté, avec les hos-
ties, puis les remettait fi leur place. L'aco-
lyte, à qui dès le commencement du canon
l'on avait donné la patène n gai-dcr, et qui
l'avait tenue devant sa poitrine dans un linge
attaché à son cou en écharpe, la donnait
après l'Oraison dominicale h un sous-diacre,
qui , après l'oraison qui se dit ensuite , la
remettait au sous-diacre régionnaire ; rai--
chidiacre la recevait de lui, et après l'avoir
baisée, il la donnait au second diacre pour
la tenir. Le Pape ayant dit : Jm paix du Sei-
gneur soit (irec vous, faisait de la main trois
signes de croix sur le calice , et y mettait
l'hostie consacrée, c'est -.i-dirc celle du sa-
crilice précédent, qui lui avait été présentée
dans une boite ouverte par deux acolytes,
comme il allait de la sacristie a l'autel. Aloi^s
l'archidiacre doiuiait la paix , c'est-à-dire le
baiser, au premier évêque , qui la donnait
au suivant, et ainsi les autres par ordre. Le
peuple en faisait de même, les liuunui'S et
les femmes sépai-émenl. Ensuite la fraction
de rencharislie se faisait en cette luanièru :
Le Pape rompait d'.ibnrd une ilc ses Ixislics
du coté droit, et laissait sur l'autel la particule
qu'il avait rompue, mettant les autres hosties
sur la i)alèue que tenait le second diacre, puis
il retournait à son siège. L'archidiacre pre-
nait le calice, et le donnait à tenir au coin de
CaBOn Ai la
Mr»>c. Coiu*
DionlOB.
Mablll.1,,
C o m m e n I .
l»g, a el '•!.
U.(I..|.C.
IM< . |a(.
CITAPITRE XUX. — SAINT GRl'C.OIRE LE GRAND, PAPE.
I
M11..110D
m m on t
;. 3C elol.
Cn
»
[vil* SIÈCLE.]
l'autel (lu cûlû droit par nn pous-diarre ;
après (pioi il prenait los iiostics, et les met-
tait dans des sacs tenus par des acolytes, qui
les portaient aux iHèques et aux prêtres
pour l'oniprp les liosties; mais deux sous-
diacres niarcliaieut devant, portant au Pape
lit patène où étaient les hostii.'s du Pa[)e , et
deux diacres lus rompaient lorscpi'il leui' en
faisait le sijjne. L'areiiidiacre vidait l'autel ,
en n'y laissant que la particule que le Pape
avait rompue : car on avait soin, pendant
toute la messe, que l'autel ne fût point sans
sacrifice. L'archidiacre taisait sii^nie au chœur
de chauler Aguus Iki , et se rangeait auprès
du l'apc , à qui un diacre portait la patène
avec les hosties rompues. Le Pape, toujours
cl son siéf^e , communiait dehout , et tourné
à l'orient ; et , de la même hostie qu'il avait
mordue , il en mettait dans le calice que
tenait l'archidiacre , en disant les mêmes
paioles que dit encore le prêtre en mêlant
les deux espèces, fiai commixtio et consecra-
tio, etc. Ainsi on mettait dans le calice deux
particules consacrées , une du sacrifice pré-
cédent , une du présent. Ensuite le Pape
prenait le précieux sang de la main de l'ar-
chidiacre, qui, tenant le calice , venait au
coin de l'autel, et annonçait la station pour
le jour suivant ; puis il versait un peu du
calice dans un vase plein de vin que tenait
un acolyte : car on croyait que le vin était
entièrement consacré par le mélange du
sang de Notrc-Seignein- ; mais ailleurs on
ne versait du vin dans le calice où était le
sang précieux, que lorsqu'on s'apercevait
qu'il n'y eu avait pas assez pour ceux qui
devaient communier. Ensuite les évêques
s'approchaient du siège pour communier de
la main du Pape , puis les prêtres ; l'archi-
diacre les communiait du calice, ce que l'on
appelait confirmer. Après la communion de
ceux qui étaient dans le sanctuaire , l'archi-
diacre versait le reste du précieux sang
dans le même vase où il en avait déjà versé,
et donnait à un sous-diacre le calice vide
pour le serrer. Alors le Pape descendait de
son siège pour communier ceux qui étaient
du rang du sénat , et l'arcliidiacre suivait
pour leur donner l'espèce du vin qu'ils pre-
naient avec un chalumeau d'or. Les évê-
ques et les prêtres portaient ensuite la com-
munion au peuple , suivis des diacres pour
les espèces du vin ; et après avoir com-
munié les hommes du côté droit , ils pas-
lUii.poE- salent du côté des femmes. Dès que le Pape
Ml
IhlatiîlIoQ
liment.
, 37, 93.
commençait ;'i donner la communion au sé-
nat, le chu'ur eiiloimait l'antienne pour la
communion avec le psaume qu'il continuait
de chanter, jusqu';"! ce que tout le peuple
eût couiniunié. Le Pape, étant revenu à ^on
siège , coiniiiuiiiait encore quelques person-
nes du clergé, c'est-ci-dirclesrégionnaireset
tous ceux qui l'avaient accompagnt';, on ipii
avaient servi dans des ministères inférieurs,
comme ti tenir la patène, à donner ù laver,
à essuyer les mains ; puis il regardait si
tout le peuple avait communié , et faisqit
signe au sous-diacre de donner au chœur le
signal de dire Glo)-ia Patri ; apvis quoi ils
répétaient l'antienne , et cessaient. Ces an-
tiennes sont marquées dans l'Antiphonier
de s:iiiit Grégoire , comme nous les disons
encore ; mais nous ne disons plus les psau-
mes, qui toutefois y sont marqués.
7. L'antienne finie, le Pape se levait de
son siège et venait à l'autel, où il disait le
dernier Dominus vobiscum, sans se tourner
vers le peuple, et l'oraison que nous ncm-
mons postcommunion, et qu'on appelait alors
la conclusion. Elle est marquée dans le Sa-
crameutaire de saint Grégoire, avec quel-
ques autres pour changer au besoin. Ensuite
un diacre choisi par l'archidiacre regardait
le Pape, et quand il lui faisait signe, il di-
sait au peuple : Ite, Missa est, pour le congé-
dier. Le Pape letournait à la sacristie, pré-
cédé de l'encens et des sept chandeliers. Au
moment où il descendait de son siège dans le
presbytère, les évêques lui demandaient sa
bénédiction en disant : Jubé, Domne, benedi-
cere; il la leur donnait, puis aux prêtres, et
aux autres ordres, à mesure qu'ils la lui de-
mandaient : c'est la seule bénédiction mar-
quée dans cette messe pontificale. L'Ordre
romain qui en prescrit toutes les cérémonies
est très-ancien ; on le croit même du temps
de saint Grégoire, quoiqu'on ne doute pas
que l'on n'y ait ajouté quelque chose dans
les siècles suivants. Ce qui en prouve l'anti-
quité, ce sont les cgloijues, ou e.xplications
d'Amalaire, clerc ' de l'église de Metz, et
depuis chorévèque de Lyon, qui éci'ivait au
commencement du neuvième siècle ; le ter-
me de ferment, employé pour signifier l'Eu-
charistie, et l'usage de la porter dans une
boite devant le Pape lorsqu'il allait h l'au-
tel. Le pape Innocent I" ' prend le terme de
' Toji). Il Muswi Itulici, pag. 5i9.
' luuoc. 1, Epùit. ad Deccntium, mim. 22,
Fin Je 11
Me«o.
I
542
HISTOmR OÉNIvRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Mr&se«|Our
loute l'aoDce*
ferment dans le môme sens, pf nous avons
\u dHPs uiip aiuicniie ' LituiL-'ip, (jii'nn croit
être de «aint (jermain évêque de Paris, mort
en 57G, qu'avant l'oMalion du pain et du vin,
on apportait sur l'anlel l'eucliarislie dans un
vase en forme de tour, où elle élait en n'--
serve. Outre cet ancien Ordre romain, I)om
Mahillon en a donné quatorze autres recueil-
lis par divers auteurs en diU'ërenls siècles.
Le deinior, t|ui est de Pieiie .Amélius, rappor-
te comment les oUices divins se célébraient
à Rome sous Boniface IX, c'est-à-dire vers
l'an 1390.
8. Uevenons au Sacramenlaire de saint
Grégoire. Après avoir marrjué l'ordj'e de la
messe en gfhicral, il met les oraisons ou col-
lectes que l'on devait dire pendant tont le
cours de l'année, avec une préface particu-
lière presque pour cliaqne messe. Nous n'en
.ivons gardé que neuf. On lit dans ' Burchard
que Pelage II les avait réduites A ce nombre.
Mais comment saint Gi'égoire, son succes-
seur immédiat, eût-il contrevenu i\ ce déci'et
en en mettant un bien plus grand nombre?
On sait d'ailleurs par le témoignage de Guit-
mond, qui écrivait dans le onzième siècle,
et d'Algérius qui vivait dans le douzième,
que l'en disait alors une préface particulière,
le cinquième dimanche d'après l'Epiphanie,
telle qu'elle se lit encore dans le Sacrumen-
fidre de saint Gréfioirc; ce ne peut donc
être que depuis le douzième siècle que l'on
aura diminue le nombre des préfaces, et
qu'on se sera restreint à neuf, en se conten-
tant d'en changer dans les [irincipales so-
lennités. La première messe est pour la veil-
le de Noël. Il y en a trois pour le jour de la
fête, parce qu'on en disait trois ce jour-là,
mais en des églises difféientes. Les fêtes de
saint Etienne, de saint Jean, des saints In-
nocents et (le saint Sylvestre, ont aussi des
messes particulières. Suivent coHes du jour
de l'octiivp de Noël, du dimanche d'après
Noël, de la veille et du jour de l'Epiphanie,
du dimanche suivant, du jour de l'octave,
des cinq dimanches d'après; des fêles de
saint Félix, de saint Maicel pape, de sainte
Prisque, de salut Fabien, de saiul Sébastien,
de sainte Agnès, de saint Vincent, de la con-
version do saint Paul, de saint Préjecte, de
la Purification de la sainte Vierge, de sainte
Agathe, de saint Valentin, de la Chaire do
' Marlenne, toni. V Anecdot , pag. OS.
* Burclinnl., li^. III, cap. LXIX.
saint Pierre, de saint Mathias et de quantité
d'autres saints, dont l'Eglise romaine faisait
l'oUice. On serait surpris d'y en voir une
pour la fêle même de saint Grégoire, d'au-
tres pour la fête de la Nativité de la Vierge,
de sainte Marie aux Martyrs, pour la veille
et le jour de la Toussaint, des prières pour
le roi très-chrétien, et quantité d'autres mes-
ses et prières pour des fêtes qui n'ont eu
lieu que depuis sa mort, si l'on ne savait
que, dans les livres d'usage ordinaire, il se
fait diverses éditions suivant les difl'érentes
occasions, comme on en fait dans les calen-
driers à mesure qu'il se trouve quelque
nouveau saint à y placer. Non-seulement
tous les dimanches de l'année ont une mes-
se particulière; il y en a pour chaque jour
du carême, même pour les jeudis, qui n'en
ont poiut dans le Sacramenlaire du pape
Gélase. Le mercredi-saint, on commençait
l'office à tierce, c'est-à-dire à neuf heures du
matin. On y disait les oraisons solennelles
et sacerdotales pour les personnes de tout
état et de toutes nations, comme au vendre-
di-saint, avec les mêmes géuullexions, et
dans le même ordre. Nous ne les disons plus
que le vendredi-saint. Elles ne se trouvent
môme au mercredi, dans le Sacramenlaire
de saint Grégoire, que dans un exemplaire
du Vatican ; le Sacramentaire marque qu'à
la huitième oraison, qui est pour les juifs
perfides, l'on ne doit point fléchir le genou.
La raison qu'eu donne Alcuin ', est que les
juifsl'avaientllcchi devant Jésus-Christ en l'a-
dorant par dérision. Cet office fini, le prêtre
baisait l'autel, et sortait ensuite de l'église où
il ne revenait qu'à la huitième heure, c'est-
à-dire à deux heures après midi, où l'on
commençait la messe. Celle du jeudi-saint
se disait à tierce, ou à neuf heures du matin.
Après que le célébrant avait achevé le ca-
non, et avant de dire l'Oraison dominicale,
il commençait la béni'diction des saintes hui-
les, qu'il n'achevait qu'après avoir commu-
nié *. Cette bénédiction finie, il donnait la
communion à tout le peuple, qui eu gardait
une paitie poiu- le lendemain vendredi. L'of-
fice se faisait en ce jour comme nous le fai-
sons encore. Il en est à peu près de même
de celui du samedi-saint, et du samedi de
devant la Pentecôte. Il y a trois messes
pour les litanies ou processions que l'on fai-
» Alcuin., f^ot. in hune locum, png. 322.
<■ Ihid., png. 328.
[vii° SIÈCLE.] CHAPITRE XLTX. — SATNT GRlÏGOmE LE GlUND, PAPE
sait le lundi, le mardi et le mercredi avant
5i;{
l'Ascensinn, avec un plu-* grand iioiuiire d'o-
raisons que dans les messes ordinaires. Il y
on a aussi beaucoup plus pour les samedis
des (piatre-lemps. Après la messe du dinian-
clie de l'oilave de la Pentecôte, on trouve
de suite celles de tous les saints maripiés
dans le calendrier romain depuis le premier
jour de juin jus([u'au vinut-uuième de dé-
cembre. Celles do la veille et de la fête do
l'Assomption de la Vierge n'y sont point ou-
bliées. Il s'en trouve pour les veilles des au-
tres fêtes, pour le commun des martyrs,
des conlessiMirs, des vierges, ponr la consé-
cration d'une religieuse et d'une ahbesse ;
vingt-six pour autant de dimanches après la
Pentecôte, et cinq pour les cinq dimanches
avant Noël. Ces messes sont suivies d'orai-
sons pour tous les jours dans le cours de l'a-
vent, pour le matin, pour le soir; de plu-
sieurs messes votives pour toutes sortes de
nécessités; des rits de l'ordination, de la bé-
nédiction de l'eau, de celle d'une maison
neuve, des nouveaux fruits; des prières pour
l'onction des infirmes ; des messes quoti-
diennes pour le roi, pour l'évèque et pour
d'autres.
9. L'éditeur de la nouvelle édition des œu-
vres de saint Grégoire a mis par forme d'ap-
pendice, à la suite du Sacrameutaire, trois
messes pontificales très-anciennes, avec la
formule du sacre des rois de France, de la
bénédiction d'une reine et des noces. Toutes
ces pièces avaient déjà été dénuées en 1642
par Dom Hugues Ménard, avec des notes et
des observations très-amples et très-judi-
cieuses sur le Sacramenlaire de saint Gré-
goire. On les a placées à la suite des pièces
dont nous venons de parler, de même que
celles d'Ange Uocca, qui sont moins éten-
dues, et qui ne sont que pour corriger quel-
ques endroits du texte de saint Grégoire que
les copistes avaient altérés.
10. Il était d'usage dans les messes solen-
niïr'Grtso! nelles de bénir le peuple avant de lui don-
ner la sainte communion. L eveque pronon-
çait la prière composée a cet effet, après
Bénédic-
tlODDaire du
avoir dit l'Oraison dominicale. Tl y avait une
autre luMiédiclion ]iour la lin de la niessc;.
llaban Maur en ' parle dans le premier livre
de rinslilulion des clercs; mais il semble
entendre par cette bénédiction la collecle
qui se dit après la communion, puis(]u'il
ajoute iiuc cette oraison Unie, le diacre
congédie le peuiile , en l'avertissant que
l'ollice di! la messe est achevé. Quoiqu'il
eu soit, les anciens Sacramentaires no par-
lent que dt! la bénédiction qui se donnait
après l'Oraison dominicale, ou avant la com-
munion. Lambécius cite ' un manuscrit de
la Biltliollièi|ue impéri:de de Vienne, qu'il
juge cire de plus de mille soixante ans,
où, après le Sacrameutaire de saint Gré-
goire, on trouve sous son nom un Béné-
diclioniiaire ou recueil des bénédictions so-
lennelles que révoque donnait au peuple
avant la communion. Dans le missel gothi-
que donné par le père Thomasi, et depuis
par Dom Mabillon, avec l'ancienne lilurgie
gallicane, il y a des bénédictions presque
pour toutes le,s messes solennelles; il y en a
aussi quelques-unes dans le missel gallican,
luais elles sont clill'érenles de celles qui sont
rapportées dans le Béuédiclionnaire qui
porte le nom de saint Grégoire, et que Mon-
sieur Lambécius a fait imprimer dans le se-
cond tome de la Bibliothèque Impériale. L'é-
diteur de la uûuvelle édition des œuvres de
ce Pape, leur a donné place dans son Supplé-
mcut, avec une autre copie beaucoup plus
ample de ce Bénédictionnaire, tirée de la
bibliothèque de Saint-Thierry près de Reims.
Il croit que ce qui a rendu les manuscrits de
ce Bénédictionnaire extrêmement rares, c'est
qu'il était détaché du Sacrameutaire, et qu'il
faisait un volume à part pour l'usage des
évêques, à qui on le présentait lorsqu'il s'a-
gissait de bénir le peuple. Il y a peu d'ordre
dans le Bénédictionnaire donné par Lam-
bécius. Celui de Saint-Thierry est mieux
suivi; l'un et l'autre ont une bénédiction
pour la fête de l'Assomption de la saiule
Vierge, mais difl'érente.
11. L'empereur Charlemagne ' ayant fait ivei-v^q»»
' Posl communiunem ergo et post ejuadein no-
minis canlicum, data benediclione a sacerdote
ad plebem, diaconus prœdicat missœ offlcium es-
se penictuin, dans Ucenliam abeundi. Raban., lib.
1 De Inslitnt. Clericor., cap. yxxui.
* Lambécius, loin. Il Uibliotli. Cœsareœ, num.
14.
' De Sacramenlario a sanclo prœdecessqre nos-
tro deifluo Greyorio papa disposito jam pridem
Paulus grammaticus a nobis eum pro vobis pe-
liil, et Sfcundum sanctœ nostrœ Ecclesiœ Iradi-
lionem per Joannem monachum atque abbatem
civilalis Ravennntium reslro' regali emisimiis
excellentiœ. Iladriau., Epist. Si, tnru. lit jVorœ
edU. Greg. .\tii^. 018. Hue usque clausiUa epistolœ
papœ Hadriani, in qua Ubri Sacramentorum
544
HISTOIRE gi':n'i:rale des
le swr.mm. dcniunderau nanc Adrion, par Paul le Grara-
Ulre s-1 de ' ' .,.„,.
Him Grt^oi- maincn, le Sacranieiitaire de saint Gresoire,
n,
en la forme où il était alors ; aussi portait-il
cette inscription dans le manuscrit envoyé
h Cliarlemagne : ^1 n nom de Notre-Seigneur,
commence le licre des Sacrements /tour le cours
de l'année, expliqué par saint Grégoire jiojie
de Rome. C'est encore une découverte ijue
nous devons h Lauihécius, qui a vu ce ma-
nuscrit avec cette inscription dans la BiLilio-
thèque impériale [de Vienne].
ADiitAo. 12. Saint Gréj^oirc ne se contenta pas de
n»1rS de saint , ... ^ , . . .
Grtjoirc, mettre dans un meilleur 01 dre les prières qui
J 3g. 664.
se disaient dans l'administration des sacre-
ments, principalement dans celle de l'eiiclia-
ristie ; il" en régla aussiJe chant, et composa
un Antiphnnaire où il renferma tout ce qui se
devait clianler en notes à la messe, savoir :
l'introït, le graduel, l'oirertoire, la post-com-
munion. Il parait par Jean ' Diacre, qu'il y
avait dès avant le pontificat de ce saint, un
Antiphonaire à l'usage de l'Hglise, et que
saint Grégoire ne fit que le corriger, soit en
réformant les antiennes qui ne lui parais-
saient pas assez bien choisies pour être em-
ployées au culte de Dieu, soit en donnant
plus de gravité et d'harmonie au chant :
car il était fort savant en musique. Pour
conserver le chant qu'il: avait réglé, il éla-
]jlit à Rome une école de chantres, à qui
il donna quelques terres avec deux maisons,
l'une auprès do Saint-Pierre, l'autre auprès
de Saint-Jean de Latran. Jean Diacre, de qui
nous apprenons ces circonstances, raconte
que de son temps on conservait avec respect
l'original de l'Antiplionaire de saint Grégoire
dans l'église de Latran; que l'on montrait le
petit lit sur lequel ce Pape se reposait en
chaulant, ses gouttes et ses autres inlirmilés
ne lui permettant pas de se tenir debout ou
assis ; et le f'ouel dont il mena(;ait les petits
écoliers. La méthode de chanter établie par
saint Grégoire, et son Antiplionaire, furent
reçus dans plusieurs provinces d'Occident.
Augustin', allant en Angleterre, emmena des
chantres de cette école romaine, qui en pas-
sant dans les Gaules , instruisirent aussi les
AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Gaulois ; mais ces premiers maîtres étant
morts, le chant se corrompit peu à peu, tant
en Angleterre qu'en France. Le pape Vita-
lien ayant' envoyé Théodore pour être ar-
chevêque de Cantorbéri , celui - ci emmena
avec lui Jean, excellent maître de musique,
qui n-tablit le cliani on plusieurs endroits.
Cliarlemagne', voulant aussi se conformer
au chaut romain, laissa, étant à Home, deux
habiles ecclésiastiques de sa suite auprès du
pape .\drion, afin qu'ils se formassent à la
vraie méthode de chanter. Quoique IWiili-
phonaire de saint Grégoire renferme toutes
les parties de la messe qui se chantent en
notes, on lui a conservé le nom de l'antien-
ne que l'on chante d'abord, et que nous ap-
pelons introït. Tontes ces antiennes, de mê-
me que les graduels, les otfcrtoires et les
post communions, sont aujourd'hui les mê-
mes que nous voyons dans l'Antiplionaire
de saint Grégoire. Il commence au premier
dimanche d'avent, et finit au vingt-troisième
d'après la Pentecôte. L'otfice suivant , qui
est sur la sainte Trinité, est' d'Etienne et
d'Albin de Liège ; à l'égard des trois autres,
dont un est pour les voyageurs et deux pour
les morts, on n'en trouve rien dans les ma-
nuscrits des œuvres de saint Grégoire.
13. On trouve dans un manuscrit de Com- Aoir» nn
pbftnairc
piègne un autre Antiphonaire ou cours d of- Ui^"*,' '"
fices, sous le nom de ce saint Pape; mais on
n'a point de preuve qu'il soit de lui. Il est
composé d'ollices, tant pour la nuit que pour
le jour, partie de l'ancien Ordre romain ,
partie de l'Ordre gallican : ce qui donne lieu
de conjecturer que cet Antiphonaire a été
composé dans les Gaules, pour l'usage par-
ticulier de quelque église où l'on avait en vé-
nération saint Rémi de Reims, saint Waast
d'Arias, saint ISIédard de Soissons , saint
Quentin, saint Crépin et saint Crépinien, et
quelques autres dont on trouve des ofliccs
particuliers dans cet .Antiphonaire. Il y en a
un aussi pour saint Dciioit ; mais on ne peut
conclure que l'auteur ou le collecteur ait été
bénédictin , puisqu'il s'éloigne souvent du
prescrit de la Règle de saint Benoit, soit par
sancli Gregnrii Magni ad Carolum Mngnnm Irans'
missi fit menHo. TUiilus auleiii ejusdfin lihri in
ipso codice 7nanuscri]ito ila se habtl : In nomine
Dommi incipil liber Satramenlorum de circula
anni, exposilus a saiicto Grcgorio papa roma-
no. Laiiilifif;iiis, ibid.
' Deindc in itoiic Dninini, more sapirnlissi-
mi Salomonis, propler musicœ compunclioncm
dulcedinis , Àntiphonaritim cenloneni ranttnim
sliidiosissinius niiiiis ulililer compilavil ; .m7io-
lam quoqiic canlorum... co(istt(ut(. Joan. Diurnn.,
lil). II, num. 6.
' Idem., ibid., mini. H.
• Jbid.
' Ihid., mim. 9.
' Miorologua, cap. lx.
[vil- SIÈCLE.] CIIAPITRI': XLIX. — SAINT GRiaiUlllK LE GHAND, PAPE.
.'j45
rapport \ la disliibulion des p.saumes, soit
par rapport aux hciirosdujourct de la nuit.
Il niol des psaïuucs propres pour toutes les
solciinilés, tant pour les offices de la nuit
que pour ceux du jour, et même pour le com-
mun des apôtres, des martyrs et des confes-
seurs , avec des antiennes aiix(juellcs ces
psaumes ont du rapport. L'office de la Puri-
fication est de la sainte Vierge, avec le ré-
pons où on l;i félicite d'avoir elle seule dé-
truit toutes les hérésies : Giiude, Maria Virgo,
cttnclas hœresa^sola inleirmisti, etc. ; mais on
fait entrer aussi dans cet ofQce le cantique
de Siméon, et ce qui est dit de lui dans l'é-
vangile du jour. Dans l'oilice de la Septua-
gésime, VAlleluia se dit très-souvenl, appa-
remment parce qu'on ne le disait plus jus-
qu'à Pâques. L'office de la semaine sainte
est un peu diltcrent de celui que nous y fai-
sons. Il n'est rien dit du Gloria, luus et honor,
dans l'office du dimanclie des Hameaux. L'of-
fice de la nuit de Pâques est conforme au
romain, à quelques cérémonies près, qui
étaient particulières à l'église pour qui ce
cours d'office ou Antiplionaire a été fait. Les
antiennes de laudes pour le jour de l'Assomp-
tion de la Vierge, sont les mêmes que les
nôtres. L'office de saint Denis est composé
des actes de son martyre, où on lit qu'il fut
envoyé dans les Gaules par saint Clément,
successeur de saint Pierre , et qu'il vint jus-
qu'à Paris. Les offices de sainte Cécile, de
saint André, de saint Clément sont aussi ti-
rés de leurs actes. Il est fait mention, dans
celui de saint Thomas, de ses prédications et
de son martyre dans les Indes '.
ARTICLE V.
DES COMMENTAIBES SUH LE PREMIER LIVRE DES
ROIS, SUR LE CANTIQUE DES CANTIQUES, SUR
LES PSAUMES DE LA PÉNITENCE, ET DE LA CON-
CORDANCE DE L'ÉCRITURE.
S. Grdgoi. 1. Il est peu d'éditeurs, à l'exception de
Goussainville, qui n'aient mis le Commen- j;„J'"' ï„'
taire sur les seize premiers clia|)itres dupre- ['XTu'l"
mier livre des Rois entre les vrais ouvrages de
saint Grégoire. Ce n'est pas que ce criti(iue
l'ait trouvé indigne de ce saint docteur, il en
parle au contraire comme d'un ouvrage saint
et pieux ; il témoigne même souhaiter de
pouvoir le lui attribuer sans blesser la vé-
rité, mais il ne trouve point de preuves qu'il
soit de lui. En effet, les auteurs contempo-
rains, ou ceux qui les ont suivis de près,
comnie Patérius , saint Isidore de Séville,
saint lldeplionse et quelques autres, qui ont
donné le catalogue des ouvrages de saint
Grégoire, n'y ont point mis ce Commentaire.
Patérius, qui a composé une espèce de com-
mentaire de l'Écriture, eu ne se servant que
dos passages tirés des écrits de ce Pape,
n'eu rapporte aucun de ce Commentaire,
quoiqu'il en ait eu occasion en expliquant le
premier livre des Rois. Taïon , évoque de
Saragosse vers l'an 650, et Alulfe, moine de
Tournai environ l'an 1090, n'eu ont rien tiré
non plus pour composer leurs commentai-
res, qui ne sont toutefois qu'un tissu de pas-
sages de saint Grégoire. On ne trouve pas
même cet écril dans les anciens manuscrits
qui contiennent ceux de ce Père ; et ce qui
est plus remarquable, c'est que l'auteur de
ce Commentaire cite quelquefois l'Écriture
autrement que saint Grégoire et qu'il est
d'une doctrine contraire à la sienne en plu-
sieurs points, principalement sur le libre ar-
bitre, à qui il donne trop de pouvoir dans les
bonnes actions.
2. On ne peut toutefois douter que saint ^, , ^
* ^ ClaDde, ab-
Grégoire n'ait expliqué les livres des Rois, M ^e cuMe,
c ir 1 ' n est pas non
ni que Claude, abbé de Classe, n'ait mis par l["\^ '^^^[
écrilce que ce Pape avait dit là-dessus; mais on '"""'"'"'•
verra par sa lettre au sous-diacre Jean, qu'il
-n'est pas vraisemblable qu'il ait permis que
l'écrit de Qaude fût rendu public. Voici les
termes de sa lettre : - « Autrefois mon très-
cher fils Claude a rédigé par écrit ce qu'il
' Dans l'édition des ouvrages de saint Grégoire,
donnée i Venise en 1768-70, 17, vol. in-l», on trouve
au tome XII, 1° le Leclionnaire ou Contes cor-
rigé par Alcuin, par ordre de Charlemagne. Ce
Leclionnaire contient les leçons de l'Ancien Testa-
ment et des Épitres canoniques, selon le rit de l'É-
glise romaine: 2" On trouve un capitulaire très-an-
cien des leçons de l'Évangile pour la messe, il est
édité d'après plusieurs manuscrits, la plupart très-
anciens; 3" le tome X contient deux Ordres ro-
mains très-anciens. — Celte édition de Venise est
bien supérieur? à celle de Paris pour les livres li-
XI.
turgiques. Outre plusieurs pièces anciennes, on y
lit, tom. IX et X, un travail très-érudit sur la Li-
turgie, sous ce titre: Isagogen. hilurgica,avcc\es
préfaces de Thomasi, de Vezzozi, de Mabilloa et de
Muratori ; avec des dissertations et des notes. Les
pièces liturgiques sont dans les tomes IX, X, XI, et
XII. (L'éditeur.)
' Prœlerea, quia idem carissimus quondam fi-
liux meus Claudius aliqun, me loquenle de Pro-
rerhiis, de Conticis canticorum. de Prophetis, de
lihri.'! quoque Regum et de IlcpUiteucho, audierat,
quœ ego scriplo tradere prœ infirmitate non po-
33
546
HISTOIRE GI':NÉ11AL DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Frenves qne
ce Cfifnmen-
tâire c'e^t p«s
de idu
Claudel
m'entendait dire sur les Proverbes, le Canti-
que, les Prophètes, les livres des Rois et l'Hep-
tateuque, et que je n'avais pu moi-mèine
mettre par écrit à cause de mes inlirmitds.
Son but en cela était d'empêcher que les
explications que je donnais de ces livres, ne
se perdissent. Il les écrivit .'i sa façon, se
proposant de me les montrer à loisir, alin
que je les corrigeasse; mais les ayant ouï
lire par lui-même, j'ai trouvé qu'il avait al-
téré le sens de mes explications en beau-
coup d'endioils. C'est pourquoi il est né-
cessaire que, toute excuse cessant, vous vous
transportiez à son monastère ; que vous fas-
siez assembler les frères, et que vous
exigiez d'eux en toute vérité, qu'ils vous
mettent en main tousses papiers, pour nous
être envoyés aussitôt. » Claude était mort
alors, et ou pensait <ï lui donner un successeur
dans l'abbaye de Classe. Saint Grégoire, qui
avait désapprouvé son travail de son vivant,
ue voulut pas qu'il en restât des vestiges après
sa moil. Ce fut dans cette vue qu'il se fit en-
voyer tousses papiers, après en avoir ordonné
la recherche avec la dernière exactitude. Il
n'est donc pas vraisemblable que les extraits
que Claude avait faits des homélies de saint
Grégoire surleslivres des Rois, soient venus
jusqu'à nous.
3. Il l'est beaucoup moins que le Com-
mentaire sur le livre des Rois soit de lui; la
preuve en est sensible. Cet abbé n'avait
fait qu'extraire des homélies de saiut Gré-
goire, et les mettre en son style, en y fai-
sant quelques changements qui altéraient le
sens des paroles de ce Pape. Mais l'auteur de
ce Commentaire ne s'est pas borné à compo-
poser son ouvrage des paroles de saint Gré-
goire; il convient ' qu'il a puisé dans les
écrits des autres anciens Pères ; que sou-
vent il se contente de résoudre, comme ils
ont fait, les dillieultés de l'Hcriturc, et qu'en
tui, ipse ea suo sensu dictavit, ne oblivione dépé-
rirent, ut (iplo lempore hœc eadem mihi infcrret,
et emendnliux diclureniur: quœ cum mihi legis-
sel, inreni dictorum vieorum sensuin ntlde inu-
lilius /"iiis-.sc ]iervuiliiltim. l'nde necesse est u( tna
experienlin , nmni eirrusntirme cessiintf, ad rjus
monasteritim accédât, cancenire fratres facial, et
.sub oinni terilalc quanlascumiiuc de dicersis
chartas detulil, ad médium deducant, guas la
suscipe et mihi celerrime iransmille. Grc?., lili.
XM, Epist. 21.
' Sed quia in diversis nanctonim Palrum opc-
ribus diversa hujus liisloriœ tcsiimonid inrcniun-
lur erpnsila, nolare dcbcl Irclur, quia aliquando
eorum sensus Iradando subucqunr, aliquando au-
beaucoup d'endroits il donne lui-même de
nouvelles solutions, afin que le lecteur, trou-
vant dans son Commentaire du vieux et du
neuf, le lise sans ennui et sans di'-goùt. C'est
un homme qui, ne trouvant point de com-
mentaire suivi sur les livres des Rois, entre-
prend d'en ' expliquer uue petite partie,
et qui est épouvanté de son entreprise même,
ne se trouvant pas assez de forces pour les
mesurer avec le travail que cette explication
demandait pour y réussir. Reconnaît-on à
ces traits l'abbé de Classe, qu^ n'avait d'autre
dessein que de mettre par écrit ce qu'il avait
ouï dire à saiut Grégoire ? On objecte que
l'auteur donne, à l'imitaliou de saiut Grégoi-
re, tantôt le sens littéral, tantôt le figuré,
tantôt le moral; qu'il l'imite encore dans les
transpositions des termes, qu'il y désigne,
comme lui, l'auteur du livre de l'Ecclé-
siastique sous le nom d'un certain Sage \ qu'il
confond de même Marie so'ur de Lazare
avec la femme pécheresse. Mais tout cela ne
prouve rien en faveur de l'abbé de Classe ;
tout autre que lui a pu imiter saint Grégoire
daus sa façon de commenter l'Ecriture, et
épouser ses sentiments. Un objecte eucoic
que Patérius, dans son chapitre xxxix sur les
Psaumes, cite un endroit du premier cha-
pitre de ce Commentaire sur les Rois. Il est
vrai que cet endroit a quelque ressemblance
avec ce qu'on lit dans ce Commentaire; mais
elle est si peu considérable, qu'on peut nier,
sans risque d'être contredit, que cet endroit
soit tiré du Commentaire sur les llois. Il faut
ajouter que l'abbé Claude n'avait extrait que
des explications de quelques ' passages fies
livres des Rois, au lieu que le Commentaire
que nousavons est suivi et sansinlerruptiou.
Ilesl vrai que Rathcrius, moine de Lobes et de-
puis évêquc de Vérone, qui Uorissait vere
l'an i)28, cite' un passa-; l; sous le nom de
saint Grégoire, qui se trouve dans ce Com-
tem cnodarœ historiam aliter insudo, ut et opus
qtiod spe divinœ inspirationis aggredior, cl anti-
quorum l'alruni uuUniiale sil ratidum,et leclori
nequaquam fasiidiosum, diim inicr ea quiv imiit
r: lera, en cliam ci qua- non novit, nota rcprœ-
senlnt. l'nrfal. in lih. Reg.. pa?. 6, loin. III.
' llaquc dum ingeniis hisloriiv parvani parlem
expliiniirc propnntmus, pro modula imbeciltitntis
noslrir ciirsum ilineris in vicinio tcrminanius,
tam videliccl ingeiiii Icnuilale difpsi, quam sacri
voluminis profundilate perterriti. Iliiil., png. 3.
' Aliqua, me loqucnte, de libris Regum audie-
rat. •;ic(.'., lih. XII, Epist. lii.
' Tiiin. Il Spicilegii, pnrt. i, paulo anlc finem.
[vu' RiècLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT GUÉr.OinE LK GIIAND, PAPE.
IJB Comnen-
^■re sur le
^Kitique des
Il
nionliiirc; mais on lo lit aussi dans son '
Pasliiral :\ peu pr('>s ilans les iiirmos tenues;
ainsi le ténioignaj'e de Hutliérius est de peu
de conséquence. L'auteur remarque dans la
préface, que jusqu'A son temps aucun des
docteurs de ri';glise n'avait commenté les
livi'cs des Hois: d'où les plussim|)les infi!-
raienl qu'ilsn'étaient passusceptiblesd'expli-
calions mystiques ou spirituelles, et qu'il n'y
avait d'autre sens <\ y chercher que celui de
la lettre. C'est une preuve qu'il ne croyait
pas que les questions sur les livres des Rois,
imprimées sous le nom de saint Jérôme,
fussent de ce Père, ou du moins qu'il ne les
connaissait pas. Il compte le premier livre
des Hois pour le neuvième livre canonique,
ce qui n'est \Tai qu'en séparant le livre de
Rutli de celui des Juges: car en n'en faisant
qu'un de ces deux, le premier des Rois de-
vient le huitième livre du -lanon des saintes
Écritures. Son but est de commenter ce livre
depuis le commencement jusqu'à l'endroit
où il est parlé de l'onction de David, c'est-à-
dire, jusqu'au treizième verset du seizième
chapitre du premier livre des Rois. Il vou-
lait éprouver, par cet essai, s'il pouvait don-
ner des explications de tout le reste de leur
histoire, mais il n'a pas été plus loin ; ainsi
son Commentaire ne s'étend que sur les
seize premiers chapitres du premier livre. Il
manque quelque chose dans les explications
du premier chapitre, et on n'y trouve point
celle qu'il aval l- donnée du nom d'Elcana.
4. Il n'y a pas plus de raison de donner le
Commentaire sur le Cantique des cantiques
à Claude, abbé de Classe, que le Commentaire
sur le premier livre des Rois. Claude n'avait,
au rapport de saint Grégoire ', mis par écrit
que quelques-unes de ses explications sur ce
livre, au lieu que ce livre est expliqué tout en-
tier dans le Commentaire dont nous parlons.
Il est plus naturel de l'attribuer à saint Gré-
goire même, puisque saint Ildephonse ' lui en
donne un sur le Cantique, et que le passage
que Patérius ' en a cité, s'y trouve dans les
mêmes termes. Ceux cpfi lui contestent cet
ouvrage, répondent que saint Ildepbonse s'est
trompé, pour avoir lu mal la lettre au sous-
diacre J(îan, où il n'iist question " que des
extraits que l'abbé de Clas.sc avait faits des
homélies de saint Grégoire sur le Cantique.
La solution est ais(''e; mais elle n'est ni rai-
sonnable, ni honorable à saint Ildephonse,
et il y a apparence que ceux qui la fout, n'ont
pas eux-mêmes fait attention aux termes de
ce Père. Il no parle ni des extraits de l'abbé
de Classe, ni des homélies de saint Gn^goiic
sur le Cantique, mais d'un commentaire en-
tier sur ce livre; et pour montrer qu'il en
parlait avec connaissance do cause, il dit que
le texte y était expliqué dans un sens moral.
S'il avait pris occasion de la lettre au sous-
diacre Jean d'attribuer à saint Grégoire un
commentaire sur le Cantique, il lui en au-
rait attribué de même sur rHeplaleuqne et
sur les Proverbes, sur lesquels, ainsi qu'il est
marqué dans cette lettre, ce saint Pape avait
aussi fait des homélies; mais il ne parle que
du Commentaire sur le livre de Salomon in-
titulé : Cantique des cantiques. Leur réponse
au témoignage de Patérius n'est guères plus
solide. Ils disent que des trois parties du le-
cueil de Patérius, il n'y a que la première
qui soit de lui ; que la seconde, qui comprend
les passages de saint Grégoire sur le livre de
la Sagesse, l'Ecclésiastique et lesProphète.=,
et la troisième où sont ses explications sur
différents endroits deslivres duNouveau Tes-
tament, ne sont point de Patérius, mais d'un
certain Brunon, qui écrivait au commence-
ment du douzième siècle. Or, ajoutent-ils,
c'est dans cette troisième partie que se trouve
le passage cité comme de saint Grégoire sur
le Cantique des cantiques : ainsi l'on ne peut
pas dire qu'il ait été cité par Patérius, mais
seulement par Brunon. Quand il en serait
ainsi, nous aurions toujours une fireuve que
le Commentaire sur le Cantique est de saint
Grégoire, puisque Brunon n'employa point
d'autres passages que ceux des écrits de ce
Père, pour compléter les deux parties du re-
cueil de Patérius qui manquaient, ou qui se
trouvaient extrêmement défectueuses dans
ses manuscrits. C'est ce que Brunon ' dit lui-
' Pastoral., part, i, cap. u. — ' Lib. I, cap. ii,
num. 3.-3 Greg., lib. XII, Episl. 24.
' Gregorius papa... scripsit super librum Salo-
monis, cui titulus est Cûnticum canticorttm ,
(luam mire scribens, morali seiisu omne opus
exponewin pr réunit. Ildephons. De Script. Eccles.
cap. I.
' Palerhis, in cap. xvn Luae, pat'. 489, torn.
IV, et Commentar. in Cant. toru. 111, pag. 404.
'> Lib. XII, Epist. 24; le passage est cité plus
havit.
■" Tune ergo ad laborem accinctus eœpi omnes
qiios hiihemvs sancti Gregorii libros percurrere,
et nunquam a labore quievi donec capitula quœ
liber Paiera lenebat, quo libro essent posita in-
vesligavi, et sic ex ipsis locis unde srtmpta fue-
548
IIISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
même dans le Prologue qu'il a mis h la léle
de sa compilation, ou si l'on veut, de la cor-
rection du recueil de Patéiius : car il en cor-
rigea une partie, et suppléa ce qui manquait
aux deux autres, par des passages tirés des
écrits de saint (irégoire. Au reste , c'est de-
viner que de dire, comme font les advcisai-
res, que le passage contesté ne se lit que
dans la compilation de Brunon. 11 faudrait,
pour rendre cette conjecture probable, mon-
trer que la troisième partie du recueil de Pa-
térius était absolument perdue du temps de
Brunon, c'est-à-dire dans le douzième siè-
cle; mais le coutraire est démontré par l'au-
torité de phisieurs ' manuscrits plus anciens
que Brunon, entre autres par ceux du Vati-
can, de Beauvais, de l'abbaye du Bec et
de Saint-Michel, où cette troisième partie se
trouve. Brunon n'avait consulté d'autres ma-
nuscrits que ceux qu'il trouvait sous sa main
dans le pays où il demeurait; est-il surpre-
nant qu'il les ait trouvés défectueux? Aussi,
ne doutant pas qu'il n'y en eut ailleurs de
plus corrects et de mieux conservés, il dit à
ceux qui en seraient les possesseurs, de les
confronter avec sa compilation, pour voir le-
quel aurait réussi le mieux de Palérius ou
de lui. Laissons donc saint Grégoire eu pos-
session du Commentaire sur le Cantique : on
le lui a attribué dans le siècle même où il
est mort, et depuis. Le Maître des senten-
ces *, saint Thomas, et plusieurs autres le
citent unanimement sous son nom. Il y a un
autre Commentaire sur le Cantique des can-
tiques, que l'on a quelquefois imprimé sous
le nom de saint Grégoire, mais les plus' ha-
biles pensent qu'il est de Robert de Tombe-
laine, religieux du mont Saint-Micbel, puis
abbé de saint Vigor de Bayeux, qui vivait
dans le onzième siècle, sous le pontificat de
saint Grégoire VU. D'autres ' l'attribuent .'i
Radulfc, abbé de Fontenelles, ou saint Van-
drille. Il est divisé en deux livres, dont le
premier commence par ces paroles : Oss/ionst,
inspirât io C/iristi; le second: Cuni scrijilum
sil ; celui de saint Grégoire commence par
celles-ci : Angelot ad eam Domiiiiis miierat.
5. Ce saint fait voir dans K' Prologue, qu'en
lisant le Cantique on ne doit point s'arrêter
à la lettre qui tue, mais prendre l'esprit et
le sens de l'écrivain sacré qui, par condes-
cendance pour notre faiblesse, s'est servi de
tenues usités dans les amoui-s profanes, pour
nous inspirer l'amour divin. Il dit qu'on l'ap-
pelle par excellence Cantique des cantiques,
comme on appelait le Saint des saints, le
Sabliat des sabbats, à cause que ce Cantique
renferme des mystères plus sublimes que les
autres cantiques qui, selon lui, sont de plu-
sieurs sortes. Il y a des cantiques de victoire,
d'exhortation, de joie, de secours, et d'union
avec Dieu. Marie chanta un cantique de vic-
toire après le passage de la mer Rouge.
Moïse chanta un canticjue d'exhortation, lors-
qu'en sadressant aux Israélites qui allaient
entrer dans la Terre promise, il dit : Que les
deux écoutent ce que je dis, et que la terre en-
tende les paroles qui sortent de ina bouche. Le
cantique d'.\nne est un cantique de joie sur
la fécondité de l'Église. Celui que David
chanta après le combat, était un cantique
d'actions de grâces du secours qu'il avait
reçu de Dieu, à qui il devait la victoire. Le
cantique d'union est celui qu'on chante dans
les noces de l'époux et de l'épouse, dans
l'uuion de l'âme avec Dieu : c'est \h le Can-
tique des cantiques. Saint Grégoire fait re-
marquer quatre sortes de p'-rsonnes qui par-
lent dans ce cantique, l'époux et l'épouse,
les tilles de l'épouse, les bergers ou les com-
pagnons de l'i'poux. Par l'épouse il entend
l'Kglise; par l'époux, Notre-Soigneur; par
les filles de l'épouse, les âmes qui commen-
cent à pratiquer Ri vertu, et qui s'y appli-
quent de plus en plus; par les compagnons
de l'époux, les hommes parfaits qui annon-
cent la vérité.
6. L'auteur du Commentaire sur les sept
Psaumes de la pénitence, parle' en trois en-
droits avec assez de feu contre un pi-ince de
Drutc.-on
XXXll, 1.
I. n»f.ii,i
U rr
ranl emendare curavi... llaque factum est u(
dum terliam sotummodo partein corrigeitdam
svscepissem , non solum illam corrigerem, sed
clinm duas quœ in his rrgionibus inienire non
polerum nuperaddercm. .. Hoc proœmium, idcirco
libri principio insererc curaii. ul si cuiquain qui
illud opus integrum fiahcat, hoc in manus vcnire
conlingat, utriusque diversilatc cngnUa.quod cui
prœpoitere debcat inUllignl. Bniiio, Proaniio in
Paleriuin, toiii. IV, jinfe'. ♦, j'inl. 2.
< Edil.Prœfal. in Comm. in Canlica, tom. II!,
pnp. :t9», :193
' .M.af;islcT Sentent., lih. I, Distinct. 37, num. 1,
el alii, tnii). III, (lag. NGIi.
« M.ibil., iniilecl., p.ig. 129.
' Ilnnicy, Supplément. Pair.
• Psal. V, IX el xxvt., et in proœmio Psalmi
vn.
[V II ' SIÈCLE.] CIIAPITllE XIJX. — SAINT
sDii liMiips, qu'il accuse d'avoir renouvchi la
siiuDiiio dans l'K^lise, de l'avoir Ironhlûc par
un scliiïUic dangereux, de l'avoir voulu icu-
uic esclave, de s'être emparé do ce fjui lui
appartenait, de s'être rendu maître de l'ë-
glisc de Jlomc, cl d'avoir eniropris d'exer-
cer sa puissance contre clic. 11 n'y a rien
eu tout cela, dit-on, qui puisse être appli-
([ué ou i\ Maurice, ou i\ l'iiocas, les deux
empereurs qui ont régné sous le pontifical
de saint Grégoire ; mais lo tout convient A la
querelle de l'enipcreur Henri IV et de Gré-
goire VII au sujet des investitures. Ce Com-
nienlaire est donc son ouvrage, et non ce-
lui de Grégoire 1"'. C'est là le raisonnement
dont Goussainvillc et quelques autres criti-
ques se sont servis pourôtcràce saint Pape
l'explication des Psaumes pénitentiaux;'mais
on peut leur opposer l'autorité de Patérius,
disciple de saiutGrégoire,qui', en expliquant
lo premier verset du trente-unième psaume,
qui est le second des pénitentiaux, prend ce qui
en est - dit dans ce Couimentaiic. 11 en a pris '
aussi (juelque chose dans l'explication du qua-
trième psaume de la pénitence. Le papcNico-
lasl", dans sa lettre à l'empereur Michel, rap-
porte ' sous le nom de saint Grégoire un pas-
sage que nous lisons dans le Commentaire
sur le second psaume .pénitentiel. Le concile
de Douzi eu 871 ^, en cite un autre sous le
nom de ce Pape, tiré de l'explication du troi-
sième psaume. On voit par 1;\ qu'on ne peut
en faire auteur Grégoire VII, qui ne monta
sur le Saint-Siège que plus de deux cents
ans après ce concile, c'est-ù-dire en 1073, et
qu'il s'agit seulement de trouver un prince
contemporain de saint Grégoire le Grand, à
qui l'on puisse rapporter ses invectives. Il dit
d'Autarit, roi des Lombards, que c'était un
prince détestable , et que Dieu l'avait fait
mourir pour avoir défendu que les enfants
des Lombards fussent baptisés dans l'Église
catholique ;\ la fête de Pâques. Rien même
n'empécbc qu'on n'applique à l'empereur
Maurice tous les reproches qui se trouvent
dans ce Commentaire ; on sait que, sous son
' Pater., lib. XI in Psal. cap. lxiv, pag. 209.
• Greg., in Psal. pag. 474.
' Pater., lib. XI itiPsal., cap. lxvui, pag. 206.
' Sanctus jam nomi}ialus papa Gregorius et
magister egregius sapientcr edocet diccns : Pecca-
tum cttm voce, culpa est in actione; peccatum
vero etiam cum clamore est culpa cum Uberlalc.
Nicol. Epist. ad Mich. Imperat. tom. V Concil.
Harduia, pag. 1S9, et Greg., tom. III, pag. 475.
" Quia, ut beatus Gregorius dicit, verw humili-,
Giti'OOlHE LE GUAND, PAPE.
549
règne, la simonie infectait un grand nom-
bre " d'églises de son empire. Jean Diacre
l'appelle un ' prince avare, et qui aimait h
s'cmpaier du bien d'autrui; il paile " aussi
de la tyrannie qu'il avait exercée sur saint
Grégoire. Ce saint, il est vrai, a quelquefois
fait l'éloge de ce prince ; mais il en rcrul de
grands sujets de mécontentement sur la fin
de son règne, comme on le voit dans sa'''
lettre ;'i l'empereur Phocas, qu'il exhorte à
faire cesser tous les désordres du règne pas-
sé. On dira peut-être que ce qu'on'" lit dans
le Prologue sur le septième psaume de la
pénitence, des persécutions que le sc/iismn-
tirjiie faisait à l'Kglise, ne peuvent s'entendre
de Maurice, qui ne lo fut jamais. Mais ne
peuvent-elles pas s'expliquer des schismati-
ques en général, qui, sous le pontificat de
saint Grégoire, firent beaucoup de mal à l'E-
glise'? Celle-ci fut aussi persécutée par les
hérétiques , comme l'auteur s'en plaint au
même endioit, et il en voulait sans doute aux
Lombards, qui faisaient profession de l'hé-
résie arienne.
7. Saint Grégoire a mis à la tête de cha-
cun des sept Psaumes de la pénitence, un
Prologue où il donne en peu de mots l'ex-
plication du titre et du sujet du psaume. II
dit sur le premier, que suivant son inscrip-
tion il doit être mis au nombre des hymnes,
parce que le pécheur, qui y est représenté
confessant et pleurant ses péchés, fait enten-
dre aux oreilles du Dieu plein de miséri-
corde, une voix de joie et d'allégresse , se-
lon qu'il est dit dans l'Évangile : // y au7-a
jjliis de joie dans le ciel pour un seul pêcheur
qui fait pénitence, que pour quatre-vingt-dix-
neuf justes qui n'ont pas besoin de pénitence.
Sur le second, dont le titre porte : Entende-
ment à David, il remarque qu'il est intitulé
ainsi, afin que personne ne se glorifie de ses
mérites avant la foi, parce qu'ils sont nuls ;
et que, même après la foi qui lui a été don-
née par grâce, il ne présume pas que son
péché doive demeurer impuni. Le troisième
psaume de la pénitence est intitulé : DuSab-
tatis lestimonia snnt, et iniquitatem suam quem-
que cognoscere, et cognitam voce confessionis ape-
rire. Concil. Dusiacens. ibid., pag. 1274, et Greg.,
tom. 111, pag. 491.
8 Greg., Epist. 57, 58, lib. V, et Epist. 27, lib. IV.
•> Joan. Diac, lib. III. num. 50.
* Id., lib. IV, iHim. 16 et 17.
» Creg., lib. XIII, Epist. 31, 39.
'" Prowmio in Psal.vu Pœnitcntialcm, pag. 515.
Mec du
Commoiilaira
sur les Hrail-
nics pÉnKen»
liaux, paT.
461.
Pag. '.73.
550
HiSTOiiiE géni':rale des auteurs ecclésiastiques.
!•«: (•.>
bat ; sur quoi saint Grégoire dit que l'ûme fi-
dèle, faisant rcllesion au repos ([u'elle a per-
du par le péflié du premier liomnie, con-
temple celui dont elle doit jouir dans l'autre
vie, et demande s;ins cesse à Dieu d'en jouir.
11 fait voir par le titre du quatrii-me psaume,
que David le composa dans la douleur que
lui causait le pi'cbé qu'il avait commis en se
CIO. souillant d'un adultère el d'un homicide. Le
cinquième peut s'expliquer de la prière que
Jésus- Christ, qui est notre chef, fait pour
nous obtenir d'être rétablis par la grâce dans
l'élat dont nous sommes déchus par le pé-
ché ; ou de toute personne qui, se trouvant
dans le besoin, prie Dieu de la secourir. Le
sixième psaume est un des quinze que l'on
"■'• appelle graduels. Saint Grégoire en prend
occasion de dire que, comme l'on montait au
temple de Salomon par quinze degrés, il y
en a autant dans la vie spirituelle pourmon-
tis. ter au ciel. Il trouve dans le septième, qui a
pour titre : Comment David était persécute imr
Absalon son fils, une flgure des persécutions
que l'Eglise souffre de la part de ses enne-
mis.
roncor- 8. Le petit écrit intitulé : Concordance de
''""wï'jM quelques passages de l'Écritu)X', se lit sous le
-"' °"' nom de saint Grégoire dans un manuscrit du
Vatican, el dans un autre de l'abbaye de Mar-
uioutier. Cette Concordance est [lar deman-
des et par réponses. Dans la réponse à la pre-
mière demande, l'auteur parle de la double
crainte, de la servile et de la filiale, à peu près
dans les mêmes termes et en s'appuyant des
mêmes passages, que dans le dix-septième
chapitre des Morales sur Job. Il s'exprime
dans la quatrième demande , sur la prédes-
tination, comme il lait dans le quatorzième
chapitre du premier livre des Rois; et ce qu'il
dit dans la dixième de la différence entre
le crime el le péché, il le dit dans le nombre
l'J du vingt-unième livre de ses Morales. Ce
rapport de sentiments et d'expressions entre
les écrits qu'on ne conteste point h saint Gré-
goire, du moins entre les Morales sur Job el
celte Concordance, forme, avec le manuscrit
que nous venons de citer, une preuve assez
forte pour établir que cet écrit est de saint
Grégoire. On peut ajouter qu'il est assez de
son style, et que le livre de la Sagesse y esl
cilé sous le uom ' d'«K certain snije, façon
Sue'
c 1
p«£. 56i.
de parler qui lui est familière. On cile un
troisième manuscrit d'une bibliothèque d'Es-
pagne, qui attribue à un nommé Martin, prê-
tre de l'église de Léon, une Concorde de l'An-
cien el du Nouveau Testament ; mais ce ne
peut être la même qui est atlribuée à saint
Grégoire, puisque le manuscrit de Mai-mou-
lier où elle se trouve, est de plus de huit
cents ans, el que Martin n'écrivait que sur
la fin du xii' siècle. Elle est divisée en trente-
quatre demandes el autant de réponses, qui
paraissent très-utiles pour l'éclaircissemeut
de plusieurs difficultés de l'ixrilure. On l'a
négligée dans beaucoup d'éditions des œu-
vres de saint Grégoire, les éditeurs la re-
gardant comme un ouvrage supposé. Elle
se trouve dans celles de Paris en 1571 et
1705 ; on l'a mise à la fin du troisième to-
me après tous les ouvrages de ce Père, mê-
me après ceux qu'on doute êlre de lui.
ARTICLE VI.
EXTRAITS DES ÉCRITS DE SAINT GRÉGOIRE, PAR
PATÉRICS ET PAR ALLLFE.
1. Entre les clercs que saint Grégoire re-
tint auprès de lui dès le commeucement de
son pontifical, on compte Emilien', notaire,
qui, avec d'autres., écrivit sous lui les qua-
rante Homélies sur les Évangiles ; et Palé-
rius, aussi notaire, et'Secondicien. Le plai-
sir que Patérius trouvait dans la lecture des
ouvrages de ce saint Pape, principalement
de ses Morales sur JoIj, dont il expliquait le
texte en trois' manières diûérenles, selon le
sens alh'goriquc, le seus moral et le sens his-
torique, lui lit nailrc la pensée d'en extraire des
sentences et des témoignages, dans lesquels
il cx])liquait une bonne partie des autres li-
vres de l'Ecriture, et de les ranger suivant
l'ordre du canon des li\ res saints. Il ne donna
d'abord que très-peu d'étendue à sa collec-
tion, passant même plusieurs endroits pour
s'épargner du travail. Onp'qi'e précaution
qu"il jii'il pour tenir secrète son entreprise,
saint (jirégoire" en fut informé. Il persuada
h Patérius d'apporter plus d'exactitude à sa
collection, et de marquer, i la tête de cha-
que témoignage, de quel livre il l'aurait lire,
el quelle en avait été l'occasion, l'alérius no
E:ri1s
Plliriu.-.
' Intrrrogal. i, pap. TM.
* Juiiii. Uiuc, li)). Il, Dum. 11.
' Sigcberl, De Viris iUusl., vity.
' l'aloriiis, Pra'fat. in lih. Trstimnn., \i>u\. IV,
Ila^^ 1, pari. 2.
» Ibid.
[vu* SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT GIIKGOIHE LK r.HAND, PAPE
se conlontii pas ilc faire des extraits des Mo-
551
Son Coiu-
-riialrc sur
r 1 1 u r 0,
. I\, o?.
Alotre. Ses
ComiorDl-ii*
res. Toni IV,
0[t< tirecor.,
I«f. 687.-
rales sur Job ; il on lit do tous les autres ou-
vra^^es de saint Grégoire, dont il lit un Com-
mentaire sur l'Ecriture, qu'il divisa en trois
parties.
2. La première comprenait l'explication
des livres do la Genèse, de l'Exode, du Lé-
vilique, des Nombres, du l)eut(''ronome, de
Josué, des Juges, des quatre livres des Rois,
des Psaumes, des Proverbes, et du Cantique
des cantii[uos; la seconde, ce que saint Gré-
goire a dit sur les livres de la Sagesse et de
IEcclésiasti(jue, sur les prophéties d'Isaïe,
do Jérémie, d'Ezéchiel, de Daniel, d'Osée,
de Joël, d'.\mos, d'Habacuc, d'Aggée et de
Zacluirie. On trouvait dans la ti'oisième les
explications de taint Grégoire sur les livres
du Nouveau Testament, savoir : sur les Évan-
giles de saint Matthieu, de saint Marc, de
saint Luc et de saiutJean, sur les Actes des
Apôtres, sur les Epitres de saint Jacques, de
saint Pierre, de saint Jean et de saint Jude,
sur l'Apocalypse, et sur les Epitres de saint
PaiU; mais il ne faut pas s'attendre à trou-
ver dans le recueil de Patérius un commen-
taire suivi et non interrompu de tous ces li-
vres de l'Ecriture, il n'y donnait d'autres ex-
plications que celles qu'il avait trouvées ré-
pandues çà et là dans les ouvrages de saint
Grégoire; en sorte qu'il n'expliquait quel-
quefois que douze ou quinze vei'sets d'un li-
vre, et même un moindre nombre. Avant
l'édition de ' Paris en 1703, nous n'avions
que la première et la troisième partie de la
collection de Patérius, encore étaient-elles
très-imparfaites et pleines de fautes. On a
donné la troisième dans cette édition, et
corrigé les autres sur divers manuscrits. Si-
gebert de Gemblours ', qui a mis Patérius
parmi les hommes illustres de l'Église, ne
lui attribue point d'autres ouvrages que celui
dont nous venons de parler. [Le tome LXXIX
de ïn Patrulogie latine, col. 677-1136, com-
prend la préface sm- la vie et les œuvres de
saint Putère et son Exposition de la doctrine
de l'Ancien et du Nouveau Testament.]
3. Plusieurs siècles après, c'est-à-dire dans
les onzième et douzième siècles, un moine
de Saint-Martin de Tournai ^ lit, à l'exemple
de Patérius, des extraits, mais beaucoup
plus amples, des ouvrages de saint Grégoi-
re, pour en former un commentaire sur les
livres de l'Ancien et du Nouveau Testament.
11 en composa trois recueils dilliMents, aux-
quels il en ajouta un quatrième qui ne con-
tenait que des sentences tirées des mômes
ouvrages, et qui, au rapport d'Hérimanus,
moine du même monastère, étaient très-uti-
les. Il donna à ces quatre recueils le titre do
GréijoriaL Quoiqu'ils existent encore, écrits
de sa propre main, dans l'abbaye de Saint-
Martin de Tournai, on ne nous en a donné
que le troisième, qui est une explication des
quatre Évangiles, des Actes des Apôtres,
des Epitres de saint Paul, de celles que nous
appelons catholiques, et de l'Apocalypse.
Les deux autres regardaient les livres de
r.A.ncien Testament. Il terminait le quatriè-
me par deux vers hexamètres, où il deman-
dait les prières de saint Grégoire pour obte-
nir le repos * et la paix dans l'autre vie. Il
ne s'arrête pas toujoui-s aux termes de saint
Grégoire; souvent il se contente d'eu pren-
dre le sens. [L'Exposition du Nouveau Testa-
ment d'après les ouvrages de saint Grégoire,
par Alulfe, se trouve dans le tome LXXIX
de la Patrologie latine, col. 1137-1424.]
4. Le cardinal Carafa, bibliothécaire du
Saint-Siège, a rendu un autre service aux
gens de lettres, en donnant par ordre de ma-
tières ce qui lui paraissait de plus remar-
quable dans les lettres de saint Grégoire.
Avec ce secours, on peut apprendre avec
beaucoup de facilité l'iiistoire de son ponti-
ficat, les maximes de sa conduite dans le
gouvernement des affaires de l'Eglise, et
dans l'administration du patrimoine de l'É-
gliss de Rome en particulier; ce qui se pas-
sait dans les élections des évéques, de
quelle manière il poui'voyait aux églises
pendant la vacance, ou lorsque les évêques
étaient hors d'état de les gouverner par
eux-mêmes ; quels étaient les privilèges des
monastères; de quelle manière on procédait
contre les clercs, et quantité d'autres traits
intéressants de la discipline ecclésiastique
des sixième et septième siècles. Ou a impri-
mé ces remarques ou mémoires à la suite
dos lettres de saint Grégoire, afin que le lec-
lour puisse plus aisément recourir aux let-
tres mêmes, et y voir les choses avec plus
d'étendue.
Remarques
du cardiDal
Carafa sur les
lettre; de saint
Grégoire,
loi.. 11, |«g.
1381.
» Voyez la préface de l'éditeur.
' Sigeb., De Mris illiist., cap. \iMi.
' Herimauus, toin, XII SpicikQii, pag. 395.
' Hœc de Gregorii qui traxit opuscula libro :
Gregorii precibus in pace quiescat Àlulfu^. In
prœfat, edit., pag. 2.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
EllI'CtIOD
d» quitre
Tniliem. de
Scriptor. «-
clMtas. ecp.
cciv.
Uonori
Scr i>lor.
eleriu.
ZUII.
Ec-
up.
Greçor. hb.
Ml.ribl.lt.
Sur l'Ecrl-
torfl Sainte.
Soo iu;[tica-
UoD.
3. Trithèmc met dans le calalot;ue des ou-
vrdges de saint Grégoire une courte explica-
tion des quatre Évnngilc?, qu'il dit com-
mencer par ces mots : Mntllurus, sicut in or-
dine. 11 en est dit quelque cliose dans Hono-
rius d'Aulun; mais, comme il n'en parle que
sur un ouï-dire, il n'est pas aisé de décider
si l'Explication de? Évangiles qu'il semble at-
tribuer à saint Grégoire, est la même que
celle dont Trithèmc fait mention. Quoi qu'il
en soit, celle-ci se trouve dans deux manus-
crits fort anciens, et d'environ neuf cents ans,
l'un de la Bibliothèque du roi, l'autre deM. Bi-
got; mais le style, qui en est extrêmement
corrompu, est si différent de celui de saint
Grégoire, qu'on ne peut lui attribuer cet ou-
vrage. Yenance, patrice de Palcrme, lai avait
demandé une explication allégorique de cer-
taines actions de Samson, et il s'était engagé
à y travailler, en cas qu'il recouvrât la santé.
C'est tout ce que nous savons 1<\ -dessus.
ARTICLE VII.
DOCTRINE DE S.\1NT GRÉGOIKE.
1. Ce saint Pape ne croyait ' pas que l'on
dût se mettre beaucoup en peine de décou-
vrir l'auteur du Livre de Job, parce que les
fldèles ne doutaient pas qu'il ne fût l'ouvra-
ge du Saint-Esprit. « C'est, dit-il, l'Esprit de
Dieu qui l'a écrit, puisqu'il eu a dicté les pa-
roles pour les mettre par écrit, c'est l'esprit
de Dieu qui l'a écrit, puisqu'il en a inspiré la
pensée à celui qui l'a composé, et qu'il s'est
servi de ses paroles pour faire passer jusqu'à
nous des actions de vertu que nous puissions
imiter. Nous passerions pour ridicules, si li-
sant des lettres de quelques personnes de
considération, nous nous occupions moins
de la personne qui nous aurait écrit, et du
sens de sa lettre, que de rechercher avec
quelle plume il aurait formé' celte lettre : de
même si, persuadés que le Livre de Job est
l'ouvrage du Saint-Esprit, nous examinions
avec trop de soin de quel auteur il s'est servi
pour l'écrire, ce ne serait faire autre chose
que de nous disputer sur la plume, tandis que
nous pourrions tirer avanl.i;je de la lecture
de l'ouvrage même que nous lisons.» Dans le
partage des diverses opinions sur le livre de
Job, saint Grégoire croit qu'il est plus vrai-
semblable de l'attribuer à Job même; il en
donne plusieurs raisons, que nous avons rap-
portées à la tête de l'analyse de ses homélies
sur ce livre.
2. 11 remarque que l'esprit de prophétie
mampie quelquefois aux prophètes', et qu'il
ncdépend pasd'euxde l'avoir en tout temps;
et qu'ainsi quand ils l'ont, ils doivent recon-
naître qu'il leur a été donné. Le treizième
chapitre du troisième livre des Rois lui four-
nit une preuve qu'un prophète peut être trom-
pé par un autre. oOn ne doit, dit-il, pas regar-
der comme inspiré de Dieu, tout ce que dit
un prophète. C'était de lui-même que le pro-
phète Nathan disait ' à David qu'il pouvait
bâtir un temple au Seigneur, mais que cet
honneur était réservé à Salomon son fils :
ainsi il s'opposa au dessein que David avait
d'eu bàlir un, et rétracta ce qu'il lui avait dit
auparavant sur ce sujet.»
3. Saint Grégoire cite ordinairement les
livres de l'Écriture sous le nom qu'ils por- i"
tent dans nos Bibles; mais en parlant de l'Ec-
clésiastique, il le cite indéfiniment ' sous le
titre d'(/>i ccrfnirt sngc. 11 ne s'explique pas
autrement sur les livresdesMacchahées, qu'en
disant * qu'il n'est point déraisonnable de
Sur tV'prlt
de pr(<|biu«.
Sur le» IW
Tr** faroni-
' Sed quis hœc scripserit valde supervacue quœ-
ritur : cum tainen auctor libri {Job) Spirilus
Sanclus fideliler credatur. Ipse ijilur hœc scrip-
sil, qui scribenda diclavil. Ipse scripsit, qui el in
illius opère i)if:piralor extiti(, el per scribintis
vocem imitanda ad nos ejus fada transmisil. Si
magni cujusdam liri susccptis epislolis Icgere-
mus verba,S'd que calamo fuissent scripla, quœ-
reremus: ridirulum profccto esset, epislolarvm
auctorem scire serisumque cognoscere, sed quali
calamo carum lerba iinprcssa fuerint indagare.
Cum ergo rciii cngnosctmus, ejusque rei Spirilum
saiictum aurloreni temmus , quia sciiplorem
qufr'rinnts, quid nliud (igiiuus, jiisi, legeiitis lil-
li'ias, dr calamo perconlamur? S. Grcg. Pripfat.,
in m. Job., (k-ig. 7, Idiii, I.
' Àliquando lero prophetiw spiritus prophtlis
decst, nec semper eoruin vienlilius prœslo est.
quatenus cum hune non habent, se hune agnos-
cant ex dono habcre cum habcnl... Quia aulcm
prophclis prophetiw spiritus non semper adest,
eliam rir Dei indicnt, qui, contra Samariam mis-
sus, mala quœ ei Ventura eranl nuntiavil : qui
tanien, prohibitus a Domino m fia comedere,
prvphetœ faisi persuasione deceptus est : qucm
fatlnx scrmo non deciperet, si prophetio" spiri-
tum prœsentem habuisset. Creg., in Ezechiel., lib.
I, Hom. 1, num. 1."), )iag. IlSO.
» Ibid.. iiiim. 16, i>a)!. 1180 el 1181.
' iiru^r.,lil(. M, incop. .\iv Jufr., uiiiii. C',pag. 389.
' A'oii inordinalc agimus, si ex Ubris licel non
canonicis, sed tamen ad <rdificatiniiem lîrclesia
editis, testimoiiium prnftramus. f.lcatnr namqur
in pvu'lio l'iephiintem feriens slrinil,sed suhipso
qurm extinxil, uccubuil (1 M<icb. 6-H<). dreg., lib.
Xl.\, in cap. aux Job, uiiui. .'H, jni;,'. 1)23.
CHAPITRE XUX. — SAINT GRÉGOIRE LE GRAND, PAPE.
Sur lot se»'
' dp I Ecn-
c ; son cx-
llencc.
[vu' SIÈCLE.]
tirer des tdinoignngcs des livros qui ne sont
pas cancmiqncs, puisqu'ils ont (Uc publies
pourrt'diiic:itiondc riî-lise. Il suivait en cola
le sonliniont ilo qiiclipu's anciens, comme do
Mtililon de Sardes, <pii n'a pas mis les livres
des Macliabées dans le canon des i'xritures.
11 dit, qu'encore que saint Paul ait ' dcrit
quinze lOpitres, ri'Igiise n'en reçoit que qua-
torze; ce qui fait voir ipTil était dans l'opinion
de ceux qui en supposent une àri^glisetle Lao-
dicde. U y en avait' de son temps qui doutaient
que saint Pierre fût auteur de la seconde
Kpitre qui porte son nom; mais il soutient
qu'elle est d'un des apôtres qui fut témoin de
la transfiguration du Sauveur, et est qu'elle
de saint l'icrre. Il confond ' Maric-Magde-
leine, sanu- de Lazare, avec la femme pé-
cheresse, et saint Jean l'Kvangéliste '' avec
ce jeune homme qui suivait Jésus-Christ, cou-
vert seulement d'un linceul, et qui, le lais-
sant aux soldats, s'enfuit tout nu, de peur
d'être pris avec le Sauveur. 11 croit ' que
saint André prêcha l'Évangile dans l'Achaïe,
saint Jean dans l'Asie, et saint Thomas dans
les Indes. Il réfute ^ ceux qui prétendaient
queCéplias repris par saint Paul était dill'é-
rent de l'apôtre saint Pierre. Dans les cita-
tions de l'Kcriture, il suit '' tantôt la version
de saint Jérôme, qu'il appelle nouvelle, tan-
tôt l'ancienne, voulant en cela se conformer
à l'usage du Siège apostolique, qui so ser-
vait de l'une et de l'autre; mais il préfère à
l'ancienne ' celle de saint Jérôme, comme
étant faite sur l'hébreu, et plus conforme à
l'original. Il cite ' quelquefois les versions
des Septante, d'Aqnila, de Théodotion et de
Symmaque.
4. D'après saint Grégoire, on peut tirer deux
avantages de l'obscurité de l'Écriture : « Le
[iremi(U''°, en ce qu'elle exerce l'esprit, et
que, par l'application et la fatigue, elle le rend
piusé'tenduet plus éclairé , en sorte qu'il com-
prend ce qu'il ne comprenait pas bien avant
ses reclierches ; le second , en ce que l'on
ressent de la joie, quand on a découvert le
sens caché (pie l'on cherchait. Si au contraire
tout était clair et facile dans ri'^criture , elle
pourrait tomber peu à peu dans le mcipris.
Elle est au-dessus de toute autre doctrine",
non-seulement en ce qu'elle n'annonce que
des vérités, qu'elle nous appelle à une pa-
trie foute céleste, qu'elle change le creur de
ceu.K qui la lisent, en les détachant des cho-
ses matérielles pour les porter aux désirs
des célestes; mais aussi à cause que par
son obscurité elle exerce les intelligents et
les p-irfaits, et qu'elle console par. sa douceur
les imparfaits et les faibles. Elle n'est toute-
fois ni assez obscure pour éloigner les lec-
teurs, ni si facile à entendre qu'on doive la
mépriser. Plus on se la rend familière, moins
on en a de dégoût ; plus on la médite , plus
on la chérit. Elle aide notre âme par la sim-
plicité de ses paroles ; elle l'élève par la su-
blimité des sens qu'elle renferme ; elle sem-
ble croître et s'élever, à proportion que ceux
qui la lisent et la méditent, s'élèvent et crois-
sent en intelligence ; en sorte que les plus
ignorants et les moins spirituels y compren-
nent quelque chose, et que les savants la
trouvent toujours nouvelle. Les mystères "
qu'elle contient sont capables d'exercer les
plus éclairés, et, par les vérités claires qu'ehe
propose , elle peut nourrir les plus simples
et les moins doctes. Elle porte à l'extérieur
de quoi allaiter les enfants, et elle garde
dans ses replis secrets de quoi ravir en ad-
miration les esprits les plus sublimes : sem-
' Pauliis apostolus q^iamvis epistolas quindecim
scripserit, sancta lamen Ecclesia non amplius
quant qualuordecim tenet. Greg., lib. XXXV in
cap. XLII Job, uuui. 48, pag. Ilùfi.
2 Greg., in Ezech.'lih. Il, Homil. 6, uum. U, p.-ig.
i;<68 et 1368.
* Greg., in Evangel. lib. Il, ffortii7. 25, pag. 1541,
et Bomil. S.?, pag. 1592 et 1593.
* Gre{i., Mural., lib. XIV, in cap xix Job, uum.
.57, pag. 457 et 458.
'Greg., in Evang. lib. I, Ilomil. 17, pag.
105».
« Greg., in Ezech. lib. U, lion il. 6, luim. 10, pag.
1368.
' Novam Iranslationem différa: sed cum pro-
balionis cnu.ta exi'jit.nttnc novam, nunc velerem
jier testiiiionia assuma; ut quia Sedes apostolica
utruqne utilur, met quoque labor studii ex ulra.
que fulciatur. Greg., in epislola adsancium Lean-
drum, tom. I. pag. 6.
« Greg., Moral, lib. XX, mi cap. xsx Job, num.
62, pag. 6G5.
9 Greg., in Ezech. lib. I, Ilomil. 1, pag. 1233 et
1234.
1» Magnœ utilitalis est ipsa abscuritas eloquio-
ruin Dei, quia exercet sensum, ut fatigalione di-
latetur. Habel qxtoque adhuc aliud majus, quia
Scripturœ sacrœ intelligenlia, quœ si in cunctis
esset aperta, vilescerel, in quibusdam lacis obs-
curioribus tanto majore dukediiie inventa reficil,
quanto majore labore faligat animum quœsila.
Lib. I in Ezech., Bomil. 6, num. 1, pag. 1213.
" Lib. XX Moral., in cap. xxix Job, uum. 1, pag.
635.
1' Greg., Episl. ad sanctxtm Leandrum, cap. iv,
pag. 3.
354
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Snr la lee-
10 i-dtlKcrl-
to-Q saiale.
Llablc à un tleuve dont les eaux seraient si
basses en certains endroits, qu'un agneau
pouirait y passeï-, et si profondes en d'au-
tres, qu'un éléphant y na;,'erait. »
5. (1 Nous devons donc la lire et la méditer '
avec grand soin. Elle est comme une lettre
que notre Sauveur nous a adressée. Elle sert
à récbaulTer notre cœur, cl ;\ empéclier qu'il
ne s'engourdisse par le froid du péché. Saint
Grégoire écrivait à deux filles de distinction :
<i Je souhaite que ' la lecture de l'Écriture
sainte ait pour vous de l'attrait, afin que,
lorsque vous serez engagées dans le ma-
riage , vous sachiez comment vous conduire
et régler vofre maison ; » et à Théodore,
médecin de l'Empereur: « Je me plaius '
de ce qu'ayant reçu de Dieu le talent de
l'esprit, le talent des affaires , le talent de
la miséricorde et de la charité envers les
pauvres , vous soyez si attaché aux occupa-
tions du siècle, que vous négligiez de lire
chaque jour quelques paroles de notre Ré-
dempteur. Qu'est-ce que l'Écriture sainte ,
sinon une lettre du Dieu tout-puissant à sa
créature ? Si vous en receviez de la part de
l'Empereur, à quelque heure que ce fût, vous
n'auriez point de repos que vous ne fussiez
informé de son contenu. Mais c'est l'Empe-
reur du ciel qui vous a écrit , ses lettres re-
gardent votre propre salut ; comment donc
négligez-vous de les lire ? Apprenez-y quel
est pour vous le cœur de Dieu, afin de vous
exciter à soupirer avec plus d'ardeur vers
les biens éternels. » Le saint Pape loue ceux
qui , ne sachant pas lire , empruntent les
yeux des autres pour s'instruire des divines
Écritures; et c'est à celle occasion qu'il re-
lève le mérite d'un pauvre nommé Servule *,
qu'une longue maladie avait rendu impotent.
Obligé à demander la charité aux passants
sous le portique de l'église de Saiut-Clémenl,
Ce pauvre distribuait aux autres ce qu'il
recevait de trop pour sa subsistance ordi-
naire ; mais , dans le désir de nourrir aussi
son âme des aumônes des fidèles, il eu ache-
ta un exemplaire de la Rible, qu'il se faisait
lire continuellement par ceux envers qui il
exerçait l'hospitalité. Par ce moyen il apprit
l'Ecriture, autant qu'en est capable une per-
sonne qui ne sait pas lire.
6. L'Écriture a plusieurs sens, l'historique
ou littéral ', l'allégorique ou moral, le spiri-
ou anagogique. Il y a divers endroits dans
tuel le Livre de Job qui, pris à la lettre, jette-
raient dans l'erreur, au lieu d'instruire ; nous
en avons donné plus haut quelques exem-
ples ; nous répéterons celui-ci : Suus qui sont
courbés ceux qui supportent la terre ? Person-
ne ne s'imaginera " que ce saint homme ait
ajouté foi aux fables des poètes , qui nous
représentent le globe de la terre soutenu sur
les épaules d'un géant. 11 y en a d'autres qui
doivent se prendre'' littéralement ; tels sont
ceux-ci : Je n'ai point refusé aux pauvres ce
qu'ils ont demandé; je n'ai point fait attendre
les yeux de la veuve ; je n'ai point mangé seul
mon pain , mais J'en ai fait jjart wu pupilles.
Vouloir donner à ces paroles un sens allé-
gorique, ce serait anéantir les œuvres de
miséricorde que Job a pratiquées. Comme
il ne faut pas tout prendre dans le sens lit-
téral , on ne doit pas non plus ramener tout
à l'allégorie ; mais ' s'arrêter tantôt à la let-
tre de l'histoire , et tantôt y chercher un
sens spirituel sous l'écorce de la lettre ; imi-
ter les bonnes actions des patriarches en les
prenant à la lettre , et donner un sens spiri-
tuel, pour s'avancer dans la vertu, à d'autres
passages qui , entendus historiquement , ne
proposent rien à imiter. »
7. Le respect que saint Grégoire avait
pour les quatre premiers conciles généraux,
lui faisait dire anathème ' à quiconque no
les recevait pas. Il les révérait '" comme les
Sor IfS di«
T»r> »rD* de
rEchlurt.
SnrlesCoB*
cl'ei.
1 Studele, quœso, fratres charissimi, Dei verba
medilari; nnlite despicerc scripla iioslri Iledcmp-
toris, qui) tid nos wissa sunl. MuUum lalde est
tjuod per ea aniinus refricalur ad calorem, ne ini-
quilalis suœ frigore lorpescat. In Eztch., lit). Il,
llom. 3, iimii. 18. l'ag. V.Vil.
^ Opto itl snnctam ScriiUurnm légère ametis ;
ut quandiu vos omnipolens Deus viris conJKiixertl,
sciaiùs qualiler t itère, et domttm vtstram que
modo disponerc debealis. Creg. , Epist. lib. .M,
Episl. 78, jms. 1180. loin. II.
» i.nr., Epist. lit). IV. Episl. 31, pap. 712.
» l.leiii., in Etang., lAh. I, Iwm. 15, iiiuu, 5,
png. Uill.
' Grcg., Moral, lib. .\VI, in cap. xxii, yo&.uuin.
2V, paff. 50y.
« IJcin., Episl. ad sanchtm Leandrum, cap. lu,
pag. 4 Pt 5.
' Ibid., cap. IV, pag. 5.
" (ireg., i;i Ezech., lib. I, Hom. 3, uiiin. 4, pag.
1193.
• Si quis contra haruin synodorum fidem el
conlro sanclw memoriœ Leonis papa: tomum al-
gue definitionem aliquid unquam logui prœ.^umit,
anathtma sil. Ideui., lib. VI, Episl. 2, pag. 792 et
7!)3.
" Sicut sancli EvangeUi quatuor libros.sicqua-
iHor concilia susciperc cl rencrari me faleor
[vu- SIÈCLE.] CHAPITRE XMX. — SAINT GIll^;G01HE LE fillAND, PAI'E.
."ioS
(jiiiilrc Kvaiif^ilos, cl rccovail aussi If ciinjiiio-
uic; lejclaiU toutes les personnes que ces con-
ciles avuientrcjelées, et recevant toutes celles
qu'ils avaient reçues. Il en donnait pour rai-
sou (jiie rappi'ohaliou de ces conciles élanl
l'ondée sur un consunlenient universel, ce-
lui-là se détruisait sans leur uuire, qui pré-
sumait de lier ce qu'ils avaient délié, ou qui
déliait ce([ii'ils avaient lié. « Dieu nous gar-
de ', dit ce l'ape, de recevoir les sentiments
d'aucun hérétique , ou de nous écarter en
quoi que ce soit de la lettre de saint Léon
et des quatre conciles généraux.» Il trouve
dans la tenue des conciles particuliers de
grands avantages, les évoques y empécliant
qu'il ne naisse des semences de divisions '
entre eux et les peuples dont ils sont char-
gés; ils coulèrent ensemble sur les moyens
de rétablir la discipline , de réparer les dé-
sordres passés , et d'en prévenir de nou-
veaux par de sages règlements. Si Dieu se
trouve là où deux ou trois personnes sont
assemblées en son nom , le croira-t-on ab-
sent des lieux où plusieurs évèques sont as-
semblés ? Il veut donc que l'on tienne de
ces conciles une fois l'an ^. Les prêtres as-
sistaient à ces assemblées ; ils y étaient '
assis, de même que les évèques ; mais les
diacres se tenaient debout avec tout le reste
du clergé. Les actes qu'on y dressait étaient
conservés avec soin , surtout ceux des con-
ciles généraux ; ce qui n'empêchait pas
qu'où y fit quelquefois des altérations. On
en avait fait dans celui de Ghalcédoine , et
saint Grégoire, craignant qu'on en n'eût fait
aussi dans celui d'Ephèse*, ordonna d'eu
clicrclior les [)ius anciens ex(unj)laires, prin.
cipalenu-nt les lalins, qu'il croyait plus cor-
rects que les grecs. La falsification dont il su
plaint à l'égard du concile de Clialci'doinc ,
regardait le vingt-huitième canon " , où il
est parlé des prérogatives de l'ilglise de
Constanlinople. Saint Léon ne fit aucun re-
proche lù-dessus à Anatole de Constanlino-
ple. Les légats du Saint-Siège prétendirent
qu'on avait forcé les évèques de souscrire
à ce canon ; mais ils ne se plaignirent d'au-
cune falsification. L'I'^glise Romaine '' ne re-
cevait du premier concile de Conslantinople
que la définition de foi contre Macédouius.
8. (I L'Église' consiste dans l'union des fi-
dèles, comme le corps dans l'assemblage des
membres. Sainte et universelle ', on ne peut
être sauvé que dans son sein ; tous ceux qui
en sont séparés sont exclus du salut. Les hé-
rétiques '" qui soufl'rent quelquefois pour le
nom de Jésus-Christ, s'imaginent que leurs
souÛ'ranccs leur mériteront la gloire des
martyrs; c'est pour les désabuser que Job a
dit qu'il y a un lieu destiné pour purifier
l'or. On peut souffrir hors de ce lieu, hors de
l'unité de l'I'^glise ; mais on ne saurait deve-
nir martyr ailleurs que dans ce lieu. L'uni-
que fournaise où l'or puisse être purifié, est
l'Église ; c'est là seulement que l'on peut
être nettoyé de la souillure du péché. Si, iiors
de cette Église, vous souU'rez des amertumes,
des tribulations, vous pouvez bien être brû-
lés et consumés, mais vous ne sauriez être
purifiés. Il n'y a que l'Eglise seule " dont
Dieu ait les sacrifices pour agréables ; elle
seule peut efficacement intercéder pour ceux
Fliee.
quintum quoque concilium pjriter veneror..,..
Cunclas vero quas prœfila veneranda cuncilia
persoiias rcspuuiil, rcspuo : quas veiieranlur, am-
plcctor : quia diim universali sunt consensu con-
stitula, se. et non ilUi, destruil, quisquis prœsu-
mil aul solvere quos religant, aul ligare quos
solvunt. Quisquis ergo aliud supit, analhema sil.
Ulein., lib. I, Episl. 25, pag. .ïlS.
' Absit enim nos cujuslibel sensum hœretici reci-
pere, vel a tomo sanctie memoriœ Leonis, prwde-
vessoris noslri, inaUquo deviare; scdquœcuinque
a sanclis quatuor synodis sunt dcfmita, recipi-
mus ; et quœcnmque reprobala sunt, condeiiiiia-
mus. Idem., lib. \l\', Epist. 12, pag. liTO.
» Idem., lili. I.\, Epist. 106, pag. lOin.
» Greg., lib. I, Epist. l, pag. 4SG.
' Grcg., in Decretis pag. 1288, tom. II.
5 Greg., lib. VI, Episl. 14. pag. 80a.
6 Tom. IV Concil. Labb., p.ig. 769.
'' Greg., lih. VII, Epist. 31, png. 882.
' Sancta Ecclesia sic consistit unitatc fidcliuni,
sicut corpus nostrum unitum est compagc mem-
brorum. Idem., Sloral., lib. Xl\incap. xxix; Job,
luim. 45, pag. 627.
' Sancta autem universalis Ecclesia pnvdicat,
Deuiii veracitcr nisi inlra se coli non posse, as-
serens quod omnes qui extra ipsam sunt, minime
salvabunlur. Idem., Moral., lib., XIV, mim. 5,
pag. 457.
"> Su'pe pro /estt Christi Domini ut Redempto-
ris nostri nomine multa patiuntur [hœretici),
seseque eisdeni passionibus ejus fieri martyres
speranl. Quibus sancti viri {Job) voce nunc dici-
lur : Auro lopus est in ijuo ecoflatur. Nam juxta
hoc quod jam. et ante nos diclum est, quisquis
extra unitatem Eccl siœ patitur, pœnas pati po-
test, martyr fieri non potest: quia auro locus e.sl
in quo conjlatur... Una est Ecclesia, in qua qui
con/lari valueril, ab omni etium poterit peccato-
rum sorde purgari. Si quid pro Deo amariludinis,
si quid tribulationis extra hanc positi sustinetis ,
incendi potestis tantummodo, non purgari. Crcg.,
Moral., lib. XVIll, mim. 40 et 41, pag. 375.
" Sold quippe lEcclesiaJ est per quam sacrifi-
556
HISTOIRE GKNÉRAUi; DES AUTEURS ECCLKSIASTIQUTIS.
qui tombent dans l'erreur. C'est pour cela
que Dieu avait ordonne' que l'agneau pascal
serait mangé dans une seule maison, et qu'on
ne porterait dehors aucune partie de sa chair.
On mangeait l'agneau dans une môme mai-
son, parce rpie la vraie hostie du Rédemp-
teur doit être immolée dans la seule Église
catholique. La défense de porter ilehors
quelque partie de la victime marque que les
choses saintes ne doivent point être données
aux chiens. 11 n'y a que ri']glise où les bon-
nes œuvres ne soient point privées de ré-
compense; c'est pourquoi le denier évangé-
lique ne fui donné qu'à ceux qui avaient tra-
vaillé à la vigne du père de famille. 11 n'y a
que l'Eglise qui puisse conserver ceux (ju'el-
le renferme, par l'union étroite de la cha-
rité; c'est pour cette raison que les eaux du
déluge ne firent qu't'lever l'arche, sans faire
périr aucun de ceux qu'elle renfermait, au
lieu qu'elles engloutirent tous ceux (pii n'è-
laient point dans l'arclie. Commune aux bons
et aux méchants ', l'Église est composée vi-
siblement des uns et des autres ; mais Dieu,
qui fait un discernement invisible dans le se-
cret de ses jugements, la séparera à la fin de
la société des réprouvés. Maintenant les bons
n'y peuvent être sans les méchants, ni les mé-
chants sans les bons, parce que diirant cette
vie l'union extérieure de ces deux parties
est, pour ainsi dire, nécessaire à l'une et à
l'autre, afin que les méchants puissent être
convertis par les exemples des bons, et que
les bons puissent être éprouvés et purifiés
par les tentations des méchants. «
9. « Tous ceux ' qui ont lu l'Évangile sa-
vent que Jésus-Christ a donné le soin de VVj- '""»■
glise à saint Pierre, prince de tous les apô-
tres; c'est à lui qu'il dit : Pierre, m'aimez-
voiis? Paissez mes brebis. C'est à lui qu'il dit :
Satan vous a demandés pour vous cribler com-
me on crible le froment; mais j'ai prié pour
vous, afin que votre foi ne défaille point : lors
donc que vous serez converti, ayez soin d'affer-
mir vos frères. C'est à lui qu'il a dit : Vous
êtes Pierre, et je bâtirai mon Église sur cette
pierre, et les portes de l'enfer ne prévaudront
point contre elle. Cet apôtre a reçu les clefs
du royaume du ciel, avec le pouvoir de lier
et de délier; il a reçu le soin de toute l'É-
glise, et la principauté : toutefois on ne l'ap-
pelle pas apôtre universel. » Saint Grégoire
parlait ainsi pour confondre Jean, patriarche
de Constantinople, qui alfectait de prendre
le titre d'évèque universel. Il ajoute : « En-
core donc qu'il y ait plusieuis ' apôtres, le
siège du prince des apôtres a prévalu seul
pour l'autorité, à^cause de la primauté. C'est
le siège du même apôtre en trois lieux. 0 a
élevé ce siège où il repose, et où il a fini sa
sa vie; c'est Rome. Il a orné ce siège où il a
envoy(' Marc l'Evangéliste, son disciple; c'est
Alexandiie. Il a alfermi ce siège, qu'il a oc-
cupé sept ans, quoique pour en sortir; c'est
Antioche. Ce n'est qu'un siège du même
apôtre, dans lequel trois évoques président
Sur II rri-
irotiié de S.
cium nominus libenter accipiat, .tola quce pro
erranliliw! ftducialiler intercédât, l'ndt etiain de
agni Itostia Dominiis prœcepil direns : lu mm ùo-
mo coineiletur, uec eflcretis de carnibus cjiis foras.
In una namque domo agnus comeditur ; qitUi in
vna cnlholica Ecdesia vera Iwstia Redcmptoris
immoldtur. de cujus cariiil)tt.i divin» lex efferri
foras prolUbel; quia dari sanctum canit)us vctat.
Sold est in qua opus bonum fructuo^e perugi-
liir, undc cl mercedem deiiarii non nisi qui intra
rineam lahoraverunt, acceperunl. Sola est quœ
intra ne positos valida chartialis compage custo-
dil. Un'Je et aqua diliivii arcain quidcin ad subli-
iiiiora sustulil ; omîtes attlent quos extra arcam
invenil, exlinxil. r,rcg., Moral., lib. X.XXV, nuui.
17>, pas. 1U8 el 1U9.
' (Jiiia enim a boni.': malisque hœc vilacommu-
niter duritur. nunc Ecilesia ex ulrorumque nu-
méro visibililer congrcgatur , sed Deo invisibili-
ter judicunte disccrniiur, ulque in cxilu .■.uo a
reprohorum socielatc separalur. Modo vcro esse
in eu nec boni sine malis, nec viali sine bonis
essr possunl. //oc enim lempore conjunclii utra-
que pars sibi necessario coiigruit , ui el mali mu-
lentur ptr exempta bonorum, et boni purgenlur
per lentamenla malorutn. Greg., Moral., lih. xxxi,
nuiii. 28, pai;. 1009.
' Cunrlis Evangelium scienlibus tiquet, quod
voce dominica sancio et omnium apostolorum
Petro principi aposlolo lolius Ecclesiee cura corn-
missa est; ipsi quippe dicilur: l'eiro, aiiia? tnel
Pasce oves meas,elc Ecce tlavrs rrgni ceelestis
accepil (Pelrusj : potestas ei ligandi ac solvendi
Iribuilur , cura ei lotius Ecctcsim et princi-
pntus committilur, et lamen universalis aposlo-
lus non vocatur; et rir snnctissimus consacerdos
meus Joannes vocari uniiersnlix episcopus cona-
tur. fiit%, lib. V, Epist. 20, pag. 748.
' It'tqut cum mulli sinl apostoti, pro ipso ta-
wen principalu sola apostolorum principis sedes
in aucloritale convaluit, quœ in tribus locis unius
est. Ipse enim sublimavit sedem, in qua etiam
quicscerc, el prw.icntem rilam finire dignatus est:
ipse decornvit seilem. in qua Ernngclistnm disci-
pulnm misil : ipse firmavil sedcm, in qua septem
nnnis, quaniiis discessurus, sedit. Cum rrgn unius
alqne una sil se.lrs, cui ex auctnritnle divifia
très nunc episcopi prœsident, etc. Idem., lib. Vil,
Epist. 40, pag. 888.
rllé ilu S«b'«
tpoatotique.
[vil" siÈcr.K.J ClfAPlTIlE XLIX. — SAINT
maintenant par l'aiitoritt^ divine. Dieu per-
mit que celui qu'il voulait faire piésiUer ' \
toute l'Église, la reniât, par la crainte ([ue
lui inspira la parole d'une ^^ervanle; el il en
usa ainsi pai' un conseil de niiséiicoide, afin
d'apprendre A celui qui devait être le pas-
teur de son Kj^iise , ;■! avoir compassion
des fautes des autres, en considérant celle
dans laquelle il était tombé. 11 commenra
donc par le faire connaître à lui-même avant
de l'établir sur les autres, afin que l'expé-
rience de sa propre faiblesse lui apprit avec
quelle douceur et quelle condescendance
il devait supporter les infirmités des au-
tres. »
10. L'Kglise même de Gonstantinople, avec
toutes ses prérogatives, était soumise au Siè-
ge apostolique'-; l'Empereur elle patriarche
de celte ville ne faisaient aucune difficulté
de le reconnaître. Le primat d'Afrique s'a-
vouait aussi soumis à ce siège, et saint Gré-
goire ne connaissait ' aucun évéque qui ne
s'y soumit, lorsqu'il se trouvait coupable de
quelque faute ; mais « quand la faute ne l'exi-
ge pas, nous sommes, ajoute ce Père, tous
frères selon la loi de l'humilité. » Les affaires
importantes, principalement celles qui regar-
daient la foi, étaient poitées devant le Saint-
Siège '; mais ces affaires se jugeaient en
première instance dans les provinces où el-
les avaient pris naissance, et le métropoli-
tain ou le vicaire du Saint-Siège en prenait
connaissance dans un concile de douze évê-
ques, dont le jugement était envoyé à Rome,
afin que la chose y fût terminée d'une ma-
nière certaine et hors de tout doute : car les
Papes ne doutaient point que '' le soin de
toutes les Églises ne les regardât, et qu'ils
ne fussent liés par une obligation étroite de
(illÉGÙIllE LE GllANI), l'APK. 537
pourvoir à toutes avec nne sollicitude pasto-
rale.
11. C'était l'usage que les évôfjues nouvel-
lement élus lissent une [irofessiDii pidilique
de leur foi. Voici c(!lle que l'on croit avoir élé
laite par saint Grégoire en la cérémonie de sa
consécration. «Je crois 'en un seulDieu tout-
puissant. Père, Fils et Saint-Esprit, trois per-
sonnes et une substance. Je crois au Peie
non engendré, au Fils engendré, et au Saint-
Esprit (jui n'est point engendré ni non-cu-
gendré, mais ([tn' est coéternel, et qui pro-
cède du Père et du Fils. Je confesse uu Fils
unique, consubstanliel et né du Père avant
tous les temps, créateur de toutes choses vi-
sibles et invisibles, lumière de lumière, viai
Dieu de vrai Dieu, splendeur de sa gloire,
figure de sa substance ; qui, demeurant Ver-
be avant les siècles, a été créé homme
parfait sur la fin des siècles ; qui a été conçu
du Saint-Esprit et est né de la Vierge Marie ;
qui a pris notre nature sans péché ; qui a
été crucifié sous Ponce Pilate, a été enseveli,
et le troisième jour est ressuscité des morts.
11 est monté an ciel le quarantième jour, il
est assis à la droite du Père, d'où il viendra
juger les vivants el les morts. 11 mettra de-
vant les yeux de tous les hommes toutes les
actions secrètes de chacun. Il donnera les
récompenses éternelles du royaume céleste
aux saints, et aux méchants les supplices du
feu éternel. Il renouvellera le siècle par le
feu, c'est-à-dire qu'il purifiera le monde par
le feu. Je crois une foi, un baptême, une seu-
le Église apostolique et universelle, dans la-
quelle seule les péchés peuvent être remis
au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Es-
prit. 1)
12. «Jésus-Christ dit à ses apôtres '' api'ès
Sur !■ Tri.
nlK FI llDUf
Sur la mls-
' Greg., in Eiang., lib. II, Hom. 21, uum. 4,
pag. Iu27.
* Greg., lib. IX, Epist. 12, pa^. 941.
' Idem., lib. IX, Epist. 59, pag 976.
» Idem., lib. V, Epist. 53, pag. 783, et Epist. 34,
pag. 784.
» Idem., lib. VII, Epist. 19, pag. 865.
' Credo in unum Deum oinnipotentem, Palrem
et Fitiiim, et Spiritiim Sanclum ; très personas,
unam suhslantiam : Patrem ingenitiim, Filium
genitum, Spiritum vero Sanclum nec genitum,
nec ingenitiim, sed coaternum. de Patrc el Filio
procedentem. Con/lleor unigenitum Filium con-
sulislanlialem et sine tempore naium de Paire,
omnium visibilium et inrisibilium condilorem.
Lumen ex lumine, Deum rerum de Den vero,
splendorem gloriw, figuram stibstantiœ. Qui ma-
nens Verbum unie sœcula, perfeclus homo creattis
est, juxla finem sœculorum ; conccptus et nalus
ex Spiritu Sancto, et Maria Virgine. Qui naturam
nostrnin suscepit absque peccato. Et sub Pontio
Pilato crucifixus est. et sepnllus ; tertia die re-
surrexit a mnrtuis. Die autem quadragesimo as-
cendit in cœlum. Sedet ad dexteram Patris, un-
de venlurus esl judicare vivos et morluos. Posi-
lurus anle oculos omnium omnia occulta singu-
lurum. Daturus sanctis perpétua prœmia rcgni
cœlestis; iniquis autem supplicia ignis œlerni. In-
novnlurus sœculum perignem. Confileor unam fi-
dem, unum baplisma, unam, apostolicam, el uni-
rersalem Ecclesiam, in qna sala pnssint larari
peccata, in nomine Patris, et Filii, et Spiritus
Sancli. Symboliim fidei a beato Grcgorio papa dic-
taluni, tcim. Il, jiag. 1283.
^ DUil eis : Pax vobis. Sicut luisit nie Pater, et
ego mitto vos. Id est, sicut misit me Pater Deus
I ntr-
iioD des
MDDS«
D4>« Cl là (ir»-
ce-^sion du â.
SS8 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES
sa résurrection : Comme mon Père m'a en-
voyé, de même je vous envoie, c'esl-à-dire :
Jl3D XT,
comme Dieu mon Père m'a envoyé, moi qui
suis Dieu ; de même, étant anssi homme, je
vous envoie, vous qui êtes hommes. Le Père
a envoyé son Fils, en lui faisant prendre une
chair humaine, et en l'envoyant au monde
pour y soufTrir. L'on peut aussi entendre
celte mission du Fils selon la uature divine,
et dire qu'il a été envoyé du Père, en ce
qu'il est engendré de lui. En ell'et, quoique le
Saint-Esprit, qui est égal an Père et au Fils,
ne se soit pas incarné, le Fils ne laisse pas de
dire qu'il l'envoie : Quand le Consolateur que
je vous enverrai de lu part de mon l'ère sera
venu. D'où il résulte clairement que le mot
de mission ne doit pas s'entendre seulement
de l'incai nation du Fils; que la mission du
Saint-Espiil n'est antre chose que sa pro-
cession du Père et du Fils, et que l'on peut
dire qu'il est envoyé, parce qu'il procède,
comme on dit que le Fils est envoyé, parce
qu'il est engendré.» Dans le texte latin des
Dialogues , qui est l'original , on lit ' que
VL'sjjrit consolateur procède toujours du Père
et du Fils ; au contraire la version grecque
porte : L'Esprit consolateur procède du Père,
et demeure dans le Fils; ce qui favorise l'er-
reur des Grecs touchant la procession du
Saint-Esprit, au lieu qu'elle est entièrement
ilétruile par le texte latin. Cela donne lieu
de croire que les Grecs ont altéré cet en-
droit des Dialogues, et Jean Diacre le pen-
sait ainsi *.
Denm, et ego milto vos homo homines. Pater Fi-
lium misit, qui hune pro redemplione generis hu-
maniincarnari consliluU. Quem videliret in mun-
dum venire ad passionem voiuil ; sed tamen
amavil Filium, quem ad passionem misit
Çuamvis miiti etiam juxta naluram divinilatis
pnssil inlrlligi. Eo enimipso a l'atre FUius midi
dicUur. quo a Paire generntur. !\'am Snnclvm
quoque Spirilum qui, cum sit cuicqualis l'alri cl
Filio, non tamen incarnalus csl, idem se Filius
mittere pcrliihcl, dicens : Cum veucrit l'arndcliis.
qupm of-'o mittnm voliis a Paire. Si enim milli sn-
lummodo incarnari deberelintelligi. Sanctua prn-
cul dulno Spiiilus nullo modo diccrelur milli,
qui iiequaquam incarnalus esl; se./ ejus mi.'ssio
ipsa processio isl, qua de Paire procedit et Filio.
Sicul itaque Spirtlvs milli dicitur quia prorrdit.
ita et Filius non incongrue milli dicitur, quia
geiieralur. Oreg. , in Evang., \i\>. \l, llomit. 2li,
iiuiu. 2, i>ag. 1553 et 1354.
> Cum enim conslel quia Paracletus Spiritus a
Paire semper procédai et Filio, tic. Orpg., lib. Il
Dialug., tap. .18, |iag. 276.
Jouii. Diac, lil). IV De Vila S. Gregorti, cip,
75, ijog. 172.
13. « Dieu le Père ' a fait les noces à son
Fils, quand il l'a uni A la nature humain"
dans le sein de la sainte Vierge vers la lin
des siècles. Toute union se fait ordinaire-
ment entre deux personnes; mais cette sorte
d'union n'a pas lieu en Jésus-Christ. Quoi-
que Dion et homme, il n'est pas composé de
deux personnes. Il existe en deux natures,
il en est composé ; mais c'est un blasphème
d'avancer qu'il soit composé de deux per-
sonnes. On lit dans l'i;vangile ', qu'aussit it
que le diable, qui était venu pour le tenter,
se fut l'Cliré, les anges s'approchèrent pour
le servir. Cet endroit est formel pour l'union
des deux natures en une seule personne. Il
fallait en elfet que Jésus-Christ fut homme,
pour être tenté par le diable, et qu'il fût
Dieu, pour être servi par les anges. Si le dia-
ble ne l'eût reconnu pour homme, il n'eût
osé le tenter. Si les anges ne l'eussent con-
nu pour Dieu, ils ne se fussent point abais-
sés à le servir. » Nestorius disait' : Je n'envie
pas à Jésus-C/irisI l'avantage d'avoir (té fait
Dieu, puisque je puis le devenir moi-même. Cet
impie soutenait que Jésus-Christ n'était pas
Dieu par nature, mais par grâce. Saint Gré-
goire fait voir qu'il y a de la ditlerence en-
tre ceux qui, étant nés hommes, reçoivent
la grâce d'adoption, et celui qui seul, né de
Dieu, est lui-même Fils de Dieu par nature.
« 11 n'est pas né un pur homme, pour être en-
suite fait Dieu par son mérite. L'ange ayant
annoncé Je mystère incompréhensible de
l'Incarnation, elle Saint-Esprit étant desccn-
' Tune Vcus Pater Deo Filio sun nuplias ffcit.
quando hune in utero Virginis humanœ nalurir
conjunxil, quando Deum ante sœcula, fieri roluit
hominem in fine sœculorum. Sed quia ex dnahu.i
personis fieri snlel isla conjunclio, ahsil hoc ab
iritellcclibus noslris. ut prrsonam f)ei et hominis
Redemploris noslriJesu Christi ex duahusp rso-
7iis credamus unilam. Ex duabus quippc atque
in duabus hune naturis existcre dicimus ; frd
ex duabus personis enmpositum credi, ut ne-
fas, vitamus. Grog., m Evang., lib. Il, Ilomil. ;!8,
pag. 161)5.
' Kecedcnle diabolo. Àngeli ministrabantci. F..r
qua rc quid aliud. quam unius persona- ulraque
nalura oslendilur ? (juia et homo est quem dia-
bolus tentai, et idem ipse Deits est, cui ab ange-
lis minislratitr. Cngnoseamus igilurin eo natu-
ram noslram; quia mai hune diabolus homiicm
cernerel, non lentarel. Yencremur in illo divini-
latem suam, quia nisi snper omnia Deus existe-
rcl, ei nullo modo angcli ministrarrnt. Crcg. , in
Evang., Iil>. I, Ilomil. Ifi, mnu. 4, pag. 1194.
» Crej.'., lib. XVIII, Moral, uuiii. 85, pag.
r,98.
Çïur l..<i deux
Nc»tcriuf |4*
(me.
[vu' sifei.i.E.] ciiAprrnE xlix.
du iioiii' l'opi'ior, lo VcM'ho do Dion onira
iiiissilùl dans le sein de la Vierge, il s'y rc-
vèlit lie la chair; el sans se (U'iiouiller de sa
nature imaïuaMc, (]ui lui est commune et
eoélornelle avec le Père et le Saint-Esprit,
il prit dans les chastes tlancs de cette Vierge
lin coips avec lequel l'Impassible pût souf-
frir, l'Immortel piU uioiuir, el l'IOlernel put
devenir temporel vers la On des siècles : de
;orle que par le sacrement inetl'able de cette
conception miraculeuse, il est arrivé que la
Vierge sacriïe a été en même temps et la
servante et la mère de son Seigneur, selon
la vérité de ses deux natures. Ces deux qua-
lités lui sont données dans l'Écriture : D\)h
me vient ce bonheur, lui dit Elisabeth, que la
mère de mon Seigneur vienne vers moi ! Marie
répondit à l'ange qui lui annonçait le mystère
de l'Incarnation : Voici la Servante du Sei-
gneur, (fu' il me soit fuit selon cette jia7vlc. Ce
que le Fils a de son Père est dill'érent de
ce qu'il a do sa mère, et néanmoins celui
qui vient du Père n'est pas autre que ce-
lui (jui vient de la mère; il vient éternel
de son Père, et temporel de sa mère. Il a
tout fait, et lui-même a été fait. Il est plus
beau que tous les hommes par l'éclat de sa
divinité ; et selon son humanité, il est celui
dont il est dit dans l'Écriture : Aous ravons
vu tout défiguré, et dans un état ou il était
sans agrément et sans beauté. Il est venu avant
tous les siècles du Père, sans mère, et il est
venu .•'i la tin des siècles d'une mère, sans
père. Il est le temple du Créateui', et le Créa-
teur du temple. Il est de deux natures et
SAINT GHEOnmE LE CRAND, PAPE.
r).'iu
dans deux natures, sans que leur union pro-
duise en lui aucune confusion, ni qu(! leur
di.slinction divise ou mnlliplic son unité.»
14. <i Tons les élus', soit ceux qui ont pié-
cédé la venue du Messie, soit ceux qui l'ont
suivie, et qui sont présentement dans l'É-
glise, ont cru et croient au Mi'diateur de
Dieu et des hommes ; tous ont crié Iwsannn,
c'est-à-dire : Sauvez-nous., C'est /ilui que ceux
qui l'ont précédé ont demandé leur salut,
et que ceux qui vivent le demandent, en con-
fessant que celui-lA est béni, qui vient an
nom du Seigneur. Les peuples qui ont pri;-
cédé sa venue, ou qui l'ont suivie, ont eu la
même espérance et la même foi ; c'est en
vertu de sa passion et de sa résurrection que
les uns et les autres ont été guéris, quoique
les uns l'attendissent, et que les autres ne
fussent venus qu'après : car de même que
les justes qui ont vécu avant nous, ont cru
qu'il viendrait un jour pour les racheter, et
l'ont aimé par avance comme leur libérateur,
de même nous croyons qu'il est venu, nous
nous attachons à lui par amour, nous brû-
lons du désir de le contempler face à face.»
15. «Dans toutes nos pensées^ et dans tou-
tes nos actions, c'est Jésus-Christ que nous
devons prier, comme le principe de nos bon-
nes pensées et de nos bonnes œuvres ; sans
lui, nous ne ' sommes jamais sans péché, et
avec lui nous ne sommesjamais sans justice.
Levez-vous sur vos pieds, disait l'Esprit de Dieu
au prophète Ezéchiel, et je vous parlerai ; aus-
sitôt l'Esprit entra e? le fit tenir sur ses pieds. La
voix de Dieu commande ' au prophète de se
SurUfolea
Sur la gr'«
ce. ïja Dicet-
fi'é. Dieu 'a
Tel re ounl*
quofois. On y
itsisle.
Erecb. cap,
Il| Vdrs.l et^.
' Prœcessit quippe judaicus popiUus, seculus est
genlilis, el quia omnes etecti, sive qui in Judœa
esse potueruiit, sive qui nunc in Ecclesin cvistunt,
in Mediatorem Dei et hominum crcdider-unt et
credunt.qidprœeunt et qui sequuntur hosanna cla-
mant. Uosaima autem lalina liiigua, salva nos di-
citur. Àb ipso enimsaluiem et priores quœsierunt,
et prœseiUes quœrunt : et henediclum qui venil in
noinine Domini confUentur, quoniam nna spes,
itnn fides est ])ra'cedentium, atque sequentium po-
pulorum. Nam sicut illi expecialapassione acre-
surrectione ejus sanati sunt, ita nos prœterila
passione illius ac permanente in sœcula resurrec-
tione sdlvamur. Quem enim priores noslri e.v ju-
daico populo crediderunt atque amaverunt ven-
turuni, hune nos el venisse credimus el amamus,
ejusque desiderio accendiinur, ut eum faciead fa-
ciem contemple mur. Greg., in Ezech., lib. Il, Ho-
mil. 5, uum. 2, pag. l:ib2-1333.
* Discipulis dicebat {CtirislusJ ;Sine meniliil po-
testis facere. In omne ergo quod cogitainus, in
omne quod agimus, semper orandum est, ut et
ipso aspirante cogilemus, et ipso adjuvante facia-
mus. Greg , in Ezech., lib. I, Homil. 10, num. 4j,
pag. 1281.
5 lUius ergonohis virlus quœrenda est, et gra-
tta postuUnuia, sine quo nusquam absque culpa,
cum quo nusquam sine justitia. hlem., lib. \\\,
Epist. i, pag. 819.
* Fili lioininis, sta super pedes tuos, et loquar
tecum. Et iugressus est iu me Spiritus, postquam
lofiutus est mibi, et slatuit me super pedes mco.».
[Ezech-, cap. n, vers. 1 et 2.) Ecce divina vox ja-
cenli prophelœ jussit ut surgeret. Sed surgcre
omnino non posset, nisi in hune omnipolenlis
Dei Spiritus inlrassel : quia ex omnipotentis
Dei gratta ad bona opéra conari quidem possu-
mus, sed hœc implere non possumus, si ipse non
adjuval qui jubet. Sic Paulus, cum discipulos ad-
■monerel, dicens : Cum metu et tremore veslram
ipsorum salutem operauuini ; illico quis in cis hœc
ipsa bona operaretur adjunxit: dicens: Deus est
euim rjui operatur in vobis et velle et perBcere
pru buua vuhinlate. Ilinc est quod ipsa verilas
discipulis dicit : Sine me nihil potestis facere. Sed
in his considerandum, quia sic bona noslra si
HISTOIRE G1':NKR.\LE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
560
lever ; mais il n'nurait pu se lever, si l'Esprit
de Dieu ne fût entré dans lui. Nous pouvons
bien faire des ell'orls pour de bonnes actions,
par la grAce du Tout-Puissant ; mais nous
ne pouvons les accomplir, si celui-là même
qui commande ne nous aide, .\ussi saint
Paul, après avoir dit à ses disciples d'opérer
leur salut avec crainte et tremblement, ajou-
te que c'est Dieu qui opérera en eux le vouloir
et le faire, selon son bon plaisir. C'est encore
ce qneJésus-Ctirisl nous enseigne, en disant:
Sans jnoi vous ne pouvez rien faire. Mais si nos
actions étaient tt'Ucraent des dons de Dieu
qu'il n'y ci'it rien du notre, nous n'aurions
aucun droit d'en demander la récompense
comme l'ayarft méritée ; si au contraire elles
sont tellement de nous, que les dons de Dieu
n'y aient point de part, pourquoi en ren-
dons-nous grâces à Dieu ? Nos mauvaises ac-
tions, il est vrai, sont uniquement de nous ;
mais les bonnes sont de Dieu et de nous. Il
nous prévient par son inspiration, afin que
nous voulions, et il nous pousse en nous ins-
pirant, afin que nous ne voulions pas eu
vain, et que nous puissions accomplir ce que
nous voulons ; en sorte que la grâce préve-
nante étant suivie de la bonne volonté, cela
même qui est un don de Dieu devient notre
mérite. C'est ce que saint Paul explique en
ces termes -.J'ai travaillé plus que tous les au-
tres : et afin qu'il ne parût point attribuer à
ses propres forces ce qu'il avait fait, il ajoute:
Ce n'est jms moi, mais la grâce de Dieu avec
moi. Parce qu'il avait été prévenu par la
grâce, il semble, en disant : Te n'est pas moi,
avouer qu'il n'avait aucune part à la bonne
action ; mais à cause que par cette grâce son
libre arbitre avait rcru l'activité pourle bien,
et que dans l'accomplissement de la bonne
œuvre il n'avait fait que suivre l'impression
de cette grâce sur son libre arbitre, il ajoute:
C'est la grâce de Dieu avec moi. C'est comme
s'il avait dit : Ce n'est pas moi qui ai travaillé
dans kl bonne action, et toutefois c'est moi :
car, en tant que j'ai été prévenu par la grâce,
ce n'est JMS moi ; mais, en tant que j'ai suivi
l'impression de cette grâce par ma volonté,
c'est moi qui ai travaillé. Il arrive souvent que
le même Esprit ' qui nous avait élevés se re-
tire de nous, afin de nous faire connaître qui
nous sommes ; c'est ce que signifient ces pa-
roles de Job : Vous me réduirez en jMussière.
En eU'et, lorsque Dieu se retire de l'bomme
durant la tentation, il devient comme une
terre qui, manquant d'eau, sedessèclie. Dieu
en use ainsi, pour lui apprendre quelle est
sa faiblesse lorsqu'il est abandonné à lui-
même, et comment sans le secours de sa grâ-
ce, il demciwe sec et stérile : il abandonne
même * quebjuefois ceux qu'il aime pour
l'éternité. Ae m'abandonnez pas cntiéretnent,
lui disait David, sachant bien qu'il pouvait
lui être utile d'être abaiîdonné pour un temps,
pourvu qu'il ne le fut pas pour toujours. Dieu
assiste les saints, lorsqu'il vient à eux; il les
éprouve, lorsqu'il les délaisse ; il ' détruit,
pour ainsi dire,le cœurde l'iiomme lorsqu'il
l'abandonne'; il l'édifie, lorsqu'il le remplit.
En vain le prédicateur exliorte au dehors,
si Dieu ne remplit le cœur de celui qui écou-
te. La bouclie qui parle est muette, si Dieu
ne parle au dedans de l'âme, et n'inspire
intérieurement les paroles que les oreilles
du corps entendent ; ce qui faisait dire au
omnipotentis Dei dana sxint, ul in eis aliquid nos-
trum non sil, curnos quasi pro mcritis œlernam
retrihulioneiii quœriinus ! Si autem ila noslra
sunl, ul cloua Dei omnipotentis non sint, cur de
eis omnipotenli Dca gralias agiinus? Scd scien-
dum est, quia nuila nostra solummodo nostra
sunl; bona autem noslra, et omnipotentis Dei
sunl, el nostra: quia ipse aspirando nos prœve-
nil ut velimus, qui adjuvando suhsequihir, ne
inaniler velimus, sed possimus implire qinr i!o/i/-
mus. Prœveniente rrgo gratia, el lio:ia voluntate
gul)Sequenl(, honiuoilomnipolcntis Dei donum est,
silmerilum uoslruiu. (juodhene Paulus hrevi scn-
lentia explicot, dicens : Plus illis inniiil)U9 labnin-
vi. Qui ne suœ viderelur virtuli Iribuisse quod
feceral, adjunxil : Non aiili'in ofro, m-d prati.i Doi
mo'iim. Quia ehim cœlesti dono pra-vcntus est,
quasi alienum se a bono suo opère agnovil, di-
cens : Non avilcin c;to. Sed quiii prwrrniens gra-
tialiberumin eo arbitrium feceral in bonum, quo
libero arbitrio eamdem gratiam est subsecutus in
opère, adjun.xit : Sed gralia l)i;i inccuni. Ac si di-
ceret : In hono opère laboravi, non ego, sed et ego.
In tioc eitim quod solo Dnmini dono prceveiitus
sum, non ego: in eo autem quod donum volun-
tale subsecutus, el ego Gr(>g., m Ezccli , lit), l,
Bomil. n, nuni. 2, png. 1219 et 1250.
' Undc fit plerumque ut isdem qui sublevave-
rnl, pnrumper deseral Spiritus, qualenus ipsum
sibi liominem oslendat. Quod sanclus rir proli-
nus exprimit, cum sulijunyil : El in piilvereni re-
duccs lue. Quia enim per suhtractionem Spiritus,
mens uliquanlulum in tciitntione deserilur, qua-
si iili Itiimnre prislino terra siccatur : ut infirmi-
tatem sriiim dereliclus sentint, et sine infusione
superwp graHœ. quantum liomo aruil, cngnoscat.
Idem., lit). l\«,»/or(//., niiin. .lO, png. 323.
' Idem., lih. .\X Moral., luim. .'il. pag. B61.
• IdiMn., lili. XI .Voral., niiin. 12, pag. 370.
[VII' SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT GnÉGOIRE LE GRAND, PAPE.
561
PiopliMc : 5» le Seigneur ne bâtit la maison,
en vain travaillent ceux qui l'édifient. Il ne faut
pas s'étonucrsi le piidicalour n'est pasécouté
par un cœur répi'ouvé, puisijue Dieu trouve
quelquefois de la ri'sistaïue ilans les nur'urs
dépravées de ceux à qui il parle lui-même.
Gain, averti de la propre bouclie de son Dieu,
ne fut point changé, parce qu'en punition
de son crime et de sa mécliaiuelé. Dieu l'a-
vait déj;\ abandonné intérieurement, lorsqu'il
le rcpienaitau dehors pour le convaincre et
le rendre inexcusable. Il est dit que ^ si Dieu
tient une personne enfermée et prisonniè?-e, nul
ne peut lu /«(Ve 6W/iV, parce que, comme per-
sonne n'empêche la largesse de Dieu lors-
qu'il appelle, de même personne ne fait obs-
tacle à sa justice lorsqu'il abandonne, infor-
mer, i\ l'égard de liieu, n'estautre chose que
ne point ouvrir ;\ ceux qui sont enfermés. On
dit aussi de Dieu, qu'il endurcit par sa jus-
tice les cœurs des réprouvés, lorsqu'il ne
les amollit point par sa grâce, n
Grèce prt. {Q ^^ Les saints * n'ignorent pas que, nés
d'une race corrompue depuis la chute du
premier homme, s'ils ont été changés en
mieux et dans leurs désirs et dans leurs ac-
tions, ce n'est pas l'ouvrage de leur vertu pro-
pre, mais celui de la grùcede Dieu qui les a
piévenus de ses dons. Us reconnaissent donc
que tout le mal qui est en eux prend sa sour-
ce dans la corruption de leur origine, et que
tout le bien qu'ils ont vient de la libéralité
de la grâce et de la bonté de leur Sauveur,
qui par sa grâce prévenante leur a fait vou-
loir le bien, et le leur a fait accomplir par une
grâce subséquente. C'est de ces saints qu'il
est dit dans l'Apocalypse : Usant adoré relui
qui vit durant tous les siècles, en mettant leurs
couronnes aux pieds du trône du Seigneur. Met-
tre leurs couronnes aux pieds du Seigneur,
n'est autre chose que lui attribuer, et non
pas â eux-mêmes, les victoires qu'ils ont
remportées dans leurs combats, et en rap-
porter toute la gloire à celui qui leur a don-
né les forces nécessaires pour bien combat-
tre. Personne 'n'a donné le premier à Dieu,
tratulU.
' Dicatur ergo : Si incluserit hominem, duIIus
ost qui aperiît ; quia sicut iiemo obsistit largilati
vocanlis, ita nullus obviai justitiœ relinqventis.
Inciudere itaque Dei, est clausis nou: aperire. Vn-
de et ad Muysen diciiur de Pharaone : Ego indu-
ralio cur ejus. Ohdurare quippe per justitiam di-
cituv, quando cor reprobuni per gratiam non
emollit klem., ibid., num. 13, jiag. 3"1.
' Sancli aulem viri seiunt, post primi parentis
lapsiim, de corruphhili stirpe se éditas, et non
virtute propria, sed pravenienle superna gratia
ad meliora se vota rtl opéra conimuiatos ; et
qtiidquid sibi mali inesse cognoscunt, de morlali
prapugine senliiint meritum: quidqnid vero in se
boni inspiciunt, imnwrtaiis gratiœ donum, eique
de accepta munere debilores fiunl, qui et prœve-
niendo dédit eis bonuni telle quod noluerunt, et
suhseqiiendo concessil bonum passe quod volunt.
Vnde bene per Joannem diciiur: Adoraverunt vi-
veutem in soecula sa^culorunj.mitteulescorouas suas
aute tlirùLium Doniini. Coronas namquesuas unie
tlironum Domini millere, est cerlamimim suo-
rum victorias non sibi tribuere, sed auctori, ut
ad ilium référant gloriam taudis, a quo se scitint
vires accepisse cerlaminis. Greg., lib. XXII Mo-
ral., num. 20, pag. 708.
5 Keiiio quippe, ul divinaillutn gratia subsequa-
tur, prius aliquid contuUt Deo. Aam si nos Deum
bene operando prœvenimus, ubi est quod Proptie-
ta ait : Misericordia ejus prœveniet me'^ Si quid
nos boncB operationis dedimus, ut ejtis gratiam
mereremur, ubi est quod Àpostolus dicit : Gratia
salvati estis per fidem, et hoc non es vobis, sed
l)ei donum est, non ex operibus? Si nostra dilec-
tio Deum prœvenil, ubi est quod Joannes aposlo-
lusdicil: Non quia dos dilexerimus Deum, sed
quia ipse prior dilexit nos?.,. Ubi est quod rur-
XI.
sum per Paulum lam salubriter dicitur... Non
quia sufficieiitps simus aliquid cogitare a nobis
quasi a uobis, sed sufficientia nostra ex Deo est'^
Neino ergo Deum meritis prœvenil, ut tenere
eum quasi debiloreui possil: sed miro modo œquus
omnibus Conditor, et quosdam prœlegit, et quos-
dam in suis pravis morib^ls derelinquit. ^ec ta-
men electis suis pielalem sine justilia exhibet,
quia /iie eos duris a/Jliclionibus premit : necrur-
sum reprobis jusliliam sine misericordia exercet
quia tiic œquanimiler loleral, quos quandoque in
perpeluum damnât. Si ergo et electi prœvenien-
tem se gratiam sequunlur, el reprobi juxla quod
merentur, accipiunt: et de misericordia ince-
rdunt electi qund laudenl, et de justitia non lia-
beat reprobi quod accusent. Bene itaque diciiur:
Quis ante dédit mihi, ut reddam ei ? Ac Si aperle
diceretur : ad parendum reprobis nulla ralione
compellor, quia eis debilor ex sua actione non
teneor. Idcirco enim nequaquam cœlestis patriœ
prœmia œlerna percipiunt. quia ea nunc, dum
promereri poterant, ex lihero arbilrio contemp-
serunt. Quod videlicel liberum arbitrium in bono
formalur eleclis, cum eorum mens a terrenis de-
sideriis gratia aspirante suspendilur. Bonum quip-
pe quod agimus, et Dei est, et nostrum : Dei, per
pra-venicnlem graliam; nostrum, per obsequen-
tem liberam voluntalem. Si enim Deinon est, un-
de ei grattas in œlernum agimus ? Rursum si nos-
trum non est, unde nobis retribui prœmia spe-
ramus ? Quia ergo non immerilo gralias agimus,
scimus quod ejus inunere pra'veniemur ; el rur-
sum. quia non immerilo relrihutionem quœrimus,
scimus quod obsequente libero arbilrio bona ele-
gimus, quic ageremus. Greg., lib. XXXIl .floral.,
num. as et 39, pag. 1100 et 1101.
562
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
^nr II prO-
U rijiroti-
1.00,
pour l'obliger à donner sa grâce. Si nous le
prévenions par nos bonnes œuvres, que de-
viendraient ces paroles du Hoi-proplièle : Sa
miséricorde me prévietidru? Et si nous avons
mérité la grâce par le bien que nous avons
fait, comment l'Apôtre a-t-il dit : C'est jmr la
grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la
foi, et cela ne vient jxis de vous, c'est un don de
Dieu ; cela ne vient pas de vos œuvres. Si notre
amour pour Dieu prévenait ses dons, saint
Jean n'aurait pas dit : Ce n'est pas nous qui
avons aimé Dieu, c'est lui qui nous a aimés le
premier. Saint Paul n'aurait pas dit non plus :
Non que nous soyons capables de former de nous-
mêmes aucune bitnne pensée, comme de nous-mê-
mes. ))
17. « Ainsi personne ne prévient Dieu, de
manière à le rendre son débiteur; mais étant
également le Créateur de tous les bommes,
Dieu en prédestine , en choisit quelques-
uns, et abandonne justement les autres à
leur vie dépravée. Ce n'est pas qu'eu faisant
part de ses miséricordes à ses élus, il ne leur
fasse sentir quelquefois les rigueurs de sa
justice, par les afflictions qu'il leur envoie
durant celte vie. Il ne prive pas même les ré-
prouvés de ses grâces et de ses faveurs, quoi-
qu'il exerce contre eux sa justice, puisqu'il
les souffre longtemps avec patience en ce
monde, avant de les livrer aux supplices
dans 'l'éternité. Les élus, en suivant l'im-
pression de la grâce qui les prévient, ont su-
jet de louer la miséricorde de Dieu; les ré-
prouvés, en soutirant les supplices qu'ils
méritent, ne peuvent se plaindre de sa jus-
tice. Qui est-ce, dit le Seigneur, qui m'a don-
né le premier, afin que je lui rende ? Comme
s'il disait : Je ne suis pressé par aucune rai-
son de pardonner aux réprouvés, parce que
je ne dois rien au mérite de leurs actions;
ainsi ces maliieureux ne reçoivent point le
prix éternel delà céleste patrie, parce qu'ils
ont refusé par leur libre arbitre de la méri-
ter. A l'égard des élus, ils ont été formés au
Sari
it U
ivte le
ariNtrf.
bien par l'inspiration de la grâce, et élevés
par elle au-dessus des désirs terrestres. Tout
le bien que nous faisons vient de Dieu et de
nous : de Dieu, par le secours de sa grâce
piévenante; de nous, par la coopération de
noire libre volonté. S'il ne venait pas de
Dieu, en vain nous lui en rendrions gr;\ces;
s'il ne venait pas de nous, quel droit aurions-
nous d'en espérer récompense? Nos actions
de grâces à Dieu sont donc une preuve qu'il
nous prévient par ses dons ; et la récompense
que nous espérons de nos bonnes œuvres,
est une autre preuve de la part que notre
libre arbitre a dans les bonnes œuvres qu'il
fait en suivant le mouvement de la grâce. »
18. «Dieu par sa bonté agit' premièrement
sans nous dans nous-mêmes, aCn que, notre
libre arljitre suivant le doux mouvement de
sa grâce, elle opère avec nous le bien qu'elle
nous a fait désirer; ce qui n'empécbe pas
que Dieu ne le récompense en nous avec la
même bouté, que s'il venait purement de
nous. Saint Paul marque clairement que
c'est Dieu qui nous prévient pour nous faire
justes, lorsqu'il dit : C'est par la grâce de Dieu
que je suis ce que je suis; et, parce que Dieu,
à la suite du consentement de notre libre ar-
bitre, nous favorise encore de son secours,
il ajoute : Et sa grâce n'est pas demeurée en
7noisans effet, mais j'ai travaillé plus que tous
les autres. Puis, considérant qu'il n'étnil rien
de lui-même, il dit : Non pas moi toutefois;
après quoi, reconnaissant qu'avec la grâce
il a fait quelque chose, il ajoute : inais la grâ-
ce de Dieu avec moi. Or, il ne dirait pas avec
moi, s'il n'avait point le libre arbitre qui sui-
vit l'impression de la grâce prévenante. Il est
donc vrai que l'innocent sera sauvé à cause de
la pureté de ses mains, parce que Dieu, dans
son dernier jugement, récompensera pour
ses mérites, celui qu'il aura prévenu de sa
grâce durant cette vie. »
19. « Les élus parviennent ' au royaume de
Dieu par leur travail, eu sorte qu'ils méritent '^^
•ffftrl
Sor
llludr '
' Superna ergo pietas priiis agit in nohis ali-
quid sine nohis, ut, subse.ijuente guaque nostro li-
bero arbitrio, bonuiii quod jam uppetinius, agal
nobiscum : guod tainen per impcimam graUam
in extrcmn judicio Un rémunérai in nobis, ac si
soUs prDces.siasel ex nobi.i. (Juin eniiii divina nos
bonitag, ul innocentes faciat, prœvenil, l'tiulus
ait : tjralia iiulciii L)ei eiiui id (jiioil biiiii. El gnia
eaniilcm grultam noslrum libcrum arbilrinm se-
quilur, adjungil : Kt gratia ujiis in me vm-ua non
fuit, sed abundautius illis uumiljus luburuvi. Qui
dum se de se nihil etse'conspiceret, ait : Non tiu-
tein i'tio. El lainen, quia se essealiguid cum gra-
lia invenil, aiijtinxit : Se<l Kralin Hi'i nii^cuiu.
^on enim diceret, iiieciim , si cum prwiiniente
grali'i subscguens liberum arbilriutn non linbe-
ret lHundilia ilaque manuum suartim inno-
cens nalvnbitur; quia gui hic prarcnitur ttono
ul innoceus fiai, cvm ad judicium ducilur, ex
merito rcmuneratur. Grcg., Iil>. XVI Moral., uuui.
30, |>.ig. 512. •
• Jpsa perennis regni prœdeslinatio ila ab om-
[vn« SIÈCLE.] CHAPITHE XLIX. — SAINT
d'oblonir parleurs prit'res ce que Dieu a ré-
solu avant tous les siècles de leur donner.
Nous savons que nous sommes appelés ',
mais nous ignorons si nous sommes (''lus :
c'est ce qui doit nous porter à nous humilier
profondément devant Dieu. Il y en a qui ne
commencent pas même à faire le bien; quel-
ques-uns ne persévèrent pas dans celui qu'ils
ont commencé; d'autres passent toute leur
vie dans le péché, et sur la tin ils en témoi-
gnent du regret par leurs gémissements, et
font une sévère pénitence; quelques-uns, au
contraire, après avoir mené une vie sainte,
tombent dans la dépravation et dans l'er-
reur. L'un commence bien, et finit encore
mieux; l'autie, méchant dès sa jeunesse, de-
vient pire en vieillissant. Chacun doit donc
vivi-e dans une crainte continuelle, et se ré-
péter souvent ce qui est dit dans l'Évangile,
qn'il y en a beaucoup d'appelés, mais peu d'é-
lus. 1) Saint Grégoire rapporte sur cela *
l'exemple de trois sœurs de son père. Toutes
les trois se convertirent à Dieu avec un zèle
égal; deux persévérèrent, la troisième s'a-
bandonna au désordre, et se maria, sans
avoir égard au \œu de virginité qu'elle
avait fait. « Les jugements de Dieu sont un pro-
fond abime. Que personne ' n'entreprenne
d'approfondir pourquoi l'un est élu et l'autre
réprouvé , pourquoi * l'un est attiré par mi-
séricorde, etl'autrc rejeté. Si vous admirez la
vocation des gentils, l'Écriture vous répondra :
Quand il accorde la paix, qui osera le condam-
ner ? Si vous vous étonnez de la réprobation
gri:goiriî le grand, pape.
j63
dos juifs, elle vous dira : Qumid il aura caché
son visage, qui pourra le irgai-der? En sorte
qu'il faut (jue le conseil impr^m'lrahlc do la
puissance souveraine nous tiorme lien de
rais(ins, et que cette considération soit tout
l'éclaii'cissement de nos doutes. » Saint Gré-
goire autorise la soumission aveugle que
nous devons avoir pour les jugements de
Dieu, par l'exemple de Jésus-Chiist, ([ui ne
donne point d'autre raison de ce que Dieu a
caché ses secrets aux uns, et les a révélés aux
autres, sinon qu'il l'a voulu ainsi. Pourprou-
ver encore que les jugements de Dieu au
sujet de la prédestination et de la réproba-
tion sont impénétrables, il apporte * l'exem-
ple de deux enfants nés en même temps,
dont l'un reçoit le baptême, et l'autre meurt
sansl'avoirreçu. «Souvent même, ajoute-t-il,
le fils d'un père et d'une mère fidèles meurt
sans avoir reçu le sceau de la foi, tandis que
le filsd'unpère et d'une mère infidèles est ré-
généré dans les eaux du baptême. On dira
peut-être que Dieu avait prévu que celui qui
est mort sans ce sacrement, aurait vécu dans
le dt^sordre, et que c'est pour cela qu'il n'a
point permis que le baptême lui fût admi-
nistré; mais il faudrait dire, dans ce cas,
que Dieu punit les péchés de quelqu'un avant
même qu'il les ait commis : ce qui répugne à
la doctrine orthodoxe. Comment en eû'et pour-
rait-on dire, en pensant sainement, que Dieu,
qui délivre les uns des crimes qu'ils ont com-
mis, condamne dans les autres ces mêmes
crimes avant qu'ils aient pu les commettre? »
nipolenti Dec disposita est, ut ad hoc electi ex
labore perceniant ; quatenus postulando merean-
tur accipere, quod eis oinnipotens Deus anle sœ-
cula disposuit donare. lib. 1 Dialog.. cap. 8, pag.
181.
• Quia vocali sumus, novimus; si sumus electi,
nesciiiius. Tanto ergo necesse est ut unusqtiisque
nostrum in humilitatt se déprimât, quanlu st sit
electus ignorât. ^'onnuUi enim bona necincipiunt;
nonnulli vero in bonis quœ incœperunt, miiiime
persistunt. Atter pêne lotam litam ducere in prw-
vitale conspicilur, sed juxta finem vitœ a pravi-
tate sua per di^lrictœ pœnitentiœ lamenta revo-
catur. Aller elecLam videlur vitam ducere, el ta-
men liunc conlingil ad erroris nequitiam ju.vta
finem declinare. Alius bonum bene inchoat, me-
lius consummat. Alius in malis acUbus aprimœva
œtate se dejicit, el in eisdem operibus semper se
ipso delerior consummalur. Tanlo ergo sibi unus-
quisque sollicite melual, quanlo ignorât quod
restât; quia, quod sœpe dicendum est, et sine
oblivione retinendum, multi sunt vocati, pauci
Tero electi. Greg., in Evang., lib. II, Homil. 38,
uuiu. n, pag. 1641 et 1642.
« Greg., in Evang., lib. Il , Bomil. 38, num. 15,
pag. 16J2.
3 Scriptum est : Judicia tua abyssus multa. Ne-
mo ergo prrscrutari appelai, cur, cum alius re-
pelHlur. olius eligatur. Greg., lib. XXIX Moral.,
Dum. 57, pag. 943.
* Idem., lib. XXV Moral, num. 32, pag. 803.
5 VI enim unum e mullis loquar, duo ad hanc
lucem parV'uli veniunt; sed uni datur ut ad re-
demptionem per baptisma redeal, aller anle sub-
trahitur. quayn hune regenerans unda perfundat.
Et sa'pe fidrlium lilius sine fide rapilur, sœpe in-
fidelium concesso fiiici sacramento renovutur. Sed
fartasse aliquis dicat, quod hune Deus acturum
prave etiam posl baptismum noverat, et idcirco
eum ad baptismalis gratiam non perducat. Quod
si ita esl, peccata quorumdam procul dubio ,
priusquam sint perpelrala, puniiintur. Et quis
isla recte senliens di.rerit, quia omnipottns Deus,
qui alios a perpetralis facinoribus libéral, hœc
in aliis etiam non perpelrala condemnet? Greg.,
lib. X.X.V1I Moral., num. 7, pag. 85:;.
564
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
î:
sorif. jn- 20. Les ancres ' dans leiiicréillion étaient
■»"■"• de nature à pouvoir di'choir de leur état, ou
y demeurer par leur libre arbitre; mais,
par rattachement qu'ils ont eu pour leur
Créateur, ils ont acquis l'avantape de n'être
plus sujets aux clianfrements. Saint Grégoire
donne ' en un autre endroit le nom d'ani-
mal raisonnable à l'ange qui annonça aux
pasteurs la naissance du Sauveur, ce qu'il
ne fait sans doute qu'en supposant que cet
auge avait apparu sous une forme humaine.
Il dit encore ' que l'ange , comparé à l'honi-
me. est esprit, et qu'il est corps, comparé à
Dieu : expressions q\i'il n'emjjloie que pour
marquer que la nature de l'ange, quelque
excellente qu'elle soit, est infiniment au-des-
sous de celle de Dieu. Ailleurs il dit nette-
ment* que l'ange est esprit, et l'iiomme es-
prit et chair ; que les démous, quoiqu'incor-
porelo ^ , seront tourmentés par un feu cor-
porel. Il distingue neuf ordres d'anges, qu'il'
appelle , d'après l'Ecriture , les auges , les
archanges , les vertus , les puissances , les
principautés, les dominations, les trônes, les
chérubins et les séraphins. Le mot d'ange, se-
lon''lui, est un nom d'office et de fonctiflns,
et non pas de nature ; il signifie envoj-é
ou ambassadeur. Les archanges sont les pre-
miei-s et les principaux ambassadeurs; tous,
habitants de la céleste patrie, ils sont toujours
esprits; mais il ne sont appelés anges, (pic
quand ils sont envoyés pour annoncer quel-
pmj. ciii.t. que chose ; d'où vient que David dit : Dieu qui
des esprits en fait des anges. Le diable , en
voulant être semblable à Dieu en élévation ',
par un orgueil démesuré, a perdu la res-
scmblauce qu'il avait avec Diou ; et se croyant
capable de se suffire, il est tombé d'autant
plus bas au-dessous de lui-même , qu'il s'é-
tait voulu élever plus haut , au mépris de
son Créateur; de sorte que celui qu'une ser-
vitude toute volontaire pouvait élever, a été
abattu par une liberté devenue captive.
21. «Pour ce qui est du premier homme',
il fut mis dans le paradis terrestre en un
tel état, que s'il fût demeuré attaché par
les liens de la charité à l'obéissance envers
son Créateur, il eût été un jour enlevé dans
la céleste patrie des anges , sans passer par
une mort temporelle : car il avait été créé
immortel, mais de telle manière que, s'il ve-
nait à pécher , il serait sujet à la mort. Son
péché avec sa peine a passé à tous ses des-
cendants ; tous ont raison de dire'" avec Da-
vid : J'ai été conçu dans l'iniquité, et via mère
m'a mis au monde avec le péché. Celui-là seul
est véritablement saint , qui , pour surmon-
ter la corruption de notre nature, n'a pas
voulu être conçu par les voies communes et
ordinaires. Si Job fût mort " au sortir du
sein de sa mère, pensez-vous, dit saint Gré-
goire, qu'il eût mérité la récompense éter-
nelle par cette mort prématurée '1 Pensez-
vous que les enfants qui meurent avant de
naître, jouissent d'un repos éternel? Non,
répond ce Père ; quiconque n'est point dé-
livré par l'eau de régénération, demeui'c tou-
jours engagé dans les liens du premier pé-
ché : or ce que fait maintenant l'eau du bap-
tême, parmi les anciens la foi l'opérait pour
SurtViitdn
preii.t«r hom-
rre, I« yithi
oni; n.*!, la
clrcnt.c *ir'n -.l
le bi) Un» di"
Mfknt..
' Tpsi quogue angelici spiritus mutabiles exna-
lura siint condili, qualenus aul sua spnnte cnde-
reiil, aul ex arbitrio slarent. Sed (juia humililer
elegcru.nl ei inliœrere. a quo creati sunt, hanc
ipsam in se mutabilUatem suam standi jam im-
mulahilitate vicerunt. Grcg., lib. XXV Uoral., num.
11, pag. 791.
» tireg.. idem, m Evang.,\i\n. 1, Uomil. 10, num.
1, pag. UC8.
' Idem., lib. II Moral., num. 3, pag. 39.
* Idem., lib. IV Moral, num. R, pag. 108.
' Diaholus ejusijue nngcli, cum fini incorporel,
corporeo sunl igné cruciandi. Idem., lib. IV Dia-
log., cap. XI IX, pag. HT.
" Grcg., in Evang., lib. Il, Uomil. 3i, num. 7,
pag. 100,^.
' Idem., ifti'd., num. 8, pag
« Grcg., lib. XX.MV Moral.,
» Idem., lib. IV Moral., num. 54, pag. IJG.
" Sos eisi sancti efficimur, non lamen sancli
nasrimur : guia ipaa nnixiriF eorrujtlihilin condi-
tione ronulringiniur, ut cum Praplieta dicamu.t :
Kccc cuiui in iniquilulibus conceptus guui, et iii
1C04.
num. 40, png. H3l.
delictls peperit me mater mcn Ille aulem soltis
veraciter sanctus nalus est, gui ul ipsam condi-
lioneui nalurœ corruptibilis linceret, e.r commix-
tione carnalis copulœ conceptus non est. Idem.,
lib. XVI 11 tu Job, num. 84, i>ag. ;i»8.
" Kumquid .«i egressus {Job) ex utero slatim pe-
riissel, retributionis meritum ex hac ipsa perdi-
lione conciperel? Kumquid alterna requie aborti-
vi fruuntur .' (Juisquis enim rrgeneralionis unda
non solvilur, rcatu primi vinculi ligalus lenelur.
Quod vero apud nos va Ici aqua baptismalis, hoc
cgil apud veleres vel pro parvulis sola fuies , vel
pro majoribus virlus sacrificii. vel pro his qui ex
Ahrohœ stirpe prodieranl, niy.ttenum rircumci-
sionis. Niim quia unusquisque cum primi paren-
tis culpa concipitur, l'ropheta lestatur direns :
Erce enim in iuii|uitalibus conceptus sum. Et quia
is, queni salutis unda non diluil, originali.i cul-
pœ supplicia non amittil, aperle pcr semelipsam
¥<ritas pcrhibel, dictns : Nisi quis rcn.itus fuurit
e.\ Hipia et Spiritu Sancto, non liabebit vilam icler-
uam. lireg., lib. IV Moral., pag. 102.
Snr le bip-
tenir do fsint
JfUQ «t celui
Christ ;f:e*ir.
'"Ij. C*ri-mo-
" 'S du I>ijit4-
[vii« sifecLE.l CHAPITRE XLIX. — SAINT
les enfants , ou la vertu des sacrifices pour
Jcs personnes ;*igées, on le mystère de la
circoncision pour ceux qui sortaient de la
race d'Abraliam. Que chacun naisse avec la
coulpe du pi'tlié du piomior homme, O-ivid,
comme on vient de le dire , le témoigne
par ces paroles ; J'ai été conçu dans l'iniqui-
tv, etc. VA que ceux qui n'ont point étd lavés
dans l'eau du salut, ne soient point exempts
lies supplices du péché oiif;inel, ,I('sus-Cliiist
nous en assure en disant : Si l'on ne renaît
de l'eau et de l'es/jrit, on ne saurait entrer du7is
le royaume de Dieu. Il y en a plusieurs ' qui
sont enlevés de ce monde avant d'être par-
venus à l'âge où l'on peut faire le bien et le
mal ; et , parce que les sacrements du salut
ne les ont point délivrés de la faute origi-
nelle, les supplices sont leur partage dans
l'autre vie : toutefois il n'ont point agi par
leiu" propre volonté eu celle-ci. La première
blessure que reçoivent ces sortes de person-
nes , c'est de naître dans la corruption du
péché : la moi-t temporelle est pour eux une
autre blessure ; mais, comme cette mort est
suivie d'une éternelle , on peut dire avec
Job, que leurs blessures se sont multipliées par
un jugement juste, mais caché, puisque ces
personnes qui n'ont commis aucun péché
par leur propre volonté, sont condamnées à
des supplices éternels. S'il en est ainsi, quel
doit être le châtiment de ceux que l'iniquité
de leurs propres actions condamne ? n
22. « Saint Jean, après avoir prêché le bap-
tême de la pénitence , le conférait - à ceux
qui le demandaient ; mais il ne doiniait point
par ce baptême la rémission des péchés, qui
était réservée au baptême de Jésus-Christ.
C'est pourquoi l'Evangile dit que saint Jean
prêchait seulement le baptême pour la ré-
GRKr.OIHE LE GRAND, PAPE. 5568
mission des péchés, c'est-à-dire qu'il l'annon-
çait, ne pouvant le donner lui-même. Par le
baptême de Jésus-Christ, nous recevons la
rémission du péché originel ' , et de tous
ceux que nous pouri-ious avoir commis pré-
ci'demmenl. lis sont elfacés véritablement
par ce sacrement , et non-seulement en ap-
parence , comme quelques-uns ' le disaient.
Mais le baptême, eu nous remetlant la coulpo
originelle , ne nous délivre pas de nos pas-
sions ; nous y demeurons assujettis. Il est
hors de doute que les" enfants qui meurent
après le baptême , entrent dans le royaume
du ciel ; mais ceux qui sont déjà avancés en
âge , et qui savent parler , ne jouissent pas
tous du même bonheur. Il y en a qui en sont
privés parla mauvaise éducation qu'ils reçoi-
vent de leurs parents; » ce que saint Grégoire
prouve ° par l'exemple d'un enfant qui, élevé
dès l'âge de cinq ans avec trop d'indulgence
et de mollesse par son père , s'emportait en
des blasphèmes contre la majesté de Dieu,
aussitôt que quelque chose lui déplaisait :
ce qu'il continua de faire jusqu'au moment
de sa mort. Dans l'Kglise romaine, on plon-
geait ' trois fois celui qu'on baptisait, pour
exprimer les trois jours de la sépulture de
Jésus-Christ. Ces trois immersions pouvaient
aussi signifier les trois personnes de la Tri-
nité , comme l'unique immersion, l'unité de
la nature divine. Mais, parce qu'en Espagne
les ariens baptisaient par la triple immer-
sion, saint Grégoire conseilla à saint Léan-
dre de Séville de n'employer qu'une seule
immersion dans le baptême, de peur, dit-il,
qu'il ne leur semble que nous divisons com-
me eux la divinité, et qu'ils ne se vantent
que leur coutume l'ait emporté sur la nô-
tre.
k
' Grog., lib. I\ Moral., uuin. 32, pag. 303.
' Joannes tion sol um baiitisnritmpn'nitenti(epriF-
dicavil, rerum etiam guibusdum dédit : sed ta-
men baplismum suum in remissionem peccato-
rum dare non potuit. Remissio ettniin peccato-
rum in solo nobis baptisino Cliristi tribuiiur. Ko-
tandum iUtque quod dicilur : l^raeiikans Laptis-
mumpœniteuti.Te in remissioupm peccalonuu. Quo-
niam baptismum quod peccata salveret, quia da-
re non paierai, prœdicabat, etc. Greg., in Evang.,
lib. 1, Homil. 20, pag. 1516 et 1517.
' Ab originali culpa per baptismum libtramxir.
Idem., lib. XV Moral., nuiu. 57, pag. 492.
* Si qui vero sunt qui dicunt peccata in baptis-
male superficie tenus dimitti,quid est liac prœdi-
calione infidelius, in qua ipstim fidei sacramen-
tum festinant solvereî... Sic quippe ontnes qui in
sanclo baptismale lingunlur, eorum peccata prai-
lerita omnia laxanttir, quia eis veluti Mgyplii
hostes a tergo moriuntur. Sed in inlerno alios
hosles iuvenimus ; quia dum in hac vita rivinms,
priusquam ad promisionis palriam perlingamus,
inulUv nos tentationes fatigant, et ad terrani vi-
ventium lendentibus iter intercludere festinant.
Greg., lib. Il, Episl. 45, pag. 1131.
^ Etsi omnes haptizalos infantes, atque in ea-
deni infantia morientes ingredi regnum cœlesle
credendum est- omnes tamen parvulos, qui scili-
cet jam loqui possunt, régna cœlestia ingredi cre-
dendum non est ; quia nonnullis parvulis ejus-
dem regni cœlestis aditus aparentibus clauditur,
si maie nutriantur. Greg., lib. IV Dialog., cap.
xvm, pag. 100.
* Idem., ihid.
' L"5b. 1, Episl. 43, pag. 332.
360
niSTOIRE GÉNÉRALE DES A.UTEUHS ECCLÉSIASTIQUES.
Sar le ml-
liUtr« do Un-
téiD8. et le
Umf* de l'ad-
mioUlrer.
23. L'cvêque était le ministre ordinaire du
baptême, en sorte que son absence ' , dans
les jours destinés à la célt-luation de ce sa-
crement, exposait les enfants A mourir sans
l'avoir reçu. Les jours du baplêmc solennel
étaient la fête de Pâques et telle de la Pen-
tecôte. Ce fut par une dispense particulière,
et à cause de l'utilité de l'Kglise naissante
d'.\ngleterre, que saint Augustin * baptisa le
jour de Xoël plus de dix mille Anglais. Par
ime semblable raison, saint Grégoire ordon-
na ' de baptiser des juifs un jour de Dinian-
cbe, ou en quelque autre grande fête, en
cas qu'ils eussent de la peiue à attendre la fête
de Pâques, en les obligeant toutefois de se
préparer au baplème par un jeune de qua-
rante jours ; mais il était d avis qu'on leiu-
persuadât de remettre leur baptême à Pâ-
ques. La pénitence de quarante jours qu'on
leiH' imposait, était, comme on l'a déj;'» re-
marqué, autant pour éprouver leur bonne
volonté, que pour leur faire sentir les ri-
gueiu-s du cbristianisme, afin qu'ils ne pus-
sent se plaindre de !a dureté de ses lois après
l'avoir embrassé. Au reste, ce saint Pape ne
voulait pas que l'on contraignit personne à
recevoir le baptême, dans la crainte que ceux
qui ne l'auraient reçu que par m'-cessité, ne
retournassent avec plus de danger à leurs
superstitions. Il écrivit * donc à Virgile, évê-
que d'Arles, et i\ Théodore de Marseille, ac-
cusés d'avoir baptis('' plusieurs personnes, par
force, d'employer la voie de la peisuasion,
et de se contenter de prêcher et d'instruire,
pour éclairer el convertir solidement. On
peut bantiserune " femme enceinte, puisque
la fécondité est un don de Dieu, et bai)liser
son enfant aussitôt qu'il est né, s'il y a dan-
ger de mort. Dans le doute si une personne
est baptisée, il faut la baptiser, de peur
qu'elle ne meure sans baptême. On ne rebap-
tisait pas * ceux qui avaietit été baptisés au
nom de la Trinité dans l'hérésie; l'on se con-
tentait de les recevoir dans le sein del'Kglise,
ou par l'onction du saint chrême, ou par l'im-
position des mains, ou par la seule profes-
sion de foi ; mais on baptisait ceux qui n'a-
vaient pas reçu le baptême au nom des trois
personnes divines, comme les bonosiaques,
qui ne croyaient pas que Jésus-Christ fût
Dieu, et les catapbryges, qui regardaient
Montan comme le Saint-Esprit. Ce n'était pas
réitérer le baptême, que de le donner à des
personnes qui ne l'avaient pas reçu. Quand
les nestoriens revenaient à l'Église, on ne les
baptisait point, parce que leur baptême était
conforme à celui de l'Eglise catholic[ue ; mais
on les obligeait de confesser publiquement
que lésus-Christ est fils de Dieu et fils de
l'homme ; d'anatbématiser Nestorius avec
ses sectateurs, et de recevoir les conciles que
l'Église universelle reçoit : après quoi on les
admettait sans dilBcullé, en leur conservant
le rang d'évêques dans leurs Églises, pour
les ramener phis facilement. Les enfants des
Lombaids, qui, par ordre du roi Autant,
avaient été baptisés en 590 dans la commu-
nion arienne ' , furent, aussitôt après la mort
de ce prince, arrivée au mois de septembre de
la même année, réconciliés à l'Église catho-
lique par ordre de saint Grégoire. Dans le
baptême, on renonçait ' à toutes les œuvres
et à toutes les pompes du démon, et l'on n'é-
tait censé véritablement fidèle, que lors-
qu'on accomplissait en efl'et les promesses
qu'on avait faites de paroles. C'est sur cela
que saint Grégoire voulait que les chrétiens
s'examinassent sérieusement, afin qu'ils se
réjouissent s'ils reconnaissaient avoir accom-
pli les promesses qu'ils avaient faites lors de
leur liaptôme , et qu'ils pleurassent leurs
égarcmeuls, s'ils avaient contrevenu à ces
promesses.
24. deux que l'évéque baptisait et bénis-
sait par ses prières, recevaient " par l'impo-
sition de ses mains le Saint-Esprit. C'était le
sacrement de Confirmation. Si l'on doutait '°
que le baptisé l'eût reçu, en sorte que l'on
n'eût aucune preuve qu'ils eOll été confirmé,
on ne faisait point difficulté de le confirmer.
Surlcacre-
m.'Dl dp too-
firmiition, et
fOD inioislro.
< Lib. I, Episl. :J3, pag. 521 et 522.
' Greg., lib. VIII, Epist. 30, pag. 918.
> Lib. VIII, Epist. 23, i.ag. 912.
* Grog., lib. l, Episl. 41, pug. .141 pt 5»2.
' Iflem., lib. XI, Episl. Cl, pag. 1157 et 1158.
" Lib. XI. Epist. 07, pag. lUi7 .-l aoq.
■J Greg, lib. I, Episl. 17, pag. 502.
» Greg., in Evnnfi , lib. Il, llnmil. 2!t, pag. 157n.
* Per nos i/uidem ftdelcs ad sanctiim bdplisma
veniunl, noslris precîbiis heiiedicuulur, cl iltr im-
positionem mamtum noslrarum a Deo Spirilum
Sanctumpercipiunl.l<iem.,Ub. \,Homil. 17. Dum.
17, pag. 1505.
"> .46 aniccessoribus noslris tradilum accepimtis,
ut (/«o/iVs de conlinidlione iltihiUitio habrltir,
et lier scriplis ncc leslihiis rnlio crrla habelur
utrnin conlirmali sint, ut tidrs amfirmntlur
ne Inlis du'iilalin rititui fiiIrliUus fini : i/i/ONiVim
non monsirniur ilernliim quod non crrlis imli-
ciis ostcnditur rite peracluvi. Idiui., lib. XIV,
Episl. 17, pag. 1279.
[VH' SIÈCLE.] CnAinTRE XLIX. — SAINT
parce qu'on n'est point ccnsd rditdrercoqno
l'on no connaît iioint avoir tMi' (h'jà fail. l'ne
dos princi|ia!os fonctions des ('viMines ' pen-
dant la visite de lenr diocèse, était de con-
firmer les enfants baptises ; mais ils ne de-
vaient [loiiil - cMio à charge aux pi^^tres qni
desservaient les ]iafoissos, ni prendre au-de-
là de la taxe. Il était défendu aux évêqucs
do ' marquer di^ux fois sur le front avec le
saint dirème les enfants baptisés. Les prê-
tres oignaient d'aboid sur la poitrine ceux
qu'on devait baptiser, ensuite les évoques
leur faisaient l'onction sur le front. Les prê-
tres de Sardaiyne étaient dans un usage con-
traire. Saint Grégoire leur di'feudit de le con-
tinuer, et sachant que sa défense les avait
attristés, il leur lit savoir ' qu'il s'était com-
porté en cela suivant la coutume ancienne de
l'Eglise de Home, ajoutant <pie, si quelques-
uns d'entre eux étaient si fort centristes de
sa défense, il permettait aux prêtres de faire
à ceux qui devaient être baptises, l'onction du
chrême sur le front, au défaut des évèqucs; au-
paravent leur avait ordonné de ne la faire
que sur la poitrine. Cet endroit de la secon-
de lettre de ce Pape k Janvier, évêque de Ca-
gliari,a beaucoup embarrassé les théologiens.
Plusieurs en ont inféré, qu'encore que l'évé-
que soit le ministie ordinaire de la confirma-
tion, les prêtres pouvaient par dispense l'ad-
ministrer, comme ils le font encore daus \'É-
glise grecque. SaintTliomas "apris en ce sens
le passage de saint Qrégoire. Le pape Eu-
gène IV convient " que le Siège apostolique a
GnÉfiOIHE LE GRAND, PAPK. SC7
quelquefois accordé î'i de simples prêtres la
permission de confirmer avec le clirême con-
sacré par un évoque. Le cardinal l'allavicin
rapporte ' plusieurs exemples de ces permis-
sions accordées paries papes Adrien V, Ni-
colas IV, Jean XXII, Urbain V et Léon X.
Mais, en s'en tenant aux paroles de saint
Grégoire, il semble qu'on peut dire qu'elles
n'ont point de rapport au sacrement de con-
firmation, pnis(|u'ilne parle pas d'une onc-
tion à faire surle front des baptisés, mais sur
le front de ceux qu'on devait baptiser, ainsi
que portent les éditions les plus correctes.
Ce pouvait donc être une onction purement
cérémonielle que les prêtres de Sardaigne
faisaient sur le front, au lieu que ceux de
l'Eglise romaine la faisaient sm- la poitrine.
Aussi saint Grégoire ne déclare pas nulles
les onctions faites jusques-là par les prêtres
de Sardaigne, et il n'ordonne pas à ceux qui
les avaient reçues de les réitérer ; ce qu'il
n'aurait pas manqué de faire, si elles eussent
regardé le sacrement de coniirmation. 11 n'al-
lègue, pour autoriser la défense qu'il leur
avait faite d'oindre sur le front, que l'ancien
usage de l'Église romaine, sans faire aucune
mention de l'institution de Jésus-Christ, ni
de la foi des autres églises.
25. « Jésus-Christ, comme un bon pasteur',
a donné sa vie pour sou troupeau, afin qu'en
changeant dans le sacrement son corps et
son sang, il pût nourrir et rassasier de sa
propre chair les brebis qu'il avait rachetées.
Il était ordonné aux ' Israélites de prendre
Soi- i'Euch.1.
rislie. Preuve
de h lian^iib-
stantialioD.
CxOtl. XII,
' Ecclesiis ad quassine labnrepolestis accedere,
fraleriiitas veslra offlcium visUatinnis impendat,
rtl ii gui Mie Deo propilio baptizaiitur, inconsi-
gnati non debeant rémunère. Lib. X, Epist. 45,
pas. 1075.
» Lib. XIII,Epts(. 18, pag. 1231.
' Episcopi baplizatos infantes signarc bis in
frontibus non prœsumant : sed presbyleri bapli-
zandos ungant in pectore, ut episcopi postmo-
dum ungere debeant in fronte. Lib. IV, Epist. 9,
pag. 689.
^ Pervenit quoque ad nos^quosdam scandali-
zatos fuisse quod presbyteros chrismate tangere
eos qui baplizandi sunl, prokibuimus. Et nos
quidem sccundum usum velerem Ecclesiie nus-
Ira- fecimus ; sed si omnino hac de re aliqui con-
tristanlur, ubi episcopi désuni, ul preitbylerietiain
baptiznnilos cbrissmale Inngere debeunt, concedi-
mns. Lil). IV, Epist. 26, pas. 705.
5 Ex pleniludine polesliitis concessil beatus Gre-
gorius papa quod simplices sacerdotes hoc sacra-
mchlum (conftrmationi.>>) conferrent. S. J'hom. 3
port, quxst. 72, art. 11, adprimum.
^ Legitur aliquando per apostolicœ sedis dis-
pensationem ex rationabili et urgente admodum
causa, siinplicem sacerdotem chrismate per epis-
copum confecto hoc administrasse confirmationis
sacramenium. Eugenius papa qnartus, in Deereto
ad Armeuos, tom. IX Concil. Harduini, pag. 438.
■' Pallavicinus, in Historia Concilii Tridenlini.
* Bonus Pastor [Chrislus) pro ovibus suis ani-
mam suam posuit, tU in sacramento noslro cor-
pî(,^ snuni et sanguinem verteret, et oves, quas
redemeral, carnin suœ alimento satiaret. Greg.,
in Erang., lib. I, Homil. 14, nuui. 1, pag. 1484.
' Jloyses ait: Sumeut de sanguine agni, ac po-
neut super utruiiique postem, et in superlimina-
riljus domorum in quibus comedent illum; et
cdcnt carnes nocle illa assas igni Quis namque
sit sanguis agni, non jam audiendo, sed bibcndo
didicisUs. Qui sanguis super ulrumque poslcm
ponitur, quundo -non solum ore corporis, sed
etiam ore cordis haurilur. In utroq^ie enim poste
sanguis agni est posilus, quando sacramentum
passionis illius cum ore ad redemplionem sumi-
tur, ad imilationcm quoque intenta mente cvgi-
568
HTSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTFOUES.
du sang de l'agneau, d'en mettre sur l'un et
sur l'autre poteau, et sur le haut des portes
des maisons où ils le mangeraient, et d'en
manger la chair rôtie au feu. Nous savons
quel est le sang de l'a'^neau, non-seulement
pour l'avoir oui cxpiicjuer, mais aussi pour
l'avoir bu. Nous marquons de ce sang les
deux poteaux, lorsque, le recevant de la
bouche du corps, nous le recevons en mémo
temps de la bouche du cœur. Le saug de
l'agneau est rais aux deux poteaux, quand
notre bouche, prenant ce sacrement de la
passion de Notre - Seigneur , notre esprit
pense à l'imiter. Boire le sang de son Ré-
dempteur sans avoir le dessein de suivre son
exemple, c'est ne mettre ce sang qu'à un
des côtés de la porte, au lien que l'on doit
même en maquer le haut des portes. La
seule communion ne sullit donc pas pour
célébrer une solennité vraiment sainte, si
l'on n'y joint la pratique des bonnes œuvres.
A quoi servirait de recevoir de la bouche le
corps et le sang de Jésus-Christ, si on le com-
battait par des m(eurs dépravées? » Paul Dia-
cre raconte * qu'une dame romaine s'appro-
chant de la sainte Tal>le, saint Grégoire lui
dit, selon la coutume, en lui présentant l'Eu-
charistie : Le corps de Noire-Seigneur Jésus-
Christ puisse vous profiter pour la ix'mission de
vos péchés, et jwur la vie éternelle. Ces paroles
firent sourire cette dame; ce que le saint
Pape ayant remarqué , il reprit la sainte
hostie, et la donna au diacre pour la mettre
à part sur l'autel. Tout le peuple ayant com-
munié, il fit venir cette dame, à (jui il de-
manda quel sujet elle avait eu de sourire
sur le point de communier. Elle répondit
qu'elle n'avait pu s'en empêcher, entendant
donner le nom de corps de Jésus-Christ à un
morceau de pain qu'elle avait pétri elle-
même : car la coutume ancienne était que
les fidèles offrissent le pain dont ils devaient
communier. Saint Grégoire, voyant son in-
crédulité, se mit en prières avec le peuple;
puis ayant découvert 1 iiostie qui était sous
le corporai, il la trouva changée eu chair,
avec des taches de sang. Après que tous les
assistants eurent vu ce prodige, le saint, se
tournant vers la dame, lui dit : » Apprenez
du moins maintenant i\ croire ce que la Vé-
rité vous assure: Lejjainqueje vous donne est
vraiment macluiir, et mon ^ang vraiment breu-
vage. Mais le Créateur, prévoyant notre infir-
mité, par la môme puissance par laquelle il a
fait toutes choses de rien, s'est formé un corps
de la propre chair de la Vierge par l'opéra-
tion du Saint-Esprit; et ensuite, pour réparer
nos forces, il change le pain, et le vin mêlé
d'eau, en sa chair et en son sang, lorsque
l'on prononce les paroles de la prière catho-
lique, par la sanctification du Saint-Esprit,
quoique les espèces ou apparences du pain
et du vin demeurent.*» Ce discours fini, le
Pape pria de nouveau, pour demander que
l'hostie reprit sa forme ordinaire, afin que
cette femme, qui paraissait frappée du mi-
racle, put communier. Que ce fait soit vrai
ou supposé, on en conclura toujours avec
certitude que, dans le siècle de Paul Diacre,
qui écrivait sur la fin du huitième siècle ou
au commencement du neuvième, le dogme
de la transsubstantiation n'était pas inconnu,
et que les protestants en rapportent mal à
propos l'origine à Paschase lîadbcrt. qui n'a
écrit que depuis la mort de Paul Diacre.
26. « L'hostie ' que l'on offre sur l'autel a
une vertu particiUière pour nous obtenir le
pardon de nos péchés, par<;e que celui qui,
étant une fois ressuscité, n'est plus sujet à
la mort, soufi're pour ainsi dire de nouveau
dans ce mystère, en ce que toutes les fois
que nous lui offrons l'hostie de sa passion,
nous renouvelons en nous autant de fois
l'eflet de cette même passion pour l'absolu-
tion de nos péchés. Tout vivant 'qu'il est en
lui-môme d'une vie immortelle et incorrup-
Surlp -li^ri.
fite rtr iBuli'l.
Il«|l lllilf 4llft
viTjnti ri aux
moilft.
tatur. Nam qui sic redemploris sui snnguinem
accipit, ut imitari passioncm illitis necduin velil,
in unn poste snnguinem jiosuif, qui eliim in su-
jierliminaribus doniorum pnnendus est .. Sed so-
in Redemptoris rinstri percepta sacrameula ad
vcrain solemnilalem non sufficiunl, nisi eis quo-
que et bona opéra jnnrjnniur. Quid enim prodest
corpus et sanguinem iltiiis orc percipere, et ei
pcrversis mnribus anilrnire? (in'g., in Evang.,
lib. Il, Uomil. ii, pap. i3:U.
' l'."iul. Uiac, iti Vita S. Grtgorii, cap. xxin, pap.
10 et 11.
* Singulariler namque ad absolulionem nos-
tram ohlnla cum lacrymis et benignilate mentis
sncri allaris tioslia sulfragatur. (Juta is qui in se
resurgens a mnrluis jam non moritur, adhucpcr
hanc in .■'un mysterio pro nobis iterum patitur;
nam quolies ei hn.iliaiii sme passionis ulferimus,
loties nobis ad absolulionem nosiram passionem
illiiis reparamus. lircg., in Evang., Iil>. Il, Hom.
37, pu g. I(i31.
'In semelipso iwmorlaliter alque incorruplihi-
liltr vivcns. pro nobis iterum in hoc mysterio sa-
(•»•((• ohlatiotiis immolalur. Ejus quippe ibi cor-
pus sumilur, ejus caro in populi salutem parli-
tur, ejus languis non jam in manus in/idelitim,
[VII' sifiaE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
liMo, il est immolé de nouveau en ce mys-
tère de l'oblation sacrée : car son corps y est
pris, el sa cliair parta^'c'e pour le salut du
peuple ; son sang est répandu, non plus dans
les mains des infidèles, mais dans la houclic
des fidèles. A l'heure môme de rimmolation,
les cieux s'ouvrent à la parole du prêtre;
c'est de quoi aucun des fidèles ne doute.
Pour marquer la vertu du sacrifice, saint
Grégoire rapporte qu'une ' femme, n'ayant
aucune nouvelle de son mari emmené captif
dans des pays éloignés, le crut mort, et fit
olfiir pour lui chaque semaine la sainte hos-
tie, et qu'à chaque fois qu'on l'ollrait, les
chaînes de son mari, qui était détenu dans
les prisons, tombaient d'elles-mêmes. Cet
homme, de retour de sa captivité, raconta
cet événement à sa femme, qui, ayant re-
marqué les jours et les heures, trouva que
les chaînes de son mari tombaient aux jours
que l'on offrait pour lui le saint sacrifice. La
conséquence que le saint tire de ce miracle,
est que nous ne devons point douter de la
vertu de l'hostie sacrée pour rompre les liens
de notre cœur, lorsque nous l'ott'rons nous-
mêmes, puisque, étant offerte pour un autre,
elle a eu dans un étranger la force de délier
les chaînes qui tenaient son corps en captivi-
té. L'oblation sacrée - peut obtenir aux morts
l'absolution des péchés véniels dans lesquels
ils sont sortis de cette vie; mais elle n'est utile
qu'à ceux qui, vivant bien en ce monde, ont
mérité que les pieux devoirs qu'on leur rend
après leur décès, leur soient utiles. On attri-
bue à saint Grégoire l'usage des trentainsde
messes que l'on fait dire pour les morts; cela
peut être fondé sur ce que ce saint Pape ' fit
célébrer trente jours de suite le saint sacri-
fice pour le repos de l'âme d'un religieux
dont il avait fait jeter le corps sur le fumier,
GRÉGOIRE LE GRAND, PAPE. rm
parce qu'on avait trouvé sur lui après sa
mort trois pièces d'or.
i27. On disait (juelquefois des messes dans
des maisons particulières. Jean, évéque de
Syiacusi! \ ('lant eu (iillV'reud avec Venantius,
refusa sou olfrande, et dc'l'endit de célébrer
la messe dans sa maison. Celui-ci, irrité,
envoya des gens armés qui firent du dégiit
dans la maison de l'évèque. Saint Grégoire,
voulant les réconcilier, manda h l'évoque
Jean de recevoir les ollVandes de Venantius,
et non-seulement de permettre qu'on dit la
messe dans sa maison, mais d'aller lui-même
la dire, pour marque de réconciliation. Les
évêques avaient des oratoires dans leurs mai-
sous épiscopales. Cassius de Narni *, ne
pouvant célébrer la messe dans l'église le
jour de la fête des saints apôtres, la célébra
dans l'oratoire de l'évêché, et donna de sa
propre main le corps du Seigneur et la paix
à tous ceux qui étiient présents. Il y avait
quelquefois plusieurs autels dans une même
église. Pallade, ' évêque de Saintes, en mit
treize dans l'église qu'il avait fait bâtir en
l'honneur des apôtres saint Pierre et saint
Paul. En communiant ' une personne, on lui
mettait dans la bouche le corps du Seigneur.
L'eucharistie se portait ' en voyage, tant sur
mer que sur terre; on la donnait aux 'mo-
ribonds en forme de viatique ; souvent même
on mettait une hostie consacrée '" sur la poi-
trine des défunts, et on l'enterrait avec eux.
Cet usage ne paroissait pas contraire aux ca-
nons du troisième concile de Carthage et de
celui d'Auxerre, qui défendent seulement de
mettre l'eucharistie dans la bouche des morts.
28. Il fut dit aux apôtres : Les péchés seront
remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils se-
ront retenus à ceux à qui vous les retiendrez.
Les évêques tiennent à présent " dans l'É-
Sur 1«» or«.
taiicf.rl (jucl.
r|iu'> inlnudf
i]i.-:i[iIineU<u-
clxiol la cvlv-
l 'ition ia
iiiL<<ek, et la
comiiiUMvn.
Can. 6 Car
tbag. 01 caa.
12 AJlisiud.
Sur IsPéni-
!■ nce el le
1 ouiui'- de?
clefs. La cou-
fission des pé-
ctiés.
sed in ora fideliiim funditur Quis enim fide-
lium habere dubium possit, in ipsa immolationis
hora ad sacerdotis vocem cœlos aperiri, in illo
Jesu Christi mysterio angelorum choros adesse,
etc. ? tireg., lib. IV Dialog., cap. lvhi, pag. 472.
' Idem., in Evang., lib. H, Bomil. 37, num. 8,
pag. 1631, et lib. IV Dialog., cap. Lvn, pag. 469.
' Si insoluhiles cutpœ non fuerint. ad absolu-
tionem prodesse etiam mortiiis victima sacrœ
oblationis posset. Sed sciendum est, quia illis sa-
crée victimo! prosint, qui hic l'ivendo, nt eos
etiam pnst mortem bona adjuvent, quœ hic pro
ipsis ab aliis fiunt. Greg., lib. IV Dialog., cap.
LYil, pag. 472.
3 Idem., lib. IV Dialog., cap. LV, pag. 46S.
* Idem., lib. VI, Episl. 43, pag. 824, et Epist. 44,
pag. «25.
' Idem., in Evang., lib. II, Bomil. 37, pag. 1632
et 1633.
6 Idem., lib. VI, Epist. 49, pag. 828.
' Lib. III Dialog., cap. m, pag. 284.
8 Lib. III Dialog., cap. sxxvi, pag. 357.
9 Lib. II 'Dialog., cap. xixvu, pag. 273, et lib.
IV, cap. XXXV, pag. 425.
1» Lib. Il Dialog., cap. xxiv, pag. 256.
" Horum (.Xpostolorum} profecto nunc in Ec-
cl sia episcopi locum tenent, ligandi atque sol-
vtndi aucioritatem suscipiunt, qui gradum regi-
minis sortiunlur. Grandis honor. sed grave po)i-
dus islius est honoris... Causœ ergo pensandœ
sunt, et tune ligandi atque solvuxdi potestas
exercenda. Videndum est quœ culpaprœcessit, aut
quœ sit pœniientia secuta post culpam : ut quos
omnipotens Deus per compunctUmis gratiam vi-
570
HISTO[RE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
glise la place des apôtres, appelés au gou-
vernonipnt de l'Kplise, ils ont l'autorité de
lier et de délier. C'est un grand lionnenr ;
mais le poids en est pesant, puisqu'il est né-
cessaire qu'ils voient quelle e?t la faute qui
a précédé, quelle est la pénitence qui a sui-
vi celte faute, afin que, par leur sentence,
Us n'absolvent que ceux que Dieu visite par
la grAce de componction : car c'est alors que
l'abî-olution du prélat est véritable, quand
elle suit la sentence du juge intérieur. On
trouve un ' exemple de cette absolution dans
la résurrection de Lazare, mort depuis qua-
tre jours. Jésus-Christ l'appela d'abord et lui
rendit la" vie en ^disant : Lazare, sortez du
tuin/jeau. A ce moment, celui qui , plein de
vie était sorti du tombeau, est délié par les
disciples; ainsi ils délièrent vivant celui que
leur maître avait lessuscité mort; s'ils l'eus-
sent délié étant encore mort, ils eussent plu-
tôt découvert sa puanteur, que montré leur
puissance. Ce qui nous apprend, dit saint
Grégoire, que nous ne devons délier par
l'autorité pastorale, que ceux que nous con-
naissons avoir été ressuscites par la grâce
vivifiante de notre maître. Cette vie nouvelle
commence à paraître dans la confession des
péchés ; c'est pour cela qu'il n'est pas dit à
Lazare mort, Ilessuscitcz, mais: Sortez du tom-
beau. Tout pécheur qui retient son péché au
fond de sa conscience, est encore caché en lui-
même, et comme dans les plus secrets replis
de son âme; mais celui qui était mort vient
dehors, lorsqu'il confesse ses péchés avec
ime volonté libre et sincère. Quand donc le
Seigneur dit à Lazare, Sortez dehors, c'est
COinme s'il disait à un homme mort par le
péché : Pourquoi tenez-vous vos crimes ca-
chés au fond de votre conscience ? Sortez-en
plutôt eu les confessant, au lieu de demeu-
Eo fa
tnnittlo la «A
rer caché en vous-même, en ne voulant pas
les découvrir. Que le pécheur sorte donc
dehors en confessant ses fautes, alin qu'é-
tant sorti, les disciples le délient, c'est-à-
dire que les pasteurs de l'Église lui relâchent
la peine qu'il a méritée, puisqu'il n'a pas eu
honte de déclarer le mal qu'il avait com-
mis.
29. Faire pénitence ', c'est pleurer les
maux qu'on a faits, et n'en plus commettre '^"'"
qui méritent d'être pleures à l'avenir. Celui
qui, pleurant ses péchés, en commet d'autres,
ou ne sait pas comment il doit faire péuitencc,
ou alfecle de l'ignorer. Que scrl-il en ell'et
de pleurer des péchés d'impureté, et de brû-
ler d'avarice ; de répandre des larmes pour
s'être laissé emporter à la colère, et de sé-
cher d'envie ? Il faut avertir ceux qui ' pleu-
rent leurs péchés sans les quitter, de consi-
dérer que c'est en vaita qu'ils se lavent dans
leurs larmes, puisqu'ils se souillent par la
corruption de leur vie, et qu'ils ne se lavent
dans leurs pleurs, que pour retourner à leurs
premières impuretés lorsqu'ils seront nets.
C'est pour cela qu'il est écrit que le chien
retourne à son vomissement, et que le pour-
ceau se lave dans la fange. Quand le chien
vomit, il jette dehors ce qui-le chargeait au
dedans; mais lorsqu'il retourne à son vo-
missement, il se charge de nouveau de ce
dont il s'était déchargé. De même, ceux qui
pleui'eut leurs péchés jettent, en se confes-
sant, la malice et la corruption dont leur
conscience était chargée ; mais ils s'en char-
gent de nouveau, quand, après leur con-
fession, ils retournent au péché. Comme le
pourceau se salit de plus en plus en se la-
vant dans la boue, de même celui ipii pleure
ses péchés sans les quitter, se rend de plus
en plus digue de supplice, parce qu'il néglige
sitat, illos pastoris sententia absolvat. Tune enim
vera est absolutio prissidenlis cum interiii arbi-
trium sequilur Judicis. Grcg., in Evang., lib. Il,
Eomil. 26, pag. 1555.
' Oreg., ibid., pag. ISSS el 1556.
' Pœnitenliam ngere est, el pcrpctrala main
plangere, et plangenda non perpcirare. i\am qni
."■te alia deptnrat, ut tamen alia commitlnl, ndhuc
pœnileriliiim agerc, aut dissimulai, aul ignorât.
Quid enim prodest, si peccala i/uix liiTuriw de-
prat, ri tnmen ndhuc nrariliœ nstihus nnhrlat '!
Aut quid prodesl, si irrr nitpns jnm higenl, el lor
men adhnc inviduv facibus Inbrscal ? <ircg., in
Evang., lib. Il, Homil. :n, iiniii. 15, piig. IfiOi».
• AUmnnendi sunl qui admissa ptangunl, iiec
tamen deserunt, ut contiderare sollicite sciant
quia flendo inaniter se mundant, qui vivendM se
nequilcr inquinant, cum idcirco se lacrymis la-
vant,ul mundi ad sordes redeant. Ilinc enim scrip-
tum est: Caiiis rcversus ad voiiiitum Piiiioi, et sus
Iota in volutabro luti Et qui adminsa plun-
gunt, profecto nequiliam de qua mnle satinti fue-
ranl, et quw mentis intima deprimrbal, cnnfitfn-
do projiciunt, quant post confes.^ionrm, dum re-
petunt, rcsuniunt... Et qiti admissa plangit, née
tamen drserit , prrnœ gravinris cutpir se subjicit;
quia el ipsam. qunm flendo poluit impetrnre ve-
niam, contemuil, tt qua.ti in lulnua nqua semel-
ipsum vntvit. yiitn dum flelihus siii.t ritir mundi-
liam subirahit, anle Dei nnilox sordidas ipsas
cliam lacrymas facit. Grcg., Regul. l'astor., cap.
XIX, |iag. 86.
CHAPITRE XLIX. — SAINT GnÉGOIRE LE CRAND, PAPE.
Surl'pxcon
DHDlcalioo.
[vu' SifeCLE.]
le pardon qu'il pouvait obtenir en pleurant
ses fautes, et parce qu'en ne joignant pas à
ses larmes la pureté de vie, il les rend im-
pures et souillées aux yeux de Dieu. Il y en
a au contraire qui quittent ' le péché sans
pleurer ceux qu'ils ont commis. Ou doit les
tili
sonne qu'avec équité. L'inférieur ne doit
donc pas reprendre témérairement le juge-
ment de son pasteur, parce que, encore
qu'il soit lié injustement, il ne laisserait pas
de se rendre coupable eu s'élevanl avec or-
gueil contre son supérieur. Saint Grégoire
avertir qu'ils se trompent, en s'imaginant que rapporte divers exemples d'excommunica-
leurs fautes leur sont remises, parce qu'ils lions injustes dont il délivra ceux contre qui
ne les mulli[ilieut pas; qu'ils doivent laver elles avaient été portées, disant ' que,
par leurs larmes celles dont ils se sentent
coupables. De mémo qu'un lu)mme qui écrit
quelque chose, en cessant d'écrire, n'ell'ace
pas pour cela ce qu'il avait écrit, que ce-
lui qui a dit des injures à un autre, ne lui
satisfait pas en ne lui en disant plus, et que
celui qui s'est endetté ne s'acquitte pas en
ne contractant pas de nouvelles dettes; ainsi
nous ne satisfaisons pas à Dieu en cessant
de pécher, si nous ne déclarons la guerre à
nos passions, et si nous ne faisons succéder
les larmes aux plaisirs. Ce n'est pas que
Dieu prenne plaisir dans nos peines; mais il
veut guérir les maladies de nos âmes par
des remèdes contraires : que ceux qui se sont
retirés de lui par la douceur des voluptés de
ce monde, reviennent à lui par l'amertume
des pleurs ; que ceux qui sont tombés en se
laissant aller a des choses illégitimes, se relè-
vent en se retranchant celles mêmes qui sont
légitimes ; que le cœur qui s'était répandu
en de fausses joies soit resserré par une tris-
tesse salutaire; que la plaie qui est venue
de l'orgueil, trouve sa guérison dans la bas-
sesse d'une vie abjecte.
30. Que le pasteur lie ^ justement ou in-
justement, sa sentence est toujours à crain-
dre au troupeau, et l'inférieur qui se trouve
lié par une sentence injuste, doit appréhender
qu'il ne l'ait méritée par quelque autre faute.
Mais, si l'inférieur doit craindre d'être lié mê-
me injustement, lepasteur doit aussi user de
discernement, pour ne lier ni absoudre per-
comme on punit avec justice une personne
coupable, on ne peut, sans injustice, punir un
innocent. C'est sur ce principe qu'il permit
au prêtre Mngnus de l'aire ses fonctions et
de recevoir la communion, quoiqu'il eût été
excommunié par Laurent, évéque de Milan;
qu'il reprit fortement ' Janvier, évèque de
Cagliari, d'avoir excommunié et anathéma-
tisé un nommé Isidore, de qui il avait reçu
quelcpie injure, les canons défendant à un
évêque d'excommunier pour nue injure per-
sonnelle. Il raconte dans ses ' Dialogues que
deux religieuses que saint Benoit avait ex-
communiées de leur vivant, et qu'on avait
toutefois enterrées clans l'église, parce que
celte excommunication n'était pas apparem-
ment connue de ceux qui avaient eu soin de
leur sépulture, sortaient de l'église lorsque
pendant la célébration de la messe le dia-
cre disait à haute voix : Si quelqu'un est ex-
communié, qu'il se ?'etire; que ce fait ayant
été rapporté à saint Benoît, il donna une of-
frande à ceux qui l'en venaient informer, en
leur disant : « Allez, faites présenter pour
elles cette ofl'rande au Seigneur, après quoi
elles ne seront plus excommuniées. » La
chose arriva ainsi, et on ne vit plus sortir
ces religieuses ; ce qui flt voir qu'elles avaient
reçu la grâce de la communion par le mé-
rite du serviteur de Dieu.
31. Il n'est pas moins défendu ^ de réité-
rer l'ordination que le baptême. S'il arrive
que quelqu'un reçoive les ordres indigne-
Fur Vordi-
DBlino et la ré-
sidence dus
clercs,
' Greg., Regxil. Pastor., cap. xxx, pag. 87 et 88.
' Sed utrum juste, an injuste obliget paslor,
pasCoris lamen sententia gregi limenda est : ne is
qui subest, et cum injuste forsitan ligatur. ipsam
obligationis suœ sententiam ex alia culpa merea-
tur. Pastor ergo vel absolvere iiidiscrete limeat,
vel ligare. Is auteiu qui sub manu pasloris est,
ligari timeat vel injuste; nec pnstoris nui judi-
cium temeie reprehe dut: ne et-<i injuste ligatus
est, ex ipsa tumidœ repreliensionis superbia, cul-
pa quœ non erat, fiiit. Greg., in Efang., lib. II,
Uomil. 26. num. 6, pag. 1556.
' Sicut exigente culpa quis a sacramento com-
rmmionis digne abigitur, ita insontibus nullo mo-
do talis débet irrogari vindicta. Greg., lib. lll,
Epist. 20, pag. 642.
' ia.;m., lib. 11, Epist. 49, pag. 613.
5 Lib. Il Diiilog., cap. xxui, pag. 252 et 233.
6 Sicut enim bnptizatus semeiiteruin baptiiari
non débet: ita qui consecralus est sentel, in eo-
dcm iteruni ordinc non valet ronsecrari. Sed si
f/Ki'.s forsitan cum levi culpa ad sacerdotiuni ve-
nd, pro culpa pœnitentia indici débet, et tamen
ordo servari. Greg., lib. II, Epist. 46, pag. 608 et
609.
872
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Sur ; siîDa*
ques n leur
niaoièK de vi>
meni, il suffit de le mettre en pénitence,
sans le réordonner. C'était l'usage de l'É-
glise romaine ', qu'un clerc ordonné pour le
service de cette église y demeurât, sans
pouvoir passer rt une autre. On excluait des
ordres sacrés les * bigames, ou ceux dont la
première épouse n'était pas vierge; ceux
qui n'étaient pas instruits dans les lettres ;
ceux qui avaient quelque défaut noiable du
corps ; ceux qui avaient fait pénitence pu-
blique; ceux qui avaient quelque obligation
personnelle ; les étrangers et les inconnus,
les jeunes ' gens et les ' usuriers. Les " laï-
ques ne pouvaient parvenir à l'épiscopat
sans avoir passé car les autres degrés, et
donné pendant un temps suffisant des preu-
ves de leur bonne vie : car la sagesse et le
règlement des mnnirs ^ sont le seul degré
pour monter aux honneurs et aux dignités
de l'Église. L'avidité de l'or ni la flatterie ne
doivent avoir aucune part à la collation des
ordres sacrés. Avant d'être promu à l'épis-
copat, il fallait savoir par cœur les Psaumes ;
c'est pourquoi saint Grégoire ' refusa d'or-
donner le prêtre Jean, parce qu'il ne savait
pas le Psautier, et que cette négligence mar-
quait qu'il prenait peu de soin de son âme.
Il ne voulut pas ' non plus ordonner évo-
que Jean Diacre, sans s'être informé aupa-
ravant s'il s'était appliqué à la prière, et s'il
savait les Psaumes. 11 excluait ' encore de
cette dignité ceux que leur grand âge ren-
dait incapables de supporter les charges de
l'épiscopat.
32. Les évéques ne doivent point user de '"
violence pour se faire obéir; ils sont, non des
persécuteurs, mais des pasteurs. Bien moins
doivent-ils obliger les gens à croire à force
de coups; ce serait une prédication nouvelle
et inouïe. Donner l'aumône est un devoir
indispensable pour un évéque. Il ne lui suffit
pas " de lire, de prier, de vivre dans la re-
traite, s'il n'est libéral envers les pauvres, et
s'il ne fait de bonnes œuvres de ses mains;
il doit surtout recevoir " ses confrères dé-
pouillés de leurs évêchés, et leur fournir la
subsistance. Il était d'usage parmi les saints
évêqnes de faire lire " pendant leur repas les
écrits des anciens Pères. On trouvait mauvais
en eux qu'ils enseignassent les" lettres pro-
fanes, une même bouche ne pouvant pro-
noncer les louanges de Jupiter et celles de
Jésuê-Christ, et un évoque ne devant pas
chanter ce qui ne convient pas même à un
laïque de piéic.
33. Quoique la coutume " de l'Kglise ro-
maine, depuis le pontiQcat de saint Léon,
fut d'obliger les sous-diacres à la continence,
ou n'en usait pas de même dans les Kglises
de Sicile. Le pape Pelage donna donc là-des-
sus un décret, portant que tous les sons-dia-
cres de Sicile qui s'étnienl mariés, se sépa-
reraient de leurs femmes. Ce règlement parut
trop sévère à saint Grégoire, qui ne trouvait
pas raisonnable qu'on les obligeât h suivre
une loi qu'ils n'avaient point promis de gar-
der avant leur ordination. 11 craignit que, si
on leur imposait ce joug, il n'en arrivât quel-
que chose de fâcheux ; c'est pourquoi il dé-
fendit d'inquiéter les sous-diacres qui étaient
déjà mariés, mais il ordonna qu'à l'avenir on
n'en ordonnerait aucun qui ne promit de
vivre dans la continence. Mais, parce qu'on
ne doit élever personne aux ordres sacrés
qu'il n'ait donné des preuves de sa chasteté,
il régla à l'égard des sous-diacres engagés
dans le mariage, qu'ils ne pourraient monter
aux ordres supérieurs. Il arriva toutefois dans
le diocèse de Catane, que quelques sous-
diacres se marièrent. Le saint '*, sur l'avis
qu'il en reçut, ordonna à Léon, qui en était
évoque, d'obliger ces sous-diacres de s'abs-
tenir du mariage, ou de quitter le ministère
de l'autel. Il défendit'" d'élever à l'épiscopat
un diacre dont la tille, encore très-jeune, était
une preuve qu'il n'y avait pas longtemps
qu'il vivait dans la continence. Mais pour ce
qui était des autres clercs, il était d'avis
qu'ils devaient se " marier, s'ils ne pouvaient
vivre dans le célibat. 11 ne permettait " pas
Sur
1.11 d.
' Greft., lib. V. Episl. 38, pag. 763. — ' Idem.,
lib. II, Episl. 37, paj;. 600.
• Idpin., lib. III, Episl. 48, pag. 659.
* Lib. X, Episl. G2, png. 1086.
» Lib. \ . Episl. 55, pag. 786.
« Lib. XI, Episl. 5ti, jmg. 1U2.
' Lib. V, Episl. iS, pag. 777.
« Lib. X, Episl. 34. pag. 106i.
» Lib. XIV, Episl. 11, pag. 1269.
"• Lib. III, Episl. 53, pag. 664.
" Lib. VI, Episl. 30, pag. 816 et 817.
, Episl. 45, piig. 540.
'» Lib. VII, Epi.<!l. 9, pag. 856.
'* Lib. \\ Episl. 54, pag. 1140.
" Greg., lib. I, Episl. 44, pag.53R.
'« Lib. IV, Episl. 36. png. 716.
" Idem., lib. X, Episl. 62, png. 108G.
'« Lib. XI, Episl. r,4, pag. ll.M.
" Lib. IX, Episl. 60, i«ig. 976 et 977.
'• Lib.
[vil" SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT
que les évéques, ni les antres miiiislrcs su-
ppriiMirs, eussent hahituclleinent dims leurs
niaisDiis d'iiulios fcuimes que celles (|ue les
eaïuius leu)' iteiuu'ltcnt, savoir, la nu''i'e, la
laute, lu sœur, et d'autres proches dont eu ne
pouvait concevoir aucun soupçon. Jean, évo-
que de Cajiiiari, avait dél'eudu ' à S(Ui arclii-
diacre de tenir des l'etnines chez lui. Celui-ci
refusa d'obéii'; sur quoi taint Grégoire écrivit
à cet évOque de le di-poscr, s'il persistait dans
son opiniâtreté.
!'Vi>l?'"' -J*- '''" Sardait^ne, on ri'tablissait dans leurs
fonctions les clercs qui, étant dans les ordres
sacrés, avaient commis des péchés d'impu-
reté, et qnelipiefois uiêuieon n'attendait pas,
pour les rétal)lir, qu'ils eussent achève; leur
pénitence. Saint Grégoire relranclui ces deux
ahus, en ordonnant - que ces clercs seraient
pour toujours exclus des fonctions de leurs
ordres, et que l'on examinerait soigneuse-
ment à l'avenir ceux que l'on ordonnerait,
pour s'assurer s'ils avaient gardé la conti-
nence, et s'ils étaient atTectionués à la prière
et à l'aumùne. Ses lettres ' sont remplies
d'exemples de sa fermeté à éloigner pour
toujours du ministère des autels les clercs
tombés dans le crime d'impureté. En vain
on objecte un endroit de la lettre à Secondin,
où il paraît que ce moine avait prié saint
Grégoire de lui marquer les autorités qui
faisaient ' voir que l'on pouvait rétablir dans
les fonctions sacerdotales ceux i\ qui ou les
avait interdites pour des crimes d'impureté.
On ne peut douter que cette lettre ne soit ou
supposée, ou très-corrompue. Premièrement,
l'endroit objecté ne se lit point dans la lettre
à Secondin rapportée dans huit manuscrits
d'Angleterre cités par Jammès, et dans le
registre des lettres de ccPape de l'abbaye de
Clairvaux. En second lieu, ce passage est
presque inintelligible, d'un style barbare, et
tout ditlérent de celui de saint Grégoire .
Troisièmement, il n'y a ni suite ni liaison dans
les ditJerentes parties de cette lettre, au heu
GRÉGOlllE LE GRAND, PAPE. ;;i3
qu'il y eu a pour l'ordinaire beaucoup dans
celles de saint Grégoire. Une quatrième
preuve est, que la discipline établie dans ce
passage touchant les clercs tombés dans l'im-
pureté, est entièrement opposée à celle que
ce saint Pape a établie dans un grand nom-
bre de ses lettres, !\ la conduite qn'ila tenin;
envers les cleics coupables de ce péché, et
aux canons sur lesquels il s'est fondé pour
empocher qu'ils ne fussent nHablis dans leurs
fonctions. Les pei'sonnes sensées ne s'ima-
gineront jamais que saint Grégoire se soit
relâché, en écrivant à un simple moine reclus,
de la sévérité d'une loi observée générale-
ment, et dont les évéques mêmes n'étaient
pas dispensés. En cinquième lieu, c'est faire
injure à saint Grégoire et à l'Église de sou
temps, que de lui faire donner pour raison
du rétablissement des prêtres tombés dans
l'impureté, qu'il tj en avait peu qui fussent
exempts de ce c?-ime. Avait-il donc une si mau-
vaise opinion des prêtres de son siècle? S'il
croyait que la multitude des coupables dût
l'engager à modérer h cet égard la rigueur
de la discipline, pourquoi ordonnait-il que
celui qui serait tombé dans des péchés d'impureté
depuisson ordination, serait tellement exclus des
saints ordres, qu'il ne s'appmxherait jamais de
l'autel pour en faire les fonctions? Il faut ajou-
ter que Secondin ayant, comme le supposent
ceux qui reçoivent cette lettre, demandé à
saint Grégoire des autorités qui fissent voir
que l'on pouvait rétablir les prêtres coupables
de péchés d'impureté, ce Pape devait en
rapporter du moins quelques-unes, avant de
prononcer sur cette question; mais la lettre
n'en donne aucune, elle décide sans preuve,
et décide contre la teneur des anciens canons,
et contre les propies décisions de saint Gré-
goire : car il avait dit dans une de ses lettres :
Si l'on accordait ^ à ceux qui sont tombés la li-
berté de rentrer dans leurs dignités, on détrui-
rait entièrement la vigueur de la discipline
canonique, parce que l'espérance d'être rétablis
' Lib. IV, Epist. 26, pag. 704.
' Pervenit ad nos quosdam de sacris ordinibiis
lapsos, vel post pœnitentiam, tel unie ad minis-
terii sui officium revocari : guod omnino prohi-
buimus, et in hac re sacratissimi qiioque cano-
nes contradicunt. Qui igitur post. acceptuin sa-
crum ordinem lapsus in peccalttnn carnis fuerit,
sacro nrdine ita careat, ul adaltaris nnnistcrium
ulterius non accédât. Sed ne unquam ii qiii nrdi-
nali sunt perçant, provideri débet quales ordi-
nentur, ul prius aspicialur, si vila eorum conli-
nens in annis plurimis fuit, si sludium lectionis,
si eleemosynœ amorem habuerunt. Greg., lib. IV,
Epist. 26, ad Januarium Episcopum Calaritanum,
pag. 704.
3 Greg., lib. V, Epist. 3, pag. 729, et Epist. 4,
pag. 730; lib. VU, Epist. 42, pag. 890.
* Greg., lib. IX, Epist. 32, ad Secundinum, pitg,
968.
s Si lapsis ad suum ordinem reverlendi licen-
tia concedaiur , vigor canonicœ procul duhin
frangitur disciplinœ, dum per reversinnis spem,
prava' aclionis desideria quisque concipere non
formidat. Greg., lib. V, Epist, 4, pag. 729,
574
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Dilor*fS
»rlf« da \>i*
DilrnroK Im-
postes aux
clercs, t
ferait qu'il y en aurait plusieurs qui n'appré-
henderaient pas de coticevoir des désirs criininels
de faire le mal. Celait la discipline constante
de l'Église romaine, comme on le voit par la
réponse de Martin I, qni occupait le Saint
Sii'pe cinquante ans après saint Gréeroire.
« N'ayez, dil-il à Amand, ('vèque de Maës-
triclit ', aucune indulgence pour ceux qiii
sont tombé dans ces crimes : ce serait détruire
les canons. Celui donc qui sera tombé une
fois depuis son ordination, doit demeurer
déposé pom- toujours, et ne pourra jamais
être rétabli dans aucun degré du sacerdoce;
qu'il se contente do passer le reste de sa vie
dans la péiiitenio,,dans les larmes et les gé-
missements, aOn que par la grâce du Sei-
gneur il puisse eflacer son crime. Si nous
demandons des hommes purs, saints et irré-
prochables pour les faire entrer dans les or-
dres, à combien plus forte raison devons-nous
empêcher que ceux qui sont devenus préva-
ricateurs, ne touchent avec des mains souil-
lées le mystère de notre réconciliation ! Qu'ils
demeurent déposés pour toute leur vie. »
35. Un nommé Saturnin, déposé du sa-
cerdoce pour crime, continua de faire ses
fonctions et d'ollVir le sacrifice. Saint Gré-
goire ordonna * qu'il serait privé de la par-
ticipation du corps et du sang de Jésus-
Christ; qu'il serait mis en pénitence pour
le reste de ses jours, et qu'il ne recevrait le
viatique qu'à la mort ; laissant toutefois à la
disposition de son évêque de lui accorder la
communion laïque , s'il l'en trouvait digne ,
après de dignes fruits de pénitence. Il piiva'
aussi pour six mois de la communion du
corps et du sang de Notre-Seigneur , des
évèques qui avaient eu part à une ordina-
tion faite contre les canons ; ordonna qu'ils
feraient pénitence de leur faute dans un
monastère , mais que si, pendant cet inter-
valle , ils tombaient en danger de mort , on
ne leur refuserait pas le viatique. Celait
l'usage de reléguer dans les monastères les
clercs coupables de quelques prévarications
contre les canons ; on choisissait ' à cet effet
les monastères les plus réguliers et les plus
pauvres , afin que la communauté qui en
était chargée profitât de leurs biens. Saint
Grégoire , informé • qu'une religieuse vivait
mal, et apparemment hors de son cloître. la
fit renfermer dans un autre monastère, avec
ordre à celui d'où elle était sortie , de ren-
dre ce qu'il avait reçu d'elle , et de le don-
ner au monastère qui devait à l'avenir pren-
dre soin du salut de son âme. Sa vigilance *
s'étendait jusques sur les besoins temporels
de ces sortes de pénitents, et il leur faisait
fournir de quoi les habiller et les nourrir.
Il envoyait encore dans les monastères des
laï(jues , même de condition ', quand ils re-
fusaient de se soumettre aux peines décer-
nées contre eux par leur évêque. Par ses
ordres, un sous-diacre , nommé Hilarus*,
convaincu de calomnie , fut déposé, fouetté
publiquement, et envoyé ensuite en exil. Il
ordonna' qu'un clerc, qui avait abusé d'une
fille, serait puni corporeilement , et renfer-
mé dans un monastère pour y faire péni-
tence; qu'un autre, accusé d'idolâtrie '" et
d'autres crimes atroces, serait renfermé dans
xine étroite prison. Maximien, évêque de Sy-
racuse, fit aussi " enfermer des clercs accu-
sés de maléfices.
3G. Saint Grégoire , informé " du déran-
gement des moines d'un monastère de Si-
cile, leprit révoque de Catane de son peu
de vigilance, ou de son indolence, en cas
qu'il eùl connu le désordre sans y avoir ap-
porté remède. Il le chargea d'examiner si
personne ne s'était emparé des biens de
cette maison, et de la protéger suivant les
Sur le» mo.
Da^l^re- cl sur
les moîDfs.
' Propkrca imllalenus m hujusmodi peccalo
delinquentilius ad dvstructioncm caiionum coin-
paisionem exhiheas. A'nm qni scmel posl suam
ordinatiuiicm in Uipsum ceciderit, deincepx iam
depnfitus erit, nuUumque gradum sncerdotii po-
Uril adipisci : sed sufficial ei laiiienlationibus
flelibusque assiduis, iiuousque adrixeril, in ea-
dem parnileniia perdurare, ut nimniissum délie-
tum divina gratin extinguerc taleat. Si enim
talcs quarimus iid sncros ordinns promot>endos,
quilius nuUa riiga, nulluiiK/ue vilœ conlngium
mentes et corpora prœpediat; quaiilo magis, si
pont ordinalionem suam quispiatn in lajisum ce-
ciderit, cl prœvaricationis peccnto obnoxius, oui-
niiio proltibendus est cv/m manibus lululenlis al-
que pollulis niysleriinn nosirœ saliitis Iractart !
.Al.irliniis P'ip.i, EpisL ad Àmandum, pag. 916,
loin. III Concil. Harduini.
» Greg., lili. V, Epist. 7, pag. 733.
» Idem., Iil>. .Mil, Episl. 4ii, pag. 1250.
' Idem., Ilb. I, Episl. U, pag. 537,
" Idoui., ibid., pas 539.
« Lil) \,Episl. 18, pag. 502.
•" Idom., lil) III, Epist. 27, pag. 643.
" Idem., 111). XI, Episl. 71, pag. 1172.
» l.ili. III, Epist. 41, pag. «54.
'» (irog., lih.X, Epist. 4, pag. 1044.
" Ml). V, Episl. 32, pag. 759.
'» Lib. \,Epi»t. 22, pag. 1055.
[vu' siÈCLE.J CIIAriTRE XLIX. — SAINT GRÉ(;OIRE LE GRAND, PAPE.
refiles de la justice; ol ;iliii de li- iiiPllrc au
fait dos privilèges ini'olli! avait rcçtis du
papo l'élayc , il lui en envoya une copie. Il
reprit ' aussi i'ëvôque de Spolète de la pro-
tection qu'il donnait à un moine vagabond
et excommunié jiar son aMié; ajoutant que,
si ce moine avait étc' cxcommunii' injuste-
ment, comme il le disait, il prit connaissance
de cette afl'aire, et ordonni\t ce qui serait de
justice, afin d'obliger les moines h obéir à
leurs supérieurs. Il obligea un - moine in-
corrigible de rentrer dans la servitude, d'où
il avait été tiré pour entrer dans un monas-
tère. (Juoique les clercs', après avoir em-
brassé l'état monastique, n'eussent plus la
liberté de retourner aux églises qu'ils des-
servaient auparavant, le saint Pape trouvait
bon que l'i'vèque sous lequel ils avaient fait
les fonctions de la cléricaturc, les élevât au
sacerdoce, s'ils en étaient capables. Lors-
que la comnmnauté avait besoin d'un prê-
tre', elle cboisissait celui de son corps qu'elle
jugeait capable de cette dignité , et le pré-
sentait à l'évèque du diocèse. Ce moine ainsi
ordonné ne devait point aller ailleurs olfrir le
sacrifice, mais se tenir assidûment dans son
cloître pour y faire ses fonctions. Quelque-
fois les évoques , à défaut d'un nombre suf-
fisant de clercs , recouraient ^ aux monas-
tères pour a\oir des sujets dignes du sacer-
doce, et ils en obtenaient sous l'agrément
de l'abbé. Ou tirait même'' des moines de
leurs monastères pour les faire évèques. Il
est rapporté ' dans la vie de saint Burcliard,
évéque de Wurzbourg, que saint Grégoire
donna un décret portant que les moines
pouvaient s'acquitter des emplois et des
fonctions liiérarcliiques, même plus digne-
ment que les autres, parce qu'ils ont tout
abandonné pour Dieu, et qu'ils font profes-
sion d'imiter la vie soutirante de Jésus-Christ.
Ce décret n'est point connu d'ailleurs , et ce
qui peut le rendre suspect, c'est qu'il est
fondé sur un décret semblable fait par les
trois cent dix-huit Pères , apparemment de
Nicée. Saint Grégoire était trop instruit des
' Lib. IX, Epist. 37, pag. 954.
' Lib. V, Epist. 34, pag. 160.
' Lib. 1, Epist. 42, pag. 530.
» Lib IX, Epist. 92, pag. 997; lib. \\l, Epist. iS,
pag. 1211; lit.. VI, Epist 42. pag. 824; lib. XIII,
Epist. 28, pag. 1237.
' Lib. VI, Epist. 28, pug. 814.
^ Lib. I, Epist. 18, pag. 503.
' Acl. Ordin. S. Benedicti, sœculo 3, pag. 660,
in Yita S.Burchard., lib. 3, cap, 2.
anciens canons, pour en attribuer un sur
celle malière au concile d(! Nicée. Les moi-
nes s'occupaient 'la jdupart à transcrire des
livres. Le défenseur Julien étant allé dans
le monastère de Saitil- Ecpiice , y trouva
quantité de moines occupés A ce travail.
37. Il eu était des monastères de filles
comme des monastères d'hommes, à l'égard
des fonds que saint Grégoire exigeait de ceux
qui voulaient en établir de nouveaux ; c'est
ce qui parait par le consentement qu'il don-
na à l'établissement d'un monastère dans la
ville de Lilybée en Sicile , aujourd'hui Mar-
salla. Décius, évêque diocésain , cliarg('' de
la part du Pape de le dédier » en l'honneur
du Prince des apôtres, de saint Laurent, de
saint Hermès, de saint Pancrace, de saint
Sébastien et de sainte Agnès, ne devait faire
cette cérémonie qu'après avoir reçu de la
fondatrice, nommée Adéodate, une dot suf-
fisante, savoir, un fonds de dix sous d'or de
rente quitte de tout tribut , trois serviteiiis ,
trois couples de bœufs , dix juments , dix
vaches , quarante brebis, quatre perches de
vignes. Il n'approuvait'» pas que l'on liàtit
des monastères d'hommes dans le voisinage
de ceux de filles, ni qu'on élût" des abbes-
ses au-dessous de soixante ans ; voulant au
surplus qu'elles fussent'^ de la maison, choi-
sies par la communauté, et établies ou con-
sacrées par l'évèque. Il donna lui-même "
en propriété une maison et un jardin de
Rome à l'abbesse Flore , pour y établir les
filles qu'elle avait sous sa conduite, croyant
qu'il fallait assister les personnes qui ont
embrassé la vie religieuse, de crainte que la
nécessité ne les rendît néghgenles , et ne
ruiuàt la vigueur de leur observance. 11 fit
de semblaUes hbéralités il des servantes de
Dieu '' qui demeuraient dans le monastère
de Sainte-Euprépie à Rome. Nous avons vu
plus haut qu'il fit part à des religieuses de
trente livresd'or, que la princesse Théoctiste '»
lui avait envoyées pour en faire des aumô-
nes ; qu'il fit donner à d'autres, qui demeu-
raient " dans la ville de Noie, quarante sous
* Greg., lib. I Dialog., pag. 169. Voyez Cassiodor.
Instilul., cap. xxx.
» Lib. X, Epist. 66, pag. 1089.
'" Lib. XI, Epist. 23, pag. 1107.
" Lib. IV, Epist. U, pag. 692.
'* Liu. VII, Epist. 12, pag. 8.Ï8.
" Lib. III. Epist. 17, pag. 636 et 637.
'* Lib. U, Epist. i, pag. 571.
'5 Lib. VII, Epist. 26, pag. 872.
'« Lib. I, Epvst. 24, pag. 506,
Sur le* relu
S76
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
d'or pour soulager leur indigence ; qu'il fit
payer le prix d'une jeune esclave ' qui dé-
sirait ardemment d'entrer en religion; qu'il
en affranchit une seconde pour le même
sujet ', en lui donnant, avec la liberté , tout
ce qui lui arrivait par succession d'un de
ses parents, afin que le monastère où elle
devait entrer en profitât ; et qu'il s'employa'
pour faire rendre ;\ une fille , qui après ses
fiançailles était entrée dans un monasière à
Naples, les biens que son fiancé tenait d'elle,
et qu'il refusait de rendre. 11 ordonna de '
renfermer dans un monasière une religieuse
qui avait quitté son habit , et de suspendre
de la participation de la sainte communion
ceux qui s'opposeraient à la correction de
cette tille. Informé ' qu'un liomme de mau-
vaise conduite fournissait une reti-aite à une
autre religieuse qui avait quitté deux fois
son habit et son monastère, il le fit menacer,
s'il continuait i^ autoriser ce désordre , d'en
écrire à l'Empereur pour l'en faire punir
exemplairement. Ses lettres renferment plu-
sieurs autres exemples de sa vigilance sur
les monastères de filles. Il était d'usage dans
la Sardaigne , que l'évèque de ^ Cagliari
donnât aux religieuses de sa dépendance
des clercs d'une probité reconnue , pour
avoir soin de leurs afî'aircs temporelles,
.janvier ne faisant point à cet égard ce qu'a-
vaient fait ses prédécesseurs, saint Grégoire
lui en fit des reproches , avec ordre ' de se
conformer à ce qui s'était pratiqué avant
lui, afin que ces filles n'eussent aucun pré-
texte de sortir de leur monastère : « Par ce
moyen elles pourront , dit-il , s'appliquer
plus particulièrement à chanter les louan-
ges de Dieu , et ù se mortifier elles-mêmes ,
en demeurant dans leur cloître ; elles ne
scandaliseront point les fidèles, et si quel-
ques-unes sont tombées dans le péché, nous
voulons qu'elles soient renfermées dans un
monastère d'une observance jibis régulière,
pour y faire pénileuce.» Ces filles, faute d'a-
voir eu quelqu'un qui prît soin de leurs in-
térêts dans les affaires du dehors, avaient
été obli^'ëes d'aller elles-mêmes chez les olli-
ciers publics pour payer les tributs, de cou-
rir dans les villages et dans les fermes, et
de faire beaucoup de choses dont les hom-
mes seuls peuvent décemment s'acquitter.
38. Le mariage, étant indissoluble de sa
nature, ne peut être dissous pour cause mê-
me de religion*, si ce n'est du consentement
des parties. Les lois humaines avaient sur
cela uuc autre jurisprudence; elles en per-
mettaient la dissolution en certains cas. Saint
Grégoiie veut que l'on s'en tienne à la loi de
Dieu, qui, tant dans l'Ancien que dans le
Nouveau Testament, défend h l'homme de
quitter sa femme, et de rompre un lien que
le Créateur a rendu commun et indissolu-
ble au mari et à l'épouse. Ayant donc reçu
des plaintes d'une nommée Agathose ', de
ce que son mari s'était fait moine sans son
consentement, il ordonna qu'au cas où cette
femme n'aurait ni consenti, ni donné lieu
par ses infidélités à celte séparation, son
mari retournerait avec elle; mais que, si elle
avait promis elle-même de quitter le siècle,
on l'obligerait ù tenir sa promesse, et que sou
mari resterait dans le monastère. Deux frères
peuvent épouser"'deux sœurs l'Écriture sainte
n'a rien de contraire à cette disposition.il y a
une loi " d'Arcade et d'Honorius, qui autorise
les mariages entre les cousins germains: la loi
divine les défend; mais les mariages " entre
parents au troisième et au quatrième degré,
sont pei mis dans l'Eglise. C'est un grand
crime d'éjjouser sa belle-mère, et il est éga-
lement défendu d'épouser sa belle-sœur. La
plupart des Anglais avaient contracté des
raariagcsillicites avant leur conversion. Saint
Augustin fut chargé " de coiriger cet abus,
avec ordre de séparer de la communion ceux
qui, après s'être convertis à la foi, ne s'abs-
tiendraient pas de ces conjouctions illicites.
Saint Grégoire avertit ceux "qui avaient pei-
ne à vivre dans la continence, de se marier,
sans crainte d'oU'euser Dieu, pourvu qu'ils
Sur l< I
riase.
' l.ili. m, Episl. 40, pag. 6o3.
Lil). VI, EpUl. 12, i>ag. 800.
• Lil). VII, Eiiist. 23, pag. 8G7.
* Lib. VIII, Episl. 8, pag. 900 et 901.
> Lit). X, Epist. 8, pag. 1046 et lOiT.
« Lil). I\ , Episl. 9, pag. G88. -- '' Ibidem.
« Si enim dicunl reUgioiiis causa coiijugia de-
here dissolci, sciendum est r/uia etsi hoc liuma-
na conccssU, divina Icx laweii proltilniit. l'cr se
en Yimerilas dicil : {Ju»'\}uuscuujuu\\i, honiu non
separet. Quw eliam ail : Nou licet diuiillcrc uxo-
rem, excepta causa foruicatioiiis. Quis erqo huic
cœksti Legislatori conlradical? Scimus quia
schpiutn est: Kt eruut duo iu carne uoa, etc. Grrg.,
lil). Il, Episl. 45, p.ng. 1130.
» Idem., liJp. .\I, Episl. 50, pag. 1137 et 1138.
'0 Idiin., lib. XI, Episl. «4, pag. 1153.
" Cod. Juslin., lib. V, lil. 4, leg. 19, pag. 419.
" Gri'ut., lil). XI, Episl. 64, juig. 1)54.
" Idem., ifcirf., pag. 1164.
" (iicg., Itegidic Pastoralis terlia parte, cap.
XXVII, pag. 81,
[vii« SIÈCLE.] CHAPITRE XLIX. — SAINT G
n'pusseril pas fait vœu d'entrer clans un diat
plus irlevd, parce qu'alors il ne leur était
plus permis d'eu embrasser un moindre. On
regardait comme apostat, et hors du ihemin
du salut, un moine qui quittait sa profession
pour se marier. Venance, patriec de Syra-
cuse, étant tombé dans celte faute, saint Gré-
goire liu cc-rivil ' de rentrer dans le cloitrc,
et d'accomplir ses vœux. Le palrice, s'obs-
tinanl dans son dé'^ordi'e, fut attaqué d'une
maladie qui le réduisit à l'extrémité. Le Pape
le fit presser de nouveau de reprendre - son
habit avant d'expiier, de crainte que son
apostasie ne fût un obstacle à son salut. Il
fil aussi renvoyer ' dans les monastères quel-
ques moines qui, à l'exemple de Venance,
les avaient quittés pour se marier. Saint Gré-
goire ne croit ' pas exemptes de péché les
personnes mariées qui, dans l'usage du ma-
riage, se proposent d'autre fin que d'avoir
des enfants, et taxe d'incontinence les mè-
res " qui, au lieu d'allaiter elles-mêmes
leurs enfiints, les donnent ù des nourrices,
le commerce conjugal devant leur être dé-
fendu jusqu'à ce qu'elles aient sevré leurs
enfants.
30. Les fidèles qui ne mettent point leur
n.'n/ies confiance dans leurs propres œuvres, ont re-
U.<> i tpars
tombeaux.
cours * à la protection des martyrs. Ils per-
sévèrent dans les larmes auprès de leurs sa-
crées reliques ; ils les prient, afin d'obtenir
le pardon par leurs intercessions. Saint Gré-
goire demanda à un évéque de Cartilage "de
faire pour lui des prières devant le tombeau
de saint Cyprien, avec promesse de recon-
naître cet office, en priant pour lui devant le
corps de saint Pierre. Il écrivit à une dame,
nommée Rusficienne *, de qui il avait rei^u
des voiles pour couvrir le corps de cet apô-
tre, qu'il espérait que celui dont elle avait
couvert les reliques, la protégerait par son
intercession de tout péché, qu'il présiderait
au gouvernement et veillerait à la garde de
it:;i;(iiiii': le gua.nd, pape. .177
sa maison. Dans un de ses discours, prononcé
eu l'église des saints martyrs Processe etMar-
tinien. où leurs reliques reposaient, il " dit
que, ces martyrs ayant acheté la vie future
par la moil même, Dieu les glorifiait par un
granti nombre de miracles qui s'opéraient
à leur tombeau; les malades y recevaient
la guérison; les possédés y étaient déli-
vrés; les parjures y étaient au contraire li-
vrés au démon; que ces saints étaient une
fois apparus à une dame qui fréquentait sou-
vent leur église, et l'avaient assurée qu'ils
prendraient soin d'elle à sa mort, en l'assis-
tant de tout leur pouvoir; depuis cette ap-
parition elle s'était appliquée de plus en
plus à la prière. Il exhorte les fidèles à pren-
dre ces saints pour leurs patrons et leurs in-
tercesseurs auprès du souverain Juge.
40. LacoulumederE2liseromaine"',etmê- suri.srfU.
^ ' qiies des
me de tout l'Occident, était de ne pas toucher "'""'•
aux corps des saints ; mais, lorsqu'on deman-
dait de leurs reliques, on se contentait de
mettre un linge dans une boite que l'on des-
ceudail auprès des corps saints, puis on l'en
relirait, et on l'enfermait avec la vénération
convenable dans l'église que l'on voulait dé-
dier. Il s'y faisait autant de miracles, que si
les reliques mêmes du saint y eussent été
transportées. Il arriva sous le pontificat de
saint Léon, que quelques-uns doutèrent de
la vérité de ces reliques. Le Pape fit appor-
ter des ciseaux et coupa le linge, d'où il sor-
tit du sang. Nous avons déjà rapporté les mi-
racles airivés, lorsqu'on avait tenté de tou-
cher aux tombeaux des apôtres saint Pierre
et saint Paul, et les châtiments qu'avaient
essuyés ceux qui y avaient voulu faire seu-
lement quelques changements; mais les Pa-
pes envoyaient assez souvent de la limaiUe
des chaînes de ces deux apôtres, et cette li-
maille opérait " desprodiges.C'était lePape '-,
ou quelque évéque de sa part, qui limait ces
chaînes pour en avoir de la poudre ; quel-
' Grcg., lib. 1, Episl. 34, pag. .Wî et seq.
« Idom., lib, yil, Epist. 3G, pag. lll8cH119.
» Lib. I, Epist. 42, pag. 530 et 331.
» Lib. X.XXII, Moral., num. 39, pag. 1067.
5 Lib. XI, Epist. 64, pag. 1158.
* Bi itaque qui de nullo suo opère confidunt,
ad sanclorum v^artyrum protectionem curruiit,
atque ad sacra eorum corpora fletibus insislunt,
promereii se veniam, eis intercedeiilibus, depre-
canlur. '^reg.. Moral., lib. XVI, uiim. 64, pag.
525.
7 Lib. Vi, Epist. 19; pag. 807,
XL
s In ejns pietate confido, quia ciijus corpus vos
cooperuislis in terra, ejus vos intercessio ah om-
nibus peccalis proteget in ca-lo, oinnemquedomum
vestram sua provisione reget, et sua vigilantia
custodiet. Greg., lib. XI, Epist. 44, pag. 1123 et
1124.
9 Greg., in Evang., lib. Il, Bomil. 32, rjag. 1591
et 1592.
«0 Idem., lib. IV, Epist. 30, pag. 709eniO.
" Idem., ibid., pag. 711, et lib. Xlll, Epist. 4-2,
pag. 1248.
" Idem., lib. IV, Epist. 30, pag. 711.
37
1^
578 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQL'ES.
Sur -a Iran'*
UiioD des tc-
liques.
quefois il en lirait sans peine, d'autres fois
il limait lonpricmps inutilement, quand cer-
taines personnes en demandaient. On ren-
fermait cette limaille tantôt dans une croix ',
tantôt dans des clefs d'or' on d'autre matiè-
re, et l'on pendait ces clefs à son cou', pour
se préserver de toutes sortes de maux. Saint
Grégoire envoya au patrice Dyname ' une
croix où il y avait des chaînes de saint Pier-
re, et aux quatre coins quelques particules
du gril de saint Laurent, afin que ce fer, qui
avait servi à consommer son sacrifice, allu-
mât dans le cœur de ce seigneur les flam-
mes de l'amour divin. Il envoya à Récarè-
de '', premier roi dog Goths en Espagne, une
petite clef où l'on avait enfermé de la li-
maille des mêmes chaînes, une croix où
était enchâssée une partie de la vraie croix,
et des cheveux de saint Jean-Baptiste, afin
qu'il reçût de la croix de Jésus-Christ une
sohde consolation dans tous ses besoins, et
le secours du saint Précurseur.
41. L'évéqueet le clergé de la ville d'Eu-
rie en Épire, chassés de leur église par les
barbares, emportèrent avec eux le corps de
saint Donat martyr, dans un château de l'île
de Corfou, pour ne point le laisser exposé à
la profanation. Saint Grégoire approuva '
cette translation; mais il témoigne partout
une grande répugnance pour la division des
corps des saints. C'est ce qui répand quelque
doute sur ce que dit Baronius ', que ce saint,
revenant de sa légation de Constantinople,
en apporta à Rome un bras de saiut André
et le chef de saint Luc; peut-être crut-il
pouvoir se conformer à l'usage où étaient les
Grecs de diviser les reliques, et de disper-
ser les ossements d'un même corps en di-
vers endroits. Il ' engagea révcque déposi-
taire de la tuniijue de saint Jean, â l'appor-
ter à Rome en cérémonie. Jean Diacre ' dit
que, de son temps, on la conservait daus la
basilique do Suinl-Jean-de-Latran, sous l'au-
tel; mais il parait par les termes de saint
Grégoire, que son dessein, en demandant
celte tunique, n'était que de la voir, et non
pas de la garder. Le même historien parle
d'une autre tunique qui avait les manches
larges en forme de dalmati pic. I! dit que le
peuple la croyait aussi de saint Jean, mais
qu'elle était plutôt du diacre Pascl)ase.
42. On prétendait, en Angleterre, avoir le
corps de saint Sixte, martyr. Saint .\upistin'",
doutant de ce fait, demanda à saint Grégoire
des reliques du martyr de ce nom. Le Pape lui
en envoya, en lui marquant que, si le corps
que le peuple croyait être d'un martyr ne se
révélait par aucun miracle, et si aucun des
anciens du pays n'était informé de l'histoire
de son martyre, il fallait boucher le lieu où
ce corps reposait, et mettre ailleurs les reli-
ques qu'il lui envoyait, afin de ne pas per-
mettre au peuple de quitter le certain pour
l'incertain. Saint Martin av;i!t usé d'une sem-
blalile précaution ;\ cette occasion. 11 y avait
dans le voisinage de Tours " un lieu révéré
par le peuple, comme si c'eût été la sépul-
ture de quelque martyr. Les évêques ses pré-
décesseurs y avaient érigé un autel. Le
saint, qui ne croyait pas légèrement, de-
manda aux plus anciens du clergé qu'on lui
fit voir le nom du martyr, le temps auquel
il avait soullert ; et, ne trouvant rien dans la
tradition, il s'abstint pendant quelque temps
d'aller en ce lieu-l;\, dans la crainte d'auto-
riser la superstition : enfin il y alla avec quel-
ques-uns de ses frères, et se tenant debout
sur le sépulcre, il pria Dieu de lui faire con-
naître celui qui y était ente; ré. Alors il vit à
sa gauche une ombre sale d'un regard fa-
rouche. Sur le commandemenl qu'il lui fil
de parler, le fautôme répondit qu'il était un
voleur mis i mort pour ses crimes; que le
peuple l'honorait par erreur, et qu'il n'avait
rien de commun avec les martyrs. Saint Mar-
tin fut le seul qui le vît; maisce"ux de sa com-
pagnie entendirent la voix. Il fit donc ôler
l'autel, et délivra le peuple de ce faux culte.
43. Pour dédier une église ou une cha-
pelle, c'i-tait l'usage, en Italie, que l'on en
obtint la permission du Pape, suivant le dé-
cret de Gclase "; mais il commettait ordinai-
«Ji^e* into
Sur 11 if^dl*
Me« des ^cK.
ft* cl det mo*
DtMins
' fireg., lit). Xlll. Epùt. 42, p.ig. 12i8.
* Lil). VII, E/iist. 26, pag. 870.
> Lib. VI, Epiit. 0, pag. ti9G.
* Lili. III, Episl. o3, jiag. C*«.
' Lib. IX, Epist. V22, [Mg. lu:il.
* Lit). \\\, Episl. 1, pag. 12U5, cl Episl. 13, p.ig.
1271 ft 1272.
'' Uurouiuj ad ann. S8(j, pag. G22.
" 1-ib. m, Episl. S, png. 62i.
» Joaiiiir-: nincnnus, in Vila S. Grcgnrii, lili. III,
cap. LVii, pag. (18 et 119.
'• I.ib. M, Episl. G4, png. lir,7.
" Sevorus Siilpltius, in Vila sancti Martini, cap.
vin, pag. :it)l et .",02.
" (Jclasiiis, Episl. 9, cap. IV, pag. 1189, tome IV
Concil. Labb.
CHAPITRE XI.IX. — SAINT GRÉGOTIIE LE nRAND, PAPE.
[vu" SIKCLE.]
remiMil des dv^qiies pour lotlo ciM-rmonic.
Ce l'iil i\ l'cvéquc de Sorenle ' qu'il donna la
commission de dédier l'omtolre du monas-
tère de Savin, alihé de Saint-Etienne dans
l'ile de Capri, et d'y transférer les relii|iies
de sainte Asatlie que cet abbé avait obte-
nues ; mais il l'avertit de prendre fçarde qu'il
n'y eût point de corps enterré en ce licu-li\ :
car une des conditions pour la di'dicace des
églises, était que l'on n'eut point enterré de
morts dans le lieu que l'on voulait consacrer.
Il voulait aussi que l'on ne dédiât des mo-
nastères, qu'après que les fondateurs les au-
raient sutiisamment dotés, tant pour l'entre-
tien des bâtiments, que pour la subsistance de
la communauté. A ces conditions, il permit à
l'évéque de Fernio de dédier- un monastère
sous le nom de saint Savin, martyr, fondé
à Gressian par le diacre Procule. Si l'on n'a-
vait aucune preuve qu'une église eût été con-
sacrée', on la consacrait, sans craindre de
réitérer la consécration. Saint Grégoire con-
sacra* de nouveau, à Rome, une église qui
avait été occupée par les ariens, la regar-
dant comme souillée, et y mil des reliques
de saint Séliastieu et de sainte Agathe. Le
texte marque cette consécration sous le ter-
me de réconciliation. Il est dit encore qu'il "
réconcilia une autre église qui avait été en-
tre les mains des mêmes hérétiques, et qu'il
la dédia en l'iionueur de saint Séverin. A
l'égard des temples des idoles ", il ne voulait
pas qu'on les détruisit, lorsqu'ils étaient bien
bâtis; mais seulement, qu'après enavoii bri-
sé les idoles, ou purifiât ces temples par des
aspersions d'eau bénite, cpi'on y élevât des
autels et qu'on y mit des reliques, afin qu'a.-
près avoir servi au culte des démons, ils fus-
sent consacrés au culte du vrai Dieu. Les
dédicaces d'églises étaient accompagnées de
largesses ^ aux pauvres, qui consistaient en
argent, en vin, en viande, en huile et au-
tres denrées propres à leur subsistance.
44. C'était une erreur des priscillianistes',
que cliaque homme naissait sous de certaines
constellations. Ils s'autorisaient de l'étoile qui
apparut à la naissance de Jésus-Christ, regar-
dant cette étoile comme sa destinée; « mais,
dit saint Grégoire, puisque, selon les paroles
57!)
de l'Hvangile, ce ne fut pas l'enfant qui ;ilia
â l'éloile, mais l'étoile à reniant ; au lieu
de dire que l'étoile fut la destinée de l'en-
fant , il faudrait plutôt dire que l'enfant
fut la destinée de l'i-toile. Le destin est ini
être imaginaire ; la vie de l'homme no dé-
pend que de celui qui en est le souverain
et le créateur. L'homme n'est pas fait pour
les étoiles; elles sont faites pour l'homme. Si
le destin avait quelque iuliiience sur l'iiom-
me , aurait-on vu tant de dillërence entre
Jacob et Esaii, nés en même temps et d'une
morne mère? En vain on répondra que la
vertu des constellations opère dans le mo-
ment et en un seul instant ; s'il en est ainsi,
il faudra dire que l'homme a autant de des-
tins différents qu'il a de membres, tous ne
sortant pas du sein de la mère en un seul ins-
tant. » Saint Grégoire relève une autre ima-
gination des astrologues, qui disaient que
tous ceux qui naissent sous le signe du Ver-
seau, devaient en cette vie exercer le métier
de pêcheurs. « On dit qu'il n'y a point de
pêcheurs en Gétulie, et toutefois il n'est pas
douteux qu'il ne naisse quelque personne
sous le signe du Verseau. Il n'y a pas plus de
solidité dans ce qu'ils avancent, que ceux qui
naissent sous le signe de la Balance doivent
être changeurs ou banquiers, puisqu'il y a
plusieurs nations chez qui ces professions ne
sont pas même connues, quoique chez elles,
comme ailleurs, il naisse des enfants sous
le signe de la Balance. Quelle est l'impres-
sion et la vertu du destin sur deux enfants
nés dans le même instant, dont l'un naît
d'une famille où la couronne est héréditaire,
et l'autre de condition servile ?» 11 y avait à
Rome des personnes qui défendaient ^ de
travailler le samedi. « S'il faut, lem- dit saint
Grégoire, observer à la lettre le précepte du
sabbat, on doit aussi mettre en pratique la
circoncision, contre la défense de saint Paul.
L'un et l'autre, dans la loi de l'Évangile, ne
s'observent plus que spirituellement. » Il dit
à ceux qui ne croyaient pas qu'il fût permis
de se baigner le dimanche, que cela n'était
pas même permis en un autre jour, si on le
faisait par volupté; mais que, si c'était par né-
cessité, ou pouvait le faire le dimanche com-
» r.refî., lib. I, £/)iSt 54, pag. 347.
> Grog., lib. Xlll, Epist. IG, pag. 1229.
» Idem., lib. XIV, Episl. 17, pag. l2"9.
» Lib. m, Dialog., cap. xxs, pag. 341 et seq.
» Lib. l!l, Epist. 19, pag 037 et 038.
6 Lib. XI, Epist. 76, pag. 1176.
■! Lib. I, Epist. o6, pag. 548.
8 Greg., in Evang., lib. I, Homil. 10, num. 4
et 3, pag. 1469 et 1470.
9 Greg., lib. XIU, EpiSt- 1, pag. 1213 cl ser;.
S80
HISTOIRE gi':ni':rale des auteurs ecclésiastiques.
Sor la féliei-
lé des s^flL«.
galuire.
me les autres jours ; qu'on devait seulement
en ce jour s'abstenir du travail corporel,
pour vaquer avec plus de loisir à la prière,
et expier les fautes du reste de la semaine.
On voit par quelques-unes de ses lettres,
qu'il y avait dans les Gaules un tjrand nom-
bre de chrétiens (fui, tout en fréquentant les
églises, rendaient un culte aux démons, of-
fraient des sacrifices aux idoles ', bonoraient
des arbres, sacrifiaient des tètes d'animaux.
Les environs de Rome étaient même infectés
de quelques restes d'idolâtrie ; on y adorait
des arbres. Le Pape, pour léprimer ces super-
stitions, clnploya l'^mtorilé des deux puissan-
ces. 11 en écrivit a Agnelle', évéque de Ter-
racine, et au vicomte Maur. Il loue le notaire
Adrien ' de ce qu'il donnait la chasse aux
enchanteurs, aux sorciers, et il l'exhorte à
continuer.
45. «Les saints jouiront, dans la terre des
vivants, d'une double félicité, savoir : celle
de l'âme, et celle du corps. Si saint Jean ne
vit donner aux saints qu'une seule robe
blanche ' ; c'est que ce fut avant la résurrec-
tion générale qu'il eut cette vision , et que
jusqu'à ce temps les âmes jouissent seu-
les de la béatitude ; mais ils en recevront
deux, quand elles seront revêtues de leurs
corps. »
46. 11 est dit dans l'Évangile que, si quel-
qu'un a blasphémé contre le Saint-Esprit,
ce péché ne lui sera remis ni en ce siècle,
ni eu l'autre : d'où saint GT.'-goire dit ''qu'on
doit conclure qu'il y a des péchés qui peu-
vent être remis en cette vie et en l'autre.
«Mais il faut savoir, ajoute-l-il, que person-
ne n'ûblicndiala rémission de ses péchés lé-
gère en l'autre vie, qu'en les expiant ]v\r le
feu ; encore celui-là seul qui l'aura mérité en
cette vie par ses bonnes œuvres. » Il juee '
donc utile aux morts qui ne sont pas char-
gés de crimes, d'èlre enterrés dans l'église;
parce que, toutes les fois que leui-s parents
vont dans ces saints lieux, et qu'ils voient
leurs sépulcres, ils se souviennent d'eux, et
prient Dieu pour eux.
47. Les âmes des justes qui, avant la ré-
surrection de Jésus-Christ, descendaient en
enfer, n'y souffraient' sans doute aucune
peine. C'est ce qui fait distinguer à saint
Grégoire deux lieux dans l'enfer, l'un supé-
rieur oii ces âmes reposaient , et un infé-
rieur où les impies sont tourmentés. «David
faisait allusion à ce dernier, lorsqu'il disait :
Seigneur, vous avez retiré mon âme du plus
bas de l'enfer. Job, sachant qu'avant la ve-
nue du Médiateur il descendrait dans l'en-
fer, réclame la protection de son Dieu, afin
qu'il le présenât des lieux de peines et de
supplices. Les méchants y seront tourmen-
tés ' par un feu qui brûlera éternellement,
sans avoir besoin du ministère d'aucune
» Greg., lib. IX, Epist. H, pag. 938.
« Lib. VIII, Epist. 18, pag. 908 et 909.
» Lib. W, Epist. 53, pag. 1139.
* Et datSE suiil illis siugula; stolao alboc , etc.
{Apocalyps.. vi, vers. 11.) Ante rcsurreclionem
quippe slolas singulas accepissc dicti sunt, quia
sola atlhuc mentis liealitudinc pirfriLunltir. Bi-
nas irgo arcepturi sunt, quando cum animarum
perfecto gaudio, etiam corporum incoiruplione
l'estientur. Grcg., Prœfat. in lib. Job, niuii. 20,
pag. n.
' De quihusdam levibus culpis esse ante judi-
cium purgatorius ignis credcndus est , pro eo
quod Veritas dicit, quia si quis in Sanrto Spiritu
blasphemiam dixerit, nequc m hoc sarulo remit-
tetur ei, tieque in fuluro. In qua sententia dutur
intelligi quasdam culjias in hoc swculo. quas-
dum vero in fiituro Hoc tamen sciendum
est, quin illic saltem de mitiimis niliil quis-
que purgalionis ohtineliit, nisi bonis hoc aciibus
an hac adhuc rila positus, ut illic obtincal, pro-
merealur. Greg., Iil>. IV, Dialog., cap. xx.\l.\, pag.
4(1 l't 444.
• Quos gravia peccata non depriinnni , hoc prod-
esl morliiis, si in ecclesia scpelianlur. quod co-
rui/i proximi, qunticx ad radrm .^acra loca con-
veniunt, suorum, quorum sepulcra couspiciunl,
recordantur, et pro eis Domino preces fundunt.
Greg., lib. IV, Dialog., cap. L, pag. 437.
' Aec lawcn ita juslorum animas ad infernum
descendisse dicimus, ut in locis pœnalibus tene-
rentur. Sed esse surperiora inferni loca, esse alia
inferiora credcniln sunt : u( et in svpcrioribus
justi requiescerent, et in inferioribus injusli cru-
ciarcntur. Inde cl Psalmista, propter prœve-
nienlem se Dei graliam, dicii : Eripuisti nuiiiiam
uicaiii ex iiiferuù iufcriori. Beatus igilurJoli, ante
Ucilialoris adrentum ad infernum se descendere
sciens, Conditoris sui protectionem postulat, ut
a locis pwnalihus alienus existât, ulii, dum ad
requiem ducitur, a suppliciis nbscondatur. Greg.,
lili. Il .Moral., nuiii. 13, pag. 397 et .398.
» Gchenna' ignis, cum sit corporeus, et in se
missos rcprobo.i corporaliter cxural, vec studio
humano succenditur , nec lignis nutritur: sed
creatus semel durât inertinguibilis, et successione
non indiget. et ardore non caret... (Juia omntpo-
tentis justitia, futurorum pra'sci<i, ab ipsa mun-
di origine gihennœ ignem creaiit. quiin pa-nu re-
priihorum esse seinet inciperet, sed urdnrcm suum
etiam sine lignis nunquam finiret. Scien^tuni ve-
ro quod omnes repiobi, quia f.T onimn simul et
carne peccaverunt, illic in anima pariter et cnrne
cruciiinlur.t'iTeg., lib. .\V Moral., iniiu, 35, pag. 482.
[vn« SIÈCLE.] CHArirnE XLIX. — SAFNT GRÉCOmE LE OlUND, PAPE.
58 f
cr('atiiro,Dioii aynnt cr(56 ce feu df'slocom-
mencciiu'iil pour servir nu cliâliincnl des ,
f réprouvés; et parce qu'ils ont péché et par
l'àine et par le corps, ils seront lonrmenli's
dans l'une et liaiis l'autre en ce lien de sup-
plices, n
Sur i«:cr. 48. Quelque conslanle ' que soi! la doctrine
clf* dos |,.i. j ,, , . , , , ,. r -1 ,
ncMia l'oofcr. dc 1 cteruite des peines de 1 enfer, \\ se trouve
encore des ' personnes qui ne mettent point
de fin ;\ leurs pc( liés, parce qu'elles s'imagi-
. lient quele jugement de Dieu en mettra ;\ leurs
châtiments. « Nous leur répoudons.en deux
mots, dit saint (In-goire, que si les supplices
des réprouvés doivent finir un jour, il en sera
de môme de la joie des bienheureux, puisque,
ainsi qu'il est dit des damnés qu'ils iront au
feu éternel, il est dit des élus qu'ils iront dans
la vie éternelle. Si les menaces ne sont pas
véritables, les promesses ne le seront pas
non plus. On dira peut-être que Dieu n'a me-
nacé les pc'cheurs d'une damnation éternelle,
(]uepourlesexciter.^ secorrisïerpar la crainte
des feux éternels; mais ne pourra-t-on pas
dire également que Dieu n'a fait des pro-
messes aux justes, que pom' les inviter h
vivre dans la justice ? Qui peut soiitl'rir que
l'on fasse passer pour faux ce que la Vérité
a dit de? supplices éternels, et qu'en s'ell'or-
çant de soutenir que Dieu est miséricor-
dieux, on n'ait pas honte de le faire regarder
comme trompeur? On objecte qu'une faute
qui a fini ne doit pas être châtiée sans fin, et
que Dieu étant juste, il ne peut punir éter-
nellement ce qui n'est pas une faute éternelle.
Cette objection aurait quelque vraisemblance,
si le juste Juge n'examinait que les actions,
et non pas les cœurs ; mais il sait que les
méchants n'ont cessé de pécher, que parce
qu'ils ont cessé de vivre, et qu'ils auraient
voulu vivre sans fin, pour persévérer sans
lin dans l'iniquité ; ils souhaitent même plus
de pécher que de vivre, en sorte qu'ils ne
désirent de vivre toujours en ce monde, qu'a-
fin de pécher pendant toute leur vie : ainsi,
ilest delà justice du Juge sévère de ne mettre
point de bornes aux supplices des méchants.
puisque, tant qu'il ont pu, ils n'en ont point
mis à leurs crimes. »
On objecte encore qu'un maître ne frappe
son serviteurqiie poiirle coiriger, et non par
un mauvais plaisir de le voir souffrir; qu'on
ne voit pas ;\ quel dessein Dieu laisserait brûler
les mi'chants pendant l'éternité, puisque,
étant bon, il no peut se repaître des tour-
ments de ces malheureux; enfin, qu'il est
inutile qu'ils soient tourmentés éternelle-
ment, puisque des peines même éternelles
ne peuvent expier leurs crimes. Saint Gré-
goire ri'pond : » Dieu, parce qu'il est bon, ne
se repaît pas des tourments des damnés;
mais aussi, étant juste, il ne peut jamais être
apaisé par la punition des injustes; c'est
donc en punition de leur péchés, que les mé-
chants sei'ont châtiés éternellement. Dieu
trouve dans ce châtiment un moyen de faire
sentiraux élus combien ils lui sont redevables,
ayant évité par le secours de sa grâce de com-
mettredesactionspunics si sévèrement. Mais,
dii-a-t-on, commcntles bienheureux neprient-
ils pas pour ceux qu'ils voient brûler dans les
flammes ? N'est-il pas écrit dans l'Evangile :
Priez pour vos ennemis 1 Cela est vrai ; mais
les saints ne prient pour leurs ennemis, que
quand ils savent que leurs ennemis sont en-
core en étal de se convertir et de faire péni-
tence : or cela ne se peut qu'en cette vie,
dans l'autre il n'est plus possible de revenir
de l'iniquité à la justice. C'est pour cela que
nous ne prions ni pour le diable, ni pour ses
anges, parce qu'ils sont irrévocablement con-
damnés aux supplices éternels, et que nous
ne prions pas non plus pom* ceux qui meu-
rent dans l'infidélité et l'impiété, parce que
nous ne devons pas présenter devant le tri-
bunal du juste Juge une prière inutile et in-
fructueuse pour des gens que nous savons
être destinés aux supplices éternels. L'étroite
union des saints avec Dieu les rend incapa-
bles de rien souhaiter qui ne soit parfaite-
ment conforme à son équité souveraine. »
/(9. Saint Grégoire, passant ' un jour par
la place de Trajan, que ce prince avait fait
Sur la iléli
Traoce de I à-
me de Trajan.
' Constat niinis , el incunctanler veriiin est,
quia sicut finis non est gaudio bonontm, ita finis
non eril tormento maloruni. Greg., lib. IV Uia-
log., cap. XLiv, pag. 449.
' Siint eiii»! niinc etiam, q^ii iJcirco peccatis
suis poncre finem ncgligunl, quia liahere quan-
doque finem fiilura super se judicia suspicantur.
(Juibus breviter respomlcmus : si qnandoque fi-
nienda sunt supplicia reproborum, qnandoque fi-
nicnda sunt ergo et gaudia bcatoruw. Per semet-
ipsani Veritas dicil : Iljuut lii in supplicium xlcr-
niiiii, justi aufeui in vitam xteruam. Si igitur hoc
verum non est quod minatus est, neque illud ve-
rum est quod promisil, etc. Greg., lib. XXXI V J/o-
ral., nuni. 3), pag. 1132.
3 Paul. Diac, in li',\ de Vita S. Greg., cap. xxvii,
pag. Ui.
582
HISTOIRE r.ÉXKHALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
oi-ner de superbes édifices où les principales
actions de sa vie étaient représenti-es en bas-
reliefs, s'appliqua à considérer celui qui re-
présentait ce qu'illît en faveur d'une pauvre
veuve qui était venue le prier, les larmes aux
yeux, de venger la mort de son Dis qui avait
été tué. Trujaa était à la léle de son armée,
lorsqu'elle lui lit cette prière; et, obligé de
faire grande dilicronce, il répondit ti cette
femme, qu'au retour de ^ou expédition il lui
ferait justice. Mais, répartit la veuve, si vous
êtes tué dans le combat, de qui. Seigneur., pour-
rai-je après cela l'attendre ? De mon succes-
seur, répliqua ce prince. Que vous servira-t-
il, ijrand emjjeiX'ur, qu'un autre que vuus me
rende justice? répondit cette femme; «e vaut-
il f/as mieux que vous vous acquittiez de cette
bonne œuvre, que de In laisser faire à un autre ?
Paul et Jean Diacre, qui racontent cette his-
toire, ajoutent ce qui suit : Alors Tempe-
reur, touché des larmes de cette pauvre mère,
et forcé par ses raisons, descendit de cheval,
fit venir ceux qu'elle accusait d'avoir tué son
fils, prit une exacte connaissance de l'atl'aire,
et ne voulut point continuer sa marche, quel-
que instance que lui en fissent ses olliciers,
qu'il n'eut terminée l'allaire. Il lit payer à la
veuve une somme cousidéiable, et donna tou-
tefois la vie aux criminels. Saint Grégoire, lou-
ché de cette action de justice et de charité, pria
Dieu, avec beaucoup de larmes et degéiuis-
sements, défaire miséricorde à cet empereur.
Etant allé ensuite au tombeau de saint Pierre,
il y demeura longtemps en prières, et quel-
que temps après il eut une révélalion, où il
apprit que sa prière avait été exaucée; mais
à condition qu'à l'avenir il ne prierait plus
pour des personnes mortes sans baplûme.
Cette histoire, qui n'es=f rapportée que par
des auteurs postérieurs de plus de deux cent
cinquante ans à saint Grégoire, c'est-à-dire,
par Paul et Jean Diacre, a été rojetée comme
une fable par tous ceux qui en ont bien exa-
miné les circonstances. Jean Diacre, dans la
Vie de saint Grégoire, qu'il écrivit vers l'an
872 par l'ordre du pape Jean VIII, convient*
qu'il l'avait apprise des .Vnglo-Saxons, chez
qui elle était tellement re(^ue, qu'ils en fai-
saient la lecture dans leurs églises, apparem-
ment le jour de la fête de saint Grégoire;
mais n'ajoute que l'on en doutait chez les
Romains, et qu'il en doutait lui-même, n'y
ayant point d'ajjparence que saint Grégoire,
dont la doctrine constante est qu'on ne doit
pas prier pour ceux qui sont moi ts sans bap-
tême et dans l'infidélité, ait prié pourTrajan
qui était un prince |)ayen. Trajan eût fait une
action aussi éclatante que celle dont il est
parlé dans cette histoire, ses historiens l'au-
raient-ils oubliée? Pline le Jeune ne lui en
eùt-il pas fait houneurdans son Panégyrique?
Il n'en dit pas un mot, el on n'en trouve rien
dans tous ceux qui ont travaillé sur l'histoire
romaine. Il y a plus, c'est qu'en accordant
pour un moment (]ue Trajan, pour conserver
à la postérité la mémoire de cette belle ac-
tion, l'ait fait graver ou mettre en relief
sur de l'airain dans la place qui porte son
nom, on ne pourrait en tirer une preuve cer-
taine pour la veiité de l'histoire rapportée
par Paul et Jean Diacre. Ne sait-on pas, par
les témoignages de ' Procope et de Cassio-
dore, plus anciens l'un et l'autre que saint
Grégoire, que la ville de Uoaie fut pillée par
Alaric, roi des Goths, et par Genséric, roi
des Vandales, et que ce dernier emporta non-
' Legilur pênes easdem Ànglorum ecclesias,
quod Gregoriiis per forum Trajani, quod ipse
quondain ptilcherrinns wdificiis venuf<((iral., pro-
cedens, jtiilicii ejus, quo viduam coiisolalus j'ue-
rat, recordatus alque iniralus sit: quatl sciUccl
S'cut a prioribus Iraditur, ita se habrt... lliijus
ergo manaueludincin judicis asservnl Gregorium
recordatitin ad sancli Pelri ajfnstoli hasilicnni
pcrvenissc, ibique Inmdiu su/wr errnre tam cle-
meiilissimi prinripis deflevisse, qiiousque respon-
stun scqucnti nocle ccpissct, se pro Trajano fuis-
se audilum, Inntum pro nullo ullerius pagano
prcces effundcrcl. Sed ciiin de superioribus iniru-
culis, nnmtinorum sit ncmn qui duhitel, de lioc
quod apud Saxoiies legilur. hiijus prccibiis Trajani
anima m ab iiiferni cruciulibus liberatam, ob id
tel uinxime dubiluri viitetur, quod tanlus doc.tor
nequaquam prwsuuieret pro pagano prnrsns ora-
re, qui quarto Dialogorum suoru,m libro docue-
rit eamdcm camam esse cur non orelur a sanc-
tis in fuluro j'udicio pro peccatoribus œterno
ignt' damnalis. quw nunc eliam causa est ut
non orent sancli Iwmines pro Iwminibus infide-
libus, impiisquc defunclis. .loiui. Diac, lib. Il De
Vita Gregorii, miin. H.
' Eudo.rin captiva in Gcnscrici poteslalem ve-
nit, qui magna auri argcnliquc vi el imperatnria
supelleclili in nares ihi;)o.«i7o, Carlhaginrm vêla
fecil : cum in nula ner alienis nec re ilemum ulla
manum ab.ilinuissel. Juvis quoque Capilulmi lem-
plum diripuit, ac iiiediani parlem abstulil tecli
quod ex arc eplimo ductum eral, mulloque auro
magnifieiiilissimum videbalur. l'rcicup., lih. I De
lletli) Vnndalico, onp. v. .Es prwterea non mini-
mum pondus cl quod facillimum ilireplioni esl
nioUi^simum jilumbum de ornalu ma-nium refe-
runlur esse stiblala. Cassiud., lili. III, Episl. 'il.
[vn' SIÈCLE.] CHAPITRE XTJX. — SAINT GRÉGOIRR LE GRAND, PAPE.
583
Purlasiii.O'
nie.
sonleinont toutes les statues d'iiirain, et Inus
les aiilies oinenu'uts tic ce gcnio qui étaient
sur les places publiques, mais aussi les pla-
quc-s de ce uiétal qui couvraient le toit du
temple de Jiq)iler Capilolin, et (ju'il lit diar-
gcr le tout sur des vaisseaux pour être trans-
porté en Afrique? Les Hérules et les autres
barbares poussèrent leur avidité jusqu'il dé-
tacher l'airain et le plomii incrustés dans la
pierre. La i)lace de Trajan ayant donc été,
comme toutes les autres, dépouillée de tous
ses ornements avant le pontilicat de saint
Grégoire, c'est sans aucun fondement ((u'on
a avancé qu'en passant parcelle place il s'était
appliqué à considérer le bas relief qui repré-
sentait l'œuvredecliaritéeldejustice que Tra-
jan avait exercée envers une veuve. Les autres
écrivains que l'on cite pour garants de cette
histoire, ou ont puisé dans la même source
que Paul et Jean Diacre, c'est-à-dire, dans
les traditions fabuleuses des Anglo-Saxons,
ou dans un discours qui porte le nom de
saint Jean Uamascéne ', mais qui n'est point
de lui, comme on en peut juger par la diffé-
rence du style.
30. « Lorsqu'une personne - s'explique sans
ambiguïté sur un point de la foi catholique,
on la doit croire; autrement, il n'y en aurait
l)oiut dont on ne pût rendre la foi suspecte :
d'où il est naturel de conckire qu'il n'est ja-
mais permis de soupçonner ni d'aflliger un
homme qui fait profession de la vraie foi. Ne
pas croire ' celui qui professe la vérité, ce
n'est pas détruire une héiésie, mais l'établir.»
Les évéques qui quittaient le schisme pour
se réunir à l'Église, le faisaient sous cette
formule : (f Je jure *, sous peine d'être pri-
vé de l'épiscopat et d'encourir l'anathème,
et je promets k saint Pierre et au bienheu-
reux Grégoire qui tient sa place, que je ne me
laisserai jamais aller au schisme dont je me
suis retiré par la miséricorde de notre Sau-
veur; mais que je demeurerai pour toujours
dans l'unité de l'Église, et dans la commu-
nion du Pontife Romain ; que si, à Dieu ne
plaise, je prenais quelque prétexte de me sé-
parer de l'unité, je serai coupable de par-
jure. »
31 . « Le Sauveur, en donnant ^ à ses apôtres
le pouvoir de faire des miî'acles, leur dit :
Vous avez reçu ce don gratuitement, disjiensez-
le gratuitement. Il prévoyait que quelques-
uns nicllraiciit en commerce les dons mfimes
du Saint-Fsprit. Il y en a ([ui ne reroiveut
pas d'argent de ceux à qui ils donnent les
ordies sacrés, mais ils en attendent des re-
merclments et des louanges. Ce n'est pas lii
donner gratuitement ce qu'ils ont reçu gra-
tuilement. Le Pro[)hète détinit un hom-
me juste, celui qui conserve ses mains nettes
de tout présent. Pourquoi cette façon de
parler, de tout présent , si ce n'est parce qu'il
y a des présents de reconnaissance, des pré-
sents de mains, et des présents de langue ?
Les présents de reconnaissance sont les obli-
gations que l'on se fait, et qui ne sont point
dues ; les présents de mains sont l'argent,
et les présents de langue sont les remerci-
ments et les louanges. Ceux qui confèrent
les ordres sacrés, tiennent leurs mains vides
de tout présent, quand ils ne recherchent ni
argent, ni faveur humaine, en communiquant
les choses divines. » Saint Grégoire se plaint °
de quelques évéques qui vendaienlles grâces
siiirituelles, et se servaient des péchés d'au-
Irui pour amasser, aux dépens de leur con-
science, des biens temporels. Il ne voulait pas
que l'on exigeât ' quelque chose pour la sé-
pulture, disant qu'il était indigne d'un évèque
et d'uu prêtre de faire acheter un peu de
terre qu'on accorde à la pourriture, et de ti-
rer du profit de l'affliction d'autrui. Cet abus
régnait dans Rome même au commencement
de son pontificat. Il y apporta remède, en
permettant seulement de recevoir les offran-
des libres et volontaires pour le luminaire.
ARTICLE VIU.
JUGEMENT DES ÉCRITS DE SAINT GKÉGOIEE.
ÉDITIONS qu'on en A FAITES.
i . Les Églises chrétiennes, en donnant d'un
commun conseutement à saint Grégoire le
titre de Grand, ont fait autant attention à la
profondeur de son savoir et à l'excellence de
ses écrits, qu'à l'éminence et à la solidité de
ses vertus. Aussitôt qu'ils furent rendus pu-
blics, on les ' admira, et on les préféra au
1 Damascen., Orat. pro defunclis, tom. I, pag.
391. — « Greg., lib. XI, Epist. 45, pag. 1132.
' Lib. Vl, Epist. 16, pag. 805.
* In Appendice, pag. 55.
5 Hom.i in Eoang., pag. Itl'J.
6 Hom. n, pag. im-2.
'' Lili. IX, Epist. 3, pag. 926.
8 Rogalus a Leandro episcopo lihrum Job ex-
posuil tripliciler, historiée, allegorice, et mora-
liter, et librum dividens in sex Idiros, consumma-
vit hoc mirabile opus in triginla quinque libris.
Sigibert., lib. De Script. Eccles., cap. xlii.
TTISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS Er.CLÉSIASTTOUES.
soleil ' pour leur clarlô, et à l'or le plus pur
pour leur mérite ; mais rien ne lit mieux voir
î'cPlime que l'on en concevait, que les traduc-
tions qui en parurent de son vivant mrMne
dans les provinces étrangères, et les divers
recueils que l'on fît de ses pensées et de ses
sentences. Il est peu de vérités qu'il n'ait ou
écluircies, ou défendues contre les ennemis
de la foi catholique. On trouvera dans ses
écrits de quoi combattre les manichéens, les
ariens, les nestoriens, les eutychiens, les
une r('putation d'éloquence, comme Sulpicc
Sévère, (jue l'on appelle li- Salluste chrétien;
saint Hilaire, dont saint Jérôme compare l'é-
loquence à la rapidité du Rhône ; saint Au-
gustin et plusieurs autres, qui, dans leurs
commentaires sur l'Kcritiire, ne se sont ap-
pliqués qu'A en éclaircir les endroits difti-
ciles, sans vouloir en aucune façon s'assujet-
tir aux rèfïles de la f,'ra'nmaire. On voit par
une des lettres de saint Grégoire, qu'il mé-
prisait l'art de parler, et qu'il croyait cet as-
pélatriens, et plusieurs autres héréli(iues ; de sujetlissement indigne ' de la parole de Dieu.
quoi soutenir l'autorité suprême de l'Église 11 est encore bon d'observer ici que, les lan-
daus les conciles, et établir les maximes les gués dépendant de l'usage, certaines espres-
plus pures, les plus solides de la morale évan
géiique.Sescommciltaires sur l'Écriture font
voir combien il était habile à en développer
les divers sens. S'il s'est moins arrêté au sens
littéral, c'est que d'autres avant lui l'avaient
sions qui nous paraissent impropres dans les
écrits de saint Grégoire, pouvaient passer
pour bonnes dans son si ''de, quoiqu'elles ne
fussent pas conformes aux règles de la pure
latinité. Térence disait ijjsus pour ipse, scibo
expliqué, entre autres saint Jérôme, qu'il pour smm, /Âœ pour /«c,f^/"we<i au génitif,
cite quelquefois. Une laissait pas de recourir pour fnicli'is. Nous condamnerions aujour-
aux anciennes versions de l'Écriture, lorsi[ue
le texte lui paraissait embarrassé. Ses lettres
sont écrites avec beaucoup de force et d'éner-
gie, surtout celles où il s'agit de faire rentrer
dans le devoir ceux qui s'en étaient écartés.
Princes ou sujets, évèques ou clercs de moin-
dre rang, il parle à tous avec liberté, mais
loujours avec politesse, n'usant de termes
durs qu'enveis les incorrigibles. Quoique son
style ne soit ni bien élevé, ni beaucoup tra-
vaillé, ses pensées et ses sentiments n'en sont
d'hui ces expressions, comme contraires aux
bonnes règles; mais elles étaient d'usage dans
le siècle de ce poète, qui a été admiré même
dans le siècle d'Auguste.
2. Nous ne connaissons point de plus an-
cienne édition des œuvres de saint Grégoire,
que celle de Paris, en 1518, par Berthold
Rembolt. Elle comprend les Morales sur Job,
le Pastoral, les Dialogues, les Commentaires
sur le Cantique et les sept l'saumes de la pé-
nitence ; les Homélies sur Ézéchiel et sur les
Editt iO!rt'
ntr*'e* ots
Œiivr,> àr s.
<..ri-^oire.
pas moins nobles, ni ses discours moins sui- Évangiles, avec les lettres de ce Pape. On
vis. Il se soutient partout, et parle toujours
d'une manière digne de sa naissance et de la
place qu'il occupait. Il est extrêmement dif-
fus dans ses Morales ; la plupart de ses allé-
gories paraissent aussi trop rccliercliéos,
mais c'était son goût, et elles plaisaient alors.
Il était persuadé que l'Écriture sainte est un
trésor inépuisable où l'on peut s'enrichir en
une infinité lie manières, ([uand on veut pren-
dre la peine de développer les mystères ca-
chés sous l'écorce de la lettre. Il s'appliquait
moins à polir son discours et à choisir ses
termes ; souvent uiêuie il en empluie qui ne
sont point coruius dans la bonne latinité ;
quelquefois il pèche contre les règles de la
grammaire. Si c'est un défaut, il lui est com-
mun avec beaucoup d'autres écrivains, qui
n'ont pas laissé de se faire, dans leur temps,
• Gregorius mitlUt prce sole pru'Clarn ac prœ
obriso auro prctinsn scripsil. IImiimp. Aiignstod.,
lib. De Scripl. eccles., cop. xxxti.
' A'on barharismi roiifusioncm devilo . sUus
réim[U'ima tons ces ouvrages à Rouen, en
1.521, chez François Régnant, et en 1523 ti
Paris, chez Claude Chevalon. L'édition de
1542 fut faite eu la même ville, par Charles
Giiilhiit. Il y en avait eu deux à Lyon quel-
que temps auparavant, l'une, en 153!t, l'au-
tre, en 15 40, plus amples que les précéden-
tes, parce qu'on yav.iit ajouté lesCommen-
taii-es sur le premier livre des Rois. Il s'en
fil depuis un sjrand nombre d'autres i\ Paris,
à Anvers, ;\ Venise, à Rome, à Baie, ii Douai,
dont les plus remarquables sont celles do
Bàle, en lo.'il et l.'jGi, chez Frohen, par les
soins de lioccius; de Paris, en iri71, revue et
corrigée par Jean Gilot; d'Anvers, en 1572,
chez Plantin; de Venise, en 1583 ; de Rome,
en 1.-181I, in-fol. Cette édition, qui se tit par
ordre du pape Sixte V, fut regardée comme
mo<u.s(/Me et prœposilionnm casiis servare con-
lenino; quia iiidignum veltementer existimo ne
verha crrir.ilis oraculi rcsiringam sub reguli-i
Donali. (ivep.. npist, ad Leandrum.
[VTi* SIÈCLE.] CHAPITRE XUX. — SAINT GRftnOIRE LE GRAND, PAPE.
58S
plus piiifailp qiio lonlps los pr(''C(hlenk's,
(]ii(ii(liii' l'iiiitivc on iiliisioiii's eiulroils, parce
qu'on n'avait pas eu soin de corriger le texte
sur un assez grand nombre de manuserils.
Elle esl (lisliiluu'e an six tomes (|ui ne font
(piequalro vohunrs. Ou (;n fit une autre iu-8°,
en la même ville, en ltil3. Celles de Paris, en
l(tll5 et 1G40, ne sont que des rc'impressions
de rt'dilion de Home en 158!), ou 1593; car
elle ne l'ut aclii'vée qu'en cette annt^e-hï. En
1675, Pierre Goussainville en doinia une
nouvelle, apn^s avoir revu le texte de saint
Grégoire sur beaucoup de manuscrits. Il fut
aidi" dans son travail ]iar M. Julien. Cette
édition, qui est en trois tomes in-l'ol., est re-
commandable par les savantes préfaces que
les éditeurs ont mises à la tète de chaque
ouvrage, et par les notes sur les endroits dif-
ficiles. Elle est dédiée ;\ Louis de Bassom-
pierre, alors évéque de Saintes. Quelques
soins que Goussainville se soit donni's pour
la rendre plus correcte, il lui est échappe
plusieurs fautes considérables, que l'on a re-
levées dans la dernière édition qui s'est faite
à Paris en 1703, eu quatre volumes in-fol.
Elle est des Bénédictins de la congrégation
do Saiiit-Maur, et di'diée au pape Clément XI ;
mais on sait qu'on la doit principalement à
(.lom Denis de Sainte-Marthe, qui, dès l'an
1697, avait publié la Vie de saint Grégoire
en notre langue, imprimée à Rouen in-4°,
chez la veuve de Louis Behours. Cette édi-
tion est ornée de plusieurs savantes préfa-
ces, et d'un grand nombre de notes très-re-
cherchées, où l'éditeur ne néglige point cel-
les de Goussainville ; souvent même il les
rapporte tout entières, et y ajoute de nou-
velles remarques, tantôt pourconfirmer, tan-
tôt pour détruire son sentiment sur certains
endroits du texte qui soutirent ditBculté. La
préface du premier tome est générale, et re-
garde toutes les oeuvres de saint Grégoire,
les éditions qu'on en a faites, les fautes qui
se sont glissées dans celle de Goussainville,
la doctrine de ce Pape sur quantité de points
importants de la religion, et son style. Les
autres préfaces sont paiticulières à chaque
traité. Celle qui est à la tête des Lettres,
dans le second tome, est fort longue, parce
qu'on y établit un nouvel ordre de ces Let-
tres, et qu'on y rend raison- de ce change-
ment. Dom Guillaume Bessin, connu par
d'autres ouvrages, eut part à ce nouvel ar-
rangement, et aux notes qui se lisent au bas
des pages sur chaque Lettre. Dom Denis de
Sainle-Martiio a mis dans le quatrième tome
deux Vies de saint Gri'^goire, l'une écrite par
Paul Diacre, lils de Varnelride, cl moine du
IMonl-Cassin ; l'autre par Jean Diacre, aussi
moine du même monastère. Il yen a ajouté
une troisième de sa façon, tirée des écrits
mêmes de ce Père. Après ces Vies on voit
les observations d'Ange Rocca sur les por-
traits de saint Gr(''goire, de Gordien son pè-
re, de sa mère Silvie, rapportés par Jean
Diacre ; la figure de la mitre et des souliers
du pape Silvestrc,et les donations faites par
saint Grégoire : c'est ce qui fait la première
partie de ce quatrième tome, où l'on a mis
aussi ce que les anciens ont dit de saint Gré-
goire. La seconde contient les Commentaires
de Patelins et d'Alulfe, tirés des ouvrages de
ce Pape. Dom Denis de Sainte-Marthe mou-
rut le 30 mars de l'an 1723, dans une gran-
de réputation de savoir et de vertu, après
avoir été plusieurs années supérieur général
de sa congrégation. [Cette édition a été réim-
primée à Venise, en i7ii, en quatre volumes
in-fol. ; en la même ville, en 1768-76, seize
tomes in-4, par les soins de J.-B. GaUicioli,
dans un meilleur ordre et avec des augmen-
tations. Les tomes LXXV, LXXVI, LXXVII,
LXXVIII, LXXIX de la Patrologie latine re-
produisent l'édition de Paris de 1703, avec
quelques cliangcmcnis, des corrections et des
augmentations. l,esadditions se trouvent dans
le tome LXXVIII. Elles comprennent l°un
Bi'nédictionuaire attribué à saint Grégoire
le Grand par Ivollad dans ses Vindibonensia
ana/ecta ; 2° seize Ordres romains, rassemblés
et annotés par dom Mabillon dans son Musée
italique; ils sont suivis d'un Appendice qui
contient diverses pièces relatives aux Ordo
romains ou aux cérémonies de l'Église ro-
maine. Ces pièces sont également dans le
Musée italique. Deux Catalogues des ponti-
fes romains se trouvent à la fin du volume :
l'un est d'un manuscrit de Corbie duvi° siè-
cle, il a été donné par Mabillon; l'autre a
été publié par Schelstrate d'après un ma-
nuscrit du Vatican du vi" siècle.]
3. Les Morales de saint Grégoire sur Job fu-
rent imprimées séparément à Rome, en 147S,
par les soins de Dominici, évêque de Bresce,
in-fol., et à Paris, en 1493, in-fol. Saint Odon,
abbé de Clugny, trouvant qu'elles avaient
trop d'étendue, avait un abrégé de ces Mo-
rales ; Martin Marrier le fit imprimer à Paris,
en 1617. Giianernerus, chanoine régulier
et sous-prieur de Saint-Victor de Paris, vers
TBrliriîli
der Œuvr
û. Grvt;.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
586
l'an H70, en fit un Commeniaire sur lEcri-
tui e, q^i'il intitula : Explications allégoriques
de la Bible, tirées des paroles de saint Grégoire.
Il fut mis sous presse en la même ville, en
1608, in-8°, par les soins de Jean Picax-d, cha-
noine de la même abbaye. Nous avons plu-
sieurs éditions particulières du Pastoral :
l'une sans date; la seconde en 1496; une
troisième à Paris, en 1 198; une quatrième à
Rome, en 1j06; une cinquième à Paris, en
1668, in-2i. La version grecque qui en fut
faite du vivant même de saint Grégoire,
n'est pas venue jusqu'à nous. Il y en a une
française, imprimée à Paris en 1670. La ver-
sion grecque des Dialogues, par le pape Za-
cbarie, s'est conservée; on Ta insérée dans
la plupart des éditions générales des œuvres
de saint Grégoire, comme dans celles de Pa-
ris, en 1640, 1675, 17()o. On l'avait déjà don-
née, mais imparfaite, dans une édition par-
ticulière, à Rome, en 1391, et dans le troisiè-
me tome des anciennes leçons de Canisius.
Les éditions latines sont de Rome, en 1475;
de Venise, en 1480et 1494; de Paris, en 1490,
in-4°; de Cologne, en 1610. Les Dialogues se
trouvent encore imprimés à Paris, avec les
Homélies sur Ézechiel et le Pastoral, en 1498,
chez Udalric Geiing et Rembolt. 11 y en a
plusieurs traductions françaises ; une dont
l'auteur ne s'est fait connaître que par ces
trois lettresT. D. B., imprimt'cen 1601, réim-
primée à Lyon, en 1616, par le père Michel
Coyssard, jésuite, et à Paris, en 1624, par
dom Simon Milet, bénédictin de Saint-Ger-
main-des-Prés, avec des notes. En 1689,
F. Biiltcau de la congrégation de Sainl-Maur,
en donna une nouvelle qui fut imprimée chez
Coignard, avec une longue préface pour la
défense de cet ouvrage. Il donne, à la fui de
sa traduction, une liste de celles qui ont été
faites en aiahe, avant l'an 800, par un reli-
gieux nommé Antoine, en saxon-anglais dans
le neuvième siècle, en français dans le dou-
zième: ajoutant que ces Dialogues ont aussi
été traduits en allemand et en italien. 11 re-
marque, d'après M. Le Laboureur dansl'His-
toirede Charles VI, que Jean de France, duc
de Berry, avait acheté ces Dialogues en
français, de Jean Colin, le neuvième jour de
juillet de l'an 1409, pour le prix de quinze
écus d'or, prisés soixante sous parisis. M.
l'abbé le Bœuf (/Jis!ie>-t., tora. II, paît. 2,
pag. 38) dit avoir vu dans les bibliothèques
de Paris des traductions en langue romaine
du livre de Job, de ceux des Rois cl des Dia-
logues de saint Grégoire. N'était-ce pas celle
que le duc de Borry acheta? Les mêmes
Dialogues ont élé traduits en italien, et nous
en trouvons des éditions en 1475, 1488 et
1515. On ne connail point d'autres éditions
des Lettres de saint Grégoire, que celles de
tous ses ouvrages, si ce n'est qu'on leur a
donné place dans le cinquième tome des
conciles du père Labbe.
4. Le Sacramenlaire parut à Cologne, en
1371, parmi les livres liturgiques de l'édi-
tion de Pamélius , avec TAntiphonaire ; à
Rome, en 1397 , avec les Scholies d'Ange
Rocca ; à Paris, en 1642, avec les Noies de
Dom Hugues Ménard. (;ettc dernière édition
renferme le Bénédictionnaire. M. Lambé-
cius le fit réimprimer quelques temps après
dans le second livre de sa Bibliothèque im-
périale , croyant qu'il n'avait pas encore vu
le jour. Nous ne connaissons d'éditions par-
ticulières des Homélies sur Ézechiel, que celle
de Paris, en J302, chez Géring et Rembolt, et
des Homélies sur les Évangiles, que celle qui
a été donné en 1317 , chez Jean Petit ; elles
furent les unes et les autres imprimt'es en la
même ville, en 1498, avec les Dialogues et
quelques autres opuscules, chez Rembolt. Cet
imprimeur donna, en 1512, le Commentaire
sur les sept Psaumes de la pénitence ; c'est sur
cette édition qu'il a été réimprimé dans les
grands recueils des ouvra.;es de saint Gré-
goire. On liouve dans les mêmes recueils le
Commentaire sur le Cantique des cantiques.
11 fut imprimé séparément à Bâie, en 1496, et
à Paris, en 1498. Les Morales sur Job ont paru
en français, en 1606, 1667 et 1669, in-4. trois
vol. On les trouve aussi en cinq volumes
in-8. On les a en italien, à Rome, 1714, in-4.
Les quarante Homélies, ou Sermons sur les
Évangiles, traduits en la même langue , à
Paris, 1663, in-4. Épitres choisies du même
saint, traduites en français, à Paris, 1676,
in-12. Les Homélies sur Ézechiel ont été tra-
duites par M. l'abbé Le Clerc, à Paiis, 1747,
in-12 ; il n'y a que les douze premières ho-
mélies.
[Les deux livres des Homélies sur l'Évan-
gile ont paru à luu'olsladt, 1822, in-8; un
choix eu a paru à Paris chez Jérôme, 1858.
Le Pastoral a paru avec traduction italienne k
Vérone, en 1739; à Vienne, en 1786; à Ingol-
sla(ll,on 1822; à Namur, en IS25 ; a Paris, en
1826, chez .Méquignon; à Munster, en 1846.
Le Pastoral a été aussi traduit sous ce titre :
Pastoral (le) de saint Grégoire le Grand , du
CHAPITRE L. — SAINTS GRl^r.OIRE ET EULOGE. 587
Autre Iriuliiclinii sons ce litre : le l'mtonJ
ou Devoir ilrs jmslciirs , tiadiiil pur l'iiljljé
Prompsiiult , 2° ddition , Paris , Jeantbon ,
1837, iu-I8. Une traduction du Pastoral avait
ëté doiiiite en 1747, in-12, à Paris, par J.
Leden.]
[vu* SIÈCLE.]
soin et du devoir des pasleuis, traduction
nouvelle, par P. Antoine de Marsill y , pseu-
douyuie , selon Uarbier , de l'abbé Prévost ,
chanoine de Melun, en 16!1a, 1" édition, ;\ Pa-
ris, ItJ'Jl, in-12; nouvelle édition, Paris, Sa-
voie, 173i), in-12, ou Paris, Dcnn, 1823, in-18.
s. Grfpolro
d'Agrn;i'ulp.
Sa vii> M?r3
Tan 5i9. IV
trol. pr. li.m.
XCVMI, col.
625 et fetj.
CHAPITRE L.
Saint Grégoire évêque d'Agrigcnte [vers l'an 598] ; saint Euloge
patriarche d'Alexandrie [608].
[Écrivnius grecs.]
1. [Saint Grégoire d'Agrigente 'était né
pri'-sde cette ville, l'an 339. Son père s'appe-
lait Gliariton, et sa mère Tliéodote. Ils étaient
Irès-riclies, mais non moins charitables. A
luge de huit ans , son père le conduisit à la
ville, et l'oOïit au sainJ évêque Potamion,
comme ;\ son père spiiituel. L'évêque , en
présence de ses parents même , le mit sous
la direction d'un pieux et savant prêtre ,
nommé Uamien , pour l'instruire dans les
saintes lettres. Le jeune Grégoire y fit tant
de progrès, qu'il surpassait tous ses condis-
ciples et semblait même égaler son maître.
A l'âge de douze ans, sur la demande de
son père et de sa mère , l'évêque Potamion
lui conféra la tonsure cléricale, et le remit à
l'archidiacre Doiiat , préfet de la bibliothè-
que, afin de le perfectionner dans la littéra-
ture ecclésiastique et sacrée.
Grégoire demandait continuellement à
Dieu la grâce de connaître et de faire son bon
plaisir, et de méiiter son royaume. Ayant
lu la vie de saint Basile , il conçut un grand
désir de mener une vie semblable et de visiter
les Saints-Lieux de Jérusalem. A l'âge de 18
;ms, il lui fut révélé que Dieu avait exaucé sa
prière. Aussitôt, il s'embarqua secrètement.
Le maître du navire qui allait à Carthage le
reçut très-volontiers , espérant le vendre
comme esclave. Mais lorsque , pendant la •
traversée , il le vit si appliqué à la prière et
à la lecture , il changea de sentiment , et le
fit connaître à l'évêque de Carthage , qui,
ayant appris de lui-même son dessein d'al-
ler à Jérusalem , l'y encouragea avec beau-
coup de bienveillance.
' Celte notice est tirée prcsiiue en entier do
Rorbacher, Hisit. uiiicerscUe de l'Église, lom. IX,
pag. 406 et suiv.
Il y alla efl'ectivcment avec trois religieux
d'un uîonastère de Rome , visita les monas-
tères de la Palestine, et embrassa la vie re-
ligieuse près de la Ville sainte. Tout le mon-
de était merveilleusement édifié de sa piété
tendre, de sa science et de son humilité. Les
trois religieux, retournant de Jérusalem à
Rome, passèrent fortuitement par Agrigente,
et allèrent saluer le saint évêque Potamion,
qui les reçut avec beaucoup de charité. Pen-
dant qu'ils étaient là, ils entendirent un hom-
me et une femme en sanglots, parler à de
jeunes ecclésiastiques de ces pleurs. Com-
me ils en demanderait la cause, l'évêque
leur dit que c'étaient le père et la mère d'un
pieux jeune homme qui avait disparu depuis
deux ans, et dont ils pleuraient la mort. Les
religieux, ayant demandé à les voir , recon-
nurent sans peine à leurs traits les parents
de leur pieux compagnon qu'ils avaient lais-
sé à Jérusalem. Ils leur annoncèrent donc
que leur fils vivait encore , qu'il était dans
la Cité sainte, et priait sans cesse pour eux.
Leur joie fut extrême, aussi bien que la joie
de toute la ville.
La même année 579, il fut ordonné dia-
cre par l'archevêque de Jérusalem , qui l'a-
vait pris en all'ection , et dont il s'étudiait à
retracer toutes les vertus. Il passa ensuite
quatre ans dans un désert avec un saint
moine, qui lui apprit la grammaire , la rhé-
torique, la pliilosopbie et l'astronomie. Il sé-
journa une année dans Antiocbe, deux à Con-
stantiuople, où le patriarche et l'empereur
le firent paraître et parler dans un concile.
Venu à Rome en 390, il y demeura un an
inconnu , dans le monastère grec de Saint-
Sabas. Les nonces du pape saint Grégoire-
le-Grand, qui avaient assisté ;ï ce concile,
étant revenus t'i leur tour, lui parlèrent du
388
ÏTISTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
diacre Grégoire qu'ils y avaient entendu avec
admiration.
Cependant l'évêché d'Agrigente vint :\' va-
quer. Il y eut une double élection. Les deux
compétiteurs vinrent à Rome devant le Pa-
pe, avec une députation de leurs partis res-
pectifs. Cliaiiton, père de Grégoire, était du
nombre. Le l'ape , n'ayant pu les mettre
d'accord, demanda à Chariton et aux autres
députés ce qu'en conscience ils pensaient
de cette alTaire. Us se prosternèrent à ses
pieds, et dirent : « Très-saint Père, nous pen-
sons que nul ne doit s'attribuer cet honneur,
s'il n'est appelé de Dieu. Celui donc que de sa
part vous nous donnerez pour évêque, nous
le recevrons avec reconnaissance. » Le Pape
étant fortement occupé de cette allaire, il
lui fut révélé en songe, que dans le monas-
tère de Saint-Sabas , il y avait un certain
Grégoire qui était l'homme choisi de Dieu
pour cette place , quoiqu'il se fût sauvé de
ce monastère dans un autre. Le Pape ayant
raconté cette vision aux principaux de son
clergé , on fit venir le diacre Grégoire. Les
nonces , qui l'avaient vu à Constantinoplc ,
le reconnurent ; l'abbé Marc, un de ces trois
religieux qui l'avaient conduit à Jérusalem ,
raconta toute son Ijistoire. Le Pape le dé-
clara donc évoque d'Agrigcnle , et le sacra
lui-même dans l'église de Saint-Pierre en
présence de son père Chariton, qui ne le
reconnut qu'après. C'était en 590, treize ans
depuis qu'il avait disparu. Le nouvel évêque
fut reçu dans .\grigente avec la joie la plus
vive. Il guérit un sourd -muet en entrant
dans son église , et fît d'autres miracles. Il
servait lui-même les pauvres et les malades.
Sa pieuse mère suivait son exemple. Son
père s'appliquait nuit et jour au jeune, à
la prière, et à la méditation des saintes Écri-
tures, que son fils lui expliquait verset par
verset.
Cependant, un des compétiteurs déchus ,
jaloux des .succès du nouvel évoque , trama
contre lui un complot dans lequel il fil en-
trer quelques clercs et même le gouverneur
du pays. Saint Grégoire d'Agrigente fut ac-
cusé d'un commerce criminel avec une per-
sonne de mauvaise vie, que les conspirateurs
avaient introduite clandestinement dans sa
maison. Il fut mis en prison, et, sur son
appel, conduit à Rome pour être jugé par le
Pape. Comme ses accusateurs tardaient à se
présenter , le pape saint Grégoire écrivit h
fraintiMaximiende Syracusedele? faire venir.
Enfin, en 51)4, son innocence fut reconnue,
SCS accusateurs furent condaipnés , et lui-
même fut comblé de faveurs par le Pape. Il
fit alors un voya;,'e i\ Constantinople, l'em-
pereur et le patriarche, qui le connaissaient
et l'affectionnaient , le comblèrent d'hon-
neurs. 11 revint par Rome à Agrigente, où il
transforma un vieux temple d'idoles en une
église sous l'invocation de saint Pierre et de
saint Paul. L'an 598j le Pape lui envoya le
défenseur Pantin , pour lui parler de plu-
sieurs juifs d'Agrigente qui voulaient deve-
nir chrétiens.
2. Ces délails,et beaucoup d'autres que nous
passons, se trouvent dans la Vie du saint évê-
que, et les commentaires sur cette Vie puhliés
par Étienne-.^ntoiiie Morcelli, Venise, 1791,1
vol. in-fol.' La Vie est écrite en grec et tradui-
te en latin. Elle a pour auteur Léonce, prêtre,
moine et abbé du monastère de la ville de
Rome.Onne sait presque rien de cet historien.
Il nous apprend qu'il était né peu après la
mort du saint dont il écrit la vie. Son his-
toire avait été publiée en 1657, à peu près en
entier, mais en latin seulement, dans les Vies
des Saints de Sicile par le père Pierre de Sa-
lerne, de la société de Jésus. Morcelli a fait
paraître le texte grec avec une version de
sa façon. Il établit l'autorité de cette his-
toire contre l'assertion trop précipitée de Pa-
pebrock. Il montre que des copistes igno-
rants auront mis des noms de personnages
d'une autre époque, ce qui dérange la chro-
nologie.
3. Saint Grégoire laissa plusieurs écrits.
Un seul a vu le jour : c'est un commentaire
grec en dix livres 'sur l'KcclésiasIe. Morcel,
qui Ta publié avec la vie écrite par Léonce ,
le juge tout à fait savant et bien composé.
Le style de l'auteur lui parait approcher du
style asiasti(pie , mais néanmoins être de la
bonne école, sans rudesse et sans confusion.
Si saint Grégoire joint de temps en temps des
mots qui ont la même signification, c'est pour
donner t\ son discouis plus de jtlénilude et
plusdc force. S'il emploie des périodes im peu
longues, c'est toujours de manière à mettre
La Vie de
fsiDI Gréfîoi.
IT. par Lùn-
MorrMIl,
iUd.,col.S3ô.
Comtneotai.
re de îaint
Gr^ïroire Mir
rKccIca.arte.
Iblil.
' Sancli Gregorii II ponUficis Agrigenlinorum,
Yenftiis, 1791, infol.
* iWoT» la laugue grecque était la langue usuelle
en Sicile, et sainl Grégoire avait apjiris di' Ijoiuie
heure celle laugue. {L'i'dileur.)
[vu* SIÈCLE.]
en l'vidcnce le sens qu'il en a en. Les grara-
maiiii'iis li'ouvenl des riclicsses ilans Icsmots
qu'il invpiite soiivcnl avec une grande har-
diesse. Mais ce qui doit nous frapper suilout,
c'est que sa doctrine est toujours ortliodoxe,
c'est que son ouvraire, plein des parfums de la
piéld, excite ;\ la vertu, dcHourne du vice et
de l'erreur, et défendle do:;me chrétien et la
profession de la foi catholique. Ses explica-
tions sur l'Ecclésiaste, un des livres les plus
dilliciles de ri'^critnre, en rendent l'inlelli-
geuce beaucoup plus facile. 11 en explique la
lettre, et se sert très-rarement d'allégories et
de Iropes. Il va chercher ses exemples dans
les autres livres de l'Kcriture qu'il paraît con-
naître à fond, et dans les écrits des Pères dont
il cite plutôt la substance et le sens que les
paroles , rejetant ce qui ne lui paraît pas
raisonnable et en démontrant avec habileté
la fausseté.
Choses re- 4. On Dcut remarquer dans ce Commcn-
r-mirquo: les . , , . , . - * <
rnntennes taire la Goctrme catholique sur la ariace ' sur
ii.tnieire. \q librc ct arbitre ', sur le péché originel'.
Il ne place pourtant point parmi les damnés
les enfants morts sans avoir reçu le bap-
tême '. Il enseigne que les bonnes œuvi-es des
vivants sont utiles aux morts" ; 11 reconnaît
comme bonnes les actions morales de tous
les hommes *. Il parle en termes fort clairs
de la résurrection des morts ', fait souvent
mention de la confession ' , et rapporte la
formule de la consécration telle qu'on la li-
sait dans les liturgies grecques'. Il dit croire
authentique l'histoire de Daniel et de Susan-
ne '", combat et réfute les hérésies d'Eu-
nomius et d'Aétius ", fait le plus pompeux
éloge du célibat '% rapporte l'usage qu'a-
vaient les chrétiens de réciter des prières
avant leurs actions ''; il pense que Job vivait
bien avant Salomon"; que Salomon fit péni-
tence avant d'écrire l'Ecclésiaste 'Ml rappelle
souvent le nom de Jacques , frère de Xotie-
Seigneur, et n'en fait pas un des douze apô-
tres '^. Il arrive ensuite à des sujets profanes,
que je laisse de côté, comme étant de fort
peu d'importance. On y trouvera encore
beaucoup d'autres choses qui peuvent servir
à éclaircir la doctrine catholique.
L'auteur s'est servi d'un exemplaire des
Septante, différent en plusieurs endroits des
exemplaires imprimés.
ClI.\PIïRK L. — S.ilNTS GRi:GOmE ET EULOGE.
j89
s. Kulo^^e,
l'alriarebe
tl'AlexaDdrie
en riSI, mort
CD 11)8.
ti. [Le Commeutaire de saint Gréecire est cnoienn dg
repioilnil, avec la vie écrite par Léonce, au i.ii«'pir»ioc.
tome .'S^t^lII de la J'olrulnyie grvcf/ue , col.
5^3-1^28. On y trouve d'abord la préface oii
Morcel expose le projet et l'ordre de l'i-di-
tion qu'il publie ; 2° des recherches sur
Léonce, auteur de la vie du saint évèque
d'Agrigciite ; 3° la Vie avec des notes;
4° une analyse de cette Vie ; 5° le culte ren-
du à saint Grégoire ; G° les témoignages
des anciens écrivains sur ce saint évCqiic;
7° ses écrits. Le commentaire vient en-
suite ; des notes nombreuses et savantes,
dues A l'éditeur, sont au bas des pages.
Un appendice repioduit la dissertation que
Jean Lancéa avait publiée à Palerme, en
1760, sur l'époque où a vécu saint Gré-
goire.]
6. On a pu remarquer dans les Lettres de
saint Grégoire le Grand, l'estime qu'il faisait
de la personne et des écrits de saint Euloge,
patriarche d'Alexandj-ie ; il fut un de ceux à
qui ce saint pape fit part de la nouvelle qu'il
avait reçue de la conversion des Anglais.
11 aurait souhaité , pour le contenter , pou-
voir lui envoyer les Actes de tous les mar-
tyrs recueillis par Eusèbe de Césarée ; mais
il l'assura qu'on ne les avait pas à Rome, et
qu'on n'y connaissait des Actes des mai lyrs
recueillis par Eusèbe, que ce qu'on en lisait
dans son Histoire ecclésiastique. Saint Eu-
loge avait d'abord été prêtre de l'église d'Au-
tioche. En 381, il fut élu patriarche d'A-
lexandrie , dont il occupa le siège pendant
vingt-sept ans , c'est-à-dire jusqu'en 608. Sa
mémoire est honorée dans l'Eglise le 13
septembre.
7. Il avait composé plusieurs écrits contre
les diverses sectes d'hérétiques qui infec-
taient l'Église d'Alexandrie. Le plus consi-
dérable était contre les novatiens; il l'avait
divisé en six livres. Dans les quatre pre-
miers, il combattait leur hérésie en général,
montrant que les passages de l'Écriture dont
Novat abusait, devaient être pris dans un sens
tout contraire. Il disait de cet hérésiarque,
qu'étant archidiacre de Rome sous le ponti-
ficat du pape Corneille, il aurait dû, suivant
l'usage de ce temps-là, lui succéder ; mais
que saint Corneille, ayant remarqué en lui
trop d'ambition, lui avait ôté la dignité d'ar-
Tlinnpl.an
Clirftitil.
;•. ICi.
Ses écri(9
contre les No»
Ti.tiens.
Pholio<,
c. d. 182, lap.
<ii, ei cod.
SOS, ing. m.
' Patrol. gr., tom. XCXVIII, col. 190. — « 1011.
— » 923. — *■ 971. — 5 827. — « 7ti2-763. — '' 1162,
1163, 1173 et suiv.
» Col. 9S7-990. — s 838. — '» 922. — " 1107,
— »* 903. — 13 1091. _ u 923-959. — '^ 807. —
« 887.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
590
cliidiacre en le faisant prêtre . pour lui ôtcr
l'espérance de monter sur l;i chaire de saint
Pierre ; qiie Novat chercha à s'en venger en
se séparant de l'Église, et qu'il prit pour
prétexte de sa séparation, que Corneille ad-
mettait à la communion des saints mystères
ceux qui étaient tomhés dans des crimes,
après les avoir toutefois punis par une pé-
nitence proportiouni'c à la grandeur de leurs
fautes. Saint Kuloge ajoutait que Novat, de-
puis son schisme , avait reproché à saint
Corneille de recevoir les pécheurs à la com-
munion, et s'était fait chef de parti, donnant
à ses sectateurs le nom de cathares , ou
purs; et à "ses adversaires, c'est-à-dire à
fous les fidèles de l'Église catholique , celui
de cornéliens. Dans le cinquième livre , il
prouvait que l'on dcvail avoir de la vé-néra-
lion pour les reliques des martyrs, attaquant
dans ce livre , non-seulement les novatiens
d'Alexandrie , mais en général tous ceux de
cette secte , partout où ils fussent. Le sixiè-
me était une réfutation dun écrit plein de
fables, intitulé : Combat de l'évèque iXovat.
Cet écrit était méprisable, tant pour le style,
que pour les choses ([u'il renfermait. Les
novatiens y disaient que, sous l'empire de
Dèce, l'officier Pérennius avait contraint par
la violence des tourments plusieurs chrétiens
à adorer des idoles; que Macédonius , alors
évêque de Rome , avait sacrifié , suivi des
neuf prêtres de son église , excepté Novat ,
l'un des neuf, qui avait seul résisté à la vio-
lence des tourments. Les actes du combat de
l'évèque Novat, car ils le disaient évêque de
Rome , rapportaient les demandes imperti-
nentes que Pérennius lui avait faites , et les
réponses aussi impertinentes de Novat, nom-
mant plusieurs évoques qui s'étaient joints
à lui, et s'étaient séparés de ceux qui étaient
tombés dans l'idolûtrie. Ces évêques étaient
Alexandre d'Aquilée et Agamemnon de Ti-
bre. Ils ajoiilaieiil que les évêques d'.Mexan-
drie lui avaient donné le pontificat. Saint
Eulogc réfutait toules ces fables dans ce
sixième livre, mettant, dans la réfutation
qu'il en faisait, plusieurs explicaiÎDns très-
utiles des passages de l'Hcriturc dont il se
servait pour faire voir la fausseté de la doc-
trine de cette secte ; en sorte que la lecture
de son ouvrage contre les novatiens pouvait
être profitable même aux plus habiles in-
terprètes des Livies saints. 11 était d'ail-
leurs écrit d'un style agréable et persuasif.
Nous n'avons de cet ouvrage que ce que
Photius en a mis dans sa Bibliothèque.
8. C'est de lui aussi que nous apprenons
que saint Euloge avait fait un traité divisé
en deux livres contre Sévère et Timothée,
deux ennemis de saint Léon et du concile
de Chalcédoine. Dans ce traité, qui était dé-
dié à Domitien, évêque de Mélitine, saint
Euloge faisait voir que ces deux hérétiques,
au mépris des règles établies par l'Écriture
et par les anciens Pères , imputaient au pa-
pe saint Léon des sentiments qu'il n'avait
pas, en détachant des paroles de sa lettre à
Flavien de l'endroit où elles étaient , et re-
tranchant ce qui servait à leur donner un
sens catholique. Il montrait que personne
n'avait combattu plus fortement Nestorius
que saint Léon, en disant que Dieu, impas-
sible de sa nature, adais^'né se faire homme,
et l'immortel obéir aux lois de la mort; mais
que Sévère avait eu grand soin de retran-
che)' ces paroles de la lettre de ce pape,
pour n'en prendre que d'ambiguës, qu'il lui
était aisé de fixer h un bon sens en les rap-
prochant de celles qui expriment clairement
la foi catholique, telles que sont celles-ci :
Le Fils unique éternel du Père éternel , est
né du Saint-Esprit et de la vierge Marie. Sé-
vère objectait que saint Léon disait dans sa
lettre , que les deux formes ou natures opè-
rent eu Jésus-Christ par une mutuelle com-
munication de leurs propriétés; d'où il in-
férait qu'il y avait donc, selon ce pape, deux
opérants on agents en Jésus-Christ. Saint
Euloge répond que saint Léon ne pouvait
mieux marquer sa foi sur l'unité de pei-sou-
ne, qu'en di'^ant : C'est un seul et le même
qui est Fils de Dieu et fils de l'homme. Il est
Dieu, parce qii'av commencement était le Ver-
be, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était
Dieu. Il est homme, selon qu'il est écrit : t't
le Verbe a été fait chair, et il habité parmi
7UMS. Il résont avec la même précision les
autres objections de Sévère , en opposant
des passages formels de la lettre de saint
Léon à ceux que cet hérétique avait tron-
qués, ou détachés de leur place.
9. Il entreprit la di'fense de la même let-
tre de saint Léon contre Théodose et Sévè-
re, chefs des acéphales. Ils avaient divisé
leur censure en quatorze chapitre*. Il suivit
la niênio distiibulion dans sa réptuise, où il
ne )nit rien d'aigre , ni de superllu. Le style
en était doux et agréable. Il expliqua dans
le même écrit le sens de cette expression de
saint Cyrille si souvent objectée : // u'y a
?". *friu
c.iiilrr ^ .*rf
»1 1 !l"C
i-i.oti«<, r. a.
\
!
J03D •, I.
Coolrt
WtÉr*. Pho-
Uu», rnd.tW,
CHAPITRE L. — SAINTS GRÉGOIUE ET EULOGE.
>I>iEMDrs de
iot EoTo^e,
loiius, cod.
0,p<s. S3I.
[vu" SIÈCLE.]
qu'une nature du Vet'be ("nc«;we; montrant
quo la ponsi'o de ce Pitp ôlail, qu'il y avait
en Jt'-siis-Christ , non doux [lorsonnos , mais
une seule, qui, par son union avec la naluie
liiiniaine, n'avail soiiircrl aucune iliminiilidu.
riuitius dit (jue saint Eulof^c avait composé
cet ouvrage étant encore prêtre de l'église
d'Antioche, et cliarné du soin de l'éiflise dé-
diée ;\ la sainte Vierge Mî>re de Dieu, appe-
lée le palais de Justinien ; et qu'après en
avoir composé d'autres, il fut cnlin élu pa-
triarche d'AlexanJi'ie.
10. Pliotius met ensuite un discours de
saint Euloge , en forme d'invective contre
les gaïnites et les acéphales, au sujet d'une
union qu'ils avaient faite entre eux pour un
temps. Il montrait que, comme ces héréti-
ques avaient sacrifié mutuellement leurs
propres sentiments pour s'unir contre la vé-
rité , cette union ne pouvait subsister ; qne
leur conduite, dans le sacrifice qu'ils avaient
fait de leur propre doctrine, était liien diûe-
reutc de la sage économie dont l'Église use
quelquefois, mais toujours sans se relâcher
en rien des vérités de foi qu'elle enseigne.
Ainsi saint Paul, pour se soustraire aux em-
bûches inévitables des juifs, circoncit Timo-
thée ; il se fit lui-même couper les cheveux,
et se purifia ;\ la manière légale , lui qui
écrivait aux Galates contre les observations
légales. Mais c'était prudence de sa part de
se relAcber pour un temps sur ces articles :
la doctrine de l'Évangile n'en souffrait rien.
Saint Ailianase ne se sépara point de ceux
qui refusaient d'admettre le terme de con-
substantiel , aussitôt qu'il connut qu'ils en
admettaient la doctrine. Par une suite de la
même économie , Théophile communitpia
avec Gélase , quoique celui-ci mit dans les
diptyques le nom d'Eusèbe de Césarée en
Palestine, parce qu'il ne doutait pas que Gé-
lase ne fût oi'thodoxc. On ne pouvait dire la
même chose des gaïnites et des acéphales.
Leur doctrine était mauvaise , et leur union
ne valait pas mieux , puisqu'elle avait pour
but de combattre la foi catholique. Il y avait
dans le même traité de saint Eidoge une
lettre qu'il avait écrite , n'étant encore que
prêtie, à Eutychius, patriarche de Constan-
tinople , qui contenait une explication de la
foi orlhodoxc, et des preuves de sa piété.
11. Photius avait lu du même saint un vo-
lume qui contenait onze discours sur diverses
matières. Saint Euloge donnait dans le pre-
mier une profession de foi, où il insistait par-
rioi
ticulièrementsurle mystère de l'Incarnation,
qu'il ('■lalilissait contre les hérésies de Nesto-
rius et d'Eulychès. En parlant de l'union des
doux naluies en une seule personne dans
Ji'sus-Cluist, il se servait du terme do inù-
lange, mais dans un sens bien dill'érent de
celui d'Apollinaire et d'Eufyohè;;: n'enten-
dant par ce mol, que l'indivisibilité de ces
deux natures depuis leur union; en sorte
qu'il reconnaissait qu'elles étaient unies sans
confusion, quoiqu'indivisiblement, et que la
nature humaine comme la divine était en Jé-
sus-Christ dans toute sa perfoclion. Il expli-
quait dans le même discours cette expression
de saint Cyrille : Une nature du Verbe incar-
née, disant queparî/He nature, il entendait la
personne du Verbe, et par incarnée, la nature
liumainc ; que c'était donc la même chose que
s'il eût dit : La personnede Verbe s'est incarnée.
Le sujet de son second discours était le mê-
me que dans le précédent, mais moins diffus,
quoi qu'il n'y omît rien d'essentiel. Le troi-
sième était encore sur ITucarnation. Ily pre-
nait la défense du concile de Chalcédoine et
des anciens Pères, nommément de saint Cy-
rille, dont la foi ne pouvait être suspecte h
quiconque savait qu'il s'était réuni avec Jean
d'Antioche et les autres Orientaux, qui con-
fessaient hautement deux natures unies en
une seule personne ; qu'il n'y avait qu'un seul
Fils, Notre Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu
et de l'homme, et que la Sainte Vierge est
véritablement Mère de Dieu. Il faisait voir
que ce n'était que pour ne point paraître s'é-
loigner de la foi de l'Église sur ce point, que
quelques autres Pères, comme saint Grégoire
Thaumaturge et saint Athanase, ont défendu
de dire deux natures en Jésus-Christ, parce
qu'en disant deux natures, il semble qu'on les
sépare et qu'on admette deux fils, au lieu
qu'elles sont unies indivisiblement, et ne
constituent qu'un seul Fils, Xotre-Seigneur. Il
montrait encore que le témoignage qu'on al-
léguait comme de saint Grégoire Thauma-
turge, n'était point de lui, mais d'.Vpollinaire;
que quand saint Cyrille apporte l'exemple de
la nature humaine oùchaque homme est un,
il ne le fait pas à dessein de montrer qu'il
n'ya qu'une nature en Jésus-Christ, mais pour
établir l'union hypostatique ou personnelle
des deuxnatures ; parce qu'en eûet, de même
que l'homme est composé de deux natures
différentes, savoir, de l'âme et du corps, ainsi
Jésus-Christ est de deux natures différentes,
de la divine et de l'humaine ; un en ces deux
Pk.. S3I>
S92
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
natures, comme l'iiomme est un dans les
deux dont il est composé. Saint Eulofre tc-
jetait la lettre du pape Jules a Denis comme
supposée. Les acéphales objectaient que le
concile dcClialcédoinc n'avait pas été endroit
d'introduire l'expression des deux natures, vu
que celui d'Epbèse avait défendu de faire de
nouvelles professions de foi : à cela cet évê-
que répondait que la nécessité des temps
ayant obligé le concile de Nicéc de se servir
du terme de cvnsubstanliel, terme non usité
auparavant dans le langage de l'Eglise, et
même condamné dans Paul de Samosale,
une semblable nécessité avait engagé les
Pères de Chalcédoine à employer les termes
des deux natures; qu'en cela ils n'avaient rien
fait de contraire à la défense du concile d'E-
pbèse, qui ne regardait que les nouvelles pro-
fessions de foi coutraires à celle de Nicée.
Son quatrième discours était encore une apo-
logie du concile de Cbalcédoine, 11 y montrait
qu'il avait pu, de même que saint Cyrille, se
senir de l'exemple de l'homme, pour établir
l'union bypostalique desdeirs natures en Jé-
sus-Christ.
r«. K3. 12. Dans le cinquième discours, il combat-
tait ceux qui s'imagiuaient que l'on pouvait
comprendre parles forces de l'esprit humain
tout ce qui regarde la foi chrétienne. 11 y
combattait aussi ceux qui n'admettaient dans
la Trinité d'autre distinction que de nom. Il
faisait sur cela un parallèle cnlre les proprié-
tés essentielles qui distinguent un bomme
d'un autre bomme, et celles qui distinguent
le Père d'avec le Fils, et le Saint-Esprit dans
la Trinité, montrant qu'encore que la toute-
puissance soit un attribut commun à ces trois
personnes, elles sont distinguées l'une de
l'autre par certaines propriétés ; ce qui n'em-
pêche pas qu'elles n'aient entr'elles une union
si inellable, que le Père est dans le Fils, et
le Fils dans le Père, le Fils dans le Pèi-e et
leSaint-Er-i>ril, elle Saint-Esprit dans le Père
et dans le Fils. Ses adversaires soutenaient
qu'il n'y avait point de ditl'éience eulie pro-
priétés et personnes. Il rc'-pondait que, si cela
était ainsi, le Saint-Esprit ne iirutcderail pas
du Père, la procession ne se pouvant dire
d'une propriété, et que les Pères de Nicée
n'auraient pas dit que les personnes de la
Trinité sont consubstaïUielles, parce qu'il
faut être insensé pour dire que les propriétés
,.g sontconsubslantiellcs.il traitait la même ma-
tière dans les trois discours suivants, où il
établissait le nom d'hypostuse, ou personne,
sur le langage de l'Eglise, et la distinction
des personnes sur la manière dont le Fils et
le Saint-Espiit tirent leur origine du Père.
13. Son neuvième discours était àla louange
de l'état monastique, dout il détaillait les de-
voirs, en exhortant ceux qui l'avaient em-
brassé, à les remplir avec exactitude. Il pa-
rait que ceux à qui il parlait étaient de la secte
des sévérieus. Après leur avoir donc fait voir
les contrariétés des principes de leur chef, il
les invitait àembrasserladoctrinederÉglise,
et leur faisait en peu de mots la relation de
ce qui s'était passé à l'occasion du concile
de Cbalcédoine, et des troubles que les Egyp-
tiens, revenus de ce concile, répandirent
par toute la terre, en piibliaut, contre la vé-
rité, que les évêques avaient rejeté saint Cy-
rille, et reçu Nestorius. Il montrait dans le
dixième discours, adressé encore aux moines,
les variations des diverses sectes sur la doo
Irioe de l'Incarnation, les disputes que cau-
sait entr'eux la ditl'éi'ence des sentiments. Il
attaquait dans le onzième les agnoïtes, qui,
abusant de certains passages de rKcritureoù
Jésus-Christ parle comme ignorant quelque
chose, souteuaient qu'il les avait en ellel
ignorées. Il avait envoyé à saint Grégoire
quelques écrits sur ce sujet, qui furent ap-
prouvés. Nous avons donné dans l'analyse
des lettres de ce pape les principales objec-
tions des agnoïtes avec les réponses de saint
Euloge.
14. Pliotius lisait à la suite de ces onze dis-
cours, dans ses exemplaires, le décret d'un
concile conli e les samaritains, la septième an-
née du règne de l'empereur Marcien, c'est-à-
dire en -i,ï7, auquel un évèque nommé Euloge
avait présidé, accompagné de plusieurs ('VÔ-
ques distingués parleur vertu et par leur sa-
voir. Ce ne pouvait être saint Euloge d'A-
lexandrie, qui ne fut élevé à l'épiscopat qu'en
581. On trouve un évèque de même nom qui
souscrivit au concile de Cbalcédoine, en qua-
lité d'évéque de Philadelphie dans l'Aiabie
Pétrée; mais on ne voit pas bien comment il
aurait pu présider à cette assemblée, si ce
n'est comme méiropolilain honoraire. Huoi
qu'il en soit, voici quelle fut l'occasion de ce
concile. 11 y avait parmi les samaritains une
grande ilivision au sujet du projihèle promis
par Moïse : les uns voidaient que ce fût Jo-
sué; les autres, Dositbe ou Dosilhée, chef
de la secte des dositbéens, du vivant de Si-
mou le Magicien. Chaque parti djcasa des
mémoires en fonue de requêtes, qu'il pré-
pif sr«.
D/frpI d'un
Conrilo con-
tw If* Mnijt-
nulDS, tAg.
«a.
[vn' SIÈCLE.]
CHAPITIU-; I.. — SAINTS
sciila, ce semble, A l'empereur Marcicn, la
septième année de son empire, qui Icurdnn-
na pour juges sainlEuloge avec sou concile.
L'('V()((ue, après avoir examiné dans celle
assemblée tout ce que les deux partis avaient
alléj^ué, leur lit voir qu'ils se trompaicul
tous également, et leur prouva par l'hicriture,
que le Proplièle ou Messie prédit par Moïse,
n'était autre que Jésus-Christ, Xotre-Seigueur,
et le véritable Dieu. C'est ainsi que se ter-
mina ce concile, dont le décret, et les raisons
sur lesquelles il était fondé, ne se trouvaient
xm!" v'xTu' pl"s "^'^ temps dcPliolius. Cet écrivain parle
xi.ixu.ui,,. (|.,||^ troisième livre qu'il avait en main, et
qu'il semble attribuer à saint Euloge, où l'au-
teur prouvait la résurrection future par divers
passages de l'Ancien Testament. Il s'y propo-
sait aussi la question, pourquoi la loi de Moïse
ne marquait que cinq espèces d'animaux
purs pour les sacrifices, savoir : le bouc, le
bélier, le bœuf, la tourterelle et la colombe?
A quoi il répondait qu'elle n'en avait mar-
qué que ce nombre, parce que nous n'avons
que cinq sens à purifier.
,1— "e".!i"« ^^" ^o*is apprenons de Jean Mosch, que
°',,, s' saint Euloge d'Alexandrie, étant allé à Cons-
jinumeoi." tantinople, logea avec saint Grégoire, alors
»"i'!t!",'ÎÎ8'. archidiacre de Rome et nonce du pape Pe-
lage, qui lui raconta une action de saint
Léon, qu'il dit ctie rapportée dans les mé-
moires de son église. Ce pape, ayant écrit à
saint Flavien de Consfantinople contre les
hérétiques Nestoriiis et Eutychès, porta sa
lettre sur le tombeau de saint Pierre, a qui
il dit : Cl Si j'ai fait des fautes, parce que je
suis homme, corrigez-les, vous à qui Jésus-
Cbrisl à confié son trône et son Eglise. » Il
ne se contenta pas de prier; il jeûna, il cou-
cha sur la terre; et au boutdequaranle jours,
saint Pierre lui apparut lorsqu'il était en
prières, et lui dit : « Je l'ai lue, et jel'ai cor-
rigée. » Saint Léon prit sa lettre de dessus
le tombeau de l'apôli-e, et la trouva en etlet
GllKGOIHE ET EULOGE. S'Ja
corrigée de la main même de saint Pierre.
JeaniMoscli rapporte encore d'autres appari-
tions au sujet de la même lettre, donl l'au-
torité sera toujours très-grande dans l'Eglise,
indépendannnent de tout le merveilleux,
puisqu'elle! suit exactement la doctrine des
divines Ecritures, de la tradition de l'Église
et des Pères, ainsi que le dit le concile de
Clialcédoine.
iO. Le jusement que Photius a porté des . Jugomem
'' ^ ' ^ des écril» do
écrits de saint Euloge, doit eu faire regret- "'"' Eiiote.
ter la perte. Quoique le style n'en fût que
médiocrement ' exact et la onsliuctiou peu
régulière, ils étaient utiles, autant parce que
l'auteur y expliquait très-bien les passages de
l'Écriture, que parce qu'il y réfutait pleine-
ment l'erreur de ses adversaires. Il les char-
geait* de confusion en leur faisant apercevoir
leurs égarements, et les désarmait^mais sans
les accabler de reproches, se bornant ;\ la dé-
fense de la vérité; ce qu'il faisait avec beau-
coup de précision, ne disant rien qui ne fût
utile à son sujet. On ne peut toutefois dissi-
muler qu'il éiait peu au fait des coutumes de
l'église de Rome, car il dit, contre la vérité
do l'histoiie, que l'on avait pour maxime ' de
faire succéder l'archidiacre au pontificat.
17. Le père Combefis nous a donné un dis- J'j^'SëlV"!-
cours sur la fête des Rameaux ' ; Photius n'en ï^cl.^Tim;
dit rien, et dans un manuscrit d'Oxford, ce esu'c"-'^""'
discours est attribué à saint Cyrille d'Alexan-
drie. Il n'est pas toutefois de son style; il ap-
proche beaucoup plus de celui de saint Eu-
loge, à qui le père Combefis croit qu'il faut le
donner. Ilauraitdù nous apprendre s'il est in-
titulé de son nom dans quelques manuscrits.
Ce qu'il y a de vrai, c'est que l'auteur vivait
dans un temps où l'on disputait sur les deux
natures. Il emploie une bonne partie de son
discours à montrer qu'elles sont unies en une
seule personne dans Jésus-Christ, sans con-
fusion, et pousse assez vivement là-dessus
ses adversaires, c'est-à-dire les acéphales.
' Bomims fEulogiiJ dictio, ad verba quoéfaUl-
nel, fere mediocriter est accurata: veruin con-
struclione non procul sœpe a solecisnio abscedit.
Divinarum adhuc sciipturarum non est imperilus,
quariim testimonia ftliciter atque.apposiie, ciim
advemus novatianos, tum in aliis quibusdam ré-
bus adliibel. Photius, Cod. 182, pag. 411.
* Lectus est liber Eulogii quo piœ doctrinœ cau-
sani suscepisse videttir, pudorem proptignatori-
biis impietatis incM/ieus... Sic illonnn dementitnn
ostendit, et adcersarium partent tuentes armis
exuit... &/ autem hic scriptor purus et suavis,
el breviler ac leviter accusaliones instUuens, et
XI.
sine causa nihilin médium proferens. Idem., Cod.
216. l>a-^. 767.
' Rrfi-rt autem Enlogius Novatum Cornelio
ponlifice Romunœ Ecclesiœ esse arckidiaconum
crealum, ad quem ifisum ponlificium, pro ejus
temporis more, decedenle e vita ponlifice, defere-
batur. IJciD., Cod. 182, p.ng. 411.
' îiallaud l'a reproduit dans le t.ime XII Bibl.
vel Pat. pag. 300, avec sept chapitres de l'ouvrage
de saint Euloge sur les deux natures de Noire-Sei-
gneur. Ces chapitres ou «apitules se trouvaient,
parmi les œuvres de saint Masimin, confesseur,
tom. II, pag. tS3 rt seq. {L'éditeur.)
38
594
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Ecriu d« 18. [Le cardinal Mai a publié en ffrec, dans
'iij'.'" "■" J*^ VU" vol. des Script, vetvr. nov. collecl., pag.
177-178, un fragment du livre de la Trinité
et de l'Incarnation; et dans le tome X des
Classici auctores, pag. i83, un fragment sur
ces mots : Simon fils de Jonas, m'aimes-tu ? et
im autre sur le couple de îourterelles, ibid.
pag. -iitG- i05 . Le tome VII des Script, tel. nov.
co//ec/., pag. 18, H), 54, 57,59, CO, Cl, 02, 03,
63, et 60. contient des fragments qui pa-
raissent appartenir aux livres adressés à Do-
railien. 11 y en a un autre dans la Biblioliiè-
que nouvelle, tom. III, j.ag. 104. Le tome
LXXXM de la Pnirologiv grecque, col. 2007-
2'JG4, contient deux Notices sur saint Eulo-
ge, l'une tirée de Galland, l'autre de Fabri-
cius; le discours sur les Rameaux d'après
Galland; les sept cbapitres sur les deux na-
tures de Notre-Seigneur, etlesù-agments re-
cueillis par Mai.]
CUAPITUE LI.
Anastase-le-Siaaïle, prêtre et moine [vers l'an 680].
Il Ta ea
ln>l< Ana.u*
se ûjn» It-e
tièrac fifcles.
1. On distingue trois Anastase dans les
sixième et septième siècles de l'Église. Le
premier fut fait patriarche d'Antioche, en
SOI ; d'où, ayant été chassé par Justiu-le-Jeu-
nc, il y fut rétabli en 393, et mourut en 598
on 399, laissant plusieurs lettres et plusieurs
sermons, dont nous avons déjà parlé '. Le
second, que l'on nomme le Jeune pour le
distinguer du premier, lui succéda dans le
patriarcliat d'Antioche, qu'il ne tint que jus-
ques vers l'an 009 ou 010, ayant été tué par
les juifs dans une sédition qu'ils excitèrent
contre les cbrétiens. Il est honoré comme
martyr le vingt-et-un -décembre. Le troisiè-
me Anastase ne fut jamais évêque, mais il
était * prêtre et moine du mont Sinaï, d'où
lui est venu le surnom de Sinaïte. Les Grecs
modernes l'appellent le nouveau Moïse, per-
suadés que, menant une vie contemplative
sm- la montagne de Sinai, il y avait vu Dieu,
et conversé familièrement avec lui, comme
cet ancien législateur. Il fil plusieurs voyages
à Alexandrie, en d'autres villfs de l'Egypte,
et dans la Sj'rie, où il défendit souvent ' de
vive voix la foi catholique contre les acépha-
les, les sévériens et les théodosiens. C'est ce
qu'il témoigne en dilférents endroits d'un de
ses ouvrages, intitulé : Le Guide du vrai che-
min. Il rapporte ' dans le même écrit plu-
sieurs choses arrivées à Alexandrie depuis
la mort do saint Euloge ; ainsi il le composa
après l'an 608, qui fut l'année de la mort de
ce patriarche. Il y parle ' aussi Se Jean, qui
fut patriarche de cette ville pour les Ibéo-
dosiens, depuis l'an 077 ji.^qu'en 086. 11 vi-
vait donc alors, mais on n'a aucune preuve
qu'il ait vécu plus longtemps. On voit, par
l'explication ' qu'il a donnée du sixième
psaume, qu'il était di'ja au monde sous le
règne de l'empereur Maurice, c'est-ù-direau
plus tard en 002, qui fut la dernière année
de ce prince. Il l'appelle l'empereur des
chrétiens; ce qui donne lieu de conjecturer
que le pays où il travailla ;\ celle explication
était sous la domination des infidèles, appa-
remment des Sarrasins, qui s'étaient empa-
rés de la Palestine.
2. Le plus célèbre de ses ouvrages est ce-
lui que nous venons de citer sous le litre de
Guide du vrai chemin. Qucl'iues-uns l'ont at-
tribué à Anastase l'Ancien, mort patriarche
d'Antioche en r>U8 ou 599; ne faisant point ré-
llcxion qu'il y est parlé de saint Euloge, qui fut
patriaiche de la même église jusqu'en (i08, et
de Jc«n, patriarche ]ioiir les Ihéodosiens de-
puis l'an 077 jusqu'en 680, comme on vient
LOilifii'
00 CiLitle do
r*! d'AtiA-
Kiave.le • S -
salle.
' D'après Fesseler, Inslil. Patrol., tom. Il, pag.
101 1, on <onser\e à Vienne, dans la liililiollièfjuc
juipérialf, un discours iuddit sur la l'aix (ju'A-
naslase prononça après avoir recouvré sou siège,
l'iusicurs de ses sermon» sont perdus; d'autres
nous restent et ont t!lé recueillis jjiir Cialland, Uibl.
loin. .\ll. pag. 23'l-72, sous le nom irAuastase Si-
itaiie, évéïjue d'Auliocbe. ^L'^^d^leur.)
' Aiiastas., in Odcgo, pag. 836, tom. IX Bihlioth,
vct. Pat.
' Aiiaslas., in Odego, loni. IX Biblioth.vel. Pat.
pag. S;H, 83S, 836, 8 H.
* AuasIas., in Odvg< , l<iin. IX BibHoth. vet. Pat.,
piig. 83r,.
» lliid., pag. 818.
» Aiiasta?., tii Psal. VI, [lag. 499.
CIUPITHK LI. — ANASTASE-LE-SINAITE, Pn^TRE.
[vil' SIÈCLE.]
de le dire. Il faut donc s'en tenir A l'opinion
ciiinniiine, qui donne col ouvrajre au moine
Anasiase. Gretscr le lit imprimer en grec et
en latin h Ingolslat en itJOG, in-4°, sur un
exemplaire de la I?il)liotlièipie d'Aiii^shourg.
Nous ne l'avons qu'en lai in dans la irrande
Bibliolhi>que des Pères imprimée à Lyon en
IG77, de la traduction de Greiscr, qui l'an-
rail sans doute rendue plus exacte, s'il avait
eu plus d'un manuscrit à consulter. Ceux de
la Uihliotlièque du Roi, de M. Colbert, et de
la Bibliothèque impériale de Vienne, sont
dill'('Tents en beaucoup d'endroits de celui
d'.\ugsbourg. Ils n'ont point l'exposition de
foi qui se lit au commencement de l'édition
de Gretser. Dans d'autres manuscrits, elle
porte le nom de saint Jean Damascène, de
même que les défuiilions qui sont après. On
a supprimé ces pièces dans la nouvelle édi-
tion des œu^Tes de ce Père, parce qu'on a
reconnu que l'Exposition de foi et les Défîni-
tious étaient d'Anastase Sinaïte. Le quatriè-
me chapitre, qui traite de la naissance de
toutes les hérésies jusqu'à celles de Xesto-
rius et de Sévère, et le cinquième qui parle
des conciles dans lesquels ces hérésies ont
été condamnées, sont aussi très-diûerents
dans l'édition de Gi'etser, et dans les manus-
crits dont nous venons de parler; ce qui
prouve ipic cet ouvrage d'AiiasIhase a souf-
fert [)lusieuis altérations de la pai't des co-
pistes, qui y ont ajouté ou relrancln! plu-
sieurs choses. On ne peut giières douter
qu'ils n'aient aussi inséré dans le texte les
scolies que quelques savants avaient mises
à la marge pour expliquer les endroits dilli-
ciles de cet ouvrage : car elles ne paraissent
point être d'.\nastase. Il aurait pu s'expli-
quer lui-même sans faire des scolies sur
sou propre ouvrage.
3. Anastase y donne d'abord plusieurs rè-
gles très-utiles et même nécessaires à ceux
qu'il se proposait d'instruire, et de rendre
assez habiles pour découvrir les pièges des
sévériens, et les éviter. On appelait sévé-
riens les partisans de Sévère, faux patriar-
che d'Antioche, regardé de son temps comme
le chef des eufychiens. « Avant toutes choses,
dit-il, ilest nécessaire 'de mener une vie pure
et innocente, et de servir de demeuie au
Saint-Esprit; ensuite, de savoir exactement
les détinition.s des choses les plus essentiel-
les; d'avoir une parfaite connaissance des
sentiments de ses adversaires et de leurs
écrits, afin de les battre et de les confoudi-e
par eux-mêmes. Il y amail de l'imprudence
Araljsc (!e
tt- Livre, tûni.
IX, Ililliol.
>cl. Pal. i»g.
blO.
Cap I.
' Ut ante omnia vitatn honestam gravemque
ducat, et Spiriium Saiictuin incolam in animo
habeal. VI definilinnes, prœcipue inagis necessa-
rias. accurate persp-ctas habeal. Ut sensa et opi-
nionés adrersarioruni adamnssim sciât, eorum-
que scripta evolval; crebro enim ex ipsis pudepe-
ri poterunl. Ut cum profanis et faillis primiscue
et indiscriminalim de capitibns fidei in certamen
non descendat,sed hahilo deleclu cum qtiibus et
quando et quantum oportet. Ul omnem divinam
Scriplurani cum timoré Dei lustret.non matigna
mente, sed in simplicitate cordis: neqiie ea quœ
caplum nostrum superantscrulari et conirectare
velit. Ut quœ definite dicta sunt, ab aliisinternos-
cat ; et rursus qua- abusive, quœve simpHciter.
■ fioverit Ecdisiam nonnullas traditiones etiam
extra Scriplurani accepisse : quod genus, sa-
crant conimunionem a jejunis accipi debere;
orare ad orientem ; Deiparam post partum
quoque ynansisse vircinem. eamdemque in spe-
lunca peperisse; et si quœ sunt bujus generis tra-
ditiones aliœ. Sciât disputationis duos modos es-
se; ulteruni per Scripturœ testimonia ; alterum
per probationes ex ijisis rébus pelitas, qui mo-
dus firmior est et verior : nam xerba Scripturœ
depravari possunt. Quocirca videre licet, simvl
atquc adversario Scripturœ testimonium obji'i-
tur, ab ipso vicissim e vestigio aUud tcslimoiiium
produci. site sit hœreticus, sire judœus. Qua-
proplcr is cui vires hoc concidunt, magis se ar-
met conlra adversarios demonstrationibus ex ip-
sa rerum nalura desumptis. Exploratam habeat
chronograpliiam, et quo tempore lixerit hic aut
ille pater; quando hœc aut ilta hœresis constite-
rit. Keqiie illud ignorandum, adversarium, quan-
do per interrogationem ad angustias redactus
est. conarii alia interrogatione proposita, alio
sermone transferre : quod non est tolerandum.
Ànte disputationem ab adversario jurawentuw
petenduni est, qun polliceatur nullo verbo contra
conscieiuiam suam sese aciurum. Ante congres-
sionis iuilium, omnes omnino pravœ suspiciones
et opiiiiunes quas adversarius de nobis concepit,
deteslandœ, dirisque devovendœ sunt, etc. Omni
monophysitœ prœdiccre oportet, nos non ex con-
cilio Chalcedonensi, sed ex Patribus qui syno-
dum antecesserunt, contra illos arma sumere ;
quos et nos et illi orlhodoxos fuisse confitenlur.
Uonophysilam prwmunire debemus, et sincère
anathema denuntiare omnibus itlis.qui non con-
fitentur Chri>:tum esse rerum Deum. Uoc facto,
indiiendu est persona Judivi, vel Pauli Samo.'ia-
leni, quivrendumque ex illo unde Uqucut Chris-
tum esse Deum altissimum ; quen:adinodum fecit
Ammonius contra Ealicarnasseum. Obserrandum
est tnonopliysitas ipsa calicis sui oblatione redar-
gui: purum enim nierumque vinum offerunt abs-
que admixtione aquœ ; quo indicunt Ch)-istum ab
omni corporis et avimœ concretione Uberum, ex
sole nudaque divinitale conslarc. .\na.«UT?., in
Odego, cap. i, pag. 811.
596 HISTOIRE GKNKRALE DES
à disputer sur les matières de la foi avec
toutes soites de personnes. Il faut les choi-
sir, n'en disputer qu'en tonips et lieu, et au-
tant qu'il en est besoin. On doit s'appliquer
à la lecture de l'Ecriture sainte avec mie
grande simplicité de cœur, et non avec un
esprit de lincssc et de subtilité, sans s'opi-
niàtrer à vouloir approfondir ce qui surpasse
l'inlelligence humaine ; savoir distinguer ce
qui se doit entendre à la lettre, d'avec ce
qui est dit métaphoriquement; croire que
l'Église a des traditions sur des points de
doctrine qui ne sont point exprimées dans
les Livres saints, comme d'être à jeun pour
recevoir l'eucliaristiç; de prier tournés vers
l'orient; que la Mère de Dieu est demeurée
\-ierge après son enfantement ; qu'elle a mis
Jésus-Christ au monde dansmic grotte, et au-
tres traditions semblables. wAnaslase ajoute
qu'il est bon de savoir qu'il y a deux ma-
nières de disputer avec les hérétiques : l'une,
en proposant des passages de l'iîcriture
sainte ; l'autre, en tirant des preuves de la
chose même. Celte dernière façon de dispu-
putcr est la plus solide et la plus cUicace,
parce que l'on peut corrompie et altérer les
paroles de l'Écriture, et opposer un passage
à un autre, comme font tous les jours les
hérétiques et les juifs; ce qui montre qu'il
est plus avantageux de recourir aux preu-
ves pi'ises de la chose même. Il veut que l'on
sache la chronologie, afin de savoir en
quels« temps tels et tels Pères ont vécu, et
quand telles et telles hérésies ont pris nais-
sance; que l'on prenne garde quand l'ad-
versaire est embarrassé et hors d'état de ré-
pondre, afin de l'empêcher de passer à une
autie question ; qu'on lui fasse même pro-
mettre sous serment, avant la dispute, qu'il
ne dira rien contre sa conscience; qu'on se
purge soi-même de tous les soupesons que
l'adversaire pourrait avoir, eu conilamnaut
les erreurs dont on pourrait être soupçonné.
« Si vous avez à disputer avec les Arabes, di-
tes anathème h celui qui admet deux dieux,
ou qui croit que Dieu a engendié de la mê-
me manière que les hommes. Il faut se con-
duire de la même sorte envers tous les au-
tres hérétiques, afin que, voyant que nous
condamnons toutes les erreurs dont ils pou-
vaient nous soupçonner, ils nous écoutent
plus attentivement. Si vous outrez en dispute
avec un mouophisile, c'est-à-dire qui n'ad-
met qu'une seule nature en Jésus-Christ ,
commencez par lui dire que vous ne vous
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
arrêterez pas aux décisions du concile de
Chalcédoine; mais que vous artrumeuteiez
contre lui parles autorités iics Pères qui ont
écrit a\ant ce concile, et qui sont reconnus
pour orthodoxes des deux côtés. Après cette
précaution, il faut l'avertir de dire anathè-
me à tous ceux qui ne confessent pas la di-
vinité de Jésus-Christ; puis, prenant la per-
sonne d'un juif, ou de Paul de Samosale,
demandez à ce monophysile des preuves que
Jésus-Christ est le Dieu très-haut. « C'est la
méthode qu'a suivie Ammonius contre Julien
d'IIalicarnasse. » La marque il laquelle il dit
qu'on doit distinguer les monophysites, esl
qu'ils oll'rent le vin pur sans mélange de
l'eau; ce qu'ils fout dans la persuasion que
Jésus-Christ na point d'autre nature que la
divine, et qu'il n'a ni corps ni âme.
-4. Anastase met en pratique tous ces prin- c»p. n
cipes dans son ouvrage : car, après avoir
montré, dans une exposition de foi, que les
catholiques reconnaissent en Jésus-Christ
deux nat\ires, deux volontés et deux opéra-
tions, il explique pour plus grande clarté,
et pour éviter toute éipiivoque, non-seule-
ment ce que c'est qu'on entend par nature,
volonté, opération, propriété, mais encore
tous les termes usités dans l'Eglise catholi-
que, quand ou parle des mystères de la Tri-
nité et de l'Incarnation, donnant des défini-
tions particulières de chaque terme. Puis il ,„.
pio[iose toutes les hérésies qu'un orthodoxe
doit rejeter, particu!ièrcme;il celles qui ne
confessent pas que la sainte Vierge est mère
de Dieu ; qui assurent qu'il y a deux person-
nes en Jésus-Chiisl ; que la divinité fut sé-
parée de son corps sur la croix et dans le
tombeau ; qui tiennent une foi dilférontcde
celle des conciles de Nicée,de Conslani inople,
d'Ephèse, de Chalcédoine et des anciens Pères
de l'Eglise, saint Denis, saint Clément, saint
Irénée, saint .\mbroise, saint .\thanase, plu-
sieurs autres qu'il nomme. Il fait en peu de ir.
mots l'analyse de la foi sur la Trinité et sur
l'Incarnation ; à quoi il ajoute le catalogue
de ceux qui ont attaqué ces mystères, en com-
mençant par Simon le .Magicien, et unissant
à Nestoi'ius. Il mai-que son respect pour les ,..
cin(| premiers conciles généraux, et son atla-
chcuient pour la doctrine qui y a été établie.
Le texte, au lieu de ciuq, porte six; mais ou
l'autcui- compte pour le sixième le concile
de Conslautinople que saint Flavieuasseiubhi
ciiiilir Eulychès, ou il faut admettre qu'il y
a faute dans le texte.
r.lIAPITRK M. — ANASTASE-IJÎ-SINAITK, PItftTHE.
[V\l' SIKCLE.]
5. Il fait voir que rii(5ri'sic de Sévère, qui
était la mémo que celle d'Eiilychès, tire son
origine de l'hérésie dos niaiiicliéeiis, des va-
lenlinieiis, des inarcioniles c( des ariens ;
qu'elle a été coiiilaiiinée iion-seideiuent dans
le concile deClialcédoine avec la personne de
Dioscore, mais aussi par les anciens Pères de
ri'Inlise, par les écrivains sacrés de l'Ancien
et du Nouveau T(!stanicnt, et par le concile
de Nicée. Les passages qu'il rapporte sont
tirés de saint Cyrille, de saint Ambroise, de
saint Grégoire do Nysse, de saint Ampliilo-
qne, de saint Irénéo, et d'Antiociius de l'to-
lemaïde, qui tous oui reconnu deux natures
parfaites unies en une seule personne dans
Jésus-Christ.
6. A ces témoignages il ajoute les raisons
dont il s'était servi dans une dispute publi-
que avec les sévériens et les théodosiens,
c'est-à-dire les sectateurs de Théodose, dis-
ciple de Sévère, et de la secte des corrupti-
bles, 'l'héodose avait l'Ié élu patriarche d'A-
lexandrie, en 531, par le crédit de l'impéra-
trice ; mais les muines qui n'avaient pas eu
de part à sou ('lecliou s'y opposèrent, le chas-
sèrent de réalise, et intronisèrent Gaïcn,
archidiacre d'Alexandrie, qui était de la secte
(lesphantasiastesou incorruptibles. Ces deux
sectes domiuaieiit dans cette ville. Les phan-
tasiastes soutenaient que Jésus-Christ avait
été incorruptible; craignant qu'en le disant
corruptible, ils ne fussent obligés d'admettre
une distinction entre le corps de Jésus-Claist
et le Verbe de Dieu, et conséquerament deux
natures en Jésus-Christ. Les corruptibles se
fondaient sur sa passion, disant que ce serait
en nier la vérité que de le dire incorruptible.
Mais l'un et l'antre de ces partis suivait les
erreurs d'Eutychès : c'est pourquoi Anastase
les combattit également. Pour les convaincre
par im argument tiré de la cliose même, il
dessina dans une conférence l'imago du Sau-
veur attaché sur hi croix, avec cette inscrip-
tion : Le Verbe de Dieu sur la croix, son âme
raisotnuilile et son eoi-ps ; puis il demanda à
ses adversaires, lequel des trois avait souf-
fert la mort? Us répondirent : «Le corps. » Il
reprit : « L'âme raisonnable n'a pas souffert,
elle n'est donc pas morte?» «Non, Drcpliipiè-
rent-ils. Sur quoi il ajouta : « Comment osez-
vous assurer que Dieu le Verbe a soutlèrt, tan-
dis que vous niez que l'âme raisonnable, qui
est sa créature. soit capable de sontlVir?i)II ré-
pond aux passages des Pères qu'ils lui objec-
taient, que les Pères eu avançant que Dieu
so-r
avait soulfert, qu'il était mort, l'entendaient
non selon la divinité, mais dans la chair, dans
la nalure humaine à laipielle il s'i'îlail uni; en
disânl quel.i ch.iirdcb'SMS-CIn-islu'avail plus,
depuis s(ui nni(Mi, les propriiUésde la chair,
ils ont parlé d(!s pro])riétés accidentelles-,
c'est-à-dire de celles qui sont propres à no-
tre natuie depuis le péchiî du premi<u' hom-
me. En couiiiarani l'imion de la nature hu-
maine avec la divine, à uiie goutte de vi-
naigre jetée dans la mer, ils n'ont pas pré-
tenilu ([ue, comme cette goutte de vinaigre
dispaiail , et est pour ainsi dire ané'au-
tie par son m(Uange, la nature buinaiue
ait été aussi anéantie par son union avec le
Verbe ; ils ne se sont servis île cette com-
paraison, que pourmai-quer la différence in-
flnie des deux natures, dont l'une, comparée
h l'antre, n'est pas plus qu'une goutte de vi-
naigre par rapport à la mer. Il rapporte la so-
lution qu'Ainmonius d'.\lexaudrie donna à
Julien d'Halicarnasse, qui faisait aussi cette
comparaison ; l'explication i]ue Sévérien de
Gabales donnait à ces paroles de saint Paul:
Tiiiite 1(1 jili'iiitnde de la divinité h<djite en lui
corijorellcment. Il rejelte une autre com]iarai-
son que les sectateurs de Sévère faisaient
de l'union de l'âme et du corps dans l'homme,
avec l'union de la divinité et de l'humanité
dans Jésus-Christ, parce qu'ils prétendaient
que, comme l'union de l'âme et du corps fai-
sait un tout de deux parties imparfaites, il
en était de même de l'union du Verbe*avec
la nature humaine ; mais il avoue en même
temps que cette comparaison serait receva-
ble en un certain sens, c'est-à-dire, en sup-
posant l'union d'une nature parfaite en elle-
méuic à une autre nature parfaite.
7. C'est pourquoi il confesse que l'huma-
nitt; entière, le corps et l'âme ont été unis
personnellement à la divinité de Jésu.s-Christ,
comme l'âme est unie tout entière à notre
corps ; que l'âme et le corps qui ont été unis
personnellement au Verbe, lui sont soumis
avec toutes leurs propriétés; qu'ils sont gou-
vernés et régis par le Verbe plus pai-ticuliè-
remeut qu'aucune autre créature, à cause de
leur union plus intime que n'est celle des
autres êtres créés avec la Divinité. Il con-
seille à ceux à qui les hérétiques feraient des
propositions au-dessus de la portée de l'es-
prit humain, comme de savoir pourquoi le
Fils est engendré du Père, et le Saint-Esprit
en procède, de leur en proposer d'autres
avouées de tous les catboliques, par exem-
Colons. Il
Cap. XTni,
XIX.
598
HISTOIRE GÉN'I^RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
C-i' vx"
pie, quelle preuve on a que Moïse soit au-
teur du livre de la (jcnèsc.
8. Eusuite il fait outrer eu dispute un or-
thodoxe avec les paianites ou incorruptibles.
L'orthodoxe, pour tes convaincre (|ue le
corpsde Jésus-Christ a ùtc corruptible dès le
moment de son union avec la divinité, leur
parle en ces termes : " Puis(pie vous dites '
que le corps de Jésus-Christ a été incorrup-
tible dès le moment de l'union, aussi bien (jue
kl divinité, dites-moi si la comnnniion du
sacré corps et du sang de Jésus-Christ que
vous oUrez, et à laquelle vous participez,
n'est pas véritablement le vrai corps et le
sang de Jésùs-Christ^Fils de Dieu, ou si c'est
de simple pain, tel que l'on en vend au mar-
ché, ou uue figure du corps du Christ, tel
qu"était le sacrifice du bouc qui était oll'crt
par les Juifs? » A cela le gaianile répond :
(i A Dieu ne plaise que nous disions que la
sacrée communion est la tiguie du corps de
Christ, ou de simple pain; mais nous rece-
Yous véritablement le corps même, et le sang
même de Jésus-Christ, qui s'est incarné et
qui est né de la sainte Mère de Dieu, Marie
toujours vierge . » L'orthodoxe réplique :
<i C'est * ce que nous cro3'ons et que nous
confessons aussi, selon la parole que Jésus-
Christ dit à ses apôtres dans la cène mysti-
que, lorsqu'il leur donna le pain vivifiant.
Prenez, dit-il, et maniiez, ceci est mon rurps ;
et en leur donnant le calice, il leur dit : Ceci
est mdh sang. Il ne leur dit pas, Ceci est la fi-
gure et l'antitype de mon corps et de mon
' Orlhodoxus ; Sed die inilii, olmecro, si ut divi-
nit'is, il" H corpus Christi et ab ipso vnionis
exordio immorlalitalcm hahel, num coitnnviiio
siuratissimi eorjioris et sanijuiiiis Cliiisli. quam
olfers et participas, vere est nrvni corpus et
sanguis Chrintt FiliiVei, rcl iiudus punis, quiilis
osliatim venditur, vel vicrm duintajat cl fiyuram
gerit corporis Christi, ul sacnpciuut hirci quod
judwi ojfcrunl! Caianita: Absit ut dicniiius sa-
crum cnmniunionem esse tui^luiit fiijiiram corpo-
ris Christi, aut nuduin panem; sed ipsum corpus
et sanguiiiem Christi l'ilii Dti iiicarmili, et ex
sanctissima Deipara et seviper Virgine Marin na-
ti vere accipivius. Aiiasla?., in Odego, en]>. vxiii,
jiag. 855.
» Orlhodoxus: Sic crediwus et sic confitewur
juxtn dictvm Christi ad discipulos m cann viys-
tyca dantus illix viri/icuni panem : Ai-ii|iilc l'I m-
iiicdile, hoc csl oor|iiis iiifiuii. Siniitiler et vali-
ccm dedil illis dicens : llir est sanguis meus. Ao»
dixil: Hoc est figura, scu qvinl trires gcril ror-
poris et sanguinis inei. Kl pluribus aliis locis
ait Chrislus : Cliii iiiniKlmal iiiiain eariieiu el lii-
bit inciim snn^uiiii'iii, iial)«t vilain a'tcinaui. Cum
igitur ipse Chrislus fateatur, vere esse corpus
sang; et de même en plusieurs autres lieux :
Celui, dit-il, gui mange mu chair et beiit mon
sang, a la vie éternelle. Puisque Jésus-Christ
déclare que c'est son corps el son sang qui
est reçu par nous autres fidèles, apportez-
moi quelque chose de la communion de votre
église que vous croyez la plus orthodoxe de
toutes, et nous mettrons dans uu vase avec
toute sorte de révérence ce saiuicorps, et ce
sacré sang de Jésus-Christ ; et si dans l'es-
pace de quelques jours il ne reçoit aucun
changement ni altération, il paraîtra que c'est
avec raison que vous dites que le corps du
Christ a été incorruptible dès le moment de
son incarnation; mais s'il est corrompu el
altéré, il faudra nécessairement admettre
l'une de ces choses; ou ce que vous pre-
nez n'est pas le vrai corps de Jésus-Christ,
mais une simple fit;ure; ou à cause de vo-
tre mauvaise doctrine le Saint-Esprit n'est
point descendu dans les dons; ou le corps
de Jésus-Christ avant la résurrection était
sujet à la eori uplion, puisqu'il a été immolé,
mis à mort, blessé, divisé, mangé; au heu
qu'une nature immortelle ne peut ni être
divisée, ni recevoir de plaies dans ses mains
ou dans son côté, ni ètie mise à mort, ni
être mangée; et ou ne peut la tenir entre les
mains ni la loucher, comme il parait par les
natures incoiruplibles de l'âme et de l'ange.»
L'oitliodoxe avait dit plus haut contre Timo-
tliée,qui délendail le parti desacéphales : «Ti-
mothée ' est donc un impie en disant que la
natm'e de Jésus-Christ, après l'incarnation, est
suum et sanguincm guem nos /idcles sumimus ;
agedum adfcr nobis aliquid ex communionc rés-
ine Ecclesiu', tanquam supra omîtes alias Eccle-
sias orthodoxa; et in vase cum omni honore el
rcvereutia rejionemus hoc sanctum corpus Chris-
ti el sanguincm; el si inlra paucos dics non cor-
rumpatur aul immutelur, aul altcretur, pta-
nuni fiel nos recte adscrere coi^pus Christi ub ip-
so incarnationis exordio corrujitionis crpers esse;
si vero corrumpatur aut imniulciur, nccessarium
erit ul unum e duobus fuUamini: aut id quod
sumimus, non esse rrruni corpus Christi, sed so-
lani figurum et quasi licanum guoddam ; aul
])roptcr pcrrersam /idem vrstrnm Spirilum Sanc-
tum in iltud non dcsctndisse : aul corpus Chrixli
ante rcsurrvctionem corru}itioni subjrclum esse
ulpote immntatum, morti traiUlum, vulncralum,
dirisuni et manducatum. Xnm inimorlalis natu-
ra neque scinditur, ncque tolère cl manibus vul-
iieralur, nique in parles du idilur, nec niorli du-
lur, iicijuc uinndiicatur; ncque trneri polrst. ne-
que Uuigi; ni palet exeniplo incorruplihiliumna-
tururuni ungcii et anima: Aiiaplas., tliid.
•' Inipius igitur est Timolhcus, cum ait : Naliira
Cliristi [losl iucaruatioueiu est sola Uivinilas, Si
\\n° SIÈCLE.
CHAI'ITllE Ll. — ANASTASE-LE-SINAITE, PRETRE.
la divinité loiile seule : car, si Jésus-Christ
n'est que divinité, comme la divinité est in-
visil)le et incapable d'être maniée et d'élie
sacrifiée, ijn'eile ne pent étie divisée, comme
ne peut être nianuc-e, il est clair que Tinin-
tliée nie, comme les Juifs, le sacrilice et la
communion des sacrés mystèies, et qu'il ne
croit pas et ne confesse pas que ce qn'il
donne au peupln, en lui disant : Le co}-/>s et
le sang de Jéstts-C/irist notre Dieu et notre Snit-
vcur, est dans la vérité le corps et le sang vi-
sible, créé et terrestre de Jésus-Christ. Car,
ptiisipi'il dit que la divinité seule constitue
la nature de Jusus-Ghrist, et qu'il r<;pugne
entièrement à la nature divine d'être tenue,
brisée, divisée, froissée, répandue, vid(''e,
changée, coupée par les dents; il faut que
Timothée tombe de loulenéccssilé dans l'un
de ces deux abimes, ou d'affirmer que la divi-
nité est sujette au changement et ;'i l'altéra-
tion, ou de nier le corps et le sang de Jésus-
Clu-ist, lequel il oll're et mange lui-même dans
le sacrifice mystique, et qu'il donne au peu-
ple en lui disant : le Corps et le sang de Jé-
sus-Christ, notre Sauveur : car il devrait plu-
tôt lui dire, selon son opinion : la seule divi-
nité de Notre-Seiuneur Jésus-Christ. Mais
c'est que l'incaniation passe pour une fable
dans l'esprit de Timothée. « Le gaïanite ré-
pond : « N'y a-t-il pas plusieurs Pères qui
ont assuré que le corps de Jésus-Christ est
incorruptible ? » L'orthodoxe convient que
le corps de Jésus-Christ a été exempt de la
corruption qui est une suite du péché, et que
c'est en ce sens que les Pères l'ont appelé
incorruptible; mais qu'aucun ne lui a attri-
bué une incorruptibilité absolue ; qu'au con-
traire saint Alhanase a écrit en teimes exprès
que le corps de Jésus-Christ était corruptible,
parce que Marie avait été créée. Il ajoute que
899
s'il n'était pas corruptible, on ne pourrait
concevoir comment ilnouscslconsubstanticl,
ni comment il est de la race d'Abiahani. 11
cite siu' ce sujet un passage de saint Ilippo-
lyle, qu'il appelait évèque romain, apparem-
ment parce qu'il le croyait évoque de l'orto,
et il finit son traité par un antre passage de
saint Denis l'Aréopagite, où il fait voir que
le Fils seul, h l'exclusion du Père et du Saint-
Esprit, s'est incarné ; d'où il infère que, dans
cette proposition de saint Cyrille : ll y a une
nature du Verbe incarnée, le tei-me de nature
se prend pour la persoime du Verbe, et non
pour la nature divine. Au reste, ce traité au-
rait besoin d'être revu et corrigé sur de meil-
leurs manuscrits que celui d'Augsbourg, sur
lequel il a été donné par Gretser. Le fil en
est coupé par quantité de transpositions : ce
qui lui donne plus l'air de mémoires, que
d'un ouvrage suivi.
9. Il y a plus d'ordre et plus de suile dans
les considéialions anagogiques sur l'Hexa-
méron, on l'ouvrage dessixjoursdela créa-
tion; mais on ne peut en tirer de grands se-
cours pour l'intelligence de l'histoire et delà
lettre, parce qu'il y explique presque tout dans
un sens mystiqne et allégorique ; en avertis-
sant ' toutefois qu'il ne prétend pas détruire
lelittéral, niblâmer les explications littérales
que lesPères ont données de la création. Il dé-
dia cet ouvrage à Théophile, qu'il appelle son
fils. Cet écrit est cité sous le nomd'Anastase
Sinaïte par Michel Glycas, et divisé en liouze
livres. Nous avons les onze premiers dans les
Biblothèques des Pères, imprimées à Paris
en 1579, à Cologne et ailleurs, et à Lyon
en 1677; mais seulement en latin; le traduc-
teur n'est pas connu. Le deuxième parut a
Londres en grec et en latin, en 1682, de la
traduction de M. Dacier -. On a des fras-
Consldéra-
l'ons îLDafïo-
( iqi:cs sur la
Cl ;i'ion du
ni"iidi?. Tom.
IV BilMot.
Pat. 867.
far aDoal.
{.a;. 8 et âG,
edir. Venetœ,
an. Vrl'j.
enim Chrislus est sola divinitas, divinitas rero sub
visum et tadum non cadit, neque sacrilicari po-
tesl membrorum siniul et esvs- expers ; iitiuido
con/îcilur Timotheiim Judœorum instar in/iviari
sacri/icium et comninnionem sacratissiniorum
wysterioruni corporis et sanguinis Chrisli, risi-
bile, crcatum et terrestre esse, quodofferen.-i tra-
dit hia verbis populo: Corinis et Saui-'uis Douiiui
et Uei et Salvatoris Cliristi. Si enim solam diiini-
latem naluram Cliristi eifse asserit, lencri autem
et frangi, et dividi, et in partes distrihui, et ef-
fundi, et exliaiiriri, et transmiitari, et dentibus
conteri, a divinitate prorsns ahhurrel, in alteni-
Iram loceam Timollieus incidat oportet. ut aul di-
vinitatem passibileni et mutabilem statuât, uut
neget corpus et sanguinem Chrisli, quœ offtrt et
vianducat in myslica mensa, Iraditque his verbis
populo : Corpus et Sauguis Douiiui nosiri Jesu
Chiifti. Debebat enim jirorsus sumentem ilaallo-
qiii: Sola divinitas Uoiuini nostri .lesu Cliristi. Ye-
runt incarnatio apiid Timotlieum fabulœ locum
obtinet. Anasta?., in Odego, eap. xui, pag. 810.
' Cœterum lilleram qiiidem minime dissolveu-
tes, vernm ab oplimo et benignissimo Sancto Spi-
ritu sensum mystice absconsum intra littcram
inquirentes, primvm hoc considcramus in corpo-
ribus. Anaslas., lili. I in Hexwm., pag. 8()0.
- On n'est pas il'aceorcl, dit lloiiuianu, Lexicon
Bibliographicum, si ou doit attribuer cet opus-
cule à Aiiastase Sinaïte, ou à un autre Auastase.
[L'éditeur.)
600
ITTSTnïïtE GÉNÉRALE DES AUTEUnS ECCLÉSIASTIQUES.
t'e que CCI
liTie* coDtira*
oeDi de re-
mtnjuibie.
tr*rat. in
U ex ir m r r •
Idem.lib. I,
Actor., vit,
ments orrcc? dos autres livres Jans los noies
de Frnnfnn-le-Duc sur rHi'xaun'ion de saint
Basile, dans Allatius * contre Hotlinger et
sur Eustatlie d'Anlioche, dans les Hexaples
d'0^ilr^^e par le P. de Monifaacon, dans les
Noies ' du P. le Quien sur saint Jean Panias-
cène, et dans le Spicil^ge ' de Grabe. Ce
dernier avait mémo promis ' de les donner
tout entiers en grec; il ne l'a pas fait.
10. .\nastase cite les commentaires de
saint Cyrille sur la Genèse, ceux d'Ammonius
d'Alexandrie sur l'Hexaméron, qui n'étaient
qu'un recueil de passages de quelques an-
ciens sur le même sujet. Ammonius disait
que plusieurs étaient tombés dans l'eireur
pour avoir voulu interpréter l'Écriture à la
lettre, sans reconnailrc que l'Eglise y était
figurée en beaucoup d'eudroit?. Anastasecite
aussi les commentaires de saint Basile sur
l'Hexaméron, Clément d'Alexandrie et Pan-
tène, prêtres de la même église, avec quel-
ques autres anciens, qui ont reconnu quolnu-
vrage des six jours devait tellement s'expli-
quer à la lettre, qu'on l'entendît encore de l'É-
glise de Jésiis-Cbrist. Il remarque (ju'Orpliée,
en parlant de Dieu'^, l'apiielle Mnnade, c'est-
à-dire unité ou indivisible ; que Moïse n'a pas
mis son nom à la l(Me de ses écrits comme ont
fait les autres prophètes, parce que ces écrits
sont moins de lui que des anges, par le minis-
tère desquels on rapporte de saint Etienne ", il
avait appris ce qu'il rapporte dans la Genèse ;
que '' les anges ont connu rincarnatiou iivant
son accomplissement, mais sans en connaître
la manière; que ' saint Pierre et saint Paul
sont morts l'un et l'autre à Rome ; que ° ceux
qui reçoivent le baptême dans un esprit de
dissimulation, comme Simon le Magicien,
n'y sont point véiitablemcnt régi-nérés ; que
Dieu '" donne des anges gardiens aux nou-
\eaux baptis('s; que l'Epîlre aux Hébreux est
de saint Paul "; que les enfants, tomu'.e les
adultes reçoivent dans le baptême lajémis-
sion du péclié originel. Il parle des éciits
d'un diacre d'Alexandrie nommé Olympio-
dore ", et d'un commentaire de saint Justin,
martyr, sur le sixième jour delà création, il
dit que ce Père, de mèiuc que Pliilon, con-
temporain des apôtres, Papias, saint Irénée,
Paulène et Clément d'Alexandrie, ont inter-
prété de l'Église ce que l'I-^criturc" rapporte
du paradis terrestre ; que d'autres, prenant
à la lettre ce qui est dit des apparitions de
Dieu, des discours du serpent, sont tombés
dans des erreurs considi'i ables : les uns s'é-
tant imaginés que Dieu avait une forme cor-
porelle ; les autres, croyant devoir aux coa-
scils du serpent la propagation du genre
Immain, lui en ont rendu des actions de grâces,
et ont ])orté le nom d'opliitcs, c'est-à-dire
serpentins. 11 cite un livre intitulé : Testament
de nos premiers jK'rcs, dans lequel il était dit
qu'Ad.im avait été mis tiaus le paradis ter-
restre le quarantième jour depuis sa création,
et il remarque que ce livre n'était pas dans
le canon des Juifs, et qu'un certain bistorien
et clironologiste, nommé Pyrrhon, avait dit
la même chose. Il blâme Origène ", comme
ayant méprisé dans ses commentaires le sens
historique, pour ne s'attacher qu'à des allé-
gories imaginaires dans les explications
qu'il a donm-es de l'Hexaméron ; et il croit
pour ce sujet condamné avec justice dans
un concile. Au contraire, il loue beaucoup
les commentaires qu'ont faits sur le même
sujet saint .Anabroise, saint Basile, saint Chry-
sostômc, Théodore d'Anlioche, Sévère de
Cabales, Eusèbe d'Eraèse, saint Epiphane,
saint Cyrille et Théophile '", parce qu'ils se
sont tous appliqués à donner le sens de la
lettre. Il dit que saint Luc traduisit en grec
l'Évangile hébreu de saint Mathieu '". Il
lombeuneseconde foissurOrigène, endisant,
qu'apiès avoir travaillé utilement pour l'É-
glise en interprétant tous les livres de l'É-
criture, il avait abandonné la vérité, de même
qn 'Eusèbe de Césarée". Il traite Aqnila d'im-
pie, pour avoir mal tjaduit un passage de
l'Écriture, l'expliquant en un sens qui ten-
dait à faire Lieu menteur. C'est qu'au lieu
que nous lisons : Faisons à l'/iamnie une aide
f/iii lui suit scmblaù/e, il ti'aduisait : Faisnns-
• Allntius contra Hottinger, pag. 158, et ad Eus-
lalh., pag. 136.— » Toiii. I, png. ilK.
' Toiti. Il Spicilegii l'ai , png. 195 ni 2i3.
' ll.id., png. 245. — » Itiiil., png. 864.— « Lit). Il,
pag. 80!), 866. — ' l.ll). IV, pnp. 873.— " Ibid., pag,
876.-9 Lit). V, pag. 879, 880.-'" Lit.. VI, pag. 885.
" Lavacrum coriim qui linptiznvtiir in Chrislo
habel rrram et pirffrtnm nhUttionem jirimi Jia-
rcnfis Adam abnegatioms et pcccati, proplcr quam
cette rausam ii fantes quidam ilhiminati, eum sint
ab omni peccato niiindi, el Spiritvm acrcprrint, et
Clirittlinn sint indtiti; ,<a';r ih ij'fa hora aul post
baplixwiim deceilnnt niilli rvipœ aultilioaflinrs,
sed saiirli, ul testulur Pauliis. Annsla?,, Ijh. VI
in Hexameron., pan. sSS.
" l.ili. Vil, png. 887.— "Ibib., png.893.— "Ibid.,
pag. 8!)r>.— 1» l.ib. VIII, png. 8;i0. - '" Ibid., 900.
n Lib. l.\, pag. 902.
CHAPITRE LI. — ANASTASE-LE-SINAITE, PRÊTRE.
[vu* S1KCI.E.]
lui une aide qui lui soit op/x)sée et son ennemie,
Anastase fail profnssion de suivre, comme son
iiiailiT, Etistallic irAiiliodic, iiii'il qualiliede
|irt'(lioateiir, marlyrot docloiirdii concile de
Nicri' '. Il relève l'ei-rciir d'Oiij-ène sur la
préexistence des âmes, et dit ((u'elle a été
solidement réfutée par Métliodius '. Il l'ac-
cuse aussi d'avoir nié la rt'surroclion des
corps. Il cite les Ilexaples '. mais sans dire
que cet ouvrape fut de cet interprèle. Sur ces
paroles : « Dieu fit sortir l'iionimc du paradis
terrestre, de peur que, mangeant du fruit de
l'arlire de vie, il ne vécût élernellenient, »
il se propose cette question : Si tons ceux
qui mangent dans l'Église le pain de vie
viviont étcrnellenienl , en sorte qu'aucun
d'eux ne soit comlainné aux supplices éter-
nels ' ? 11 répond que plusieurs ont mangé de
001
buer ces questions, puisque l'auteur écrivait
après la mort de saint Eulogo d'Alexandrie,
ariivée en fiOS ; et depuis ipie Jean était de-
venu iiatriarclie de cette ville pour les lliéo-
dosiens, ce qui n'arriva qu'en G77. Il vaut
donc mieux s'en tenir à l'opinion commune,
qui donne les Questions à Anastase-le-Sinaïte,
dont elles portent le nom dans plusieurs ma-
nuscrits, et ;\ qui elles sont attribuées parle
solitaire Philippe ', qui écrivait vers l'an
nos. On objecte que l'on cite divers auteurs
plus récents qu'Anastase-le-Sinaïte, savoir
saint Jean Cliraaque, saint Maxime et quel-
ques autres; que l'on y rapporte un canon
du concile in Trullo qui ne se tint qu'en
G02; que l'auteur y compte sept cents ans
depuis que les Lieux-Saints avaient été remis
au pouvoir des catholiques. Mais on peut ré-
ce pain, et sont morts éternellement, comme pondre, qu'il n'y a aucun des écrivains cites
dans ces Questions, qui n'ait écrit avant l'an
602 ; que le concile in Trullo, s'étant tenu
en cette année, a pu être cité par Anastase-
le-Sinaïte, qui, né sur la fin de l'empire de
Maurice, c'est-à-dire veis l'an 6U0 ou 602, a
pu aisément vivre au-delà de 692; qu'au
lieu de lire sept cents ans depuis la restitu-
tion des Lieux-Saints aux catholiques, il faut
lire vingt-sept ans, les copistes ' ayant pu
facilement se tromper à cause de la ressem-
blance des termes grecs, et prendre Fpta kai
eikosi pour Eptacosioi. Au reste, quand il se
trouverait quelques auteurs plus récents
qu'Anastase cités dans ces questions, ce ne
serait pas une raison suffisante pour les lui
ôter. Ce n'est, pour ainsi dire, qu'une com-
pilation de passages et d'autorités des Pères
et des conciles, à laquelle on a pu ajouter
dans tous les siècles. Aussi les manuscrits
varient-ils beaucoup, même sur le nombre
des questions. Gentien Hervet n'en avait dans
le sien que %\. Ceux de la Bibliothèque de
Coislin ' en comptent 156. Les manuscrits
de la Bibliothèque du Roi rapportent plu-
sieurs passages qui ne sont ni dans l'édition ,
de Gretser,ni dans celle dHervet. Turrien'"
dit en avoir vu dans la Bibliothèque de Mes-
sine, où l'on ne citait ni saint Épiphane, ni
saint Grégoire de Nysse. Ces deux Pères sont
cités dans les manuscrits du Vatican, sur
rat. Philippus Solitar., lib. IV.arf Callinicimn Mo-
nachitm, pag. 150.
8 Fabriiiu5, toui. IX Bihlioth. Grœca, pag. 324.
3 Moiitfaucou, Bibl. Coisliniana, pag. 188, 189.
'» 'ïun'iea, Prœfat.Gretser. in quœsliones Anas-
Judas, Simon le Magicien, et les Corinthiens
doniparicsaint Paul, parcequ'ils l'ont mani;é
indignement ; qu'il y en a au contraire beau-
coup dans les déserts, qui, privés de cette
divine nourriture, ne laisseront pas de pos-
séder la vie éternelle , leur union avec
Dieu, les rendant comme participants de son
corps, étant eux-mêmes le pain, le corps et
le sang de Dieu, sa maison, sont emplc, l'au-
tel et rholocauste , l'oblation et l'onction
sacrée. D'où il infère, que par l'arbre de
vie il faut entendre, et la manducation du
corps et du sang de Jésus-Christ ^ et son
union avec l'homme qui mange ce corps et
boit ce sang précieux. Il renvoie à d'autres
plus doctes et plus habiles que lui pour sa-
voir quelle est la véritable manducation de
la chair mystique de Jésus-Christ ", et quel
est son sang ineffable enfermé dans cette
chair.
Le- liv 1 1 . Des cent cinquante-quatre questions im-
•..i.i>o le SI- primées par les soins de Grefser à Inaolstat,
en 1617, sous le nom d'Anastase le Sinaïle,
il y en a quatre-vingt-treize qui avaient déjà
été données en latin par Gentien Hervet, et
imprimées dans les Bibliothèques des Pères
sous le nom d'Anastase de Xicée. On trouve
un Anastase de Nicée parmi les évêquesqui
assistèrent au concile de Consfantinople sous
Mennas, en 336; mais on ne peut lui attri-
• Lib. L\, p,ig. 903. — ' Lib. XI, p.ng. 920. — ».Lib.
XII, pag. 7. — * ll)i(l., pag. 16. — 6 Ibid., pag. 20.
« ItiicJ., 19.
■ Fidelem et Dec afflatiim daho tcstem vomine
Anastasium, cognomento Sinditam, doccntem et
Quist. in.
scribenlem clare svper his quœ interrogatus fue- tas».
602
HISTOIRE GÉXÉRALE DES
Ce qiill y»
<ïo remarqua-
ble dan< cr»
Questions.
Qar I, I,
lesquels Grelser a donné sou édition. Avant
qu'elle parut, on avait imprimé à Pont-:\-
Mousson, en lo92, avec des lujtes, plusieurs
des passades cités par Anastase, savoir, ceux
qui étaient tires des écrits de saJnl Hippo-
lyte, d'Eusèbe, de Sévère d'Antioche, de
saint Cyrille d'AlesaïuIrie.de saint Basile, de
saint Epiphane et de saint Chrysostome. Les
antres Pères cités dans les questions d'Ana-
stase sont saint Clément Romain, saint Gré-
goire de Xvsse, saint Cyrille de Jérusalem,
saint JeanClimaque, le moine Marc, le moi-
ne Maxime, Pallade, Uiiidocbus, saint Isi-
dore dePéluse, saint Nil moine, Nicéphore,
évéque de Gonstantinople, saint Denis l'A-
réopagite, saint Grégoire de Xazianze, ïliéo-
doret, saint Alhanase, Sérène, Joseph, saint
Clément d'Alexandrie, Olympiodore, Némé-
sius, saint Denis d'Alexandrie, Origène,So-
Ijhrone et saint Irénée. Mais il ne met pas
des passages de chacun de ces Pères sur cha-
que question. Il en rapporte seulement de
ceux, on qui les ont traitées, ou qui ont dit
quelque chose qui puisse servir à les résou-
dre. Avant de les rapporter, il met ordinai-
rement des passages de l'Écriture qui ont
rapport à la question proposée. Gretser, en
rendant public cet ouvrage, l'a enrichi de
quelques notes, que l'on n'a pas eu soin de
distinguer du texte même dans la Bibliothè-
que des Pères imprimée à Lyon, en 1677 ; ce
qui cause de l'embarras au lecteur.
12. Entre plusieurs maximes utiles qui
sont renfermées dans ces Questions ', on
peut remarquer les suivantes. « Quoique l'on
ne puisse être vrai chrétien sans la foi et les
bonnes muvres, ces choses ne suUisent pas
pour rendre un homme parfait chrétien, par-
ce qu'il peut tirer vanité de sa foi, ou de ses
œuvres; il est donc nécessaire qu'il les ac-
compagne d'humilité. 11 y avait chez les
Grecs des espèces de moines qui passaient
leur vie dans le repos et dans le silence, et
qui, contents d'adorer Dieu en esprit, ne fré-
quentaient pas les églises, s'abstenaient des
assemblées des fidèles et de la communion du
corps de Jésus-Christ. Les gens sages désap-
prouvaient leur conduite, parce qu'encore
qu'on puisse prier et adorer Dieu en tous lieux,
et que le silence et le reposaient leur utilité,
le sacrifice extérieur de l'Eucharistie est la
chose la plus agréable à Dieu. Pour faire pé-
nitence de ses faute.s, ce n'est pas assez de
« Tom. IX Bibl. Pat., pag. 957.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
s'en abstenir parla suite ; il faut encore faire
de dignes fruits de pénitence, et faire servir
à la justice les membres qui ont servi i l'ini-
quité. Un vieillard ou un homme de faible
complexion n'est point obligé d'embrasser
l'état monastique pour faire pénitence de ses
fautes : il peut les expier dans le monde par
des actes d'amour envers Dieu et envere le
prochain, par la patience dans les afflictions,
par le pardon des injures, et en beaucoup
d'autres manières prescrites dans l'Écriture.
Il est bon et utile de découvrir ses péchés
aux personnes spirituelles, pourvu que ces
personnes aient du savoir et de la prudence,
en sorte qu'elles ne nuisent pas aux péni-
tents par une douceur ou par une sévérité
excessive. Avant de s'appr-^her de la com-
munion, il faut s'éprouver soi-même, et se
purifier de ses fautes. Quiconque fait ainsi,
peut s'approcher quand bon lui semble.
Dieu ne nous abandonne ordinairement que
pour nous punir ou pour nous convertir. C'est
à nous à examiner .quel sujet nous avons
donné à Dieu de nous abandonner. Tel qui
nous parait juste, est quelquefois pécheur;
et celui que nous croyons pécheur, est sou-
vent juste aux yeux de Dieu. Il fini adorer
SCS jugements, et ne juger personne. Par l'ar-
gent d'iniquité avec lefpiel Jésus-Christ dit
que nous devons nous faire des amis dans le
ciel, on ne doit point entendre les richesses
acquises par de mauvaises voies ; m:iis celles
qui lie nous sont point nécessaires pour no-
tre entretien. Nous ne serons point damnés
pour n'avoir point orné des églises, mais
pour n'avoir pas soulagé les pauvres. Dans
le doute à laquelle des deux églises on doit
donner, ou à celle qui manque de vases et
de meubles nécessaires, ou à celle qui abon-
de de tout, il faut se déterminer pour la pre-
mière. Les exemples d'Abraham, de Job, de
David, qui étaient mariés, qui avaient des
enfants, beaucoup de biens, et qui étaient
conséipioniment chargés de beaucoup de
soins, doivent ôlcr aux gens du mundc tout
prétexte de négliger leur salut. L'Apôtre dit
que toute puissance vient de Dieu; mais il
ne dit pas ipi'il n'y a point de iirince qui ne
soit établi de Dieu. Dion en donne qucl(|ue-
fois de mauvais pour punir les peuples;
mais il ne les donne pas tous: il permet seu-
leiiicnl qu'ils soient choisis, ou qu'ils par-
viennent par d'autres voies à la dignité de
princes. Lorsque Phocas fut parvenu à l'em-
pire, il fit répandre beaucoup de sang. Un
Qisil. S.
«
[vu- siÈOE.] CHAPITRE LI. — ANASTASK-LE-SINAITE, l'HÊTIlK.
sailli luoine do Gonstantinople, (ini géinis-
s;iil lie ses cruautés, se plaignit ;\ DitMi plu-
sieurs fois avec la conliance ijiie lui donnait
sa simplicité, pourquoi il avait donné un tel
prince ii son pou[)io ? Il entendll une voix
qui lui dil : « Parce ipii' je n'en ai pu trou-
QllJ!^l. 17. venin plus mauvais. » C'est aiissi pour nous
punir de nos pi-chés, que Dieu ou permet ou
ordonne les guerres et les autres calamités
'"■ publiques. Qi'and elles arrivont, il faut ado-
rer ses jugements; mais on ne peut dire qu'il
soit auteur du péclié, qui est proprement ce
qu'on appelle mal.
!'• 13. « Fortuite est un terme dont un chré-
tien, qui confesse que Dieu gouverne tout,
ne doit point se servir, parce que dans
l'idée des païens ce terme est exclusif de
la providence particulière de Dieu : ils at-
tribuent tout au hasard, ou aux astres.
5«- Prédire l'avenir et faire des miracles, n'est
pas toujours une preuve de sainteté. On
ne lit point que saint Jean -Baptiste, le
plus grand de ceux qui sont nés des fem-
mes, ait fait des miracles ; Judas au contraire
est censé en avoir fait, puisqu'il fut envoyé
avec les autres apôtres pour ressusciter les
morts ou guérir les lépreux. Il ne faut donc
point être surpris si l'on voit quelquefois les
méchants ou les hérétiques faire des prodi-
ges; s'ils en font par la vertu de Dieu, celte
grâce leur est accordée non par rapport à
eux-mêmes, mais par rapport à ceux pour
qui ils font ces miracles. Mais ils peuvent
aussi faire des prodiges par la vertu du dé-
mon, comme en ont lait Simon le Magicien,
Manéthon, Apollonius de Tyanes et tant
21. d'autres. Le temps de la mort de l'homme
lui est caché par un etl'et de la Providence.
S'il lui était connu, tel qui saurait que sa
mort est proche, irait tuer son ennemi, peu
inquiet de quelle manière la mort viendrait
à lui. Un autre, qui serait sur de vivre cent
ans, en passerait la plus grande partie dans
la débauche, et remettrait aux derniers jours
S2. à penser à son salut. Si les péchés dont nous
sommes coupables en mourant sont légers,
ils peuvent être pardonnes en considération
des prières et des sacrifices que les vivants
oll'riront pour nous ; s'ils sont considérables,
il n'y a point de rémission à espérer. Pre-
nons un tel soin de nos âmes en cette vie,
que nous ne fondions point notre salut sur
les oblations que l'on fera pour nous après
;3. la mort. Puisque, selon l'Écriture, il.y a deux
Jérusalem, lune leirestre, l'autre céleste,
603
on ne pe\U doulei- ipi'il n'y ail aussi deux
pai'adis, l'un où Adam a été mis après sa
création, l'autre qui est le séjour des bien-
heurcMix. »
I \. Les Questions suivantes regardent l'cx-
plicalioiule certains passages do l'I'À'ri turc qui
soull'ient quel((ues ditlicultés, comme sont
ceux où il est dit que Dieu fit l'homme à son
image; que les enfants de Dieu, voyant que les
filles des houiuies (■taient belles, les épousè-
rent, et autres semblables, dont on trouve les
solutions dans les commentateurs. Auastase
semble fixer à l'âge de douze ans le temps où
les enfants sont en état d'oll'enser Dieu. Il ne
croit pas même qu'ils en soient tous capables
à cet âge-l;\,<iQuoitpaerH;glise reçoive à la pé-
nitence les fornicateurs et les hérétiques, elle
accorde la communion à ceux-ci aussitôt
qu'ils ont abjuré leurs erreurs ; au lieu qu'elle
est quelque temps à l'accorder à ceux-là. La
raison de celle dill'érente conduite est d'en-
gager les hérétiques à se convertir, et les
fornicateurs à ne plus retomber dans le pé-
ché. L'I'^glise ne rebaptise point les héréti-
ques : elle se contente de leur imposer les
mains avec quelques prières, parce qu'elle
sait que le Saint-Esprit est donné par cette
cérémonie. Si nos jours étaient comptés, en
vain on implorerait le secours des saints et
des médecins pour le rétablissement de la
santé. » Anastase croit que les apparitions qui
se font aux tombeaux des saints, ne sont pas
des saints mêmes ; qu'elles se font par le mi-
nistère des anges; que si les âmes se con-
naissent dans l'autre monde, ce ne sera que
par une permission particulière de Dieu, et
non eu vertu de leurs facultés naturelles ; que
l'on ne doit avoir aucun doute sur la résurrec-
tion des corps, parce qne, encore qu'il soient
réduits en poussière, ou mangés par les bê-
tes, il n'est pas moins au pouvoir de Dieu
de les rétabhr, qu'il ne l'a été de les former;
qne, pour accomplir le précepte de la prière
continuelle, il n'est pas nécessaire de s'occu-
per en tout temps de la prière; qu'il suffit de
s'appliquer à quelque chose d'utile, de bon et
d'agréable à Dieu; que l'eau que l'on aurait
avalée en lavant sa bouche ne doit pas em-
pêcher la communion; que, comme il y a
des personnes à qui il est utile de commu-
nier tous les jours, il y en a à qui cela serait
nuisible ; que nous devons prier pour nos
princes, fussent-ils juifs, infidèles ou héréti-
ques; que la pythonisse évoqua véritable-
ment l'âme de Samuel à la prière de Saûl,
niix"i. ei,
-'jiio ad 81
604
HISTOIRE OÉNF^RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
parce qu'avant la descente de Jdsus-Clirist
aux enfers, les Ames, tant des justes que des
pécbeurs, élaii^il sous la puissance du dii-
Qai.1. IIS. mon; que l'on peut sans indécence porter
avec Foi l'Eucharistie ' dans les voyages pour
I". s'en communier; mais qu'on ne doit pas la
recevoir liors de TK^lise catholique.
<i8- T 15. S'il y a plus de divisions et de scliis-
mes parmi les chrétiens que parmi les infi-
dèles, c'est que le diable, auteur de ces di-
visions, n'en a pas besoin pour {rasner les
nalions, qui, faute de baptême, sont p. lui.
lu. Dieu ne le laisse agir contre les chrétiens,
que pour donner lieu i\ ceux-ci de mériter
des couronnes par leurs victoires sur cet en-
nemi. S'il ne s'agissait dans les persécutions,
que de perdre les biens temporels, il ne sc-
iait pas permis de fuir; mais s'il y a du dan-
us. ger pour le salut, la fuite est permise. Quoi-
que tous les hommes, nés d'Adam suivant
les lois ordinaires de la nature, contractent
le péché qu'il a transmis à toute sa postéri-
té; tous ne sont pas vivifiés en Jésus-Christ,
quoique nés de pères vivifiés par Jésus-
'W. Christ. La raison en est, que l'ellet mortel du
péché du premier homme se communique de
père en fils par la génération; au lieu que
c'est de Jésus-Christ, et non de nos pères,
que nous recevons la vie de lame. Ils en-
gendrent selon le corps, et non selon l'es-
prit. Anastase, pour trouver les trois jours
et les trois nuits pendant lesquels il est dit
que Jésus-Christ fut dans le cœur de la terre,
commence le premier au moment où Jé-
sus-Christ expira sur la croix, c'est-à-dire à
la neuvième heure du vendredi, ou, selon
nous, à trois heures après midi; car dès ce
moment il descendit aux enfers, et consé-
quemmenl dans le cœur de la terre; le se-
cond à six heures du même vendredi ; et le
troisième à six heures du soir du samedi :
car les juifs faisaient leurs fêtes d'un soir à
l'autre. Mais, dans cette manière de comp-
ter, il faut prendre une partie du jour pour
le tout, puisque, exccptt' le samedi, les deux
autres jours ne furent pas complets. Il n'y
eut que trois heures du vendredi; du diman-
che, que depuis les six heures du soir du sa-
medi jusqu'au lever du soleil du lendemain.
Dans la 141' question, il cite une oiaison de
l'Euchologe des Grecs; dans la 113", un ca-
non d'un concile de Carlhage sur le baptême
des enfants nouvellement nés. Lambecius •
remarque que la ii' est tirée du commen-
taire de saint Hippolyte sur le Cantique des
cantiques; la 52% de saint Isidore de Peluse;
la 153' du prêtre Hésychius; la 144', selon .
M. Cotelier, est de saint Irénée. Tous ces
passages ne se trouvent pas dans l'édition
de Gretser, q\ii est celle que l'on a suivie
dans la Bibliothèque des Pères.
16. Ganisius ' nous a donné sous le nom tsiM^m.ar
d'Auastase le Sinaïle trois Discours qui lui «V'ti ™r"ii
ont paru si solides et importants, qu'il con- !"«"
seille à tous les prédicateurs, et h tous ceux
qui sont chargés de la direction des mœurs,
de les lire journellement. Le premier, qui
fut prêché le cinquième dimanche de carê-
me, a pour titre : De la sacrée Synaxe, ou as-
semblée où les chrétiens recevaient la sainte
eucharistie. Il tr.iite anssi du pardon des in-
jures, ou de la défense de juger son pro-
chain. Le père Combéfis * l'a donné dans le
premier tome de son nouveau supplément
avec une nouvelle version, et après l'avoir
revu sur plusieurs manuscrits de la Biblio-
thèque du Roi '. La version dont Canisius
s'est servi est d'Achilles Statius. C'est aussi
celle que Baronins a suivie dans les frag-
ments de ce Discours insérés dans ses An-
nales ecclésiastiques sur l'an 51)!). Quelqnes-
uns l'ont attribué à un Anastase plus jeune
que le Sinaïle; mais il porte constamment le
nom de celui-ci dans tous les manuscrits, et on
n'en connaît point à qui il convienne mieux.
17. Ce Discours commence par un éioire Ami... de
du livre des Psaumes ". « (In les chantait tous
les jours dans les assemblées ; et rien ne
pouvait être plus utile aux fidèles, parce que
David y établit parfaitement la vraie reli-
gion, enseignant d'un côté ce qu'il faut croi-
re, de l'autre ce qu'il faut pratiquer. » Si l'on
emploie des années entières pour apprendre
les arts et les professions utiles .■'i la société
' Sanclissimum Chrisli corpus nitlla injuria
afPcitur ex hoc ijuod circiimferliir... fiam el ipse
Chrvstvit olim ad omnex rircvihol et ciretimfere-
batttr. Ergo ntillam injiiriam ex hoc patitur, sed
lantum rx impuro cnrdc Qiiœsl. 113.
» l^anilK-ciiis, lib. III, jwg. 197. Cololoriiis, loin.
III Moiiumeiit., png. "j.)!, 542.
• CoDis., tom. III, pag.60.
> Conibcfls, l"iii. I .Inrtuarii, jwig. 881.
^ r;rclztT a aussi donné en prcc rt en lalin le
iliscoiirs dp la sacrijo Synaxi". Toni. XII do so» ou-
vrajïff, Ilatisbonnr, 1740, in-fol , pap. 419-lGO.
{L'i^dileur.)
« Toiii. IX nihi. Pal., p.i^!. !)i3, et tom. I Leclion.
Canis. cilit, Autnerp., pag. 4G5.
CHAPITRE U. — ANASTATE-LE-SINAITI;:, l'IlftïHE.
[vu* SIÈCLE.]
litiiiiaiiii', ost-ce trop ilo passer loiile sa vie
à a|)i)rt;iiilre à coimailrc Dion et à le servir?
Le contraire arrive Ions les jours. L'envie
(racqnérir des l'iclicsses, de posséder des
emplois et des dignités, fait qn'on se livre
(uni entier anx moyens de les avoir. Mais on
ne prend ancun soin de son ànic; on ue
pense point à la mort, ni au justement de
Dieu, ni aux supplices do la vie future.
On s'oublie soi-même, si ce n'est poui' se
tromper. On va plus loin : on se Lait mutuel-
lement; on se tend des pièges; on se charge
d'opprobres et de calomnies. Attentifs aux
fautes d'autrui, nous ne faisons point de ré-
llexionsur les nôtres. Enfoncés dans la boue
jusqu'au cou, nous ne pensons pas à nous
en tirer. Nous vieillissons dans l'habitude de
censurer les autres; et dans la vieillesse mê-
me, nous ne songeons pas à nous examiner
nous-mêmes. Les plus petits défauts de nos
frères nous paraissent i;rands; les nôtres,
quelque considérables qu'ils soient, nous
sont imperceptibles. Aous ne [jardonnons à
personne : petits et grands, coupables et in-
nocents, nosévêques, nos maîtres, nos chefs,
tous ceux qui nous avertissent de nos dé-
fauts, qui prennent soin de nos mœurs, sont
également l'objet de nos censures. Nous ne
savons ce que c'est que de gémir sur nos dé-
sordi'es; la crainte de Dieu n'est point en
nous ; nous ne pensons, ni à faire pénitence,
ni à nous corriger. Toute notre attention se
porte au mal, à la volupté et à la débauche.
Nous passons des jours entiers aux specta-
cles, en de vaines conversations, en discours
déshonuètes, sans nous ennuyer; mais à
peine voulons-nous demeurer dans l'église
pendant une heure pour y adorer Dieu, le
prier et nous y occuper de saintes lectures.
Si la leçon de l'Évangile est plus louguequ'à
l'ordinaire, si le prêtre prolonge ses prières,
si celui qui olire ' le sacrifice uou sanglant
célèbre les divins mystères trop lentement,
on s'endort, ou témoigne son ennui par l'é-
garement des yeux. Il y en a même qui ne
pensent point à purifier leur conscience par
le regret de leurs fautes : ils ne songent qu'à
' Si is qui incruentum sacri/icium offert, non-
nihil morosius rem dii:inam peragit, tœdio affici-
mur dormitantes, ae oseitanles, yag. 107.
' Raplo myslico pane excunt. Jbid'., 468.
» (Jiiid enim more illo nrfarium magi^, ul cum
rapinis, improbUale, omnique scelertim génère
oppleti simus, aquu modiai abluentes manus, sic
sacrum illud corpus, diuinumque sanguinem pro
vmndi salute effusum, immundi ac sordidati
(m
se parer dis beaux habits. D'autres n'enticnt
dans l'église, (iu'a[)rès s'être informés si le
temps de la communion approche. Ils en
sortent aussitôt après avoir comme * enlevé
le pain mystique. F.,es fonunes pour la plu-
part viennent à l'église moins pour prier,
que pour être vues et pour séduire les plus
simples. Se peut-il quelque chose de plus
mauvais', que la coutume où l'on est de re-
cevoir le sacré corjis, et le sang divin qui a
été répandu pour le salut du monde, le co?ur
souillé de rapines et de toutes sortes de cri-
mes, comme s'il sutlisaitpours'en approcher
de laver ses mains avec un peu d'eau? Ne se
souvient-on pas que Judas, pour avoir reeu
indignement le corps du Seigneur, devint
coupable aussitôt qu'il l'eut reçu, et qu'il
donna an démon une plus grande entrée
dans son cœur? On n'oserait toucher avec
des mains souillées les habits d'un roi, pas
même les siens propres ; et on ne craint point
de recevoir ce sacré corps dans un co'ur
souillé de crimes. Ce n'est point ^ assez d'en-
trer dans l'église de Dieu, d'y révérer les
saintes images, d'y liouorer et baiser les
croix ; ce n'est pas se purifier non plus, que
de laver ses mains : il faut fuir le péché, la-
ver ses fautes dans la confession et dans les
larmes, et s'approcher des mystères purs et
inviolables avec un cœur contrit et humilié. »
18. <i Vous direz peut-être : Je n'ai point
les larmes à ma disposition. Mais si vous ne rag. ito.
pouvez pleurer, gémissez dans le fond de
votre cœur, retranchez du moins vos ris;
humiliez-vous, assistez avec crainte en la
présence du Seigneur, les yeux baissés vers
la terre. Ne voyez-vous pas avec quelle mo-
destie les courtisans se comportent devant
l'Empereur, qui souvent est un impie? Soyez
donc avec une crainte respectueuse dans
l'église, surtout à l'heure où l'on oÛ're le sa-
crifice terrible, en vous persuadant que nous
sommes tous oUèrts à Dieu en la même dis-
position et dans les mêmes sentiments que
nous avons lors de ce sacrifice. Assistez-y
avec un cœur contrit. Confessez ^ vos péchés
à Jésus-Christ par le ministère des prêtres ;
2wrcipiamus? Anastas., Oral, de Sinaxi, pag. ^168.
* j\o/i eîiiHi salis est in Dei Ecclesiam ingredi,
divinasque sanclarum imaginuni figuras vene-
randasque cruces Itonorare ac osculari:nequeve-
ro manus aqua abluere, idpurgatio est; sed fuga
ac ablulio sordium peccali. Ibid.
^ Con/Uere Christo per sacerdotes peccala tua.
Ibid., jiag. 470.
606
HISTOIRE GÉNÉKALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
condamnez sans en rougir vos propres ac-
tions. Condamnez -vous en présence des
hommes, afin que le juste Juge vous ab-
solve et vous justilip en présence des an-
ges et de tout le monde. Demandez misé-
ricorde, demandez pardon, demandez la ré-
mission de vos péchés, et la grâce de n'en
plus commettre à l'avenir; alin que vous
puissiez parliciperdignemen taux sacrements,
et recevoir le corps et le sang avec une con-
science si pure, qu'ils servent à la purilicatiou
de votre ùme, et non à votre jugement. Saint
Paul vous apprendra qu'il eu est mort plu-
sieurs pour s'être approchés indignement des
mystères: Y en a-t,-il, direz-vous, qui soient
dignes d'en approcher? J'en connais, et vous
le deviendrez quand vous le voudrez. Quittez
le péché, faites des œuvres de pénitence et
des fruits de justice ; soyez miséricordieux et
libéral envers les pauvjes; priez Dieu avec
un esprit contrit : il écoutera vos peines. »
Anastase rapporte en cet endroit une partie
des prières que le prêtre, comme médiateur
entre Dieu et les hommes, disait à haute voix
pour disposer le peuple à s'unir à lui dans
l'oblation des divins mystères. On les lit en-
core dans les Liturgies qui portent le nom de
saint Jacques et de saint Basile. 11 marque
que l'on disait l'Oraison dominicale avant la
communion, et il semble dire que le peu-
ple la prononçait avec le prèlre. La mo-
rale qu'il tire de cette partie de la messe,
est que c'est mentir à Dieu, augmenter le
nombre de ses péchés, que de garder de la
haine contre son prochain, quand on dit :
/{omettez-nous nos dettes, comme nous les remet-
tons à ceux qui nous doivent. 11 ajoute qne
c'est pour nous préparer à une réconciliation
entière, que nous nous donnons encore le
baiser de paix avant la communion.» Après
Ja considération ' de ce sacrifice non-sanglant,
le prêtre élève le pain de vie, et le montre
<i tous les assistants. Api'ès quoi le diacre
s'écrie : Soyons attentifs, c'est-à-dire faites
attention à vous-mêmes, mes frères. Il u'j-a
qu'un momeul que vous nous avez dit : Nous
avons nos cœurs av Seigneur. Vous avez témoi-
gné ensuite que vons pardonniez à ceux qui
vous ont otfensés, et en signe de réconcilia-
tion vous vous êtes embrassés mutuellement.
Mais parce qu'étant homme j'ignore ce qui
se passe dans votre intériein-, c'est pour cela
que je vous avertis à haute voix d'être at-
tentifs à vous-mêmes, et de considérer de-
vant qui vous pai-aissez. Après cet avertisse-
ment du diacre, le prêtre ajoute : Les choses
saintes sont fjour les saints. Comme s'il disait :
Voyez avec quelle disposition vous voulez
vous approcherde la communion, de crainte
que quelqu'un d'entre vous, en s'approchant,
n'entende ces paroles: Ne me touchez pas ; re-
tirez-vous de moi, ouvriers d'iniquité, qui pen-
sez à vous venger des injures que vous avez
reçues, /hissez votre don devant l'autel, et allez
vous réconcilier auparavant avec votre frère ;
puis vous reviendrez offrir votre don. Imitez
saint Jacques, frère du Seigneur, qui, d'a-
près les anciens écrivains ecclésiastiques
étant sur le point de mourir , pria en
ces termes pour ses bourreaux : Seigneur,
pardonnez-leur, parce qu'ils ne savent ce qu'ils
font. »
ly. Anastase insiste boucoup sur le par-
don des injures. D'après lui, la haine du
prochain, le souvenir des injures dans le
désir de s'en venger, est de tous les péchés
celui qui cause le plus tôt la ruine éternelle
du pécheur; quand une fois ce désir a jeté
de profondes racines dans le co'ur d'un
homme, tout devient inutile, le jeune, la
prière, les larmes, l'aumône, la confession,
la virginité et toute autre bonne action. Il
fait remar(]uer que le Seigneur n'a pas dit :
Si vous otlrez votre don à l'autel, et que
vous vous souveniez que vous avez quelque
chose contre votre frère , allez vous récon-
cilier avec lui ; mais : Si , lorsque vous pré-
sentez votre don à l'autel, vous vous souvenez
que votre frère a quelque chose contre vous, al-
lez vous réconcilier avec lui. D'où il tire celle
conclusion : « Puisque chacun est obligé de
guéiir la malice de son frère, quelle espé-
rance de pardon peut avoir celui qui garde
dans le secret de son cœur de la haine con-
Jo-in XX
ISsîm. Tl
' Sacerdos, post sacri/icn illius iticruenli con-
secrationem, panem vilœ in tiltvm ticval , ip-
numque owiilnts oxlendil. l'oslmodiimque excla-
mai Uiacoitus, et ail: Alî.en<lnimis, hoc est: Vohis
ipsi attendue, fratres. Erce paiilo nnle ndstipu-
lati eslis, diccnles: Ilabeinus corda nd Doinimiiu;
rursurmque piiriim aiiimum nique ab omni simul-
taie ac injuriarum memoriu liberum Dco profi-
tentes dixistis : Dimitte nobis, etc. Eaque de caur
sa iniicem amplexali eslisin osculo pacis... Tum
Staliw ailjvtigil sacerdos: Sunc'.a .<aiitlis; quid
rem hoc ait :' Videlc quomodo ad comniunionem
divinorum mysteriorum accedalis, )io quis ves-
trum lommunicaturus accedens audial : Noli me
tuii^i'i'i'. Iliid., pa),'. 474.
[vu' SIKCI.E.]
CHAPITIIE LI. — A\ASTASE-1-E-S1NAITK, Pllftïmî.
ti()7
lie son pioc'Iiain ? I) Il inntiinif : n J'en cii-
tonds iiliisieurs qui disent : Maliicnr ;'i moi !
Je no sais que faire pour nie sauver ? Je ne
puis jeûner; je ne sais veiller; la continence
surpasse mes forces ; il m'est trop dur de
quitter le monde. Comment pouiiai-je donc
me sauver? Je vous le montrerai, dit ce Pè-
re : Pardonnez, et il vous sera parclunné. ^'oil•i
un clicmin court el facile pour arriver au
M.ii.vi',1. salut. 11 y en a un nuive : l\e jugez pas, et
vous ne serez point jugés. Cette voie du salut
ue prescrit ni jeûne, ni veilles, ni travail.
Ne jugez pas votre frère, quand même vous
Pauriez vu de vos yeux commettre une mau-
Rom.u,s6. vaise action. Il n'y a qu'un seulJuge, qu'un seul
Seigneur, qui rendra à chacun selon ses œuvres.
Celui qui juge avant l'avènement de Jésus-
Clu'ist, est un usurpateur du droit de Jésus-
Cbist ; c'est un antecLiist. Vous avez vu cet
homme tomber dans le péclié, mais vous
ne savez pas s'il n'en fera pas pénitence,
quelle sera la fin de sa vie. Le voleur et
l'homicide qui était crucifié avec Jésus-
Christ, obtint dans un moment le pardon de
ses fautes et l'entrée du paradis. Judas au
contraire devint dans un moment , d'ap' tre
et de disciple de Jésus-Christ, un perfide et
un traître. »
20. « Sur toutes choses ne jugez poiut un
prêtre ' sur des fautes secrètes et incertaines
dont on vous aura dit qu'il est coupable. Ne
dites pas : C'est un pécheur qui otl're, il est
coupable, il est indigne ; la grâce du Saint-
Esprit ne desrend pas sur les dons. Ne pen-
sez rien de semblable. 11 y a un autre Juge
des choses secrètes, qui les connaît , qui les
examine. Reconnaissez en vous-même que
tous les autres sont meilleurs que vous , et
laissez-en le jugement au juste Juge. Révé-
rez comme prêtre celui qui n'erre pas dans
la foi. Quoi donc ? direz-vous , le prêtre ne
doit-il être jugé de personne ? n'est-il pas
soumis aux canons de l'Église ? Sans doute ;
mais ce n'est pas par vous qu'il doit être
examiné ou jugé. C'est Dieu qui ledoitjnger,
ou l'évêqueson supérieur. Pourquoi, n'étant
qu'une brebis, voulez-vous juger votre pas-
teur ? Semblable en cela aux pharisiens ,
vous vous attribuez un pouvnir (|ni n'appar-
tient ipi'à Dieu : c'est à lui seul de jugi-r
l'ordre sacerdotal. » Il parait qu'en cet eu-
droit Anaslase ne parle que du simple prê-
tre , qui doit en etl'et être jugé par son ('vê-
quc , an lieu (|ne révê(pie ne peut être jugé
que par le concile , ou provincial , ou gén(;-
ral, ou par le Pape. Ce qu'il dit du pouvoir
qu'ont les peuples de juger leur pasteur
(juand il erre dans la foi , doit s'enlorulre
d'un pasteur qui s'éloignerait visiblement
dans ses instructions de la doctrine ancienne
et constante de l'Église. Dans ce cas ils doi-
vent s'en éloigner, comme les brebis fuient
le loup , et lui dire anathème , à lui et ii sa
nouvelle doctrine , suivant ce précepte de
saint Paul : Quand un ange vous annoncerait
un évangile différent de celui que nous avons
annoncé, qu'il soit anutlicme.
21. Anastase confirme ce qu'il avait dit
des avantages qu'il y a à ne juger personne,
par UTie histoire dont il produit des témoins
encore vivants. Un moine , après avoir vécu
dans son état avec beaucoup de tiédeur et
de négligence , tomba dangereusement ma-
lade. Se voyant aux portes de la mort, il n'en
fut point cfirayé ; et rendant grâces à Dieu,
il envisageait d'un air riant le moment où il
allait sortir du monde. C'était la coutume
dans les monastères que tous les religieux
s'assemblassent autour du moribond avec le
prévôt ou le supérieur, pour l'assister daus
ses derniersmoments. Un des pères, s'adres-
sant au malade, lui demanda avec confiance
pourquoi , ayant été si peu exact à remplir
ses devoirs, il ne laissait pas de regarder sa
mort prochaine avec joie et tranquillité ? Le
moine , se levant, dit à l'assemblée qu'il ne
pouvait dissimuler les négligences de sa vie
passée; qu'à ce moment les anges de Dieu
lui avaient présenté et lu un mémoire qui
contenait toi;s les péchés qu'il avait commis
depuis son entrée daus le monastère ; que ces
anges lui ayant demandé s'il les avouait, il
avait répondu affirmativement et ajouté, que
moins il n'avait depuis ce temps-là jugé per-
du sonne, ni conservé le souvenir des injures
qu'il avait reçues; qu'il espérait en consé-
AdGalat.l,
t'ag. 470.
' Ante omnia cave sacerdotem judices de oc-
cultis illis ac inccrlis quorum reuin erim agi
audies. Ne dixeris ; Peccalor est qui offert ;
reus est ; indignus est, non advcntat Sjiirilus
Sancti grulia. Nihil ejusmodi in aninnim induxe-
ris : atius est occultorvm judex ac exanmiator...
SU sacerdos, qui circa divina dogmala non ab-
erret ; cœierorum tu noli esse judex... Quid ergo?
dicat aliquis; an non judicio ac ecclcsiasticis ca-
no7ùbus subjeclits est sacerdos? Imnio rel maxi-
me. Al nie non a te examinatur, aiU judicabilur,
sed a Deo ac sœpe a majore antislile. Cur lu,
cum ovis sis, puslorem judicas ? IbiU., pag. 498.
HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTiQUES.
).• PuDino sl-
iiimt.
Vf »93.
608
qiience que ses dettes lui seraient lemises ,
comme il les avait remises aux autres ; et
que, n'ayant jugé personne, il ne serait pas
jugé lui-même ; qu'a peine eut il fait ces re-
montrances, que les anges décliirèrenl le
mémorial de ses péchés : ce qui avait causé
la joie qui paraissait sur son visage. Après
avoir ainsi parlé il mourut en paix , laissant
à ses frères un exemple aussi utile qu'édi-
fiant.
22. Le second discours donné par Cani-
sius est sur le psaume sixième '. Nicéphore
le cite 'sous le titre de Livre d'Anastuse Si-
naïle sur le sixième psaume. 11 porte aussi
le nom d'Anastase-Je-Sinaite dans tous les
manuscrits. Le troi^éme est une explication
du même psaume. Ces deux discours sem-
blent pris l'un de l'autre. Mais il est vi-ai-
semblable qu'Anastase , ayant eu deux oc-
casions diU'érenlcs d'expliquer ce psaume ,
aura répété dans son second discours une
partie de ce qu'il avait dit dans le premier.
Cela est assez ordiuaire aux prédicateurs qui
sont obligés de traiter plus d'une fois la mê-
me matière. L'exorde du premier fait voir
qu'Anastase le prècba au commencement
du jeûne du Carême. Le psaume qui en fait
la matière convenait au temps. On y voit un
pétlieur qui, pénétré de douleur de ses fau-
tes , les confesse , s'en bumilie , les pleure ,
et n'omet rien de ce qui est capable de dé-
tourner de lui les cbâtiments dont il est me-
nacé de la pari de Dieu ; et ce qui est con-
solant, c'est qu'il y obtient le pardon et la
rémission de ses péchés. L'explication qu'en
donne Anasiase est purement morale , mais
bien touchée .En parlant de la vertu des larmes
de la pénitence, il s'exprime ainsi : « Comme
nousrenaissonsparl'eau et parle Saint-Esprit,
de même nous sommes aussi baptisés de nou-
veau pai' l'eau des larmes et par le feu de la
componction , qui l'un et l'autre nous puri-
fient et nous rendent participants du Saint-
Esprit. Car ni le baptême , ni la vraie dou-
leur qui nous fait verser des larmes sur nos
péchés, ne se donnent sans le Saint-Esprit.
De là vient que la grftce qui nous i ^t confé-
rée dans l'enfance p.ir le baptême, peut nous
être rendue, hirsqu'après avoir multiplié nos
péchés enaugnu'nlant le nombre de nos an-
nées , nous pleurons amèrement ces péchés
» Toui. IX liibliolh. l'ai., pap. 947. et Canif.
Lection., loin. I, pag. MO, et loui. 1 Auctuaiii Com-
bofis., p!ip.no7, 913.
» Nicej'lji.nis, lili. Mil, caii. Xl.iv.
dans la vieillesse, ou dans tout autre temps.
Anasiase distingue à cette occasion plusieure
sortes de larmes : les naturelles que l'on ré-
pand sur un morl,ou qui viennent d'ivresse,
ou de l'abondance des humeurs, de celles
qui naissent du chagrin de n'avoir pas réussi
dansdesprojetsambitieux.dJl y en ad'auties,
dit-il, qui ont pour principe la crainte de
Dieu, ou l'appréhension de la mort et des
supplices. Celles-ci , quand on y persévère ,
conduisent à des larmes plus parfaites, qui
sont fondées sur le désir de Dieu et de le
posséder. C'est de celles-là que parle le Pro-
phète, et qu'il répandait lui-même dans l'a-
mertume de son cœur pour avoir péché con-
tre Dieu. » Anasiase rapporte, sur l'autorité
de Clément d'Alexandrie, l'histoire d'un jeu-
ne homme lecoiumandé à un évêque d',\sie
par saint Jean l'Kvangéliste ; ce jeune hom-
me se fit chef de voleurs , et revint enfin à
lui-même par les exhortations de cet apôtre,
qui alla le chercher pour le remettre dans
son devoir. Il parle d'un autre voleur qui se
convertit sous le règne de l'empereur Mau-
rice, et il dit qu'il vivait lui-même alors. Cet
endroit peut servir à fixer le temps auijuel
Anasiase a vécu, mais non pas l'année, puis-
qu'il ne dit point quel âge il avait au mo-
ment de cet événement , mais seulement
qu'il se passa' de son temps. L'empereur
Maurice mourut en 602; ainsi on ne peut
mettre plus tard la naissance d'Anaslase.
23.0ncitesousle nom d'Anaslase quelques
autres discours, dont quelques-uns oui déjà
été imprimés; les autres n'ont pas encore vu
le jour. Il y en a un surla formation de l'hom-
me à l'image de Dieu. Tarin l'a fait impri-
mer en grec et en latin à la suite do la IMii-
localied'tlrigène, à Paris, en 1G18.11 se trouve
aussi sous le nom de saint Grégoire de Nyssc
dans le premier tome de ses œuvres de l'é-
dition de Paris, en 1615, et dans le second
tcnie de celle qui fut faite en la même ville,
en 1638. Le même discours avait été impri-
mé à Ingolslal avec la version de Fronton-lc-
Duc, en lo'JG. [Ce discours en forme deux ; la
première partie fait le i)reniier discours; la
seconde partie forme le second. Un troisième
discours a été publié en grec et en latin par
handhù. A ncrdol. (/rcpcn, 2" vol., Florence,
1763, pag. 23-85. C'est une dispute sur les
" Nosira ipsa wlate siib Uaiirilio rhrislianorum
imiieratore latronum quidam princeiis in Tfira-
ciw finibus, crudelis ac inliumanm emcrgil. Anas-
las., in Psnl. vi, pag. jno il pag. jlC.
Pl{. 1*9.
K<T||. «llri-
t-utth Anïïf'M-
M-lc-Sio«l«.
T<.rn,
Tom.î,
I»».!S.
[VII° SIÈCLE.]
CIIAIMI'IIK 1.1. — .\XASTASE LE SINAITE, PllÈTnE.
Suite des
Ecrits d'An»?.
opérations cl les volontés en Notre-Seigneur.
On y racoDlc au lon^ les commeiiciMiiunts
ilii iiioiiotlii'lisiuc. La version latine est île
Dtuiiiiiiqiie Slraticim. Ces mêmes ilisconrs tnit
l'té en partie réimprimt's par Mai sur tJes ma-
nuscrits du Vatican qui ont aussi fourni la lin
du troisième discours qui manquait. 6V.'»v'/>/. ,
ret. nor. collcctin., tome AH . part. 1 , pan'.
ly3-:20G,''t tnuie L\,iiag. GUI-22. Mai avertit
que les parties ipi'il puMie an tome VU" for-
ment, la première un discours assez court, et
la seconde nn discours assez loug.] Alhilius
paile d'un discours d'Anastase le Sinaitc sur
la Transfiguration de Jésus-Christ , ditlerent
de ceux que nous avons sur le même sujet
par Anastase, palriarclie d'Aulioclie. Il en
cite ' un autre sur ceux qui se sunt endormis
dans le Seigneur. Il est aussi cité* par Lam-
bécius. [Il a été édité eu grec par Mattlia-i,
d'après un manuscrit de Moscou, Mtjscou,
1774, in-4.] Saint Jean Damascène, dans son
traité des Images, fait mention d'un discours
d'Anastase ' sur le nouveau Dimanche et l'a/jô-
tre saint Thomas. Je ne sais si ce qu'il rap-
porte' de lui sur l'image de saint Théodore
était tiré du même discours , ou d'un autre.
Quoi qu'il en soit , Anastase raconte qu'il y
avait dans une église dédiée à ce saint , à
ijuatre mille de Damas '\ une de ses ima-
ges ; qu'un jour les Sarrasins y étant entrés
avec leurs chevaux et leurs équipages , l'un
d'eux tira une llèclie contre l'image de saint
Théodore , qui fut percée ù l'épaule droite ,
et qu'aussitôt il en sortit du sang avec abon-
dance. Il cite pour témoins du miracle beau-
coup de personnes qui l'avaient vu de leurs
yeux, et qui vivaient encore. 11 avait vu lui-
même l'image, et considéré de près les ves-
tiges du sang qui se faisaient encore remar-
quer.
25. Michel Glycas avait vu, sous le nom
d'Anastase le Sinaite, un sermon sur la Résur-
rection diflërent de celui qui porte le nom
d'Anastase d'Antioche ^ On lui attribue en-
core un traité " ascétique ; un livre de l'Ame *,
' Allalius, de Simeow'ftus, pag. 116.
lU. — s Lambcciii.s lib, IV, pag. 13C.
' Damasceu. Oral. 3 de Imagin., pag. 3S8.
» Pag. 37.
' Unus sagittam in sancti Theodori imaginem
contorsil, ckj'us humeruin dextrMin perforavit,
statimque sanguis scatiiriens ad imam partcm de-
cidil, cunctis prodigiuni qnod acciderat sagiltam-
qiie humero sancli infixain ac cruorem manan-
tem contuentibiis. Mulli aut'm eorum qui rem
viderunt, eoque lempore adi'iterunt, qiiando mi-
XL
(iU'J
des Eclnguas imprimées avec la Philocalie
d'Orii,rène sous le titie d'0/>î'nioji cvll'bre d'un
pliili)sn|)lio chrétien inci^mim sur l'âme ;nn
tliscours sur les divers moyens de salut et de
pénitence; on conjecture que c'est ce qui
fait la 104" question de celles d'Anastase; les
Vies des Pères ([ui ont vi'-cu sur la montagne
de Siuai et dans le voisinage; l'Eloge de I'I'j-
gypte; deux livn;sde laFormation de l'homme;
un disf'ourssurlaFoidela rédemption , adres-
sé à l'Kglise lie B.ibylone. C'est sans doute le
même qui l'ail partie " «le son traité inlilulé :
Guide du vrai chemin. 11 faut aussi y rappor-
ter ce que Lambécius '" a trouvé dans ses ma-
nusciits touchant les piemières hérésies et
les cinq pieniicrs conciles généraux. Anas-
tase en parle " dans le même traité. Il traite
dans ses questions plusieurs autres matières
dont les manuscrits fout des traités séparés,
ciimme de ce qu'il y dit de la cause de la
chute du démon; de l'esprit de blasphème;
de la vraie adoration et de la fréquente com-
munion; de la prière pour les princes qui
no sont point catholiques; de l'état des juifs
morts avant la venue de Jésus-Christ, si on
doit les anathématiser. On ne finirait pas, si
l'on voulait rapporter tous les écrits que l'on
trouve dans les Bibliothèques sous le nom
il'Anastase le Sinaite. Possevin écrivait à
Henschenius que le catalogue que l'on con-
servait dans la Bibliothèque du Vatican, con-
tenait quatre grandes pages. [Dans le tome
septième de son recueil intitulé : Script, vef.
nov. colleclio., Mai donne divers fragments
d'Anastase d'Antioche ou le Sinaite. Ces
fragments se trouvent, soit dans l'ouvrage
intitulé : Doctrine des Pères sur l'incarnation,
parle prêtre Anastase, différent d'Anastase le
Sinaite, puisqu'il cite ce dernier, soit dans
les écrits d'Anastase le Sinaite contre les
monophysites elles monothéhtes.]
23. Nous donnerons, sur le rapport d'A-
nastase même, ceux qu'il avait composés, et
"qui ne sont pas venus jusqu'à nous; savoir
deux hvres '- contre les Juifs; plusieurs " con-
raculum istud contigit, in vivis hodie supersliles
sunt. QiUn et ego ipse imaginem vidi, et re consi-
derata, hanc in seriplis retuli. Anastas., apud Da-
masceu., Oral. 3 de Imagin., pag. 378.
>> Glycas, in Annal, lib.
' Biblioth. Coisiiiiana, pag. 8T4.
" Ibid., pag. 5S5.
' Jn Udego, pag. 78 et seq.
"> Lambeciu?. lib. VI, pag. 443.--" Cap. iv et v.
i« Auastas., lib. VI in Hexœmeron, pag. 884.
" Ibid., pag. 882.
39
Livres d'A.
naftase qui
«onl perdus.
dUjemenl de
«es tcrîlï.
610
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
ÉdiU.O <*(!
Œu\rc* tlA-
iia^a^e dans
tu fjiir. tojpe.
férences qu'il avait eues avec eux; un tome
où il traitait des dogmes ' de l'Ef^lise catho-
lique, et qu'il avait publié sous le nom de
Flavien de Conslantinoplo; un tome - apo-
logétique adressé au peuple ; un traité contre
Neslorius. Il avait ' eu de fréquentes disputes
avec les acéphales, les sévcricnset les Ihéo-
dosiens en Syrie, en Egypte, surtout ii Alex-
drie. II ne dit pas s'il les mit depuis par écrit.
Il avertit les lecteurs qu'ils ne trouveront
pas les passages des Pères rapi)ortés dans
SCS ouvrages avec la dcruière exactitude,
parce qu'il ' les rapportjxit de mémoire,
n'ayant pas tous leurs écrits dans sa solitude.
Les discours qui n^us restent de lui ont du
feu, de l'onction de l'élégance.
26. [Le tomeLXXXIXde la Palrologkgrec-
ijue , col. 1-1308 , reproduit les ouvrages de
saint Anastase le Sinaïte avec une notice tirée
de Fahricius. On y trouve : 1° l'Odegos, d'a-
près Gretser; 2° les questions et les réponses,
d'après le même éditeur; 3° le discours
sur la sacrée synaxc d'après Combefts; -1° les
onze livres des contemplations sur l'Hexamé-
ron , d'après la Bibliothèque des Pères de
Lyon ; 5° le douzième livre, d'après l'édition de
Londres, de 1682; 6° les deux discours sur
le psaume VI, d'après le Trésor de Canisius;
7° un fragment du discours sur ces paroles :
Sentndum hnagincm, d'après Mai; 8° le troi-
sième discouis sur ces mèmt.-; paroles, publié
parBandini ; 9° la relation des sentiments im-
pies d'.\rius contre la cousubstantialitc du Fils
de Dieu, d'après Maï; 10° le discours sur les
deux défunts, d'ajirès MattliaM; 11° les cinq
disputes contre les Juifs, d'après Mai ; c'est
l'ouvrage qui est attribué par dom Ceillier h
Anastase, prêtre du monastère de saint Eu-
thymius; 12° quehpies fragments en grec seu-
Jement, d'après le cardinal Mai : le 1" est sur
les opérations de Fils du Dieu ', le 2' est sur
lesdenx natures, le 3' est sur ces paroles: Cre-
avit Deus secinidum imaginein, le 4' est un frag-
ment d'une lettre à Sergins le grammairien,
le 5' est sur l'Évangile de saint Luc; le 6° est
sur la dignité sacerdotale. Il.irless attribue le
discouis d'où ce fragment est tiré à saint
Anastase, patriarche d'Antioche. Quelques
autres exliaits de saint Anastase se trouvent
parmi les œuvres de saint Jean Damascène.
Le Spirilegitim liomaninn , t. VU, p. 23 et
2-4 de la préface , coutient un extrait d'un
opuscule sur l'inimunité ecclésiastique, grec
et latin, par Anastase le Sinaïte. On ne l'a
point reproduit dans la Patrolvgie grecgue.]
CHAPITRE LU.
Fanste, moine de Glanfeuil | écrivain latin da VII' siècle].
FsoMe :q[)l
lléuil.lléeiii
U Tie doMîD!
Malir.
1. Fauste n'avait • que sept ans, lorsque
SOS parents le mirent entre les mains de saint
Benoit pour être élevé dans la piété, au mo-
nastère du Mont-Cassin. Arrivé ù un âge où
il pouvait disposer de lui-même avec liberté,
il se consacrai Dieu dans l'état inouastiqu£.
Après ([u'il en eut pratiqué les exercices pen-
dant plusieurs années, saint Benoît le choi-
sit ' avec quelques autres pour accompagner
saint Maur, qu'il envoyait en France, à la
prière de l'évèque du Mans, pour y fonder le
monastère de Glanfeuil. 11 y fil un séjour de
près de quarante -six ans. Mais, deux ans
après le décès de saint Maur, il reprit le
chemin de l'Italie , et se retira à Rome dans le
monastère de Latran, où les moines de Cassin
s'étaient réfugiés après la destruction de
leur monastère parles mains des Lombards,
en 580. Ce fut lA qu'.'i la prière " de l'abbé
Théodore, il écrivit la vie de saint Maur, son
voyage en France, l'établissement de son
monastère, et ses miracles, ayant été lui-
même témoin oculaire de la plupart des faits
qu'il entreprit de raconter. Il adressa son
' /» Odego, pag. 2, 192, 191. — » Ibid., pas. 118.
» Iliid., piitJ. 9(i, t!i2, 156. — * ll)id., pag. )(iC.
'•' Lu l'ai roloijie grecuue. ibid. cul. 1281, dounc cet
pxlrait d'aprf'S M.iï, Scripl. vel., Imii Vil, pag.
an: il fjiil liro pa;,'. 29. L'cxlrail donniià la page 20
te trouve daus les (puvrcs de saint .lenn Diniagcène,
loin. XCIV de la Patrol., eol. lOlS. (Lr'diUur.)
" r.iusl. lîpist., toiu. I Àcl. Ordin. S. Benedicti,
MaMllou., pag. jtil edit. Venclw, un. 1733.
' Ibid. - « Ibid.
[VI1° SIÈC1.K.]
dcrit ' au pape Bonifiice. Mars! ci-oil ^ ([iie
c'i'iail le Iroisiùine fin nom, qni occupait le
Saint-Sit'ge on 600. Mais ce fut plus vraisem-
blablement ' à Boniface IV, son successeur,
qui tint le Sié'^e ajjpslolique beaucoup plus
longtemps, et qui favorisa entièrement ceux
qui professaient la règle de saint Benoit, dans
un concile qu'il assembla à Home, et dont
Yves * de Cliartres fait mention dans sou
Décret.
i.jVi.d. 2. Plusieurs crili. lues ont regardé la Vie
■•■ fau.io. cie saint Maur comme une pièce supposée,
et Fausie comme un auteur imaginaire.
^ Mais il est difficile de ne se pas rendre aux
preuves du contraire alléguées pardom lUii-
nart danî l'apologie qu'il a faite de la mission
de saint Maurcn France. Eudes ou Odon, ab-
bé de Glanfeuil, qui écrivait dans le neuvième
siècle, dit qu'il avait acheté assez chèiement
un manuscrit qui avaitappartenu à un nommé
Pierre, où étaient les Vies de saint Benoit et
de cinq de ses disciples, savoir, Honorât, Sim-
plice, Théodore, Valentinien et Maur ; que
ce manuscrit * était ancien et usé; qu'étant
défectueux autant par la rusticité du style,
que par la faute des copistes, il avait tâché
de remédier à ces défiMits, en cori igeant et
le style et les fautes qui s'y étaient glissées;
qu'il avait employé vingt jours ou environ à
ce travail pour la Vie seule de saint Maur,
et qu"il l'avait toutefois corrigée sans donner
la moindre atteinte à la foi de l'histoire et
des miiacles, s'étant appliqué uniquement à
la rendre plus claire et plus intehigible aux
lecteurs. C'était vers l'an 863, qu'Odou par-
lait ainsi. Un manuscrit qui était alors usé
de vétusté, et qui n'était même qu'une copie,
devait être au moins du siècle précédent, et
toucher conséquemmeut à celui où Fauste
avait vécu. Dira-t-on qu'Odou est lui-même
un auteur supposé, ou qu'il a été de mauvaise
foi? Mais quelle preuve a-t-on qu'il ait voulu
nous tromper? Personne ne lui conteste l'his-
CIIAPITIIE LU. — FArSTi:- MOINE DE (JLANFELIL
611
toirc du rétablissement du monastère de
filaufcuil, et des miracles opi'rés flans la
translation des reliques de saint Maur, et
depuis qu'on les eut rapportées dans ce mo-
nastère : pourquoi lui contesterait-on la ré-
vision et la jiublication de la vie de saint
Maur? Ne s'atiribue-t-il pas l'une et l'autre
dans sa lettre h Adelmodus , archidiacre
de l'église du Mans, qui l'avait prié de les
rendre ptibliipies? Le style de ces pièces est
le mémo ; on y voit une |)ail'aite conformité
dans le récit des événements. On ne peut
donc douter raisonnablement que celui quia
fait l'histoire de la translation et des miracles
de sailli Maur ne soit le même qui a corrigé
et remis en son style la \'ie de saint Maur
écrite originaiiement par Fauste. Les chan-
gements qu'Odon y a faits n'ont pas em-
pêché (jiie l'on ne l'ait attribuée à Fauste
dans les siècles suivants. Elle est citée sous
son nom ^ par Léon Marsi, cardinal d'Ostie,
par Sigebert de GcmlJours, par Pierre, dia-
ci-e de Mont-Cassiu, par Vossius et par divers
autres. Mais on serait plus aise de l'avoir
telle qu'elle était sortie de ses mains, fjue
retouchée par Odon, à qui personne ne sait
gré des peines qu'il s'est données à cet égard.
3. Nous avons cette Vie ' dans le premier cequet'cst
tome des Actes de l'ordre de saint Benoît, ■)"="'" vi».
dans Surius et dans Bollandus, au quinzième
de janvier. Fauste l'adressa à tous les moi-
nes du monde chrétien. 11 leur rend compte
de son éducation, de son attachement à ses
devoirs dans l'état monastique, du choix que
saint Benoît fit de lui pour l'envoyer en Fran-
ce avec saint Maur, de son retour en Italie,
et des instances qu'on lui lit pour écrire cette
Vie. Elle est trop diffuse et trop chargée de
merveilleux, mais c'était le goût du temps
de saint Benoit, dont il rapporte quelques
traits qu'il dit avoir été omis par saint Gré-
goire. Il remarque que ce saint, en envoyant
saint Maur en France, lui donna sa règle dé-
* Faust. Epist, tom. I, Àct. Ordin. S. Bene-
dicti , Mabillon., pag. 261 edit. Venetw , an. 1733.
' Marsican, in Chronico Cassin.. lib. î, cap. ni.
5 Mabillon., not. in epist. Fausti.
• Ivo, Ml Décréta, lib. VII, oap. Xiil.
•■ Reperi in sporlula cujusdam clerici qui Pe-
trus dicebatur quaterniunculos nimis pêne vetus-
tate conswnptos. anliquaria et obtunsa olim
conscriplos manu, vitani Benedicti ac quinque
discipulorum ejus continentes, Eonorati videli-
cet, Siiiiplicii, Tlieodori, Valcntiniani atque Mau-
ri, quos vix emeriU datis non paucis redimere
nunimis. Et qjiia tnm ii.cuUo sermone qmim titio
scriptorum depravati videbantur, vitani beati
Mauri, prout potui, corrigere salagens, viginti
dierum iilus minus labore consumpto, salva fide
dictorain <ic miraculorum inibireperlorum, sicut
nunc habetur, apertiorem eam legentibus reddidi
et expressi. Udo, epist. ad Adelniodum., tom. I
Ad ordinis S. Benedicti, pag. 261.
« Léo Marsicauiis, lib. 1 Chronic Cassin., cap. ii ;
Sigebert, De viris illust., cap. xxxii; Petius diac.
De viris illust. Cassin., cap. u ; Vossius, De histo-
ricis Intinis, lib. 11, cap. xxiu.
" .Mabillon., Àct. ordinis S, Benedicti, loin. I,
pag. 2*4 et seq.
612 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
crilc de sa propre main, avec le poiJs de la avoir été omise dans les Dialog:acs de saint
livre de pain, et un vase d'airain qui conle- Grégoire '
naiU'hémiue, et il faille détail jour par jour
decequilenrarrivadcpuislcur dopartde Cas-
sin jusqu'à leur arrivée à Glanfcuil, connu
aujourd'hui sons le nom de Saint-Maur-sur-
Loire. Il fait une faute, en disant, que pour
donner à ce saint la scpullure" dans un en-
droit sorabiable à celui où l'on avait enterré
saint Benoit, on le mit dans l'oratoire de saint
Martin : car saint Grégoire ' dit que ce pa-
triarche fut inhumé dans l'oratoire de saint
Jean-Baptiste. Il fait encore quelques autres
fautes que Dom Mabillon a soin de relever
dans ses notes. Il iiiet le décès de saint Maur
h la quarante-et-unième année depuis son
arrivée en France ; ce qui revient li l'anoS-i,
puisqu'il était parti de Cassin au commence-
ment de 543. Fauste dit qu'il ne resta que
deux ans en France depuis le décès de saint
Maur. Ainsi il faut dire qu'il fut près de
vingt ans sans en écrire la ^■ie, puisqu'il y cite
les Dialogues de saint Grégoire, qui ne furent
écrit qu'en 593. On pourrait dire que ce
qu'on y en lit a été ajoute- par l'abbé Odun.
Mais d'où cet abbé auraiî-il appris la guéri-
son miraculeuse de l'enfant boiteu.\ etmnel,
que Fauste attribue à saint Maur, et qu'il dit
4. La lettre d'Odou a .\ùciniiHlu> [irécède, <
dans les imprimés comme dans les manus-
crits, la Vie de saint \faur par Fauste, pour
lui servir de preuve, et pour faire connaître
comment celte Vie, après avoir été si long-
lemps inconnue en France, y avait été ren-
due publique. Il parait que Pierre, de qui
Odon l'acheta, l'avait apportée d'Italie ; car
il en revenait lorsqu'Odon le rencontra en
Bourgogne. Ce fut aussi d'Italie que saint
Gi'égoire, évèquc de Langres, reçut les Ac-
tes du martyre de saint Bénigne, inconnus
aux Bourguignons jusqu'à son épiscopal,
comme le remarque' saint Grégoire de Tours,
son neveu. Odon avait (piiltc son abbaye de
Glanfeuil pour se soustraire aux courses des
Normands, et avait emporté avec lui le corps
de saint Maur. Il fut quelque temps errant
çà et 1;\, tantôt en Bourgogne, tanjùt ailleurs.
Mais enlin il retourna à Glanfeuil, oii il mit par
écrit de quelle manière il avait trouvé le ma-
nuscrit de la Vie de saint Maur ; il composa
aussi l'iiistoire de la Traushiliou des Reliques
de ce saiTif, et du rétablissement du monas-
tère de Glanfeuil. Elle est imprimée dans le
quatrième siècle bénédictin de dom Mabillon.
CHAPITRE LUI.
Saint Colomban, abbé de Luxen |cq 615].
[Écrivain latin.]
HiUrawe l. L'ordre monastique reçut de grands
de 5aiDt co- accroissements dans le septième siècle par
le ministère de saint Colomban, différent d'un
abbé du même nom, qui, au commencement
du règne de Ju<tin le Jeune, passa d'Irlande
dans la Graiule-Bretage pour prêcher la foi
aux Pietés septentrionaux, séparés des mé-
ridionaux, par d'affreuses montagnes. Celui-
ci est surnommé Colomban l'.Vmicn, pour le
distinguer de celui dont nous allons jiarler.
Il était né en Irlande ' vers l'an ;iGO, dans la
province de Lagenic ou Leinster. Après avoir
appris les arts libéraux, la grammaire, la
rhétorique, la géométrie, il (piitla son pays;
et suivant les avis d'une femme de piété con-
sacrée à Dieu, il alla dans une autre pro-
vince d'Irlande se mettre sous la conduite
d'un homme vénérable nommé Silen, qui était
en grande réputation de savoir et de vertu.
Il apprit sons lui les saintes Lettres; puis il
entra dans le monastère de Bangor, le plus
célèliic d'Irlande, qui avait alors pour abbé
Coinmogel ou Congal, le même qui avait
fondi! ce monastère. Aussitôt qu'il y fut en-
tré, il se mit sous le joug de Jésus-Christ,
s'exerçant continuellement h la prière, aux
jeûnes et ix toutes les austérités de la pro-
fession monastique, pratifjnant avec ferveur
tous les exercices de piété dont il devait un
jour donner des leçons aux autres.
■ Circg., lili II Oialog., I :i\i. \v\ui.
' Grcg. Turuu., Iili. I De Gloria Hiirlyr-, mit. li.
I .Mabillon. lib. MU Annal., pag. âlO, loui. 1 ul
loin. Il Àcl. ord. S. Bcnedicli, pag. 3 et scq.
[vil" SIÈCLE.]
CHAPITRE LUI. — SAINT COLOMBAN DE LUXEU.
*)ia
iiqtiiKe iir. o. Le ilésii' de se délacber de plus en plus
j.n. iwGau- clii luoiiilp liù fit luiîtrc lii poiisi^p dc qiiiltor
lu en 590. * . ,
ii.bMioo, 11, moïKislèii! de Baniror où il avait passe
plusieurs années, et d'aller demi-urer dans
une terre étrangère. L'abbé, h qui il com-
muniqua POU dessein, ne consentit qu'avec
peine A son départ. Mais croyant que c'était
la volonté de Dieu, il en préféra l'exécution
au secours qu'il retirait de la présence de
Colomban dans son monastère. Le saint,
après avoir reçu la bénédiction de Commo-
gel, sortit de Bangor avec douze autres moi-
nes, passa dans la Grande-Bretagne, et
de 1;\ dans la Gaule. Il était alors dans la
trentième année de son âge, an 500 de Jé-
sus-Christ. Contran régnait en Bourgogne,
et Childeberl en .\ustrasie. Saint Colomban
s'arrêta dans les États de Gontran, où il
choisit pour le lieu de sa retraite nn vieux
cbâteaunommé Anagrates, aujourd'hui Atie-
gray, situé dans le désert des Vosges.
Il séiatiii 3. Ce pays inculte n'otïrit à ses nouveaux
iSKÎfion, habitants que des herbes et des écorces d'ar-
bres. L'un d'eux étant tombé malade, ils ne
trouvèrent d'autre ressource pour le soula-
ger, que de jeûner eux-mêmes et de prier.
Le troisième jour de sa maladie, ils aper-
çurent ;\ la porte du monastère un homme
avec des chevaux chargés de pain et d'autres
vivres, qui leur dit qu'il avait été tout d'un
coup inspiré du ciel de les secourir. Il les
pria de demander à Dieu la guéiison de sa
femme, malade delà fièvre depuis un an.
Ils prièrent, et obtinrent la guérison de cette
femme. Après avoir passé une autre fois neuf
jours sans rien manger que ce qui se trou-
vait dans les bois, Caramtoc, abbé du mo-
nastère de Salice, averti en songe de leur
besoin, envoya Marculfo, son cellérier, leur
porter des provisions. Celui-ci, ne sachant
point le chemin, allait sans guide suivant les
pas des chevaux, qui, marchant d'eux-mê-
mes, se rendirent sans détour au monastère
d'Anegray. Salice ne subsiste plus; on croit
qu'il était situé dans un endroit qu'on ap-
pelle Saiici, à trois lieues d'Anegray, à une
I seulement de l'abbaye de Lure. Saint Colom-
I ban avait coutume, pour se préparer aux
jours de fête du Seigneur et aux autres prin-
cipales de l'année, de se retirer dans une
caverne dont il avait chassé un ours à sept
milles ou environ d'Anegray, et où il ne vi-
vait que de pommes sauvages nommées be-
lues, d'herbes et d'eau, (^hielque grande que
fut raus|i''iité de sa vie, il lui vint un grand
nombre de disciples attiri's par l'odeur de
•ses vertus. Ne pouvant les loger tous, il cher-
cha un lieu plus commode dans le même
désert pour bâtir un monastère.
4. Un château situé environ à huit milles J|„"'|i,d"
d'Anegray, nommé Luxeu, lui parut propre foduimI. ''°
à sou dessein. Ou y voyait encore les restes
d'une ancienne forteresse, et dans le plus
épais du bois voisin, des idoles de pierre que
les païens avaient adorées. Il y avait aussi
dès lors des bains d'eau chaude. Le monas-
tère qu'il bâtit en ce lieu devint en peu de
temps si célèbre , que l'aflluence de ceux qui
venaient se mettre sous sa discipline l'obli-
gea d'en construire un second, ou plutôt un
troisième, qu'il nomma Fontaines, à cause
de l'abondance des eaux. Il est situé à une
lieue de Luxeu. Il est surprenant que le
moine Jouas, qui a écrit la Vie de saint Co-
lomban, n'ait pas marqué l'année de sa ve-
nue dans les Gaules, ni celle de la fondation
du monastère de Luxeu. Mais de re qu'il dit '
que saint Colomban fut chassé, h la sollicita-
tion de la reine Brunehaut, vingt ans après sa
demeure dans le désert, et que, trois ans
après sou expulsion, la monarchie française
passa à Clotaire par la mort de Théodebert
et de Thierry , ce qui n'arriva que l'an
613, il suit que le saint ne commença d'ha-
biter le désert des Vosges qu'en 590, quelque
temps après son arrivée dans les Gaules, et
que n'ayant pas fait un long séjour â Ane-
gray, il s'établit à Luxeu vers l'an 591. La
trudition de l'abbaye de Luxeu est que le
saint passa dix-sept ou dix-huit ans ù Ane-
gi'î'y-
3. En quittant Anegray, il y laissa quel- n „,ei des
ques-uns de ses disciples, sous la conduite dïn"," fe/ 'io-
d'un supérieur. Il en mit aussi un à Fontai- °«A7%f dà
IL ' î'i Fontaines.
a communauté qu n y Faisa.i-on i
établit, et ut une rei;le qui tut commune a an?e p.rpé-
ces trois monastères, et adoptée ensuite
par plusieurs autres monastères des Gau-
les. Saint Bernard dit, dans la Vie de saint -
Maliichie, avoir appris par tradition que
l'on chantait jour et nuit à Luxeu les louan-
ges de Dieu sans aucune interruption. Saint
Colomban ne dit rien de cette pratique dans
sa Règle. Jonas, son historien, n'en parle pas
non plus, et on n'en trouve rien dans les
Actes de saint Euslase, ni dans ceux d'Attale
' Tom. Il Act ord. S. Benedirt., i>ag. 2Sl.
Beru.ini., in cila ilalachiœ.
614
niSTOIllE GÈNftRALK DES AUTEURS ECCLRSIASTrOUES.
Salol Co
loRtbio e^tin-
Il ««t «nvA-
]« •■) »ll ; Il
tn r«<)eoi.
Mabil'oni
Ann^l. lom.
Il, (.g. M».
OU de Bertulfe, abbés de Bobbio. L'auteur de
la X'ie de sainte Salaberge, abbos=c do Laon,
rapporte qu'elle institua la louanf;e perpé-
tue.le dans son monastère, à l'imitation de
ce qui se pratiquait h cet éirard par les moi-
nes d'A^'aune, et par les religieuses de Re-
mircmont. Il aurait sans doute ajouté l'exem-
ple des moines de Luxeu, s'ils avaient été
dans le même usage. Il fut néanmoins établi
par la suite des temps dans ce monasti^re,
mais seulement sous l'abbé Valdbcrt, comme
on le voit par un reste du catalogue des ab-
bés de Luxeu. Enfin, ce qui prouve qu'il ne
sidjsislait pas dès le temps de saint Culoni-
ban, c'est que, le rou Thierry ayant envoyé
prendre Colomban pour le conduire en exil,
les gardes destinés A cette exécution trou-
vèrent le saint religieux dans l'église occupé
à la psalmodie et à la prière avec toute sa com-
munauté: ce qui ne serait pas arrivé , si elle
avait été divisée en bandes pour chanter suc-
cessivement et sans interruption les louan-
ges de Dieu.
6. Cependant saint Colomban confirmait
dans son monastère de Luxeu l'usage
qu'il avait apporté d'Irlande ' , de célébrer
la Pàque le quatorzième de la lune. Les évo-
que de France l'inquiétèrent sur ce sujet, et
il fut aussi repris pai' le prôtre Candide, que
le pape saint Grégoire avait envoyé en Gaule
en qualité de recteur du patrimoine de l'É-
glise romaine. Pour se mettre à couvert de
tous ces reproches, il conçut le dessein d'al-
ler ;\ Ilome pour y faire approuver sa con-
duite. Mais, retenu dans son monastère par
la faiblesse de sa sauté et par le soin de ses
religieux, il prit le paiti d'écrire à saint Gré-
goire et aux évoques de France assemblés ,
pour les prier d'examiner sou alfairc. Ses
deux lettres à saint Grégoire ne furent point
rendues ; et parce qu'on continuait toujours
en France ù le presser de se conformer au.t
usages de cette Eglise sur la PAque , il écri-
vit au pape Boniface , en lui envoyant une
copie des lettres qu'il avait écrites à saint
Grégoire; il demandait qu'il lui fût permis
d'observer la tradition de ses anciens , si elle
n'était point contre la foi. On ne sait point
qu'elle fut la réponse du pape Boniface.
7. Le roi lliierry , plein de respect pour
saint Colomban , l'allait voir souvent à Luxeu
et se recommandait A ses prières. Mais le
saint abbé, qui n'ignorait pas que ce prince en-
tretenait des concubines , lui eu faisait des
reproches, et l'exhortait à épouser une reine
qui lui donnât des enfants légitimes. Le roi,
touché de ses avis, promit de les suivre.
Mais Bruuehaut l'en empêchait , craignant
qu'une reine ne lui fit perdre le crédit qu'elle
avait sur l'esprit de Thierry, qui était son
petit-fils. Un jour , saint Colomban l'étant
venu voir h Bourcheress-n, entre Chi\lon-sur-
Saône et Autun, elle lui présenta les quatre
enfants naturels du roi, le priant de leur
donner sa bénédiction. » Ce sont , répondit
le saint homme, des fiuits de la débauche ;
ils ne succéderont poini au royaume.» Bru-
neliaut , déji\ aigrie contre saint Colomban
de ce qu'il lui avait refusé l'entrée de son
monastère , comme il la refusait non-seule-
ment h toutes les femmes, mais A tous les
séculiers, envoya défendre aux voisins du
monastère de laisser sortir aucun des moi-
nes, et de leur donner ni retraite ni secours.
Le saint , voulant essayer de l'apaiser , vint
à Epoisses entre Semur et Montréal, où
elle était avec le roi , qui , averti de son ar-
rivée , lui fit préparer à manger , craignant
d'attirer sur lui la colère de Dieu, s'il ne re-
cevait son serviteur avec honneur. Saint
Colomban refusa avec dédain les mets qu'on
lui apporta de la part du roi , disant : « Il
est écrit que le Très-Haut rejette les présents
des impies. La bouche des serviteurs de Dieu
ne doit pas être souillée des viandes de celui
qui leur refuse non-seulement l'entrée de sa
maison, mais celle des aidres.» A ces paroles
les vases se rompirent en morceaux, le vin
et la bière se répaudiient par terre, les vian-
des se dispersèrent. Les oUkiers ell'rayés en
firent leur rapport au roi, qui vint le lende-
main ma lin avec Bruuehaut demander pardon
au saint aljhé, avec promesse de se corriger.
Mais cette promesse fut sans effet. Saint Co-
lomban en fit par écrit des reproches au roi,
en le menaçant d'cxcommunicalion s'il ne
changeait de vie. La reine Biunchaul, entrant
de nouveau en colère, excita contre lui les
premiers de la cour et même les évêques,
voulant qu'ils trouvassent ^ reprendre dans
sa rîi''gle.Les courtisans donnant aveuglément
dans les volontés de la reine, pressèrent le
roi, ou de chasser de Luxeu l'homme de
Dieu, ou de l'obliger de conformer son ins-
titut aux autres qui avaient lieu dans le
royaume. Thierry vint donc h Lunch . et
Andï
I 1
" Colomban., loin. XII B»6/. vel. Pat , png.2J, 25.
.Mabillon., Annal., png. 2lf, Inm. II.
CHAPITRE LUI.
[vu" SIKCLE.]
se plaignit de ce qwe Coloinban s'écartait do
l'usage des luowies do la pniviiico, eu ne
donnant pas libre entrée ù tous les cluiHiiMis
au dedans de son monastère. •< Jl sullit, ré-
pondit le saint, que j'aie des lieux disposés
pour y recevoir tous les étrangers; mais je
n'admets point les séculiers dans L'intérieur
de la maison. » Le roi, qui était entré jusque
dans le rétectoirp, lui répliqua que, s'il vou-
lait recevoir de lui de nouvelles faveurs, il
fallait que tous les endroits de son monas-
tère fussent ouverts à tout le monde. Sur
quoi saint Colomban lui dit : « Si vous êtes
venu ici pour renverser les communautés des
serviteurs de Dieu, et la discipline monasti-
que, sachez que nous nous passerons de votre
secours et de vos bienfaits, mais que votre
royaume sera détruit avec toute votre race »
Le roi eftVayé sortit du réfectoire, en lui di-
sant : « Vous prétendez que je vous donnerai
la couronue du martyre, Je ne suis pas assez
insensé. Mais puisque vous êtes si éloigné
de notre manière de vivre, retournez d'où
vous êtes venu. » Saint Colomban répondit
qu'il ne sortirait point de son monastère, si
on ne l'en cliassait par- foice. Le roi s'en re-
toui'na ; mais il laissa un des grands de sa
cour, nommé Bauilulfe, avec ordre de faire
conduire le saint abbé à Besançon, jusiiu'à
ce qu'il en eût ordonné autrement. Pendant
son séjour en cette ville, Colomban délivra par
ses prières des prisonniers condamnés à
mort, après qu'ils lui eurent promis de se corri-
ger et de faire pénitence; car on ne lui avait
point donné de gardes, par le respect qu'on
lui portait, en sorte qu'il avait la liberté d'afc-
1er où il voulait. Il en usa pour lui-même, et
un jour de dimanche, il passa au milieu de
la ville avec les siens et revint à Luxeu. C'é-
tait vers l'an 610.
socondoii 8. Le roi et Brunehaut, irrités de son
lo'njb.o °n retour, envoyèrent à diverses fois des gens
" Mibiiinn, armés pour l'obliger de sortir de son mo-
Annil. le . , Ti
I, i.f. »3. ■ nastere, et de retourner en son pays. Il re-
fusa constamment l'un et l'autre , disant
qu'ayant quitté son lieu natal pour Dieu, il
ne pouvait y retourner sans l'otfenser. L'of-
ticier et les soldats, chargés de le faire obéir
aux ordres du roi, n'osaient user de violence;
mais ils le priaient avec larmes de sortir,
de crainte de se voir eux-mêmes exposés à
la colère du prince. Celte considération
le toucha. Il sortit volontairement de Luxeu
la vingtième année de son séjour dans les
Vosges, c'est-à-dire en 610, accompagné
SAINT COLOMBAN DE LUXEU.
615
seulementdesmoines qu'il avait amenés d'Ir-
lande ou de .Bretagne. On lit rester tous ceux
qui étaient nés dans les Gaules, llagamond,
à qui le roi avait donné la commission de le
conduire, devait le mener jusqu'à Nantes,
pour l'embarquer. Etant i'i Auxerre, saint
Colomban dit à cet officier : u Souvenez-
vous quQ Clotaire, que vous méprisez main-
tenant, sera dans trois ans votre maître, d
D'Auxerre il alla à Nevers, où on l'embar-
qua sur la Loire. Ses gardes ne lui permi-
rent pas d'entrer à Orléans ; on refusa même
des vivres l\ ses disciples, dans la crainte de
contrevenir aux ordres du roi. Mais une
femme syrienne eu eut pitié, les mena chez
elle et fournit à leurs besoins. En reconnais-
sance de ce service, ils amenèrent son mari,
aveugle depuis longtemps, <à saint Colom-
ban, qui le guérit. .\ux approches de Tours, ibid.].?.
il demanda permission d'a'Ier faire sa prière
au tombeau de saint Martin, ce qu'on ne lui ^
accortla qu'avec beaucoup de peine. Léopa-
rius, évèque de cette ville, l'invita à dîner.
Pendant le repas, Léoparius lui ayant de-
mandé pourquoi il retournait en son pays,
il répondit que Thierry l'avait chassé de la
conijiagnie de ses frères. Cette réponse ,
qu'il lit en des termes durs, choqua un sei-
gneur qui était du nombre des conviés et
allié du joi. Mais le saint, à qui il en fit se-
crètement des reproches, lui dit que dans
trois ans ce roi et ses enfants périraient, et
que toute sa race serait éteinte. Arrivé à
Nantes, il écrivit à ses moines de Luxeu une
lettre pleine de prudence et de charité, où,
en leur recommandant l'union, il leur ordon-
dait d'obéir à Altale son disciple, comme à
leur supérieur. Sufronius, évêque de la ville,
ne lui donna aucune consolation. Au con-
traire, il se joignit au comte Théobalde pour
le presser de partir ; mais il en reçut de
Procula et de Doda, deux femmes de piété,
qui fournirent aux besoins de son embar-
quement. La navigation ne fut pas de longue
durée. Le vaisseau qui le devait porter en
Irlande ayant été repoussé par le vent, il
resta pendant trois jours sur le sable sans
qu'on pût l'eu retirer. Celui à qui d apparte-
nait, croyant que les meubles du saint et de
ses compagnons en étaient cause, les fit en-
lever du vaisseau, et refusa de les meuer.
Aussitôt Je vaisseau se trouva dégagé. Ce
qui ayant été regardé comme un miracle,
on laissa à saint Colomtan la liberté d'aller
où il voudrait.
616
HISTOIRE GKNKKALR DKS AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
11 vt Totr
lei rol6 Clo-
l<e et Ttto'
drtxrl.Mll'il.
loo, Anoil.
tooi. I, I-a<.
293, 29i, Ï9Â,
et ton>. Il Ae*
torord.S' Be*
Dcdicu, pap.
9. Il alla trouver le roi Clotaire, lits de
Cliilpéric, qui réguait alors sur Its Français
de Neustrie, àlexlrpinite de la Gaule sur la
côle de lOcéan. Ce prince, intormé des per-
sécutions que Thierry et Bruneliaut fai-
saient à saint Coloiuban, le letjut avec joie
et le pria de se choisir une demeure dans ses
Etats. Le saint ne jugea pas à profxis d'ac-
cepter cette grâce, dans la crainte d'aug-
menter l'inimitié entre les deux rois; mais
il accepta de Clotaire une escorte pour le
conduire dans le royaume de Théodebert,
d'où il voulait passer en Italie. Il prit sa
route par Paris, où il délivra un possédé
qu'il trouva à la pqftc. A Meaux, il consa-
cra à Dieu la lille de Chagncric, nommée
Fare, qui fut depuis illustre par ses vertus.
Arrivé dans h^s États de Théodebert avec ses
compagnons et plusieurs des moines de Lu-
xeu qui l'avaient rejoint en chemin , ce
prince lui olliil des beux commodes pour
s'y établir. Saint Colomban accei)ta l'otl're;
langue du pays, les désabusa, leur prêcha ^^^ "^ |
la vraie foi ; et prenant les idoles devant B'»^iti
toute l'assemblée, les mit en pièces et les
jeta dans le lac. Quelques-uns se converti-
rent ; les autres se retirèrent en colère.
Aloi-s saint Colomban ', prenant de l'eau,
la bénit, en aspergea l'église, et, tournant
autour avec ses disciples en chantant des
psaumes, il en fit la dédii:ice. Ensuite, invo-
quant le nom de Dieu, il fit les onctions sur
l'autel, y mit des relr<iues de sainte Aurélie,
le revêtit et y célébra la messe. Ce qui étant
fait, le peuple s'en retourna avec joie.
10. Saint Colomban demeura h Bregenls
environ trois ans; il y b;*ilit un monastère, où
ses rebgieux travaillaient, les uns au jardin
potager, d'autres à cultiver des arbres frui-
tiers, d'autres ;\ pêcher; saint Gai faisait des
filets, le lac leur fournissait du poisson en
abondance. 11 vint en pensée à saint Colom-
ban d'aller prêcher la foi aux Yenèdes ou
Sclaves, qui étaient dans le voisinage; mais
n>'(i>i>iitt
Bref eat*.
et s'étant embarqué sur le Uhin, il remonta il vn fut détourné dans une vision, où il fut
Vii< s. G>|.
ce tleuve depuis Mayence jusqu'à l'extrémité
du lac de Zurich, d'où il passa jusqu'à Zug,
où il trouva la solitude si agréable, qu'il ré-
solut de s'y arrêter. Lesliabitanis étaient
cruels et superstitieux, adorant les idoles,
observant les augures et les divinations. Il
leur prêcha le vrai Dieu, et après qu'il eut
confirmé par divers miracles les vérités qu'il
leur annonçait, plusieurs se convertirent et
reçurent le baptême ; d'autres qui, depuis
leur baptême, étaient retournésa l'idolâtrie,
revMuent a la pialiipio de ri:;vangile. 11 en
resta un grand nombre qui refusèrent d'em-
brasser la toi. Saint Gai, l'un de ses disciples,
poussé par son zèle, brûla leurs temples et
jeta dans le lac (outes les otlVandes faites
aux idoles. Lus barbares irrités résolurent de
le tuer, et de chasser de leur pays saint Co-
lomban. Il les prévint, et passa avec les
siens à Bregenls, où il trouva parmi les res-
tes diiue ville ruinée un oratoire de Sainle-
Aurélie, auprès duquel ils se firent de petits
logements. Il y avait dans cette église trois
images d'airain dorées et attachées à la
rauiaille. Le [leuple les adorait et leur of-
frait des sacrifices, comme aux anciens dieux
lutélaires do ce lieu. Saint Gai, qui savait la
Fredfrpp'
C4p. kXX*>i
averti que ces peuples ne se convertiraient
pas. Ainsi il demeura en repos jusqu'à ce
qu'il pût passer eu Italie. Il eu prit le che-
min quelque temps après la mort de Théo-
debert arrivée vers l'an 6t2, à la suite de la
bataille de Tolbiac. Thierry, qui lui avait
déclaré la guerre, le battit deux fois ; et
l'ayant poursuivi après sa victoire, il l'en-
voya à Bruneliaut qui le fit entrer dans le
clergé, et mourir quelques jours après. Par
celle mori , Thierry devint maître du
royaume d'Austrasie.
* H. Agilulfe, roi des Lombards en Italie,
reçut très-bien saint Colomban, et lui donna
le choix de demeurer en tel endroit de ses i.uioD.An...i.
Ltals qu'il voudrait. Il choisit dans le désert i»«-
de r.\[)enniu un lieu nommé Bobbio, près
de la Trebia, où il y avait une Église de
Saint-Pierre à demi ruinée. Les environs
élaient fertiles, bien arrosés et pleins de
poissons. 11 rétablit l'église, et bàlit auprès
un monastère qui subsiste encore. Il bâtit
aussi un oratoire en l'honneur de la sainte
Vierge sur une montagne voisine, avec une
caverne de sa grandeur, où il.«e retirait pen-
dant le carême pour y vivre dans le jeune
et dans la prière, ne revenant au monastère
II T«fn l(a-
i Bo I>1D vpr>
l'>r> K .1. M|.
' liealus aulem Columbanus juxsil aH'crri
aquam, cl benedicetu: illam asiieisit illn teniplum,
et diiin circuiri'nt psalluntes. dvdicaiil ecclesiaiii.
Deinde invocato nominf. Domini uilTit nitart, et
beuitf Àureliu' relitfuias m eo collocacit, vesUlo-
(jue iilian nisscs Ugilimc comiitiveruiil. Vita S,
Gatlt, lotu. Il Àctorum ordin. S. Beneri.. \>tnt. 221.
"•■s-
„ul Clou,,
iijii en filit.
MiIuiIkm,
[vil' SikCLE.]
((lie le samuili et les jours de fêles. Il mit
umuoinc auprès de l'oriiloire, devant lequel
il lli'cliissait souvent les genoux (car c'était
la l'oiituuie des gens de pirté en Irlande de
faire au moins cent fifénullexions par jour).
L'allaire des Trois-Cliapitres faisait toujours
du liruit en Italie. Le roi Agilulfe, qui eu
favorisait les défenseurs, pria saint Colnm-
ban d'écrire au pape Boniface IV sur cette
question. Il le fit, mais en des termes qui
faisaient voir qu'il était mal instruit du fait.
12. l'iMulanl ce temps , Thierry , lier de
la conquête des Etats de Tliéodebert, voulut
ï'jos.'"*' "' aussi enlever A Clotairc une partie de ceux
qu'il possédait en Neustrie , c'est-à-dire ,
ceux qu'il croyait avoir été usurpés sur le
royaume de France. Son armée était déj.'i
en marche pour entrer dans les provinces
qui appartenaient à ce prince ; mais il mou-
rut à Melz, quelques mois après son frère
Théodebert, l'an (il3, qui était le dis-hui-
tième de son règne. Clotaire, devenu alors
seul roi des Français suivant la prophétie de
saint Colomban, chargea saint Eustase, qui
gouvernait le monastère de Luxeu, d'nlku- en
llahe l'inviter de sa part à le venir trouver.
Le saint vieillard fut ravi de voir et d'entre-
tenir son disciple ; mais ne pouvant retour-
ner à Luxeu, il lui dit de faire ses excuses
au roi Clotaire, et de lui recommander son
monastère, il donna ù saint Eustase une
lettre pour ce prince, qui la reçut avec joie,
quoiqu'elle fût remplie d'avis pour la coirec-
tion de ses mœurs. Le séjour de saint Colom-
ban àBibbio ne fut que d'un an, ce qu'il faut
entendre, depuis qu'il eut achevé ce monastè-
re. Il y mourut le 21 novembre de l'année 613.
Jonas. moiue de Bobbio, qui écrivit sa
vie vÎTigt-huit ans après , ne raconte au-
cune circonstance de sa mort. Il était de
Suze , et il vécut dans ce monastère sous
deux abbés successeurs de saint Colom-
iiid. pas. ban, savoir, Atfale et Bertulfe. Ce fut ce
dernier qui l'engagea ù écrire la vie de saint
Colomban. Depuis il composa celles des saints
Attale et Bertulfe, abbés de Bobio, et d'Eus-
tase, abbé de Luxeu, qu'il dédia h Bobolcne
et à Valdberl, distingués l'un et l'autre par
CHAPITRE LUI. — SAINT COLOMBAN DE LUXEU.
(.17
leur grande piété. Ces Vies se trouvcnl sous
son nom dans le second tome des Actes de
l'Ordre de saint Benoit, par Dorn Mabillon,
el dans Suiius. Jouas lit un voyage en
France ; et si c'est lui qui a l'ci'it l'Iiisloire
de la vie et des miracles de saint Jean de
Réoraé, il faut qu'il ail été abbé lui-môme;
car elle porte le nom de l'abbé Jouas. Nous
en parlerons encore dans la suite. Le temps
de la vie de saint Colomban fut au moins de
quatre-vingt-dix ans, puisque <i cet âge il fai-
sait encore des vers. 11 en adressa à Fe-
dolius, et c'est Ih qu'il dit qu'il élait parvenu
aux années de dix-huit ' olympiades, qui,
en les mettant à cinq ans, comme il est
d'usage ', font 90 ans. Outre sa vie écrite
par Jonas, nous en avons une autre d'un
anonyme qui l'écrivait dans le dixième siè-
cle, et un livre qui contient le recueil de ses
miracles. Il y en a une en vers par Flo-
doard, chanoine de Reims, puis moine. Il
la finit en disant ' , que les piodiges qui
s'opéraient à son tombeau, et qu'il jivait
opérés pendant sa vie, étaient une preuve
de sa sainteté, et que son savoir et sa doc-
trine étaient connus par ses écrits.
ARTICLE II.
ÉCRITS DE SAINT COLOMB.iN.
§1-
Règle de saint Cvlomban.
1 . Après que saint Colomban eut établi des ra^ic as
communautés de moines dans les raonastè- b.nn. iiM-rv6e
. ., avec celle de
res d'Anegray, de Luxeu et de Fontaines, il raim B«n<.u.
leur fit une règle que l'auteur de sa vie nous
fait ' regarder comme dictée parle Saint-Es-
prit. Mais elle n'y fut observée seule que
pendant la vie de saint Colomban et sous
saint Eustase, son successeur dans l'abbaye
de Luxeu. Saint Valbert, qui en eut le gou-
vernement en 623, aprèsla mort de saint Eus-
tase arrivée en cette année-là, y introduisit
la règle de saint Benoit, en abrégeant celle
de saint Colomban, mais en les faisant obser-
ver toutes deux ensemble. C'est ce que té-
moigne ^ l'auteur de la Vie de sainte Sala-
' ^nnc ad Otympiadis ter senœ venivius aimos.
Toiii. .\11 Biblintll., pag. 3'*.
- l-'iisage est au contraire de ne compter que
ipiatre aus pour cliaque olyiupiaile, ce qui fait
soi.iaïUe-'lûuze ans, au lieu lie qn.itru-viugt-Jix de
la vil' du Saint. {L'éditeur.
■' Quam celsa- merituin vitœ, data signa loiiuun-
tur: Slrenuitalem aniiiii prœstans doclrina prie-
fatur. Tom. Il, Act. ordiJi. S. Benedicti, pag. 36.
* Regnlam quam tenerent.Spirilu Sanclo reple-
lus, condidit. Joiins, îJi vita Columb., cap. IX.
^ Hujus l'alberti tempnre, per Galliarum pro-
618
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
AqdsI lib.
Il, lom. I,
berge, qui écrivait dans le septième siècle,
ajoutant que saint Valbert en usa de même
dans plusieurs autres monastoies qu'il fonda
ou qu'il aida à s'étaMir. Les plaintes d'un
nommé Agreste ou Agrestin qui, après avoir
été secrétaire du roi Thierry . s'était mis
sous la conduite de saint Eustase, donnèrent
vraisemblablement lieu ù cette double ob-
servance. Mécontent de ce que son abbé lui
refusait la permission d'aller prêcher l'Évan-
gile aux infidèles, il inventa diverses calom-
nies conlre la Règle de saint Colomban, la
déféra à.Vbellen, évèque de Genève, son pa-
rent, qui essaya de rendre le roi Clotaire et
les évêques voisins favorables à Agrestin. Il
se tint à cet elfet, par ordre de ce prince, un
concile à Màcon en 62.ï, où saint Eustase
confondit Aj^reslin par ses réponses, mon-
trant que la règle de saint Colomban, en or-
donnant aux moines de faire en mangeant le
signe de la croix sur la cuiller, et de de-
mander la bénédiction toutes les fois qu'ils
sortaient, ne faisait rien qui fût contraire
à la religion. Les autres objections d'Agrestin
n'étant pas mieux fondées, les évèques cxbor-
tèrent les deux paitis à la paix. Mais Agres-
tin, de retour à Luxeu, continua de semer le
trouble jusqu'à sa mort , qui arriva quoique
temps après la tenue du concili', ayant été
tué d'un coup de hache par son valet. Saint
Eustase mourut la même année, et on vit
l'accomplissement (le ce qu'il avaitdit à Agres-
tin en présence des évèques : « Moi ' qui
suis le disciple et le successeur de celui
dont tu condamnes l'institut, je te cite au ju-
gement de Dieu dans cette année pour plai-
der ta cause avec lui. n L'abbé Adso , dans
l'Histoire de saint Valbert, confirme celle
conjecture, en disant de lui ((u'il avait eu
soin de pcrfeclionner et de réformer tout ce
qu'il avait trouvé de défectueux dans la dis-
cipline monastique, telle qu'elle avait été
observée à Luxeu sous saint Colomban et
sous saint Eusiase , et qu'il avait en recours
pour cet ell'et à la règle de sainl Renoit.
2. La Vie de saint Donat, moine de Luxeu,
et depuis évèque de Besançon , fournit en-
core une preuve que la règle de sainl Benoit
était observée dans ce monastère avec celle
de saint Colomban : car il y est dit que cet
é\èque *, pressé plusieurs fois par Flavie, sa
mère, et par les religieuses du monastère de
Jussan-Moutier, à Besançon, il leur fil un
abrégé de la règle de saint Césaire, faite par-
ticulièrement pour des filles, et de celles do
sainl Benoit et de sainl Colomban. Il est sans
apparence que ces religieuses eussent de-
mandé h saint Donat, qu'elles savaient avoir
été élevé par saint Colomban même, et avoir
professé sa règle A Luxeu , de leur faire un
composé de cette règle et de celle de saint
Benoit , si elles n'eussent pas su qu'elles
étaient l'une et l'autre observées à Luxeu,
dont ces filles n'étaient pas éloignées. On vit,
quelque temps après, ces trois règles, c'est-
à-dire celles de saint Césaire , de saint Be-
noit et do saint Colomban, en usage dans un'
monastère de filles, bâti dans les faubourgs
de Clermont en .\uvergne, par un homme de
qualité nommé Génésius : ce qui donna quel-
que lieu de croire que c'était l'abrégé ou la
compilation que saint Donat en avait faite
pour les religieuses de Jussan-Moutier. Mais
clans le huitième siècle, la règle de saint Be-
noit prit le dessus, et fut observée seule dans
tous les monastères de France , en sorte
qu'en 817, Louis le Pieux demandait aux
évèques du concile d'Aix-la-Chapelle, quelle
règle les moines observaient dans les Gaules
avant que celle de sainl Benoit y eût été in-
troduite ; question que ce prince n'aurait pas
faite, si cette règle n'avait été reçue généra-
R((le dB S.
c«!> de falnl
Co'o[iil«B.
vincias agmina monachorum ac puellarum sa-
crarum examina, non soliim per agros, villas,
vicos alque caslelUi, veriiin eliam pererrini las-
lUalem, ex régula duntuxat et bealorum palrum
Denedicli et Columbani pullularc cœperunl, cum
aille illud levipus iiinnasterin vix paucn itlis re-
pcrirenliir in lacis. Viln S Snlab. , toni. Il, Act.
ord. S. ISenedicti, paq. 107.
' Horiim in prœsentia sacerdolnm ego ejusdis-
cipulus et succtrssor, cujui la disciplinam et iiis-
liliita damnas, ad divinum jiidiCium cum eo in-
tra pnesenlis anni circulum causas diclurum
invita, ul justijudicii examine vindictam sentias,
cujus famutum luis lUlraclionibn^ maculare pro-
curas, jhjil., riif.'. 112, in Vila liustasii.
' ijuani ob causant sœpius mihi injungitis ut
implorala sancli Cwsarii Aretalensis episcopi ré-
gula quœ specialius Chrisli tirginibus dedi.:ata
est, una cum beadssimorum Benedicli quoque et
Columbani abbatuui, coUeclis in ununi (losculis
ad instar Enchiridion excerpere vobi.'i rel concer-
nere debereni. Ilûnnliis, toni. Il Act. ord. S. Bcne-
dicti, pap. 321.
' Vir illuslris Genfsius monaslerivm sacrarum
virginum suburbano pnefalie ciritalis in loco
cui Cainelaria nomen indilvm est, fabricarc ad
orsus est , ex régula ilumta.vat rirorum sancto-
MU», id est, sancli Denedicli et sancli Cœsarii
atque Columbani, lliiO,. in prœfalione, pug. i.
[vil» siKCi.E.] CHAPITRE LUI. — SAINT
IcmPiit dans les monastères dp ses fynis dès
iivnnt son règne, qui conimenrîi en 811. Au
reste, il n'i5tait pas nouveau de voir plu-
sieurs règles en usage dans un môme ino-
naslère, et en même temps. Saint Gn^soire
de Tours dit ' que dans celui d'Atliancs ou
Ainai, proche de Lyon, ou suivait non-seu-
ment celle de Cassien, mais encore celle de
[saint] Basile et de quelques autres ahltés.
,!r -, 3. Ou peut diviser la Règle de saint Colom-
„r„ „-,,• I .l'r; han ' en deux parties, dont la première rc-
'"■ garde la pratique des vertus essentielles .'i
\m moine; la seconde les pénitences qu'on
doit lui imposer pour ses l'autcs. La première
de ces vertus est l'obéissance. Elle doit ôtre
prompte, sans contrariété ni murmure. Quel-
que dure que paraisse la chose commandée,
il faut l'exécuter avec joie, avec ferveur, h
l'imitation de Jésus-Christ, qui fut obéissant
cir. 11. jusqu'à la mort. La seconde est le silence,
qui ne doit être rompu que pour des choses
utiles ou bien nécessaires. L'heure de pren-
dre la nourriture doit être vers le soir, c'est-
,M. A-dire à noue. Elle sera pauvre, ne consis-
tant que dans des herbes, des légumes, do
la farine détrempée d'eau, avec un pain :
mais il faut la proportionner avec le travail,
parce qu'une abstinence excessive n'est pas
'V. une vertu, mais un vice. On doit donc tel-
lement régler les choses, que chaque Jour
on jeûne, on prie, on travaille, on lise. Il est
défendu fi un moine non -seulement d'avoir
du superflu, mais encore d'en souhaiter. Sa
perfection consiste premièrement dans le dé-
nuement et le mépris des richesses; secon-
dcaient à se purifier de tous les vices; troi-
sièmement dans l'amour continuel de Dieu
et des choses divines , qui succède ne nous
V. à l'oubli des choses de la terre. L'exemple
de Satan, que l'orgueil a fait tomberdu ciel,
prouve combien la vanité est dangereuse.
Jamais donc il ue doit sortir de la bouche
d'un moine une parole de vaine gloire, do
peur qu'en s'élevant il ne perde le fruit de
•I. son travail. Il lui servirait peu d'être chaste
de corps, s'il ne l'était de coDur. Les mauvais
désirs ne sont pas moins défendus que les
mauvaises actions. Avant saint Colomban,
l'ordre de la psalmodie avait été réglé ditl'é-
rcmmcnt dans divers monastères : voici celui
qu'il dit avoir reçu de ses pères, c'est-à-dire
des moines d Irlande. A tierce, sexte etnone,
COLOMRAN I)!': LUXEU.
(il!)
trois psaumes avec des versets. Aiicouunr'u-
cement de la nuit ou A vêpres, douze psau-
mes. L'oilice de la nuit pour le samedi et le
dimanche est différent des autres jours, et
il dill'ére encoiT selon la vai'iéti- des saisons.
Les jours onliuaircs de la semaine pcndîinl
les six mois d'hiver, trente-six psaumes sous
douze antiennes: peiulantles six mois d'i'ilé,
vinut-i[ualre psaumes sous huit antiennes,
eu sorte que chaque antienne était prc-cédée
de trois psaumes. Le samedi et le dimanche
pendant les mois d'hiver, vingt-cuiq antien-
nes chaque n.iit, faisant soixante-quinze
psaumes; de façon qu'en deux nuits on di-
sait tout le Psautier. Les mois d'été, douze
antiennes par nuit, c'est-ù-dire Irente-six
psaumes : douze à minuit, \ing-qualre rt ma-
tines ou ti laudes. Les mois de printemps et
les mois d'automne, ou diminuait ou l'on
augmentait de trois psaumes de semaine en
semaine, selon que les luiits augmentaient ou
diminuaient. \ la fin de chaque psaume, les
moines ^ se mettaient A genoux. Saint Co-
Jomban, en disant que pendant les mois d'hi-
ver on chantait en deux nuits tout le Psau-
tier, dit que les moines le chantaient à douze
chœurs : terme qui ne marque pas douze
bandes de moines \ mais douze antiennes
sous lesquelles on disait trente-six psaumes.
Outre la prière commune, les moines en fai-
saient de particulières , chacun dans sa
cellule. Les jours ordinaires ils travaillaient
des mains; mais à certaines heures, c'esl-à-
dire A celles de tierce, de sexte et de noue,
ils quittaient le travail manuel pour réciter
trois psaumes avec un certain nombre de
prières réglées pour la rémission des pé-
chés, pour tout le peuple chrétien, pour les
évêques et pour tous les degrés de l'Église,
et pour ceux qui leur faisaient des aumônes,
pour la paix des princes et pour leurs enne-
mis.— Parla vertu de discrétion que saint Co-
lomban recommande à ses moines, il entend
le juste milieu entre les extrémités. — Le der-
nier chapitre de sa Règle est intitulé : De la
Mortijication. Cette vertu renferme particu-
lièrement trois choses : l'une , de n'être en
discorde avec personne; une autre, de ne
point dire tout ce qui vient ta la bouche ; la
troisième, de ne rien faire sans la volonté de
son supérieur. Ce chapitre est le dernier
dans les imprimés comme dans les mauus-
Cjp.
' Grpg. Tiiron., lib. X Hisl., cap. xxix.
' Cod. Regul., toiii. II, pag. 01, part. 2, cap. i.
' Pœnitent., nuui. 19.
* Mabillou, Annal., [om. I,pag. 213.
620
HISTOIRE fiÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
crils, excepté dans celui de Bobhio, qui en
ajoule un dixième sous le litre : De la Per-
fection d'un moine. Saint Benoit d'Aniane ' et
Siuuragde en citent un trente-troisième, qui
ne se trouve ni dans lu llèglc de saint Colom-
ban, ni dans sou Péuitentiel. Dom - Menaid
croit qu'il y u faute dans la citation, et que
ce clun)ilre fait partie du dixième selon le
manuscrit de Bobbio. Il y est défendu à un
moine de prendre dans le monastère la dé-
fense de quelqu'un, fùt-il son allié ou sou pa-
rent. L'édition de Mclcliior Goldast , faite sur
mi manuscrit de l'abbaye de Saint-Gai, compte
quatorze chapitres; mais c'est qu'il a divisé
le premier eu trois^et le huitième en cinq.
skohiIo i. L'autie partie de la Rè''le de saint Go-
Eiriie de 11 ^ °
fei. de S. lotnban est le Péniteutiel, c'est-à-dire les cor-
û°i',* mb!'»».' reclious des fautes ordinaires des moines. Il
distinjrue deux sortes de péchés : les péchés
mortels, que l'on confessait aux prêtres; et
les moindres péchés, que l'on confessait à
l'abbé ou i\ d'autres qui n'étaient pas prê-
tres, avant de se mettre à table ou au lit.
Les correctious ordinaires sout les coups de
fouet : six," pour les fautes légères; pour les
autres, à proportion; quelquefois jusqu'à
deux cents, mais jamais plus de vingt-cinq à
la fois. On comple pour une faute légère qui
était punie de six coups de fouet, de ne pas
répondre Amen à la bénédiction de la taljle ;
de parler sans nécessité pendant le repas;
de ne pas faire le signe de la croix sur sa
cueiller, sur sa lampe: car les moines en
faisaient sur tout ce qu'ils prenaient. S'il ar-
rivait à celui qui servait dans la cuisine de
verser qiiehiue chose, il s'en iuimiliail dans
l'église après l'ollice, en demandant aux frè-
res de prier pour lui. On obligeait à une sem-
blable pénitence celui qui oubliait de lléchir
les genoux après ciiaque psaume pendant l'of-
fice. Le serviteur de cuisine demeurait pros-
terné à l'égHse pendant douze psaumes, s'il
avait répandu quel ,ue chose deconsidéraLle.
Quelquefois même ou*lui prenait sur sa poi-
tion ordinaire de quoi réparer la perte qu'il
avait causée au monastère. Ainsi, s'il avait
versé une grande quantité de bière, on comp-
tait combien de portions cette bière répan-
due lui aurait faites; et au lieu de bière, on
lui donnait de l'eau à boire, jusqu'à l'évalua-
tion de la bière répandue. 11 en était de mê-
me de toute auti-e chose. En sortant du mo-
nastère, les moines demandaient à genoux
la bénédiction du supérieur. Après l'avoir
reçue, ils faisaient sur eux le signe de la
croix, et se présentaient devant la croix.
Ceux qui y manquaient, recevaient douze
coups de fouet. On en donnait autant à
ceux qui ne faisaient pas la prière avant et
après le travail, qui mangeaient sans per-
mission, ou qui, rentrant dans la maison, ne
se courbaient pas en demandaut la bénédic-
tion. Ils portaient aussi, en allant en voyage,
de l'huile bénite sur eux, pour en oindre les
malades. Le vaisseau dans lequel ils la met-
taient se nommait chrismal. Ils nommaient
de même celui où ils portaient l'Eucbarislie :
car ils la portaient aussi en voyage.
5. Celui qui oubliait le chrismal, allaut en p,j. m.
un lieu éloigné, recevait quinze coups de
fouet. Si, étant dans un champ, il posait ce
vase sur terre et l'oubliait en s'en retournant,
on le frappait de cinquante coups, quoiqu'il
fût allé aussitôt le chercher. L'oblation du
sacrilice se faisait avec beaucoup d'ordre,
de décence et de modestie. Un souris y était
puni de six coups de fouet. Il n'était pas
permis au prêtre d'oti'rir sans avoir rogné
ses ongles, ni au diacre de servir à l'autel
sans s'être fait raser la barbe. Celui qui, en
recevant le calice salutaire, le mordait avec
ses dents, était frappé de six coups de fouet.
C'est pourquoi les novices, parce qu'ils étaient
sans expérience, n'approchaient pas du cali-
ce; eu sorte qu'ils ne communiaient que sous
l'espèce du pain'. Quiconque' avait perdu le
sacriûce sans pouvoir le retrouver, était en
pénitence pendant un an. S'il en avait laissé „n.
corrompre les espèces, en sorte qu'elles fus-
sent réduites en |)Oussière ou mangées des
vers, sa pénitence était d'une demi-année.
Si, les espèces étant dans leur entier, il s'y
' Menanlus, inConcorJ. reg., yiig. 1082.
' Ibid.
' Oui perr.usserit denlibus calicem salutahs,
sex percussionibus... Novi, quia indocli, et qui-
cumque laies fuerint, ail calicem non accédant.
Cfiliiiiiban., in pwnit., pai;. U9, 102.
' ifiiicuniquc sarrificium perdidrril , et nencifuhi
sit, aiinn p<Finlcat. iji'i negligeuliain fcceril crga
sncn/iViiMii. ut sicirdir ri a vcrniibux conximia-
tur, ita ut nd nihilum drfcncrit, dimidio anno
pn-niteal. IJui negligenliam erga sacri/icium in-
currerit, ut iuieniatur lerniis in co et lamen
plénum sit, ignc combural juxla allare et ahscon-
dat cinerem ejus intra sub allare, et ip$e pœni-
teal quadraginla diebus.Qui negligit sttcrificiiim ,
et immulalum fuerit et pani.< amiserit .■<aporem
si rubro colore, viginli dies pvnilcat. Ibid., {tag.
lui.
[vu' SifXLE.]
triiuviiil tiii ver, coliii par la ni'glipfcnce de
qui cola iMail arrivé faisait piMiitence ]icii-
(laiil qiiaïaiile jours, brûlait lo voraiipiès ilo
l'autpl, et en cachait les cendres sons l'autel.
(Jiie si les espLves ('taicut lellemenl chan-
gt'es, ([u'elles n'eussent plus ni la saveur, ni
la couleur du pain, il cUait mis en pénilencc
pendant vingt jours.
'••""• 6. Ceux qui laisaienl pénitence n'osaient
se laver que le dimanche; ils th'cliissaient
les g-cnoux même le dimanche et pendant le
temps pascal. 11 y avait, outre les coups de
fouet, une autre pénitence qu'on nommait
superposition. C'était d'être condamné ou à
des jeûnes extraordinaires, ou à la récitation
d'un certain nombre de psaumes, ou an si-
lence. Un moine qui muimurait et disait ù
"^- son ancien : (iJe ne ferai point ce que vous
dites, si l'abbé ou le prévôt ne me l'ordonne, n
était condamné à trois superpositions. Celui
qui disait au prévôt : «Vous nejugei'ez point
ma cause, mais noire abbé, était mis eu pé-
nitence an pain et à l'eau pendant quarante
jours, h moins que, prosterné en présence des
frères, il ne demandât pardon en disant : » Je
""• me rcpens, parce que j'ai mal parlé. » Il y
avait dans chaque monastère deux économes,
un grand et un petit. Le grand était le pré-
vôt, chargé des affaires intérieures, afin que
l'abbé u'eùt que le soin des âmes. Le petit
économe avait soin du détail de la maison.
C'était aux économes à veiller à ce que les
étrangers fussent bien reçus.
101.102. 1 Lyg moines changeaient d'habit pour la
nuit. Dès le commencement du jour, ils en
reprenaient d'autres. Ils demeuraient assis,
tandis qu'on sonnait l'office, excepté les pé-
nitents qui se tenaient debout. Avant d'en-
trer à l'église , ils lavaient leurs mains et
leur visage à la porte, s'ils ne s'étaient pas
lavés auparavant. Celui qui n'avait pas en-
tendu sonner l'heure de l'oraison, devait ré-
citer douze psaumes. Il y en avait autant
pour celui qui venait à l'oblalion du sacri-
fice avec sa ceinture ou son habit de nuit.
""• On mettait en pénitence pendant trois jours,
au pain et à l'eau, le moine qui avait couché
dans une maison où il y avait une femme. Si
toutefois il ne l'avait pas su, sa pénitence
• n'était que d'un jour. Manger avant l'heu-
le de noue le mercredi et le vendredi, ex-
CII.\l>ITni': Mil. — SAINT COLOMBAN DE LL'.VKl'
«21
copié le cas d'infirmit(\ (Mait une faute que
l'on devait expiei' par deux jours de jcuUie au
pain et A l'eau. Celui ' qui savait que son frère
avait péché mortellement etne l'eu avertissait
point , devait être l'fgardé comme tivins^rcs-
seurde l'Evangile, juscpi'à ce qu'ilTeùt aver-
ti, et que ce frèi'e eftt confessé son péché au
prêtre. Le silence devait s'observer en tous '"''■
liiMix et pendant toutes sortes de travau.'i.
Ces paroles, le mien et le tien, étaient défen- "•'•
dues sous peine de six coups de fouet. Il y
avait deux cents coups de fouet pour celui
que l'on avait trouvt' pariant seul familière-
uient avec une fenmic Voilà ce qu'il nous a
paru de plus remarquable dans le Pénitentiel
de saint Colomban, dont plusieui-s endroits
ne pourraient s'entendre que par la connais-
sance d'usages qui ne subsistent plus. Il n'y
dit lien des enfants, pas mèmedans sa Règle.
Il en recevait néanmoins dans son monas-
tère, comme ou le voit par Donat, fils du
duc Valdelène et de Flavie, qu'il éleva dès
l'enfance, après l'avoir obtenu de Dieu à
ses parents pTir sesprières. Il y avait aussi
;\ Luxeu certains usages dont il ne parle ni
dans sa Règle, ni dans son Pénitentiel comme
celui de ne point permettre l'entrée de l'in-
térieur du monastère aux séculiers : ce qui
s'observait si rigoureusement, qu'il reprit le
roi Thierry d'être entré au réfectoire.
8. Nous avons un second Pénitentiel - Amreréni.
sous le nom de saint Colomban. Fleming l'a
donné le premier sur un manuscrit de Bobbio,
où il est attribué à cet abbé; et ce n'est pas
la seule preuve qu'il en est auteur. On en
peut tirer une seconde de la conformité de
ce Pénitentiel avec celui dont nous venons
de parler, en ce qui regarde les moines ; son
antiquité peut eu fournir une troisième. On
y voit qu'alors il y avait encore des temples
de faux dieux, où on leur rendait un culte
superstitieux. Saint Colomban trouva des
idolâtres dans les États de Tliéodebert, com-
me on l'a dit plus h;fut. Ainsi rien n'empê-
che qu'on no le recounaisse pour auteur de
ce Pénitentiel. Il est vrai qu'il comprend les
peines canoniques pour toutes sortes de per-
sonnes, clercs, moines, laïques, et pour tou-
tes sortes de crimes : ce qui ne parait pas
devoir être du ressort d'un supérieur de mo-
nastère. Mais il faut remarquer que ce Pé-
* Qui scit fralrem suum peccare peccatum ad
morlem et non arguiteum, legis Evangclii Irans-
gressor uotelur, donec arguai eum, cvj^^s malum
reticuit,et falealur sacenloli. Colomban, in Pœnit.,
pag. 101.
' Toin. XII, Bibliotk. vet. Put., pag. 21.
622
HISTOIHE GltNKRALE DES AUTliUllS ECGLÉSIASTIQLES.
de S. Colnm-
bsB sur I Loi-
té <ie D'eu c
U TriDilé df-5
Pet.'onof».
iiitcntiel est moins un nouveau règlement
de discipline, qu'un recueil des péuilenccs
imposées pur les anciens Pères, soit dans
leurs écrits particuliers, soit dans les con-
ciles. Saint Colooiban n'e^t pas le seul qui
ait fait un semblable recueil. Les Godes de
l'église orientale , de l'église romaine , de
l'Église universelle étaient beaucoup plus
amples ; et. pour nous en tenir au sujet traité
dans ce Pénitentiel , saint Cuméen , abbé
d'Irlande dans le même siècle , en composa
un dans le même goût que celui de saint
Colomban, excepté qu'il est plus diil'us et
plus détaillé , et qu'il y cite ' plusieurs fois
les conciles et les décrets du Siège aposto-
lique, ce que ne îait pas saint Colomban,
qui se contente de rapporter les peines pour
cbaque crime, sans marquer par qui elles
avaient été réglées , si ce n'est en général ,
en disant qu'il va rapporter' les pénitences
que les suints Pères ont prescrites pour cha-
que péché. On trouve plusieurs endroits de ce
Pénitentiel, mot pour mot, dans celui de saint
Cuméan, qui vraisemblablement les en avait
tirés, n'ayant écrit que plusieurs années après
la mort de saint Colomban. Dans un manus-
crit de saint Gai, la première partie du
Pénitentiel de saint Colomban fait aussi la
première partie de celui de saint Cuméen.
Instructions ou Discours de saint Colomban.
1. C'est aussi sur un très-ancien manuscrit
de Bobbio que Fleming a fait imprimer quel-
ques instructions ' ou discours de saint Co-
lomban sur les matièies les plus importan-
tes de la religion. Outre qu'elles sont du
style de cet abbé, il s'en déclare assez clai-
rement auteur en se disant Misciple deCon-
gal ou Comnuigel, qu'il eut en effet pour
niailrc j Baiigor en hiaude. Il est vrai qu'il
K' nomme Faustc, et uon pas Cougale ; mais
on sait par .Notkcr '«que Congal avait aussi
le nom de Fauste. La première de ces ins-
tructions est sur 1 L'nité de Dieu et la Trini-
té de personnes en Dieu. Il regarde ce mys-
tère comme le fondement du salut : c'est
iTinrlifi- il OO
Itequi» tien
tenu*
pourquoi il en fait le sujet de son premier
discours, qu'il commence en disant que '
« quiconque veut être sauvé , doit croire en
Dieu, un et trois tout ensemble ; un en subs-
tance, trois en subsistance ; un en puissance,
trois en personnes; un en nature, trois en
noms; un en divinité, qui est le Père, le Fils
et le Saint-Esprit. » Il prouve qu'il n'y a qu'un
Dieu par ces paroles du Dcutéronome :
Ecoute , Israël , le Seigneur ton Dieu est un ;
et qu'il est trois en personnes , par celles-ci
du Sauveur : Allez, enseignez toutes les na-
tions en les Oa/Aisantau nom du Père, et du Fils,
et du Saint-£s/jrit. «Mais quelle est, dit-il,
la nature de Dieu? Personne ne l'a vu comme
il est. Il y aurait de la témérité à vouloir
compiendre ce qui est incompréhensible.
11 est moins aisé de connaître la nature de
la Trinité, que la profondeur de la mer, qui
toutefois surpasse la capacité de l'intelli-
gence humaine. »
2. Dans le second discours s'exprime ain-
si : «C'est de Dieu que nous devons appren-
dre ce qu'il est. Nous devons croire de lui j
ce qu'il nous en a appris, soit dans la Loi , •*"
soit dans les Propbétes, soit dans l'Évangile,
soit dans les écrits des apôtres. L'esprit hu-
main, sujet à erreur, ne peut nous en don-
ner une parfaite connaissance. » Saint Colom-
ban , regardant donc comme inutile, et mê-
me comme mauvaise toute tentative pour
approfondir la nature de Dieu , passe , dans
sa seconde instruction, à ce qui peut contri-
buer à la perfection de l'homme. Sur quoi
il dit, d'après Commogel, son maître, que
comme le laboureur ne se contente pas de
remuer la terre pour la préparer ii recevoir
la semence, mais qu'il en arrache encore
toutes les racines infructueuses et toutes
les mauvaises herbes , nous devons de mê-
me déraciner, pour ainsi dire, toutes nos
mauvaises inclinatiouiî et nos vices, pour
faire croître dans notre âme les semences
de la vertu ; qu'en vain nous mortifierons
notre corps par des jeûnes , par des veilles
et par d'autres œuvres extérieures de péni-
tence, si nous ne travaillons à la correction
de nos mœurs , parce que la religion de
' Toni. .\II Biblioth. let. Pal. pag., 4t,46, 47, 48.
' .Mensuro) nosceudœ sunt pwnilintiœ , qua-
rum sic ordo a sanclis Iraditur Patribus. Colmii-
Imn., in Pœnilcnliali, laii. i.
' Toiii. Xll Uiblioth. vet. Pal., i>atr. 9.
- ll)id., Inst. 2, iiap. 10.
' .Nollifr, ad aiciniionumjuniiiinUarlyrologio.
' Credat ilaque omnis qui vull salvus esse in
Dcum 1JHHIH ac trinum, u»m»i suhstantia, tri-
num subsii-lcnlia : uniini poteiitia, trinum persona;
■unum natura, trinum noniine. unum numine. qui
est l'ater el Filius cl Spirilus .Sanclus. Cutiiuilmu.,
Inslrucl. I, jjag. !'.
CIlAIMTlll!: LUI. — SAINT COLOMUAN DE LUXEU.
Tioi.iJa.i.
\e n..'|>îl. du
iiiOndt* rt l'a-
liii»ur Jf»
s»l«. yuf. tl.
Qaalrlirr.s
DiMoars *iir
\e9 trtvins ilc
Il vie ^'rt^< 11*
It. po5 12.
Cinquième
eUixièineDi«>
fours sur la
nalure île ]i
Tie prtsenie,
pif. 13.
Job,xiT,S ;
P^l. crin,
21.
Septième et
tiuitiéme Dis-
cours sur IV
[vil" SIÈCLE.]
riKuiiiiie c.Ktérieiir sert de ])cu, si l'on ne
i-i'lornie riiomiiic inli-rieiir. La vraie jiii'-tt:
ne consiste point ilans l'iiumilialion du corps,
mais dans l'hiimilitii du creur.
3. Il traili', dans la troisicme instruction,
du mépris du monde et de soi-mèuu" , et de
l'amour dos liions éternels. Le monde , par
son instabilité , est digne de mépris : il en
est de même des biens qu'il présente. Il pas-
sera, il passe tous les jours. Que contient -il
qui ne doive linir un jour? Mais eu tjuoi con-
siste "ce mépris? Dans le renoncement aux
voluptés, aux richesses; dans le mépris de
soi-même. Celui-là est victorieux du monde,
qui meurt à soi-même, à ses vices, à ses
passions , avant que la dissolution de son
corps avec son àme se fasse ; l'homme sage
ne doit rien aimer ici-bas , parce qu'il n'y a
rien de durable. Son amour doit avoir pour
objet ce qui est éternel. C'est le seul vrai
bien.
4. Un moyen de l'acquérir, est de soullVir
en patience les travaux et les adversités de
la vie présente. Si l'on se donne tant de
peines et de soins pour apprendre quelque
art , quelque profession , dans l'espérance
d'en tirer quelques émoluments temporels ;
à combien plus forte raison un chrétien doit-
il, dans l'espérance de jouir des biens éter-
nels, endurer les peines de cette vie avec
résignation, vu que Jésus-Christ nous a ap-
pris de vive voix et par son exemple , que
l'on ne passe point de la joie à la joie, mais
de la tiistesse.et des tribulations à la joie?
o. C'est ce qu'il continue de montrer dans
les deux instructions suivantes , où il fait
voir que la vie présente ne mérite pas, à
proprement parler , le nom de vie , n'étant
qu'un chemin par lequel nous marchons
pour arriver à notre patrie : d'où il suit qu'on
ne doit point s'y arrêter , ni s'y reposer , le
véritable repos ne se trouvant que dans la
patrie même , et non dans le chemin qui y
conduit. 11 montre encore qu'elle n'est qu'une
ombre qui fuit devant nous, et qui disparait,
comme les songes et les visions que nous
avons en dormant. Il cite sur cela les pa-
roles de Job et du Psalmiste ' , qui compa-
rent l'un et l'autre la vie de l'homme sur la
terre à une ombre.
6. Il emploie la septième instruction à
déplorer l'aveuglement des hommes qui,
5i3
presque uniquement occupés des plaisirs du
corps, néiiligcnt ceux de l'ilme. il leur re-
présente l'inutilité des soins qu'ils se don-
nent pour contenter une chair qui ne dit ja-
mais : ("est aisez, et qui, ajjrès un plaisir,
quelque déshonnètc qu'il soit , en demande
un autre; les peines dont sei-onl punis en
l'autre vie ceux qui en celle-ci se seront li-
vrés aux plaisirs du corps, et les récompen-
ses de ceux qui , portant leur vue vers les
biens éternels, n'en ont point recherché de
périssables. Il en conclut dans la huitième
que nous devons courir sans relâche vers la
céleste patrie , en négligeant les avantages
de cette vie, pour ne penser qu'à ceux de la
vie future, qui est la lin de celle-ci.
7. La neuvième et la dixième instructions
sont sur le jugement dernier. Saint Colom-
bau y l'ait voir que , s'il y a quelque parité
en cette vie entre les hommes par rapport
à la manière de naître, de souflrir , de croî-
tre et de mourir, il n'y en aura point en
l'autre entre les justes et les impies; parce
que les uns et les autres seront jugés suivant
leurs œuvres, qui n'auront eu aucune res-
semblance , car il ne saurait y en avoir entre
les bonnes et les mauvaises actions, qui ca-
ractérisent les bons et les méchants. Il dit
que le moyen de paraître avec sécurité de-
vant le tribunal du souverain Juge dans le
dernier jour, est de mourir en cette vie à
soi-même et à tous les plaisirs sensuels , et
de ne vivre que pour Jésus-Christ, en sorte
que l'on puisse dire avec saint Paul : Je vis,
ou plutôt ce n'est pas moi qui vis, 7nais c'est
Jésus-Christ qui vit en moi.
8. Dans la -onzième, qui traite de l'amour
de Dieu et du prochain, il fonde l'obligation
d'aimer Dieu sur ce que nous avons été
faits à son image et à sa ressemblance, en
sorte qu'en l'aimant, nous ne lui rendons
que ce que nous avons reru de lui dans no-
tre création, l'amour do Dieu n'étant que le
renouvellement de sou image. Cet amour,
pour être véritable , ne doit point consister
dans de simples paroles ; mais dans les œu-
vres , qui en prouvent la vérité. A l'égard
de l'amour du prochain, il dit qu'il ne peut
subsister avec les détractions et les médi-
sances , qui sont le premier-né de la haine.
9. 11 fait dans la douzième une comparai-
son des soins et des mouvements que se
«eo^lemeni
dt* inoBdaln*
r( le deslrdo
liféllcltiiiui^
nette, lag. li,
■ S.
NcDTiiffle
Di?foura sur
le JugeiiiÉOt
liernier, pip.
11. Oixlèitio.
sur les moyeui
d éviter la co-
lore du souvij-
rnia Juge,
jag. 16.
Gâtai. Il,
Onzième
Discours sur
t'smour do
U i-'i et du
] ructjaia, pa^.
!T
Douzième
Discours sur
tz CompooC'
' Les citations de Job et du psaume cvui ne se
trùUTeut poiat daas ces instructions elles-mêmes ;
mais seulement dans l'argument mis par Fleming
en tête de l'instruction vi. (l'e'diteurj
Ii2l
lllSJOIRE GENKUALE DKS AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
umMi.vi- (Jonnerail un homme pour t'viter le supplice des Liens de l'autre vie , donne du m;'pris
"• du leu auquel il .lurait élë condamné dans pour les unes, cl de ranioiir pour les au-
Divrum sur
la FrnultiA
d» vif, i)til f*i
Jt<n»'Cljn<l,
Hf. 18.
Qualnri:^.
nr, quintiij.
m* ei ïeii ^-
I.>f.l9,iOSl.
vingt-quatre heures , avec ceux que nous
devons nous donner pour éviler le supjjlice
du feu élenicl dans l'aulie vie , soil en fai-
sant pénitence de nos fautes , soit en veil-
lant sur noiis-uiènies pour n'en plus coni-
luctli-e. Il la Huit par une prière à Dieu . où
il lui demamic de l'aimer uniquement et de
toutes ses forces.
10. La Ireizii me est une invitation à ceux
qui ont faim et soif de la justice, de recourir
à Jésus-Christ «jui est la fontaine vivante
dont les eaux lejaillissent jusqu'à la vie éter-
nelle , et-le pain des anges, le pain de vie,
qui donne la vie à ce monde.
11. Toutes les instructions dont nous ve-
nons de parler, paraissent avoir été préchées.
La quatorzième est en forme de lettre. Saint
Colomtjan dit au commencement qu'il en
avait écrit d'autres à la même personne sur
divers sujets de piété, notamment sur la gra-
vité et sur la pudeur. Ces lettres ne sont pas
venues jusqu'à nous. Il s'adresse dans celle-
ci k un jeune homme, à qui il avait donné
un emploi dans une communauté de moi-
nes. II compte tellement sur la solidité des
instructions qu'il lui donne , qu'il l'assure
qu'elles le conduiront au point de le conser-
ver toujours le mémo i travers les vicitudes
de l'adversité , et de la prospérité , et de lui
procurer dans l'aulre vie l'éternelle félicité.
Les plus remarquables sont , qu'il soit sim-
ple dans la foi, docte dans la science des
mœurs, tardif A se fâcher, aimable aux gens
de bien , doux envers les infirmes , sobre ,
chaste, patient, libéral, fort et constant dans
les Iribulations, hardi dans la cause de la
vérité, infatigable dans les ojuvres de chari-
té, miséricordieux envers les pauvres, obéis-
sant aux anciens , soigneux de s'avancer
dans la voie qui conduit au salut. La quin-
zième iuslruction ne se trouve point avec
les précédentes dans le manuscrit de Bobbio.
Wading l'a donnée sur un autre manuscrit
où elle porte ce titre : Exhortation dr saint
Colomban aux Frères assemblas. L'auteur veut
que le souvenir de leur vocation les engage k
en remplir avec exactitude fous les devoirs,
il l'imitation des saints qui les ont précédés,
et qui leur ont donné l'exemple de la vertu.
La seizième a été donnée par Vardeus. C'est
une exhortation où le saint , en faisant un
parallèle de la rapidité avec laquelle les
cliiiscs du monde passent, avec l'éternité
très.
12. Il y a une dix-septième inslmcliim,
qui dans le manuscrit de Bohl)io se lit après
la treizième. Les éditeurs l'ont renvoyée
après le .second l*énitenliel, à cause que le su-
jet n'en était pas le même que celui des pré-
cédentes , et «i cause de quelque ditl'éri'ucc
de style. On l'a quelquefois- altiiliuée à Fau'ite
de Riez. Elle est très-courte , et ne contient
que les passajies de l'Écriture où il est parlé
des huit péchés capilaux , et des vertus qui
leur sont opposées. Ces péchés sont la gour-
mandise , la fornication , la cupidité , la co-
lère , la tristesse, la paresse , la vaine gloire
et l'orgueil.
§111.
Des Lettres de saint Colomban.
l. Des cinq lettres qui nous restent de ce
Père . celle qui est adressée au pape Boni-
face est placée la première dans les impri-
més ; ce qui fait voir qu'on n'y a pas suivi
l'ordre des temps auxquels elles ont été écri-
tes. Car il y en a une ;\ saint Grégoire, pré-
décesseur de Boniface , qui n'est toulefois
que la cinquième , c'est-i\-dire la dernière
de toutes. Mais elle doit être regardée (om-
me la première suivant l'ordre chronologi-
que, puisqu'elle est citée dans la lettre aux
évoques des Gaules assemblés en concile
vers l'an 602, plus antienne que les deux au
pape Boniface, cfque celle aux moines de
Luxeu, qui ne fut écrite qu'en 610. Dans l'ins-
criplion de sa lettre à saint Giégoire, il prend
le prénom de liargoma, on plutùt de Barjona,
fils de la Colombe, par allusion au nom de
Colomban, ou Colomba, qu'il portait. Les ti-
tres d'honneur qu'il donne A ce pape sont
extraordinaires, mais dans le goût de son
siècle. 11 l'appelle la très-grande beauté de
l'Église, et Iclrès-augusle spéculateur de ton-
te l'Europe . Le motif de sa lettre était de dé-
fendre l'usage qu'il avait appoilé d'Irlande ,
de célébrer la Pàque le qualoizième de la
lune. Il s'appuie sur l'aulorilé d'.Vualolius ,
dont il dil que l'ouvrage sur la PAcjue a été
cilé parEusèbc de Césarée, et loué par saint
.lérùmc. Il trouve à redire que Vicloiius n'ait
point suivi dans son Cycle le calcul d'Analo-
lius , et qu'en voulant innover sur ce point ,
il ait iiilroduit dans les Gaules un usage in-
connu jiisques-li\. Il ne disconvient pas que
Ullrc
Grteo i r
lom. XM
bllnl.
Pat., paf .
Ve
VIT SIKCI.E.
CTTAPITIUi: LUI. — SAINT COLOMDAN DE LUXEU.
625
1p C.ydv fie Victnriiis n'ait (''l(' a|ij)r(niv('' du
pape saiTit J-t'oii ; mais il soiilieiit que ce
n'est pas une laisiiii do ne le point aban-
donner , et que les plus tiabiles coinputistcs
d'Irlande ne l'ont regarde qu'avec dédain et
mépris. I! prie donc saint Grégoire de
lui envoyer une décision sur ce point , mais
qui IVit conlormc à l'usage qu'il avait appor-
té d'Irlande; car après avoir lu , dil-il , tant
d'auteurs , je ne suis point satisfait de ce
que disent les évè!;ues des Gaules : Nous ne
devons point célébrer la Pùquc avec les Juifs.
Le pape Victor a tenu autrefois un sembla-
ble langage ; mais aucun des Orientaux n'a
suivi son sentiment. 11 ajoute que les juifs
ne doivent entrer en aucune considération
à l'égard delà célébration de la Pàque, piiis-
qne, réprouvés comme ils le sont, ils ne sont
plus censés faire de Pàque, étant sans tem-
ple et hors de la ville de Jéi'usalem; que
d'ailleurs l'Kcriture dit expressément qn'on
doit la célébrer le quatorzième de la lune.
Saint Colomban prie saint Grégoire d'excuser
ou de condamner Viclorius , ou de s'atten-
dre <i entrer en lice avec saint Jérôme, qui a
adopté le Cycle d'Anatolius. Quiconque ,
ajoulc-t-il , ira contre l'autorité de saint
Jérôme , sera rejeté comme hérétique dans
les églises d'Occident, c'est-à-dire dans
celles d'Irlande , qni avaient pour maxime
de régler leur foi en tout sur les divines Écri-
tures.
le de la 2. Ensuite il demande au pape si l'on doit
liie. communiquer avec les eveques ordonnes par
simonie, ou qui, n'étant encore que diacres,
ont violé la sainteté de leur état par des pé-
chés contre la continence , quoique secrets.
Le saint abbé avait lui-même été consulté
par des diacres qui , se trouvant coupables
d'incontinence, n'osaient sans son avis mon-
ter à un degré supérieur. II passe de là à
une autre question, savoir, comment on de-
vait se conduire envers des moines qui , par
le désir d'une plus grande perfection, quit-
taient leurs monastères malgré leurs abbés,
et au préjudice de leurs vœux se retiraient
dans les déserts. Il paraît par là que le vo'u
monastique consistait principalement dans
la stabilité. Saint Colomban témoigne qu'il
aurait été lui-même consulter saint Grégoire
sur toutes ces ditbcultés, s'il nèu avait été
empêché par la faiblesse de sa santé et par
le roiu de sa coiumunauti; qui le tenait com-
me eucbainé dans son monastère. Il fait un
bel éloge du Pastoral, dont la lecture lui
avait donné tant de satisfaction, qu'il sou-
haitait de lire aussi ce que saint Grégoire
avait écrit sur Kzécliiel et sur le Cantique,
en cas qu'il eût expliqué ces deux livres en-
tiers : car il demande surtout l'explication
des derniers chapitres. Il avait lu les six li-
vres de saint Jérôme sur l'^zéchiel ; mais, ce
commentaire ne conienanl pas même l'expli-
cation de la moitié de cette prophétie, il au-
rait voulu avoir un commentaire sur le reste
du livre. Enfin il prie le pape de lui déve-
lopper les mystères delà prophétie de Za-
cliarie. Il paraît par la fin de cette lettre,
qu'il en avait communiqué le dessein au
prêtre Candide . recteur du patrimoine de
l'Eglise dans les Gaules , et que Candide lui
avait fait entrevoir que le pape ne décide-
rait point la question de la Pàque contraire-
ment à l'usage ancien de l'Église. Xous n'a-
vons pas la réponse de saint Grégoire : néan-
moins l'auteur de la vie de sainte Salaberge,
assure que le Pape ' en Gt une ; mais il ne
marque pas ce qu'elle contenait. La lettre
de saint Colomban est écrite avec beaucoup
de liberté, et toutefois avec respect. On l'a
imprimée diverses fois , et toujours avec
qnautité de fautes qui la défigurent entière-
ment.
3. II y avait déjà douze ans que saint Ce- Lciiresux
. , , . E^tcjnes des
tomban demeurait dans le désert des Yosgres^, uiuiesassem-
^ ^ lj!és en con-
lor:^que les cvèques des Gaules, qui l'avaient "'.»■ "" '»°
averti plusieurs fois de se conformer à leur
usage sur la célébration de la Pàque , s'as-
semblèrent pour savoir de quelle manière
ils se conduiraient à son égard. Il faut donc
mettre ce concile vers l'an G02. Nous n'en
avons plus les actes, et il ne nous serait pas
même connu sans la lettre que le saint abbé
écrivit à ces évêques. Il y remercie Dieu de
ce qu'ils s'étaient assemblés à cause de lui ,
ajoutant qu'il serait à souhaiter qu'ils le pus-
sent plus souvent, suivant les canons qui or-
donnent de tenir des conciles une ou deux
fois l'année, pour contenir les faibles dans
la ciainle, et exciter le zèle des plus fervents.
Il leur souhaite le secours et l'assistance du
Prince des pasteurs dans l'examen qu'ils al-
laient faire de la question de la Pàque, agi-
tée depuis longtemps , afin qu'ils pussent
' Vita S. Salabci-g. , tomo il Àct. ordin. S.
nedicti, pag. 106, uiini. ù.
XI.
Bc- 2 jom. XII Biblioth. vet. Pat., pag. 24.
40
626
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
découvrir la mcillcuio tnulition sur ce sujet :
si c'était celle que l'on suivait dans les églises
des Gaules, ou celle des églises d'Occident,
c'est-à-dire de l'Irlande , suivant son style.
n renvoie, pour le fond de la ((ucstiou, à la
réponse qu'il leur avait faite trois ans aupa-
ravant, aux trois lettres qu'il avait écrites
au pape , et au mémoire qu'il avait adressé
h l'évoque Arigius. Il semble qu'il joiftnit
toutes ces pièces à sa lettre au concile. En-
suite il prie les évèques de supporter son
ignorance avec paix et charité ; déconsidérer
qu'il n'était point laulcur de cette diversité,
et de lui permettre de vivre en silence dans
les bois auprès des ossements de dix-sept
de ses frères morts* comme il y avait déjà
vécu douze ans. » Nous souliaitons, ajoute-
t-il, de vivre juscpj'a la mort dans les usages
que nous avons vu pratiquer à nos anciens.
Voyez ce que vous ferez à de pauvres vieil-
lards étrangers. Je pense que vous ferez
mieux de les consoler, que de les inquiéter.
Je n'ai osé vous aller trouver, de peur de
disputer en votre présence , contre la dé-
n. Tin et. fcnso de l'Apôtre, qui dit: Ne vous amusez
"' "" jMÎnt A des disputes de /jaroles. Je vous con-
fesse en toute sincérité, que j'ajoute plus de
foi à la tradition de ma patrie, qui est fon-
dée sur le calcul d'Anatolius loué et approu-
vé d'Eusèbe et de saint Jérôme, qu'à l'usage
qui n'est appuyé que sur le Cycle de Victo-
rius, qui est un nouvel auteur , qui n'a écrit
qu'en doutant, qui n'a rien décidé là où il
était nécessaire , qui n'a vécu que depuis
saint Martin, saint Jérôme, le pape Damase,
et sous Hilarus, c'est-à-dire depuis cent trois
ans (c'est une faute , il faut ' lire cent trente
ans). Choisissez lequel des deux vous aime-
rez mieux suivre. Pour moi, je ne veux point
contester avec vous, de peur que les juifs
nos ennemis ne se réjouissent de la division
des chrétiens. II peut arriver que les deux
traditions, celle de vos Églises et celle de
ma patrie , vous paraissent bonnes : alors ,
que chacun suive ses propres usages ; sinon,
que l'on décide, en comparant l'an et l'au-
tre Testament, de l'usage que chacun doit
suivre. Car si c'est la volonté de Dieu que
vous me chassiez de ce désert, où je suis ve-
nu d'outrc-uier pour l'amourde Jésus-Chrisl,
jon.i, II, je dirai comme le Prophète : Si c'est à cause
de moi que cette tempête s'est élevée , faites-la
cesser en me jetant dans la mer. »
' .Mal.ill.iii., lili. 1\ Annn!.. unw. 31, pag. 280.
■4. Celte lettre ne fit que peu ou point d'eDTel t*»" •"
sur les esprits des eveques des Gaules. Samt "■ "■ ■>■ vf-
Colomban, vojant qu'ils continuaient de l'in-
quiéter, eut recours au pape Bonifacc, à qui
il envoya copie de ses trois Lettres à saint
Grégoire, qui ne lui avaient point été ren-
dues, et de celle qu'il avait écrite aux évo-
ques des Gaules. Le titre de la sienne porte
qu'il l'adressa à Boniface IV, successein- de
Boniface III, (pii était monté sur le Saint-
Siège immédiatement après la mort de saint
Grégoire, .\insi on ne peut la mettre avant le
18 septembre de l'an G07, auquel Boniface
IV fut élu. Saint Colomlian lui demandait
qu'il lui fût permis de s'en tenir, sur l'obser-
vation de la Pàque ', à la tradition de ses
anciens, en cas qu'elle ne fût point contraire
à la foi. Il s'ex|)liiiue en I ?rmes très-clairs
sur l'unité de nature et la trinité de person-
nes eu Dieu; et, pour engager le pape à lui
accorder sa demande, il lui fait entendre
que, faisant corps à part dans la solitude avec
ses moines, il n'était point obligé de se con-
former à l'usage de provinces où il n'était
l)as né. <( Nous sommes, dit-il, chez nous
dansnotie patrie, puisque aous ne recevons
pas les règles de ces Gaulois, et que nous
demeurons dans les déserts, sans inquiéter
personne, contents d'observer les règles que
nos anciens ont observées avant nous. Nous
demandons de pouvoir, sous votre autorité,
conserver la paix et l'unité ecclésiastique,
comme saint l'olycarpe cl saint Anicet l'ont
conservée cnscmljle, sans aucun préjudice
de la foi, en laquelle ils étaient unis, quoi-
qu'ils ne convinssent pas sur le jour de la
célébration de la Pâque; et que, suivant les
canons des cent cinquante Pères du concile
de Constanlinople, les ICglises qui sont chez
les barbares puissent vivre selon leurs lois. »
S. La quatrième Letti'e est adressée aux „'•""•■"'
* MAincf di» Lu-
moines qu'il avait laissés à Luxcu en partant "°; j^""'''
pour son exil en G 10. Il l'écrivit de Nantes,
au moment où il allait s'embarquer pour
passer en Irlande, ne comptant plus revoir
SCS moines. Il les exhorte à la ]>atience en la
persécution que le roi Thierry et la reine Bru-
nehaut leur faisaient souU'rir, et surtout à
l'union entre eux, disant que, s'ils n'avaient
pas un même cnnir et une même volonté, il
était plus expi'dient qu'ils se séparassent do
demeure. Il leur laisse le choix, ou de le ve-
nir trouver, ou de rester à Luxcu sous l'obéls-
» Ibid., png. 2J.
[vil' SIÈCLE.] CIIAPlTlUi LUI.
sancP d'Altalc son tlisciplo, qu'il leur orclon-
iiadc reconnaître pour Ipursupérieiir.oubicn
de \'al(I(>l(Mie, au cas où Atlalc voudrait le
suivie ou Irlaudo. l'uis, adressant la parole A
Altaleen particulier, illui enjoint de demeu-
rer, s'il voit le protit des âmes; ou de venir
le trouver, s'il voit qu'en demeurant il y ait
du dauiier que la division ne se mette dans
la communauté ;\ cause de la question de la
Pâque. Car saint Colomban craignait que ses
moines ne fussent plus si fermes ;\ mainte-
nir leur pratique sur ce sujet, depuis qu'il
n'était plus avec eux. Sa tendresse pour At-
talelni faisait verser des larmes en lui adres-
sant la parole ; mais il tâchait d'en empêcher
le cours, en réilochissant qu'il n'est pas d'un
soldai valeureux de pleurer dans le combat.
Il écrivait encore, lorsqu'on vint l'avertir
qu'on préparait un vaisseau pour le mener
malgré lui en son pays : « IMais si je veux,
dit-il, m'enfuii', je n'ai point de gardes qui
m'en empêchent; au contraire, ils semblent
vouloir que je me retire. Si, à l'exemple de
Jonas, dont le nom en hébreu signifie Co-
lombe, l'on me jette dans la uier, prie/ Dieu
que quelque habile nauionnier, faisant ù mon
égard les fonctions de la baleine, rejette vo-
tre Jonas sur la teire cpi'il tlésire. La fin du
parchemin m'olilige à finir ma lettre. L'amour
n'a point d'ordre : c'est ce qui la rend con-
fuse. J'ai voulu tout dire en peu de mots, et
je ne lai pu. Je me suis même abstenu d'é-
crire certaines choses dont j'avais d'abord eu
dessein de vous parler. « Il conjure ses dis-
ciples de ne point chercher, en son absence,
une liberté qui les soumettrait à la servitude
des vices, et leur dit, pour le cas où Attale ne
suffirait pas pour les gouverner, de s'assem-
bler tous et de choisir un supérieur, leur pro-
mettant de les conduire encore lui-même, si
c'était la volonté de Dieu.
6. Vers l'an 613, Agilulfe, roi des Lom-
bards, qui lui avait donné une retraite hono-
rable dans ses Etats, l'engagea ù écrire au
pape Boniface IV eu faveur des défensem-s
des Trois-Chapitres, qu'il avait pris sous sa
protection. Ils étaient aussi protégés par la
reine Tliéodelinde. Le saint abbé se prêta
d'autant plus volontiers à la demande du
roi, qu'il espérait contribuer au. rétablisse-
ment de la paix et de la réunion des Églises
divisées depuis longtemps au sujet du cin-
quième concile général. Mais on voit par sa
SAI.NÏ CULO.MDAN DE LIJXELJ.
G27
Lettre qu'il n'ét.iit point au fait de la ques-
tion, et qu'il n'en savait que ce que les schis-
maliqiies lui en avaieni appris. Aussi ne rai-
sonne-t-il que sur des oui-dire. On lui avait
assuré que le pape Vigile était cause du scan-
dale arrivé à l'occasion de la condamnation
des Trois-Chapitres ; que le cinquième concile
général, qui les avait condamnés, avait reçu
comme catholiques Nestorius, Eutychès et
Dioscorc; que le même concile avait con-
damné ceux qui admettaient deux substan-
ces oiuhmx naturcsen Jésus-Christ; qu'ainsi
le Saint-Siège, en ailmeltant ce concile et
la condamnation des Trois-Chapitres, avait
souillé la chaire de saint Pierre. Dans tontes
ces fausses su])posiloiis, il se plaint de ce qu'à
Uome on récitait le nom du pape Vigile dans
les diptyques avec ceux des évêques catho-
liques; il exhorte le pape Boniface à assem-
bler un concile, où, pour se purger, lui et
son église, du soupçon d'hérésie, il laisse
une exposition précise de sa foi ; et le conjure
en même temps de travailler i la réfoima-
tion des moîurs qu'il trouvait extrêmement
corrompues en Italie, ce qu'il attribue prin-
cipalement au schisme qui la divisait. Cette
Lettre est semée de termes peu ménagés, qui
avaient échappé à un zèle plus ardent qu'é-
clairé. Il en fait par avance ses excuses au
Pape, comme de- tout ce qui aurait pu le
choquer dans une autre Lettre adressée à un
nommé Agrippin, qui l'avait aussi contraint
d'écrire sur l'allaire des Trois-Chapitres. Il
avait apparemment envoyé copie de cette
Lettre ou Traité au Pape. Au reste, saint Co-
lomban témoigne qu'il n'a point d'autre foi
que celle de l'Église romaine; que cette Égli-
se n'a jamais pris la défense d'aucun héré-
tique, et qu'il demeure attaché indivisible-
ment à la chaire de saint Pierre. Il donne
dans cette Lettre l'explication de son nom
en grec, en hébreu et en latin ; et au lieu
que dans les autres il prend le nom de Co-
luinOa, ici il prend celui de Palunibus, pigeon
ramier.
§IV.
Poésies de saint Colomban.
I. Sigebert, en parlant des écrits de 'ce p,,,.,,,.',
saint abbé, dit ' qu'il en avait composé plu- """''''■
sieurs qui contenaient des instructions très-
utiles, et d'autres dignes d'être chantés ^ Il
' Toui. Xil Bibiiolh. vet. Pal., pag. 33.
* Sigebert., De Scripl. Eccles., cap. lï.
lïlSTOlHE GKNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
d»lius. Ittd.,
Poème ^or
ta rc-cpni».
C28
onlciid par ceux-ci les poèmes qu'il avait
adressés à ses disciples ou h ses amis. Il y
en a un à Hunald son disciple, à qui quel-
ques exemplaires donnent le nom de Selhus.
Il est précédé d'une petite pn-face en vers
aciostiches, où saint Coloiuban se nomme
lui-même, et où il met aussi le nom d'Hu-
nald, en celte sorte : Coliimbanus Hunaldo.
Cette préface roule sur la brièveté et l'ineer-
tiludc de la vie de l'homme, sur l'inconstance
de ses plaisirs et de ses honneurs. Ce poème
est une invective contre l'avarice. Le saint y
fait voir que les véritables richesses consis-
tent dans la science de la loi de Dieu, dans
la pratique de la vertu, dans le mépris des
biens et des honneurs temporels, ou du
moins dans leur usage modéré. Canisius a
donné ce poème, mais sans la préface. Il a
omis aussi les deux derniers vers, où saint
Colombau prie Munald de se souvenir de lui
en lisant ses vers. Ils sont tous hexamètres»
2. Ceux du Poème à Fédolius ' ne sont
que de deux pieds; on en excepte les six der-
niers qui sont hexaihètres. Saint Colombau
y marque qu'il était parvenu à la dix-biii-
tième olympiade, c'est-à-dire, à l'âge de
quatre-vingt-dix ans. ' Il l'écrivit donc dans
ses dernières années, et, comme il le dit,
dans le temps cju'il était attaqué d'une ma-
ladie violente : quelque grande que fiît alors
l'infirmité de son corps, elle ne lui ôtait pas
la liberté de l'esprit. Il y donne en peu de
mots les causes et les suites de la guerre de
Troies et les règles de composer des vers
de même mesure que ceux qu'il emploie
dans ce poème. Mais il semble n'y faire en-
trer ce trait de l'histoire profane, que pour
faire remarquer A Fédolius la vanité des
choses humaines, et pour l'engager à s'atta-
cher fortement à Jésus-Christ.
3. L'Epigramme sur la femme est en qua-
tre vers élégiaques ' . C'est une antithèse
entre les maux que la première femme a
causés au genre humain, et les avantages
que la seconde, c'est-à-dire la Sainte-Vierge,
lui a procurés. La morale qu'il on tire est,
que tout homme de bien doit se garder du
venin qu'une mauvaise femme porte sui" sa
langue.
< Sigpbcrt, de Script. Eccles., pag. 34.
' Dites plutôt soixanto-rlouze au9. Voy. l'ohsor-
vulioii ci-di-ssu9. [L'ddilcur.)
» Sigcbcrt, de Scripl. Ecoles., img. 3t.
* Ibiil., pag. 'JTi.
' Uaroii., ait an. 8:15, lom. I.\.
• Toui. XII Bibliulli. vet. l'ai., pag. 23.
-4. Delrio a attribué h saint Althelme ,
apolre des Saxons occidentaux, le poème
intitulé : Monostichon ', sur ce que l'auteur,
dans le vingt-et-unième vers, invite à com-
battre les huit vices capitaux, et que saint
Allhelme, dans un poème à la louange de
la virginité, qui se trouve joint au Monosti-
chon dans un ancien manuscrit, forme aussi
un combat entre ces huit vices et les vertus
(]ui leur sont o|iposées, Cetle conjecture pa-
rait bien faible à Canisius, qui aime mieux
s'en rapporter à un manuscrit de Frisingue,
où, dans le titre qui se lit à la tête du Mo-
noslichon, il est dit qu'il passait pour être
de saint Colomban. Il répond à l'objection,
ou, si l'on veut, à la jireuve de Delrio,
qu'encore que l'on ne compte ordinairement
que sept péchés capitaux , les anciens en
comptaient huit. Sur quoi il cite la lettre de
Thcodidphe " d'Orléans à son clergé, où il
est faitmeuliou de ces huit péchés capitaux.
Il aurait pu encore citerla dix-septième ins-
truction de saint Colomban " , intitulée :
Des huit péchés capitaux, et appuyer sur la
conformité de doctrine et de quelques ex-
pressions, qui sont les mêmes dans le Mo-
nostichon que dans les autres poèmes de
saint Colomban. Il y a même deux ' vers en-
tiers qui sont mot pour mot dans le poème
à Ilunald et dans le Monostichon. On re-
marque dans celui-ci plusieurs vers entiers
tii-és * d'Octavien, ancien poète romain,
dont saint Colomban avait sans doute fait
une étude particulière dans sa jeunesse;
et il avouait sans peine que, quand il eu
trouvait qui venaient à son sujet, il les trans-
crivait sans y rien changer, disant qu'il ne '
pouvait eu faire de meilleurs. Chaque vers
du Mouostichon renferme une sentence ou
une maxime de morale ; et c'est ce que si-
gnifie le titre du poème. La plupart sont ti-
r('s d'Octavien, mais il y en a aussi un grand
nombre de l'I'^criture saiule : elles sont tou-
tes bien choisies, utiles et édifiantes. Elles
ont pour objet la suite des huit vices capi-
taux el la prati(|ue des vertus contraires.
5. Suit dans la Bibliothèque des Pères un
llylhme en forme de prose carrée qui porte
le nom de saint Colombau '°. Celte pièce n'a
■> Vive Deo fidcns Cliristi pnrcrpla seqiiendo.
Sinl tilii Uiviliœ dicinœ dogmata legis.
pag. 33 et 3ô.
" Prwfnt. in poemata S. Columbani, png. 33.
' Quœ fiicerc meliora nequii, utor pro mets.
iVdm dicta vetera inverlere, impictas mcra est.
Ibid. - 10 Ibid., pag. 36.
Paèni» io-
tllult Unni».
Uclioo. Itid.,
n<tlirrr ou
firtAt Mtr**.
Ibil ,|JIC.3e.
Conimi^n-
lilro sur lo9
Ptaumes.
[vu- siKCLE.] ClIAPlTnE LUI.
ni l;i hcaiili', ni i'i'ir'validii dos priScédcnlPS.
l^ssorins n'a pas laissé do la mollrc à la lolo^
dos poèmes do ce Ptn-a ' ; on y trouve plu-
sieurs de ses pensées et de ses expressions.
Klle il pour nialioro rinconslance et la mi-
sère des choses lunnaincs.
§ V.
,Des ouvrages de saint Colomban qui sont
perdus.
1. Il faut mettre de ce nombre le Com-
mentaire sur les Psaumes, qu'il composa
('tant ^ encore jeune et avant d'entrer dans
le luonastore de Bangor. Sigcl)ert parle de
ce Comn\entaire ; mais il parait avoir tiré ce
qu'il en dit, de Jonas, auteur de la Vie de
saint Colomban, qui dit qu'il était travaillé
avec beaucoup de soin ■'. Hartnioto, moine
de Saint-Gai, met dans l'inventaire des li-
vres de cette abbaye un Commentaire de
saint Colora lian sur les Psaumes. .l'on ai vu
un dans celle de Luxeu que l'on a cru long-
temps être le même ; mais on cite dans ce
Commentaire, écrit contre les ariens, des
autours postérieurs à saint Colomban ; ainsi
il ne saurait être de lui.
2. Etant à Milan, il combattit de vivo voix
les ariens par les saintes l'^crituros, et en-
suite par écrit. Cet ouvrage, dont Jcuias
paile avec éloge, n'est pas venu jusqu'à
nous *. Ces ariens n'étaient autres que les
Lombards, qui avaient pour roi Agilulfe.
LiMiresji, 3. Le mémo écrivain fait mention d'une
Jf'au ro'î'clo- lettre que S. Colomban écrivit au roi Tliier-
'°'"' ry. 11 * y faisait à ce prince de grands re-
proches sur le dérèglement de ses mu'urs,
et le menaçait d'excommunication, s'il ne
SAINT COLOMBAN DE LUXEU.
029
(relesArieDS.
changeait de conduite. Elle est atissi citée
par l'"r('dé'j:aire. Nous ne l'avons plus, ni
celle qu'il adressa au roi Clolaire pour le
remercier de ce qu'il l'avait envoyé inviter
i\ revenir dans les Gaules °, e'est-^-dire dans
son monastère de Luxeu. Quoique le saint
abbé eût accompagne; ses remerciements de
leçons sévères pour ce prince, le roi reçut sa
lettre avec joie, et la regarda comme un
présent de sa part. Il on avait écrit une
autre ' à un de ses disciples, qui est aussi
perdue : elle avait pour matière la gravité
et la pudeur.
/i. De ses trois lettres " à saint Grégoire
sur la Pàque, il ne nous en reste qu'une. Sa
première aux évoques des Gaules" est encore p""'
perdue, de même que le mémoire qu'il avait
adressé i"! Arigins , '" l'un d'cntr'eux, et la
Lettre ou Traité sur l'allaiio dos Trois-Clia-
pitres "contre Agrippin. Il n'y a aucun fonde-
ment de mettre entre ses ouvrages perdus
un Traité sur les devoirs des Pasteurs; car il
est visible que c'est du Pastoral do saint Gré-
goire que veut parler l'tiuteur de la vie de
sainte Salaberge , et que, si le texte souITre
en cet endroit quelque doute-, il vient uni-
quement de la faute du '- copiste. Mais on
ne peut guère douter que nous n'ayons
peidu un grand nombre de ses discours;
puisque, suivantle témoignage de Jonas sou
historien ", il prêchait partout où il passait,
et qu'on aimait à l'entendie, parce que ses
vei'tus donnaient un grand poids à ses ins-
tructions.
5. Les éditeurs de la Bibliulhèque dos Pè-
res '• ont mis à la suite des ouvrages de saint
Colomban une explication mystique, et mo-
rale des noms do ceux que l'Evangile compte
I,ot'rC-> "l
Mrritfl .^iir In
l'i'iuo cl frur
[es TroiS'Cba-
Sainl Aile-
lan.
' Usser., Epist. Hibern., pag. 6 et 7.
- Tantiim ejus in peclore dicinarum Ihesauri .
Scripturarum condili tenebantur, ul Inlra ado-
le/centiœ œlatem detentus, rsalmoruin librum
eliiiHilo serinone exponeret. Jouas, in Vita S. Co-
luiiibiin., uuLii. 9.
^ Ibiil. et Sigfibort, De Script. Eccles., cap. lx.
^ Dum ille Mediolanum pênes mnrarelur , ut
luercticorum fraudes, id estarianœ perlidiw Scrip-
turarum cauterio disccrnere ac desecare veUct ;
contra quos eliam libellum florenti scientia edi-
dil. Jonas, in Vita Columb., num. ~>9.
» Qiio audito, Columbanus IMeras ad eumver-
beribus plenas direxit, contminaturque excommu-
nicationem, si emendare dilalando, non velkt.
Il)iil., uum. 32, et FrcHlo^av. m Chronic. , nuin. 36.
* Liltcras castigalionum affamine plenas régi
ClnlartO dirigit, gratissimum munus. .]oua^, ibid.,
uum. 62.
' Stripsi libi antea de serieiate ac pudicitia.
Coluiiilian., instruct. xiv, toin. Ml Bibliolli. vet.
Pat., pas. 10.
" Epist. ad Patres Concilii, pag. 25.
9 II)i(l. — '» Ibid.
•' Epist. ad Bonifac, pag. 29.
'* E.rstant ejiisdem Coluniha»i scripla ad bea-
tissimnm virum Gregoriiun PûiHificcm Romanum
qiice de pervigi.li Pastorum cura elii:uit. Il faut
lire : gui de porvigili l'astunim lura clucubravit.
Ce qui se rapporte uaturellean'iil ti saint r.ré-
goire.
" Agehat rencrandus rir lit per quœcumque
loca progrederetur, verbum erangelicum annun-
tiaret : erat cnin: gratum hominihus, ut qund fa-
cundiœ cultus adornabal, elucnbratœ prœdica-
tionis doclrina simul et exempta virlutum con-
finimhant. J.mas, in Vita Columb., num. 11.
'•• Tum. Ml Biblioth. cet Pat., pag. 37.
630
HISTOimi GÉNKRALE DES AUTEUKS ECCLESIASTIQUES.
entre les ancêtres de Jésus-Christ. Elle
porte le nom de saint Aileran Hibornois,
surnommé le Sage. C'est le seul monument
qui nous reste de cet auteur; encore est-il
imparfait. On ne sait en quel temps il écri-
vait.
§ VI.
Jugement des écrits de saint Colomban.
Editions qu'on en a faites.
japêmcni 1. QuoioTie la science des saints fût celle
itf écrits de . >, , , . > . , ,
Mfni coiom- que saml Colomban possédait le plus par-
faitement , .il n'était point étranger aux
sciences humaines. Il avait éludii- l'antiquité
profane et ecclésiastique, et appris dans les
écrits des meilleurs maîtres à parler et à
écrire avec élégance et noblesse , soit
en prose, soit en vei-s. Mais il faut avouer
qu'il réussissait mieux, lorsqu'il s'agissait de
traiter quelques points de morale. Les dis-
cours que nous avons de lui en ce genre
sont vifs, pressants, animés, naturels, per-
suasifs et pleins d'onction. Ils coulaient de
source, ne prêchant aux autres que ce qu'il
pratiquait lui-même. Ses lettres ont moins
d'agrément, le tour en est plus embarrassé,
le style plus enllé et plus guindé. C'est ap-
paremment qu'écrivant à des papes et à des
évéques, il le faisafl avec plus d'art. 11 est
moins gêné et plus naturel dans sa lettre à
des moines.
2. Nous n'avons que deux éditions com- Edm.nî
^ qu OD CD a fil-
plétcs de ses œuvres : l'une dans les Collecta- '">•
nea sacra de Fleming, imprimés à Augsbourg
en 1621, in 8, et réimprimés à Louvain en
1667, fol.; l'autre dans le douzième tome de
la Bibliothèque des Pères , imprimés à Lyon
en 1677 '. Avant ce temps-l.'i, Goldast avait
rendu pulilique la Règle de saint Colomlian
avec quelques autres de ses opuscules. Son
édition est de Lille, en 1601, et compiend
d'autres anciens monuments sous le lilic de
Parœnelicorum VPterum. Cette Règle se trouve
aussi dans le Florilegium Sanctorum Hiber-
n/«'de 'rhomasMessiuLrliani, a Paiisen 1624,
dans le Corona lucida de Stcugel, et dans le
Code des Règles de saint Benoit d'Aniane
par Holstenius, à Paris, en 1663. La lettre au
pape saint Grégoire n'est point dans le Re-
cueil de Fleming; mais on l'a mise dans le
neuvième livre de celles de ce pape de la
nouvelle édition, où elle est la 127'. Le
Poème à Huuakl fut imprimé séparément à
Bâie, en lo62 , parmi les poésies chrétiennes
recueillies par Georges Fabi-icius ; dans les
Leijons anciennes de Ganisiusà IngoUlat, en
1601, et il .\nvers, eu 1725 ; dans la Chrono-
logie de Lerius, parBarrali,ei Lyon, en 1613,
et dans le Recueil des Œuvres du Père Sir-
mond à Paris, en 1619 et 1696.
CHAPITRE LIV.
Varnahaire [après l'an 615], saint Beitchran évêqne du Mans [623],
saint Protadc de Besançon [625] , saint Eustase abbé
de Luxeu [625], Luculentins.
ll'ÀriYaius latius.1
i.»iir. de *• Nous ne connaissons Varnahaire on
cèrTÔD'!™/. Varnachaire que par sa lettre à saint Ce-
qoejoH.ris. j,jjm,ç^ évêque de Paris, qui l'avait chargé
de lui envoyer les acics do quelques mailyrs
dont on honorait la mémoire dans l'éL'Iise
de Langres. On infère do là deux choses:
l'une ipie Varnachaire élait élève de cette
église; l'autre, qu'il était en réputation de
savoir. Il s'acquitta delà commission, cl en-
voya i\ saint Geraune, vers l'an 61"), les Ac-
• <^iallaii(l a <lonn<; «no. nuire cilitioii ilcs œuvres
roinplrlcs de s.iiiil Coloiiilinii, dans le loiiie Xll de
sa liibliuDiùqiie ; elle a passé de là dans le Imiic
I.X.X.X de la Palrologie /a(i«c, avec beaui'uui» d'au-
tres ailleurs. On y trouve une notice par Ka-
l)rieius, puis un l'i-oléf!i>uièue par (jalland. Les
éerils ([u'on y a reproduits sont : 1» la Il'glc ma-
namle ; 2» la Mesure des pénitenoes A inipo.<er :
3° iiisiruelions diverses ou seriumis au nombre <le
11: 1" des lettres au nombre de G; .S» des lellres et
des npiii^cules eu vers. Vienucnt ensuite des notes
de (ioldasl sur les écrits de siint Colomban , el
quelipies diplùmes ayant rapport au saint. fL'cdi-
Ictir.J
I
Ivii' SIÈCLE.] CHAPITRE I.IV. — VABNAHAIRE, BERTCIIRAN, ETC. 631
tes de trois jumeaux iioimnés Speusippe, tes et le culte de saint Bénigne, a prouvé que
Llciisipjw et Mi'lcimippe, qu\ avaient re(;u la les saints Jumeaux sont nés ;'iLangres,
couronne du martyre dans le faubourg de la qu'ils ont été convertis par saint Bénigne. Le
ville de Langrcs. Il y joignit ceux do saint savant auteur déroule les tcimuigiiages en
Didier, évoque do la même ville, qui avait faveur de la tradition, en faveur des croyan-
aussi soullert le martyre. Varnaliaire, en ces de l'église de Langres; il résout les ob-
envoyant ces actes i\ saint Cérauro , lui jections sur lesipiels on s'appuie pour pré-
écrivit une lettre où il le compare ;\ saint tendre que les saints Jumeaux étaient cap-
Eusèbe de Césaréo, c'est ainsi qu'il le qua- padociens, en montrant que les Actes des
lilie, qui avait pris soin longtemps avant lui saints Jumeaux publiés par les Bollandis-
de recueillir les Actes des martyrs. Ceux tes étaient une falsification de ceux de War
que Yarnaliaire lui envoya ne peuvent pas-
ser pour originaux, ù cause de la longueur
des discours. Quelques-uns en ont fait au-
teur Yarnaliaire même ; mais il parait par
sa Lettre qu'il n'avait fait que copier ceux
qu'on lisait à Langres avant lui. On a d'an-
tres actes du martyre de ces trois jumeaux,
qui fixent leur mort au même jour , c'est-
.Vdire, au dix-septième de janvier; mais
qui, au lieu de mettre leur maityre à Lan-
gres, le mettent dans la Cappadoce. Cette
contrariété donne encore lieu de juger que
nous ne les avons point dans leur pureté.
Aussi Dom Buinart ne leur a-t-il point donné
place dans son recueil des Actes sincères des
martyrs. 11 y est dit qu'après que Speusippe
et ses deux frères eurent consommé leur
martyre, on porta leui's corps à un village
nommé Urbute à une petiîe lieue de Lan-
gres, et qu'il s'y faisait beaucoup de mira-
cles. Yaruabaire ajoute i\ cela, que l'inven-
tion de leurs corps et la dédicace de leur
église se célébrait le 18 de septembre ; ce
qui semble marquer qu'ils avaient été en
oubli pendant quelques siècles. 11 n'y a pas
plus de raison d'attribuer à cet écrivain - les
Actes de saint Didier. Saint Céraune ne l'a-
vait pas prié de composer des actes, mais
de lui envoyer ceux dont il aurait connais-
sance.
[La lettre de Yarnaliaire, les Actes des
saints Speusippe, Eleusippc et ^Iéleusipj)e,
et ceux de saint Didier se trouvent au lom",
LXXX de la Patrologie latinc,col. 186 ef .^-^^
Monsiem- l'abbé Bougaud, dans s^^^ Éindè
historique et critique sur la Mi-^^^j^^^ j^^ ^^_
' Bollandus, ad dicm 1" ' .. ,, , „.„ „■„,
r , „ ,', ,,, . janiiarit; Dubois, Hist.
hcd. Pans. lib. III, i- / , '
* nuUan.lus, ad ' . '«'P- «• "^"l"- '^•
3 Autun, 1 V <"«'" 23 "'«"■
* Cliai. ■ "'• '"-*' *®^^-
. .du l" livre, pas. 117 Cl sinv.; ces ac -
les sor . , ,,.,
s -t reproduits a la page Sbi.
Mubillon, Anaicctor., tom. 111, pag. 100, et cdit.
/fe!., pag. 2')4.
nahaire , et que cette l'alsilication avait été
faite au IX° siècle par des Grecs et par des
Grecs disciples de Photius, Par un bonbeur
inespéré il a retrouvé, dans un passionnaire
d'Autun\ les actes entiers composés auhV'
siècle, et dont une partie manquait dans l'é-
dition des Bollandistes. La partie inédite lui
a servi à démontrer la falsification de ces
Actes ''.)
2. Nous avons dans les Analecles '' de
Dom Mabillon l'iiisloire des évêques du ,
Mans, au nombre de quarante-quatre. Ce
n'est qu'un abrégé de leur vie, avec quel-
ques actes des donations faites à cette
église par les princes, ou par les évêques,
ou par d'autres personnes de considération.
Notre dessein ne nous engage point à en-
trer dans la discussion de tous ces monu-
ments, ni à parler de tous ces évêques,
eussent-ils fait quelques donations ou tes-
taments; nous ne parlerons que de ceux
que des écrits d'une autre nature doivent
faire mettre au rang des auteurs ecclésiasti-
ques. Bertcbran, ou Bertrand, XI' évêque
du Mans, se rendit célèbre par la sublimité
de son génie et. par la beauié de ses vers.
Fortunat, qui les avait lus ot qui pouvait en
juger uulaut qu'homme de son siècle, dit
quo Rome n'avait rien vu de plus parfait en
ce genre ^ 11 n'en est venu aucun jusqu'à
nous; et tout ce qui nous reste de Bertcbran
est lin testament extrêmement long, qu'il
dicta lui-même à son secrétaire, et qui est
une preuve qu'il était fort versé dans la
connaissance des lois. Ce testament est date
de la trente-deuxième année du règne de
6 Vix modo tam nilido pomposa poemata cuUu
Audit Trajcino Roma veietidti suo. ^
Quid si lah decus récitasses in uure bcnalus .
Siravisscntplanlis aurea fila luis.
Fer Ivca. per populos, per compila cuncla videres
Cwrere versiculos, plèbe faMiUe, tuos.
Fortunat., lib. Hl- Carm. 23.
S.Bcrl-
fln évoque
.Macs.
632
HISTOIRE GI:NERALE des auteurs ECCLESIASTIQUES.
Clotaire H, qui revient à l'an 615 de l'ère
vulgaire. Berlcliran s'élait consacré dès sa
jeunesse au service de Dieu, et avait reçu la
tonsure cldricale au tombeau de saint Mar-
tin. Admis dans le clergé de Paris, il faisait
encore les fonctions d'archidiacre dans celte
église, lorsqu'il fut clioisi en 58G pour rem-
plir le siège èpiscopal du Mans, vacant par
la mort de Baldi'gisile. L'année suivante, le
roi Contran l'envoya en ambassade vers les
chefs des Bretons, qui avaicnl fait une irrup-
tion dans le pays Nantais. Sa négociation
eut un heureux succès. Eu 589 il assista à
l'assemblée qui se tint dans la cour de
ce prince'au sujet des troubles arrivés dans
le monastère de sainte Radegonde de Poi-
tiers. Il semble ' qu'après la mort du roi
Contran, on voulut l'obliger de manquer de
fidélité A Clotaire II, à qui la ville du Mans
appartenait, et qu'il fut chassé de sa ville
épiscopale ; mais qu'il y revint aussitôt que
Clotaire fut devenu maître de toute la mo-
narchie. Il profita de la tranijuillité dont il
jouit le reste de ses jours pour fonder des
monastères, entr'aatres celui de Saint-Pierre
de la Couture, où il fut enterré en 0:23,
étant mort le 30 de juin de la même année.
Forlunat ' fit deux poèmes en son honneur.
11 relève dans le premier l'amour tendre
qu'il avait pour son peuple, e«t l'amour que
son peuple lui portait ; dans l'autre il fait
l'éloge de ses écrits, c'est-à-dire, de ses vers.
Car il ne marque point qu'il ait composé
quelque ouvrage en prose. Le testament de-
Bertchran est reproduit au tome LXXX de la
Patroloyic latine, col. 386 et suiv. avec une
notice parMabillon et la pièce de ver? que
Forlunat adressa à Bertchran.
sji„, p„. 3. Nous ne connaissons l'ouvrage que saint
Bc'.p'^oT*^" Protade écrivit sur les rits ecclésiastiques,
que par ce que nous en apprend l'auteur
anonyme de sa vie '. 11 raconte * que les
clercs des églises de Besnnçoa étant souvent
en dilUculté au sujet des cérémonies qu'ils
devaient observer, Elienne, doyen de l'église
qui portait le nom de saint Jean l'Évaugë-
listc, et Haymin, doyen d'une autre église
de la même ville sous l'invocation de saint
Etienne, prièrent saint Prolade de uiotire fin
à CCS contestations , en réglant lui-même
tous les rits ecclésiasti jues ; qu'à cet effet
le saint évèque fit un livre en forme de ri-
tuel où il prescrivit de quelle manière on de-
vait se comporter dans l'assemblée des frè-
res ; ce que l'Eglise devait pratiquer ou
éviter; combien il devait y avoii de ministres
à l'autel les jours de fêles solennelles; quel
temps l'on devait pren'tre pour les proces-
sions publiques , et où elles doivent aller; en
quels jours les communautés de la ville de-
vaient se rendre à l'église métropolitaine, et
ce qu'il fallait pratiquer dans l'église chaipie
jour de l'année. Ce rituel, au rapport de cet
anonyme, était distribue avec une sainte in-
dustrie. On le conserve encore dans l'éghse
de Saint-Jean * ; mais avec tant d'additions,
souvent nécessaires dans ces sortes d'ouvra-
ges, qu'il est tout différent de ce qu'il était
quand il sortit des mains de son auteur'. Saint
Protade avait succédé, dans le siège èpisco-
pal de Besançon, a saint Nicet, mort en 612
ou 613. Il mourut lui-même avant l'an 625,
auquel saint Donat , son successeur ' assista
an concile de Reims. [Dans le tome LXXX
de la Patrologie latine, col. 410, on trouve
une jinticc historique sur saint Protade, tirée
de rilistùire de l'h'ylise, ville et diocèse de
Besançon , tome 1 . pur Dunod, et la Liturgie
de saint Protade. Celte liturgie comprend 1°
les Laudes ou acclamations qui se chantaient
entre l'oraison et l'épilre non-seulement à
Besançon, mais encore dans les plus célèbres
églises de la Gaule, dans celles de Vienne,
de Lyon, de Rouen, et les acclamations com-
1 Mabillon., Am\al., loiu. I, jKig. Ifll. 1!)2.
' Foituiiat. lil). III, (■.ip. xxn et xxui.
s BullaiiiJus, ad diem [6 fehruarii, pi'g- 412.
* Inlcr cœlera quidem liiijus bcaliKsiiui viri
adscribilur laudibus, quod duliilaiitibiui clcricis
inler se de diversis ecdesiarum usibxts, roganle
boum inemoriœ Slepliano sanclw matris lîccle-
siœ beali Jouiinis Eiangclislœ et Ilui/miiio sancii
Stephani ejusdem civitutis Dccano, liliellum edi-
deril in quo ad scparandnm nmne umliiouum hœc
scripla rctiqiieril: (Juid in conviutu frulrum agi
conrer.ial; quid tcnere Uccksiam , qnid vitare
oportcat; quoi sacri ordinis Ministros fesliri dits
habcant ; quo et qvando proce$siones fiant : quo
ieinpore totius urbis enngregaliones ad matrem
Ecctesiam conveniant ; quidijuid eliam agrndum
sil pcr anni circulum in Ecclfsia, sanria tjus
cdocuil posteras indu^tria. Bollaud., ad diem tu
fehruoni, \i«g. 41.1.
s Le Cuiule, Annal, nd an. «20, niim. .1 ol 7.
• Cl- Hihiel a M iuiiii-iiui'- dniis les prouves qui
sont ù la suite du premier toiuc de Tl'V'lis'e <Ie Be-
saui'on, .ivee la u:i>iise propre des saints luarlyr?
l'erréol et l-'erjrux, tirée delà Liturgie (Jallitaue, et
avi'i' l(;s titres d'une anrieime rèfîle des ihanoines
(le l't'ylise luélropoliluinc <!e celte cil*. (L'édi-
teur.)
■ Toui. III ConciL, pag. lliSO.
Pillât Ku*-
ta^e, «bbé de
Luiou.
[VII' SIÈCLE.] CHAPmiE LIV. — VAIl.NAl
moncent par ces mots : Cfiristiis vincit, C/iris-
liis régnât, Christtis iin/mal ; 2° un martyro-
loge ou catcndiicr pour toute l'anni'c.
Ou y trouve, au dix de uiai, la fête de saint
Sylvestre, preuiier l'vèque de Besaueou,
doul on ne lait plus la mémoire, dit l'abbé
Lebnnif, i/iid. , col. i-22 ; et au 3 juin, la trans-
lation de son corps et de celui de saint
Anian, autre évêqucde Besançon, tous les
deux dans le IV" siècle. Ce calendrier, s'il
est l'œuvre de saint Protadc, a eu beaucoup
d'additions dans la suite; ce saint s'y trouve
lui-uiènie le 10 février. Un appendice donne
la charte de la restauration du cliapitre de
saint Etienne par Hugues, archevêque de
Besançon, dans le onzième siècle.
Les autres pièces sont deux catalogues
anciens de l'église de Besançon.]
4. On met au vingt-neuvième de mars de
la même année G2ô, la mort de saint Eustase ,
abbé de Luxcu, disciple de saint Colomlmn.
Aubert-le-Mire et quelques autres en ont fait
un écrivain ecclésiastique', en supposant
que , s'étant retiré avec son maître en Italie
vers l'an Gi3, il avait laissé par écrit la rela-
tion de son voyage et de tout ce qui était
arrivé de mémorable dans la route. ÎNIais
Jouas dit expressément que saint Colomban,
en sortant de Luxeu par ordre du roi Thier-
ry , y laissa suint Eustase, son disciple et son
ministre, qui en fut ensuite élu abbé -; et
qu'il gouvernait ce monastère, lorsque Clo-
taire II, devenu, sur la fin de l'an 613, seul
maître de la monarchie française, le députa
à saint Colomban pour l'inviter à revenir
dans sou monastère de Luxeu. Il ne nous
reste de saint Eustase que la réponse qu'il fit
dans le concile de Mâcon aux objections
d'Agrestin contre la règle de saint Colomban.
Il est assez vraisemblable qu'au retour de ce
concile il mil par écrit ce qu'il y avait dit de
lAtHE, BEllTCllltAN, ETC. 033
vive voix; et que Jonas^, qui a écrit sa vie,
a tiré de cet écrit ce qu'il rapporte des ré-
ponses du saint abbé. Il était né eu Boiirgo-
guc, d'iuio famille noljle, et était neveu parsa
mère de Mietius, évêque de I.angres. Après
son voyage d'Italie, il travailla h la conver-
sion des Varasques, peuples qui habitaient
le long du Doubs, et dont la plupart t'taieut
ou idolâtres, ou infecl('s des erreurs de Bo-
nose et de Photin. Après en avoir converti
un grand nombre, son zèle le porta .'i tra-
vailler aussi à la conversion des Bavarois. Il
mena avec lui plusieurs ouvriers évaugéli-
ques, qu'il laissa dans le ])ays pour conti-
nuer l'ouvrage qu'il avait commencée avec
succès, et revint h Luxeu reprendre le gou-
vernement de son monastère. L'auteur de sa
Vie relève ' son éloquence, sa facilité ù s'ex-
primer, son savoir et la pénétration de son
esprit.
0. [Lefomc IXdes&;'//j;. veter.,pagA89-
256, con tient des parties d'un commentaire sur
quelques parties du Nouveau Testament, par
Luculentius. Cet auteur c=t grave, doué d'une
grande perspicacité, et orthodoxe sur les dog-
mes de la morale, mais on ignore l'époque où
il vécut et sa qualité. Son commentaire est
sur saint Mathieu, saint Jean, les épîtres de
saint Paul et la première de saint Pierre. On
peut inférer cependant qu'il est d'une haute
antiquité, en ce sens c[ue dans plusieurs pas-
sages il réfute les ariens. Il nous apprend ^
qu'ils appelaient le Père major, le Fils minor,
et le Saint-Esprit /)en?ienor, mot nouveau. On
y voit un témoignage très-clair de la pré-
sence du Christ dans l'Eucharistie*; le codex
d'où il est tiré est duxii" siècle : les lexicogra-
phes pourront 3' trouver plusieurs mots nou-
veaux ^ Le tome LXXII de la Patrologie,
col. 803 et suiv,, reproduit
ce commentaire donné par iMaï.J
Luculentlu!;
loul-ëtro de
In 6n du vc
siècle, ou du
corameotP-
mcat du Ti^.
es fragments de
1 Miraeus, in Àiictuario, num. 178. Vossius, de
kisloricis latinis, cap. xxv. l'ossevin,in Apparaiu,
pag. 473, loin. I.
- Jouas, i)i Vita Columb., num. 37 et 61.
3 Tom. Il Àct. Ont S. Bened., pas. 111.
* Cumque nihil profecisset .statuil Clotarius rex
ut sijnodati examinalione probarettir, non am-
bigens de beati Eustasii aucloritate et doctrina,
qtiod oiniies adcersanles sanctœ r-egulœ pruden-
tia et facunditale superarel. Jouas, in Vita Eus-
tas., num. 9. Comperendinatim Agrestino talia
loquenti Eustasius sagax, ut eral virtulis, pa-
tientiœ et scientiœ compertus, respondit. Ibid.,
num. 11.
s Pag 214 et 224.
^ Il Fidelibus suis corpus et sanguinem suum
dat comedendum ipseqtii dici< : Ego sum paiiisvi-
viis, etc.: et plup loin : Iturus ad passionein ditscipu-
lis ait: Hoc est corpus meum quod pro cobis tra-
detur.
' Voyez Annales de Philosophie , tom. XXIV,
pas. 310.
63 i
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE LV.
Marc [612], Sébastien et Simplice, disciples de saint Benoît, Eatrope
évêqnc de Valence, et Maxime évêque de Sarragosse [cori-
vains latins dn commencement du VIP siècle]-
M.rc, àh- 1. Entre les disciples de Paint Benoît, qui
i^m\t' "sts ont laisse quelques uionuments de leur sa-
Ton-, Pierre Diacre met un nomme Marc,
moine du Mont-Cassin ', qu'il dit avoir c'té
très-inslrnit dans les divines 1-trilures. Les
éloges qu'il donne à ses vcrssui)posent qu'il
avait aussi cultivé les belles-lettres. I! ne cite
que ceux qu'il avait faits ;\ la louange de
saint Benoit, et où il faisait encore la des-
cription de la montagne de Giissin et du mo-
nastère qu'il y avait Ijâli. Ces vers sont élé-
giaques. Sigebert dit' que Marc en avait pris
la matière dans la vie de saint Benoit par
saint Grégoire le Grand, mais qu'il y avait
ajouté quelque chose de lui-même. Ils sont
cités par Paul 'Diacre, par Aldvenalde et
par saint Pierre Damien. On les trouve im-
primésdans le Recueil des Poésies de Prosper
Martinen<.'us h Rome, do90, et dans le pi'e-
mier tome des Actes de l'Ordie de saint Be-
noit. INIarc ue s'est pas oublié dans ses vers;
mais il le fait avec beaucoup d'humilité, di-
sant' qu'étant parti pour le Mont-Cassiu ac-
cablé du poids de ses péchés, il se sentit dé-
chargé aussitôt qu'il y fut arrivé ; et qu'il
espère jouir unjoiir de la vie bienheureuse,
avec le secours des prières de saint Benoît.
Les vers où il parle ainsi sont, comme ou
vient de le dire, ('Ic'-giaques, dilléreuls par
conséquent de ceux que Sigebert avait vus,
et qui étaient héroïques ou hexamètres.
Ceux-ci se trouvent également dans le troi-
sième tome de la Collection de Marlinengus,
S<liut!eii
dlfclpl« do
S. Benoît.
Sot tcriu.
imprimée ù Rome, en l.">90, par les soins
d'Arnold AVion [et dans le tome LXX.X de la
Patrologie latine, avec une notice par Fa-
bricius, colonne 183 et suiv.]. On attribue ù
Marc des sentences et autres opuscules im-
piiraés à Hagueuau en i.^31 , et à Paris en
15G3 ; mais on n'a point de preuves qu'ils
soient de lui : on les croit plutôt d'uu soli-
taire, nommé Marc, dont il est parh- dans'
Photius, et dont nous parlerons dans le cha-
pitre suivant.
2. Sébastien, autre disciple de saint Be-
noit", écrivit la vie d'un savant nommé JJie-
ràmc, ditl'érent, comme l'on croit, du célèbre
saint Jérôme, l'un des docteurs de l'Église.
Il ne faut donc pas lui attiibiier une Vie de
ce Père qui a [laru sans nom d'auteur, et
qui, au rapport ''de Baronius, est remplie de
faussetés et de mensonges.
3. Après la mort de saint Benoit, Cons- suis
tantin, l'un de ses disciples, fut choisi pour £Ï"'d.''''*
abbé de Mont-Cassin. Il fut un des quatre '"'"'
que saint Grégoire consulta comme témoin
de la vie et des miracles de saint Benoit. On
croit' qu'il gouverna le monastère do Cassiu
jusques vers l'an .j(JO. Il eut pour successeur
Simplice, que saint Grégoire cite aussi dans
ses Dialogues comme témoin des faits mira-
culcu:: de saint Benoît. Pierre Diacre dit que
Simplice fit connaître la Règle de ce patriar-
che'dans tous les pays, et qu'il composa
quelques vers à sa louange. Ils sont au nom-
bre de neuf; le huitième se lit ditrérciument
' Marcus palris Dencdicii disripnlus, rir egre-
gius et in Srriiitnris opprime crudilns, de adven-
tu sancli ISenedicti ad Cassiiinm , de situ loci,
construrtiniicqiie ciriwbii etegaïUissimos versus
composuil. PcU-ns Uiacon., De Viris illust., naiK m.
» SigeljiTl., De Scripl. Eccles., c-qi. xxxiii.
» l'auluo Diacoii., lib. 1 De geslin, cap. xxvi. Alil-
vpiiald, lili. I, cap. iv De Sliraculis S. Deiiedicti.
Itaïuiaiiiis, Serin. H in ]igitiii S. Hcncdtcli.
* Bue ego cuiii sc( ^'n^Hl depressus fasce subis-
se m,
Depositum sensi poiidtis ahcsic mihi.
Credo quod ri felix vila fiuar insuper illa,
Orns pro Marco si, Bénédicte, luo. Tom. X AcI.
Ord. S. Drncd., pa.ii. 2G.
» l'Iioliiif, cod. ion, pap. 520.
« l'i'tnis Diai'oiiu!!, De Viris illust.. cnp. iv.
' Ibiil., cap. IV.
" Union., ad an. 420, nuiii. <0. Vidr. Vossium de
hisldrici.t Itilinis in Sebastiauo.
» .MaUillou., lib. VI Annal., ynp. 113,
.iilprtno,
Jp V.l-
lO Es-
Ses
[vil- SIÈCLE.] GHAPITIIE LV. — MWW.,
on divers manuscrils. Les uns porleiil .}fa-
gistri lati-m ojms prop(ig(ivi( in rmincs ; ce (]ui
donnerait lieu Je croire que la lU';;lc de saint
Benoit n'tMait connue nulle part avant que
Siniplice la lit connaître. D'autres, au lieu de
latcns, lisent ia/i; ce qui ne seniit pas con-
traire au sentiment commun que celte Règle
fut coinuic en France du viv;int même de
saint Benoit. Mais en lisant lalens, coiuuu' la
mesure du vers le demande, on peut dire
que cette Règle, quoique connue déjà eu plu-
sieurs provinces, cMait incoinuie dans un Lien
plus grand nombre où Siruplice la rendit
publique, l'aus la lettre ' quel'abhé île Fondi
lui écrivit en lui envoyant deux de ses reli-
gieux pour apprendre à Gassin même l'ob-
servation de celle règle, cet abbé lui marque
qu'elle était dcja leçue dans la Camiianie,
dans la I,i;^urie et dans plusieurs autres pro-
vinces d'Italie. Les vers de Simplice se trou-
vent dans les Disquisitions monnsfirjiics de
Heficn, et dans la Cuncorde du saint Benoit*
d'Aniane.
4. On lit dans l'Appendice de la même
Concorde une Lettre d'Kutrnpe, évoque de
Valence, A Pierre, évèque d'iUirbica'. Il en
avait écrit une seconde à Licinien, évèque
de Cartlmgène, dans laquelle il lui deman-
dait pourquoi l'on oignait de cbrêmc les en-
fants baptisés. Celle-ci , qui passait pour
très-utile, est perdue ; mais nous avons la
première, qui a pour titre : De l'étroite ob-
servance des moines et de la ruine des monas-
tèi-es. Futrope y fait voir avec beaucoup de
force et de solidité que les supérieurs des
monastères ne doivent point garder le si-
lence sur les fautes de leurs religieux ; mais
les reprendre et les corriger, dussent-ils
passer pour ti'op sévères dans l'esprit de
plusieurs. Il se fonde non-seulement sur
l'autorité des divines Écritures dont il rap-
porte plusieurs passages, mais aussi sur la
conduite que les SS. Pères ont tenue à cet
égard. Ils n'ont rien omis pour maintenir
l'observation des règles dans leur pureté et
dans toute leur étendue. « S'il était permis
de se relâcher sur quelques articles de ces
règles, s'il était défendu de corriger et de i-e-
prendre ceux qui y contreviennent, les mé-
chants, qui n'auraient plus à craindre les
cliâtiments, s'abandonneraient aux vices, et
ne suivraient plus d'autres lois que leurs
SÉBASTIEN, SIMPLICE, ETC. fi33
passions. C'est pour empêcher ces désordres
que Dieu a mis eu main aux princes dans
l'Ktat, aux évêques et autres pasteurs dans
l'Fglise, et aux supériems dans les monas-
tères, une autorit(! l(''gitim(; pour réprimer
les crimes et punir les coupables. Si nous
voulons abuser des biens temporels que nous
ne tenons que de la libéralité de Dieu, et
suivre notre propre volonté, ne contreve-
nons-nous pas à ses préceptes, qui nous or-
donnent d'user de ces biens avec modéra-
tion ? Quelle dilférence y aura-t-il entre nous
et les gentils, qui ne suivent point d'autre
règle que celle de leui's désirs? A quoi nous
servira de lire tous les jouis les Vies des
Sainls,si, en faisant profession du même
genre de vie qu'eux, nous faisons dilliculté
d'en remplir les devoirs? De quel mérite
nous sera-t-il auprès de Dieu d'avoir professé
une religion dont nous n'aurons eu que le
nom et les dehors, sans en avoir pratiqué
saintement les œuvres? Saint Paul ne dil-il
pas que nous devons faiie le bien et aux
yeux de Dieu et devant les hommes ? »
Eutrope n'était encore qu'abbé, lorsqu'il
écrivait cette lettre ; et il paiatt que l'évoque
Pierre lui avait écrit de recevoir plusieuis
personnes dans son monastère. Il répondit
qu'il y était tout disposé, mais qu'il s'inquié-
tait moins du nombre des sujets qui se pré-
sentaient que de leurs bonnes qualités ; parce
que Dieu ne se plaît point dans le grand
nombre des mauvais serviteurs, et qui ne le
sont que de nom, mais dans ceux qui vivent
saintement ; qu'ainsi il lui parait plus salu-
taire de marcher avec peu de monde dans la
voie du salut, que de s'en éloigner avec un
grand nombre de personnes. « Nous nous eu
tenons, dit-il, aux règles que les fondateurs
et les pères de ce monastère nous ont trans-
mises : nous n'allons point au delà ; mais
aussi nous n'en voulons rien rabattre. Ceux
qui nous accusent de trop de sévérité et
d'être cause que quelques-uns sortent de ce
monastère, n'en connaissent pas la disci-
pline, et dès lors les reproches qu'ils nous
font ne tombent point sur nous, mais sur
eux-mêmes, puisque ce sont des preuves de
leur ignorance. Au reste, si nous voulions
être sensibles au blâme des hommes, nous
ne forions pas ce qui est agréable à Dieu. »
Eutrope finit en disant à l'évêque Pierre ,
< .Mubillon., lih. M, .in nal., pag. 143.
' Concord. Regul, pag. 4, part. 2.
3 Isiiioni? Hispal., De Scripl. Eccles., cap. xxxu.
Concord. regul. in appendice, pag. 82.
G36
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qu'il s'était cru obligé de lui écrire dans ces
termes, afin de lui appreiuii'e qu'i! ne faisait
rien dans son monastère qui ne fût prescrit
par la règle que l'on y observait ; et que ceux
qui n'en pouvaient supporter l'austérité, de-
vaient s'en prendre non à la règle , mais l'i
leur lâcheté et à leur tiédeur.
[Il existe encore une lettre d'Eutrope à
Pierre, ce même évêquc d'Iturhica ; elle est
sur les huit vices, c'est-à-dire sur la gour-
mandise, la fornication, l'avarice, la colère,
l'anxiété ou l'ennui du cœur, la vaine gloire
et l'orgueil. Cette lettre se trouve au tome
VIII de la Bibliothèque des Pères ; elle est re-
produite au tome LXXX de la Palrologie la-
tine avec une notice historique siu- Eutrope,
et avec l'autre lettre à Pierre, col. 1 et suiv.]
o. Quoique Maxime de Sarragosse eut com-
posé plusieurs ouvrages tant en prose qu'en *""«
vers, il n'en est venu aucun jusqu'à nous.
Saint Isidore ' ne parle que de l'abrégé his-
torique que Maxime avait fuit de ce qui s'é-
tait passé en Espagne dans le temps que les
Goths l'occupaient. Il ajoute : « On dit qu'il
a écrit plusieurs autres choses que je n'ai
pas lues. » Maxime assista, en 3i)"J, au con-
cile de Barcelone ; en 610, à celui de Tolède;
en Gl't, à celui d'Hgara.
6^iqil« du
Oise.
CHAPITRE LVI.
Marc l'Ermite [époque incertaine d'après D. Ceillier, an commencement du
V siècle d'après d'antres].
[Écrivain grec]
Il y a plu
sÎ6ursSol''ill
l. Pallade * el Sozomèue font mention
Mare""""'^" '^'"" ermitc nommé Marc, qu'ils disent avoir
ét(! l'un des plus célèbres parmi les solitai-
res d'l'>gypte dans le iv' siècle, et avoir vécu
au moins cent ans, puisqu'il avait atteint
presque cet âge lorsque Pallade le vil en
390. C'est ce Marc que l'on appelle des Cel-
lules. Nicéphore * en parle aussi ; mais il le
distingue d'un autre Marc, à qui il attribue*
divers ouvi-ages, et qu'il dit avoir vécu sous
Tbéodose le Jeune , et été instruit par sniiit
Jean Cbrysostome en l'une et l'autre philo-
sophie. Il est pailé d'un troisième Marc dans
le recueil' grec des Paroles des Pères, don-
né par M. Cotclier ; mais il y est qualifié d'ab-
bé d'Egypte, et non pas ermite. On en met"
un quatrième sous l'empire de Léon VI, au
commencement du x° siècle; el il serait aisé
d'en nommer encoi'e d'autres. La dilHculté
est de savoir lequel d'entre eux est auteur
des huit traités de morale cités par Photius,
et que nous avons dans le cinquième tome
de la /iiôliol/ièr/iie des Pères sous le nom de
Marc TErmite. Pallade ne donne aucun éciit
à Marc des Cellules. Ou n'eu donne point
non plus à Marc abbé d'Egypte , dans le re-
cueil des Paroles des anciens Pères , ni ail-
leurs. Ce Marc, qui a vécu sous le règne de
Léon VI, ne peut être regardé comme auteur
des traités dont nous parlons, puisqu'ils sont
cités par Photius, qui écrivait plus de cin-
quante ans auparavant , et qu'il en parle
comme ('■faut d'un écrivain plus am ien que
lui. Nicéphore Caliste, n'ayant écrit ipie dans
le xiV-' siècle , n'est pas un garant bien sûr
de ce qui s'est passé au comuiencenient du
\'. Son opinion es! néanmoins la plus vi'ai-
semblable et la plus suivie. L'ahbé Dorothée,
qui écrivait dans le vu' , rajjporte ' dans ses
instructions quelques paroles de l'abbé .Marc;
mais il ne dit point qu'il ait composé des
ouvrages. Rien donc d'assuré sur l'auteur
de ces huit traités de morale, sinon qu'ils
sont de Marc l'Ermite, et que ce solitaire a
vécu plusieurs aniiégs avant (jim Plioliiis
composât sa Bibliothèque, c'est-à-dire avant
l'an 808'. Quel qu'il soit, il n'est point exact
dans ses expressions, ni dans sa doctrine.
On n'a point suivi dans l'impression de ses
oiiviages l'ordre marqué par Photius; mais
' Isid., De Scriiil. Eccles., aiii. .\x.\iii.
» l'allaù., in Hisloria Lausiaca, cap. xx. Sozo-
lucii., li!>. VI. Uinl., c.ip. x.\ix.
' Niccphorus, lib. .\l Ilislur., cap. xx.w.
* Ifleiu, Jil). .\IV, rap. Liv.
' Toiii. I Monumenl. Cotelerii, pag. 571.
• Bellaruiiu., De Script. Eccles., pag. 273.
Dorolheus, toiii. V BibliotJi. Pat., pag. 905.
* DalUiasar .Marie Remuniliiil, qui n piililit' ilcnx
lraiti''s im'dils di- .Miiir, le fait vivre nu \"» sii-clc.
Fcssi!li;r, Iiistit. Patntl., toiii. Il, \m\t. (i?n, Ip plai>e
:iu coiiuuciRcinenl du v» sii'rlc, f l le fait Iroisiruie
disciple de saint Joau ClirysdSlonip. C.allaud avait
«*(é iiareilloiiionl de ce sculiiiK-Ml dnns lp!> l'rolARo-
uièues du tome VIII di> sa UIMinllièque. (A'éfl-
teur.)
[vil' SIÈCLE.]
CHAPITRE LVI. — MAU<:, [/HUMITE.
(i;t-
il aviiiii- Ini-m^'inc qu'ils étaient placés dilTé-
rcmmciil d;ms divers manuscrits.
■ ■"roï-fe'- -• I-e proiuicr, selon lui, était iiililiilé : /)t'
, ,.d"',!i '" f-f'' ^liritnelle. Il porto le môme titre dans
i.u.ii'o!" ''" les iniprinic's, où il est aussi intilulé : Du Pa-
radis. Pliotiiis en parle comme d'un onvraçrc
utile à cenx qui se proposent de vivre dans
la piét(' '. Marc y fait voir que ceux-là sont
dans l'erreur , qui s'iniapineiit pouvoir être
sauvés par les seules œuvres, sans la foi ; que
non-seiilouicnt la toi est nécessaire au salut,
mais que l'on ne peut l'acquérir par des œu-
vres tailcs sans le secours de la grâce. Il
avance sur cela deux cents maximes, qui sont
comme autant de iiriucipes, dont voici les
Num. I. pjjjg lemarquables. « Nous savons cerlaine-
ment que Pieu est l'auteur de tout bien ; qu'il
est le principe, le milieu ■ et la fin ; qu'il nous
est impossible do faire quelque chose de bon,
ou de croire, si ce n'est par Jésus-Christ et
■• par le Saint-Esprit. Tout bien nous est don-
né de Dieu oratnitement. Invoquez donc le
Seigneur, alin qu'il ouvre les yeux de votre
cœur , que vous voyiez et que vous conce-
viez l'utilité de la prière et de la lecture de
t. l'Ecriture sainte. Cet endroit est bien con-
traire à ce qu'il dit dans la préface, q* nous
avons ' naturellement cette promptitude d'es-
prit que Dieu demande de nous, et que Dieu
nous donne sa grâce quand nous avons cru,
cl lorsque nous voulons rendre quelque ver-
tu parfaite. Celui qui a reçu le don de Dieu,
compatit à ceux qui ne l'ont pas reçu, et, par
ce mouvement de compassion, il conserve la
grâce qu'il a reçue de Dieu ; au lieu que ce-
c. lui qui en tire vanité , en est privé. Gardez-
vous bien de vous mettre sous la discipline
d'un homme vain , de peur qu'iu lieu de
8. l'humilité , vous n'appreniez l'orgueil. Ne
vous élevez pas des larmes que vous versez
pendant la prière : vous en êtes redevable à
i-i- Jésus-Christ, qui a toucbé votre cœur. Dans
le temps que le souvenir de Dieu se pré-
sente à votre esprit, ne le laissez point écou-
ler sans le prier, afin que, lorsque vous l'au-
rez oublié , il vous fasse ressouvenir de lui.
2'- La perfection de la loi est cacliéc dans la
2'- croix de Jésus-Christ. Xe reprenez point ce-
lui qui se retire du péc.hé et qui rentre dans
le bon chemin. Dieu est le cfunrni'ncement
et l'auteur de toute vertu , comme le soleil
l'est de la lumière quotidienne. Ainsi, lors- Num. so.
que vous faites quelque action vertueuse,
souvenez-vous de celui qui a dit : Sans moi *">■
mtits ne sauriez rien faire. Que vos pensées *'•
et vos actions aient toujours une fin agréable
ù Dieu. Celui qui entreprend un voyage sans "'•
savoir où il va, n'avance de rien. Ne vous
imaginez pas être en possession de la ver-
tu, si vous êtes exempt d'afTlictiou. On n'est '^'^^
point éprouvé par le repos et la tranquil-
lili'. Quelque grande que soit l'ignominie "■
que l'on soull're pour la vérité de Jésus-
Christ ,1a gloire dont (!lle sera récompensée
la surpassera au centuple.
3. « Lfi négligence vient de l'amour et de i:»
la recherche de la volupté, et l'oubli des
devoirs prend sa source daus la négligence :
car Dieu adonné à tous la connaissance des
choses utiles. Comme le défaut de l'art de »»■
bien dire ne nuit point à un homme de pié-
té, l'éloquence no nuit pas i\ celui qui est
humble. Ne dites point : Je ne sais ce que ^ ;
je dois faire , et dès lors je suis exempt de
faute, si je ne le fais pas. Car si vous faites
tout ce que vous savez être bon, la connais-
sance des autres choses qui sont bonnes vous
sera donnée , et vous counaitrez l'un par
l'autre. En lisant les paroles de la sainte st.
Écriture, mettez en pratique ce qu'elles pres-
crivent , et ne vous contentez pas de les ré-
citer, eu tirant AMnité de cette science exté-
rieure. Soyez toujours attentif à vos pensées, .ji.
parce qu'il n'y eu a point qui ne soient con-
nues de Dieu ; lorsque vous apercevrez qu'el-
les vous promettent de la gloire devant les
hommes , sachez qu'elles vous préparent de
l'ignominie. On avance par degrés dans le '-•
mal comme daus le bien, et un acte de ver-
tu excite à en faire uu plus considérable. '-
Quand nos péchés sont légers , le démon »«•
nous les représente comme étant encore plus
petits ; sans cela il ne viendrait pas à bout
de nous en faire commettre de plus grands.
Lorsque vous entendez dire à Jésus Christ
dans l'Évauiïile : Celui-là n'est pas digne de i-ue.xiv,33.
i Pmmus titulum prœfert, de lege spiritali, uti-
lisque existit Us qui religiosam vitam agere ag-
gressi sunl. PlioUus, cod. iOO, pag. 519.
' Primum cerlo scimus Dcum loliiis boni esse
auctorem, ctim principium, tum médium, lum fi-
nein, pag. 108G.
â Jum di.rimus hominem a valura habere
promptitudinem animi quam Dfus requirit; ut
auWm mens cjierceatur, taborcm perferat, aul
opus aliquod perficiat, gratia Domini largiiur
volenii et credenti, pag. 1086.
G38
niSTOlRE GÉNÉRALE DES
moi, qui ne renonce pas à tous ses biens, sacliez
que oela ne s'entend pas seulement du re-
noncement aux liuliesses, mais aussi de celui
nqe:. 110. ^ toutes les passions et actions mauvaises. La
prière n'est point pure, quand elle n'est pas
'"■ dépouillée du souvenir des injures. Quelque
petit que soit voire ]ii'clié,ne le laissez point
'-'• sans retlaccr. Il est plus expédient de prier
'■"• pour le prochain, que de le reprendre à cha-
que action.
'"• 4. (( Ne dites point : Ce que je ne voulais
pas m'est arrivé ; il est vraisemblable (pie,
si vous ne le vouliez point , vous en aimiez
'•'• du moins la cause. Ne vous imaginez point
que les tribulations.et les afUlclions qui ar-
rivent à un homme, soient une suite de ses
péchés , parce qu'elles sont communes aux
justes et aux impics : n'cst-il pas éorit , que
,.,'il '"■"°'' ceux qui veulent vivre avec piété en Jésus-C/irist
Nom. 192. se)'ont /K-vséciités? Lu paix de l'homme consiste
à être délivré de ses aflections mauvaises;
mais cela n'arrive , selon l'Apùlre , que j.ar
'''• la coopération du Saint-Esprit. On doit tou-
jouis s'employer île toutes ses forces a faire
le bien ; et lorsqu'on en fait un considéra-
ble, il ne faut pas le quitter pour en faire
Luc. 1,62 „jj moindre, parce que quiconque ayant mis
la mnin à la clwrrue rcqarde dc.-ricre soi, n'est
point propre au j-oyaume de Dieu. » Dans la
préface qui est à la tête de ce traité , Marc
exprime * en ces termes la manière dont il
croyait que la gi'âce auit dans l'homme :
«De même que le fer, quand il scie, ou qu'il
coupe, ou qu'il laboure, ou qu'il plante , ne
fait que se prêter à la main qui l'agite, et
qu'il y a un priucipe distingué de lui qui le
remue et le retire à soi, et qui, quand il est
émoussé , le rétablit en le mettant au feu ;
de même aussi , quoique l'homme travaille
et se fatigue en faisant le bien , c'est Dieu
cependant qui opère en lui secrètement , et
qui, lorsque son cœur se dégoûte et se lasse,
' Qutmadmodum itaque ferrum. dum secal,
scindil, aral, plantai , ipsum quidem qnatenus
impellilur, aliquid prœhel, alius tamca tsl qui
movel et agitai ferrum, et uhi fucrit altri-
tum, igni mandat (l instaurât: hune in modum,
licel exercealur el lahorel opcrans quod bonum
est. Dominas lawrn clam in ipso operalur : el
dum labore faligalur cl allrrilur, ille consola-
tur alquc recréai animum, vl ail Prophela : Niini
ploriabilur scciiris absquc scindi'nlo. , aiit in al-
liiiii loll(;liir s«rra fiuK tralieiite ?... Yerumlamcn
cor assimilavimus ferro muUam ob duriliem et
rerum impcriliam. jiag. 1080.
' Nunquam igilur exixtinies le prœvenisse
AUTEL'RS ECCLÉSIASTIQL'ES.
l'encourage et le renouvelle , selon ce que
dit le Prophète : La cognée i/cul-elle se glo-
rifier sans celui qui coupe , et la scie peut -elle
se vanter sans celui qui la remue ? Nous com-
parons le cœur de l'homme au fer , ;\ cause
de son insensibilité el de son extrême din-e-
té. » Il était besoin qu'il fit lui-même cette
remarque sur la comparaison dont il se sert,
afin d'en ôter l'odieux, et que l'on ne crût
pas qu'il regardât l'homme dans la bonne
action comme un instrument purement pas-
sif. En etfet il ne l'emploie que pour mon-
trer' que ce n'est point l'homme qui pré-
vient Dieu ; mais que c'est Dieu qui le pré-
vient, et ojjère en lui le vouloir el le jtnrfaire, „. t. '"''"'''■
selon qu'il lui plaît. Il ne dit pas (jue l'homme
ne soit à l'égard de la grâce qu'un pur ins-
trument ; au contraire , il dit que l'homme
opère, qu'il ti"a vaille, qu'il se fatigue, el que,
quand son âme se dégru'ite , Dieu l'encou-
lage. 11 corn; are ailleurs ' l'opération de la
grâce à celle de la pluie, qui s'accommode à
la qualité des plantes , et qiii fournit un suc
doux a ■jcUes qui doivent produir.- des fruits
doux, et un suc amer â celles qui uni de l'a-
mertume ; parce que la giàee, descendant
conliuuelb'iuent, et versant des inlluences
dans le cœur des croyants , leur donne la
force de produire des actes convenables à
leur état. Elle devient une nourriture .'i ce-
lui qui a faim, un breuvage délicieux â ce-
lui qui a soif, un vêlement à celui qui a froid,
un repos à celui qui est fatigué ; elle est
l'espérance de celui qui prie, et la consola-
lion des affligés.
3. 11 continue dans le second traité, qui, Ai.i«Tr.i-
commc le premier, a pour litre : De la Loi '^^i^J^^^
spirituelle, à montrer que l'homme n'est pas •"*• '""•
justifié par les œuvres seules. C'est ce qu'il
établit en deux cent onze propositions. Il y
en a plusieurs qui, prises à la lettre, semblent
dire que le royaume du ciel ne nous est point
Deum in virlule, ex ejus senlentia quidicil:
'I Ipse est qui operalur iu vobis vellc el pcrflcere
pro bùua voluntate. » Ibid.
' Quemadnwdum pluvia terrœ infusa, accom-
modam quahtatem planlis suppedital. dulceni
quidem dulcibus, acerbam aulem acerbis : sic
quoque gralia in corda fidclium assidue dcscen-
dens ne influens, convenienlcs virlulibus aoliones
targitur : esuricuti propler Chrislum i\b\is fil,
silienlipolus delicaliisimvs.algrnti indumeiitum.
laboranU requies, prtcanti cordis spcs, tt lugrnli
consolalio. Marc, De Lege spirilali, nuui. 109,
pag. tu94.
rvil" SIKCLE.]
CHAPITRE LVI. — MAHC, L'EllMFTE.
G39
donné en rc'compon?c de nos bonnes aciions,
mais iiniqneiuent par la volonlé toulc gra-
lnile (le Dieu : ce qni ferait un mauvais sens,
piiis(|iie la foi catholique nous enseigne que
la f('licité éternelle est accordée aux justes
en vue des bonnes œuvres qu'ils ont faites
dans la grâce et avec le secours de la grâce;
mais peut-être ne veut-il dire autre cliose,
sinon que nos œuvres en clles-uièuies, et en
ne leur supposant pas d'autre principe que
le libre arbitre, ne sont point méritoires de
la vie éternelle. C'est ce qui parait par une
de ses lu-opositions, qui est la viugl-Iroisième,
où nous lisons ' : « Toute bonne œuvre que
nous faisons par notre nature seulement,
fait à la vérité que nous nous abstenons du
mal conliaire ; mais sans la grâce elle ne peut
contribuera notre sanctilkation. » Au reste,
il reconnaît , et que la grâce ne cesse point,
dans ceux qui sont baptisés en Jésus-Chiist,
de leur [uèter sou secours lorsqu'il s'agit de
l'observation des divins préceptes, et - qu'il
est en leur pouvoir de faire le bien, ou de ne
le pas faire. Mais il pense que celui qui fait
le bien 'dans la vue de la rétribution ,cbcr-
che plus a satisfaire sa propre volonté, qu'<^
servir Dieu. Ce qu'il ajoute, que les* habitu-
des invétérées dépêcher ne peuvent se chan-
ger, parce cpi'clles sont comme tournées en
nature, ne peut recevoir de bon sens si l'on
prend cette proposition à la rigueur, puis-
qu'il est vrai que, qucK|ue forte et invétérée
que soit une habitude, on peut la quitter avec
le secours de la grâce et à force de travail;
mais on appelle quelquefois impossible, ce
qui est très-difficile, et ce qu'il est rare de
voir arriver.
T..iié(i»ia C. Ce qui donne lieu de croire que Marc a
[(4° '100°.°''' pensé ainsi, c'est que, dans le traité suivant,
il entreprend do montrer que la pénitence
est de tout état et de tous les temps de la
vie, et que les grands pécheurs ne sont con-
damnés que parce qu'ils ne veulent pas faire
pénitence. Ce traité, qui est le troisième, est
inlitid(! : De la Pénitence. ^Farc y enseigne
que la pénitence est d'obligation pour les
justes comme pour les pécheurs, paice qu'ils
sont les uns et les autres obligés de retian-
cher leurs mauvaisdésiis,de priersaiiscesse
et de soufl'rir avec patience les événements
fâcheux, qui sont trois parties essentielles à la
pénitence; que l'aumône est un moyeu salu-
laiie pour ellaccr les péchés; que ceux qui,
faute d'argent, ne peuvent faire l'aumône,
ont un autre moyen de les etfacer, qui est de
faire tout le bien qui est en eux, piincipale-
ment de remettre les injures. Il ilit (jue les
malheurs prédits par Jésus-Christ aux riches,
ne regardent que ceux qui n'en font pas un
bon usage; et que ceux qui en usent selon
Diini en les distribuant aux pauvres, en le-
cevront le centuple eu ce monde et en l'au-
tre : ce qu'il prouve par l'exemple d'Abra-
ham et de Job. Il combat les novatieus, qui
ne donnaient point la pénitence, remettant
â Dieu l'absolution des pécheurs; et parce
qu'ils s'autorisaient d'un pas-:age de l'Epitre
aux hébreux, où saint Paul , rejelant la phi-
ralilé des baptêmes, dit qu'il est impossible
que ceux qui ont une fois été éclairés se re-
nouvellent par la pénitence, il soutient que
l'Apôtie ne rejette point îa pénitence; qu"il
déclare uniquement que le ba[»téuie eu est
le fondement, et que, comme il ne se peut
réitérer, ce devait être une raison aux bap-
tisés de veillei- sur eux-mêmes pour ne point
tomber dauslc péché aprèsle baptême. Marc
parle clalremeut du péché originel, disant^
que tous les hommes, tirant leur origine d'A-
dam, participent tous à son péché; qu'en
conséquence ils sont condamnés à la mort,
dont ils ne peuvent être délivrés nue par Jé-
sus-Christ. 11 dit encore que nous portons un
serpent qui a tué notre âme, uu conseiller
vain et superbe, un esprit de crapule cl d'in-
quiétude, dont nous devons demander à Dieu
d'être délivrés.
7. Dans le quatrième traité, qui est écrit
AdBeb CI,
I, 4,ô etc.
Traité do
' Omne.opus bomim quodper nostram naturam
operamur tnnlinn , equidem efflcit ut a contrario
malo aut vitio abstineamus. Cwterum extra gra-
tiam sanctificalionis accessionem nobis facere
non potest. Marc, De Lege spiritali, num. 23, pag.
1092.
* Gratta quidem iis qui in Christo bapli:ati
sunt arcana qiiadam ac mystica ratione data est.
Operatur autein secuudum proportionem execu-
tionis mandatoruni. Quin etiam gralia occulte
nobis auxiliari non desinit : in nobis autem si-
lum cst,pro virili bonum facere aut non facere.
pap;. 1092, num. 56.
' Faciens bonum et quœrens retributionem, non
servit Veo, sed propriœ rolunlati. Ibiil., num. 34.
* Ea minime cnrari possunt, quœ ex prœteri-
torum peccatorum consuetudine naturam- quam-
dam subinduxerunt. Ibid., num. 141.
5 Àb Adam Irahunl originem,cuncliquepeccuio
transgressionis fuerunl obnoxii, ideoquc capitali
sententia condemnati, adeo m( citra Christum.
salvari non possent. Ibid., pag. 1100.
640
HISTOIRE GEM-RALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
IIOI.
par demandes et par réponses, Marc fait voir
que le baptême confère non-seulement la ré-
mission des péchés, mais encore la ç;râce du
Saint-Esprit, et plusieurs autres dons spiri-
tuels; que le liaptéme toutefois, quoique par-
fait, ne rend point parfait celui qui le reçoit,
s'il n'observe en même temps les comman-
dements de Dieu, parce que la foi nous en-
seigne, et que nous devons être baptisés en
Jésus-Christ, et qu'il nous faut accomplir ses
préceptes; qu'encore que le péché originel
nous soit remis, il demeure en nous un reste
de ce péché, c'est-à-dire !a concupiscence,
qui nous porte au mal; que nos péchés ac-
tuels sont «ne autre source de nos tentations.
C'est surtout aux pochés actuels qu'il rap-
porte toutes les peines d'esprit, et tous les
combats que soutirent les personnes qui font
des etïorts pour surmonter les pensées fâ-
cheuses dont elles sont accablées. Comment ,
en eflet, celui qui est possédé de la vainc gloi-
re pourrait-il éviter les pensées d'orgueil , et
celui qui vit dans les délices, les pensées
d'impureté? Il en est de même d'un avare. Il
pensera toujours comme ceux qui n'ont au-
cun sentiment demiséricordc. Le seul moyen
d'être délivré de ces sortes de pensées, est
de haïr le vice que l'on a ainu', et de lui dé-
clarer la guerre. Marc rapporte divers passa-
ges pour prouver l'ellicacité du ba]jtcme.
Mais il ajoute que ' son but en cela est uni-
quement de montrer que Jésus-Christ nous
donne dans ce sacrement les grâces néces-
saires pour observer ses commandements,
et non pas que la grâce du baptême soit i nad-
missible, en sorte qu'après l'avoir reçue, on
n'ait plus besoin de pénitence. Il avait dit
plus haut, que le Saint-Esprit demeure dans
celui qui reçoit le baptême. Pour plus grande
explication, il dit ensuite que le Saint-Es-
prit étant aussi appelé l'Esprit de Dieu et
l'Esprit de Jésus-Christ, nous recevons dans
le baptême, par le Saint-Esprit, le Père et le
Fils, parce que le Saint-Esprit n'est point sé-
paié du Père ni du Fils, avec qui il est un en
nature, quoiqu'il en soit distingué personnel-
lement; car de même -que le Fils et le Saint-
Esprit sont dans le Père , et le Père et le Saint-
Esprit dans le Fils; de même aussi le Père et
le Fils sont dans le Saint-Esprit, non par la
confusion de ces trois personnes, mais par
l'unité de la même essence ou nature divine.
Il compare la manière dont le Saint-Esprit
habite dans le coMirdes baptisés, avec la ma-
nière dont le soleil éclaire les hommes. C'est
le soleil tout entier qui les éclaire, sans être
partagé ni divisé. Chacun prend de sa lu-
mière îi proportion de ia disposition de ses
yeu.^. Le Saiul-Esprit rend tous les baptisés
capables de faire toutes sortes de bonnes ac-
tions; mais il distribue ses dons à chacun
suivant sa dignité et la mesure de sa foi.
Marc fait voir que Dieu ne commande rien tv
l'homme, qu'il ne puisse accomplir; que le
péché d'Adam a été volontaire; qu'il lui était
libre comme à nous de ne pas écouter les
suggesti(Ui's du démon; que les tenlalious ne
sont pas péché, mais une preuve de notre
liberté; que si les mauvaises pensées avaient
absolument leur origine dans le péché d'.\-
dam, elles seraient les mêmes dans tous les
hommes; ((ue n'étant pas les mêmes, c'est
une marque quelles sont occasionnées par
les péchés actuels qui ont précédé; que si
Dieu permet quelquefois (|u'elies nous tour-
mentent longtemps, c'est pour nous punir
de ne leur avoir pas résisté sitôt qu'elles se
sont élevées; que le péché du premier hom-
me ayant été effacé par la mort de Jésus-
Christ, nous ne pouvons excuser nos péchés,
parce que nous les conmiettons librement,
et que nous ne les commettons que pour
avoir méprisé, par l'amour des plaisirs illici-
tes, la perfection et la grâce que nous avions
reçues dans le baptême.
8. Le cinquième Traité est adressé à un
moine nommé Nicolas, qui, agité de diver-
ses passions, principalement de la colère,
avait consulté Marc sur les moyens de les
modéreret d'éteindre la cupidité. Ce solitaire
lui donna de vive voix [jlusieurs instructions
salutaires : depuis il les mit par écrit et les
lui envoya. Il lui conseille surtout de faire
de continuelles réiloxious sur les Ijienfaits
que nous avons reçus de Dieu par l'Incarna-
tion; sur les tiavaux que Jésus-Christ a en-
durés pour nous; sur les maux dont il nous
a délivrés par sa mort; sur les biens qu'il
MO».
' lUa vero le.'<limonia adJucimus, non quod di-
camus omnem linmitien (jui hnptiznlus est et gra-
tiam adeplus, posthnc immutari non posic et nl-
Ira non egere pirnitentia, nal qund a haplisnw
pcr Christi bene/icenliam pltnu gratin Uei nobis
donata est ad implenda cuncta mandata, pag. 1104.
' Sicul in Paire est Filius elSpiritus Sanclus ,
et rursum in Filio Pater et S;>iri(H.« Snnelus : sic
in Spiritu Sanclo est Pater et Filius, non confu-
sionc trium hyposlaseon, sed unione ejusdem et
unius essentive ac deitatis. Ibid., |iag. H05.
PNlIni.cx
13.
[vil" SIÈCLK.]
nous a procurés; et de rëpcler souvent, ;\ la
vue (le toulcs ces giAces, c(^s ])arolesdii Pro-
'• plièlc : (Jiie rendrui-jr au Si'ii/neur /mur lunt.
CL' (/ii'il m'a donné? L;i miklilalion de ces vc-
riti's est comiue un aiguillon (|ui nous excite
vivi'iiicnt ù confesser nos fautes devant Dieu,
el ;\ nous humilier; .■\ lui rendre grâces, et ;\
praliqner la vertu. Il représente à ce moine,
qu'étant honoré dans le monde à cause de la
vie religieuse dont il faisait profession, ce
tievait lui être un nouveau motif de corriger
ses nueurs, dont il ne pouvait cacher le dé-
rangement au souverain Juge, à qui rien n'est
i.cur. IV, inconnu, et (pti, lorsqu'il viendra, produira
duiis la lumihe ce qui est caché dans les ténb-
lirvs. Il lui représente encore les suites fâ-
cheuses de la colère, qui sont d'engendrer la
haine fraternelle, d'èlrc un sujet de chagrin
et de ilouleur au prochain, tlo mettre la con-
fusion dans l'âme, de lui ôter l'usage de sa
raison, de rendre l'homme semblable aux
bètes. Il lui rappelle les grâces qu'il avait re-
çues de Dieu dans un voyage qu'il avait fait,
avec sa mère, des Lieux-saints à Constauti-
nople. Accueilli d'une violente tempête, il
avait nairaculeusemeut évité le naufrage, lui
troisième: faveur que Dieu ne lui avait faite
qu'atîn que, de retour dans sa patrie, il en-
trât avec ceux qui avaient échappé couîme
lui, dans la voie du salut. Nicolas était en-
core jeune; c'est pourquoi il l'exhorte à
dompter sa chair par l'ahslineuce de la di-
versité des mets et du vin; il ne veut pas
même qu'il boive de l'eau jusqu'à satiété,
toute replétion étant contraire â la tempé-
rance. En faisant l'éunniération de tout ce
que .Jésus-Christ a fait pour nous, il l'appelle
homme du Seigneur, expression commune à
plusieurs anciens. Puis, examinant le genre
de vie le plus convenable â Nicolas pour
opérer son salut, il le détourne de la vie éré-
raitique, à cause des dangers qu'elle renfer-
me pour un jeune homme qui, n'est point
ati'ermi dans la vertu par une longue expé-
rience. Il lui conseille donc de se mettre dans
la compagnie de quelques personnes pru-
dentes et expérimentées qui puissent le con-
duire par leurs lumières et par leurs exem-
ples.
Leiiredu 9. Les avis de Marc firent sur le moine Ni-
■a'"'!i Mare colas dcs imprcssious salutaires". Il y apprît à
CHAPITRE LVI. — MARC L'ERMITE.
64i
modérer ses passions, el les modéra en elTel, iErniii»,p.g.
Cela l'engagea â écrire â Marc une lettre "'^'
d'actions de grâces, où il témoigne (ju'il avait
fait part de ses instructions à d'autres, (jui en
avaient tiré beaucoup d'utilité.
10. Le Traité de la Tempérance ' est un Tr,iié .ur
composé sans suite et sans liaison de diver- X^rg?!"-!'
ses explications mystiques et morales de
quelques endroits de l'I'Jcriturc. Il semble y
admettre dans les saints, lors même qu'ils
sont encore sur la terre, une apathie ou
exomi>tiou de passions, et faire consister la
perfection dans celte sorle d'insensibilité. 11
y enseigne que nous ne possédons pas
toujours la grâce dans le même degré, que
quelquefois elle augmente eu nous, qu'elle
diminue en d'autres occasions, et qu'il y en
a où nous en sommes privés. Il ajoute qu'elle
peut se rencontrer dansTliomme avec le pé-
ché; mais par le péché il entend peut-être
la concupiscence, qui est l'eOel du péché, et
qui nous porte au péché. Il met les pèleri-
nages au rang des bonnes choses, et qui vont
de pair avec les jeûnes et les veilles.
11 . Dans le traité suivant , qui est en foi'me Diaio^ne
de dialogue entre Marc et un avocat, est "'"o JIm,
agitée cette question : Si l'on doit se venger f^-"'°-
d'uue injure, et condamner ceux qui ont
conseillé de faire cette injure. Marc soutient
que, suivant les paroles de l'Écriture, nous
devons réserver à Dieu la vengeance, et
considérer le tort qui nous est fait comme
une punition de nos péchés ; et l'avocat
conclut qu'il suivrait de là que les magis-
trats pécheraient en punissant les coupables.
Marc nie la conséquence, et dit que ce ne
sont point lés juges qui pèchent en cette oc-
casion, mais les délateurs. Il soutient aussi
contre l'avocat que la prière est préférable à
toute sorte de travail, et il en donne pour
preuve la loi que Jésus-Cbrist nous a imposée
de prier sans cesse. Il entend par prière non-
seulement la prière vocale, qui ne se faisait
qu'a certaines heures dans les monastères,
mais aussi la mentale. Surla question proposée
par l'avocat, si la chair a une volonté diti'érente
de celle de l'âme, il répond que l'on n'en peut
douter, puisque saint Paul le dit expressément
dans son épitre aux l'Jphésiens : Nous avons
tous été dans les Mêmes déso?'dres, faisant la vo- 3.
lonté de la chair ; et dans l'épître aux Galates :
' Photius ne mentionne point cet ouvrage ; de là
quelque doute sur sou autlienticiti'-. Aussi Remon-
diui, dans les notes sur l'opuscule de Marc De Je-
XI.
junio, combat l'.iuthenticité du traité de la Tem-
pérance par des arjjumeuts assez forts. [L'dditeur.)
41
042
HISTOIRE gf.nf;rale des auteurs eccléswstiques.
r,ui. V, Conduisez-vous selon l'esprit, et n'accomplissez
' " ftoint les désirs de la chair; car la chair a des
désirs contraires à ceux de l'esprit, et l'esprit
en a de contraires à ceux de la chair. Pur la
volonté de la chair, Marc entend les mouve-
ments naturels du corps, mais dérëglés. Il
traite quelques autre? questions de moindre
importance, montrant eutr"autres qu'on n'est
point obligé de plaire à tous les hommes,
mais seulement aux bons,
coorérmt» 12. Suit un autre petit traité qui a pour
î«c ''ÎmI litre : Conférence de l'esprit avec l'âme. Le but
ite- ini- g„ gg[ jjg fajpg YQJp q„g nous sommes nous-
mêmes les auteurs de nos péchés; que nous
ne devons en rejetejr la cause ni sur Adam,
ni sur le démon, ni sur les homme? avec qui
nous vivons ; que la guerre que nous avons
à soutenir n'est point au dehoi-s avec nos
frères, mais au dedans avec nous-mêmes;
que nos ennemis sont, ù proprement parler,
la volupté et la vaine gloire; que, dans ce
combat, ce n'est pas des hommes que nous
devons attendre du secours, mais de Jésus-
Cbrist ; qu'il ne manquera pas de prendre
notre parti, si nous observons ses comman-
dements ; que les deux ennemis qui nous
attaquent, la volupté et la vaine gloire, sont
les mêmes qui ont séduit Eve et trompé Adam.
13. On a mis à la suite de ce traite un.
fragment d'une Lettre de Marc, où il donne
aoii«'°Leiro les signes auxquels on peut reconnaître ceux
nu. qui marchent dans la voie du salut, et ceux
qui n'y marchent pas. On connaît les uns et
les autres à leurs sentiments et h leurs œu-
vres. Ceux-bi pleurent, gémissent, gardent
le silence, ont un extérieur modeste, sont
pénétrés d'une douleur qui part d'un fond
de piété ; ils vivent dans la continence, dans
les veilles, dans les jeûnes; ils sont doux,
magnanimes, assidus à la prière, au travail;
ils s'appliquent h l'étude des divines Écri-
tures ; ils aiment leurs frères. Ceux-ci sont
paresseux, hautains, méprisants, murmura-
leurs, légers et inconstants, grands man-
' Pholius, Cod. 200, png. 522.
* Voyez loin. Yl, imp. 3%.
' Fabriciii!», loin. IX Bibtiolh. Gra-c, pag. -(iri.
' l'abriciiis, loin. Ylll, jiag. ,1'jl.
' Nici'i>Ii(irus, lil). MV llùlor., e.ip. i.iv.
" Pcrsjticua est ejiis ilirlio ijiintenu.i verbis uli-
tur Cûnimunihus, cl svmina cii]iita percurril nrn-
lio; ctsi, fjHOd ad alticum xeriiioïKin , non salis
accurate linguam componnl. Siciihi vero in his
obscurilas aliqiia ccriiilur, idrn nimirum ab ea
quw per verba sit rUirn expliratiimn rerrdil, qiiod
h'Oc rjusmodi sinl ut jier arli'mciii i/isam polis.
geurs, prodigues, sujets à la colère, turbu-
lents ; ils aiment à parler, à s'enrichir par
des gains houleux, <^ exciter des séditions.
On ne sait pas à qui celte lettre était
adressée.
14. Photius attribue à Marc un neuvième
traité contre les melchisédéciens', c'est-à- Tr... r^^.
Ir«lf-\1 fl,i-
dire contre certains hérétiques qui assu- •'iM'.» -..
raient que Melchisédecb était fils de Dieu,
et qui le révéraient comme une grande vertu
supérieure h Jésus-Christ. Ce traité n'est pas
venu jusqu'.'i nous. Tout ce que nous en sa-
vons, c'est que Marc n'y épargnait pas môme
son père, qui avait été engagé dans cette
hérésie'. On le dit en manuscrit dans la Bi-
bliothèque de Thomas Gala>us^, avec plu-
sieurs autres traités du même auteur, qui
n'ont pas encore \n le jour. [U a été publié
en 1777, in-8, à Rome, par Rallhasar-Marie
Remondini, évêquc de Zante, avec un traité
ou di.scours sur le jeûne. Le savant éditeur
a re\Ti le texte grec sur de bons manuscrits,
et a joint à sa version latine des notes pleines
d'intérêt.]
13. Du nombre des traités qui se trouvent
dans la Bibliothèque de Thomas Gahv'us, il y „ um,i,
^ j Mire qui loni
en a un * des vices et des vertus; un autre de i«"ii".
la pratique et de la théorie spirituelles; un
Discours sur la Croix , et plusieurs autres
qu'on dit être dans les Bibliothèques d'Angle-
terre, de Vienne et de Venise. Nicéphore'
avait vu trente-deux traités sur la vie ascé-
tique, dans lesquels Marc entrait dans le dé-
tail de tout ce qui appartient à ce genre de
vie, enseignant où il fallait se retirer pour la
pratiquer; comnien! il fallait se conduire se-
lon la volonté de Dieu ; de quelle façon on
devait purifier son àme et surmonter les ten-
ta lions du démon, et de quelle manière on
pouvait recouvrer les prérogatives perdues
par le péché.
16. Le style de Marc est* assez clair, parce
qu'il n'emploie d'ordinaire que des termes v>n
communs, et qu'il dit les choses sommaire
.«îi'îiiiiHi prrcipi debeanl, non qund dil/lculler ea-
dem exprimi oralione possinl ; quod non in lus
snliim libri.s tisu venil, sed et in aliis dcincc/is
sfquriitibus. (Juin nequr in hoc dutntaxnt scrip-
lorc, vrruin rlium in omnibus firme iis qui de
nsci'licix iui^lilulis et de pcrlurbalionibus alque
a/lectionibus, qua' per ipsa prnducuninr opéra,
diiccre aliquid sluilucrunl, ejiismodi obscurilatis
I ilium alicubi iniciiitur. (Jnie tnim er ipsis est
operilius pcrcrpta cognilio, nolis usquc adco ver-
bis e.rplicari contenta est. l'bolius, Cod. lOU, jiag.
[vii« SIÈCLE.] CnAPITItE LVIl.— ANDRONICIEN, LUCIUS CUARINUS, ETC.
043
Marc 1 Er-
mite.
'ment; mais il n'a point la polilossc de l'an-
cienne; Athènes. S'il est (iiR'lijnefois obscur,
cela ne vient que des choses qu'il traite, qui
sont de telle nature, qu'il est plus aisé de
les comprendre par la pratique que par les
discours. De h'i vient que celle obscurité se
rencontre presque dans tous ceux qui ont
écrit de la vie ascétique, et qui ont traité des
mouvements et dos passious de l'âme, de
môme que dos actions qui en sont les etl'cls,
n'étant pas facile de faire connaître par des
paroles, des choses qui dépendent de la pra-
tique. Ses façons de penser peu exactes sur
plusieurs points de doctrine ont fait conjec-
turer que ses écrits avaient été fort altérés
par les hérétiques. Il parait, eu eil'et, in-
croyable qu'un même auteur ait dans une
même page avance' des propositions contra-
dictoires sur une même matière, comme le
fait Marc sur la grâce. N'ous avons marqué
ces endroits, et quelques autres où il parait
s'être éloigné de la doctrine commune de
l'Église, du moins en prenant ses paroles à
la lettre. Son traité de la Loi spirituelle et
du Paradis fait la ti'entc-seplième homélie
de celles qu'on attribue à Macaire. Quelques
critiques en ont pris occasion de donner ces
homélies à Max'C. Us en rapportent encore
d'autres raisons qui ne nous paraissent pas
assez plausibles'.
17. Ce traité fut imprimé dans le Micro-
presbyticon à Bàle, en 1330, et dans la pre-
mière édition des Ortliodoxogra plies en la
même ville, en l.'J.'i.'i, de; la traduction de
Vincent Opsopanis. Ce traducteur l'avait déji'i
fait imprimer en grec et en latin, avec le
traité où Marc combat ceux qui enseignaient
qu'on était justilié par les œuvres seules.
Cette édition est de Haguenau, en 1531. Jean
de Fuchte les mit sous presse A IJelmstat en
IGIG, en témoignant qu'il aurait rendu peut-
être son édition plus exacte, s'il avait eu
communication de celle que l'on avait faite
en grec à Paris, eu 1313. Nous en avons une
en latin du second de ces deux traités ti
Dantzick, parles soinsdc Samuel Schelvigius,
eu 1U88, in-V. Les six autres traités ont été
traduits en latin par François Zinus, et im-
primés à Venise, en lali. Celui de la Tem-
pérance, qui ne se trouvait qu'eu partie dans
l'édition de Paris, en IoG3, se trouve entier
dans celle-ci. Celle de Paris renferme les
huit traités mentionnés dans Photius; elle
est de la traduction de Jean Pic, président
aux enquêtes à Paris. Tous ces traités , avec
le fragment d'une Lettre de Marc, ont été
insérés dans les Bibliothèques des Pères, et
dunsV Auctuarium deFrouton-le-Duc,àParis,
en 1G21, fol., en grec et en latin.
[On trouve les écrits de l'VIarc l'Ermite dans
le tome VIII de la Bibliothèque de Galland;
et de là ils ont passé dans le tome LXV de la
Putrologie grecque, col. 903 et suiv., avec
une notice de Fesseler.]
CHAPITRE LVII.
Audronicien, Lncins Charinus, Métrodore, Héraclien et Léontius
[au commencemeiit da VIP siècle].
[Écrivains grecs.l
1. On met ordinairement Andronicien
parmi les auteuis qui out vécu sur la On du
sixième siècle, ou au commencement du sep-
tième. II serait peut-être mieux do le placer
dans le quatrième ou cinquième, où l'hérésie
d'Eunomius, contre laquelle il écrivit, occu-
pait beaucoup les défenseurs de la loi catho-
lique^. Photius , qui avait lu deuxlivres d'An-
di'onicien contre les eunomiens, dit' qu'il
promettait beaucoup dans ses préfaces, mais
' Voyez tom. III, pag. 133 et suiv.
* Voyez tom. IV, pag. 410.
qu'il n'exécutait pas dans le coi-ps de l'ou-
vrage ce qu'il avait promis, particulièrement
dans le second livre ; qu'il avait les mœurs,
l'esprit et la manièi-e d'écrire d'un philoso-
phe, mais qu'il était chrétien de religion.
Nous n'avons pins cet ouvrage.
2. Nous neconnaissons ceux deLuciusCha-
rinus que sur le rapport que Photius en a fait'.
Son livre qui avait pour titre : Les Voyagesdes
Apôtres, contenait les actions de saint Pierre,
8 Photius, Cod. 45, pag. 31.
» Photius, Cod. 114, pag. 291.
LuciusClia
rîDus.
644 HISTOIRE GÉNÉRALE DES
(le saint Jean, de saint André, de saint Thomas
et de saint Paid. Le slj-le en était inégal, et
les termes fort communs. Sa manière de ra-
conter était néanmoins bien éloignée de la
naïveté et de la simiilicité des écrits des apô-
tres et des évangélistes, parce qu'il alTectait
de temps en temps de s'élever, en mêlant
dans sa narration des termes du barreau. Au
reste, cet ouvrage était rempli d'histoires
fabuleuses, qui se détruisaient les unes les
autres : car il admettait un Dieu particulier
des Juifs, qu'il disait être mauvais, et dont
Simon le >Iagicicn avait été le minisire, le
distinguant de Jésu^Christ, qu'il disait être
le Dieu bon. Gâtant et confondant tout, il
donnait à ce Dieu de bonté tantôt la qualité
de Père, tantôt celle de Fils, et soutenait qu'il
ne s'était fait homme qu'en apparence ; qu'il
était apparu à ses disciples sous diverses
formes, tantôt jeune, tantôt vieux, tantôt en-
fant ; tantôt grand, tantôt petit, et quelque-
fois si haut, qu'il semblait toucher le ciel. Il
débitait plusieiu-s folies touchant la Croix,
avançant qu'un autre y avait été attaché à la
place de Jésus-Christ, qui s'était moqué de
ses bourreaux. Il rejetait les mariages même
légitimes, et regardait la génération comme
l'œuvre du démon. Il racontait des résurrec-
tions absurdes de bœufs, de chevaux, d'hom-
mes. En parlant des actionsde saint Jean, il
semblaitGlâmer l'usage des images, comme
les iconoclastes. En un mot, son livre ne
renfermait que des puérilités, des fables, des
faussetés, des impiétés, de sorte qu'on pou-
vait, sans s'écarter de la vérité, regarder ce
livTe comme une source d'erreurs, ou plutôt
un recueil de folies et d'extravagances. Ainsi
l'on ne doit pas en regretter la perte.
M«r.doro 3. Pholius parle ensuite d'un anonyme qui
iW't'VrZ avait écrit sur laPâquecontreles Juifs'. Ilsou-
"''"'■ tenait que Jésus-Christ n'avait pas mangé
la Pâque le jeudi; qu'on ne devait la mauger
que le jour suivant, et qu'en ce jour il n'a-
vait mangé ni l'agneau pascal, ni desazymes,
mais qu'il avait fait une cène particulière et
puremcnl mysli.iuc, de laquelle il avait pris
dn pain et du vin pour en donner à ses dis-
ciples. Mélrodore avait fait, pour la célébra-
tion de la fête de Pâques , c'est-à-dire pour
en trouver le jour, un couiput de vingt-huit
cycles, chacun de dix-neuf ans, dont le pre-
mier commençait à Dioclétieu, et continuait
pendant 333 ans à marquer la fête de Pû-
AUTEURS ECCLÉSUSTIQUES.
ques suivant le calcul du quatorzième de la
lune. Photius regarde ce comput comme
inutile, parce que l'Église ne s'était point
arrêtée au quatorzième de la lune pour la
célébration de la fête de Pâques. Aussi Mé-
trodore trouva des adversaires qui attaquè-
rent son cycle en plusieurs endroits. L'un
d'eux avait composé un troisième volume,
divisé CH huit livres, où il traitait du jour
qu'on devait faire la Pâque. Cet ouvrage,
qui en supposait d'autres, était écrit d'un
style simple et net, et contenait beaucoup
de belles choses et très-sensées. Dans le
quatrième livre l'auteur, dont on ne sait
pas le nom, attaquait souvent Métrodore, et
donnait, tant dans ce livre que dans les au-
tres, diverses explications sur l'ouvrage des
six jours de la création. Le gicn était dédié
â Théodore, qu'il appelait sou frère. 11 en
avait composé d'autres sur hi même matière,
oîi il traitait de l'année bissextile, du mois
intercalaire, des épactcs de la lune et du
soleil, des cycles de dix-neuf ans, et de di-
verses autres choses qui avaient rapport à
son sujet. Il prétendait que Jésus-Christ n'a-
vait point (.lit la Pâque légale l'année de sa
mort: ce qui est, dit Pholius, contraire au
sentiment de saint Chrysostome et de l'É-
glise, qui enseignent que Jésus-Christ célé-
bra la Pâque prescrite par la loi, avant
d'instituer la cène mystique.
4. Héraclien avait composé vingt livres
contre les manichéens d'un style concis, net
et élevé, où il avait su allier l'élégance at-
tique avec le discours familier '. Ces livres
sont perdus. Nous savons seulement qu'il y
renversait le livre que les manichéens ap-
pellent /:^vmif/ilc , le /.ivre des Citants , cl
celui qu'ils intitulaient Le Trésor, qui était
d'Adda ; qu'il faisait mention de ceux qui
avaient écrit avant lui contre ces hérétiques,
savoir llégéniouius, auteur de la Dispute
d'Arclii'laiis contre Manès ; Tite, évêquc de
Bostrcs, qui, croyant écrire contre Manès,
avait écrit contre les livres d'Adda son maî-
tre ; George de Laodicéc, qui s'était servi
des mêmes arguments que Tite; Sérapion,
évêque de Tmuis, et Diodorc de Tarse, qui
avait combattu les manichéens par un ou-
vrage divisé en viuct-cinq livres, dont les
sept premiers étaient contre rh'vmujile vi-
vant des manichéens, à ce (]u'il croyait,
mais en ell'et le livre d'Adda, intitulé Muid.
H«rtclltn,'|
c^doiae.
» l'IiotiH», Co'l. ll.'i, pat-'- 291. 294
Pholius, Cod. 85, pag. 203.
C.HAPITRK I.MII. — HONIFACH IV, DEUSDEPIT, KTC. 043
mais cet endroit in;in([iii! dans les im-
[vii* SIÈCLE.]
Pans les autros livres, Diddore de Tarse
expliquait avec iietleté les jiassages do ri'l-
ci-ilure dont les Manichéens abusaient [)iiiir
auloiiser leurs eneurs. Héraclien appuyait
en peu de mots dans son ouvra,i;e ce qui lui
paraissait le plus faible dans les écrilb de
CCS auleiMS, suppléait ce qui lui semblait
oublié, et rapportait ce qu'ils avaient dit de
meilleur, y ajiutant ce qui lui venait en
pensée. Pholius dit que cet écrivain était
fort dans le raisonnement, et que, faisant
usaye des autres sciences qu'il avait acqui-
ses, il renversait les fables des manicbéens
et confondait leurs erreurs. L'ouvrage d'Hé-
raclien était adressé à un clirétieu de ses
amis, noumié Acliillius, à la prière de qui il
l'avait composé. Nous avons d'autant plus
sujet d'en regretter la perte, qu'il aurait
été un monument éternel de la victoire
que son auteur avait remportée surl'impiété
des manichéens '. Pholius avait marqué
l'empereur sous lequel Héraclien écrivait ;
primés.
.'). Il nous a conservé quelques fragments
d'un Discours de Léontius, évé(|ne d'Ara-
bisse, qui était intitulé : Ik lu Cimlion cl du
Lazare ressuscité ». Cet évèque y fait une pein-
ture de la chute de l'homme et de ses suites,
pour prouver lu nécessité de l'Incarnation.
11 remarque que ces paroles de Dieu au pre-
mier homme: Adam, ou êlcs-vous? ne sont
point dos paroles de colère, mais de miséri-
corde ; qu'live, à la suite de son péché, fut
mise sous le pouvoir d'Adam, parce que la
liberté est iniitile aux personnes qui ne sa-
vent pas se conduire par elles-mêmes. II
fait une comparaison de la résurrection du
Lazare avec la joie que saint Jean ressentit
dans le sein de sa mère. Le premier de ces
deux miracles eut deux effets : l'un de faire
voir publiquement la puissance de Jésus-
Christ ; l'autre, de confondre les calomnies
des juifs.
évoque d'Are-
Une.
IV,
(tr:is.
s«
CHAPITRE LVIIl.
Les papes Boniface IV [6l4l, Dcusdedit [616], Bonifacc V [625j,
Honorins [638], et Jean IV [642].
1. Le Saint-Siège ayant vaqué environ un
an depuis la mort du pape Sabinien, arrivée
au mois de février de l'an 603, on élut pour
lui succéder Boniface troisième du nom ,
qui mourut huit mois et vingt-trois jours
après son intronisation. Pendant son ponti-
ficat, il obtint ' de l'empereur Phocas la con-
servation de la primauté de son église contre
les prétentions des patriarches de Constan-
tinople. Il ne nous reste de lui aucun écrit;
mais nous avons un précis des actes du
concile qu'il assembla à Rome, où il fut dé-
fendu sous peine d'anathènie de parler d'un
successeur, du vivant du pape ou de quel-
que autre évèque. Après plus de dix mois
de vacance, le Saint-Siège fut. rempli par
Boniface lY. Ce fut à lui que saint Colom-
' Et certe ad œternum de hac impietate trium-
phum scriptum est hoc opus. Photiuf, Cod. 85,
pag. 206.
' Photius, Cod. 172, pag. 1510.
' Pauhis Diaeon., lih. JV Bist. Langob., cap.
XXX vu.
ban ■' s'adressa pour obtenir permission
d'observer la tradition des anciens, parti-
culièrement touchant la fête' de Pâques. Il
lui écrivit encore sur l'atïaire des Trois-
Cliapitrcs. Nous n'avons pas les réponses de
ce pape. Mellif, évèque de Londies, alla à
Rome pour traiter avec lui des atlaires d'An-
gleterre. Le pape fit prendre place à Mellit
entre les évôcpies d'Italie dans un concile
qu'il tint, et on l'on régla plusieurs choses
qui concernaient la vie et le repos des moi-
nes. Nous parlerons, dans l'article des Conci-
les, du décret qui fut fait en celui-ci, et de
la lettre de ce pape au roi Ethelbert^ Boni-
face IV mourut en 61-4, et eut pour succes-
seur Deusdcdit.
2. Il était Romain de naissance, et fils
» Epist. 1 Columb., tom XII Bibl. Pal,, pag. 24.
5 Les écrits qui nous restent de B.miface IV se
trouvent au tome LXXX de la Patrologie latine,
col 103 et suiv. Ils y sont précédés d'une notice
sur ce pape tirée du Pontilical d'Auastase. (L'idi'
leur.)
Deoidedit.
Ci6
niSTOlRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
L.itr. ,»on d'Etienne sousdiacre. Son pontificat «dira
1»"»; "m,V- près de trois ans, Il aima ' les piètres et le
''""■ clergé, et y rctal>lit l'ordre ancien. Nous
avons ' sous son nom une lettre :\ Gordien,
cvêque de Sdville, où il est déclaré que, sui-
vant les décrets du Saint-Siège, des person-
nes mariées qui auraient tenu par hasard
leurs enfants sur les fonts du baptême, doi-
vent se séparer, et peuvent se remarier.
L'inscription seule de cette Lettre en fait voir
la supposition, puisque ce n'était pas Gor-
dien, mais saint Isidore qui occupait le siège
épiscopal de Scville sous le pontificat de
Deusdedit. Il gouverna cette église depuis
l'an 000 jusqu'en G 10^ et ou ne voit nulle
Boniface écri\it sa seconle Lettre à celte
occasion. F]douin (on Edwin) , cinquième •
roi de Xorihumbre , ayant envoyé deman-
der en niniiaee Edelljurge,s(i'tu' d'Etiielbal-
de, roi de Gant, on lui fit réponse, qu'il n'é-
tait pas permis de donner une fille chrétienne
à un paycn. Edouin olTril h Elelluirge hber-
té entière de l'exercice de sa religion, et à
tous ceux de sa suite, deUième qu'aux prêtres
et aux clercs, ajoutant qu'il ne refusait pas
de se faire chrétien, après avoir fait exami-
ner par des gens sages si la religion chré-
liennuc était la plus s^aiute et la plus digne
de Dieu. Sur celte réponse, on lui donna
Edelburge en mariage. Le pape, informé
Bonifaco Vi
Sef écrlu.
part qu'il ait e\i pendant ce temps-là aucun des bonnes dispositions du roi Edouin, lui
compétiteur. Il faut ajouter qu'on ne cou- écrivit ' pour l'exhorter à embrasser la foi,
comp
naît point de décret du Saint-Siège qui au-
torise des personnes mariées à se remarier
avec d'autres, sous prétexte d'avoir tenu
leurs enfants sur les fonts , soit exprès, ou
par inadvertance. Cela est absolument con-
traire à la doctrine de l'Eglise '. [La lettre et
le décret qu'on atlribuc à Deusdedit se trou-
vent, avec une notice tirée du Pontifical, au
tome LXXX de la Patrologie latine, col. 353
et suiv.]
3. Boniface V, successeur de Deusdedit,
fut ordonné le 29 de décembre de l'an Gl" \
Il était natif de Naples. Pendant son pon-
tificat, qui fut de sept années et quelques
mois, il écrivit trois Lettres sur la conver-
sion des Anglais. La première est à Juste,
qui , d'évèque <lc RoU'e ou Roohester, était
devenu archevêque de Cantorbèry. C'est une
réponse à la lettre qu'il en avait reçue ^ Il
le félicite du succès de ses travaux aposto-
liques, et l'exhorte à les continuer, l'assurant
qu'il en recevrait de Dieu la récompense.
Ensuite il déclare qu'il lui envoyait h; pal-
lium pour s'en servir dans la célébration
des saints mystères, et qu'il lui accordait le
pouvoir d'ordonner des évèques, pour faci-
liter la propagation de l'Evangile parmi les
nations qui n'étaient pas encore converties.
par la considération de la grandeur du vrai
Dieu, créateur du ciel et de la terre, de qui
il avait, comme tous les autres princes du
monde, reçu l'autorité royale; et, à l'exem-
ple d'EtlicIbalde son voisin, et de sa femme
Edelburge, il lui fait sentir toute la vanité
des idoles et de leur culte, et le presse de
se faire l'égénèrer dans les eaux du baptême,
afiu de jouir un jour de la gloire dont le fera
participant le Dieu dont il aura embrassé
la foi. Dans sa troisième Lettre, qui est
adressée à la reine Edelburge ", il prie cette
princesse de s'employer de tout son pouvoir
à gagner à Dieu le roi son époux. En même
temps il la félicite de sa conversion, dont il
dit qu'il avait appris des nouvelles par les
mêmes personnes qui lui avaient appris celle
du roi Ethelbalde son frère.
[Ces trois lettres se trouvent au tome LX.VX
de la PutroUiijie latine, col. -435 , précédées
d'une notice tirée du Liber pont i fi calis. Elles
sont suivies , comme par appendice , d'une
quatrième du même pape, adressée Ajuste,
archevêque de Canlorbèiy, et reproduite d'a-
près Mansi, lom. I du Snitplément des Conciles.]
Avec ces Lettres, le pape envoya des pré-
sents au roi Edouin et à la reine Edelburge;
au roi inie chemise ornée d'or et un man-
' Tom. V Concil., pag. 1647.— » ll)i.l., pag. 1C48.
' Aiif,'. .Mai il publiv, dans le VI'' vuluuie «lu Spi-
cileg. Rom., paj;. 113. un fragim-ut iIp la Iclln- de
(iordien à Ueupiledil. (lordicn n'iUuil point rvOijnf
(II! ï5rvilli; , mais bien iH(>i|ue d'I^'-spaKiie , episco-
;■«.< llispaniaru'ii , conune [lorle le niannsrTii.
li:ilisi !■ IV;if;niclit,fi(iiditlipailr;in l'a|iiiV'lndi'fi'liee
di' BO marier avcr sa conimî're danslc liapli'^nu', ••( de
rexcominuiiicalion iieiinHuclli; iin'eueourt le eliré-
\\f\i qni a (•!-i! ponlradcr ce mariage à ninjn? ijii'il
ne fasse une digue pthiitenoe. 11 y parle aussi de
la défense et de la peiue porti^es conlre celui qui
aura pris eu mariage sa fille spiriluellc ou l'aura
donnée il son fils. Désornuiis Idus les doutes sur
l'aulhenlicité de la lellre de Deusdedit à lionlicii
se liouvenl Icvc'-s. (L'édUeur.)
' Toni. V Concil., pag. ICIl.
6 Tom V, pag. tG58.
« Hed.i, lib. Il Hist., cap. ix et jt.
•> Toui. V Concil., p<ig. IC59.-' Ibid., pag. IfiO •
[vil" SIKCLE.]
CHAPITRE LVIII. — UONIFACE, DlîUSDEniT, ETC.
il
Honorine
f^i fait pajie
CD 626i
S« Ladre \
I<aac do Ra-
\CODft.
LelO'O 3u\
éTéques do
Vtaétieotd I-
strie, laf.
IC8I.
Iciiu; à la rcino, un iiiir<Mi' iTar^cnl et tin
pcijjni' d'ivoire ^arni d'or. Edtn.in, inslitiil
et convaincu do la vt-ritë pai' l'ovèque Tau-
lin qui avait suivi Edeiburgc i'i la cour, re-
nonça A l'idolâlrit', brisa ses idoles, et reçut
le baplème la onzième année de son règne,
qui était l'an 027. Mais Bonilace V n'eut
pas la joie d'apprendre une si agréable
nouvelle, étant nioi't le 25 d'octobre 625. 11
est fait mention, dans la Lettre j^i Juste ', de
celle que le roi Ellielbalde avait écrite k ce
pape pour lui donner avis de sa conversion.
Nous u'avons ni celle lettre, ni la réponse
de Boniface.
•4. Après sa mort, le Saint-Siège vaqua six
mois et dix-huit jours, au bout desquels IIo-
norius ' , fils de Pétrone consul , fut choisi
pour le remplir. Il était de Campanie. Son
ordination est marquée au quatorzième de
mai 62(). Il gouverna l'ijglisc environ douze
ans, pendant lesquels il fit Ijeaucoup de
bien '. Il s'appliqua* à rinstruction du cler-
gé, envoya ^ des apôtres eu Angleterre, qui
y prêchèrent l'Kvangile avec succès, et réu-
nit à l'Église Aquilée et toute l'Istrie, séparée
par le schisme des Trots-Chapitres de'^ins en-
viron soixante-dix ans.
5. Paid Diacre raconte, dans son histoire
des Lombards, qu'Adavalde, roi de cette na-
tion, étant tombé eu démence, ses sujets le
chassèrent après dix ans de règne avec sa
mère, et mirent à sa place Ariovalde. Ce ré-
cit ne peut guères s'accorder avec la Lettre
qu'Honorius écrivit an patrice Isaac, exarque
de Ra venue, pour l'engager à remeltreAdaval-
de sur le trône et à en chasser le tyran. Ce Pape
se fùt-il employé pour rendre à un imbécile
le titre et l'autorité de roi? Il prie Isaac, aussi-
tôt qu'il aurait rendu aux Lombards leur roi
légitime, d'envoyer à Rome les évèques d'au-
delà du Pô qui avaient travaillé à le dépos-
séder, afin de ne pas laisser impuni le crime
qu'ils avaient commis en cette occasion.
G. Fortuuat, évcque de Grade, mais schis-
matique, avait abandonné cete église, et em-
portant avec lui tout ce qu'il avait pu , était
passé chez les païens, c'est-à-dii-e chez les
Sclaves". Le pape Honorius envoya des gens
au roi des Lombards pour le prier d'obliger
Fortunat à rendre ce qu'il avait emporté, et
fit aussi intervenir la république de Venise
dans cette aU'aire. En même temps il écrivit
047
aux évoques de Vénétie et d'Istrie d'ordon-
ner i!vè(pie de Grade Priniigeniiis, sous-dia-
cre régionairo do l'iilglise romaine, el de lui
obéir comme à leur chef, suivant le prescrit
des lois ecclésiastiques. Il accorda au mê-
me Primigenius l'usage du Pallium. Hono-
rius donne dans cette Lettre le titre de très-
chrélicnne ;\ la république de Venise , parce
vju'olle était très-attachée à l'Église romai-
ne '', et qu'ellcavail coutume de demander son
évêque au Sainl-Siége, pour n'être pas sur-
prise par les schismatiqucs.
7. Les deux lettres de ce pape à Sergius,
patriarche de Constanlinople, regardent la
question d(!S deux volontés cl des deux opé-
rations en Jésus-Christ Ml en sera parlé fort
au long dans l'article de Sergius. Nous re-
marquerons seulement ici que cet évêque,
ayant adopté la doctrine de Théodore, évê-
que de Pharan en Arabie, qui soutenait que
l'on ne devait attribuer t\ Jésus-Christ qu'une
seule volonté et une seule opération, à cause
de l'unité de personne, fit tout ce qui dépen-
dait de lui pour la faire approuver au Pape.
Il lui écrivit à cet effet une grande lettre, où,
mêlant la ruse avec le mensonge, il établis-
sait l'erreur du monothélisme, en aflectant
d'établir la vérité. Honorius, qui n'était point
en garde contre les artifices de Sei-gius,
et qui ne devait point y être, parce que
ce patriarche était dans la communion de
toutes les églises, et qu'il n'avait encore
rien écrit pour la défense de la nouvelle
hérésie, répondit à sa lettre, que ne voyant
point que les conciles ni l'IJcriture nous
autorisassent à enseigner une ou deux opé-
rations, il confessait une seule volonté en
Jésus- Christ , parce que la Divinité a pris
non pas notre péché, mais notre nature, telle
qu'elle n été créée avant que le péché l'eût cor-
rompue. Il ajoutait : « Que Jésus-Christ soitun
seul opérant par la divinité et l'humanité, les
Ecritures en sont pleines ; mais de savoir si, à
cause des œuvres de la divinité et de l'humanité,
on doit dire ou entendre une opération ou deux,
c'est ce qui ne doit point nous intéresser, et nous
le laissons aux grammairiens. » Ces paroles
montrent clairement qu'Honorius ne confes-
sait ime seule volonté en Jésus-Christ , que
parce qu'il ne voyait pas qu'on dût en ad-
mettre deux contraires l'une à l'autre, com-
me il y en a deux dans l'homme pécheur,
\.PMrf -^iir
la'iiM'^tiondj»
deux TolûDtés.
' Tom. V Conci?., pas. le.'iS.-
pag. 1G77. — 3 Ibid. — > Ibiil.
* ïom. V Concil., Hist., cap. vu. — " Tom. V Concil., pag. 1681. —
— 5 Beda, tib. III " Ibid., pag. 1682. — « Ib. et tom. Vi.pag. 617 etsuiv.
k
C48
niSTOTRE Gt-WÉRALE DES AUTEURS ECCLt::SIASTIOURS.
LfUredllo-
LeKrAàBo*
nnrIUR évCouo
do Caatûrbé-
où la volont(5 de l'espri". est combaltue par la
volonté de hitliair; qu'an surplus il ne voulut
point décider la question, la ir).'ai'laul com-
me du ressort des ^'rauiniairicns, dans le
sens où Sergius semlilait la propo? -r. Le
pape Jean IV, qui 'était diacre de l'Édise
romaine sous le pontificat d'IFonnrius, el plus
au fait que porsoime sur le vrai sons de sa
Lettre, dit : Mon ' prédéccssettr a enseigne qu'il
n'y a jjoint en Jésus-C/irist deux volontés con-
traires, comme en rwus autres p^clieurs : ce que
quelques-uns ont tourné à leur propre sens, en le
soupçonnant d'avoir enseigné une seule volonté de
sa divinité et de son humanité : ce qui est en-
tièrement cmitraire à la vérité. La pureté de
la foi d'Honorius paraît encore dans la con-
clusion de sa Lettre, où il exhorte Serj^ius a
prêcher les vérités constantes qu'il prêchait
lui-même, savoir : qu'il n'y a qu'un seul Fils
de iJteu, vrai Dieu, qui, en deux natures dis-
tinctes, a des ojji}rations divines et humaines.
Aussi Sergius, qui ne trouvait pas dans la ré-
ponse de ce Pape de quoi autoriser son er-
reur, eut recours à un autre moyen, qui fut
d'engager lléraclius * à publier son édit ou
ecthèse en faveur du monothélisme, et de le
faire souscrire dans une assemblée d'évê-
ques, où il employa, pour les gagner, les
surprises, les persécutions, les violences.
8. Honorius ', informé de la conversion
d'Édouin, roi de Northumbre, lui écrivit pour
l'en féliciter, et l'exhorter à la persi'vérauce.
H lui conseille la lecture des o'uvres de saint
Grégoire pape. Fuis, répondant à ce que ce
prince lui avait demandé pour l'ordination
des évêques de son royaume, il dit : « Nous
vous l'accordons volontiers , et nous en-
voyons aux deux méiropolilains Honorius et
Paulin, A chacun un pallium, afin que, quand
Dieu ictirera l'im des deux, l'autre puisse lui
donner un successeur en vertu de celle Let-
tre, ce que nous donnons à la distance des
lieux : » C'est-à-dire, afin qu'il ne fallût pas
recourir à Rome pour l'ordination d'un nou-
veau métropolitain.
9. Cet Honorius était le cinciuième ëvéquc
de Uorovcrne , ou* Canlorbéry, depuis saint
Augustin. Il s'était joint a i:<louin pour de-
mander le privilège dont nous venons de
Leur» «as
évoques d B*
parler. Sa demande lui fut accordée par le
même motif, c est-'i-dire, à cause de l'éloi-
gnement des lieux. Le Pape lui envoya a cet
ell'et deux paljiums, l'un pour lui, et l'aulre
pour Ttivèque d'York. Ces deux lettres sont
du 11 juin 633, indictiun septième.
10. Sur l'avis que les Écossais on Hiber-
nois continuaient do suivre leurs anciens
usages touchant la céli'bration de la Pâque',
Honorius leur écrivit pour les ramener à la
pratique de l'Église universelle. Mais sa let-
tre n'eut ])as l'elfel qu'il en attendait.
H. Il écrivit k Jean, André , Etienne et
Donal, évoques d'Lpire*, qu'il avait envoyé •'''*•
le pallium h Ilypatius qu'ils avaient ordon-
né évèque deNicople; ajoutant qu'llypatius,
étant soupçonné d'avi ir eu pari à la mort
de Soféricus, son prédécesseur , il voulait
que , lorsque la paix le permettrait, il vint à
Rome pour se purger de ce soupron devant
la confession ou le tombeau de saint Pierre.
12. Sa dernière lettre, qui est, comme la «-oiç.o •«
préct''dente, tinfede la Collection des Canons str^iu».
tlu cardinal Dcusdodit. est adressée au sous-
diacre Seri;ius ". L'évèque de Cagliari avait
un dilférend avec quelques-uns de ses clercs
qui, pour le mettre dans son tort, s'étaient
pourvus :\ Rnme par des mémoires contre
lui. Le Pape cita les parties. L'évèque com-
parut ; mais les clercs, se sentant coupables,
ne comparurent point. Honorius les envoya
chercher par un défenseur; et ils étaient
déjà end)arqués , lorsqu'un nommé Théo-
dore , gouverneur de Sardaigne , s'en saisit
et les envoya en Afrique pour les soustraire
à la juridiction du Pape. Cela obligea Hono-
rius de faire demander justice au préfet du
prétoire par le sous-diacre Sergius , à qui il
envoya avec sa lettre la loi de Valcntinien
et de Tliéodose, alin qu'il en fit part an pré-
fet cl à toutes les autres personnes qui pou-
vaient prendre intérêt dans cette alfaire.
Cette loi était nue confirmation des privi-
lèges du Sailli-Siège. On trouve dans le
tome XII' de la Uiltliothvque des Pères, à la
page 21-4, une épigramme sous le nom de
ce pape : l'étonnemeut des apôtres, au mo-
ment où ils virent monter Jé'sus-Clirist au
ciel, en fait le sujet. [Dans le tome LXX.\ de
' l'rœdictus ergo privdecessor meus dncens de
mysterio incamnlinnis Chrisli dictbal non fuisse
in eo sicul in nobis pcccatorihus mcnlis <■( curiiis
conlranas vi/lunlnlts : ounii quidam ad pruiirium
sensum cnnverlentcs, Uivinilulis ejus cl Ituiiiant-
talis unam cuni rotunlalem docuisse suspicali
suiil. Joan., Episl. IV, ad Constantin., loin. V Con-
cit., iiuji. noi.
^ Concil. l.aler., sc<;rct. 3, toui. VI, png. 202.
' ïniii. V ConcU., pa«. lliSi.— * Toiii. V (■■•'■■,l
[mil. IU8». -' Bi!d., Illi. Il Ilist., cap. \i.\.
" Toiii. V Covcil., p-ip. tiii)5. — ' Ibid.
rvii' sii;f.i.E.] CHAPITRE LVIIl. — BOXIF
lii l'dtroingie latine, col. IG.'l cl siiiv. , on trouve
niio nnlice stir Honoriiis d'apros le Liber
l'imtifirnlis , seize lellres on frapjmenls :1c
lettres de ce pape, deux décrets, des vers
sur l'Ascension , un jirivili'ire donné au mo-
nastère de Hobljio. L'appendice qui suit con-
tient un extrait de deux lettres de saint
>faxime pour la défcMise d'Hniioritis , la let-
tre d'Anastase le DililinIlK'caiic pour la mê-
me défense , et enfin l'épitaplie d'IIonorius.
A la fin ilu volume on trouve une disserta-
tion critique du Père Marcollin Mnlkernbrelir
sur la question de savoir si Hoiiorius a ('té
condamné, en G80, parle sixième concile gé-
néral.]
Ltiiredii 13.11 n'est pas surprenant nue nous n'avons
meam Ecoi- aucun monumeut du iiontituat de Séverm ,
uls.
successeur dTlonorius , puisqu'il ne gouver-
na l'Kfrlise romaine que deux mois et quatre
jours'. Plusieurs prêtres, abbés et docteurs
d'entre les Ecossais lui écrivirent ; mais il
était mort, lorsque leur lettre arriva t\ Rome.
Le clergé de celte ville , qui avait la princi-
pale autorité pendant la vacance, fît une ré-
ponse qui porte en tête les noms des chefs
des trois ordres du clergé, savoir, d'Hilaire,
archiprètre et lieutenant du saint Siège apos-
tolique ; de Jean , diacre et élu évéque; de
Jean, primicier et lieutenant du Saint-Siège ;
et de Jean, conseiller du Siège apostolique.
On voit, par le contenu de leur lettre, que
les prêtres et abbés écossais avaient averti
le pape Séverin, qu'il y en avait encore par-
mi ceux de leur nation qui, ;\ l'imitation des
juifs , observaient la Pâque le quatorzième
de la lune, et qui renouvelaient l'hérésie de
Pelage, en soutenant que l'homme pouvait
être sans péché par sa propre volonté, et
non par la grâce de Dieu. Le clergé rejette
ces deux erreurs, comme ayant été détruites
depuis longtemps. Il dit sur la seconde, qu'on
ne peut la faire re%ivre sans blasphème et
sans folie, puisqu'il n'est pas possible que
l'homme soit sans péché ; que Jésus-Christ
seul , le Médiateur de Dieu et des hommes,
a été conçu et mis au monde sans péché ;
que tous les autres hommes ont du moins le
péché originel, selon ces paroles du Pro-
tmi. i,,7. phète : J'ai été forme dans l'iniquité, et ma
mère m'a conçu dans le péché. Cette lettre est
mise dans le recueil des Conciles comme
étant du pape Jean IV , sans doute parce
ACE IV, lEUSnEDIT, ETC. OW
qu'on a cru qu'il l'tait désigné par Jiun, dia-
cre, évèqtie élu, marqué avec les autres du
clergé de Home au nom desquels elle fut
écrite. [On la trouve au tome l,.\.\X de la
Palrolof/ie latine, col. 601 et suiv. , oîi elle
est reproduite d'après Mansi.]
14. Après une vacance de quatre mois et ■ i"« iv,
vnigt-neiil j(uirs , Jean IV tut ordonne pape
le dernier de di'cembre (i'iO. Il (Hait de Dal-
matie, fils de Venance scholastique , et oc-
cupa le saint Siège im an, neuf mois et dix-
huit jours. Il tint un concile à Home, où l'hé-
résie des nionotlu'lites fut condamnée. Elle
était parfaileujent connue en cette ville par
l'ecthèse ou èdit d'Héraclius , qui avait été
envoyé au pape Séverin : quoiqu'il portât
le nom de l'empereur, il était de la compo-
sition de Sergius , patriarche de Constanti-
noplc . L'ecthèse ne contenait rien que d'or-
thodoxe sur le mystère de la Trinité ; mais,
en expliquant celui de l'hicarnalion, elle dé-
clarait nettement qu'on ne devait confesser
en Jésus-Christ qu'une seule volonté : ce qui
était rii(''résie formelle des mouothéliles ,
ainsi appelés des deux mots grecs monos seul,
et t/ielesis, volonté.
13. Sergius , étant mort quelque temps sa Leiire
, ,. . , , ' l'empsrenr
après la publication de lecthese , eut pour unsiamin.
successeur dans le patriarchat de Constan-
tinople un nommé Pyrrhus, prêtre et moine
de Chrysopolis près de Chalcèdoine. Ami
de Sergius et infecté de la même erreur, il
fit tous ses efiorts pour engager* tous les
évêques à souscrire l'ecthèse, écrivant de
tous côtés en Occident qu'elle contenait une
doctrine approuvée par le pape Honorius.
Jean IV, ayant donc appris la mort de l'em-
pereur Héraclius, et que Constantin ou Cons-
tant son fils lui avait succédé, lui écrivit une
apologie pour son prédécesseur, où il com-
bat en même temps l'hérésie des monothé-
lites. Il dit que, Sergius ayant écrit à IIouo-
rius que quelques-uns admettaient en Jésus-
Christ deux volontés contraires, ce pape répon-
dit que Jcsus-Christ, qui est tout ensemble
Dieu parfait et homme parfait, étant venu ré-
parer la nature humaine, a été seul conçu et
est né sans péché ; qu'ainsi il n'a jamais eu
deux volontés contraires , et que la volonté
de sa chair n'a point combattu contre la vo-
lonté de son esprit ; que nous avons ces deux
volontés contraires eu conséquence du pé-
' Toin. V Concil., pag 17.S7, et Betla, lib. UHist.,
cap. XIX.
2 Toni. V Concil., pag, 17.58.
HlSTOmE GÉNÉRALK DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
650
ché d'Adam ; mais que Notre-Sei^neur n'a
pris qu'une volonté naluielle de l'iiumanité,
dont il était absolument le maître coiUine
Dieu. C'est ce qu'il prouve jKir plusieurs pas-
sages de l'Écriture, où nous voyons , d'un
côté , que tous ceux qui naissent d'Adam
éprouvent la résistance de la chair à l'esprit,
et un combat entre la volonté de l'esprit et
celle de la chair; et de l'autre , que Jésus-
Christ est Dieu, la Vertu et la Sagesse de
Dieu, incapable par conséquent de deux vo-
lontés contraires. Ces principes posés, il sou-
tient que c'est donc à tort que quelques-uns,
tournant à leur propre sens les paroles d"Ho-
norius , l'ont accusé, d'avoir dit une seule
volonté de la divinité et de l'humanité. « Je
voudrais, ajoute-t-il, qu'ils me répondissent
selon quelle nature ils disent que Jésus-Christ
n'a qu'une seule volonté. Si c'est seulement
selon la nature divine, que diront-ils de son
humanité ? Car il faut reconnaître qu'il est
homme parfait, pour n'être pas manichéen.
Si c'est seulement selon son humanité qu'ils
lui attribuent cette unique volonté , qu'ils
prennent garde d'être condamnés avec Pho-
tin et Ébiou. S'ils disent que les deux na-
tures n'ont qu'une seule volonté, ils confon-
dent non-seulement les volontés, mais les
natures ; ce qui est l'hérésie des eutychiens
et des sévériens. » Il assure comme une
chose indubitable el qui n'avait pas besoin
de preuve , que tous les Pures orthodoxes
ont confessé unanimement deux volontés et
deux opérations en Jésus-Christ , de même
que deux natures ; puis il se plaint de ce que
l'on avait contraint les évêques de souscrire
à un écrit qui tendait à détruire la doctrine
de la lettre de saint Léon à Flavien et du
concile de Chalcédoino. C'était l'eclhèse d'Hé-
raclius. Il prie Dieu d'inspirer à Constant ,
comme au défenseur de la foi, de supprimer
et de décliirer cet écrit qui avait été alliché
publiquement , et qui avait scandalisé non-
seulement tous les Occidentaux, mais le peu-
ple même de Constanlinople.
16. Isaac, évêque de Syracuse, avait de-
mandé à Jean IV si , pour le repos et la tran-
quillité des moines, on devait leur permettre
de choisir et de mettre dans les églises qui
leur avaient été données par des évêques
catholiques tels prêtres qu'ils voudraient. Le
Pape ', après avoir pris conseil, répondit que
cela se devait faire ainsi, conformément aux
lois divines et humaines, el à l'intention des
donateurs, puisqu'il est à présumer que ceux
qui ont donné le plus, savoir les églises mê-
mes, ont aussi accordé le moins , qui est de
choisir des prêti'es pour la desserte de ces
églises. Il veut toutefois que , si ces prêtres
font quelque chose contre l'évèque, ils en
soient punis par le synode.
[Les lettres de Jean IV se trouvent repi-o-
duites, d'après Mansi , au tome LXXX de lu
Palrologie latine, col. G02 et suiv. 11 y a en
outre un fragment d'une lettre à Bulcrède ,
roi des Saxons. Le pape y exhorte le roi à
punir ceux de ses sujets qui , contrairement
au décret de saint Grégoire, nécessairement
connu de cette nation , osent «'pouser des
religieuses el des femmes consacrées à Dieu.
Ce fragment a été conservé par Ives de
Chartres.]
Ltllr»»lé.
rt-iuf de Sj-
ne lue.
CHAPITRE LIX.
Jean Philopoims |610l, Théodosc, Conon, Eugène, Thémistius, Théodore,
Nicias, Léontius et Georges Pisidès [vers le mémo temps.)
(Écrivains grecs.)
Jcio Vlllo-
t>OBu*. ^e^
ètudei. Il ftl
■ arriir it llié-
r*«le det Tti-
(Mlln.
1. Le surnom de Philoponus que l'on
donne à Jean, lui est venu de .sa grande as-
siduité au travail. Né à Alexandrie , il y en-
seigna' la grammaire ; mais il ne borna pas
In ses études. Il se rendit habile dans la phi-
losophie de Platon et d'Aristote ; ot, poussant
plus loin son désir do Siivoir, il .'•IihIIm I;i
théologie chrétienne : car il f.iisnil profes-
sion du christianisme. Celte étude fut potir
lui un écueil, comme elle l'avait été pour
beaucoup d'autres , qui étaient passt'-s do
l'école de Platon et d'.\rislote dans ri'ïglise
catholique. N'oulant mesurer la L'randeur de
nos mystères sur ses idées philosoiiliicincs ,
' Toni. V foncil., pag. 1772.
' Plioliiis, cod. 55.
»[vn'sif:CLE.] CIIAPÎTRE LIX. — JEAN PHILOPOXUS, TnhJODOllE, ETC.
651
Ses écrilsl
Mn CoiiiiiirQ*
Ulra Mir les
«Ix jours.
S<»K|ula
il dfviiit le rlipf d'une nouvelle secte qu'on
appoki (les Tritln'itcs , parce qu'admcttanl
dans la sainte Trinili' trois natures parlicu-
lii-res outre la commune, ils a(Im<'ltaienl mi-
ccssairemenl (rois dieux. IMiiioponus com-
mença à enseigner celle doclrine vers l'un
TiK). Il vivait encoie du t(un|>s de Seru;ius,
patriarche de Cons'.anlinople , ;\ qui il dcdia
quelques onvrai^es. Ainsi l'on ne peut mettre
sa mort pins tôt qu'en l'an 610, auquel Ser-
gius fut ordonné évoque de cette ville ; mais
il peut avoir vécu quebiuos années au-delà.
2. I.e plus considérable de ses écrits est
son Commentaire sur l'ouvrage des six jours
de la création : c'est cehii qu'il d(''dia à Scr-
gius, patriarche de Coustantinople, parce
qu'il l'avait entrepris ;\ sa pi'ière. Pholius' dit des anciens Pères, tom. XII, pag. 610.
était la veille de la P.lque légale, et qu'il ne
mangea avec ses disciples ni l'agneau |)as-
cal, ni des azymes. Il s'oljjecte (pie le Sau-
veur donna l'oucliaristie .'i ses apôtres le
premier jour des azymes, auquel on immo-
lait l'agneau pascal. A quoi il répond (jue
cela ne* peut être, puisi[uc, si .Jésus-Christ
avait consacré l'eucharislie avec du pain
azyme, cela se ferait encore de même, et
non pas avec du pain fermenté, dont, en
eil'et, les Juifs ne se servaient plus dès le
premier jour des azymes. Ce raisonnement
de Pliiloponus fait voir du moius que de son
temps les Grecs consacraient avec du pain
fermenté. [La dispute sur la Pàque est en
srec et en latin dans Gallaïul, Bibliothèque
qu'il s'y est surpassé pour le style, qui est
pur et clair; et qu'autant il se conforme dans
ses explications à celles de saint Basile, au-
tant il est oppose à celles' de Théodore de
Mopsueste. Philoponus s'y applique à mon-
trer- que Moïse a raconté l'histoire de la
création d'une manière simple et conforme
à ce quise voit dans la nature. Son Commen-
taire fut imprimé ;\ Vienne en 1630, in-4°,
par les soins du P. Cordier, avec le Traité ou
la Dispute sur la Pàque. [Ce dernier traité se
trouve aussi dans Galland, Bibliothèque des
anciens Pères, tom. XII, pag. 610.]
3. Il n'en est rien dit dans Photius, à
moins qu'on ne veuille entendre de Philo-
ponus ce qu'il dit ' d'un auteur qu'il ne
nomme pas, qui avançait, dans un traité sur
la Pàque, que Jésus-Christ avait toujours ob-
servé la Pâque légale, excepté en l'année de
sa mort. Cela se trouve , en effet , dans la
Dispute que le P. Cordier a donnée sous le
nom de Philoponus ; et ce qui fait voir qu'elle
est de lui, c'est que, sur la fin, l'auteur cite
son Commentaire sur l'ous'rage des six jours.
Sur ce pied-là, il faudra dire que Photius a
cité l'ouvrage de Philoponus sur la Pàque,
sans savoir qu'il fût de lui. Philoponus y en-
seigne que Jésus-Christ fit en l'année de sa
mort la Pâque le treizième de la lune, qui
4. Le livre f/e l'Eternité du monde ai \\m Livre de
réfutation de celui que Procle avait composé LondT" ''"
sur la même matière contre les chrétiens. Il
y répond à toutes les objections de ce phi-
losophe, qui soutenait que le monde était
éternel, et fait' voir qu'encore qu'il se vantât
de posséder toutes les sciences des Grecs, il
n'en avait qu'une connaissance très-impar-
faite. Cet ouvrage fut imprimé à Venise eu
lo3a en grec, à Lyou en 1337 en latin, delà
traduction de Jean Mahot , [dans la Biblio-
thèque des anciens Pères de Galland, au
tome XII, pag. 472. en grec et en latin,
d'après l'édition de Cordier, mais plus cor-
rect : beaucoup de passages y sont réta-
blis.]
3. Nous avons plusieurs ouvrages de Phi-
loponus qui ont plus de rapport aux belles-
lettres et à la philosophie qu'à la théologie ;
savoir, un livre des Dialectes des Grecs, im-
primé en grec et en latin à Paris, en 1521 ; à
Venise , en 1323, et à Bàle , en 1332" ; des
Commentaires sur les Analytiques d'Aristote,
à Venise, en 1304, 1336, 1384 ; un livre de la
Génération de l'homme, à Venise , en 1327 ; des
Commenlaitvs sur les livres de l'âme, à Venise,
en 1333, et à Lyon, en 1338; sur les cinq li-
vres de la Génération des animaux, à Venise, en
1326; sur les trois livres des Météores, à Ve-
Sos écrils
sur dc-i maliè*
res jtroraoes.
i Pliotiu.s, cod. -13. — - Ibiil., cod. 2i0.
' Pliotius, cod. Il 6.
* Xam nihil horuin in cœna conligit, ut jam
dixi; neque azymuin proprii corpovis anUlypum
discipulL': suis Cirislus dédit: nain et hoc eliam
nunc finrel. Si aiitem illa fuisset prima dies azy-
morum, non potuisset reperire ferinentaluin. l'iii-
lopon., Disput. de Paschate.
■' Suiilas, in Proclo.
^ Outre CCS vditous, ou cite une éilitiou faite p;ir
Aide Romain à Venise, en 1406, iu-fol. ; 1312, 1340,
1537, iii-l», pareillement i Venise, chez Aide ; à Bftle,
eu 137i, in-l'ul., à la (in du Dietioiiuaire grec et la-
tin et ilaus l'appendice ilu Trésor grec de llcLiri
Ktieiiiie, 1G16, 1C.2S, ItiSu, iu-ful.; daiH le Lexique
Scapula à liâtes; en 1826, in-fol., à Londres ; daus le
Trésord'Étienne, à Paris 1830, chez, Didot. (L'édil.)
On attribue ,à .loan Philoponus un opuscule sur
la sigQJflcation des i-aroles que l'on trouve sous
le n'im de Cyrille. (L'éditeur.)
652
msToniE GKNi':nALE des
S^'- no Tri-
ges perdus.
nise ea 1331 ; sur les ijuatre Itères des Phy-
siques, iniprim>;s à Venise, en 1327 et loG'J;
et si/r les quatre premiers livres de la Curiu-
sité naturelle d'apprendre dis choses secrètes,
qui furent mis sous presse dans la même
ville, eu 1553. On cile deux autres écrits de
Philoponus qu'on dit être parmi les manus-
crit? de lu Uililiollièqiie de Vienne, savoir
un contre les acéphales, divise; en 17 chapi-
tres', et une petite Dissertation sur les trois
facultés de l'âme. Dindorfa publié en 1823,
àLcipsik, un ouvrage in-8de Jean sur le ton.
A ni.'. Mai a pulilié en grec, dans le 5/j(V(7.
Hom., tom. Il, pag. 302-100, une introduc-
tion au commentaire de Jean sur l'Arithmé-
tique de Nicomaquc. Ce fragment contient
des extraits de ])lusieurs auteurs anciens,
entre autres d'Aristoclés, d'Androcyde, de
Philolaiis, etc. Le savant éditeur a trouvé
plusieurs de ces ouvi'ages inédits conservés
dans une traduction syriaque : il promettait
de les publier, il n'a pas eu le temps de tenir
sa promesse. Dans le tome IIl du Spicileg.
liom., pag. 730-741, il donne une notice sur
une longue lettre de ce pliikisophe, en ré-
ponse au tiaité que l'empereur Justlnien
avait adressé aux moines d'Alexandrie : le
philosophe soutient, par des raisons philoso-
phiques et naturelles, les erreurs monophy-
siles.]
6. Photius fait mention de quelques ou-
vrages de Philoponus, dont il ne nous reste
que les titres ou quelques fragments ; un-
traité contre la Itésurrection, où il préten-
dait que les âmes ne reprendraient pas les
mêmes corps auxquels elles avaient été unies
en ce monde, et que les corps, de même que
le monde visible, seraient entièrement dé-
truits. Il y tournait en dérision ce que les
saints Pères ont dit de la résurrection future.
11 écrivit uu^ petit traité où il attaquait la
doctrine que Jeau le Scolastique, patriarche
de Constanlinople, avait établie dans un dis-
cours sur la sainte et consubstantielle Tri-
nité. Il en composa un autre contre l'ou-
vrage deJamhlii[iic \n[\\\\\é des Simulacres et
des Idoles. Ce philosophe avait entrepris de
montrer que les idoles tenaient de la Divi-
nité, et que les dieux les remplissaient de
leur présence. C'est ce que réfutait Philo-
AUTEFRS ECCLÉSIASTIQUES.
ponus , mais quelquefois par des arguments
qui n'avaient qu'un rapport très-éloigné à
son sujet. Suidas* parle d'un livre de Philo-
ponus contre Sévère, sans en marquer la
matière. Photius le traite' d'insensé, pour
avoir osé écrire contre le concile de Chalcé-
doine. Son ouvrage était divisé en quatre
parties, où il soutenait qiie les évèques de
celte assemblée avaient approuvé la doctrine
de Nestorius. Le dernier de ses écrits dont
nous ayons connaissance avait pour titre :
De l'Union. Il l'avait composé h la prière de
Sergius, patriarche de Coustanlinople. Nicé-
phore* dit qu'il était divisé en dix chapitres,
dans lesquels il établissait de tout son pou-
voir l'hérésie des monothélites. Il rapporte
quelques fragments de ses autres ouvrages,
en remarquant qu'il s'était moins acquis de
réputation par son style, qui, en effet, est
au-dessous de l'élégance'' atlique, quoique
pur et net, que par la subtilité de ses rai-
sonnements et son habileté dans la phi-
losophie de Platon et d'Aristote. Ajoutons
que, si cet écrivain a servi l'i'jglise par quel-
ques-uns de ses écrits, il lui a porté infini-,
ment plus de préjudice, en appuyant de toutes
ses forces une hérésie naissante, dans la-
quelle il parait qu'il demeura opiniAtrément
jusqu'<-\ sa mort.
7. Il fut réfuté, même de son vivant, par
divers auteurs dont nous ne connaissons plus
les écrits que par ce que Photius nous en
apprend. Un dos premiers fut le moine Théo-
dose, qui " répondit avec assez d'exactitude
aux passages, soit des Pères, soit de l'Ecri-
ture , allégués par Philoponus contre la ré-
surrection des corps. Il en rapportait d'au-
tres pour établir ce dogme de la foi et pour
réfuter l'erreur de Philoponus. Conon ', Eu-
gène et Tiiémistius écrivirent conjointement
des invectives très-forles contre lui sur la
même matière, où ils le faisaient passer pour
un homme indigne du nom de chrétien.
Néanmoins ces trois auteurs s'accordaient
avec lui en ce qu'il rejetait le concile de
Chalcédoine. Ce Tiiémistius, que l'on sur-
nommait '" Caloni/mus, était de la secte des
sévérienset de agnoètes. Il composa po\irla
défense de sa secte un lrail(f fort coiu-t sous
le litre d'.\polof/ie pour Thiophohius. Comme
CODOD. Kui:^-
o«, Tli^miK-
tlG! ri Tl«c»
dore.
• Dom Pitra n annoncé qu'il le publiera dans
sou SpicilegiuiH solesmense. (L'tidileur.)
» Photius. end. 21, et Nieepliorus, lib. XVIll Ilisl.
Ecoles., caj». xlvii.
" Photius, cod. 75. — * Snidass, i« Joanne Oram-
malien. — » Pholius, cod. 5.Ï. — « .Nitephur..lili. .Wlll,
cap. xLvu.— ' Photius, co'<. 2ir>. --» Pholius, cod.
22. — • Pholius, cod. 2:<. — '• Photius, cod. lOâ.
.;V '.1
Li'cnliii
Se-; «m-:.
Georges Pi*
si dès. Ses
échl£.
[vil* SIÈCLE.] CHAl'ITUE LIX. — JEAN
il y luallmitait Sévère, faux palriarclie d'A-
lexandrie et l'un des chefs des cutychicus ;
un nommé Théodore, de la secle de ceux qui
disaienl lu Divinité passible, écrivit contre
celle apologie, et lit voir les absiirdili's des
quatre raisonnements tju'ouy employait pour.
prouver qu'il y a des choses que Jésus-Chrisl
a ignorées. Tht'mistiusnifula Théodore, et ce-
lui-ci lui répli»|ua par un écrit divisé en trois
livres. Photius dit qu'ils avaient l'un et l'an-
tre du style, de la netteté et de la force. On
croit que ce ïhémistius est le même dont on
trouve qu('l(]ues opuscules cités dans les ac-
tes des conciles de Latran et de Constantino-
ple. En voici les titres : quelques livres à l'im-
pératrice Tbéodora; plusieurs discours con-
tre CoUuthus pour la défense de Tliéodose,
disciple de Sévère et sou successeur dans le
siège d'Alexandrie ; une lettre pour les Sa-
lamitaius; un discours au moine Charisius;
un iivi'e à Constantin, évèque de Laodicée ;
trois livres Dv lu Hatisfui-tion, pour la défense
desaguoètes, adressés à Marcelle prêtre et à
Etienne diacre; et des livres contradictoires
contre le tome de Tliéodose.
8. Un autre adversaire de Philoponus fut
le moine Xicias. 11 composa ' un ouvrage
contre les sept articles dont cet auteur fai-
sait meulion dans son écrit qui avait pour ti-
tre : L'Arbitre on le Juye. Nicias écrivait
d'uu style simple et concis, répondant à tout
sans se répandre inutilement. 11 Ot aussi un
traité contre l'impie Sévère et deux livres
contre les Gcnlils.
9. Nicéphore - lemarque que l'bérésie des
trithéites avait été combattue, avaut que Phi-
loponus et ses sectateurs en prissent la dé-
fense, par Grégoire le 'fhéologien , dans son
livre au moine Évagre, et qu'elle le fut de-
puis par Léoutius moine, dans un excellent
livre divisé en trente chapitres où il renver-
sait de fond en comble celle nouvelle hérésie,
et établissait solidement la doctrine catholi-
que. Cet écrit n'est pas parvenu jusqu'à noue.
10. Le même hislorien dit ' que Georges
Pisidès, diacre et garde-chartes de l'église
de Gonstantiuople, qui avait coutume d'écri-
re en vers iambiques, en fit de très-beaux où
il réfutait l'hérésie de Philoponus, en mé-
langeant la raillerie avec ie sérieux. Il
• Pholius, cod. 50. - 2 Nif:t.phor., lib. XVIII
Hist., ijap. XLVMi. — 3 xir;ejilior., ihid.
* Suidas, in Piside.
' Il y eu a 1910 dans la nouvelle édition du Père
Foggini, Rome, m". (Védileur.)
PHILOPONUS, THÉODOHE, ETC. 683
n'en rapporte que trois vers, et on ne croit
pas qu'il y en ait en davantage. Nicé|)hore
pouvait les avoir tirés de quelque poëme de
Pisidès sur d'autres matières. Pisidès en
composa un aussi en vers iambiques sur
rilexaméion ou l'ouvrage des six jours de
la création, qu'il dédia 'a Sergius, patriarche
de Constanliuople. Suidas '' dit qu'il ('tail de
trois mille vers. Nous n'en avons que 1881),
et toutefois il ne paraît pas qu'il manque
quelque chose à la fin ". Le cinquantième vers
et les suivants contiennent une réfutation de
l'opinion de Procle touchant l'éternité du
niiiiule. Le 1815' regarde l'empereur lléra-
clius, qui commença à régner en 610 et ré-
gna jusqu'en 640. Ce poëme et celui De la
Vanité de la vie humaine, qui est encore en
vers iambiques, ont i''t(! imprimé'S à Paris, en
1583, in-i, chez Morel, et depuis à Heidel-
Lerg, en 1590, in-8, dans le Cor)us de Pointes ;
à Genève, en 1014, et dans l'appendice de la
Bibliothèque des l'ères, ])ar La Bigne, à Paris,
en 1624. C'est par erreur qu'ils furent don-
nés à saiut Cyrille d'Alexandrie dans une
édition de Rome, en 1590, in-8, qui conteuait
aussi quelques poèmes de saint Grégoire de
Nazianze et des hymnes de Synésius. On a
joint aux deux poëmes de Georges, dans l'é-
dition de La Bigne, quelques fragments de
ses autres ouvi'agcs tirés de Suidas et d'ail-
leurs. On en trouve encore d'autres dans le
septième tome de la Bibliothèque ° grecque
de Fabricius, et dans le septième ' livre de
VEmpire Oriental de Dom Bauduri. Le poëme
en vers iambique? sur le temple de la Mère
de Dieu à Constanliuople, a été donné par Du
Cange dans ses notes sur ' Zouare. Outre ces
poésies, Georges en avait composé phisicurs
autres qui sont perdues, savoir : deux livres à
la louange d'Héraclius ; un livre de la Guerre
des Avares, près des murs de Constantinople, en
620; et l'éloge de saiut Anastaso martyr •'.
Les discours sur la Conception de.la Vierge,
sur celle de sa mère, sur la Nativité de la
Vierge , sur sa Présentation au temple et
sur sa Présence h la croix et au sépulcre ne
sont point de lui, mais d'un autre Georges
qui, sur la finduix' siècle, devint, de garde-
chaites de l'église de Constantinople, évè-
que de Nicomédie.Le P. Combefis '", qui les
6 Pag. 093. — ' Pag. 177. — » Pag. 65.
5 Ces ouvrages se trouvent dans l'édition de
Foggiui. (Vcdileur.)
'» Combefis, in Bibliolh. concionaloria, et toni.
1 Auctuarii, pag. 995.
i
684
HISTOIRE tiI-:NKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
avait allribués ù Georges de Pisidie, s'est
réliaclé. Il a donné de snilc toutes ces ho-
mélies dans le premier tome de son Auclua-
rium sous le nom de Georf/es de Niconiédie,
avec celle qui est sur saint Côme et saint. Da-
mien, et des frafjmenls des discours A la
louange de saint Clirysostome et des Pères
du concile de Nicée.
[Le recueil le plus complet des œuvres de
Georges Pisidès se trouve dans la ])ellc col-
lection connue sous le nnmde/y^ï«n//'Hc;ily
fait partie du volume puljliépaiFoggini, et est
généralement regardé couinie le plus beau
pourl'exécution typographique, llomc, 1777,
in-fol. Il a" été repïoduit dans la nouvelle
édition de la Collection Byzantine, publiée
parBeker, Bonn, 1837, d'où il est passjdans
le tomcXCIl delà Palroloyic grecque, co]. HGl
et suiv. L'éditeur a revu et corrigé le texte
en plusieurs endroits. On y trouve :1° la Pré-
face des éditeurs; 2° Préface de l'édition de
1777, donnée par J.-M. Qucrcius, éditeur lit-
téraire,sur la vie et les écrits de Pisidés;3° Pré-
face de Bekker ; -4" Avertissement deQuercius
sur les ouvrages suivants : I. De l'Expédition
d'Héraclius contvclcsPerses, en trois livresen
vers grecs avec traduction et notes. II. De
l'Invasion et de la Défaite des Barbares, ou
récit de la guerre qui eut lieu sous les rem-
parts de Constanlinople entre les Avares et
les Grecs, avec une préface de Quercius et
notes. 111. L'Héracléide , ou Défaite totale
de Cbosroès, roi des Perees, avec préface de
Quercius et notes, en deux livres. IV. L'hym-
ne acatliiste, ou qui se cliantedelfoul en l'hon-
neur de la sainte Vierge, pour la remercier de
la délivrance de Constautinople. Viennent
ensuite des notes cxjilicatives de Quercius où
l'on trouve : 1° Une leçon attribuée à Ni-
cépborc Callistc pour la fête où Ion chante
cette hymne ; 2° un récit circonstancié du mi-
racle qui eut lieu pour la délivrance de Cons-
tanlinople des attaques des Perses et des
barbares. V. Poème sur la sainte résurrection
de N'.-S. J.-C, avec une préface de Quercius
très-étendue, où il est question des auteurs
édités ou encore manuscrits qui ont traité de
rilexaméron, et des opinions de Pisidès sur
le monde. VI. L'IIéxaméron ou l'œuvre du
moude, en 1910 vers avec Scbolies deMorel.
VII. Delà Vanité delà vie. VIU. contre l'impie
Sévère, avec une longue introduction sur cet
hérétique, et notes explicatives. IX. Vie,
institution et combat de saint Anastasc qui
soullVit le martyre en Perse, avec préfaces
et notes eu prose. X. 183 fragments d'ouvra-
ges perdus. — Une tiible des ouvrages histo-
riques de Pisidès termine le volume.]
CIIAriTRE LX.
Hésychins prêtre de Jérnsalem, et Hésychius prêtre de Constautinople
[Kcrivains grecs du vi= ou vu" siècle.]
t>inîciiii^i
Bt'
1. Tbi'ophanes, sur la septième année
de Théodose le Jeune, fait mention d'un Hé-
sychius, prêtre de Jérusalem, qui s'était ren-
du recommaiidalile pai- son savoir, i)iiiU'i|)a-
lement par son intelligence dans les saintes
Ecritures. II met sa mort en la vingt-sixième
année du règne de ce prince, qui l'tait l'an de
Jésus-Christ 4,1.3. Les Grecs, dans h iirMéno-
loge, au 2f< de mars, disent de lui qu'il avait
épuisé toutes les sources de la science et de
la sagesse, et composé des commentaires
très-clairs et très-utiles sui- tous les Livres
saints. Cyrille de Scythople parle aussi d'Hé-
sychius, qu'il ' dit avoir été prèti'e de Jéru-
salem sous répiscop:it de Juvénal. 11 y a eu
plusieurs autres Hésychius : un qui était
évoque de Salone en Dalmatie, dont saint
Augustin ' dit quelque chose dans ses livres
De la Cité de Die» ; un autre, moine de pro-
fession ', ami de saint Jérôme ; et nu (jui
gouvernait l'Église de Jérusalem sous le pon-
tificat de saint Grégoire le Grand, et h qui
ce pape ('crivit une lettre ' que nous avons
encore. La dilliculté est de savoir duquel
T(im. Il Monument. Colelerii, png. 233.
I.il). .\X, cap. V.
' Apud Surium, ad 21 oclob.
* I.ili. IX, Epist. i.
CHAPITRE LX. — nÉSYCmUS ])li JÉRUSALEM, ETC.
[Vll° SIÈCLE.]
d 'entre ces Hdsychius soiil les ouvra;;cs que
iKnis avons sous ce nom. Il semble que, poiic
la it'soiiilre, l'on doive nécessairement atlri-
liuer ces ouvrages à dilleronts auteurs. Car
les uns ont été écrits originairement en la-
tin, et les antres en grec. Ceux qui ont été
écrits en lalin, comme le Commenlaire sur
le Léviti(|uc, sont postéiieurs à saint Ciré-
poirc le Grand, puisque l'auteur se sert or-
dinairement de la version de saint Jérôme,
qui n'a été dans l'usage commun de l'Église
que depuis ce Pape ; mais aussi ils sont an-
térieurs Il Amalaire, qui les cite ' dans ses
écrits. Amalaire écrivait dans le commence-
ment du IX'' siècle. On pourrait répondre que
ce commentaire, en l'élat où nous l'avons,
n'est qu'une traduction dont l'auteur aurait
employé la version de saint Jérôme, et que
l'ouvrage ne laisse pas d'être de l'un des
Ilésychius de Jérusalem dont nous venons
de parler. Mais il est visible par le parallèle
continuel quel'auteurfaitdela Vulgate avec
les Septante elles anciennes versions, qu'il
travaillait.de lui-même, et ne faisait pas les
simples fonctions de traducteur. Cela se voit
encore par- un endroit du premier livre, où,
expliquant ces paroles du Léviliquc : Vous
metlrez vos inaitts siu' lu tète de Vhostie , il dit :
« Ce que nous appelons hostie est nommé
eu grec Karpoma, ce qui signifie particuliè-
rement un holocauste. » Il fait ' souvent de
semblables remarques qui ne sont nulle-
ment d'un traducteur. On doit donc, outie
les Hésychius que nous avons cités, en ad-
mettre un autre qui ait écrit en latin. Car on
ne peut attribuer ce commenlaire h Hésy-
cLius de Salone, puisqu'il vivait avant saint
Grégoire, par conséquent en un temps où
la version de saint Jérôme n'était pas dans
l'usage ordinaire des églises d'Occident.
■-•MM
luire il'l nr«.
2. Cet Ilt'^sycliiiis ('-tait prêtre. Il en prend
la qualité dans l'c'^pilre dédicaloire au diacre [;,' "" tj'i',',"'
Eulycliien, qui l'avait prié de travailler sur i""'
le l.évilique. et de donner en même temps
et de suite le sens littéral et spirituel de ce
livre ' . 1! fait voir par divers exemples
que le Lévitiquc est suKccptible de ces deux
sens; et il les suit l'un et l'autre dans tout
son commentaire, qui est divisé en sept li-
vres. En expliquant, dans le deuxième, ce
qui est dit, que l'autel est le lieu saint, parce
que c'est là que repose le Suint des Saints, il re-
marque que Dieu ^ ordonna dans l'ancienne
loi dé manger la cliair des bêtes immolées
avec les pains qu'on avait oflferts, afin de
nous faire connaître que c'était la figure du
mystère qui est tout ensemble et pain et
chair, comme étant le corps de Jésus-Christ,
lequel est le pain vivant qui est descendu du
ciel ; \o\\h pourquoi, ajoule-t-il, selon l'édi-
tion des Septante, les corbeaux apportaient
h Elie de la chair le matin, et dn pain le soir,
Dieu ayant voulu figurer ainsi par avance
ce mystère, qui ne doit être préparé, ni
mangé, que dans l'église et dans le lieu
s:iint, c'est-à-dire, sur l'autel, et jamais
ailleurs. « Or d'après la loi, Aaron et ses
enfants, ont droit d'en manger. Car si
Jésus - Christ, étant attiré par les prières
des prêtres, ne vient lui-même, ne sanc-
tifie la cène , et n'y répand sa bénédic-
tion, elle ne devient point le sacrifice du
Seigneur. » Il continue : « Dieu a aussi or-
donné dans l'ancienne loi qu'on bridât ce
qui restait des chairs et des pains des sacri-
fices. C'est ce que nous voyons de nos yeux
s'accomplir encore aujourd'hui dans l'Eglise,
où l'on brûle dans le feu tout ce qui est
resté après la célébration des mj-stères et la
communion des fidèles. Ainsi cette action
' Amalarius, lib. XIV De O/l'ic, cap. xxxvi.
* Isychii preslj. in Lcvil., lib. (, cap. i, pag. 5i,
toni. XII Bihlinlh. tel. Pat.
» Ibid., pa!5. 66 et pag. 81. — ' Ibid., pag. 52.
^ Propterea panes cum carnibus comedi prœ-
cepil, utttosinleUigeremns illud ab eo mysteiium
dici, qund siinul panis et euro est, sicut corpus
Clirisli. panis vici qui de cœlo descendit. Proplcr
quod Beliœ, secundum septuaginta editionem car-
nes mane, panes nutem vespere deferehant eorvi
superne, prw/igurare linc mysterium Dumino vo-
lenle , quod intus opnrttt in ecclesia, in loco
sancto, id est, ad altarc coqui et cnmcdi : alibi
vern nequaquiim... .iarnn et filii ejus recte come-
dunt: nisi enim Cliristus rogatvs ore sacerdoluui
ipsc venerit et cœnam sanclificaeerit et iniliave-
rit, ca quw agunlur, nuHatenus sacriftcium do-
minicum fiunt. Sed hoc quod reliijuum est de
carnihus et panibus in igné incendi prœcepit.
Quod nunc videmus etiam sensibiliter in Ecclesia
fieri, ignique trudi quœcumquc remanere conti-
gerit inconsumpla... ICx hoc quod agitur sensibi-
liter, siguiftcalio cujusdam intclligiliilis rei, eis
qui inlendunt, proveiiit: ut quundo ad comestio-
nem sacrificii deficrnius, et couiedere illud intègre
non possiimus, mente forsan lasscscente sive dé-
ficiente, uirum ta quœ lideutur corpus oporteat
inlelliyi Domini, in quod nec angcii possuntpros-
picere, non relinqui, scd eliaui trudi en igni opor-
let spiritns, tU ea conicdal quœ nohis sunt exin-
firmilale inesibilia. Quomodo aulem comedat ?
Cum cogilarerimus virtuliSpiritus esse possibilia
ea quw nobis inipossibilia videnlur. Ua^sjcliiu.-,
liîi. il in Lecit., cap. vui, pag. 86 (al. 178).
656
fflSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
sensible représente et signiGe quelque chose
de spirituel et cl'intelli}.'iblc ;i ceux qui ont
soin de le remarquer; savoir que, quand
nous nous trouvons dans l'iuipuissance fie
manger eulièrcment le sacriiice, n<itrc es-
prit tombant dans la faiblesse et la défail-
lance, et doutant si ce qui se voit doit être
cru le toi ps du Sei|j;neur, que les anges
mêmes ne sont pas capables de regarder,
alors il ne faut pas sarrôter à ce doute,
mais le brûler au feu de l'esprit, afin qu'il
mange et qu'il consume ce que notre fai-
blesse n'est pas capable de manger et de
consumer. Mais comment le feu de l'esprit
le consumera-t-il en nous-mêmes, sinon lors-
que nous ron.*idéîerons que les choses qui
nous paraissent impossibles, ne laissent pas
d'être possibles a la vertu de l'Esprit saint ? »
L'nsagc de brûler les restes de l'eucharistie
durait encore dans le douzième siècle ,
comme ou le voit par ces paroles d'Alger,
diacre de l'Église de Liège : « Ce qu'on nous
objecte, dit-il, ' que les espèces sacramen-
telles sont mises au feu par des personnes
même religieuses et dévotes, et y sont con-
sumées, cela n'est point injurieux, à Jésus-
Christ, comme si, lui-même était exposé au
feu pour être brûlé ; ce qui est impossible,
puisqu'il est le Dieu do tous les éléments.
Mais lorsqu'il arrive que les espèces sensi-
bles du pain et du vin, qui, par la volonté
de Dieu, demeurent après que leur subs-
tance est cbangi'e en la substance du corps
de son Fils, font mal au cœur, elles sont
mises au feu pour y être consumées ; et
c'est sans auciuie impureté, puisque le feu
est le plus pur de tous les élémenls. » On
objecte qu"llés\ thius dit dans. le même en-
droit, que Jésus-Gln■i^*t n'a bu son sang (|u"en
figure; mais il sutlit de rapporter ses paro-
les, pour di'-lruire cette objection, a Le Sei-
gneur^, dit-il, prit lui-nv'-mi; le jjremier dans lu
cène mystique le sang intelligible, et il donna
ensuite le calice aux ujti'itres. n Le mot d'in-
telligible, sur leciuol ou l'orme la liillicnlU',
signifie proprement ce qui ce conçoit par
' Algeriiis, lil). Il De Sacramenl., cap. i.
' Ipse Dominun pritnus in cœna myslicn inlcl-
ligibiltm acceijit siinguinem , atque deinde calicem
apostolis dédit. Iliid., png. 8i (.il. 171).
' Les Scri/ilorPS veleres do Mai tciiilii'iinciil nu
fmi^iiDint (l'uu cuiiiiiieulairo sur Daniel, pag. 30.
{L'éiliteur.)
* l'iioliu», Cod. 198, pag. .-.19.
» Toin. XII Biblioth. Pal., luig. 185.
• Lc8 CloiMci auclores, loiu. X, i>ng. 517-578,
l'esprit: quand donc Hésychius dit que Jésus.
Christ but le sang intelligible, il entend qu'il
but réellement son sang, quoique ce sang
ne put être connu que par l'esprit. Ces Com-
mentaires sur le Lévi tique ont été impri-
més à Bâle en 1527, et à Paris, en 1581 in-8,
et dans les Bibliothèques des Pères ' .
'A. Les autres ouvrages que nous avons
sous le nom d'Hésychiu.s, ont été écrits ori-
ginairement en grec ; ainsi ils peuvent être
du prêtre de ce nom, qui était du clergé de
Jérusalem. Photius , qui le cite plus d'une
fois, ' ne lui donne que le titre de prêtre.
La glose ordinaire le qualifie d'évêque ;
mais elle n'est pas de grande autorité. La
première Homélie d'Hé.sycJiius, dans la Bi-
bliotlièque des Pères ', est en l'honneur de la
Mère de Dieu ", elle fut prononcée le jour de
sa fêle. La seconde est sur le même sujet.
La troisième est un panégyrique de saint
André apôtre. Photius ' a mis, par inadver-
tance, saint Thomas pour saint André. La
quatrième est sur la Résurrection : elle a
passé quelque temps pour le second dis-
cours Je saint Grégoire de Xysse sur la Ré-
surrection ; mais on convient aujourd'hui
qu'elle est d'Hésychias, prêtre de Jérusa-
lem, dont elle porte le nom dans 4es Manus-
crits*. Il avait fait une Concordance des
Évangélistes par demandes et par réponses.
M. Colelier l'a donnée dans le 'troisième
tome des Monuments de l'Eglise grecque,
sur un manuscrit de la Bibliothèque du Roi.
Il y en a un fragment, à la suite de l'IIoiné-
lie sur -la Résurrection, dans le premier
tome de l'Aucluarium du Combefis, qui est
passé de là dans le douzième tome da la Bi-
bliothèque des Pères.
[Le tome XI de la Bibliothèque de Galland,
page 221 contient la Concordance.]
On liouvc ensuite un traité abrégé de la
Tempéiauce et de la Vertu, adressé àTliéo-
dule.II est divisé en deux centuries, dont cha-
cune contient cent maximes de la vie spiri-
tuelle ; plusieurs se trouvent motû mot parmi
celles de MarclErmite. Phctiusdit 'qu'elles
Dom/'I-ett
•Dtrr* ceril
du prfire Bl
sjcetut.
donnent on grec UQ frapnicnl du discours sur ta
Présentation de Nolio-Soignour. C'est le même
discours que d'autres nllribiient à Tiniiillioe do Jé-
rusalem. I.e savant éditeur promctlail une édition
critique île toutes les œuvres d'Ilésycliius avec cel-
les de saint SopUroue de .lérusalcm ; elle u'a poiul
paru, il.' éditeur.)
■> l'h.ilius. Cod. 209, pag. i486.
' Vojoz toni. VI, pag. 20,3. '
» l'hotius, Cod. 198, pag. 519.
{vil* SIÈCLE.] CHAPITRE LX. — HESYCHIUS DE CONSTANïLNOPLE.
637
faisaient partie d'un livre (jiii renfermait les
Maximes des Saints conlcmporains tic saint
Antoine. L'auteur tli', dans la trente-unième
do la première centurie, que, vivant dans mi
monastère par un mouvement libre de sa
volont(^ il était de son devoir de se soumettre
à la volonté de son supérieur, qui y tenait
la place de Dieu. L'édition la plus ancienne
de ces Maximes est de Paris, en 15C3. On
les réimprima en la môme ville, en lGl-4, de
la traduction de Jean Pie, et en lG2i, dans
V Auctiiarium de la Bibliothèque des Pères.
Ild'sclielius fil imprimer, en 1G02, A Auj;s-
bourg, sous le nom du prêtre Ilésychius, des
Sommaires sur les douze petits Prophètes,
avec l'Introduction d'Adrien à l'I'Jcriture
sainte. On trouve ces deux ouvrages ensem-
ble dans le huitième tome des Critiques
sacrés. Conrad ' Ritterhusius donna séparé-
ment les Semmaires sur les petits Prophè-
tes, à Amberg, en 1604 in-8, avec une tra-
duction latine de sa façon. Il fait mention,
dans sa Préface sur le Commentaire de
Procope Gazœus sur le Penlateuque, des
Scholies d'IIésychius sur Ezéchiel : d'autres
en citent sur la G; iièse, sur Job, sur les
Psaumes ; et Sadolet, dans une de ses Let-
tres à Erasme, dit qu'Hésychius, dans la
Préface de sou Commentaire sur les Psau-
mes, essayait de prouver qu'ils étaient tous
de David. Tous- ces Commentaires ou Scho-
lies sont encore en manuscrit dans les bi-
bliothèques d'Italie et d'Angleterre : on n'en
a point encore mis sous presse. 11 faut dire
la même chose de ses Commentaires sur
l'Épîlre aux Hébreux, dont saint Thomas
rapporte quelques passages, et de celui
qu'il avait fait sur Habacuc et sur Jonas, cité
plusieurs fois dans la Chaîne de Carall'e sur
les Cantiques des deux Testaments. Photius
rapporte ^ quelques fragments de son Ho-
mélie sur saint Jacques, frère du Seigneur,
et sur David dit le père du Christ. AUatius
en avait une sur la fête de la Rencontre, ou
de la Purification : elle n'est pas imprimée.
Il y en avait une auti'e sur la Naissance de
Jésus-Christ. On cita dans le cinquième con-
cile ^ un passage de l'Histoire ecclésiastique
d'Hésychius, où il parlait de Théodore de
Mopsueste et de ses erreurs. Cette Histoire
était sans doute du prêtre Hésycbius, con-
temporain de Juvénal, patriarche de Jéru-
salem, et de Tliéodosc le Jeune, puisque le
concile où elle fut citée se tint en tjîi'i: il
faut même lui attribuer les Commentaires
grecs dont nous venons de parler, si l'on
vent s'en lapporler h ce que Tliéophanos et
le M(Miol(>ge ont dit de son savoir et de son
érudition ; mais il ne parait point qu'on
doive le faire auteur de la vie de Longin le
Centurion, imprimée dans le recueil des Bol-
lan(iisles,au quinzième de mars. Cette pièce,
qui manque presque partout de vraisem-
blance, ne répond point à la léputation du
prêtre Ilésycliius dont iious parlons.
4. [Le tome .\CIII de la I'uliulu(jie (jrecipie, ak m^'nl
col. 781, contient les œuvres d'IIésychius dnn^ i» l'ai",'
avec une notice tu-ee de Fabricms, de Cora-
befis, de Galland et de Cotclier. Les œuvres
contiennent : 1° le commentaire sur le Lici-
tiqiic d'après la Bibliothèque des Pères de
Lyon; 2° des fragments du Commentaire sur
les Psaumes", d'après Cordier; 3°lessommai-
ses sur les douze petits Prophètes et sur Isaïe,
avec les explications des passages les plus
difficiles; le tout d'après Pearson, Critiques
sacres, tom. YIII ; un fragment sur Daniel, d'a-
près Villapond, tom. I; un fragment sur Da-
niel, d'après Mai, Script, vet. nov. coll. tom. I;
des fragments sur les Actes des Apôtres, d'a-
près Cramer et Wolfl'; sur l'Épître de saint
Jacques, d'après Wolf,.lne«/o^(/?YPfo, tom. III;
un fiagment sur la première Épître de saint
Pierre, et un sur l'Épître de saint Judes; -i" la
Concordance des Évangélistes, d'après Cote-
lier ; o" les Sermons. Ou y trouve un frag-
ment sur la naissance de Jésus-Christ ; un
sur l'heure où Noire-Seigneur fut crucifié;
le discours sur la Résurrection, publié par
Combefis, et 'en grande partie dans Galland,
sous le nom de Sévère d'Antioche, est repro-
duit au tome XLYI de la Patrologie grecque,
col. 6:27-652, parmi les œuvres de saint Grégoi-
re de Nysse. Les autres sermons sont deux Ho-
mélies sur Marie mère de Dieu; un sermon
sur la Présentation de Notre-Seigueur; l'é-
loge de l'apôtre saint André ; un fragment
du discom-s sur saint Jacques, frère de Notre-
Seigneur, et sur David, père du Christ, d'a-
près Photius; 0° les Ceuturies; 7" le Martyre
de saint Longin, d'après les Bollandistes.]
, 5. Photius parle d'un prêtre de Coustan- Hésjci.ios,
tinople de ce même nom , qui avait com- *c*l,?i;,„,ino°
posé quatre livres sur le Serpent d'airain *. *'■
' Fabricius, tom. VI Bibliolh. grwc,,
et 144.— * Photius, Cod. m, pag. 1523.
XI.
pag. 244 '■* Concil., tom. V, pag. 470, Collât. 5.
* Photius, Cod, "I, pag. 38.
42
638
HISTOIRE GKNi-.RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Nous ne les avons plus; ils étaient d'nn style
plein d'ostentation, et l'auteur n'y cherchait
qu'à émouvoir les passions. Dans ce dessein,
il avait composé liii-mome des harangues
sous le nom de Moïse, dans lesquelles ce pro-
phète apostrophait le peuple d'Israël, et les
réponses de ce peuple aux discours de Moïse.
Il s'était donné la même liberté à l'égard de
Dieu, à qui il prêtait des discours à Moïse et
au peuple, et mettait dans la bouche de ceux-
ci des réponses en forme de prières et d'ex-
cuses. Ces harangues, ou les discours, fai-
saient la plus grande partie de l'ouvrage d'Hé-
sychius deConstantinoplc, qui composiiit un
gros volume. C'est tout ce que Photius nous
apprend de ces quatre livres ; et c'en est as-
sez pour nous empêcher d'en regretter la
perte.
L(<tnr« é^*-
fiorîîsail virs
ISo 602 ei
6IC.
Ses éeriK.
Via d" faSit
JoaD l'AumO-
CU.4 PITRE LXI.
I^éoQce évèqae de Nâples en Chypre [vers l'an 602 on 616].
(Écrivain grec]
1. Le second concile deNicée, en rappor-
tant un passage de cet auteur, dit qu'il Uo-
rissait snus l'empire de Maurice, ' qui fut mis
à mort parPhocas, en 602. Léonce vécut plu-
sieurs années au-delà, puisqu'il écrivit la vie
de saint Jean, patriarche d'.\lexandrie, sur-
nommé l'Aumônier, mort eu 016, le 23 de
janvier. Nous ne savons, des actions de Léon-
ce, que son voyage à .\lexandrie, et l'entre-
tien qu'il y eut avec un saint prûtrc nommé
Mennas. Il est qualifié évêq le de Xaples en
Chypre, aujourd'hui Lemise-la-Neuve.
2. Le plus intéressant de ses ouvrages est
la Vie de saiut Jean l'Aumùnier * : elle lui
est attribuée par Constautius, l'un de ses
prédécesseurs, et elle fut citée sous son nom
dans le second concile de Nicée. Sigebert '
la lui donne aussi, et je ne sache personne
qui la lui conteste. Avant Li'ouce, deux ser-
viteurs de Dieu, Jean et Sophrone, avaient
écrit la vie de saint Jean l'Aumônier '; mais
ils avaient omis plusieurs particularités qui
regardaient la dignité et le mérite de cet
homme adiuirab'.e : c'est ce qui engagea
Léonce :i travailler de nouveau sur cette ma-
tière. Ce qu'il en avait laissé par écrit étant
venu à la connaissance de Nicolas I", qui
monta sur le Saint-Siège en 838, ce Pape
chargea Anastase, bibliothécaire de l'Église
romaine, de le traduire du grec en latin.
Cette version a été imprimée plusieurs fois,
et c'est celle que les BoUandistes ont suivie,
après l'avoir confrontée sur quelques ma-
nuscrits grecs. Siméon Mélaphraste, ou quel-
que autre écrivain grec, composa une vie
du même patriarche, diU'érenle en plusieurs
points de celle de Léonce. Elle a été mise en
latin par Genlien Hervet, et insérée dans le
recueil de Surius. Nous donnerons sur l'édi-
tion des BjUandistes ce qu'il y a de plus in-
téressant pour notre sujet durs la vie de ce
patriarche, sans nous arrêter à celle de Mé-
taphraste, qu'ils ont aussi donnée à la suite
de celle de Léonce '.
3. Léonce remarque dans le Pi'olofîue ', ,c«qiiiii«
que la malice des hommes n'était pas si '■i* !)•»•""•
grande au temps passé qu'elle est mainte-
nant; ce qu'il dit avoir été prédit par Jésus-
Christ en ces termes : L'accroissement des vi-
ces refroidira la charité de plusieurs; qu'il ne
dépend toutefois que de nous de marcher
comme nos ancêtres dans la voie étroite,
puisque, encore de nos jouis, il y en a qui
demeurent fermes dans l'exécution de leurs
bonnes résolutions. Il donne pour exemple le
saint dont il entreprend l'histoire; et pour
la rendre utile à toutes sortes de personnes,
il dit qu'il l'écrira, non d'un style élevé et
Mjltb. litiv,
11.
' ConscripsUfiutcin Lcnntius vitam sancti Jnan-
nis archiepiscopi Alexandriœ cognomenln Eleemo-
synarii, id e.il, misericordis. (juin et sancli Si-
meonis Himplicis, ri alia qntvdam : atque in om-
nibus sp-rmonibus suis crthodnxus ctrnitur. Flo-
ruil aulcm leniporibm ilauriliiimperatnris.Coac .
Nic<L-ii. Il, action. 4.
• UullaDiliis, ad dieni 23 januar
• Anastasins, jubenle Kicolan papa, Iranalulit
inldtinum vitam Joannis Ulccmosynarii scriplam
grwcc a Leon;io episcopo. Sigebert., De Scriptor.
^ Eccles. cip. cm.
^ ride UolLind., ad diem 23 januar., pag. 493 et
geq.
• La vie «le «lint Jcau l'Auinôuicr a êlc' Irailuite
(Ml italien (uir le fr^re Nicolas d'Iisiuola, l'urme,
1513, iii-4». {L'éditeur.)
' l'iolog., pag. 498.
CHAPITRE I.XI. — T.l':OXCE DE NAPLES.
[tu* siècle.]
l'ioquent, commp nvaiont lail Jeun cl So|)lnn-
110, iiiaistruii slyl(( siiiii)l(; et uisi-, iillii do la
mettre à port<5o inomc des ignorants. Un
voyage qu'il lit A Alexandrie pour baiser le
tombeau des saints martyrs Cyr et Jean, lui
fut nnc occasion d'apprendre les ciroonstan-
tes de la vie de saint Jean l'Aunionicr. Il les
apprit du prêtre Mennas, qui avait été éco-
nome de l'église d'Alexandrie dans le temps
que Jean en était patriarclie ; et atin de ne
rien laisser échapp-;-, il écrivit lui-même tout
C"p-'. ce que Mennas lui dicta. Aussitôt que ce
' saiuteut été élevé sur le siège d'Alexandrie,
il se fit donner un rôle exact île Ions les pau-
vres de la ville, qui montait à sept raille cinq
cents et davantage ; puis il commanda à son
économe de leur fournir chaque jour ce qui
leur était nécessaire pour vivre. Le lende-
main de son sacre, il fit régler les mesures
de la ville, fil mettre son nom sur celles dont
les vendeurs et les acheteurs devaient se ser-
vir , et défendit d'en employer d'autres, sous
peine de confiscation de tous les biens en
11. faveur des pauvres. Informé que les admi-
nistrateurs temporels de l'église se laissaient
gagner par des prrsenls qu'on leur faisait en
forme d'étrennes, il les lit venir tous à l'heu-
re même; et sans leur dire une seule parole
rude, il leur défendit de recevoir à l'avenir
aucrius présents, et augmenta leurs ap-
pointements. Tous les mercredis et samedis,
il domuiit des audiences publiques, faisant
mettre à cet effet un siège et deux bancs
devant l'église, où il s'entretenait avec quel-
ques personnes capables; on lisait l'Évan-
gile ; et afin que ceux qui avaient des plain-
tes à lui faire n'en fussent point empêchés par
les otficiers, il n'eu retenait qu'un auprès de
lui. Un jour que personne ne s'était adressé
à lui, il se retira les larmes aux yeux; So-
phrone, qui s'en aperçut, lui remontra qu'il
devait au contraire se réjouir de ce que l'on
vivait à Alexandrie sans contestation et sans
dispute : la rèllexion lui parut juste, et sa
tristesse se convertit en joie. Les Syriens,
échappés de la captivité des Perses, s'adres-
sèrent à lui, le suppliant avec instance de les
recevoir. Il fit mettre les malades dans les hô-
pitaux, et donner l'aumôue aux saints, savoir :
une pièce d'argent à cluicun des hommes,
et deux à chaque femme ou fille, à cause de
l'infirmité du sexe. 11 arriva que quelques-
uns, avec des habits couverts d'or et des
brasselets demanilèreut aussi l'aumône; ses
aumôniers faisant dilUcultè de la leur don-
6S9
ner, il les en reprit très-sévèrement, disant
que Jt''sus-(;iirist avait dit : Itunnczà tniisccux uc. vi.ji
qui vous dcuuitiik'iil. Un autre l'aboidant avec
un mi;chant habit, et le priant d'avoir pitié
d'un pauvre captif, le saint lui lit donner six
pièces d'argent : les ayant reçues; le men-
diant fut changer d'habit, et vint par une au-
tre côté lui exposer ses pressants besoins :
Jean commanda h son aumônier de lui don-
ner six pièces d'or ; raumônier ayant re-
connu le mendiant, en avertit le saint évo-
que, qui fit semblant de ne pas l'entendre :
cet homme revint une troisième fois, et quoi-
quel'aiimônier avertit lepalriarchc que c'é-
tait toujours le mémo , il lui fit délivrer dou-
ze pièces d'or, disant : " C'est peut-être Jé-
sus-Christ qui vient :\ dessein de me tenter. »
4. Les vivres étant devenus extrêmement cap. iv.
chers à Alexandrie , parce que le Nil , qui ,
par ses débordements, donne la fécondité
aux campagnes , n'était point sorti de ses
bords eu cette année-là, un habitant de la
ville olfrit au saint patriarche deux cent
mille boisseaux de blé et quatre-vingts livres
d'or, ti condition qu'encore qu'il s'en recon-
nût indigne, il serait honoré du diaconat,
afin que, servant à l'autel, il pût être puri-
fié du grand nombre de ses péchés. Le saint
lui représenta que son otlraude était légi-
time, et ne pouvait être faile en meilleure
occasion ; mais qu'étant défectueuse par les
conditions qu'il y apposait , il ne pouvait la
recevoir , parce qu'il n'est pas permis de
vendre la grâce de Dieu pour de l'argent.
Cet homme s'en retournait fort triste , lors- t.
qu'on vint dire au patriarche que les deux
vaisseaux qu'il avait envoyés en Sicile cher-
cher du blé, étaient arrivés. Deux ecclésias-
tiques s'étant frappés l'un l'autre , il les
excommunia pour quelques jours , suivant
les canons : l'un d'eux se soumit , et recon-
nut son péché ; l'auti-e prit occasion de cette
punition pour continuer à vivre dans le dé-
sordre, menaçant de faire au patriarche tout
le mal qu'il pourrait. Le dimanche étant ve-
nu, le diacre avait presque achevé l'oraison
générale, et était près de lever le saint voile,
lorsque le saint, pensant à cet ecclésiastique,
se ressouvint aussi de ce précepte du Sei-
gneur : Si, lorsque vous êtes près d'offrir votre
présent à l'autel, vous vous souvenez que votre
frère a quelque chose contre vous, laissez votre
présent, et ce qui suit : il dit au diacre de re-
commencer l'oraison , et après l'avoir ache-
vée , de la recommencer encore , jusqu'à ce
660
HISTOIRE GliXKUALK DES AUTEURS EGCLI^SIASTIQUES.
qu'il fut de retour, fei;.'naiit que quelque
nécessite l'oLligeiiil ili- iiuilter l'oulcl. Ktunl
allé dans la grande sacristie, il envoya vin;:,'!
de ceux qui étaient de semaine chercher le
clerc de mauvaise vie. Le patriarche , le
voyant, mit le premier les genoux en terre,
et lui dit : J'ardonncz-moi , mm frère. Le clerc,
confus devoir à ses pieds ce vénérable vieil-
lard , mit aussi les genoux en terre , et de-
manda pardon et miséricorde ; sur quoi le
palriarche disant : « Dieu veuille nous par-
donner à tous, » ils se levèrent et entrèrent
dans l'église, où le clerc, tout transporté de
joie, se mit à l'autel. Le saint eut un jour
une contestation avec le sénateur Nicélas,
an sujet d'une aflaire publique où il s'agis-
sait de l'intérêt des pau\Tes : ils se sépa-
rèrent vers la cinquième heure du jour en
très-mauvaise intelligence. Le patriarche ,
qui avait toujours devant les yeux la loi du
Seigneur, ressentait un extrême déplaisir
de ce qui était arrivé ; mais celui de Nicélas
ne venait que d'un intérêt d'argent. Jean cet
homme juste se disait à lui-même : « On ne
doit point se mettre eu colère , ni sans rai-
son, ni avec raison ; et sur les onze heures,
il envoya un arcliiprêtre, accompagné d'iui
clerc, dire de sa part au sénateur : « Le so-
leil est près de se coucher. » Nicétas n'eut
pas plus tôt entendu cette parole , qu'em-
brasé d'uu feu divin , il courut fondant en
larmes se réconcilier avec son pasteur. Ils
se mirent à genoux l'un devant l'autre, s'en-
tr'embrassèrent , et s'entretinrent quelque
temps sur le danger qu'il y avait d'écouter
les discours de ceux qui aiment à engager
les autres dans des disputes et des coutesla-
tions. Jean avait un neveu nommé Georges ,
qui, étant entré en querelle avec un hôtelier
de la ville, en avait été extrêmement injurié.
Le neveu vint tout éploré trouvei^ sou oncle ;
mais comme il ne pouvait parler, tant il était
pressé de douleur, d'autres cxpli(juèrent au
palriarche le sujet de son chagrin. Ahiis ce
véritable médecin des âmes , voulant adou-
cir le transport de colère dans lequel il voyait
son neveu-, l'assura qu'il ferait ce jour-l;\
même une chose (jui rpni|)lirait d'('tonne-
ment toute la ville. Comme il vit ipie ce re-
mède avait produit l'eirct qu'il avait prévu ,
et qu'il ne restait plus de tristesse dans l'es-
prit de son neveu, qui s'imaginait sans doute
qu'on ferait fouetter publiquement cet hôte-
lier, il lui dit en le baisant : u Mon fils, si
VO'.is êlcs véritabremeut mon neveu, prépa-
rez-vous i\ être plutôt fouetté vous-même, et
à soullVir toutes sortes d'injures de qui que
ce soit : car la véritable parenté ne dépend
pas de la chair ni du sang, mais de la vertu
qui en est l'âme. » Etant averti qu'un dia-
cre ne voulait pas se réconcilier avec un
homme qui l'avait fâché, il lui refusa la com-
munion, lorsqu'il vint pour la recevoir à son
rang, en lui disant : « Allez auparavant vous
réconcilier avec votre frère. i> Le diacre, n'o-
sant contester avec son évêque devant tant
de monde, et en un lieu si saint, lui pro-
mit d'obéir, et alors il lui donna la commu-
nion.
5. 11 était d'usage, lorsque l'empereur va- tip. u.
nait d'être couronné, que les ouvriers qui
travaillaient aux embellissements des tom-
beaux lui présentassent quatre ou cinq piè-
ces de marbres de dilTérentes couleurs , en
lui denumdant lequel de ces marbres lui
plaisait pour tombeau. Cette cérémonie s'é-
tait introduite afin de faire connaître au sou-
verain de l'empire , qu'étant homme , et su-
jet à être dans peu réduit en poudre , il de-
vait prendre soin de son âme , et gouverner
avec équité. Saint Jean l'Aumônier, voulant
imiter une coutume si louable, se fit faire
uu tombeau au même lieu où ses prédéces-
seurs étaient enterrés; mais il défendit de
l'achever avant sa mort, afin que cet ou-
vrage demeurant imparfait, ceux qui en
avaient la charge lui vinssent dire tous les
aus le jour d'uue fête solennelle, en présence
de tout le clei-gé : Votre tombeau demeure im-
jjarfuit ; commandez qu'on l'achève , puisque
vous ne savez pas à quelle heure les voleurs doi-
vent venir. Les églises consacrées à Dieu
dans Jérusalem ayant été brûlées par les
l'eiscs, il envoya à Modeste , palriarche de
colle ville, mille pièces d'argent , mille sacs
de blé . mille sacs d'autres grains , mille li-
vres de fer , mille poignées de poissons ,
mille barils de vin , et mille ouvriers égyp-
tiens pour lui aider à rebâtir les églises. La
lettre dont il accompagna ces présents, était
conçue en ces termes: « Vénéiable servi-
tour de Jésus-Clii'isl , je vous supplie de me
l'ardonner, si je ne vous envoie rien (|ui soit
digne de son temple , puisque , s'il était à
jjropos, j'irais moi-même travailler A la sainte
église de sa résurrection : je vous conjure
par le respect que je vous porte , d'excuser
mon peu de pouvoir, et de demander pour
moi i\ Jésus-Christ qu'il me fasse la grâce
d'êL'c écrit au livre de vie. » il assistait sou-
Cip.
[vu' SIKCLE.]
vent ceux qui ('taicnt ;ï l'afioiiie, cl kuir l'er-
inail les yeux de ses propies mains, ponr se
préparei' liii-nii'ine :'i un passat;c si impor-
tant. Il ordonnait anssi rpi'on eût grand soin
de prier ponr les morts : sur quoi il racon-
tait que de son temps un captif ayant (ité
ment' en Perse, ot mis en prison, ses pa-
rents, à qui l'on avait rapporté qu'il était
mort en tel joor et tel mois , faisaient faire
trois fois l'année des prières pourlui. Quatre
ans après, k; captif, ayant ti'otivé le moyen
de se sauver, revint en Chypre : ses parents,
surpris de le voir , lui dirent qu'ayant reçu
des assurances de sa mort , ils avaient fait
trois fois l'année dos prières pour lui. Le
captif Iciirdcmanda en queljourils les avaient
faites : iis réijondirent : « Aux saints jours
de Noël, de Pâques et de la Pentecôte. » ïln
ces jours-l;\ mômes, répliqua le captif, un
homme, aussi éclatant de lumière que le so-
leil, venait me déchaîner et m'cuvrir la pri-
son ; et après m'ètre promené tout le jour ,
sans que personne me reconnût, je me trou-
vais le lendemain chargé de chaînes com-
me auparavant. )> Nous voyons par là, ajou-
ta ' saint Jean l'Aumônier , que les morts
reçoivent du soulagement des prières que
l'on fait pour eux.
4. Un de ses domestiques étant tombé
dans une pressante nécessité, il lui donna
dix livres d'or. Le domestique, confus de
cette bonté, lui dit qu'il n'oserait plus lever
lesyeuxpourle regarder. « Mon frère, lui ré-
pondit le patriarche, je n'ai pas encore ré-
pandu mon sang pour vous, ainsi que Jésus-
Christ, mon maître et notre Dieu, le com-
mande.» Allant à l'église des saints martyrs
Cyr et Jean, faire ses prières sur leur tom-
beau, une femme se jeta à ses pieds, criant:
Cl Faites-moi justice de mon f;endre qui me
maltraite. » Ceux de sa suite lui représentè-
rent qu'il pourrait à son retour pourvoii' aux
plaintes de cette femme ; mais il leur ré-
pondit : « Comment Dieu écouteia-t-il mes
prières, si je rejette celle-ci? Qui me peut
assurer que je vivrai jusqu'à demain, et que
je n'irai pas aujourd'hui rendre compte à
Jésus-Christ de la négligence dont j'aurai
usé envers cette femme ? » Il l'écoula sur-
le-champ, et donna ordre qu'elle fût satis-
faite. Il ne pouvait soutfrir que l'on sortît de
l'église durant le service. Voyant un jour
CIIAPITHE LXI. — Ll^ONCE DE NAPLES.
fifii
(]ue plusieurs sortaient après la lecture do
l'évangile, il quitta l'autel, les suivit, et alla
s'asseoir au milieu d'<.'nx, en leui' disant :
« Le pasieur ne tloit point abandonner son
fiiuipeau : ou rentrez avec moi dans l'église,
ou je demeurerai ici avec vous. N'est-ce
pas en votre considération que je viens dans
l'église ? Et ne pourrais-je pas dire la messe
dans l'évéché ? )) Cette correction leur ôta
l'envie de retomber dans une semblable
faute. Il défondait à ses peuples toute com-
nuinication avec les hérétiques , surtout
l'entrée dans les lieux où ils faisaient leurs
prières.
7. Quelque temps avant sa mort, le saint ci?.
patriarche se retira en l'île de Chypre. Ce que
Léonce dit de son voyage et de ses derniè-
res actions, il l'avait appris, non du prêtre
Mennas, mais de quelques autres personnes
dignes de foi. Etant arrivé à Amathonte,
lieu de sa naissance, Jean se fît apporter une
plume et du papier pour écrire son testa-
ment, qui consiste plus eu actions de grâces
à Dieu qu'en legs pieux, puisqu'il ne lui res-
tait qu'une seule pièce de monnaie dont il en
disposa en faveur des pauvres. Une femme
de la même ville, le sachant arrivé, vint se
jeter à ses pieds, lui demandant l'absolution
d'un péché si énorme, qu'elle n'osait le dé-
clarer à personne. Le saint fit tout ce qui
dépendait de lui pour l'engager à le confes-
ser; mais voyant que la boute l'en empê-
chait, et qu'elle refusait même de le confes-
ser par écrit : « Ne pouvez-vous pas, lui
dit-il, l'écrire, le cacheter, et me l'apporter?»
Elle y consentit, en le conjurant de no point
ouvrir le papier, et de donner ordre qu'il ne
put jamais tomber entre les mains de per-
sonne. Cinq ou six jours après que cette
femme lui eut apporté ce papier, il moiu'ut,
sans en avoir paih' à qui que ce fût, et sans
avoir ordonné ce qu'on en ferait. Cependant
celte femme sortit de la ville : ayant appris
à son retour la mort du patriarche, elle
faillit en perdre l'esprit , dans la persuasion
que son papier était demeuré dansTévccbé;
mais revenant à elle-même, elle va au tom-
beau du saint, embrasse son cercueil, le
baigne de ses larmes, passe auprès trois
jours entiers sans boire ni manger, et prie
avec tant de ferveur et de foi, que le saint,
sortant do son tombeau , lui remet en main
' Dicebat igitur sanctii>! episcopus quia ex hoc
(fiscimus habere dormientes quietem, quainlo pro
eis collectas facimus. Vita S. Joan., cap. vm,
pag. 508, toiu. Il Jan. apiid Bolland.
662
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIOUES.
Cap. IV,
Vieilrialnl
ou l'm^D.^,
son papier cacheté couimc elle l'avait donné.
Elle louvre, trouve ce qu'elle avait écrit
ellacé, et voit qu'il y avait écrit au-ticssous:
/fn comidcrntion de Jean mim serviteur, je te
pardonne ton péché. Léonce raconte que de
son temps il sortait du tombeau du saint
patriarche une liqueur coiuinc d'un |iarlum
précieux ; à quoi il ajoute qu'on ne devait
point craindre de croire un tel miracle ,
puisqu'il y avait dans l'ile de (Jiy pre (ilusieurs
Faillis des cercueils desquels il tiéeoulait une
liqueur aussi précieuse, Dieu voulant par
ces sortes de grâces honorer ses serviteurs.
8. C'est encore à Léonce, évèque de Na-
ples en Chypre, que nous sommes redeva-
bles de l'histoire de saint Simé'on, suinommé
ïaiis, c'esl-à-dire, extravagant ou insensé,
parce que, dans la vue de s'humilier aux
yeux (les hommes, il Ut quantité d'actions
qui ne s'accordaient pas avec la prudence
humaine, (juand cette histoire ne serait
point attribuée à Léonce dans le second con-
cile de Nict'e ' , l'autorité des manuscrits
yrecs ', où elle porte son nom, noiissullirait
pour l'en croire auteur. Il avait appris ce
qu'il nous en a laissé d'un diacre de l'é-
glise d'Emèse, nommé Jean, contemporain
de saint Siméon, et témoin oculaire de ses
vertus et de ses actions extraordinaires, qui
était son ami, et qui l'avait logé chez lui.
Léonce, avant d'avoir eu des mémoires de
ce diacre, avait composé" un abrégé de la
vie de ce Saint. Cet abrégé n'est pas venu
jusqu'à nous ; et il y a toute apparence qu'il
ne le jugea pas digne d'être transrais a la
postérité, ayant découvert une soiure plus
pure et plus abondante que celle on il avait
puisé d'aboi'd. La Vie de saint Siméon se
trouve en latin dans Suriusaupromii-r juillet.
Les BoUandisles en ont donné une nouvelle
version, à côté de laquelle ils ont mis le
texte grec *. Léonce, prévoyant bien que la
vie de ce Saint, telle qu'il la décrivait, pa-
raîtrait une l'ulie aux yeux de plusieurs qui
ne jugent des choses que sur les dehors et
surles apparences, les prie "^ de se souvenir
(pic saint l'aiil disait: No'is sommes fotis poi/r
l'imiour de Jcsus-C/irist. El eucoi'C : Ce f/iii
parait en Dieu une folie, est plus sage que la
sagesse de tous les hommes.
' Concil. Nie. 2, act. 4, ubi supra.
' HoII.ukI., ad dicm 1 julii, pag. 131.
' LiMjiitiiis, in vita S. Simeonis, imiii. 63, pag.
168,
' Kllc a paru en iInlicD, par les suins Un Père
9. Saint Siméon était né i Edesse en Syrie-
Les peuples de cette ville et des lieux voi-
sins avaient coutume d'aller chaque année
à Jérusalem pour y célébrer la fête de
l'Exaltationde la Sainte-Croix,c'cst-à-dire, de
son Invention ; car on ne coimaissait point
encoie la l'oie de l'Exaltation sous le rc-
^ne de Jusiinien, auquel Léonce rapporte le
voyage de saint Siméon à Jérusalem '. Il
l'entreprit à Vàs^c d'environ vingt ans avec
un de ses amis, imnjiné Jean. Après avoir
visité les Saint-Lieux et satisfait à leur piété,
ils passèrent, pour s'en retourner en leur
pays, par la vallée de Jéricho, et de là dans
les monastères bâtis le long du Jourdain,
l'ouchés de la vie (''dillimte des solitaires et
des religieux qui les habitaient, ils s'arrê-
tèrent dans celui du bienheureux Nicon, qui
les reçut sous sa discipline, leur coupa les
cheveux et leur doinia l'iiabil monasiicpu;.
Lcm- zèle pour les exercices de piété s'aug-
mentant de jour en jour, ils obtinrent de lui
de passer dans un désert derrière la Mer
Morte, où ils demeurèrent pendant vingt-
neuf ans, occupés à combattre sans cesse
contre l'ennemi du salut, qu'ils vainquirent
toujours par les armes de la prière et de la
pénitence la plus sévère. Alors il vint en
pensée à Siméon de travailler à sa sanctifi-
cation et à celle des autres par les moyens
les plus propres à confondre la vaine sagesse
du monde. Ce fut de contrefaire l'insensé, et de
se rendre méprisable aux hommes par des
actions qui marcpiaient de la folie, du moins
en apparence. Les efforts que lit Jean , son
ami et son compagnon, pour le faire chan-
ger de dessein , furent sans efl'et. Siméon
le quitta, alla visiter une seconde fois les
Saints-Lieux en Jérusalem, et passa de là à
Emèse en Syrie, où il s'arrêta pour le reste
de ses jours. Quoique âgé de plus de soixante
ans, on le vit courir dans les rues de cette
ville en habit de bouffon, jouer avec les en-
fants, sauter dans les danses publi(iues avec
le premier venu , attaquer les passants à
coups de noix ou de pierres, fréquenter les
bains, les cabarets, rechercher l'amitié des
femmes débanclii'os, se joindre aux jiossédés
et imiter leurs grimaces. Mais on découvrit
par la suite qu'il n'avait eu reconrs à toutes ces
Léunnnl de l.uequcs, <le la compagnie de Jdsus;
Lvi.cn'es, 16(.e, iii-8°. [Vddilcur.)
■* 7)1 prniug., pag. lal.
• llolliiiiil., ad ditm l julii, pag. 138.
Il Tl« dvulbt
Siméon.
PS. II>6,
[vu» SIÈCLE.]
cU^marclics d'une folie appnrciitf! qun pour
couvrir los «ïiAccs (pi'il rpc(>viiil de Dini, oii
pour les eorunuuucpicr aux autres; que les
façons d'insensi! qu'il atreclail u'elaicnt que
pour niicu\ réussir dans ses leuvres de cha-
rité, et pour demeurer lui-nièmc dans l'ini-
miliatinu. Car la prière la plus fréquente
qu'il faisait à Dieu était de vivre caché et
méprisé. Il chassa les démons des possédés,
guérit des paralytiques, chanijea du vin en
vinaijrre, et le même vinaigre en bon vin ;
rendit la santé aux moribonds, convertit des
juifs et des hé-rctiquos ; engagea des courti-
sanes ;\ changer de vie, et prédit plusieurs
Cip. Ti, fois l'avenir. On remarque entre autres que,
voulant prédire le tremblement de terre qui
renversa Antioche sous le règne de l'empe-
reur I\[auiice vers l'an 587, il prit un fouet
dont il frappa les colonnes des bâtiments pu-
blics, leur disant à chacune : Ton Seigneur
a dit : Tiens-toi ferme ; et que celles qu'il
avait frappées ne furent point renversées dans
le tremblement de terre; qu'il dit à d'autres :
Pour toi, ne demcu7-e pas ferme , et ne tombe pas;
et que, dans le même tremblement, elles se
fendirent depuis le haut jusqu'en bas, sans
toutefois être renversées, mais penchées tant
soit peu. Toutes les colonnes qu'il ne frappa
CHAPITRE LXI. — LÉONCE DE NAPLES.
663
Léonce ^ur la
point i'iMciit renversées. L'iiislorien Evagre'
se rencontre dans la phi[)art des faits avec
Léonce; mais il ne les donne qu'en peu de
mots, disant qu'il faudrait un traité exprès
pour rapporter les actions de Siméon. Léonce
ne prétond pas même les avoir rapportées
toutes. Il en finit le récit par celui de sa mort,
qu'il dit avoir été suivie de plusieurs mer-
veilles qui rendirent son nom glorieux.
10. L'évoque Constantin dit dans le second
concile de Xicée, qu'il avait plusieurs panégv- y"<'if<:«<f
riques et plusieurs discours sur les fêtes, com- f," .p"'" '''
posés par Léonce, dont un de ces discours "-i-'^J""»-
était sur la Transfiguration de notre Sauveur;
nous ne l'avons plus. Mais on nous a con-
servé parmi les actes du concile un long
fragment d'un autre discours où Léonce pre-
nait la défense de la doctrine chrétienne
contre les juifs, et où il parlait du culte des
images, comme étant autorisé par l'Ancien
Testament. En effet. Moïse reçut ordre de
Dieu de faire des images de chérubins ; Dieu
fit voiràEzéchiel un temple rempli d'images
de chérubins, et de figures d'hommes et de
lions ; il y en avait de même dans le temple
de Salomon. Il est vrai qu'on ne les adorait
pas : mais - les chrétiens n'adoient pas non
plus les images des saints, comme si c'étaient
» Evagr., lil). IV, cap. 34.
' Chrislianus dixil [Judœo] : Bene dixisti : qiUa
et pênes nos non sicut dit adoranlur Sanctorum
caractères et icoiiœ tel formes. Si enim ut lieum
adorarem lignum imaginis, posseni pmfecto et
ligna rcliqua adorare... usqrtequo conijiacta sunt
duo ligna crucis, adoro figuram propler Chris-
tum qui in ipsa crucifixus est. Poslquani auiem
ab ineicem separata fuerint, projicioea et incen-
do ; et sicnl is qui jussioncm imperatoris sus-
cepit et salulavit sigillum, non liitum adoravil,
aut chartam aut plunibum, sed iwperatori ado-
rationeni impendit et cultum : ila et nos christia-
iiurunt pueri figuram crucis adorantes, non na-
tvram ligni adoramus, sed signum et annuluni
et characlerem Chrisli, eu m aspicientes, ijer eu m il-
lum qui in eo crucifi-vus est, salulamus et ado-
ramus, et sicut pueri propriipatris cujusdemqui
peregre profeclus est ad tempus ab illis. multo
crga cum affectu ex anima flagrantes, sive vir-
gam ejus in domo videant, sive sedem, sive cla-
mydent, kœc cum lacrymis deosculantes amplec-
liintur : et non illa adorant, sed patrem deside-
rant et honorant: ita et nos omîtes fidèles, ut
virgam Chrisli. Crucem adoramus; ut sedem ve-
ro et cubile, ipsius sanclissimum monumentuni ;
u( dumum, et prœscpe, et Bethléem, et sancta
ejus cœterà tabernacula... Inlentio exquiriturin
omni salutalione et omni adoratione. Si me ac-
cusas quod quasi Diminum lignum adorent Cru-
cis, quare non calumniari); Jacob qui adoravit
super summitatein virgœ Joseph ? Sed manifes-
tum est quia non lignum videns adoravit; sed
per lignum virgœ Joseph ; qtiemadmodum et nos
per crucem Christum... Quia vero me vidisti
iconam Voiniid nostri Jesu Christi, vel immacu-
latœ matris ejus, vel allerius cujuspiam justisa-
lutare,indignaris et nos idololatras appellas?...
Kon erubescis videns me in toto terrarum orbe
templa idolorum deslruere et templa martyrum
(edificare .' Si idola adorarem, cur martyres qui
idola destruxerunt adoraremus'' Si ligna ut deos
honoro et glorifico, quomodo honoro et glorifico
martyres qui lignea simulacra destruxerunt? ..,
Fer reliquias martyrum et imagines multoties
effuganlur da-monia... Sed et fréquenter sangui-
num fltiores ex iconis et reliqttiis martyrum facli
sunt... Die mihi quomodo sumus idololatrœ, qui
et ipsa ossa, et cinerem, et pannos, et sanguinem
et tumuium martyrum idco adoramus et honora-
mus, quia idolis non sacri/icarunt?... 0 homo,
christianorum populi quolquot figuras Crucis et
conaruin salutant, non ipsis culturam ligitis vel
lapidibus nfl'erunt, vel auro, velcorruptihiliima^
gini, sed per ea Deo eunctorum Creatori gloriam,
et salutationem et cultum impendunt. Uonor
enim qui sanctis impendilur, ad cum recurrit
Ctun ergo videris chrislianos adorare Crucent,
scilo quia crucifixo Christo adorationem offerunt,
et non ligno ; nam si naturam ligni coluissent,
profecto et arbons et nemora adorassent, sicuti
et tu quoudam, Israël, adorabas hœc dicens ar-
HISTOIBE Gl'^lNI^RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES .
664
des divinités. Car s'ils croyaient pouvoir ado-
rer l'image d'un saint, peinte sur le bois, ils
adoreraient le bois sur lequel cette image
serait peinte el tous les autres bois. Il en est
de même de la croix. Tant que les deux
bois qui la forment sont joints ensemble, ils
adorent cette figure à cause de Jésus-Ciirist
qui y a tHc crucilié; mais anssilôt qu'ils sont
séparés l'un de l'autre, ils les jettent et les
brûlent. Léonce compare l'adoration que l'on
rend à la croix de Jésus-Christ, à l'adoration
que rend au sceau de l'empereur celui qui
en reçoit une lettre. Comme ce n'est ni à la
cire, ni au papier, ni au plomb qu'il rend son
adoration, joaais à l'empereur; de même les
chrétiens, en adorafit la ligure de la croix,
n'adorent point les bois ctont elle est com-
posée, mais Jésus-Christ qu'ils envisagent
dans la figure de la croix où il a été attaché.
Léonce la compare encore à la vénération
qu'un enfant témoigne pour tous les ameuble-
ments el les habits de son père absent pour
longtemps : il les baise en les baignant de ses
larmes. Cette marque de tendresse ne peut
passer pour une adoration, mais pour une
preuve du désir que cet enfant a de revoir son
père. C'est ainsi que les fidèles adorent la
croix de Jésus-Christ , et qu'ils témoignent du
respect pour tous les endroits qu'il a sancti-
fiés par sa présence , pour sa crèche, pour
Bethléem et tous les autres lieux de sa demeu-
re : ce qui prouve bien que leur adoration est
relative non à tous ces endroits, mais à Jésus-
Christ même. Les Juifs, en adorant le livre
de la Loi, n'adoraient ni le parchemin sur
sur lequel elle était écrite, ni l'encre dont on
s'était servi pour l'écrire ; mais la parole de
Dieu écrite dans le livre de la Loi : de même
les chrétiens, en adorant l'image de Jésus-
Christ, n'adorent ni la substance du bois, ni
celle des couleurs ; mais en tenant en main
cette ligure inanimée de Jésns-Clnist, il leur
semble qu'ils tiennent et qu'ils adorent Jésus-
Christ même. Jacob, en baisant la tunique do
son fils Joseph tout ensanglanté, s'imaginait
embrasser Joseph même; ainsi, quand nous
tenons ou que nous saluons les images de
Jésus-Christ, ou de ses apôtres, ou de ses
martyrs, nous croyons les tenir et les saluer
eux-mêmes. Ce n'est pas l'action, mais l'in-
tention que l'on doit regarder ilans ces soi-tes
de salutations et d'adorations. Si vous m'ac-
cusez. Continue Léonce en s'adrcssaut aux
juifs, de rendre au bois de la croix la même
adoration ([u'à Jésus-Christ ; pounjuoi ne
faites-vous pas un crime à Jacob d'avoir adoré
le haut du bâton de Joseph? Mais c'est qu'il
est évident qu'il adora Josejjh, et non son '
bâton; et il Test aussi que par la croix nous
adorons Jésus-Christ, .\braham n'adora-t-il
pas les impies qui lui vendirent le terrain
pour construire un sépulcre ? Ne lléchit-il
pas les genoux devant eux? Mais il ne les
adora point comme des dieux. » Léonce
rapporte plusieurs autres exemples d'adora-
tion rendue à des hommes par des serviteurs
de Dieu, sans que l'Ecriture leur fasse de
reproches; puis il ajoute : « Pourquoi donc
m'appelez-vous idolâtre, vous autres juifs,
parce que vous m'avez vu saluer l'image de
Notrc-Seigneur Jésus-Christ, ou celle de son
immaculée Mère, ou de quelque autre saint? »
Il fait voir qu'il n'y a aucun fondement à ac-
cuser les chrétiens d'idolâtrie, puisque non-
seulement ils ont renversé les idoles de lem'S
temples, mais qu'ils honorent et glorifient
les martyrs et les apôtres, qui se sont aussi
déclarés ennemis du culte des idoles; qu'ils
bâtissent des églises en l'honneur de ces
martyrs dans tout le monde, et qu'ils cé-
lèbrent les louanges des trois jeunes hommes
de Babylone qui refusèrent d'adorer la statue
d'or que Nabuchodonosor avait fait élever ;
que la vénération qu'ils ont pour les ima-
ges et pour les reliques des martyrs, est
autorisée par les miracles opérés par ces
images et par ces reliques. « l'ar elles les
démons ont été mis en fuite; on a vu en
découler du sang et d'autres liqueurs; la
croix de Jésus-Christ a produit un tel ciian-
gement dans des idolâtres, dans des homi-
cides, dans des fornicaleurs, dans des voleurs,
qu'ils ont renoncé au monde, et pratitpié
toutes sortes de vertus. Comment les chré-
tiensseraient-ils idolâtres, euxqui n'honorent
les ossements, les cendres, les vêtements,
le sang, les tombeaux des martyrs , que
parce que ces martyrs , ont refusé constam-
Htlir. Tl,
bori fl ligno : Tu es Deun meus, et tu me genuis-
li. El nos iterum non nie dicimus cruci ncqite fi-
guri.i nanctorum : DHnosiri eslis. ^on enim siint
DU «ostri, sed siinililudines et imagiiiei Christi
et iMiirtorum ejun ad recordntionem et hnnorem
rt decorem Ecclesiarum propointm et adorandœ.
Qui eniiii hounrnl iiKirtijrem, Deum honorât, et
i/iii nintrem cjiis adorât, ipsi hoiiorificcnliam ex-
liiliet. l.i'iHiliiis, 111 Apologia, low.Wi CoHci/., png.
235 et seq.
CHAPmtE l,XI. — LIÎONCE DE NAPLES.
[vu" SIÈCLE.]
mont ilf siicrifior aux idoles? S'ils rendent
dos liminpiirs .'i l;i (iu:iii-o do la croix ot aux
imagos, ce cuile ne se torminc point à la
niatiore dont elles sont composces, ni à une
iina^'O corruptible, ni ;\ une châsse, ni à des
roli(pies; il se rapporte au Créateur de toutes
choses, ;\ qui ils le rendent par ces imac:es
sensililes. L'iionnour mémo qu'ils rendent ;\
ses saints retourne vers lui. En adorant la
croix, ce n'est pas an bois, mais A Josus-
Christ attaché surlo bois (|u'ils rendent leurs
adorations. Ceux des Israélites qui avaient
abandonné le culte du vrai Dieu pour adorer
des idoles, disaient autrefois aux bois et aux
arbres : l'of/*' rfcs mon Dieu : c'est vous qui
m'avez engendré. Ce n'est pas l.'i le langage
que les chrétiens tiennent à la croix et aux
images : ils ne leur disent pas : Vous êtes
nos dieux. Ils ne les regardent que comme
des ressemblances et des figures de Jésus-
Christ et des saints; ils s'en servent pour se
remettre plus aisément en mémoire ceux
qu'elles représentent et pour la décoration
des églises. Celui qui honore un martyr, ho-
nore Dieu ; celui qui adore la Mère de Dieu,
révère Dieu lui même. » Nous avons un au-
tre fragment de la même .\pologie de Léon-
ce pour les Chrétiens dans les anciennes
Leçons de Canisius '. Cet évêque y fait voir
que ce que les prophètes ont prédit de la
paix dont le monde devait jouir à l'avéne-
ment de Jésus-Christ, a été pleinement ac-
compli : ce qu'il prouve premièrement
par l'édit que César-Anguste publia pour
faire un dénombrement des habitants de
toute la terre ; secondement, par la réunion
qui s'est faite de tous les hommes en un seul
corps, qui est l'Église, par la prédication de
l'Évangile. Lambécius cite encore un frag-
ment de cette .\poIogie où Léonce justifie
le culte que les chrétiens rendent à la croix - :
c'est apparemment le même qui fat cité dans
le second concile de Nicée.
Distoorf 11- Le discours sur le saint vieillard Si-
ilrd"s.' méon '' a été donne tout entier en grec et
"' en latin par le P. Gombefis, avec un autre
• Tom. I leclion. Canis., editÀntuerp., an. 1725,
pag. 793.
* La.mhec., Biblioth. FindoJon, lib. IV, pag. 137.
» Tom. 1 Àuctuarii. Combef., pag. 682.
' Turtures castitntetn semper virginis ac Dei
genUricis signilicabant, paj.'. fi90.
s Pag. G8:i.
« Couihefis, tom. I, pag. 702.
' Viuis Deiis et unus mcdiator Dei et hominum
homo Christus Je^us. Idcirco igitur Deus est .-
OC."
sur la mi PentocAto et un sur l'Aveugle-né
ol sui' roMiprisoniiomont de saint Pierre par
llérodo. Ils ont l'h' mis l'un et l'autre dans
la Bibliothèque des Pères, à Lyon, ou 1077.
Le piomier est une explication du cantique
que Siméon prononça en tenant Jé-sus-Christ
entre ses bras, et do la loi di- Moïse touchant
la purification des femmes. L'auteur y don-
ne à la Sainte-Vierge * le titre de Mère de
Dieu, et semble dire qu'il " avait fait un dis-
cours le jour de la fêle do la naissance du
Sauveur , où il avait emprunté pourla célé-
brer les paroles des saints Pères et les can-
tiques des anges.
12. Dans le discours sur la mi-Pentecôte ', oiston™
il explique le septième chapitre de l'Evan- SiV."'"''"'
gile selon saint Jean, où il est dit qu'au mi-
lieu de la fête des Tabernacles, qui durait
sept jours, Jésus-Christ monta au temple, où
il se mit à enseigner. Il dit que cette fèto,
qu'on appelait de la mi-Pentecôte, parce
qu'on la faisait au milieu de la cinquantaine
de Pâques, avait été établie par les succes-
seurs des apôtres. On ne voit point que cette
fête ait été observée dans les Églises d'Occi-
dent. Il reproche aux hérétiques de corrom-
pre le texte des divines Écritures, à l'imita-
tion des Juifs, et de supposer aux Pères de
l'Église divers écrits , dont ils sont eux-mê-
mes les auteurs; faisant passer sous les noms
de saint Athanase, du pape Jules, de saint
Grégoire Thaumaturge, les dogmes impies
d'Apollinaire. Sa doctrine sur l'Incarnation
est exacte. « // n'y a, dit-il, d'après saint
Paul, qu'un Dieu et un médiateur entre Dieu et
les hommes, Jésus-Christ homme. Il est Dieu '',
car il ne pourrait être médiateur, s'il n'était
qu'homme; comme il ne pourrait l'être, s'il
n'était que Dieu. Mais parce qu'il est Dieu et
homme, ou plutôt Dieu fait homme, c'est
pour cela qu'il est médiateur. Il communi-
que aux deux natures dans lesquelles il fait
les fonctions de médiateur : à la divinité,
étant Dieu par nature ; à l'humanité, étant
homme substantiellement, n II avait dit dans
le discours précédent' qu'encore que le Fils
non enim esset mediator ut esset tantum homo;
ac nec e conversa, ut tantum Deus esset: ideo
autem est mediator, quia est et Deus et homo,
seu potins Deus factus homo. Quamobrem eliam
utrisque illis communicat, quibus mediatorem
agit; Deo quidem. lU qui Deus existât per divini-
tatis naturam ; hominibus autem per huii.anita-
tis substantiam. Leontius, in uiediam Pentecos-
ten, pag. 718. {Bihl. vel. Pal., tom. XII, pag. 299.)
* Quanquam nalurœ pctor nostram naturam
666
HISTOIRE GÉNÉRALE DES
DiMonrs
Dé.
de Dieu par sa bonlé envers nous se fût re-
vêtu de notre nature indivisiblcniful et sans
confusion, la f,'iandeur de la divinité iv. lais-
sait pas de répandre son éclat sur la bassesse
de la nature Immaine.
13. Léonce lit undeu.Kième disco;:rs', sur
la même fête de la mi-Pentecôle, dans lequel
il établit la divinité de Jésus-Christ par les
miracles qu'il avait faits à la vue des Juifs,
principalement jiar la t.'uérison miraculeuse
de l'aveugle-né. Il y parle de l'emprisonne-
ment de saint Pierre parHérode, donnant à
cet apùtre les titres de prince et de supiême
sommet des apôtre? '. Il prétend qu'Hérode
ne l'aurait. point tiil mettre en prison, ni
mis à mort saint Jacques , si les Juifs ne l'y
eussent engagé parai-gent. 11 combat, comme
une folle doctrine ilcsp;iïeus, ce que disaient
quelques-uns, que l'heure de même que la
manière de notre mort était décidée irrévo-
cablement par le destin. « Si cela est ainsi,
pourquoi dans nos maladies avons-nous re-
cours aux médecins pour éloigner le temps
de notre mort? Pourquoi ceux qui voyagent
sur mer observent-ils avec tant de' soin
l'étoile polaire, et s'empressenl-ils si fort
d'arriver au port? Pourquoi évitons-nous la
rencontre des voleurs, et nous munissons-
nous de tant d'armes , lorsque nous allons
au combat ? Pourquoi faire un crime à Gain
AUTEURS ECCLÉSIASTIQL'ES.
d'avoir tué son frère Abel, s'il devait périr
parce genre de mort? Dieu ne dit-il pas
dans les Psaumes : Invoquez-moi ou jour de
l'affliction , je vous en délivrerai , et vous aurez
lieu de m'honorer ? n
14. Baronius , Possevin et quelques au-
tres, trompés par une ancienne mais peu
correcte traduction des actes du second con-
Oa*r«
tltrilpé «L
OBCC.
Jn(em«
dct échu •
cile de Xicée , ont avancé que Léonce avait aiuoTiiin
continué l'histoire d'Evagre , et donné celle
des révolutions arrivées de son temps dans
l'Empire. Mais il est visible que les actes de
ce concile parlent en cet endroit de la Vie de
saint Siméou, dit l'Insensé , composée par
Léonce. 11 n'y est question ni de séditions ,
ni de guerres ; au lieu que l'ancienne version
fait ' mention des troubles arrivés dans
l'Église du temps de ce solitaire ; ce qui a
donné lieu de conjecturer que Léonce , qui
eu avait écrit la vie , avait aussi composé
une Histoire de ces troubles. Les écrits de
Léonce ne lui Orent pas moins d'honneur
que sa vertu ; et on lui rendit ' témoignage
dans un concile nombreux d'avoir enseigné
une doctrine entièrement orthodoxe.
[Tous les écrits de Léonce sont reproduits
au tome XCIII de la Palrologie grecque, col.
lo5'J-i"-58, avec une notice tirée de Fabricius
et une autre tirée de Basnage.]
CHAPITRE LXII.
Btxaoce c--'.
diffcreat de
Léonce lOri.
géalsie.
Léonce de Byzance, avocat et depuis moine [610].
[Écrivain grec.)
D est fait mention, dans la vie de saint Ba-
bas ', d'un Léonce de Byzance que ce saint
rejeta de sa compagnie , parce qu'il était
trop attaché à la doctrine de Théodore de
Mopsueste. Canisius croit que ce Léonce est
le même qui écrivit depuis contre Origène ,
contre Théodore et Neslorius; et parce qu'il
induerat indivise simul et iiironfnsc, rJhilomitius
t'imen sic quoque ileilalin miiyniludo liuinanœ
vilitdtem naturw eriinio ijuodam fulgore illu.<-
Irabat. Serm. in S. Simcon., pag. C99.
' Coiiilx'lîs, ibid., jiag. 719.
' Pr'viarium Àpostolorum principem iic sum-
mum verlicem Peirum carceri mandparunt, pag.
m.
» PrTlerea beali Simeonii, turbationrsquc prop-
ne lui paraît point aisé d'accorder ces deux
choses , que Léimce ait pris la défense de
Théodore en un temps, et qu'il l'ait attaqué
vivement depuis , il prend ' le parti de dire
que Léonce , suivant la manière dos ori^é-
nistcs, pensait d'une façon et parlait de
l'autre; ou qu'il n'embrassa les erreurs d'O-
ter Christum circa ea tempora tti Ecctesia fadas.
Apiid liarou., ad nii. ;;9i.
' llic qui teclus cal palir in una iirhium Cypri
décore sacratissimo claruil... alque in nninihus
scrmonibus suis orthodoxus cernitur. Coiieil. Ki-
cwn. Il, action. 4, l.ni. \ll, paj;. '2l(>.
' l'i/a S. Sabœ, lum. III ilonuinenl. Cotcl., pag.
348.
' Cunisius, Anliquar Lection., loui. I, pag. 527.
■rçjl,|
II
. 0 Q C 0-
MCCiC.
[vu' SIÈCLE.]
rif^oiic que depuis qu'il eut écrit coutre lui.
Ou ne peut nier que Léonce de Byzancc,
dont nous avons les écrits , n'ait lilé pendant
quel(|ui! temps infecté de l'hérésie de Nesto-
rius : il l'avoue Ini-inèine'; luais il dit en
même temps qu'il était jeune alors, et que
par la grfice de Dieu il se retira de l'abîme
où les sectateurs de cette liérésie voulaient
le jeter; et c'est ce qui nous oblige de dis-
tinguer ce Léonce de celui dont il est parbi
dans la Vie de saint Sabas. Celui-ci était d(^jà
vieux, lorsque ce saint, cpii l'avait mené
avec lui à Consiauliuople , refusa de le ra-
mener en Palestine. Il était extrêmement
attaché aux erreurs d'Origène et de Nesto-
rius, jusqu'à exciter des troubles parmi les
moines ; il paraît uième qu'il mourut obstiné
dans ses mauvais seulimeuts. L'autre Léonce,
au contraire, était jeune quand il fut sur-
pris par les sectateurs de Nestorius : il ne
fut que peu de temps imbu de leur doctrine,
et depuis il la combattit fortement.
2. Il se donne lui-même le titre de scolas-
tique ou d'avocat : ce qui marque qu'il avait
fréquenté le barreau ;\ Constautinople. Ou
convient qu'il embrassa depuis la profession
monastique. Il parle' dans ses écrits de saint
Euloge, patriarche d'Alexandrie, mort vers
l'an 608, et de Pbiloponus ^, auteur de l'hé-
lésie destriihéites, qui mourut vers le même
temps. Il y dit ' encore que les sectateurs de
Nestorius, pour séduire plus aisément les
simples, leur faisaient espérer des présents
et des récompenses de la part de l'empe-
reur : ce qui ne peut s'entendre de Maurice,
sous le règne duquel les hérétiques n'osaient
ouvrir la bouche^; mais de Phocas , qui
leur laissa une entière liberté. Ainsi, il faut
dire que Léonce écrivait dans les commen-
cements du septième siècle. Il est vrai qu'il
ue dit rien du cinquième concile ; mais il
pouvait avoir des raisons pour n'eu point
parler, entre autres parce qu'il n'était pas
reçu généralement, et que l'empereur Jus-
tinien, qui eu avait pris si fortement la dé-
fense, était tombé dans Terveur des incor-
ruptibles.
3. Son Traité des Sectes fut imprimé en
CHAPITRE L.\U. — LÉONCE DR BYZANCE.
GG7
grec et en latin , de la traduction de Lencla-
vius, c'iBAle, enl.'îTS, avec divers opuscules
de saint (iéon ,dcsaint Damascène et de quel-
ques autres anciens '; dans ['Anc/uariiiiii de
la Bibliothèque des Pères , à Paris, en l(i:>'t;
et en latin seulement dans le neuvième tome
de la Bibliothèque des Pères, ;\ Lyon, en 1G77;
[dans la Bibliothèque des Pères par Galland,
tome XII, pag. 62.^; d'où il a passé an tome
LXXXVI de lii Patrologie grecque, col. 1193-
1268.] Il est divisé en dix actions ou leçons.
Il avertit dans la première qu'ayant à faire
l'histoire des sectes surce que l'on en (l'ouvait
dans l'antiquité, il était convenable de Dxerla
signification de quatre termes très-communs
dans les écrits des Pères , savoir, substance,
nature, hypostase et personne : substance
et nature sont chez eux la même chose ; et
ils ne mettent aucune différence entre hypos-
tase et personne. Après ce petit préliminaire,
il fait une profession de foi dans laquelle il
reconnaît une seule Divinité en trois hypos-
tases : une du Père, une du Fils, la troisième
du Saint-Esprit ; qui ne diffèrent en rien, si ce
n'est par rapport à leurs propriétés person-
nelles de Père , de Fils et de Saint-Esprit ,
la substance, la puissance, la volonté de ces
trois personnes étant une et la même. Il ne
veut point qu'on approfondisse de quelle
manière le Fils, est engendré du Père , ui
comment le Saint-Esprit en procède : il de-
mande seulement que l'on ne juge point des
noms de Père et do Fils dans Dieu, par
l'idée que les hommes y ont attachée. Il
donne ensuite en peu de mots l'histoire de
la création du monde, et de ce qui s'est
passé depuis le commencement jusqu'à l'in-
carnation du Fils de « Dieu, qui s'est faite,
dit-il , sans confusion '' on mélange des
deux natures, eu sorte qu'après leur union
elles sont demeurées entières , sans aucun
changement de leurs propriétés substan-
tielles, et sans division, parce que ces deux
natures n'ont qu'une seule personne. Telle
est la foi des chrétiens : elle a été combattue
par quatre sectes différentes , dont deux at-
taquent la divinité , mais par des sentiments
contraires. Sabellius , auteur de la première,
' I.coDt., lib. III coiitro A'es(or.. pag. 693, tom. IX
Hibliolh.Pat.,pig. 605.— ^Leoul., de Sed., ac.'. 5.—
3 l))itl. — ' Leoiit., lit). !ll conlra Nestor., pag. «90.
' Gi-eg. Magn., lib. VU, Episl. 47.
« Toiii. IX Uibltolh. Pat., pj-. (iUl.
' Ex Deo sermone humanoqite corpore hypos-
tasis absoluta est rma : citra confiisionem, quo-
niam posl unionein nihilominus uiiiïœ res salvœ
alque integrœ manent, non inutalis substanlia-
libus proprietatibus ; citra divisionem, qiiotiiam
una est earum Ivjpostasis. Leont., de Sectis, act,
1, pag. 662.
668
IIISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
n'a admis qu'iine naliirc dans la Trinilé , et
qu'une personne, à qui l'on ilonuait trois
noms dilIV'renls. Arius, auteur de la secon-
de , admettait trois bypostases, et aussi tiois
natures de ditft'rents genres. Nestorius, chef
de la troisième secte , a enseigné contraire-
ment à Eutycliés , auteur de la quatrième.
Celui-là confessait deux natures en Jésus-
Christ, mais il en contestait l'union; Euty-
cliès en admcltait l'union, mais de façon
que des deux natures iln'cu fùl resté qu'une
après l'union. »
*ti-2. -i. Léonce fait le dénombrement des livres
canoniques, avec im sommaire de ce qu'ils
contiennent, rpm.Yquant que l'on convient
unanimement que le l'cnlaleuque est de
Moïse '. il compte dans le canon des livres du
Nouveau Testament les sept Epîlres catlioli-
ques avec l'ApocalyiJse de saint Jean ; mais il
ne met pas dans le canon des livres de l'An-
cien Testament ceux de Tobie. d'Estlier, de
Judith, de la Sagesse, de l'Ecclésiastique
et des Mucliab('es. 11 exjilique la docirine des
Hébreux sur l'unité d'un Dieu , et montre
en même temps, par l'autorité de l'Écriture,
qu'il est un en trois personnes. Comme les
juifs couleslaient la venue du Messie, il
leur fait voir qu'ils n'étaient dans l'erreur à
cet égard, que parce qu'ils ne distinguaient
pas les deux avènements prédits par les pro-
phètes, l'un dans rhumiiialion, l'autic dans la
gloire. On disait de son temps qii'Esdras,
ayant trouvé tous les livres saints brûlés , à
son arrivée à Jérusalem au retour de la cap-
tivité, les rétablit tous de mémoire.
3' 3. Il nomme les plus illustres évèqnes et
les plus célèbres écrivains que l'Église avait
eus depuis les apôtres juqu'au concile de Chal-
4. cédoine. Il montre en quoi consislaienl les
hérésies des montanistes , des manichéens ,
des samosaléniens, des sabelliens, desariens,
des macédoniens , des apollinarisles , des
nestorieus et des eutychiens , et les réfute
t. sommairement. Ensuite il rapporte les trou-
bles qui s'élevèrent dans les églises d'KgypIe
au sujet du concile de Chalcédoiue ; les lois
qui intervinrent de la part des empereurs
pour faire cesser le schisme, la naissance de
l'hérésie des incorruptibles, celle desagnoc-
tes , qui soutenaient que Jésus-Christ avait
ignoré beaucoup de choses ; et celle des tri-
théites.qui admettaient en Dieu trois natures
ou substances. « Pliiloponus, auteur de cette
dernière hérésie, dit Léonce, était très-ins-
truit de la philosophie d'Aristote; et raison-
nant sur les [irincipes de ce philosophe, qui
donne rt chaque individu une substance parti-
culière, il voulait que, comme il y a trois per-
sonnes dans la Trinilé , on les reganhlt com-
me trois individus qui avaient chacun leiu"
substance particuhèrc, quoii|u'ilsen eussent
une commune qui était la Divinité. »
6. Léonce propose les objections que les
scliismati(iues Taisaient contre le concile de
Chalcédoine. Elles sont à peu près les mêmes
que nous avons rapportées en parlant de
ce concile; et les réponses qu'il y fait ne
sont pas dill'érenles de celles qu'on y faisait
communément. 11 s'arrête principalement à
ce raisonnement philosophique, que faisaient
les ennemis du concile de Chalcédoine. S'il
y a deux natures en Jésus-Christ , comme le
concile le définit, ou elles sont liypostatiques,
ou elles ne le sont pas : si elles sont hyposta-
tiques, il y a donc deux personnes en Jésus-
Christ, deux Christs et deux Fils : si elles
ne le sont pas, ce sont donc deux natures
imaginaires et sans existence. Léonce répond
que, si par hypostatique l'on entend ce qui
subsiste par soi-même, il n'y a pas en Jésus-
Christ deux natures hypostatiques, parce
qu'il n'y a pas deux personnes; mais il sou-
tient qu'il y a de la diffc'rcnce entre être
hypostatique, et avoir son hypostase; que
quoique les accidents ne soient pas hypo-
statiques, parce qu'ils ne subsistent pas par
eux-mêmes, ils ont toutefois leur hypostase,
parce qu'ils existent véritablement, quoique
dans un autre, c'est-à-dire dans lasubslancc
dont ils .«ont accidents. Chacune des deux
natures en Jésus-Christ existe réellement ,
siins confusion et sans division; mais elles
n'existent pas séparément : les deux natures
composent un seul iudividu, qui es! Jésus-
Christ ; c'est la même personne pour les
deux natures ': d'où vient qu'on dit de Jé-
sus-Christ lout ce qui se dit de la divi-
nité ou de l'humanité. Si le concile de
' Àlque hos guinque libros, universi Mogis esse
leslantur. \cl. 2.
' Snm entJem hypnstasis natiirartim dunrum
definiliorus recipil : et quoilcumque rie Diiinidtte
quis pr'iiuleril.itlem et in Christoinvenil, ac vi-
cisxim quidqvid do humanitale di.rcril, idem cl in
sutisidiilin Chrisli invniil ridciii svbsliintidli'er
cnniprlrns : ipio fit iil neressarin dU(V sinl unius
hyposldsis Chrislt natu)(V. I.coiil., de Sccti.i, ad.
[vu* SIÈCLE.
CIIAI'ITRE LXII. — LKilNCE DE RYZANCE.
GG!i
Clialct'ildinc ne s'est ])as servi des leriues
(l'uiiiim liypos(ali(Hic, ileiialiiro de ^'(M■1)C in-
carné, de deux natures, comme avait l'ait Siiint
Cyrille d'Alexandrie , c'esl ([n'ayant allaiic à
Eutycliès, il était inutile d'employer des ter-
mes comniuns, et que cet liérésiaiijue ad-
mettait lui-même. I^éonce expliiiue en quel
sens saint Cyrille les a employés , particu-
lièrement ceux-ci, « une luiliire du Verbe in-
caiiwe ; )) pnis il l'ait voir qu'en vain on objec-
tait contre ce concile la lettre du pape Jules
;\ Denis, évèqne de Corinlhe , puisque cette
lettre était d'Apollinaire ; et qu'il n'y avait
pas plus de raison d'opposer certains écrits
de saint Grégoire Tliaumatnrge, qni , au
rapport de saint Grégoire de Nysse , n'en a
laissé d'autres que la profession de foi qu'il
recjut dans nue vision. 11 ajonte que, les dé-
crets de ce concile étant i)aifaitenient con-
formes à la doctrine des anciens Pères , c'é-
tait sans raison que les schismatiques von-
laicnt s'en autoriser pour soutenir leurs er-
reurs. EnOn, il montre contre les incorrup-
tibles, que le corps de Jésus-Christ était
sujet ;\ toutes les infirmitc^ qiie nous souf-
frons dans les nôtres, excepté au péché;
contre les agnoëtes , que l'on ne peut inférer
de ces paroles : Oà avez-vous mis Lazare?
que Jésus-Christ ait ignoré le lieu de sa sé-
pulture , mais seulement qu'il se servait
quelciucfois de certaines l'aidons de parler
pour réprimer la curiosité de ses disciples;
contre les origéiiisles , que l'on ne doit point
atlmetlrc la préexistence des âmes, ni croire
que les démous seront un jour rétablis dans
leur premier degré d'honneur et de félicité.
7. Des six traités de Léonce, traduits en
latin par Turricn, et imprimés dans les deux
recueils des aucieimes Leçons de Canisius,
à Ingolstat et à Anvers , et dans le neuvième
tome de la Bibliothèque des Pères de Lyon ,
il y en a trois contre Xestorius et Eutychès '.
La matière parut à l'auteur diftlcile à trai-
ter; et, craignant de se trouver au-dessous,
il fit longtemps difficulté de l'entreprendre :
mais enlin il céda aux instances do ceux qui
avaient quelque droit d'exiger de lui ce tra-
vail. Il expose dans le premier livre la doc-
trine Ue Ncslorius et '.'/Eutychès, fait voir
qu'ils soûl autant op]ios<''s l'un .'i l'atdre, que
leur sentiment est (■C)ntraiie il la vérité, les
r('fule, ])rouve la distinction des deux natures
et leur union en une seule personne dans
Jésus-Chiist , et établit ces deux vérités par
nn grand nombre de passages tirés des éci-its
lie saint Hasile, de saint Grégoire de Na-
zianze, de saint Prode de Constantinople,
de saint Isidore de Péluse , de saint Justin
martyr, à qui il allribne les livres de la Tri-
nité; de saint Irénée, de saint IIip[)olyle , de
saint Pierre d'Alexandrie, de saint Cyriaque
évèqne de Papho , de saint Athanase, de
saint Grégoire de Nysse , du pape Jules , de
saint Hilaire, de saint Ambroise , de saint
Araphiloquc, de saint Gélase , évêque de
Césarée en Palestine, de saint Augustin, de
saint Jean Chrysoslome , de saint liphrem ,
de saint Cyrille de Jérusalem, de saint Fia-
vien d'Antioche , de saint Paul d'Emèse et
de saint Cyrille d'Alexandrie. Le second,
qui est en forme de dialogue, combat ceux
qui avaient passé de l'Église catholique à la
secte des incorruptibles , c'est-à-dire , de
ceux qui enseignaient que le corps de Jésus-
Christ , même avant sa résurreclion , n'était
sujet ni à la conuption, ni à la douleur, ni
à aucune des infirmités humaines, pas même
aux passions naturelles et innocentes, com-
me la faim et la soif; en sorte que, s'il man-
geait, c'était sans besoin. Léonce réfute cette
erreur par divers endroitg de l'Écriture, qui
marquent les différentes vicissitudes aux-
quelles il a été ëujel , sa passion , sa mort.
Il ajoute que, si Jésus-Christ n'avait rien souf-
fert , nous n'aurions rien à imiter en lui, et
que notre chair, qui tire de la mort du Sau-
veur tant d'honneur et tant d'a'.anîages ,
serait privée de l'un et de l'autre. Les pas-
sages qu'il allègue pour prouver la corrup-
tibilité du corps de Jésus-Christ, sont de
saint Denis l'Aréopagite , de saint Jiislin
dans son discours contre les Gentils , de
saint Athanase , de saint Basile , de saint
Grégoire de Nazianzc , de saint Grégoire de
Nysse, de saint Ambroise, de saint Chry-
soslome , de saint Eplirem et de saint Cy-
rille d'Alexandrie. Léonce entreprend dans 1-3». es».
le troisième livre la réfutation de ceux qui ,
' Le texte grec de ces livres a paru daus Jlaï,
SliicUeg. Rom., lom. X, part 2, pay. 1-39, pag. 95-
127, et pag. Ci;-94. On De sait par quelle erreur le
livre II se trouve à la page 9-i-127, taudis qu'un
autre ouvrage de Léonce occupe la place où de-
vrait êlre ce livre 11. Un regrette de ue pas trou-
ver dans cette édiliou tous les témoignages des Pè-
res : l'éditeur les a laissés en visant à la brièveté.
(L'édile ur.j
670
HISTOIRE Gl'ùNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTÏQLTS.
quoique défenseurs de l'hérésie de Nesto-
rius , atlectaient de recevoir le concile de
Chalcédoiuc. II? iiniUiicnl en cela les héréti-
ques qui les avaient pri'cédés, dont la plu-
part recevaient non sciik-mi'nt les divines
Écritures, mais feignaient encore d'admettre
l'autorité des anciens conciles, dans le des-
sein de séduire pins aisément les simples, et
de les attirer à leur parti : ainsi Apollinaire
et Macédonius faisaient profession d'admettre
le concile de Nicée : Nestorius, outre celui
de Nicée, recevait celui de Constantinople :
Eutycbùs admettait même celui d'Éphùse
avec tous les précédents. Il était important
de faire connaître au public que ces nesto-
riens n'agissaient pas de bonne foi, et qu'il
y avait de l'artilicc dans leur soumission
apparente aux décrels du concile deClialcé-
doine. C'est pourquoi Léonce, afin de les
faire connaître tels qu'ils étaient, remonte
jusqu'à la source dans laquelle ils avaient
puisé leurs erreurs et leurs impiétés , c'est-
à-dire jusqu'à Théodore de Mopsueste et
à Diodorc de Tarse, les premiers auteurs du
uestorianisrae. Il avoue, comme on l'a déjà
remarqué, qu'étant jeune il avait été infecté
de cette hérésie , mais qu'avec la grâce de
Uieu il s'en était retiré presque aussitôt. Il
prévient ses lecteurs contre les présents et
les faveurs que ceux do celte secte oitiaient
à ceux qu'ils voulaient séduire : il dit qu'en-
core qu'ils enseignassent la doctrine deThéo-
dore de Mopsueste et de Diodorc de Tarse ,
ils atlectaient de ne pas recevoir leurs écrits;
que, lorsqu'ils avaient séduit quelqu'un,
si c'était un moine de quelque capacité , ils
l'exhortaient aussiti.t à lire les livres des
gentils, a changer d'habits, à regarder les
jeunes, les veilles, la retraite, commodes
pratiques inutiles; qu'ils témoignaient même
du niéi>ris pour Nestorius; enlin, qu'ils com-
muni(juui(Mit avec l'I-iglise catholique. 11 ra-
conte sur cela que ces nestoriens , ayant at-
tiré dans leur parti un clerc de l'Église ca-
tholique , celui-ci, effrayé du crime qu'il avait
commis, tomba dans la tiédeur et dans ji' cha-
grin, ne concevant pas comment, (tant lié de
communion avec eux , il pouvait se conser-
ver avec riigli-sc. « Que cette économie, lui
dirent-ils, ne vous embarrasse point: le pain
proposé pour type du corps de Jésus-Christ,
ne reçoit pas plus de bénédiction, que le
pain que l'on vend au marché , ni que le
pain que les philomariauistcs ollienl en
l'honneur de Marie. » Léonce, venant ensuite
à Théodore de Mopsueste, en rapporte toutes
les erreurs, en citant les livres et les dis-
coius où il les avait enseignées.
8. Nous apprenons ' d'Evagre, que les
nestoriens avaient attiré beaucoup de monde
à leur parti en corrompant les écrits des
Pères, et qu'ils leur en avaient attribué
d'autres, uniquement pour donner cours à
leur hérésie en l'appuyant d'une autorité si
respectable. Les entycbiens et les apoUina-
ristes en usèrent de même , ainsi que les
acéphales. Us citaient sous le nom du pape
Jules une lettre à Denis de Corinthe, et d'au-
tres comme étant de saint Athanasc, de
saint Grégoire Thaumaturge , de saint Ba-
sile, ou de quelques autres anciens. Léonce,
après avoir montré, dans son Traité des Sec-
tes, que l'épître attribuée :!U pape Jules n'est
point de lui, tant parce qu'elle n'en est pas
digne , que parce qu'il y a des expressions
contraires à celles dont on se servait dans le
siècle où ce pape a vécu, et qu'il y en a
beaucoup qui se trouvent dans les écrits
d'Apollinaiie, qu'on croit en elict auteur de
cette Lettre, composa un traité exprès pour
découvrir au public les fraudes dont les hé-
rétiques, et nommément les apolllnaiistes,
usaient dans leurs ouvrages, en donnant pour
é(;rils des Pères ce qui éiait de leur façon.
Il donne de suite le nom des apidlinaristes ,
qui ont usé de cette supercherie, et rapiiortc
les endroits qu'ils ont cités faussement sons
les noms des Pères de l'Eglise. C'est ce qui
fait son ({uatrièmc Traité.
9. Le cinquième contient les solutions des
arguments de Sévère'; Sévère avait été fait
patriarche d'Antioche , et s'était mainteim
dans ce sii'ge, tandis que les eutychiens et les
ennemis du concile de Ghalcédoine y avaient
eu quelque crédit; mais il en fut chassé
sous le règne de Justin. Sévère était pur
eutychicn ; il rejetait avec anathème le con-
cile deChiUcédoiue, et recevait le faux con-
tre If^frtudiT
ri«tP', («il
-07.
dei an
ment* del
' Kvagr., lili. III, cnp. xxxi , Lcontiiis, île Seclis,
Act. S, i-t \iioiiyimis, eonira Afephtilas, loin. I
Leclion. Canis., png. 5UU, 599.
' Le texte «ree m a été donné par Mai, Spicileg.
Hnm., loin. X, i>art. 2, jwg. 128-15). [L'édileur.)
' Le texte grée CM n été donné par Mai, Spicileg,
Rom., loin. X, part. 2, [«ig. 40-IJ5. Il s'y trouve par
erreur cntie le premier et le troisième livre eontre
Nestoriufi. (//rUiicttr.)
(vu' SIÈCLE.]
file d'Ephïîsc, l'épalant au prcinior. 11 sou-
toiiail qu'après l'incarnation il n'y avait
qu'une nalure on Jésus-Christ, et qu'elle
était corruiilihle. Dans le concile de Cons-
laritinnple sous Mennas , il tut anatliiîmatisë
parmi les aci-pliales : on donnait ce nom
non seulement aux eutychiens, ([ui , s'étant
séparés de Pierre RFonge, se trouvaient,
pour ainsi dire , sans chef; mais générale-
ment h tous les eutychiens, parce que les
acéphales pensaient comme Eutychès , n'ad-
mettant comme lui qu'une nature après
l'union. Les arguments qu'ils apportaient
pour prouver leur sentiment , n'étaient que
des subtilités philosophiques. Ils préten-
daient que les termes de nature et d'hypos-
tase étant synonymes, il suivait de là (;ue ,
comme il n'y a qu'une hypostase en Jésus-
Christ, ou qu'une personne, il n'y avait non
plus qu'une nature. Léonce les suit dans
toutes leurs subtilités d'école, fait voir la
différente signitication de ces deux termes,
et montre, qu'encore que les propriétés d'une
I nature ne puis.«eiit être communes qu'aux
I substances qui sont d'une même natuie ,
ditférentes natures peuvent participer aux
propriétés d'une hypostase ou personne ,
quand elles lui sont unies hypostatiquement :
d'où il infère que la divinité et l'iiumanité ,
ayant dans Emmanuel une même hypostase,
ces deux natures, quoique dltlérentes, peu-
vent être confondues l'une avec l'autre ,
et participer aux i)ropriétés de leur hypostase
' ou personne commune : en sorte qu'on dit
du même Jésus-Christ : « Il est visible et invi-
sible , mortel et immortel , » à différents
j^ égards ; c'est-à-dire mortel selon son buma-
■ . nité, immortel selon sa divinité.
DoniesL- ^'^- ^^ sixième Traité ' est composé de
joutiques svllogisnips 11 vpof étiqucs . qui tendent à éta-
T,"\'"Ll7, 1^'''' 1'^ distinction des deux natures eu Jésus-
-'• Christ , depuis même qu'elles ont été unies
par l'incarnation du Verbe. Les eutychiens ne
niaient pas que Jésus-Christ fût cousubstan-
tiel au Père et à nous : sur quoi Léonce leur
fait ce raisonnement : «Une nature simple
n'est pas de même substance qu'une nature
composée : la nature du Père est simple; celle
de Jésus-Christ est composée; elle u'est donc
CHAPITHE LXII. — LKONCE DE BYZ.WCE.
(i7l
pasdela natureduPèrc. Comment donccelte
nature, c'tant une selon eux, peut-elle être en-
tièrement consiilislanlielh- au Père, et entiè-
rement eonsubslanlielle :i nous? Ne semlileiit-
ils pas avouer par là que nous sommes au.ssi
consubstantiels au Père? Que s'ils disent que
la nature de Jésus-Christ n'est consubstau-
tiolio au Pèi-e qu'en parlie, eten partie à nous,
il suivra de l.i qu'il n'y a que la moitié do la
nature de Jésus-Christ qui soit consubstan-
tielle au Père, et l'autre moitié à nous : ce
qui serait diviser une nature qu'ils disent
être une, et la composer de deux parties
dissemblables. .
^^. Voilà ce qui nous resie des ouvrages o.v,.;e,
de Léonce de Byzance. Il en avait composé ni''îonr?al
un contre Philnpouus, où il réfutait son hé- noUr oulràt
résie, c'est-à-dire celle des trithéites, et éta- f'c.n-„'.'oni'.'"
blissait la doctrine d'une seule nature eu Dieu .
C'est ce que dit* Xicéphore, qui ajoute ^
que l'écrit de Léonce était fort beau,etéfail
divisé en trente chapitres. Nous ne l'avons
plus. On en cite un autre, qu'on dit être par-
mi les manuscrits de la Bibliothèque de Baviè-
re. C'est une réfutation des eutychiens, ousé-
vériens, et des nestoriens, divisée en huit li-
vres , dont le premier est iutitulé : Soixante
Questions proposées à ceux qui n'admettent
qu'une nature en Jésus-Christ ; réfutation de
cette erreur par les témoif/nag^s des Pères.
Le second est contre ceux qui mettent deux
hypostases ou personnes en Jésus-Cln-ist, et
ne reconnaissent en lui aucune composition.
Le troisième attaque en particulier ceux qui
prétendaient prouver par le mystère même
de rincarnation, qu'il y a deux personnes
eu Jésus-Christ. Léonce reprend dans le qua-
trième ceux qui concluent du mystère de
l'Incarnation qu'il y a deux Fils. Il réfute
dans le cinquième l'impiété de ceux qui ne
veulent pas qu'on donne à la sainte Vierge
la qualité de Mère de Dieu. Par une suite
nécessaire , il comhat dans le sixième ceux
qui disent que Jésus-Christ n'est pas Dieu
par nalure. Dans le septième, il fait voir que
ceux-là sont dans l'erreur, qui, en admet-
tant llacarnation , se contentent d'appeler
Jésus-Christ Porte-Dieu, sans vouloir recon-
naître qu'il est vraiment Dieu. Le huitième
' Mai l'a pul)1ié en grec sous ce titre: Capitula
XXX contra Sevcrum. Colleclio nova vêler. Script.,
tom VIII, part. 1, pag. lO-tô. {L'éditeur.)
- Niceplior., lib. XVUI, cap. XLVIII.
' Leontius moiutchus omnium maxime egre-
gium librum Iriginla capitum contra illum Pln~
lopunum couscripsit quo simul et hœresim illam
prorsus everlit et piam nostram sentenliam val-
de confirmât. Uni}.
672
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
est une léfutalion de ceux qui avaient cou-
tume de condamner celte proi)Osition : Unde
la Trinité a souffert dans la chair.
[Le traité dont parle ici l'auteur est inti-
tulé : Réfutation de ceux qui affirment deux
personnes en Jés>is-C/irisl et ne reconnaissent
en lui aucune union. Il contient huit livres;
les sept premiers ont été publiés en grec
par A. Mai dans le lome IX Collect. nom ve-
ter. ScrijJ.,p-ag. 410-010; mais le huitième
ne se trouvait point dans les manuscrits du
Vatican qui ont servi à la publication de ce
remarquable ouvraf^e. Léonce y attaque les
nestoriens plutùt parle raisonnement que
par l'autorité, et il le fait avec beaucoup de
logique. Les divisious des livres ne sont pas
tout à fait celles qu'indique Di.m Ceillier. Les
voici d'après Mai. L'auteur traite dans son
premier livre de l'union de la nature divine
du Verbe avec la nature humaine ; dans le
deuxièrae, de la personne unique du Christ;
dans le troisième , du Christ Fils unique ;
dans le quatrième , de la Vierge Mère de
Dieu ; dans le cinquième , du Christ Dieu et
homme ; dans le sixième, du Christ qui n'est
point homme portant Dieu, mais Dieu fait
homme ; dans le septième de cette parole:
i'n seul a souffert de la Trinité dans la chair.
Il était question dans le huitième de l'erreui"
des nestoriens , qui niaient l'union byposta-
tique du Verbe, et lui attribuaient on ne
sait quelle union d'honneur, de domination,
d'alleclion , etc. Tout ce traité doit être lu
par les théologiens et par tous ceux qui vou-
dront écrire sur le nestorianismc.
A. Mai a fait paraître aussi pour la pre-
mière fois, en grec seulement, un autre ou-
viage de Léonce. Une version latine de cet
écrit est publiée dans le lome LXXXVIde la
Palrologie, col. 1769 et suiv. , avec le texte
grec. Cet ouvrage est intitulé : Livres con-
tre les Monophysites ou Questions contre ceux
qui admettent en Jésus-Christ une seule nature
composée. Léonce y combat avec force et d'une
manière spirituelle l'eireur qui consistait à
odmettre une seule nature en Jésus-Cluist,
et il le fait d'une manière scholaslirjue et
philosniihique. Cette argumentation est sui-
vie de la preuve d'autorité fondée bui- les té-
moignages des saints Pères. Cette preuve
est donnée avec beaucoup de soin : on y
trouve e.xpliijuées les paroles des saints Pè-
res sur lesquelles s'appuyaient les mono-
physites. Un y rencontre un grand nombre
d'autorités des Pères en faveur de lu vérité
catholique ; on y réfute solidement les ob-
jections des hérétiques contre le concile de
Chalcédoine. Parmi les témoignages des Pé-
rès, il en est plusieurs qui sont précieux et
qui étaient encore inédits. Ce tiaité se trouve
dans le lome Vn, Collect. nova veter. .Script.,
part. 1, p. lIO-loo. Quelques parties avaient
déjà paru en grec et en latin, savoir : ce qu'on
lit dans le même vol., pag. 136-55, se trouve
dans Mansi , tome VU. col. 831-40-837-68,
843-.'i8, 7<J!t-824, et dans Galland , Biblioth. ,
tome XII , pag. 733-39 , 743-30 , 739-43 , et
pag.' 719-29. Quelques témoignages des Pè-
res cités dans cet ouvrage se trouvent dans
Mansi. tome Vil , col. 823-30, et dans Gal-
land, lome XII, pag. 730-32.]
12. On voit par tous ces ouvrages, que
l'hérésie dominante dans le siècle de Léonce
était celle qui combattait le mystère de l'In-
carnation. Il en prit la défense avec zèle, et
fit tout ce qui dépendait de lui pour mettre
la vérité dans son jour, et à couvert des
traits que ses ennemis lui portaient. Son style
n'a rien de sublime , et ses raisonnements
ont quelquefois plus de subtilité que de
solidité ; mais ses adversaires ayant recours
aux raisonnements artificieux de la philoso-
pliie d'.Aristote , il leur répondait dans le
même goût. Au reste, on ne peut douter
qu'il n'ail étudié la théologie dans les sour-
ces mêmes , c'est-à-dire dans les saints Pè-
res, dont il cite plus de passages qu'aucun
écrivain de son temps. S'il cite quelques ou-
vrages supposés pour des Téritables, c'est
une faute pardonnable dans un siècle où la
critique n'était pas au point où elle est par-
venue dans des temps plus heureux ; il en
savait toutefois assez pour montrer solide-
ment que certains écrits dont les hérétiques
abusaient . n'étaient pas des Pères sous les
noms desquels ils les citaient : témoin ce
qu'il dil pour prouver que la lettre citée sous
le nom du pape Jules à Denis de Corinthe, est
non de ce Pape , mais d'.\poll inaire. S'il at-
tribue à saint Justin le livre de la Trinité, à
saint Pierre d'.\lexandrie l'homélie de l'A-
vénement de Jésus-Christ , les Bénédictions
de lialuam à saint Hyppolite , et le livre de
la Trinité à s;iiul Athanase, c'est que, ne
trouvant rien dans ces écrits de contraire
à la sainte doctrine, il ne croyait |)as néces-
saire d'examiner s'ils étaient île ceux dont
ils portaient les noms. Il n'en était pas de
même de la lettre de Jules à Denys de Co-
rinthe , et de quelques autres écrits que les
Juf;em«Bt
des oonafei
de Léonce.
CHAPITRE I.XIII. — NICÉPIIORE D'ANTIOCIIE, ETC.
I ii-tour» al-
' ■'.II,:-! ^ u-
R(iiti.n
f<>!n Otie de
Lvoneo.
[Vir SitCLE.]
liiM'étiqTies citnienl sons les ikiiiis de saint
Alluiiiase et de siiiiU Gn'goire Thaiiinatiirgn,
pour appuyer les erreurs d'Apolliiiaiie et
d'Eulyi'lu'^s. U seml)le dire' dans le titre de
son 7'raité des sec/es, qu'il avait cMi' aidi- par
nu abbé ti'ès-docte, ëgaleinont instruit des
lettres divines et humaines, nommé Théo-
dore, et qu'il l'avait, pour ainsi dire, écrit
sous sa dictée.
13. Lami)écius- cite quatre Discours sur
Joi), prononcés le luudi, le mercredi, le jeudi
l't le vendredi de la Semaine-Sainte, par
Léonce, prèlre de Constautinople : le qua-
tiièmc expliquait en même temps la Passion
de Jésus-Christ. Ils n'ont point encore été
imprimés : s'ils sont de Léonce de Byzanco,
il faut qu'il ait été prêtre : mais peut-être
sont-ils d'un Léonce dont nous avons parlé
dans le chapitre précédent , qui avait été
prêtre de Constautinople, avant d'être fait
évêque de Naples en Chypre. Ce qui donne
quelque probabilité à cette conjecture, c'est
que les mêmes manuscrits qui attribuent ces
quatre discours à Léonce prêtre de Constan-
tinoplc, mettent aussi sous son nom le ser-
mon sur la fête de la mi-Pentecôte, qu'on
convient être de Léonce , évêque de Naples
en Chypre ^
14. [On trouve dans le tome XII de la Bi-
bliot/wqvc de Gulland, page 625, les écrits de
Léonce de Byzance. L'homélie sur saint
.Jacques encore inédite, a paru, en 1827,
in-fol., A Dorpat, par les soins de Sartorius.
La Potrologie r/reiyie a donné une édition
complète des œuvres de Léonce de Byzance,
dans le tome LXXXVI, première et deuxième
673
partie, col. 1186-2102, avec notices tirées de
Caliand et de Fesseler, et avertissement de
Mai s(n-'une édition grecque dos œuvres de
L<'!once de Byzance. Les écrits de Léonce
sont leproduits dans cet ordrf! : 1° h- Traité
sur les Sectes, d'après Galland ; 2° le Traité
contre les nestoriens et les eutychiens; 3° le
Livre contre les monophysites; 4° les Trente
i.ha[)itres contre Sévère. Le texte grec de
ces ouvrages est donné d'après le cardinal
Mai, et la version latine est faite par les édi-
teurs. 5" Le Traité contre les fraudes des
apollinaristes, texte grec do Mai, et version
de Canisius; G" deux Sermons d'après Com-
béfis et Gretser ; 7° plusieurs fragments d'a-
près Mai. Un appendice reproduit le recueil
de Léonce et de Jean sur les choses sacrées,
publié par Mai, &n/^/. vel. coll., [om.Yïl. Cet
ouvrage était divisé en deux livres ; maison n'a
que les titres des chapitres du premier livre;
le second livre est entier. Il est dirigé con-
tre les origénistes, et est rempli de notes sa-
vantes et de détails curieux sur les doctrines
égyptiennes. Le cardinal n'a publié que les
passages de Pères qui étaient inédits ; il en
a pourtant retenu quelques-uns déjà parus,
pour ne pas diminuer l'utilité de cet écrit.
Galland, au tom. XII de sa Bibliothèque, p.
30, nous apprend qu'Antoine Bongiovanni,de
Vérone, publia, en 1732, une Apologie du
concile de Chalcédoine, par Léonce, comme
supplément à l'édition des conciles de Ve-
nise. Galland l'a reproduite , tom. XII, p.
719-729. Elle fait partie du Livre contre les
monophysites, publié par Mai, et reproduit
dans la Pafrologie.]
CHAPITRE LXIII.
Nicéphore Maître d'Antioche, saint Siméon Stylite le Jeune [597] [écrivains
grecs], Panl Diacre de Mérida [610].
[Écrivain latin]
iNiccphoro, 1. La qualité de maître d'Antioche que
I de s^int l'ou douue à Nicéphore , n'avait rien de
néon Sly- .
le Jeune, commuu uvcc celle de maître de palais , qui
' Leonlii Àdvocati Byzanlitii Scholœ ex are
Thcodnri religiosissimi ahbalis iloctissimique plii-
losophi, divinis pariterque exlernis lilteris eru-
diti. excerplœ, pag. C60, tom. IX Biblioth. Pat.
^ Lambccius, lib. lY Biblioth. Vindobon., pag.
70.
' Il est reproduit au tome LXXXVI de la Palro-
XI.
se donnait à celui qui approchait le plus
près de l'empereur : qualité si distinguée,
que les frères et les enfants des empereurs
logie grecque, col. 197.5-1994, d'après Combefis. On
l'avait déjà doniiù parmi les œuvres de Léonce de
Jcriisalera. A la colouue 1993-2n0'i, ou trouve un
discours sur le Vendredi-Saint, sur la Passion de
Jcsus-Christ et sur Job, d'après Gretser, tom. Il,
{L'éditeur.)
43
674
HISTOIRE GKNKRALE DES
d'OrienI ne faisaient aucune difficulté de la
prendre, et d'en faire les fonctions '. Nicé-
pliore était inailrc d'Anliochc , c'e5l-à-dire
qu'il y enseifjnait l'éloquence. Il était du-
sage dans les grandes villes d'avoir de ces
sortes de maîtres, à ({ui la ville donnait des
appointements. Il est aussi surnommé Ciel,
il cause de la sublimité de son éloquence.
Mais quelque liabilc qu'il fut, la vie de saint
Siméon Stylite le Jeune lui parut si fort au-
dessus du langage humain , qu'il eut peine
à se résoudre à la mettre par écrit '.
<!• u''1l« d« 2. Sémon naquit à Anlioche, en 521, d'un
s. s,ni«,£i. p^j,g originaire d'Edesse en Mésopotamie,
qui était venu fort jeune à Anlioche avec ses
parents '. Il y épousa une jeune fille nom-
mée Marthe. Après quelques aunées de ma-
riage, il eut d'elle un fils à qui il donua le
nom de Siméon, qui, dès son bas ûge, con-
çut de l'aversion pour le siècle. Il le quitta
bientôt pour entrer dans un monastère de
Syrie, silué au pied d'une montagne appelée
Thaiiniastore, c'est-ù-dire Mont admirable,
à trois lieues d'.vntioche. Il y eut pour maî-
tre Jean le Stylile, ainsi nommé, parce qu'il
demeurait ordinairement sur une colonne
dressée dans l'enceinte du monastère. Si-
méon, autant frappe de ce gem-e de vie que
des instructions de celui qui la menait, ob-
tint de monter avec lui sur la coloinic. Il y
passa plusieurs années ; puis s'en fit dresser
une autre plus étroite, où il fit quantité de
miracles. L'historien Evagre, qui l'avait con-
nu et vu sur sa colonne, rapporte plusieurs
faits miraculeux dont il avait été témoin ocu-
laire '. Il raconte entr'aulres que, la perte de
ses enfants lui ayant occasionné diverses pen-
sées, comme il se plaignait eu lui-même de
ce qu'il ne lui en restait aucun, tandis que les
gentils en avaient quantité, il reçut une let-
tre de saint Siméon, à qui toutefois il ne s'était
point ouvert sur son chagrin, non plus qu'à
tout autre, dans laquelle le saint lui disait
de ne point s'entretenir de pensées sembla-
bles, parce qu'elles déplaisaient à Dieu. Sa
nourriture ordinaire était de feuilles d'ar-
brisseaux qui croissaient autour de la mon-
tagne où sa colonne élail placée, et il ne bu-
vait que rarement. Ce genre de vie, quoique
très-austère, lui attira beaucoup de disci-
ples, qui venaient l'entendre à certaines heu-
' Dolland., ad diem 21 niai'i, lom. V, piig. 305.
* Vita Simeoii., imiu. 2.
* BollaDd., ifrirf.j pag. 307 cl «oq.
* Evagr., lili, V cap. xxi, el lib. VI, cap. ssin.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
res, et ne le quittaient que pour aller chan-
ter l'olfice divin dans le monastère. Il ins-
truisait aussi tous ceux qui Vi-naient le voir;
et pour se rendre utile aux absents, il leur
écrivait du haut de sa colonne.
3. Nous avons encore une de ses lettres à . •^""''°
l'empereur Jusiinien, au sujet des violences Jjjjy '"" ■
que les Samaritains exerçaient contre les
chrétiens '. Ils en tuèrent plusieurs dans l'é-
glise de Naplouse en Samarie, le jour de la
Pentecôte, attaquèrent l'évéque Therelin-
chius dans le temps qu'il offrait les divins
mystères, le chargèrent de coups, et lui cou-
pèrent les doigts des mains". Zenon, qui ré-
gnait alors, voulant prévenir de semblables
séditions, mit une garnison à Samarie, ôta
aux Samaritains le mont Garizim, et y fit bâ-
tir une église de la Vierge, enfermée d'une
muraille, avec des hommes pour la garder.
Les Samaritains se soulevèrent de nouxeau
sous le règne d'AnasIase, qui les punit sévè-
rement : ce qui ne les empêcha pas de se
révolter encore sous Justinien. Ils se rendi-
rent maîtres de Samarie, malgré les efforts
de la garnison qui en avait la garde, y cou-
ronnèrent un d'entre eux nommé Julien,
égorgèrent l'évéque, nommé Ammonas, mi-
rent en pièces des prêtres, dont ils firent
frire les membres avec des reliques de mai^
tyrs, pillèrent les églises, y mirent le feu,
brisèrent et brûlèrent les châsses où étaient
les reliques des saints, tuèrent un grand nom-
bre de chrétiens, en fourmeulèrent d'autres,
et commiient toutes sortes d'excès. Ce fut sans
doute pour les réprimer que saint Siméon
éciivit à Justinien : il ne parle dans sa lettre
que des hostilités commises par les Samari-
tains qni demeuraient dans le voisinage de
Porphyréou; mais il ne pouvait ignorer cel-
les qu'ils avaient commises ailleurs : s'il
n'eu dit rien, c'est qu'il crut ne devoir faire
passer à ce prince que les plaintes qu'ilavait
reçues eu pailiculier de Paul, évoque de Por-
phyréou, et du patriarche d'Orient, c'est-à-
dire de celui d'Anliochc. Ce furent apparem-
ment ces deux évêi|ues qui l'engagèrent h
écrire à Justinien, et à lui demander ven-
geance des crimes commis par les Samari-
tains. Il marque qu'il avait reçu une lettre
de leur part, où ils détaillaient les outrages
que les Samaritaiusavaient faits au Verbe de
' Ibiil., pn({. 303.
• Procop., de œdificiis, lib. V, cap. vu, et Cyril-
lus, in Yila S. Sabic, cap. lxz.
[vir SIÈCLE.] CFIAPITllE l.XIll. — NICÉPIIOIIE D'ANTIOCIIE, ETC.
Dieu, qui s'est fait homme pour uous, ;\ la
jjiurioiisc More Je Dieu, à la véïK-rable et
G75
précieuse Croix, el aux sumis. 11 conjure
l'empereur do punir les coupables, afin que
la crainte dos supplices cmpôcliàt les antres
de lomboi' dans do pareils excès, l'assucaut
qu'on cela il ne fera rien qui ne soit agréable
A Dieu. Il insiste sur les loisqui ordonnaient
la peine de mort contre ceux qui déshono-
raient les images dos empereurs , et on con-
clut' qu'à plus forte raison l'on devait punir
l'attentat de ceux qui avaient outragé les sain-
tes imagos du Fils de Dieu et de sa très-
sainte Mère. On pourrait être sui'pris que ce
saint, au lieu d'exhorter ce prince à la misé-
ricorde, l'ait excité à la vengeance et à la
colère ; mais son zèle peut être justifié par
l'exemple de celui du prophète Elle, qui ,
'V;B<>s-ii pour punir la témorilé qu'avait eue Oclio-
sias. en consultant Beelsebub, et nou pas
le vrai Dieu, fit descendre sur les envoyés
de ce prince le feu du ciel, dont ils furent
consumés dans lo moment. La lettre de saint
Siméon fut citée dans le second concile de
Nicée '. Saint Jean Damascèue ' lui attribue
un discours sur les images, où il faisait voir
que l'honneur que les chrétiens rendaient
aux images de Jésus-Christ, se rapportait à
celui qu'elles représentaient, et qui est vrai-
ment Dieu; qu'il en était de même de celles
des saints; qu'ainsi on ne devait point dé-
sapprouver ce culte, ni dire que les chrétiens
ressemblaient aux païens , qui adressaient
des vœux et des prières à des choses inani-
mées, et à des chimères. Sophrone, patriar-
che de Jérusalem, citait de Siméou au rapport
de Photius \ une lettre à Justinien, contre
les nestoriens et les eulychiens. Allatius ^
met au nombre des écrits de saint Siméon,
une prière au Fils de Dieu contre les mau-
vaises pensées, une ù la Mère de Dieu sur le
même sujet , et une letlre au prôlre qui
avait sous sa garde la croix de Jésus-Christ
à Jérusalem, par laquelle il le priait de lui
en envoyer un morceau. Cette lettre se
trouve dans la Vie de sainte Marthe ", mère
de saint Siméon.
4. On met sa mort vers l'an 396, en la
soixante -quinzième année de son âge.
Son culte fut bientôt établi en Orient. Saint
Germain, patriarche deConstanlinople, com-
posa un oilice pour lo jour de sa fête, que
les Grecs célèbrent le vingt-quatrième de
mai. Le diaci'c Cosme lut dans le second
concile de NiccJe plusieurs miracles tirés de
la Vie de saint Siméon : et après qu'il en
eut achevé la lecture, Constantin, évêque
de Constantia en Cypre, témoigna, au nom
des évoques assemblés, qu'on y ajoutait
foi '. Les iconoclastes contestèrent la lettre
de ce saint à l'empereur Justinien, sur cer-
taines expressions qui ne leur paraissaient
pas recevables, surtout dans saint Siméon.
Mais le Pape Adrien soutint ' qu'elle était
de lui, et justifia les expressions dont il s'é-
tait servi, en montrant que saint Ambroise
en avait employé de semblables en éciivant
à l'empereur Gratien ; ù quoi il ajouta que
le saint n'avait pas demandé que les coupa-
bles fussent punis sans miséricorde, comme
on le disait, mais qu'ils reçussent une peine
convenable et proportionnée à leur faute.
[La Vie de saint Siméon, par Nicéphore, est
reproduite avec le commentaire préliminaire
de Janningh au tome LXXXVI de 1t Patro-
logie grecque, col. 2963-3216, d'après les
Bollandistes. La lettre écrite par saint Si-
méon à l'empereur Justinien est reproduite
ibidem, col. 3213-3218 d'après lepère Labbe.
Le fragment de la lettre relative aux images
IlorI lie S.
Siititun. Son
ciitio Aiidion.
tlciI4^ do Ma let-
tre. Editions
df;* écriti do
Nic^pboro.
• Si piissimœ bonarum victoriarum vestrarum
leges jubent imagine imperatoris Uicessila inju-
riis, morti supremœ tradendos qui hoc conari
prwsumpserint ; quanta piitas digiii sunt damna-
tione in perditioneiii, qui in iinaginem Filii Dei et
sanctissimœ acgloiinsœ Dei genitricin lalia prœ-
sumpserunt ?]io\\:ini\.,\ing. 303, et Concil. Nicaen.
H, tom. VU Concil., act. 5, pag. 350.
' Concil. Nie. ibid.
' At infideliuin aliquis forsan vitiligalor quœs-
tionem propnnet, dicetqw nos quiin Ecclesia ima-
gines adoramus iis accensendos fore qui simula-
cris inanimis supplicant. .ibsit itaque ut id nos
committamns. Sam quidqùid agunt Christiani,
pde pensaiur, el Deus qui mendux non est, virili-
tés operatur. Non enim in quibusdam coloribus
moramur, sed veluti contingit in reprœsentatione
litterœ qua aliud significatiir, illum qui invisibi-
lis est in pictnra coyispicientes tanquam prœsen-
tem taudamus. Nec ei credimus qui Dtus non sit,
sed qui vere e.rislat Deus ; neque item sanclis qui
sancti non sint, sed qui taies plane sint et vivant
apud Deum. Damascenus, Oral. 3 de Imaginib.,
tom. I, pag. 386.
* Pliotins, Cod. 231, pag. 890.
^ Allatius, de Sinteonibus, apud BoWanû., nddiem
24 maii, [lag. 302.
« Ibid., pag, 426.
" Bœc qjiidem honorabiles patres de hisquœlecta
sunt audivimus et credimtis. Act. 4, pag. 266-270,
' Adrianus, ibid , pag. 922.
676
HISTOIRE GE.\1::H.VLE DES
Aolrt Tia
d« sijot SI*
md». S» Bt-
est rapporté tbid. col. 3219-3220 d'après l'é-
dition des Œuvres de saint Jean de Damas
donnée par Lequien. ]
5. Saint-Jean Damascène ' rapporte uu
passage de la Vie de saint Siiuéon composée
par Arcadius, archevêque de Cypre. C'est
tout ce que nous en avons, et c'est le seul
endroit par où Arcadius soit connu ; car on
ne connaît aucun autre écrit de lui. Il est dit
dans la Vie de saint Siméon par Nicéplinre',
qu'ëlaut prés de mourir, il recommanda à
ses disciples l'observation de la règle qu'il
leur avait fait pratiquer. Il n'est fait mention
enaucuu endroit d'une règle écrite par saint
SiméoH : afnsi il faui entendre ces paroles
des préceptes qu'il avait donnés de vive
voix à ses disciples, et qu'il avait observés
avec eus. Les moines d'Orient avaient pres-
que autant de règles dill'érentes qu'il y avait
de monastères; mais ils en avaient peu par
P«ol, diMre
de Métidâ.
AUTEURS ECCLKSIASTIQUES.
écrit : elles se conservaient par une tradi-
tion orale, et parla pratique.
G. Dans le même siècle, et vers l'an 610,
Paul, diacre de Mérida en Espagne, com- ^ **""
posa im livre où il rapportait la vie et les
miiacles des saints de cette Église. Il en prit
l'idée sur les Dialogues de saint Grégoire;
voulant faire à l'égard des saints de l'Kglise
de Mérida, ce que ce pape avait fait pour
les saints d'Italie. L'ouvra^re de Paul fut
impriméi Anvers en 1035, in-i", parlcssoins
de Thomas Tamajus, historiographe de Phi-
lippe IV roi d'Espagne, avec des notes et des
comnlt-ntaires sur ce qui s'est passé à Mé-
rida. Celle ville est située dans l'Estrama-
doure sur la Guadiaue.
[ Le tome LXXX de la Pairologie latine,
col. 113 etsuiv., reproduit l'uJition d'Anvers,
avec une notice sur Paul, par Antoine.]
CHAPITRE LXIV.
Saiat Jean Climaqne abbé da Mont Sinaï [605J, et Jean abbé
de Raïthe [après 605].
« [Écrivains grecs.]
s. ]>ID Cli-
maqoe écrit
>ers la Go du
Plzième OD an
commeoce*
méat da ftjf
tième aiècle.
Il qalue le
monde k l'are
de 16 ans, fait
profession k
1. Le surnom de Jean Climaque que l'on a
donné à ce père lui vient d'un traité spirituel
qu'il a composé sous le titre à'L'c/ielle pour
monter au ciel, et que les Grecs rendent en
leur langue par le terme de Kii/»aE. Ou n'a
rien de constant surl'annt'e de sa naissance,
ni sur celle de sa mort. .Mais puisqu'il cite,
comme de son temps ', des choses arrivées
en 386, sous l'empire de Tibère, il faut dire
qu'il écrivait sur la fin du vi" siècle, ou au
commencement du vu'. Il passa sa jeunesse
et presque toute sa vie au.\ environs ou sur
la montagne de Sinaï, qui étant dans le voi-
sinage de la Palestine, donne lieu de con-
jecturer qu'il y était né, et que ce fut là qu'il
apprit les belles-lettres : car il était très-ins-
truit dans les sciences humaines. A l'âge de
seize ans, il renoruja au monde pour porter
le joug de la vie religieuse dans un monas-
tère du mont Sinaï. Procope , auteur du
temps, dit que celte montagne était habitée
par des solitaires dont la vie laborieuse et pé-
nitente n'était qu'une continuelle médita-
tion de- la mort '. Saint Je;in Climaque fut
quatre ans à s'instruire et à s'éprouver, avant
de se consacrer à Dieu par la profession
monastique, pensant dès-lors, comme il l'é-
crivit ' depuis, (ju'il ne fallait pas précipiter
un engagement de cette nature, afin qu'on
eût le temps de s'éprouver dans les exerci-
ces les plus laborieux. Il est rapporté qu'un
pieux abbé, nommé Slrat(''yL', qui assista à
sa profession, prédit à l'heure même que ce
jeutie religieux serait un jour une des grandes
lumières du immde. Il eut pour maître dans
la discipline monastique un saint vieillard,
nommé Martyre. Celui-ci, voyant les pro-
grès de sou disciple, le mena à saint Anas-
tase, solitaire de la même montagne de
Sinaï, fl depuis patriarche d'Antiofhe. Saint
.Xnasliisf, le voyant, dit an vieillard qiii le
conduisait : Qui croirait, mon père, que vous
< Damascen., Oral, .t de Imaginib-, png. 378.
* Hollaud., ad titcm 2i niuii, la^'. 4u:j.
> Clioiac, Graiiu 2U.
' Pronip., de .Hdi/iciis Justin., lih. V.
* Climiiu., Epist. ad Paslortm, i'.-i|>. xiii
[vil' sifccLE.] CIIAPITIIE LXIV. — SAINT JEAN CUMAQUE, ETC.
677
Il fO relire
'l,ni- lo désert.
>>t inoiilArodo
VIVIf.
Il prend
^ Itll UQ
■fiiire, fait
leçnD5 do
eussiez consacre à Dieu un futur abbë du mont
Sinaï? Un aulre soliUiiii', qui s'élnit retire
dans lo di'sci't do Giuldo, pii'dil la iii(''iiie
cliose.
2. Saint Jean Climaqiio ' avait passé dix-
neuf ans dans les exercices d'une luiuiblc et
fidèle obéissance, lorsque Dieu appela h lui
le saint vieillard Martyre. Cette mort lui fit
naître le dessein d'embrasser la vie des ana-
chorètes. 11 descendit donc de la montagne
de Sinaï, et se retira dans la solitude qui est
au bas dans la plaine. La cellule où il se lo-
gea était éloignée de l'église de deux lieues,
ou environ. 11 y venait les samedis et les di-
manches avec les autres solitaires, pour y
entendre l'office et coraniuaicr, suivant la
coutume de lT)rient. La prière, le travail
des mains, la méditation desgrandes vérités
de la religion, faisaient successivement son
occupation, surtout laméditation de la mort,
qu'il regardait comme l'ennemie de l'ennui
et de la paresse. Il mangeait sans distinc-
tion de toutes les choses que sa profession
lui permettait de manger, mais en très-petite
quantité. De cette sorte, il vainquit d'une
part l'intempérance en mangeant peu , et de
l'autre la vaine gloire en mangeant de tout.
Dieu lui accorda le don des larmes : il les ré-
pandait en secret; et dans la crainte que les
autres solitaires ne l'entendissent gémir, il
se retirait à l'écart dans un petit antre, qu'on
voit encore au pied de la montagne. L;\ il
faisait retentir jusqu'au ciel ses soupirs, ses
gémissements et ses cris, avec autant de
force que pourraient faire ceux que l'on
coupe avec le fer, que l'on brûle avec le feu,
ou à qui l'on arrache les yeux. On voit par
ses écrits qu'il employait une partie de son
temps à lire les Livres saints, et qu'il y joi-
gnait la lectijre des Pères, principalement
de saint Grégoire de Nazianze, de saint Ba-
sile, de Cassien et de saint JN'il.
3. Quelque désir qu'il eût de vivre seul ,
il ne put se refuser aux instances que lui flt
un solitaire , nommé Moïse , de le prendre
sous sa discipline. L'éclat de ses vertus lui
suscita des jaloux et des envieux. Ils ne pou-
vaient souffrir qu'on allât le consulter dans
sa cellule. Pour ôter tout sujet de scandale
à ceux qui en cherchaient uji prétexte, il
témoigna qu'il ne voulait plus parler i\ per-
i Vita Climac. per Danielem, tom. X Biblioth.
Pat., png. 386, et d'Autiilly, Vie de Siiiiit Jeau Cli-
inaque, Paris 1G6I.
sonne , et arrêta pour un temps lo cours des
eaux si douces et si salutaires de se.s pieuses
exhortations. Ses ennemis, admiiant son
humilité et sa modestie , furent les premiers
à le conjurer de reprendre sa première con-
duite, et de leur faire part, comme aux au-
tres, de .ses instructions.
4. Etant donc admiré de tous pour r(''mi-
nence de ses vertus , ils le choisirent d'une
commune voix pour être leur conducteur
dans la vie spirituelle. Il était âgé de soixan-
te-quinze ans , dont il avait passé près de
quarante dans le désert. Il monta sur le
mont de Sinaï, où s'étant de nouveau rem-
ph des lumières de la grâce , il les répandit
avec abondance sur les âmes confiées â ses
soins. Pendant qu'il s'en occupait , le bien-
heureux Jean , abbé de Raïthe , monastère
situé assez près de la Mer Rouge à quelques
lieues de Sinaï, lui écrivit pour le prier, tant
eu son nom qu'au nom de sa communauté ,
de mettre par écrit les pensées que l'Esprit
de Dieu, lui dicterait touchant la pratique
des vertus , et de leur faire part des grandes
expériences qu'il avait acquises tlans la vie
spirituelle. « Nous les recevrons , lui dit cet
abb(!, comme de nouvelles tables écrites
de la propre main de Dieu , envoyées par
votre ministère, ainsi qu'à de nouveaux et
spirituels Israélites , qui sont sortis des agi-
tations du monde comme du fond des abîmes
de la Mer Rouge. Ce n'est point par Oattei-ie
que nous vous parlons de la sorte : nous ne
disons que tout ce que le monde dit. C'est
ce qui nous donne une ferme conflance en
Dieu que nous recevrons bientôt avec une
consolation extraordinaire l'excellent ouvrage
que nous espérons de vous , ces caractères
gravés par l'Esprit de Dieu , ces règles res-
pectables qr.i conduiront par un chemin
droit tous ceux qui les voudront suivre, et
qui seront comme une échelle sainte dressée
à la porte du paradis , par laquelle ceux qui
voudront monter au ciel y arriveront sûre-
ment , sans en être empêchés par les efforts
trompeurs du prince des ténèbres de ce
monde et des puissances de l'air. »
3. Saint Jean Climaque prit la prière de
l'abbé de Raïthe et de sa communauté pour
un commandement de la part de Dieu , et
résolut d'y satisfaire par le devoir d'une
obéissance religieuse. Il faut l'entendre s'ex-
pliquer lui-même dans sa réponse à la lettre
de cet alibé. « Accoutumé comme vous
l'êtes à nous tracer tous les jours, par votre
Il o-i riii
al Ini de Sin.i(
h I ti)iu de 't.i
&nn. L'ul'Uds
Batlhe lui
écrit.
Réponse à
la lellre de
l'abbé de Raï-
llie.
078
niSTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
exemple, le modèle que nous devons suivre
pour être parfaitement liumble, vous avez
fait une action digne devons, en demandant
des règles de conduite à r.n liomiuc qui a
plutôt besoin de recevoir des instructions
que d'en donner, et qui est également im-
puissant en œuvres et en paroles : aussi ne
me serais-je point engage dans un travail
qui surpasse ma capacité , si je n'eusse ap-
préhendé , en le refusant , de secouer le
joug de l'obéissance, qui est la mère de tou-
tes les vertus. Cette considération m'a fait
oublier toute ma faiblesse, et entreprendre
humblement plus que je ne pouvais accom-
plir. Ce que j'ai fait toutefois, sans me flatter
que mon ouvrage pût vous être utile en quel-
que chose, ni vous donner quelque nouvelle
connaissance que vous n'ayez pas déj.i en
un plus haut degré que moi. Mauvais disci-
ple d'un excellent peintre, j'ai seulement
ébauché et marqué avec du noir les ombres
des choses qui d'elles-mêmes sont liès-vives
et très-éclatanles ; et je vous ai réservé ,
comme au premier maître et au plus éminent
entre les docteurs , le soin de mettre la der-
nière main à cet ouvrage, d'y ajouler les
embellissements , d'éclaircir ce qu'il y a
d'obscur, et de suppléer à tout ce qui man-
que dans les préceptes de cette loi spiiiluelle,
par les lumières que vous avez acquises en
l'accomplissant si parfaitement. Ce n'est donc
pas à vous que j'adresse ce petit ouvrage ,
mais à ceux que Dieu a appelés à son ser-
vice , et qui reçoivent de vous , de même
que nous, les instructions qu'on doit atten-
dre d'un homme aussi savant et aussi éclairé
que vous êtes. »
6. Après avoir gouverné quelipip temps
le monastère de Sinai , i\ retourna dans la
solitude d'où on l'avait tiré pour le faire
abbé. Il établit pour son successeur un frère
qu'il avait, nommé Georges, solitaire de la
même montagne de Sinaï , et qui y avait
passé soixante-dix ans dans la pratique de
toutes sortes de vertus. Lorsque saint Jean
Climaque approcha des dernières heures de
sa vie, son frère vint le voir, fondant en lar-
mes,se plaignantdcce qu'il lelaissail aprèslui
sans secours et sans assistance. «Ne vous affli-
gez point, lui r('pondil 1(! saint; si j'ai quelque
pouvoir auprès de Dieu , il ne vous laissera
pas un an dans le monde '. » Georges mou-
rut en clfet avant la lin de l'année, dix mois
après son frère. Les Grecs célèbrent la fête
de saint Jean Climaque le trentième de mars,
qui fut apparemment le jour de sa mort. Da-
niel , son historien, écrivit sa vie dans le
temps qu'il y avait encore des personnes
qui avaient vu ce saint personnage. Il cite,
entre autres, un solitaire nommé Isaac,
qu'il appelle un nouveau David , et le bien-
heureux Jean, abbé dé Uaïthe.
7. L'ouvrage de saint Jean Climaque, est
composé de deux parties. La première est
son Échelle sainte ', qu'il dressa sur le mo-
dèle de celle que le patriarclie Jacob vit au-
trefois en songe , appli(pianl , comme saint
Grégoire de Nazianze et saint Chrysostome
ont fait avant lui, cette échelle mystérieuse
de l'Kcrituie a celle des vertus évangéliques
et religieuses. Elle est composée de trente
degrés ou échelons, en l'honneur des trente
années de la vie cachée de Jésus-Christ,
parce que c'est l'image de la vie des vrais
chrétiens, qui est cachée en Jésus-Christ,
suivant le langage de saint Paul. La seconde
partie est sa Lettre au Pasteur, qu'il écrivit
principalement pour l'abbé de Raïthc; au
lieu que son Echelle s'adressait aux religieux
de ce monastère, plutôt qu'à l'abbé. « Le pre-
mier Degré de l'Échelle sainte, est le renon-
cement wu monde. Par ce i-enoncement , on
entend une haine voloulaii'e et un abaiidon-
nement des choses de la nature, par le désir
qu'on a de jouir des biens qui sont au-des-
sus de la nature, c'est-à-dire, au-dessus des
biens, des commodités, des plaisi/s delà
vie présente. Ceux qui font ce renoncement,
le font ou par l'espérance de la félicité fu-
inre, ou par le regret ([u'ils ont de la multi-
tude de leurs péchés, ou par le seul amour
qu'ils se sentent pour Dieu. S'ils n'ont été
touchés d'aucun de ces mouvements, leur
retraite est indiscrète et téméraire. Celui
qui est sorti du monde pour se décharger du
poids de ses péclit's, doit les i)leurer amère-
ment et sans cesse, jusqu'à ce qu'il ait vu
lui-même , ainsi qn'im autre Lazare , que Jé-
sus-Chiisl ait ôté la pierre de l'endurcisse-
ment de son cœur et délivré son âme des
liens de ses péchés, en recommandant
anx anges, ses ministres, de l'en dégager,
de la détacher de ses passions , et de la
laisser s'avancer vers la bienheureuse liberté
d'une âme qui n'est plus liée de ces chaînes.
S'il agit d'une autre manière, sa retraite ne
Éc.'ll d» ^.
JranCliii'itriiif
iDilliilf Kfbpl-
14 »aiot^, ou
d'r''** jour
niODIer au
elel. premier
d'gf*, du rc-
Doncruieol lu
monde.
' MoBcli., in Pralo spirilaK, cap. cxxvu.
• Toin. X Bibliolh. Pat., pag. 3!)0.
I
[vu* SIÈCLE.] CHAPITRE LXIV. — SAIN
lui sera d'aucune utilité. Il doit , en entrant
dans celle carrière, s'attendre ù essuyer
l)eaucou[) de travaux, et à plusieurs peines
secrètes, mais il ne doit pas s'en rebuter.
Qu'il oIVre i\ .h'sus-Clirisl une foi indijraniable,
qu il lui coidcsse avec huiuilité sa l'aiiilesse,
et il en recevra du secours. Dans le coninieii-
ccrnent de la retraite, on ne pratique point
les vertus sans beaucoup de travail. Mais
plus onfait deprop:rès, moins l'on ressent de
peine; et ipiand on estpaivcun iï surmonter
les sentiments de la chair par un zèle ardent
pour le service de Dieu, on pratique la vertu
avec joie et avec activité. » Saint Jeau Cli-
maque préfère celui i[ui se lelire du monde
par le mouvement de l'amour divin , A ceux
qui ne le quittent que par l'assurance des
recompenses, ou par le regret de leurs pé-
chés; mais il ne désapprouve point ces deux
motifs: il i-egarde ceux qui , pour se dispen-
ser d'embrasser l'état religieux , allèguent
le grand nombre de leurs péchés , comme
des personnes qui ne s'éloignent de cet état
de pénitence, que dans le désir de continuer
à jouir des délices et des plaisirs de la vie.
Il ne croit pas néanmoins que tous ceux qui
pensent à se retirer du monde , doivent em-
brasser un même genre de vie. Chacun doit
se conduire en cela selon l'avis de quelque
père spirituel, ef choisir selon sa propre
connaissance les lieux , la manière de vie ,
la demeure et les exercices qui lui sont pro-
pres. Car tous ne peuvent pas demeurer
dans les monastères , à cause de l'intempé-
rauce de leur bouche; et tous ne peuvent
pas soutfrir le rei)Os de la solitude , à cause
de la violence de leur humeur. Il dislint.'^ue
trois sortes de retraites. La première est
celle des anachorètes, qui sont seuls. La se-
conde , celle de la solitude et du repos avec
un compagnon ou deux. La troisième, celle
des exercices de la mortification et de la
patience dans la société commune du mo-
nastère.
s«ond de- 8. « Quaud OH cst une fois animé d'une
jamga° "il charité sincère pour Dieu; qu'on désire
véritablement la félicité éternelle; qu'on a
une vive doideur de ses fautes, et qu'on ne
perd point de vue le jugement dernier et
les supplices éternels, on n'est plus possédé
du soin ni de l'amour des biens périssables ;
on ne tient plus ni à la gloire, ni aux plai-
sirs du monde, ui a ses propres parents , ni
à soi-même. Il serait en effet honteux , après
avoir abandonné tout ce que l'on possédait
r JEAN CLIMAQUE, ETC. 679
dans le monde, pour suivre non pas un
homme , mais un Dieu qui nous appelle t\
son service , de se sentir encore agité de
soins et d'inquiétudes pour (jnelqu'une de
ces choses, qui ne peuvent nous soulager
au moment île notre indigence et de notre
plus grande nécessité , savoir, à l'heure de
notre mort : (Te sera// , comme le dit Jésus- '.='•. r,,cj.
Christ, avoir tourné la tète en arrière après
avoir mis /a main à la charrue, et n'avoir
pas été trouvé propre pour le royaume du
ciel. Saint Jean Climaque dit (jue personne
n'entrera dans ce royaume , s'il n'accomplit
trois renoncements solennels : le premier, à
toutes choses, à toutes personnes et iY tous
pareuts; le second, à sa propre volonté; et
le ti-oisième, à la vaine gloire qui suit l'obéis-
sance, lorsqu'on eu prend un sujet d'or-
gueil.
9. Il entend par la retraite du monde, l'a- , Troisième
bandonnemeut sans retour de tout ce qui "^'■'i'" ^^
s'oppose dans notre paj-s au dessein de piété
que nous avons résolu d'exécuter. C'est
pourquoi il conseille à ceux qui se sentent
pressés par l'esprit de Dieu de se retirer dans
la solitude, de n'attendre pas pour le faire
qu'ils puissent mener avec eux des person-
nes qui ont encore le cœur attaché au monde,
fùl-ce même sous le prétexte de travailler à
leur salut, le feu de l'amom- divin pouvant
s'éteindre par ce long retardement. Il leur
conseille aussi de rejeter, comme vaines et
fi'i voles, les pensées qui pourraient leur venir,
après avoir acquis quelque piét(! dans la so-
litude, de retourner eu leur pays afin d'y
servir d'exemple et d'édification à ceux qui
auraient vu auparavant leuis actions déré-
glées. «Fuyez, leur dit-il, de l'Egypte, sans
y retourner jamais. Ceux qui y sont retour-
nés de cœur ont été privés de la vue de la
Jérusalem céleste, qui est la région de la paix
et du calme de toutes les passions. » Il ne
regarde pas néanmoins comme une chose
impossible que ceux qui se sont parfaitement
puriliés dans la retraite, travaillent eûicace-
meut au salut des gens du siècle, après avoir
travaillé solidement auteur. Il dit, en parlant
de l'éloignemenl que les solitaires doivent
avoir pour leurs parents, ^u'il vaut mieux
déplaire i\ ses parents que de déplaire à
Dieu, parce que Dieu, qui est notre Créa-
teur, est aussi notre Sauveur, au lieu que
les parents ont fait souvent périr ceux qu'ils
ont aimés. Il ajoute que celui qui préten-
drait allier l'amour de Dieu avec l'amourdes
680
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
desio, do l'o-
parents, se tromperait lui-même, parce qu'il
n'est pas possible de servir deux maîtres.
Les déserts les moins pourvus de consola-
tions humaines, les moins exposés à la vaine
gloire, les moins célèbres et les moins con-
nus des hommes, sont ceux qu'il propose à
quiconque veut véritablement renoncer au
monde. «Cachez même, ajoule-l-il, la splen-
deur de votre race, et ne vous glorifiez point
devant les iiommes de ce que vous portez un
nom illustre, de peur qu'on ne juge qu'au-
tant que vous êtes au-dessus des autres par
la noblesse de votre naissance, autant vous
êtes au-dessous d'eux par la bassesse de
vos actions! » ,
10. <i De même que la Heur précède tou-
jours le fruit, de même aussi la retraite du
monde, soit qu'elle soit de corps, c'est-à-dire,
de clianiremenl do demeure, soit qu'elle soit
seulement d'esprit et de volonté, précède
toujours l'obéissance. On entend par l'obéis-
sance un parfait renoncement à sa propre
volonté, qui est manifesté à l'extérieur par
les actions du corps. C'est un mouvement
simple par lequel nous faisons sans discer-
nement tout ce qui nous est commandé.
Ainsi l'obéissance anéantit la volonté propre.
Les Pères ont dit que dans le chaut des psau-
mes nous trouvons les armes qui nous dé-
fendent ; dans la prière , la muraille qui
nous couvre; dans l'eau de nos larmes pures
et sincères, le bain qui nous lave : mais ils
ont regardé la sainte obéissance comme un
mains d'un homme sujet à ses passions, au
lieu d'un homme qui en est parfaitement le
maître, nous ne trouvions noti'e perte, au
lieu de notre salut. Cet examen fait, n'entre-
prenons plus de juger en quoi que ce soit
des actions de ce directeur: autrement nous
ne retirerons aucun fruit de notre obéis-
sance. Avant toutes choses, confessons-lui
nos péchés , et sojons prêts à les confessera
tout le monde, s'il nous l'ordonne : les plaies
de noire âme étant découvertes en public,
elles n'empireront pas : au contraire, elles
se guériront. » Saint Jean Climaque raconte
qu'en un monastère où il était allé, l'abbé
lit faire une confession publique à un vo-
leur que Dieu avait converti, et qui deman-
dait d'être admis dans la communauté; et
que, comme il demanda à cet abbé pourquoi
il avait obligé ce voleur à confesser publi-
quement ses péchés, l'abbé lui en avait
donné deux raisons: la première, afin que
la honte présente qu'il recevrait de cette
confession publique le délivrât de la honte
future et éternelle ; la seconde, alin que
quelques-uns de ses religieux, qui n'avaient
point encore déclaré publiquement leui-s
pijcliés, fussent excités par cet exemple à en
faire la confession, sans laquelle, ajouta-t-il,
nul d'eux n'en obtiendra le pardon. Ils avaient
apparemment ' été engagés comme ce vo-
leur dans des péchés publics. Ce n'est pas
que, selon l'ordre de l'Eglise, on fût obligé
de confesser publiquementles péchés publics
acte de foi et une confession de notre dépen- que l'on avait commis. La pénitence en était
dance du Seiyyteur, sans laquelle nul homme
sujet à sespassisns ne verra Dieu. Quoique ces
p;;roles doivent s'entendre principalement
des religieux ' qui.étanl sujets à leurs pas-
sions, ne sont pas propres à la vie érémiti-
que , 011 ils ne seraient soumis à aucune
obéissance, elles peuvent s'appliquer aussi à
des chrétiens laïques dans qui les passions
régnent encore, puisque, de (luelquo condi-
tion qu'ils soient, il faul, s'ils veulent se sau-
ver, qu'ils se soumettent à la conduite de
quelque personne sage, conformément à ce
que dit Jésus-Christ, qu'on ne peut entrer
dans son royaume, si l'on ne devient hum-
ble et docile comlne les enfants. Mais avant
d'entrer dans la voie de l'obéissance, nous
devons examiner avec soin les qualités de
celui que nous voulons choisir |)our nous
gouverner, de peur qu'en touibant entie les
publique, et la confession secrète; mais il
arrivait quelquefois que l'on ordomuiit la
confession publique à de grands pécheurs
qui avaient péché publiquement , et qui se
trouvaient disposés à faire celte sorte de
confession. Saint Jean Climaque l'ait ensuite
le récit des vertus admirables qu'il avait
remarquées dans les religieux d'un gi'and
monastère qui était aux environs d'Alexan-
diie. Ils étaient unis ensemble jtar le lien
indissoluble de l'amitié chrétienne ; et ce
qu'il y avait de plus admirable, c'est que
leur all'ectiou était exemple de toute liberté
iiitliscrule dans les paioles, et d'entrelieus
inutiles. Ils s'excitaient mutuellement a la
ferveur et h la vigilance, et avaient concerté
entre eux certaines pratiques qui tendaient
a leur sanctilicaliun. S'il arrivait qiu' quel-
«lu'un, l'ii r.ibsriicc de l'abbé, ( oinini'iuàl à
D'Andllly, not. in k grad., iiag. lAo.
' irAliilillv, ibid.
[vu-- SIÈCLE.] CIIAPITHE LXIV.
liarlord'iiii luilrooii iii.iiivais tonnes, ou ;'ilo
cMindaiiincr par un jiit;oiiieiit ti'uu'raiio, ou ;\
(lire lies paroles inuliles, un IViMc l'averlis-
sail de sa faute par quelque signe sccrel,
sans que personne s'en aperrùl, et le relc-
nail dans les bornes de son devoir; si le cou-
pable n'cnteiulait pas le signe, ce même
Mrc, pour le lui faire entendre, se prosler-
naiten terre devant lui, puis s'en allait. S'ils
avaient quelquefois à se parler, la médita-
tion de la mort, Ja pensée du jugement der-
nier étaitle sujet ordinaire de leurs discours.
A3-ant remarqué que le frère qui servait h la
cuisine le faisait dans un grand recueille-
ment et en versant continuellement des
larmes, il tira de lui, quoique avec peine,
cet aveu : « Je n'ai jamais cru rendre ce
service aux hommes, mais ;"i Dieu, et ce feu
que je vois me remet sans cesse dans la
pensée les llammes éternelles de l'enfer. »
Le saint ne fut pas moins édifié de voir les
plus anciens de cemonastèreaccourircomme
des enfants pour recevoir les ordres du su-
périeur, et mettre leur plus grande gloire
dans leur soumission. Un d'entre eux, nom-
mé Isidore, qui avait été du nombre des ma-
gistrats d'Alexandrie, ne fut admis dans la
communauté qu'après s'être tenu, par or-
dre de l'abbé, à genoux devant tous ceux
qui entraient et sortaient du monastèie, et
avoir demandé à chacun le secours de leurs
prières. Il se soumit ;\ cette épreuve ; et
après avoir été admis , il la continua, du
consentement de l'abbé, pendant sept an-
nées entières, au bout desquelles il mourut.
Saint Jean Climaque rapporte divers autres
exemples d'humilité, d'obéissance et de pa-
tience dont il avait été témoin, et les excel-
lents discours qu'il avait ouïs de la bouche
de ces saints religieux ; il n'oublie pas de
remarquer que la plupart d'entre eux avaient
de petites tablettes pendues à leur ceinture,
sur lesquelles ils éciivaicnt toutes les pen-
sées qui leur venaient dans l'esprit et qu'ils
rapportaient ensuite à leur abbé. A une de-
mie-licue du environ du grand monastère, il
y en avait un autre appelé des Pénitents, où
étaient reufeiinés, comme dans une prison,
plusieurs moines tombés dans quelques fau-
tes notables. Us n'étaient pas logés tous en-
semble, mais seul à seul, ou au plus doux
à deux. Lem' nourriture était de pain et
d'eau, et de simples légumes. On leur
fournissait quantité de feuilles de palmier
dont ils faisaient des corbeilles, de peur
SAINT JEAN CLIMAOUK. ETf.. (!8l
de louilxn' dans l'ennui et l'abattement.
11. Saint Jean Cliuiaiiue assure tiu'il avait ':iriq..ifino
. ' Ho».*, du U
vu, étant dans ce monastère, quehjues-uns p'n'i'ot".
de ces pénitents qui passaient des nuits en-
tières debout h l'air jusqu'au lever du soleil,
ayant les pietls imimibiles; d'autres qui,
ayant toujours les yeux au ciel, demandaient
avec grands cris le secours qu'ils en atten-
daient; quelques-uns qui étaient en prières
les mains liées deriière le dos, ainsi que des
criminels, le visage baissé vers la terre, se
jugeant indignes de regarder le ciel; plu-
sieurs ([ui (étaient assis sur le cilice et la cen-
dre, qui cachaicuit leur visage entre leurs
genoux et se battaient le front contre terre ;
d'autres qui frappaient sans cesse leur poi-
trine , ou arrosaient la terre de leurs larmes.
Souvent ilsconjiu'aient le saint homme Isaac,
leur supérieur, de leur faire mettre des car-
cans de fer au cou, et des menottes aux
mains, etd'enfermer Icurspieds comme ceux
des criminels dans des ceps do bois, pourne
les en tirer jamais que pour les mettre dans
le tombeau, dont quelquefois même ils se
disaient indignes, priant qu'on ne leur ac-
cordât point l'honneur de la sépulture , et
qu'on jetât leurs corps aux bêtes ou dans la
rivière. Lorsqu'ils se trouvaient ensemble,
ils s'exhortaient mutuellement.^ lapénitencc,
se remettant en mémoire l'état de perfection
d'où ils étaient tombés, et dont ils ne ces-
saient de pleurer la perte. « Je passai un
mois entier dans cette prison, ajoute saint
Jean Climaque; et de retour au grand mo-
nastère, je dis â l'abbé que j'avais jugé ces
hommes, qui se pleuraient tant eux-mêmes
pour être tombés dans quelques fautes, plus
heureux que ceux qui n'en avaient point
commis et qui ne se pleuraient pas eux-mê-
mes, parce que leur chute leur avait été un
sujet de résurrection qui les rendait plus as-
surés contre le péril de tomber, que n'é-
taient les autres. « On voit parla réponse que
lui lit l'abbé, que la plupart de ceux qui al-
•laient dans le monastère des pénitents, en
demandaient eux-mêmes la permission avec
instance, et qu'on ne la leur accordait qTiel-
quefois qu'avec peine. Jean définit la p('niten-
ce un rétablissement du baptême; un accord
par lequel on s'oblige envers Dieu à mener
à l'avenir une vie ditférente du passé ; un re-
noncement de l'esprit aux aises du corps ;
une réconciliation avec Dieu par la pratique
des bonnes œuvres contraires aux péchés
dans lesquels on est tombé; une souUrance
I
682
HISTOIRE GÉNÉa.VLE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
SiKième 6c-
rrtf de U né-
volontaire de toutes sortes de peines et de
travaux ; une rigoureuse mortiflcalion de la
sensualité pour le manger, et un remords
de l'àmc vivement touclice de sa misère.
Saint Jérôme fait mention du monastère de
la Pénitence dans sa préface sur la traduc-
tion de la règle de saint Pacoue. Ainsi il
existait 201) ans avant saintJean Ciiiuaque.
12. « De toutes les pratiques spirituelles, la
d.i.'iion "dt 11 méditation de la mort est la plus utile : elle
mort. ^
fait embrasser aux religieux qui vivent en
coraniunaulé, les travaux et les exercices de
la pénitence, et leur fait trouver leur plus
grand plaisir dans les humiliations et les mé-
pris. Quant aux solflaires qui sont éloignés
de tout le tumulte du monde, elle produit en
eux uu abandonnement de tous les soins de
la terre, une prière continuelle, et une vigi-
lance exacte sur leurs pensées. La marque
véritable iï laijuelle nous pouvons reconnaî-
tre si la pensée de la mort opère véritable-
ment sur notre creui', est le détachement vo-
lontaire de toutes les choses créées, et le
parfait renoncement à notre pi-opre volonté.
Cehii-la est vertueux, qui attend la mort tous
les jours ; mais celui-là est saint, qui la dé-
sire à toutes les heures. Néanmoins, tout dé-
sir de la mort n'est pas boa : il y en a qui,
tombant sans cesse par la violence de leurs
mauvaises habitudes, la souhaitent avec un
sentiment d'humilité; d'autres, ne voulant
point faire pénitence, l'appellent à eux par
un mouvement de désespoir. » Saint Jean Cli-
maque rapporte divers exemples des etl'ets
merveilleux que la pensée de la mort a pro-
duits sur l'esprit de quelques solitaires, et dit
de la méditation de la mort, que quand elle
est ellicace et véritable, elle éteint l'intempé-
rance de la bouche; que cette intempé-
rance étant éteinte, et si l'humilité est con-
servée, les autres passions s'éteignent en
même temps. 11 legarde la ciaiulc de la
mort comme un mouvement naturel a
l'homme, et comme un etl'etde sa désobéis-
sance; et le tremijiement que la crainte de
l'horreur de la mort nous cause, comme une
preuve que nous n'avons pas encore expié
nos péchés par la pénitence. C'est pourquoi
il ajoute : " Jésus-Chiist a craint la moi-t,
mais il n'en a point trembli-, afin de faire
voir clairement par l'un et l'autre de ces
deux etfets. les deux ditférentes qualités qui
étaient propres ' aux deux natures qu'il avait
réunies en sa personne. »
13. «La tristesse qui accompaixne la péni-
tence, lorsqu'elle est sincère, est un vif sen-
timent de l'ûme touchée du regret de ses
péchés, qui la fait soupirer sans cesse après
la possession du souverain bien, et employer,
pour y parvenir, de pénibles travaux. Si
cette tristesse est accompagnée du don des
larmes, c'est un avantage qu'il faut s'ell'or-
cer de conserver, parce que les larmes de la
pénitence sont en un sens plus puissantes
que le baptême, qui, en effet, ne [luritie que
les olfeuses qui l'ont précédé, au lieu que
ces larmes purilient les péchés qui l'ont sui-
vi. I) Saint Jean Climaque, en avançant cette
proposition, convient qu'elle semblait un peu
hardie : ainsi ^il ne faut pas la prendre à
la rigueur. Saint Grégoire de Nazianze avait
dit ' avant lui, qu'il n'y avait qu'une prodi-
gieuse abondance de larmes (jui pût égaler
la fontaine des eaux sacrées du baptême.
Mais il faut bien distinguer entre les larmes
intérieures et spirituelles, et celles qui ne
sortent que des yeux extérieurs et corporels.
Celles-ci ne doivent se répandre qu'avec beau-
coup de circonspection, en certains lieux, et
devant des personnes choisies pour en être
les témoins; elles doivent être comme un
trésor caché, qu'on ne doit point exposer à
la vue de tout le monde. Celles-là peuvent
nous accompagner partout, parce qu'il y a
moins de danger d'en perdre le mi-rile, par
la vaine gloire qui se rencontre facilement
avec les pleurs extérieurs. Le saint abbé
racoute d'un anachorète de grande vertu,
nommé Ltienne, que la veille «lu dernier jour
de sa vie il eut un ravissement d'esprit, où,
comme s'il eût vu des pei-sonnes qui lui fai-
saient rendre compte de ses actions, il ré-
pondait si haut, que tous ceux qui étaient
présents l'entendaient, tantôt avouer certai-
nes choses, tantùt en nier d'autres, disant à
ceux qui l'accusaient faussement : « Vous
êtes des imposteurs; » répondant sur d'au-
tres accusations : « Cela est vrai, et je n'ai
rien à dire sur ce point; mais Dieu est misé-
ricordieux. ))
14. Il Par la douceur qui est victorieuse do
la colère, on entend l'innuidiiliti' (h; l'Ame, qui
demeure toujours la même aussi bien dans
les injures que dans les applaudissements.
S^ptl^rae
dppr*. à» It
Irjdc.,, de la
S^n>teDC«
le* ItriDM
Miati.* (joi
Lroduileot la
joie.
Hultl^ni
deitré, de 11
douceur
fUrmoDie II
colère.
• ExpavescU Chrislus mortem. non Iremh-
cit , ut duaruin in se nalwrarum proprias
affecliones (lemnnstrarct. Cliniai-., graii. c.
' tJrcg., Orni. U.
CHAPITRIi LXIV. — SAINT JEAN CLIMAQUE, ETC.
[vu' SIKCI-E.]
f.o commencement de la victoire de lu dou-
ceur sur la colère, est le silence de la lan-
c;ue; le prop;i'Cs est le silence mémo des pen-
sées au milieu de quelque (rouble-; la per-
fecliou de cette victoire est une stable et
constante sérénité de l'àme au milieu des
tentations. La colère est une passion qui re-
nouvelle sans cesse le souvenir des injures,
qui lait souhaiter du mal ;'i ceux dont on a
été oHensé; ainsi cette passionne peut avoir
que des eUets très-funestes, dont un est d'é-
loigner de nous la présence du Saint-Esprit.
Le premier degré pourparveuir a la douceur
et à la patience propre ;i vaincre lu colère,
est de soutl'rir luimblement les humiliations
et les mépris; le second, do n'en avoir point
de ressentiment ; ce serait être parfait que
de les estimer autant que l'honneur et les
louanges. Il y a des personnes qui se met-
tent en colère de s'être mises en colère : elles
se punissent ainsi de leur première chute par
une seconde chute. Lions la colère, comme
un tyran furieux, avec les chaînes de la
douceur ; frappons-la rudement avec la
ver^ de la patience : amenons-la au tri-
bunal de la raison par les liens du saint
amour. »
13. « Le souvenir des injures est la consom-
mation et le comble de la colère : il nourrit
et fait vivre les péchés dans l'àme. C'est une
haine de la justice, la ruine des vertus, un
venin qui empoisonne le cœur, un ver cfui
ronge l'esprit. La prière que Jésus-Christ
nous a laissée, doit couvrir de confusion ce-
lui qui conserve le souvenir des injures,
puisque nous ne saurions la dire par son es-
prit, en nous ressouvenant du mal qu'on
nous a fait. L'exemple de Jésus-Christ doit
aussi nous porter à souffrir avec patience,
sans aucun désir de nous venger. »
IG. «La médisance naît du souvenir des
injures : et une des marques auxquelles on
connaît les vindicatifs et les envieux, est
qu'ils se portent sans scrupule et avec plai-
sir à hl.'imcr et h calomnier la doctrine, les
actions ot les vertus de leur prochain. » Saint
Jean Climaque, ayant ouï des personnes mé-
dire, les en reprit ; ils donnèrent pour ex-
cuse qu'ils le faisaient par l'amour qu'ils
portaient aux personnes dont ils parlaient
mal, et par le soin qu'ils prenaient de leur
salut, (i Défaites-vous, leur répondit-il, d'une
telle charité : si vous aimez véritablement
ces personnes comme vous le dites, offrez
pour eJles^en secret des vœux et des prières
fi83
à Dieu, et ne blessez pas leur honneur par
des paroles injurieuses. »
17. « L'intempérance de la lanrrue est com-
me le troiu; où lu vaine gloire a coutume de
se faire voir avec oslenlaliou. C'est aussi le
caractère des ignorants de parler beaucoup,
et ce défunt leur est commun avec ceux qui
ne se connaissent pas encore autant qu'ils le
devraient : ceux, un contraiie, <[in ont une
véritable connaissance d'eux-mêmes, répri-
ment leur langue. Le silence d'un homme
pieux le délivre de la tentation de vanité.
Saint Pierre pleura amèrement pour avoir
parlé et oublié cette sentence de l'Écriture :
J'ai résolu de veiller sur mes actions, afin que
mu langue ne me fasse point péc/icr. n
18. (i 11 n'y a point de péché contre lequel le
Saint-Esprit ait prononcé une sentence plus
redoutable dans les livres saints, que contre
le mensonge. 11 en est toutefois de la passion
de mentir, comme de toutes les autres : l'of-
fense n'est pas toujours égale; mais on la
juge diftërcnte selon la diversité des circons-
tances. Celui qui se laisse aller au mensonge
par la crainte de quelque peine, sera moins
châtié de Dieu, que celui qui s'y porte lors-
qu'il n'est menacé d'aucun péril, ni touché
d'aucune crainte : en vain le menteur allè-
gue qu'il ne blesse la charité que par une
bonté oiBcieuse, et une conduite cliuritable
envers le prochain; c'est prendre peur une
action de justice, ce qui est en effet la perte
de son âme. »
19. L'ennui ou la paresse, dont parle saiiil
Jean Climaque, ne regarde que la prière, le
chant des psaumes, et tout autre exercice
spirituel ; car il convient que ceux-là mêmes
en qui ce vice règne, sont infatigables dans
les exercices corporels, diligents et laborieux
dans le travail des mains, prompts dans les
devoirs de l'obéissance, assidus à visiter et
soulager les malades; mais s'il s'agit d'assis-
ter à l'office ou à la prière commune, leur
corps s'appesantit, ils se sentent plongés dans
le sommeil, et leurs bâillements à contre-
temps les empêchent de prononcer les ver-
sets entiers. Il croit que ce vice tire son orr-
gine, tantôt de l'insensibilité de l'âme, tan-
tôt de l'oubli des biens célestes.
20. Il nous fait envisager l'in'empérance
de la bouche comme une prc iiictiou de la
natm-e corrompue, et de la mauvaise habi-
tude avec laquelle on se livre au boire et au
maneer. Il en décrit toutes les suites, dont
l'impureté est une des plus fâcheuses. Le
Onilitnii
dfSrS, Ju «É-
IVQCO.
Doazièmo
ilcgré.duuieQ.
iongc.
Troiiiène
degré, dâ la
Qjalotiiè-
me degr;, d9
l'in'enijéran-
ce de la bou-
che.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
684
couspil qu'il donne, est que chacun se rende
maître de sou appi-tit, avant d'en être devenu
esclave; d'anêter les excès de l'inlempi'-
rance par la pensée des feux éternels ; de
considérer que celui qui jeiine n'a que des
peusées pures et chastes dans ses prières,
au lieu que l'esprit d'un homme intempérant
n'est rempli que d'images impures et di's-
honnétes ; de se représenter, en se mettant
à table, la mort et le jugement dernier; de
penser, en buvant, au vinaigre et au fiel que
l'on présenta à Ji'sus-Christ.
0»»i'è'.e 21. Eln parlant de la chasteté, il dit cnie,
ciwilct*. SI nos prejniers parents ne se fussent point
laissés aller à l'intempérance de la bouche
en mangeant du fruit défondu, ils eussent
toujours vécu comme frère et sœur '; croyant
avec quelques anciens, que Dieu ne les avait
créés de dillerents sexes, et ne les avait ma-
riés lorsqu'ils étaient encore innocents, que
parce qu'il prévoyait qu'ils tomheraieul dans
la désobéissance et dans la mort, et qu'alors
le mariage leur deviendrait nécessaire pour
réparer les ruines de la mortalité, par la
succession perpétuelle des enfants aux pères.
Mais saint Augustin ne doutait pas, et c'est
la doctrine de l'Kglise, qu'Adam et ftve fus-
sent demeurés dans l'état d'innocence, s'ils
n'eussent usé du mariage avec une parfaite
chasteté, et qu'ils n'eussent eu des enfants
innocents comme eux. « Cette parole de Dieu
à Adam et h Eve : Croissez et multipliez,
n'était pas *, dit ce Père, une prédiction des
péchés qui méritaient d'être punis, mais la
bénédiction des noces qui devaient être fé-
condes. » Saiut Jean Climaquo faitr(''logedc
la chasteté, l'appelant une participation de
la nature angéliquc et incorporelle, un re-
noncement à la nature par un mouvement
surnaturel. Les moyens qti'il prescrit pour
l'obtenir, sont l'humilité, la douceur, le tra-
vail des mains, les veilles, les jeûnes, la mor-
tification des sens, la piùère, la retraite. Ce
saint abbé avait avancé un jour, dans un
entretien avec un homme des plus savants
dans les choses spirituelles, que le plus
grand de tous les péchés, après l'homicide,
était l'apostasie : ce sa^•ant lui dit : « D'où
vient donc (|ue les hi'rétiques, en anathéraa-
tisant leur hérésie, sont reçus aussitôt dans
l'Kplise, et que ceux qui ont commis un pé-
ché d'impureté sont retranchés de la com-
munion des saints mystères pendant plusieui-s
• D'Andilly, no/, in 15 grad., pag. 519.
années, depuis même qu'ils ont été admis ;"i
la pénitence? » S'entretenant en une autre
occasion avec un solitaire qui avait le don
de discernement, il apprit de lui que les ac-
cidents qui arrivent en dormant viennent
quelquefois de l'abondance de la nourriture
et de la mollesse d'une vie licencieuse et re-
lâchée, quelquefois d'orgueil et de présomp-
tion, lorsque , ces accidents ayant été long-
temps arrêtés en nous, nous en concevons
de la vanité ; et quelquefois aussi de la li-
berté avec laquelle nous condamnons notre
prochain. Ces deux dernières causes sont
communes aux malades, de même qu'-'i ceux
qui sont en santé, et peut-être même toutes
les trois. Que s'il se ti-ouve quelqu'un en qui
ce ne puisse être ni la réplétion des viandes,
ni la mollesse d'une vie relâchée, ni la va-
nité, ni les jugements téméraires, qui lui
causent cet efl'et, il doit croire qu'alors Dieu
le permet, afin que par cette infirmité, qui
est affligeante, mais innocente, il acquière
une plus grande humilité. Ce saint conseille
à ceux que le démon tente d'impureté, d'é-
lever aussitôt, ou les yeux du corps, ou ceux
de l'âme, vers le ciel, d'étendre leurs mains
en croix sans les remuer, afin de confondre
et de vaincre cet ennemi par cette figure sa-
lutaire, et de crier vers celui qui a le pou-
voir de nous sauver, en lui adressant ces
paroles du psaume: Ayez pitié de moi, mon p>. >i.a.
Dieu, car Je suis faible et languissant.
22. 11 appelle l'avarice im culte profane sri. f-.r ,i
des idoles, la fille de l'infidélité, la racine de dft-.^ >-
tous les maux, en ce que c'est elle qui pro- '•, i-"—!*
duit les haines, les larcins, les envies, les
divorces, les inimitiés, les troubles, les res-
sentiments, les injures et les meurti-es : ainsi
celui qui a vaincu cette passion, a coupé la
racine à tous les désordres ; celui, au con-
traire, qui en est esclave, n'offrira jiimais i\
Dieu des prières qui soient pures. Job fut
l'exemijle d'un parfait détachement : quoi-
qu'il eut perdu tout ce qu'il avait, il ne per-
dit ni la paix, ni la tiauquillité de son Ame.
la pauvreté volontaire, «'tant un renonce-
ment à tous les soins de la terre, est en mê-
me temps un affranchissement des inquié-
tudes de la vie. Aussi le pauvre volontaire
remet-il tous ses soins dans le sein de Dieu :
il reçoit comme de sa main ce qu'il reçoit
de cell« des hommes. Il n'en est pas de même
du ['auvre involontaire : il est au contraire
♦ Angufl., de Peccato origin., lili. Il, *nii. .w.
[vil" SIÈCLE.] CHAPITRK LXIV. — SAINT JEAN CLIMAQUE, ETC.
685
neuvie-
^rê, du
<-il.d«la
et du
dM
eî en
"ngliètiie
dos
- Gorfjo-
cloiililcmciiliiKillieui'oiix, jniisqno en ce mon-
de il ne jouit de rien, cl iju'en l'antre il sera
privé des biens de l'étcrnilë.
23. L'insensibilité dont parle saint Jean
Climaiinc, est un di'nuit do s(!nlinionl pour
loulcs les choses saintes, (pii se trouve dans
ceux-là mêmes qui l'ont profession de la vie
religieuse, qui ont la liuuière de la foi, et
qui connaissent uièiue le mal dont -ils sont
altacinés. Cela lui donne lieu de décrire le
combat continuel qui esl entre l'esprit et le
cœur de ces sortes de personnes. L'esprit
connaît ses devoirs; le cœur les transgresse.
L'insensible donne des lc(;ons de pénitence,
et il rit en les donnant ; il exhorte les autres
;\ la douceur, et souvent au milieu de ses
exhortations il se laisse aller Ini-mèmc à
l'aigreur : s'il voit des personnes toucliées
de douleur, il n'en fait que rire : s'il s'appro-
che de la sainte table, il inange ce don du
ciel comme un pain commun. Veiller beau-
coup, UK'diler souvent les jugements éter-
nels, prier dans les sépulcres des morts, sont
des moyens de dissiper cet endurcissement.
24. Le saint abbé donne deux leçons ex-
cellentes à ceux qui sont recherchés par le
sommeil pendant la prière commune, ou qui
y ont l'esprit ordinairement disirait : la pre-
mière est de considérer dans un vif senti-
ment du cœur, qu'ils sont en la présence de
Dieu ; la seconde, de méditer sur chaque
verset des psaumes que l'on chante. Il ajoute
qu'ils peuvent aussi dii'c quelque prière par-
ticulière,jusqu'àcequel'autre côté du chœur
ait achevé son verset. Au reste, il veut qu'il
y ait un temps réglé, tant pour la prière que
pour le travail : « Car c'est, dit-il, ce que
l'ange ordonna expressément, ainsi que le
témoigne le grand saint Antoine. » Saint
Athanase ne dit rien de celte apparition de
l'ange dans la vie de saint Antoine : mais
Élie de Crète en parle dans son commen-
taire sur cet endroit ; ce qui marque qu'il
y avait là-dessus quelque tradition parmi les
Grecs.
25. Parmi les solitaires, il y en avait qui,
dans la veille du soir, adressaient 1 Dieu
leurs vœux et leurs supplications, ayant les
mains étendues ; d'autres qui se tenaient de-
bout en chantant à sa louange des psaumes
etdes cantiques; quelques- unss'appliquaient
à lire les divines l^critures ; d'autres, d'un
esprit plus faible, combattaient contre le
' D'Audilly, not. in 18 grad., pag. 589.
sommeil parle tr:ivnil dos mains; [)lusii!urs
s'pxeiraient dans la médilalioii de la mort,
s'eil'orçant d'entrer par elle dans les senti-
ments d'une véritable componction. Saint
J(!an Cliuuujuc dit, qu'encore que les présents
lie ces diverses suites de personnes fussent
d'un mérite ditlércnt, Dieu les recevait tous;
mais il est d'avis que ceux qui se sentent de
la tiédeur et de l'assoupissement dans la
prière, se retirent dans des communautés,
pour y chanter l'otiice en compagnie de plu-
sieurs frères, alin que le respect et la honte
les empêchent de se laisser aller à l'assou-
pissement.
26. Ce qu'il dit de la timidité eOémiuéc
ou puérile, regarde moins les religieux qui
vivent en communauté, que les anachorètes.
Il leur représente que ce n'est ni robscurit(!
des lieux, ni l'horreur de la solitude, qui
donne des forces au démon pour nous trou-
bler, mais que c'est la sécheresse et la sté-
rilité de notre âmo ; que c'est aussi quelque-
fois une conduite secrète de la Providence
et de la bonté de Dieu, qui nous abandonne
;\ cette tentation, afin de nous apprendre h
n'avoir confiance qu'en lui seul. Quand on a
coutume d'être frappé de peur en quelques
lieux secrets, il faut se forcer d'y aller même
durant la nuit : si l'on cède à cette frayeur
ridicule, on la verra vieillir avec soi.
27. Quelques anciens, distinguant la vaine
gloire de l'orgueil, comptent huit péchés ca-
pitaux ; d'autres, ne les distinguant pas l'un
de l'autre, n'en mettent que sept. Saint Jean
Climaque est de ce dernier sentiment : il
enseigne que la vaine gloire est le commen-
cement de l'orgueil, et que l'orgueil est la
fin et la consommation de la vaine gloire.
Ce n'est donc, a proprement parler, qu'un
même vice, mais considéré sous deux as-
pects diiférents ; c'est pourquoi il en fait
deux degrés. Il définit la vainc gloire une
passion trompeuse, qui nous représente tout
autres que nous ne sommes, en faisant pa-
raître au-dehors les vertus que notre âme ne
possède point au dedans, et en cachant les
vices dont elle est le plus possédée. L'or-
gueil est une ostentation insolente de ses
travaux, et une présomptueuse confiance de
l'homme en ses propres forces. Toute per-
sonne qui aime à se produire au dehors, est
remplie au dedans d'une secrète vanité : ses
jeûnes sont sans récompense, et ses prières
sans mérite devant le Seigneur, parce qu'il
fait l'un et l'autre pour être loué des bom-
\ inst-et-
uuiùiiiedot'ré,
du la liiiiidité
ofTcdi.ucu.
Viiirl-dcn-
ziénie dnpré,
de la vaine
floiro el do
'orgueil.
686
mSTOmE GÉNKRALE DES A
ViDgi-troi-
flème decré,
de»{ieo5«c«de
tIaSpLèmc.
Util, ir, 10.
VlD(l-<)a(-
IHèaie ùifté^
An h douceur
et de la fim-
VltdU.
mes. Celui qui s'élève et se glorifie des dons
naturels qu'il a reçus, comme de la vivacité
d'esprit, de la facilité pour apprendre les
sciences, ne jouiia jamais des Liens qui sonl
au-dessus de la nature : il en abuserait par
sa vanité. On se défait de la vaine gloire en
mettant un frein à sa langue, en se souhai-
tant le mépris et les humiliations, et en se
portant a faire (levant les hommes ce qui
peut notis humilier à leurs yeux. L'orgueil
ne nous empêche pas seulement d'avancer
dans la piété ; il nous fait encore tomber du
plus haut de la vertu. Pour vaincre ce tyran,
il faut avoir recours à Dieu : tous les secours
des homm_es sont inutiles à cet égard.
28. <c Lors mémtf qu'on célèbre la sainte
Messe, et dans celte heure terrible où le
plus grand de nos mystères s'accomplit sur
nos autels , le démon nous inspire des pen-
sées de blasphème contre Jésus-Christ et
contre cet auguste sacritice '. Il est visible
que ces paroles d'abomination et d'impiété
viennent de cet esprit de ténèbres : si
elles étaient de nous, comment pourrions-
nous adorer, ainsi que nous faisons , ce
don que nous recevons du Ciel? Comment
pourrions-nous eu même temps le maudire
et le bénir? Souvent il nous suggère des pen-
sées semlables au milieu de nos prières :
il agit de cette sorte , tant à l'égard des
gens du monde , que des solitaires et des
religieux ; mais ils ne doivent point s'imagi-
ner être coupables pour avoir eu ces pensées
de blasphème. Le Seigneur, qui voit à nu
les plus secrets replis de nos âmes , sait que
ces pensées et ces paroles, quoique dans
nous, ne sont point de nous. Ne nous en
troublons doue point; méprisons-les, à l'imi-
tation de notre Sauveur, et disons avec lui
au démon : Retire-toi de moi , Satan ; j'ado-
rerai mon Seigneur et mon Dieu, et ne servi-
rai que lui seul. »
29. Par la douceur, saint Jean Climaque
entend « lussiette immobile de l'esprit , par
laquelle il demeure toujours le mémo . soit
dans les honneurs, soit dans le mépris: elle
consiste à souUVir avec une sainte insensibi-
lité les injures , les injustices, et il prier pour
ceux qui en sonl les auteurs, .\u-dessiis des
agitations de la colère, elle en rompt tous les
UTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Ilots, et demeure ferme sans en être ébranlée:
elle est l'appui de la patience, l'aide de l'obéis-
sance , le siège de la simplicité , c'est-à-dire,
de cette habitude de l'âme qui la rend inca-
pable de toute duplicité. Cette simplicité est
de deux sortes : l'une naturelle, l'autre sur-
naturelle. La première nous donne seule-
ment une aversion de tous les déguisements
et de tous les artifices; la seconde nous pro-
cure l'humilité la plus parfaite. »
30. « Quelques-uns disent que celte vertu
consiste à s'estimer le dernier de tous les
hommes , et le premier de tous les pécheurs;
mais saint Jean Climaque pense qu'il vaut
mieux délinir l'humilité, une grâce de l'âme
qui ne peut s'exprimer, et qui n'est connue
que de ceux-là seuls qui la connaissent par
leur propre expérience. Cette vertu a trois
propriétés excellentes : la première est la
soulTrance des humiliations ; la seconde , la
victoije sur la colèi-e ; la troisième , une dé-
Banco de ses meilleures actions , jointe à la
confiance en la miséricorde de Dieu et au
désir continuel de s'instruire. L'on ne voit
jamais , dans ceux qui la possèdent , ni ap-
paience de haine , ni signe de contradiction,
ni trace de désobéissance, si ce n'est qu'il
s'agisse de la foi. La charité et l'humilité sont
deux compagnes fidèles : taudis que l'une
nous élève vers le Ciel , l'autre nous soutient
de telle sorte, qu'elle nous empêche de
tomber lorsque nous sommes élevés. L'hu-
milité a aussi la vertu de guérir les plaies
les plus incurables. Les crimes de Manassé,
roi d'Israël , étaient montés à leur comble :
ce que tout l'univers n'aurait pu expier par
la pénitence, l'humihté l'expia. »
31." La discrétion peut être définie en gé-
néral une lumière intérieure, qui nous fait
connaître avec certitude la volonté de Dieu,
en tout temps, en tous lieux et en toutes
actions. On ])eut encore la définir le discer-
nement que l'homme spirituel fait du bien
naturel et du surnaturel , du véritable bien
et du faux , de la vertu et du vice , des bon-
nes pensées et des mauvaises. Pour faire ce
discernement, recourons à Dieu, à notre
conscience, qui nous apprendra de quel
coté la tentation se forme , afin de l'éviter :
consultons aussi ceux qui sont préposés
V 1.1
[Ojè".'- Or:
4 I Lun,ilit4,
Vin I-. lit-
nu» 'Ir.-f.-, da
di»f< 1 i.rnjcnt
dr> l'i n»tM,
de» Tife* •!
doi TPnus.
' Isla execrantln blasphemia inicr ipsas sacras
synaxes tl suh ipsam horam qua tremcnda mys-
Uria Encharistiu' peragunhir . solel Dominum
impiis cogitationibxis incessere adeoque ipsum sa-
crificium impiare... Si fada et indccora mentis
terbii mca l'uni, qunmodo, dum cwtrstc illud do-
mum sunw, supplex adoro ? Cliiuuc, Grad. 2J.
[vu* SIÈCLE.] CIIAPITRK — LXIV. — SAINT JEAN CLIMAQUE, ETC. «87
pour nous instruire et nousdiiiger. Dieu est atlaclië ;"i la terre. Il est cerlain qu';\ l'ëgarU
trop juste pour permettre que des âmes qui,
avec uuc foi ferme et une sainte simpiicild ,
se sont luinililciiu'nt soumises au conseil et
au jugement d'aulrui , se trouvent trompées,
parce que, encore que ceux qu'elles consul-
tent soient dépouivusde luniièroset de pru-
dence, c'est Dieu qui, d'une manière invisible,
parie par leur bouche. Nous devons en tou-
tes rencontres examiner devant Dieu quelle
est notre intention et notre but , persuadés
que , lorsque nous agiosons avec la pureté
d'un co^ur dégagé de toute passion , et uni-
de ces deux sories de persomies, il n'y a
que deux demeures éternelles après la mort,
le ciel pour les uns, l'enfer pour les autres.
Le purgatoire n'est qu'un passage où les
âmes sont purifiées de tous leurs pécliés
avant le jour du jugement dernier, ainsi que
l'enseigne salut "^ Augustin.
32. Après le vingt-sixième degré, saint
Jean Climaque fait une récapitulation de tout
ce qu'il avait dit dans les précédents ; puis
il vient au vingl-seplième , qui n pour titie :
Ih( repos du corps et de l'âme. Il y fait voii',
quenient pour Dieu , il ne laissera pas de qu'encore que la vie érémiliquc soit plus
sainte et plus parfaite en soi que celle des
communautés religieuses , celle-ci est néan-
moins plus utile au commun des fidèles,
l'autre n'étant que pour ceux qui se sont
pui'ifiés de leurs passions par les exercices
laborieux de l'obéissance et de la mortifica-
tion dans les monastères. Le repo'. du corps
est, selon la définition qu'il en l'onne, uu
état de tranquillité et de paix, o;i tous les
mouvements et tous les sens cor; orels sont
assujétis à la raison j et le repos de l'âme,
un calme de l'esprit et une médil;:tion tran-
quille , et qui est exempte de tout.; distrac-
tion : celui qui est parvenu h cette heureuse
paix, n'a pas besoin d'être instruit par des
discours , étant assez éclairé par la lumière
de ses propres actions, qui sout pins ellicaces
que les paroles. Ce saint met cette dill'érence
entre l'état d'un anachorète et celui d'un
religieux, que le premier a besoin d'une
grande vigilance et d'une profonde humilité,
n'ayant que les anges pour le secourir; au
lieu que l'autre peut être assisté par ceux
qui vivent avec lui dans le même monastère.
Il rapporte eusuile les divers motifs que l'on
peut avoir de se retirer dans la solitude ;
puis il se propose cette question sans la ré-
soudre : Pourquoi le monastère de Tabeune
dans la Thébaïde, qui était celui de saint
Pacôme, n'avait pas porté tant d'hommes
extraordinaires, que celui de Scété ou des
Cellules, qui était aussi en Egypte. Sozo-
mène * en doune la véritable raison, c'était,
dit-il, parce que le désert de Scété n'était
habité que par des anachorètes parvenus
récompenser nos actions, quoiqu'elles ne
soient pas tout-à-fait saintes. Ne jugeons
pas trop sévèrement ceux que nous voyons
enseigner de grandes vérités, et qui ne les
pratiquent que faiblement : souvent l'utilité
de leurs discours récompense le défaut de
leurs actions. » Saint Jean Climaque dit que
personne ne doit s'excuser de l'accomplisse-
ment des préceptes de l'Évangile, sous pré-
teste qu'il est impossible de les garder, puis-
qu'il s'est même trouvé des hommes qui ont
fait plus qu'il ne leur était ordonné par l'É-
vangile : « témoin, dit-il, celui qui aima son
prochain plus que soi-même, et qui donna sa
vie pour lui, quoiqu'il n'en eût point reçu de
commandement par ta loi de Jésus-Christ. »
On voit par Tertnllien ', que les chrétiens de
son temps regardaient comme un précepte
de l'Kvangile de donner leur vie les uns
pour les autres, et qu'ils faisaient consister
en cela l'amour fraternel qu'ils se devaient
Tuutuellement : mais ce n'était que leur vie
temporelle *; car. à l'égard du salut , on ne
doit point aimer les autres plus que soi-
même , parce que nous ne devons rien pré-
férer ;\ notre propre salut. Quand le saint
abbé dit ensuite ' qu'il ne reste point d'au-
tre lieu hors le ciel et la terre pour ceux qui
meurent , après s'être attachés pendant leur
vie au ciel ou à la terre, son dessein n'est
point de combattre la doctrine de l'Église
sur le purgatoire ', mais seulement d'oppo-
ser le salut éternel de ceux qui ont eu leur
cœui' et leur esprit attaché au ciel , à la
damnation éternelle de ceux qui l'ont eu
I TertuU., in Àpolog., cap. xxsix. •
s D'Andilly, nol. in grad. 26, pag. 604, 605.
' Qui ea quœ supra sunt sapiunl, ad superiora
ascendunt ; qui vero sapiunl quœ infra sunt, ad
inferiora descendunl. Slorluorum enim locus mé-
dius nuUus est reliquus. Climac, grad. 26.
* D'Andilly, not. in grad. 26, pag. 615.
* Purgatorias pœnas nvllus futurus opinetur,
nisi anle ultimum tremendumque judicium. Au-
gust., lib. Il De Civil. Dei, cap. xvi.
« Sozoïu., lib. Vl; cap. xxx.
Vînj:l.«ep-
liènio àtfeit
(lu ropo» du
cori'., ot do l'd-
688
HISTOIRE GKNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Vin^t-hiii-
de Is {.iicre.
au comble de la vertu chrétienne et reli-
gieuse; le monastère de s.TinI Pacônie était
au contraire composé de douze cents moines
et plus, dont apparemment la plupart n'é-
taient que des commençants dans la pratique
de la veilu. Saint Jean Climaque prescrit
le genre de vie que doit suivre un anacho-
rète, savoir, de se débarrasser de toutes
atlaires bonnes ou mauvaises ; de prier sans
relâche ; de veiller lelleuieiit sur son cœnr,
qu'il soit inaccessiijle aux démons; de travail-
ler des mains, surtout aux heures où la cha-
leur provoque au sommeil ; de chanter des
psaumes, princii)alenienl la nuit; et de lire
les Livres"saints , qui servent de lumii're et
de guide il ceux qui les lisent avec piété et
avec respect.
33. 11 considère la prière comme une fami-
liarité sainte et une union sacrée de l'âme
avec Dieu, dont la propriété est de réconci-
lier la créature avec le Créateur; mais il
veut qu'avant de nous mettre en la présence
de Dieu pour le prier, nous ayons soin de
purifier notre âme de tout ressentiment des
injures que nous aurions reçues, parce
qu'autrement nous ne retirerions aucun
fruit de notre prière. «Elle doit être simple,
sans fard et sans allcctalion, puisque le publi-
cain et l'enfant prodit;ue llécliirenl la justice
et la miséricorde de Dieu par une seule pa-
role. Nous devons la commencer par des ac-
tions de grâces , la continuer par une hum-
ble confession de nos fautes, la unir en
exposant nos besoins. Il ne faut pas user de
longs discours en parlant à Dieu, de crainte
qu'ils ne dissipent l'attention de l'esprit, qui
ne doit être attaché qu'à la vue de ce grand
objet : une seule parole pleine de foi sauva
le larron. Lorsqu'on se sent consolé et atten-
dri par quelque parole que l'on récite dans
la prière, on doit s'y arrêter sans passer
outre, parce que c'est une marque assurée
que notre ange gardien prie avec nous. Dans
les prières qui se font en commun et en
public, il faut se contenter de s'humilier in-
térieuremenl ; mais , si nous prions seuls et
sans témoins de nos actions qui nous puis-
sent donner sujet de nous élever i)ar leurs
louanges , ne nous contentons pas de nous
humilierau dedans do notre cœur; humilions
aussi notre coi'ps, en nous prosternant à terre
pour otfrir à Dieu nos vceux. Dans les impar-
faits, souvent l'intérieur se conforme a l'ex-
térieur. La foi donne des ailes h l'oraison ;
sans elle, elle ne peut voler jusque dans le
de la |>«ix dt
Trfoli*»»
dpçrr, ds la
toi, .tf Ir'ii-
raoc<> ri de la
chiillt.
ciel. Lorsque vous avez persisté longtemps
h demander :\ Dieu quelque grâce sans l'a-
voir obtenue , ne dites pns que vous n'avez
retiré aucun fruit de vos prières : c'en est un
grand, que d'avoir prié avec assiduité. Con-
tinuez de frapper à la porte. Celui qui de-
mande avec persévérance, reçoit. Lorsque
vous vous confessez devant Dieu , n'entrez
pas dans le détail de vos fautes corporelles,
de peur que vous ne vous dressiez des
embûches à vous-même par les mauvaises
impressions que cet examen vous pourrait
causer. »
34. La paix de l'esprit consiste dans l'af- ,i»ii"''d,"î;
franchissement des passions et dans la pra-
tique habituelle de toutes les vertus. Ainsi
elle fait en cette vie toute la perfection de
l'âme Saint Jean Climaque met pour le der-
nier degré de son Echelle sainte, c'est-à-dire,
pour le trentième, la foi, l'espérance et la
charité. La foi peut tout, jusqu'aux choses
qui paraissent impossibles. L'espérance ne
peut être confondue, quand elle a pour ap-
pui la miséricorde de Dieu. La charité ne
s'arrête point dans sa course, et ne donne
point de repos à celui qui eu est une fois pé-
nétré. Ces trois vertus sont le fondement et
le lien de toutes les vertus chrétiennes.
35. Sa lettre au Pasteurfail, comme on l'a
déjà remarqué, la seconde partie de son ou-
vrage. Elle renferme les instructions les plus
utiles pour le gouvernement des âmes ; et
non content d'y enseigner comment les su-
périeurs doivent se conduire envers les re-
ligieux, il y entre encore dans le détail des
qualités essentielles à ceux à qui l'on veut
confier le soin des monastères. Le pasteur à
qui elle s'adresse, était l'abbé de Raithe,
celui qui avait engagé saint Jean Climaque à
composer sou Échelle sainte, n Je vous ai
donné, lui dit-il; le dernier lieu dans ce livre
de la terre ; mais je ne doute point que Dien
ne vous accorde la première place au-des-
sus de nous dans celui du ciel, puisque, se-
lon Jésus-Christ, ceux qui sont les derniers
en cette vie par l'humilité de leur cœur, se-
ront les premiers en l'autre par l'éminence
de leur ghjirc. »
36. Le véritable pasteur est celui qui peut,
par ses soins et par ses prières, remeltredaus
le droit chemin les brebis égarées. Il a be-
soin pour cela d'être éclairé de Dieu, d'a-
voir de l'expérience dans la conduite des
âmes, et d'être si chaste de corps et d'esprit,
qu'il ])uissc se passer du secours et des re-
AnB))>r di
telle lettre.
CHAPITRE LXIV. — SAINT JEAN TLIMAOUE.
[vu" SIÈCLE.]
inèdes des autres. Dans ses instiuctioiis pu-
lili(Hi('S, il (loil s(; jilacrr diiiis un lieu élève
pour se l'aire mieux entendio; employer la
rudesse des paroles, pour corriger ceux (jui
s'arrêtent dans le cliemin de la vertu ; veil-
ler avec plus de soin que jamais sur ceux
ipii tombent dans la tiédeur et le déconrage-
uient; ne point quitter de vue ceux tpio la
li'ulalion expose au danger de périi- ; pleu-
rer et gémir pour eux devant Uicu; compa-
tir à leurs faiblesses; s'animer d'une sainte
colère contre le vice, sans craindre d'attris-
ler potu' nu temps ceux qui en sont cou-
|)al)les. Il conseille aux su|iérieurs qui ont
peine de reprendre en face leui's inférieurs,
de les avertir de se corriger en s'attribuant à
eux-mêmes la faute qu'ils veulent reprendre
dans les autres; et à ceux qu'une certaine
pudeur empèclie de reprendre avec liberté
ceux qui sont en faute, de le faire par écrit.
La manière de conduire ne doit pas être la
même à l'égaril de tous ceux qui viennent
pour se convertir. S'il s'en présente qui
soient accablés sous le poids de leurs pécliés
et prêts à tomber dans le désespoir, il faut
leur remettre devant les yeux la douceur du
joug de Jésus-Christ; et faire au contraire
remarquer ù ceux qui sont pleins d'estime
d'eux-mêmes, que la voie du ciel est rude
et étroite. C'est pourquoi il est nécessaire
qu'un supérieur s'étudie à connaître parfai-
tement l'esprit et le cœur de ceux qui sont
sous sa discipline. Il ne doit ni se rabaisser,
ni s'élever imprudemment, mais imiter la
sage discrétion de saint Paul, qui tantôt
s'bumiliait pour consoler et édifier les faibles,
et tantôt s'élevait pour confondi'e et abattre
les superbes.
37. Il y a deux sortes de personnes qui se
présentent en religion : les uns sont chargés
de crimes; les autres sont innocents. Le
supérieur doit demander aux premiers les
diverses espèces de fautes qu'ils ont commi-
ses, et cela pour deux raisons : l'une, afin
que la confession de ces pécliés les rem-
plisse d'une si profonde humilité, qu'ils de-
meurent toujours dans la modestie et la re-
tenue d'un vrai pénitent; l'autre, afin que,
se souvenant de combien de plaies ils étaient
percés lorsqu'ils ont été reçus dans le mo-
nastère, ils conçoivent pour celui qui a tra-
vaillé avec eux à les en guérir, une affection
sincère. «Prenez garde, ajoute saint Jean
Climaque, ;"i n'être pas trop exact et trop
sévère à reprendi'e jusqu'aux moindres fau-
XI.
08!)
les : autrement, vous n'imiteriez pas la
bdiilé de Dieu, ([ui soiill're en nous un nom-
bre iulini de défauts cl d'imperfections.
Itntmc/, une nourriture plus solide il ceux qui
couient avec ardeur dans la carrière de la
vie spirituelle; mais ne nourrissez i{uo. de
lait ceux qui y marchent plus lentement,
ayant moins de courage et de vertu : une
nourriture trop forte les jetterait dans la
hinyneur. »
38. Il est de la prudence du supérieur d'ob-
server ceux qui le contredisent et lui résis-
tent avec audace, et de les reprendre avec
des |)a rôles dures en pi'ésence de quel(|ues
personnes élevées en dignité, afin de donner
de la terreur aux autres. Il doit user de cette
sévérité, quand même les religieux seraient
vivement piques de cette humiliation; puis-
que le bien et la guérison de plusieurs sont
préférables ;'i la peine et h la douleur d'un
seul. Parmi ceux qui se chargent de la con-
duite des autres, il y en a qui, In-ùlant de
charité pour leur prochain, entreprennent
au-delà de ce qu'ils peuvent ; d'autres qui,
manquant d'amour pour leurs frères, ne
s'engagent qu'à regret et comme par force
à les conduire, quoiqu'ils en aient reçu de
Dieu la grâce et les lumières. Saint Jean
Climaque loue les premiers, et blâme les se-
conds : ceux-là , pour leur charité; ceux-ci,
parce qu'ils en manquent; mais il croit
qu'un pasteur peut se dispenser de faire un
bien pour un plus grand bien, comme serait
de fuir le martyre, non par crainte ni par
lâcheté, mais pour l'utilité de son troupeau.
Il est d'avis qu'un supérieur reçoive sous sa
conduite tous ceux qui se présentent au mo-
nastère, pourvu qu'il prenne tout le temps el
les mesures nécessaires pour éprouver la
vocation de chacun ; qu'il témoigne plus de
douceur et de charité qu'auparavant à ceux
de ses religieux qui se seront confessés à lui,
et qu'il prenne plus de soin de leur conduite,
parce que c'est un moyen d'augmenter leur
confiance; qu'il supporte avec patience les
imperfections de ceux qu'il conduit, mais
qu'il ne sonU're jamais qu'ils désobéissent
formellement à ses ordres. Il continue : «Le
plus agréable de tous les présents que l'on
puisse offrir à Dieu est de lui consacrer des
âmes par la pénitence. Tout l'univers n'est
pas comparable à une seule àme, puisque
l'univers, étant corruptible, passera, et que
les âmes, étant immortelles, subsisteront
éternellement. Mais, pour secourir et soula-
44
G'JO
HISTOIRE GKNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Jd^freenl
de l'ootrape
dtS.JeioLli-
fnaque. Com-
inenlt res do
l'aliU de n>I-
Ibe et d'Eue
de Ciite oo
f^odie. Edi*
lier*, cl Irt-
diiciiOQS.
gerccux que nous avons entrepris de faire
enli-cr dans le Saint de? Saints, c'csl-:\-dirc,
dans le calme des passions cl dans la paix
intérieure de l'âme, nous avons besoin de la
grâce du Ciel. » Il finit sa lettre parle détail
de la conduite qu'un excellent supérieur de
monastère, qu'il appelle le père des pères et
le docteur des docteurs, observait â l'égard
de ses religieux.
.39. '« Cet homme admirable avait coutume,
dit-il, après les prières du soir, de se placer
avecgravité sur son siège, qui au debors
n'était qu'un entrelacement de brandies d'o-
sier , mais qui était au dedans et selon
l'homme intérieur ur^ assemblage et un mé-
lange de toutes les vertus. Tous ses religieux
environnaient sa cbaire, et écoutaient ses
paroles comme les paroles de Dieu môme.
Alors il ordonnait à l'un de réciter cinquante
psaumes avant de se coucher; à l'autre d'en
réciter trente, h l'autre cent, à un autre de
faire autant de génutlexions, à un autre de
dormir assis. Il commandait à un de lire, et
â un autre de faire oraison durant un cer-
tain espace de temps qu'il limitait. Il établis-
sait deux d'entre eux pour veiller sur les ac-
tions des autres, et pour observer durant le
jour ceux qui causaient ensemble, ouqui de-
meuraient oisifs, pour les faire souvenir de
leur devoir, et durant la nuit, ceux qui fe-
raient des veilles irrégulicres et indiscrètes,
pour y mettre ordre. Ses soins s'étendaient
jusqu'à régler la nourriture que chacun de-
vait prendre. Car elle n'était pas la même
pour tous, mais dill'ércnte selon la dittérencc
de l'état de chaque religieux. Il faisait don-
ner aux uns une nourriture plus forte comme
ayant le corps plus faible, et aux autres une
j)ius faible comme ayant h' corps plus vigou-
reux. Tousexécutaient ponctuellement ses or-
dres, sans qu'on entendit le moindre murmu-
re. 11 avait sous lui une laure, c'est-à-dire, un
certain nombre de cellules qui étaient dansles
déserts et éloignées les unes des autres, où il
envoyait de son monastère ceux de se* reli-
gieux qui étaient parvenus à une vertu assez
sublime pour vivre saintement dans la soli-
tude. »
40. Tel est en substance l'ouvrage de saint
JeanClimaque, qui l'a rendu si fameux dans
l'Église, princii)alement dans les commu-
nautésoù l'on fait profession de pratiquer ce
que les conseils évangéliques ont de plus
parfait. En mémo temps que ce saint abbé
y prescrit aux autres le vrai chemin d'arri-
ver à la perfection, il laisse échapper cer-
tains traits de sa vie qui font voir qu'il était
lui-même un modèle de sagesse et de sain-
teté. Il est quelquefois obscur dans ses in-
structions ; ce qui vient de ce qu'il ne leur
donne pas assez d'étendue, et qu'ayant l'es-
prit subtil, quoique grave et solide, il abonde
en pensées plus qu'en paroles. Il faut ajou-
ter qu'il ne lie pas ses raisonnements avec
ce qui suit, négligeant un encbaînement qui
le rendrait plus clair et plus intelligible; et
qu'il parle ordinaiiement par aphorismes,
c'est-à-dire, par sentences qui portent un
grand sens en peu de mots. C'est ce qui
obligea Jean, abbé de Ilaïibe, à la prière de
qui il avait composé son ouvrage, d'en expli-
quer les endroits les plus obscurs, atin qu'ils
fussent intelligibles aux personnes plus spi-
rituelles que savantes. Environ cent cin-
quante ans après, Elie, métropolitain de
Crète ou de Candie, fit encore un commen-
taire sur VEchelle sainte de saint Jean Cli-
maque, comme il en avait fait un sur les
œuvres de saint Grégoire de Nazianze. Ce
commentaire, qui est extrêmement diffus,
et divisé en trois volumes , n'a pas encore
été donné au public ; mais on le trouve en
manuscrit daus les bibliothèques de Rome,
de Venise et de Paris. Celui de l'abbé de
Raïtbe a été imprimé eu latin dans les Bi-
bliothèques des Pères de Paris, de Cologne
et de Lyon. Il y a eu d'autres commenta-
teurs de l'ouvrage de saint Jean Climaque,
dont quelques-uns sont anonymes, mais
postérieurs à Elie de Crète. Lambécius ' en
cite un d'un moine nommé Iliérothéc; De-
nis le Chartreux fit quelques paraphrases sur
le môme livre, qui ont été imprimées, avec
celles qu'il avait faites sur quelques écrits
de Cassien, à Cologne, en l.'i'tO, in-fol. Sur la
fin du XVI' siècle, un docteur tlamand, nom-
mé Isscltius, donna des éclaircissements à la
fin de chaque degré dans la version latine
d'Ambroise Camaldule, qu'il fit réimprimer
à Cologne, en iols3. Il y on eut d'autres édi-
tiousen la même ville, en lîi'J.l, 1007 et 1624,
in-8, avec le Pré spirituel de Siipluone, et
les deux livres des Miracles de Pieri'c le Vé-
nérable. Avant l'édition latine d'Ambroise
Camaldule, à Venise, en 1531, 15G9, et à Co-
logne, en 1583 et 1G24, il y en avait eu une
aussi en latin à Venise chez Pinrius, en 1318,
in-8, à laquelle le Irailucleur ne mit pas son
' Lambcciiis Bibliolk. Vindoboiu, i>ag. 192.
1
CHAPITRE LXIV. — SAINT JEAN CLIMAQUE.
[vu' SIÈCLE.]
nom. En 1C33, Matlliicu Hadérus fit impri-
mer chez Cramoisi les œuvres de saint Jean
Climaqiic en grec cl en lalin, a]irôs les avoir
rennes sur un grand nomln'o de manuscrits.
C'est celle ddilion que l'on a suivie dans la
lJil)liotlu''quc des Pères à Lyon, en 1G77, où
l'EcIielle sainte se trouve avec des scliolies
ou notes Urées on partie d'un anonyme, eu
jiarlie des commeulaires d'Klie de Crî'le, et
de (]uelques autres anciens. On y a insc'ré
aussi les explications de l'ablu' de Raïllie,
avec sa lettre à saiiit Jcau Climaque, et la
réponse que lui fil cet abbé. Mais ces expli-
cations ne sont point de la traduction de
RIalliieu Radérus, qui no put en entrepren-
dre une nouvelle, fautede manuscrits grecs.
C'est lamûme qui avait paru à Paris en IGIO ,
et dans les anciennes Bibliothèques des Pè-
res.
[Le tome LXXXVIII de la Patrologie grec-
que, col. 631-1210, contient V Echelle du Pa-
radis et la Lettre nu Pasteur, d'après l'édition
de Cramoisi de 1G33. Une notice du Père
I.abbc sur saint Jean Climaque précède ces
ouvrages.]
Nous avons plusieurs éditions de saint
Jean Climaque eu d'autres langues, savoir,
une italienne, imprimée à Venise, chez Ma-
rinelle, en 1585 ; une en grec vulgaire, par
les soins de Margunius, évêque de Cythère,
mise sous presse en la même ville, en 1590 ;
une espagnole ;Y Tolède en 1504, et à Sala-
manqucen 1571, celle-ci est de la -traduc-
tion de Louis de Grenade ; une française,
dont on est redevable h M. Arnaud d'An-
dilly. Elle vit le jour pour la première fois à
Paris, en 1654, in-12. Mais ayant trouvé de-
puis divers manuscrits grecs, tant des œu-
vres de saint Jean Climaque que d'Elie de
Crète, son commentateur, il retoucha sa
cm
première édition sur ces originaux, et eu
donna une nouvelle édition, en 1661, in-12,
ciiez Pierre le Petit, avec une nouvelle Vie
de ce saint aldié, tirée de ses écrits et de
celle qu'en adonnée le moine Daniel, auteur
contemporain; et d'amples éclaircissements
sur chaque degré de l'Echelle sainte. On lui
a itonn(' place avec les mêmes éclaircisse-
ments dans le recueil des onivres diverses de
M. d'Andilly, à Paris, chez le même impri-
meur, en 1675, in-fol.
[La version «jui parut îiOttobure, en 178i,
in-8, est moins une version proprement dite,
qu'un compendium qui rend le vrai sens du
livre plus brièvement et plus clairement, et
avec une grande liberté.]
41. On peut remarquer dans le Commen-
taire de l'abbé de Raïtlie la définition qu'il
donne de la conscience, qu'il ne distinguo .
pas de la loi naturelle. Elle est seltin lui '
une étincelle de la lumière divine accordée
h l'homme, et comme semée dans lui dès le
moment de sa création, qui lui fait connaître
le bien et le mal. Il regarde comme divin ^le
précepte de confesser ses péchés aux prêtres
pour en recevoir l'absolution, et prouve son
sentiment par les traditions des apôtres
et par les régies qu'ils ont établies dans l'É-
glise catholique sur ce sujet. «Dieu, ajoute-t-
il, n'a pas fait l'homme afin qu'il pérît , mais
afin qu'il se sauvât en servant son Créateur.
C'est pour cela que les vocations des hommes
sont différentes, et que les grâces dont Dieu
les favorise ne sont pas les mêmes. L'un ai-
me à exercer l'hospitalité ; l'autre, à vivre
dans le repos et dans la retraite ; celui-ci
console et exhorte les affligés ; celui-là met
un frein à sa langue et vit dans le silence. Il
y en a qui ne mangent qu'une fois la semai-
ne ; d'autres qui mangent tous les jours.'» Il
Remarques
sur le com-
Hipnlaire d«
Inliliédo Hiï-
the.
' Conscienlia est scintilla diviin luminis in ho-
mine comlilo suhseminnta a principio... ostendens
ei bonum et malum, et hœc conscientia vocalur
lex naturalis. Joau. de Raïtha, in Climac, pag.
510.
s Quia confiteri simpliciter pecc.ata tenemur ex
nccessitale divini mandnli, patet ex apostolicis
lrndilioiiH)US cl regiUis ab vis propositif: Eccle-
sia-catholicœper Spirilum - Sanctum , quorum ca-
noncset inslilula tcnenles.Vci saeerdotibus, juxta
eorum prœceplum, peccnla conftlentes indulgen-
tiam et remissionem accipere efficimur digni.
Ibid., pag. 311.
' Est igitur aposlolica tradilio de divisione et
ordinatione poenilcnliuin, purgandorum et cale-
chumenorum. Sunl vero panilenlium quinque
loci : locus Plorantium, cum pœnitens slat extra
ambitum Ecclesiœ, et procidiris cum fletu, ab in-
gredienlibus postulat orationem, aille ipsorum
pedes proslralus. Locus qui dicitur Àudientium,
ante portas quœ basilicœ dicunlur, ad audiendum
ofjlcium dirinum, ubi pœuitcntes ditinum offl-
cium nudiunl. Subsequeslralio, quœ est statio
ecclesiœ , inlra amhilum ccclesia^ in posteriori
parle nmbonis. IJnde et qui ibi est, in exclama-
tione quœ fit ad cgressuros, et ipse cum cis egre-
dilur Consislorium, ibique slatuilur, qui us-
qiie ad complemenlum sacri mysterii persererat.
Statio vero, cum fidelibus fit participatio rivifici
panis et communicatio, et libalio calicis Domini.
Ibid., pag. 513, oU,
692
HISTOIRE GKNKHALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rapporte aux apôtres l'établissement des di-
vei-s de^rrés de pénitence. 11 y avait un lien
destiné pour chacun. Le premier (-tait le lieu
des pleurants. Prosternés hors de l'église
aux pieds de tous ceux qui y entraient, ils
imploraient le secours de leurs prières. Le se-
cond était le lieu des auditeurs : c'était devant
la porte de lé^jUse ; là, ils entendaient réci-
ter l'ollice divin. Le troisième, se nommait
la sjiqucstration : il ••lait dans l'enceinte de
l'église, mais derrièie i'auihon ou tribune,
en sorte que les pénitents étaient séparés
des fidèles. Aussi ces séquestrés sortaient
de l'éirlise avant l'ollertoirc avec tous ceux
il qui le diacre criaiUà baule voix de sortir.
Le quatrième était appelé consistoire, et on
appelait consistants ceux qui y étaient feu
pénitence, parce qu'ils priaient debout : il§
ne sortaient point île l'cglise, que l'oblation
du sacriGce ue fut achevée. On donnait au
cinquième endroit le nom de station : les
pénitents réconciliés s'y trouvaient avec les
fidèles , el participaient avec eux au corps
cl au sang de Jésus-Christ. De la manière
dont l'abbé de Raïthe parle de ces degrés de
jiénilence, il parait qu lis étaient encore en
usage de son temps dans l'Kglise grecque,
c'est-à-dire, dans le septième siècle. [Le
Commentaire de l'abbé de Raïthe est re-
produit au tome LXXXVIII de la Patroloijie
grecque, col. 1:211-1248. ]
CIIAPITUE LXV.
lAgathias poëte et historien grec [5901 ,J Auremond abbé da Maire [vers
l'ao 625J, Sonaace évêque de Reims, Florent prêtre de
l'église de Trois-Châteanx.
Ae.tM..s 1. [Agalhias, poëte et historien, né à My-
î,?" "comî: rine, ville Eolienne de l'Asie, vint à Coiislan-
SrProeoK." tinople, où il s'attacha ;\ la profession du bar-
reau. Il a continué Y Histoire de Procopc de
Césarée, depuis l'an 332 jusqu'à l'an ooO de
notre ère. Cette histoire, eu c\\v{ livres, a
été publiée , pour la première fois , par
Bon. Vulcanius, Leyde, lal)i, in-4° ; il fit
imprimer, lu même année, sa traduction la-
tine et ses notes, également iu-4°. Ou a
réimprimé le tout auLouvrc,en KjtiO, in-fol.,
pour faire suite à la Bysantine. C. F. Nie-
biihr a revu le texte grec sur deux manus-
crits et sur les dill'érentes éditions, et l'a
publié ù Bonn, en IS.'iS, avec la version la-
tine et les annotations de Vulcanius. Le tome
LXXXVIII de la l'alrolnf/ie grecque, col. 1249,
a reproduit celle ('■dition. L'ouvrage a été
traduit en français par le président Cousiu,
dans le tome H de sou J/isluire de Consfan-
tiiiopli'. Agalhias avait fait un Recueil des
épigrammalistes grecs qui avaient écrit de-
puis Auguste, pour faire suite aux Antholo-
gies précédentes. Ce recueil ne nous est pas
parvenu, mais il se trouve en grande partie
dans les .\nlhologies de l'ianudc et de Con-
stantin Cephalas.
Il nous reste d'Agalliias un assez grand
nombre d'épigrammes, recueillies par Briinck
dans le troisième volume de ses Analecta :
ses vers valent mieux que sa prose ; sa dic-
tion est prolixe , peu naturelle, et remplie
do termes uniquement consacrés à la poé-
sie. 11 est encore plus difficile de lui pardon-
ner son peu de jugement et sa légèreté d'es-
prit. L'envie d'étaler toute son érudition
l'enlrainc toujours hois de son sujet. 11 n'a-
vait aucune idée de la manière d'écrire l'his-
toire ; on trouve toutefois dans son ouvrage
des choses curieuses et exactes '. Il parait
plus versé dans la connaissance des choses
de l'Orient que dans celle de l'Italie. Nie-
bulir le met bien au-dessus de Procope ,
pour les qualit('s pei-sonnelles, tout eu le re-
connaissant bien inférieur pour le génie civil
et la prudence militaire '.J
' Exlrail l'U partie ili" la /ii'o!/ra;i/iic i'nitcrselle bris hisloriaruni, ùdil, iligm'. luin. I.NWVIII,
de Mi.li.ni(l,arlirl.; Agatliiaii. (/.'cVii/ewr.) col, 1-255. {L'éditeur.)
« Voyez De VUa Agalhiœ Myrinwi. n
usque ti-
[Vir SIl'xi.E.l
CHAPirnE LXV. — AnATITIAS. snXNACE, ETC.
693
Aiitjmond 2. (In u':\ noinl d'autre raison do moltio
■ .tni jiinicn. Aurciiioiul ail rai)'; dos i.'Oi'i vains occlcsias-
ticjuos, (|iio paico ([ii'on lo iniil autour d'une
Vie de saint Junion, premier al)bé du mo-
nasli^'ie do Maire, mort vers l'an 587. Ulfin
Booco, qui on écrivit une du mônic saint,
sous le rôfçne de Louis-le-l)(''l)onnaiie, dans
le i.V siècle, mar([iie eu cllct tros-cUiireuKint
qu'il avait été guidé dans sa narration par
les méuioiros d'Aui ;'inond. « Suint Jiinicn'' ,
ilil-il, .s't'.twj'rt nirr (an/ d'assididlé et <k' am-
sfance dans la pratique des commandements de
Dieu, et commença à se ixmdre si reeommanda-
lilc par ses vertus, que, rempli de temps en temps
de l'esprit de prophétie, il voyait les choses dont
il était éloif/né, et prédisait l'avenir. J'en raji-
porterai quelques eremples, ceux-là surtout
qu'Aurémond, son /i/s spirituel, son compagnon
inséparahle, son ministre et S07i disciple, trans-
mit à la postérité dejiuis la mort de ce saint
homme. » Booce ajoute : « Plusieurs de ses
miracles sont parvenus à notre connaissance, par
le récit qu'en a fait Aurémond , qui a vécu
longtemps après lui, et qui gouverna d'une ma-
nière irrépréhensible le troupeau confié à ses
soins,» c'est-à-diro lo monastère do Maire,
dont il fut fait abbé iinmédialomont apios la
mort de saint Junion. Il faudrait, ce semble,
faire violence aux termes de Booce, pour les
expliquer d'une tradition orale dont Auré-
mond aurait été le principe. Aussi tous ceux
qui les ont examinés les ont pris à laletho.et
entendus d'une Vie faite par Aurémond, et où
Booccav.iit puisé pour composer la sionne. Il
nous apprend'' que saint. 1 union le baptisa el
fut en même temps sou parrain , et qu'il lui
donna dans le baptême le nom d'Aurémond,
parce qu'ayant trouvé sa mère réduite à une
l'xîrème nécessité lorsqu'elle était enceinte
de lui, il lui avait donné uuo pièce d'or pour
la soulager elle-même, et fournir aux besoins
de son enfant, qu'il prit soin de son éduca-
tion, le fil élever au sacerdoce, et partagea
avec lui le gouvcnioment do sou monastère.
Il ne nous reste rien de l'écrit d'Aurémond
que ce que l'on eu trouve dans celui d'UlIln
Boëce. Ce qu'il dit, que saint .lunien baptisa
et leva des fonts de baptôino Aurémond, est
roinan[ual)lo. Saint Homi \ arcliovéïpio do
Iteiiiis, eu usa ilo minno à l'i'gard de (Jlovis,
comme on le lit dans le testament de ce salut.
Or. lit aussi dans la Vie de l'abbé Sidoliis,
qu'il tint sur les fonts do bapléino un enfant.
Mais lo promior concile d'Aiixerre, vers l'an
580, défendit par sou vingt-cinquième canon
aux abbés et aux moines d'être parrains. On
met la mort d'Aurémond vers l'an 02.""). Le
monastère de M;iiré, dont il fut abbé depuis
l'an 587, a été transféré depuis sa mort à
Noaillé, ;'i deux lieues de Poitiers.
3. Sonnace faisait les fonctions d'arcbi-
diacre dans l'église de Reims, lorsque Ro-
mulfo, qui eu élait évoque, l'envoya à Cliil-
debert II "' pour en obtenir la restitution de
quelques terres, et la confirmation de son
testament. Ce prélat étant mort sur la lin du
sixième siècle, Sonnace fut élu pour lui suc-
céder. Il gouvernait encore cette église eu
C2."î, puisqu'il présida à un concile qui se
tint à Reims cette année-là. Mais on doute
que son épisco[)at ail duré jusqu'au règne de
Dagobert, qui commença en 628. Du moins
est-il certain que Leudégisile gouvernail l'é-
glise de Reims dans le temps que Dagobert l^'
régnait on France, el il y régna jusques vers
l'an 637 ou 638. Nous avons sous le nom de
Sonnace, dans les collections des conciles
et dans la Bihlioth'eque des Pères, des statuts
divisés en vingt-et-un articles, sur l'admi-
nistration des sacrements et la conduite des
ecclésiastiques. Il n'est rien dit de ces statuts
dans Flodoard, qui toutefois a rapporté les
canons du concile tenu à Reims sous l'épi-
scopat de Sonnace, et a donné le précis de
son testament ". N'était-il pas naturel que,
faisîiut l'iiistoire de cette église, il y insérât
des lèglouiciils qui, en un sens, l'intéres-
saient plus que ceux que le concile avait
faits pour les églises de France en général?
On convi( nt qiio Flodoard a omis plusieurs
pièces qui auraient pu trouver place dans son
histoire; mais elles étaient ou moins con-
nues, ou moins intéressantes que celle-ci,
qui devait se trouver entre les mains d'un
Sonoaco,
éTËquu de
Rotais. Su-
luts qui por.
tunt son aein.
1 MabiUon., Act. Ord. S. Beneclkti, Unn. I, pag.
29G; ûiuii. 12 et II. liulteau. Ilist. occid., tom. I,
pag. 2:n.
- Vila S. Juniuni, tom. I Act. Ord S. Bcnedicti,
pag. 20(1, muii. 12 pt 14.
' Al iibi euin ad trititcm pHcrilem perdnxil,
conspeclilnis sancti firi obliilit, qui secuiidum
Sakaloris nostri prœceplumsacris fonlibus eum
propriis manibus initiavit. Ipse enim de sacro
sancto baptismale suscepit, el filiuin spirilalem
adcjilus est. Aununmuvdum vocavit, ea videliccl
ex causa, qnasi aura einplum quia aurum ma-
tri dederat imde ipsnin fUiuiii entUrirel. Ibid.,
mim. 3.
'• .Mabillon., uol. in hune Incwu.
5 l''liji.l(iard., lib. Il, liip. iv, v. — « Ibid., cap. V.
C94
HISTOIRE GÉ.NKllALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
C« qu'il va
d« r«<iiirqut-
I*l9 daos CCS
«titulî.
grand luunhre de personnes, puisqu'elle re-
gardai! tout le diocèse de Heiius ; du moins
devail-elle cire dans les archives de l'église
de Keiius, cl conséquemmenl à la portc'e de
Flodoard, puisqu'il en élait le gardien. Le
dénomhreuieut que l'on fait, dans le ving-
tième slalul, des jours que l'on devait fclcr
pendant l'année avec cessation de palais,
est une autre preuve que Sonnace n'en est
point l'auteur : car on y met entre ces fêtes
celle de la Nativité de la Sainte-Vierge, qui
n'a été de commandement, c'est-à-dire chô-
mée par le peuple, que dans le di.xième siè-
cle, quoique l'on en lit l'oUlce dans l'Église
longtemps auparavant. Ou la trouve marquée
dans un calendiier ^ du temps de Louis-le-
DcLonnaire, c'est-à-dire dans les commence-
ments du neuvième siècle, et dans le Mar-
tyrologe qui porte le nom du vénérable Uè-'
de. Saint jiouil'ace, évéquede Mayence dans
le huitième siècle, ajouta aux fêtes ^ que
l'on faisait dans son diocèse celles de l'As-
somption de la Vierge et de sa .Nativité. Mais
on ne voit point qu'elles aient été reçues en
France dans le même temps; et il n'en est
rien dit dans uu calendrier de Corhie, d'en-
viron mille ans. Dom Mabillon ', qui cite ce
manuscrit, le croit d'une assez grande auto-
rité pour contrebalancer celle des statuts
attribués à Sonnace, louchant le temps de
l'établissement de la fcte de la Xativité de la
Sainte-Vierge ; et il ne fait aucune difficulté
de les juger postérieurs au siècle dans lequel
cet évèque a vécu. Quoi qu'il en soit, voici
ce qu'ils contiennent de remarquable.
4.11 est ordonné aux pasteurs * de se con-
former dans la doctrine de la foi à la tradi-
tion de la sainte Église i-omaiue ; d'instruire
leurs peuples de lutililé des sacrements et
des raisons de leur institution ; de les admi-
nistrci' giatuitement ; de proférei' avec atten-
tion la l'urm(; du baptême, et de s'informer
des parents quel est celui que l'on présente
pour être baptisé; de ne point négliger le
Sacrement de Confirmation., dans lequel on
leçoitdu Saint-Esprit le don de force, et une
grûce abondante; d'obliger les lidèlcs à as-
sister au sacrifice de la Mrsse les jours solen-
nels et de dimanche, sous peine de privation
d'entrée de l'église et de la sépulture ordi-
naire, au cas où ils s'en absenteraient deux
fois en un an. Ou réserve aux pasteurs seuls
la confession des pénitents pendant le ca-
rême. Les prêtres doivent célébrer au moins
deux fois dans le mois. L'eucharistie sera
portée aux malades dans un vase décent,
précédée de llambeaux, et ceu.v qui iront en
voyage la recevront par forme de viatique.
Elle sera encore accordée à ceux qui sont
condamnés à mort, comme un secours né-
cessaire dans une circonstance où la mort
est certaine. Pour être admis aux ordres, il
faut avoir un bénélice sullisaut pour- sa sub-
sistance ; ce qu'on laisse a l'examen de gens
de probité et sermenlés. On ne donnera la
tonsure qu'à ceux qu'on est moialemeul
sur de faire monter à des degrés supé-
rieurs. On portera l'Exlrême-Onction au ma-
lade qui l'aura demandée. Les clercs vivront
en commun, et leur maison sera ouverte aux
pauvres. On fera des suU'rages pour les morts,
et l'on n'appliquera les messes que suivant
l'intention des fondateurs. Les fêtes qui se
célébreront avec cessation du palais sont la
Nativité du Seigneur, la Circoncision, l'Epi-
phanie, l'Annoucialion de la Sainte-Vierge,
la Résurrection du Seigneur avec le jour sui-
vant, son Ascension, la Pentecôte, la Nativité
de saint Jean-Baptiste, les fêtes des apôtres
saint Pierre et saint Paul,r.\ssomption delà
Sainte-Vierge, sa Nativité, la fêle de saint An-
dr(î apôtre, cl tous les dimanches. On ne voit
point dans ce dénombrement la fête de Tous-
les-Sainls établie en France avant le miheu
du neuvième siècle, quoiqu'elle le fut à Rome
dès les commencements du septième; ce qui
est une preuve de l'antiquité de ces statuts.
Colvcnerias, ou Gouveuier, les a fait impri-
mer le premier à Paris, en Mil I , sur un ma-
nuscrit de l'abbaye de Marmoutier, à la suite
de l'Histoire de Flodoard, d'où ils ont passé
dans l'Histoire de la Métropole de Reims, par
dom Marlot, dans les Conciles de Rinius, du
P. Lalibe, [de .M:msi,' dans la llUdiotlihque des
' Ton). X Spicilegii, pag. 138, 128.
» Mabillon., Lilurg. Gallican., pa". lO.'i.
' Sœculo si'iilimo non maguopere accrevit fes-
toruin in Oultia numerus. Scio niullo plura nu-
merari in quoilam concilia rcnicnsi quoil ex co-
dice mss. înajoris lllonasterii liiniits nuit. Vcriint
concilium itludlonye rccentius esse consljl. Ua-
joris est aiictorilalis, et quidem certe, Calenda-
rium vcluslissimum ali annis ferc mille scriptum,
quod kabcinus ex Uibliollicta Corbviensi; in quo
votatur tialendis febniarii deposilio sancla: .tfd-
nœ virijiiiis. Maliiiloii. , Lilurg. Gallican., pag.
lui.
* 'l'om. V ConciL, lag. 1U9J.
•
FioifHI ( rô.
cl.. Iruiftili-
[vir siÈOLK-l r.IlAlMTHl': IAVI.— ImiROT
Pires, à Lyjon, en 1077, [danslo lomoLXXX
do l;i Palruhgie ladtw, col. iW-tli, avec
une notice du (îu/li'a i:/i>-istiiitia. (In lés trou-
\e aussi dans les Artis do hi jirovince errlé-
sinsfiqiie dp /{tims pu!)liés par Mgi dousset,
Reims, 1842-1811, A vol. in-t.]
5. Florent, prèlrL'iieri'^iise de Trois-CliA-
leaux, ville ('pisio|)ale ilé|)piulanle de la mé-
lro[)ole d'Ailes, a l'crit la Vie de sainte Ihis-
ticule, abijessc d'un monastère que saint C(5-
saire avait t'Iabli en celte dernière ville. Il y
fut enyaué (lar les instances de Cclse, qui,
ce semhle, avait succédé immtfilialement i\
sainte Uusticule ; et ce fut d'elle (pi'il reçut
les mémoires pour composer la vie de cette
sainte. 11 en apprit aussi des circonstances
de plusieurs personnes qui l'avaient vue et
qui l'avaient connue particulièrement; ce
qui doit donner un grand poids à ce qti'il
raconte. C'est en même temps une preuve
qu'il écrivait peu après la mort de sainte Uus-
ticule. 11 le dit assez clairement en un en-
droit ', où il témoigne qu'il appréhendait de
renouveler la douleur que cette mort avait
causée à Celse et à toute sa communauté.
On trouve cette ^'ie dans le second tome des
Actes de l'ordre de saint Benoit *, par dom
Mabillon. Le style en est simple, clair, no-
iiKi-;, iiYi'Éniîcmus, etc. 69S
ble et pi'oprc à inspirer de lu piété. André
Ducliesne en avait dt'jà donné quelques frag-
ments dans le premier tome des historiens de
Fraïu-e '. Husticide ('lail n(''e de N'ali'ricn et
deCh'mcnlia.Quoiipi'ils fussent de Provence,
Florentin leur donne le imm de romains, par-
ce que la Provence était une province des Ro-
mains. Klle cul deux noms dans le liaptème,
Rusiicule et Marcia. Dès son enfance, elle
fut mise sous la conduite de Loliola, ahbesse
du monastère de Saint-Césaire ; ses progrès
dans la vertu la lirent choisir pour lui succé-
der. Lille savait par cœur tous les psaumes
et les autres livres de l'Mcriture. Accusée au-
près du roi Clotaire d'avoir nourri en secret
Ricimci-, elle fut obligée, contre le prescrit de
la règle de saint Césaire, de sortir de son
monastère pour aller se justilier. Son voyage
eut un heureux succès, et le roi, ayant re-
connu son innocence, la renvoya à Arles
avec honneur. Elle y mourut âgée de plus de
soixante- dix ans, après avoir chanté avec ses
religieuses l'office de vêpres et de compiles,
que l'auteur de sa Vie désigne sous le titre
d'office de la douzième heure du jour, c'est-
à-dire à six heures du soir. On met sa mort
en 632.
CHAPITRE LXVI.
Dorothée archimandrite [au commencement du VU' siècle], Hypéiéchius prêtre,
Antiochus moine de Saint-Sahas.
[Écrivains grecs.]
Il y a plu-
jlcurs Doro-
lliéc archi-
niaatliitc^.
I. On trouve dans le premier tome des Or-
thodoxographes, dans VAuctuariinn de Fron-
ton-le-Duc, en lG2i, dans le onzième de la
Bibliothèque des Pères, à Paris, en 1644, et
dans le cinquième tome de la Bibliothè-
que des Pères à Lyon', vingt-quatre Discours
ou Doctrines sur la manière de vivre avec
piété, qui portent le nom de Dorothée, ar-
chimandrite ■". Il y a eu plusieurs anciens
moines de ce nom, et qui ont eu aussi la
qualité d'archimandrite. C'est ce qui a donné
lieu à une grande variété d'opinions sur le
vrai auteur de ces discours. Pallade, dans
son Histoire Lausiaque ", parle de deux Do-
rothée, l'un et l'autre archimandrites, qui
vivaient dans le quatrième siècle. On en
connaît un troisième qui fut disciple de Jean
dit le Prophète, qui l'avait été lui-même de
» Xum. 29 et 32.
* Tom. II Âct. Ordin. S. Benedicli, vaô'- 13u.
5 Tom. 1, pag. 56'», 565.
* Daus le tom. XII des anciens Pères par Gal-
land, d'où ils ont passé daus le tome LXXXVllI de
la l'atrulogie grecque, col. 1611-1816, arec la uolico
de Gallaud. [L'cdileur.)
5 Ces sermons ont paru séparément par les soins
de Baltliazar Cordier, à Anvers, 16't6, in-12; à Cré-
mone, 1393, in-8, par les soins et avec la traduc-
tion de Chrysostome Calabrais; à Ii;golsladt, en
1616, in-12, avec quelques opuscules. (L'cdileur.)
6 l'allad., in Uist. Lausiac, cap. u et xxxvj, et
Sozomen., lib, VI, cap. xxvi.
696
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Bai*sanuphius ', vers l'un 550. Ce Dorothée,
après être sorti du monastère de l'abbé Se-
ridus, enbâlitun, où il assembla des moines
qu'il gouverna. Il fut allaciié au parti et à la
doctrine de Sévère, l'un des chefs des euly-
chiens. Allatius * fait menliou d'un quatriè-
me archimandrite du nom de Dorothée, sur-
nommé le Jeune, parce qu'il vivait vers le
commencement du onzième siècle. Quoique
les deux premiers Dorothée fussent archi-
mandrites, ils ne l'étaient que des solitaires
ou ermites qui vivaient dans des cellules sé-
parées. Cela paraît par le récit que Pallade
fait de leur manière de vivre. Le troisième
demeurait avec des moines, avec qui il vivait
en commira à la fa(;on des moines appelés
cénobites. Le quatrième menait aussi la vie
commune, avec mille moines qu'il avait sous
sa discipline,
tes Tiuji- 2. Un anonyme grec dont on nous a don-
moM'oo dÔÎ- né le Proloi(ue ' sur ces vin^t-ciuatre ser-
Doroihéc, dis. mous OU doctruies, prétend au ils sont de
c [le de Je*n. ,,.„,,, \, , , . ,.
1 ancien Dorothée ; et il n eu rend point d au-
tres raisons, sinon qu'iiS renferment une
saine doctrine ; qu'ainsi ils ue peuvent èUe
de Dorothée le Sévérien : ne faisant pas ré-
flexion que, quelque attaché que soit un
écrivain à une secte hérétique, il n'en répand
pas toujours le venin dans tous ses écrits,
surtout lorsqu'ils n'ont que peu ou point de
rapport â son erreur. Mais ce qui fait voir
qu'ils ne peuvent être d'aucun des deux an-
ciens Dorothée, c'est qu'ils sont composés
pom' des moines qui vivaient eu commun,
et non pour des ermites. Ceux-ci n'avaient
point de cellérier qui pourvût aux besoins
d'un grand nombre de solitaires répandus
çà et là dans les déserts. Parmi les discours
de Dorothée, il y en a un, c'est le dix-hui-
tième, qui traite exprès du cellérier et de
son ollice. Il fiut donc les attribuer à l'un
des deux Dorothée qui ont gouverné des
monastères où l'on menait la vie cénobiti-
que. Ce ne peut être à celui qui vivait dans
le xi'' siècle : personne jusqu'ici ne les lui a
donnés, et les manuscrits où U^ se trouvent
paraissent plus anciens. Ainsi il parait qu'on
doit en faire auteur le Dorothée seciatcm-
des sévériens, dans les vr et vii' siècles. Il
cite quelquefois l'abbé Pasteur dans ses lot-
> Evag., lib. IV, cap. sxxni.
» Allatius, De Simeoiiibug, {jnit, 101.
' Ordin., toni. I Script. Ecdesiast. , pag. 1C30, et
toiu. V Uibtioth. Pat., r"b'- "02.
' Toiu. V mblioth. Pal., luig. 'J02.
très : L'abbé Pasteur a dit avec beaucou/i de
sagesse qu'il ne fallait pas s'inquiéter du len-
demain. Si cet abbé était l'ami de saint Jean
Climaque, il faudrait dire que Doifilhée lui
a survécu. Mais il y a en plusieurs anciens
abbés de ce nom, comme on le voit dans les
Vies des Pères '.
3. Le premier de ces Discours est sur le c«<i«t««.
tlcDoeol CM -1
renoncement a soi-même . Dorothée prouve J'"»» '•• I
' [Leor^lrtaoe- i
que les moines y sont particulièrement obli- J^°,' '"°"'- »
gés, et il tire de la figure même de leurs ha- I
bits, des arguments pour les convaincre que
ce n'est pas assez pour eux de vivre dans la
retraite d'un monastère , de renoncer au
monde , s'ils ne se détachent deux-mêmes
et ne renoncent à leur propre vokmté. Dans
le second, qui est sur l'humilité, il cite uue
maxime de l'abbé Jean, dont il avait été
disciple. Il traite dans le troisième, de la
conscience, qu'il définit : Je ne sais quoi de
divin qui ne cesse de nous rappeler à nos
devoirs. La crainte de Dieu fait le sujet du
quadième. C'est là qu'il dit qu'il avait de-
meuré dans le monastère de l'abbé Séridus;
comme dans le cinquième, qu'il avait été
disciple de l'abbé Jean. Il remarque dans le
quinzième, qui est sur le jeune du carême,
qu'il durait huit semaines, parce qu'on ne
jeûnait ni le dimanche, ni le samedi, excepté
le Samedi- Saint, Le dix-septième est une in-
struction pour ceux qui se trouvent chargés
du gouvernement des monastères. Le dix-
hiiilième et le viiigl-et-unième sont en forme
de dialogue. Dorothée instruit dans celui-là
le moine à qui l'on couliait le soin du tem-
porel du monastère. Il explique dans le
vingt-deuxième et le vingt-troisième uue
partie de certaines hymnes tirées de saint
Grégoire de Naiianze, que l'on chantait le
jour de Pâciues et aux fêtes des marlvrs.
Les huit lettres de Doiolliée" sont adres-
sées à divei-s moines, pour consoler les uns
dans leurs infiimilés, et alferuiir les autres
contre les tenlations. Il parle daus la der-
nière des Sarrasins ou Arabes, coujuk; s'il
eut déj.i éprouvé la dureté de leur gouver-
nement. 11 voulait apparemment désiguex'
les Musulmans, dont l'empire, qui n'avait
commencé qu'en 02 J, s'était déjà beaucoup
accru en 635, où ils prirent Damas et s'éta-
5 Tom. V Bibliolh. Pal., png. MOS.
' Ou lc8 trouve «laiis la Patrolugie grecque, à la
suite des Discuui's tle Uurotliée; col. I8j'3-lsl2. (L'é-
diteur.)
vu" SlhXLE.
CHAPITRE I.XVl. — nOIlOTHMK, IIYPlsHKCIlIUS, ETC. 697
porte (le leur cellule avec des verroux de fer ;
une autre, de l'aire montre do leur science
par (les paroles magnirKiuos, la pitU('! cl la
douceur tlovant les riMidrc nxoinniandaMes.
Mirent dans la Plicnicic, et doux ans après
dans la Palestine.
|La première traduction frauraiso do ces
sermons parut i'i Paris, en l(')2!), in-8, par
(,. A. P. avec la Doctrine spirituelle de saint
Gilles d'Assise, et les Sept degrés de la Con-
templntliiii. Fabricius o\\ iiulique une autre
par François lioidon , laite à Paris , on la
même année, in-8 ; c'est sans doute la même.
L'ahbé de Hancé a traduit du S'rec en l'ran-
rais les Instructions de saint /hnitlik', Paris ,
i(i8!), in-,S.|
iijffrf. 4_ Un ne sait point au vrai on quel temps
,m. vivait l'abbé Hyperecnuis. Il parait seule-
ment que c'était avant le milieu du vi" siècle,
puisqu'il est cité jus(pi','> trois l'ois dans le
cinquième livre des Vies des Pères, traduites
de grec en latin par le diacre Pelage ', qui
fut fuit pape en Su."). Photius parle de ces
Vies, sans on nommer l'aulcur ; et Sigebcrt
eu atti'ibue la tradiiclion ù Pelage-, cl celle
du sixième livre des mêmes Vies, au sous-
diacre Jean, qui occupa le Sainl-Siégo de-
puis l'au oGi jusqu'où o7i". Les endroits
cités d'Hypérécliius ' se trouvent mol pour
mot parmi les cent cinquanle-neuf capitules
ou règles abrégées de la vie spirituelle, que
nous avons de cet auteur. Ainsi l'on no peut
douter que l'auteur anonyme du cinquième
livre des 'Vies des Pères ne les ait tirées de
lii. Ces règles furent imprimées en grec et en
latin dans le nouvel Anctucriinn du P. Com-
belis, il Paiis, eu 1G72, et en latin dans le
vingt-septième tome do la Bibliothèque des
Pères. M. Cotelier en a mis huit en grec et
eu latin dans le prouiior touie des Monu-
ments de l'L'ylise grecque. [Le lome LXXIX
de la Patrologie grecque, col. 1471-l.o02, re-
produit les Ri'gles d'Hypérécliius, il'après
Cumbcils. Les éditeurs avertissent qu'elles
devraient se trouver dans un autre volume.]
Elles ont toutes été traduites en français et
imprimées h Paris, chez Pralard, en 1G96,
avec quelques traités de Clément d'Alexan-
drie, quelques discours de saint Athanase,
et les sermons de saint Procle, patriarche
deConstantinople en 434. Le traducteur met
Hypéréchius dans le vi° ou le vu" siècle ,
sans se décider ni pour l'un, ni pourl'au're.
Elles sont principalement pour des moines.
Il y en a une qui leur défend de fermer la
' Plintius, COil. UI8. — * Sigobort, Oe Viris il-
lusl., cap. XVI. — 3 Id., cap. cxvii.
' l.ili. V De Vitis Palruni a Rcsveydo , img. toi,
ïii et 45T, edil. Lwjd., an. 1017.
Ti. La cinquième année du règne d'Ibira- Amioeb».,
* ^ molno de S.
clins, de Jesus-Christ G14, les Perses ', ayant s.ba..
passé le .Jourdain et conquis la Palestine et
la ville do Jérusalem , luèreut plusieurs
milliers de clercs, de moines et de religieu-
ses, brûlèrent les églises, et même le Saint-
Sépulcre, en emportèrent tout ce qu'il y avait
de précieux, les vases sacrés, les reliques et
le bois de la vraie croix. Cinq ans après,
c'est-à-dire en G19, ils piircut Aucyre, capi-
tale de la Galalio, près de laquelle était le
monastère d'Altaline. Ce qui obligea les
moines avec leiu' abbé Euslache d'abandon-
ner le pays et de changer souvent do place,
par la crainte des infidèles. Ne pouvant em-
porter avec eux beaucoup do livres, l'abbé
Eustachc écrivit à Antiochus, moine de la
laurc de Saint-Sabas, en Palestine, <à quatre-
vingts stades de Jérusalem vers le midi, de
lui faire un abrégé de toute l'Ecriture sainte,
contenant en un seul volume facile à porter
tout ce qui est nécessaire au salut. Il le pria
en même temps de lui raconter au vrai la
mort et les vertus des quarante-quatre moi-
nes de la même lame, tués par les Arabes
cinq ans auparavant.
G. Antiochus fit ce que l'abbé Euslache SMémis.
demandait de lui'', mais non pas avec au-
tant d'exactitude qu'il l'eût fait '' , si la
crainte des barbares ne l'eût contraint de
changer, comme les autres, à chaque mo-
ment de demeure. 11 mit ;'i la tête de sa ré-
ponse la lettre qu'il avait reçue de cet abbé.
Puis, venant au récit du martyre de ses
confrères, il dit que, huit jours avant la prise
de Jérusalem, la laure de Saint-Sabas fut
attaquée par les Arabes ; que de tous les
moines dont elle était composée, il n'eu resta
que quarante-quatre des plus anciens et des
plus vertueux; que ces barbares, après avoir
pillé l'église, les tourmeulèrenl cruellement
pendant plusieurs jours pour les obliger à
découvrir les richesses du monastère ; que se
voyant frustrés de leur espérance, ils entrè-
rent en fureur et les mirent eu pièces; et
que ces saints reçurent la mort d'un visage
gai et avec actions de grâces, comme sou-
s Tlionpliaii., ci Chronic. l'aschalc, ad an. (iW.
6 Toiii. Ml Bihlioth. Pat., pag. 21U.
' Senii. uo, pa^'. 2d3.
698
HISTOIRE GKNfiRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
liaitaiit depuis lonplemps d'aller à Jésus-
Clu'ist. II parle ensiiile do ce qui était arrivé
à lui etù ses confrères depuis l'incureion des
Arabes, et des maux qu'ils causèrent dans
la ville de Jérusalem, où ils brûlèrent plu-
sieurs églises. L'aljié;z:é de l'Ecritunr qii'An-
lioclius fit pour l'abbé Eustache , porte le
nom de Pandectes, parce qu'il est composé
de l.'iO discours moraux, (jui renferment des
préceptes cl des maximes sur les jjrincipaux
devoirs du cbrétien, appuyés de divers passa-
ges de l'Écriture et des anciens docteurs de
l'Église ; c'est comme un corps de théologie
morale. Il est précédé d'un p!olo<;uc ; mais
il y manque quelque chose dans nos impri-
més. Le chapitre soixante-sixième peut en-
core être regardé comme une préface, puis-
que l'auteur y rend compte des motifs qui
l'avaient porté à écrire. Il fait dans le der-
nier un catalogue des hérésies, depuis celle
de Simon le Magicien jusqu'à celle des sé-
vériens et des jacobites, ainsi nommés de
Jacob Zanzale, Syrien de naissance et disci-
ple de Sévère ; protestant qu'îl s'en tient
avec l'Eglise catholique à ce qu'ont enseigné
saint Athanase, saint Basile, saint Grégoire
de Naziauze, saint Jean Ghiysostome et saint
Cyrille d'Alexandrie. Suit une Exomologèse
on prière d'Antiochus, dans laquelle il recon-
naît ([uc c'est en punition des péchés des
chrétiens que Dieu a permis que les sanc-
tuaires fussent abandonnés; le peuple mené
en captivité ; les corps des saints jetés de
côté et d'autre sans sé-pulturc, et la ci-oix de
Jésus-Christ, qui est l'espérance de notre
salut, la force et l'ornement de la religion,
enlevée par les barbares '. 11 fait souvenir
le Seigneur de ses miséi'icordcs, et le con-
jure d'en faire sentir les eflets A son peuple.
On trouve après cette prière, dans la ISiblio-
thf'(iiie des l'î-rvs, un discours sur les mau-
vaises pensées ; mais c'est la même chose
que le quatre-vingt-unième chapitre des Pan-
dcctes. Il y eut ime édition de l'ouvrage
d'Antiochus, à Paris, en 1513, par Tilman-
nus. On l'a inséré depuis dans toutes les Bi-
bliothèques des Pères: dans celles de Paris,
en 1571); de Cologne, en 1618; de Paris, en
1644, et de Lyon, en 1677. 11 se trouve aussi
dans VAuctuarium, de l'un 1024, en grec et
en latin, [et dans le tome LXXXIX de la Pa-
tn/ogie grecque, col. 1-4H, 1856, avec une
notice tirée de Fabricius.l
CIIAPITUE LWII.
Modeste patriarche de Jérusalem [après 629], Georges d'Alexandrie |630],
Jean moine d'Antiochc | vers le même temps] [écrivains grecs], Aran-
sins, Eelladins, Juste, Nonnitus et Conantius évoques.
[Ivrivains latius d'Esiiagne au coiiunonccmoul du vu" siècle. 1
HodM» «• •• Zacharie était patriarche de Jérusalem,
"XdëjéruI lorsque les Perses s'en emparèrent en 611.
tc'ù"'. " Ils l'emmenèrent en captivité avec la plus
grande partie de son peuple -, et l'aduiinis-
tralion de son église fut confiée peiidaul son
absence, qui dura jusqu'en 629, à Modeste,
abbé du monastère de Saint-Théudose. Quoi-
qu'il n'eut que la qualité de vicaire , Pho-
tius ' ne laisse pas de lui donner celle
d'archevêque de Jérusalem, parce qu'il en
lit les fonctions. Il prit soin non seule-
moul de la ville, où il lit rétablir les églises
brûlées, mais aussi do tout le diocèse et
de tous les monastères du désert. Il avait
' Fvrlitvdinem nostniin, ornamenlum acdcais,
»(iJt//i.«, inquani, uosliue sprm, neiiipe crucem
Cliriili Iradidisli fidci adversariis. l'ag. 291, (nm.
XII IlibUoth. Pat.
■-' Ou a lie Znrliiirir uiii' lettre à son prujilr |.r>ii-
daiil i|ui' ix't 6vi>(|ue ('•tait eu capliv ilr'. Kllc est
reproduite d'après le loine XII de la lUIiliollirque
des l'îrfs puwr la version, cl le te.xle grec est donné
par Conilji'fis, dnus son livre iuli'.ulé: Sancli Joan-
iii-s Chnjsostumi de educandi'i tiheris, liber aurexis,
Parimx ICri.'i, in-8. Celle lettre est n'pniduilo nu
louie I.NNXVl de U Patroloi/ir greniue, roi. 3219-
32:U, avec uuc iinliee lirt^e de l.eiiiiien. (I.'ddilcur.)
3 PlioUus, cod. aiS, pog. U20.
CHAPITRE LXVII. — MOUKSÏE, fiEORGES, JEAN, ETC.
I
Georg
A AksAndn
Se.* écrits.
[VU' SIECLE.
fiiil trois IJiscours , dont il no reste que des
extraits ' : le premier, sur les lemmcs qui
achetèrent des piirfnms pour embaumer le
corps de Jésus-Christ; le second, sur la
mort de la Sainle-Vierge; le troisième, sur
la fête de la Rencontre onde la Présentation
de Jésus-Christ au temple. Il di.sait dans le
premier, que Marie-Mayileleine de laquelle
Jésus-Christ chassa sept démons, avait vécu
vierge , et soutl'erl le martyre à Éphèsc , où
elle était allée trouver saint Jean l'Évangé-
liste après la mort de la sainte Vierge. Mais
il ne rapportait ces faits que sur des histoires
qui avaient cours de son temps, où l'on ne
distinguait pas la Magdeleine , de la femme pé-
cheresse, comme on a l'ait depuis. Le second
ne paraissait pas à l'holius de même style que
le précédent-. Il était fort longet ne renfermait
rien de digne de remarque. Le troisième expli-
qnail d'une manière figurée la loi qui ordon-
nait d'olfrir en sacrifice des colombes ou des
tourterelles pour la purification des femmes.
2. Le successeur de saint Jean l'Aumô-
nier, ilans le siège d'Alexandrie, fut Georges,
qui l'occupa depuisenviron l'an 6:20 jusqu'en
630. Nous n'avons de saint Jean que son
Testament , où il est dit ^ qu'encore qu'il
eût trouvé dans la maison épiscopale près
de quatre mille livres d'or, il ne laissa en
mourant qu'un tiers de sou , qu'il ordonna
de distribuer aux pauvres. Georges écrivit
la Vie de saint Chrysostomc avec plus d'éten-
due, mais avec moins d'exactitude que n'a-
vait fait Pallade. Il dit même beaucoup de
choses contre la vérité , et qui sont combat-
tues par des témoignages des auteurs con-
temporains du saint. Le style en est simple
et bas, et pèche en plusieurs endroits contre
les lois de la grammaire et de la construction
des termes. Photius a donné l'analyse de
cette Vie '', que Tilmanuus fit imprimer ù
Paris, en 1537. On la trouve dans Surins au
vingt-sept de janvier, dans le huitième tome
des (l'uvn'sdtsaiut Chrysoslome de l'édition
de Savilius, et ailleuis. Georges cite dans
cette Vie plusieui's lettres ' aux empereurs
699
Arcad(! et llonorius et au pape Innocent I".
."t. On n'a pas encore rendu publique
Vllistuire f:/tronolo(ji(/ue, que Jean , moine
d'Anlioche, com|)osa vers l'an 62(t, en la
couiiuenrant à la création du monde et en
la conduisant jusqu'à son temps. Mais nous
en avons des extraits dans le traité des Ver-
tus et des vices (\c Constantin Porphyrogenète,
imprimé en grec et en latin, à Paris, eu l6.'J't,
in-4, par les soins de Henri de Valois, qui avait
reçu ces extraits de Peirescius. Ce traité
n'est pas complet : de quatorze écrivains,
dont Constantin y donnait des extraits , il ne
s'en trouve que de sept, savoir, de Polybe,
de Diodore de Sicife , de Nicolas de Damas,
de Denis d'Halicarnasse, d'Appion, de Dion
Cassius et de Jean d'Antioche : ce qui ne fait
que la première partie de l'ouvrage.
i. Saint Ildephmise '^ met au rang des
hommes illustres Aransius , successeur d'A-
dclpliius dans le siège épiscopal de Tolède,
non à cause de ses écrits , mais parce qu'il
avait de vive voix défendu avec force la vé-
l'ité. Il y met aussi Ilelladius \ successeur
d'Aransius, quoiqu'il n'ait rien laissé par
écrit , content de mettre chaque jour en pra-
tique les instructions qu'il aurait pu écrire
pour les autres. Juste, qui avait été disciple
d'Helladius ', souscrivit au quatrième con-
cile de Tolède, en 633. Il avait l'esprit vif,
et parlait assez bien; mais il mourut dans
un âge i)eu avancé. 11 avait écrit une lettre
à Uichilan. abbé du monastère d'Agali, où il
lui faisait voir clairement qu'il ne devait point
abandonner sa communauté. Nonnitus, évê-
que de Giroue , vivait dans le même temps.
Il édifia plus son peuple par ses vertus, que
par ses discours '. Nous n'avons de lui aucun
écrit. On avait, du temps de saint Udephonse,
des Hymnes composées par Gonantius, évê-
que de Palencia , sur des airs nouveaux , et
un livre de Prières tirées des Psaumes '". Cet
évêque, qui «ivail autant de prudence et de
gravité que d'éloquence, s'était appliqué par-
ticulièrement à régler l'ordre de l'oflice di-
vin. Il mourut vers l'an 638.
Ji'flfi.mnln6
d'AnlIottit.
SoicriU.
Ar.inf!u -,
lI.IMlii, .
Ju,-te, N"ani-
lue,el CODan-
Iitis, Lvcqucs
tl'fc;>p.TJue.
' Ces extraits sont reproduits au tome LXXXVI
de la Patrologie grecque, col. 3273-3278. Ils sont
préi'i5ilé? d'une uoticc tirée de Comliefîs et d'une
autre tirée de Leciuien. (L'éditeur.)
- 11 a été donné au jiublic par Micliel Giaconelli
avec quelques notes , et il est reproduit au tome
LXXXVI de la Patrologie grecque, col. 3277-3312.
Giacumelli regarde ce discours comme important,
parce qu'on y trouve exprimée très au tout,- la tra-
dition des principaux dogmes de la foi catliolique.
Modeste y avance qu'on n'avait rien dit avant lui
sur la mort de la Sainte-Vierge. On célébrait pour-
tant celte fête sous l'empereur Jlaurice, comme
nous l'apprend Nicépliore, lili. XVI), cap. xxvni.
{L'éditeur.)
^ Leout., cap. xiv, num. S9, apudBolland., tom.
Il, pag. 315. — ^ Photius, cod. Oti, pag. 251.
■> Voyez tom. VU, pag. 127. — " llde])hous., De
Viris illust., cap. v. — ' Ibid., cap. vu. — " lliid.,
cap. vin. — '■' Ibid., cap. x. — '" Ibid., cap. xi.
7fKi
niSTOIRE GÉNtHALE DES AUTEURS ECCLKSIASTIQUES.
CIIAriTRE LXVIII.
Jean Mosch abbé [619 on 6201 , et Sophrone évêqne de Jérusalem [639 ou 744 ' ].
[ÉcrivaiDS grecs.]
jMoMofth. 1- I-'un des plus intimes confidents de saint
Hi>.o,ie de s. jg_^|^ l'Anuiônicr. patiiarciie d'Alexandrie,
était le moine Jean, suiiioiiiiué Euciata et
Mosch'. Comme il était savant , le saint évo-
que s'en servait utilement pour combattre
les sévériens et les autres li'ircliques ' Jean
y travailla avec tant .de IVuit, qu'il retira de
l'erreur un grand nombre de bourgades, d'é-
glises et de monastères. JI avait d'abord em-
brassé la profession monastique dans la com-
munauté de Saint-Tli(''odo!;e en Palestine '.
Envoyé par son abbé en Egypte pour les af-
faires du monastère, vers l'anoTS'', il péné-
tra jusque dans le flésert d'Oasis pour y voir
un moine nommi- Léon, qui s'i'-tait acquis
une grande réputation de vertu en donnant
sa vie pour délivrer trois autres moines pris
par les barl)arcs. De retour en Palestine, il
demeura dix ans dans la laure des Elioles,
d'où, après avoir passé en divers autres
nionasléres , il vint en Egypte et s'arrêta <i
Alexandrie ''■. Il y demeura quelque temps
avec Sofihrone, qui l'avait accompagné dans
ses voyages; puis il alla dans l'ile deC'jypre,
de là dans celle de Samos , et ensuite à
Home. Quelqucs-unsmcttentsamort en 0:20,
d'autres en GI9.
2. Ce fut en cette ville que Jean com|)o.«a
son livre appelé le /*/</ sj/irilucl ', comme
étant tout semé de Heurs, c'est-à-dire , de
miracles ou d'exemples rares de vertu , qu'il
avait appris dans ses voyages de Syrie, d'E-
gypte el d'Occident. Il le dédia à Sopbrone,
son compagnon, à r[ui il donne le litre de
Soplusie, parce qu'il avait très-bien éludié
les lettres buuiaincs. l'iiolius dit qu'il était
disiribué en trois cent quatre cliai)ilres ".
Les éditions que nous en avons n'en uietleut
que deux cent dix-neuf. Mais , dès le temps
SonPréffl-
ntucl.
de Photius, les exemplaires n'étaient pas
uniformes quant au nombre des chapitres.
Les uns en avaient plus, les autres moins.
M. Cotelier en a donné cent soixante-seize
en grec et en latin , plus entiers qu'ils n'é-
taient dans les anciennes éditions '. Le Pré
spirituel fut cité dans la quatrième action du
second concile de Nicée sous le nom de So-
phrone, et par saint Jean Daniascèneàla fin
de son premier livre des Images '". On n'en
peut donner d'autres l'aisons, si ce n'est
<pf il était dédié à Sopbrone , et qu'il y eut
beaucoup de part , ayaut sans <loule aidé
Jean Mosch à recueillir les faits édifiants qui
y sont rapiiortés. Au reste, Photius dit net-
tement que Jean Mosch eu est l'auteur ", et
il lui est attribué dans les anciens manus-
crits.
3. Jean Mosch y raconte avec naïvelé ", oigaiiià
d'un style simple, mais vif, les faits tels qu'il ?>"<!';'."'!;«
les avait oui rapporter dans ses voyages par
des personnes qui lui paraissaient dignes de
foi. Son but, daiis cet ouvrage, était do trans-
mettre à la postérité des exemples de vertu
et d'édification, et de contribuer par 1' au
salut du prochain. O qu'il y a de plus inté-
ressant, c'est qu'on y trouve quanlili- de
preuves de la foi et de la discipline de l'E-
glise : Un saint moine de Palestine, qui était
prêtre et chargé de baptiser et d'oindre ceux
cl celles i\\n dcmanth.ieut le baptême, ue
faisait CCS iDuclious qu'avec beaucoup du ré-
pugnance à l'égard des filles et des femmes.
L'évéque, informé (pi'il avait refusé pendant ^ ,,^
deux jours une tille (pii était venue de Perse,
fut touillé de la peine que ce vieillard les-
senlait en tes occasions, et fui sur le point
d'envoyer une diaconesse pour faire ces onc-
tions; mais, se souvenant que cela élaitcm-
' Celte ilcrniiTc date a v\f- suivie par \o pi'Te Pa-
li(,'l)rotli, î'r. prœliin ail lom. III, iinm. lU, pag.
32. (L'éiliteur.)
' Cotcleriiis, in nolis, Idiii. Il, MoiiKHifiit., pafi.
655.
' Yita Jtiiiii. Hleniinfyn., cap. \, iiuni. IIU.
* l'rotogo in Pralum spirilnle.
■' llii.l., i-ap. rxit. — " lliiil., i-ap. rxi\-, r.wii.
■> Plinllns, rorf . Iflll, p.i!;. 51!). — " M., ihid.
' Tiim. Il ilnnunifnt., piiR. 3W.
'" l'iif.'. 328, 3*4, 3:.2.
" Srripliir ejns Jnnnnes quidam, iloschi cog-
nomnilti. l'Iiciliii.-^, iliitl.
" lUtit. Lugdurens. llilT, m Vitis l'ai. Ro:-vc;idi.
ûê Ba(i|. pat'*
63.
Cap.
[vil- SIÈCLE.] CII.VI'ITIIK lAMII. — JEA
(raii'C aux canons, il cliaiigca de senliuient.
Co prèlrc quitta son ministère et le mouas-
lère : mais ayant été rassuré sur ses craintes
dans une vision (ju'ii eut en clieniin, il re-
vint, et baptisa celle i'i qui il avait d'abord
refusé le baptême. Les Grecs faisaient donc
encore alors connue aujourd'hui les onilions
sur plusieurs parties du corps, au fiont, à la
poitrine, au dos, aux oreilles, aux pieds et
aux mains. Ces onctions se font chez eux
avant le l)aplème, avec l'huile des catéchu-
mènes, lis en l'ont d'autres après le baptê-
me avec le saint chrême au l'iont, aux yeux,
aux narines, à la bouche, aux oreilles, à la
poitrine, aux mains et aux pieds. Un frère
du monastère do Cuziba, (jui savait les rits
el les paroles de l'oblation, les piononça
sur des pains qu'il avait commission de por-
ter sur l'autel. Quand le prêtre voulut les of-
frir, il ne vit point descendre le Saint-Esprit,
conmie il avait accoutumé de le voir. Inquiet
là-dessus, il fut averti par un ange que ces
pains avaient été consacrés par les paroles
(pie le frère avait prononcées; ce qui enga-
gea le prêtre à défendre qu'on laissât à l'a-
venir apprendre ces paroles à d'autres qu'à
ceux qui devaient otl'rir le sacrifice. — Une
femme, infectée de l'erreur des sévériens,
était allée un jour chez sa voisine , qui était ca-
tholique, pour communier avec elle, son mari,
qui était aussi de la même secte, courut pour
l'en empêcher, et la prenant par la gorge,
la contraignit de rejeter la sainte hostie, qui
tomba dans la boue. Elle n'y fut pas plus
tôt, qu'un éclair l'enleva. — Il y avait à Pagi-
ne, dans la Cilicie, deuxstyliles, l'un catho-
lique, l'autre sévérien. Le catholique envoya
demander au sévérien une partie de sa com-
munion : celui-ci la lui donna, croyant qu'il
voulait prcndi'c parti dans sa secte : mais le
catholique l'ayant jetée dans l'eau bouillante,
elle fut aussitôt délayée; il y jeta aussi une
partie de l'Eucharistie des catholiques, qui
refroidit l'eau, et demeura sans être trempée.
— Ephrem , patriarche d'Autiochc, sachant
qu'il y avait un solitaire de réputation engagé
dans l'hérésie des sévériens, l'alla trouver,
et le conjura de rentrer dans la communion
de l'Église. Je ne puis, répondit le solitaire,
avoir de communion avec ceux qui soutien-
nent le concile de Chalcédoine-. Pensant éton-
ner le patriarche, il lui proposa d'entrer en-
semble dans le feu, disant que celui qui n'en
serait point endommagé serait reconnu pour
orthodoxe, et l'autre obligé d'embrasser la
N MOSCII KT SOPHRO.NE.
701
même croyance. lOphreni lui remontra .sage-
ment qu'il ne fallait pas obliger Dieu à faire
des miracles; mais voyant qu'il persistait
dans sa pro[iosiliou, il l'accepta. On alluma
un giauil feu; le patriarche pressa le S('^vé-
rien d'y entrer avec lui. Il le refusa. Alors
Ephrem, après avoir fait sa prière A Jésus-
(^lirist, jeta sa propre tunique au milieu du
Ituchcr : on l'en retii'a trois heiu'es après,
sans que la violence des flammes, qui avaient
consumé tout le Ijois, eût donné la moindre
atteinte k la tunique. Le solitaire, ne doutant
plus de la vérité, dit analhèmc à l'hérésie de
Sévère, et retourna à l'Église catholique.
4. De dix disciples qu'avait un saint vieil-
lard dans un monastère près d'.\ntiuoûs, un
était très-négligent dans ses exercices : quoi-
que souvent repris, il ne se corrigeait point.
Il mourut, laissant son supérieur dans de
grandes inquiétudes sur le sort qu'il aurait eu
dans l'autre vie. Le saint pria Dieu de le lui
faire connaître. Sa prière fut exaucée. Il vit
ce frère enfoncé jusqu'au cou dans un grand
fleuve de feu, et lui adressa ces paroles :
« Comljicn de fois ne vous ai-je pas prié d'a-
voir soin de votre àme, pour vous préserver
du supplice où vous êtes? — Je rends grâces
h Dieu , répondit le frère, de ce q«e par vos
prières je n'ai pas aussi la tête dans te feu. »
Un autre solitaire avait dans sa cellule une
image de la Sainte- Vierge qui portait Jésus-
Christ entre ses bras. Le démou l'attaqua en
diverses manières, pour l'obliger de cesser
le culte qu'il rendait à cette image. Ce soli-
litaire, vaincu par ses importunités, promit
qu'il ne l'adorerait plus, et le démon le lais-
sa tranquille. Mais ayant découvert à l'abbé
Théodore ce qui lui était arrivé, l'abbé lui
dit qu'il ne devait point exécuter cette pro-
messe, mais continuer d'adorer Dieu et No-
tre-Seigneur Jésus-Christ, avec sa très-sainte
Mère. — Sous l'épiscopat de Denis, évêquede
Séleucie, un marchand fort i-iche, de la sec-
te des sévériens, avait un serviteur qui fai-
sait profession delà religion catholique. Ce-
lui-ci, selon la coutume delà province, reçut
le jour du Jeudi-Saint la sainte communion,
pour la garder jusqu'au mêmejourde l'année
suivante. Il l'enveloppa d'un linge blanc, et
la mit-dans son- armoire. Obligé après Pâ-
ques d'aller à Constantinople, il la laissa par
mégarde dans cette armoire dont il avait
donné la clef à son maître. Celui-ci l'ayant
ouverte, y trouva les parcelles de la sainte
communion enveloppées dans ce linge. N'o-
702
msTOiRE geni:rale des auteurs ecclesiastioues.
sant pas les consumer, parce qu'elles avaient
été consacrées dans l'Kirlise catholique, il les
laissa on l'état où elles élaicnt. espérant que
son sen-ileur reviendrait : celui-ci n'étant pas
revenu pour le Jeudi-Saint suivant, il résolut
de les bn'iler, afin de ne les pas conserver
jusqu';\ une seconde année; mais ayant ou-
vert l'aruioirc, il vit que toutes ces saintes
parcelles avaient produit des tuyaux et des
épis.
cjp.cLMTi 5. L'abbé Oclavius racontait, que faisant
dans sa jeunesse le chemin de la Palestine
avec neuf autres de son âge, dont un était juif,
celui-ci tomba malade à mort dans le désert.
Ils le portèrenl loiij' ;\ tour : mais voyant
qu'il ne pouvait plus soutenir ce secours, ils
le laissèrent sur le sable. Le juif, voyant
qu'ils l'abandonnaient, les conjura de le bap-
tiser. Ils le refusèrent d'abord, disant que ce
sacrement ne pouvait être conféré que par
des évoques et par des prêtres ; qu'au sur-
plus ils manquaient d'eau. Il insista; et alors
un de la compagnie , emplissant ses deux
mains de sable, en répandit par trois fois sur
la tête du juif, en proférant ces paroles :
« Théodore est baptisé au nom du Père, et
dn Fils, et du Sainl-Esprit. » Tous répondi-
rent : Atnen; et sur le champ le juif fut en-
tièrement guéri. Arrivés tous à Ascalon, ils
racontèrent à l'évêque Denis ce qui s'était
passé. L'évêque assembla son clergé, auquel
il exposa l'all'aire. Les avis furent diUorents,
les uns opinant en conséquence du miracle
que le baptême était bon ; les autres, qu'on
ne pouvait être rc'généré que par l'eau. Le
sentiment de l'évêque Denis fut que le bap-
tême était nul. Il ordonna que le juif serait
baptisé dans les eaux du Jourdain, et fil dia-
cre celui qui l'avait baptisé avec du sable,
cicfi. 6. Dans la province d'Apamée, i\ quelque
distance de la ville de Thorax, des enfants
qni menaient paître des troupeaux dirent en-
semh)le : « Célébrons la messe, nlfrons le sa-
crifice, et communions ainsi (pie fuit Ip prê-
tre dans l'église. » Us choisirent l'un d'eux
pour tenir la place du prêtre, et deux autres
pour l'assister, connue auraient fait un dia-
cre et un sous-diacre; cl pienaut une pierre
élevée pour autel, ils mirent dn pain dessus,
et du vin dans un pot de terre; puis celui
qui faisait le prêtre, se mettant à l'autel, pro-
férait les paroles tle la sainte oblalion; et les
autres, se servant de petits linges au lieu
d'éventails, faisaient élever un petit vent.
Jean Mosch remarque qu'on ne doit point
trouver étrange que cet enfant sût les paro-
les de la consécration, parce que la coutume
de l'Eglise était que les enfants qui assis-
taient à la messe, se tenaient devant l'autel,
et participaient les premiers après les clercs
aux adorables mystères : ce qui faisait que
les prêtres prononçant tout haut en (juclques
endroits les oraisons de la consécration, ces
enfants les leur avaient entendu dire si sou-
vent, qu'ils les avaient retenues. Il ajoute,
qu'ayant donc observé ponctuellcnicnl tout
ce qui se pratiquait dans l'église, lorsqu'ils
étaient près de rompre le pain, le feu du ciel
réduisit en cendres et la pierre, et tout ce qui
était dessus, sans qu'il en restât quoique ce
fût. Il joint à ce récit celui que Itullin fait du c>p. oi.
baptême conféré par saint Athanase encore
enfant, et dit que ce saint évêque était du
sentiment que ceux qui se faisaient baptiser
par crainte, sans avoir la foi, ne laissaient pas
d'être baptisés, encore que le baptême ne
leur servit de rien pour le salut. 11 rapporte ««'
qu'à Céane, ville de Cilicio, il y avait des
fonts liaptismaux qui s'emplissaient d'eux-
mêmes en trois bem'es le jour de l'Epipha-
nie, et se désemplissaient visiblement en au-
tant de temps, lorsqu'on avait achevé de bap-
tiser : qu'il y en avait d'autres, dans le châ-
teau de Cadebrale, en la même province, qui
n'étant que d'une seule pierre, se remplis-
saient d'eux-mêmes en uu moment le jour
de Pâques , et que cette eau y demeurait jus-
qu'au jour^le la Pentecôte, après lequel elle
disparaissait aussitôt. Il dit ailleurs que les
parrains servaient de caution pour le baptême
des personnes inconnues, ou dont la conver-
sion était suspecte. Quelque extraordinaires
que paraissent les événements que nous ve-
nons de rnpporter, ils prouvent du moins la
croyance de Jean Mosch sur l'Eucliarislie,
sur l'utilité de la prière pour les morts, sur
le purgatoire, sur le culte des images. Ils
sont aussi les témoignages de l'usage oii
l'on était de son temps d'oiiulre les baptisés
presque dans toutes les parties du corps,
de conserver l'Eucharistie, de l'emporter
dans les maisons jiarticulières, et de s'en
cnmnninier soi-même. Los autres histoires
qu'il raconte, renferment des exemples sin-
gtdiers de patience, d'humilité, d'austé-
rité, de simplicité, la plupart ])lus ;\ admi-
rer qu';\ imiter. Il mourut à Rome, et, sui-
vant ses ordres, Sophrone transporta son
corps dans un coure de bois, qu'il déposa
dans le monastère de Saint-Théodose, jus-
CCHI.
CHAPITRE LXVIII. — .IKAN MOSGH ET SOPHRONR.
K.nUoiM lin
' Hn* «plitlitrl.
i* de Je*
[VU'" SIKCI.E.]
([ii'à ce ([ii'il pûl être pciik' au iiionaslôre du
Monl-Sinaï, dont les AiaLes cmpécliaicnl
alors d'approcher.
7. Le Pré spirituel fut imprimû en lalin,
delà traduction d'Ambroise Ganialdulc,dans
le septième tome de Lipoman à Venise on
lo.'iS, et si-paiémeat à Cologne en 1383 : on
le réimprima en la même ville, en Io'J3 et
1601, i'n-8, avec les œuvres de saint Jean
Climaque ; i^ Anvers, en d6l."j; î^i Lyon, en
161" ; à Anvers, en 1G28 in-fol. , parmi les
Vies des Pères de Rosweyde, dont il fait le
dixième livre. Il se trouve aussi dans toutes
les Bibliothèques des Pères. [11 est au tome
LXXIV de la Pcdrologie lutine, col. IIO-^W].
Nous l'avons en grec el; en latin dans le se-
cond tome de l'Aucttiarium de Fronton le
Duc, à Paris en 1624; dans le treizième de
la Bibliothèque des Pères, imprimée en la
même ville, en 1644 et 1634. Comme le texte
grec n'y était que fort imparfait, M. Cotclier
l'a suppléé, sur trois manuscrits de la Biblio-
thèque de M. Colbcrt, dans son second tome
des Monuments de l'Eglise grecque , à Paris
en 1681 in-4° [il est reproduit au tome
LXXXVII delà Patrologie grccgue, col. 2343-
3116]. Paschal d'Orange, de l'ordre des Frè-
res Mineurs, mit en français le Pré spirituel,
qui fut imprimé en cette langaie à Louvain,
en 1590. Nous en avons une autre traduc-
tion de M. d'Andilly, dans le second tome
des Vies des Pères des déserts, à Paris, en
1633 : mais elle ne commence qu'au sep-
tième chapitre.
8. Le moine Sophrone étant venu de Jé-
lusalem à Alexandrie, Cyrus, qui en était
cvêque, et qui connaissait son savoir, lui
donna à examiner les articles d'un projet
qu'il avait fait pour la réunion des Eglises.
Sophrone, trouvant qu'ils contenaient les er-
reurs d'Apollinaire, pria Cyrus de ne les
point publier ; mais Cyrus n'eut aucun égard
à ses remontrances. Celles qu'il fit à Sergius
de Constantinople, n'eurent pas un plus heu-
reux succès ; et ces deux prélats s'unirent
pour établir le monothélisme. Cependant Mo-
deste, patriarche de Jérusalem, étant mort
en 633, Sophrone fut élu pour lui succéder.
Aussitôt il assembla son concile, et écrivit
une lettre synodale, suivant la coutume,
pour rendre compte de sa foi aux évêques
> Tnm. VI Concil., pag. 832.
2 Sirut enim in Cftristo titraqiie natiira incli-
minule proprietatem suain custodit, ita et opera-
tur ulraque forma cum alterius comnvunicalione
7();i
des grands sièges : d'où vient que, dans
([iielques exemplaires, elle est adressée au
pape llonorius, et en d'autres i'i Sergius, pa-
triarche de Constantinople. Elle changeait
d'inscription, selon les personnes à qui elle
était envoyée, à la manière des lettres cir-
culaires. Cette lettre, qui est fort longue, a
été imprimée en partie dans le huitième to-
me des Annales de Jiaronius, mais seule-
ment en latin. Elle est tout entière en grec
el en latin dans le recueil des actes du sixiè-
me concile général contre les monolhélites
en 680.
9. Sophrone fait d'abord dans celte lettre An.-,i«i
sa confession de foi, où il explique le mys- ".le.""
tère de la Trinité , et l'établit contre les hé-
rétiques qui l'ont attaqué '. Il établit de mê-
me le mystère de l'Incarnation, en s'appli-
quant particulièrement à prouver l'unité de
personne en Jésus-Christ contre Nestorius,
el la distinction des natures contre Euty-
chès. Ces deux vérités établies, il en conclut
que le même Jésus-Christ opérait réellement
ce qui convenait à l'une el à l'autre nature ;
ce qu'il n'aurait pas fait, s'il n'y avait eu
qu'une nature en lui. « Comme il n'y avait
qu'une personne, comment la Divinité aurait-
elle sansDiumanité fait les fonctions corpo-
relles? Ou comment le corps, séparé de la Di-
vinité, aurail-il fait les actions qui sont es-
sentiellement propres à la Divinité? Mais
Emmanuel étant un et le même, Dieu et
homme dans les deux natures, il a fait com-
me Dieu les œuvres qui n'appartiennent qu'à
Dieu, et comme homme, celles qui sont de
la nature humaine. Ce n'est pas un autre
qui a fait les miracles, et un autre qui a souf-
fert ; c'est le même Jésus-Christ : comme en
lui chaque nature conserve sa propriété sans
aucune diminution -, ainsi chacune opère ce
qui lui est propre avec la participation de
l'autre nature. Le Verbe opère ce-qui est du
Verbe, avec la participation du corps; et
la chair exécute ce qui est de la chair, avec
la participation du Vei-be. Les opérations de
chaque nature sont réelles, naturelles et
convenables, el proviennent indivisibloment
de l'essence de chacune d'elles, quoique
l'une n'opère point sans l'autre, toutes les
deux étant unies sans confusion en une mê-
me personne .• c'est pourquoi on ne peut pas
quod prnprium habuil , Verbo opérante quod
Verbi est, cum commuiuone scilicet corpori.t, et
carne cxequenle quod carnis est, communicante
ei videlicet Ycrbo. Ibid., pag. 872.
704
HISTOIRE GKNKHALE DES AUTEUllS ECCLÉSIASTIQUES.
Pa;. 873 el
mir.
Pis. 8S0.
dire (jirelles aient une seule opération réelle,
naturelle et indistincte, parce que ce serait
les réduire ;\ une seule substance ou à une
seule nature, suivant l'eneurdcs acéphales,
les natures ne se connaissant que par les
opérations. »
10. Pour mieux faiie connaîlrc la distinc-
tion des opérations de chaque nature, So-
phronc t'ait preiuiéreiucnt le détail de celles
de la nature liumaine, disant que Jésus-
Christ est né comme nous, qu'il a été nourri
de lait, qu'il a passé parlesditlerents déférés
de grandeur de corps et d'âge, jusqu'à ce
qu'il fût devenu homme parfait ; qu'il a souf-
fert la faim, la soit', la fatigue des voyages,
la douleur des tourments, la mort. Il met
entre les opérations divines de Jésus-Christ
sa conception miraculeuse, sa naissance qui
n'a fait aucun tort à la virginité de sa mère,
la manière miraculeuse dont les bergers et
les mages connurent le lieu de sa naissance,
le changement d'eau en vin, la guérison des
malades, qui, encore qu'exécutée par le
corps, sont des preuves de la divinité. Ce
Père distingue ensuite dans Jésus-Christ
des opératious d'uu moyen ordre ', c'est-à-
dire , qui ont en même temps quelque chose
de divin et d'Iinniaiu. Il les appelle théan-
driques ou déivirilcs, suivant le langage de
saint Denis l'Aréopagite , dont les livres
étaient reçus alors sans contestation, quoi-
qu'on ne les connût pas cent ans aupara-
vant. * Les monolhélites s'autoiisaieut de
cette expression pour établir leur erreur;
mais on leur fit voir dans la suite que le mot
de théandrique renfermait nécessairement
deux opérations, et que saint Denis ne l'avait
employé que pour marquer l'union de ces
deux opérations en une même personne, qui
faisait ' humainement les actions divines, et
divinement les actions humaines. Il faisait les
miracles par sa chair animée d'une âme rai-
sonnable, et unie à lui personnellement; et
par sa vertu toute-puissante, il se soumettait
Yoloulaii émeut aux souffrances qui nous ont
donné la vie.
H. Soiihrone condamne l'erreur d'Urigè-
nc , de Didynic et d'Évagre touchant la
préexistence des âmes, en tout ce qu'ils
avaient enseigné de contraire à la tradition
apostolique; puis il déclare qu'il reçoit les
quatre premiers conciles géiufraiix, de Nicée,
de Conslantinople, d'Ephèse et de Clialcé-
doine, auxquels il joint le cinquième, c'est-
à-dire le second de Constantinople. comme
étant d'une égale autorilii, approuvant tout
ce qu'il avait reçu, et rejetant tout ce qu'il
avait condamné, soit par lapport aux dog-
mes, soit par rapport aux personnes. Il re-
çoit aussi les écrits de saint Cyrille contre
iNestorius, et la lettre de saint Léon à Fla-
vien, comme si c'étaient des décisions de
saint Pierre et de saint .Marc. Ensuite, après
avoir rapporté les noms de tous les héréti-
ques depuis Simon le .Magicien jusqu'aux
trithéiles, dont Philoponus était le chef, il les
anatbématisc tous. Il distingue entre eux
deux Origènes, l'un surnommé Helcéséus,
l'autre Adamantins. 11 joint Magnus aux deux
Apollinaires. Il n'en est rien dit dans le con-
cile de Rome sous Damase, où .\pollinaire
fut condamné avec sa doctrine. Dans la
crainte qu'il ne lui fut échappé quelque
chose qui méritât d'être corrigé, il soumet
sa lettre synodale à la correction d'Honorius,
de Sergius, et sans doute de tous ceux à qui
il l'avait envoyée, et se recommande à leurs
prières, de même que ceux qui l'avaient ai-
dé à la composer, entre autres Léontius,
diacre, et Polyeucte. « Priez aussi, ajoutc-t-
il, pour lios empereurs (Héraclius et son fils),
afin que Dieu leur donne la victoire sur tous
les barbares, mais principalement qu'il abais-
se l'orgueil des Sarrasins, qui pour iu)S pé-
chés viennent de s'cilever contre nous inopi-
nément, et ravagent tout avec cruauté. »
Photius parle d'une lettre synodique de So-
phrone adressée au pape Ilonorius, on il di-
sait que Théodorct n'avait point été chassé
de l'Eglise, quoiqu'il n'eût pas été d'accord
avec saint Cyrille. On ne lit rien de sembla-
l)le dans la lettre synodique dont nous ve-
nons de donner l'exlrail : il y est dit seule-
ment que le cinquième concile condamna
les écrits de Théodorct contre les douze
analhématismcs de saint Cvrille et contre le
' Licct quœdam earitm opcralionum sitit Dca
diciOiles,iiU(rdum vero itarursus liuiiniiui', quw-
tiam vero iniduim queiiKlam uniiiicm oblinent,
liinquam habentes in hoc ipso Dco digiium quid
el huinaiiuin. Iltijus vero asscrimus, esse virlulis
rlinm iHaiu quœ dicilur nova {i-.nvv. cummuiiis)el
(kiviriUs operaUo... quain ex Areopago a l'aulo
diviniliis caplus... asseruil Diomjsius. I'.ik. 880.
' Voyt'Z , sur cette asscrliou de U. Ccillicr, U: sup-
pltMiieiit ilii loiiu' .\, pas. 751 et suiv. (l.'cdKrur.)
' Sunimœ unionis est propriuvi per imniutatio-
nem sublimiler opcrari ulnique, id est, eumdem
humane divina, el divine huniana. Concil. Lale-
ranense, loui. VI, Concil., pag. 187.
LpKro do
Hoii.i.iu'.no*
Cil. Il .11- r.i->.l-
ifun-.
Autres écrit?
de Sopliroae.
Jugement des
écrits de Su*
pbrooe*
[vil' sitcLE.] CHAPITltE LXVIII. — JEAN
concile d'Éplièse, et ceux qu'il avait compo-
sés pour Dimlore de Tarse et Tliondoii; de
Mopsueslo. Du l'Cste, ce que Pluiliiis dit de
la leltie ii Ilonorins, se trouve cuntonne à
cette lettre synodale.
12. Sopluoue , voyant qu'elle n'avait pro-
duit aucun ellet, et que l'erreur des niouo-
Ihélites se répandait de plus en plus, re-
cueillit' eu deux volumes six cents passages
des Pères, pour les convainci'e et les rame-
ner à la saine doctrine. 11 députa même à
Rome Etienne, évoque de Dore, le premier
de ses sullragants , qni assista depuis au
concile de Latran en Gi'J : mais, avant de
le faire partir pour l'Italie , il le mena au
Calvaire, et lui dit" : » Vous rendrez compte
à celui qui a été crucifié en ce saint lieu ,
quand il viendra juger les vivants et les
morts, si vous négligez le péril où la foi se
trouve. Faites donc ce que je ne puis faire
eu personne, à cause de l'incursion des Sar-
rasins : allez promptement à cette extrémité
delà terre , vous présenter au Siège aposto-
lique , où sont les fondements de la saine
doctrine : faites connaître aux saints person-
nages qui y siiiit, tout ce qni passe ici, et
ne cessez point de les prier, jusqu'à ce qu'ils
jugent cette nouvelle doctrine et la condam-
nent canoniquement.i) Etienne, effrayé par
cette conjuration , et pressé par les prières
de plusieurs autres évêqncs et des peuples
catholiques , se mit en chemin et arriva ;\
Rome , malgré les ordres que les monothé-
lites avaient donnés pour l'arrêter et le ren-
voyer chargé de chaînes. Sopbrone lui donna
sans doute une lettre pour le papeHonorius.
Elle n'est pas venue jusqu'à nous , non plus
que son recueil de passages.
13. Nous avons ^ eucore de lui qu;itre Dis-
cours ou Homélies : la première , sui' la nais-
sance de Jésus-Christ ; la seconde , en l'hon-
neur des saints Anges; la troisième, sur
l'Exaltation de la sainte Croix et sur la Ré-
surrection ; la quatrième , sur l'adoration de
la Croix et sur le jeûne du Carême. Il se
plaint amèrement dans l'Homélie sur la nais-
MOSCIl ET SAINT SUPHRUNE.
705
sance du Sauveur, de ce que les Sarrasins,
qui occupaient Bethléem et faisaient des
courses dans les environs, ne lui permet-
taient pas, non plus qu'à son peuple , d'aller
ce jour-là en ce saint lieu , pour satisfaire à
leur dévotion suivant la coutume. Ces Bar-
bares avaient menacé de mort tous ceux qui
iraient à Bethléem. Le saint évoque fut donc
contraint de célébrer la f6te de Noël dans
l'église dédiée à la Mère de Dieu dans l'en-
ceinte de la ville de Jérusalem. Il enseigne
dans l'Homélie sur les Anges qu'il n'y a point
d'homme qui n'ait son ange gardien. On voit
par l'Homélie sur l'Exaltation de la sainte
Croix, qu'on en faisait la fête chaque année,
et parla suivante, qu'on déposait cette croix
en public à la Mi-Carême *, pour être adorée
des fidèles. Ces deux dernières homélies ont
été données en grec par Gretzer ^. Saint
Jean Damascène cite sous le nom de Sopbro-
ne '* l'éloge des martyrs saint Cyr et saint
Jean. Il y en a deux fragments dans les actes
du septième concile général sur les images.
Papebroch' promettait de le donner tout en-
tier en grec et en latin *. Il ne croit pas 'que
la Vie de sainte Marie d'Egypte soit de So-
pbrone : elle est toutefois dans de très-an-
ciens '" manuscrits sous le nom de cet évê-
que , et elle lui est attribuée par saint
Damascène ". BoUandus a donné, en latin
seulement , dans le premier tome de Février,
un discours sur la fête de la llcucontre ou
de la Présentation de Jésus-Christ au tem-
ple , qui porte le nom de Sopbrone dans un
manuscrit de la Bibliothèque de Médicis.
Les autres écrits qu'on a divulgués sous
son nom sont: le traité-imparfait qui a pour
titre , Des travaux et des voyages de saint Pierre
et de saint Paul ; l'éloge de ces deux apôtres;
l'écrit touchant le Baptême des apôtres ,
imprimé à Hambourg, en 1714, à la suite
du faux Dorojbée de Tyr'-; l'éloge de saint
Jean l'Évangéliste, dont on trouve un frag-
ment sur le troisième livre des Constitutions
apostoliques, de l'édition de M. Cotelier; le
Discours sur le saint Précurseur, donné en
' Tom. VI Concil., pag. 104.— » Ibid.
3 Tom. Ml Bibliolh. Pat., pag. 206.
* In medio jejunii, adorationis.graiia, proponi
solel lignum vitale venerandw crucis. Ibid., pag,
214.
5 Tom. Il, De Cruce, pag. 88.
^ Damascen., lib. III De Imagin., pag. 387, et
Synod. vu, act. 4.
" Papebrock., ud 11 Mari., tom. II.
XI.
8 Cet (îlogea été publié parle cardinal Mai, 1. 111
àaSpicilegium Roinanum.yoas en parlerons ci-des-
sous. {L'édileiir.)
9 Id., ad diem l aprilis.
'0 Lauibeoius, lib. IV, pag. 128, et lib. V, pag. 27 ;
et Bibliolh. Coissiniana, pag. 226.
11 Lib. III De Imag.. pag. 388.
i-Cet écrit est reproduit au tome LXXXVII de la
Patrologie grecque, col. 3371. [L'éditeur.)
45
7Wi
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
latin dans la Bibliothèque 'des pn'-dicateurs
par le P. Combefis; les Panégyrinues de
saint Jean Clirysostome et de saint Jean l'Au-
mônier ; un poëme sur le vieillard Siméon
qui reçoit Jésus-Christ entre ses bras. Le P.
Labbe avait vu, dans la Ifil)liotlièque du Roi,
un traité de Sophroue intitulé, De l'Incar-
nation d'un de la Trinité; mais la plupart de
ces discours sont si peu de chose, qu'on
peut se dispenser d'en chercher les auteurs
véritables.
Photius dit ', en parlant du style de So-
phrone , qu'il se sert de termes extrordinai-
res, qu'il va par bonds et par sauts , mais
que ses écrits respirent une vraie piété ;
qu'on y trouve une •connaissauce solide et
une discussion exacte des dogmes de la Re-
ligion. C'est ce qu'il dit en particulier de sa
lettre synodale au pape Hoiiorius.
14. Photius parle d'un autre Sophrone qui
écrivit pour la défense de saint Basile contre
F^unomius*. «Il était, dit-il, plus savant que
Théodore , qui écrivit aussi une apologie
plus courte poiu" ce saint évéque. Il ne sui-
vait pas tout ce qu'avait dit Eimomius ; son
caractère était tranchant, son style libre et
simple : et quoiqu'il fût rempli de raisonne-
ments de logique , il n'était point désagréa-
ble. )) Il ne nous reste rien de ce Sophrone.
Celui de Jérusalem mourut peu de temps
après la prise de Jérusalem par les Musul-
mans, qui arriva en 636.
Antre S«-
pbroae.
APPENDICE
Au chapitre de Dom Ceillier sur saint Sophrone de Jérusalem.
LXXXVI
de la Patroi.
^recque,
Ediiion 1. [Dans la préface du tome X des Scrip-
enni(lè)e de! >- r r
s""!! hroSS (omm w^en/m, le cardinal Mai marque son
"'lxxxv°î'° étonnement de ce que personne avant lui
u'a songé à. donner une édition des œuvres
de saint Sophrone de Jérusalem , une des
gloires de l'Église et son principal athlète
contre les monothélites ; il aurait voulu réu-
nir les écrits édités de ce Père, qui se trou-
vaient dispersés dans diverses collections, et
les ouvrages inédits conservés dans les ma-
nuscrits du Vatican. Ses nombreux travaux
ne lui ont permis que de remplir la dernière
partie de cette tâche ; mais le désir du sa-
vant cardinal a été réaUsé en entier par l'é-
diteur de la Palrologie grecque, dans le tome
LXXXVIl, 3113-4015. Le recueil est précédé
d'une notice siu: saint Sophrone, tirée de Fa-
bricius, et de sa Vie par les BoUandistes. Les
œuvres comprennent l'rlpître synodique à
Sergius de Constantino[)le, d'après Mansi ;
huit Discours d'après les éditions d'Antoine
Ballerini, d'AngeloMaï, deGretser, de Com-
befis, de Cotelier, les Actes des Saints par
les BoUandistes, et la Bibliothèque des Pères.
N'iennent ensuite la Confession des péchés,
d'après Mai ; un fragment sur le Baptême des
apôtres, d'après Lambécius ; l'éloge de saint
t>yr et de saint Jean martyrs, d'après .Mai;
la Vie de sainte Marie d'Egypte, d'après les
BoUandistes ; les Poèmes anacréontiques ,
d'après Mai ; le Triodiuni, le Commentaire
liturgique, d'après le même éditeur; une
prière, d'après le Rituel des Grecs, publié
par Goar; l'épitaphe d'Euloge et de Jean
l'Aumônier, archevêques d'Alexandrie, d'a-
près les Analectes de Briinck ; un fragment
dogmatique, d'après Mai; les travaux, les
combats et les voyages de saint Pierre et de
saint Paul sont rapportés à la suite, comme
écrits supposés, d'après la Bibliothèque des
Pères. Nous allons parler des écrits qui ont
été publiés depuis Dom Ceillier.
2. Les neuf Discours réunis dans la Pa-
trologie sont : 1° sur la Naissance de Jésus- ",1
Christ; 2° sur l'Annonciation de la sainte
Vierge ; 3° surla Présentation ou la Rencontre
du Seigneur ; 4° et 5° sur l'adoration de la
Sainte-Croix ; 6° sur les saints Anges ; 7° l'é-
loge de saint Jean-Baptiste; 8° le panégyrique
de saint Pierre et de saint Paul ; t)° uu frag-
ment du panégyrique de saint Jean l'Évan-
géliste. Le deuxième, le septième et le hui-
tième sont les seuls discours qui aient été
publiés récemment. Le Père .\nloine Balle-
rini a fait paraître l'homélie sur l'Annoncia-
tion de la saiu(e Vierge, au tome II de son 5y/-
liiijc Moniimriil. L'éditeur n'hésite pasîï placer
pour le mérite cette homélie immédiatement
DiKonr*,
«or l'Aonnn.
' Hœc e[iislola plena est piclale, novis passim
vtrbis.ul equi pnllu^ snllibus gaudens, ni.iiijuod
rectam opinionem diligcnter examinel, cl sacro-
rum dogmalum non forluUain esse cognilionem
oslendal. Plioliiis, cod. 231. — * Pliotius, cod. 5,
png. 7. — ' Viiyez tom. VI, pag. 108.
[Vir SIÈCLE.!
CHAPITRE LXVIll. — APPl
ï*ulr. tome
LXXXVll,
ri<l.33l:l.
lUd., toi.
iiprtNs la lellre synodale. Le but ([iio s'y pro-
pose l'orateur ost principalemenl (l'e\pli([ner
p| ilccéléhicr le niyslèn^ de la \'iei;j;e saliK'e
par l'Ange; cependant d^sle conuneiiceuient
il expose et explique la doctrine de l'aiignste
Trinité, ce qu'il conliiuic i'i Irailei' avec beau-
coup d'étendue dans dix paragraphes. Il y
expose trtis-cxactement la doctrine catholi-
que contre les erreurs anciennes des sabcl-
liens, des ariens, des pneumatiques, et con-
tre les iEipi(''lt''s ri'ceulcs des acéphiiles et
des tliéopascliites qui, sous la conduite de
Pierre Cnaphée, altérant le Trisagion et
mêlant tout , transl'éraicnt sottement la
prédication de la croix h l'auguste Trinité.
Quand l'orateur aborde son sujet principal,
il le suit avec non moins de bonheur. Là, se
trouvent exposés très-clairement la condition
primitive de l'homme àsa création, lafuneste
chute du genre humain, la miséricorde de
Dieupour relever l'homme. Ony trouve aussi
expliquée la doctrine de l'Église sur le mystère
de l'Incarnation contre toutes les hérésies,
d'une manière si claire, qu'on peut à bon
droit comparer cet opuscule à la lettre sy-
nodale qui mérita les éloges du sixième con-
cile généi-al. Nous ne devons pas oublier ce
que saint Sophrone dit sur les prérogatives
dont la sainte Vierge fut honorée pour de-
venir digne d'être choisie comme mère de
r>ieu, ni la comparaison qu'il fait entre Ma-
rie et Eve innocente pour donner l'avantage
;\ Marie. Il le fait avec une piété et une sa-
gesse qu'on cherclierait en vain dans ses
autres écrits ; aussi est-ce un des plus beaux
monuments qui nous restent de cet écrivain
distingué.
L'authenticité de cette homélie nous est
garantie par l'autorité des manuscrits, qui
l'attribuent tous à saint Sophrone de Jérusa-
lem ; par le style, les pensées, les vérités
que l'auteur y établit , les erreurs qu'il y
combat. Comme l'erreur des monotliélites
n'est point combattue dans ce discours, l'é-
diteur pense qu'il fut prononcé avant l'élé-
vation de Soplirone sur le siège de Jérusa-
lem. En eti'et, Sophrone s'y désigne sous le
titre de i: «xuroj, le plus petit, nom qui con-
vient plutôt à un moine qu'à un évêque
parlant à son peuple.
' Sic ergo sulutis noslrœ sollicitus, cujus rei
i/ratia ad nos quoque de fcelo venit, piscatorum
deleclum fecit , hisQUe (/raliam coiitulit apostn-
laluS:ipsorumutiyue iiumcro congriiam, quin lu-
men idcirco clividerel eorumdem dignilatem, tint
':NniCE SlIU SAINT SOPHRONE. 707
Ce discours a été édité d'après une copie
do l'exemplaire Coislin , conservé à Paris
avec les variantes de l'exemplaire de Vienne,
et avec plusieurs notes de l'éditeur, h qui
on est redevable aussi de la traduction la-
tine.
Le cardinal Mai a publié ce discours au
tome IV du Spicilcr/iian romnntim, p. 130 et
suiv., en grec et en latin. Harless, Diblioth.
(/m'en, prétend à tort que Combefis a édité
ce discours. L'éloge de saint Pierre et de
saint Paul avait déjà été publié à Rome en
1066, par les soins de Jean-François Albani,
âgé alors de 17 ans, et qui fut depuis Clé-
ment XI ; mais celte édition a été générale-
ment inconnue aux écrivains de VHisloire
littéraire, et Mai lui-même l'a ignorée. Il s'en
répandit si peu d'exemplaires, qu'à Rome
même on en trouve diflicilement dans les
mélanges des bibliothèques de la ville.
Dans cet éloge, on trouve une belle expo-
sition de la primauté de saint Pierre même
sur saint Paul '.
4. L'opuscule sur la confession , publié
par Mai au tome 111 du Spiciley. romanum,
nous apprend combien celui qui reçoit les
confessions des pénitenls doit être instiuit de
la doctrine morale et canonique, afin de pou-
voir connaître les différents genres de fautes,
et les remèdes piopres à ces fautes. Il donne
ensuite les canons péuitenliaux, sans doute
comme on les pratiquait à Jérusalem. L'édi-
teur a fait précéder ce fragment d'une courte
préface, où il en donne le contenu et en
montre l'authenticité.
5. Le troisième volume du 5/Jia7egr. roman.
renferme l'éloge des saints martyrs Cyr et
Jean, et le récit de leurs miracles en grec et
en latin, p. 1 et 669. Nous en avons déjà
parlé ailleurs *. La traduction imprimée au
bas du texte est elle-même ancienne ; elle
est due à Boniface le Conseiller et à Anas-
tase le Bibliothécaire : elle est quelquefois
peu polie, peu fidèle, mais toujours vénéra-
ble par son antiquité. Plusieurs preuves
dogmatiques ressortent de cet ouvrage. 1° La
présence réelle y est établie. L'auteur y
combat ceux qui, venant au tombeau des
saints martyrs , i-efusaient de s'approcher
des saints mystères, et qui, au lieu du saint
perturbationem ordini inducerel, sed rum apos-
tolicw dicjnitatis yraliœque iinilale, difl'erentiam
ordinis conserviivit. Pat. grœc. tom. L.\XXVII,
col. .IMS.
^ Voyez le tome 111, pag. 01, 62. (L'éditeur.)
Eloge do
■failli Joaa la
l'récur^eur ;
KIogo de«alnt
Pierro «t do
5'ilut Foui.
l'nlrol. romo
i-xxxvn ,
col, :i3t)5 ot
suiv.
Opusucio
sur la conros-
sion des fté-
cbéïj, tbid. col,
33C3.3J71
fatrol. gr.,
t. LXXXVII,
ibid. 3{i63.
Eloge des
saiots martyrs
CjrelJeaa,et
récit de ieurs
miracles. Pa-
trol. Ihid. ,
col. 2373.
708
HISTOIRE gi;ni:rale des
corps et du pfécieiix sang de Jésvs-C/irist notre
Dieu et notre Sauveur, prenaient l'iuiile de la
lampe qui brûlait devant les rclifines des mar-
tyrs. <( Ils ne savent, dit-il, ce qu'ils font;
car quelle qtie soit la vertu de celte huile,
elle n'est rien, si on la compare à celui qui
sanctifie les saints, qui est la vertu et lasar/esse
du iJieu, communiquant lui-même le don des
miracles aux viarti/rs, à celui auquel les ché-
rubins servent de trônes '. Dans ce passage,
saint Sophrone, en parlant de la sainte Eu-
charistie , emploie des expressions qui ne
peuvent convenir qu'à la personne divine de
Notre-Seigncur, ce qui suppose la foi la plus
vive au dogme de la présence rëolle. Plus
loin, l'illustre patriarche de Jc'i'usalem rap-
porte que les martyrs saint Cyr et saint Jean
apparurent en songe à un diacre nommé Jean,
grand partisan delà sectedesmonopliysites,
et que, le prenant par la main, ils le C(jndui-
sirent àrautelpourluidonncr le pain devenu
le corps vivifiant de Jésus-Chist *. Il dit encore
que les prêtres distribuent le corps, source de
vie cl de salut, et le sang de Jésus-Christ, ali-
ment immortel qu'on reçoit tous les diman-
ches'. Onpeut remarquer 1° que riniilc allu-
mée devant les saintes reliques avait une ver-
tu médicinale due aux mérites des martyrs';
2° qu'on invoquait les saints'; 3° que Sophro-
ne combat plusieurs hérétiques de son temps :
lessévériens, les julianiles, les tliéodosiens,
ceux qui croyaient au destin , les païens, les
blasphémateurs et les athées. 4° Nous y
trouvons un texte de Porphyre qui nous
apprend que les païens, en sacriiSant, avaient
coutume de faire soitir un son de leurs na-
rines, et que les sacritîcaleurs se disputaient
souvent entre eux pour savoir qui en ferait
sortir un plus fort '.
L'ouvrage de saint Sophrone sur saint Cyr
et saint Jean , t;st divisé en trois traités. Il y
a d'abord une préface, ensuite le panégy-
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
rique des saints Cyr et Jean , puis le récit dé
soixante-dix miracles. Le soixante-dixième
fut opéré sur l'auteur lui-même, et c'est par
reconnaissance qu'il écrivit la vie des deux
saints et la relation de leurs miracles.
0. Outre cet ouvrage de saint Sophrone suif
les deux saints martyrs, il en existe deux au-
tres plus courts : l'un est intitulé, Vie et couver^
sation, et récit jmrtiel des miracles des saints Cyr
et Jean ; et l'autre, Vie acéphale des saints mar-
tyrs Cyr et Jean. Cette vie est appelée acé-
phale , parce que le commencement en man-
que. On trouve dans ces deux vies de pelila
discours de saint Cyrille, qui étaient jusqu'A
ce jour inédits, et qui ont été publiés par Maï,
et dans la l'atrologie de M. Migne, dans les
œuvres de saint Cyrille. Le latin de la pre-
mière vie a été donné par Othon Zilius, dans
les Actes des Saints, tome III du mois de jan-
vier. Le latin de la seconde vie est ancieu ; il
se trouvait dans nn manuscrit du Vatican.
7. Les poésies anacréontiques de saint
Sophrone, au nombre de vingt-trois, ou
mieux de vingt-ct-une, car les chants qufi-
torze et quinze manquent, et il n'est pas
sûr que le vingt-troisième soit du saint pa-
triarche, sont (lues aux recherches et aux
soins de l'abbé Matranga, protecteur du col-
lège des Grecs, à Rome ; elles ont paru en grec
dans le tome IV du Spiciletj. rom. , en grec
el en latin. Los notes et le latin sont renvoyés
ù la fin du volume. Dans l'éditiou de la Fa-
frologie, on a fait concorder le texte, la
version et les notes. Dans sa préface , l'abbé
Matranga rend compte des ilillerents manus-
crits où se trouvent ces poésies; des auteurs
qni s'en sont occupés, des corrections qu'il
y a faites, du mètre employé par Sophrone.
Ces poésies traitent des principaux sujets de
l'Evangile cl d'autres sujets pieux. Ainsi, on
y trouve l'Annonciation de la Sainte Vierge,
la Xativilé de Jésus- Christ , l'adoration des
Drus aiifMt
Tte« dp Mint
CjrDtd«.4lnl
Jmd. r<.
lrol.0>ij.,col.
Pû*5TM ItH-
cr4onli(]u>-. ,
IMd., col.
• Multi enim ex his qui non communicant id
agunt; oleum quod in sancloruiii ardel candela,
pro corpore sancto et sanguine Christi om-
nium noslrum Dei cl Salvaloris sumeutes, neqiie
quod agunt, ut reor, scientes, neque lœsionis mag-
niludinem cognoscentcs. Eleuim saaclipcalum
quidem esse, dico et ego, sanclorum candelœ
oleum; sed quid esl hoc ad cnmpnrationcm fjus
qui ipsos sanclis sanctifical ? El virtiitem id con-
tra languores haberc confiU'or; sed quid ad col-
lalionem Christi, qui est Dei virtus et sapicntia,
qui et ipsis quoque marlyribus yirtulvm rharis-
mata Iribuil ? Dico aulem cl quod csl honore dig-
num, lanquam id quod supra loculum ardet; sed
quid ad œqualilatem ejus, qui sedet super cheru-
bim? Putrologia. lom. L.WXVII, col. 3554.
' Qui ipreshyteri) de scdibus assurgentes et
manu Joanuem apprehendciites, ad dicinum al-
lare duxerunl, cl illum huic sislentes, panem ei
sanclum pnchucrunl , vivijxcum Christi corjms
effcctum. 11)1(1., col. 3;j«2.
" Ibid., col. 3.'S7S. Voyc-ï aussi col. 3.")67, 3570,
iiù ilpst qncslinii du Mcrificc non-siiriglaiit de nos
iiiilcis, cl col. 3574, oit l'nuteur ilit qu'on roçnil le
I orps cl le jiuigdc .If'sus-CIirist ; Accipc, manuvm
oslendcnlcs figura, rorporis Chrisli ne satiguini*
vivificam ac bcatam perceplioncm.
» Ibid., col. 5554.— » Col. 3675.- « Ibid., col, 35S!i.
CHAPITRE LXVllI. — APPENDICE SIJR SAINT SOPIÏRONE.
LXXXVU,
3811$ cl £uiv.
Triiidiuiii,
il'id. , col.
•-riS2.
[vil" SIÈCLE.
M.it,'cs, lii Présenlnlion au Icmple, le Bap-
It'iiH' lie Jésus-Cliiist , la Rôsurreclion de
La/,:iio , le dimaiidie des Raincaiix , l'ins-
liliilion de rKticliaiislie , saint Paul , saint
Jean ri'^vanjîéliste , saint Klicune, sainte
Tlii-iU' , le retour de la sainte Croix , la
saiiit(> Cité de Jéiiisaloni , les Saints Lieux.
I.a dix-septième est intitulée, sur Aunes, évê-
i/uc d'Asculon : l'autcury parle des doKmes de
la foi. La viny;t-et-unième est sur Menas,
é^eononie d'un monastère d'Alexandrie , ac-
cusé l'auf^sement , sous Phocas, d'avoir reçu
Tliéodose, fils de Maurice. La vingt-deuxième
est sur le seigneur Paul, et sur Maiie, sa
mère , morte dans le Seigneur. L'auteur y
établit un dialogue entre Je lils et la mère
ilél'unte ; c'est une des plus belles pièces de
poésie. La quatorzième sur la destruction
de la ville de Jérusalem , et la quinzième
sur lui-même, manquent dans Je manuscrit.
Le commencement de la seizième manque
aussi; l'abijé Ma tranga a ajouté aux vingt-deux
odes l'bymne sur Joseph , fils de Jacob. So-
phrone y preud Je titre de moine , médecin
sophiste.
On trouve dans ces poésies pJusieurs no-
lions nouveJJespourJ'hislûire occJésiastique.
On y voit \m saint évêque d'Ascalon , jus-
qu'ici inconnu, du noai de Narsès ; de curieu-
ses descriptions des Lieux -Saints, de pJu-
sieurs couvents d'Egypte , etc. Saint So-
phrone parJe avec amour du jardin de Geth-
sémani , qui reçut autrefois Je corps de la
sainte Mère de Dieu, et où était son sépuJ-
cre; mais il ne dit rien du corps même.
Au jugement de Photius, ces poésies,
remplies de belles images, expriment le
dogme d'une manière merveiJIeuse '; eJJes
sont pleines d'éJégance , de piété et de dou-
ceur, disait Léon AlJatius '.
8. La seconde série de poèmes renferme
deux cent trente odes sur les Vertus chré-
tiennes , et en particulier sur J'Esprit de pé-
nitence. Il est intitulé Triodium : c'est un
ouvrage où tout respire la piété et la dou-
ceur chrétiennes; il révèle dans son auteur
709
Commcn.
ta-ro LIturf:.
que. Patrol.
T.L.XX.XVI1,
toi. aisi-ioj.
un grand amour de Dieu , beaucoup de
science sur divers sujets de ri';criliu-e '. Il a
été trouvé par le cardinal Mai dans un codex
du Vatican, où sont encore enfouis divers
écrits ascétiques d'auteurs grecs, savoir:
saint Antoine, Clément , saint Jean Damas-
cène , Joseph, Léon l'empereur, Scrgius et
ïhéodose Studite '. Chaque ode de ces vers
est de quatre strophes , dont la dernière est
presque toujours une invocation à la Sainte
Vierge. Sophrone dit dans l'une d'elles :
« Vierge sans tache , vous nous avez enfan-
té, avec deux volontés et en deux natures, le
Fils unique du Père, fait homme pour nous
rendre participants de la nature divine, lui,
le Dieu suprême ^ » On trouve ici un témoi-
gnage formel des deux natures et des deux
volontés en Jésus-Christ, contrairement à
l'hérésie des monophysites et des monolhé-
lltes.
9. Le cardinal Maï a publié, sousle nomde
So])hrone , au tome IVdu Spicilegium roman.,
pag. 31 et suiv. , un commentaire litur-
gique, où l'auteur énumère eu détail et ex-
plique les habits , les instruments, les char-
ges des prêtres et tout l'ordre des offices
sacrés. Cet opuscule est important par la
doctrine qu'il contient. On peut y remarquer
suitout le précieux témoignage suivant sur
la présence réelle. « Les prêtres sont assi-
milés aux archanges; car, de même que Je
séiaphin prit Je cliarbon ardent et Je donna
au prophète Isaïe, de même aussi les prê-
tres prennent Je pain, c'est-à-dire le corps du
Seigneur, et Je donnent au peuple. XuJ ne doit
donc penser que les choses saintes sont des
figures du corps et du sang de Jésus-Christ ;
mais il doit croire que le pain et le vin offerts
ont été changés au corps et au sang de Jé-
sus-Cllrist^ )) La Qn de ce commentaire man-
que dans le manuscrit.
10. Le tome X des Script, veter. nov. coll
de Maï, pag. 31, renferme un fragment 'tiJ.cènooi,.
d'un typique, ou hymne sacrée, pour les
petites heures. On sait, d'après Siméon de
Thessalonique, que saint Sophrone a mis
Tropanorn.
1 Pair, grœc, tooi. LXX.Wll, col. 3727.— Mbid.
' Spicil. Rom., tom. IV, pag. 7 de la préf. — * Ibid.
^ In duabtis volanlatibus et nqturis genuisti
nnbis, Virgo, Flliuin Patris unigcniium factum
hominem, ul nos Deus stipremus nstenderel na-
turœ purlicipes dicinioria incorruplw. Patrol.,
Irim. L\.X.XV1[, col. 3899.
* Idcirco convenu sacerdolem esse ignem arden-
lein, irreprehensibitem, ab omni macula et im-
probatione Uberum ; sacerdotes enim archan-
gclorum vicem gerunt, et quemadmodum s ra-
phim carboneni suscepit et tradidit Isaiœ, sic sa-
cerdotes suinunt liane m, id est corpus Domini, et
dont populo. Ne (juis igilur opinelur figuras re-
prœsentativds lanlum esse sanctas corporis cl
sanguinis Chriali; ast credal quisque pnnem et
finuiii obUitum concerti in corpus et sanguinem
Chrisli. Ibid., col. 3983.
710
mSTOUlE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'office divin dans un ordre nouveau '. Une
Iraduction latine de ce fragment est jointe
au texte grec dans la Palrolof;io.
Kauei 11. Les autics pipcps qu'on trouve dans
ibid. e..i. 4001 la Patrologie sont une pritrcd apiosle nituel
400i.
des Grecs d'après Goar; trois pièces de vers
très-courtes, dont l'une sur le Lieu destine' aux
Ilotes, et les deux autres sur Jean l'aumô-
ibi<i..ui. nier, patriarche d'Alexandrie , rcproduilcs
4009.
ibid.,«>i. d'après Biunck, Analecta., tome 111; uu fran-
1009.401S. ' , ,. ' ,, . », .. o • ., Z
ment dogmatique, d après Mai, Scnpt. vet.
nov. coll., tome Vil, pag. 22, où le saint
cvèque de Jérusalem montre qu'on ne peut
séparer la substance des opérations. Ce frag-
ment est précédé d'un autre de saint Basile
déjà édile, mais qui aide à comprendre celui
de Sophrone; celui de saint Basile est conirc
l'opinion d'Euuomius, soutenue auparavant
par Aélius. La préface de Mai, au tome IV du
Spicilcf/. rom.. pag. 6, contient un fragment
de saint Sophi one sur l'i'loge de la virginité ;
et le même volume, pag. 465, nous offre
l'elogc du saint évèque et celui du pape
Jean iV : le cardinal l'a trouvé dans un ma-
nuscrit du Vatican qui contient la Vie de
saint Maxime.]
lUd.csIl
CHAPITRE LXIX.
Saint Isidore évêqne de Sévillc et docteur de l'Église.
tlîcrivaiu latin, eu B36.]
POQF^UOi
OD D6 parle
pas tei de
qaelqoesécri.
Tains moDo-
Uiilltes.
Naisçanca
de ïaJDt l^\-
dore, ^DD édu-
catioo,fesélu.
des.
\. Après avoir pai-lé des écrits que So-
phrone de Jérusalem composa pour la dé-
fense de la doctrine de l'Ilgliso sur les deux
opérations et les deux volontés en Ji'sus-
Christ, il aurait été naturel de rapporter les
lettres que 'Phéodore de Pliarau, Sergius de
Constanlinople, Pyrrhus son successeur, Cy-
rus d'Alexandrie et quelques autres évèques
du même temps écrivirent pour établir le
monotliélisme. Mais, pour ne point répéter
plus d'une fois les mêmes choses, nous
avons cru qu'il valait mieux traiter ce qui
regarde cette hérésie dans l'article du sixiè-
me concile général, où elle lut condamnée,
et où Ton lit lecture de tous les écrits que
ces évêques avaient répandus pour la sou-
tenir.
2. Un ('îvèque de Saragosse, conleiiipoiain
et ami de saint Isiilore, disait ' ijne Dieu l'a
suscité ])Our l'elever l'Espagne tombée eu
décadence, rétablir les monuments des an-
ciens, et préserver ce royaume d'être entiè-
rement gâté par la rusticité. La vilU; de Car-
lliagène lui (iouna la naissance, et il reçut
de Sévérien son père, et de Théodore sa
mère, une éducation convenable à la no-
blesse de son extraction. Son goût pour les
' Scripl. vel. nov. coll. pa-r. 24 dp In pn'fapB.
' Quem luidoriim Deus jitisl toi defcctus HU-
paniiv, noui.'stn'ix lemponbus siiscilans. credo
ad reslauratiila nntiquorum iin nunienid, ne vs-
quequaqucruslicitatevelerascereinus,qtiasiquam.
sciences se déclara de bonne heure. 11 y fit
de grands progrès, surtout en s'appliquant
il la lecture des anciens écrivains, dont il
sut mettre les travaux à profit. Il avait une
facilité d'expressions ' admirable, se propor-
tionnant sans contrainte à la portée de tous
ceux (|u'il avait à iusiruire. On aimait ' a l'en-
tendre dire deux fois la même chose ; et
quand il l'eût réptUée plusieurs fois, on n'en
eût pas ('lé ennuyé. 11 y a quelque appa-
rence qu'il embrassa la vie cléricale dans le
temps que saiul Léandre son frère était évè-
que de Séville, et que ce fut dans son cler-
gé qu'il commença ù exercer le saint minis-
tère.
3. Il est du moins certain qu'il lui succéda
dans l'épiscopat, mais on ne sait pas au vrai
combien d'années il l'exerça lui-même. Quel-
ques-uns le lui l'ont commencer en ril).'», et
Unir eu 030, ce qui l'ait environ quarante
ans. Mais quoiqu'on ne puisse douter qu'il
ne soit mort eu G3(i, puis(iiryEdemplus, son
disci|ile, (|ui avait assisté à sa morl, le dit
expressément, il n'est pas possilile de met-
tre sou épiscopat avaut l'an o'J!), auquel saint
Léandre vivait encore, ainsi qu'on le voit ''
par une lellre que saint (îrégoire lui adressa
dam apposait ilesliitaw. Hiaulio,iii l'nriKilolioue
lil.. Isid.-» Iliid.
' lldcphousii!!, lit). Pe Script, er. /<■>■ 'ap. i\.
0 Greii., lib. IX, Epist. CO, Gl.
éT^iJUC.
[vil* SIKCLE.
CHAPITRE LXIX. — SAINT ISIDORE, ÉVÈQUE.
711
Il atOsIe à
divers cood-
lu.
en cette anndc-li'i, et par une autre de môme
dalt> (icrilo au roi Uocari'dc, à i|iii d recoin-
uiandcco saiul i!vè([ue. Braulioii, évèque de
Sarasosse, dit en géuërul ' cjiu! saint Isi-
diuea Henri sous le règne de l'empereur Mau-
rice et de Récarède roi d'Espagne, et qu'il
est mort sous icliiid'lh'rac'liusPldeCiulliila.
Maurice l'ut tué eu 602, et Ciutliihi l'omuicu-
ça h rëgner en Espagne en 636. On ne peut
donc mcllie l'épiscopat de saint Isidore plus
lard qu'en UOl, ui plus tôt que sur la fin de
l'an ^m.
3. En 619, il présida au concile de Séville.
Les canons que l'on y fit, et que l'on regarde
comme son ouvrage, font voir qu'il était
également instruit de l'ancienne discipline
ecclésiastique, et zélé pour la remettre en
vigueur. Ce fut en cette assemblée qu'il con-
vainquit un nommé Grégoire -, évéque sy-
rien de la secte des acéphales, et l'engagea
à se réunir à l'Eglise catholique. Il présida
encore en 633 au quatrième concile de To-
lède, non que son siège lui eu donnât le
droit, puisque Juste, évêque de cette ville
et métropolitain, était présent, mais par suite
de la considération que les autres évéques
avaient pour son savoir et pour sa vertu.
Braulion^ parle d'un autre concile où un
nommé Sintliarius avait été examiné et con-
vaincu, mais sans se convertir. Il demanda
les actes de ce concile à saint Isidore. Nous
ne les avons plus, à moins qu'on ne dise que
ce concile est celui de Séville de l'an 619, et
que Grégoire s'appelait aussi Sintharius ;
mais cela est sans apparence : Grégoire em-
brassa la foi catholique, et Sintharius persé-
véra dans son erreur. Si Sintharius est le
même que Suinlila roi des Goths, qui fut
déposé après dix ans de règne, et à qui le
quatrième concile de Tolède dit anathème,
il faut entendre de ce concile ce que dit
Braution. En 610, saint Isidore souscrivit au
décret que le roi Gondemar donna en con-
firmation de ce qui avait été réglé, la même
année, dans un concile de Tolède touchant
la primatie de l'évêque de cette ville.
4. Sentant approcher sa fin , il redoubla
ses aumônes * avec une telle profusion, que,
pendant les six derniers mois de sa vie, on
voyait venir chez lui de tous côtés une foule
de pauvres depuis le matin jusqu'au soir.
Quclqiies jours avant sa mort, il pria deux
évèques, Jean et Eparchius, de le venir
voir. Il alla avec eux iï l'église , suivi d'une
grande partie du clergé et du peuple. Quand
il fui au milieu du clueur, l'un des deux évé-
ques mit sur lui un cilice , et l'autre la cen-
dre. Alors, étendant les mains au ciel, il
pria et demanda i\ haute voix le pardon de
ses péchés. Ensuite il reçut de la main de
ces évoques le corps et le sang de Notre-
Seigneui', se recommanda aux prières des
assistants, remit les obligations h ses débi-
teurs, exhorta ses peuples à la charité, et
fit distribuer aux pauvres tout ce qui lui
restait d'argent. De retour à son logis, il
y mourut en paix quatre jours après , le
quatrième d'avril 636. Le huitième concile
de Tolède le qualifie de Docteur excellent ^
et du dernier qui ait fait l'ornement de l'É-
glise catholique ; ajoutant que , s'il est posté-
rieur en âge aux savants évoques qui l'ont
précédé , il ne leur est pas inférieur en doc-
trine , mais qu'il peut passer pour très-docte
en comparaison de ceux de son siècle , et
que sou nom doit être prononcé avec respect
et révérence. Saint lldephonse, Sigebert de
Gemblours , et plusieurs autres ont fait son
éloge dans leurs catalogues des écrivains
ecclésiastiques, où ils l'ont placé. On en fait
la fête le 4 avril.
5. L'édition que l'on a faite de ses œuvres
à Paris, en 1601 , présente d'abord cinq let-
tres , dont deux sont de Braulion , évêque
de Saragosse , et trois de saint Isidore. Brau-
lion . ayant appris que ce Père avait achevé
son ouvrage intitulé : Des Etymologies ou des
Origines, le lui demanda avec beaucoup d'in-
stances. Sept années se passèrent sans qu'il
le reçût; mais enfin saint Isidore le lui envoya,
en le priant de le mettre en meilleur ordre.
6. Braulion en changea la distribution ,
qui était par titres, et les divisa en vingt p»ç-'i. «
livres , ajoutant , avec la liberté qu'on lui ■"""■
avait donnée, ce qui manquait â la perfec-
tion de l'ouvrage. Saint Isidore y traite pres-
IpUres. Kdil.
Pdris, 1601.
Livre?
0 rif i
' Braulio, uhi supra. — * Ibid.
^ Gesta etiam synocii in qua Sintharius exami-
nis cestri igni, e/.si non punlicdtus , iiicenilur td-
men decoctus, qna'so n'>tiis tliriyantur cito. Brau-
lio, Epist. 1, ad Isidorum.
* /Edemptus, de Obilu, Isidori,
" Noslri ((nuque swculi Doclor egregius Isidu-
rus. Ecclesiw calhoUcœ nocissimum decus, prw-
cedentibus (vtale postremus, doctrin(e compara-
lione non iiifiinus, et quoi majus est, in sicculo-
runi fine doctissimus. alque cum reverenlia no-
ininandus. Concil. Tolet. Mil, cap. ii.
712
HISTOIRE GÉNRRALR DES AUTEURS ECCLÉSlASTIOrES.
Canliqne des Cantiques, Paniel, les Paiali-
que de tous les arts et de toutes les sriences,
de la grammaire ', de la logique, de la rhé-
torique , de l'aritlimétique , de la géomé-
trie, des mathématiques, de raslronomie ,
de la médecine , de l'a-^riculture , de la na-
vigation, de la chronologie. Il en donne de
courtes définitions, qu'il accompagne d'éty-
mologies des mots grecs et latins , comme
on les entendait de son temps. Il i-craarqiie
que l'alphahet des Hébreux ne contient
que vingt-deux lettres, suivant le nombre
des livres canoniques, qui est de vingt-deux;
que les Grecs en ont vingt-quatre, el les
Latins vingt-trois. Il donne une explication
de chaque lettre, tantôt littérale, tantôt mys-
tique , en remarquant quels sont les inven-
teurs de ces lettres, et en quel temps on a
commencé de s'en servir. Chez les Grecs les
lettres de l'alphabeth servent à deux lins :
à composer les mots, et à nombrer. Chez
les Latins elles ne servent qu'à la composi-
tion des mots. Ils emploient les mots pour
compter, excepté l'I et l'.X. L'X, jusqu'au
règne d'Auguste , n'était pas en usage chez
eux : ils mettaient .'i sa place le C. Ils ont
pris des Grecs l'Y el le Z ; au lieu du Z ,
ils employaient deux SS. Nous ne faisons
cette remarque , que pour montrer dans quel
détail saint Isidore entre dans cet ouvrage.
Il va jusqu'il donner la description des in-
struments de chirurgie, et des onguents dont
on se sert en médecine , donnant en même
temps la signiûcation des termes usités dans
cet art. Il traite aussi des lois et de tout ce
qui appartient à la jurispriulcnc-e, et de la
division des temps en jours , en mois , en
années, en olympiades, en lustres, en siè-
cles. H y joint une chronologie qu'il com-
mence à Adam, et finit à l'empire d'Hé-
raclius. Le sixième livre est le plus inté-
ressant pour notre sujet. Il y parle des
livres de l'Ancien et du Nouveau Testament,
dont il fait quatre ordres ou classes difl'é-
rentes pour l'.\ucieu, et deux pour le .Nou-
veau. La première classe des livres de l'An-
cien Testimient contient les cinq Livres de
Moïse ; la seconde , ceux de Josué , des Ju-
ges, des Rois, d'Isaïe, do Jéremie , d'Ezé-
chiel , et des autres petits Prophètes; la
troisième, les Hagiographes, c'est-à-dire,
le Psautier, les Proverbes, l'Ecclésiaste, le
pomènes, Esdras et Eslher ; la quatrième ,
ceux qui ne sont point dans le canon des
Hébieux, savoir les livres de la Sagesse,
de l'Ecclésiastique, de Tobie, de Judith,
des Machabées. « Mais , ajoule-t-il , l'Église
de jrsus-Christ ' re<;oitet respecte ces livres
comme divins. » A l'égard des livres du
Nouveau Testament, la première classe con-
tient les quatre Évangiles; la seconde, les
quatorze Épitres de saint Paul, les sejit Épl-
tres catholiques, les Actes des .\pôlres, el
l'Apocalypse de saint Jean. Il rapporte les
ditl'érents sentiments sur les auteurs de cha-
cun de ces livres, et finit par la définition
du mot Ajjocryplie , disant que sous ce nom
l'on entend les livres dont on ne connaît pas
l'origine , el qui pour cette raison ont été
sans autorité dans l'Kgiise, quoique quel-
ques-uns puissent renfermer de bonnes
choses parmi beaucoup de mauvaises. En-
suite il Iraile des bibliothèques, des livres,
de la matière dont on les faisait, des lihraii-es
et des instruments de leur art 11 dit que, le
livre de la Loi ayant été brûlé par lesChal-
déeus , Ksdras, inspiré du Saint-Esprit, la
rétablit sur d'autres exemplaires, mais en y
corrigeant les endroits que les Gentils avaient
altérés et corrompus. Il ne parle que des
quatre premiers ctmciles généraux ; après
quoi il marque les différents cycles , les fêtes
principales de l'Église , les heures'des offices
divins, et ce que l'on y chantait, la Liturgie
et toutes les parties dont elle était composée,
qui sont les mêmes qu'aujourd'hui ; les céré-
monies des sacrements de baptême et de
confirmation, et les exercices de la péni-
tence. Il dit que le sacrifice de la messe est
ainsi appelé, parce ([u'il est consacré par
une prière mystique , en mémoire de hi
passion que Notre Seigneur a souH'crle pour
nous ; que les Grecs donnent au saci-emcnt
du pain el dn calice le nom d'Eucharislie,
qui en latin signifie bonne grâce, n'y ayant
en eflel rien de meilleur que le corps et le
sang de Jésus-Christ. Il di'fiidt le sacremetil
le signe d'uue chose sainte, que l'on doit
recevoir saintement. H met de ce nombre le
baptême , le chrême ou lu confirmation , el
le corps elle saugde Jcsus-Clirisl, « qui sont,
dit-il, saciemenls, parce que , sous le voile
' Ang. Mai « publié an lome \\<\e? Script Vf 1er.
Prrpfat., pag. SR, un fragiriRiil 'lu |>rPii.i(T livre
(Jef firigiups. cliap. xxvn, sur l'orlliogr.iplie en é'TÏ-
Inre iJicIiygrapliiqHP nver oxpliralion. [L'Atilfur.)
' Hcclesin Inmen Chrisli inler ilivinos lihros el
honorai et prwdical. Isiil., lib. VI, cap, i.
[vil' SIÈCLE.]
des clinses corporelles, la vertu divine opi^'re
en seere.l le. salul reiit'ernic ilans ces sacre-
ments, qui sont administrés dans l'Eglise
par les miV'lianls comme i)ar les bons minis-
tres. [4O luipli'me ne peut se donner ([u'an
nom des trois personnes do la sainte Trinité,
le Père, le Fils et le Saint-Esprit. La chair
el l'Ame sont purifiées par ce sacrement.
Celui de la eonlhrnalion se confère ' jiar
l'onction dn ilirènie el pai' l'impositiou des
mains. Il ne se donne qu'après le baptême,
parce que le Saint-Esprit descend vulouliers
dans ceux qui sont purificis de leurs péchés.
L'exorcisme employé dans le baptême, est
pour conjurer le démon de sortir. Saint Isi-
dore enseigne que les apôtres, avant de se
séparer, composèrent le symbole que nous
avons sous leur nom. 11 parle des dilléreutes
abstinences dans le jeune, dont une est la
xëropliagic, où l'on ne niante que des cho-
ses sèclics. La parfaite pénitence est selon
lui de pleurer ses péchés passés , et de ne
les plus commettre ;\ l'avenir : la satisfac-
tion consiste ;'i retrancher les causes et les
occasions de péché , el A ne plus pécher. 11
distingue deux sortes d'exomologèses ou
confessions ; l'une de louanges, comme lors-
M.ii.ïi.ss, que Jésus-Christ dit : « Je vous l'ends gloire,
mon Père, Seigneur du ciel el de la tture; »
l'autre , de ses péchés : on s'acquitte de
celle-ci en s'humiliaut. en se revêtant d'un
sac , en couchant sur la cendre , en pleui-ant
ses fautes. La lilante, ou rogalion, a po ir
but d'obtenir de Dieu quelque effet particu-
lier lie sa miséricorde. — Le septième livre
est un abrégé de théologie. On y apprend ce
qu'il faut croire sur la Trinité, et les trois
personnes le Père, le Fils et le Saint-Esprit ;
sur les anges, avec la signification des noms
de ceux qui se sont rendus recommanda-
bles, soit clans l'Ancien, soit dans le Non-
veau Testament. On y explique aussi les
noms d'apôtre , de martyr, de patriarche ,
d'archevêque, d'i-vèque , de prêtre, de dia-
cre , de sous-diacre et des autres ministres,
de moine , de chrétien. Saint Isidore donne
dans le huitième les définitions de l'Eglise ,
de la Synagogue , de l'hérésie, du schisme.
CH.APITRE LXIX. — S.MNT ISIPOHE, l':VftOUE.
71.1
avec nn détail des hi'-résies qu'il y a en parmi
les chrétiens el chez les juifs. Les autres
livies n'ont aucun rapport à noire des-
sein.
7. Saint lldenhouse ne cite qu'un livre des u^<ei.i»
^ ' In (lifférencs
I)i/f('ivni:i's ou de la Propriété des termes ; ""f" 1° •""■
Brauliou en marque deux, en quoi il est sui- e["p','"n,''."
vi par Sigebert. Nous en avons Irais sur celle
matière : le premier intitulé : di' la /'ruprié/é
des \'er/jes; le second, des Dif/érenccs sj/iri-
tuelles; le troisième, des Différences ou des
propriétés du Discours. Peul-èlre que h^s deux
premiers n'eu faisaient qu'un autrefois, ou
que saint Isidore, aprèsavoir traité cette ma-
tière par ordre alphabétique, l'a traitée une
seconde fois dans un autic ordre. Quoi
qu'il en soit, ce sont des ouvrages de gram-
maire. Celui des Différences spirituelles ne
laisse pas de renfermer quelques principes
de théologie. 11 y est dit, à l'occasion d(! la
dillérence entre la Trinité et l'Lnité, que
comme le feu, la candeur ou l'éclat, et la
chaleur ne sont qu'une même chose, quoi-
qu'expriméc par trois noms, de même la Tri-
nité est dans 1-t rclalion des personnes, en-
core que Dieu soit un en substance; qu'il y
a entre les trois personnes cette différence,
que le Père n'est poinl engendré el ne pro-
cède point, que le Fils est engendré du Père,
el que le Saint-Espril^ procède du Père et
du Fils sans en être engendré.
8. Les deux livres des St/noni/mes sont quel- lj,,^^ ^^^
quefois intitulés Soliloques, parce qu'en ef- pa5!'°30i'°°''
fet saint Isiilore introduit d'un côté l'homme
qui se plaint de la misère de son état, el de
l'autre la raison qui l'averlit de son devoir.
Il envoya ces deux livres ù Braulicni, alors
seulement archidiacre, qui les lui avait de-
mandés. Ils sont cités par Braulion lui-mê-
me, par saint Ildephonse et par Sigebert '.
La lecture en est instructive et édifiante.
9. Le livre du Mépris du monde est tiré uvreduMè-
presqnc entièrement des Soliloques, et sou- «'.^ag.Tzô!
vent mot à mot, surtout le commencement :
c'est la raison qui s'y entretient avec l'hom-
me, de même que dans les Soliloques ou Sy-
nonymes. Nous ne connaissons point d'an-
ciens qui l'aient cité sous le nom tle saint
' Sicul in baptismo peccatorumremissio datur,
ita per unclionem saiictilicatio Spirilus adhibe-
tur-.. Manus impositio ideo fil , ut per benediclio-
nem advocalus invilelur Spirilus Sanclus : tune
eniin Paraclelus posl mundata et benedicta cor-
pora libevs a Paire descendit, et quasi super
baplismi aquam tanquam super pristinam se-
dem descendit. Isiilor., Ub. \I Orifiii}., i-,ip. xix.
^ Spirilus sanclus ex Paire cl Fiiio non geni-
lus, sed procedens. h'u\., lib. De Différent, spirit.,
uuni. 3.
■' Br.mlio, in Prœnolat. Ildeptious., De Scriplor.
Ecoles., cap. ix. Sigebert., De Yiris iliust., cap.
XV.
714
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
De 11 ricle
•le >i«. pas*
XI 0.
OlTerMs
ŒutreiiiKOra*
l«. [.«s. JM
et lUiV.
LeIM k
pM<«. p. 352,
LUrc «I*
Il nalDre de^
rlo»e9, \t»e.
iH.
Isidore; et on ne doute point qne ce ne soit
l'ouviatre dn quelque compihitcur.
10. Il faut porter le niènie jusrement du li-
vre intitulé : La Hrgle de Y'ie. C'est une com-
pilation des Soliloques et du livre dont nous
venons de parler. Il n'en esl rien dit non
plus dans les anciens catalocrues des ouvra-
ges de saint Isidore.
11. Les quatre opuscules suivants n'ont
rien qui ne soit digne de ce l'ère, et il sem-
ble que Sitrebeit l'en reconnaît auteur. Le
premier est un discours de consolation adres-
sé à un pénitent effrayé des jugements de
Pieu; leseconil, qui est en vers, est une la-
mentationd'un pénitent sur ses péchés, et une
prièie ^ "Dieu dont«il implore la miséricorde ;
le troisième est tout ensemble une prière à
Dieu, et une exhortation à la pénitence; le
quatrième est une oraison contre les teuta-
tions du démon.
12. La lettre à l'évêqueMassanusse trouve
aussi parmi les lettres de saint Boniface de
Maycnce, où elle est la soi.^ante-troisième.
Elle a pour but de montrer qu'un prêtre
tombé dans un péché d'impureté, et mis pour
ce sujet en pénitence, peut être rétabli dans
son degré d'honneur, après l'avoir accomplie.
C'en est assez pour regarder cette lettre com-
me faussement attribuée à saint Isidore, puis-
que, dans sa lettre à Hellnde ', et dans le
second livre des Ollices divins ' , ce docteur
enseigne , conformément aux anciens ca-
nons, qu'un évêque ou un prêtre qui s'est
rendu coupable d'un péché mortel de celte
espèce, doit être déposé, et que celui qui
en a commis un semblable avant son ordina-
tion, ne doit point être ordonné. 11 est vrai
que Gratien' cite celle lettre sous le nom de
saint Isidore dans son Décret; mais ce n'est
pas le seul endroit où il s'esl trompé.
13. Le livre de la IVatiire des Choses ne
peut être contesté à cet évêque, après les
lé:noipna(r(!s formels de Braiilion, de saint
lldephonse et de Sigeberl '. Il l'adressa à Si-
sebul, roi des Goths en Espagne, dont il fait
l'éloge en peu de mots. Ce prince lui avail
lui-même proposé la matière de rouviatc
en le priant de lui rendre raison de la divi-
sion des temps en jours, en mois, en années,
des solstices et des équinoxes, des difî'éren-
tes parties du monde, de la nature du soleil
et de la lune, des étoiles et des planètes, des
éclipses, des vents, des nuées . du flux el du
rclliix de la mer, et de plusieurs autres évé-
nements naturels. Saint Isidore répond à
tout dans ce livre, en se servant des lumiè-
res de ceux qui, soit parmi les gentils, soit
parmi les écrivains ecclésiastiques, avaient
traité avant lui les mêmes matières.
1-4. Quelques-uns ont cru que la Chronique
que l'on a imprimée à la suite du livre de la
Nature des Choses, était un extrait de celle
qui se trouve dans le cinquième livre des
Origines ou Efijmologk-s ; mais il est plus
vraisemblable que celle-ci est un extrait de
l'autre fait par Braulion, et inséré par lui
dans les livres des Origines, qui demandaient,
ce semble, cette chronique à l'enJroit où elle
est placée. Aussi Braulion distingrue claire-
ment la Chronique de saint Isidore des livres
des Origines. Il en fait deux ouvrages sépa-
rés '. Celte Chronique porte le nom de saint
Isidoie dans de très-anciens manuscrits ,
entre autres dans un de la Bibliothèque de
Sainl-Germain-des-Prés, du vu' ou viiT siè-
cle. Elle commence à Adam, et va jusqu'à
la cinquième année d'Héraclius, el la qua-
trième de Sisebut, comptant eu tout, depuis
la création du monde, cinq mille huit cent
quatorze ans. On l'a imprimée avec les Notes
de Garcias. Saint Isidore cite dans sa préface
les Chroniques de Jules Africain, d'Eusèbe
de Césarée, de saint Jéi-ûme, el de Victor de
Tunnes. 11 partage le temps eu six âges, dont
le premier commence à la création ; le se-
cond à la seconde année d'après le déluge ;
le troisième à la naissance d'Isaac, fils d'A-
bi'aham ; le quatrième au règne de David;
le cinquième à la cuplivilé de Babylonc ; le
sixième à la naissance de Jésus-Christ, en la
' Cogiiniinius Cordubtiisis lic^lesiœ sdccrdolem
in pontificali culmine carnali labe dclapsum...
Sciai se amisisse nomeii et olficium sacerdolis,
qui merilum perdidil saiictiKilis. Quaproplcr
judicii vestri derrelo p(rnileiili(v perpclim fla-
gitia pcrpeliala lamentatioiie deplorri, pUtngal
giicerdolii culliim qurm maie viiendo perdidil.
Ifiiilor., Upisl. ad Uellad.
' Si is qui jam in episcupalu tel prefbylcrio
morlale aliquod pcccalum admiseril, non débet
offrrre panes Domino : quanio magis anic ordi-
nationem peccator inventus repudiari debcl, u(
non ordinelur? I<1., lib. Il l)t Diiin. Uflic.
' liialiaii., in Uecrelo, Caussœ 33, quœsl. 2.
'• Kiiiiilio, Ideplions. et Si}f;cl). , ubi supva.
' L'hrotiicorum a principio mundi usquc ad
lenipns snum, libnini unum... hli/molograniin co-
diceni niinia magniindine. Uniiil., in Pra nolatio-
ne Itb. Isidori.
CHAPITRE LXIX. — SAINT (SIDORE, l':\ Ê^UE.
Ctironlqiia»
le- nûihsde»
t^aïutalot., ot
les Suites.
>aç. 398,
ConiiMOii*
tairez sor les
]lvri>5 de l'An-
cieueidiiNoii*
v«au ïc^ts-
me ni. Pag.
«U;>, 413.
Allé^'ories
sur l'ancien
et l<i Domeau
Tésiaiiieat ^
p»c. 51 ri
[vu" siftrxE.]
qiuiranto-dcnxièrac année du règno d'Au-
};ii?lo.
45. Il composa une Chronique particulière,
qui coiilicnl on abrogé 1 histoire des ("lOths,
(les Vandales et dos Suèves. Nous n'en avons
qu'une pallie dans l'édition de Paris do 1(501 ;
mais elle est |)lus ample dans colle de Ham-
bourg de 1611, et dans celle de Leyde de
1597, avec les notes de Vulcanius ; et plus en-
core dans celle d'Amsterdam de Itioo. Cette
Chronique est citée par ' lîraulion : elle
commence i\ l'ère 214 d'Espagne, c'est-à-dire
à l'an im de l'ère commune, et fmit au rè-
gne de Sisehiit.
IG. Braulion, parlant des Commentaires
de saint Isidore sur l'Ancien et le Nouveau
Testament, dit '■ que quiconque les lira, re-
marquera sans peine que ce Père les a enri-
chis de ce qu'il avait lu dans les anciens
commentateurs. Ils sont cités par saint Ilde-
phonse' et par Sigebort , qui citent aussi
l'opuscule qui sert comme de préface à ces
Commentaires. Le saint évèque, après y avoir
donné le catalogue des livi'es canoniques, fait
un précis de ce qu'ils contiennent. Nous n'a-
vons dans les imprimés que ses Commentai-
res sur les cinq livres de Moïse , sur ceux de
Josué, des Juges et des Rois, avec quelques
fragments de ce qu'il avait écrit sui' Esdras et
sur les Machabées. Il ne nous reste rien surles
autres livres de l'Ixriture de l'Ancien Testa-
ment*, qu'il avaitnéanmoins expliqués, com-
me nous en assure ' Sigebert. Trithème " en
avait vu non-seulement sur les livres de
l'Ancien Testament, mais encore sur ceux
du Nouveau. On a voulu contester à saint
Isidore les Commentaires sur les quatre
livres des Rois, et les attribuer à Isidore de
Cordoue; mais ils sont dans le même goût et
du même style que les Commentaires sur le
Pentateutjue, que personne ne lui conteste.
17. Il V avait encore moins de raison d'at-
715
ffue Braulion et Sigebert les dfinnent à saint
Isidiu-e de Sévilhi '. Ce qui a trompi'^ est le
nom d'Orosius à qui elles sont adressées. On
l'a pris pour le prêtre de ce nom, contempo-
rain de saint Augustin et de saint Jérôme,
au lieu que cet Orosius était évêfpie, comme
on le voit par le titre de révérendissirae que
saint Isidore lui donne , en l'appelant son
frère : c'était apparemment quelqu'iîvècpic
d'Espagne.
18. Saint Udephonse et Sigebert, n'ayant
fait aucune mention des livres historiques
de saint Isidore, n'ont rien dit de son C'a-
taUxjnc des écrivains ecclésiastiques : mais
Braulion " en parle, ce qui est un témoi-
gnage suffisant pour le lui attribuer. Il com-
prend en tout quarante-six écrivains, dont
le premier est le pape Sixte, et le dernier
Maxime, évoque de Saragosse, auteur d'une
petite Histoire de ce qui s'est pagsé en Es-
pagne sous les rois Goths.
19. C'est encore sur le témoignage de
Braulion et de Sigebert, que nous lui attri-
buons le livre qui a pour titre : De la vie et
de la mort des saints Pères de V Ancien et du
Nouveau Testament. Il y marque le nombre
de leurs années ot le lieu de leur sépulture,
quand il les sait, et le genre de leur mort.
20. Il adressa deux livres h Florentine sa
sreiir, l'un et l'autre contre les Juifs '. Dans
le premier, il rapporte ce qu'on lit dans V'.l-
criture touchant la divinité de Jésus-Christ,
son incarnation, sa passion, sa mort et sa
résurrection, joignant à ces autorités de so-
lides rétlexions, et des raisonnements très-
forts pour convaincre les juifs que tout ce
qui a été prédit du Messie dans les livres
qu'ils reçoivent comme divins, a été accom-
pli eu Jésus-Christ. Il résout en passant
toutes leurs objections. Il montre dans le se-
cond livre , par les témoignages des mêmes
Écritures, que les Juifs, qui étaient autrefois
LWre; dos
Eerivalos ec-
cléïlaiitlciucs,
pag. 5 m, et
p»S. lis.
Livre de la
vio fl de ta
morl des SS.
1 ères, faiJ.
531.
Livres con-
tre les Juttij,
pag. 6U, â&2.
tribuer à Isidore de Coi'doue les Allégories le peuple chéri de Dieu, ont été réprouvés
sur l'Ancien et le Nouveau Testament, puis- à cause de leurs crimes; et que les Gentils,
' Braiilio, nbi $\ipra.
' (Juœstionum libres duos, quos qui legit, vete-
rum Irartalorum muUam supellectilem recog-
noscit. Biaulin, ibid.
•' llilepJions. pt Sigeb., ubi supra.
' Ang. Mai a iniljlié dans le tome lit des Script.
réf., part. 2, pap. 2.56, un prologue sur rédition
du psautier faite par le saint éTêque. Dans cette
édition, il marquait par des signes les difTé-
reuees et les ressemblances qui existent entre les
Septante et S. Jérôme.
[L'e'ditcur.)
s Totum Vêtus Testamentum simpliciler expo-
nendo percurrit. Sigeb., eap. ix.
6 Tritbem., De Viris iUust.
' De nominibus Legis et Evangeliorum librum
«R«m in quo quid mcmoratœ personw ni;/steria-
liler significenl. Braulio, ubi supra et Sigeb.,
cap. IX.
s De Viris illustribns librum unum. Braulio, m
Prœnotat.
^ Braulio, in Prœnol. lib. Isidori ; Sigebert., De
Viris illusl., cap. lv; Udeplious., De Viris illust.,
cap. IX.
716
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQl'ES.
qui étaient pour eux un objet de mi^pris, ont
pris leur place, ayant, selon qu'il avait dté
pn^dit, embrassé la foi de Jésiis-Cbrist, tan-
dis que les Juifs se sont opiuiàti'és h le mé-
connaître et il le persécuter; que c'est parce
qu'ils ont nié sa divinité, et qu'ils l'ont fait
mourir, que la ville de Jérusalem a été dé-
truite de tond en comble; qu'il n'y a pour eux
aucune espérance de la voir jamais réta-
blie, au point d'en faire leur liabilation; que
la Synacrogue a pris fin par l'établissement
de riv-'lise ; que toutes les cérémonies de la
Loi, le sabbat, la circoncision, les sacrifices
ne sont plus en usage; que c'est par le bap-
tême annoncé par les Prophètes que l'on
obtient maintenant la rémission des péchés;
que c'est par l'onction sainte du sacrement
de confirmation que l'on est sanctifié ; que
les fidèles acqniccent le salut par la Croix ;
et qu'au lieu des victimes sanglantes que la
loi ordonnait d'immoler, le sacrifice qui plait
au Seigneur est celui de son corps et de son
sang, figuré par le pain et le vin que Melchi-
sédecli otl'rit. Florentine avait ellc-môme prié
saint Isidore de l'iusti-uirc sur ces matières
importantes.
.Livre pre- 21. Fulirence son frère, évcque d'Astiïite
et ensuite de Carthagène, voulut aussi avoir
de ses ouvrages. Il l'engagea h développer
l'origine des ilitlercntes parlies et cérémonies
de Tolfice ecclésiastique. C'est ce que saint Isi-
dore exécuta en deux livres qui ont toujours
été regardés comme le plus utile de ses ouvra-
ges par rapport à la discipline de l'Rglise '.
Voici l'analyse du \" livre : — Tout ce qui
se pratique dans les ollices ecclésiastiques
est fondé ou sur les divines l']crilin-es , ou
sur la tradition des apôtres, ou sur la coutu-
Proiog. me de l'Église universelle. Il y avait des au-
cp. II. tels et des temples dans la loi ancienne. La foi
III. en a établi dans tout le monde en faveur de
Jésu.s-Ghrist. On chanta des cantiques à deux
chœurs après le passage de la Mer Rouge.
Nous en chantons dans l'Kgiise ; et, .'i l'imita-
A.,i,uMin. tion d(; David, nous chantons aussi des iisau-
X tun- ■ '
mes. Dans la primitive l^glise, on psalmodiait
avec une simple inflexion de voix, qui appro-
r. cl'ail plus de In pi'ononcialion que du clianl.
On les clianla ensuite à cause des hommes
charnels, afin (|u'ils fussent du moins excités
à la componction par la douceur du chant,
■lue.siMii-.bSU,
llb.
r«u.
s'ils ne l'étaient par la beauté des paroles.
II y a deux sortes d'hymnes : les unes sont cp in|
tirées de l'Ecrilure, les autres ont été com-
posées par des hommes. Saint Hilaire de
Poitiers est le premier qui en ait fait. Saint ,,.
Ambroise en fit ensuite, qui furent d'abord
chantées dans l'é.glise de Milan, même de
son vivant, puis dans toutes les églises d'Oo-
cidenl. On doit aussi à saint Ambroise l'in- vn.
stitution des antiennes pour l'Occident, car
elles étaient déjà en usage chez les Grecs.
Avant son éiiiscopat, les répons avaient lieu
dans les églises d'Italie. On les appelait /ti}-
pons , parce qu'après qu'un chantre avait
chanté , le chœur répondait. C'est Jésus-
Christ qui a appris aux apùlres à prier, et
qui leur a fait un précepte de la prière. De
là est venue la coutume de l'Église d'adres-
ser des prières à Dieu dans les besoins. Les "■
Grecs ont les premiers composé des formu-
les de prières. A l'imitation des saintes lec- ." '•
turcs qui se faisaient en certains jours dans
les synagogues des Juifs, nous en faisonsdaus
nos églises, nous lisons surtout des livres
de l'Ecriture. Saint Isidore met en cet endroit ^'
le canon de ces livres, tel qu'il était chez les
Juifs, avec les auteurs de chacun de ces li-
vres et les différentes versions qu'on en a
faites. Il donne à Moïse le Peniatcuque; à
Josué, son livre ; à Samuel, ceux des Juges
et de Rulh avec la première partie des livres
des Rois ; les Psaumes à dix diU'ércuts au-
teurs ou prophètes, mettant de ce Homl>re
Moïse et David; aux sages de la Synagogue,
les prophéties d'Ezéchiel , de Daniel , des
douze petits Prophètes, les Paralipomènos
et Eslhcr. Il parle de la version des Septante
ù peu près dans les mêmes termes que saint
Justin et saint Irénée. A l'égard des livres
du Nouveau Teslamcnl,il ne décide rien sur
l'auteur de l'Epitre au.x Hébreux, ni siu' la
seconde de saint Pierre, ni sur les deux der-
nières de saiul Jean ; mais il dit nettement
que cet apcJlre a écrit l'Apocalypse; et en
général, que l'on croit que le Sainl-I^spril
est auteur de tous les livres de l'Aucieu et
du Nouveau Testament*. ■' -^k
22. L'AUchn'a, c'esl-;'i-diie louanges de x,,.
Dieu, était d'un ancien usage chez les Hé-
breux; saint Jean l'ouït aussi chanter par les
anges. Fn Afrique, on ne le chantait pas en AfOMi.pi.
' Uraulio, m Pro'nol.; Ildeiifionc. el Sigeb., uhi tus Snnclus esse credilur. Lili. I l)e Offlc. Eccle».,
fupra. Clip. XII.
' Auctor aulrm earunidem acripturtirum Spiri-
CIIAIMTIIE LXIX. — SAINT ISIDOIIK, KVÈQUE.
.1,18.
ivil' SlfcCLE.]
loiit temps, mais seulement les dimanches et
pcnil;iiit la cinquantaine ilo Pc\(iues. Au con-
tiaiif, les églises cl'Kspaniio le cliantcnt en
tout temps, hors les jours île jeune et du ca-
rême. Les antiennes appelées offertoires ne
sont point d'inslilution nouvelle. Les Juifs en
chaulaient, lorsqu'ils immolaient dos victi-
mes. Voici l'ordre des oraisons de la messe,
établi, comme l'on croit, par saint Pierre.
Les oraisons sont an nombre de sept : la pre-
mière est pour avertir le peuple et l'exciter
à prier; la seconde est une invocation, afin
que Dieu reçoive favorablement les prières
et l'oblation des fidèles; la troisième est pour
cens qui offrent, et pour les défunts, afin
qu'ils obtiennent le pardon par ce sacrifice;
la quatrième, ponr le baiser de paix et de
charité, afin que tons, étant réconciliés, s'u-
nissent dignement par la participation du
corps et du sang de Jésus-Christ ; la cinquiè-
me nous prépare A. sanctifier l'oblation, en
invitant les créatures terrestres et les troupes
célestes des anges ;\ louer Dieu : c'est ce que
nous appelons la Préface. La sixième est la
confirmation de rolfrande sanctifiée par le
Saint-Esprit ; la septième est l'Oraison domi-
nicale. Après ces sept oraisons, saint Isidore
met le Symbole de Nicée, puis la bénédiction
du peuple, figurée par celle que Moïse donna"
aux Israélites par ordre de Dieu. Il remarque
qu'encore que les apôtres ne fussent pas à
jenn lorsqu'ils communièrent, parce qu'il
était nécessaire qu'ils mangeassent l'agneau
pascal, avant de recevoir le vrai sacrement
dont cet agneau n'était que la figm-e, l'usage
de ' l'Église universelle est que nous rece-
vions k jeun le corps et le sang de Jésus-
Christ. Carie pain que nous rompons ' est le
corps de Jésus-Christ, qui a dit : Je suis le
pain de vie ; et le vin est son sang. Le pain
et le vin sont deux cliosesvisibles ; mais étant
sanctifiés par le Saint-Esprit, ils passent en
sacrement du corps divin. Saint Isidore cite
le passage de saint Cyprien oi'i nous lisons
qu'il est nécessaire de mêler l'eau avec le
717
vin dans le sacrifice de l'I^ucliarislie; puis il
ajoute : « 11 y en a ipii disent que l'on doit re-
cevoir l'Eucharistie chaque jour, si l'on n'en
est empêché par quelipie péché. Ils disent
vrai, s'ils la rei^oivenl avec dévotion et dans
des sentiments d'humilité, sans Iroppiésii-
mer de leur justice; mais s'il y en a (|ui aient
commis des péchés qui les retranclient du
saint autel, comme étant morts dans leur
ûme, il faut qu'ils fassent pénitence avant
toutes choses, pour recevoir ensuite le remè-
de qui donne le -salut et la vie. Car celui qui
le mange et qui le boit indignement, mange
et boit sa propre condamnation. Or, c'est le
recevoir indignement, que de le recevoir
dans le temps auquel on doit faire pénitence.
Que si l'on ne juge pas que ces péchés soient
tels qu'ils doivent éloigner de la communion,
alors celui qui les a commis ne doit pas se
priver du remède qui se trouve dans la par-
ticipation du corps du Seigneur, de crainte
que s'il s'en éloignait longtemps, il ne demeu-
rât séparé du coi'ps de Jésus-Christ : car il
n'est pas douteux que ceux qui reçoivent son
corps, n'y trouvent leur vie. » Il donne pour
maxime générale ', que celui qui a cessé de
pécher, ue doit pas cesser de communier.
Cl Nous croyons *, ajoute-t-il, que la coutume
d'oflrir le sacrifice pour le repos des fidèles
morts et de prier pour eux, étant observée
par toute la terre, a été instituée par les apô-
tres. C'est ce que l'iiglise catholique obser-
ve partout : et si elle ne croyait pas que les
péchés peuvent être remis aux fidèles après
leurmort, elle ne ferait point d'aumônes ponr
leurs âmes, ni u'ollrirait pour elles le sacri-
fice à Dieu. Car lorsque le Seigneur dit : Si
quelqu'un pèche contre le Saint-Esprit, son pé-
ché ne lui sera point pardonné, ni en ce monde,
ni en l'autre, il fait voir qu'il y en a qui sont
pardonnes en l'autre monde, et qui sont pur-
gés par le feu du purgatoire. »
23. Saint Isidore trouve dans l'Ancien Tes-
tament l'institution des oifices de tierce, de
sexte, de noue, de vêpres, des compiles, des
ilal. SJI,32.
C»p. xi.<
.\X, \\t, XXII,
XXiil, XXIV,
\3.v el seq.
' Àb xmiversa Ecclesia iiunc a jejunis seinpcr
accipUur. Ibid., cap. xvni.
' Panis enim quem frangimus, corpus Christi
est, qui die il : Ego suiii pauis vivus. Yiiium au-
tem languis ejus est... Hœc aulem duo sunt visi-
bilia; sanclificata tamen per Spirituiii Sanctum, in
sacramentuin divini corporis traiiseuiit. Lih. I De
Ollic, cap. xvni.
' Qui peccare jam quievit, coinmtmicare non
deninat. Ibid.
* Sacrificium pro defunctorum fideliuiv requie
offerri vel pro eis orari, quia per tolum hune or-
bem custoditur, credimus quod ab ipsis apostolis
tradituin sit. Hoc enim ubique catholica tenet Ec-
clesia, quœ nisi crederet fidelibui defunolis di-
milli peccata, non pro eonun spirilibus, vel elee-
mosynam faceret, vel I)eo sacrificiuiii offerret.
liam, el quod Dominus dicit : Qui peccavei-it iii
Spiritum t-auclum, uon remittetur ei, uequeiuhoo
seciilo ucquc iu faturo, demonstrat illic quibus-
dam dimiltenda esse peccala el quodain purgato-
rio igné purganda. Ibid., cap. xvni.
718
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
veilles, des matines, remarquant en passant
qu'il y a eu des hérétiques, nommés nycta-
ges ou dormeurs, parce qu'ils regardaient
les veilles de l'Église comme inutiles, et com-
me contraires à l'ordre de Uieu, qui a éta-
bli la nuit pour le leposet le sommeil. Il dit,
d'après Cassien, que l'oUice de matines a été
établi premièrement dans le monastère de
Belbléem, doù il est passé dans toutes les
églises du monde. Après quoi il parle des
fêtes principales de l'Eglise, savoir : du Di-
manche, de Noël, de l'Epiphanie, oii l'on cé-
lébrait tout ù la fuis l'adoration des Mages,
le baptême de Jésus-Chiist et le miracle de
l'eau changée en vin aux noces de Cana; du
t.p.u»,r. jour des Palmes, de la Cène de Jésus-Christ,
auquel jour ou lavait les autels, les murail-
les et le pavé de l'église, on purifiait les va-
ses sacrés et on faisait le saint chrême; du
Vendredi-Saint, du Samedi-Saint, de Pâques,
de l'.\scension, delà Pentecôte, des Martyrs
et de la Dédicace, n Nous célébrons ', ajou-
te-t-il, les fêtes des martyrs pour nous exci-
ter à les imiter et nous recommander ù leurs
prières ; mais nous ne les honorons point du
culte de latrie, qui ue convient qu'à Dieu.
C'est pourquoi nous ne leur ollVons point le
sacrifice. Nous leur rendons des honneurs
de charité, non de servitude. » Les jeû-
nes en usage dans l'Église étaient ceux du
Carême , dont Moïse , Élie et Jésus-Christ
ont donné l'exemple, de la Pentecôte, de
Cp.xH.r, septembre, c'est-à-dire des quat:e-lemps. Il
ne dit rien de ceux de décembre, qui étaient
i',"cii".' en usage dès le pontificat de saint Léon;
mais il marque deux jeûnes que nous ne
pratiquons plus, celui du premier jour de no-
vembre et celui dupremier de janvier. «Nous
jeûnons quelquefois, ajoutc-l-il, trois joui-s
de suite à l'imitation des Ninivites. » En cer-
taines églises on jeûnait tous les vendredis
de l'année; en d'autres les samedis. La tra-
dition des églises était qu'on ne jeûnait point
depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte ; mais on
ne trouvait pas mauvais que les moines pra-
tiquassent fienJant ce temps-là quelquesjeù-
nes particuliers, pourvu que ce ue fût pas le
dimanche. A l'égard des autres pratiques de
l'Église, elles n'étaient pas généralement ob-
niM. corvées. D;ins les unes, on oll'rait tous les
jours le sacrifice; dans les autres, ou ne
' Festivilates (ipostolarum.seu in honore mor-
lyruin fesliritates antiqiti paires in renfralioniB
my.ilerio cclehrari adnxeninl, vel ail excilanJuin
(iri imilationem, vel ni iiurilis eoriiin ronsocif-
Axzrii
XXXVIM.
XIXIX,
l'ollrait que le samedi et le dimanche, et
dans quelques-unes seulement le dimanche.
Comme il n'y avait en cela rien qui fût con-
tre la foi et les bonnes mœurs, chacun pou-
vait suivre en sûreté les usages de son égli-
se. Ce Père croit que l'usage du vin et de la i,
viande n'a été permis que depuis le déluge;
qu'on peut par dévotion s'abstenir de l'un et
de l'autre, non qu'ils soient mauvais de leur
nature, mais parce qu'ils sont la nourriture
des vices.
24. Il traite dans le second livre de tous Lirrm
les ditierents degrés du mmislere ccclesias- «• rct!é.i«
tique', i-aj
tique. Tous ceux qui en font quelque fouc- «»s. «p. ..
tion sont appelés clercs, parce que le Sei-
gneur est leur sort et leur héritage, ce que
signifie le nom grec de c/erc. Ils doivent me- cp. n.
ner une vie éloignée de celle des séculiers,
s'abstenir des plaisirs du siècle, des specta-
cles, des festins publics, de l'usure, du com-
merce, des fréquentes visites des veuves et
des vierges, des paroles sales ; s'appliquer à
la lecture, à la prière, à la psalmodie. On '"
distinguait deux sortes de clercs : les uns
étaient soumis à leurs évêqnes; les autres,
vivant sans chef, en prenaient occasion de se
livrer à leurs passions. Ils n'étaient ni laï-
ques, ni ecclésiastiques. Tous les clercs poi^ '>
talent une tonsure, ayant le haut de la tête
rasé, et seulement une couronne de cheveux
autour de la têie, à la façon du cercle d'or
que les rois mettaient sur leur tête. Le sacer-
doce, dans la loi ancienne, a commencé par
Aaron. Melchisédech otfrit des sacrifices; v.
Abraham et Isaac en oflVirenl aussi, mais
c'étaient des sacrifices purement volontai-
res. Ils ne les offraient pas par l'autorité du
sacerdoce. Il a commencé dans le Nouveau
Testament par saint Pierre, qui est le pre-
mier à qui le pontificat ait été accordé dans
l'Église de Jésus-Christ. Les apôtres reçurent
depuis un pareil degré d'honneur et de pou-
voir. Les évoques lem- ont succédé. Ils sont
ordonnés par l'imposition des mains, non
par un seul évêque, mais par les évêques
comprovinciaux. L'âge requis pour l'épisco-
patestde treuteaus. Il faut, poiirêtre évèque,
avoir vécu dans le célibat, ou n'avoir été ma-
rié qu'une fois, encore avec une vierge. En
ordonr.ani un évècpic, on lui donnait un bâ-
ton et un anneau: le hAton, pour marquer
mur nique oralionibus arijuvemur: ila Inwen til
nulli marlijrum, offeramus...xed ipsi Deo mnrly-
rum. Colimus ergo martyres ruUu, diltctionis et
societalis. Ibid., cap. xxxiv.
(vit siècle.
CHAPITRE LXIX. — SAINT ISIDORE, l'iVÊQUE.
([iril devait corriger son {)('ii|ilo, cl soutenir
les l'yihles; ramieaii, en sij^ne île l'iionuenr
pontifical. Lire l'Écrilnre sainte, étudier les
canons, instruire les peuples, leur donner
l'oxenipic d'unesainlo vie, dotnier l'aunione,
exercer l'iiospilalité envers les étrangers :
voilà les devoirs d'un évèijue. Ils avaient des
vicaires pour faire à leur place diverses fonc-
tions dans les bourgs et les villages : on les
noujniait cliorévêqnes. Ils avaient le pouvoir
d'ordonner des lecteurs, des sous-diacres, des
exorcistes, mais non pas des prêtres, .'i moins
que ce ne IVit de l'agrément de l'évèque du
diocèse. L'ordination des prêtres était donc
réservée aux évêques, pour maintenir l'au-
torité et la splendeur de l'épiscopat, et aiin
d'empêcher les divisions; mais lesprclicsne
laissaient pas d'avoir beaucoup d(i part à la
dispensation des mystères. Ils présidaient
aux églises, ils consacraient le corps et le
sang de Jésus-Christ, ils prêchaient la parole
de Dieu.
23. Les diacres sont les dispensateurs des
mj'stères consacrés par les prêtres. Ce sont
eux qui avertissent du temps de fléchir les
genoux, de psalmodier, d'écouter les lec-
tures. Ils présentent aussi le calice au peuple,
ù qui il n'est pas permis de le prendie sur
l'autel. Le texte, au lieu de peuple, lit le
praire : ce qui parait une faute d'impression,
car il n'est pas vraisemblable que les prê-
tres n'aient pas eu droit de prendre le calice
sur l'autel. On choisissait encore des diacres
pourlem- confier la garde du sacraire. Lors-
qu'on ordonnait un sous-diacre, on ne lui
imposait pas les mains, comme aux prêtres
et aux diacres, mais il recevait des mains
de l'évêque ' la patène et le calice, et de
l'archidiacre un vase d'eau avec un linge
pour essuyer les mains. On les obligeait tou-
tefois à la continence, parce qu'ils touchaient
les vases sacrés. Les lecteurs, obliges de
lire à haute voix dans l'église, devaient sa-
voir prononcer exactement, mettre les ac-
cents sur les syllabes, lire d'une voix claire
et grave, sans l'élever trop, ni trop l'abais-
ser. Ou faisait aussi beaucoup d'attention à
la mélodie, h la force et à la netteté de la
voix, dans le clioix de ceux qui étaient char-
gés du chant des psaumes. Ce choix était
confié aux prêtres. Les fonctions des exor-
719
cistes étant d'imposer les mains sur les éner-
guinèned et do les exorciser, ils rec^oivent i\
leur ordination, des mains do l'évêque, le
Livre des exorcismes. Il était du devoir des
portiers de ne laisser entier dans l'église que
ceux ([u'il était d'usage d'y laisser outrer.
Saint Isidore distingue six sortes de moines :
les cénobites, les ermites, les anachorètes;
une autre cs[ièec d'anachorètes, (pii n'en
avaient que le nom et non la vertu ; les cir-
concellions ou vagabonds, et les sarabaïtes.
Il n'estime que les trois premières, surtout
les cénobites, ou ceux qui vivent en com-
munauté, à l'exemple des premiers chrétiens.
Ensuite il parle des pénitents, qui, tombés
dans quelque péché considérable depuis leur
baptême, s'ell'oi-(;aient d'en obtenir le par-
don par leurs larmes et par leurs regrets.
On leur coupait les cheveux, on les couvrait
d'un cilice, et on répandait des cendres sur
leur tête, pour les faire souvenir qu'ils n'é-
taient que poussière, et qu'ils retourneraient
en poussière. Les clercs faisaient leur péni-
tence devant Dieu; les laïques, en présence
de l'évêque, qui leur imposait solennelle-
ment les travaux et les marques de la péni-
tence. Lorsque l'évêque bénissait une vierge
consacrée à Dieu, il lui mettait un voile. Il
ne recevait au rang des veuves, que celles
qui avaient quarante ans. Les personnes ma-
riées recevaient la bénédiction du prêtre lors
de leur mariage, l'Eglise pratiquant en cette
occasion ce que Dieu fit dans le paradis ter-
restre, quand il bénit Adam et Eve, leur
disant : Croissez et multipliez.
26. Après avoir pai-lé des différents or-
dres de l'Eglise, ce Père explique ce qui re-
garde la foi et les sacrements. Il distingue
trois degrés dans ceux qui passent du paga-
nisme à l'Église catholique : les catéchumè-
nes, les compétents, les baptisés. Les caté-
chumènes y viennent avec la seule volonté
de croire en Jésus-Christ; les compétents
ont déjà reçu la doctrine de la foi, et s'em-
pressent de recevoir le baptême. La foi
qu'on leur enseigne est renfermée dans le
Symbole composé par les apôtres : les com-
pétents l'apprenaient par cœm'. Saint Isidore
l'explique, et marque aussi quelques arti-
cles de la foi qui n'y sont pas renfermés
clairement. Il ne décide rien sur l'origine de
C3[>, XI /.
XVI.. xviii.
' Suhiliaconi cum ordiiianlur, sicul sacerdoles
et kvHiv inanus iinjiositionem nonsuscipmnt; sed
patenam tanlum et caUcem de manu episcopi, et
ah archidiacono scyphuin aquœ cum aquœ mani-
li cl manuterginm accipiunt. Lib. UOIJic., cap. x.
720 HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'ànic, la retrardanl coninie incertaine : seu- qui regarJe les archidiatics , à qui il tlonno
Icinenl il dit qu'elle n'est pas une iiartie de une grande autorité sur les parois-^es de leur
(jp. II'.
la substance divine, non plus que la nature
des anges. Il enseigne que le mariage légi-
time n'est point coiulamnaMe; que le baptême
conféré au nom de la Trinité ne peut se réité-
rer ; que nul notait le bieu sans la grâce. Il
dislintruetroissortcsde baptêmes :lebaptème
iini.uviii.
ressort , sur les sous-diacres , les diacres et
les prêtres, même sur l'archiprêtre. 11 y parle
aussi des primlciers , des lrésoriei"s et des
économes.
28. Ses trois livres des sentences sont ti-
rés des Morales de saint Grégoire le Grand '.
d'eau, le Imptême de sang et le b?pléme de Le premier livre contient des sentences ou
larmes. C'est Dieu qui baptise : ainsi il n'im- pensées chrétiennes sur les attributs de Dieu, "<''i'-<
porte que ce soit un bérélique ou un mé- son immutabilité, son immensité, sa tonte-
chant qui le confère, poi:rvu qu'il l'adminis- puissance, son éternité, etc. ; sur la division
Ire au nom du Père, du Fils et du Saint- des temps et la création du monde ; sur l'o-
Esprit. C'est aux évèques et aux prêtres que liginc du mal; sur la nature et l'état des
l'administration en est réservée ; de sorte anges et de l'homme ; sur l'Incarnation, sur
que les diacres ne'peuvenl le conférer, que la divinité et les opéialions du Saint-Esprit,
lorsque l'évcque et les prêtres sont absents sur l'Église et les hérétiques qui en ont com-
cl.éloignés, et dans le cas de nécessité, au- battu la doctrine. 11 dit d'eux que les bonnes
Lettre &
Lfurr*de évê.
Îue
ouc,
pae.eiâ
quel cas les laïques mêmes fidèles peuvent
le donner, afin que personne ne périsse,
faute de ce remède. L'évêque donne le saint
Chrême aux nouveaux baptisés, pour les
rendre les oints de Jésus-Christ ; et il leur
impose les mains , afin qu'ils reçoivent le
Saint-Esprit. Celte fonction est réservée à
l'évêque, à l'exclusion des prêtres, qui ne
peuvent l'exercer, ni en présence , ni en
l'absence de l'évêque.
Les deux chapitres suivants ne se trou-
vent point dans l'édition de Cologne de 15G8.
Ils traitent des sulTrages de l'Eglise, c'esl-iV
dire des prières et des bonnes œuvres que
l'on y fait , tant en faveur des fidèles vivants
que des trépassés. Il y est dit que, pour que
ces suifrages soient profitables, il est néces-
saire que celui qui les fait soit dans la cha-
rité, de même que celui pour qui ils sont
faits; qu'ainsi ils sont inutiles aux damnés ;
qu'ils profitent à ceux qui sont détenus
dans le purgatoire , à proportion que ces
âmes ont mérité, étant en ce monde, que
ces suH'rnges leur profitassent. Tout cela est
expliqué dans le goût des scholastiques.
27. Les deux livres des Ollices ue parais-
saient pas encore, ou peut-être même ils
n'étaient pas achevés, lorsque Leiifrèile, évê-
que de Cordoue , pria saint Isidore de lui
marquer en détail toutes les fonctions de
chaque minisire de l'Église. Il le fit dans une
lettre iind'on a donnée par paities dans l'é-
dition do IfiOl. Le commencement si^ lit à la
page (il 3, et la suite à la page 093. Ce n'est
qu'un précis de ce que saint Isidore dit de ces
ministres et de leurs fonctions dans ses livres
des Ollices. Il s'y êleiid un peu plus sur ce
œuvres qu'ils font ne leur servent de rien,
c'est-ù-dire pour le salut ; et qu'encore qu'ils
accomplissent la Loi et les Prophètes , Dieu
n'est point au milieu de leur assemblée, par
cela seul qu'ils ne sont point catholiques. Il
remarque, dans les sentences sur la dille-
rence des deux Testaments, que dans l'An-
cien certaines fautes étaient moins grièves
qu'elles ue le sont dans le nouveau, l'ancien
Testament n'ayant que l'ombre de la vé-
rité , tandis que le Nouveau a la vérité
même, et des préceptes beaucoup plus re-
levés. D'où vient que la vcngeani.e, qui était
permise aux juifs, est condamnée sévère-
ment dans les chrétiens. En parlant du bap-
tême, que les cufauls qui meurent bans l'a-
voir reçu, sont condamnés aux peines de
l'enfer pour le seul péché originel; que le
baptême délivre des peines éternelles, mais
qu'il ne uous met pas à couvert de celles de
celte vie; qu'un enfant étant dans le sein
de sa mère ne peut être baptisé, parce que ,
n'étant pas encore né selon Adam, il ne peut
renailrc en Jésus-Christ ; que ceux i]ui, vi-
vant dans le désordre, croient s'en purifier
en communiant souvent, se tronqjent, puis-
que l'Api'itre ordonne de s'éprouver avant de
manger de ce pain, et de lioire de ce calice;
que les miracles étaient nécessaires dans l'é-
tablissement de l'Église; mais que présente-
ment iju'elle est établie, il est i)lus grand de
bien vivre tpie do faire des miracles. Il parle
des signes avant-coureurs de l'anlcchrist ,
p.irmi lesquels il met qu'alors les juifs per-
sécuteront plus cruellemenl l'Ilglise , qu'ils
' Urautiu, ifi fraimlut. \\h. Isidori.
Cap. xt
CHAPITRE LXIX.
LKre se*
tonil des Sen-
ICDCo?, pag.
Llh, II Dif-
férent., cap.
IXTir, psg.
S99.
[vu* SIÈCXE.]
ii'oiil fait au premier avotipiiiciit du Sauveur.
Il tlisliiij^uc lieux orihi's ciilio les élus et lo3
réprouvés au ju,i;eineiil (icruier. Le pi-emier
prdre des élus est celui des parfaits, qui juge-
ront avec Jésu.s-Cluisl ; le second, de ceux qui
scrout ,juf;és et néaunioins sauvés. Le pre-
ijiier ordre des réprouvés est de ceux qui ,
iayant été dans l'Ii^glise, seront jugés et con-
damnés pour leurs mauvaises actions ; le se-
cond , de ceux qui n'oul point été dans l'E-
glise : ils seruut condanun's, mais ncui pas
jugés, parce qu'ils le sont déjà, comme n'ayant
pas eu la toi en Jésus-Christ. Les méchants
seront punis ;\ proportion de leurs péchés.
La vue de leurs supplices ne causera aux
bienheureux aucune douleur, même pas un
sentiment de compassion , parce que la joie
qu'ils trouveront à contempler Dieu, ne lais-
sera aucune entrée :\ la tristesse.
:29. Les Sentences du second livre regar-
dent la pratique de toutes les vertus, en com-
mençant parles théologales; la fuite de tou-
tes sortes de péchés, et la manière d'en
obtenir le pardon. Il y est aussi parlé de la
grâce et de la prédestination. Sur le premier
article, saint Isidore enseigne que le progrès
de l'homme dans la vertu est un don de Dieu ;
que personne ne peut être corrigé de ses
mauvaises mœurs par soi-même, mais par
la grâce de Dieu , dont le secours nous est
nécessaire pour tout bien, quoiqu'on disent
les défenseurs du libre arbitre ; que la grâce
divine ne trouve dans l'homme aucun mérite
qui l'attire, mais qu'elle y en fait quand elle
est venue ; qu'étant entrée dans un cœur in-
digne d'elle, et n'y ayant rien trouvé qu'elle
ne dut punir, elle forme des mérites pour
les récompenser; qu'il y a une double pré-
destination , l'une des élus pour le repos et
la félicité, l'autre des réprouvéspour lamoit.
Il s'était expliqué en ces termes sur cette
SAINT ISIDORE, ÉVÊQUE. 721
matière dans le second livre des DilI'érenccR :
u PersiMine ne prévirent ])ar ses lui-iiles la
grâce du Seigneur ', de sorte (ju'il puis.sc re-
garder Dieu comme son débiteur. Mais le
Créateur, qui est équitable envers tous d'une
manière mcivcilleuse, a choisi les uns eu les
prédestinant, et a abandonné les autres, par
un juste jugement, dans leurs mœurs dé-
pravées. D'où il parait visiblement que le
don de la grâce ne s'acquiert point par les
forces de la nature, mais qu'il est accordé
par un pur effet de la bonté divine. Car quel-
ques-uns , faits vases de miséricorde , sont
sauvés par un don gratuit de sa miséricorde
prévenante ; et les autres , qui ont été faits
des vases de colère , et qui sont réprouvés
et prédestinés à la peine, sont damnés. C'est
ce qui parait par l'exemple d'Ésaii et de Ja-
cob, avant qu'ils fussent nés : quoique con-
çus et enfantés du même sein et coupables
l'un et l'autre du péché originel, la bonté
prévenante de sa miséricorde n'a cependant
attiré à Inique l'un des deux, en même temps
que , par un effet de la sévérité de sa justi-
ce, il a condamné l'autre, resté l'objet de sa
haine , et l'a laissé dans la masse de perdi-
tion. C'est ce que le Seigneur a dit aussi par
sou prophète : J'ai aimé Jacob , et j'ai haï
Ésaii. D'où il suit que la grâce est donnée
par un effet de la seule vocation divine, et
que nul n'est sauvé ou damné, choisi ou ré-
prouvé, que selou le décret de la prédesti-
nation de Dieu, qui fait paraître sa justice
dans les réprouvés , et sa miséricorde dans
les élus ; ca7- lotîtes les voies du Seigneur ne
sont que miséricorde et vérité. Il avait dit, quel-
ques lignes auparavant, qu'il y a cette dif-
férence entre la grâce dont Dieu nous fait
part, et la volonté du libre arbitre des hom-
mes ^, que le libre arbitre est la volonté d'une
puissance qui est bbre et qui peut d'elle-
' Kemo Deum merilis an tecedit ut tenere eum
quasi debilorem possit:sed mira modo œquus om-
nibus Conditor alios pro'deslinatos prœetiijit, alios
vero in suis praiis moribus justojiidicio derelm-
quit. Unde verissimunt estgraliœ munus non ex hu-
niana virlule, velex merilo arbilrii consequi,sed
soHus divin(e pielalis bonilate largiri. Qtiidam
enim gralissimw misericordiœ fjus prœvenientis
dono satviintur, effecli vasa misericoriliœ: quidam
veru reprobi liabiii ad pœnam ptuedestinati dam-
nantur, ep'ecli vasa irir. Quod excmplo de Jacob el
Esaii nondumnatis colligiliir, quidnm essent una
concepUone vel partu edilioripariquenexupeccati,
ginalis asiricli. aller uni tamen eonnn ad se miseri-
cordiœ divinœprœvenienlis traxit; alterum qtia-
XI.
damjustitiœ severitale, odio habitnm in massaper-
ditionis relictinn damnavil, sicul etperproplietam
idem Dominus loqiiitur dicens: Jaonb cHlexi, Esaû
aiiteai odio liabui. Unde consequens est, nullis prœ-
venitntibus merilis, co.'ferri gralium, sed sola vo-
calione divina.Neque quemquam salvari,siiedam-
nari, elegi, velreprobari nisi ex proposilo pra-dcs-
tinanlis Dei, quijustns eslinrfprobatis, misericors
in eleclis: Univers» enim vife Domini misericor-
dia et veritas. Isidor., lib. II, de Dif. rerum, xxxii,
pag. 299, 300. col. 1029.
' Inter gratite divinœ infusioneni, et humani ar-
bitra vnluntatem hncinteresl: arbilrium est ro-
luntas liberœpolestis gvœ perse sponte vel l'Ona
velmalaappelerepolest; gralia aulem estdivinw
46
HISTOIRE GÉXÉR.VLE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
"22
mf'mc et de son plein p:ié se tourner vers le
bien on le mal ; an lien que la ptràce est un
don gratuit de la bonté de Dieu, par lequel
on mérite le commencement de la bonne vo-
lonté et l'appliialion à l'd'uvrc: qu'en effet
la pvâce prévient l'homme afin qu'il devien-
ne bon, et que le libre arbitre ne précède
point la grâce; mais que cette grâce pré-
vient l'homme qui ne voulait pas le bien , et
le lui fait vouloir; que l'homme est disposé
de manière que, par le poids de sa propre
chair il a une pente naturelle à la prévarica-
tion, et qu'il est lent à faire pénitence; qu'il
peut bien par lui-même faire des chutes, mais
qu'il ne peut se relever par lui-même ; qu'il
faut pour cela que son Créateur lui tende la
main, et qu'il ne peut être relevé que par la
grâce; qu'Adam avait par son libre arbitre
le pouvoir de commencer le bien , qu'il ne
pouvait toutefois achever qu'avec le secours
de Dieu ; mais que , pour nous, c'est de la
grâce de Dieu que nous recevons et le com-
mencement et l'accomplissement du bien au-
quel se porte notre libre arbitre; que c'est
Lit. Il, celui qui nous a donné la grâce et qui a ré-
"• tabli eu nous noire libre arbitre, qui nous
donne de commencer le bien et de l'accom-
plir. Saint Isidore remarque , dans le chapi-
tre intitulé des Exemples des Saints, qu'il est
utile, quand on fait Ihisloire de leur vie, de
c«p, it;ii, faire mention de leurs chutes et de leur pé-
nitence ; afin que les pécheurs ne désespè-
rent pas, mais quiis fassent pénitence com-
me eux, pour obtenir le pardon de leurs fau-
tes. 11 est du sentiment que plusieurs péchés
légers en font un cons-^idéiable. comme plu-
sieurs gouttes d'eau composent un tleuve ;
qu'ainsi on doit éviter les plus petits péchés.
En parlant dans le treizième chapitre de ceux
qui promettent facilement une sûreté tout
entière aux pécheurs, il dit que c'est d'eux
que le Prophète a eu raison de dire : <i Ils
truilent honteusement les ùlessuresde mon jjeu-
ple, en disant, que ta paix était assuréç lors-
qu'elle ne l'était /tas. Celui-b'idonc traite hon-
teusement les blessures d'un pécheur, qui
lui promet sûreté lorsqu'il pèche et qu'il ne
EsmIi. XIII,
fait pas une. juste et légitime pénitence, n H
ajoute , qu'encore que l'on obtienne le par-
don de ses péchés par la pénitence , l'on ne
doit pas être sans crainte ; parce que c'est à
Dieu, et non pas à l'homme , à peser la sa-
tisfaction du pénitent dans la balance de la
justice ; qu'ainsi la miséricorde de Dieu étant
cachée, il est nécessaire de pleurer sans
cesse.
30. Il traite, dans le troisième, des diffé-
rentes tentations auxquelles nous sommes
sujets, et des moyens de les sunnonter. Il
parcourt A ce sujet presque toutes les diver-
ses conditions des hommes : des évêques. des
prêtres, des princes, des juges, des avocats;
maïquant les dangers et les obHgations de
chaque état. On y trouve, comme dans les
deux livres précédents, des instructions très-
solides et très-salutaires.
31. Les deux premières de ses lettres sont
adressées à Biaulion : l'une, lorsqu'il n'était
encoi-e qu'archidiacre de Saracrosse; l'autre,
depuis qu'il en fut évêque. Il marque dans
celle-lA, qu'il lui envoyait un anneau, un
maiiteau et un cahier des Régloti, de celles ap-
paremment qu'il composa pour des moines.
La troisième est à Uellade et aux autres évo-
ques assemblés pour juger la cause d'un prê-
tre tombé dans un péché d'impureté. Il est
d'avis qu'on le prive pour toujours du nom
et des fonctions <lu sacerdoce, et qu'il passe
le reste de ses jours dans les larmes de la pé-
nitence, pour obtenir le pardon de sa faute.
La quatrième, adressée h Claude, fut écrite
dans le temps des disputes des Grecs avec
les Latins sur la procession du Saint-Es-
prit. Ainsi elle ne peut être de saint Isidore.
Ou voitparcettelettre que les Grecs croyaient
que le Symbole qui porte le nom de saint
Athanase, était de lui. La cinquième parait
du même temps et du même sl^ le. On y agite
la question, mue entre les Grecs et les Latins,
sur le pain azyme et le pain levé; et l'auteur
décide (juel'on ne doit consacrer l'Eucharis-
tie qu'avec du pain azyme. Cette lettre esta
Hcd''in[itMS, archidiacie : c'était le nom d'un
des disciples de saint Isidore, le même (pii a
LWjo ui
dr«âtm«nrcft,
1^. 6' (I.
Lcltr«&d
S. Isidor*,
(jraliivdonum graluitum, per tjund el bonwvulun-
talts iiiUiuiii,! l oiieris prvnicrcmur affeclutn... Di-
vitia (juipiie gratia prieteuiliir homo. ut bonus sil,
ncchtimanum arbilniim Dei graliam antecedil. sed
ipsa fjra'.ia Dei volentem hominem prœvenil ut
etiam hene vrlij,- Nain pondère carnts homo fie agi-
fjr, uladpeccandum sitfacUis, cl ad panilendum
piger. Hnbet de se unde corruat, el nonliabel unde
consurgal, niai gratia Cnndiloris, ulerigalur. ma-
num j nanti txtcndal... {Adam) haliuit inchoandi
boni lilicruni arbUrium, quad lamrn Dii adjulorio
perficeretur. Kiis antcni et inchoationem lilicri ar-
bitra el perfecltonem de Dei snmimuf gratia, qui
et incipere boimm el perfnere de i;»(.o liahcinui,
a quo el gratiœ donum datum, cl liberum arbi-
trium in nohis est reslauralum. Ibid.
[vu' SIÈCLE.] CHAriTRE LXIX. — SAINT ISIDORE, ÉVÊUUE.
Proing.
Cap. >.
décrit les circonstances de sa mort. Celle ;\
Eugène, ëvcque de Tolède, est encore de
même style que les den.\ précédentes. Elle a
pour but d'établir l;i |)riinaiité et les antres
piéiopaiivcs tlu Pape. Elle cite le Symbole
de saint Alhanase coiûiue étant de ce Père,
el reçn et approuvé de l'I^i^lisc catholique.
Ce symbole pouvait être connu dans le siècle
de saint Isidore; mais il ne portait pas géné-
ralement le nom de saint Athanase ', el l'on
n'a point de preuves qu'il fut dès-lors reçu et
approuvé des Églises catholiques. Cela n'ar-
riva que depuis,
32. Parmi les monastères de la province
Bétique dont il est parlé dans la dixième ac-
tion du concile de Séville en Gl'J, il y en avait
un, nommé Honoii, pour lequel saint Isidore
écrivit une rèfçlc. Il l'adressa aux religieux
qui y demeuraient, en les avertissant qu'elle
renfermait les instructions des Pères di.-^per-
sëes çà et là; et que, pour leur en rendre la
pratique plus aisée, il avait réduit en peu de
mots ce que ces anciens avaient mis fort au
loua:, et écrit d'un style clair et familier ce
qu'ils n'avaient dit qu'avec quelque sorte
d'obscurité. — La clôture du monastère doit
êti'e exacte, et il ne doit y avoir qu'une porte
d'entrée, et une antre de denière pour com-
muniquer au jardin que l'on aura soin de
placer dans l'enclos. La métairie du monas-
tère en sera éloignée, de peur que sa proxi-
mité ne soit une occasion de dérangement.
Les cellides des moines seront près de l'é-
glise, afin qu'ils arrivent plus tôt à l'ollice ;
ou en éloignera au contraire l'infirmerie,
ainsi que les cellules des religieux, pour que
les infirmes ne soient point interrompus par
le bruit. Celui que l'on choisira pour abbé
sera d'un âge mûr. éprouvé dans tontes les
vertus, notamment dans la patience et l'hu-
milité, capable d'instruire les moines de vive
voix et par son exemple : les moines lui por-
teront le l'espect comme à leur père. Ils n'au-
ront entre eux qu'un même cœur, et ne pos-
séderont rien en propre. On éprouvera les
postulants pendant trois mois dans le loge-
menbdes hôtes, avant de les admettre dans
la communauté ; et on ne les admettra point
dans le monastère, qu'ils n'aient promis par
écrit d'y demeurer le reste de leur vie. Le
rang et l'ordre des moines se réglait sur le
temps oîi ils étaient entrés. Celui qui était
entré le premier, avait rang avant nn autre
* Voyez tome lY, pag. 18S.
723
qui n'était venu qu'après lui. Cette disposi-
tion était générale à l'égard des pauvres et
des riches, de ceux qui étaient de conrlilion
libre et de ceux qui n'en étaient pas. Lors de
Icui- v(pu de staijilité, ils donnaient tous
leurs biens-aux pauvres ou au monastère.
Cette donation ne leur devait pas être un su-
jet de s'élever, comme les pauvres qui litaient
reçus ne tievaient tirer vanité de ce qu'ils se
trouvaient dans le monastère de niveau avec
ceux qui y étaient venus riches. On ne rece-
vait les esclaves qu'avec le consentement de
leurs maîtres. Les savants et les ignorants y
étaient admis. La raison d'y admettre les pau-
vres était, qu'il s'en trouvait souvent de celte
condition qui se rendaient plus recomman-
dables par leurs vertus et par leurs autres
qualités personnelles, que les riches.
33. Saiut Isidore règle en cette sorte les
occupations de toute la journée. En été, les
moines travailleront des mains depuis le
matin jusqu'à tierce. Depuis tierce jusqu'à
sexte, ils s'appliqueront à la lecture. Ensuite
ils se reposeront jusqu'à none ; après quoi ils
se remettront au travail des mains jusqu'au
soir. Dans les trois autres saisons de l'année,
ils liront depuis le matin jusqu'à tierce. De
là, jusqu'à none, ils travailleront des mains.
Alors ils prendront leur réfection : puis s'oc-
cuperont de la lecture ou du travail des
mains. Ils porteront tous leurs ouvrages an
prévôt, qui les portera lui-même à l'abbé
ou au supérieur du monastère. Ils cultive-
ront eux-mêmes leurs jardins, et se prépa-
reront le manger; mais ils feront faire par
des domestiques leurs bâtiments et les ou-
vrages de la campagne. Ils travailleront en
commun, s'occupant pendant le travail, ou
de la méditation, ou du chant des Psaumes.
Ceux à qui leur infirmité ne permettra pas
de travailler, seront traités avec douceur. Au
signe de l'office, tous accourront pour le ré-
citer, sans pouvoir sortir du chœur avant la
fin, si ce n'est pour quelque nécessité. Tisse
prosterneront pour adorer Dieu en fijissant
chaque psaume; puis s'éfant relevés, ils en
commenceront un autre. Saint Isidore pres-
crit un certain nombre de psaumes pour cha-
que heure canoniale, avec des leçons tirées
de l'Ecriture, et marque tout l'office des
matines et des laudes, tant pour les jours de
fêtes, que pour les jours ordinaires. Ceux qui
manquaient aux vigiles de la nuit, étaient
privés de la communion. Ds s'assemble-
ront trois fois la semaine pour écouter en
Cip.
724
HISTOIIŒ GKNIOIULE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
silence les inslrnclinns, ou de l'ahbi-, ou de
ijiKvqiie aïK ieii, ou du innins pour (uitendrc
lire les règles dos Pères. Cette confi-rence se
Cp, riii. faisait après l'iieure de tierce. Chacun de-
mandait dès le matin un livre au bibliothé-
caire, à (]ui il le rendait le soir. Celui qui né-
gligeait d'en demander à l'heure marquée,
n'en recevait point du tout. La lecture des li-
vres des païens ou des hérétiques leur était
défendue. S'ils étaient arrêtés par quelques
dilUcultés, ils les proposaient dans la coufé-
«. rence, ou à l'abbé après vêpres. On fermait la
porte du monastère pendant le repas, qui
était indiqué par un sij^ne.Tous maugeaient
ensemble, avant l'abbé A leur tète, s'il ne
s'en dispensait pow cas de maladie. Leur
nourriture ordinaire était d'herbes et de lé-
gumes : quelquefois, aux jours solennels, on
ajoutait aux herbes de la chair la plus légè-
re, c'est-à-dire des volailles. Si quelqu'un
voulait s'abstenir de chair et de vin, on ne l'en
empêchait pas, pourvu que ce ne fût i)oiiit
par un mépris pour les créatures de Dieu,
comme faisaient les priscillianistes dont l'Es-
pagne n'était pas encore entièrement déli-
vrée. Il était défendu sous peine d'excommu-
nication de manger ou de boire hors de l'heu-
re et de la table commune; celui qui avait
besoin avant le temps de la réfection ordi-
naire, demandait la permission à l'ablié ou
au prévôt. Les si'culiers ne mangeaient ja-
mais avec les moines. Ceux-ci passaient de
la table à hi prière. S'il restait quelque chose
de leur repas, on le donnait aux pauvres.
On dinait depuis la Pentecôte jusqu'au com-
mencement de l'automne. Le reste de l'an-
née, il n'y avait que le souper. Le carême,
on jeûnait au pain et A l'eau. Le repas des
autres temps consistait en deux mets, l'un
d'herbes, l'autre de légumes, auxquels on
ajoutait des pommes ou d'autres fruits, quand
»• il y en avait. On ne jeûnait aucun jour de di-
manche, ni pendant la cin(jnantaine de Pâ-
ques, ni l'octave de Xuël, ni la fête de l'Epi-
XI, phanie. On rompait aussi le jeune en faveur
des étrangers. Eu tout autre temps, il était
permis de jeûner. Les vieillards et les jounes
gens étaient dispensés de la rigueur du jeu-
ne ; ils ne jeûnaient que de temps h autre,
autant que la faiblesse de leur .'ige le per-
mettait.
„,. 31. On avait aussi égard à l'âge et aux be-
soins dans la distribution dos habits. Les moi-
nes ne portaient point de linge. La règle veut
qu'ils n'aient, en ce qui concerne leurs vê-
tements, ni propreté, ni néglicrence alToctée.
11 leur était défendu do nounir leurs chovcux :
tous se faisaient raser la totc en un même '-'•'■ ""•
jour. Chaque mois, l'abbé visitait leurs lits,
pour voir s'il y manquait quelque chose, on
pour retrancher ce qui était superflu. Ils
couchaient tous en une même chambre, s'il
était possible, au moins dix ensemble; mais
jamais deux en un même lit, et la chambre
était toujours éclairi-o. Lorsque quelqu'un i>>-,i
faisait une faute, celui qui en était tc'-moin
devait l'en reprendre une et deux fois ; s'il ne
se corrigeait pas, on le punissait, sans toute-
fois le chasser du monastère, quelque gran-
de que fût sa faute, de pour de l'exposer à
de plus grandes tentations. Les peines étaient
proportionnées aux fautes : les plus légères
étaient punies d'une excommunication de
trois jours; les plus grandes étaient pu-
nies selon la discrétion de l'abbé. 11 pouvait ""•
à une longue excommunication ajouter le châ-
timent des verges. Celui qui était excommu-
nié ôtail sa ceinture; et prosterné hors du
chœur, il demandait pardon à tous ceux qui y
entraient, jusqu'à ce que sa faute lui fût par-
donnée. L'excommunié était non-seulement "■'"■
séparé de la communauté; mais encoi-e on
l'enfermait, avec défense à qui que ce fût de
l'aller voir, de lui parler, de prier et de man-
ger avec lui. Le temps de sa pénitence fini,
l'abbé lui donnait l'absolutiou solennelle-
ment dans l'église. Los moines en bas Age ""•
n'étaient point sujets à l'excommunication :
on les châtiait avec des verges. Comme tous
ne devaient rien posséder qu'on commun,
ils faisaient tous les ans à la Pentecôte leur
déclaration qu'ils ne gardaient rien en pro-
pre. Ils étaient obligés, lorsqu'on leur fai-
sait quelque présent, de s'en défaire au pro-
fit de la communauté, parce que tout ce qu'un
luoinc acquiert, il l'ac-juiert au monastère. 11
ne leur était donc pas permis de le donner
même aux pauvres, ni à toute autre person-
ne, saus l'agrément de l'ablié. Ils ne pou-
vaient pas même faire quelque échange avec
leurs confrères sans son consentement. Le ,
pouvoir de l'abbé était restreint A certai-
nes bornes : il lui était défendu de mettre de
son autorité en liberté un esclave du mo-
nastère.
3^1. On parla;.:oail en trois parts les rcve- "^
nus ; l'une pour les infirmes et les vieillards,
et pour acheter aux frères quolipie chose
pour leur nouriiture les jours de fêles so-
lenuolles ; l'autre, pour les pauvres ; la troi-
[vu" SIÈCLE.]
sifSme , pour les liabillempnts des moines et
les autres nécessités du monastère, Le prd-
vùt, iiui en était le [iriiiciiial ollicier, avait
soin des allhiros du dehors; li' custode ou sa-
cristain, devait sonner i'olllce, et pourvoir aux
Inminaiies et à tout ce qui était nécessaire
piiur le service divin. Un autre était cliarpé
du vestiaire et des meubles; le portier, de re-
cevoir les hôtes ; le cellérier, des provisions
de bouche, des greniers et du bétail ; le se-
mainier, du service de la table; un autre, de
la cidture du jardin; un autre, d'instiuire
les enfants dounés au monastère ; un autre,
de distribuer les aumônes. Des séculiers fai-
saient moudre le blé dont les moines faisaient
leur pain ; c'était aussi à des séculiers que
l'on donnait la charge de faire du pain pour
les inlirmes et les étrangers. Il y avait en-
core im moine préposé à la garde des ferre-
ments et des outils, pour les distribuer en
temps et lieu. Ce monastère avait une mai-
son dans la ville, où résidait un ancien avec
cip. Ml. deux jeunes. Ou ne le changeait pas, tout
le temps qu'on était conteut de lui. Les ma-
lades usaieut de bain en cas de nécessité :
du reste ou leur accordait tout ce qui était
nécessaire pour les soulager et rétablir leur
santé. Quoique l'on dût recevoir toàs les
hôtes avec cordiahté , on en témoignait da-
xïu. vantage aux moines. En l'absence de l'abbé,
j.iii le prévôt gouvernait la communauté. Si quel-
qu'un d'eux faisait un voyage, on priait pour
lui en commun avant son départ, et après
son retour. Celui qu'on envoyait dans un au-
tre monastère , était obligé de se conformer
à l'observance qu'on y pratiquait, afin de ne
j,,.. point donner de scandale. Il y avait un lieu
destiné à la sépulture des moines , et on of-
frait le sacrifice pour chacun d'eux après leur
mort pour la rémission de leurs péchés ',
mais avant qu'ils fussent enterrés. Chaque
année, le lendemain de la Pentecôte, on l'of-
frait en général pour tous les défunts. Telle
est la règle de saint Isidore , si conforme en
beaucoup d'articles à celle de saint Benoit ,
qu'on^dirait qu'ils en sont tirés.
CIIAIMTIIE LXI.X. — SAINT ISIDOUIî, KVf;QUE.
725
36. L'on a beaucoup varié sur l'auteur du
traité intitulé : dit Camfmt des VWliis cl dos
Vices. Tantôt on l'a atlrii)ué ;'i saint Augus-
tin , tanli")! à saint Aniiuoise , tantôt à siint
Léon, et tantôt i\ saint Isidore i!e Séville. Cette
variété de sentiments a pris sa source dans
la variété même des manuscrits. Oom Jacques
du Breui, (jui croit cet ouvrage de saint Isi-
dore, cite pour lui plusieurs manuscrits, com-
me les anciens éditeurs des œuvres de saint
Augustin, de saint Ambroisc et de saint Léon
en citent pour le donner i\ chacun de ces
Pères. Sigebert de Gcmblours le met au nom-
bre des écrits de saint Isidore' dans le cata-
logue qu'il en a fait, et on ne peut répondre
à son témoignage, qu'en disant qu'il a été
trompé par les manuscrits qu'il avait en
main. L'opinion dominante est que le traité
du Combat des Vertus et des Vices est du
bienlieureux Ambroise d'Autpert, abbé dans
le VIII' siècle d'un monastère sur le Vulturnc
ou Voltorno, près de Bénévent. La chroni-
que de cette abbaye le lui donne ' ; l'anonyme
de Molk dit ' qu'Ambroise d'Autpert le com-
posa à l'imitation du Combat de l'cime par
le poète Prudence, et qu'il l'adressa à Lant-
fride, prêtre et abbé en Bavière. Il se trouve
sous le nom d'Ambroise d'Autpert, dans un
manuscrit " de 800 ans, en l'abbaye de saint
Emmeran de Ratisbonne. Il faut ajouter que
le livre du Combat des Vertus et des Vices
a une grande conformité de style avec le
Commentaire sur l'Apocalypse, qui passe
sans contradiction pour l'ouvrage d'Ambroi-
se d'Autpert.
37. A l'égard du Commentaire sur le Can-
tique des Cantiques, il n'en est fait mention
dans aucun catalogue des livres de saint Isi-
dore. Braulion, saint Ildefonse et Sigebert,
n'en disent rien. Trithème en parle ; mais il
lui donne aussi des Commentaires sur tous
les livres de l'Ancien et du Nouveau Testa-
ment. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage ne fomnit
de lui-même aucune raison de l'oler à saint
Isidore, ni de le lui donner.
38. Il n'en est pas de même du livre qui
Du eomti«t
dflN TCrlUK «t
itt vtceUi iitr.
703.
CcmiBpn-
talre sur lû
Cantique, r.«g,
719.
' Transeunlibus àe hac luce fratribus, antequam
sepelianlur,pro dimitlendis eoruin peccatis sacri-
ficium Domino offeralur.... Profpiritibiis dtfunc-
lorutn altéra die posl PenUcostensacriliciam Do-
mino offeraliir. IsiJor., Reg., cap. xxiv.
- Sciipsit Inidorus de conflictu vitiorum et vir-
lutum lihruiii uiium. Si^'ebert.
' Àmhrosius librum qxioque de conflictu rilio-
rumedidit. Vita imbros. ÀutpeH.,tom. W.Sctor.
Ordin. S. Dencd., pag. 238.
* Ambrosius, qui et AtUpertus, scribit in librum
Apocalyiisis Joannis aposloli ; scribit etiam in
moduni Prudentii Psycltomacliiœ, quod interpre-
tatur pvgna animœ, Ichruni de Cun/lictu rirtu-
tum et vitiorum, quem et misit ad Lanfridum
ahbdiem <tc prt'shylerum in Bavnria coustilutuiit.
Auoiiyii). MesUri'iis. de Scriptor. Eccles., cap. li.
* Pez, Toiu. I, Anecdot. Dissertât. Isagogica, pag.
41.
6 Tom. I, Spicilegii, pag. 268 et 306.
726
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'Ordre dei
Crteluro.
a pour titre, de l'Ordre des Créatures, impri-
mé pour la première fois à Paris en 1655,
dans le premier tome de dom Luc d'Achérj-.
Il est dédié à Braulius évèque de la ville de
Rome, c'est-à-dire, comme porte l'inscription,
de In ville de Suragusse. L'auteur dit, à la fin
de son ouvrage, que c'est par ordre de ce
Braulius qu'il l'a entrepris ; et il lui parle du
mérite de cet écrit , et de sa propre person-
ne , en des termes extrêmement humbles et
soumis. Toutes ces circonstances forment
une preuve solide que l'inscription de ce
traité est fausse. Braulion ne le cite point
dans le catalogue des ouvia^^es de saint Isi-
dore. Eùt-il oublié de parler d'un livre fait
par son ordre, et qui lui aurait été dédié ?
Cet évèque le fut constamment de Saragos-
se ; mais a-t-on jamais donné à cette ville le
nom de Rome ? Braulion était ami de saint
Isidore; il avait été son disciple; mais il
n'avait eu depuis aucune qualité qui le lui
rendit supérieur. Comment donc lui aurait-il
parlé dans des termes qu'un piètre emploie-
rait à peine en parlant à sou évèque , et un
disciple en écrivant à son maître ? Un croit '
que l'inscription ne portait d'abord que ces
mois : A l'évoque de la ville de Rome, avec cette
lettre initiale B,et que cette lettre marquait
re qui porte le nom de saint Isidore soit de
lui. Peut-être ne le lui a-t-on attribué, que
parce qu'il est tiré pour la plus grande par-
tie des livres des Origines. Il avait fait ua
traité des nombres, où, à l'occasion des nots-
bres traités dans l'ICcriture, il disait quelque
chose de l'arithmétique ; et un autre des hé-
résies, où, à l'exemple de ceux qui avaient
avant lui travaille sur cette matière, il parlait
de chacune avec beaucoup de précision.
Braulion* cite ces deux écrits. Nous ne les
avons plus.
40. On voit par ceux qui nous restent, que
saint Isidore avait une profonde érudition,
et qu'il savait mettre à profit ce qu'il avait
lu dans les anciens aulfurs, soit ecclésiasti-
ques, soit profanes. Son style n'est ni élo-
quent ni châtié , mais il est clair et aisé. II
rèiine dans ses œuvres morales un goût de
piété et de componction , qui touche et qui
attendrit. Ses autres ouvrages sont recom-
maudables par la variété étonnante des ma-
tières qu'il y traite.
41. Les livres des Origines furent impri-
més à Augsbourg en 1472, iu-fol., par Gou-
tier Zainer, qui employa du parchemin pour
quelques exemplaires. On les réimpiima à
Bâic, en 1480, in-fol.; à Venise, en 1483, in-
|.a«. 9S9. I
vm p«rdw
JufPm
de sei ter.
Boniface , qui occupait le Saint-Siège du vi- fol. ; à Paiis, en 150!), avec des notes de Vul-
vant de saint Isidore, dont les copistes auront
fait Braulion, a qui ils voyaient que ce saint
avait écrit plusieurs lettres , et dédié ses li-
vres des Origines. Ce n'est qu'une conjectu-
re ; mais elle esl fortifiée par la conformité
du style de cet ouvrage avec ceux de saint
Isidore. Il est divisé en quinze chapitres, dont
le premier renferme ce que l'on doit croire
sur les mystères de la Trinité et de l'Incar-
nation ; le second , ce qui regarde les neuf
ordies des anges. Puis l'auteur donne de suite
l'explication de l'ouvrage des six jours de la
création. Dans le huitième , il parle des dé-
mons et de leur nature : dans le douzième ,
de la nature de l'homme après son péché ;
dans le treizième, des diverses sortes de pé-
cheurs , et du lieu des peines ; dans le qua-
torzième, du feu du purgatoire, dont il prou-
ve l'existence à peu près de la mcuie maniè-
re que le fait saint Isidore dans le chapitre
dix-huitième du premier livre desOHice.s ec-
clésiastiques : le quinzième est sur la vie fu-
ture.
Gioiiiirt, 39. On n'a aucune preuve que le Glossai-
canius; à Bàle, en 1577. Il y a trois éditions
particulières de l'Histoire des Goths, des Van-
dales et des Suèves; l'une n Hambourg, en
Itjll ; l'autre A Leyde, en lo'J7 ; la troisième
à Amsterdam, eu 1655. Le livre des Écrivains
ecclésiastiques a été imprimé plusieurs fois :
à Cologne, en 1580; A Madrid, en 1593, avec
les conciles d'Espagne; à Anvere, avec la Bi-
bliothèque ecclésiastique d'Auberl le Mire,
en 1639; à Francfort, en 1603, parmi les
Écrivains d'Espagne, et avec les notes de
Scholtus. Le Traité de la vie et de la mort
des saints des deux Testaments se trouve
dans le recueil des Opuscules de ce Père à
Haguenau, en 1529, iu-4, et dans les Orlho-
Ihodoxdgraphcs, A Bàle, en 15G9. On a im-
primé aussi dans les Orthodoxographes les
livres des Oltices ecclésiastiques ; ils furent
encore mis sous presse à Paris en 1564 et
ICIO; à Cologne, en 15G8, et à Rome, en
1591, avec plusieurs opuscules de même
genre. Les deux livres a Florentine font par-
tic de l'édition de Haguenau, en 1529, et de
celle de Venise en 1584. Garcias ayant enri-
> Bolland., ad diem ^. aprilis.
' Bra\ilio, tn Pranot. Op. Isidori.
CHAPITIIE LXIX. — SAINT ISinOHE, ÉVÈgUE.
[vu* siècle].
clii lie noies les livres îles Senlcnces, les fit
iuipiimer ù Turin en iri'JG, in-4. Helsténiiis
donna place à la Règle des moines dans son
Code imprimé .'i Paris en 166i. Les l'dilions
générales des oeuvres de sniiil Isitloie sonl
celles de Paris en 1580, par M:irgarin de la
Signe, tlieï Mieliel Sonniiis; de Madiid, en
15'Ji); de Paris, en d601, par dom Jac(pics du
Breul, moine de Saint-Germain-dcs-Prés,
chez Micliel Sunnius; de Colo^^ne, en 1617.
Celle de Paris renferme les notes de ditfé-
rents auteurs sur les ouvrages de saint Isi-
dore, recueillies et augmentées par Jean
Grialus, qui a remarque que ce Père profite
souvent des découvertes de Solin, de Ser-
vi us, de Sergius, de Lactance, et de beau-
coup d'autres, sans les ciler.
[Les œuvres de saint Isidore furent impri-
mées de nouveau <i Madrid, 1778, 2 v. in-fol.,
et h Rome, 1797-1803, 7 v. in-i, par Arévalo.
Cette édition, plus complète et plus correcte,
est reproduite dans les tom. LXXXI, LXXXII,
LXXXIII delà Patrologie latine. Voici le con-
tenu de ces trois volumes : Le tome LXXXI
comprend : 1° Prolégomènes de l'éditeur,
sous le titre de lsidon'an(i,svi\ii vie, les ges-
tes et la doctrine de l'auteur, avec les préfa-
ces de toutes les anciennes éditions; 2" sur
les ouvrages apocryphes, en quatre parties.
Appendice; 3° commentaires des Bullundis-
tes sur l'auteur; 4° histoire de la translation
de son corps ; 5° préface à une coUeclion de
ses canons; 6° préfaces dej'auteur tirées du
cardinal Mai. — Tables.
Le tome LXXXII comprend les préfaces de
l'édition de Grial. — Vie de saint Isidore, pro-
bablement par Luca, évêque de Tuy. — Noti-
ce historique par Fabricius. — Témoignage
sur saint Isidore. — Avertissement de dom
Grial. — 1° Les étymologies en vingt livres,
avec de nombreuses noies. — Vingt-et-un
fragments divers. — Variantes tirées de dif-
férentes éditions et manuscrits. — Notes de
Semler. — Annotations de Zaccaria.' — No-
tes d'Arévalo.
Le tome LXXXIII comprend : 1° et 2° des Dif-
férences et de la propriété des mots, en deux
livres; — 3" quelques Allégories de l'Écrituie
sainte ; — 4° de la naissance et de la mort des
patriarches qui sont loués dans l'Ecriture; —
o°surlcslivres de l'Ancien et duNouveau Tes-
tament; — 6° sur les nombres dont il est fait
mention dans l'Écriture; — 7° Questions sur
l'Ancien et le Nouveau Testament, avec les ré-
ponses; — 8° de la Foi catholique contre les
727
Juifs; y" — Sentenci's ou traités de la religion
en lrt)is livres; — 10" desUtliccs ecclésiasti-
ques;— 11° Synonymes, ou lamentations de
l'âme péchei'csse, en 2 livres; — 12" Règle des
moines ; — 13" Lettres, aunonibre dv treize ; —
14° d(^ l'Ordre ou arrangement des créatures;
— 15"de la.Xature des choses, espèce de traité
physi()ue; — 16° Chronique depuis Adam.juS-
qu'en 654 de J.-C. ; — 17" Histoiie des rois
Goths, Vandales et Suèves ; — 18° le Livre
des hommes illustres.
Appendices.. .. 1. Les anciens évêques de
Tolède. — 2. Qui^lques vers attribués à saint
Isiiiore. — 3. Ghioni(iue des rois Visigoths de-
puis l'an 863 jusqu'à l'an 701. — 4. Chronolo-
gie ou série des rois Goths. — 5. Exposition sur
le Cantique des Canti(iues. — 6. Du conflit des
vices et des vertus. — 7. Exposition de la mes-
se.— 8. Quatrième livre des Sentences. — 9.
Exhortation;! l'humilité. — 10. Sentences de
l'Éciilure et des pères. — 11. Quatre discours.
— 12. Des dogmes ecclésiastiques. — 13. Sur
la vie active et la vie contemplative. —
14. Règle de vie. — 15-16. Deux pièces de
vers sur la pénitence. — 17 et 18. Deux dis-
cours. — 19 et 20. De la naissance et de la
mort des patriarches et des nombres de l'É-
criture. — 21 . Glosses sur la Sainte-Écriture.
— 22. Des ditïérences et sur la propriétés des
mots. — 23. Glossaire ou explications des
mots barbares ou peu usités.
Dans le tome LXXXIV on trouve une col-
lection de canons attribués à saint Isidore, eu
dix livres : 1° Préface d'Ant. Gonzalès, biUlio-
thécaire de Madrid, pour l'édition de 1821 ;
2° Les conciles des Grecs jusqu'au concile de
Clialcédoine; les conciles d'Afrique, des Gau-
les, d'Espagne, jusqu'en 704 ; Lettres décréta-
is de vingt papes; — Dissertation historico-
critique sur la véritable et authentique collec-
tion des canons de saint Isidore par C. de La
Serra Santader, publiée à Bruxelles en 1800.
Cette préface était écrite pour l'édition qu'a-
vait préparée le Père jésuite Buriel; mais
qui n'a point paru. La première édition de
cette collection parut à Madrid en 1808, iu-
fol. ; les Épitres décrétales et les Rescrits des
pontifes romains furent publiés à Madiid en
1821. On reproche à l'éditeur de n'avoir fait
usage que de manuscrits espagnols, bien
qu'il en existât ailleurs de plus anciens, du
viir siècle notamment.
Les meilleurs critiques ont trouvé que cette
collection est d'Isidoi e, en ce sens du moins
qu'il la revit, l'augmenta et la mit dans un
728
mSTOmE GÉNÉRALE DES AUTECTS ECCLÉSIASTIQinîS.
meilleur ordre' : c'est ce livre des canons que
le iv" concile de Tolède ordonne de lire daus
les conciles d'Espagne. 11 a, comme nous l'a-
vons déjà dit, deux iiaitics : la 1" renferme
les Canons des conciles; la 2' les Dëcrétales
des pontifes romains. Celles-ci commencent
à saint Damase, et unissent àsaintGrégoire-
le-Grand. La collection ne cite de ce pape
que les lettres à saint Léandre et au roi Ré-
carèdc, ce qui fait bien voir en quel temps
et pour quel pays elle a été faite el terminée.
Parmi les nombreuses pièces qu'elle con-
tient, il n'y en a pas une qui ne soit autlieu-
tiquc. Ce (jui n'est pas moins j-emarquable,
dit M. Rol.rbaclier', c'est que, parmi le grand
nombre d'exemplaires mannsciits conservés
en Espagne, il n'y en pas un qui contienne
des pièces fausses. La collection interpolée
sous le nom d'Isidore Mercator a été incon-
nue en Espagne jusqu'à l'invention de l'im
primerie. Ce qui ne nu-rite pas moins il'ètre
remarqué, c'est ce qu'on lit dans la préface
de cette anti([ue collection ; « Aux canons
des conciles nous ajoutons les décrets des
pontifes romains, attendu que leur autorité
n'est pas moindre à cau?e de la suprématie
du siège apostolique. Quant aux canons dits
des Apôtres, comme le Siège apostolique ne
les re<;oil point et que les saints Pères n'y
ont point donné d'adhésion, encore que l'on
y trouve quelque chose d'utile, ils n'ont point
d'autorité canonique et sont rangés parmi
les apocryphes. » Le tome LXXXIV est tei>
miné par la table des canons, l'index des
principaux passages de l'Kcrilure cités dans
les ouvrages de saint Isidoie, l'index des
matières et des mots contenus dans toutes
ses œuvres.]
CHAPITRE LXX.
Branlion évêque de Saragosse [vers l'an 646] , Jean évêque de la même ville, saint
Snlpice éfêqae de Bourges, saint Didier évêque de Cahors, Vérus évêque
de Rodez, et quelques autres, saint Valère abbé [655].
bnnllon,
^Ttqtjp de Sa-
raeo«sp. Sc!
écrits.
(Écrivains latins du vii« siècle.)
Branlion, dont nous avons parlé plusieurs
fois dans le cliapilre précédent, succéda A
Jean, son frère, dans le siège épiscopal de
Saragosse en 627. Il assista en 6.3.3 au qua-
trième concile de Tolède, on 636 au cinquiè-
me concile qui se tint en cette ville, el au
sixième en 638. Saint Ildefonse lui donne
environ vingt ans d'i'-piscopat : ainsi il faut
niettie sa mort vers l'an 646. Outre l'I^ioge '
et le Catalogue des ouvrages de saint Isidore
de Séville, il composa ' la Vie de saint Émi-
lien, h la prière du prêtre Froniniien, à qui
il l'adressa par une lettre que l'on a mise à
la tète de cette Vie dans le premier * tome
des ,\ctos de l'Ordre de saint Benoit. Il y dit
qu'Émilien embrassa d'abord la vie éréniiti-
que, qu'ensuite il fut iippolé .'i la desseite
d'une paroisse par l'évêque de Tarazone.
C'est là que l'on a b:\ti depuis un célèbre mo-
nastère sous le nom de saint Émilien, qui
est surnommé de la Cuculle, pour le dis-
tinguer de saint Émilien, évêque de Ver-
cpil, el de quelques saints de mémo nom.
Braulion composa' encore une Hymne en
riionnour de saini Tniilien. Elle est en vers
ianibi<jues; et pour donner plus d'éclat à son
culte, il ordonna qu'au jour de sa fête, on
chanterait une " messe commune. Il avait
même eu la ' pensée de faire un discours
pour y èlre prononcé ; mais il craignit de trop
allonger l'ollice. 11 y a deux de ses lettres à
saint Isidore dans le recueil des œuvres de ce
Père.
2. [On a t)ublii' depuis, quarante-qualrc , utitf.dt
Icllres écrites par saint Rraiilioii ou adressées '"■"■ .''"'v'!''
. ' loiTif LXAX,
a lui, de plus une vie de saiiil l'niijien . une "i- «'»•
» Prœf. coll., l. LXX.XIV de la Pair., col. 01-92.
' Histoire universelle de l'Église au luine X, lioi-
.-(■•iiii- éiM. pag. IU9.
' l)oui CeilliiT avait omis le litre de saint en
panant de Sulpice-le-Pieux. {L'éditeur.)
* Prœnotal. lih. Isidori.— ' lldoplmiis. , De Viris
illusl., "-ap. XII.— « l'ug. im.
' Uraulin, EfiùiL ad Fruniinianum. pag. 198. —
» Il.i.l. - 0 ll.i.l.
[vil* sifccLE.] CHAPITRE LXX. — DRAUT
liymno pour le même , cf une aufro hymne
sur siiinl Milliau, pI les Actes des martyrs do
Snragosse sous nioclcticn.
La première lotlre est d'Isidore évoque, à
Braulion archidiacre.
La seconde est encore d'Isidore A Braulion
archidiaci'C.
La troisième est de Braulion, évoque de
Saragosse, ii Isidore.
La quatrième est d'Isidore i\ Braulion évo-
que.
La cinquième est de Braulion à Isidore.
La sixième, la septième et la huitième sont
d'Isidore ;\ Braulion.
La neuvième est de Braulion , évêque, à
Jactatus, prêtre :
Florez fait remarquer que cette lettre et
les suivantes , inédites jusqu'au moment où
il écrit, venaient d'élre tout récemment trou-
vées dans un vieux manuscrit de la sainte
église de Léon.
« Vous désireriez , je le vois , dit Braulion
;\ Jactatus dans cette neuvième lettre, que
je vous rompe le pain de la parole divine :
mais que paraîtrait ma faible voix auprès de
la mâle éloquence des Au!,^ustin, des Jérôme,
des Hilaire, dont vous étudiez chaque jour
les savants et pieux écrits ? Vous avez à faire
pour moi quelque chose de mieux que de
m'adresser de pareilles demandes, c'est de
m'aider de vos prières. Vous nous avez de-
mandé des reliques des saints apûlres, vous
les recevrez dans peu de temps. Adieu, veuil-
lez prier pour nous, o
La dixième lettre est encore de Braulion
à Jactatus : dans cette lettre, Braulion dit à
Jactatus que la lettre qu'il a reçue de lui est
venue apporter une heureuse diversion aux
peines et aux sollicitudes qui le surchargent
de tous côtés. 11 regrette de se voir si éloigné
de lui , et il se plaint teudrement que Jac-
tatus ait négligé une occasion de venir le
voir. « Vous nous avez envoyé, lui dit-il en
terminant, la substance qui au sacrement de
l'Eucharistie est changée au corps du Sau-
veur; nous vous envoyons de notre côté celle
qui y est changée en sou sang, et nous y joi-
gnons une mesure d'huile et un boisseau
d'olives, symboles de la douhle charité com-
mandée aux chrétiens. »
La onzième lettre est de Braulion au prê-
tre 'l'ajus: dans cette lettre il déclare à Ta-
jus qu'il n'a nullement eu l'intention de l'in-
jurier en l'invitant dans sa précédente lettre
à monter sur l'àne dont il lui parlait, et que
in\, JEAN, SALNT SULPICE, ETC. 729
ce n'a été de sa part qu'une plaisanterie bien
innocente, ;\ laquelle par conséquent Tajus
a eu tort de répoudre pai' des injures. Brau-
lion prend occasion de cette circonstance
pour exhorter Tajus i\ la patience et h l'im-
niilité.
La douzième lettre est de Braulion à l'ar-
chidiacre Floridius. Dans cette Ictlje, Brau-
lion s'excuse sur ses nombreuses occupations
de n'avoir pas répondu plus tôt à la lettre de
Floridius. « Vous me demandez mou senti-
mont sur diverses questions, lui dit-il, mais je
préfère attendre, pour vous le donner, le
moment où j'aurai le bonheur de vous voir :
une doctrine enseignée de vive voix a je ne
sais quelle énergie et quel prestige, qui ne se
trouvent point quand on la confie h la froide
entremise d'une lettre; je n'ai point du reste
le loisir en ce moment de vous donner sur
chacune des choses que vous m'avez deman-
dées une réponse aussi complète que vous
pourriez le désirer, n
La treizième lettre est de Braulion à Fru-
miniaire, prêtre et abbé, qui lui avait écrit
sur les ennuis que lui donnait sa charge d'ab-
bé ; Braulion lui répond de ne pas céder à cette
tentation, mais de redoubler de force et d'é-
nergie dans le Seigneur à mesure que crois-
sent les peines et les sollicitudes que lui
donne le gouvernement de sa maison , et il
tei'mine en lui recommandant de prier aussi
pour lui, qui n'est pas non plus sans avoir
ses anxiétés et ses épreuves.
La quatorzième lettre est encore adressée
au même Fruminiaire : dans cette lettre ,
Braulion prie l'abbé de lire et de faire lire
par ses frères uu commentaire qu'il lui en-
voie sur les écrits de saint Paul , afin qu'ils
y fassent les corrections convenables. Il ré-
pond ensuite à plusieui-s questions de litur-
gie sur lesquelles Fruminiaire lui avait pro-
posé ses doutes.
La quinzième lettre est de Braulion à Ba-
silla sa cousine , qui venait de lui écrire sur
la mort desonmari. « Je partage votre dou-
leur, lui dit-il, et au moment où je vous écris
pour vous consoler, je sens des larmes qui
s'échappent de mes yeux : il est si dur 4e
voir la mort moissonner des personnes si
bonnes et si pieuses ! mais consolez-vous, ce-
lui que nous pleurons n'est point perdu, il
est daus la gloire. Etforçons-nous de méri-
ter d'aller un jour le rejoindre. »
La seizième lettre est de Braulion à Api-
cella, qui venait de perdre sou mari : il lui
730
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dit qu'il lui envoie le nianuscrit qu'elle lui a
demandé, quoiqu'il ait été écrit pour une
autre personne ; et il lui fait remarquer que
dans celte occasion c'est vraiment la Provi-
dence qui lui adresse ce cahier, oii elle aura
l'exemple de Tobie si résit;ué dans l'afflic-
tion, et celui de Judith, ce modèle si accom-
pli des femmes veuves.
La dix-soplii^me lettre est de Braulion à
l'ëvéque Wilipildus. Il lui écrit pour le prier
de confirmer les ordres du sous-diaconat et du
diaconat qu'il a conféi es à un moine d'un des
monastères de son diocèse : ce qu il n'a fait
du reste cpa'après avoir pris des informations
sur le sujet qu'il a élevé aux. ordres sa-
crés. •
La dix-huitième lettre est de Braulion à
sa parente Pomponia , abbcsse ; il lui écrit
pour lui donner connaissance de la mort de
leur cousine Basilla. « A peine une affliction
est-elle pa.^sée qu'une autre survient, lui
dit-il, faisant allusion ;\ la mort si récente
du mari de Basilla; » et après avoir pailé du
mérite et de la piété de ces deux personnes,
il tenniue en disant que rien ici-bas n'est
stable, que seuls sont vraiment heureux ceux
qui s'attachent au Seigneur.
La dix-neuvième lettre est écrite à Hojon
et à Eutrocie, que la mort vient de priver
d'une personne qui leur était chère. « La per-
sonne que vous pleurez, leur dil-il, n'est
point morte, elle dort , et si vous l'aimez vé-
ritablement, réjouissez-vous : le sommeil que
lui a envoyé le Seipieur vaut mieux pour
elle que la vie. Hésifrriez-vous donc, et dites
avec le saint homme Job : Dieu nous l'avait
donnée. Dieu nous l'a enlevée, que son saint
nom soit béni. »
La vingtième lettre est encore adressée à
Hojon et à Eutrocie, que la première leltre
de Braulion n'avait pu entièrement consoler
de la mort de leur cher Hugnane : il leur
fait remarquer que leur tristesse est tout h
fait inopportune, que celui qui en est l'objet
ne saurait la voir avec plaisir, car elle est
une marque de désobéissance el d'insabor-
dinalion a la volonté de Dieu , el il les con-
jure alors de modérer leur chagrin et de se
soumettre aux déciotsde la providence, afin
qu'ils méritent un jour d'aller lejoiudre ce-
lui qu'ils pleurent.
La vingt-unième esl de Braulion au pape
Honorius : Braulion écrit cette lettre au nom
du sixième concile de Tolède, qui prie le
pape de condamner ceux qui disent (jue la
cour romaine permet aux juifs baptisés de
retourner à leurs superstitions.
La vingl-deuxième lettre esl adressée à
l'évèque Euli'ope : Brimlioul'y remercie de la
sollicitude qu'il a pour lui, el il lui donne sur
la mobilité de l'époque de lafètcdePàques,
quelques di'tails qu'il lui avait demandés.
Dans la vins^t-lroisieme lettre, adressée à
Unianimus évéque de Valence, Braulion re-
mercie ce prélatde l'aimable leltie qu'ilavait
bien voulu lui envoyer, et ilchorclie à décli-
ner les éloges que lui avait adressés Valea-
tin.
La vingl-quatrième lettre est encore à l'é-
vèquede Valence : «N'ousavezdes peines, lui
dit-il ; moi aussi, j'ai les miennes : allons les
vider auprès de Dieu tout-puissant, à ses
pieds pensons aux sollicitudes l'un de l'au-
tre : ce pieux exercice nous soulagera, et for-
tifiera notre amitié dans le Seigneur. »
La vingl-cinquième lettre est de Braulion
à Emilien, prêtre et abbé : il le félicite de
sa charité et de son zèle, qui ne trouvent
point un assez vaste champ dans l'enceinte
de son monastère, et qu'il exerce jusque sur
les habitants de la ville, et il termine en le
priant de lui envoyer, s'il l'a à sa disposi-
tion, un ouvrage de l'évèque Aprincius, qu'il
n'a pu trouver nulle paît.
La vingt -sixième leltre est d'Hmilieu à
Braulion: Emilien y répond à Braulion que,
lui non plus, il n'a pu liouver, malgré ses soi-
gneuses recherches, l'ouvrage qu'il lui avait
demandé.
La vingl-soplième lettre est de Braulion à
Émilien : il lui dit dans celle lettre qu'il re-
grette de n'avoir pas eu connaissance de son
arrivée dans sa ville épiscopale, et il le con-
jure de lui procurer au plus tôt le plaisir de
sa présence.
La vingt-huitième lettre est de Braulion à
Alaulfe : il lui écrit pour le consoler delà
mort de sa belle-mère Mcllo, et pour l'exhor-
ter à ce sujet A la résignation.
La vingt-neuvième lettre est de Braulion à
Gondesvinde et à Agivarius.que la mort vieut
de priver de leur mère qu'ils aimaient teu-
dremeut : il leur dit que celle qu'ils pleurent
n'a t'ait que passer à une vie meilleure, el il
les invite h imiter la lésignalion du Sauveur
au jardin des Ulivieis.
La trenlième lettre esl de Braulion à ^Yis-
Irémire, qui vient d'être affligé par la mort
de sou épouse: après quelques lignes ac-
cordées à la douleur, Braulion peint vive-
VII'
SIÈCLE.] CHAPITRE LXX. — BRAULION, JEAN, SAINT SULPICE, ETC.
7.'Ji
ment A Wislrt^rairo le néant des clioses de la
lenc, et il l'invite .^ ne s'attacher qu'à Dieu.
I,a Iri-nte-iinième lettre est de Braulion
an roi Cliiiulasvinthc : il le pi'ie lomlreinent
d'avoir pitiô de lui et de {i^; pus lui enlever
son archidiacre Eugène, qui lui eslsi néces-
saire.
La trente-deuxième lettre est du roi Chin-
dasvinthc ti Braulion : il lui dit i|u'il regretle
de ne pouvoir accéder A sa demande, mais
qu'il croit devant Dieu qu'Etiyène est néces-
saire au poste où il se propose de le faire
établir.
La trente-troisième lettre est de Braulion
au roi r.hindasviiitlie : il lui répond que, puis-
qu'il le désire absolument, il lui envoie son
archidiacre Eugène , mais que ce n'est pas
sans une peine très-vive qu'il se voit séparé
d'un tel collaborateur.
La trciite-ipiatiièmc lettre est de Braulion
àNébridius, que la mort vient de séparer de
son épouse : il partage d'abord sa douleur,
puis il lui présente les consolations de la foi
et l'exhorte A la résignation.
La trente-cinquième lettre est de saint
Eugène III de Tolède à Biaulion : il lui écrit
pour le consulter sur plusieurs questions em-
barrassantes qu'il ne sait comment résoudre.
Nous en parlerons à propos de saint Eu-
gène.
La trente-sixième lettre est de Braulion à
saint Eugène : il rc'pond dans cette lettre aux
questions que lui avait adressées le primat de
'lolède.
La trente-septième lettre est de Braulion
au roi Chindasviutbe : il lui écrit pour lui
représenter que le gouvernement de ses
étals est une charge bien lourde pour ses
débiles épaules de vieillard, et qu'il a dans
sou fils Recesvinte un successeur en tout ca-
pable d'occuper dès ce moment le trône ; il
le prie ensuite de lui pardonner sa franchise,
lui faisant remarquer que l'intérêt qu'il a pour
sa personne lui fait seul tenir un tel langage.
La trente-huitième lettre est de Braulion
au roi Recesvinte : il lui dit que le code qu'il
lui a envoyé à corriger était si rempli de
fautes par suite de la négligence des copistes,
qu'il a eu plutôt besoin d'être refait, que d'ê-
tre corrigé.
La trente-neuvième lettre est du roi Re-
cesvinle à Braulion : il lemercie le saint évê-
q\ie d'avoir bien voulu corriger le code en
question, malgré les fautes si nombreuses
dont il était rempli.
La quarantième lettre est de Braulion h
Recesvinte : il lui écrit encore à propos du
code que le roi l'avait prié de corriger.
La quarante-unième lettre est <lu roi Re-
cesvinte à Braulion, qui, dans sa dernière
lettre, s'était plaint de n'avoir pu , à cause de
son ignorance et de son incapacité, corriger
le code aussi parfailemcnt qu'il l'auiait vou-
lu : Recesvinte lui répond que c'est le pro-
pre de tous ceux qui joignent la modestie à
la science, de se plaindre de leur ignorance,
et que i)lus Biaulion méconnaîtra son mé-
rite, plus il se plaira de son côté à le rele-
ver.
La quarante-deuxième lettre est de Tajus,
abbé, à Braulion : il lui écrit pour lui deman-
der si l'on doit croire que le sang du Sau-
veur ait été recueilli pendant sa passion par
quelqu'un de ses disciples, et jusqu'à ([uel
point peuvent être regardées comme au-
thentiques les reliques de ce sang que pos-
sèdent certaines églises.
La quarante-troisième lettre est de Brau-
lion n Tajus: il lui répond que la question
dont il lui a demandé la solution est pleine
d'obscurités et d'incertitudes, qu'il n'est pas
clair que la possession de ce sang par les
fidèles même après la résurrection du Sau-
veur porte préjudice à la foi de sa résur-
rection, et qu'en conséquence il ne faut pas
trop inquiéter ceux qui prétendent avoir une
telle relique.
La quarante-quatrième lettre est du prêtre
Fructueux ù Braulion : il le prie de lui expli-
quer: 1° comment Mathusalem, qui a vécu
quatorze ans après le déluge, avait pu échap-
per à la destruction générale sans entrer
dans l'arche ; 2° comment Agar, chassée par
Abraham, avait pu porter sur ses épaules son
fils déjà grand; 3° comment il était pos-
sible que Salomon fût devenu père à onze
ans.
Dans la quarante-cinquième lettre. Fruc-
tueux répond que ceux qui disent que Ma-
thusalem vivait encore après le déluge ont
commis une erreur de calcul ; que l'Écriture
ne dit point qu'Agarait porté Ismaëlsur ses
épaules, et que, pour la question qu'il lui a
adressi'e relativement à Saloinou, il en trou-
vera la solution dans saint Jérôme.
3. L'Espagne a produit trois saints connus
sous le nom d'Émilien : saint Emilien de Ca-
raca, saint Émilien de Veiceil, et saint Emi-
lien désigné vulgairement sous le nom de
saint Milhau de la GogoUe , en latin ^mi-
Vie desaîQt
E m i I i s a ;
hïiiini" pouria
infinis ; li^mnt
en I humeur
de Sïiol Mil-
bJO. Hatrol.
LX.\S,coIoil.
699,
732
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Aciea àe*
marlyr* de S«-
ODl rciuffert
sous lci> rcD-
pereur» Dlo-
el^hcD «t
UsiimieD, le
tr&itl^nie jour
dp« '.alrodcs
de Doveinlire,
enSliS- l'slrol.
U.lil.,eol.7i,-.
liantis Cvcullatm; or c'est ce dernier dont
saint Braulion a écrit la vie ; nous avons en
faveur de l'autliencilé de cet ouvraj^e le té-
moia^nage de saint Ildofonse.
Saint Braulion adresse cette Vie au prêtre
Fronimien. Dans la préface il ait que son
peu de talent deviajt le délournor d'écrire
une vie si admiraljle ; il ajoute qu'il l'écrira
néanmoins, paice que, quelque mal écrite
qu'elle soit, elle est en elle-même si belle,
qu'elle ne saurait manquer de faire du bien
à ceux qui la liront.
Saint iMilliau, né de basse condition , fut
pendant sa jeunesse gardeur de troupeaux.
A l'ûge de vins;! anj . il alla se mettre sous
la direction d'un ermite dans le village
de Bilibri. Il fut dans la suite ordonné par
l'évoque D^dime, qui le fori^a d'accepter
la cure de Vergegé. Sa fidélité à remplir ses
devoirs, et sa cluuilé envers les pauvres, lui
suscitèrent des ennemis. Quelques-uns de
ses confrères le perdirent dans l'esprit de
l'évoque, et il fut obligé de quitlcr sa cure.
Il se résigna à la volonté de Dieu et retourna
à son ermitage, où il reprit avec joie son pre-
mier génie de vie. Le don des miracles dont
il fut alors favorisé donna une nouvelle cé-
lébrité ù sa réputation. Il mourut dans un
âge fort avancé, vers l'an 374 ; il fut enterré
dans la chapelle de son ermitage , et divers
miracles vinrent relever l'éclat de son tom-
beau.
Saint Braulion a encore composé une
hymne en l'honueur de saint Émilien : c'est
une pièce pleine d'onction et de piété, où
sont peintes très-vivement les misères de
l'Église militante, sur laquelle il appelle la
protection du Ciel par le saint qu'il célèbre.
Cette hymne renferme des pensées belles et
pieuses, et elle est tout imprégnée du senti-
ment chrétien ; le style en est coulant et fa-
cile, mais peut-être y désirerait-on plus de
coloris et d'animation.
4. Ces actes de saint Braulion , quoique
présentés en prose , ret'srmltleiit plus à une
hymne qu';"! une simple narration : ils sont
divisés comme en dix strophes, presque tou-
tes remarquables par un stylo plein de cha-
leur et (le force. — Il commence par dire
que, si les héros de l'anliquilé grecque et
latine ont mérité d'être célébrés par les
poètes do ces deux nations, les athlètes géné-
reux qui ont versé leur sang pour la foisont in-
comparablement plus dignes d'exciter notre
admiratiiin et d'être chantés par les poètes.
Après quelques détails sur les édits barbiues
de Dioclélien et We Maximien contre la reli-
gion chrétienne, il nous représente leur di-
gne ministre Dacien se précipitant sur l'Es-
pagne avec toute la fureur d'un lion. A Sa-
ragosse, saint Vincent est la première vic-
time de sa rage barbare : à son exemple,
dix-huit des personnages les plus illustres
de la ville préférèrent la mort à l'apostasie;
alors presque toute la population de Sara-
gosse se porta dans les rues en chantant le
Gloria in excclsis ; le tyran outré de fureur à
la vue du courage de ces dignes soldats du
Christ , déchaîne contre eux ses infâmes sa-
tellites, et la ville entière est inondée du sang
de ces généreux martyrs. Braulion termine
en flétrissant la conduite de Dacien, et en cé-
lébrant la gloire et le bonheur de la ville de
Saragosse.
Tous ces écrits de saint Braulion sont re-
produits d'après Florez, Eapuna mg., tom.
XXX. Ils sont précédés d'une notice histori-
que sur le saint par Antoine, Bibl. vet. /lisp.,
tom. I, pag. 374.]
0. Il n'est rien venu jusqu'à nous des écrits
de Jean, frère de Braulion. Il avait' tra-
vaillé sur les Offices ecclésiastiques, et sur la
manière de trouver le jouroù l'on devait (aire
la Pâque. Son épiscopat fui de douze ans.
6. Sulpice suniommé le Pieux , pour le
nies évèt
distinguer de Sulpice-Siivère, après avoir été « i>o">ï«
chargé ' pendant quelque temps de la di-
rection de l'école épiscopale de Bourges ,
fut élu pour succéder ù saint Austrégisilo,
évêque de cette ville, mort en 624. L'année
suivante, il assista au concile de Reims*. Il
en tint lui-même quelques-uns à Bom-gcs ;
mais l'auteur de sa Vie n'en a pas marqué
les années ni le sujet. Ses infirmités l'ayaat
obligé sur la fin de ses jours à se décharger
sur un autre des fi>nclions de son ministère,
il se relira dans un monastère qu'il avait
fondé près de Bourges, et y mourut le 17
janvier OH 11 nous* reste de lui Irois Let-
tres, dont deux sont adressées î\ saint Didier
évêijue de Cahtus, et la troisième à Vérus
évêque de Rodez. Elles sont courtes, el ne
contiennent rien d'intéressant. [On les trouve
dans le tome LX.XX do la Patroluyie latine,
ioiD éTêqua
do ^.'SfOSSO.
Saiol Snl-
lice érèqo»
' ll(l(|ilii>i)!!., De Viris illusl., niji. vi.
* Acl. Ord. S. Uewdicli, tom. Il, pan. |.S7c(. sci/.
» Le Coiiilc, ad an. CS."!.
^ Du Clicstic, tom. I, paj;. 882.
[VII» sifccLE.] CHAIMTHE LXX. — UltAULK
col. 301 !\ ri'Ji. Elles sonl pr<^C(^(léos de i>i
Vie de saint Snlpice, par un auteur anonyme
i^i pou lU't's coutonipoiain. Celle Vie est re-
pioduile d'après M iliiUiui et lîollandus.]
saini Di. ''• ^ii'iit nidiei-, évèipie de Caliors, succé-
,t.>tHiii.i. j].j j|.j„>, [g gouvcrnciucnt de celle Kf^lise à
lUislique sou frère, mort vers l'an 029. On
lui donne viuf^l-trois ans d'é|)iscop!il, ce qui
le conduit jusipren Go-4. Nous avons seize
de ses lettres dans le recueil de Canisius ',
d'où elles sont pass(>es dans ceux de Frche-
rus, do Ducliesnc, et dans lus bibliothèques
des Pères. La première est une réponse à
l'iivèque Saluste. ii qui il dit qu'il avait été
bien reçu des grands et des princes, appa-
remment en un voyage qu'il avait fait i\ la
cour. Dans la seconde , il prie Grimoald ,
maire du palais, de présenter Loup, abbé,
au roi Sigebcrt*, et de lui accorder sa pro-
tection. Il la lui demande aussi pour le mo-
nastère de Saint-Amand qu'il avait fondé.
La troisième, ackessée au roi Sigebert, est
pour l'inviter charitablement ù penser sou-
vent à la vie future, et aux récompenses qu'il
pourrait y espérer pour ses œuvres après
avoir régné en ce monde. Il paraît par la
quatrième , que saint Didier avait fait un
voyape ;\ la cour dans le dessein de voir le
roi Sigebert, et qu'il n'avait pas réussi. Il dit
dans la cinquième, qui est au roi Dagobert,
qu'il était souvent nécessité d'écrire à ce
prince pour les alJ'aires de l'église de Cahors.
Ce fut encore poui'les alfaires de son église,
et pour le soulagement de ses pauvres, qu'il
écrivit h Grimoald , maire du palais. Mé-
doald, évéque de Trêves, informé de ses be-
soins et de ceux de l'église et du peuple de
Caliors , lui envoya de grandes aumônes.
Saint Didier l'en remercia par la septième
lettre. La huitième et la neuvième sont aussi
des actions de grâces : l'une, adressée àClo-
dulplie, homme de condition ; l'autre à Ab-
bon, évoque de Metz. La dixième, àl'évéque
Dadon, est une lettre d'amitié. Dans la on-
zième, il invite Paul, évoque de Verdun, à
la cérémonie de la dédicace de son monas-
tère, en lui témoignant qu'il sera bien aise
de renouveler les entretiens qu'ils avaient
eus autrefois ensemble sur les biens de la vie
)N, .lEAN, SAINT SULPICK, ETC. TSS
future. La douzième est h Sulpice le Pieux,
dont nous vouons do parler : saint Didier le
prie do Iravalllor A éteindre les divisions
qui s'élevaient de temps on temps eutn; les
frères. Los fontaines de Cahors ne coulaient
plus, faute de source ; il écrivit i'i l'évé([ue
Césaiie de lui envoyer des ouvriers habiles,
pour remédier à cette disette : c'est la trei-
zième lettre. Il exhorte dans la quatorziètnc
l'abbesse Aspasie h continuer la pénitence
qu'elle avait commencée pour expier un pé-
ché capital où elle était tombée. Il lui con-
seille de se rappeler fiéqueminent l'histoire
de la femme pécheresse, dont il est dit dans
l'Évangile qu'elle obtint par ses larmes l'es-
pérance du salut. La quinzième est une ré-
ponse des plus humbles ii Félix de Narbonne.
Cet évoque, se croyant offensé par saint Di-
dier, lui écrivit une lettre très-dure et pleine
de reproches. Le saint le tait juge du dif-
férend et de la satisfaction qu'il voudra lui
imposer , ue lui demandant d'autre grâce
que de vivre avec lui en charité. La seizième
est une lettre formée ou de recommandation
à tous les évèqucs, abbés, grands seigneurs
et magistrats chez qui le prêtre Untedius
devait passer en allant en Espagne. Aux let-
tres de saint Didier, il en faut joindre trois'
que sa mère lui écrivit dans le temps qu'il
était ti la cour, où il exerça la charge de
trésorier, sous Clotairellet Dagobert son fds.
Dans l'une, elle lui apprend la mort de son
frère Rustique, évêque de Cahors : elle l'a-
vertit dans les autres de ne point marcher
dans la voie large qui conduit à la perdition,
et de ne s'éloigner jamais de la voie étroite
qui mène k la vie. Ces trois lettres se trou-
vent dans la Vie * de saint Didier, avec une
partie de sou testament, plusieurs de ses
sentences, et quelques inscriptions qu'il avait
fait graver sur les vases et autres meubles
consacrés au service divin. [Toutes les let-
ties de saint Didier qui nous restent avec les
réponses se trouvent au tome LXXXVII de
la Patrologie latine, col. 247 et suiv. Elles
sont précédées : 1" d'une notice tirée du
Gallia Cfiristiana ; 2° de sa Vie, par un ano-
nyme, extraite d'un manuscrit que possédait
M. Vyon d'Héronval, auditeur à la cour des
> Tom. I, pag. 636.
^ Sig'bert, roid'.\u?trasie, lioaoré d'im culte pu-
blic, outre les deux lettres ù saint Didier, a lais-
sé quatre autres diplômes pour des mouastères et
dis églises. Le troisième n'est pas autheulique. Ils
sont reproduits, d'après Bréquigny, au t. LXXXVII
de la Patrologie, col. 319, avec des Prolégomèues
du même éditeur. Un appendice reproduit une
charte de Grimoalil, maire du palais. [L'éditeur.)
3 Labbe, tom. 1 Biblioth. nov., pag. 702 et suiv.
'• Ibid.
734
HISTOIRE GÉNI':RALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
comptes. Cette Vie est en dix-huit cliapilres;
elle est suivie du récit de douze miracles
opérés par saint Didier, et finit par «n (-pilo-
gue ; 3° on trouve les obseï valions de Bas-
nape sur la Vie et les lettres de Didier. A la
suite des lettres, au nombre de trente-sept,
on lit un fragment du testament de saint
Didier, donni' par Bréquigny, Diplom. chart.
Leg., tome 11.]
8. Canisius a mis ' à la suite des lettres de
saint Didier, celles que diverses personnes
lui écrivirent. Il y en a deux de Vérus, évé-
que de Rodez', qui se trouva au concile de
Reiras en 6^3, et qui souscrivit eu frit) au
privilège que saint Faron de Meaux accorda
au monastère de SajnteCroix '. Il marque'
dans la première, qu'il avait i-e(ju son man-
dement pour se rendre au concile, avec les
lettres de Sulpice, qui en remettait la tenue
;\ un autre temps. Dans la seconde, il le
prie de lui continuer sa protection, et de
l'accorder à ses parents. Vérus prend dans
ces lettres le titre de pécheur; saint Didier
s'était qualitié de même : ruais ce titre d'hu-
milité, que les évoques prenaient alors com-
munément, et qui était depuis quelque temps
en usage, n'empêchait pas qu'ils ne se don-
nassent les uns aux autres des titres d'hon-
neur extraordinaires, comme de grandeur,
d'éminence, de félicité. Ils donnaient aux
grands du siècle celui d'excellentissime, aux
princes celui de sérénissime, aux rois ceux
de très-glorieux, de fils de l'Église, de très-
excellents.
Leurs lettres sont d'un style barbare. Ils
n'y observaient aucune règle de grammaire.
Parmi les autres lettres à saint Didier, il
y en a trois de Sulpice-le-Pieux, une de
saint Eloi de Xoyon , deux de saint Paul
évêque de Verdun, rieux de Constance d'Al-
bi, une de Pallade évê(pie dWuxerre, une
d'Ai)bon évêque de Metz, une de Raurace
i vèque de Nevei's, une de Félix évêque de
Limoges : il en avait écrit plusieurs au pape
Honorius, qui sont perdues. Une de l'abbé
Bertégysile, une de Dadon évcque de Rouen,
une de l'évèquc .\ujulfe, deux du roi Sige-
bert, une de saint Gai évêipie de Clermont,
une de Chauulphe. La plus intéressante de
toutes est la seconde de Sigebert. Ce prince
dit ' à saint Didier que le bniil s'était ré-
pandu que l'évêque Wulfolendus avait con-
voqué un concile pour le 1" septembre, et
qu'il ne savait en quel endroit de son royau-
me cette assemblée devait se tenir : qu'en-
core qu'il fût dans sa volonté de maintenir
en vigueur- les lois et les canons de l'Eglise,
comme avaient fait ses parents et ses prédé-
cesseurs, il ne pouvait soulfrir que les évo-
ques de son royaume s'assemblassent sans en
avoir auparavant obtenu sa permission, et
sans qu'il eût appris d'eux le motif de la con-
vocation du concile ; qu'il l'accorderait vo-
loulieis, si c'était" pour le maintien de la
discipline ecclésiastique, ou pour l'utilité de
ses Etals, ou pour quelque autre cause rai-
sonnable ; qu'en attendant de plus grands
éclaircissemenls sur le concile indiqué pour
le 1" septemltre, il dt'fcndait de le tenir.
9. [Sous Waniba, roi desGoths, vivait re-
tiré dans le célèbre monastère de Saint-
Pierre-du-Mont, saint Valère. Sa sainteté et f""- ''•"''•
sa science jetèrent un immense éclat sur ce co^,?:^ ";
monastère qu'avait autrefois fondé le bien-
heureux Fructueux. I! écrivit un livre sur la
Vaine sagesse du siècle. Il fait, à la fin de cet
ouvrage, un abrégé de sa vie, où il nous ap-
prend qu'il était né dans le territoire.
Les principaux livres qu'il nous a laissés
sentie J'rnilc de la nouvelle Vie, la Vie de
sailli Fritclueux, la Vie et les saints jx'lerina-
ges de sainte Euchèrie, les Miracles et les ré-
vélations des deux moines Maximus et Bonellut,
et d'xin serviteur de saint Fructueux. Peut-être
a-t-il encoi-e écrit sur Us Psaumes. Enfin, (ui
tiouve un fiagmenl de lui dans la Coneorde
des /lègles de saint Benoit, abbé d'Aniane.
Le corps de saint Valere repose dans l'é-
tofiqoi*, d'«*
rrfv Ao^olne,
Bllil. m Ul>.
' Canis., toni. 1, pas. 6U.
* Ces If'tires se liouveut au lofiie LXX.X dp la
Palrolugie Inl.ne, a\ct:\iue notice tirée de l'iiliri-
cius, et dr ii.iuvcnn ^lu tome LX.XXVll, col. 2B3-2G5.
Dans ee iiièiiie volume, col. 4114. on trouve une
notice sur Vërue, extraite du GalUa Clirisliana.
(L'éditeur.)
• Le tome LX.X.XVIIde la Patrologie latine, lol.
1133, contient deux cliartes et le testament de
saint FaroM, rejiroduits d'après Ujéiniifjny. telles
sont précédées d'une notice sur saint Faron, d'a-
près le Galliu chrisliana. (L'éditeur.)
* Iliid., pag C48. - » Ihid., pag. C*9.
• Sine nu.ilra scienlia gyuodaU- concilium in
v.osiro regiiu non agatur, nec ad dictas catvndas
scidcnibris utla coujunclw episcoporum ex iis
qui ad nontrant dilioi.em prrtincre noscitnlur,
710)1 fiatur : pn.slca vero opiiorUino lempore, si no-
bis untca denuntiatiir, ulruin pro ccclesiastico
statu, an pro rcgni ulildule, site rtiam pro qua-
liliet rationabili condilione conrentio essr derre-
veril, non nhnuimus. Sigelierl., Epi.st. ad Deside-
rium Cadurcenscm, toui. I, Op. Canis., pag. 649.
fvil' SIÈCLE.]
gliso de rArclmnprc Sainl-Micliel, i\ quîilro
milles de .Sainl-PieiTC-du-Monl. Sa fêle est
lixr^e au K avril,
npu.ci». 10. Sainte Eulir-rie, entlamniée du dt'sir
diipr.». (l'ol)icnirlesi4râL'es divines, eiitrepiciidle pi'?-
.4..',i,\i lerinas'ede la Terre-Saiiilc. Sous la conduite
„*î''î" '^^ '"* P'"oteclion du Seiijucur, elle arrive à
B.za- CCS lieux int'inorables, sanctifit's par la nais-
» »>t-»l«.'''' "" sance, la passion et la résunocliou du Sau-
veur. Elle visite ensuite tes monastères de
l'Orient, et en lisant l'Ancien Testament, elle
parcourt les lieux que Icsisraiilites rendirent
célèbres, ces lieux où une eau miraculeuse
sortit d'un rocher, où la manue tomba; et
dans une ardeur surhumaine, elle vole au
sommet du Sinaï, Ih où le Seiufneur, au mi-
lieu des éclairs et tles tonnerres, donna sa
loi à Moïse. Ces prodij^cs de courage d'une
faible femme courant de l'OcCident ;\ l'Orient
pour opérer le salut de son âme, devraient
coufondi-e notre mollesse et noire lâcheté,
et exciter en nous un vif détachement des
mondaines et terrestres voluptés, un ardent
désir des choses du ciel. Saint Valère ter-
mine son épifre par un vpitaimhvn, c'est-à-
dire résumé disposé en acrostiche, et les pre-
mières et dernières lettres de cet épitaméron
nous donnent les mots suivants :
PATRI DONADEO MISER VALERIUS.
il. Ce ne fut pas assez pour Satan d'avoir
entraîné les mauvais animes dans sa chute.
Il nourrit dans son C(eur les brûlantes flam-
mes de la jalousie, et excite l'homme à aban-
donner son Créateur. Mais un jour. Dieu
voyant la ténébreuse ignorance et la cécité
profonde dans lesquelles ^e trouve plongé le
genre humain, envoie sur la terre son fils
unique.
Soleil brillant, il illumine le monde d'une
radieuse clarté. En quittant cette terre, le
Sauveur nous laisse ses apôtres et ses disci-
ples pour être la lumière de l'univers. A
leur suite viennent ces intrépides martyrs
qui, méprisant et les chaînes, et les fouets,
et les glaives, livrent i\ la mort leui^ corps
coiTuptible pour acquéi'ir ces spicndi.les cou-
ronnes, que nul souffle ne peut llétrir. Après
eux ce sont les cénobites de l'un et l'autre
sexe, comptant pour rien les voluptés du siè-,
de, et qui, dans une sublime ferveur, de-
viennent les sçrfs du Christ et se chargent
du joug suave du Rédempteur. Dans un
élan généreux, ils s'enfuient du monde pour
voler dans les vastes solitudes du désert.
CHAPITRE LXX. — BRAriION. VALÈRE. ABBI>.
733
Mais do nos jours les hommes, plonijés dans
je ne sais quelle folie, passent leur existence
sans songer aux magnifiques récompenses
du ciel, ni aux épouvantables tourments de
l'eidei-, et croupissent dans la plus honteuse
des indill'érences , ou plutôt marchent ;\
grands pas dans la voie large qui mené aux'
éternels incendies.
12. Dans cet écrit, saint Valère raconte
les visions des moines Maxime, Ronellus et
Baldarius ; visions dans lesquelles il leur a
été donné de contempler les beautés du pa-
radis et l'allVense laideur de l'enfer. Dans
ces trois morceaux, il règne une poésie gra-
cieuse et terrible qui comble l'âme d'ime
sainte et délicieuse joie , en même temps
qu'elle l'accable d'épouvantemenis. Il semble
que ces saints moines aient soulevé un c lin
du voile qui nous cache le ciel et l'enfer.
Nous regrettons que la longueurdc ces pages
sublimes n«us empêche de les citer. Après
avoir fait le récit de ces différentes visions,
notre saint parle d'une septième espèce de
moines, enflés d'orgueil et de superbe, plon-
gés dans des abîmes de cupidité, adonnés
aux passions les plus honteuses.
Le mot septième, que nous lisons ici, indi-
que, sans aucun doute, que saint Valère
avait parlé auparavant de six autres espèces
de moines. Après ces lettres, se trouve l'his-
toire de la conversion de saint Valère, sa fuite
dans le désert, son entrée au monastère. 11
énumèi'e les nomi)reuses tentations qui vien-
nent l'assaillir, les continuels assauts qu'il a
à soutenir contre le démon, les tourments
atroces que lui inflige ce cruel ennemi du sa-
lut : toutes choses qu'il serait beaucoup trop
long de redire ici.
13. Voici maintenant quelques fragments
du traité de la lYouvelle Vie, qui du reste est
fort court. « Mon cher fils, aimez les larmes.
Soyez aussi prompt à pleurer votre faute, que
vous l'avez été h la commettre. Plus la pas-
sion qui vous a fait pécher a été vive, plus
vous devez être embrasé du désir de la pé-
nitence. Xe vous laissez pas flatter par une
sécurité trompeuse, mais ayez dans le cœur
l'espérance et la crainte. Que l'espérance
du pardon vous ftu'lifie, mais que la crainte
de la géhenne vous empêche de tombei- de
nouveau — J'aime mieux voir de la force
dans votre esprit, que dans votre corps. Les
souffrances du corps sont le remède de
l'âme Soyez patient et ne répondez pas
aux injures, imitant en cela Notre-Seigneur,
Psrolfi
que U blDD*
hotiiem Va-
lère érrtvit «u
bifnb.'urem
D 0 na d I ou .
Ibid. col. «31,
t,7.
D< Il vie
nouvelle, iljjd.
col. W7-ltS.
736
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qui, soufllct<5, llagollé, coiironiu- d'épines, scrraous impudiques. Jiijicz-vous, mais ne
altach(5 il la croix, s'est toujours tû ju^ez pas les autres ; ne cliercliez jamais à
Ayez de la simplicité et de la irravité dans savoir ce que discut les liouimes entre eux.
votre démaiclic, n'y laissant paraître rien Cela faisant, vous obtiendrez la vie éter-
de liîger... Fuyez la compagnie des hommes nelle. » ]
méchants et injustes ; fcnnez l'oreille aux
CHAPITRE LXXI.
Saint Gall ablé [646 , Jonas abbé d'Elnonc, saint Cnméen abbé en Hibernie,
saint Donat évêqne de Besançon, la Règle du Maître, denx anonymes.
• [Tous écrivains latins ilu Vil' siècle.]
FdtlGall,
a ëcrils.
1. L'un des plus illustres disciples de saint
Colombau fut saint Gall, Hibernois comme
lui '. Ils demeurèrent ensemble dans le mo-
nastère de Bangor, d'où ils passèrent en
France vers l'an 585. 11 aurait même suivi
son maître en Italie, s'il n'en eût été enjpè-
ché par une fièvre qui le contraignit de s'ar-
rêter près de Bregents, sur le l;ic de Constan-
ce, en Suisse. Ce canton faisait alois partie
du royaume d'Austrasie. Saint Gall avait étu-
dié à Bangor la grammaire, l'art poétique et
l'Écriture sainte. 11 fui dans la suite élevé au
sacerdoce. 11 était avec saint Colombau à
Zug, lorsque ce saint abbé prêcha la foi de
Jésus-Clirist aux habitants qui adoraient en-
core les idoles. A la vue de quelques mira-
cles, plusieurs se coiivertiient ; les autres
persistèrent dans lem- aveuglement. Saint
Gall, poussé de zèle, briila leurs temples, et
jeta dans le lac toutes les ofliandes qu'il y
trouva. Les barbares irrités, voulurent le
luer. 11 évita la mort par la fuite, et se retira
sur le lac de Constance, où il travailla à la
conversion des idolâtres qui liabilaient sur
ses bords. Il bûlit près de là un monastère
qui porte encore aujourd'hui son nom, et il
résolut de s'y fixer. Cependant saintEustase
étant mort vers l'an G25. les moines lie Luxeuil,
lui députèrent six de leurs frères, venus au-
trefois d'Hibernie, le conjurant de fe char-
ger de leur conduite. Il le refusa. Il ne vou-
lut point non plus accepter le siège épisco-
palcle Constance, et il Gttomijerréleclionsur
Jean, l'un doses disciples. Il mourut versl'an
C4C, le IG d'octobre, jour auquel l'I-.glise cé-
lèbre sa mémoire. Nous avons de lui un dis-
cours assez long, qu'il prononça dans l'église
de Sainl-Étienne, au jour de l'ordination do
Jean, évètjue de Constance. Il le commence
par rapporter le péché des anges et la créa-
tion deThomme; puis, touchant légèrement
lliisîoire des patriarches, la succession des
rois, il passe à la naissance de Jésus-Christ,
dont il rapporte le baptême, les tentations
dans le désert, les miracles, la mort, la ré-
surrection, et finit à la descente du Saint-Es-
prit sur les apôtres, en exhortant les fidèles
à vivre conformément aux promesses qu'ils
avaient faites dans le baptême de renoncer
au démon, à ses œuvres, à ses pompes. 11
enseigne que les anges ont été créés avant
le monde, et que leur péché est antérieur à
la création, qui n'a eu heu h l'égard des
hommes, que pour remplir le nombre que
les anges avaient laissé vide parleur aposta-
sie ; sentiment qui aétécommuu à beaucoup
d'anciens. Il croit que le don des langues,
accordé aux apôtres et à leurs disciples, con-
sistait en ce que, ne parlant qu'une seule
langue, ils se faisaient entendre de tous
ceux qui en parlaient de dillérentes. Son
style est simjile, mais clair et soutenu. Ce
discours se trouve dans les deux i-ditious
des Anciennes Leçons de Canisius, dans le
Manuel biblique imprimé ^Francfort en lUlO,
dans la Bibliothèque des Pères a Paris en
ICii, dans celle de Lyon en l(!77 ; dans Gal-
land. Dibliutli. vct. Pair., tome .\1I, d'où il
a passé dans le tome LXXXVII de la Pairo-
tuyie latine avec une notice extraite de Fabri-
Toin
Il Aci. OrrfiH. S. Bcnedicli. p«g. 215 ; et lib. Met .VIII Annal. Bencd. Alabil., num. iO el32.
[vn« SIÈCXE.] CHAPITllE LXXI. — SAINT GALL, JONAS, SAINT CUMfiEN, ETC.
ciiis, et imo autre par Galland. Un appendice
reproduit des i''i»if,'rainiues ou liymnes sa-
crés des nuciens Pères du monastère de
Saint-Ciall, avec notes de Canisius.l C'est par
erreur (lu'l'ssérius, dans son recueil des Lct-
li-es liibernoises , en a attribué une à ce
saint: elle est, non de saint Gali, abbé, mais
de Gall, évoque de Cleiuiont, et adressée ci
saint Didier, év("'i[ued(! Caliors. Nousl'avons
marquée dans le chapitre précédent. La vie
do saint Gall fui écrite par Walafride Stra-
bon, qui avait été moine dans le monastère
de ce nom.
'■2. Jonas, qui a écrit celle de saint Colom-
ban ', en composa encore d'autres, savoir :
celles de saint Atlale, de saint Eustase, et de
sainte Fare, abbesse d'Évoriac. Ces trois Vies
se trouvent ensemble dans un manuscrit de
Compiègne, où elles sont suivies de celle de
saint Bertulfe ; mais elles y sont divisées en
trois livres : distribution qui parait contraire
à celle que Jonas en avait faite, puisqu'il dit
expressément dans son prologue sur la Vie
de saint Colomban, qu'il n'avait composé que
deux livres, tant pour cette vie que pour
celles des saints Attale et Eustase, et de ceux
dont il y avait parlé; ce qu'il entend parti-
culièrement de sainte - Fare, qu'il appelle
Burgondofara, comme s'il l'eût crue origi-
naire de Bourgogne, et de saint Bertulfe,
troisième abbé de Bobbio. On a imprimé ces
quatre Vies dans le second tome des Actes de
l'Ordre de saint Benoît, souslenomde Jonas,
qui y est appelé moine de Bobbio ; d'autres lui
donnent 'la qualité d'abbé, notamment Baim-
bert, qui écrivait en même temps que lui;
mais il ne dit pas de quel monastère. On ne
peut guères douter que ce ne fût en France,
puisque, en 659, le roi Clotaire, et Balhilde
sa mère, l'envoyèrent ' en leur nom à Châ-
lons-sur-Saône terminer une afl'aire d'État.
L'opinion la plus vraisemblable, est qu'il
gouvernait le monastère d'Eluone, aujour-
d'hui Saint -Amand, dans la Belgique, où
l'on trouve un Jouas vers le milieu du sep-
tième siècle dans le catalogue des abbés.
Quoi qu'il en soit, ces trois Vies sont aussi
737
dignes de foi qu'elles le peuvent être, puis-
que Jonas l(!s a composées de ce qu'il avait
vu ou appiis sur les lieux. Il avait été à Bob-
bio, A Luxeuil et à Faremoutierou Évoriac. Il
dit nettement qu'il était eu ce dernier mo-
nastère, lorsqu'on y célébrait ' les mystères
le trentième jour depuis la mort de Gibitru-
de, suivant la coutume de l'Église. Le di-
manche ", pendant que les religieuses rece-
vaient la communion sous les deux espèces,
le chœur chantait : Prenez ce sacré corps du
Seigneur, et le sang du Sauveur, qui vous pro-
curera la vie éternelle. Jonas était natif de
Suze en Ligurie. Il se relira vers l'an 618 à
Bobbio, où il embrassa la vie monastique sous
saint Attale, successeur de saint Colomban.
Il avait de l'éloquence, mais il chargeait trop
son style d'expressions peu naturelles; ce
qui le rend obscur et embarrassé. C'est dans
ses écrits que le vénérable Bède a puisé ce
qu'il a dit de saint Colomban, de saint Ber-
tulfe, de sainte Fare et de quelques autres :
d'où est venue l'erreur de ceux qui ont at-
tribué les Vies de ces saints, non à Jonas,
mais à Bède Jonas, allant à Chalons-sur-Saô-
ue en 6o9, retoucha la Vie de saint Jean de
Réomé, qui avait été écrite par un anonyme,
disciple du saint. Il y ajouta en forme de dia-
logue une relation des miracles opérés par
ce saint abbé. Il dit lui-même qu'il en avait
été prié pendant son séjom- dans le monas-
tère de Saint-Jean, connu aujomd'hui sous
le nom de Moutier-saint-Jean, par l'abbé
Hunna et par sa communauté. C'est dans
cette annotation qu'il nous apprend que le
roi Clotaire et Balhilde sa mère l'avaient en-
voyé à Châlons pour une afiairc d'État. Ce
dernier ouvrage de Jonas est d'un style plus
simple et plus naturel que les précédents.
Peut-être voulut-il imiter celui de l'anony-
me sur lequel il travaillait. La Vie de saint
Jean de Réomé, et le récit de ses miracles, se
trouvent dans le premier tome des Actes de
l'ordre de Saint-Benoit, et dans l'histoire de
Moulier-saint-Jean, imprimée à Paris en 1637,
par les soins du P. Rouvrier, jésuite. [Les
écrits de l'abbé Jonas sont reproduits au
' Mabil., Act. tom. II, pag. 3.
2 Yila Columbani, num. SO.
s Mabillon., Annal., lib. XIV, num.. 66.
* Ibid., num. 66.
' Tom. II Act, Ord. S. Benedicti, pag. 423, cap.
u.
"^ Quodam die Dominico cum missarum solem-
nia swpe fata Burgundofara cum, famularum
XI,
collegio exspec(aret, et jani sacri corporis com-
munione participarentnr, quœdam ex iis nomine
Damna cum jain corpus Domini accepisset ac san-
guinem lihasset, et sacro choro inserla cum com-
parilnis caneret: Hoc sacrum corpus Domini, et
Salvatoris sauguinem sumite vobis in vitam îeter-
nam ; in ore ejus globus ignis candido fulgore
rulilans niicabat. Ibid., cap. vi, pag. 423.
Al
738
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cam'eD ib*
14 en Uit«r-
ntt.Ses MriU.
S«IdI D^Dit
éveille de He.
Mnc/>n, te Hé*
fie.
tome LXXXMI de la Patrologie latine, col.
ion et suiv. avec nne noiii'e \)nv Fabiirius.]
3. Il y a, dans le premier tome des Leçons
anciennes de Canisius, une Vie de saint Mag-
noald ou Magne, disciple de saint Gall. L'au-
teur se nomme Théodore, et dit qu'il avait
vécu avec saint Colomban. Les fautes qu'il
fait en parlant de ce saint, ce qu'il écrit du
roi Pépin et des victoires de Cliarlemagne,
ôtent tout crédit à sa narration : car il n'est
pas vraisemblable qu'il ait conversé familiè-
rement avec saint Colomban, mort vers l'an
615, ni qu'il ait vécu jusqu'au règne de Char-
lemagne, qui ne fut couronné empereur
qu'en 8Q1.
Le Pénilentiel de saint Cuméen • a beau-
coup de rapport avec celui de saint Colom-
ban : mais il est à présumer que saint Cu-
méen, qui n'a composé le sien que sur les
canons de divers conciles, a puisé aussi dans
lePénitentiel de saint Colomban. L'endroit
le plus remarquable est celui * où saint Cu-
méen défend de manger de la cliair des ani-
maux suflbqués, soit oiseaux, soit bêtes à
quatre pieds. Il se fonde sur la défense qui
en fut faite dans le concile des apôtres assem-
blés à Jérusalem. L'sserius, dans ' sa collec-
tion des Lettres Hibcrnoises, en met une sous
le nom de Cuméen, où l'auteur exhortait ceux
de cette nation .'i quitter leur usage sur la cé-
lébration de la Pâque. L'aLiteur du Pénitcn-
tiel est dans les mêmes sentiments : ainsi ou
peut attribuer à Cuméen celte lettre, et une
hj'nme qui commence parces mots : Judn, wlé-
brcz lesfvtesdeJésvs-Cliriat. La Lettrede saint
Cuméen est adressée à Ségenius, abbéd'lli.
Son Pénilentiel fut d'abord imprimée Augs-
bourg en 1621, avec celui de saint Colom-
ban; puis dans le douzième tome de la Bi-
bliothèque des Pères. Dom Mabillon en rap-
porte un fragment dans son Voyage en Alle-
magne * . [La lettre sur la controverse rela-
tive à la Pàqne, et le Pénilentiel de saint
Cuméen, se trouvent au tome LXXXVIl delà
Pûlrologie latine, avec une notice de Fabri-
cius, et une préface du Père Labbe pour le
Pénilentiel.]
4. Ou a déjA remarqué ', dans la Vie de
saint Colomban, qu'étant à Luxeuil, il bap-
Pal., pafj. M.
Pal., pat'. 43, cap. I.
' Tora. XII nrhliiilh.
' Tom. XII liibUolh.
» l'ag. 21.
'• .Mabillon. in Analeeli», pag. 17.
• Columhani vila, loin. Il Àct. Ord. S. Bened.,
Dum, 22.
tisa le fils de Valdalène, duc de la Province
transjurane. (ju'il lui imposa le nom de Me-
nât, et qu'il prit soin de sou éducation. Saint
Eustase, son successeur dans celte abbaye,
continua de former ce jeune homme dans la
piété et dans les lettres, où il fit beaucoup
de progrès. Le siège épiscopal de Besançon
étant venu à vaquer • vers l'an 621, Donat
fut choisi pour l'occuper. L'année suivante,
il assista au concile de Reims, et en 646 à
celui de Châlons-sur-Saoïie. 11 fonda' le mo-
nastère de Palais, ainsi nommé à cause qu'il
le bâtit sur les débris des anciens murs de la
ville. Il y mit des moines qui observaient tout
ensemble la rè;,'le de saint Benoît et celle de
saint Colomban. Flavie, sa mère, demeurée
veuve, employa une partie de son bien à bâ-
tir un monastère de filles, connu sous le nom
de Joussan-.Moutier. Saint Donat vivait enco-
re en 64y, auquel il souscrivit au privilège
que saint Faron, évêque de Mcaux, accorda
au monastère de Sainte-Croix. Ce fut pour le
monastère fondé par sa mère, que saint Do-
nat composa une Règle que saint Benoit d'A-
niane a insérée dans son Gode ". Elle est di-
visée en soixante dix-sept chapitres, dont
quarante-trois sont tirés de la règle de saint
Benoit, les autres des règles des Pères et de
celle de saint Césaire. Quelques-uns ont at-
tribué celte règle .'i un Donat, moine, qui,
selon saint Iklefouse ', alla d'Afrique s'é-
tablir en Espagne. Mais, outre que ce Père ne
met point de règle parmi les écrits do ce
moine, il est visible que celle-ci fut écrite
pour des filles qui connaissaient celle de saint
Césaire, (jui avait plus de cours en France
qu'en Espagne et qu'en /XJ'rique. Ce qui lèye
toute dilUculté, c'est que la règle de saint
Donat est pour des tilles qui vivaient dans un
monastère fundé pur Flavie servante de Dieu,
comme porte Tinscriptiou du prologue; c'é-
tait la mère de saint Donat: a qui pouvait-
elle s'adresser mieux pour avoir une règle
pour son monastère, qu'A son fils, qui était
en môme temps son évéque? M.M. de Sainte-
Marthe '" lui ont attribué une seconde Règle
pour former à la piété les moines de Saint-
Paul, et les chanoines de sa cathédrale ou
de Sainl-Étienue. Mais la Hètrlfl ipie nous
• Mal)illon, Annal., Ilb. XI, muii. 43.
' Vita Coliimbani, ubi siipra.
' Cod. regtil., part. 3, pjip. il.
» llilophoiifl., lil). De Viris illust., cap. iv.
'" Gallia christiaiui velus, loui. I, pag. 120.
Rè«le du
Uallre.
fvii» SIÈCLE.] CHAPITRE LXXn. -
avons ' dans le Coilo dosainl Hcnoît (
ne, sous les noms do saint Paul et do saint
Etienne, est toute difl'érente de celle que saint
Douât tJfablit dans le monaslère de Palais.
Colle-ci était un coinposô dos rôfijos de saint
lienoit et do saint Coloinhan. Dans celle de
saint Paul ef de saint Htieinie, il n'est parlé
ni de l'un ni de l'autre, et les rtiglements
n'ont i]uo pou ou point d(! confoiinilé avec
ceux de la l'ùtjle de saint Benoit et de saint
Colomban : elle est divisée en quarante-deux
capitules. [La Règle de saint Donat se trouve
au tome LXXXVU de la Putroloyie latine, col.
273 et suiv. Elle est précédée d'une notice
d'après VUistuire littéraire de la France,
d'une observation critique de Brockies, des
témoignages des anciens sur saint Donat et
sa Règle p'arCliiniel.]
5. La règle du Maître contient quatre-
vingt-quinze chapitres, avec un Prologue et
une explication de l'Oraison dominicale. Elle
est distribuée par demandes et par réponses.
MARCULPIIE, SAINT LIYIN, ETC. 739
Ania- Lo Disciple [)ropose les questions ; le Maître
répond. C'est pout-otre pour cela qu'on l'ap-
pelle la Règle du Maître. On ne lui sait point
d'autre titre, et on ne sait qui l'a composée.
La plus grande partie en est tirée do la rè-
gle de saint Bonoit ; mais l'auteur y a ajouté
beaucoup de choses du sien. Il écrivait donc
depuis ce patriarche, mais beaucoup après,
puisque dans un manusciil do Corhie on
trouve joint à cette règle un catalogue dos
papes qui finit à Jean VI, qui monta sur le
Saint-Siège en 701, et que saint Benoit d'A-
nianc, qui écrivait dans le ix" siècle, en a
fait entrer une grande partie dans sa Con-
corde des règles. [La Règle du Maître se
ti'ouve au tome LXXXVIII de la Patrolorjie
latine, col. 1051. Elle est suivie d'une autre
Règle adressée par un inconnu à des vierges,
et d'un Sermon sur les dix vierges, pareille-
ment par un auteur inconnu du vu' siècle.
Toutes ces Règles sont données d'après
Brockies, Codex Regularum.]
CHAPITRE LXXII.
Marculphe moine [vers l'an 660] , saint Livin [vers l'an 656] , Eugène , évêque
de Tolède [657] , Apollonius de Novarre [XV^ siècle].
[Écrivains latins.]
Marculphe,
■ I,., vers
1. Ce n'est que par conjecture que l'on
peut découvrir qui était Marculphe , et le
temps auquel il a vécu. On sait seulement
qu'il était moine*, âgé de plus de soixante-
dix ans lorsqu'il commença à écrire, et que
ce fut par ordre de l'évêque nommé Landri
qu'il composa son traité des Formules. Il y
avait un évèque de ce nom à Paris sous le
règne de Clovis II, fils de Dagobert : on ne
connaît aucun autre évèque des Gaules qui
l'ait porté alors. On peut donc en conclure
que c'était sous l'épiscopat de cet évèque de
Paris que Marculphe vivait. Il lui doime le
titre de pape dans son Epitre dédicatoire ;
titre que l'on donnait communément aux
évéques sous la première race de nos rois,
mais qui ne leur fut donné que rarement
dans la suite. Or, Landri était évéquê de
Paris dès la seizième année du règne de
Clovis II, de Jésus-Christ Go3, comme on le
voit par un privilège que ce prince accorda
au monastère de Saint-Denys en France,
daté du 22 de juin de cette année, auquel
Landri, évèque de Paris, souscrivit avec vingt-
trois autres évèques. L'original de ce privi-
lège ^ subsiste '. Il est écrit sur du papier
d'Egypte. Le style et l'orthographe sont des
preuves de la barbarie du siècle. Si ce Mar-
culphe est le même que celui qui était clerc
de l'église de Bourges sous l'épiscopat de
saint Austrégisile, c'est encore une preuve
qu'il a vécu dans le temps où nous le pla-
çons, puisque cet évêque mourut en 624.
Marculphe pouvait avoir passé du clergé
• Cod. reg. Pat.. H, pag. 46. — - llarculplius, Mi
Prologo. — ' Mabillou, Diplomalique, lib. V,
table 17, et lib. Yl, uum. 7.
* On le trouve reproduit au tome LXXXVll de la
Palrologie latine, col. 299 et suiv., d'après Bre-
qiiigay, Diplom. cliart. reg., toin. Il : il est précédé
d'uue uotice sur saint Landri, extraite du Gallia
christiana. [V éditeur.)
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
740
dans un monastère, et de là à Paris ou dans
(juelque autre monastère du diocèse, oii il
avait fait connaissance avecl'évèqueLandri.
Di,.r;buiio» 2. Les formules que Marciiiphe rapporte
kJ^" dans son recueil, sont écrites dans le même
goût et suivant la coutume du lieu de sa de-
meure, c'est-à-dire de Paris, où il est vrai-
semblable qu'il demeurait , puisqu'il était
connu particulièrement de l'évêque de cette
ville. Il les divise en deux livres, dont le
premier contient principalement les chartes
royales, ou les actes qui venaient du palais ;
et le second, les actes qui se passaient entre
les particuliers. Son motif dans cette collec-
tion était de donneur des modèles qui pussent
servir comme do protocoles dans les occa-
sions ; c'est pourquoi, n'ayant pas trouvé
sur chaque matière ce qu'il souhaitait , il
composa lui-même des formules pour rendre
son recueil plus utile et plus complet. Le
premier livre est fiartagé en quarante cha-
pitres, et le second en ciuquante-deux : cha-
que chapitre renferme une formule particn-
culière. C'était un secours pour ceux qui
n'avaient pas assez de capacité pour dresser
eux-mêmes des chartes ou des actes ; mais
non une loi à laquelle ceux qui étaient au
fait de ces matières dussent s'assujettir.
Ainsi l'on ne doit point décider de l'authen-
ticité des pièces fabriquées depuis, sur la
conformité qu'elles auraient ou n'auraient
pas avec les protocoles de Marculphe.
ch.rt« te- 3- La première formule est d'un privilège
m.rqu.i,ie!. accordé par l'évcque diocésain, à l'imitation
des privilèges de Lérins, d'Agaune , de
Luxeuil, et de plusieurs autres monastères
du royaume des Français '. L'évêque promet
de donner les ordres à celui que l'abbé et la
communauté lui présenteront pour en faire
les fonctions dans le monastère, d'y bénir un
Lib. I. autel, et d'envoyer aux moines le snint-clu ê-
*"''" '■ me, s'ils le demandent; de leur donner pour
abbé celui qu'ils auront choisi, le tout gra-
tuitement ; de ne se mêler en aucune façon
de l'aduiinislraliou des biens, meubles ou
immeubles du monastère ; de n'y point en-
trer, si ce n'est à la prière de l'abbé et des
moines pour faire oraison ; de se conlenlcr,
après la célébration des saiuls mystères ,
d'une simple bénédiction, c'est-à-dire d'un
repas modeste, et de se retirer aussitôt pour
ne point troubler leur repos. Il laisse à l'abbé
le soin de corriger ses moines suivant la
' Maiculf., cdit. Paris., an. 1600.
règle , se réservant toutefois d'y tenir la
main. Ce privilège, qui devait être souscrit
par plusieui-s évêques, porte trois ans d'ex-
communication envers les contrevenants. Au
privilège accordé par l'évêque, Marculphe
joint la confirmation du roi, qui regarde par-
ticulièrement les biens du monastère : elle
porte défense à toutes sortes de personnes de
s'en emparer. Vient ensuite une formule
d'immunité donnée par le roi à une église :
il y fait une cession de tous ses droits sur
les terres, habitants, libres ou serfs de cette
église, avec défense à tous juges séculiers
d'y exercer aucune juridiction, et d'y pren-
dre aucun droit de gîte ou de repas. Suit la
confirmation de celle exemption. Les trois
formules suivantes concernent l'élection
d'un èvêque. Dans l'une, le roi déclare au
métropolitain, qu'ayant appris la mort d'un
tel èvêque, il a résolu, de l'avis des évêques
cl des grands de sa cour, de lui donner un
tel pour successeur; qu'en conséquence il
ait à le consacrer selon les règles avec les
autres évêques à qui il en aurait écrit. L'au-
tre est un modèle des lettres que le prince
écrivait aux évêques qui en devaient ordon-
ner un nouveau avec le métropolitain. La
troisième est la requête que les citoyens de
la ville èpiscopale préseulaicnt au roi, pour
le prier de leur donner pour èvêque un toi
dont ils connaissaient le mérite.
4. Les quatorzième , quinzième et sei-
zième sont des formules des donations faites
aux églises par les rois, pour le salut de
leurs âmes. On leur remet devant les yeux
que, n'ayant rien apporté en ce monde, ils
n'en emporteront rien de bon que les reu\Tes
de piété. Celui qui voulait s'engager dans le
ministère ecclésiastique ou dans un monas-
tère, en demandait l'agrément au roi, qui
lui accordait sa demaiule, pourvu qu'il ne
fût point inscrit dans le ponlier ou registre
public des hommes sujets au cens : en ce
cas, on lui coupait lés cheveux, et il pouvait
demeurer dans une église où dans un mo-
nastère. S'il arrivait qu'un èvêque, un abbé
ou un clerc fussent accusés de retenir le
bien d'autrui, ils étaient obligés d'aller se
défendre à la cour : mais les abbés et les
clercs n'y étaient traduits qu'après qu'ils
avaient refusé de suivre le jugement de l'é-
vê(pie commis par le roi pour examiner l'af-
faire. La (|uar.inliènie est lUie confirmation
des donations faites à un uionaslère, soit par
les princes, soit par des particuliers.
Ctp. 11.
[vu SIÈCLE.]
CHAPITRE LXXII. — MERCULPHE, SAINT LIVIN, ETC.
741
LU.. I '
Câp. Il etc.
c«r. '.
XXXVII,
XXXVItl 01 LX
IXWJI.
XXXXlll. ,
xxxxtT, ;
Autre? Tor-
mul::9d'uu au-
teur loCOt-DU.
Edi lions de
Mnrciilj'lio.
5. Les six premières formules du second
livre contiennent lie ces sortes de donations.
Il est dit dans la cinquième, qu'un mari et
une femme, après avoir donné une terre A
l'église, en donuuult'uent ;\ l'évêqiie l'usu-
fruit pondant la vie de l'un et de l'autre : ce
que l'évoque leur accorda, à la charge de
n'en rien aliéner. Les donations faites aux
églises devaient ("tre insinuées comme les
^autres. Marculplie donne la formule de ces
insinuations. 11 était d'usage que les évoques,
aux fêles principales, comme de Pâques et
de Noël, envoyassent des eulogiosaux autres
évéqucs, aux rois ou à leurs amis. C'était du
pain qu'ils avaient bénit, ou quelque autre
petit présent. Ils accompagnaient ces eulo-
gies d'une lettre, dont Marculplic donne des
modèles. II en donne aussi des lettres de
recommandation que les évoques accordaient
ù ceux qu'ils envoyaient au loin, ou qui al-
laient en pèlerinage h Rome ou ailleurs, ou
qui voulaient s'engager dans des monastères.
6. On a mis à la suite des formules de
Marculplie un autre recueil de formules, di-
visé également en deux parties. La première
contient cinquante-huit chapitres; la se-
conde, vingt-sis. L'auteur n'en est pas con-
nu ; mais on ne doute point qu'il ne soit an-
cien et presque contemporaindeMarculphe.
Ses formules sont, comme colles dont nous
venons de donner des extraits, sur toutes
sortes de matières ecclésiastiques et civiles.
7. Toutes CCS formules, tant de Marculplie
que de l'Anonyme, furent données au public
à Paris en 1613, in-8°, par M. Jérôme Bi-
gnon, avocat général, avec des notes très-
rechei'chées. FridericLindembrog les inséra
dans son Code ' des lois anciennes, imprimé
à Francfort la même année chez les Marnius,
avec un Glossaire. L'ordre des chapitres n'est
pas le même dans ces deux éditions : ce qui
vient apparemment de la variation des ma-
nuscrits. On a suivi dans la Bibliothèque des
Pères ^ h Lyon en 1677, l'édition de M. Bi-
gnon, mais en supprimant ses notes. !Mar-
culphe fut encore mis sous presse à Stras-
bourg en 1636, et à Paris en 1666 chez les
Cramoisi. Cette édition est augmentée de la
loi salique, et du Glossaire de François Pi-
Ihou : mais on n'y trouve point les variantes
de Lindembrog. i\I. Baluze les a données à
la suite des formules, dans le second tome
'■rV|.-j f;.
' Pag. 1205. — ! Tom. XII, pag. 767.
' Pag. 370.
des Capitulaires des Rois ', iraprimés à Paris
en 1677. [D. Bouquet les a publiés dans le
Recueil des historiens des Gaules et de la
France. L'édition la plus complète est celle
que l'on trouve au tome LXXXVll de la Pa-
trolocjie latine. Elle comprend : 1° Formules
concernant les afi'aires privées et publiques,
en deux livres, avec préfaces et notes de Bi-
gnon, et notice par Fabricius, appendice. —
2" anciennes Formules, par un anonyme. —
3° anciennes Formules selon la loi romaine,
éditées par Sirmond. — 4° autres Formules
d'un auteur inconnu, éditées par Bignon. —
5° autre édition des Formules de Marcul-
phe, éditées par Lindembrog, avec varian-
tes notables. — 6° Formules dites d'Angers.
— 7° autres Formules anciennes, recueillies
et éditées par Baluze. — 8° autres Formules
éditées par Lepelletier, ù\\.<isalsaticœ, se rap-
portant au temps de Louis le Pieux et au
royaume d'Austrasie, tandis que celles do
Marculplie se rapportent au royaume de Bour-
gogne. — 9° 15 Formules inédites publiées
par M. Pardessus. — 10° anciennes Formules
concernant la promotion des évêques après
le rétablissement de la liberté des élections.
11° anciennes Formules d'exorcismes et
d'excommunication. — 12° Formules em-
ployées dans les combats et les jugements de
Dieu, avec une dissertation préliminaire et
très-curieuse de Muratori.]
8. L'Hibernie , qui avait donné la nais-
sance et l'éducation à saint Livin, ne le pos-
séda pas longtemps. Il passa de son pays
dans la Belgique, où Florbcrt, abbé du mo-
nastère de Gand, lui donna une retraite '.
Son zèle pour la foi l'engagea à la prêcher
aux peuples qui demeuraient du côté d'Hau-
tem et d'Alost. Aussi cruels qu'endurcis, ils
lui firent souffrir le martyre vers l'an 656,
le douzième de novembre. Quelques années
avant sa mort, il composa en vers élégiaques
l'épilaphe de saint Bavon , confesseur à
Gand, qui mourut vers l'an 630 ou 633. Com-
me il l'avait faite à la prière de l'abbé Flor-
bert, il lui écrivit, en la lui envoyant, une
lettre qui est aussi en vers élégiaques. Ussé-
rius a donné ces deux pièces dans son re-
cueil des Lettres Hibei'uoises ; et c'est de là
que Dom Mabillon les a tirées pour les placer
daus le second tome des Actes de l'Ordre de
saint Benoit". Saint Livin s'y donne la qua-
' Tom, Il Act. Ordin. S. Bened., pag. 431, et seq.
6 Ibid., pag. 387.
S.iint I.i-
vin,apôlre du
Bralaal. Ses
écrits.
742
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
érêloe de To-
lité de poêle, marquant ' qu'il avait cultivé
cet art dans sa jeunesse avec quelque suc-
cès. Il ne se flattait pas trop. Sa Vie a été
écrite par un nonuno Boiiifacc, son contem-
porain. Celle de saint Bavon est dun moine
anonyme qui écrivait dans le Xii' siècle. [.\u
tome L.XXXVIl de la Patrologie latine, col.
327, on trouve la Vie de saint Livin par Bo-
niface, et la Lettre de sain! Livin à Florberl].
F.«f*»c 9. Saint Ildefonse ' met deux Eugène
évêques de Tolède au rang des hommes il-
lustres. Il n'attribue aucun écrit au premier;
mais il dit du second qu'il avait composé un
livre de .la Trinité, et deux autres petits,
dont l'un était en vrt'S de ditl'érentes mesures,
et l'autre en prose ; qu'il avait encore revu,
augmenté et poli le poëme de Draconce sur
l'ouvrage des six jours de la création, en y
ajoutant ce qui est dit du septième jour :
Draconce n'avait touché cet article qu'impar-
faitement. Eugène Gl aussi quelques épi-
grammes sur divers sujets : nous les avons
dans le recueil des œuvres du P. Sirmond, et
dans le douzième tome de la Bibliothèque
des Pères. Eugène fut d'abord du clergé de
Tolède ; mais trouvant son contentement
dans les pratiques de la vie solitaire, il se re-
tira aux environs de Saragosse, près des
tombeaux des martyrs. 11 fallut lui faire vio-
lence pour l'en tirer, et le placer sur le siège
de Tolède, vacant par la mort de l'évéque
de même nom. Son épiscopat fut d'environ
douze ans, depuis l'an 6i6 jusques vers 657.
Ses poésies sont édifi'>ntes ; et quoique le
style n'en soit pas extrêmement châtié, les
pensées en sont fort justes et fort solides.
[Au tome LXXXVII de la- Patrologie latine,
col. 547 , on trouve des notices de Galland
et d'.Anloine sur Eugène ; une autre Vie, ti-
rée de Lorenzana, collection des Pères de
Tolède. Les écrits de saint Eugène qui sui-
vent, sont : 1° des Opuscules en vers sur di-
diveis sujets, au nombre de trente -un;
2° rilcxaéméron de Draconce, corrigé par
saint Eugène sur l'ordre du roi Gliindasvin-
tus ; 3° des Mélanges en vers au nombre de
quatre-vingt-neuf ; ■i" quelques vers apocry-
phes ; 5° quatre lettres eu prose. Ces écrits
sont reproduits d'après Lorenzana, qui a cor-
rigé sur un manuscrit gothique de l'église
de Tolède ceux qui avaient été édités par
Sirmond, a rempli les lacunes qui existaient,
et a pu ajouter vingt-deux vers h la Cn du
second livre de Draconce. Le même manas-
crit a fourni les mélanges, les vers apocry-
phes et les quatre lettres.
La première de ces lettres est adressée à
Biaulion. Eugène y expose trois diflicullés
dont il lui demande la solution : 1° Quelle
coniluilc tenir ;\ l'égard d'un frère qui ,
n'.iyant pas reçu le degré de la prêtrise, en
exerce l'office. Ce frère avait été fort à char-*
ge à Eugène son prédécesseur. Prié par le
roi de l'ordonner prêtre et n'osant résister, il
le conduisit à l'autel, ne lui imposa point les
mains, et pendant que les clercs chantaient,
il répandit la malédiction au lieu de la béné-
diction, comme il l'attesta depuis à des per-
sonnes dignes de foi; en leur ordonnant de
garder ce secret durant sa vie. Eugène de-
mande si ce frère est prêtre, et si ceux qu'il
a baptisés et marqués du chrême sont à
bon droit appelés chrétiens. 2° Des diacres
en quelques endroits ont oint du chrême ;
que doit-on faire à ceux qui ont reçu de la
sorte l'onction du chrême? Faut-il la réitérer
ou peut-on regarder comme onction ce qui
a été fait par présomption ou par ignorance ?
3° Des prêtres, contre le droit et la défense
des canons, confectionnent le chrême et ont
la témérité d'en marquer ceux qu'ils ont
baptisés. Que faut-il faire à l'égard de ceux
qui ont été ainsi marqués de l'onction, et
quelle correction imposer à ceux qui l'ont
faite ?
La seconde lettre est la réponse de Brau-
liou aux questions proposées. Cet évêque
répond : « 1° Le prêtre ordonné comme
l'a exposé Eugène est vraiment ordonné, et
toute la faute retombe sur celui qui a fait
l'ordination. Je ne vois pas, dit Braulion,
pourquoi il ne serait pas prêtre, celui qui ne
le voulait point comme tel, ayant publié qu'il
était prêtre. Je ne vois pas non plus pour-
quoi ceux qui ont été oints du saint chrê-
me par ce prêtre ne seraient pas appelés
chri'tiens ; lui est indigne , mais eux sont
pouilant oiiils d'un vrai chrême. Votre pru-
dence sait bien que les anciens canons ont
défondu au prêtre d'avoir l'audace de don-
ner le chrême, défcuisc observée jusqu'ici,
nous le savons, dans l'Orient et dans toute
l'Italie; ensuite, on a pci-mis aux prêtres de
donner le clirême, mais un clirême bénit par
' Sic ego qui quondam studio florcnte videbar
Esse poêla, modo curro pedesler equo.
Tom. Il Àct. Ord. S. Uened., png. 388.
• Udcphons., De Yiris illMt. cap. i, iv.
CHAPITRE FAXK. — MERCULPHE, SAINT LFVIN, ETC.
[vil" SIÈCLE.]
les évoques, afin qu'il ne parfit pas que c'é-
tait un piivitégc accordé aux prêtres de con-
sacrer le peuple de Dieu par celte sainte
onction , tandis que c'est le privilège des
évoques par la bt'iu'iliction et la permissiou
desquels ils s'ac([uillent de ce ministère ,
couuu(> par la main épiscopale. » Braulion
ajoute que révè([ue (pii a ortionué ce prêtre
ne l'a jamais coulredit, quand il donnait le
chrême bénit par lui... Peu importe qu'il ait
ratifié le ministère de ce prêtre de son plein
gré, ou qu'il l'ait l'ait soidcment par occa-
sion, c'est-à-dire sans doute à cause des cir-
constances du temps.
11 est question ici évidemment du sacre-
ment de conllruialion : car au vu" siècle il
était certainement permis en Ilalie aux prê-
tres de conférer l'onction qui accompagne le
baptême, comme en font foi tous les sacra-
mcntaires. Ce qui était réservé en Italie aux
évêques à l'exclusion des prêtres, c'est la
confirmation, on le voit par tous les rituels
et tous les sacramentaires. Ailleurs, en Sar-
daigne, dans les Gaules, la coutume n'était
pas la même : aussi Braulion ne dit point
que ce soit la discipline de tout l'Occident.
Quant à l'Oiient, il contredit ceux qui sou-
tiennent que, longtemps avant Pbotius, les
prêtres avaient le pouvoir de conférer la cou-
firmatiou. Quand il ajoute : « 11 a été permis
ensuite aux prêtres de donner le chrême, »
il veut parler de l'Espagne, où une semblable
permission avait été accordée; mais les prê-
tres devaient se sei'vir d'un chrême bénit par
l'évèque.
Répondant à la seconde difficulté, Brau-
lion dit en substance que toute la question
relative aux diacres a été résolue par la so-
lution précédente : car, s'il est permis aux
prêtres, et aux seuls prêtres, de donner le
chrême, pourvu qu'il soit bénit par l'évèque,
évidemment les diacres n'ont pas ce pouvoir,
et on doit punir ceux qui, par ignorance ou
par présomption, ont osé se l'arroger '. Pom"
la troisième diUiculté , Braulion est d'avis
que le chrême confectionné par les prêtres
743
n'est pas un vrai chrême, et qu'on doit punir
les coupables, en usant cependant d'indul-
gence à l'égard de ceux (jui l'ont fait par
ignorance.
La troisième lettre est adi'cssée pai- Eugène
àProtase, évoque de Tarragone. Eugène re-
mercie Protase des écrits qu'il en avait re-
çus ; il lui promet de composer une messe,
ou les oraisons de saint Hippolyte ; mais il
n'ose écrire une messe votive, parce qu'il dé-
sespère d'égaler, loin de pouvoir surpasser,
celle qui existait. Ces paroles, comme le fait
observer Lorenzana, prouvent que la litur-
gie espagnole était écrite avec pureté et élé-
gance, et en même temps qu'il y avait dans
cette contrée un certain nombre d'hom-
mes remarquables qui cultivaient avec
soin la littérature latine, pendant qu'ail-
leurs on tombait dans la barbarie et l'igno-
rance.
La quatrième lettre est une réponse de
Tayon de Saragosse à Eugène. Dans cette
lettre, Tayon dédie à Eugène le livre qu'il
avait composé sur l'Écriture, et le prie de le
corriger.]
10. La Bigne, Aubert Le Mire , et quel-
ques autres bibliothécaires, ont rais Pierre
Apollonius Collatius , prêtre de l'église de
Novarre, entre les auteurs qui ont écrit dans
le vu'' siècle ; et c'est sur ce fondement que
son poëme, intitulé de la Ruine de Jérusalem
sous Tite et Vespasien , a été inséié dans le
douzième tome de la Bibliothèque des Pères,
avec les poésies d'Eugène de Tolède dont
nous venons de parler. Mais depuis que Dom
Mabillon a découvert, étant à Florence '\ que
cet Apollonius est le môme qui adressa à
Laurent de Médicis un autre poëme en vers
héroïques, qui a pour matière le combat de
David et de Goliath, on ne doute plus qu'il
n'ait vécu sur la fin du xV siècle, eu même
temps que Laurent de Médicis. Apollonius,
outre ces deux pièces de poésie, composa
plusieurs épigrammes, dont une est l'épita-
phe du pape Paul II, une autre celle de
Sixte IV, dont Onufre a écrit la vie.
AfoIIonlus
1 Novarre.
I Voyez une note très-lougue de Lorenzana,
Patrol. lat., tom. LX, col. 403 et suiv.
* Mabillon., iter Italie, tom. I, pag. 19i.
744
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
CHAPITRE LXXIU.
Frédégaire historien [après 658], et ses Continnatenrs.
[Écrivains latins.l
,.J,\^tn^"t *• ^^ P'"^ ancien historien de France dc-
llc. ^*"'»°" puis saint Grcfjoire de Tours, est Frëdi-gai-
re ' , surnommé ordinairement Scolastique,
suivant l'usage du temps auquel il vivait, où
l'on appelait ainsi les savants, ceux-là sur-
tout qui fréquentaient le barreau, ou qui pro-
BisioiK de fessaient les ])ellcs.-lettres '. Les parlicula-
iK inscrip- rites que 1 on trouve dans ses cents tou-
cbant les rois de Bourgogne, et qui ne se li-
sent pas ailleurs, ont fait conjecturer qu'il
était né dans leurs États, ou du moins qu'il
y avait demeuré longtemps. On croit même
qu'il était d'Avencbcs, autrefois capitale des
Helvétiens, qui était de la dépendance des
rois de Bourgogne : opinion qui est fondée
sur les choses singulières qu'il raconte de
celte ville, et sur l'éloge qu'il en fait. Fré-
dégaire vivait encore en 658 : cela parait
par ce qu'il dit d'un marcliand français,
nommé Samon ', qui étant allé en Sclavonie
la vingt-troisième année de Clotaire II,- de
Jésus-Christ 623, y fut élu roi des Windes,
et régna trente-cinq ans, ce qui revient à
l'an 638.
2. Le seul ouvrage que nous ayons de Fré-
dégaire est une Chronique, qui commence à
la création du monde, et finit à la quatrième
année de Clovis H, qui est l'an 6il de l'ère
commune. Elle est divisée en cinq livres. Le
premier contient une description du monde;
le partage qui en fut fait entre les fils de Noë,
et les établissements des diverses monar-
chies jusqu'à celle des Assyriens. Suivent
trois Catalogues : celui des empereurs ro-
mains depuis Auguste jusqu'à .Alexandre-
Sévère; celui des rois des Hébreux, et celui
des papes depuis saint Pierre jusqu'à Tbéo-
dore, qui monta sur le Saint-Siège en 642, et
l'occupa jusqu'en 649. On a ajouté, mais
d'une autro miin, los j):ipes depuis Thi-ndo-
re jusqu'à Adrien V. Entre ces deux der-
niers Catalogues est une supputation des
Sa CbroDl-
ijtie. Premier
temps depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ, et
une petite chronique qui commence avec le
monde, et linit à la trente-et-unième année
d'Héraclius, 641 de l'ère commune. Ce livre
a pour titre, dans le manuscrit du collège
de Lonis-lc-Grand : des Générations. Il y est
écrit en lettres carrées et majuscules. Ce li-
vre donne lieu de croire que ce manuscrit
est de l'âge même de Frédégaire, c'est-à-
dire du septième siècle. Quoique Frédégaire
ne nomme aucun auteur plus ancien que
saint Jérôme ', il est certain qu'il a profité
du travail de Jules-Africain, d'Eusèbe de Cé-
sarée et de quelques autres chronologistes
grecs, qui ont dit les mêmes choses avant
lui.
3. Le second livre de la Chronologie de
Frédégaire commence à Ninus, premier roi
des Assyriens, et finit à la mort de l'empe-
reur Valens, c'est-à-dire en 378. Il est com-
posé en partie des Chroniques d'Eusèbe et de
saint Jérôme, comme le troisième l'est de la
Chronique d'Idace. D comprend ce qui s'est
passé depuis l'empire de Théodose le Grand
jusqu'à la victoire de Justinien sur les Vanda-
les et à la niortdeBélisairc, arrivée eno6o. Ces
trois livres ont été donnés au public par Ca-
nisius dans le second tome de ses Anciennes
Leçons, imprimées à Ingolstat en 1601, et à
Anvers en 1723; mais le premier n'y est pas
entier. Ou n'y trouve ni les trois Catalogues
dont nous avons parlé, ni la supputation des
temps depuis Adam jusqu'à Jésus-Christ, ni
la chronique depuis le commencement du
monde jusqu'il l'an 642 : ce qui montre que
le manuscrit dont Canisius s'est servi est
moins ample que celui du collège de Lonis-
le-Grand, où tous ces opuscules se lisent.
■4. Le quatrième livre a souvent t'-té im-
primé à la siiilc de l'ilisloiro des Français
par saint Grégoire de Tours. Ce n'est en elfet
qu'un abrégi> des six premiers livres. Frehe-
Irotfltine
^re.
' Vales., /ter. Francicar., lilj. .\V, i>ag. 445 et
*i6.
« Tom. I, pap. 305 ; el Riiinart., Prwfat. in Gre-
gor. Turon. Opéra.
' Freilej;ar. Cliron , iiiiiii. 48, pag. 627, el iu no-
lis. |)ng. 662. — ' Uuiiiail., Prœfat. in Op. Greg.
• Frcilesar., Prologo. pnp. j86, lom. Op. Oreg.
Turontns. Patrol., lom. L\\\.
CHAPITRE LXXIII. — FnÉDÉGAIRE, HISTORIEN. 74s
à MAcon; de son voyage h Paris pour tenir
ClD()lll(l1lO
llm.
Ibro.
[vil' SIÈCLE.]
lus est le premier qui l'ait publié, sous le
nom de Frédëgaire, dans son Recueil des
Historiens de France, imprimé ;\ Hanaw en
1613. Il porte, dans l'édition dos Œuvres de
saint Grégoire, le titre à'IIistoria vpitoinata,
ou d'Histoire abrégée. L'éditeur l'a donné
sur le manuscrit du collège de Louis-le-Graud,
comme plus correct que les autres.
5. Il a placé ensuite le cinquième livre de
Frédégaire ', qui est le plus intéressant de
tous, parce que c'est une continuation de l'His-
toire de France par saint Grégoire; Frédégaire
y rapporte l'histoire de son temps, et raconte
ce qu'il avait vu par lui-même % ou appris
de vive voix, ou lu dans les historiens ; as-
surant qu'en tout il n'avance rien que de
certain. Il fait consister en cela la ditl'érence
de ce livre d'avec les précédents, où il n'a-
vait pu écrire que sur le témoignage des au-
tres, de saint Jérôme, d'Idace, de saint Isi-
dore de Séville et de saint Grégoire de Tours.
Il rassure ses lecteurs sur la fidélité de ses
extraits', en les renvoyant aux sources d'où
il a tiré les choses qu'il raconte. Mais sen-
tant bien qu'il leur déplairait par la rusticité
et la grossièreté de son style \ il promet
d'adoucir leur peine à cet égard par une
grande brièveté dans ses récits ; rejetant les
défauts de son discours sur la décadence des
beaux-arts et la proximité de la fin du mon-
de, où tout languissait, et où personne ne
pouvait plus se llatter d'atteindre à l'élo-
quence et à la pureté de langage des an-
ciens orateurs.
6. Son objet principal dans ce livre est
l'histoire du royaume de Bourgogne ^ Il la
commence à la vingt-troisième année du rè-
gne de Gontram, qui est la 584'^ de l'ère com-
mune. 11 parle de l'église que ce prince fit
bâtir à Châlons-sur-Saône en l'honneur de
saiut Marcel, du monastère qu'il y fonda, et
où il établit la louange perpétuelle, à l'imi-
tation d'Agaune ; du concile qu'il assembla
Clntaire sur les fonts de baptême ; de la guer-
re qu'il fit au roi d'Espagne ; de sa paix avec
Iti'carède; de l'année de sa mort, et de sa
sépuiliu-e dans l'église de Saint-Marcel h Châ-
lons. Frédégaire marque ensuite les princi-
paux événements du règne de Childebert,
que Gonliam avait laissé hi'rilicr de ses
Etats ; de l'armée qu'il conduisit contre Clo-
taire; de sa victoire sur les Varnes, qu'il dé-
fit presque entièrement. Il passe de là à ce
qui arriva sous les règnes de Thi'odebert et
de Tliéodcric, fds de Childebert, et des au-
tres rois de Bourgogne. Mais il ne s'en tient
pas à l'histoire de ces princes; il dit quelque
chose de celle des rois de France et d'Aus-
trasie, et des maires du palais, quand la liai-
son des événements le demande; et il mêle
plusieurs faits étrangers, quand ils lui parais-
sent de quelque importance pour l'histoire
de l'filglise; comme l'invention delà tunique
de Notre-Seigneur, que les soldats avaient ti-
rée au sort; la conversion d'un grand nom-
bre de Perses sous l'empire de Maurice ;
l'exil et le martyre de saint Didier, évéque de
Vienne ; quelques actions de saint Colomban
pendant son séjour à Luxeuil ; la victoire d'Hé-
raclius sur les Perses; la protection qu'il ac-
corda à l'hérésie des monothélites ; les rava-
ges que les Sarrasins firent dans les provin-
ces de l'empire, principalement dans la Pa-
lestine et en Egypte. Il finit sa chronologie
à la quatrième année de Clovis, roi deNeus-
trie et de Boui-gogne, qui est la 641' de l'ère
vulgaire. Il n'y a aucun lieu de douter que
les cinq livres dont nous venons de parler, ne
soient tous de Frédégaire. C'est partout le
même génie, et le même style, c'est-à-dire
un style barbare, qui ne se dément nulle
part, quand il parle de lui-même et qu'il ne
transcrit pas les propres paroles de ceux
dont il avait en main les chronologies. Ce
défaut n'a pas empêché que les plus habiles
' Tom. Op. Greg. Turon., p. 586. Pat., t. lAXI.
- Itaque heati llieronymi, Idacii et cujusilam
sapientis seu et Isidori, imnioque Gregorii chro-
nicas, a mundi origine percurrens usqiie deceden-
te rigno Gunlmmni, his quinque chroniris hujus
libelli iiiserui. Tynnsacto namque Gregorii volu-
mine, temporum gesta... quœpostea mihi fuerunt
cognita légende simiil et audiendo,etiam videndo
cunda qiiœ certifîcatiis cognovi, in hujus libelli
volnmine scribere non silui. Fredeg., Prologo in
lib. V, pag. ."ise.
' fiec quisquam legens hic quicquam dubitet,
tmiuscujusque libri noinen, redeat ad auctorem,
cuncta reperiet subsistereveritate. Ibid., pag. .S87.
' Mundus jam senescit, ideoque prudentiœ a-
ciimen in nobis tepescit, nec quisquann potest
hujus lemporis nec prœsumit oraloribns prœce-
denlibus esse consimilis. Ego tamin, ut rusticitas
et exlremilas sensus mei valuit, sludiosissime de
hisdem libris brevitate quantum plus potui ap-
tare prœsumpsi. Ibid.
s Ou peut coDsulter l'Apologie de l'histoire de
Frédégaire par l'abbé de Vertot, dans le I" volume
des Mémoires de l'Académie des inscriptions. (L'é-
diteur.)
746
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ne lui donnasîîent des louanges ', à cause de
son exactitude dans le récit des ëvdncments.
Ils l'ont recrardé comme un historien utile et
nécessaire pour les temps qui n'en ont pas
fourni de meilleur, et ils ont rejeté sur les
défauts de son sii'^clc ceux que l'on trouve
dans ses écrits; le regardant au surplus com-
me d'une autorité écale à celle de saint Gré-
goire de Tours par rapport fi l'histoire '.
iMtf°<re''Fre." "^^ 0" distintrue quatre parties dans lacon-
*«''"=• tinuation de la Chronolocrie de Frédégaire ',
qui sont chacune de dillereuts auteui-s, mais
anonymes. Cette distinction est fondée sur
la ditl'érepce de style, de la manière de ra-
conter les choses, eft des temps où ils ont vé-
cu. La première jiartie est une suite du cin-
quième livre de Frédéçaire. Ce n'est qu'une
compilation mal différée des faits arrivés de-
puis 642 jusqu'en 080 : encore la plupart de
ces faits sont controuvés et fabuleux. La se-
conde s'étend depuis le chapitre QT jusqu'c'i
la moitié du 109'. L'.\nonyme y rapporte prin-
cipalement ce qui s'est passé dans l'Austra-
sie depuis l'an 680 jusqu'en 736. Sa narra-
tion est exacte. 11 marque lui-même son Age
dans le chapitre 109% en disant qu'il écrivait
le premier de janvier 733. La troisième partie
commence où finit la seconde, et comprend
huit chapitres et demi, où l'on voit la suite
de l'iiisloire jusqu'à l'an ~i?)2, auquel Pi'pin
fut déclaré roi ; il paraît que l'auteur écrivait
dans le temps même des événements, puis-
qu'il composa sa Chronique par ordre de
Childebrand, oncle paternel de ce prince.
Nibelung, tils de Childebrand, ût écrire la
quatrième partie, qui conduit l'histoire jus-
qu'à la mort de Pépin, arrivée en 768. Il y est
parlé aussi du sacre de Charles et de Carlo-
man, tous deux fils de Pépin. Canisius * n'a
donné que la fin de la troisième partie avec
la quatrième. Elles sont toutes quatre d:ins
les Recueils de Frelierus, de Duchesne, de
la Bibliothèque des Pères de Lyon, dans l'é-
dition des CKuvres de saint Grégoire de Tours
de l'an 1699 [dans le tome II du Recueil des
historiens de France par dom Uouquel].
M. L'abbé de Maroles, qui a mis eu français
les Œuvres de ce saint évèque, a traduit aussi
le cinquième livre de la Chronique de Fré-
dégaire, avec sa continuation [M. Guizot a
traduit la Chronique de Frédégaire dans sa
collection dos Mémoires relatifs à l'hi.stoire
de Fiance, tom.l, Paris 1823|. Hom Huinart
a mis à la suite de cette Chronique quelques
fragments concernant l'histoire de Fiance,
tirés d'Eusèbe, de saint Jérôme et d'Idace,
et rapportés par Frédégaire sous les noms
de ces auteurs. Il y en a toutefois qu'on ne
trouve pas dans leurs écrits ^. Peut-être avait-
il appris de quelques anciennes traditions ce
qu'il y raconte, en particulier ce qu'il dit de
l'origine des Français, qu'il fait descendre
des Troyens.
8. Nous joindrons à Frédéeraire un auteur chroniqi
anonyme qui écrivait en même temps qne •*"**"•
lui, et qui faisait également son étude de l'his-
toire et de la chronologie. Son ouvrage porte
quelquefois le titre de Chronique d'.\lexan-
di'ie, et quelquefois celui de Chroniipie pas-
cale. Matthieu Radérus, qui le fit imprimer
en 1624 à Munich, pense qu'on l'a intitulé
d'Alexandrie, parce que l'auteur en était ori-
ginaire ; il donne pour preuve qu'il en était,
ce qu'il dit des cendres du prophète Jérémie
apportées en cette ville par ordre d'Alexan-
dre-le-Grand. D'autres en donnent luie rai-
son qui ne vaut pas mieux, qui est que celte
Chronique commence par un grand passage
de saint Pierre, évêque d'.\lexandrie et mar-
tyr, sur le jour de la célébration de la Pùque.
Il n'est pas besoin de faire sentir l'insuffi-
sance de ces raisons : et on conviendra aisé-
ment que , pour donner à cet ouvrage le
nom de Chronique d'.\lexandrie, il aurait
fallu qu'elle se bornât A l'histoire de cette
ville, ou à celle de ses évêques, ou qu'elle
eût suivi dans ses supputations l'ère et les
époques des Alexandrins. Il n'y a rien de
tout cela. L'auteur met toute son application
à examiner et à résoudre les dillicultés qui
se sont élevées soit dans la Synagogue, soit
dans l'F.glise, au sujet de la célébration de
la fêle de Pâques. Ce qui est sullisant pour
autoriser rinscriptiou de Chronique pascale.
' Fredegarius Scholaalicus nos in eo anno 641
deslituit ; hisloricus,pro captuillorum temporum
diligcnti, ul ivtate, sic aulorilate Orcgorio proxi-
mus, et in magna honorum auloruni inopia uti-
Us ac necessarius, nec usquequaque contcmiien-
<tus, rujus brevitas el cœlera omnia vida lonpo-
ribui impulari dcbenl. Yalvi>iui>, de RcOus Fran-
Cicit, lib. XX, piig. 179.
» Dom Pilm b promis de donner dans le Spici-
legium Solesmense de» fragments inëiiiu. {L'édi-
teur.)
» Riiinari, Prœfal. in op. Gregor. Turon., el
pa|!. 61)3 eorumd. Op.
' Cuni?., Tcitu. H, pag. 218.
' Urcg. Uper,, pag. 706.
[VII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIII. — FRÉDl!
que sou écrit porte dans quelques éditions,
comme dans celle de M. du Gange, faite à
Paris en 1088, et à Venise en 1729. [Une
nouvelle édition en a été publiée en 1832,
2 vol. in-S", i\ Bonn, sur le manuscrit du Va-
tican, par L. niiuloif; c'est cette édition qu'on
trouve dans le tome XCII de la l'alrolmjie
grecque , avec l'épitre dédicaloire , la pré-
face, l'analyse chronologique, la version, les
notes de l'édition donnée par Ducange, col.
9-1 IG. Un appendice ù l'édition de Paris fait
connaître les fastes consulaires jusqu'à la
seizième année de Tibère, et reproduit les
uotes de Matlliieu Radérus sur la Chronique
pascale. ]
9. L'ouvrage est composé de deux parties,
qui dans les manuscrits paraissent de deux
mains dill'érentes. La première partie s'étend
depuis le commencement du monde jusqu'à
la di.\-septième année du règne de Constan-
tin, de Jésus-Christ 334. La seconde conti-
nue l'histoire des temps jusqu'à la vingtième
année d'Héraclius, C29 de l'ère commune '.
D'où il est naturel de conclure que l'auteur
de la première partie vivait sur la fin du rè-
gne de Constantin ; l'auteur de la seconde,
sur la fin de celui d'Héraclius, sous lequel
les disputes de la Pâque, agitées dans le iy°
siècle, se renouvelèrent apparemment en
Orient. Quelques-uns ont cru que saint Maxi-
me était le continuateur de la Chronique
pascale, parce qu'il composa un Cycle pas-
cal, qui finissait à la trente-et-unième année
d'Héraclius ; mais ils n'ont pas pris garde
que ce saint suivait une ère difl'érente de
celle de la Chronique pascale dans la sup-
putation des temps.
10. L'auteur, après avoir rapporté dans
îr.AIRE, HISTORIEN, ETC. 747
sa préface plusieurs passages des Pères sur
la céléhialion de la fête de Pâques, propose
do lui-même divers moyens de trouver le
jour auquel on doit chaque année célébrer
cette fête. 11 donne pour plus grand éclair-
cissement deux tables, qu'il a|ipcll(! rou-
lettes, dont la première contient un cycle
solaire de vingt-huit ans; la seconde, le
moyen de trouver en quel mois l'on doit faire
la pâque légale. Cela est suivi d'un traité de
la Pâ(jue légale, et des lunes dans lesquelles
les deux pàques, la légale et l'ecclésiastique,
doivent être célébrées. Ensuite, pour mon-
trer que l'Église catholique s'est conformée,
dans la célébration des fêtes, à ce qui en avait
été ordonné dans la Loi, il donne en abrégé
l'histoire de ce qui s'est passé à cet égard
depuis le commencement du monde jusqu'à
la vingtième année d'Héraclius; mais il mêle
beaucoup de choses étrangères à son sujet,
pour rendre sa chronologie plus suivie et
plus intéressante. M. du Cango, dans le des-
sein d'en éclaircir quelques endroitS; y a
joint plusieurs pièces , entre autres deux
fragments de la Chronique d'Eusèbe tou-
chant la manière de compter les mois et les
années chez les Grecs, les Égyptiens et les
Hébreux, un fragment de l'Homélie d'Hésy-
chius sur la naissance de Jésus-Christ ; un
autre d'un traité anonyme sur les années de
la naissance et de la passion du Sauveur; le
Commentaire de Dorothée, évêque de Tyr
et martyr, sous Licinius -, sur les soixante-
douze disciples du Seigneur, sur les patriar-
ches de Constantinople, et sur les douze apô-
tres : ouvrage plein de fables et de menson-
ges, et reconnu pour apocryphe par tous les
savants.
on'isgt. Kdi-
ilon Vnnol.
Ij • Dorothée, d'après Fabricius, aurait vécu vers
l'an 525, et ce serait l'rooope, prêtre de Tyr, qui
aurait composé par l'ordre de son évêque le traité
des 72 disciples. Cet écrit a d'abord été publié par
Dueauge, et ensuite par Fabricius à la suite des li-
vres sur la vie de .Moïse, avec les notes de Gaul-
min. Il est reproduit au tome XCII de la Patro-
logie grecque, à la suite de la Chronique pascale,
col. 10j9-1075, avec les variantes, qu'un manuscrit
de Leyde a fournies à Dindorf. [L'éditeur.)
^ Les critiques contemporains d'Allemagne por-
tent de cette Chronique un jugement assez favo-
rable. Plusieurs en placent la composition eu la pre-
mière moitié au iv siècle, et le reste au temps
d'Héraclius. Elle contient d'ailleurs des fragments
d'auteurs aussi anciens que le u= siècle, par exem-
ple de Claude Apollinaire, évêque d'Hiéraple, dont
les mêmes critiques s'accordent à reconnaître l'au-
thenticité. (L'éditeur.}
748
HlSTOmE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dore (. ^ei
leiiref.
CHAPITRE LXXIV.
Les papes Théodore I' 1649] et saint Martin l" [655],
Manre, archevêque de Ravenne [648]
[Écrivains latins.]
1. Après la mort de Jean IV, arrivée au
mois d'octobre de l'an G-52, on élut à sa place
Théodore, premier du nom ', Grec de nation,
natif de Jérusalem, et Gis d'un évêque nom-
me aussi Théodore» Il fut ordonné le 23 no-
vembre de la même année, le Saint-Siège
ayant vaqué un mois et treize jours. Son
pontificat dura six ans, cinq mois et dix-huit
jours. Pyrrhus, patriarche deConslantinoplc,
avait quitté son siège dès l'année précédente
6il; il était passé à Chalcédoine, et delà en
Afi'ique ; on lui avait donné pour successeur
Paul, prêtre et économe de la grande église,
qui était, comme son prédécesseur, infecté
de l'hérésie des monothélites. Il ne laissa
pas d'envoyer ses lettres synodales, et celles
des évêques qui l'avaient ordonné, au pape
Théodore. Elles ne contenaient rien que de
conlorme à la foi orthodoxe ; mais ces évo-
ques y donnaient à Pyrrhus le titre de très-
saint, disant qu'il n'avait abandonné son
éghse qu' I cause du tioul)le et de la haine
populaire. Le Pape répondit au patriarche
Paul, que le tumulte et la haine du peuple
n'ôtant pas l'épiscopat, il était nécessaire,
pour affermir son ordination, que Pyrrhus
fut déposé dans un concile, après que sa
cause y aurait été canoniquement examinée
par les évoques les plus voisins; que la pré-
sence de Pyrrhus n'était point nécessaire,
parce que ses excès étaient notoires, et que
l'on avait ses écrits ; que si ses partisans
cherchaient les moyens de retarder sa con-
damnation , on pouvait rendre vains leurs
artitices on obtenant de l'Empereur un ordre
pour envoyer Pyrrhus à Rome, pour y être
ju^é dans un concile. Tiiéodore écrivit A
peu prés la même chose aux évé(|ues qui
avaient ordonné Paul, et envoya A Conslan-
tinople un décret pour être lu publiquement,
par lequel il rejetait tout ce que Pyrrhus
avait enseigni' contre la foi, et anathémali-
sail, sans le nommer, l'Eclhèse d'Héraclius.
Le Pape citait dans sa lettre A Paul une let-
tre qu'il avait écrite à l'Empereur pour le
prier d'envoyer Pyrrhus h Rome ; nous ne
l'avons plus. Il est dit dans la seconde action
du premier concile deLatran.sous Martini",
que Théodore déposa Pyrrhus. Anastase
marque qu'il prononça contre Paul la sen-
tence de déposition. Cela se fit sans donte
dans un concile. On dit même que le pape*,
s'étant fait apporter le calice et ayant pris
du sang précieux de Jésus-Christ, en sous-
crivit la sentence contre Pyrrhus. [Les écrits
de saint Théodore se trouvent dans les col-
lections des Conciles, les Bnllaires, la Patro-
logie latine, tome LXXXVII, col. iO.ï, d'après
Mansi. On y trouve une notice par Mansi avec
notes de Binius, six lettres parmi lesquelles
on en lit une des églises d'.M'rique, une de
Paul, patriarche de Constantinople, une de
Victor, évêque de Garthage; les trois derniè-
res sont en grec et en latin. La sixième est un
privilège accordé au monastère de Bobbio.]
2. Le diacre Martin résidait à Constanti-
nople en qualité d'apocrisiaire ; et ce fut à
lui que le pape Théodore adressa ses ordres
pour tenir sa place dans le concile qui devait
se tenir au sujet de la déposition de Pyrrhus.
Théodore étant mort au mois de mai de l'an
649, on choisit pour lui succéder Martin,
qui, comme on vient de le dire, avait été son
apocrisiaire à Constantinople. Il était de Todi
en Toscane. Aussitôt après son ordination,
il tint un concile à Rome dans l'église du
Sauveur, nommée Constantinienne,au palais
de Latran, où assistèrent cent-cinq évêques,
y compris le pape qui y présidait. La pre-
mière session fut tenue le cinquième jour
d'octobre de l'an fi4lt; la cinquième et der-
nière, douze jours après, c'est-à-dire le der-
nier du même mois. On y condamna ceux
qui ne reconnaissaient en Jésus-Christ qu'une
volonté et une opt'^ralion ; ceux qui rejetaient
les deux volonti-s, ou qui ne voulaient ni
Mtrlln I.
It U«nt QD
' Tom. V. Conci/., p. 17T) et suiv. — 'Theophan., ad an. 20 Utraclii, cttom. WConciL, pag. 116.
[vu* SIÈCLE.] CUAinïRE LXXIV. — SAINT MARTIN I, ['APE.
une, ni deux volontds. Théodore de IMiaian,
7*9
lin, pap. 5, 6.
A l'Eglise
Cnrtblgc,
Cynis d'Alexandrie, Serf^ius deConslanlino-
ple et SCS succcsseiiis Pynlms el Paul, y
turent condamnés nomuiéuicnt comiue nio-
nolliélites , avec tous ceux qui recevaient
l'Ecthése d'Héraclius et le Type de Constant.
3. Le Pape envoya les actes de ce concile
aux églises d'Orient et d'Occident ', avec plu-
sieurs lettres tant au nom du concile qu'au
sien. Il y en a une ;\ tous les fidèles , où il
les instruit de la naissance et des progrès
de l'erreur des monothélitcs, de la nécessité
d'assembler le concile, et de la manière dont
ou y avait procédé à la condamnation de
cette nouvelle hérésie , de ses auteurs et de
ses partisans, il exhorte tous les fidèles à les
anathématiser, en même temps que la détes-
table Ecthèse et le Type impie ; ajoutant que
c'était pour les y engager qu'il leur envoyait
les actes du concile; afin aussi de se justi-
fier devant Dieu , et de rendre inexcusables
ceux qui n'obéiraient pas.
4. Il envoya les actes du même concile
avec leur traduction en grec à l'empereur
Constantin - , avec une lettre par laquelle il
le priait de les lire attentivement, de con-
damner par de pieuses lois les nouveaux hé-
rétiques avec leur mauvaise doctrine , et de
maintenir la doctrine des Pères et des Con-
ciles. 11 fait mention d'une lettre des mono-
thélitcs aux évoques d'Afrique, à qui ils di-
saient que ce prince avaiî publié le Type de
son propre mouvement, pour ordonner de
se relâcher un peu de la rigueur excessive ,
sans préjudice de la vérité. Sur quoi le Pape
dit : M Ils n'ont point en cela écouté les Pè-
res, qui disent , qu'à l'égard des vérités di-
vines, le moindre changement est impor-
tant. » Tous les évêques du concile souscri-
virent à la lettre du Pape.
0. Les évêques d'Afrique avaient envoyé
au Saint-Siège leur confession de foi , où ils
approuvaient la doctrine des deux volontés
et des deux opérations. Martin I" leur fit ré-
ponse, et leur envoya par Théodore et Léon-
ce, moines de la Sainte-Laure , les actes du
cdiicile de l.atran, avec sa lettre-circulaire.
Il a[)pronve leur confession de foi, les exhorte
;\ y pcrsévc'rer, et leur explique en peu de
mots ce qui s'était passé contre les monothé-
litcs.
6. Le Pape reçut de saint Amand ', évêque
de Maëstricht, une lettre où cet évêque le
consultait sur ce qu'il avait ;ï faire pour répii-
mer le désordre de quelques-uns de ses
clci'cs, qui étaient tombés dans des péchés
d'impureté depuis leur ordination. Il en était
si affligé , qu'il pensait à quitter son évêché
pour vivre dans la retraite et dans le silence.
Martin I" le plaint du dérèglement de son
clergé, le détourne du dessein où il était de
quitter ses fonctions pastorales, et lui con-
seille de traiter avec toute la rigueur des
canons les prêtres, les diacres et les autres
clercs qui tombaient dans des péchés hon-
teux. « Celui , dit-il , qui est une fois tombé
de la sorte après son ordination, doit être
déposé sans espérance de promotion, et pas-
ser le reste de ses jours en pénitence, puis-
que nous cherchons pour les ordres des per-
sonnes dont la vie ait toujours été pure. »
Le Pape lui marque ensuite de quelle ma-
nière l'hérésie des monothélitcs s'était éta-
blie, ce qu'il avait fait pour en arrêter les
progrès , et le charge de faire connaître les
actes du concile de Latran et sa lettre-cii'-
culaire aux peuples et aux évêques des Gau-
les, « qui étant assemblés , ajoute-t-il , con-
firmeront par leur consentement ce que nous
avons fait pour la foi, et nous enverront leurs
souscriptions'. » Il ajoute : « Priez Sigebert
notre fils, roi des Français, de nous envoyer
des évêques pour se charger de la légation
du Siège apostolique, et porter à l'Empereur
les actes de notre concile et ceux du vôtre.
Nous avons fait donner au porteur les reli-
ques des saints qu'il a demandées : mais à
l'égard des livres , il ne nous a pas été pos-
A S. Ainstid
tvi'iouc de Mji-
' Tom. VI Concil., pag. fi et 367.
' Hœc autem scripserunt sanctis Patribus mtUo
modo auscultantes, quod in Us quœ ad Deum per-
tinent inque divinis prœdicationibus, id quod pa-
rwn abest pauluinque mulatum est, non parvum
tamen est ducendum. Tom. VI ConcH., pag 7.
* Au tome LXXXVII delà. Patrologie latine, col.
12G7 et suiv., on trouve une Vie de saint Amand
par un auteur anonyme tirée des Bollandi8tes du
mois de février, une charte pour bitir un monas-
tère, et un codicile du testament de saint Arnaud
pour la sépulture de son corps, d'après Bréquigny.
Deux liymnes en l'honneur du saint sont A la suite.
(.L'éditeur.)
'• Idcirco sttideat tua fraternitas omnibus ea-
dem innotescere, ut synodali conventione omniuvi
fralrum et coepiîcoporum nostrorum partium
illartim effecta secundum lenorem encyclicœ a
îwbis dircciœ, scripta itna cum subscriptionibus
vestris nobismet destinanda concélèbrent, confir-
mantes atque consentientes eis quœ pro ortito-
doxa fide et destructione hccreticorum vesaniœ
nuper exortw a nobis statula sunt. Martin., tom.
VI Concil., pag. 385.
750
HISTOmE GÉNÉUALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
A J. Il c'a
Pbliidcl.blc,
A Tléftdo^fl
d 'E*Lu Di r,
paf. 2V; fcAii-
lolc«do Bjca-
le, Hf. 31 ;
è Georg« ab<
M de S'>oi-
T lioàme ,
ff. 33; k
l'a n ta iéon,
,,f. J» ; »
Flcrrr, du
raBtf de» lUoi*
liei' ia{. 31.
sible de lui en donner, parce que notre bi-
bliothèque était vide , et quil était si pressé
de s'eu retourner, qu'il n'a pu en trans-
crire. ))
7. L'ordre sacerdotal périssait dans les
Eglises dépendantes des siéjes de Jérusalem
et d'Antioche par l'oppression des gentils,
et la relif,'ion y était ignorée d'un grand nom-
bre, faute de ministres et de liberté. Pour
remédier à ces maux , le Pape établit Jean ,
évêque de Philadelphie, son vicaire pour tout
l'Orient, avec ordre de remplir incessamment
les églises catholiques d'évêques, de prêtres
et de diacres ; de recevoir ceux des héréti-
ques qui voudraient se convertir, en leur
faisant auparavant, donner leur confession
de foi par écril, et de les rétablir chacun
dans leur ordre, pourvu qu'il ne se trouvât
point d'autre empêchement canonique. «Car
nous sommes, dit-il , les défenseurs et les
gardiens, et non pas les prévaricateurs des
canons. » En conséquence, il défend à Jean
de Philadelphie de confirmer ceux qui s'é-
taient choisis eux-mêmes, ou ceux dont l'é-
lection n'était point canonique. Il met de ce
nombre Macédonius d'Antioche, dont l'élec-
tion avait été faite dans un pays étranger
sans le consentement du peuple et sans décret
d'élection, et parce qu'il était uni aux héré-
tiques, qui l'avaient élu pour récompense
de ses crimes; et Pierre, qu'ils n'avaient fait
évêque d'Alexandie que pour fortifier leur
parti par le grand nombre. Il veut que ceux
qui seront reçus dans l'Église catholique,
condamnent non-seulement l'hérésie des mo-
nothélites, mais encore Théodore de Pharan,
Cyrus, Sergins et tous ceux qui sont de leur
sentiment; qu'ils rejettent le Type fait aux
instigations de Paul de Constanlinople , et
qu'ils confessent claiicment deux volontés
en Jésus-Christ. Il marque qu'il lui envoie
les actes du concile de Latran et la lettre-
circulaire par l'abbé Théodore son apocri-
siaire , et par les moines Jean, Etienne et
Léonce ; et qu'il lui donne Théodore, ('vêque
d'Ksbnute , et Antoine de Bacate, pom' l'ai-
der dans l'exécution de sa commission.
8. Martin I" écrivit en particulier k cha-
cun de ces deux évècjues |)r)ur les exhorter
à s'unir à Jean de Philadelphie. Il loue
Tliéodore d'Esbtmte de s'être déclaré hau-
tement contre les monolhélites en publiant
sa confession de foi par éciit ; et Antoine
de Bacate, d'avoir quitté leur parti et en-
voyé au Saint-Siège sa rétractation. Sa let-
tre à George, abbé de Sainte-Théodose , est
pour le remercier d'avoir pris avec ses moi-
nes la défense d'Ktienne, évêque de Dore,
légat du Siège apostohque sous le pape Théo-
dore, et l'exhorter à se soumettre à Jean de
Philadelphie. Ceux qui avaient empêché l'é-
vêque de Dore de recevoir des évêques et
d'ordonner des prêtres selon la commission
qu'il en avait reçue du Pape, avaient envoyé
à Rome des plaintes contre lui. Elles y fu-
rent examinées, et se trouvèrent sans fon-
dement. C'est ce que le Pape déclare dans
sa lettre à Pantaléon, ajoutant que ces ca-
lomniateurs étaient cause qu'il n'y avait plus
en ces quartiers-là d'évéques ni de prêtres
qui olfrisscnt continuellement des sacrifices
pour le peuple. Il parait que la lettre adres-
sée à Pierre, qui dans l'inscription est appe-
lé illustre, qu'il avait l'autorité temporelle
dans le pays. Le Pape lui recommande son
vicaire.
9. Comme son pouvoir s'étendait particu-
lièrement sur les Églises dépendantes de
Jérusalem et d'Antioche, Martin I" leur écri-
vit une lettre-circulaire pour leur déclarer
qu'il avait nommé à ce ministère Jean de
Philadelphie, et les exhorter à lui obéir. En
même temps il les conjura de demeurer
fermes dans la foi de l'Église romaine , et
d'éviter les hérétiques , nommément Macé-
donius et Pierre , l'un usurpateur du siège
d'Antioche, l'autre de celui d'.\lexandrie. Il
leur donna avis de la condamnation du mo-
notliélisme dans le concile de Latran, dont
il dit qu'il avait envoyé les actes à Jean de
Philadelphie, afin qu'il leur en fit part.
10. Paul , uouvellemont élu évêque de
Thessalonique, envoya suivant la coutume
ses lettres synodales au pape Martin I". Elles
contenaient sa profession de foi, mais elle
favorisait le monothélismc. Le Pape s'en
plaignit aux députés de Paul, qui l'assurèrent
que l'erreur qui paraissait dans les lettres
de leur évêque, s'y était glissée par inadver-
tance, et qu'il la corrigerait sitôt qu'il eu se-
rait averti. Le Pape manda à ses légats qui
étaient sur les lieux de faire voir à Paul en
quoi il avait failli, et de l'obliger à souscrire
.'i la profession de foi qu'ils lui donneraient
eux-mêmes. Paul en écrivit une, où en par-
lant de la volonté et de l'opération de Jé-
sus-Cbrist, il omettait le mot de naturelle et
l'anatlième i\ l'hérésie des monolhélites.
Les légats, séduits par ses artifices et ses
Uatteries , se contentèrent de cet écrit. Mais
àf JTu^ale
{I i \Qt10Cllfl
\ l'a»
drTI». alno
que, i.aj.
A l'Écllse
deTbefsilonl-
Psalir.
PfrsicQl'on
■ I) dore ,
f.aj es.
lvu° SIÈCLE.] CHAPITRE LXXIV.
le Pape l'ayant vu, et ayant remarqué que
l'iiiil s'était l'Ioignc de la foiimile qu'il avait
eiiviiyée pcuir la lui faire souscrire, prouosiça
anallièuie contre lui, et ordonna à ses légats,
qui s'étaient laissé séduire, de faire pénitence
dans le sac et la cendre. C'est ce que l'on
voit dans la lettre qu'il écrivit ii cet évéque
pour lui notilier la sentence qu'il as-ait ren-
due contre lui. .\près lui avoii' reproché tous
ses mauvais arlilices, il dit : « Sachez que
vous êtes déposé de toute dignité sacerdo-
tale et de tout ministère dans l'Église catho-
lique, jusqu'à ce que vous confirmiez par
écrit sans aucune omission tout ce que nous
avons ici décidé en concile, et que vous ana-
tliématisicz tout ce que uous anathéroatisons,
particulièrement les nouveaux hérétiques
Théodore de Fharan , Cyrus d'Alexandrie,
Pynhus et Paul avec leur Ecthèse et leur
Type.
H. Le Pape écrivit aussi à l'Église de
Thessalonique, pour lui donner avis de cette
sentence et l'avertir de n'avoir plus de com-
munion avec Paul , d'abandonner sa doc-
trine, de demeurer ferme daus la foi de l'É-
glise romaine , de faire célébrer les mystè-
res par les prêtres et les diacres catholiques,
jusqu'à ce qu'il fût rentré en son devoir, ou
qu'on eût élu un autre évèque à sa place ,
qui, à l'imitation du prince des pasteurs Jé-
sus-Christ, établisse son peuple dans un lieu
abondant en pâturages, et l'élève près de
l'eau fortifiante de la saine doctrine.
d2. L'empereur Conslautin, informé des
sentiments du Pape et des évêques d'Italie à
l'égard du Type qu'il avait l'ail dresser à la
sollicitation des monotliélites, envoya pour
exarque en Italie Oiympius sou chambellan,
avec ordre de faire signer cette formule à fous
lesévècjues et à tous les propriétaires des ter-
res. Oiympius, arrivé a Rome, trouva le con-
cile de Latran assemblé. Il essaya en vain
d'obliger le Pape et les évècjiies à souscrire
le Type ; et voyant qu'ils n'étaient point inti-
midés par les soldats qu'il avait menés avec
lui, il eut recours à la trahison, et ordonna à
son écuyer de tuer le Pape dans le temps
qu'il recevrait de lui la communion dans l'é-
glise de Sainte-AIarie-^Iajeure. La chose était
facile, parce que c'était l'usage alors de com-
munier chacun à sa place. Dieu ne permit
pas néanmoins l'exécution de ce crime. L'é-
— SAINT MARTIN I, PAPE. 751
cuyer, fi'appé d'avengleiuc^nt, ne vit point le
Pape ilans le mouu'ut ([u'il donnait la com-
munion à Oiympius. Celui-ci, voyant la pio-
tetlion du ciel sm- .Martin I", lui déclara les
ordres qu'il avait reçus de l'arrêter, se ré-
concilia avec lui, et passa avec ses troupes
en Sicile, où il mourut. L'empereur nomma
à sa place Théodore, surnommé Calliopas, à
qui il ordonna d'enlever le Pape, sous pré-
texte d'héiésie, et d'avoir envoyé aux Sarra-
sins, ennemis de l'empire, de l'argent et des
lettres. Le Pape, averti que Théodore ap-
prochait de Home, envoya au devant quel-
ques-uns de son clergé. L'exarque les reçut
dans son palais, croyant que le Pape était
avec eux; mais voyant qu'il n'y était pas, il
dit airx premiers du clergé : « Nous voulions
l'adorer ' ; mais demain, qui est dimanche,
nous irons le trouver et le saluer, car aujour-
d'hui il ne nous a pas été possible. » On voit
ici ' les mots d'adorer et de saluer employés
indiQëremment, et il y avait longtemps que
l'on disait adorer l'Empereur. Théodore, crai-
gnant la multitude, ne vint pas saluer le
Pape le lendemain dimanche, comme il l'a-
vait prorais : mais le lundi matin, il envoya
son cartuiaire lui dire : « Vous avez préparé
des armes et amassé des pierres pour vous
défendre, et vous avez des gens armés. »
C'était une fausseté : on visita la maison
épiscopale, où l'on ne trouva rien de tout
cela. Le même jour, l'exarque vint lui-mô-
me ; et ayant trouvé le Pape malade, couché
sur son lit à la porte de l'église, il présenta
aux prêtres et aux évêques un ordre de l'Em-
pereur pour le déposer, comme indigne et
intrus. Eugène, fils de Rufinien, fut établi à
sa place par l'autorité de ce prince, et Mar-
tin 1" livré aux soldats pour être mené à
Constanlinople. Il n'y arriva que le 17 sep-
tembre G54, quoiqu'il fût parti de Rome le
19 juin de l'année précédente 653. De la bar-
que sur laquelle on l'avait emmené il fut con-
duit en prison, après avoir été exposé pen-
dant plusieurs heures aux insultes de la po-
pulace, même des païens. Il y a apparence
que ce fut de la prison qu'il écrivit deux
lettres à Théodore, qu'il qualifie de son fi'ère
bien-aimé. Dans la première, il donne pour
témoin de la pureté de sa foi le clergé de
Rome, qui en était parfaitement instruit, et
en avait rendu témoignage en présence de
' Dixit primis Cleri : quin nos voluimus eum
adorare, Sed cras obvii ei erimuset salutabimus.
Epiit 13 ad Theodor., pag. 64. — * Fleury, liv.
XXXIX, Bist. Ecoles., pag. 499.
752
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Iofe-ro?a-
loir« du f>W
M.
l'exarque Théodore. Puis, répondanl aux ac-
cusations particulières, il proteste qu'il n'a-
vait envoyé ni argent ni lettres aux Sarra-
sins; qu'il avait seulement donné quehjue
peu de chose à des serviteurs de Uieu qui
venaient chercher des aumônes, mais qui
n'étaient point de celte nation; que, bien
loin de ne pas honorer la Sainte-Vierge com-
me mère de Dieu, il déclarait anathème en
ce monde et en l'autre à quiconque ne l'ho-
nore pas au-dessus de toutes créatures, ex-
cepté son Fils Notrc-Seigneur. Il raconte dans
l'autre la manière dont l'exarque l'avait fait
enlever de Rome, et avait fait élire un pape à
sa place'; ce qui ne s'était jamais fait', puis-
que, en l'absence de l'évèque, l'archidiacre,
l'archiprêtre et le primicier tiennent sa pla-
ce. Ensuite, il fait le détail de ce qu'il souf-
frait dans la prison, où on lui refusait même
de l'eau pour se laver ; priant Dieu qu'après
l'avoir retiré de cette vie, il amène ses per-
sécuteurs à pénitence, et au repentir de
leur iniquité.
13. Suit dans la collection des Conciles un
mémoire en forme de lettre sous le nom du
bon clu'étien , aux évéques orthodoxes de
l'Occident, à qui il fait le récit de ce qui se
passa dans l'interrogatoire que l'on fit prêter
au Pape dans la chambre du conseil, après
quatre-vingt-treize joui's de prison
eut récusé les témoins, on ne laissa pas de
recevoir leur déposition : et cette procédure
irrégulière dans toutes ses parties, se termi-
ne à le livrer aux bourreaux, qui lui ùtèrent
son pallium, le dépouillèrent de tous ses ha-
bits, lui mirent un carcan au cou, et le traî-
nèrent depuis le palais par le milieu de la
ville, attaché avec le geôlier, pour marquer
qu'il était condamné à mort. Arrivi; au pré-
toire, on le chargea de chaînes, et on le jeta
en prison avec des meurtriers. Le lendemain,
l'Empereur alla rendre visite au patriarche
Paul qui se mourait, et lui raconta co que
l'on avait fait soullVii- au Pape. Paul, agité de
remords de conscience, dit à ce prince, en
se tournant vers la muraille : C'est encore
pour augmenter tua condamnation. Ces paro-
les ayant surpris l'enipcreui-, Paul ajouta :
N'est-ce /ms une chose dé/jloraô/c Je traiter aitisi
un évèçue? Paul mourut, et Pyrrhus, qui était
présent, voulut entrer dans le siège de Con-
stantinople. Plusieurs s'y opposèrent, disant
que, parla rétractation qu'il avait donnée au
papeTliéodore, il s'était rendu indiîrne du sa-
cerdoce, et qu'il avait été anathématisé par
le patriarche Paul. Cette contestation donna
lieu ;i un second interrogatoire de Martin I".
L'Empereur lui fit demander par un de ses
officiers ce qui s'était passé à Rome à l'égard
de Pyrrhus, et pourquoi ce patriarche y était
allé. Le Pape répondit que Pyrrhus avait fait
de lui-même le voyage de Rome ; qu'il y avait
été reçu comme un évêque par le pape Théo-
dore, nourri et entretenu aux dépens de l'É-
glise romaine, où selon la coutume on donne
à un évéquc étranger du pain tiès-blanc,
des vins de diverses sortes, non-seulement
à lui, mais aux siens ; et qu'il avait, sans y
être forcé de personne, donné son libelle de
rétractation.
H. Le Pape demeura encore près de trois
mois en prison, au bout desquels il fut en-
voyé en exil a Chersoue, où il arriva le 15
de mai 63-5. Il écrivit de là à un de ses amis,
pour lui marquer qu'il manquait de tout, et
que s'il ne lui venait point de secours d'Ita-
lie, il succomberait à la faim et aux auti'es
besoins de la vie. Il se plaint amèrement de
l'abandonnement où il se trouvait de la part
du clergé de Rome, et conjure son ami de
Quoiqu'il . lui continuer ses bons offices. Il fait les mô-
mes plaintes dans une autre lettre, où tou-
tefois il prie Dieu de conserver inébranlables
dans la foi ceux de qui il était abandonné,
surtout le pasteur qui les gouvernait, c'est-à-
dire le pape Eugène. Accablé de misères, il
mourut le 16 de septembre 635, après six
ans, un mois et vingt-six jours de pontilicat,
à compter depuis son ordination jusqu'à sa
mort. L'Église grecque l'honore comme con-
fesseur le 1-4 avril, et l'Kglise latine, comme
martyr, le 12 novembre. [Les écrits qui nous
restent de saint Martin se lisent dans les col-
lections des Conciles, les Bulluires, la Pa-
trolugie latine, tome LXXXVII, col. 105 et
suiv., où l'on trouve une notice historique
d'après Mansi, la passion de saint Martin d'a-
près un ancien auteur, dix-sept lettres, la
plupart en grec et en latin, trois privilèges à
divers monastères.]
15. [Maure, d'économe de l'église de Ila-
venne, en devint archevêque en 648. Enor-
Lp(tr*dt
[«pe k un di
U. S« iiii-'rt.
(M ' dl
M
' Tom. VI Concil. pag. 66.
• Siibrogaln in locn meo epùtcnpo, qtwd ncrdum
aliquando faclum est : quia in absentia ponlilicis
nrchidiaconus et archiprcsbyl^r et primicerius lo-
cum prœsenlanl pontilicis. Ibii).
CHAPITRE LXXV. — SAINT ÉLOl ET SAINT OUEN.
[vu' SlÊCtE.]
gueilli de sa puissance, il se révolta malheu-
reusement contre le soiivenrml'oiitirc, et l'ut
contumace toute sa vie. Loin d'olioii- au pape
Vilalicn, qui l'avait cité ;\ Uouie, il osa le
citer lui-même ;\ son triimnal. En mourant,
il ordoniKi ù son clci-^i! de rosier séparé de
Rome. Aussi le pape Adéodat défendit qu'on
en fit mémoire dans les anniversaires des
ftmes '. On a une lettre de Maure contre l'hé-
75.'{
résio des monothélites; elle est adressée au
pape ^^artin dans un temps où il était enco-
re soumis i\ llomc, comme la teneur de la
lettre le montre. On la trouve reproduite
dans le tome LXXXVII deAuPatrolnyie latine
en grec et en latin, col. 103 etsuiv.; elle est
précédée d'une notice sur Maure extraite
d'Ughelli, Italia sacra.]
CHAPITRE LXXV.
Saint Éloi évêque de Noyon |659], saint Ouen cvêqne de Ronen [683 1.
NâH*ance
M eSS. Sun
Ailucalioo.
Eli^ii Tiut,
llb. i, cap. I.
C.ip. III.
Il e?t enTO-
1. Ce saint vin! au monde vers l'an 588 à
Cliatelac, à deux lieues de Limoges. Son pè-
re, nommé Euclicr, aprc's l'avoir bien in-
struit de la religion, le donna à un orfèvre de
réputation, nommé Abbon, maître de la
monnaie à Limoges, de qui il apprit l'art eu
fort peu de temps. Il se mit depuis sous la
conduile de Bobbon, trésorier du roi Clolai-
re II, et fit pour ce prince un siège magni-
fique, oi'né d'or et de pierreries. Ce roi, satis-
fait de l'ouvrage et de la fidélité avec laquelle
Eloi l'avait exécuté, lui donna sa confiance,
et le fit son monétaire. On voit ^ encore son
nom sur plusieurs monnaies, frappées k Pa-
ris sous Dagobert et sous son fils Clovis II.
2. Les Gascons ayant fait des courses et
do i»r M roi des ravages sur les frontières de France vers
Dnsoben en ^
!■"• 1 an 633, le roi Dagobert envoya contre eux
une nombreuse armée qui les défit. Ils de-
mandèrent quartier : ce qui ne leur fut ac-
cordé qu'à la charge d'envoyer les pi-inci-
paux de leur nation pour implorer la clé-
mence du roi '. Ce prince, également mé-
content des dommages que les Bretons a valent
causés par leurs courses continuelles sur la
frontière de son royaume, manda à Judicaël,
prince de Bretagne, que s'il ne lui donnait
satisfaction, il passerait en Bretagne, et y
mettrait tout à feu et à sang. Saint Éloi, char-
gé de faire cette déclaration au prince bre-
ton, sut si bien entrer dans son esprit, qu'il
l'engagea ;\ venir lui-même à Paris, où il se
soumit à tout ce que le roi exigea de lui.
3. Son crédit auprès du roi Dagobert lui
attira l'envie des méchants, dont la sagesse
de sa conduite était une censure continuelle.
En travaillant, il avait devant les yeux un
livre ouvert, pour s'instruire dans la loi de
Dieu; autour de sa chambre quantité de li-
vres sur des planches, principalement de
l'Écriture sainte, qu'il lisait après la psalmo-
die et l'oraison, et plusieurs de ses domesti-
ques qui chantaient avec lui l'office de l'É-
glise le jour et la nuit. Quoique le roi le
mandât, il ne quittait point ses exercices qu'il
ne les eût achevés. Il donnait aux pauvres
tout ce qu'il recevait des bienfaits du prince;
et on n'indiquait sa maison aux étrangers,
qu'en leur disant : « Allez en une telle rue,
à l'endroit oîi vous trouverez quantité de
pauvres assemblés. » Voulant mettre sa con-
science en repos, il confessa devant'* un prê-
tre tout ce qu'il avait fait depuis sa jeunesse,
et s'imposa une sévère pénitence. C'est le pre-
mier exemple cpie l'histoire fournit d'une
confession générale.
4. Il fonda deux monastères, l'un d'hom-
mes à Solignac, à deux lieues de Limoges,
où il mit sous la conduite de saint Remacle,
depuis évéque de Maestrick, des moines ti-
rés de Luxeuil '' ; l'autre de filles, à Paris, où
il en rassembla jusqu'à trois cents, auxquel-
les il donna pour abbesse sainte Aure. Il
obtint du roi Dagobert la terre où il fonda
le premier, et établit le second dans la mai-
son que le même prince lui avait donnée.
Son ipïili-
calion àlalec.
Ilire,&lnpri&.
ro et h ('au.
mûne.
Eli^iJ vila.
Cap. Tii el tii,
Cap, VI
Il huii
deux Monaï-
lère^.
' Vide Ughelli, Ilalia sacra.
* Le Blanc, Hist. des Mon., pag. 50 et 54.
' Fredegar., in Chronico, cap Lxxvin, et Eligii
Yita, cap. xiii.
XI.
' Otnnia ab adolescentia sua coram sacerdote
confessus est acta. Cap. vu.
' Àct. Ordin. S. Benedicti, tom. II, pag. 488.
48
754
Il ei.l fait
\t-io9 de No*
o eo 6iO.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
porto quelques fragrinents de ses homélies,
qui nous font ju|,'er que son style était sim-
ple, mais tendre et paternel, el qu'il faisait
usatre des sermons de saint Césaire, de qui
la plupart des évéqnes de ce temps-là ne
faisaient point dilliculté d'emprunter les pa-
a tiu Pendant son séjour A la cour, il fit connais-
sance avec saint Didier, évôcpie de Caliors,
et avec saint Ouen ou Audouën, qui fui tians
la suite évoque de Rouen.
5. Son zèle à défoudre la foi contre les
hérétiques, et à détruire la simonie qui dé-
I ri II
.j'î;;'; figurait alors la face de l'ÉsIise gallicane, rôles. Saint Eloi insistait beaucoup sur l'ac
II, up. ^ . . .. . , _
Ibid. c^p*
cap. ixxill.
furent les motifs qui engagèrent les évoques
du royaume à jeter les yeux sur lui pour
remplir le siège épiscopal de \oyon, vacant
vers l'an 639 par la mort de saint Acaire.
Cette église était unie depuis longtemps avec
celle de Tournai. La Flandre, et les pays
de Gand et de Courlrai qui en dépendaient,
étaient haiités par des peuples la plupart
encore païens, et si fîirouclies qu'ils ne vou-
laient rien entendre de l'Evangile. Ce fut la
principale raison de leur donner un pastenr
si zélé. Il ne voulut se charger de l'épisco-
pat, qu'après avoir mené pondant quelque
temps la vie clt-ricale. Déodat, évoque de
Màcon, l'ordonna prêtre, ensuite il fut s'icré
évèque à Rouen avec saint Ouen son ami, le
21 de l'an 640'. Quatre ans après il assista au
concile de Châlons-sur-Saône. U avait eu des-
sein d'aller à Rome pour y prendre avec les
autres évêques la défense de la foi contre les
monolhélites : mais il en fut empoché par
des obstacles qu'il ne put surmonter. Il
mourut le premier jour de décembre 659,
âgé de soixante-dix ans, après environ vingt
ans d'épiscopal. Entre les édifices dont nous
avons parlé, il fit, hors de la ville de Paris,
un cimetière poiu" les religieuses, avec une
c.p. iTiii. église dédiée A saint Paul : il renouvela
Lii.. n, celle de Saint-Martial de Limoges : il fonda
à Noyon un monastère de filles, orna d'or et
de pierreries les chasses de saint Germain,
évêque de Paris, de saint Séverin, de saint
Piat, de saint Quentin, de saint Lucien, de
sainte Geneviève, de sainte Colomlie, et mit
plusieurs ornements aux tombeaux de saint
Martin et de saint Denis. Le roi Dagobert
fournissait à toutes ces dépenses.
6. Saint Ouen, auteur de sa Vie, nous a
donné en abrégé la doulrinc des discours que
ce saint évéque faisait à ses peuples, en re-
marquant que chaque jour il les assemblait
de tous cotés, et les exhortait avec un zèle
infatigable, mais avec beaucoup de précision,
à la pratique des vertus chrétiennes. U rap-
' Act. Ordin. S. Benedicti, loin. Il, in Prolog.,
uuiD. no, 6t.
> Qui rrgrolal, in xola Dei misericorilia confi-
nât, cl Eiirh'irisiiinii ritriiiiris rlSanguinis Chrisli
rtf. r
Lîb. I, cap
EllcIlTiU,
III.. Il, cop.
complissemenl des promesses que nous avons
faites au baplome, soit par nous-mômes, soit
par la bouche de ceux qui nous ont tenus
sur les fonts sacrés. U représentait que Dieu
garde le symbole de la foi que nous avons
prononcé alors, et qu'il nous on demandera
compte ; qu'il ne sutfit pas do porter lo nom
de chrétien, si l'on n'en remplit les devoirs
et les obligations; celle oii nous sommes,
lorsque nous allons à l'église, d'y invoquer
le secours des saint*, de d'iébrer leurs f^tes
avec dévotion, principalement le saint jour
du dimanche ; de visiter les infirmes, de sou-
lager les prisonniers, de nourrir et de vôlir
les pauvres , de recevoir les étrangers. 11
condamnait les restes d'idohltrie qui avaient
encore cours dans quelques endroits de son
diocèse, comme de consulter les devins et
les sorciers, d'observer les élernuemenls et
le chant des oiseaux, le jour que l'on sort de
sa maison ou que l'on y rentre, les masca-
rades, les festins du premier jour de janvier,
les danses et les chansons A la Saint-.Ican et
aux fêtes des saints. Il défendait d'invoquer
le nom des faux dieux, de fêter le jeudi en
l'honneur do Jupiter, do mettre du lumi-
naire ou de rendre des vœux :\ des temples, ù
des pierres, à des fontaines, ii des arbres
ou à des carrefours; d'attacher au coudes
femmes ou des animaux des ligatures, même
faites par des clercs et avec dos paroles de
rÉcrilure, de ciier pendant l'éclipsc de lune,
d'appeler seigneurs le soleil el la lune, et de
jiiier par eux ; de croire an destin, A la for-
tune, à la naissance heureuse et malhoureu-
se, puisque Dien veut que tons les hommes
soient sauvés, et qu'ils parviennent à la con-
naissance de la vérité ; do n'avoir recours
dans les maladies ni aux enchanlours, ni
aux sortilèges, mais seulement A la miséri-
corde de Dieu ', h l'encharistie du corps et
du sang de Jésus-Christ, et i\ lluiile sainte
de l'Kglise , pour s'en oindre le corps au
nom du Sauveur. Quelle que soit la verlu du
cum fidc ac devoliane percijtiat, olcumque hcne-
riicttim fideliler ah Ecrlesiii peint, unde corpuf
suum in nomine Clirisli ungat. Eligii VtVffl, lib. Il,
inp. XV, imti. 216, tom. V SpicHegii.
CHAPITRE LXXV. — SAINT ÉLOl ET SAINT OUEN.
[vu' SIÈCLE.]
signe de Jésus-Christ el do sa croix, il ëtiiit
persuadé que coux-l;\ seuls en tiraient avan-
tage, qui obscrvaieul les coiuujandonients
de Dieu : c'est pourquoi, en conseillant à ses
peuples de se munir à toute occasion, soit
en se levant, soit tMi mangeant, soit en se
couchant, de ce signe salutaire, il cxhoriait
à s'occuper sérieusement de l'accomplisse-
ment de la loi du Seigneur et de la pratique
des bonnes œuvres, du pardon des ennemis,
de raumonc, de la prière, du paiement de
la dime de leurs revenus, soit aux pauvres,
soit aux églises. Il disait aux ' pécheurs de
ne pas atteudj'e, pour recourir aux remèdes,
que leurs plaies fussent pourries, et de ne
pas augmenter péchés sur péchés, mais de
se procurer un prompt remède par la con-
fession. Il voulait 'pie l'on séparât de la com-
munion ceux qui vivaient dans le concu-
binage , dont il avait tant d'horreur, qu'il
pensait que le péclié de celui qui avant le
mariage légitime vit avec une concubine,
est plus grand que l'adultère, sans doute à
cause du scandale qui est inséparable du
concubinage public, et qui ne se trouve pas
dans un adultère secret. C'était sa coutume
de finir ses discours en disant qu'il prenait
le ciel et la terre à témoins d'avoir annoncé
les vérités qui étaient de son ministère, et
qu'au jour du jugement il s'élèverait contre
ceux qui n'avaient pas voulu les écouter, ni
les mettre en pratique.
Homélies 7. Cet abrégé ne contenait, comme on le
qu'on lui tt . ...
«los meoi jt- voit, que les principes de religion qui sei-
I valent de matière aux discours de saint
Eloi*. On n'y dit point qu'il en ait fait sur
les mystères ni sur les principales fêtes de
l'année, comme sur le jour de Noël, de la
Purification, de la Cène du Seigneur ou du
Jeudi-Saint. C'est déjà un préjugé pour ne lui
point attribuer les dix-sept Homélies que l'on
a imprimées sous son nom dans la Biblio-
thèque des Pères ; mais ce n'est pas le seul.
Le style de ces homélies est affecté et mys-
térieux ; celui de saint Eloi, simple et natu-
rel. 11 avait été consacré évèque dès le 21
mai 640. La première de ces homélies ne
fut prononcée que le jour de Noël, et l'au-
teur la commence en disant cpie c'était la
première fois qu'il parlait à son peuple. Un
évoque aussi zélé que saint Éloi aurait-il
' Continua per pœtiitentiœ confessionem reme-
diiim vobis adkibere fesUnate. Ibid., pag. 224.
» Tom. XII Bibloth. Pat., pag. 300.
75Î!
laissé écouler sept ou huit mois sans distri-
buer le pain de la parole divine à un peuple
qui en avait si grand besoin? Il s'aband(mue
dans la seconde à des allégories sur la céré-
monie de la purification usitée chez les Juifs,
qui n'auraient guères été entendues d'un
peuple tel que celui de la Belgique, dans le
temps que saint Eloi en prit soin. Il allégo-
rise encore dans la douzième, qui dans l'é-
dilion de Lyon est comptée pour une partie
de la onzième. Cilant dans celle-ci ce que
saint Benoit dit dans sa Règle du respect et
de la révérence qu'on doit apporter à la
prière, il se sert de ces termes : Très-heureux'^
et très-saint Père Benoît; au lieu qii'en par-
lant, dans la même homélie, de saint Augus-
tin, de saint Léon, il ne les qualifie que de
Saints. L'auteur était donc un moine béné-
dictin, tiré de son monastère pour remplir
une chaire épiscopale : or, saint Eloi ne fut
jamais moine bénédictin ; il était encore
laïque, lorsqu'on l'élut évèque de Noyon. Il
est donc visible que c'est par erreur que l'on
a mis son nom à la tète de ces dix-sept ho-
mélies. On trouve dans la quinzième un en-
droit très-fort pour la présence réelle : « Sa-
chez ', mes frères, et croyez fermement que,
comme la chair que Jésus-Christ a prise dans
le sein de la Sainte-Vierge, est son véritable
corps qui a été offert pour notre salut, de mê-
me le pain qu"il a donné à ses disciples, et
que les prêtres consacrent tous les jours dans
l'église, est le vrai corps de Jésus-Christ. Ce
ne sont point deux corps , c'est le même
corps que l'on rompt et que l'on immole :
Jésus-Christ est immolé et mangé, quoiqu'il
demeure sain et entier. «
8. La sixième lettre parmi celles de saint
Didier, dans la collection de Canisius, est de
saint Éloi ^ Il y prend dans l'inscription la
qualité de serviteur des serviteurs de Dieu.
Ce n'est qu'un écrit de l'amitié que la charité
avait formée entre lui et saint Didier. Il dit
au commencement qu'il ne laissait échapper
aucune occasion de lui écrire : ce qiù fait
voir qu'il nous manque d'autres lettres de
saint Eloi. On conserve encore la charte qu'il
fit dresser pour la fondation du monastère
de Solignac ^ Il y est dit que l'on y obser-
vera les règles de saint Benoît et de saint
Colomban, et que le monastère sera exempt
' Ibid., p.ig. 314.- i Ibid., pag. 319.
* Canisius, tom. I, pag. 646.
6 Tom. II Act. Ordin. S. Benedicti, pag. 468.
Lettre â-
S. Eloi.
7o6
HISTÛIUE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
de la juridiction de l'évêque et de toute au-
tie personne, si ce n'est du roi. Celte charte
est datée du 22 uoveniLrc, la dixième année'
du roiDagobert, de Jésus-Christ 631, et est
signée de saint Éloi et de plusieurs autres
évêques.
s<ioioii{a, 9- Quelques laïques y souscrivirent aussi,
*rÎ3". ** entre autres Dadon. C'est le môme que saint
Oucn dont nous parlerons ici', puisque son
principal écrit est la Vie de saint Éloi. Ils
avaient clé ensemble en grand crédit à la
cour du roi Dagobert. Saint Ouen gardait le
sceau en qualité de réféicndaire ou chan-
celier. Et^,nl encore enfant, il avait reçu la
bénédiction de saint* Colombau, qui allant
dans le royaume de Théodeberl , passa à
Cussy où demeurait .\utliaire, père de saint
Ouen. Ce saint, ayant obtenu du roi une
terre dans les forêts de Brie, y lit bâtir le mo-
nastère de Resbac ou Rebais, auquel il don-
na pour abbé saint .\gile, moine de Luxeuil,
et disciple de sainl Colombau. Il eut part
avec saint Éloi à la tenue d'un concile d'Or-
léans que l'on compte pour le sixième, où
Salvius, évéque de Valence, convainquit un
hérétique , ciiassé d'ouirc-mer , qui semait
ses erreurs du côté d'Autun en 6i0. Il fut
ordonné évêque de Rouen à la place de saint
Romain, mort quelque temps auparavant.
11 assista en 044 au troisième concile de Châ-
lons, et fil en 677 le voyage de Rome avec
saint Saens. Ce n'était qu'un voyage de dé-
votion ; mais il avait été choisi en 649 avec
saint Éloi pour aller en cette ville prendre
part, au nom des cvèqiies de France , à la
défense de la foi contre les monothélites. On
ne sait ce qui empêcha l'exécution de ce
dessein. Le pape Martin I" l'avait suggéré ,
en demandant au roi Clovis quelques-uns
des plus savants de son royaume , pour les
envoyer légats àConstantinople. Saint Ouen
mourut à Clichy, maison royale près de Pa-
ris , au retour d'un voyage qu'il avait fait à
Cologne pour quelque allairu d'État. Son
épiscopat fut de quarante- trois ans, trois
mois et trois jours.
sn«eHu. ^^- ^'^ sainl, faisant rcllexiou que des
pei'sonncs illustres avaieut pris la peine de
recueillir les actes des martyrs et les grandes
actions des confesseurs', coui^'ut le dessein
de transmettre aussi à la poslérilc ce qu'il
savait de la naissance, de la vie et de la mort
de saint Éloi. Quelques personnes d'érudi-
tion l'avaient fait avant lai ; mais engagées
dans les embarras des affaires du siècle, elles
avaient traité une si belle matière en cou-
rant, en sorte que leur travail ne répondait
point à la grandeur du sujet. Il lui donna
plus d'étendue, sans s'astreindre toutefois à
rapporter tout ce qu'il savait. L'abunilante
de la matière aurait produit un gros volume.
Le sien lui a paru assez considérable pour
être divisé en deux livres, dont le premier ,
qui est sous-divisé en quarante chapitres,
représente la vie de saint Kloi depuis sa
naissance jusqu'à son épiscopat. Le second,
qui est de quatre-vingts chapitres, contient
la suite de l'histoire de ce saint Jusqu'après
la translation de son corps, qui se fit par
ordre de la reine, et de l'évêque son succes-
seur , un an après sa mort. Saint Ouen rap-
porte les miracles opérés en cette occasion.
Il en rapporte beaucoup d'autres que le saint
avait faits de son vivant ; et c'est à quoi il
s'applique le plus dans son second livre ,
qui est écrit, comme le premier, d'un style
simple et sansorncmenis, mais clair et aisé,
pour se conformera l'humilité du saint dont
il faisait l'histoire.
H. Aussilùt qu'elle fut achevée, il l'en- sjiniro»
vo3'a a un eveque de ses amis, nommé Ro- tobft-
dobert', dont on ignore le siège , avec une
lettre où il le priait de la revoir et de la cor-
riger, tant dans les choses que dans le style,
même dans l'orthographe , où il pouvait
s'être glissé des fautes, soit de sa part, soit
de celle des copistes. Rodobert la lut exacte-
ment, el n'y trouva rien qu';\ admirer. Smius
l'a insérée dans son recueil au premier de
décembre, mais en y retranchant beaucoup
de choses, et en changeant le style. Le père
Labbe n'en a donné que la préface dans le
second tome de sa Bibliolhèque des Manus-
crits, imprimée à Paris en 1G57. L'ouvrage
entier se trouve dans le cinquième tome du
Spicilége de dom d'Acbéri , avec la letti-e à
Rodobert et la réponse que cet évéque fit à
saint Ouen. Nous avons deux traductions
françaises de la Vie de saint Éloi ; l'une faite
sur Surius par Louis ^ de Montigny, cha-
noine de Noyon, et imprimée en 1626 ; l'au-
tre sur l'édition de dom d'.\chéri, par L'É-
' Vita S. Àudoeni, npnd. .Sur., el Bollaud., ad Spiii/ij/ii, pag. 1 il. — » Tmii.V S/)id7.,pat(. 301,302.
diem Si Augusli. * .Mirau.-. Ue Scriplor. EccUs.. n\\>. llïxiu.
• Audycuu!^, Prologo in Vita S. Eligii, tome V
[vu" SIÈCLE.
CHAPINRE l.XXV. — SAINT ÉLOI ET SAINT OUEN.
7.'i7
Anlro lot-
l>o h Minl
Dnl!*r (vtfiuo
E(flllnn<,
Discours |>ii-
il ne faudrait point trop dépasser l'année
645. Or, c'est l'époque où saint Ouen avait
le plus de puissance au palais. Référendai-
re, apnci-isiairc, arcliitliaiielain, évôfjiie de
Rnucii. il pouvait selon l'usaj^e exercer toutes
ces roiictions el coulinucr de surveiller au
palais l'éducation du jeune prince. Obligé
cependant de se livrer à son troupeau, on
cou(;oil qu'il ail éprouvé le besoin de laisser
par écrit, entre les mains de son royal élève,
un précis de ses enseignements '•
Il est difficile, dit encore le savant histo-
rien de la Vie de saint Léger'", de ne pas y
reconnaître une exhortation d'un maître de
l'oratoire l'oyal. Il y règne une couleur mé-
thodique, savante et pédagogique, un ac-
cent d'autorité douce et familière, des allu-
sious aux traditions intimes du [lalais , une
hardiesse de détails, une franchise de conseils
qui ne s'expliquent bien que dans la bouche
d'un précepteur tel qu'Audoen ou Léodegar.
Ce précepteur appelle le jeune roi son fils,
et il lui donne des conseils sur les jeunes
Francs nourris au palais; il revient fcouvent
sur cette parole qui sent l'école mérovin-
gienne, il va jusqu'à demander que tous les
Francs soient traités comme les nourrissons
du palais. Il est évident que ce langage ne
convient qu'à l'archichapelain.
Quel que soit le Bossuet ou le Fénélon du
vii'^ siècle qui ait rédigé ces instructions sur
l'éducation d'un prince, elles jettent un grand
jour sur le programme adopté dans la royale
école, et sur la délicate mission confiée par
la reine Bathilde à Léodegar.
Voici le début :
(( J'avertis ta sublimiti-, très-noble roi,
afin que ton excellence daigne accueillir bé-
nignementce que j'ai osé écrire sous la dic-
tée de la charité. Or, il te faut, très-pieux
roi, repasser fréquemment les Écritures sa-
crées, afin que tu puisses y apprendre les
raisons d'agir des anciens rois qui ont été
agréables à Dien ; comment, sous la sauve-
garde de l'humilité, ils ont plu au Seigneur;
comment, en suivant leurs traces, tu obtien-
dras un long et durable honneur en ce
joyaume présent, et, par dessus tout, une
vie éternelle. Ainsi le roi David, toujours
sage et humble, en opérant les bonnes œu-
vres qui agréaient au Seignein-, a triomphé
' Cauis., toin. 1, pa^j. 639, 643; Du Chesnp, tom. Hommeraye, Bist. des Archevêques de Rouen, \>a(^.
-1, pag. 879. 87, mim. 18.
• Pos^eviu. in Apparatu,tom.], j4ppend.,pag. 14; ' Histoire de saiut Léger, par D. Pitra, pag. 120,
Sigebert, De Script. Ecoles., cap. Lvni, in notis; note 2. — ' Ibid., pag. 121.
v^qnc , prêtre de la chapelle des orfèvres
à Paris, et imprimée en cette ville cliez Coi-
gnard en 1693.
12. Canisius et Dnchesne nous ont donné
une Lettre de saint Didier, évèquedeCahois,
à saint Ouen déjà évèque ', où il le fait l'es-
Sonvenir de l'union qu'il avait avec lui et
saint Éloi, dans le temps q\i'ils étaient l'un
et l'autre ;\ la co;ir, et qui ne s'était [loint
démentie par leur élévation ii l'épiscopat.
Saint Ouen en écrivit une à saint Ditlier,
conjointement avec Constance, évèque d'Al-
hi, pour le prier d'écrire à un nommii Fia
vien, avec qui ils devaient se trouver en nn
certain lieu. On ' attribue à saint Ouen une
Vie de saint Rémi, et quelques vers ;\ la louan-
ge de saint Médard et de saint Gildard.
[Les écrits de saint Éloi et de saint Ouen
sont reproduits au tome LXXXVII de la Pa-
trologie latine, col. 477 et suiv., avec une
notice tirée de la GaUia christiann. On y
trouve la Vie de saint Éloi par saint Ouen,
les homélies de saint Eloi, un discours publié
par le cardinal Maï dans les Script, vet. nova
coll., tome VI, part. 2, p. iii-viii. C'est une
exhortation à un jeune roi. Maï pense que ce
roi est Clovis II, et il attribue cet écrit à saint
Eloi ou à saint Ouen. Le manuscrit qui l'a four-
ni provient du fonds de la reine de Suède,
maintenantau Vatican. C'est manife.stement
-'une pièce du vii° siècle. « Le jeune roi aurait
eu, aux termes de cette œuvre, pour trisaïeul
le premier des Clotaires, et pour aïeul le se-
cond : ce qui ne peut convenir qu'à l'un ou à
l'antre des deux fils de Dagobert. Bien qu'on
y fasse plus d'une allusion aux principaux
personnagesdelacour, etsurtout aux parents
du jeune prince , il n'y a nulle mention
même indirecte, soit de Nanthilde, la veuve
de Dagobert, soit de Bathilde. Il est donc
présumable qu'à l'époque où l'auteur écri-
vait, Nanthilde était déjà morte, el que Ba-
thilde n'était pas encore reine. Cette pièce
tomberait ainsi entre l'année 640 où mourut
Nanthilde, et l'année 649 où Bathilde devint
reine des Francs. Comme enfin cette exhor-
tation suppose un prince déjà d'un âge in-
telligent, il faut se reporter au-delà de 645,
pour que Clovis né en 633 fût en étal de
l'entendre. Cependant, comme il est question
d'un règne naissant ou encore peu avancé,
HISTOIRE GRNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
758
sans peine des batailles préparées contre lui,
et a commencé d'édifier le temple du Sei-
gneur ; et après lui son Qls Salomon le mena
à la perfection, car le Seij^ueur avait parlé
par le Prophète ù David, lui disant : De toi
sortira celui qui plus tard édifiera ma maison,
et il est dit que ce même roi Salomon eut
une sagesse si grande el une telle puissance,
que jamais nul ne put reprendre en ses dires
un seul iota. 11 fut droit en jugement, sage
en paroles, et régla tous ses mouvements
d'une manière royale. »
Ainsi, avant toutes choses, le précepteur
en appelle au grand Maître, el il dépose au
cœur de son disciple ^les enseignements des
saints livres.
Ces préliminaires posés , le pieux insti-
tuteur expose avec autorité les devoirs du
roi et ceux du chrétien, qu'il place en der-
nier lieu, comme le couronnement des ver-
tus royales.
11 réduit à trois principales les conditions
du bon roi : l'habileté à s'entourer de bons
conseils ; la pratique des vertus vraiment
royales ; la fuite des vices qui déshonorent
la loyauté. Pour développer ce thème, il en
appelle successivement aux enseignements
de la parole divine, aux axiomes de la sa-
gesse des siècles, aux exemples domestiques
des Mérovingiens.
11 met en première ligne le conseil des
évoques, puis celui des seigneurs, et en troi-
sième lieu seulement celui des maires du
palais, et à peine en dernier lieu fait-il te-
nir compte des suggestions de ces jeunes
Francs , compagnons d'enfance des rois ,
dont l'ascendant pouvait être dangereux.
« Quant aux jeunes hommes qui assistent
de plus près à tes côtés, accueille leurs pa-
roles avec une discrétion défiante, car sou-
vent les chutes viennent par le conseil des
jeunes, et l'honneur durable d'un bon conseil
subsiste dans les vieillards.»
« Cette sage distribution des conseillers
révèle un observateur consommé ; le ren-
versement de cet ordre, la prépondérance
excessive donnée au maire, les complaisances
pour les plus jeunes conseillers, autrement,
l'enfance prolongée des princes, seront la
ruine des Mérovingiens.
« Mais les conseils de l'homme sont insuf-
fisants et SOS prévoyances incertaines ; il faut
donc recourir h une sagesse plus haute, et le
plus beau modèle en ce genre que présente
l'histoire, c'est le jeune Salomon, invoquant
le Dieu de ses pères, et la =agessc assise sur
son trùne. C'est cet exemple et cette prière
qui sont proposés au jeune prince mérovin-
gien pour éclairer son inexpérience.
(c Puis on place sous ses yeux comme un
double tableau, où les vertus d'un bon roi
sont mises en contraste avec les vices qu'il
doit éviter :
(i Or donc, seigneur, si tu demandes à
Dieu ces biens, et que tu sois mesuré en tes
paroles, ferme en tes dires, conciliant d'es-
prit, riche en charité, prudent et fin dans la
bonté, d'un facile el large accueil, discret
dans les largesses, droit, au jugement, dé-
bonnaire à la peine, compatissant aux pau-
vres, le Seigneur ajoutera à tes longues an-
nées, comme il a fait aux rois tes prédéces-
seurs qui ont noblement régné en ce siècle.
Vraiment, seigneur, si dans cet âge de jeu-
nesse.tu es accompli, toutes les nations tes en-
nemies trembleront devant la droiture ell'é-
quilé de ton gouvernement ; tous les fidèles
se réjouiront avec toi, tous les hommes te
craindront, t'écoutcront, et t'aimeront; tous
rendront grâces au monarque divin, Notre-
Sc'igneur Jésus - Christ , d'avoLi" mérité de
posséder un tel roi. »
11 n'y a pas jusqu'à l'élégante pureté de
la forme qui ne soit remarquable dans cette
paternelle exhortation, d'heureuses réminis-
cences classiques, mêlées d'un parfum de
latin liturgique, la justesse des vues, des
traits de maux piquants, des aperçus jileius
de finesse, toujours dominés par uu noble
accent de foi et de dignité apostolique, écla-
tent de plus en plus dans la suite, où l'énu-
méralion des vertus royales continue sous
forme de conseil : « Il faut une dignité tou-
jours sereine en écoulant les avis dans l'as-
semblée des conseifiers ; une sollicitude at-
tentive à peser chacune de leurs paroles,
selon les avantages de la patrie, l'intérêt de
sa stabilité, la nature des abus à supprimer,
le salut du prince, les exigences de son ad-
ministration et les usages de la chancellerie
du palais : il faut tout voir el tout entendre,
allier l'avide curiosité d'un enfant qui veut
sagement s'instruire, à une prudence telle,
qu'on écoulant ses conseillers, le prince
semble moins leur disciple que leur maitro ;
que le sage soit distingué do la foule, reçu
de préférence, interrogé, honoré de l(ini;s
entretiens. Mais le jongleur tient-il ce propos
de cour, ne l'écoute point fucilement. Que
situ t'entretiens avec les sages, ou quo tu
CHAMTRE LXXV. — SAINT ÉLOI ET SAINT OUEN.
[vil' SIÈCLE.]
aies d'uliles conversations avec tes officiers,
impose silence aux jongleurs. Mieux vaut dé-
poser au fond de son cœur la sagesse que d'en-
tendre des propos futiles et insensés : car où
luiliitc la sagesse, Dieu fait aussi son séjour.
(I L'habile maître interrompt ses conseils
par des exemples adroitement empruntés
aux traditions mérovingiciines, aux ancêtres
mêmes du royal disciple. Ces jugements cnu-
temporains ont toute la maturité de l'his-
toire, qui ne les a point démentis.
« Telle fut la sagesse et la douceur de
Childeberf, qu'il aimait d'un égal et paternel
amour les anciens et les plus jeunes ; aussi
quiconque se rappelle encore son nom, prê-
tres ou laïques, ('lève les mains et recom-
mande son âme, d'autant qu'il fut toujours
généreux dans ses largesses pour les lieux
saints et les fidèles. »
« Le vieux Clotaire, qui eut cinq fils et de
qui tu descends, fut puissant par la parole,
conquit la patrie et nourrit ses fidèles.
« Mais, entre toutes autres choses, qu'il
nous est doux de remémorer, ton aïeul Clo-
taire, qui eut tant de bénignité selon Dieu,
qu'il ne semblait pas seulement un juste
dans ses œuvres, mais un prêtre vivant au
milieu du siècle, en gouvernant les Francs,
il édifia des églises. Or donc, très-doux sei-
gneur, puisque tes pères ont eu si grande
doctrine , agis en toutes choses comme il
convient à un roi. »
Ce portrait d'un bon roi ainsi tracé, et
rendu plus saillant par des applications do-
mestiques, ressort davantage du contraste
tiré des vices que doit éviter un roi , et
qui sont ici flétris sans ménagement. La
légèreté et la colère , deux défauts domi-
nants des Mérovingiens ; l'ivrognerie repro-
chée à tous les Francs, et en particulier à
Clovis II ; l'indiscrétion dans les paroles ;
point de préventions, de malveillance ou
d'orgueil contre ra\is de qui que ce soit;
point de vengeance, parce qu'il est écrit :
Que le soleil ne se couche point sur votre colère ;
prudente sauvegarde contre ces justices pri-
vées, qui, surtout entre princes et grands,
allaient jusqu'à l'extermination.
Tout en demandant grâce pour sa rusti-
cité, le sage maître insiste sur ces principes,
corrobore chaque précepte de quelques pa-
roles divines, recommande encore la prière,
s'épanche lui-même en une tendre invoca-
tion, en des vœux multipliés, empruntés des
plus affectueux cantiques du Roi-Prophète ;
159
il bénit, il promet, il menace, il supplie le
Dieu des rois de lui conserver son fils, de le
délivrer au jour mauvais, de le vivifier et de
le rendre heuieux. 11 se livre atout l'élan de
ses paternelles espérances, et, comme pour
remercier Dieu du bien qu'il en reçoit et
qu'il a fait lui-même, il termine ce pieux
mouvement par ces paroles d'une joie chré-
tienne et patriotique :
« Heureux qui au début de ce règne que
le Seigneur t'a domiéen ces temps modernes,
heureux les hommes de cœur qui font le
bien, qui suivent la droiture, qui opèrent la
justice ! car en s'appliquant îi ces œuvres,
ils te procurent les charmes de la vie et se
ménagent pour chaque chose une récom-
pense ù l'avenir. Et ainsi, qu'au loin et au
large, qu'en ce royaume et parmi les nations
lointaines, on dise avec joie qu'en ce palais
la noblesse des personnes est grande ; qu'ici
n'est point reniée la vérité, ni la justice re-
fusée ; qu'ici, secouant la cupidité mondaine
et marchant à la lumière de l'équité, la jus-
tice s'avance glorifiant le Seigneur, conso-
lant les peuples par les irréprochables arrêts
de cet incorruptible palais, réjouissant les
pauvres, défendant les veuves et prenant la
tutelle des orphelins. »
Continuant ce mouvement entraînant ,
l'éloquent pi-écepteur fait connaître dans
toute sa pureté la radieuse image du roi
très-chrétien, cet idéal inconnu de l'anti-
quité et que l'Eglise a laborieusement cher-
ché pendant près de huit siècles à réaliser.
Les évêques des Francs se dévouèrent à créer
ce prodige, et ce sont eux qui bientôt pré-
senteront Charlemagne au monde.
« Crains Dieu, ô illustre roi des Francs,
mon très-doux fils, et aime-le toujours ; vois-
le toujours présent, et l'adore religieusement,
bien que tu le croies invisible aux regards
mortels ; et à mesure qu'il te comblera
d'honneurs de jour en jour, aime-le d'au-
tant plus, et prie-le homblement chaque
jour qu'il te donne la sagesse de gouverner
le royaume que tu as reçu de lui. Sache que
tu es le ministre de Dieu établi pour être
l'auxiliaire miséricordieux de tous les gens
de bien, le vengeur inexorable rpii punisse
tous ceux qui font le mal, et qui les fasse
trembler avant qu'ils le commettent. Pense
souvent dans toute la sollicitude de ton âme,
comment eu toute ta vie tu es le sujet de
Dieu, afin de régner heureux et longtemps
sur les auti'es. »
760
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
(I Le pieux ëvêque se révèle de plus en
plus : c'est un père qui s'adresse à son fils ;
c'est plus qu'un piécepleur enseitrnant un
roi, car ao-dessus du roi il y a le chrétien,
au-dessus du trône, l'ûme immortelle ; il ne
suffit pas au jeune prince qu'il s'élève à la
hauteur d'un grand roi, il lui faut monter
jusqu'à la dignité du chrélieu, jusqu'à la
perfection du saint. C'est là l'objet des der-
nières recommandations, qui roulent prin-
cipalement sur l'accomplissement des devoirs
évantréliques et jésument tous les avis don-
nés antérieurement. Enfin nous trouvons
aux dernières lignes des paroles énigmati-
ques qui nous semblent faire allusion aux
intrigues de Grimoald et d'Ébroïn. Ce trait
rapidement iudiqué est brusquement suivi
d'une solennelle et touchante conclusion:
« Prends garde de fouler à pieds nus les
œufs des aspics.
« Pense au dernier jour, pour ue point
pécher en ta sécurité ; celui qui se prépare
à l'avance est plus sage que celui qui se laisse
prendre au dépounu. Or, maintenant nour-
ris, élève, forme et sauve le reste des Francs,
ou leurs enfants, plutôt avec une paternelle
tendresse qu'avec un despotique empire.
« Telles sont les quelques paroles que j'ai
osé l'écrire, entraîné au-delà de mes forces
par mon amour pour toi et pour tous les
Francs. Sache que, si tout ce qui est ici écrit
s'accomplit sous ton gouvernement, celui qui
accorda quinze ans au roi lizécbias élargira
les limites de ta vie et de ton règne ; je de-
mande humblemcut à Dieu qu'il accorde un
salut perpétuel à la personne et à tous les
tiens, ô roi bien-aimé ! »
La charte pour la fondation de Solignac
est reproduite aux col. 637 et suiv. du même
volume de la Patrologie. Les vers de saint
Ouen sur saint Médard et saint Gildard sont
à la col. 662. On regrette de ne pas trou-
ver à la suite le sermon de Rectitudine cu-
Iholicœ conversât ionis, relégué parmi les dis-
cours supposés de saint Augustin au tome VI
de ce Père, édition des Bénédictins, dans
l'Appendice, pag. 263. Il est de saint Eloi.]
CHAPITRE LXXVI.
Saint Maxime abbé de Chrysopolis [662], Anastase disciple de saiat Maxime
[même année], Anastase apocrisiaire 1666],
Théodore et Théodose [Vil sièclej.
[Écrivains grecs.]
Naissance
de saint Ma-
xim e.SiD (du>
cation.
1. Ce saint, que Dieu semble avoir fait naî-
tre exprès pour la défense de la foi catholi-
que contre les monothélites, naquii à Con-
stantinople vers l'an 380. Ses parents, tjui
étaient d'une ancienne noblet^sc, et luisaient
profession d'uue piété singulière, le tirent
baptiser dès l'enfance, et lui donnèrent une
éducation convenable à sa naissance et à
leur iuclinalion. Ses progrès dans les belles-
lettres et dans la vertu le tirent admirer <lc
tous ceux qui le connaissaient, llcraclius,
qui gouvernait alors l'Empire , l'engagea
malgré lui à son service, el le lit son pri^mier
secrétaire, le consultant volontiers dans les
atfaires de quelque importance. Car Maxime
était de bon conseil : il avait resjjril péné-
Iranl, pai'lail aisément et sans prcparatitui ;
el quand il s'agissait d'écrire surquclijiK' af-
' Xaximi Vila, loin. I, pug \,i.el seq.
faire, il s'en acquittait avec une très-grande
facilité.
2. L'amour de la retraite, et la crainte de
souiller la pureté de sa foi par l'hérésie nais-
sante des monotbclilcs, lui fiient prendre le
parti de quitter la cour pour aller s'enfermer
dans le monastère de Chryso polis dans le voi-
sinage de Chalcédoiue, où il pratiqua avec
tant de ferveur et d'ass^iduilé les exercices de
la vie monaslique, que ses frères se voyant
tous surpasser par lui en vertu, le choisi-
rent unanimement pour leur abbé à la place
du dernier moi t. Il rétisla loiigleuips ; mais
enlin il se soumit àla charge qu'on lui impu-
sail, considérant qu'elle lui serait moins une
occasion de conmiander que de servir.
3. Cepoiulaul l'erreur des monulht'lites se
répandait do plus en plus ; d'un autre coté,
les courses des Perses el des Arabes tenaient
l'Orient en des alarmes continuelles. Saint
Il (fultle la
ccur et « re-
tira dant QD
moDaalèn.
Ibid. p. t.
Il t« rAllr«
rn Afriqua,
CHAPITRE LXXVI. — SAINT MAXIISfE, ANASTASE, ETC 76 (
ri(. II.
Il \\\ Ro-
mp. L'pmpe-
raur te Tait
amflncr à
Con-l«nHno-
fl». Ilid.Son
ir-;:iier iolff-
■;r«,
11,13,
[Vil'' SIÈCLE.]
Maxime, sachant que l'Afrique et les lieux
circonvoisiiis ('taicut à couvert de tous ces
diiufiers, y alla, r(''sohi de s'unir pour la dé-
fense de la \iaie foi à ceux qu'il trouverait
portés ft la dt-fendre. Il avait connu Pyrrhus,
avant qu'il eût quitté le siège patriarchal de
Constanliiiople ; et ceL évéque était partisan
du monothélisme. Le gouverneur de l'Afrique,
où Pyrrhus se trouvait alors, les engagea à
une conf('rcnce. F^lle eut une issue heureuse :
Pyrrhus convaincu abjura son erreur, et
demanda qu'il lui fiU permis d'aller ù Homo
présenter au pape le libelle de sa rétracta-
tion. Cela lui fut accordé, et il tint parole.
Mais quelque temps après avoir donné au
pape Théodore ce libelle souscrit de sa main,
il professa de nouveau le monotliélisme, ap-
paremment dans l'espérance de rentrer dans
son siège : ce qui engagea le Pape à pro-
noncer contre lui une sentence de déposi-
tion avccanathème.
•4. Maxime, qui l'avait suivi à Rome, eut
part A l'acte de sa condamnation. Ce fut lui
aussi qui conseilla au pape Martin I", suc-
cesseur de Théodore, d'assembler en 649 le
concile de Latran, où le monothélisme fut
condamné avec tous ses fauteurs. L'empe-
reiu-, qui eu était un, fit enlever saint Maxi-
me, avec ordre de l'amener à Constantinople
avec Anastase sou disciple , et un autre
Anastase qui avait été apocrisiaire de ]'('-
glise romaine. Aussitôt qu'ils furent arrivés,
ou les mit dans des prisons séparées ; et
quelques jours après on les mena au palais
dans le lieu où le sénat était assemblé. Saint
Maxime y étant entré le premier, le sacel-
laire lui fit subir son interrogatoire. Il lui
objecta plusieurs chefs d'accusation, que le
saint détruisit aisément, parce qu'ils étaient
supposés. On le fit sortir de l'assemblée, où
l'on fit entrer Anastase son disciple. Le ton
de modestie qu'il fit paraître dans ses répon-
ses irrita ses juges. Le sacellaire commanda
aux assistants de le frapper : ce qu'ils exé-
cutèrent avec tant de violence, que l'ayant
laissé à demi-mort, il fallut le renvoyer en
prisou. Le même jour, saint Maxime eut une
conférence avec le patrice Troïle et Sergius,
maître-d'hôtel de l'empereur. Comme ils sou-
haitaient l'un et l'autre de savoir ce qui s'é-
tait passé entre Ir.i et Pyrrhus, tant en Afri-
que qu'à Rome, il le leur raconta, ajoutant
qu'il n'avait point de doctrine particulière ;
que celle qu'il tenait, était la doctrine com-
mune de l'Église catholique. 11 leur détailla
Paf. 19.
ensuite les rai.sons qu'il avait de ne point
communiquer avec le siège de Constantino-
ple, dont la [)rincipale élail que les mono-
thélites rejetaient les quatre conciles par les
neuf articles de Cyrus, patriarche d'Alexan-
drie, par l'Ecthèse d'Héraclius ou do Ser-
gius, et par le Type tle Constant. Il ajouta
que les neuf articles étaient condamnés par
l'Eclhèse, et l'Eclhèse abrogée par le Type ;
qu'il n'était donc pas possible que ceux qui
s'étaii'nt tant de fois condamnés eux-mêmes,
qui avaient été déposés par les Romains et
par le concile tenu dans la huitième indic-
tion, c'est-à-dire par celui de Latran en 649,
pussent célébrer les mystères et y attirer le
Saint-Esprit.
o. Le second interrogatoire roula sur le s«Miid u.
Type. Sanit Maxime et Anastase avouèrent Pag. is.
qu'ilsl'avaieutauathématisé, comme étant un
écrit contraire à la foi catholique. Quand
ils fiu-ent sortis de la salle , on les remit en
prison , où des députés du patriarche vin-
rent demander à saint Maxime de quelle
église il était : de Bysance, de Rome, d'An-
tioche, d'Alexandrie, de Jérusalem'? Il ré-
pondit que l'église à laquelle il appartenait
était appuyée sur la confession de la foi or-
thodoxe que saint Pierre avait confessée.
Les députés, changeant de question , propo-
sèrent celle des deux opérations, disant
qu'ils en reconnaissaient deux à cause de la
diti'érence des deux natures , et une à cause
de l'union. Saint Maxime répondit : « Si
nous confondons les deux opérations en une
à cause de l'union, et qu'ensuite nous la di-
visions en deux à cause de la diti'érence , ce
ne sera plus ni une ni deux opérations. » Les
députés lui déclarèrent que, s'il ne changeait
de sentiment , l'Empereur le ferait mourir.
Il répondit : » Que s'accomplisse en moi ce
que Dieu a ordonné avant tous les siècles. »
Le lendemain de cette conversation , il
écrivit à son disciple Anastase ce qui s'y était
passé, afin qu'il en instruisit les autres, et
qu'il redoublât ses prières.
6. L'Empereur, à la persuasion des ecclé-
siastiques de Constantinople, changea en exil
la peine de mort. Saint Maxime fut envoyé
au château de Bizye en Thrace, Anastase l'A-
pocrisiaire à Mesembrie, l'autre Anastase à
Perbère dans la même province. On les en-
voya tous trois sans provisions pour leur
subsistance, sans habits, dépouillés de tout.
Arrivés au liea de leur destination , Théo-
dose, évéque de Césarée en Bythinie, Paul et
It e;t «□-
voyé PO dxîl.
Pnf. 40.
Pag. «,45,
et seq.
Pag. 56.
762
HISTOIRE GliNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Théodose consuls, de la pail de l'empereur,
lirent subir à suint Maxime un troisième in-
Trouiime tcrrofTatoire, où il lui demandèienf de nou-
toterrcfllol- . . .
'e. veau pourquoi il ne communiquait pas avec
le siège de Constanlinople , et lui promirent
que , s'il voulait communiquer avec eux ,
l'Empereur abolirait le Type. Il répondit que
les changements faits par les patriarches
Sergius, Pyrrhus et Paul, dans la doctrine
de la foi, l'empêchaient de communiquer
avec l'Kglise de Constantinople ; et quand on
abolirait le Type, et mémo l'Ectl.èse, cela ne
suffirait pas, si l'on n'admettait encore les
décisions du concile de Rome : c'était celui
de Latran. Ils disputèrent longtemps sur les
deux opérations; et le consul Théodose étant
convenu de les reconnaître par écrit, si le
saint voulait communiquer avec eux, il fut ar-
rêté que saint Maxime et l'évêque Théodose
iraient ensemble à Rome pour travailler ;\ la
réunion des Églises. Cet accord fini, ils se
mirent à genoux ', firent la prière, baisèrent
chacun l'Evangile, la Croix, l'image de Jé-
sus-Christ et celle de la Vierge , et les tou-
chèrent de leurs mains pour confirmation de
Sêrçnd eiii ce qni avait été convenu.
»i'».e,J.t.t.9. 7. Mais cette convention ne fut pas de
longue durée. La même année où elle avait
été faite , c'était en 65G , Paul consul vint à
Bizye, avec ordre de la part de l'Empereur
de transférer saint Maxime au monastère de
Saint-Thcodore de Rége près de Constanti-
nople. Cet ordre fut exécuté sur le champ;
et quoiqu'il y fût dit que le saint serait mené
avec beaucoup d'honneur et de soin , on ne
laissa pas de lui ôter à Rége le peu d'argent,
les habits et quelques autres petits meubles
que l'évêque Théodose lui avait donnés en
le quittant. Cet évêque vint le trouver à
Rége, accompagné des patrices Epiphane et
Troïle, avec de nouveaux ordres suivant les-
quels saint Maxime devait communiquer
p«g.M avec l'Eglise de Constantinople, conforraé-
0,. ment au Type. «Aoussavez, dit le saint à
Théodose, ce dont on est convenu sur les
saints Évangiles, sur la Croix, sur l'image de
notre Seigneur et de sa sainte Mère. » L'évê-
que , baissant le visage , répondit d'une voix
troublée : « Que puis-je faire, quand l'Empe-
' Àt(juc his diclis surre.rertinl nmiics cum gau-
dio et tacrymU, positisque genibu» ail nrnlinnem
se proslraveru7it : siiigulit/nt sanrin lyniifielia el
pritiosam Crucem atqueimnginem De.i el Salvato-
ris nostri Jesu ChrisU, s(mctmmœqut DominiB
reurest d'un autreavis? — Pourquoi donc, re-
prit saint Maxime , avez-vous touché les saints
Évangiles, vous et tous ceux qui vous ac-
compagnaient, si vous n'aviez pas le pouvoir
d'exécuter vos promesses? » A ces paroles,
ils se levèrent, et le fi-appèrent. L'évêque
voulut les arrêter, disant qu'on ne traitait
pas ainsi les atfaires ecclésiastiques; mais ils
continuèrent de charger le saint abbé d'in- a.
jures et de malédictions. Le lendemain , il
fut mis entre les mains des soldats par un
nouvel ordre de l'Empereur, et conduit à
Méscmbrie, où était Anastase l'.^pocrisiaire.
On y amena aussi l'autre Anastase, qui avait
d'abord été relégué à Perbère. Pendant
qu'ils étaient à Mésembrie, un vénérable
vieillard vint voir saint Maxime , et lui dit :
« On nous a scandalisés, en nous rapportant
que vous ne nommez pas Mère de Dieu la
Sainte-Vierge : dites-nous ce que vous en
pensez, afin que nous ne soyons pas scan-
dalisés sans raison? » Saint Maxime, élen-
daHt les mains au ciel , dit avec larmes : « Qui- u.
conque ne dit pas que Notre-Dame la Très-
Sainte - Vierge a été véritablement la Mère
de Dieu, Créateur du ciel et de la terre, soit
auathème de par le Père, le Fils et le Saint-
Esprit. » Alors les assistants dirent en pleu-
rant : (i Mon père. Dieu veuille vous donner
la force d'achever dignemeut votre course ! « soo mu-
8. De Mésembrie il fut mené à Perbère, el eoTeif w.
de h\ à Constantinople avec .\naslase son
disciple , et .\nastase l'.^pocrisiaire. On as-
sembla contre eux un concile, où ils furent
anathématisés, et livrés ensuite au préfet du
prétoire. Celui-ci, après les avoir fait battre à
coups de nerfs de bcpuf et de verges, leur fit
couper la langue et la main droite, puis les en-
voya en exil dans le pays des Lazes. Ils y arri-
vèrent le huitième de juin 062. Saint Maxime
fut enfermé dans le chùleau de Schemari, et
les deux Anastase en deux autres châteaux,
d'où on les tira quelques joui-s après. Le
moine .anastase mourut des tourments qu'il
avait soufl'erts le vingt-cpialrième de juillet de
la même année, et saint Maxime le treizième
d'août suivant. Anastase l'Apocrisiaire vécut
encore plus de quatre ans, n'étant mort que
le onzième d'octobre CCC, dans le chiteau
nostrœ quœ ilium peperit, osculo consahil avère,
apposais eliam prnpriis manihus ad eonim qxiœ
dicta essenl firmandam fidem. Ad. S. Uaximi,
pag. 5S.
[vil* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVl. — SALNT
lie Tliusume au pied du mont Caucase. L'É-
i;lise liouore ces trois saints comme martyrs.
0. Saint Maxime a laissé uu grand nomljie
d'écrits sur diverses matières. Ils sont précé-
dés, dans l'éililion de Paris en lG7."),dela
Vie de ce saint par un anonyme qui la com-
posa à la prière d'un Nicolas évéque de
Myre ', des actes aullicnliiiues des persécu-
tions que lui et les deux Anastase eurent à
soullrir de la part des monotbélites; de la
lettre de saint Maxime ù sou disciple Ana-
stase, où il lui fait le récit de la conversation
qu'il avait eue, le jour de la Pentecôte Gjo,
a\ec Pyrrhus patriarche de Constantinople ;
de la lettre que cet Anastase écrivit sur ce
sujet aux moines de Cagliari en Sardaigne;
de celle qu 'Anastase l'Apocrisiaire adressa à
Théodose prêtre de l'église de Gangres; de
plusieurs pièces qui ont rapport à la vie et
aux actions de saint Maxime , et des extraits
des ôlHces de ce saint tirés des livres d'église
des Grecs. Son premier ouvrage a pour titre :
Réponses sur plusieurs questions de l'Ecriture
sainte. Il est adressé à Thalassius, prêtre et
abbé, et divisé en plusieurs tomes. Le qua-
trième est cité à la page 149, et le cinquième
à la 178" : il contient en tout soixante-cinq
questions avec leurs réponses. Saint Maxime
examine dans la préface en q:oi consiste la
nature du mal. Son sentiment est que le mal
n'est ni un être, ni une qualité réelle, mais
un défaut de la créature, qui, au lieu d'user
de ses facultés naturelles pour tendre à sa
première lin qui est Dieu, en abuse pour
s'attacher à toute autre chose qu'à son
Créateur. « C'est de là , dit-il , que naissent
tant d'aflections vicieuses de l'homme. » 11
attribue ce défaut à celui de la connaissance
et de l'amour de Dieu , l'homme ne pouvant
arriver au salut que par la connaissance et
l'amour de celui qui l'a créé. II traite dans
la première question de la nature et de l'u-
sage des passions, c'est-à-dire, de la volupté,
du chagrin, de la cupidité, de la crainte, et
autres semblables, qu'il dit n'être point na-
turelles à Ihomme, mais une suite du péché.
La seconde est une explication de ces paroles
de Jésus-Christ : Mon Père, depuis le commen-
cement du monde Jusqu'au jour d'aujourd'hui,
ne cesse point d'agir, et j'agis aussi incessam-
ment comme lui. Il ne croit pas que l'on doive
MAXIME, ANASTASE, ETC. 7G3
restreindre l'opération de Dieu à conserver
les êtres une fois créés ; mais qu'il faut en-
core l'étendie à la providence de Dieu , qui
fait non-seulement que tous les hommes
soient d'une môme nature, mais qu'ils soient
encore unis de seutimeuls. Ce qu'il dit sur ce
sujet et sur toutes les autres questions est
extrêmement obscur et embarrassé '. Ce ne
sont que des explications allégoriques et des
pensées mystiques, dans lesquelles il n'est
pas aisé de le suivre, et où il y a peu de
choses à apprendre pour le sens littéral de
l'Écriture. Saint Maxime, s'apercevant iui-
même , en relisant son ouvrage , de la diffi-
culté que l'on aurait à l'entendre, y fit des
scholies dont d recommanda la lecture pour
l'intelligence du texte '. Avec tous ces se-
cours, il n'est guère intelligible qu'à ceux
qui sont versés dans les allégories et dans
les contemplations mystiques.
10. Les soixante-dix-neuf réponses à divers
doutes sur certains passages de l'Écriture et
quelques autres matières, sont dans le même
goût, mais plus courtes et moins obscures.
Elles sont aussi moins travaillées : ce qui a fait
douter qu'elles fussent du même saint. Mais
ne sait-on pas que, dans un grand nomb.e
d'écrits d'unmême auteur, il y en a ordin li-
rement où il paraît plus d'exactilude q:ij
dans les autres? Photius, qui traite fort au
long de l'ouvrage précédent, dit peu de cho-
ses de celui-ci V Saint Maxime y cite saint
Grégoire de Xysse, l'auteur connu sous le
nom de saint Denysl'Aréopagite', et Diado-
dochus.
11. L'explication du psaume cinquante -
neuvième est encore purement allégorique
et mystique. 11 en est de même de son Com-
mentaire sur l'Oraison dominicale, adressé à
un serviteur de Jésus-Christ qu'il ne nomme
pas. Au lieu de ces paroles : Que cotre royau-
me arrive, il hsait dans le onzième chapitre
de saint Luc *, de même que saint Grégoire
de Nysse : Que votre Saint-Esprit vienne et
nous purifie. On a mis à la suite de ce Com-
mentaire quelques scholies d'un Grec ano-
nyme.
12. Le Livre Ascétique est un dialogue par
demandes et par réponses, dans lequel un
abbé instruit un jeune moine des principaux
devoirs de la vie spiiituelle ; il en met pour
Réponses ft
divers doates
sur quelques
passa^'Cs de
I Ecrilure 8t
sur quelques
autres matiè-
res. Pas. 30O.
Explication
du psaumeod,
pa^. 33$j et
je l'Oraison
domiaicale,
l>ag. 344.
Discours
ascétique,
pag. 367,
' Tom. 1, pag. 1, edit. Paris., an. 1675.
- Pliolius, cod. 192, pag. 495.
' Masimus, Prologo in quœstion.. pag. 14.
* Pliotius, cod. 194, pag. 506.
' C'est-à-dire saint Denis l'Aréopagite lui-même.
(L'éditeur.) — » £i*c. xi, 2.
764
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Les quatre
£ur la charité,
fondement l'amour de Dieu, et le renonce-
ment sincère t\ toutes les choses du monde
et à soi-même. Il y insiste sur l'amour des
ennemis, et sur l'observation des autres pré-
ceplesderÉvanailc, disant qu'il n'y en a point
d'impossibles. Ce qu'il dit des ecclésiastiques
de son temps, fait voir qu'ils s'appliquaient
plus aux devoirs extérieurs de leur étal ,
qu'à la pratique solide de la vertu ; et qu'en
ornant les tombeaux des martyrs, ils n'é-
taient pas exempts des passions qui avaient
animé les persécuteurs. Il demande à Dieu
leur conversion par une longue et fervente
prière, où. il fait intervenir les suU'rages des
saints patriarches, Ses prophètes, des apô-
tres et des martyrs. Il marque sur la fin que'
le péché orii;inel nous est remis dans le bap-
tême, et que la pénitence etface ceux que
nous avons commis depuis. Ce livre est d'un
style simple et clair, propre à inspirer des
sentiments de piété. Photius le croit utile
non-seulement aux moines ', mais ù tous les
chrétiens, à cause que les principes de la vie
spirituelle y sont très-bien expliqués. 11 fut
imprimé à Rome en 1587, avec quelqvies
opuscules de saint Chrysostome, et deux
Lettres de saint Basile; à Nuremberg en
1530, de la version de Bircheimer, et dans
le recueil des écrits du même traducteur, en
1610.
13. Opsopœus fit imprimer, en 1631, à Ha-
guen.Tu, les quatre cents chapitres sur la cha-
rité, sousle nom de saint Maximi^ de Turin,
ne faisant pas réflexion que cet évêque n'a-
vait écrit qu'en latin. Personne ne doute au-
jourd'hui qu'ils ne soient de saint Maxime,
abbé et martyr. Photius les lui attribue ', et
en trouve le style plus net et plus travaillé
que celui des autres ouvrages de ce Père, en
remarquant toutefois qu'il ne se sert pas tou-
jours des termes les plus purs. Il y en a une
édition à Zurich, eu 1.546, avec les lieux com-
muns d'Autoine Mélisse. On le trouve aussi
dans le Micropresbyticus, à Bûle, en 1350, et
dans les Orthodoxot^raphes imprimés en la
même ville en l.^.'îo. Ils sont adressés à Elpi-
dius, et expliqués dans l'édition du F. Gom-
bcfis par des scholies d'un (îrec anonyme.
Ouoi((ue tous les quatre ceiitenaii-es soient
intitulés de In Cluirlti';, ils ne laissent pas de
renfermer quantité de maximes qui ont rap-
port aux autres vertus. Saint Maxime y com-
bat mêmequelquefois des hérésies qui avaien'
cours de son temps : entre antres, celle des
Trithéiles ', contre lesquels il dit, avec saint
Grégoire de Nazianze, qu'il est nécessaire
que nous confessions un Dieu en trois per-
somies.dont chacune conserve sa propriété.
Il y donne aussi divers préceptes aux moi-
nes, et leur indique les moyens de surmon-
ter les tentations du démon, en leur faisant re-
marquer que notre infirmité est telle ', qu'ex-
cités à accomplir les devoirs de notre étal et
à faire le bien, nous ne persévérons pasjus-
qu'.T la fin, si Dieu ne nous en donne la
force.
14. Les deux cents chapitres, ou maximes
théologiques et économiques, contiennent
les principes de la théologie, et tout ce qui
regarde le mystère de l'Incarnation. Photius
ne les distingue de l'ouvrage sur la charité",
qu'en ce qu'elles sont pleines d'allégories, et
qu'ellesapprochent plus du style des questions
à Thalassius. Il conclut de cette atlinilé ou
ressemblance de style, queles chapitres éco-
nomiques et théologiques ne peuvent pas-
ser pour un écrit faussement atlribuo à saint
Maxime. Ce Père y donne en passant plu-
sieurs instructions salutaires sur la conduite
des mœurs, principalement sur l'humilité. Il
dit que c'est avec justice que la colère de
Dieu tombe sur l'orgueilleux ", soit eu l'aban-
donnant, soit en permettant qu'il soit troublé
par les tentations des démons, afin que, re-
jetant loin de lui ces sentiments d'élévation,
il connaisse sa propre faiblesse, et sache
qu'il a besoin de la puissance et de la grâce
de Dieu, qui fait tout ce qu'il y a de bien en
lui. A quoi il ajoute, que celui-là n'a plus
qu'un pas jusqu'il l'impiété, qui par un en-
durcissement de cœur ne sent point la perle
qu'il a faite en cessant de pratiquer la vertu.
Ce trailé fut imprimé séparément à Paris en
grec et en latin en 1360, avec la traduction
du président Pic.
13. Saint Maxime explique dans l'écrit
adressé au scholastique 'rin'opemptus trois
passages de l'i-jcrilure : l'iui tiré du chapitre
dix-huitième de saint Luc, où il est parlé
d'une veuve qui importune un mauvais juge ;
l'autre du sixième chapitre du même Evan-
gile, où Jésus-Christ dit : 5i un homme vous
fra/tpe sur une Joue, tendez- lui aussi l'autre; le
troisième, du vinglièiuo chapilie de saint
Les tn
ceiil*maxtin
tW .-;„;■ c,un
ft t r.iiml
qoe',[. il.
Ltcrit
Tllio|ieiD| tu
!>•«:. 69S.
' l'iintiiis, cod. IM, pag. 50t). — • Pliolius, cod.
193, pag. 506. — ' Maxim., pag. 4i:<.
* Pag. U6. — » Pboliue, coi. 104, i)ag. 50».
• Pag. 561 .
Mnl quirsD-
(e>lro's nmi-
mts morales,
p. 640. Fiai:*
neDIdolVcril
au tûl d'Ac*
Irlilo, p. C7I,
PiJ. 05.
[vil' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVI. — SAINT
Jean, où Jésus-Clirisl dit à Marie : iVe me
touchez pas, car je ne suis pas encore monté vers
mon Père. Les explicntions qu'il donne do
ces passages ne sont point littérales, naais
allégoriques.
16. H y a plus de profit ;\ faire dans les
deux cent ((uarantc-trois maximes morales.
Pholius n'en l'ait pas mention ; mais il y a
beancou[i d'autios ouvrages de saint Maxime
dont il ne dit rien. Celui-ci porte le nom de ce
Père dans un ancien manuscrit du Vatican,
et il a beaucoup de rapport pour le style avec
les quatre cents maximes intitulées de la Cha-
rité. Il appelle véritablement miséricordieux,
non celui qui donne volontairement son su-
pertlu, mais celui qui ne répète pas aux vo-
leurs son nécessaire. Ce traité est suivi d'un
fragment du livre qui a pour titre : Solution
de soixante-trois doutes, adressée au roi d'Acri-
de, auparavant Justinianée, ville de la Bul-
garie, ainsi nommée parce que l'empereur
Justin l'Ancien y était né : mais on n'a au-
cune preuve qu'il y ait en des rois à Acride
dans le siècle de saint Maxime. On croit que
la Bulgarie, dont elle était métropole, n'eut
des rois que depuis : c'est ce qui donne lieu
de croire que cet ouvrage est de quelque
Grec plus récent que le septième siècle.
17. Les autres écrits de saint Maxime sont
la plupart pour défendre la doctrine de l'É-
glise contre les nouveaux hérétiques, qui n'ad-
mettaient en Jésus-Christ ni deux volontés,
ni deux opérations. Il écrivit sur ce sujet
plusieurs Lettres à Marin, prêtre de Chypre ;
h George, prêtre et abbé; à un autre Marin,
diacre de Chypre; à l'évêque Xicaudre, aux
abbés, aux moines et aux peuples de Sicile;
montrant par des arguments tirés de la rai-
son, de l'Écriture et des Pères, qu'il y a en
Jésus-Christ deux volontés et deux opéra-
tions naturelles. Il emploie surtout l'autorité
de saint Cyrille d'Alexandrie. Les monothé-
lites alléguaient pour leur sentiment quel-
ques paroles obscures d'une lettre d'Héra-
clien h Achillius, oii il semblait ne reconnaî-
tre qu'une seule volonté naturelle. Saint Maxi-
me répond que ce n'était pas ainsi que l'on
établissait la vérité; qu'il fallait des prouves
claires et des témoignages tirés d'écrivains
qui fussent du nombre des Pères approuvés
dans l'Klglise; que taudis qu'ils n'allégue-
raient qu'Héraclien et de semblables auteurs,
ils ne pourraient se dispenser de les aban-
' ïom. Il, pag. 1, 18, 27, 34, 46, 58.
MAXIME, ANASTASE, ETC. 70.5
donner pour s'attacher à la doctrine des
saints Pères et des cinq conciles généraux,
qui déclarent que Jésus-Christ est Dieu par-
fait et honmic parfait, d'où il suit qu'il y a
en lui deux volontés et deux opérations, la
divine et l'humaine. Il se plaint de ce que
les ennemis de la vérité avaient supposé
sous son nom une lettre au prêtre Marin, où
ils avaient inséré l'erreur du monothélisme,
atîn de faire voir qu'il n'était pas constant
dans sa doctrine, et qu'il avait autrefois pensé
comme eux. Il prévient l'objection qu'on au- i„..
rait pu lui faire, qu'eu répondant à un fort
long écrit que Pyrrhus lui avait envoyé sur
la question d'une ou de deux volontés, il y
avait répondu en lui donnant de grandes
louanges. Il dit qu'il enavait usé ainsi, parce
qu'ayant reçu de Pyrrhus beaucoup de poli-
tesses, il devait lui rendre la pareille, vu
que dans sou ouvrage il ne décidait point la
question; qu'au reste, en le louant, son des-
sein était de l'amener insensiblement à la
connaissance de la vérité. Dans une autre
lettre au prêtre Marin, il marque que ceux
de Goustanlinople reprochaient au pape Mar-
tin I" de dire dans ses Lettres synodiques
que le Saint-Esprit procède aussi du Fils : sur -.a.
quoi il dit que les Romains rapportaient des
passages des Pères latins et de saint Cyrille
d'Alexandrie, par*lesquels ils montraient
qu'ils ne faisaient pas le Fils principe du
Saint-Esprit : «Car ils savent, ajoule-t-il, que
le Père est le principe de l'un et de l'autre,
du Fils parla génération, du Saint-Esprit par
la procession. Ils veulent seulement montrer
que le Saint-Esprit vient aussi du Fils, et
par là établir l'union et l'inséparabihté de
substance, n Saint Maxime dit encore qu'il ne
fallait pas se cboquer de certaines façons de
parler des Latins, à qui il n'est pas facile de
rendre exactement en leur langue ce que les
Grecs disent eu la leur. Il fait, dans la lettre -,
suivante, qui paraît écrite de Rome , l'éloge
de l'église de cette ville, et de la pureté de
sa foi. Il fait mention, dans celle qui est adres-
sée à Pierre, de Pyri'hus de Constantinople,
de saint Sophrone de Jérusalem, et du pape
Honorius : nous n'avous cette lettre qu'eu
htin. AUatius en cite un passage eu grec sur
i'Hexamérou d'Eustathe d'Antioche. Saint
Maxime y attaque vivement Sergius de Gon- '*'
stantinople, sa profession de foi, l'Ecthèse,
les conciliabules des mouothélites, leurs in-
trigues pour persuader au public que le pape
Honorius pensait comme eux. Il y parle aussi
766
HISTOIRE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Antre» Irai'
Us de S. tu
du zèle qu'Arcadius, évêque de Chypre, avait
fait paraître pour la défense de la saine
doctrine, de ses instances auprès des mono-
thûlites pour leur faire abandonner leur er-
reur, des efforts que le pape Martin avait
faits pour la détruire, des marques de dou-
leur qu'avait donnt'ps saint Soplirone en
voyant les neuf articles de Cyrus, et des ef-
forts qu'il avait faits pour engager ce pa-
triarche à les supprime!-. Il fait un éloge ma-
gniflque du Pape, c'est-à-dire du Saint-Sidge,
car il ne les dislingue pas, et de son pouvoir
dans toutes les Eglises.
18. Les lettres à George, prêtre et abbé,
il^rp^s'u, le traité dogmatique au diacre Marin envoyé
et seq. ^ * • _ ^
eu Chypre, la lettre m l'évèque N'icandre,
celle aux abbés, aux moines et aux peuples
de Sicile, les traités des deux natures en Jé-
sus-Christ, des définitions de consubstantiel,
d'hyposlase, de personne, contre l'Ectlièse
d'Héraclius, où il montre que la doctrine en
est contraire à celle de l'Écrituie et des Pè-
res; celui des deux volontés de Jésus-Ciirist,
avec les douze suivants, ont rapport à la
même matière, et ont pour but le maintien
de la doctrine de l'Eglise sur les deux vo-
lontés et les deux opérations, établies fort
au long dans la conférence de saint Maxime
avec Pyrrhus.
19. Ce fut le patrice Grégoire, gouverneur
d'Afrique, qui les y engagea. Elle se tint en
sa présence comme en celle de plusieurs
évoques, au mois de juillet 645. Des notai-
res écrivirent ce qui fut dit de part et d'au-
tre. Pyrrhus commença par demander à
saint Maxime pourquoi il le rendait partout
suspect d'héi'ésie, lui et Scrgins son prédé-
cesseur : « C'est, répondit le saint abbé, que
vous avez rejeté la foi clirétienne, enseignant
publiquement une seule volonté en Jésus-
Christ. — Prouvez-nous, répliqua Pyrrhus,
qu'en croyant une volonté, l'on ébranle quel-
que article de la foi? — Sans doute, dit saint
Maxime ; car qu'y a-t-il de plus impie que
de dire : C'est par une seule et même vo-
lonté que le même, avant l'incarnation, a
tout fait Je rien, le conserve et le gouverne,
et qu'après l'incarnation il a désiré de boire
et de manger, de passer d'un lieu à un au-
tre, et de faire toutes les autres actions in-
nocentes qui prouvaient la réalité de son in-
carnation? I) Pyrrhus fit plusieurs questions
qui ne tendaient ((u'à embrouiller la matière.
Mais comme il était convenu que Jésus-Christ,
quoiqu'un et une seule personne, était Dieu
DIalogae
avec Pyrrhu?,
pag. IS9.
et homme tout ensemble, saint Maxime en
inféra que Jésus-Christ voulait et opérait
conformément à ses'naturcs, puisqu'aucune
n'était sans volonté et sans opération; et par
une suite nécessaire, qu'il y avait en lui
deux volontés naturelles et autant d'opéra-
tions essentielles. Il fit sentir à Pyrrhus l'ab-
surdité de cette proposition qu'il avait fait
mettre dans l'Ecthèse d'Héraclius : Il est im-
possible qu'il n'y ait pas autant de personnes qui
veulent, que de volontés; puisqu'il suivrait de
Ih que, comme il n'y a en Dieu qu'une vo-
lonté, il n'y aurait aussi qu'une personne ;
ce qui était l'hérésie de Sabellius ; ou qu'il
y aurait trois volontés, puisqu'il y a trois
personnes, et par conséquent trois natures,
suivant l'erreur d'Arius. Pyrrhus, après bien
des détours, convint que l'on pouvait dire
que, comme il y a en Jésus-Christ un com-
posé de deux natures, il y a aussi un com-
posé de deux volontés naturelles. Mais il ne
voyait pas qu'en admettant une composition
de volontés, il était nécessité d'admettre une
composition de toutes les propriétés natu-
relles, comme du fini et de l'infini, du mor-
tel et de l'immortel. « Comment, dit saint
Maxime, nommera-t-on volonté le composé
de deux volontés? Le composé ne peut avoir
le même nom que ses parties. » Il veut que
l'on dise avec les Pères que Dieu, s'étanl
fait homme, voulait non-seulement par sa
divinité, mais encore par son humanité; que
l'on confesse avec les conciles, et les deux
natures, et les propriétés de chacune, deux
volontés différentes, l'une divine, l'autre hu-
maine. Il fait voir que Jésus-Christ a une vo-
lonté humaine qui lui est naturelle, parce
que le Verbe, en se faisant homme, a pris une
chair animée d'une âme raisonnable, qui ne
peut être sans volonté, puisqu'elle est essen-
tiellement libre, et que la volonté est natu-
relle h l'homme. « En soutenant qu'il n'y a
qu'une volonté, dit encore saint Maxime, il
faut la reconnaître ou divine, ou angélique,
ou humaine, et conséquemment reconnaître
Jésus-Christ ou Dieu seulement, ou d'une
nature angélique, ou puicmenl homme. »
Pyrrhus, pour se tirer de cet embarras, dit
que ceux de son parti enseignaient que la
volonté n'était pas naturelle, mais seulement
que la nature en était capable. Mais saint
Maxime prouve que la volonté est du fond
de la nature. Puis venant aux autcuilés de
l'Écriture, il en rapporte un grand nombre
de passages : Le lendemain Jésus voulut aller
Pi;. 1(4.
Jnan. t,43.
|vii» SIÈCLE.] CITAPITUE LXXVI. — SAINT MAXIME, ANASTASE, ETC.
Joao. XVII,
it.
Malt.
XXTII.SI.
Suit!» dp 1,1
(S,-. 181.
l>3g. 181.
en Galilik' ; Je veux que ceux-ci noient où je suis ;
Ayant goûté du vin mêlé de fiel, il ne voulut
pas en boire; Jésus-Christ marchait en Galilée,
Phiiip. Il, car il ne voulait /ws marcher en Judée; fl s'est
rendu oltéissant jusqu'à la mort. Or. l'obiMS-
loin. \,M. sancc npparlicut <l la volonté. Comme le Père
ressuscite les tnorts, ainsi le Fils donne la vie
'jr.iî9. '* Ç"' '' veut. Saint Maxime insiste sur le
terme comme, qui marque la même nature
et la même volonté du Père et du Fils.
20. Ensuite il prend la défense du pape
Honorins, disant qu'il fallait s'en rapporter,
pour le sens de sa lettre ;\ Sei'gius, non à ce
patriarche, mais ù celui qui l'avaitécrite, c'est-
à-dire à son secrétaire. Or ce secrétaire, en
écrivant à l'empereur Constantin, au nom du
pape Jean, successeur d'Honorins, dit : « Ser-
gius ayant écrit que quelques-uns admet-
tent en Jésus-Christ deux volontés contraires,
nous avons répondu que Jésus-Clirist n'apas
eu deux volontés contraires de la chair et de
l'esprit, comme nous les avons depuis le pé-
ché; mais une seule volonté, qui caractéri-
sait son humanité : et ce qui le prouve clai-
rement, c'est qu'il parle de membres et de
chair, ce qui ne convient pas à la divinité.
Puis prévenant l'objection, il dit: « Si quel-
qu'un demande pourquoi, en parlant de l'hu-
manité de Jésus-Christ, nous n'avons point
fait mention de la divinité, nous dirons pre-
mièrement que nous avons fait réponse sui-
vant la question ; ensuite, que nous avons
suivi la coutume de l'Ecriture, qui parle tan-
tôt de sa divinité, et tantôt de son huma-
nité. )) Le secrétaire d'Honorius et du pape
Jean IV était un abbé nommé Jean. Saint
Maxime montre ensuite cpie saint Sophrone de
Jérusalem, au lieu d'être l'auteur du trouble
que le monothélisme avait occasionné, s'était
donné tous les mouvements nécessaires pour
l'étouflerdès sa naissance: après quoi il expli-
que le passage de saint Cyrille d'Alexandrie,
où il dit que Jésus-Christ montrait une seule opé-
ration par ses deux 7iatu7'es, faisant voir que ce
Père ne parle que des opérations divines,
comme des miracles où la nature humaine
concourait, soit en parlant, soit en touchant
les malades, ou par quelque autre mouve-
ment du corps. Il passe de là à l'explication
de ce qui est dit dans les ouvrages qui por-
tent le nom de saint Denis l'Aréopagite, tou-
chant l'opération nouvelle et théandrique,
et montre que le terme de nouvelle ne si-
^nilie autre chose, sinon que la manière
dont Jésus-Christ opérait était extraordinaire
767
et au-dessus du cours de la nature, et que
le mol théandrique, enfermant les deux na-
tures, enfermait aussi les deux opérations
réiuties en Ji'sus-Christ. Pyrrhus, convaincu
p.ir la solidités des preuves, se rendit, mais
il demanda grâce pour lui-même et pour
ceux (jui l'avaient précédé. Il voulut encore
mettre à couvert de la coudamuation le con-
cile qu'il avait tenu en G3!) pour approuver
plus soleniiollcment l'Ectlièse d'IIéraclius.
Saint Maxime dit qu'on pouvait condamner
l'erreur sans toucher aux personnes ; qu'à
l'égard de ce concile, il n'en méritait pas le
nom, non-seulement parce qu'il avait été
assemblé contre les règles, mais aussi parce
que la lettre-circulaire n'avait point été
écrite du consentement des patriarches; que
ni le jour ni le lieu n'y avaient été marqués ;
qu'il n'y avait en ni promoteur ni accusateur,
et que les évêques qui composaient cette as-
semblée n'avaient point de pouvoirs de leurs
métropolitains, ni les métropolitains de leurs
patriarches. Saint Maxime ne cite dans la
conférence que1rès-peu de passages des Pè-
res touchant les deux volontés et les deux
opérations; mais il en rapporte un grand
nombre dans les réponses aux autres ques-
tions qui lai avaient été proposées par le
moine Théodore ; entre autres de saint Iré-
née, de Clément, prêtre, et de saint Alexan-
dre, évèque d'Alexandrie, de saint Atha-
nase, de Diadochus, évêque de Photice, de
Némésius, évêque d'Emèse, de saint Gré-
goire de Nyjse et de saint Ambroise.
21. Dans le traité de l'Ame, saint Maxime
prouve par divers raisonnements philoso-
phiques, qu'elle est une substance distinguée
du corps qu'elle anime, simple, incorporelle,
raisonnable, immortelle. 11 met la nature du
corps dans les trois dimensions.
22. Les bienfaits qu'il avait reçus du pa-
Irice Grégoire, préfet d'Afrique, l'engagèrent
à lai témoigner sa reconnaissance par une
lettre en forme de discours, où il l'exhorte à
ne point rechercher la magistrature , ni à la
fuir, mais à l'exercer dans l'équité et dans
la justice. Photius compare ce discours, pour
la clarté et la douceur de style ', aux quatre
cents chapitres intitulés : de la Charité.
23. Nous avons neuf lettres de saint Maxi-
me à Jean le Chambellan. Il fait dans la pre-
mière l'éloge de la charité , qu'il représente
comme la source de tous les biens, et comme
' Wiotius, Cad. 194, pag. 506.
lUil. 131 el
seq.
Traité de
l'Ame,p. 19&.
LoKre 60
discours au
Patricu Gré-
goire p. 90! .
Lettres i
Jean le Cbam*
bellao, pag.
319, 3J0,
768
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQL'ES.
faisant seule connaître que l'homiueest créé
à l'iaiaire de Dieu. Il dit dans l;i seconde,
qu'on doit donner l'aumône à tous ceux qui
la demandent, sans les faite attendre, parce
que le délai en celte occasion est une preuve
qu'on ne la donne qu'avec une sorte de re-
gret. La troisième fait voir Tutilitéde la tris-
tesse qui est selon Dieu, parce qu'elle opère
une pénitence stable et salutaire. Dans la
p»f i33. quatrième , il rejette sur le pécbé l'inégalité
des conditions des hommes, dont les uns,
par un juste jugement de Dieu , sont soumis
aux autres, quoiqu'ils aient tous une même
nature. Il établit dans la cinquième la dis-
-"'• tinction des deux natures en Jésus-Christ
contre l'hérétique Sévère. Selon Maxime ,
saint Cyrille d'Alexandrie, en disant dans sa
lettre à Successus une nature du Verbe incar-
née, n'a pas nié la distinction des natures
après l'union ; il ne s'est servi de cette ma-
nière de parler, que pour marquer plus
expressément l'union réelle et intime des
deux natuics en la personne du Verbe, con-
trairement à Xestoi'ius qui n'admettait entre
elles qu'une union morale et d'afl'ection,
comme entre deux amis, parce qu'en ellet il
distinguait deux fils et deux personnes en
'"'■ Jésus-Christ. Il soutient qu'on peut dire dans
un sens catholique que Xotre-Seigneur est
composé de deux natures, de lu divinité et
de l'humanité, et qu'il est en deux uatures,
en la divinité et en l'humanité, puisqu'il existe
et sera toujours indivisiblement en tontes les
deux. Saint Maxime se plaint au commen-
cement de cette lettre de ce que le chan-
celier Théodore avait apporté en Afrique
des lettres sous le nom de l'impératrice ,
adressées au préfet , où cette princesse fa-
vorisait les sévériens; mais il ajoute que le
préfet, pour prévenir le mal que ces lettres
auraient pu occasionner, les avait fait pas-
ser partout pour supposées, et eu avait fait
des reproches au porteur. La sixième lettre
est sur la charité que nous devons avoir
pour notre prochain. II donne dans les
trois autres les moyens d'avoir la paix avec
Dieu.
i.ciins 24. Celle que saint Maxime écrivit à Con-
'.^'Jn'"';'"» slantin, était pour l'exhorter i la pratique des
iMn'"»" commandements de Dieu : il lui tait remar-
r,. ;'ii.'.8: quer (ru au loui' du JuLremcnt nous rendrons
p.r. Ml;» compte desinslruclmnsquenous aurons (lon-
»«'■ ' nées ou reçues. Les deux lettres suivantes,
dont l'une est ;'i Jean archevèiiue de Cyzique,
l'autre au piètre Jean, traitent de la nature
de l'âme. Saint Maxime soutient qu'elle est
si)irituelle , intelligente, immortelle , incor-
ruptible, étant faite à l'image de Dieu qui a
toutes ces qualités, mais dans un autre sens,
et que par sa séparation d'avec le corps, elle ne
perd aucune de ces facultés qui lui sont na-
turelles. Dans une seconde lettre au même
prêtre, il dit que la terre de promission d'où
devait couler le laitetlemiel, est Dieu même
qui nourrit tous les hommes à tout âge par
l'infusion de ses grâces et de ses bienfaits.
Il traite dans celle qu'il adressa à Thalassius,
supérieur d'un monastère , des différents
motifs qui font agir les hommes : il l'exhorte
à ne se laisser conduire que par l'esprit de
Dieu, et à rejeter toutes les suggestions de
la nature et du monde. Il fait voir dans
la Lettre à une abbesse de quel prix est de-
vant Dieu la conversion du pécheur; que
c'est un crime égal de ne pas se repentir de
ses fautes, et de refuser la pénitence à ceux
qui la demandent : d'oii il infère qu'elle de-
vait recevoir chaiitablement une religieuse
qui, après être sortie de son monastère, y
était revenue pour faire pénitence.
25. La lettre <i un seigneur nommé Pierre
est un traité où saint Mnxime établit la dis-
tinction des deux natures après l'union. Il
y répond aux objections des sévériens, mon-
tre que la Sainte-Vierge est véiilablement
Mère de Dieu , et prend la défense de celle
proposition de saint Cyiille : Une nature du
Verbe incarnée, parce qu'en même temps que
cette proposition exclut la confusion qu'A-
pollinaire mettail dans les natures depuis l'u-
nion, elle exclut également la division que
Nestorius eu faisait, en ne les disant unies
que d'affection. C'est ce que ce Père explique
dans une seconde lettre â Pierre. Il y parle
d'un traité sur l'union et la distinction des
deux natures en Jésus-Christ , adressé à
Cosme, diacre d'Alexandiie , qui après avoir
été, ce semble, engagé dans l'hérésie des
sévériens, l'avait abandonnée pour se réunir
à l'Église catholique. Saint Maxime y suit I.i
méthode des schnlastiques; mais il appuie
ses propositions de plusieurs passages des
Pères, de saint Basile, de saint .\mpliiloque,
de saint Grégoire de Nazianze. C'est encore
l'hérésie de Sévère qu'il y combat. Il le finit
par une profession de foi où il reconnaît
qu'il y a deux natures en Jésus-Christ, qui,
quoique distinctes l'une de l'autre, même
après l'union, soni lellomcnl unies, que nous
rendons à l'incarné une même adoration
Pierre, pt
:r.ii ri m: ;
Co^nir, |M
:;i.i et iiU
k de< reltpM
•e«, pir. m;
k Julleb. I
m.
Ivii* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVI. — SAINT
avcp lo PiSre et \c Sninl-Kspril '. Par iino mi-
tre lettre, il témoigne sa douleur à Cosinn
des calomnies répandues contre Gri'goire,
préfet d'Afrirjne . et exhorte rc diacre à
prendre la défense de la vérité , sans a[ipré-
hender les tourments ni les mauvais traite-
ments. Il écrivit, an nom de ce préfet, .'i des
rclii,Menses d'Alexandrie, qui, après avoir
quitté l'hi'rt'sie des scvériens , s'y étaient
laissé entraîner de nouveau, pour les cnga-
gçv à l'aliandonner de bonne foi, et à s'atta-
cher inviolalilement h la doctrine de l'KuHso.
Ou voit par cette lettre, que Grégoiie, ou
(ioor<4es, comme d'autres l'appellent, leur
avait fait beaucoup de bien, et qu'il avait
écrit en leur faveur aux ^.^rands de l'Empire,
pf môme aux empereurs. La lettre de saint
Maxime ii Julien , avocat d'.\lexaudrie , est
un éloge de sa fermeté dans la foi. Il y relève
aussi la constance qu'un autre avocat de la
même ville, nommé Christopemptus, avait
fait paraître pour la défense de la vérité.
26. Quelque temps avant que Pyrrhus eût
été élevé sur le siège patriarchal de Cons-
tantinople, et qu'il se fut déclaré ouverte-
ment pour l'hérésie des monothélitcs, saint
Maxime avait reçu de lui une lettre où il
disait qu'il n'y avait qu'une opération en
Jésus-Christ. Il ne rejetait pas pour cela la dis-
tinction des deux natures : et, pour expliquer
sa pensée , il apportait la comparaison d'un
couteau rougi au feu, qui coupe et brûle tout
ensemble. Saint Maxime , en répondant h la
lettre de Pyrrhus, le pria de s'expliquer plus
clairement sur l'unité de vertu et d'opératioa
en Jésus-Christ : car il ne trouvait point que
la comparaison qu'il apportait , et que saint
Basile et d'autres anciens avaient faite avant
lui , prouvât qu'il n'y eût qu'une opéra-
tion dans le couteau rougi, qui coupe
et brûle en même temps. Ce sont au con-
traire dans un même sujet deux opérations
distinctes , quoique inséparables. Aussi ce
Père s'en servit, dans sa Conférence avec
Pyrrhus, pour prouver qu'il y avait en Jésus-
Christ deux opérations, encore qu'il n'y eût
qu'une personne qui opérât. Les lettres sui-
vantes ne contiennent rien de bien intéres-
sant : nous remarquerons seulement qu'en
MA.MMK, ANASTASE, ETC.
7«9
IV lUr.in
21,27.
Dialogues
ur la TrioiU',
répnuda)il au prêtre TIial;issius, qui lui avait
demandé comment il aiiivait que la colèri!
do Dieu cessîM, lorsque les rois des nations
hii immolaient leurs propres enfants, nu
leurs proches, pour l'apaiser et délourner
les lléaux dont leurs Etats étaient menacés;
il dit que l'on ne doit point douter de la vé-
rité des faits que les anciennes histoires laj)-
portent sur ce sujet : mais il renvoie h un
autre temps l'examen des raisons qui pou-
vaient mouvoir le Seigneur .'i se laisser flé-
chir par de semblables sacrifices. II croit que
Dieu ne les a permis que pour pn'parnr les
hommes au sacrifice qu'il voulait lui-même
faire de son Fils pour la rédemption du genre
humain, et cite l'endroit du quatrième lisre
des Itois, où nous lisons que le roi des Moa-
bilos, se voyant près d'être livré aux rois de
Judas et d'Israël, moula sur la muraille de
sa ville , et immola à leurs yeux son propre
fils et l'héritier de sa couronne : ce qui les
engagea à se retirer chacun dans leur
royaume.
27. L'on a déjà remarqué dans les volumes
précédents *, que les cinq Dialogues sur la p"c- ■*'
Trinité , après avoir été imprimés sous le
nom de saint Athanase, ont enfin été rejetés
comme n'étant pas de lui; et que ceux qui
les ont donnés à Théodoret, n'en ont pas
apporté des raisons convaincantes. Ce qu'il
paraît y avoir de mieux dans une question
aussi dillicile à décider, est de les attribuer
à saint Maxime, dont ils portent le nom dans
les manuscrits de Rome, de Venise et de
Vienne. Ce dernier forme un témoignage
d'autant plus solide , que ces cinq Dialogues
y sont de suite avec les autres ouvrages de ce
Père ', que personne ne lui conteste. 11 faut
ajouter que les controversistes grecs qui ont
écrits depuis qun tre à cinq cents ans ', les ont
cités sous le nom de saint Maxime. Les héré-
tiques que l'on combat dans ces Dialogues,
sont les ariens, les macédoniens, les apollina-
ristes, sectes qui n'étaient plus en vigueur du
temps de saint Maxime. Il n'y est rien dit
contre les nestoriens, les eutychiens. les sévé-
riens , le*monothélites, qui troublaient alors
l'Eglise : n'était-il pas naturel que ce Père
s'appliquât plutôt à détruire des hérésies qui
' Quo fit ut et Incarnato unam r.um Pâtre et
Spiritu sancto adorationein adhibeamus. Pag. 332.
' Voyez tom. IV, pag. 182 et suiv., et tom. X,
pag. 108.
> Lambecius, lib. IV, pag. 212.
XI.
* Dometrius Cydonius, De Processione Spiritus
Sancti, cap. v; Gveg. Conslanlinop., apud .Allât.,
tom. I Grœcioe Orthodox., pag. 448; Manuel Cale-
cas, tom. II Auctuarii Combefis, pag. 37 et 133.
49
770
HISTOIRE GÉNÉRALL DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
se répandaient paiioul, qu'à combattre celles
qui n'avaient que peu ou point de sectateurs?
C'est un argument qu'il n'est pas aisé de ré-
soudre ; mais il n'est pas convaincant. Saint
Maxime a employé près de la moitié de ses
ouvrages à réfuter les hérésies de son temps.
Il a pu, par quelque motifquinenousestpas
connu, combattre celles qui avaient précédé
et qui ne laissaient pas d'avoir du rapport
avec les nouvelles : car, en établissant la
distinction des deux natures en Jésus-Christ,
il fallait prouver également, et qu'il était
Dieu, contre les ariens, et qu'il était homme
parfait, contre les apollinaristes. Quel rap-
port avait au monothélisme l'hérésie des ma-
nichéens"? Toiitefojs on cite un Dialogue
entre un orthodoxe et un manichéen sous le
nom de saint Maxime.
Mj,iteo«i« 28. Il explique dans sa Mystagogie ce que
ifertîf.^V?! signiGenl les cérémonies de l'Église dans la
célébration des saints mystères. Ses explica-
tions, quoique allégoriques, sont du moins
une preuve que la liturgie grecque était
alors la même qu'aujourd'hui. Saint Maxime
cite celles que saint UenysTAréopagitc avait
données : car il ne doutait pas qu'il n'en fût
c.p. ,. auteur ; et il déclare qu'il ue suivra pas la
même méthode. L'Église est selon lui la
figure de Dimi, en ce qu'elle réunit dans
son sein les fidèles de tous les pays du mon-
de, comme Dieu contient et renferme , pour
ainsi dire, toutes les créatures. Il distingue,
„. dans les églises matérielles, le sacraire où
les ministres de l'autel étaient placés, d'avec
le temple, ou cette partie de l'église que nous
appelons la nef, où le peuple prenait place.
Il parle de l'introït de la messe, de la lec-
ture des livres saints, du chant des cantiques
»,„. et des psaumes, de la paix que l'évéque
donnait aux fidèles, de la lecture de l'Évan-
I,.,,,. gile, après laquelle on faisait sortir les ca-
téchumènes, et tous ceux à qui il n'était pas
permis d'assister à la célébration des saints
mystères; dubaiserdcpaix que lesfidèlesse
donnaient mutncllemenl, de la récitation du
, „. Symbole, du Trisagion, de la récitation de
xeiiiix. l'Oraison dominicale, de l'exclamation que
j,. tout le peuple faisait à la fin du sacrifice, en
,j, disant: Un saint, un Scif/neur ; paroles qui
marquaient l'union que les fidèles contrac-
taient avec Dieu par la participation des my-
«r. stères, autant que cette union est possible A
l'homme. 11 explique mystiquement toutes
■ Leqiiii'D, tom. I, Oper, Damasccii., pag. 428.
ces cérémonies, même l'usage de former les
portes de l'église lorsqu'on en avait fait sor-
tir les catéchumènes. La Mystagogie de saint
Maxime a été imprimée à Augsbourg en
159'J, avec la traduction de Gentien Hervet ,
qui avait d'abord été donnée séparément à
Venise en 1548. On la trouvée au.ssi dans le
recueil des Écrits liturgiques par Claude de
Saintes à Anvers en 1362. dans le second
tome de l'Auctuarium de Fronton le Duc, à
Paris en 1624, et dans les Bibliothèques des
Pères. [Dom Pilra a promis de donner au
public dans le Spicilegium Solesmenseie texte
véritable de la Mystagogie.]
29. Le dernier des ou\Tages de saint «"■■•'i*
Maxime dans l'édition du P. Combefis, est \Y'"'"
un recueil de plusieurs passages de l'Ecri-
ture, et des auteurs tant Lcclésiastiques que
profanes, rapportés sous diUerenls titres. Ce
recueil est composé de soixante-onze dis-
cours ou chapitres, qui traitent des vices et
des vertus, des amis et de l'amitié frater-
nelle, de la royauté et de la puissance sé-
culière, des ricliesses et de la pauvreté, de la
prière que nous devons faire à Dieu, de l'étude
des belles-lettres et de l'éloquence, de l'hon-
neur du aux parents et de l'amour qu'ils
doivent à leurs enfants, de la mort, de la paix
et de la guerre, du devoir des femmes, et
de beaucoup d'auti'es matières sur lesquelles
il rapporte grand nombre de maximes mo-
rales, la plupart belles et fort instructives.
Gesner mit sous presse ce recueil en grec
et en latin à Zurich eu 1346, mais ea le con-
fondant avec celui d'Antoine Mélisse ; con-
fusion qui s'est continuée dans l'édition de
Genève en ItiOO. Celle de Francfort eu 1581
n'est pas moins défeclueuse , puisque les
chapitres de saint Maxime s'y trouvent mê-
lés parmi ceux d'Antoine Stobée.
30. Saint Maxime Ct i;assi des Commen- cot.n,fr.i,i.
... . FM d" falot
taircs sur les livres qui portent le nom de m» m. ,„
saint Denvs l'Aréopaiiitc. On ne les trouve ' Ar< p fi.
point dans l'édition de Paris en lG7o par le j;^"^"^
P. Combefis : mais ils sont dans celle dos o'u-
vres de saint Denys, à Paris ea 1613, 1644,
et à Anvers eu 1634 par leP.Cordier. Nous
n'avons qu'une petite partie de ses Com-
mentaires sur les endroits difficiles de .«aint
Grégoire de Xazianze, imprimée à Oxforl en
16S1 à la suite de cinq livres de Scot Érigène,
intitulés : de la Division de la nature ; le reste
est en manuscrit dans la bibliothè(jue du
Roi. Jean Scot Erigène, qui les traduisit en
latin, dédia sa traduction à Charles-le-Chauve.
L
vrts de S.
Il e qui
jierdu,'.
[VII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVI. — SAINT MAXliMK, ANASTASK, ETC.
(lu la conserve dans lit bibliollièquo tli; l'ab-
liMyd lie Cluny. [Les Coinuientaires snr saint
Ueiiys et sur sniiit Grégoire de Nazianze
ont été publiés en entier en grec avec Ira-
(kiction latine pcir Fr. Oeliler, ù Halo eu Saxe
1837, sur un manuscreiit du xin° siècle, 1
vol. in-8.1 Le F. Petau nous a donné sous
ie nom de saint Maxime un calcul ecclésias-
tique ou cycle pascal , adressé au patrice
Pierre '. 11 est divisé eu trois parties, dont
chacune a sa roulette pour trouTCr le jour
de la PAque, les épactes et tout ce qui ap-
partient à cette matière. La troisième partie
est suivie d'une clironique abrégée qui s'é-
tend beaucoup plus loin que le rèiïue de
Constant ou Constantin, sous lequel saint
Maxime soull'rit le martyre : ainsi elle ne
peut être de lui, en l'état où elle est ; mais
il peut avoir doimé l'explication des princi-
paux événements arrivés sous le gouvernc-
ment de Moïse, de Josué, et sous le rè^ne
des rois d'Israël, des Perses et des empe-
reurs romains, puisqu'il ue conduit celte
explication que jusqu'à l'an o-io, le 20° de
l'empire de Justinien, du monde 6043 , sui-
vant sa manière de compter. Dans son cy-
cle S qui finit en 041, il suit le même calcul
que les Romains : ce qui n'est pas surpre-
nant, puisque les Grecs et les Latins suivaient
celui des Alexandrins, et qu'ils en avaient
pris les uns et les autres le cycle lunaire.
31. Des deux lettres que saint Maxime
avait écrites à l'abbé Thomas', il ne nous
en reste qu'une, que Gakeus a traduite en
latin, et mise à la suite des cinq livres de
Scot Érigène, imprimés à Oxfort en 1081
avec les explications de quelques endroits
difficiles de saint Grégoire de Nazianze par
saint Maxime. On cite de lui un Dialogue
entre un orthodoxe et un manichéen ', un
Discours sur le second avènement de Jésus-
Christ', un Dictionnaire étymologique ', une
Chronologie succincte de la vie de Jésus-
Christ', des Questions sur divers sujets adres-
sées à Nicéphore Cartophylax de Constanti-
nople, et plusieurs autres ouvrages qui n'ont
pas été mis sous presse. On peut voir là-des-
sus le catalogue de la Bibliothèque Coisline
par le P. de Montfaucon, l'Apparat de Posse-
vin , et la Bibliothèque nouvelle des manus-
crits du P. Labbe.
771
' Petavius, in Vranolog., pag. 313, edit. Paris,
1630.
* Idem, in notis. pag. 306.
' Photius, cod. 194, pag. 510.
3!2. Lu variél(! des sujets que saint Maxime jogcnitnu
a traites dans ses ouvrages, en a occasionne <io»incM.«i.
. " ' mu. Edlllon»
tiaiis le style: guindé et obscur dans ses «owkeuiim.
explications alh'goriques et mystiques, il est
simple et clair dans ses explications morales.
Ses lellres ont un air do piété et de do\iceur
qui les fait estimer, (pioique les règles du
style épistolaire n'y soient pas gardées. On
lit avec moins de plaisir ses écrits polémi-
ques, parce qu'ils sont trop ditl'us , et qu'il
s'y attache trop à la manière de raisonner
des scolastiques. Il ue laisse pas de presser
vivement ses adversaires, et de les ramener
au point de la question, lorsqu'ils cherchent
à s'échapper par des détours et de vaincs
sublililés. Un des plus intéressants est la
Conférence avec Pyrrhus ; mais ce n'est pas
le mieux travaillé, et il y a apparence que
saint Maxime nous l'a donné tel qu'il était
sorti des mains des notaires qui écrivaient
ce qui se disait de part et d'autre, sans que
lui ni Pyrrhus eussent le loisir de polir et
de châtier leurs discours , étant oljligés de
parler sur-le-champ. On doit, par la même
raison, l'excuser de n'avoir pas observé les
lois de la dialectique dans les raisonnements
dont il appuya en celte occasion la cause de
la vérité. L'édition la plus ample de ses œu-
vres, est celle qu'eu a donnée le P. Combe-
fis, à Paris en 1073, en deux volumes in-fol.
Ce savant éditeur en avait promis un troi-
sième, qui devait contenir les explications
de saint Maxime sur les ouvrages de saint
Denys l'Aréopagite, et sur quelques endroits
de saint Grégoire de Nazianze : il n'a pas
tenu sa promesse. La plupart des opuscules
contenus dans ces deux volumes ont été im-
primés séparément, comme on l'a remar-
qué plus haut on les trouve aussi dans les
Bibliothèques des Pères. [On trouve une
courte observation de saint Maxime dans le
tome XIV de la Bibliothèque des anciens
Pères, par Galland, Supplément, pag. 133.
La Patrolorjie grecque, tomes XC, XCl, re-
produit l'éditiou de Combefis avec une no-
tice de Fabricius, et avec les additions que
Oehler a données en 1837 à Haie. Les Scolies
sur saint Denys sont au tome IV de la Pa-
trologie grecque, parmi les œuvres de saint
Denys l'Aréopagite. Le Comput ecclésiasti-
que est reproduit au tome XIX parmi les
* LequieD, ad Damascen., tom. I, j.ag. 428.
5 Combefis, »! prospeclu Op. S. Jlaximi.
5 Id. in notis, tom. I, pag. 680.
' Lambeoius, lib. V, pag. 114, et lib. VI, pag. 56.
772
HISTOIRE GKNÉHALE DES AUÏELHS ECCLÉSIASTIQUES.
Anuta»
disciple de S.
Utti'iie, 54
Lettre iQi
molaesdfrCi-
glliri.
Alll«l4f«
Apecriiiaiie
dl fiont.
suppléments à la Chronique d'Eusèbe. Au
tome XCI de la Patrologie grecque, col. 1419-
424, on trouve trois hymnes de saint Maxime
ieproduites d'après Daniel, Thésaurus hym-
nolog. , m, pag. 97 et seq. La 1" est une
hymne d'actions de grâces et de supplications
à Dieu ; la seconde est une hymne de suppli-
cations par manière de louanges; la troisième
est en l'honueur de la sainte Trinité.]
33. Nous ue connaissons du moine Anasta-
se que la lettre qu'il écrivit d'après les ordi-es
de saint Ma.\Lme en 635 aux moines de Ca-
gliari'en Sardaigne '. Il leur marque que les
monothéliles, résolus de ne pas suivre la doc-
trine des Pères , ne savaient eux-mêmes la-
quelle suivre; et qu'après avoir avancé qu'il
ne fallait dire ni une ni deux opérations, ils
en admettaient deux et une, c'est-à-dire,
trois eu un même Jésus-Christ : façons de
parler qui ne répugnent pas moins à la rai-
son naturelle, qu'au langage des Pères et
des Conciles, et qui n'ont pas même été en
usage parmi les anciens ni les nouveaux hé-
rétiques. Il fait voir que, les deux-natures
ayant conservé chacune leur propriété, il
est absurde d'en imaginer d'autres qui n'ont
aucune réalité ; que saint Denys n'a pas dit
tine seule opération, mais une opération nou-
velle, c'es'-à-diieextraoïdinaire, et au-dessus
du cours de la nature ; et déivirile ou tltéandri-
que, parce que les deux natures agissaient
conjoiutement. Il remarque que les monothé-
htes avaient fait agréer leui- système aux lé-
gats du Saint-Siégc ; et dans la crainte que
l'erreur ne séduisit beaucoup d'autres per-
sonnes, il prie les moines de Cagliari daller
au plus tôt à Rome pour se joindre aux hom-
mes pieux qui y étaient et qui soutenaient
vigoureusement la vérité, afin de conserver
la foi orthodoxe sans aucune nouveauté, en
n'approuvant que ce qui avait été défini par
les Pères et les Conciles. Cette Lettre se
trouve dans le premier tome des œuvres de
saint Maxime, dans les recueils d'Anaslasc
le Bibliothécaire, imprimés à Paris en lG2t)
par le P. Sirmond [clans la Patrologie grec-
que, tome XCI, col. 734, et dans la Patrolo-
gie latine, tome CXXIX, col. 1)23].
34. On y trouve encore celle qu'Anastase
Apocrisiaire de Rome , le compagnon des
travaux et des soutfrances de saint Maxime,
écrivit à Tiiéodose , prêtre de Gangres et
moine de Jérusalem '. 11 y parle de la mort
de ce saint abbé, de celle du moine Ana-
stase, de ce qu'il eut lui-même a soutlrir de
la part desmonolhélites, et des secours qu'il
reçut, dans son exil de Lazes, de la part
d'Etienne, trésorier de l'Église de Jérusa-
lem, qui l'était venu voir. Il prie Théodose
de lui envoyer les actes du concile de Lalran
tenu en 649 sous Martin I", voulant profiter
de son exil pour connaître la vérité partout
où il le pourrait. Avec cette lettre, il envoya
à Théodose plusieure passages de saint Hip-
polyte, évéque de Porto et martyr, pour éta-
blir les deux volontés et les deux opérations
en Jésus-Christ. Anastase composa plusieurs
ouvrages, et les éciivil lui-même, quoiqu'on
lui eût coupé la main droite : ce qui fut re-
gardé comme un miracle. Il faisait attacher
au bout de son bras deux petits bâtons, avec
lesquels il tenait la plume. Il parlait aussi
très-distinctement, quoiqu'il eût eu la langue
coupée jusqu'à la racine.
35. Théodose et Théodore frères, et tous Tbtod^fn
deux mornes de profession, racontent ces i.e<ir.««ri«.
faits comme les ayant appris de témoins di-
gnes de foi. Ils avaient ' même eu de l'abbé
Grégoire les deux petits bâtons d(^it Ana-
stase se seiTait pour écrire sa lettre à Théo-
dose, prêtre de Gangres, les passages tirés
des écrits de saint Hippolyte pour les deux
volontés et les deux opèruiious, et quelques
syllogismes qu'Anastase avait composés poui'
établir cette doctrine. Xous avons encore
tous ces monuments parmi les actes de saint
Maxime '. On y a inséré l'Hypomnesticon
de Théodose et de Théodore, comme en fai-
sant partie. En etiet, ils y parient de sa
mort et des miracles qui s'opéraient à son
tombeau, de la mort des deux Anastase ses
disciples, de celle du pape Martin I" et des
tourments que les monolhrlites lui firent
souttVir. On a joint à l'Hypomnesticon l'écrit
d'un anonyme', qui est une invective auièi-e
contre ceux de Constantinople, à cause des
persécutions qu'ils avaient suscitées à saint
Maxime et aux deux Anastase. U dit quelque
chose des ouvrages de ce Père.
' Les éiiitears de la Patrologie grecque atlri.
liucnt celle lettre à Auastase, abbé du monastère
lie Saint-Euthjmius; mais ou ne voit pas que cet
ubbé ait Mè disciple de saint Maxime. {L'éditeur.)
» Tom. I Oper. S. Xaximi, pag. 13.
» Toni. I Op. S. ilaximi, pa^. G7, et in llypo-
mnestico, ibid., pat;. 80. — ' Ibid., pag. 80.
' Ibid., pag. 67 et euiv, — ' Ibid., pag. 83.
[VII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVII. — SAINT ILDEFONSE, QUIRIGIIIS, ETC.
ITd
CHAPITRE LXVII.
Saint IldefoQse arnhovcqne de Tolède |667|, Quiricias de Barcclonne
Taïon de Saragossc.
[ Écrivains latins de la môme époque.]
Saint II-
dBfiiQse patt
dans Jes coin,
mfiiceiieots
du soptièiiio
tièr'e- Il en)-
bra^so la vie
■ liaM que,
r. il >l.l>é,
^ c au but'
Uinii- cnnclle
de Tolède en
tu.
1. Le zèle que saint Ildefonso a fait pi-
raître pour la défeuse de l'iioniiour de la
Sainte-Viorgo, l'a rendu célèbre dans l'Égli-
se'. 11 naquit à Tolède dans les commence-
ments du vn° siècle. Ses parents le mirent
de bonne heure sons la discipline de saint
Isidore de Sévillc. Ce fut là qu'il apprit à
mépriser les vanités du siècle, qu'il quitta
en etlet pour s'enfermer dans le monastère
d'Agli aux faubourgs de Tolède. Il en fut
depuis choisi abbé , et assista en cette qua-
lité, avec neuf autres abbés, au huitième
concile de Tolède en 653.
11..!! fait, 2. Saint Eugène, évèque de cette ville,
i»dc .n 057 ; etaut fflort sur la fin de 1 an 6o7 ou au com-
rii:'i't en tîû7.
Se- tcriis. mencement de 638 , on mit h sa place saint
Ildefonse, qui gouverna l'église de Tolède
pendant neuf ans et deux mois. Sa Vie fut
éccrite par Zixilane - et par Julien ', qui fu-
rent l'un et l'autre ses successeurs. Le der-
nier remarque que saint Ildefonse avait
lui-même divisé ses écrits en quatre parties,
dont la première contenait un livre en forme
de prosopopée de sa propre faiblesse, un
ti'aité de la virginité perpétuelle de la Sainte-
Vierge contre les infidèles, im opuscule sur
les propriétés des trois personnes divines,
un autre qui contenait des remarques sur
les actions de chaque jour; un sur les sacre-
ments ; un livre en particulier sur le bap-
tême; un traité des progrès dans le désert
spirituel. La seconde partie renfermait ses
lettres, avec les réponses qu'on y avait fai-
tes. Les siennes ne portaient pas toujours
son nom : quelquefois il en empruntait d'é-
trangers, ou il enveloppait le sien de diver-
ses énigmes. Il avait composé la troisième
partie de messes, d'hymnes et de sermons ;
et la quatrième, de plusieurs petits ouvrages
en vers et en prose, parmi lesquels il y avait
des épitaphes et des épigrammes. Outre les
ouvrages renfermés dans ces quatre parties,
Ildephons. Vita et Elog., tom. II Act. Ordin.
S. Bened., pag. 494.
' Ou Cixila. {L'éditeur.) — ^ Ildephons. Yita et
Son livre
delaVIrciniie
il en avait commencé d'autres que ses occu-
pations ne lui permirent pas d'achever.
3. Ue tous ces écrits, il ne nous en reste
qne trois, dont un est le livre de la Virginité forp'iu»]iede
■^ ~ l"Salnle-Vier.
perpétuelle de la Sainte- Vierge. Saint Ilde- ^'•
fonse le composa à la prière de Quiricius,
évèque de Barcelonne, comme on le voit par
les lettres que ces deux évoques s'écrivirent
mutuellement, et qui ont été imprimées dans
le second tome du Spicilége de Dom Luc
d'.\cliéri'*. Dans l'une, Quiricius admire la
clarté avec laquelle saint Ildefonse avait
développé les mystères de l'incarnation et
de la naissance du Seigneur , en mettant
dans un plein jour les endroits où l'Écriture
parle avec quelque obscurité sur ce sujet;
de sorte qu'il ne craint point de dire qu'il
avait confondu Jovinien, Helvidius, et le juif
perfide et incrédule. C'étaient les tj-ois Infi-
dèles, contre lesquels Julien de Tolède dit
que saint Ildefonse avait entrepris son ou-
vrage. Thomas Tamayus, dans ses notes sur
la Vie de ce saint, dit que son livre de la
Virginité n'est autre que la messe qu'il com-
posa en l'honneur de la Sainte-Vierge'^; mais
on ne peut douter que ce ne soient deux ou-
vrages différents. Le livre de la Virginité est
divisé en douze grands chapitres, où le saint
établit la virginité perpétuelle de Marie, à
la manière des controversistes, par des pas-
sages de l'Ancieu et du Nouveau Testament,
et par des raisonnements fondés sur l'un et
sur l'autre. La messe en l'honneur de la
Sainte- Vierge était d'autant moins suscep-
tible de controverse, et d'une si grande éten-
due, qu'il l'avait lui-même notée pour être
chantée en musique. Ajoutons que Zixilane,
évèque de Tolède, distingue ces deux ou-
vrages, en attribuant formellement £i son
prédécesseur un traite delà Virginité, et une
messe en l'honneur de la Vierge °.
4. Saint Ildefonse commence ce traité irai'é!" ^^ "
Elnrfiiim. Ibid., p-.g. 491. — ' Pag.308, 10, 311, ."îlî!. •
» .Mnliillon., Ohserrat. Tom., Il Ad. Ord. S. Be-
nedicti, pag. 'i97. — ^ Ibifi., pag. 496,
774
HISTOIKE GÉNKRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap. 1.
c«r- »!'•
Autre Iraiti
ilel'Mfïloili
de JUnr. IL
D f?t laîdcS.
par une prière qu'il lui adresse, et où il lui
donne en divers termes synonymes toutes
les louanges que l'on peut donner à la Mère
de Dieu'. Ensuite il prouve, par plusieurs
passages de l'Écriture, qu'il était néces-
saire que sa virginité fut parfaite, son sein
étant la maison de Dieu, et celui qui devait,
naître de ce sein ayant été engendré Dieu
dès avant l'aurore, c'est-à-dire de toute éter-
nité. D'après Ildefonse, attaquer sa virginité,
c'est attaquer celui qui est né d'elle; son
Fils est Dieu parfait comme il est homme
parfait ; il a été aussi facile à Jésus-Cbrist
de conserver la virginité de sa Mère, que de
naître miraculeusement d'elle, et de faire
quantité d'autres miracles ; les anges ont
rendu témoignage à la virginité de Ma-
rie, en lui disant, lorsqu'elle eut répondu
qu'elle ne connaissait point d'homme : Le
Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu
du Très-Haut votts couvrira de son ombre;
c'est pourquoi le fruit saint gui naîtra de vous
sera appelé le Fils de Dieu. Il invoque avec
beaucoup de dévotion la Sainte-Vierge, afin
d'obtenir la grâce du Saint-Esprit , et par
cette grâce celle de posséder Jésus-Christ
son Fils. Ensuite il proteste que Tbonneur
qu'il rend à la Mère ' se rapporte au Fils,
sans se terminer à elle ; et que s'il sert Ma-
rie, c'est pour devenir le serviteur de son
Fils, pour lui êlrc plus soumis et plus uni.
« C'est ainsi , ajoute-t-il , que le service que
l'on rend ù la reine tourne à l'honneur du
roi. )) Ce traité est d'un style coupé et sen-
tentieux.
5. Il n'en est pas de même d'un autre Irai-
té sur la virginité perpétuelle de Marie, que
François Feu-Ardent a fait imprimer avec le
précédent sous le nom de saint Ildefonse. Il
est écrit d'une manière moins concise et plus
dogmatique, chaigé de passages des Pères,
comme de saint Jérôme, de saint Augustin ,
de saint Grégoire-!c-Grand , de saint Cyrille
d'Alexandrie, de saint Pierre de Ra venue,
dont aucun n'est cité dans le premier traité.
D'ailleurs, l'auteur dédie son ouvrage àl'ab-
besse et aux religieuses de Sainte-Marie de
Soissons, qu'il appelle de temps en temps
ses mères, et matrones très-chères. Cela ne
DVTC d« Il
conDii>-'aDea
convient point à saint Ildefonse, qui, ayant
passé toute sa vie en Espagne , ne pouvait
avoir de si étroites liaisons en France. Il y
a donc plus d';ipparence de raison de l'attri-
buer à Ralhert ', dont il porte le nom dans
un manuscrit de Corbie. 11 y combat, non,
comme saint Ildefonse, les ennemis décla-
rés de la vraie foi, mais les théologiens de
son temps, qu'il appelle Frères, qui en re-
connaissant que Marie est Mère de Dieu ,
pensaient qu'elle avait accouché à la ma-
nière des autres femmes : ce que Jovinien
avait dit avant eux, avec cette diû'érence
qu'ils ne niaient pas comme cet hérétique la
virginité perpétuelle de la Sainte-Vierge.
6. Saint Ildefonse ne dit rien de nouveau
dans le livre intitulé : De la connaissance du
baptême '. Seulement il y met par ordre ce ^° ûp'*»».
qu'il avait lu dans les anciens : c'est pour
cette raison qu il lui a donné ce titre. On peut
diviser cet écrit en deux parties, dont la pre-
mière traite des inslruclions que l'on donne
à ceux que l'on prépare au baptême ; la se- ^
conde, de ce qu'ils doivent faire après l'avoir
reçu, et de ce qu'ils doivent espérer, 11 com-
mence par une exposition de foi sur la Tri-
nité, à qui il attribue la création de l'uni-
vers, et de toutes les créatures visibles et
invisibles : puis, passant à la chute de l'hom-
me, il marque tous les moyens que Dieu a
employés pour le relever : ce qui ne s'est
fait parfaitement que par le mystère de
l'incarnatiou, qui est l'ouvrage des trois per-
sonnes divines, quoique le Fils seul se soit
incarné. Le baptême de saint Jean n'était
qu'une préparation à celui de Jésus-Christ,
qui seul remet les péchés, n'importe qu'il
soit administré par un bon ou par un mauvais
ministre, parce que c'est Jésus-Christ qui
baptise. Saint Ildefonse parle des cérémo-
nies qui précédaient et accompagnaient le
baptême, des exorcismes, de l'onction des
catéchumènes, du symbole qu'on leur faisait
apprendre, qu'il dit avoir été composé par
les apôtres, et donne l'explication de tous
les articles qu'il contient; de l'autorité des
divines fxriturcs ; du canon des livres saints
de l'un et de l'autre Testament, cpii est le
même qu'aujourd'hui ; de l'utilité que les
' Tniii. XII Biblioth. Pa«.,pa!z. 550.
' Xdin ego ut sim serviis filii ejuf, hanc niihi
domiiiari prœopto. VI sim dévolus servus filii,
scrvitittrin fidelilcr appeto gcnilrici.<... Sic Iransit
honvr in rrgmi, ijui deferlur in fumulalum rc-
ginœ. i"'ip. xu.
' Mabillou, Toui. Il Àct. Ordin. S. Benedicli,
pag. 497. — [C'.Vsl le fcntinicnl qu'embrasse aussi
l'éiliteur ofii.iguol «ic-s (HCuvrcs de saiut lliic -
fonsp.l
' Tniu. VI Uisrdian. Bnluzii. p«f.'- '*■
[vm" SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVII. — SAINT ILDKFONSE, QUlItlCIUS, ETC.
773
morts reçoivent des oblations et des aumô-
nos lies fiJiMcs vivants; du passage do la
Mer-llonge et des aiilres Rgiiros du haptênin
dans l'Ancien Tcslainonl ; de la parlicipation
au corps cl au sang- do Jtisiis-Christ, accorddc
aux. nouveaux baplisds aussitôt après leur
baptême. 11 snndile dire ' qu'il y avait à To-
lède des fonts baptismaux qui se remplis-
saient d'eux-mêmfs au jour du baptême so-
lennel, et dont l'eau s'écoulait de même. Les
jours destinés au baptême étaient ceux de
PAqucs et de la PcnteciMe. La tradition des
Apôtres et des Pères n'en connaissait point
d'autres, sinon dans le cas de nécessite. L'é-
vèque devait être présent, excepté dans les
paroisses éloignées, d'où il n'était pas facile
de venir ti l'église Ju lieu où l'évoque faisait
sa résidence. Celui qu'on baptisait renonçait
il trois choses : au diable et ;\ ses anges, à
ses œuvres et à son empire ; c'est pourquoi
il descendait trois fois dans l'eau, el, il en
sortait trois fois, à cause de la confession de
foi qu'il faisait en la personne du Père, en
la personne du Fils, et en la 'personne du
Saint-Esprit. Le ministre du baptême était
obligé de prononcer les noms de ces trois
personnes, sans quoi le baptême était nul.
L'etFet de ce sacrement est la rcuassion du
pécbé originel et des péchés actuels. Le
devoir des parrains consistait , non-seule-
ment à instruii'e ceux qu'ils avaient tenus
sur les fonts, mais encore h leur donner bon
exemple. L'administration du baptême est
réservée aux évoques et aux prêtres. Dans
le cas de nécessité, les autres clercs, même
les fidèles laïques, peuvent baptiser, afin que
personne ne périsse faute de ce sacrement .
On ne doit jamais le réitérer , lors même
qu'il a été conféré par un hérétique dans la
forme ordinaire. Outre le baptême d'eau, il
y en a un de sang par le martj're, et un troi-
sième de larmes et de pénitence. Pour ren-
dre le baptisé digne du nom de chrétien, on
l'oint du chrême, comme on en oignait les
pontifes el les rois. Cette onction produit la
descente du Saint-Esprit dans l'âme de celui
qui la l'eçoit. Saint Ildefonsc distingue cette
onction de celle qui se faisait sur le baptisé
avec l'imposition des mains, c'est-à-dire du
sacrement de confirmation, dont il dit que
l'évêque est seul le minisire, suivant la re-
marque du pape Innocent I". Il parle ensuite
do l'Oraison dominicale que l'on apprenait
aux baptisés, du corps ot du sang de Jésus-
Christ dont on les communiait, des habits
blancs dont on les revotait, et dos instruc-
tions qu'on leur donnait après les fêles de
Pà(pips on leur ôtant ces habits.
7. Par les rcnoucemcnts fails dans le bap-
tême au démon, à ses pompes, à ses œuvres,
nous nous engageons h vivre dans ce monde
comme dans un désert où, à l'iiuilalion des
saints anachorètes,, nous fermons les yeux à
tous les objets capables de nous séduire et
de nous entraîner dans les voluptés et les
autres plaisirs illicites, prenant pour guide
de notre conduite Jésus-Christ notre Sau-
veur, le Soleil de justice qui éclaire nos pas,
qui par sa grâce nous facilite le chemin qui
mène à la céleste patrie, et nous en fait sur-
monter les obstacles. C'est en lui seul que
nous devons mettre notre espérance, puis-
qu'il prépare le vouloir et donne le pouvoir,
et qu'il donne gratuitement des mérites à
ceux qui d'eux-mêmes n'en ont point, afin
qu'il leur restitue les dons qu'il leur avait
faits. Saint Ildefonse fait un détail des
bienfaits dont Dieu nous comble en cette vie
pour nous y soutenir et nous conduire à la
félicité de l'autre , et rapporte un grand
nombre de figures sous lesquelles ces dons
et ces grâces sont marqués dans l'Écriture,
posant pour principe que la foi et les bonnes
œuvres sont également nécessaires au sa-
lut.
8. L'auteur des Homélies imprimées sous
le nom de saint Ildefonse, est dans les mê-
mes principes que ce Père sur la manière de
l'enfantementdela Sainlc-Vierge. 11 enseigne
que Jésus-Christ sortit de son sein comme
il sortit du tombeau, et comme il entra les
portes fermées dans la chambre où les apô-
tres étaient assemblés. Il taxe d'hérésie l'o-
pinion contraire , dans la persuasion que
c'était attaquer la virginité perpétuelle de
Marie que de dire qu'elle avait accouché à
la manière ordinaire des femmes. Mais cette
conformité de sentiments n'est point une
preuve décisive que ces homélies soient de
ce Père : Paschase Ralberl et beaucoup d'au-
tres ont pensé de mémo. Il y a même une
de ces Homélies qui est constamment de ce
Livre in
DfnTl »plrl-
Les homé-
lies <ous le
nom do s int
lidcpbinsene
sont pas de
lui.
' Il le dit assez positiremeut dans tout le clia-
pitre cv, col. 150, toui. XCVl de l.i Palrolngie la-
tine. Ce Diiiacle est ariirmé par iilusiours éurlvaius
eccl(5siasliques. Voyez, ibid., une note de l'éilitcur
Loreuzaua. {L'édileur.)
776
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dernier auteur : elle fait la seconde parlie
de son traité de la Virginité perpétuelle de
la Saiute-Vierge Jans le manuscrit deCorbie ';
ce qui fait voir que le collecteur de ces Ho-
mélies les a mises sous le nom de saint Ilde-
fonse sans connaissance de cause. Il y a
plus, c'est que le style en est visiblement
dilférent de celui de ce Père ; et les extraits
que l'on y trouve des écrits de Ratrarane ',
de Paschasc Italbert, de saint Bernard, ne
laissent aucun lieu de douter que l'auteur
n'ait vécu dans le xii' siècle ou depuis. Com-
ment attribuer à un archevêque de Tolède
cette fa(;on de parler à ses auditeurs, qui se
lit dans la cinquième Homélie sur l'Assomp-
tion de Marie ? Mes très-révérends Pères ', et
mes très-chers frères et seigneurs. Il témoigne
au même endroit que cette fête se célébrait
dans tout l'univers avec .une grande solen-
nité : ce qui n'était pas dans le vu' siècle,
où on ne la célébrait qu'en quelques pro-
vinces '.
T,.i.é d=. 9. Il n'est rien dit du livre des Écrivains
tiér.'.°V's'' ecclésiastiques dans le catalogue des ouvra-
dM Œi."rcl ges de saint lldefonse rapporté par les
tV'e"' '""' auteurs de sa vie, si ce n'est qu'ils l'aient
compris dans le nombre des ouvrages impar-
faits. Mais il s'en déclare lui-même auteur
dans la Préface, où il dit qu'il a succédé im-
médiatement à Eugène le Jeune dans le
siège de Tolède. Il fut porté i\ écrire sur cette
matière par l'exemple de saiut Jérôme, de
Gennade et de saint Isidore, et par la crainte
de laisser dans l'oubli plusieurs écrivains de
distinction dont il avait les écrits. Il com-
mence son catalogue par saint Grégoire-le-
Grand, ne trouvant pas que saint Isidore de
Séville en eût dit assez, et finit à Eugène
son prédécesseur, qui avait succédé lui-mê-
me à un autre Eugène. Ce livre contient en
tout quatorze chapitres, et autant d'écrivains
ecclésiastiques. Les ouvrages de saint llde-
fonse, avec ceux qui sont supposés, ont
été imprimés à Paris en 137G, par les soins
de Feu-Ardent de l'ordre des Frères Mineurs,
et depuis dans la Bibliothèque des Pères.
Son catalogue des écrivains ecclésiastiques
se trouve ordinairement avec ceux de saint
Jérôme et de Gennade; ses deux livres de la
Connaissance du Baptême ul du Progrès dans
le chemin du désert où l'on marche après
le baptême, au sixième volume des Mélanges
de Baluze, h Paris, en 1713; et ses Let-
tres à Quiricius, évêquede Barcelonne, avec
les réponses de cet évêque, dans le second
tome du Spicilége dedomd'Acberi. Elles ont
rapport les unes et les autres au livre de la
Perpétuelle virginité de la Sainte-Vierge. [Lo-
reuzana a donné une édition complète des
écrits de saint lldefonse dans le tome 1" de la
collection des Pères de Tolède, Madrid, 1782,
in-fol.. Le tome XCVIde la Palrologie latine
reproduit les œuvres de saint lldefonse. On
y trouve : 1. Notice d'après le P. .\ntoine. —
2. Autre Vie par Lorenzana. — 3. Éloge du
même par saint Julien. — 4. Autre Vie par
Cixilamus, évêque de Tolède. — 5. Autre
Vie par Rodéric, moine au xiu" siècle. — 6.
Préface sur l'ouvrage suivant, par l'éditeur
Lorenzana : — 1. De la Virginité perpétuelle
de sainte Marie, contre trois infidèles. — 2.
Annotation sur la connaissance du baptême.
— [i. Du Voyage daus le Désert dans lequel
ou s'avance après le baptême. — 4. Deux
Lettres eu réponse à celle de Quiricius, évê-
que de Barcelonne. — 5. Le bvre des Per-
sonnes illustres, ou Vie de quatorze prélats,
presque tous évèques d'Espagne. — Premier
appendice, écrits douteux. — 6. De l'En-
fantement de la Vierge, plus probablement
de Paschasc Ratbert, abbé de Corbie, avec
deux fragments supplémentaires. — 7. Qua-
torze discours. — Deuxième appendice, ou-
vrages suj)posés. — 8. De la Couronne de la
Sainte-Vierge. — 9. Continuation des Chro-
niques de saint Isidore, depuis l'an 671 jus-
qu'en 680. — 10. Epigrammes.]
10. C'est aQuiricius, évêque de Barcelonne,
que Taïon, évc(iuede Saragossc, adressâtes
cinq livres des Sentences qu'il avait tirées des
Morales de sain t Grégoire, et des écrits de saint
Augustin \ Il lit pour cet ell'et le voyage de
Rome par ordre du roi des Wisigotbs, parce
qu'on ne trouvait pas en Espagne tous les li-
vres des Morales de ce Pape. Ce recueil n'a
pas encore été imprimé ' : mais dom Ma-
Qi.irlCi:-.
T«loii.««'9"
da tBragftfï*.
« Mnbillon.Tom. WÀct. Ord. S. Bcnedicii,pAW.
« D'AihiTi, Spicilig., l'jm. I. pas. 218, toui. Ml,
p.ag. l, et toni. Ml Bibliolh. Pat., pag. 5"5.
» Ibiil., p.ig. 584.
» Le nouvel éiliteiir île? (inivres «le saint llde-
fouK, Lorenzana, regarde ces sermons comme dou-
teux; il est cependant plus porté à les rcfjaidi'i
comme supposé::, à cause du slyle qui traliil dilTi'--
rcnls auteurs. Voyez le Munilum, lom. .\C\ I de la
Patrol. lai., col. 235. (L'dJilmr.)
» Mabilliiu, in Ànalcclis, pag. 6i, 91.
« Il a paru depuis daus VEsp. Sag. rie Fierez,
[VII' SIÈCLE.] CHAPITRE LXXVII. — SAINT
hilltiii en a doniii'^ la Préface ou l'Ëpître dé-
diialoirc dans SOS Analcctcs, où nous voyons
(Hie le premier livre de eetlc compilation trai-
tait de l'inconimutabilitë de Dieu, de sa toute-
puissance et de sou (ileruité. Il parlait dans
les autres de l'origine du monde, de la for-
mation de l'homme, du jugement de Die'i, de
la fzloirc dos liienheureux, des supplices éter-
nels des mécliants. Cette Préface est suivie
d'une épi:;framme où il doime aussi l'idée de
son ouvrage, puis du commencement du pre-
mier livre. Dom Mabillon donne de suite la
lettre de Qiiiricius à Taïon, qui contient l'é-
loge de son recueil. Taïon souscrivit au hui-
tième concile de Tolède en 653. [Le tome
LXXX de la Patrologie latine, col. 719, con-
tient une notice sur Quiricius par Antoine,
une lettre à Eugène, la lettre à Quiricius, la
réponse à Quiricius, l'épigramme, les cinq li-
vres des Sentences ou Tiaité de la Religion,
un appendice sur la vision de Taïon. La let-
tre à Eugène de Tolède est reproduite d'après
Florez, Espag. sag., et d'après Baluze, t. IV
Miscella». Elle indique le but que Taïon
s'était proposé dans la composition de son
livre; elle fait l'éloge le plus parfait de saint
Grégoii'c-le-Grand pour ses vertus, son élo-
quence, sa doctrine, sa sagesse, qui auraient
mérité les éloges de Socrate, de Platon et de
Varron. Taïon dit qu'il a extrait la plus
grande partie de son ouvrage des Momies de
saint Grégoire; il en a rempli six manuscrits
qu'il envoie à Eugène.
Le premier livre des Sentences contient
quarante chapitres. L'auteur, après avoir
parlé de l'immutabilité, de la souveraineté,
de l'éternité, de l'immensité, de la toute-
puissance, de l'invisibilité, de l'iufinité de
Dieu, traite du Père, du Fils, du Saint-Es-
prit, de la Trinité et de l'uuité en Dieu ; il
établit qu'il n'y a point de succession en
Dieu; que la beauté de la créature proclame
l'existence de Dieu, qu'on attribue à Dieu
quelques-unes des atfections de l'homme, la
mémoire, le zèle, la douleur, quoiqu'il n'en
ait pas les excès. Ce Dieu tout-puissant a
fait ime multitude de merveilles, soit dans la
ILDEFONSE, QUIRICinS, ETC.
777
création et la conservation du monde, soit ^r ■"■•
dans les miracles opérés dans l'Ancien et
dans le Nouveau Testament. Les trois chapi- «»•
très suivants roulent sur les anges. Dans les
autres, il est question de la création, de la dis- «"'■
tinclion des créatures, de la perfection du
nombre sept, de l'âme de l'homme et de ses
sens, du premier homme, de son péché, de
la Jérusalem céleste, de la Babylone ré- "■■
prouvée et de ses citoyens, des élus avant
Jésus-Christ. Dans les derniers, l'auteur s'oc- '• ""•
cupe des moyens qui conduisent à la pré-
destination, surtout sous la loi ancienne.
Le livre second est consacré à Nolre-Sei- "'*'•
gneur, aux apôtres, à l'Église, à ses prédi-
cateurs, à ses mystères, ;\ l'histoire de ses ""•
persécuteurs ; on y parle des accroissements ""-"i.
continuels de l'Église, des prospérités et tics
adversités de ce monde, des hérétiques, de
la foi, de l'espérance, de la charité, de la
grâce prévenante. Les autres chapitres ex-
posent les devoirs des pasteurs et des sujets, "" ■"■
des clercs et des moines.
Le troisième livre, composé de cinquante-
quatre chapitres, traite de la volonté et de
la permission divines, des misères de la vie
humaine, des dilférentes vertus.
Dans le quatrième, qui renferme quarante-
et-un chapitres , il est question principale-
ment des vices.
Dans le cinquième livre , composé de
trente-trois chapitres, l'auteur s'élève con-
tre les amateurs du monde, contre les hy-
pocrites, les pécheurs et les impies ; il ex-
pose les punitions qui leur sont réservées, il
parle de la fin du monde, de la conversion
des Juifs, de l'antechrist, du second avène-
ment de Xotre-Seigneur, de la résurrection
des morts , du jugement , de la piiniteuce
sans fruH des réprouvés, de la damnation
des démons, des éternels supplices de l'en-
fer. Le chapitre xxxiii n'est pas entier; il
manque aussi le chapitre xxxiv, comme nous
l'apprend la préface. Cet ouvrage a été pu-
blié dans le tome XXI de VFsp. sag. par le
continuateur de Florez, sur un manusciit de
Saiut-Emilien de la Cogolla.
tom. XXI, p.ig. 171. Antoine nous apprend que
d.ins le tom. X.\X de VEsp. sag. on trouve un
fragment d'une lettre adressée à Braulion par Ta-
jus , prêtre et al)t>é. Tajus serait le même que
Taïon: Vid. Antoine, tom. LXXX de la Patrolo-
gie latine, col. 721, note 6. {L'édiUur.)
779
HISTOIRE GKNÉRALE DKS AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CHAPITRE LXXVIII.
Saint Priest on Préject, évêqne de Clermont [en 670 on 6741; saint Léger,
évêqne d'Autun |678]; saint Arbogaste, évcqne de Strasbourg [678j;
et Ternace, évêqne de Besançon [vers l'an 6801.
[Kcrivaius latiiif.J
Saint PrifSt.
fi oair-'auce ,
fOD rdQ.'ailOD,
«S e-n['loi«.
[1. Ce saint naquit en Ativergnc de pa-
rents nobles ', catholiques et craignant Dieu,
du temps du roi Clolaire II '. Après avoir
fait ses prçmières éludes sous les religieux
du monastère de STiinl-Austremoine, il fut
mis sous la discipline de saint Genès, pour
lors archidiacre, et depuis évoque d'Auver-
gne, comme on disait dans ce temps quand
on voulait désigner le peuple de Clermont.
Saint Genès le forma au service de l'Église,
et le fît entrer dans le clergé. Il se distingua
dès-lors par sa modestie, sa charité, son
exactitude à remplir tous les devoirs de la
religion. Après la connaissance du plain-
chant, qu'on regardait comme une partie es-
sentielle de la science des clercs, et dans la-
quelle il se rendit fort habile, sa principale
élude était celle de l'Ecriture sainte et de
l'histoire ecclésiastique. Saint Genès, ayant
été élu évêque d'Auvergne, lui confia la
garde de l'argent destiné à nourrir les pau-
vres, et comme Priest avançait toujours dans
le lien à mesure qu'il avançait en âge, ou lui
confia la paroisse d'Issoire et l'école qui y
était établie. Après la mort de saint Genès,
Félix, son successeur, confia à saint Priest la
conduite du monastère des religieuses de
Candcdin, et Dieu fit dès-lors connaître la
sainteté de son serviteur par un miracle
qu'il accorda à ses prières pour sauver la
vie d'un ouvrier qu'on croyait écrasé par la
chule d'un pan de muraille. L'éclat de celle
action, joint à celui de ses vertus, porta l'é-
véqne Félix à l'ordonner prêtre malgré sa
résistance, et linéiques années après, c'cst-
à-diie vers l'an 6(13 ou 600, Félix étant mort,
le peuple, avec l'agrément de Childéric II,
roi d'Austrasie, élut saint Priest pour lui suc-
céder dans l'évôché d'Auvergne. Un séna-
teur Irès-riche, nommé Genès, qu'on vou-
lait élire, fit réunir tous les suft'ragcs snr lui.
2. Le nouvel évèque employa son patri-
moine et les sommes considérables que lui
remit Genès, comte d'Auvergne, à fonder
des monastères, des églises et plusieurs hô-
pitaux. Il ne se contenta pas de pourvoir
aux besoins de tous les malheureux de son
vaste diocèse, en établissant des maisons de
charité ; il travailla encore à faire fleurir de
toutes parts les saintes pratiques de la reli-
gion et la ferveur chrétienne. II y réussit en
instruisant son peuple avec un zèle infatigable,
conforme à la doctrine qu'il prêchait aux au-
tres. Aussi les deux historiens de sa vie font-
ils un graud éloge de sa sainteté émincnte et
de son rare talent pour la parole. Il gouver-
na donc son diocèse en véritable pasteur, et
on peut dire qu'il fut véritablement le père
de son peuple. Ses prédications, qui étaient
presque continuelles, mais surtout la force
de son exemple portèrentplusieurs personnes
de piété à concourir avec lui pour assurer
les établissements utiles qu'il avait fondes
en faveur des pauvres de son diocèse. On
vil entre autres une dame de qualité , nom-
mée Claude, laisser par testament quelques
fonds en faveur d'un hôpital que le saint
avait fait bâtir. Cette dame n'avait qu'une
fille, que le patrice Hector , comte de Mar-
seille, homme violent et débauché , enleva
el conduisit à la cour, où il accusa le saint
évêque de s'être injustement emparé des
biens de la mère de cette fille. Celle accu-
sation obligea saint Priest à se rendre lui-mê-
me à la cour. Dans son voyage, il guérit de
la fièvre un saint hoimn.e nommé Auiarin,
qui vivait dans la retraite au fond des Vosges
dans un lieu nommé Doroangus'. Amarin
accompagna ensuite ri''vèque de Clermont h
la cour, où la juslificalion de sou innocence
Son <[.!>fo.
!■•'. Sun nilr-
(;re.
• Voyez Dolland, Vie de sainl Priest, pag. 628,
636, el .Mabillon, Act. Bened., Inm. I,pag. 642, G50.
• Ce priuce moula sur le trône eu 573 et mourut
en 628.
' Dan? In liante Alsace; ce lieu depuis longtemps
n'est iilu? connu que sous le nom île Vallée de
saint Auiarin. lue petite ville, dite aussi de Saint-
Amarin, est le olief-lieu de cette vallée.
fit
CIIAIMTRK LXXVIII. — SAINT PRIEST, SAINT LÉGEIl, ETC.
[vu" SIÈCLE.]
et ilo son bon droit n'eut pas de peine h se
proiliiire. Le ravisseur, d'ailleurs, coupable
de plusieurs autres crimes, fut puni par un
ordre du roi. Les parents et les partisans
du patrico ref;ardorenl sa mort comme une
suite des plaintes que le saint avait portées
au roi contre lui. La perte du saint évoque
fut donc arrêtée. On commença par aigrir
contre lui plusieui's seigneurs d'Auvergne ;
on clieicha ensuite l'occasion de s'en défaire.
Elle ne tarda pas il se pré.'^euter. Gomme on
savait qu'il passerait par Yolvic en reve-
nant de la cour, Agrice, le plus ardent de
ses ennemis, alla l'y attendre avec vingt
soldats. Les assassins tuèrent d'abord Ama-
rin, qu'ils prirent pour l'évèquo, et se retirè-
rent. Mais le saint, ayant connu leur des-
sein, mit sa confiance en Dieu et se présenta
courageusement à eu.x, tandis qu'ils reve-
naient sur leurs pas pour examiner ce qu'ils
avaient fait : « Vous vous êtes trompés, leur
dit saint Priest ; c'est moi que vous cher-
chez ; faites ce qu'il vous plaira. » Alors
un Saxon nommé Uadbert, le plus détermi-
né de la troupe, le perça de son épée dans
l'estomac. Le saint, se sentant frappé à mort,
dit à Dieu : « Ne le leur imputez pas, Sei-
gnem", parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils
font. » A peine eut-il fini ces paroles, qu'un
soldat lui ouvrit la tète d'un coup do sabre,
dont il expira le 23 janvier, l'an de Jésus-
Christ 674 selon l'opinion commune, et au
plus tôt en 670. On massacra en même temps
un acolyte nommé Élède , le seul de ses
gens qui était resté avec lui. La France ho-
nora la mémoire de saint Priest immédiate-
ment après sa mort. Son nom fut ajouté au
calendrier dans les copies que l'on fit en ce
royaume du Sacramentaire de saint Grégoire.
On bâtit aussi sous son invocation plusieurs
églises dans difl'érentes provinces de la Fran-
ce. Une partie considérable de ses reliques
fut portée en 760 à l'abbaye de Flavigny,
qui appartenait à l'ordre de Gluny. On trans-
féra le reste à Saint-Quentin dans l'abbaye
de Saint-Prix, au prieuré de Saint-Prix près
de Béthune en Artois, et dans d'autres en-
droits.
Nous avons deux Vies de sajnt Priest écri-
tes par des auteurs contemporains, dont
l'un avait connu le saint évêque. Nous avons
779
dit, dans une note ci-dessus, où elles se trou-
vaient.
3. Saint Priest, à lu suite de longues et
patientes recherches, surtout quand il était
préposé i\ l'église d'Issoire, a composé l'His-
toire de saint Austremoine, apôtre et pre-
mier évoque d'Auvergne ; une partie en est
en prose ; et l'antre est en vers. Cette his-
toire ou passion est reproduite dans la
yova Jiihliot/iccamaiiiiscripldrinn librorum du
P. I>abbe. Ce père l'avait reçue d'.Vndré
Duchesne par l'entremise du père Sirmond.
Il n'a pas reproduit la partie du Prolo-
gue, que Duchesne a donnée scrupuleuse-
ment dans sa Collection manuscrite '. La
Bibliothèque impériale renferme dans les
manuscrits du fonds latin, num. 3365, fol.
117, une Vie de saint Austremoine par saint
Priest, peinte au xii' siècle sur un manus-
crit plus ancien, probablement du viii" siè-
cle, au témoignage des hommes les plus com-
pétents. Cette Vie renferme en entier le Pro-
logue de saint Priest. Ce Prologue s'accorde
parfaitement, sauf quelques légers change-
ments d'expressions, avec la partie insérée
dans la collection de Duchesne. L'on pos-
sède à la bibliothèque de la ville de Cler-
mont un certain nombre de manuscrits fort
anciens des x, xiii, xiv et xv° siècles, repro-
duisant, avec quelques variantes de peu
d'importance, et qui ne touchent point au
fond, la même vie de saint ,\usU'emoine par
saint Priest '^ C'est, du reste, la tradition
constante de l'église de Glermont. Dans cette
Vie, la mission des six évêques envoyés prê-
cher l'Évangile dans les Gaules est assignée
à saint Pierre. Voici les paroles de l'histo-
rien rapportant ce fait : « Après la glorieuse
ascension de Xotre-Seigneur, le bienheureux
Pierre, prince des apôtres, appelant à lui
ses très-saints disciples, les destina à la pré-
dication, les fortifia de sa bénédiction et de
celle de tous les apôtres, et les honora de
la consécration épiscopale. Voici les noms
de ces hommes illustres, auxquels il assigna
des villes particulières : l'évéque Catien fut
envoyé à Tours , Trophime à .\rles , Paul à
Narbonne, Saturnin à Toulouse, Martial à
Limoges. Parmi eux, l'illusti-e martyr Aus-
tremoine reçut, après Dieu, le gouverne-
ment de l'église d'Auvergne '. n On voit par
T.r,f> ri»
ijint l'riol.
' Vol. Lxxxiv, fol. 74. Voir les manuscrits de la
Bil)liothi-que Impt'riale.
- Cette légende fitait aussi conservée dans le tré-
cor de Saint-Martial de Limoges et attribuée à saint
Pricft. (Bonav., Hisl. de saint Martial, tom. I, pag.
447.)
' Posl gloriosam igilur Domini nostri ascen-
sionem bealissimus Peints, princeps apostolorum,
780
HISTOIRE GÉNKRALE DES AUTKUllS ECCLESIASTIQUES.
là que l'autorité de Grépoire de Tours , qui
assigne la mission de saint Austremoine au
iir siècle, n'a pas empêché l'auteur de la lé-
gende de saint Austremoine d'cciire le con-
traire dans le pays natal de ce même histo-
rien. On doit encore remarquer que l'on ii'j-
trouve point le nom de saint Penys. évèque
de Paris, et que saint Austremoine et saint
Saturnin y portent seuls le titre de martyr.
Saint Priest est également l'auteur de la
Vie et de la Passion de plusieurs saints mar-
tyrs d'Auvergne, tels que saint Cassien , sé-
nateur de la ville d'Auvergne ; de saint Vic-
torin, de saint Antolien, de saint Liminien
et d'uu grand nombre d'autres martyrisés
vers l'an 268. Ainsi saint Priest se présente
avec la triple couronne de la poésie, de l'his-
toire et du martyre. 11 mérite donc à juste
titre d'avoir place dans la Collection des Au-
teurs ecclésiastiques '.]
njumoco 4. On met la naissance de saint Léger -,
|J„*" ul'à: autrement Léodégaire, vers l'an 626. Il était
dj°!iAie°4y, de qualité, et allié à la famille royale. Dès
est Toit t-Tfiquo . -i i. , • *^ i ■ 1
tn «58, ou sa jeunesse il fut mis par ses parents a la
cour de Clotaire II, qui le confia quelque
temps après à Didon, évèque de Poitiers,
pour le faire instruire dans les belles let-
tres'. Cet évèque, voyant qu'il y avait fait
d'assez grands progrès, le lit venir auprès
de lui pour le former à la vertu, pensant
à le rendre digne d'être son successeur. Il
l'ordonna diacre a l'âge de vint;t ans, puis
le fit archidiacre, et partagea avec lui le
gouvernement de son diocèse. Il ne put tou-
tefois le refuser aux moines de Saint-Maixen t,
qui le demandèrent pour leur abbé. Mais
après qu'il les eut gouvernés en rette qualité
pendant six années, Clotaire III. et la reine
Bathilde sa mère, dont il avait gagné l'es-
time et la bienveillance pendant son séjour
à la cour, le firent placer sur le siège épig-
copal d'Autiin, vacant depuis deux ans, dans
l'espérance qu'il réunirait le clergé de cette
église, qui était extréraemeni divisé et dans
le trouble, parce qu'il y avait eu deux pré-
tendants qui s'étaient disputé ce siège jus-
qu'à répandre du sang. Son élection se fit
en 638 ou 059, et fut suivie de la réunion
des esprits.
0. Il y avait dix ans qu'il gouvernait l'é- „„^°
glise d'Autun, lorsque Clotaire III mourut, '"''• f-
ne laissant aucun enfant mâle. La couronne
appartenait à Childéric, roi d'Austrasie : mais
Ébroïn, maire du palais, fit proclamer roi
Théodoric. Les Français, qui craignaient
d'avoir pour maître ce ministre ambitieux,
avare et cruel, se déclarèrent pour Childéric,
et saint Léger fut du nombre. Childéric, qui
connaissait sa capacité et sa vertu, le choisit
pour son principal ministre. Tant qu'il sui-
vit les avis de ce saint évèque, son gouver-
nement fut béni des peuples : mais ce prince,
s'étant laissé prévenir par des esprits brouil-
lons et emportés qu'il avait admis à sa con-
fidence, changea en haiue son amitié pour
son ministre. U le fit arrêter, et ordonna une
assemblée de seigneurs pour lui faire son
procès. Son dessein était de le faire mourir.
Il en changea, et le fit enfermer pour le reste
de ses jours dans le monastère de Luxeuil,
où il avait aussi relégué Ébroïn. Us en sor-
tirent l'un et l'autre, après y avoir vécu en-
ni«r-
ailvocans ipsos sanctissimos dUscipulos, ad prœ-
dicanduiii destinavil, et sua omniumque aposlo-
loruiii benedictione roboravit, H ponti/icali ho-
nore sublimcnit. Quorum videlicel virorum iHus-
trium, qui singutis urbibus rraiU ddegamli, hœc
fuere nomina: Turonem dirigilur Oatianus epis-
copus, Arelatcm Trophimus, i\arbonum Paulus,
Tolosam Salurninus, Lemovicas ilarlidlis. Arver-
nicam inler eos monarchium Aiislremonins in~
clytus martyr pont Deuni suscepil regenduin. Ex
eisdem tanlum Auslremnnius el Salurtiinus per
marlyrii palwam assec.uti funt œteriue felicilatis
coronam. {Apud Labbe. !\ov. Bibl. man., Tom. Il,
pag. 482.)
' Plusieurs des détails ci-di-ssus sur les écrits de
saint Prii'st sout dus à l'obli^eanfe de M. Brun,
vicaire général de Cleniiout. Dans la lettre qu'il a
adressée à M. Vives sur ce sujet, je lis encore celte
phrase : « Je dois ajouter en terminant que la lé-
gende de saint Austremoine par saint l'riest, que
plusieurs critiques étaient portés à considérer com-
me mêlée do fable, malgré la presque unanimité de
nos auteurs ecclésiastiques et l'unauiniilé de nos
bréviaires manuscrits et imprimés, excepté depuis
la fin du xvi|t siècle, se trouve parfaitement d'accord
avec les légendes du Bréviaire récemment approu-
vées à Rome. »
'Ou peut voir sur saint Léger l'histoire intéres-
sante de sa vie publiée par U. l'ilra, l vol. in-8, l'a-
ris 1S4U. Un trouve à la fin du volume des pièces
importantes dont plusieur:? étaient inédiles. Il y a
entre autres deux Vies de saint Lé^cr: l'une en vers
a élé tirée d'un manuscrit de Saint-Oall; l'auteur
anonyme vivait probablement dans le ix" siècle,
et était pcul-iMre du Poitou; l'autre, en prose, com-
posée par l-'riiland, moine de.Murbacbeu en Alsace,
dans le xi« siècle, d'après un manuscrit de Slras-
bourg inconnu aux Uollandistes. Ces deux Vies ont
fourni des détails précieux. [L'ddileur.^
' Vita Leodegarii, tom. Il Arl. ordin. S. Iltiied.,
pag. GSO el $eq.
CiJAl'lTlïE LXXIX. — VITALIEN, AGATllUN, LÉON, ETC.
' Lfttlro il«
; Ugor ) St-
Nd. p. 676.
[VU* .SIÈCLE.]
sciiihli! coiunic s'ils n'avaient jannii.s eu rien
a il('uuMcr. Ils vinrer.t jusqu'à Autuu, d'où
ils allùient Uouvor le loi Théoiloric. Mais
Kbruïn, étant devenu maire du palais de ce
prince, fit couper la tête à saint Léger, après
lui avoir fait soull'rir auparavant d'horribles
tourments. Il mourut , comme l'ou croit , en
G78. L'Eglise l'honore parmi les martyrs.
6. Quelque temps avant sa mort, il écri-
vit i\ sa mère Si(j;rade, qui s'était rendue re-
ligieuse dans le moiiaslère de Notre-Dame
de Soissons : c'était pour la consoler de la
mort de Gairin son autre fds, qu'Ebroïn avait
fait allacher à un poteau, et ensuite mourir
à coups de pierres. Il la congratule sur sa
retraite du monde, lui représente que la mort
de Gairin ne lui doit point être un sujet de
tristesse, puisqu'elle causait de la joie aux
anges; qu'aprèri la prière que Jésus-Christ
a l'aile sur la croix pour ceux qui le faisaient
mourir, nous ne pouvons nous dispenser
d'aimer nos ennemis et nos persécuteurs.
Ou trouve cette lettre dans le premier tome
de la Bibliuthèque des Manuscrits du Père
Labbe, dans le second tome des Actes de
l'Ordre de Saint-Benoît, et dans le quatrième
de la Gaule Chrétienne. Nous parlerons ail-
leurs des canons ou statuts que saint Léger
fit dans un synode qu'il tint à Autun vers
l'an 070. On a de lui un testament par lequel
il donne quelques terres à son Église '. Les
781
fautes qui se trouvent dans les dates l'ont
d'abord fait rejeter comme sujjposé ; mais
on l'a (le|)uis regardé coujnie aullienli<(ue,
paice qu'il est avoué par Jouas, évéquo
d'Autun dans le ix° siècle, et par le pape
Jean VllI , qui vivait en même temps '. |0n
trouve l(!s écrits do saint Liiger dans \e[o-
mi'. \.C\[ de Ui J'iilrolufjie lidine, col. '.i2'.), et
dans {'Histoire de saint Lcyer par U. Pitra,
])ag. 445 et suiv.]
7. La Vie do saint Arbogasto écrite par ^,^"^°[^^'^'°;
Ulhou, l'un de ses successeurs, nous apprend ■l'Si'u'boi.rs.
qu'il fut élevé sur le siège épiscopal de Stras-
boin-g après la mort de l'évèque Ilodlhairo
vers l'an 670 ' , et qu'il le gouverna jusqu'à
l'an 078 , auquel il mourut. On lui attribue
un recueil d'homélies en forme de Couunen-
taires sur les Épltres de saint Paul. 11 n'est
point imprimé. [La vie de saint Arbogaste
est reproduite au tome CXXXIV de la Patro-
logie latine, col. 1001-1008.]
8. On n'a pas non plus la Chronique que ''"'""•
Ternacc, évoque de Besançon, composa vers
l'an 670 , où il donnait la suite des évèques
ses prédécesseurs. Il gouverna cette Église
jusques vers l'an 680, et fd bâtir dans le
Charap-de-Mars une église en l'honneur des
saints martyrs Marcellin et Pierre , qui de-
puis a été convertie en une abbaye de l'Or-
dre de Saint-Benoit sous le nom de saint
Vincent '.
CHAPITRE LXXIX.
Les Papes Vitalien [672], saint Agathon [682], saint Léon II [684],
Benoît II [685], saint Siviard, abbé [vers 687].
( Écrivains latins.]
1. Le pape Eugène étant mort en 658, le
deuxième de juin, après un pontificat de
deux ans, huit mois et vingt-quatre jours, le
Saint-Siège vaqua près de deux mois; et le
> Le Cointe, ad an. 666 ; Mabillon, Annal., lib.
XVI, num. 3g, et tom. 11 Àct. Ordin. S. Benedicti,
pag. 67 o.
> Voyez Histoire de saint Léger, par D. Pitra,
pag. 1})2 et suiv. Le savant auteur, pour lever les
dil'UouUés t^^ée3 du préambule, des notes chrono-
logiques et de la désignation du lieu, distingue
trois époques : celle où le testament fut écrit, celle
où il fut souscrit et clos, et celle où il fut trans-
crit au carlulaire de l'Église d'Autun. La première
rédaction remouterait au concile d'Autun, et le
saint évèque n'y aurait mis la dernière main qu'à
dernier de juillet de la même année, on élut
Vitalien, fils d'Anasfase, natif de Signia en
Campante, qui tint le Saint-Siège quatorze
ans et six mois ^. Il envoya, suivant la cou-
la veille de son martyre, vers l'an 676. Le préam-
bule aurait été interpolé. Le lieu désigné sous le
nom de Ckristiaco ou Kaco par abréviation, se-
rait Christi civilas, c'est-à-dire Autun. D. Pitra
donne une copie plus pure de ce testament, d'a-
près Aubert Lemire, à la pag. 184, note 1. (L'édi-
teur.)
3 Bollandus, ad diem 21 julii ; Mabillon, Annal,
lib. XV, num. 59.
'• Bolland., ad diem ë junii.
' Anastas., tom. VI Cuncil., ag. 4i4; Mabill;,
tom. Il Actor., in Prcefat. et Chronol.
782
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Sa lellri t
it Crètr.
Sa Mtre &
W»D. a l'aU'
al k UfMge,
éiCqu» de â;*
i«ci.ae.
tume, des légats à Constantinople, avec une
Lettre synodale pour donner avis de son or-
dination à l'empereur Constantin et au pa-
triarche Pierre. Ce prince les reçut, renou-
vela des privilèges de l'Eglise, et fit prt'sent
à saint Pierre d'un livre des Evangiles, cou-
vert d'or et orné de pierres précieuses d'une
grandeur extraordinaire. Le patriarche, dans
la réponse qu'il lit de son côté à la Lettre du
Pape ', atlectait une grande union avec lui ;
mais il ne laissait pas d'établir dans sa lettre
l'unité de volonté et d'opératiou en Jésus-
Christ, par divers passages des Pères qu'il
avait tronqués.
2. Vitalien a laissé six 'Lettres, dont deux
sont adressées à Paul, arclievéque de Crète,
et une à Waan, chambellan de l'Empereur.
Elles roulent toutes trois sur une même af-
faire' qui regardait Jean, évêque de Lappa.
Paul avait rendu contre lui une sentence,
dont Jean avait appelé au Saint-Siège. Le
Pape, s'élant fait représenter les actes du
procès, les examina dans un concile d'évê-
ques, qui reconnurent que la procédure était
mal instruite, et que l'évéque de Lappa avait
été condamné contre la disposition des saints
canons et des statuts des Pères. Le concile
fut donc d'avis de casser cette sentence, et
de renvoyer Jean absous. En conséquence,
le Pape et les évêques assemblés célébrèrent
avec lui les saints Mystères. Vitalien, en fai-
sant part à l'arcbevêque de Crète du résultat
du concile, lui reproche de n'avoir pas per-
mis à celui de Lappa de venir se justifier à
Rome, comme il le lui avait demandé, et
lui ordonne de le rétablir dans son église.
Il écrivit quelques mois après à Waan d'ac-
corder sa protection à Jean, et de procurer
le rétablissement de cet évoque ', apparem-
ment parce que Paul en faisait difliculté; ou
du moins de lui rendre toutes les églises qui
dépendaient de son diocèse. C'est ce que
l'on voit dans la seconde Lettre que le Pape
écrivit à Paul, où il lui ordonne de restituer
à l'église de Lappa deux monastères, dont
celle de Crète s'était emparée. Il s'y plaint
de ce que Paul avait soull'ert qu'un diacre se
mariAt et qu'il servit en même temps dans
deux églises. Il employa encore le crédit do
Georges, évêque de Syracuse, pour faire ren-
trer au plus tôt Jean dans son église. C'est le
sujet de sa quatrième Lettre'.
3. Oswi, roi de Northumberland, compre-
nant, à la suite de la conférence de Stre- ]
neshal, que l'Église romaine était le centre
de lÉglise catholique, envoya un saint prêtre
à Rome pour y être ordonné archevêque de
Cantorbéry, afin qu'il put lui-même ordonner
ensuite des évêques dans toutes les Églises
des Anglais *. Vigard, c'était le nom de ce
prêtre, rendit à Vitalien les lettres du roi,
avec des présents consistant en quantité de
vases d'or et d'artrent. Mais, peu de temps
après son arrivée ;\ Rome, il y mourut de la
peste. Le Pape, en attendant qu'il pût trouver
un sujet propre pour être fait évoque de
Cantorbéry, fit réponse au roi Oswi, louant
son zèle et celui de sa nation pour la foi ca-
tholique, et l'exhortant à continuer, et A se
conformer entièrement aux traditions de l'É-
glise romaine, soit pour la Pàque, soit pour
les autres observances. Avec cette Lettre, le
Pape envoya à ce prince des reliques des
bienheureux apôtres saint Pierre et saint
Paul, et des martyrs saint Laurent, saint Jean
et saint Paul; et à la reine son épouse, une
croix et une clef d'or, dans laquelle il y avait
de la limaille des chaînes de saint Pierre et
de saint Paul.
A. II y a une sixième Lettre sous le nom
du pape Vitalien, aux moines qui vivaient
dans la Sicile, sous le domaine de saint Be-
noît et de saint Placide, et dont les villes,
les châteaux, les monastères, les métairies et
les autres biens-fonds avaient été ravagés
par les incursions des païens. Le Pape, après
avoir témoigné aux moines sa douleur, dit (ju'il
leur envoie des religieux de la congrégation
de Gassin pour les aider à réparer toutes ces
peites, et déclare qu'il est disposé lui-même
à prendre sous sa protection tous les biens
que le patrice Terlulle avait donnés à saint
Benoît dans la Sicile. Dom Mabillou parle
souvent, dans ses .Vunales, de la donation
de Tertulle ', et allègue pour la confirmer le
témoignage de Léon .Marsican dans la Chro-
nique de Cassln. N'aurait-il pas aussi allégué
cette Lettre de Vitalien, s'il l'eût regardée
S4l'llr«>lt
nioinrs de i
cil", t-af . k"
' Concil., tom. VI, pag. 961.
* Il y en a cinq autres dout uous parlerons ci-
dessous. L'éditeur.)
• Concil., tom. VI, pag. UB, US.
Ibid., pag. il7, et Concil., U>m. VI, pag. 449.
• Ibid., pag. 448.
< Deda lib. lil Hisl., cap. .\xt.
'' Mabillon, in Annal., lib. III, num, 11, pag. 59
et 66.
CHAPITRE LXXIX. — SAINT IlKiNUlT. SAINl' LKUN 11, E'I'C.
[vil* SIÈCLE.]
conimo ëlanl véritablement de ce Pape? Les
Collecteurs des conciles semblent douter
qu'elle soit de lui; mais ils n'eu donnent
point do raisons. On conserve dans les ar-
chives de l'abbaye de Stavelo, un diplôme du
pape Vilalien, adresse à l'abbé itabolèue ',
coutirmatif des donations que le roi Sigebert
avait faites ;\ ce monastère, qui dès-lors était
uni i'i celui de Malmedy. Il est datii du mois
de décembre, indiclion quatrième, c'est-à-
dire de l'an 601. Le Pape y accorde ■!\ deux
monastères le droit de se choisir un abbé,
suivant la règle de saint Benoît.
5. [On trouve les lettres de Vilalien dans le
lom. LXXXVII de la Pat?: lat., avec une no-
tice historique, col. 907. II y a cinq autres let-
tres dont on n'a point parlé, et qui se trouvent
reproduites d'après Mansi. La première est
aux moines de Fieury, pour l'enlèvement du
corps de saint Benoit du Mont-Cassin; la se-
conde est au roi Clovis ; la troisième aux ar-
chevêques, évèques et abbés des Gaules, d'Es-
pagne, de Germanie; toutes deux ont encore
rapport l'i l'enlèvement du corps de saint Be-
noit. La quatrième, qui est la dixième de la col-
lection, est adressée à Théodore, archevêque
deCantorbéry; le Pape confirme lespriviléges
de son église. La cinquième, qui est la onziè-
me, est adressée à l'évêque de Bénévent ; dif-
férents privilèges sont accordés à son église.]
6. Le successeur de A'italien fut Adéodat
ou Dieudonné , qui occupa le Saint-Siège
pendant quatre ans, deux mois et cinq jours -.
Après sa mort, arrivée au mois de juin 677,
on élut Bonus ou Domnus, qui mourut au
mois d'avril 679. Ces deux papes n'ont laissé
aucun monument par écrit '. L'empereur
Constantin avait toutefois adressé une lettre
à Domnus; mais elle ne fut rendue qu'au
pape Agathon, Domnus étant mort lorsqu'elle
arriva à Rome. Agathon fut mis sur le Saint-
Siège après deux mois et quinze jours de va-
cance, et le tint deux ans et demi. Son pre-
mier soin fut de répondre à la lettre de
l'Empereur qui lui avait été remise par le se-
783
crélaire lOpiphane. Elle contient une cxphca-
tion de la foi do l'Église sur la Trinité et
l'Incarnation, principalement par rapport à
la «(ucslion des diMix Vdloul/'s, dont Agathon
prouve la distinction par les passages de l'ii-
criturc expli<piés par les Pères. Constaidin,
dans sa lettre au Pape, l'avait prié d'envoyer
à Constantinople des hommes sages et bien
instruits, avec les livres nécessaires pour agi-
ter et décider cette question avec les patriar-
ches Théodore de Conslantinople et Macaire
d'Antioche. Sur cela, Agathon assembla un
concile de cent vingt-cinq évèques, au mois
de mars 680, dont le résultat fut qu'on en-
verrait à Constantinople, suivant les désirs
de l'Empereur, des députés pour assister au
concile qui devait s'y tenir. La lettre synodale
de celui de Rome contient en substance les
mêmes choses que celle du Pape : il en sera
parlé plus au long dans l'article des Conciles
tenus au sujet du monothélisme. Nous avons
sous le nom du pape Agathon une Lettre
adressée h Ethelrède, roi des Merciens, à
Théodore, archevêque de Cantorbéry, à
Sexulfe, abbé et élu évêqiie, et à tous les
abbés d'Angleterre, dans laquelle il établit
l'abbé de Peterboourg son Légat dans toute
l'Angleterre, avec pouvoir d'absoudre ceux
qui avaient fait vœu d'aller à Rome aux tom-
beaux des Apôtres; eu déclarant qu'd leur
suffirait d'aller à ce monastère, et qu'ils y
obtiendraient les mêmes indulgences que
s'ils eussent fait le voyage de Rome. Mais
c'est une pièce mal concertée et fabriquée
exprès pour la conservation des biens et des
droits de l'abbaye de Peterboourg. Il serait
sans exemple qu'un pape eût écrit une lettre
commune à un roi, à un archevêque, et à
tous les abbés d'un royaume. On en trouve-
rait peu aussi qui fussent composées de la
manière dont l'est celle-ci : quoiqu'elle soit
adressée au roi Ethelrède dans l'inscription,
le Pape ne lui porte point la parole dans le
corpsdela Lettre. Au contraire, il s'y adresse,
tantôt à l'archevêque de Cantorbéry, tantôt à
« Mabillon, ibid., lib. XV, num. 20, pag. 465.
5 Tom. VI Concil., pag. 573.
' Adéodat ratifia eu 674 le privilège accordé par
Crotpert, évêque de Tours, au monastère de Saint-
Martin, privilège qui consistait à affranchir ce mo-
nastère de l'autorité de l'ordinaire. La lettre qui
accorde ce privilège est adressée à tous les évèques
des Gaules. Elle est reproduite au tome LXXXVII
de la Patrnlogie latine, col. 1141 et suiv. Un privi-
lège accordé par le même Pape eu 673 aux moines
du monastère de Saint-Pierre et de Saint-Paul de
Cantorbéry se trouve au même volume, col. 1143 et
suiv. Ces deux pièces sont précédées d'une notice
extraite du Pontifical d'Anastase. La lettre adres-
sée à Domnus par l'empereur Constantin, se trouve
en grec et en latin au tome L.XXXVl! de la Patro-
logie latine, col. 1147 et suiv., d'après Mansi. Elle
est suivie d'une épitaphe en vers du pape Ilono-
rius, attribuée à Domnus par Papebrock et repro-
duite d'après les inscriptions de Gruter. Une no-
tice historique sur Domnus précèal ces deux piè-
ces, tel. 1145 et M 16. {l'éditeur.)
784
HISTOIKE GENEKALK DES AUTEUHS ECCLÉSIASTIQUES.
l'abbé Sexulfe. [On trouve, dans le t. LXXXVII
de la Patr. Int. . col. i 139, une notice sur saint
Ayullion d'après Mansi, ci quatre lettres sur
les all'aiies de l'Église, en prec et en latin.]
u..n II, "i- Le pape saint Agallion étant mort en
u.''» lïJ^I 682, on lui donna pour successeur Léon II,
Sicilien de naissance, fils de Paul '. Son or-
dination fut dilTéréc de plusieurs mois ,
parce que l'Empereur n'avait accordé aux
légats du pape Agallion la remise d'une
partie de la somme donnée habituellement
pour l'intronisation du Pape, qu'à condition
que le Pape nouvellement élu ne serait or-
donné qu'après que le décret d'élection au-
rait été porté à Constantinople, et que l'Em-
pereur aui-ait donné son consentement. Les
mêmes légats rapportèrent à Rome la remise
de plusieuis coulributioiis dont l'Eglise ro-
maine était surchargée; les actes du concile
de Constantinople contre les monothélites, et
deux lettres de l'Empereur confirmativcs des
décrets de ce concile - : l'une était adressée
au pape Léon, l'autre aux évoques d'Occi-
dent. Ce prince disait, dans la première,
qu'il avait trouvé celles du pape Agathon
conformes aux saintes Écritures, aux Conci-
les et aux Pères; que tous les évoques du
concile l'avaient reçue avec autant de joie
que si saint Pierre eut parlé ; que Macaire,
pati'iarclie d'Anlioche, avait seul refusé de
s'y conformer. Le Pape fit à cette lettre une
lud I.K. réponse datée du septième de mai, indiclion
'""• onzième, 683. Constantin, sous-diacre, ré-
gionnaire du Saint-Sii-ge, l'un de ceux qui
avaient assisté au concile de Constantinople
de la part du pape Agathon, fut chargé de
la porter à l'Empereur. Léon y disait qu'a-
près avoir examin(; les actes de ce concile,
il a\ail remarqué qu'on y avait suivi exacte-
ment la doctrine des cinq précédents; qu'ain-
si il en adoptait la définition et la confirmait
ms. l'a;. '
""• par l'autorité de saint Pierre; qu'en consé-
quence il anatbéniatisait les inventeurs de la
nouvelle hérésie, Théodore de Pharan, Cy-
rus, Sergius, Pyirhus, Patd et Pierre de
Constantinople, et encore lïonorius, qui, au
lieu di- jjuri/icr relie L'fjlise apostolique par la
doctrine des A jjàtres, a pensé renverser la foi
par une trahison profane. Léon anathémati-
sait aussi Macaire, patriarche d'Antioche,
Polyclirone, piètre et moine, et tous les au-
tres qui étaient demeurés opiniâtres dans le
monolliélisnie.
8. Il fit part des décrets du concile aux ,^,-'
évéqucs d'Espagne, par quatre lettres. La ,^J-
première est adressée à tous les évêques " '•
d'Espagne, h qui il apprend que le sixième
concile avait été célébré pendant la neuvième
indiction ; d'où l'on a pris occasion de reje-
ter celle lettre comme supposée, parce que
ce concile ne fut achevé que dans la dixième
indiction. On peut répondre en deux maniè-
res il celle difficulté : 1° en disantque le sens
de celle Leilre est que la question touchant
le raonothélisine avait été terminée dans un
concile assemblé à Constantinople à la neu-
vième indiction ; 2° qu'encore que les dix-sep-
tième et dix-huitième actions du concile, qui
sont du H et du 10 septembre, aient été te-
nues au commencement delà dixième indic-
tion selon les Grecs, le Pape i)ouvait dire
qu'elles ne s'étaient tenues qu'en la neuviè-
me indiction , parce que les Romains ne
commençaient l'indiction qu'au vingt-qua-
trième de septembre; qu'ainsi le concile
avait en etfet été achevé à la neuvième in-
diction. II fait en peu de mots le récit de ce
qui se passa dans ce concile contre les mono-
thélites, et promet aux évêques d'Espagne de
leur en envoyer les actes lorsqu'on aui-ait
achevé de les traduire du grec en latin. En
attendant, il leur fit passer la définition de
foi du concile, avec le discours à l'Empereur
et son édit, les priant de faire connaître cette
définition à tous les évêques de leur province
et à tout le peuple ; d'y faire souscrire tous
les évêques, et d'envoyer à Home leurs sous-
criptions pour les déposer près de la Confes-
sion de saint Pierre. — La seconde Lettre est
à Quiricius, archevè(pie de Tolède : il i-lail
mort avant le mois d'octobre 080 ; mais Léon
ne le savait pas. — La troisième s'adresse à
un comte nommé Simplicc, et la quatrième au
roi Ervige. Toutes ces Lettres ont pour but
de faire recevoir en Espagne la définition de
foi du concile de Constantinople; et celle at-
tention était nécessaire de la part du Pape,
parce que les évoques d'Espagne n'avaient
eu aucune part au sixième concile œciimé-
ni(pic, et n'avaient point été invités au con-
cile de Rome, d'où l'on avait envoyé des dé-
putés à Constantinople. Parlant dans la lettre
aux ('vèques d'Espagne de la condamnalion
d'Ilonorius, il en (loiiiiepourraison qu'il 11 'avait
point éteint, comme il convenait A l'autorité
apostolique, la flamme de l'hérésie dans sa
Toiu. VI Concil., pag. 1100.
* Ibid., pag. 1100 et 1104.
[vil* SIÈCLE. 1
CHAPITKE LXXIX. — SAINT SlVlAIll), AUBli.
78.")
naissance, ui.'iis l'avait l'oiuciU-Je par sa néf^li-
genco '. Mais, dans sa lottre an roi Erviffo,
il (lit c[no lo cnnciift (ontlninnn iroiinriiis, pariaî
qu'il avait laissi! lU'Iiir la i-i\i;ic de- la tradiliiiii
apostolique (ju'il avait reçue entière de ses
prédëcesseurs *. Léon II parlait ainsi, pour
montrer que la faute dont ou cliar';eait Iln-
norius, son priVlécessenr, no portait point de
préjudice ;iu Saint-Siège, et qu'elle lui était
personnelle. Une l'accuse pas même d'héré-
sie, mais seulement de né;^li,i;ence, et d'avoir
trop favorisé les ennemis de la Faine doctrine
eu ne les réprimant pas. Les Icllresde Léon
n'arrivèrent en Es[)agne qu'après la tenue du
treizième concile de Tolède; ainsi l'on remit
la réception solennelle an concile qui devait
ibid. i>«g. se tenir un an après, suivant la coutume. En
«r» et sulY. , ' ' . ,
attendant , on coiamuniqua les actes du
sixième concile général aux cvèqnes, pour
qu'ils les examinassent cliacnn chez eux. Ces
actes furent produits en 68i dans le quator-
zième concile de Tolède, comparés avec ceux
des quatre premiers conciles, et reçus avec
respect; mais cela n'arriva qu'après la mort
du pape Léon H, dont le pontificat ne fut que
d'un an et sept mois *.
Le pape était éloquent, instruit des saintes
Ecritures et des langues erecque et latine. Il
mourut sur la fin de juin en GSi. [Ou trouve,
dans le tome XCVI, col. 383, une notice sur
saint Léon, d'après Mansi, et les lettres au
nombre de sept, grec et latin, parmi lesquel-
les il y eu a une de l'empereur Constantin.]
BoDoii u, 8. Le successeur de saint Léon fut Benoit II,
' 1res.' Romain de naissance, fils de Jean. Il avait ser-
vi l'Eglise dès son enfance, et s'était beaucoup
app',i(7ué à l'étude de l'Écriture sainte *. Son
pontificat fut de huit mois et dix-sept jours.
L'empereur Constantin, voyant les difficultés
qu'il y avait d'envoyer à Constantinople le
décret d'élection des papes, écrivit au cler-
gé, ail peuple et à l'armée de Rome que,
pour ordonner sans retard celui qui aurait
été élu pape , il suffirait que l'exarque de
Ravennc consentit à cette élection en son
nom. Garsias Loaisa dit avoir trouvé dans
un ancien manuscrit en parchemin chez les
franciscains de Saint-Jean a Tolède plusieurs
lettres du pape Benoit avec celles de Léon II,
écrites en latin , et <jiii i-laient toutes sur la
mèuie matière, c'esl-A-ilire, sur l'acreplalion
que les évoques d'Espagne devaient faire ,^i^""- '"'•
des décrets du sixième concile général. Les
évèques du quinzième concile de Tolède en
G88 l'ont aussi mention des letties que Be- .,,['''''■ ''"' '
noit U leur avait écrites; et ceux du qua-
torzième en 684, de celle qu'ils avaient reçue ^ ii.w. m.
de Léon II. Nous n'avons des lettres de Be-
noit II, que celle qu'il écrivit au notaire
Pierre, qui était en Espagne, pour le presser
d'exécuter la commission pour laquelle
Léon II, son prédécesseur, l'avait envoyé,
qui était de faiie signer aux évoques la défi-
nition de foi du sixième concile œcuméni- i,,^"''''''^'"''
que. Ils la signèrent, et avec leurs souscrip-
tions, ils envoyèrent au pape Benoit un livre
ou tome où ils expliquaient plus au long leur
croyance. Le pape, y ayant trouvé quelques
expressions peu correctes, entr'autres celles-
ci : La volonté a engendré la volonté ; en lé-
sus-C/irisf il y a trois substances, les fit remar-
quer au député des évoques d'Espagne, qui
en fit rapport à ceux qui l'avaient envojé.
Benoît II s'employa en vain pour ramener
Macaire d'Autioche à la saine doctrine. Sous
son pontificat, l'empereur Constantin envoya
à Rome les cheveux de ses deux fils Jusli-
nien etHéraclius, qui furent reçus par le
Pape, le clei'gé et l'armée '. C'était une es-
pèce d'adoption usitée en ce temps-Là. Celui
qui recevait les cheveux d'un jeune homme
était regardé comme son père. Ce prince
voulut donc, avant de mourir, faire cet hon-
neur au Pape ou ;\ saint Pierre. Benoît sur-
vécut peu à cette cérémonie, étant mort au
mois de décembre de l'an 685. [Le tome
XCVI, col. 421, reproduit une notice histori-
que sur saint Benoit II, d'après Mansi, et les
deux Lettres de ce Pape.
9. [Siviard, abbé d'Anisole au diocèse du saimsi-
Mans, succéda dans cette dignité a Sigiroii, mort«rsf,>7.
son père, dans la dernière moitié du vu" siè-
cle. Il était né au Maine d'une famille dis-
tinguée par sa noblesse et par sa vertu. Si-
• Mlerna damnatione muictati sunt Theodorus
Pharuiiilaims, Cyrus... cum Honorio, qui flam-
mam hœretici dogmatis non, ut decuit apotiloli-
cam autoritalem, incipientem exiinxit, sed negli-
gendo coufovil. Léo, Epist. ad episcop. Hispan.,
toiii. VI Concil., pag. 1247.
' Omnes liœreticœ assertionis autores rene-
rando cenaente Concilia condemnati.., id est,
Theodorus, Cyrus... et nna cum eis Honorius Ro-
manus, qui iiniuuculalam aposlolicœ tradilionis
regulam qua m a prirdecessoribus suis accepit, iiia-
culari consensit. Ibid., Epist. ad Enigium, pag.
12j2. — ' Auasiasiu?, ibid., pag. 1242.
' Aiiastas., loin. VI, pag. 1276.
î' Anastr.sius, ibid., pag. 1276 ; et Paiilus, diac.
lil). iV Uist., cap. LUI.
30
780
UISTOIRl': GÉNÉRALE DKS AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
j;iion , son père, est honoré dans l'Eglise
l'omme un suint, cl Ad, sa mère était une
personne d'une éminente p'uHc. Ils avaient
uneGlle consacrée à Dieu et qui paiait avoir
été abbesse dans quelque monaslère du
même pays. Siviard, livré à l'élude dès sa
jeunesse, s y appliqua avec une ardeur sin-
gulière. Il y fit de izrands proirrès, et s'ac-
quit en trcs-pcu de lerups la réputation d'un
homme versé dans toutes sortes de connais-
sances. Il fut ensuite élevé au sacerdoce,
puis à la dignité d'abbé, et on croit qu'il ne
vécut pas au-delà de 087. Tout cela le ren-
dait plus capable d'écrire la vie de saint Ca-
lais, premier abbé du'monastère de ce nom,
dans la province du Maine, quoiqu'il fut éloi-
gné d'un siècle entier du temps où vivait ce
saint. Dom Mabillon, sans aucune ditticulté,le
présente comme auteur de celle qu'il a pu-
bliée au premier volume des Actes des sninls
de l'ordre de saint Benoit, et que les conti-
nuateurs de Bollandus ont fait réimprimer
avec quelques additions et de très-longues
observations qui semblent révoquer en doute
la génuité de cet ouvrage. Il serait dillitile
de prouver positivement qu'il appartient à
saint Siviard ; néanmoins on doit croire que
dom Mabillon n'a pas avancé ce fait sans
fondement. Tout ce que l'on peut dire de
plus certain, c'est que l'auteur de cette \'ie
a puisé dans celle de saint Domnole, évêque
du Mans, d'où il a tiré une partie de sa pré-
face; et dans celle de saint Avil, abbé de
Mici , .'i laquelle il a emprunté diverses cir-
constances, pour former comme le canevas
de son récit, qui du reste n'est pas mal écrit,
quoiqu'un peu dilïus.
Un autre écrivain du monastère d'Anisole,
qui connaissait parfaitement les actions de
saint Siviard avec lequel il avait vécu, nous
a laissé sur ce sujet une homélie dans la-
quelle il a fait entrer les principaux traits de
son histoire. Quelque court que soit cet écrit,
il doit nous être précieux, puisque nous ne
connaissons rien de mieux sur la vie de
notre saint abbé. Surius et Bollandus l'ont
publié au premier mars , et dom Mabillon
après eu.^, au m' siècle de son recueil; mais
ce dernier éditeur en a retranché la préface,
qui néanmoins est assez courte et très-
édifiante '. La Vie de saint Calais par saint Si-
viard est reproduite d'après Mabillon au tome
LXXIV de la /'fl//-o%('e latine, col. 1247-1262.
Elle est suivie du testament de saint Calais et
de la Prière faite pour saint Calais, par saint
Innocent. Ces deux pièces sont reproduites
d'après Mabillon.]
CH.\PITRE LXXX.
Jean, archcvêqne de Thessaloniqne, Théodore, abbé de Rhaïte, Pierre de Laodicée,
Thalassins, l'abbé Isaïe, l'abbé Théofride, Cosme, moine de Jérnsalem,
Cosme le jenne', Pantalcon, diacre de Constantinople.
LÉcrivaius grecs du vu° sii:cle.]
JrlB d«
Tbt'-ilool-
1. Jean, évoque deThessalonique, souscrivit
au sixième concile géut-ral en 080 ', eu qua-
lité de légal du Saint-Siège. On ne sait pour-
quoi il prit cette qualité, puisqu'il n'est point
nommé cuire les légats du pape Agallion.
Mais cette souscription fait voir du moins
que cet évoque vivait en 000, et que quand
il aurait écrit, counnc quelques-uns l'ont dit,
pour la défense du concile de Chalcédoine
contre les eulychiens, ce ne serait pas une
preuve qu'il eût vécu dans le sixième siècle,
puisqu'il pouvait également dans le septiè-
me comliattre ces hérétiques à l'occasion
des monotliélites, dont l'hérésie tirait son
origine de l'cutycliianisnie. Nous avons de
lui un discours sur les femmes qui portè-
rent des parfums pour embaumer le corps
de Jésus-Christ', dans lequel il montre qu'il
' Voypz loraellldo la France litléraire. (I/i'dil.)
* Cet deux Cosme ont vécu dans le vui* eiècl'',
v«)yez ci-.^|)^^s. [L'^dileur.) — ' Tnni. VI Concil.,
png. 1029.
[vif SIÈCLE.] CHAPITRK I XXX. — JKAN
n'y a aucune contiiirii'té clans l'histoire de
la rt'surreclion rapportL'e par les quatre
(!Viing(''listes. U cnmple quatre voyajics de
CCS foinincs au loiuhcau , et disliiii;uo six
Maries quoiipi'il n'i'u compte que cinq; sa-
voir, Marie-Maiïdeleine , de qui le Sauveur
chassa sejit démons; Marie do Jacques qui
est la Sainto-A'ierge, appelée helle-mèrc de
saint Jacques le Maj(Hir, ;\ cause de saint
Joseph son époux ; Marie, mère de saint
Jaccpies le Mineur et de Joseph ; Marie de
Cléoplias, soMir de la Vicrf;e, et Mario, sceur
de Marthe et du Lazare. Tout ecla n'est fondé
que sur des conjectures , et non sur le texte
de ri'Jvangile. Savilius avait mis ce discours
parmi ceux qui sont faussememont attribués
à saint Chrysostome. Le père Gombelis,
l'ayant trouvé sous le nom de Jean, évoque
de Thcssalonique, le lui a attribué, et l'a fait
imprimer dans le premier tome de son Aiic-
tiian'iim. Il y est intitulé : De la résurrection
de Jésus-Christ. Jean a\ait composé des
rialogues entre un païen et un chrétien, où
il faisait voir que l'on pouvait peindre les
anges et les âmes, parce qu'ils ne sont pas
incorporels ni invisibles, ayant un corps
subtil composé d'air et de feu; et que les
images que les chrétiens avaient de Jésus-
Chrisl et des maityrs , ne devaient pas être
regardées comme des idoles. Jean prétendait
qu'en disant les anges et les âmes corporels,
il pensait de même que saint Athanase, saint
Basile, Mélhodius et plusieurs autres anciens.
On trouve des IVagments de son ouvrage
dans l'action cinquième du second concile de
Nicée '. [Le Discours sur la résurrection et les
fragments des écrits de Jean sont reproduits
dans la Bibliothèque des anciens Pères de Gal-
land, tome XIIL page 185. On le trouve aussi
dans le tome Vlll des œuvres de saint Jean
Ti>6o.torp Chrysostome parmi les œuvres supposées.]
jj*é do Biiiï- ;2. Théodore , prêtre ou abbé de la laure
ou du monastère de Rhaïte en Palestine, près
d'Elim ou des soixante-dix Fontaines, vivait
en même temps que saint Maxime, si c'est
lui, comme on le croit, à qui ce Père a adressé
ses questions touchant l'essence et la nature
de la volonté, imprimées dans le second
lome de ses œuvres ^. Pholius parle d'un
prêtre Théodore qui avait composé un ou-
vrage exprès pour montrer que les écrits qui
portent le nom de saint Denis l'Aréopagite,
sont de lui '. Cet ouvrage est perdu , et l'on
Tlll'OnORE. PIKRRE. ETC.
787
n'a jiucuue preuve qu'il fùl de Théodore de
Rhaïte. Il ne nous reste île cet abbé qu'un
discours dogmati(iue sur l'Incarnalion , où ,
après avoir rapporté les eneurs dt; Mâ-
nes, de Paul de Samosiile, d'A[iolliniiire, de
Théodore de Mopsueste , de Nestorius et
d'Eutychès sur ce mystère, il propose la doc-
trine de l'Eglise qui leur est entièrement op-
posée. Ensuite il expli(]U{î cette doctiiue, et
fait voir comment les errcms qu'il avait rap-
portées ont été renouvelées par Julien d'Ha-
licarnasse, et par Sévère d'Antioche. Il op-
pose encore à l'un et à l'autre la doctrine
de l'Église, qui enseigne qu'encore qu'il y
ait en Jésus-Christ deux natures distinctes,
il n'y a cependant qu'un seul Christ, qui est
Dieu parf;iit et homme parfait, parce que ces
deux natures, la divinité et l'humanité, sont
unies en lui en une seule personne. Il ne dit
rien contre les monothélites : ce qui prouve
qu'il avait écrit ce petit traité avant la nais-
sance de leur hérésie. En le finissant, il sem-
ble en promettre un autre où il combattrait
toutes ces erreurs par les témoignages des
doctMiis de l'Eglise. Nous ne l'avons point.
Celui qui nous reste fut imprimé en latin, c:e
la traduction de Tilmannus , à Paris en 15S6
in-8°, et dans les diftëientes Bibliothèques
dcB Pères , de Paiis en 1389 et 1609 , de Co-
logne en 1618, de Lyon en i677, en grec et
en latin, de la version de Bèze, à Genève en
1576, 1380, et avec les opuscules théologi-
ques de ce traducteur, en la même ville en
1382. Il y en a deux autres traductions, l'une
de Belforèt, imprimée à Paris en 1399 avec
l'Histoire du concile de Nicée par Gelase de
Cyzique; l'autre de Turrien , qui se trouve
dans le premier tome de VAuctuarium de
Fronton-le-Duc , k Paris en 1624, et dans la
Bibliothèque des Pères qui parut en cette
ville en 16M et 1034. [Jean Benoit Carpzo-
vius a donné en grec et en latin une nou-
velle édition de cet ouvrage avec des
coirections, des explications et une pré-
face. La première partie parut à Helmstad,
en 1779, et la deuxième en la même ville
en 1780, in-4°. On trouve le discours dog-
matique de Théodore au tome XCI de la
Putrologic grecque d'après Gallnnd, avec no-
tices tirées de cet éditeur et d'AUatius, col.
1479-1304.]
3. Nous ne connaissons point d'autres p,^^, ^
.aodicée.Sc
iplicaiioD de
écrits de Pierre de Laodicée, qu'une expli- Laod,eée.so„
< Tom. VU Concil., pag. 353.— » Pag. 151.
> Pliotius, Cod. 1.
1 Ori son do*
1 ^inlMle. Sr>D
'ontracnUlra
•or \t* qiutr*
éTitifiIes.
7 88 HISTOIRE GÉNÉRALE DES
calinn de l'Oraison dorainicalp ' . EUe nsl
courte, mais siilli«;anle pour eiilcndre les di-
vei-s sens de celte prière. [Le père Poussin^s.
dans sa Chaîne sur saint Mattliieu, av.ait cité
un passage de saint Pierie de Laodicée sur
le XIX cliapitre, t 2. Le cardinal Mai a
trouvé le commentaire erîticr sur les quatre
Evangt'listes,daus les manuscrits du Vatican.
L'explication de l'Oraison dominicale et le
passage de Ponssiues se lisent en entier
dans le commentaire , preuve que celui-ci
est du même auteur, savoir de Pierre de
Laodicée. La mort a empédié Mair de tenir
la promesse qu'il avait faite de publier ce
rommcntaiie ; il n'eu a donné que des frag-
ments relatifs au mystère de la sainte Kucha-
l'istie '. On y voit que Judas se retira avant
l'iuslitution de ce sacrement. Cependant l'au-
teur ajoute , que quelques-uns prétendent
qu'il a reçu l'Eucharistie sans pour cela
changer de sentiment ; il croit que saint
Luc le fait participer à ce sacrement, tau-
dis que d'après saint Jean , Judas serait
sorti avant l'institution. La présence réelle
est admise de la ininièro la plus expresse
par Pierre de Laodicée : « celui, dit-il, qui
communie au pain, participe au corps du Sei-
gneur, car nous ne faisons pas attention à la
tiature des choses sensibles qui sont propo-
sées, mais par la foi nous élevons notre àmc
jusqu'au corps même du Verbe ; il n'a point
dit, en eftet : ceci est le symbole , mais en
montrant le pain, il a dit : Ceci est moricoi-ps,
de peur qu'on ne s'imaginât que, ce qu'on
voyait n'était qu'une figure '. » On pour-
rait citer bien d'autres passages de cet au-
teur en faveur do la présence réelle. Ainsi,
en expliquant l'institution de l'Eucharistie
d'après saint Marc , il dit que par ces pa-
AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
rôles : eci est mon cor/)s, ceci est mon sany,
Jésus déclare que ses disciples , après avoir
béni le pain qui est oUTert, doivent recevoir
la communion de ce pain pour la com-
munion de son corps, reuarder le calice
comme son propre sang; qu'en sa chair et
en son sang, il a consommé le mystère de sa
passion pour le salut commun des hommes
et la rémission des péchés... » Jésus-Christ
enseigne en outre, continue le commenta-
teur, que nous ne devons pas faire attention
il la nature des choses ofl'ertes, mais ^ue
nous devons croire que par l'action de grâces
faite sur elles , elles sont devenues le corps
et le sang de Jésus-Christ; car le Verbe de
Dieu vivificaleur, une fois intimement uni à
la chair, déclare que cette chair à son tour
donnera la vie : « Le pain que je donnerai,
c'est ma chair, et cette chair sera la vie du
monde. Si vous né mangez la chair du Fils
de l'homme et si vous ne buvez son san?,
vous n'aurez pas la vie éternelle. « En faisant
cela, nous avons donc la vie en nous; car le
Verbe a dit encore : « Celui qui mange ma
chair et boit mon sang, demeure en moi, et
moi en lui. » Il fallait bien en cfl'eî qu'il habi-
tât en nous par le Saint-Esprit d'une manière
digne de la Divinité , et qu'il s'unit <i nos
corps par sa chair toute sainte et son pré-
cieux sang. Tout cela nous est donné sous
les espèces du pain et du vin par une bé-
nédiction vivifiante, de peur que notre
piété ne s'attiédisse en voyant la chair et
le sang otferls sur nos autels. Dieu, pour
condescendre à nos infirmités, souflle sur
ce pain un esprit de vie, et le change en
sa propre chair, qui, dans une communion
vivifiante, devient pour nous un germe de
vie *.]
' Tom. XII Bibliolh. Pat., pag. 322, et iii Bi-
blioth. Pat. Colon.
' Ces fragraéuts et l'Cxposiliou de l'Oraison do-
iniiiicnte sont nu tome LXXXVI de la Palrolojie
grecque avec une notice tirée de Mai. col. 3321-
333«. L'Mileur )
' Qui cniin pani communicat corpus Domini
participât, non enim reriim seïunlnlium qnœpro-
ponunlnr naluram al'.endinius , sed ad ipsum
Verbi corpus, pcr fideni. animam allollimus; non
enim dixil : linc est si/nibolum, scd puneni indigi-
landi). Hoc est corpus niciiui, ne forte quis figu-
ram esse lantum, qnœ vi':u pcr<ipieli ntur, aii-
tumarel. Pafro!. grœc, toin. I„\XXVI, col. 3320.
* Dicens aulein . Iluc est cor|ins nieinn, et Hic
est ean^uis meus, déclarât discipulos debere, post-
quam pa:fin lienrdixerint, liujus panis coinniu-
nionciii pro communione corpojis sui accipere.
itemque calicem pro sanguine ifsius habere, in
quibus carne vidcliccl et sanguine suo, passionis
myslcrinni consunimaiit, propter conimunem ho-
minutn salutivi. et remi.-'Sionrm pfccalorum : fi-
des enim hœc suscipiens, implelnrum myslcriorum
confensionem liabtl, crcdrnlesque pec-:atnrum re-
missionis participai. Doccl prirlcrea non propo-
silorum natiirnm allenderc, sed crrderc quod per
graliamm aciinnem super illis faclam, corpus
et sanguis Chri.sli facto sunl ; Vivificans enim Dci
y(rbiini.seip.<uni propriif carni uniens modo quem
ipse nocil, ipsam vicificantcm esse dcclaravil,
Viiuif inqniens (|uem e^o dalio, caro uien est
quani pl:o diilio pro mundi viln; et ilerum : Nisi
manduravcritis carneui Filii tioniinis et bihcrilis
pjus snnpninem, non liahchilis vilnni ntcrnani.
Hoc igilur facienles vitam liabnnus in nobis. Di-
:tit enim : ijui ninnducat iiicani carneui cl bibil
Tbalssitlus.
Ci icrni.
I>a(e. Ses
écrit!,
[vil- SIÈCLE]. CHAPrniE LXXX. — L'ABBi
4. ïhalassius, ' connu par les écrits qiio
saint Maxime lui a adt'csisûs , uous a laissé
qiuitre cents vérités morales , qui roulent la
plupart sur la cliarilci et la continence ' :
mais il»y eu a aussi quelques-unes où il éta-
blit la foi de l'I'^^lise sur les mystères de la
Trinité et de l'Incarnatioii d'une manière
claire et précise. Il y conibnd, suivant l'usage
des Grecs, le te. lue de principe avec celui
de cause; disant qu'encore que le Fils el le
Saint-Esprit soient co-étcrnels au Père, ils
ne sent pas comme lui sans piiucipc ni sans
cause. Ces quatic cents vérités ou maximes
se trouvent dans le recueil des anciens
Théologiens à Augsbourg en laol , dans les
Orlliodoxographcs , dans le second tome de
VAticluarinm de la Bibliothèque cîc Fronton-
Ic-Dnc, dans le douzième tome de la Biblio-
thèque des Pères à Lyon en 1G77;] dans le
tome XIII de la Bibliothèque des Pères de
Galland, pages 3 el suivantes; delà elles ont
passé au tome XCI de la Patrologie grecque
avec notices tirées de Gallund et de Fubri-
clus, col. 1123-1-470.] Œcolampade les fit im-
primer séparément à .\ugsbourg en 1520.
5. Les Morales de l'abbé Isaïe ne sont pas
par sentences comme celles de Thalassius,
mais elles sont en forme de discours, au nom-
bre de vingt-neuf '. Ces discours sont tous
pour des moines qu'il avait sous sa conduite,
et qui menaient avec lui la vie cénobitiqiie. Le
troisième regarde particulièrement les novi-
ces; le quatrième, ceux qui vont eu voyage;
les autres ont pour matière l'iiumilité, l'obser-
vation du silence, la sobriété, la pénitence,
l'oubli des injures, le mépris des choses du
monde, la correctiou desmœurs. Le vingt-cin-
quième est une réponse à la lettre de l'abbé
Pierre, qui avait été son disciple: elle roule
sur la nécessité d'abandonncrle monde, quand
on ne peut en allier les soins avec ceux qu'on
: ISAlli:, L'AABli THliOFIUnE, ETC. 78!)
doit à son salut. Le viiigt-si.\ième est un re-
cueil lie plusieurs maximes morales quo
l'ahbé Pierre avait ouïes de la bouche do
l'abhé Isaïe, el mises eusuilc ]iar écrit. Le
vingl-ueuvieme ne conlicnt que des lamcn-
lalions sur les dilférentes manières dont les
hommes piichent, soit par action, soit par
omission. 11 se plaint en particulier du peu de
sensibilité au malheur de ceux qui quittaient
l'Eglise en abandonnant la foi orthodoxe
[Les Morales de l'abbé Isaïe sont repro-
duites au tome XL de la Putrulor/ie (jncquc ,
col. li()3-l:iOG, avec notice tirée de Galland.
Elles n'y sont qu'en latin de la version de Zi-
nus; on n'a point encore publié le texte grec.
On a du même abbé Isaïe C8 préceptes ou
conseils pour ceux qui commi'ucent à mener
la vie monastique. Saint Benoit d'Aniane
nous lésa conservés; ils sont reproduits dans
la Pulrologie latine, tome CIII, col. 427 et sui v.
Le père Poussine a publié en 1684 à Paris
en grec et en latin, dix -neuf chapitres intitu-
lés : Capitula de religiusa cxei'citatione et de
quiète. Galland cjui a pubhé cet ouvrage en
grec et en latin a fait observer que les dix-
neuf chapitres ne sont que des extraits des
Morales publiées par Zinus. Deux fragments
sont reproduits en grec et en latin à la
suite dos dix-neuf chapitres, d'après les
Parallèles de saint Jean Damascène. Ces frag-
ments et les dix-neuf chapitres sont réim-
primés au tome XL de la Patrologie grecque,
col. 12ÛO-1214 '\]
6. Aux discours de l'abbé Isaïe on en joint l'«i.i,«
deux de l'abbé Théofride, l'un sur les reli- ™t;?,':
ques, l'autre sur la vénération des Saints. Il "■•i'-'"'
montre dans le premier que Dieu, qui est
admirable dans ses saints, ne se contente pas
de les glorifier dans le ciel ; qu'il glorifie en-
core leurs reliques sur la terre par l'éclat
des miracles, et par l'honneur qu'on leur
uioum sangiiinem iu me uianet et efro in illo. Opor-
tebcit enim iituin quidem in nobis per Sanclum
Spirilum modo divinitale digno habilare, corpo-
ribus vero nnstris per saitclam ipsius carnein et
preliosum saiiguiitem commisceri; qtiod et con-
cessum habemus per benediclioiiem vivificam,
sub specie parus el vini, ne forte hebesceret pie-
ta< nostra, dum carnein el sanguinem propoiila
videmiis in ecclesiarum allaribus. Condescendens
enim, ut Dcum decel, infîrmitaiib-us noslris, puni
oblala virlulem vilœ inimittit, el in suam car-
neni Irunsmutal, ul in communionem vivificam
illum liaheanius et quasi germcn vitœ fiai nobis
corpus vitœ. P.ilml sncr. , t.im. I.XXXVI, rnl.
3327-28.
' On ne doit point confondre Tlialassiiis dont il
ePl ici question avec Thalasse, lecteur et moine
maltraité par iN'estorius, et qui présenta avec Ba-
sile une requête à l'empereur Tliéodose le Jeune.
Les éditeurs de la Patrologie grecque ont eu le
tort de mettre cette requête sous le nom de Tha-
lassius, ami el coutemporaiu de saint Maxime. (l'e-
dileur.)
2 Tom. XII Bibliotli. Pat., pag. 337.
' Tora. XII Bibliotli. Pal., pag, ?8i.
' .lu ne sais pourquoi D Ceillier a placé l'abbé
Isaïe parmi les auteurs qui out vécu au vn'^ siècle.
Galland, dans sa notice sur cet abbé, montre qu'il
a vécu au iv^ sii'de. du |i'm[ip de saint Athanasc.
[L'e'dileur.]
7yo
HISTOIUE GKNKKALE DES
rend, en enfermant ces reliques dans des va-
bcs d'or et d'argent oraOs de pierres pr.é-
cieuses '. 11 relève dans le second le pou-
voir des saints dans le ciel, afin de nous ex-
citer à les invoquer, et dit que. si leurs reli-
([uesont en ce monde tant d'etlicacité, leurs
âmes n'en ont pas moins dans l'autre. Il
appelle reliques des saints, non-seulement
leurs coips entiers, mais leuis liahils, leurs
ossements, la poussière de leurs tombeaux';
voulant que l'on en fasse grand cas, et qu'on
les conserve avec soin.
cojm«,moi- 7. Il ne faut pas confondre Cosmc l'An-
na. Se> érrlts* ^
co^mtdeMi. cicn, ablié de Jérusalem', avec un autre
Cosme i^ui fut évèque de Majiime en Pales-
tine après Pierre ",- vers l'an 743 *. C'est de
celui-ci que Suidas a dit qu'il ('tait liommo
d'esprit ; qu'il s'entendait parfaitement à faire
des hymnes et des cantiques spirituels, et
que ce qu'il avait fait en ce genre, surpas-
.'•ait ce qu'on avait fait jusqu'alors, on que
l'on ferait h l'avenir. Suidas ajoute que ce
Cosmc était contemporain de saint Jean Da-
mascène et son condisciple °. L'abbé de Jé-
jusalem était plus ancien : il en est parlé
dans Jean Moscli ', et l'auteur de la Vie de
saint Damascène ' dit que son père, ayant
racheté ce Cosme des mains des Sarrasins
qui l'avaient f:iil caplif à son lelourdc Home,
le donna pour précepteur à son fils. C'est à
Cosme l'Ancien que l'Eglise grecque attri-
bue la plupart des hymnes qu'elle chante
dans l'oUJce divin : ce (jui n'empcclie pas
que Cosme évèque deMajunic n'en ail aussi
composé 9 ; mais il u'csl pus aisé de les distin-
guer. Nous en avons treize dans le douziè-
me tome de la Bibliothèque des Pères, sur
les principales fêtes de l'année, la plupart
acrostiches, et toutes attribuées à Cosmc de
Jérusalem. 11 avait mis aussi eu vers les Psau-
uies de David. Cet ouvrage n'a pas enc(ue élé
leudu public '", non jilus que ce qu'il avait
fait sur Moïse. [Il en est de même d'un can-
tique sur la mort de la Sainte-Vierge que lui
iillribue Kollan.] Ces treize hymnes ont été
' Eorum reliquiœ in vasis aureis atquc argcn-
teis et gemmatis, ac in omnibus quœ preliosa
sunt rerondunhir. Ibitl., iiafj. H8.
• Quidquid de reliquiis sanctonim possidemus,
sive in vesie, sivp in jniUcre, sive in ossibus, di-
ligenlcr et caulu cuKtodi(imu-< lliiil., img. 119.
' Tom. XII Uiblioth. Pal , imi?. 7.!:.
' Cosmc le .Icune, ûvCvnie tie Majunio, t'Inil
lie Ji'Tiisiiloiii ; il lient avoir été moine et al)lii! j
r.osmc l'Aii':ieii l'Iiiit un inoiiip italien (pii 6\ovn
eaiut Jean UauiajcèucaYCCCc>::inc lu Jeune, {L'(fdi.,
AUTEL'IIS EGCLESlASTigUËS.
imprimées dans les Bibliothèques des Pères
de Paris, de Cologne, de Lyon, [dans la Bi-
bliothèque des anciens Pères, par Galland,
tome XIlI.p. 2.U,etdeli\danslelomeXCVIII
de la Putrulogie grecque avec notices tirées de
(îalland et de Fabricius, col 456 514], et à
Venise en 1501 iu-4°, par Aide Manr.ce, avec
les poésies de l'rudence et de saint Prosper,
et quelques hymnes d(? !-;iint Jean Dauuis-
cène ". [D'aulies odes on! élé publiées par
Galland et dans la Palrologie grecque, lo-
me XCVIlI, col. 513-323. Elles se trouvaient
imprimées dans le 7'riiiditim, Rome 1738.
Galland à cause de la longueur des stro-
phes pense qu'elles appartiennent à un autre
Cosme. D'autres liynmcs de Cosme de Jé-
rusalem se trouvent dans la Liturgie grec-
que. M. Migne prépare une édition de cette'
liturgie.]
Le cardinal Mai a publié dan=i le Spicileg.
rom., lome II, en grec, pag. I3(M5, la collec-
tion f.l l'inlerprijtation des /lisloires dont saint
Grégoire fait mention dans ses poésies; ces his-
toires sont tirées, soit de la sainte Écriture,
soit des poètes et des écrivains profanes.
Malgré le silence de Suidas et celui des his-
toriens qui ont parlé des interprètes de saint
Grégoire, le savant éditeur n'hésite pas àat-
trilnior cet ouvrage A Cosme le Jeune à cause
du litre et de la conclusion, où Cosme se
nomme. Cet écrit, d'après l'auteur lui-même,
était divisé en trois parties : dans la pre-
mière il parlait des histoires sacrées et pro-
fanes; dans la seconde il était question de
l'histoire naturelle contenue dans les poèmes
de saint Grégoire. La troisième contenait
des observations grammaticales et didacti-
ques : elle manque dans le manuscrit du Va-
tican. D'après le cardinal Mai ', Cosme, au-
teur de cet ouvrage inédit, était de Jérusa-
lem, et fut nommé J'/iilogrrgorins, à cause
sans doute ilu grand amour qu'il portait aux
travaux et h la sainteté de Grégoire de Xa-
zianze, dont il a commenté les poésies. Il vi-
vait au viii" siècle, était né i\ Jérusalem, fut
' Kniis in Vilam Damaseeni, png. 20, lom. I.
• Snidas, in Joannem. — "< Cap. xl.
' Damnsceni rila, paj;. 5.
' Le liiograiihe de saint Jean Dainaseène le re-
connaît l'ormellcment. [L'i'dili'ur.)
'" Lnnibecius, lib. III. jing. lon, i| lib. IV, pag.
210.
" In nniis ail I.ambec, v. pag. 570. Vojez Fa-
bricins, llibt. grac, nonvelle (^dilion. lom. VIII,
Jiag. ni. {l.Vditeur.)
[VII" SlfcCLE.]
CHAPITIIE LXXXI. — SAINT JULIEN, lUALlUS.
791
(51evé diiris la maison même de saint Jean
Dainasci'iip, dont il l'ut le condisciple et l'ami,
par un autre Cosmc surnommti l'Ancien,
moine italien, que le père de Jean Damas-
cène avait raclieté des mains des Sarrazins.
Cosmc le Jeune devint évoque de Majiinie;
il esl l'auleur des vers qui se liouvcnt en
latin danslaliihliotlièqne desl'èiesde Lyon.
Le travail de Cosme est précieux, parce
qu'il nous a conservé plusieurs poésies de
saint Grégoire que nous ne connaissions pas,
et surtout par les variantes et les versions
nouvelles qu'il nous donne pour corriger les
éditions bénédictines. C'est une mine très-
riche pour un nouvel éditeur de saint Gré-
goire. D'ailleurs on y trouvera de nom-
iireux éclaircisstmenls pour riiistoire sa-
crée, ecclésiastique, civile et philosophique.
Quanta la mythologie grecque, Cosme nous
y donne un grand nombre de notions nou-
velles qui seront à ajouter aux travaux d'A-
pollodore, de Phornutus, d'Ant. Libérât et
aux nouveaux mythologues latins que le car-
dinal a publiés -. Cet ouvrage est reproduit
avec une traduction latine au tome XXXVIII
de la Patrologie grecque, avec la préface do
Mai, col. 3;w'].
8. A la siiile des Hymnes de Cosmc de Jé-
rusalem, on amis dans le douzième tome de
la Bibliollièque des Pères ' plusieurs borné-
lies de Pantah'on, diaci'e et garde-charte de
Conslantinople : mais cet auteur n'a vécu que
dans le treizième siècle, et non dans le septiè-
me, comme quelques uns l'ont cru '. La pre-
mière de ces homélies est sur le baptême que
Jésus-Christ reçut de saint Jean; la seconde
sur l'Exaltation de la sainte Croix; la troisiè-
me et la quatrième sur la Transliguration de
Nolre-Seigncur. Surins en a donné une sixiè-
me au vingt-neuf de septembre, qui est en
riiounenr de saint Micbel. Ou cite des manus-
crits qui contiennent des discours du même
auteur sur tous les dimanches et sur toutes
les fêles de l'année. Il est qualifié de prêtre
dans le litre de l'homélie sur l'Exaltation de
la Croix. [Les cinq homélies de Pantaléou
sont reproduites au tome XCVIII de la Pa-
trulogie grecque, avec notices tirées de Fabri-
cius et de Combefis, col. 1239-1270.
Paadiéon
dlicre et gir>
de-ctioTtci dt
CODJlAIlt DO*
pio
CHAPITRE LXXXI.
Saint Jnlien archevêque de Tolède [690] , Idalius évêque de Barcelonne.
[ViTs le même temps. Écriv.nins latins.;
meurt eu t>9U.
1. Tolède fut le lieu de la naissance de
saint Julien. Il y reçut le baptême et les
premiers principes de la religion sous les
yeux de l'arcbevêque Eugène. L'amitié qu'il
Îè1e\"é,.''l80°; lia avec Gudila, diacre de cette Église, fut si
étroite, qu'ils n'étaient qu'un même co^ur et
une même âme. Us avaient conçu le dessein
de passer leurs jours ensemble dans la re-
traite ; mais y ayant trouvé des obstacles,
ils s'employèrent tous deux ii procurer le
salut du procbain- Gudila mourut la bui-
tième année de Wamba , roi des Yisigoths
en Espagne, c'est-à-dire l'an 680 de l'ère
commune. Julien, après avoir passé par les
degrés du diaconat et de la prêtrise, fut élu
évêque de Tolède à la place de Quiricius,
mort la même année. Félix, qui succéda à
Julien en 690, fait de lui un grand éloge, où
il relève ses vertus et son savoir. Il le finit
par le catalogue de ses ouvrages, dont trois
sont venus jusqu'à nous.
2. Le premier a pour titre : des Pronos-
tics , c'est-à-dire , de la considération des
cboses futures. Il est adressé à Idalius, évê-
que de Barcelonne, à qui saint Julien en ra-
conte l'occasion dans une lettre qui est à la
tête de cet ouvrage, n Comme nous étions
ensemble à Tolède le jour de la Passion de
\otrc-Seigueur, nous entrâmes, lui dit-il,
dans un lieu retiré, cherchant le silence con-
' Proleg. Spicileg. Rom., toni. K, pag. v.
» Voyez Table des Auteurs sacrés el profanes,
découverts et publiés par .Mai, par M. Bonnetty.
(L'éditeur].
» Tom. XII Biblioth. Pat., pas. 148.
' Cepenflant Harles prouve que rhomélie de
Pantaléou, sur saint Micbol, colle sur l'Exaltation,
se trouve dans uu manuscrit duxi» ou du IX« siècle.
Fabrie. Biblioth. grirc, edit. Harles. loni.Xl, pag.
445. {L'édileur.)
792
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTECTS ECCLÉSIASTIQUES.
venable à cette fête : assis cliacun sur un
lil, nous prîmes en main l'Écriliiie sainte,
el nous lisions la Passion en comparant les
Évangiles. Quand nous fûmes arrivés à un
certain passage dont il ne me souvient i)as,
nous nous seulimes touchés, nous soupirâ-
mes, nous fiimcs remplis d'une consolalion
céleste, et élevés a une iiaule cimtemplation.
Nos larmes interrompirent la lecture : nous
commençâmes â nous entretenir avec une
douceur inexplicalle, et je crois que vous
oubliâtes alors la goutte dont vous étiez tour-
meuté. Nous cliercbàmcs ce que nous serons
après la mort, afin que la pensée vive et sé-
rieuse des clioses fijtures nous éloignât plus
sûrement des clioses préseules. » Saint Ju-
lien ajoute (iu"Idalius et lui se proposèrent
mutuellement des questions sur ce qui re-
garde l'autre vie, et qu'il fui convenu entre
eu.K que l'on mettrait par écrit ce que leur
mémoire fournirait sur cette matière ; qu'à
cet ellct l'on fil venir un notaire ; mais qu'en-
fin Idalius le cbargea de traiter à loisir ce
qu'ils n'avaient fait qu'ébaucher dans leur
conférence.
Trmii* in 3. Son ouvrage est divisé en trois livies.
jh«Do.iic., j^g premier est : De l'origine de la mort des
hommes '. On ne peut douter qu'elle ne vienne
du péché du premier homme, puisque saint
Bum. r 12. P''"' '^'^ • ^ l>éché esl entré dans le monde jwr
un seul homme, et la mort par le péché. Il est
vrai que ce péché originel est etl'acé dans le
baptême ; mais il l'est seulement quant à la
coulpe, et non quant à la peine temporelle,
qui consiste dans la séparation de l'àme d'a-
vec le corps. S'il en était autrement, beau-
coup de personnes recevraient le baptême
plutôt pour s'exempter de mourir, que pour
obtenir le salut de leur ùme. L'espérance
que mus avons dans la réception de ce sa-
cieuienl, n'a point pour objet la vie présente,
mais la future qui esl éternelle. C'est ce qui
fait que la mort corpoielle n'est point à ap-
préhender de la part du juste, parce qu'il
vil de la foi, qui lui fait envisager la félicité
comme le terme où il touche en quittant cette
vie. Quoique les devoirs funèbres, que l'un
rend aux morts, soient plus pour la consola-
tion des vivants «pie jiour l'utilité des dé-
fnnls, il est de la piété de ne pas les négli-
ger. C'est môme un tt'-moignage que l'on
rend à la foi tli! la résuri-ccticiu. II est utile
aux morts irèlre enleriés dans les (-irlises et
' Tuin. Ml liiblt'/lh. Pat, p. oOn.
auprès des tombeaux des martyrs, parce que
les fidèles, venant y faiic leurs prières, ne
se contentent pas de demander ii Pieu le
repos de l'âme des défunts, ils emploient en-
core pour eux le crédit des martyrs auprès
de Dieu. D'ailleurs les sacrifices et les obla-
tions que l'on fait dans les étjlises pour les
morts, leur sont profitables. Saint Julien cite
souvent saint Augustin dans ce livre, comme
dans les suivants. Il cite aussi Julien Po-
mère. Il dit que quand même on ne lioiive-
rait lien dans les Kcritures saintes touchant
l'utilité de la prière pour les morts, l'usage
de l'Église universelle à cet égard suilirait
pour l'autoriser.
•i. Il traite dans le second livre de l'état i >
des âmes av.ant la résurrection; ce qui lui
donne lieu d'examiner ce que c'est qoe le
paradis, ce que c'est que l'enfer, et ce que
c'est que le purgatoire. Il ne doute point que
les âmes, après leur séparation d'avec le
corps, ne soient rerues dans l'un de ces trois
endroits ; que les âmes des justes n'aillent
en païadis, celles des méchants en enfer, el
qu'il n'y ait un feu purifiant pour celles qui
quittent ce monde chargées de péchés légers.
Son sentiment est que le purgatoire ne du-
rera que jusqu'au jour du ju;zcment dernier;
que toutes les âmes n'y restent pas égale-
ment ; que les unes en sortent plus tôt, les
autres plus lard, à proportion de leurs fau-
tes. 11 appuie tout ce qu'il dit sur cette ma-
tière des passages des Pères, et enseigne,
d'après saint Grégoire le Grand , que les
bienheureux ne prient point pour les dam-
nés, sachant qu'il n'y a point de salut â es-
pérer pour eux. Il prouve par (juelques
exemples que les saints s'intéressent dans le
ciel pour leurs parents et amis fidèles qui
sont encore sur la tei're, non que ces saints
voient par eux-mêmes ce ipii s'y passe, mais
par la connaissance que les anges leur en
dounent avec la permission de Dieu.
o. La résurrection des morts et l'étal des i.
bienheureux font la matière du troisième ^'-'
livi'e. <i II n'y a aucun doute que Dieu ne
doive juger tous les hommes ; mais personne
n'en sait ni le tenii)s ni le lieu, mnius encore
combien de jours ce juiièmcnt durera. Quoi-
qu'il soit réserve au Fils de Dieu, le Père
n'en sera pas exclu ; m.iis il jugera par le
Fils. Le jugement scia pr<''cédc de la résur-
rection gi'wK-ralo. Les bons et les méchanls , r,„
ressusciteront, avec cette dilférence, que les "'"
méchants ne seront pas changés, et que les
[VII» SIÈCLE.] niIAPITRE LXXXl. — SAINT JULIKN, ARCMKVÉQUE.
bons le seront, parce qu'eux seuls seront
?'J3
Trailé lia
SIxièrre d^>e.
Livre 1, pag.
6li.
glolifli'i
Siiinl Julien iuiile lu moilcslic de
saint Au^'ustin, ([ui no voulut poiul tli'iicUîr
Fi lï'Iat lies corps sera le même ijuant à la
forme et ;\ la hauteur, qu'ils étaient lors de
leur si^paration d'avec ITime : seulement il
soutient ([uo les t()r|is des bienheureux se-
ront sans aucune dillormité ; tjue si ceux des
martyrs conservent les cicatrices de leurs
plaies, elles ne feront aucune peine à voir;
et que la dillércnce des sexes aura lieu, mais
sans aucune cupidité. Sur quoi il cile Eu-
gène, archevêque de Tolède, qu'il appelle
son maître. « Les bienheureux devenus sem-
blables aux anges, verront Dieu comme ils
le voient : leur félicité sera toutefois propor-
tionnée aux difl'érents degrés de leurs mé-
rites, comme les peines des damnés seront
IH'opoitionnées à leurs péchés. Dieu sera
lui-même la récompense des bons, qui met-
tront tout leur bonheur à le louer, à le con-
templer, et à l'aimer éternellement. »
6. Le second ouvrage de saint Julien est
un traité du iUxième ihjc du monde. Il le com-
mence par une prière à Dieu pour obtenir
la grâce de traiter cette matière comme il
convenait ; puis il s'adresse au roi Ervige,
successeur de AN'amba. C'est dans celte let-
tre que nous apprenons quelle fut l'occasion
de cet écrit. Les Juifs, qui étaient en grand
nombre en Espagne, s'etTorçaient de montrer
que le Messie n'était pas encore venu, disant
qu'il ne devait venir qu'au sixième âge. Ils
comptaient mille ans pour chaque âge, et on
u'etait alors qu'au cinquième millénaire sui-
vant leur calcul. Le roi Ervige, voyant (ju'ils
avaient séduit plusieurs des fidèles, ordonna
à saint Julien de leur répondre. Il le fit en
trois livres, montjant dans le premier qu'il
n'est dit ni dans la Loi ni dans les Prophètes,
que le Messie doive venir dans le sixième
millénaire ; qu'il n'y a dans l'Ecriture aucune
supputation qui, en remontant à la création
du monde, fixe la naissance temporelle du
Messie ; qu-e lorsque les Prophètes annoncent
sa venue, c'est en disant indéfiniment qu'il
naîtra dans les derniers temps, ce que nous
prenons pour le sixième âge du monde; que
nous avons en cela d'autant plus de raison,
que les signes de son avènement marqués
dans l'Ancien Testament sont arrivés, comme
on peut s'en con\ainc;e en faisant le paral-
lèle lies prophéties d'Isaïe, de Michée, de
Malachie, de Soplionic, des Psaumes, et des
autres Prophètes, avec ce que les Évangé-
listcs racontent de la naissance do Jésus-
Christ, de sa Passion, de sa mort ; que le
temps marqué par Daniel a (ité acconq)li
sous le règne d'Auguste ; que, ce que lo
même prophète a prédit de la ruine de Jé-
rusalem étant aussi arrivé sous Vespasien,
c'est un aveuglement aux Juifs d'attendre
le Messie,
7. 11 traite la même matière dans le se-
cond livre, mais par des preuves et des té-
moignages tirés du Nouveau Testament. «Le
même ange qui avait appris h Daniel la ve-
nue du Messie, annonce â Marie qu'elle le
concevra dans son sein. A peine est-il né,
que les bergers viennent l'adorer dans la
ville de Bclliléem, où, de l'aveu des princes
des prêtres, il devait naître. Hérode, appre-
nant sa naissance, en est troublé, et toute la
ville de Jérusalem avec lui. Dos mages, con-
duits par une étoile, viennent aussi l'adorer.
Saint Jean Baptiste annonce sa venue aux
Juifs, et dans le temps qu'il le baptise dans
le Jourdain, une voix du ciel se fait enten-
dre en ces termes : Celiii-i:i est mon Fils
bicn-aimé. » Saint Julien remarque eu pas-
sant que, quand Hérode fit assembler les
princes des prêtres et les scribes du peuple
pour savoir d'eux où devait naître Jésus-
Christ, ceux-ci ne s'avisèrent pas de faire un
calcul des années ou des âges auxquels sa
venue était fixée ; qu'ils s'en tinrent au lieu
de sa naissance, qui avait été désigné par le
prophète Michée. Il fait une remarque sem-
blable sur la députation que saint Jean fit à
Jésus-Christ pour savoir s'il était celui qui
devait venir, ou s'il en fallait attendre un
autre. « Si le précurseur avait pu savoir par
le calcul des années, depuis la création du
monde, celle de la naissance du Messie, au-
rail-il eu besoin d'envoyer ses ilisciples !i
Jésus-Christ pour savoir de lui s'il était le
Messie ou non? »
8. Apiès avoir fait remarquer dans le troi-
sième livre, que les Hébreux ne distinguaient
pas les âges du monde par le nombre des
années, mais par les diverses générations, il
fait voir que nous sommes au sixième âge, et
môme au sixième millénaire, suivant le cal-
cul des Septante, qu'il préfère à celui des
Hébreux, apparemment parce qu'il venait
mieux à son but. Par ce moyen, il trouvait
cinq mille ans écoulés depuis le commence-
ment du monde jusqu'à la venue du Messie;
à quoi ajoutant 686 ans jusqu'au temps où il
écrivait, il était alors au-delà de la moitié du
Livre n,
pjj. C2j.
Malt. XI, 3.
Livre 111,
79i
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
sixième millénaire. Voici comme il di-tingue
les six agcs du monde : le pieœicr, dopiiis
Adam jusqu'au délufrc; le secoiul, depuis le
déluge jusqu'à ALraliam ; le Iroisii'me, depuis
Abrahamjufqu'.i David; le qualiième, depuis
David jusqu'à la Irausniigiation de Baby-
luno; le cinquième, depuis la Irausmipralion
deBabylGnejus(|u'a la venuede Jésus-Cln-isl;
le sixième, depuis la venue de Jésus-Cliiisl
jusqu'à la fin du monde, qui n'est, dit-il, con-
nue que de Dieu seul.
Hi.toir. de 9. Le troisième ouvrap;e de saint Julien est
U guerre de ,, i'-i,'i t ]
w.a.u. V Histoire de ta guerre du roi M amba contre te
duc Paul rebelle '. AVamba avait été élu mal-
gré lui pour succéder au loi Récesviutlie,
mort en 67:2, et avait été sacré à Tolède avec
l'buile bénite, répandue sur sa léte parl'ar-
cbevcquc Quiricius. Aussilot après, il s'éleva
contre lui un paili dans la Gaule Narbonuaise.
Wamba envoya pour le réprimer le duc Paul,
qui se révolta lui-même. AVamlja niardia
en personne contre lui, le prit, et flt rendre
aux églises tous les vases sacrés que Paul
avait enlevés, entre autres la couronne d'or
que le roi Récarède avait olierte au tombeau
de saint Félix de Giroune, et que Paul avait
mise sur sa tête. Après quoi il lit juger les re-
belles dans l'assemblée de la nation suivant
les canons et les lois des VisigoUis. Wamba
étant tombé malade en G80, l'archevêque de
Tolède lui doinia la pénitence, et le revêtit
de l'habit monas'.ique '. Ce prince, se croyant
obligé de demeurer en cet état, renonça de
la royauté, déclara Ervige son successeur, et
donna une instruction signée de sa main à
saint Julien , portant avec quel soin on devait
célébrer l'onction d'Ervige. Voilà les deux
premiers exemples de l'onction des rois.
Le Mtrede. 10. Félix de Tolèdc met entre les ouvrages
de saint Julien un livre des Antilogus, ou
contrariétés apparentes de l'Ecriture. Nous
en avons un de ce genre imprime- à Cologne
en l.")32, sans nom d'iiuteur. André Scliott,
croyant que c'était celui dont parle F('liN,ra
l'ait imprimer sous le nom de saint Julien
dans le quinzième tome de la Bibliothèque
des Pères, à Cologne en 162:2, d'où il est
passé sous le même nom dans celle de Lyon.
' Duchcfiic, toin. I Hist. Franc, pag. 821.
« Toin. VI Concil., pag. )ï2:i.
' l,'(!ililciir e^piifjuol n pruiivé (]iio cet oiivr.ipc
était vraiment de saint Julien de Tuli^dr-. (L'édi-
teur.)
• Kelix. in Ippendice nd Ildephuns. de Scripto-
ribus Ecclesiatt.
Mais Jean-Baptiste Marus, dans ses notes sur
•ces hommes illustres du Monl-Cassin par
Pierre Diacre, prouve que cette Concordance
est de l'abbé Berthaire, dont elle porte le nom
dans un ancien manuscrit écrit en lettres
longobardiques '. Cet abbé écrivait sur la
fin du neuvième siècle.
11. Voici les autres ouvrages cpie Félix de d,„îi°j'ïll
Tolède attribue à saint Julien, et dont nous 3l!l.*°°'
ne connaissons que les titres. Un livre de
Rëltonses adressé à Idalius, évêque de Barce-
lonne, dans lequel il justifiait les canons et
les lois qui défendent aux esclaves chrétiens
de servir des infidèles '; un A]X)log('tique de
la foi adressé au pape Benoît'; un autre
Apologétique qui concernait trois articles sur
lesquels l'évêque de Rome semblait avoir eu
quelque doute "; un petit écrit des Remèdes
contre les blasphèmes, avec une lettre à l'abbé
Adrien; un recueil de poésies qui contenait
des hymnes, des éfiitaphes et dos épigram-
mes en grand nombre; un livre de Lettres;
un recueil de Sermons, parmi lesquels il y
avait un petit écrit de la Protection de la mai-
son de Dieu et de ceux qui s'y retirent ; un re-
cueil de Sentences tirées des Commentaires de
saint Augustin sur les Psaumes ; des extraits
des livres du même Père contre Julien; un
traité des jugements divins, tiré de l'Écriture
sainte, avecune Leltreau roiErvigc; un traité
contre ceux qui persécutent les personnes qui se re-
tirent dans les églises ; un livre des Afesses pour
toute l'année, divisé en quatre parties, dans le-
quel il en corrigeait quelques-unes qui étaient
ou a Itérées ou imparfaites, et en faisait de nou-
velles; un livre d'Oraisons pour les fêtes de
l'église de Tolède : toutes ces oraisons n'é-
taient pas de lui; il en avait réformé quel-
ques-unes, et fait d'autres. toutes nouvelles.
12. On ne trouve point dans ce catalogue commtn.
le ( iimmenlauv sur la prophétie de Au/ium. La- iTcpuu «•-
nisius en a néanmoins fait imprimer un sous
le nom de saint Julien de Tolède, à qui il est
dil-il attribué dans un manuscrit de la bi-
bliolhèque de Bavière. C'est le même Com-
mentaire que l'on a inséré dans le douzième
tome de la Bibliothèque des Pères ' à Lyou
en 1677, parmi les Œuvres de saint Julien.
' Cette profrission de foi fut f.iilc pour atto.stir
la foi de l'l>pa?iic i)ar rapport A la eoiuliiiniintioii
d'Apollinaire, portée par le C concile géutïral de
Confinntinopli'. (L'édileur.)
< Il est piiMié en parlie dans le C coacile de
Tolède. (I.'éiliteiir.)
' T.mi, Ml nihiioth. Pat. ptig. 030.
CHAPITRE LXXM. — SAINT JLXIEN, AllCIlEVÈQUE.
[vil' SliXLE.J
Mais le silence de Fëlix, qui paraît avoir pris
beaucoup do soin h faire conuailm tous les
ouvrages de son prédécesseur, la dill'éreucc
qu'il y a entre le style de ce Commentaire et
la manière d'écrire lie saiid Julien, font beau-
coup douter qu'il soit de lui'.
Cet évoque assista à quatre conciles de To-
lède : au douzième, en 681 ; au treizième, en
683; au quiitorzième, cn684; auquiuzièmc,
en 088. 11 présida à ce dernier, où il fit l'a-
pologie de cette proposition que le pape Be-
noît avait désapprouvée : // ij a en Jcsus-
r/irist Irais substances. Il en comptait deu.K
dans l'humanité, ràmc et le corps ; In divinité
faisait la troisième,
jos-mmi I^- Saint Julien était babile pour son temps.
.«s.... Ju. ji .^^..jj, j^j Jpg p^j,gg i.,(inj.^ Pt possédait l'i':-
critu'e sainte. Son slvle est clair, et sa lati-
nité plus pure que celle de beaucoup d'autres
écrivains de son siècle.
K.iiiinn(ifi 14. La meilleure et la plus complète édition
Viivr0« de >. * *■
jui CD rt'.irti des œuvres de saint Julien, est celle qui a été
io'iède"VÎ- donnée dans le tome II de la Collection des Pl-
scvk' '"'"' f'c^de Tolède, parFranrois deLorenzana, deux
vol. in-fol, Madrid, 1782; elle est reproduite
dans le tome XC\'I de la Patrologie latine,
col. 427. (5ny trouve d'abord des notices sur
saint Julien, Idalius et Félix, par Antoine,
Biblioth. vet. Hisp.; la Vie de saint Julien,
par Félix, évèiiue de Tolède, avec des noies.
Viennent ensuite les écrits : 1° les Pionos-
tics du siècle futur; 2° le Livre apologétique
atlrcssé au pape Benoit II. Nous n'en avons
qu'un extrait, ou la première partie de ce li-
vre, conservée dans la Profession de foi faite
dans le xv' concile de Tolède de l'an 688.
Ce livre avait été envoyé à Rome deux ans _
auparavant pur saint Julien; les Pères ne se
contentèrent pas d'eu entendre la lecture,
ils l'approuvèrent et l'insérèrent en partie
dans les Actes de leur concile. Saint Julien,
dans cet .Apologétique, avait pour but de jus-
tifier certaines expressions et certaines asser-
tions que le Pape avait reprises dans son pre-
mier Apologétique. Le Pape lui reprochait :
1° d'avoir dit que la volonté en Dieu engendre
la volonté, comme la sagesse engendre la sagesse ;
2° d'avoir affirmé qu'il y avait trois substan-
ces en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Les deux
autres chefs d'accusations nous sont tout h
fait inconnus. Suint Julien, dans sa réponse,
montre en quel sens il a parlé, confirme son
71).-)
sentiment par les textes des saints Pères, en
parliculier de saint Augustin, de saint Cy-
rille et de saint Isidore. Le Souverain Pontife
fut très-content de ces explications et en té-
moigna sa satisfaction, comme Patteste Isi-
dore de Bad-ijoz '.
F^c troisième ouvrage est celui des t'/ireu-
ves du sixième âge contre les Juifs. Le quatriè-
me contient les Anlilogies ou oppositions de
l'Ancien et du Nouveau-Testament, précé-
dées d'un ordre alphabétique. L'Apologéti-
que de l'abbé Samson, écrit en 804 contre
Hosiigise, et publié par le père Florez, to-
me XI de l'L'spagne sacrée, ne permet plus le
doute sur le véritable auteur des Antilogies.
On y cite souvent cet écrit de saint Julien;
on en rapporte les paroles mêmes, telles
qu'elles se trouvent dans les questions et les
réponses. Devant cette preuve s'évanouissent
toutes les difficultés des critiques. S'il y a des
manuscrits qui portent le nom de Berlhaire,
c'est peut-être que ces manuscrits ont été
écrits par lui ou par ses soins, ou encore parce
qu'ils contiennent sous le même titre diver-
ses questions expliquées par diverses sen-
tences : ce qui n'est pas rare, comme on le
sait. L'ouvrage est publié d'après la Biblio-
thèque des Pères de Lyon, mais avec quel-
ques corrections : on y garde un meilleur or-
dre ; la question 70 du livre I est suppléée par
l'Apologétique de Samson'.
Le cinquième ouvrage est le Commentaire
sur le prophète Nahum.Lorenzaua restitue cet
écrit à suint Julien, el réfute les raisons qu'on
oppose à ce sentiment. Le silence de. Félix ne
prouve rien, car le même auteur a laissé
dans l'oubli la Vie de saint Ildefonse, écrite
ceitainement par Julien. Ûnsait combien l'ar-
gument tiré de la diversité du style est fai-
ble, à moins qu'on n'ait égard à toutes les cir-
constances et qu'on les pèse attentivement.
Si l'ouvjage en question se trouve dans un
seul maiiusci il mutilé, combien d'autres sont
dans le même cas et ne sont point pour cela
rejetés comme supposés ! Si l'auteur n'expose
que quatre ou cinq versets, c'est qu'il a été
forcé d'interrompre son travail par quelque
circonstance imprévue ou par la mort. Les
deux vers léonins qu'on y lit ne dénotent
point un âge plus récent, car on en lit aussi
dans Virgile et dans Ovide.
L'ouvrage, quoique imparfait et mutilé,
' Tes raisou? soûl réfutées par Lorenzana. {L'é-
dUeur.)
' Voyez noie de Lorenzana, 1-.449 dausle t.XCVI.
' Voyez le Monilum de Lorenzana, col. S86,
796
HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
monlre un aiileur très-versc dansTICrritiirc,
habile h en pénétrer les sens cl à les expo-
ser. Le commenlalear donne d'abord le sens
littéral, ensuite le sens allégori(jue. le sens
anasrogiqne, et enfin le sens moral sous tou-
tes ses faces. Celte fécondité, jointe à une
ïfrande perspicacité, cette doctrine unie ■'i une
érudition extraordinaire, et exprimée avec
des expressions propres, conviennent parfai-
tement à saint Julien, comme on peut s'en
convaincre en parcourant ses autres écrits '.
Le sixième ouvrafre du saint archevêque
contient la Vie de saint Ildcfonse : dans ï'é-
ditioii de la Patrologie, il est l'envoyé à la
col. -4.')-'ii du même volume jiarmi le^ œu-
vres de saint Ildefons«-
Dans le septième on lit les Oraisons com-
posées par =;iint Julien; elles se trouvent dans
le Missel mozarabique. L'abliô Samson, dont
nous avons déjà parlé, attribue la première
et la seconde à saint Julien, ce qu'on igno-
rait complètement. La troisième est celle que
le saint Docleiir a mise lui-même à la tète des
Épreuves du vi' âj,'e.
Le huitième ouvrage de l'édition Lorenza-
na est l'Histoire de la liébellion de Paul con-
tre WiimOn, en deux textes, l'un très-pur,
l'aulre tel qu'il a été interpolé par Lucas Tu-
densis, et publié par Schott.
Le ncu\ième ouvrage fait suite à l'histoire
précédente, il est intitulé : Inculte d'un Irès-
humitc Historien contre la Tyrannie de la
Gaule. Le dixième est le Jugement contre la
perfidie des Tyrans, avec deux textes : le pur,
et celui de Lucas Tudensis, altéré. Ces deux
ouviagcs sont parrillcmcnt dirigés contre la
rébellion du duc Paul. Dans l'Appendice on
reproduit les ouvrages supposés : 1° la Chro-
ni«iuedes rois Visigotlis de -407 h 738, dont ou
ignore l'auteur, m lis qui n'est point l'œuvre
de saint Julien; 2° des vers qui lui sont at-
tribués par le soi-disant Julien Pétri, archi-
prêtre de Saint -Juste, des épitaphcs qui
se trouvent dans la Chronique du faux Lut-
prand.]
15. Idalius, ëvêque de Barcelonno, fi qui i"""!»'
saint Julien avait adressé ses trois livres des
Pronostics, l'en remercia par une lettre que
doni Lucd'Achcri a donnée dans le premier
tome du Spicilége'. Il y en a joint une autre
du même ëvêque à celui de Narbonne nom-
mé Zunifredus, dans laquelle il marque qu'il
lui envoie les livres des Pronostics composés
par saint Julien de Tolède, eu le priant de
communiquer aux évêqu.^s de sa province
un ouvrage si utile et si excellent. fOn les
trouve au tome XCYI de la l'ulrdlotjie latine,
col. 813, avec une notice tirée d'.Antoine,
Bibl. vet.Ifisp., col. 443.]
Id<llD<, trt-
qoe de Birt«>
CHAPITRE LX.XXII.
Ttéodorc, archcvcqne de Cantorbéry [690].
idScrivaiu lalin.)
nsodort 1. Nous avons dit plus haut qu'Oswi, roi
yeqnodecto. jg Norlliumbrc, avait, de concert avec Ek-
*"• bert, roi de Kent, envoyé .'i Rome un saint
prêtre nommé Viyard pour y être ordonné
archevêque de Cantorbéri , et que Vigard
mourut à Rome de la peste avec tous ceux
qu'il avait amenés. Le pape Yitalien fut quel-
que temps à chercher un sujet digne de
ieiu[)lir un poste de celte importance; enfin
il jeta les yeux sur l'abbé Adrien, originaire
d'Afrique, instruit dans les divines Ecritures
et dans la discipline monastique, et qui pos-
sédait également li's langues grecque et la-
tine '. Adiien, se croyant indigne de l'éii-
scopat, le refusa; m.ais il présenta au Pape
un moine nommé Théodore, qui était do Tarse
en Cilicic, homme savant, de boiuics mœurs,
vénérable par son iîge, et qui savait le grec
et le latin. Vilalien l'acccitta, et l'ordonna
évéque le vingt-sixième de mars GG8, à con-
dition qu'Adrien le conduirait en Angleterre.
Théodore élait alors ùgé île soixante-six ans.
Ils n'arrivèrent ;'i Cantorbéry qu'au mois de
m.ii de l'année suivante CG'J. Théodore prit
possession de sou siège, et donna \ Adrien
le monastère de Sainl-Pierio. Ils firent en-
semble la visite de toutes les habitations des
Anglais, l'tabliï-sant [larlout un bon ordre de
vie et l'usage de l'église catholique dans la
céh'bralion de la fête de Pflques '.
I Vnvrj \e Moiiitiim i\o I,on>nzan.n, roi. 7«3.
• Toiii. I Spicileg.. pn(<. .113 il 316.
•'• nrd.i, lili. IV, is|.. 1.
' ll)id., cap. II.
[vil' SltCI.E.
CIIAPmŒ L.WXII. — TIII'dUUllE DE CANTUltUKIlV,
797
iisiai.iii :>. Ils l'onnorent diverses t'xolcs en Ant;lc-
dos ^cuU>» ou ,1. !■ 'i Hi% •. ■ '
Aunuiorro. Icrrc, OU 1 on expliqniiit 1 hiriliiie samic, cl
S" iniirl ou . . ,, .1.1,
«'o- OÙ l'on onsei^'^nait 1 asti-oiioinie. 1 anllinicli-
qiie ei'clésljistiiiuc, c'i'sl-à-iliro le coni[iul ou
calcul |i<inr Irouvcc la l'â(|iic, les langues
<;i'('ci|ue et laline, la conipusllioii des vers
latins, et le chant ecclésiasli(iiie. Tliéodoie
mil plusieurs évèqucs dans les lieux où il
n'y en avail pas encore eu, en ordonna pour
les églises vacantes, rétablit dans leurs égli-
ses ceux qui en avaient été chassies injuste-
ment, tint plusieurs conciles, fonda des mo-
nastères, et ne cessa do tiavailler au main-
tien de la foi et de la discipline jusqu'à sa
mort, qui arriva en 690, après vingt-deux ans
d'épiscopat.
Péniieniici 3. Il composa un Pénitentiel, ou recueil
de canons pour régler les pénitences des di-
vers péchés. Le titre seul fait voir qu'il était
dilfc'rent du Livre des Canons, dont il lira dix
articles pour lesfaiie appi'ouvcr dans le con-
cile d'Herford, auquel il présida en 673 '.Ce
- livre était vraisemblablement le Code de l'E-
glise romaine. Théodore n'aurait pas osé en
proposer d'autres aux évèqucs d'Angleterre,
n'ignorant pas qu'Adrien, que le Pape lui
Jivait donné pour le conduire .'i Gantorbéry,
était chargé de veiller à ce qu'il n'introdui-
sit rien de nouveau dans cette I']glise ', à la
manière des Grecs. S'il se fut agi do son Pé-
nitentiel, pourquoi ne l'aurait-il pas proposé
tout entier au concile? N'était-il pas de son
intérêt particulier et du Lien général des
Églises d'Angleterre, qu'il fût approuvé dans
un concile qui représentait toute la nation?
Le Pénitentiel, en l'état où nous l'avons au-
jourd'hui, n'est ni entier, ni dans sa pureté.
On y a fait, comme il est arrivé à beaucoup
d'autres livres de ce genre, diverses aug-
mentations et divers changements, suivant
les lieux et les temps où il a été mis en pra-
tique. Sigcbert n'j' avait vu que la forme en
laquelle les pécheurs devaient expier leurs
péchés '. On y trouve à présent quantité de
rits et de cérémonies qui n'ont aucun rapport
à la pénilcncc. Il y a même des endioils où
il est [)arlé de Théodore eu troisième person-
ne *. Nous avons, dans le n(Miviènie tome du
Siiicilége de Dom Luc d'Aclicri, cent-vingt
articles de ce Pénitentiel, qui ont ('■li- léim-
priiués dans l'Appendice ilu sixième tome des
Conciles du Père Labbe en 1671. Jaccp.ies
Petit en donna une nouvelle cdiiiou à Paris
eu 1677; mais elle ne compicnd (pie (piator-
ze capitules de ce Pénitentiel, qu'il a arran-
gés à sa façon. Ils se trouvent la iiliipait
dans ceux de Dom d'Aclieri ; et c'est appa-
remment ce qui a eiujiéché le Père Ilardouin
de les rapporter dans sa Collection des Con-
ciles, où il s'est conlenté de mettre k côté
les dillVu-enles leçons du manuscrit de M. Fa-
vier, dont Jacques Petit avail eu communi-
cation. Il est surprenant que cet auteur, qui
se vante d'avoir donné dans quatorze capitu-
les tout ce que le Pénitentiel de Théodore
contient de remarquable et d'intéressant,
ne l'ait pas donné tout entier pour satisfaire
le public, qui le désire depuis longtemps.
Cela fait douter qu'il ait eu eu main ce Péni-
tentiel dans toute son étendue, car on dit
qu'il est très-long; et c'est par celte raison
que Spelmcin s'est dispensé de le rapporter
dans le premier tome des Conciles d'Angle-
terre, pour ne pas trop enller son recueil '\ '
Voici ce qu'il y a de lemnrquable, suivant
l'édition de Dom d'Acheri, qui parait plus
pure et plus sincère que celle de Petit, quoi-
qu'elle ne soit pas exem[]te de mélanges de
canons étrangers.
4. Celait l'usage qu'un prêtre ôtât aux _
nouveaux baptisés, le septième jour d'après tS",'^'','„'Î,''.
leur baptême, le voile qui avait été mis sur m,î!,uJbie."'"
leur tète dans la cérémonie du baptême ".
L'abbé, dans les monastères, en usait de mê-
me ù l'égard des moines qui faisaient profes-
sion, parce qu'au jugement des Pères la pro-
fession monastique est un second baptême,
et qu'elle remet les péchés comme ils sont
remis dans le baptême '. L'abbé devait être
élu par les moines. C'était l'évêque qui l'or-
' Tom. VI ConciL, pag. fi3l.
» Beda, lit). IV Hisl , Lv.p. i.
3 Sigebert., De Script. Eccles., cop. Lxm.
' Art. U (d'Aclier) et 11 (Potil).
>■ Sppliuan., loin. I ConciL Angliœ, pas. 134.
« Tuiii. IX Spicileg., et tùiii. Vl ConciL; LalOj.,
et tom. Ml ConciL Harduini, pag. 1771.
■* Ceci doit s'eateudre moins de la cérémonie
purement extérieure de la profession monastique,
que de l'ûtiservation de la règle qui y est impo-
sée; et de plus le liaplôme remet les péchés ex
opère operato, au lieu que la professiou monas-
tique ne peut les remettre qu'ex opère opcranlis.
Les Pères n'ont rien voulu cure autre chose; et
d'ailleurs il faut entendre ici les ptres de la vie
monastique, et non les Pères de l'I'Vdiso propre-
ment dits. Voyez dans la bibliothèque (les Pères
de Lyon, tom. XXI, le sermon de Geoffroy de Ven-
dôme sur saint Benoit. (L'éditeur.]
HISTOIRE GRNKRALR DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cap. II.
nu
X, XIX.
7'.i8
(lonnail ou le bénissait pendant la célébra-
tion des saints Mystères. Pour marque de sa
dignité, il lui nictinit en main le bâton pas-
toral. Pour être parfait cbréticn, il faut avoir
rcru avec le baplènic la couHrniation de l'é-
vêque. Ceux qui, par ignorance, ont été bap-
tisés deux fois, n'ont pas besoin de péniten-
ce. Mais ils ne peuvent éli'C ordonnés, si ce
n'est dans une grande n(''ccssilé. Le diman-
che, on n'allait point en bateau, ni en clia-
riot, ni à cheval, ni au bain; on ne faisait
pas même de pain. Il était dél'endu de man-
commuuanté choisira un autre abbé. Ce-
lui qui était élu pouvait renoncer à sa digni-
té, avec la permission de l'évcque. La péni-
tence pour l'homicide volontaire est de sept
ans, si mieux il n'aime renoncer à porter les
armes; pour la fornication, un an; pour l'a-
dultère, trois ans. Ainsi l'on avait déjà beau-
coup abrégé les pénitences prescrites parles
anciens canons. Il n'est pas permis de dire
la messe pour celui qui s'est tué volonlaire-
ment; mais on peut prier pour lui et faire
des aumônes. Dans le doute si une personne
ger du sang, et de la chair d'animaux étouf- a été baptisée, il l'anl la baptiser. Permis de
fi'-s. Les moines, chez les Grecs, n'avaient dire la messe pour un enfant mort avant Tâ-
point d'esclaves; les Latins en avaient. Chez ge de sept ans. Ceux qui ont été ordonnés
les Grecs, les clercs et les laïcs communiaient par les lîcossais, c'est-à-dire parles Hiber-
tous les dimanches. cTclui qui passait trois nois et par les Bretons schismatiques, doi-
Ctj.ixiirtt
dimanches sans recevoir la communion ('tait
excommunié. Il n'en était pas de même chez
les Latins : on leur laissait la liberté de com-
munier, et ceux qui ne communiaient pas
n'étaient pas pour cela excommuniés. Quoi-
que les pénitents ne dussent communier
qu'après avoir accompli le temps de leur pé-
nitence, on usait de miséricorde envers eux,
et on leur permettait de communier au bout
d'un an ou de six mois. Les Grecs se ma-
riaient au troisième degré de consanguinité;
les Latins, seulement au cinquième; mais si
le mariage avait été contracté, ne fût-ce
qu'au quatrième, on ne l'annulait pas. Les
nouveaux mariés recevaienlla bénédiction du
prêtre pendant la messe. Ensuite ils étaient
nn mois sans entrer dans l'église ; puis ils
faisaient quinze jours de pénitence avant de
communier. .\ la mort d'nn moine, on célé-
brait la messe pour lui le jour de sa sépul-
ture, le troisième jour d'après, et autant de
fois que l'abbé le jugeait à propos : on of-
frait aussi le sacrifice pourles fidèles laiViues,
et on l'accompagnait de jeunes.
o. Chez les Grecs, le prêtre peut consacrer
les vierges en leur donnant le voile, récon-
cilier un pénitent, bénir l'huile et le clucme
pour les infirmes. Les Romains réservent
toutes ces fonctions aux évoques. On doit
avoir de la véui'ralii>n pour les reliques des
saints, et tenir tni cierge alliuné devant leurs
chasses pendant la nuit, si l'église est en état
de faire cette ch'-pense, 11 ('-tait permis aux
enfants qui étaient dans les monastères de
manger de la chair jusqu'à quatorze ans.
L'alibi; no pourra donner à un autro le gou-
vernement de son monastère, ni se choisir
un successenr ; mais, après sa uinrt , la
vent être réhabilités par l'imposition des
mains, et leurs églises réconciliées par l'as-
persion de l'eau bénite. On n'accordera aux
Bretons ni le saint chrême , c'est-à-dire la
confirmation, ni l'eucharistie, avant qu'ils ne
se soient réunis à l'Eglise. L'usage de l'Eglise
lomaine est de porter à l'église les corps des
moines on laïques vertueux; après leur mort,
d'oindre de chrême leur poilriiie; de dire la
messe, le corps présent; de chanter, quand
on les porte en terre ; de faire sur eux des
prières, quand ils sont dans le tombeau; de
les couvrir de terre ou de pierre, et de dire
des messes pour chaque défuni, le premier,
le troisième , le neuvième et le trentième
jour, et à l'anniversaire.
6. Défense, sous peine de déposition, à l'é-
voque ou au prêtre, de célébrer la Pâque
avant l'équinoxe. Les évêques tiendront cha-
que année deux conciles : le premier, la cin-
quième semaine après la Pentecôte; le se-
cond, au moisd'octoitre. L'évèque, le prêtre,
le diacre doivent confesser leurs péchés '. En
cas de nécessité, on peut se confesser à Dieu
seul. Gration, Biucliard et Yves de Chartres
citent cet endroit, mais en des termes bien
dillërents de l'original Celui dont la femme
est tombée en fornication i)eut la répudier et
en épouser une autre. Les garçons peuvent
se faire moines à quinze ans; les filles (pii
sont sous la puissance de leurs parents ne
peuvent s'engager dans l'état religieux qu'à
seize ou dix-sept ans.
7. Jacques Petit a joint aux extraits du
' E;)isro;)ns , preshylcr, diaconu.< con/i/cri rfr-
bel peccatuinSHum. Cnnffusio Pen snli, si necesie
cet, agi licet.
Aulrc r«-
|U*n KAU» ta
Boni d« Tlii-0*
doiff du CoD-
torUry.
[vu* SIÈCLE.] CIIAIMTUK I.XXXlll. — SAINT
Pi'iiiti'iiliol de Tlitotloio un iiiilrc irciii'il du
ciiiinns (jiii poi'lo sou luun, cl pliisioms aud-ps
caiiniis qui lui .sont allrihiu's datis une col-
loction dos conciles d'Esjjagnc, dans les Pc-
nitcntieisd'Kùhort d'York, cl de Bède ; dans
le l'ouiteiitiol romain e( dans celui de l{ai);'.n,
jiar Yves de Charlres, jiar Gratien cl quel-
ques autres, dont les tëmoiguages en C(! gen-
re ne sont pas toujours digues de foi. Il y a
joint encore une ancienne coni|iilation de
canons et divers monuments sur les rits de
ri'.glise, principalement sm- la pénitence,
avec deux dissertations, l'une sur la visilan-
l'MtUCTUEUX, ADAMNAN, KTC. V.)<.\
ce pastorale, l'aulre sur la jienitence, ou il
enircprend de montrer ipuî, dans liss pre-
miers siècles d(; rK;^lise, il n'y avait point de
pénitences réglées pour les péchés cachés.
Son onvraf^e, qui est en deux volumes in-'i",
a été imprimé à l'aris en 1077, chez Desal-
lier, sous le titre de P<}nilentiel de Tliùodore.
[L'édition de Jacques Petit ail i' éimprimée
eu partie dans le tome XCIX, col. !)02. Plu-
sieurs mnnuiuenls qu'elle conicnait sont
i-envoyés .■'i d'anties volumes, selon l'ordre
chronologique; il y en ;i du x'' el du xi" siè-
cle. I
CHAPITRE lAXXIll
Saint FructQcux, archevêqoe de Brague [vers l'an 566] ; Adamnan, abbé de Hil
|704 on 705], Arcnlfe évêqne Ganlois [vers le même tomps], Céolfrid3,
abbé de Wiremonthet deJaron [769].
tÉi.rivains latins.;
1. Saint Fructueux, né du saug royal des
Goths, était fds d'tui général d'armée qui
faisait sa demei.ri, ordinaire an territoire de
Vierze, entre Ls montagnes de Léon et de
Galice'. Après la mort de ses parents, il
reçut la tonsuie de Conantins, évêque de
Palencia ; et dans le désir de la perfection
Iévangélique, il donna son bien aux églises,
aux pauvres et à ses esclaves, à qui il ac-
corda aussi la liberté. Mais il en employa la
meilleure partie à fonder le monastère de
Complnte, où il assembla une communauté
nombreuse. Fatigué des visites que sa répu-
tation lui attiiait, il alla se cacher dans la
solitude. Ses disciples l'en tirèrent par une
sainte violence ; mais il les quitta quelque
temps après pour aller fonder d'autres mo-
nastères. 11 y vint tant de moines, que le
gouverneur de la province s'en plaignit au
roi, dans la crainte qu'il ne demeurât plus
personne pour les armées et pour le service
de l'i:tat.
t-,e"Jiev«. 2. Il pensait au voyage de la Terre-Sainte,
rté'vêq'iè' 'de lorsuue le rni, qui en avait été averti par un
"*"'' religieux, le fit arrêter, afin de le retenir en
Espag)ie. Il fut ordonné évèque de Dnme, et
transféré en 656 à l'archevêché de Brague,
qui était vacant i)ar la démission volontaire
de Potamius. En changeant d'étal , il ne
changea ni sa manière de vivre, ni l'habit
monastique. Il bâtit l'abbaye de Montel entre
Dume et Brague, et y choisit sa sépulture.
L'année de sa mort n'est pas certaine ; mais
elle arriva avant l'an G73, puisqu'en cette*
année Léodécisius, archevêque de Brague,
souscrivit au troisième concile qui se tint en
cette ville. Saint Fructueux avait assisté an
dixième concile de Tolède, en GoG.
3. Dans le Code des Règles, il s'en trouve
deux de saint Fructueux : l'une composée de
vingt-cinq chapitres, qui est pour des moi-
nes ; l'antre, qui n'en contient que vingt, est
appelée la Règle commune^, parce que le
saint la composa pour des communautés
d'hommes et de femmes , particulièrement
pour les maisons qui servaient de retraites,
ou à des pères qui s'y retiraient avec leurs
tlls, ou l'i des mères qui y venaient avec leurs
filles, pour vivre sous sa discipline. La pre-
mière a beaucoup de rapport avec celle de
saint Benoit; elle a toutefois plusieurs statuts
particuliers. On lit dans le vingtième capi-
tule , que les religieux tiendiont chapitre
trois fois la semaine, et qu'outre l'exborla-
Bègle do S.
Frucluenx.
' Tom. Il Act. Ordin. S. Dened., pa;;. .SST.
» Cofl. Hegul., pari. 2, pag. 132, U7.
800
HISTOIRE Gli-NÉKALE DES
lion du supérieur, ils entendront la lecture
des règles des saints Pères. Cela n'est point
dans la Règle de saint Benoit. Le dixième
cai>il\ile de la Règle commune, porte que les
abbés des monastères voisins s'assembleront
en un même lieu au commencement de cha-
que mois, pour faire des prières, et conférer
entre eux des devoirs de leurs charges. Saint
Fructueux, voulant empêcher que le relâ-
chement ne s'introduisit parmi ses disciples,
leur défend d'avoir aucun commerce avec
les faux monastères. Sous ce nom, il enten-
dait ceux que des particuliers érigeaient de
leur autorité sur leurs propres fonds ', où
ils vivaient avec leurs femmes, leurs enfants,
leurs serfs, leurs voisins, en société, mais
sans règle et sans supérieur; s'ils en avaient
un, il ne l'était que de nom. 11 y avait d'au-
tres faux monastères, fondés par des prêtres,
dans le désir qu'avaient ces derniers de pas-
ser pour vertueux, ou par la crainte de per-
dre leurs dîmes et leurs autres profits,
croj'ant se les assurer par ces établissements,
qui étaient du goût des peuples. Pour grossir
leur communauté, ils y recevaient indill'é-
remment tous ceux qui se présentaient. Le
défaut de discipline et d'observance rendait
non-seulement ces assemblées indignes du
nom de monastère ; elles étaient encore con-
traires aux anciens règlements de l'Église
d'Espagne, dont on cite un décret qui porte
défense de tenir pour vrais monastères ceux
qui n'auront pas été bâtis par la permission
de l'évêque diocésain*, et où il n'aura pas
établi la règle. Au reste , quoique saint
Fructueux reçut des hommes et des femmes
dans les siens, les pères avec leurs enfants,
les mères avec leurs filles, tous n'étaient pas
ensemble dans un même monastère'. Les
hommes étaient seuls, et les femmes seules.
Il y avait même pour chaque sexe un oratoire
particulier. C est ce que l'on voit dans les
sixième et quinzième capitules de la Règle
commune. [Le tome LXXXVIl reproduit une
nolice sur saint Fructueux, d'après Antoine,
Dibliolli. vet. I/isjj., col. 1087; la Règle des
moines, et la Règle monasli(iue coiumtuie ,
d'après Brockies, Cod. Regularnm. La lettre
à Braulion se trouve au tome LXXX de la
Palrolugie latine, col. 690. Dans le tome
AUTEURS ECCLliSIASTlQUES.
LXXXVII, on trouve des vçre attribués par
quelques-uns à saint Fructueux et qui pa-
raissent plutôt composés à sa louange que
par lui ; ils sont reproduits d'après Florez,
Espagna sngrada.]
A. Adamnam, successeur de Failbeus dans
le gouvernement de l'abbaye de Hi, vers l'an
664, ayant été député de la part de sa na-
tion, c'est-à-dire des Ilibernois, vers Alfrid,
roi de Northuuibre ', eut occasion, pendant
le séjour qu'il fil dans ce royaume, d'obser-
ver les pratiques de l'Église anglicane, qui
étaient celles de l'Église universelle. Elles
étaient dilférpntes de celles des Hibernois,
surtout h l'égard de la Pâque. Mais, quoi-
qu'Adamnan se fût conformé en ce point à l'u-
sage de l'Église romaine, il conservait la ton-
sure que les clercs d'IIibernie avaient coutu-
me de porter. Etant donc allé rendre visite à
Céolfrid, abbé de Wiremoulh, celui-ci lui de-
manda pourquoi, prétendant à la couronne
immortelle, il en portait une imparfaite à sa
tète. « Si vous cherchez, Jijouta-t-il, la com-
pagnie de saint Pierre, comment imitez -vous
la tonsure de celui qu'il a anaihémalisé'/ »
Les Romains, et les .\nglais à leur imitation,
portaient une couronne de cheveux avec la
tète rase au-dessus. Adamnan répondit :
(I Encore que je porte la tonsure de Simon,
j'en déteste les erreurs. » Il se rendit néan-
moins aux avis de Céolfride. De retour a son
monastère, il voulut engager les moines à
changer leurs anciens usages ; mais ses ef-
forts furent inutiles. Il fut plus heureux à l'é-
gard de ceux d'Ii lande : presque tous se con-
formèrent à ce qu'il exigea d'eux. Il réitéra
ses instances auprès de ses moines, et elles
n'eurent aucun succès. Il mourut le vingt-
troisième (le septembre de l'an 704 ou 705,
âgé de 80 ou 84 ans.
5. On a imprimé sous son nom â Ingol-
stad, en 1610. une description de la Terre-
Sainte. Le Père Grelzer a donné cet ouvrage
sur un manuscrit de la Bibliothèque Barbe-
rine ; et Dom Mabillou, après l'avoir revu sur
un manuscrit du Vatican et un autre de Cor-
bie, !'a inséré dans le quatrième tome des
Acles de l'Ordre de Saint-Iienoit '. Quoique
celte description ait été rédigée par Adam-
nan, on peut en faire honneur à Arculphe,
Sofrrili,
àt I» Tcrie-
Silmc.
« Fruotuosu», Regul. commun., caj). I.
« Concil. Ilerdens., an. 52V, apud Gratian., 10
guœst., 1. Si ex Lnicis.
» mhWioB., Prolog. ,inVil. S. Frucluosi, loin. Il
Acl. Ordin. S. BeneJ., pag. 556. — ' Beda, lih. V
nisl.. <a|i. XVI et xxrr.
» Tnin. IV Àct. Ordin. S. Ueneii.. pag. J.'iO; DcJn,
lib. V Hisl., cap. xvi, xvii, xviii, xix.
rVII" SIKCLE.
CHAFITRE LXXXIII. — ADAMNAN ABDÉ.
r.j qu'il ï
I de 1 lus re-
niarquable
àttoi cet ou-
vrage. Livre
premier, pag.
456<
porto le vëiK'rablc Jtètlo, dicta j'i cet aljl)6
ton! ce q>ii est coiiliMiii dans col écrit '; en
sorte ([u'Adamnan n'y eut d'autre part que
colle d'un secrétaire qui lUiit sous la diction
d'un autre. Arciiife, dont l'histoire ne mar-
que point le siéjjfc ('piscopal, ayant cnli'cpris
le voyafje de la Tcri-e-Sainlc, se mil en clie-
niin avec un ermite originaire de Bourgogne,
nommé /'/V/w. qui avait d(''jà, ce semble, vi-
sité les Saints-Lieux. Ils fiuenl pemlant neuf
mois tant ù Jérusalem que dans les environs,
après quoi ils parcoururent le reste de la Pa-
lestine, et poussèrent jusqu'à Dumas el à
Tyr, ne demeurant que tiés-pcu de temps
en chaque endroit-. Arculfc, s'étani embar-
qué i\ Joppé, passa ù Alexandrie ', de lc\ k
l'ilc de Crète, puis h Constantinople, d'où il
\iut par mer en Sicile, ensuite à Rome. Il y
séjourna quelque temps; puis il reprit la mer
dans le dessein de retourner en France.
Mais au lieu d'y aborder, il fut jeté par une
tempête sur les eûtes occidentales de la Bre-
tagne, d'où, après avoir essuyé plusieurs
dangers, il aborda à l'île de Hi, où était le
monastère d'Adamnan. Cet abbé le reçut
avec politesse ; et l'ayant engagé à lui racon-
ter ce qu'il avait vu de plus remarquable
dans ses voyages, il le n.it par écrit, et com-
posa de cette sorte l'ouvrage dont nous par-
lons, qu'il présenta ensuiie à Alfrid, roi de
Norlhumbre. Ce fut au plus tard en 705,
puisque ce prince mourut en cette année,
après un règne d'environ vingt ans '.
G. Bède, qui faisait beaucoup de cas de
celte description, en a donné un précis dans
sou Hisloire ecclésiastique d'Angleterre, et il
en a fait le fonds de sou traité des Lieux
saints '". Elle est divisée en trois livres. Ad:im-
nan parle dans le premier de la situation de
la ville de Jérusalem % de l'église du Saint-
Sépulcre, de celle de la Sainte-Vierge dans'
la vallée de Josaphat, où il dit que l'on voyait
son tombeau, mais qu'on ne savait en quel
temps, par qui, ni comment sou corps en
avait été enlevé, ni en quel lieu il attendait la
résurrection. Selon Adamnan, auprès de la
basilique du Calvaire il y a une cbambre, ou
cabinet, où l'on permet aux pèlerins de tou-
cher et de baiser le calice que Jésus-Cluist
bénit le jour de la Cène, et qu'il donna a ses
disciples; ce calice est d'argent et a deux
80t
anses; il lient environ un setier ou uneclio-
pine, mesuie de France; au dedans est l'é-
ponge que l'on trempa dans le vinaigre pour
en faire boire an Sauveur sur la croix; la
lance tlonl on perça son côté se conserve
dans le porti(iue de la basilique de Constan-
tin ; l'on montre aussi le suaire dont on
couviil la lôte de Jésus-Clirisl, lorsqu'on In
mit dans le tombeau. Arcull'o avait vu tout
cela de ses yeux. H vit encore un linge que
l'on disait avoir été travaillé par la Sainte-
Vierge, et sur lequel on voyait les figures
des douze apôtres et celle de Jésus-Christ.
Une partie de ce linge était de couleur ronge,
l'autre verte. On montrait i\ Jérusalem les
tombeaux de saint Siméon, et de saint Jo-
seph époux de la Sainte-Vierge; il y avait
siu' la montagne des Oliviers une église d'unie
figure ronde, dont le milieu était ouvert par
le haut. On l'avait faite ainsi, pour laisser à
la postérili; le souvenir de la route que Jé-
sus-Christ avait prise en montant au ciel.
L'impression de ses pieds subsistait encore ;
et quoiqu'on eut tenté souvent de paver cet
endroit comme le reste de l'église, on n'y
avait pas réussi. Adamnan parle d'un mo-
nastère bâti auprès du tombeau de Lazare
frère de Marthe.
7. On trouve dans le second livre la des-
cription de la ville de Nazareth, de la grotte
où le Fils de Dieu a pris naissance selon la
chair, des sépulcres de David , de saint Jé-
rôme, et de quelques autres anciens monu-
ments. Il y est aussi parlé du Jourdain, el
de l'endroit où Jésus-Christ reçut le baptôme
de saint Jean. A cette occasion, Adamnan
remarque que, dans le désert où le Précur-
seur vivait, il y avait des sauterelles dont
les pauvres se nourrissaient en les faisant
cuire avec de l'huile, et des arbres dont les
feuilles larges et longues avaient la couleur
de lait el le goût de miel ; et c'est, ajoute-t-il,
ce qui est appelé miel sauvage dans l'Évan-
gile.
8. Adamnan, pour donner du poids à ce
qu'Arculfe lui raconta de Tyr et de la mon-
tagne du Thabor, dit qu'il s'accorde avec ce
que saint Jérôme en a écrit dans ses Com-
mentaires ; et après avoir parlé d'Alex;mdrie
et de ce que celte ville a de plus remarqua-
ble , particulièrement de son port et du tom-
l'-S.lS».
Livre fp-
eond. pf.
4e;,<GC.
Livre troi-
sième, p. ;7j.
' Beila, lib. V Hisl., cap. xvi.
' Lib. II de Locis sanclis, caj). xxvu.
' Ibid., cap. XXX.
XI.
'• Beila, lib. V, cap. xix.
» Id., toQj. m Op., pag. 3C3.
0 Tom. IV Act. Ordin. S. Bened., pag. i3G.
51
802
HISTOmE GENERALE DES
l)eau de saint Marc, il commence son troi-
sième livre par la description de Constanti-
nople. Ou gardait dans une église de celle
ville la vraie Croix, et on la monirail seule-
ment trois jours de la semaine sainte, élevée
co. 471 5j,r ,111 autel d'or. Le jour de la Cène du Sei-
gneur, l'empereur, suivi de l'armée , enirait
dans celle églire qu'on appelait la Rofonde,
s'approchait de l'aulel et baisait la croi.\ sa-
lutaire, le visage baissé, .\iircs lui , fous les
assistants le faisaient aussi, chacun en son
rang, suivant l'âge et la condition. Le ven-
dredi-saint, la reine et les princesses, les
dames de qualité, les femmes du commun
faisaient ja même cérémonie , et dans le
même ordre. Le Siftnedi était réservé aux
cvêques et à tout le clergé. .\près que tous
avaient baisé la croi.K, on la renfermait, jus-
qu'à l'année suivante, .\rculfe assure que,
quand on couvrait la boite où elle était en-
fermée, il en sortait une odeur admirable.
H parle de deux hommes de la lie du peu-
ple, dont un élait juif, qui furent punis mi-
raculeusement pour avoir insulte l'image de
la Sainte-Vierge, et une statue de marbre
qui loprésontait sainl George martyr. Kn ap-
prochant de la Sicile, il vit les feux que jette
le mont Vulcaiu ; et quoiqu'il soit éloigné
de douze milles de la Sicile , il assure qu'on
y entendait cette montagne gronder avec
autant de force que le tonnerre , surtout les
jours de vendi edi et de samedi.
vîfdeî.ini 9. Avant Adamnan, un ancien, nommé
Cuinnencus Alùus avait écrit la vie de saint
Colomba , l'un des apôtres des Pietés ou
Écossais, fondateur et premier abbé de Hi ,
mort vers l'an 598. Adamnan , voyant que
cet auteur avait passé sous silence plusieurs
faits remarqiuibles, en entreprit une nou-
velle qu'il distribua en trois livres. Il prévient
ses lecteurs en disant qu'il n'avancera rien
de douteux ni d'inceilain, et qu'il ne rap-
portera que ce qu'il auni appris de gens di-
gnes de foi, ou que ce que d'autres avaient
laissé par écrit. I)om Mabillon a donné cette
Vie dans le juemier tome des Actes de l'or-
dre de Saint-Benoit : mais elle est beaucoup
plus courte que celle que nous avons parmi
\cs^ Anciennes leçons de Canisins. Il y a d.ms
celle-ci deux préfaces qui ne se trouvent pas
dans l'autie ; mais on y lit ce qu'Adamnan
en cite sous le nom de Cumneneus'. Ce qui
ALTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
fait voir que celle que Dom .Mabillon a dou-
née est celle que Cumneneus composa* et
que l'autre, qui est imprimée dans le recueil
de Canisius, a élé écrite par.\damnan. Elles
sont l'une et l'anlre remplies d'événements
miraculeux. On attribue .t Cumneneus la let-
tre à Séfiiénusabbô de Hi. qui est la onzième
parmi les Hibernoises dans le recueil d'Us-
sérius. [Le tome L.X.XXVllI de la Patrolcgie
latine, col. 721, reproduit d'après Cave et
Fabricius des notices sur saint Arculfe et
saint Adamnan ; des observations de Rasnagc
sur ce dernier ; des témoignages du marty-
rologe. Viennent ensuite la Vie de saint Co-
lomba et les Saints-Lieux, d'après Dom Ma-
billon. Il y a dans le texte quelques gravures
en bois. Huit canons attribués à saint Adam-
nan sont ensuite reproduits d'après Mans!,
Conc., tome XII, pag. loi. Les sept premiers
canons sont sur les animaux qu'on doit évi-
ter de manger.]
10. Céolfride, qui, ainsi qu'on l'a dit plus ,t,(,;.''jj"'v;'
haut, engagea Adamnan à se conformer aux ",;';''„''"""'
usages dé l'Église romaine touchant la célé-
bration de la Pâque' et la tonsure cléricale,
s'élait instruit lui-même de ces pratiques et
de beaucoup d'autres, dans un voyage qu'il
fit à Rome avec saint Benoit Biscop, dont il
était disciple. Ce saint étant mort vers l'an
G'JO, Céolfride fut clioisi pour lui succéder
dans le gouvernement des deux monastères
que sainl Benoit Biscop avait fondés par la
libéralité du roiEgfride. L'un se nommait H7-
remoulli, à cause qu'il était bâti à l'embou-
chure de la rivière de Wire ; et l'autre, Girvc
ou Juron, à deux lieues de 'NViremouth. Le
premier élait sous l'invocatinn de saint Pierre;
le second sous celle de saint Paul. Les églises
étaient de pierre, et voûtées à la romaine.
Comme il n'y avait point de verreries dans
la Bielagne, saint Benoit Riscop fit venir des
veriiers detiaule.et mit d.'s vitres aux fenê-
tres des églises et des bâtiments de ces ileux
monastères. Il y forma aussi une bibliothè-
que avec les livres qu'il avait rapportés de
Rome, orna les églises de plusieurs images
de saints, cl y mit quantité de reliques.
Céolfride, devenu abbé de ces deux monas-
tères, en accrut les revenus, bâiil plusieurs
oraloires, les pourvut d'ornements et de va-
ses sacrés. Il s'appliqua parliculièrcmcnt à
augmenter la bibliolhôque que son prédé-
' t.ih. lit, nnm ."i, pag. TCO, tom. I Lection. Ca-
Ht»I«.
= Vila S. DenedicU Hiscop., t.un. Il Act. OrdÎH.
S. Bcned., p,ig. 06 1 et seq.
CHAPITRE LXXXIU. — Cl^OLFUIDE, ABBÉ.
I I«l ttIV
Ivn» SIÈCLE.]
tcssçur avait coinruencée. On remarque
qu'il y mit entre aulrcs trois Bibles de la ver-
sion (In saint Jérôme, qu'il avait eues à Ho-
me, et un livre tic cosmograiiliie, d'un ou-
vra;:;e merveilleux. 11 obtint du ffape Sergius
un privili-ge pour conserver la liberté de ses
nionastèi-es. semblable a celui que saint Be-
noit Biscop avait obtenu du pape Açrallion,
et eut soin de le faire confirmer dans un con-
cile par les souscriptions des évoques et du
roi .Mfrèdc '. On voit par un frat;nient du
rescril de Sergius i'i GéiiHrido', que ce [)ape
le chargea d'envoyer à Rome le prêtre Bédc
pour assister à la discussion de certaines af-
faires ecclésiastiques, circonstance que Bède
n'a point rapportée, par modestie. On ne lit
nulle part que Sergius ait invité Géolfridc à
ftiire ce voyage avec Bède. Il se mit toute-
fois en cliemin, aiirés avoir f^it clioisir à sa
place un autre abb(! nommé Iluvolbcrth. Mais
fatigué du voyage, attaqué d'une maladie par
suite de son grand âge, il mourut h Lan-
gres le 23 septembre de l'an 716, âgé de 74
ans, après avoir gouverné les monastères de
Wiremoulh et de Jarou pendant environ
vingt-huit ans. La plupart de ceux qui l'a-
vaient accompagné continuèrent leur voyage
de Rome, et rendirent sans doute au pape
Gréuoire 11 la lettre de recommandation que
Huvelberlli leur abbé leur avait donnée', et
dans laquelle il recommandait aussi Géol-
fridc en lui donnant de grands éloges. Bède,
qui avait été son disciple, en parle comme
d'un homme d'uu esprit subtil et pénétrant *,
prudent, laborieux, plein de zèle pour la re-
ligion, industrieux en tout, ferme dans le
maintien de la discipline régulière, et très-
instruit des lettres divines et humaines.
es. 11. Ce fut à lui que Naïton, roi des Pietés
ou Ecossais, s'adressa vers l'an 710, pour
qu'il l'aidât a ramener son peuple à l'obser-
vance catholique touchant la célébration de
la Pâque '. Ce prince, instruit par la m('dita-
tion fréquente de l'Écriture, avait déjà re-
noncé ;\ l'erreur qu'il avait suivie sur ce su-
jet ; mais il voulait obliger ses sujets à suivre
son exemple. Il envoya à cet eflet des dépu-
H03
tés ;'i l'abbé Céolfride, qui devaient aussi lui
demander de sa part des architectes pour
ItMtir dans son pays une église de pierre A la
manière des Romains. Ci'oll'iide envoya des
arihitoclcs, et écrivit au roi une gr;mde let-
tre où il p'oiive qu'il y a trois choses sur la
Hàque (ftins l'Ixiiture, sur lesquelles il n'est
point permis do varier, savoir : qu'on doit
la célébrer le premier mois de'l'année, la
troisième semaine de ce mois, et toujours le
dimaïuhe. Il cite sur cela divers passages de
l'Kcrilurc, aux((iiels il joint [jlnsicurs raison-
nements qui tendent à établir l'usage de l'É-
glise touchant la Pàqne. Puis il rapporte les
Cycles d'Eusèbe de Césarée, de Théophile
d'Alexandrii!, de saint Cyrille, et celui de De-
nis le Petit, qui, dit-il, <i dure encore aujour-
d'hui. » Venant ensuite àla tonsure cléricale,
il convient qu'elle n'était pas uniforme parmi
les îipotres; qu'elle est une chose iuditl'éientc
en elle-même : mais il ne laisse pas de sou-
tenir que l'on doit suivre en ce point l'exem-
ple de saint Pierre, qui portait une couronne
eiilièie, plutôt (pie relui de Simon le Magi-
cien, dont la couronne n'était que par de-
vant. Il avance ces faits comme appuyés par
une tradition constante, en lemarquant que,
si l'usage de la couronne entière devait pré-'
valoir, ce n'était pasà cause que saint Pierre
l'avait portée ainsi, mais parce qu'il l'avait
portée en mémoire de la passion de Jésus-
Christ, à qui l'on mit sur la tête une cou-
ronne entière d'épines*. La Lettre de Céol-
fride ayant été lue eu présence du roi Na'i-
ton, des seigneurs de sa cour, et de plusieurs
hommes doctes, tous en rendiient grâces à
Dieu; et il fut résolu que l'on se conforme-
rait sur la Pàque à l'usage de l'Église d'An-
gleterre, qui était celui de l'Église romaine;
qu'à cet ell'et Ion ferait des copies du cycle
pascal de dix-neuf ans, au lieu de quatre-
vingt-quatre ans ; et qu'à l'égard de la ton-
sure, tous les clercs du royaume la porte-
raient entière. [La lettre de Céolfride et le
décret du roi sur la Pâque, se trouvent dans
le tome LXXXIX de la Patrologie latine,
col. 349, avec une notice tirée de Fabricius.!
' Vila S. Bencdicti Biscop., tom. II Àctor. Ord.
S. Btneclicli, pa?. 0C9
» lUiil., in luitis, et Wilclra. Malmeburiei s., lib. I
de Regib. Angl., cap, m.
5 Tom. II Act. Ordin. S. Bened., pag. 970.
» Ibiil., lag. 9fi9.
6 Toui. y\ Concil., pag. 1422, et BecJa, lib. V
UisLor., (^ip. XXII.
I
804
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
6f sa ut AdeU
n". <e« t'c-
r.'-, i; tM fait
il)4 At Mtl-
nieît.ufT.f.iils
(x^qiie de
S-h;rluro CD
iifl !c6 Bre-
CHAPITKE LXXXIV.
Saint Adelmc 'ou Adhelme, on encore Althelms, Aldîiclme] évêqnc de Schir-
bnrn [709], Apponins | dans Je V V on VU'' siècle |, Cresconins évêqne d'A-
frique [dans le VU" sièole, Ions écrivains latins], Démétrins
de Cyziqne, Jean de Nicée [snr la fin du VIP siècle,
écrivains grecs ; saint Lucins archidiacre ,
écrivain latm dn VI' on VII' siècle ]
1. Ua.dc ceux qui cultivèrenl le plus les
sciences en Augleltrre daus le septième siè-
cle, fut saint Adelme '. On le compte même
pour le premier des Anglais qui s'appliqua
à la poésie latine. Il était d'une famille no-
ble du royaume d'Ouesses ou des Saxons oc-
cidentaux. Ses parenlsle mirent, étant encore
jeune, dans l'aLbave de Sainl-.\ugustin de
Cantorbéry, oîi il apprit les langues grecque
et latine. De reloin- en son pays, il se fit moine
dans le monastère de Malmesbury. Mais
après y avoir étudié quelque temps les ?.rls
libéraux, il retourna à Cantoibéry, dans le
dessein de se perfectionner sous Adrien qui
en était abbé. Le dérangement de sa santé
l'obligea de revenir à Malmesbury. Leulher,
évoque d'Ouessex, l'ordonna prêtre, puis
abbé de ce monastère à la prière des autres
abbés de sou diocèse. Il en fut tiré pour être
fait évoque à la mort*de saint Ueddi,évèque
de Worcbesler : car alors on partagea ce
diocèse en deux , Vincbeslre et Scliirburn
[depuis Salisburi.j Le premier fut rempli par
Daniel; le second, par saint .\delme. C'était
en 705. Il n'occupa ce siège que quatre ans,
étant mort le 23 mai 709. Canisius prolonge
son épiscopat jusqu'en 710.
2. Pendant qu'il était abbé de Malmesbury,
un concile tenu dans le royaume des Mer-
cicns le chargea d'écrire contre les erreurs
des Bretons, qui continuaient à célébrer la
Pàque suivant leur ancien usage ', et qui
avaient diverses pratiques contraires au bien
de 1^ paix et de la concorde. Son ouvrage
eut du succès : il ramena plusieurs Bretons
à l'observance légitime de la Pàque. Adelme
l'avait adressé au roi Gérouce et au clergé de
Domnonie, qui faisait partie du royaume des
' Tum. m Act. Ordinis S. Benedicli, pag. 220, et
Boiln, lib. V Hist., inp. xix.
' lio.i.i, ihi'l., loin. Xlll Hibl.Pat.,i.tifi.H(i. {.Episl.
S. Auiielini, iï inler Epist. S. Vonifacii.]
Saxons occidentaux. Ferrarius en a fait la
quarante-quatrième Lettre de celles qu'il a
fait imprimer sous le nom de saint Boniface
de .Maycnce. Il parait par le commf^ncemcnt
de ce traité, que saint Adolrae était présent
au concile, qui le chargea de l'écrire. II y in-
siste sur la nécessité de se conformer au rè-
glemenl du concile de Nicée sur la Pàque, et
à l'usage de l'I-^glise romaine sur la forme de
la tonsure cléiicale. II cite les cycles d'Ana-
tolius, de Sulpice Sévère et deVictorius.
3. Son traité de la Virginité est dédié à
l'abbesse Maxime '. Il est écrit en vers et en
prose, il l'imitation de Sédulius, qui écrivit
en ces deux manières sur le mystère de la
Pàque. La matière des vers de saint .\delme
est la même que celle de sa prose. Ce sont
les mêmes preuves, les mêmes exemples, les
mêmes autorités. Mais il est plus diffus dans
sa prose; et ce n'est plus à Maxime qu'il
l'adresse, c'est à Hyidilicba, supérieure d'un
monastère, et à plusieurs autres vierges dé-
nommées dans l'insciiplion du livre, qui est
divisé en trente chapitres. Il relève les avan-
tages de la virginité sans blâmer le mariage,
et fait l'éloge de ceux et de celles qui sous
l'un et l'autre Testament ont vécu vierges. Il
confond, par une eireur coi::mune aux Grecs,
saint Cyprien qui, après avoir renoncé à la
magie, se fit chréticu et souÛVit le martyre,
avec l'évêque de Carlhage. Parlant de sainte
Agnès, il suit ce qui est dit de la sainte dans
les faux ' actes de son martyre. Il fait l'éloge
de saint Benoît et de sainte Scholastique sa
sœur, sur ce qu'il en avait lu dans les Dialo-
gues de saint Grégoire; mais il ne dit rien
des autres Pères d'Occident qui ont écrit des
Règles pour les moines et pour les religieu-
» Tom. Xlll Dibl. Pat., png. 1 cl SO, et tom. 1
Lection. Canisii, p.iji. 113.
• \'oy.'z sur ces actes, loin. III, pag. 10, note 8,
cl pag. .JSO-Sji. (iVdiYciiC.)
Tr<IIi i
louaire 4c
Vlri|iiill«,
CHAl'ITHE LXXXIV. — SAINT ADEI.MB, lïVftQUE.
Tralié des
uil Viccs.
Eotçm«s fl
litres' de S.
'Ldoltno,
[vu' SIÈCLE.]
ses. Entre les écrits npocryplics d'où il a lir(5
la matii'i'o (le son (uivrage, on ]i(Mit compter
riliii(irairo de saint Pierre, la fausse Dona-
tion de Constantin, l'Hisloire de la vision
qu'eut ce prince, dans laijnello il lui fnl or-
donné de liâlirla ville do Cnnslanli;iop!e. Le
traité de la ^■ir^iuilé se trouve en vers dans
le recueil do Canisius, en vers et en prose
dans le treizième tome de la Bibliothèque des
Pères, et dans les ()rlliodoxogra[ilics.
4. Le traité des Vices rappelle rélog;e de
la virginité '. C'est donc avec raison qu'on
l'a placé ù la suite du premier -. Il est en vers
dans les cjUeclions dont nous venons de
parler; el il y en a'aussi quelque chose dans
les cinquième, sixième et septième chapi-
tres du traité de l.\ Virginiti'' en prose.
5. Bèdc attribue ;\ saint Adclmcdcs Enig-
mes et quelijues I.elties''. Nous avons plu-
sieurs énigmes que Martin Delrio croit être
celles dont parle Bèdc : elles sont .sur toutes
sortes de sujets. .Saint Adclme dit dans le se-
cond Prologue , qu'il les avait composées
h l'imitation de Symphose. .\ l'égard de ses
Lettres, on n'en connaît qu'une, qui est adres-
sée à Eadfrid. On l'a imprimée parmi les
lettres Hibernoises*.Dom Mabiliou cite un
ancien manuscrit ^ où, après le Prologue sur
les Enigmes, on lisait nn acrostiche qui ex-
primait le nom de Jésus. Cet acrostiche no
se lit pas dans les imprimés. Saint Euloge,
martyr de Cordoue, faisait tant de cas des
poésies de saint Adelme ^, particulièrement
de ses Epigrammcs, qu'il les rapporta de
Pampelune avec les livres des meilleurs au-
tems. Mais il s'en faut beaucoup qu'il ait fait
entrer dans ses poésies les grâces et les or-
nements dont ce genre d'écrire est suscep-
tible. Il n'est pas même pur dans ses expres-
sions, et il fait plusieurs fautes contre la pro-
sodie. Cela était pardonnable dans nn homme
qui avait le premier de sa nation appris les
règles de la versitîcation latine. Sa prose
est chargée de termes inusités et inconnus.
Bède trouvait néanmoins qu'il s'exprimait
avec netteté'; c'était sans doute relative-
ment aux autres écrivains de son siècle, dont
le style est presque toujours dur et embar-
rassé.
80.".
G. Saint Adelme cultiva aussi la poésie an-
glaise , et composa en sa langue vulgaire
divers cantiques pour engager le peuple en-
core A demi barliare à ne point soitir de l'é-
glise aussitôt après la messe*. Quehpiefois il
se mettait sur un pont h la sortie de la ville,
et, chantant hii-mème ses cantiques, il rete-
nait le peuple agr('ablemçnt, se servant de
celte occasion pour leur insinuer les vérités
de la religion, qu'ils n'auraient point écou-
tées dans ses sermons.
[En 184i, le docteur Giles a publié à Ox-
ford une édition complète dos écrits de saint
Adelme, en tni vol in 8". M. Migne l'a repro-
duite au tom. LXXXIXde la Patrologie latine,
col. 6.3 et suiv. On y trouve d'abord une Vie de
saint .adelme par Fabricins, une autre vie ti-
ri'-e des légendes non voiles de l'Angleterre, par
Capgrave, et des extraits sur saint Adelme.
Viennent ensuite les ouvrages du saint évé-
que; ils sont divisés en quatie parties. La
première comprend les ('pitres, la deuxième
les traités , la troisième les poèmes, la qua-
trième les diplômes.
Les épîtres sont au nombre de quatorze.
La r° est adressée ;ï G('ronce, roi de la par-
tie occidentale de l'Angleterre, et à tous les
prêtres qui habitaient dans la Domnouie.
Elle se trouve parmi les épitres de saint Bo-
niface, martyr: c'est la 44°.
Adelnse y dit qu'il a été cbargé par un
concile composé d'un grand nombre d'évé-
ques de la Bretagne, de leur adresser les ob-
servations elles demandes dii concile. Ayant
appris d'une manière certaine que les prê-
tres de ce pays ne s'accordent pas dans les cho-
ses de la foi et qu'ils suscitent par leurs dis-
putes un grave scandale dans l'Eglise, il les
engage à la paix, dout il leur montre la néces-
sité plus loin ; il les reprend de ce qu'ils refu-
saient de porter la tonsure de saint Pierre et
imitaient celle de leurs prédécesscuis, dont
ils ne connaissent pas l'origine et que, pour
lui, il attribue à Simon le Magicien. Il leur
expose ensuite les motifs de l'institution
de la tonsure, l'antiquité de cet usage, son
symbole. Puis il leur reproche de ne pas
célélirer la Pàqne au temps déterminé par
le concile de Xicée, et de suivre des auteurs
Autre* i>oé.
)!•■ (le iblot
Adtilnie.
Rdili'.ii
coniiiii'lj lio.
(rrils de 5BiD*.
AdclMiC.
• CanisiiiJ, toin. I, pag. 735 ; tom. Xlll, Bihlioth.
Pat; r-"-?. 19.
8 Beda, lib. \., cap, xis. — ' Beda. ibid.
'Depuis, treize autres lettres, parmi lesquelles
trois adressées à saint Adhclmo. ont éd! publiées
par le docteur Giles. Nous en parlerons bientôt,
ainsi que d'autres ouvrages inconnus à Dom Ceil-
lier. (L'edileur.)
5 Mabiliou., tom. 11 Àctor. Ordia. S. Benedicli,
paj;. 224.— « Ibid.
■J Beda, lib. V, cap. xix.
« Tom. 11 Act. Ordin. S. Benedicli, pag. 224.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
806
non approuvés; il ajoute qu'il est tout à fait
conliaiie à la foi et à la tradition que quel-
ques prêtres, se gloiilianl de la pureté de
leur vie, rejettent foule communication avec
les prêtres étrani:ei'S, au point de jeter aux
pouiceaux les restes des repas qu'ils pren-
nent parmi eus. 11 les accuse de vouloir
imiter eu cela les cathares et les phari-
s-iens; il les engage à suivre la doctrine de
Pierre qui a été établi chef de l'Eglise, et il
prouve par saint Jacques que la foi est morte
sans les œuvres.
La 2' épitre adressée à une sœur appelée
Osgithe, se trouve, comme la précédente,
parmi les Ictlies de saint Boniface martyr;
c'est la 57'. Adelme fait connaître à Osgi-
the qu'il a demandé à l'évèque la permission
(le baptiser une relipicuse , et que celui-ci a
permis de le faire, mais en secret; il l'engage
ensuite à méditer l'Ëcriture-Sainte et à prier
beaucoup.
La 3" est adressée à Ealifride; elle se
trouve dans le recueil des L'jjitres /libernoisvs
d'Ussérius et dans le supplément d<; Wharlon
à ïHisloire dugmal iqiie li'Usséi'ius, page 350,
in-4°, Londres, IGOO; c'est celle que nous a
analysée dom Ceillier.
La 4' est adressée à l'évoque Iledda ; elle
se trouve parmi les épitres de saint Boniface,
c'est la 68' ; le texte en a été revu et corrigé
sur l'exemplaire conservé par Guillaume de
Malmesburi.
L'auteur s'excuse auprès de l'évèque de
n'avoir pu jouir de son agréable présence
après la fête de Noël, à cause des grands
travaux auxquels il se livre; il dit qu'il étu-
die le droit romain, et qu'il fait des vers;
étude d'autant plus obscure, qu'elle est peu
suivie ; il reconnaît qu'après ses longues
études, il n'est pas fort habile dans l'art du
calcul; il n'ose lui parler du zodiaque et des
douze signes, dans la crainte de ne pas le
l'aire avec assez de noblesse et de science.
L'épitre 3' est adressée à Adelme par
un Écossais anonyme; celui-ci le prie, après
trouve parmi les épîtres de saint Boniface,
c'est la 65'; mais elle doit sans aucun doute
prendre place ici, puisijue le nom d'Adelme
se trouve au commencement des vei-s qui
suivent cette lettre.
Elliehvaldc prie le saint abbé de continuer
les soins qu'il avait déjà donnés à son édu-
cation; il le conjure de ne pas manquer à
la promesse qu'il avait faite de l'instruire, et
de ne pas le rendre semblable à Roboam, qui
fut privé du bonheur dont son père Salomon
avait joui ; il annonce qu'il lui envoie trois
chants en vers, et lui explique comment et
pourquoi il les a composés.
La septième est envoyée par Adelme à
Adrien, son précepteur d'enfance; il y ex-
prime ses regrets de n'avoir leçu les leçons
d'un si bon maître que pendaut trois ans, et
de n'avoir pu depuis retourner sous sa con-
duite, i\ cau-e de la faiblesse de sa santé.
La huitième est adressée par l'Irlandais
Collanus à Adelme, qu'il appelle archiman-
drile des Saxons ; après des éloges don-
nés au talent de notre abbé, il le prie de lui
envoyer quelques-uns de ses ouvrages.
La neuvième contient la réponse d'A-
delme à Cellanus. Il lui dit qu'il ne mérite
pas les louanges qu'il lui a données.
La dixième lettre est adressée par Adel-
me à Ethelwalde, son disci[ile. Il l'engage
à ne pas se livrer au luxe et aux plaisirs des
sens, parce que la jeunesse passe prompte-
ment ; il lui permet d'étudier les lettres pro-
fanes, afin de mieux couipirndre les saintes
Écritures, qu'il lui conseille de méditer et
d'aiiprofondir.
La onzième lettre est adressée par Adelme
au clergé de l'évèque W'ilfride.
Au milif'u des troubles qui agitent l'Kglise,
il engage les clercs à prier, et surtout à rester
unis à leur évè([ue qui les a instruits et éta-
blis dans la foi ; pour les y porter plus cllicacc-
uicnt, il leur montre l'exemple des abeilles
toujours unies à leur reine, et il dit en ter-
minant : <c Si c'est avec mépris que l'on parle
(juclques ébiges, de le recevoir pour sou dis- tics S(''culiers (pii'abandonnent leurs amis
ciple, et il lui témoigne le dé:^ir qu'il éprouve
de lire un livre que possède celui à qui il écrit.
\ la suite de cette lettre , on lit une prière à
Jésus-Christ, en vers; l'aulrur y décrit sur-
tout les soutl'ranccs que Notre-Seigncur,
dans le malheur, que dira-t-on de vous, si
vous abanilonnez voire évoque exilé"? »
La douzième lettre est adressée par Adel-
me à Wiulicrt. Il le prie de vouloir bien lui
faire n ndre une terre «pi'il avait achetée du
maitredcruuiveis, dulépiou\erdansloseiu palrice Baldiède, et que le roi retenait cn-
de Maiie. core. La treizième lettre est d'Adelme à Wil-
La (/ est adressée à Adcliup par Etliel- fride. Il lui con.-eille de lire les oracles sa-
valdc, qui se dit l'élève du saint abbé; on la crés. au lieu d'étudier les o.'uvrcs menson-
[tu* siècle.]
gl'res des philosoplies. « Pourquoi préférer à
ccssoiircps piiros les eaux marécageuses du
paganisme? Quel bien la foi retire-t-cllc dos
lectures de livres où se Ironven! les infamies
dePrdserjiine.trHi'h ne,ti'l!crniione,desnac-
cliaules, (jue Jcsus-Chii^t a leriassées pour
toujoin s du liaut de sa croix? m'engage enfin à
ne passe nourrir de ces impures prodiiclions.
La qualorzième cpîlre est adressée par le
bienheureux Adclnie, évèipie, à toulcs les
congrégations ijui sont sous sa dire tion. Elle
est exirailc du registre manuscrit de l'abbaye
de Mahnesbury. Elle a pour titre : Delà Li-
berté de r l'élection. Adeluie y annonce i ses
moines qu'il a souvent essaye, mais en vain,
depuis son élévation à l'épiscopat, de f.iire
élire A sa place un abbé pour les monastères
de Maildunesburg, de Froine, et de Bradan-
ford; et que ces religieux ont toujours résisté,
le priant seulement de faire en sorte qu'après
sa mort, personne n'ose revendiquer à au-
cun titre le droit de les gouveiiier; il fait
connaître ensuite les mesures qu'il a prises
pour satisfaire à leurs prières , du consen-
tement du roi Inius, et avec l'assentiment
de son co-évèque Daniel ; il veut aussi faiie
approuver cette mesure dans un prochain
concile de tous les archimandrites saxons.
Les Traités sont au nombre de deux : le
premier est à la louange de la virginité, le
deuxième est intitulé : Lettre à Acirce ou le
livre sur le septénaire, sur les mesures, les
énigmes et les règles des pieds. Deirio avait
publié le premier les Enigmes et on les avait
mises depuis dans la Bibliothèque des l'ères;
Augélo Mai avait fait paraître l'autre partie
de l'ouvrage, au tome V des Classici Au to-
res, page 301-399. Le docteur Giles a publié
en entier cet écrit, après l'avoir corrigé sur
sept manuscrits dont l'un est du x" siècle.
Saint Adelme dans le Prologue s'adresse au
roi Acrise ; il lui dé\ eloppe les mystères ren-
fermés dans le nombre sept, et lui mouti e son
emploi fréquent dans la nature et dans l'É-
criture. Passant ensuite à la versification, il
décrit les ditl'érentes mesures des vers. Vient
ensuite le livre des Énigmes en vers ; il est
précédé d'un Prologue également en vers,
et est suivi des règles pour composer les pieds
des vers : cette partie est en prose.
Les œuvres poétiques renferment les trai-
t s suivants : les Louant/es des Vierges, sur
CHAPITRE LXXXIV. — APPÛNIUS.
807
les huit principaux vices, sur la Basilique
bi'itie par Hugge, fille du roi des Anglais, sur
les autels dédiés à Marie et aux douze apô-
tres; Vers en l'honneur des apôtres; Frag-
ment sur le jour du jugeuicnl ; Lettre d'un
anonyme à une so-ur anonyme. Augélo Mai
avait di'jà publié ', après d'autres, mais d'une
manière plus correcte les vers sur la basi-
lique. Le poème sur les autels se trouvait
parmi les Œuvres de Raban Maui', à qui
ou l'attribue. D.ins le manuscrit dont s'est
sc)-vi le docteur Giles, il est attribué à saint
Adelme, et ne forme (ju'uu ouvrage avec le
poème sur la basilique. Les vers en l'hon-
neur des apôtres sont tiiés de la Vie de saint
Adelme par Fabricius. Dans la prière adres-
sée à nue sœur, l'auteur a un Piologue en
prose où il fait l'éloge de la virginité ; il
donne ensuite quatre pièces de vers sur di-
vers sujets.]
7. On ne peut se dispenser de mettre Appo-
nius ' parmi les auteurs qui ont vécu sur la fin
du vil" siècle, ou au commencement du viii" ',
puisqu'il est souvent cité par le Vénérable
Bède, mort en 733; [Apponitis avait été placé
p:irBellarmin parmi les écri va insduis*^ siècle;
le Père Labbe prouva qu'il fallait le rappor-
ter au vu" siècle. Mais le cardinal Mai' à son
tour démontre par debonnesraisons.qu'Ap-
ponius vivait au moins au milieu du vi*^ siècle,
et qu'il fut contemporain du pape Vigile et
de Justinien. La première raison pour ap-
puyer ce sentiment, c'est que le Vénérable
Bède, qui llorissait à la fin du vii« siècle, et
mourut après l'an 730, n'aurait pas loué un
auteur contemporain et non encore connu.
La seconde, c'est que l'Explication du Can-
tique des Canliquesest adressée parAponius
à un prêtre nommé Aiménius; or Agnellus,
évèque de Ravenne vers le milieu du VI' siècle,
écrivit aussi une lettre à Armenius, ce qui ne
permet pas de douter qu'Apponius n'ait été
contemporain d'Agnellus. On ne peut eu etïet
douter qu'Arménius, dont il est question, ne
soit dans les deux endroits cités, un seul et
même [leisonnage. Enfin le genre classique
d'Appouius, la bonté de son style, la soli-
dité des sens spirituels qu'il apporte, tout
indique un auteur antérieur au vu' siècle.
Il est probable qu'Apponius était Italien. La
liaison d'Arménius avec lui semble l'indi-
quer; et d'ailleurs, uuns les Trésors des in-
Soi Conmien.
taire surCsa.
tiijua.
' D. Ceillier avait écrit Apouius, il vaut mieux
écrire Apponius d'après le cardinal Mai, {L'éditeur.)
' Tom. XIV, Bibliolh. Pal., pag. 98.
' Tom. V Classici auctores, p.îg. 36'.
806
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
scriptions de Giuler, de Muralori, de Gudius,
se renconlrent souvent les noms d'Apponius
oii d'Apoiiiiis, et ces pierres scrip'iimles sont
pour la plupart en Italie.] Api)Oiiius fit un
Commentaire sur le Cantique des Cantiques,
imprimé à Fribouro; en 1338, et dans le qua-
torzième tome de la liihlioîlièqnc des Pères,
:\ Lyon, en IG~7. Il l'enlieprit aux instances
d'un serviteur de Dieu, nommé Artnénius, ii
qui il le dédia. Ce Commentaire est divisé en
six ' livres, dont le premier est une espèce
de prc'face. Dans les suivants, .-Vpponius ex-
plique cbaque verset du Cantique, faisant
voir que tout ce qui y est dit de l'Epoux et
de l'Épouse doit s'entendre de Jésus-Clirist
et de son Eglise. Il remarque que les cbré-
tieus, qui sont les membres de cette Eglise,
reçoivent le baiser de l'Époux divin, quand
ils participent au corps et au sanj? de Jésus-
Cbrist dans rKucbaristie ; que , tout se devant
faire au nom et pour la gloire de Dieu, c'est
pour cela que le mariage même doit être
bénit par les prêtres du Seigneur; que,
(juand une fois on a abandonne la vraie foi,
et qu'où est sorti du troupeau que Jésus-
Christ a confié à saint Pierre, pour prendre
le parti de l'hérésie, on tombe de jour en
jour en de nouvelles erreurs; qu'en vain on
travaille à faire croître en soi les vertus, si
l'on ne commence par en déraciner les vices ;
que le mariage de Jésus-Christ avec l'Eglise
s'est fait par l'eU'usion de son sang sur la
croix; que c'est par les eaux du baptême
qu'il a rendu son épouse sans tacbe; que,
dans les exhortations que l'on fait aux peu-
ples, il faut puiser dans les écrits des apôtres
les maximes saintes, et ne point s'amuser ;\
cueillir îles Heurs dans les auteurs profanes.
Cet ouviage est écrit avec beaucoup d'esprit
et de savoir : nous n'eu avons guère de meil-
leur en ce genre parmi les anciens. Luc, abbé
du Mon'.-Saint-Corneille, de l'ordre des Pré-
montrés, dans le \n' siècle, a fait un abrégé
de ce Commentaire, que l'on a inséré dans
le quatorzième tome de la IJibiiotlièquc des
Pères. [Le cardinal Mai a trouvé deux manus-
crits de l'Explication du Cantiipio des Can-
tiques, l'un .'i Milan et l'autre à lloiue. Il n'a
publié ' que les livres VII, VIII et une partie du
IX'; les autres restent inédits dans la biblio-
thèque sessoriennc de Rome; il n'a pas eu le
temps de les publier. Cet écrit d'.\pponius est
précieux, en ce qu'où y rencontre la tradition
d'un grand nombre de points de dogme ou de
discipline ecclésiastique. On y trouve la louan-
ge des apôtres et des martyrs', et l'auteur fait
preuve d'une certaine éru lition bistorique '.
Outi'e les versets du Cantique, l'auteur expli-
que encore plusieurs autres endroits de l'Écri-
ture. En ex] li(|uant la puissancedes clefs, ou
Icpouvoir de lier ou de délier dans l'Église, il
rend un témoignage admirable et bien fort con-
tre les hérétiques anciens ou modernes qui
nient cette belle prérogative; cetémoignage
est d'autant plus précieux qu'il estd'une haute
antiquité '. On y remarque aussi un enseigne-
ment sublil et assez étendu surTarillmétique
et le nombie soixante °. On reconnaît facile-
ment dans ce commentaire un homme qui écri-
vait peu de temps après que l'idolâtrie avait
été abattue, et dans un siècle où il fallait mon-
trer un grand zèle contre les hérétiques '.]
8. L'on met aussi, sur la ûu du vu" siècle,
Cresconius, évèque en Afrique', mais dont
le siège épiscopal n'est pas connu. Il a fait
une collection de Canons qui est divisée en
deux parties. La première, intitulée Abrégé
du Droit Canonique, contient sommairement
toute la discipline de l'Eglise, avec les cita-
tions des canons sur chaque matière, et les
noms des conciles d'où ces canons sont tirés.
Cet abrégé est précédé d'une Lettre ou d'une
Préface, où Cresconius avertit Liberinus (pi'il
a suivi la niélliode de Ferrand, diacie de
Caiihage. (lutie les conciles, il cite aussi les
épîtres décrétales des papes. Justel a sé-
paré dans son édition cette première partie
de la seconde, et mis entre deux la collection
de Maitin de Rraguc. Il y au la tète de cette
seconde partie un Prologue, qu'il ne croit
pas être de Cresconius. Elle contient en en-
tier les canons des conciles et les passages
des décri'tales des papes cités dans l'abrégé.
Cresconius, de môme que Ferrand, rapporte
les canons des conciles de .Nicée, d'.\ncyre,
de Néocésarée, de (iangres, d'.\ntioclie, de
Crpficniiiuii,
évC4]uc d Afrl.
que.
< Il y en a douze. {V éditeur.)
' Spicileg. Rom., loin. V, pag. I-S3.
' \':iti. la il .«iiiv. — * Piig. 7.
' Lul.ia t'jiis lilin, dis'.ill.inlia iiijrrliaiii priinaui:
III /</.')iis illis ridenlur iiileltigi (jui tires Christi
agtini i» terris, (iiiibiis ligardi cl ^oheuditra(iita
est poteslas, qui ore Christi proluta jusi^ii'ue , juste
peci'antes alligaul conriemnando et juste pœni-
tentes reconciliniidocundciiiiuilionis vincula soi-
l'uni; qui sine pcrsonarum accepttone omnifaria
verilale subnidum proferunl vcrlium. l'ug. 57-58.
• I>«^'. 71. - ' Pajj 38, 16, 50, 57.
' Juflcllus, Prœfal. in Cod. Can.
[vu* SIÈCLE.] CIIAIMÏHE LXXXIV. — SAINT AUELME, APONIUS, ETC.
8Û'J
Déméir.i
dvCviiqu4.
Laodicde et do Sardiquc, avec celte diflo-
rcnce qu'il suit la version et l'cdilion de
DL'iiis-lc-I'etit, au lieu que Ferraïul avait eu
recours i\ des manuscrits plus anciens. Cela
faisant quelque variété dans leur manière de
rapporter les canons de ces conciles, Jus-
tel a donné une table en i'açon de concor-
dance, où Ton voit eu quoi ces deux collec-
teurs conviennent, et en quoi ils dillèrcnt.
L'Abrégé de Crcsconius a été rendu public
à l'aris, en 1588, par l'ilLou , puis par
Haulscrrc à Poitiers , en 1630; ù Dijon,
en 1049, par le Père Cbitllet, et dans l'Ap-
pendice du premier tome delà Bibliotbèque
canonique de Justel , à Paris, en 1(501.
[On le trouve aussi dans la ratroloj;ie latine,
tome LXXXMII, col. 813, avec une notice
par Fabricius.]
Crcsconius avait mis en vers bexamèlres
les guerres et les vicloires de l'empereur
Léon contre les Sarrasins en Afrique. Cet
ouvrajre n'est pas parvenu jusqu'à nous.
9. C'est encore sur la fia du vu" ou au
commencement du viiie siècle que l'on place
Démétrius de Cyzique ', dont nous avons un
petit écrit de l'Origine des erreurs des Jaco/ntes
et des C/iafzilzariens, ainsi nommés en langue
arméniour.e, parce que, rejetant le culte de
toutes les images , ils n'adoraient que la
Croix. Ils faisaient partie de la secte des ja-
col.'iles. Le père Combelis a donné cet opus-
cule sans nom d'auteur; mais il remarque
dans ses notes, qu'il est de Démélrius do
Cyzique; et il s'appuie sur l'autorité d'un ma-
nuscrit de la Bililiotbèquc Palatine. Ou en
cile un de IT.scurial, où cet écrit est aussi
attribué à cet auteur. Il enseigne que le chef
de l'hérésie des jacobites était un moine
syrien, nommé Jacques, et surnommé Tzunt-
rfl/e;iiu'ayaut imbrassé l 'hérésie d'Euiycbcs,
il la prêcha chez les Syriens ; qu'il y avait
deux parlis parmi ces peuples, les melchites
ou royalistes , et les aposcbiles ou divisés.
Les royalistes suivaient la vraie foi, et, à
l'exemple de l'pmpereur Marcien. ils rece-
vaient le concile de Calcédoine. Les aposcbi-
les, attaches à l'erieurd'Eutychès, avouaient
qu'il y avait deux natures en Jésus-Christ
avant l'union ; mais ils soutenaient qu'il n'y
en avait qu'une depuis l'union, supposant la
confusion et le mélange des deux natures :
ce (pii les faisait condamner comme théo-
pascbites, parce qu'ils disaient que la Divi-
nité a soullcrt. Ils ne reconnaissaicnld'aiitres
conciles que ceux de Nicée,de Cnnstanli-
noplc et d'Epbèse, condaniiuiul tous les sui-
vants. C'est [)ar là que commença l'hérésie
des jacobites. Dep-.us ils imaginèrent de ne
se servir que d'un seul doigt en fa'saul le
signe de la cioix, pour mai'qiier l'unité de
nature en Jésus-Chrisl ; et au lieu que îes
catholiques faisaient le signe de la croix de
droite à gauche, ces hérétiques le faisaient de
gauche à droite. Ils mêlaient de l'huile dans
l'oLlation , comptaient pour rien la sainle
communion, ne mettaient point d'eau dans
le calice, n'avaient que de l'iiulidorencepour
le culte des images, cl ne les baisaient point,
se contentant de les toucher du doigt et de
])aiser ensuite le doigt même. Ils enfouis-
saient la croix le jour du Vendredi-Saint, la
tenaient cachée jusqu'au dimanche; et, dès
le point du jour, ils la portaient par les rues
et les places publiques, où, après avoir de-
mandé si Jésus-Christ était ici ou là, ils la
découvraient. Ils mangeaient de la chair en
carême, célébraient les mystères avec des
riis contraires à la tradition, et ajoutaient au
Trisagion, à l'imitation de Pierre-le-Foulon,
Vous qui êtes crucifie' pour nous, aijez pitié de
vous. Tels étaient les sectateurs de Jacques
Tzanlzale. Les chaizitzariens étaient de la
même secte, mais n'en suivaient pas tous les
dogmes, reconnaissant deux natures en Jé-
sus-Christ, et admettant, ce semble, aussi
deux personnes, comme les nestorlens. Ils
disaient que, pendant la passion, l'une des
deux souffrait , et l'autre regardait souffrir.
Ils adoraient la croix , et y mettaient des
clous, voulant marquer par là qu'ils croyaient
que la Divinité avait soutl'ert. Us jeûnaient
quelques jours avant le temps où l'on cesse
de manger de la viande. En carême, ils man-
geaient des œufs, du beurre et du lait les
jours de dimanche. Quant àl'oblation, ils la
célébraient comme les jacobites. Ils bapti-
saient leurs croix pendant quelques jours.
Pour s'autoriser dans toutes leurs pratiques.
' C'e?t à I )rt qu'on pl.ice Démélrius le Syncelle,
p:ifri.ir<;he de Cyziiiue, nii \j\' siècle : il est tuort
eu lOSU. Sou ou-rage Tradatus de rébus Arme-
niœ se trouve en I;itiu dans le tome XII de la Bi-
bliothèque des Pères de Lyou, pai;. 813, et dans
la Bibliothèque des anciens Pères, par Galland,
tûm. XIV, pas. 2G6, sous le uom de Philippe-le-So-
litr.iie ou de Démétrius de Cyzique. Voyez Fabri-
cius. Bibt. grwca, nova edit. toiu. XI, pag. iU, et
r.allaud, Proleg. dans le tou-.e XIV de sa Biblio-
thè'jue. (Vi'dileur.)
■ Combefis, tom, 11 Xuctuarii, pag. 262.
810
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
sur le ^(lJI^'><e
Mimnlrede
Jean de ti'.cée
•urhDiii«aD-
C0 de Jt.^u5-
(.ttflil.
ils feifïnaient les avoir reçues par tradition de
saint Grégoire, martyr et évéque de la grande
Anui'n'e.
H. Le Père Comhofis joint au traité de
Déniëliius de Cyzique un Mémoire sur le
schisme des Arméniens, qu'il semble croire
du mémo temps et du même auteur '. On y
voit la manière dont l'hérésie des eutycliiens
Be répandit en Arménie, les schismes qui se
formèrent parmi ceux de cette secte, les
conciles qu'ils tinrent pour élaj^lir chacun
leur senli,ment, le catalogue des évoques ca-
tholiques et hérétiques des Arméniens, la
succession des empereurs romains et des rois
de Peisc.' Il y a taule dans la plupart des
dates. L'auteur met le concile de Xicée en la
septième année du grand Conslanlin, quoi-
qu'il ne se soit tenu qu'en la vingtième. 11
place le fameux concile des .arméniens à Ti-
ban eu la douzième aimée du règne dcî Jus-
tin-le-Jcuue, et en la vingt- quatrième de
Chosrocs : ce qui ne s'accorde pas. La dou-
zième année de Justin, qui fut la dernière de
son règne, tombe en 578, qui était la qua-
rante-sixième de Chosroès. L'erreur serait
encore plus grande, s: on mettait ce concile
sous le lègne de JusIin-lc-Vieux, qui ne ré-
gna que huit ans, et mourut avant que Chos-
roès fut roi de Perse.
12. Suit dans le Père CombeGs le Mémoire
ou Homélie de Jean de Nicée sur la naissance
de Jésus-CliJ isl '.[Cette homélie est reproduite
au tome XCVI de la Putrologie grecque, avec
notice tirée deLcquien, col. I'i33-i450]. Dès
le temps de saint Chrysoslome, on regardait
comme une nouveauté de séparer la iéte de
la Nativité du Seigneur d'avec l'Epiphanie ;
on avait célébré jusque-là l'une et l'autre le
sixième de janvier en Orient. Les Occiden-
taux n'en usaient pas de même. Us avaient
toujours célébré la fête de Noël au 23 de dé-
cembre, et l'Epiphanie au sixième de jan-
vier. Leur usage passa en Orient sur la lin
du quatrième, ou an commencement du cin-
quième siècle. Jean de Nicée établit cet usage
dans sou Mémoire. Il prétend que ceux qui
avaient introduit la coutume de célébrer la
naissance de Jésus-Christ le G de janvier,
n'en avaient usé ainsi que parce qu'ayant
ouï dire que Jésus-Christ était Agé de trente
ans lors de son baplêuic, qu'ils lixaicnt au
ce jour était aussi celui de sa naissance.
Pour montrer qu'on doit la célcbrerle 23 dé-
cembre, il cite une lettre de saint Cyrille au
pape Jules avec la réponse de ce Pape, et
ajoute que saint Basile écrivit h saint Gré-
goire de Nazianze de faire a pprouvercet usage
dans im concile de Conslautinople; que l'em-
pereur Honorius per.Miada à son frère .\rcade
de suivre en cela la pratique de Home ; que
saint Chrysoslome l'approuva, et ré.L'la avec
saint Epiphaiie (]u'on célébrerait à l'avenir la
naissance du Sauveur le 2o de décembre;
que, la même chose ayant él('' réglée dans
un concile de Conslautinople, l'Orient se con-
forma sur ce point avec l'Occident. Mais tous
ces faits sont ou faux ou peu avérés. On ne
connaît point de lettres de saint Cyrille au
pape Jules, et celle que cite Jean de Nicée a
un air fabuleux. Qui s'imaginera que le Pape,
sur l'avis de cet évèque, ait fait chercher de
tous côtés les écrits des Juifs, pour y trou-
ver de quoi 6xer le jour de la naissance de
Jésus-Clirisl? N'avait-il pas sur ce sujet la
pralicpie immémoriale de sou Église? Saint
Chrysoslome ne recourut pas à la chronolo-
gie du Juif Josèpho, dont il est parlé dans la
lettre faussement attribuée à saint Cyrille,
pour se déterminer sur le jour de la naissan-
ce de Jésus-CIr.ist; mais aux registres du dé-
nombrement fait sous Auguste, sur lesquels il
supposait que lesRomains avaient fixé ce jour.
On ne connaît pas non plus de lettres parmi
celles de saint Basile, où cet archevêque mar-
que à saint Grégoire de Nnzianze de faire dé-
cider la question dans un concile. Jean de Ni-
cée n'alléguant point de témoignages plus ré-
cents que celui de saint Epiphane, ou d'un con-
cile qu'il su[)pose s'être tenu du vivant de Fla-
vien d'.Vntioche, on pourrait croire qu'il écri-
vait avant le sixième siècle : maià il faut qu'il
ait vécu depuis, puisqu'on ne trouve pas dans
le catalogue des évê(piescatboli(pies d'Armé-
nie le nom de Zacharie, à qui il adresse son
mémoire. Pholius parle d'un évêi|ue du nom
de Zacharie qui tiaduisit en gicc les Dialo-
gues et quelques autres ouvrages de saint
Grégoiie le Grand ', environ IC") ans avant
qu'ils eussent éléicndiispulilics. Ce fui peut-
être î\ cet évèque que Jean dédia son écrit. En
ce ca.s-là il aurait vécu dans le vii« siècle. Ce
qu'il y a de vrai, c'est qu'il vivait avant le on-
sixièmc de janvier, ils s'étaient imaginé que. zièmc; car sou Mémoire est cité plus d'une
< CombeQs, tom. II Aucluarii, (lag. 271.
* Combefl(>, ibid., [lo^. 298.
» Cod. 252, pag. 1399.
Filnt U-
du», at(lii>lla-
VII* t*u lo
VIII* »lèclo.
[vil* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXV. — URSIN, SAINT ANSBERT, ETC. 811
fois par Anasiasc de Côsaréc, qui composa translation du corps de saint î',tioniic, pre-
cn ce siècle-là un livre sur /c^c/i/icrfe /a iV/vc niicr martyr. Cette translation se lit uo Con-
de Dieu '. stuntinople à Rome sous le pontificat de Pé-
i;{. [Saint Liirius, arcliidiacrc, écrivait vers la^e, vcis ooti. \'oyez Spkilvg. Rum. , [om.
le vu' ou viir siècle. Ang. Mai a publié sons IV, pag. 283-288.]
le nom de cet autour un fragment sui' la
CHAPITRE LXXXV.
Uisin, abbé de Ligugé; saint Ansberg de Rouen ; Evancc, abbé de Troclar; Défen-
scnr, moine de Ligngé [snr la fin du Vil siècle, écrivains latins].
[Denis de Telmara, au septième siècle, écrivain Syriaque.]
l'r»'n,
(•rliurnu abbi
ce Ligugé.
SôiEl Ans-
bert. évâque
de RoueD.
1. Nous avons deux Vies de saint Léger,
évéqiie d'.'Vntun : l'une par un anonyme,
moine de Saiut-Sympliorien , et l'autre par
Ursin, prieur ou abbc de Ligugé dans le dio-
cèse de Poitiers. Ces deux écrivains étaient
contemporains du saint évèquc; mais l'ano-
nyme n'étant point entré dans un assez
grand détail de la vie de saint Léger, An-
soalde, évèque de Poitiers, et .\udnlfe, abbé
de Saint-Maixeut en Poitou, engagèrent Ur-
sin à donner une Vie plus détaillée. Ces deux
A'ies ont paru si importantes pour l'histoire
de France, que Duchesne les a insérées dans
son recueil des Historiens français*. Elles se
trouvent aussi dans le second tome des Actes
de l'ordre de Saint-Benoit [dans le tome XCVI
de la Putroloijie latine, col. 329 et suiv., et
dans le recueil des Mémoires pour riiistoire
de France, par M. Guizol]. Surius n'a donné
que celle d'Ursin ; Dom Mabillon en cite une
troisième, écrite quelque tem[is après la mort
de saint Léger', et lorsque l'on voyait en-
core plusieurs de ses parents. Elle est divi-
sée en deux livres : l'un contient l'histoire
de la vie du saint, l'autre la relation de ses
miracles ; mais le premier n'étant autre chose
que la Vie composée parUisin, et grossie
seulement de quelques entretiens ou dis-
cours du saint évèque, ce père n'a pas jugé
à propos de la rendre publique.
2. Saint Ausbcrt, apiès avoir suivi la cour
de Clotaire 111 pendant quelques années, se
retira dans l'abbaye de Fontenelle, doul il
fut choisi abbé iï la mort de saint Vandregi-
sile*. Il iustruisit ses moines autant par ses
exemples que par ses discours. Saint Ouen,
qui l'avait ordonné prêtre, se trouvant au-
près du roi Théodoric III, piia ce prince da
le lui donner pour successeur, disant qu'il
était souhaité par le clergé et le peuple. Aus-
sitôt donc que saint Ouen fut mort, Théodo-
ric envoya chercher saint Ansbert, sous pré-
texle de prendre son avis sur quelque aflaire.
Le saint, se doutant du sujet pour lequel on
le mandait à la cour, fil d'abord diUîculté
d'y aller; mais, sur les ordres l'éitérés du
roi, il obéit et fut sacré archevêque de Rouen
par saint Lambert de Lyon. La cinquième
année de son épiscopat, il tint un concile ;\
Rouen avec Radbert de Tours, Régule de
Reims', treize autres évèques, quatre abbés
et plusieurs piètres et diacres. Les actes de
cette assemblée sont perdus. Quelque temps
après, saint Ansbert, sur une fausse accusa-
tion, fut relégué par l'epin,maiie du palais,
au monastère u'Aumont, sur la Sambre en
Hainaut. Ce fut là qu'il composa divers trai-
tés de piété pour l'édification des moines qui
dépendaient de ce monastère. Ces traités ne
sont pas venus jusqu'à nous; mais il semble
qu'on ne doit point les distinguer d'un re-
cueil de questions que saint Ansbert, au rap-
port de la chronique de Fontenelle '', avait
adressées à un reclus nommé Siwin. Aigrade,
1 11 est cité aussi parNicou Je liliaïte, qui vivait
sous les empereurs liasile et Couslautin : et d'aprùs
le catalogue des évèques catholiques d'Arméuie, il
est certain que Zacharie, à qui Jean de Nicée écri-
vait, a vécu du temps de Pliotius. Voyez Lequieii.
(L'éditeur.)
- Duchesne, tom. I, pag. G23.
3 Maliillonius.tom. U AcL, pag. 049.
'- .Mabillonius, Actor., tom. I, et lib. XVIII .•1)1-
nal., uum. 32 et 2». — ' Tom. 1 Act. Ordin. S.
Bened., pag. lOaO, Vit. S. Àmbcrti, num. 5.
HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
812
auteur de sa Vie, appuie celte conjecture,
en disant que ces Trailôs fuient iirimipale-
ment composés pour des personnes qui de-
meuraient hors de l'enceinte du monastère
d'Aumont. On a attrii)ué à saint Ansbert le
second et le troisième des sermons sur l'As-
somption de la Sainte-Vierge, imprimés sons
le nom de saint Ildefonse, archevêque de
Tolède '; mais on n'y trouve rien qui puisse
autoriser ce sentiment.
u''rT-Mi'V •^- ^^ Lettre dogmatique d'Evance coutrc
s. leur, r ni (.çuj. „^^■^ soutenaient qu'il n'était point per-
«do .osd.i niisclemanserdu sang des animaux a passé
sin des provinces des Gaules qui obéissaient
au\ ^"isigollls d'Espagne. G"cst à l'ahhé de ce
monastère que Dom MabiHon croit qu'on
peut donner la lettre dont nous parlons*.
L'auteur y pousse ses adversaires trop loin,
en leur disant qu'il ne voit pas pourquoi ils
font dillicullé de manger du sang des ani-
maux, de peur d'être souillés, tandis qu'ils
négligent d'accomplir tous les autres pré-
ceptes de la loicntièie, comme l'observaliou
du sabbat, et quantité d'autres cérémonies
légales. Il ne faisait pas réllesion, que les
chrétiens contemporains des apôtres, sans
longtemps sous le nom d'Evance, évêque de oUrir les sacrifices prescrits par la loi de
Xicnne, qui souscrivit eu 581 au premier con-
cile de Màcon, et en 583 au troisième de Lyon
sous le roi Gontran. Mais on ne doute plus au-
jourd'hui qu'il ne faille allribucr cette lettre h
un autre Evance beaucoup plus récent que
Moïse, et sans observer le repos du sab-
bat avec les Juifs, ne laissaient pas de
s'abstenir des viandes sulibquées et du sang
des animaux, suivant le décret du premier
concile de Jérusalem. Evance réussit mieux
l'évèque de Vienne. En etïet , le Pastoral h montrer qu'il y a eu un temps où il était
de saint Grégoire y est cité ', et on y parle de
ce pape comme déjà honoré du litre de
saint dans TEgiise. Or le Pastoral ne fut écrit
qu'en 500, et ainsi depuis la mort d'Evance,
évèque de Vienne, arrivée vers l'an o8G, et
au plus lard eu 589 ; et saint Grégoire, n'é-
tant mort qu'en (iUi, n'a pu être qualifié du
titre de saint, du moins dans le langage or-
dinaire. 11 faut ajouter qu'Adon, faisant le
catalogue des évoques de Vienne avant le
pontificat de saint Grégoire, nomme Sévère
successeur d'Evance. D'ailleurs, la lettre
dont il est question porte dans tous les ma-
nuscrits le nom d'Evance, abbé. Il n'y est
jamais ap[ielé évèque. Le sujet même de
cette Lettre ne peut convenir a un évOque
de Vienne. Il y est question de certaines per-
sonnes qui, à Sarragosse ou dans les envi-
rons, voulaient que l'on s'abslinl démanger
du sang des animaux ei des viandes sull'o-
quces. Quelle apparence y a-t-il qu'un évè-
que de Vienne se fut mêlé dans une contes-
tation agiléc si loin de sou diocèse '/ Le
cardinal d'Aguirre fait auteur de cette Lettre
Evance, archidiacre de Tolède versl'anGGO';
mais il ne résout point robjection tirée des
manuscrits qui raltribuent, non à un archi-
diacre, mais àunabbi!.
On connaît un autre Evance, qui était ab-
bé de Troclar sur la fin du septième siècle.
Troclar était situé dans le diocèse d'AIbi, voi-
' Cave, Iliat. Liltcrana, png. 38G.
' Hasmigc, Observât, in Evanc, loin. I Lcction.
Cnnis., png. :i2l, "Jai.
» Tora. III Concil. flispan., pag. 86, 87.
de lu prudence de tolérer dans les Juifs con-
vertis certaines observances légales, afin de
ne point leur donner de l'éloignement de la
foi de Jésus-Christ. Faibles alors, on ne pou-
vait les nourrir d'une substance solide : il
leur fallait du lait. C'est ce qui engagea les
apôlres à leur permettre l'aljstinence du
sang et des animaux sutlbqués, et A permet-
tre aussi quelquefois la circoncision. « Mais,
ajoule-t-il, à présent que l'Eijlise est forti-
fiée par l'aliment solide de la foi, elle ne doit
plus nourrir de lait ses enfants. » Il prouve
que, selon l'Apùti'e, il n'y a rien d'immonde
que pour les impins et les infidèles; que
toutes les créatures de Dieu sont bonnes,
et que ce n'est pas ce qui enlie dans le corps
de l'homme qui le souille, mais les mau-
vaises [lensées qui sortent de son cœur, les
adultères, les homicides et aulres crimes
semljlables. Ensuite il fait voir ipie, i)ar la
défense de manger du sang, il faut entendrç
non le sang même, mais les œuvres du sang,
c'esl-à-dii e, les onivres d'iniipiité. Il deinande
à ceux qu'il combat s'ils se font autant de
scrupule de la foinicalion et de l'adultère
défendus par le concile des apôtres, qu'ils
s'en faisaient des deux aulres préceptes faits
dans le même concile, dont l'un regardait
l'abstinence des viandes sulibquées, l'autre
celle du sang des animaux. Les supposant
moins scrupuleux sur le premier que sur
* Maliil., Olisirval. in rituin S. Segnh'nœ, t. IV
Aciiir. Ordin. S. Benedirti, p.ig. 488, cl lili. XVIII
Annal., pag. 006, loin. I, miin. 12.
CHAPITIIE I.XXXV. — DÉFENSEUR, MUl.NE, UENISDE TELMEUA.
n.oiBC
tiu eur,
IC Li-
[VII' SIKCLK.]
les deux autres, il leur adresse ces jia-
rolcs de Jésus-Christ : Malheur à vous, hy-
pocrites, qui pilliez la dîme (tes moiiirlres her-
bes, pemlunt que vous ni'r/lij/ez ce qu'il //
a de plus iuiporluut dans ta Loi. Il les ren-
voie au l'asloral do saint Gi'éjjoire, aux li-
vres de saint Auj^ustin contre Fausie le
^lanicliéen, et à celui de saint Jérôme con-
tre Donatien. [ Cette lettre se trouve au
tome LXXXVIU de la J'alrolor/ie latine , col.
"17, avec notices tirées de la France littéraire
et de Fabricius.]
4. Ursin, dont nous avons parlé plus haut,
avait eu un nouiiné Défenseur pour disciple
dans sou monastère de Ligugé'. Ce fut lui
(jui le dirigea dans ses études, et surtout
dans la lecture des Pères de l'Ev^lise. Défen-
seur en recueillit par son ordre les plus
Ijeaux endroits, dont il forma un livre inti-
tulé : Recueil d'L'tincelles ou de Sentences des
Pères Orthodoxes. Il prend dans le titre la
qualité de grammairien, qui se donnait sou-
vent aux gens de lettres. Gomme il n'avait
entrepris cet ouvrage que pour épargner au
lecteur la peine de lire un grand nombre de
volumes, il partagea le sien en plusieurs
articles, qui comprenaient cliacun les passa-
ges des Pères sur une même matière, mar-
quant k chaque passage le nom du Père
d'où il l'aviiit tiré. Il n'entre point dans le
dogme, mais seulement dans les matières
de morale, s'arrèlant aux principales vertus
chrétiennes, comme la charité, la patience,
l'amour de Dieu et du prochain, l'humilité.
813
Les Pères qu'il cite sont saint Clément, Ori-
gène, saint Cyprien, saint Basile, saint Au-
gustin, Eusèi)e, saint Césaire, saiid Grégoire
]>ape, saint Isidore de Seville, l(!s Vies des
Pères et un certain Joscppe que l'on ne con-
naît point d'ailleurs. Son recueil, dans les
imprimés, est divisé en quatre-vingts chapi-
tres ; mais quchiues manuscrits n'en mar-
quent que soixante-dix '. On en a fait trois
éditions : l'une h Anvers en 1530 ', l'autre à
Venise en l.-)o2, et la troisième à Cologne en
loo't. Dom Mabilion, qui n'avait vu aucune
de ces éditions ', met le recueil de Défenseur
parmi les ouviages qui n'ont pas vu le jour;
et l'ayant trouvé manuscrit dans la biblio-
thèque du Monl-Cassin , il en transcrivit la
Préface, que l'on trouve dans l'Appendice du
second tome de ses Aiuiules '. Défenseur s'y
nomme, non pour tirer vanité de son ouvrage,
dont il rapporte toute la gloire à Dieu, et à
Ursin son maître, mais pour engager ses
lecteurs à se souvenir de lui dans leurs priè-
res. [Le tome LXXXVIIl de la Patrologie
lutine, col. 593, reproduit le recueil de Dé-
fenseur, avec notices d'après la France lit-
téraire et Fabricius.
5. Denis de Telmera, Telmarensis,eviCi\.nQ,
au vu" siècle, avait composé une clnouique en
syriaque. Le tome X du Spicilcg. rom.,'ç. 223,
en contient quel.jues extraits sur l'ordre ri-
dicule donné par l'empereur Phocas, en 617,
de faire baptiser tous les Juifs, ordre que
ce piince Ct exécuter par ses otliciers et
par George, préfet de la province.]
Dcq!s â«
Telmera.
' Defensor, Prœfat. in Librum Scinlillarum.
' Spicilig.. toiu. ]y, pafi. iSi.
' PosseviQ, in Àpparatu, loin. 1, iiag. 387, 680.
* Mabilion, Iter Italie, tom. I, iiag. 123.
^ Tom. Il Annal. ,i<ag.~Oi, in Appendice, nam 23.
814
IlISTOmE GÉiNÉRALE DES AUTEUllS ECCLÉSIASTIQUES.
CIIAIMTRELWXVI.
Conciles dn VT siècle.
ARTICLE I".
CONCILES D'ÉPAOSE ET DE LTOS [516].
p.«nTfi?Bn." *• ^*^ '^"' SOUS le consulat d'Apapil, et le
dixième des calendes d'octobre, c'est-à-dire
le 13 septembre 517, Tjuc se tint le concile
d'Kpaùne, que l'on ci-oit être la ville d'Yène,
dans le diocèse de Relley. C'était dans la
preniicfc. 'innée du règne de Sigismond, que
saint .\vitc, évèquede Vienne, avait converti
ù la foi catholique. Il se trouva en ce concile
vingt-cinq évéïines, tous du royaume de
lîourgognc, dont le premier est s^aint Avite,
qui y présida. Ce fut lui aussi qui le convo-
qua , comme on le voit par la lettre circulaire
qu'il écrivit à tous les évoques de sa province
CoociT™!^ pour les inviter au concile. Il s'y plaint de la
'"'• ' ° cessation de ces assemblées, témoignant
que le Pape lui en avait lait des reproches
très- vifs.
cnons de 2. Le concile fit quarante canons. On les
To'm'iv commença par ordonner que les évênues ',
<5-6. mandes par leurmotropolitam pour venn'ou
au concile, on ;\ l'ordination d'un évèque, ne
pourraient s'en dispensev qu'ea cas de ma-
Cin. I.
ladie. — Quoique saint Paul eût exclu claire- c„. ».
ment de la prêtrise et du diaconat ceux qui
avaient ëtéjnariés denx fois, il était néan-
moins arrive que quelques évêques avaient
par simplicité ordonné des bigames : c'est
pourquoi Ion en lit ' une nouvelle défense, s.
en excluant aussi de la cléricaturc' ceux qui
avaient fait pénitence publique. — On défen- t.
dit aux évoques', aux prêtres et aux diacres
d'avoir des chiens cl des oiseaux de chasse:
ce qui montre que le clergé commençait à
se laisser aller aux mœurs des nations bar-
bares qui dominaient en Bourgogne. — Il fut s.
aussi fait défense ' aux prêtres d'un diocèse
de desservir une église d'un autre diocèse
sans la permission de l'évèque diocésain, à
moins que l'évèque de qui ces prêtres dé-
pendent ne les ait cétiés à celui dans le
diocèse duquel est cette église. — Défense de «.
dounerla communion a un prêtre ou à un dia-
cre ° qui voyage sans avoir des lettres de son
évèque. — Les ventes des biens de l'I^glise'' ^■
faites par les prêtres qui desservent les parois-
ses sont déclarées nulles. — Ils doivent aussi ».
dresser des actes par écrit" des choses qu'ils
ont achetées, ou pour eux-mêmes, ou au
' Prima et immutabili coiistitulione decrelttin
est, ut cum metropolitanus fratrcs vel coinprO'
vincialef! suos ad concilium, aut ad ordinaliontm
cujuscumque coiisacerdolis credidcril evocaidos,
nisi causa tœdii evidenlis exltteril, nulttis excu-
set. Can. 1, loin. IV Cocil., pag. t.i"U.
' A"c secundœ uxoiis aul renuplu' marilus pres-
byler aul diaconus ordinelur, ahunde sufficercl
nb Aposlnlo coiislilulum Sed quia prœccplum hu-
jusmodi txcedi quoiumdaui fialrum simplicitale
ognoviiiius , specidli observunlia renocainus ,
scitnte eo qui contra iiiterdirlum ordinaierit,
rcum fralribus se fttturum : illo uulein qui con-
tra fas linnoreni protiibilu' bencdicliontx ambieril,
rtiliU se clcricalis minislcrii prasumpluruin. Can.
2, ibtd.
* l'wnili ntiam professi ad clcricatum penilus
non rncenlur. C.mi. 3, ibid.
' Presbyleris episcopis, alque diacnnibus canes
ad venandum, et accipilres habere non liceat.
Quod si quis talium personarum in liac fucril vo-
luntatc deteclus, si cpiscopits est, tribus mcnsibus
se a cominunionc suspendal; duobus presbylcr
nhslincatur. une diaconus ab omni offlcio et corn-
niunione cessabit. Can. 4, ibid.
' Xe presbyter terrilorii alieni, sine conscientia
sui episcopi, in allerius civilalis terrilorio prw-
Fumat basilicis atqxie oratoriis inseriire, nisi
forte cpiscopus suus illum ccdat episcopo illi, in
ciijus Icrritorio habitarc disposuit. In quo si ex-
ccssum fuerit, episcopus cujus presbyier fuerit
frari sua noverit culpabilem se fulurum, qui
cliricum juris sui illicita facientem sciens, ab
sçnndali admissione non reiocal. Can. :> pag. lyil.
" Presbylero, vil diacono, sine antixlilis sui
epistolis ambulanli cominunioncm nullus impen-
dat Can. 6, ibid.
' (Juidquiri parochiarum presbyl(ri de cccUsias-
lici ju>is pussrssione di'<lraxerinl, inane habea-
tur <( vacuum, in vendilorem cowpurauiis ac-
lione rerlcnda. Cau. 7, ibid.
' Prcsbyler dum diocesim tciiet, de his quœcme-
rit, aut ecclcsiœ nomine scripluram facial, aut
ab cjus quam lenuit cfc/o.s'iVr ordinaiwne discC'
dat. Similis quoque de renditionibus, quas abba-
Ic.f farcre prtrsuwpferint forma servabilur, ut
fTi* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI
nom de l'Église. La môme chose est orilon-
néc à i'éfîard des abbos : ils ne peuvent rien
vendre sans la permission do l'évèqiie, ni
mcmoaliiancliir les esclaves qui ont été don-
nés aux moines, parce qu'il n'est pas juste
que, pendant que les moines s'occupent tous
les joui's des travaux de la campagne, leurs
esclaves jouissent du loisir et du repos de la
libellé. — Un même abbé' ne peut arouverner
deux monastères, ni en établir* de nou-
veaux à l'insu de l'évêque. — Les clercs peu-
vent ' plaider devant les juges séculiers
comme défrnseurs, mais non comme de-
mandeurs, si ce n'est par l'ordre de l'évê-
que. — Celui-ci n'a pas le pouvoir* de vendre
quelque chose des biens de l'Hcflise sans l'a-
grément du métropolitain ; mais il lui est per-
mis de faire des échanges utiles. — Un clerc
convaincu de faux témoignage ' est tenu
pour coupiible de crime capital : eu consé-
quente il doit être déposé "^ et mis dans un
monastère pour le reste de ses jours, et n'être
admis à la communion que dans cet endroit
seul. — Lors(pie le clerc d'une église est fait
évèque" d'une autre, il doit laisser à l'église
qu'il a servie d'abord tout ce qu'il a reru en
forme de don, et ne retenir que ce qu'il a
acheté pour son usage, selon qu'il en con-
— CONCILE D'EPAONE.
813
stera par écrit. — Ceux d'entre les clercs qui c»"- "=
amont (îté convaincus d'avoir mangé ' avec
des hi'r('li(pifs, devront élre séparés de la
conmiuiiioii do l'I^giise pendant un an; mais
celle peine ne regarde que les clercs d'un
rang supérieur, et l'on se conlenlera de quel-
ques châlimenls corpoi'els envers les jeunes
clercs (pii seront tombés dans celle faute. S'il
arrive qiiedes laïques aient assistéaux festins
des Juifs, il leur sera défendu de manger en-
suite avec aucun clerc. — Le concile permr't '"•
aux prêtres "de donner l'onction du chrême
aux hérétiques malades à l'extrémité, lors-
qu'ils demandent en cet état de se convertir;
mais en santé ils doivent demander cette onc-
tion à l'évêque. — Il déclare nulles les dona- "•
lions '" que l'évêque fait des biens de l'Église,
à moins qu'il ne l'ait indemnisée d'autant de
son propre bien, et il ne veut pas qu'aucun '»■
clerc" puisse acquérir le droit de prescrip-
tion sur les biens de l'iCglise par le laps du
temps qu'il les aura possédés. — Il déclare la.
que si un abbé trouvé eu ûiute'- ou en fraude,
quoiqu'il se prétende innocent, ne veut pas
recevoir un successeur de la part de son
évêque.l'atl'airesera portée par devanl le mé-
tropolitain. — Il défend aux évêques", aux 20.
prêtres, aux diacres, et à tous autres clercs,
quidquid sine episcoporum notitia vcnditum fue-
ril, ad poteslatem epUcopi revoccliir. ilancipia
rero moiuuliis doitaia ab abbale non liccat riia-
numitti. Iiijustuin enim pulamus, ut monachis
quolidianum rurale opus facientibus, servi co-
rum libertalis otio potinntur. Can. S, ibid.
' L'ail»! abbatem duobus monasleriis interdici-
mus prœsidere. C.in. !), ibid.
' Ccllas noias aut coiigrcgatiunculas monacho-
mm absque episcopi notUia prohibemus iuslitui.
Can. 10, ibid.
' Clrrici sine ordinatione episcopi sui adiré, vel
interpctlure publicum non prasumant ; scd si pul-
sali futrinl, seqiii ad sœculare judicium non mo-
rentur. Can. 1 1, ibid.
NiiUus episcnpus de rébus ecclesiœ suœ, sine
conscicnlia melropoUlani sui, vendendi aliquid
habeiit puteslnlem ; utiti tamen omnibus commu-
latwne permissa Can. 12, ibid.
^ Si quis clericus in falso teslimonio convictus
fuerit, reus capitatis criminis ccnseatur. C. Vi.ibid.
* Si prcsbyter aul diaconus criinen capitale
commiseril, ab offica honore defiositus in monas-
terium rtlrudatur , Un lantummodo, quandiu
vixeril, cninmunione sumenda. Can. 22, pair. ','619.
' Quisquùi clericus aliquid de munificfntia ec-
clesiœ cui scnieral adrptus, ad summum sacer-
do'ium alUrius civitalis est aut fuerit ordinatus,
quod dono accepit vel acceperil rcddat ; quoi
usu vel proprietate secundum inslrumenti seriem
probatur émisse, possidcat. Can. il, pag. 1377.
' Si superioris loci clericus hœretici eujuscum-
que clerici convivio interfuerit, unni spatio pa-
cem Ecclesiœ non liabcbit. Quod juntores clerici
si prœsuiiipserint, vapulabunt. A Judœorumrero
conviens eliam liicos constitutio nostra prolii-
buil; neccum ullo clerico noslro panem comedat,
quisquis Judtrorum fueric convivio inquinalus,
Can. 15, pnp. 157S.
'^ Presbi/teros, propter salutem animarum qvam.
in cunclis oplamus, despcrulis et decunibcnlibus
hœrelicis, si conversionem subituni pétant, chris-
maie ptrmillimus subrenire. Quod omnes con-
rersuri, si sani sunt, ab episcopo noverint expe-
lendum. Can. IG, ibid.
"> Si episcopus condito tcstamenlo aliquid de
ecclcsiastici juris proprietate legavenl, aider non
raltbit, nisi vel tanluni de juris proprii facultate
supplererit. Cau 17, ibid.
" Cleriri quod eliam sine precatoriis, qualibet
diuturnilate temporis de ecclesiœ rcmunerationc
possederint cum auctorilate domni gloriosissimi
principis nostri, in jh,9 proprtetarium prascrip-
lione tempori.-i non vocetur, dunimoJo paleat (c-
clesiœ rem fuisse: ne videantur eliam episcopi
administrationis prolixœ eut precatorias, cum
ordinali suni, facere dcbuisse. aut diu lenlas ec~
clesiœ facullates proprielali sua passe transcH-
bere. Cau. 18, ibid.
'- Àhbas si in culpa reperiatur aut fraude, et
innocentem se asserens ab episcopo suo accipere
noluerit snccessorem, ad metropolitani judicium
deducatur, Can. 19, ibid.
" Episcopo, presbytero et diitcono, vel ceteris
81 G HISTOIRE GÉNÉRALE DES
d'aller voir des femmes ii des heures indues,
ce qii'il ciilcad de midi et du soir ; njoutant
que, s'il y a nL^cessité de les aller voir, ils le
pourront, accomp:ii,^n'.'S d'aulrcs clercs.
Cm. !i. 3. Ou abolit dans ce concile la consécra-
tion ' des veuves appelées diaconesses : seu-
lement on permet, pour le cas où elles vou-
draient mener une vie rcli^'ieuse, deIeu^don-
"• lier la bénédiction de la pénitence. — Celui
qui, ayant reçu la pénitence, la quille', en pu-
bliant son bon propos, pou.' mener une vie sé-
culière, ne pouii'a être admis .'i la communion,
qu'il ne reprenne l'étal qu'il avait cmbras-
5»- se. — Ou permet aux laïques d'accuser' les
clercs, de quel([ne ran^ qu'ils soient, pourvu
f- qu'ils ne leur object'ent rien que de vrai. — Il
est l'ait défense de mettre des reliques' dans
les oratoires de campagne, s'il n'y a des clercs
dans lé voisinage pour y venir faire l'oilîce,
et rendre honneur à ces cendies pi-i'cicuses
par le chani des psaumes. Que s'il n'y en a pas
d'assez pioches, l'on n'en ordonnera aucun
pour ces oratoires, qu'auparavant ou n'ait
fait une fondation suHisante pour leur vôle-
s6. ment et leur nourriluie. — Il est défendu
de consacrer '" avec l'onction du chi'ème
d'autres autels que des autels d(5 pierre: ce
AUTEURS ECCLESIAS'nOUES
qui marque qu'il y en avait encore quelques-
uns de bois. — Danslacélébrolioii des divins
offices', les évêques de la province doivent
se conformer au rit de l'église métropoli-
taine.— S'il arri\e qu'un évcqne^nieure avant
d'avoir absous une personne condamnée, le
successeur pourra l'absoudre, en cas qu'elle
se soit corrigée de sa faute, et qu'elle en ait
fait pénitence. — Suivant l'ancienne discipli-
ne, les apostats * qui, ayant été baptisés dans
l'Église catholique, tombaient dans l'hérésie,
n'étaient reçus, lorsqu'ils revenaient ù l'E-
glise, qu'après un grand nombre d'aum'-es de
pénitence. Le concile réduit celte pénitence
à deux ans , pendant lesquels ils devionl
jeûner lous les trois jours, fréquenter l'égli-
se , s'y tenir à la place des pénitents, et sor-
tir avec les catéchumènes. Que s'ils s'en plai-
gnent, on les obligera d'observer la péniten-
ce prescrite par 1rs anciens canons. — Drfen-
se de recevoir;! pénitence' ceux qui auront
contracte des mariages incestueux, s'ils ne se
séparent : on appelle ainsi les mariages avec
la belle-sœur, la belle-mère, la belle-hlle, la
veuve de l'oncle, la cousine peimaine ou is-
sue de gei'maine. — Les homicides ' qui aui ont
évité la peine portée par leslois, feront la péni-
clericis, horis prœterilis, id est, viTidianis vel
vespertinis, ad fwminas proliibemus accessum :
qiuu lameii, si causa fuerit, cum piesbyterornm
aut clericnrum leslimonin videanlur. C.nn. 20, ihkl.
' Vidiiarum coniecrulionciii, quns diaconas vo-
cilant, ab omni regionc nosira junitMs abrôga-
mus, sola eis pwnUenliu, si convirli ambiunl,
iniponenda. Can. 21, ibid.
' Si qnis accepta professaquc pœnitciitia, botn
immcmor, ad sœculaha relabatur. prorsiis cuii-
municare non potcrit, «iVi professioiii, quam il-
licite prœtermiseral, reformelur. Can. 23, jiag.
1579.
' Laïcis, coiitra ctijuslibct gradus clericum, si
gvid cniiiinale parant objicere, duniiiwdo vera
suggérant, proponendi permittimus poleatalcm.
Can. 24, ibid.
' Sunclorum rcliquiœ in oratoriis villaribus
noH ponnntur, riisi forsitan clcricos cujuscuiuque
pnrocitiœ ricinos esse conlingal, qui sacris cine-
ribus psallrndi frequenlia famulentur. Quod si
illi defuerinl, non anle proprii ordincntur, quam
eis competcns viclus et veslitus subslanlia depu-
telur. Cnn. 2';, itiid.
5 Allaria, nisi lapidea, chrismatis unclionc non
sacrentur. Cnn. 2(>, ibid
• Ad celebranda divina officia ordinem, qucm
melropolilani leneiil, prnviitcialcs eoruni obser-
vare dehcbnnt. Can. 27, ibid.
' Si episcopus anle damnaliabsolulionem obitu
rapiatur, correctum aut p(cnilcntem successori
licebit absotierc. Can. 28, ibid.
8 Lap.tis, id est, quiin calholica baptizati, prce-
varicatione damnabili posl in hœrcuim Iransie-
runt, grandcm rcdcundi difficullatcm sanxit anti-
quitus. Quibus nos, annonun niuliiliidine brtriatT,
pœnitintiam bicnnii condilione infra scriplœ ob-
servalionis imponimus; ut, prascripto biennio,
tertia die sine rclaxalione jejunent , ecclesiam slu-
deunl (riqucntare, in panilenlum loco slandi et
orumli liumitilalcm noverint observandam : ac
etitim ipsi, cum calecliumcni proccd(re conimo-
ncntur, abscedant. Hoc si ohservare voluerint,
constiluto iemporc admitlendis ad atlarium oh-
servalio reluxctur. Quam si arduam vel duram
forte putaverint, slatuta pratcritorum canonum
complere dcbehunt. Can. 29, ibid.
* Incestis conjunctionibus nihil prorsus veniœ
rcsrrvajnus, nisi cum adulterium srparatione sa-
navtrint. Inccstos vero, nec ullo conjugii nomine
prœvelandos, prœter illos qiios tel nominare fu-
ncslum est, lios esse ccnsemus. Si quis relictam
fratris, quœ pêne prius soror crlilcrat, carnali
conjunctione violavcrit; si quis f râler germa-
nam uxoris suœ accipiat: si quis novercam du-
xerit : si quis consobrinœ sobrinave se socicl :
quod ut a prwsenti temport proliibewus, ita ea
quœ sunt antcrius institula non soliimus. Si quis
reliclœ avunculi mi.tcealur, aut pairui, vel pri-
lignre concubilu jolluntur. Sane, quibus conjunc-
tio illicila inlerdicilur, habcbunl incundi melio-
ris conjugii libcrlatem. Can. 30, ibid.
"> De paniicnlia homicidarum,iiui sœculi lege»
eraserint, hocsumma reverenlia de eii inter not
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILE DE LYON.
[VI* SIÈCLE.]
Icnce miirquëe dans les vinfçl-deuxième et
vini;l-li'(iisii^ine canons d'Ancyre. Lii veuve
(l'un piôtic ou ' il'iin diacre ne pourra se re-
marier: si elle le fait, elle sera chassée de
rKi;Iise, de môme que son mari, jusqu'à ce
qu'ils se S(''parcnt. — Les églises des licrëti-
ques ■ seront rcj;ardi''cs con.me in]purcs et
exécrables=, don ne pourra les appli jucr à de
saints usages, attendu qu'il n'est pas possible
de les purifier; mais on pourra reprendre
celles (pi'ils auront otécs par violence aux ca-
tholiques. Victorius, cvéque de Grenoble, l'un
des pères du concile, avait consulté sur ce
sujet saint Avitc de Vienne, quelque temps
après la conversion du roi Siqisniond. La ré-
ponse de saint Avitc fiit qu'on ne devait se
servir ni des églises des hérétiques, ni de
leurs vases sacn's; et il y a apparence que
ce fut le même saint qui fil t'aiic là-dessus le
canon dont nous venons de parler. Le dixième
du premier concile d'Orléans porte au con-
traire qu'il faut consacrer les églises des hé-
rétiques, et c'est l'usage général de l'Eglise.
4. Le maître qui de son autorité ' ciura fait
mourir son esclave, sera prive pendant deux
ans de la commuiiion de l'Église. — Les ci-
toyens nobles '■ célébreront la nuit de l'àques
et de Noël avec leur évéque, en quelque
lieu qu'il se trouve, afin do recevoir sa béné-
diction. — On ne doit ôler à aucun pécheur"
l'espérance du pardon, s'il fait pénitence et
se cori'ige ; que s'il se trouve à l'article de
817
la mort, on doit lui remettre le temps de la
pénitence prescrit par les canons, à condition
qu'il la fera s'il revient en santé, après avoir
reçu l'absolution do ses p 'chés. — 11 n'est pas cin. n
permis d'ordonner clerc" un laïque, s'il n'a
auparavant doniKÎ des marq\ies de piété. —
Il ne l'est pas'' non plus d'accorder l'cnti'i''!! ''■
des monastères de tilles, sinon aux [lerson-
nes âgées et d'une vertu éprouv('e, loi'sque
les besoins du monastère le demandent. Ceux
mêmes qui y entrent jiour dire la messe, doi-
vent sortir aussitôt que le service est flni : ce
qui montre que les religieuses n'avaient alors
que des chapelles dans l'intérieur de leurs mai-
sons. Le coiuile défend parliculièrement aux
clercs etaux jeunes moines d'y entier, à moins
qu'ils n'y aient des parentes. — Si un esclave " ;"•
coupable de quelque crime atroce se nifugie
dans l'église, il ne sera exempt que des peines
corporelles, et l'on n'obligera pas son maître
de prêter serment de ne lui point imposer
de travail extraordinaire, ou de ne lui point
couper les cheveux pour le faire reconnaître.
— Comme tous les évéqnes ' devaient veiller 40.
à l'observation de ces canons, le concile dé-
clare que ceux qui négligeront de le faire,
seront coupables, et devant Dieu, et devant
leurs confrères.
0. La même année 317, les évêques, au
nombre de dix, s'assemblèrent avec l'arche-
vêque de Lyon, nommé Viventiole, pour ju-
ger Etienne, accusé d'avoir commis un iu-
Coneile do
Lyon en ~>n ,
Tom. IV Con-
cile, p. 1ÔS*.
placuit observari, quod Aticyritani canones de-
creverunt. Can. 31, p.Tg. 1580.
' Relicta prtsbyteii, sive diaconi, si aiicum-
qiie renupserit, caleiins ab ecclesUt pellatur, do-
uée a conj une Houe illiciia separelur : marilo quo-
que ejus simili itsque ad correctionem severitate
pleclendo. Can. 3i, ibid.
* Basilicas hœrelicorum, quas tanla execra-
tione luibemus exosas, iitpolluliojiem earumpur-
gabilem non ptttemus . sanctis tisihus applicare
dfspicimus. Sane, qxias per violentiam nostris
abstulerant, possinnus reiocare. Cau. 33, ibid.
' Si qiiis senum propriiiin sine conscientia ju-
dicis occiderit, excommunicatione biennii effusio-
nem sanguinis expiabit. Can. 34, ibid.
* Ut cives superiorum n>Ualium nocle Paschtr,
ac nativilatis Domini snlemnitale, episcopos, nec
interest in quibus civitatibus positos, accipiendœ
benediclionis dtsiderio noierint expelendos. Can.
35, ibid.
'^ Ae uliiis sine remcdio, aiit spe veniœ ab ec-
clcsia repellulur, neve nlli. si aiit pueniiuerit,aut
se con\xeril, adveniam redeundi adilus obstrua-
tur ; sed si cui forsitan. discrimen mortis immi-
neat. damnalionis constiluta tempora relaxen-
tur. Quod si œgrotum accepta viatico revalescere
XI.
forlasse contingit, statuti temporis spalia obser-
vare convcniel. Can. 36, ibid.
^ i\'e Idicis idsi religione prœmissa clericus or-
dinciur. Can. 37, ibid.
■" Monasleria puellarum nonnisi probatœ vilai,
et œtatis provectœ. ad quascumqtie earvm néces-
sitâtes vel minislrationes permillanlur intrare.
Ad faciendas vero missas qui ingressi fuerint, sta-
lim exaclo ministerio regredi feslinabunt. Alias
autem nec clericus, nec monaclixis juvenis, ullum
ad puellarum rongregalionem habebit accessuni,
(li.si hoc aut palerna, nut germana necessitudo
probelur admitlcrc. Can. 38, pag. 1581.
s Servus rcalu alrociore culpabilis si ad eccle-
siam confugrrit.a corporalihus lanlum suppliciis
exnisetur. De capillis vrro, rel quocun^que opère,
placuit a doniinis juramenta non exigi. Can. 39,
ibid.
9 Qiiocirca hœc qui." sitperna inspiraiione com-
muni consensu placuerunt, si qnis sanctorum
antistitum, qui statuta prœsentia subscriplioni-
bus propriis jirinacerunt, nec non et quos eonnn
Deus esse volucrit successores, relicta integritale
ohservationis excesserit, reum se Divinilatis pa-
riter et fraternitatis judicio futurum esse cog-
noscat. Can. 40, ibid.
32
818
HISTOIRE GFNKRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
cesle avec une femme appelée Palladia. Us
en furent convaincus l'un et l'aulie, et il fut
convenu que tous les évèques qui avaient
prononcé leur condamnation ', la maintien-
draient inviolablemcnl, et qu'ils en useraient
de môme contre tous ceux qui seraient trou-
vés engagés dans uu semblable crime. — Il
parait qu'Klienne et Palladia étaient des per-
sonnes puissantes, et que la cour prenait in-
térêt dans celte all'aire : c'est pourquoi les
évêques de ce concile, après s'être en}j;agé6
mutuellement à maintenir le jugement qu'Us
avaient porté contre les coupables, décla-
rèrent que, si quelqu'un d'entre eux venait
à être persécuté pour' ce sujet, tous les au-
tres prcndi'aient part ji ses souEVanccs, et le
soulageraient des perles qu'il aurait souf-
fertes. — Us ajoutèrent que , si le roi , irrité '
delà sentence rendue contre Etienne et Pal-
ladia, conlinuait à s'abslcuir de la communion
des évèques qui l'avaient portée, et à ne
plus se trouver avec eux à l'église, ils se re-
tireraient dans des monastères, d'où aucun ne
sortirait , que la paix ne fût rendue à tous les
autres ; — que cependant personne * n'au-
rait la témérité d'usurper l'église d'un au-
tre, ou d'y faire l'ollice en son absence, ou
• InnomineTrinitalis congregatiiterato in unum,
in causa Stephaniinceslicriinine poltuti, atque in
Lugilunensi urbe degentes decrevimus, ut hoc fac-
Cum nostrum, qttod in damnationem ejus, vel il-
lius, quant sibi illicile sociavit , uno consensu
subscripsimus, inviolabiliter serfaremus. Quod
non solum de prafatis eisdem personis placuit
custodiri; sed m omnibus quolibet loco vel tem-
pore in hac fuerint percersitate delecti. Caii. l,
ton). IV Concil., pag. 1581.
» Id quoque adjecimus, ut si quicumquc nos-
trum tribul'itinnem quamcuwque. x-cl amaritudi-
nem, aut commotionem fartasse potestalis ne-
cesse habuerit tolerare, omnes vno cum eodem
animo compali(>ntur. Ll quidquid tel dispendio-
rum obtcntu causw unus susceperit, consolalio
fralernœ anxielatis relevct tribulatos. CaD. 2,
ibid.
•• Quod si se rex prœcellentissimus ab ecclesia,
tel sacerdolum communione, nltra suspenderit ,
locum ei daiiles ad sacrœ niatris gremium leniendi,
sancti aniiftites in nionastiriis se absque ulla
dilalione, prout cuiquc fuerit oppurlunum reci-
pianl, donec pacem inlegraw. ad chnritatisple-
niludinem coufervandam, saiiclorum [tejrus pre-
cibus, rtslilucre pro sua polenlia vel pietate dig-
iictur. lia ut non unus quicumque prius de mo-
naslerio, in quo elegerU hahilare,discedat, quam
cunclis generaliter fratribus fuerit pax promissa
rel reddila. Cm. .■?, ibid.
' Illud etinm juxla staluta antiquorum cano-
nuin specialiter renovamus omnino, ut nuUus
quelque aulre acte dejuridictiun que ce fût,
sous peine uon-seulement d'en être repris
dans le prochain concile, mais encore d'être
privé de la communion de ses fièrcs. — Ils
renouvelèrent la défense d'aspirer h l'évôché
d'un évêque vivant, et déclarèrent excom-
muniés pour toujours'' ceux qui se seraient
fait ordonner à leui- place , de même que
ceux qui auraient pris part à ces ordinations.
— D semble par le dernier canon de ce con-
cile, quele roiaviat enfin reconnu l'équité du
jugement rendu contre les deux coupables,
puisque les évèques y disent ', qu'en sui-
vant l'avis de ce prince, ils avaient accordé
à Etienne et à Palladia d'assister aux prières
de l'Église jusqu'à l'oraison qui se lit après
l'évangile.
ARTICLE II.
DES CONXILES DE COSSTANTISOPLE [518], DB
JÉRISALEM [518], DE TYK [518], ET DB
HOME [510].
1. Le dimauclic qui suivit l'élection de co«nf<i.
1 empereur Justm, et qui était le lo juillet incnii».!.
518, le palriarcbe Jean étant entré avec son i5»6,°(t lom".
clergédanslagrandeéglisedeConstantinople, «"m.
frater, ranitatis vel cupiditatis stimulis incita-
tus , ecclesiœ alterius aggredi vel parochias prœ-
sumere absque ejus ad guem pertinere noscuntur
cessione celpermissione prœsumat. yec quisquam
sub necessitate absentante episeopo in ejus qui
abierit locuni, aut sacriflciorum aut ordinatio-
num audenl mysteria celehrare. Quod si in hac
temeritale vel audacia quisque proruperit, non
solum se in concilio redarguendum, verum etiam
communione fratrum fulurum novtril alicnum.
Can. i, 11.1g. 1585.
' Id quoque etiam, quod antiquissima rel celé-
berrinia obserratione decretum est, nihilominus
iteramus, vl nullus in locum vivcnlisadambieti-
duni saccrdotii gradum audeat aspirare. Quod si
qualibet impia vel tcmcraria voluntate prasump-
serit, simulct ipse quifuerit ordinatus, et hi fra-
tres, quos orilinationi ejus interfuisse consliterit,
perpetuie excommtcnicationis seutentia fenantur.
Can. 5, ibid.
' Hac vero quœ a nobis inspiratione divina
tractala vel finita snnt quisquis excesserit, aut
imptcre, quod absit, adrersa prrsuasione ntgle-
xerit. qun.<idiiinorum mundatorum transgrcssor,
reum se concilio fralernitulis futurum esse cog-
noscal. Domini quoque gloriosissimi régis scn-
tcnlinm scculi, id temperamenli pra'stilimus, vt
SIephano privdicto. vel Valladiœ, usque ad ora-
tionrm plebis, qurr post evangetia legeretur,
orandi in locis sanctis spatium prccstaremus.
Clin, (i, ibid.
CHAPITHE LXXXVI.
fvi" SIÈCLE.]
le peuple, aprùs lui avoir souhaité, à lui nt
i\ l'empereur de limnues aimi'es, tleinaiula
avec lie grandes instances que l'on anallié-
niatisilt Sévère et tous les défenseurs de
l'hérésie d'Eulychès. Le lendemain , c'est-
à-dire le l() de ce même mois, ils réitérèrent
leurs prières, en demandant aussi que l'on
remît dans les sacrés diptyques les noms
d'Eupliémius, de Macédouius, et de Léon
évc([ue lie Rome, avec les quatre conciles,
nommément celui do Clialcédoine. Le pa-
triarche se rendit aux instances du peu|)le ;
mais, afin de confirmer authentiquement ce
que l'on avait exigé de lui, il assembla, qua-
tre jours après, c'est-à-dire le 20 juillet, un
concile de quarante évoques, tant de ceux
qui se trouvaient à Conslar.tinople , que des
plus voisins. Lorsqu'ils furent assemblés, les
abbés de la ville présentèrent aux évoques
une requête signée de cinquante-quatre ab-
bés, tous prêtres, à l'exception d'Évéthius,
supérieur des acémèles, qui n'était que dia-
cre. Le concile fit droit à leur requête, dont
le premier chef regardait le rétablissement
d'Euphémius et de Macédonius dans les dip-
tyques. A cette occasion, l'on examina la
procédure faite contre eux, et, par la lecture
des actes, on trouva qu'elle était irrégulière,
et que ces deux évèques n'avaient point été
chassés de leurs siét'es pour avoir attenté
contre la foi. On jugea donc raisoniuible
la demande de tout le peuple et des moi-
nes, et pour y satisfaire il fut ordonné que
la mémoire de ces deux patriarches de Con-
stanlinople serait rétablie dans les sacrés
diptyques, comme l'on avait déjà fait à l'é-
gard de saint Paul, de saint Ghrysostome et
de saint Flavien, évêques de la même ville.
On ordonna aussi que ceux qui avaient été
bannis, ou envoyés en exil pour la cause
d'Euphémius et de Macédonius, fussent rap-
pelés et rétablis dans leurs places. Il parut
raisonnable et utile à la paix de l'Église de
mettre dans les diptyques les noms des qua-
tre conciles généraux de Nicée, de Constan-
tinople, d'Éphèse et de Chalcédoinc, suivant
que le peuple et les archimandrites l'avaient
requis, de même que celui de Léon évèque
de Rome , de sainte mémoire ; parce que le
concile de Chalcédoine avait également ap-
prouvé sa foi et celle de saint Cyrille d'A-
lexandrie, dont le nom était récité dans les
tables sacrées. Le peuple et les abbés avaient
aussi demandé que l'on analhématisàt ceux
qui s'étaient déclarés ouvertement contre le
CONCILE DE CONSÏANTINOPLE.
HIU
concile de (iiialci'doine, nonnU('!ment Si'vère,
faux palriaichi; d'Anlioche. (In lut donc un
de ses discours où il disait un termes exprès :
« Nous aiiaihématisons c(! (pii a (■té; défini ."i
Chalcédoine, par le concile (jui fut alors as-
semblé , et par ceux qui l'ont di'lendu. »
Après la lecture tic ces paroles de Sévère,
le concile de Constantinople le déclara digne
d'un anathème éternel, déchu de tont(îS fonc-
tions, et de tout nom de prêtre on de chré-
tien, et privé de la communion, comme blas-
phémateur et calomniateui' des saints con-
ciles. Le patriarche Jean ne s'étant pas trouvé p^g. k2.
en personne en cette assemblée, les évêques
dont elle était composée lui écrivirent une let-
tre synodale, qui contenait le lapport de tout
ce qui s'y était passé, afin qu'il la commu-
niquât lui-même à l'empereur, à l'impéra-
trice et au sénat : cette lettre, que nous avons
encore, est souscrite de quarante évêques,
dont le premier est Théophile d'Héraclée.
Jean ne se contenta pas de faire part à l'em- isc.
perenr et au sénat des décrets du concile de
Constantinople, il en écrivit aussi à Jean, pa-
triarche de Jérusalem, et à tous les métro-
politains assemblés en cette ville , pour
leur donner connaissance de ce qui s'était
passé, soit de la part du peuple et des abbés,
soit dans le concile, dont il leur envoya les
actes en diligence, en les priant de les con-
firmer. Il écrivit une lettre toute semblable
à Epiphane, évêque deTyr, et il eut soin de
faire accompagner ses deux lettres d'un or-
dre de l'empereur Justin, pour rappeler tous
ceux qui avaient été bannis par Anastase,
et pour mettre le nom du concile de Chalcé-
doine dans les diptyques. Le concile de Con-
stantinople écrivit encore une lettre syno-
dale au pape Hornùsdas, pour le prier d'ac-
corder sa communion aux (îvêques d'Orient,
et d'envoyer à Constantinople des légats qui
pussent par son autorité recevoir dans l'ii-
glise ceux qui étaient tombés dans le schisme,
ou dans l'hérésie, et rendre la paix à toutes
les églises. On met ce concile sous le consu-
lat de Magnus, c'est-à-dire en 318, le cin-
quième du pontificat d'Hormisdas, et le pre-
mier de l'empire de Justin.
2. La lettre du patriarche de Constanti-
nople ayant été apportée à Jérusalem avec
les ordres de l'empereur, Jean, évêque de
cette ville, y tint un concile le 6 août, oii,
conformément à ces ordres et à ce qui s'était
passé dans l'assemblée de Constantinople,
ou mit dans les diptyques les noms des qua-
Toni. IV
Cnnclle, peg.
CoDcila de
Jéru=alein en
51». Toiti. IV
Concil., pag^.
8J0
HISTOIRE GKXliUALK DES
tie conciles gént'raux el celui du pape saint
Léon. Jean de Jérusalem en écrivit une lettre
synodale au patriarclje de Conslantinople,
en son nom et au nom de tous les évèques
des trois Paleslincs. Ils y approuvent l'ana-
tlième prononcé contre Sévère, reconnais-
sant qu'il avait été justement déposé de
l'épiscopat d'AiiliocliP, et piivé de la dii;nité
et de riionneur du sacerdoce. Ils y donnent
de grandes louanges aux abbés et aux moines
de Conslantinople, à Toccasion du zèle qu'ils
avaient fait paraître pour la défense do lu
foi orthodoxe et contre ses ennemis. Us y
déclarent que c'est dansle symbole dcNicée
qu'ils ont été baptisés et qu'ils baptisent eux-
inèmcs; qu'ils suivent Ja foi de ce concile et
de ceux de Constanlinoplc, d'Eplièse et de
Chalcédoine, où le même symbole a été con-
firmé, comme aussi les lettres de saint Léon.
Ils conjurent Jean de Conslantinople, et les
évèques assemblés en cette ville , de se
joindre à eux pour prier la sainte et glorieuse
Vierge Marie', mère de Dieu, d'employer
son intercession pour la paix des Églises, et
pour obtenir au très-pieux empereur une
longue vie et la victoire sur ses ennemis.
Trente -trois évèques souscrivirent à cette
lettre, dont les premiers sont Jean de Césa-
e..!, ^'l'^' i'<'''^ et Théodose de Scvthople. Us n'avaient
Sabba", ou m. •■ l
(M,wi- »ii6. pas assisté au concile de Jérusalem; mais le
patriarche Jeiin leur envoya sa lettre par
saint Sabbas, qui était accouiu en celte ville
à la nouvelle des ordres de r<jmpcreur.
3. La même année 518, le IG septembre,
qui était un dimanche, les lettres de Con-
slantinople fiiieiil apportées à Tyr. Il y en
avait une du patriarche Jean, une du con-
ibid p.soj. cile de Conslantinople à Epiphane de Tyr,
une troisième, qui était la synodale, à Jean
de Conslantinople, où l'on disait anathème à
Sévère d'Anlioclie,el une qualrit'iue de Théo-
phile, évèque d'Héraclée, adressée aussi à
l'évèque Epiphane. Après la lecture de l'É-
vangile, le diacre Sergius lut toutes ces let-
tres. Le peuple assemblé dans l'église de
(.oncle de
Tir m 518. T.
IVCoDcil..p.
1^8». el lom,
V, paf. 19t.
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Tyr, en ayant oui la lecture, souhaita à haute
voix de longues années h l'empereur, à l'im-
pératrice, au sénat, aux préfets, au comte
Jean et à Epiphane, leur propre t'vèque, en
lui donnant la qualité de patriarche. Puis,
s'adressant à lui-même, ils le prièrent de faire
ce qu'avait fait le concile de Conslantinople,
el d'analliénialiser Sévère d'.\ntioche et le
moine Jean. Epiphane, étant monté sur l'am-
bou avec quelques évèques qui se trouvaient
à Tyr, prononça anathème contre Sévère et
le moine Jean qui avait reçu la doctrine
impie de cet acéphale. « Qu'ils soient l'un et
l'autre, dit-il, anathème el malédiction de
par le Père, le Fils el le Saint-Esprit, au ciel
et sur la terre, en ce monde et en l'autre. »
Le peuple cria deux fois : Amen, ajoutant,
entre auli-es acclamations, celles-ci ; « Ana-
slase n'est plus; c'est Justin qui règne; il
n'est pas manichéen comme Anastase.» Jean, iNtt.î.jso.
évèque de Plolémaïde , Théodore , de Por-
phyréone, el Elle, de Rachelène, qui étaient
montes sur l'ambon avec Éjiiphane, analhé-
rnalisèrcnt aussi, dans les mêmes termes,
Sévère et Jean. Ensuite ils tirent la divine
liturgie, en annonçant * au peuple, par l'ar-
cliidiacre Zacharie, que le dimanche suivant
Ion ferait la fêle, dans l'église de la Sainte-
Vierge, il la gloire de notre Seigneur Jésus-
Christ et de notre Dame la Mère de Dieu,
pour le salut el la prospérité de l'empereur
Justin, de rimpéiatriccEuphémie,desliautes
[luissances, du saint archvcque de Conslan-
tinople, Jean, et du concile qui y était as-
seml>lé ; qu'avant d'aller à celte église, ils
s'assembleraient tous, dès le matin, dans
l'ancienne, pour y aller ensemble en chan-
tant, avec les cierges el l'encens. L'évèque
Epiphane, el ceux qui s'étaient assemblés
avec lui, écrivirent au concile de Constnnli-
nople, en réponse à la Icliie qu'ils en avaient
reçue , approuvant la condamnation de Sé-
vère, qui a\ail usurpé le siège épiscopal
d'Antiocbe. Ils s'cHendent sur le récit de ses
crimes, disant, entre uuties, qu'il avait ex-
' Nobiscum eadem orale,
lam ac glurificalam Dci gm
nobiscuiu supplicutc ul inici
siaruiii, et vicloria el inculu
raloris noslri. Joan., Episl.
cil., |,ng. 190.
• l'ruclmnavil hvjumodi
veneiabilis archidiacniius :
trit charitali (jiidiI sei/ucnli
Chrisli Dci jiostri tl saiicla;
ginUikis VirQinix ifarim do
sanclissimi el sane-
iliiccm Mariam una
ci'dal pro pnce ecclc-
iiiilale jiiissimi iiiipe-
stjiiod., loin. V t'on-
colleclam Zacharias
^otum facimus ves-
dnminica ad gloriam
ac gloriosisstmœ Dei
minœ nostrtv, cl pro
sainte ac vicloria ac perennilale serenissimi im-
peraloris noslri Jiislini, ac piixsimœ lùiphemiie
reginœ el iiiajorum piileslalum, nec non fni.rliS'
siini arrlii(piscii]ii rrgiœ urhis Joannis, cl ibi-
dem cntigrigaiidif saiicUf si/iiodiiii dnwo Suiictœ
Muriiv suiicliiiii folUclaiii celcliniliinius. Ipsa au-
leiii sancla doiiiinica in Matulino ibidem couve-
niemus, ul ciim inde cuni psalmodiis el cereis ac
iiiC( iisis ad ipsnni sanclani i^omum pcrvencrimus,
deprectihiinem el sanclam culliclam tjpleamus.
Toui. V, Concil., pag. 2IU et 211.
[Vl* SIÈCLE.]
coinmuniô des clercs sans le consenlcuienl
de leurs évoques, et reçu ;\ sa commuiiiou
ceux qu'ils avaient excommuniés, jusqu'à
leur pci melire, sans la pailicipalion des évè-
ques qui les avaient liés par les censures de
l'Eglise, de faire les fonctions de leur minis-
tère; qu'il avait fait l'un et l'autre dans l'é-
glise mcnie de Tyr; qu'il avait réduit au
l'ang des diacres des prêties ordonnés par
des évèques qu'il n'avait pu séduire ; qu'il
avait ordonné, dans d'autres diocèses, des
cliorévèques et desmansionaii'os, et permise
Etienne, évèque d'Ortliosic, de faire des or-
dinations dans le diocèse d'Autarade, du vi-
vant de l'évcque Tliéodosc, de sainte mé-
moire; qii'h Antioche, il avait dissipé l'ar-
gent de l'église, et s'était servi de ceux qui
étaient nourris d'aumônes pour exciter des
séditions dans les églises des villes, et même
dans les monastères. Ils passent sous silence
beaucoup d'autres mauvaises actions de Sé-
vère, et, après avoir dit qu'ils l'anathémati-
saient, comme avait fait le concile de Cons-
tnulinople, ils disent encore anallième au
moine Jean , mansionaire de l'église de la
Sainte-Vierge, située dans la ville de Tyr,
qui ayant traité secrètement avec les sdiis-
matiques, s'en était allé à .\ntioche pour se
joindre à l'impie Sévère, et avait sousciit de
sa main l'anathème contre le concile de Chai-
cédoine et la lettre de saint Léon. Ils ajou-
taient que le même Jean, étant revenu d'An-
tiochc à Tyr, avait livré aux scliismalicjues
l'église de la Sainte-Vierge, où il tenait avec
eux des assemblées illicites, en y célébrant
même le baptême, au grand scandale du
peuple, qui voyait de nouveaux baptisés
sortir de deux endroits, ce qui ne s'était ja-
mais vu; que Jean avait, par sa conduite,
occasionné des séditions, où les scliismati-
ques avaient jeté ' des pierres contre la véné-
rable croix, et où il y avait eu des clercs et
des laïques blessés, quelques-uns même en
danger de perdre la vie, nommément l'évê-
que Epiphane. Ils racontaient ensuite de
quelle manière ils avaient fait connaître au
peuple et au clergé de Tyr ce qui s'était
passe dans le concile de Constantinople, la
joie qu'ils en avaient témoignée, les actions
CHAPITRE LXXXAl. — CONCILE DE TYK.
821
de grùces que Ions en avaient rendues à Dieu,
témoignant, dans les termes les plus précis,
leur éloignement de l'erreur de Nestorius,
d'Eiilychès et de Sévère, h qui ils disaient
anatlième,ctleurallaclieinenl ponrlcsquatie
conciles généraux et pour les lettres de saint
Léon , reconnaissant que ce Pape y avait
confondu piesquc toutes Icsbéiésies. Ils de-
mandaient avec beaucoup d'inslancc ipie le
corps de Flavien, patriarche d'Anlioclie, fût
rajiporté en cette ville, et que son nom fût
mis dans les diptyques avec ceux des saints
évèques qui avai(;ut rempli ce siège. Celte
lettre était souscrite d'Epiphane, métropoli-
tain de Tyr, et de quatre autres évèques.
■'/. Il n'y eut point de concile ;\ Antioche, Lo.irod»
,, . ,. .... , . tler-i d'An-
parce que celte église était sans eveque, liocu fn 51».
Sévère qui l'avait usurpée étant regardé ci'i'.,°iag. i;;»^
comme un intrus; mais le clergé de celte
ville écrivit à Jean, patriarche de Constanti-
nople, et à son concile, contre ce faux évo-
que, qu'ils appelaient un loup, et non pas un
pasteur. Ils racontent ses violences envers
Flavien d'Antioche, ses nouveautés, ses
blasphèmes contre Dieu, les anathèmes qu'il
avait prononcés contre le concile de Chalcé-
doine, les homicides dont ils s'était souillé,
en faisant Iner un grand nombre de saints
moines par les mains des juifs. « C'était,
disent-ils, un spectacle horrible de voir des
hommes qui avaient blanchi dans les exer-
cices et les travaux de la vie religieuse, nns
el sans sépulture, au nombre de plus de trois
cents, exposés aux chiens et aux oiseaux.
Ce qu'il a fait dans les hôpitaux est égale-
ment digne d'horreur. Il y a bâti des prisons
où il a fait mourir à coups de fouet plusieurs
personnes pour la foi. Toute cette grande
ville est informée de ce qu'il a fait aux fon-
taines de Daphné, où il s'est servi d'enchan-
tements, el a otfert des sacrifices exécrables
au démon. Il n'a pas même épargné les saints
autels, ni les vases sacrés, dont il a brisé les
uns , et fûiidu les autres pour les distribuer
à ses semblables. lia poussé sa témérité jus-
qu'à prendre les colombes - d'or et d'argent
suspendues sur les fonts sacrés et sur les au-
tels , en se les appropriant à lui-même et à
ceux de sa secte, disant qu'il ne faut pas re-
' Iiiler quœ et venerabilis cnix lapidatn est ab
Itis qui cuin ipso Joanne nidificant in prœdiclo
oratorio Dei genitricis. Ilnd., paii. 198.
- Prœstnuptum est aiitem ah ipso et hoc. o
beatissimi, nam cohi/mbas aureas et argenteas in
figuram Spiritus Suncti super divina lavacra et,
attarin ajrpensas, uiia ciim aliis sibi appropria-
vit, diccm non oporlere in specie columbce Spiri-
tuin Snnctum nominare Tom. V, ConciJ., pag. 159.
822
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Lellr* des
ft#qnM de 'a
Seconde S)rie
•u ccnile de
COD-I«OtlllO-
i.Irco 518. T.
V CODCll.i p.
2'l,
présenter le Saint-Espril en forme de co-
lombe. Il a dépens(5 tous les revenus de
l'église, engagé ses maisons et ses plus bel-
les terres, et l'a accablée d'emprunts usurai-
res. » Four tous ces crimes et beaucoup
d'autres (ju'ils veulent bien omelire, les ec-
clésiasliques d'Antioclie prient le concile de
Conslantiunple de les délivrer d'un si mé-
chant homme, de le punir selon les canons
et les lois civiles, de s'intéresser auprès de
l'eiupereiir pour qu'il envoie en diligence ri
Autioche des gens de probité avec la charge
de veiller à la consenalion du peu de bien
qui restait à celte église, et d'en faire rendre
coni[)te à ceux qui les avaient adniiTiistrés
depuis l'inlrusion de.Sévcre ; enfin, d'inter-
céder pour tous les clercs et les laïques qui
avaient été exilés, afin qu'ils fussent rappe-
lés et rétablis dans leurs places. On voit par
là, que le clergé d'Antiocbe n'avait pas en-
core connaissance de l'édit do l'empereur
Justin pour le rappel des exilés. Ainsi l'on
ne peut mettre celle lettre plus tard qu'en
.">18. Elle est souscrite par (]ualorze jaêtres,
diacres et autres clercs de l'église d'Antio-
cbe, et par douze moines de dilTérents mo-
nastères.
5. Les évcques de la seconde Syrie écri-
virent aussi au patriarche et au concile de
Constantinople contre Sévère , et contre
Pierre, évéque d'Apamée, autant pour leur
témoigner leur joie de ce qu'ils avaient pris
la défense de la sainte doctrine établie dans
le concile de Chalcédoine, que pour se plain-
dre des vexations de Sévère et de Pierre,
qu'ils disent avoir anathéir.alisés et dépo-
sés comme hérésiarques. A leur lettre, qui
n'était souscrite que de cinq d'entre eux,
ils joignirent les procédures faites contre
Pierre d'Apamée devant le comte Jean, gou-
verneur de la province , ci la lellre qu'ils
avaient reçue du clergé d'Apamée centre
leur évcque. Pierre était accusé dans cette
lettre de plusieurs fautes constatées par
la déposition des prêtres et des clercs de
cette église : entre autres, d'avoir inalversé
dans l'administration des revenus de son
église, et de s'en être approprié de grandes
sommes d'argent; d'avoir, le Samedi-Saint,
lorsqu'on faisait l'oUice dans le baptislaire
de l'église de la Vierge, les catéchumènes
étant déjà déshabillés et déchaussés, et les
diacres faisant sur eux les exorcismes ,
obligé tout le monde de sortir, pour y faire
entrer jusqu'à trois fois une femme de mau-
vaise vie nommée Marie d'Kmèse, qui n'était
ni baptisée ni catéchumèiie ; d'y être de-
meuré seul avec elle pendant plusieurs
heures; d'avoir tenu dans l'église des dis-
cours deshonnctes ; de porter par orgueil
un habit blanc en signe de son innocence,
quoiqu'il fût couvert de toutes sortes de
crimes ; d'avoir plusieurs fois craché sur les
ornements du saint autel pendant l'oblation
du sacrifice non sanglant, pour avoir lieu de
jeter des regards sur les femmes qui y as-
sistaient. Ils ajoutaient en parlant de l'intro-
duction de cette comédienne dans le baptis-
taire, ces paroles qui nous apprennent de
quelle manière les catéchumènes s'y com-
portaient : (( Tous ceux, disent-ils, qui sont
initiés aux saints mystères ' savent de quel-
les saintes frayeurs sont saisis ceux qui crai-
gnent Dieu, lorsqu'ils sont prêts à s'appro-
cher du saint baptême, quand la lumière
commence à éclairer véritablement leurs
âmes, et qu'ils sont délivrés de la dure ser^
vitude du démon. Leur posture témoigne
leur inquiétude : ils sont debout les yeux
baissés, les mains jointes, tremblants et ré-
sistant aux artitices du démon, attendant
d'être délivrés une fois pour toujours par le
baptême, n Les clercs d'Apamée accusaient
aussi Pierre d'avoir fuit des ordinations si-
moniaques, d'avoir usé de violence contre
plusieurs catholiques, détruit la vraie foi,
renversé la disci|)line, et établi l'hérésio
d'Eutychès. Thomas, l'un des diacres de
cette église, lui reprocha ce blasphème :
Quand le crucifié descendrait , il ne vous tire-
rait pas de mes mains. Pierre avait parlé
ainsi à ses lecteurs dans un mouvement de
colère. Le prêtre Mégas et quelques autres
assuraient lui avoir ouï dire la môme chose.
Léonce diacre certifia que Pierre était entré
souvent dans un monastère, et qu'il y était
SlVeKlI.
' Kcminein pulamus lalere qtii sacris baplis-
nidtis mijsteriis fueril inilintvs, in quanta dnxie-
tale vcrsenltir ii qui tiinrnl Domitnim, lewpore
quo (Irhenl rcnirc ad diiinum Ixiiilismn, qui ir-
rore anle ilelinehantvr. El quouinm lihirum lu-
men cuin veritule super hujusnindi nnimahus
spkitdel, ft a diflicili vulde scri-itute liUeranlur,
slanl ipso habilu anaietalem prw se frrenles,
dcorsuiii incliiittlo rullu cl manvs complicanlrs,
el in tmipore trrmenics, diabolique inriln- aslu-
tiir resistcntrs, semtl rcdrmptioncm vrri salula-
ris baptismali-t fTpectanlcs. Tom. V, Concil-, pag.
222.
[VI' SIÈCLE.]
CHAPITHE LXXXVI.
CONCILE DE HOME.
823
Concile de
BoiTie en 51'.i.
Tora. IV.
Coucii., pag.
rosit! seul pendant plusieurs licures avec une
nommée Pli'TDVola ijui avait (■*(! coniédieniie.
Le jour de la fête de l'I^pipiiaiiie, Pierre,
ayant assemblé le cler|.;é dans la salle se-
crète, dit au diacre Julien : » Pourquoi n'a-
natliéinalisez-vous pas le concile des six
cent trente évc'iucs? » 11 voulait parler de
celui de Chalcédoinc. Julien répondit : «Parce
que l'empereur est catholique, je me con-
forme à sa créance, et je dis anallième ii
tous ceux qui anatliématiscnt ce concile. »
Alors Pierre, se levant en fureur, défendit
à Julien de faire aucune fonction. A toutes
ces plaintes contre Pierre d'Apamée , les
moines de la même ville en joignirent d'au-
tres dans un mémoire qu'ils adressèrent aux
évoques de la seconde Syrie. Ils y marquaient
que Pierre s'était rendu coupable de plu-
sieurs homicides, qu'il avait mis en captivité
plusieurs moines, qu'il en avait dépouillé
d'autres, et maltraité un fi;rand nouibre, et
fait entrer dans le monastère de Sainte-Do-
rothée une multitude de femmes débau-
chées. A raison de ces crimes et de plusieurs
autres qu'ils rapportaient, ils demandaient
kl déposition de Pierre, dont ils disaient
qu'ils ne pouvaient prononcer le nom sans
rougir. Ce mémoire était signé en langue
syrienne par beaucoup d'abbés et un nombre
inflni de moines : il ne nous reste que les
souscriptions de dix-huil abbés, dont la plu-
part étaient prêtres. Plusieurs autres églises
se déclarèrent dans le même temps pour la
foi du concile de Chalcédoine, et on comptait
jusqu'à deux mille cinq cents évêqucs qui
l'avaient confirmé tant par leur lettres cir-
culaires, que par des libelles particuliers,
sous le règne de l'empereur Justin, depuis
le schisme de Pierre d'Alexandrie, et d'A-
cace de Constantinople : c'est ce que dit le
diacre Ruslique ' qui écrivait dans le même
siècle contre les acéphales.
C. Le pape Uormisdas. ayant reçu d'Orient
des lettres de l'empereur Justin , celle de
Jean, patriarche de Constantinople, et une
troisième du comte Juslinien, qui tendaient
tontes à assurer le Saint-Siège que les Orien-
taux recevaient les quatre conciles généraux,
et que le nom de saint Léon et celui d'Hor-
misdas avaient été mis dans lés diptyques.
retint ii Home pendant quelque temps le
comie Gratus, qui les y avait apportées le
20 décembre de l'an 518. Toutes ces lettres
furent lues dans un concile que le pape as-
sembla en cette ville au commcncemeni de
l'année suivante. On y examina aussi avec
soin tout ce que les papes précédents, Sim-
plicc, Félix, Gélasc et Symmaque avaient
pensé sur le scliisme d'Orient. Après quoi il
fut décidé que [ont ce qui avait été fait dans le
concile de Constantinople pour la confirma-
tion du Concile de Chalcédoine, et contre Sé-
vère, faux évoque d'Anlioche, et les autres
oulychiens, aurait lieu; mais que ce que le
même concile avait ordonné pour le rétablis-
sement des noms d'Euphémius et de Macé-
donius dans les diptyques, serait nul, parce
que ces deux évêques avaient communiqué
avec Acace. Le concile de Rome ordonna en-
suite, que l'on recevrait h la communion du
Siège apostolique les églises d'Orient, si elles
condamnaient le scbismatique Acace, eu
ôtant son nom des tables sacrées, de même
que celui d'Euphémius et de Macédonius.
Pour l'exéculion de ce décret, le pape envoya
à Coustantin(jple une lét^aliou composée de
cinq personnes : Germain , évêque de Ca-
poue, qui avait déjà été envoyé sous le rè-
gne de l'empereur Anastase; Jean, évêque
d'une autre église; Blandus, prêtre; Félix
et Dioscore, diacres, avec un formulaire qu'ils
devaient faire signer h tous ceux qui vou-
draient se réunir à l'Eglise romaine. Cette
légation eut son ell'et, et la réunion se fit
entre les églises d'Occident et d'Orient, aux
conditions prescrites parle concile de Rome.
La réunion occasionna divers autres conciles
dont nous avons parlé dans l'article d'Hor-
misdas.
ARTICLE III.
CONCILES D'aRLES [324], DE LÉRIDA [524], ET PE
VALENXE [324].
* 1. Les collections des Conciles en meltent concie dAr
un de tous les évêques de la Grande-Brela- iv coocii.,'
paf. 16:;».
gne, assemblés sous le pontificat de saint „ to'h. iv.
David, évêque de Caor-Léou, métropole de '=^" " '»"•
la Cambrie, ou pays de Galles, en 319, pour
extirper les restes de l'hérésie pélagienne
' Sufflceret tibi uiUca autoritas synoili univer-
salis, quœ loties cunclarum eçclesiarum cunsona
Sententia confirmala est, tain per encycliius epis-
tolas régnante Leone, qnam per libellas sacerdo-
ttitn forsan duor^lm milliiiin et quingcntorum im-
perante Jastiiio, post schisma Pétri Alexandrini
et Acacii Conslanlinopolitani. Tom. IV Concii,
pag. 1589
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
824
dans celle province; mais elles n'en font au-
cun ilétail. Elles mcltenl encore \m concile
en Sardaigiie vers l'an 521 , dont elles rap-
portent la lettre synoilaie, dans hiqucUe les
Lvcqiics d'Afrique relégués en celle ile expli-
quent leur senlirnenl snr la grâce et le libre
arbitre : nous avons donné le précis de cette
lettre dans l'arlide de saint Fiilgence. Eu
324, il se tint trois conciles dans le pays de
la domination du roiTbéodoric. Le premier
est le quatrième d'Arles : il fut assemblé â
l'occasion de la dédicace de l'église de la
Sainte- Vierge, le 6 juin, sous le consulat
d'Opilion, la seconde année du pape Jean I",
et la trente-deuxième du règne de Tliéodo-
ric en Italie. Saint Césaiie, cvcque d'Arles,
présida ce concile, assisté de douze évèques,
de Iroispréfres, et d'un député nommé Emé-
térius, qui ne prend point d'autres qualités
que celle d'envoyé de Gallican, son évèque :
les trois prêtres déclarent aussi qu'ilsavaient
été députés chacun de la part de leur évè-
que. On y fit quatre canons qui ne font que
renouveler ceux qui avaient déjà été établis
dans divers conciles; savoir, que personne
ne pourrait être ordonné diacre avant l'âge
de vingt-cinqans, ni élevé au sacerdoce ou à
l'épiscopat avant trente ans; — cl que l'on ne
conférerait l'ordie de la prêtrise ou du dia-
conat à un laïque qu'un an après sa conver-
sion. — Les évèques s'obligèrent eux-mêmes
à se conformer à ces décrets, sous peine de
privation des saints mystères pendant un an,
voulant que ceux qui refuseraient de subir
cette peine fussent soumis à celle de l'ex-
communication. — Ils défendirent , sous la
même peine, de recevoir des clercs vaga-
bonds, des bigames, ou ceux qui auraient
fait pénitence publique. On a mis à la suite
des canons de ce cuncile ceux que Graticn
a cités dans son Décret des dillérenlcs as-
semblées tenues en la même ville d'Arles.
Nous n'y en trouvons point qui aient rap-
port aux quatre canons dont nous venons
de parler.
2. Le second concile de l'an 32 i se tint à
Léi'ida, la quinzième année du règne de Tliéo-
doric en Espagne. Les évéques au nombre
de huit s'assemblèrent le 8 août, et firent
seize canons, dont le premier ordonne que
ceux qui servent' à l'autel, qui distribuent
le sang de Jésus-Christ, ou qui touchent les
vases sacrés, s'absliendrout de répandre le
sang humain, sous quelque prétexte que ce
soit, fût-ce même celui de défendre une ville
assiégée. Il veut que ceux qui feront le con-
traire soient privés pendant deux ans, laul
de la communion, que des fonctions de leur
ministère; qu'ils expient leurs fautes par
des veilles, des jeûnes et des prières, et
qu'après avoir satisfait, ils puissent être tel-
lement rétablis, qu'on ne leur accorde pas
d'être promus à des ordies supérieui-s. Que
s'il arrive que pendant les deux années de
leur pénitence ils s'en acquittcut négligem-
ment, il sera au pouvoir de l'évêque de la
leur prolonger. — Le second prescrit sept
ans de pénitence à ceux ou à celles qui ' font
périr, en quelque manière que ce soit, les
enfants conçus ou nés d'un adultère, défen-
dant de leur donner la communion avant ce
terme. Il ajoute que les coupables, après le
terme de sept ans expiré, continueront de
faire pénitence le reste de leur vie ; et que,
s'ils sont clercs, après être rentrés dans la
communion, ils ne serviront plus, mais qu'ils
pourront seulement assister au chœur avec
les chantres; qu'à l'égard des empoison-
neurs, ils ne recevronl la communion qu'à
la fin (le leur vie, s'ils ont pleuré continuel-
lement leur faute depuis qu'ils l'ont com-
mise. — On renouvelle dans le troisième ce
qui avait é!é ordonné touchant les moines
dans les conciles d'Agde et d'Orléans, en y
C'^erll* c
Ton>. IV (|
|wr. IblO.
Cu. I.
• De his clericis, qui in obsessionis necessitate
posili fuerinl, id slalulum est, ul guiallario mi-
niitranl, et Chrisli sanguineiii (radunt, vcl lasa
sacro ofpcio depuluta cnnireclant, ul ab owni
hiimann sanguine, eliani hoftili alislineant. (Juod
si in hoc incidcrint, ùuobus aniii.i, lain of/icio,
quani communioue privenlitr : ila ut his duobus
a/mis, ligiltis, jrjunii^, orationihus et eliemosy-
Jii«, pro liri'ius (iua< D 'minus doiini-erit,expi'-n-
tur, cl ila ikmum oficio, vt l rommuni'ini rrddnn-
tur; ea tamen raiione servntn, ne ultrrius ad
ofjicid pnliora promoi eanlur. ijund si infra prœ-
finilum Itmiius negligentiorts rircfi sahilem suiim
exlilerunl, protelandi ipsius pœnitenliœ tcinpus
in poleslate maneat Sacerdolis. Caii. 1, lom. IV,
Conril., paf.'. If.ll.
- His vcro qui maie conceptos ex adullerio fœ-
tus, vel tdilos iiecare sluduerint, rel in uteris
mairum polinnihus aliquihus colli<erinl, in ulro-
que sc.ru udulleris, past srptcm annorum cuiri-
cula, communia Iribuatur: ila tamen, ut owni
lempore vitœ suir flctibus it humilituliinsistaut.
Si rcro clerici fuerinl, officiuni ris miiiistnmdi
reruprrare non l.ceat : allamen in clioro psalten-
liuni 0 hmpore recepUp rommunionis intirsint.
Jpsis yrni'fii-is in erilu tnntum, si faciuora sua
oinni teinpnre ritif sum defleverint, communia
tribiialur. f'.ui, i, ibid.
fvi° SIKCLE.I
CHAI'ITHE LXXXVI. — C.OiNClLE DE LVAUUA.
825
Cm.
;ijoiil»nt que l'ôvèqnc aura ' le pouvoir, du
consonteuicul tlo l'abbë, et pour l'iilililti de
rii^lisOjd'ortloiiiiprcIcii'S couxiju'il on liou-
vrr;i capiililos; mais co cauoii lui (h'fend de
louclicraux donations faites aux monastères,
voulaut toutefois que, si quelque laùpie dé-
sire de faire consacrer mie ('-nlise qu'il au-
rait liâlie, il ne le puisse sous le titre de mo-
nastère, d.uis le dessein d'cmpècliei- qu'elle
ne soit en la disposition de rdvêque,àmoins
que cette ('i^lise ne soit pour nue commu-
nauté de moines. — Il est dit dans le qua-
trième, que les incestueux ', jusqu'il ce qu'ils
se séparent, seront excommuniés, en sorte
qu'aucun chrétien ne pourra manger avec
eux, mais qu'ils seront admis à la messe des
catécliumènes. — Le cinquième porte que,
si un des ministres ' de l'autel tombe dans un
pécliédela chair par fragilité, et qu'il donne,
avec la grâce de Dieu, des miinpies d'une
sincère pénitence, il sera au pouvoir de l'é-
vèque de le l'établir bientôt, ou de le laisser
plus longlemiis séparé de l'Eglise, suivant
qu'il le trouvera exact ou paresseux à faire
pénitence de son crime, à condition néan-
moins qu'en le rétablissant, il lui ôtera toute
espérance d'être promu ù des grades supé-
rieurs ; que si ce clerc retombe, non-seule-
ment il sera privé de la dignité de son of-
lîcc, mais il ne recevra encore la communion
qu'à la mort. — Il est ordonné dans le sixiè- Cao. c.
me, que celui Spn a violé- uni; veuve ou uuo
rcligieusR sera excouunuuii!, et que la reli-
gieuse le sera aussi , si elle ne se sépai'e
d'avec lui; auquel cas seul, c'est-h-dire, si
elle retourne à son devoir, elle sera mise en
pi'nitonco publique, la sentence d'exciunuiu-
nicatiou ilcvant tenir jusqu'à ce qu'elle ait
satisfait. — Le septième sépare pour im au'' '•
de la communion du corps et du sang de
Noire-Scigneur celui qui a fait seimL'ut de
ne jamais se réconcilier avec celui contre
qui il plaide, et lui conseille d'eUacer plutôt
son péché par des aumônes, des pleurs et
des JL'ùnos. — Dans le huitième il est di> «,
fendu à tout clerc de tirer son esclave ou son
disciple " de l'église où il s'est réfugié, pour
le fouetter, et cela sous peine d'être exclu
de l'église jusqu'à une satisfaction conve-
nable.
3. Le neuvième veut que ceux ' qui ont été 9.
rebaptisés dans l'hérésie, sans y avoir été
contraints parles tourments, subissent la pé-
nitence marquée dans les canons de Nicée,
c'est-à-dire qu'ils soient sept ans en prières
parmi les catéchumènes, et deux ans parmi
les catholiques; qu'ensuite, parla clémence
et la bonté de l'évêque, ils participent à l'o-
' De monacliis vero id obserrari placnit, qiiod
synodus Àgalliensis vel Anrelianensis noscitur
d crevisse : lioc lanlummodo udjiciendum,tit pro
Ecclesiiv ulilitale, quos episcnpus prnbaverit in
clericaius ofjicio, cum abhalis voiunlate debeant
ordinari. Ea vero quœ in jure inonastcrii de fa-
cuUalibiis olferuntur, in nulio diœcesana tege ab
episcopis cnnlingnntur. Si aulein ex laïcis gitis-
qiiam a se factain basilicam consecrari desiderut,
nequaquam siib monasleriispecie, ubi congregatio
non cotligilur; vul régula ab episcopo non consli-
tuitur, tam a diœcesana lege audcat segregare.
Can. .3, ibid.
- De lus qui se incesta pollulione commaculant,
placuit ul. quousque in ipso detestando et iUicilo
carnis conluberido persévérant, usque admissam
tantum catechumetiorum in ecclesia admittan~
tur : cutii quibus etiam nec cibum sumere vlliim
christianorum, sicut Apostolus jussit, oportet.
Can. 4. ibid.
3 Hi qui altario Dei deserviunt, si subito in
flenda carnis fragililate corruerint, et Domino
respiciente digne pœnituerint, ita ut et niorlili-
cato corpore cordis contriti sarrifieinm Deo obé-
rant, jnancnt in polcslate poniilicis, vel veraci-
ter aUlictos non din suspendere, vel desidiosos pro-
lixiore lempore ab Ectlesiw corpore segregare;
ita tamin ulsic otjiciorunt suorum loca recipinnl,
ne poi^sint ad alliora ofjicia ull rius promoveri.
Qiiod si ileralo, velut canes ad vomituni,, reversi
fuerint, non soluni dignitate ofjicii careani, scd
etiam sanctam comnuinionem, nisi in exilu, non
percipiant. Cau. 5, pag. 1012.
* Qui pœnitenli vidaœ, vel virgini religiosœ
vim slupri intulcrit, si se ab eo stqueslrari no-
luerit, pariter a communione et a cltrislianorum
consoriio segregetur. Si vero illa quœ vint per-
tulil ad sanctam, religionem reditrit; in illo solo,
quo adiisque publiée pœiiiteat, data sententiaper-
severet. Cau. 6, ibid.
5 Qui sacramento se obligavcrit , ut lUigans
cum quolibet, ad pacein nuUomodo redeal ; pro
perjurio, uno anno a communione corporis et
saiiguinis Domini scgregalus, reatuni suum elee-
mosi/nis, fletibusdquantis poleritjejuniis abluat,
ad charitatemvero, quœ opcrit multitudinem pec-
calorum, celeriler venire festinet. Cnn. 7, ibid.
^ Nullus clerieorum servuni, aut disripulum
suum, ad ecclesinm confugientem, exlrahere au-
deat, rel flagellare prœsumat : quod si fecerit,
donec digne pœnileut, a loco, cui honorem non
dédit, segregetur. Cau. S, ibid.
' De bis qui in prœraricatione rebaptizali sine
aliqua necessilate vel tornientodelapsi sunt, pin-
cuit ut circa eos illa Mcwnœ synodi statuta ser-
veniur. quœ de prceiaricaloribus censita esse
noscuiitur : idegl, vl seplem annis nter catechu-
menos orent, et dnobus inter caikoticos, et pos-
tea,moderatione et clementia episcopi, fidelibus in
oblatione et Eucharislia communicent, Can. 9,ibid.
826 HISTOIRE GÉNÉRALE DES
Cm. 10. blalion elàrEucliarislie avec les fidèles. —
11 est oidoiin(id;ins le dixième que ceux' qui
ne se seront pas retirés de l'éplise lorsque
l'évèque le leur aura ordonné pour les punir
de quelques fautes, n'ohtiendronl leur pardon
deluiquepluslonf;tcnipsaprés,enpunitionde
leurcontumace. Il est rccoiiiinandé à l'évèque
II. parle ouziénie de punir, selon* laqualiti; des
personnes, les clercs qui en seront vcniisaux
mains. — Il parait par le douzième qu'il
,^ s'était fait plusieurs oïdinations contre les ca-
nons : le concile veut bien ' qu'elles aient
leur efl'el, avec défense néanmoins d'élever
à de plus hauts degrés ceux qui ont été ainsi
ordonnés. Mais il déclare que ceux qui à l'a-
venir auront été ordonnés, contre les canons,
seront déposés, avec défense à ceux qui au-
1 ont fait de semblaWes ordinations, d'en faire
aucune dans la suite. — On rejette dans le
;j, treizième les oblations des catholiques ' con-
vaincus d'avoir donné leurs enfants à baptiser
u, ù des hérétiques. — Le quatorzième défend
aux fidèles * de mans^er avec ceux qui se sont
15, fait leb^iptiser. — Le quinzième ordonne °
l'exécution des anciens canons louchant la fa-
miliarité des clercs avec des femmes étrangè-
res, ajoutant que ceux qui y contreviendront
seront privés de leurs bénéfices api es une prê-
te, mièrc et seconde inonition. — Le seizième est
un règlement pour empêcher qu'on n'enlève
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
on qu'on ne dissipe les biens et les effets des
évoques aprèsleurmorl. Il est ordonné qu'aus-
siti'it que l'évèque sera mort, l'on confiera la
parde de sa maison h une personne fidèle ',
qui, avec une ou deux autres, veillera à la
conservation de tout ce qui se trouvera dans
celte maison, jusqu'/i l'élection d'tm succes-
seur, en fournissant toutefois là-dessus aux
clercs de cette église les aliments nécessai-
res. Burchard, Yves de Chartres et Surius ci-
tent quelques autres canons de ce concile.
A. Le troisième fut tenu à Valence la quin-
zième année du roi Théodoric en Espagne, le
3 novembre de l'an 524, première année du
pontificat du pape Jean : il ne s'y trouva que
six évèqucs avec l'archidiacre Sallustius qui
souscrivit au nom de Marcellin, son évêque.
Les six canons que l'on y fit regardent prin-
cipalement ce qui doit (Mre observé pendant
la vacance du siège, et quelques points de dis-
cipline. En voici la substance : Avant que l'on
apporte les oblations ' et qne l'on renvoie les
catéchumènes, on lira les saints Evangiles
après les épitres do saint Paul, afin que non-
seulement les fidèles, mais aussi les catéchu-
mènes et les pénitents puissent entendre les
préceptes salutaires de Nofrc-Seigneur Jé-
sus-Christ, ou le sermon de l'évèque; —
quand Dieu aura appelé à lui ' un évêque,
les clercs ne prendront rien de ce qui se trou-
Cul
52». Tom.'*
Coocil.,
1617.
' Qui, jubente sacerdote, pro quacumqiie culpa.
ab ecclesia exire conlempserit, pro noxa cotilu-
niaciœ. lardius recipiatur ad tcniam. Can. 10,
pag. 1G13.
' Si qui clerici in imitvam cadem prorupcrint,
proul dignilas oUicioruin in lali cxcessu contu-
meliam perliiknt , o ponlifice districtius viudi-
celur. Can. H, ibid.
' Qui contra décréta canonum, indiscrète clcri-
cos usqut iiunc ordinaverint, cis Dominus, tel
sancla ecclcsiaslica c/iarifav ignoscol : amodo
vero, si in tali aui^u proruperint, decretum cano-
num quod circn eorum persunas slalulum est, id
est, ul nullum ordinare audeunl, nb^ervelur; vel
qui deinccps onlmati fuerint, depnrinntur; In
vero qui taies haclenus ordinati sunt,nullo lem-
pore promdveantur. Can. \i, iliid.
* Cntholicus qui filios suos iu hœresi baplizan-
dos obtuleril , obtalio illius in ecclesia nullatenus
recipiatur. Can. 1.!, iliid.
s Cum rcliaptizatis fidèles religiosi nec in citio
participent. Can. H, ibid.
• Fnmitiarilalem extranearnm muliermn, licet
ex toto sanrti l'atrcs aniiquis monitionibus prœ-
ceperint ecclcsiaslicix evitandam, id mine tamen
nobis visum est, vt qui talis probnliitur, si pnst
primam et secundam conimonitionem se emen-
dare neglexerit. douée in ritio jerseverat, offlcii
sui dignilale privetur. Quod si se, Dec juvante,
correxeril, sancto ininislerio reslauretur. Can. 15,
ibid.
' Sed is cui domus commissa est, subjunclis
sibi, cum consilio clcri, uno rel duobus fidelis.H-
mis, omr.ia usque ad tempus pontificis substi-
tuendi debeat conservare, tel /lis, qui domo inve-
niuntur, clericis consuetam alimoniam adminis-
trare. Can. IC, ibid.
' Inler cetera, bœc censuimus observandum.ut
sacrosancta Ecangelia ante niunerum illationuni,
vel niissam catecl:umenorum , in ordine lectiouuni
posl .Ipnstolum leguntur : qualenus salutaria
prœcepla Domini nostri Jesu Chnsti, vel sermo-
litm sacerdotis, 7ion solum fidèles, sed etiam ca-
techumcni ac pœnitentes, et omnes qui ex diverso
svnt, audire licitum habeant. Sic enim ponti/i-
cum prwdicationc audila , nonnuUos ad fidem
attractos cridcnler scimus. Can. I, toiu. IV, Con-
cil., pag. icn.
9 llor etiam placuit, ut episeopoab hocsœculo,
jubente Domino, accersito, clerici ab omni om-
nino suiictlcclili, tel quœcumque sunt in dumo
ecclesiœ, vel episcnpi, in libris. inspcciebus. uten-
silibus, vasculis, frugilius, gr(gibus, animalibus,
vel omni omnino re rapnces mnnus abstineant,
et niliil latronum more diripianl. Qui si nec cn-
vnnutn auctoritnie cohibili fuerint, iimnia quce
pervaserint, mciropulitani, vel omnium compro-
vincialium sacerdolum dislriclione coacli, in prw-
[vr SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVl. —
vcra clans la maison de l'église ou de \'é\&-
qii(\ soit en livres, soit en espèces, ou en us-
tensiles, en vaisselle ou en friiils, ou en trou-
peaux de bélail, ou autres animaux; s'ils ont
enlevd quelque chose contre la disposition
des canons, ils seroni conlrainls de le ren-
dre par l'anlorilé du métropolitain ou des
évoques de la province, afin que le succes-
seur trouve dans la maison épiscopale toutes
les choses nécessaires; ;\ cet eU'et on obser-
vera le décret du coucile de liiez, suivant
lequel, ;'i la mort d'un évêque, l'évéque le
plus voisin viendra faire ses funérailles en la
manière ordinaire, et prendra soin de l'é-
glise jusqu'à l'ordination du successeur,
en sorte que par sa préseuce il empêche
qu'aucun des clercs ne malverse; pour plus
glande sùrelé le même évèquc fora faire
tians la huitaine, s'il est possible, un inven-
taire de tout ce que le défunt aura laissé, et
l'enverra au métropolitain , qui commettra
une personne capable pour payer aux clercs
leurs pensions, à la charge de lui rendre
compte, si la vacauce dure longtemps; afin
que d'un côté les clercs reçoivent leur subsis-
tance, et que de l'autre l'évéque futur n'ait
pas le chagrin d'entrer dans une maison vide
de tout, où il ne puisse trouver de quoi sub-
CUNCILE DE VALENCE. 827
sisler, ni en fournir aux autres. — D'apn'-s '^'^'- '•
le même concile, ' qu'au cas que l'évéque
meuie sans testament, ses [larents seraient
avertis de ne rien prendre de ses biens à
l'insu du métropolitain et des comprovin-
ciaux, de peur qu'ils ne confondent les
biens de l'église avec ceux de la succes-
sion du défunt ; pour cette raison , ses
parents attendront jusqn';\ l'ordiiialiciu d'un
nouvel évoque, ou s'adresseront au uK-tro-
politain, si la vacance dure trop lonj:temps.
Le coucile prive de la communion de l'Eglise
les clercs ou les laïques qui feront le contraire
de ce règlement, h moins qu'ils ne se corri-
gent et ne cessent leurs poursuites. Il ajoute,
que si quelqu'un demande modestement ce
qui lui est dû, le métropolitain, ou celui qu'il
a commis, lui fera raison. 11 étend la rigueur
de ce canon contre tous ceux qui auraient
auparavant usurpé les biens de l'Eglise ou de
l'évéque. — Comme il arrivait quelquefois
que les funérailles étaient ditférées a cause
de l'absence de l'évéque commendalaire qui
devait prendre soin de l'église vacante, et
que par là le corps du défunt était sujet à
beaucoup d'indécence; pour obvier h cet in-
convénient, il fut ordonné ■ que l'évèipie qui *•
avait coutume d'être invité aux funérailles
tiniim stalum reddere intégra coganiur: ut nihil
aniisliti, vel dispensalori fulure nccessarioi-um,
siib hac justa constitutions, dcperent. Quod ut
confidenlius, justitia manente, servetur, secun-
dum Regiensis synodi consiituta, ipiscopo a cor-
pore recedente, vicinior ilii accédai cpiscoptts ;
qui ex more txeiiuiis celebratis. slatitn ecclesiœ
ipsius curam districtissime gerat, ne quid ante
ordinationem futuri pnntificis inkiantium cleri-
corum suboersioni, veldireplionijani liceat. Ita ut
de reperlis omnibus inspeclior censitio descriptio-
que ftdelissima (>i fieri polest) intra oclacas de-
funcli, sub diligentin prœsenlis episcopi, peragatur.
Deliinc ad metropolilani notiliam habita ordina-
tio vel descrip'io dcfcratur, tit ejus electione talis
persona ordinandœ domus ecclesiasticœ procure-
tur, qucB vel consueta clericis stipendia dispen-
sct, et credilarum sibirerum [si forsitan tarditas
in episcopo ordinando successeril) metropolilano
congruis teniporibus reddere possit rationem : ut
sub hac salubri constilutione , clerici stipendiis
suis omniiio contcnti, labores non diripiunt epi-
scopi decedentis, et in vacuam ecclesiœ domum
fulurus pontifex, non sine dolnre, succédât, sed
magis de jirœdecessoris sui dimisso possit et ipse
gaudere, et aliis ministrare. Can. 2,"iiaj,'. 1618.
' Simili qnofiue modo, parentibus, et propin-
quis decedenlis episcopi, si intestalus obierit, de-
nuntietur, ut sine melropoliiani. rel comproiiii-
viatium sacerdotum cunscienlia, nihil de rébus
defuncti occupare pertentent; ne forte in hceredi-
tariis rébus eiiam aliqua ad ecclesiam pertinen-
tia, vel pcrmixtn usurpent: sed aut usque ad or-
dinationem futuri expectcnt antislitis, aut certe
si longum fueril, ad metropolilani fut dictum est)
ordinationem recurranl. Si quis autein inunenwr
divini tiinoris contra hœc sancita synodicacleri-
cvs quisquam vel làicus venire improba mente
tenlavcrit, et communione et consorlio pricelur
ecclesiœ; quia durum est, ut ad illam conreniat,
quam expoliare non metuit : nisi forte spiritu
meliori correclus, dum a prœsumptione cessave-
rit, recuperet indulgcntiam. Si aulem ralionabi-
lilcr modesteqne unusfjuisque repelit quod sibi
jure debetur, ei, absque aliqua animadvtrsione,
a metropolilano, vel cui injunxerit, aut rcs, aut
ratio non negetur. Hoc eliam onines canone con-
slringendi, qui in prœteritum res ecclesiœ, vel
episcopi usurpantes diripuerint. Can. 3, ibid.
- Illud eliam provido consilio decretum est, ut
quia scepe sanctorum antistitum. per absentiam
commcndatoris episcopi, exequiœ differuntur, ita
ul veaeranda ponlificis ntembra, dum tardius fu-
nerantur, injuriœ omnino subjaceant; episcopus,
qui post mortem fratris ad scpeliendum eum solet
invitalus occurrere, infirmum magis, et adhuc
in corpore posilum, admonilus visitare non diffé-
rât: ut aut de relevatioue consacerdotis amplius
gaudeat, aut cerle de ordinatione domus suœ fra-
Irem admoneat, cjusque probabilem voluntatem
inelfectum transmiUat, ac recedentem a sœculo,
post oblatum in ejus commendaticne sacrificium
828 HISTOIHE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES,
de son frère viendrait le visiter malade, ou
pour se ri^jnniravec lui de sacouvalcsccnce,
ou pour l'averlir de donner ordre auxuHai-
res de sa maison, ou pour exécuter sa der-
nière volonti'; qu'anssilùt après la mort de
révoque, il otnirail à Dieu le sacrifice pour
lui, le ferait enterrer, et observerait ce qui a
été réglé danslcscanons précédents touchant
les biens et les meubles qui appartenaient
soit à lui-même, soit à l'éiilise. H est ajouté
que si un évèque raeuit subitement, et que
les évoques des fronlières ne puissent se
trouver à ses funérailles à cause deleuréioi-
Lnement, ou gardera son corps un jour et
une niril, pendant lesquels les frères et les
religieux, ou d'autres, demeureront auprès
de lui, chantant continuellement des psau-
mes; qu'ensuite les prcMres le mettront dans
un cei'cueil d'une manière drccntc, sans tou-
tefois l'enterrer, jusqii'i l'arrivée de l'évê-
que invité avec le plus de diligence que l'on
pourra, pour l'ensevelir solennellement, en
suivant les rils usités anciennement dans la
«• sépulture des évèques. — Un autre règlement
du concile de Valence fut, que l'on priverait
de ' leurs fonclioiis et de la communion les
clercs désobéissants a leur évoque, ou vaga-
bonds, soit qu'ils soicMit diacres ou prêtres;
6. — qu'un évèque n'ordonnerait* pas un clerc
d'un autre diocèse sans l'agrément du dio-
césain ; et que les évoques ne conféreraient
l'ordre de prêtrise à aucun, qu'il ne promit
d'être stable dans le lieu de son service.
ARTICLE IV.
DES CO.NCILES DE JUSQUE [52 1], ET DE
CARTUAGE [323].
cmtii» 1. Ce fut encore dans le cours de l'année
52*. Toi». IV o2i que se li.t le concile de Jun(iue, ville
Conell., pif. , . ,
i£î7. d'.\nuiue, dans la provnice de Byzacene:
nous n'en avons que la lettre synodale , qui
porte le nom de Libéral, primat de la Byza-
cene. Il y exhorte Boniface de Cailli;ige,
à qui elle est adressée, à maintenir en vi-
gueur les saints canons, et à ne pas permet-
tre que personne y déroge. Saint Fulgence
s'étant trouvé à ce concile en qualité d'é-
vèqne de Ruspe, un évèque, nonnné Quod-
vultdéas, lui disputa la préséance; mais tout
le concile décida en sa faveur. Le saint ne
dit mot en celte occasion, pour ne point pré-
judicier à l'autorité du concile ; mais comme
il sut que Quodvidtdéus trouvait à redire au
jugement rendu contre lui, et qu'il en était
aflligé, craignant d'altérer la charité, il sup-
plia puliliqucment les évoques du concile de
SufTète, où ils assistèrent tous les deux quel-
que temps après , de placer Quodvultdéus
avant lui : ce que les évoques lui accordèrent
en iulmirant son humilité. Le diacre Fer-
rand cite un canon du concile de Junque,
qui défend à un évèque d'entreprendre sur
le peuple d'un autre.
2. Le même diacre , Victor de Tuiines, et
quelques auti'os anciens font mention d'un
concile tenu à Carthage sous le pontificat de
Boniface, évèque de cette ville, et sous le
règne du roi Hildéric : il fui convoqué de
toutes les provinces d'Afrique. Boniface en
marque le sujet dans la lettre de convocation
qu'il adressa à Messor, primai de Numidie,
en disant que la paix qui venait d'être ren-
due à l'Kglise d'.\frique, après une si longue
et si dure persécution, était troublée au de-
dans par quelques évèques qui ne voulaient
point déférer à leurs supérieurs, se préten-
dant leurs égaux, tandis qu'eux-mêmes vou-
laient que d'autres leur fussent soumis: il
parait que c'était envers Boniface même que
l'on manquait de déférence, et que l'on atta-
quait les piiviléges de l'église de Carthage.
Il aurait fort souhaité que Messor pût venir
en personne au concile ; mais sachant que
Carth^f*
ta. Ton
ConciU,
Itit.
Deo, mox sepulturœ Iradat diligenlissime , et su-
perius coiislUuta canonica non diffcral adimplere.
Si atilem antistes oliitu rcpentinn dixccsseril. et
conliniilanei sacerdoles de Innginquo minime
adesse potuerint, uno die tantum cum nocte exa-
minatum corpusculitm sarerdotis maneal, non
sine fralrum uc nligiosorum frequcntia, velpsal-
lentium excubalione servulum a presbyteris ,
cum omni diligenlia, in loculn cnndilum .•eorsuin,
non slnlim humflur, sed honori/ice commendelur,
donec sine mora, inntnto undecuimiue jionti/ice,
ab ipso, Ht condecel, solevinilir luniuletiir, lit et
injuria- tollalur occasio, et nios anliguus in spe-
liendii sacerdotibus observelur. Cau. 4, pag. lOin.
■ noc etiam plaçait, ul vagus, alque instnbilis
clericus, sive eliani in diaconi minislerio, vel
presbyteri ofjicio conslilulus, si episcopi, a quo or-
dinales est, jirœreplis non obedierit. ut in dclegala
sibi erctesia offlcium dipendnl assiduum ; qumis-
que in vitio pernianscrit, a communionc et ho-
nore privelur. Ciin. .">, ibid.
♦ L'I nuUus alienum clrrieum, secundum dc-
creln canonnnt, sine ronscnsu rpisrnpi sut. au-
di-nt ordiiiare. Sed nec illum sanclorunt sacerdo-
luni ijUisfinin ordinel. qui localrni se Inluruin
primitus non spopondenl : ul per Imc nullus a
regutn ici disciplina ccclesiastica dcviare permit-
latur impune. Cnn. 6, pag. 1620.
OHAPITHE LXXXVI. — CONCILK DE CAIITIIAGE.
[Vl* SIÈCLE.]
son graiiil Age ne le lui penuellait pas, il le
juia iri-nvoyertle sa province trois ëvèqiics,
Firniiis, Maricn et Félix, pour aider i\ niain-
lenir les droits de son éiilise. Il l'avorlit, sui-
vant l'iincion usaj^e, (pie la fête de l'âipies
devait se ccldljrei' Je Iroisièuic des calendes
d'avril, c'est-ù-dire le 30 mars, comme on
la célélira en ellet en 523. C'était aussi l'u-
sage d'envoyer ;\ révè(jue do Carlliage la
matricule des évèques morts et de leurs suc-
cesseurs : Bonifacc prie Messor de lui en-
voyer la sienne, afin qu'il put s'en servir
pour régler le vni\'j; des évLMUies qui venaient
à Cartilage de plusieurs provinces, surtout
de ceux qui ne craignaient pus de se préfé-
rer à leurs anciens. Messor, dans sa répon-
se, loua le zi'le de Bouiface pour la déf(!use
des privilèges de son église, et lui envoya
les trois évèques qu'il désirait, avec un qua-
trième nommé Florentieu , ajoutant qu'il
avait écrit à l'évèque Janvier, ordinateur de
Bonilacc , pour l'exhorter ;\ faire , tant en
son nom, qu'en celui de tout le concile, tout
ce qui conviendrait pour l'utilili! de la cause
qui serait traitée ; qu'an reste il avait donné
ses ordres pour faire dresser la matricule
qu'il souhaitait.
3. Boniface avait mandé les évèques pour
le 1" février de l'an l^2o, qui était le second
du règne de Hildéi'ic ; mais ils ne s'assem-
blèrent que le cinquième jour de ce mois.
Ce fut dans la salle secrète de l'église de
Saint Agilée martyr. Boniface prit le premier
la parole, et reudit grâces à Dieu de la li-
bcité de l'Eglise, témoignant qu'il avait plus
de joie de voir une si nombreuse assemblée
d'évèques, que do la lumière du soleil. Les
évèques, de leur côté, au nombre de soixan-
te, assurèrent qu'ils n'avaient pas moins de
joie de voir le siège de Carthage si digne-
ment rempli après une si longue vacance ;
ils exhortèrent Boniface à maintenir les ca-
nons, à l'imitation d'Aurèle, son prédéces-
seur, et à proposer les matières que l'on de-
vait traiter dans le concile. Boniface fit lire
sa lettre a l'évèque Messor, primat de Nu-
niidie, puis la réponse qu'il en avait reçue,
et dont il fit un grand éloge. Ensuite le no-
taire Rédempliolus lut, par ordre de Boniface,
ses lettres aux évèques de la province Fro-
consulaire, de celle de Tripolis et de Numi-
die. Les députes de ces trois provinces étaient
présents. Il n'y en avait qu'un de la Mauri-
tanie Césarienne, les autres n'ayant pu ve-
nir a cause de la guerre. A l'égard de la
829
province de Sytifie, Optât était venu à Car-
thage, mais il avait été obligé d'en sortir
par ordre du roi. Boniface assura que cet
(Wè([ue donnerait sans peine son consente-
ment au i('sullat du concile, lorsqu'on lui
en aurait fait part; quant à becundus qui
élail le seul évèque de la Manrilanie Césa-
rienne, Boniface conseiilit que son siiirragc
valut i)oiir toute sa province ; mais il parut
peu coulent que Libérât, primat de la Byza-
cène, ne parut point, quoiqu'il lui eût écrit
deux fois. Les évèques le prièrent de l'atten-
dre jusiju'au lendemain, suivant l'ancien-
ne coulume, disant que s'il ne venait point
au concile, on traiterait de la manière de
punir sa désobéissance. Félix, député de la
province de Xumidie, d(;manda qu'on fil lire
les canons qui marquaient l'ordre des pro-
vinces d'Afrique : sur quoi le diacre Agilée
lut, par ordre de Bonifacc, un extrait du con-
cile tenu à Carthage le 1" mai 418 dans la
salle secrète de la basilique de Fauste ; et
l'on vit par cet extrait que la première pro-
vince était la Proconsulaire ou Carthaginoi-
se ; la seconde, la Numidie ; la troisième, la
B^zacène, Après ces préliminaires, les évè-
ques ayant délibéré que l'on fit la lecture
du Symbole de Nicée, on le lut suivant l'exem-
plaire traduit du grec en latin, envoyé par
Atticus, évèque de Conslantinople ; et tous
les évèques déclarèrent que quiconque re-
fuserait d'y souscrire, ne serait pas tenu pour
catliolique : non que ce Symbole eût besoin
d'être autorisé par de nouveaux suffrages,
mais afin de se l'imprimer plus fortement dans
le cœur, en y souscrivant de la main. L'é-
vèque Bonifacc voulut même qu'il fût inséré
dans les Actes de l'assemblée. 11 ordonna
ensuite que l'on tirât des archives de l'église
de Carthage le recueil des canons faits dans
plusieurs conciles d'Afrique sur divers points
de discipline, afin que, par la lecture que
l'on en ferait, ceux qui les avaient observés
s'en congratulassent, et que ceux qui les
avaient uégligés ou transgressés eu devins-
sent plus exacts à les observer. Le diacre
Agilée en lut un grand nombre, tous sur des
points de discipline : on voit par les citations
marquées dans les actes, qu'il s'était tenu
en Afriipie jusqu'à vingt conciles sous Au-
rèle de Carthage. Comme tous ces canons
regardaient en général la discipline de l'E-
glise, les évèques demandèrent qu'on hit
aussi ceux qui regardaient en particulier les
privilèges de l'église de Carthage. Boniface
830
HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSI ASTIQUES.
A»einb!éa
da 6 février
£25. pas 1641.
I
Ht lire dans le même recueil, premièrement
Je c.nnou de Xicée touchant les privilèges de
toutes les grandes églises ; puis ceux des
conciles d'Afrique, dont qnalrc s'étaient te-
nus à Carthage, qui attribuaient la primauté
à cette église sur toutes les autres de l'Afri-
que ; et deux du concile d'IIippone où il était
dit que tous les évèques apprendraient par
les lettres de l'évéquc de Carthage en quel
jour on devrait faire la Pâque ; et qu'il serait
permis à chaque province d'avoir son pri-
mat, à condition de reconnailrc la su|)ério-
rité de l'évêque de Carthage. La séance ayant
duré fort longtemps, Bonifacc demanda que
le reste des aflaires fût renvoyé au lende-
main, m«is qu'auparavant tous les évèques
souscrivissent aux actes de ce jour : ce qui
fut accordé unanimement. Boniface souscri-
vit le premier, et tous les autres évoques de
suite. Janvier, évcque de Végéselitaue, sous-
crivit, tant en son nom, qu'en celui d'un
autre Janvier, évêquedé .Masculitane, député
comme lui de la province de Numidie, à cause
que sa grande vieillesse ne lui peimettait
point d'écrire.
A. Le lendemain, 6 février 523, les évoques
s'étant assemblés au même lieu, Boniface
dit que, comme il ne restait plus rien à ré-
gler touchant les all'aires générales des égli-
ses, il fallait venir aux particulières. Il per-
mit donc à l'abbé Pierre, qui était à la porte
avec quelques-uns des anciens de son mo-
nastère, d'entrer dans la salle du concile. Ils
présentèrent une requête eu plaintes contre
Libérât, primat de la Byzncènc, où il était
dit que plusieurs moines de divers endroits
d'Afrique, et quehjues-uns même en dora
de la mer, assemblés pour former un mo-
nastère dans la province Byzacène, l'avaient
bâti par le secours de leurs parents et d'au-
tres personnes de piété; qu'ils l'avaionl sou-
mis immédiatement à l'église de Carthage,
et fait dédier l'église par Réparât, évèque
de Puppien dans la Proconsulaire , après
avoir choisi pour abbé un d'entre eux , qui
était sous-diacre de la province Byzacène.
Depuis ce temps-là , le siège de Carthage
étant demeuré vacant pendant la persécution
du roi Trasamond, et le mouaslère ayant eu
> Kum docemus monasterium de Prœcisu quod
in medio plebium Le pliinineiisis ICcclesitv poiulur
pra'lerminso eodem episcopo vicino, Viio Alerien-
sis Ecclesiœ episcopi consnliilioiiem habcrc, qui
in longiiuiHO posilus est; et liaccense monaste-
rium, quod ilaximianensi Ecclesiœ vicinum est.
besoin de prêtres, on avait eu recours à Bo-
niface, évéque de Gratiane et primat de la
Byzacène , qui ordonna en eU'et quelques
moines. Libérât, son successeur dans la pri-
matie, prélendit que le monastère dépendait
de lui ; et comme l'abbé Pierre refusait de le
reconnaître, il l'excommunia, lui et tous ses
moines. Les fidèles dé la Province, infonnés
de ce qu'avait fait Libérât, fuyaient les
moines et leur refusaient l'hospitalité, quoi-
que ceux-ci, de leur côlé, l'exerçassent fi-
dèlement. On leur défendait l'entrée des
églises, et lorsqu'on les y trouvait, on lesea
faisait sortir. Personne n'osait les saluer,
pas même leurs amis, ni recevoir leur béné-
diction. Telle était la situation du monastère
de l'abbé Pierre, lorsqu'il donna sa requête
signée de lui et de quatre autres, dont un
était prêtre, et deux diacres, le quatrième
est sans qualité : et il parait que beaucoup
d'autres sousci'ivirent aussi, mais ils ne sont
pas nommés. L'abbé Pierre justifiait sa con-
duite et l'exemption qu'il prétendait lui être
due, en disant que son monastère avait été
fondé par des personnes rassemblées de di-
verses provinces; qu'encore que le premier
abbé eut été sous-diacre de la province By-
zacène, il n'avait pas été élu abbé comme
sous-diacre, mais comme moine; que d'ail-
leurs il n'était ni seigneur, ni propriétaire
du monastère. Il ajoutait que, si l'on avait eu
recours au primai de la Byzacène pour les
ordinations des prêtres dont le monastère
avait eu besoin, ce n'était qu'à cause de la
vacance du siège de Carthage. Il donnait
pour exemples d'exemptions' semblables à
celle qu'il revendiquait, le monastère de Pré-
sis, qui, situé au milieu du diocèse de Lep-
limin, dans la Byzacène, dépendait m'-an-
moins de l'évêque de Vicataire, ville de la
même province ; le monastère de Bacce, près
de l'église de Maximien, en Numidie, qui
dépendait du primat de la Byzacène, et le
monastère d'Adrumètc , qui avait toujours
fait ordonner ses prêtres par des évêqties
d'uulre-mer, sans s'adresser à l'évêque de la
ville. L'abbé Pierre proiluisait encore pour
sa défense un extrait du second sermon de
saint Augustin, la ]'ie commune, où cesaint
ad crinsolalionem pyimatis llyzaicnœ prorincias
seconferre? Aam et de Adnimilino mnnasirrio
nullo modo silere possumus, qui, iirtrlrrmisso
ejusdem ciii'atis episcopo de Irniismarinis parti-
bus sibi semper pr<csbyteros ordinaverint. Toai.
IV Concil., piig. 1616.
I VI" siKCLE.] CFIAPITHE LXXXVI. — CONCILK DE CARPENTHAS.
831
(•V("'([iit! ilil ijiio les nionaslèrcs loiidés par
SCS disciples irappaitPiiaiciU ni aux foiida-
tciirs, ni à l'cf^lisc d'IIipponc, mais :'i la coin-
inuiiatitc! ; un pi'iviléj;e accoiilo il un nionas-
li've de lillcs, dès l'an 317, parlJonirace, pri-
mat de la Byzacènc, où, apiès avoir niari[Li(5
en ^'('lierai i]uo li's monaslères de l'un et
de l'autre sexe doivent être exempts de la
condition de tons les clercs, suivant la cou-
tume des anciens Pères, il leur pcniicl de
choisir un prêtre, ponr ct''l('hrer les mystères
dans leur monastère, iï condition de faire
miîmoire i\ l'autel du primat de la province.
Il allt'jgua encore le décret du troisième con-
cile d'Arles pour ttM'minei' le ditlV'rend entre
Théodore, évèque de Fréjus, et Fauste, abbé
de Lérins, qui porte que toute la multitude
laïque du monastère serait sous la conduite
de l'abbé qu'elle aurait élu, sans que l'évè-
que s'y attribuât aucun droit, ni qu'il pût en
ordoiHicr aucun pour clerc, sinon à la prière
de l'abbé. Bonil'ace ne ]iarut pas content de
la conduite de Libérai envers l'abbé Pierre.
Nous n'avous plus la lin des Actes de ce con-
cile ; mais on ne peut douter qu'il n'ait favo-
risé les prétentions de cet abbé, puisque le
décret qui fut fait, et qui nous a été conservé
dans un ancien manuscrit du Vatican, porte'
que tous les monastères seront , à l'avenir,
comme ils l'ont toujours été, libres en toute
manière de la condition des clercs, c'est-à-
dire apparemment de leur juridiction, afin
que les moines ne soient occupés que de
leur salut et de plaire à Dieu.
5. Le même jour, 6 février, on lut la lettre
de Libéral et du concile de Junque, à Boni-
l'ace, archevêque de Carthage, dans laquelle
ils l'exhortaient ù maintenir l'ordre et la dis-
cipline sur divers points, que les évêques
Pontien et Reslitut proposeraient au concile.
Le premier regardait le peuple de trois bourgs
de la Byzaccne ; le second était contre un
évoque de la province Tripolitaine, nommé
Vincent , qu'ils prétendaient s'être emparé
d'un peuple qui ne lui appartenait pas ; le
troisième regardait le changement qu'ils vou-
laient que l'on fit^daus l'inscription des let-
tres qu'on écrivait au primat et aux évêques;
elle quatrième, l'atlaire de l'abbé Pierre.
Comme Boniface avait répondu à la lettre de
Libérât, dès le G décembie de l'année pré-
cédente, ou lut cette réponse dans le concile ;
elle porto qu'il l'-tait ddlicile d'accorder 1\
Lihérat et aux évêipiesdu concile de; Junque
ce qu'ils demandaieid, p.-irce quVui ne pou-
vait rien changer à ce (pii avait été n'-glé
dans les conciles d'Afrique, et observé par
tant d'évêques; qu'autrcnicnt il n'y aurait
rien de staljle dans ce qui regard <; les allaiies
ecclésiastiques et les civiles. Boniface, se fon-
dant sur l'autorité des décrets qui avaient
accordé à l'église de Carthage la primauté
sur toutes celles d'Afiiipie, déclare ensuiio
que, comme il lui appartient, en sa qualité
d'évêque de cette ville, de faire savoir le jour
de la Pâque à toutes les églises de son res-
sort, ils seront avertis que l'année suivante
celte fête doit se célébrer le 7 avril. A l'égard
de la demande an sujet des trois bourgs,
comme il y avait plusieurs pièces qui con-
cernaient cette affaire, le concile en renvoya
l'examen jusqu'à ce que l'on eût produit ces
documents ; il décida la même chose sur la
demande formée contre l'évêque Yincent.
Sur le troisième article, il répondit que l'on
s'en tenait à l'usage. Ainsi l'all'aii'e de l'abbé
Pierre fut proprement la seule qui occupa
les évêques pendant la seconde séance du
concile.
ARTICLE V.
DU CONCILE DE CARl'ENTRAS [527], DU SECOND
d'orange [.529], DU troisième de valence
[529], ET DU second de vaison [329].
Sous le consulat de iSIuvorlius, le jour avant coocue da
les ides de novembre, c'est-à-dire le 6 de ce tî{!Tl"iv
mois, l'an 527, qui était le pontificat de mi''" ""*"
Félix IV, et le second d'Atliahu ic, roi d'Italie,
on tint à Carpentras, ville de l'ancienne Nar-
bonnaise , un concile de seize évoques, y
compris saiut Césaire d'Arles, qui en fut le
président. Ce concile ne fit qu'un canon, qui
regarde la manière d'administrer les revenus
des paroisses de la campagne. Quelques fi-
dèles qui leur avaient donné des fonds s'é-
taient plaints que certains évêques tournas-
sent à leur profit la plus gnmde partie des
revenus qui devaient appaitenir à ces pa-
roisses, en sorte qu'elles n'avaient presque
rien pour fournir .i l'entretien des clercs qui
les desservaient, ou aux réparations des bâti-
ments. Pour remédier à cet abus, le concile
' Erunt igitur omnia omnino monusteria, sicitt
semper fuerunt, a condilione clcricorum modis
omnibus libéra, sibi tanitim et Deo placeniia,
Tom. IV Concil., pag. I6i9.
833
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ordonna ' quesi l'éfîlise calliëdralc avail assez
de biens pour ses dépenses, 1rs revenus des
paroisses seraient employés pour les clercs
qui les servaient, ou pour les répai'ations
des églises; mais que, si les dépenses de
l'évéque surpassaient la recette des revenus
de son église, il pourrait tirer ses besoins
des paroisses les plus riclics, en leiu' lais-
sant ce qui serait sutlifant pour le clergé et
les réparations, à la charge toutefois de ne
pouvoir diminuer le service divin, ni la por-
tion des clercs. Le même canon indiqua pour
l'année suivante , au même jour, 6 novem-
bre, un concile à Vaison; mais il ne s'as-
sembla que deux ans après. Afrra?cius, évo-
que d'.\ntilics, quojqu'invité de se trouver
au concile de Carpeutras, avait refusé de s'y
rendre, apparemment parce qu'il se connais-
sait coupable pour avoir ordonné prêtre un
nommé Potadius contre les canons , et nom-
mément contrcle troisième du concile d'Arles
précédent, qu'il avait ratifié lui-même parle
prêtre Cataplironius, député de sa part à ce
concile. Les évêques, pour le punir de cette
double fan te, c'est-à-dire, pour n'être pas venu
au concile, et pour avoir fait une ordina-
tion irréfïulière , le suspendirent pour un
an de la célébration des saints mystères, et
lui signilièrent cette sentence par une lettre
synodale à laquelle ils souscrivirent tous. Ils
souscrivirent de même au canon touchant
l'administration des biens des paroisses ; mais
avec cette ditlérence , qu'ici toQs, excepté
saint Césaire d'Arles, et Conturaéliosus de
Riez, prennent la qualité de pécheurs, au
lieu qu'ils se nomment tous évèques en sous-
crivant à la sentence portée contre .\sr;fcius.
swDjeoo- 2. L'église que le patrice Libère, préfet du
n\.t. Ttm. prétoire des Gaules, avail bâtie dans la ville
d'Orange, étant achevée, il invita plusieui-s
évêques à venir en faire la dédicace. Ils s'y
rendirent au nombre de treize, le o des noues
de juillet, sous le consulat de Décius-le-
Jeune, surnonnné Basile, c'est-à-dire , le 3
juillet de l'an 529, qui était le troisième du
pape Félix IV, et d'.\thalaric roi d'Italie.
Saint Césaire d'.Vries est nommé le premier,
comme ayant présidé à ce concile ; les autres
sont presque tous les mêmes qui s'étaient
trouvés au concile de Carpeniras. Après
qu'ils eurent achevé la cérémonie de la con-
sécration, ils conférèrent ensemble sur ce
qui regardait le maintien de la discipline.
Quelques-uns d'entre eux remnnti-èrent qu'il
y avait des personnes qui, par simplicité, ne
pensaient pas comme elles devaient sur la
grâce et sur le libre arbitre. Cela détermina
l'assemblée à proposer et à souscrire quel-
ques articles qui leur avaient été envoyés du
Saint-Siège, et que les anciens Pères avaient
tirés des saintes Écritures pour instruire ceux
qui n'avaient pas des sentiments conformes
à la foi catholique sur ces matières.
3. Ces articles sont au nom bre de vingt-cinq,
presque tous appuyés de quelques passages
de l'Écrittue; mais,quoiqn'ds soient conçus
enfoimede canons, ils ne finissent point par
les anathèmes ordinaires, si ce n'est le vingt-
cinquième. Le concile commence par con-
damner ceux qui scmtiennent' que le péché
du premier homme n'a cause du changement
que dans une partie de l'homme, savoir, dans
son corps, qu'il a rendu sujet à la mort;
et qu'il n'a fait aucun tort à son àme, lais-
sant l'homme aussi libre qu'il était aupara-
vant : c'était l'hérésie de Pelage. — 11 con-
damne ensuite ceux qui disent que ' le péché
d'Adam n'a nui qu'à lui seul, ou qu'il n'y a
IV Cjocil.,
Ibfrt. ^
Caoon* dl
eooril^ il'O-
rlDLC. Ilid.
Itg. itc;.
' Boc nobis juslum et rationabile visum, al H
ecclesia ciiitalis ejiis, cui ep\scopus prwest, ita
est iilonea, ut Christo propilio nihil iiidigeal ;
quidquid parocliiis fueril derrlictum, c'cricis qui
ipsis parochiis deaerriunt. ti'l reimralionibiis cc-
clcsiarum ralionalnliler dispciiselar. Si rero epis-
copum mullas irpensas, et iimiorem subulmuiam
habere cunstitenl, ;/aroc/»u.<, quibus largiler fue-
ril ciillala subslauiia, hnc lanltim, quod clericis
rel sartiB leclia raliniiabilitersulficial, re^'trvelur;
quod aulem amptius fueril. proptrr inajiirex ex-
pensas episcopus ad se debeat iccocare : ita la-
men ut nihil dt facullatula ipsa, cel de wiiiiite-
rio clericantm loci ipsiiif, licentiam habeanl mi-
nuendi , Toin. IV Coneil-, pnï. ICiil'I.
• Si quis per offemam pnrvarifulionis Adip non
totum, id est secundum corpus et aniiiuiiii, in dé-
tenus dicil hominem commulalum, sed animœ
liberlale illcrsa durante, corpus tanlummodo
corrujilioni crédit obnnxium, Pelngii errore dc-
crptiis, adrersatur Scriplurœ dicatti : .'Viiiin.! quea
l.crc.iverit ipsa moriclur; et: Nescilisquoiiinm cui
pxliil)t;tis v.'S se:\\s ad olieJi'^nilum, servi r-slis
ejii? cni olifdilis"! et: A qiio quis siiper.iliir, cjus
ol frrvus oddic'itur. Can. I, loin. IV Concil., pag.
1007.
' .Si quis soli Àdw prwvaricationein suam, non
et ejus propagini, nsseril nncuisse , aiil certemor-
lem lanlun) corpnris, quœ pœna prccali est, non
autem et peccatum, quod ninrs est animœ, per
unum lioniinem in omiie genus hunianum tran-
siisse testntur, injustilinm Dro dabit, conlradi-
crn.i M'ostolo dicenli: l'er unum luiiniiicni iifcca-
tiiin iiitrnvit in uuinduin, ri pi-r prccnlinn mors,
rt ita iu ouuics boniitirs inor:: pcrlransiit, in quo
omncs pcconverunl. Can. 2, Ibid.
[VI* SIÈCLE.]
CHAPITRE LXXXVl. — 2' CONCILE D'ORANGE.
i(a:t
(|ue la mort du corps qui ait passé à ses des-
ceudanls. — Un yonsoigiie ' «luesi queliju'uu
(lit que la grûcc do Dieu peut être donnée
sur l'invocation liiiniaine, et (|ue ce n'est pas
la gritce ([ui l'ait que nous l'invoquions, il
contredit le propliète Isaïe, et l'Apôtre qui
dit la uiémc chose : J'ai été trouvé par
ceux qui ne me cherchaient point, et je me suis
fait voir à ceux qui ne cherchaient point à me
connaître. — On y condamne ceux qui sou-
tiennent que Dieu ' attend notre volonté pour
nous pnrilîer de nos péchés, et que ce n'est
pas par T'infusion et l'opération du Saint-
Esprit que se forme en nous la volonté d'être
puritiés de nos péchés. — On y condamne
aussi ceux qui disent ' que l'accroissement
de la foi, de même que son commencement,
et que l'acte même par lequel nous cioyons
en celui qui justifie l'impie, et par lequel
nous parvenons l'i la génération du saint bap-
tême , ne sont pas en nous un don de la
grâce, c'est-ù-dire, par l'inspiration du Saint-
Esprit, qui tourne notre volonté de l'iufidélité
h la foi, et de l'impiété à la piété; mais que
tout cela vient de nous. — On rejette, comme
une doctrine contraire à celle de l'Apùtre',
la doctrine qui veut qiu; Dieu fasse miséricorde
A ceux qui veulent, qui désirent, qui font Iouh
leurs eirorts,qui travaillent, qui veillent, qui
cherchent, qui diunandenl, qui l'i'ap[pent; cl
qui ne recounait [las rjuc c'est par la grûce
de Dieu que nous croyons, que nous voulons
et que nous pouvons faire toutes ces choses
comme il faut. — Les évoques ajoutent que, c.n
si (jucl<iu'un ' préteuil ([ui!, sans la lumière
et rins[)iration tlu Saint-Esprit qui donne h
tous cette suavité intéi'ieure qui fait f[u'on
embrasse la vérité et qu'on y ajoute foi , il
puisse pur ses forces nu turelles pensei'comme
il faut, se porter ;'i faire quoi que ce soit de
bon par rapport au salut et à la vie éternelle,
et se rendre h lu prédication salutaire, c'est-
à-dire évangélique; il faut que l'esprit d'er-
reur et d'héi'ésie l'ait séduit, puisqu'il n'en-
tend pas la voix de Jésus-Christ même qui
dit dans l'Évangile : Vous ne pouvez rien faire
sans moi ; ni celle de l'Apôtre qui dit ; A'ous
■ne sommes pas capables d'avoir aucunes bonnes
pensées de nous-mêmes, comme de nous-mêmes;
mais c'est Dieu qui iwus en rend capables. —
Ils rejettent comme étrangers à la vraie foi
ceux qui prétendent ^ que les uns peuvent
' Si quis ad invocalionem humanam gratiam
Dei dicil passe conferri, noit autein ipsain gra-
tiam facere ut invocelur a nnbis, amLradicit Isaiœ
prophetœ, vel Aposlolo ident dicenti : luventus
sum a non qua'i-eulibus uie : palum apparni liis,
qui me nou i^ter^o^'abaut. Can. 3, ibiil.
' Si quis, ut a jn rcalo purgemur, volunlalem
nostrain Deum expectare contendit, non autcm, ut
etiam purgari veliinus, per SancLi Spirilus iiifu-
sionem et operutiuncm in nabis fieri confilelur,
resistit ipsi Spiritui Sancta per S ilomonem di-
centi: Pra>paratur \oluntasa IJornino; et Apostalo
salubriter prœdicanti: Deus est qui operatur iu
Yobis et velle et perlîcere pro bona vobintate. Can.
4, ibid.
' Si qiUs, sicut augmenlum, Ha etiam inili'uia
fidei, ipsumque credulitatis affectum, quo in. eum
credimus qui juslifical iinpium, et ad generalio-
nem sacri baplismalis percenimus, nan per gra-
tiœ donum, id est, per inspirationem Spiritus
Sancti corrigenteni volunlalem nostram ab infi-
delitate ad (idem, ab impielale ad pielalem, sed
naturaliter nobis inesse dicil, aposlolicis dagma-
tibus a cersarius approbalur, beato Paula di-
cente : ' jMfidimus, quia qui cœpit iu vobis opus
bonum , perficiel usqiie iu diem Douiiui nostri
Jesu Christi; et illud: Vobis datum est pro Cbris-
to nou soUim ut in eum credatis, sed etiam ut
pro illo pafiauiini; et: Gratia saivi facti estis per
lidem, et hoc non ex vobis, Dei enini donum est.
Qui enim fidem qua in Dcum credimus dicunt
e^se naturalem, omnes eos, qui ab Ecclesia Clirisli
alieni suiit, quodam modo fidèles esse de/lniitnt.
Can. 5, ibid.
XI.
'• Si quis sine gratia Dei credentibus, volenti
bus, desideranlibus, conantibus. labaranlibus.vi-
gilanlibus, studentibus, pelentibus, quœrenlibus,
pulsanlibus nubis misericordiam dicit conferri
dicinitus; non aulem ul credamus, relimus, vel
Itœc ainnia, sicut oportet, agere valeamvs, per
infusionem et inspirationem Spiritus Sancti ex
nobis fieri con/iletur, et aut liumililali, aut obe-
dientiœ humanw subjunrjit graliœ adjutarium,
nec lit obedienles el humiles sinius ipsius graliœ
donum esse consentit, resistit Aposlolo dicenti:
Quid liabes quod non accepisti ? et : Gratia Dei suni
id quod sum. Can. 6, pag. 1668.
' Si quis per nalurœ vigorem bonum aliquid,
quod ad salutem pertinet vilœ œlernce, cogilare
ut expedit, aut eligere, sive salutari, id est,
evangelicw pncdicatiani consentire passe con-
firmât absque illuminatione el inspiralione Spi-
ritus Sancti, qui dat omnibus suavitalem in
consenliendo el credendo verilali, lueretico fal-
lilur spiritu, non intelligcns vocem Dei in Evan-
gelia dicentis: Sine me niUil potestis facere; el
illud Apostoli: Non quod idonei simus cogitare
aliquid a nobis, quasi ex nobis, sed sufficientin
nostra ex Deo est. Can. 7, ibid.
^ Si quis alias misericordia, alias vero per li-
berum arbilrium, quod in omnibus, qui de prœ-
varicalione primi haimnis nati sunl, constat esse
viliatuin, ad gratiam baptismi passe venire con-
Icndit, a. recta fide probalur alienus. Is enim om-
nium liberum arbilrium per peccalum primi tio-
:ninis asscriliiifirmatuin, aul ccrlc ital.esum pu-
tut, ul tamen quidam valeanl sine revelalione Dei
wysterium sululis (eternm per semelipsos pusse
33
834
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLESIASTIQUES.
Siiiti I
rinrnSi
Cin. 9,
venir ;\ la grâce du baptême par la miséri-
corde de Dieu, cl les autres par le libre ar-
bitre, qui est certainement vicié dans tous
ceux qui sont nés de la prévarication du
premier homme : car, qnoitpie ceux qui
soutiennent cette doctrine reconnaissent que
le libre arbitre est allaibli dans tous les hom-
mes par le péché d'Adam, ils ne laissent pas
de soutenir qu'il n'est pas tellement aU'ailili,
que quelques-uns ne puissent sans la révé-
lation de Dieu acquérir par eux-mêmes le
mystère du salut éternel : ce qui est con-
traire aux paroles de Jésus-Clirisl, qui dit,
non pas que quelqu'un , mais qu'o'/cî'n ne
peut venir à lui, sinon celui que le Père aura
attiré. Voilà ce quer portent en substance les
huit premiers articles ou canons de ce con-
cile.
4. Les dix-sept autres ne sont proprement
que des sentences formées des paroles de
saint Augustin et de saint Prosper; inais ils
n'en font pas moins partie des Actes du con-
cile; et ils seront toujours des témoignages
de sa docirine sur la grâce, et de son zèle à
établir la nécessité d'une grâce prévenante.
«C'cstuncUetde la grâce de Dieu, disent ces
évêques, lorsque nous avons ' quelques bon-
nes pensées, ou que nous nous gardons de la
fausseté et de l'injustice : car, toutes les fois
que nous faisons quelijue chose de bon, c'est
Dieu qui agit en nous et avec nous, afin que
nous le fassions. — Il faut donc que les ré-
générés', et même les saints, implorent sans
I. Pir
izii, u,
Cm. 11.
cesse le secours de Dieu pour pouvoir arri-
ver i\ une bonne fin ou persévérer dans la
pratique des bonnes enivres. — Personne co. n.
n'oll're véritablement au Seigneur ' ce qu'il
en a reçu pour le lui offrir, selon qu'il est
écrit : Nom vous donnonsce que notts avons reçu
de votre main. — C'est en regardant ce que
nous devons être par le don de la grâce '
que Dieu nous aime, et non pas en regar-
dant ce que nous sommes par nos propres
mérites. — Le libre arbitre ' ajMnt été atfai-
bli dans le premier homme et rendu comme
malade , ne peut être réparé que par la
grâce du bnptême; perdu qu'il avait été (quant
â l'étendue des forces) dans l'homme in-
nocent, il ne peut être rendu que par celui
qui a pu le donner, selon ce que dit la Vé-
rité même : Si le Fils vofs délivre, alors vous
serez véritablement libres. — Aucun misérable
ne peut être ° délivré de quelque misère
que ce soit, sinon celui qui est prévenu par
la miséricorde de Dieu, ainsi que le dit le
Psalmiste : }fon Dieu, votre miséricorde me
préviendra. — Comme Adam a été change' en
mal' par bon iniquité, et qu'il est parla dé-
généré de l'état dans lequel Dieu l'avait
créé ; de même le fidèle est changé par la
grâce, mais en mieux, par rapport à l'état
où il était par le péché. Le premier change-
ment est de l'homme prévaricateur; le se-
cond est l'effet de la puissance de la droite
du Très-Haut. — Personne ne doit se glori-
fier' de ce qu'il croit avoir, comme s'il ne
Conquirere. Quod quam sil conlrarium, ipse Do-
minus probul, qui non aliquos, sed neminem ad
se passe venire Itslatur, iiisi qutin Palcr atlraxe-
rit, sicut et l'etro dicit : lioatiis es Simon Barjoii.i,
quia taro et >-auguis iiou revelavil lihi, sed l'aler
meus qui iu ea;li» est; ci Àposlolus : Nemo potest
dioere Doiiiiuum Jesum nisi iii Siiirilu Sancto.
Can. 8, ibid.
' Divini eslmuneris: cumctrecle cogitamus, et
je les noslfosa falsilate elinjuslilia conliuemus :
quolies eniin bona aijiiitus, Deus in iiobis alque
nobiscum, ul operemur, operatur. Can. !l, p:!^'.
1609.
* Àdjulorium Dei ctiam rennlis ac sanciis
temper est iniploranduin, ni ad finem bonum per-
tenire, vel in bono possinl opère perdurare. Cm.
\0, ibid.
' .\cHio quidquam Domino recle voverit, nisi
ab ipso arceperit quod voicrel, sicut legilur :
Quac de manu tua accfjiinius, danius tibi. Can. II.
' Taies nos amat Ocus, quales futuri sumusip-
sius dono, non quales sumus noslro merilo. Can.
H.
' Arhilrium volunlalis in primo homine inftr-
malum, (iiVi pcr (jraliam baplismi, non potest
reparari; quod amissum, nisi a quo poluit dari,
non potest reddi. Unde veritas ipsa dicit : Si vos
f'ilius liberavit, tune vcre liberi erilis. Can. 13,
ibid.
* Nullus miser de quacumque miseria libcralur,
nisi qui Dei misericordia prœienitur, sicut dicit
Psalmisla: Cilo anticipel nos misericordia tua.
Domine; et ii/ud; Deus nu us, misericordia cjus
prœveuict me. Can. H, iliid.
' Àb eo quod formavil Deus mulalus estÀdnw,
sed in pejus per iniquilatem suam ; ab eo quod
opcrala esl iniquilas mulnlur fidelis, sed in me~
lius per graliam Dei. Illit cnjo viutalio fuil pra--
raricaloris primi : lia'r, secundum rsalmislam,
mutatio esl drxtero' Excclsi. Can. 15, il)id.
* i\cmo ex eo quod vtdelur liabere gloriclur.
lanquam non acceperil; aut ideo se putcl acce-
pisse, quia liltera extrinsicus. vel ul legerelur,
iippuruil, vel ul audiretur, sonuil : \Xam, sicut
Aposlolus dicit: Si i)Or Icgem justitia, ergo Clirie-
tus gratis nuirtuus esl. Asceuileiis in allum cn;^ti-
vavil cjiplivitati'ui. dédit duna liuniiiiibus. Inile
habel, quicumque liabcl. (juisquis autcm se inde
liiiliere nfgal , aut i:cre non liabct, aut id quod
videlur Itabcre aUfertur ah co. Can. 16, ibid.
CHAPITRE LXXXVI. — :>' CÛNCILE DOltANGE.
Efibfs
Cm. I'
[VI' SIÈCLE.]
l'aviiil pas reçu; il iio doit pas môme se dal-
ler (le l'.ivnir roçu, pairo rni'il a au tloliurs
la lettre de la loi. ipi'il peut lire nu puleu-
ilie; puisque, si la justice nous était donnée
par la loi, Ji'sus-Christ serait mort en vain,
"i et que c'est lui au contraire qui, étant monté
en haut, a mené caplicc une grande multitude
de ca/jtifs, et a répandu ses dons sur les hommes.
Voih'i la source de toutes les grâces ; celui
qui nie tenir de 1;\ ce qu'il a, ou ne l'a pas vé-
ritablement, ou ce qu'il croit avoir lui sera
ô.té. — C'est la cupidité mondaine' qui fait
tonte la force des gentils, et la charité de
Dieu la force des chrétiens; cliaiité qui est
répandue dans nos cœurs, non par l'arbitre
de la volonté qui est en nous, mais par le
Saint-Esprit qui nous a été donné. — La ré-
compense n'est due' à aucuns mérites qui
précèdent la grâce; mais la grâce, qui n'est
due ;\ personne, précède, afin que nous fas-
sions des œuvres méritoires. — Quand bien
même la nature humaine' serait demeurée
entière et parfaite, comme elle avait été
cré(?e, elle n'aurait pu se conserver elle-
même en cet état sans le secours de son
créateur. Comment donc pourrait-elle sans
la grâce de Dieu réparer ce qu'elle a perdu,
puisqu'elle ne pouvait pas sans cette grâce
conserver l'intégrité qu'elle avait reçue? —
Dieu fait beaucoup de bonnes choses * dans
l'homme, sans que l'homme les fasse; mais
l'homme ne fait rien de bon, que Dieu ne le
lui fasse faire. — Comme c'est avec la plus
grande raison ' que l'Apôtre a dit à ceux
qui voulaient que ce fût la loi qui les justi-
S3.J
liai, et qui dès là étaient déchus de la gnkc :
Si c'est lu loi i/ui justifie, c'est en vain que Jé-
sus-Christ est mort; on peut dire avec autant
de raison à ceux qui fout consister la grâce
dans les facultés naturelles : Si c'est lu nature
qui justifie, c'est en vain que Jésus-Christ est
mort. Mais, comme avant Jésus-Christ on
avait déjà et la loi et les facultés naturelles,
sans que ni l'une ui les autres justifiassent,
il est clair que Jésus-Christ n'est pas mort
eu vain. Le fruit de sa mort est donc que
nous accomplissions sa loi par la grâce, selon
cette parole du divin Sauveur : Je suis venu
accomplir la loi, et non pas l'anéantir; et de
réparer la nature perdue et ruinée par Adam,
selon cette autre parole du même Jésus-
Christ : Jesuis venu chercher ce qui était perdu,
et le sauver. — Personne n'a de soi que le
mensonge et le péché ^ Si l'homme a quel-
que chose de la vérité et de la justice, cela
lui vient de cette fontaine dont nous devons
tous être altérés dans le désert de ce monde,
afin que, rafraîchis par quelques gouttes,
nous ne défaillons point en chemin. — Les
hommes font leur volonté '', et non pas celle
de Dieu, quand ils font ce qui déplaît à Dieu;
mais, lorsqu'ils font ce qu'ils veulent pour
obéir à la volonté de Dieu, quoiqu'ils agis-
sent volontairement, c'est néanmoins la vo-
lonté de celui qui prépare la leur, et qui leur
commande ce qu'ils veulent alors. » — Pour
montrer l'eilicacité et la nécessité de la
grâce, les évéques du concile d'Orange di-
sent que (( nous sommes entés en Jésus-
Christ " comme le sarment qui doit porter du
Can. M.
' Fortitudinem gentilium mundana cupiditas,
fortiludinem autem christianorum Dei charitas
facit, quœ diffusa est in cordibua nostris, non
per voluntatis. arbitrium quod est in nabis, sed
per Spirilum Sanctum qai datus est nobis. Can.
17, piig. )G70.
* Nullis meritis graliam prœvenientibus, debe-
lur merces bonis operibus, si fiant ; sed gralia,
quœ non debelur, prœcedit ut fiant. Can. 18, ibid.
' Natura liumana, etiamsi in illa integritate
in qua est condita permancret, nullo modo seip-
sam, Creatore suo non adjurante, servaret. Unde
cum sine Dei gralia saluttm non possit cusiodire
quam accepit, quomodo sine Dei gralia poterit re-
parare quod perdidil 7 Can. 1!', ibid.
* Mulla Deus facit in fiomine bona, quœ non
facil tiomo ; nulla vero facil liomo bona, quœ non
Deus prœstal ut facial tiomo. Can. 20, ibid.
' Sicut eis qui volenles in lege justificari, el a
gralia exciderunl, verissime dicit .ipostolus: Si
in lege justitia est, ergo Cliristus gratis mortuus
est; sic eis qui graliam, quam commeiidat et per-
cipit ftdes Christi, pulant esse naturam, verissime
dicitur : Si per naluram juslitia est, ergo Cfiris-
tus gratis mortmis est. Jani hic enim eratlex, et
non justificahat : jam fiic erat et natura, et non
justiftcaha!. Ideo Cliristus non gratis mortuus est,
ul et lex per illum impleretur qui dixil: -Non veni
legem sùlvere, ^ed adimplere; et nalura per Adam
perdita per illum repararetur, qui dixil renisse
se quœrere et saliare quodperieral. Can. 21, ibid.
^ yemo hahet de stio, nisi inendacium et pecca-
tum. Si quid autem liabct liomo i^eritulis alque
jusliliœ, ab illu fonle est, quem debemus silire in
liac eremo, ut ex eo quasi gutlis quibusdam ir-
rorali non deflciamus in via. Can. 22, ibid.
' Suam volunlalem liomines faciunt, non Dei,
quando id ugunt quod D(o dtsplicel. Quando au-
tem id faciunl quod volunl, ut divinœ serciant
voluntali, quamvis volenles agant, illius lamen
volunlas est, a quo et prœparatur el jubelur quod
volunt. Can. 23, ibid.
* lia sin^t in vile palmites, ul vili nitiil confé-
rant, sed inde accipianl unde vivant: sic quippe
836
HISTOIRE GliXliRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
raisin est enlO dans la vij^ne; cl que de même
que le sarmenl n'a poinl de vie qu'il ne tire
de la vipfne, et que ce n'est pas lui qui la
donne à la vipne, ainsi l'an et l'autre pro-
fitent aux disciples, et non à Jôsiis-CbrisI,
de ce qu'il demeure en eux, et eux en lui.
— C'est absolument ' un don de Dieu d'ai-
mer Dieu : c'est lui qui a donné afin qu'on
l'aimât; lui qui aime, quoiqu'il ne soit pas
aimé. 11 nous a aimés, loi-sqne nous lui étions
désagréables, et il a fait qu'il y eût en nous
de quoi lui plaire; car il a répandu dans nos
cœurs la cbarité de l'Esprit du Père et du
Fils, que nous aimons avec le Père cl le
Fils, n .
5. Après avoir t?lnbli ces vingt-cinq arli-
ïa"grtM"èi"ii cles, le concile conclut ainsi : (( Nous devons
Ifhre arbitra. ...
donc enseigner et crou-e, suivant les passa-
ges de l'Ecriture rapportés ci-dessus, et les
définitions des anciens Pères, que par le
péché du premier homme le libre arbitre a
tellement été abaissé et ail'aibli, que per-
sonne dans la suite n'ap;i aimer Dieu comme
il faut, croire en lui, oufairelebicn pourlui,
s'il n'a été prévenu par la grâce de la diviue
miséricorde. C'est pourquoi nous croyons
qu'Abel le Juste, Noc., Abraham, Isaac ,
Jacob et tous les autres anciens Pères n'ont
pas eu par la nature celle foi que l'apôtre
Kaint Paul relève on eux, mais par la grâce
de Dieu : et après la venue de Notre-Sei-
S. nltaienls
ia concile
pneur, cette grâce, en ceux qui désireul le
baplôme, ne vient pas du libre arbitre, mais
de la bonté et de la ULéralité de Jésus-
Christ. )) Ils rapportent sur cela un grand
nombre de passages de l'Ecriture, tous tirés
duXouveauTcslament, elilsajoulent : «Nous
croyons aussi que tous les baptisés peuvent
et doivent, par le secours et la coopération
de Jésus-Christ, accomplir ce qui tend au
salut de leurs âmes, s'ils veulent travaillerfi-
dèlcment. Que quelques-.uns soient prédes-
tinés au mal par la puissance divine, non-
seulement nous ne le croyons point ; mais si
quelqu'un le croit, nous le déleslons et lui
disons analhème. Nous confessons aussi que ,
dans toutes les bonnes œuvres, ce n'est pas
nous qui commençons, de manière que nous
soyons seulement aidés par la miséricorde de
Dieu après avoir commencé nous-mêmes;
mais c'est Dieu qui, sans aucun bon mérite
précédent de notre part, nous inspiie sa foi
et son amour, afin que nous recherchions
fidèlement le sacrement de baptême, et qu'a-
près le baptême nous puissions avec son se-
cours accomplir les choses qui lui sont agréa-
bles. D'où il est évident que nous devons
croire que la foi du bon larron que le Seigneur
a rappelé à la patrie du paradis, et celle du
centurion Corneille à qui l'ange du Seigneur
fut envoyé, de même que celle de Zachéc qui
mérita de recevoir le Seigneur même, ne
rilisestinpalmitibus, ut vitale alimenlum submi-
■nislrel eis, vofi sumal ab eis. Àc pcr hoc et ma-
ifutcm in se kabere Clirislum, et manere in Chris-
to , discipulis prodcst ulrunique, non Chrislo :
nam, prœciso palii(ite,polest de viia rndicc alius
pullulnre; qui aulem prœcisus est, sine radiée
non polesl riiere. Caii. i^, pag. 10"1.
' l'rursus doniim Dei est diligere Deitm: ipse
lit ditigeretur dcdit. qui non dileclus diligit. Dis-
jilicentes aniali snmus, ul fierel in nobis unde
placeremus. Diffundil enim charilntem in cordi-
t'us nostris Spinlus l'atris et Filii, quem eum
Pâtre amumus et Ftlio. Ac sic sccundttm supra-
scri/'las sanctaruin Siriiiluraruin scntenlias, vcl
niUiijuorum Valrum dcfiniliones, hoc Veo propi-
tianle ri privdirare dcbcmus et credcre, quod per
peccaluin prinii hoiiiinis inrlinaluni et atletiua-
tuni fuerit liberuiu arbilriiim, tit nullus postea
eut diligere Dtum. sicut opnrluil, aut credire in
Deunx, nut nperaripropler Deum quod boiium est
possit, nisi eum gralia niiscricordiœ d.vinœ pric-
reneril. Cnderl Abeljusto, et i\oe, et Abrabip et
Jiaac, et Jacob, et oinni uutiquorum Patrum multi-
ludini, iUam pracluram fidtm, quant in ipsorum
taude prwdical aposlolus Patilus, non per bonum
nalurw, quodprius inAdam dniumfueriit, sed per
gruliaiii Pci rrcdimus fuisse coUalam: quam gra.
liam, eliam posl adventum Domini, omnibus qui
baptizari desidernni, non in libero arbitrio ha-
beri, sed Chrisli novimus simul et crcdimus lar-
gitale conferri Hoc e.iam secundum /idem ca-
tholicam credimits, quod accepta per bnptismum
gralia omnes baptizali , Chrislo auxitiantc et
coopérante, quœ ad salutem aninuv pertinent,
possinl et debeant,si fideliler laborare voluerinl,
adiniplere. Aliquos vero ad maluni diiina poles-
tate prwdestinntos esse non solum non crcdimus,
sed etiam, si sunt qui lantuni malum credereve-
tint, eum omni deleslalione illis anathema dici-
nius. Hoc etiam saiuhriter profucmur et crcdi-
mus, quod in unini opère bonu non nos incipi-
nius, et postea pcr Dei misericordiam adjutamur:
sed ipse nobis, nullis prucedenlihus bonis meri-
tis, et fidem et amorem sui prius inspiral, ut et
baplismi sacramenla fideliler rcquiramus.etposl
bapiisnium eum ipsius adjuturio ea quœ sibi sunt
placita implere pussimus. Unde manifestissime
credcnduni esl, quod et illius latronis, quem Do-
viivus ad pnradi!-i palriiim revocatil, et Cornclii
cenlurionis ad qutni angélus Domini missut est,
cl Xacchœi. qui ipsuni Dominum suscipere me-
mil, illa tant admirabilis fidcs non fuit de nalu-
ra. sed divinœ largilatis dor.um. C.nn. 2.1. pag.
1871.
IVI* SIECLE.
CHAPITRE LXXXVI.
i>' CONCILE UOnANGE.
s:j7
.\uroril4 du
■«eondooDcile
d'Oraagfl.
venait pas de la nature , mais de la libéralité
de Dien. n Les l'vèques, non conlenis de
souscrire j'i cette dùlinillon de foi , y firent
encore souscrire plusieurs laïques de la pre-
mière condition, qui avaient assisté à la cé-
rémonie de la dédicace. Leur but en cela fut
que celle délînition de foi servirait aussi à
désabuser ceux des laïques, que lessémipc-
lagiens auraient pu infecter de leurs erreurs.
Les laïques qui souscrivirent sont au nombre
de huit, tous qualifiés iUuslrcs, donl le pre-
mier est le patrice Libère, préfet du prétoire
des Gaules.
6. Saint Césaire, qui avait présidé ce con-
cile, en envoya les Actes à Rome par Ar-
ménius, prêtre et abbé, pour faire approu-
ver ce qu'on avait défini sur la matière de la
grâce. Le pape Félix IV occupait alors le
Saint-Siège; ce pape étant mort avant l'ar-
rivée d'Arméuius à Rome, Bonifiice II, qui
lui succéda , répondit A la lettre de saint
Césaire, le 8 des calendes de février, sous
le consulat de Lampadius et d'OresIe, c'est-
à-dire, le 2o janvier 330. Non-seulement il
approuva la doctrine établie dans le concile
d'Orange, mais il produisit lui-même plu-
sieurs passages pour l'établir de nouveau,
témoignant son étonnemeut de ce qu'il y
avait encore des personnes qui errassent
dans une matière si clairement développée
dans les saintes Écritures. Il finissait sa
lettre en disant à saint Hilaire ' : « Nous
espérons de la divine miséricorde qu'elle
opérera tellement par la doctrine que vous
venez d'établir , et par votre ministère ,
dans le cœur de tous ceux que vous nous
avez marqués être d'un sentiment contraire,
qu'ils reconnaîtront à l'avenir que toute
bonne volonté vient de nieu, et non d'eux-
mêmes, selon ce que dit l'Ixrilure : C'est If
iicigncur qvi pri'jjare la volonté. » Le Père
Sirmond , dans ses JS^otes sur le concile
d'Orange, déclare qu'il a trouvé dans plu-
sieurs manuscrits anciens, «'i la tête de la
lettre du pape Boniface que nous venons de
ciler, ces paroles : u Ce concile d'Orange a éfi-
confirmé ' par un décret du pape Boniface, et
quiconque aura d'autres sentiments que ceux de
ce concile et de ce décret du pape, doit savoir
qu'il est opposé au Saint-Siège apostolique et à
l'Eglise universelle. On avait supprimé celte
noie dansl'édilion royale des conciles; mais
le Père Labbe a eu soin de la remettre à la
suite du concile d'Orange dans son édition
de I67I. Le même Père Sirmond , dans ime
autre noie, dit qu'il était important' de faire
voir que ce concile d'Orange qu'on avait cru
autrefois avoir été célébré sous le pontificat
de saint Léon, ne s'est tenu qu'en cette
année o2'J, à cause de plusieurs personna-
ges éminents en science et en piété, qui
avant le concile ont paru favoriser dans les
Gaules les sémipélagiens, donl les erreurs
furent enfin proscrites et anathémalisées
dans ce concile confirmé par l'autoiilé du
Saint-Siège apostolique. « Ce concile, ajoute
ce Père, termina enfin la dispute si impor-
tante, qui durant plus de cent ans avait
échaufi'é, les uns contre les autres, des hom-
mes très-saints et très-savants de part et
d'autre; et ce fut par l'autorité de saint Au-
gustin, et à l'avantage de sa doctrine, que
tout ce difïérend fui apaisé par ce concile. »
On demandera peut-être comment le Père
' Speramus de misericordia divina, quod ita,
per minislerium tuœ fraternitatis atque doctri-
nam, in omnium, quos dissenlire mandasli, dig-
nabitur cordihus openiri, iit ex hoc omnem bo-
nam voluntnCem non ex se. sed ex divina creddnt
gratta propcùci, cum se senserint idjam telle de-
fendere, quod nitebantur perlinaciler impugnare.
Scriptum est enim : Prœparatur voluutas a Do-
mino. Bonif., Epist. 2 ad Cœsar. Tom. IV Concil.,
pag. 1CH9.
' In Codice Fossatensi unde a nobis illa Epistola
Bonifacii excerpta est, et in allero consintili qui
extat in bibliotheca Snnctœ Mariœ Laudunensis
epistola synodo ipsi Àrausicanœpropier reveren-
tiamSedisapostolicœ pr(rponitur,.et epislolœ bre-
visde synodi ejusdein aulhoritate prœftxa estad-
notatio bis vérins: lu lioc loco contiuetur syno-
dus Arauîics, quam per authoritatem sanctus Papa
Bonifacius confirmavit. Et ideo quicumque aliter
de gratia et libero arbitrio credid»rit, qiiara vel
ista authoritas continet, Tel iu illa synodo constitu-
tum est, contrarium seSedi apostolicfe et univer-
sfB per totuui luuadum Ecclesias esse coguoscal.
Le Père Labbe ajoute: Qiibe Sirinundi verba iu
regia collectione ?uldueta nos tiic reponendacur -
viujus. Tom. H' Concil., pag. 1673.
' Intererat autem conciliiim istud. quod Leo-
nis olim pnpœ teniporibus asferebatur, ad liœc
potius tempora di/l'crri, propUr mult s doctrina
et pielate jirœstantes viros, qui spatio interjecto
fiirere in Gnllia visi sunc semipelagianis, quorum
placila in liac demum synodo quam Sedis apos-
tûlicœ auctoritas comprobavit, penitus explosa
ac rejecta sunt. Siim., tom. I Concil., pag. COo.
Cœteruni gravi ac diuturnip, quœ sanclissimos
et doctissimos utrimque viros in Galtia centum
amplius annos exercuil, fin-^m postea tandem at-
tulit synodus Arausicana II, quœ tolum de gra-
tia et libero arbitrio controversiam ex S. Àugus-
(ini sententia composuil. Ibid.. pag. 14S.
838
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Cone'le (1«
Vllrnce CD
bl9. Tom. IV
CoDcil., pag.
1978. L(£Mr.
Vni, ht.. I,
num. Sj.
VatsoD eu S^t
Tom. i\ Con-
cil-, i>. It<:».
Sirmond a pu appeler très-saints des liom-
mes qu'il reconnaît avoir été infectés de
l'erreur des sémipelagiens? A quoi l'on peut
répondre que ceux qui étaient dans ces senti-
mentsnc faisaient pas uncorpssépnré, comme
les autres hérétiques ; ^Jii'on ne les regardait
point comme hors de l'Église, et qu'ils ont
été seulement repris d'avoir trop donné à
la nature dans les matières de la grâce.
7. On met en la même année 529 un con-
cile ;\ Valence dans la Gaule viennoise, qui
est compté pour le troisième de ceux que
l'on a tenus en cette ville. Les Actes en sont
perdus ; mais on voit par un fragment qui
en est rapporlé dans la Vie de saint Cisnire
par le diacre Cypricn, que les matières de
la grâce y'furent encore agitées, et que saint
Cyprien, évêque de Toulon, prouva par l'au-
torité des divines Écritures, et par les té-
moignages des anciens Pères de l'Église, que
l'homme ne peut rien faire dans l'ouvrage
de son salut, s'il n'est auparavant appelé
par une grâce de Dieu prévenante ; et que
c'est alors qu'il reprend sa véritable liberté,
lorsqu'il est délivré et racheté par Jésus-
Christ. Saint Césaire ne put assister k ce
concile, parce qu'il se trouva malade ; mais
il y envoya des prêtres et des diacres.
8. Sa santé s'étant rétablie, il fut en état
de présider au concile de Vaison, qui se tint
aux noues de novembre, sous le ctmsidat de
Décius, c'est-à-dire le 7 novembre deTanoSO,
le quatrième du pontificat de Félix, et du rè-
gne d'Athalaric, roi d'Italie. Ce concile avait
été indiqué deux ans aupaiavant dans le
concile de Carpenlras , et les évèques qui
l'avaient indiqué s'y trouvèrent au nombre
de douze. Leur premier soin fut d'ordonner
la lecture des anciens canons, suivant la
coutume, .\ucun des évèques présents n'y
ayant donné atteinte, tous eu rendirent
grâces à Dieu, et le bénirent de ce que cette
assemblée n'avait servi qu'à se donner mu-
tuellement des témoignages d'amitié, et à
entretenir la charité. 'Toutefois, pour ne pas
se séparer sans qu'il en revînt quelque chose
à l'édification de l'Église, ils dressèrent cinq
canons pour le règlement de la discipline,
et principalement pour l'arrangement de
l'olUce divin. Le premier porte, que suivant
l'usage établi ' salutairement en Italie, tous
les prêtres de la campagne recevront chez
eux les jeunes lecteurs qui ne sont point
mariés, pour les élever et les nourrir spiri-
tuellement, comme de bons pères, leur fai-
sant apprendre les Psaumes, lire les divines
Écritures, et les instruisant dans la loi du
Seigneur, afin de se préparer dans ces jeu-
nes élèves de dignes successeurs, et de rece-
voir pour celte bonne œuvre des récompen-
ses élcrnclles de la pari de Dieu. Le canon
ajoute que, lorsqu'ils seront venus à l'âge
parfait, si quelqu'un d'eux par la fragilité de
la chair veut se marier, on ne lui en ôtera
paslepouvoir. Le secondpcrmelaux prêtres',
pour l'édification de toutes les églises et
pour l'utiliti!' de tout le peuple, de prêcher
non-seulcmcnl dans les villes, mais dans
toutes les paroisses de la campagne ; voulant
que, si quelque infirmité empêche le prêtre
de prêcher, les diacres récitent à haute voix
les homélies des saints Pères, cela leur étant
bien permis, puisqu'ils peuvent même lire
l'Évangile dev;mt le peuple. Il est ordonné
dans le troisième, qu'a l'exemple du Siège
apostolique ' el des provinces d'Orient et
Caii.
I Hoc enim placnil, ut omnes presbyleri, qui
sunt in parochiis conslitxtti, secuiuluiii coiisuelu-
liinem. quam jicr lotnm Jtaliuin satis satubriler
leiieri cofjiwiimm, jiiiiioies tectores quanloscum-
que Aine uxore habiieriiil, secum in domo, uln
ipsi habilare iiUeiUur,recipiant ; el eos quomodo
boni iialr(s spirilalitcr nulrictUcs, psulinos pa-
rure, (liiinis Icfliniiibus insisiere, et in lege Do-
mini erudire contendanl : ut el sibi diguos suc-
cessores provideant, et a Domino prœmia ivler-
1IO recipianl. Cum vero ad celalem pcrfrctam per-
venertnl, si aliqnis eorum pro rarnis fiaijililate
iixnrem liabere voluerit, poleslas ci ducendi coa-
juflium non negclur. Can. 1, lom. IV Concil., pag.
1679.
' Hoc eliam pro œdipcalione omnium Ecclesia-
rnw. ri pro ulililate totiuspopnli, vohis ]ilocitit,
ni non solum m civilatthus.siul pii(nn in omnibus
parorhiis verbnm faciendi dnrnnuf presbylrris
poteslalent : ita ni, si presbytcr, aliqua infirmi-
tate prohibenle, per scijisuni non polucrit pnedi-
care, sanclonnn patrum honiiliœ u diacunibus
recitenltir. Si enim digni sunl diacones quod Chris-
lus in Eiangelio locutus est légère, quare indigni
judirenlur sanctorum Pntrnm cxpositiuncs pu-
bliée rccitare ? Can. 2, iiaj;. 1680.
» f( quia lam in Sedc apostolica, quam eliam
fier tolas Oricntulcs atquc Ilaliœ provincias, dul-
cis et nimium snlutaris consuetudo rsl inlromis-
sa, ul Kyrie oleifou frequcnlius cum grandi af-
feclu et compunclione dicalur; pliicuil eliam no-
bis, ul in omnibus erclesus nostris ista lam sanc-
ta confiutiudo, et ad matulinuni, tl ad missas, et
ad vesperam, Deo propiliii, inlromillalur. El in
omnibus missis, seu in nialulinis, sm in quadrn-
grsimnlibus, seu in iltis qUiV pro drfunrtorum
lommcmornlinne fiunt, semper: .^nu'lus, siiKiiif,
Muclus, co ordinc, quomodv nd witfos publicas
C^nrils de
ToIèdeen'i3t.
Tom. IV CoD-
eil., p. 1134.
[VI* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXM.
d'ilalic, où l'on dit souvent Kij rie eleison avec
une grando dévotidii, on le dira dans touies
les églises de la dépendance desévôtjues du
concile, à luulines, ;\ la messe et à vêpres;
et qu'à toutes les messes, môme de Caièiuc
et dos morts, on dira trois fuis Sanctns,
comme aux messes publiques ; une i)arole
si sainte ne pouvant produire de dégoût,
qxiand mcnio on la prononcerait jour et nuit.
Le quatrième ordonne de faire méuioirc ',dans
toutes les églises, du pape qui occupera alors
le Sainl-Siége; et, parce que c'était l'usage
non-seulement à Rome, mais* aussi partout
l'Orient, en Afrique et en Italie, d'ajouter,
après Gloriu Put ri, etc., sicut erat in princi-
pio, etc., k cause des hérétiques qui disent
que le Fils de Dieu n'a pas toujours été avec
le Père, mais qu'il a commencé dans le
temps, on ordonna dans le ciuquième canon
que cet usage serait suivi dans les provinces
du ressort du concile, à cause que les ariens
y dominaient.
ARTICLE VI.
CONCILE DE TOLÈDE [.o31].
1 . Sous le pontificat du pape Boniface II ,
la cinquième année du règne d'Amalaric, le
17 mai 531, Monlan, évêque de Tolède, y
tint un concile, assisté de cinq autres évo-
ques d'Espagne. Après avoir conféré ensem-
— CONCILE DE TOLEDE.
83«
ble sur les instituts des Pères, et les décrets
des anciens conciles, il leur parut raisonna-
ble de remettre en vigueur ceux que l'on
avait négligés, et d'en faire de nouveaux
pour la perfection de la discipline de l'É-
glise : ils sont au nombre de cin(i, dont le
premier marque en cette manière les inters-
tices des ordinations. Ceux qui dès l'enfance • cm.
seront destinés à la cléricalure par leurs pa-
rents, recevront d'abord la tonsure ; puis on
les mettra au rang des lecteurs, pour être
instruits dans la maison de l'église sous les
yeux de l'évéque, par celui qui leur sera
préposé. Lorsqu'ilsaurontdix-huit ans accom-
plis, l'évèquc leur demandei'a ', en présence
du clergé et du peuple , s'ils veulent se ma-
rierou non. — [^Quesi, acceptantavec amour la
grâce de la chasteté que Dieu leur aura ins-
pirée], ils promettent librement de garder
la continence [ sans jamais s'engager dans
les liens du mariage], on les fera sous-dia-
cres à l'âge de vingt ans. A vingt-cinq ans ac-
complis, s'ils se sont conduits sagement [et
que révoque les juge capables de remplir les
fonctions d'un ordre plus élevé], il les ordon-
nera diacres, [à condition toutefois qu'ils se
gardent bien d'oublier leur promesse , et de
revenir sur leurs pas en contractant un ma-
riage terrestre ou en se livrant à un concu-
binage secret. S'ils le font'], ils seront re-
gardés comme sacrilèges, et chassés de l'é-
(licitur, dici debeat : quia lam sancta, el tam
(lukis el (tesiderabilis vux, eiiamsi die nocttiqiie
possit dici, fastidium noji polerit generare. Cau.
3, ibid.
' Et hoc nobis jitslum ristun est, ut nomen Do-
iiiini Papœ, quicumque Sedi apostol.cw prœfuerit,
in nostris ccclesiis recitetur. Cau. 4, ibid.
- Et quia non soltim in Sede .iposlolica, sed
etiam per totum Orientent, et iotain Africam, tel
Jlaliam, propler tiœrelicoruni aslutiam, qui Dei
Filium lion semper cum Paire fuisse, sed a tem-
pore cœpisse blasphémant, in omnibus clausulis
post Gloria, sieut eral in principio dicitur, etiam
el nos in unirersis ecclesiis nostris hoc ita dicen-
dum esse deccrnimus. Can. à, ibid.
" De his qnos voluntas parenlum a primis in-
fantile annis clericalus officio mancipavit, statui-
mus obsercandum. ut mox cum delonsi, vel nii-
nisterio electorum contraditi fuerint, in donio
ecclesiœ, sub episcpali prœsenlia, a prœposito
sibi debeanl erudiri. At ubi oclavum, decimum
(Ptatis suœ compleverint annunt, coram tolius
cleri plebisque conspectu, volutitas eorum de ex-
pelendo conjuqio ab episcopo perscrutelur. Qui-
hus si gratia castitatis, Deo inspirante, placuit.
et professionem caslimoniœ suœ, absque conju-
'jali necessilate, se spoponderint servaluros, ht
tanquam appelitores arciissimœ viœ, lenissimo
Domini suo subdantur : acprimum subdiacoiia-
tus ministerium hibitu probationis suœ a vicc-
simo anno suscipiant. Quod si inculpabililer ac
inoffense vicesinnim el quinlum annum œtatis
suœ peregerinl,ad diaconatus offlcium, si scienler
implere posse ab episcopo comprobantur, promo-
veri debent. Cavendum tamen esi his, ne quando
suœ sponsionis immemorcs, aut ad terrenas nup-
lias, aut furlivos concubitus ultra recurranl.
Quod si forte fecerint ; el sacrilegii rei damnen-
tur, et ab ecclesia habeantur extranei. Uisaulem
quibus voluntas propria, interrogalionis tempore.
desideriumnubendipcrsuaseril,concessa]n abapos-
tolis sententiam (licenliam] auferre non possu-
mus:ita ut cum perfectœ (provectœ) œlals in
conjugio positi , renunliaturos se pari consen-
su operibus cartiis spoponderint, ad sacralos
gradus aspirent. Cau. I, tom. I\' Concil., pag. 1733.
'■ D. Ceillier avait traduit aiDr;i cette plirase et la
suivante: « L'évéque leur demandera, en présence
du clergé et du peujjle, s'ils veulent se marier ou
non, n'étant pas permis de leur ôter la liberté ac-
cordée par l'Apôtre S'ils piùmetteiit librement de
garder la continence, on les fera sous-diacres, etc. ••
11 suffit de jeter les jeu.\ sur le texte latin, pour voir
combien lelte traduction était défectueuse et même
infidèle. (L'éditeur.
•^ D. Ceillier avait traduil ; o Mais en veillant
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Lmte do
Unnlao, irh-
QU« d« Tolè-
rffl. Ttm. IV
Num xi.tr..
840
glise. [Quant à ceux qui, de leur volonté pro-
pre, dans le moment où ils auront été inter-
rogés, auront exprimé l'intention de se ma-
rier dans la suite], nous ne pouvons leur oter
la liberté accordée par les apôtres ; tellement
que si, arrivés plus tard à un âge mùr, ils
promettent, quoique mariés, de garder la
chasteté du consentement de leurs femmes,
ils pourront aspirer aux ordres sacrés. — 11
est dit dnns le second Canon, que ceux qui
auront' été ainsi élevés dans leur jeunesse,
ne pourront, en quelque occasion que ce soit,
quitter leur propre église pour passer à une
autre, et que l'évèque qui les recevra sans
l'agrément de celui sous les yeux duquel ils
auront été Instruits, se rendra coupable en-
vers tous ses confrères ; parce qu'il est dur
qu'un évéque ôte à son confière nn jeune
liommequecnlui-cia lire de la rusticité, et de
la crasse de l'enfance. — Le troisième re-
nouvelle les anciens Canons touchant la dé-
fense faite aux clercs d'avoir chez eux des
femmes, autres que leurs proches parentes.
— Le quatrième permet aux clercs qui se
seront fait des métairies ou des vignobles
sur les terres de l'Église pour s'aider à sub-
sister, d'en jouir pondant leur vio, mais h la
charge de ne pouvoir en disposer par testa-
ment ou droit de succession après leur mort
en faveur de personne, si ce n'est que l'évè-
que leur ait donné ces terres à condition de
rend;e des services ou certaines redevances
à l'Église. — On défend dans le cinquième
les ruariages entre parents, et on y étend
cette défense, tant ' que la parenté se peut
connaître. Deux autres évêques venus depuis
à Tolède, savoir Xébridius d'Egaré, et Juste
d'Urgel, souscrivirent aux décrets de ce con-
cile.
2. Ces décrets sont suivis d'une lettre de
Montan évêque de Tolède, aux chrétiens du
territoire de Palenza, contre des prèties qui
s'i'taiont donné la liberté de consacrer le
saint chrême contre l'usage de l'Église, qui
réserve ce droit aux évêques. Il renvoie ces
prêtres au livre des Nombres, pour y ap-
prendre l'origine de leurs prérogatives et de
leur honneur dans l'établissement des soi-
xante-dix vieillards que Dieu donna à Moïse,
pour lui aider dans le ministère et dans le
gouvernement ; et leur dit que le Seigneur,
en les donnant pour aides dans le travail
qu'il a imposé aux évêques, a voulu qu'ils
leur fussent inférieurs en dignité, et qu'ils
s'abstinssent de certaine? fonctions sacrées.
Sur quoi il leur met devant les yeux les châ-
timents dont Dieu punit Coré, Dathan, Abi-
ron, Ûzias et Aza, pour avoir entrepris de
faire ce qui n'était pas de leur office.
(> Ignorez-vous, ajoutc-t-il, les règles des an-
ciens Pères, et les décrets des conciles, où
il est ordonné que les prêtres des paroisses
iront eux-mêmes chercher tous les ans le
saint chrême, ou qu'ils y enveiront leurs
sacristains, et non pas des personnes viles,
pour le recevoir de la main de l'évèque ? Il
me semble qu'en vous ordonnant de le venir
quérir, ils vous ont ôté le pouvoir de le con-
sacrer. )) 11 les menace d'analhème, si à l'a-
venir ils entreprennent quelque chose de
semblable ; consentant de les laisser jouir
de tous les privilèges de leur ordre, pourvu
qu'ils n'entreprennent point sur les fonc-
tions épiscopales; voulant bien encore, en
cas qu'ils se trouvent malades dans le temps
pascal, leur envoyer le saint chrême sur la
dcmajide qu'ils lui en feront par lettres. Ces
prêtres avaient aussi appeh; des évêques
étrangers pour la consécration des églises
de leurs paroisses. Montan leur défend d'en
user ainsi dans la suite, disant qu'encore
que tous les évêques soient unis eu Jésus-
Christ par un même lien, il faut conserveries
privilèges et l'ordre des provinces. « C'est
pourquoi, contiuue-t-il, nous avons ordonne
que, lorsqu'il y aura quelque église ù con-
sacrer, vous nous en donnerez avis par let-
tres, alin que celle consécration se fasse ou
par nous, ou par celui des évêques que nous
aurons choisi. » Il traite de folie l'attache-
ment qu'ils avaient aux prisciilianistes, qu'il
accuse de plusieurs infamies, et qu'il dit
sur eux afiu qu'ils ne se marient point et qu'ils
n'aient aucuu couiuicrte secret avec dos femmes.
S'ils sont conviiiiiciis de cette l'aulc, etc. u Même
observation .'i faire que ci-dessiis. [^L'édileur.)
' ilimililer placml cuslodire, ne qui lie liis qui
lali educalioneimbituntiir, qualihel occasioni-co-
ijenle, prnpriam relinqutntes eccttsiam, ad uUain
tratisiic prwsumant. Lpiscopus lero, qui cas aus-
npere nbsquc l'onsdenti'' proprii saccrdotts for-
tasse prœsumpserit, totius fralernitalis reum es-
se noient. Quia duruiii est, ut eum, qurin alius
rumli scn.su ac tquatore infa)tliir rxuil, alius
suscipcrc, aiil rendicare privsuiiial. Can. 2, ibid.
' l\ainel hœr salubnler prtvcavendn sancimus,
ne quis fidelium propinquam sanguinis sui, «s-
quiquo (illinilutis lineamenla, grnerts successionc
co(jnoscil, in niatrimonm fihi drsiiferet mpulnri
Cnn. .S, ibid.
Anlrç l6Ur*
■ •Vbid.
IV CoQ-
Atilii con»
Ile do Rome
.531, pair,
«91. Fremië-
i Séance.
[vi« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. -
avoir été condamnés et par les saints évé-
qiins cl par 1ns princes du monde et afin
iprils piiisseiil se convaincre ])ar eux-mêmes
des cireurs de celte secte, et les réfuter, il
leur conseille de lire les livresque l'évèquc
Turibius avait composés sur cette matière,
et envoyés ii salut L(''on.
3. L'évèquc Moulan éciivil une seconde
lettre adressée à Turibius, gouverneur de la
province : c'était un bomme zélé pour la foi
catholique, qui dés les premières années de
sa magistrature avait su rendre à César ce
qui était à César, et à Dieu ce qui est à
Dieu. Par ses soins les idoles se trouvaient
sans adorateurs, et la secte despriscillianistes
presque confondue : Il avait aussi, par ses
travaux infatigables, fait rendre par des
peuples féroces l'obéissance due anx princes.
Montan lui fait part do ce qu'il avait appris
des dérèglements des prêtres du territoire
de Palenza dans la consécration du saint
chrême et des églises, et le prie d'employer
son autorité pour maintenir les évoques
chacun dans leurs droits, sans permettre
qu'il se fasse rien dans l'Église contre les
anciennes contumes.
ARTICLE VII.
DES CONCILES DE ROME [o30-531J.
Le pape Félix étant mort le 12 octobre 329,
on élut pour lui succéder Boniface II. Un
parti opposé élut en même temps un nommé
Dioscore : ce qui causa un schisme, mais qui
ne dura qn'environ un mois , Dioscore étant
venu à mourir le 12 novembre de la même
année. Boniface, se voyant ainsi paisible pos-
sesseur de son siège, assembla un concile dans
la basilique de Saint-Pierre, où il fit signeraux
évêques un décret qui l'autorisailàse choisir
un successeur : il nomma le diacre Vigile, que
les évéqucs du concile promirent par serment
de reconnaître. Le pape, s'apercevant qu'il
avait en cela contrevenu anx saints canons,
et blessé la dignité de son siège, assembla
un autre concile, où il fit casser le décret du
premier, et le brûla en présence de tous les
évêques, dn clergé et du sénat.
2. En 531, après le consulat de Lampadius
et d'Oreste, le 7 décembre, le pape Boniface
tint un troisième concile à Romedans le con-
sistoire de saint André, qui était au Vatican,
près de l'église de Saint-Pierre : les Actes
nous en ont été donnés par Holsténius sur
un manuscrit de la Biblothèque Vaticane.
CONCILES DE ROME.
H4I
Quatre évéqucs assistèrent à ce concile, et
parmi eux se trouvait .Abundantius de Dé-
nu'lriiide en Thcssalio ; les trois autres
étaient d'ilalie. 11 s'y trouva f(uarante prêtres
et quatre diacres. Le concile (îtant assemblé,
le premier des diacres, nommé Tribun, dit
que Théodose , évèque d'Ech.ine en Thcs-
salie, demandait i\ entrer. Le Pape l'ayant
pci'mis , Théodose présenta une requête de
la part d'Etienne, évêque de Larissc , mé-
tropole de Thessalie, où il disait ([u'il avait
ét(' élu évoque de Larisse, après la mort de
Pioclus, son prédécesseur, par le choix du
clergé et du peuple; que de trois sujets
qu'ils avaient choisis, il était celui que l'on
avait préféré; et que le décret de son élec-
tion ayant été souscrit, il avait été ordonné,
suivant l'ancienne coutume, h Larisse même,
comme métropole de Thessalie, où le con-
cile de la province s'était assemblé pour cette
ordination. » Je fus, ajoutait-il, ordonné du
consentement de tous, entre autres de Pro-
bien , évêque de Démétriade, qui fit mon
éloge dans l'église. Cependant le même Pro-
bien, avec Antoine, prêtre et économe de
mon église, et Démétrius, évêque deSciate,
sont allés tout d'un coup i'i Gonslantinople
foimer une accusation contre moi devant
l'archevêque Epiphane, disant que mon or-
dination était illégitime, et prétendant faire
ordonner un autre évêque à ma place. »
Etienne disait ensuite qu'Epiphane, sans l'a-
voir entendu , et sans avoir de preuves ,
l'avait par ses lettres suspendu de ses fonc-
tions et de la communion des évêques de la
province et du cleigé de son église, sans lui
permettre même de tirer sa subsistance de
ses biens , avec ordre de venir à Constanli-
nople avec les évêques qui l'avaient ordonné ;
que le diacre André lui ayant signifié toutes
ces choses de la partd'Epiphane, il avait dé-
claré, par un acte public, que s'il devait être
jugé sur son ordination, ce ne devait pas
être à Constantinople, mais à Rome, devant
le Pape et le Saint-Siège; mais que, sans
avoir égard à sa demande , on l'avait mené
à Constantinople malgré lui, où on l'aurait
mis en prison, si des personnes charitables
n'avaient promis de le représenter. « C'est
pourquoi, concluait-il en s'adressantauPape,
j im ploie votre secours, vous qui devez main-
tenir les canons et les décrets de votre Saint-
Siège dans toutes les_églises, mais principa-
lement dans votre province d'IUyrie. » Après
qu'on eut fait la lecture de cette requête,
843
HISTOIUE GENERALE DES
Abundantius, évoque de Démélriade, se leva
el dit que l'robien dont il s'agissait avait
usurpé son église , qu'il ne devait pas être
nommé évêque, et il demanda justice contre
lui. Théodose d'Écliiuc présenta ensuite une
seconde requête d'I'^lienne de Larissc, oii il
disait que rarclicvéque Kpiphane ayant as-
semblé les évêques qui se trouvaient à Con-
stantinople, il avait encore déclaré que c'était
par le Saint-Siège qu'il devait être jugé, sui-
vant l'ancienne coutume de la province ; mais
qu'Épipbane ne l'avait point écouté ; que, pré-
tendant cire juge des Églises de Tliessalie, il
avait.avecles évêques de son concile, donné
une sentqnce qui le suspendait des fonctions
du sacerdoce. « 3é le priai , disait encore
Ktieune, de ne rien prononcer contre moi,
que vous ne fussiez informé de l'alfaire : cette
remontrance n'a fait que les aigrir, comme si
je diminuais les droits de l'Église de Constan-
tinople, en osant nommer le Saiut-Siége.
J'ai soutenu, en cûet, que l'autorité du Saint-
Siège, qui a été donnée au principal d'entre
les apôtres par no'tre Dieu ' et notre Sau-
veur, surpasse tous les privilèges des autres
Églises, qui n'ont une véritable paix que dans
la confession de la foi de celle de Rome. On
ne laissa pas délire la sentence portée contre
moi; j'en ai appelé à vous : ils m'ont mis
sous la garde des défenseurs de l'ICglisc.
Mais des gens craignant Dieu, ayant pitié de
ma misère, parce qu'ils me voyaient aban-
donné de tous côtés, ont répondu pour moi,
en iiromettant, sous une grosse amende, que
je ne sortirais point de Coustantinople : car
ceux qui me persécutent ont grand soin
d'cmpêclicr que je n'aille me jeter aux pieds
de votre Sainteté pour y iccevoir quelque
miséricorde. » Le pape Boniface ordonna
d'enregistrer dans les annales ecclésiasti-
ques tout ce qu'on avait lu, et mit fin i\ cette
première session, parce qu'il élail tard.
smodii. 3. Dans la seconde, (pii se tint deux jouis
î.rt.'ïï'si."'' après, c'est-à-dire le 'J décembre, Tbéodoso
d'Echiné présenta une troisième requête au
au nom d'Elpide, d'Etienne et de Tiraotliée,
tous trois évêques de la même province de
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Tliessalie, qui formaient des plaintes tou-
chant la sentence rendue à Coustantinople
contre leur métropolitain, au préjudice de
la juridiction du Saint-Siège, dont ils implo-
raient le secours. Le notaire Menas lut cette
requête à haute voix par ordre du pape Bo-
niface; elle contenait l'appel que ces trois
évêques avaient interjeté au Siège apostoli-
que de la sentence prononcée contre Etienne
de Larisse. Après la lecture de cette requête,
qui fut aussi enregistrée, le Pape ayant de-
mandé si l'on n'avait plus rien h dire dans
cette cause , Tliéodose d'Ëchinc dit par son
interprète : « Vous voyez par la lecture de
ces requêtes ce qui a été fait contre les ca-
nons et les décrets de vos prédécesseurs.
Car il est certain qu'encore ' que le Saint-
Siège s'attribue à bon droit la primauté de
toutes les Églises du monde , et qu'il soit
nécessaire d'en appeler à son tribunal seul
de tous les endroits dans les causes ecclé-
siastiques , il a un droit particulier pour
gouverner les Églises d'IUyrie. Et quoique
vous connaissiez les lettres de tous vos pré-
décesseurs, je produis les copies de quel-
ques-unes , que je vous prie de faire vérifier
sur vos archives. Boniface l'ayant ordonné
ainsi, on lira ces lettres des archives, et
elles furent lues par le notaire Menas. 11 y
eu a deux du pape Damase à Aschole de
Tliessalonique; une de Silice à Anysius; deux
d'Innocent, dont l'une est à Auysius, et l'au-
tre à Rufus ; cinq de Boniface , savoir trois à
Ilufus, et deux aux évêques de Tliessalie;
la lettre d'Houorius à Théodose-lc-Jeune
avec la réponse de ce prince ; une du pape
saint Cèlestin aux évêques d'illyrie; quatic
de Sixte III , l'une à Périgène , l'autre au
concile de Thessaloiiique , la troisième à
Proclus, et la quatrième à tous les évêques
d'illyrie; la lettre de l'empereur Marcien au
pape saint Léon, sur la ilignité de l'Église
de Constuutinople ; et sept lettres de saint
L('ou, tant à ce prince, iju'à Anatolius de
Coustantinople, et à divers évêques de l'Il-
lyrie et de l'Achaïe. On en lut encore d'au-
tres, que nous ne connaissons pas, parce que
' Quod diclum magia eos adversum me ampUus
incilavit ; pulanlcs de sacrariim ecrlesiarum re-
giœ urbisjurc aliquid miuui, quod ego apostoti-
cam vestram Sedcm lisits sum nominasse. Elc-
nim dixi: Quia amtoriUi.s Sedis nposlulicœ, f|im' a
Peo f't Salvnlnrc iinslni eiiinnio .n|inptr\loniiii data
eft , umnilnis saiirtanuii Ei'<.li»5innim iirivilpRiis
aiileceUit : in euju< ( niifo.=j-ioiie ouiues mundi f-
quii'.-ciinl F:(!'Iofia>. Toiv. IV Conril., [>ag. IfiOiî.
' A'nm constat vcncrnndos Sedis vtslrir ponlifi-
ces, quavtris in loto wundo Sedes apostolica cc-
clrsiarum sibijure vitidicelphncipalum, et solnw
ecclesiaslicis cuusix undiqiic appellare nrcrsse sil :
spcciiiliter tnwcn gulicrnationi suir lU>jrir\ Kirle-
sin$ vindicnffr. Il-iil. png. IBOf».
CHAIMTHE LXXXVl.
I CoDf4reoc«
PD Î>IJ.
IVCon.
. !.. r.a.
remier
; lacoti-
t-1 r«f-
[Vl" SIÈCLE.]
les Actes de ce concile do Rome ne sont pas
venus entiers jus(iu';\ nons : de là vient que
TUMis ne savons |)as ce qui y fui juyé louchant
l'allaiie d'Klienne de Larissc.
AUTICLE VIII.
DE I.A CONFÉRENCE DES CATUOLIOUES AVEC LES
ORIENTAUX Ci; SÉVÉniENS, A CONSTANTINOPLE
[533].
1 . L'empereur Justinien, qui avait succédé
à Justin son oncle dans le j;ouvpineaient de
l'empire en o27, voulant ramener à l'unité
de l'Eglise les sévériens, (il venir ;\ Constan-
tinople des évèques de part et d'antre, pour
coid'érer ensemble siu' les divers articles qui
les désunissaient. Il appela, du côté des
catholiques, Hypacc archevècpic d'Kphèse ,
Jean de Vésine, Innocent de Maronie, Etien-
ne de Séleucie , Antoine de ïrébisondc et
Démétrius de Philippi. Ceux qu'il fit venir du
parti des sévériens étaient Sergius de Cyr,
Thomas de Germauicie , Philoxène de Duli-
chium , Pierre de Tliéodosiople , Jean de
Constantine, et Nonnus de Cérésine. Quoique
Démétrius de Philippi fût à Constantiuople
lors de la convocation de cette assemblée , il
ne put en être, parce qu'il tomba malade.
Avant qu'elle se tint, Justinien iit venir les
évèijues, et les exhorta à conférer ensemble
avec beaucoup de douceur et de patience,
ajoutant que la dispute ne se tiendrait pas
en sa présence , mais en celle du patrice
Stratégius, qu'il avait nommé pour y assister
de sa part.
2. L'assemblée se fit dans une salle du pa-
lais.'Il ne s'y trouva que ciuq évèques catho-
liques , au lieu qu'il y en eut six de la part
des sévériens , avec un grand nombre de
clercs et de moines: mais avec les cinq évè-
ques catholiques étaient Eusèbe prêtre et
trésorier de la grande église de Gonstanti-
nople , Héraclien et Laurent, prêtres et syn-
cellcs du patriarche Epiphauc ; Hermésigène,
Maguus et Aquilain, prêtres, économes et
députés d'Antioclie ; Léonce , député des
moines de Jérusalem. Tous s'étant assis, le
patrice Stratégius, s'adressant aux orientaux,
c'est-à-dire aux sévériens , leur dit que ,
l'Empereur les ayant assemblés pour rece-
voir l'éclaircissement de leurs doutes de la
bouche des évêcpies catholiques, ils eussent
à les proposer sans esprit de contention ,
comme il convenait à des personnes de leur
rang. Les sévériens di/enl, qu'ils avaient
CUNFEltENCE.
84;j
présenté à l'Empereur un écrit contenant
l'exposition de leur foi, où ils avaient mis
tout ce qui les scandalisait. « Xous avons vu
cet écrit, répoudil, au nom des catholiques,
Ilypace, évéque d'l'^plii''se, où vous vous plai-
gnez du concile de Chalcédoine, et de ce qui
y a été décidé contre l'hérésie d'Eulychcs.
Dites-nous donc ce que vous pensez d'Kuty-
chès. 1) Les Sévériens répondirent qu'ils le
tenaient pour hérétique, ou plutôt pour chef
d'hérésie. Ilypace ajouta : « Et que pensez-
vous de Itioscore, et du second concile d'IO-
phèse qu'il a assemblé? » Les sévériens di-
rent qu'ils les regardaient comme ortho-
doxes. Ilypace reprit : u Si vous coniîamnez
Eutycliès comme hérétique, comment a[iiie-
lez-vous oi-thodoxes Dioscore et les évoques
du second concile d'Eplièse, qui ont justifies
Eulychès, qui, de votre aveu, était héréti-
que ? )) Les orientaux répliquèrent qu'ils
avaient peut-être justifié Eutycliès comme
ayant fait pénitence. « Si Eutychès s'est re-
penti, insista Hypace, pourquoi l'anathéma-
tisez-vous ? » Les sévériens ne sachant que
répoudre , Hypace ajouta : « Eutychès ne
s'est point repenti; et même avant que l'on
eût achevé de lire les Actes faits contre lui à
Constanlinople , les évoques du second con-
cile d'ICpbcse l'avaient déjà justifié, et avaient
au contraire condamné Flavien et Eusèbe
comme hérétiques. Si Eutychès se fût re-
penti, on n'aurait pas dû condamner Fla-
vien et Eusèbe, puisqu'on ne pouvait justi-
fier Eutychès , qu'en supposant qu'il élait
revenu à la doctrine de ces deux évèques,
et qu'il confessait avec eux les deux natures
en Jésus-Christ, en le reconnaissant consub-
staatiel au Père selon la divinité , et cou-
substantiel à sa mère selon l'humanité. Fla-
vien et Eusèbe exigèrent en ell'et qu'Euty-
cliès fit cette confession; mais Dioscore, au
lieu de l'exiger aussi, approuva qu 'Eutychès
dit : Je reconnais que Jëstis-Christ rtait de deux
natures avant l'union; mais après l'union, Je
n'admets <ju'une seule nature : et il obligea
tous ceux qui étaient de son parti de crier :
« Eulychès est orthodoxe : Flavien et Eusèbe
sont d'impies hérétiques, n Les sévériens con-
vinrent que Dioscore devait exiger qu'Euty-
chès reconnût Jésus- Christ consubstantiel
à sa mère, et ils déclarèrent que, sans cela,
Dioscore en le justifiant serait tombé dans l'a-
veuglement. Alors Hypace, reprenant ce qu'il
avait dit, fit avouer aux sévériens qu'Eu tychès
élait hérétique; qu'Eusèbe avait eu raison de
844
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
l'accuser, et Flavien de le condamner; que
Dioscore et ses t-vêques ayant ou tort de le re-
cevoir, il avait clé nécessaire d'assembler un
autre concile universel à Clialccdoine pour
corriger les injustices du second d'Êplièse.
Mais les sévériens, en reconnaissant la né-
cessité d'un autre concile, formèrent des
dillicultës sur la validité de celui de Chalcé-
doine , disant qu'il ne paraissait pas que la
fin en eût été aussi juste que la convocation ;
c'est ce qui fut examiné dans la conférence
du second jour.
rt/'if°cooT ^- ^^^ sévériens objectèrent que le concile
!""' '''■ ^^ Chalcédoine avait innové dans la foi , en
décidant (fiie les deux natures étaient dis-
tinctes en Jésus-Chiist après l'union, et sou-
tinrent qu'il fallait dire avec saint Cj-rille
d'Alexandrie el les cvêques ses prédéces-
seurs, que de deux natures il s'était fait après
l'union une nature du Verbe de Dieu incar-
née. Hypace leurdemanda s'ils condamnaient
la doctrine des deux natures, ou seulement à
cause qu'elle leur paraissait nouvelle, ou
bien parce qu'ils la croyaient fausse. Ils ré-
pondirent qu'ils la condamnaient et comme
nouvelle et comme fausse, puisque saint
Cyrille , saint Afhanase , les papes Félix et
Jules , saint Grégoire Tbaumaturge et saint
Denys l'Aréopagite, ayant déclaré qu'il n'y
a qu'une nature du Dieu Verbe après l'union,
on ne doit point, au mépris de tous ces Pè-
res , dirent qu'il y a deux natures après l'u-
niou. C'est la première fois ' qu'il est fait
mention des écrits que nous avons sous le
nom de saint Denys l'Aréopagite, ainsi qu'on
l'a déjà remarqué ailleurs. Hypace répondit
que toutes ces autorités étaient fausses; et
la preuve qu'il en donna , c'est que saint
Cyrille n'en avait allégué aucune, tant dans
ses letlies contre Nestorius, que dans ce
qu'il produisit au concile d'Eplièse pour
combatti'e les blasphèmes de cet bérésiarque.
Cet évoque y produisit douze passages des
Pères, mais on ne lit dans aucun qu'il n'y
ait qu'iuie nature en Jésus-Christ après l'in-
carnation. C'était toutefois le lieu d'en citer
quelqu'un, s'il en avait connu. Il n'en a point
cité non plus dans l'explication de ses douze
anatliématismes contre Tliéodoret et André ,
ni dans aucun autre de ses écrits. Les
sévériens dirent : « Nous accusez-vous donc
d'avoir falsifié les ouvrages que nous vous
opposons? i> — (( Non, répondit Hypace,
nous ne vous en soupçonnons pas, mais
nous en accusons les apollinarisles , parce
qi:e nous savons que ceux qui pensent com-
me Nestorius, ont falsifié l'épilre de saint
Athanase ù Epictète, ainsi que nous l'ap-
prenons de saint Cyrille même dans sa
lettre à Jean, évéqiie d'.\ntioche. » Les
sévériens répliquèrent que saint Cyrille s'é-
tait servi de ces autorités dans ses livres
contre Diodore de Tarse et Théodore de
Mopsueste. Hypace répondit que ces livres
avaient aussi été falsifiés. Et sur ce que
les sévériens s'oifraient de produire d'an-
ciens manuscrits , tirés des archives d'A-
lexandrie, qui portaient ce qu'ils avaient
avancé, Hypace répondit que, si l'on en avait
pu montrer du temps de saint Protère et de
Timothée Solofaciole, tous deux c'vôques de
cette ville, ils seraient indubitables; mais
que, depuis leur épiscopat, l'église d'.4lexan-
drie ayant été occupée par des hérétiques
qui combattaient la foi des deux natures, on
ne devait pas trouver mauvais qu'il refu-
sât de recevoir en témoignage des monu-
ments qui sortaient des mains de leurs en-
nemis. Il ajouta qu'il avait montré claire-
ment que la lettie qu'ils citaient sous le nom
du pape Jidcs, était celle qu',\pollinaire avait
écrite à Denys; que Sévère et ceux de son
parti ne voudraient pas signer la confession
de foi qu'ils disaient être de saint Grégoire
ThauuKilurge, puisqu'il y est dit que la chair
de Jésus-Christ est demeurée incorruptible;
et qu'à l'égard des passages qu'ils citaient
sous le nom de saint Denys l'Aréopagite, ils
ne pouvaient montrer qu'ils fussent vérita-
bles , parce que, s'ils étaient de ce saint
évêque, saint Cyrille n'aurait pu les ignorer,
et saint Athanase les aurait produits avant
tout autre contre Aritis dans le concile de
Nicée.
4. n Mais pourquoi, insistèrent les sévé- slhij» i.
riens, le concde de Chalcédoine n a-t-il pas -"<"'■ j»^'.
reçu la lettre de saint Cyrille qui contient les
douze anaihématismes, où il nie qu'il y ait
deux subsistances en Jésus-Christ ? « Hypace
répondit que le concile n'avait point rejeté
cette lettre, mais qu'il avait préféré l'a'.ilre
qui y fut citée, pour marquer la conformité
de sa doctrine avec le Symbole de Nicée, et
celle que le môme Père écrivit aux Orien-
taux, comme étant l'une et l'autre plus
claires que la première. « Saint Cyrille, ajou-
' Voyez siircpll'' nsBCiliou d»> D. Oeillier, le fiip- plémont du Iouip .\, pag. 7.S1 et eiiiv. (L'édittvr.)
IVl' STÈCLE.
nUAPITRE LXXXVl. — CONCILES DE HOME.
84n
»
lèreiit les sévi''i'iens , a pris d.'iiis sa lellre îles
ilonze analhi'iuatisincs le terme do substance
pour celui de nnlurc, en disant (knx sub-
stances au lieu de deux natures, llypuco répon-
dit que les anciens Pères, et surtout les La-
tins', avaient confondu ces deux termes;
mais que les Orientaux les avaient distingués
et donné le nom de subsistance ;\ celui de per-
sonne; qu'il était arrive de là que les Oc-
cidentaux n'admettant dans la sainte Trinité
qii'une subsistance, comme ils n'y admet-
taient qu'une nature et une substance, les
Orientaux les ont accusés de sahellianismc ;
et que les Occidentaux ont accuse les Orien-
taux d'ariauisme, parce qu'ils admettaient
dans la Trinité trois subsistances : ce qui
avait causé entre eux une division qui ne fut
éteinte que par le ministère de saint Atlia-
nase, qui, instruit de la langue latine comme
de la grecque, réunit les Églises, où depuis
ce temps-là , chez les Grecs comme cliez les
Latins, onne reconnaît dans la Tiinité qu'une
nature ou substance, et trois personnes ou
trois subsistances; que saint Cyrille s'est
conformé à cet usage, et qu'on ne peut mon-
trer que dans ses cj:rits il se soit servi indif-
féremment du terme de nature pour celui de
subsistance, ou du terme de subsistance et de
personne pour celui de nature. Les sévériens
dirent que dans les deux lettres de saint
Cyrille, l'une à Nestorius.et l'autre aux Orien-
taux, appi'ouvécs nommément dans le con-
cile de Glialcédoine, on lisait que Jésus-Christ
est fait de deux natures; « ce qui signine,
ajoutaient-ils, selon le langage de ce Père,
que Jésus-Christ est une nature laite de
deux. I) Hypace répondit que cette expres-
sion de deux natures signifiait si peu ce qu'ils
prétendaient, que |)lusieurs autres anciens
s'en étaient servis dans le même sens que
saint Cyrille, en particulier le bienheureux
Basile de Séleucie et saint Flavicn, à qui tou-
tefois personne n'en avait fait de reproches.
Pour le prouver, Hypace rapporta la lettre
de saint Flavicn à l'empereur Tluiodose. Les
sévériens continiuml à rapporter divers té-
moignages des lettres de saint Cyrille, où ce
Père dit : Une nature incarnée, comme s'il ne
reconnaissait pas deux natures subsistantes
après l'union, Hypace répondit : <i Nous re-
cevons' ce qui s'accorde avec ses lettres sj-
nodiqucs qui ont été approuvées dans les
conciles, c'est-à-dire la lettre à Nestorius et
celle auxOrientaux ; ce qui ne s'y accorde pas,
nous ne le condamnons, ni nous ne le rece-
vons comme une loi ecclésiastique. Leslettres
écrites en secret à un ou deux amis ont pu
facilement être corrompues. » Il montre par
l'exemple des apôtres, qu'il y a des occasions
où l'on peut se dispenser de certains usages,
lorsqu'ils n'ont point (■lé fixés par une déci-
sion commune. Saint Paul circoncit Timo-
théc, lui qui avait écrit aux Calâtes que, s'ils
se faisaient circoncire , Jésus-Cbrist ne leur
servirait de rien. Saint Pierre mangeait quel-
quefois avec les gentils ; en d'autres occasions
il refusait de manger avec eux. Mais depuis
la décision qu'ils firent en commun avec les
autres apôtres dans !e concile de Jérusalem,
celte décision a dû servir de règle, et il n'a
plus été permis de se modeler sur ce que
chacun d'eux avait fait par raison d'économie
ou de dispense. Hypace ajouta que saint Cy-
rille établit clairement dans sa lettre à Nes-
' Anliqui Paires et maxime Romani pro sub-
slanlia, et natura subsistentiam nuncupabant.
Unde sicul unam naluram. et luuiin substantiam,
ita et unam stibsistenliam sanctœ Trinitatis esse
(licebant.Orienlalibus lern sanctis Palribus pro
persona suscipienlibus subsistentiam, et sicut ires
personas,ita ettressubsisteutias in sancla Trini-
tate dicentibus, per multa Icinpnra dissidium fac-
tum est inlcr orientales et occidentales sanctas
Ecclesias; orientalibus quidem occidentales sa-
bellianorum sectam defendere suspicantibus, quia
unam dicebant esse in Trinitale subsistentiam ;
occidentalibus vero orientales arianam sectam
sequi dicentibus, eo quod très subsistentias in très
atlerius substantiœ vel naturœ personas profer-
rent secundum imitationem Arii. (Juam divisio-
nem per sanctum Athanasium Deus univit. Utrius-
que enim linguœ periius ulrasquc parles per Dei
graliam ad concordiam revocavit, et ab eo lent-
pore usqve in hodiernum diem, et apud nos cl
apud Romunos, sicul una subslavtia et una na-
tura in Trinitale suscipimur , et sicul Ires perso-
nas in Sancla Triniiate confitemur, ita et 1res
subslanlias glorificamus. Toiu. IV Concil., pag.
ntis.
* Nos ea quœ epistolis ejus synodicis consen-
tiunt, suscipimus ; qucc autem non consentiunt,
neque itamnumus, nequc velul legem ecclcsiasti^
cam sequimnr. Synodicas autem ejus dico epis-
tolas quœ a sanctis conciliis et susceptœ et con-
firmalœ sunt, id est, tam eam quœ ad Nestorittm
quant eam quœ ad Orientales scriptœ sunt. Ibid.,
jiap. n*0. Quates ergo ex liis pra-firamus quœ in
secrelo scriptœ ad unum rel secundum amicum
vel familiarem sunt, quœ et facillime potucrunt
a quohbel depravari, an istas quœ in ccrla-
mine dictœ sunt, et ab uniiersalibus conciliis
tam laudatœ qnam cnnprntntœ sunt. Ihid.. pag.
mi.
X
■HAEL'R
846 HISTOIRE GÉNÉRALE DES
toiius l'union des natures sans confusion et
sans mélanp;e, el qn'il a fait la même chose
dyns sa lotlie aux Orienlaux. Los sévéïiens
s'ctant plaints de ce que Ton accusail d'alié-
ralionles lellres parliculièresde sainl Cyrille
:■! Euloge et A Successus, sans les aroir lues,
Hypace consentit qu'on en fit la lecture; et
lorsqu'on fut venu h l'endroit de la Icllrc
.'i Euloge, où il est dit que l'union ne peut
être d'une seule chose, mais de deux ou de
plusieurs, il soutint que, quand même le
reste de la lettre leur serait favorable, cela
seul détruirait leur prétention, puisqu'il n'é-
tait pas possible que saint ('yrille eut admis
l'union dans Jésus-Chris!, autrement qu'en
reconnaissant (ju'il e^t composé do deux na-
tures, comme il le reconnaît, en ell'et, lois-
qu'il dit que les deux natures sont en lui
sans confu:^ion , conservant chacune leur
propriété, la nature humaine n'ayant souf-
fert aucune diminution par son union avec
le Verbe. Il prouva que la foi de ce Père lou-
chant les deux natures ne pouvait être sus-
pecte, puisque les deux natures sont claire-
ment exprimées dans les passages qu'il avait
allégués de saint Ambroise et de saint Circ-
goire de Xazianze dans le concile d'Éphcse.
Suite de 11 3- Les sévériens se plaignirent de ce que
l'^liT'ilSr, l'on mettait les noms des conciles dans les
''^■'"''' sacrés diptyques, disant que cela ne pouvait
qu'augmenter la division des Églises. La ré-
ponse d'Hypace fut. qu'avant de nommer les
conciles dans la célébration des mystères,
c'était l'usage général des Égl ises d'y nommer
les évêques particuliers de chaque Église;
(ju'ainsi il n'y avait aucun inconvénient à y
nommer, sous le nom de concile , tous les
évoques qui s'assemblaient avec beaucoup
lie peine et de travail pour prendre en com-
mun la défense de la foi contre les héréti-
ques; qu'en vain les sévériens objectaient
que la mémoire que l'on faisait des conciles
dans les diptyques causait du scandale ; il
n'y avait que les hérétiques qui s'en scanda-
lisassent, en même temps qu'ils ne craignaient
point de scandaliser eux-mêmes les fulcles
par divers édits, ou professions de foi qu'ils
avaient extorquées des empereurs Basilisque
et Zenon contre la foi catholique, et par les
nouveautés du Triscgion. Les sévériens for-
mèrent encore des plaintes, de ce que le
concile de Chalcédoine avait reçu Ibas et
Tliéodoretccimme catholiques, et de ce qu'on
récitait leurs noms dans les diptyques parmi
ceux des évéques orthodoxes. « Ils n'ont été
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
reçus dans le concile , répondit Hypace ,
qu'en anathématisant Nestorius. » Et sur ce
que les sévériens répliquèrent , qu'ils ne
l'avaient fait que pour tromper le concile,
Hypace reprit : <i Quoi donc ! parce qu'Eu-
sèl.-e de Nicomédie, Théognis de Nicée cl
quelques autres ont souscrit de mauvaise foi
au concile de Nicée, et soutenu ensuite ou-
vertement Arius, devons-nous moins rece-
voir le saint concile de Nicée, et ne pas le
nommer dans les diptyques? k Dieu ne plaise !
Nous ne défendons point Théodoret ; mais
nous défendons le concile de Chalcédoine,
qui a eu raison de le recevoir, sachant certai-
nement que, dès avant la réunion de ce con-
cile, Théodoret s'était réconcilii' avec saint Cy-
rille, qu'il avait maltraité dans sa réjjlique
aux douze analhématismes de cet évoque. »
Hypace apporta pour preuve de cette ré-
conciliation la lettre de saint Cyrille à Jean
d'Antiochc et auxOricnlaux pour la paix des
églises, et les lettres que Théodoret el saint
Cyrille s'écrivirent muîucllemenl. A l'égard
d'Ibas, les sévéï-icns objectaient sa lettre,
comme étant favorable A Xestoiius et inju-
rieuse h saint Cyrille. Hypace répondit qu'eu-
corc que celte lettre eût été publiée du vivant
de saint Cyrille, cela ne l'avait point empê-
clié de travailler à la paix , comme il le té-
moignait dans sa lettre i'i Valérien d'Icône;
que toutefois le concile de Chalcédoine n'avait
reçu Ibas qu'apiès qu'il cul anathématisé
Nestorius et sa doctrine, «et qu'il aura-t même
reçu Nestorius et Eutychès, s'ils eussent re-
noncé à leurs erreurs. Il ajouta que le con-
cile de Chalcédoine avait traité plus rigou-
reusement Jhas et Théodoret que n'avait fait
saint Cyrille pour se réconcilier avec eux, puis-
que cet cvcque s'était contenté d'exiger qu'ils
consentissent à la condamnation de Nesto-
rius el i\ l'ordination de iMaximicn de Con-
stanliunple, au lieu que le concile les obligea
d'analhémaliser publiquement .Nestorius. Les
sévériens ayant paru satisfaits de celle ré-
ponse, on congédia l'as.^omblée,
G. Les évêques catholiques, qui s'atten-
daient ;\ une troisième conférence, préparè-
rent un grand nombre de passages pour ap-
puyer la doctrine des deux natures : l'Em-
pereur, voulant y assister avec le sénat et le
patriarche Euphémius, fit d'abord entrer
l'archevêque Eiàphauc avec les autres évo-
ques qui avaient îissisté aux deux |)reniières
conférences, el les ayant fait asseoir, il leur
parla avec beaucoup de douceur, el les ex-
Coar^rvnee
do" troUièitie
joar, p. \"',
[vi' SIÈCLE.] CHAPITRK LXXXVI. -
lioila i'i la paix, apri-s avoir (ail la pri('re sc-
ion la coiitnino. l'^iisuilc il lil onlrcr les sé-
vérions, qu'il lit nssnoir sur un siège ;\ l'op-
posite (le teliii sur loi|ucl les ('vèiincs cnlljo-
liquesëtaieiil assis. Il y en avait un troisième
pour les juges que ce prince avait choisis
dans cette allaiic. Après ([ue TRiupcreur leur
eut parlé, les scvèricnslui firent ciileinlrc! que
les catholiipies ne confessaient pas que Dieu
eût soulVert dans sa cliair, ni que celui quia
soullert fût un de la Trinité, ui que les mira-
cles et les souflVanccs fassent de la ra(jnie
personne. Sur cela l'Kmpereur dit aux évè-
ques catlioliques : « Ne confessez-vous pas
que les soull'rances et les miracles sont de la
inème personne de Xotre -Seigneur Jusus-
Christ; que c'est Dieu qui a soulTcrt dans la
chair, et qu'il est un delà Trinité? » Hypace
répondit : « Seigneur, nous confessons, ou
plutôt l'Ei-lise catholique apostolique ' votre
mère confesse que les suulfrances et les mi-
racles appartiennent à la même personne de
Jésus-Christ, mais non .'i la même nature.
Selon la docirine des saints Pères, la chair
est passible, la divinité impassible. » Il cita
la lettre de saint Grégoire de Nazianzc à Clé-
donius, et les décrets des conciles d'Éphèsc
et de Clialcédoine contre Nestorius et Euty-
chès, et ajouta : « Nous disons que le Sei-
gneur a soullert dans la chair, à cause de
ceux qui confondent les natures ou qui les
divisent, afln qu'en disant qu'il est passible
selon la chair, nous déclarions que sa di-
vinité est impassible. Nous disons encore
qu'il est un de la Trinité selon la nature di-
vine, et un d'entre nous selon la chair; qu'il
est consubstantiel au Père selon la divinité,
et à nous selon l'humanilé; et que, comme
il est parfait dans sa natuie divine, il est
aussi parfait dans la nature humaine.» Après
la conférence du troisième jour, l'Empereur
flt venir une quatrième fois les évêques dans
son palais. Il leur parla à tous, et leur té-
moigna avec quelle ardeur il désiroit leur
réunion, qu'il avait demandée à Dieu, en le
priant dans l'oratoire de saint Michel ar-
f'.ONCILE n'OULHANS.
847
change. Mais de tous les évêques sévériens,
il n'y eut quePhiloxène de Dulichiiim qui se
laissa pei'suader. Il fut suivi de [tiiisicurs des
clercs et des moin(!s (pii les avaient accom-
pagnés, et qui s'en retournèrent avec joie
à leurs églises et h leurs monastères, après
avoir été admis à la communion de l'iOglisc
catholique. Quelques-uns de ces clercs et de
ces moines, parlant en Syriaque, disaient aux
évêques catholiques : « Les sévériens nous
ont séduits, et nous en avons séduit plusieurs
aulrcs : car il nous disaient fpie le Saint-Es-
prit s'élait retiré des l'glises et du haplème
des catholiques , comme aussi de leur com-
munion; et nous ajoutions foi à leurs paro-
les, croyant qu'elles contenaient la vérité.
Mais, gloire au Seigneur, qui nous a retirés
de leurs erreurs, et réunis à ses saintes égli-
ses catholiques et apostoliques; et nous es-
pérons par sa grâce ramener 'i l'unité et à
la communion de ses saintes églises la plu-
part de ceux que nous avons trompés. » Telle
fut la fin de la conférence de Constanlino-
ple, dont nous n'avons point les Actes, mais
seulement une relation abrégée et fidèle
dans une lettre d'Innocent, évêque de Ma-
ronie, à un prêtre nommé Thomas.
ARTICLE IX.
DU SECOND CONCILE D'ORLÉANS [333].
l. Le second concile d'Orléans fut assem- concii.
blé par ordre des trois rois de France, Thier- 633,Va^°'n",
ry, Childebert et Clolaire, fils de Clovis, la
vingt-deuxième année de leur règne, la pre-
mière du pontificat de Jean II, le S) des ca-
lendes de juillet, c'est-à-dire le 23 juin 333.
Il s'y trouva vingt-six évêques , et cinq prê-
tres pour autant d'évêques absents. Honorât,
archevêque de Bourges, y présida. Léonce,
quoique évoque d'Orléans, ne souscrivit que
le second. On traita dans cette assemblée
de divers points de discipline, conformément
aux anciens canons ; et parce qu'il se trou-
vait de l'ambiguilé dans certaines observan-
ces, les évêques firent vingt-et-uu canons
' .Sus, domine, magis autem maler vestra ca-
tholica et apostolica sancla Dei Ecclesia ejusdem
personœ magiii Dei et Salvatoris Jesu Christi
prœdicat etpassioiies et miracula, n-on tainen ejiis-
deiii naturœ : sed, sicut docuerunl sancii Paires,
passibilem carnem, intpassibilem divinitalein
Sed et Dominum carne passain ila riirsus con/ite-
mur, propter eos qui cnnfundnnt vel dividunt, ut
passibilem eum dicentes carne, impassibilem con-
fiteamitr divi)Utateni : siniililer et itnuni esse ex
Trinilate secundum divinam naturaiit tam cre-
dentes qiiam conftlcntes, secundum carnem vero
unum ex nobis placuisse ei credimus fieri ; et si-
cut consubslanlialem Patrisecundum divinitatem.,
ita nobis consubslanlialem secundum humanila-
lem ; et sicut perfectum in divinilale, ila perfec-
tum et in liumanitale. Tom. IV Concil. , pag.
1778,
848
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
r^ eone le. T.
IV Coorll.,;.
pour la roforiue de plusieurs nouveaux alius.
-2. » L'évèque invité par son métropolitain
à l'ordination d'un ëvéque on ;\ un concile,
ne pourra se dispenser d'y venir, s'il n'en a
Cad. lois, unc cxcusc légitime. — Chaque année les
métropolitains appelleront leurs comprovin-
'■ ciaux ou sutlVaganls au concile. — Les évè-
ques ne prendront rien ', pour quelque cause
que ce soit, fût ce pour les ordinations des
évêques ou des autres clercs, parce qu'il
n'est pas permis à un évêque de se laisser
corrompre par le désir de l'argent. — S'il
séculiers ' sans la permission de l'évèque ;
s'il fait le contraire il sera privé de la com-
munion de son office. — Celui qui aura
éj)onsé la femme de son père sera frappé
d'auatl.ème. — Les mariages contractés lé-
gitimement * ne pourront se dissoudre par
la volonté des parties, quelque inlirmilé qui
leur arrive : si elles le font, elles seront pri-
vées de la communion. — Défense d'accom-
plir des vœux que l'on aurait faits en chan-
tant, en buvant ou en folâtrant, parce que de
tels vœux irritent Dieu, plutôt qu'ils ne l'a-
arrive que (pielqu'im ' se soit fait ordonner "Tiaiscnt. — Il est aussi dcTendu aux abbés,
pour de l'argent, il sera chassé, le don de
Dieu ne. devant pas s'acheter à prix d'ar-
gent. — Lorsqu'urï* évêque sera invité à la
sf'pullurc d'un de ses confre'-res , il ne le re-
fusera pas sous un faux prétexte ; et l'évè-
que qui sera venu pour cette fonction, ne
prendra que ce qui lui sera nécessaire pour
sa dépense. — 11 ira avec les prêtres dans la
maison épiscopale , où il fera faire en leur
présence un inventaire de ce qui s'y trouvera,
laissant toutes cLoses en garde à des per-
sonnnes de probité, afin que ce qui appar-
tient à l'Eglise ne périsse point. — On avait
négligé les anciens canons touchant l'ordi-
nation des métropolitains : c'est pourquoi il
est ordonné que le métropolitain élu par les
évêques de la province, par le clergé et par
le peuple de la ville, rccevi'a l'ordination de
la main des évêques de la province, afin que
personne ne soit promu à ce grade, que ce-
lui qui est capable de uiaiutenir la discipline
de l'Eglise, et de la faire lleurir de plus eu
plus. — Lorsqu'un diacre se sera marié étant
en captivité , il ne pourra plus à son retour
servir dans les fonctions de son ministère;
il lui sutlira d'être reçu à la communion, afin
qu'il satisfasse pour sa faute par cette pri-
vation. — Aucun prêtre n'habitera avec des
aux reclus et aux prêtres de donner des
lettres pacifiques. — S'il arrive que les clercs
négligent de remplir leurs fonctions on de
venir à leur tour servir dans l'église, ils se-
ront privés de la dignité do leur rang. — On
recevra les oblations ' pour ceux qui ont été
tués en commettant quelques crimes, pourvu
qu'ils ne se soient pas tués de leurs propres
mains. — L'on n'ordonnera aucun pi'ôtre, ni
aucun diacie, qui ne soit lettré, et qui ne
sache la forme du baptême. — Les femmes
qui auront reçu, contre la défense des ca-
nons, la bénédiction de diaconesses, seront
privées de la communion, si elles se sont
mariées après avoir reçu cette bénédiction :
toutefois, si, étant averties par l'évèque, elles
cessent d'habiter avec leurs maris, elles
pourront être reçues à la communion après
avoir fait pénitence. — Pour éviter que cet
abus n'arrive dans la suite, le concile défend
absolument ' de donner à des femmes la bé-
nédiction de diaconesses, ;'i cause de la fra-
gilité de leur sexe. — Il défend aussi les ma-
riages des chrétiens avec les juifs, et ordonne
à ceux ou ;\ celles qui en auraient contracté
de se séjjarer, sous peine de privation de la
communion. Il excommunie les catholi(iues '
qui relnnniont à l'idolâtrie ou qui mangent
' Ae qu's episcopu.t de quibuslibel cauMs, vel
tpiscoporum ordinalionibus, celerortnnqtic cleri-
corum, aliquid prœsuiual accipire: (juia sarerdn-
tem nefas est cupidilaiis venulilate cnrrumpi. Cnn.
a, lom. IV Concii, pOij;. 1780.
' Si quis sacerdoliitm per pecuniœ nwuliiiutii
execrabiU ambilionc qu(Fsierit, abjiciatur ul re-
probus : quia apost<ilica seittentia donum Dciessc
prœcipit peciinia; Irutina viiniiiir comparunduin.
Cnii. 4, iliid.
•■> Kullus presbyterorum sine permiisione epis-
copi lui cum sivcularibus Itabitarc prœsumal.
(juod si fcccrit, ab offlcii comniunione pcllittur.
Can. ïl, pag. 1781.
» CoiUracta matrimonia, accedente in/irmitate,
nulla voluiitalis contrarielatc solvaniur ; quod si
qui ex coujugibus feeerint, iioverint ic commu-
nione prirnndos. Can. 11, ibid.
» Obidiiones defunclorum, quiin aliquo eriminf
fueiiiit inlereinpti, recipi dcbere censeiuus, si ta-
}iicn non ipsi sibi movlem probcntur propriii ma-
iiibus inlutisse. Cnn. l."i, pixjf. 1782.
• l'iacuil iliam, ut nulli po.tlmodum fœmina
dincnnalis benediclio pro condilionis hujus fragi-
tilale creddtur. Cnn. 17, ibid.
' Calholici qui ud idolorum cullutu, non cut-
Indita nd inlegruiii accipli ntaliti, rcverluntur,
rel qui cibia iilolornm cullilius innnolatis ijusiu
ilticitœ pnrsuutpUonif uluntur, nb tVc/f.«i> cœ-
tibus arceanlur; »iiiiililer et Iti qui beitiarum
CnAPlTRE LXXXVi. — CONCILES DE CLEHMUNT.
CanoDS do
es CODCiiO.
Cao. 1.
[VI' SliCLE.]
ili's viandes immolées, miiinc ceux qui man-
dent (les aiiiiiKiux liit's par les Ijt^tes, ctouf-
los ou uioils de iii.ilailie. — H exclut eiiliè-
lueiil de la communion les abbés qui mépii-
scnt les ordres des évùtiues, à moius (]u'ils
n'ellaceiil lem- faute par des actes d'humi-
lité. »
849
ARTICLE X.
DES CONCILES DE CLrilMONT EN AUVERGNE
ET DE CAUTHAGE [335].
Concile de
Clermrnl i-n
Mi. Tom. IV
Coocil.f i>ag.
IStiS.
[3331
1. Le 8 novembre, après le consulat de
Paulin-le-Jeuue, c'est-;\-dire l'an 533, qui était
le premier du pontificat d'Agapet , le viugt-
quatiiéme du royue de Cliildebcrt, et le se-
cond de Tbéodebert; Honorât, arcbevèque
de Bourges, etplusieurs évèques desGaules,
au nombre de quinze en tout, s'assemblèrent
dans la ville de Clcrmout en Auvergne, avec
le consentement de Tbéodebert, à qui cette
ville obéissait. Honorât de Bourges présida
à ce concile , comme il avait fait au second
d'Orléans, et saint Gall de Clcrmout sous-
crivit après lui comme évéque du lieu , de
même que Léonce , évêque d'Orléans , avait
souscrit le second au concile assemblé en
cette ville. Dans les autres souscripiious, on
garda dans ces deux assemblées le rang de
l'ordination, sans avoir égard à la dignité
des sièges; en sorte qu'il y eut des arclie-
vèques qui souscrivirent après des évèques.
2. Les évèques du concile de Clermont
commencèrent leur assemblée par prier
Dieu, les genoux en terre, pour la prospé-
périté du règne de Tbéodebert , et j)Our le
salut des peuples; ensuite, ayant examiu(' les
anciens canons, ils remarquèrent, qu'encore
qu'ils n'eussent presque rieu omis pour le
bon règlement delà discipline ecclésiastique,
il était néanmoins nécessaire d'y ajouter
quelque cbose, et de renouveler quelques-
uns des anciens décrets. Ils ordonnèrent
donc que, toutes les fois que l'on assemble-
rait un concile , on commencerait toujours
par ce qui regarde les mœurs et la discipline,
avant de proposer aucune autre aflaire ; —
que, pour prévenir l'abus qui commençai! à
s'introduire', d'obtenir les évècliés ))ar la
faveur des rois, celui (pii désirerait l'épisco-
l)al serait ordonné d'après l'élection des
clercs et des citoyens et le consentement du
uu'îtropolilaiu, sans employer la projection
. des personnes puissantes, sans user d'arti-
fices , ni obliger personne , soit par crainte,
soit par présents, à écrire un décret d'élec-
tion ; qu'autrement, l'aspirant sera privé do
la coujmuuion de l'église dont il aura voulu
être évéque, quoiqu'il en fût indigne. — 11
fut défendu de couvrir les corps des morts
de pâlies ou d'autres linges à l'usage de
l'auiel; — et aux clercs de cherclier leur
appui contre leurs évèques dans les puissan-
ces séculières. — On excommunia ceux qui,
poussés par l'avarice , demanderaient aux
rois les biens d'une église, au préjudice des
pauvres, et on déclara nul le don qui leur en
serait fait. — On renouvela la défense déjà
faite dans le second concile d'Orléans de
contracter des mariages avec les juifs , et
cela, sous peine d'être privé de la société et
de la table des chrétiens et de la commu-
nion de l'Eglise. — On défendit de couvrir
le corps d'un prêtre- que l'on porte en terre
du voile qui couvre le corps de Jésus-Christ,
de peur qu'eu voulant honorer les corps des
défunts, on ne souille les autels; — de prê-
ter les ornements de l'égbse pour servir à
des noces; — de faire les juifs juges des
chrétiens; — et aux évèques d'envahir les
paroisses de leurs confrères, — ou de rece-
voir et d'ordonner un clerc d'un autre dio-
cèse , sans la permission de son évêque. —
On défendit de nouveau , sous peine d'ex-
communication, d'épouser la veuve de son
frère, la sœur de sa femme, sa cousine ger-
maine ou issue de germaine, et la veuve de
son oncle. — Les prêtres et les diacres étant
obligés de vivre dans le* célibat , s'il s'en
trouve qui aient eu commerce avec leurs
femmes depuis qu'ils ont été élevés à ces
dignités, ils en seront privée. — Celui-là sera
excommunié, qui privera l'église, en quelque
manière que ce soit , de ce qui lui a été
morsibus extincta, vel quolibet morbo aut casu
su/focala vescuntur. Can. 20, ibid.
' Episcoixitinn desiderans electione clericorum
vel cijium, consensu ctiam melropolitani ejusdem
provinciœ pontifex ordinetur. ^'on palrocinia po-
tentum adliibeal, non calliditate subdola od con-
scribendum decretum alios hortetur prœmiis, alios
timoré compellat, Quod si qnis fecerit, Ecclesiœ
XI.
qui indignus prœesse cupil, communione privabi-
tur. Can. 2, tom. IV Coiicil., pag. ISOt.
2 jYe operlorio dominici corporis sacerdotis un-
quam corpus, dum ad tumulum evehitur, obte-
gatur ; ne sacro vêla mine usibus suis reddilo, dum
honoranlur corpora, allaria pollnantur. (Jan. ■;,
pag. t805.
54
850
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
donne par écrit , et ne le rendra pas à la
C.0. 15. première sommation de l'cvèque. — Tous
les clercs, soit prêlres, soit diacres, doivent
cdlcbrer tmiles les fèlcs solennelles avec leur
ëvêque dans la métropole, excepte ceux qui
sont attachés à des titres dans la ville ou
dans la campagne. La même chose est ordon-.
née aux plus anciens d'entre les citoyens, sous
. peine d'être privés de la communion A ces
fêtes, nommément h celles de Noël, de Pâques
"■ et de la Pentecôte. — Le dernier canon re-
nouvelle ceux qui défendent aux clercs d'a-
voir chez eux des femmes étrangères.
t«J£'" "" 3- I-es évéques ayant réglé ce qui re-
i««j.'"''' "**• gardait les mœurs^ef la discipline , écrivi-
rent une lettre synodale au roi Théodeberf,
par hquclle ils le suppliaient, sur les plain-
tes qu'ils avaient reçues d'un grand nombre
de particuliers, de les laisser jouir paisible-
ment, non-seulement destenesqu'ils avaient
clans son royaume, mais d'empêcher encore
que personne, soit évêque , soit prêtre,
clerc inférieur ou laique, ne fût privé des
biens qui lui appartenaient dans les terres
d'un autre roi, en lui payant les tributs or-
dinaires. Le partage du royaume de Clovis
entre ses quatre fils, Thierry, Clodomir,
Childebcrt et Clotaire , avait occasionné ces
plaintes.
ccncii. d. 4. Au commencement de la même année
M5. Tom. IV 53o, OU sur la lin de la précédente. Réparât,
i>onc'i , pas* . , • r »
I7S» cl 1788. qui avait succédé à Boniface dans le siégo
épiscopal de Carlhage, convoqua un concile
général de l'.Afri.iue, où l'on n'en avait point
vu depuis cent an?, à cause que la plupart
des évéques avaient été réduits en servitude
par la violence des persécuteurs. Deux cent
dix-sept évéques s'y rendiient et s'assem-
blèrent dans la basilique de Fauste, où re-
posaient les reliques de plusieurs martyrs.
Ces évéques voulurent par là consacrer à
Dieu et au rétablissement de la discipline,
qui avait beaucoup souli'ert pendant ces
temps de troubles, les prémices de leur li-
berté. Après avoir rendu en comnuni- de
grandes actions de grâces A Dieu do leur
délivrance, ce qu'ils ne purent faire sans
vei-ser des larmes de joie , ils firent lire pu-
bliquement les canons de iN'icéo. Eusuile ils
exanjjuèrent de ipielle manière l'on devait
recevoir les évéques ariens qui embras.-^aient
la foi catholique ; s'il fallait les conserver
dans leur rang d'honneur, ou leur accorder
seulement la communion laïque. L'avis du
concile était de ne pas les recevoir comme
évéques ; mais dans le dontc si leur résolu-
tion plairait au Saint-Siégc, il fut convenu
qu'on le consulterait avant toutes choses;
on députa pour cet elfet deux évéques, Caïus
et Pierre , avec un diacre nommé Libérât,
que l'on chargea d'une lettre synodale adres-
. sée au pape Jean II, qui vivait encore. Mais
ce Pape étant mort le 27 avril 533 pendant
que les députés étaient en chemin , ils ren-
dirent la lettre à Agapet , son successeur.
Les évoques d'Afrique le consultaient non-
seulement sur ce qu'ils avaient à faire lou-
chant les évéques ariens qui se faisaient ca-
tholiques , mais encore sur une autre diffi-
culté très-importante , qui était de savoir si
l'on pouvait élever a la cléricatnre ceux qui
dans leur enfance avaient été baptisés ]iar
les ariens. Et parce que plusieurs évéques
et plusieurs autres clercs, soit prêtres, soit
diacres, avaient passé la mer pendant la
domination des Vandales, le concile priait
le Pape de ne point recevoir à sa commu-
nion ceux qui ne prouveraient point par les
lettres des évéques d'.Vfrique, qu'ils avaient
été envoyés pour l'utilité des églises. Le pape t»™. iv
Agapet leur témoigna dans sa réponse la i^s"' ' '"'■
part que le Saint-Siège avait prise à leur
affliction, et les loua de ce qu'en personnes
sages et instruites de leurs devoirs, ils n'a-
vaient point oublié ce qu'ils devaient au
Siège apostolique, en s'y adressant pour l'é-
claircissement de leurs doutes. Il leur dit,
sur le premier chef de lenrs demandes, qui
regardait les évoques ariens convertis, qu'il
ne fallait point permettre qu'ils demeuras-
sent dans les dignités ecclésiastique:;; mais
qu'il trouvait bon qu'on leur fil part des re-
venus de l'Église établis pour la subsistance
des clercs. Il répondit sur le second article,
qu'on ne devait élever à aucune dignité du
clergé ceux qui quitlaiciit l'arianisme pour
s'unir à l'i'^glise catholique, en quelque âge
de leur vie qu'ils eussent été infectés des cr-
reiu's de cette secle. Il trouve bon encore
qu'on les aide il subsister des revenus de
ri-glise, et qu'on exerce une promple misé-
ricorde envers tous ceux qui quittent l'erreur
pour embrasser la foi véritable. A l'égard
des clercs qui avaient passé la mer, il dit que
la précaution du concile devait être obser-
vée, comme nécessaire, pour les obliger de
demeurer dans leurs églises et les empêcher
d'être vagabonds.
.*). Pendant que le concile était assemblé, ni'«r,.i.»j.
Féhcien, évêque de Ruspc, demanda com- lom. iv
[vi» SIÈCLE.] CHAPITHK LXXXVI. — CONCILKS DE CONSTANTINOPLE.
851
mont il devait se comporter à l't'giU'd du mo-
nastère fondi5 par saint Fult^cncc son prédé-
cesseur, et dont Fiu'lunat évè(|iie clait alors
abbé. Félix évéïpic de Zactare répondit, au
nom de rassemblée, qu'il ne fallait lien clian-
ger à ce (jui avait été ordonné par l'archc-
vôque Bonil'ace de sainte mémoire, et que
les monastères ' devaient jouir d'une pleine
liberté aux conditions prescrites par les con-
ciles, savoir : que les moines s'adresseraient
à l'évoque diocésain pour l'ordination des
clercs et la consécration des oiatoires, sans
qu'il lut permis de les assujétir i\ aucune
charge ou à aucune servitude ecclésiastique,
parce qu'il n'était pas convenable que l'évè-
que établit sa chaire dans aucun monastère;
que les moines devaient être sous la con-
duite et i'autorlc de leur abbé; qu'à la
mort de celui-ci, ils eu éliraient un autre
eux-mêmes, sans que l'évéque put s'en at-
tribuer le choix; et que, s'il arrivait quelque
dilliculté sur ce sujet, elle serait terminée
sur la décision ou l'avis des autres abbés. Le
même concile de Carthage envoya à Con-
stantinople un diacre nommé Théodore, pour
demander à l'Empereur la restitution des
biens et des droits des églises d'Afrique, que
les Vandales avaient usurpés. Ce prince
donna à cet effet une loi du 1" août, adressée
il Salomou, préfet du prétoire d'Afrique, et
datée du consulat de Bélisalre, c'est-à-dire
de l'an 333, qui porte que toutes les terres
usurpées sur les églises d'Afrique leur seront
restituées, à condition qu'elles paieront les
tributs; et que l'on rendra aussi les maisons
et les ornements des églises; que l'Église de
Carthage jouira de tous les droits accordés
par les lois précédentes aux Églises métro-
politaines; et qu'il ne sera permis ni aux
ariens, ni aux donatistes de tenir des assem-
blées, d'ordonner des évéques ou des clercs,
de baptiser et de pervertir personne , ou
d'exercer aucune charge publique. Outre la
lettre synodale, Réparât, évéque de Carthage,
en éci'ivit une particulière au pape Agapet,
pour le féliciter de son élévation au ponlill-
cat, et lui recommander les intérêts de sou
église. Le Pape le remercia, et reconnut dans
sa réponse la prééminence de révé(jne de
Carthage sur tous les autres évéques d'.\fri-
que, eu lui donnant avis qu'il avait répondu
sur les ditlicultés qui lui avaient élé ()ropo-
S(''es par les trois di'piités du concile. Il
l'exhorta dans la même lettre à rendre public
tout ce qu'il avait écrit pour le maintien et
l'observation des anciens canons, afin que
personne n'eu pût ignorer.
ARTICLE XL
CONCILES DE CONSTANTINOPLE ET DE JÉRUSALEM
l. Après la mort d'Epiphane, patriarche
de Constantinople, arrivée en 333, Anthime,
évêque de Trébizonde, fut mis à sa j)lace par
le crédit de l'impératiiceThéodora. Quoiqu'il
passât pour catholique, il était néanmoins
ennemi du concile de Chalcédoine; ce qui
engagea Ephrem, patriarche d'Antioche, à
prier l'empereur Justinien de faire en sorte
que les lettres synodiques qu'.\ntiiime devait
envoyer suivant la coutume, fussent entière-
ment conformes à la doctrine de l'Eglise.
Celle qu'Anthime envoya à Ephrem fat en
eflfet conçue d'une telle manière, qu'on n'y
découvrait rien de contraire à la foi ; mais
comme il ne s'y e.xpliquait pas non plus avec
assez de détail et d'exactitude, Ephrem le
pria par écrit d'anathématiser Eutychès et
sa doctrine. Les acéphales, ranimés par l'or-
dination d'Anthime, firent beaucoup de bruit
dans Constantinople, jusqu'à y tenir des as-
semblées et conférer le baptême. Le pape
Agapet fut aussitôt informé de tous ces dé-
sordres par les abbés catholiques de Con-
stantinople. Mais, obligé de revenir en cette
ville par ordre de Théodat roi des Goths, il
remit à sou voyage de remédier aux troubles
qu'occasionnait l'ordination d'Anthime. Il
amena avec lui cinq évéques et plusieurs
ITom. IV
C'Mlctl., na|.
niia.
Conolle d^
Constantino-
ple contre An.
tbimc en S3(î.
Tom. V
Cot]Cil., pag.3
et ïiiiv.
Phot. co-t.
128, i-aj. m.
' Cœtera vero monasleria etiam ipsa liberlate
plenissiina perfruantur, servalis Unnlibus con-
cilionim suoritm in hœc duntaxut, ut quaiidoque
voluerinl sibi clericos ordinare, vel pratoria ino-
tiasteriis dedicare, episcopus in cujus plèbe vel
civitate lotus munaslerii consistil, ipse liujus mu-
neris graliain compleat, salta Ubertule moiiacho-
rum, nihil sibi in eis prœier hanc ordinutionem
vindicans, neque ecclesiaslicis eos conditionibus
aut angariis subdens. Oportet enim in nullo mo-
nasterio quemlibet episcopum cathedram coUo-
care... Esse enim debent monaclii in abbatum
suorum polestalc. Et quando ipsi abbates de cor-
pore exierint, qui in luio eoruin ordinandi sunt,
judicio congreijationts clganlur : nec ofjicium si-
bi hujus electwnis vindicet aut iirœsuwat epi-
scapus. Si qua vero contentio exorla fuerit, ut ista
abbalum aliorum concilio sive judicio finiril.iu:
TAm. IV Concil., pag. 1185.
83-2
UISÏOlllE GJÏNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
clercs avec deux notaires, et fit son entrée
eu celte ville le 2 février 33G. L'empereur
Justinien, et Théodora sa femme, le prièrent
de recevoir la visite d'An'.hime, et de l'ad-
mettre à sa communion. Agapety consentit,
a la cliarge qii'Anlhime donnerait par écrit
une confession de foi catholique, et qu'il re-
tournerait àl'évèclié deTrébizonde, attendu
qu'il n'était pas possible qu'un homme trans-
féré demeurât dans le siège de Constantino-
ple. L'Impératrice tâcha en vain de gagner
lu Pape par des présents et par des menaces;
Agapet demeura terme, cl vint à bout le
persuader à l'Empereur de faire déposer An-
thime, qui, de son n;ôtc, préféra quitter de
siège de Constanlinople, plutôt que de faire
profession de la foi catliolique. Le Pape, vou-
lant le ju^er dans les formes, assembla un
concile où Anthime fut jugé; mais comme
il refusa de comparaître, on le condamna, et
on élut à sa place Mennas, supérieur du
grand hôpilal de Saint-Samson à Constanli-
nople, qui était catholique, et rccommanda-
ble autant par son savoir que par l'intégrité
de ses mœurs. Il fut choisi par l'Empereur,
du conscnlement du clergé et du peuple, et
reçut l'ordination épiscopale de la maia
lud.p..-. d'Agapet, dans l'église de Sainte-Marie. Le
Pape écrivit ensuite une leltre synodale à
Pierre, patriarche de Jérusalem, pour lui
donner avis de la manière dont il avait pro-
cédé à la déposition d'Anthime et à l'ordina-
tion de Mennas.
Concile d. 2. Sévère, faux patriarche d'.\ntiochc, fut
p?«°Ô"°M°en"- condamné avec Anthime, de même que Pierre
v'c'nctV^^' d'Apamée et Zoara, moine eutychien. Les
évoques d'Orient et de Palestine présentèrent
Aci.oD I. contre eux une requête au Pape, dans la-
quelle ils acLUsaieut Sévère de s'être fait
initier aux mystères des païens , d'avoir en-
seigné la doctrine d'Eutychès et de Manès,
et d'avoir répandu en Oiient le sang des
saints par les mains des juifs séditieux. Us
accusaient Pierre de plusieurs crimes, et
Zoara d'ignorance et de dissolution, comme
aussi de laire des conventicules secrets, et
de donner de faux baptêmes. Us concluaient
à ce que l'Église lui délivrée de ces héréti-
ques, que l'on demandât à l'Euipercar une
loi pour faire brider leurs écrits, et que l'on
lit exécuter la sentence rendue contre An-
Ibime. Cette requête élait souscrite de onze
cvêques et de trente-trois clercs, tant prêtres
que diacres cl lecteurs, députés de divciscs
églises. Ils donni'.ienl au pape la qualité de
i«e. ".
Père des pères, d'archevêque des Romains
et de patriarche. Mais dans la requête des
abbés, il est qualifié archevêque de l'ancienne
Rome et patriarche œcuménique. Ce fut Ma- "•l'i. p- 1.-,
rien, prêtre et exarque des monastères de
Constanlinople, qui présenta celle-ci à Aga-
pet, tant en son nom qu'au nom des autres
abbés de la même vifie, et de ceux de la Pa-
lestine et de Syrie, au nombre de quatre-
vingt-seize, dont plusieurs souscrivirent en
syriaque. Après diverses plaintes générales
contre les schismaliques et les acéphales, ils
se plaignent en particulier de ce que l'un
d'eux nommé Isaac, qui était Persan de nais-
sance , avait déchiré à coups de baguette
l'image du très-pieux empereur, en pronon-
çant plusieurs paroles indécentes contre ce
prince, ce qu'ils regardent comme des blas-
phèmes contre Dieu, puisqu'il n'avait frappé
cette image que parce que l'empereur sou-
tenait la cause de Dieu en prenant la défense
de la saine doctrine. Us se plaignent encore
de ce que les sectateurs de Dioscore et d'Eu-
tychès tenaient des assemblées, entraient dans
plusieurs maisons de personnes constituées en
dignités, et y séduisaient des femmes par
leurs erreurs; élevaient des autels et desbap-
tistaircsdansdesmaisonsparticulières; et de
ce que, sans avoir égard aux lois de l'Empe-
l'cur, qui défendaient aux hérétiques de s'as-
sembler cl de baptiser, Zoara avait baptisé
le jour de Pâques plusieurs personnes, entre
lesquelles étaient des enfants de ceux qui
demeuraient dans le palais. Pour engager le
Pape â s'opposer à ces maux, ils lui disent
que, conjme Dieu envoya saint Pierre d'O-
rient à Rome pour détruira les prestiges de
Simon-le-.Magicien, Dieu l'avait aussi envoyé
d'Occident en Orient pour y ruiner le parti
d'.\.nthime, de Sévère, de Pierre et de Zoara,
en les déposant et en les chassant. C'est
pourquoi ils prient le Pape de marquer un
terme à Anthime pour retourner à son é,:;lise
de Trébizoïule, sous peine d'èU'e déposé de
l'épiscopat; et de faire chasser de Con-
stanlinople Sévère, Pierre et Zoara, comme
déjà condamnés , de même que plusieurs
évôipies, prêtres et moines, tant du parti
de Nestorius, que de celui d'Eutychès, s'of-
frant de les nommer eu temps et lieu.
Le pape Agapet renvoya ces deux requê-
tes à l'Empeiour; mais il ne put terminer
lui-même celte allaire, étant mort â Cnnslan-
tinoplc le 22 avril de la même année 53G,
après dix mois de pontifical. Justinien, pour
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES Dlî CONSTANTINOPLE.
[VI* SIÈCLE.]
la finir, fit assoinlilor dans la mc^me ville un
concile de cinquanlo-doux évoques, (jiii lin-
rent leur première séance le G des noues do
mai, aprt's le consulat de Bélisaire, c'est-à-
dire, le 2 mai 530. Mennas, élu dvéque de
Constantinople ;\ la place d'Anlliiiue, y pré-
sida, ayant à sa droite les évèquos d'ilalie,
comme légat du pape Agapet, et plusieurs
évoques de Cappadoce, de Bithynie et d'ail-
leurs; et i\ sa gauche Hypace d'KpIi^se et
grand nombre d'autres évèqucs d'OrionI, et
les députés des évèques absents. Le clergé
de Constantinople assista au concile; mais il
n'y eul personne de la part de l'église d'A-
lexandrie, à cause de la confusion dans la-
quelle l'avaient mise les eutycliéens qui y
dominaient, et qui étaient divisés en deux
fie- 7. sectes. Tous les assistants ayant pris place,
on fit entrer les abbés qui avaient présenté
leur requête h l'Empereur, et avec eux lo
référendaire Théodore, chargé de la porter
au concile. Elle fut lue par le notaire Acbas.
11. Les abbés y accusaient Anthimc d'avoir long-
temps abandonné son église , et trompé le
monde par l'apparence d'une vie mortifiée.
Leurs plaintes contre Sévère, Pierre et Zoara
étaient à peu près les mêmes que celles do
la requête qu'ils avaient adressée au pape
Agapet, dont les légats du Saint-Siège don-
82. nèrent la lecture. Ils donnèrent aussi ii lire
la requête des évêques d'Orient à Agapet, et
la lettre synodale de ce pape à Pierre évo-
que de Jérusalem , dans laquelle il déclarait
Antbime déposé de l'épiscopat de Constan-
tinople, et Mennas légitimement élu en sa
47. place. Après la lecture de toutes ces pièces,
le patriarche Menuas nomma des commis-
saires pour signifier à Anthime ce qui avait
été fait, et le citer à comparaître dans trois
jours devant le concile. Ainsi finit la pre-
mière action.
Ar.ifn !, 3. Dans l'action suivante, qui se tint qua-
* ' tre jours après, savoir le G mai, les commis-
saires déclarèrent , qu'ayant cherché An-
tbime en tous les lieux où ils croyaient qu'il
pouvait être, notamment dans la maison de
prières placée sous le nom de l'archange saint
Michel, qui est dans le palais, ils n'avaient pu
ô.-;. le découvrir. Sur quoi le patriarche Mennas
et tout le concile dirent qu'encore qu'il pa-
rût évidemment qu'Anthime ne voulait pas
se présenter ; néanmoins , pour imiter la
bonté de Notre-Sauveur Jésus-Christ, qui ofiVe
la pénitence comme un remède salutaire à
ceux qui pèchent, il fallait lui donner un se-
853
cond délai de trois jours pendant lesquels il
serait cité ;\ comparaître. On nomma donc
encore d'autres commissaires.
■i. Ce terme étant écoulé, on tint une troi-
sième action le 10 du môme mois, oii les
commissaires ayant déclaré' qu'ils avaient
fait leurs perquisitions dans l'éiilise du mar-
tyr saint Laurent, et partout ailleurs où il
convenait, sans avoir pu découvi'ir où était
Anlhime ; Mennas, de l'avis du concile, don-
na mi troisième délai, et nomma de nouveaux
commissaires.
.T. Le concile ajouta, qn'afin d'ôfer à An-
thimc tout prétexte d'ignorance, l'on alHche-
rait publiquement un mouiloire qui contien-
drai! la perquisilion et la citation qu'on avait
ordonnées. Outre les trois jours entiers pour
la dernière citation, on en donna sept pour
le monitoire ; de sorte que la quatrième ac-
tion ne fut tenue que le 21 mai. Les commis-
saires y déposèrent qu'ils avaient fait les
perrpiisitions nécessaires, et que l'on avait
alFiché publiquement le monitoire, sans avoir
pu ni rencontrer Anthime, ni apprendre en
quel lieu il s'était retiré, quoiqu'ils eussent
conjuré les clercs de l'église de Saint-Michel,
et d'autres personnes, de leur en donner des
nouvelles. Après toutes ces formalités, et la
lecture des Actes du concile où le pape Aga-
pet avait déposé Antbime, le concile décla-
ra, parla bouche d'Hypace évêque d'Éphèse,
qu'Autbime s'était rendu coupable, non-seu-
lement en se faisant transférer de Trébizonde
à Constantinople contre la défense des ca-
nons, mais encore en soutenant secrètement
l'héi'ésie d'Eutycbès, et en travaillant à rom-
pre l'union des églises, procurée avec tant
de peine ; qu'on lui avait donné tous les dé-
lais nécessaires pour reconnaître sa faute et
y satisfaire; et que, puisqu'il persévéï'ait
dans sa contumace , il méritait, suivant le
jugement du Pape, d'être privé de l'évèché
de Trébizonde et de toute autre dignité ec-
clésiastique, et retranché du corps des saintes
églises de Dieu, comme un membre pourri
et inutile. Le patriarche Mennas prononça
une sentence contre Anthime, h peu près
dans les mêmes termes qu'Hypace l'avait
dictée, ajoutant seulement qu'il ne lui serait
point.permis d'entrer à Trébizonde nia Con-
stantinople. Ce jugemer.t fut suivi de plu-
sieurs acclamations dans lesquelles les Orien-
taux souhaitaient de longues années à l'Em-
pereur et au paliiarclie ; puis ils demandè-
rent qu'on anathémalisâl aussi Sévère, Pierre
Afliûn i,
P»g. 11.
Pag. 80.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Actibi, 3,
t^. 115.
854
et Zoara, vec leurs sectateurs. Mennas ne le
leur relusa point ; mais il les pria d'attendre
que l'on en eût parlé à l'Empereur, dont ils
connaissaient le zèle pour la foi orthodo.\e,
disant que dans desatlaires de coltc nature,
il ne convenait point de rien faire sans en
avoir communiqué avec ce prince.
Il y eut soixante et onze évéques qui sous-
crivirent à celte quatrième action ; les Ro-
mains en latin, les Grecs en grec, et les Sy-
riens en syriaque.
6. Dans la cinquième action, que l'on tint
le 4 juin, le référendaire Théodore apporta
deux requêtes présentées à l'Empereur :
l'une , de Paul d'Apamée et des évéques de
la seconde Syrie, dans laquelle ils faisaient
leur profession de foit condamnaient l'iiérésie
de Nestorius et celle d'Eulycbès, et disaient
anathème à Anlhime, à Sévère et h Pierre ;
l'autre, des moines de Jérusalem, de ceux
de la seconde Syrie, et des abbés de Con-
stautinople, par laquelle ils demandaient que
les hérétiques dont nous venons de parler
fussent condamnés avez Zoara, qu'ils accu-
saient de soutenir l'hérésie d'Eutycliès, et
de troubler l'Église catholique ; et que l'on
chassât tous ceux qui nu communiquaient
pas avec le saint concile et avec le Siège
apostolique. Le patriarche Mennas , ayant
fait lire ces deux requêtes, dit au référen-
daire Théodore de se retirer. Après quoi on
lut la requête que les moines adressaient aux
Romains et au concile. Ils y disaient, qu'a-
près le jugement rendu contre Anthime, ils
ne pouvaient se dispenser de former leurs
plaintes contre Sévère et Pierre, qui avaient
troublé rOrieni. Ils faisaient un détail des
maux que l'Église soullVait de la part des
acéphales, des blasphèmes qu'ils pronon-
çaient contre le concile de Clialcédoine, des
violences qu'ils exerçaient dans les monas-
tères, des meurtres qu'ils y avaient commis,
du refus qu'ils avaient fait d'accorder la sé-
pulture à environ trois cent cinquante moi-
nes, qu'ils avaient tués par les mains des
juifs, des réordinalionset des rébaplisations
qu'ils avaient faites, et des dérèglements de
leur vie, qui allaient si loin, que quelques-
uns d'entre eux avaient sacrilié au démon et
exercé l'art magique, nommément Sévère.
Us louclnuient à ce que lui et Pieircî d'Apa-
mée fussent anathéuialisés avec leurs sccla-
Icnrs, el l'Empereur supplié de les chasser
«le Conslantinople, de faire cesser leurs as-
semblées illicites, et de brûler les écrits im-
pies de Sévère. Ils demam'aient en particu-
lier la condamnation de Zoara, qu'ils disaient
avoir encore plus troublé l'Église de Dieu
que les complices de ses crimes , et avoir
déj;\ été excommunié par le Siège aposto-
lique.
Avant de faire droit sur cette requête, les
évêques d'Italie demandèrent qu'on fit la
lecture de deux lettres du pape llormisdas,
l'une aux moines de la seconde Syrie, l'au-
tre à Épiphane patriarche de Conslantinople,
dans lesquelles il condamnait Sévère, faux
évê(jue d'Aulioche, et Pierre d'Apamée. Les
légats présentèrent ces deux lettres en latin,
et le diacre Christophe, notaire et secrétaire,
en lut la version grecque. .\près quoi le pa-
triarche Mennas ordonna aux notaires de
ri'^glise de Conslantinople de produire les
pièces qu'ils avaient touchant celle affaire.-
On lut la requête des clercs et des moines
d'.\ntioche adressée au patriarche de Con-
slantinople Jean el à son concile en 518, por-
tant plaintes contre Sévère, et le détail des
crimes dont il était coupable; la relation du
même concile au patriarche Jean, où l'ou
disait anathème à Sévère ; cl la requête des
abbés de Constanlinople, sur laquelle le mê-
me concile avait prononcé. On lut encore les
lettres de Jean de Conslantinople à Jean de
Jérusalem et à Épiphane de Tyrpo'ir la réu-
nion des Églises ; les lettres synodales de
Jean de Jérusalem et d'Kpiphaue de Tyr à
Jean de Constanlinople, et au concile de la
même villt ; celles que les évêques de la se-
conde Syrie écrivirent aussi à Jean de Con-
slantinople et à son concile contre Sévère et
Pierre ; les informations faites contre Pierre
par le gouverneur de la province, el la re-
quête des moines d'.\pamée à leurs propres
évêques, portant diverses accusations con-
tre le même Pierre. Après qu'on eut lu toutes
ces pièces, le patriarche Mennas demanda
aux évô iucs leur avis. Ceux d'Italie opinè-
rent les premiers en ces termes : n 11 parait
que Sévèi'c, Picnc et leurs complices ont été
condamnés depuis longtemps, pour des er-
reurs manifestes, par les décrets du pape
llormisdas : c'est pourquoi nous les tenons
pour condamnés, avec les écrits impies de
Sévère contre les définitions du saint c<ni-
cile de Clialcédoine et contre les lettres du
pape Li'oii d'henieiise mémoire. Nous com-
prenons dans la même senlence, c'cst-ù-dire
dans le même anathème, Zoara et tous ceux
qui communiquent avec eux et persévèrent
P4£. ua.
CHAPITRE I.XXXVI. — CONCILES DE CONSTANTINOPLE.
JlIfUllK
coDflrme I
roodie, r>l
3U.
fVl* SIÈCLE.]
dans leurs erreurs, n Le concile dit ensuite
anallu'nio i'i Sévère, ii Pierre et ù Zoara,
couinie déjà conilaniiiés; et le patriarche
Mennas, conlirmant l'avis du concile, pro-
nonça le ju},'cuient solennel contre eux, en
les frappant d'anatliènie, eux cl Ions leurs
complices, et tout ce (]u'ils pouvaient avoir
Ptj. »( ^g,,j( po,„. séduire les simples. 11 fut .souscrit
par qualre-vinjjt -Imit cvèques : première-
ment par Mennas ; ensuite par les cinq lé-
gats du pape, savoir, Sabiu de Canuse, Kpl-
phanc d'Kclane, Astèrede Salerne, Uusli(pie
de Fcssule, et Léon de Noie. Les deux dia-
cres de l'Église romaine, Théopliaiies et Pe-
lage , souscrivirent ensuite ; puis Hypace
d'Éplièse et les autres évêques d'Orient, avec
les députés de diverses églises.
7. Il parait que ce fut à la prière de Men-
'nas que l'empereur Justinien donna une loi
le G août de la même année, pour confirmer
le jugement du concile, puisqu'elle lui est
adressée. Ce prince dit dans celte loi, que
ce n'était point une chose extraordinaire de
voir les puissances séculières confirmer les
sentences de déposition prononcées par les
évêques contre des ecclésiastiques indignes
de leur ministère; qu'elles en avaient agi
ainsi à l'éi^ard deNestorius, d'Eutycliès, d'A-
rius, de Mucédonius, d'Eunomius et de plu-
sieurs autres; que la concorde des deux
puissances donnait beaucoup plus d'autorité
à ces sortes de jugements. Il reconnaît que
c'était le pape Agapet qui avait déposé An-
tliime de l'épiscopatde Constantinople , pour
l'avoir usurpé contre les canons, et pour
avoir abandonné la foi orthodoxe, quoiqu'il
en aflectât les dehors. Il déclare donc, qu'en
conséquenc de la sentence rendue contre lui
et contre Sévère, Pierre et Zoara, il leur dé-
fend d'entrer dans Constantinople ou dans
aucune autre ville considérable. 11 ordonne
que les écrits de Sévère seront brûlés, com-
me étant remplis de blasphèmes, et défend
de les transcrire, sous peine d'avoir le poing
coupé; et, pour obvier à de nouveaux trou-
bles, il défend à tons les hérétiques, parti-
culièrement aux sectateurs de Nestorius,
d'Eutychès et de Sévère, de dogmatiser, de
tenir des assemblées, de baptiser indiscrè-
tement, d'administrer la communion à qui
que ce soit, et d'expliquer les doctrines dé-
«35
fendues, soit cl Constantinople, soit dans toute
autre ville. Il charge Monuas de faire passer
celle loi, en l'accompagnant de ses lettres
à Ions les métropolitains de sa dépendance,
afin qu'eux-mêmes en donnent communica-
tion aux Églises qui leur sont .soumises.
8. AussitiM après la tenue du concile de CM.tii. d.
Constantinople, Meunas en envoya les Actes 'm""!'!!!, v
.ri' ' . 1 T ' t 1 . ConcH,, ans-
a Pierre évoque de Jérusalem, par les moi- si»,
nés de Palestine, que cet évéqne avait dé-
putés avec quelques-uns de ses confrères a
Constantinople. 11 les chargea aussi d'une
lettre pour Pierre, qui, l'ayant reçue, assem-
bla son concile le 13 des calendes d'octobre
après le consulat de Bélisaire, c'est-à-dire
1(! 19 septembre o'.iG. Il s'y trouva quarante-
cinq évoques des trois Palestines. Lorsqu'ils
furent assemblés, le diacre Elisée, qui était
aussi notaire du patriarche Pierre, dit que
les abbés et les moines demandaient d'en-
trer. Cela leur fut accordé ; et alors Pierre
et son concile ordonnèrent au diacre Elisée
de lire la lettre du patriarche Mennas. 11 y
rapportait en peu de mots ce qui s'était passé
à Constantinople contre Anthime, Sévère,
Pierre et Zoara, et priait l'évéque de Jérusa-
lem de conserver par devers lui les actes de
la procédure faite contre eux. Le diacie lut
à îiau'e voix tous ces actes depuis la pre-
mière action jusqu'à la fin de la cinquième.
Les évêques du concile, ne trouvant lien que
de canonique dans la procédure faite à Con-
s'.anlinople, confirmèrent la déiiosition d'An-
thime, et apparemment la sentence pronon-
cée contre Sévère, Pierre et Zoara; mais il
n'est rien dit de celte sentence dans celle que
le concile rendit par la bouche de Pierre. Le
titre même de celte sentence ne fait mention
que d'Anlhime : ce qui fait voir que nous
n'avons pas en entier les Actes du concile de
Jérusalem, ou que, si l'on n'y dit rien contre
Sévère, Pierre etZoara, c'est qu'on lescroyait
sufiisamment condamnés auparavant. Il se
tint sans doute plusieurs conciles semblables
dans les autres provinces; mais nous n'en
avons point de connaissance. On voit par une i,,,,,^,^ ,,,,
des Novelles de Justinien, que le prêtre Eusè-
be, trésorier de l'église du Saint-Sépulcre de
Jérusalem, et l'un des députés au concile de
Constantinople, en obtint le privilège ' de
pouvoir ahéner, en faveur de son église.
' Omnibus est hominibus manifestum hocsanc-
tissimam resurrectionetn eos qui ex omni orbe eo
covfliiunl, quorum muUitudinem infinilam est
dicere, et suscipere et alere et facere sumptus
immensos et insinratos... Liceat igitur ipsi sanc-
tissiinœ Ecclcsiœ facere œdi/iciorum venditionem,
856
niSTOraE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Concile
dOrléao) CD
fc38. Tom. V
C<iiicl!.p.39:.
Canons du
enclin.
des maisons d'an revenu modique, afin de
pourvoirplusaisL'mentaiixbesoinsd'unnoin-
bre iufini de pèlerins qui venaient visiter les
Saints-Lieux.
ARTICLE Xll.
TROISIÈME CONCILE D'oitLÉANS [538], ET CONCILE
DE BARCELONNE [540].
1. Le 7 mai de l'an 538, qui était le qua-
trième après le consulat de Paulin-lc-Jeune,
le vingt-septième du règne dcChildebert, et
le second du pontificat de Silvérius, on tint
à Oi'léans un concile qui est compté pour le
troisième. Il y eut dix-neuf évoques et sept
prêtres dfputé?. Le.premier des évèques et
le président du concile était Loup, archevê-
que de Lyon. Après lui souscrivirent trois
autres archevêques, Pantagathus de Vienne,
Léon de Sens, Arcade de Bourges et Flavius
de Rouen. Injuriosus, archevêque de Tours,
n'ayant pu s'y trouver, députa de sa pail le
prêtre Campanus , qui souscrivit avant tous
les autres députés.
2. On travailla dans ce concile, comme
dans les précédents, à renouveler les anciens
canons qui regardaient la discipline, et on y
en fit quelques nouveaux qui parurent né-
cessaires. Le premier ordonne que chaque
année les métropolitains tiendront un concile
provincial avec leurs suÛVagants, qui ne pour-
ront se dispenser d'y assister, s'ils n'en sont
empêchés par maladie. Et parce que quel-
ques-uns auraient pu prétexter que la Gaule
étant partagée entre les Francs, les Bour-
guignons et lesGoths, les rois d'une nation
ne permettaient qu'avec peine à leurs évè-
ques d'aller au concile qui se tenait chez une
autre, le concile déclare ces excuses illégi-
times depuis que toute la Gaule était soumise
aux Français, quoiqu'ils eussent plusieurs
rois, tous étant de la même nation. La peine
qu'il ordonne aux métropolitains qui négli-
geront de convoquer le concile annuel, et
aux évoques qui n'j' assisteront pas sans ex-
cuse légitime, est d'être privés pendant un
an de la célébration de la messe. — Le se-
cond oblige il la continence ' les sous-dia-
cres, de même que les autres clercs supé-
rieurs, sous peine de déposition et d'être ré-
duits à la communion laïque. Il veut même
que l'évéque soit privé pendant trois mois
des fonctions de son ministère , si , sachant
qu'un sous-diacre ne vit pas dans la conti-
nence, il lui permet l'exercice de son olUce.
— il est dit dans le troisième, que suivant la
coutume et les décrets du Siège apostolique,
les métropolitains seront ordonnés par les
métropolitains, si cela est possible, et en pré-
sence des évoques de la province ; et que leur
élection se fera par les évèques comprovin-
ciaux, avec le consentement du clergé et des
citoyens; que les évèques seront aussi choi-
sis du consentement du métropolitain, du
clergé et du peuple de la ville, parce qu'il
est raisonnable que celui qui doit présider à
tous, en obtienne les suffrages. — On renou-
velle dans le quatrième canon la défense faite
si souvent aux évèques et à tous autres ec-
clésiastiques, d'avoir chez eux des femmes
étrangères, c'est-à-dire qui ne soient pas
leurs proches parents. — Le cinquième laisse
au pouvoir de l'évéque d'employer les biens
donnés aux églises situées dansles villes, aux
réparations des églises mêmes, ou 'i l'entre-
tien des ministres , voulant qu'à l'égard des
revenus des églises de la campagne , ils en
disposent selon la coutume des lieux. — Le
sixième fixe l'âge que doivent avoir ceux que
l'on élève aux ordres supéiieurs, disant qu'on
ne peut ordonner un diacre avant l'àge de
vingt-cinq ans; ni un prêtre, qu'il n'ait at-
teint l'âge de trente ans ; à la charge toute-
fois qu'ils ne seront point bigames ni muti-
lés, et qu'ils n'auront point fait pénitence
publique. Il déclare ceux qui seront ordon-
nés avec ces défauts, déchus de leur dignité,
et il suspend l'évéque qui les aura ordonnés
sciemment des fonctions de son ministère
pendant six mois; et en cas qu'au mépris du
canon, il ait célébré pendant les six mois, le
concile le prive pondant un an entier de la
commimion de tous les frères. — Il est or-
donné dans le septième que, si les clercs qui
Cas. 3.
nihil verenli kg m in génère de his positnm,
proptcrea qui,<l lege recentiorc subilirisionew nc-
cepil, neque aliqua pœna iniie contra quamiibel
personam omnino conveniente. Justin., A'o»ei.,i)ag.
40.
' il nullus clcricorum a suhdidconn, et siipra,
qui uxores in jiroposito sun accipere inhiheulur,
propria:, si forle jam hcUical, niiscealur uxori.
Qiiod si feceril, laicaenmmnninne ennlentti^,jux-
la prxiirum raunninn slahttn, ah officio depona-
tiir. (Jiiem si sciens fpiscnpiis siiu.i in hac vilitnte
permixlinnis ywenlfvi, ad nffictum poftea admi-
serit, et ipse episcopus ad agendam pa'nilcnliam
tribus mensihiis sit a suo officio sequeslralus,
('.au. 2, loin. V Concil., pag. 206.
CIUriTOE I.XXXVI. — 3' r.ONCILE DOni.ftANS.
Cio. «,
[VI'" SIKOLE.]
sn sont ongnpds volonlniiTinent diins le mi-
nislèrc, sans iHrc mariiis, vicnnont :\ se ma-
rier après leur ordination, ils seront excom-
mnnii's avec leurs femmes; mais que , s'ils
ont été ordonnés malgrù eux, ils seront seu-
lement déposés , mais non pas privés de la
communion; et que l'évoque qui les auraor-
donn(''S, sera un an sans célébrer; que pour
les clercs qui seront trouvés coupables d'a-
dultère, ou les leurenuora dans un monastère
pour toute leur vie, sans les priver néanmoins
delacoramunion. — Leliuilièmc veutque l'on
dégrade les clercs convaincus de vol ou de
faux, parce que ce sont des péchés capitaux;
mais il ne les prive pas de la communion. Il
soumet i\ une excommunication de deux ans
le clerc coupable de parjure dans une aflairc
qui devait se décider par le serment. — Le
neuvième défend d'admettre à l'avenir dans
le clergé ceux qui, ayant eu des femmes légi-
times, ont eu des enfants de quelques concu-
bines; mais il cousent qu'on laisse dans le
clergé ceux qui, étant dans ce cas, ont été
ordonnés par ignorance. — Il est dit dans le
dixième, qu'on ne séparera poiut les nou-
veaux chrétiens qui auront contracté des
mariages incestueux par ignorance aussitôt
après leur baptême ; mais seulement ceux qui
en auront contracté sachant les défenses, et
au mépris des lois, ce dont l'évêque décide-
i-a. — Le onzième ordonne que les clercs
qui, sous prétexte de quelques protections,
ou par d'autres raisons illégitimes, refu-
seront de s'acquitter de leurs fonctions ,
seront effacés du canon ou de la liste des
clercs qui desservent les églises, et ne rece-
vront plus de gages, ni de présents avec les
autres chanoines. — Les aliénations des biens
de l'Eglise sont défendues par le douzième,
et il y est ordonné à ceux qui sont chargés
du soin des églises de travailler tt recouvrer
dans l'espace de trois ans les biens aliénés
par leurs prédécesseurs, — Parle treizième,
il est également défendu aux juifs d'obliger
leurs esclaves chrétiens à des choses con-
traires h la religion de Jésus-Christ, et aux
chrétiens de contracter des mariages avec
les juifs, et de manger avec eux. — Le qua-
torzième porte, que la messe doit être dite
857
<^ tierce, c'est-à-dire h neuf heures du ma-
tin ', aux jours solennels, afin que les prêtres
puissent plus facilement venir à l'ollice de
vêpres qui doit se dire le soir, parce qu'il est
convenable qu'ils se trouvent à cet ollice en
de semblables jours.
3. Il est défendu dans le quinzième aux c.o. is.
évêques d'aller dans les diocèses de leurs
confrères pour y ordonner des clercs ou y
consacrer des autels, sous peine à l'évêque
d'être un an sans célébrer, et aux clercs qu'il
aura ordoimés d'être privés de leurs fonc-
tions, la consécration des autels demeurant
en son entier. Il ajoute que les clercs qui
iront faire leur demeure dans un autre dio-
cèse, ne pourront, sans le consentement par
écrit de leur propre évoque, être élevés à un
ordre snpc'uieur, et qu'on refusera même la
communion aux prêtres, aux diacres et aux
sous-diacres qui voyageront sans être munis
de lettres de leur évêque. — Le seizième '"•
excommunie les ravisseurs des vierges con-
sacrées ù Dieu, ou qui leur font violence, de
même .que celles qui consentent h demeu-
rer avec leurs ravisseurs. Il étend cette peine
sur celles qui font profession de viduité, et
prive pour un an delà paix de l'Église le
prêtre qui aura communiqué sciemment avec
ces sortes de personnes. — Selon le dix-sep- "•
tième, un évêque ne peut ôtcr à un clerc ce
que son prédécesseur lui aura donné ; mais
il peut lui ôter ce qu'il lui a donné lui-même,
s'il s'en est rendu indigne par désobéissance,
ou par quelque autre faute. Il peut aussi le is.
lui ôter, en lui donnant l'administration d'une
église ou d'un monastère, parce que le re-
venu de ce second bénéfice peut suppléer à
ce que ce clerc tirait du premier. C'est le
sens du dix-huitième canon. — Le dix-ncu- n.
vième porte, que les clercs qui refuseront
ouvertement d'obéir par orgueil ou par quel-
que dépit, seront rc'duifs h la communion
laïque, jusqu'à ce qu'Usaient fait satisfaction
à l'évêque, qui conservera cependant pour
eux une charité entière, et leur fera donner
les rétributions ordinaires, suivant la qua-
lité des temps. 11 permet , en cas de difficul-
tés, aux clercs de se pourvoir devant le sy-
node delà province. — Le vingtième accorde ^'''
' De missanim celebrilale in prœcipuis ihin-
taxat soteinnitatibus id ohservari ilcbtt, ul hura
terlia inissarum celehratio in Dei nomine inchoe-
tur, qun facilius intra lioras compétentes, ipso of-
ficia cxpcdilo, sacerdotcs possint ad vespertina of-
ficia, id est, in vespertino tempore convenirc : qtiia
sacerdolem respertinis ofjlciis ab ecclesia talibus
prœterea diebus nec decet déesse, nec convenu.
C.TH. 14, pag. 299.
858
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLKSIASTIQUES.
le même recours ' à celui des clercs qui se
croira traité injustement par son évè<juc. —
Le vingl-unième laisse à la discrétion du con-
cile de punir les clercs qui auront f.iil des
conspirations par écrit ou par serment,
comme il était arrivé depuis peu. — Le
vingt-deuxième est contre les usurpateuis
des Liens de l'Église, et contre ceux qui re-
tiennent les oblatiuns des défunts, ou qui
négliireut d'eu faire usage suivant leur in-
tention. Le concile ordonne que ces préva-
ricateurs seront suspens de la communion
ecclésiastique, jusqu'à ce qu'ils aient restitué
ou à l'église ou à l'évèijue : il soumet à la
même peine tous ceux qui, après avoir don-
né quelque chose à4église, auront eu la té-
mérité de le reprendre. — 11 est défendu
dans le vingt-troisième, sous peine de dé-
gradation, aux ab'jés, aux piètres et aux au-
tres ministres, d'aliéner ou d'iiypoîliéquer
quoi que ce soit des biens de l'Église, sans
une permission par écrit de leur évèque. — Le
vingt-quatrième ne veut pas que l'on accorde
la bénédiction de la pénitence aux person-
nes qui sont encore jeunes, ni même aux per-
sonnes mariées, sans le consentement des
deux parties , et encore supposé qu'elles
soient l'une et l'autre dans l'âge parfait. C'est
que ceux qui étaient en pénitence publique
devaient garder la continence. — Illeuréiait
aussi défendu de quitter les exercices de la
pénitence pour retourner à la vie séculière,
ou pour embrasser le parti des armes. Ceux
qui faisaient le contraire étaient excommu-
niés jusqu'à la mort, où il était permis néan-
moins de leur accorder le viatique, ainsi
qu'où lit dans le vingt-cinquième canon. —
Le vingt-sixième défend d'ordonner des fer-
miers ou des comptables, à moins que, selon
les statuts du Siège apostolique, ils n'aient
leur décharge par testament ou par quelque
autre écrit.
i. Dans le vingt-septième, on ordonne la
peine ' de dégradation contre les diacres et
les autres clercs supérieui-s qui prêtent à
usure, attendu qu'il ne leur est pas permis
de rien espérer au-delà de ce qu'ils auront
prêté, ni de trafiquer, soit en leur nom, soit
sous le nomd'autrui. — Le concile dit dans
le vingt-builième que, comme le peuple '
était persuadé que le dimanche on ne devait
pas voyager avec des chevaux, des bœufs ou
des voitures, ni préparer à manger, on rien
faire qui regardât la propreté des maisons ou
des personnes, ce qui sentait plus l'observa-
tion judaïque que le cliristianisme, il voulait
que ce qui avait été ci -devant permis le di-
manche, le fut encore. «Nous voulons toute-
fois, ajoute-t-il, que l'on s'abstienne en ce
jour-là de travailler aux champs, c'est-à-dire
de labourer, de façonner la vigne, de fau-
cher les foins, de moissonner, de battre le
blé, d'essarter ou de faiie des haies, pour va-
quer plus aisément aux prières de l'Kglise.
Si quelqu'un y contrevient, ce n'est pas aux
laïques, mais aux évcijues à le corriger. » 11
parait que ce qui engagea le concile à faire ce
cauon, fut la crainte que les chrétiens n'imitas-
sent la superstition des juifs, qui étaient alors
en assez grand nombre dans les Gaules. — Le
vingt-neuvième porte, que les laïques ne
sortiront de la messe' qu'après lOraison do-
miuica'.e et la bénédiction, si l'évcque est pré-
sent ; et que personne n'assistera, soit à la
messe du malin, soit à l'ollice de vêpres, avec
des armes, qui, dit le concile, ne sont d'u-
' Si quis clericorum circa se aul districtionem,
aiit tractationem episrnpi sui putal injuslam,
juxla anliquas amslituliones recurrat ad syno-
dum. Can. 20, pag. 301.
» Et clcricus a diaconatu, et supra, pecuniam
non cominodel ad usiiras: itec de prœslilis benc-
ficiis quidquam amplius quant datnr apcret; neve
in exercendis iiegotiis, ut pulilici qui ad populi
responsum negotiatores obserrant, turpii< liicri
cupiditale versetur, aut sub alirno noinine inter-
dicta negolia audeal exercerc. Quod si quis ad-
versum slatuta rentre pra'sunipserit, comniunione
concensa ab ordine regrudetur. Can. 27, (lag. 302.
' (Juia persuastiin est populis die domtniro agi
cum cabatlis, aut (lofriiy, et vehiculis itinera non
dehere, neque ullnm rem ad vielum prirparare,
vel ad nitorent domus vel honiinis pertinintem
ullatcnus exercere {quir ren ad judaicam mugis
quam ad christianam observantiam pcrtinerc
probatur), id staluimus, ut die dominico, qtwd
ante fieri licuii, ticeat. De opère tanicn rurali.id
est aral-t, vel rinea, vel sectione, messione. ei-
CHs.'-icmc, cxarto, vel sepe, rensuimus abstinen-
duin: qiio faciliiisad ecclesiam conienienits ora-
tionis gratiœ vaceni. Quod si inrentu< fuerit quis
in op<rilivs suprascriptis, quœ interdicta sunt,
se exercere, qualiler emrndari debeat, non in
/ïiïri districtione, scd in sacerdolis castigatione
consistai. Cau. 28. ibid.
* De missis nullus laicorum ante discedat,
giuun dominica dicalur Oratio: et si episcopui
prwsens fuerit, ejus benedielio expecletur. Sacri-
ficia vero niatulina missarum. sire vespertina,
ne quis cum armis pertinrntibus ad Inllorum
nsum speclet. Quod si fecerit, in sacerdotis potes-
tain consistât, qualiler ejus districtione debeat
castigari. Can. 20, ibid.
CHAPITRE LXXXVl. — CONCILE D'AFIUQUE, ETC.
Cm. 1,1.
[Vl* SIÈCLE.]
sape que dans la giieno. Ce canon est visi-
blement contre les Burhaies, iiuisquc les Ro-
mains ne portaient pas même l'épée liors
le temps de la guerre ou des voyages. — Les
cvè(iaes du concile disent dans I3 trentième
que vivant par la grâce de Dieu sous la do-
mination de princes catholiques ', l'on ne
soull'rira point que les juifs se trouvent avec
les chrétiens, en quelque occasion que ce
soit, depuis le jeudi -saint jusqu'au jour du
dimanche inclusivement, c'est-à-dire pen-
dant quatre jours entiers. — Le trente-uniè-
me porte excommunication contre les juges
d'une ville ou d'un lieu quelconque, qui ayant
su qu'un lii'rotique aura rehaptisé quelqu'un
d'entre les catholiques, ne l'auront pas dé-
noncé et fait punir. — On défend dans le
trente-deuxième i\ toutes sortes de clercs de
traduire personne devant les juges laïques,
et aux laïques d'y traduire les clercs, sans la
permission de l'évêque. — Le trente-troisiè-
me contient une imprécation contre ceux qui
négligeront de faire observer les statuts du
concile, que les évéques disent avoir faits
d'un commun consentement, par l'inspiration
de Dieu.
5. Septévèqucs de la province s'étant as-
semblés à Barccloune vers l'an 540, y firent
di\crs règlements, savoir : que l'on chante-
rait le psaume 3" avant le cantique; — que
l'on donnerait la bénédiction aux fidèles à
l'office du matin , de même qu'à celui du
soir ; — qu'il ne serait permis à aucun clerc
de laisser croître ses cheveux , ni de raser
sa barbe; — que les diacres ne pourraient
s'asseoir dans l'assemblée des prêtres; —
qu'en l'absence de l'évêque, les prêtres di-
ront les collectes ; — que les hommes qui
seront mis' en pénitence, auront la tcte ra-
sée et porteront un habit religieux , passant
leur vie dans les jeûnes et dans la prière ;
— qu'ils n'assisteront point aux festins ', et
qu'ils ne feront aucun commerce, se conten-
tant de vivre frugalement dans leur propre
maison ; — que ceux qui demandent la péni-
tence étant en maladie , la recevront de l'é-
vêque , à la charge que , s'ils reviennent eu
santé , ils mèneront la vie des pénitents,
859
sans qu'il soit néanmoins nécessaire de leur
impo.ser les mains di; nouveau, et qu'ils de-
meui'cront séparés de la communion jusqu'à
ce (pie l'évêque ait approuvé leur conduite;
— que l'on donnera la bénédiction du via-
tique à ceux qui sont en danger; — et qu'à
l'égard des moines , l'on observera ce qui a
été prescrit pour eux dans le concile de Chal-
cédoine.
ARTICLE XIIL
CONCILE d'aFRIOI'E [541], ET QfATIlîÈME
CO^•CILE D'ORLÉANS [541].
1 . En 541 , les évoques de la province By-
zacène en Afrique s'assemblèrent en concile,
et firent plusieurs canons dont nous ue sa-
vons autre chose, sinon que l'empereur Jus-
tinicn, à qui ils avaient député deux évêqucs
à Constantinople , les confirma , nonobstant
les privilèges que l'on pourrait obtenir par
subreption pour en empêcher l'exécution.
Le rcscrit de ce prince à cet égard est de
l'an 542. Mais il y en a un autre de l'année
précédente adressé à Dacien, métropolitain
de la Byzacène, et à tout son concile.
2. La même année, il se tint un concile à
Orléans qui est compté pour le quatrième.
11 fut assemblé de tous les trois royaumes de
France et de toutes les provinces des Gaules,
excepté la première Narbonnaise , qui était
sous la domination des Golhs. Léonce de
Bordeaux y présida , et Marc, évêque d'Or-
léans, souscrivit le dernier. Il s'y trouva eu
tout trente-huit évêques ; les absents furent
représentés par onze prêtres et un abbé,
nommé Ampbiloque, député d'Amélius, évê-
que de Paris. Les Actes en sont datés du
consulat de Basile, indiction quatrième, c'est-
à-dire de l'an 341.
3. Nous ne voyons point d'autres motifs
de la convocation de ce concile , que celui
de se conformer à l'obligation imposée par
les précédents d'en assembler chaque année,
et de déraciner entièiiement certains abus,
qui duraient toujours malgré les efforts que
l'on avait faits pour les corriger. Ce concile
fit donc encore trente - huit canons , dont
Ccacils
à Afrigrio ou
5i 1. Tom. V
Conll., [af.
3ïa
Concile
d'UrI.^aiis ea
5'.l. Tom. V.
Corc:l., fsg.
aso.
r:.i.ins Je
Ce cuiirile.
Cau. II. IX.
25, 34,33,36,
li.tt IS.
' Quia Deo propitio sub catholicorum regum
dominalioite consistiinus, judiri a die Cwnœ us-
que ad secuiidum sabbati in Paschd, hoc est ipso
tiuatriduo, procedere inter chrii:tianos, t.eque ca-
thoUcis populis se ullo loco. vcl quacumque occa-
sione misccre prœsumant. Can. clO, pag. 303.
' Preniteides viri tonso capite et religioso ha-
bita utentes, jejuniis et obsecrationibus vitœ tem-
pus peragant. Cau. ti, pog. 379.
^ Ut panitentes epiilis non intersint, nec nego-
tiis opcram dent in dalis et acceptis, sed tantum
in suis domibus vitam frugalem agere debeant.
Can. 7, ibid.
860
HISTOIRE GKNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
huit renouvellent les défenses déjA faites
aux eccli^iastiques d'aliéner les biens de
l'É^'lise, et aux laïques de s'en emparer,
en. I. Voici ce que les autres contiennent en
substance : « La fête de Pâques sera '
célébrée, suivant la table ou le cycle de
Victorius , dans toutes les Églises. Chaque
évêque l'annoncera tous les ans au peuple
dans l'église le jour de l'Epiphanie. S'il se
rencontre quelque difllculté sur le jour, les
métropolitains consulteront le Siège aposto-
'• lique. — Les évoques feront observer' le
Carême également dans toutes les églises,
sans le commencer plus lot dans l'une que
dans l'autre, ni permettre que l'on ùte le
jeûne du "samedi. .1 Le défaut d'uniformité en
ce point venait de ce que quelques-uns, imi-
tant l'usage des Grecs, ne jeûnaient point le
samedi, commençant le Carême le lundi d'a-
près la Quinquagcsime , et de ce que d'au-
tres jeûnaient cinquante jours , et d'autres
soixante. Le concile défend cet usage, et ne
permet à personne de se dispenser du jeûne
pendant tout le Carême, si ce n'est le jour
du dimanche, et en cas de maladie pour les
»• autres jours. — Il défend aussi aux princi-
paux citoyens de célébrer la Pâque et les
autres fêtes solennelles hors de la %ille et
de l'assemblée de l'église à laquelle l'évêque
préside ; voulant que celui qui se trouve en
nécessité de s'absenter, en demande la per-
*• mission à son évêque. — On ne doit offrir'
autre chose dans le calice que du vin mêlé
d'eau, parce que c'est un sacrilège d'oflVir
autre chose que ce que le Seigneur a Oi-
(. donné. — L'évêque doit être régulièrement
consacré dans la même ville et la même
église pour laquelle il a été élu. Si cela ne
se peut, il le sera dans la province en pré-
sence du métropolitain , ou de son consen-
tement par les évoques comprovinciaux. —
Les clercs des paroisses recevront de leurs ^^ ,
évêques les règlements et les instructions
nécessaires, afin que ni eux, ni leurs peuples,
ne puissent s'excuser sous prétexte d'igno-
rance. — Les seigneurs ne mettront dans ,.
les oratoires' ou chapelles de leurs terres
que des clercs approuvés par l'évêque dans
le territoire duquel elles sont situées. — Le ,.
temps de la pénitence de ceux qui , après
être tombés dans l'hérésie, reviennent à l'u-
nité de la foi catholique , sera à la disposi-
tion de l'évêque, qui pourra les rétablir dans
la communion en la manière et au temps
qu'il jugera ;\ propos. — Les aliénations ou 0.
engagements des biens de l'Église, faits par
un évêque qui ne laisse rien de son bien à
son église en mourant , seront révoqués ;
mais s'il a mis en liberté quelques esclaves,
ils en jouiront, à la charge de servir l'Église.
— L'évêque qui aura ordonné , ou un biga- ,„.
me, ou un homme marié à une veuve, sera
suspens des fonctions du sacerdoce pendant
un an ; et s'il méprise cette censure, il sera
privé de la communion des autres évêques
jusqu'au temps du grand synode, ou, selon
quelques manuscrits , jusqu'au premier sy-
node. Ceux qu'il aura ordonnés contre les
règles, seront dégrades.
4. S'il arrive quelque difficulté sur la u.
possession des biens temporels, les évê-
ques s'accorderont ensemble à l'amiable
dans l'espace d'un an, ou par-devant des
arbitres qu'ils choisiront; s'ils ditl'èrent de
le faire, ils seront séparés de la communion
de leurs frères, parce qu'il n'est pas juste
que ceux qui président à tout aient entre eux
des dillcrends pour quelque sujet que ce soit.
— Défense aux juges, sous peine d'excom- u.
munication, d'imposer" aux clercs qui des-
' l'iacuit iiaqiie, Deo propitin, ut sanctitin Pas-
cha secundum laterculum Virtnris ab omnibus sa-
cerdotibus uno lempore celebrelur. Quœ festivitas
annis singulis ab episcnpo Epiphaniarum die in
ecclesia populis denuiitielur. De qua solcmnilate
quotics aliquid duhitatur, inquisita tel agnita
per metropolitanos a Scde aposlolica sacra con-
stitulio teneatur. Clin. I, loin. V Concil., p.ip. 181.
' Uoc eliam decernimus obserrandum, ut (Jua-
dragesima ab omnibus t'cctesiis wqualiler tenea-
tur ; neque quinquagesiinani ttul sexagesimam
anie pascha quitibct sacerdos prœsumnt indicere.
Sed neque per sabbala absque infirmilate quis-
quam solvat quiidragesimer jejnnium, jiiVi tan-
tum die dominico prandeal, quod sic péri spe-
rialiter Palrum statula sanxerunt. Si quis hanc
regulam irritperit, tanquam transgresser rfi»Yi-
plinœ a sacerdotibus censeatur. Can. 2, ibid.
' Cl nnllus in oblalione sarri calicis, nisi quod
ex fruclu vineœ speralur, et hoc iiqua niixtum,
offerre prœsumat : quia sacrilegium judicatur
aliud offerri, quam quod in manttniis sacratissi-
mis Sdirator instiluit. C.nn. ï, ibid.
* U( in oratoriis domini prœdiorum minime
cnntrn vntum episcopi ad quem territorii ipsius
phrilegium noscilur prrtinere, peregrinos cleri-
cos inlrnmitlnnt ; nisi forsitan quosprobalos ibi-
dem districtio pontiftcis observare prwceperit.
Cau. 7, img. 382.
<• Si quis judicum clericos de quolibet corpore
venienles, alque allario mancipatos, vel quorum
nomina in malrirula Ecclesimtencanlurinscripta.
[Vl' SIÈCLE.]
CHAIMTUK LXXXVl. — i' CONCILE D'OIILI^ANS.
.s(;i
ûan. I^ et Id
servi'ut actuellemenl l'Église , el dont los
noms sont dans la matiicult! , dos (:liaii;os
publiques; et pai-Uculièreiiicnl d'uLliniT les
évèques , les prêtres cl les diacres d'acee])-
ter des tutelles, parce qu'il est raisonnable
que les ministres de Jésus-Christ jouissent
d'une exemption ([ue les lois civiles accor-
daient aux prêtres du paj^anisme. — Ceux-
lù seront privés de la communion de l'Église,
qui, après avoir reçu le baptême, retourne-
ront i certaines pratiques de l'idolâtrie,
comme de manj^er des viandes immolées,
de jurer par la tète de certaines bêtes, ou
d'invoquer les noms des faux dieux. — Pour
éviter tout soupçon d'incontinence, on dé-
fend aux prêtres et aux diacres mariés d'a-
voir le lit et la chambre communs avec leurs
femmes. — Les juges séculiers ne doivent
point connaître les causes des clercs, même
celles que ces derniers auraient à soutenir '
contre des laïques, ni exercer aucun acte de
juridiction sur eux , sans la permission de
l'évêque ou du supérieur ; mais les clercs
étant eux-mêmes cités par leur supérieur
ecclésiastique, ne doivent user d'aucune
chicane pour leur défense ; et toutes les fois
qu'il y aura entre eux et les S(!culiers quel-
que difficulté , ils ne pourront comparaître
devant le juge public, qu'ils ne soient assis-
tés d'un prêtre ou de l'archidiacre, et qu'ils
n'en aient permission de celui qui préside à
l'église dans laquelle ils servent. — Celui
qui, sans la permission de l'évêque ou du su-
périeur d'une église , en retire de force ou
par fraude une personne qui s'y est retirée
par la nécessité d'y chercher un asile , doit
•Ml être chassé jusqu'à ce qu'il ait lait [)éni-
leuce , et à condition de rélablii- cetli; per-
sDuuo dans le lieu tl'où il l'a tirée. —
DéfiMise, sous peine d'excommunication, cm. s2,
d'employer l'autorité des puissances pour
avoir des lillcs en mariage contie la volimlé
de leurs parents. — Défense aussi aux serfs aj.
des églises ou des évêques d'exercer des
violences et de faire des captifs, parce qu'il
est inique que la discipline de l'Kglise soit
déshonorée par les excès de serviteurs dont
les maîtres ont coutume de racheter les cap-
tifs mêmes'. — Le concile, en conservant s»'
le droit d'asile , déclare qu'un tel droit ne
doit point servir de prétexte aux esclaves
qui se retirent dans les ('glises , pour con-
tracter des mariages contre la volonté de
leurs maîtres. — Il est enjoint aux archi- se.
diacres de prendre garde que les clercs des
paroisses ou des oratoires placés dans la dé-
pendance des maisons de campagne des sei-
gneurs , rendent le service qu'ils doivent à
l'iiglise ; et à celui qui voudra avoir une pa- 23.
roisse'' dans sa terre, d'y donner avant tou-
tes choses un revenu suffisant, et des clercs
pour y faire l'office. VoilA l'origine des pa-
tronages. — On renouvelle les canons du j7_
troisième concile d'Orléans et de celui d'K-
paône sur les degrés prohibés. — Le meur- 53^
trier volontaire qui aura trouvé le moyen de
se mettre à couvert de la vengeance publi-
que et de la poursuite des parents, ne lais-
sera pas d'être mis en pénitence par l'évê-
que. — Les femmes qui auront commis im j,
adultère avec des clercs, seront mises en
pénitence par l'évêque , aussi bien que ces
publias aciionibiis applicure prœsuinpserit : si
a sacerdote coinmonilus emendare nolueril, cog-
noscat se pacem Eccle>iiœ non liabere. Simililer
el a tutelœ adininistratione poutifices, presbyle-
ros, alque diacoiws, ideo excusatos esse decrevi-
wus, quia quod lex sœculi etiam paganis sa-
cerdolibus et jniinittris aille pnrsliierat, justum
est ut erga chrislianos specialiler coiiservetur.
Can. 13, pas. 38;i.
' Ut nullus sœcularium personarum, prœter-
misso pontifice,seuprœpositoEcclesiœ, quemquam
clericorum pro sua. poteslate conslringere, discu-
tere audeat, vel dainnnre. Sed et clericus, si pro
causa ad petitionem cujuscuinque fuerit ab eccle-
siaslico ordinatore commonitus, se ad audien-
tiam spondeat adfuturum, et respondere nulla
calliditate dissimulet. Sed qiiœcumque causatio
quoties inter clericum el sœcularem vertilur, abs-
que presbytero aul archidiacono. vel si guis esse
prœpositus Ecclesiœ dignnscitur. judex publicus
audire negolium non pnesumat. Saiie si causam
habentibus placuit ire ad judicinm fori ex volun-
lale commum, permiltenle pr(eposilo Ecclesiœ,
clerico licenlia tribuulnr. Cau. 20, loin. V Concil.,
pas. 384.
' Le texte porte : u Ut servis ecclesiœ, vel sucer-
dotum, prœdas el ciiptivilates exercere non liceat :
quia iniguum est, ut quorum domini rcdemptio-
nis prœstare soient suffragium, per servorum
excessum disciplina ecclesiastica maculetur. »
Can. 23, pag. 383. Ce que Dom Ceillier a ti'aduit
ainsi : « Défense, etc., étant injuste que la disci-
pline de l'Église soit tachée par les cxcès des ser-
viteurs, que les maîtres ont coutume de racheter.
C'est-à-dire qu'il a rapporté quorum à redemptio-
nis, au lieu de le rapporter à servorum, comme il
semble évident qu'il devait le faire. [L'e'diteur.)
3 Si quis in agro suo aut habet, aut postulat
habere dincesim, primum et terras ei deputet
sulpcienler, et clericos qui ibidem sua offlcia im-
pleant, ut sacratis locis reverentia condigna tri~
bualur. Can. 33, pag. 387.
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CoBClIe «t
CoiuUDt:oo-
pl< CO St7.
Tom.VCOE-
cil., p. 399.
Ibid., ti;.
«07.
Fae&Dd, eoo.
tta Moc. f ig.
t7î.
CoBcMfd'Or-
léam «D U.*.
Totn. V ..'oo-
cil., 1^. m.
863
clercs eux-mêmes, et révêquc aura le droit
de les éloigner des villes. — 11 est permis de
racheter les clircliens qui, devenus esclaves
des) juifs, se réfugient dans une église et
demandent d'être rachetés, pourvu que l'on
paie aux juifs le prix auquel ces esclaves
seront estimés. — S'il arrive que les juifs
les engagent à embrasser Je judaïsme , en
leur promettant la liberté , ils perdront ces
esclaves; et les chrétiens qui auront obtenu
leur liberté à condition de se faire juifs, de-
meureront esclaves. — Les descendants
d'esclaves seront obligés aux services et aux
charges, sous lesquels ceux dont Us descen-
dent ont -obtenu leijr liberté, quoiqu'il y ait
longtemps.
ARTICLE XIV.
CO>XILE DE COSSTANTIKOPLE [547], CINQUIÈME
COSCILE D'ORLÉANS ',349], DEUXIÈME CONCILE
DE cleumont 1.349], concile de tocl '330].
1. Le pape Vigile, étant venu <^ Constan-
tiuople en 347, y fut reçu par l'empereur
Justinien avec les honneurs dus à sa dignité ;
mais ce prince , qui avait déjà envoyé en
Afrique son édit pour la condamnation des
Trois-Chapitres, n'omit rien pour engager le
Pape a les condamner lui-même. On le pressa
si vivement sur cet article, qu'il s'écria pu-
bliquement dans une assemblée : « Je vous
déclare qu'encore que vous me teniez captif,
vous ne tenez pas rapôtre suint Pierre. » Ce-
pendant il assembla un concile des évéques
qui lui étaient unis, au nombre d'environ
soixante-dix; mais, après plusieurs séances,
il le rompit, priant les évoques de donner
chacun leur avis par écrit. Après qu'il les
eut reçus, il les envoya au palais, ne voulant
pas garder par-devers lui des réjjonses con-
traires au concile de Chalcédoine; mais en
eut grand soin de les garder au palais, avec
les souscriplious des évêques qui avaient
condamné les Trois-CItopitres. Le l'ape donna
lui-même sou avis le 11 avril de l'année sui-
vante 348, par lequel il condamnait les Trois-
C/iajjitres, sans préjudice du concile de Chal-
cédoine, et à condition que celle question ne
serait plus agitée à l'avenir, ni de vive voix,
ni par écrit.
2. A Orléans, il se tint un cinquième con-
cile le 28 octobre de l'an 549, qui était le
trenle-huiticme du roi Childebert, indiclion
treizième. Il s'y trouva cinquante évêques,
cl vingt-un y envoyèrent des députés, les
uns prêtres, les autres archidiacres. Parmi
les évêques présents, il y avait neuf métro-
politains, savoir: saint Sacerdos de Lyon, qui
présida le concile; saint .\urélien, d'Arles;
Hésychius, de Vienne; Saint Xicet, de Trê-
ves; Désiré. de Bourges; Aspasius, d'Eause;
Constitut, de Sens; Urbicus, de Besancon, et
Avolus, d'Aix. Marc, évêque d'Orléans, n'y
assista point, parce qu'il était accusé et
exilé ; et c'était pour le juger que le roi Chil-
debert avait fait assembler un concile si
nomlireux de toutes les provinces qui com-
posaient les trois royaumes de France. Les
accusations formées contre Marc furent trou-
vées sans fondement , en sorte qu'il fut ré-
tabli dans son siège épiscopal.
3. Les évêques du concile, avant de se
séparer, firent vingl-quatre canons, à la tête
desquels se trouve une petite préface où ils
donnent de grandes louantes au zèle de
Childebert pour la pureté de la toi et le main-
tien de la religion. Mais ils n'y disent rien de
l'afl'aire de l'évêque d'Orléans. Saint Gré-
goii-e de Tours se contente de dire qu'il fut
justifié dans ce concile, et rétabli dans sa
ville et sur son siège. Le premier des canons
anathématise également les erreurs d'Enlj--
chès et de Nestorius, comme condamnés par
le Siège apostolique; ce qui paraît avoir été
ordonné à cause de la dispute des Trois-
Cltapitrcs, dont les accusateurs et les défen-
seurs se traitaient mutuellement de ncstoriens
et d'eutychiens. — 11 est dit dans le second
que les évêques n'excommuuieront point
pour des causes légères et de peu d'impor-
tance; mais seulement pour des fautes pour
lesquelles les anciens Pères ont ordonné que
l'ou serait chassé de l'Église — Le troisième
renouvelle les défenses faites plusieurs fois
aux clercs d'habiter avec des femmes étran-
gères. — Le quatrième leui* ordonne, sous
peine de déposition, de vivre dans le célibat.
— Le cinquième défend aux évêques de
prendre ou d'ordonner les clercs d'un autre
diocèse sans la permission de leur évêque.
— Le sixième porte qu'un esclave ordonné
clerc sans l'agrément de son maitre, deuieu-
lera en servitude, à condition que celui-ci
n'en exige que des services honnêtes. Le
concile ajoute que, dans le cas où s^oii maitre
agirait aulrcment A son «-gard, oureui|)loie-
rait A des choses déshonorantes pour l'ordre
sacré, l'évêque qui l'aurait ordonné le lui
retirerait, eu lui donnant deux serfs à sa
place. — Par un abus qui s'était glissé, il
Vil. Patrum,
fvi* SIÈCLE.]
CHAPITRE LXXXVI. —
arrivait souvent (lue ceux qui avaient étt" ilt*-
livrés de la serviluile y cUaicnl l't'duils do
iioiivenu sans ancune raison : le scpii(>mo
canon veut donc (]no les l'glises soutiennent
la liberté de ceux qui auront vie aÛVandiis,
dans les mêmes termes qu'ils l'ont reçue de
leurs maîtres. — Le huili(>me défend i\ tout
ëvôqne d'ordonner des clercs pendant la va-
cance du siège épiscopal ; de consacrer des
autels, et de rien prendre des choses de
l'Église : le tout sous peine d'être prive pen-
dant un an tie la cék'bralion do la messe. —
On ordonne dans le neuvième de n'élever
personne ù l'épiscopat, qu'il n'ait au moins,
pendant un an, été instruit des règles spiri-
tuelles et de la discipline ecclésiastique par
des gens docles et d'une vie éprouvée. — Il
est défendu par le dixième d'acheter l'épi-
scopat ' par argenf.ou d'employer les brigues
pour y parvenir; maisl'évêque doit être con-
sacré par le métropolitain et ses comproviu-
ciaux , suivant l'élection du clergé et du
peuple avec le consentement du roi. 11 y a
des manuscrits qui ne portent point ce con-
sentement du roi. — Le onzième déclare,
conformément aux anciens canons, que l'on
ne donnera point h un peuple un évêque
qu'il refuse , et qu'on n'obligera point le
peuple ni le clergé à s'y soumettre par l'op-
pression des personnes puissantes ; qu'au-
trement l'évêque ainr.i ordonné, c'est-ù-dire
plutôt par violence que par une élection lé-
gitime, seia déposé. — Le douzième ne veut
pas que l'on ordonne un évêque à la place
d'un évêque vivant, s'il n'est déposé pour
quelque crime capital. — Comme la division
des royaumes occasionnait du trouble dans
la discipline de l'Eglise , le treizième canon
défend à toute personne de s'emparer des
biens légués aux églises, aux monastères ou
aux hôpitaux, sous peine d'être chassé de
l'Eglise jusqu'à la resiitulion de la chose en-
levée. — Le quatorzième est sur la même ma-
tière; mais il s'explique plus clairement en
étendant cette défense aux évéques, à toute
sorte de clercs et aux laïques de toule con-
dition, leur défendant à tous de prendre les
863
biens d'une autre église, soit dans le mfîme
royaume, soit dans un autre.
i. Le quinzième conliiuio la fondation d'un
hôpital l'Iabli à Lyon pai- le roi Cliildcbert, et
la reine L'itrogothe, son épouse : tous les évo-
ques du concile souscrivirent à cette fonda-
tion, le roi et la reine l'ayant ainsi souhaité;
et il fui défendu à l'évèquo do Lyon, do mô-
me qu'.'i ses successeurs, de se rien attribuer,
non plus qu'à cette église, des biens de l'hô-
pital. Mais en même temps on lui enjoignit
de tenir la main ;\ ce qu'il fiit toujours gou-
verné par des adminisliateurs soigneux; que
l'on y entretînt le nombre des mahides or-
donné par la fondation, et que l'on y reçut
les éti angers. Le concile prononça anathèmc
contre celui qui ferait quelque chose de con-
traire , le regardant comme meurtrier des
pauvres. — Le seizième prononce aussi ana-
thème contre quiconque osera priver les
églises, ou les lieux saints, des donations
qui leur auraient été faites par quoique per-
sonne que ce soit. — Le dix-septième règle
la manière dont les causes des évoques doi-
vent ètie jugées. Celui qui aura atl'aire à un
évoque, doit promierement s'adresser à lui-
même pour tei'miner la chose à l'amiable :
si l'évêque ne lui fait pas raison, il s'adres-
sera au métropolitain, qui écrira à l'évêque
de finir l'aU'aire par arbitrage. S il ne satis-
fait pas la première fois, le métropolitain le
mandera pour venir devant lui, et il demeu-
rera suspendu de sa communion jusqu'à ce
qu'il vienne. Mais s'il arrive que le métropo-
litain, interpellé par un évêque de la pro-
vince, refuse do l'entendre et de lui faire
justice, l'évêque, après deux admonitions,
en portera ses plaintes au premier concile,
avec obligation de sa part d'observer ce que
l'on y aura ordonné. — Le dix-huitième sus-
pend pour six mois les évêques qui, étant
appelés au concile par le métropolitain, re-
fusent d'y venir, ou en sortent avant qu'il
soit fini, si ce n'est en cas d'une infirmité
évidente. — Ou règle dans le dix-neuvieme
la manière de recevoir les filles dans les mo-
nastères', soit qu'elles y viennent ae leur
' Vt nulli episcopatum prœmiis aut compara-
tiont liceal adipisci, sed cum voluiitate régis,
juxla eleclionein cteri ac ptebis, siciit in aniiquis
canonihus tenetur scriptum, a metràpolilano, vel
quem in vice sua prœiiiiserit, cum comprocincia-
libus poiHifex consecrctur. Quod si quis hanc re-
gulam Itujus sanctœ constiiutionis per coemptio-
nem eïcesserit, eum qui per prœmin ordinatus
fuerit, statuimus removcndum. Can. 10, tom. V
Concil., pafx. 393.
« Qnœcunique etiiim puellœ, seu propria volun-
tate iiwnastcrium expelunt, seu a parentibus of-
feruntur, annuin in ipsa qua intraverint vesle
permancant : in his rero monasteriis, tibi non
perpcluo lenentur inclusa', triennium in ea qua
intraverint veste permaneant : et postmodum,
864
HISTOIRE GÉNIvRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
propre volonté, soit qu'elles soient oUerles
par leurs parents. Si le monastère où elles
entrent est fermé, elles seront un an avec le
même liabit qu'elles ont apporté du siècle;
mais dans les monastères où la clôture n'est
pas perpétuelle, elles demeureront trois ans
avec leurs habits : après quoi on leur don-
nera celui des religieuses, suivant les statuts
du monastère. Que si, après l'avoir pris, elles
abandonnent leur bon propos et retournent
dans le monde pour se marier, elles seront
excommuniées avec ceux qu'elles auront
épousés. Si toutefois elles s'en séparent et
font pénitence, on leur rendra la communion.
— Par le vingtième, il est ordonné que ceux
qui sont en prison ""pour quelque crime que
ce soit, seront visités tous les dimanches par
l'archidiacre ou le prévôt de l'église, pour
qu'il prenne connaissance de leurs besoins,
et leur fournisse la nourriture et les choses
nécessaires aux dépens de l'église, par le mi-
nistère d'une personne soigneuse et fidèle,
que révêque choisira à cet efl'et. — Le vingt-
unième dit qu'encore que tous les prêtres '
du Seigneur et même chaque Odèle puissent
se charger du soin des pauvres, les évêques
néanmoins en prendront un particulier des
pauvres lépreux, tant de ceux qui se trouvent
dans la ville épiscopale, que dans les autres
lieux de son diocèse, en leur fournissant de
la maison de l'église, suivant la] possibilité
de ses revenus, le vêtement et la nourriture,
afin que rien ne manque à des gens accablés
par une si dure maladie. — Le vingt-deuxiè-
me renouvelle les anciens règlements tou-
chant les esclaves qui se réfugient dans une
église. — Le vingl-tioisièma ordonne la te-
nue annuelle du concile de la province. —
Le vingt-quatrième confirme les décrets pré-
cédents, voulant que en qui avait été i églé
dans le concile par l'inspiration de Dieu filt
inviolablement observé ù l'avenir.
secuudum statula monaslerii ipiius, in quo ele-
gerinl permanere,vestiinenl(i religionis accipiant.
Quœ si deinceps, sacra relinqueiiles loca, proposi-
tum sanclum sœcuii ambitione Iranscenderinl,
vel illœ, qvœ in domibus propriis, tam pueltœ,
quain viduœ, commutatis veslibus convertuntur,
cum his quibus conjugio copulanlur, Ecclesiw
communione privenlur. Sane si culpam sequestra-
tione sanaverint, ad cominunionis gratiam revo-
centur. Cnn. 19, pag. 39C.
' Id eliam miserationis inluVu œquum duxi-
mus custodiri, ut qui pro quibuscumque culpis
in carcrribus deputantur. ab arcliidiacono seti a
prœpoiiln Erclesia- singulis dicbus dominicis re-
quiranlur, ut nécessitas linctorum secundum
5. Peu de temps après le concile d'Or-
léans, dix des évêques qui y avaient assiste
s'assemblèrent à Clermont eu Auvergne,
ville située dans le royaume du jeune Tiiéo-
balde, qui avait succédé à son père Théode-
bert, mort en 548. Ce concile, que l'on
compte pour le second de Clermont, ne fit
point de nouveaux canons, mais il confirma
les dix-sept premiers du cinquième concile
d'Orléans, a l'exception du quinzième qui
regarde la fondation de l'hôpital de Lyon
par le roi Childebert. On ne voit point pour-
quoi les évêques assemblés à Clermont re-
nouvelèrent les ordonnances du concile
d'Orléans, si ce n'est pour leur donner plus
d'autorité dans un royaume différent de ce-
lui où ils avaient été faits. Ils se trouvent
dans un ancien manuscrit , précédés d'un
sommaire qui comprend toute la teneur des
canons; ce qui donne lieu de croire que ce
sommaire est de la façon des évêques de
Clermont. qui, ne voulant point s'assujélir
aux propres termes de ceux d'Orléans, en
exprimèrent les décrets en d'autres termes.
C. Xicet, archevêque de Trêves, qui avait
assisté au cinquième concile d'Orléans, et au
second de Clermont, en assembla un h Toul
en 550, du consentement du loi Théobalde :
les Actes de ce concile ne sont pas venus
jusqu'à nous. Mais il parait qu'il fut convo-
qué à l'occasion de quelques insultes faites
à saint Nicet par des Français qu'il avait été
obligé d'excommunier pour cause de ma-
riages incestueux. Cela peut s'inférer de la
lettre que Mappiuius, évêque de Reims, lui
cciivit pour s'excuser de n'avoir pu assister
au concile de Toul. Il parle dans cette lettre
de celle que le roi Théobalde lui avait écrite
pour se rcndie en celte ville le premier jour
de juin, et de la sentence d'excommunica-
tion que saint Nicet avait prononcée contre
ceux qui avaient contracté des alliances in-
prœceplum divinum tnisericorditer sublevett{r;
algue a ponli/ice, instituta ftdeli et diligenti per-
sona, qu(P necessaria providtal, competens eivic-
lus de domo Ecclesiœ tribuatur. Cnn. 20, ibid.
» Et licel. propitio Deo, omnium Domini sacer-
dotum, vel qunrumcumque htrc cura possit esse
fidclium, ut rgentibus necessaria debeant minis-
trare, specialiler tamen de leprosis id pietatis
causa convenit, ut itnusquisque episcoporum,
quos incolas hanc infirinitatem incurrisse, tam
territorii sui quam cirilalis agnnveril, de domo
Ecclesiœ juxia possibililatem victui et veslilui
necessaria subministret, ut non eis desit miseri-
cordiw cura, guos per duram infirmitatem inlo-
Icrabilis constringil inopia. Cnu. 21, ibid.
D<I.ll(lT
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p. »"2.
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(vi- siKCLE.l CHAPITRE LXXXVJ. — 2' CONCILE DE CONSTANTINOPLE
865
cestiicuses. Il y reconiiait qu'ofant excom-
iiiunu's [liir leur ûvôquo ', suivant la rigueur
des canons, il no pi'ut les recevoir i'i sa com-
munion sans parlici[)er à leurs crimes. Il
distingue deux sortes d'exi ammtinicalioiis :
l'une pour des fautes graves marquées dans
les canons; et l'aulie pourdemoinJi'esfautes,
(ju'il n'est pas permis ;\ la sollicitude pasto-
rale de dissimuler. 11 remarque qnc celui qui
communique sciemment avec un excommu-
nié, participe i\ son crime ; mais qu'il n'est
point coupable, s'il le l'ait par ignorance. 11
marque que, le roi Théobakle ne lui ayant
rien dit du sujet de la convocation du con-
cile de Toul, il n'avait pas cru devoir s'y
trouver ; que ce prince, pour l'instruire de
ce que l'on y devait traiter, lui avait écrit
une seconde lettre, mais qu'elle lui avait été
rendue trop tard. Il se plaint à saint Nicet
de ce qu'il ne lui avait pas fait lui-même
savoir le sujet de la convocation de cette as-
semblée, puisqu'il lui convenait mieux qu'au
prince de l'instruire sur ces sortes de matiè-
res ; avouant néanmoins qu'il ne pouvait se
dispenser d'obéir aux ordres du roi lors-
qu'ils avaient le bien pour objet, et qu'il au-
rait en effet obéi, si la seconde lettre de ce
prince lui eût été rendue ;'i temps. Cette lettre
de Mappinius se trouve dans le cinquième
tome des Conciles du Père Labbe, comme
pour servir de supplément aux Actes du con-
cile de Toul.
ARTICLE XV.
CONCILE DE MOPSUESTE [550]; SECOND CONCILE DE
CONSTANTINOPLE , CINQUIÈME GÉNÉRAL [353],
[ÉDIT DE JUSTINIEN CONTRE ORIGÈNE.]
projei du 1. Nous l'avous déjà remarqué, le juge-
ment rendu par le pape Vigile le 1 1 avril 348,
nommé Judicatum, par lequel il condamnait
les Trois-Chapitres, sans préjudice des dé-
cretsdu concile de Chalcédoine, etàla charge
que personne ne parlerait plus de cette ques-
tion, ni de vive voix, ni par écrit, n'avait
cfnquiêi
concile gé-
néral.
contenté personne. Les ennemis des Truà-
C/ia/jitres étaient choipK'S do la réserve.
Sauf iautuvitrdu concile de Cli/dcédoine; cl les
défenseurs dos Trois-Cltopitres étaient indi-
gnés que le Pape se fiU laissé enga;4or i'i les
condamner. Tous les évoques d'Afrique,
d'Ulyrie et de Dalmalio se l'elirôrent de sa
communion ; et il y en eut même dans le
clergé de Rome qui écrivirent contre lui
dans les provinces, persuadés qu'en con-
damnant les Trois-C liapitres , il avait aban-
donné le concile do Clialcédoine. Vigile,
voyant le scandale que sou jugement avait
produit, et qu'il continuait de produire par
suite de l'attachement dos évoques de l'Oc-
cident à lu défense des Trois-CItapitres ;
pressé d'ailleurs par Théodore de Césarée
et les autres évoques d'Orient de les con-
damner absolument, sans faire aucune men-
tion du concile de Chalcédoine, dit ^ à l'em-
pereur Justinien de faire venir à Constanti-
nople les évêques de toutes les provinces ,
cinq ou six de chacune , afin de régler pai-
siblement cette affaire d'un commun consen-
tement. (( Car je ne pourrai jamais me ré-
soudre , ajouta- t-il ', à faire seul, et sans le
consentement de tous, ce qui rend douteuse
l'autorité du concile de Chalcédoine et scan-
dahse mes frères. » Le Pape tira parole de
l'Empereur, que , sans avoir égard à ce qui
avait été dit ou écrit jusques-là sur cette
matière, elle serait examinée dans un con-
cile avec les évêques d'Afrique et des autres
provinces , principalement de celles où elle
avait causé du scandale ; et qu'en attendant
la décision du concile, personne n'entrepren-
drait rien au sujet des Trois-Chapitres. La
chose fut convenue ainsi ' entre Vigile et
Justinien en présence de Mennas de Con-
stantinople, de Dacius de Milan, de Théodore
de Césarée , de plusieurs autres évêques
grecs et latins , des juges , des grands et de
tout le sénat. En exécution de ce projet ,
l'Empereur envoya en Afrique et en Illyrie '
pour faire venir les évêques. Tous ceux de
' De qua re non mediocriter ingemissimus,
quod nos relatione vestra scire non feceritis,
iitrinn ex canonica lectione damnentur, an pro
pastorali diligentia corrigantur. Licet nihil novi
vos de his rehus invenire passe eognoscimus ,
quod prisca Pittrum solertia non potuit reperire;
tamen ahsurdum esse- videtur, ut a nobis reci-
piantur, qui a robis secundum seriem canonum
ecclesiaslica severitate abdicantur; novimus enim,
si scienter hoc gerimus, quod criminibus aliorum
LX.
misceamur; si ignoranler, reatui non snbdamur,
Tom. V ConcU-, pag. 403.
2 Episl., legatis Franc, tom. V Concil., pag. 407.
' Sine consensu omnium isla, quœ et synodum
Chalced'inensem in dubium venire faciunt , et
scandaltun fralribiis mets générant, solus facere
j)o« acquiescam. Epist. Leg. Francor., pag. 407.
4 Tom. V Concil., png. 33.5, S^ifi.
s Epist. Leg. Franc, pag. 407.
866
HISTOIRE GENERALE DES
rniyrie refusèrent ; mais il en vint quelques-
uns d'Afrique. Le Pape , sachant qu'ils ap-
prochaient de Conslanlinople , dit à Justi-
nien : « Si vous n'êtes pas content de ce que
j'ai déjà décidé, rendez-moi le jugement que
j'ai prononcé , et nous examinerons l'afl'uiic
de nouveau avec ces évoques qui viennent.»
Dieu permit ' que le Pape trouvât ce moyen
de retirer son Judicatum puhhquemenl dans
une assemblée. Il relira aussi les souscrip-
tions des évoques grecs, c'est-à-dire les avis
qu'ils avaient donnés par écrit , étant avec
lui à Conslanlinople en 547, et que l'on gar-
dait au palais avec les souscriptions de ceux
qui avaient condamné les Trois-Chapilres;
après quoi il déclara que, si quelqu'un d'en-
tre eux faisait quelque chose sur ce sujet jus-
qu'au concile universel, ou consentait à ce
que d'autres auraient fait , il serait séparé
de la communion du Saint-Siège.
contiie e, 2. Il était intéressant pour les Orientaux
H^r..esie,co (j'avoir des preuves en main que le nom de
Théodore de Mopsueste n'était point dans
les diptyques de cette église, et que personne
ne se souvenait de l'y avoir entendu nom-
mer. Ils persuadèrent donc à l'Empereur
d'écrire ' à Jean, évoque de Jusliniauople,
métropolitain de la seconde Cilicie, et à
Cosme, évêque de Mopsueste , d'assembler
un concile en celle ville. Les ordres du
prince furent exécutés : le concile s'assem-
bla le 17 juin de l'an 350. Jean de Justinia-
nople y présida ', assisté de huit évéqucsde
la seconde Cilicie. Marthauius, comte des
domestiques, y fut présent avec tout le
clergé de Mopsueste, deux comtes, deux
tribuns, quelques autres ofiSciers et plusieurs
habitants des plus considérables de la ville.
Alors Julien , diacre et notiiire , lut ' les let-
tres de l'Empereur; et les saints Évangiles
ayant été mis au milieu de l'assemblée, on
fit avancer ceux que l'on avait produits pour
témoins de ce fait, que le nom de Théodore
n'avait point été inséré dans les diptyques
de l'église de Mopsueste. Parmi ces témoins
il y avait onze prêtres, six diacres et dix-sept
laïques, dont deux étaient comtes, et les
autres les plus anciens et les plus honnêtes
gens (jue Paul défenseur de la ville avait, dit-
il , pu trouver. Les diptyques furent appor-
tés ' par le trésorier de l'église , qui les gar-
AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dail avec les vases sacrés; on les lut publi-
quement et à haute voix dans deux exem-
plaires dillérents. Le nom de Théodore ne
s'y trouvant pas, les évêques firent jurer le
trésorier sur les Évangiles , qu'il n'en avait
point d'autres. Quand ils eurent fait ensuite
promettre aux témoins, sur le môme ser-
ment, de dire la vérité, le prêtre Martyrius,
le premier et le plus ûgé de tous, déclara
qu'il n'avait jamais vu ni ouï dire que Théo-
dore autrefois évêque de Mopsueste eût été
nommé dans les sacrés diptyques. Mais parce
que, dans un des exemplaires des diptyques
représenté par le trésorier, il se trouvait un
Théodore, il certifia que ce Théodore n'était
mort que depuis trois ans , et qu'il était de
Galatie. Il ajouta qu'il avait ouï dire que
saint Cyrille, évêque d'Alexandrie avait été
mis dans les diptyques au lieu de Théodore,
et qu'il n'avait point de connaissance qu'il y
eût eu dans Mopsueste d'évêque nommé
Cyrille. Tous les autres témoins déposèrent
de même. Les évêques du concile, voyant '
que la déposition des témoins était unanime,
déclarèrent * qu'il paraissait, tant par leurs
témoiguages, que pour avoir vu eux-mêmes
les diptyques, que l'ancien Théodore en avait
été ôté ; et il fut résolu qu'on ferait écrire une
lettre synodique à l'Empereur, et une autre
au pape Vigile, pour les informer de tout ce
qui s'était passé dans cette assemblée. Nous
avons encore ' ces deux lettres.
3. Cependant, au préjudice de la conven- vioieoee»
tion de ne plus parler des Trois-C hapitres i*
jusqu'à la décision du concile, on recom-
mença à Conslanlinople à presser le Pape de
les condamner. Il le refusa ; et aussitôt Théo-
dore de Césarée fit en sorte ' que l'édit de
Justinien, portant condamnation des Trois-
Chapitres, fut relu dans le palais en présence
de Vigile et de quelques évêques grecs qui
tenaient son parti. Le Pape en lit des plaintes;
mais elles n'empêchèrent pas l'évêque de
Césarée de faire un grand nombre ' de co-
pies de cet édit, qu'il fit atlicher dans l'église
de Conslanlinople et en divers autres lieux,
jusques sur les portes de la maison de Placi-
die où Vigile faisait sa demeure. Il fit prier
l'Empereur '" d'ordonner que l'on (Mât les
édits, protestant qu'il se séparait de la com-
munion de tous ceux qui Icâ auraient reçus.
' Toni. V Concil., ptig. 408. - • Ibid., pag. 491.
» Ihxil., i>ag. 492.— ' Ibid., pag. 493. — • Ibid.,
pag. 494. — • Ibid., pag, 502. — ' Ibid., pag. 502
et 503. — 9 Sent, in Theod. Tom. V Concil.,
335. — • Epist. Legali.1, pag. 408.
'• Vigil.. Epist. 15, pag. 529.
pa«-
CHAPITRE LXXXVI. — r CONCILE DE CONSTANTINOPLE.
I
[VI* SIÈCLE.]
Daciiis, évôqim do Milan, dt'clara la in(^me
chose, tant pour lui, que pour les évèipies
entre lesquels son ëgliso clait siluéc. Tliéo-
(loïc, sans avoir aucun égard aux prolcsla-
tions du pape, alla ' avec les évéques de son
parli i\ l'église où l'édit était alliclié, y célé-
bra la messe, et ôla des diptyques le nom de
Zoïlc d'Alexandrie, en mettant ;\ sa place le
nom d'Apollinaire, intrus dans ce siège. Le
Pape, en ayant éti; informé, ne voulut plus
communiquer avec les Orientaux. Mais pré-
voyant que l'Empereur en serait irrité, il se
retira avec * Uacius, de Milan, dans le palais
d'IIormisdas pour mettre sa vie en sûreté.
Juslinicn envoya un oiiicier avec quantité de
soldats pour l'en tirer de force. Cet oiiicier,
qui était le préteur destiné à la recherche
des voleurs et des meurtriers , fit d'ahord
prendre par les cheveux les diacres et les
autres clercs pour les éloigner de l'autel de
l'église de Saiut-Pierre, où ils étaient avec
le Pape; puis, pour en arracher le Pape mê-
me, qui s'était mis sous l'autel, il le fit tirer
par les pieds, par la barbe et parles cheveux.
Vigile, embrassant les piliers qui soutenaient
l'autel, tint ferme, et, comme il était grand
et robuste, il rompit^ quelques-uns de ces
piliers. II s'en fallut peu que la sainte table
ne tombât sur lui : mais les clercs la soutin-
rent. Le peuple accourut au bruit, et se mit
à crier; ce qui obligea le préteur de se reti-
rer. On croit que ce fut à cette occasion que
le Pape dressa une sentence contre Théo-
dore de Césarée, dans laquelle il le prive de
l'épiscopat et de la communion catholique.
Elle est datée du 14 août 351, et se trouve
parmi les Actes ' du cinquième concile. Le
Pape ne la publia pas d'abord, afin de don-
ner ^ le loisir à l'Empereur de révoquer ce qu'il
avait fait, et aux évêques condamnés de se
repentir. Il se contenta de la remettre à une
personne fidèle, avec ordre, en cas qu'on lui
fit violence ou qu'il vînt à mourir, de la pu-
blier partout. L'Empereur fit promettre à Vi-
gile qu'il ne lui serait fait aucun mal, s'il
sortait de l'église de Saint-Pierre]: on promit
867
la mémo chose ù Dacius de Milan ; sur quoi
le l'ai)e retourna au palais d(! l'iacidie. Mais
s'aperccvant qu'on ne cessait do lui tendre
des pièges, et que deux jours avant Noël ou
avait mis des gardes à toutes les entrées de
ce palais, il s'enfuit de nuit par-dessus une
petite muraille, sortit de Conslantinople, et
se réfugia à Chalcédoine dans l'église de
Saintc-Euphémie. Justinien lui envoya plu-
sieurs de ses ofiicicrs pour l'engager h reve-
nir; mais ni eux, ni Pierre le référendaire
de l'église de Conslantinople, ne purent l'o-
bliger d'obéir aux ordi'es de ce prince. Il
offrit d'envoyer à Conslantinople Dacius de
Milan avec quelques autres, sous sauf-con-
duit, pour traiter l'afiaire de l'Église, protes-
tant que, si l'on refusait ses oUres, il serait
obligé de décider la cause, n'y ayant ni pa-
rents % ni biens qu'il préférât au salut de
son âme, et à la réputation du prince. C'est
ce que dit Vigile dans un écrit' en forme de
lettre, daté du 5 février 332, et adressé à
tout le peuple de Dieu. Il y raconte toutes
les vexations qu'on lui avait fait souffrir, et
y donne sa confessioa de foi pour sa justifi-
cation. Il retend principalement sur le mys-
tère de l'Incarnation , reconnaissant ' que
saint Pierre eu a renfermé toute l'économie
dans ces paroles : Vous êtes le Christ Fils du
Dieu vivant, nous apprenant que c'est le mê-
me qui est Dieu et homme, ayant conservé,
dans l'unité de personne , à chacune des
deux natures ses propriétés; que ce qu'il a
pris de sa mère toujours vierge, il l'a pris
dans le temps, mais qu'il est né du Père
avant tous les siècles. 11 reconnaît les quatre
conciles généraux, et dit anathème à Nesto-
rius, à Eutychès, à Dioscore, et à tous les
autres hérétiques qui, dans les siècles pré-
cédents, avaient troublé l'Eglise.
4. Théodore de Césarée et les autres de
son parti, étonnés de la fermeté de Vigile,
résolurent de lui donner satisfaction. Ils lui
adressèrent à cet efi"et une profession de foi,
où ils déclaraient que , pour conserver la
concorde ecclésiastique, et donner des mar-
Lcs Orien.
(aux présen-
tent leur pro-
fession d*" Tii
h Vljllc.
' Sent, in Theod., pag. 336. — ^ Epist. Legatis,
pag. 409. — 3 Theoph., in Chronog., pag. 152.
*Tom. V Concp. 33i. — »Vigil., EpiSt.lS.p. 329.
' Si ulla provenerit ultra dilatio, nos necesse
est causam modis omnibus definire: quia neque
proximos, neque alios parentes aut quamlibet
substantiam animœ noslnc tel j:iissinn princi-
pis opinioni prœponimus. Vigil., Epist. 15, pag.
334.
■> Vigil., Epist. 15, pag. 328.
* Responsionis brevitatc confessus est : Tu es
Christus Filiui Dei vivi. Sacratissimœ sciticetmys-
terium incarnationis cjus apcriens, dum in uni-
tate personœ, seriala geininœ proprietate natu-
rw, homn idemque Deus, et quod ex maire seni-
per lirgine sumpsit in tempore, et quod natus
ex Viilre est unie Sicculu, pcrmancret. Ibiil., pag.
331.
868
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ques qu'ik n'avaient d'autre doctrine que
celle des Apôtres, ils recevaient les (juatre
conciles généraux du Nicée, de Constantino-
ple, d'Ephèse et de Cbalcédoine, promettant
de suivre inviolablement tout ce qui avait
été décidé d'un commun consentement avec
les légats et les vicaires du Saint-Siège, par
lesquels les papes y ont présidé ' chacun eu
leur temps. Les Orientaux ne doutaient donc
point alors que les Papes n'eussent présidé
par leurs légats à ces conciles généraux.
Venant ensuite au formulaire ou libelle fait
pour la condamnation des Trois-C/iapitres,
ils consentaient qu'il fût remis entre les
mains du Pape, à qui ils demandaient pardon
des mauvais traitements qu'il pouvait avoir
reçus, et de ce qu'ils avaient communiqué
avec des personnes excommuniées de sa
part. Cette profession de foi fut signée par
Mennas de Constanliuople, par Théodore de
Césarée, par André d'Ephèse, par Théodore
d'Antioche en Pisidie, par Piei-re de Tarse,
et par plusieurs autres évèques. Le patriar-
che Mennas étant mort le 25 août 552, Eu-
tychius son successeur donna, aussitôt après
son intronisation, sa profession de foi au pape
Vigile, à peu près semblable à celle que
Mennas, Théodore de Césarée et les autres
Orientaux lui avaient donnée. 11 y déclare
qu'il reçoit les quatre conciles généraux et
les lettres des Papes, particulièrement celles
de saint Léon, et ajoute : (i Puisque nous
sommes d'accord sur tout cela, nous deman-
dons que votre Sainteté, présidant ' à notre
assemblée, et en présence des saints Évan-
giles, les Trois-Chapitres soient examinés et
la question terminée, pour confirmer la paix
des églises. » Eutychius donna cette profes-
sion de foi au Pape le jour de l'Epiphanie 553.
Elle fut souscrite aussi par Apollinaire d'A-
lexandrie, qui dès lois eu fut reconnu pour
évèque légitime , par Domnin d'Antioche ,
par l'^lie de Thessalonique, et par quelques
autres qui n'avaient pas souscrit à la profes-
sion précédente. Le Pape, qui aussitôt qu'on
l'eut satisfait par la première profession de
' Per omnia et in omnihus, quœcumque in om-
iiibiis Qfstis Chalcedimensis coticilii aliarttmque
pr(edictarum synudis scriplum invetiilur, coin-
muni coiisemu cuin Icgalis iilque vicariis Sedis
aposloUcœ, in qiiibus juxln lempora sua pnede-
ceixores sanclitatis résine ipsis syuodis prœse-
derunl, lam île /ide quain de alii.s nmnihus causis...
nos iiriimillimus seculurns.'ïiim.X Concil., pag. 338.
' Ideo pclimus, prœsidente nobis vestra bcali-
liidine, sangtig proposais Evangeliis, coinmuni
foi, était retourné de Cbalcédoine à Conslan-
tinople, répondit à la seconde dès le lende-
main 7 janvier, en ' l'approuvant, et consen-
tant à ce qu'on s'assemblât pour décider la
question des Trois-Chapitres. Il aurait sou-
haité ' que le concile se tint en Italie, ou du
moins en Sicile, et que l'on y appelât les
évoques d'Afrique et des autres provinces
où la langue latine était en usage ; il le de-
manda à l'Empereui-. Ce prince le refusa ; et
il fut convenu seulement que le Pape don-
nerait à Justinien les noms des évêques de
ces provinces, avec qui il lui serait permis
de délibérer. On convint aussi , quelque
temps avant Pâques, qui celte année 353
était le 20 avril, que les évêques d'Orient et
d'Occident, qui se trouvaient à Constantino-
ple, s'assembleraient en nombre égal pour
traiter l'atl'aire des Ti'ois-C/ia/utres.
5. Mais l'Empereur, désirant de la termi-
ner au plus tôt et à son avantage, n'eut an- . .f'""'*;*
cun égard à toutes ces conventions. Il Ot U"J;J 'j,°'_|;
assembler le concile la vingt-septième année S""?"™" v
de son règne, la douzième après le consulat fû".'"' ''*'
de Basifc, indiction 1, le i' des nones de
mai, c'est-à-dire le -4 de ce mois 553, dans la
salle secrète de la cathédrale à Conslanti-
nople. Ou a donné le nom de Conférences aux
séances de ce concile qui commencé et con-
tinué d'une manière irrégulière n'est devenu
œcuménique que par la confirmation subsé-
quente du pape Vigile]. Eutychius, patriarche
de Constautinople, tint le premier rang dans
la première conférence, et après lui, Apol-
linaire, patriarche d'Alexandrie; Domuin,
d'.\ntioche; trois évêques, députés d'Eusto-
chius de Jérusalem, et les évèques dépen-
dants de ces patriarches, en tout cent cin-
quante-un' évoques, entre lesquels il y en
avait cinq d'.\frique. Tous ('tant assis, on fit
entrer Théodore , silenciaire, porteur d'une
lettre de l'Empereur au concile, qui en or-
donna la lecture. Ce prince y relevait le zèle
que" les empereurs oi-lhodoxes, ses prédé-
cesseurs, avaient témoigné pour la religion
dans les quatre premiers conciles généraux
traclatu eadem capitula in medio proponenda
Quwri el conferri, et fineniquiestioni imponi IbiJ.,
pafi. 339.
> Ibid., pap. 421, 428.— » Ibid., pBg. 340.
' l.v iiininiscrit do Ilcaurnis lit : Le Iroisitme des
noues, llahiz., Imu V Concil. , pag. 1492.
• Après Jean de Nicomildie, les niauuscritg met-
tcut Klicnnc de Niiiie, omis pas le l'ère Labbe.
Baluz,, toiii. V Concil., i>ag. 1492.
' Toiu. V Concil, l>ag. 419.
[vi« SIÈCLE]. CHAPITRE LXXXVI. — 2'
asscmbl(5s par loiir aiilnrilt^, U faicait aussi
l'iMoge do IVmpci'oiir Li'on , qui consulta
tous les évèquoa tic son cmiiire pour savoir
ce quo chacun d'eux pensait du concile do
Clialci'doine. Ensuite il passait aux tioiiljles
et aux divisions que les seclatcurs de Neslo-
l'ins et d'Rutychès avaient causés dans les
lîlglises, et se faisait honneur d'avoir réuni
les év<^ques d'Occident et d'Orient, sans dire
un mot de reinpcreur Justin, sous le règne
duquel celle rt'union s'était l'aile. 11 ajoutait
ce qui suit : pour mahitenir l'autorité du con-
cile de Clialcédoine, il avait fait sortir des
églises ceux qui ne voulaient pas le recevoir;
depuis peu , quelques nesloriens, voulant
infecter les églises du venin de leur hérésie,
s'étaient servis du nom de Théodore de Mop-
sueste, maître de Neslorius, et coupable de
plus grands hiasphèmcs que son disciple; de
celui de Théodoret, ennemi de la foi établie
à Éphèse par saint Cyrille; et de la lettre
d'ibas à Maris, persan, remplie d'impiétés,
qu'ils disaient toutefois avoir été approuvée
par le concile de Clialcédoine, pour mettre à
couvert leur mauvaise doctrine sous le nom
de ce concile; pour arrêter le cours de
l'hérésie nestorienne qu'ils renouvelaient, il
avait consulté les évêques sur les Trois-Cha-
pitres, et les avait condamnés de leur avis
et avec eux; mais comme il se trouvait
encore plusieurs personnes qui en prenaient
la défense, il avait été obligé d'assembler
ces mêmes évêques en concile, atin qu'ils
fissent connaître une seconde fois ce iiu'ils
pensaient sur celte matière; le pape Vi-
gile avait lui-même condamné et analhé-
matisé les Trois- Chapitres; l'on était con-
venu avec lui de traiter de nouveau cette
affaire dans un concile ; en conséquence il
lui avait fait déclarer par ses olliciers de se
rendre à l'assemblée des évêques pour y
condamner avec les autres ces Trois-Cha-
pitres, ou pour les défendre s'il les croyait
soutenables; au lieu d'y venir, il s'était
contenté de dire qu'il ferait savoir à l'Empe-
reur ce qu'il pensait sur ce sujet. Justinien
fait ensuite une profession de sa foi ; après
quoi il exhorte les évêques à n'avoir en vue,
dans l'examen des Trois-Chapitres, c'est-à-
dire des écrits de Théodore de Mopsueste,
des anathématismes de Théodoret contre
ceux de saint Cyrille, et de la lettre d'ibns ;\
Maris, que la crainte de Dieu et l'amoLir
de la vérité. Et, afin qu'ils n'en fussent em-
pêchés par aucune considération pour le
CONCILE DE CONSTANTINOPLE.
8G9
pape Vigile, il dit, en le taxant tacitement :
<( (Juand celui qui est interrogé sur sa foi
dill'ère longtemps de répondre, il est censé
renoncer à la confession de la vérité : car il
n'y a en cette malière ni premier, ni second;
mais le plus prêt j'i rc'pondre est h; plus
agréable à Dieu. » Cette lettre est datée du
4 des nones de mai. Le silenciairc Théodore
s'étanl retiré, on lut la profession de foi ' que
le patriarche Eutychius avait donnée au
Pape le G janvier, et la réponse que Vigile
lui avait faite ', par laquelle il le reconnais-
sait pour orthodoxe , consentait fi la tenue
d'un concile sur les Trois-Chapitres, et pro-
mettait d'y assister. Les évêques convinrent,
qu'encore que plusieurs d'entre eux l'eus-
sent invité de s'y rendre, il était raisonnable
de l'y inviter de nouveau, avant de juger la
question des Trois-Chnpitrcs. C'esl pourquoi
les trois patriarches Eutychius, Apollinaire
et Domnin, plusieurs métropolitains et quel-
ques évêques, au nombre de dix-huit, al-
lèrent trouver le Pape, qui répondit qu'il
ne pouvait ce jour-là leur donner de ré-
ponse à cause d'une indisposition, et pro-
mit de leur faire savoir le lendemain sa réso-
lution. Les députés ayant fait leur rapport
au concile, on remit l'aflaire à un autre
jour.
6. La seconde conférence fut tenue le 8 scfnnjecon-
du même mois de mai. Les évêques, députés 4Ïg?''' '''''"
pour savoir la résolution du Pape, rappor-
tèrent qu'étant sWés chez lui deux jours au-
paravant, il leur avait répondu qu'il ne pou-
vait venir à l'assemblée, parce qu'il y avait
un grand nombre d'évêques d'Orient et peu
d'Occident ; qu'il mettrait son avis par écrit
et le donnerait à l'Empereur; que, sur cela,
ils lui avaient représenté que, dans les écrits
fails entre lui et eux, il avait promis de
venir à l'assemblée des évêques qutseraient
de leur communion ; qu'ils étaient de la
sienne; qu'il n'était point à propos de diftd-
rer à cause des évêques d'Occident, puisque,
dans les quatre conciles généraux, il n'y en
avait eu que très-peu, et seulement deux ou
trois évêques avec quelques clercs ; qu'il ?'?• '•'i
était présent et avait avec lui des évêques
d'Afrique et d'illyrie; qu'ainsi rien n'empê-
chait qu'il ne vint avec eux au concile ter-
miner avec charité l'affaire qui faisait le su-
jet de sa convocation. « Xous lui avons dit
encore , ajoutèient les députés : Si vous
1 Tom. V CnnciL. pag. 424. — • Ibid., pag. 427.
870
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qu'ils traiteraient, eu temps et lieu, Primase
suivant la rit,'ucur des canons; et qu'i"! l'égard
des trois évê(|ues d'Illyrie, il leur serait per-
mis de se joindre à JJénénalus, ainsi qu'ils
l'avaient demandé, vu que Bénénatus était
d'accord avec le concile, comme il paraissait
en ce que l'évèque Pliocas, son sull'ragantet
son vicaire, y était présent. Ici finit la se-
conde conférence.
7. On tint la troisième le lendemain, 9 mai; T„irij„,
mais la question des Trois-C/ia/)itres n'y fut j"'*'»"».!»-
ne voulez pas vonir, nous ne laisserons pas
de nous assembler, parce qu'il n'est pas juste
que l'Kmpereur et le peuple- fidèle soient
scandalisés d'un délai qui laisse toutes cho-
ses en suspens. Nous l'avons averti que
nous rapporterions tout à l'Empereur; et,
sur notre rapport , ce prince a promis d'en-
voyer au Pape des magistrats avec des évê-
ques pour l'exhorter encore à venir. » Ces
magistrats étaient Libère, Pierre, Pelrice et
Constantin. Celui-ci qui était le questeur du
sacré Palais, dit, au nom de tous, qu'ils
étaient allés, dès le 1" mai, trouver le pape Vi-
gile par ordre de l'Empereur; qu'ils y étaient
retournés le 7 , et qu'ù chaque fois ils lui
avaient dit qu'on pouvait venir ;\ l'assemblée
avec liberté, et même y prendre la défense
des Trois-Chapitres ; qu'après plusieurs dis-
cours, le Pape leur ayant demandé un délai
pour donner seul sa réponse, ils lui avaient
répondu : « Vous avez condamné seul plu-
sieurs fois les Trois-Chapitres par écrit et
de vive voix; mais l'Empereur veut que vous
vous trouviez au concile avec les autres évo-
ques, afin que la chose soit jugée en commun.
A l'égard du délai, ce prince vous a déjà fait
dire que , si vous consentez de vous trouver
avec les patriarches et les évèques, selon
que vous en êtes convenu avec eux, il vous
accordera le délai que vous demandez, et
même plus long. Mais si vous voulez donner
votre avis à part, il est nécessaire que les
évoques qui ont été appelés pour ce sujet ,
et qui sont ici depuis si longtemps, donnent
leur décision synodalemcut : car il n'est pas
possible de laisser davantage l'Église de Dieu
en confusion, principalement parce que les
hérétiques calomnient les évèques en les trai-
tant de nestoriens. » Les magistrats ayant
fini leur rapport, les évèques qui les avaient
accompagnés au palais du Pape, assurèrent
que le rapport contenait la vérité. Ensuite
le concile députa trois évèques et trois prê-
tres pour inviter Piimase, évéque d'Adru-
luet, en la province Hyzaccno, et trois évè-
ques d'Illyrie, Sabinien, Piojectus et Paul,
de se trouver à l'assemblée. Primase, qui
était venu à Conslantinople dès l'année pré-
cédente, 352, par ordre de l'Empereur, ré-
pondit qu'il n'irait point au concile, si le Pape
n'y était présent. Les trois évèques d'Illyrie
s'excusèrent sur ce que leur archevêque,
Piénénalus, à qui seul ils devaient répondre,
n'y était point. Cesréponsesayant ('té rappor-
tées au concile , les évoques déclarèrent
point encore agitée. Les évoques se conten-
tèrent d'y faire profession de suivre la foi
des quatre conciles généraux, et de condam-
ner tout ce qui pourrait leur être contraire
ou injurieux, et tout ce que l'on avait écrit
pour la défense des hérésies qui y avaient
été condamnées. Ils ajoutèrent qu'ils sui-
vaient aussi la doctrine des saints Pères et
doctem's de l'Église, en particulier de saint
Athanase , de saint Hilaire. de saint Basile,
de saint Augustin, de saint Léon, de Proclus
de Coijstantinople , et de plusieurs autres
qui sont dénommés. Quant aux écrits de
Théodore de Mopsueste, de Théodorel et
d'ibas, sur lesquels l'Empereur les avait char-
gés de s'expliquer, ils en renvoyèrent l'exa-
men h un autre jour.
8. Ils tinrent la quatrième conférence le
12 mai. On la commença par la discussion
des éciits de Théodore de Mopsueste, dont
un diacre notaire lut divers extraits, mar-
quant l'ouvrage d'où chacun était tiré. Il
parut par les extraits des hvres contre Apol-
linaire, que Théodore j' enseignait que ce
n'est pas Dii-u le Verbe cousubstanlicl au
Père qui est né de la Vierge, mais son tem-
ple ; qu'il doutait même si le Verbe y avait
habité dès le moment de sa formation ; qu'il
croyait que le Verhc perfectionnait ce temple
peu ;\ peu, et qu'on l'adore ii cause de son
union avec le Verbe. Par les extraits de ses
Commentaires sur saint Jean : qu'il y avait de
la folio à croire que le Sauveur, en souillant
sur ses apôti'es depuis sa ri'surreclion, leur
avait donné le Saint-Esprit ; (jue, quand saint
Thomas s'écria : « Mon Seigneur et mon
Hieu, )) ce n'était pas h J.'Siis-Christ qu'il par-
lait, mais ;\l)ion, qu'il louait de l'avoir ressus-
cité. Par lcsextrailsdeses6'o»«»Hcn/oMr,<!.wr
les Actes des a/Il' fres : que son sentiment était,
que nous sommes bajilisés en Jésus-Christ
comme les Israélites le lurent en Moïse, et
que nous sommes appeh-s r/irétiens comme
on appelait les platoniciens, les épicuriens,
Qualrième
tour rcQ:e, p.
US.
CHAPITRE LXXXVI. — 2« CONCILE DE CONSTANTINOPLE.
r«j- "a-
tu.
[VI' SIÈCLE.]
les ninrcioniles et les miinicliiiens du nom
des nuleurs de leurs sectes. Par les exlraits
do SCS livres sur l'Incarnation : qu'il dipait
que Jc^sus-Cln-ist est l'imajje de Dieu , et
qu'on l'houore do même qu'on honore l'image
de l'Empereur. Par les extraits de ses Com-
menlaircs sur saint Luc : qu'il soutenait que
Jësus-Cbrist est fds adoptif comme les autres.
Par les extraits de ses Conunenlnires sur saint
Matthieu : qu'il avait dit que les anges qui
s'ëtaient approches de Jésus-Christ pour le
servir dans le désert, l'avaient servi comme
serviteur et ami de Dieu. Par les extraits de
ses livres sur l'Incarnation : qu'il enseignait
que Jésus-Christ avait plus combattu contre
les passions de l'Ame que contre les souf-
frances de son corps, et qu'il s'exerçait à les
vaincre par la vertu de la divinité qui habi-
tait en lui. A ces paroles, le concile, inter-
rompant le lecteur, s'écria : « Nous avons
déjà condamné tout cela. Anathème à Théo-
dore de Mopsueste et à ses écrits. Cela est
contraire à l'Église et aux Pères, plein d'im-
piété, Théodore , est un Judas. » On conti-
nua de lire d'autres passages où il disait que
l'union du Dieu Verbe avec la nature humaine
ne s'était faite ni par la substance, ni par
l'opération, mais seulement par la bonne
volonté; que Jésus avait reçu l'onction du
Saint-Esprit comme une récompense de son
mérite et de son innocence , selon qu'il est
écrit dans le psaume xliV : « Vous avez
aimé la justice , et haï l'iniquité; c'est pour-
quoi Dieu vous a oint d'une huile de joie,
d'une manière plus excellente que tous ceux
qui y ont part avec vous ; que l'on doit dire
de Marie qu'elle est mère de Dieu et mère
de l'homme; mère de l'homme par nature,
mère de Dieu par relation , parce que Dieu
était en l'homme qui est né d'elle ; que
l'homme né de Marie est fils de Dieu par
grâce, et le Verbe par nature. On lut encore
d'autres endroits de ses écrits, où il parlait
avec mépris du livre de Job et du Cantique
des cantiques; le symbole cité sous son
nom, et condamné au concile d'Éphèse; sur
quoi les évêques s'écrièrent : « C'est Satan
qui a composé ce symbole. Nous ne con-
naissons que le symbole de Nicée. Anathème
à qui n'anathématise pas Théodore de Mop-
sueste. Nous l'anathématisons , lui et ses
écrits. 1) Ils renvoyèrent à une autre confé-
rence l'examen de ce que les Pères, les lois
impériales et les historieus ecclésiastiques
avaient dit contre lui.
871
9. On en fit donc le rapport dans la cin-
quième, qui fut tenue le 17 mai, comme le
veut Baluze ' sur l'autorité des anciens
manuscrits, et non le 13, comme on le lit
dans les ('dilioiis des conciles , et comme le
semble dire l'archidiacre Diodore au com-
mencement de cette conférence. Les témoi-
gnages que l'on cita contre Théodore de Mop-
sueste sont tirés d'un livre contre cet évoque,
où saint Cyrille qui eu était l'auteur citait ses
paroles elles réfutait ensuite ; de la requête
présentée contre lui à Proclus de Constanti-
nople par les clercs et les moines d'Arménie ;
d'une partie de la réponse de Proclus ; de
cinq lettres de saint Cyrille contre Théodore ;
d'un extrait de l'Histoire d'Hésychius, prêtre
de Jérusalem, que nous n'avons plus, où il
assurait que Théodore de Mopsueste était
celui à qui saint Chrysostome écrivit deux
livres pour le retirer de ses dérèglements et
de ses erreurs sur l'incarnation du Verbe ; de
deux lois des empereurs Théodose et Valeu-
tinien contre Nestorius, Diodore de Tarse et
Théodore de Mopsueste; d'une lettre de
Théophile d'Alexandrie h Porphyre, évêque
d'Antioche ; d'une de saint Grégoire de Nysse
à Théophile. Tous ces témoignages étaient
rassemblés pour montrer que Théodore de
Mopsueste avait tâché dans ses écrits d'a-
néantir le mystère de l'Incarnation; que
suivant les principes des juifs, il détournait
le sens des prophéties qui regardaient Jésus-
Christ, çfï un mot qu'il avait été dans les
mêmes erreurs que Nestorius son disciple
enseigna depuis. On apporta même en preuve
divers endroits des écrits de Théodoret con-
tre saiut Cyrille, qui prouvaient que ce der-
nier avait accusé Théodore de toutes ces im-
piétés ; à quoi l'on ajouta des exlraits du se-
cond livre de saint Cyrille contre Théodore,
où il louait son travail, et condamnait sa doc-
ti'ine comme impie.
Après cela le concile ordonna la lecture
des lettres de saint Grégoire de Nazianze,
que quelques-uns disaient avoir été écrites
à Théodore de Mopsueste , pour monti-er
qu'il y avait eu entre eux une grande
union; ce qui pouvait faire quelque cliose
pour la défense de Théodore. Mais Euplira-
tas de Tyane et Théodosc de Justiniauople
firent voir que ces lettres n'étaient point
adressées à Théodore de Mopsueste, mais h
Théodore de Tyane, dont ils assuraient qu'on
' Baluz., Concil-, pag. 1510,
C>n<1nltina
CAnrcronce, p.
«:a.
Pag. 476.
872
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQITÎS.
P«f. »■:?.
Pi;. 153
9UlT*
Ut:., ,. j
Col , ir, tii
lisait encore le nom dans les diptyques de
cette étrlise. Ensuite, l'on proposa la ques-
tion: s'il est permis de condamner les mor(s.
Sur quoi le diacre et notaire Photin lut deux
passades de saint Cyrille où l'on crut voir
qu'il tenait pour l'allirmalive. Scxtilicn, évê-
que d'Afrique, député de Pi'imosus, évoque
de Cartilage, en allégua plusieurs des lettres
de saint Augustin, qui portaient que ceux
qui avaient eu de mauvais sentiments, de-
vaient être anathémalisés après leur mort,
lorsqu'on découvrait leurs erreurs. Bénicjne
d'Héraclée, député de l'évéque deTliessalo-
nique, ajouta que Yalentin, Marcion et Basi-
lide avaierit été anaihématisés après leur
mort par l'Église de Dieu, quoiqu'ils n'eus-
sent été condamnés de leur vivant par aucun
concile; q\ie l'on avait gardé la même con-
duite il l'égard d'Eunomius et d'Apollinaire ;
que Habulas, évcque d'Édesse, avait analhé-
matisé Théodore de Mopsuesle après sa mort,
comme l'on pouvait s'en convaincre par la
lettre môme d'Ibas à Maris persan. 11 allégua
divers autres exemples de cette conduite, et
ajouta que depuis peu d'années l'Église ro-
maine avait anathématisé l'anti-pape Dios-
ct core après sa mort. Quelques-uns citaient
pour la défense de Théodore de Mopsueste
une lettre de saint Cyrille ù Jean d'Autioche,
et une autre à saint Proclus de Constantino-
ple, où il disait qu'encore que Théodore eût
enseigné l'erreur, on ne devait pas le con-
damner nommément, de peur d'irriter les
Orientaux, et de rallumer le feu de la divi-
sion qui venait d'être éteint par la réconci-
liation de saint Cyrille avec Jean d'.\ntioche.
Théodore de Césarée, prenant la parole, ré-
pondit au nom du concile, que la lettre que
l'on citait sous le nom de saint Cyrille était
une pièce supposée; qu'on ne la trouvait pas
dans le Recueil de ses écrits, ou du moins
qu'elle n'y était pas dans les termes que l'on
citait; que ce Père avait lui-môme écrit de-
puis contre les erreurs de Thé-odore ; que
saint Proclus les avait condamnées, et con-
fiéquerament l'auteur; et que les défenseurs
(le Tliéodore ayant abusé de la modération
dont les évoques avaient usé envers lui, il
n'(''lait plus temps de les m(^nager. Il alh'gua
sur cela l'exemple de saint Paul, qui ne to-
léra que pour un temps les observances lé-
gales; celui de saint Basile et de saint Atha-
nase, qui, après avoir éti'- en c(unmiinion
avec Apollinaire , le condamnèrent; et celui
du pape Léon, qui condamna Eulycliès après
avoir témoigné d'abord approuver sa con-
duite. Il Si l'on remonte, ajoula-t-il, jusqu'au
temps de Théophile d'Alexandrie, on verra
qu'il a anathématisé Origène après la mort.
Vous venez vous- mômes de le condamner,
et le pape Vigile avec vous. » Les défenseurs
de Théodore disaient que saint Chrysostome
lui avait écrit des lettres pleines d'éloges; on
répondit, ou que ces lellres étaient suppo-
sées, ou que saint Chrysostome n'avait pas
eu connaissance des mauvais senliments de
Théodore. Mais, disait-on, Théodore est mort
dans la communion de l'Église? Pourrépon- p.f. «i.
dre àcelte objection, on lut les Actes du con-
cile de Mopsuesie, que nous avons rappor-
tés plus haut , et par lesquels il paraissait
que le nom de Théodore n'avait point été
mis dans les diptyques de son église, ou que,
s'il y avait été, on l'en avait ôlé pour mettre
celui de saint Cyrille, puisque les évoques
défunts, marqués dans ces diptyques, étaient
Protogène, Zosime, Olympius, Cyrille, Tho-
mas, Bassien, Jean, Auxeiice, Palatin, Jac-
ques, Zosime, Théodore, Siméon. Ce Théo-
dore, comme le firent remarquer les prêtres
de Mopsueste , n'était mort que depuis trois
ans lorsque l'on tint le concile de Mopsueste
en 550, et était par conséquent diÛ'érent de
Théodore, maître de Neslorius.
Le concile, jugeant que les témoignages m.
allégués élaicnt plus que sulUsants pour
prouver que l'on pouvait, suivant la tradition
de l'Eglise, condamner les morts, passa à
l'examen du second des Trois-C/iapilres, qui
regardait Théodoret. Un lut les endroits de wi.
ses ouvrages qui paraissaient les plus favo-
rables aux erreurs de Xestorius, et premiè-
rement ceux que l'on avait tirés de son Traité
contre les douze .{nathcmntismes de saint Cy-
rille, où il disait que nous donnons le litre
de Mère de Dieu à la Sainte-Vierge , parce
qu'elle est mère d'un homme uni ii Dieu. On
en lut ensuite de sa lettre aux monastères
contre saint Cyrille, où il accusait cet évô-
de confondre les natures en Jésus-Christ,
suivant l'erreur d'Apollinaire, et d'avoir
donné dans les blasphèmes d'Ariuset d'Eu-
nomius. Les autres extraits ('taienl tirés de tm,
divers écrits de Théodoret depuis le concile
d'i;|)hèse, de salellie ù André de Samosale,
de celle qu'il écrivit .l Neslorius après la réu-
nion desdiientauxaveci^ainl Cyrille, etd'une
lettres il Jean d'.Anlioche. Dans la plupart do
ces passages, 'l'héodoret s'exprimait d'une
façon désavantageuse .'iir les douze t^hapi-
■CHAPITRE LXXXVI. — 2' CONCILE DE CONSTANTTNOPLE.
l'af. -OT.
X,p."lv..,iiO
MDfért'QCe.p.
«OS.
(16,^17.
[Vl' SIÈCLE.]
très de saint Cyrille. La derniôro pièce dont
on fit la lecture, est une lettre sous le nom
de Tlu^odorct i\ Jean d'.Vnlioclie sur la mort
de saint Cyrille; mais il est visible que cette
lettre avait éti5 supposc-e par les ennemis de
Tht^odorct pour le rendre odieux. Les dvô-
ipies du concile applaudirent ;\ celui de Chal-
cédoine, de n'avoir reçu Tliéodoret qu'apn"'s
qu'il eut dit anatlième ;\ Neslorius et h ses
blasplièmes, dont il avait pris auparavant la
défense dans ses dcrits. Ainsi finit la cin-
quième conférence.
10. La sixi(>nie est du 10 mai. On la com-
mença par la lecture de la lettre d'Ibas, qui
faisait le sujet du troisième Chapitre: et parce
que saint Proclus de Constantinoplc avait
écrit ;\ Jean d'Antioclie que l'on faisait des
plaintes contre Ibas, comme soutenant la
doctrine de Nestorius, et comme ayant tra-
duit en langue syriaque quelques articles
des écrits de Tbéodore de Mopsueste qui
étaient contre la saine doctrine , on lut par
ordre du concile cette lettre de saint Proclus
à Jean d'Antioclie. Apres quoi, Théodore de
Césarée et quelques autres évéques racon-
tèrent ce qui s'était passé en l'atfaire d'Ibas
au concile de Tyr ; comment Ibas avait été
déposé, sans dire que c'avait été au brigan-
dage d'Éplièse ; et de quelle manière il s'était
justifié dans le concile de Chalcédoine, où
sa lettre avait été lue sans être approuvée,
et où il avait été reçu seulement comme pé-
nitent , en conséquence de la déclaration
qu'il avait faite qu'il condamnait Nestorius,
et qu'il se repentait d'avoir parlé mal de saint
Cyrille. Théodore inféra de là qu'Ibas avait
lui-même anathématbisé sa propre lettre ,
comme contraire à la définition de foi de
Chalcédoine. Le concile, pour plus grand
éclaircissement, ordonna la lecture de quel-
ques endroits des Actes des conciles d'Épliè-
se et de Chalcédoine ; et après qu'on eut lu
les lettres de saint Cyrille à Nestorius, celles
de saint Célestin et le jugement du concile
d'Éphèse sur ces lettres, celles de saint Léon
à Flavien, et le jugement que le concile de
Chalcédoine en avait porté , le symbole de
Nicée, et celui de Constanlinople, auxquels
toutes ces lettres se trouvaient conformes
pour la doctrine, on les compara avec la let-
tre d'Ibas. On releva entre autres celte pro-
position dans la lettre d'Ibas : Ceux qui di-
sent que le Verbe s'est fait homme, sont héré-
tiques et apoUinaristes ; il faut reconnaître le
temple, et croire en celui qui habite dans le
873
temple; d'où les évoques conclurent qu'Ibas
admettait deux personnes en Jésus-Christ,
suivant la doctrine de Nestorius. Ils ajoutè-
rent que, dans la mémo lettre, il avait loué
et défendu Théodore de Mopsuesie et Nes-
torius, et enseigné avec eux qu'il n'y a qu'une
vertu en deux natures, doctrine qui a été
combattue par saint Cyrille, comme contraire
à la vraie foi. Jugeant donc que la lettre
d'Ibas était contraire en tout à la définition
de Chalcédoine, tous la déclarèrent héréti-
que, et hérétiques tous ceux qui ne l'ana-
thématisaient pas.
1 1 . Pendant que le concile faisait l'examen .•^""'"'"'J',?'
des Trois-C hapitres , le pape Vigile, pour 5ii«,p-3"-
exécuter sa promesse de donner son avis sé-
parément sur ce sujet, dressa un décret que
l'on nomme Constitutum, afin de le distin-
guer de la sentence qu'il avait rendue d'a-
bord, nommée Judicatum. Ce décret, qu'il
adressa à l'Empereur, commence parles deux
professions de foi dont l'une lui avait été
donnée à Chalcédoine dans l'église de Sainte-
Euphémie par Menuas, et l'autre par Euty-
chius, le 6 janvier 553, h son retour à Cou-
stantinople. Le Pape dit ensuite, que la pa-
role qu'on lui avait donnée de faire assem-
bler en nombre égal les évèques d'Orient et ''''• "°
d'Occident n'ayant point eu son exécution ;
sur les instances qu'on lui faisait de donner
sa réponse sur les Trois-C hapitres, il avait
demandé un délai de vingt jours à cause de
son indisposition, priant les évèques de ne
rien prononcer sur les Trois-C hapitres avant
que le Saint-Siège eût rendu son jugement,
suivant l'ancien usage. Il ajoute, qu'il avait
donc examiné les Actes du concile, les dé-
crets des Papes ses prédécesseurs, et les au-
tres pièces qui pouvaient avoir quelque rap-
port avec chacun des Trois-Chapitres, et qu'il
avait vu aussi le volume qui lui avait été
présenté de la part de l'Empereur par Bé-
nigne, évoque d'Héraclée, rempli de dogmes
contraires à la foi, et qu'il les avait condam-
nés. Ils étaient réduits à soixante articles,
tous tirés des écrits de Théodore de Mop-
suesie, et <i peu près les mêmes que les
soixante-un premiers que l'on avait propo-
sés dans la quatrième conférence, qui s'était
tenue le 12 mai. Vigile entre dans la discus-
sion de chacun de ces articles; il en expli-
que le mauvais sens, et le condamne avec
anathème.
Il paraissait par le huitième, que Tbéodore 3«.343.
de Mopsueste voulait introduire la doctrine
874
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUESl
des deux personnes en Jésus-Christ, en di-
sant que l'on ne doit point enseigner que ce-
lui qui était avant tous les siècles, fût venu
dans les derniers temps. Le Pape déclare que
c'est lemêine Dieu Verbe qui, né du Père avant
les siècles, est né de la bicnlieureiise Vierge
Marie, en sorte que c'est un seul et même
Christ dans les deux natures; c'est pourquoi
il dit anatbèmc à quiconque pense et ensei-
gne le contraire. Il examine de même tous
les autres articles, et, après avoir condamné
tous les mauvais sens dont ils sont suscep-
tibles , il défend, sous peine d'anathème,
d'en prendre occasion de censurer les Pères
et les docteurs de l'Église, dans les écrits des-
quels on pourrait trouver quelques proposi-
tions semblables. Les soixante articles pré-
sentés par Bénigne d'Héraclée portaient le
nom de Théodore de Mopsuesle ; le Pape crut
donc ne pouvoir se dispenser d'examiner ce
!>af. sa: 1"c les Pères avaient dit de lui. Il trouva que
le concile d'Éphèse , en condamnant le sjtu-
bole attribué à Théodore , n'avait fait au-
cune mention de sa personne ; que saint
Cyrille, qui rapportait ce fait dans la lettre
de Jean d'Antioche, ajoutait qu'on ne doit
point insulter aux morts ; que saint Proclus
de Constantiuople avait condamné les er-
reurs attribuées à Théodore sans le nommer
lui-même, et qu'il n'y avait rien dans les
Actes du concile de Chalcédoinc contre la
jjj_ mémoire de Théodore. Le Pape ajoute,
qu'ayant examiné si quelques-uns de ses pré-
décesseurs avaient ordimné quelque chose
contre les morts qu'ils n'avaient point con-
damnés de leur vivant, il avait trouvé que
saint Léon , dans sa lettre à un évoque
nommé Théodore , était de ce sentiment ,
qu'il fallait réserver à Dieu le jugement des
morts; et que Gclasc avait di'i-idé la même
chose dans sa lettre aux évoques de Daida-
nie ; que la même règle avait été observée à
l'égard de saint Chrysostome et de saint
,j,_ Flavien, qui, quoique chass(;s l'un et l'autre
de leur vivant du siège de Constantiuople,
n'avaient point été tenus pour condamnés,
parce qu'ils l'taient trmjfturs demeiu'és unis
de communion avec l'I'^t^lise romaine, et qu'il
n'est pas permis de retrancher de l'Église
ceux avec qui le Siège apostolique croit devoir
conserver l'union; que, suivant le témoignage
d'Eusèbe de Césarée, saint Denys d'Alexan- e...».., nk.
drie ne voulut point condamner Xépos, évê- «p. ht.* *"
que d'Egypte, quoique engagé dans l'erreur
des millénaires, croyant devoircette attention
à im homme qui était mort depuis plusieurs
années, et dont toutefois les écrits, infectés
de cette erreur, étaient répandus dans toute '
l'Egypte. « Par toutes ces considérations,
conclut le Pape, nous n'osons ' pas condam-
ner Théodore de Mopsucste, et nous ne per-
mettons il personne de le condamner, n
A l'égard des écrits que l'on produisait
sous le nom de Théodoret, Vigile s'étonne
qxie l'on ose avancer quelques reproches
contre un évèque qui s'étant présenté, depuis
plus de cent ans, au jugement du concile de
Chalcédoine, y avait souscrit sans hésiter à ce
jugement, ainsi qu'aux lettres de saint Léon. p,g. se?.
Il convient que Dioscore et les Kgj-ptiens l'ac-
cusèrent d'hérésie en présence des évêques
de ce concile; mais il soutient que ces évê-
ques, après l'avoir examiné avec soin, n'exi-
gèrent autre chose de lui, que l'anathème
contre Neslorius et sa doctrine, qu'il pro-
nonça tout haut en présence de tous les
Pères. Le Pape ne croit donc pas que l'on
puisse condamner sous le nom de Théodoret
des dogmes nestorieus, sans accuser de men-
songe ou de dissimulation les évêques de
Chalcédoine. Il ne veut pas non plus que l'on
croie qu'ils aient ignoré l'injure faite t'i saint
Cyrille par ThéoJoret, en attaquant scsdouzo
Anathvmalismes ; mais il dit que ces évêques
ont imité l'exemple de saint Cyrille même,
qui, dans sa réunion avec les Orientaux, ne
releva point ce qu'ils avaient écrit contre lui.
Le concile fut d'autaut plus porté à prendre 359.
ce parti, qu'en sa présence Théodoret, ayant
ouï lire les lettres de saint Cyrille, en loua
la doctrine. « C'est pourquoi', ajoute le Pape,
nous défondons ù qui que ce soit de rien
avancer au préjudice d'un homme approuvé
dans le concile de Chalcédoine, c'est-à-dire
de Théodoret; mais eu conservant en tontes
choses le respect dd à sa personne, nous
' Thendorum noslra no/i auilemus damnare
sentcnlia, sed ncc nb iiUo quopiam condemnari
concedimus. Vigil., Conslil., piig. .'!CG.
• Ilac ergo reruiii verilate perpensn, slaliiimus,
al(fur deceriùiiius, niliil in ùijtiriiiin atque ob-
ircclalioncm prnhaUxsimi in rlialccdnneiiiti sy-
nodo viri, hoc est Theodoreli episcopi Cyri, sub
iaxnlione nominis ejiix, a gtinquain fieri rel pro-
ferri: xcd ciistoditti in oiiinilnts personir ejus rr-
vcreiiliii, ijUiFCUinquc ncripUi rel dogmata eju»
cujuslibcl nomine prolnta sceleralontm Kcslorii
alque Enl>iclielis manifcslontur crrorihus congo-
iiare, anathcmatizamus alquc damnamt(S. Ibid.,
pag. 368.
Pis SCI,
[vi* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXYI. — 2" Ù
condamnons tous les écrits et tous les dogmes
produits sous son nom, ou sous celui de toute
autre personne que ce soit, qui sont confor-
mes aux erreurs de Ncsiorius et d'Eutyciii-s. »
Vigile met aprts cela cinq anatlièmes contre
les erreurs que l'on relevait dans les écrits
de Théodoret ; ils tendent ;\ établir la foi de
l'unité de personne en doux natures eu Jé-
sus-Christ, et à condamner l'erreur opposée,
qui était celle de Nestorius.
Pour ce qui est de la lettre d'Ibas, le Pape
dit que, n'aj'ant pas connaissance de la lan-
gue grecque, il s'était servi de quelques-uns
de sa suite, qui étaient instruits de celte
langue, pour examiner ce qui s'était passé à
l'égard de cet évêque dans le concile de
Clialcédoine; qu'il avait trouvé que, sa cause
ayant été examinée dans deux sessions dif-
férentes , il avait été déclaré innocent et
orthodoxe; que sa lettre même, dont ses ac-
cusateurs se servaient contre lui , fut recon-
nue pour catholique , parce qu'elle embras-
sait la foi sur laquelle saint Cnùlle s'était
réconcilié avec Jean d'Antiochc et les Orien-
taux. Les Pères de Chalcédoine, ajoute le
Pape, n'approuvèrent pas poiu- cela ce que
la lettre d'Ibas contient d'injm-ieux à saint
CjTille; lui-même la rétracta, aj'ant mieux
compris le sens des Armthématismes de l'é-
voque d'Alexandrie, qu'il croyait aupara-
vant ôter la distinction des natures, parce
qu'il les entendait mal. Vigile conclut en or-
donnant ' que le jugement du concile de
Chalcédoine demeurerait en son entier à l'é-
gard de la lettre d'Ibas, comme à l'égard de
tout le reste. Ensuite, pom- faire voir com-
bien devait être inviolable l'autorité du con-
cile de Chalcédoine, même par rapport au
rétablissement de Théodoret , d'Ibas et de
quelques autres dans leur siège , il rapporte
plusiem-s extraits des lettres des papes Léon
et Simplice , où l'on voit qu'ils ont approuvé
tous les décrets de ce concile comme devant
être en vigueur dans tout l'univers. Il donne
aussi un extrait de son Judicatum qu'il avait
retiré des mains de l'Empereur avant l'as-
semblée du concile ; mais il révoque tout ce
qu'il y avait dit sur les Trois-C hapitres , dé-
fendant à qui que ce fût de rien décider de
conti'aire. 11 souscrivit le premier à son Con-
stitutmn, et dix-sept évéques y souscrivirent
ONCILE DE CONSTANTINOPLE.
873
ensuite; puis un archidiacre cl deux diacres
de ri';glise romaine, dont im est Pelage, qui
fut son successeur. Il est dati- du ^A mai de
l'an 5.'j3 ; mais il ne fut envoyé à l'Empereur
que le 23 du même mois.
12. Le prince, sans faire aucune attention sopium»
. , , , . eAnftreoce, p.
a ce décret, envoya le questeur (.oustantm m»-
pom- assister à la conférence qui fut tenue
le 26 mai, avec ordre de représenter tous les
mouvements que Justinien s'était donnés
pour finir la dispute d(\s Trois-C lutintrcs; les
invitations h Vigile de se trouver à l'assem-
blée ; les déclarations réitérées de ce Pape,
par lesquelles il était constant qu'il avait
condamné les Trois-Chapitres par écrit et de
vive voix; ce qui s'était passé à l'égard du ti^''J''',5'^3°5';'
Constittttiim, que Vigile avait envoyé à 1 Em-
pereur parServusdei, sous-diacre de l'Église
romaine ; et la réponse que ce prince fit faire
à Semisdei pour le Pape, conçue en ces ter-
mes : « Nous vous avons invité à venir à
l'assemblée des évéques : vous l'avez refusé,
et vous dites que vous avez écrit séparément
sur les Trois-Chapitres. Si c'est pour les con-
damner, nous n'avons point besoin d'auti-es
écrits que ceux que nous avons déjà de vous;
s'il est diflërent, comment pouvons-nous re-
cevoir un écrit où vous vous condamnez
vous-même ? » Afin d'opposer l'autorité de
Vigile ù Vigile même , l'Empereur chargea
Constantin de diverses pièces , dont le con-
cile devait ordonner la lecture avant de pro-
céder à \m jugement décisif siu" les Trois-
Chapitres. Il y en avait une adressée à l'Em-
pereur , écrite de la main de Vigile , et une
autre à l'impératrice Théodora d'heureuse
mémoire , d'une autre main , mais souscrite
par Vigile. Il y avait encore la condamnation
de Rusticjue, parent du Pape , et de Sébas-
tien, sous-diacre de l'Eglise romaine, qui
avaient l'un et l'autre écrit pour la défense
des Trois-Chapitres; de plus, les lettres de
Vigile à Valentinien, évêque de Tomy en
Scythie , et à Aurélien , évêque d'Arles. Les
deux lettres adressées à l'Empereur et à l'Im-
pératrice nous ont été domiées par Ba-
luze. Lorsqu'on les cita dans les sessious Tom.viccn-
111" et XIV= du sixième concile œcuméni- f.im. '"' "
que , les légats du Pape ne les contestèrent
pas ; mais ils soutinrent qu'elles avaient été
corrompues par les monothélites, et les évè-
' Prwsentis sentcntio' nostrœ auctorilnte sta-
tuimits atque decernimus, cum in omnibus, tum
eliam in sœpius memorata venerabilis Ibœ Ejiis-
tola intemcralum Patrum in Chakedone residen-
tiwn manere judicium. Ibid., pag, 372.
876
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
B«lDt.,lbIâ.|
ptf. !Ô15.
qiies du concile en con\'inrent : ce qui se vit
apparcmmont par la confrontation que l'on
en lit sur l'exemplaire grec que l'on conser-
vait dans les archives de l'église patriarchale
de Consfantinople. Après que le questeur
eut produit tous ces écrits, il dit aux évèqucs
de l'assembldc qu'ils devaient se souvenir
que le Pape avait fait un Judicaliim adressé
à l'archevêque Meunas, où il condamnait les
Trois-Cltapili-es ; (jue depuis il avait retiré ce
Judicatum, mais sous de terribles serments
de condamner publiquement et simplement
ces C/iapitrcs ; qu'il avait ordre de l'Empe-
reur de leur remettre ce serment, mais ;\ la
charge de le lui rench-e après qu'il aurait été
lu ; qu'au reste, il avait été reconnu par les
évèques d'Occident, par les clercs de l'Église
romaine, iiomnK'ment par Vincent, évéque
de Claudiopolis, qui , étant sous-diacre de
Rome, avait aidé à dresser ce décret. Con-
stantin ajouta que l'Empereur l'avait encore
chargé d'une lettre écrite au sujet de quel-
ques ecclésiastiques de l'église de Cyr, qui
avaient porté avec pompe l'image de Théo-
doret, et fait mémoire de Théodore, de Dio-
dore, et de Neslorins comme d'un martvr.
Toutes ces pièces furent lues dans le concile,
afin qu'il parut que le pape Vigile ayant déjà
condamné les Trois-Cliapitres, son absence
ne devait pas empêcher les évèques de les
condamner. Nous avons une lettre de Justi-
nien portant ordre de l'Empereur d'ôter des
diptyques le nom du pape Vigile, comme
refusant d'assister au concile et comme dé-
fenseur des Ti-ois-CItapitres; mais cette let-
tre, étant datée du 14 juillet, ne put être lue
dans ce concile, puisque les septième et hui-
tième conférences, qui sont les dernières,
s'étaient tenues plus d'un mois auparavant ;
l'une étant du 26 mai, et l'autre du 2 juin de
la même année oo3. Ce qu'il y a de remar-
quable dans cette lettre', c'est qi;e l'Empe-
rem- y dit que, nonobstant l'ordre d'ôter des
diptyques le nom de Vigile, il conservait
l'unité avec le Saint-Siège , et qu'il espérait
que les évèques du coucUe la conserveraient
I. ' Celle lettre ne peut servir qu'à coustaler la té-
mérité audacieuse <le Justinicu. La (li^tiuetiou
qu'allègue notre auteur d'aiiri\< KlcMiry est faite par
un souverain qui a tort lyulre nu pape qui a rai-
Bon; elle est fait« par un iluspule capricieux à des
prélats courtisans et serviles, couiine le témoigne
la réponse ilaiis la(|uelle ils le louent des travaux
qu'il a soiUcMUs poin- l'unité des églises. Voyez
Rorbactier, tom. IX, pag. 222 el 223; voyez aussi
Ballltmt
Coofcriiicc, p»
aussi, distinguant ainsi le Saint-Siège d'avec
la personne de Vigile qui le remplissait.
Cette lettre ne se trouve point pamii les Ac-
tes du cinquième concile dans la Collection
du Père Labhe; mais Baluze la donnée
dans la sienne : il en est fait mention dans çoi«i., loa.
une lettre de Michel, archevêque de Con- •< •»«
stantinople, à Pierre, patriarche d'.\nlioc!ie,
au second tome des Monuments de l'Eglise
grecque , recueillis par Cotelier. Le con-
cile, après avoir loué le zèle de l'Empereur
pour la défense de l'Église , remit le juge-
ment des Trois -Chapitres h la conférence
suivante.
13. Elle se tint le 2 juin; et sans prendre
les voix des évoques en particulier, le diacre wï
et notaire Callonymus lut la sentence que
l'on avait apportée toute dressée contre les
Trois-C/iopitres. LesPères de l'assemblée di-
rent que, voyant les sectateurs de Nestorius
attribuer à l'Église leur impiété, en faisant
valoir le nom de Théodore de Mopsueste
et ses écrits, ceux de Théodoret et la let-
tre que l'on disait être d'Ilias, ils s'étaient
élevés contre cet abus conformément ^ la
volonté de Dieu et à l'ordre de l'Empereur,
c[ui les avait fait venir à Constantinople;
que le pape Vigile, après avoir assisté à tou-
tes les disputes agitées en cette ville au su-
jet des Trois-C/iapitres, les avait condamnc'S
plus d'une foisde vive voix et par écrit; qu'il
était convenu de se trouver en personne au
concile, afin déjuger cette affaire définitive-
ment avec tous les autres évoques; que, prié
d'accomplir sa promesse, il avait demandé
un délai, et qu'au lieu de se rendre à l'assem-
blée à l'invitation réitérée des évèques et de
l'Empereur', il s'était contenté de promettre
qu'il donnerait en partictdier son jugement
par écrit sur les Trois- Chapitres. Ils rappor-
tent divers exemples des apôtres el des an-
ciens Pères de l'Église, qui ont toujours dé-
cidé en commun les questions des hérétiques,
parce qu'il n'y a pas d'autres moyens de
connaître ' la vérité dans ces sortes de cir-
constances, chacun ayant besoin du secours
.Marchetti, critique de l'Histoire de Claude Fleury,
loni. I, pag. r/i. {L'cditeur.)
' Parce qu'on avait manqué auï coudilions ac-
ceptées. {I/édileur.)
'•A'pc enim potest in cnmmunihus de fide rfis-
ceptationibus nlilerrerilas maiiifeslah,cum vmis-
quisqtie proximi adjutorioindiget, sicul Dominus
riicil : LMiuuique fucnut duo vel tics, de, pa^.
5fi3.
[vi' SIÈCLE.] CHAPITIIE LXXXVl. — 2' CONCILE DE CONSTANTINOPLE.
do sou frère, suivant l'Écriture, où il est dit
877
que, lorsque deux ou (rois sont iisseniMi's
au nom de Jésiis-Cluist, ilest;iu milieu d'eux,
lis ajoutent qu'nyaut ouï la réponse du Pape
qui promettait de donner sou jugement si';-
ti.-i.. XIV, pariimcut ils avaient considéré ce que dit,
cvui""'"''' l'Apôtre, que chacun rendra compte ù Dieu
pour soi; et qu'ils avaient d'ailleurs appré-
hendé le ju,2;emcnl dont sont menacés ceux
qui scandalisent un des plus piMils d'entre
leurs frères. Ensuite, ils l'ont en peu de mots
la rccapitidalion de ce qu'ils avaient t'ait
pour l'examen des Trois-Chapitrcs, et réfu-
tent sommairement ce qu'on alléguait pour
les défendre. Us font profession de recevoir
les quatre conciles, et de suivre tout ce qu'ils
ont défini sur la foi; puis ils ajoutent: «Nous
jugeons ' séparés de l'Eglise catliolique
ceux (pii ne reçoivent pas ces conciles. Nous
condamnons Théodore de Mopsueste et ses
Pog. M7, écrits impies, et les impiétés écrites par
Théodoretcontre la vraiefoi, contre les douze
chapitres de saint Cyrille, contre le concile
d'Ephèse et pour la défense de Théodore et
de Nestorius. Nous auathématisons encore
la lettre impie que l'on dit avoir été écrite par
Ibas à Maris persan, où l'on nie que le Verbe
se soit incarné et fait homme de la Vierge Ma-
rie; où l'on accuse saint Cyrille d'être héré-
tique et apollinariste ; où l'on blâme le concile
d'Éphèse d'avoir déposé Nestorius sans exa-
sentence contre les Trois-Chapitres est suivie
de quatorze anathèmcs cnnlre les erreurs
qui [iouvaienl avoir ipiehiue rapport .'i celles
qui avaient été anathéniatisées parle concile
comme étant de Théodore de Mopsueste et
de Nestorius. Un condamne dans le premier
tous ceux qui ne confesseut pas que la na-
ture divine est une et consubstantielle en
trois personnes; dans le second ceux qui ne
reconnaisseni point dans le Verbe de Itieu
deux naissances, l'une spirituelle par laquelle
il est né du Père avant tous les siècles, l 'autre
corporelle selon laquelle il est né dans les
derniers temps de la sainte Vierge Marie
mère de Dieu. Les huit suivants condamnent
quiconque fait dilliculté de reconnaître deux
natures unies eu Jésus -Christ en une seule
personne; ou nie que ce soit le même qui ait
fait des miracles et qui ait soulfcrt, et que la
sainte Vierge soit véritablement et réelle-
ment mère de Dieu. On y établit aussi que
les deux natures ont été unies eu Jésus-Christ
sans diminution et sans confusion, en sorte
qu'elles ont l'une et l'autre conservé toutes
leurs propriétés; que l'adoration que l'on
rend à Jésus-Christ est une et indivisible,
parce que nous n'adorons point Jésus-Christ
en deux natures -, ce qui ferait deux adora-
tions que l'on rendrait séparément à Dieu le
Verbe, et séparément à l'homme ; mais que
nous adorons par une seule adoration le
men, et où l'on défend Théodore et Nestorius Verbo de Dieu incarné avec sa propre chair,
avecleursécrits impies. Nousanathématisons ainsi que l'Éghse l'a appris dès le commen-
donc ces ti-ois chapitres et leurs défenseurs,
qui prétendent les soutenir par l'autorité des
Pères ou du concile de Chalcédoine. » La
cernent par tradition. On y dit anathème à
ceux qui nient ^ que Notre-Seigneur Jésus-
Christ qui a été crucifié dans sa chair, soit
' Eos auteiii qui hœc non susciphint, aliénas
catkolicœ Ecclesiœ jtulicamus. Condemnamus au-
tem et anathematizamtis itna cum omnibus aliis
hœreticis qui condemnali et anathematizati swnt
a prœdictis sanctis quatuor conciliis, et a sancla
calholica et apostoUca Ecclesia, et Theodorum
qui Mopsuestiœ episcopus fuit, et impia ejus con-
scripta, etquœ impie J'heodoritus conscripsil con-
tra rectam fulem, et cuntra duodecim Capitula
sancti Cyrilli, et contra Ephcsinam primam sy-
nodum, et qum ad defensionem Theodori et Nes-
torii ab eo scripta sunt. Super hœc anatfiemati-
zamus et impiam epislolam, quam dicilur Ibas
ad Marim perso m scripsisse, qua- deneijat Deum
Ycrbum de sancta Dei génitrice et sempcr virgine
Maria incarnalum, liominem faotum esse; et
sanctœ mcmoriœ CyriUum, qui rccte docuitjun-
quam hœri'licum, et similiter Àpollinario scrihen--
tem, criniinalur ; et inculpât quidem Ei>hesinam
primani synodum, tanquam sine examinatione et
qtiœstione ticstorio ab ea deposito, et duodecim
sancti Cyrilli capitula impia et contraria rectœ
fidei vocal ; défendit autem Theodorum et Kesto-
rium, et impia eorum dogmata et conscripta.
Prœdicta igitur Tria Capitula anathemalizamus,
id est Theodorum impium llopsuestenum cum
nefandis ejus conscriptis, et quœ impie Theodori-
tus conscripsit, et impiam epislolam, quœ dici-
tur Ibœ, et defensores eorum, et qui scripserunt
vel scribunt ad defensionem eorum, vel recta ea
dicere prœsumunt, vel omnino impietatem eorum
nomine sanctorum Patrum, aul sancti Chalcedo-
iiensis concilii defenderunt, aut defendere conan-
tur. Pag. 5U8.
2 Si quis in duabus naturis adorari dicit Chris-
tum, ex quo duas adorationes inlroducunl, sepa-
ratim Deo Verbo, et separatim homini... sed non
una adoratione Deum Verbum incarnatum cum
propria ipsius carne adorât, sicut ab inilio Dei
Ecclesiœ traditum est, lalis anathema sit. Can. 9
pag. 571.
5 Si quis non confitelur Dominum nostrum Je-
878
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES
vrai Dieu, Seigneur de gloire, et un de la
sainte Trinité. Le onzième anallièmc est con-
tre Arius ', Eunoiuius, Macédonius, Apolli-
naire, Nestorius, Eutychès, Origène, et gé-
néralement contre tous les autres hérétiques
qui ont été anatliématisés par la sainte Église
catholique et apostolique, et par les quatre
conciles précédents, de môme que contre
tous leurs éciils, et contre tous ceux qui ont
enseigné leur doctrine, et y ont persévéré
jusqu'il la mort. Dans les trois derniers, les
évêques, après y avoir fait une récapitula-
tion des principales erreurs qu'ils avaient
trouvées dans les écrits de Théodore de
Mopsueste, de Théottoret et d'Ibas, leur di-
sent anathèine, à eux et à tous ceux qui
prennent la défense des Trois-Cliapitves. Tous
les évéqucs souscrivirent, tant ù ces qua-
torze anathcmes, qu'à tout ce qui s'était
passé dans celte assemblée. La souscription
d'Eulycliius de Constantinople, qui est la pre-
mière, renferme sommairement la sentence
rendue contre les TroisChapitres.
AmiMniM 1 i. Baluzc nous a donué, d'après Lambé-
ginisits dans cms, quuizc autres anathemes attribues au
une Deuxième ... «i - * t i
cooférenco. cuiquieuie concile gênerai dans un manuscrit
grec^de la bibliothèque impériale de Vienne :
ils sont tous contre les erreurs des origénis-
tes touchant la préexistence et la nature des
âmes, ou sur l'incarnation ; mais ce qui fait
douter que ces anathemes soient de ce con-
cile , c'est qu'on n'y traita point d'autres
^:y>.-.lI^.lv matières que celles des TroisChapitres. Quel-
jiiviii."''' ques-uns supposent, qu'outre les huit confé-
rences rapportées dans les collections des
Conciles, on en tint deux autres depuis au
sujet des origénistcs : Evagre qui a fait, dans
son Histoire, l'abrégé du cinquième concile,
semble autoriser cette opinion ; car, après
avoir remarqué que les Pères avaient donné
l'explication de la foi catholique dans qua-
torze articles, ce qui se fit dans la huitième
conférence, il ajoute que l'Empereur ayant
ensuite demandé l'avis des évêques assem-
blés au sujet de la requête que les abbés
Conon , Cyriaque et Pancrace avaient pré-
sentée <i l'Empereur contre les origénistes
quelque temps avant la première conférence,
les évoques firent des exclamations contre
Origène et contre ses disciples; qu'ils en-
voyèrent ensuite ;\ ce prince une relation
sum Chrislum qui crucifixus est carne, Deum esse
vcrum cl Dominum gloriœ cl iiriiim de saiicla
TriniUUc, laits aiialhcnin sil. ("nii. 10, ilmt.
' ''Si quis non aiuilhemalizat Arium, Eunomium,
de ce qui s'était passé entre eux, dans la-
quelle ils rejetaient la doctrine d'Origène, et
Origène lui-même, comme un larron lié par
les liens invisibles de l'anathème qu'il avait
encouru. « Vous saurez, ajoutaient-ils, ce
que nous avons fait, si vous prenez la peine
de lire les actes. » Evagre dit encore qu'ils
donnèrent un t'crit ;\ ce prince, qui renfer-
mait tous les points de doctrine , que les
sectateurs d'Origène apprenaient, montrant
en même temps en quoi ils s'accordaient
ensemble, en quoi ils ditl'éraienl, et combien
ils s'éloignaient de la vérité. Les mêmes
évêques rapportaient aussi divers blasphè-
mes de Didyme , d'Évagre et de Théodore
de Mopsueste, qu'ils avaient, dit-il, très-fidèle-
ment extraits de leurs ouvrages. 11 paraît
donc, par Evagre, que les évêques du cin-
quième concile général tinrent du moins
une neuvième conférence où ils condam-
nèrent Origène, Didyme, Evagre de Pont et
Théodore ; mais nous n'en avons plus les
actes, si ce n'est qu'on veuille y comprendre
les quinze canons en grec donnés première-
ment par Lambécius qui condamnent les
principales erreurs d'Origène. Théodore de
Césarée en Cappadoce, l'un des protecteurs
des origénistes, ne se trouvait plus en état
d'empêcher la condamnation d'Origène, son
crédit étant beaucoup diminué depuis la mort
de l'impératrice Théodora , arrivée dès l'an
548. Il y avait même dans les Actes de cette
dernière assemblée un endroit propre à le
couvrir de confusion : car on lui attribuait
ces paroles : « Si les apôtres font à présent
des miracles, et sont en si grand honneur,
quel avantage recevront-ils dans la. résur-
rection, s'ils ne sont égaux ù Jésus-Christ?»
13. Ce ne fut pas la seule fois que l'on c<in<i.imna-
condamna Origene dans ce concile; il lavait dm» ic nu.
déjà été avant la cinquième conférence te- e°«.""
nue le 17 mai, puisque Théodore de Césa-
rée, pour montrer qu'on peut condamner les
morts, après avoir dit qu 'Origène avait été
condamné par Théophile d'Alexandiie, ajou-
ta, en s'adrcssant aux évêques du concile :
n Vous venez encore de le condamner, vous
et le pape Vigile. » Mais peut-être, les évê-
ques ne l'avaient-ils alors condamné que
chacun en particulier, on souscrivant i\ l'é-
dit de l'Empcronr. (Juoi qu'il en puisse êlre,
Mnceilonium, Apollinarium, \estorium,Eutychen,
Origencm, cutn iwpiix eorum ncriptxs, ttc, taUs
nnnlhcma sil. Oau, H,
Tom. VCfitt»
dl., f. «S9.
[vi" SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — 2* CONCILE DE CONSTANTINOPLE.
879
ils le condamnèrent tons ensemble dans lo
onzième canon, où ils dirent anathème h (|iii
n'anatliématisail point Ncslorius et Orij^èno
avec leurs t^ci'ils impies. CyiiUi^ de Seytlio-
ple, qui écrivait la Vie de saint Sabas, son
maître, pen de temps après la tenne du cin-
quième» concile ^(''in'i'al, assure' qu'Oi-it^èue
et Nesloiius y lurent l'ini el l'aulce coiulaui-
nés avec leurs dogmes. Il répète la môme
chose dans la Vie de saint Entbymius, en re-
marquant * que Jnstinien fit cliasser les moi-
nes de la nouvelle Lauro de Saint-Sabas,
parce que, ne pouvant soiilfrir la condamna-
tion d'Origène, ils s'étaient séparés de la
communion de l'Eglise, sans 'que le patriar-
clie Eustochius eût pu les ramener i)ar ses
exhortations. Ce n'est donc pas l'historien*
Evagrc qui a le premier d'entre l(>s Grecs
parlé de la condamnation d'Origène par le
cinquième concile général, puisqu'il écrivait
son Histoire vers l'an 390, au lieu que Cyrille
de Scythople travaillait à la Vie de saint Sa-
bas en 357. Il est encore fait mention de la
condamnation d'Origène , de Didj-me et d'É-
vagre par ce concile dans la lettre de So-
phrone, patriarche de Jérusalem, à Sergius,
qui fut lue dans la onzième action du sixième
concile général, et dans beaucoup d'autres
monuments anciens qu'il est inutile de rap-
porter.
•16. Nous remarquerons seulement qu'il ne
paraît nulle part que les défenseurs des Trois-
Chapitres aient été entendus dans le concile ;
mais aussi on n'y fit rien de ce qu'ils crai-
gnaient, et la condamnation des Trois-Clwpi-
^;-M ne fut pas un prétexte pour donner atteinte
au concile de Chalcédoine,etpourétal)hr l'hé-
résie d'Eutychès. Au contraire, cette hérésie y
fut condamnée, et on parla toujoiu's avec hon-
neur du concile de Chalcédoine. Le pape Vi-
gile, après avoir été six mois sans pouvoir se
rendi'e ù l'avis du concile, en approuva les dé-
cisions, comme on le voit dans une lettre
qu'il écrivit au patriarche Eutychius datée
'"''«3°°' '^^ ^ décembre de l'an 333. Il avoue dans
cette lettre, qu'il a manqué à la charité en
« Itaque cttm sancta el universalis qidnta sy-
nodiis Constantinopoli essi-t coacta, communi ge-
neralique anatheinati submissi sunt Origenes. et
Tlieodorus Mopsuestenus, cum iis guœ.de prœexis-
lentia el reslilutione dicta sunt ah Evagrio et Di-
dyino: prœsentibus quatuor Patriarchis, atque
décréta comprobanlibus. Toiu. lUMnnum. Cotcl.,
pag. 374. [Voyez tom. II de la présente éditioa,
pag, 250 et suiv.]
se séparant de ses frères, avec qui il était
auparavant uni dans les sentiments d'une
même foi, et avec qui il l'était encore. «Mais,
ajoule-t-il, (ui ne doit ])oint avoir honle do
se rétracter, quand on reconnaît la vérité
des choses, que l'on n'avait pas bien connues
auparavant, faute de les avoir suilisammciit
('claircii's. » Il cilc ;\ ce pi'opos l'exemple de
plusieurs anciens, nommément de saint Au-
gustin, qui, quoique très-instruit dans les let-
tres divines, a fait la rétractation de ses pro-
pres ouvrages, en y coirigeant ce qu'il y avait
de d(>fectueux, et en y ajoutant ce qu'il avait
trouvé depuis. Il dit, qu'à l'imitation de ces
anciens, il n'avait cessé de rechercher dans
les écrits des Pères ce qu'il y avait de vrai à
l'égard des Trois-C hapitres ;i\n'\\ avait trouvé
plusieurs choses dans les écrits de Théodore
de Mopsueste, de Théodoret et d'D)as, con-
traires à la foi catholique. Il rapporte leurs
principales erreurs, et tinit sa lettre en di-
sant : <c Nous condamnons donc et nous ana-
thématisons les Trois-C hapitres impies, c'est-
à-dire Théodore de Mopsueste avec ses écrits
impies ; les écrits impies de Théodoret, et la
lettre que l'on dit avoir été écrite par Ibas.
Nous soumettons au même anathème qui-
concpie croira cpie l'on doit recevoir ou dé-
fendre ces Trois-C hapitres, ou entreprendre
de le faire. Nous reconnaissons pour nos
frères et nos collègues ceux qui, conservant
la vraie foi établie dans les conciles précé-
dents, savoir, dans les conciles de Nicée , de
Constantinople, dÉphèse et de Chalcédoine,
ont condamné ou condamnent ces Trais-Cha-
pitres. Et nbus cassons et annulons par cet
écrit tout ce qui a été fait par nous ou par
d'autres pour la défense des Trais-Chapitres.
Car à Dieu ne plaise que l'on ose avancer
dans l'Eglise catholique cpi'aucmi des blas-
phèmes que nous avons rapportés ci-dessus
a été reçu par ces quatre conciles, ou par
quelqu'un d'eux, ni qu'ils aient reçu ceux
qui enseignent ou suivent de si mauvais sen-
timents. » [Cette lettre peut être regardée
comme un modèle de dignité, de modestie
^ Tempore vero conséquente, œcumenica sancta
quinta synodo Constantinopoli congrcgata. et per
eam Origenis Nestoriique dogniatihus anatlieinate
percussis, cumque qui... novam Lauram orige-
nistw, illinc essent e.vpulsi... ipse verser in hac
Laura. Tom. II Monum. Coleler., pag. 338.
' Cyrill., in Vila S. Sabw, pag. 375.
' Ilalloix, qiicst. X, paiagr. 4S2, vide tom. VU,
pag. 746.
880
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
BktntO, Coo-
dl., p. liîi.
Pa;. im II
ttq.
et depiudcnco. Elle coiifume iiulirectemcnt
le concile de ConslauUiiople , quoiqu'elle
n'en fasse pas mention. Les Grecs l'ont jointe
aux Actes de ce concile comme une conclu-
sion de la huitième et deinioie conférence,
sans cela leur concile n'eut compté pour
rien.]
Vigile, non content de s'être explique de
la sorte avec le patriarclie Enlj-cliiiis, donna
environ trois ans après, étant à Constanli-
nople, une Constitution fort ample pour la
condamnation des Trois-Chapitres. Elle est
datée du 23 février 534. Nous l'avons en
latin dans la Collection des conciles de Ba-
luze, et dans celle du père Hardouin, sur
un ancien manuscrit de la Bibliothèque de
M. Colbert, qui est le seul dont on ait con-
naissance. Ce Pape y donne d'abord la dé-
finition de foi du Concile de Chalcédoine;
puis la lettre de saint Léon à Flavien. 11 exa-
mine ensuite l'all'aire d'Ibas, comment elle
fut traitée à Tyr et ;\ Chalcédoine ; et entre-
prend de montrer qu'il n'a jamais reconnu
la lettre à Maris persan, citée si souvent
sous son nom; que cette lettre lui a été sup-
posée par les nestoriens, dans le dessein de
le calomnier; que c'est celle-là qui a été
condamnée par le concile de Chalcédoine:
que la lettre que ce concile déclare ortho-
doxe et sur laquelle il absout Ibas, est celle
du clergé d'Édessc en sa faveur. Il anallié-
matise donc et condamne la lettre à Maris,
comme enseignant que Marie n'est point
mère de Dieu, mais seulement de l'homme
qui est né d'elle; et tous ceux qui disent que
cette lettre a été déclarée orthodoxe dans le
concile de Chalcédoine. Vigile examine en-
suite les écrits de Théodore de Mopsueste,
et, après en avoir marqué les erreurs, il dit
auathènie à sa personne et à ses écrits. A
l'égard de Théodorel, comme il avait lui-
même approuvé la défmilion de foi de Chal-
cédoine, et rejeté tout ce que ce concile avait
rejeté, le Pape ne condamne pas sa personne,
mais seulement ce qu'il avait écrit contre saint
Cyiille, et conséqueminent contre le concile
d'Kphèsc, dont la doctrine était celle de
saint Cyrille. La fin de cette Constitution est
semblable à celle de la lettre à Eutychius.
Vigile ' condamne les Trois-Chapitres, et
leurs défenseurs , reconnaissant pour ses
frères et ses collègues dans le sacerdoce ,
ceux qui les ont condamnés ou condamnent,
en déclarant nul tout ce que lui ou d'autres
auraient pu faire pour la défense des Trois-
Chapitres. On peut remarquer ce que le
Pape dit dans celte Constitution, que l'on *
n'approuva dans le concile de Chalcédoine
la lettre de saint Léon à Flavien, qu'après
l'avoir examinée et trouvée conforme à la
doctrine des conciles de X'cée , de Constan-
tinople et d'Ephèse. D'où il tire cette consé-
quence, que si l'on a usé de cette précaution
envers la lettre d'un si grand évéque , il est
bien permis d'examiner celle d'Ibas à Maris,
qui rejette le concile d'Ephèse , et qui con-
damne comme hérétiques les écrits de saint
Cyrille. L'Empereur satisfait de ce que Vi-
gile avait fait pour la condamnation des
Trois-Chapitres, accorda une loi en faveur
de l'Italie , où il confirmait toutes les dona-
tions faites aux Romains par Alai'ic, Amala-
IC7I, lU
' Prœterea igitur tria impia capitula anatlie-
malizamus atque dumtuimus, id est. epistotam
quœ dicilur Ibœ ad iliirim pcrsam, in qiia ne-
fandœ superius designulœ bla.'<pliemiii' continen-
tur, et impium Theodorum ilopsiiesleuum ctim
nefandis ejus conscriplis, et quœ impie Theodo-
Hlus conscripsit. El quiciimque en quoquo tcm-
pore crediderit accipienda tel deferenda, aul co-
nulus fiierit aliquando prwscntem damnaUonem
resolvere, pari analhemale condcmnamus. Eos
CUlem qui conservantes reclam fidem pra'diciis
quatuor synodis prœdiralam, mcmorala tria ca-
pitula damnaverunl vel damnant, fralres et con-
sacerdoles liabemus. Quœnimque rero sire meo
nomine sive quorumiibel pro defensione mcmo-
ratorum Irium capitutnrum prolala fuerint rel
ubicumque reperla, pncscnlis noslri plenissimi
constituli auclorilalc vacuamus. Ualuz., Concil.,
img. 1080.
« Ilis ergo se ita habenlibits. nulli renil in du-
bium quin Paires noslri ila a se rcnerabiUler
crciierent iuscipi beati Leonii epislolam, si eam
cum Nicmnœ Conslanlinopolilance synodorum,
lum eliam bcali Cyrilli in Epliesina prima expo-
sitis assercreni convenire doclrinis. Et si illa
lanti pontificis et tanta orlhodoxœ fidei luce prce-
futgens epistola his exigit comparationihus ap-
probari, quomodo illam ad Marim pcrsam Epis-
totam, quœ specialiler Epliesinam primant syno-
dum respuit, et beati Cyrilli exposila dogmata
definivit hœretica, ah iisilem Palribus credalur
orlltodoxa nominari, cum illn condeninel quorum
conlalionc lanli pontificis, vt diclum est. meruit
doctrina laudari ! Il'iil., pag. 1567. (tiii n'examina
pas plus la lettre <lc saint Léon que les symboles
de Nicée et de Constautinople. Les évOques sans
doute jugeaient avec le l'npe; mais à la condition
de juger conin^e lui pour demeurer avec lui. Il y a
une grande dilTércnce entre nu examen et une ac-
ceptation, entre une discussion et une vérifica-
tion par la(|uelle on atteste qu'une déiisinn est ce
qu'elle doit être, en lui rendant une solennelle obéis-
sance, Vigile parle de vérification et non d'un exa-
men à propos de la lettre de saint Liou.j
CHAl'ITllE LXXXM. — 2' CONCILE DE CONSTANTINÛPLE.
V.lil «Jn..
coniro
\ Con*
, p. CJ6.
[vr SIÈCLE.]
soutlic OU Théodat , et déclarait ' nids les
maria,qcs contractés avec Ips vicrîïes consa-
crées ;\ Dieu. CoV.n loi, qui est adrossi'e à
Narsés et ù Aiiliochtis, préfet du Prétoire
d'Italie, est do l'an Tloi.
17. Plusieurs années auparavant , Justi-
nien avait doinié un long édit contre les er-
reurs d'Ctriijèiic, à la requête de qiielqiu's
moines df. Jérusalem, et à la sollitilation du
diacre Pelage et de Mennas, patriarche de
Constantinople. Ce prince, après y avoir té-
moigné' son di'sir ardent de conserver la foi
dans sa pureté, et de maintenir FKglisc ca-
tholique dans la paix, dit qu'on lui avait fait
rapport que certaines personnes, s'écartant
de la doctrine de l'Écriture et des Pères ,
s'attachaient à Origène et à ses dogmes, qui
ne différaient en rien de ceux des ariens ,
des manichéens et des autres hérétiques. Il les
réduit à six articles : le premier, sur la Trinité :
d'après Justinien, qu'Origènc enseignait que
le Père est plus grand que le Fils, et le Fils que
le Saint-Esprit; que le Filsne peut voir le Père,
ni le Fils le Saint-Esprit; et que le Fils est
à l'égard du Père ce que nous sommes à
l'égard du Fils. Le second, sur la création:
Origène croyait que la puissance de Dieu
avait des bornes; qu'il n'avait pu faire
qu'un certain nombre d'esprits et une cer-
taine quantité de matière qui fût à sa dis-
position ; qu'il y a eu et qu'il y aura
plusieurs mondes. Le troisième regarde la
préexistence des âmes , qu'Origène disait
avoir été attachées à des corps en pu-
nition des fautes qu'elles avaient commises
auparavant, surfont en se dégoûtant de la
contemplation divine. Par le quatrième, on
voit qu'Origène croyait que le ciel, le soleil,
la lune , les étoiles et les eaux qui sont sur
les cieux sont animés et raisonnables. Le
cinquième porte qu'il croyait qu'après la
résurrection les corps glorieux seront de
figure ronde. Le sixième, que les tourments
des damnés, soit hommes, soit démons,
finiront , et que tous seront rétablis en
leur premier état. L'Empereur rapporte un
grand nombre de passages tirés des écrits
d'Origène, principalement de ses livres des
881
Principes, pour montrer qu'il a effectivement
enseigné toutes ces erreurs, et il réfute par
l'autorité do l'Écriture et des Pères. Puis,
s'adressant h Mennas, .'i qui il envoya d'abord
cet édit, il l'exhorte h assembler tous les
évêques qui se trouveront à Constantinople,
et les abbés des monastères, et à les obliger
d'anathéniatiser, par écrit, l'impie Origène,
surnoninié Adamantins, autrefois prêtre de
l'Église d'Alexandrie, avec les dogmes abo-
minables qu'il venait de marquer. Pour ne
rien oublier, il joignit neuf anatlièmcs qui
renfermaient en abrégé les dogmes erronés
d'Origène, et un dixième où il était anathé-
matisé nommément. L'Empereur ordonna à
Mennas d'envoyer des copies de ce qu'il au-
rait fait dans son concile, au sujet d'Origène,
à tous les autres évêques et à tous les supé-
rieurs des monastères, afin qu'ils en fissent
autant, avec défense à l'avenir d'ordonner
ni évêques, ni abbés, qu'ils n'eussent ana-
thématisé Origène avec tous les autres héré-
tiques que l'on a coutume de condamner. Il
écrivit aussi au pape Vigile et aux patriar-
ches d'Alexandrie, d'Antioche et de Jérusa-
lem sur le même sujet. L'édit de Justinien
fut accepté. Le patriarche^ Mennas, et les
évêques qui se trouvèrent à Constantinople,
y souscrivirent. Le pape Vigile, Zoïle d'A-
lexandrie, Éphrem d'Antioche, et Pierre de
Jérusalem en firent de même. Domitien d'An-
cyre et Théodore de Césarée, quoique dé-
fenseurs d'Origène, furent aussi contraints
de le condamner; et c'est sans doute de
cette première condamnation d'Origène qu'il
faut entendre ce que dit Théodore dans la
cinquième conférence du cinquième concile
général' : Vous venez de condamner Origène,
vous et le pape Vigile.
18. Aussitôt après la tenue de ce concile,
l'Empereur en envoya les Actes à Jérusalem.
Les évêques de Palestine, s'étant assemblés
à ce sujet, les approuvèrent* et les confir-
mèrent de vive voix et par écrit. Alexandre,
évêquc d'Abyle , fut le seul qui s'y opposa ;
mais, pour l'en punir, on le déposa de l'épi-
scopat. Il mourut quelque temps après à
Constantinople, accablé sous les ruines d'un
Lecicquième
concile géDé»
rslest reçues
Orient. Il oc-
casionne DD
fcbifme cnOc*
cident. Con-
cile de Pales,
tice.
' Cura autem tyrannicœ ferocUatis prœsump-
tionem re etiain ilUcita quasi permissa, egisse
tine dubio sit : sancimiis, ut si quis- iniiiiercs Deo
sacralas vel liabilum religiosum habentes sibi
conjunxisse inveniantur, nullam eis tenendi, tel
dotes forte consrriptas iterum monasteriis, vel
ecclesiis, aui sancto proposilo cuidedicatœ sunt,
XI.
restiiuantur. Fragm. sanct. Justiniani, in Codice,
pag. U83. — ' Liber., in Brev., cap. xxin, pag. 778.
' Ound etiam mine et in ipso Origène fecit et
sanctilas rr^^lra, et Vigilius religiosissimus l'upa
anliquior^ Romœ. Pag. 490.
' Vita S. Sabœ, tom. III Monum. Cotelerii, pag.
315.
56
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
882
tremblement de terre arrive^ en cette ville,
l'an o.j7. Les moines ' de la nouvelle laure
de saint Sabas reftisèrcnl aussi de souscrire
à la condamnation d'Origène : ils se sépa-
rèrent de la communion de l'Kglise. En vain
Eustochius, patriardie de Jérusalem, s'em-
ploya pour les ramener; ils s'opinii"itr('rent,
et furent en conséquence chassés de leur
laure et même de toute la province par les
ordres de Jusiinien, dont le duc Anastase fut
exécuteur. Flus^ieurs Kglises d'Occident reje-
tèrent* le cinquième concile, dans la persua-
sion que la condamnation des 7'rois-Ckapitres
ne s'était pu faire sans donner atteinte au
concile de Cbalcédoiue. On craignait encore,
en l'acceptant, de donner prise aux euty-
cliiens. Rustique, dL-fcre de l'Eglise romaine,
persista dans la défense des Trois- Chnpitrcs,
et fut envoyé, pour ce sujet, en exil dans la
Thébaïde. Plusieurs évêques ' d'Aûique fu-
rent, pour la même cause, exilés, battus et
mis en prison. Le scliisme se répandit jusque
dans les Gaules cl en Irlande, où, à cause de
l'éloignement des lieux, et de la langue dans
laquelle Théodore de Mopsueste, Tliéodoret
et Ibas avaient écrit, l'on (-tait moins en état
de juger de ce qui s'était passé dans le con-
cile. Il y eut aussi des scbismatiques dans
ristrie et dans plusieurs autres provinces,
comme on a vu dans l'analyse des lettres
du pape Pelage, qui monta sur le Saint-
Siégc en 553 , trois mois après la mort de
Vigile, arrivée le 10 janvier de la même an-
née; et dans celles de Pelage II, qui fut élu
pape en 377, et mourut en 390.
ARTICLE XVI.
CO:ïCtLES DE PARIS [551], D'ARLES [554], ET DE
PARIS [537]; ORDONNANCE DE CUILDEDERT; ÉDIT
DE CLOTAIRE.
LcciD<iai». 1- On ne peut mettre le second concile de
né'nTÎ'l're'A Pavis avaut l'an 331, puisque Sa[>audus,
ÔK°io"'.'i.'n successeur de saint Anrélien d'Arles, mort
fcbi: ma tn , , > ' • i • .
okmohi. en cette année, y présida; mais on ne peut
p«:e°in.. aussi le mettre plus tard, car entre Satla-
rac, évêque de Paris lors de la tenue de
ce concile, et saint Germain, qui assista
au troisième concile tenu en la même ville
rn 337, il y eut un autre évêque de Paris,
nommé Eusèbc. Le sujet de la convocation
de ce second concile fut l'examen de la cause
373
' Vila S. Sabce, toni, III Monum. Cotclerii, pog.
de Safl'arac, convaincu par sa propre confes-
sion d'un crime considérable. Les évêqucs,
au nombre de vingt-sept, iiarmi lesquels il y
avait six métropoUtains, savoir : Sajiaudus,
d'Arles; Hésycbius, de Vienne; Nicétius, de
Trêves; Probien, de Bourges; Constitut, de
Sens; Léonce, de Bordeaux, s'assendjièrenl
dans la maison de l'église, sur l'invitation du
roi Childebert. Quelque temps avant ce con-
cile, Satl'arac avait confessé sa faute en pré-
sence de Médovée, évêque de Meaux; de
saint Lubin, évêque de Chartres; de Leuba-
cairc, abbé; d'HicuIpbe, prêtre; d'Étenius,
archidiacre, et de Castricius, diacre, qui
l'avaient condamné à être enfermé dans un
monastère. Le concile se flt représenter les
actes de cette procédm-e ; et, après les avoir
examinés et trouvé la prmive complète, ils
confirmèrent la sentence rendue par ces trois
évêqucs, avec charge au métropolitain , qui
était Constitut de Sens, de déposer Salfarac,
suivant les canons. En conséquence, on or-
donna à sa place Eusèbe évêque de Paris,
qui eut pour successeur saint Germain, vers
l'an 553. Nous n'avons de ce concile que
le décret contre Saffarac , avec les souscrip-
tions de vingt-sept évêqucs qui le composè-
rent. On n'y trouve rien de la procédure
faite antécédemment contre lui par les évo-
quée de Meaux et de Chartres.
2. Sapaudus, assisté de onze évéques et ct.nait
de huit dc'putés des absents, tint un concile Tom. v coo.
à Arles, le 29 juin de l'an Sol, qui était le '"'''■
quarante-troisième du règne de Childebert.
Tous ces évêques étaient de la province
d'Arles et des deux voisines, la seconde Nar-
bonnaise et les Alpes maritimes. Ils firent ct
sept canons, dont le premier porte que les
évéques comprovinciaux se conformeront à
l'église d'Arles au sujet des offrandes, c'est-
à-dire, de la forme des pains qu'on offrait
sur l'autel ; — le second , que la juridiction
sur les moines appartiendra à révèijuc, dans
le territoire duquel les monastères seront
situés ; — le troisième , que les abbés no
pourront s'absenter longtemps de leur mo-
nastère sans la permission de l'évêque dio-
césain; — le quatrième, qu'un prêtre ne
pourra déposer un diacre ou un sous-diacre
i\ l'insu de l'évêque; — le cinquième, que les
(ivêques prendront soin des monastères de
lilles qui sont dans leur ville, et que l'ab-
* Pelag., Epist. ad Episcopos Islriœ, tom. V Con-
cis., pag. 021. — ' Victor. Tunon., ad an. 5W.
Cnnons dt
Cfl CMltlIC.
Troisième
concilo dePa-
rts. Toin. V
Ccncll., pag.
8U.
Canons do
ee eoDBilr.
Can. I.
3.
3.
fvi* SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. -
Lessc ne pourra rien faire ciintro lu /('t/te; —
le sixième, que les clercs ne pourront dété-
rioi'cr les biens dont l'évoque leur aura ac-
cordé l'usaj^e, sous peine de discipline pour
les jeunes clercs, c'est-à-dire ceux qui étaient
au-dessous dos sous-diacres, et ponr les vieil-
lards de passm- pour homicides des pauvres;
— le septième, qu'un évèque ne pourra pro-
mouvoir un clerc d'une autre lOglise sans l'a-
grément de son évèque : dans le cas de con-
travention, celui qui aura été ordonné ne
pourra faire les fonctions de l'ordre qu'il
aura reçu; et l'évèque qui l'aura ordonné
sciemment sera privé de la communion pen-
dant trois mois.
3. On met le troisième concile de Paris
vers la troisième année du pape Pelage I, la
quarante-sixième de Cbildebert, c'est-à-dire
en 537, et on ne peut guère le mettre plus
tôt, puisque saint Enphrone, élu évèque de
Tours l'année précédente 536, y assista avec
quatorze autres évèques, dont les plus con-
nus sont Probien de Bourges qui y présida,
Prétextât de Rouen et saint Germain de Pa-
ris. On y fit dix canons pour empêcher l'u-
surpation des biens de l'Église. Dans le pre-
mier, on prononce la peine d'excommunica-
tion contre ceux qui retiendront les biens de
l'Éflise, jusqu'à ce qu'ils les aient restitués;
ou y défend aussi de se mettre en possession
des biens de l'Église sous prétexte de les
conserver pendant les interrègnes. Les évè-
ques donnent pour raison de ce canon, qu'il
n'est pas juste qu'ils soient les simples gar-
diens des chartes des églises, plutôt que les
défenseurs de leurs biens. — Et parce que les
biens des évèques appartiennent aux églises,
le second canon défend de s'en emparer,
sous peine d'anatbème perpétuel. — Le troi-
sième est contre les évèques qui voudraient
usurper, ou qui auraient usurpé le bien d'au-
trui sous prétexte de concession du roi. —
Il est défendu par le quatrième d'épouser la
veuve de son frère, do son père ou de son
oncle, la sœm- de sa femme, sa belle-fille, sa
tante et la fille de sa belle-mère. — Le cin-
quième prive de la communion de l'Église
catholique, et condamne à un anathème per-
pétuel, ceux qui enlèvent ou qui demandent
en mariage les vierges consacrées à Dieu par
une déclaration publique. — La même peine
est ordonnée dans le sixième centre ceux qui
recoiu'ent à l'autorité du prince pour- épouser
des veuves et des filles malgré lem-s parents
ou qui les eufèvent. — On renouvelle dans
CONCILE DE PARIS.
883
le septième la défense de recevoir une per-
sonne excomnnniiée par son évècpie. — Il '■°"' ••
est dit dans le huitième que l'on n'ordonnera
paiul un évèque malgn; les citoyens, mais
celui-là sculemc^nl que le clergé et le peuple
auront choisi avec une entière liberté; qu'il
ne sera point intras par l'ordre du prince ,
ni par quelque pacte que ce soit, ni contre
la volonté du métropolitain et des évèques
comprovinciaux. Le canon ajoute que , si
quelqu'un a usurpé l'épiscopat par ordre du
roi, aucun des évèques ne le recevra, sous
peine d'être retranché de la communion des
autres, ne pouvant ignorer qu'il a été or-
donné illégitimement. Quant aux ordinations
déjà faites, le métropolitain en jugera avec
ses comprovinciaux, et avec les évèques voi-
sins qu'il choisira, et avec qui il s'assemble-
ra en un lieu convenable pour juger toutes
choses suivant les anciens canons. — Le neu- *•
vième ordonne que les enfants des esclaves,
dont le ministère regardait les sépultures, à
qui l'on a accordé la liberté, à charge de
rendre quelque service soit aux héritiers,
soit aux éghses, rempliront les obligations
qui leur ont été imposées par celui qui les
a mis en liberté ; mais que si l'Église les dé-
charge en tout des fonctions du fisc, ils en
seront décliargés, eux et leurs descendants.
— Le dixième porte, que les canons susdits to.
seront signés par tous les évèques absents,
afin que ce qui doit être observé de tous,
soit aussi reçu unanimement. La plupart des
évèques du concile ne prennent point le
nom de leurs sièges, mais celui de péclisurs.
On ne sait de quelle Église était évèque Fer-
rocinetus, qui souscrivit le dernier de tous.
4. Le roi Cbildebert, sous lequel se tinrent ordonnance
les conciles dont nous venons de parler, mou- conire'iosrêf-
rut le 3 décembre de l'an 338, après qua- nisme" t!'v
rante-huit ans de règne. Nous avons une 8°°.°' '' ''°°"
partie de l'ordonnance qu'il puLlia en faveur
de la religion chrétienne. Elle porte qu'aus-
sitôt après sa publication, tous les sujets de
son royaume seront obligés de détruii-e les
simulacres ou les idoles consacrées aux dé-
mons, et qu'à l'avenir toutes danses, bouf-
fonneries, débauches et divertissements in-
décents usités aux jours de fêtes et de di-
manches seront abohs, sous peine aux con-
trevenants, s'ils sont de condition servile, de
recevoir cent coups de fouet, et s'ils sont de
condition libre ou noble, d'une amende pé-
cuniaire. Ce prince, quelques jours avant sa
mort, donna mi diplôme pour la fondation
884
HISTOIRE GKNKllALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
ToBt.V Ton.
cil., p. SOO.
Ordoonsnefl
de Clotaire*
Totn. V CoD-
dl., T., 82:.
Fleurv, liT.
ZX.\IV, ,1g
592, t. Vil.
Pitn)Urc'>B>
do l'abbaye de Saint-Vincent, aujourd'hui de
Saint-Gomiain-dcs-Prés à Paris. L'original
de ce diplôme subsiste encore, et c'est de là
que la copie qui se trouve à la tête dos preu-
ves jnsti/icalives de l'/iistoire de cette abbaye,
a été tirée. On y voit en détail les fonds de
terre que Childcbert donna pour l'élablisso-
mciit et l'entretien d'une communauté de
moiups. Le second concile de Tours cite une
ordonnance de ce prince contre les ravis-
seurs des veuves et des Biles consacrées à
Pieu. Les quatre lettres que le pape Pelage I
lui adressa supposent qu'il en avait re(;ucsde
ce prince : nous ne les avons plus.
5. Clota4rc, frère de Childcbert, lui survé-
cut environ deux ans : ils en avaient régné
ensemble près do -58. Sur la fin de son règne,
Clotaire domia nneordonnancc générale pour
l'observation de la justice. On jugera sui-
vant les lois romaines les affaires qui peu-
vent s'élever entre les Romains; on nom-
mait ainsi les anciens habitants des Gaules
pour les distinguer des barbares, Francs,
Bourguignons et Goths, entrés depuis cent
cinquante ans. S'il arrive que le juge ait
condamné quelqu'un nijustement contre la
loi, il sera corrigé en l'absence du roi par .
les évoques; personne n'abusera do l'au-
torité royale pour épouser une veuve ou une
fille malgré elle, ou pom- l'enlever; per-
sonne ne sera assez hardi pour épouser des
religieuses, ou ôter aux églises ce qui leur a
él(' donné par les défunts. Ensuite Clotaire
remet à l'iCglise les droits sur les terres et
sur les troupeaux ; il exempte les clercs des
charges publiques , confirme les donations
faites à l'Eglise par ses prédécesseurs, et
veut qu'on jouisse sans trouble de tous les
l)ions qu'on aura possédés depuis trente ans,
pour^■u qu'on ait commencé de les posséder
do boiuie foi et sur un juste litre. Clotaire
mourut en 361, et fut enterré dans 1 église
de Saint-Médard de Soissons qu'il avait com-
mencée, et qui fut achevée par son fils Sige-
boil.
ARTICLE XVII.
CON'CiLES delakdaff' [560].
1. Vers l'an 560, saint Oudocéc, qui avait
succédé à saint Tcliau dans le siège épis-
copal de Landall', eu Clamorgan , tint un
concile où il appela un grand nombre de
clercs et trois abbés. Quelque temps aupara-
vant, Mourice, roi de Clamorgan, et Cynetu
avaient juré la paix ensemble en présence
des saintes reliques, sur l'autel des apôtres
saint Pierre et saint Paul, et de saint Oudo-
cée. Mourice, oubliant ce qu'il avait promis,
tua Cynetu. Le saint évéquo, ayant pris l'avis
de son concile, excommunia Mourice, qui en
conséquence demeura doux aimées et plus
sous l'anathème. Le roi, craignant pour la
perte de son Ame, demanda pardon de son
crime, et se soumit à la pénitence. Saint Ou-
docée lui imposa dos jeûnes, dos prières et
dos aumônes. Mourice fit tout ce qu'on exi-
gea de lui, et de sa plehic volonté il donna
de grands biens à l'église de Landatf.
2. Un événement tout semblable occa-
sionna un second concile en cette ville. Le
roi Morcant, et Frioc, son oncle paternel,
avaient fait ensemble une paix sincère, et
l'avaient jurée sur l'autel de saint lldnt, en
présence de plusieurs personnes considéra-
bles. Morcant la rompit en tuant Frioc. Saisi
de crainte à la vue des deux crimes qu'il ve-
nait de commettre, un parjure et un homi-
cide, il alla à réj.'lise de Landall', s'adressa à
l'évoque Oudocée, et demanda pardon. L'é-
vcque assembla sm- cela un concile, où il fut
résolu que l'on n'ordonnerait pas de pèleri-
nages au roi, de peurque le loyaume ne restât
sans chef, mais qu'on lui ferait racheter ses
crimes par les jeunes, les prières et les au-
mônes. Le roi alla lui-même au-devant de
ses juges, pour en recevoir la i)énilence de
ses mauvaises actions. 11 s'y soumit, promit
de se corriger et d'exercer à l'avenir la jus-
tice avec miséricorde : après celle promesse
on lui donna la communion chrétienne.
3. Oudocée vivait encore , lorsqtie Guid-
ncrth tua son frère Morchion, qui lui contes-
tait la couronne. Le saint évoque l'excom-
munia dans un concile qu'il assembla sur ce
sujet. Au bout de trois ans, Guidnerth de-
manda pardon, et l'obtint. On lui inqiosa un
voyage à Comouaille, en l'obligeant à un an
d'absence. Comme il revint avant le temps,
Oudocée ne voulut point l'absoudre de son
eUeltUEdsr.
*fn 1*10 :
Tom. V CoE-
cil., f. (t8.
S«rr>iii) ton
rll» d« LtB.
iit. Itid., p.
TrtUlèmi
CODrll» 09
Landiff. Ih.,
p. 8»).
' \.o Dictionnaire Universel des Conciles, publie
ji.ir.M. Mit'iie, iinHciuI que les trois assemMérs de
L.'iiiilalf furent tenues eu l'an ,'i'J7, ctquc ee n'était
que de simples synodes, par la raison qu'il ne s'y
trouvait d'autre (5v{que que celui du diocèse mdne
de Landatr, entouré de trois al)l)és de ses niouos-
ttres cl de son clerjié. (L'éditeur.)
OHAPITHE LXXXVI. — COXCïLE DE BRAGUE.
Coaeli« d9
Braque FO
5«3.
|VI' SIÈCLE.]
excnmiminication. Cependant le saint tivi^que
mourut, et Guidnntli s'adressa ;"! Bcrtli;^uid
son successeur pour être d('liii de l'anatlièmc :
l'évèquc le réliihlit, après lui avoir enjoint
une pénitence proportionnée ;\ ses fautes, et
après cpi'il eut promis de mieux vivre à l'a-
venir, (iuidnerth, se souvenant qu'il est écrit
que l'aumône eûace le péché comme l'eau
éteint le feu, fit de grandes donations aux
églises.
ARTICLE XVIII.
CONCILE DE BH.^GUE [363].
1. L'an 563, qui était le troisième du roi
Ariamir, Lucrétius, archevêque de Braguc,
tint un concile en rette ville , où assistèrent
huit évèques, dont l'un nommé Martin parait
être l'évèquc de Dume , auparavant abbé du
monastère de ce nom , érigé depuis peu en
évéché. Il se trouva plusieurs prêtres dans
la même assemblée avec tout le reste du
clergé de Brague. Lucrétius , qui présidait,
proposa les motifs de la convocation du con-
cile, qui étaient de maintenir les décrets
de la foi catholique contre les restes des
priscillianistes , et de réformer les abus qui
pouvaient s'être glissés dans le ministère clé-
rical ou dans le service de Dieu. Ensuite , à
la demande des évêques , il fit lire la lettre
de saint Léon envoyée à saint Turibius et aux
évèques de Galice, et celle du concile des
quatre provinces à Balconius. Saint Léon
dans sa lettre répondait aux seize articles
que Turibius lui avait proposés, et qui con-
tenaient les erreurs des priscillianistes. La
lettre du concile des quatre provinces renfer-
mait la profession de foi cpie le concile de
Galice, composé des provinces de Tarracone,
de Carthage, de Lusitanie et de Bélique,
di'essa en -447 contre les mêmes hérétiques.
Elle était suivie de dix-huit articles portant
chacun anathème. Après qu'on eut fini la
lectm-e de ces deux pièces, on lut les canons
883
de discipline, extraits des conciles tant géné-
raiix que particidiers, auxquels on en ajouta
vingt-deux nouveaux , qui ])ortent ce qui
suit :
2. (1 On observera partout le même ordre de
psalmodie, soit pour les offices du matin, soit
pour ceux du soir , sans y mêler les covitu-
mes des monastères. — Aux vigiles des jours
solennels , on dira dans l'église les mêmes
leçons. — Les évèques, de même que les prê-
tres , salueront \o peuple en disant : (Jne le
Seigneur soit avec vous; à quoi le peuple
répondra : Et avec votre esprit, selon la pra-
tique de tout l'Orient fondée sur la tradition
apostolique. — Dans la célébration de la
messe et dans l'administration du baptême,
l'on suivra la forme établie par Profuturus,
évêque de Brague. — En conservant dans
les assemblées la primauté au métropoli-
tain ', les autres évêques se placeront suivant
le temps de leur ordination. — On fera ' trois
portions égales pour les biens de l'iîglise, l'une
pour l'évêque, l'autre pour les clercs, et la
troisième pour les réparations ou pour les lu-
minaires de l'église. — Il ne sera pas permis
aux évêques d'ordonner le clerc d'un autre
évêque sans la permission par écrit de ce
dernier. — \ l'avenir ' les diacres porteront
leur étole sur l'épaule , et ne la cacheront
plus sous la tunique, afin qu'ils soient distin-
gués des sous-diacres. — Aucun des lecteurs
ne pourra porter les vases sacrés, si l'évêque
ne l'a ordonné sous-diacre. — Les lecteurs
ne porteront point d'habit séculier en chan-
tant dans l'église, ni de longs cheveux comme
les gentils. — On ne chantera dans l'église
aucune poésie', hors les Psaumes et les
Écritures saintes de l'Ancien et du Nouveau
Testament : ce qui semble exclure les hym-
nes. — Les laïques , soit hommes , soit fem-
mes , n'entreront point dans le sanctuaire '
pour communier, cela n'étant permis, selon
les canons, qu'aux seuls clercs. » — Le con-
çue ordonne ensuite à ceux du clergé qui
Canoni d*
cfl eooellr,
Tom. V CoD*
cil-, f. 937.
Can. I. i.
» Ilem pîacuit, ut conservalo metropolitani
episcnpi jirimalu, cœteri episcoporum, secundum
suœ ordinalionis lempus, alius alio sedendi dé-
férât locum. Can. 6, tom. V Concil., pag. 840.
- Item placuit, ut de rébus Ecclesiaslicis très
œquœ fiant portiones; id est, episcopi una, alia
clericorum, tertia in recuperatione vel in lumi-
nariis ecclegiœ : de qua parte sive archipresby-
ter.sive archidiaconus, illam administrans, epis-
copo faciat rationem. Cau. 7, ibid.
' Item placuit, ut quia in aliquantis hujiis
proiinciœ ecclesiis diacones absconsis infra tuni-
cnm ulunlur orariis, ita vt nihil dijferre a sub-
diacnnn videantur, de eœtero superposito scapii-
lœ ''sicut decetj utanlur orario. Can. 9, pag. 841.
' Item placuit, ut extra Psalmos, vel canoni-
carum Scriptururum novi et veteris Testamenti,
nihil puetice compositnm in Ecclesia psallatur ;
sicut et saitrti prwcipiant canones. Caa. 12, ibid.
5 Item placuit, ut intra sanctuarium altaris
ingredi ad coinmunicanduni non liceat laicis, vi-
ris vel mulieribus, 7iisi tantum clericis, sicut et
antiquis canonibus stalulum est. Can. 13, ibid.
886
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
i».
ne mangent point de viande , de manger au
mnin? des herbes cuites avec de la chair,
pour ôlertout soupron d'ciro priscillianislcs.
Cm. is. — 11 défend de commimiqucr ' avec un ex-
communié, sous peine d'encourir la sentence
i«. d'excommunication ; — de donner la sépul-
liu"e ecclésiastique , c'esl-à-dirc celle qui se
faisait au chant des Psaumes, à ceux qui se
seront tués eux-mêmes, soit en s'empoison-
nanl, soit en se précipitant, soit en se pen-
dant , ou de quelque autre manière que ce
soit ; ou Lien encore à ceux qui auront été
punis de mort pour leurs crimes, et de faire
"• mémoire d'eux dans^l'oblation; — d'> prier
pour les catéchumènes - morts sans Laplème,
et d'accompagner leur sépulture du chant
des psaumes. L'usage contraire s'était intro-
duit par ignorance des canons, — Il défend
aussi d'enterrer personne ' dans les églises
des saints , permettant tout au plus de les
enterrer autour des murailles des églises en
dehors, puisque les villes avaient encore alors
le privilège de ne point soutTrir que Ion en-
19. terrât dans l'enceinte de leurs murs. — II
paraît que quelques * prêtres avaient osé
bénir le saint chrême des églises et consa-
crer des autels ; cela leur est interdit à l'a-
venii-, sous peine d'être déposés de leur of-
îo. fice. — Défense d'élever" personne au sacer-
doce, qu'il n'ait fait pendant un an l'office de
lecteur, et passé par les degrés de sous-diacre
et de diacre, conformément aux anciens ca-
nons, car il n'est pas permis d'enseigner avant
s,. d'avoir appris. — Ce que les Ddèles offrent'
pour les morts ou pour quelque autre dévo-
tion, doit être mis à part par un des clercs,
et ensuite partagé entre tout le clergé une
' Ilem placuil, ut hi qui pro hœresi, ont pro
crimiiie aliquo excommunicaiilur, nuUus ei com-
municare prœsumal, sicut et anliquu canonum
continent statula: quœ si quis fpernit, voluntarie
scipsum alienœ damnationi Iradel. Cnii. 15, ibid.
* Item plicuit, ut calecliumcnis sine redemp-
lione baptixmi defunctis, simili modo, neque obla'
lionis commcmoralio, neque psallendi impcnda-
lur olpcium: nain et hoc per ignoranliam usur-
palum est. Can. 17, ibid.
^ Ilem placuil, ut corpora defunclorum nutlo
modo in basilica sanclonim sepelianlur ; sed si
necesse est, deforis circa murum bostlicœ usque
adeo non ablinrret.i\am si firmissimum hocprivi-
legium usque nunc manet civilalrs, ul nullomo-
do iiilra amhilus Hiii/r.rum cujuslibel deluncli
corpus humelur, quanta niagis hoc vtnernhilium
martyrum debel rtvcrenlia oblincre ! Cau. 18,
ibid.
' Ilem placuil, si quis prrsbyter, post hoc in-
terdiclum, ausus fucril chri^ma benedicere, aut
fois ou deux l'année. La raison de ce décret,
c'est que, si l'on permettait que chacim s'ap-
propiiùt les oQïandes de sa semaine, les rétri-
butions seraient souvent inégales, ce qui cau-
serait du murmure. Le dernier canon impose ç^^ ^
la peine de dégradation à quiconque violera
ceux qui avaient été f.iils dans ce coiiL-ile, et
ceux qu'on y avait lus.
ARTICLE XIX.
CONCUJES DE SAINTES [5G3^, DE LYON [6Q&] ET DE.
TOURS [366].
i . La même année 563, ou la précédente, connic d«
Léonce, archevêque et métropolitain de Bor- Kj'i'm.'v
deaux, assembla à Saintes un concile des w",'! liiîf.'
évêqucs de sa province , où il déposa Emë- ÎyImp'ht'I
rius, évèque de cette ville. Les raisons de
destituer cet évêque paraissaient justes : il
avait été ordonné sans les sutlVagcs du clergé
et du peuple, et il avait obtenu un décret du
roi Clotairc pom* être sacré sans le consen-
tement du métropolitain , qui était absent.
L'un et l'autre étaient contre la discipline ec-
clésiastique établie dans le dernier concile
de Paris. A la place d'Emérius , les évêques
élurent Héraclius, prêtre de lEglise de Bor-
deaux , cl ils envoyèrent au roi Charibert le
décret d'élection souscrit de leurs mains. Le
prêtre qui en fut chargé , étant arrivé à
Tours , raconta à l'archevêque Euphronius
ce qui s'était passé , l'. priant de souscrire
aussi le décret. Euphronius le refusa ouver-
tement, prévoyant le scandale que celte élec-
tion causerait. Le prêtre, arrivé à Paris, dit
au roi : « Seigneur ", le Siège apostolique
vous salue. » Celait le style du temps de
eceksiiim, aut altarium consecrare, a suo officio
deponalur, nam et anliqui hoc canones relue-
runt. Cm. 10, \>ag. 842.
' Item placuil, ul ex laico ad gradum sacer-
dolii ante nemo veniot, ni.^i prius anno inlegro
in oflicio leclorali rel subdiaconali disciplinam
ecclesiaslicam discal; et sic per singulos gradus
prœdictus ad sacerdolium leniat. Xam salis re-
prehensibile est, ut qui necdum didicil, jam do-
cerc prœsumal; dum cl antiquis hoc Patrum in-
slitutionibus interdiclum sil. C.nn. 20, ibid.
• Item placuil, ut si quid ex collalinne fidelium,
aut per commémoration! m defunclorum offerlur,
apud unum clcricorum fidcliter colligalur , et
conslilutn lemporc, aut semel, aut bis in anno,
inter amnes clericos dividalur : nam non modica
exipsa inœqunlitale discordia genernlur, siunus-
quisque in sua septimana quod oblatum fueril,
sibi (lefendat. Cm. 21, ibid.
M'ieury, lili. .\.\.\1V Ilist. Eccles., [«g. 53*,
lora. VII.
[Vl« SIÈCXE,]
CIIAPITHE LXXXVI. — CONCILE DE SAINTES.
887
Concile de
Lyon ea 566*
Tom. V CoD-
cil.,fag. M7.
ndmmpr apostoliques lous les si(5f;os l'pisco-
paiix , principalement les métrnpolilains, et
lous les (^véques, p'apes. Mais Cliaribert, fei-
gnant de ne pas l'entendre, dit au prcMro :
(I Avez-voiis été à Rome pour me saluer de
la part du pape ? » Il répondit : « C'est votre
père Léonce qui vous salue avec les évoques
de sa province, vous faisant savoir qu'Emé-
rius a été dépost' de levèclié de Saintes,
qu'il avait obtenu par brigue contre les ca-
nons. C'est pourquoi ils vous ont envoyé
leur décret pour qu'on en mette un autre h la
place, afin que le cliàtiment de ceux qui vio-
lent les canons attire la bénédiction sur votre
règne, n A ces mots, le roi commanda qu'on
l'ôtàt de sa présence, qii'on le mît dans ime
charrette pleine d'épines, et qu'on l'envoyât
en exil; et il ajouta : «Penses-tu qu'il ne
reste plus de fds de Clotaire, qui maintienne
ses actions, pour cliasscr ainsi sans notre
ordre un évèquc qu'il a choisi ? d II envoya
aussitôt des ecclésiastiques pour rétablir
Emérius dans le siège de Saintes, et des of-
ficiers de sa chambre qui firent payer à l'ar-
chevêque Léonce mille sous d'or, et aux au-
tres évèques du concile à proportion de leurs
facultés. « C'est ainsi , dit saint Grégoire de
Tours, que Charibert vengea l'injure faite à
son père. »
2. Contran fils de Clotaire , et frère de
Charibert , avait eu dans son partage les
villes de Châlon et de Lyon. En 566, qui
était la sixième année de son règne , la hui-
tième du pontificat de Jean lU , indiction
quatorzième , il assembla à Lyon un concile
de quatorze évêques , auquel saint Nizier
archevêque de cette viUe présida. On y fit
sis canons . Le premier ordonne que les
diûorends des évêques d'une môme province
seront terminés par le jugement du métro-
politain, et des évêques de la province ; et
que si les évêques en contestation sont de
ditl'érentes provinces, les deux métropolitains
les jugeront. Il est dit dans le second, que c.o. ;.
les donations faites par les évêques, les prê-
tres ou autres clercs, soit aux églises, soit à
qtuîlquc personne en particulier, subsiste-
ront , quand même elles ne seraient pas '
revêtues de toutes les formalités vouhies par
les lois. Le troisième soumet h la peine d'ex- s.
communication ceux qui réduisent en Fer-
vitnde les personnes libres. Le quatrième i-
porte que, conformément aux décrets des
anciens Pères, celui qui aura été excommu-
nié pour crime par son évêque , no pourrr
être reçu à la communion de qui que ce soit,
à moins qu'il n'ait été rétabli par celui-là
même qui l'avait retranché de la communion
de l'Eglise. Par le cinquième, il est défendu o.
aux évêques d'ôtcr aux clercs les biens qui
leur ont été donnés par leurs prédécesseurs,
soit par usufruit si ce sont des biens de
l'Église, soit en propriété si ce sont des biens
de leur patrimoine. Le sixième vent qu'en e.
toutes les églises on fasse des litanies avant
le premier dimanche du neuvième ' mois,
c'est-à-dire, du mois de novembre, comme
on en faisait avant l'Ascension. En ce même
concile, Salone évêque d'Embrun, et Sagit-
taire évêque de Gap, accusés et convaincus
de divers crimes, furent déposés de l'épisco-
pat : nous en parlerons plus au long dans la
suite.
3. L'archevêque Eiiphronius tint la même SMondton.
elle Qe iuurs
année 366 un concile à Tours le 17 novem- »■■ a*"-
bre, avec la permission du roi Chérébert, de contii.,p.8'52.
qui cette ville dépendait. Neuf évêques y as-
sistèrent, entre autres saint Prétextât de
Rouen, et saint Germain de Paris. Euphro-
nius y présida. Ce fut à ce concile que sainte
Radegonde s'adressa poiu' obtenir la confir-
mation du monastère qu'elle avait établie à
Poitiers , et de la règle qu'elle y faisait ob-
server. Les évêcpies, qui ne s'étaient assem- cn. i.
blés que pour le maintien de la discipline,
firent sm- ce sujet vingt-sept canons, où il;;
' Quia muUœ tergiversationes infidelium Eccle-
siam quœrunt collatis privare denariis, id con~
venu inciolabilller observari, ut lestamcnlci,quœ
episcopi, presbyteri, seu infcrioris ordinis clerici,
vel donationes, aut quœcumque instrumenta pro-
pria voluntate confecerint, quibus aliquid Eccle-
siœ, aut quibuscumque conferre videantur, omni
stabililate subsistant. Id specialiter statuentcs, ut
eliam quorumcainque religiosorum voluntas,aut
r.ecessitate, aut simplicitate, aliquid a legumsœ-
cularium ordinevisa fuerit discrepare, voluntas
tamen defunctorum debeat inconcussa manere.et
in omnibus Deo propitio custodiri. De quibus ré-
bus si quis animœ suœ contei'jptor aliquid alie-
nare prœsumpserit, usque ad emendationis suœ,
vel restitutionis rei ablatœ tempus, a consortio
ecclesiastico, vel omnium christiayinrum convivio
habeatur alienus. Cnn. 2, Cane. Lugd. Tom V
Concil., pag. 8'iS.
* Placuit etiam universis fratribus, ut in pri-
ma hebdomada noni mensis, hoc est, ante diem
dominicam, quœ prima in ipso mense illuxerit,
litaniœ, sicut ante Àscensionem Doniini sancti
Patres fieri decreverunt. deinceps ab omnibus ec-
clesiis, seu parochiis celebrentur. Can. 6, pag. 849.
888
HISTOIRE GKNFRALE DES AUTEURS ECCLFSIASTIOrES.
renouvelèrent l'ordonnance de tenir des con-
ciles deux fois l'année, on du moins une fois,
sous ])eine d'excommunication contre les
évèqucs qui, étant mandés, refuseraient d'y
venir. Ils ordonnent aux évêques qui ont
quelque diflërend, de prendre des prêtres
pour arbitres. Ils ajoutent ' que le corps de
notre Seigneur Jésus-Christ sur l'autel ne
doit point être mis au rang des imases, mais
sous la croix, comme cela se pratique en-
core aujourd'hui ; que les laïques ne ' se
tiendront point près de l'autel ; mais que la
partie de l'église qui est séparée par les ba-
lustres jusqu'à l'autel,^ ne sera ouverte qu'aux
clioiurs des clercs qui chantent ; que toutefois
le sanctuaire sera ouvert, selon la coutume ,
aux laïques et aux femmes pom- prier et pour
communier : ce qu'il faut entendre des priè-
res particulières hors le temps de l'ollice.
— (Jue ' chaque cité aui-a soin de nourrir
ses pauvres , en sorte que chaque prêtre de
la campagne, et chaque citoyen se charge des
siens, et qu'ils ne soient pas vagalionds dans
les autres cités. — Que les seuls évêques, à
l'exclusion des prêtres et des laïques , pour-
ront donner des lettres de recommandation.
— Qu'un évêque ne pourra déposer un abbé
ni un archiprctre , que par le conseil des
prêtres et des abbés; — que l'évcque qui
recevra à la communion quelqu'un qu'aurait
excommunié un autre évcque, après qu'il en
aura été averti, sera lui-même excommunié
jusqu'au premier synode. — Ce concile dé-
fendit encore d'ordonner dans la province Ar-
morique un évêque, soit Uouiain, soit Breton,
sans le consentement du métropolitain ou des
comprovinciaux, sous peine d'être excommu-
nié jusqu'à la tenue du grand concile. — Il
renouvela les défenses si souvent réitérées aux
clercsd'avoir chez eux des femmes étrangères
sous prétexte de nécessité ou d'arrangement
de leurs maisons. Les évêques reconnaissaient
dans ce canon qu'il eur est ordonné ' de tra-
vailler des mains, et de se procurerpar quelque
petit métier de quoi se nourrir et se vêtir. —
Ils ordonnent la peine d'excommunication
contre ceux qui seront négligents à le faire
observer. — L'évêque doit vivre avec sa femme
comme avec sa sœur; et quoiqu'il doive être
toujoure accompagné de clercs même dans sa
chambre, il faut qu'il soit tellement séparé
d'avec sa femme, que celles qui la servent
n'aient aucune communication avec ceux qui
servent les clercs. — Mais si l'évêque n'est
point marié , il ne doit point y avoir de fem-
mes à sa suite. — Défense aux prêtres et aux
moines de coucher deux dans le même lit,
et aux moines d'avoir des cellules séparées ;
ils doivent coucher et lire dans une chambre
commune. — S'ils sortent de leur monastère
pour se marier, ils seront séparés, et rais en
pénitence. On pourra, pour les obliger de se
séparer, employer le secours du juge sécu-
lier, qui sera excommunié s'il le refuse, de
même que ceux tpii protégeront un sembla-
ble mariage. — On ne permettra ' point aux
femmes d'entrer dans les monastères d'hom-
mes. Si l'abbé ou le prévût ne chasse pas
aussitôt celles qu'ils y auront apei-çues ,
qu'ils soient excommuniés. — Les moines
garderont ' leui-s anciens statuts à l'égard
des jeûnes, c'est-à-dire qu'ils ne jeûneront
point depuis Pâques jusqu'à la Pentecôte,
excepté les jours des Rogations. Ils jeûne-
C». 10.
' Ut corpus Domini in altari, non m imagina-
rio ordine., sed sub crucis tilulo cowponatur. Caa.
3, CnncH. Il Turon., pag. 8ri3.
» Il laici secus altare quo sancta mysteha ce-
Ubrantur, inler clericos lam ad vigilias quam ad
inissa.-<, slare peiiitus non prœsunwttt ; sed pars
illii, qHtp a cancellis rersus allure diridilur, clio-
ris tanlum psallenlium patent elericonnn. Ad
orandum vero et connnuniiandnm, laici.< et fe-
minis, sicut mos est, pateant sanrta sanctorum.
Cin. i, ibid.
* Vt unaqtio'que civilas pauperes et egenos in-
colas alimenlis coi>gruenlil>us pascal secundum
vires, ut tant vicanijiresbyleri, quam rires omnes,
suum paiiperem pascant : quo fiet ut ipsi paupe~
rts per ciri'.ates alias non vagentur. Can. 5, j.ag.
854.
* Cum jubeamur virtum nul reslitum nrlift-
ciolo quœrere.elmambus propriis laborare. Can
10, ibid.
' L't mulier inlra septa monaslerii nuUatenus
introire permillalur; si abbas in hac parle, aut
pro'positus ncgligens apparueril, qtiieam viderit,
el non slntiin ejcceril, excommunicelur. Can. 16,
pag. sriB.
• De jejuniis vero antiqua a monachis instituta
scrvenlur, ul de Pascita usque ad Quinquagesimam
exceptiS Rognlionibus, oniiii die fratrihiis pran-
diiim pnrparetur; ■ post Quinquagesimam tota
hebdomnde. ex asse jejuninl. Postea usque ad ka-
Ifndis iiigusii terin septimann jejunenl secundo,
quarla el scxla die, ex epli.* his qui aliqua infir-
viilale C(nslriclisunl. In Auguslo, quia quoliriie
fïiisvip sanctorum sunt, iiramliuin habeant. lu
scplembri loto, et octobri, et nox-embri, sicut prius
dictum est. ter in septimann. De dccembri usque
ad ^alntc Domini, omni die jejunenl. Et quia in-
ler Raidie Domini et Epiphania omni die feslivi-
tatfs sunt, ilf nique prandebunt. Exdpilur tri-
duum illud, quo ad calcandam gentilium cousue-
tudincm , patres nosiri sinlucrunt privatas in
kalendis januarii fieri litaitias, ut in eccicsii
[VI" SIÈCLE. ] CFIAPITRE LXXXVI. — 2» CONCILE DE TOURS
rniit loule la seinniiio siiivanlo. Depuis ce.
889
Siilledsica-
nous du !^e-
cond coDcilâ
de Tours.
Can. 18.
teiiipsjiisqu'iiu l"''aniit,ilsjci'mci(iiil Iroisfnis
la semaine , savoir, le lundi , le mercredi et
le vendredi. Dans le mois d'août, parce
qu'on l'ait tous les jours l'oûice des saints,
ils dîneront; dans les mois de septeinlire,
d'octobre et de novembre , ils jeûneront
trois fois la semaine ; dans celui do dé-
cembre ils jeûneront, fous les jours jusqu'à
Noël. Et parce que depuis Noël jusqu'à
l'Epiphanie ce n'est qu'une suite de fêtes,
ils ne jeûneront pas , à l'exception des
trois premiers jours de janvier, pendant les-
quels on fait des litanies pour abolir les su-
perstitions que les païens faisaient en ces
jours-là. On jeûnait même le jour delà Circon-
cision, et on ne célébrait la messe qu'à la hui-
tième heure, c'est-à-dire, à deux heures après
midi. Depuis l'Epiphanie jusqu'au Carême,
les moines jeûnaient trois fois la semaine.
•4. Voici comment le concile règle l'ordre de
la psalmodie. En été ', on dira à Matines,
c'est-à-dire à l'olBce de la nuit, six antiennes
avec deux psaumes pour chacmie , les jours
de fêtes solennelles; c'étaient celles où l'on
veillait la nuit. Pendant tout le mois d'août
on se lèvera de grand matin, parce qu'il y a
d«s fêtes et des messes des saints. La raison
de se lever matin était que ce mois était rem-
pli d'otBces de saints, et on en disait la messe
de bonne heure, afm que le peuple pût en-
suite travailler à la moisson. Au mois de sep-
tembre , on dira sept antiennes avec deux
psaumes pour chacune; au mois d'octolire,
huit antiennes à trois psaumes , c'est-à-dire
vingt-quatre psaumes; en novembre, vingt-
sept psaumes; en décembre, trente avec dix
antiennes, et de même en janvier et février,
et jusqu'à Pâques, ce qui semble montrer que
l'aniK'e coinmenrait à cette fête. Ainsi on no
devait jamais dire à Matines moins de douzo
psaumes, et on en disait toujours douze à Vê-
pres et six à sexte, avec A llelnia. Celui qui en
disait moins de douze dMalincs dey iùi\i'ùnvr
jusqu'au soir, et ne prendre; ce jour-là que
du pain et de l'eau pour sa réfection. L'ordre
de cette psalmodie était fondé sur les statuts
des anciens Pères, et sur ce (ju'ils en avaient
appris d'un ange. Aimoin dit qu'il avait pre-
mièrement été établi dans le monastère d'A-
gaune, et qu'il le fut depuis à Saint-Marcel
de Cliâlon-sur-Saûne, et à Saint-Denis en
France. Outre les hj-mncs - de saint Ambroise,
qui étaient en usage dans l'Église, le concile
permet de chanter celles qui le méi-itent,
pourvu qu'elles portent le nom de leur au-
teur.
5. Pour lever les soupçons que la plupart
des clercs mariés ne gardaient pas le célibat,
il ordonne que l'archiprêtreétantà la campa-
gne aura un clerc qui couchera dans sa cham-
bre, et que, pour se relever, ces clercs seront
sept qui serviront par semaine ; que le prê-
tre, le diacre ou le sous-diacre qui aura été
trouvé avec sa femme, sera interdit pendant
un an; et que l'archiprètre qui aura négligé
de veiller sur ses infériem-s sera enfermé pen-
dant un mois pour jeûner au pain et à l'eau.
— Il défend aux religieuses de se marier, soit
qu'elles aient reçu le voile de la main de l'é-
vêque, ou seulement changé d'habit; et parce
que quelqiies-unes prétendaient n'avoir chan-
gé d'habit que pour n'être pas exposées à
des mariages indignes d'elles, on leur oppose
les ordonnances des rois Cliildebert et Clo-
taire confirmées par Chérébert, portant dé-
fense d'épouser les fdles sans la volonté de
leurs parents. Après quoi le concile ajoute :
Fleur), II».
SI, pk-. 5r,j.
loin. Vu.
Cas. 23.
Sulledescn*
nons du con«
C'ie dû Tours.
Cao. 19*
ftsaUalur, et hora oclava in ipsis kaloidis Cir~
cnmcisionis missa Deo propitio cclebretiir. Post
Epiphunia vero vsqiie ad quadragesimain ter in
septimana jejunent. Can. 17, ibid.
' Itemque pro reverentia domini Martini, vel
cultu ac virttile, id statuimus observandum, ut
lam in ipaa basiUca sancta, quam in ecclesiis nos-
tris, iste psallendi ordo serietnr: nt in diebus
fcsiis ad matutinum sex antiplionœ binis psalmis
explicenlur : loto angusto manicaliones fiant, quia
feslivitates snnt et missœ sanctorum : scplembri
seplem anliphonœ explicenlur binis psalmis: oc-
tohri oclo ternis psalmis : novembri novem ternis
psalmis: decembri decem ternis psaltnis: jnniia-
rio et febrnario itidem usque ad paschn. Sed ut
possibilitas habet, qui facit amidius pro se, et qui
minus, ut poluerit, Superest ut cel duodecim psal-
mi cxpediantur ad Malutinum: quia Patrum sta-
tuta prœcepernnt, ut ad Sextam sex psalmi di-
cantur cum alléluia, et ad duodecim am dundecim,
itemque cum alléluia. Quod cliam angeto osten-
dente didicerunt. Si ad duodecimam duodecim
psalmi, cur ad matutinum non itemque vel duo-
decim explicenlur ? Quicumque minus quam duo-
decim psalmos ad matutinum dixerit, jcjunet us-
que ad vesperam, panem cum aqua manducet, et
jejunet omnidie usque ad vesperam. Can. IS.pag.
837.
* Licet hymnos Ambrosianos habeamus in ca-
none; tamcn quoniam reliquorum sunt aliqui qui
digni sunt forma cantari, volumus Ubenler am-
plecli eos prœterea, quorum auctornm nomina
fuerint in limine prœnotata : quoniam quœ fide
constiterint, dicendi ralione nonobstant. Can. 23,
pag. 863.
890
HISTOIRE r.ÉNÉUALE DES 'aUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
C>o. il.
« Celle donc qui craint la violence doit se ré-
fugier à l'éirlisc, jusqu'à ce que ses parents la
délivrent par le commandement du prince ou
le secours de l'évèque, et lui doinu'nt un mari
digiie d'elle.» Pourquoi, disaient queUiues-uns,
la veuve qui n'a point été bénie, ne pourrait-
elle passe remarier? On répond que les veu-
ves ne recevaient point de bénédiction poiu"
se consacrer ù Dieu. Les évèques appuient ce
règlement des autorités du pape Innocent I",
de la loi romaine , c'est-à-dire du Code tkéo-
dosien, des conciles d'.'^rlcs, de Milève, d'É-
paône. — Dans le canon suivant, où l'on renou-
velle les anciens di'crcls à l'égard des degrés
auxquels il n'est pas pennisde se marier en-
tre parents, on cite le dix-huitième chapitre
du Lévitique, les canons du premier concile
d'Orléans, et de ceux d'Épaùne et de Cler-
,,_ mont. — Il se trouvait encore des personnes
qui célébraient le premier jour de janvier en
l'honneur de Janus; qui, à la fête de la Chaire
de saint Pierre, offraient des viandes aux
morts; qui de retour chez eux après la messe,
mangeaient de ces viandes consacrées aux
démons; qui honoraient des pierres, des ar-
bres ou des fontaines , et qui , malgré toutes
ces superstitions, prétendaient être chrétiens.
Le concile ordonne aux pasteurs et aux prê-
p^'.'sS'."''''' t''^^ ^'^ ^'^^ chasser de l'ét^lisc, et de ne pas
leur permettre de participer au saint autel.
La fête de saint Pierre dont parle ce canon
fut instituée le 22 février à la place de la fête
que les païens célébraient en l'honneur des
moi ts, qu'ils nommaient Fvralin, et qui du-
rait depuis levingtième de ce mois jusqu'à la
fin. En ces jours, ils portaient des viandes sur
les tombeaux, s'imaginant que les âmes étant
alentour venaient la nuit les manger. Ce jour-
là les clirétiens célébrèrent premièrement le
martyre de saint Pierre et de saint Paul ; puis,
cette fête ayant ('té transféi-tfo an 29 juin, ou
fit le 22 février la fête de la Chaire de saint Pier-
re, sans distinction de la Chaire de Rome et de
celled'Antioche.Depuisl'ona mis aulSjanvier
la fête de la Cliairc de saint-Pierre à Rome,
et celle de sa ciiaire à Antioclie est demeu-
rée au 22 février. La superstition dont se
plaint le concile consistait donc à conserver la
cérémonie païenne avec la fètechrélienne ins-
tituée pour l'abolir. On trouve que, le mémo
jour 22 f(''vrier, les païens c(''lébraient la fête
nommée Terminalia. en l'Iionneur du Dieu
Terme. Ce qui fait croire ([ue les pierres dont
le culte est uiarqui- dans le canon, étaient les
bornes des champs.
6. Le concile renouvelle contre les usur-
pateurs des biens d'église les anciens canons,
voulant que s'ils persistent dans leur usur-
pation, après trois monitions, l'évèque s'as-
semble avec les abliés, les prêtres et tout le
clergé , et qu'ils prononcent ensemble dans
l'église le psaume cvin* contre le meurtiier
des pauvres, pour attirer sur lui la malédic-
tion de Judas, en sorte qu'il meure, non-seu-
lement excommunié, mais anathématisé. —
Il prive ces usurpateurs, même de leur vi-
vant , de la sainte commmiion , et de la so-
ciété de toutes les églises, lorsqu'étant aver-
tis par l'évèque, ils ne restituent point ce
qu'ils ont enlevé injustement, quand même
ils s'en seraient emparés pendant l'interrè-
gne. Il prononce aussi la peine d'excommu-
nication contre les juges et les puissants du
siècle qui oppriment les pauvres. — Le der-
nier canon est contre ceux qui donnent ou qui
reçoivent de l'argent pour les ordinations :
comme ils sont également coupables, ils se-
ront séparés de l'I'^ghse jusqu'au premier sy-
node.
7. Le père Sirmond nous a donné une let-
tre qu'il croit avoir été écrite depuis le second
concile de Tours par les évêques qui y avaient
assisté : ce n'est qu'une exhortation au peu-
ple, pour le porter à détourner par la prati-
que des bonnes œuvres les calamités dont
on était menacé ; à ne point célébrer de ma-
riages jusqu'après ces calamités; à rompre
les conjonctions incestueuses ; à payer la
dinie de tous Icm-s biens, même des serfs, et
pour ceux qui n'ont point de serfs, de payer
le tiers d'un sol d'or pour chacun de leurs
enfants, et de se réconcilier avec leurs enne-
mis. Cette lettre est souscrite de quatre évê-
ques qui s'étaient trouvés à ce concile; mais
on ne sait si elle fut le fruit de cette assem-
b!i!e, où si elle fut écrite quelque temps après,
comme l'inscription semble le dire. Nous en
avons une autre, qui est ime réponse à celle
que sainte Radegonde avait écrite à ce second
concile de Tours pour lui demander la con-
firmation de l'établissement qu'elle avait fait
à Poitiers pour desfilles, et de la Règle qu'elle
leur faisait observer. Cette réponse n'est si-
gnée que de sept évêques, quoiqu'ils fussent
neuf en tout. Ils y accordent à cotte princesse
ce qu'elle leur avait demandé; et insistant
sur l'article de la Règle de saint Césaire, qui
regarde la clôture des religieuses, ils défen-
dent à t(uites celles qui s'él:iienl consacii'es
à Dieu dans le monastère de Poitiers, d'en
L«tlreï da
fécond concl*
Id do Tour*.
Tom. V Coo.
cil., pi£- 8i>7.
Tom. V Coi. -
[vi« SIÈCLE.] CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DE BRAGUE ET DE LUGO.
891
Concilo ,]o
Hrngueea 572.
Tom. V Con-
01., |.nt'. S3t>
I.Pelr. ,v, J.
Canons de
ce coDcilo.
Can.l.
sortir, sous poinc il'oxcoinmunicatioii , les
déclarant adultères et excoiiiiumiiées, elles
cl leurs maris, en cas qu'elles vinssent à se
marier aprt'S avoir quitté leur premier état.
Ils f)blip('iit lci;rs successeurs ù maintenir
cette discipline, sous peine d'en répondre au
jugement de Dieu.
ARTICLE XX.
CONCILES DE BRxVGUE [572], ET DE LUGO [Slâ].
1. Le premier jour de juin de l'an 572,
deuxième du roi Miron, saint Martin de Du-
me, devenu archevêque de Braguc, tint un
concile des deux provinces de Galice , c'est-
à-dire de Brague et de Lugo : on le compte
pour le second de Brai;uo. Le Saint- Siège
était alors vacant par la mortdu pape Jean 111 :
c'est au moins ce que porte l'inscription de
ce concile. Mais il faut qu'il y ait faute ou
dans cette inscription, ou dans le jour de la
tenue de cette assemblée , qui est marquée
au jour des calendes de juin ; puisque, selon
le Pontifical, le pape Jean ne fut enterré que
le 13 juillet de cette année 572. Saint Martin
présida le concile, qui était composé de douze
évèques, six de chaque province. Il fit lire
d'abord ce qui avait été réglé au concile pré-
cédent, où il avait assisté en 563, et proposa
d'achever ce qu'on n'avait pu faire alors. Cela
ne regardait point la foi, car il n'y avait à ce
sujet aucune difficulté dans ces deux provin-
ces; mais seulement la discipline ecclésiasti-
que, qui devait être réglée suivant l'Ecriture
et les canons. De son avis , et de celui des
évèques, on lut le passage de la première
Épître de saint Pierre, où cet apôtre marque
en ces termes les devoirs des pasteurs : u Pais-
se: le troupeau de Dieu, qui vous est commis,
veillant sur sa conduite, non par nécessité , mais
par une affection toute volontaire, qui soit selon
Dieu ; non par un honteux désir du gain, mais
pjar une charité désintéressée ; non en dominant
sur l'héritage du Seigneur, mais en vous ren-
dant les modèles du troupeau, afin que, lorsque
le Prince des pasteurs paraîtra, vous remportiez
une couronne de gloire qui ne se flétrirajamais. »
Tous les évèques présents promirent d'obéir,
avec la grâce de Dieu, à ce divin précepte.
Après quoi ils dressèrent dix canons pour le
maintien de la discipline.
2. Il est dit dans le premier que les évè-
ques, en visitant leurs églises , examineront
premièrement les clercs pour savoir com-
ment ils administrent le baptême, comment
ils c('lèbrenl la messe et les autres offices do
l'église; (jue, s'ils trouvent qu'ils se com-
portent ;\ cet égard suivant les canons, ils
eni'endront grAces ft Dieu; que si, au con-
traire, ils les trouvent en défaiil, il leur or-
donneront do faii-e venir les catéchumènes
à l'exorcisme, vingt jours avant leur bap-
tême, c'est-i\-dire le quatrième dimanche de
Carême ; que , pendant ce temps, ils leur
feront apprendre le Symbole des Apôtres;
qu'après l'examen des clercs, les cvêques
assembleront leurs peuples unautrejour pour
leur appiendre à fuir les erreurs des païens,
l'iioinicide, l'adultère, le parjure, le faux
témoignage elles autres péchés mortels, et
k croire la résurrection et le jour du Juge-
ment, dans lequel chacun recevra selon ses
teuvres. — Le second porte que l'évêque ne
prendra, en sa visite, pour son droit hono-
raire nommé cathédratique, que deux sous
d'or, et qu'il n'exigera point la troisième
partie des oôrandes , qui doit être employée
pour le luminaire et les réparations; qu'il ne
pourra aussi exiger aucime œuvre servile des
clercs des paroisses. — Il leur est enjoint par
le troisième de faire gratuitement les ordi-
nations, et de n'ordonner les clercs qu'après
un soigneux examen et sur le témoignage
de plusicm's. — Le quatrième défend aux évè-
ques de prendre à l'avenir le tiers du sou,
que l'on avait exigé jusqu'alors pour le saint
chrême, sous prétexte du peu de baume
qui y entre, de peur qu'ils ne paraissent ven-
dre les dons du Saint-Esprit, — Le cinquième
défend aussi d'exiger quoi que ce soit des
fondateurs pour la consécration des églises ;
seulement il les charge de prendre garde
qu'elles soient suffisamment dotées , et par
écrit, parce qu'il n'est pas raisoi.nable qu'il
n'y ait point de revenus , soit pour ceux qu:
desservent cette église, soit pour le lumi-
naire. — Il est dit dans le sixième que, si quel-
qu'un prétend fonder une église à la charge
de partager les oblations avec les clercs, ai:-
cim évêque ne la consacrera, comme étant
fondée plutôt par intérêt que par dévotion ;
cet abus avait lieu dans quelques endroits. —
n en régnait un autre : souvent les pauvres,
n'ayant pas de quoi donner aux ministres
pour baptiser leurs enfants , diti'éraient leur
baptême , ou ne le leur procuraient point
du tout. Pour remédier à un si grand mai,
dont la suite était la perte étemelle de ces
enfants, le concile ordonne parle septième
canon qu'il sera permis aux prêtres de pren-
892
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
dre ce qiii sera ofl'eit volontairement pour le
bnptc'mc; mais il leur déicnd de rien exiger.
lin !. — Le liuitirme soumet à la peine, d'exrnmmu-
nication celui qui aura accusé un clerc de
fornication , et qui n'aura pas pu le prouver.
'• — Le neuvième diarpe le mëlropolilain de
dénoncer aux évèqueslejourdelal'ûqueà la
fin du concile, et chaque évcqiie de l'annon-
cer au peuple, le jour de Noël, après l'Evan-
gile, afin que personne n'ignore le commen-
cement du Carême. Les trois prcmiersjours,
les Églises voisines s'assemblaient et fai-
saient des processions ou prières publiques.
Le troisièm-e jour, /i trois ou quatre heures
de l'après-midi, on célébrait la messe, à la
fin de laquelle on avertissait le peuple d'ob-
server le jeûne, et d'amener au milieu du
* Carême les enfants qui devaient être bapti-
sés, pour qu'ils fussent auparavant pmifiés
par les cxorcismes. Quelques prêtres, infectés
de l'hérésie des priscillianistes, disaient des
messes pour les morts après avoir déjeuné.
10. — Le dixième canon cûnd;imne cet abus, et
orclnnue que, si quelque prêtre à l'avenir
fait querque chose de semblable, il sera privé
de son otUce et déposé par son propre évê-
que. A la suite de ces dix canons, on en a
mis cinq autres tirés de divers conciles de
Brague par Garsias Loaisa; les quatre pre-
miers se trouvent dans Burchard, et le cin-
quième dans Yves de Chartres. On y ordonne
d'amener les catéchumènes à l'église vingt
jours avant Pûques; d'excommunier ceux
qui, étant avertis de s'abstenir de certaines
superstitions païennes, continuent à les ])ra-
ticpier; de dégrader le prêtre qui aura aliéné
quelques meubles précieux dépendants de
son titre; de mettre trois ans en pénitence
ceux qui auront fait des danses devant les
églises, masqué leur visage ou changé l'ha-
bit de leur sexi; ; d'obliger à restitulion ceux
qui, ])ar négligence, ont détérioré ou occa-
sionné la peitc des biens de l'Eglise.
Concile» do 3- Ou distingue deux conciles dans la
lornlvcon'. vlllc dc Lugo , Vuu cu oG2, l'autre eu 572.
eu. p.j.8-4. j^p j.^j Tliéodomir fit tenir le premier pom-
confirmer la foi catholiqiie et pour diverses
autres affaires. Après que les évêques eurent
réglé toutes choses, le roi leur envoya inie
lettre, où il lem- représentait qu'il y avait
trop peu d'cvêcpics dans la Galice, ce qui
était cause qu'ils ne pouvaient chaque an-
née faire 1;; visite de leurs diocèses ; et que,
comme il n'y avait qu'un seul uu-tropolitain,
il était diliicil(> que le concile put s'assembler
tous les ans. Pour parer à ces inconvénients,
les évêques érigèrent Lugo en métropole,
et firent de nouveaux évcchés, du nombre
desquels fut le monastère de Dume, dont
saint Martin, qui en était abbé, fut le pre-
mier évêque. Ils fixèrent aussi les paroisses,
pour prévenir les disputes entre les évêques
voisins. Le roi Ariamir confirma dans le ibii.psos.
concile de 572 cette division des diocèses.
Nitigius, évêque de Lugo, présida cette as-
semblée , où se trouvèrent des légats du
Saint-Siège : nous n'en avons point les Actes.
ARTICLE XXI.
CONCILES DE PAHIS [51'i] , ET DE CHALON
[379].
1. Le roi Contran, voulant, en 372, ter- Qonr.èr^.
miner un dilTérend siuTenu entre lui et Sige- "• " ■>'■'■
bert, son trcro , nidiqua un concile a Fans "■"•i-ii. iv,
Cip. XLII ,
de tous les évêques de son rovaiuue. Ils s'as- >•■'.')"""•»
semblèrent au nombre de trente-deux, le 15
février' de l'année suivante 373, dans l'é-
glise de Saint-I'ierre , c'est-iï-dire de Sainte-
Geneviève : Contran avait proposé ce concile,
que l'on compte pour le quatrième de Paris, au
roi Sigebert, qui y avait consenti. Voici cpiel
en fut le sujet. Gilles, archevêque deRlieims,
avait érigé un évêché à Châteaudun, qui était
du domaine de Sigebert, et en avait consa-
cré évêque un prêtre du diocèse de Chartres,
nouime Promotus. La ville de Chartres ap-
partenait à Contran, et Châteaudun était de
ce diocèse. L'évêquc de Chartres, que l'on
nommait Papolus , porta ses plaintes au roi
Goutrau contre l'entreprise de l'évêquc de
Reims, soutenant qu'il n'avait aucun droit
d'ériger un évêché dans le diocèse d'autrui.
Contran prit la défense de l'évêque dc Char-
tres; Sigebert se déclara pour l'évêque de
Reims. Ces deux évêques n'assistèrent point
au concile; mais celui de Ciiartres y pré-
senta sa requête , sur laquelle il gagna son
piocès. Le concile en écrivit à l'évêque de
Reims, h qui il réprésenta que l'ordination W'' ?•"'•
de Promotus était contraire aux canons et à
la raison, puisque Chàteaudini n'était ni de
1 L(! 1 1 septembre de la mftine année, selon le
Pfre hongueval, qui pnratt avoir confondu ici la
date de la convocntion du cnncile avec celle de la
lettre synodale, adressée par les Pères à l'évêque
de Reims. (L'éditeur.)
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DE PARIS ET DE CHALON.
.m.
Ciugalème
eoDclle de Pa-
en 07*i
Greg. Toron,
Lib. V, up.
III, lib. VII,
cao. XVI, et T,
VCOQClI.Me,
12».
[\\' SIÈCLE.]
l;i pioviiicc de Rlioiins, ni de Ui Gaule Bel-
fii(liR'; (Hi"il devait déposer ce prèlic sacré
évcque, et le garder auprès de lui ; ajou-
tant rpi'en cas qu'il prétondit, soit par sa
pr(i[iie autorité, soit à la faveur de quelque,
])uissance (pic ce l'ut, se maintenir pluslonjj;-
tcmps en cette usurpation, bénir îles autels,
confirmer des enfants, faire des ordinations,
ou résister t\ Papolus, son évéque, il serait
séparé' de la communion et frappé d'ana-
tlième, do même que ceux qui recevraient sa
bénédiction après ce décret. Cette lettre est
du H septembre 573. Le concile écrivit le
même jour au roi Sigeberf pour le sujiplier
de ne point prendre la défense d'une si mau-
vaise cause, de peur d'attirer sm- lui la co-
lère de Dieu; mais, malgré le décret du con-
cile, Prnmotus se maintint en son évcclié,
tant qu'il fut soutenu par le roi Sigebert, qui
vécut encore deux ans depuis. Contran avait
encore eu dessein, dans la convocation de ce
concile, de teraiincrlcs difl'éieiuls entre Cliil-
péric et Sigebert ; mais il jiarait que la dif-
ficulté que les évéques trouvèrent à faire
valoir leur décret contre Promotus les empê-
cha de traiter des moyens de paix enti-e ces
deux princes. Du moins est-il vrai qu'ils se
firent plus vivement la guerre qu'ils n'avaient
fait auparavant.
2. Le cinquième concile de Paris se tint
en 377, au sujet des accusations intentées
par le roi Cbilpéric contre saint Prétextât,
évêque de Rouen. La première était que cet
évêque avait marié, contre la volonté du roi,
le prince IMérovée, son fils rebelle, et de
l'avoir marié avec la veuve de son oncle,
c'est-à-dire avec Brunebaut , reine d'Aus-
irasie ; la seconde , d'avoir conspiré avec ce
jeime prince contre la vie du roi, et d'avoir,
à cet etlet , engapé plusieurs personnes par
des présents dans la conspiration. Ces deux
faits ayant été avancés en présence des évé-
ques du concile, assemblés au nombre de
quaraute-cincj dans l'église de Sainte-Gene-
viève, Prétextât ne répondit rien au premier,
parce qu'il était incontestable; mais il nia
le second, en soutenant que, s'il avait fait
des présents, c'était à des gens de qui il avait
reçu de très-beaux chevaux et diverses autres
choses; en sorte que c'était par pure recon-
naissance qu'il leur avait fait des libérali-
tés. On n'alla pas plus loin dans la première
séance de ce concile. Dans la seconde, qui
se tint en présence du roi Chilpéric, on ac-
cusa l'évèque de Rouen d'avoir dérobé à ce
8"J3
prince de l'or et divers meubles, qu'on avait
trouvés chez lui dans des ballots : Pré-textat
répondit ([ue ces ballots lui avaient été con-
fiés parla reine d'Auslrasie, lorsqu'elle sortit
do Rouen; depuis, elle les avait envoyés chcr-
ciier; que, comme il avait lait dilliculté de
les livrer sans l'agrément du roi, le roi lui-
même lui avait permis de les remettre aux
gens do la reiui^ d'Auslrasie; qu'a l'égard
dos ('totfos d'or qu'on l'accusait aussi d'avoir
dérol)éos, appartenaient au pi-inceMérovée;
s'il en avait fait présont à quelques personnes,
il s'était ciu suflisanimont autorisé à le faire,
parce qu'il savait ouo Mérovi'e, qui était son
fils spirituel, ne le trouverait pas mauvais.
Au surplus , il n'avait fait aucun présent
dans le dessein de débaucher les sujets du
roi. Chilpéric ne put s'cnipêchor de dire à
quelques-uns de ses confidents que l'évèque
de Rouen n'était pas si criminel qu'on vou-
lait cpi'il le fût; mais qu'il avait peine à cha-
griner la reine Frédégondo, qui le tourmen-
tait sans cesse pour faire déposer ce prélat,
et qu'il fallait cberclicr quelque expédient
poiu- finir celte affaire au contentement de
celte princesse. Ces courtisans en trouvèrent
un , qui fut d'aller trouver Prétextai, et de
lui faire enlendi-e que le seul moyen d'être
absous était de se reconnaître coupable; lui
promotlaut, en cas qu'il prit ce parti, de le
tirer de celle mauuvaise affaire. L'évèque
donna aveuglément dans ce piège. Ainsi les
évoques s'étant assemblés une troisième fois,
Prétextât se jeta aux pieds du roi, lui de-
manda pai'don , s'avoua coupable , et dit
qu'il mollait toute son espérance dans sa
miséi-icorde. Cbilpéric prit les évêques à té-
moins de l'aveu de Prétextât, le livra h ses
gardes avec ordie de le conduire hors de
l'église; puis, s'en étant retourné à son
logis, il envoya au concile un code de ca-
nons, où l'on avait ajouté ceux qui portent
le nom des apôtres, et où il était dit qu'un
évéque, convaincu de parjure, oud'adullère,
ou d'homicide, devait être déposé. Prétextât,
paraissant étonné de ce procédé, Bertrand
de Bordeaux lui dit : <> Puisque vous êtes
tombé dans la disgrâce du roi, vous ne pou-
vez plus avoir de communion avec nous,
qu'il ne vous ait pardonné. » Chilpéric fit
demander aux évêques que la robe de Pré-
textât fut déchirée en plein concile, qu'on
récitât sur lui les malédictions contenues
dans le psaume cviu, ou du moins qu'on l'ex-
couimuniât pour toujours. Suint Grégoire de
894
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
Coatlle il
thiloL m 5T9.
Grfg. TuroD.
Lib. V, Mf.
Xlf, XXVlii.
Tom.VConcil-
1^850 61963.
Tours, qui avait, comme les autres, souscrit
à la condamnation de révè<iuc de Houen,
s'opposa à la demande du roi, et on ne pro-
nonça point ces exécrations. Mais Prétextât
fut déposé et mis en prison; d'où, s'étant
échappé, il fut batlu cruellement et relégué
en une ile de la mer, près de Coutances. On
mit sur le siège de Rouen Melainc, qui ne
l'occupa que jusqu'à la mort de Chiipéric,
arrivée en 584. Le canon des apôtres qu'on
lut dans ce concile est le vingt-quatrième;
mais ou y avait ajouté le mot ù' homicide , qui
ne se trouve point dans le texte.
3. Saint Grégoire de Tours , qui nous a
conservé les Actes de ce concile, en met un
à Chàlon -sur-Saône on la dix-huitième année
du règne de Contran, c'est-à-dire en 579, oii
Salone, évèque d'Embrun, et Sagittaire, évè-
que de Gap f'ircut disposés de l'épiscopat :
ils l'avaient déjà été dans le concile de Lyon
de l'an 5G6, auquel saint Nizier avait présidé.
Mais ayant obtenu du roi la permission d'al-
ler à Rome, ils avaient été rétablis par orcb-e
du pape Jean III, à qui ils en avaient imposé :
c'étaient deux frères, élevés l'un et l'autre
et faits diacres par saint Nizier, évèque de
Lyon, et de son temps ordonnés évèques,
Salone, d'Embrun, et Sagittaire, de Gap.
Abandonnés alors à eux-mêmes, ils se livrè-
rent à toutes sortes de désordres, de pillages,
d'homicides, d'adultères. Le roi Gontran,en
('■tant informé, assembla en 5G6 un concile à
Lyon, où, comme nous venons de le dire, ils
furent déposés de l'épiscopat. Leur rétabhs-
sement par le pape Jean III ne les rendit pas
Grcffir. plus saccs. Ils portaient des armes comme
«p. uMi •! les laïques, et us se trouvèrent avec le pa-
tiice Mummol, à qui le roi de Bourgogne
avait donné le commandement de son armée
contre les Lombards en 5G8, le casque en
tète et le sabre à la main, combattant et
chargeant l'ennemi avec vigueur. Il leur ar-
riva aussi de frapper quelques-uns de leurs
concitoyens jusipi'à ell'usion de sang , et de
s'emporter contre le roi et ses enfants en dis-
cours insolents. Gontran , pour les punir ,
leur fil ôter leurs valets, leurs chevaux et
tout ce qu'ils avaient ; puis les fit enfermer
dans des monastères pour faire pénitence.
Il les en fil sortir quelque temps après, sur
les remontrances de quelques-uns de ses do-
mestiques, qui lui fùent entendre que la
maladie de son fils aîné pouvait bien être la
peine du péché qu'il avait commis en exilant
des évéfpies innoceuts. De retour dans leurs
diocèses, ils parurent convertis, jeûnant, fai-
sant des aumônes, récitant chaque jour le
psautier, et passant les nuits en prières; mais
cette dévotion ne fut pas de longue diu'ée :
ils retombèrent dans leurs anciens désordres,
et y en ajoutèrent d'autres ; ce qui obligea
le roi à faire tenir le concile de Chûlon. Ou-
tre leurs homicides et lem's adultères, ils fu-
rent accusés de lèze-majesté et de trahison.
Ce concile les déposa ; et Gontran les fit en-
fermer dans le monastère qu'il avait fondé
en cette ville en l'honneur de s;iint Marcel,
martyr. Ils se sauvèrent l'un et l'autre de
cette prison. Salone disparut pour toujours;
mais Sagittaire s'étant ligué en 583 contre
Gondi'baud, roi de Bourgogne, le duc Leu-
dégisile lui fit couper la tètopar un soldat. Le
concile mil à Embrun, Emérit, et à Gap, Ari-
dius ou Arigius, à la place des deux évèques
déposés.
CH.\PmtE XXII.
CONCILES DE MAÇON [381 OU 582^, DE LYON [583]
ET DE BRAIKE [VERS L'AN 580].
\. Le roi Gontran fit encore assembler un coDciitj«
concile a Maçon, le 1" novembre de lan 581 <">'*-■
, . , . ., , Ton. V
ou 582 : c'était le vingt-unième du règne de coocf.sot.
ce prince et de celui de Chiipéric, et le cin-
quième du pontifical de Pelage II . 11 s'y trouva c>n. i .
vingt-et-un évèques, qui, avant de se sépa-
rer, firent dix-neuf canons, dont la plupart u.
ne font que renouveler ceux des conciles
précédents, où l'on avait déjà défendu aux 8.
clercs d'avoir chez eux des femmes étran-
gères, aux vierges consacrées à Dieu de se
marier , aux clercs de plaider avec un de
leurs confrères devant un juge laïque, aux
fidèles de contracter aucune liaison avec les
juifs, et à qui que ce soit de retenir les dona-
tions faites à l'Église par testament. On dé- is « i.
fend par un nouveau canon à tous les clercs,
s.
en quelques degrés qu'ils soient, et aux laï-
ques, d'avoir des entretiens secrets avec des
religieuses , ou d'entrer dans leurs monas-
tères, s'ils ne sont d'un âge mûr et avancé,
et qu'il n'y ait nécessité ou utilité évidente.
— Défense à toute personne du sexe féminin ,_
d'entrer dans la chambre d'un évèque autre-
ment qu'en présence de deux prêtres ou de
deux diacres ; — aux clercs, de s'habiller en ,
séculiers ; — aux archevêques, de dire ' la ,.
> Vt archiepiscopus sine pallio missas dicere non prœsumat. Cau. 6, tom. V Concil., pag. 9G8.
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DE MAÇON, DE LYON, ETC.
Conrile 0?
Lyoa es ^8'3■
Ti.m V Con-
[VI' SIÈCLE
messe sans pallium; — aux jtiRCS séculiers,
de l'aire mettre en prison un clerc, si ce n'est
pour crime. — Il est ordonné de jeûner trois
fois la semaine, savoir : le lundi, le mer-
credi et le vendredi, depuis la Sainl-Marlin '
jusqu'il Noël; de célébrer en ces jours-là le
sacrifice comme en carême, c'est-;\-dire- le
soir, et de lire les canons, afin qu'ils ne soient
ignorés de personne. Ce jeûne ne regardait,
ce semble , que les clercs , et on croit y
voir l'origine de l'Avent. — Les prêtres, les
diacres et les autres clercs ne doivent célébrer
les fêtes qu'avec leur propre évêquc. — Les
évêques, les prêtres et les autres clercs obli-
gés au célibat, seront déposes de leurs gra-
des, s'ils sont convaincus de l'avoir violé. —
L'on ne donnera point aux clirélicns des
juifs pour juges, ni pour receveurs des im-
pôts. — On exécutera l'ordonnance de Cliil-
debert, par laquelle il est défendu aux juifs
de paraître dans les rues, depuis le Jeudi-
Saint jimpi'au jour de Pâques, et de s'asseoir
en présence des prêtres, s'il ne leur est oi'-
donné. — Tous les esclaves chrétiens qui
sci-vcnt les juifs peuvent être rachetés en
payant pour chacun douze sols d'or, sans que
les maîtres puissentrefuser de les mettre en li-
berté à ce prix. — Si quelqu'un est convaincu
d'avoir induit un autre à rendre un faux té-
moignage ou à se parjurer, il sera excom-
munié jusqu'à la mort; et celui qui aura
rendu ce faux témoignage, ou qui se sera
parjuré, sera noté d'infamie, et ne pourra
plus seiTir de témoin. Ceux qui accusent des
innocents auprès du prince, seront déposés
s'ils sont clercs, ou excommuniés s'ils sont
laïques, jusqu'à ce qu'ils aient réparé le tort
par une pénitence publique. — Une religieuse,
qiii, après être sortie de son monastère, y
avait été ramenée, otTrait de donner tout son
bien à des gens puissants pour qu'il lui faci-
litassent les moyens d'en sortir une seconde
fois ; le concile, en ayant euavis, déclara cette
fille excommuniée avec tous ceux et celles
qui feraient de semblables donations, ou qui
les accepteraient à cette condition.
2. Au mois de mai de la vingt-deuxième
année du l'oi Contran, c'est-à-dire en .583,
on tint un concile à Lyon, qui est compté
ordinairement pour le troisième , puisque
l'évêque de cette ville y présida, assisté de
895
sept autres évêques, et de douze députés des
évêques absents : on ne sait pas le nom de
ces dépiitiis, parce que leurs souscriplions
sont perdues. Ce concile fit six canons, dont
le premier défend aux clercs d'avoir chez
eux des femmes étrangères, et à ceux qui
ont été ordonnés étant mariés, de demeurer
dans une même maison avec leurs femmes.
Le second marque les pnicaulicuis dont les
évêques doivent se servir dans les lettres de
recommandation ([ii'ils donnent aux captifs,
savoir d'y mettre la date et le prix de la ran-
ron. Le troisième prive d(' la conimuuion les
religieuses qui sortent de leurs monastères,
jusqu'à ce qu'elles y soient retournées. Le
qu.itrième renouvelle les anciens décrets
contre les mariages incestueux. Le cinquième
défend aux évêques de célébrer hors de leurs
églises les fêtes de Noël ou de Pâques, si ce
n'est dans le cas de maladie, ou qu'ils soient
absents par ordre du roi. Il est dit dans le
sixième que les lépreux de ciiaque cité et de
son territoire seront nourris et entretenus aux
dépens de l'étilise par les soins de l'évêque,
afin qu'ils n'aient pas la liberté d'être vaga-
bonds dans les autres villes.
3. Un nommé Leudaste, homme de basse
naissance, mais qui, par son adresse et son
esprit, était devenu gouverneur ou comte de
Tours, fit dans cette ville beaucoup de mal
aux églises et au peuple. Saint Grégoire, qui
en était évêqne, se plaignit de Leudaste au
roi Cliilpéric, qui le dépouilla de sa charge.
Celui-ci, pom's'en venger, accusa saint Gré-
goire d'avoir voulu livi-er la ville au roi Chil-
debert, et d'avoir dit que la reine commet-
tait adultère avec Bertrand , évêque de Bor-
deaux. Cliilpéric n'ajouta pas foi au premier
chef d'accusation ; mais voulant approfondir
le second, il fit assembler les évêqiies à
Brainc, qui était une maison royale à quel-
ques lieues de Reims, sur la rivière de Vesle.
Le roi arrivé à l'assemblée, l'évêque de Bor-
deaux accusa publiquement celui de Tours
d'avoir chargé la reine et lui d'un crime
aussi faux, qu'il était honteux, et en de-
manda justice : Grégoire de Tours nia le fait
avec fermeté, protestant que jamais une sem-
blable calomnie n'était sortie de sa bouche.
Le roi, qui connaissait sa probité, laissa à la
liberté des évêques présents d'écouler les
CoDclIe de
Btûine vers
Un S80.
Grpg. To-
ron. Lib. V,
ca].. I.; Tom.
V Ccucil , t»
' Ut a feria S. Martini usque ad natale Domini,
secundo, quarta, et sexta sabbati jejunetur, et
sacriliciu quadragesimali debeant ordine celebrari.
In quibns liiehus canones légendes esse speciali
definilione sancimus, ut nullus se fateatur per
ignorantiam deliquisse. Caii. 9, ibid.
896
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
témoins conire l'évcquc de Tours, ou de s'en
rapporter à son serment. Les ovêqucs prirent
ce dernier parti , cl ils convinrent que Gré-
poire, après avoir ' dit trois messes à trois
dill'érents autels, ferait serment qu'il n'avait
jamais parlé de la reine en mauvaise part
sur l'article dont il s'agissait. L'évèi]ue de
Tours, ayant accompli tout ce qui avait été
ordonné , fut en conséquence déclaré inno-
cent. Cette manière de se justifier éUiit con-
traire aux canons; mais on la mit eu pra-
tique à cause de l'intérêt du roi. Les évèques,
voyant leur confrère disculpé, demandèrent
justice contre ses accusateurs : le roi leur
dit que c'était Lcudastc; mais, comme il s'é-
tait évadé, "on ne put faire antre chose contre
lui que de l'excommunier de toutes les égli-
ses, pour avoir causé ce scandale et calomnié
la reine et un évèque. Les évê(iues écrivirent
sur cela une lettre qu'ils envoyèrent aux
évoques absents : nous ne l'avons plus. On
rapporte ce concile à l'an .^80, le troisième du
poutiticat de Pelage, le dix-neuvième du lè-
gnc de Chilpéric : d'autres le mettent en 577.
ARTICLE XXm.
CO^'CILES DE VALENCE [584] , ET DE MAÇON
[385].
Concile da 1. Lc 23 mai de l'an 384, qui était le vinpt-
Vttence en ' a o
Mi. Tom. y troisième du règne de Contran , ce prmce
Coocil.^p.9î6. " ' }
assembla à Valence un concile de dix-sept
évèques, où il envoya Asclépiodore, son ré-
férendaire, avec des lettres par lesquelles il
demandait la confirmation des donations
faites ou à faire aux lieux saints par lui,
paria défunte reine Austréchilde sou épouse,
<•! par ses deux tilles consacrées à Dieu, Clo-
drberge et Clodehilde. Le concile, par m
('.■■ciet unanime , confirma toutes les dona-
tions, nommément telles qui avaient été fai-
tes aux églises de Saint-Marcel de Cliàlon,
et de Saint-Sympliorien d'Autun, avec dé-
fense, sous peine d'analliènie , aux évèques
des lieux et aux rois de rien ôter ou dimi-
nuer de ces biens à l'irt'enir. Sapaudus, évo-
que d'Arles, présida cette assemblée ; l'ris-
que, évèque de Lyon, souscrivit ensuite.
2. Mais il souscrivit le premier, en qualité
de président , au second concile de Mâcon,
que le même roi Contran avait indiqué en
cette ville pour le 23 octobre de l'an 383 , le
vingt-quatrième de son règne : il fut com-
posé de quarante-trois évèques. Prisque,
dans les souscriptions, ne se (pialifie qu'évè-
que de Lyon ; mais dans la préface h la tète
descauons, il est appelé patriarche, titre que
l'on donnait alors aux principaux métropoli-
tains. Celui de Lyon était regardé comme le
plus considérable du royaume de Contran,
è cause que ce prince faisait souvent sa rési-
dence eu celte ville. Ou ne donne pas la
même qualité aux archevêques de Vienne,
de Rouen, de Bordeaux, de Sens et de Bour-
ges, qui assistèrent à ce concile. Tous les
canons que l'on y fit regardent la discipline
ecclésiastique.
3. Parle premier on recommande aux évè-
ques d'exhorter les peuples à sanctifier le
jour du dimanche que l'on commençait .'i né-
gliger; et afin d'arrêter cet abus par la crainte
des châtiments, le concile en décerne de con-
formes à la condition des personnes, voulant
qtie, si un avocat est trouvé à travailler à des
procès, il soit chassé du barreau ; que si c'est
un paysan ou un esclave qui s'occupe du la-
bourage ou d'autres exercices de cette nature,
il soit frappé de quelques coups de bâton ;
que si c'est un clerc ou un moine, il soit sus-
pendu pour six mois de la communion avec
ses frères. On défend dans le second toutes
œuvres servîtes ;\ Pâques pendant six joui-s.
Le troisième supprime la roulunie qui s'in-
troduisait de baptiser tous les jours de fêtes
des martyrs, ce qui faisait qu'on avait peine
à trouver deux ou trois personnes pour être
baptisées i\ P;'tques : ce concile ordonne,
qu'excepté le cas de maladie , les enfants
soient' apportés à l'église pendant le Carême,
afin qu'ayant reçu les impositions des mains
et l'onction de l'huile sainte , ils soient régi'--
nérés dans cette solciuiil(-. R est dit dans h;
quatrième, que tous les fidèles, tant hom-
mes' que femmes, feront chaque dimanche
Crnrl'e d«
MieiiDciiSn.
ce coDctlf.
Tom. VI
CCDCII. I'.9i4|.
Cin, 1.
• Tune cunctis dicenlibus : Aon potest persona
inferior super sacerdolem credi, rcstitil ad hoc
causa, itt diclis migsis in tribus altiiribus me de
his verbis exuerem sacramenlo. Et licet canoni-
bus essenl contrario, pro causa lamcn régis impie-
la sunt. Greg. Turoii., lib. V, cap. L, pag. 2G5, et
loin. V Concii, pag. 9ti5.
• Prœsentibus adnwnilionibus a suis erroribus
vel ignorantia revnciHi, omnes omnino a die qua-
drngesim i cuin iufantihus suis ad ecclesiain oh-
servnre prœcipiiiins, ut iiiipnsitinncm manuum
certis diebusadepli, et sacriolei liguore peruncti,
legilimi dici feslinltile frunniur, el sacro baplin-
maleregcnerentur. l'.nu. 3, toui.V CtiMci/., piig. 981.
' Propterea decernimus ttt omnibus dominicis
diebus altaris oblatio ab omnibus riris el mulie-
[VI' SIÈCLE.]
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES D'AUXERRE, ETC.
897
Cu. S.
leur uUVaiiilo do pain et de vin i\ l'uulel.
l);iiis le cinquième', que les chrétiens, coii-
forinénicnt aux luis divines, qui ont accordé
aux pinMies et aux ininisties la diTUC des
biens, la ])aieii)nt aux ministres tle l'IOglise,
pour qu'elle soit employée i\ la sulisistaucc
des pauvres et au rachat des captifs, sous
peine d'(!xcomraunication aux contrevenants.
Le sixième porte, que les prêtres céli'bre-
ront' la messe ;\jeun, el que les restes de
l'Eucharistie seront consommés le mercredi
et le vendredi après la messe par des enfants
aussi i\ jeun , et que ces restes seront aupa-
ravant aspergés de vin. Sur les remontran-
ces des évoques Prétextât et Pappulus, il fut
ordonné par le septième, que les évèqucs
prendraient sous leur protection les esclaves
mis en liberté , et qu'ils seraient juges des
diUerends qui naîtraient à ce sujet. Le hui-
tième maintient le dioit d'asile, et défend à
qui que ce soit d'enlever de force ceux cjui
se sont réfugiés dans les églises, voulant
toutefois que, s'ils sont convaincus de fauteen
présence de l'évèque, lui-ci cepermctle leur
enlèvement, sans violer la sainteté de l'église.
Selon le neuvième , si xme personne puis-
sante a un ditlerend avec l'évèque , elle doit
s'adi'esser au métropolitain , qui , parties
ouïes, jugera seul, ou avec un ou deux évè-
ques , ou en plein concile , suivant l'impor-
tance de l'affaire. Il est ordonné dans le di-
xième , que les prêtres et les autres clercs
seront jugés par lem- évêque seul. Le on-
zième est une recommandation de l'hospita-
lité ; et afin que les évéques en donnent
l'exemple aux autres , et que leurs maisons
ne soient point d'im difficile accès aux pau-
vres, il leur est défendu par le treizième d'a-
voir des chiens à leur porte, ou des oiseaux de
proie. Le douzième défend aux juges laïques
de connaître des causes des veuves et des
orphehns sans en avoir auparavant averti
l'évèque, ou en son absence l'archidiacre ou
un prètr(\ Le quatorzième est contre ceux
(jui se s(;rvaient di; la faveur qu'ils avaient
auprès du roi pour s'emparer des biens d'au-
trui. L(! ([uinzième rè^le en celte manière
le respect que les laï(pi('s doivent |)orti'i- aux
clercs majeiu's, quand ils se rencontraient :
s'ils sont h cheval l'un et l'autre , le laïtpie
ôtera son chapeau et saluera le clerc : si le
clerc est ;\ pied et le laïque .'i cheval, celui-ci
descendra de cheval pom- saluer le clerc. Le
seizième fait défense à la veuve d'mi sous-
diacre, d'un exorciste, d'un acolythe, de se
remarier, sous peine d'être séparée de son
mari vÀ de se voir enfermée dans un monas-
tère de iilles jusqu'à la mort. Il est défendu
par le dix-septième d'enterrer des morts sur
des corps à demi pourris. Le dix-huitième dé-
fend les mariages entre parents aux degrés
prohibés par les lois. Dans le dix-neuvième,
on fait défense aux' clercs de se trouver aux
jugements de mort et aux exécutions. Le
vingtième ordonne la célébration d'un con-
cile tous les trois ans, à l'indication de l'évè-
que de Lyon et du roi, en un lieu commode,
auquel tous les évêques seront tenus d'assis-
ter. Le roi Contran confirma ces vingt canons
par une ordonnance datée du 10 novembre
de l'an 583 , où il exhorte les évêques à dis-
tribuer eux-mêmes à leurs peuples , et non
par d'autres, le pain de la parole de Dieu.
ARTICLE XXIV.
CONCILES d'aUXERRE [APRÈS l'AN 583], BE CLEU-
MONT [383], ET DE CONSTANTINOPLE [387].
1. Quoique le concile d'Auxerre soit daté
dans quekpies exemplaires de la première
année du pontificat de Pelage II, et de la dix-
septième du règne de Chilpéric , c'est-à-dire
de l'an 578 , il paraît certain qu'il ne se tint
qu'en 583, quelque temps après le second de
Màcon. La preuve en est que les canons du
concile d'Auxerre ne sont qiie pour exécuter
Can. I(.
Totn. V Con-
eil. paô'. 991.
Concile
d'Ainprre.
ïotn V
Ctnc, p. 9j7.
ribus offeratur tam pania quam vini. Can. 4,
ibid.
' Unde statuimus acdecernimus, ut mos anliqiius
a fidelibtis reparelur ; et décimas ecelesiasticis fa-
mulantibus cœremoniis 2^opulus omnis inférât,
quas sacerdotes aut in pauperem usum, aut in
captivorum redemptioneni pnvrogantes, suis ora-
lionibus pacem populo ac salutem impetrent. Si
quis autein contumax nosiris slatutis saluberri-
mis fuerit, a membris Ecclesiœ omni tempore se-
paretur. Can. 5, ibid.
' Item decernimus, ut nullus presbyter confer-
tits cibo, aut crapulatus vino, sacrificia contrec-
XI.
tare, aut missas privatis feslisque diebus conce-
lebrare prœsumat... Quœcumque reliquiœ sacii-
ficiorum post peractam ritissain in sacrario super-
sederinl, quarta vel sexta feria innocentes ab illo
cujus interest, ad Ecclesiam adducantur, et iiir-
diclo eis jejunio, easdem reliquias conspersas vino
percipiant. Can. G, pag. 982.
2 Àd locum exaniinationis reorum nulhts clc-
ricorum accédât, neque intersit atrio saucioto.,
ubi pro realus sui qualilate quispian interficien-
dus est. Coucil. Matiscon., il, eau. 19, tom. V
Concil., pag. 987.
ST
898
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CtBfas de
c« Concile*
II.
ceux de Mdcon, auxquels Aunacaiie avait eu
part , et souscrit en inuililé d'evèque d'Au-
xoiTC. Aussi son concile ne fut composé que
d'abbés, de prêtres et de diacres de son dio-
cèse , auxquels il était de sa charge de noti-
fier les règlements qui s'étaient faits dans
celui deMàcon, et de les leur faire observer.
Il y en ajouta d'autres pour le maintien de
la discipline ecclésiastique et monastique, et
pour la réforme de certaines superstitions
qui étaient des restes du paganisme.
2. Nous ne mettrons que les plus remar-
quables. « Défense d'observer le premier
jom- de janvier, à la manière des païens, en
se déguisant en vaches ou en cerfs , et en se
donnant des éti-ennes; et défense de donner
plus en ce jour, qu'on n'a coutume de donner
en d'autres. — Avant le jour de l'Epiphanie,
les prêtres enverront à l'évcque pour savoir
le commencement du Carême , et le notifie-
ront au peuple en cette solennité même. —
On n'acquittera point de vœux à des buis-
sons, à des arbres ou ii des fontaines ; on ne
fera point faire de pieds de bois, ni de figu-
res entières d'hommes pour mettre dans les
chemins; et on ne s'assemblera pas dans
les maisons pailiculières pour célébrer les
veifies des fêles. Mais si quelqu'un a fait un
vœu , qu'il l'accomplisse dans l'église , en
donnant aux pauvres, ou en faisant écrire
sur la matricule ce qu'il a voué ; s'il veut
veiller , que ce soit dans l'église. — Défense
de consulter des sorciers ou des devins , de
s'arrêter aux augui-es , ou aux sorts du bois
ou du pain, ou aux prétendus sorls des saints ;
— de veiUer en l'honneur de saint Martin,
parce qu'apparemment cette veille tournait
en abus ; — de faire des danses dans l'église,
d'y faire chanter déjeunes filles, et d'y pré-
parer des festins ; — de donner l'Eucharis-
tie ou le baiser de paix aux morts , — de les c.n
envelopper du voile de l'autel, de les en- ,
terrer dans le baptistère, — et de mettre un
corps sur un autre qui n'est pas encore con-
sumé ; — de mettre sur l'autel du vin miellé, ;
ou quelque autre breuvage que du vin ' et
de l'eau pour la consécration du sang de
Jésus-Clu-ist ; — de dire deux messes' en un
même jour sur le même autel, et à un pré- '
tre de la dire sur le même autel où l'évoque
l'aura célébrée ce jour-là; — de boire' ou
manger après minuit la veille de Pâques, de
Noël ou des grandes fêtes , que l'on doit so-
lenniser jusqu'à deux heures du matin. —
Les prêti-es doivent* aller chercher le saint t
chrême à la mi-carême, et le porter dans un
vase couvert d'un hnge , avec le même res-
pect qu'on porte les rehqnes des saints. —
Ils doivent tons venir ' au synode à la mi- '
mai, et les abbés le 1" novembre. — Un *
moine convaincu de crime doit être ren-
fermé dans un autre monastère , si son abbé
néglige de le mettre en pénitence. — D n'est »
permis ni à un abbé , ni à un moine d'être
parrains. — Un abbé qui aura accordé l'en- >
trée de son monastère à une femme , sera
enfermé trois mois dans un autre où il vivra
au pain et à l'eau. — 11 est défendu aux
clercs d'être présents, lorsque l'on tourmente
les criminels ; — d'assister à un jugement
de mort, — et d'appeler un de leurs confrè-
res devant un juge séculier. — Les fem-
mes' ne doivent pas recevoir l'Eucharistie
la main nue , — mais dans un linge nommé
dominical'' ; s'il se trouve qu'elles n'enaieut
point, elles attendront au dimanche suisant
pour communier. — Il leur est défendu*
de toucher à main nue la palle qui couvre
le coips de Noire-Seigneur; — et aux prê-
tres, de chanter ou danser dans un festin. »
• A'on licet in altario in sacrificio divino mel-
lilum, quod mulsum appellant, nec ullttm aliud
jjoculum, txlra linum cum aqua mixtum , of-
fcrre : quia ad grande reatum et pcccatutn perti-
nel preshylcro illi,quicuinque aliud poculum, ex-
tra viiium, in consecralionein saiiguiiiis Christi
offerre prœsumpserit. Cau. 8, tom. V Concil., pag.
958.
' A'on licet super vno allario in una die duas
missas dicre: nec allario ubi episcopus missas
dijcerit, ut presbyler in illadie missas dical. Cau.
10, ibid.
' Non licet in vigilia Paschœ ante horam se-
cundam noctis vigilias perrrplere, quia in illa
nocle non licet posl mediam noc/em bibere, nec
in Nutali Dnmini nec in reliquis solemnilalibus.
Cau. Il, ibid.
* Vt a média quadragesima presbyleri chritma
pelant: et si quis infirinitate dclentus venire non
potuerit, ad archidiaconum suum, rel archisub-
diaconum transmillal, sed cum chrismario et lin-
teo, sicut reliquiœ sancloruni deportari soleni,
Cau. C, ibid.
' i't medio maio omnes presbyleri ad synodum
in civitalem vtniani, et kalendis noventbris om-
nes abbatesad concilium conveniant. Cau. 7, ibid.
' Kon licet mulieri nuda manu Eucharistiam
accipere. Cau. 36, pag. 960.
' i't unaquœque inulier, quando communicat,
dominicalem suum habeat. Quod si qua non ha-
bueril, usque in alium diem dominicum non corn'
municet. Can. 42, pag. 901.
' Son licet mulieri manum suam ad pallam
dominicam niltere. Ëau. 37, pag. 860.
GHAPITllE LXXXVl. — CONGELES DE TOLÈDE, ETC.
Grec. Tu.
roti. 1.;V11I,
«p. XX.
ConcHc de
C0a^U-lDtlIl0•
plfi en nul.
Tom. V
Concil. i..9,t5,
rt Evagr, Mb.
V, cjp. VU.
[vr SIÈCLE.]
3. Saint Grdgoiro do Tours raconte que
Théotloso ayant été fait cHr-qiic do Rodez,
r(^pét;i aussitôt à Ursicin, ovih[iic de Ciiiiius,
plusieurs paroisses qu'il soutenait cire de
sou diocèse ; qu'Ursicin faisant dillicullc de
les rendre, les ëvcques de la province s'as-
semblèrent avec leur nu''lrop<ililaiu à Clcr-
moiit, on .\uvcrgne, où ils adjugèrent les
paroisses contcsidcs à l'dvêque de Rodez,
quoiqu'on n'ciU point de mémoire qu'elles
eussent dépendu de son église. Ursicin avait
été excommunié dans le second concile do
Màcon, pour avoir reçu Gondebaud, ennemi
de Contran. On lui imposa trois ans de péni-
tence, avec défense pendant ce temps de
couper sa barbe et ses clicveux, de boire du
vin et de manger de la chair, de célébrer la
messe, et de donner des eulogics. Faustien,
qui avait été élu évèquc de Uax par l'auto-
rité de Gondebaud, fut déposé dans le mê-
me concile, ù la charge que les trois évoques
qui a\ aient eu part à son ordination, savoir,
Bertrand de Bordeaux, Pallade de Saintes,
et Oreste de Bazas, le nourriraient tour à
tour, et lui donneraient cent sous d'or par
an. On ne sait point l'année du concile de
Clermont. Quekpies-uns le mettent en la
vingt-septième année du règne de Gonti'an,
c'est-à-dire en 588, d'autres en S83.
4. On en met un h Constantinople en 387,
dont voici l'occasion. Astère, général des
troupes d'Orient, ayant eu une contestation
avec Grégoire, évéque d'Antiocbe, presque
tous les habitants de cette ville prirent le
parti du général contre lem' évccpie, parce
qu'ils disaient en avoir été maltraités. Astère
fut toutefois déposé de sa cliai-ge, et Jean
mis à sa place, avec ordi'e d'informer contre
les auteurs de la sédition. Jean, au lieu de
rendre la paix à Antiochc, en augmenta le
trouble par la permission qu'il donna publi-
quement à toutes sortes de personnes d'ac-
cuser révèque. Sur cela, un banquier donna
sa requête à Jean, par laquelle il exposait
que Grégoire avait eu mi commerce infâme
avec sa sœur, quoique mariée. On donna
d'autres requêtes, où il était accusé d'avoir
troublé la tranquillité publique. L'évèque dé-
clara qu'il était prêt à se justifier sur ce der-
nier chef; mais à l'égard du crime d'impu-
reté, il en appela à l'empereur et au concile.
Ce concile se tint à Constantinople, où Gré-
goire mena avec lui l'historien Evagre, en
qui il avait confiance. L'alfaire fut examinée
en présence des patriarches, ou de ceux qu'ils
899
avaient envoyés pour tenir leurs places, de
plusieurs sénateurs, et de plusieurs évéqucs
et arelievè([ues ; et après uu iniig ex;inien,
Grégoire gagna sou procès. Son accusateur
fut battu ;\ coup de nerfs, promené par toute
la ville, et envoyé en exil. Ce fut k l'occasion
de ce concile, ijuc Jean-le-Jeùueur, évèipu;
de Conslantinoiile, prit le liUc d'È'vêijiii' uni-
verscl; mais le pape Pelage II, en étant infor-
mé, cassa les Actes de ce concile, avec dé-
fense ;\ Laurent archidiacre, alors son nonce
auprès de l'empereur, d'assister à la messe
avec Jean.
ARTICLE XXV.
CONCILES DE TOLÈDE [386-389] , DE NARBONNE
[389J, DE SAUniCIAC et de ROME [389].
1. Pendant que Lévigilde, roi des Visi- convors;on
golhs en Espagne , défendait ses frontières K^o/no"™"
conti'C Gontran, qui lui avait déclaré la guerre
poiu- venger la princesse Ingonde sa nièce,
il continuait k persécuter les catholiques,
comme il avait persécuté cette princesse et
sonmari Herménégilde, qui professait comme
elle la vraie foi. Herménégilde était fils ahié
de Lévigilde, et Ingonde fille de Sigebert, roi
des Français. Saint Léandre évoque de Séville,
fut envoyé en exil avec beaucoup d'autres
évoques cathohques. Les Suèves de Galice
fiu'ent aussi persécutés pour la foi ; et Lévi-
gilde, s'étant emparé de cette province, en
contraignit un grand nombre de revenir à
l'arianisme qu'ils avaient quitté depuis peu.
Ce prince s'en repentit quelque temps après,
surtout d'avoir fait mourir son fils Herméné-
gilde : il reconnut la vérité ; mais Dieu ne lui
accorda i)as la grâce de la professer publi-
quement. Se trouvant à la veille de sa mort,
il fit venir saint Léandre, et le pria de faire
pour Ilécarède, son fils et son successem-, ce
qu'il avait fait pour son frère par ses exliorta-
tions. c'est-à-dire de travailler à le rendi-e
catholique. Ce jemie prince, s'étant fait in-
struire, reconnut la vérité, reçut le signe de
la crois avec l'onction du saint chrême, c'est-
à-dire le sacrement de confu-mation, et en-
gagea les évôcpies ariens de son royaume à
se faire catholiques. Cela se passa siu- la fin
de la première année de sou règne, qui était
en 587. Au commencement de l'année sui-
vanie, deux ou trois évêques ariens, qui ne
s'étaient convertis qu'en apparence, formè-
rent quelque révolte dans le royaume. Ils
furent découverts, et envoyés eu exil.
Grojnr. DIa.
logo IV, cap.
Giw. Tu-
ron , lib. 1\,
cap. XV.
900
IIISTUIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASnOUES.
Coodio de
Cll.,l,ij-. 937.
2. Le roi Récuiède ne trouva pas de moyen
plus cilicace pour allermir la couvei-sioii des
Golhs, qiie d'assembler un concile de tous
les pays de son obéissance : il le convotpia i^
Tolède pour le 6 mai de l'an oS'J. Il s'y trouva
soixante-quatre évêques, et buit députés pour
autant d'cvèqucs absents. Avant qu'ils eus-
sent commencé à tenir leurs séances, le roi,
qui était présent, les exhorta à s'y préparer
par les jeûnes, les veilles et les prières : ils
passèrent trois jours entiers dans ces exer-
cices de piété ; puis, quand ils se trouvèrent
assemblés, le roi lit lire sa profession de foi
p.f. 9S9. sur la Trinité, où il déclare ' qu'il auatbéma-
tise Arius, sa doctrine et ses complices : qu'il
reçoit le concile de Nicée assemblé contre
cette peste de la vraie foi; le concile de Con-
stantinoplc contre Macédonius; le premier
concile d'Kpbèse contre Xestorius; le concile
de Cbalcédoine contre Eutycbès et Dioscore,
et généralement tous les conciles orthodoxes
fjui s'accordent avec ces quatre dans la pureté
de la foi. Ensuite s'adressant aux évêques,
ce prince leur dit : « Recevez cette déclara-
tion de nous et de notre nation, écrite et con-
fîi-mée de nos sousei-iptions, et la gardez avec
les monuments canoniques, pour être im té-
moignage devant Dieu et devant les hommes,
que les peuples sur lesquels nous avons, au
nom de Dieu, une puissance royale, ayant
quitté lem' ancienne erreur, ont reçu dans
l'Église le Saint-Esprit par l'onction du sacré
chrême et par l'imposition des mains, en con-
fessant que cet Esprit consolatem- est un et
égal en puissance avec le Père et le Fils. Si
;'i l'avenir quelqu'un d'entre eux veut se dé-
dire de cette sainte et vraie foi, que Dieu le
frappe d'anatbème dans sa colère, et que sa
perte soit un sujet de joie aux fidèles, et un
exemple aux infidèles. » Le roi avait ajouté
à sa profession de foi les définitions des qua-
tre conciles généraux, et l'avait souscrite avec
la reine Baddo son épouse. Après qu'on en
eut fait la lecture, le concile fit plusieurs ac-
clamations de joie, en rondant grâces à Dieu
de cette heureuse réunion, et en souhaitant
au roi la gloire présente et la couronne éter-
nelle. Puis, par ordi-e du concile, un des évé- pit. mi.
ques catbohques, portant la parole aux évo-
ques, aux prêtres et aux plus considérables
des Goths convertis, leur demanda ce qu'ils
condamnaient dans l'hérésie qu'ils venaient
de quitter, et ce qu'ils croyaient dans l'Eglise
cathobque à laquelle ils s'étaient réunis, afin
qu'il parût par leur confession qu'ils anathé-
matisaieut sincèrement la perfidie arienne
avec tous ses dogmes, ses otlices, sa commu-
nion, ses livres, et qu'il ne restât aucxm doute
qu'ils ne fussent les véritables membres du
corps de Jésus-Christ. Alois tous les évêques
avec les clercs, et les premiers de cette na-
tion, déclarèrent d'une voix unanime, qu'en-
core qu'ils eussent déjà fait dans le temps de
leur conversion ce que l'on exigeait deux,
ils étaient prêts à le réitérer, et h confesser
tout ce que les évêques catbohques leur
avaient montré être le meilleur.
3. On prononça sur cela vingt-trois articles
avec anathèmes conti'e les principales erreurs
des ariens, et contre tous ceux qui en pre-
Vliifl-lrt.lt
• ificir* kVrO
■ Dalli^met
eonire !*• er-
ttur> lie»
• Proinde sicut analhematizo Arium cum om-
nibus dogmatibus et coniplicibus suis, qui uni-
iienitum Dei Filium a palerna degenerem asser-
terat esse substanlia, nec a Paire genitum, sed
ex iiihilo dicebal esse creatum, vel oninia conci-
lia malignantium quœ adversus sanclam syno-
rium Kicwnam cxtitcrunt, ila in honorent, et in
Inudcm (DeiJ, fidctn sanclam Nicœni observa et
honora condiii, quant contra cumdein reclw ftdri
l>cstent Arium trecentorum dccent et ocla sancta
episcoprilis scripsit synodus. Amplcctor ilaque et
tcneo fidcm qtiinqtiaginta episcoporum Cunslan-
tinapoli congrcgatorum, quœ Maccdoniuin, Spiri-
liis Sancti subslantiam minoranicm et a Patris
et Filii unitale et cssmlia segreganlem, jugulo
teritatis inlcrcmit. Primœ quoque Ejdtesinœ sy-
nadi fidcm, quœ adversus Kestorium ejusque doc-
trinam relata est, credo parilcr et honora. Sinii-
Hier et Chalcedonensis concilii fidein, guam ple-
itam sanclilate et crudilione adversus Kutychcn
el Diascoruiii protulit, cum omni Erclcsia catho-
lica reverenter suscipio. Omnium quoque orlha-
dOTorum venerabilium sacerdotum cottcilia qii(F
a suprascriptis quatuor fanctis synodis fidei
puritate non dissonant, pari veneratione obser-
va. Properet ergo reverentia vestra /idem hann
nostram canonicis appliTare monimentis. et ab
episcopis rel religiosis, aut gentis nostrœ primo-
ribus solertcr fidem, quant in ecclesia calholica
crediderunt, horum ^ubscriplionibus rabaratam,
futuris olim temporibus in tcslimnnium Dei ut-
que hominum reservale; ut hœ génies, quas in
Dei nomine regia potestate prœccllimus, el quœ
delersa antiquo errore, per unctionem sacro-
sancti chrismatis, vel ntantts impositionem Para-
clelum intra Dei Ecclesiam prœceperunt Spiri-
tunt, quem unum et œqualem cum Paire et Filio
cnnfitenles, ejtisque dono in ,<ihi( Ecclesiw sanc-
tœ calholicœ cotlocatœ sunt. Si eorum aliqui hanc
rectam et sanclam confessionent nostram minime
credcre volucrint. iram Dei cum anathemate œ-
terno percipiant, et de ititeritu sua, fidelibus gau-
dium, in/idelibus sint in exemplum. Toiu. V Con-
cil., p.ig, 999.
CHAPITRE LXXXVI. — CONCILES DE TOLÈDE, ETC.
1001 el iulv.
[Vl« SIÈCLE.]
naicnl la ddfcnso; nomnK'mcnt contre conx
qui no croient pas que le Fils soitcngondic^ '
dn la substance du Père sans commenccmiMit,
qu'il lui soit égal el consuhstantiel ; qui nieut
qiu^ le Saint-Espril .soit coi'ternel el ('gai au
Père et au Fils*, cl qu'il procède du Père et
du Fils; qui ne distinj^uonl pas trois person-
nes en Dieu' dans l'unité d'une nièino snli-
stance ; qui mettent le Fils et le Sainl-Espril
au ranp des créatures, et les disent moindres
que le Père; qui avancent que loFils ne sait
pas ce que sait Dieu le Père; qui enseignent
qu'il est visible et passible selon la divinité;
qui reconnaissent une autre foi et une autre
communion catholique que celle qui fait pro-
fession de suivre les décrets des conciles de
Nicée, de Conslantiniiple,d'Kphèsc et de Chal-
cédoinc ; qui ne rendent pas un liomieui' égal
au Père, au Fils et au Saint-Esprit, et refusent
de réciter la glorification qni leur est com-
mune ; qui regardent comme bonne la rébap-
tisation; qui ne rejettent pas le libelle com-
posé la douzième année * du règne de Lévi-
gilde, c'est-à-dire le décret du conciliabule de
Tolède ; qui ne condamnent ^ pas do tout leur
cœur le concile dellimini. Les évêqiies goths
convertis protestèrent rpi'ils abandonnaient
de tout leur cœur l'hérésie arienne ; qu'ils ne
doutaient pas qu'en la suivant, eux et leurs
prédécesseurs n'eussent erré; qu'ils venaient
d'apprendre dans l'Église catliolique la foi
évangélique et apostolique ; qu'ainsi ils pro-
mettaient de tenir et de prêcher celle dont
leur roi et leur seigneur avait fait profession
en plein concile, avec anatlième à tous ceux
à qui cette doctrine ne plairait point, puisque
c'est la vraie foi que tient l'Eglise de Dieu ré-
pandue par tout le monde, et la seule par con-
séquent qui soit catholique. Ensuite ils sous-
001
crivirentaunomlu'e de huit, tant aux vingt-
trois articles qu'aux formules de foi de Nicée
et de Constantinople , et h la définition de
Clialc('doinn; après eux les prêtres et les dia-
cres ; puis les grands seigneurs et les anciens
des Goths.
4. Cela fait, le roi Récarède proposa aux
évêques de faire des statuts pour le règle-
ment de la discipline ecclésiastique, et pour
réparer les brèches que l'hérésie y avait fai-
tes. Il demanda en particulier que dans fou-
les les églises d'Espagne el de Galice l'on ré-
cital h voix claire et intelligible le Symbole
dans le sacrifice de la messe avant la com-
munion du corps et du sang de Jésus-Christ,
suivant la coutume des Orientaux; afin que
les peuples sussent d'abord ce qu'ils devaient
croire, et qu'ayant purifié leurs cœurs par
la foi , ils s'approchassent pour recevoir ces
divins mystères. On fit donc vingt-trois ca-
nons, dont voici la teneur : « — Tous les dé-
crets des anciens conciles et les lettres syno-
diques des Papes demeureront en vigueur ;
aucun ne sera promu aux degrés du minis-
tère ecclésiastique qu'il n'en soit digne, et on
ne fera rien de ce que les saints Pères ont
défendu. — Pom- aô'ermir la foi des peuples,
on leur" fera chanter à la messe le symbole
du concile de Constantinople avant l'Oraison
dominicale, afin qu'après avoir rendu témoi-
gnage à la vraie foi, ils soient plus purs pour
participer au corps et au sang de Jésus-Christ.
— 11 ne sera point permis aux évèqucs d'a-
fiéner les biens de rÉgHse ; mais ce qu'ils
auront donné aux monastères ou aux églises
de lem- diocèse, sans préjudice notable pom*
leui' église propre, demeurera ferme el stable.
Ils poiuTont encore pom-voir aux nécessités
des étrangers et des pauvres. — Si un évê-
Canooii du
concilt] i\it l'o*
U tl 0 I 1» A g .
1003,
• Quicumque Filium Dei Domimim nostnim Je-
sum Chrislum negaverit a paterna substantia
sine inilio geniiuin, et œjualem Patri, anathema
sit. Concil Toletan. III, Can. 2. Tom. V Concil.,
pag. 1003.
' Quicumque Spiritum SanHum non crédit, aut
non crediilerit a Paire et Filio procedere, eumque
non dixerit coœternxim esse Patri et Filio, et
coœqwilem, anathema sit. Can. 3, pag. 1004.
' Quicumque in Pâtre, et Filio, et Spiritu Sanc-
to, et ptrsonas non distinguit, et unius Dei uni-
tatis substantiam 7ion cognoscit, anathema sit.
Can. 4, ibid.
' Quicumque libcllum detestabilcm duodecimo
anno Leovegeldi régis a nobis editum,in quocon-
tinclur Romanorum ad hœrcsim arianam tra-
duclio, et in quo gloria Patri, per Filium, in Spi-
ritu Sancto maie a nobis iastUuta continetur,
hune libellum si qitis pro vero habuerit, anathe-
ma sit in wtcrnum. Can. IC, pag. 1005.
^ Quicumque Àrimincnse concilium non ex loto
corde respiierit et damnaverit, anathema sit. Cau.
17, ibid.
^ Pro reverentia sanctissimœ fidei, et propter
corroboraiidas hominum invalidas mentes, con-
sultu piissi)ni et gloriosissimi domini noslri Rec-
caredi régis, sancla constituit synodus, utper om-
nes ecclesias llispaniœ, rel Gallœciœ, secundum
formam oricnlalium ccclcsiarum concilii Con-
stantinopolitani, hoc est, centum quinquuginla
episcoporum symbolum fidei recitetur ; ut prins-
quam Dominica dicalur oratio, voce clara a po-
pulo decanlctur ; qun et fuies rera manifeslum
Icslimonium habcat, et ad Cliristi rori>iis et san-
ffuincm pralibandum pectora populorum fide pu-
riflcata accédant. Concil. Toletl. Can. 2, pag. 10U9.
902
HISTOraE GENERALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qiic ' veut môme destiner une (église de son
diocèse pour y ctuLlir un monastère , il le
pouiTa du consentement de son concile, fal-
lùt-il donner à ce monastère quelque partie
des Liens de l'Église poui- sa subsistance. —
Les cvcques, les prêtres et les diacres qui
s'étaient convertis de l'arianisme, vivaient
maritalement avec lem's femmes ; le concile
veut qu'à l'avenir ils vivent dans la conti-
nence, et qu'à cet eflet ils se séparent de
chambre et même de maison, s'il se peut.
Quant auxévêqucs qui ont toujomsété catho-
liques, il leur est défendu sous les peines cano-
niques d'avoir aucune communication avec
des femmes d'une conduite suspecte. — Les
esclaves afiranchls par les évoques jouiront
de la liberté sans être privés de la protection
particulière de l'Eglise, eux et leurs enfants;
et il en sera de même de ceux qui, quoique
affranchis par d'autres personnes, auront été
recommandes aux églises. — Poiu- ôter lieu
aux discours inutiles et fabuleux, on fera tou-
jours lecture de l'Écriture sainte à la table de
l'évéque , afin d'édifler ceux qui y mangent.
— Les clercs tirés des familles fiscales de-
meureront attachés à l'église où ils sont im-
matriculés, en payant leur capitation, sans
que personne puisse les revendiquer sous
prétexte de donation du prince. — Les égli-
ses qui d'ariennes sont devenues catholiques,
appartiendi'ont aux évêques diocésains. —
On ne contraindi-a ni les veuves ni les filles
à se marier; et quiconque empêchera une
veuve ou une fille de garder le vœu de chas-
teté , sera privé de la sainte communion et
de l'entrée de l'église. — En quelques églises'
d'Espagne les pécheurs faisaient pénitence
d'une manière honteuse, et non selon les ca-
nons, demandant au prêtre de les réconcilier
toutes les fois qu'il leur plaisait de pécher.
Ce concile, pour remédier à cette présomption
qu'il appelle exécrable, ordonne que celui qtii
se repent de son péché soit premièrement
suspendu de la communion , et vienne sou-
vent recevoir l'imposition des mains avec les
auti'es pénitents; et qu'après avoii- accompli
le temps de la satisfaction, il soit rétabli à la
communion, suivantle jugement de l'cvèque.
Il ajoute que ceux qui retombent dans leurs
péchés pendant le temps de la pénitence ou
après la réconciliation, seront condamnés
selon la sévérité des anciens canons, c'est-à-
dire qu'ils ne seront plus reçus à la pénitence
publique, qui ne s'accordait qu'une fois. — cm. u.
L'évéque ' ou le prêtre , avant d'accorder la pé-
nitence à celui qui la demandait, soit en santé,
soit en maladie , commençait par lui couper
les cheveux, si c'était un homme, ou à lui
faire changer d'habits, si c'était mie femme.
Cette précaution paraissait nécessaire pour
empêcher les rechutes, n
o. La licence était pan'cnuc à un tel de- ,3.
gré , que les clercs , sans s'être auparavant
adressés à leur évêque, traduisaient leurs
confi'èrcs devant des tribunaux séculiers : le
concile défend cet abus, sous peine pour l'a-
gresseur de perdre son procès et d'être privé
de la communion. — Défense aux juifs d'à- n.
voir des femmes ou des conculiines chrétien-
nes, ou des esclaves chrétiens pom- les ser-
vir, et d'exercer des charges publiques; les
enfants qui pourraient êti-e nés de sembla-
bles mariages seront baptisés ; et s'il est ar-
rivé aux juifs de cu'concLre lem-s esclaves
chrétiens ou de les initier à lem-s rits, on les
leur ûtera sans leur en payer le prix , et on
les rétablira dans la profession de la religion
chrétienne. — Si un serf ûscaUn a fondé et ib.
' Si episeopus unam de parochianis ecclesiis
suis monasterium dicare voluerit, ut in eamona-
chorum regnlariter congrcgalio rival, hoc de
conscnsu concilii sut liabeat liceidiam facieiidi;
qui eliamde rébus ecclesiœ prn eoruin subsluittia
aliquid, quod delrimeittum ccclesiw non exhibet,
eidem loco donaterit, sit stabile. Rei enim bonœ
slaluendœ sanctum concilium dat assensum. Cau.
i, pag. 1010.
' Quoniam comperimus pcr quasdam llispania-
rum ecclesias, non secundum canoncm, sed fœ-
dissime pro suis peccalis howines agcre pamiten-
tiani, ut quolicnscunuiue peccare libuerit, to-
tiens 0 prvabylero se rcconciliari exiioflulcnt ; et
idcu pro coercciida tant exerrabili prœsumplione,
id a sanclo concilio jubetur, ul secundum for-
mam canouum anli(juorum dcntur pnnitcnlicc,
hoc est, ul prius eum, qucm suipœnitcl facli, a
communione suspensum, facial interreliquospœ-
nilentes ad nianus imposilionem crebro rccurrcre;
explelo autem satisfaclionis tcmpore, sicuU sacer-
dotalis contcmplatio probaxerit, cum commu-
nioni restituât. Ui rero qui ad priora vilia, vel
infra panilcntiie tempus, vel posl reconciliatio-
«eiii relabunlur, secundum priorum canonum se-
vcrilatcn' damncntur. Oui. 11, pn-^. 1011.
' Quicuiiique ab episcopo vel a presbytero, sa-
nus vel inlirnuis panilcnliam postulai, id ante
omnia episcopus obscrvel,vcl presbylcr, ut si vir
est, sive sanus, sive infirmus,prins eum tondeat,
et sic pœnitrntiam ei tradat ; si vero mulier fue-
ril, non accipiat pœnilcntiam, nisi prius mutave-
ril habitum : sœpius enim luicis trihuendo dcsi-
diose pa'nileniiam, ad lamcnlanda rursus faci-
nora posl accrplam pœnilcnliam relabunlur. Ciiu,
12, col. 10 U.
CEIAPn'RE LXXXVI. — CONCILES DE TOLI>nE, ETC.
[VI* SIÈCLE.]
doté une rfglisc do sa paim-cté, l'dvôqiio en
procurera la coiitlrmntion de la part dti
prince. 11 aura aussi recours h la puissance
séculière pour abolir piir toute l'Espatrue et
la Galice tous les restes d'idolâtrie. — 11 est dé-
fendu aux pères et aux mères de faire mourir
les enfants qiii sont le fruit de leur débau-
che, et dont ils se trouvent surchargés. Ce
crime , fréquent dans quelques parties de
l'Espagne , était un reste des mœurs des
païens. — Sans préjudice des anciens canons
qui ordonnent deux conciles chaque année,
celui de Tolède veut, qu'attendu la longueur
du chemin et la pau\Teté des églises d'Espa-
gne, les évoques s'assemblent seulement une
fois l'an, au lieu choisi par le métropolitain ;
et que les juges des lieux et les intendants
des domaines du roi se trouvent à ce concile
le 1" novembre, pour apprendre la manière
dont ils doivent gouverner les peuples, de la
bouche des évèques qui leur sont donnés
pour inspecteurs. — Plusieurs demandaient
que l'on consacrât les églises c^u'ils avaient
fait bâtir , ;\ la charge de retenir l'adminis-
tration du bien dont ils les avaient dotées :
cette disposition étant contraire aux anciens
canons, il est ordonné que dans la suite cette ad-
ministration appartiendra à l'évèque ; — mais
en même temps on lui défend de charger les
prêtres et les diacres de corvées ou d'impo-
sitions nouvelles , au-delà des anciens droits
des évèques sm' les paroisses. — Il fut fésolu
dans le concile que l'on supplierait le roi
d'empêcher que les officiers de son domaine
ne chargeassent de corvées les serfs des égli-
ses, des évèques et les autres clercs, afin
qu'ils puissent plus aisément s'acquitter de
lem's devoirs envers leurs maîtres. — Il fut
défendu de chanter des cantiques ' funèbres
ou de se frapper la poitrine aux enterre-
ments des chrétiens, parce que ces marques
de deuil sentaient trop le paganisme, et qu'il
suffisait de chanter des psaumes pour mar-
quer l'espérance de la résm-rcction. — On
défendit encore les danses et les chansons
déshonnètes dans les solennités des saints,
903
séculiers furent chargés de l'a-
Diifour* (fa
F. Lrandie, ['.
I0J8,
CCS jours devant être sanctifiés par l'atten-
tion aux offices divins. Comme l'abus était
comnuui dans toute l'Espagne, les évèques
et les juges
bolir chacun dans leur juridiction
G. Le roi Récarède donna , la quatrième conimn.
année de son reîjne, une ordonnance portant nonipnri.roi
coulinnafion de tout ce qui avait ete fait et 'o''-
arrêté dans ce concile, que l'on compte pour
le troisième de Tolède , sous peine pour les
clercs d'encourir l'excommunication do la
part de tout le concile , et pour les laïque»
de confiscation de leurs biens, ou mênn-
d'exil, suivant la qualité des personnes. II
sou-icrivit le premier, et soixante-douze évo-
ques après lui , y compris les députés des
absents. Cinq étaient métropolitains, savoir
Euphémius de Tolède , saint Léandre de Sé-
ville, Migctius dcNarbonne, Pantard de Dra-
gue , Massona d'Emérite , qui souscrivit le
premier.
7. Saint Léandre fit un discours , après la
tenue du concile, sur l'heureux changement
de l'Ëghse d'Espagne, qui se trouvait en li-
berté et en joie, après avoir été comme cap-
tive et dans les gémissements sous les per-
sécutions des rois ariens. Il dit que l'oppres-
sion où elle avait été en ces temps-là avait
produit cet eflet , que ceux qui , par leur in-
fidélité, lui étaient à charge, faisaient sa cou-
ronne par leur conversion. Sur quoi il lui
fait répéter ces paroles du psaume IV^,
comme si elles avaient été dites d'elle : Lors-
que j'étais resserré dans l'affliction, mns m'a-
vez, mon Dieu, dilaté le cœur. Il fait remar-
quer' à ses aiiditeurs que les hérésies ne
dominent ordinairement que sur une nation,
ou qu'elles n'occupent que quelque coin du
monde ; au lieu que l'Eglise catholique est
répandue par tout l'univers, et qu'elle est
composée de toutes les nations ; que les hé-
résies se cachent dans les cavernes , tandis
que l'Église catholique se montre à tout le
monde, les membres dont elle est composée
sm-passant toutes les sectes des hérétiques.
Il ajoute que, s'il reste encore quelque nation
' Religiosonim omnium corpora qui divina to-
catione ab liac rita recedunt, cum psalmis tan-
tummodo, psatlenlium vocibus debere ad sepul-
cra deferri. Kam funèbre carmenquod vulgo de-
funclis cantari solet, vel pectoribiis sp.proximos
avt familias cœdere, omiiino prohibemns. Suffi-
ciat a\ttem quod in spe resurreclionis, Chriatia-
nonim corporibus famulatus divinorum impcndi-
tur canticorum. Cau. 22, pag. 1014.
• Hœreses, inquam, aut in aliqnem angulum
miindi, aut in unnm gentem inveniuntur versari.
Ecclesiavcro catholica, siait per totum mundum
tendilur, ita et omnium gentium societate consli-
tuilur. Recte ergo hœrcses in cavernis, quibus la-
tent, congreganl ex parle divilias; Ecclcsia au-
lem cullioUca in spécula totius mundilocuplclata
supcrgredilur universis. Tom. V Concil., pag.
11/18.
mSTOTRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIOUES.
Conrlle de
NtrlxiDue eQ
l>H3. Toni V
10^7.
904
barbare qxii n'ait point t^fé éclairée de la lu-
mière de la foi , il est hors de doute qu'elle
le sera un jour, la promesse de Jdsus-Clirist
à cet dgard ne pouvant manquer d'avoir son
efTet ; l'ordre naturel ' demandant d'aillems
que ceux qui tirent leur origine d'un même
homme, s'aiment mutuellement et convien-
nent dans la profession d'une même vérité.
Rodcric de Tolède fait mention de ce dis-
coms au livre XXI de son Histoire, chapitre
XV'.
8. Mipétius, évêquc de Narbonne, et sept
autres cvèques de la partie des Gaules qm
obéissait aux Goths, et qui avaient tous as-
sisté par eux-mêmes oupar Icm-s députés au
concile de Tolède, s'assemblèrent à Narbonne
le 1'^' novembre de la même année 389 , qui
était la quatrième de Récarède, la douzième
de Pelage H, et la sixième de Clotaire II. On
y Gt quinze canons. — Le premier défend
aux clercs de porter des habits de pourpre,
cette sorte d'étofl'e ne convenant qu'aux laï-
ques qui sont dans les dignités. — Le second
ordonne de chanter le Gloria Patri, etc., à la
Qn de chaque psaume et à chaque division
des grands psaumes. — Le troisième fait re-
marquer que les anciens canons ne permet-
taient pas aux prèti-es, ni aux diacres, ni aux
sous-diacres d'avoir lem's maisons sm- les
places publiques , et qu'il n'était pas moins
inconvenant pom' eux de s'y arrêter , pour
s'y entretenir de choses fabuleuses et inuti-
les. — On voit par le quatrième combien de
nations dillerentes habitaient dans la Gaule
Narbonnaise. Il porte que tout homme hbre
ou esclave, Goth, Romain, c'est-à-dire Gau-
lois, syrien. Grec ou Juif, s'abstiendra de tout
travail le dimanche, sous peine pour l'homme
libic de payer six sous d'or au comle de la
ville, et pour l'esclave de recevoir cent coups
de fouet. — Le cinquième, le sixième et le
septième sont pour réprimer la dc'^sobéis-
sance , le peu de soumission et les cabales
des clercs. Si quelcpi'un d'entre eux traite
mal son ancien ou celui qui lui est supérieur
en dignité, il fera un an de pénitence, en la
manière que l'évêque l'aura ordonné. — Le
huitième en ordonne deux au clerc qui aura
pris quelque chose des biens ou de la mai-
son de l'église , avec défense de le rétablir
dans son office jusqu'à ce qu'il ait restitué et
fait pénitence de sa faute. — Dans le neu-
vième, il est défendu aux Juifs d'enterrer
leurs morts au chant des psaumes , sous
peine de payer au comte de la ville six onces
d'or. Ces amendes pécuni;'.ires supposent
qu'il y avait au concile des juges sécuUci'S,
ainsi qu'il avait été ordonné par le concile
de Tolède. — Selon le dixième canon , les
clercs doivent desservir l'église à laquelle
l'évêque les a envoyés, sous peine d'être pri-
vés des rétributions et de la communion
pendant un an. — II est défendu par le on-
zième d'ordonner un prêtre ou un diacre
qui ne sache pas lire, son ministère ne pou-
vant sans cela être d'aucime utilité à l'Eglise.
— 11 est dit dans le treizième , que les sous-
diacres , les portiers et les autres clercs ren-
dront fidèlement leur ser\-ice à l'église , et
qu'ils tireront la portière à leurs anciens,
c'est-à-dire les rideaux qui étaient aux por-
tes des églises. La peine pour les sous-dia-
cres qui manqueront à ce devoir, est la pri-
vation de leurs gages; les autres seront
fiappés de verges. — Le douzième fait dé-
fense au prêtre et au diacre ' de sortir du
sancfuaiic pendant qu'on célèbre la messe;
au diacre, au sous-diacre et au lecteur, de se
dépouiller de l'aube avant que la messe soit
achevée. Tous les clercs étaient donc en
aube pendant la célébration des mystères.
— 11 est défendu par le quatorzième à qui
que ce soit de consulter les devins ou sor-
ciers, avec oi'dre de fustiger et de vendre
ceux qui se disent tels, et d'en donner le
prix aux pauvres. — Le concile, ayant appris
que quelques catholiques fêtaient le jeudi en
l'honneur de Jupiter, comme si ce jour lui
était consacré, condamna avec exécration
cet abus par son quinzième canon, où il or-
donna que si quelqu'un fàlait à l'avenir ce
joiu- sans qu'il y eût quelque fête ordonnée
de l'l>glise, il serait mis en pénitence pen-
dant un an , et condamné à faire des aumô-
&I1.9.
• Ordo ergo naturalis crpnscit, ut qui ex uno
htiminc traliuiU originem, mnlnam teiieanl cha-
rilatcm; nec dissenliant a fidci verilaie, qui non
dixjringunlur luilvrali propagitte. Ibid., 1019.
' Ihec maxime pro Dci limnre, et mndn disci-
pliniv canonicœ, clegimns caslodienda vel fc/l-
nendii, ul diimmissa celehnilur, nuUitspreshyler,
dUliiiaconm absque aliqua infirmilale, dum missa
pcrficitur, egredi de atlnrio audeat. A'ec diacomts,
aul subdineonus cette, vel lector antequam miasa
consummclur, alba se prirsumat exuere. Quod si
quis(iuam implereril constiluliim ; presliyleri in-
crepeiilur ul redcdnt, diacotins et execrntidos et
slipendio privatidns, reliquo!^ dintrictiime strictis-
sima enndemiiKndos. Cou'il. Narb. Caii, 12, lom.
V ConciL, ["iK- lU^fi.
Conrltci i'«
Siunrheeltla
Troub'flS
excllésft S3<n<
t« - CrOiX do
Poitiers eu
(90.
fvi* SIÈCLE.] CHAPITTIE LXXXVI.
nos s'il dtait do condition libre, ou frappé de
vcrpps s'il iMait do coiulilinn sprvilo.
U. On ïuot pncoio en o89 deux autres con-
ciles, l'nn il Sauriciac, l'autre à Rome. Saint
Grégoire ' de Tours parle du premier : ce
qu'il en dit n'est nullement inti-ressant. Il
est fait mention du second dans la lettre ' do
Pelage II aux évêques de Germanie et des
Gaules; mais nous avons déj;\ remarqué que
celte lettre est supposée et du nombre do
celles qu'on attribue à Isidore Mercator.
ARTICLE XXM.
CONCILES DE POITIERS p90], ET DE METZ [590],
AD SUJET DES TROUBLES EXCITÉS A SAINTE -
CROIX DE rOITIERS.
Sainte Radegonde, fondatrice du monas-
tère de Sainte-Croix à Poitiers, y avait, quel-
que temps avant sa mort, établi l'abbesse
Agnès, du consentement des évoques '. Agnès
étant morte, Leubovère lui succéda. Quoi-
que Mérouée, évoque de Poitiers, eût pris
ce monastère sous sa protection, il ne laissa
pas de s'y former, contre la nouvelle ab-
besse, une faction violente. Chrodiclde, fdle
du roi Cliérébort, entreprit do faire chasser
Leubovère et de se faire élire abbesse à sa
place. Elle attira h son parti Basine, fille du
roi Chilpéric ; et ayant pris avec elle plus de
quarante religieuses à qui elle avait fait ju-
rer d'accuser Leubovère de plusieurs crimes,
elle sortit du monastère en disant : « Je vais
trouver les rois mes parents, pour leur faire
connaîti'e la honte que noussoulTrons. On ne
nous traite pas en filles de rois, mais en fil-
les de malhem-euses esclaves. » En vain
Mérouée s'opposa à son dessein ; elle n'é-
couta pas plus ses remontrances que celles
de saint Grégoire de Tours. Tout ce que cet
évêque put gagner sur son esprit, fut que les
autres religieuses qu'elle avait emmenées,
passeraient l'hiver à Tours, et qu'elle irait
seide trouver le roi Gontran. Ce prince or-
donna une assemblée d"évèques pour pren-
dre connaissance du diflerend. Chrodielde
revint à Tours, et voyant qu'ils ne venaient
point, elle retourna à Poitiers, où ayant as-
semblé une ti'oupe de voleurs et de meur-
triers, de débauchés et d'autres scélérats,
elle s'empara de force de l'église de Saint-
CONCILES DE POITIERS ET DE METZ. 905
Hilalre, puis du monastère de Salntc-Croix,
fit prendre l'abbesse, et la mit en prison. Il
se commit en cette occasion des meurtres et
divers autres crimes.
2. Les rois Cliiidebert et Gontran, infor-
més de ce scandale, ordoimèrenl que, pour
le terminer suivant les canons, les évoques
s'assembleraient à Poitiers *. Cliiidebert y
envoya saint Grégoire de Tours avec Ebre-
gisilc de Cologne, et Mérouée do Poitiers.
Gontran manda à Gondégésile de Bordeaux
de s'y rendre avec ses suffragants. Saint
Grégoire de Tours ayant déclaré que les
évoques ne s'assembleraient pas que la sédi-
tion ne fût apaisée par l'autorité séculière,
Mavon, comte de Poitiers, fut chargé de la
commission. Il fit attaquer les séditieux, les
tira du monastère de Sainte-Croix, leur fit
soulfrir divers supplices et rendit la tranquil-
lité. Alors les évêques s'étant assis sur le
tribunal de l'église, Chrodielde avança plu-
sieurs chefs d'accusation contre l'abbesse
Leubovère. Elle répondit pertinemment sur
tous; et ses accusatrices ayant avoué qu'elles
ne l'accusaient d'aucun crime capital, les évê-
ques leur demandèrent raison de leur sortie et
des violences commises tant contre Condégé-
sile et les autres évoques qui avaient voulu les
juger l'année précédente,que contre l'abbesse
et le monastère. Comme elles ne purent rien
répliquer de solide, les évoques exhortèrent
Clû-odielde et Basine à demander pardon à.
l'abbesse et k réparer le dommage. Elles le
refusèrent, menaçant hautement de tuer
Leubovère. Sur cela les évoques, ayant con-
sulté les canons, les déclarèrent excommu-
niées, et rétablirent l'abbesse. La sentence
est adressée aux deux rois Childebert et Gon-
tran. Les séditieuses, se voyant condamnées,
allèrent trouver Childebert, à qui elles nom-
mèrent des personnes qu'elles accusèrent
d'avoir un mauvais conunerce avec l'abbesse,
et de porter tous les jours de sa part des
messages à la reine Frédégonde, son erme-
mie. Le roi examina l'affaire; inais ne trou-
vant aucune charge contre les accusés, il les
renvoya.
3. Cependant le roi Childebert, ayant eu
avis que Gilles ou ^gidius, évoque de Reims,
avait conspiré contre sa vie, le fit conduire
à Metz et mettre en prison ^ Il convoqua,
Concile do
rolllors ca
CoDcllo do
> Greg. Turon., lib. IX, rap. xsxvii.
' Pelag., Epist. ad Episcop. German., tom. V
Concil, pag. 953.
» Grcg. Turon., lib. IX et X Hist. Franc.
* Greg., ibid., et tom. V Concil., pag. loS3.
3 Greg., lib. X, c. xix, et t. V Conc, col. 1596.
906
HISTOIBE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
pour le juger , tous les évéques de son
royauree. Ils s'assemblèrent d'abord à Ver-
dun vers le milieu d'octobre de l'an 590. De
là ils passèrent à^^feîz. Ennodius, chargé de
la poursuite de l'allaire de Gilles, l'interro-
gea, et produisit des lettres à Chilpéric, en-
nemi de Childebcrt, avec les réponses de
Chilpéric. Il produisit encore un traité de
Childebertet de Cliilpéric pour chasser Gon-
tran et se partager entre eux son royaume.
Childebert, qui n'avait aucune connaissance
de ce traité, reprocha à Gilles d'avoir voulu
exciter une guerre civile entre Chilpéric et
Contran , et d'avoir causé la ruine des pro-
vinces et la mort d'un grand nombre d'hom-
mes. Gilles ne put nier le fait, parce qu'on
en avait la preuve dans un registre du roi
Chilpéric. On l'accusa aussi d'avoir reçu
deux mille sous d'or de ce prince. 11 confessa
tout ; et ne voyant aucune défense à propo-
ser aux évéques du concile , il les pria de
prononcer contre un coupable qui s'avouait
digne de mort pour le crime de lèse-majesté.
Les évéques lui obtinrent la vie, mais le dé-
posèrent du sacerdoce ; et il fut aussitôt en-
voyé en exil à Strasbourg. Chrodielde et
Basine s'étaient l'une et l'autre rendues i\
Melz pour terminer leur affaire. Basine, pro-
sternée devant les évoques, demanda pardon,
avec promesse de rentrer dans le monastère
de Poitiers et de se réconcilier avec l'abbesse.
Mais Chrodielde protesta qu'elle n'y rentre-
rait point, tandis rpie Lcubovèrc y demeure-
rait. Les évéques, à la prière du roi Childe-
bert, les reçurent à la communion. Ensuite
elles furent renvoyées à Poitiers, à condition
que Basine rentrerait i\ Sainte-Croix, et que
Chrodielde demeurerait dans une terre que
ce prince lui accorda. Telle fut la fin de ce
grand scandale.
ARTICLE XXVII.
CONCILES DE NAKTEMIE [591], DE SAHIIAGOSSE
[592j , DE HOME [595] , de tolède [597] , et
DE BARCELONE [599].
confiio de 1. Ctheriusde Lyon et Svagrins d'Autun,
Naourre en J J r
'"• qui avaient assisté au concile de Melz, se trou-
vèrent l'anm-c suivante 391 à celui de Nan-
terre proche de Paris'. Comme il n'avait été
indiqué que pour le baptême de Clotaire II,
la cérémonie finie, les évèquov, s'en lelour-
nèrent. Ce fui le roi Contran qui leva ce
jeune prince des fonts sacrés, et qui le
nomma Clotaire, en disant : «Que l'enfant
croisse, qu'il fasse honneur à son nom , et
qu'il jouisse de la même puissance que celui
qui l'a porté avant lui. »
2. Le premier jour de novembre de la co«ii»
même année, qui était la septième du roi niat.
Récarède, il y eut un concile à Sarragosse,
où se trouvèrent onze évéques et deux dia-
cres qui représentaient deux évéques ab-
sents*. Artemius, évéque de Tarragone et
métropolitain de la province, y présida. On
n'y fit que trois canons, dont le premier porte
que les prêtres ariens qui seront retournés à
l'Eglise catholique, pourront, s'ils sont purs
dans la foi et dans les mœurs, faire les fonc-
tions de leur ordre, après avoir reçu de nou-
veau la bénédiction des prêtres ; et de même
les diacres; mais que ceux dont la vie ne
sera pas régulière, demeureront déposés, en
restant néanmoins dans le clergé. C'est que
la plupart ne gardaient pas la continence.
Il est dit dans le second, que les reliques
trouvées chez les ariens seront portées aux
évéques et éprouvées par le feu ; et que ceux
qui les retiendront ou les cacheront, seront
menacés d'excommunication; on ne croyait
donc pas que les véritables reliques pussent
être consumées par le l'eu. Le troisième veut
que , si les évéques ariens ont consacré des
églises avant d'avoir reçu la bénédiction,
elles soient de nouveau consacrées par un
évêque catholique. Ces canons sont suivis
d'une Lettre de quatre évéques du concile,
par laquelle ils consentent ùce que les rece-
veurs du fisc prennent un certain droit par
boisseau de grain, qui provenait apparem-
ment des terres de l'Église.
3. En 395, saint Grégoire tint, le 3 juillet, comiicd.
un concile devant le corps de saint Pierre *.
Il était composé de vingt-trois évéques, y
compris ce saint Pape, qui y présidait, et de
trente-trois prêtres qui y étaient assis do
même que les évéques; les diacres debout
avec le reste du clergé. On croit que ce fut
dans ce concile que l'on examina l'allaire des
prêtres Jean et Atluinase, dont nous avons
parlé plus haut. Les canons que l'on y fit, y
furent jirriposés par saint Grégoire, et ap-
prouvés de tous iles évéques, qui répétèrent
l'analhème que le Pape prononçait contre
tous ceux qui y conlrcvieiuliaienl. Il était
passé en coutume dans l'église Romaine de
Tmii. V Concil,, pap. 1599.
> Ibid., p.ij;. ICOO. — ' Ibid., p.ip. 1)98.
CHAPITRE LXXXYI. — CONCILES DE NANTEUnE, ETC. 907
[vr SIÈCLE.]
prendre des cliantrcs pom- les ordonner dia-
cres , et de les laisser conlinuor de chanlor,
au lieu de vaquer h la prédication et à la dis-
tribution des aumônes. Le premier canon
ordonne qii';\ l'avenir les ministres du saint
aulol ne clianteront point ; qu'ils liront seu-
lement l'évantîile à la messe, et que les sous-
diacres, ou, s'il est besoin, lesmoindres clercs
chanteront les psaumes et feront les autres
lectures. Par un autre abus, les évoques do
Rome employaient des valets séculiers pour
les services secrets de leur chambre, en sorte
que ces derniers connaissaient la vie inté-
rieure de l'évéque , tandis que les clercs
l'ignoraient. Il fut ordonné par le second ca-
non que des clercs ou même des moines
choisis suturaient pour le service de la cham-
bre de l'évcque, afin qu'il eût des témoins
secrets de sa vie qui pussent profiter de ses
exemples. Il fut défendu par le troisième aux
recteurs du patrimoine de l'Église de mettre
des panonceaux aux terres et aux maisons
qui en dépendaient, comme faisaient les of-
ficiers du fisc, et d'employer les voies de fait
pour défendre le bien des pauvres. Le qua-
ti'icmc défend de continuer la coutume qui
s'était introduite parmi le peuple, de couvrir
de dalmatiques les corps des papes que l'on
portait en terre. C'est que le peuple se par-
tageait ces dalmatiques, et les gardait comme
des reliques. Il est défendu par le cinqiiièmc
de rien prendre pour les ordinations, le pal-
lium et les lettres, sous quelque prétexte
que ce soit. Si toutefois celui qui a été or-
donné veut, après avoir reçu ses lettres et le
pallium, donner par honnêteté quelque chose
à quelqu'un du clergé, on ne le défend pas.
Le sixième est un règlement pour la récep-
tion des serfs, soit des églises, soit des sécu-
liers, dans les monastères. Les recevoir tous
indilîéremment , c'était donner occasion à
tous les serfs de se soustraire à l'église ; et
si on les retenait tous en servitude sans exa-
men , on ôtei'ait quelque chose à Dieu qui
nous a donné tout. Il fut donc ordonné que
celui qui voudrait se donner à Dieu , serait
auparavant éprouvé en habit séculier, afin
que, si ses mœurs faisaient voir la sincérité
de son désir, il fût délivré de la servitude
des hommes pour embrasser une vie plus ri-
goureuse. La vie monastique était en cflot
laborieuse alors ', si pauvre et si mortifiée,
que des esclaves mal convertis n'y auraient
pas trouvé leur compte.
4. L'inscription du concile de Tolède en
597, la douzième année du règne de lléca-
rède, porte qu'il fut composé de seize évé-
quos, et qu'ils s'assemblèrent dans l'église
des apôtres saint Pierre et saint Paul '. Il n'y
a toutefois les souscriptions que de treize,
dont Massona de Mérida est le premier, et
Adelphiiis do Tolède, le troisième. Ils ne fi-
rent que deux canons. Le premier porte que
les évoques auront soin non-seulement d'ob-
server eux-mêmes la continence, mais encore
de la faire observer aux prêtres et aux dia-
cres ; qu'ils pourront déposer et enfermer
dans un cloître les contrevenants, pour faire
pénitence, et afin que cette peine servît
d'exemple aux autres. Il est dit dans le se-
cond que l'évéque ne pourra s'attribuer le
revenu d'une église bâtie dans son diocèse ;
qu'il appartiendra au prêtre qui y fait le ser-
vice ; que si (fe revenu ne sulBt pas pour
l'entretien d'un prêtre , on y mettra un dia-
cre, ou du moins un portier pour tenir l'é-
glise propre , et allumer tous les soirs le lu-
minaire devant les reliques.
5. L'année suivante 398, treizième de Ré-
carède, on tint à Huesca, ville de la province
de Tanagone, mi concile où il fut ordoniK;
que les évêques assembleraient tous les ans
les abbés, les prêtres et les diacres de leur
diocèse pour leur donner des préceptes et
des avis sur la manière dont ils devaient se
conduire, principalement sur la frugalité et
la continence ' ; qu'ils s'informeraient aussi
avec soin auprès des clercs et des notaires,
et même en examinant la conduite des fem-
mes suspectes, si les prêtres, les diacres et
les sous-diacres vivaient chastement ; afin que
personne ne fût noté sur de faux bruits, et
que le crime ne fût point pallié par de mau-
vaises excuses. On ne marque pas le nombre
des évêques qui assistèrent à ce concile.
6. Il s'en tint un le premier jour de no-
vembre de l'an 599, quatorzième du roi Ré-
cai'ède, à Barcelone*. Asiatique, archevêque
de Tarragone, y présida assisté de onze évê-
ques. De quatre canons que l'on y fit, il y en a
deux-contre la simonie, qui défendent de rien
prendre soit pour les ordinations, soit pour
le saint-chrême. L'ordination y est marquée
sous le terme de bénédiction , ce qui sert h
Crtn-ll« <1<»
ToIidQOD!i9T.
Concllo
fi'niipsca en
1,38.
Concilri de
Barcelono en
6D9.
1 Fleury, 1. XXXV Hist. EccL, pag. 112, t. VIII.
5 Tom. V Concil, pag. 1603,
3 Tom. V Concil., pag. 1604.
* Tom. V Concil.. pag. 1605.
908
HISTOIRE GÉXÉnALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIOUTS.
expliquer le premier canon du concile de Sar-
ragosse rapporté ci-dessus, où il est dit que
les prêtres ariens qui retournent à l'église
catholique, rece%Tont la bénédiction avant de
pouvoir faire les fonctions du sacerdoce. Le
troisième canon du concile de Barcelone dé-
fend d'élever les laïcs à l'épiscopat, même
par ordre du roi, s'ils n'ont obser^•é aupara-
vant les interstices marqués par les canons,
passé par les degrés du ministère ecclésias-
tique, et doimé des preuves de la régularité
de leurs mœurs. Il ajoute que le clergé et le
peuple choisiront deux ou trois sujets pour
les présenter au métropolitain et aux évo-
ques de la province , qui consacreront celui
des trois sur qui le sort tombera ' ; et que
cette manière de décider du mérite de la per-
sonne sera précédée d'un jeune. Il est or-
donné par le quatrième d'excommunier et
d'exclure de la compagnie des lidèlcs, sans
leur laisser la consolation de parler h per-
sonne, les vierges consacrées à Dieu et les
pénitents de l'un et l'autre sexe, qui se seront
mariés, même les femmes, qui ayant été en-
levées, ne se seront pas séparées de leurs
ravisseurs.
CHAPITRE LXXXVII.
Conciles dn VU' siècle.
Concile de
Boue ta CO).
ARTICLE I".
COSCILES DE ROME '60l\ DE "WORCnESTER [601],
DE LA BTZACÈSE ^602], DE NtMIDIE [6(»2 OC
603], DE CAKTOnBÉRY f605], DE ROME [606],
BE TOLÈDE [610], ET D'ÉGARA [614].
l. Le but du concile assemblé à Rome le
cinquième d'avril de l'an 001 , fut de poui-voir
au repos des monastères, et de les mettre à
couvert des vexations des évêques '. Saint
Grégoire, qui y présidait, défendit à tous les
évêques en général, de diminuer en rien les
biens, les terres, les revenus ou titres des mo-
nastères ; voulant que, s'ils avaient quelque
difl'érend pour des terres qu'ils prétendraient
appartenir à leurs églises, il fut terminé
promptement par des arbitres. II ajouta
qu'api'ès la mort de l'abbé, le successeur
serait choisi par le consentement libre et
unanime de la communauté , et tiré de son
corps, s'ils s'en trouvait de capables ; sinon,
que l'on en prendrait un en d'autres monas-
tères ; que l'élu serait ordonné sans fraude
ni vénabté ; qu'il aurait seul le gouverne-
ment de son monastère, si ce n'est qu'il se
rendit coupable de quelques fautes contre les
canons ; qu'on ne pourrait lui ôter aucun de
ses moines sans son consentement, soit pour
• lia tamen ut duobtis aut tribut, gnos ante
consensus cleri et plebis elegerit, melmimliiani
judicio ejusgue cocpiscopis prœsentalis , quem
sors, prœeunte episcoporum jejunio, Chrislo Do-
gouverner d'autres monastères, soit pour en-
trer dans le clergé ; qu'il pourrait de lui-
même en ofl'rir pour le sen'ice de l'église,
en cas qu'il en eût en nombre suDisant pour
l'oilice divin et le service du monastère ; que
celui des moines qui aurait passé à l'état
ecclésiastique, ne pourrait plus demeurer
dans le monastère. Il défendit encore aux
évêques de faire inventaire des biens ou des
titres du monastère, même après la mort de
l'abbé; d'y célébrer des messes publiques,
d'y mctti'e sa chaire, et d'y faire le moindre
règlement, sinon à la prière de l'abbé, sous
la puissance duquel les moines doivent tou-
jours être. Vingt-ct-un évêques souscrivirent
à ces décrets avec seize prêtres. Il e<t parlé
dans les lettres de saint Grégoire d'im autre
concile, où ce Pape condamna unmoine grec,
nommé Andj-é , pour avoir falsifié une lettre
d'Eusèbe, évêque de Thessalonique, adressée
à saint Grégoire même, et supposé sous son
nom divers discom's , qui ne pouvaient que
déshonorer le Saint-Siège.
2. En 601, -ou selon d'autres, en 606, saint
Augustin, archevêque de Cantorbéry, voulant
ramener les anciens habitants de la Grande-
Bretagne, qui continuaient i\ observer la ?â-
que le qualoraième de la lune *, ù la pratique
commune de l'Église , engagea le roi Ethcl-
mino terminante, monstraveril, benediclio conse-
crationis ac cumulel. Concil. narciiinii. Can. 3,
pag. I60G.— ' Toin. V Concil., pag. 1G07.
' Lib. XI, Epist.-H, pag. 117*.
deW
Confili
'orctie*lcr
■a COI.
CHAPITRE LXXXVII. — CONCILES DE ROME, ETC.
[vil' SIÈCLE.]
boit ;'i l'aire venir à une l'onlViciiCL' les é\ù-
qiies el les ilocleiii's de la province des Ure-
|(ins la pins proche de son royaume, c'csl-à-
dire, du pays de Galles, Elle se linl sur la
frcmlière des Saxons el des Brelons, en un
lien nommé depnis par les Anglais Angusli-
ncizat, c'est-à-dire, la force d'Augustin, au-
jourd'hui Worchester. La dispute l'ut longue,
mais sans fruit. Saint Augustin, les voyant
obstinés i"! soutenir leurs anciemies traditions
préférablemcnlàcellcsde l'Église universelle,
leur dit qu'il fallait prier Dieu de montrer par
des signes célestes laquelle on devait suivre.
<i Qu'on amène, ajouta-t-il, un malade ; et
celui dont les prières l'auront guéri, on croira
qu'il faudra suivre sa foi.» Les Bretons con-
sentant, quoiqu'il regret, à la proposition, on
amena un Anglais aveugle, que l'on présenta
d'abord à leurs évoques ; mais ils ne purent
le guérir. Alors saint Augustin, se mettant à
genoux, pria Dieu, qu'en rendant la vue à
cet aveugle, il éclairât les cœurs de plusieurs
fidèles. Aussitôt l'aveugle recouvra la vue,
et tous les assistants reconnurent qu'Augus-
tin enseignait la vérité. Les Bretons mêmes
en convinrent; mais n'osant renoncer à lems
anciennes coutumes sans la permission des
leurs, ils demandèrent que l'on assemblât un
concile plus nombreux : cela leur fut accordé.
Sept évècpies bretons s'y rendirent avec plu-
sieurs personnes doctes. Avant d'y venir, ils
consultèrent un anachorète de grande répu-
tation, qui leur dit de suivre le sentiment
d'Aug-ustin, s'il était un homme de Dieu.
«Comment le connaîtrons-nous '? » dirent-ils.
Il répondit entre autres choses : « S'il se lève
quand vous approcherez, sachez que c'est un
serviteiu- de Jésus-Christ, et lui obéissez ; s'il
ne se lève pas quoique vous soyez en plus
grand nombre, méprisez-le , comme il vous
méprisera. » En arrivant au concile, ils trou-
vèrent Augustin assis. Emportés alors de co-
lère, et le regardant comme un orgueilleux,
suivant le discours de l'anachorète, ils affec-
tèrent de le contredire en tout. Augustin leur
dit : « Quoique vous ayez beaucoup de pra-
tiques* contraires à notre usage, qui est celui
del'Église universelle, je seraicontent, si vous
voulez me croire sur trois points : de célébrer
la Pâque en son temps, d'administrer le bap-
tême suivant la coutume de l'Église Romaine,
909
el de prêcher avec nous aux Anglais la parole
de Dieu; à ces conditions nous tolérerons
tout le reste. » Les Brelons répondirent fpi'ils
n'en feraient rien, el ne le reconnaîtraient
jamais pour archevêque, disant entre eux :
« Si maintenanl il n'a pas daigné se lever de-
vant nous, quand nous lui serons une fois
soumis, il nous comptera pour rien. » Le saint
ré[)liqua : <( Vous n'avez pas voulu avoir la
paix avec vos frères, vous anriv. la guerre avec
vos ennemis ; et vous recevrez la mort par
la main des Anglais , à qui vous n'avez pas
voulu enseigner le chemin de la vie. » L'évé-
nement vérifia cette prophétie. Edilfrid, roi
des Anglais, marcha avec une grande armée
contre la ville de Caër-Léon, et fit un grand
carnage de Bretons, commençant par les
évéqnes et par les moines qui priaient pour
les combattants.
3. Saint Grégoire recevait fréquemment rondi«ii^
des plaintes considérables touchant la con- w2.''" "'"^
duite de Clémcntin, primat de la province de
Byzacène ' ; mais ne pouvant s'informer du
vrai par lui-même à cause de divers embar-
ras, el principalement parce qu'il était en-
vironné des Lombards, il écrivit à tous les
évéques de cette province de faire l'examen
de ces plaintes avec tout le soin et toute la
vigueur possibles, afin que si Clémentin se
trouvait coupable, il fût puni selon les ca-
nons; et cpie, s'il était innocent, Ll ne fût pas
exposé plus longtemps à des reproches si in-
fâmes. On ne sait quelle fut l'issue de ce
concile.
4. Voici ce que Frédégaire nous apprend
de celui que l'on tint à Châlon-sm--Saône la
huitième année du roi Thierry, c'est-à-dire
en 003, à la sollicitation de la reine Brune-
haut ^. Les désordres dans lesquels cette
princesse vivait, étaient insupportables aux
gens de' bien. Plusieurs l'en reprirent , no-
tammentDidier, évèque de Vienne. Brunehaut
en eonrut contre lui une haine mortelle. En
effet elle l'envoya d'abord en exil, puis le fit
mourir. Mais , pour donner quelque coideur
aux persécutions qu'eUc faisait soutirir à cet
évècfue, elle le fit déposer de l'épiscopat dans
un concUe de Châlon , où pi-ésidait Aridius,
évêque de Lyon. Didier survécut quatre ans
h sa déposition, au bout desquels il fut lapidé
par le conseil du même Ai'idius.
Concile da
CliJloD - sur-
SaûDe enC03.
> Tom. V Concil., 1610; et Beda, lib. II Hist.,
cap. II,
» Tom. V Concil., pag. 1612.
' Tom. V Concil., pag. 1612. Fredegar., in Chro-
nico, cap. xxiv, et Jouas, in Yila S. Columbani,
num. 5i.
9i0
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
» Efîf"**' 5. Un diacre nomme' Donadeus, ayant (5té
c.02oo(,(>3. déposé injuBtcmont par Victor son évoque,
en appela au Saint-Siég:c. Saint Grégoire en
écrivit aux évoques de la province, nommé-
ment à Colomb en qui il avait une confiance
particulière, afin que, si ce diacre se trouvait
coupable, il fût enfermé pour faire pénitence ;
ou que, s'il était innocent, il filt rétabli dans
son ordre, et l'évèquc sévèrement puni. Vers
le même temps, Paulin, évèque de la même
province, fut accusé devant le Pape d'avoir
frappé et outragé quelques-uns de ses clercs.
Saint Grégoire en écrivit encore à Colomb et
au primat de Xumidie , les exbortant à exa-
miner l'alfairc en concile, et à punir Paulin,
s'il était coupable. Il^ordonna à Hilaire, son
cartulaire, d'assister à ce jugement, s'il était
nécessaire. On croit que ce fut dans le même
concile que l'on prit des précautions pour
cmpêcber qu'à l'avenir l'on n'élevât aux or-
dres sacrés des jeunes gens , et qu'il n'y eût
de la simonie dans les ordinations. Mais saint
Grégoire avait écrit à Colomb sui" ce sujet dès
l'an 393.
coodiedB 6. On met au nombre des conciles l'as-
w." '■' semblée qui se fit à Cantorbéry au mois de
janvier de l'an 603 pour la confirmation du
monastère que saint Augustin y avait bâti en
l'honneur des apôtres saint Pierre et saint
Paul '. Le roi Etelbert, à la sollicitation de
cpii il l'avait bâti, était présent avec la reine,
son fils Edbald, les grands du royaume, le
clergé et le peuple. Le roi doima à ce monas-
tère, qui fut le premier des Anglo-Saxons,
une partie des terres qui lui appartenaient en
propre, et l'enrichit de grands dons. Le pre-
mier abbé fut Pierre, qui avait faille voyage
(!e Home avec Laurent, successeur de saint
Augustin dans le siège de Cantorbéry. Nous
avons encore la charte de donation, où le
le roi Etelbert reconnaît qu'il était devenu,
d'idolâtre, serviteur de Jésus-Christ , en qui
il dit qu'il avait été engendré par l'évôquo
Augustin,
cooeiit ae 7. Boniface troisième du nom, ayant été élu
Rome CI Ue. -, • i
après une vacance de près d'un an depuis la
mort de Sabinien, arrivée le deuxième février
C05, assembla un concile à Rome dans l'église
de Saint-Pierre ', où se trouvèrent soixante-
douze évéqiies , trente-quatre prôtres , les
diacres et tout le clergé de la ville. Son des-
sein était de réformer les abus qui se com-
mettaient dans l'élection du pape et des au-
tres évoques, n fut donc dt'fendu dans ce con-
cile, sous peine d'anathème, à qui que ce fût,
du vivant du pape ou de quelqu 'autre évo-
que, de parler de son successeur, et ordonné
que, trois joui"s après ses funérailles, leclergé
et les enfants de l'église s'assembleraient
pour procéder à l'élection.
8. Laurent, sucesseur de saint Augustin „ c»Miiêi)t
' c Rome eo (lOb
dans le siège de Cantorbéry, l'imita dans son
zèle pour l'accroissement de la nouvelle Église
des Anglais '. Il étendit ses soins jusque sur
les Bretons et les Ecossais ; et voyant que les
uns et les autres continuaient dans des usa-
ges contraires à ceux de l'Eglise universelle,
principalement sur la Pâqiie , il leur écrivit
avec ses confrères Mollit et Just, pour tâcher
de les ramener. Sa lettre était adressée aux
évoques et aux abbés de toute l'Ecosse. D y
disait : n Quand nous sommes entrés dansl'ile
de Bretagne , nous avions un grand respect
pour les Bretons et les Ecossais, croyant qu'ils
suivaient l'usage de l'Église universelle ; après
avoir connu les Bretons, nous avons cru que
les Ecossais étaient meilleurs ; mais nous
avons reconnu ensuite, par la manière de
vivre de l'évèque Dagam qui est venu en cette
ville et de l'abbé Colomban qui a passé en
Gaule, qu'ils ne sont pas différents des Bre-
tons. Car l'évèque Dagam a refusé de man-
ger non-seulement avec nous, mais dans le
logis où nous mangions.» Laurent écrivit une
semblable lettre avec ses confrères aux évè-
ques des Bretons pour les inviter à l'unité
catholique. C'est tout ce que Bède rapporte
de ces deux lettres, disant qu'elles furent sans
succès. Mellit avait été ordonné évèque de
Londres par saint Augustin quelque temps
avant sa mort ; étant allé h Rome pour traiter
avec le pape Boniface IV des atfaircs de l'É-
glise d'Angleterre, il fut invité ù se trouver
au concile que ce pape assembla pour con-
damner * ceux qui , ayant pour principe la
jalousie et non la charité, souteiiaienlqueles
moines, étant morts au monde, et faisant
profession de ne vivre que pom- Dieu, étaient
' Toni. V Concil., pag. 1614,
« Tora. V Concil., jiag. 1CI6.
• Tom. V Concil., pag. 1617; et Beda, lib. II
Ditt., pnp. IV.
' Sunl notuwlli slulti dogmalis, magis zelo
amariludinis quam dileclionis inflammali... A'e«
que enim Ucncdictus monachorum prœcejitor hu'
jnsmodi aliquo modo fuit inUrdiclor. Toui. V
Concil., pag. 1630.
[vu' SIÈCLE.]
CHAPITIIE LXXXVH. — CONCILES DE ROME, ETC.
911
par l'i'llo raison iiuliLciii''s du sacerdoce et in-
capables d'en l'aire les l'onclions; iju'ainsi ils
ne pouvaient administrer les sacrements du
liaptènKî et de la pénitence. Cette doeiriiie
l'ut condanniée connue folle, et il lui décidé
qiie les religieux élevés au sacerdoce par une
ordination légitime, pouvaient en exercer le
ministi'rc et user du pouvoir de lier et do
délier, ce que Boniface conliima tant par
l'exemple de saint Grégoire son prédécessem',
de saint Augustin apôtre des Anglais, et do
saint Martin, qui avaient, dit-il, porté l'habit
monastique, avant.d'ètre élevés à l'épiscopat,
que par la conduite de saint Benoit , maître
des religieux, qui n'a point interdit h ses dis-
ciples les fonctions sacerdotales. Mellit rem-
porta ce décret en Angleterre , où il pouvait
être nécessaire pom' les monastères qui y
étaient déjà établis. Car, outre celui que saint
Augustin avait bâti près de Cantorbéry, il eu
avait lui-même bàli un auprès de Londres,
nommé Westminster par rapport il sa situa-
tion, c'est-A-dire, monastère d'Ouest. Le pape
Boniface lui donna des lettres pour l'arclic-
vêque Laurent, pour le clergé, pour le roi
Etelbert et pour toute la nation des Anglais.
Il ne nous reste que celle qui est adressée au
roi ', à qui il dit qu'il avait accordé tout ce
qu'on lui avait demandé de sa part pour le
monastère de Cantorbéry, avec défense, sous
peine d'anatlième , à aucun de ses succes-
sem-s et à tout autre , de rien faire de con-
traire. Bède, en parlant de ce concile de
Rome ■-, dit que Boniface l'assembla pour y
faire un règlement au sujet de la vie et du
repos des moines. Ce témoignage ôte tout
doute sur la tenue de ce concile; mais je ne
sais s'il est suflisant pour autoriser le décret,
tel que nous l'avons. U n'est pas vraisembla-
ble que les papes ni les conciles se fussent
amusés à allégoriser siu' l'babit des moines.
Ce n'était pas même encore le temps où l'on
trouvait dans la figure des habits monasti-
ques les six ailes des chérubins : ces imagi-
nations ne sont venues que depuis,
conci!» de 9. Sous le pontificat du même pape, (lui
ne iinit qu en G14, il se tmt un concile à To-
lède le 23 octobre 610', où les évéques de
la province de Carthagène reconnurent celui
de Tolède pom- leur métropolitain, déclarant
qu'il l'avait toujours été. Ils rapportèrent en
preuve le second concile de Tolède , auquel
l'évêque Monlan avait préside! comme évtVpie
de cette ville, et promirent tant pour eux que
pour leurs successeurs , avec anallième h
ceux qui refuseraient de les imiter, d(! re-
comiaitre Tolède pour métropole de; la pro-
vince. Ce décret fut souscrit par quinze évo-
ques , dont Frotogènes de Siguenza dans la
Vieille Castille est le premier. Celui di; To-
lède n'y souscrivit point, parce qu'il ne; pou-
vait être juge en sa propre cause. Le roi
Gondemar confirma par son décret celui du
concile, en déclarant que laCarpetanie, dont
l'évêque de Tolède passait autrefois pour
métropolitain, n'était point une province
particulière , mais une partie de la Carthagi-
noise. Il souscrivit le premier à ce décret, et
après lui saint Isidore, évêquo de Sévilic;
Innocent, évêque deMérida; Eusèbe deTar-
ragone, et vingt-trois autres évéques. La rai-
son do cette constitution en favem- de l'évê-
que de Tolède est que cette ville était la ré-
sidence des rois goths ; mais Gondemar dit
que ce fut pour supprimer la pluralité des
métropolitains dans la province Carthagi-
noise, parce que, suivant les canons, il ne
doit y avoir qu'un métropolitain dans chaque
province , afin d'ûter l'occasion au schisme,
comme il n'y en avait qu'un dans les autres
provinces de son royaume, qui sont la Lusi-
tanie, la Bcetique et la Tarragonaise. Un an-
cien maimscrit met à la suite du décret de
ce concile trois requêtes des églises vacantes,
par lesquelles elles supplient les évoques as-
semblés de les remplir au plus tôt par de
dignes sujets.
10. Le successeur du roi Gondemar fut
Sisebut. On tint , la seconde ou la troisième
année de son règne, un concile à Egara, vifie
connue depuis si longtemps sous le nom de
Terassa, à quatre lieues de Barcelone *. On
a ignoré pendant longtemps la situation do
cette ville ; mais M. Baluze a démontré qu'elle
était au même endroit où est à présent Te-
rassa. Il cite sur cela d'anciens cartulaires
où il est parlé d'Egara, et do Terracia ou
Tei'assa , comme d'une même ville ; et une
lettre de Raimond, évêque de Barcelone en
1112, où il parle d'une église paroissiale de
Saint-Pierre bâtie dans la banlieue de Tar-
ratia, où était, dit-il, autrefois le siège épis-
copal d'Egara. Ce concile ne fit autre chose
que de confirmer le décret fait dans celui
Concile d'E*
faraou Teras-
sa eu GV.
' Tom. V Concil., pag. 1619.
• Beda, lib. II Hist., cap. iv.
3 Tom. V Concil, pag. 1620.
* Tom. V Concil., pag. 1645.
912
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
CoQcllfl do
Paris ca GIS.
d'Huesca en 598 touchant le célibat des prê-
tres ou des clercs infL'rieurs, c'est-à-dire des
diacres et des sous-diacres. Eusèbe , évèque
de ïanagoue, comuie motropolitain de la
pro^^nce où Egara était située , présida à ce
concile , aufjuel souscrivirent onze autres ,
évéqucs, Maxime, prêtre, et Fructuosus, dia-
cre, pour deux évoques.
ARTICLE II.
CONCILES DE PARIS [613], DE KENT [Gi7], DE SÉ-
VILLE [619], ET DE TIIÉODOSIOPOLIS [620].
Clotaire II , devenu le seul maître de tout
l'empire des Français par la mort de Tliierry,
de TliéodeLert, de Brunchaut, et de Sigobert,
qui avait succédé à Thierry sous la conduite
de Brunchaut sa bisaïeule', commença par
disposer des principales charges de son Etat ;
après quoi, voulant le régler dans toutes ses
parties , il assembla un concile à Paris , que
l'on compte pom- le cinquième tenu en cette
nUe-là , et pour le plus nombreux que l'on
eût vu jusqu'alors en France. Soixante-dix-
neuf évèqucs y assistèrent avec plusieurs
seigneurs et vassaux du prince. Ils s'assem-
blèrent le 18 octobre de la treute-el-unième
année de Clotaire, et la première du pontificat
deDeusdedit, ainsi en 613, puisque Deusde-
dit fut élu pape le 13 novembre de l'an OU.
On ne sait point les noms de ces évèqucs, ni
qui présida à cette assemblée, parce que les
souscriptions sont perdues. Ils firent quinze
canons , dont le premier prescrit l'exécution
des anciens canons , et ordonne en consé-
quence qu'à la mort d'un évoque on mettra
à sa place celui que le métropolitain et ses
cnmprovinciaux auront choisi avec le clergé
et le peuple de la ville , sans que ni l'argent,
ni la \-ue de quelque intérêt temporel y aient
aucmie part ; et que , si l'élecliou se fait au-
trement, l'ordination sera censée nulle , sui-
vant les décrets des Pères. Il est dit dans le
second, qu'aucun évèque n'élira son succes-
seur, et que personne ne s'ingérera de suc-
céder à un évèque de son vivant , si ce n'est
qu'une maladie incurable mette celui-ci hors
d'état de gouverner son église , ou qu'il ait
été déposé pour crime. Le troisième défend
aux clercs , quelque rang qu'ils tiennent , de
se prévaloir contre leur évèque de l'autorité
des grands et même du prince ; le quatrième,
ti tout juge séculier do punir ou do condam-
' Tom. V Concil., pag. tC49.
ner un clerc sans le consentement de son
évèque ; le cinquième , de contraindre les
aQranchis de l'Eglise à servir le public. Il est
ordonné par le sixième, que les biens donnés
pour l'entretien et la réparation des églises
seront administrés par les évèques , les prê-
tres et les autres clercs qui desservent ces
églises, selon l'inteulion des donateurs; et
que quiconque s'en attribuera quelque par-
tie, sera séparé de l'Eglise jusqu'à ce qu'il
ait restitué. Le concile ajouta, par un sep-
tième canon , qu'après la mort d'un évèque,
d'un prêtre ou d'un autie clerc , il ne sera
permis à personne de toucher aux biens de
l'église ou à leurs biens propres, ni par ordi'e
du prince, ni par autorité du juge; mais
qu'ils seront conservés par l'archidiaci'e et
le clergé , jusqu'à ce que l'on connaisse la
disposition qui en aurait été faite par le dé-
funt. Le huitième défend pareillement à l'é-
vêque et à l'archidiacre, après la mort d'un
abbé, d'un prêtre, ou d'un autre titulaire,
d'enlever ce qu'ils ont laissé à leur église,
sous prétexte d'augmenter le bien du diocèse
ou celui de l'évêque. En conséquence, le
dixième ordonne que toutes les donations
faites à l'Eglise par les évèqucs et les clercs
auront leur cflel, quand même les formalités
voulues par les lois n'y seraient point oliser-
vées. Le neuvième porte que les évèqucs
n'usurperont point les uns sur les autres en
quoi que ce soit , et encore moins les sécu-
liers sur les clercs, sous prétexte d'une nou-
velle division de royaume ou de province.
Le onzième oblige deux évoques qui ont
quelque dillereud de s'adresser au métropo-
litain, sous peine pour celui qui s'adressera
au juge laïque d'être privé de la communion
du métropolitain. Le douzième regarde les
moines et les religieuses qui ont fpiitté le
monastère où ils avaient fixé leur demeure.
Il est dit que, s'ils ne retournent, après en
avoir été avertis, ils seront séparés de la
commmiion jusqu'à l'article de la mort; mais
que, s'ils y rentrent, on pourra, après une
humble satisfaction, leur accorder l'eucha-
ristie. Le treizième excommunie les vierges
et les veuves qui, après avoir pris l'habit
religieux pour vivre éloignées du monde
dans leurs propre maison , le quittent et se
marient. Le quatorzième défend, sous peine
d'excommunication, les mariages incestueux,
c'est-à-dire , avec la veuve de son frère , la
so'ur de sa femme, les filles des deux sœurp,
la veuve de son oncle, tant du côté paternel
CHAPITRE LXXXVII. — TONCILE DE PARIS.
(VII' SlèCLE.l
que maternel, et avec une fiUc qui a pris
riiahit (le religion. Par le quinzième il est
défciulu aux juifs d'exercer aucune cliarpe
ni foncliou piihliquo sur les chri'ticns, s'ils
ne voulenl recevoir la grùce du baptême des
évoques des lieux avec toute leur famille. On
regardait donc la di'marche que faisait un
juif en demandant une charge comme un
signe de conversion.
'duroi 2. LeroiClot;iiredonna,lejonrmèmcdela
tenue du concile, un édit pour l'exécution de
ces canons ', mais avec quelque modification.
11 ajoula au premier, qui regarde l'élection de
l'évêqne parle clergé et par le peuple, qu'a-
vant d'ordonner l'évèque élu, il faudra un or-
dre du prince. Dans le troisième, qui défend
aux clercs de se prévaloir contre leur évèque
de l'autorité des grands et même du prince, il
inséra que, si un clerc a recours au roi pour
quelque cause que ce soit et, que le roi le
renvoie à l'évèque avec une lettre de sa part,
l'évèque le recevra et lui pardonnera. Par
le même édit, Clotaire abolit tous les nou-
veaux impôts , déclarant que sa volonté
était qu'on s'en lintà ce qui s'observait sous
les rois Contran, Cliilpéric et Sigebert.
ADirocoo- 3. L'édit de Clotaire II, et les canons du
eilo tJo PiTlâ
«B l'on 615 concile de Paris, furent confirmés dans un
ou6ir. '
antre concile qui se tint en France quelque
temps après ' ; mais on n'en connaît ni le
lieu ni l'année. Les canons que l'on y fit, se
trouvent à la suite de ceux du concile de Paris
dans un ancien manuscrit de Reims , qui ne
les représente pas tous. Ils étaient au nom-
bre de quinze, et il n'en donne qu'onze : ce
qui fait quatre de moins; encore le dernier
est-il imparfait. Après y avoir ordonné l'exé-
cution des canons du concile de Paris rela-
tivement à l'édit de Clotaire, les évoques dé-
Cbd. I. clarent qu'il ne sera poiut permis de consa-
crer des autels dans les lieux où il y aura
2. des coi'ps enterrés ; — que les moines vi-
vront selon leur règle, en commun, sous
l'obéissance d'un supérieur, sans avoir rien
j. en propre ; — qu'on ne pourra baptiser dans
les monastères, ni célébrer des messes pour
les séculiers défunts, ni les y enterrer sans
5. la permission de l'évèque ; — que les clercs
n'auront aucune femme dans leur maison, à
l'exception de leur tante, de leur mère et de
♦ Tom. V Concil., pag. 1663.— ' Ibid., pag. 1663.
» Tom. V Concil., yag. 1662. -
* Camque vidèrent poniilicem celebratis in ec-
clesia missarum solenunis euclutristiam populo
XI.
yj3
leur sœur; — que ceux qui se retireront *-'"•••
dans les églises comme; en des lieux d'asile,
ne pourront en être enlevés de force, ni en-
cliainés ; — (pie les abb('s et les artbiprô- »■
1res ne seront point privés de leurs fonctions,
à moins cjn'ils ne soient coupables de ciuel-
que crime qui mérite châtiment ; — ni éle- "■
vés <"i ces dignités dans la vue de (pielque
récompense ; — qu'il ne sera permis en au- '^'
cun cas aux prêtres ni aux diacres de se ma-
rier, sous peine aux contrevenants d'être
cliassés de l'église; — que, lorsqu'un évê- "•
que aura excommunié quelqu'un, il le fera
savoir dans les villes et dans les églises voi-
sines, afin que l'excommunié soit connu, et
que personne ne le rec^oive. La peine de ceux
qui communicfuent avec un excommunié
connu, est d'être chassé de l'église et privé
de la communion pendant deux ans. — Il "•
fut ordonné dans le même concile (jue les
personnes libres qui se seront vendues ou
engagées par nécessité, rentreront dans leur
premier état en rendant le prix qu'elles ont
reçu.
4. Le roi Éthelberl étant mort en 616, son K,„'iTn''6r!
fils Edbald lui succéda '. Mais il était encore
païen, et si déréglé dans ses mœurs, cpi'il
entretenait la femme de son père. Un si per-
nicieux exemple fut une occasion d'apostasie
à ceux qui ne s'étaient faits chrétiens (jue
par complaisance pour Éthelbert ou par
crainte. Ils retournèrent à l'idolâtrie et à la
débauche. Ce ne fut pas la seide secousse
dont la nouvelle Église d'Angleterre fut agi-
tée. Sabareth, ou Saba, roi des Saxons orien-
taux, mourut vers le même temps, laissant
trois fils, dont aucun n'avait embrassé la re-
ligion chrétienne, (juoiqu'ils vissent leur père
en faire profession. Ils commencèrent par
rétablir le culte public des idoles interrompu
sous le règne de Saba, et donnèrent pleine
liberté à leurs sujets de les adorer. Voyant
un jom' Mollit, évécpie de Londres, distri-
buer l'Eucharistie au peuple dans l'église à
la fin de la messe, ils lui dirent : (( Pourquoi
ne nous donnez-vous pas aussi le pain blanc *,
tjue vous donniez à notre père Saba, et que
vous continuez encore de donner au peu-
ple? » 11 leur répondit : « Si vous voulez être
lavés dans cette fontaine où votre père l'a
dare, dicebant : Quare non et nobis porrigis pa-
ne m nilidum quem et palri nosiro dabas, et po-
pulo (idhuc in ecclesia dare non desistis? Tom. V
Concil., pag. 1662.
58
914
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
été, vous pourrez participer comme lui à ce
pain sacré ; autrement il est impossible. »
(I Nous ne voulons point, dirent-ils, entrer
dans cette fontaine, nous n'en n'avons que
faire, mais nous voulons manprcr de ce pain. »
Quoi que l'évèque leur pût dire pour leur
faire enteudre qu'il fallait ctre puriQé avant
de participer au Saint-SacriDce, ils entrèrent
en fureur, et lui dirent enfin : « Si vous ne
voulez pas nous contenter dans une chose si
facile, vous ne demeurerez plus dans notre
province ; » et ils lui ordonnèrent de sortir
de leur rojaume, lui et les siens'. On voit
ici que le secret des mystères ne s'observait
plus alors, et l'on voit aussi l'inconvénient
d'avoir négligé oette discipline. L'évoque
Mellit ainsi chassé passa dans le royaume
de Kent pour délibérer avec les évoques Lau-
rent et Just sur ce qu'il avait à faire. Ils con-
clurent tous trois qu'il valait mieux retourner
en leur pays, pour y servir Dieu en liberté,
que de demeurer inutilement chez les bar-
bares révoltés contre la foi. Mellit et Just
partirent les premiers et se retirèrent en
Gaule pour y attendre l'événement. Les rois
qui avaient chassé Mellit furent tués dans un
combat contre les Génissiens, et leurs peuples
continuèrent à vivre dans l'idolâtrie. Laurent
se préparait aussi à quitter la Grande-Breta-
gne ; mais il en fut détourné dans une vision.
Il convertit le roi Edbald, qui renonça ù son
mariage incestueux, reçut le baptême et pro-
cura de tout son pouvoir l'avantage de l'É-
glise. Ce prince rappela aussi Mellit et Just,
et les renvoya à leurs églises pour les ré-
tablir en toute liberté. Mellit, trouvant les ha-
bitants de Londres obstinés dans le culte des
idoles, passa après la mort de Laurent à l'é-
vèché de Cantorbéry, dont il fut le troisième
évoque.
Concile do 3. En Espagne, sous le roi Sisebut et le
pontificat de BonifaceV, le 13 novembre 619,
saiut Isidore de Séville, Bisinus, Rufin , Ful-
gencc, et quelques autres évoques qui étaient
venus en cette ville pour les affaires de leurs
églises ', s'assemblèrent dans la salle secrète
de l'église nommée Jérusalem. Le clergé de
Séville y était présent avec deux séculiers
qui portaient le titre d'Illustres, Pisille, gou-
verneur de la province Bétique, d'où étaient
tous ces évèques, et Suanila intendant du
fisc. Les décrets de ce concile sont divisés
en treize actions ou chapitres, selon les ma-
tières différentes qui y furent traitées ; mais
on ne tint en tout que trois séances. Théo-
dulfe, évcque de Malaga, donna sa requête
en plainte de ce que, son diocèse ayant été
ravagé pendant la guerre, trois évèques voi-
sins en avaient pris occasion d'empiéter sur
son territoire. Le concile ordonna que l'on
rendrait à chaque église ce qu'elle avait pos-
sédé avant les hostilités, sans que l'on put
alléguer de prescription, puisque la guerre
avait empêché d'agir. « On ne peut, disent
les évèques ' , objecter la prescription du
temps, où les hostilités ont occasionné la
possession. » Ils déclarèrent que, hors ce cas,
la prescription de trente ans aurait lieu, sui-
vant les édits des princes et les décrets des
papes ' ; et ce fut sur ce principe qu'ils déci-
dèrent le différend qui était entre Fulgence
d'Astigite et Honorius de Cordone touchant
les limites de leurs diocèses. On donna des
commissaires pour faire la visite des lieux
contestés, et pour examiner ensuite la pos-
session, en déclarant que , si elle était de
trente ans, la prescription aurait lieu en fa-
veur du possesseur. — 11 fut ordonné ensuite A:t. a.
qu'un clerc nommé Ispassand, qui avait quit-
té l'église d'Italica pour passer à celle de
Cordoue, serait renvoyé à son premier évo-
que ; à cette occasion on renouvela les an-
ciens canons qui défendent aux clercs de
quitter leurs églises pour passer à d'autres.
— L'évêque d'Astigite avait élevé au diaco- *•
nat des hommes mariés ù des veuves. Ces
ordinations furent déclarées nulles comme
contraires au droit divin et ecclésiastique,
et défense fut faite d'en faire de semblables
à l'avenir. — Il était arrivé qu'un évéqne s.
ayant mal aux yeux avait ordonné un prêtre
et deux diacres, en leur imposant seulement
les mains, et faisant prononcer par un prê-
tre la formule de l'ordination. Le concile dé-
clara ces ordinations nulles, ajoutant que
ce prêtre mériterait punition pour sa har-
diesse, s'il était encore en vie. Quoiqu'un
évcque puisse ordonner seul un prêtre ou
un cliaci'e ', il ne peut le déposer que dans
un coucile. Les anciens canons l'avaient ré-
' Fleury, lib. XXXVII, lom. VIH, pag. 287.
» Tom. V Concil, p.iR. IG63.
' A'ore eril objicienda pr(e$criptio ttmporis, ubi
nécessitas inieresl hosUUlalis. Act. 1.
* Tricenlalis oliJecUo sUenlium ponit: hocenivi
et srcularium principum edicta prœcipiunl et
prifsulum romannrum decrevU autoritas. Act. 2.
" l^piscopus sacerdotibus ac ministris solus
honorem darc polcst, auferre solus non polest.
Act. G.
[vil' SIÈCLE.]
CHAPITRE LXXXVU. — CONCILE DE SÉVILLE.
915
glë ainsi, pour empêcher qu'un prôlre ou
un diacre ne filt en de certaines occasions
la viilinio de la li;iine ou do l'envie de son
évèquc, comino il était arrivé nouvcUcniciit
à Cordûuc, dont IVvôtiuo avait déposé in-
justement un prêtre de cette église.
7. Ce n'était pas la seule fois que l'évêque
de Cordouc avait agi contre les règles de
l'Eglise. Comme il ne les savait pas, étant
monté tout d'nn coup ù l'épiscopat, il avait
permis i\ des prêtres d'ériger des autels et de
consacrer des églises en l'absence de l'évê-
que '. Pour prévenir de semblables abus, le
concile déclare que les prêtres ne peuvent
consacrer des autels ou des églises, ni or-
donner des prêtres ou des diacres, consacrer
des vierges, imposer les mains aux fidèles
baptisés ou convertis de l'hérésie, et leur
donner le Saint-Es^irit, faire le saint chrême,
ou en marquer les baptisés sur le front ; ré-
concilier publiquement un pénitent à la messe,
donner des lettres formées ou ecclésiasti-
ques, toutes ces fonctions étant réservées
aux évêques par l'autorité des canons, et dé-
fendues aux prêtres; qu'en efl'et, bien qu'ils
aient plusieurs choses communes avec les
évêques, celles-là leur sont interdites, parce
qu'ils n'ont pas la souveraineté [le suprême
degré] du sacerdoce, qui n'appartient qu'aux
évêques d'après les canons, aliu que par là soit
conservée la distinction des grades du minis-
tère ecclésiastique et l'éminence de l'épisco-
pat. Il ne leur est pas même permis d'entrer
dans le baptistère, ni de baptiser en présence
de l'évêque, ni de faire un catéchumène, ni
de réconcilier des pénitents, ni de consacrer
l'Eucharistie, d'instruire le peuple, de le bénir
et de le saluer en présence de l'évêque ; mais
l'évêque peut leur permettre quelques-unes
de ces fonctions, comme de réconcilier les
pénitents. Il fut ordonné qu'un nommé Ehs-
sée, qui, après avoir été mis en liberté par
son évéque, était devenu désobéissant, se-
rait remis dans l'esclavage ù cause de son in-
gratitude; que chaque évoque se choisirait
un (économe du corps du clcrgt'-, suivant le
concile de Chalcédoine ; qu'il ne pourrait em-
ployer des laïques à cette fonction, ni ad-
ministrer les biens de l'église sans la parti-
cipation de cet économe. On confirma les
monastères établis dans la Bétique, avec dé-
fense aux évêques d'en supprimer aucun, ou
de s'emparer de leurs biens. L'administra-
tion des biens des monastères de filles fut
accordée aux moines, à la charge que leurs
demeures seraient éloignées; que les moines
ne vicndraientpasmêmeau vestibule des reli-
gieuses, excepté l'abbé ou le supérieur ; qu'il
ne pouna parler qu'à la supérieure et en
présence de deux ou trois sœurs, et que les
visites seront rares et courtes. Le concile
ajoute que le moine destiné à avoir soin des
terres, des maisons, des bâtiments et de tous
les besoins du monastère des filles , sera
très-éprouvé au jugement de l'évêque, en
sorte qu'elles n'aient soin que de leurs âmes
et ne s'occupent que du service de Dieu et
de leurs ouvrages, entre lesquels il met les
habits des moines qui les servent.
S. Dans une des séances, il se présenta au
concile un évéque syrien de la secte des acé-
phales qui niait la distinction des natures en
Jésus-Christ, et soutenait que la divinité était
passible en lui. Il allégua plusieurs passages
pour défendre son sentiment, et résista long-
temps aux salutaires instructions des évê-
ques; mais enfin il se rendit et confessa qu'il
y a en Jésus-Christ deux natures unies en
une seule personne. La résistance qu'il té-
moigna d'abord les obligea de prouver cette
vérité fort au long et de réfuter l'hérésie des
acéphales par des témoignages de l'Écriture
et des Pères, entre autres de saint Hilaire,
dans sonCommentaire surrÉpitreàTimothée
(cet écrit n'est pas venu jusqu'à nous), de
saint Ambroise , de saint Grégoire de Na-
Cone. Cal*
cbcdoo. Cno.
20.
' Nam quamvis cum episcopis plurima illis mys-
leriorum communis sit dispensatio, quœdam no-
vellis et ecclesiasiicis regulis sibi proliibita nove-
rint, sicut presbyteroruin, et diaconorum acvir-
ginum consecratio- sicul, conslilutio altaris ,
benedictio vel unclio : siquidem nec licere eis
ecclesiam vel altaria consecrare, nec per impo-
sitionemmanus fidelibus baptizatis vel conversis
ex liœresi Paracletum Spiritum tradere, nec
Chrisma con/icere, chrismale baptizatorum fron-
tes signare, sed nec publiée quidem in missa
quemdam pœnitenlium reconciliare, nec forma-
tas cuilibet epistolas mitttre. Haie enim om-
nia illicita esse presbyteris, quia ponti/icatus
apicem non habent, quem soliè deberi episco-
pis auloriiale canonum prœcipitur : «i per hoc
et discrelio graduiim et dignitatis fastigium
summi ponlificis demonstretur. Sed ncque coram
episcopo licere presbyteris in baptisterium in-
Iroire, nec prœsente antistite infantem tingere
aul signare, nec pœnitentes sine prœcepto episco-
pi sui reconciliare, nec eo prœsente sacramentum
corporis et sangtiinis Chrisli con/icere, nec eo eo-
ram posito populum docere vel benedicere aut
salutare, nec plebem iitique exhortari. Conc. Bis-
pal., Act. 7.
916
HISTOIRE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
zianze, de saint Basile, de saint Augustin,
du pape saint Léon et de saint Fulirence.
cooeîi. de 9. Dès le commencement du \i° siècle, les
Cbanifl Ter*
'*>• acéphales avaient infecté de leurs eneui-s
imc partie de l'Arménie, et ce fut dans ce
dessein qu'ils tinrent une assemblée à Thé-
vin '. Jéser Nccainus qui en était patriarche,
et très attaché ii la foi catholique, voulant la
rétablir dans les églises de sa dépendance,
pria l'empereur Héraclius, qui passait pour
aller faire la guerre à Chosroës, roi de Perse,
de lui faciliter l'exécution de son dessein en
lui permettant d'assembler un concile. Ce
prince le permit. Les évèques s'assemblèrent
dans la ville dfe Charne, auparavant Thëo-
dosiopolis, dans la Grande-Arménie, et avec
eux plusieurs grands seigneurs. Il y vint
aussi quelques Grecs et quelques Syriens
par ordre d'Héraclius. Le concile dura pen-
dant un mois entier. On y agita diverses
questions qui avaient rapport aux erreurs
du temps; après plusieurs délibérations, on
convint unanimement de casser ce qui avait
été fait par les acéphales dans leur assem-
blée de Thévin, de recevoir tous les décrets
du concile de Chalcédoine, d'oter du trisa-
gion ces paroles que Pierre le Foulon avait
ajoutées : « Vous qui avez clé crucifié pour
nous; » de ne plus célébrer, en un même
jour, les fêtes de la naissance de Jésus-Christ
et de son baptême, mais séparément comme
auparavant. De cette manière la paix fut ré-
tablie entre les Grecs et les Arméniens. On
tint ce concile vers l'an 622.
' Galanus, Conciliatio Ecclesiœ Xrmen., part, i, pag. 185.
SUPPLÉMENT
CARACTÈRE DE LA DISCUSSION DES TRUIS-CHAPITRES
APPRECIATION DE L ABBE BLANC.
« U n'était question à Constantinople d'au-
cun point de foi à décider, » fait observer
l'abbé Blanc ', «mais seulement de prononcer
sur des écrits erronés , que leurs auteurs
avaient rétractés eux-mêmes, au moins im-
plicilcmcnt par une profession de foi catho-
lique. Convenait-il de les condamner formel-
lement? Non, en certaines circonstances,
telles que celles où se trouvaient les Pères
de Chalcédoine; oui, en d'autres temps.
Toute la question pour Vigile revient donc à
demander si les circonstances où il se trou-
vait réclamaient de lui cette condamnation.
Or il est évident que la réponse est également
oui et non; oui, pour ménager les Orientaux
et éviter le schisme ; non, pour ménager les
Occidentaux et éviter le schisme encore. On
comprend maintenant comment l'homme qui
tenait en quelque sorte la paix du monde
catholique, et se trouvait placé dans une si
cruelle alternative, a varié dans ses détermi-
nations au milieu de mille incidents qui de-
vaient les influencer. »
APPRÉCIATION DE L'ABBÉ RECEVEUR.
L'abbé Receveur^ dit à son tour : « On a
souvent reproché au pape Vigile ses varia-
tions dans l'afTaire des Trois-Chapitres; mais,
si l'on se reporte aux circonstances où il s'est
trouvé, on reconnaîtra sans peine que toutes
les critiques faites à ce sujet n'ont aucun
fondement. 11 est certain que les Trois-Cha-
pitres étaient réellement condamnables, et
le pape Vigile n'a jamais soutenu ni encore
moins défini le contraire. Mais ce qu'ils con-
tenaient de répréhensible oflrait-il assez de
danger pour qu'il fût nécessaire ou expé-
dient de prononcer contre ces écrits une
condamnation dont s'était abstenu le concile
de Chalcédoine, et de flétrir ainsi la mémoire
de leurs auteurs, morts dans la communion
de l'Église ? C'était une question d'opportu-
nité qui pouvait recevoir des solutions difle-
rentes selon les circonstances. Vigile appelé
à Constantinople par Justinien, et forcé de
partir malgré lui par Bélisaire, ne vit d'a-
bord dans l'airaire des Trois-Chapitres qu'une
intrigue insidieuseimagince par les acéphales
contre le concile de Chalcédoine, et une cou-
pable entreprise sur les droits de l'Église par
l'autorité temporelle, qui osait décider souve-
rainement les questions graves et délicates sur
lesquelles ni le concile ni le Saint-Siège n'a-
vaient rien prononcé. On conçoit donc que
ce motif, assurément bien fondé, dut l'enga-
ger à séparer de sa communion les évèques
' Cours d'Histoire ecclésiastique, partie 2. Pré-
cis historiques, tom. II, pag. 287.
2 Hist. de l'Église, tom. 111, pag. 361.
918
HISTOraE GÉNÉRALE DES AUTEURS ECCLÉSIASTIQUES.
qui avaient eu la faiblesse de souscrire à l'é-
dit de l'Empereiu'. Mais, bientôt après, voyant
l'opiniâtre entêtement de Justinien, l'obsé-
quieuse servilité de quelques évèques , et
les troubles dont l'Église d'Orient était agi-
tée, il crut pouvoir remédier au mal en con-
damnant lui-même les Trois-Chapitres, avec
défense de remuer davantage cette question,
et sous la réserve expresse de l'autorité in-
violable du concile de Chalcédoine , afin
d'ôter ainsi aux acéphales tout moyen d'a-
buser de cette condamnation. Toutefois son
jugement plein de sagesse n'eut pas l'elTet
qu'il en espérait. Justinien et les acéphales
voulaient une condamnation pure et simple,
sans aucune mentron du concile de Chalcé-
doine. Le Pape s'y refusa avec une constante
fermeté qui déjoua tous les projets des sec-
taires, et les Orientaux prirent le parti de
reconnaître solennellement l'autorité de ce
concile avant de rien prononcer sur les Trois-
Chapitres. D'un autre côté la décision du
Pape souleva en Occident de vives réclama-
tions. Il jugea donc expédient de la retirer,
et de faire convoquer un concile où la ques-
tion serait examinée par un certain nombre
d'évêques de toutes les provinces, et terminé
par un jugement commun qui établirait la
paix et l'union entre les Églises. Il persista
constamment dans cette détermination, et
ce fut la source des persécutions exercées
contre lui. Quand ensuite les Orientaux, pres-
sés par Justinien, résolurent de tenir un con-
cile en l'absence des évêques d'Occident,
le Pape refusa d'y assister; et, craignant
qu'une décision trop absolue, telle que la
voulait Justinien, ne servît qu'à perpétuer
les divisions, il voulut la prévenir par une
constitution rédigée avec tant de ménage-
ments, qu'elle devait tout à la fois calmer
les inquiétudes des Occidentaux relativement
au concile de Chalcédoine, et satisfaire les
ennemis des Trois-Chapitres. Enfin , quand
il vit que la décision du concile de Constan-
tinople était reçue de tout l'Orient, et que
l'opiniâtreté de Justinien ne permettait plus
d'en espérer la révocation, il ne lui resta
plus d'autre parti à prendre, pour consener
la paix à l'Eglise et prévenir un schisme
déplorable, que de confirmer par son auto-
rité la décision orthodoxe du concile, pour la
faire recevoir par les Églises de l'Occident.»
' Annales de Philosophie, lom. XLVI, art. i.\.
' Gilboo, Décline and fait, 47.
APPRECIATION DE M. EDOUARD DCMON.
M. Edouard Dumont ' (2429) rappelle que
« Marca, dans sa longue et minutieuse dis-
sertation de Décréta Vigilii /'a;xr, a très-bien
prouvé que ce qu'on appelle faiblesse et in-
constance dans ce Pape, n'a été que pru-
dence. De plus, celte prudence a été si fer-
me et si charitable tout ensemble, qu'un tel
homme n'a pas pu commencer par le sacri-
lège d'une lâche et homicide simonie. » On
serait en droit au moins d'en douter sur co
seul indice ; et l'on peut affirmer que les
débats du cinquième concile sont le dernier
fait qui complète l'apologie de Vigile... Tout
est dit sur ce Pape, non sur le cinquième
concile. Lorsque Théodose Ascides pro-
posa de condamner les Trois-Chapitres, la
première question qui s'éleva fut de savoir
s'il était permis d'anathématiserles morts...
La réser\-e du concile de Chalcédoine avec
Théodore de Mopsueste, était pour les ca-
tholiques d'Occident un motif d'absten-
tion. « Gibbon ', reprend M. Edouard Du-
mont ', s'est superbement emparé du sen-
timent des Églises latines, qui, « si elles
(i eussent combattu sous l'étendard de Rome,
« auraient peut-être fait triompher la cause
« de la raison et de l'humanité; mais leur
« chef était captif.... Le trône de saint Pierre,
a déshonoré par la simonie, fut trahi par la
« lâcheté de Vigile, qui, après une lutte lon-
« gue et inconséquente, se soumit au despo-
« tisme de Justinien et aux sophismes des
« Grecs. Son apostasie excita l'indignation
« des Latins...» Il faut avouer qu'un histo-
rien serait fort embarrassé, et qu'il devien-
drait impossible aux honnêtes gens d'écrire
sur les temps passés, si l'opinion des Latins
et le scrupule des Pères de Chalcédoine de-
vaient faire loi. (Vest pourquoi la Providence
a permis que l'opinion des Grecs et du cin-
quième concile prévalut; et, parce que cette
opinion est exacte. Dieu s'est servi encore
ici merveilleusement de la mauvaise inten-
tion des hommes pour proclamer le vrai, à
leur insu et malgré eux. Car, de ce que le
cinquième concile a eu raison, l'on aurait
grand tort de conclure que les évêques orien-
taux sont arrivés de dessein prémédité à ce
but. Il n'est pas douteux que les moteurs de
' Ann. de Philos., tom. XLVH, pog. 52. Art. x.
[vil" SIÈCLE.] SUPPLÉMENT.
cette question voulussonl cliîtruirc par ce
moyen les dtScrels de r.lialcédoino et relever
l'iiérésie crEiitycIi(''s. On s'est plu ;ï montrer
que le Pape s'est d'abord tromp(5, et qu'il a
C(5dë bon gié mal gvé, an concile. Outre que
le fait est faux, connue on l'a vu, et qu'il n'a
ccVlé qu';"! sa propre réilexion, ;\ la droiture
d'un esprit non opiniâtre, on aurait du re-
marquer plus judicieusement : 1° que Vigile
a dominé les Orientaux et le concile en deux
points essentiels : en ce qu'il n'a pas souf-
fert qu'on s'écart'it du concile deClialcëdoine,
dont le cinquième concile a commencé par
reconnaître l'orthodoxie inébranlable ; et en
919
ce que Théodore de Mopsucste seul a été
condamné, non la personne do Théodoret ni
celle d'ibas. Le Pape est donc resté le maî-
tre, on plutôt par lui, le dogme et la tradi-
tion. 2° Non-seulement le concile n'a valu
que par la conformité du décret pontifical,
si'parémonl promulgué, mais encore pour
avoir tenté de mépriser son opposition et
voulu traiter d'égal avec le Pape, le concile
s'est vu rejeté et méprisé pendant très-long-
temps; il a fallu toute l'autorité du Saint-
Siège pour le faire recevoir en Occident, et
jamais on ne lui a rendu le même respect
qu'aux quatre conciles précédents. »
AUTRE SUPPLÉMENT
Jean le Scholastiqne.
Jean le Scbolastique ou l'avocat plus versé
par sa profession dans l'élude des lois civiles
que dans ceLe des canons de l'Église, passa
du barreau dans le clergé d'Antioche, peut-
être sans abandonner entièrement sa place
dans le collège alors florissant des juriscon-
sultes de cette ville. Il est certain que simple
prêtre il entreprit ' de rédiger l'un des plus
anciens codes ecclésiastiques connus , et
classa dans un ordre métbodicpie et philoso-
phique cinq à six cents canons déjà mis en
circidation, émanés des conciles et des grands
sièges épiscopaux. Sa collection des Cinçwan^e
Titres serait le point de départ de tous les
systèmes de canons, si lui-même, dans sa
préface, ne mentionnait un recueil antérieur
de soixante titres. L'école de droit d'Antio-
che fat supprimée en 533 par la fameuse
constitution de Justinien ad antecessores , qui
réserva cette étude aux capitales de l'empire,
et flt refluer les maîtres et élèves des écoles
d'Orient à Constantinople*. Jean d'Antioche
fut d'ailleurs nommé apocrisiaire ou procu-
reur des affaires de son église, pendantes
en cour impériale; il était donc naturelle-
ment appelé à fixer l'attention de Justinien,
' Le titre est foruiel dans la plupart des manus-
crits.
' Voir Mortrcuil, tom. I, pag. 109 et ItO.
» Manuscrit Coislin, 209. Il n'existe à notre con-
naissance que deux manuscrits de cette seconde ri!-
censiou : l'un cslle n<'8i3 du Vatican et l'autre le
n"48:idu supplément grec, à la Bibliothèque Impé-
riale,celui-ci récemment apporté de la Grèce par Mi-
maïde Miuas. Nous avons cru devoir rendre compte
qui le substitua, non sans violence, an saint
patriarche Eut jxhius , peu docile à seconder
les fantaisies théologiqnes de l'auteur du
Digeste. On n'a pas remarqué, que nous sa-
chions , une seconde rédaction de la collec-
tion des Cinquante Titres, que Jean a dû exé-
cuter après sa promotion au siège patriarcal.
Plus correcte , plus méthodique , plus con-
forme à la série chronologique des canons,
elle n'est plus signée seulement , comme la
première, du nom d'un simple prêtre ex-avo-
cat («oàTiè (TxoXairtxùv) , mais de Jean , évêque
de Constantinople, mis en place d'Eutychius,
comme porte un manuscrit '. Il exécuta sur
les lois civiles mi travail analogue , récem-
ment édité pour la première fois par Hcim-
bach : c'est la collection des Quatre-vingts
Titres, compilés sur le Digeste, les Insti tûtes
et les Novelles de Justinien, peu après la mort
de ce prince, auquel il sut assez résister pour
être honoré par lui de l'exil, «es doux col-
lections, dans leur objet et leur but, sont
très-distinctes , et en somme inoll'ensives,
quoiqu'elles soient, par leur juxta-position
même , un acliominement ii la confusion (pii
tentera d'identifier les deux législations'.
de ce travail dans le 1V« volume du Spicilége et
en détacher une pièce importante à peu près nou-
velle, qu'il faudra joindre aux fragments du con-
cile de Nicée que nous avons pul)li('s en notre
premier volume. Vid. Asseman. Bibliolh. Orient.,
tom. III, pag. 367. Le manuscrit du Vatican est
très mutilé.
* Des canons et des collections canoniques de
l'Église grecque, par le P. Uoui Pitra, Paris,- 858.
FIN DU TOME ONZIÈME.
TABLE mimm
DES
MATIÈRES CONTENUES DANS CE ONZIÈME VOLUME.
ABBÉ, qualités et fonctions de l'abbé, et des
autres supiîrieiirs, p. 1(32 et suiv. Un abbé ne peut
gouverner deux monastères, ni en établir un
nouveau à l'insu de l'évi^que, p. 815. Les abbés
qui méprisent les ordres des évêques sont exclus
entièrement de. la communion, p. 849. Il est dé-
fendu aux abbés de s'absenter pour longtemps
sans la permission de l'évêque diocésain, p. 882.
L'abbé doit être choisi par le consentement libre
et unanime de toute la communauté, et tiré de
son corps, p. 512 et 797. C'était l'évêque qui l'or-
donnait, ou le bénissait pendant la célébration des
mystères, p. 797, 798. Il lui mettait en main le
bâton pastoral, ibid. Quel doit être l'abbé suivant
saint Isidore de Séville, p. 723. Saint Grégoire dé-
fend de choisir pour abbé un clerc attaché à quel-
que église particulière, p. 490. .4bbé faitévêque :
tous les biens qu'il a acquis pendant qu'il était
évoque appartiennent de droit au monastère,
p. 518. L'abbé ne peut donner à un autre le gou-
vernement de son monastère, ni se choisir un
successeur, p. 798.
ABDESSES. Instructions que saint Césaire d'Ar-
les donne à une abbesse, p. 152 et 153. Autres
Instructions qu'elle adresse à sa sœur Césarie,
p. 153. 15.t. Témoignage de saint Grégoire deTours
sur les abbesses, p.395. Saint Grégoire le Grand
défend d'élire des abbesses au-dessous de 60 ans,
p. 496 et 575. Elles étaient bénites par les évê-
ques, p.395. Abbesses qui ne portaient pas l'habii
religieux, p. 513. Elles ne pouvaient pas disposer
de leurs biens, si ce n'est en faveur de leur mo-
nastère , ibid. Lorsque dans un monastère il n'y
avait point de flllo capable d'être abbesse, saint
Grégoire en envoyait d'ailleurs à la demande de
l'évêque diocésain, p. 520. Les abbesses héritaient
de leurs parents suivant le droit, mais la règle
de saint Benoît le défendait, p. 529.
ABBON, évêque de Metz : saint Didier de Ca-
hors lui écrit, p. 733.
ABELLEN, évêque de Genève, p. 618.
AB0ND.4.NTIA, mère de saint Benoît, p. 156.
ABRAHAM (saint), abbé de Ciragues. Saint Gré-
goire do Tours écrit sa vie, p. 380.
ABRAMIUS, roi des Ilomérites, p. a79.
ACAIRE (saint), évoque de Noyon ; sa mort,
p. 754.
ACÉJIÈTES, moines condamnés par le pape
Jean II comme coupables de nestoriunisme, p. 118.
ACÉPHALES schismaliques. Leurs erreurs com-
battues dans l'ouvrage de Facundus évêque d'Her-
miane pour la défense des T rois-Chapitres, p. 285
et suiv. Ouvrage composé contre eux par Rustique
diacre de l'Eglise romaine, p. 300. Ils infectèrent
de leurs erreurs une partie de l'Arménie, p. 916.
— Écrits de saint Euloge d'Alexandrie contre les
acéphales, p. 591. Traité de Jean Philoponus con-
tre ces hérétiques; il est resté manuscrit, p. 652.
Leurs erreurs condamnées dans un concile de Sé-
ville, p. 915, et au concile de Théodosiopolis, p. 916.
ADAM. Son péché est passé par la voie de la
génération à tous ses descendants, p. 96.
ADAMN.VN, abbé de Hi en Hibernie, succède
à Failbeus, p. 800. Ce qu'on sait des circonstances
de sa vie, ibid. Sa mort, ibid. Ses écrits; sa des-
cription de la Terre-Sainte, ibid. et 801. Ce qu'il
y a de remarquable dans cet ouvrage, p. 801, 802.
Adaranan compose la Vie de saint Colomban, pre-
mier abbé de Hi, p. 802.
ADELME isaint), sa naissance, ses études. Il
est fait abbé de Malmesburi, puis évêque de
Schirburn, p. 804. Ses écrits: son traité contre
les Bretons, ibid. Son traité de la louange de la
virginité, ibid. et 805. Son traité des huit vices,
p. 8U5. Ses énigmes, ses lettres, ses poésies, ibid.
Edition complète de ses œuvres dans la Patro-
logie, p. 805 et suiv.
ADELPHIUS, évêque de Tolède, p. 907.
ADELPHIUS, qu'on disait condamné au concile
d'Épbèse, p. 405.
ADÉODAT, pape ; temps durant lequel il oc-
cupe le Saint-Siège, p. 783. Sa mort, ibid.
922
TABLE ANALYTIQUE.
ADÉODAT, patrice de Numidie; saint Grégoire
le Grand lui t'crit, p. 193.
ADILA. Théodoric lui écrit pour le charger de
veiller à la garde des biens de l'église de .Milan,
p. 2U.
ADOPTION par la réception des cheveux, p. 785.
ADORATIO.\. Celle ijue nous rendons à Dieu
est différente de celle que nous rendons aux an-
ges et aux hommes, p. 360.
ADORER, se prend pour saluer, p. 751.
ADRIEN, évêque de Thébes, condamné injus-
tement, en appelle à l'empereur Maurice et à saint
Grégoire le Grand, p. 490.
ADKIEiX, abbé, envoyé en Angleterre avec le
moine Théodore, refuse l'épiscopat, p. 77(3.
ADRIE.N, auteur d'une introduction à la Sainte-
Ecriture, p. 95; éditions de cet ouvrage, ibid.
ADRIEN, notaire del'alerme ; saint Grégoire le
Grand lui écrit, p. 522.
AFFRANCHIS de l'Église. 11 est défendu de
les contraindre à servir le public, p. 912.
AFRIQUE. Les évéques d'Afrique envoient au
Saint-Siège leur confession de foi, et se déclarent
contre les monothélites, p. 749. saint Grégoire
prend soin des Églises d'Afrique, p. 434.
AGAPET ou AGAPIT (sainti. Pape. Son ordina-
tion en 535, p. 118. L'empereur Justinien lui en-
voie sa confession de foi, iftid. Lettres de ce Pape à
l'Empereur, ibid. et 119; aux évéques d'Afrique,
p. 119 ; il saint Césaire d'Arles, ibid. et 120. Saint
Agapet va à Constantinople, p. 120: fait déposer
AntLime, ibid.; il guérit à Constantinople un
homme qui ne pouvait parler ni se lever de
terre, p. 475. Sa mort, p. i2l. La lettre à An-
thime qu'on lui attribue est visiblement suppo-
sée, p. 121 et 122. Eloge de ce Pape, p. 537.
AGAPET, diacre de l'église de Constantino-
ple, donne des avis importants à l'empereur Jus-
tinien, p. 2GG.
AGAPET, moine de Saint-George d"Or\'iette,
p. 481.
AGATHE (sainte;. Les ariens s'emparent de
l'église de Sainte- Agathe sous les rois Goths,
p. 496 ; elle est rendue aux catholiques, ibid..
Reliques de sainte Agathe, p. 485.
AGATIIIAS, poète et historien grec, a continué
l'histoire de Procope, p. G92 ; éditions de cette
hisloire divisée en cinq livres, ibid.. Recueil
des Épigrammatisles grecs, ibid. Jugement sur
Agathias, ibid.
AGATHON (saint). Pape, succède à Domnus,
p. 783. Sa réponse à la lettre que l'empereur
Constantin avait écrite au pape Domnus, ibid.
11 tient un concile à Rome, p. 783. Lettre fausse-
ment attribuée au pape Agalhon, ibid. et 784. Sa
mort, p. 784.
AGATIION, homme marié, écrit ii saint Gré-
goire le Grand, p. 50G.
AGI LAN, arien, ambassadeur du roi d'Espagne
à la cour de France, p. 366, embrasse la religion
catholique, ibid.
AGILE (saint), premier abbé do Rebais, p. 756.
AGILULFE, roi des Lombards, assiège Rome,
p. 452; reçoit très-bien saint Colomban, p. oiOi
il fait un traité avec saint Grégoire le Grand,
p. 517.
AGNELLE, évêque de Fondi, transféré à Terra-
cine, p. 490 ; saint Grégoire lui écrit, p. 480 et 580.
AGNELLLS, d'abord diacre, puis archevêque
de Ravenne, p. 349. Sa mort, ibid. Sa lettre à
Arménius, dans laquelle il établit contre les
ariens la consubstantialité du Verbe, ibid.
AG.NOITES, hérétiques réfutés par saint Eu-
loge d'Alexandrie et par saint Grégoire, p. 439,
519, 592.
AGRESTE ou AGRESTIN, moine de Luxeuil,
avait été auparavant secrétaire du roi Théodoric,
p.6i8; il calomnie la règle de saint Colomban,
ibid. ;il est confondu au concile de Maçon en 625,
ibid. Sa mort funeste, p. 618.
AGRIPPIN, évêque d'Autun, p. 307.
AILERAN (saint). Hibernais, auteur ecclésias-
tique : Explication morale et mystique des noms
des ancêtres de Jésus-Christ, seul ouvrage qui
nous reste de cet auteur, p. 629,630.
AIRIC (saint), évêque de Verdun, exorcise une
femme qui avait l'esprit de Python, p. 370.
ALAMONDARE, prince des Sarrasins, embrasse
la foi de Jésus-Christ, p. 104.
ALARIC, roi des Visigoths. Clovis défait son
armé e et le tue de sa propre main, p. 80.
ALBOFLÈDE, sœur du roi Clo\is, est baptisée
par saint Rémi, p. 79; elle consacre à Dieu sa
virginité ; ibid. Sa mort, ibid.
ALBOIN, roi des Lombards, infecté de l'aria-
nisme, p. 203.
ALCYSON, évêque de Corcyre ou Corfou, p. 533,
535.
ALDOADE, fils de Théodelinde, reine des Lom-
bards, p. 534.
ALDIBERGE ou Berthe, reine d'Angleterre: sa
charité pour saint Augustin, p. 521 ; saint Gré-
goire l'en remercie, ibid.
ALFRIDE, roi do Northumbre; sa mort, p. 801.
ALIÉN.ATION des biens de l'Église défendue,
p. 8G0. Lois de l'empereur Justinien touchant les
aliénations, p. 256, 257, 258.
ALLELUIA. Par qui introduit; en quel temps
on doit le chanter, p. 5i4. En Afrique on le chan-
tait seulement les dimanches et pendant la cin-
quantaine de Pâques, p. 717. Les Églises d'Espa-
gne le chantent en tout temps, hors les jours de
jeune et de carême, ibid. Les Grecs le chantent aux
enterrements des morts et pendant le carême,
p 415.
ALTIIÈ.ME (saint), apôtre des Saxons occiden-
taux : on lui attribue ;t tort, à ce qu'il semble, le
poème intitulé : ilonostichon ; cet écrit est plu-
tôt l'œuvre de saint Colomban, p. 028.
ALULFE, moine de Saint-Martin, fait des ex-
traits des ouvrages do saint Grégoire le Grand,
p. 551.
AMALASONTIIE, mère du roi Athalaric, p. S17;
son éloge par Cassiodore, ibid.
AMAND (saint), évêque deMaèstricht; le pape
saint M;irlin lui écrit, p. 749.
AMAND (saint), évêque de Kodez; sa vie écrite
par Fortunat, p. 412.
TABLE ANALYTIQUE.
923
AMATEUR (saint), évCquo d'Au\orre,p. 400; sa
viP (^crlte par le pri^lre Ktiennc, p. 323.
AMBOiN 011 Irihune dans l'église, p. 539.
AMBUOISlî, (lu rang des Illustres, vicaire de
Ronio. Cassiodorc lui Ocril, p. 218. Autre lettre
(]uil lui t^crit pour le charger de faire de grandes
provisions ei: provision de la famine, p. -220.
AMK. Klle est immortelle sans être une par-
tic de la Divinité, p. 3H7. Un temps de saint
Grégoire, plusieurs doutaient de l'immortalité de
l'àme et de la résurrection des corps, p. 477. Traité
de rime par Cassiodore, p. 23^ et sniv. Délinitiun
do l'âme, p. 238; elle est spirituelle, immortelle ,
ibid. et 239. Sa qualité substantielle, p. 239, 240;
sa forme, p. 240; ses vertus morales et natu-
relles, p. 2i0. Origine et siège de l'âme, d'après
Cassiod iro, p. 210,241. Question de l'origine de
l'Ame indécise, p. 63. État de l'âme après la
mort, p. 241 ; ce qu'on doit croire de la nature
de l'âme, d'après saint Fulgence, p. 03. Plusieurs
apparitions des âmes, ou dans le temps de leur
séparation d'avec le corps , ou quelque temps
après, p. 478. Saint Sophrone condamne l'erreur
d'Origene et de Didyme sur la préexistence des
âmes, p. 704.
AMELILiS, évéquede Paris, député au iv' concile
d'Orléans, p. 859.
AMOS, patriarche de Jérusalem, p. 510.
ANASTASE (saint) , patriarche d'Antioche , se
rend odieux à l'empereur Justin qui le fait chas-
ser de son siège et fait mettre à sa place saint
Grégoire, abbé du Mont-Sina, p. 356. Motifs de
cette disgrftce, ibid et 359. Aprèsla mort de Gré-
goire, il est rétabli à Anliocbe, p. 359. Saint Gré-
goire-le-Grand lui écrit plusieurs lettres pour le
consoler et le congratuler sur son retour, ibid. et
360. .160, 482, 510. Sa mort, p. 359. L'empereur le
charge de traduire en grec le Pastoral de saint
Grégoire, ibid. et p. 528. Ses discours sur la Tri-
nité, ibid. et 361; sur l'incirconscrit, où il éta-
blit l'immensité de Dieu, p. 361; sur l'Incarna-
tion, ibid. et 362; sur la Passion, p. 362; sur la
Résurrection, ibid. et 363. Ouvrages qui lui sont
faussement attribués, savoir : les discours sur
les trois Carêmes, les Réponses aux orthodoxes,
l'Abrégé de la Foi, p. 363. Ouvrages qui sont
perdus ou qui n'^nt pas encore été imp:imés,
p. 363. Éditions de ses écrits, p. 364. 365. 11 doit
être distingué d'Anastase surnommé le Jeune, qui
lui succéda, et d'Anastase le Sinaïte, p. b9i.
ANASTASE (.saint) surnommé le Jeune, pa-
triarche d'Antioche, succède a Anastase l'Ancien,
p 594. Il est tué par les Juifs dans une sédition,
et on l'honore comme martyr, ibid.
ANASTASE (saint), le Sinaïie, prêtre et moine
du Sinaï; estime qu'ont pour lui les Grecs mo-
dernes, p. 594. Ses voyages, ibid. Ce qu'on peut
conjecturer sur le temps où il a vécu , ibid. h'O-
dégos on Guide du vrai Chetnin est de lui, ibid.
et 595. Analyse de ce livre, p. 595 et suiv. Ses
considérations anagogiques sur la création du
monde, p. 599; ce que ces livres contiennent de
remarquable, p. 600. Ses 154 questions, p. 601.
Éditions qu'on en a faites , ibid. Analyse de ces
questions, p. 602 et suiv. Trois discours -. i" dis-
cours sur la sacrée Synaxc et le pardon des in-
jures ;'analyse de ce discours, ibid. cl suiv.; 2° ana-
lyse des deux autres sur le psaume VI , p. 608.
Autres écrits attribués ;"i Anastase sinaïte, ibid.el
600. Livres d'Anast;ise qui sont perd :s, p. 009 et
010. Édition des œuvres d'Anastase dans la Pa-
trologie, p. 610.
ANASTASE, médecin: on lui défend l'entrée
d'un monastère de lillcs, p. 199.
ANASTASE, évéque de Mcée, assiste au concile
de Constantinople sous .Mennas, p. 601.
ANASTASE (saint), disciple de saint Maxime,
opposé au raonothélisrae; l'empereur Constantin
le fait enlever de Rome où il était avec saint
Maxime, p. 760; ils sont amenés l'i Constantinople,
mis en prison: ce qu'ils soutirent pour la fol
ibid. Maxime est relégué à Perbère, ibid. et 762,
puis a\i pays des Lazes, p. 762. Sa mort, ibid. Sa
lettre aux moines de Cagliari, p. 772.
ANAST.4.SE (saint), apocrisiaire de Rome, op-
posé au monotbélisme, est enlevé avec saint
îllaxime. et a part à tous les mauvais traitements
qu'on lui fait souffrir, p. 760,761; il est relégué à
Mésembrie, puis au pays des Lazes, p. 762. Sa
mort, p. 762. Sa lettre â Théodore, prêtre de
Gangres, sur les souffrances de saint Maxime et
de ses compagnons, p. 772. Quoiqu'on lui eût
coupé la main, il a écrit plusieurs ouvrages; il
parlait distinctement, quoiqu'on lui eût coupé la
langue jusqu'à la racine, ibid.
ANASTASE, prêtre de Jérusalem: saint Grégoire
le charge de réconcilier son évêque avec le su-
périeur du monastère de Néas, p. 509.
AN.ASTASE, chancelier, à qui Cassiodore écrit,
p. 219.
ANATOLE , nonce à Constantinople, saint Gré-
goire le Grand lui écrit au sujet de Jean évê-
que de la première Justinienne, p. 523.
ANATOLE, diacre de Rome : lettre que lui écrit
Ferrand, diacre de Carthage, contre l'hérésie d'Eu-
tychès, p. 88. .\utre lettre qu'il lui écrit, ainsi qu'au
diacre Pelage sur la condamnation des Trois-
Chapitres, ibid. et suiv.
ANATOLE scholastique propose cinq questions
à Ephrem, patriarche d'Antioche; réponse à ces
questions, p. 173.
AN VTOLIUS à qui Cassiodore écrit, p. 219.
ANDRÉ (saint\ prêche l'Évangile dans l'Acha'ie,
p. 400, 553 ; souffre le martyre à Patras, p. 374 ; mi-
racles à son tombeau, ibid.; livre de ses miracles
par saint Grégoire de Tours, p. 383; monastère
de Saint-André à Rome; saint Grégoire ie Grand
s'y retire, p. 432.
ANDRÉ, évêque de Césarée en Cappadoce.p. 265.
ANDRÉ, moine, corrompt une lettre d'Eusèbe de
Thessalonique, p. 527; il compose divers écrits
sous le nom de saint Grégoire, ibid, -. ce Pape le
condamne dans un concile comme faussaire, page
530 et 908.
ANDRÉ, évêque de Tarente. p. 493.
ANDRÉ, du rang des Illustres : saint Grégoire le
Grand lui envoie de la limaille des chaînes de
saint Pierre, p. 483.
924
AKION (comte), p. 528.
ANDROCINIEN. Temps où il a vécu, p. 643 ; ses
deux livres contre les eunomiens, ibid.
ANGES. Doctrine de saint Fulgence sur les an-
ges, p. 52, 61, 67. Doctrine du moine Jobius, p. 183.
Doctrine de Cosme d'Egypte, p. 188. Doctrine d'A-
rétas de Césarée, p. 205. Sentiment de saint Gré-
goire sur les anges, p. 444, 4J9, 504. Si ce Pape
les a crus corporels, ibid. Raisons qui ont empê-
ché Moïse de parler de leur création, p. 183. Ils
ont été créés en même temps que le ciel et la
terre, p. 188. Ils sont employés à divers offices
corporels, p. 188. Nos prières étant présentées à
Dieu par les anges qui veillent sur nous, en de-
viennent plus agréables, p. îG5. Chaque homme
a un ange gardien, p. 188, 70-5, de même que cha-
que nation, ibid., p. 188. Les anges gardiens prient
pour nous, p."688. Anasta^e Sinaïte donne des an-
ges gardiens auxnouveaux-baptisés, p. 600. Doc-
trine de saint Jean Climaque, p. C88. Homélie
de saint Sophrone de Jérusalem en l'honneur
des saints anges, p, 705. Doctrine de saint Gai
sur les anges, p. 736. Sentiment do Jean deThes-
salonique sur les anges, p. 787.
ANGLAIS. Saint Grégoire travaille à leur con-
version, p. 430, 431: il achète de jeunes Anglais
pour les instruire dans la foi, p. 437 et504; il en-
voie des missionnaires en Angleterre, p. 437,
438; écrit à divers évêques pour les leur recom-
mander, p. 506.
ANCRAI' ou Anegray, premier monastère de
saint Colomhan, p. 613.
ANNATES. leur origine, p. 259.
ANO.WME sur l'Oclateuque, p. 180.
Autre anonyme sur la réception des manichéens,
p. 311 et 342.
Auire anonyme qui écrit contre les mani-
chéens, p. 312.
ANSBERT (sainli, archevêque de Rouen, quitte
la cour pour se retirer U l'abbaye de Fontenelle
dont il est fait abbé. p. 811 ; il succède à saint
Ouen dans l'archevêché de Rouen, ibid; il tient
un concile à Rouen, ibid. Sur une fausse accu-
sation, il est relégué par l'epin au monastère
d'Aumont en Hainaut, ibid. Il y compose divers
traités de piété; nous ne les avons point, ibid.
Sa vie composée par Aigrade, ibid. Deux sermons
qu'on lui attribue sans fondemrnl, ibid.
ANONYME. Oualre fragments historiques sur le
V'siècle d'après un anonyme, publiés par .Mal, p. 201.
ANSOALDE. évoque de l'oiliers, p. 811.
ANTECHRIST. Signes avant-coureurs de l'ante-
christ, p. 720. Il introduira la circoncision et
placera sa statue dans le temple de Jérusalem,
p. 308.
ANTHÈME, sous-diacre et défenseur de l'Église
romaine, p. 505,508.
ANTHIME, évoque de Trébisonde; l'impéra-
trice Théodora le fait transférer sur le siège de
Constantinople, p. 304; il est déposé, p. 120.
ANTIENNES. Pourquoi ainsi appelées, p. ;m.
ANTIOCHK. Incendies et Iremlileiueiits arrivés
dans cette ville, p. 41H.
ANTIOCIIUS, moine de Saint-Sabas; son abrégé
TABLE ANALYTIQUE.
de l'Écriture sainte intitulé Pandectes, p. 698 ; édi"
lions de cet ouvrage', ibid. ; sa relation du mar-
tyre de quarante moines de la laure de Saint-Sa-
bas, ibid, 697, 698.
ANTIPHONAIRE de saint Grégoire, p. 514 . au-
tre antiphonaire attribué à ce Pape, ibid.
ANTIPODES. Procope de Gaze ne croit pas qu'il
y en ait, p. 177.
ANTOINE, évéque de Bacate ; le pape saint Mar
tin lui écrit, p. 7.50.
ANTONIN, sous-diacre, recteur du patrimoine
de saint Pierre en Dalmalie, p. 482, 4BS.
APOLLINAIRE (saint!:Maxime, évéque de Salone,
se purge par serment devant son tombeau, p. 516.
APOLLINARISTES. Traité de Léonce de By-
zance contre leurs fraudes, p. 670.
APPONIUS, auteur qui vivait au milieu du
vit" siècle, p. 807, 808. Son commentaire sur le
Cantique des Cantiques, p. 809. Abrégé de ce com-
mentaire, ibid. Livres VII, VIII et une partie du
livre I.\ sur l'Exposition, publiés par Maï, ibid.
APOTRES. Pays où ils ont annoncé l'Évangile,
p. 400.
APRIGIUS, évéque de Badajoz en Espagne, au-
teur d'un commentaire sur l'Apocalypse que nous
n'avons plus, p. 265: il avait aussi composé plu-
sieurs autres écrits, ibid,
APRONIEN.du nombre des Illustres, écrit à
Théodoric au sujet d'un homme habile dans
l'art dedécouvrir les sources; Théodoric lui ré-
pond, p. 214, 215.
ARABES. Leurs incursions, p. 697; ils font
mourir plusieurs moines de la laure de Saint-Sa-
bas. ibid.
ARANSIUS, archevêque de Tolède, dont parle
saint lldefonse, quoiqu'il n'ait rien écrit, p. 699.
ARATOK, poète chrétien, d'abord intendant des
domaines de l'empereur, p. 197; le roi Tliéodoric
l'envoie en députation vers Athalaric, puis le fait
comte des domestiques, t'ftii'/.; Arator embrasse
l'état ecclésiastique et est fait sous-diacre de l'É-
glise romaine ; son poème des Actes des apdtres
qu'il présente au pape Vigile, ibid.: idée de ce
poème, ih. et 108 ; éditions qu'on en a faites, p. 108.
ARBOGASTE, évéque de Strasbourir. Durée de
son épiscopat, p. 178. Ses homélies en forme de
commentaires sur les Epttres de saint Paul, ibid.
Sa vie écrite par Uthon, un de ses successeurs,
ibid. Ses écrits, ibid.
ABCAUIUS, archevêque de Chypre, écrit la vie
de sailli Simon le Jeune, p. 676.
ARCn.\NGES. Ils sont destinés à la garde de
cliaque nation et de chaque royaume, p 1R8.
ARCl'I.FE, évoque gaulois, visite les Saints-
Lieux ; à son retour il aborde à l'île de Ili, il y est
reçu par l'abbé Adamnan, p. 800,801.
ARÉGIl'S, évéque de Gap, p. 518.
ARÉTAS, évéque de Césarée en Cappadoce, au-
teur d'un comnicntaire sur l'Apocalypse, p. 2G5;
ce que contient ce commentaire, iVnV/. Editions
et traductions qu'on en a faites, p. îOiî: ,<!on dis-
cours en riioiineur des saints martyrs Samonc,
Carie cl Abibus, ibiii.
ARIEN. Un évéque arien est confondu dans un
TABLE ANALYTIQUE.
«25
concllo par saint RL^mi ; il perd et recouvre la
parole par les iiKîritcsdece saint, p. 82. Conver-
sion des ariens en Espagne, p. 900. .Xnallif'mes
prononci^s dans le concile de Tol6dc contre les
erreurs des ariens, ibid. Comment on les récon-
ciliait dans l'Orient et dans l'Occident, p. 020, 5:7.
Leurs prêtres étant convertis, sont admis auxfonc-
tions de leur ordre, p. 900.
ARIOIS, ducde Bénévent, p. 488.
AUlSTOIîOLE traduit en grec une lettre de
saint Grégoire qui lui écrit à ce sujet, p. 583.
Sa lettre ^ Partliénius, ibid.
AUITHMÉTIQUE. Traité de l'arithmétique par
Cassiodore, p. 230.
AUIULFE , chef et non roi des Lombards,
p. 486, 517.
ARMÉNIENS, disciples de saint Sabas, p. 274.
Mémoire sur le schisme des Arméniens : écrit
que le père Combeûs attribue i Démélrius de Cy-
zique : idée de cet écrit, p. 810.
ARMENTAIRE, mî;re de saint Grégoire de
Tours, p. 305.
ARMEMAIRE, femme de saint Grégoire, évo-
que de Langres, p. 381.
ARTACHIS, cousin germain de sainte Radé-
gonde ; Fortunat lui adresse un poume, p. 411.
ARTÉMIUS, évCque de Tarragone, préside au
concile de Sarragosse, p. 906.
ARTS LIBÉRAUX. Traité de Cassiodore sur les
sept arts libéraux, p. 235 et suiv.
ASCENSION de N.-S.; diverses marques mira-
culeuses de l'Ascension, p. 801.
ASLAlTIQUE, évêque de Tarragone, préside au
concile de Barcelone, p. 907.
. ASILE. L'église de Saint-Martin était un asile
inviolable, p. 37o, 388. Ceux qui se retirent dans
les églises comme dans des lieux d'asile, ne peu-
vent en être enlevés de force, p. 913. Droit d'asile
confirmé, p. 326.
ASPASIE, abbesse, tombée dans un péché ca-
pital; saint Didier de Cahorslui écrit pour l'en-
gager à continuer sa pénitence, p. 733.
ASPEBÈTE, prince des Sarrasins ; saint Euthy-
mius le baptise, et change son nom en celui de
Pierre, p. 273.
ASTROLOGUES. Saint Grégoire le Grand com-
bat les imaginations des astrologues, p. 579.
ASTRONOMIE. Traité d'astronomie par Cassio-
dore, p. 237, 238.
ATHALARIC, roi des Goths, se sert du minis-
tère de Cassiodore, p. 209; ses lettres' p. 215, 216;
sa mort, p. 210.
ATHANASE, prêtre et moine du monastère de
Saint-Mile, en Lycaonie, accusé faussement d'hé-
résie, absous par saint Grégoire, p. 504.
AUBE. Habit des clercs pendant la célébration
des mystères, p. 904.
AUBIN (saint), évêque d'Angers, p. 384; sa vie
écrite par Fortunat, p. 411.
AUDULFE, abbé de St-Maixent, en Poitou, p. 811.
AUGUSTIN i,saint), l'Église romaine suit et ob-
serve la doctrine de ce saint, p. 118.
AUGUSTIN (saint), prévôt du monastère de
Saint-André à Rome, envoyé par saint Grégoire
en Angleterre, p. i^i, MO; y arrive, p. 437, 4.38;
succès de sa mission; il bapliso le roi Ethelbert
et un grand nombre de ses sujets, p. 438. Il est
établi archevêque de Cantorbéri et métropolitain
de douze évêques qui recevaient l'ordination de
lui, ibid. il rend la vue a un aveugle, p. 909; bâ-
tit un monastère en l'honneur de saint Pierre et
de saint Paul, p. 910; saint Grégoire le Grand
lui accorde le Pallium, p. 5>7. Mémoire que saint
Augustin envoie à siint Grégoire, qui répond h ses
questions, p. 524, ibid. et suiv ; il lui écrit au su-
jet de l'établissement des évêchés en Angleterre,
p. 527. Avis de saint Grégoire à saint Augustin
sur ses miracles, p. .■'>2l.
AUMONES abondantes de saint Grégoire, p. 481,
482, 485.
AUNAIRE ou Aunacairc (saint), évêqued'.\uxer-
re, assistée plusieurs conciles de France, règle
les processions que l'on doit faire tous les jours
de chaque mois dans les paroisses de son dio-
cèse, p. 323 ; il règle encore la manière de célébrer
les vigiles dans l'église cathédrale de Sainl-Étien-
ne, ibid. Sa lettre au prêtre Etienne, pour le
charger d'écrire la Vie de saint Amateur et
celle de saint Germain, deux de ses prédéces-
seurs, p. 324; réponse d'Etienne, ibid. Deux let-
tres du pape Pelage à saint Aunaire, ibid. Conciles
qu'il assembla ou auxquels il prit part, p. 897-899.
AURE (sainte), abbesse de St-Éloi, à Paris, p. 753.
AURÉLIEN(saint\ archevêque d'Arles, écrit au
pape Vigile au sujet du bruit qui s'était répandu
qu'il avait fait quelque chose contre les décrets des
Papes et des conciles généraux, p. 199; règles mo-
nastiques de saint Aurélien pour les religieux et
pour les religieuses, p. 199 et 200; sa lettre au
roi Théodebert, p. 100; il assiste au cinquième
concile d'Orléans, ibid.; sa mort, ibid. et 200;
édition de ses écrits dans la Pa^'o/ogie, p. 2.
AUREMOND, abbé du Maire, écrit la vie de
Saint Junien, p. 093 ; sa mort, ibid.
AURIGÈNE, évêque. Théodoric lui écrit en lui
renvoyant la supplique d'un nommé Julien, p . 214 _
AUSTREGISILE, évêque de Bourges : sa mort
p. 732.
AUSTREMOINE (saint), premier évêque de Cler-
mont. p. 367.
AUTELS. Défense de consacrer avec l'onction du
saint chrême d'autres autels que ceux en pierre, p.
817. Treize autels dans une église, p. 506. Sainte Ra-
dégonde employait les prémices des fleurs du prin-
temps à en orner les autels, p. 408. Il n'est point per-
mis de consacrer des autels dans les lieux oùilya
des corps enterrés, p. 913. Les ministres de l'autel
étaient vêtus de blanc, p. 904. Usage de nommer à
l'autel les évêques vivants des grands sièges, p. 495.
AUTHARIT, roi des Lombards, arien, p. 509;
défend de baptiser les enfants de sa nation dans
l'Église catholique le jour de Pâques, p. 481; sa
mort, ibid.
AUTMONDE. évêque deToul, compose la Vie de
saint Èvre l'un de ses prédécesseurs, et des ré-
pons en son honneur, p- 323.
AUXANIUS, archevêque d'Arles; le pape Vigile
lui àoane le Pallium:', le fait son vicaire dans le
926
TABLE ANALYTIQUE.
Gaules, p. 196; lui donne lacomiuissioade juger
l'affaire de PrOlextat, ibid.
AVENT, son origine, p. 895.
AYIT (saint), évoque de Clermont, ordonne dia-
cre saint Grégoire de Tours, p. JC5.
B.
BACAUDE, évéque de Formics, p. 480.
BAISER de paix dans la communion, p. G06.
BAI.BIN, évêque do Roselle : saint Grégoire le
Grand lui écrit, p. 481.
BANCOn, monastère d'Irlande, p. 013.
BAPTÊME. Sentiment de saint Fulgence sur
le baplOme, p. 37, 38, 61, 05, 07 : de Cassiodore,
p. 218, 219. Traité du baptême par Marc l'Ermite,
p. 639, 040. I.e sacrement de baptême serait nul,
si l'on omettait le nom du Fils ou du Saint-Es-
prit, p. 33. Défense de baptiser en une seule per-
sonne de la Trinité, ou en''deux, ou en trois Pères,
ou en trois Fils, ou en trois Saints-Esprits, p.
195. Baptême donné au nom de Jésus-Christ :
sentiment de Facundus, p. 287. La foi dans les
adultes doit précéder le baptême, p. 37. La foi
sans le baptême ne sauve pas, p. 38. Le baptême
suffit sans l'eucharistie, p, 39 Le baptême nous
purilie du poché d'origine, p. 143. C'est une vé-
rité catholique que l'enfant qui est baptisé est
sauvé, et que celui qui meurt sans le baptême
est damné à cause du péché originel, p. 42. Les
enfants qui meurent sans baptême sont condam-
nés aux peines de l'enfer, d'après sain'. Isidore,
pour le seulpécbé originel, p. 720. .iucun ne
peut arriver au royaume des cieux. à moins de
recevoir le baptême dans l'Église catholique,
ou de répandre son sang pour Jésus-Christ, p. 04,
65. Pourquoi on ne baptise pas les morts, p. 38.
Défense de prier pour les catéchumènes morts
sans baptême, et d'accompagner leur sépulture
du chant des psaumes, p,8SG. On amenait au com-
mencement du Carême les enfants qui devaient
être baptisés pour les purifier auparavant par
les exorcismes, p. 892. Défense de baptiser tous
Jes jours de fêles de martyrs, p, 890. Dé-
fense aux prêtres de rien exiger pour le baptême,
p. 811. l'.aplêmedc saint Jean; s'il remettait les pé-
chés, p. 505, 774. Baptême de Jcsus-Christ, ibid. ■
ses elTets, ibid. Trois sortes de baptême : d'eau, de
sang, de larmes, p. 720. Matière du baptême; his-
toire d'un juif qui fut baptisé avec du sahlc, p. 702 ;
ce baptême est déclaré nul, ibid. Forme du bap-
tême, p. 7i3. Le baptême conféré au nom de la Tri-
nité ne peut se réitérer, p. 720. Les pasteurs doivent
proférer avec attention la forme du baptême, p.
074. On ne rebaptisait pas ceux qui avaient été
baptisés au nom de la Trinité dans l'hérésie, p.
506. Ministres du baptême, p. 500, 720. Baptême
donné par trois immersions ou par une seule, ap-
prouvé par saint Grégoire, p. 305. A quels jours on
le donnait : les jours du baptême solennel étaient
la fête de Piques et celle de la Pentecôte, p. 500,
T75. UétaitadminislrélanuitdelaveilledeP.lques,
p. 390;lejour de Nuulpar dispense, p. 512,500.Clo-
Vis, roi de France, fut baptisé le jour de Koël, p. 79,
Saint Grégoire ordonna de baptiser des juifs un
jour de dimanche ou en quelqueautre grande fête,
p, 580. Pénitence imposée avant le baptême, et
pourquoi, ibid. La participation du corps et du
sang de Jésus-Christ était accordée aux nouveaux
baptisés aussitôt après leur baptême, p. 775. 11
ne faut contraindre personne à recevoir le bap-
tême, p.. 506. Ceux qui se font baptiser par crainte,
sans avoir la foi, ne laissent pas d'être baptisés,
mais le baptême ne leur sert de rien pour le sa-
lut, p. 702. Dans le doute si une personne est
baptisée ou confirmée, il faut la baptiser et la
confirmer, p. 535, 506,798. On peut baptiser une
femme enceinte, p. 528, 500; un enfant étant
dans le sein de sa mère ne peut être baptisé, p.
720: mais on peut le baptiser aussitôt qu'il est
né, s'il y a danger de mort, p. 500. Cérémonies
du bapiême, p. 37, 97, 138, 341, 358. Onctions avant
et après le baptême chez les Grecs, p. 700 ; et
dans l'Église latine, p. 774. Dans le baptême on
renonce a toutes les œuvres et à toutes les pom-
pes du démon, p. ^66, L'exorcisme employé dans
le baptême est pour conjurer le démon de sor-
tir, p. 713. Les parrains servaient de caution pour
le baptême des personnes inconnues ou dont la
conversion était suspecte, p. 702. Abbés qui tien-
nent des enfants sur les fonts de baptême, p.
693. Le concile d'Auxerre vers l'an 080 défend aux
moines et aux abhés d'être parrains. ii(i'(/. Le prê-
tre ôtait aux nouveaux baptisés, le septième jour
après leur baptême, le voile qui avait été mis sur
leur tête lors de la cérémonie, p. 797.
BAPTISTAIRE, Il était fermé pendant le Ca-
rême, p. 511. De quelle manière les catéchu-
mènes se comportaient dans le baptistaire dans
l'église du monastère de Saint-André, Saint Gré-
goire ordonne de le détruire, pourquoi, p. 493.
Fonts baptismaux miraculeux en Espagne, p. 390,
775; et dans la Cilicie, p. 702. Il y en avait
aussi à Embrun dans le Dauphiné, p. 790.
BAKBAUICIENS, peuples idolâtres en Sardai-
gne convertis par les soins de saint Grégoire, p.
436.
BARBE, Saint Colomban défend aux diacres de
servir a l'autel sans s'être fait couper la barbe,
p. 497, 020.
BARNABE (saint), apôtre. Ses reliques trouvées
dans l'île de Cliypre, p. 105.
BARSA>'UPIlE(saintSanachor(''te, sa vie, p. 175;
son traité contre les moines tombés dans l'origé-
nisme, tftiif, ; éditions de ce traité, ibid.
BASILE de Cilicie, prêtre d'Antioehe, ses écrits,
p. 110.
BASliNE, nile du roi Chilpéric, religieuse dans le
monastère de Sainte-Croix de Poitiers, y cause de
grands troubles, p. 905. elle est excommuniée dans
le concile de Poitiers en5',)0,i&i(/,,-elleestreçueàla
comuiuuioa dans le coucilo do Metz, p. 906.
TABLE ANALYTIQUE.
!)27
BAUDOMVIE, religieuse do roltiers, Oerit la
Vie do SaiiUo Iladegoiuie, p. m, 115.
HAVON (saint), confesseur Mlaïul, p. 711; sa Vie
écrite par un anonyme, p. 7.12; son ('pilapiie par
saint Liviii, p. 7-11.
BKLLATOU, priMre, ses commentaires sur plu-
sieurs livres de llîtriture cités par Cassiodoie,
p. 285; il avait traduit les deux Lomélies d'Ori-
gène sur Esdras, ibkt. et 285.
BENAGNA. Saint Grégoire écrit au clergé et
au peuple de ce pays, p. 480 ; il fait desservir
celte église, p. 493.
BÉNKDICïION. Cétait l'usage dans les messes
solennelles do bénir le peuple avant de lui don-
ner la communion, ibid. Il y avait une autre bé-
nédiction pour la lin de la messe, ibid.
BÉMiDlCTlONKAIUE de saint Grégoire, p.
543.
BENNADE, évêquc de Reims ; saint Itomi lui
succède, p. 77.
BENENATUS, évoque de la première Justi-
nienne, ennemi des Trois-Capilres, p. 301; 11 est
condamné en 550, ibid.
BE.N'ENATUS, évoque de Misène ; saint Grégoire
le Grand lui écrit, p. 487.
BENOIT (saint), patriarche des moines d'Occi-
dent, sa naissance, son éducation, p. 15G; étant
encore fort jeune, il se relire à Sublac où il s'en-
ferme dans une caverne, ibid. et 157 ; ce qui lui
arriva dans cette solitude pendant les trois ans
qu'il y demeura, ibid. ; il est fait abbé du mo-
nastère de Vicovarro, p. 157; l'indocilité des
moines qui attentent même à sa vie l'oblige de
le quitter; il retourne à sa première solitude,
ibid. ; grand nombre de personnes viennent
s'y rendre ses disciples: il bâtit douze monas-
tères, ibid ; miracle qu'il opère à l'égard de saint
Placide, p. 158; il ressuscite un enfant, p. 475;
cédant à l'envie d'un prêtre nommé Florentius,
il abandonne ses douze monastères et en bâtit
un nouveau au Mont-Cassin, p. V<S; règle qu'il
donne à ses religieux, ibid. et 15o ; le patrice
Terlullus fait au monastère de Cassin donation
des biens qu'il avait dans le voisinage, p. 159;
saint Benoît fonde le monastère de Terracine
en Campanie et plusieurs autres en Sicile , en
Espagne, en France, p. 159 ; il prédit la ruine
du monastère du Mont-Cassin, ibid.; Totila vient
le voir: récit de leur entrevue, ibid. et 160; la
prédiction de saint Benoît touchant ce prince,
ibid. et 475. Hlort de saint Benoît, p. 161 et 475;
son éloge, ibid. Analyse de sa Règle, ibid. et
suiv. Distinction de quatre sortes de moines,
p. 16i. Qualités et fonctions de l'abbé et des au-
tres supérieurs, ibid. et 162. Autres officiers du
monastère, p. lC-2 et 103. Réception des no-
vices, iTiù/. et 104. Offices divins, p. 104 et 105;
travail des mains et lectures, ibid. et 160. Habits
des moines, p. 167. Leur nourriture, ibid. et 108.
Les malades, les hôtes, les voyageurs, p. 168, 169.
Les corrections, p. 169, 170. Éloge de saint Be-
noît et de sa Règle, p. 170. La lettre qu'on sup-
pose qu'il a écrite à saint Rémi de Reims pour
le prier de délivrer une possédée n'existe point,
p. 170. L'Eloge de saint Placide n'est point do lui,
i6i(/. La vie de saint liciiuît occupe '.e second livre
(les Dialogues du Pape saint Grégoire, p. 474, 475.
Vers ;■! sa louange par Marc un de ses disciples,
p. 034. Autres par saint Slmplice, abbé du Mont-
Cassin, ibid.
BENOIT Riscop (saint), fonde les monastères
do Wiromonth et do Jarou, p. 8C2.
BENOIT II, papo, succède à Léon II et ne siège
que huit mois et dix.-sepl jours, p. 785. Ses let-
tres, îiiV/. Sous son pontificat, l'empereur Con-
stantin envoie h Rome les cheveux de ses deux
lils, Justinien et Héraclius : c'était une espèce
d'adoption usitée en ce temps-li, ibid.
BENOIT, jeune moine vivant à 40 milles de
Rome : ce que rapporte de lui le pape saint Gré-
goire, p. 476.
BERTC11R.4^ND ouBERTRAND (saint), évêque du
Mans; sa vie, p. 31; il se rend célèbre par ses vers ;
aucun de ses écrits poétiques n'est venu jusqu'à
nous, ibid.; son testament, ibid. et 6.32.
BERTHE, reine d'Angleterre; saint Grégoire
lui écrit, p. 521.
BERTRAND, évêque de Bordeaux, accusé, p. 36C.
BIENS de l'Église : inventaire des biens de l'é-
glise après la mort de l'évoque, p. 496 ; règlements
du concile de Paris pour la conservation des biens
de l'Église, p. 912. Biens légués aux églises , aux
monastères, aux hôpitaux; défense à toute per-
sonne do s'en emparer, p. 883. On oblige à restitu-
tion ceux qui par négligence ont détérioré les biens
de l'église, ou en ont occasionné la perte, p. 892.
Lesventes dos biens d'église faites par les prê-
tresqui desservent les paroisses, sont déclarées
nulles, p. 814.
BIGAMES, exclus de la cléricature, ainsi que
des ordres sacrés, p. 530, .572, 814.
BL.iNDUS, évêque d'Orta, retenu en prison par
le palrice Romain, p. 483.
BLASPHÈME. Histoire d'un enfant accoutumé
à blasphémer le nom de Dieu, p. 478, 505.
BOBIO, monastère fondé par saint Colomban,
p. 010.
BOÈCE fW'lfin), écrit la Vie de saint Junien,
abbé du Maire, p. 693.
BONIFACE (saint), archevêque de Mayence, fait
demander une copie de la lettre de saint Grégoire
à saint Augustin d'Angleterre, p. 520.
BONIFACE, évêque de Carthage, assemble un
concile en 525, p. 528 et suiv.
BONIFACE 11 (saintl. élu Pape, p. 114; il fait ana-
thématiser l'antipape Dioscore après sa mort.
ibid.: dans un concile, il fait passer un décret qui
l'autorisait à se donner un successeur, ibid. ; il an-
nule ensuite lui-même ce décret, îfcîd.; concile qu'il
tient il Rome pour examiner les plaintes d'Etienne
doLarisse, iftid.Députationdes évêques d'Afrique
pour obtenir du Pape une constitution qui obli-
geât l'évèquede Carthage à faire toutes choses avec
le conseil du Saint-Siège, p. 115. Mort de Boniface.
ibid. La lettre àEulalius, évêque d'Alexandrie, est
supposée; preuves de cette supposition, tiid. La
lettre à saint Césaire d'Arles est certainement de
Boniface II. ibid. ; ce qu'elle contient, ibid et 116;
928
TABLE ANALYTIQUE.
il approuve et confirme les canons du concile
d'Orangp sur la grâce, p. 837.
BOMFACE 111 succède au pape Sabinien.p. 645;
condamne ceux qui disaient que les moines étaient
incapables des fonctions sacerdotales, p. 911 ; con-
cile qu'il tient à Rome, ibid.
BOMFACE IV, Pape, p. 645; saint Colomban lui
écrit en faveur des défenseurs des Trois-Cliapi-
tres, p. 6-27 et G45. Mort de ce Pape, p. 645.
BOXIFAGE V, Pape, ses écrits, p. 640; sa mort,
ibid.
BOXOSIAQUES, hérétiques. Leurs erreurs, p 264;
Justinien, évêque de Valence, écrit contre ces er-
reurs, ibid. Décisions du pape saint Grégoire le
Grand sur le baptême, p. 526.
BOURGUIGNONS vaincus par les Golhs d'Italie,
p. 2-20.
BRAULION, évêque de Saragosse, ami de saint
Isidore de Séville,«p. 710; il retouche le traité
de ce saint évêque sur les origines ou étymolo-
gies, p. 711; ce qu'il dit des autres ouvrages de
saint Isidore, p. 714 ; deux lettres que lui écrit
saint Isidore, p. 722 ; il succède i Jean, son frère,
dans l'évOché de Saragosse, p. 7-2S; il assiste à
divers conciles, ibid.; sa mort, ibid.; il est auteur
de l'éloge et du catalogue des ouvrages de saint
Isidore de Séville, et d'une Vie de saint Émilien
avec une hymne en son honneur, ibid.; ses lettres^
ses'autres écrits dans la Patrologie, p. 728 et suiv.
BRÉGENTS. Saint Colomban y bâtit un monas-
tère, p. 516.
BRETAGNE. Évoques de la Grande-Bretagne
soumis à saint Augustin, archevêque de Cantor-
béry, p. 526.
BRE'rONS. Leur erreur touchant la célébration
de la Pâque, p. 624; saint Adelme en ramène plu
sieursà l'observance légitime de la Pâque, p. 804;
concile pour les réunir, p. M8, 909.
BRICE (sainV, évêque de Tours, accusé de plu-
sieurs crimes et justifié, p. 368.
BRL.MAS. évêque de Cagliari, p. 8.
BRUNEHAUT, reine de France; saint Germain
de Paris lui écrit ; saint Grégoire lui écrit, p. 307,
308, 504: elle persécute saint Colomban, p. 614;
envoie saint Didier, évêque de Vienne, en exil;
puis le fait mourir, p. 909. Saint Grégoire lui
envoie des reliques de saint Pierre et de saint
Paul ; accorde, à sa demande, des privilèges pour
les monastères d'Autun, p. 529, 530. Elle demande
le Pallium pour saint Syagriiis, évoque. d'Autun,
p. 513. Lettre que lui écrit saint Grégoire, ibid.
et 514. Mort de Brunehaut, d'après un anonyme,
p. 400.
BUT1LIE.\ , prêtre de la ville de Trente, est dé-
chargé par Tbéodoric de l'impôt qu'il devait au
fisc, p. 214.
CALCÉDOINE. Saint Grégoire ne comptait pour
les actes du concile de Chalcédoine que les sept
premières actions, p. i95. Concile deChalcédoine
falsifié en un endroit par l'Église de Con-
stantinople, selon saint Grégoire , p. 505. Ré-
ponse de Léon de Byzance aux objections des
schismatiques contre le concile de Chalcédoine,
p. 668, 669. Dieu aulorise par un miracle les dé-
crets du concile de Chalcédoine, p. 312.
CALICE. On permettait aux pèlerins de toucher
et de baiser le calice que J.-O. bénit le jour de
la Cène, p. 801.
CALLINiyUE. exarque, écrit il saint Grégoire
le Grand pour Maxime, évêque de Salone, p. 516;
CALOMNIATEUR. Condamné au fouet et à lexil
par saint Grégoire, p. 527. Leudaste, convaincu
d'avoir calomnié Grégoire do Tours, fut excommu-
nié de toutes les Églises, p. 394.
CALUPPAL (saint), reclus, p. 381; sa Vie écrite
par saint Grégoire de Tours, ibid.
CANDIDE, évêque, saint Grégoire le Grand lui
écrit, p. 487.
CANDIDE, prêtre, recteur du patrimoine de
l'Église romaine en Gaule, p. 5o4, 513.
CANDIDE, abbé au monastère de Saint-André
à Rome, p. 588; saint Grégoire le Grand lui écrit,
p. 487, 488.
CANON de la messe; saint Grégoire est leKc-
mier qui ait appelé Canon cette prière de la li-
turgie qui se dit après le Sancius, p. 533. Le pape
Vigile l'appelle prières canoniques, ibid.; saint
Grégoire a ajouté au canou de la messe ces par
rôles : Disposes de nos jours dans votre paix,
p. R38.
CANONISATION. Ancienne manière de canoni-
ser les saints, p. 376.
CANTIANE (sainte), martyre, p. 333.
CANTIQUES. Commentaire attribué faussement
à Cassiodore sur le Cantiijuc des Cantiques, p. 226 ;
commentaire de saint Grégoire le'Grand, p. 547,
548.
CARAFA, cardinal; ses remarques sur les let-
tres de saint Grégoire le Grand, p. 551.
CARDINAL, origine de ce nom ; évêques et
prêtres cardinaux, p. 181, 488.
CARÉMK. Saint Grégoire ne comptait dans le
carême que trente-six jours de jeûne, en 6tant
les dimanches où on ne jeûnait pas, p. i'>1 : rè-
glement attribué à saint Grégoire touchant le
jeûne du carême, p. 537 ; en quel jour les Grecs le
commencent, p. 262.
CARTIIAGE. Le pape Agapet reconnaît la préé-
minence de lévêquede Carthage sur tous les au-
tres évêques d'Afrique, p. 8'il.
CASSIEN. Cassiodore a. crlit les moines de lire
les Institutions de Cassien avec circonspection,
p.2ll.
CASSIN. Monastère du Mont-Cassin; sa fonda-
tion, p. 158; saint Benoît en prédit la ruine, p. 159,
475; le patrice Tcrtullus fait une donation solen-
nelle des biens qu'il avait aux environs de ce mo-
nastère, ibid.
CASSIUS, évêque de Narni, guérit un possédé
par le signe de la croix, p. 476; son éloge Pa-
TABLK ANALYTIQUE.
929
saint Grégoire le Grand, p. 4Cl ; 11 olTralt presque
tous les jours le s;ilnt sacrillco, ibUl.
CAUTULAIRES , olliciers de la cour romaine,
p. dSG.
CASSIODORE, cliaiicelior et premier ministre
de Théodoric, roi d'Italie, et ensuite abue de
Viviers; antiquité et noblesse de la maison
de Cassiodore, p. 207; sa naissance vers l'an
469; ses études, ibid. et 208. Il est fait comte
dos domaines en 170; et ensuite des largesses par
Odoacre, p. 208. Tliéodoric l'emploie dans le mi-
nistère et lui donne toute sa conliance, ibid. et
209. Athalaric se sert du ministère de Cassiodore
et lui donne la même conliance, p. 209, 210. Cas-
siodore pense i"! établir des écoles i Rome pour
les saintes lettres, p. 210. Il fait rendre les vases
sacrés de l'église de saint Pierre mis en gage pour
fournir aux frais du voyage du pape Agapet,
p. 210, Il se retire dans le monastère de Viviers
qu'il avait fondé, ibid. et 211. Sa mort vers l'an
503, p. 211. Son éloge, p. 212. Ses écrits, p. 212 et
suiv. : ses leitres, ibid.-. les cinq premiers livres,
p. 213 et suiv.; le sixième et le septième, p. 215;
le huitième et le neuvième, p. 215, 216 ; le dixième
et le onzième, p. 2i6 et suiv.; le douzième, p. 219,
220. Histoire ecclésiastique appelée Tripartite.
p. 220, 221. Sa Chronique, p. 221, 222; son Comput
pascal , p. 222. Son Histoire des Goths, p. 222.
Son Commentaire sur les Psaumes, ibid. ; en quel
temps et à quelle occasion il le composa, ibid. et
223; analyse de ce commentaire, p. 223 et suiv.
Commentaire sur le Cantique des Cantiques, qui
lui est attribué, p. 220. Son livre de l'institution
aux lettres divines; occasion et dessein de ce li-
vre; p. 227-235; analyse de ce livre, ibid. et suiv.
Traité des sept arts libéraux et de la grammaire,
p. 235. Traité de la rhétorique, p. 236; de la dia-
lectique, ibid.; de l'arithmétique, ibid.; de la mu-
sique, ibid.; de la géométrie et de l'astronomie,
ibid. et 837. Son traité des huit parties de l'orai-
son, p. 237; son traité de l'orthographe, ibid.;
des tropes ou figures de l'Écriture, ibid. et 238;
son traité de l'âme; en quel temps et à quelle oc-
casion il a été fait, p. 238; analyse de ce traité
ibid. et suiv. Livres de Cassiodore qui sont per-
dus, p. 242. Ouvrages qui lui sont attribués, ibid.
Sa doctrine sur l'Écriture sainte, p. 213; sur la
tradition et les conciles, ibid. et 24i ; sur la foi, p.
244 ; sur la nature de Dieu, ibid. et 245 ; sur la Tri-
nité, p. 245; sur l'Incarnation, p. 215 et suiv.; sur
l 'Église, p. 247, 248 ; sur ses ministres, p. 248 ; sur
les sacrements de baptême et de pénitence, p. 248
etsuiv.; sur le péché originel et l'inadmissibilité de
la justice, ibid.; sur l'Eucharistie, p. 250; sur l'or-
dre, p. 251 ; sur la grâce et le libre arbitre, p. 251,
252; sur la félicité des saints avant le jugement,
p. 252 et suiv. Jugement des écrits de Cassiodore,
p. 253 ; éditions qu'on en a faites, ibid. et 254.
CASTEL, monastère de Cassiodore, p. 211.
CASTORIUS, évêque de Rimini, p. 488; se dé-
met de l'épiscopat, p. 508.
CASTORIUS, notaire et nonce du Saint-Siège,
libelle diffamatoire répandu contre lui, p. 505.
CASTORIUS, cartulaire de l'Église romaine
XI.
p. 510 ; il réconcilie Maxime , évêque de Salone ,
ibid.
CATELI.A,' veuve distinguée parsa piété, p. 485.
CATUÉDRATIQUE. Droit de visite de l'évoque,
p. «ui.
C.yVADE, roi de Perse, p. 104.
CÉCILE (sainte), martyre; ses actes ont peu
d'apparence de la vérité, p. 511. Voyez la note
ibid.
CÉLIBAT des êvêques: il faut pour être évê-
que avoir vécu dans le célibat, ou n'avoir été
marié qu'une fois, encore avec une vierge, p. 718.
Célibat des clercs, p. 572.
CELSE, abbesse de Saint-Césaire d'Arles, p. 695.
CENSURES ecclésiastiques du temps de saint
Grégoire de Tours, p. 393.
CÉOLFRIDE, abbé de Wiremouth et de Jarou,
augmente la bibliothèque que saint Benoît Bis-
cop avait commencée, p. 802; obtient du pape
Sergius un privilège, p. 803; sa mort, i6id.; ses
lettres, ibid.
CÉRAUNE (saint;, évêque de Paris, p. C30; Var-
nhaire lui écrit et lui envoie les Actes de quel-
ques martyrs de Langres, ibid. et 631.
CERBONE (saint), évêque de Populonium, ex-
posé à un ours qui vient lui lécher les pieds,
p. 476.
CÉSAIRE (saint), évêque d'Arles; sa naissance
en 470, p. 125; ses vertus, et en particulier son
amour pour les pauvres, ibid. Il est admis dans
le clergé et se retire au monastère de Lérins,
ibid. ; l'évèque d'Arles l'élève au diaconat, k la
prêtrise, ibid. : puis il gouverne un monastère, et
l'évèque d'Arles le désigne comme son succes-
seur ; il devient évoque d'Arles en 501 , ibid. Sa
conduite pendant son épiscopat, ibid. et 126;
éloge que fait de lui saint Ennode, ibid.; il est
accusé devant le roi Alaric de trahison; Alaric
l'exile i Bordeaux, puis reconnaissantlson inno-
cence le renvoie à Arles, p. 126; il préside au
conseil d'Agde en 505, p. 122 ; il bâtit un monas-
tère, ibid. Soupçons des Goths contre lui durant
le siège d'Arles,' l'iid. et 127. Mauvais traitements
qu'ils lui font endurer, p. 127. Sa charité envers
les Francs et les Bourguignons faits prisonniers,
ibid. Il est accusé de nouveau et conduit à Ra-
venne où il se justiûe pleinement et se concilie
l'amitié et le respect du roi Théodoric, p. 127. Il
va â Rome , le pape Symmaque lui donne le
Pallium et conûrme les privilèges de l'Église d'Ar-
les, ibid. ; il retourne à Arles, y tient un concile,
assiste à plusieurs autres, ibid. Sa mort, p. 128 ;
sa vie écrite en deux livres par plusieurs de ses
disciples, ibid. Ses écrits: ses discours; ils ont été
attribués à saint Augustin, à saint Ambroise et à
d'autres, p. 128, 129 ; comment on les distingue,
ibid. ; ce qu'il y a de remarquable dans les dis-
cours de saint Césaire; p. 129 et suiv. Autres ser-
mons de saint Césaire, p. 142, 143. Ses homélies
recueillies dans la Bibliothèque des Pères, et par
Baluze, p. 145 et suiv. Sermons qui lui sont fausse-
ment attribués, p- 146. Autres homélies qui lui
sont attribuées, p. u7. Règles de saint Césaire,
p. 14"; sa règle pour les religieuses, i6îd.;analysede
29
yau
TABLH ANALYTIQUE.
cette règle, ibid. et suiv. Sa règle pour les moi-
nes, p. 150; analyse de cette règle, ibid. et suiv.;
son discours aux religieuses, p. loi, 1J2. Ses let-
tres, p. 152 et suiv.: lettre à Oraiorie. p. 152; à
une vierge, ibid.; à sainte Césarie, ibid. ei 153;
discours ou lettre sur les anciens canons tou-
chant la pénitence, p. 153; sa requête au pape
Symmaque, p. 153. 154; lettre à Rurice, p. 154;
son testament, ibid. Écrits de saint Césaire qui
sont perdus, ibid. et 155. Jugement de ses écrits,
p. 155. Éditions qu'on en a faites, ibid. et 156.
Lettre par laquelle le pape Félix IV conflrme le
règlement renouvelé par saint Césaire, portant
défense d'élever à l'épiscopat ceux qui n'avaient
pas servi dans le clergé, p. H4. Lettre du pape
Boniface H qui confirme sa doctrine sur la grâce
prévenante, p. 115. Autre lettre où le pape saint
Jean le charge d'exécuter la sentence portée con-
tre Contuméliosus, évéque de Riez, p. 118. Deux
lettres que lui adresse le pape Agapet : l'une au
sujet des aumônes qu'il lui avait demandées,
l'autre au sujet de Contuméliosus, p. 1 19, 120 Let-
tre que lui écrit le pape Vigile au sujet d'un hom-
me qui avait épousé la femme de son frère, p. 190.
Césaire préside au second concile d'Orange, p. 83i.
CÉSARIE, sœur de saint Césaire d'Arles, à qui
il conûe la conduite d'un monastère, p. 126, 147;
il lui écrit, p. l52, l53.
CÉSARIE isainte), différente de Césarie, sœur
de saint Césaire, écrit à sainte RadégonJe, p. 3i7.
CÉTHÉGUS, Patrice, p. 333.
CHAIR. Avant le déluge l'usage de la chair était
interdit, p. i87; défense de manger de la chair
des animaux suffoqués, p. 738.
CHALCÉDOINE; Voy. CALCÉDOINE.
CHALCÉDOMUS et Géronce, abbés : exhorta-
tions que leur adresse Cassiodore, p. 234-235.
CHA.\CELIERS. Lettres de Cassiodore à des
chanceliers, p. 219.
CHANT (le des psaumes se faisait de différentes
manières et on y employait diverses sortes d'ins-
truments, p. 224. Chant ecclésiastique réglé par
saint Grégoire qui établit à Rome une école de
chantres, p. 514.
CHANTRES d'église, quels ils doivent être,
p. 907.
CHAPITRES i,les Trois-). Les évêques d'Afrique
séparèrent le pape Vigile de la communion catho-
lique, parce qu'il avait condamné les Troix-Cha-
pitres, p. 301. Victor de Tuaone. zélé défenseur
des Trois-Chapilres, p. 302. Avis de Ferraiid, dia-
cre de Carthage, sur les Trois-Chapiires, p. 93 et
suiv. Lettre de saint Grégoire le Grand touchant
l'affaire des Trois-Chapilres, p. 490.
CHARARIC, roidélrûné par Clovis, est ordonné
prêtre, p. 395.
CHARIBERTou CHEREBERT, fils aine deClo-
taire; p. 3(19; loué par l'ortuaiil ; excommunié par
saint Germain de Paris, à cause de ses mariages
illicites, p. 307.
CHAUI.'HER, évoque de Verdun, auparavant ré-
férendaire du roi Childebert II, p. .'175,
CHARITÉ. Sans elle les autres dons du Saint-
Esprit son t inutiles, p. i5; la charité s'augmente
en nous à mesure que la cupidité diminue, p, 7o.
CHARTE (la) pour la grande litanie attribuée
à saint Grégoire est douteuse, p. 536.
CHASSE Chiens et oiseaux de chasse défendus
aux évêques et aux clercs, p. 814.
CHAUDRON de bois où l'on faisait cuire des lé-
gumes et que le feu n'endommageait pas, p. 377.
CHAUSSURE. Les diacres de .Messine se ser-
vaient d une espèce de chaussure particulière aux
évêques, p. 511.
CHEVEU.\. Au vi« siècle c'était la coutume de
couper les cheveux à ceux qui étaient en péni-
tence, p. 394. On les coupait aussi à ceux qui em-
brassaient la profession monastique, ibid. On
coupait les cheveux aux rois pour marque de leur
dégradalion.iiid. Une manière d'adoption en usage
au vil» siècle était de recevoir les cheveux d'un
jeune homme, p. 785.
CHILDEBERT 1", roi de Paris: lettre que lui
écrit Léon, évéque de Sens, p. 202. Différentes let-
tres que lui écrit le pape Pelage I". dans lesquel-
les il lui fait sa profession de foi, p. 33i ,332. Son
ordonnance contre les restes d'idolâtrie, p. 883.
Son diplôme pour l'abbaye de Saint-Vincent, au-
jourd'hui Saiut-Germain-des-Prés, p. 883, 884. Son
ordonnance contre les ravisseurs des veuves et
des filles consacrées à Dieu, p. 884; temps de sa
mort, p. 883.
CHILDEBERT II, roi d'Austrasie : traité de paix
entre lui et Contran, p. 366. Il envoie saint Gré-
poire de Tours en ambassade auprès de Contran,
ibid. Poème à sa louange par Fortunat, p. 411.
Épigramme du même à sa louange, p. 411. Lettres
que lui écrit le pape saint Grégoire, p. 503, 50t.
Éloge de Childebert, p. 504.
CUILDEBIUND, oncle paternel du roi Pépin,
fait continuer la Chronique de Frédégaire, p.
746.
CHILPÉRICI'^% roi de Soissons: la guerre en-
tre lui et Sigebert, roi d'Austrasie, ne peut être
ralentie parles instances de saint Germain, évo-
que de Paris, p. 3o7, 308; il dresse un édit par
lequel il ordonnait qu'à l'avenir on nommerait
la Sainte-Trinité Dieu, simplement, sans distinc-
tion de personnes; horreur que lui en témoi-
gnent saint Grégoire de Tours, et Salvius, évé-
que d'AIbi, à qui il le communique, p. 314 et
3o6; il compose des hymnes et des collectes qui
ne sont point approuvées; p. 314; on lui attribue
l'épitaphe de saint Germain, évéque de Paris,
rapportée par Aimoin, p. 308 et 314: il est as-
sassiné, p. 314 ; lettre de sainte Radegonde aux
rois Cbilpéric et Sigebert, p. 310. Traité de Cbil-
péric avec Childebert II et sa mort, p. 309; poème
de Fortunat sur le mariage de Galswinde avec
Cbilpéric, p. 407; sou éloge par le même, p. 408.
CHORICIUS, sophiste de Gaza: ses discours,
p. 180, 181.
CHOSROÈS Il.roides Perses, enlève le trésor de
l'église d'Apamée, mais il y laisse le bois de la
vraie croix, p. 416.
CHRÊME, donné gratuitement, p. 891 ; il entrait
du bauMitf dans la consécration du saint-chrême;
ou en oignait les catéchumènes et ceux que i'oo
TADI.E ANALYTIQUE.
931
baptisait, p. 8il. U est permis aux prêtres de
donner l'onction du chrCmo aux malades h l'ex-
tnHnili^ p. 815.
CllUliXlEN. Il ne suffit pas d'en porter le nom,
il faut en remplir les devoirs, p. l.H.
CHUISM.\L. Ce que c'est dans la règle de saint
Coloniban, p. liiO.
CHRODIELDE, nUe du roi Cliariliert, religieuse
à Poitiers ; y cause de grands troubles ; ses vio-
lences, p. 300; est exconimunit^e par le concile
de Poitiers, p. 90.'); est reçue à la communion par
les pfres du concile de Metz, p. 906.
CHRO-MQUE lîcrite par Cassiodore, p. 221-
22Ï.
CHRONIQUE attribuée à Dacius, évêque do Mi-
lan, p. 204.
CHRONIQUE de A'ictor de Tunones, p. 302.
Éditions qu'on en a faites, ibid.
CHRONIQUE d'Édesse par un auteur inconnu,
p. 342; ce qu'elle contient de remarquable, ibid.
et 343.
CHRONIQUE (autre) par un anonyme, p. 343-
344.
CHRONIQUE de Marius, évêque d'ivranches,
en Suisse, p. 399-400.
CHRONIQUE de Jean, abbé de Riclar, puis évê-
que de Girone, p. 425-4-26.
CHRONIQUE générale de saint Isidore de Sé-
ville, p. 7i4. Chronique particulière des Goths,
des Vandales, des Suèves, par le même, p. 715.
CHONIQUE de Frédégaire, p. 744 et suiv. Ses
quatre continuateurs anonymes, p. 740. Editions
qu'on en a faites, ibid.
CHRONIQUE de Ternace, évêque de Besançon,
p. 781.
CHRONIQUE pascale, p. 746; elle est de deux
auteurs, p. 747; idée de cet ouvrage, ibid.; édi-
tions, ibid.
CHRONIQUE de Denis de Telmera, p. 813.
CHRY.SANTHE, évêque de Spolète. Saint Gré-
goire le Grand lui écrit, p. 493.
CIIRÏSARGYRE, impôt sur les personnes in-
fâmes, p. 418.
CIERGE pascal. Prières que l'archevêque de
Ravenne récitait en le bénissant, p. 522 ; saint
Grégoire lui dit de les faire réciter par un autre,
ibid.
CILINIE, mère de saint Rémi, p. 76.
CIMETIÈRES. L'usage était de les faire bénir
avant d'y enterrer personne, p. 377.
CIRCONCISION. Saint Grégoire a cru que la
circoncision remettait le péché originel, p. 505.
CLAUDE, père de saint Fulgence, p. 1.
CLAUDE ordonné prêtre par saint Rémi, p. 80;
trois évêques des Gaules désapprouvèrent cette
ordination, p. 81.
CLAUDE, abbé de Saint-Jean-de-Classe près
de Ravenne, p. 489; son différend avec l'église
de Ravenne; il se pourvoit par-devant le Saint-
Siège, p. 505 ; il obtient de saint Grégoire un
privilège pour son monastère, p. 5U; fait des
recueils des œuvres de saint Grégoire sur divers
livres de l'Écriture, p. .545; il n'est pas auteur du
commentaire sur le livre des Bois, attribué faus-
sement il saint Grégoire, ibid, et .5-10, ni du com-
mentaire sur le CanUque des Cantiques, p. 510.
CI.KK miraculeuse, p. 509.
<:i,KMEN'l'IN, primat de la province Bysa-
cène. p. 909.
CLERCS. L'empereur .lustinien règle le nom-
bre des clercs pour la grande église de Constan-
tinople, p. ■i55. Lois de cet empereur touchant
les clercs, p. 256-259. Défense aux clercs d'avoir
des femmes étrangères, p. 260. Décret attribué au
pape l'élage II sur le jugement des chircs, p. :)39.
Divers règlements de saint Grégoire le Grand
touchant les clercs, p. 496, 497, 499, 500 et suiv.,
.501, 510, 517, 522, 523, .524 et suiv. Doctrine desaint
Grégoire sur les clercs, p. 57i et suiv. Témoignage
de saint Isidore de Séville, p. 7i8. Décision du
pape saint Martin sur les clercs, p. 710. Règle-
ment du concile de Paris de l'an 615 touchant les
clercs, p. 912, 913. Les clercs étaient tellement atta-
chésà une église particulière, qu'on ne pouvait les
en tirer pour les faire évoques sans l'agrément de
l'évéque diocésain, p. 500. Défense aux clercs de
quitter leurs églises pour passer à d'autres, p.9i3;
ils ne doivent être jugés que par des juges ecclé-
siastiques, p. 339; ils ne doivent point èlre tra-
duits devant les tribunaux séculiers, p. 5ui ; la con-
naissance des affaires des clercs doit être laissée
aux évêques, p. 522. Clercs obligés à la garde
des villes dans un temps d'hostilité, p. 511. Con-
tinence des clercs : ceux qui sont dans les ordres
sacrés y sont obligés, p. 524. Règlement du con-
cile de Tolède de l'an 597, touchant la conti-
nence des clercs, p. 907. Les canons leur défen-
dent de loger avec des femmes étrangères, p.
517, 5i8; les clercs tombés dans les péchés de la
chair n'étaient jamais rétablis dans leurs fonc-
tions, p. 477, 573, 574; on leur accordait seule-
ment la communion parmi les laïques, p. 499;
diverses sortes de pénitences imposées aux clercs,
p. 574 Un clerc convaincu de malélice puni cor-
porellement et mis en pénitence, ibid. Un clerc
qui avait abusé d'une flUe, puni corporellement,
p. 497.
CLODOBERT, fils de Chipéric : son épitaplie
par Fortunat, p. 408.
CLODOSINDE, reine des Lombards : saint Ni-
cétius, évêque de Trêves, lui écrit pour la por-
ter à convertir le roi son époux, p. 205.
CLOTAIRE I", roi des Français, épouse sainte
Radegonde; elle le quitte et se consacre à Dieu,
p. 315; il tente en vain de la reprendre, ibid. et
316; son ordonnance pour l'observation de la
justice, p. 884. Sa mort, ibid.
CLOTAIRE II,flls de Chilpéric. Prédiction que
lui fait saint Colomban, p. 616. Il reçoit saint Co-
loniban, ibid. ; il devient seul roi des Français,
p. 617; il invite saint Colomban Prévenir à Lu-
xeuil, ifcid.; lettre que lui écrit le saint, ibid.; son
baptême, p. 906; Clotaire assemble le concile
de Paris, p. 912; édit pour l'exécution des ca-
nons de ce concile avec des modifications, p. 913.
CLOTILDE tsaintei, fille de Chilpéric et nièce
de Gondebaud, roi des Bourguignons, épouse
Clovis, roi des Français, p. 78; Clotilde travaille
932 TABLE ANALYTIQUE
à sa conversion, ibid.; elle se retire après la mort
de Clovis auprès du tombeau de saint Martin,
p. 36s.
CLOUS qui serrirent à attacher le Sauveur à
la croix: saint Grégoire de Tours en compte qua-
tre, p. 372 et 389.
CLOVIS, roi des Français, p. 78; sa conver-
sion, ibid. et 79; son baptême, p. 79; lettre de
saint Rémi à Clovis, p. 79-80; lettre de ce prince
aux (îvéques des Gaules; sa mort. p. 80.
COGITOSL'S, Irlandais qui a écrit la vie de
sainte Brigide, sa tanie, p. 348.
COLOMB, évéque de Numidie, en qui saint Gré-
goire avait confiance, p. 489 ; ce Pape lui écrit,
p. 489, 506.
COLOMB, prêtre; saint Grégoire le Grand lui
envoie un exemplaire du Pastoral, p. 199.
COLOMBA, ou COLyMBAN (saint), premier abbé
de Hi, prêche la foi aux Pietés septentrionaux,
p. GI2.
COLOMBAÎS' (saint), abbé de Luxeu, ou Luxeuil :
sanaissance, son éducation, p. 612. 11 embrasse la
vie monastique à Bancor, ibid.; il quitte l'Irlande
et passe dans les Gaules, p. C13; il s'établit à
Anegray dans les Vosges, ibid.; il bâtit les mo-
nastères de Luxeu et de Fontaines, ibid. On a
lieu de douter qu'il ait établi la psalmodie per-
pétuelle à Luxeu: ibid. et 614. Saint Colomban
est inquiété sur le temps où il célébrait la Pâque,
p. 614; sujet de la haine que lui portait la reine
Brunehaut ; son entretien avec le roi Thierri, ibid.
Il est exilé et revient, ibid. et 615. Il est.exilé une
seconde fois et embarqué sur la Loire pour être
ramené en Irlande, p. 615; il se retire dans les
États du roi Théodebert et prêche la foi a Zug,
p. 616: il s'établit à Bregents,où il fait beaucoup
de conversions, ibid.; va en Italie et s'y établit
à Bobbio où il établit un monastère, ibid. Le roi
Clotaire l'invite à revenir à Luxeu. Lettre qu'il
écrit à ce prince, p. 617. Il meurt en 615. Sa vie
écrite par Jonas, et par d'autres, ibid. Ses écrits :
sa règle observée avec celle de saint Benoît, p!
617,618; règle de saint Césaire avec celle de saint
Colomban, p. 618; première partie de la règle de
saiut Colomban, 6i9, 620; seconde partie ou le
Pénitentiel. p. 620, 621 ; autre Pénitentiel de saint
Colomban, p. on, 622. Premier discours sur l'u-
nité de Dieu et la trinité des personnes, p. 622;
second discours sur la mortification des vices et
l'acquisition des vertus, ibid.; troisième discours
sur le mépris du monde et l'amour des biens
éternels, p. 623; quatrième discours sur les tra-
vaux de la vie présente, ibid.; cinquième et
sixième discours sur la nature de la vie présente,
ibid.; septième et huitième discours sur l'aveu-
glement des mondains et le désir de la félicité
éternelle, ibid.; neuvième discours sur le juge-
ment dernier, ibid.; dixième discours sur le
moyen d'éviter la colère du souverain Juge, ibid.;
onzième discours sur l'amour de Dieu et du pro-
chain, iftirf. ; douzième discours sur la comiionc-
tion et la vigilance, ibid. et 624; treizième dis-
cours sur la fontaine de vie qui est Jésus-Christ,
ibid.; quatorzième, quinzième, et seizième dis-
cours, p. 624: dix-septième discours sur les huit
vices capitaux, ibid. Lettres de saint Colomban
au Pape saint Grégoire, ibid. et 625; aux évêques
des Gaules assemblés en concile vers l'an 612,
p. 625 et 626; au pape Boniface, p. 620; aux
moines de Luxeu, p. 627; au pape Boniface, ibid.
Poésies de saint Colomban ; poème à Hunald, son
disciple, ibid. et 628; poème à Fédolius, p. 628;
poème sur la femme, ibid. -. poème intitulé Mo-
nostichon, ibid.; rhythme en forme de prose car-
rée, ibid. et 629. Ouvrages de saint Colomban qui
sont perdus, p. 629 : un commentaire sur les
Psaumes, ibid.; un écrit contre les ariens, ibid. ;
des lettres au roi Théodoric, ibid.; au roi Clo-
taire et à un de ses disciples, ibid.; lettres et
écrits sur la Pâque et sur les Trois-ChapHres,
ibid. Jugement des écrits de saint Colomban, et
éditions qu'on en a faites, p. 630.
COLOMBES d'or et d'argent suspendues sur les
sacrés fonts et sur les autels, p. 821
COMMUNION à la messe pontificale, p. 511;
manière dont elle se faisait, ibid.; tous ne
communiaient pas chaque fois qu'ils assistaient
au saint sacrifice, p. 390. Les fidèles ne s'appro-
chaient de la communion qu'après la fin de la
messe, p. 391. Tous buvaient le sang de Jésus-
Christ dans un même calice, ibid. Chez les ariens
il y avait un calice pour les rois, et un autre
pour le peuple, ibid. Communion sous les deux
espèces, p. 737; sous une seule espèce, p. 391.
Les novices de saint Colomban ne commu-
niaient que sous l'espèce du pain, p. 620. Com-
munions indignes, p. 605, 606. Sentiment de saint
Isidore de Séville sur la fréquente communion,
p. 717, 720. Si les illusions nocturnes doivent
empêcher de communier ou d'offrir le sacrifice,
p. 526. Une femme qui a ses incommodités or-
dinaires, peut communier, bien qu'elle soit loua-
ble si elle se prive de la communion par res-
pect, ibid. Avant de communier, il faut s'éprouver
soi-même et se purifier de ses fautes, p. 602.
L'eau qu'on aurait avalée en lavant sa bouche ne
doit pas empêcher de communier, p. 603. En
communiant une personne, on lui mettait dans
la bouche le corps du Seigneur, p. 569.
C051E, ville sur l'Adda; description qu'en fait
Cassiodore, p. 219.
COMPUT pascal de Cassiodore, p. 222.
CONANTIUS, évêque de Palencia en Espagne:
hymnes et prières que lui attribue saint lldc-
fonse, p. 699. Sa mort, ibid,
CONCILES. Conciles généraux, autorité des
conciles généraux, p. 93, 94. Les quatre premiers
conciles généraux ont affermi les fondements de
notre foi, etc., p. 230, 231, 244. Ils sont révérés par
saint Grégoire le Grand comme les quatre évangi-
les, p. 434, 482, 554, 555. Toui ce qui a été une
fois arrêté dans le concile et l'assemblée des Pè-
res doit toujours demeurer ferme et stable, p. 92.
11 n'a jamais été permis et il ne le sera jamais
d'assembler un concile particulier pour exami-
ner un concile général, p. jM. La convocation
d'un concile général appartient par privilège au
siège apostolique de saint Pierre, p. 338. Dans
TABLE ANALYTIQUE.
933
un concilo on ne fait jamais de canons qu'après
les diMlnitions de foi, ibid. Le v» concilo général
reçu pai' saint r.régoire le (îrand, p i82, r)r)r). L'K-
glise romaine n'avait reçu que la dénnitlon do foi
du concile de Conslantiiiople. second n'cuinéni-
que, p. 507. Concile d'Eplièse, falsilié comme celui
de Clialcédoine, p. 5o5, 55r). Le pape Léon 1 1 en voie
aux évO(|ues d'Espagne la délinition de foi du
3' concile de Constantinople, vi'' œcuménique, p.
784. Conciles particuliers. Saint Grégoire le Grand
trouve dans la tenue des conciles particuliers
de grands avantages, p. O.'iD. 11 voulait que l'on
en tienne une fois l'an, ibid. Dans les conciles,
les prêtres étaient assis, mais les diacres se te-
naient debout avec le reste du clergé, ibid. Saint
Grégoire ordonne la tenue d'un concile en France
pour remédier i divers abus, p. 518. On assem-
blait ordinairement en France les conciles par
ordre ou du moins avec l'agrément du roi, p.
393. Les causes des évéques étaient examinées
dans ces conciles particuliers, ibid. Sigebert,
roi d'Austrasie, défend d'assembler des conciles
sans sa permission, p. 734. Un évêque condamné
dans un concile particulier pouvait appeler
au Saint-Siège, p. 393. — Conciles du vi« siè-
cle : concile d'Épaone en 517, p. 811 et suiv.;
de Lyon en 517, p. 817-818; de Constantino-
ple en 518, p. 818-819; 4e Jérusalem en 5is, p.
819-830; de Tyr en 5i8, p. 820 821 ; lettre du
clergé d'Antioche en 518, p. 821-822; lettre des
évêques de la seconde Syrie au concile de Cons-
tantinople, p. 822-823. Concile de Rome en 519,
p. 823; d'Arles en 524, p. 823 824; de Lérida
en 524, p. 824 et suiv. ; de Valence en 524, p. 8-2G
et suiv.; de Junque, en 524, p. 828; de Cartilage
en 525, p. 828 et suiv ; de Carpentras en 5-2T, p.
831-832; d'Orange en 529. p. 832 et suiv.; de Va-
lence en 529, p. 838; de Vaison en 529, ibid. et
839 ; de Tolède en 531, p. 839-840. Lettre de Mon-
tan, évêque de Tolède, p. 840-sil ; autre lettre
de Montan à Turibius, p. 841. Concile de Rome
en 530, p. 8JI ; autre en 53i, ibid. Première ses-
sion, ibid. et 842; seconde session, p. 842. Confé-
rence des catholiques avec les Orientaux ou sévé-
riens à Constantinople, en 533, p. 843. Premier
jour de la conférence, ibid. et 844; second jour,
p. 844 st suiv. Conférence du troisième jour, p.
846-847. Concile d'Orléans en 533, p. 847 et
suiv. Concile de Clermont en Auvergne en 535
p. 8.19-850; lettre du concile, p. 8£0. Concile de
Carthage en 555, p. 850. DifSculté do Félicien,
ibid. et 851. Concile de Constantinople contre An-
thime en 536, p. 851-852. Autre concile sous Men-
nas, p. 852. .Vction première, ibid. et 853. Action
seconde, p. 863; troisième ibid.; quatrième, ibid.;
cinquième, p. 854, 815. L'empereur Justinien
confirme ce concile, p. 855. Concile de Jérusa-
lem en 536, p. 8-55; d'Orléans en 538, p. 856 et
suiv. ; de Barcelonne, en 540, p. 859; d'Afrique en
541, p. 859; d'Orléans en 54i, ibid. et suiv.; de
Constantinople en 547, p. 862; d'Orléans en .549,
idid. et suiv.; de Clermont en 549, p. 864 ; de Tout
en 550, iftîd. et 865. Second concile de Constantino-
ple; cinquième général, p. 868-881 . Projet de ce con.
cilo, p. 805. Concile de Mopsuesto en 550, p. 866.
Violences contre le pape, ibid., et 807. Les Orien-
taux présentent leur profession de foi au pape
Vigile, p. 807. Première conférence du second
concile lie Constantincipli', p. HiîB-Kfin. Seconde
conférence, p. 809-870; troisième, p. 87fl ; qua-
trième, ihid. et suiv.; cinquième, p. 871; sixième,
p. 873. Co7)xlituluin du pape Vigile, ibid. et suiv.
Septième conférence, p. 875, 870; huitième, p.
8)0 et suiv. Anatlième contre les origénistes dans
la neuvième conférence, p. 878. Condamnation
d'Origène dans le cinquième concile général,
ibid. et 879 Le pape Vigile désapprouve les Trois-
Chapitres, p. 879 et suiv. Le cinquième concile
général est reçu en Orient, p. 881-882. Il occa-
sionne un schisme en Occident, p. 882; . Concile
de Palestine, ibid.; d'Arles en 554; ibid.; de
Paris en 557 , p. 883. Conciles de Landaff ,
p. 884 et 885; de Brague en 563, p. 8858-80;
de Saintes en 563, p. 887-888; de Lyon en 566,
p. 887; de Tours en 566, p. 887-890. Lettres du con-
cile de Tours, p. 890-891. Concile de Brague en
572, p. 891; de Lugo en 572, p. 892; de Paris en
573, ibid. et 893; autre en 577, p. 893. Saint Gré-
goire de Tours y assiste, p. 366. Concile contre
les Samaritains en 577, p. 592-593. Concile de Châ-
lons en 579, p. 894; de Mâcon en 581, ibid. et895;
de Lyon en 583, p. 895; de Braine vers l'an 580,
ibid. et896. Saint Grégoire de Tours y est accusé
et s'y justifie, p. 366. Concile de Valence en 584,
p. 896 ; de Mâcon en 595, ibid. et 897; d'Auxerre en
585, p. 897-898; de Clermont en Auvergne en 585, p.
899; de Constantinople en 587, p. 899; de Tolède en
589, p. 900 et suiv.; de Karbonne en 589, p. 904;
de Sauriciac et de Home en 589, p. 905. Con-
cile de Poitiers, en 590, p. 905; de Metz en 590,
ibid. et 906; de Nanterre en 591, p. 906 ; de Sa-
ragosse en 592, ibid.; de Rome en 595, ibid. et
907 ; de Tolède en 597, p. 907 ; de Huesca en 598,
ibid.; de Barcelone en 599, p. 907-908. Conciles
du vu= siècle: Concile de Rome, en 601, p. 908;
de Worchester vers l'an 601, ibid. et 909; de la
Byzacène en 602, p. 909 ; de Chalon-sur-Saône en
603, ibid.; de Numidie en 602, p. 910; de Caatorbé-
ry en 605, ibid.; de Rome en 606, ibid et 911; de
Tolède en 610, p. 911: d'Egara ou Terassa en 614,
ibid. et 912; de Paris en 645, p. 912, 013; de Kent
en 017, p.913-914;deSévilleen619, p. 914 et suiv.;
de Théodosiopolis, vers l'an 622, p. 715; de La-
tran en 619, p. 748.
CONCUBINAGE. Ceux qui vivaient dans le con-
cubinage étaient séparés de la communion de
l'Église, p. 755.
CONFESSION des péchés faite aux prêtres,
p. 605 620. Sa nécessité, p. 130, 137. L'évéque, le
prêtre, le diacre, doivent confesser leurs pé-
chés, p. 758. En cas de nécessité, on peut se con-
fesser i Dieu seul, selon le Pc'iiitenliel de Théo-
dore, ibid. Nous sommes obligés, par une né-
cessité de précepte divin, de confesser simple-
ment nos péchés aux prêtres pour en recevoir
l'absolution, p. 69i. Confession générale faite au
prêtre, p. 753. Confession faite par écrit, p. 661-
662. Confession publique d'un vOleur pénitent
931
TABLE ANALYTIQUE.
p. 680. Sentiment de saint Grégoire sur la confes-
sion, p. 570. Tous ceux qui confessent leurs pé-
chés n'en obtiennent pas la rémission, lorsqu'ils
ne les confessent que de bouche, p. 5.5. La con-
fession devient utile, lorsque le pécheur, après
avoir confessé ce qu'il avait fait de mal, ne le fait
plus à l'avenir, p. 56.
CO.\"FIR.M.\TIO.\'. Le sacrement de confirma-
tion se confère par l'onction du chrême et par
l'imposition des mains, p. "713. Il ne se donne
qu'après le baptême, ibid. L'évéque est le seul
ministre de la confirmation, p. ';75. Pour être
parfait chrétien, il faut avoir reçu la confir-
mation de l'évéque, p. 708. Dans le sacrement
de confirmation, on reçoit du Saint-Esprit le
don de force et une grâce abondante , p. 691.
Sentiment de saint Grégoire le Grand sur le
sacrement de confirmation et son ministre, p. 495
et 566, .567. Si le prêtre peut administrer la
confirmation par dispense, sentiment des théo-
logiens, p. 567.
CONGA.L, abbé de Bancor, en Irlande, p. 612.
CONON, évêque d'Édesse, p. 343.
CONO.N, abbé de Lérins, à qui saint Grégoire
le Grand écrit, p. 520.
CONON, un de ceux qui écrivirent pour défen-
dre la résurrection des morts contre Jean Philo-
ponus, p. 652.
COPISTES ou ANTIQU.MRES, p. 233. 23i.
CONST.^NCE, mansionnaire de l'Église de saint
Etienne, auprès de la ville d'Ancûiie, p. 474.
CONSTANTIN lIlouCONST.iNT,filsd'Héraclius,
empereur. Le pape Jean IV lui écrit, p. 649.
CONSTANTIN IV ou CONSTANT II, empereur,
d'Orient, flls du précédent; lettre que lui écrit
le pape Martin en lui envoyant les Actes du
concile qui avait condamné les monothélites,
p. 749 II fait enlever le pape M;irtin I, p.75i. Mau-
vais traitements qu'il fait subir à ce pape, re-
proches que lui en fait le patriarche Paul , ibid.
et 752. Persécution qu'il fait souffrir à saint
Mïxime, abbé de Chrysopolis, opposé au mono-
thélisme, p. 701 et suiv. Lettre que lui écrit
l'abbé siint Maxime pour l'exhorter à la pra-
tique des commandements de Dieu, p. 7f.8. Cons-
tantin renouvelle les privilèges de l'église de
Rome et lui fait des présents, p.78J.
CO.NSTANTI.N V, surnommé Pogonat, empe-
reur d'Orient: sa lettre au pape Douiniis est re-
mise au pape Agatbon: ce qu'elle contient, p.
783. Ses lettres au pape Léon 11 conlirmatives
des décrets du concile de Constantinople contre
les monothélites, p. 704. Lettre au clergé et au
peuple de Rome, par laquelle il ordonne qu'à l'a-
venir on n'enverrait point à Constantinople le
décret de l'élection des papes, et qu'il suffirait
que l'exarque de Ravenne consentît en son nom
à l'élection, p. 785. Il envoie à Rome les che-
veux de ses deux flls Jnstiniun et lléraclius,
faisant adopter ses 11 Is par le i)ai)e, ihid. Sa mort,
ibid.
CONSTANTIN, disciple de saint Benoît et abbé
du Mont-Cassin, p. 6.34.
CONSTANTIN LE DIACRE, gardien des chartes
et juge des causes ecclésiastiques, p. 967. Son
discours sur les martyrs, ibid. Analyse de ce dis-
cours, ibid. et suiv.
CONSTANTINE. impératrice, demande à saint
Grégoire des reliques de saint Paul, p. 497. Saint
Grégoire lui écrit, ibid. et 501.
CONSTANTINOPLE. Prérogative du siège de
Constantinople sur les autres sièges, p. 417.
CONSTANTIUS, évêque de Milan. Saint Gré-
goire lui écrit sur l'affaire des Trois-Chapitres,
p. 404; il lui envoie encore d'autres lettres, p.
495; 499, 5l5, 516, 528. Sa mort, p. 520, 183, 185.
CONSTITUT, archevêque de Sens, assiste au
second concile de Paris en 55i, p. 882.
COUPÙKAL ou NAPPE D'AUTEL, p. 539.
CORPS 11U.MA1N. De la construction du corps
humain, ouvrage de Cassiodore, p. 241. Corps de
Jésus-Christ : on l'adore, p. 301.
CORRECTION des moines suivant saint Benoti,
p. 1691-70.
CORSES, idolâtres convertis, p. 5i0.
COSME d'Egypte, surnommé Indicopleustes à
cause de sa navigation dans les Indes; après avoir
longtemps exercé le commerce et navigué au
loin, il embrasse la vie monastique, p. i86; ses
ouvrages : Topograhie chrétienne, ibid. Elle est
divisée en douze livres : dessein de cet ouvrage,
ibid.el 187; ce qu'il y a de remarquable, p. 187
et suiv. Livres de Cosme qui sont perdus. Sa Cos-
mographie, ses Tables astronomiques et autres
écrits, p. 191. Jugement sur son style, ibid. Édi-
tions de sa Topographie, p. 186.
COSME, évêque d'Epiphanie, et Sévérien, d'A-
réthuse, se séparent de la communion de Sévère,
faux patriarche d'Anlioche, p. 107 ; ils lui font si-
gnifier un écrit par lequel ils le déposent de l'é-
piscopat, ibid. L'empereur Anastase ordonne a
ce sujet que ces deux évèques soient chassés de
leurs sièges, puis il change de sentiment, ibid.
COSME, diacre de Thèhes, p. 490.i
COSME, évêque de Majume en Palestine; ce
qu'eu dit Suidas, p. 790. Ces poésies, ibid. Col-
lection et interprétation des histoires dont saint
Grégoire de Naziance fait mémoire dans ses poé-
sies, ibid. et 791.
COSME l'Ancien, abbé de Jérusalem, différent
de l'abbé de Majume, p. 790. Voyez ibid. note 4.
Ses poésies, p. 790.
COSMOGRAPHIE. Elle est très-Utile à ceux qui
étudient l'Écriture sainte, p. 432-Î33.
COUTUMES des églises. Elles sont différentes.
SaintGrègoire permet au moine Augustin de choi-
sir celles qu'il jugera à propos pour les établir
en Angleterre, p. .524-.5Î5.
CREATION. Si Dieu a créé tous les animaux, p.
36. Tous les êtres, soit spirituels, soil corporels,
sont l'ouvrage de Dieu qui les a créésde rien,p.64.
CRESCONIUS, évêque d'Afrique. Sa collection
(les canons, éditions qu'on en a faites, p. 808-809;
autre écrit de Cresconiiis, p. 809.
CROI.V. La croix de Jésus-Christ est l'espé-
rance do notre salut, la force et l'ortienjeiit de
la religion, p. 608. Forlunat, évêque de Poitiers,
dit qu'il adore la croix en tous temps, qu'il la
TABLE ANALYTIUUE.
935
regarde comme le gage certain de son salut,
qu'il la porte avec lui comme son refuge dans
ses besoins, p. 401. On adorait la croix tous les
mercredis et tous les vendredis dans l'éjjllse du
monastère de Sainte-Croix a l'oitiers.p. 57-2 et 389.
On déposait a Jérusalem la sainte croix en [lublic
à la mi-Carénie, pour être adorée des fidèles, p.
705. On gardait dans une église de Oonstantino-
ple la vraie croix, et on la montrait seulement
trois jours de la semaine sainte, élevée sur un
autel d'or, p. 802. Exaltation delà sainte croix:
on en faisait la fête cliai|ue année, p. 705. La
sainte croix emportée de Jérusalem piu' les Perses,
p. (iy?. Miracle do la vraie croix dans la ville
d'Apamée, p. 110. Huile qui découlait du bois de
la croix du Sauveur, p. 51-2. Croix mise au-des-
sus de l'autel, p. 389. C'était l'usage général de
l'Église de bénir avec le signe de la croix les
sacrés dons que l'on offrait sur l'autel et que l'on
servait ;\ table, p. 38'J. Signe de la croix : les moi-
nes de saint Colomban faisaient le signe de la
croix sur tout ce qu'ils prenaient, p. G20. L'É-
glise adore par toute la terre la croix et les clous
qui ont servi d'instrument à la passion de Jé-
sus-Christ, à cause de celui qui a été percé de
ces clous, et attaché à cette croix, p. 301. Jean,
moine schismatique h Tyr, jette des pierres con-
tre la vénérable croix, p. 8-21.
CRUCIFIX. D'où est venue la coutume de
peindre les crucifix avec une périzone ou
une robe qui descend jusqu'aux pieds, p. 375.
CUMÉKN, Cl'MlAiN ou CUMIN, abbé en Hiber-
nie. Son l'énitentiel, qui a beaucoup de rapport
avec celui de saint Colomban, p. Ci-2, 738. Lettre
donnée sous son nom par Ussérius, p. 738. Édi-
tions de son Péuilentiel, ibid.
CYPIUEN, évéque de Toulon, écrit la vie de
saint Césaire d'Arles, p. 128.
CYPItlEN , diacre, recteur du patrimoine de
Saint-Pierre en Sicile, p. 409, Saint Grégoire le
Grand lui écrit, p. 499-500.
CVIUAQUE, abbé de Saint-André, employé à la
conversion des Barbariciens, p. 43G, 407; élu pa-
triarche de Constantinople, il envoie au pape saint
Grégoire sa profession de foi, p. 50G-507. Il prend
le titre d'évôque universel, p. 530 et .507. Saint
Grégoire lui écrit plusieurs lettres contre cette
prétention, p. 507, 531.
CVRIAQUE, juif converti, p. 484.
CiRlLLA, nourrice de saint Benoît, p. 156.
CYRILLE de Seythopole. écrit la vie de saint
Euthymius, p. 272 et suiv. Analyse de cette Vie,
ibid. et suiv. ; il écrit celle de saint Sabas, p 2U,
analyse de cette Vie, ibid. et suiv. Celle de saint
Jean le Silencieux, p. 277-278. Analyse de cette
vie, ibid.
CYRUS, évêque d'Alexandrie, monolhélite, p.
703, est condamné au concile de Latran, p. 749,
et anathématisé par le pape Léon II, p. 784.
D.
DACIUS, évêque de Milan, chargé par Cassio-
dore de la distribution du blé dans le Milanais,
p. 220, 204. Ce qu'on sait des circonstances de sa
vie, p. 264. Chronique qu'on lui attribue, ibid.
Il s'oppose à l'édit deJustinien contre les Trois-
Chapitres, p. 867. Il se retire avec le pape Vi-
gile au palais d'Hormisdas; violences qu'il y
éprouve, ibid. Miracle que saint Grégoire le
Grand rapporte de lui dans ses Dialogues, p. 264
et 475.
DAGOBERT, flls de Chilpéric, p. 408.
DALMATIQUES. Il est défendu d'en orner le
corps mort du pape, p. 907. L'usage des dalmati-
ques accordé par saint Grégoire à Arégius, évêque
de Gap, et à son archidiacre, p. 518. Le pape Sym-
maque donne permission aux diacres de saint Cé-
saire de porter des dalmatiques comme ceux de
Rome, p. 127.
DANSES. Défense de danser dans les églises,
p. 898; dans les solennités des saints, p. 903.
DÉDICACE d'un oratoire, p. 615. On ne pouvait
dédier une église ou une chapelle en Italie sans
la permission du pape, p. 578. Le pape commet-
tait ordinairement les évêques pour cette céré-
monie, ibid. et 579. Conditions requises pour la
dédicace des églises et des monastères, p. 579.
Les dédicaces des églises étaient accompagnées
de largesses aux pauvres, ibid.
DÉFENSEUR, moine de Ligugé, p. 8i3. Qualifié
grammairien, ibid. Son recueil d'Étincelles ou de
Sentences des Pères, ibid.
DÉFENSEURS. Ce qu'ils étaient, p. 505. Saint
Grégoire établit un corps de défenseurs à qui il
donna la qualité de régionnaires , p. 5io. On ne
doit point choisir les moines pour les faire dé-
fenseurs de l'Église, p. 339,
DÉMÉTRIUS, évêque de Philippes, envoyé à
Rome par l'emperenr Justinien, p. 116.
DÉMÉTRIUS de Cyzique. Son traité de l'héré-
sie des Jacobites, p. 809. On lui attribue un mé-
moire sur le schisme des Arméniens, p. 8i0.
DÉMÉTRIUS, évêque de Naples, p. 481. Saint
Grégoire le Grand lui écrit, ibid. Déraétrius est
déposé de l'épiscopat, p. 487.
DÉMON. 11 n'ade pouvoir de nous tenter qu'au-
tant que Dieu lui en donne, p. 444.
DENIS, évêque de Séleucie, p.70i.
DENIS, évoque d'Ascalon , p. 702.
DENIS (saint) l'.Aréopagite. Ses Actes fausse-
ment attribués à Fortunat, p. 412. Ses ouvrages
cités par Léoncede Byzance, p. 669, par saint So-
phrone, patriarche de Jérusalem, p. 704, par le
moine Jobius , p. 184. Saint Maxime les com-
mente, p. 770.
DENIS surnommé ie Petit, p. 12i. Ce qu'on sait
de sa personne, ibid.; sa science et ses vertus,
ibid, et 122 ; il enseigne la dialectique pendant
plusieurs années, p. 122. Bède le qualifie abbé
de la ville de Rome. On ne sait cependant point
qu'il ait été supérieur d'aucune maison monas-
tique, ibid. Sa mort, iftid. Recueil de ses écrits
dans la Patrologie, p. 125. Ses ouvrages: son Code
93(i
des canons des conciles d'Orient et d'Occident,
Histoire de ce code, ibid. et 123. Éditions qu'on
en a faites, p. 12S. Cycles de Denis le Petit, p.
123. Ses lettres sur la Pâque, ibid. et 124. Ses tra-
ductions faites de grec en lalin, p. 123. Éiiilion
des (icrits de Denis le Petit dans la Patrologie,
p. 125.
DE.MS DE TELMÉRA, écrivain syrien, p. 813;
sa Chronique, ibid.
DE.NRÉES. Édit que fait porter Cassiodore pour
fixer le prix des denrées, p. 218.
DÉODAT, évèque de Mûeon, p. 7:>4.
DESTIN, doctrine des païens sur le destin, com-
batlue par Léonce de Naples, p. 6CC. Erreur des
priscillianlsles sur le destin réfutée par saint
Grégoire, p. 579.
DELSDEDIT, évêque de Milan. Saint Grégoire
lui écrit, p. 528.
DEUSDEDIT, pape. Lettre qu'on lui a fausse-
ment attribuée, p. 645, C46.
DELSDEDIT, greffier à Ravenne. Cassiodore
lui écrit, p. 220.
DEUTÉRIUS, évêque des ariens à Constantino-
ple, corrompt la forme du baptême, p. 104.
DEVINS ou SORCIERS. Défense de les consul-
ter, p. 898.
DIACONESSES. Lois de Justinien touchant les
diaconesses, p. 256. Défense de donner à des fem-
mes la bénédiction des diaconesses, p. 848. Elles
sont abolies, p. 816.
DIACRES. Saint Césaire d'Arles, n'en ordonnait
aucun qui n'eût atteint l'ùge de trente ans, p. 126.
Les diacres ne doivent prêcher qu'avec la per-
mission de l'évêque, p. 300. Ils ne doivent pas
être chantres, p. 907. Diacres régionnaires, p. 429.
Fonctions des diacres, p. 7i9.
DIALECTIQUE. Traité de Cassiodore sur la dia-
lectique, p. 236.
DIALOGUES de saint Grégoire traduits en grec,
p. 171 : en arabe, 472; en saxon, ibid.
DIDIER, évêque de Cahors. d'abord trésorier
de Clotaire II et de Dagobert, son fils, succède à
Rustique son frère, p. 733 ; est fait évêque de
Cahors, ibid. Sa mort, ibid. Analyse de seize let-
tres que nous avons de lai, ibid. 'Trois lettres que
sa mère lui écrit lorsqu'il était à la cour, ibid. Sa
Vie, ibid. Lettres qui lui sont adressées, ibid.
Lettres que lui écrit saint Éloi. Lettres de saint
Didier à saint Ouen ; autre de saint Ouen i saint
Didier, p. 757. Édition des lettres de saint Didier,
p. 735 et 734.
DIDIER (saint), évêque de Langrcs, martyr. Ses
Actes envoyés ii Céraune, évêiiue de Paris, p. 031.
DIDIER (saint), éviquc de Vienne en Dauphiné
et martyr. Lettres que lui écrit le pape saint Gré-
goire, p. 517, 518. Reproches que lui fait saint
Grégoire parce qu'il enseignait la grammaire,
p. 524. Il prétend que le Saint-Siège avait ac-
cordé i son Église le Pallium, p. 518. Il s'attire
la haine de la reine Rrunehaul, qui le fait dépo-
ser dans le concile de Châlonsur-Saûne, et le
fait ensuite mourir, p. 909.
DIDON, évêque de Poitiers, prend soin de l'é-
ducation de saint Léger, p. 780.
TABLE ANALYTIQUE.
DIEU Sentiment de Cassiodore sur la nature
de Dieu, p. 214.
DIMA.NCIIE. Défense de plaider ce jour-là; d'at-
teler les bœufs, p. 325. Lois du roi Contran, tftirf.
et 326. Comment on sanctifiait le dimanche, p.
398. Comment il ét.ait observé en Angleterre, p.
798. Il est défendu de travailler le dimanche el
de se baigner pour ie plaisir, p. 529, 579. Les
Grecs communiaient tous les dimanches, p. 798.
Prescription du concile de Màcon sur l'observa-
tion du dimanche, p. 896.
DIMES des fruits de la terre. Obligation de les
payer, p. 140. Première loi pénale qui ordonne
de payer la dîme aux prêtres et aux ministres
de l'Église, p. 897.
DIONVSE, mère de saint Euthymius, p. 272.
DIOSCORE, antipape, p. 114.
DO.MINIQUE, évêque de Carthage, demande à
saint Grégoire le Grand la confirmation des privi-
lèges de son église, p 489. Son zèle contre les do-
natistes, p. 499. Saint Grégoire lui écrit sur l'usage
qu'on doit faire des calamités, p. 520: le prie d'ai-
der un abbé à contenir ses moines dans le devoir,
p. 509.
DOMINIQUE, prêtre, p. 487.
DOMITIE.\, évêque de Mélitine, p. 494 et 590.
DO.MITIEN, d'abord abbé de saint Martyrius,
puis évêque d'Ancyre. Ses écrits; sa requête au
pape Vigile au sujet des condamnations d'Ori-
gène, p. 345.
DOxMNOLE (saint), d'abord abbé de Saint-Lau-
rent, à Paris, puis évêque du Mans, p. 313. Il
assiste au concile de Tours dont il rédige les Ac-
tes, ibid. 11 fonde l'abbaye de Saint-Vincent, du
Mans, ibid. Sa mort, ibid. Ses écrits, ibid. Sa vie
écrite par deux auteurs difTorenls, ibid. Son tes-
tament et soncodicile,ifc!d. Leur édition dans la
Patrologie, ibid.
DOMNUS, patriarche d'Antioche, p, 175.
DONADEUS, diacre, déposé par Victor, son évo-
que, en appelle au Saint-Siège, p. 910.
DON.AT, à qui saint Fulgence adresse le livre
de la Foi orthodoxe, p. 32.
DONAT (sainti, moine de Luxeuil, et depuis évê-
que de Be-ançon, p. 018; avait été baptisé par
saint Colomban, p. 738; il devient évêque de De-
sançon, ibid.; assiste aux conciles de Reims et de
Chilons-sur-Saône, ibid.; fonde le monastère do
Calais, jftid.; compose une Règle pour dos filles,
p. C18,7:}8. Autre Règle que lui attribi;ent MM. de
Saintc-Martiie, p. 738.
DONATIONS. Formules des donations faites à
l'Église, p. 739 et suiv.
DONATISTES en Afrique, p. 489. Saint Gré-
goire ordonne à Colomb, évêque de Numidie, de
s'opposer à leurs entreprises, ibid., et de veiller
à ce que les enfants des catholiques ne fussent
pas rebaptisés par les donatistes, p. bOG. Il prie
l'empereur Maurice de punir ceux qui contreve-
naient aux lois qu'il avait établies contre les do-
natistes, p. 500.
DON US ou DOMNUS, pape. Sa mort, p. 783.
DONNUS ou DONUS, évêque de Messine. Le
pape saint Grégoire lui donne le pallium, p. 501.
TABLE ANALYTIQUE.
DIPTYQUES. Le concile de Jt^rusalem met dans
les diptyques les Tionis des quatre conciles gi^m^-
raux, ei celui du pape saint Lt^on. p. 8H), hju.
DOR.M.\NTS. Uistoire des sept dormants d'É-
pAtVe, par saint Gr(?goire de Tours, p. 383 et 38.1.
Les sept dormants de Marmoutier sont diffé-
rents de ceux d'Kplièse, p. 384.
DOROTHÉE, moine d'Alexandrie, compose un
écrit pour so'itenir les décrets du concile de
Cbalcéduine , p. 106. 107.
DOUOTIIÉE, archimandrite. Il y a plusieurs
Dorolhées archimandrites, p.C95, G96. Los vingt-
quatre sermons ou doctrines paraissent être de
Dorothée le Sévérien, disciple de .lean. p. 096. Ce
que contiennent ces discours, ibid. Huit lettres
du même, ibid. Traductions françaises des Ins-
tructions de Dorothée, p. 697.
E.
931
DOROVERNE, aujourd'hui Cantorbéry, p. 437.
DOYENS de monastères, suivant saint Benoit,
p. 163.
DKOOTOYÉE, premier abbé de Saint-Germaln-
dcs-Prés, p. 376.
DYNAME, patrice. Sa naissance, ses études, son
mariage, ses emplois, p. 400 et 401 ; il abu.«e de
son autorité, p. 401. Il devient plus modéré et
quitte le monde pour vivre dans la retraite, ibid.
Sa mort, ibid. Ses écrits-, sa Vie de saint Mari
ou Marins, abbé de Bodanc ou Benon, ibid- II
écrivit aussi la Vie de saint Maxime, abbé de
Lérins, p. JOl. Nous avons de lui deux lettres,
ibid.
DYNAME, petit-fils du patrice Dyname, com-
pose son épitaphe, p. 401.
EAU bénite employée à la consécration des égli-
ses, p. 195.
ÉBRÉGISILE, évêqaede Cologne, se trouve au
concile de Poitiers en 590, p. 905.
ÉBROIN, maire du palais, fait mourir saint Lé-
ger et son frère Gairin, p. 780, 781.
ÉCCLÉSIASTE. Passage de l'Écclésiaste expli-
qué par saint Grégoire, p. 477, 478.
ECCLÉSIASTIQUE. Saint Grégoire cite le livre
de l'Eccle'siastique , sous le titre d'un certain
sage, p. 552.
ÉCRITURE sainte. Lecture de l'Écriture sainte
recommandée par saint Fulgence à Galla, p. 27.
Sainte Césarie. sœur de saint Césaire, s'occupait
de la lecture des Livres saints, p. 153. Introduc-
tion à la sainte Ecriture, ouvrage d'Adrien, au-
teur du vi'^ siècle, p. 95. Témoignage de Cosme
d'Egypte sur les livres de l'Ecriture sainte,
p 188, 189. Introduction à l'étude de l'Ecriture
sainte, ou Institution aux lettres divines parCas-
siodore. p. 226 et suiv. Autres ouvrages semblables
Indiqués par Cassiodore, p. 2"2 Ouvrage sem-
blable de Junilius.évéque d'Afrique, p. 28i et suiv.
Edition de l'Ecriture sainte revue par Cassiodore,
p. 227 et suiv. Canons de l'Ecriture sainte rap-
portés par Cassiodore, p. 23i. Avis que Cassio-
dore donne à ses moines sur la lecture de l'Ecri-
ture sainte et sur la manière d'en corriger les
exemplaires, p. 231. Doctrine de Cassiodore, p.
245. Doctrine du pape saint Grégoire le Grand,
p. 552 et suiv.; sur l'inspiration de l'Ecriture
sainte, p. 552; sur les livres qui la composent,
ibid. et 553; sur son obscurité, p. 553, 554: sur
la lecture de l'Ecriture sainte, p. £54; sur ses
sens divers; ibid. .Autres témoignages de saint
Grégoire sur l'Ecriture sainte, p. 444, 508. Saint
Grégoire préfère la version de saint Jérôme à
l'ancienne Vulgate qu'il cite néanmoins quelque-
fois, p. 442. 553. Il cite aussi celles des Septante,
d'Aquila, de Théodotion et deSymmaque, p. 553.
Canon des Livres saints selon Léonce de By-
zance, p. 668. Pandectes ou abrégé de l'Écriture
sainte parle moine Antiochus, p. 698. Commen-
taires de saint Isidore de Séville sur les livres
de l'Ancien et du Nouveau- Testament, p. 715. Al-
légories du même saint Isidore, ibid. Canon des
Livres saints selon saint Isidore, p. 712, 716: son
témoignage sur leur inspiration, p. 716. Questions
de saint Maxime, abbé de Chrysopolis, sur l'E-
criture sainte, p. 763. Réponses du même à di-
vers doutes sur l'Ecriture sainte, ibid.
EDBALD ou ÉTHELBALD, roi de Kent, se con-
vertit, p. 616.
EDOUIN, roi de Northumbre, épouse Elder-
burge, p. 646. Lettre que lui écrit le pape Boni-
face V, pour l'engager à quitter le culte des idoles,
ibid.; il se convertit, ibid. Le pape Honorius lui
écrit sur sa conversion, p. 648.
EGBERT, roi de Kent, envoie à Rome un prêtre
nommé Vigard, pour y être ordonné archevêque
de Cantorbéry, p. 796.
ÉGLISE. Sentiment de s.aint Fulgence sur l'É-
glise, p. 53, 51, 67, 68; de saint Césaire d'Arles,
p. 144. Homélie sur l'Église, attribuée à saint Cé-
saire d'Arles , p. 147. Doctrine de Cassiodore,
p. 247, 248. Traité du prêtre Timothée sur la ma-
nière de recevoir ceux qui se présentent à l'Église
catholique, p. 340, 341, Doctrine du pape saint Gré-
goire sur l'Église, p. 555. Éloge de l'Église catholi-
que, p. 226. On ne peut être sauvé hors de l'Église,
p. 44. D'après saint Grégoire le Grand, l'Église con.
siste dans l'union des fidèles, comme le corps
dans l'assemblage des membres, p. 555. Elle est
sainte, universelle; on ne peut être sauvé que
dans son sein, ibid. Il ny a que l'Église seule
dont Dieu ait les sacrifices pour agréables, ibid.
Elle est composée de bons et de méchants, p.
556.
ÉGLISE ROMAINE. Sa primauté sur toutes les
autres églises, p. 195, 557, 766.
ÉGLISES MATÉRIELLES. Consécration des égli-
ses, p. 388. Quand on doute si une église est
consacrée, on doit la consacrer, p. 535, 579. Or-
nementation des églises, p. 388. Respect qu'on
rendait auxéglises, iMd. Noms de l'église princi-
pale, ibid. Plan de l'église que saint Perpétue fit
bâtir sur le tombeau de saint Martin, ifcid. Fortu-
nat, évêque de Poitiers, bâtit une église en l'hon-
60
y38
TABLE ANALYTIQUE.
neur de la sainte Vierge, où 11 mit les vases né-
cessaires pour conserver le corps cl le sang de
Jésus-CLrist, p. 404- Églises des scliismatiqucs
réconciliées par l'aspersion de l'eau bénite, p. 798.
Églises consacrées de nouveau et réconciliées
par saint Grégoire, p. 579. Églises desservies par
un seul clerc, p. 388. Église interdite, ibid.
ELESB.iN. roi des Égyptiens, fait une expédi-
tion sur les terres des Ilomérites en 5-22. p. 186.
EI.EUTHÈRE (saint) apparaît à Probus, évéque
de Riéti, p. 478.
ELIE, patriarche de Jérusalem, p. 275; il avait
succédé à Sallasle en 493, ibid. Lettre qu'il écrit
aux moines de la Laure de saint Sabas, ibid. Il
envoie saint Sabas auprès de l'empereur .\nas-
tase, ibid. Il est cbassé de son siège pour s'être
opposé aux volontés de cet empereur au faux con-
cile de Sidon , p. 27o. L'ordre est révoqué à la
prière de saint Sabas, ibid. L'bisloire de ce pa-
triarche se trouve dans la Vie de saint Sabas,
p. 275 et suiv.
ELIE, patriarche d'.iquilée, schismatique, p.
335. 336. Lettre que le pape Pelage II adresse aux
évêques d'Istrie au sujet de leur opposition à la
coiidanination des Trois-Chapitres, p. SSn et suiv.
ELOI ;saint\ évêque de Noyon, sa naissance
en 598, p. 753. Son éducation, ibid. 11 travaille
d'abord à la monnaie de Limoges, puis il de-
vient monétaire du roi Clovis U.ibid. Il est en-
voyé en ambassade par le roi Dagobert en 634,
auprès de Judicaël, prince de Bretagne, dont les
sujets avaient fait des courses sur 1rs fronlières
du royaume, ibid Son application ;i la lecture,
à la prière el à l'aumône, tii'd. Il fonde deux mo-
nastères, l'un à Solignac, l'autre à Paris, ibid. et
754, et est fait évéque de Noyon en 640, p. 754.
Sa mort.tfcid. Ses écrits; idée que l'auteur donne
des instructions qu il faisait à ses peuples, ibid.
et 755. Homélies qu'on lui a faussement attri-
buées, page 755. Sa lettre à Didier, évéque de
Cahors, p. 755. Charte qu'il ut dresser pour la
fondation du monastère de Solignac, ibid. et 756.
Sa Vie écrite par saint Ouen, archevêque de Rouen,
Ç.75G. Monastère de filles fondé à Noyon par saint
i, p. 754. Édition de ses O'uvres dans la Pa-
ÉI
trologii', p. 757. Le Discours à un jeune roi pu-
blié par Mai semble être l'œuvre de saint Kloi
ou de saint Ouen, p. 757. Analyse de ce discours,
ibid. et suiv.
ELPIDE, frère de Justinien évéque de Valence
en Espagne, p. 265.
ELPIDIL'S (Rusticus), diacre de l'église deLyon,
devient médecin deThéodoric, p. 99. Il embellit
la ville de Spolète, ibid. Ses liaisons avec saint
Ennode de Pavie et saint .\vit de Vienne : lettres
qu'il en reçoit, ibid. Ses deux poëmes en vers
hexamètres: cequ'ilsconliennent; éditions qu'on
en a faites, iftid. et 100.
EMÉRIUS, évéque de Saintes, déposé, pour-
quoi : p. 886; rétabli par ordre du roi Charibert,
p. 887.
E.MILE, père de saint Rémi, p. 70.
E.MILIEN ^sainl), .solitaire en Espagne, fonda-
teur du monastère de saint Émilien delà Cuculle,
au diocèse de Tarragone. Pa vie écrite par Brau-
lion , évéque de Saragosse , p. 728. Hymne en
son honneur par le même, ibid.
EMILIEN saint, évéque deVerceil, p. 728.
EMINENC.E. titre d'honneur que se donnaient
les évéques, p. 734.
ENDURCISSEMENT. Explication de ces pa-
roles: Le Seigneur endurcit le caur de Pharaon,
p. 131; de celles où il est dit que le Seigneur
endurcit qui il lui plaît, p. 43.
ENFER. Il n'y a rien d'assuré sur le lieu où il
se trouve, p. 478, 479. Descente de Jésus-Christ
aux enfers, p. 185. Quels sont ceux qu'il en a dé-
livrés, p. 507, 508. Éternité des peines de l'enfer,
p. 479. 580, 581. Saint Grégoire distingue deux
lieux dans l'enfer i l'un supérieur où reposaient
les âmes des justes avant la rt^surrection de J.-C,
un autre inférieur où les impies sont tourmen-
tés, 5.S0. Les méchants srront tourmentés dans
l'âme et dans le corps par le feu de l'enfer qui
brûlera éternellement, ibid. et 581.
E'JMUS, évéque d'Arles, parent de saint Césaire
d'Arles, p. 125.
EPACHILS, puni pour avoir célébré les saints
mystères après avoir déjeuné, p. 374.
El'HREM, d'abord comte en Orient, puis pa-
triarche d'Antioche, p. 171. 11 n'a pas droit au
titre de saint, ibid. Sa libéralité envers les pau-
vres, ibid. Ses écrits, tfcid. Analyse de ses écrits
pour la défense de l'Église catholique d'après
Pholius, ibid. et suiv. Fragments publiés par Slaï,
p. 171, note 6. Il condamne Origène -, mouvements
que celle condamnation occasionne, p 175; il
souscrit à la condamnation dos Trois-Chapilres
pour être conservé dans son siège, ibid. Temps
de sa mort, ibid.
EPlPIIANE.élu évêque de Constantinople après
la mort de Jean de Cappadoce, p.ll2. Ses lettres
au pape Hormisdas, ibid. Rescrit qu'il adresse
à Justinien. p. 202. Sa mort, p. 112. Réception
qu'il fit au pape Jean là Constantinople, idid. Edi-
tion de ses lettres dans la patrologie, p. lU. Ses
45 canons, ibid.
EPIPIlANEde Chypre compose une Exposition
des préséances des patriarches et des métropo-
litains, p. 11Î. Éditions de cet ouvrage, ibid.
EPIPIIANE le Scholaslique. Ce qu'on sait de sa
personne, p. 103. A la prière de Cassiodore, il tra-
duit en latin les Histoires ecclésiastiques de So-
crale, de Sozomène et de Théodoret, dont ensuite
Cassiodore forme un seul corps auquel il donne
le nom à'UisInire Tripartile, ibid. Épiphanc tra-
duit aussi en latin les Commentaires de Didyme
sur les Proverbes de Salomon et sur les sept Épt-
tres canoniques; nous n'avons plus ces traduc-
tions, ibid. Sa collection des Épilres syno laies
écrites à l'empereur Léon pour la défense du
concile de Chalcédoine, ibid.
EPIPHANE, lecleurderégllsedeCagliari,p.520.
EPURES CATHOLIQUES. Sentiment de Côme
d'Égypie sur ces épilres, p. 189.
EPREUVES dn feu, p. 37i, 701.
EQUITIUS, père de saint Maur disciple de
.-aint Benoît, p. l.l?.
TAliLt: ANALYTIQUE.
939
ICOl.'ICE ;saiiil), AbW dans la Valùrie, pi-(^clio
aprf-s avoir reçu unu mission extraorjinairo, p-
■m. 471. Il meurt vers l'an .''liO, p. l".!.
KUVICK, roi des Visii^otlis en Espagne, p. 79t.
ESCLAVES. Canons du concile d'Epaone con-
cernant les esclaves, p. 81.'), 81". Canon du concilo
de LtW-ida, p. 8i5. Ut^n'enient du iv concile d'Or-
léans toucliant les clii'Oiiens esclaves des Juifs,
p.80-J. Canons du V" concile d'OrlL'aiis,p.8(i2el8Gl.
Canon du 3' concile de Paris touchant les enfants
des e.sclaves, p. 88y. Canon du \" concile de Jli-
con toucliant les esclaves clirtHiens qui servent
les Juifs, p. S9'). Canon du 2« concile de Mâcon
loucIianS les esclaves mis en liberté, p. 8'J7. Or-
donnance de saint Orrgoire-le-Grand touchant les
esclaves, p. ôOG. Lois qu'il cite touchant les
esclaves, p. 532. Témoignage de saint Isidore
de Séville, p. 723, 724. On ne recevait les es-
claves dans les monastères qu'avec le consente-
ment de leurs maîtres, p. 723. 11 était défendu à
l'abbé démettre en liberté, en vertu de sa seule
autorité, un esclave du monastère, p. 7U. Les
moines grecs n avaient point d'esclaves, p. 798.
Les lois défendent de recevoir l'accusation d'un
esclave ou serviteur contre son maître, p. 532. Les
esclaves juifs ou païens qui désirent se faire chré-
tiens, doivent être mis en liberté, p. 506.
ESDR.VS inspiré duSaint-Esprit rétablit le livre
de la Loi sur d'autres exemplaires, p. 008, 712,
ESPRIT-S.XLNT. Question sur la procession du
Saint-Esprit, ouvrage de saint Fulgence , p. 74.
Traité du Saint-Esprit adressé à Abragila, autre
ouvrage de saint Fulgence, ibid. Doctrine de saint
Fulgence sur le Saint-Esprit, p. 14, 17, 51, 71 et
suiv. Doctrine de Cassiodore, p. 245; d'Anastase,
patriarche d'Antioche, p. 362; de saint Grégoire
de Tours, p. 387; Je saint Grégoire le Grand,
p. 459, 557, 558; de saint Isidore de Séville, p.
713; de saint Maxime de Chrysopolis, p. 765. Sa
divinité d'après saint Fulgence, p. 72 et suiv. On
croit que les Grecs ont altéré un endroit de saint
Grégoire, où ce pape dit que le Saint-Esprit pro-
cède du Père et du Fils, p. 538. 11 est d'une
même substance avec le Père et le Fils, p. 459.
Il est dit qu'il prie pour les pécheurs, parce qu'il
les fait prier en leur en inspirant le désir et la
volonté, ibid.
ETHELBERT, roi de Kent, se fait chrétien,
donne au monastère de Saini-Pierre et de Saint-
Paul une partie des terres qui lui appartenaient,
p. 437, 438. Le pape Boniface IV' lui écrit, p. 911.
Mort d'Éthelbert, p. 913.
ETHELBURGE, reine de Northumbre, p. 646.
ETHÉRIUS, évéque d'Antibes, souscrit au con-
cile d'Orléans en 542, p. 300.
ETHÉRIUS. évéque de Lyon : saint Grégoire
ui écrit, (.517; il assiste au concile de Kanterre,
p. 906.
ETIENNE, abbé de Lérins, p. 506.
ETIENNE, évéque en Espagne, seplaint à saint
Grégoire d'avoir été déposé avec injustice, p.
532. Le Pape députe sur les lieux le défenseur
Jean pour juger cette affaire, ibid.
ETIENNE, évéque de Dore, député à Rome par
Sophrono, patriarche de Jéni.saleni . p. 705 ; légat
du siège apostolique sous lu pape 'l'héodore, p.
750.
ETIENNE donne les fonds nécessaires pour
l'établissement d'un monastère, p. 495.
EllE.NNK, cartulaire, envoyé en Sicile : saint
Grégoire lui écrit, p. 488.
ETOILE des Mages : sentiment de saint Gré-
goire de Tours, p. 372.
EUCHARISTIE. Prière pour y faire descendre
le Saint-Esprit, p. 14 et 15. Le corps et le sang
de Jésus-Christ sont offerts dans le sacrement
du pain et du vin par le corps même de Jésus-
Christ, qui est l'Église, p. 15. Les prêtres con-
sacrent la chair sans tache de l'Agneau ofTerto
pour le salut de tout le monde, p. 323. Sen-
timent de saint Césaire sur l'Eucharistie, p.
144. 145: témoignage de Jobius, moine d'Orient,
p. 183; de Cosme d'Egypte, p. 180; de Cassiodore,
p. 250 ;de saint Germain de Paris, p. 300 et suiv.
Témoignage de saint Véran, évéque de Cavail-
lon, p 323; d'Eutychius, patriarche de Constan-
tinople, p. 3.53, 35'». Explication d'un passage
de Facundus sur l'Eucharistie, p. 293; de celui-
ci: Ce calice est la nouvelle alliance, p. 41.
Explication d'un passage d'Origène, p. 293, 294.
Témoignages de saint Grégoire de Tours, 373 et
390, 391. Sentiment de saint Grégoire le Grand,
p. 567 et suiv. Témoignages d'Anastase Sinaïte,
p. 59G, 597, 508. ,599, 604, 606, 607 ; d'UésychiUS ,
prêtre de Jérusalem, p. 635, G56; de l'auteur des
Homélies attribuées à saint Éloi, p. 755; de saint
Jean Climaque, p. 686; de saint Isidore de Sévil-
le, p. 717. bu temps de saint Grégoire le Grand,
on portait l'Eucharistie en voyage; on la donnait
aux mourants en viatique; on la mettait sur la
poitrine des morts et on l'enterrait avec eux,
p, 569. On brûlait dans le feu les restes de l'Eu-
charistie, p. 655, 656; même au xii« siècle , p. 656.
Dans quelques églises on les donnait aux en-
fants, p. 373, 419. Histoire d'un enfant juif,
ibid. Miracles qui prouvent la présence réelle,
p. 701, 70-2. Transsubstantiation, p. 310. Miracle
qui prouve la transsubstaniation, p. 568. Les laï-
ques recevaient l'Eucharistie dans leurs mains et
s'en communiaient eilx-mêmes, p. 39]. Adoration
de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, p. 686. Le dé-
mon inspire des pensées de blasphème durant le
sacrifice, en même temps que l'Ame y adore Jésus-
Christ, ibid. L'usage est qu'on reçoive de l'É-
glise universelle l'Eucharistie à jeun, p. 596,
717. Dispositions nécessaires pour s'approcher
de l'Eucharistie, p. 135, 137. Manière de la rece-
voir, p. 135. On donnait aux nouveaux baptisés
le corps et le sang de Jésus-Christ, p. 183, 189.
EUDOXE, hérétique inconnu à saint Grégoire
le Grand, p. 507.
EUDOXIE envoie à Pulchérie le portrait de la
sainte Vierge par saint Luc, p. 104.
EUGÈNE, un de ceux qui écrivirent en faveur
de la résurrection des morts contre Jean Philo-
ponus, p. 652.
EUGÈ.NE 1, évéque de Tolède, à qui saint Isi-
dore adresse une lettre, p. 723.
940
EUGÈNE II (saint) , évêque de Tolède , succède
au précédent, p. 742. Durée de son épiscopat, son
livre de la Trinité, ibid. Ses poésies, ibiii. Autres
écrits, ibid. Quatre lettres, ibid. et "43.
EUGÈNE, pape intrus, après la déposition du
pape saint Martin, p. 751.
EUGIPPILS, abbé de LucuUane, ce qu'on sait
des circonstances de sa vie, p. 85. Ses mémoires
sur saint Séverin, apôtre du Norique, ibid. Edi-
tions et traduction qu'on en a faites, p. 8G. Rè-
gle pour les religieux de son monastère que lui
attribue saint Isidore de Séville, p. 86. Recueil
de sentiments et de pensées tirées des ouvrages
de saint Augustin, ibid. Erreur de Sigebert qui a
donné lieu de distinguer deux abbés du nom
d'Eugippius, ibid. Lettre que lui adresse saint
Fulgence, évéque de Uuspe, sur la charité, ibid.
Lettre que lui écrit Ferrand, diacre de Cartbagc,
sur l'unité de natura et d'essence en Dieu et sur
les deux natures en Jésus Cbrist, ibid. Editions
de ses lettres, p. 86.
EULALIUS, évêque de Syracuse, reçoit saint
Fulgence, p. 4.
EULOGE (saint), est élu patriarche d'Alexan-
drie en 581; circonstances de sa vie, p. 580. Il
meurt en G08; ses écrits contre les novatiens,
ibid. et 590; contre Sévère et Tiraothée, p. 590;
contre Théodose et Sévère, ibid. et -Wl ; contre
lesgainites et les acéphales, p. 591. Ses discours,
ibid. et 592. Témoignage de saint Euloge tou-
chant la lettre de saint Léon à Flavien, p. 593.
Jugement de ses écrits, ibid. Discours sur la
fête des l'aimes, qui lui est attribué, ibid. Ecrits
de saint Euloge publiés par Ma'i, p. 594. Edition
de ses écrits dans la Patrologie, ibid. Saint Gré-
goire le Grand écrit à saint Euloge, p. 501, 502,
509, 511, 512, 519, 529.
EUMERIUS, évêque de Nantes, assiste au qua-
trième concile d'Orléans, consulte Trojanus, évo-
que de Saintes, p. 202.
EUPHKASIUS, évéque de Clerraont, p. 380.
EUPHRONE, évéque de Tours, fait la cérémo-
nie de la réception des reliques que sainte Ra-
degonde avait fait venir d'Orient pour son mo-
nastère de Poitiers, p. 3lt!.. 11 refuse de souscrire
au concile de Saintes qui avait déposé l'évéque
Emérius, p. 880. 11 tient le 2" concile do Tours,
où sont faits plusieurs canons sur la discipline,
p. 887 et suiv. Temps do sa morl, p. 365.
EUSÈBE, évéque de Césarée. Saint Euloge d'A-
lexandrie croyait qu'il avait recueilli les actes
de tous les niartvrs; ce que lui dit le pape saint
Grégoire à ce sujet, p. 5ii.
EUSÈBE, évêque de Tarragone, préside au con-
cile d'Egara, p. 912.
EUSÈBE, évéque d'Antibes, estauteur d'une his-
toire de la translation des corps des saints mar-
tyrs Vincent, Oronce et Victor, p. 300, yu7.
EUSÈBE, évêque de Paris, ordonné à la place
de Saflarac déposé pour une faute considérable,
p. 882.
EUSÈBE, abbé en Sicile, p. 487.
EUSÈBE, éVéque de Thessalonique, h qui saint
Grégi'ire écrit, p, 5i7.
TABLE ANALYTIQUE.
EUSÈBE, palrlce, à qui saint Grégoire écrit,
p..'>3i.
EUSTATHE le Moine, écrivain du vi« siècle, p.
175; sa lettre à Timothée le Scholastique sur les
deux natures en Jésus-Christ, contre Sévère,
ibid.
EUSTASE (saint;, abbé de Luxeuil, p. 619 ; son
histoire, p. 633; sa mort, ibid.; il confond le
moine Agrestin, p. 6i7.
EUSTOCHIUS, cinquième évêque de Tours, or-
donne des jeûnes et des veilles pour certains
jours dans son diocèse, p. 372.
EUSTOCHIUS, patriarche de Jérusalem, p. 882.
Il fait recevoir dans un concile les actes du 5'
concile général, ibid.
EUSTORGE, évêque de Milan. Le roi Théodo-
ric lui écrit pour lui faire rétablir l'érêque
d'Augusia, p. 213. Les moines de la Laure de
Saint-Sabas se séparent de sa communion par
attachement pour Origène, p. 272.
EUSTR.\T1US, prêtre de Constantinople, fait
l'éloge du pafriarche Eutychius, p. 347. Traité
de l'état de l'âme après cette vie : analyse de
cet ouvrage, ibid. et 348. Ce que Photius dit de
ce traité, p. 348.
EUTIIYMIUS (saint) : histoire de sa vie par Cy-
rille de Scythople, p. 272 et suiv.
EUTROPE, père de saint Benoît, p. 156.
EUTROPE, évêque de Valence en Espagne, p.
635. 11 nous reste de lui une lettre à Pierre, évê-
que d'iturbica, sur l'étroite observance des moi-
nes et la ruine des monastères, ibid. et 636.
EUTYCllÈS. Ses erreurs réfutées par Ferrand,
diacre de Carthage, p. S8 et suiv.
EUTYCHIEN, clerc d'Adan dans la deuxième
Cilicie, écrit l'histoire de la conversion de saint
Théophile, p. 280, 281. Différentes éditions
qu'on a données de cet écrit, p. 281.
EUTYCllIliNS, divisés en deux sectes, p. 287.
EUTYCHIUS, patriarche de Constantinople: sa
naissance, p. 352. L'evéquc d'.Amasée l'introduit
dans son clergé, ibid. ; il le députe à Constanti-
nople pour tenir sa place dans le v« concile gé-
néral, ibid. et 353. Comment il se rend agréa-
ble à l'empereur Jusiinien qui le fait patriarche
de Constantinople après la mort de Mennas, p.
353; il condamne les Trois-Cliapitres ; il refuse
de souscrire ledit que Justinien avait publié pour
la défense de l'erreur des incorruptibles, ibid.;
il est exilé, et Jean le Scholastique est ordonné à
sa place, ibid.; il est accusé dans un concile et
déposé, puis transféré au monastère d'Amasée,
p. 354. Après la mort de Jean le Scholastique, il
est rétabli sur le siège deConstantinople, p. 351.
Dispute qu'il a avec saint Grégoire sur l'état de
nos corps après la résurrection, ibid. et 356; il
rétracte son sentiment, p. 35c ; sa mort, ibid. Sa
letlre au pape Vigile : son discours sur l,i manière
dont les intelligences sont dans un lieu, ibid. ; son
éloge par le prêtre Eustratius, p. 347. Il avait suc-
cédé à Mennas, p. 868. Il présente auiiape Vigile
sa profession de foi, et convient avec lui d'assem-
bler un concile pour décider la question des Trois-
Chapitrcs, ibid.; il préside au 5« concile général,
TABLE ANALYTIQUE.
Oil
2« de Constanllnople, qui condamne les Trois-
ChapUres, ibid. et suiv.; lellro que lui écrit le
papo Vigile eu approuvant les di'cisione de ce
concile, p. H7!). D^'ux frajinienls sur la I'A(|iie et
sur l'institution de lEucliaristie, pulilitVs par Mal,
p. 353, 351 La vie de saint Eutlomius et les deux
fragments de ses écrits dans la Palrologie, p.
356.
ÉVAGRK d'l':piptianie, historien ecclésiasti-
que; sa naissance, ses études, p. 115, 416; il fré-
quente le barreau, p. 416; il se marie, ibid.; il
lie amitié avec Grégoire, évOque d'Anlioche, et
le sert dans ses procès, ibid.; il écrit son Histoi-
re, ibid.; l'empereur Jlaurice l'en recompense,
ibid.; sa mort, ibid. Ce qu'il y a de remarquable
dans les six. livres de l'Histoire d'Évagre, ibid.
et suiv. Jugement de l'ilisloire d'Évagre, p. 420.
Éditions qu'on en a faites, ibid.
ÉVANCE, lils du patrice Dynanie, ambassadeur
à Constantinople, est tué à Carthagène où il avait
relâché, p. 400.
ÉVA^'CE, évéque de Vienne, qui vivait !i la fin du
■VI» siècle, n'est point l'auteur d'une lettre contre
l'abstinence du sang des animaux, p. 812.
ÉVANCE, archidiacre de Tolède, à qui le car-
dinal d'Aguirre attribue la lettre contre l'absti-
nence du sang des animaux, p. 812.
ÉVANCE, abbé de Troclar, est le véritable auteur
de la lettre dogmatique contre l'abstinence du
sang des animaux, p. S12. Analyse de cette lettre,
ibid. et 813.
ÉVANGILE récité à la messe, p. 539.
ÉVÈCHÉS unis par saint Grégoire, p. 480, 488,
490.
ÉVÈQL'ES. Saint Grégoire prend soin des élec-
tions des évéques, p. 485, 491, 492, 496, 554;
quelle part y avaient les rois goths en Es-
pagne, p. 908; et les rois de France, p. 391, 392,
913. Règlement du concile de Paris en 615 tou-
chant l'élection des évéques, p. 907. Actes pour
l'élection des évéques, p. 740; élection par sort,
p. 908; par compromis, p. 491. Les évéques
ont succédé aux apôtres, p. 718. Us sont ordonnés
au moyen de l'imposition des mains, non par un
seul évêque, mais par les évéques comprovin-
claux, ibid. Un seul évêque, en cas de nécessité,
peut en ordonner un autre, p. 5.'5. En ordonnant
un évêque, on lui donnait un b;îton et un anneau,
pourquoi? p. 7i8. La consécration d'un évêque
appartenait de droit au métropolitain de la pro-
vince, p. 395. On ne suivait pas toujours cette loi
à la rigueur, ibid. L'âge requis pour l'épiscopat
était de trente ans, p. 718. Personne ne pput par-
venir^ l'épiscopat sans avoir passé par tous les de-
grés ecclésiastiques, p. 393, 572. Il faut, pour être
évêque, avoir vécu dans le célibat, ou n'avoir été
marié qu'une fois, et seulement avec une vierge,
p. 718. Ceux que l'on élevait à l'épiscopat étant ma-
riés, se sépuraient de leurs femmes, p. 393. Les évé-
ques ne doivent employer pour les services se-
crets de leur chambre que des clercs ondes moi-
nes. Plusieurs clercs avaient leur lit dans la
chambre où l'évêque couchait, p. '393. Les évé-
ques ne doivent pas demeurer avec des femmes.
si ce n'est avec celles que les canons permettent,
c'est-a-dire avec la mère, la tante et la sœur,
p. 513. Saint Augustin ne voulait pas môme de
parentes dans -a maison, ibid. Les évéciues ne
doivent point user de violence pour se faire
obéir, p. 572 Donner l'aumône est un devoir in-
dispensable pour un évêque, ibiil. Il doit surtout
recevoir les confrères dépouillés de leurs évô-
chés, et leur fournir la subsistance, p. 481, 572.
Lecture des écrits dos anciens Pères a la table des
évéques; on bklmait en eux qu'ils enseignassent
les lettres profanes, itid. Ils étaient astreints à la
récitation des heures canoniales, p. 393. Ils ne
doivent point se mêler d'affaires séculières, p. 5i9.
Ils ne doivent point être à charge à leurs sujets
quand ils \ ont donner la confirmation aux enfants,
p. 530. Fonctions réservées aux évéques, p. 7i9 et
9i5.Respect pour les évéques: c'était l'usaj^e de bai-
ser la main des évéques, pnrce qu'ils conféraient
le Saint-Esprit p.\r l'imposition des mains, p.
393. Les rois les envoyaient souvent en qualité
de médiateurs, ibid. Ils connaissaient de certai-
nes causes à l'exclusion des juges laïques, ibid.
L'évêque ne doit point être traduit malgré lui
devantlejugela'ique, ni jugé par les évéques d'une
autre province, p. 532. La violence commise con-
tre un évêque dans son église est un crime ca-
pital comme celui de lèze-majesté, ibid. Les évo-
ques ne doivent pas être déposés pour cause de
maladie, p. 523. Les canons défendent de mettre
un évêque à la place d'un autre de son vivant,
p. 518. Les évéques se désignaient quelquefois
leurs successeurs avec l'agrément du roi, p. 392.
11 est au pouvoir d'un évêque de donner les biens
qu'il a acquis avant son épiscopat, p. 528, 529.
Evéques transférés, p. 392 ; privés de la com-
munion, enfermés dans un monastère, p. 492,
574. Évêque violent, puni par saint Grégoire, p.
492. Évêque universel; saint Grégoire en refuse le
titre, p. 512. Lois de Justinien touchant les évo-
ques, p.î55, 256, 259, 260. On ne doit pas juger
légèrement les évéques, p. 213. L'épiscopat est
le suprême degré du ministère ecclésiastique,
p. 248. Causes des évéques : comment elles doi-
vent être jugées, p. 863. Lettre de Théodoric,
très-honorable pour les évéques, p. 213, 214. Cas-
siodore écrit aux évéques d'Italie, p. 217. Com-
ment le pape Agapet veut qu'on en use avec les
évéques ariens qui entraient dans l'Église catho-
lique, p. 119. Ce que dit Cassiodore des évéques
et des autres ministres de l'Église, p. 214. 248.
Disposiiions des Novelles de Justinien concer-
Dant les évéques, p. 256, 2.58, 259, 260. Disposi-
tions du Code, p 261, 262. Témoignage de saint
Grégoire de Tours touchant l'élection des évé-
ques, p. 391, 592. Évêque œcuménique ou univer-
sel, titre donné au Pape, p. 436; usurpé par Jean
le Jeûneur et par d'autres patriarches de Constan-
tinople, p. 427 et 436. Saint Grégoire s'oppose à
cette prétention, p. 512. Homélie du pape saint
Grégoire sur les devoirs des évéques, p. 457,
458. Pastoral de saint Grégoire : c'est un traité
des devoirs des évéques, p. 462 et suiv. Saint Gré-
goire prend soin de l'élection des évéques, p. 4S4,
9i2
TABLE ANALYTIQUE.
485, 491 et 8UiT., 496, 534. Divers témoignages de
saint Grt'goire'sur ce qui concerne les évi^qiies. p.
484, 485, 492, 49.3, 515, 5l8, 523 et SUiv. , 525, 530,
533, 572 et SUiv., .574. Témoignage de saint Isidore
de Séville, p. 7i8, 719. Formules de Marcul-
piie touchant l'élection des évt^ques, p. 740.
Dispositions du concile d'Épaone, p. 814 et suiv.
Canons du concile de Lérida, p. ss6; canons du
2» concile d'Orléans, p. 848; canons du 3', p. 856
et SUiv. ; canons du 4", p. 860 et suiv. ; canon de
ce concile qui défend de donner au peuple un
évéque qu'il refuse, p. 803; canon du3« concilede
Paris sur le même sujet; canons du concile de
Lyon qui concernent les évfques, p. 887; canons
du î« concile de Tours, p. 888 et suiv. : canons
du coBCile de Brague et de celui de Lugo, p. 891,
892; canons du concile de Màcon, p. 894. 895; ca-
nons du 3« concile de Tolède, p. 901 et suiv.;
canon d'un concile* de Kome, p, 987; autre
d'un concile de Barcelone, p. 908-. canons du
5» concile de Paris, p. 912, 913. Modification
que Clolaire II y ajoute, p. 913; autres règle-
ments d'un concile de Séville, p. 914 et 915.
EXALTATION de la Salnte-Croix, fêlée chaque
annoe à Jérusalem, p. 705.
E.VCOMMU.MC.\TION suivant les;règles de saint
Isidore de Séville, p. 724. Sentiment de saint
Grégoire sur l'excommunication, p. .571. Exem-
ples d'excjin^nunications injustes, ibid. Les
canons défendent à un évéque d'excommunier
pour une injure personnelle, ibid.
EXCOMMU.MCATIuN monastique, p. 147,149;
suivant la règle de saint Benoît, p. 169, 571. Reli-
gieuses excommuniées par saint Benoît, p. 571. Rè-
glement duconcile de Paris de l'an 615, touchant
les excommuniés, p. 915. Il nest point permis de
communiquer avec les excommuniés, ni de leur
parler, p. 118,497. Les excommuniés sortaient de
l'église lorsqu'on commençait l'oblation, p. 394.
Communiquer sciemment avec un excommunié,
c'est participera son crime, p. 865. Défense de re-
cevoir une personne excommuniée par son évo-
que, p. 1*83. Défense aux évoques d'excommunier
pounles causes légères, p. 862.
EXTRÊME-ONCTION portée aux malades, p,«94.
F.
FABIEN, arien. Fragment des douze livres de
saint Fulgence contre cet hérétique, p. 70 et
suiv.
FACUNDUS, évoque d'IIermiane en Afrique,
se trouve au concile de Constanlinople présidé
par le pape Vigile, p. 285; il s'oppose à la con-
damnalion des Trois-Chapitres. ibid.; il rend pu-
blic l'ouvrage qu'il avait composé pour leur dé-
fense, et l'adresse à l'empereur Jusiinien, ibid.
Analyse des douze livres que contient cet ou-
vrage, p. 285; 1" livre, p. 285 et suiv.; du 2" livre,
p. 288, 289; du 3', p. 289; du 4', ibid. et 290; du
.5», p. 290; du 6«, ibid.; du 1', ibid. et 291 ; du S',
p. 891, 292; du 9', p. 292 et SUiv.; du 10'. p. 29.5,
296; du 11' et du 12', p. 296, 297. Ilse;sépare de la
communion desévfquesqui avaient condamné les
Trois-Chupilres; i\ est envoyé en exil; il écrit
contre Mucien, p. 297. Analyse de ce traité, iiid.
et 298. Sa lettre intitulée de la Foi catholique,
p. 298, 299. Jugement sur les écrits de Facundus,
p. i99; éditions qu'on en a faites, ibid.
FAILBEUS, abbé de Ili, p. 800.
FAMINE dans les Gaules, p. 570; en Ligurie et
dans le Milanais, p. 2iy, 220.
FANATIOUE dans le Gévaudan, qui se disait
le Christ, p. 371.
FaRE (sainte), fille de Chagnoric; saint Colom-
ban la consacre à Dieu, p. 616; elle fut depuis
abbesse d'Évoriac. Sa vie, écrite par Jonas,p.'y7.
FARON, évéque de Meaux, accorde un privi-
lège au monastère de Sainte-Croix, p. 734.
FASTIDIOSUS, hérétique arien, réfuté par
saint Fulgence, p. 34 et 35.
FAUSTE, moine de Glanfeull, envoyé en France
avec saint Maur. Il en écrit la Vie U la prière de
l'abbé Théodore, p. 610. Cette Vie est de Fauste,
p. eu. Qu'est cette vie, ibid., et G12.
FAUSTE de Riez. Ses livres causent beaucoup
de bruit à Constanlinople. Jean, archimandrite,
et Vénérius, diacre, les envoyent à saint Ful-
gence, p. 41. Les moines de Scythie anathémati-
sent les livres de Fauste, p. 45.
FAL'STE, évoque d'Afrique exilé pour la foi,
baiit un monastère dans le lieu de son exil, me-
nace dexcomiiiunication les moines de l'île où
saint Fulgence s'était retiré, s'ils refusent de le
renvoyer, p. 5.
FÉUOLIUS, à qui saint Colomban ailresse un
poème, p. 6->8.
FÉLICIEN est élu évêque de Ruspe, p. 10; as-
siste au concile de Carthage, p. 850, 851.
FÉLICISSIME, diacre, à qui saint Grégoire le
Grand écrit, p. 486.
FÉLICITÉ. Sentiment de Cassiodore sur la fé-
licité des saints avant le jour du jugement, p.
253- Les saints jouiront de la félicité de l'&me
et du corps, p. 58u.
FÉLl.V IV (saint), pape élu par le roi Théodo-
ric, succède au pape saint Jean, p. 115. Sa mort
après trois ans et deux mois de pontilicat, ibid.
Des trois lettres que nous avons sous son nom,
il y en a deux qu'on rejette comme apocryphes.
Analyse de ces lettres, ibid.
FÉLIX (saint), évéque de Nantes; sa mort, ses
écrits, p. 313, 314; il aplanit une montagne, p. 405.
FÉLIX, évéque de Messine, consulte saint Gré-
goire sur plusieurs dillicultés, p. 534, .535. Ce pape
lui répond, ibid. Autre lettre que lui écrit saint
Grégoire, p. 485.
FÉLIX, évéque de Pisaure, prie saint Grégoire
de célt'hrerdes messes publiques dans le monas-
tère de l'abbé Jean, p. .506.
FÉLIX, ablié, ami de Fulgence, est maltraité
par un prêtre arien, p. 3.
TAJBLE ANALYTIQUE.
FlU.IX, diacre ambitieux, veut s'opposer à l'or-
UiiKilioii Je sailli FuliîL'iiro. p. '>.
l'ÉLlX, notaire; saint Kulgence lui adresse un
livre de la 'l'rinitt^ p. 50.
Flil.IX, évOqiie, envoyiS pour convertir les liar-
bariciens, p. -laT.
FÉLIX, évêquo do Siponto, à qui saint Gré-
goire Ocrit, p. •IH.').
FKI.IX, violateur d'une vierge, p. 493.
FÉMX. Gaulois. Son Ologe, p. 213.
FKl.lX, lioimne reconuiiandable, aide Oassio-
dore à i^crire des lettres, p. 217.
FEMMES. Elles ne doivent pas habiter avec les
moines, p. 182. Une femme enceinte peut, d'aprôs
saint Gri^goire le Grand, T'ire baptisée, et il n'y
a point de tenr|)s réglé où après ses couches
elle doive s'abstenir d'entrer dans l'église, p. 526.
Epigrainme de saint Colomban sur la femme, G2S.
FEKALl.i. Fêtes que les païens célébraient le
22 février en l'honneur des morts, p. 890.
FERMENT. Ce terme employé pour signifier
l'eucharistie, p. 541.
FEHU\Nn, diacre île Carthage. p. 10 ; il est nom-
mé aussi Fulgence. Temps auquel il vivait, p. 86;
il propose à saint Fulgence plusieurs questions,
p. 36 et suiv. Sa lettre au comte lîé-iiion sur la
manière dont un homme de guerre doit vivre,
p. 86 et suiv. Sa lettre à Anatolius, diacre de
Rome, contre I hérésie d'Eutychès p. 88 et suiv.
Lettre donnée entière par Jlaï, p. 91, note. Autres
lettres à l'abbé Eugippius contre les ariens, les
nestoriens et les eutychiens, p. 91. Lettre à Sé-
vère Scholastique à Constanlinople, contre les
sabelliens et les ariens, p. 9i et 92. Lettre à l'élage
et à Anatolius, diacres de l'Église de Rome, au
sujet rie la condamnation des Trois-Chapitres, p.
92 et suiv. Sa collection des conciles d'Orient et
d'Occident, p. 94. Jugement sur ses lettres, p.
95; éditions qu'on en a faites, ibid. Le diacre
Ferrand ne paraît pas être l'auteur de la vie de
saint Fulgence, évéque de Ruspe, p. 95. Différen-
tes questions relatives au baptême, qu'il propose
à saint Fulgence, p. 36 et 37. Réponse de saint
Fulgence, p. 37 et suiv. Auti-es questions qu'il
propose à saint Fulgence, p. 39. Réponse du saint,
p. 39 et suiv
FERRÉOL (saint), évêque d'Uzès, compose une
règle pour les moines, p. 312. Analyse de cette
règle, ibid. et 313.
FÊTES principales de l'Église, selon saint Isi-
dore de Séville, p. 718. Dénombrement des fêtes
qui se célèbrent avec cessa! ion d'affaires du pa-
lais, p. 694. Fête de tous les saints, établie en
avant le milieu du ix« siècle, ibid.
FIDUS, diacre de Jérusalem, député à Constan-
linople par Martyrius, fait naufrage, invoque
France saint Euthymius. p. 274.
FILS de Dieu. Objections des ariens contre sa
divinité, réfutées par saint Fulgen<;e, p. 16. Im-
mensité du Fils de Dieu, p. 20.
FIRMIN (saint), évêque d'Uzès, p. 312.
FLAMIR, abbé de Chinon en Touraine. Saint
Germain, évêque de Paris, lui écrit, p. 311.
FLORBERT, abbé du monastère de Gand, donne
943
une retraite ;'i saint Livin, p. 741 ; il l'engage à
faire l'épita|iho de saint Bavon, ibid.
FLOItK, abbesse, p. 493.
FI.OUliNT, ptro de saint Grégoire de Tours,
p. 30,'!.
FLORENT, père de saint Nizier, évêque de Lyon,
p. 381.
FLORENT, i>rêtre de l'église de Trois-Chl-
teaux, écrit la vie de sainte Uuslicule.
l'LOltKNT, diacre de l'Église de Rome, p. 491.
FLORENTINE, sœur de saint Léandre, évêque
de Séville, qui lui adresse une k-tlre intitulée
Instruction des xnerges. p. ■123, Saint Isidore de
Séville, frère de Florentine, lui adresse deux
livres contre les juifs, p. 7i.').
FLORIEN, abbé de Homan-Monlier. Ses lettres
à saint iNicétius, évêque de Trêves, p. 206. Ara-
tor lui adresse son poème sur les Actes des apô-
tres, p. 197.
FOI. Sentiment de saint Grégoire sur la néces-
sité de la foi en Jésus-Christ, p. 559. 11 n'y a qu'une
même foi du nouveau et de l'ancien Testament.
Par elle, les anciens croyaient les promesses que
nous croyons aujourd'hui accomplies en nous,
p. 41. Dans les matières qui concernent la foi,
les princes doivent la soumission aux décisions
de l'Église, p. 297. Profession de foi du pape Pe-
lage I, p. 330.
FONTAINE miraculeuse dans la Calabre, dont
les eaux croissaient miraculeusement dans la nuit
de Pâques, lorsqu'on commençait à donner so-
lennellement le baptême, p. 216.
FORMULES de Marculphe; ce que c'est, p. 740,
741. Différentes formules données par Cassiodore.
p. îVj et 219. Autres formules d un auteur incon-
nu, p. 741. Éditions des formules de Marculphe,
ibid. Autres formules, ibid.
FORNICATION. Celui dont la femme est tom-
bée en fornication, peut la répudier et en épou-
ser une autre, selon saint Théodore, archevêque
de Cantorbéry, p. 798.
FORTUNAT, évêque, différent de Fortunat,
évêque de Poitiers, p. 30C ; on le fait auteur de
la Vie de saint Marcel, évêque de Paris, ibid.; on
le fait aussi auteur du premier livre de la Vie de
siint Hilaire de Poitiers, ibid. Éditions de ces
Vies, ibid.
FORTUNAT Venance (saint), évêque de Poi-
tiers; sa naissance, son éducation; il passe en
France vers l'an 565, devient aumônier et chape-
lain de sainte Radegonde, est fait évéque de Poi-
tiers, p. 403; son éloge, ibid.; l'église de Poi-
tiers l'honore comme saint, ifct'd.; ses écrits:
son recueil de poésie divisé en onze livres, ibid.
et suiv.; ses quatre livres de la vie de saint Mar-
tin, p. 410, 41 1 ; son poème sur la destruction de
la Thuringe, p. 411 ; son poème à Justin le jeune,
ibid.; son poème à Artachis, ibid. Épigramme à
la louange de Childehert II, ibid. Vie des saints,
composée par Fortunat. p. 411; son poème sur
saint Martial, p. 404, 405. Ouvrages de Fortunat
qui sont perdus, p. 4i2, 413. Jugement de ses
écrits, ibid. et suiv. Éditions de ses ouvrages, p.
414. Pièces nouvelles, p. 414.
944
TAHLE ANALYTIQUE.
FORTUNAT, évêque de Naples, p. -VJi. Saint
Grégoire le charge de dédier un monaslire en
l'honneur de saint Pierre et de sainl Michel, p.
502; lui défend de laisser traduire les clercs de-
vant les tribunaux séculiers, 50J ; lui écrit tou-
chant un ma: i qui avait quitté sa femme, p. 5oG.
FORTUNAT, ahhé, déposé injustement; saint
Grégoire ordonne à Marinien de le rétablir, p. 533.
FORTUNAT, évéque de Fano ; saint Grégoire lui
permet de vendre les vases sacrés pour le rachat
des captifs, p. 507.
FORTUNAT, évéque de Naples, à qui saint Gré-
goire le Grand écrit, p. 517.
FOULQUES, évéque de Tongres, veut troubler
saint Reiiii dans la possession de l'église de Mou-
zon. Lollro de saint Rémi à cet évéque, p. 81.
FRANÇAIS (les) descendent desTroyens, d'après
Frédégaire, p. 716. •
FRANCON, évéque d'Aix, p. 39i.
FRÉDÉGAIRE, le Scholastique, historien; ce
qu'on peut conjecturer des circonstances de sa
vie et du temps où il a vécu, p. 714; son pays,
ibid.; sa Chronique; analyse des cinq livres
qu'elle contient, ibid. et UI. Jugement sur cet
ouvrage , p. 745, 746. Quatre continuateurs de
Frédégaire, tous anonymes, p. 740. Éditions
et traductions de ces chroniques , ibid. La
Chronique de Frédégaire imprimée à la suite
des œuvres de Grégoire de Tours, p. 3U0; tra-
duite en français par l'abbé de Marolles et par
M. Guadet. ibid.
FRKDÉGONDE, reine de France, accusée d'a-
dultéré avec Bertrand, évéque de Bordeaux, p. 366.
FRIARD (saint) reclus. Sa vie écrite par saint
Grégoire de Tours, p. 381.
FRIDOLIN (saint), abbé de Saint-Ililaire de
Poitiers. Ce qu'on sait des circonstances de sa
vie, p. 321. Il bAtit divers monastères dans le
royaume d'Austrasie, ibid. Divers écrits qu'on
lui attribue, ibid.
FRIGIUIEN, évéque de Lucques, change par
des prières le lit de la rivière de Serchio, p. 476.
FRUCTUEUX (saint), archevéciue de Brague.Sa
naissance, son éducation : il fonde plusieurs mo-
nastères, p. 799. Il est fait évéque de Dume, puis
archevéquede Brague, ifrid. Sa mort, ibid.; ses deux
règles, ibid. et 800.
FULGENCE, frère de saint Isidore de Séville,
évéque d'Assigite et ensuite de Carthagène, p.716.
FULGENCE (saint), évéque do Uuspe et con-
fesseur. Sa naissance, son éducation, p. 1; il est
chargé dus affaires de sa famille, ibid. et 'i; il se
retire dans un monaslire, p. 2. II est chargé de
la conduite d'un autre monastère, p. 3; il en
fonde un nouveau, ibid. et 45; il va voir l'évé-
que Rulinien. p. 4; il retourne en Afrique, ibid. ;
est ordonné prêtre, puis élu évéque de Uuspe en
508, p. 5; sa conduite pendant son épiscopat,
ibid. cl 6; U est envoyé en exil, p.r>; le roi Trasa-
mond le fait venir, p. 7; lui propose diverses ques-
tions sur la foi, i!)i(/.; saint Fulgence est exilé une
seconile fois, p. 7 et 8; ses écrits; il sort de son
exil, revient il Ruspe, p. 8 et 9; son humilité, sa
mort en 533, p. <*, 10. Ses écrits : ses trois livres
à Jlonime, p. 10 et sui*. Analyse-du I" livre, p.
10 et fuiv. ; Analyse du S' livre, p. 14 et suiv.;
ses réponses aux dix objections des Ariens, p.
16 et suiv,;ses trois livres au roi Trasamond; leur
analyse, p. 29 et suiv. Sa lettre sur le vœu
de continence: analyse de cette lettre, p. 25, 26;
SCS lettres à Galla et à Proba, p 26 et suiv. ; ses
lettres à l'abbé Eugyppius, p. 29; à Théodore,
p. 30, 31; à Vinanlie, p. 31 ; son livre de la Foi
orthodoxe à Donat, occasion de ce livre, p. 32.
Analyse de ce livre, ibid. et suiv. Lettre de Vic-
tor à saint Fulgence, p- 34: livre contre le ser-
mon de Fastidiosus, ibid. et 35. Lettre de Sca-
rilas à saint Fulgence, qui lui répond par un
livre intitulé : De l'Incarnation du Fils de Dieu,
p. 35 et 36. Lettre de sainl Fulgence au diacre
Ferrand, p. 37 et suiv. Lettre du diacre Ferrand
à saint Fulgence sur le baptême, p. 36 et 37. Ré-
ponse de saint Fulgence sur la 1" question, p.
37, 38; à la 2', ibid.;k la 3^ ibid. et 39 ; à la 4«,
p. 39. Autre lettre de Ferrand, et réponse de saint
Fulgence à la l" question, p. 39; à la 2', ibid.;
à la 3', p. 40; à la 4', ibid. et 41 ; à la 5% p. 42.
Lettre de Jean et de Vénérius aux évéques d'A-
frique, p. 41; réponse des évéques, ibid.ei suiv.
Lettre des moines de Scythie aux évéques d'A-
frique exilés en Sicile, p. 44, 45; analyse de cette
lettre, ibid. et suiv.; réponse des évéques, p.
45 et suiv. Lettre du comte Régin à saint Ful-
gence. p. 50; réponse de saint Fulgence, ibid.
Son livre de la Trinité à Félix. Ses deux livres
de la Rémissio7i des péchés, p. 52 ; analyse, ibid.
et suiv.; ses trois livres de la Foi. Lettre de Fé-
lix à saint Fulgence, p. 50: réponse de saint Ful-
gence à Félix, ibid, et suiv. Vérité de la prédes-
tination et de la grâce de Dieu. Occasion de ces
trois livres écrits en 5-23, p. 56; analyse du 1<" li-
vre, ibid. et suiv. ; analyse du 2» livre de la Pré-
destination, p. 59 et suiv. ; analyse du 3' livre,
p. 61 et suiv. Livre de la foi à Pierre écrit après
l'an 5-23. Analyse de ce livre, p. 03 et suiv. Ar-
ticles de foi, p, 65 et suiv. .\rticle ajouté à ceux
de saint Fulgence, p. 68. Le livre de la Foi conlre
l'évéque Pinta n'est point de saint Fulgence, p.
69. Ses sermons, au nombre de dix, p. 69. Ses
livres contre Fabien sont perdus, p. 70. Fragments
de ces dix livres, p. 71 et suiv. Ouvrages de saint
Fulgence que nous n'avons plus. Son livre des
Questions sur la procession du Saint-Esprit,
p. 74, 75. Sa Conférence devant Trasamond ; son
livre dit Saint-Esprit à Abragila , etc., ibid.;
sa lettre aux Carthaginois; son traité du Jeûne;
sa lettre à Stéphanie et à un évéque; ses livres
contre Fabien, contre Fauste et contre Pinta,
ibid.; son sermon sur la Circoncision, p. 75.
Sermon sur l'Epiphanie publié par Maï, ifcid. Ou-
vrages supposés : le sermon sur la Purification,
p. 75; le traité sur lu Prédestination ; les 80 ser-
mons de l'Appe/idice. ibid. Jugement des ou-
vrages de sainl Fulgence, ibid. et 70. Éditions
qu'on a faites de ses écrits, p. 76.
FUNÉRAILLES, qui en faisait les frais à Cons-
tantinople, p. 2.57. Ce qu'on y doit chanter, p. 903.
Funérailles des évéque, p. 827, 828.
TABLE ANALYTIQUE.
945
G.
GATKN, palriarplio d'Alexandrie, p. :^ni.
GAllllN, fiiTo de sa lut Léger, mis à mort par
Ébroïii, p. 7S1.
GAI. (saint', évi?que de Clermont, oncle pater-
nel do Grégoire de Tours, p. ôG.'i; abrégé de sa
\ie, p. 380, 381. 11 est choisi pour être évêque de
Clermont, ibid. 11 préserve de la peste son dio-
cèse, en ordonnant de longues processions au
milieu du Carême, p. 381. Sa lettre à saint Di-
dier de Cahors, p. 734. Ussérius s'est trompé en
attribuant cette lettre à saint Gai disciple de
saint Coloniban, p. 737.
GAL (saint), disciple de saint Colomban,
passe avec lui en France, p. 7.36; l'accompagne à
Zug. d'où un excès de zèle le fait chasser, p. 616
61730. [1 prêche la foi l'i Brégents, p. 616. 11 s'é-
tablit sur le lac de Constance où il convertit les
peuples, p. 736. Il y fonde le monastère de son
nom, ibiil. llefuse l'évêclié de Constance, ibid. Sa,
mort, ibid. Ses écrits: analyse d'un discours que
nous avons de li:i, i6i(/. La lettre qu'on lui attri-
bue est de saint Gai, évêque de Clermont, p. ■;37.
GALLA, fille du consul Symmaque : saint Ful-
gence lui écrit, p. 26.
GATIEX ou GKATliîN, premier évêque de Tours,
p. 37-2.
GAUDIOSUS, à qui Cassiodore écrit, p. 219.
GAUDlOSU.s, maître de la Milice. Saint Gré-
goire le Grand lui écrit, p. 486.
GAULES. Commencements de la foi chrétienne
dans les Gaules, d'après saint Grégoire de Tours,
p. 395.
GEN.NADE, pntric ! et exarque d'Afrique, p. 186.
GE.NSÉRIC, roi des Goths, s'empare de Car-
Ihage, en chasse tjus les sénateurs, p. 1.
GÉOJIÈTRIK. Traité de Cassiodore sur la géo-
métrie, p. '236, 237.
GEORGES i^saint) martyr. Forlunat fait sou
éloge, p. 404.
GEORGES, patriarche d'Alexandrie, succède à
Jean l'Aumônier, p. 699. Il écrit la vie de saint
Jean Chrysostome. î'ftid. ; idée de cette vie, iiit/.;
éditions qu'on en a faites, ibid.
GEORGE, abbé de Saint-Théodore ; lettre que
lui écrit le pape .Martin Ii'', p. 1^>0.
GEORGES Pisidès, diacre et garde-chartes de
l'église de Constantinople, p. Oj3. Ses écrits,
savoir: ses vers contre Philoponus. ibid.-. son
poème sur l'hexaméron, ibid. Antre poème sur
la vanité de la vie humaine, ibid. Fragments
qui restent de ses autres ouvrages, ibid. Poème
sur le Temple de la Mère de Dieu à Constanti-
nople, ibid. Autres poèmes qui sont perdus,
ibid. Les différents discours qu'on lui a attribués
sont d'un autre Georges qui vivait au ix° siècle,
ibid. et 654. Recueil des écrits de Georges Pisidès
dans la Byzantine et dans la Patrologie, p.
654.
GEORGES, frère de saint Jean Cliinaque, est
mis à sa place abbé du Mont - Sina'i, p. 67S.
XI.
GEORGES, abbé de Saint Tbéodose; lettre que
lui éci'it le pape saint .M;irliii, p. 7.')0.
GEORGES, prêtre, député de Cyriaquo arcbe-
vfique de Constantinople, p. 507.
GKUASIMI",, ariaclioii'te. Pendant le Carême, il
ne prenait d'autre nourriture que celle qu'il re-
cevait en participant aux saints mystères, p. 273,
274.
GERMAIN (saint), évêque de Paris. Lieu de sa
naissance, p. 307 ; il est fait évêque de Paris vers
l'an 555, ibid.; il excommunie le roi Caribert,
pour deux mariages contractés avec ses deux
sœurs du vivant de son épouse, p. 391; il écrit
à la reine Bruneliaut, ibid. et 308 Sa mort, p.
307. Sa liturgie, p. 308 et suiv. : sa lettre à Fla-
mir, abbé de Chinon, p. 311. Saint Germain ac-
corde un privilège au monastère qui porte au-
jourd'hui son nom dans un des faubourgs de
Paris, p. 311. Sa vie écrite par Fortunat, p. 4li.
'N''ers à sa louange attribués à saint Ouen, p. 750.
GERM.VI.N (sainte évêque de Capoue, p. 823.
GÉRO.NCE et CHALCÉDOiMUS, abbés. Exhor-
tation que leur adresse Cassiodore. p. 2'!2, 235.
GILDAUD (saint), évêque de Rouen: antienne
en son honneur, attribuée à saint Grégoire de
Tours, p. 384. Sa vie écrite par Fortunat, p. 412.
GILDAS surnommé Albanie, fait profession de
la vie solitair.; auprès de Glaston, p. 318. Il est
différent de saint Gildas surnommé le Sage, ibid.
Temps de sa naissance et de sa mort. ibid.
GILDAS (saint), abbé de Ruis, surnommé le
Sage et quelquefois Badonic; ce qu'on sait des
circonstances de sa vie, p. 318: sa naissance, son
éducation. Il est fait prêtre, ibid.; ses voyages,
ibid.; il fixe sa demeure près de Vannes où il
bâtit le monastère de Ruis, ibid. ; incertitude où
l'on est sur l'année de sa mort, ibid. et 319. Les
deux discours sur la ruine de la Grande-Bretagne
et sur les dérèglements du clergé sont véritable-
ment de lui, p. 319. Analyse de ces deux dis-
cours , ibid. et 320. Canons ou règlements de
discipline recueillis par saint Gildas, p. 320-,
écrits qu'on lui attribue, mais qui ne sont pas
de lui. p. 321. Éditions des écrits de saint Gildas,
p. 320.
GILLES, abbé d'un monastère dans la Gaule
IS'arbonnaise, accompagne saint Césaire d'Arles à
Rome, p. 100; présente une requête au pape
Symmaque, ibid.
GILLES, archevêque de Reims, ordonne Pro-
motus évêque de Cbàteaudun, qu'il avait érigé
en évêché contre les canons, p. 892. Consécra-
teur (le saint Grégoire de Tours, p. 365. II est con-
vaincu d'avoir conspiré contre le roi Childe-
bert, est déposé du sacerdoce dans le concile de
Metz en 590, et est envoyé en exil k Strasbourg,
p. 905, 9û6.
GLAXFEUIL, premier monastère de l'ordre de
saint Benoît en France, p. CIO.
GLORIA IN ëXCELSIS : quand on le disait, p. 539.
Cl
946
TABLE ANALYTIOUE.
GLORIA r.VTRI. Le concile de îjarbonne en
589, ordonne de le chanter à la Ou de chaque
psaume, p. 901. C'iMali l'usage non-seulcnu'iii à
Rome, mais au!>si par tout l'Orient, en Afrique
et en Italie d'ajouier sicut erat à cause des hé-
rétiques ariens, p. 839. Le concile de Vaison or-
donne de suivre cet usage, ibid.
CONDEGESILE, évCque de Bordeaux, p. 905.
CO.N'DEMAU, roi des Golhs en Espagne, con-
firme le concile de Tolède, qui mettait la pro-
vince de Cartbagènc sous la métropole de To-
lède, p. 911.
GO.NTUAN, roi d'Orléans et de Bourgogne, con-
firme les canons du second concile de Mâcon,
sur la célébration du dimanche, p. 3iô, 32G.
Avec quelle religion il observe le droit d'asile
confirmé par le même concile, p. 32G; ses don-
nations faites aux églises de Saint-.Marcel et de
Saint-Symplioricn'd'Autun, sont confirmées au
concile de Valence tenu en 581, p. 896. Discours
de Contran aux généraux de son armée, p. 320;
ambassade de saint Grégoire de Tours auprès de
lui do la part de Childebert, p. 306. Église qu'il
fait bâtir à Cbàlon en l'honneur de saint .Mar-
cel, p. 745. Traité de paix entre Contran et Chil-
debert, p. 327; mort de Contran, ibid. Sa sépul-
ture, ihid.
GO.NTRAN-BOSON se réfugie dans l'église de
Saint-Martin do Tours, p. 370.
GORDIEN, aïeul de saint Fulgence, p. 1.
GORDIEN, auteur supposé, p. 319.
GORDIEN, père de saint Grégoire le Grand;
s'il a été diacre régionnaire, p. 129 ; son portrait,
ibid.
GOTHS. Ils étaient très-cbastes et ennemis de
toutes les libertés contraires à la pudeur, p. 213.
Histoire des Goths par Cassiodore, p. 222.
GIIAOE. Sa nécessité enseignée par saint Gré-
goire de Tours, p. 398. Jésus-Cbrist inspire la
bonne volonté, donne le parfaire, et sans lui il
ne se fait rien de bien, p. 400. Doctrine de l'ortu-
nat de Poitiers sur la grâce, p. 108, 109; de saint
Grégoire le Grand, p. 559 et suiv. Grâce préve-
nante et gratuite, p. 5GI, 5G2. Accord de la gr,1ce
et du libre arbitre, p. 562. Doctrine de .Marc
l'Ermite sur la grâce, p. 637; de saint Isidore de
Séville, p. 721, 722; de saint l'ulgence, p. 11 et
suiv., 28,29. 31, 57 et suiv.; des évéques d'Afri-
que, p. 441 ; de Laurent, évéque de Novarc, p.
96, 97; du pape Boniface II, p. il.'>, 116; de
Cassiodore, p. 251. 2ô2. Canons du S' concile d'O-
range sur la grâce, p. 832 et suiv. Les moines de
Scytliie suivent la doctrine de saint Augustin sur
la gr.'ice, p. 45. Saint l'ulgence distingue avec saint
Augustin la grâce des deux états, p. 52, 03. Le se-
cours de la grâce est nécessaire pour chaque ac-
tion, p. 87. La grâce est donnée sans aucun mé-
rite précédent, p. S8. Elle ne se donne qu'aux
humbles et gratuitement, ibid. Elle n'est pas don-
née k tous les hommes, d'après les moines de
Scytliie, p. 12; et d'après saint Fulgence, p. .'■)8,
GRAM.MAUtE. Traité de la grammaire par Cas-
siodore, p. 235.
CUÉGEXTIUS isaint), archevûquo de Taphar,
dans l'Arabic-Ueureuse. On lui attribue fausse-
ment un dialogue, p. 270; éditions de ce dialo-
gue, p. 280; autres écrits sous le nom de saint
Grégentius, p. 280. Éditions des lois desUomé-
rites, ibid.
GRÉGOIRE, patriarche d'Antioche, embrassa
la vie monastique dans le monastère des Byzan-
tins, aux environs de Jérusalem, dont il devient
supérieur, p. 3 JG. 11 gouverne ensuite le monas-
tère de Pharin, puis celui du .Mont-Sinaï. ibid.
Son éloge, ibid. Il est fait patriarche d'.Vntiocbe
à la place d'Anasiase devenu odieux à l'empereur
Justin, ihid. Il est accusé de divers crimes de-
vant Astérius, comte d'Orient, et se justifie, p.
357. Il est accusé d'inceste par un laïque, et se
justifie, p. 338,4IG. L'empereur Maurice le charge
de ramener au devoir l'armée d'Orient qui s'était
révoltée, p. 357 et 358. Il est envoyé en ambas-
sade vers Chosroès, roi de Perse, qui lui fait de
grands présents, p. 359. Il visite les solitudes de
la frontière et convertit beaucoup de sévériens,
ibid. Sa mort, ibid. Ce que dit Évagre de ses ou-
vrages, ibid.
GRÉGOIRE ■saini\ évêque de Tours: sa nais-
sance, son éducation, p. 3.55. Il est ordonné dia-
cre à Clermont, par saint Avit, ibid.; évéquede
Tours, ibid. Sa conduite pendant son épiscopat,
ibid. et 36G ; il assiste au concile de Paris en 577,
où il prend la défense de saint Prétextât, p. 366;
il détourne le roi Chilpéric de donner un édit qui
ordonnait dénommer la Trinité sans distinction
de personnes, p. 3G6; il est accusé dans leconcile
de Braine et se justifie, ibid.; il est envoyé par
Childebert en ambassade vers Contran, roi de
Bourgogne, ibid.; il va à Rome eu .591, ibid. et p.
3(>7. Sa mort en 390, p. ,SG7; son éloge, ibid. Ses
écrits : son Histoire e?clésiastique des Fran-
çais: utilité de cette histoire; en quel temps
écrite, p. 3G7 ; elle est divisée en dix livres, ibid.
Analyse du i^' et du 2« livre, p. 3C8; du 3°, ibid.
et 3C9; des 4«, 5°. 6c, p. 3G9, 370: des 7», p. 370} des
8« et 9», p. 371 ; du lO', ibid. et p. 372. Livre de la
Gloire des Martyrs, p. 372 ; ce qui est dit dans ce
livre de Jésus-Christ, de la sainte Vierge, de
saint Jean-Baptiste, î6id. et p. 373; du Martyre des
apùlres, p. 374 ; de saint Etienne et de quelques
autres martyrs, ibid. et 375. Livre du Martyre
de saint Julien, p. 374, ,375; ses actes, ibid.; ses
miracles, p. ô:5. Livre de la Gloire des Confes-
seurs, p. 375; ce que ce livre contient, ibid. et
suiv. Lettre de saint Grégoire i son clergé, p.
377. Quatre livres des niimcles de saint .Martin,
iV'iJ. et suiv. Analyse du l»' livre, p. 377: du 2»
livre, ifti'd.; du 3°, iftW. et p. 379; du 4" livre, p. 379.
Prose et oraison de saint Grégoire en l'honneur
de saint .Martin, p. 379. Livre des Vies des Pères,
p. 379 et suiv. Livre de commentaires sur les
Psaumes dont il nous ne reste que trois frag-
ments, p. 383. Livre des Miracles de saint An-
dré, ibid. Livre du .Martyre de saint Julien,
tbid. L'histoire des Scpl Dormants, ibid et 584.
Écrits attribués à saint Grégoire, p. 384, 385. Ou-
vrarios qui sont perdus, p. 385. Doctrine de saint
Grégoire de Tours, p. 385 et suiv. Son sentiment
TABLE ANALYTIQUIÎ.
sur lo sort des saints, p. 38.' et sulv. ; sur la divi-
nité lie Josus-Clirist, p. 387; sur la procession
du Saint-Ksprit, ibid.; sur l'incarnatioa du
Vorlie, ibid.; sur l'assomption de la sainte Viorne,
ibid.; sur les iina^'es, ibid.; sur celles de Jésus-
Christ et des apAtres, ibid. et 3SS; sur les ('gli-
sos, leur dcHlicuce, leurs orncmenis et le res-
pect qu'on leur rendait, p. r)88 : sur les reliques
des saints, ibid. et ssi); sur l'adoraiion de la croix,
p.;)8i»; sur le baptême et laconllrniation, ibid.; sur
les diUicullés relative';.'» la Pàque, ibid. elp.X'O;
sur les fonts miraculeux en Espagne, p. 300; sur
IKncharisiie, sur les messes pour les morts, p.
390, 301 ; sur le dinianclie, et comment on le sanc-
tiliait, p. 31)1; sur les ministres de l'Église, ibid.
et suiv. ; sur les conciles, p. 393; sur les censu-
res et interdits, ibid. et p. 394; sur la pénitence sa-
cramentelle, p. 39-1; sur les moines et les monia-
les, ibid. et p. 395 ; sur les rois de France, p. 305 ;
sur les coniinenccments de la foi cUréticnne dans
les Gaules, ibid. Jugement des écrits de saint Gré-
goire, ibid. et suiv.; son apologie, p. 395, ;î96;
son style, p. 396; sa prétendue crédulité, ibid. et
p. 397. Fautes de chronologie qu'on lui reproche,
p. 397. Éloge de son histoire, ibid.; pureté de sa
foi, p. 398. Éditions de ses œuvres, ibid. et p. 399.
Son éloge par Fortunat, p. 406. Autres vers du
môme à sa louange, p. 408, 409.
GRÉGOlRli LE GRAND (saint), pape etdocteurde
l'Église: sa naissance, son éducaticn, p. 4-29: il est
fait préteur de Rome, quitte le monde et se retire
dans un monastère, ibid. et 430 ; travaille à la
conversion des .inglais, p. 430 et 431 ; il est fait
diacre et envoyé nonce à Constantinople, p. 4",1.
11 résiste au patriarche EutycLius, le fait chan-
ger de sentiment, ibid. etp. 43-2; compose ses .I/o-
ra/es sur Job, revient à Rome, p. 432 ; est fait abbé
de Saint-André, p. 43-2 ; il aide le pape Pelage à
écrire ses lettres, ibid. et 433. Rome est désolée
par l'inondation du Tibre et par la peste, p. 433.
Mort du pape Pelage II, ibid. Saint Grégoire est
élu pape, ibid. Il tient un concile, ibid. ; envoie
en Orient ses lettres synodales, ibid. et 434. Sa
conduite pendant son épiscopat, p. 434; son at-
tention pour les églises du dehors, ibid. et -135.
11 tombe malade à cause des maux de l'Italie,
p. 435. Édit de l'empereur Maurice contre les
soldats qui s'étaient faits moines. Saint Grégoire
travaille i le faire révoquer, ibid.; il cherche du
repos dans la retraite, ibid. et p. 436-, ses démêlés
avec Jean patriarche de Constantinople sur le
titre d'écuménique, p. 43G, 437. Il envoie des mis-
sionnaires en Angleterre, p. 437, 438, Conver-
sion des Corses etdes Juifs, p.438. Saint Grégoire
procure la paix avec les Lombards, ibid. et p. 439;
tombe malade, p. 439: tient un concile à Rome,
ibid. Il entreprend de réparer les basiliques de
Saint-Pierre et de Saint-Paul, ibid. et 440. Mort
de l'empereur Maurice, p. 440. Saint Grégoire en-
voie un nonce à Constantinople, ibid. Sa mort,
ibid. Ses écrits; ses commentaires ou .llorales
sur Job, p. 441, 412, .Méthode de cet ouvrage, p.
442; estime qu'on en a faite, ibid. et 443. Six
parues : 1", p. 443 et suiv.; 2", p 445 et suiv. 3",
947
p. 417, 448 ; 4«, p. 448 et SUlV. ; 5«, p. 450, 451. Scs
homélies sur Ézéchiel, p. 152 et suiv. On écrivait
scs homélies pendant qu'il les prêchait. Sa pré-
sence d'e^prit au milieu des plus graruls trou-
bles, p. 452; il s'est servi du commentaire de
saint Jérôme sur Ézéchiel pour composer scs
homélies, ibid. et 453, Ses homélies sont au nom-
bre do vingt-deux. Jugement de ces homélies,
p. .155; ce qu'elles contiennent, ibid. et 454, Ho-
mélies sur l'Évangile divisées en deux livres,
i/)if/. etsuiv. Homélies du 1" livre, p. 452 et suiv.;
homélies du 2" livre, p. 4.58 et suiv. Son discours
sur la mortalité, p. 402; son Pastoral: estime
qu'on en a faite, p. 4e2; il est divisé en quatre
parties. Analyse dj la l" partie, p. 103, 404; de
la 2», p. 404 et 465 ; de la 3", p. 405 et suiv.; de la
4° partie, p. 470. Dialogues de saint Grégoire,
p. 'i70 et suiv. Preuves qu'il en est l'auteur, p.
470, 471. Réponses aux objections, p. -471, 472.
Dessein de ces Dialogues, p. 472. Ces Dialo-
gues sont bien reçus dans le public, ibid. et
p. 473. Ils sont divisés en quatre livres, p. 473.
Analyse du 1" livre, p. 473, 474; du 2" livre, p.
474, 475; du 3= livre, p. 475 et suiv.; du 4" li-
vre, p. 477 et suiv. Lettres de saint Grégoire di-
visées en 14 livres, p. 479 et suiv. Remarques
sur ces livres, p. 470, 480. Lettres du l" li-
vre, p. 480 et suiv. ; du 2', p. 480 et suiv. ; du 3»,
p. 490 et suiv. ; du 4°-, p. 494 et suiv. ; du 5°, p. 499
et suiv.; du 6=, p. 503 et suiv.; du 7», p. 506 et
suiv. ; du 8«, p. 500 et suiv.; du 9», p. 512 et suiv.;
du 10c, p. 518 et suiv. ; du île, p. 520 et suiv. ; du
12», p. 528 et suiv. ; du 13», p. 529 et suiv. ; du 14',
p. 533 et suiv. Appendice aux lettres de saint Gré-
goire, p. 535 et suiv; pourquoi on n'a pas entrepris
l'analyse de toutes, iftici. et p. 536. Ce que contient
l'appendice aux lettres de saint Grégoire, p. 536,
537. Sacramentaire de saint Grégoire, p. 537; distri-
bution de ce sacramentaire, p. 558etsuiv, .\ppen-
diceau sacramentaire: Bénédictionnaire, p. 543 et
544. Antiphonaire , ibid; autre antiphonaire ,
ibid. Commentaire sur le premier livre des Rois,
p. 545; saint Grégoire n'en est pas l'auteur, ni
Claude, abbé de Classe, ibid. et 546, 547. Le
coramcntaire sur le Cantique des Cantiques
est de saint Grégoire, p. 547, 348. Remarques sur
le Cantique des Cantiques, p. 548. Le commen-
taire sur les sept psaumes pénitentiaux est de
saint Grégoire, p. S18, 640; idée de ce commen-
taire, p. 559, 550. La concordance de quelques
passages de l'Écriture est de saint Grégoire, p. 550.
Extraits des écrits de saint Grégoire par Patérius
et parAlulfe, p. 550, 551. Remarques du cardinal
Caraffa sur les lettres de saint Grégoire, p. 551.
Ouvrage sur les quatre Évangiles attribué i saint
Grégoire par Trithème,'p,5.J2.— Doctrine de saint
Grégoire sur l'Écriture sainte, p. 552 et suiv.; sur
les conciles, p. 554, 555; sur l'Église, p. 555 et
suiv.; sur la primauté de saint Pierre, p. 556;
sur l'autorité du Siège apostolique, p. 557 ; sur la
Trinité et l'iMcarnation, iti(/.;sur la mission des
personnes divines et la procession du Saint-Es-
prit, î'ji'J. et p. 558; sur les deux natures en Jésus-
CUrisl, p. 558,559; sur la loi en Jésus-Chrisl, p
948
TA RLE ANALYTIQUE.
669; sur la grâce, p. 559; sur la prédestination et
la n'probation, p. 502; sur l'accurd de la grâce
avec le libre arbitre, ibid.; sur l'incertiude de no-
tre prOdestinaiion, ibid. et 5C3; sur les anges et
les démons, p. 561; sur l'état du premier homme,
p. ô<il, 56d; sur le péché originel, ibid.: sur la cir-
concision, sur le baptême des enfants, ibid.; sur le
baptême de saint Jean et celui de Jésus-Christ, p.
5cô; sur les effets et les cérémonies du baptême,
p. 505; sur le ministre du baptême et le temps
de l'administrer, p. 5C6; sur le sacrement de
confirmation et son ministre, ibid. et p. 567;
sur l'Eucharistie, p. 507 et 508; sur le sacriflce
de l'autel, p. 503, 569 ; sur les oratoires et
quelques points de discipline touchant la célé-
bration des messes et la communion, p. jC9-,
sur la pénitence, le pouvoir des clefs, la confes-
sion des" péchés, ibiil. et suiv. ; sur l'excouàmu-
nication, p. 57i ; sur l'ordination et la résidence
des clercs, ibid. et p. 572; sur les qualités des évê-
ques et leur manière de vivre, p. 572; sur le cé-
libat des clercs, ibid. et p. 573; sur la pénitence des
clercs, p. 573, 574; sur les monastères et sur les
moines, p. 574, 575; sur les religieuses, p. 575,
576; sur le mariage, p. 576. 577; sur l'invocation
des saints et sur les miracles faits à leurs tom-
beaux, p. 577; sur les reliques des saints, ibid.
et p. 578; sur la translation des reliques, p. 5:8-. sur
les reliques incertaines, ibid.; sur la dédicace
des églises et des monastères, ibid. et p. 57'.i; sur le
destin et les superstitions, p. 579, 580; sur la fé-
licité des saints, p. 5â0; sur le purgatoire, ibid.;
sur l'enfer, ibid. et p. 58i: sur la délivrance de l'â-
me de l'empereur frajan, p. 58i et suiv.; sur l'hé-
résie et le schisme, p. 583, sur la simonie, ibid.
Jugement des écrits de saint Grégoire, p. 583;
éditions qu'on en a faites, p. 581 et suiv. — Diffé-
rentes vies du pape saint Grégoire, p. 585. Con-
ciles tenus par saint Grégoire, p. 906, C08. 910.
Lettres qu'il écrit à Anastase patriarche d'Anlio-
che, p. 359, 3bO. 460, 482, 510. Il reçoit à Korae
saint Grégoire de Tours, \>. 360, 307. Lettre que
lui éciit saint Colomban pour justiHer l'usage
qu'il avait apporté d'Irlande ùj célébrer la Pàciue
le 11 de la lune, p. 624, 62'>. Il le consulte en
même temps sur diverses difficultés, p. 625. On
n'a point la réponse que fit le Pape, ibid., ni deux
autres lettres que lui écrivit saint Colomban. p.
025. Sentences tirées de ses .Morales par Ta'ion
évêque de Saragosse, p. 776, 777.
GRÉGOIRE isaint), évéque de Langres, assiste
à plusieurs conciles, p. 3st ; sa vie écrite par
Grégoire de Tours, ibid.
GREGOIRE, préfet d'Afrique, engage une confé-
rence entre saint Maxime, abbé de Chrysopolis, et
Pyrrhus, partisan des monotbélites, p. 700; saint
Maxime lui écrit, p. 7g7, 708.
GRKGORIA, dame deConstantinoplc; excellen-
tes instructions que saint Grégoire lui donne,
p. 508.
GREFFIER : détail des avantages et des devoirs
attachés à la place de greffier, p. iiO.
GRI.MOALD, maire du palais. Saint Didier.
évêque de Cahors, lui écrit, p. 753.
H.
HABIT clérical. Défense aux clercs de porter
des habits de pourpre, p. 001.
HADIT monastique, suivant saint Benoit, p.
107.
HABITS sacerdotaux, p. 538, 539. Saint Grégoire
envoie 50 sous d'or pour acheter des habits
blancs pour ceux qui devaient être baptisés, p.
510.
HEDDI (saint), évêque de Worcester;samort,
p. 801.
IIELLADIUS, évêque de Tolède, successeur d'.\.-
ransius, est mis au nombre des écrivains ecclé-
siastiques par saint Ildefonse, quoiqu'il n'ait rien
laissé par écrit, p. 609.
HKKACLE, évêque de Paris, p. 80.
IllCRACLlEN, évéque de Chalcédoine, compose
vingt livres contre les manichéens, p. 644; Ce
qu'en dit l'hotius. itic/. et p. 040.
IIÉRACLIL'S, empereur, publie son éditou cc-
Ihèse en faveur du monotholisme, p. 048.
HÉRÉSIE: ne pas croire ceiui qui professe la
vérité', ce n'est pas détruire un3 hérésie, mais
l'établir, p. 5S-,. Hérésie nouvelle à Constanti-
nople, p. 522. imaginaire peut-être, ibid.
HÉRÉnyUES. Méthodes pjur les combattre,
p. ')'.)'<, j'3j. De quelle manière on doit recevoir
les hérétiques, p. 'yia 527. IIscorrouuKint le texte
de récriture, et supposent aux Pères des écrits
dont ils sont eux-mêmes les auteurs, p. 665,670.
Les bonnes œuvres qu'ils font ne leur servent de
rien pour le salut, p. 720. La lecture des livres
des hérétiques ou des païens est défendue aux
moines, p. 72» L'attacliement seul à l'erreur rend
hérétique, p. 290. La grâce du Saint-Esprit n'est
pas chez tous les hérétiques, et leurs s:icriflces,
tandis qu ils sont hérétiques, ne peuvent plaire
i Uiou, p. 15. Défense aux clercs de manger avec
eux, p. 81'>. Défense de se servir de leurs églises,
p. 878. L'empereur Justiuien défend les assem-
blées particulières des hérétiques, p. 201. Moyens
de se préinuuir contre les hérétiques, p. 232.
HiiRMÉ.NÉGlLDE isaint, priuce des Visigoths,
quit'.e l'ariauisma et reçoit a la coulirmation le
nom de Jean, p. 422; il se révolte contre sou père
qui le fait mourir, ibid.
HÉRL'LES. Ils font des ravages dans la Tos-
cane, p. 334.
HÉSVClUUS, évoque de Vienne, assiste au î«
concile de Paris, p. 882.
HÉSYCHIUS. prêtre de Jérusalem : son com-
mentaire sur le Lévilique, p. 6')5, 656. Homélies
et autres écrits, p. 650. 0.57. DilUcultés sur llésy-
cliius, p. 051. 055. Édition des écrits d'Uésychius
dans la l'airologie. p. 0')7.
IlÉsvcHIb'S, prêtre de Constantinoplo Ses
quatre livru;i sur le Serpenl d'mratn sont per.
TABLE ANALYTIQUK.
949
dus, p.G58; ce que Pbotlus nous apprend de cet
écrit., ihid.
IlKSYcmi'S, évoque de Salone en Dalmatic,
p. 6Ô5.
IIlLAiniî (saint), évoque de Poitiors. Citait la
coutume des iiion.islères aux environs de l'oi-
tiers de venir dans celte ville le jour de la /ôto
de saint lliiaire et d'y célébrer les veilles jus-
qu'à minuit, p. 415.
llll.viUE, cartulaire du pape saint Grégoire le
Grand, p. im.
HILAIUO.N, abbé de Saint-André .\ nome, p. 430.
HILAIIUS, sous-diacre de l'église de Naplcs,
puni comme calomniateur, p. 527.
HILDKRIC, roi des Vandales, favorable aux
catholiques, p. 8.
IIISTOIliE KCCLÉSIASTIQUE appelée Tripar-
tite, p. 2-20, -221.
HO.MICIDK, pénitence imposée à un homme
qui avait tué son frère, p. 371.
HOMMES. Jlnripies auxquelles on connaît les
hommes bons ou mauvais, p. 211.
IIOMOBOiNUS, sous-diacre de l'Église romaine,
p. 332.
HONOn.VT, évéque de Novare, p. 96.
IIONOUAT, archevêque de Bourges, préside au
second concile d'Orléans, p. 847, et à celui de
Clermont en Auvergne, p. 849.
HOiNOllAÏ, archidiacre de Salone. Son démêlé
avec Natalis, son évoque, p. 481.
HONOHAT (saint), abbé de Fondi. Sa vie et ses
miracles rapportés dans les Dialogues de saint
Grégoire-le-Grand, p. 473.
HONORAT, prêtre, p. 486.
HONOIU, monastère de la province bétique.
Saint Isidore de Séville lui compose une règle,
p. 723.
HONORIUS I, pape, succède en C26 h Boniface V,
p. 617. Il envoie des missionnaires en Angleterre
et fait cesser le schisme de l'Istrie, ibid. Sa lettre
à Isaac de Uavenne. ibid.: sa lettre aux évéques de
■N'énétie et d'islrie, ibid-; sa lettre à Sergius, pa-
triarche de Constantinople, sur la question des
deux volontés, ihid. et 648 Autres lettres d'Hono-
rius à Édouin ; à Honorius, évéque de Cantorbéry;
à l'évèque d'York ; aux Écossais, ibid.; aux évo-
ques d'Épire, i6id. ; au sous-diacre Sergius, ibid.
Sa mort, ibid. Lettre du clergé de Rome aux
Écossais, p. 649. Seize lettres, deux décrets, des
vers sur l'Ascension, un privilège pour le mo-
nastère de Bobio, sont les œuvres d'Honorius
dans la Patrologie, p. 648, 649. Monuments pour
la défense de ce pape, p. 649. Apologie d'Hono-
rius par Jean IV. pape, ibid. et 650. Honorius
condamné par Léon 11, p. 784, et par le sixième
concile général, ibid. Voyez le volume suivant,
p. 9.'ii !'<• note.
HONORIUS, archevêque de Cantorbéry. Le pape
Honorius lui envoie deux pnlliums, l'un pour
lui, l'autre pour l'évécpie d'Yurk, p. filH.
HOI'ITAI/'.X. Leurs administrateurs étaient
clercs, p. 261, 202, 497. Hôpital fondé h Lyon par
le roi Childehert et la rein(! lIltrogolMe: l,-i fon-
dation en est conllrméo par le 5" concile d'Or-
léans, p. 8(i:).
HORLOGES dans le monastère de Cassiodore,
p. 2:t4.
HORMISDAS, pape, écrit ^ saint Rcmi de Reims,
l'établit son vicaire et son légat dans tout le
royaume de Clovis, p. 8i. La lettre que saint
Henri lui avait écrite est perdue, ibid. Lettres
que lui écrit Jean de Cappadoce, patriarche de
Constantinople. p. 112 ; autre que lui écrit Epi-
phane, successeur de Jean, ibid. Assemble un con-
cile à Rome en 5i9, où l'on confirme à quelques
clioscs près ce i|ui s'était fait au concile de Con-
stantinople, tenu la même année, p. 823.
HOUOSE, abhé du Mont-Christ, p. 485.
HOSPITALITÉ recommandée par le second
concile de Màcon, p. 897.
HOSPITO.N, chef des Barbariciens, se fait chré-
tien, saint Grégoire lui écrit, p. 497.
HOSTIE consacrée mise sur la poitrine des dé-
funts, p. 569.
HUILE. Les moines de saint Colomban por-
taient en voyage de l'huile bénite sur eux pour
en oindre les malades, p. 62u.
HUNALDE, disciple de saint Colomban qui lui
adresse un poème, p. 627, 628.
HUNERIC, roi des Vandales, fait couper la
langue à des évéques qui ne laissèrent pas après
cela de parler librement, p. 477.
HYMNES. Fortunat avait composé des hymnes
pour toutes les fêtes de l'année, p. 412. Saint Isi-
dore de Séville attrihue à saint Hilaire de Poi-
tiers et à saint Ambroise les hymnes que l'on
chante dans les églises, p. 7i6.
HYPACE, archevêque d'Ephèse, envoyé à Rome
par l'empereur Justinien, p. 116, 117; il parle pour
les catholiques à la conférence de Constantinople,
p. 843 et suiv.
HYPATIUS, évéque de Nicopole. Le pape Ho-
norius lui envole lepallium, p. 648.
HYPERCHlUS.abbéavanî le milieudevi' siècle.
Ses capitules ou règles abrégées de la vie spi-
rituelle, p. 697. Leurs éditions, ibid.
HYPOMNESTlCOxN d'Eurépius et de Théodore,
p. 772.
HYPOSTASE. Ce terme est employé par Euloge,
patriarche d'Antioche, p. 592.
I.
IBAS. Défense de la lettre d'Ibas par Facun-
dus, p. 290, 291.
IDALICS, évéque de Barcelone. Saint Julien, ar-
chevêque de Tolède, lui adresse son traité des
Pronostics, p. 791. Ses écrits, p. 796.
IDOLATRIE. Les catholiques qui retournent à
l'idolâtrie ou qui mangent des viandes immolées,
etcsont excommuniés par le second concile d'Or-
léans, p. 848, 849. Restes d'idolâtrie en Italie ou
en France, p. 586. Saint Grégoire exhorte la
930
TABLE ANALYTIQUE.
reine Brunehaut à abolir les rcsles d'idolAlrie
qui se trouvaient dans les États des rois Tht'O-
debert et Tbéodoric, p. 513. Saint Eloi évéqiie
de .Noyon condamne les restes d'idolâtrie qui
avaient cours dans son diocèse, p. 734.
ILDEFONSE (saint), archevêque de Tolède. Sa
naissance, son éducation, p. ";); il embrasse la
vie monastique, est Tait abbé d'Agli, assiste au
vin» concile de Tolède, est fait évéque de cette
ville en C57 et succède à saint Eugène de Tolède ;
ibid. Sa vie écrite par deux auteurs différents;
il meurt en CG7, ibid. Ses écrits : Son livre de la
Virginité perpétuelle de ta sainte Vierge. Idée de
ce traité, ibid. cl 771. Autre traité de la virginité
de Marie; il n'est pas de saint lldefonse. p. 774.
Son livre de la Connaissance du baptême, ibid.
Son livre du Ve'serl spirituel, p. 775. Homélies
qui lui sont faussen»ent attribuées, ibid. et p.
776. Son traité des ccrivains ecclésiastiques, p.
776. Éditions des œuvres de saint lldefonse dans
la Patrologie d'après Lorenzana, ibid. Eloge que
saint lldefonse fait de saint Grégoire, p. 441.
ILLIDIUS ou ALLYRE (saini), évéque de Clcr-
mont, p. 3S0.
l.MAGES sur les autels, p. 888. Images des évo-
ques dans les églises, p. 348. sentiment de saint
Grégoire sur les images, p. 5i7; de Léonce,
évéque de Naples en Chypre, p. 663, 664. Miracles
opérés par les images et par les reliques, p. 604,
665. Images de la sainte Vierge, de Jésus-Christ
et des apôtres dans les églises, p. i287, 288. Image
du Sauveur percée par un Juif avec un dard
rend du sang, p. 373, 387 et 388. L'image de saint
Théodore martyr percée d'une flèche rend du sang^
p. 387, 609. Uisloired'un solitaire qui avait dans
sa cellule une image de la sainte Vierge qui por-
tait Jésus-Christ entre ses bras, p. 70I. Histoire
de deux hommes de la lie du peuple qui furent
punis miraculeusement pour avoir insulté l'image
de la sainte Vierge, p. 60-2. Discours sur les images
attribués à saint Simon Stylite le jeune, p. 675.
Histoire d'un solitaire qui avait dans sa cellule
une image de la sainte Vierge qui portait Jésus-
Christ dans ses bras, p. 701. Doctrine de Jean,
évéque de Tliessalonique, sur les imagis, p. 787.
Saint Grégoire fait ûter d'une synagogue des Juifs
une image de la sainte Vierge et une crois qui y
avaient été mises par un Juif converti, p. 513.
IMl'L'RETÉ. Ceux qui avaient commis des pé-
chés d'impureté étaient retranchés de la com-
munion des saints mystères pendant plusieurs
années, p. 684. Les prêtres, les évoques, les dia-
cres et les autres clercs qui sont tombés dans
des péchés d'impureté doivent être déposés sans
espérance d'être rétablis, p- 714, et celui qui a
commis un péché semblable avant son ordina-
tion ne doit pas être ordonné, p. 714. Uemèdes
contre l'imp'ireté, p. 684.
INCAUNATIO.N. 11 'rétiqiics qui ont erré sur ce
mystère, p. 10 et 20. Sentiment de saint Knlgence
sur rincarnntion, p. 22 et suiv.; 34, 63, 64: de
Ferraiid diacre de Carihage. p. «8, 8a, !»l, 92;
de l'empereur Justinien, p. 116, li7; de saint Cô-
saire d'Arles, p. 136, 144; de Procope de Gaze,
p. 178 : de Timothée d'Alexandrie, p. 190 ; de Cas-
siodore. p. 245 et suiv.; de Faeundus, p. 2S8; de
Théodore de Mopsuestc, p. 202; de Rusticus dia-
cre de l'Eglise romaine, p. 300, 301; <lii pape
Pelage I. p. 332; de saint Anasiase patriarche
d'Antioche, p. 361, 302; des moines de Scythie.
p. 41 et 45; des évêques d'Afrique, p. 45 ; de saint
Grégoire de Tours, p. 387; de saint Forlunat,
évéque de Poitiers, p. 408; de saint Grégoire le
Grand, p. 557; d'Anastase Sinalte, p. 596, 597,
598.599:de Léonce, évéque de Nicopole en Chypre,
p. 605, 606 ; de Léonce de liyzance. p. 607, 668, 671 ;
de Théodore, abbé de Rhaite, p. 7b7; de saint Eu-
loge d'Alexandrie, p. 590, 591 ; de saint Soplirone,
patriarche de Jérusalem, p. 703. Si l'on peut
dire que la divinité de Jésus-i'.hrist est née,
qu'elle a souffert, etc. , p. 39, 40. Si l'ime de Jé-
sus Christ connaît parfaitement la Divinité, etc.,
p. 40. Si le corps de Jésus-Christ était corrup-
tible ou incorruptible, p. 51. Ce n'est point la
Trinité qui s'est incarnée, c'est le Fils seul, c'està-
dire une personne de la Trinité, Jésus-Christ,
Fils de Dieu, etc., p. 45. II n'est pas permis de
croire que le Père ou le Saint-Esprit se soit (ait
homme, p. 51, 52.
INCIRCONSCRIT. Discours de saint Athanase,
patriarche d'Antioche, sur l'incirconscrit, p. 361.
IKCORRLI'TlIiLES. Secte d'eutychiens . p. 204.
L'empereur Justinien publie un édit pour la dé-
fense de l'erreur des incorruptibles, p. 353.
I.NGUNDE, femme d'Herménégilde, flls de Lé-
vigilde.roi des Visigolhs, p. 422.
INTERCESSION' des saints, p. 411. Les évéques
du concile de Jérusalem en 518, prient la sainte
et glorieuse vierge Marie, mère de Dieu, d'em-
ployer son intercession pour la paix des églises,
etc., p. 820.
I.WOCATION des saints, p. 253, 577.
INTERDITS ecclésiastiques, p. 388, 393.
INTROÏT à la messe, p. 538.
IRÉNÉE (saint). Ses écrits ne se trouvaient point
dans les archives de l'Église romaine, p. 524.
ISAAC. exarque de Uavenne. Le Pape llono-
rius lui écrit, p. 047.
ISAAC, serviteur de Dieu, favorisé du don des
miracles, p. 476.
ISAAC, évéque de Syracuse. Lettre que lui écrit
le pape Jean IV, p. 650.
ISACIUS, patriarche de Jérusalem. Saint Gré-
goire loue la pureté de sa foi, p. 523. Voyez Ué-
syctiius.
ISAIE, abbé. Analyse de ses vingt-neuf dis-
cours de morale, p. 789; ses écrits, ibid.
ISIDORE isaint», évoque de Séville et docteur
de l'Eglise; sa naissance, son éducation, ses étu-
des, p. 710. Saint Isidore était fière cadet de saint
Léandre, p. 422. Il lui succède sur le siège de Sé-
ville, p. 423 et 711. Concile qu'il tient à Séville,
p. 917, 918. Il assiste et préside à divers con-
ciles, p. 711. Sa mort en 636, ibid. Ses écrits, p.
711 et suiv.: ses livres des Origines ou Elymolo-
gies, ce qu'ils contiennent, ibid. et suiv.; ses
livres de la différence ou de la propriété des
verbes, p. 713; ses livres des synonymes, ibid.
TABLK ANALY'J'IQUE.
951
Le livre du Mépris du }fnndc,ihi(l.: le livre de
la Règle de Vie, cl Ui lettre .\ iMassanus sont dos
ouvraRcs supposés, p. 711. Autres écrits du saint
Isidore : diverses œuvres morales, ihid.; uu livre
de la Nature lies Choses, ihid.; deux chroniques,
ibid. et 7i5; des commentaires sur les livres de
t'.lncien et du Nouveau Testament, p. '"o; des
allégories sur l'Ancien et le Nouveau Testament,
ibid.; un catalogue des écrivaiyis eccle'sias(i(iues,
ibid.; un livre de la Vie et de la Mort des Pires,
ibid.; deux livres contre les Juifs, ibid. et 710;
deux livri'S des Offices ecclésiastiques, analyse de
ces deux livres, p. 716 et suiv.; une lettre a Eu-
frède, évêiiue de dordouo, p. 720; trois livres des
Sentences, p.720 et suiv. -analyse du livre l''Si/n(/. et
p. 37; du2«, p. •;2l, 722; du 3°, p. 722. Quelques let-
tres, p. 711, 7>1, 723; une ni"'gle pour des moines, p.
723 et suiv. Ouvrages atlriliiiés ;'i saint lsidf)rc :
un livre du Combat des Vices et des Vertus, p.
72,",; un commentaire sur le Cantique des Canti-
ques, ibid.; un livre de l'Ordre des Créatures,
ibid. et 720; un glossaire, p. 720. Livres de .saint
Isidore qui sont perdus, ibid. Jugement de ses
écrits, ibid. Éditions qu'on en a faites, ifcii/.;
édition dans la Patrologie, p. 727,728. — Son
éloge et le caialogue de ses ouvrages composé par
Braulion, évéque de Sarjgossi,-, p. 728.
ISTRIE. Les évoques d'istrie persévèrent dans
le scliisme pour la défense des Trois-Chapitres,
p. 330. Le pape Pelage II leur écrit pour les ex-
Uorter à se réunira riiylise, ibid. et suiv.
J.VCOBITES, hérétiques, p. 809. Leurs erreurs,
ibid.
JACQUES, surnommé Trantzales, moine syrien,
chef de l'hérésie des jacobites, p. 809.
J.\NU.\niN, moine de Saint-Aurélien d'Arles,
fait en vers acrostiches l'épitaphe saint Floren-
tin, abbé de ce monaslère, p. 321, 322.
JANVIER, évéque de Cagliari, faible et colère,
p. bl2. Indolence et inflrmités corporelles de
Janvier, p. 533. Quatre lettres du pape saint Gré-
goire qui lui sont adressées, p. 483. Autres let-
tres qu'il lui écrit, p. 495, 490, 512, 510, 520, -Vig,
533. Saint Grégoire lui fait une sévère répri-
mande, p. 512.
JANVIER, évêque de Slalgue en Espagne, in-
justement déposé et chassé de son siège, porte
ses plaintes au pape saint Grégoire, p. 532. Ins-
tructions que le Pape donne sur celte affaire au
défenseur Jeau, ibid. Sentence en faveur de Jan-
vier, ibid.
JARDINIER du monastère de Fondi : les ser-
pents lui obéissiient, p. 493.
JEAN-BAPTISTE (saint). Invention de son chef
par deux moines qui étaient allés par dévotion
à Jérusalem, p. 98. L'histoire de cette invention
est écrite par l'abbé Marseilles et traduite en la-
tin par Denis le Petit, p. 125. Cosme d'Egypte
croit que. le père de saint Jean-Paptiste avait été
grand-prêtre, p. 191. Différentes reliques de ce
saint dont parle saint Grégoire de Tours, p. 373.
Homélies du pape saint Grégoire sur les témoigna-
ges que saintJean a rendus i Jésus-Christ, p. 456.
JE.\N (saint) l'Evangéliste, prêche l'Evangile
dans l'Asie, p. 553. D'après saint Grégoire le
Grand, il était le jeune homme qui suivit Jésus-
Christ dans sa passion, ibid. Il fut enterré à
Ephèse, p. 383. 11 coulait de son tombi'au une
manne semblable à de la farine, p. 374. Du temps
d'Ephrem, patriarche d'Antiocbe, quelques-uns
pensaient que saint Jean n'était point mort, et
qu'il était réservé avec Enoch et Élie pour le se-
cond avènement de Jésus-Christ, p. 173. Lettre
d(i pape saint Grégoire au sujet de la tunique de
saint Jeani p. 490.
JEAN de Cappadocc, évêque de Constantinople,
succède à Timolhée, p. 111. L'empereur Anasiase
l'oblige à condamner le concile de Chalcédoine,
ibid. .iprès la mort de ce prince, il se rétracte
et dit anatlième à Sévère de Sozopole, ibid. Il
tient un concile où la mémoire d'Euphémius et
de Macédonius est rétablie, ibid. et 819. Ses let-
tres à Jean, patriarche de Jérusalem, et à Épi-
phane, évêque de Tyr, pour les en informer, ibid.
Il accepte le formulaire du pape Ilormisdas,
ibid. Ses lettres au Pape, ibid. et 112. Sa mort, p.
112.
JEAN le Scholastique, patriarche de Constan-
tinople, étant prêtre et apocrisiaire d'Antiocbe,
compose une collection de canons : idée de cette
collection, p. 354, 355. C'est la seule faite par les
Grecs où les canons du concile de Sardique
soient insérés, p. 355. Il est ordonné patriarche
de Constantinople à la place d'Eutychius.qui refu-
sait de souscrire ù l'erreur des incorruptibles,
p. 354. Durée de son pontificat, ibid. Sa mort,
p. 355. Son Nomocanon : ce que c'est, ibid. Sa Ca-
téchèse sur la Trinité dont parle Photius, ibid.
Editions qu'on a faites de son Nomocanon et de
sa collection des canons, ibid. Voyez le Supplé-
ment à, la lin du volume.
JEAN le Jeûneur, patriarche de Constantino-
ple, succède à Eutychius, p. 426. Ses austérités,
ibid. Il prend dans un concile le titre d'évèque
universel, ibid. et 430. Ecrits qu'on lui attribue,
p. 427. Il convoque un concile à Constantinople
au sujet de Grégoire, patriarche d'Antiocbe, et s'y
donne le titre dévéque universel, p. 338. Le pape
Pelage II casse les actes de ce concile ; lettre qu'il
écrit il ce sujet à Jean, ibid. et 339. Lettre que
lui écrit saint Grégoire, p. 427. Saint Grégoire'
le qualiûe d'heureuse mémoire après sa mort,
p. o07.
JEAN (saint) l'Aumônier, patriarche d Alexan-
drie : sa vie écrite par Léonce, évéque de Naples
en Chypre, p. 6.58. Abrégé de cette vie, ibid. et
suiv. Temps de sa mort. p. 699. Son testament,
p. 601 et 099. Il sortait de son tombeau une li-
queur comme d'un parfum précieux, p. 662.
952
TABLE ANALYTIQUE.
JEAN, archimandrite à Conslantinople, consulte
avec le diacre Vénôrius les évêques d'Afrique
relégués en Sardaigne au sujet des livres de
Fausle de liiez sur la prédestination et sur la
grâce, p. a. Réponse de saint Fulgence, ibid. et
suiv.
JEAN, diacre, porteur de la Icllre des moines de
Scytliie aux évéques d'Afrliiue, p. iô.
JEAN, prêtre de Cbalcédoine, accusé d'ensei-
gner l'iiérésie des marcianisles, est justifié dans
un concile, p. WT.
JEAN de Scytliople, scholastique. Son ouvrage
contre les neslorieiis et les eutycbiens et en fa-
veur du concile de Cbalcidoine. Jugement quen
a porté Pliotius, p. 109, 110. Basile de Cilicie écrit
un dialogue contre cet ouvrage, p. 110; il accuse
Jean d'être infecté de manichéisme et d'avoir
réduit le carême à trois semaines, ibid
JEAN d'Egée, pritrc nestorien (ou plutôt euty-
chieni, auteur d'une histoire ecclésiastique que
nous n'avons plus, p. iiO. Jugement de Pliotius
sur cette histoire, ibid.
JEAN I(sainl), pape, succède àHormisdas, p. ll'i.
113. Uestdépuléparler. ilhéodorit à l'empereur
Justin, pour l'engagera révoquer les ordres don-
nés contre les ariens et leur faire rendre leurs
églises, ibid- 11 rend la vue à un aveugle, p. 475.
Réception honorable qu'on lui fait. p. 112, 113. 11
obtient la révocation des ordres donnés contre
les ariens, p. 113. A son retour, Théodoric le fait
arrêter, et il meurt dans sa prison, ibid. Les deux
lettres que nous avons sous son nom sont suppo-
sées, ibid. Lettre que lui écrit Cassiodore, p.
2i7. Ce que raconte de lui le pape saint Grégoire
dans ses Dialogues, p. 475
JEAN U (saint), surnommé Mercure, pape, succède
il Vonifacell, p. 116. Lettre que lui écrit le roi
Atbalaric au sujet de ceux qui briguaient les
évêcbés, ttiii. Lettre de l'empereur Jusiinien-, ré-
ponse du Pape, p. lie, 117. Lettre du Pape aux
sénateurs romains, pour les instruire de la let-
tre de l'empereur et de la réponse qu il y avait
faite, p. 117, 118. Lettre à saint Césaire, etc., au
sujet de CoMluméliosus, évêquc de lUez, p. 118.
Mort du pape Jean, ibid.
JEAN III, pape, succède à Pelage l"', p. 333; il
achève l'église des apôtres saint Philippe et
saint .lacques, commencée par son prédéce.«seur,
ibid. et 334. Il augmente et rétablit les cimetiè-
res des martyrs, p. 334; sa mort. ibid. La lettre
aux évêques de Germanie et des Gaules, qu'on
lui attribue, est une pièce supposée, ibid. Une
lettre adressée à, Édalde. archevêque de Vienne,
que Jean du Rose attribue à ce Pape, est aussi
supposée, ibid. Lettre véritable de Jean III et
son exposé sur llleptateuque, ibid.
JE.\N IV. pape, succède au pape Séverin, et ne
siège qu'un an, neuf mois et dix-huit jours, p.
649. Il coiidaiiiiie dans un concile l'hérésie des
monotbéliles. ibid. Sa lettre à l'empereur Cons-
tantin, lils (l'IIéracllus, où il fait l'aiiologie d'Ho-
norius et combat le moiiothélisme, ibid. et p. fi50.
Sa lettre .'i Is.-iac, évêque de Syracuse, p. 050. Edi-
tion des lettres de ce Pape dans U Palrol., ibid.
JEAN, créé chancelier; lettre que lui écrit
Cassiodore pour lui notifier sa promotion, p. 218.
JEAN, patrice. Lettre que lui écrit le pape Pe-
lage, p. 332.
JEAN, moine scbismatique à Tyr, anatbéma-
tisé, p. 820.
JEAN, moine de Marmoutier; son Histoire de
GeoOroi, duc de Normandie, imprimée avec
l'Histoire des Français de Grégoire de Tours, p.
398.
JEAN, sous-diacre de l'église de Ravenne; let-
tre que lui écrit le p.ipe saint Grégoire, p. 442.
JEAN, évêque d'Orviéto. Lettre que lui écrit le
pape saint Grégoire, p. 4«i.
JEAN, évêque de Ravenne; différentes lettres
quL' lui écrit le pape saint Grégoire, p. 488. Hon-
neurs qu'il prétend être attachés à son siège; ce
que saint Grégoire lui écrit à ce sujet, ibid. et p.
489. Il fait un testament préjudiciable à son égli-
se, p. 503. Sa mort, ibid.
JEAN, évêque de Larisse. Sa conduite injuste à
l'égard d'.\diien. évêque de Tlièbes, p. 490.
JE.VN, défenseur de l'Église romaine, p. 507.
JEAN, évêque de Scillitanc. Lettre que lui écrit
le pape saint Grégoire sur ce qu'il s'était emparé
de quelques bieus du monastère de Caslel, p.
512.
JEAN, évêque à qui le pape saint Grégoire écrit
pour le charger de ceux qu'on proposait pour l'é-
vêché d'Aiicône, p. 534.
JEA.N, évêque de Corinthe. Saint Grégoire,
pape, lui acocorde l'usage du pallium, p. 503.
JEAN, évêque de Gallipoli, p. 493.
JEAN, évêque de Vellétri. Le pape saint Gré-
goire lui écrit, p. 4S7.
JEAN, diacre de Tbèbes, p. 490.
JEAN, évêque de Sorrcnto. Le pape saint Gré-
goire lui écrit, p. 485.
JEAN, évêque d'Antioche. Le pape saint Gré-
goire lui écrit, p. 480.
JEAN, prêtre, fait une donation, p. 492.
JEAN, que le pape saint Grégoire refuse d'or-
donner évêque, parce qu'il ne savait pas le Psau-
tier, p. .503.
JEAN, consul. Saint Grégoire le Grand lui en-
voie de la limaille de la chaîne de saint Pierre,
p. 483.
JEAN, sous-diacre de l'Église romaine, envoyé
à Milan par saint Grégoire le Grand, p. 492.
JE.VN. évêque de Syracuse, chargé par le pape
saint Grégoire de prononcer sur les plaintes por-
tées contre Lucillus, évêque de Malte, p. 516.
JEAN, évêque d'Eurie en Epire, ses entrepri-
ses, p. 533, 534.
JEAN, abbé de Biclar, p. 425, 426. puis évêque
de Girone. p. 420. La règle qu'il avait donnée à
ses moines est perdue, ibid. Sa chronique abré-
gée, ibid. Ce qu'on y trouve. Éditions quon en
a faites, ibid.
JEAN, évêque de Caorla ou Caprile. scbisma-
tique, p. 51ô. Lettres que lui écrit le pajie saint
Grégoire sur son dessein de se réunir à l'Église
romaine, ibid.
JEAN, évoque delà première Justinienne dans
TA1)1,K ANALYTIUIH';.
953
rillyrio. Saltit Gn'^'nirn conflrnin son ordination,
p. 187; le coiislituo vicain; du SaiiitSit'^u dans
la province, ihid.
JEAN, t^vi^que do .Iiislinianople , préside au
concile de Mopsiiosto en 550, p. Hiui.
JEAN(sainn C.linKKiue.ablK'du Moiit-Sinaï; d'où
lui vient le siiriioni de Oliinaque ; il écrivait vers
la fin du w siècle ou au coiniiieiic ment du vu"
sii^le, p. G7C. Il quitte leaionde à l'it'ede Uians,
fait profession .^io ans au Mont-Sinaï.ifcW. Il se re-
tire dans le désert. Sa manière de vivre, p. 077.
Il prend avec lui un solitaire, fait des leçons de
piété, il'id. Il est fait ahlié du Mont-Sinaï ;i l'âge
de 75 ans, ibUI. L'abbé de Uliailo lui écrit pour l'in-
viter ;i mettre ses pensées par écrit, ihid. Réponse
à la lettre de l'abbé do Rlia'ite, itnd. etC78. Il se
démet du gouvernement et retourne clans le dé-
sert : sa mort, p. 078. Analyse de l'ouvrage de saint
Jean Climaque intitulé Échelle sainte, ou degrés
potir monter au ciel, p. 678 et suiv. l" degré, du
renoncement au momie, p. G7s, G7ii; 2° degré, du
détachement de toutes choses, p. 07i»; 3'' degré,
de la retraite du mnnde, ibid. et tîSO ; 4" degré,
de l'obéissance, p. GSo, 681; 5' degré, de la péni-
tence, p. G8I, 682; e» degré, de la méditation de
la mort, p. 682 ; 7'' degré, de la tristesse, delà péni-
tenceetdes larmes saintes qui produisent la joie,
ibid; 8^ degré, de la douceur qui surmonte la co-
lère, ibid. et 683; 9' degré, du souvenir des in-
jures, p. G83; to^ degré, de la médisance, ibid.;
11* degré, du silence, ibid.; 12' degré, du men-
songe, ibid.; 13» degré, de la paresse, ibid.; U" de-
gré, de l'intempérance de la bouche, ibid. et G84 ;
15» degré, de la chasteté, p. 681 ; lfi= degré, de
l'avarice et de la pauvreté volontaire, ibid. et
685; 17" degré, de l'insensibilité, p. 685: 18'' de-
gré, du sommeil, de la prière et du chant des
psaumes en commun ibid.; 19' degré, delà veille
du corps et de l'esprit, ibid.;W degré, de la ti-
midité efféminée, ibid.; 21° degré, de la vaine
gloire, ibid.; 22« degré, de l'orgueil, ibid. et 686 ;
23' degré, des pensées de blasphème, p. 686 : 24«
degré, de la douceur et de la simplicité, ibid ;
25" degré, de l'humilité, ibid.; 26' degré, de la
discrétion, ibid. et 687; 27' degré, du repos du
corps et de l'âme, p. 687, 688; 28' degré, de la
prière, p. 688 ; 29« degré, de la paix de l'esprit,
ibid ; 30' degré, de la foi, de l'espérance et de la
charité, ibid. Lettre de saint Jean Climaque aux
pasteurs, ibid. Analyse de celte lettre, ibid. et suiv.
Jugement de l'ouvrage de saint Jean Climaque,
p. GOO. Editions et traductions de VÉchelle, p.
GÛl. Commentaires de l'abbé de Ra'ilho et d'Klie
de Crète, ibid. Remarques sur le commentaire
de l'abbé de Ra'itho, p. 691, 692. Edition dans la
Patrologie, p. 692.
JEAN (saint), surnommé le Silencieux : ce qu'on
sait de sa vie, p. 277, 278. Sa vie est écrite par
Cyrille de Scylbople, ibid.
JE.AiN, moine d'Antioche, auteur d'une histoire
chronologique dont nous n'avons que des ex-
traits, p. 699.
JEAN MOSCH, surnommé aussi Eucrata. His-
toire de sa vie, p. 700. Temps de sa mort, ibid.
XL
Son /•)■(* .iiiiriliiel, ibid. Ce qu'il y a de remar-
quable dans cet écrit, ibid. et suiv. Editions du
l'rv spirituel, p. 703.
JliAN, évéque de Saragossc, frère de Braulion,
p. 126. Sa )nort, ibid. Ses écrits sont perdus, p.
732.
JEAN, abbé do Réomé. Sa vie écrite par un
anonyme et retouchée par Jonas. p. 617 et 737.
JEAN, évê(|ue de Philadelphie, vicairedupape
Martin en Orient, p. 750. Instructions que ce
pape lui dcjiuie, ibid.
JEAN, archevêque de Thessalonique, souscrit
au vi" concile général, p. 78G. Son discours sur
les femmes qui portèrent des parfums pour
embaumer le corps de Jésus-Christ, ibid. et 787.
Dialogue entre un pa'ien et un chrétien : autre
ouvrage de Jean que nous n'avons plus, p. 787.
Éditions du discours et fragments, ibid.
JEAN de Nicée. Son Mémoire sur la naissance
de Jésus-Christ, ou il établit l'usage de l'Église
d'Occident de célébrer la fôte de Noël séparé-
ment de celle de l'Epiphanie, p. 810. Idée de cet
écrit: il est appuyé sur des faits faux ou peu
certains, ibid.
JEAN dit Philoponus, à cause de son assiduité
à l'étude, p. 650. 11 est auteur de l'hérésie des
trithéites, p. 651. Temps où il a vécu, ibid. Ses
écrits : son commentaire sur l'ouvrage des six
jours, ibid. Sa dispute sur la Pûque, ibid. Son
livre de l'éternité du monde, ibid. Ses écrits sur
les traités d'Aristote, ibid., et sur d'autres matiè-
res profanes, ibid. et 652. Ses ouvrages sont per-
dus, p. 652. Théodose, Conon et Eugène combat-
tent l'erreur de Philoponus sur la résurrection
des corps, ibid. et 655.
JEAN, évéque de Lappa, condamné par Paul,
archevêque de Crète, appelle au Saint-Siège, p.
782. H est rétabli par le pape Vitalien, ibid.
JEAN le Chambellan. Neuf lettres que lui écrit
saint Maxime, abbé de Chrysopolis, p. 767, 768.
JEAN, archevêque de Cyzique; lettre que lui
écrit l'abbé saint Maxime sur la nature de l'âme,
p. 768.
JEAN, prêtre à qui l'abbé Maxime écrit une
lettre sur la nature de lame, p. 768.
JÉSUS-CHRIST. Propriétés de ses deux natures,
p. 17, 23, 24. Deux opérations en Jésus-Christ, p.
226. Doctrine de saint Fulgence sur Jésus-Christ,
p. 17,23,24;deCassiodore, p. 226, 215,246. Précis
de la vie de Jésus-Christ par saint Grégoire
de Tours, p. 3'2.
JEUDI. Superstition du jeudi condamnée dans
le concile de Narbonne en -'HO, p. 904, 905.
JEUDI-SAINT. On y l.ivait les autels, les mu-
railles et le pavé de l'église, p. 718. On purillait
les vases sacrés et on faisait le saint chrême,
ibid. On lavait les tombeaux des saints et l'eau
qui avait servi guérissait souvent les malades,
p. 391.
JEUNES. Saint Fulgence prescrit deux jours
de jeûne pour chaque semaine, le mercredi et le
vendredi, à tous les clercs, aux veuves, etc., p. 9.
Jetines de l'Église suivant saint Isidore de Se-
ville, p. 718. Jeûne.s des moines , selon la règle
62
•J54
TABLE ANALYTIQUE.
de saint Ciîsaire, p. \->i ; selon elle de saint He-
noft, p. 107, 1G8: selon le 2^ concil.' de Toiirs. p.
t«9. Jcilues prescrits par le coiirile de MAcon
avant Koël, p. 895. Jcrtnes praliqUL^^ dans l'K-
glise au temps de saint Isidore de Scville, p.
718.
JELX. Défense aux évoques de jouer, ou de
regarder jouer aux dés, p. i.jS.
JOB. S'il est laulour du livre qui porto son
nom, p. 552.
JOBILS. moine d'Egypte, écrivait sous le règne
de Justinien. p. 181. Il ne nous reste rien de
son traité contre Sévère, patriarche d'.Vntioche,
ibid. Son traité do l'incarnation du Seigneur di-
visé en douze livres, ibid.; il ne nous en reste que
des fragments; ce qu'ils contiennent de consi •
dérablc, ibid. et suiv. Autres fragments, p. 185.
Tous sont édités dan» la Pairologic. ibid.
JONAS, moine de Bobio, p. Cl". Il écrit la vie
de saint Colomban, p. 613; ccllrs des saints .U-
tale et Bertulfe, abbés de Bobio, et d'Eusiase
abbé de Luxcuil, p. Ci7.
JOSEPH îsaint), époux de la sainte Vierge, tra-
vaillait a des ouvrages en fer, il 4i5.
JOSEPH, juif, se plaint à saint Grégoire le
Grand de 1 évOquc de Terraciue, p. 483.
JOURDAIN. Lépreux, guéris dans l'endroit du
Jourdain où le Sauveur fut baptisé, p. 373.
JUD1CATL.M ou semence du pape Vigile contre
les Trois-Chapitrcs s^ns préjudice du concile de
Chalcédoine, p. 8G2. 8G5. Scandale qu'il occa-
sionne; Vigile retire son Judicatum, ibid. et 866.
et 875. Voyez le Supplément. Caractère de la dis-
cussion des Trois-Chapilres, p. 917 et suiv.
JUGE (un) n'est digne de ce nom qu'autant
qu'il observe les lois de la justice d'où il le
lire, etc, p. 2U.
JUGEMENTS ECCLÉSIASTIQUES. Régies de
procédure d'après saint Grégoire-le-Grand, p.
032. Comment les évèques , les clercs et les moi-
nes doivent être jugés suivant la loi de Justi-
nien, p. 259, -260.
JUIFS. L'cinpercur Justinien leur permet de
lire la Bible en hébreu et en latin suivant l'hé-
breu, etc.. p. 201. Défense à eux d'avoir des
femmes ou des concubines chrétiennes, et des
esclaves chrétiens, etc., p. 902. Le concile de
Karbonne, en 589, défend aux juifs d'enicrrer
leurs morts au chant des psaumes, p. 904. Il ne
faut pas forcer les Juifs à recevoir le baptême
p. 484; ils doivent Cire convertis par douceur, p.
483. Saint Grégoire tache de les gagner en les dé-
chargeant dos impôts, p. 48S; il leur fait rendre
une synagogue, p. 512, 513. Il bl;\me le zèle indis-
cret d'un Juif converti contre cu\,ifti(MI fait don-
ner aux Juifs de l'alerme le prix des synagogues
et autres bâtiments cl terrains qu'on leur avait
enlevés, p. 515. Saint Grégoire veut qu'on leur
laisse le libre exercice de toutes leurs cérémo-
nies, p. 530. il est défenrlu aux Juifs d'exercer
aucune charge ou fonction publique sur les chré-
tiens, s'ils ne veulent pas recevoir le baptême,
p. U13. 11 leur est défendu d'avoir des esclaves
chrétiens, p. 481 et 495. Lelirs synaiîogues no
doivent pas être voisines des églises, p. 480. Plu'
sieurs Juifs convertis, p. 138 et baptisés hors le
temps des jours solennels du baptême, ibid. Deux
livres de saint Isidore de Séville contre les
Juifs, p. 71j, 716. Traité do saint Julien de To-
lède pour prouver contre eux que le Messie est
venu. p. 793, 794.
JULES.Sa lettre à Prosdoce est supposée, p. 287.
JULIEN (saint), martyr à Brioude, p. 375; ses
miracles, ibid.
JULIEN (saint), premier abbé de Maire; sa vie
écrite par Auremond, p. 693.
JULIEN (saint), archevêque de Tolède en 680
après Qiiiricius, meurt en 69o, p. 791. Ses écrits,
ibid. et suiv. Son traité des Pronostics, c'est-
à-diro de la considération des choses futures,
ibid. et suiv. Analyse de cet ouvrage, p. 792, 793 ;
son traité du vi= âge, pour prouver contre les
Juifs que le Messie est arrivé, p. 793, 794; son
histoire de la guerre de Wamba, p. 794. Ou-
vrages de saint Julien qui sont perdus, ibid.
Comm'Milaire sur le prophète Nahum , que Ca-
nisius lii attribue, ibid. Différents conciles aux-
quels saint Julien a assisté, p. 795. Jugement
sur sa manière d'écrire, ifci<i. Il écrit la vie de
saint Ildefonse, l'un de ses prédécesseurs, p.
773 et 79G. Éditions des oeuvres de saint Ju-
lien d'après Lorenzana reproduite dans la Pa-
7rtolOgie, p. 675, 079.
JULIEN, évêque d'Halicarnasse : ce qu'on sait
des circonstances de sa vie. p. 314. Il est regardé
comme le chef de la secte des incorruptibles,
ibid.; son commentaire sur Job dont il ne reste
que quelques fragments, ibid. et 345.
JULIENNE, abbesse du monastère deSaint-Viie,
p. 485.
JU.MEAUX (les trois) martyrs honorés à Lan-
gres, p. 031. Leurs actes falsifiés, ibid. Voyez le
volunie XIII.
JUNILIUS, évêque d'Afrique. Son ouvrage in-
titulé : Des parties de la loi divine, p. 281. Ana-
lyse de cet ouvrage, ibid. et suiv. Jugement de
cet ouvrage, p. 2S3. Éditions qu'on en a faites,
p. 281, note 1.
JUSTE, évêque d'Urgol. Son commentaire sur
le Cantique des Cantiques, p. 2G4. Éditions qu'on
en a faites, p. 205. La kltre au pape Sergius
sous son nom est supposée, ibid. II y en a une
autre à Juste diacre, ibid.
JUSTE, religieux, propriétaire, comment puni
par saint Grégoire-le-Grand, p. 432.
JUSTE, diacre, engage Juste, évêque d'Urgel, à
composer un commentaire sur le Cantique des
Cantiques, p. 265.
JUSI'E, moine, envoyé en Angleterre par saint
Grégoire, p 438. Devenu évêque de Rochesler, il
est obligé de se retirer en Gaule et est ensuite
rappelé, p. 914. Il devient archevêque de Can-
torbéry : lettre que lui écrit le pape Boniface en
lui envoyant le;)a//iMm, ^i. 640.
JUSTE, disciple dllellatlius. évêque de Tolède,
souscrit !i un concile do Tolède, p. 079; sa
leltie !i Richjlan, abbé du monastère d'Agali.
ibid.
TABLE ANALYTIQUE.
953
JUSTIN, beau-frère de saintGrégoire de Tours,
p. ;î78.
JUSTIN LE JEUNE, empereur, envoie à sainte
Radegonde un inorcoau considérable de l.i vraie
croix, p. lu. Saint l'urtunat fait un poi'wne en
son honneur ifciV/.; il fait b:\tir une église sur
le mont Sinaï sous l'invocation de la sainte
Vierge.
JUSTIN, préteur de la Sicile: un des devoirs
de sa cliarge était d'envoyer la provision d;; blé
à liome, p. 480.
JUSTIN1.\NÉE (lapremière). L'empereur Jusli-
nicn y établit un évCclié avec la qualité de métro-
pole, p. -207.
JUSTINIEN, évèque de Valence en Espagne;
son ouvrage contenant des réponses aux ques-
tions d'un nommé Rustique, p. 263.
JU.STINIEN, empereur, sa naissance, p. 23 l.Ouel-
ques-uns le donnent pour aïeul de saint Benoît,
mais cette opinion est insoutenable. Après avoir
passé par les dignités de maître de la milice, de
consul et de pairice, l'empereur Justin, son
oncle, le déclare Auguste et le fait couronner,
p. 254; il lui succède à l'empire. Idée de son gou-
vernement, ibid. Pourquoi on le met au nombre
des écrivains ecclésiastiques, ibid. et 253. Son
corps du droit, p. î.35. Ses novelles; ce qu'elles
contienueiu de remarquables, ibid. et suiv. Ce
qu'il y a de remarquable dans le code sur les
m:itières ecclésiastiques, p. 261, 262. Ce qu'il fait
au sujet du carême, p. 2C2. Édit de Justinien
contre Origène, p. 203: autre pour la condamna-
tion des Trois-Cliapitres, ibid. Reproches que lui
ont faits les historiens du temps, ibid. Il tombe
dans l'erreur des incorruptibles, ibid. Lettre que
lui écrit à ce sujet saint Nicétius, évèque de Trê-
ves, p, 204. Justinieu est réfuté par Léonce de By-
zance, p. 6C9. Justinien fait brûler les écrits do Sé-
vère de Sozoph.', faux patriari;lie irAntfoche, p. 108.
Sa mort, p. 263. l'jliiiun des écrits ecclésiastiques
de Ju^linien dans la l'alrologic, p. 2G:j. — Sa
lettre au pape Jean 11: iuifaitsa profession de foi
en l'informant de quelques hérésies qui conti-
nuaient en Orient, p 1)6. lléponsedu l'ape, p. 117.
Lettre de l'empereur au pape saint Agapel et ré-
ponse du l'ape, p. 118, 119. Réception que Justi-
nien fait à ce pape ^enu à Coiislantinople de la
paît de Théodat pour le détourner de porter la
guerre en Italie, p. J20, 121. 11 donne des ordres
pour le rétablissement de Sylvérius, p. 193. Let-
tre qu'il écrit à Vigile, réponse qu'il en reçoit,
p. 194. Lettre que lui écrit Cassiodore au nom
du sénat romain, p. 218. Lettre que lui écrit Pon-
tien, évèque d'Afrique, sur l'affaire des Trois-
Chaiiilres, p. 198. Avis qui lui sont donnés par
Agapet, diacre de Constantinople, p. 266. Son
écrit contre les Trois -Chapitres réfuté par Fa-
cundus, évèque d'IIermiane, p. 285. Il met Euty-
chius sur le siège de Constantinople et le fuit en-
suite déposer, p. 353. Il procure une confé-
rence entre les catholiques et les sèvèriens, p.
843. Loi par laquelle il confirme le jugement
porté contre les sévériens par le concile de Cons-
tantinople, p. 835. Il assemble le second concile
général de Const.iutinople pour condamner les
Trois-Chapitres, p. 868. Sa lettre au concile dans
la première conférence, ibid. et 869. Sa lettre por-
tant ordre d'ùier des diptyques le nom du pape
Vigile, p. 876. Loi qu'il accorde à ce Pape en fa-
veur de l'Italie, p. 880, 881. Son cdit contre Ori-
gène, p. 881. Il fait bâtir une église sur le mont
Sina en l'honneur delà sainte Vierge, p. 4S7.
JU VÉNAL isaiul), apparaît à Probus, évèque de
Riéti, au moment de sa mort. p. 478.
K.
KYRIE ELEISON. Saint Grégoire le fait chan-
ter à la messe, p. 314. Le concile de Vaison or-
donne qu'on dira cette prière à matines, i la
messe et à vêpres, p. 83s, 839.
LACTANCE, prêtre, porteur d'une lettre de saint
Nicétiusde Trêves à l'empereur Justinien, p. 204.
LAMPÉCIUS, prêtre massalien, p. 106.
LAMPES perpétuelles, p. 234.
LANCE dont Jésus-Christ eut le côté percé. On
la montrait à Jérusalem sur la Un du vii= siécie,
p. 373.
LANDAFF. Conciles de Landaff vers 560, p. 884,
885.
LANGUE coupée. .Vnaslase,apocrisiaire de Rome,
parlait très-distiuclement, quoiqu'il eût la lan-
gue coupée jusqu'à la racine, p. 772
LANGUES coupées à des confesseurs qui ne lais-
sent pas de parler, p. 302.
LANDRl, évèque de Paris. Marculfe lui adresse
sesiormules, p. 739
LANTFIUDE, prêtre et abbé en Bavière, à qui
Ambroise Autpert adressa, dit-on, un de ses écrits,
p. 725.
LANTTLDE. sœur de Clovls. SaintRemi lui fait
abjurer l'arianisme, p. 79.
LAURE «le Saint-Sabas, p. 272.
LAURE.N'T (saint . Ses reliques, p. 492.
LAURENT II, évèque de Milan, présente au
pape Bonose sa profession de f ji pour la condam-
nation des Trois-Chapilres. p. 4:12. Excommuni-
cation lancée par cet évèque et levée par saint
Grégoire. Mort de Laurent, ibid.
LAURENT; évèque de Novare, écrivain du vi'
siècle. Ce qu'en dit Sigebert de Gemblours, p. 95,
96. Margariu de la Bigne prétend que de No-
varre il fut transféré au siège de Milan et que
c'est de lui qu'il faut entendre les èlugcsd'Ennodc,
p. 96. Ses homélies, ibid.;s\iv\a pénitence, ibid.
956
TABLE A^'ALYTIQUK.
et 97: sur l'aumône p. W7; sur U Chaiianée, p. 08.
LALUUNT, évOque de Centumcclle. Le pape
Pelage 1 lui Ocrit, p. 533.
LALREXT, arcbidiacre de l'Église romaine, de-
posé, p. 531.
LAURENT, missionnaire d'Angleterre, p. 438
et 521; depuis arclievi^que de Canlorbéry, après
la mort de saint Augustin, liche de ramener les
Bretons et les Écossais à l'unité catholique, xbid.
et p. 910, 911. 11 convertit le roi Edbald, p. 91 1.
Sa mort, iiid.
LÉAXDUE (saint), évoque de Séville vers l'an
582, p. 422; convertit Ilerméncgilde, ibid. ; est
envoyé ambassadeur à Constantinople-, y lie ami-
tié avec saint Grégoire, depuis pape, ibUi. et 423;
il est envoyé en exiL p. 423; il préside au con-
cile de îûléde en 58J. Son discours après la tenue
de ce concile, iftid. 11 préside au concile de Séville
en590, i6i(i.;il meurt en 603, iftid. Sesécrils, ibid.
ses ouvrages contre les ariens, plusieurs letlres;ses
écrits sur la liturgie sont perdus, ibid-; sa lettre
à Florentine sa sœur, p. 423 et suiv, ; son dis-
cours sur la conversion des Goths, p. 4î.'>. Saint
Grégoire compose à la prière de saint Léandrc
ses Explications morales sur Job, p. 432; il lui
envoie le l'allium, p. 518.
LECTURES des moines selon saint Benoît, p.
165, 16G.
LÉGER ouLÉODEGÂlRE{sainl),évêqued'Autun.
Sa naissance, son éducation. Il entre dans le clergé;
il est fait abbé de saint Maixcnt, p. 780 : il devient
évfique d'Aulun en 658 ou 659, ibid. Après la
mort de Ciotaire III, il se déclare pour Childé-
ric, qui d'abord lui donne sa conûance, puis le
fait enfermer au monastère de Luxeuil, ibid. Il
sort de ce monastère avec Ébroïn, qui devenu
maire du palais sous Théodoric, lui fait couper
la tête, p. 780, 781. Lettre i Sigrade sa mère, au
sujet de la mort de Gairin, son frère, p. 781. Ses
statuts, i6i(i.; son testament, ibid. Sa vie écrite par
unanonyme, moine de Saint-Syinpliorieii, par Ur-
sin.abbéde Ligugé.et par un autre anonyme, p.8U.
LÉOBARD (saint), moine. Saint Grégoire le dé-
tourne de changer de demeure, p. 382, 383.
LÉoBAT (saint), abbé, p. .■i82.
LÉOCADIE, aïeule de saint Grégoire de Tours,
p. 363.
LÉON, archevCque de Sens, résiste au roi Cliil-
debcrl, p. 202.
LÉON, évéque d'Agde, p. 394.
LÉON, évoque de Catane, p. 488, 506.
LÉON (saint), pape. Saint Euloge'cntreprcml la
défense de la lettre de saint Léon à Flavien, p.
500. Histoire louchant cette lettre rapportée par
Jean Mosch, p. ,'i93.
LÉON II (saint), pape, succède à saint Agathon,
p. 781, Pourquoi son élection fut différée, ibid. Sa
lettre à l'empereur Constantin, ibid. Il analhéma-
tisc Théodore de l'Iiaran, Cyrus, Pyrrhus, Paul et
Pierre de Constanlinople, et encore Ilonorius,
ibid. Lettre du pape Léon aux évéques d'Espagne,
ibid.; a Quiricius, archevêque de Tolède, ibid. ;
& un comte nommé Simplicc, ibid. ; à Ervigo, roi
desVisIgolhs, p. 785, Jugement sur ce Pape. Ses
lettres dans ^a Patrologie, d'après Mansi, ibid.
LÉON, évéque de Sens. Lettre que saint Rémi
de Reims lui écrii, p 81, Il assiste au 3' concile
d'Orléans, p, 202. Sa lettre au roiChildeberl par
laquelle il refuse de consentir à l'érection de
Melun en évéché, ibid. Temps de sa mort, ibid.
LÉON, évéquc d'Agde, réclame contre une usur-
pation des biens de son église, p, 3Di.
LÉON, évèque de Catane. Lettre que lui écrit
saint Grégoire le Grand, p .506.
LÉON, évéque en l'.orse. Saint Grégoire le Grand
lui écrit, p,486.
LÉONCE, évoque de Bordeaux, préside au 4«
concile d'Orléans, en 511, p. 859 et suiv. U assiste
au 21^ concile de Paris, p, 882, Il préside à un
concile tenu a Saintes pour déposer l'évéque
Émériiis, p. 886. Chariberl désapprouve ce pro-
cédé et lui fait payer une grosse amende, p. 887.
LÉONCE, évêque de Naples en Chypre, Doris-
sait sous les empereurs Maurice et Pbocas, p.
658, Ses écrits. 11 est auteur de la Vie de saint
Jean l'Aumônier, ibid. Ce qu'il y ade remarquable
dans cette Vie, ibid. et suiv. Vie de saint Siméon
Salus par Léonce, p. 662, Abrégé de cette Vie,
ibid. Autres ouvrages de Léonce, Discours sur la
Transfiguration. Apologie des chrétiens contre
lesJuifs, p. 663et suiv. Discours surle saint vieil-
lard Siméon, p. 605, Discours sur la Mi-PentecOte,
ibid. Discours sur l'aveuglc-né, p. C66. L'histoire
des Révolutions arrivées de son temps n'est pas
de lui, ibid. Les quatre discours attribués par
Lambécius i"! Léonce de Byzance sont vraisembla-
blement de Léonce de Naples, p. 673.
LÉONCE DE BYZANCE, différent de Léonce
rorigéniste, exerce la profession d'avocat et se
fait moine. Il écrivait probablement dans le com-
mencement duvii' siècle, p, 666, 607. Édition des
écrits de Léonce dans la Patrologie, p. 667. Son li-
vre des Sectes. Différentes éditions. Analyse de
l'ouvrage, ibid, et suiv. Trois traités contre Nes-
lorius et Eutychès, p. 669, 670. Traiié contre les
fraudes des apoUinaristes, p. 670. Ses Solutions
des arguments de Sévère, ibid. et 671 ; sfs dotttes
liijpothéiiques contre ceux qui nient les deux
natures, p. 671. Ouvrages de Léonce qui ne sont
pas venus jusqu'à nous, p. 671, 672. Jugement de
ses écrits, p. 672, Quatre discours attribués à
Léonce de Byzance par Lambécius. sont proba-
blement de Léonce de Naples, p, 673. Édition
complète des œuvres de Léonce dans laPafrofo-
gic. p. 673. Discours sur saint Jacques, ibid, Frag-
ments d'après .Mai, ibid. Recueil de Léonce et de
Jean sur les choses sacrées, ibid.
LÉONTIA, femme dî l'empereur Phocas, p. 440.
Saint Grégoire lui écrit, p 531.
LÉONTIUS, évèque d'Arabisse. Son discours
intitulé de la Cràation et du Lazare ressuscité,
p. iviô.
LÉONTIUS, moine, combat l'hérésie des Trl-
théiies, p. 65:1. L'ouvrage qu'il écrivit contre
celte hérésie n'est pas venu jusqu'il nous, ibid.
LÉOPARUIS, évéque de Tours, p. 61,5.
LÉPREUX, b'après le 5' concile dOrléflls, les
évoques doivent prendre un soin particulier des
TABLE ANALYTIQUK.
957
pauvres K^preux, p. «01. Ce que prescrit le 3"
concile lie Lyon, p. 89j.
LliRiUA. Concile île l.ériilaen 5î.l,p.824 etsuiv.
LliTTHIîS humaines. Cassiodore en conseille ia
lecture b. ses moines, p. 233.
LIÎTTIUCS paciliiiues. Di^fonsc aux abbi5s, aux
reclus et aux prtMrosden donner, p. 8lK. Défense
de donner la communions un prêtre, ou à un dia-
cre qui voyage sans avoir des lettres de son évo-
que, p. 811.
LEL'BOUERE, abbesse de Sainte-Croix de Poi-
tiers, succède à Agnès ; elle est persécutée par
Chrodiclde et Basine, p. 005. Elle est mainte-
nue par les conciles de Poitiers et de Metz,
p. 905 et suiv.
LEL'D VSTE. comte de Tours, vexe les églises et
le peuple, p. 895. Sur les plaintes de saint Gré-
goire de Tours, il est dépouillé de sa charge
par le roi Cliilpéric. Il calumnie saint Grégoire
qui se justifie au concile de Braino, p. 3G9. Leu-
daste est excommunié dans ce concile, p. 39i et
895.
LEUDÉGÉSILE (le duc), fait mourir Sagittaire,
évoque de Gap, p. 894.
LELFRÈDE, évêque de Cordoue. Lettre que
lui écrit saint Isidore de Séville sur les fondions
des ministres ecclésiastiques, p. 720.
LEL'P.V^RIC, prêtre, p. .'lûG.
LÉVIGILDE, roi des Visigoths en Espagne, p.
42-2 : persécute les catholiques, p. 369, 422 et 423;
fait mourir son fils Herménégilde ; envoie en
exil saint Léandre, évèque de Séville, p. 423. Sa
mort en 587, p. 371 et 423.
LIBÉRAI, diacre de Carthage, défenseur des
Trnis-Chapilres. Ce qu on sait des circonstances
de sa vie ; ses voyages, p. 303. Analyse de son
Breviarium ou abrégé de l'histoire de Nestorius
et d'Eutychès, ibid. etsuiv. Éditions qu'on en a
faites, p. 305.
LIBÉRÂT, diacre ambitieux. Saint Grégoire or-
donne àJanvier, évêque de Cagliari, de réprimer
l'ambition de ce diacre, p. 485.
LIBÉRÂT, primat de la Byzacène, préside à un
concile tenu à Junqne, p. 828. Lettre synodale
qu'il écrit i BonifacedeCarthage,îftirf.et83l. Il re-
fuse de reconnaître lu primauté de l'évèquedeCar-
tbage, p. 829. Concile tenu à ce sujet, p. 830 et suiv.
Plaintes formées contre lui par l'abbe Pierre, p. 830.
LIBERE, patrice et préfet des Gaules, fait bâ-
tir une église à Orange, en fait faire la dédicace,
p. 832.
LIBERTIN [saint;, prévôt de Fondi, se rend cé-
lèbre par sa patience, p. 473.
LIBRE ARBITRE. Sentiment des évèques d'A-
frique sur le libre aibitre, p. 46; de saint Ful-
gence, p. 52, 59; de Cassiodore, p. 251. Du
2': concile d'Orange , p. 833 et suiv. ; de saint
Grégoire le Grand, p. 562. Avant la grâce, il y a un
libre arbitre dans l'homme, mais il n'est pas bon,
parce qu'il n'est pas éclairé, etc , p. 42. La grâce
ne détruit pas le libre ailiitre, elle le guérit; elle
ne rote pas, mais elle le corrige, etc , p. 47.
LICINII;N, secrétaire de saint Césaire d'Arles,
l'accuse devant le roi Alaric. p. |20.
LICIMEN, évêque de Cartliagène, ses écrits, p.
428. 11 écrit à saint Grégoire au sujet de son Pas-
toral, p. 428 et 490.
LITANIES. Saint Grégoire ordonne aux évè-
ques de Sicile d'indiquer deux litanies ou pro-
cessions par semaine, p. 524.
LITURGIE de saint Germain, évêque de Paris,
p. 308. Analyse de cette liturgie, p. 308 et suiv.
Quelques cérémonies (le lalituri;ie rapportées par
.inastase Sinaïte, p. 606. Liturgie niozarabique
attribuée à saint Léandre et i saint Isidore, évo-
ques de Séville. p. 423. Explications allégoriques
des cérémonies de la liturgie, par saint .Maxime,
p. 770. Éditions de ces explications, ibid.
I.IVI.N' (saint), apôire du Brabant. passe d'iliber-
nie dans la Gaule Belgique, et s'établit dans le
monastère de Gand, p. 741 ; son martyre, ibid. Il
fait en vers élégiaques lépitaphe de saint Bavon,
ibid. Lettre en vers qu'il éciilà l'abbé Florbert,
en lui envoyant cette épitaphe, ibid. Sa vie par
Boniface, auteur contemporain, p. 712.
LOMBARDS. Peuples barbares qui vinrent éta-
blir dans l'Italie une nouvelle monarchie, p. 435.
Ils causent de grands maux â l'Italie, ibid. Saint
Grégoire procure la pais avec les Lombards en
599, p. 138 et 439.
LUBl.N (saint), évêque de Chartres; assemblée
oti il se trouve, p. 882. Sa vie écrite par un clerc
de son église et non par Fortunat, p. 412.
LUCIE.N, prêtre, tiouve les reliques de saint
Etienne et en fait une relation, p. 98.
LUCIUS CHARINUS. Son livre intitulé les
Voyages des Apôtres, p. 643. Ce qu'en dit Pho-
tius, ibid. et 644.
LUCU.LE, évêque do Malte, accusé de crimes.
Saint Grégoire lui écrit, p. 488. Ce pape commet
Jean de Syracuse et quatre autres évèques pour
le juger, p. 5i6. Lucille est déposé, p. 518.
LUCRÈCE, évêque de Die. Saint Ferréol, évê-
que d'Uzès, lui adresse sa Règle, p. 312.
LUCRÉTIUS, archevêque de Brague, tient un
concile en cette ville en 563, p. 885.
LUMIXOSUS, abbé, p. 488.
LL'PICIN (saint), abbé, p. 3:9.
LUPICI.X (saint), différent du premier. Sa vie
écrite par saint Grégoire de Tours, p. 381.
LLXEU ou LUXEUIL. Monastère fondé par saint
Colomban, p. 613.
LYO.\. Concile assemblé en cette ville au sujet
de l'inceste commis par un nommé Etienne, p.
817 et suiv. .iutre concile sur la discipline, p. 887.
Autre, p. 895.
M.
MACAIRE, patriarche d'Antioehe, monolhélite,
aaathématisé par le pape saint Léon II, p. 784.
.MACCABÉES. Sentiment de saint Grégoire sur
les livres des Maccabe'es, p. 553.
958
TABLE ANALYTIQUE.
ÏIACCOLUS, prfltre que saint Hemi recommande
au roi Ciovis, p. 80.
MACÉDOMUS, palriarche d'Antioche, mono-
tht'lite, p. 7.'>0.
MAGES (les saints). Leurs noms, p. 3iV.
MAGNA, femme du frère de l'empereur Anas-
tase. p. 100.
JIAG.NOAI.D ou MAGNE {saint), disciple de saint
Gai. p. 7n3.
MAGNL'S, prêtre de Milan, excommunié par
son «ivC-que, p. 402: salut Grégoire lui permet
de faire ses fondions, ibid.
MALADES. Quel soin on en doit avoir selon
la Règle de saint Renolt, p. 1C8.
MALADIES. Il faut avoir recours dans les ma-
ladies à la miséricorde de Dicm, à l'eucliaristie
du corps et du sang de Jé.sus-Clirisl, et deman-
der à rïglisc riiuiU; bénite pour s'en oindre le
corps au i.om de Jésus-Christ, p. 754.
MA.Mi^.HÉENS. Auteurs ecclébiastiques qui ont
écrit contre ces hérétiques, p. OU. Maniéie dont
ou recevait les manichéens dans l'Église, p. 341.
Restes de manichéens dans l'Afrique, p. ISô.
MANIPULE pour servir à l'autel, p. 489.
M.VPPI.MLS, évêque de Reims, invité au con-
cile de Toul, ne peut s'y rendre, p. 206. Sa lettre
à saint Nicet de Trêves où, tout en s'excusant de
n'avoir pas assisté au concile, il se plaint de n'y
avoir pas été invité par lui-même, ibid.; sa lettre
à Villicus, évèque de .Metz, ibid.; temps de sa mort,
p. 207. Éditions de ces lettres, p. 20G.
.MARC, évéque d'Orléans, souscrit le dernierau
concile d'Orléans en 54i, p. 85'J.
M.ARC, disciple de saint Benoît, ce qu'on sait
des circonstances de sa vie, p. 634. 11 nous reste
de cet auteur deux pièces de vers, ibid
MARC l'Ermite, auteur de huit traites de mo-
rale, p. 636. Il y a eu plusieurs solitaires du
nom de Marc, ibid. On ne sait rien de sa per-
sonne ni du temps où il vivait, si ce n'est qu'il
vivait avant Pliotius, lequel en parle dans sa Bi-
bliothèque, ibid. Ouvrages de Marc l'Ermite, p.
637 et suiv. ; son traité du Paradis, ou la Loi spi-
rituelle, p. 637, 638. Autre traité de la Loi spiri-
tuelle par .Marc, p. 637. 639. Son traité du Bap-
tême, ibid. et 6i0. Traité de la Pénitence, p. 639;
des .Vo^rns d'apaiser les passions, p. 010,641:
traité sur In Tempérance, p. 041 ; Dialogue entre
Marc et un avocat, p. 641, 042; Conférence de
l'esprit avec l'âme, p. 612. Fragments d'une lettre
de Marc, ibid.; son traité contre les melchisé-
déciens, p. 642. Livres de .Marc qui sont perdus,
ibid. Jugement des écrits de Marc, ibid. et 643;
éditions qu'on en a faites, p. 013. Son traité
contre les melchisédeciens recouvré avec un di.s-
cours sur le jeûne et publié a Rome en 1777,
p. r,ti.
MARCEL (salnt\ évêque de Paris, p. .412; sa
vie écrite par For'.unat, ibid.
MARCEL saint: de Chllon-sur-Saône, monas-
tère fondé par le roi Contran, p. 327 et 745. Les
fondations faites ."i ci' niniiaslèru conlirmées par
un concile, p. 5-27. Témoignage de Trédégairc
sur la fondation de co monastère, p. 745.
MARCEL, prélre d'Emôse , trouve en 453 le
chef de saint Jean-Baptiste, p. 999.
.MARCELLI.N, évêque d'Ancine, arrête un in-
cendie, p. 474.
MARCELLI.N 'le comte). Pourquoi on le place
parmi les écrivains ecclésiastiques, p. 98. Il fut
chancelier de l'empereur Jusiinicn, ibid. L'n au-
teur le fait Romain de naissance, p. 99. Ses livres
de géographie qui sont perdus, p. 98 Sa chro-
nique : jusqu'où elle s'étendait, ibid. Différentes
éditions qu'on en a faites, ibid.- ce qu'elle con-
tient de remarquable, ibid. et 99.
MARCIANITES, hérétiques. Leur erreur sur
l'eucharistie, p. 340, 341.
.MARCIEN, abbé d'Ansion. Saint Fortunat écrit
à sa prière la vie de saint Paterne, p. 411.
.MAR';IEX, premier abbé du monastère de Lu-
cullano, p. Si.
MARCIEN, économe de l'église de Couslanti-
nople, arrête le cours d'un incendie avec le
livre des évangiles, etc., p. 104.
MAROIE.N de Trébisonde, chef de la secte des
marcianites, p. 340.
MARCILLIANE. fontaine en Calabre dont les
eaux croissaient miraculeusement la nuit de
Pâques pour le baptême, p. 2i0.
MARCULFE, moine de profession, p. 739; temps
où il vivait, ibid.; son recueil de Formules,
ibid. ; distribution de cet ouvrage, p. "40 . chartes
remarquables, ibid. et 741 ; éditions des Formules
de .Marculfe, p. 711.
MARI ou MARI US (saint), abbé de Bodane. Sa
vie écrite par Dyname, p. 401 ; ce que c'est que
l'abrégé que nous en avons, ibid.
M.\RIAGE.De:jrés de consanguinité selon Théo-
dore archevêque de Cantorbéry, p. 798. Mariages
entre parents au troisième et au quatrième degré
permis par saint Grégoire, p. 525, 534, 535 et
576. Défense de recevoir a pénitence ceux
qui auront contracté des mariages inces-
tueux, s'ils ne se séparent, p. sio. Défense aux
chrétiens de contracter des mariages avec les
Juifs, p. 848, 8.57. Deux frères peuvent épouser deux
sœurs, p. 525. 570. Loi d'Arcade et d'Honorius
qui autorise les mariages entre cousins germains,
mais la loi divine les défend, p. 525, 576. C'est
un crime d'épouser sa belle-mère ou sa belle-
sœur p. 525, 576. Degrés de consanguinité d'a-
près les Grecs, p 798. Les mariages incestueux
sont défendus d'après les Latins, liid., sous peine
d'excommunication, p. 912. Faut-il séparer ceux
qui avant leur conversion ont contracté des
m.Triages illicites? Faut-il les priver de la com-
munion, p. 525. Indissolubilité du mariage, p.
■'■)2J. Il ne peut être dissous pour cause mêma de
religion, ibid. L'Église permet la dissolution
d'un mariage non consommé, quand l'une des
deux parties veut entrer en religion, p. 5.M.
Causes de la dissolution des mariages suivant la
novelle de Justinien, p. 257. Les mariages con-
tractés légiiimement ne peuvent se dissoudre
pir la volonté des parties, p. 818. L'excès dans
l'usage légitime du mariage n'est pas exempt do
péché véniel, p. 65. Règles sur l'usage du ma-
TAHLK ANALYTIOl'K
iô, i8. Uoclriiic
î»5!t
riago, selon s;iiiu Kiilgoncu, p
(In nifnii' saint sur li> niaria','i\ p. O'i. llcniarqnes
<U' saint Ot'saire d'Arlos sur les mariages des pa-
Iriarclii's, p. 130. Doclrino du iiu'nit; saint l'vi^quc
sur If niariatjo, p.l3:i,|.ii. DocIrinodoCassioiIdro;
Le nianaye est un sacrinient ijn'on no peut pro-
faner, sans une tt^morili'' eriininelle, p. -.'11. l."u-
sago du niaria;>\ quand il n'a pas pour lin la gé-
nération des enfants est un péclié, p- 112 et 570.
Ceux qui ont do la peine ii vivre dans la continence
peuvent se marier, pourvu iju'ils n'uienl pas fait
vœu d'entrer dans un état plus relevé, p. 576, 577.
Défense de contraindre les veuves et les filles à
se marier, p. itl2. mariages des personnes reli-
gieuses condamnés par saint Grégoire, p. 577.
Le mariage n'est permis en aucun cas aux prê-
tres ni aux diacres, p. 313. Les personnes mariées
recevaient la bénédirtion du prêtre lors de leur
mariage, p. 7i0; pendant la messe, p. 708. Droils
excessifs atlacbés aux mariages des pa'ieus réfor-
més par saint Grégoire, p. -181. Saint Grégoire
taxe d'incontinence les mères qui, au lieu d'allai-
ter ello-mêmes leurs enfants, les donnent à
des nourrices, p. 577.
MARlANNii, et non Marie Anne, mère de saint
Fulgence, p. 1.
SIAUIE (la Sainte-A'ierge) , est véritablement
mère de Dieu, p. 63, 90, 136, 360. Sa virginité
perpétuelle, p. 90. La mère de Jésus-Cbri.vt est
demeurée vierge depuis son enfantement, comme
elle l'était avant de l'avoir conçu, p. 56. Le dé-
mon n'a point connu sa virginité, p. 184. D'a-
près saint Fulgence, la chair de Marie a été une
cbair de pécbé, ayant été conçue comme les au-
tres hommes, etc., p. 45. Doctrine de saint Ful-
gence sur la sainte Vierge, p. 64; de Ferrand,
p. 89 et suiv.; de saint Césaire d'Arles, p. 136;
du moine Jobius, p. 181; d'Aiiastase, patriarche
d'Anlioclio, p. 360. Grégoire de Tours est lo pre-
.mier qui ait dit qu'elle fut élevée au ciel en
corps et en âme, p. 372 et 387. Les circonstances
qu'il rapporte de sa mort sont fabuleuses, p. 372.
Poèmes de Foitunat à la louange de la sainte
Vierge, p. 407. monastère de filles sous son nom
à Autun, dont les privilèges sont confirmés par
le pape saint Grégfiir.' le Grand, p. 530. Poërae
de George IMsidès sur le temple de la mère de
Dieu h Constantiiiople, p. 653. Homélie du prêtre
llésycbius en l'honneur de la sainte Vierge, p.
i>56. Livre de saint lldefonsc, archevê(]ne de To-
lède, de la Virginilé perprtuclle de Marie, p.
773. Ce traité est différent de la messe en l'hon-
neur do la sainle Vierge, ibid. Un autre traité
sur le même sujet, attribué àsaiut Ildefonse, est
de Ratbert. p. 774.
m ARIE d'Egypte (sainte). Sa vie écrite par saint
Sophrone do Jérusalem, p.7o5.
MARIE MADELEhNE, confondue par saint Gré-
goire avec marie sœur de Lazare et la femme
pécheresse, p. 458.
mARIME.\, archevêque de Ravenne, fait lire
aux offices de la nuit les Morales du pape saint
Grégoire qui s'y oppose, p. Ui; il avait succédé
à Jean, p ,"i03. Le pape saint Grégoire lui accorde
le pallium, ibid. Lettre que co papo lui écrit,
ibid. Marinien se pl.unt do ce qu'on voulait ju-
ger ^ Homo un différend entre l'église do It.i-
venne et l'abbaye d(! Classe. Réponse du pape,
p. 505. Autres lettres que lui écrit le pape saint
Grétîoire, ibid , ,500 et 511. Saint Grégoire lui ren-
voiel'affairo de Maxime de Salone, p. ôi7. Autres
lettres sur sa santé, p. 5Ji, 522.
MAIIINIEN, abbé do l'alerme, p. 192.
MAKIl'S, évèque d'Avenche. Son ordination,
sa chronique, p. 399, 400.
AIAUTIN (saint), évêque de Tours. Ses mira-
cles écrits en quatre livres par saint Grégoire
de Tours, p. 377 et suiv. Prose et oraison en
l'honneur do saint Martin, p. 379. Sa Vie, mise
en vers par Foriunat. p. 4i0, et par l'aulin de
Périgueux, ibid. Miracles opérés il son tombeau,
p. 207, 204.
MARTIN (saint), évêque de Rrague, était ori-
ginaire do Pannonie, p. 350. Ses voyages, ibid.;
se fixe dans la Galice et y biitit le monastère
de Dûmes dont il devient abbé, puis devient ar-
chevêque de Brague, ibid. 11 tiaj^ un concile
dans l'église de sa métropole, ibifiSa mort, ibid.
Sa collection des canons, ibid. et 35i. Formule
d'une vie honnête, ouvrage qu'il adresse au roi
de Galice, lequel lui avait demandé des instruc-
tions pour bien vivre, p. 35i. Son éloge par For-
iunat, ibid. Livres de l'Orgueil et de l'humilité, et
autres écrits de saint Martin qui n'ont pas été
imprimés, ibid. et 3-52. Saint martin de Dûmes
assiste au premier concile de Brague, p. 885 et
880; tient le second concile de Brague, p. 891 et
892.
MARTIN (saint, apocrisiaire àConstantinople,
p. 748, est élu pape pour succéder à Théodofo \" ,
ibid. Il tient un concile à Rome, en envoie les
actes aux Egli.ses d'Orient et d'Occident, ibid. et
749. Sa lettre à tous les fidèles, p. 749. Ses autres
lettres: à l'empereur Constantin, à l'Eglise de
Carthage, il saint Amand, évêque de Maestrieht, p.
ibid.; il Jean de Philadelphie, à Théodor(! d'Es-
bunte, à Antoine de Baeate, il George, abbé de
Saint-Théodose, à Pantaléon, il Pierre du rang
des illustres, p. 750; aux Églises de Jérusalem et
d'Antioche, ibid.;k Paul deThessaloniquep. 750 et
751; à l'Église de Thessalonique, p. 751. Persé-
cution contre le pape saint Martin, p. 75i. Ca-
lomnies contre lui, ibid. Il est enlevé de Rome,
mené il Constantinople et mis en prison, ibid.
Ses lettres ii Théodore, ibid. 1" interrogatoire
du pape saint Martin, p. 752; 2" interrogatoire su
sujet de Pyrrhus, ibid. Son exil ;\ Chersonèse, ibid.
Sa lettre à un de ses amis, ibid. Sa mort, ibid.
L'Église grecque l'honore comme confesseur, et
l'Église laline comme martyr, iind. Editions de
ses écrits, ibid.
. MARTIN, évêque de Tainales, transféré iiAlé-
rie, p. 185.
MARTIN, ermite. Conseil que lui donne saint
Benoît, p. 158.
MARTIN, diacre, accusé de plusieurs fautes,
prouve son innocence. Saint Gré.oire lo rétablit
dans sou gr.ido et dans ses fonctions, p. 508.
1(00
TABLE ANALYTIQUE.
MARTIUS (saint), abbé. Pa vie écrite parsafnt
Grégoire de Tours, p. 382.
MAKTVR. On peut sonlTrir hors de limité de
l'Église, mais on ne saur.iil devenir martyr que
dans ce lieu, c'e?t-i-dlre dans l'Kglise, p. .ViS.
MARTVns. S;iint Kuloge deniandt' à saint Gré-
goire les actes de tous les martyrs recueillis par
Eusébe de Césarée, p. 5il Nous honorons les
reliques des martyrs pour nous excitera les imi-
ter et nous recommander à leurs prières, mais
nous ne les honorons point du culte de latrie,
etc., p. 7i8.
MAUTYREou MARTYRIL'S (saint), vieillard qui
fut le niailre de saint Jean Climaque, p. 677.
MARTYR1-: do quarante-quatre moines de la
laure de Saint-Sahas : relation de cet événement
par le moine Antioclius, p. C97, G98.
MARÏYRIL'S, patriarche de Jérusalem, p. 274.
Il avait 'Surcédé à .\jiastase, ibid. Il transféra les
reliques du saint abbé Eupliémius, ibid.
MARTYRIL'S, moine de l'Abruzze. dont parle
saint Grégoire dans ses Dialogues, p. 474.
MARTYROLOGE du temps de saint Grégoire,
p. 511, est probablement celui qui est connu sous
le nom de saint Jérôme, ibid.
MASSA.NUS, évéque. La lettre de saint Isidore
de Séville à Massanus est supposée, p. 714.
MASSONA, évéque de .Méiida. p. 9U7.
MAl'R (saint), lils d'Équitius, est donné à saint
Benuît (iiii se charge de son éducation, p. \lû. Il
retire miraculeusement saint Placide du lacde.Su-
blac, où il était prés de se noyer, p. I.'i8. Saint Benoît
l'envoie en France où il fonde le monastère de
Glanfeuil, p. l.')» et 010. Preuves de cette mission,
p. l;.9. Discours que saint Benoit fait i ses reli-
gieux au sujet du départ de saint Maur pour les
Gauleê, p. 170. Billet que lui écrit saint Benoît,
en lui envoyant des reliques, ibid. Sa vie écrite
par Faustc, moine que saint Benoît avait envoyé
en France avec lui, p. fiio. Plusieurs critiques
ont regardé cette vie comme supposée et Fauste
comme un auteur imaginaire, p. Cil. On détruit
leurs raisons, ibid. Cette vie a été retouchée par
Odon, abbé de Glanfeuil, ibid. Éditions qu'on a
faites de cette vie; ce qu'elle contient de remar-
quable, ibid. et 012. Histoire de la translation des
reliques de saint Maur par Odon, abbé de Glan-
feuil, p. 012.
MAURICE (saint;, chef de la Légion Thébéenne,
p. 104.
MAI'RICE, empereur. Son élévation au trône,
précédée de divers présages, p, 420. Son édit
contre les soldats qui s'éiajent faits moines, p.
435 et 493. Sentiment de saint Grégoire iir cet
édit, p. 493 et 494. .11 s'y soumet, l'empereur;
modère cet édit, p. 491. Saint Grégoire écrit à
Maurice touchant Jean le Jeûneur, palriarche,
p. 'MO. Maurice envoie des aumônes ^ Rome,
p. 502. Saint Grégoire lui écrit, p. 502, 507. Mort
de l'empereur Maurice, p. 440.
MAL'RILLE (saint), évéque d'Angers. Sa vie n'a
pas été écrite par saint Grégoire de Tours, p. 384 ;
ni par Fortunat, p. 412. Elle est d'un évoque
d'Angers nommé Rainon, ibid.
MAURISION, duc de Pérousc, livre cette ville à
l'exarque romain, p. 4;t5. Agilulfela reprend sur
lui et lui fait rouper la léle, ibid.
MAURES. Selon Evagre, ils descendent des Ger-
géséens, des Jébusécns et autres nations vaincues
par Josué, p. 119.
MAXl.ME (saint), abbé de Lérins, puis évéque
de Riez. Sa vie écrite par le patrice Uyname, p.
402.
MAXIME, Florentin, moine dn Mont-Cassin.
Sa traduction latine du commentaire d'Arétas
sur l'Apofalvpse, p. 200.
MAXIME (saint), abbé de Chrysopolis: sa nais-
sance, son éducation, p. 7Go. L'empereur Iléra-
ciius le fait son premier secrétaire, il quitte la
cour et se retire dans le monastère de Chryso-
polis dont il est fait abbé, ibid. Il passe en .Vfri-
que : sa conférence avec Pyrrhus, partisan du
monothélisme, ibid. et 701. Il va k Rome: il
anime le pape saint Martin 1" à condamner le
monothélisme, p. 761. L'empereur Conslantin le
fait enlever et amener à Constantinople où il
est fort maltraité pour la foi, ibid. Il est con-
damné à mort, ibid. L'empereur l'envoie en exil
au château de Bizye en Thrace;on lui propose
un projet d'accommodement, ibid. et 762. Il est
transféré au monastère de RIgée près de Constanti-
nople : on lui propose l'adhésion au type, il le
refuse; on le charge de coups, p. 702. On le trans-
fère à Mésembrie, puis à l'erbère où il est ana-
théniatisé dans un concile : on le bat de verges
et on lui coupe la langue et la main droite, ibid.
Il est exilé au pays des Lazcs où il meurt, ibid.
Écrits de saint Maxime, j!ti<<. etsuiv. Questions sur
l'Écriture, p. 703. Réponses à divers doutes sur
quelques passages de l'Écriture et sur d'autres ma-
tières, ibid. Explication du psaume lix tt de l'O-
raison dominicale, ibid. Discours ascétiques, ibid.
et 764. Quatre cents maximes sur la charité, p. 464.
20t) maximes théologiques et économiques, ibid.
L'écrit à Théophemptus, ibid. 213 maximes mo-
rales, p. 705. Fragment de l'écrit adressé au roi
d'Acride, »6ii/. Lettres et écrits à différentes per-
sonnes, ibid. et 700. Dialogue avec Pyrrhus, p.
707. Calcul ecclésiastique ou cycle pascal, attri-
bué à saint Maxime, p. 767. Traité de l'àme, ibid.
Lettre ou discours au patrice Grégoire, ibid. Let-
tre à Jean le Chambellan, ibid. Autres lettres de
saint Maxime, p. 768. Dialogue sur la Trinité, p.
■709. Mystagogie de saint Maxime, p 770. Recueil
de maximes sur plusieurs sujets, ibid. Commen-
taires sur saint Denis l'Aréopagite et sur saint
Grégoire de Nazianze iftirf. et 771. Livres desaini
Maxime qui sont perdus, p. 771. Jugement de ses
ouvrages, ibid. Éditions qu'on en a faites, ibid. et
772. Vie de saint Maxime par un anonyme, p.
76.-..
MAXIME, abbé de l'île Barbe, p. 37C. Ce que
saint Grégoire de Tours raconte de lui,t&id.
MAXIME est élu évéque de Salone, prend pos-
session à main armée, p. 190, obtient un édit de
l'empereur, ibid. Saint Grégoire s'oppose h son
intrusion, ibid. et 505. Saint Grégoire lui écrit,
p. 508. Pénitenco de Maxime, p. !>16.
TÀBLb: ANALYTIOL'K
901
MAXIME, évoque de Saragosso. Ses <*crils, p.
630. Aucun n'esi venu jusqu'à nous, ibid.
MAXIME, adbesse. salnl Adiielme lui adresse
son Traité de la VirginM, p. SOI.
MAXIMIEN, évéque de Pudentiane. Salnl Gré-
goire le <;rand lui i^cril, p. 489.
.MAXIMIE.N, abbt? de saint André. Miracle en
sa faveur, p. 417. Il csl fait évêque de Syracuse,
p. JK7. Saint Grégoire l'établit son vicaire sur
toute l:i Sicile, ibùi.; il lui écrit, p. 196.
MÉDAUD (saint , évf^qnedeNoyon.p.STô. Sainte
Radpgonde le prie de lUi donner l'habit de reli-
gieuse, p. 315. Vie de saint .Médard écrite par
Forlunat. p. 41-3. Antienne en l'honneur de saint
Médard, p. :W4.
MEDOl'É ou MÉDOVÉ évéque de Meaux, p. 882.
MÉLA.MLS, évéque de Rouen, p. 371 : intrus à
la place de saint Prétextât, ibid.
MEIXIIISÉDÉCIENS. Traité de Marc lErniile
contre ces hérétiques, p. ôii.
MEIXHlTES,sec!e de Jacobiies. Pourquoi ainsi
nommés. Leurs erreurs, p. 809.
MÉLITAS abbé de la Laure de saint Sabas, p.
277.
MELLITE ou MELLITUS. envoyé en Angleterre
par saint Grégoire pour seconder saint Augustin,
p. 438 et 5-24. Lettre que lui écrit le Pape, p. 527.
11 est ordonné évéque de Londres par saint Au-
gustin, p. 910 et 913. II va à Rome, est bien traité
par le pape Boniface IV, p. 645; assiste au concile
tenu parce Pape. p. 910, 9U. 11 rapporte en Angle-
terre le décret de ce concile favorable aux moi-
nes, p. 911. Il bâtit le monastère de Westmins-
ter, tftid. 11 est chnssé d'Angleterre, puis rétabli,
p. 914. 11 passe à l'évêché de Cantorbéry, ibid.
MELL'N. Le roi Childebert veut y établir un
évêcbé, p. 202. Léon, archevêque de Sens, s'y op-
pose, ibid.
MENNAS, prêtre et économe de l'église d'A-
lexandrie, p. 659.
MENNAS. élu patriarche de Constantinople. Le
pape Agapet le consacre de sa main, p. 121. 11 est
le premier de l'Église orientale, depuis saint
Pierre, qui ail été ordonné par les mains du papi-,
ibid. Lettre de communion que lui écrit le pape
Vigile, p. 194. Il fui mis à la place d'Anthime, p.
121. Il tient un concile contre les sévériens. Dé-
tail de ce concile, p. 852 et suiv. Sa mort, p.
868.
MENSONGE officieux. Procope de Gaze et saint
Martin de Brague semblent l'approuver, p. 177 et
351.
MÉRERIUS, évèqiie d'Angoulêmedans le vif siè-
cle. Ses écrits sont perdus, p 3li. Temps de sa
mort, ibid.
MÉROUÉE, évêque de Poitiers, refuse de placer
une relique de la vraie Croix dans le monastère
bili par sainte Radegonde, p. 316.
MÉROUÉE ou MÉROVÉE, flls du roi Chilpéric,
épouse Brunehaut, veuve de Sigebert, roi d'Ans-
trasie, p. 322.
MÉRIDA (Pauli, diacre de Mérida, écrit la vie
et les miracles des saints de celle église, p. 676.
MESSE. La messe ne consiste pas dans la lec-
ture des livres saints, mais dans I oblation dos
dons et dans la consécration du corps et du sang
de Jésus-ChrisI, p. lin. Cérémonies de la messe,
p. 300 et suiv. Elle doit être dite ."i tierce aux
jours solennels, p. 857. Défensede dire deux mes-
ses par jour sur le mémo autel, p. 898. Ordre de
la messe suivant leSacranienl:iire de saint Gré-
goire, p. 538; selon saint Grégoire de Tours, p.
390, 391. Défense aux laïques de sortir de l'é-
glise avant d'avoir reçu la bénédiction de l'évo-
que i la fin de la messe, p. 140 et p. 858. Deux
sermons de saint Césaire d'Arles sur ce sujet, p.
110. iMesse pontificale suivant l'ordre romain, p.
558 et suiv. Lectures, offrandes, p. .139, 540. Tout
le monde offrait, le peuple, le clergé, le Pape
même, p. 540. Canon delà messe et communion.
ibid. et 511. Fin de la messe, p. 54i, 512. Messes
pour toute l'année selon le Sacramentaire de
saint Grégoire, p. 542, 54:>. Doctrine de saint Gré-
goire sur la messe, p 508: elle est utile aux vi-
vants et aux morts, i6i(i. L'ordre des oraisons de
la messe établi, comme l'on croit, par saint
Pierre, p. ■ii7. On célébrait la messe la nuit
de la veille de Pique, p. 590. Au temps de ce
Pape, on célébrait quelquefois la messe dans
des maisons particulières, p. 569. .Aux autres
jours on la célébrait le matin vers l'iieure de
tierce. i6id. Le célébrant devait être à jeun et
les assistants devaient garder le silence, ibid. On
disait la messe, non-seulement les dimanches,
mais aussi les jours de fêles de martyrs , et
quelquefois en Ihunneur des saints, p. 391; ou
en actions de grâces pour la délivrance d'une
ville, p. 390. Messes célébrées pour les défunts,
p. 390, 391, 432, 798 ; le 30* jour depuis leur mort,
p. 382 et 391. On attribue ;i saint Grégoire le
Grand l'usage des trentains de messys pour les
morts, p. 509. Ln prêtre nommé Sévère disait
tous les dimanches deux messes dans deux égli-
ses différentes, p. 376 et 390. Il était contre les
canons d'en dire trois, fût-ce sur trois autels
différents, p. 590. D'après les statuts de Sonnace,
évéque de Reims, les prêtres doivent célébrer au
moins deux fois le mois, p. C94. Validité de la
messe interrompue au canon pendant quelque
intervalle, p. 335. Les messes ne doivent être
appliquées que suivant l'intention des fonda-
teurs, p. 694. On disait quelquefois des messes
dans des maisons particulières, p. 569. D'après
saint Théodore, archevêque de Cantorbéry, il
n'est pas permis de dire la messe pour celui qui
s est tué volontairement, p. 79«. Il est permis
dédire la messe poui-un enfant mon avant l'âge
de sept ans. ibid. Les lidèles sont obligés d'as-
sister au saint sacrilice de la messe les jours so-
lennels et les dimanches, etc., p. 694. Messe com-
posée par saint Udefonse en l'honneur de la
sainte Vierge,, p. 773.
MESSIEN, prêlre. présente une supplique au
pape Symmaque, pour que l'église d'Arles soit
mainlenup ilans ses privilèges, p leo.
MESSOK, primat de Numidie, p. 828.
MÉTRODOltEconipcse un comput de 28 cycles
pour trouver le jour île la l'àque, p. 644; nous
03
962
n'en savons que ce que Pliotius nous
ibid.
MICI. Itiplùmi' ilu roi Clovis pour la fonda-
lion du monastère Je Mici au diocèse d'Orlèaiis,
p. 80.
MINTUnXE, ville d'Italie. Le pape saint Gré-
goire unit l'église de Formies à celle de Min-
liirne, p. 180.
MIR.VCLES. C'est plus grand de bien vivre que
de faire des miracles p. 720. Dans les premiers
temps l'Église avait besoin de niiraclos pour s'é-
tablir et se fortiflcr contre les persécutions, p.
isi. Us ne donnent pas la justice, mais la répu-
tation, qui sans la justice ne sert qu'à nous faire
condamner au supplice éternel, p. 7 et 8. Doc-
trine de saint Grégoire le Grand sur les miracles,
p. 451, :y2\ et .Ï77. Miracles opérés dans les égli-
ses des catholiques, 'd'après Vivcntiole, p. 203 et
201. Miracles faits par saint .Augustin, mission-
naire d'Angleterre, p. ^>i\. Doctrine de saint Isi-
dore de Séville sur les miracles, p. ■î20.
MlUON, roi de Galice. Saint Martin de Brague
lui donne des instructions, p. S.'il.
MISSIO.N des personnes divines dans la frinité,
p. 5.'i7 et 558.
MODESTE, abbé du monastère de Saint-Théo-
dose, vicaire du patriarche de Jérusalem. Il avait
fait trois discouis dont il ne reste que des
extraits dans l'iiotius, p. 69'j.
MOINES Proposition des moines de Scytliie:
Vn delà Trinité a souffert. Us vont à Home, écri
ventau\ évèques d'Afrique exilés en Sardaigne, p.
il et 45. Réponse desévéques d'Afrique, p. l' et
suiv. Ce que dit Ferrand diacre de Carthage sur
leur proposition, p. 90. Les moines de la Laure
de Saint-Sabas se séparent de la communion ca-
tholique, p. 272. Moines de quatre sortes suivant
la règle de saint Benoît, p. 1G2; ils s'occupaient
à transcrire des livres, p. 233 et 234. Loi de Jus-
tlnien pour les moines, p. 2a5, 250.2.58,2(10 et 261.
Règlement touchant les moines, p. 824, 825. Saint
Isidore de Séville distingue six sortes de moi-
nes, p. 719. Moines de Palestine, leur genre de
vie, p. 417. Moines de saint Coloruban, leur genre
de vie, p. 619 et suiv. Occupations des moines
pendant la journée selon la règle de saint Isi-
dore, p. 723 et suiv.; leur nourriture, p. 724;
leurs habits, ihid.; ils ne gardaient rien en pro-
pre, ibid.; les lois défendaient aux moines de
faire des testaments, p. 530. Saint Grégoire dis-
pense de cette règle l'robus, abbé du monastère
de Saint-André, ibid et 537. Les garçons peuvent
se faire moines il ijuinze ans, p. 798. On éprou-
vait les postulants pendant trois mois dans le
logement des hôtes avant de les adnnHtre dans la
communauté, p. ';ï3. Règlement de saint Gri'yoire
pour les moines, p. 575; règlemi.'nl du concile de
Paris en 015, p. 912, 913. Les moines tombés dans
des fautes ne doivent pas être faits abbés avant
d'avoir fait pénitence p. 533. Les moines vagabonds
doivent être réprimés, p. 482. Les moines apostats
doivent être renfermés, p. 488. Uèglcment du
concile do l'ans loucliani les moines el les ro-
ligieusesqni qniiifhl leur monastère, p. !iJ2. ihal
T.\B1,E ANALYTIQUE
?n apprend,
des moines ; s'ils sont incapables des fonctions
sacerdotales, p. 575 el un. Saint Benoît ne les
leur a point interdites, p. '.'11. On tirait les moi-
nes de leur monastère pour les faire évèques, p.
575. Moines ordonnés prêtres avec le consente-
ment de l'abbé, p. 505. La plupart des moines
s'occupaient à transcrire des livres, p. 576.
MOÏSE a écrit par inspiration du Saint-Esprit,
p. 188. Il est le premier écrivain du monde, etc.,
ibid. Pourquoi il n'a pas mis son nom à la
tôle de ses écrits, p. 600.
MONASTÈRE. Uèglcmenl du concile d'Éphèse
pour les monastères de filles, p. 817. Monastère
proche d'Alexandrie, p. C80. Faux monastères en
Espagne, p. 800. Défense détenir pour vrais mo-
nastères ceux qui n'auront pas été bâtis avec I.i
permission de l'évSque diocésain, ibid. Monas-
tères protégés par saint Grégoire, p. 512. Ce
Pape ne faisait point d'union de monastères de
différents diocèses sans avoir l'agrément de ré-
voque diocésain, p. 520 et 5i9. Il y avait des mo-
nastères soumis i la juridiction des évèques,
mais il y en avait aussi d'exempls, p. 393. Dé-
fense de baptiser dans les monastères, d'y célé-
brer des messes pour les séculiers défunts el de
les y enterrer sans la permission de l'évoque,
p. 912. On ne permettait pas l'entrée de l'inté-
rieur du monastère aux séculiers, p. 621. Saint
Colomban repril le roi Thodoric d'être entré
au réfectoire, ibid. Les monastères de différents
sexes ne doivent pas être voisins, p. 520. Les
femmes n'entraient point dans les monastères
d'hommes, pas même dans leurs églises. Il en
était de même des hommes à l'égard des monas-
tères de flllcs, p. 395, Saint Grégoire défendit
à l'abbé Valentin de donner entrée aux femmes
dans son monastère, p. 199.
MONASTÈRES de pénitents, p. 681. Monas-
tères, lieux de pénitence. Saint Grégoire veut que
l'on renferme dans de pauvres monastères les
prêtres et les clercs tombés dans quelque faule,
en leur faisant payer leur nourriture, p. 484.
-MONDE. 11 n'est point éternel, p. 270. Senti-
ment de Cosme d'Egypte sur laflgure du monde,
p. 186, 187. Discours de saint Colomban sur le
mépris du monde et de soi-même, cl l'amour
des biens éternels, p. 023 ; sur l'aveuglement
des mondains el le désir de la félicité éternelle,
ibid.
MONEGONDE (sainte), recluse à Tours. Sa vie
écrite par saint Grégoire de Tours, p. 382.
MONIME, ami de saint Ful^cnce qui lui adresse
trois livres, p. 10 et suiv.
MONNAIES. Toutes les nations recevaient les
monnaies de l'empire romain, p. 187, 188.
MONOPIIVSITES, hérétiques, p. 526 ; conver-
sion de quelques-uns, p. 529.
MONOTIIÉLIIES. Sergius de Conslanlinople
adopte l'erreur des monothélitcs, p. 047. Lettres
d'Monorius à ce sujet, ibid. et 048. Les monolhé-
liles sont condamnés dans un concile de Rome,
p 049. Lettre dupapeJaan IV ù l'empereur (^ous-
taiilinoù il les réfute, ibid. et 050. Concile de
Latran, où le munotbélismo est condamné sous
TABLE ANALYTIOUF.
963
le ponliflcat du papt; sainl Jlarlin, p. 7»8, 7l!t.
DifTt'Toiils écrits do s;iint Maxime, abbé de Chry-
sopolis, coiilro les erreurs dos monotliéliles ,
p. 7G5. r.oiifi'rence de sainl Maxime avec Pyrrhus
sur le moine sujet, p. 7ti6.
MONTAN, solitaire, prédit la naissance de saint
Rémi, p. 76.
MOPSUKSTE. Concile en 550 touchant la mé-
moire (le Théodore évoque de Mopsuesle, p. 860.
MOKTS. S'il est permis de les condamner?
Réponse alDrmative, p. 336, et 353. Réponse
négative, p. 295. Prières pour les moris, d'a-
près Eustratius, p. 557; dans la célébration des
mystères, p. 1S9. Utilité de la prière, des obla-
tions, des sacriûces et des aumônes que l'on fait
pour eux. p. uoi (igj, 7oi. 771, 775 et 792. 11 est
utile .■\ux morts d'i'trc enterrés dans les égli^ci»
auprès des ma;l>is, p. 7!)2.
MUCIIùN. Ses écrits, p. 285. Cassiodore lui fait
traduire en latin les trente-quatre homélies de
saint Paul sur l'Kpttre aux Hébreux, ibid. On
croit que c'est le même qui écrivit contre les
évéqucs d'Afrique et qui se nommait Mocien,
ibid. r.assiodore le réfute, ibid.
MU.siQL'E On en attribue l'invention à Pytha-
gore, p 236. Traité de Cassiodore sur la musique,
p. 230.
MYSTKUES. Le secret des mystères ne s'ob-
servait plus au vil' siècle, p. 914.
N.
NAAMAN, prince dos Sarrazins. Sa conversion,
p. 420.
NA1T0.\, roi des Pietés ou Écossais, ramène
son peuple ;"i l'observance catholique de la célé-
bration (le la Pâque, p. 803.
NAPLES. Saint Grégoire le Grand écrit au
clergé, aux nobles et aux habitants de Naples,
p. 487.
NASAS, Juif, p. m.
NATALIS, évoque de Salone, repris par le pape
Pelage et par saint Grégoire, p. 181, 11 se corrige ,
sa mort, ibid.
NATIVITÉ de la sainte Vierge. La fête de la
Nativité n'a été de commandement, c'est-à-dire
chômée par le peuple qu'au x'' siècle, p. 694.
NATURES. Dislinction des deux natures en Jé-
sus-Christ, p. 769- Explication de la proposition
de saint Cyrille : Une nature du Verbe incarnée,
p. 391 et 768.
N.ARSÈS, patrice, commandant pour l'empe-
reur en Italie; le pape Pelage I lui écrit plu-
sieurs lettres, p. 328. Narsès est excommunié par
les schismatiques, p. 329. Lettre que lui écrit le
pape saint Grégoire, p. 480.
NAZAIRE, abbé de Lérins, bâtit le monastère
d'Arlue, p. 152.
NÉOPHYTES. Saint Grégoire défend de les or-
donner, p. 503.
NESTORIEXS. Leurs erreurs sont condamnées
au Vi^ concile d'Orlénns, p. 862. Ils sont reçus
dans l'Église avec leurs ordres et à quelle con-
dition, p. 526.
NESTORIl'S. Traité contre Nestorius par un
eutycliien que l'on croit êtrs Basile de Cilicie,
p. 110. Nestorius réfuté par le pape saint Gré-
goire le Grand, p. 538. Écrits de Léonce de By-
zance contre Nestorius et Eutychès,p.66aetsuiv.
NIRELUNG,ûls de Childebrand, fait continuer
la Chronique de Frédégaire, p. 746.
NICÉPHORE, maître d'Anlioche, écrit la vie de
Siméon Stylite le Jeune, p. 673: abrégé de cette
Vie, p. 674 et 675.
NICÉTIUS ou NICET, NICESSE (saint\ évoque
de Trêves, reçoit son élucation dans un monas-
tère dont il est ensuite fait abbé, p. 202: il de-
vient évêque de Trêves, ibid.; il est exilé par
Clotaire I et rappelé par Sigebert, ibid.; il as-
siste à plusieurs conciles, ibid. et 203. Lettre à
Clodosinde, épouse d'.\lboin, roi des Lombards,
où saint Nicel réfute les erreurs des ariens, p.
203 et 201. Sa lettre à l'empereur Justinien pour
le retirer de l'erreur des incorruptibles, p. 201.
Son traité suc l'utilité des Veilles, p. 204 et 205 ;
son traité du bien de la Psalmodie, p. 205, 206.
Deux lettres de Florien, abbé de Roman-Mou-
tier, adressées à saint Nicet, p. 206. Lettre que
lui écrit Mappinius. évêque de Reiras, ibid.;
temps de si mort, p. 207- Concile qu'il assemble
à Toul à l'occasion des insultes qu'ilavait reçues,
p. 864, 805- Sa Vie par saint Grégoire de Tours,
p. 582- Il refuse de célébrer les sainis mystères
en présence du roi Théodebert, p. 394. Son éloge
par Fortunat. p. 405.
MCIAS, moine, écrit contre Philoponus, p. 653;
ce qu'on sait de cet écrit intitulé VArbiire et le
Juge, ibid.
MCOLAS (saint), évêque de Myre. Apparition
de ce saint à l'empereur Constantin et au pré-
fet Ablabius. p. 347.
NITIGIUS, évêque de Lugo, préside au concile
tenu <i Drague en 57î, p. 350. Saint Martin de Dra-
gue lui adresse son recueil de canons, ibid.W as-
semble un concile à Lugo, p. 892-
.\iZIER :saint), évêque de Lyon, préside à un
concile de Lyon, p. 887. Sa Vie écrite par un
clerc de son église et par saint Grégoire de
Tours, p. 381. Il préside à un autre concile de
Lyon, ibid.
NOBLESSE. La vraie noblesse est celle qui
vit-nt de la vertu et des bonnes mœurs, p. îi5.
NOËL. Usage établi à Rome de dire trois messes
le jour de Noël, p. 456.
.NONNITUS, évêque de Girone, p. 699.
NONNOSE, abbé du Mont-Soracte, p. 474.
NONNOSUS, auteur grec sous l'empereur Jus-
tinien: sa légation vers les Sarrazins, les Auxu-
miies, les lloniérites, p. 280. Idée qu'en donne
Pliotius, ibid.
.NOURRITURE des moines suivant la Règle de
saint Benoit, p. 168.
OCi TABI.l': ANALYTIOUE
NOVATIE.NS, Écrits de saint Eulogo contre ces
héri'liques, p. 589, 590.
NOVELLES de Justinien. Ce qu'elles contien-
nent de reinaniualile par rapport aux clioses ec-
cli'siastlques. p -255 oi siiiv.
NOVICES. Cuiiinieiit ils sont reçus suivant la
Règle de saint Benoît, p. ig3, 164.
NOVlCI.\Tdedeux ans. p. 5io. On doit éprou-
ver les gens de guerre pendant trois ans dans
leur babit séculier, ibid.
NL'MiniE, Saint Grégoire écrit aux évoques da
.Numidie, p. V86.
NIJMULÈNK. seigneur à qui Fortunat évéque
de Poitiers écrit, p. 409.
.NURSl.N, prêtre, voit à l'heure de sa mort les
apùtres saint Pierre et saint Paul, p. 178.
NYCT.iGES ou DORMEURS, hérétiques qui re-
gardaient les veilles de l'Église comme inu-
tiles, etc., p. 718.
0.
OBLATIO.NS. 11 est permis de recevoir les ohla-
tions pour ceux qui ont été tués en commettant
quelque .crime, pourvu qu'ils ne se soient pas
tués de leurs propres'mains, p. 84 8^ on rejette les
oblations des catholiques convaincus d'avoir
donné leurs enfants ;i baptiser à des hérétiques,
p. 826.
OCLÉ.VTIQUE, élu évéque de Rimini. Le pape
saint Grégoire ne veut pas l'agréer, p. 485.
OCT.VTEL'OLE. Écrits des Pérès qu'on doit lire
sur roctaieuque, p. 227, 2-28.
OUOACRE, roi d'Italie, tue Oreste, dépose Au-
gustule, p. 208. Théodoric, roi des Golhs, le fait
mettre à mort dans un festin auquel il l'avait
invité, ibid.
0D0\ isaint), abbé de Cluni, écrit la vie de
saint Grégoire de Tours, p. .365.
OUuy, abbé deGlanfeuil, retouche el publie la
Vie de saint Maur, p. 611, 6)2. Lettre d'Odon à
Adelmodus, p. 6i2.
ŒCONO.ME. Chaque évêque doit se choisir un
œconome du corps du clergé, p. 915.
ŒCL'.MÉMyL'E ou universel. Jean, patriarche
de ConsianliiiopU', prend le titre de patriarche
œcuménique. ."^ainlGrégoire s'y oppose, p. .500,501.
ŒUVRES fies) de miséricorde ne servent de
>ien pour le salut lorsqu'on les fait hors de l'É-
glise catholique, p. 01.
OFFERTOIRE à la messe, p. 540.
OFFICE divin selon la Régie de saint Césaire,
p. 151 ; selon celle de saint Benoit, p. 164, 165.
Règlements du concile de Brague en 56.'?, tou-
chant la célébration de l'olDce divin, p. 885 ;
du concile de Tours, p. 8«9. Saint Cé.saire
d'Arles règle l'olTice divin, p. 125-. il exhorte les
lidèles à se trouver aux olïïces de la nuil, de
tierce, desexte et de none, p. ).30. Dans la célé-
bration des divins ullices. les évéques doivent se
conformer au rit de l'Église métropolitaine, p.
816. Saint Sabas permet il îles moines aiiiié-
niensde faire l'ofTice en leur langue le samedi et
le dimanche, p. 271. Règlement du concile de
Vaison sur l'oflice divin, p- 8.'J8-
OFFICES. Traité des Offlces ecclésiastiques par
saint Isidore de Séville, p. lin. Analyse de ce
Trailé, iind. et suiv.
OFFICIERS du monastère suivant saint Benoit,
p. i(;.3.
OLV.MPIUS, exarque do Ravennc, veut faire
tuer le pape saint Martin, p, 75<.
OLYMPIUS, blasphémateur contre la sainte Tri-
nité, périt misérablement par la main d'un ange,
p. lo:i. Détail de ce prodige, ibid. et ICI.
OPhK.VTlOiNS. Deux opérations en Jésus-Christ,
p. 703, 704, 765. Sentiment du pape Honorius sur les
opérations en Jésus-Chrisl, p. 647,618. Opérations
théandriques on déiiiriles. Les monothéliles abu-
saient de celte expression pour soutenir leur er-
reur, p. 704.
OPPILA. arien, ambassadeur du roi d'Espagne
à la cour de France, p. 306.
OI'rAT, évêqued'Antibes, souscrit au concile
de Paris de l'an 573, p. 307.
ORAISON. Traité des huit parties de l'Oraison,
ou discours, par Cassiodore, p. 237.
ORAISON dominicale expliquée par saint For-
tunat, p. 108, 109; par saint Maxime, p. 763: ré-
citée à la messe, p. 140 et 5i4; avant la com-
munion, p. 606 Si les apôtres ne disaient point
d'autre prière dans la consécration que l'Oraison
dominicale, p. 5i4.
ORAISON mentale des moines, p. 165.
ORANGE. Second concile d'Orange en 529, p.
832; ses canons, ibid. el suiv. sentiment de ce
concile sur la grâce et le libre arbitre, p. «36,837.
Autorité de ce concile, p. 837,838.
ORARIUM. Les évéques portaient l'orarium, p.
5. C'était uneécharpe de toile autour du cou. d'où
est venue notre étole, ibid. et 6.
ORATOIKES. Ce qui est nécessaire pour la fon-
dation des oratoires, p 333; pour la consécration
d'un oratoire ou d'une église, p. 487 el.'28. Céré-
monies de la dédicace d'un oratoire, p. 37.'». Un
évéque ne peut construire ou consacrer un ora-
toire dans un diocèse dilTérent du sien, sans
l'agrémont du diocésain, p. 530. Oratoires liomes-
tiques des évéques ou ils célébraient quelquefois
la messe, p. .569.
OllATORIE, aiibpsse du monastère d'Arlue, p-
152. Saint Césaire lui adresse une insiruction, ihirf.
0Ri)lNAT10.\ des évéques. Lois de l'empereur
Justinicn, p. 2.58,2.59,261.262. Canons du 3* con-
cile de Paris toucliant l'oniination des évéques.
p. 883. Il est défendu aux évéques d'aller dans
les diocèses de leurs confrères pour y ordonni-r
des clercs, p. 857. Le pape Pélagie permet d'or-
donner diacre un homme qui. après avoir perdu
sa femme, avait eu dos enianis de sa servante,
p. 339. Défense d'urdonner des fermiers ou comp-
tables, p. 858 Ordinations simoniaques défen-
TADI.K AN
(lues, |i. Sitt. Il ii't'sl pas moins (li'fi;ii(lu de rOilO-
rer l'ordinalion qiio h' baptr'nu', p. I811, 571. Or-
dination des priHios roservée à rtivOque, p. 719.
Un Oviique peut ordonner seul un prOlre ou un
diacre, mais il ne peut le disposer <iuc dans un
concile, p. 9U. Un évoque, en cas de besoin, peut
ordonner, quoique seul, un autre iWOqne. p. 025.
L'ordinateur doit prononcer la formule de l'ordina-
tion, p. 014, Explication d'un endroitdc saint Gré-
goire où ce pape semble dire que celui qui est
ordonné par simonie ne l'est pas véritablement,
p. 523. D'après saint Théodore de Cantorbéry,
ceux qui par ignorance ont été baptisés deux fois,
ne peuvent élre ordonnés, si ce n est dans une
grande nécessité, p. 7!i8. Ceux (jui ont été ordon-
nés par les Écossais, c'estii-dire par les Bre-
tons schismatiques, doivent être réhabilités par
l'imposition des mains, ibid. C'était l'usage de
riiglisc romaine qu'un clerc ordonné pour le
service de cette église y domeuràt sans pouvoir
passer h une autre, p. 572. Les ordinations doi-
vent se faire par degrés différents et avec épreu-
ve, p. 517, 572.
OKDRES. Pour être admisauxordres, il faut avoir
un bénéfice suffisant pour sa subsistance, p. 094.
URIENTIUS, évèque d'Elvire, est le môme que
saint Orient ou Orens, évoque d'Auch, p. lOO, note
2, et 101. Ses écrits, ibid. et suiv.
OKIGÈNE. Condamnation d'Origène au 4" con-
ALYTIQUE. 988
cile dcConslaniiiiople, p «78, Hiu. Édit de l'em-
pereur Justinien contre lui ; erreurs qu'il lui
attribue, y. 881. Origénebl;\mé par Anastase Si-
naïte. p. 000, Ooi. Saint Soplirone de Jésusalem
condamne l'erreur d'Origciie touchant la préexis-
tence des ,1ines, p. 701.
OKIGENISTES- Anathémes contre les origé-
nistes au 2" concile de Constaniinople, p. 878.
ORNEMENTS àl'usage des ministres de l'église,
p. 311.
OKTHOGRAPITE. Traité de Cassiodore sur l'Or-
thographe, p. 237. Auteurs qui ont écrit sur l'or-
thographe, ibid.
OSWl, roi <le Northumbcrland. Le papeVitalien
lui écrit, p. 782. Il lui envoie plusieurs reliques, ifr.
OTRlilUS, évéque de Mitilène, met saint Eu-
thymius au rang des lecteurs, p. -272.
OU DOCÉE (.saint), évêque de LaudalT en Cia-
morgan, p. 884.
OUEN .référendaire du roi Dagobert,est ordonné
évêque de Rouen, p. 730; il assiste en 004 au 3"
concile de Chàlons-sur-Marne ; fait en 077 le
voyage de Rome, ibid. Sa mort,i/ud. Ses écrits :
sa vie de saiiilEloi,i6id; ce qu'elle contient, ibid;
traùuctions de cette vie, idid. et p. 757. Sa lettie
h l'évêque Rodobert, ibid.; autre lettre il Didier,
évêque de Cahurs, p. 757. Discours à un jeune
roi attribué par Mai à saint Ouen ou à saint Eloi,
ibid et suiv.
P.
PALLADE, évêque de Saintes, p. 379. Saint
Grégoire de Tours lui envoie des reliques pour
la consécration d'une église en l'honneur de
saint Martin, p. 379. Pallade écrit à saint Gré-
goire de Tour-;, ibid. Saint Grégoire, pape, lui
envoie des reliques pour la consécration de quatre
autels, p. 506.
PALLIUM. Quand il faut le porter, p. 489, 503,
604, 500. Conditions requises pour l'obtenir, p.
513. Défense de rien prendre pour le palliura,
p. 907. Pallium accordé à Auxanius, évêque d'Ar-
les, par le pape Vigile, p. 196. Défense aux arche-
vêques de dire la messe sans palliura, p. 894,
895. Le pallium de saint Marc se conservait en-
core au vi» siècle, p. 303.
PANGE LINGUA, hymne faussement attribuée
à saint Fortunat, p. 401.
P.v.^NONCEAUX. Il est défendu aux recteurs
du patrimoine de l'Église de mettre des pan-
nonceaux aux terres et îux maisons qui dépen-
dei;t de ce patrimoine, p. 907.
PANTALÉON, diacre et garde-chartes de Cons-
taiitinople, p. 791. On a de lui cinq homélies,
ibid. On cite des discours du même auteur, ibid.
Il était prêtre, ibid. Edition de ces homélies dans
la Palrologie. ibid.
PANTALÉON, notaire, p. 531, 791.
PAPE Autorité de l'empereur dans l'élection
du pape, p. 433. On payait une somme à l'empe-
reur pour l'inlronisalion du Pape, p. 784. Il est
permis de l'ordonner sans envoyer le décret de
son élection à Constaniinople, p. 785. Abus qui se
commettaient dans l'élection du Pape rofoiiiiés par
Boniface III, p. 910. En l'absence du Pape, l'archi-
diacre, l'archiprêtre et le primicier tiennent sa
place, p. 752, Lettres synodales que les Papes en-
voyaient aux patriarches, p. 433.
PAPIER. Manière de faire le papier, p. 219.
PAPOLUS, évêque de Chartres, présente une
requête au 4" concile de Paris, p. 892, 893.
PAPULE (sainte), déguisée en homme, vit dans
un monastère lie religieux, p. 394, 395.
PAQUES. Pour célébrer dignement la fête de
PAques, il ne suffit pas d'y recevoir le corps et le
sang de Jésus-Christ, il faut encore pratiquer des
o'uvres de piété, etc., p. 4.58. Difficulté sur la
PAque en 577, en 578, p. 389, 390. Les Irlandais
la célébraient le 14 de la lune, p. 014. Saint Co-
lomban est inquiété sur ce sujet, ibid. Il en écrit
au pape saint Grégoire, p. 624, 625; aux évoques
des Gaules assemblés en concile, p. 625 et suiv.;
au pape Boniface, p. 627. Les évêques de Sardai-
gne obligés de célébrer la Pâque au jour marqué
par leur métropolitain, p. 513. Défense, sous
peine de déposition, à l'évêque ou au prêtre de
célébrer la Pâque avant léquinoxe, p. 798. Ano-
nyme qui a écrit sur la Pàque, p. 641. Lettre
du clergé de Rome aux Écossais touchant la Pâ-
que, p. 619. Dispute de Philoponus touchant la
Pàque, p. 651. Lettre de Céolfride, évêque de Wi-
rjinouth, touchant la Pàque, p. 803.
PARRAINS. Leurs obligations, p. 130.
966
TABLE ANALYTIQUE.
PARDULE, Ovéque de Laon, dresse, par ordre
du roi Charles-le-Cliauve. un priviU^ge pour le
monastère d'Ori^ni, p. 530.
l'ARTHÉ.Ml's, patrice et mattro <1cs offlces.
Arator lui adresse son poCuie sur les Actes des
apûlres, p 1d7.
PAbCHASE, évoque de Naples, p. 527; peu as-
sidu à ses fonctions i^piscopaies, p. 530, bSl.
PASCHASE, diacre schismntique délivré du
purgatoire par les prières de Germain, évèque de
Capoue, p. 478.
PASTOKAL de saint Grégoire, p. 462; traduit
en grec, ibid.
PATKNES. Dans les premiers siècles, elles
étaient grandes et épaisses, parce qu'on y met-
tait les oblations.de$ fidèles, p. 5io.
PATKftIUS, notais de saint Grégoire, p. 550.
Il fait des extraits des Morales de saint Grégoire
sur Job et sur tous ses autres ouvragesdont il fait
un commentaire sur l'Écriture, ibid. et 55t.
PAIKUNli saint), évéque d'Avranclies. Sa Vie
écrite par saint l'ortunat, p. 411.
PATRI.MOINES de l'Kglise romaine. Règlements
de saint Grégoire loucLant ces patrimoines, p.
483, 48i. Le patrimoine de l'Église romaine dans
les Gaules consistait plus en fonds de terre qu'en
argent, p. jOi.
P.iTROCLlî isainti fonde deux monastères, l'un
de filles à .Néris, l'autre d'hommes, appelé Co-
lombiers, p 381. Sa Vie écrite par saint Gré-
goire de Tours, ibid.
PATRO.N.\GE Origine de ce droit, p. 86i.
PAL'L, père (le saint Kuthymius, p. iTî.
PAl'L, patriarche d'Alexandrie, était aupara-
vaiit abbé de l'ordre de fabenne, p. 304; est élu
pour succéder à Théodose, envoyé en exil, ibid.
Il est exilé bientôt après en Palestine, ibid.; et
déposé par ordre de Justinien, ibid.
PAUL le Silentiaire, surnommé Cyrus Florus,
fait eu vers la description de l'église de Sainte-
Sophie, bâtie par l'empereur Justinien, p. 31tj.
Éditions de ce poème, ibid. Éloge de ce poème
par Agatliias, p. 347.
PALL, diacre d'Aquilée, passe par Poitiers et
y fait l'épitapbe de saint Fortunai, p. 403.
PAUL (saint!, évéque de Verdun, p. ■!33. Saint
Didier, évéque de Caliors, lui écrit, ibid. Ses
deux lettres à cet évéque, p. 731.
l'ALL, patriarche de Conslanliiiople, mono-
Ihéllle, envoie ses lettres synodales au pape
Théodore, p. 748. Réponse du Pape, ibid. Théo-
dore prononce la sentence de déposition contre
Paul, ibui.
PAUL, évéque de Thcssalonique, monothélite,
condamné par le pape saint Martin, p. 7.5o, 751.
PAUL, scliolastique : saint Grégoire le Grand
lui écrit, p. 180.
PAUL, chargé de l'évéché de X.iples : saint Gré-
goire le Grand lui écrit, p. 487, 491.
PAUL,diacredeMérida. Son ouvrage delà vieel
des miracles des ; aintsde l'église de .Mérida,p.67G.
PAULIN, moine envoyé en Angleterre par saint
Grégoire, p. 438.
PAULIN (.saint), évéque de Noie. Action hé-
roïque que saint Grégoire le Grand en rapporte,
p. 475.
PAULIN, évéque d'Afrique accusé d'avoir mal-
traité ses clercs sans sujet ; concile tenu à cette
occasion, p. 910.
PAULIN, évéque de Taur, transféré à Lipari,
p. 487.
PÉCHÉ. La source de tout péché n'est autre
que l'amour déréglé par lequel la créature rai-
sonnable renverse l'ordre que Dieu avait éta-
bli dans le monde, etc., p. 13. Il n'y a point de
péché irrémissible, p. 31. Le péché contre le
Saint-Esprit que l'Écriture dit n'être pas rémis-
sible est l'impénitence linale, p. 54. Différence en-
tre les péchés des justes et ceux des méchants,
p. 30. Les saints et les justes ne peuvent être en
ce monde sans péchés, p. 68. Plusieurs péchés
légers en font un considérable suivant saint Isi-
dore; encore que l'on obtienne le pardon de ses
péchés par la pénitence, l'on ne doit pas être
sans crainte jusqu'à la fin de la vie, p. 7-22.
PÉCHÉ ORIGINEL. Sentiment du moine Jobius
sur le péché originel, p. i82; de Cassiodore. p.
248, 249; de saint Grégoire le Grand, p. .564, 565 ;
d'Atiastase le Sinaïte, p. 601; de Mire l'Ermite,
p. 0.39. Les Ames de tous les enfants qui naissent
contractent le péché originel, et le sacrement
du saint baptême est nécessaire ii tous pour
rompre le lien du péché d'origine, p. 44. Il est
remis par le baptême, p. 398 et -104, 000, 764. Dire
que les enfants ne contractent point le péché
originel, c'est nier que leur chair soit une chair
de péché, etc., p. 46. Les enfants qui meurent
sans baptênie sont damnés à cause du péché ori-
ginel, p. 42, 67. Jésus-Christ a choisi le supplice
de la croix pour nous délivrer du péché originel,
p. liO. D'après saint Julien, archevêque de Tolède,
le péché originel n'est effacé que quanta lacoul-
pe, et non quant ;'i la peine temporelle, p. 792.
PEINTURES dans les églises, p. 333, 331.
PELAGE, diacre de l'Église romaine, va àCons-
lantinople en :30 avec le pape Agapet qui le dé-
clare son apociisiaire à Coiistantinople, p. 327 ;
il favorise l'élection du pape Vigile, ibid. Justi-
nien l'envoie en Palestine pour défendre Paul
d'Alexandrie ; il poursuit avec .Mennas la con-
daiiination d'Origène, ibid.; Pelage retourne à
Rome, fléchit Totila, écrit sur les Trois-Cha-
pitrcs, ibid. et 328; il accompagne le pape Vigile
à Constantinople en 547; il est élu pape on 555
pour succéder i Vigile. On le soupçonnait d'a-
voir eu part à la mort du Vigile ; il s'en justiOe
par serment, p. 328- Sa mort en 559, ibid. Les
lettres de Pelage sont au nombre de 16 : au patrice
Narsès, p. 328 et suiv. ; aux prêtres de Toscane,
p. 330; à tout le peuple de Dieu, ibid.; h Sapau-
dus archevêque d'Arles, p. 331 ; au roi Childe-
bert, ibid. l'iagments de quelques autres lettres
du pape Pelage, p. 332, 333. Édition des lettres
de Pelage dans la Patrologie, p. 328, note 5.
PELAGE II, pape, succède i Benoît surnommé
Donosc, p. 33i ; il envoie le diacre Grégoire à
Constantinople pour solliciter ilu secours con-
tre les Lombards ijui iiOligeaienl Rome, ibid. Ses
TABLK ANALYTigUE.
a(J7
lollres il r.rc'goire, diacre tlo IVgliso romaine; à
!..uiit Aiiiiacaire, évC(|iie d'Auxorre, ibid. et 335;
aux ('vOqiies d'Islrie (jui pcrsi^vi^raient dans le
scliisnif pour la défonso des Trois- Chapitres, p.
335 et suiv. ; lettre à Jean, ùvOque do Oonstanti-
nople, p. 338 ; lellros supposik-s, p. 339 -, décrets
qui lui sont attribués, ibid. et3l0. Mort de Pelage,
p. 339 et 133. Il avait fait saint Grégoire son secré-
taire, p 371 et 43i. Grégoire lui succède, p. 371
et 133.
PELAGE, évêque de Tours, p. 506.
PELAGE, hérétique. Son hérésie renouvelée
en Ecosse, p. 649.
PÉNITENCE. Sentiment de Cassiodore sur la
pénitence, p. 249; de saint Grégoire le Grand sur
la pénitence et le pouvoir des clés, p. 509, 570.
La pénitence est vaine lorsqu'on désespère de
l'indulgence, et c'est inutilement que l'on espère
la rémission de ses fautes, lorsqu'on n'en fait
pas pénitence, p, 31. En (juoi consiste la vraie
pénitence, p. lUO, 570, 571, 713. Erreur de ceux qui
croient qu'après une pénitence de trois ans, on
peut s'abandonner au désordre, p. 431, 523. Péni-
tence sacramentelle refusée en France àceux qui
étaient condamnés imort, accordée en secret, p.
391. Pénitence a l'article de la mort. Sentiment de
saint Césaire, p. 137. Pénitence publique, p. 137,
138 Crimes qui y étaient soumis, p. 138. Ceux
qui ont fait pénitence publique sont exclus de
la cléricature, p. 814. Les clercs n'y étaient point
soumis p. 719. Pénitence imposée aux nouveaux
mariés.p. 798.— Règlesduconciled'Epaone sur la
pénitence, p. 815; du concilede Tolède, en 589, p.
902;duconcile deLérida, p. 824 et suiv. Pénitence
abrégée du temps de Théodore, archevêque de
Cantorbér y,p.798.Degrés delà pénitence publique,
p. 092. Jean, abbé de Raïthe, rapporte aux apô-
tres l'établissement des divers degrés de péni-
tence, p. 691, 692. — Pénitence des clercs, p.
573,574.
PÉNITENTS. Manière de vivre des pénitents,
p. 137, 138. Descripiion du monastère des péni-
tents, p. 681, 682. Coutume établie en France de
couper les cheveux aux pénitents, p. 394. On
les couvrait d'un cilice et on répandait des cen-
dres sur leur tête, p. 7i9, Communion accordée
aux pénitents, p. 793.
PENIIENTIEL de saint Colomban, p. 620, 621.
Autre Pénitentiel, p. 621, 622. Pénitentiel de saint
Cuméen, p. 622.
PERSE. État du christianisme dans la Perse
au vi" siècle, p. 188.
PERSES. Us ravagent l'Orient sous l'empereur
Héraclius, p. 697. Conversion d'un grand nombre
de Perses sous l'empereur Maurice, p. 745. Vic-
toire d'Héraclius sur les Perses, ibid.
PETIT CERF, superstition païenne, p. 139.
PlIiRAMOND. S'il ajeté les premiers fonde-
ments de la monarchie française, p. S95.
PHILIPPE, maître de la milice; saint Grégoire
lui écril, p. 4S3.
PHILOMARIANITES hérétiques, qui offraient
du pain en l'honneur de Marie, p. 670.
PIllLO.N, évêque de Carpalhie. On lui attribue
un commenlaire sur le Cantique des cantiques,
et un autre sur les six jours de l.i création, p. 189.
PHOCAS fait mourir .Miiuricc et ses enfants,
p. 410.!Phocas csl fait empereur en 002, et est re-
connu il Kome, p. 531. Saint Grégoire lui écrit,
ibid., et lui envoie un nonce, ihiit.
PIERRE, nom donné au baptême ^ Aspcbète,
prince des Sarrasins, p. 273.
PIERRE, laïc: saint Fulgence lui adresse son
livre de la Foi, p. 63.
PIERRE, évêque des Sarrasins, p. 273.
PIERRE (saint). Si saint Pierre et saint Paul
ont souffert le martyre le même jour et la même
année, p. 197 et 374; quelques anciens ont pensé
qu'ils souffrirent le martyre le même jour, mais
non pas la même année, p. 197, 190, 574; cette
opinion improuvée dans le décret de Gelase, p.
198.
PIERRE, évêque d'Apamée. Plaintes contre lui
p. 822.
PIERRE, frère de s;iint Grégoire de Tours, guéri
par les reliques de suint Julien, p. 375; celte opi-
nion improuvée dans le décret de Jclase, p. 198.
PIERRE, diacre, ami de saint Grégoire le Grand,
p. 473.
PIERRE, sous-diacre, vicaire du Saint-Siége et
recteur du patrimoine de Sicile, p. 480.
PIERRE, du rang des Illustres, à qui le pape
saint Martin écrit, p. 750.
PIERP.E, acolythe de l'Église romaine, fugitif.
Saint Grégoire lui interdit la communion du
corps et du sang de Jésus-Christ jusqu'à son re-
tour, p. 510.
PIERRE, notaire. Saint Gré^'oire le Grand lui
écrit, p. 486.
PIERRE, évêque de Terracine. Saint Grégoire
lui écrit en faveur des Juifs, p 483. Il lui écrit
d'autres lettres, p. 484.
PIERRE, évêque de l'île de Corse. Saint Gré-
goire le Grand lui écrit, p. 510.
PIERRE, sous-diacre de Campanie. Saint Gré-
goire le Grand lui écrit, p. 191.
PIERRE, patriarche intrus d'Alexandrie, mo-
nothélite, p. 750.
PIERRE de Laodicée. Son explication de l'O-
raison dominicale, p. 787, 788. Son commentaire
sur les quatre Évangiles existe manuscrit. On en
a publié des fragments, p. 788.
PIMÉNIUS, évêque d'Amalû, p. 505.
PINTA, évêque arien, p. 7. On attribue à saint
Fulgence un livre de to Foi contre cet hérétique,
mais il n'est pas de lui, p. 69.
PL.VCIDE isaint), disciple de saint B;noît, p.
157. Sa mission en Sicile ; son martyre ; transla-
tion de ses reliques, p. 159.
PLATON, évêque de Poitiers, p. 379.
POITIERS. Troubles excités dans le monastère
de Sainte-Croix de Poitiers, p. 905, 900.
POLYCHRONE, prêtre et moine raonotliélite. Le
pape Léon II l'anathématise, p. 784.
POLYELCTE (saini) , martyr, p. 272. Église
bàlie sons son nom près de la ville de .'ilélitène
sur lEuphrate, itid.
PONTIEN, évêque d'Afrique. Sa lettre àl'em-
TABLE ANALYTIQUE.
jierciir Jiistlnicn où il lui lopr.^senle qu'en i-oii-
daninaiil les Trois Cliapilrcs. on pouvait faire
revivre llR^résie cutycliicnnc, p. l'.'8. Édilion
de celle lettre, ibid.
POnCMllK, abhé de ' l'rinf, p. Iî5.
PORI'IlYni:. JusUiiieii ordonne de brûler ses
livres p. -201.
PORTIEN (saint), abbé. Sa Vie par saint Gré-
goire de Tours, p. 380.
l'OUTIEUS. Leurs fonctions, p. 907.
PU EDESTINATUS. L'auteur de cet ouvrage
était infecté de lliérésie pelagiinne, p. 981. Ce
n'est pas celui que l'riinase, évoque d'Adrumel,
avait fait sur les hérésies, ibid.
l'KÉCEPTKS. Le libre arbitre n'est pas capable
de les acconi;>lir, s'il n'est aidé de Dieu, p. Ja.
PKÉDESTl.N vriUN. Sentiment de saint Augus-
tin sur la prédestinatiiMi. expliqué par saint l"ul-
gence, p. 10 et suiv. Sentiiiieiit des évéques d'A-
frique, p. 12 et suiv.; de saint Grégoire sur la
prédestination et la réprobation, p. !>G-2 Prédes-
tination purement gratuite établie par saint
Fulgence, p. 56 et suiv. I.a prédestination ne
peut être sans la prescience, mais la prescience
peut êirc^ sans la prédestination, etc., p. M.
PKEDESTl.NÉS. C'est gratuitement que Dieu
appelle les prédestinés, qu'il justilie ceux qu'il
appelle et qu'il gloiilie ceux qu'il justilie, p. 12
et 13.T0US ceux-là sont prédestinés, dont Dieu veut
qu'ils soient sauvés, p. 43. Aucun de ceux qui sont
écrits dans ses décrets éternels pour être du
nombre des prédestinés, ne périra jiinais, p. 41,
61. Le nombre des prédestinés est certain et as-
suré de la part de Dieu, p. 61 et 62.
l'UESCUlPTION. L'empereur Justinien accorde
à l'Église romaine une prescription de cent ans,
p. i'S7.' Prescription dans les causes ecclésiasti-
ques, p. 914.
l'KÉTE.VTAT (saint), archevêque de Rouen,
marie contre les régies Mérovée avec Brunehaut,
p. :Hi. Il est déjiosé pour ce sujet dans le cin-
quième concile de Paris et exilé, ibid. Il est ac-
cusé dans un concile de Paris. Saint Grégoire
de Tours prend hautement sa défense, p. 366.
Rappelé de son exil, il assiste |au deuxième con-
cile de Mâcoii. ibid. Il est assassiné, ibid. La
reine l'rédégonde est accusée de ce crime, ibid.
Formules de prières que saint Grégoire de Tours
attribue à Prétextât, ibid.
PRÊTRES. Chez les Grecs ils peuvent consa-
crer les vierges, réconcilier b'S pénitents, p. 798.
PRIÈRE. Lettre de saint Fulgence sur la prière
et la componction du cceur, p. 29. Lis prêtres,
même en voyage, se levaient la nuit pour prier,
p 376. Prières et sacrilices pour les morts, p.
603. Voyez Morts. Nous devons prier pour nos
princes, fussent-ils juifs, inlidèles ou hérétiques,
ibid. Prière de Cassiodore, p. 23a.
PRIMASE, évêque d'Adrumet, disciple de saint
Augustin, se trouve au concile de Conslaiitino
pie tenu par le pape Vigile contre Théodore de
Césaréc, p. 2H3. Il refuse de se trouver au cin-
quiiine concile général tenu ."i Constaiitiiiople,
ibid. Il se déclare défenseur des Trois- hapHrei,
et il est relégué dans un monasière, p. 2si.
Il les abandonne, est rétabli et devient primat
de la Ityzacène, ibid. Il est ensuite déposé par
les défenseurs des Trois Chapitres , ibid. Ses
commentaires sur l'Apocalypse et sur les Épitres
de saint Paul, ibid. Éditions qu'on en a faites,
ibid. L'ouvrage qu'il avait composé sur les hé-
résies est perdu : ce n'est pas le Prœdeslinalus,
ibid.
PRLMATS en Afrique. Règlement de saint Gré-
goire sur ces primats, p. 485, 486.
PRI.'»IAIITÉ de saint Pierre, p. 509, 556, 557.
PHl.MIGÉNIL'S, sous-diacre régionnaire de l'É-
glise romaine, ordonné évéque de Grade, p. 647.
PRINT-E. Devoirs d'un bon prince, p. 213.
PRINCIPE, évéque de Soissons, frère de saint
Rémi, p. 76.
l'RlSi'.ILLIANlSTES, hérétiques. Ils ensei-
gnaient que les astres présidaient à la naissance
des rois, p. I.'jO.
PRISONNIERS doivent être visités tous les di-
manches par l'archidiacre ou le prévOl de l'é-
glise, p. 864.
PRISQUE, évêque de Lyon, p. 898, préside au
second concile de M&con, ibid. Il est nommé pa-
triarche dans la préface des canons de ce concile,
ibid-
PRISQUE, juif. Saint Grégoire de Tours entre
en conférence avec lui, p. 366.
PRIVILÈGE accordé au monastère de Saint-
Denis en France, p. ';39. Formule d'un privilège
accordé à un monastère par l'évêque diocésain,
p. 710. Saint Germain accorde un privilège au
monastère qui porte aujourd'hui son nom dans
un des faubuurgs de Paris, p. nil.
PRIVILÈGES donnés aux monastères par saint
Grégoire, p. 908. Ce Pape confirme les privilèges
que le pape Vigile avait accordés i un monas-
tère d'Arles, p. 518. Privilèges pour le monas-
tère de Saint André et de Sainv- Thomas de
Rimini. p. .188; pour le monastère de Saint-Jean
de Classe, p. 5ii; pour les monastères d'Aulun,
p. 529; pour l'abbaye de Saint-Cassien de Mar-
seille, p. 507; pour le monastère d'Origny,p. 530.
Le privilège de saint Médard de Soissons. est
faussement attribué à saint Grégoire, p. 536.
PROBA, su>ur de Galla, consacrée Dieu sa vir-
ginité, p. 27. Saint Fulgence lui écrit, ibid. et
p. 28.
PROBIEN, évêque de Bourges, assiste au se-
cond concile de Paris, p. 88'.'.
PROBUS, abbé du monastère de Saint-André,
fait un traité avec Agilulphe, roi des Lombards,
p. 517. Saint Grégoire permet à Probus de faire
testament, p. 536, 537.
PROCÈS. C'est une chose messéan te à un évo-
que d'être convaincu par la perle d'un procès d'en
avoir entrepris d'injustes, p. 2ii.
PROCESSIONS. Défense aux laïques d'en faire
sans la présence de l'évêque et de son clergé,
p. 260. Processions ordonnées par saint Grégoire
dans les calamités, p. 462. Procession des Roga-
tions avant l'Ascension, p. 380.
PROCOI'Ë surnommé de Gaie, d une ville de
TABLE ANALYTIOUK.
•JGI)
Pht'nicio où il faisait sa demeiiro: temps où il
florissait: jes éludes, p. 17G. Son commentaire sur
rUeplaleuque, c'est-.'; dire sur les cinti livres do
Moïse, le livre de Josué et celui des Juges, ihid. ;
autres sur les livres des Rois et des Paralipo-
mônes et sur Isaïe, ibid. Ce qu'il y a de remar-
quable dans ces commentaires, ibid. et suiv. Ou-
vrages publit^s par Mai. p. 178, 179. Jugement
sur son style, p. 179. Éditions et tradiiclions
qu'on a faites de ses œuvres, p. 179. Éditions
dans la Patrologie, ibid. et 180. Écrits de l'rocope
de Gaze qui sont p, idus, p. 179.
PKOCESSION du Saint-Esprit, p. .558.
l'nODlGKS en France, p. 370.
rUOFESSEL'RS. Ordonnance d'.Vthalaric pour
les appointements des professeurs de grammaire,
de rluMorique et de droit, p. 209.
PROKE.-^SION monastique; elle remet les po-
cbtis, comme ils sont rerais dans le baptême, se-
lon saint Théodore de Cantorbéry. p. 797.
PUOFITURUS, évéque de Brague en Lusilanie,
consulte le pape Vigile, p. 195, 190.
PROPHÉTIE. Sa définition, par Junilius, p. 282.
I.'esprii de prophétie n'est pas inan.issible, p.
224.
PR0T.4DE (saint\ évêque de Besançon. Son
traité sur les rits ecclésiastiques, p. 63-2; il n'est
pas venu jusqu'à nous, ibid. '•'.& que nous en sa-
vons, ibid. Sa liturîîie, ibid. .Mort de sain) Pro-
tade, iiid. Calendrier de saint Protade, p. 633.
PROTAIS, évéque d'Aix, p. 506.
PSALMODIE. Traité de saint Nicétius intitulé
Du bien delà psalmodie, p. 205, 206 Ordre de la
psalmodie selon la Règle de saint Coloniban, p.
019. Psalmodie perpétuelle établie dans les mo-
nastères d'Agauue, de Saint-Jean de Laon, de Re-
mireraont et de Luseuil sous l'abbé Valdêbert, p.
614. Le roi Contran tablit la psalmodie perpé-
tuelle dans le monastère de Saint-Marcel dcCbâ-
lun-sur-Saône. p. 745.
PSAUMES. David est auteur des 150 psaumes,
p. 2il; il les a composés par l'inspiraliou du
Saint-Esprit, p. 188. Commentaire de Oassiodore
sur les Psaumes, p. 222 et suiv. Remarques gé-
nérales sur les Psaumes, p. 223, 224. Diverses
manières de les cbanler, p. 224. On les cliantait
tous les jouis dans les assemblées, p. 004. Un
évêque doit les savoir, p. 572- Ce que signifle
le terme pour la fin dans les Psaumes, \t. 224.
Différence entre psaume et cantique, etc., ibid. Ce
qu'on entend par Diipsalma, ihid. et '22'i- Divi-
sion des l's lunics, p. 225. Co^1ment il est parlé
de Jésus-Christ dans les Psaumes, ibid. Des-
sein de Cassiodore dans son commentaire sur
les Psaum3s, p. 225- Éloquence de l'Écriture et en
particulier des Psaumes, ibid. et 226.
PULCllÉRIE (l'impératrice) donne tout son
bien aux pauvres, p. 104.
PURGATOIRE. Explication d'un passage de
saint Jean Cliinaque, qui semble combattre la
doctrine de l'Église sur le Purgatoire, p. 687.
D'après saint Isidore do Séville, il y a des pé-
chés qui sont pardonnes en l'autre monde et qui
sont purifiés par le feu du Purgatoire, p. "17.
Sentiment de saint Césaire sur le Purgatoire, p.
133, 13;,; de saint Grégoire le Grand, p. 580;
de saint Julien, archevêque de Tolède, p. 792.
PVRRIIUS, patriarche de Coustantinople, mo-
nolhélite, p. 649. Sa conférence avec saint Maxi-
me, p. 761; sa rétractation à Rome, sa rechute
et sa condamnation, p. 748, 761. Lettre de saint
Maxime à Pyrrhus, p. 769; il est anathématisé
par le pape Léon II, p. 784.
PYTIIONISSE. D'après Anastase le Sinaïte, elle
évoqua véritablement l'âme de Samuel à la prière
de Sadl, p. 603.
Q.
QtJIMIEN (saint), évêque de Rodez, chassé par
les Goths, p. 380. Sa Vie écrite par saint Grégoire
de Tours, ibid.
QUIRICIUS, évêque dTbérie, p. 526.
QUIRICIUS, évêque de Barcelone, p. 773. Saint
Ildefonse, archevéq.ie de Tolède, compose sou
livre de la Virginité perpéluelte de la sainte
Vierge à la prière de cet évêque, p. 773. Taïon,
évêque de Saragosse, lui adresse les cinq livres
des Sentences, p. 776. Lettre de Quiricius à
Talon; éloge du recueil des Sentences, p. 777
QUIRICIUS, archevêque de Tolède, a pour
successeur saint Julien, p. 791 j le pape Léon II
lui écrit, p. 784. •
QUODVULTDEUS, évêque d'Afrique, dispute à
saint Fulgence la préséance dans un concile,
p. 9.
QUODVULTDEUS, abbé du monastère de Saint-
Pierre de Rome, p. 335.
R.
UADEGOXDE (sainte), reine de France, épouse
Clotaire, se fait ensuite religieuse, p. 31j; ellebàtit
le monastère de Sainte-Croix à Poitiers, îhit/. et
905; elle écrit aux évêques assemblés à Tours
en 560, p. 316; demande à l'empereur Justin du
bois de la vraie croix, tdid., et en obtient, ibid.,
372 et 411- Son testament, p. 316. Lettre de sainte
Césarie à sainte Radegonde , p. 317; lettre de
sainte Uadegonde aux rois Chilpéric etSigebert,
XI.
ibid. et 318. Sa mort, p. 318. Sa Vie écrite par saint
Fortunat, p. 412. Baudoiiivie écrit un supplé-
ment à la Vie de sainte Radegonde, p. 414; édi-
tion de ces vies et du testament, p. 3ls. Mira-
cles opérés au tombeau de cette sainte, p. 4i5.
RAI.NO.N, évêque d'Angers, auteur de la vie
de saint Maurille, p. 412.
RAPT . Les ravisseurs de religieuses ou de
diaconesses sont punis de mort, p. 2C0.
64
970
TABLE ANALYTIQUE.
REB.MS. Monastère fondé par saint Ouen, p. 756.
REBAPTIS.iTION. Défense aux liJèles de man-
ger avec ceux qui se sont fait rebaptiser, p. 826.
RliCARÈDE, fils de Lévipilde, roi des Visi-
goths, se convertit à la foi catliolique, recuit le
signe de la croix avec le saint clnêine, c'est-à-
dire la confirmation, p. 389, .12:3. Éloge que saint
Grégoire en fait, p. 515 et blO-, il lui écrit et lui
envoie des présents, ibid. Récarède convertit
ses sujets; il assemble un concile à Tolède on
589, p. 899, 900 ; il fait une constituiion contre
les Juifs, p. 5Ui.
RÉCO.NCILIATION. Saint Jean l'Aumônier re-
fuse la communion ù un diacre qui m voulait pas
se réconcilier avec un homme qui l'avait fùcbé,
p. 659, 600.
RKDIiMI'TUS, évoque de Férente, p. m.
RÉDli.MPTL'S, arctiidiacre et disciple de saint
Isidore de Séville, p. 722.
RÉGIN lie comte) consulte saint Fulgence sur
la corruptibilité ou l'incorruptibilité du corps
de Jésus-Cbrist, p. 50.
RÈGLE du Maîlre, p. 739.
RÈGLES de saint Césaire pour les moines et
les religieuses, p. 117 et suiv. Analyse de la Rè-
gle pour les religieuses, ibid. et suiv. Régie pour
les moines, p. lio et suiv. Règle de saint Benoît,
p. 161. Analyse de cette Règle, iiiiii. et suiv. Éloge
de cette Règle, p. 161, 170. Elle est mise en vers
par l'abbé Simplice, p. 350 ; elle s'établit dans
plusieurs monastères, p 617. Règle donnée par
saint Ferréol, p. 312 et suiv.
RÈGLEMENTS de saint Grégoire pour les reli-
gieuses, p. 510, 517, 575, 570. Règlements du con-
cile de Séville, p. 915.
RELIGIEUSES. Trois raille religieuses de Ro-
me, nourries par saint Grégoire, p. 509; leur
sainteté, ibid.; religieuses recommandées par
saint Justinien, p. 2i0.
RELIGIO.N. Les rois ne peuvent commander
à personne d'embrasser une religion, parce que
l'on ne croit pas par l'ellet de la contrainte, p. 214.
RELIQUAIRE porté par saint Grégoire, p. 410.
RELIQUES, défense d'en mettre dans les ora-
toires de la campagne, s'il n'y a des clercs dans
le voisinage pour y venir faire l'olBce, p. 816.
Sentiment de Léonce, évéque de Naples, sur le
C'Jlte des reliques, p. 664, 60'>. Honneur qu'on
leur rend, p. 789. La coutume de l'Église ro-
maine et de tout l'occident était de ne pas
toucher aux corps des saints, etc., p. 498, 577.
Les linges qu'on approcliaitdes corps saints s'en-
voyaient comme des reliques et faisaient des
miracles, p. 49H, .577. Les chaînes de saint Taul
faisaient beaucoU|i de rairacles: on envoyait de
la limaille de ces chaînes, p. 498, 499, 577. Saint
Grégoire envoie au roi Récarède un.' clef où il y
avait du fer des chaînes de saint l'ierre et une
croix qui renfermait du bois de la vraie croix,
p. 510. Reliques de saint Pierre, p. 483, 492, .504,
609, 077, 578. Reliques de saint Jean-llaptiste,
p. 373, 516, 578. Les reliques de saint Martin
guérissaient les malades, p. 378, 379. Trans-
lation de reliques quelquefois permise, p. 578,
Quand on apportait des reliques à quelque
église, on allait au devant avec des cierges allu-
més, p. 388, 389. Reliques portées dans de longs
voyages, p. 389. Reliques éprouvées par le feu,
ibid. et 906. Reliques incertaines supprimées, p.
520, 578, 579.
REMI (saint), évéque de Reims et apdtre des
Français: sa naissance, p. 70; son éducation: ses
mœurs, p. 77. 11 se retire dans la solitude, ibid.
Il est fait évéque de Reims, ibid. Eloge que saint
Sidoine Apollinaire fait de son gouvernement,
ibid. Eloge qu'il fait de ses écrits, ibid et 78.
Conversion de Clovis. instruit et baptisé par saint
Rerai, p. 78, 79. Lettre de saint Renii a Clovis,
p. 79, 80. Autre lettre au même, p. 80. Lettre à
Héracle, évoque de Paris, et à deux autres évê-
ques. ifcùi. et 81; à Foulques, évéque de Tongres
p. 81 ; au pape liormisdas, ibid. Saint Rémi con-
fond un arien dans un concile, p. 81, 82. Sa mort,
p. 82. Son éloge, ibid. Ses écrits- Ses testaments,
p. 83,84. Le Commentaire surlesEpîtres desaint
Paul, attribué àsaint Rémi, n'est pas de lui,p.8(.
Ses reliques, portées en procession, font cesser
la peste qui désolait la ville, p 377. Abrégé de sa
Vie qu'on attribue à saint Fortunat, p. 4i4; une
de ses Vies attribuée à saint Ouen, p. 75.
REMI, moine de Saint-Germain d'Auxerre,p. 84.
RÉMISSION des péchés. Livres de saint Ful-
gence sur la rémission des péchés, p. 52 et suiv-
Douze moyens d'obtenir la rémission des péchés,
p. 146.
REMOR-V, poisson qui arrête les vaisseaux au
milieu de leur navigation, p. 213.
REPARAT, évéque de Carthage. Le pape Agapet
lui écrit, p. 119. Réparât convoque un concile
général d'Afrique à Carthage, p. 850.
RÉSIDENCE des évêques, p. 262. Résidence des
clercs selon l'usage de l'Église romaine, p. 572.
RESPECTA, abbesse de saint-Cassicn de Mar-
seille, p. 507- Grégoire accorde un privilège à son
monastère, ibid.
RÉSUHRECTION des morts. Tous les hom-
mes ressusciteront dans un moment, chacun
selon leur sexe, p. 5J. Sentiments d'Orientius,
évéque d'Elvire, sur la résurrection, p. 101,
102 ; de saint Julien de Tolède sur la résurrection
générale, p. 792, 793. Erreur de Philoponus tou-
chant la résurrection générale des corps, p- 652-
REVENUS de l'Eglise, partagés en qual,-e por-
tions, p. 496, 524. Défense ;'i un évéque de s'at-
tribuer le revenu d'une église bùtie dans son dio-
cèse, p.9u7- Les revenus dos paroisses de la cam-
pagne doivent être emplojés pour les clercs qui
les servent et pour les réparations des églises,
p, 832-
RIIÉTORIQUE- Traité de rhétorique par Cassio-
sioilore. p. 236.
RICHESSES : sentiment de Cassiodore sur les
ricliessscs. p. 214.
RICIIILDE, abbesse du monastère de Sainte-
Croix de Poitiers, p. 317.
ROGATIONS. Comment on les célébrait du
temps de saint Césaire d'Arles, p. VSs.
ROIS de France. Cérémonies pratiquées dans
TABLE ANALYTIQUE.
971
K>ur couronnement, p. 395. Ce que dit saint Grô-
Roire de Tours sur les rois de France, ibul.
Exemples remarquables de l'onction des rois, p.
794.
ROMAIN (sainr, fondateur et abb* de Condat,
p. 379. Sa Vie écrite par saint Grégoire de Tours,
ibid. et 380.
ROMM.N, moine, donne l'habit monastique à
sailli Benoît, p. 15G.
HO.MAI.N, Patrice et exarque d'Italie. Saint Gré-
goire lui écrit, p. 183. Uoinain est accusé de pro-
téger des religieuses qui s'étaient mariées, p. 501.
Suint Grégoire lui écrit pour le détourner de
prendre part au crime de ces religieuses, ibid.
et 50>.
ROrÉRIUS, historien. Ses écrits, p. 400.
KLnMEN, évéque. Saint Fulgence le consulte
sur le voyage qu'il avait dessein de faire en
Egypte, p. 4.
RUFINIEN, moine, envoyé en Angleterre par
saint Grégoire, p. 438.
UURICE, évéque do Limoges. Saint Césaire lui
écrit, p. 154.
IIL lilIClENNE, dame de grande qualité, visite
le Mont-Sina, p. 487 488-. ses charités, p. 488.
Saint Grégoire lui écrit, p. 52î.
UUSTICULE (sainte), abbesse de Saint-Césaire à
Arles, savait toute l'Ecriture par cœur, p. 695.
Sa Vie écrite par Florent, prêtre des Trois-Cbâ-
teaux, ibid.
RUSTIQUE, évêque de Cahors, samort, p. 733.
Il a pour successeur saint Didier, son frère, ibid.
RU^T1QUE, diacre de Rome, écrit contre la
condamnation des Trnis-CliapUrei<, p. 299. Plain-
tes du pape Vigile contre lui, p. 300, ibid. Livre
de Rustique contre les acéphales, p. 300, 301.
Edition de ce livre, p. 30i.
S.
SABA ou SABARETH, roi des Saxons orien-
taux, sa mort, p. 913.
SABAS (saint), ses commencements, p. 274; ilest
ordonné prêtre, ibid. il est envoyé à l'empereur
Anastase ; il s'oppose à Sévère d'.Antioche, p. 27j,
•270; il fait un second voyage à Consiantinople,
p. 270. Ce qu'il demande à l'empereur Justinien,
p. 277; son exactitude pour l'office divin, ibid.
Son retour à Jérusalem; sa mort, ibid.
SABBAT Je) ne doit pas être observé, p. 5-29.
579.
SABIN, évéque de Canosa, avait le don de pro-
phétie, p. 470.
SABI.N, évéque de Plaisance, ordonna aux eaux
du l'ô qui désolaient la campagne de rentrer dans
leur lit, et elles obéirent dans le moment, p. 176.
S.VBl.MEN, diacre, nonce à Consiantinople,
p. 430; depuis pape, sa mort, p. 045.
SABLMEN, éNéque de Zara, abandonne le parti
de Jlaxime, usurpateur du siège de Salone, p. 508;
il veut renoncer i lépiscopat, ibid.
SACERDOS (saint', archevêque de Lyon, préside
au ô' concile d'Orléans, p. 8ù2.
SACRASIENÏAIRE de saint Grégoire, p. 537 et
suiv.
SACREMENT. Sa définition, par saint Isidore de
Séville, p. 712.
SACRIFICE non sanglant, offert dans l'Eglise,
p. 605. Le sacrifice delà messe est ainsi appelé,
parce qu'il est consacré par une prière mystique
en mémoire de la passion de Notre-Seigneur,
p. 7i2. Le sacrifice qui plaît au Seigneur est celui
de son corps et.de son sang, figuré par le pain
et le vin que .Melchisédech offrit, p. 710. Il faut
être purifié par les eaux du baptême avant de par-
ticiper au saint sacrifice, p. 914. Sacrifice offert
pour les morts, p. 370. La coutume d'offrir le sa-
crifice pour le repos des fidèles morts et de prier
pour eux, étant observée par toute la terre, a été
instituée par les apôtres, p. 717. Il e.'^t nécessaire
de mêler de l'eau avec le vin dans le sacrifice de
l'Eucharistie, iftid. Les monophysites offraient le
vin pur sans mélange d'eau, p. 590. Saint Colom-
ban défend au prêtre d'offrir le sacrifice sans avoir
rogné ses ongles, p. 620. Il impose des pénitences
à ceux qui ont perdu le sacrifice ou qui ont
laissé corrompre les espèces, ibid. Pratiques dif-
férentes des églises touchant la célébration du
sacrifice, p. 718. Saint Fulgence offrait le sacrifice
avec la même tunique qu'il avait étant couché,
p. 6. Le sacrifice du corps et du sang de Jésus-
Christ est également ofl'ert au Père, au Fils, au
Saint-Esprit, p. 15. Les prêtres nous rendent
Dieu propice par les sacrifices qu'ils offrent pour
nos péchés, p. 248. Saint Jean le Silencieux ne
pouvait retenir ses larmes quand on offrait le
sacrifice non sanglant, p. 278.
SADDUCÉEN5. L'empereur Justinien leur dé-
fend de tenir aucune assemblée, p. 261.
SAFFARAC, évêque de Paris, convaincu d'un
crime considérable, est déposé dans le 2" concile
de l'aris, p. 882.
SAGITTAIRE, évêque de Gap, convaincu de di-
vers crimes, est déposé, p. 887, 894.
SAI.NTS (les) s'intéressent dans le ciel pour
leurs parents et amis fidèles qui sont encore sur
la terre, p. 792; ils ne prient point pour les
damnés, ibid.
SAISONS : altération des saisons en 536, p;
220.
S.ALABERGE (sainte), abbesse de Laon, établit
dans son monastère la psalmodie perpétuelle,
p. 014.
SALLUSTE, patriarche de Jérusalem, ordonne
prêtre saint Sabas, p. 274.
SALONE, évêque d'Embrun, convaincu de di-
vers crimes, est déposé, p. 894.
SALUT (.le) de l'homme est tellement l'effet de
la miséricorde de Dieu, qu'il l'est aussi de la vo-
lonté humaine, etc., p. 43.
SALYI ;saint;, abbé et ensuite évêque d'Albi,
p. 370.
972
TABLE ANALYTIQUE.
SALVIUS, évêque de Valence, convainc un hé-
rétique au 6* concile de Valence, p. ".'Hj.
SA.V.MUT.VI.N'S. Division parmi les .Samaritains
au sujet du proplitile promis par Moïse, p. 592;
ils exercent des violences contre les chrétiens,
p. C7j ; achètent des esclaves et les (ont circon-
cire, p. 506.
SAMEDI. Les Ildèles s'abstenaient du travail
des mains dès le soir du samedi, p. 391.
S.4.M0.\, marchand français, élu roi des Win-
des, p. 744.
SA.NCTL'AIRE. Défense aux laïcs dy entrer
pour communier, p. 885. Le concile de Tours de
l'an 566 leur permet d'y entrer, p. 888.
S.UM:tL'LE (.=aint), prêtre. Action héroïque de
sa charité, p. 477.
SANG.' Défense de. manger de la chair et du
sang des animaux étouffés, p. 798. Lettre d'Evance,
abbé de Troclar, contre l'abstinence du sang des
animaux, p. 8U.
SAPALDUS, évéque d'Arles, p. 88î. Le pape
Pelage I" le fait son vicaire dans les Gaules, lui
accorde l'usage du pallium, p. 331. Sapaudus pré-
side au 2« concile de Paris, p. 882.
S.VTISFAGTIUN (la), d'après saint Isidore do
Séville, consiste à retrancher les causes et les
occasions de pécher, cl à ne plus pécher, p. 7i3.
SATL'RM.N, prêtre, déposé pour crime, p. 499.
SCARILLAS consulte saint Fulgence sur le
mystère de l'Incarnation, p. 55; saint Fulgence
lui écrit, ibid.
SClllSM.i.TlQUES. 11 est permis de les répri-
mer par la puissance temporelle, p. 339.
SCH1.SME. Formule de renonciation au schisme,
p. 537, 583.
ECHOLASTIQUE, juge de Campanie, p. 491.
SCHOLASTIQUE (sainte), sœur de saint Be-
noît, p. 159 et suiv. et 4:5. Miracle qui fut un ellet
de sa prière, p. IGO. Son Ame monte au ciel sous
la forme d'une colombe, p. iCO, 161 et 175.
SÉBASTIEN, évoque do Sirmium, p. 502, 503.
SÉBASTIEN, évéque de Rhisinie. p. 482.
SEBASTIE.X, diacre de Itorj.e, défenseur des
Trois-Chapitres, p. 299. Plaintes du pape Vigile
contre lui, ibid. et 300.
SÉBASTH:.\, disciple de saint Benoit, p. 634.
On lui attribue faussement une Vie de saint Jé-
rôme, docteur de l'Église, ibid. 11 a écrit une Vie
d'un nommé HiérônK\ ibid.
SECONDIX, abbé, convaincu de crimes cl dé-
posé, p. 492.
SECO.NDIN, reclus. La lettre de saint Grégoire
àce serviteur de Dieu a été corrompue et altérée,
p. 514, 515.
SECONDIN. évoque de Taormine, p. 5i9.
SÉDATUS, évoque de Béziers, assiste au con-
cile de Tolède en 589, puis à celui de Narhonne,
tenu la même ann.'o. p. 324. Trois sermi>ns qu'on
lui attribue, ibid. Éditions de ces homélies, ibid.
SË.NOCIl (saint), solitaire auprès de Tours,
p. 360. Sa Vie écrite par >aint Grégoire de Tours,
p. 382. Saint Euphrone ordonne Sénoch diacre,
ibid.
SENTIJIENT. Il n'est pas blâmable do changer
de sentiment, mais il l'est d'en changer par in-
constance, p. .'136.
SÉPli.TL'RES. Cérémonies observées dans la
sépulture des moines et des laïques vertueux,
p. 798. Défense de rien exiger pour le lieu de la
sépulture, p. 510, 514. 11 est seulement permis de
recevoir les offrandes libres et volontaires pour
le luminaire, p. 512, 583.
SÉRÉ.M'S, évéquede Marseille, p 5o6 ilbrise
les images, p. 517; cette action est biâraée par
saint Grégoire, ibid.
SERFS. Comment reçus dans les monastères,
p. 907.
SERGE (saint), martyr, p. 3-59.
SERGIL'S, patriarche de Constantinople. Sa
lettre au pape Honorius, p. 647. Ce pape lui écrit
deux lettres, ibid.; Sergius est auteur de l'Ec-
thèse. p. 648. Sa mort, ibid- Il est condamné
dans le concile de Latran, p. 749; anathématisé
par le pipe Léon II, p. 784.
SERGIUS, sous-diacre, à qui le pape Honorius
écrit une lettre, p. 648.
SERMENT. Formule d'un serment de fldéliié.
p. 256.
SÉVÈRE (saint', évoque d'Agde, p. 400. Roté-
rius n'a pas écrit sa vie, ibid.
SÉVÈRE de Sozople, patriarche d'Antiocbe :
né païen, il est instruit à Béryle dans l'élude
des lois, p. 106. Il reçoit le baptême, puis entre
dans un monastère d'acéphales, ibid.; va à
Alexandrie et met le trouble dans cette église,
ibid.; il réfute un ouvrage de Lampécius. inti-
tulé Testament, ibid.; obligé de sortir d'Alexan-
drie, il entre dans le monastère de l'abbé Né-
phale, d'où il se fait chasser, t'ftid.; il vient ^
Constantinople, où il met le trouble, p. 107 ; il
écrit à Sotéric de Césarée au sujet du Trisagion,
ibid.; Autres lettres qu'il écrit contre Macédo-
nius et le concile de Chalcédoine, ibid.; il s'em-
pare du siège d'Antiofhe, anathématisé le con-
cile de Chalcédoine et reçoit l'hénotique de Ze-
non, ibid.; lettres synodiquos qu'il envoie aux
évéques de son patriarchat, ibid. Ses violences
contre les catholiques, ibid.; il est anathématisé
dans un concile de Constantinople et dans plusieurs
autres, p. 671, 819, 820, 852. Requêtes présentées
contre lui à l'empereur Justinien, p. 107; il s'en-
fuit; lettre où il se plaint de la rigueur avec la-
quelle on l'avait poursuivi, ibid.; il vientàTré-
bisonde et y cause beaucoup de désordres. Les
catholiques en portent des plaintes au Pape, qui
le condamne, p. 108, 149. Constitution de l'empe-
reur Justinien qui ordonne que les écrits de Sé-
vère seront brûlés, et qui défend de les trans-
crire, sous peine d'avoir le poing coupé, p. 108
et 257. Détail des écrits de Sévère, p. 108. Lettre
que lui écrit le pape Vigile, p. 193. L'empereur
Justinien défend de transcrire les écrits de Sé-
vère, sous peine d'avoir le poing coupé, p. 257.
Analhènie prononcé contre Sévère dans un con-
cile de 'lyr, p. 820. Ses violences décrites dans
une lettre du clergé d'Antiocho à Jean patriarche
de Constantinople, p. 821, 822. Concile de Cons-
tantinople où il est anathématisé, p. 652 ; idée
que Pliolius donne dos ouvrages composiis par
sainlEulogccontrcSi'vèro ol Timolhée, et contre
Tliéodose et Sévère, ennemis de saint Léon et du
concile de Chalcédoine. p. 590. Sévère est chassé
dusiéje d'Anliocbo sous le régne de l'empereur
Justin, p. 670. Ses erreurs réfutées par Léon '!e
Byzance, ibid. et ('>7I.
SliVÈUK, patriarche d'Aquilée, prend la dé-
fense des Trots-CliapUres, p. 338. Il refuse de les
condamner, p. 181.
SÉVÈUE, évéque de Malaga. Ses écrits sont per-
dus, p. 429.
SÉVÉRIEN, père de saint Isidore de Séville, p.
710.
SÉVÉRIENS. Conférence des catholiques avec
les sévériens à Constaniinople en 533, p. 843 et
suiv.
SÉVERIN, pape, p. «19.
SÉVERIN (saint), abbé. Sa mort et sa transla-
tion. Sa Vie écrite par Fortunat, p. 412. Eugip-
pius, abbé de LucuUane, écrit sa vie, p. 85, 86.
Eglise de Saint-Séverin, p. 492, -079.
SIC.UIBRES, peuples au-delà du Rbin, p. 79,
note 5.
SICILE. Saint Grégoire prend soin des églises
de Sicile, p. 434. Évéques de Sicile obligés de ve-
nir a Rome, p. 508.
SIDOI.NE (saint), évéque de Mayence, p. -lOl.
SIÈGE isaint-). Siège apostolique. L'église de
Constaniinople soumise au Saini-Siége, p. 514.
Le Siège apostolique est le cbef de toutes les
églises, p. 532. Sa primauté, p. 93. Sentiment de
saint Grégoire sur l'autorité du Siège apostoli-
que, p. 557. Les causes majeures doivent être
portées au siège apostolique, p. 338.
SIGEBERT I, roi d'.Vustrasie, méprise les sol-
licitations de saint Germain, évêque de Paris,
qui voulait le détourner de poursuivre Cbilpéric,
roi de Soissons, p. 308. Il est assassiné par oi'dre
de Frèdègonde, ibid. Lettre de sainte Radegonde
aux rois Chilpcric et Sigebert, p. 317, 318.
SIGEBERT 11. roi d'Austrasie. Ses deux lettres
à saint Didier, èvéque de Oahors, p. 755. Lettre
de saint Didier au roi Sigebert, ibid.
SIGISMO.SD (saint). Sa vie écrite par Marins,
évêque d Avanches, p. 4u0.
SIGRADE, mère de saint Léger, religieuse
dans le monastère de Notre-Dame de Soissons,
p. 781. Lettre de saint Léger a sa mère, ibid.
SILVÊRIL'S, élu pape en 536, est accusé d'in-
telligence avec les Gotbs, p. 192. Il est envoyé
en exil, ibid. Sa mort, p. 193. Lettres qui lui
sont attribuées, ibid.
SILVESTRE, l'un des premiers de la Byzacène,
offre à saint Fulgence un endroit propre à bâtir
un monastère, p. 5.
SLMÉON (saint) Stylite l'Ancien : Sa Vie par
Evagre, p. 4i7.
SIMÉOiN (saint) Stylite le Jeune, p. 416. Sa
Vie écrite par Nicéphore; abrégé de cette Vie,
p. 674, 675. Lettre de saint Siméon à l'empereur
Juslinien, p. 674, 675. Elle est authentique^ p.
675. Sa mort vers l'an 596, p. 675. Autre Vie de
saint Siméou, p. 676.
TABLE ANALYTIOUE. !n3
SIMÉO.N (.saint) Salusou l'Insensé. Sa Vie écrite
par Léonce, évéquo de Naples en Chypre, p. 1662,
063. Ses miracles, p. 663.
SliMÉO."y (saint). On montrait à Jérusalem, sur
la Un du vii° siècle, les tombeaux de saint Si-
méon et do saint Joseph, époux de la sainte
Vierge, p. 801.
SI.MONIE. Edit du roi Athalaric contre la simo-
nie, p. 116. Défense d'acheter l'épiscopat pvr
argent on d'employer les brigues pour y parve-
nir, p. 8(53. Simonie condamnée par saint Gré-
goire, p. 503, 583. Diverses espèces de simonie,
p. 4.')5, 583, Défense de rien prendre ni pour lor-
dination, ni pour le;«((Kitm, ni pour les lettres,
p. 907; ni pour le saint chrOice, î6i(/.:ni pour les
mariages, ni pour la bénédiction des vierges, p.
497 Simonie dans les Gaules et la Germanie,
p. 503, 513. Saint Grégoire travaille à l'extirper,
p. 504, 517, 518. Simonie en Eplre, p. 504; en Orient,
p. 523.
SIMPLICE (saint), évêque d'Autun, p. 376.
SIMPLICE (saint), troisième abbé du .Mont-
Cassin depuis saint Benoît, p. 319. Ses écrits,
ibid. et 350. Ses vers à la louange de saint Benoît,
p. C34, 635.
SIMPLICE, comte d'Espagne, à qui le pape
Léon II écrit, p. 784.
SIVIARD (saint), abbé, p. 785. Sa naissance; ce
qu'on sait des circonstances de sa vie, ibid. et
786. D. Mabillon le croit auteur de la Vie de
saint Calais, premier abbé du monastère de ce
nom, p. 786. Homélie sur saint Siviard par un
anonyme du monastère d'Anisole, ibid. Éditions
de la Vie de saint Calais, ibid.
SIXTE (saint), martyr. Saint Grégoire envoie
des reliques de ce martyr à saint Augustin d'An-
gleterre, p. 525.
S.MARAGDE, exarque. Saint Grégoire le Grand
lui écrit, p. 531.
SOLDATS. L'empereur Maurice leur défend de
se faire moines, p. 510.
SOLIG.NAC, monastère fondé par saint Éloi, p.
753. Charie de sa fondation, p. 755.
SO.\.NACE, évêque de Reims, p. 693, 694. Sta-
tuts qui portent son nom ; ce qu'il y a de remar-
quable dans ces statuts, p. 694.
SOPHIE (Sainte-). Description de l'église de
Sainte-Sophie, par Evagre, p. 419.
SOPHRONE (saint), moine, p. 703; s'oppose aux
articles de Cyrus, évêque d'Alexandrie, ibid. 11
est fait patriarche de Jérusalem en 633 et suc-
cède à Modeste, ibid. Sa lettre synodale con-
tre les monothèlites, ibid. Analyse de cette
lettre, ibid. et suiv. Lettre de saint Sophrone
au pape Honorius, p. 705. Recueil de passages
des Pères touchant les deux opérations, ibid. Au-
tres écrits de saint Sophrone : quatre discours
ou homélies; autres écrits, ibid. et 706. sa mort,
p. 70G Ecrits de saint Sophrone dans la i'atro-
logie, p. 706 et suiv.
SOPHRO.NE, auire écrivain qui prend la défense
de saint Basile contre Eunomius, p. 700.
SORT des saints. Son origine, p. 385. Manières
doni se pratiquait cette superstition, ibid. et suiv.;
974
TABLE ANALYTIQUE.
condamnée par plusieurs conciles, p. 386 -. abo-
lie par le troisième capitulaire de Charlemagne,
ibùi.
SOL'S-DIACRES. Leur ordination différente de
eelle des diacres, p. "19. Ils étaient obligés à la
continence, p. 181, 572, 719. Quelle était leur auto-
rité dans les.affaires ecclésiastiques, p. .180. Sous-
diacres administrateurs du patrimoine de l'É-
glise romaine, p. 481, 4S2.
ST.iTIO.\ S Différentes stations établies à Rome
par saint Grégoire, p. 456.
SLLPICE (saint), surnommé le Pieux. Ce qu'on
sait des circonstances de sa vie, p. 752. Il suc-
cède à sain t. Vusirégisi le dans le siège de Bourges,
ibid. Sa mort. ibid. On a de lui trois lettres, ibid.
SUPtRIEL'KS. Comment ils doivent se con-
duire envers les religieux. Qualités qui leur sont
essentielles, p. 689. •
SUPERSTITIONS réprimées, p. 579, 580. Su-
perstitions païennes combattues par saint Cé-
saire, p. 139, 140. Superstitions condamnées dans
le second concile de Tours, p . 890.
SY.V.GRIUS (saint?, évéqued'Autun, p.f>06, assiste
au concile deNauterre, p. 90G. Saint Grégoire lui
accorde le pallium et le premier rang dans sa
province, p. 5i3 et 518. Il lui permet l'usage de
la dalmalique. ainsi qu'à son aroliidiacre p 518.
SYAGRIUS, gouverneur des Gaules pour les
Ronjains, vaincu par Clovis, roi de France, p. 78.
SYLVIE, mère de saint Grégoire le Grand, se
retire dans un monastère, p. 429. Son portrait
conservé à Rome, ibid.
SY.MBOLE des apôtres expliqué par Fortunat,
p. 409, 410. Les apôtres l'ont composé ensemble
avant de se séparer, p. 409, 7i3.
SY.MBOLE de Nicée récité dans l'assemblée des
ûdèies.p. 101.
SY.Ml'.OLE de saint Grégoire, p. 536.
SY.AIBOlE de saint Athanase cité comme étant
de ce l'ère, reçu et approuvé de l'Église catholi-
que, p. 7-'3.
SY.MiMAQUE, défenseur de l'Église romaine, p.
485. Saint Grégoire le Grand lui écrit, ibid.
TAION, évêque de Sarragosse, envoyé à Rome
pour chercher les Morales de saint Grégoire, p.
443. Il compose cinq livres de sentences tirées des
Morales de saint Grégoire, p. 777. Ce recueil a
été imprimé par Florez , ibid., note 6. Lettre de
Talon à Eugène de Tolède, p. 777. Sa lettre à
Quiricius de Barcelone, ibid. U souscrit au 8«
concile de Tolède, p. 777.
TARSILLE, tante de saint Grégoire le Grand.
Le pape Félix lui apparaît dans une vision, p.
478.
TEMPLES des idoles, doivent plutôt être puri-
fiés par les cérémonies de l'Église, que d'être
ruinés, p. 527. 579.
TÉRIDE, abbé, neveu de saint Césaire d'Arles,
écrit la Règle pour des religieux sous la diction
de son oncle, p. 147.
TERMl.VALIA, fête que les païens célébraient
le 22 février en l'honneur du dieu Terminus,
p. 890.
TERNACE, évéque de Besançon. Ce qu'on sait
des circonstances de sa vie, p. 781. 11 avait com-
posé une chronique où il donnait la suite des
évêques ses prédécesseurs, ibid.
TERTL'LLLS, père de saint Placide, disciple
de saint Benoit, p. |57.
TE.STAMENT de saint Rémi, p. 83; de saint Cé-
saire d'.Arles, p. 15t; de saint Domnole, évéque
du .Mans, p. 313; de sainte Radegunde, p. 316,
317: de saint Yrieix, abbé d'Atane, p. .325. Saint
Grégoire permet à l'abbé Probus défaire son tes-
tament, p. 536, 537.
TÉTÉRILS, clerc de l'église d'Auxcrre. Sa Re-
lation des miracles opérés à Auxerre par les reli-
ques des saints martyrs Cyr et Julilte, p. .100.
TÉTRIC.US, nis Je saint Grégoire de Langres,
lui succède dans l'épiscopal, p. 381.
TUADÉE [saint) a porté la foi dans la Perse, p.
187.
THALASSIUS. Saint Maxime lui écrit deux
lettres, p. 707, 768 et suiv., il lui adresse plu-
sieurs de ses écrits, p. 789. Il a composé un re-
cueil de 400 vérités ou maximes, ibid.
THÉANDRIQUE OU DEIVIRILE. Opération de
Jésus-Christ, p. 767.
TIIÉ.MISTIUS de la secte des sévériens, ses
écrits, p. 6-52, 653.
TU liOCTlSTE. ami de saint Euthymius et compa-
gnon de ses travaux dans la viesoliiaire, p. 272,
TIIÉuCTlSTE, sœur de l'eniporeur .Maurice.
Saint Grégoire la congratule de son application
à la lecture des Livres saints, p. 508, 509. Théoo-
tiste envoie à saint Grégoire trente livres d'or,
ibid. El'.e est accusée de quelques erreurs, p.
522. Saint Grégoire lui écrit, une lettre de con-
solation, ibid.
TIIÉODAT, roi d'Italie, oblige le pape Agapct
à aller à Constantinople, p. âio. il est déposé par
les principaux officiers de son armée et mis à
mon, ibid.
THÉODEBERT , roi d'Austrasie, reçoit saint
Coloniban, p. 016. Sa mort, ibid.
TIIÉODELINDE, mariée à Autarit. roi des Lom-
bards, épouse ensuite .Agilulfe, duc de Turin, p.
494; se sépare de la communion de Constance,
évéque de Milan, p. 494, 495. Saint Grégoire lui
écrit, p. 495,534: présents qu'il fait aux enfanU
de cette princesse, ibid.
IIIÉOUORA, mère de saint Isidore de Séville,
p. 7l0.
THÉODORE, évéque de Marseille, p. 401;saint
Grégoire le Grand lui écrit, p. 494.
THÉODORE, évéque de Césaréeen Cappadoce,
origéniste. p. 327.
THÉODORE de Mopsueste défendu par Facun-
dus. p. 289, 21)1 et suiv., 29).
THÉODORE abbé de Raïlhe p. 787. Temps Où
il vivait, ibid.; il ne nous reste de lui qu'un dis-
TABLE ANALYTIQUE.
07
cours dogmatique sur rincarnailoii.iftW. Éditions
qu'on en a failt>s, ibid.
TIir^ODOlli:, évOqm do Pharan. Sa lettre au
pape Ilouoriiis, où il iHalilillo (nonotliéiisme, p.
G17. li est eomlainiii' dans le concile de Latian,
p. 713; et par le pape l.éon II, p. 781.
TIlliODOlU:. (•■vO.iue do Liiybée Saint Gi'i^goiro
le Grand I i lHtU, p. 41)3.
ÏIIl':01)0Ui:, pape, succède ^ Jean IV, p. 71H. Il
prononce contre Paul de Constaiitinoiile la sen-
tence de déposition, ibid.; il était Grec de na-
tion, ibid.; durée de son pontificat, ibid. Il
écrit a Paul, patriarche dé Oonslanlinople, contre
Pyrrlius, ibid., et contre les évoques qui avaient
ordonné Pyrrhus, iftid.
TllKODOUE, lecteur de l'église de Constanti-
nople; on le croit de Paplilagonie, p. 103; il
compose d'abord une histoire Iripartite, compi-
lée de Socrate, de Sozoniéne, de Théodoret, et di-
visée en deux livres, .ibid. Cet ouvrage est en-
core manuscrit dans la bibliothèque de Saint-
Marc, a Venise. Léo Allatius en avait un exem-
plaire qui a servi ;'l Valois pour l'édition qu'il a
donnée des histoires de Socrate, de Sozomèneet de
Théodoret, ibid.; Théodore composa ensuite une
histoire divisée en deux livres, qu'il commence
où So.;rate finit et qu'il conduit jusqu'au règne
de Justin l'Ancien, ibid. Jugement de cette his-
toire, ce qu'elle contient de remarquable, p. 103 et
suiv. Éditions et traductions qu'on en a faites,
p. 105. Temps où Théodore a vécu, ibid.; erreur
d'Aubertle Mire sur ce sujet, ibid.
THÉODORE, évéqiie d'Esbunte. Le pape saint
Martin lui écrit, p. 750.
THEODORE (saint), archevêque de Cantorbéri,
en CGS, p.796. Ce qu'on sait des circonstances de
sa vie, ibid.; il établit des écoles eu Angleterre,
p.797: il préside au concile d'Herforden673, ifcid.;
sa mort, p. 797; son Pénitentiel, ibid.; ce qu'il
contient de remarquable, ibid. et 798; autre re-
cueil sous le nom de Théodore, p. 799. (On a eu
tort de ne pas lui donner le titre de saint dans
son article).
THÉODORE de Mopsueste, p. 482.
THÉODORE de la secte de ceux qui disaient
la Divinité passible. Ses écrits, p. 653.
THÉODORE, premier médecin de l'empereur
Maurice, p. 491; il envoie à saint Grégoire une
somme d'argent pour les pauvres, p. 499. Saint
Grégoire l'exhorte à, la lecture del'Écriture sainte,
ibid.
THÉODORE Calliopas, exarque de Ravenne,
fait enlever de Rome le pape saint Martin, p. 751.
THÉODORE, duc ou préfet de Sardaigne. Saint
Grégoire le Grand lui écrit, p. 485.
THÉODORET. Ses écrits contre saint Cyrille,
réprouvés, p. 482 et 879. Le pape Pelage I ne con-
damne pas tous ses écrits, mais seulement ceux
où il combattait les douze anathématismes de
saint Cyrille, p. 337.
THÉODORIC ou Tliierry, roi de Bourgogne; son
respect pour saint Colomban, p. 614; il persé-
cute ensuite saint Colomban, ibid. et 615. Sa
mort, p. 615.
THÉODORIC, roi des Goths, emploie Casslo-
dore dans le ministère, p. 208, sa mort, p. 209,
ses lettres écrites parCassiodore, p. 213 et suiv.
TIIÉOERIDK, abbé, p. 789. On a de lui deux
discours, l'uu sur hs reliques, l'autre sur la vé-
nération des sainis, iind. et 790.
'l'IlKOliOSE (l'emiiereur) ne livrait jamais de
bataille, sans l'avis du Jran le Tliéhi'en, p. ci.
TllEODOsi;, évéqiie de Césarée, fait subir un
inteirogaloire saint Maxime, p. 702.
TIIÉODOSE, évéqui d'Auxerre, p. 80.
TllEODOSE, moine, écrit contre l'erreur de
Philoponus louchant la résurrection des corps,
p. 652.
THÉODOSE, patriarche d'Alexandrie, p. 303,
304: il est envoyé en exil, ibid.
THÉODULPHE, évéque de Malaga. p. G14.
TllÉOPRORE, homme de condition, visite saint
Benoît, p. 159.
THOMAS (saint), apOtre. H prêcha l'Évangile
dans les Indes, p. 553. Dans le lieu où il fut en-
terré d'jbord, il y a une lampe qui ne s'éteint
jamais , sans qu'il soit besoin d'y mettre de
l'huile, p. 3Ti. Son corps fut transféré à Édesse
en 591, p. 31.3.
THOMAS, évéque d'Apamée, p. 41G.
THURINGE, province d'Allemagne : poëme de
saint Fortunat sur sa destruction, p. 411.
TIMOTHÉE, prêtre de Constantinople Son
traité de la manière de recevoir ceux qui se pré-
sentent à l'Église catholique, p. 340; ce que con-
tient ce traité, p. 340, 34i.
TOLÈDE ; second concile tenu en cette ville,
p. 839 et suiv. Troisième concile tenu en cette
ville, p. 900 et suiv. .iutre concile de Tolède où
l'évêque de cette ville est reconnu métropolitain
de la province de Cartha^ène, p. 911.
TOMBEAU. Description du tombeau de saint
Pierre au Vatican, p. 374. Les linges et les vête-
ments que l'on en approchait, rendaient la santé
aux malades, ibid.
TONSURE cléricale, rapportée par saint Gré-
goire de Tours à saint Pierre, p. 374.
TONSURE cléricale en forme de couronne, p.
393, 718. Les abbés donnaient communément la
tonsure cléricale et l'on donnait souvent aux
moines le nom de clercs, p. ô80. La tonsure
cléricale des Anglais était dilïérente de celle des
Hibernois, p. 800; les clercs irlandais portaient
une tonsure toute différente de celle des Ro-
mains, p. 320. La tonsure cléricale ne doit être
donnée qu'à ceux dont on est moralement sûr
qu'ils monteront à des degrés supérieurs, p. (,9i.
TORPILLE, poisson qui engourdit la main du
marinier qui le touche, p. 213.
TOTILA, roi des Goths, vient voir saintBenoit,
p. ir.9, 160, 474, 475. Le diacre Pelage le fléchit,
p. 328.
TOUR, où l'on réservait l'Eucharistie, p. 309.
TRADITIONS de doctrines qui ne sont point
exprimées dans les Livres saints, p. 596.
TUA.IAN, abbé d'un monastère de Syracuse et
ensuite évêque de Malte, p. 518.
TRAJAN, empereur païen. Saint Grégoire ob-
916
TABLE ANALYTIQUE.
tient son salut par ses prières, p. 581, 682. Cette
fable est rt?ful(?e, ibid.
TRA.NSLATIONSdévéques, p. 486, 487.
TR.VSAMO>D, roi des Vandales, veut surpren-
dre saint Fulgeuce. lui propose diverses ques-
tions, p. 7. Saint Fulgence lui adresse trois li-
vres, p. 19 et suiv. .Mort de Tra^amond, p. 8.
TRAVAIL des moines suivant la règle de saint
Benoit, p, 103, 166 ; suivant celle de saint Isidore
de Séville, p. 723.
TRIBO.MEN, questeur de l'empereur Justinien,
p. 255.
TRIBUTS. Saint Grégoire se plaint de ce que
les terres de l'Église payaient des tributs, p. M8.
Il oblige des religieux du territoire de Palerme
à payer les tributs qu'on exigeait deux, p. 5i9.
TRl.MTÉ. Ecrits de saint Fulgence, relatifs au
mystère de la Trinité, p. 16 et suiv. Doctrine de
saint Fulgence sur la Trinité, p. 19, 32 et suiv., 34,
51 et suiv., 63. 05, 06, ■;i, 72, 74. Si les trois per-
sonnes de la Trinité sont séparables, p. :.9. Un de
la Trinité a soitfferl : proposition soutenue par les
moines de Scytbie, p. 44, 45. Dans quel sens elle
peut élre catholique selon saint Fulgence de
Ruspe, p. 45; selon Ferrand, diacre de Cartilage,
p. 89 et suiv.- selon Facundus, évéque d'Iîer-
miane, p. 286. Autre témoignage de Ferrand sur la
Trinité, p. 91. Les erreurs des sabelliens et des
ariens sur la Trinité, réfutées dans une lettre de
Ferrand, diacre de Carlhage, ifcid. et suiv. Dortrinc
de l'rocopedeGaze.p 177,178; de Cosme d'Egypte,
p. 187; de saint Nicétius, évêque de Trêves, p. 203,
204; de Cassiodore, p. 245; de Théodore de ,Mop-
suesle, p. 292 ; du pape Pelage \", p. 332. Catéchèse
de Jean le Scolastique sur la Trinité, p. 355. Dis-
cours d'Auastase, patriarche d'Antloche, sur la
Trinité, p. 360, 301. Doctrine de saint Grégoire, évé-
que de Tours, p. 387; de saint Fortunat, évéque
de Poitiers, p. 406. Doctrine et profession de foi
de saint Grégoire le Grand sur la Trinité, p. 557.
Discours de saint Euloge d'Alexandrie sur la
Trinité, p. 592. Discours de saint Colomban sur
l'unité de Dieu et sur la trinité des personnes,
p. 032. Doctrine de Marc l'Ermite, p. 640; de
Léonce de Byzance, p. 067; de saint Isidore de
Séville, p. 713. Cinq dialogues sur la Trinité,
d'abord attribués à saint Athanase, puis à Tbéo-
doret : ils sont de saint Maxime, abbé de Chry-
sopolis, p. 709, 769.
TRIPARTITK (Histoire), composée parles soins
de Cassiodore p. 220, 221.
TRISAGION. Addition au tri.sagion, p. 184.
TROJANUS, évéque de Saintes. Sa lettre à Eu-
niérius, évéque de Nantes, p. 202.
TROl'ES ou figures de l'Écriture sainte, p. 237.
238.
TUNIQUE sans coulure de Jésus-Christ. On la
conservait du ten)ps de saint Grégoire de Tours,
enfermée dans une châsse de bois, dans la ville
de Galatée, etc., p. 3';3. Invention de la tunique
de Notre-Seigneur que les soldats avaient tirée
au sort, p. 74.Ï.
TURl.NGE. Voyez Thuringe.
TYPE de l'empereur Constantin. Le concile de
Latran condamne tous ceux qui reçoivent le
Type. p. 719. Saint Maxime elAnastase l'analhé-
matiscnl, p "61.
u.
ULTROGOTHE, reine de France, fait célébrer
des messes en l'honneur de saint .Martin, p. 378.
URANIUS, évéque d'Émèse. p. 99.
URBICUS, abbé de Saint-Herniés, à Palerme,
p. 506.
URSE (saint, abbé. p. 382. Sa Vie écrite par
saint Grégoire de Tours, ibid.
URSICIN, évéque de Cahors, excommunié au
second concile de Mâcon, p. 371, pour s'être fait
le partisan de Gondebaud ; mis en pénitence au
concile de Clermont, p. 899.
URSIN (saint), évéque de Bourges, enterré
dans un champ hors de la ville avec le reste du
peuple, p. 377.
UUSlN, prieur ou abbé de Ligugé, écrit la vie
de saint Léger, p. 81 1.
USURE défendue aux clercs p. SiiS.
VACANCE du siège épiscopal : canons du con-
cile de Valence sur ce sujet, p. 836. Canons dn
5* concile d'Orléans sur ce même sujet, p. 863.
VALENTIN, abbé du monastère de Saint-André,
p. 430.
VALÈRE (saini), abbé, p. 734. Sa piété et sa
«cicuce, ibid. Ses écrits, ibid. cl suiv.
VAMHA, rui des Visigoth.'". Voyez Wamba.
VARNAIIAIHEou VARNACH aire envoie ù saint
Cérnnne, évéque de Paris, des Actes de divers mar-
tyres, p. 6:t0, 631.
VASES SACRÉS. Le pape Agnpel donne en gage
aux trésoriers de l'épargne les vases sacrés de
l'étjlise de Saint-Pierre, p. 210. Cassiodore les fait
rendre, ibid. et 220. Saint Grégoire permet de ven-
dre les vases sacréspour racheter lescaplifs. p. ."07.
VÉDASTUS ou VAAST (saint), prêtre, instruit
Clovie, roi de France, dans la religion chrétien-
ne, p. 79.
VEILLES DES MOINES. Traité de saint Nicétius,
évéque de Trêves, p. 204, 205.
VÉLO.K, maître de la milice. Saint Grégoire-le-
Grnnd lui écrit, p. 486.
VENANCE, évoque de Luna, p. 510. Saint Gré-
goire le Grand lui écrit, p. 49i;, 499. 510.
VENANCE, moine, se marie; Saint Grégoire
l'exhorte à reprendre l'habit monastique, mais
inutilement, p. 483.
TABLE ANALYTIQUE.
977
VENANT (saint), ubbé, p. 382. Sa Vie écrite par
saint Grégoire de Tours, ibid.
VENANTIE. Saint Fulgcnce lui écrit sur la vraie
pénitence et sur la i .Uibution future, p. 31.
VKNANTIL'S, patrice. Saint Grégoire le Grand
lui écrit, p. "29.
VENANTIUS, évoque de Pérouse, p- 529.
VKNISE. Le pnpe llonorius douue le titre de
très-chrétienne i\ la rcpnblii|ue de Venise, p. 6-17.
VÉUA.N (suint), évè^jne de CavaiUon. Ce qu'on
Mil des circonstances de sa vie, p. 3i-2. Il assiste
au second concile de Mûcon, ibid. Son écrit sur
la continence dos prctres, ibid. et 323.
VÉRÉCLNDIS, évèque d'Afrique, défenseur des
Trois-Cliapitres, p. 345. Ce qu'on sait des circons-
tances de sa vie, ibid- et 340- Sa mort, p. 346 ; ses
écrits, p. ibid. et 346-
VÉRUS, évéque de Uodcz. Ses deux lettres à
saint Didier de Cabors, p. 734.
VETTILS Él'AGATIlLS (saint), martyr à Lyou,
p. 303.
VE.\ILLA REGIS, bymnc de saint Fortunat, p.
404; à quelle occasion coirposée, p. 3lC.
VIANDIO. Contre ceux qui s'abstiennent de
viande comme d'une chose défendue et mauvaise
par elle-même, p. 193.
VIATIQUE. On donnait aux moribonds l'Eucha-
ristie en forme de viatique, p. 5G9. Ou ne refusait
pas le viatique à l'article de la mort, p. S7.1.
VICAIRE. C'était l'rsage des papes d'envoyer un
vicaire en Sicile, p. 480.
VICTOR, primat de la Byzacène, p. 5.
VICTOR écrit à saint Fulgencc, p. 34.
VICTOR, évèque de Capouc. Ses écrits, p. 303.
Son Cycle pascal, i&irf. Son travail suruue harmo-
nie des Évangiles, ibid. On lui attribue la traduc-
tion de quelques passages de saint Polycarpe, ibid.
VICTOR DE TUNONES ou de Tunes, zélé dé-
fenseur des Trois-Ch ipitres, p. 302. Ce qu'il eut h
souU'rir à ce sujet, ibid. Sa Chronique, ibid. Idée
de cette Chronique, ibid. Editions qu'on en a fai-
tes, ibid.
V'ICTOUIN, homme très-riche. Sa conversion, sa
pénitence, p. 460.
VIERGE (la sainte). Voyez Marie, mère de
Dieu.
VIERGE. Quelle doit être la vie d'une vierge
chrétienne, p. 27, -..s. Les ravisseurs des vierges
consacrées'à Dieu sont excommuniés, p. 837. Le Se
concile de Paris les condamne à un anathéme per-
pétuel, p. 883. Défense de prendre de l'argent pour
la bénédiction des vierges, p. 497. Chez les Grecs,
le prêtre peut consacrer les vierges en leur don-
nant le voile, p. 798. Les vierges consacrées à
Dieu, si elles se marient, sont excommuniées, p.
908 et 912.
VIGILE, diacre de l'Eglise romaine et ensuite
pape. Le pape Boniface II le désigne pour son
successeur, p. 114. Le décret en est ensuite annulé,
ibid. Vigile accompagne le pape Agapei, dans son
voyage à Conslantinople, p. 192. Après la mort
d'Agapet, l'impératrice Théodora lui promet de le
faire pape, à condition qu'il abolira le concile de
Chalcédoine et qu'il approuvera les erreurs des
XL
acéphales, iiiU. Il vient en Italie et engage lîéli-
suire, en lui promettant deux cents livres, i\ le
faire pape ù la place de Siivérius légitimement
élu, ibid. Il est ordonné pape, et Siivérius est en-
voyé eu exil, ibid. Ce dernier, étant revenu en
Italie, est livré à Vigile qui le fait périr de faim,
p. 193. Lettre que Vigile écrit i\ Anthime de Cons-
tantinople, i Tbéodosc il'Alexandrie et à Sévère
d'Antioclie, par laquelle il semble approuver leurs
erreurs, p. 103, 194. Justinien lui ayant témoigné
de la défiance sur sa foi, Vigile lui écrit une let-
tre contraire à la précéilente, et conforme i la foi
catholique, p. 194. Sa lettre à Meunas de Cons-
lantinople, où il confirme les auathèmes pronon-
cés contre Anthime, Sévère et les autres schis-
niatiqucs, ibid. Sa lettre décrétale à Profuturus,
évèque do Brague, p. 193, 196. Lettre à saint
Césaire d'Arles, sur la pénitence qu'on devait im-
poser i celui qui avait épousé la femme de son
frère, p. 196. Lettre à Auxanius successeur de saint
Césaire, par laquelle il lui accorde le pallium,
p. 196. Autre leltre au même, par laquelle il l'éta-
blit son vicaire dans les Gaules, ibid. Lettre à saint
Aurélien successeur d'.Vuxanius; il lui accorde le
même pouvoir qu'à son prédécesseur, ibid. Lettre
que saint Aurélien lui avait écrite, p. 199 11 refuse
d'assister au concile de Conslantinople, qui con-
damne les Trois-Chapitres,p. 862; Éditions de ses
lettres et de ses écrits, p. 197. 11 donne son Judica-
ilt m par lequel il condamne les Trois-Chapi très, sans
préjudice du concile de Chalcédoine, p. 862, 865. Ce
décret indisposant les deux partis. Vigile propo-
se à l'Empereur de convoquer un concile géné-
ral, p. 863. Prétexte sous lequel il retire des mains
de Justiuien son /iiriicaîum et les avis des évoques
grecs, p. 116. On presse de nouveau le Pape de
condamner les Trois-Chapitres : il refuse ; violen-
ces qu'on exerce contre lui, p. 866,867. Sentence
qu'il prononce contre Théodore de Césarée, p. 867.
Il se réfugie à (Ihalcédoiue et publie un écrit où
il rend compte des vexations qu'on lui avait fait
souffrir, et où il fait sa profession de foi, ibid. Eu-
lychius, nouveau patriarche de Conslantinople,
lui présente la sienne qu'il approuve, p. 868. On
convient de discuter l'affaire des Trois-Chapitres
dans un concile composé d'un égal nombre d'é-
vêques orientaux et occidentaux, ibid. L'empe-
reur Justinien se presse d'assembler le concile de
Conslantinople. qui est le v' général; le Pape est
invité à s'y rendre, il refuse, p. 870, 875. Le pape
Vigile donne son Conslitutum ; analyse de ce décret,
p. 873 et suiv. Différents écrits du Pape envoyés
au concile par l'Empereur, p. S75, 876. L'Empe-
reur ordonne d'ôter des diptyques le nom de Vi-
gile, p. 876. Observation sur la conduite de Jus-
tinien, ibid., note I. Vigile approuve enfln les
décisions du concile : sa lettre au patriarche Eu-
tychius à ce sujet, p. 879, 880. Sa constitution
par laquelle il condamne les Trois-Chapitres, p.
880. Mort du pape Vigile, p. 197; 882. La lettre
du pape Pelage 1" au pape Vigile est suppo-
sée , p. 328, Lettre d'Eutychius , patriarche de
Conslantinople, au p.ipe Vigile, p. 333. Saint Co-
lomban se plaint le ce qu'à Rome, dai.s les dip-
05
978
TABLE ANALYTIQUE.
lyque?, on récitait le nom du pape Vigile avec
ceux des évoques eatlioliques, p.6;7.
VILLICL'S, évèquo de Metz, p. 20G. Le patrice
Dyname lui adresse une lettre, p. 403.
VIN. L'usape du via et de la viande n'a été per-
mis que depuis le déluge, p. T!8. On ne doitoffrir
dans le calice, que du vin mêlé d'eau, p. 860.
Vl.N'CKNT, diacre à qui saint Grégoire le Grand
écrit, p. 486.
VIGILK, archevêque d'Arles, ordonne évêque
saiul Augustin, Œissionnaire d'Angleterre, p. 438.
Saint Grégoire le fait son vicaire, lui envoie le
pallium, 503.
VinClNITF,. Si elle est une œuvre de snréroga-
gation, p. 16. Elle est supérieure en dignité au
mariage, p. i7. Livre de saint lldephonse sur la
virginité perpétuelle de Marie, p. 773.
VISITEL'RS des églises vacantes, p. '.81, 485.
VITAL, évêque d» Ravenne. Saint Fortunat lui
adresse un pof'mc, p. 403.
VITAL, défenseur de Sardaigne, p. 512.
VITALIEN, p.ipc en G58, succède à Eugène, p. 781.
Sa lettre synodale, p. 782. Ses lettres à Paul, ar-
chevêque de Crète, ibid.; à Waan, ch.-imbcllan
de l'Empereur, ibid.; à Oswi, roi de Norlhumber-
land, ibid. Sa lettre aux moines de Sicile, ibid.
et 783. Ses autres lettres, p. 783. Vitalieo accorde
un privilège au monastère de Stavelo, ibid.
VIVENTIOLE (saint), évêque de Lyon. Ce qu'où
sait des circonstances de sa vie, p. 201. Ses écrits
sont perdus, à l'exception d'un billet par lequel
il invite saint Avit de Vienne à la solennité de
saint Just, ibid. Concile de Lyon auquel il préside
en 517, p. 817,819.
VIVIEHS, monastère de Cassiodorc, p. 211. Sa
description, p 233.
VCEU.X. Obligation de les accomplir, p.26.Sen-
timent de saint Fulgcnce sur le vœu de coutineu-
ce, p. t'ftid.et G5. Défensed'accomplirdcs vœi;x que
l'on aurait faits en chants lil, en buvaut ou en folâ-
trant, p.848-
VOL. De quelle manière il faut punir le vol
fait dans l'église, p. 555.
VOLONTÉ en Dieu desauvT tous les hommes.
Explication de ces paroles de saint Paul : Dieu
veut que tous les hommes soient sauvés, p. 47
etsuiv. Il y a deux volontés en Jisus - Christ ,
l'une divine et l'autre humaine, p. 363. Lettre
d'Ilonorius sur la question des deux volontés en
Jésus-Christ, p. 647, 648. Sentiment de ce pape,
ibid., et de Jean IV, p. 648; de saint Maxime,
p. 765, 766.
Wamba, roi des Visigoths : sa victoire sur les
rebelles, p. 994. Il renonce au royaume, ibid.
Waan, chambellan, p. 782.
Waast. Voyez Vedastus.
Y.
YORK. Saint Grégoireveut que l'évêque de cette
ville soit;, métropolitain de douze autres évêques,
p. 527.
YRIEIX (saint), ahbé d'Atane, en Limousin, p.
324, 325 et 375. Sa Vie par saint Grégoire de Tours,
p. 38*. Son teslauicnt, p. 325. Edition de ce testa-
ment dans la Palrologie, ibid.
z.
ZABARDA,ducde Sardaigne, contribue à la con-
version des peuples idolAtres de cette île, p. 43G.
ZACIIAHIE, évêque de Mitilène. assiste au con-
cile de Conslantinople, en 536, p. 270. Ses écrits,
ibid. et p. ïï71.
ZAClIARiE, prétendu archevêque à qui se trouve
adressée une lettre supposée sous le nom de Jean I,
p. 113.
ZACIIARIE, patriarche de Jérusalem, emmené
en captivité par les Perses, p. 698.
ZEMARCUS. Saint Grégoire le Grand défend de
troubler sa veuve, p. 481.
ZÉNOBIUS, scolastiqued'Emèse, infecté de l'hé-
résie des acéphales, p. 171.
Z|5N0N, empereur. Ses débauches, p. 417. Edit
d'union appelé llénotique, p. 418.
ZOILE, patriarche d'Alexanilrie, p. 175.
ZOSIMAS, moine, met son bagage sur le dos
d'un lion, p. 4lS.
FIN DE LA TABLE ANALYTIQUE.
TABLE
DES ADDITIONS TRINCIPALES FAITES PAR L'ÉDITEUR
L
ADAMNAN abbé (et saint) ARCULFE. Leurs
écrits dans la Patrolugie et écrits qui les concernent,
p. 802.
ADELME (saint), édition de ses oeuvres dans la
Patrologie, p. 805. Quatorze nouvelles lettres, ana-
lyse de ces lettres, ibid. et pages suivantes. Deux
traités, p. 807. OEuvres poétiques, ibid.
AGATHIAS, poète et historien grec ; ce qu'on sait
de sa vie, p. 692. Il continue l'histoire de Procope,
ibid. Ses épigrammes, ibid. Jugement sur cet écri-
vain, ibid.
ANASTaSE (saint) le Sinaïte; fragments divers
publiés par .Mai, p. 609. Edition complète de ses
œuvres dans la Patrologie; écrits nouveaux, p.
609, 610.
ANONYME qui a écrit un sermon sur les dix
Vierges, p. 739.
ANONYME du VI» siècle, quatre fragments histo-
riques, p. 201.
ANONYME qui a écrit contre les manichéens, p.342.
ANONY.ME qui a composé une règle, p. 739; autre
anonyme, vbid.
APPONIUS: cet auteur vivait au vi» siècle d'après
Mai, p. 807. Raisons qui établissent ce sentiment,
ibid. et 80S. Commentaire d'Apponius sur le Can-
tique des Cantiques. Le cardinal .Mai en a publié
les livres septième et huitième et une partie du
neuvième. Choses remarquables contenues dans ce
Commentaire, p. 808.
ARATUR. Edition de ses œuvres dans la Patrolo-
gie, p. 198.
B.
BARSANUPHE (saint) anachorète, sa doctrine sur
les opinions d'Origène, d'Evagre et de Didyme,
p. 175.
BRAULION, évêque de Saragosse. [ Ses lettres,
p. 728 et^suivantes.Il aécrit.la Vie de saint Emilien,
une Hymne en l'honneur de saint Milhan, p. 731,
732. 11 acomposé a ussi les Actes des martyrs^de Sa-
ragosse, p. 732.
' BONIFACE V, pape. Edition de ses lettres, p. 646.
Autre lettre adressée à Juste , archevêque de Cau-
torbéri, ibid.
0.
CASSIODORE. OEuvres nouvelles et nouvelles
éditions, p. 234.
CÉSAIRE (saint), archevêque d'Arles. Edition de
ses œuvres dans la Patrologie, p. 156.
CHORICIL'S, sophiste de Gaza. p. 180, 181.
CHRONIQUE pascale, nouvelle édition, p. 747.
CONSTANTIN, diacre. Ce qu'on sait de sa vie,
p. 2b7. Son Panégyrique des martyrs, ibid. Analyse
de ce discours, ibid. et suiv. Réfutation du symbo-
lisme païen, ibid. Eloge des martyrs, ibid. et p. 268
269. Prière aux martyrs, p. 269. Exhortation aux
fidèles, ibid. Editions de ce discours, ibid.
COS.ME d'Egypte, édition de ses œuvres dans la
Patrologie, p. 186.
COS.ME de Jérusalem, dit l'Ancien. Nouveaux écrits
de cet auteur, p. 790.
COSAIE de Majume,Qil le Jeune. Collection et in-
terprétation des histoires dont saiut Grégoire de Na-
980
TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR.
D.
zianze fait mention dans sesi poésies, ]>. 790 et 791.
DENVS le Petit, édition de ses œuvres dans la
Palrologie, p. 122 ot 125.
DENIS de Telmera; il écrit une Chronique en
syriaque, p. 813.
DIDiER (saiut), évêque de Cahors, s*!S œuTres et
sa Vie dans la Patrologie, p. 733, "3t.
DOUOTHI^^E archimandrite; traduction françaive
de ses discours, p. 697.
E.
ÉDITIONS nouvelles, indiquées dans la Table gé-
nérale, ci-dessus p. 888.
EL' Il (saint), évéque de Noyon : édition de ses
œuvres dans la Potrotofli'e, p. 757. Exhortation A uu
jeune roi, publiée par Maï sous le nom de saint Eloi,
ibid. Analyse de cet, écrit, ibid. et suiv. .\utres
écrits de saint Eloi, p. 700.
EPIPHANE, patriarche de Constantinoplc, édition
de ses écrits dans la Palrologie, p. 112.
EPIPHANE de Chypre, p. 112.
EUGÈNE (saint), archevêque de Tolède, ses écrits
dans la Patrologie. Qaatre lettres dont deux seule-
ment sont de lui, p. 742, 743.
EL'(jlPPIUS, édition de ses écrits dans la Patro^
loge, p. 8(1.
EULlMJE (saint), patriarche d'Alexandrie; écriu
nouveaux publiés par Maï, p. 591.
ELSTATHE le moine, p. i:..
ECTYCIIIL'S (saint), patriarche de Constautinople.
Deux fragments de cet auteur sur la Pftque et l'ins-
titution de l'Eucharistie, p. 353, 354. Autres frag-
ments, p. 354.
FERRAND, diacre. Editions de ses lettres, p.
86.
FORMULES, recueillies dans la Patrologie, p.
7il.
FORTL'NAT (saint), évêqne <le Poitiers. Pif'rc de
vers en l'honneur de saint Marti:il; authenticité de
cette pièce, p. 405, 40G. Saint Fortunat est justifié, p.
413, 414. Edition complète des écrits de cet évo-
que, écrits nouveaux, p. 414.
FRUCTUEUX (saint), archevêque de Brague ; édi-
tion de ses écrit? dans la Patrologie, p. 800. Ecrit»
nouveaux, ibid.
FULGENCE (saint), évêque de Ruspe : son ser-
mon sur l'Epiphanie, p. 75.
G.
GEORGE Pisidés. Edition de ses œuvres dans la
Palrologie, p. 651; écrits nouveaux, ibid.
GRI^;(.iENTIUS (saiut), archevêque de Taphar : édi-
tion de ses écrits dans la Pa^ro/ojie, p. 280. Ecrits
nouveaux, ibid.
GRi;i;OIUE, patriarche d'Antioehe; son discours
sur le baptême de Jésus-Christ, p. 35S; autres écrits
nouvellement publics, p. 3.')8, 359.
GRÉGOIRE (saint) de Tours; éditions et tradm--
tions nouvelles, p. 399.
GRÉGOIRE LE GRAND (saint). Edition com-
plète de ses œuvres dans la Patrologie, p. 585:
éditions et traductions nouvelles, p. 586, E87,
GRÉGOIRE (saint), évêque d'Agrigente, sa Vie,
p. 587, 588 ; elle fut écrite par Léonce, prêtre, abbé
d'un monastère de Rome . p. 588. Commentaire
de saint Grégoire sur rEcclésiastc,p.5S8, 589. Choses
remarquables contenues dans ce Commentaire,
p. 589. Contenu de l'édition publiée par Morcelli,
ibid.
H.
HÉSVCHIUS, prêtre de Jérusalem : écrits nou-
veaux, p. 657.
HONORIUS I", pape : recueil de ses écrit», p. 649.
Ecrits en; sa faveur, ibid.
ILDEFONSE (saint). Edition de ses œuvres dans
la Patrologie, p. 776.
IS AIE, abbé. Ses 68 préceptes ; ses capitules, p. 789.
ISIDORE (saint) de Sévilln. Edition do set œu-
vres dans la Palrologie, p. 727, 728.
JEAN d'Asie ou d'Ephè^e : ce qu'on sait de sa vie,
p 420.; son Histoire de rF^lisc. p. 421, 422.
J.
, JEAMII.pipc. L'Exposé .«urr/Zeptafeuçiie, publié
par D. l'itra, paraît être l'œuvi- de Jenn III, p. 334.
TABLE DES ADDITIONS FAITKS PAR I/l';i)ITEUH.
981
JEAN IV, pape. Lettre à Dulorède, roi des Saxons,
p. 650. Recueil des lettres de oc pape daus la Pa-
trologie, ibid.
.IK.W CLl.MAQUE (saint). Editions et traductions
nouvelles ilo ses œuvres, p. G9I. (Un a oublié une
traduction française parue chez Pclagaud, Lyon,
1836, iu-S.)
JKAN Pliiloponus : ouvrages nouveaux, p. 6;j2.
JUllN'A.NDÈS. Truducliou nouvelle de son llis-
ioire des Gotli,^, p. 22i.
JULIKN (saint), ari.lievfii]ue da Tolède; ses écrit»
dans la Patrologie, p. 795. Ecrits nouveaux : livre
apologélique,i6id. AuthculicitédesAatilogie8,p.795.
Commentaire sur le proiilirt^' Nalunn, p. 79."). Orai-
sons composées par saint Jnlien, ibid. Ecrits con-
tre la rébellion du duc Paul, ibid.
JL'SÏI.NIKN, cniprreiir; édition des écrits de Jud-
tinien daus la Patrologie, p. 263 ; œuvres nouvel-
les, ibid.
L.
LÉON II (saint), pape. Recueil de ses lettres dans la
Patrologie, p. 785.
LÉO.NCE do Byzance, son éc rit intitulé : Réfuta-
tion de ceux qui affirment deux personnes en Jé-
sus-Christ et ne reconnaissent en lui aucune
union, p. 672. Son écrit intitulé : Livre contre les
monophysites, ibid. Edition complète des œuvres
de Léonce, p. 673. Autres écrits nouveaux dans cette
édition, ibid.
LÉONCE et Jean. Leur renieil sur les choses sa-
crées, p. 673,
LICINIEN, évêquc de Carthage; deus nouvelles
lettres, p. 429.
LlïlîlifilE mozarabique, p. 423.
LUCIUS, archidiacre ; temps o(i il vivait, p. 81 1 ;
son Histoire de la translation du corps de saint
Etienne, ibid.
Ll'CULENTILS; qualités de cet auteur, p. 633; se*
Commentaires sur saint Matthieu, saint Jean, les
Épîtres de S. Paul, et la 1"= Épître de S. Pierre,
ibid.
M.
MARC l'Ermite. Ecrits nouveaux ; son Traité con-
tres les melchisédéciens et son Discours sur le
jeiine, p. 642. Editions de ses écrits, p. 643.
MARCELLIN. Chronique composée par Marcellin :
édition de cet écrit, p. 93.
MARTIN (saint) de Dume. Fragments nouveaux,
p. 352 ; édition complète de ses écrits, ibid.
MARTIN 1'^' (saint), pape, ses écrits dans la Pa-
trologie, p. 752.
MAURE, archevêque deRavenne, p. 7S2; ce qu'on
sait de sa vie, ibid. et p. 753. Sa Lettre contre l'hé-
résie des mouothélites, p. 753.
M-WIME (saint), abbé; édition de ses œuvres
dans la Patrologie, p. 771. Ecrits nouveaux, ibid.
et p. 772.
0.
ORIENTIUS (saint), évêque d'Elvire ; édition de ses écrits, p. 102.
PAUL Cyrus Florus. Ecrits nouveaux, p. 346.
PIERRE, évêque de Laodicée ; son Explicatiou de
l'Oraison dominicale; son Commentaire sur les
quatre Evaugiles, p. 78S.
PRIEST ou PRÉJECT^saint), évêque, de Clermont
et martyr ; sa vie, p. 778, 779. Ses écrits ; son His-
toire de saint Austrémoine. p. 779. Vies d'autres
saints d'Auvergne, composées par saint Priest,
p. 780.
PROCOPE de Gaze : écrits nouveaux publiés par
Maï, p. 178, 179. Edition des écrits de Procope dans
la Patrologie, p. 179, 180.
PROTADE (saint), archevêque de Besançon. Sa
Liturgie, p. 632, 633.
REIMI (saint), sur ses deux .Testaments, p. 8i>
S.
SÉVÈRE, patriarche intrus d'Autioche. Ouvrages
et^ragments nouveaux, publiés par .Mai, p. 109.
S1VI.\RD (saint), abbé, sa vie, p. 785 et 786; il
écrit la vie de saint Calais, abbé, p. -786. Homélie
sur saint Siviard par un contemporain, ibid.
SOPHRONE (saint), patriarche de Jérusalem. Ap-
pendice au chapitre de Dom Ceillier sur saint So-
pbrone, p. 706 et suiv.; édition de ses œuvres dans
la Patrologie, ibid. Discours sur l'Annonciation,
p. 706, 707. Eloges de saint Jean-Baptiste, de saint
Pierre et de saint Paul, p. 707. Opuscule sur la con-
fession des péchés; Éloge des deux saints martyrs
Cyr et Jean, et récit de leurs miracles, ibid. et 708.
Deux autres Vies des saints Cyr et Jean, p. 708.
Poésies anacréontiques, ibid. et p. ^09. Commen-
taire liturgique, ibid. Iroparium, ibid. et p. 7jo.
Autres écrits, p. 710.
9«2
TABLE DES ADDITIONS FAITES PAR L'ÉDITEUR.
T.
TAION, évêque de Saragossc. Ses écrite dans la Pa-
trologie, p. 717. Sou livre des Sentences, ibid.
Analyse de cet ouvrage, ibid.
THÉODORE, lecteur. Edition de ses écrits dans la
Patrologie. p. 105. 11 comptait onze Expositions de
la foi, ibid.
THÉODORE, évêque de Scythople, ce qu'on saitde
sa vie, 271 ; son écrit sur les erreurs d'OrIgène,
p. 272. Edition de cet écrit, ibid.
TIll'ODORE I", pape. Ses écrits dans la Patro-
logie, p. 748.
THÉODORE, abbé de Rhaïte. Edition desesécritt
dans la Patrologie, p. 787.
V.
VALÉRE ( saint 1, abbé. Sa vie, p. 734, 735. Ses
opuscules : Lettre à la bienheureuse Euchérie, p. 735.
Son opusrujp de la Vniue Sagesse qu'il écrivit au
bieulieureux IJonadieu ; sfln opuscule surla Vie nou-
velle, ibid. et p. 73(1.
VARXAHAIRE. Sa Lettre et les Actes des saints
Speusippe , Eleusippc et Méleusippe, et ceux de
saint Didier, p. 631.
VÉRÉCUNDUS, évêque d'Afrique; ce qu'on sait de
sa vie, p. 345, 346 ; son Abrégé du concile de Chalcé-
doine, p. 346. Poème sur le .lugemeiit dernier,
attribue' ù Véréoundus, ibid.
VICTOR, évêque de Capoue. Fragments nou-
veaux (les écrits de Victor, p. 305.
VITALIE.N, pape. Recueil de ses Lettres dans la
Patrologie, p. 783. Cinq autres Lettres, ibid. Dif-
férents Privilèges, ibid.
z.
ZACHARIE, évêque de Mitilène. Fragments de son Histoire ecclésiastique, p. 271.
TABLE
DES NOTES PRINCIPALES AJOUTEES PAU L'EDITEUR
CHAPITRE 11.
SAINT REMI.
Edition de ses écrits, p. 82, nut. 2, et p. 84, n. 1.
CHAPITRE m.
EUGII'PIUS ET FEBRAND.
Vie de saint Augustin de Favian, par Eugippius,
p. 86, n. 3.
Lettre de Ferrand à l'abbé Eugippius, publiée
par Mai; ce qu'elle contient, p. 91, not. 1.
CHAPITRE IV.
Ce que D. Ceillier dit ailleurs sur saint Orient,
év6que d'Elvire, et ensuite d'Auch, p. 100, n. 2.
CHAPITRE V.
EPlPBâNE LE SCOLASTIQLE ET THÊODOEE LECTEUB.
Fragment sur la cause du schisme des studites,
p. 103, n. 1.
CHAPITRE Vr.
Ecrit de Sévère sur les trois jours que Notre-
Seigneur passa dans le tombeau, p. 108, n. 5.
CHAPITRE Vil.
SAINT JEAN II, PAFE.
Edition de ses lettres, p. 118, u. 4.
CHAPITRE JX.
SAINT CÊSAinE D'ARLES.
Notices sur les discours d'Eusèbe d'Emèse, p. 128,
n. 2.
CHAPITRE X.
SArai BENOIT, PATBLARCHE.
Editions de la Règle de saint Benoît, p. 161,
not. 4.
CHAPITRE XI.
Ephrem, patriarche d'Antioche, n'a point la qua-
lité de saint, p. ni, n. 1. — Fragments des ouvra-
ges d'Ephrem, ibid., n. 6.
CHAPITRE Xll.
PBOCOPE DE GAZE.
Commenlaire sur plusieurs livres de l'Ancien
Testament, p. 176, n. 2. — Lettres de Procope pu-
bliées depuis D. Cellier, p. 179, n. 2.
CHAPITRE XIII.
Fragment du Commenlaire de l'Ecriture Sainte
par Jobius, p. 183, n. 1.
CHAPITRE XVllI.
SAINT VIVENTIOLE, ARCHEVÊQUE DE LYON.
Sa Lettre aux évoques de la province, p. 201,
not. 1.
CHAPITRE XX.
JL'STINIEN, EMPEREUR.
Traité contre les monophysites; témoignages sur
l'orthodoxie des Pontifes romains, p. 263, n. 1.
CHAPITRE XXI.
JUSTE D'URGEL, ARETAS, ETC.
Edition des écrits d'Arétas, p. 265, n. 1 . — Temps
où il a vécu, p. 26", n. 2.
CHAPITRE XXIV.
JUNILIUS, ÉViQUE D'AFRIQUE.
Edition de son ouvrage, p. 281, not. 1.
CH\P1TRE X.KV.
RUSTIQUE, ETC.
Ses notes sur le Concile de Chalcédoine, p. 300,
not. i.
CHAPITRE XXVI.
ECRITS DE THÉDOSE MONOPHYSITE.
Beau passage sur la présence réelle, p. 303, uot. 4.
CHAPITRE XXVII.
Edition des écrits de saint Germain, évèque de
Paris, et de sa Vie, p. 307, not. 10.
CHAPITRE XX.Mll.
PELAGE I, PAPE.
Edition de ses écrits dans la Patrologie, p. 328,
not. 5.
CHAPITRE XXXIX.
SAINT MARTIN DE DUME.
Edition de ses écrits dans la Patrologie, p. 352,
not. 3.
CHAPITRE XL.
SAINT EDTYCHIUS, PATRIARCHE DE CONSTANTISOPLE.
Note sur la qualité de saint qu'on lui donne,,
p. 332, n, 8.
»84
TABLE DES NOTES PRINCIPALES AJOUTÉES FAR L'ÉDITELH.
CHAPITRE XLI.
SAINT ANASTASE, PATBIAHCeE D'aNTIOCHE.
Note sur ce saint, p. 359, not. 5.
CHAPITRE XLII.
SAfXr GRÉGOIRE DE TOURS.
Sa vie, p. 3fi5, not. I. — Seulimcnt de Fesseler
sur les Actes du martyre de saint André, p. 383,
not. 3. — Saint Grégoire justifié, p. 396, n. t.
CHAPITRE XLIX.
SAIXT GRteolBE LE GRAND, PAPE.
On le justifie de l'accusation d'avoir fait brûler
la bibliûtlièque Palatine, p. 4U, not. 2. — Change-
ment pour les dimanches de l'A vent, p. 455, not.l.
— D. Ceijlier repris, p. 473, not. 3 et 5, et p. 511,
not. 1. — œuvres de saint Grégoire dans l'édition
de Venise, p. 545, not. 1.
CHAPITRE LI.
ANASTASE LE SIiNAÏIE.
£U;rits d'Anastase, patriarche d'Antioche, sur-
nommé l'.Ancien, p. 594, not. i.
CHAPITRE LUI.
SAINT COLOStBAN DE LUSECIL.
D. Ceillier repris, p. 617, not. 2; p. 623, not. 1;
et p. 628, not. 2. — Edition des écrits de saint Co-
lomban dans la Palrologie, p. 630, uot. t.
CHAPITRE LV.
SAINT PROTADE, ETC.
Edition du Rituel de saint Protade, p. 632, not. 6.
CHAPITRE LVI.
HARC L'ERUITE.
Temps où il a vécu, p. 636, not. S.
CHAPITRE LVlll.
LES PAPES BONIFACE IV, DEfS-DEDlT, ETC.
Édition des écrits du pape Bonirace dans la Pa-
iTotogie, p. 64, uot. 5. — Lettre de Gordien, évè-
que d'Espagne, à Ueus-dcdit, p. 616, not. 3.
CHAPITRE LIX.
JEAN PBILOPONUS.
Autres éditions de ses écrits sur des matières
profanes, p. 651, not. 6.
CHAPITRE LXll.
LÉONCE DE BYZANCE.
Texte grec des livres contre Nestorius et Euly-
chès, p. 669, not. 1. — Texte grec d'autres ouvrages
de Léonce, p. 670, uot. 2, 3, p. 671, uot 1.
CHAPITRE LXVI.
DOROTHÉE ARCHIMANDRITE, ETC.
Éditions de ses écrits, p. 695, not. i, 5, p. 696,
not. 6.
CHAPITRE LXVH.
MODESTE, PATRIARCHE DE JÉRCS.^LEH.
Lettre de Zacharie, patriarche de Jérusalem,
p. 698, not. 2. — Édition des écrits de Modeste, p.
t!'9, not. i, ?..
CHAPITRE LXIX.
SAINT ISIDORE DE SÉVILLE.
Ouvrages publiés par Mai, p. 7l2, not. 1, 715,
not. i.
CHAPITRE LXX.
BRACLION, SAINT DIDIER, VÉRnS, ETC.
Écrits de saint Sigebert, roi d'Austrasie, p. 733,
not. 3. — Edition des écrits de Vérus dans la Pa-
trologie, p. 731, not. 2. — Écrits de saint Faron, p.
734, not. 3.
CHAPITRE LXXIII.
CIIROMQUË PASCALE.
Traité des 72 disciples, p. 747, nol. 7. — Juge-
ment des critiques d'Allemagne sur la Chronique
pascale, p. 747, not. 2.
CHAPITRE LXXIV.
SAINT MARTIN I, PAPE.
Vie et écrits de saint Amand, évêque de Maes-
tricht, p. 749, not. ô.
CHAPITRE LXXVIII.
SAINT PRIEST, ÉVÉylE DE CLERJIQNT, SAINT LÉGER,
ÉV'1-.QCE D'AUTUN.
Lettre de M. Brun, vicaire général de Clermont,
sur les écrits de saint Priest, p. "80, not. i.— Vies
de saint Léger, p. 780, not. 2. — Note sur le testa-
ment de saint Léger, p. 781, not. 2*
CHAPITRE LXXIX.
LES PAPES SAINT BENOrP, SAINT AGATHON, ETC.
Lettres et privilèges du pape Adeodat, p. T«S.
nol. 3.
CHAPITRE LXXXII.
SAINT THÉODORE DE CANTORBEBY.
Note sur les effets de la profession monastique,
p. 797, not. 7.
CHAPITRE LXXXIV.
SAINT ADELUE, DÉMÉTRIC.< DE CYZIQL'E.
Note sur le temps où il a vécu, p. 809, not. l.
CHAPITRE LXXXVI.
CONCILES.
Note sur une lettre de Justiuien, p. S76, uot. l.
SUPPLÉMENT.
Commencements dn Christianisme dans les Ganles*.
Grégoire de Tours ' rapporte au règne de
Décius la mission des sept évêques qui prêchè-
rent la foi dans les Gaules ' : saint Galion fut
évùque de Tours, saint Trophimc d'Arles,
saint Paul de NarLoune, saint Saturnin de
Toulouse, saint Dcuys de Paris, saint Austre-
moiue de Clermout, saint Martial de Limo-
ges. Mais Grégoire reconnaît que la foi y
avait été prêchée auparavant , puisqu'il
y place des martyrs dans la persécution
d'Antonin *. Il dit ailleurs ^ en parlant de
saint Saturnin, qu'il avait été ordonné par
les disciples des apùtres; ce qui paraît le
metti'e en contradiction avec lui-même, car
il n'y avait plus de disciples des apôtres du
temps de Décius. L'abbé Arbellot ^ a prouvé
qu'eu retardant jusqu'au milieu du m'-' siè-
cle la mission des premiers prédicaleuis du
christianisme dans la Gaule, Grégoire s'ap-
puie sur une citation inexacte, qu'il est en
contradiction avec des écrivains antérieurs
dont le témoignage a plus de valeur cpe
le sien; qu'il se contredit lui-même; en-
fin, que les partisans de cet histoiien re-
connaissent que le passage qui formule son
opinion historique est très-défectueux. Les
légendes reproduisant la tradition orale des
églises où elles ont été composées, s'accor-
dent à dire que les premiers évêques des
Gaules ont été envoyés par les apôtres ou
les successeurs des apôtres, par saint Pierre
et saint Clément.
(1 Si l'assertion de Grégoire de Tours avait
eu quelque vraisemblance, dit l'abbé Arbel-
lot '; si elle eût pris sa source dans les vraies
traditions du pays, elle aurait été reproduite
au moyen-âge par les hagiographes de cette
époque. Bien loin de là, elle estcontredite
partout : au vif siècle, dans la patrie même
de Grégoire de Tours , saint Priest, évêque
de Clermont, proteste contre cette assertion,
en assignant aux temps apostoliques la mis-
sion de saint Austremoine, de saint Martial,
de saint Trophime, etc. ; au ix", Hilduin,
abbé de Saint-Denys, proteste en opposant
à la conjecture de Grégoire des témoigna-
ges anciens qui la contredisent; au x" siè-
cle, Pierre le Scolastique, en Limousin, pro-
leste en adressant à l'évêque de Toms une
virulente apostrophe. Pourquoi donc les cri-
tiques modernes ont-ils voulu remettre en
lumière une coujectm'e erronée dont tout le
moyeu-àge a fait justice? Si la tradition
existe quelque part, ne se trouve-t-eUe pas
dans les légendes de nos premiers évê-
ques. »
' Voyez, p. 395.— ' Ceci est extrait de Henrion,
Histoire ecclésiastique, tom. XVIJ, pag. 104, 105.
' De Gloria Conf., lib. 1, cap. xsvui.
' rbid., cap. xiix.
5 De Glor. Slart., cap. xLvni.
^ Dissertation sur l'apostolat de saint Martial et
sur l'antiquité des églises de France.
■' Dissertation citée ci-dessus.
XI,
66
ADDITION.
[Le troisième livi-e de? extraits de sainlGré-
p^oire le Grand sur le Nouveau Testaineut fut
imprimé à Paris en 1316, in-4; à Strasbourg
la même année chez Jean Kuoblauchius et
sous le nom de Paterius dans 1 édition des
œuvres de ce saint pape, à Rome, en 1553.
Alulfe dit ' dans le Prologue de tout louvrage
qu'il écrivait vers l'an 1092; qu'il l'entreprit
par ordre de son abbé, depuis évêque de
Cambrai. Ou tiouve ce Prologue dans les Ana-
lectcs de doni Mabillon '.]
' Àpud MabUlonium in Analectis.
* Tout ce qui est entre crochets se trouve dans
l'édition de D. Ceillier, au tome XXII, p. 19!). Cette
addition aurait dû être placée à la page 53< de ce
tome XI de la nouvelle édition. {L'éditeur.)
ERRATA.
Page VI de la table des chapitres. Chapitre xxir, supprimez : Timothée, prêtre de Jé-
rusalem, Euscbe, patriarche d'Alexandrie.
— 1, ligne io, colonne 1, au lieu de : Marie-Anne, lisez : Marianne.
Juffelle — Justelle.
Timothée — Théodore,
merveilles opérées par saint Benoît.
Chamer, lisez : Cramer,
le chiffre 4, avant Théodose qui commence la
page 304.
; chapitre LX, lisez : chapitre XL.
sur le baplèmedece Saint —
Charimir, —
saint Cirique, —
Cécile, —
IsagogenLuturgica, —
KoUad,
93, _ 9, _ 1,
— 105, — 4,-2, —
— 157, n° o, à la manchette, mettre :
— 2C6, — 10, au lieu de .
— 303, hgue 55 de la 2° col., mettre :
— 352
— 358^ ligne 27,
— 375, — 13, colonne 2,
— 380, — 27, — 2,
— 511, — 47, — 2,
— 545, note 1,
— 585, — 34, — 2.
au lieu de
sur le baptême de N.-S.
Charimer.
Cyrgiie.
Cécile.
Isagoge Liturgica.
Rollard.
— 728, dans le titre du chapitre, supprimez : et quelques autres.
— 731, ligne 55, colonne 2, au lieu de : Milhau, lisez : Milhan.
— 796, mettez : le mot saint à Théodore de Gantorbery.
— 799, dans le titre du chapitre vers l'an 366, lisez : 666.
— 799, ibid. au lieu de : 769, 716.
— 800, ligne 55, colonne 2, dernier mot, ajoutez : qui.
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